Google

This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project

to make the world's bocks discoverablc online.

It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject

to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books

are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover.

Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the

publisher to a library and finally to you.

Usage guidelines

Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying. We also ask that you:

+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for Personal, non-commercial purposes.

+ Refrain fivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.

+ Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project and helping them find additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.

+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other countiies. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe.

About Google Book Search

Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web

at|http: //books. google .com/l

Google

A propos de ce livre

Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec

précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en

ligne.

Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression

"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à

expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont

autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont

trop souvent difficilement accessibles au public.

Les notes de bas de page et autres annotations en maige du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir

du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.

Consignes d'utilisation

Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages apparienani au domaine public et de les rendre ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine. Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées. Nous vous demandons également de:

+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers. Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un quelconque but commercial.

+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.

+ Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en aucun cas.

+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.

A propos du service Google Recherche de Livres

En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adressefhttp: //book s .google . coïrïl

„Googlc

„Googlc

„Googlc

„Googlc

BULLETIN

soom soEimmiuB, historique

LA CORRBZE

& Il

-e-

„Googlc

„Googlc

BULLETIN SOCItTt SCIEITiriQDE, eiSTORlSDE

ARCHÉOLOGIQUE

LA CORRÈZE

SIÈGE A BRIVE

TOME SEPTIÈME

BRIVE

MARCEL ROCHE, IMPRIMEUR DR LA SOCIÉTÉ

1885

„Googlc

„Googlc

LISTE

DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ

BUREAU

Président d'honneur :

M. le comte Robbrt dk LA8TEYRIE, * I P |», ;i Paris.

Président :

M. Ernest RUPIN, à Brive.

Vice- Présidents :

M. l'abbé LOUBIGNAC. à Brive.

M. Gaston de LÉPINAY, à Moriolle, près Brive. .

Secrétaire-Général :

M. Philibert LALANDE, A O, à Brive.

Trésorier :

M. Emile GUIMBBLLOT, à Brive.

Bibliothécaire : M. Alfred MAS, à Brive.

Membres du liureau :

M. Élie MASSÉNAT, a %|, à Maloraoï-t. pi-ès Brive.

M. LOÏI3 BONNAY, à Brive.

M. Paul BRUKL, à Brive.

M. EuoiNE BORIE, «, ii Biive.

lyGoogle

MEMBRES FONDATEURS ET TITULAIRES

MM.

I . AiiTKNSEc (d') Verneuil (de| (Paul), receveur de l'eii-

n'gislronieiit, à Brive. '2 . AssELiNiiiLu (Charles), notaire, à Brive. 3. AiiiEHT (Louis), A %f, ancien professeur, à Sainle-

Foréole iCorri-ze). i. AivARi) (Julesi, propriétaire, à Puy-la-Vaysse, can- ton d Ayen. '>. Baiibès (Raymond), négociant, Grand'Place, à Brive. IL liAKiiiEii de MoNTACLT iMgr), prélat de la maison de

Sa ^ainitité, J7, me Saint-Denis, à Poitiers. ". ItAiinoN ^HeIlril, architecte, à Tulle, H. Haiidon iTélèpheV avocat, au Saillant, par AUassac. 9. Baiithélemv (Anatole de), ift, secrétaire de l'ancien Gomilé des travaux historiques et scientifiques isectioii d'histoire, (l'archéolo,,'ie et de philologie), 9, rue d'Anjou -Saint- Honoré, à Paria. H). Baudot (de), #, architecte, 153, rue de Hennés, à

Paria. 1 1 . Bealdet (Frauçjisi, avenue des Casernes, à Brive. |-2. Bel (['abhéj, professeur au Collège d'IIasel (Corrèze). 13. Bicos Ile comte de), 16, avenue Kléber, à Paris, l 'i. BÉitoME, juge de paix, à Brive. IT). Beutuanu (Kugéue), maison Ciknteloubc, à Roanne

(Loire) . iO. Bessou (l'abbé), cliauoiiie honoraire, supérieur du Collège d'Ussel [Corrèzel.

17. Beïmé (Jean-Baptiste), photographe, à Brive.

18. BiixoT (le général), GO*, sénateur de la Corrèie,

28, avenue du Trocadéro, à Paris. lî). Blanc (Antoine), juge de paix, à Ayen. 20. Blanc-Chah BON, négociant, à Brive, place Latreille. 51. Blanc (Jean), juge de paix, à Mansac, canton de

Larche. -*î. BussoN, A Ui maire de Larche.

lyGoogle

23. BL0SSON (Feraaad), docteur en droit, procureur de

la République, à Ghambou (Greuae).

24. BoiiBAL (Eusèbe), A tf , à ArgenUt (Gon-èze).

25. BoNNAr (Louis), arcbitecte, à Brive.

26. BONNBFOM [Frédéric], chef de section du chciiiiu de

fer, à Treignac (Gorrèze). 27; BoNMEVAL, maire, à Bilhac, par Beaulieu (Corràze).

28. BoRiB (Eugène), #, commandant au 92"* réyiment

de l'armée territoriale, à Brive.

29. Boris (Léopold), ^, procureur de la République, à

Orléans.

30. BosRBDON (Alexandi-e de), if, sénateur de la Dor-

dogne, au château de la Fauconnie, par Terraason.

31. BoBRBDON (Jean-Baptiste), rue de l'Hôlel-de-Ville, à

Brive.

32. BosBBDON (Philippe de), C^, ancien conseiller d'Étit,

4, me du Général-Foy, à Paris.

33. BosRBDON (René), négociant, rue des Échevins, à

Brive.

34. BosHBDON (Zacharie), pharmacien, à Brive.

35. BouRNBix {l'abbé), curé de Nonards, par Beaulieu.

36. Bouygues (Georges), #, à Bétaille, canton de Vayrac

(Lot).

37. Breton (l'abbé), chanoine bononiire, supériour du

Petit-Séminaire, à Brive.

38. Bubgil (Élie), vétérinaire, à Brive.

39. Brbuil (Victor), liquoriste, à Brive.

40. Bhoquin (l'abbé), archipvéli-e, curé de Brive.

41. Brouilhet (Louis), receveur des finances, à Céret

(Pyrénées-Orientales).

42. Bruel (Paul), directeur de la Société Générale, bou-

levard du Salan, à Brive.

43. BauoEiLLBS (Louis), couseitler général, noiaire, à

Tulle.

44. BRuaÈRB (Ernest), ancien notaire, entrepreneur de la

Manufacture d'armes, à Tulle.

lyGoogle

43. Brlnkt (Joseph), O #, I P M, sénateur de la Gor- i-èze, 41, rue de Vaugirard, à Paris.

46. Cabanis (Paul), banquier, à Objat.

47. C*RS (le duc des), 95, rue de l'Université, à Paris.

48. Cartailuac (Ûmile), I P O, directeur des Matériaux

povr l'Histoire de l'Homme, 5, rue de la Chaîne, à Toulouse.

49. Cehclb de ri/nion, à Brive.

50. Chabrerie (Louis), A Q, Principal du Collège de

Treignac (Gorrèie).

51 . CiiAiiAiLLARD (Auguste de), propriétaire, à Brive.

53. Cmambourdox, I P O, Principal du Collège de Brive. ri:(. Chaup (Arthur du), ancien magistrat, au château du

Verdier, par Sle-Fortunade (Corrèie). et à Moissac

(Tarn-ct-Garonne) . .'li. Champeval (Jean-Baptiste), avocat, à Figeac. 55. Ciiantalat-Delavrier (Théodore), k la Bouvie, près

de Brive. 5ti. Chairsat, docteur-médecin, à Lavaveix-les-Mines

(Creuse).

57. Chai vKHON [Audoin de), juge au Tribunal de I" ins-

tance, à NeufchAtel (Seine-Inférieure).

58. CuArviMAT, #, A y, avocat, k Brive.

.59. Ckbynier, contrôleur des Télégraphes, à Tulle.

60, GHiRotx, vérificateur des poids et mesures, à Ussel

(Corrèze), til. Chouneils de Saint-Oerhain (Louis), directeur des

Domaines, à La Rochelle. C3. CiiOL'MEiLs de Saint-Gbrmain (Paul), greflîer du Tri-

liun;il de 1" instance, à Brive. 6;t. Clédat {G.i8lon de), avenue Charles-Rivet, à Brive. 64. Clochard, ébéniste, à Brive. 1)5. CoRBiER (Luc de), sous-inspecteur des Domaines, à

Saînt'Amand (Cher). 66. CosN-Ac (le comte Jules de), ^, membre du conseil

(le l'Hisloii-e de France, au ch4(«au du Pin, par

8 ilon-la-Tour (Corrèze). «137, me Vaneau, à Paris.

lyGoogle

9

67. Cornac (l'abbé Médéric de), vicaire à Saint-Loui»-

de»-PraDçaia, chauoine honoi-aire de Mohilcw, k Moscou (Russie).

68. Ck>SNAC (le baron Paul de), au château de Fryac, imr

Meyssac.

69. Costa (le baroD Gaston de), à Beauliou.

70. CouDBRT, propriétaire, à Objat.

71. CouLiÉ, notaire et maire, au Soulier-de-Chasteaus.

par Larcbe.

72. Crodchbt (l'abbé), curé de Malemort, près Brive.

73. David, pliarmacieD, à Objat.

74. Datoust (Emile), attaché à la Direction du Mueée

historique, à Saint- Vincent-Orléans.

75. Dbcoux-Lagoutte (Edouard), ancien magistrat, 10,

rue d'Angoulôme, à Périgueui.

76. Delierre (Auguste), artiste peintre, 204, boulevard

Saint-Germain, à Paris.

77. Delisle, 0 ^, directeur de la Bibliothèqtie natio-

nale, rue Richelieu, à Paris.

78. Deloche (Maximin), C !){!, I P t(|, membre de l'Ins-

titut, 60, avenue de Gravelie, à St-Maurice (Seine).

79. Dblpbuch (l'abbé), aumônier au Collège de Brive.

80. Delpt (Pierre), négociant, à Brive.

81. Dbltbrme fils, étudiant, à Brive.

82. Denoix (iilie), menuisier, à Brive.

83. Denoix (Paul), propriétaire, à Larche.

34. Deschamps (Philippe), propriétaire, avenue Cbarlfs-

Rivet, il Brive. 8."}. Dësnoybrs (l'abbé), viciire-général à Orléans, pi-éai-

dent de la Société archéologique et historique de

l'Orléanais.

86. Dbvillbgourbix, propriétaire à Pomiers, près de Lar-

che (Corrèze).

87. DoussAUD (Alfred), avocat, membre du Conseil géné-

ral de la Corrèze, 54, rue Richer, à Paris.

88. DocssAUD (Emile), notaire, à Lubersac.

lyGoogle

10

89. Dubousquet-Labordesib , docteur-médecia , 39, rue

de Paris, à Saint-Ouen {Seioe).

90. DucouRTiEDZ, libraire-éditeur, rue des Arènes, à

Limoges.

91. DujARDiN (Léon), à Juillac (Corrëze).

92. Dumas (André), avocat, à Brive.

93. Dkmas (Edouard), architecte, à Brive.

94. DuNAiGRB (Louis), notaire, à Objat.

95. Ddnaigrb (Yves), A iS|, Préfet d'Orau (Algérie).

96. DupDY (Joseph), négociant, boulevard des Sœurs, à

Brive.

97. Durand, ingénieur, à Larre, par la Bachellerie (Dor-

dogne).

98. DussOL (Félix), avocat, à Brive.

99. DuTHBiLLET de Lahothb, à Caramija, par Lubersac.

100. Evssahtibr, pharmacien, à Uzerche.

101. Faoe (René), avocat, 25, boulevard Gambetta, à

Limoges.

102. Faucher de Corn (Eugèue), propriétaire, à Lalé,

commune de Tudeils (Gorrèze).

103. Fauqueux (Charles), #, ancien sous-préfet, à la Côte,

par Vigeois, ou à Saint-Germain-en-Laye (Seine- et-Oise).

104. Ferhièrb (Gilbert), à Chamboulive (Corrèze).

105. Fontenilles (Paul de), A U. inspecteur général de

la Société française d'archéologie, 16, boulevard Nord, à Cahors.

106. Fraysse (Antoine), avoué, à Brive.

107. Froidefond (de), if, trésorier-payeur générai, à Li-

moges.

108. Gaston (Frédéric), ingénieur, directeur de la Com-

pagnie des Ardoisières, à Brive.

109. Gay (Hippolyte), professeur au Collège de Btidah

(Algérie) .

110. Gay (Victor). 17, quai Voltaire, à Paris.

111. GÉNis (HenrideBEAUPUYde), à Brive.

lyGoogle

11

112. GiLBBHT (Anloine), expert-géomètre, à Auliac. par

Saignes (Gaolal).

113. Girard (Aimé), directeur des usines de la Cascade,

prés Bort.

114. GiRODOLLB, docteur-médecin, à Objat (Gorrèze).

115. GoNDiNET (François), I P y. Principal honoraire du

Collège de Brive.

116. GoBSSE, avocat, à Tulle.

117. GouYON (Jean), à Brive,

118. GouTON (Marcel), membre du Conseil général, à

Juillac.

119. Grandjacquot (Paul), lieutenant détaché au recrute-

ment, au Havre (Seine-Inférieure).

120. Greil (Louis), boulevard Sud, à Cahors (Lot).

121 . Gritty (Charles), 8, boulevard Saint-Marcel, à Paris.

122. Ghossouvbe (de), ingénieur, à Bourges.

123. GuiLHAUME (Charles), commis principal des Contri-

butions indirectes, à Bort (Corrèze).

124. GuiLLOT, entrepreneur, à Brive.

125. GuiLLOT (Jean-Baptistej , propriétaire, à La Genesle,

commune de Naves, par Tulle.

126. GuiMBBLLOT (Emile), ancien receveur des Domaines,

à Brive,

127. Gyoux, docteur en médecine et en chirurgie, 143,

rue Fondaudège, à Bordeaux.

128. HERurrE (Louis de 1'). à Lampre, par Champaguac-

les-Mines (Gintal).

129. HuMi&BES (le comte d'), au château de la Majorie,

pur Beaulieu,

130. Imbbault (Jules), à Brive.

131 . JouLOT (Alfred), à Brive, rue Mialet, et à Crabanac,

canton de Féniers (Creuse).

132. JouvENEL (le baron Raoul de}, 0 #, ancien préfet,

au château de Castel-Novel, par Varetz (Corrèîc), ou 17, rue de Berri, à Paris.

133. JmLLARD, banquier, à Brive.

134. JuoB (Abel), notaire, à Donzenac.

lyGoogle

12

135. Jdin-Deuonteil [Gaston), noiaire. à Dampniat, par

Obasiue (Corrèze).

136. Julien, professeur à la Faculté des sciences de

Clei-mont.

137. Labessb (comte de), à Chabrigaac, par JuîUac.

138. Labrot, voyageur de commerce, à Brive.

139. Labroussb (Michel), jX!< ^ O, docteur-médecin, dé-

puté de la Corrèze, membre du Conseil général, à Brive.

140. Labbunie-Lapradb (André), à Souillac (Lot).

141. LACARRitnB (Henri), 13, place du Havre, à Paris.

142. Lacuapblle ^de), propriétaire, au Mazeau, par

Meyssac.

143. Ijachaud (Edouard), docteur-médecin, à Brive.

144. Lacoube (Oscar), A O. ancien archiviste de la Pré-

fecture, à Tulle.

145. Lacoste (Emile), avocat, conseiller municipal, à

Brive.

146. Lacroix, notaire, à Meyssac.

147. Lacroix (Léon), receveur des Domaines, à Agen

(Lot-et-Garonne) .

148. Lafargb (Aimé), notaire, & Lagrauliére, par Seilhac

(Corrèze).

149. Laffargue (Philippe), docteur-médecin, à Brive.

150. Laffont (Georges), docteur-médecin, à la Varenne-

Saint-Hilaire (Seine).

151 . Laffont (Marc), docteur-médecin, préparateur à la

Sorbonne, lauréat de la Faculté de médecine de Paris, 245, me Saint-Honoré, k Paris.

152. Lafond de Saint-Mub (le baron), 0 #, I P (|, séna-

teur de la Corrèze. 69, rue Sainle-Aniie, à Paris.

153. Lafond de Saint-Mur (Léon). #, consen-nleur des

hypothèques, 114, rue NoUel, à Paris.

154. Lagank flis, pharmacien, à Brive.

155. IjAGane (l'abbé), curé de Bort (Con-èie).

1.56. Lajoinie, I P O, Principal du Collège do Chfilillon- sur-Seine (Gôle-d'Or).

lyGoogle

13

157. Lalande [ François -LéOD), ie<"^veur municipal, à

Brive. iM. LiUANDE (Norbert) aîné, négociaiiï, à Brive.

159. Lalandb (Philibert), A ||, receveur des Hospices,

à Brive.

160. Lalauze (Adol{ihe], aqua-fortjsie, 29, quai Boui-boU;

à Paris.

161. Lahbbrtbrie (Albéric de), directeur du Dépôt de

mendicité, 95, rue Terre-Nègre, à Bordeaux.

162. Lahorellb (Alexis-Philippe), ift, colonel du 14™ de

ligne, à Brive.

163. Laht de Lachapbllb (Edouard), botaniste, rue du

Saint-Esprit, à Limoges.

164. Langladk lEugène', négociant, 9, rue Berlin- Poirée,

à Paris.

165. Lapbtitie ;Marcet), pharmacien, à Meyssac.

166. Laroche (Hippolyte), sous-préfet de l'arrondissemeni

de Brive.

167. Laroche (Paul), imprimeur, 43, me d'Amiens, à

Arras.

168. Laportb (Antoine), agent-voyer, chef de compla-

bililé, à Tulle.

169. Lastbtrie (comte Robert de), #, I P (1, professeur

d'archéologie à l'École des Charles, membre du Conseil général de la Corrèze, 13, rue des Saints- P^res, à Paris,

170. Lasteyrie (dei. 13, lue des Saints-Pères, à Paris.

171. Latrade {de), percepteur, à Pantin (Seine).

172. Lal'rens (le Puylagardk (del, inspecteur des PosIl-s

en retraite, à Saint-Ghamans, près Ai^ntat.

173. Lavbix (Alfred), ronservalenr des hypothèque», à

Murât fCantal). 17i. Lavkix (Gaslon^ à Meyniac. 175. Lebos, iiéfjocianl, rue de Corrêze, à Bi-ive. I7tj. LBcHKRBONMEn (Augusli' . (iqmié de la tjorn^ze, 14,

ruij de Bithylone. à Paris. 177. Le Clere (.loseph'. îi Biiu'.

lyGoogle

u

178. Lefèvrk (Joseph), coDseiller à la Cour d'Angers.

179. Leuas (Élie), I P O, iiispecleur d'Académie, à Toui-s.

180. Lépinav (Adolphe de), ^, ingéuieur, 6, passage Sao-

drié, à Paris. 18t. Lepinav (Gaston del, au château de Moriolle, par

Larche. I8'2, Lbspinas (Edmond), avocat, ancien magistrat, rue

Saint-Pierre-ès-Liens, à Périgueux, 163. Lbtgonie, ingénieur, ancien conseiller municipal, à

Limoges.

184. Lbymarie, pharmacien, à Tulle.

185. Lhomond (Jacques), docteur-médecin, à Saint-Lô

(Manche).

186. Limoges (Bibliothèque de la ville de], (Haute- Vienne).

187. LiNAB (Charles de), #, I P ||, 3, rue Saint-Étienne,

à Arras.

188. LouBiGNAC (l'abbé), ancien supérieiu* du Petit-Sémi-

naire, à Brive.

189. LouRADOUR, propriétaire, à Villière, .près Obasine

(Corrèze}.

190. Mahusier, percepteur, b. Larche (Corrèze).

191. Maignb de Sarazac (Jacques de), à Villeneuve-sur-

Yonne.

192. Malliard (Fernand de), docteur eu droit, lauréat de

l'Institut, 1, rue Gudiu, à Paris-Auteuil.

193. Marbeau, g #, trésorier-général honoraire des inva-

lides de la Marine, 8, rue Montalivet, à Paris.

194. Marbeau (Eugène), 0 #, ancien conseiller d'État,

27, rue de Londres, à Paris. 19.5. Marche (l'abbé Adolphe), curé d'Ussac, près Brive.

196. Marhier (Gaston), conseiller général de la Dor-

dogne, 15, rue Paul-Louis Coumer, à Paris..

197. Marqubssac (comte Raoul de), C ^, contre^amiral,

commandant en chef de la division navale du Levant.

198. Martignac (Louis), 43, rue Saiut-Augustiu, à Paris.

lyGoogle

15

199. Martine (François), #, ancîeD maire, Président du

Tribunal de commerce de Brive,

200. Mas (Alfred), boulevard des Sœurs, à Brive.

201. Massénat-Débochb (Octave), avocat à la Ck)ur de cas-

sation, 132, boulevard Saint-Germain, à Paris. iOi. Mabsénat (Elle). A Q, manufacturier, maire de

Malemort (Corrèze). '203. Massénat (Paul), notaire, à Brive.

204. Mathis, régisseur du Domaine national, à Pompa-

dour (Corrère).

205. Hatjdrou de Lagobssb (Eugène), maire de Tureane,

avocat, à Brive.

206. Matnard (barauMarcdeliàCopeyre, par Martel (Lot). Maza (Henri), ^. avoué de 1" instance, 220, rue de

Rivoli, à Paris. 108. Mazelier (Georges), libraire, à Brive, 209. Mazbyrac, membre du Conseil général, à Beaulieu (Corrèze).

10. Mblom de Pkadou, A Q, président de la Société des

lettres, sciences et arts de la Corrèze, à Tulle.

11. Méric de Bellefon (de), ancien magistrat, 110, rue

Lacapelle, à Montauban.

12. MiGNOT, industriel, à Annonay (Ardèche).

13. MiLLKvovË (Lucien), ancien substitut du procureur-

général, à Saint-Pardoux, p^r Donzenac.

1 4 . MoLiMBH (Emile) , attaché au Musée du Louvre, palais

du Louvre, et 21, quai Saint-Michel, à Paris. |i>. MoNjAUZE, ancien notaire, faubourg Le Clere, à Brive.

216. MON-TAioNAC (marquis Raymond de), G 0 >ït, contre-

amiral, sénateur, ancien ministre de la marine, 52, rue de Grenelle, à Paris.

217. MoBEAii (Fi-édéric) pèi-e, à La Fère-en-Tardenois

(Aisne).

218. MoitELLY, docteur-médecin, à Argentat (Corrèze).

219. MoBTiLLET (Gabriel de), *, professeur à l'École d'an-

thropologie, attaché au Musée des antiquités natio-

lyGoogle

16

nales et maire de Saint-tiermain-CQ-Laye (Seine-

et-Oise). '2'20. MouRET (Georges), ingénieur des ponte et chaussées,

à Périgueux. "Hi. Nauche (Auguste), avoué, 24, rue UoBt-Thabor, à

Paris. 2-22. Naiiche de Leymahib (Alfred), propriétaire, à Brive.

223. NiNAUD (Victor), négociant, à Saint-Quentin (Aisne).

224. NoAiLLEs (le comle de), au château de Biuet, par

Buzet (Lot-et-Garonne).

225. NouviON (Baptiste), 0 'ff, ancien préfet, rue de

l'Hôtel-de- Ville, à Brive. '226. Paillbh (l'abhé), chanoine honoraire, curé de Beau- lieu (Corrèze).

227. Parjadis de Larivièrb, attaché au ministère des Fi-

nances, 21, rue de Bréa, à Paria,

228. Pau {l'abbé Jules), aumônier des Fabriques de la

Cascade, à Bort (Corrèze).

229. Pauzat (Henri), naturaliste, 180, rue de Rome, à

Marseille.

230. P^rigobd-Chauhondé, bijoutier, place de l'Hôtel-de-

Ville, à Biive. 231 PfiRONNB (Pi-osper), avocat à la Cour d'appel, 32, rue des Matburins, à Paris.

232. Pbrbeau, conducteur des ponts et chaussées, 64, rue

Ghaudrier, à La Rochelle.

233. Perhieb (Edmond), ^, professeur-administrateur au

Muséum, 19, iiic des Saints-Pères, à l'aris.

234. PiNAUD (François), négociant, à Brive.

23.5. pLAYOULT, pharmacien, rue des Sœurs, à Brive.

236. PoNAREL (Léon), docteur-médecin, à Brive.

237. PoNCHET, docteur-médecin, conseiller d'arrondisse-

ment et maire, à CoUonges, par Meyssae,

238. PouLBniÈBK (rabbé), inspecteur de la Société fran-

(■ai.se d'arehéologie, directeur du Petit-Séminaire de Sei">'iéres (Corrèïe).

lyGoogle

17

"239, Pbiolkau (Léoiice), étudiant en médecine, à Objat (Corrèze) .

240. RBBiàBE-LABOBDE (Alfred), chef de sectiuu, avenue

de la Gare, à Brive.

241. RiBiER (René de), membre du Conseil général du

Cantal, maire de Ghampagnac-les-Mines.

242. RicHAHD, propriétiiire, à Saint-Robert, canton d'Aveu

(Corrèze) .

243. Rivet (M™ El vire), née de Jugeals, Brive.

244. Rivet (Marcy), receveur des Piuances, à Castel-

Sarrazin (Tarn-et-Garonne).

245. RiviÂBE des Bobdebies (Gustave), uégociaut, à Brive.

246. RoBEBT (Charles), C *, membre de riuslilut, 25,

boulevard de La Tour-Maubourg, ;i Paris.

247. Roche (Emile), docteur en droit, avoué, 6, boulevard

Beaumarchais, à Paria.

248. Roche (Marcelin), négociant, maire de Brive.

249. Roche (Marcel), imprimeur, conseiller municipal, à

Brive.

250. Roffignac (le comte Octave de\ au château de Sou-

rie, par Objat (Corrèze).

251 . RoGBuOND, architecte, à Brive.

252. Roque (Gustave), banquier, à Brive.

253. Roque, docteur-médecin, à Juillac.

254. Rouchaud-Nbmokbs, percepteur, à Brive,

255. RouDAUD (René), avoué, à Saint-Yrieix (Htc- Vienne).

256. Roujou (Anatole}, profeaseur de sciences, à Chania-

lières, près Glermont-Ferrand,

257. RouasABiE (Paul), à Tulle.

258. Rupin (Ernest), à Biive.

259. Saint-Bonket, avocat, à Sexcles (Corrèze).

260. Sal (de), avocat, membre du Conseil général de la

Corrèze, 147, boulevard Saint-Germain, à Paris,

261. Salvandt (le comte Paul de), A if. ancien député,

18, iTie Cassette, à Paris.

262. Seguin (Ferdinand), propriétaire, au château d'Aven

(Corrèze).

lyGoogle

_ 18

263. Seingeot (Eugène), capitaine adjudant-major au 14" de ligne, à Brive.

364. Selve de Sahran (de), #, ancien receveur des Fi- nances, à La Gaone, près Ussel (Corrèze).

265. Simon (Clément), #, ancien procureur-général, avo- '

cat, 7, rue Rouget-de-l'lBle, à Paris.

266. Siou (Charles), manufacturier, à Laumeuil, par Lar-

clie (Gorrèîe).

267. 81RET (Jean), à Arcachon (Gironde).

268. Sol-Lalande (Ernest), notaire, au Pescher, par

Beynat.

269. SouLEiNQBAS [Joseph), sergent d'infanterie de marine,

à Nouméa (Nouvelle-Calédonie).

270. SouLiÉ, conducteur des ponts et chaussées, à Ar-

gentat (Gorrère).

271. SouLLiBR {l'abbé Martial), secrétaire-général de l'évê-

ché et chanoine de la cathédrale, à Tulle.

272. Talauon, 64, rue Richelieu, à Paris.

-273. Tandbau de Marsac (l'ahbé), chanoine honoraire, rue Porte-Tourny, à Limoges.

274 . Tandbau de Marsac, notaire, 2o, place Dauphine, à

Paris.

275. Thalamv, maître d'hôtel, conseiller municipal, à

Brive.

276. Tbyssieh, notaire, à Pérols, par Bugeat (Corrèie).

277. Tkyssiku (Léopold de), notaire, à Beaulieu.

278. Theuil, ancien notaire, à Ussel (Corrèze).

279. TunEN.NE d'AYNAC (le marquis de), #, 26, rue de

Bevri, à Paris.

280. Vachal (Joseph), député de la Corrère, à Argental,

et 13, rue Michelet, à Paris.

281 . Valat (Julien), à Souillac (I.K)t).

282. Valéry, libraire, rue Toulzac, à Brive.

283. Valette, ex-notaire, à Chamboulive (Corrèze). 28i . Valon (Ludovic de), sous-chef de section, à Brive. 285. Vayssièrb, ai'chiviete de la Con-èze, à Tulle.

lyGoogle

19

286. Vendryâs (Albert), attaché au miDistère de l'Instruc-

tion publique et des Beaux-Arts, à Paris.

287. Vbrlhac (Pierre), imprimeur, à Brive.

288. Verlhac, docteur-médecin, à Brive.

289. Vkrninac (Ghariefl de), sénateur du Lot, au château

de Croze, par les Quatre-Routes (Lot).

290. ViCANT (Ernest), propriétaire, à Enval, près Brive.

291. VicNBS, chef de section du chemin de fer de l'État,

à Brive.

MEMBRES CORRESPONDANTS Instituteurs.

292. BuGE (Léon), horticulteur et professeur à l'École

normale, à Tulle.

293. Chahhard, instituteur, â Mansac, par Larclie (Cor-

rèze).

294. Ghauluev, aucien instituteur, à Saiut-Hilaire-le-

Peyroux (Con-èze).

295. Colas (l'ahbé Joseph), professeur au Petit-Séminaire,

à Sarlat.

296. Dblmond, instituteur, à Beauiieu.

297. DupuY (Pierre), instituteur, à Juillac.

298. FsHBiBR, A O, instituteur, à Brive.

299. PouRMAL, instituteur, à Chamberet.

300. Gabriel (le Frère), directeur de l'École chrétienne, à

Brive.

301 . Georges (le Frère), directeur de l'École chrétienne, à

Ussel.

302. Hblvbrt (le Fi-ère), sous-directeur de l'École chré-

tienne, à Limoges.

303. Uospicius [le Frère), directeur de l'École chrétienne,

à Tulle.

304. Laganb, instituteur, à Saint-Solve, par Vif^nols.

305. Laviaixe (Ernest), iustituleur, à Monzanes, par Trci-

gnac (Corrëie).

lyGoogle

306. NoBL [le Frère), dii-ecleur du pensionaat St-Josepb,

à Meyssac.

307. PociLLANGE, iustituteur, à Pompadour.

308. SouLiÉ, professeur à l'École communale de dessiQ,

à Tulle.

309. TouRNADOun, instituteur, à Malemort (Corrèze).

SOCIETES CORRESPONDANTES

Échange de Bulletins.

1 . Société nationale des Antiquaires de France, à Paris.

i. Société française d'archéologie [BuUelin Monumental), directeur : M. Ijéon Palustre, 61, rampe de la Tran- chée, à Tours.

3. Société nationale d'agriculture de France, 18, rue de

lîellechasse, à Paris.

4. Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres, à

Toulouse.

5. Société d'histoire naturelle, 28, rue Saint-Rome, à

Toulouse.

6. Société des Antiquiiires de l'Ouest, à Poitiers.

7. Société archéologique et historique du Limousin, à

Limoges.

8. Société des lettres, sciences et arts de la Gorrèze, à

Tulle.

9. Société historique et archéologique du Périgoi'd, à

Périgueux.

10. Société des sciences naturelles et archéologiques de

la Creuse, à Guéi-et.

11. Société de Borda, à Da.\ |Landes}.

13, Société archéologique du Tam-et-Garonne , à Mou- tauban.

13. Société archéologique d'Eure-et-Loir, à Chartres.

14. Société dunoise, à Cliiiteaudun.

15. Société archéologique de Bordeaux, 67. rue de la

Rousselle.

lyGoogle

21

16. Académie d'Hippône. à Bone (Algérie).

17. Société archéologique du Kef (Tunisie).

18. Société botanique et horticole de Pi-ovencc, place

Saint-Michel, 12, à Marseille.

19. Société des lettres, sciences et arts, à Nice.

20. Société des études Uttéraires, scientifiques et artis-

tiques du département du Lot, à Cahofs.

21 . Société d'agriculture, sciences et arts de Vcsoul (Ute-

SaÔne).

22. Société des Antiquaires de Picardie, k Amiens.

23. Société florimontane d'Annecy.

24. Société archéologique et historique de l'Orléanais, à

Orléans.

25. Société archéologigue de Nantes et de la Loii-c-Infé-

rieure, à Nantes.

26. Société archéologique du Maine, au Mans.

27. Société archéologique et historique de la Charente, à

Angoulême.

28. Société d'agriculture, sciences, arts et hellcs-Ieltrcs

de l'Eure, à Évreux.

29. Commission des Antiquités de la Gôte-d'Or, à Dijon.

30. Société des Antiquaires du Centi-c, à Bourges.

31. Académie des sciences, bclles-letti-es et arts de Cler-

mont.

32. Académie des scieuces, lettres et arts d'Arras.

33. Commission des Antii(uités départementales du Pas-

de-Calais, à Arras.

34. Société ai-chcologique d'AIaïs (Gard).

35. Société des sciences naturelles de la Charente-Infé-

rieure, à La Rochelle.

36. Société de géographie de l'Kst, 1 {bis), rue de la

Prairie, à Nancy.

37. Société littéraire, historique et archéologique de Lyon

(M. Vachez, bibliothécaire, 24, rue de la Charité, à Lyon).

lyGoogle

REVUES (échanges).

38. Bulletin d'Histoire eeelésiasliqw et d'Archéologie religieuse

[M. l'abbé Ulysse Chevalier, directeur, à Romans} (Drôme).

39. Bevve de Géographie [M. Delagrave, 15, rue Soufflot,

à Paris).

40. Matériaux pour l'Histoire de l'Homme (M. Cartailhac,

dii-ecteur, 5, rue de la Chaîne, à Toulouse).

41. Feuille des jeunes Naturalistes, par M. A. Dollfus, 55,

rue de Morny, à Paris.

42. Le Feu-Follet, à Tulle.

43. Annales du Musée Guimet (direcUon : boulevard du

Nord, à Lyon).

44. Journal d'Histoire naturelle de Bordeaux et du Sud-Ouest,

15, cours de riutendaDce, à Bordeaux.

lyGoogle

„Googlc

Plat DÉcoRt de si'jets tihés de la Genèse peints en grisaille sur fond noir, par Picrrt Rcymond, de Limoges.

lyGoogle

PIERRE REYMOND

ÉMAILLEUR A LIMOGES

lERRE Reymond est, sans con- tredit, un des émailleurs qui a produit le plus grand nombre d'œuvres, et dont la fécondité n'a été égalée que par les Cour- ar les Laudin.

Reymond est d'origine limousine : irouve, ses peintures comme ses bien que l'Allemagne veuille re- r cet émailleur par le motif qu'il uelquefois son nom de Reymond 60U8 la forme de Rexmon, dont on pourrait faire Rexmann et même Reichsmann(i)? A ce compte,

(I) Fr. Kugler, Kunstgeschichte, p. 793 : Pierre Rexmon, un Allemand dont te nom doit s'écrire Rexmann. Cité par H. de Laborde, Notice det Èmaitx dv Louvre, p. 102.

ibyGoogle

nous dit justement M. de Laborde, l'Italie, l'An- gleterre ou toute autre nation pourraient nous enlever nos enfants les plus légitimes, car ce qu'ils savaient le moins, c'était d'écrire régulièrement leurs noms ; ce qu'ils semblent avoir pris à tâche, c'est de les défigurer. Pierre Reymond se contente le plus souvent de signer ses émaux avec ses ini- tiales P R-, tracées en noir, quelquefois en or et accompagnées d'une date ; mais quand il veut mettre son nom en toutes lettres, il écrit indif- féremment Pierre Remmo , Rexmon , Rexmond , Raymo, Remon et Remond. Nous le voyons, le peu de soin qu'il apportait à bien orthographier sa signature doit nous donner la mesure de l'im- portance que nous devons y attacher.

Pierre Reymond, fils de Jacques, naquit proba- blement à Limoges dans les premières années du xvi' siècle; il se maria, en 1530, avec Jeanne Mar- tel, et occupait alors une maison dans la rue Basse- Manigne, dont une façade donnait sur la rue des Étables ; elle était attenante à celle de Jehan Court, son concurrent(l). La date la plus ancienne qu'on ait relevée sur ses émaux est 1534, la dernière celle de 1584. En 1550 il perdit son père, aug- menta sa fortune patrimoniale par son industrie et reçut les honneurs consulaires en 1560 et en 1567. Il dut mourir en 1584 ou peu d'années après.

Tels sont les seuls renseignements que l'on

(I) Uaubjcb Akdant. Émailleura et émaillerie de Limoge; 1855, p. t3î.

lyGoogle

possède sur cet émaiUeur, renseignements qu'on trouve, en partie, dans le Livre des comptes de la confrérie du saint sacrement, manuscrit grand in-4° conservé à la Bibliothèque publique de Limoges. Ce document nous fait encore con- naître que Pierre Reymond était chargé d'enlu- miner les livres de la confrérie et d'y peindre le pourtraict des joyaux dont elle augmentait tous Ira ans son trésor : on y voit, en effet, sur plu- sieurs pages, de précieuses miniatures, véritables petits chefs-d'œuvre qui, par des glacis brillants et des rehauts d'or et d'argent, rappellent le ti-a- vail de l'émailleur.

Pierre Reymond ^t le plus ancien comme le plus habile représentant d'une famille qui a fourni plu- sieurs émailleurs. Nous donnons, d'après M. Emile MoUaier(l), le tableau généalogique de ces artistes :

JACQUE9 REYMOND.

I

PIERRE I-.

énuùll«nr,

t en 1S&4.

maria à

Jeanne Ifartet.

JEAN, ém aille ur, t avant 1603;

Françoise Houret.

MARTIAL II, âm^lleur, t en 1630;

Houlinart. i_

I

MARTIAL I-

émailteur,

i en tSSe.

I

I

I

JOSEPH

FRANÇOIS,

émailleur,

marié à

Catherine

Mouret.

I

GABRIEL,

JEAN, FRANÇOISE, JEANNE, née en 1606. nëe en 1608.

orfëvre, i en 1631.

(1) Dictionnaire de« Émûilleurt l«ur, 1S8S.

- Paria, Rouam, 4di-

lyGoogle

28

La peinture de Pierre Raymond doit être classée dans la catégorie des émaux peinte, désignés sous le nom de grisaille. On sait que ce genre de peinture consiste à recouvrir une plaque de cuivre d'une couche épaisse d'émail noir ou de teinte foncée, de la faire sécher et d'exécuter son dessin sur ce fond avec une couche mince d'émail blanc opaque, de façon à produire une grisaille dont on obtenait les ombres soit en ménageant plus ou moins l'émail noir, soit en le faisant reparaître par le grattage avant la cuisson. On pouvait encore i-evenir sur la grisaille avec des émaux colorés translucides qui permettaient d'obtenir une grande richesse d'effet, -comme aussi réveiller le tout par quelques rehauts d'or appliqués sur les accessoires ou sur les bordures des vêtements.

Nous avons fait connaître qu'aucun émailleur n'avait produit autant d'œuvres que Pierre Rey- mond; pour être plus exact, nous aurions peut- être dire qu'aucun peintre n'avait signé une quantité aussi considérable d'objets émailîés. En effet, presque toutes les œuvres qui sortaient de son atelier, bonnes ou mauvaises, étaient signées; celles qu'il produisait lui-même, comme celles que ses élèves copiaient, alors même que les originaux étaient rendus d'une façon maladroite et grotesque, presque toutes portaient également son nom. Aussi comprendra-t-on facilement que les émaux signés par ce peintre sont loin d'offrir tous le môme intérêt et d'avoir la même valeur.

Les premiers émaux de Pierre Reymond pré- sentent, dans le dessin et dans l'exécution, une

ly Google

dureté, une sécheresse peu agréables, et indi- quent une prédilection pour les compositions alle- mandes dans le goût des gravures d'Albert ûûrer. On peut leur reprocher un abus de ces hachures obtenues par l'enlevage qui leur donnent, comme le remarque fort à propos M. de Laborde, un air insipide de gravures sur bois transportées sur l'émail; le ton général est froid.

Quelques années après, vers 1544, l'aspect de ses émaux se colore; le dessin se perfectionne, il est précis et accentué ; la composition devient plus savante, elle s'inspire d'abord des œuvres de Luca de Leyde, puis de celles des maîtres italiens; vers 1550 les émaux de Pierre Reymond ont atteint toute leur perfection.

Après cette période de tâtonnements couronnée par le succès, arrive les défaillances que l'âge amène avec lui. La main est moins sûre, la tou- che n'est pas aussi délicate; les figures s'allongent, deviennent maniérées, moins gracieuses; l'ombre des carnations se recouvre d'une couleur bistre rosée qui donne au tableau une dureté et un aspect désagréables. Pierre Reymond ne songe plus aux grands maîtres allemands, hollandais et ita- liens de la bonne époque; il étudie des maîtres secondaires du xvi* siècle et se borne à reproduire les compositions de Virgilius Solis, d'Androuet du Cerceau, d'Etienne de Laulne et de Théodore de Bry.

Pierre Reymond est un artiste de talent auquel sa prodigieuse fécondité a seule fait du tort. Le mérite de ses œuvres se trouve dans le dessin et

lyGoogle

dans l'ensemble de la composition plutôt que dans le coloris; ses peintures laissent dominer un ton gris qui n'offre aucun charme. Ses plaques sont préparées en noir ou en bleu foncé qu'il fait appa- raître par enlevage, suivant le procédé que nous avons fait connaître; les costumes et les acces- soires sont indiqués avec du bistre brun, et le tout est quelquefois glacé d'émaui colorés translu- cides que réveillent quelques rehauts d'or dans les lumières. Le contre-émail est uni ou semé de fleu- rettes d'or et présente indifféremment des couleurs noires, brunes, rouges, d'un violet noir ou d'un violet rougeâtre translucide, quelquefois même in- colores. Pierre Reymond n'a peint que fort peu d'émaux polychromes, et quand, au début de sa carrière, il a essayé ce procédé, il n'est parvenu qu'à faire des grisailles coloriées, des peintures manquant d'harmonie dans lesquelles le paillon et les rehauts d'or jouaient un rôle beaucoup trop important. Son talent ne se bornait pas unique- ment à la confection des plaques et des tableaux peints représentant des sujets religieux, il décorait des objets de table et de toilette aussi bien que des objets de piété ; des chandeliers, des salières, des coupes, des assiettes et ces mille objets qui s'éta- laient sur les dressoirs des grands seigneurs.

La pièce dont nous donnons le dessin est une des plus importantes œuvres de cet émailleur, une de celles qui est le plus propre à caractériser le talent de l'auteur et la puissance grave et tran- quille des procédés de la grisaille. Elle se trouve dans la précieuse collection de M. le baron Gus-

lyGoogle

tare de Rothschild et a déjà été reproduite dans les journaux L'Art et L'Art or7iementat{i).

C'est une aiguière avec plateau rond déirorés de sujets ijeints en grisaille sur fond noir.

L'aiguière se compose d'une panse ovoïde por- tée sur un pied aplati par l'intennédiaire d'une tige courte, et surmontée d'un col étroit qui s'évase

(I) Les dessins accompagnant cette notice sont la réduction des gravures qui ont été insérées dans les numéros des 14 et 21 juin 1884 do VArl ornemental, publication qui se fait remarquer par la modicité de son prix, la beauté de ses nombreuses gravures et la rédaction du texte qui les accompagne. Elle parait toutes les semaines, forme à la fia de l'année un volume d'enviroa 200 pages

lyGoogle

- 32

pour former deux lèvres d'inégalea longueurs. L'anse qui s'implante sur l'épaulement de la panse monte et s'arrondit au-dessus de l'orifice, elle s'insère.

La panse est divisée en deux zones par un filet saillant. Un combat est représenté dans la zone inférieure, un sujet mythologique dans la zone supérieure.

Sur le pied, des amours ailés s'enroulent dans les volutes de gracieuses arabesques, et sur le col se dressent de grandes feuilles que surmontent d'élégants rinceaux.

Le dessin du plateau rappelle l'école italienne; il est largement modelé; ce sont des sujets tirés de la Bible : la Création d'Eve, la Tentation d'Adam, la Fuite après le péché, nos premiers Parents chassés du Paradis, la Mort d'Abel; le dessin a quelque chose de magistral ; certaines figures et certains groupes sont très-réussis et nous font songer aux compositions de Raphaël ; l'effet général est soutenu, plein de charmes et fort habilement ménagé.

La bordure est fort riche, exécutée avec beau- coup de soin et de précision dans le goût le plus pur de la. Renaissance italienne. Elle se com- pose d'ornements d'une délicatesse extrême ré-

iR-4*, accompagné de plus de 400 gravures; son prix est de 5 francs par &n. Nous sommes heureux de recommander cette publication aux archéologues et aux amateurs de beaux livres, en échange de la gracieuseté qu'a eue l'éditeur, H. Rouam, 33, aveuue de l'Opéra, à Paris, en nous donnant l'autorisation de reproduire les deux objets qui intéressent notre art limousin.

lyGoogle

pétés cinq fois et formés de volutes feuiUagées, terminées par des cornes d'abondance, au milieu desquelles se jouent de petits amours.

Nous croyons volontiers que l'aiguière et le pla- teau n'ont pas été faits l'un pour l'autre et qu'ils appartiennent à deux œuvres différentes. Nous voyons des sujets mythologiques sur l'aiguière et des sujets religieux sur le plateau, défaut d'har- monie qui n'aurait point sa raison d'être. Ces deux pièces n'en sont pas moins deux pièces capitales; elles appartiennent à la plus belle épo- que de Pierre Reymond; aussi n'hésiteions-nous pas à croire qu'elles ont été confectionnées vers l'année 1550.

Ernest Rupin.

lyGoogle

„Googlc

LES MALHEURS

ABBÉ DE VALETTE

LAUDE de Doyae fut, d'a- près les auteurs du Gallia christiana, le successeur immédiat de Louis Val- raier comme abbé de Va- lette, en 1481 (1). C'était un abbé commendataire et sans doute le premier de ce posé à l'abbaye limousine, semblent avoir joui jusque- :e leur supérieur. Ce droit, se le laisser enlever , et il y a lieu de croire t aussi important ne s'était résistance de leur part. Le sur ce point, mais le docu- ment que je publie va nous fournir de curieux détails sur la façon dont les choses se sont passées. Après la mort de Louis Valmier, les religieux de Valette avaient procédé dans les formes régu- lières à son remplacement, et, d'un commun accord,

(l) T. U, col, 683.

lyGoogle

s'étaient donné pour abbé Jean de Marsan, leur prieur. Celui-ci remplissait toutes les conditions requises pour être élevé à cette charge; il en prit possession régulièrement et l'exert^a pendant un certain temps.

C'est lui qui rapporte ainsi les faits. Qu'il faille en rabattre, c'est possible. Il exagérait probable- ment, mais au fond devait dire vrai.

Il gouvernait donc paisiblement Valette lors- qu'un beau jour arriva sous les murs du monas- tère une troupe d'hommes d'armes commandée par Claude de Doyac, frère de Jean de Doyac, gou- verneur du pays pour le roi. Cette troupe trouva portes closes; mais devant la menace d'être jeté en prison pour le reste de ses jours s'il ne rési- gnait pas ses fonctions d'abbé, Jean de Marsan, qui se sentait peu de goût pour la paille humide des cachots, s'esquiva prestement et s'en alla de- mander asile à un seigneur d'Auvergne.

Claude de Doyac était natif de Cusset(l); il était prévùt du chapitre de Glermont et prétendait avoir été pourvu par le pape de l'abbaye dont il venait prendre possession à main armée. 1! se compoi-ta d'ailleurs, si l'on en croit le malheu- reux Jean de Marsan, en véritable soudard. 11 s'était installé dans la place avec ses nombreux complices, qui étaient tous gens à mener joyeuse vie, et les désordres les plus graves avaient été commis sous les yeux des moines. Non contents de troubliH- l'imagination de ces pauvres cister-

(1) /(tic/., col. 429.

lyGoogle

ciens en leur donnant le spectacle de leurs dé- bauches avec des femmes sans mœurs, ces joyeux compagnons les brutalisaient pour leur arracher de l'argent. Ils mirent enfm la maison au pillage, et, en particulier, emportèrent la crosse abbatiale, qui était en argent, et vingt-trois volumes de la bibliothèque.

Jean de Marsan, remis de sa frayeur, avait voulu négocier : le pauvre homme ne connaissait guère son adversaire. Il lui avait donné rendez- vous dans un château d'Auvergne appelé Granges. Claude de Doyac se rendit à son invitation, mais sans avoir la moindre envie de transiger ou de discuter, car il le mit en demeure, dès le début, de choisir entre Valette ou une prison perpétuelle. Jean de Marsan se prit de nouveau à trembler pour sa liberté et même pour sa vie; et afin d'éviter la potence ou du moins le noir cachot dont on le menaçait, il consentit à renoncer à tous ses droits.

Il est certain qu'une renonciation obtenue dans ces conditions pouvait être considérée comme nulle. Tel était tout naturellement l'avis de Jean de Mar- san, qui en appela au Pape, juge suprême en cette matière. Sixte IV voulut se renseigner sur l'exactitude des faits, et commit pour cet objet les abbés de Vézelay et de Meymac et l'officiai de Tulle pour faire une enquête. Maintenant, quels furent les résultats de cette enquête? je l'ignore.

On peut croire, toutefois, que Claude de Doyac conserva l'abbaye de Valette jusqu'en 1493, époque Pierre Pignot, abbé régulier, en prit le gouver-

lyGoogle

nement. Il avait été élu évêque de Saint-Flour en 1483, dans le temps même Jean de Marsan le poursuivait de ses revendications, et il trouva, dans la personne de Claude de Joyeuse, un com- pétiteur qui, à son tour, le troubla longtemps dans la possession de cet évôché.

A. Vatssièhe.

BULLE DU PAPE SIXTE IV POUB JEAN DE MAB5AN, ABBÉ ÉLU DE VALETTE

22 juin ik83.

Sixtus episcopus servus servorum Dei, dilectia filiis Virziliacensis et de Meymaco, Ëduensis et Lemovicensis diocesis, monaaterioram abbalibus, ac ofliciali Tutellensi salutem et apostolicam benedictionem. Justa petentibus nobis libenter annuimus eosque favoribus proaequimur opportunis. Exhibita siquidem nobis Duper pro parte dilecti filii Johannis Marsan, abbalis monasterii de Valleta, cis- terciensis ordinis, Tutellensis diocesis, petitio continebat quod alias prefato monasterio, cui quondam Ludovicus, ipsius monasterii abbas dum viveret presidebal, qui extra romanam curiam diem cUusit exlremum, abbatis regimine

destituto, dilecti fllii conveiitus ejusdem monasterii

abbatis electione, vocatis omnibus qui voluerunt, potue- runt et debuerunt élection! hujusmodi commode intéresse, die ad eligendum préfixa, ut moris est, convenientes in unum, prefatum tune dicli monsterii priorem ordinem ipsum expresse professum, in sacerdotio et etate légitima constitulum, in eonim dicll mouasteiii abbatem concor- diler elegerunt, ipse que Johannes, electioni hujua modî, illius aibi presentato décrète consenciens, illam, juxta ipsiu» ordinis privilégia et régule statuta, per duos tune

lyGoogle

-39 -

expressos abbates dicti orâinis confinoari obtinuit, io hiis omnibus estatutis (sic) a jure temporibuB observatis. Et deinde poslquam idem Johanues, electioais et coofir- mationls hujusmodi vigore, eidem monasterio aliquandiu prefuerat paciflce et qiiiete, dilectus fllius Claudius Doyat, qui se gerit pro clerico, preteodeos dictum monaslerium ut premittitur vacans, quaravis post electionem et cooSr- niatiouem hujusmodi, apostolica auctoritale sibi fuisse commeodatum, ad îpsum mouasterium uua die cum ar- matorum copia accedeos, et tam régis cpiam dilecti ÛUi Johannis Doyat, layci, ipsius Claudii fratrîs, qui tune illorum partium pro carissimo io Ghrîsto fiiio nostro Ludovico Fraucorum rege guberuator erat, dum ip- sius monasterîi portas clausas inveoisset, facto tumultu emissisgue borrîdis clamoribus et precedentibus miois quod niai dictus Johannes Marsaû omni juri sibi in regimiue et admluistratione dicti monasterii, vel ad ilia quomodolibet competenti, cederet, ipse Ciaudius illum in- carcerari faceret. Quibus clamoribus et minis ipse Johau- oes Marsan perterritus, dictum monasterium clam exivit et ad domum cujusdam nobilis se contulit, ubi aliquandiu, metu et minis dicti Claudii, permansit. Et inibi ezistens, ad certum alium uobilem scripsit ut Tellet procurare cum dicte Claudio quod ipsum Johannem Marsan non moles- taret, sed eum in possessionem dicti monasterii pacîfficam dimicteret. Postmodum vero, cum prefàtus alius nobilis eidem Claudio scripsisset ut ad castriun suum de Granges, Claromonleosis diocesis, venire diguaretur sub espc {sic) concordie super premissis faciende, idem Claudius quadam die ad dictum castnim, veluti leo rapax et furibundus, accessit, et prefato Johanni Marsan ibidem reperto, nullo alio tractatu et verbis precedentibus, dixit quod nisi re- nunciaret juri predicto, ipsum statim carceribus detrudi faceret a quibus nunquam cvaderet, nisi prius faceret quicijuid ipse Claudius volebat. Ipse vero Johannes Mai*- san, minis hujusmodi territue ac metu carceris et potencie dicti Claudii, omni juri sibi in dicte monasterio vel iid

lyGoogle

40

ipsum quomodolibet compectenti, renanciavit. Et per ali- quod lempus posl hujustnodi renonciationem, dictus Glau- dius cum multis complicibus ad dictum monasterîum accessit, et ibidem aliquaudiu permanens, multas inibi mulieres iuhonestas introduxit, cum quibus adultcrium, fornicationem etiara stuprum commisit, ac monachis ejus- dem monasterii quam plurimas injurias et violencias in- tulit, etiam pecunias ab ipsis indebite extorquendo; et landem haculum pastoralem argenleum, crossam nuncu- patum, et viginti tria volumina libronim, pluraque alia bona ipsius mouasterii iiide extraxit et alibi pro suo nutu asporlavii et discipavit in anime sue periculum dictîque monasterii dampnum non modicum cum pariter et jac- tuvam ac perniciosura exemplum et scandalum pluri- moi-um. Quare, pro parte dicti Johannis Marsan, nobis fuit humiliter supplicatum ut sibi in pi-emissis de jus- ticie ministerio providere de benignitate apostolica digna- remur. Nos itaque de premissis certam noticiam non habentes, ipsumque Johannem Marsan a quibuscumque excommunicationis , suspencionis et interdicti, et aliis ecclesiasticis sentenciis, censcris et pénis a jure vel ab homijie quavis occasione vel causa latis, si quibus quo- modolibet innodatus existit, ad afTeclum piesentium dum- taxat consequendum harum série absolventes et absolutum foi'e censentes, hujusmodi aupplicationibus inclinati, dis- cretioni vestre, per apostolica acripta mandamus qua- thinus vos, vel duo aul [unus] vestmm, si, et postquam vocatis dicto Claudio et aliis qui fuerint evocandi, de premissis assertis vobis légitime constiteat, cessionem per Johannem Marsan factam hujusmodi nuUam et inva- lidnm, nulliusque roboris vel moment! fuisse et esse, auctoritate nostra deceniatis et declaretis, et de juramento per eumdeni Johannem Marsan de observando premissa forsan pi-esitito, sibi per nos relaxato, ipsum Johannem de Marsan adversus cessionem predictam ad jus suum pristinum necnon regimen et adniinistrationem dicti mo- nasterii in pristinum et cum statu în quo ante cessionem

lyGoogle

41

hujusmodi guomodolibet erat, eadem auctoritate resti- tuatis et reponatis, non obstante juramento et aliis pre- missis, ac constitutionibus et ordinationibus apoatolicis, necDOQ statutis et consuetudiiiibus monasterii et ordiiiis predictonim juramento conûrmatione apoatolica vel qua- via firmitate alia i-oboretis, ceterisque contrariis quibus- cumque. Datum Rome apud Sanctum-Petrum, anno Incarnationis dominîce millesimo quadringentesimo oc- tuagesimo tercio, decimo kalendas julii, pontiâcatus nostri anDo duo decimo.

(Original, parchemin. Arch. nationales, K. 1179.}

lyGoogle

„Googlc

NOTE

8DB on

TIERS DE SOL D'OR

THOTi Bun u MUDin ni cuiniH-miiiu (CHiiu|

j^ E docteur Lombard, de Terrasson, a eu la ^i bonté, d'autant plus louable qu'elle est trop rare, de me confier, pour me permettre de l'étu- dier en nature, une monnaie mérovingienne trou- vée au Cimetière, commune de Chartrier, canton de Larche (Corrèze). En voici la description ;

Buste à droite, vêtu du paludamenVum; la tète est ceinte d'un diadème de perles. Il ne reste de la légende que le mot FITVR.

Revers. Personnage de face, debout sur une base horizontale, la tète couronnée ou diadémée, regardant à droite; il tient une baste de la main gauche et lève la main droite à hauteur de sa tète. Sous le bras droit, le vêtement parait orné d'un rang de franges qui se prolonge jusqu'au bord de la pièce; un ornement parallèle et tout semblable part de la ceinture.

En légende BR; suit le pied d'un caractère

lyGoogle

qui ressemble à un S couché, mais ii n'y a peut-être qu'un accident de frappe au-dessous de l'extrémité d'une lettre impossible à déterminer (un 1 ?}.

Les caractères sont bouletés. .

Tiers de sol d'or pur. Poids : 1 gr. 229.

Par suite des rognures qu'a subies cette pièce, le nom du lieu elle fut faite {fitur) est tombé de l'avers, en même temps que le revers a perdu la plupart des lettres qui nous auraient donné le nom du monétaire. Dès lors on ne saurait dire en quel endroit précis elle a été frappée. Cher- chons, du moins, dans le style et les types du triens, un indice de la civitas, à laquelle il peut le mieux convenir.

Le style paraît arverne.

La proéminence frontale, fortement aci'usée, de la tête du droit, rattacherait la médaille au dio- cèse de Limoges, dont ce détail est un trait carac- téristique (1), si la même proéminence ne se mon- trait sur quelques triens de Clermont (Conbrouse, Monétaires des rois mérovingiens, pi. VI, 1,2; VIT, 5).

Le guerrier du revers est plus exclusivement propre aux Arverni. On le retrouve, à peu prés identique, dans un groupe de pièces classées avec certitude à cette province et figurées sous les n" 4, 5, 6, pi. VI, des Monétaires de Conbrouse, dont

(1) Haximin Deloche. Descriplion des monnaies mérovingiennes du Limousin et Bullelin de la Sociélé archéologique de la Cor- rèze. 1883, p. 383.

lyGoogle

_ 45

l'une offre la légende ARVERNV{1) et une autre ARV. Ces deux dernières, et particulièrement le BEREGISELVS M— ARV (2), peuvent être consi- dérées comme les prototypes de notre revers : tes frangea mêmes s'y remarquent, sous une forme moins exagérée.

Dans le fragment de légende BRI on ne serait pas autorisé à voir le commencement de BRIVATE (Brioude). C'est le débris du nom du monétaire : le nom de lieu précédait FITVR. Les types de Brioude sont bien connus et n'ont rien de com- mun avec ceux que j'étudie; à l'avers, buste dont la main droite s'élève jusqu'au front; au revers, BRIVATE ou BRIVAT inscrit, en deux lignes, dans le grènetis intérieur (parfois BRI sur une seule ligne).

Le triens de M. Lombard est donc le produit d'un atelier de l'Auvergne que nous ne connais- sons pas, mais que la découverte d'exemplaires plus complets peut nous révéler quelque jour.

Quoique l'or de cette monnaie soit très pur, la fabrique dénote une barbarie assez avancée pour qu'on doive fixer à la seconde moitié du vn' siècle l'époque probable de son émission.

LÉON Lacroix. Agen, 5 février 1885.

(1) Voilà poiit-âlro In ini>t qui m<iiir[iic 3.1 droit de notre tiers de sol; il en est qui portent ABVUHiN'tl FIT.

(2) Sur In BEREGISELVS M— ARV, les franges pendent de la hampe d'un étendard ou sceptre, surmonté d'une croix, que le priiicR ou guerrier tient de la matu gauuhc.

lyGoogle

„Googlc

ŒUVRES DE LIMOGES

CONSERVÉES A L'ÉTRANGER

DOCniEITS REUTIFS A LtUHLEfilE LiODSIllE

A Monsieur Ernest RUPIN Frindtnl dt la Soàitf HiiUn}» il Aichéologiiai di Brin

Mon cher confrère et ami,

ES lambeaux tant soit peu dé- cousus que je vous communi- quais en 1883, sous prétexte de notre belle châsse de Gimel, ont reçu un assez favorable accueil à Brlve, à Limoges et ailleurs. La critique vétilleuse gné , du moins officiellement ; plumes trop bienveillantes se le donné la peine de faire res- n Catalogue ébauché des émaux liiiiuusui» recueillis à l'étranger, et aussi ma brève excursion sur le vaste domaine des pèlerinages. Ces encouragements me déterminent à continuer, et je vous adresse encore, sous forme de lettre, la récolte que j'ai amassée en l'année

lyGoogle

48 -

1884. Pas plus qu'auparavant je n'ai la préten- tion d'être complet ; à d'autres la science absolue, bulle de savon qui crève au moindre souffle ; venir en aide aux futurs historiens de l'émaillerie limou- sine, en leur épargnant de longues recherches, mon ambition ne va pas au-delà.

Bien peu, cher confrère et ami, m'appartient en propre dans le faible contingent soumis à votre affectueuse indulgence; MM. Emile Molinier, Char- les Descemet, L. de Farcy, L. Cloquet, L. de Vey- rières. Barbier de Montault doivent en revendiquer la meilleure part. Tel m'a généreusement prêté ses notes de voyage; tel a couru les musées pour éclaircii' des points obscurs; tel m'a renseigné. Comme il répugne à mes habitudes de démarquer le Unge d'autrui, les sources jai puisé sont minutieusement signalées. Dans cet assemblage d'articles indépendants, j'ai suivi autant que pos- sible un ordre méthodique, et vous excuserez cer- tains préambules imposés par la nécessité.

D'abord le supplément au Catalogue.

SUÈDE

Musée royal des Antiquités, à Stockholm. Croix station- NALE, Pièce mutilée, ajustée sur une douille à nœud. Christ en relief, coiffé d'une haute couronne ; perisonium émaillë; quatre clous; titulus avec l'inscription IHS XPS. Croix potencée, à renflements arrondis au centre et aux extrémités; champ gravé, semé d'étoiles, de rosettes, et rehaussé de cabochons. Aux étranglements des hras, deux figurines à mi-corps, relief émaillô ; à droite, saint Jean, à gauche, la Vierge. L'attitude de ces personnages accuse une transposition. Au sommet, la silhouette d'une figurine

lyGoogle

49

tombée ; au bas, la tige a été rasée au niveau du siippe~ ' danermt. De chaque côté, une pendeloque circulaire accro- chée par une chaînette à maillons de style très ancien. Provenance, l'église de Berffendal (Hohuslan). Haut, tota'e, 0-326»-; larg., 0"i96"». un' siècle. Croix. Elle est ana- logue à la précédente, et elle provient de l'église d'CEgges- lorp(SniaIand!, Choix. Môme genre; église d'Hammarby (Sodenuiinlaûd). Cnucinx, Fragments divers, \m* siècle. CiBOins. Forme élégante; le couvercle a disparu. Église de Gerum (Golland); sni' siècle. Chasse. Je la rappelle ici pour mémoire. N'ayant pas vu l'objet et n'en possé- dant pas un dessin d'ensemble, il m'est difHcitc de lui assigner une nitionalilé certaine; mais sa date incontes- table, ses détails caractéristiques, m'engagent à le signaler à l'attention des archéologues suédois et des spécialistes en émaillerie. Je traduis d'abord l'arliclc du Catalogue : Reliquaire en forme d'église; bois et cuivre émailli. Église de Spanga en Uppland. Fonne d'église est bien vague ; s'agit-il du type rhénan ou du type limousin? La question me semble grosse d'intérêt. Passons au détail gravé. Chevalier debout (haut, totale, ©■'US'"*), vêtu d'une courte chemise de mailles serrée par une ceinture; jambières et pédiaux de mailles. La tête, cerclée d'un nimbe, est coiffée du casiiue conifiue porté par Geoffroy Plantagenet sur l'émail du Mans. La main droite du personnage tient une lance à pennon Iriflde ; la gauche saisit un grand bouclier triangulaire à coins arrondis, chargé de burèlea inégales : les plus larges offrent une arcature polychrome; les moindres, des compartimenis pointillés. Les pieds repo- sent sur un nuage à quatre zones, que déterminent des eloisons métalliques; les trois zones supérieui'es sont des moitiés d'ellipses ; la dernière est un quatrefeuilles nais- sant. Le nimbe et le nuage accusent un bienheureux, ' probablement saint Georges ; le costume et le bouclier appartiennent au xu" siècle; le déeor de l'écu n'a aucun sens héraldique. Quant aux émaux. Je les décliiffrerai ainsi jusqu'à preuve contraire. Figure eu réserve sur

T. TU, 1-*

lyGoogle

50

champ bleu-foucé ; nimbe bleu-clair ; bouclier rouge , bleu-foncé, blanc (?) ; nuage rouge, bleu- foncé, rechampi de bleu-clair et de blanc, à moins qu'il n'y ait du vert et du jaune. L'analogie de notre saint guerrier, avec les géants sculplés à la façade de diverses églises, est frap- pante; des rapports de dessin et de technique existent également eotre lui et le Goliath émaîllé de la crosse de Ch irtres (Collection Garrand) exécutée par l'orfèvre Willclmus, (0, Montelius, Fùhrer dureh dos Muséum Vater-. landUcher Allerthilmer in Stockholm. A. Essenwein, Kultw- historischer Bilderatlas, t. II,)

NORVÈGE

Église de Urnes. Chandelier. Fût imbriqué; bobèche et ureud ornes d'enroulements métalliques à fleurons poly- chromes sur champ bleu. La base triangulaire, supportée par trois griffes, offre un décor analogue, mais plus riche; eu outre, un dragon en relief couvre chaque rampant. l*s queues de ces animaux, élégamment recourbées, viennent s'appuyer' contre le fût; leurs létes aboutissent à la nais- sance des griffes. Spécimen d'une remarquable beauté. xiii° siècle. {Foreningen til norske Fortids-Mindesmxrkers Be- varing, pi. L Mittkeil. der K. K. Central-Commission, t. V, p. 314, flg. 5, Vienne, 1860.)

ALLEMAGNE

Musée d'art industriel (Kunstgewerbc Muséum) à Berlin. Plaque de uELiunB. Petit in-folio. Tableau central : le Crucifiement. Personnages réservés et gravés sur champ bleu-tapis semé de fleurons polychromes. Les tôtes de la Sainte Vierge et de saint Jean sont en relief; le Christ est entièrement rapporté. Bordure ornée d'enroulements interrompus au milieu des bandeaux par quatre anges réservés sur fond lapis, xni' siècle. Gnoix stationnale. Face : le Christ eu relief, perisonium émaillê; à droite, la Sainte Vierge, à gauche, saint Jean. Revers : au centre,

lyGoogle

51

la Majestas Domini; aux extrémités les quatre synibulcs évangélistiques. Figures réservées et gravées sur chamii bleu à rinceaux épargnés; têtes en relief, xin' siècle. Chossb. Le Couronnement de la Sainte- Vierge. Volulc émaillée de bleu. Nœud rehaussé des quatre Évanyélistcs en buste, réservés et gravés. Des dragons en relief ram- pent le long de la douille, xni' siècle. Pyxide. Cylindre à couvercle conique; rinceaux; disques insci'iv.int des anges à mi-corps. Fin du xiii' siècle. Plaque circulaire. Personnage combattant un félin (Sanison ou Davidl . Champ bleu rehaussé de fleurs polychromes; lunique de Tliommc, bleu -turquoise rechampi de blanc ; animal réserve et gravé ; têtes en relief. Débi-is probable d'un cofTret. Commence- ment du xni' siècle. Penturks de coffret. Elles sont au nombre de six, toutes semblables, en forme de basilic terminé par une queue plate, découpée en fleuron percé de deux trous à l'extrémité supérieure. Les ailes dos rep- tiles sont émaiilées de rouge, bleu-lapis, hteu-clair et blanc; ces animaux rappellent les moraillons des cassettes du trésor d'Aix-la-Chapelle et de saint Louis, au Ijouvrc. xni' siècle. Chasse. Type ordinaire. Face : sut- le toil, les Mages à cheval; sur l'auge, l'Epiphanie. Flancs : deux saints debout. Revers : tapis de rosHces. Personnages épargnés et gravés, têles en relief; champ bleu-lapis semé de fleurs et coupé horizontalement par un bandeau bleu- turquoise. Excellente pièce de la première moitié du xni" siècle. Chasse. Même type, même technique et mùme revers que la précédente. Auge : le Christ en croix; à droite, la Vierge, à gauche, saint Jean, chacun d'eux suivi d'un Apôtre. Toit : quatre Apôtres ou Évangélisles. Flancs : des saints debout. Bonne pièce, xm' siècle, pre- mière moitié. Chasse. Type ordinaire. Sur chacun des longs côtés, trois médaillons inscrivant des anges à mi- corps; le toit répète ce décor; aux flancs, un médaillon semblable. Champ bleu-lapis, semé de rinceaux épargnés; les figures sont également en réserve, xin' siècle. Chasse. Auge : martyre de saint Thomas Becket. Toit : iuhuma-

lyGoogle

52

tion ou dépofiitioD du corps de l'archevêque. Même forme, même champ, même technique que les moaumects ana- logues conservés en France et à l'étranger, xin' siècle. J'ai vu récemment à l'Exposition de Rouen une autre châsse de saint Thomas de Cantorbéry ; elle appartient à un amateur d'Ëvreux, M. Doire, et elle se distingue, tant ' par la beauté du travail que par un remarquable état de conservation. L'auge montre le saint debout près d'un autel; en haut, la main divine; derrière le prélat, deux meurtriers brandissent leurs glaives. Sur le toit figure la mise au tombeau du défunt; un évéq^e, assisté d'un aco- lyte tenant le rituel, procède à la cérémonie. A chaque flanc, un saint en pied. Tapis fleuronnés au revers. Per- sonnages réservés dans un champ bleu-lapis. La gamme ornementale est fort douce : blanc, bleu, bleu-gris et verl. h'areula de M, Doire date également du xm* siècle. Chasse, Typé ordinaire; dimensions exiguës; ligurines eii i-elief, émaillées et rapportées. Travail médiocre, iiu" siè- cle. — Gémellion. Champ bleu; armoiries de France et de Gastille. xiii" siècle. Gémellion. Six groupes de mu- siciens encadrés p:ir les lobes d'une rosace, dont le cœur oiTre le combat d'un cavalier et d'un lion. Le cavalier, armé de pied en cap, lient un ccu triangulaire gironné de huit pièces. Des rinceaux serpentent autour des per- sonnages; des touffes végétales garnissent les écoinçons du marli. Champ bleu; ÛRures et ornements réservés. XIII* siècle. Cman'Delier, Longue broche surmontant un pied très bas. Ce pied est chargé d'écussons : aux léo- pai-ds d'Angleterre; 2' aux armes de Gastille écartelées de Léon (?). Les intervalles sont émaillés en vert et blanc. M. Molinier émet des doutes sur la provenance du meuble qu'un simple croquis me permet d'apprécier; forme et décor me semblent essentiellement limousins, xiv' siècle. Flacon, Genre alabaslrum; mince goulot amortissant une panse allongée, tronconique, arrondie par le haut. Décor : un fretté qu'esquissent des bandeaux creusés en gorge, avec rosaces aux poiuts d'iutersection. Les niaiUes

lyGoogle

eacadrent des lions, des oiseaux, des monstres, épargnés et gravés sur fond bleu-lapis. Le morceau est d'espèce

MacoD du Musée de BerliD. très rare; peut-èliv l'écliantillou de Berlin serail-il unique

lyGoogle

54 -

au monde. Une photographie rapportée par M. MoUnier .1 été soumise à M. Victor Gay; l'éminent archéologue penche pour une attribution germanique : il m'est diffi- cile, du moins jusqu'à plus ample informé, d'admettre cette attribution. Le ciboire d'Alpais, au Louvre, montre un fretté concave sur champ métallique ; le même fretté, Ruv fond d'émail bleu, caractérise une coupe de ciboire de la Collection Basilewsky (voy. Darcel et Basilewsky, Catalogue, pi. XXI). Le vase du Louvre est assurément limousin; personne ne conteste à Limoges la coupe de M. Basilewsky; pourquoi le Oacon de Berlin aurait-il une provenance différente? Du reste, ce dernier accuse une époque bien postérieure aux deux autres monu- ments; il date de l'estréme fin du xin" siècle, sinon tout-à-fait du xiV. (Molinier,}

Église de Ifeuenbeken, près Paderbom {Westphalie). Navbttb A ENCENS. Forme ordinaire; des serpents se recourbent aux extrémités en manière d'anses. Coupe gravée; cou- vercle et pied émaillés. Le fond des opercules est bleu- lapis; chacun d'eux comporte uo médaillon circulaire accompagné de trois rosettes. Les médaillons, champ bleu- sombre, inscrivent un ange à mi-corps, tenant un livre et iasani d'un nuage. Figures épargnées, ainsi que les en- roulements qui les accostent; nimbes : rouge, gris, blanc et rouge, bleu-foncé, blanc. La gamme des rosettes est rouge, bleu-sombre, vert, jaune. L'émail du pied a dis- paru; il ne reste que les alvéoles déterminés par un fltel onde compris entre deux cloisons parallèles, xin' siè- cle. [Mitlheil. der K. K. Central-Commission, t. XII, p. XLIX, fig.. Vienne, 1867.)

Les notes et les croquis de M. Molinier, les gravures que M. Essejiwein m'a récemment communiquées, néces- sitent un remaniement presque général du travail publié en 1883 sur la Bavière.

BAVIÈRE

Musée Germanique de Nuremberg. Chasse. Type ordinaire.

lyGoogle

Crète ajourée d'entria de serrure et termiaée par de longs appendices obliqucB. Face : auge et toit chargés dn mé- daillons inscrivant des anges à mi-corps. Figures et rin- ceaux épargnés sur champs bleu-lapis et bleu-turquoise ; un Irait blanc cercle les médaillons i-eliés entre eux par un bandeau rouge. Flancs : anges réservés et graves. Le revers comportait autrefois des disques, des écussons, des figurines en relief; le tout a disparu, xiii* siècle. PiasON DB CHASSE. Saint dans une vesica piscis. Il est debout; sa main gauche tient un livre, la droite est relevée. Le per- sonnage, réservé sur champ lapis, a un nimbe bleu cl blanc; deux bandeaux turquoise coupent transversalement la vesica piscii, qui comporte en outre des rosaces poly- chromes. Au bas du tableau et h la naissance du faîlage, un arc moitié bleu et moitié vert, couleuin opposées. Bordure bleue chargée de flanchis métalliques, xiii* siècle. PiGNON DE CHASSE. Saint debout, épargné sur champ lapiâ interrompu par deux larges bandeaux turquoise. Ces bandeaux alternent avec des rosaces : rouge, bleu-lapis, bleu-clair; blanc, vert et jaune. Le nimbe du personnage ofTre les quatre premières nuances. La bordure est striée de métal, de bleu et de rouge sombre; cinq cabochons rehaussent cette bordure et les pieds, xni' siècle. Ghan- DBUBns. Pied triangulaire à fleurons, rouge, vert el jaune, issantde rinceaux épargnés sur fond lapis. Nieud émaillé de bleu-turquoise; ornements en rései've. xiir siècle. Chandelier. Haute broche; pied bas en forme de pyra- mide hexagone tronquée. Champ bleu-lapis; cartouches à écussons armoriés : semé de France ; écartclé 1 et 4 d'or au lion rampant d'azur, 2 et 3 fiucé d'or et de pncules de cinq pièces. Au bas, entre les cartouches, des disques inscrivant un griffon épargné sur champ vouge. Commen- cement du XIV' siècle. Chandeliers. Type du précédent; broche annelée de trois gorges; pans de la base ornés de quatrefeuiltes à griffons réservés sur champs bleu-lapis, bleu-clair ou rouge-vif. xiv* siècle. Encensoth. Pièce hors ligne : sphéroïde coiffé d'une calotte, monté sur un

lyGoogle

56

pied circulaire très bas, et entièrement émaillé, porte- chalnettes, couvercle, i-échaud. Le couvercle, rehaussé de boutons métalliques à dragons estampés, offre des enrou- lements à fleurons rougea, bleus et blancs sur fond lapU; le réchaud comporte un décor semblable, jaune, vert, rouge, sur lapis et turquoise. Haut. Clî'; diam. 0"il5"". XIII* siècle. Navbtte a bncbns. Forme ordinaire. Sur le couvercle bleu -lapis, un bouton de cuivre estampé, accom- pagné de trois rosaces 2 et i, pétales blancs, champ tur- quoise. XIV* siècle. Pyxides. Disques et feuillages. Émaux lapis, turquoise, blanc, rouge, xiii* et ziv* siècles. Ciboire pédicule. Il est sphérique; champ de métal; un appendice, sommé d'une croix, amortit son' couvercle à médaillons circulaires, encadrant des anges réservés sur fonds alternativement turquoise ou rouge. Même décor à la coupe et au pied; un nœud en forme de globe inter- rompt la tige élancée, xiv* siècle. Goffrbt. Paralléli- pipède en cuivre guilloché; serrure de fer. Le couvercle el la caisse sont ornés de quinze grossières figurines en relief, émaillées lapis, turquoise et rouge; garniture de verres cabochons. (Long. 0"26'; larg. O-IT'; haut. 0"f4'.) xm* siècle. Gémbllions appariés. Champ bleu-lapis, pei-sonii;iges réservés. Ombilic : cavalier tourné à gauche: il joue du rebec; des rinceaux l'enviromient. Marli : six disques à pampres, inscrivant des écus armoriés; six femmes debout apparaissent dans les vides ménagés entre les disques. Les écus se blasonnent ainsi qu'il suit : 1" d'aïur à 3 croissants d'or posés 2 et 1; 2* paie d'or el de gueules de 8 pièces; 3* vairé d'or et d'azur de 2 traits, abitissé sous un chef d'or vivre de gueules; 4' d'or à 3 ailes de gueules, 2 el I ; Imrelé d'or et d'azur de 10 pièces, en chef une sorte de grand lambel de gueules à trois pendants elliptiques; coticé d'or et de gueules, qui est Turenne. Diam, o"23'. xm' siècle. Gâhellion. Champ lapis, personnages réservés. Ombilic : roi à che- val. A l'enlour, quatre lobes circulaires reposent deux figures assises, l'une tenant un sceptre, l'autre armée d'un

lyGoogle

Encengoir du Uusée Oermanlque.

lyGoogle

bïGoogle

Ciboire da Mtuée Oermatii<|ue.

lyGoogle

„Googlc

„Googlc

„Googlc

63

glaive. Entre les lobes, quatre écussons d'armoiries, même blason deux fois répété : d'or à 3 faaces d'azur, au lam- bel à 7 pendants de gueules ; burelé d'or et d'azur de 8 pièces, chargé en pal d'une tour d'or ajourée de gueules. XIII' siècle. Plaque. Cette pièce cintrée, qui doit pro- venir d'une châsse, est aujourd'hui fixée à une reliure d'argent doré et étampé. Vierge debout tenant l'Enfanta Jésus, groupe en relief émergeant d'un fond lapis coupé de deux larges bandes horizontales bleu-turquoise : des disques et des losanges polychromes apparaissent dans les vides. Fin du xiii* siècle. Aux angles de la reliure, on a rapporté quatre médaillons quadrilobés inscrivant les sym- boles évangélistiques ; champ bleu, métal réservé, traits incrustés de rouge, inscriptions françaises en gothique du XIV* siècle :

$. Ptten, JJ. âchait, JJ. Part, jï. ïw.

Ces médaillons ont semblé douteux à M. Molinier; il me semble avoir vu, dans la collection de M. Gay, un travail analogue attribué à Paris. Citoix stationnalb. Centre elliptique, extrémités fleuronnées. Face : Christ en relief sous la main divine ; plaques en cuivre gravé, rehaussé de cabochons; ange tenant une croix et un livre, la Vierge, saint Jean, tous trois à mi-corps; le Christ ressuscité, debout, croix et livre en mains ; rosaces. Revers : Majestas Domini dans une vesica piscis ; quatrefeullles inscrivant des anges en buste; symboles évangélistiques. En haut l'aigle, au bas l'homme ailé, à droite le lion, à gauche le bœuf. Sauf le Christ, les personnages et les symboles sont épar- gnés sur champ bleu. La gamme des rosaces polychromes est blanc, bleu, jaune, vert, rouge, xin* siècle. Croix STATiON.NALE. Même fonuB que la précédente. Face : Christ fondu, couronné, perixoniiim lapis; main divine. Extré- mités des branches : en haut, figurine émaillée sur relief remplaçant l'homme ailé de saint Matthieu; à droite le lion, à gauche l'aigle, l'un et l'autre réservés dans un

lyGoogle

_ 64

champ bleu; au bas, seconde figurine en .relief, la Vierge (?) i-evôtue d'un manteau incruslé de lapis. Revers : lames d'argent blanc étampé d'un semis de fleurs de lis ; on y a rapporté un Dieu le Père ou une Majestas Domini et les quatre symboles évangélistiques, le tout en cuivre doré et repoussé. Le monument, qui oflVe des traces évi- denles de trucage, date à peine de la Un du xin* siècle; le XIV* lui conviendrait encore mieux. Crucifix. Lame de métal complètement émaillée : carnations rosées; che- veu.\, barbe, perizonium bleus; nimbe à croix rouge; champ de l'instrument du salut, vert sombre à rinceaux en réserve; lUulus, suppedaneum, bordure, bleus. Commen- cement du XIII* siècle. J'ai récemment examiné chez M, Spitzer, à Paris, deux crucifix de la même technique, mais le champ des croix est doré. Crucifix. Cuivre étampé; grandes dimensions. Face : un Christ, dont le perizonium est blanc et bleu, reposant sur une croix plus petite, émaillée des mêmes couleurs, xiii' siècle. Christ. Robe incnistée de bleu-lapis moucheté de blanc; cette figure, de taille exigûc, revient au xiii» siècle. Crosse. La volute inscrit un Couronnement de la Sainte Vierge; au nœud, six vesica piscis offrant des anges épargnés sur champ lapis; des dragons rampent autour de la douille. xiii*-xiv" siècle. {Molinier, Essenwein, Anzeiger fur Kunde der deuUchen Yorzeit; Mittheilungen aus dem germaniseheii Nalionalmuseiim.)

La châsse, reprise sous le I dans mou premier article, a été publiée, (ace et revers, p:ir M. Essenwein, KuUurkis- torUcher Bilderatlas, II, pi. XXXVII, 4, 5.

BELGiyUE

Église de NotTc-Dame^ à Tongres. Coffret. Bois de chêne recouvert eu cuir. Écussons éinaillés, parti, semé de France à dextre, et de chdteatix de Castille à sénestre, armoiries d'Al- fonse, comte de Poitiers, frère de saint Louis. Un disque représentant un personnage tenant un sceptre fleurdelisé

lyGoogle

65

'se voit au flanc du meuble. Haut. 0»19', long. 0"09'. xiii* siècle. Aux dimensions près, le petit écrin de Tongies offre une remarquable analogie décorative avec les gi-aiids coffres repris plus ita^ à l'article ITALIE.

Trésor de la calhidrale de Tournai. Pyxide euchaiiistiqoe. Forme ordinaire; cylindre à couvercle conique. Champ bleu, enroulements fleuronnés. La croix d'amortissemeut est perdue. Haut, actuelle, O^OTS"""; diam. 0"07', xiii' siècle.

Musée des antiquités, à Anvers. Crucifix. Cuivre émaillé. xui" siècle.

Musée arehèotogique de Gand. Pyxidk. Forme ronde, cou- vercle conique, xiii* siècle.

CoUection de M. G. Vermeerseh, 4 Bmxelles. Cnotx sta- TioNNALE. Bois plaqué de cuivre doré, rehaussé d'émaux champlevés et de cabochons. La couronne du Christ est crénelée; son perizonium est émaillé. xiii' siècle. Na- vette A ENCENS, Chaque opercule comporte un monstre enroulé, ciselé en relief, xm* siècle. Cbossb. Tige et volute bleu-pile frettées d'or. La volute embrasse le cou- ronnement de la Sainte Vierge en métal ciselé, xiii' siècle. Chasse. Forme ordinaire. La face antérieure offre quatre statuettes sur champ doré et gravé. Auk pignons, deux figures de saints réservés dans un fond bleu maillé d'or, xui* siècle. Chasse. Forme ordinaire. Crête ajourée, rehaussée de rosaces en émail. Face antérieure, auge : les Saintes femmes au Sépulcre. Toit : Majestas Domini accostée de deux apôtres. Têtes en relief; corps réservés sur champ bleu-lapis, semé de rosaces bleues, jaunes et rouges. Un bandeau bleu-turquoise coupe horizontalement le fond. Revers bleu à rosettes polychromes. Dans chaque pignon, un saint réservé sous une arcade en plein-cintre. XIII' siècle. Chasse. Forme ordinaire. Face antérieure, auge : Majestas Domini coiffée d'une mitre cornue; deux saints l'accostent. Champ bleu semé de rinceaux à fleu- rons polychromes. Toit : trois anges portant chacun tin livre. Figures rései-vées, têtes eu relief. Revers : tapis

T. VIL 1-6

lyGoogle

_ 66

losange. Flaacs : deux saints. La crête est moderne, xiif siècle. Chasse. Type ordinaire. Champ bleu-lapis à en- roulements terminés par des fleurons polychromes. Face, auge : l'Epiphanie. Toit : le Divin Crucifié entre la Sainte Vierge et saint Jean. Figures en relief et rappor- tées. Revers, auge : les Rois* Mages devant Hérode que le démon semble inspirer. Toit : le Massacre des Innocents ; les Mages, centristes, assistent à cette scène de meurtre. Figures réservées; le diable est émaillé en noir. Aui ilancs, deux anges dans un encadrement bleu, blanc et vert, Crète ajourée sommée d'une croix, xni* siècle. Pyxides eucharistiques. La collection en possède deux, xiir siècle. Vierge. Elle est en cuivre doré et ciselé. Assise sur un trône, la Mère de Dieu tient l'Enfant-Jésus. Les deux côtés du siège représentent l'Annonciation; au dos s'ouvre une porte cintrée, ornée d'un saint Pierre ; ces parties sont émaillées. Champ bleu-p&Ie; figures en réserve; rinceaux fleuronnés. xiii» siècle.

Collection de M. A. Mertens. Choix stationnalb. Le suppe- daneum, qui porlait les pieds du Christ, a disparu. A l'extrémité des branches, les symboles évangélistîques émaillés. Trois lions soutiennent le pied les quatre Évangélistes figurent dans leur forme humaine, xin' siècle. pYxiDE. Couvercle conique sommé d'une croix, xiu* siècle.

Collection de M. Arthur Slaes. Reliquaire. Deux anges, posés sur une terrasse ém:iiHée, soutiennent un cylindre horizontal en cristal de roche. Travail limousin (?) xiii* siècle.

Collection de-M. Marynen. Chasse. Haut. O-ISS""", long. 0"15'. Émaux restaurés, pierreries modernes, xiii* siècle. Collection de M. Hoityel. Chasse. Forme d'èdicule à double pignon. Les faces sont couvertes de plaques en émail chimplevé à sujets religieux. Le fond est garni d'une lame de cuivre gravé, ornée d'un rtnge inscrit dans un cercle, et do siiints abrités sous une arcatui-e en plein- cintre, xni* siècle. Je mentionne cette pièce sous béoé-

lyGoogle

67

ftce d'inventaire. Mes souvenirs à son égard sont très confus, et le document auquel j'ai recoure ne me ren- seigne ni" sur la date, ni sur les dimensions de l'objet. Le fond des châsses limousines est ordinairement nu, sans revêtement métallique; le trésor de la cathédrale de Tournai possède un petit coITret-reliquaire en os sculpté, dont le fond présente une lame de cuivre à dessins gravés, or sur vernis brun, certificat d'origine allemande. La chiase de la collection Houyet est-elle de fabricttion rhénane? Est-elle limousine et victime d'un trucage? Aux intéressés à répondre.

Collection de M. Armand Van Zuylen. Crosse épi?copalb en cuivre doré, rehaussé d'émaux champlevés. Le centre de la volute comporte une plaque ovale, fondue et ciselée, offrant sur les deux faces l'image en haut-relief de la Sainte Vierge et de l'Enf int-Jésus, xiii' siècle. Pyxidbs ; il y en a deux, xiii" siècle.

Collection de M. Isidore Leseart. Chasse. Elle «st ornée de six médaillons à champ bleu encadrant des figures de saints épargnées. Long, (fii', haut. 0"18'. xni' siècle. Cha&sb. Émail champlevé ; crête ajourée. Sur la face, des catiochons en cristal de roche, plus une ouverture circulaire ménagée pour laisser voir les reliques. Long, et haut, 0"i5*. xiii" siècle, PvxmB kuchahistiqub, C(Tu- vercle conique. Bustes d'aOges réservés sur fond bleu, xin* siècle.

Collection de M"" la baronne de Wolf. Crucifix. Le Christ repose sur un champ bleu-lapis semé de rosettes, xrii" siè- cle. — Ptxidbs. Elles sont au nombre de trois, xiir siècle.

Collection de M. le comte G. de Nédonehel. Fiaurines, Le Christ en croix, la Sainte Vierge et saint Jean. Haut. 0"20', XII" siècle. Nous avons ici au complet le sujet dont l'église de Montlevon et M, f. Frésart possèdent des per- sonnages isolés.

[Catalogue officiel de l'Exposition rétrospective de Brtixellet en i880. Noies personnelles de l'auteur.]

lyGoogle

SSUISE

Bibliothèque de Saint-Gall. Plaqub de reliubA. Formai iii-folîo. Au centre, encadré d'une gloire elliptique, le Christ debout, couronné, un livre fermé dana la main gauche, bénissant de la droite à la manière latine. Le Sauveur est en relief; sa robe, verte et jaune, a des galons blanc et bleu moucheté- de rouge. La gloire est de couleur bleue, s",méc de croisettes d'or en réserve. Aux angles, les altriliuls des quatre Évangélistes, émaillés sur champ maté; l'aigle symbolique de saint Jean est rose. Bordure à biseau, comportant des feuilles d'eau, bleu-lapis, bleu-clair et blanc ; huit médaillons circulaires à quatre feuilles sur fond hleu-Iapis; animaux vert ou bleu moucheté de rouge. Môme tonalité que les panneaux du Musée de Gluny attribués à Grandmont. Les éléments polychromes émergent d'un excipient de cuivre étampé, rehaussé de cabochons. Fin du xii* siècle ou commence- ment du xiii'. Relichk. Format in-folio. Plat supérieur : la Crucifixion. Christ en relief; sommet de la croix accosté de deux anges à mi-corps tenant un livre fermé; la Sainte Vierge et saint Jean occupent leurs places ordinaires. Figures épargnées sur champ bleu; télés saillantes. Plat inférieur : MajeHas Domini. Le Christ assis, ceint du nimbe, bénit à la manière grecque; il est en relief; les attributs des quati-e Évangélistes cantonnent la gloire. Bordure semée de rosaces émaillées; aux angles, des mé- daillons inscrivant un ange à mi-coi'ps, porteur d'un dis- que cmcifère. Pièce fabriquée pour le courant de vente. xiir siècle. (Molinier.)

ITALIE

Èijtise de Sfiinl-SéOastienf à Bietla (Piémont). Disques ÉMAiLLiiS, Débris d'un coffret, aujourd'hui encastrés dans les dossicra dos stalles du chœur, xiii* siècle.

Cathédrale de Yerceil ^Piémont). Disques émaillés. Ils proviennent d'une cassette où, antérieurement à 1670.

lyGoogle

étaient conservés les restes mortels du bienheureux Amé- dée IX, duc de Savoie (^ 1472). Go meuble, qui reposait dans la chapelle dédiée au saint personnage, fut reiiiplacé par une urne d'argent; ou le mit alors au rebut, et les disques, devenus la proie d'un chaudronnier, subirent les outrages du feu et du marteau. Plusieurs, tant armoriés que figurés, ont néanmoins échappé à la destruction, mais en fort mauvais étatr Les premiers offrent le blason, très reconnaissable malgré une disposition fantaisiste, d'Al- foDse de Poitiers, frère de saint Louis [^ 1371 dans l'Italie septentrionale] : parti au i semé de France, au 2 de gueules à 4 châteaux de CastUle l'un iw l'autre L'écu est ceint de trois dragons en jarretière, genre de support héraldique que la cassette d'Aix-la-Chapelle et un gémellion du tré- sor de Conques offrent également, xtii" siècle.

Église de Saint-'Andri, à Vereeil. Cassbttk, Lors des tra- vaux entrepris en 1823 pour rendre au culte l'ancienne collégiale de Saint-André, on découvrit, scellée à l'inté- rieur d'un mur, une cassette renfermant les os du célèbre cardinal Guala Bicheri, à Vereeil, mort dans cette ville en mal 1227. Le meuble, outre les os. contenait un authentique sur parchemin, spécifiant que l'emmurement avait eu lieu au xv* siècle, par les soins de l'abbé Malleto, supérieur deg chanoines réguliers de Latran qui occu- paient le monastère. Ce meuble, en bois de peuplier, coloré en rouge grenat foncé, mesure : long. 0''82', larg. 0''40*, haut. O^SSS". Il est orné de disques métalliques, les uns ciselés et ajourés, les autres émaîllés d'armoiries ou de figures réservées sur champ bleu ; une jarretière de clous dorés à lôte ronde cercle chaque disque. Des équerres et des pentures, élégamment découpées et burinées, com- plètent un décor qui offre la plus étroite ressemblance avec celui de la cassette d'Aix-la-Chapelle. Au moment de la découveite, notre objet avait beaucoup souffert; le dos était entièrement nu; les disques du couvercle man- quaient, sans être -toutefois perdus, car on les a retrouvés ailleurs, et il serait facile de les replacer dans leur ancien

lyGoogle

-70-

cadre de clous. L'entrée de serrure, circulaire et saillante, comporte deux moraillons fixés au couvercle par trois lan- guettes de métal doré et lisse; à la languette médiane est allacliée une plaque rectangulaire (O^SQ"" sur 0"033) chargée d'un écusson d'asur au lion d'or. La forme de ce lion à queue renflée accusant peut-être le xiV siècle, je soupçonne qu'un remaniement général aurait été opéré vers la susdite époque : la vieille caisse revêtue de peau, remplacée par une nouvelle en bois tendre; les écussons du dos supprimés; les languettes lisses et le petit lion substitués aux attaches primitives des moraillons ; de gros- sières poignées en fer annexées aux flancs. On connaît quatre coffrets limousins intacts : à Conques, au Louvre, à Longpont, à Aix-la-Chapelle; tous ont leurs cinq faces ornées de disques; pourquoi une exception à Verceil? Je ne me charge pas de spécifier le blason rajouté; est-il italien ou français? Rappelons seulement que l'azur au lion d'or appartint aux vicomtes de Limoges jusqu'en 1275. Parmi les émaux consei-vês, on doit mentionner les armoiries d'Alfonse de Poitiers (diam. O'"09S'""'); une scène erotique {0'°085'™) ; une reine assise sur un trône et tenant un sceptre fleurdelysé ; un personnage couronné, debout, un chien (?) sous les pieds, une lance à pennon Iriûde dans la main droite, dans la gauche un bouclier, pennon et bouclier chargés d'une croix (diam. des deux, O'-OS'). XIII* siècle.

Beaucoup des disques émaillés provenant des cassettes d'Amédée IX et de Guala Bicheri sont passés en diverses mains : un au Museo civico de Turin; un chez le chevalier G. Bertini, à Milan; trente-trois chez M. Kd. Mella, à Vêrceil. On remarquera encore que l'église de Saint- Sébastien, à Biella, était jadis, comme Saint-Andié de Verceil, la propriété des chanoines de Latran ; cette re- marque, jointe aux rapports ornementaux, à l'identité de symboles héraldiques, constants entre nos cassettes pié- montaises, autoriserait à penser que lès trois meubles ont appartenu au même personnage, et qu'ils furent intro-

lyGoogle

^ioogle

73

duits dans le nord de l'Italie, simultanément, à la suite des mêmes circonstances. La découverte de l'inventaire, dresse sans doute après le décès d'Alfonse de Poitiers, éclaircirait peut-être la question ; malheureusement, les historiens ne s'accordent pas sur le lieu le frère de saint Louis termina sa carrière. Les uns le font mourir à Savone, près Gênes; les autres, au ch&teau de Corneto, non loin de Sienne. (Ëdoardo Mella, La cassa gïà di depo- ailo délie o$m del cardinale Gtiala Bicheri, ap. Alti delta Soeieta d'archeologia e belle arti per la prooineia di Torino, t. IV, 1883. L. Guibert, Notes héraldiques ms.)

Muiie ehrélien du Vatican, à Rome. Chasse. Type ordi- naire. Face : auge, les Saintes femmes au Sépulcre ; toit, la Fuite en Egypte. Flancs, deux saints. Revers, un tapis de quatrefeuilles. Figures sur champ bleu semé de rosaces ; polychromie; têtes en relieL Haut, et long. O'iSB"'"; larg, 0"08*. XIII* siècle. L'épisode de la Fuite en Egypte est ainsi représenté. En avant, saint Joseph nimbé, imberbe : d'une main, il tient son bagage roulé autour d'une longue perche; de l'autie, la bride de l'âne. Suit la Sainte Vierge portant le Divin Enfant, et assise sur son coursier à longues oreilles. Derrière, un palmier; puis un person- nage nimbé et imberbe, qui se retourne vers les émi- grants et semble, par signes, leur souhaiter bon voyage ou leur indiquer la route. Une châsse limousine du xiii' siècle, au Musée de Gluny, représente le même sujet d'une façon très différente. Saint Joseph, barbu et nimbé, foHe la canne des Compagnons du Devoir; grosse pomme sphé- roïdale, touffe de rubans vers la pointe. L'Enfant- Jésus est monté à califourchon sur les épaules d'un homme de haute taille, lance en main et l'épée au côté. La Vierge, à pied, ferme la marche. La scène est épargnée sur champ bleu, rehauBsê de disques polychromes et coupé transver- salement par un large bandeau turquoise. Je laisse à d'autres le soin d'établir la personnalité du géant; est-ce le futur bon larron? Mais l'insigne des Compagnons charpentiers donné, au xiii* siècle, pour attribut à saint Joseph, me

lyGoogle

74- semble digne de remarque ; cette circonstance prouve l'an-

Hhï-lhiHH; +\4-i^: HKT

Panneau de châsse; Gluny. (Extrait du Manuel de l'art chrétien. )

tiquité d'une association qui resta toujours mystérieuse. Une miDiature anglo-normande du xu' siècle représente aussi la Fuite en Egypte; le Père nourricier du Sauveur est chargé d'une espèce de doloire fort curieuse (Thomas Wright, The homes of other days. p. 129, fig. 4, 1871). Les très anciens spécimens en bronze et en fer d'un pareil outil ont été publiés récemment dans les Bulletins de la Société des Antiquaires de France. Chasse. Type ordi- naire. Face : saint Etienne conduit hors de la ville; lapi- dation du protomartyr. Revers : tapis de quatrefeuilles. Flancs, saint Pierre et saint Jean. Haut, et long. O^HS"""; larg. 0"K)87""'. xiii' siècle. Chasse. Forme ordinaire. Toit : le Christ juge, assis sur l'arc-en-ciel dans une vesica piscis cantonnée des quatre symboles évangélis- tiques; Apôtres. Auge : le Divin Crucifié entre la Sainte- Vierge et saint Jean. Flancs : deux bienheureux. Revers : Quatrefeuilles inscrits dans des cercles. Figures épar-

ly Google

75

gnées; champ bleu. Haut. O'-IS'; loDg.0"21'; larg. O^OSS"". sni* siècle. Chassb. Type consacré. Toit : trois mé- daiUons avec des bustes d'anges tenant des livres. Auge : Christ assis entre deux membres de la cour céleste. Flancs : saints debout. Rései-ve; têtes en relief; crête ajourée de trèfles; pieds carrés. Haut. 0"10'; long. 0"I2"; larg. 0"05». xiii* siècle. Panneau. Résurrection de La- zare. Polychromie sur fond d'or à rinceaux gravés, xiii* siècle. Pannead. La Gnicî&xion. Au sommet de la croix, deux anges; au pied, la Vierge et le Disciple bien- aimé. Main divine; titulus épigraphe, IHS XPS; tâtes en relief. XIII* siècle. Panneau. Majeslas Domini cantonnée des quatre symboles évangélistiques dans l'ordre suivant : homme ailé, aigle, lion, bœuf, xiii* siècle. Panneau. Même sujet que le précédent. Têtes en relief, xni* siècle.

Panneaux. 1" Les Rois Mages, guidés par l'étoile, s'acheminent vers Bethléem. 2" Entrevue des Mages et d'Hérode assis sur son trône. 3" Hérode ordonne le mas- sacre des Innocents. Un ange avertit saint Joseph de fuir en Egypte, Champ semé de rinceaux, xni" siècle.

Panneau. Forme barlongue. Sept figures et blasons ainsi disposés en prenant par la droite : léopards d'An- gleterre; saint Pierre; la Sainte- Vierge ; Crucifix entre deux arbres tordus de même hauteur que la croix ; saint Jean; saint Paul; semé de France. Épargne; émaux dégradés en majeure partie. Haut. O'"055'"" et COSl""; long. 0'"177"'°. xiT» siècle. Figure de Saint. Métal fondu et ciselé; relief polychrome; champ bleu semé de disques émaillés blanc et bleu, xiii* siècle. Figurines. Relief polychrome ; débris de châsses, im* siècle. Majestas DouiNi. Relief fixé sur une plaque moderne en cuivre. Cette figure est assise de face; tête couronnée, légère- ment tournée adroite. Manteau émaillé de bleu-clair; des cabochons ornent le pectoral et l'orfroi du col de la robe. Haut. 0"'40«. XIII* siècle. Figures. Elles sont appliquées sur des fonds modernes; debout; relief émaillé : 1" saint Pierre, haut. 0-2I5-"; saint Paul, haut. O'-n-, 3* Apô-

lyGoogle

76

tre, haut. O^SS"; saint revêtu d'une chasuble, haut. 0"'23v xiii' siècle. Ces quatre personnages et le Christ ont vraisemblablement appartenu à une même châsse de grandes dimensions. Plaques. J'en ajoute cinq nou- velles aux deux qui ont été signalées dans mes premières lettres. Ces pièces offrent toutes la Majestas Domini avec quelques variantes : polychromie, iiii' siècle. Plaque. Décor de rinceaux, un* siècle, Plaque. Ange tenant un livre. XIII' siècle. Médaillon. Il est circulaire ; champ émaillé à rinceaux. Sujet : un homme, le fouet en main, dresse un singe coiffé d'un capuchon, un' siècle; débris probable d'un coffret. Plaque. Métal repoussé, émaillé, découpé en quatrefeuilles. Christ sur la croix, accosté de Sainte Vierge et de saint Jean, xiv' siècle. Plaque. Même forme que la précédente. Résurrection de N.-S. XIV* siècle. Plaque. Quatrefeuilles inscrit dans une losange. Agneau de Dieu tenant une bannière. Émail bleu, xiv* siècle. Crosse. Volute frettée garnie de crochets; elle embrasse une Annonciation. Sur le nœud, quatre saints; trois dragons en relief prolongent la douille. Émail bleu, xiii* siècle. Crosse. La volute, imbriquée et rehaussée de crochets, figure un serpent dont l'archange saint Michel transperce la tête de son épée. Émail bleu, xiii" siècle. Chandeliers. Haut. 0'"(65"'", Ils sont appariés; sur leur pied triangulaire on voit l'image en buste du Sauveur bénissant et tenant un livre. Restes d'émail bleu, xiii' siècle. PïiiDES. Boites rondes à couvercle conique; genre d'ustensiles ainsi désignés dans un ancien inven- taire : Dux pixides de opère lemavkino in quo koslùe eon- tervantur (Du Gange, Gloss., Linogia). Le musée en pos- sède deux : l'une au monogramme I H S, l'autre décorée de rinceaux, xiii' siècle. Géuellion. Ce vase, assuré» ment liturgique, est orné d'anges dans un champ bleu égayé de rinceaux. Diamètre 0"225""'; profondeur 0°^25'°". xiii* siècle. Crucifix. Christ en ronde-bosse. Couronne fleuronnée; yeux d'émail; penzonium incrusté de bleu. La croix, dont le champ est également bleu, offre une

lyGoogle

T7

branche supérieure prolongôe outre mesure. Au sommet, la Main divine et le tUulus IHS XPS eu deux lignes. A la croisée, un léger renfiement circulaire. Semis de disques et de losanges polychromes. Au pied, Adam sort de terre, les bras levés pour rendre grâces au Rédemp- teur; cette figure, épargnée, surmonte un fleuron poly- chrome. Bordure métallique perlée, ini* siècle. [Annotes archéologiques, t. XXVII, pi. II, p. 12.) Choix. Plaque de revers d'un Crucifix. Extrémités potencées; décor ré- servé sur champ bleu-lapis. Au centre, le Christ imberbe, à mi-corps, issant d'un nuage : les deux mains sont levées en l'air; la droite bénil, la gauche tient un livre. Aux extrémités, les quatre symboles évangélistiques ainsi dis- posés : haut, l'aigle; bras, le lion et le bœuf; pied, l'homme ailé. Des enroulements fleuronnés de la plus remarquable élégance s'échappent du centre pour aller mourir contre les symboles, xiv* siècle. Christ. Ces figures veuves de leurs croix sont nombreuses au Vatican ; j'en relève cinq dont le perisonium offre un émail bleu ou blanc. XIII* siècle.

Je donne, sous bénéfice d'inventaire, les deux articles suivants, auxquels j'aurais pu adjoindre plusieurs autres pièces, dont l'origine m'a néan- moins semblé trop douteuse pour les mentionner ici. M. le Commandeur Descemet, qui a examiné ces articles, incline vers une provenance française (limousine); leur travail, m'écrit-il, est passable- ment grossier.

Croix stationnalb. Cuivre doré, repoussé et émaillé. Face : Crucifix dont les pieds superposés sont cloués dans leur largeur, et non, comme de coutume, dans leur épais- seur; les quatre Évangélistes ; la Sainte Vierge et saint Jean; Adam. Revers : Majeslas Domini au centre; aux extrémités, l'Aigle, le Bœuf, le Lion, l'Homme ailé, xiv' siècle. Croix stationnalb. Face : Crucifix abaissé sous

lyGoogle

- 78-

UD ange tenant dans chaque main une lampe allumée, image symbolique du soleil et de la lune; la Vierge et le Disciple bien-aimé; Adam. Revers : le Sauveur assis bénissant et tenant un livre posé sur son genou; au sommet, l'Aigle; au croisillon droit, le Bœuf et un saint; au croisillon gauche, le Lion et un saint; au bas, l'Homme ailé et un évoque. Les figures emblématiques sont nimbées; elles ont pour attribut un codex ou un votumen. Cuivre repoussé et émaillé. xiV siècle avancé. (Descemet. Barbier de Montault, La Bibliothiqtie Vaticatie, p. 78 à 83, 92 à 95; Rome, 1867. .Comte Grimouard de Saint-Laurent, Manuel et Guide de l'Art chrétien.)

La part qui revient ici à M. Descemet sera faci- lement déterminée.

Musée de Naples. Crosse. Saint Michel terrassant le dra- gon, xin' siècle. Pyjeidb. Cylindre à couvercle conique; disques et rinceaux; modèle ordinaire, xui' siècle. (Mo-

linier.)

LA TOMBE ÉHAILLÉB DE l'ÉVÊQUE EULGER, DANS

LA CATHÉDRALE d'aNGERS, ET LA PLAQUE

DE GEOFFROY PLANTAGENET,

AU MANS

J'avais écrit précédemment : a L'influence des artistes lotharingiens, appelés par Suger pour exé- cuter le pied de croix dont il fit présent à l'abbaye de Saint-Denys, ne se manifesterait- elle pas sur la bordure de la plaque d'Eulger? » Une découverte, publiée en 1877, mais qui ne m'a été révélée qu'en novembre 1883, prouve que si cette influence n'est pas entièrement nulle, elle fut du moins très se- condaire.

J'ai vu de mes propres yeux et j'ai tenu en

lyGoogle

mains les monuments dont il va être parlé; les décrire me serait donc facile : je préfère néan- moins reproduire ce qu'en a dit .M. Louis de Farcy dans son bel ouvrage, malheureusement trop peu répandu, Recueil d'objets d'art religieux, 3"" année, 2"' livraison. Orfèvrerie, trois planches. On me saura gré de la substitution ; M. de Farcy est un érudit sérieux; il n'avance rien qu'à coup sûr : dés qu'il ignore, il se tait. Vous me remer- cierez, mon cher ami, de vous avoir mis en rap- ports intellectuels avec un homme d'aussi haute valeur scientifique.

a Ëulger, élu en 1125. mort en 1149, fut le premier évêque d'Angers inhumé dans la cathédrale. Ses dé- pouilles morlelles furent enfermées dans un cercueil de pierre, posé sous une arcade ouverte dans le mur de

tlTITl

r*^

IfïlîTTl

rrrrrri

rrrriT!

Cénotapbe d'Eulger, face. (D'après M. L. de Farcy.)

l'église, de telle sorte qu'une paroi se voyait du côté de la nef et l'autre du côté du cloître. Devant ce cercueil,

ibyGoeigle

80

un soubassement de maçonnerie, de trois à quatre pieds de hauteur, portait un mausolée en bois, figurant une châsse à un seul veraant, revêtue entièrement de cuivres étampés et dorés, enrichie de personnages, de rinceaux et d'inscriptions, or sur vernis brun, genre décoratif observé à Maestricht, Visé, Ais-la-Chapelle, Cologne, Troyes, [La châsse de Nesle-Ia-Reposte, au trésor de la cathédrale de Troyes, est aussi allemande que possible. Gausseu, Portefeuille Archéologique de la Champagne, Orfè- vRERtE, pi. VIII. J'en dirai autant de la châsse de saint Firmin, au trésor de la cathédrale d'Amiens, monument dont un habile praticien d'Arras, M. Fr. Normand, vient de m'adresser les photographies in-folio. Celle châsse, ornée d'inscriptions et d'enroulements vernissés, accuse une fabrication rhénane ou mosane, tant par sa forme que par ses émaux champlevés. G. L.) Lea descriptions du monument d'Eulger et les fragments, peu nombreux malheureusement, retrouvés en 1871, pourront donner une juste idée de sa magnificence.

s

-

\

CénoUpbe d'Eulger, profil. (D'Après H. L, de Farcy.)

« Le mausolée d'Eulger fut-il, comme celui de ceilaina évoques, exécuté de sou vivant ou seulement après sa

ibyGoo^le

- 8i

mort? Je ne saurais résoudre cette question. Toujours est-il que le style de l'ornementation accuse parfaitement le milieu du xii' siècle.

Chaque année, en reconnaissance des bienfaits dont Eulger les avait comblés, les chanoines chantaient, pour son anniversaire, les vigiles et un obit solennel près de son tombeau. En 1487, le chapitre décida de faire ouvrir le cercueil pour voir s'il ne contenait pas d'écrits impor- tants; j'ignore si cette délibération fut exécutée. Dès le commencement du zvn* siècle, le monument d'Eulger était fort endommagé; les Huguenots, en 1563, et des curieux avaient peu à peu enlevé les cuivres. Un dessin de 1633 environ (Bibl. d'Angers, ms. 871, p. 4) nous le montre presque entièrement dépouillé des statuettes des arcatures. Quelques années avant la Révolution, le tom- beau fut ouvert; voici le récit authentique de ce fait intéressant. »

» Le 20 septembre 1757, un chanoine ayant fait ôter » ce cercueil de bois revêtu de cuivre doré, on découvrit B une tombe placée dans le mur à la hauteur d'environ 1 quatre pieds. II y fit faire une ouverture, à la faveur

> de laquelle on put voir en dedans le corps de ce grand » évoque. On le trouva couvert de ses ornements ponti- » âcaux. Ses souliers étaient carrés par les extrémités, et n sans talons; le dessus était découpé à la façon des B anciens {calcei fenestrati). Son suaire s'était conservé s encore entier et presque dans sa première blancheur. - Comme je n'ai vu aucun des restes de sa soutane, 1 j'ignore s'il en avait une. Son rochet était d'une toile

assez âne; sa chasuble, d'une étoffe de soie à fleurs

> rouges sur fond violet. Sa crosse de bois était dans

> toute sa longueur. La populace, informée de cette dé-

> couverte et poussée par une curiosité funeste, accourut

en foule à ce tombeau. On l'ouvrit par l'endroit qu'on » avait inutilement refermé dès le matin (une cassure à » l'extrémité du couvercle, côté des pieds). Chacun s'em- 0 pressa d'enlever quelques parties des vêtements qui

X. vu. i-tf

ly Google

_ 82

n couvraient les restes de ce grand évêque. Rien n'eut » échappé à ce pillage si on ne se fût empressé de cacher u ce précieux dépôt à ses regards. On y réussit en cou- B vrant cette pierre du cercueil ou petit mausolée de bois » qui y est aujourd'hui. On lit sur ce mausolée, orné n autrefois des figures des Apôtres en bronze doré, celte » épitaphe, différente de celle qui est autour de sa figure.

ijf Hic iacbt Evlgbbits qvi prbsvl nouine qtidqtid

DtBA POTBST sors DABE SVSTINVIT.

GaTDU NVLLA DIBS DEDIT ILLt, NEC LOCA PACBU,

SOLAUBNQTB TVLIT NVLLTS AUICT8 El,

POBT RES ABLATAS, PROPRIA DE SEDB FTGrATTB,

HOSPES BRAT MVNDI, CERTA STATIONE CARBBAT.

(Bibl. d'Angers, ms. 628, p. 142). »

1 Le même chanoine s'appropria sans doute la repré- sentation émaillée d'Eulger, qui occupait le centre du monument et qui en était la pièce capitale; elle dis- parut en 1757.

B Le chapitre ayant, en 1783, confié à l'italea Borani le soin de badigeonner la calhcdrale, fit murer l'arcade qui abritait le cénotaphe d'Eulger, pour rendre les murs unis et propres à recevoir l'enduit. La partie saillante de la base" de la châsse fut brisée à coups de hache; on éleva contre elle un mur très mince qui, la dérobant à la vue, la sauva d'une ruine complète pendant la Révo- lution.

« En 1871, l'architecte diocésain fll démolir ce mur; on i-etrouva la châsse souillée de chau.x, gravement mu- tilée, mais n'ayant pas encore perdu toutes ses décora- tions de cuivre cloué sur le bois. Voilà les restes pré- cieux que j'ai fidèlement calqués sur le monument lui-même, aujourd'hui déposé au musée épiscopal.

I) Ce monument consisie en planches de chêne de O^OS* d'épaisseur, assemblées avec dos chevilles et dans lesquelles on a élégi lus chanfreins et lus areatui-es; seuls, les pilastres ont élê rapportés. Long. l'°98°, épais-

lyGoogle

que. Ries n'est tressé de cacher ■cussi'i es coa- lusoJée de bois ■ausoiee, oraé -.( duré, celte desafiguK-

ir.

repré- 're du ; dis-

■ade

lyGoogle

Motifs du cénotaphe d'Eulger. (D'après M. L. de Parcy.)

lyGoogle

„Googlc

87

seur 0"39'; haut, du coffre 0"77", compris un soubasse- ment de 0"iO*; la pente du toit mesure O^ôô».

» La base comprend un large chanfrein de O^OÔ', et un boudin sur lequel restent encore quelques débris étampés, rinceaux courants dont l'éclat métallique alterne avec des bandeaux bruns.

Le parement du coffre est encadré par une baguette unie, large de 0"08«, jadis couverte de lames étampées et dorées, sur lesquelles était tracée, au moyen d'un &n perlé en relief, une série de quatrefeuilles, dont l'inté- rieur était sans doute égayé d'enroulements végétaux ; il n'en reste presque plus rien. Un étroit chanfrein, fond brun, rehaussé d'étoiles d'or à six rais, sert de transition entre l'encadrement et vingt-quatre arcades, dont les ar- chivoltes portent chacune, en lettres d'or sur vernis brun, le nom d'un dignitaire ou d'un chanoine, contemporains d'Eulger. Ces arcades, en double rangée de six, douze de chaque côté, flanquent la place trônait jadis l'efBgie émaillée du prélat, place qui mesure, en hauteur 0"'48', en largeur 0"30". Plusieurs archivoltes ont conservé leurs inscriptions; & savoir : Paoanvs : Enoeia; GAVFnm' Bbivl' ^ Valet' iiagibt. scol'; iî< Noruand' ARCHmo'; Rvahv....; Gavtriov' Pota; Radvlp' archido'; Hvgo de Sablencia'; if* Gvillel' Pota; ^ Gtido de Prescenia.

B Les tympans ménagés entre les arcs sont garnis de plaques étampées dont le motif est toujours le niême (une petite rose abaissée sous un élégant bouquet de feuUlea). Il en est ainsi des bases et des chapiteaux des pilastres de séparation : une bande étampée, repliée à angles droits garnis de .'., en fait tous les frais. Au contraire, une assez grande variété distingue les pilas- tres; on y volt des enroulements, des pahnettes et des fusées.

n Les figures des chanoines, en cuivre repoussé dans la plaque même, qui occupaient l'iutériour de éhaque arcade, ont disparu jusqu'à la dernière; c'est une perte irrépa- rable. Au-dessus des rangs d'arcatures, courait en grandes

lyGoogle

lettres d'or sur fond brun, l'épitaphe métrique repioduite plus haut; il n'en reste qu'un éeul fragment. Douze pierres en losange, d'assez faibles dimenaions, étaient grossiërement serties et axées par des clous dont la trace persiste sur l'encadrenient de l'émail central.

> Un dessin de Gaignières, reproduit dans mes Notices tur ta tombeaux des ivtques d'Angers, pi. II, et dans le DûAionnaire du mobilier français de Viollet-le-Duc, t. II, pi. XLVI, donne une idée à peu près exacte de ce ma- gnifique émail, qui pouvait rivaliser avec celui de Geof- froy Plantagenet, au musée du Mans.

Tète d'Euiger- (Interprétation du Deaain de Gaignières.)

n Le versant du toit, disposé absolument comme la face du coffre, montrait au centre la Majestas Domini inscrite dans une vetica piseis, ayant douze losanges sur le cadre et cantonnée des quatre symboles évangélistiquea ; à droite et à gauche, les douze Apôtres, et probablement aussi douze Prophètes, remplissaient les arcatures. L'artiste avait sans doute voulu établir un parallèle entre le Christ au milieu de la cour céleste et i'évèque entouré de son clergé.

lyGoogle

> Chaque face latérale se compose d'une partie trian- gulaire et de deux panneaux cintrés, séparés par un ban- deau étampé ayant pour motif une série de nœuds h cro- chets. D'autree bandeaux, or et brun, sur lesquels on remarque des dessine analc^es à certaines bordures de vitraux ou de carrelages émaiUés, prolongent les côtés. Des plaques repoussées, dont il ne reste absolument rien, devaient remplir les baies cintrées et les triangles.

» Enfin, à l'arête du toit, se trouvent encore les ves- tiges d'un boudin d'amortissement. Était-il sommé d'une crête ajourée et de pommes d'orfèvrerie? J'en doute fort, car on n'aperçoit aucune trace de clous ni de ferrures propres à maintenir ce genre de décorations.

Un précédent mémoire de M. de Farcy, Notices archéologiques sur les tombeatuc des évêques d'Angers, p. 15, me fournit d'autres documents.

Bnineau de Tartifume, en 1623, décrit ainsi le cénotaphe d'Eulger :

« En ceste deuxième arcade est la tombe de Eulgerius, » jointe à la muraille du costé dextre en entrant en l'église » de S.-Maurice d'Angers, près de la porte du cloistre, B en laquelle tombe se voient 48 places, sans deux prin- » cipales qui tiennent le milieu, es quelles places il y a

> eu autant de médailles de cuyvre doré et esmaillé a comme il se peut reconnaître en ce qui est de reste... <•

(Bibliothèque d'Angers, ms. 871, p. 4.)

On lit dans le ms. 627, fol. 19 V du même dépôt : « Sa figure est émaiUée sur du cuivre avec une mitre

> eu forme de bonnet carré. > [Cfa-onologie des iviques d'Angers.)

Lebrun-Desmarettes se montre beaucoup plus explicite : « Vis-Jt-vis, au côté droit, il y a un cercueil de bois

lyGoogle

90

» avec des ornements et des plaques dessus, enchâssé en a partie dans la muraille, élevé au-dessug de terre eu- » viron de trois pieds, dans lequel fut mis l'évêque Kulger

représenté dessus en mignature, avec une mitre tournée » de côté et toute cornue, ce gui est particulier à lui

seul. « {Voyages liturgiques par le sieur de Moléon, p. 82, Paris, 1718.)

Voici d'autres témoignages dans le même sens.

« Épitaphe d'Eulger autour de sa figure d'émail ptau > qui parait sur un tombeau de bois couvert de feuilles

de cuivre doré... » [Cérémonial de Le Horeau, t. II, p. 148; 1692 à 1717, Bibl. de l'Évèché d'Angers.)

Copie de l'épitapbe d'Eulger, autour de sa figure

A'imail pkUe qui parait sur un tombeau... s (Chapelles d'Angers, ms. du xvii* siècle, p. 167, Musée diocésain d'Angers.)

« La représentation d'Eulger était en émail et plate peinture... » (Barthélémy Roger, Histoire d'Anjou, ap. Revue d'Anjou, 1852, p. 144.)

Une lettre que M. de Farcy m'adressait à la date du 7 novembre 1883, peu de jours après mon départ d'Angers, renferme ces détails supplé- mentaires :

1 Un ancien texte de 1630 environ dit aussi que les niches abritaient des statuettes ou médailles représentant les Apôtres, etc. Ceci semblerait indiquer des pièces rapportées sur champs; et pourtant, nulle trace de clous. Les statuettes devaient être repoussées dans une feuille de cuivre très-mince, occupant la baie entière de l'ar- cade; toutes furent malheureusement arrachées. Pour moi, je suis persuadé que la plaque de l'évêque était seule émaillée; les autres reliefs, simplement métalliques, pouvaient avoir leurs creux remplis de mastic ou de con- solidateurs analogues. >

lyGoogle

Je vous ai communiqué, mon cher ami, les divers renseignements empruntés, soit aux livres, soit à la correspondance de M. de Farcy. Si j'en ai, çà et là, modifié légèrement les termes, le fond demeure absolument intact. J'espère que notre ai- mable confrère acceptera mes écMts de plume avec son indulgence accoutumée, et que les observa- tions, à moi toutes personnelles, qui vont suivre, seront prises par lui du bon côté.

On n'oubliera pas que je me livre ici à une sorte de plaidoirie en Cour d'assises, gerbe d'ar- guments sérieux, discutables, ou même faux à l'occasion ; le Ministère public M. de Farcy avait préalablement fulminé son réquisitoire. Conformément à une législation morte d'hier, un Président quelconque devra résumer impartiale- ment les débats, puis laisser au Jury, c'est-à-dire à la science désintéressée, le soin de prononcer son verdict.

L'exécution du cénotaphe d'Eulger doit être pos- térieure à l'année 1153. Les motifs qui détermi- nèrent ce sentiment m'avaient d'abord paru si clairs, que les développer me semblait complète- ment inutile; un érudit de l'École des Chartes, à qui j'ai soumis le cas, trouve qu'affirmer et prouver sont deux : ses justes observations m'obli- gent à augmenter d'un paragraphe une notice déjà fort longue.

On a remarqué que des noms conservés, quatre sont précédés d'une croix : l'écolâtre ValettLs (Valoy?), l'archidiacre Normand, Guillaume Pota, Guy de Précigné ou Preasigny; cette caractèris-

lyGoogle

tique manque aux six autres. Le signe * est fré- quemment usité au Moyen âge; il y précède, ou il y remplace au besoin, les signatures au bas des chartes; on le trace en tète des inscriptions votives, des légendes de cloches, des épitaphes, etc., mais il peut marquer aussi les décès sur les dip- tyques et les nécrologes : In fine canonis missse, hsec episcoporum Àrelatenaium nomina legun-

tv/r quitus crucicula prasmittitur, sancii

designantur. (Grori, Tkes. vet. diptych., t. H, p. 198-199. Mabillon, Vet. analecta.) Les * n'ont pas été distribuées ici d'une façon banale ou arbi- traire; le champ des archivoltes laissait assez de place pour en donner à tous si on l'avait jugé convenable. Nos th n'indiquent certes pas des saints; distingueraient-elles les dignitaires ou les simples chanoines élevés au sacerdoce? Gela est inadmissible : Ruamu{nâus) en manque, et il sera démontré bientôt que Ruamundus {pour Raumun- dv^, genre de faute épigraphique commun au Moyen âge), Romond, Raymond, remplissait de hautes fonctions qui exigeaient certainement la prêtrise chez le membre du clergé appelé à les occuper. La * , telle que nos inscriptions la mon- trent, ne me semble donc devoir être prise que dans l'acception de signe obituaire servant à carac- tériser les défunts ; conséquence : les personnages dépourvus de ^ existaient encore à l'époque le monument fut parachevé, tandis que ceux qui en sont munis avaient alors cessé de vivre. Or une iî< accompagne le nom de l'archidiacre Nor- mand, très vraisemblablement Normand de Doué,

lyGoogle

successeur immédiat d'Ëulger au siège épiscopal d'Angers, lequel Normand décéda le 27 avril 1153 {Gallia christiana, t. XIV, col. 569).

Le premier terme extrême de 1153 étant ainsi déterminé, on pourra trouver le second par la même méthode. En supposant que le cénotaphe ait été érigé aux frais d'un évoque, auquel l'attri- buer maintenant après avoir écarté Normand de Doué? Est-ce à Matthieu de Loudun, auparavant abbé de Saint-Florent de Saumur, 1156-1162; à Geoffroy Moschet ou la Mousche, ex-doyen du chapitre cathédral de Saint-Maurice, 1163-1177; à Raoul de Beaumont, 1177-1197; à l'angevin Guil- laume de Chemillé, un instant évoque d'Avran- ches, 1197-1202 {Gallia christiana, t. cité, col. 570' à 572)? J'avais d'abord penché pour Moschet qui, plus que tout autre, devait être enclin à rendre d'éclatants hommages à la mémoire d'un illustre prédécesseur, mais une date que je pro- duirai bientôt m'oblige à reporter sur Matthieu de Loudun, entre 1156 et 1160, l'honneur d'avoir inauguré notre monument.

Un vandahsme, moins pardonnable assm-ément que les excès révolutionnaires, n'a épargné que dix noms : Payen Engelé, Geoffroy Béjule, l'éco- làtre Valoy (?). l'archidiacre Normand, Romond,..., Geoffroy Pota, l'archidiacre Raoul, Hugues de Sem- blancay, Guillaume Pota, Guy de Précigné. La série des doyens de Saint-Maurice (Gallia chris- tiana, t. cité, col. 59'2) fournirait un petit sup- plément à la liste des chanoines contemporaius d'Eulger : Enjubauld; Hugues; Geoffroy dit Mbe/ut

lyGoogle

94

solem (Boitsoleil), à identifier avec Moachet les mouches bourdonnent au soleil ; Matthieu, 1 162 ; Etienne de Ternac, 1177. Dix et cinq font quinze; avec de nouvelles et patientes recherches, M. de Farcy finira quelque jour par combler les neuf lacunes; il me semble être déjà sur la piste.

Je pense, comme mon érudit confrère d'Angers, que la face du coffre représentait Eulger environné de ses dignitaires et de ses chanoines rangés sui- vant l'ordre de préséance qui leur était assigné dans les stalles du chœur au moment de la mort du prélat; que les dignitaires sont désignés par le nom de baptême suivi du titre; les simples chanoines, par leurs prénoms et surnoms. Toute- fois, je persiste à maintenir l'assertion émise plus haut : la croix obituaire ne signale pas les mem- bres du chapitre défunts en 1149, mais ceuî qui avaient cessé de vivre au moment l'on érigea le cénotaphe. L'exactitude du fait sera bientôt dé- montrée; une récente communication de M. de Farcy {Lettre du 20 août 1884), dont je repro- duis les passages saillants, va me donner gain de cause.

« D'après la position des légendes, voici, en supposant la tombe intacte, l'ordre qu'occupaient les figures dans la rangée des arcades supé- rieures.

» Eulger devait avoir à sa droite :

» Le doyen, dont le nom n'existe plus {Geof- froy Moschet?).

» 2" Le grand archidia re, Ruamundus (ou Bua- mond?) 1145-1160.

lyGoogle

95

» 3' L'archidiacre d'Outre-Maine, Normandus.

» 4' L'écolâtre Valetus.

» 5' et 6' Deux chanoines : Gaufridus Bejuiua et Paganus Engela.

» A gauche de l'évéque :

» r Le trésorier (Gaufridus Pota?).

-B 2' Le chantre; nom perdu.

» L'archidiacre d'Outre-Loire, Radulphus (Raoul de Beaumont?).

» 4" 5" et 6' Trois chanoines : Hugo de Sa- blenciaeo, Guillelmus Pota, Guido de Prescenia.

» Le chapitre comprenait huit dignités : Doyen, Trésorier, Grand-Archidiacre, Chantre, Archidia- cres d'Outre-Maine et d'Outre-Loire, Écolâtre, Pénitencier ou Chapelain de l'évoque. Je ne sais à quelle date remonte cette dernière dignité; exis- tait-elle du temps d'Eulger? Je ne le crois pas, attendu que, d'après l'ordre suivi, le Pénitencier devrait être Hugues de Semblancay; auquel cas on aurait mis Hugo peniten' ou capellan' au lieu d'inscrire un nom, soit de famille, soit de pays natal. Hugues de Semhlancay survécut longtemps à Eulger. On le voit, en 1170, faire exécuter les verrières du chœur.

» J'ai orthographié Btiamond à côté de Rxia- TOM(ndus). Il y a en effet un Buamond signalé comme grand -archidiacre, de 1145 à 1160, époque ce dignitaire fut remplacé par Geroni(m)us; mais on lit cela dans un manuscrit du xvni* siè- cle, au musée diocésain, et je doute fort que le nom ait été copié exactement. »

Ainsi donc, nous avons les noms des trois archi-

lyGoogle

96

diacres en fonctions à la date de 1149 : Romond la leçon Buamond est incontestablement fautive, Normand, Raoul. Le second est à coup sûr Normand de Doué, qui ex archiacono post Eul- gej^i decessum foetus est episcopus {Gallia chriatiana, loc. cit.); Normand mourut en 1153, et la croix obituaire viendrait affirmer qu'il n'exis- tait plus lors de l'érection du cénotaphe. Au con- traire, Varchidiaconus major, Romond, reçoit de l'inscription un certificat de vie à l'époque susdite, et il ne disparait de la scène qu'en 1160. La ques- tion me semble maintenant résolue d'une manière complète; la date du monument se trouve cir- conscrite dans le court laps des quatre années écoulées entre 1156, Matthieu de Loudun prit possession du siège épiscopal d'Angers, resté vacant de 1153 à 1156 pour des motifs que nous ignorons, et 1160 qui marqua, selon une probabilité équi- valente à la certitude, le décès de l'archidiacre Romond. Néanmoins le terme 1156 pourrait être légèrement modifié; nous avons déjà vu qu'en reconnaissance des bienfaits dont Eulger les avait comblés, les chanoines chantaient, à chaque anni- versaire de la mort du prélat, les vigiles et un obit solennel auprès de son tombeau. Ce témoi- gnage de perpétuelle gratitude porterait à croire qu'au chapitre, et non à un évéque, reviendrait l'honneur du monument; alors la première limite 1156 pouvant reculer jusqu'à 1153 ou 1154, nous étendrions notre période élastique à six ou sept ans au lieu de quatre; la différence est bien minime.

lyGoogle

Ce point déterminé, je partage l'avis de M. de Farcy relativement à la technique des plaques en- castrées dans les baies des arcatures; comme lui j'admets des figures repoussées sur une feuille mé- tallique de peu d'épaisseur; pareil travail carac- térise la châsse mosane de saint Hadelin, à Visé, ouvrage également du xu' siècle, et aussi d'an- ciens reliquaires à Moissat-Bas, Conques, etc.

Le procédé qui consiste à réservei' des dessins métalliques sur une lame de cuivre vernie en brun, ou réciproquement, est spécial ans écoles de la Meuse et du Rhin. Le moine Théophile l'indique {Diversarum artiwn schedula, I. III, c. 70); mais, sans m'écarter du lu' siècle, je ne trouve rien de notablement similaire au système déco- ratif du cénotaphe d'Eulger, ni sur la couronne de lumière de Frédéric Barberousse, à Aix-la- Chapelle (1152-1190), ni même sur la châsse de Visé. L'ornementation gravée de la première est généralement lourde ; les enroulements or et brun manquent un peu d'air (Bock, Der Kronleuckter Kaisers Friedrich Barbaros&a; estampages : Mé- langes d'archéologie, t. I et III, gravures et chromos). Les bandeaux vernis de la seconde j'en possède les photographies offrent bien un entrelacs continu ayant quelques rapports avec les palmettes des flancs de la châsse angevine; néan- moins il est plus rempli, plus cherché au point de vue du style. Maintenant,, si j'aborde les ver- nissages du xui* siècle germanique, à Maestricht, Cologne, Aix-la-Chapelle, le détail se complique encore davantage et contraste avec la sobriété de

lyGoogle

98

notre objectif {Mél. d'archéol., t. I, pi. XXXIII à XXXVII). En définitive, les bandeaux vernissés du monument d'EuIger quelques-uns semblent ins- pirés par des motifs peints sur les anciens vases helléniques sont de véritables patrons de bro- derie, dus probablement au crayon d'un artiste français; le même procédé, en Allemagne, ne vise, et il est rationnel, qu'aux effets de la ciselure. Les effigies canoniales vingt-quatre, on ignore ce qu'il y avait sur les flancs étaient, on n'en sau- rait guère douter, non des images fantaisistes, mais des portraits, soit ad vivum, soit d'après des sou- venirs exacts. Cette circonstance et leur technique permettent de croire qu'elles avaient été fabriquées à Angers habitaient d'habiles orfèvres; natu- rellement aussi les vingt-cinq figures du toit, les motifs étampès et, pour demeurer logique, les vernissages, inscriptions, bordures ou pilastres.

Les eara-tères alphabétiques peuvent être invo- qués en faveur d'un travail angevin; ils sont de deux espèces. D'abord le magnifique type carré de l'èpitaphe, dont nous n'avons que les mots DARE : SVSTINVIT, fin de la seconde ligne; il tient à ia fois de l'augustal et du damasîen ; la couronne d'Aix-la-Chapelle et la châsse de saint Hadelin n'offrent absolument rien d'analogue. L'alphabet des archivoltes est un mélange d'oncial et de carré; les légendes au vernis des bandeaux de Visé sont du même gf^nre, mais avec de notables différences dans les D, les G, les H et les M.

Le style des èpitapbes, bien qu'il ait la couleur

lyGoogle

99

des borda de la Loire, n'entre pas en compte; l'écriture s'expédie au loin.

La forme et l'ordonnance de notre cénotaphe me paraissent essentiellement limousines. A ma con- naissance, aucune châsse du Rhin ou de la Meuse ne présente la Majestas Domini encadrée d'une vesica piscis; non pas que Belges et Allemands n'aient traité aussi ce thème, mais ils l'ont toujours appliqué d'une manière différente. En revanche, le décor des feretra ou arculm e écutés à Li- moges montre fréquemment le Christ dans une auréole elliptique, accompagnée d'arcatures en plein-cintre abritant des personnages; telles sont les châsses de Saint-Viance, de KIosterneuhourg, de Gerresheim, de Siegbourg, etc., etc. Quant à la forme, le modèle allemand a un coffre plus bas, un angle de toit moins aigu que le type limousin; or, un parement surélevé, un rampant U"és raide, caractérisent la tombe d'Eulger.

No'.:9 avons analysé tout ce qui reste de la car- casse originale; passons maintenant à l'émail, connu par le seul dessin de Gaignières, dessin empreint de l'inintelligence du xvni' siècle à l'égard "des œuvres médiévales, mais dont on me semble avoir trop exagéré la médiocrité.

Autant qu'on peut en juger, la gamme des émaux était très douce. La figure se détachait en blanc sur champ bleu ; absence totale de rouge parfondu. Une gamme aussi tranquille distinguo la plaque de Geoffroy Plantagenet, an Mans, le rouge anime à. peine un motff d'architecture, et les médaillons du coffre de sainte Foy, à

lyGoeigk

_ 100 -

Conques, cette couleur ne se montre pas. La tonalité allemande au xu' siècle est bien plus énergique.

La bordure, lacis de triangles aux contours mé- talliques largement épargnés, me parait sui ge- neris. Néanmoins ces imbrications effilées, les unes vert- pâle, les autres nuées de bleu, vert- pâle et turquoise, ne sont pas de style germanique; le goût français y perce.

Des six documents écrits reproduits plus haut, les deux premiers mentionnent simplement un émail quelconque; les derniers spécifient un émail plat ou en plate peinture; au troisième, le terme mignature^ employé par Lebrun -Desmarettes, est surtout caractéristique. Ce savant liturgiste, très judicieux observateur mais peu versé dans le voca- bulaire technologique, n'a pas trouvé de meilleur moyen pom^ exprimer sa pensée que de recourir à une comparaison avec les tableaux enluminés des anciens manuscrits. Quatre témoignages affir- ment donc la présence d'une plaque en émail champlevé; qu'a-t-on à leur opposer? Le vague des autres ils ne sont ni pour ni contre et une invention de VioUet-le-Duc.

En effet, le dessin de Gaignières accuse une légère saillie du côté des ombres, mais diverses causes peuvent avoir motivé cette façon d'agir. Un même ton, parfondu dans un grand alvéole, n'est jamais uniforme; il se jaspe de noircissures, suivant le degi-é de pureté des matières vitreuses ou l'inégalité dtf température qui atteint chaque place à la fusion. Les surfaces polies, exposées à

lyGoogle

101

la lumière, miroitent toujours plus ou moins de manière à produire un semblant d'ombre. Le mo- dèle n'aurait-il pas réellement offert des nues qu'une copie hâtive a sommairement rendus? La- quelle de ces raisons guida l'artiste? Je ne saurais choisir entre les trois; mais à coup sûr il n'eut jamais l'idée que lui prête VioUet-le-Duc. Dessi- nateur hors ligne, plein de confiance dans un émi- nent savoir, l'auteur du Dictionnaire du mobilier français s'est donné. le tort grave de perfectionner l'œuvre trop indécise de Gaignières sans prendre la peine de recourir aux textes qui auraient pu éclai- rer la situation. Il vit un relief n'existait absolument qu'une ficelle de peintre; alors il en- fanta la superbe aquarelle qui m'induisit en erreur, et qui doit tromper encore bien du monde jus- qu'au jour oiî un nouveau lexicographe lancera ma rectification dans le domaine public.

L'alphabet de l'épitaphe marginale offre un mé- lange de carré et d'oncial assez différent des lettres tracées sur les archivoltes. D'abord la boucle infé- rieure du G se recourbe en volute très prononcée; ensuite, détail dont VioUet-le-Duc n'a guère tenu compte, les jambages de tous les A et de la moitié des M serpentent plus ou moins. Viollet-le-Duc a mis des Q, queue extérieure et tournée à droite, oiï Gaignières figure une queue à gauche et pénétrant l'ovale; en outre le seul exemple de lettres conjointes est interverti : ME dans le livre, AR chez Gaignières. Quoiqu'il en soit, l'épigra- phie de l'émaii accuse évidemment un tout antre

DigmzcdbyGoOgle

102

style que les types employés sur le reste du mo- nument.

La tête du prélat, telle que Gaignières l'a re- produite, n'est aucunement fantaisiste laissons Viollet-le-Duc à l'écart. On y voit le portrait d'un homme entre deux âges, œil azuré, barbe et chevelure blond-ardent, presque roux. La face est large; le regard, {)lus bienveillant que sévère, témoigne d'une grande fermeté jointe à la man- suétude, qualités dominantes d'Eulger et inscrites sur le cadre même de l'émail ;

Ffentem solari, nudum vestire, stiperhum Frangere.

Assurément notre portrait n'est pas une étude d'après nature, mais on y constate la vigoureuse interprétation d'une excellente maquette inspirée par quelque image authentique, contemporaine de l'original et prise ad vivum.

L'épluchage est clos, mon cher ami; il faut bien aborder le ten-ible chapitre des conclusions. J'en frissonne, et pourtant je n'ai sur le terrain de rématUerie que des adversaires singulièrement courtois; ne vont-ils pas néanmoins me taxer de trop de hardiesse? Essayons toujours!

î° Le projet du monunaent incombe à un artiste de l'Ouest; la carcasse et tous les cuivres repoussés ou vernissés sont de travail angevin ; le montage de l'ensemble a été fait à Angers.

11 n'est guère probable que les orfèvres ange- vins aient appris des èmailleurs lotharingiens, em- ployés à Saint-Denys, le procédé allemand de la

lyGoogle

réserve métallique sur champ brun. Les Lotliarin- giens, arrivés à l'abbaye en 1144, n'y travaillèrent que deux ans pour le compte de Suger ; ils devaient avoir regagné leur patrie avant la mort d'Eulger, et à plus forte raison vers 1160. Il ne serait tou- tefois pas impossible qu'un industriel de l'Anjou fût allé à Saint-Denys de 1144 à 1147, et que les émailleurs étrangers lui eussent alors révélé le secret du vernis brun les brevets d'invention étaient inconnus au xn" siècle; mais ce secret avait d'autres moyens d'expansion. A supposer que la Sehedula de Théophile n'eût pas été rédigée au temps de notre monument, ou que les copies du livre n'eussent pas alors encore gagné la France, le fait d'Angevins ayant parcouru les provinces mosano-rhénanes, comme de touristes allemands venus sur les bords de la Loire, n'aurait assuré- ment rien que de très naturel. Soit isolément, soit à la suite d'une caravane de pèlerins, les artistes et les gens de métier circulaient beaucoup au Moyen âge; or Angers est trop voisin de la Sainte-Larme de Vendôme et de Saint-Martin de Tours pour n'avoir pas reçu la visite de quelque praticien liégeois qui, en retour d'un aciueil cor- dial, aurait enseigné à son hôte la méthode du . vernis brun.

3' La plaque représentant Eulger fut exécutée à Limoges, d'après une maquette angevine; on en confia l'épigraphie à un habile scribe limousin, qui se servit d'un gracieux caractère approprié aux exigences^ du cadre. Cette plaque, ensuite expédiée à Angers, était en émail champlevé dans une

DigmzcdbyGoOgle

104 "

surface plane. Le procédé du relief, dont la tombe de Philippe de Dreux, évêqiie de Beauvais (1?17), montrait un des plus anciens spécimens, ne semble pas antérieur au xin* siècle. Brillants au début, les industriels qui exploitaient ce genre passèrent rapidement du chef-d'œuvre à la médio- crité; de la médiocrité, à la pacotille. Ils inon- dèrent la France et l'Europe d'informes poupées sans jambes, à la robe grossièrement incrustée de couleurs parfondues, poupées que d'honorables ar- chéologues qualifient, tantôt de divinités gallo- romaines, tantôt, proh pudor! de statuettes by- zantines; comme si l'art byzantin s'était jamais ravalé jusqu'au pétrissage des marmousets de pain d'épices I

La technique des émaux nues, dont on aper- çoit l'usage sur la bordure et que les vêtemenfa du personnage offraient peut-être aussi, dut s'in- troduire en Limousin par les voies qui amenèreùt épisodiquement le verftis brun en Anjou. Je ne crois pas que les Lotharingiens de Suger aient & exercer sur ce point aucune revendication spéciale. L'antériorité de l'Allemagne dans le procédé du nué me parait incontestable; on appliqua évidemment le nné au pied de croix de Saint- Dënys; mais nous savons aussi maintenant combien les pérégrina- tions rhénanes et mosanes à travers la France cen- trale étaient fréquentes au Moyen âge.

Les conclusions ci-dessus peuvent fournir ma- tière à controverse, et je ne serais guère surpris qu'on les discutât; elles m'engagent néanmoins à revenir sur la plaque de Geoffroy Plantagenet, au

Digilizcdby Google

- 105

Mans, question que je n'ai pas traitée en 1883 avec tous les égards mérités.

Les plus antiques échantillons d'émaillerie que l'on puisse attribuer sans incertitude, sinon à Limoges même, du moins à un atelier limitrophe, sont les disques ornementaux du coÊfre de sainte Foy, à Conques, lis furent commandés par l'abbé Boniface {1100-1137), dont le nom est inscrit en jarretière à l'entour d'un des éléments. Ces pièces consistent en lames de cuivre doré, dans lesquelles on a champlevé des silhouettes d'oiseaux, de mons- tres et de plantes; l'esquisse ainsi obtenue offre un petit nombre de cuves, séparées les unes des autres par des réserves métalliques plus ou moins largement espacées. Chaque alvéole n'a reçu qu'un ton monochrome; à peine voit-on çà et des traces de juxtaposition; elles n'existent qu'aux étranglements l'opération devenait facile.

La plaque du Mans, de dimensions supérieures (haut. 0"63', larg. 0°34') à celle d'Angers, est une œuvre incontestablement limousine; je vais, mon cher ami, avec votre permission, la pré- senter en détail.

Labarte, qui lut beaucoup, vit trop pour exa- miner à loisir, et se laissa fréquemment entraîner par l'esprit de système, marche à rencontre des traditions, à coup su,- très respectables, de VEccle- sia Cenomaneîisis. D'après le célèbre archéologue, l'émail du Mans ne figurerait pas Geoffroy Planta- genet, comte d'Anjou, inhumé dans la cathédrale de Saint-Julien, mais le fils du même Geoffroy, Henri IT, roi d'Angleterre, dont le corps vint repo-

lyGoogle

- 106

ser à Fontevrault. Cet émail, que Montfaucon nous montre, en 1730, fixé au deuxième pilier de l'église, à gauche, pi-oche le jubé, n'aurait jamais fait partie d'un tombeau ; il formerait un tout complet, un ex-voto. (Recherches sur la peiip- ture en émail, p. 199 et sq.; Histoire des arts indtbstriels, t. III, p. 662 et sq., 1" édit.).

M. Hucher {Bulletin Monumental, t. XXVI, p. 669 et sq.) soutient l'opinion contraire et, à l'appui de sa thèse, il cite des faits importants. Jean de Marmoutiers, moine chroniqueur du xii' siècle, qui dédia son livre à Guillaume de Passa- vant, évêque du Mans (1142-1187), s'exprime ainsi au sujet de Geoffroy : « Humatus est autem in sancti&sima B. Juliani Cenomanensis ecclesia, in nobilissim^ mausoleo que ei nobilitati épis- copus pise recordationis Guillelmus nobiliter extruxerat. Ibi siquidem effigiati comitis rêve- renda imago ex auro et lapidibits deeenter im- pressa, superbis ruiTiam. humilibus gratiam distribuere videtur. » (Johannes Monachus, His- toria Gauffredi ducis Normannorum, ap. D. Bouquet, t. XII, p. 530.)

« Guillaume de Passavant célébra, dans l'année 1151, les obsèques de Geoffroy, qui avait rendu le dwnier soupir en arrivant à Château-du-Loir. Ensuite le corps du défunt fut transféré dans l'église cathédrale et enseveli avec une grande pompe. » (Gallia christ., t. XIV, col. 229.)

Un procès-verbal, existant aux archives du cha- pitre catbédral du Mans, constate que le tombeau de Geoffroy fut détruit en 1562 par les Calvi-

lyGoogle

107

nistes. « Entre les dicts deux autelz derniers, contre un pillier, vers ladite nef, y avoit un mo- nument et sépulture de pierre de taille d'un sei- gneur anglois fort anticque et magnificque ; amorty en franc d'espic, sur lequel il y avoit trois testes fort anticques dont l'une estoit de marbre vallant huit cens livres tournois. »

Trouillard {Histoire des comtes du Maine, 1643) dit que « le portrait de Geoffroy e-st gravé dans une table de cuivre émaillé, et affiché à une des colonnes de la nef de l'église du Mans. » Le P. Anselme et ses continuateurs (Histoire généalogique de la Maison de France, t. VI, p. 19) reproduisent l'assertion de Trouillard. Enfin, la plaque est per- cée de cinquante petits trous ronds.

Résumons. Guillaume de Passavant érigea, sur la sépulture de Geoffroy, un magnifique mausolée, brillait une image plate {impressa) àa défunt, image fabriquée en cuivre et en émail : les écri- vains du Moyen âge n'y regardaient pas de si prés; sous leur plume, le cuivre doré devenait de l'or, et ils nommaient indifféremment lapis toute sub- stance minérale non métallique, façonnée en tables polies. Le cénotaphe, adossé contre un pilier de la nef, fut brisé, en 1562, par les Cdvinistes, impitoyables destructeurs qu'il ne faut pas con- fondre avec les Luthériens, auxquels l'Allemagne doit la conservation de tant de précieuses épaves liturgiques. Le gros œuvre était en pierres de taille l'on avait introduit des fragments anti- ques. L'effigie, amortie en franc d'espic ces termes s'appliquent- ils au travail de la plaque ou

lyGoogle

108

à l'accoutrement du personnage? Personne n'a su me le dire, est alors attribuée à un seigneur anglais, preuve d'ignorance ou de négligence dans un moment de troubles. Le chapitre man- ceau se montra plus tard mieux renseigné, il restitua au défunt son véritable nom, et il fît clouer le portrait à un pilier de la nef, en sou- venir de la place qu'occupait jadis le mausolée.

Les gens les plus difficiles se contenteraient de ce qui précède; on peut y ajouter encore quelque chose.

Nous voyons sur l'émail un homme à la fleur de l'âge; physionomie pleine, dont une certaine vivacité de regard anime la douceur quelque peu moutonne ; barbe courte et bouclée ; chevelure lon- gue et flottante. (Le Moyen âge et la Renaissance, Émaux. Viollet-le-Duc, Dictionnaire du mobilier français, t. II, pi. XLI. Hucher, L'Émail de Geof- froy Plantagenet, in-folio, photochromie). Do pa- reils traits ne sauraient convenir à Henri II, mort à cinquante-sept ans, usé de cliagrins et bourrelé de remords; d'ailleurs Henri, décédé en 1189, sur- vécut à Guillaume de Passavant qui ne put ainsi rien consacrer à la mémoire de son prince. Au rebours, ce faciès juvénile caractérise parfaite- ment Geoffroy, souverain giierroyeur, mais a com- patissant, généreux, aimé du populaire pour sa mine ouverte et avenante. » (Célestin Port, JVom- velle Biographie générale, t. XX, col. 10.) Geof- froy termina sa cariiére en 1151, à la suite d'une imprudence; il avait à peine trente-huit ans. Comme pièce à l'appui, je signalerai encore un

lyGoogle

véritable sosie de l'émail, illustrant un manuscrit du xu' siècle de la collection de Kerrick, en An- gleterre. Alexandre Lenoir, qui l'a publié {Musée des monuments français, t. Vil, p. 83) y soup- çonne la pensée originale de notre plaque, et il y reconnaît Geoffroy; le baron de Roujoux et Alfred Miingaet (Histoire d'Angleter?'e, t. I, p. 185, fig., 1844) partagent l'avis de Lenoir quant à la dési- gnation du personnage.

En concordance remarquable avec le texte de Jean de Marmoutiers, superbis ruinam, humi- libus gratiam distribuera videtur, l'inscription métrique surmontant l'image,

EnSE TUO, PRINCEPS, PREDONUM TUEBA FUGATUB, ECCLESIISQUE OUIES PAGE VIGENTE DATUR,

me parait être, non une formule ù^ex-voto, mais une apostrophe adressée à un mort inhumé juste en dessous, et dont le nom était rappelé dans une épitaphe indépendante, gravée sur le massif du sarcophage. Cette épitaphe n'existait plus au xvi' siècle, et nul écrit n'en a conservé la teneur. Quoi- qu'il en soit, on n'en saurait aujourd'hui douter, notre émail est une épave du tombeau érigé par Guillaume de Passavant à la mémoire de son maître bien-aimé, épave qu'une main courageuse et intelligente put soustraire au sac de 1562.

Un coup d'œil jeté sur la- carcasse du cénotaphe d'Eilger suffît pour faire comprendre l'ordonnance du mausolée de Geoffroy. Le premier était en bois revêtu de cuivre; le seconil, en pierre agrémentée de, débris antiques; mais tous deu'i furent conçus et exécutés par des artistes indigènes; une effigie

ibyGoogle

110

émaillée, fabriquée à Limoges sur mesure, les dé- corait l'un et l'autre. Au Mans, cinquante rivets fixaient l'émail, vraisemblablement à une planche encastrée dans la maçonnerie le pilier de la nef porte encore les traces visibles des six ou sept crampons de fer qui y attachèrent la pièce; à Angers, ou il n'y avait que de la menuiserie, l'annexe pénétrait sans doute à frottement, ce qui peut expliquer la grande facilité qu'on eût de l'extraire en 1757.

Accusant une complète identité de technique, sorties peut-être du même atelier, les plaques d'Eulger et de Geoffroy sont évidemment contem- poraines. L'évêque Guillaume dut se hâter, et, quand même il aurait été entravé dans son des- sein, un retard de dix ans serait déjà foi-t long, aussi je me refuse à dépasser la limite de 1160. Le champ et la bordure intérieure de l'émail du Mans offrent, semblablement aux médaillons de Conques, de larges cuves, des rinceaux, un papelonné, des mouchetures d'hermines (fleurettes) monochromes, se détachent vigoureusement sur un fond métallique; aux angles rentrants des vo- lutes bleu-foncé, surgit une languette blanche jux- taposée; Limoges accentuait davantage les sépara- tions à la fln du xn' siècle. Le personnage est magistralement campé; les broderies et les sym- boles hèraldiijues témoignent d'une remarquable entente de l'épargne gravée; les minces filets d'or qui esquissent les plis des vêtements sont sobre- ment l'épartis. Le ton de ces vêtements est à peu près uniforme : cotte d'armes verte, manteau et

lyGoogle-

robe bleu<-lair; néanmoins, un limbe nué de trois couleurs arrête le bas de la cotte d'armes; le bleu-clair de la robe, des chapiteaux et des pal- mettes du cadre est légèrement rechampi de blanc.

Les lettres de l'inscription sont carrées, hormis deux Ë lunaires contre huit latins.

J'avançais en 1883, mon cher ami, que la Vision de saint Etienne de Muret et V Adoration des Mages, au musée de Cluny, étaient contempo- raines de la plaque du Mans, avec une simple dif- férence d'ateliers. Les panneaux de Cluny je ne puis me résoudre à les séparer malgré des objec- tions spécieuses proviennent tous deux de la châsse majeure de Grandmont fabriquée vers 1 189. Certaines affinités techniques avec l'émail de Geof- froy y sont constantes; même emploi de la ré- serve, même système de rubans, mêmes juxta- posés, mêmes rechampis. Des analogies passons à l'énumération des écarts. Au Mans, ampleur de style, gamme sévère et harmonieuse; à Grand- mont, dessin moins correct, recherche quelque [«u maniérée, entassement de détails, massifs de rouge attirant l'œil. Aujourd'hui la contemporanéité, que je croyais absolue, devient pour moi relative; si j'attribue à l'émail de Geoffroy une priorité mini- mum de trente ans sur les panneaux de Cluny, c'est qu'un tel laps de temps permet au bien de se changer en mieux, et le mieux est trop sou- vent l'ennemi du bien.

L'inflaeni-e allemande se manifeste-t-elle sur la plaque du Mans? 11 me paraît très vraisemblable que les tons nues et l'association des réserves au.\

lyGoogle

milieux colorés sont d'importation germanique; hors de là, l'émail de Geoffroy est, comme celui d'Eulger, une œuvre parfaitement originale. En serait-il autrement, que le mérite d'avoir fabriqué les plus grands champlevés connus resterait tou- ' jours à Limoges; le pied de croix de Saint-Denys comportait soixante-huit sujets, dont aucun ne pouvait atteindre les hauteurs de 0"'48' et de 0"63'. La hardiesse des Limousins en fait de dimensions éclate encore dans leurs ouvrages de peinture vi- trifiée ; témoins : . les Apôtres de Saint-Père, à Chartres, le Crucifix de M. de Montégut, à Paris, et par dessus tout les énormes plaques de Pierre Courteys, au musée de Cluny. La taille de ces der- nières, qui mesurent 1"65' sur i"00, n'a été égalée que par les céramistes italiens, dont l'excipient d'argile et la gamme restreinte ne présentaient pas les difEicultés du métal et de la riche palette des Limousins.

UNE NOUVELLE FORME DU NOM ALPAIS

M. Louis de Veyrières a bien voulu m'adresser la lettre suivante, écrite de Beaidieu (Corrèze) le il décembre 1883 :

« Permettez-moi, Monsieur, de vous envoyer une autre forme du nom A'Alpais, que vous pensez itevoir êli-e pro- noncé Alpé. Je l'ai trouvé inscrit différemment sur un acte de 1461, il est porté par un notaire de Meymac Ci- jointe 1 1 copie exacte du signiim flcïii"onné de notre tribel- lion et dc^ lignes qui accompagnent re seing :

El me Antonio Atpaijs, villx de Meymaco, Lemoviceiists dû)- eesis.

lyGoogle

- It3

L'orthographe Alpays, avec un y, induit à penser que l'on devait appuyer sur la dernière voyelle et l'articuler ï. Dans tous les cas, il s'agit d'un nom patronymique assez commun en Limousin, nom qui, en Langue d'Oc, pourrait bien signifier au pays ou te pays. »

Je pense que M. Dai'cel, après avoir lu la note ci-dessus, renoncera comme moi à la prononciation normande Alpé, pour adopter le sentiment très rationnel de M. de Veyrières.

PÈLERINAGES

Vous le savez de reste, mon cher ami, il me serait difficile de parcourir l'hospitalière Belgique sans y glaner quelques documents de haut intérêt pour votre terre natale. Ce que Liège m'avait fourni en 1883, je viens de le rencontrer aussi h Namur, en Flandre, en Hainaut, mais dans des proportions beaucoup plus vastes. 11 ne s'agit pas seulement ici de délits ou de crimes isolés, punis par un pèlerinage exotique ; les conséquences d'une guerre, un traité de paix, l'admission dans une confrérie charitable, envoyent aux pays lointains toutes les classes sans exception, depuis le souverain lui- même jusqu'à l'humhle artisan. Chacun pouvait, il est vrai, s'exempter du voyage moyennant une compensation pécuniaire, ou bien en se substituait un procureur; néanmoins la somme à payer étant généralement très élevée, les remplaçants coûtant assez cher, les riches seuls avaient la possibilité de se soustraire à des obligations assurément fort pénibles. Les vieux parchemins n'accordent que de rares articles aux pèlerinages de simple dévotion ;

lyGoogle

volontaires, personnels, n'offrant rien qui méritât un souvenir, ces pèlerinages ont laissé peu de traces écrites, mais leur fréquence se devine aisé- ment à côté des voyages imposés. Je reproduis les documents relatifs à Saint-Jacques de Galice et à certains usages tournaisiens en rapports Indirects ave' la question principale; j'ai cru que l'on ne serait pas fàclié de les connaître en Limousin.

Guère plus que ma récolte de l'an dernier, le butin de 1884 n'a de prétentions à l'inédit; quatre articles au juste sont entièrement nouveaux. Le seul mérite qui m'incombe est d'avoir groupé des matériaux disséminés à droite et à gauche. La longueur de quelques citations étonnera peut-être; elles n'ont pas été condensées, attendu que plu- sieurs de leurs formes orthographiques me parais- sent devoir intéresser la philologie aquitaine, et que les héraWistes sont toujours friands de noms propres. Les pièces ci-dessous ne tombèrent pas préci- . sèment du ciel dans mon portefeuille. Aux amis, aux confrères qui me les ont généreusement p;o- curées ou indiquées, j'adresse le meilleur témoi- gnage d'une cordiale gratitude; on trouvera, dési- gnée au bas de chaque article, la source je l'ai obtenu.

NAMUR

« Vers la fin du xiv' siècle, à la suite d'un abandon donné à la ville de Huy par Lukin de Chastelnuev (Casteh)uovo), le Lombard, sur Ru- phin, pelletier lombard, (les dissensions éclatèrent

lyGoogle

115

entre les Hutois d'une part, le comte de Namur, ses officiers et ses sujets d'autre part. Elles ame- nèrent, comme toujours, des meurtres, des incen- dies et des ravages de toute nature. La rencontre la plus sanglante eut lieu entre Meelîe et Was- seige; cette fois, la victoire resta aux Namnrois qni tuèrent quatorze de leurs adversaires et ne perdirent que deux combattants. Néanmoins cet avantage fut assez durement acheté. En effet, les parties ne tardèrent pas à se soumettre à l'arbi- trage d'Arnoul do Homes, évèque de Liège, du Chapitre de Saint-Lambert, ainsi que des maîtres, jurés, gouverneurs et conseils des villes de Liège, Dinant, Tongreset Saint- Trond. Les arbitres s'étant réunis à Meeffe, y procédèrent à une enquête et rendirent leur sentence le 29 juillet 1384. Par cet acte, ils déclarent que bonne paix sera jurée entre les deux parties, pour tous les faits per- pétrés jusqu'à ce jour. A cet effet, les prisonniers seront remis de paît et d'autre, sans rani;on, et la restitution réciproque sera faite des biens enlevés pendant la guerre. Le comte de Namur et ses sujets sont déchargés de toute obligation résultant de Vabandon fait par le Lombard Lukin; toutefois les Hutois pourront traduire personnellement ce dernier en justice, devant Guillaume 1'"' ou ses tribunaux. Pour la réparation de la mort des quatorze Hutois, cinquante-six personnes notables du comté de Namur seront tenues à des pèleri- nages dans les pays d'Outre-Mer (Chypre et Jéru- salem), à Saint-Jacques en Galice, à Notre-Dame de Rocamadoui-, ou à la Sainte-Larme de Ven-

lyGooglc

116

dôme. Ces personnages s'engagèrent sur l'honneur, devant l'échevinage de Liège, à accomplir leurs pèlerinages dans le mois de mars suivant. Quant aux Hutois, ils sont déclarés absous du chef du meurtre des deux Namurois et de tous autres cas de violence.

B Le jour suivant, 30 juillet, les mêmes arbi- t;es désignèrent les cinquante-si.t personnes qui devaient s'astreindre aux pèlerinages mentionnés dans la sentence de la veille. Pour chaque mort, quatre d'entre elles devaient chacune un voyage : la première, dans les pays d'Outre-Mer; la seconde, à Saint-Jacques en Galice; la troisième, à Notre- Dame de Rocamadour; la quatrième, enfin, à la Sainte-Larme de Vendôme. Chacune de ces voies étant respectivement taxée à 40, à 90, à 10, à 5 francs d'or de France, il fut déclaré que les pro- ches des Hutois occis auraient le droit, avant la Noël, d'exiger l'accomplissement des voyages ou la taxe fixée, soit 75 francs pour chaque mort. Mais, du moment l'un des intéressés aurait opté pour l'indemnité pécuniaire, les autres aussi devraient se contenter de recevoir l'argent.

» Les Hutois préférèrent l'argent. Cela résulte du document par lequel les échevins de Liège attestent, sous la date du 25 décembre 1385, que les amendes en question, à savoir 75 francs pour chacun des quatorae Hutois tués, ont été payées par Godefroid de Ville, 'chevalier, Henri des Co- mognes et Michar de Warisoulx, agissant au nom des cinquante-six personnes obligées, et que, par- tant, ces dernières sont entièrement dégagées. »

lyGoogle

Ii7

Nos Arnoul, par la grasce de Dieu, cvesque de Liège et contes de Los, li doyen, capitle et 11 maistrez, jurelz, gouverneurs et consel de la cytet de Liège et dez bonncz viUez de Dynant, de Tongrez, de SaiDlron, nommez et esleus juges, arbitres, arbltratours et amlablez composi- tours sur lez debas esmeus entre noble et puissant prinche le conte de Namur, ses justichez, oâlcîei-s et subges dune part, et les maistrez, consel et université de la bonne ville de Huy d'autre, à la cause d'un abandon que Lukin le Lombart avait donné à la ville de Huy sur Ruphin le Lombart, de quel débat pluseurs mort dbommes, arsina et autrez inconveniens sont perpétrez et suscitez de lune par- tie et de lautre, dezquelz lesdictea partiez ont eu convent promis et scelle par certain plackart de tenir et accomplir

ce que nous en dirons et sentenceront de bonne foy

Pourquoy nous, veu et diligemment examine tout ce que li une partie et li autre nos a volu dire et demoslrer, eu aussi sur ce délibération, consel et avis auz banerez, che- valiers, autrez bonnez viUez et le remanant de nostte pays, disons et pronunchons tous dun accord nostre senteuche

arbitrale en la manière que chi après sensieut Item

tant que a quatorse personnez qui sont mors de la partie de ceulz de Huy, diaoos que lez quatorse mors de la partie de ceulz de Huy seront amendez en le manière chi desoubz escripte par chinquante silex personnez souffissantez, tant officiers comme autrez de la conte de Namur qui furent sur le fait, et lezqueilez personnez qui dolent faire les amendez chi desouLz declareez seront denommeez dedens demain du jour. Et est assavoir que cascun dez mors dessus dis aura quatre voyagez fais par quatre dez per- sonnez qui seront denommeez, assavoir une voie doultre- mer, une voie de Saint Jaqueme en Galisse, une voie de Rochemadou et une voie de Vendôme ; lez queillez chln- q\iante siiex personez soy obligeront sur leur honneur dedens le jour de lassumpcion prochain venant, devant les maieur et eschevins de Liège, de faire bien et loyalment lesdis voyagez et de movoir dedens le mois de march

lyGoogle

- 118

tantoust ensuivant la daute de nostre présente pronun-

tiation Fait, ordonne, publiiet et pronunchiet ou

palais a Liège lan de grâce mil trois cens quatrevins et quatre le vint nuevesrae jour du mois de jullet.

(Archives du Royaume : Chartrier de ffamur; Yidimus sur parchemin.)

Nous Arnoul etc faisons savoir a tous que ci après

sensiet la déclaration de Ivj personnes souffisautez de la conte de Namur, qui point ne sont ara ne silliez, qui doient faire les amendez et voyagez des xiiij personnez qui furent mors au fait entre Meffe et Wasege, ensi que la senlenche et oi-denanche que nous pronunchamez sur ce aujourdhiier, contient que faire se devoit. Assavoir pre- mier, pour le mort Wautekinet de la porte Fretinez fera Baroteal de Haineche une voie doultremeir; Michart de Warizoul, maieur de Namur, une voie de Saint Jaque en Galisse; Andrier ûl Massait Lambotiu, une voie de Rochemadou ; Wautier fll del seieur messire Waultier de HymmelineZ; une voie de la Larme a Vendôme. Item pour la mort Colart d'Aven, fera Jehan fllz A....raut d'Acoche une voie doultremeir; Jehan fil damoiselle Mar- gritte d'Outreppe, de Saint Jaque en Galisse; Gilkin de Vodechial, de Rochemadou; Williaume de Vodechial, de la Larme. Pour la mort Lambot le Moulnier, arbalestrier, fera Henrart fll Johan d'Otreppe une voie doutremer; Henri de Longchampial , de Saint Jaque; Jamolon fll Ghyselin Bertrand, de Rochemadou; et Wautier Boulhet, de la Larme. Item pour la mort Phillippe Durosin de Lanois, ferat Henrart fll Jehan Douchet une voie dou- tremer; Gerart fil messire Gile de Hymmetinez, de Saint Jaque; Jehan del Nouvecour de Hymetinez, de Roche- madou; Kiijorant del Cour de Henreche, de la Larme. Item pour la mort Jamouton fll Jaquemin d'Aile maingiie fera Jehan Hanbremal une voie doutremer; Jehan dou Cellier, de Saint Jaque ; Boudars de Poulhe, de Roche- madou; Phillippart de Soie, de la Lai-me. Item pour la

lyGoogle

■- 119

mort Jehaa Herloiez de Vilers fera Piron le Roy une voie doutremer; Jehan Homioiez, de Saint Jaque; Jehan de Bealraina, de Rochemadou; Hellîno de Tilliroulez, de la Larme. Item pour la mort Lambot Hubarl fera Robert de Nivocourt une voie doulremere ; Colars des Monchaulz, de Saint Jaque; Godefrols de Hambrennez, de Roche- madou; Jehau Hodial de Namur, de la Larme. Item pour la mort Colin de Liiez fera Girardin de Hingion, fil le monneresae, une voie doutremere; Jehan Hosdaing, de Saint Jaque; Jehans fil Lambert de Brancbon, de Roche- madou; Golart de Raisart, de la Larme. Item pour la mort Jehan Goffet fera Hanclet d'Ambressenea une voie doutremere; Jehap de Lile de Hymetinez, de Saint Jaque; Haokin de Bolinez, de Rochemadou; Godefrois fil Jamart Jolit, de la Larme. Item pour la mort Machier le plakeur fera Frankart fil le boleugier une voie doutremere; Wille- met fil Waultier le poskin, de Saint-Jaque; Balduwin fil Gilkart de Hanreche, de Rochemadou; Wautier de Weez escuier, de la Larme. Item pour la mort Reanechon le banstier fera George fil Henemant de Hymetinnez une voie doutremere ; Pirat Dierpens, de Saint Jaque ; Henri fil Godefroit Palhet, de Rochemadou; Jores fil Enjoran de Wartaîng, de la Larme. Item pour la mort Ywena le vigneron fera Gérard fll Phillippart del Cour une voie doutremere; Pirechon li Begbe de Namur, de Saint Jaque; Francbolez Paque, de Rochemadou ; maistre Jehan de Flo- reffe, de la Larme. Item pour la mort Biertholeit Galoie fera Jehan de Hymetinez demourans en Charliers de Namur une voie doutremer; Renechon le machon, de Saint Jaque; Colin Bochart, de Rochemadou; Jehan Pla- car, de la Larme. Et pour le mort Kiney de Halley fera maistre Gile de Gembloux parmenteura une voie doutre- mer; Coliu Brohon li fevre, de Saint Jaque; Pirechon "Ëorart, de Rochemadou; Henri de Houit, de la Laime. Par ensi que cascune dez voiez doutremer dessus dites est taiée a xl frans de Franche dor, le voie de Saint Jaque a xx frans, le voie de Rocltemadou a x frans, le

lyGoogle

120

voie de la Larme a v francs; par condition teile que li plus proismez des xiiij personnez dez mora de Huy dessus nommez pourront et devront eslire, dedens le jour de Noël prochain venant, lea voyagez ou largent, ensi que tazet est, en lieu des voiagez, li queii que miech leur plairat. Ce adjouste se aucuns dez proismez dez mors de Huy dessus dis prendoit ou voulsist avoir argent daucun ou de pluseurs dez volage dessus déclarez, dont devront tous 11 autrez prendre pour leur amende argent semblable, selon la taxation dessus dicte, et nient voiage. Et sil avenoît que aucun ou pluseurs des Ivj personnez dessus dictes fuist ou fuissent ou volsist ou volsissent estre rebellez et nient faire ne entreprendre lez voyagez a 11 ou a yaux injoins, Il conte de Namur y poroit et devroit, en lieu de cheli ou de chiaux qui ensi seroit ou seroieat rebellez, comme dit est, mètre, constUuer et estaublir autrez per- sonne ou personnez aussi souiQssant de chiaux qui furent de la conte de Namur sur le fait y naguiere perpetreit entre Meffe et Waselge, au décret et ordlnanche de nous

lez arbitrez dessus nommez lan de grâce mil trois cens

quatrevins et quatre, le pénultième jour dou mois de juUet.

(Archives du Royaume : Chartrier de Namur; Vidimus sur parchemin.)

Quittanches et ensengnemens fais lan mil trois cens wltante et chinques, le jour du Noeil, maires Frans Hons de Hollengnoulez, esquevins Hacourt, Rosseaz, Warouz, Jehans del Colr, Gerars, Jehans et Wilhames de Berses et Jobans de Frens. Sachent tuit que par le vigeur dune pais faite entre noble prinche monsaingneur le conte de Namur dune part, et cheauz de Huy dautre part, chln- quante siiez personnes délie conîeit de Namur soy obli- garent singulièrement pardevant nous envers quatorse hommes de Huy de certaines voiez doutremeir de Saint Jakeme, de Rochemadut et de Vendôme, assavoir sont li xiiij hommes envers lesqueils les oblîganches furent fai-

lyGoogle

121

tes : Lambot li falconiers, Johan délie Porte, Johans Marnaule de Versey, Hankines de Roseur, PhiUppot de Lanois, Gilchons de ViUeir, Jakemiens d'AUemangne, Ha- nekare de Liiez, Wateles li banscellers d'Avennez, Johans Malhe tout ens, Wateles d'Avennez, Lambere Cowe, Ber- thole Galoie et Godiscal de Tniwegniez. Et laditte pais contenist que li xiiij hommes devant dis avoyent leur élection, dedens le jour duy, de prendre les voies ou lar- gent, assavoir cascung deaux sissante et quinze fraas de Fraace dor; et furent si conselhiez li xiiij hommes de Huy devant escripts, ou cheaus az quels donations avoit esteit faite par les alcoos deauz, enSi quil appert en che registre, quil choisirent largent; et laditte élection par eauz faite, ilh furent bien paiiez par Mous. Godefroid de Ville, chevalier, Henry des Comongnez et Mîchal de Wa- risoul, chu paians de part les lyj obligiez a caacon des xiiij devant dit Ixxv frans, teilement quil furent contens et soy tinrent pour soûls et pour bien paiiez, et quittont et quittent clamont les Ivj obligiez escripts en che registre

et cascuns deauz par ly singulièrement Donneit par

copie desoz les seaz monsaingnour Basson de Hacourt, chevalier, et Gérard délie Hamaide, nous maistres et comesquevins de Liège, desquels nous usons en semblant cas, sour lan de grasce mil ccc Ixxxv le jour des saints Innocens.

(Archives du Royaume : Cbartrier de Namur; copie au- thentique sur parchemin.)

Jules Borgnet, Documents inédits sur les guerres entre Namur et Liège, ap. Annales de la Soeiilé arehéologûjue de Namur, t, VI, p. 432 à 441.

BOUVIGNES

Le zvij jour du mois de mars (1467 ou 1468) pardevant Piere de Rommignot a la première fois quil estoit maieur et eschevîn de Bovingnes, presens Pierart Chesneau, Jacquemen Bachart, Jehan de Glymes dit de Jodoingne

DigmzcdbyGoOgle

t22

et Jehan le Chiane eschevins, sobliga Mathieu Sacreit dua Toyaige de Rochemadoul envers Massart de Jamaigne, si hault que loy et usaige du pays de la conte de Namur porte a paîer aus us et constituez dudit pays en nom et pour réparation et amendiese faisant audit Massart pour aucun delictz et ofFence par lui delinquie alencontre dice- lui Massart.

Le xxj jour dapvril (xiv) IxviiJ pardevant Lienart Po- cache lieutenant maieur de par Piere de Rommignot maieur de Bouvignes, presens Pierart Ghesneau et Jac- quemin Bachart eschevins, sobliga Henrart Darras si hault que loy et usaiges du pays porte envers Gilechon de Faing pour certain débat et différent quil avoient eust hin a lautre de paier ung en nom damendiese faisant audit Gilechon ung voyaige de Notre Damme de Roche- madoul et le paier aus usaiges et coustumes du pays et coDte de Namur.

Le ix" jour de febvrier lan (xiv) Ixix pardevant Jehan le Chisne lieutenant maieur de mess* Ënglebert Doblet, chevalier, souverain mayeur de Bouvigne, presens Pierart Ghesneau, Jacquemen Bachart, Jehan de Glymes dit de Jodoingne, Jehan de Villefaingne et Lienart Pocache eschevins sobliga Lambert de Verbois, fil de Paulus de Verbois, souffissamment si hault que loy et usaige du pays porte, de paier ung voyaige a Nostre Dame de Ro- chemadoul a pour mon très redoubte S' Mons' le duc de Bourgogne conte de Namur pour certain delict et offence par lui commis delinquîe a lencontre de la haulteur et seigneurie dicelui S' a la personne de Jehan le Queulletie tout en lui bûchant de nuict hors de sa maison comme contre lui monescheant. Icelui voyaige a paier a la se- monce du maieur de Bouvigne en nom de mondit S'.

(Archives de l'État, à Namur; Anciens greffes scabi- naux. Bouvignes, Registre aux voyages obligés, 1458 à 1538; n" 1345. Communication de M. D. Van de Gaateele, Conservateur des archives de l'État, à Namur.)

lyGoogle

- 123

ROBERT DE BÉTHUNE, COMTE DE FLANDRE

1" septembre 13i6. Traité de paix conclu entre Philippe, comte de Poitiers, régent du royaume de France, et Robert de Béthune, comte de Flandre. On y trouve, parmi les conditions, un article ainsi formulé :

Et lidiz mesire de Poitiers raportera et dira que lidiz cueus Robert de Flandres ira outre mer avec lui ou avec celui qui sera roys de France quaot generauls passaige sera, se il est en estât que il K puisse aler; et messire Robert, ses fuilz, ira dedans un an en pèlerinage a saint Jaques en Galice, a Nostre Dame de Roichemadoi-, a Noatre Dame de Vauvert, a saint GiUe en Provance et a Nostre Dame de Puy.... (Original aux archives du Dépar- tement du Nord; copie coUationnée et authentiquée aux archives de la ville de Courtrai. Communication de M. Jean van Ruymbeke.)

BRUGES ET COURTRAI

19 avril 1326. Lettres patentes du roi de France, Charles te Bel, ratifiant la paix d'Arqués. Il agrée les offres que les Flamands révoltés ont faites à ses commissaires pour rétablir la paix entre le comte de Flandre et ses sujets de Bruges, d'Ypres, de Courtrai et du Franc. Au nombre des points stipulés : « En expiation de l'attentat dirigé contre leur comte, ceux de Bruges et de Courtrai enver- ront cent pèlerins à Saint-Jacques en Galice, cent à Saint-Gilles et à Notre-Dame de Vauvert, et cent à Notre-Dame de Rochemadour. Les dits pèleri- nages rachetables moyennant dix mille livres tour- nois. » {Archives de la ville de Bruges, GroeneJi-

DigmzcdbyGoOgle

bouc C, fol. 52; Inventaire des archives de Bruges par L. Gilliodts-van Severen, t. I, p. 356. Communication de M. Jean van Ruymbeke.)

TOURNAI

« En 1431, un ménestrel du bas-jeu, nommé Denis de la Rivière, fut condamné à faire le pèle- rinage de Saint-Gilles, en Provence, pour avoir battu et navré à sang Roger Bernard, ménestrel du haut-vent. Le même Denis se retrouve de nouveau, en 1434, emwyé en pèlerinage à Saint- Hubert pour quelque blessure dans une rixe.

» Pierre Tuscap, tailleur ou graveur de lames (sépulcrales) se voit, en 1430, infliger un pèleri- nage à Notre-Dame de Boulogne-sur-mer, pour avoir battu une femme. En 1433, on le condamne de nouveau à un pèlerinage aux Trois Rois de Cologne pour s'être arrogé la qualité de bourgeois de Tournai, à laquelle il n'avait aucun droit, et s'être permis de ce chef de faire une arrestation illégale.

» En 1432, Jean Thomas, tailleur d'images^ est condamné à un pèlerinage de Saint-Gilles, en Provence, pour avoir navré en péril d'affolurc Tassart du Tielt sans cause raisonnable, puis à Cologne, pour avoir blessé d'un pot de pierre 3acqv.e-mart de Thumedes et lui avoir fait une plaie sur le chef.

j> En 1433, un autre tailleur d'images, Gilles Brunel, est envoyé à Saint-Jacques en Galice pour avoir navré en péril de mort Jean Génois, tailleur de pierres. »

lyGoogle

125

Nous relevons, en 1428, une condamnation au pèlerinage de Hocamadour.

Henri le Klen, peintre, a lousjours, pour ce que par înformacion et autrement est apparu, ledit Lekien estre coustumier de médire et mesparler sur autruy et meieme- ment de dire et proférer parolles sêdicieuses et maison- naiis, contendans a faire tourble et division, et entre aultres choses davoir, contre vente et sans cause, uotte et chargie messeigneurs les commis esleus ou nom de la commuuite, davoir este cause des pugnicions a exécutions qui se sont fàictes puis nagueres de pluiseurs pour leurs démérites, en demandant se on vouloit encore i-avoir des autres commis pour faire copper testes comme on avoit lait, et les mettre en liodignacion du peuple de la ville, et autres parolles sentant division, en perturbant et em- peschant le bien de paix et de justice. Et ne pourra ravoir la ville que ce ne soit pas le gre, assens et accord de tout le peuple et communite de la ville pour ce assemble par collèges et bannières, et fait fine dun ban de deux fois X livi'es et fait un voyage a Nosire Dame de Rochemadour. Fait le lundi xxj jour de mars lan mil quatre cens vingt et huit.

La famille Lekien ne jouissait pas d'une excel- lente réputation à Tournai, a Jean le Kien, peintre, dut payer une amende de 10 livres, par sentence du 5 octobre 1440, pour avoir vendu des marchan- dises frauduleuses, consistant en feuilles d'étain imitant l'or et l'argent, lesquelles /ueilles estans en main de justice furent coTidempnees a ar- doir devant le belfroy ; et avec ce luy fut in- terdit et a tous aultres pointres de plus user de semblables, sur en estre griefvement pugny a le discrecion de messeigneurs prévôts etjui'ez.

« Il est à noter que l'on n'accomplissait les

lyGoogle

pèlerinages infligés que pour autant' que l'on ne fut pas en état de les racheter à beaux deniers comptants, an taux fixé. »

(Archives de Tournai, Registres de la loi. Alex. Pinchart, Quelques artistes et artisans de Tour- nai, ap. Bulletin de l'Académie royale de Bel- gique, t. IV, 12, 1882.)

Un établissement charitable, destiné à héberger les pèlerins de passage, existait à Tournai; il était desservi par une confrérie qui, non-seulement, accueillait les pieux voyageurs, mais encore ten- dait à propager- la dévotion des pèlerinages en donnant elle-même l'exemple. Comme une fonda- tion semblable que posséda la ville d'Arras, l'hô- pital tournaisien avait saint Jacques pour patron, et la Galice était son objectif spécial. Néanmoins, ainsi que je l'ai démontré dans ma lettre précé- dente, les pèlerins belges à destination d'Espagne ayant dû, soit à l'aller, soit au retour, traverser forcément Limoges," toute pièce exclusivement re- lative aux voyages de Compostelle peut, à juste titre, réclamer sa place dans une publication limousine.

Donnons la parole à un historien local.

« Les archives de la paroisse (Saint-Jacques) font mention, au xv* et au xvi' siècles, de la Con- frérie de Saint-Jacques. Cette confrérie n'avait pas son siège en l'église de ce nom, mais à l'hô- pital érigé sous le patronage du même saint, à l'emplacement de la citadelle, dans l'ancienne pa- roisse de Sainte-Catherine.

» Il existe encore aux archives de la Commis-

lyGoogle

sion des Hospices un manuscrit très remarquable, dont la première page est ornée de douze minia- tures d'un assez beau travail, retraçant les prin- cipaux épisodes de ia légende de. saint Jacques. C'est le cartulaire de l'Hôpital Saint-Jacques, écrit de la main d'un clerc nommé Gossel Maret en 1489. MM. Vandenbroek et Voisin ont fait con- naître ce document dans les Bulletins de la Société historique et littéraire de Tournai, t. IX, p. 297 ; nous y puisons quelques rensei- gnements.

» L'hôpital, fondé' en 1319 par Jean Wettins qui y consacra son bien, avait à sa tète une con- frérie d'hommes et de femmes, dotée de nom- breuses faveurs spirituelles par les papes Eugène IV et Sixte IV. » Des anciennes Ordonnances de la Confrérie^ nous extrayons le curieux passage qui suit :

Ilem tu accorde en lan mil ccc Ixviij, le jour Baint Jacques et saint Christofle au malin, quant li confrères furent venus pour porter le caudielle en le paroice de Saint Jacques, par toutes les paroices et de commun assens, que jumes nuls ne peuist eslre des lij qui sont pris le jour S. Chrislofle pour entendre as besODgnes de le maison toutes les fois quils en sont requis, se ils noot fait le voyage au baron de Galisse, dou leur, a piet ou a cheval. Et chius assens et accors fu demonstre as xij per- sonnes qui estoient pour le temps, a la requeatre de tous les confrères, parle bouche syre Pieron le Muysit. »

Ainsi don.: les douze mayeurs, administrateurs de la Confrérie, ne pouvaient être élus s'ils n'a- vaient pas fait à leurs détiens, à pied ou à cheval,

lyGoogle

le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Per- sonnellement obligatoire en 1368, le voyage d'Es- pagnii semblerait, un siècle plus tard, être devenu une simple formalité à remplir par procureur ; tel est du moins le sens que j'attribue à cette phrase de l'auteur : a. Les douze maîtres ne pouvaient re- cevoir hommes ni femmes en la dite Confrérie, s'ils n'avaient fait faire le voyage de Saint- Jacques en Galice à le%ii's propres dépens et de leur pure dévotion, selon le contenu de la bulle de Sixte IV. »

A la même époque, le pèlerinage de Galice était fréquent; on l'ordonnait aussi en punition d'un crime ou d'un délit.

» tl mai 1380. Jacquemout Doudin, pour avoir blessé Alart Cresle, fut condamné à 60 livres tournois et à faire un pèlerinage en Galice. (F. Hen- nebert, Bull, de la Soc. etc. de Tournai, t. 1, p. 157.)

» Le dit pèlerinage est imposé comme amende à ceux qui enfreignent le règlement concernant le Joyaxi de Saint-Brice. s

il juin i408. Comme li parochien de H paroche Saint Brisce en Tounray eussent nagueres ordonne a donner certains joyaux a cbeulz des aultres paroches de ladite ville qui, par isloires, Qgures, imaginations ou expé- riences par personnages, le jour du Sacrement prochain venant devent disner, en jeu de parures, au dit lieu de Saint Brisce, remonstrer et approprier le mistere du Saint Sacrement de lautel, avoecq plusieurs aultres choses con- tenues en leur cry, savoir faisons, que uous prevost et juret, considerans telz grans et souverains materes tou- chans nostre foy non devoir estre traistees, démenées,

ly Google

129

appropriee&.Qe pourparlees par gens non lettres, ne devant gens layB non clercs ne expers, ne estrea jeuees par per- sonnages en jeux de parure ou lieux publiques, par grani et meure delilieralion que nous en avons eu a pluiaieurs graos et notables docteurs, maistres et gradues en théo- logie, en lois et en décret, avons delFeadu et deffendons a tous nos subges et autres quil ne soll aucun et aucune qui, le dit jour ne dores en avant, sentremette en ledite ville de faire ne jeuer les dis jeux, par contenance ne par jeux de parures, ne autres en quoy soit aucunement tralctie du dit mlstere du Saint Sacrement ne dautres choses touchant nostre foy et qui appartiennent a estre presches, enseingnes, traities et démenées par théologiens et aultres en ce expers, sur encourre es paines adce intro- duites de droit et a estre mis un mois a pain et a liauwe en prison, et après banis de Ix'l. et envoyés a Saint Jacques en Galice, et les joyaux ordonnes a donner par ceulx de ladite paroche avecq toutes les parures estre conQsqueed au droit de ladite ville : mais se aucuns vuellent par contenances, tant seulement ledit jour a ledite poilrces- sion, remonstrer aucunes figures de lanchien testament ou autres approuvées par leglise, pour louneur de ledite pourchessioQ et dudit Sacrement que on y portera, selon le teuxte et le lettre de le bîbele et de Ihistoire, sans autrement les approprier ne appliquier par contenances, par signes, par figures, par dictiers, par lettres, par pa- rolles ou autrement, au mistere dudit Sacrement, et sans sentremettre de rien remonslrcr dicelui saint mistere ni dautres materes touchant nostre foy, ou aultrement pai- bonne manière loer et reverender par belles, humbles et dévotes manières et contenances ledit Saint Sacrement et la benoite vierge Marie aussi, et les dis de Saint Brisce leur v6ellent a ceste ocasion donner aucuns joyaux, faire le porront sans excéder en aucune 4naniere ce que dit est sur paines bans et voyages. Rt aussi a l:ipres disner pour chascuQ jeuer jeux de parures, desbatemeiis et dexemples et histoires, et appliquier la moralité sans touchier les 1'. VIL 1-e

ibyGoogle

ailes materes par lordonnance des dis de Saint Bi-isce, dedcDs le cloque du vespre, et non plus avant, sur la paine devant dite. [Bulletins cités, t. VII, p. 68.) «

(L. Cloquet, Monographie de l'église parois- siale de Saint-Jacques, à Tournai, p. 170 à 172 et 199 à 200.)

De nouveaux documenta, cher confrère, me tomberont-ils encore sous la main? Dans ce cas, le temps de les grouper et de vous les transmettre. ne mo manquerait -il pas? Je m'en "rapporte à la Divine Providence. A sa volonté souveraine de per- mettre ou d'interdire la continuation d'un travail qui, malgré ses défauts de classement et de mé- thode, pourra toutefois offrir quelques secours aux archéologues de l'avenir. Au demeurant, si je réussis à ajouter le moindre fleuron à la couronne artistique du Limousin; à laisser un témoignage indélébile d'affectueux souvenir aux amis de la onzième heure, dont le cordial accueil sut décu- pler pour moi les agréments scientifiques et pitto- resques du merveilleux pays que je ne reverrai plus, hélas! je croirai avoir rempli une tâche suf- flsante.^et d'ailleurs proportionnée aux forces d'un vieillard en train de s'acheminer vers la tombe.

Ch.\rles de Lin'as,

As«oci« de l'Ai-addmic rovalc de ]iihgiquc.

lyGoogle

L'EFFROYABLE DELUGE

ET INNONDATION

ARRIUÉ EN LA VILLE DE BRIUE-LA-GAILLARDE EN LYMOUSIN

I^ DERNIER DH MAI 1634

A Paris, chez Ican Martin, sur le ponl Sainct-JUichel à l'Anchre double, MDCCXXXIV

Avec permission (i)

C'est une chose étrange el prodigieuse de ce qu'encore que nous voyons tous les iours nos vies menacées tantôt du foudre du Ciel, ores de !a gresle et l'inondation des eaux, nous ne nous efforçons point d'appaiser l'ire de Dieu , iustement courroucé en nos péchez. Nos crimes sont venus à un tel excez qu'il n'est rien de raeschant ni d'abominable que les hommes n'inuentent pour contenter leurs voluplcz, et armer le Ciel contr'eux. S'estonuera-t-on si ce puissant Autheur de la Nature, se voyant si indignement ofTeircé par des créatures qu'il a rachetées au prix de son propre

(I) Iii-12 de 10 pages, conservé à la Bibliothèque nationale, Mss Fonds français, t. 25420.

Bien que cet opuscule soit pliitùt un sermon à propos de l'évë- neraent qu'un récit de l'événement, M. Philippe de Bosredon, qui a bien voulu nous en envoyer une Oppic, a pensé avec juste raison qjf'on devait le reproduire dans notre Bulletin, ne tût-ce qu'à titre de curiosité bibliographique.

Le Comilé de publicalion.

DigmzcdbyGoOgle

l'32

Bang, les veille puDir de leur iog^fititude. Sodome et Gomorre out péry par le feu à cause de l'éDonue vice de ses Citoyens, et d'autres villes encore depuis ont été submergées par vu contraire Elément, dont il n'est que Dieu seul qui puisse retenir la fureur. Sans aller chercher des exemples dans l'Antiquité, n'auons-nous pas veu Paris menacé d'vn embrasement uniuersel, et son Palais déuoré de ses fiâmes? L'eau dont l'on se sert pour estaindre le feu n'a pu empescher que sa violence n'ait bruslé iusques aux fondemens des deux plus beaux et plus riches ponts, qui seruoient d'ornemet à Paris et à la Seine. Ce superbe édifice de la Saincte Chappelle se void du boys de la vraye Croix, qu'on adore auecque tant d'humilité, et un si grand nombre d'ouuriers ont esté employez pour le reBdre admirable sur tous les autres ouurages de la France, a perdu son lustre el sa beauté en vne seule ioumée, par vne incendie qui eust sans doute ruyné tout à fait l'enclos du Palais, si l'on n'eust prudemment et promptement pour- veu aux moyens de le conseruer. La Riuière des Gobelios deabordée à elle pas autrefois pensé faire noyer par son déluge l'ancienne ville et fauxbourg de sainct Marcel. Qui voudroit s'en rapporter tous les exemples des estranges accidens qui sont arriuez de la cognoissance de nos pères, et de nostre temps, il faudroit en faire vn gros volume.

A quoy deuons nous imputer tous ces tristes euènemens, sinon à des marques de la colère de Dieu offencé contre ses créatures à cause de leur desobeyssance. Il est vray qfie ceux dont il prend soin tombent fort peu souuent en des infortunes irréparables, sans qu'vne puissance secrète les en aye aduertiz par quelque signe visible. La nature et la nécessité permettent bien à lous les hommes de defTendre leur vie, et de repousser la force par la mesme foice, quand il ne leur reste plus, pour éuiter le mal, sinon de recourir aux remèdes, qui sont iustes puisqu'ils sont nécessaires. Mais louchant les maux dont Dieu nous menace, et qu'il nous euuoye, le moyen de nous ffa deffcijdre, s'il nous en veut affliger, puisque la force

lyGoogle

- 133 -

humaine n'agist point contre sa volonté et que tout ce que nous pouuons faire pour destourner son ire, c'est de se letter à ses pieds et de luy demander pardon de nos faut«8 auec autant de larmes que de contrition.

Aux affaires d'importance, il ne faut point du tout perdre le temps; tcu qu'il ne faut qu'vn moment pour les ruyner et que bien souuent vn siècle ne suffît pas pour réparer les fautes qui ont été faites en vn quart d'heure. Y a-t-it rien au monde qui nous soit plus im- portant que la conseruation de nostre vie et de nostre ame; l'vne et l'autre sont menacées tous les iours de ruyne à cause de nos péchez, nous endonnirons nous dans les délices, et nous laiesans charmer par Toisineté, n'employerons nous point le temps à songer à nostre salut, tandis que le diable veille pour nous le faire perdre? Voicy de nouueaux exemples que Dieu nous donne pour nous faire amander, et ne le point contraindre à la rigueur de ses chastimeos pour punir notre obstination. Craignons les veines qu'il porte en la main pour nous chastier, si opiniastres à nostre dommage nous ne pro- âtons de ses débonnaires menaces.

'Le dernier iour de May de la présente année mil six cens trente quatre, sur les cinq heures du soir, dans la ville de Briue la Gaillarde en Lymousin' au plus beau iour qu'on eust pu souhaiter, il suruint en vn moment tant de feux et d'esclairs, et vne si effroyable tempeste, qui faisoit trembler les baatimens du fondement jusques au feste, que tous les habitans eurent suiet de croire qu'ils estoient à la fin de leurs iours. Après qu'ils furent To peu deliurez de l'appréhension qu'ils auoient iustement eue de périr par le feu et au moment qu'ils se reaiouys- Boient dantf leurs âmes de cette déliurance, ,en vn instant l'air vn peu rasséréné se trouble derechef d'vne si es- trange sorte qu'on eust dit que ce iour esloit une nuit des plus obscures. Les vents commencent à siffler de tous costez, et la pluye tombe d'en, haut si abondamment sur la terre qu'en moins d'vne demi-heure cette ville se vid

lyGoogle

134

sur le point d'estrc abysmée pat vn déluge, qui se rendit si fougueux à sa naissance, qu'il iry eust aucune maison l'eau ne montast iusques au premier estage. Les cris et les pleurs de ce pauure peuple affligé sont extrêmes, si les uns sont plus asseurez que les autres pensent se sauuer ils se noyent, c'est une chose espouuan table de voir la mère ne pouuoir secourir son enfant que ce déluge en- gloulist inhumainement et qui en accroist l'horreur par les larmes. Le mari hazarde sa vie pour secourir celle de sa chère moitié, et tous deux la perdent en mesme temps, esteignant leurs chastes feux et leurs sacrez amours dans la froide rigueur de ce traiatre Elément. Le récit de ce spectacle fait hérisser les cheueux et geler le sang aux veines, comme il fait esuanouyr ceux qui s'estoient relirez aux lieux plus esleués pour les esuiler le hazard et affoi- blit si fort ceux qui se trouuent surpris qu'ils n'ont aucun moment pour rechercher le salut. Tligoureux événement et toutesfois iuste chastiment d'un Dieu irrité qui veut que sa miséricorde cède à sa iustice, afin de. nous retirer du vice et nous faire abandonner les obiets de iiostre perte; Bon père, mais qui nous chastie doucement afin que l'habitude du vice ne- nous rende indigne du bien de sa grice et de nostre bon-heur parmy ces. troubles, et cet horrible 'accident : Lie meilleur en leur malheur est de n'espérer rien de bon pour eux que du Ciel, Tout secours humain leur manquant, ils furent contraints de s'adresser à celuy qui fait des montagnes d'eaux quand bon luy semble et qui les resserrent promplemeot dans leurs profonds abysmes lorsqu'il luy plaist.

lyGoogle

.LIVRES DE RAISON

REGISTRES DE FillLU ET JOnRIlO! DDIflDIIELS

LIMOUSINS ET MARCHOIS

Recneillis et publiés par H. Louis GDIBEBT

Avec le Concours de M. Alfbhd LBHOUX, Archiviste

de !a fite- Vienne, et de M. l'Abbé LËGLER,

Curé de Gompreignac

'histoire s'est longtemps contentée d'une moisson bien incomplète, en proposant à ses études, pour objet presque exclusif, les grands événe- ments de la vie des nations. L'ori- gine des peuples, l'organisation politique de ce* vastes sociétés, leurs luttes, les conquêtes, les traités, les effondrements des empires, la succes- sion régulière ou tourmentée des souverains, les incidents dramatiques de Igir existence, tels sont à peu près les seuls faits auxquels on croyait devoir accorder de l'attention et qui fournissaient le thème ordinaire de l'enseignement. On était amené, par la force des choses, à s'occuper de temps en temps des provinces, des vicissitudes de leur passé et de la condition, à un point de

lyGoogle

_ 136

vue général, des diverses classes de la population; mais on n'allait pas, dans cette voie, au-delà de données fort sommaires. Quant aux groupes 30- ciauK i-cels, vivaces, persistants, sur lesquels repo- sait l'édifice politique artificiel et sans cesse rema- nié : la famille, la corporation, la commmie, ils paraissaient placés en dehora du cadre de l'his- toire. On ne pouvait pas les ignorer absolument et on en savait, on en enseigaait même quelque chose; mais on les regardait d'un œil distrait et on suivait de loin, de très loin, sans y attacher beaucoup d'importance, le mouvement confus de cette masse sombre sur laquelle se détachaient en traits lumineux, en couleurs éclatantes, les événe- ments dont l'historien s'efforçait de saisir la suite et enregistrait avec soin les moindres détails. Par une bizarre inconséquence, l'enseignement le plus élémentaire comprenait, sur les institutions et les mœurs des Égyptiens, des Grecs et des Romains, des notions qu'on ne songeait même pas à donner aux jeunes gens quand on en venait à leur parler êe leurs prédécesseurs immédiats, de leurs pères : les Français du Moyen âge.

Le mouvement des idées nous a peu à peu amenés à une autre façon d'envisager l'histoire, et nous restituons aujourd'hui, auprès des faits de l'ordre politique proprement dits, leur légitime et grande place aux faits sociaux. Depuis un demi- siè le, l'organisation municipale (1) de nos an-

(I) Il faut considérer le groupement communal comme un fi d'ordre social bien plus que comme un fait d'ordre politique.

lyGoo^Ie

ciennes cités a été l'objet des études les plus attentives, et nous pouvons déjà nous rendre un compte plus juste du groupement et du fonction- nement de toutes les activités que la commune reliait en un puissant faisceau. Il n'existe pas, à l'heure qu'il est, dans toute l'Europe, un esprit curieux qui ne s'évertue à démêler la vérité sur les principes essentiels du régime corporatif, sur les phases successives qu'a traversées la corpora- tion de métier et sur l'influence exacte qu'elle a exercée au point de vue des rapports entre les diverses catégories de travailleurs. Quant à la famille, partout, autour de nous, on étudie avec zélé, avec patience, avec amour, tout ce qui a trait à sa constitution, à l'action réciproque de ses membres, à ses mœurs et à son régime intérieur ; on refait, d'après des documents authentiques, précis,, émouvants parfois dans leur brièveté et leur naïveté, l'histoire du foyer de nos ancêtres. On cherche, dans les exemples que nous a légués le passé, des leçons pour le présent et pour l'avenir. Les études monographiques, recomman- dées avec raison par le maître de la scieoce sociale à notre époque, Frédéric Le Play, pour servir de base aux grandes constatations écono- miques et de contrôle à des théories U-op légè- rement acceptées, mettent en lumière jusqu'aux moindres détails de ces tableaux intimes, dont il faut aller chercher chaque trait aux sources les plus variées : minutes de notaires, rartulaires d'églises et de couvents, terriers, lièves, registres

lyGoogle

des paroisses et des municipalités, journaux indi- viduels, papiers de famille et livres de raison.

C'est à cette dernière catégorie de documents que nous devons les notions les plus exactes et les plus intéressantes qu'on possède sur la famille d'autrefois. Ces livres domestiques sont les dépo- sitaires des pensées et des sentiments de leurs au- teurs, les confidents des joies, des tristesses, des espérances, des projets du père; ils conservent à la fois et les annales du foyer et des Indications sur l'état de la fortune du groupe qui constitue la souche de la famille. La voix des anc-ètres semble s'en élever quand on les ouvre, et un étranger même ne peut feuilleter leurs pages jau- nies, sans éprouver un sentiment de respect mêlé d'une certaine émotion.

Un livre de raison n'est, en principe, qu'un livre 3e compte {liber rationis). C'est le registre des comptes du foyer, le journal de la gestion du chef de famille. Aux notes relatives à la for- tune du groupe, à l'accroissement successif du pa- trimoine, aux pertes, aux achats, aux ventes, aux prêts, aux emprunts, aux procès, aux rentes à payer et aux redevances à percevoir, se mêle le plus souvent la mention des changements sur- venus dans le personnel même de la maison : naissances, mariages, décès. Le livre de raison n'a sa propre et complète physionomie que lors- qu'il renferme des passages correspondant à ces deux ordres d'idées. Alors seulement, il nous donne au vrai l'histoire de la famille. Parfois le rédac- teur ajoute à la constatation des faits quelques

ibyGoogle

commentaires, des réflexions personnelles, des con- seils pour l'avenir, des prières; il consigne dans son livre, comme Gérald et Jean Massiot, mar- chands de Saint-Léonard, les leçons qu'il doit à l'expérience, afin qu'elles puissent profiter à ses fils; il y insère, comme Etienne Benoist, bour- geois de Limoges, des vers populaires qui portent l'âme à de sérieuses pensées ; il indique, comme le notaire Psauinet Péconnet, certaines particularités qui nous initient à de curieux usages. U n'est pas rare, enfin, que son regard franchisse le cercle de la famille, et çà et on rencontre avec sur- prise, dans ces cahiers intimes, un écho des pas- sions politiques de l'époque ou ia mention d'évé- nements contemporains, dont le théâtre est par- fois bien éloigné du foyer paisible le père écrit ces pages naïves, destinées à être lues de ses seuls enfants. C'est ainsi que nous avoils relevé, dans un de nos registres limousins, un passage ayant trait à la mort de Charles- le-Témé- raire sous les murs de Nancy. Ailleurs, ce sont des détails sur les épidémies, les famines, les guerres locales, l'apparition de certains phéno- mènes de l'ordre physique, de certains météore^, le retour de crises climatériques ou de conjonc- tions sidérales. Auprès des témoignages répétés de la foi solide de nos pères, on trouve l'aveu de leurs naïves superstitions. Leurs comptes nous ré- vèlent mille traits de mœurs cnjieux, mille inté- ressantes particularités sur les rapports entre les maîtres et les domestiques ou les colons des do- maines ruraux, les habitudes de la vie, l'instruc-

lyGoogle

140

tion et l'éducation des enfants, l'état de l'indus- trie, le3 relations commerciales, le prix des denrées, la valeur de l'argent, etc., etc.

Il s'en faut, assurément, que tous les livres de raison nous offrent un tableau aussi varié et se présentent à nous avec une physiononrie aussi bien caractérisée. Beaucoup ne renferment que des notes sommaires, des mentions sèches et suc- cinctes; mais si incomplètes et si incolores que celles-ci paraissent au premier abord, elles n'en sont pas moins intéressantes, et, en les rappro- chant entre elles, en les comparant avec les pas- sages analogues d'autres documents du même genre, on en tire plus d'une pré-ieuse infor- mation.

a Est-il besoin, écrivait il y a quelques mois notre confrère et ami Alfred Leroux, archiviste du département de la Haute-Vienne, dans l'Almanac/i limousin de la Corrèze{i), de faire ressortir le prix de tels documenta pour la connaissance des mœurs du passé? n'est-il point évident que, non destinés à la publicité, ils ont une ^veor de franchise et de vérité d'autant plus précieuse que l'homme intérieur est de plus près en jeu? Avec ces registres de famille, nous nous asseyons véri-" tablement au foyer de nos ancêtres; nous assis- tons à leurs joies, à leurs douleurs aussi; nous connaissons leurs idées, leurs sentiments, leurs préjugés même; nous mesurons plus exactement l'horizon de leurs pensées, et il est telle réflexion,

(t) Année 1SS5. Yenve Ducourtieux, éditeur, à Limogei.

lyGoogle

échappée à leui" plume inconsciente, qui nous fait souvent mieux juger de la différence des temps que le plus savant traité de psychologie historique. » Mais quels que soient le cadre du livre de raison, et la manière dont ce cadre a été rempli, il reste avant tout et par-dessus tout un compte matériel et moral; toujours on le trouve ins- piré par le souci de rendre raison, aux conti- nuateurs de la famille, de la gestion du chef actuellement chargé de sa direction et de ses intérêts. Ajoutons qu'on démêle toujours, chez ce chef, le sentiment profond de' la solidarité des générations successives de sa race, et la conscience énergique d'une haute responsabilité vis-à-vis non- seulement de ses descendants, mais aussi des an- cêtres qui, avant lui, ont présidé au foyer. Cette responsabilité était. le lontre-poids efficace de l'au- torité presque sans bornes que les mœurs et les lois -avaient remise aux mains du père.

Nous avions toujoui's pensé que les livres de raison ne devaient pas être rares dans notre Li- mousin, dont on citait la famille en exemple pour sa forte discipline, Tunion de ses membres et la simplicité de leur vie; on n'avait pas néanmoins, jusqu'à ces derniers temps, signalé l'existence de plus de deux ou trois registres de ce genre dans le pays, et le public n'avait été mis à même d'en connaître aucun. M. Fernand de Malliavd, le pre- mier, se fit l'éditeur d'un livre domestique des plus intéressants, tenu dans sa propre famille du- rant plusieurs générations successives et embfas-

lyGoogle

sant une période de plus de cent cinquante ans (1507-1662). Ce précieux registre a été publié dans le Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de Brive, années 1880 et 1881. Nous donnâmes à notre tour, à la fin de 1881, le cahier d'Etienne et de Guillaume Benoist, bour- geois de Limoges (1426-1454). Nous trouvions dans ce document la mention précise de l'existence, au foyer qui se révélait ainsi à nous, d'autres a pa- piers de famille » à une époque antérieure au XV" siècle, en particulier d'un livre de raison bien caractérisé, tenu par Jean Benoist vers 1330(1); de plus une note reproduite dans ce registre, se rapportant à un partage effectué en 1308, écrite par Pierre, un des copartageants, et visiblement extraite d'un recueil de notes personnelles, d'un mémorial de famille de la même nature que le précédent (9), nous autorisait à affirmer que les livres de raison, dans notre province, ont existé dès le xni* siè 'le.

Plusieurs de nos excellents confrères de la So- ciété archéologique et historique du Limousin et parmi eux il faut nommer en première ligne M. Leroux et M. l'abbé Lecler, curé de Com- preignac ont, depuis lors, prêté à nos recher-

(I) Hun grant papier, cubert de cubertura negra, iiont eys escrich et sont contengut las chouzas et los fach que nous avem agut a Tar am plurors et am divcrssas pcrsonas de divers et de plurors fach que nostreys ancestreys,.. avient agut a far. Et cra csorich de la madeu senheir Johan Beyneyc, loqual fo payr de mon senlier Outlio Beyneyc. Et fo fach en viro de Tan miel IlI.XJtX.

(3) El nom de Dieu et de la soa beneyta mayre... Yen, Peyr Beyneyc et Johan, mos frayres, paitim... nostre heretatge, etc.

ibyGoogle

- 143 -

ches sur la famille limousine d'autrefois un con- cours qui a amené les plus heureux résultats. H y a trois mois à peine, VAlmanach que nous citions tout à l'heure constatait qulen' peu de temps, nos efforts réunis avaient rendu à la lu- mière une vingtaine de livres de raison, oubliés, pour la plupart, dans la poussière des greniers ou enfouis dans les archives particulières. Ce chiffre de vingt, que nous n'atteignions pas en- core à ce moment, est aujourd'hui dépassé. Le registre des Benoist demeure (après les notes de famille du notaire Gérald Tarneau, de Pierre- buffière, recueillies et publiées par M. Leroux) le plus ancien des livres domestiques qui nous aient été conservés ; mais il ne doit plus être co'n- sidéi^, dans notre province, comme un monu- ment isolé, comme un document d'une espèce rare. Ce que nous donnions il* y a quatre ans comme une probabilité, est bien et dûment établi à présent : les livres de famille furent jadis d'un usage commun en Limousin.

Voici la liste complète, par ordre chronolo- gique, des livres de raison, journaux individuels et registres de famille dont l'existence nous a été révélée jusqu'à ce jour dans toute l'étendue de l'ancien diocèse de Limoges (1) :

Papier domestique de Pierre Benoist, bour- geois de Limoges (1308). Perdu.

(I) Noua nous sommes aidé, pour dresser ce relevé, de U liste que contient l'ouvrage, eu cours do publication, de M. AITred Leroux : Charles et Chroniques couceruaut l'histoire du Lin

lyGoogle

Registre de famille : « Grand papier à cou- verture noire, » de Jean Benoist, bourgeois de- Limoges (vers 1330). Perdu.

Registre de famille et chronique de Gérald Tarneau, noUire à Pierrebufiiére (1423 à U38). A la Bibliothèque communale de Limoges.

Livre de raison d'Etienne Benoist, bourgeois de Limoges, et de Guillaume son fils (6 sep- tembre 1426 au 26 mai 1454). Cabinet de M. As- taix, à Limoges.

Registre des comptes ruraux, contrats et notes diverses de Gérald Massiot, bourgeois et mai-chand de Saint- Léonard , continué par Jean son fils et par ses petits-fils : Jean, Louis et Antoine (17 février 1431 au 17 novembre 1490, avec deux notes rapportant des faits de 1494 et 1496). En la possession de M. le chanoine Arbellot, à Limoges.

6" Gahier-memento de Psaumet Péconnet, no- taire à Limoges (du 10 avril 1487 au mois d'oc- tobre 1502). Archives de famille de M. Adolphe Péconnet du Châtenet, à Limoges.

7" Livre de raison de la famille de Malliard de Brive (1507-1662). En la possession de M. Fer- nand de Malliard, à Paria.

Registre de famille des Maurat, du Dorât (18 novembre 1556 au 24 juillet 1798). Archives de famille de M. Maurat- Ballange, ancien conseiller à la Cour de Limoges.

9* Livre de famille des Lemaistre- Bastide, de Limoges (22 septembre 1558 au 13 février 1748). Archives de famille de M. G. La Bastide, au châ- teau du Lude (Loiret).

lyGoogle

10" Livre de famille des Barbou, de Limoges, commencé en 1567, continué an xvu' et peut- être au xvni' siècle : a véritable registre de l'état civil tenu par les représentants successifs de la maison Barbou, à Limoges » (Poyet)(l).

11' Livre de famille des Lamy Lamy de Luret et Lamy de La Chapelle, de Limoges (du 2 no- vembre 1571 à nos jours), avec une note de 1568 écrite par Jean, frère de Franrois Lamy, son pre- mier rédacteur. Auk mains de M. Théophile Lamy de La Chapelle, de Limoges.

12° Registre de famille de Jeanne Boyol, dame de Villelump (1587 à 1594). Archives de famille de M. le comte àe Villelarae, à L'Aumônerie, près Aixe (Haute-Vienne).

13' Registre de famille ou jounial, individuel de Junien de La lirunye, bourgeois de Rochechouart {lin du XVI* siècle et commencement du xvu'). Perdu.

14" Registre de famille des de La Brunye, de Rochechouart (5 février 1599 à 1799). Propriété de M. Émilien de La Brunye, à Rochechouart.

15° Livre de raison des Lachau, d'Argentat (première moitié du xvu' siècle). A été signalé comme existant dans les archives de famille de M'" de Négraval, à Argentat; serait perdu au- jourd'hui.

16' Livre de famille de Jean Plaze, d'Argentat

(t) Nous recherchons en ce moment co précieux document, qu'a signalé feu M. Poyel dans sa Notice sur les origines de l'Im- prlmerie à Limoges.

lyGoogle

tl9 février 1605 au i4 septembre 1634), et d'un sieQi" Deyma, du même lieu ("21 octobre 1644 au 17 avril 1661), avec notes de 1712 à 1729. En la possession de M. Eusèbe Bombai, d'Argentat.

17" Grand « papier de raisons » de... Jarrige, de Saint-Yrieix (1609). Perdu.

18" Livre de raison d'Antoine d'Areilh, bour- geois et juge de Beaulieu (18 novembre 1611 à 1637), avec notes du xvin' siècle. Cabinet de M. Louis de Veyrières, à Beaulieu.

19" Journal d'un sieur Gondinet, de Saint-Yrieix (du 25 mars 1613 au 20 octobre 1630). Propriété de M. Boavieux, inspecteir des Domaines^ à Auch.

20" Livre de raison d'un sieiïr Jarrige, de Saint- Yrieix (1617 à 1626). En la possession de M. Boi- leau, à Saint-Yrieix.

2r Notes personnelles inscrites, de 1627 à 1632, par L. Pauthut, curé de Saint-Maurice de Limoges, sur les registres paroissiaux de cette église. Ar- chives de l'hôtel de ville de Limoges (1).

22' Livre de raison de Jean et Jérôme Texendier, frères, (9 novembre 1636 à 1662). Archives de famille de M. le comte de Villelume.

23° Livre de raison de Jean Péconnet, bour- geois de Limoges (1644 au 23 octobre 1678). Pro- priété de M. Adolphe Péconnet du Ghâtenet, à

[I] Voir les plus curieuses de ces notes dans notre notice sur les ItngMrv» deê Paroisxen de Limoges, Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, t. XXIX, p. 33, et Aima- tiacA iimomiii. de 1869

lyGoogle

U7

24' Livre de famille du même. Perdu.

25' Journal de Jean Lafosse, bourgeois de Li- moges, pendant l'année de soa consulat (1" jan- vier 1649(1) au 7 décembre 1649}. Copie de Legros au séminaire de Limoges. Original perdu.

26' Livre de raison de Jean Texandier, de sa bru, Valérie Du Boys, et de son petit-fils, Jean- Baptiste (24 septembre 1662 au 18 janvier 1703). Archives de famille de M. le comte de Villelume, déjà mentionnées.

27* Journal personnel d'un sieur Avril, de Li- moges (milieu du svn* siècle). E.^traits reproduits dans les manuscrits des abbés Nadaud et Legros, au séminaire de Limoges. Perdu(i).

28° Journal personnel de Jean Moreau, notaire au Dorât (1666 à 1741). Signalé par M. l'abbé Lecler(3).

29' Livre de raison du président Chorllon, de Guéret. Signalé par M. Jean de Cessac, de Guéret {deuxième moitié du xvii' siècle).

30° Livre de raison de Joseph Péconnet, avocat à Limoges (30 août 1679 à 1700) (?), avec notes relatives aux domaines ruraux jusqu'en 1716. Pro-

(0 Ls commencement, du 7 décembre t64S su 1" janvier 1649, miuique.

(2) Cet Avril ne serait-il pas le médecin Pierre Avril, mort le 13 juin I6T5, à aoiiante.douze ans, et que le curé de Saint-Maurice de la Cité, en enregistrant sa sépulture, qualifie d'homme o très acavant et très expérimenté. »

(3) Quelques passages de ce document ont été publiés par H. A. Leroux {Documenls Itisloriquea relatifs à la ville du Dorât), Bulletin de la Société archéologique et historique du Lin l. XXIX. p. 172.

lyGoogle

148

priété de M. Ad. Péconnet du Châtenet, de Li- moges.

31° Registre de famille des Romanet du Caillaud (xvn* et xvin' siècles). Archives de la famille Ro- manet du Caillaud, château du Caillaud, près Isle (Haute-Vienne).

3?" Registre de famille d'un sieur du Mas-Genest? (xvni* siècle). Archives d'une famille de Cieux (Hte- Vienne).

33'' Registre de famille des Leynia de Chassagne, près Uzerche (1713-1830). Archives départementales de la Haute-Vienne, série E.

34° Registre de famille d'Etienne Retouret, de Limogos (1746 à 1703). Extraits en la possession de M. l'ahhé Lecler.

35° Livre de raison de N. Laniy de Luret, curé de La Roche-L'Abeille (1779-1788). Archives dépar- tementales de la Haute-Vienne, série G. 36° Etat des redevances dues au chanoine J.-B. Marchandon du Puy-Mirat, à Limoges (1789-1791). Cabinet de M. R. Chapoulaud, à Limoges.

Cette sorte de documents est aujourd'hui si peu familière au public, et, dans notre pays en parti- culier, elle semble si inconnue, ou pour, mieux dire, si complètement oubliée, que nous avons cru faire une œuvre utile en copiant, dans les registres de famille dont qirelques personnes ont bien voulu nous donner communication, un cer- tain nombre de passages choisis et eu publiant ces extraits, accompagnés des nott^s indis|iensables : ainsi groupés, ils prennent une physionomie mieux

lyGoogle

U9

caractérisée, et acquièrent une signification plus précise et un plus vif intérêt. On en jugera en parcourant ces pages, dont quelques-unes ont été écrites il y a quatre siècles et demi, et on se rendra aisément compte de tout le fruit qu'un lecteur attentif peut retirer de l'étude de nos an- ciens papiers domestiques.

Les registres conservés dans nos vieilles familles limousines ne diffèrent en rien de ceux dont l'exis- tence a été signalée dans d'autres contrées. Ce sont, dans ceux-là comme dans ceux-ti, les mêmes traits principaux : la même simplicité, le même ton grave, la môme sollicitude toujours en éveil, la même robuste piété. Il faut toutefois convenir que nous n'avons rencontré dans aucun de ces documents, l'élévation de pensée et la force de langage dont M. de Ribbe a pu relever de nom- breux exemples dans les livres de raison des pro- vinces du sud-est de la France, et qu'il a si jus- tement proposées à l'admiration de ses lecteurs. Le manuscrit des La Brunye, de Rochechouart, est peut-être, de tous nos papiers de famille de la région, celui dont quelques passages rappelleraient le mieux le ton et l'allure des registres dont nous venons de parler; mais l'originalité fait ici presque absolument défaut, et la sollicitude du père de famille ne trouve jamais, pour s'exprimer, cette forme' noble, cette émotion pénétrante, cet accent d'autorité qui donnent une si haute portée morale aux enseignements consignés sur certains papiers domestiques. On peut dire que nos registres de famille et nos livres de raison donnent assez ftdè-

lyGoogle

lement la note du caractère de nos compatriotes limousins. On y reconnaît l'empreinte de leurs qualités, de la simplicité de leurs mœurs, de leur piété, de leur résignation, de leur courage au travail. Mais on y retrouve aussi à un haut degré leur souci excessif des intérêts matériels et le défaut trop ordinaire d'élévation de leurs pen- sées, résultat forcé de la prédominance des préoc- cupations les plus vulgaires de la vie et d'une indifférence profonde de la culture intellectuelle. Les extraits qu'on trouvera à la suite de ces remarques préliminaires sont empruntés à vingt manuscrits inédits figurant au relevé que noua avons donné plus haut. Il nous a paru nécessaire de consacrer à chacun de ces documents une courte notice, destinée à signaler au lecteur les particu- larités qui peuvent être de nature à appeler son attention.

I. A-près le livre de raison d'Etienne Benoist et les notes de famille mêlées à la chronique du notaire Tarneau, il n'existe pas en Limousin, à notre connaissance, de document de cet ordre plus ancien que le Registre des comptes ruraux, contrats et notes diverses des Massiot, actuelle- ment en la possession de M. le chanoine Arbellot, président de la Société archéologique et historique de Limoges. La première mention datée qu'on y trouve remonte au 17 février 1431; la plus ré- cente est du 17 novembre 1490. Ajoutons qu'un petit carré de papier, d'une écriture très posté- rieure, attaché par une épingle au verso d'un

lyGoogle

feuillet, conserve le souvenir de deux dâcès, sur- venus l'un le 26 janvier 1494 (nouveau style : 1495), l'autre, le 18 juin 1496.

Malgré le peu de soin qu'ont en prendre pendant de longues années ses détenteurs succes- sifs, le registre des Massiot n'est point en trop mauvais état. Quelques feuillets sont rongés sur les bords; l'encre de quelques pages a pâli; mais on lirait son contenu sans trop de peine, n'étaient les abréviations singulières qui arrêtent le curieux à chaque ligne et le détestable patois dans lequel s'expriment ses rédacteurs. Quelques actes en fran- çais, seuls, sont d'une langue remarquablement correcte; tout le reste du volume est en mauvais latin ou en roman tout à fait corrompu. Énorme livre de plus de 800 pages, formé de dix gros cahiers (1) de papier de chiffon in-4'' (301 milli- mètres sur 218 à 224) recouverts chacun d'une feuille de parchemin et reliés ensemble, il offre des spécimens d'une vingtaine d'écritures, dont deux surtout méritent d'être signalées pour leur netteté. Le papier qui le compose est marqué, dans la pâte, d'un filigrane représentant tantôt une main bénissant aux doigts allongés et dont l'avant-bras est terminé par une sorte de man- chette, tantôt une licorne d'aspect passablement lourd; le plus souvent une tête d'animal sur- montée de deux longues cornes une tête de chèvre, semble-t-il ailleurs une vache assez bien

(t) C'est au cinquiëma et au neuvième cahiers qu'on trouve les articles les plus anciens.

lyGoogle

figurée. On ne trouve, pour ainsi dire, aucune différence entre l'aspect des feuilles qui portent ces divers signes, et leur fabrication paraît re- monter uniformément à la première moitié du sv' siècle. Nous savons que cent cinquante ans plus tard, il y avait sur la Vienne, en amont de Saint- Léonard, des moulins à papier; mais il se- rait peut-être téméraire d'avancer qu'il en existât à cette époque. Vers 1360, plusieurs villes de France, Angoulème et Troyes entre autres, en possédaient. On peut toutefois supposer, d'après un passage du registre même, relatif à des mar- chandises reçues de Genève en 1437, que du papier de fabrication italienne, expédié par cette voie, a fourni les cahiers dont se compose le livre en question. Les marques que nous avons indiquées plus haut semblent confirmer cette hypothèse.

Singulier recueil en vérité : amas confus d'actes de tout genre et de renseignements hétérogènes. On trouve d'ordinaire un peu de tout dans ces vieux registres de famille; mais celui-ci, dans la modestie apparente de son cadre, nous ofk-e une variété de notes faite pour surprendre, même le? personnes que leurs études ont familiarisées avec ces sortes de manuscrits. Et tout cela, dans un pèle-méle de dates et d'objets qui, au premier abord, est fait pour rebuter le bon vouloir et décourager la curiosité du lecteur. Voici, par exemple, entre un contrat de reconnaissance de cheptel de 1487 et une note de 1477 (par laquelle Jean Massiot recommande à ses héritiers, si leur

lyGoogle

fortune augmente, d'acheter une vigne du côté de Champmain ou du Treuil de l'Hôpital, la gelée cause moins de dégâts), le passage dont nous avens déjà parlé, mentionnant la mort du duc de Bourgogne, le redoutable adversaire de Louis XI. Dix ou quinze pages plus haut, quelques lignes confuses, relatives au prix de vente de divers ani- maux, au milieu desquelles on rencontre des re- connaissances de 1434 et de 1459, sont suivies d'une liquidation de société commerciale-, de 1439; vient ensuite un curieux compte de marchandises reçues de Genève en 1437, dans lequel se trouvent intercalées des notes de 1446 relatives à des ventes de bestiaux ; à la page suivante on lit l'analyse, fort intéressante, d'un sermon prêché par un bon religieux dans l'église de Saint-Léonard, le 3 dé- cembre 1437, et résumé par Gérald, le chef de fa- mille qui a conunencé le recueil : la main pieuse des fils a noté, au bas de la page, que celle-ci est de l'écriture même de leur père. Plus loin ce sont des recettes de potions, d'emplâtres, une autre « pour fere borax de roche, » un cantique à la Sainte Vierge, des remarques sur le retour pério- dique des calamités publiques : famines, guerres, épidémies, le souvenir un peu confus des grandes luttes des xiv" et iv' siècles entre l'Angleterre et la France : la mention, entre autres, de la descente sur la côte du sud-ouest, en 1388, des Anglais commandés par le comte d'Arundel : tout cela semé sans ordre au milieu d'une multitude d'actes et de notes de styles très divers, d'objets très variés. Les contrats sont inscrits de la main même

lyGoogle

154

du notaire sur le livre de famille. Une douzaine de tabellions ont pris part à la rédaction du recueil, et on peut, au bas de chaque acte, admirer leur signature et leur paraphe. Ce sont : J. Beaure, Gailliaud, Léonard et Nicolas Ravaud, Martial Basset, N. de La Vigne, N. de ViroUe, Giraud de Saint- Yrieix, Etienne Tillourier, Jean de Convalètes ou de Gombalètes, N. Bordas, N. Valière, Pierre de Meyrenges, Nicolas Hugonaud, Antoine Hugonaud. Le coût de chaque acte est fixé d'avance et on trouve sur un feuillet spécial, à la date de 1483, les soumissions par lesquelles plusieurs de ces honorables praticiens prennent, . vis-à-vis des Massiot, l'engagement de passer pour leur compte tout contrat d'obligation ou de bail de cheptel au prix de cinq sols, et tout autre acte au prix de sept sols six deniers.

Ces Massiot (1) sont de riches bourgeois de Saint- Léonard de Noblat, petite ville à 21 kilomètres Est de Limoges. Le premier dont nous rencon- trions le nom dans notre recueil est Gérald, marié à Jeanne Clautre, et qui meurt vers 1442 ou 1443. Son fils Jean, marié à Marguerite Faure, de Saint-Paul, lui succède dans la tenue de son registre comme dans l'administration de la for- tune de la famille. Celui-ci a plusieurs enfants : Antoine, vers 1442, qui fait accompagner en 1457 sa signature de la qualification de clerc, et qu'on retrouve en 1478 prieur de Bieulidout, près Oradour-sur-Glane (Hte- Vienne) ; Jean, qui meurt

(1) Cetta famille eat âteinte depuis longtemps.

lyGoogle

le 18 juin 1496 à l'âge de trente-cinq ans, s'il faut en croire une note qui nous parait le rajeu- nir de sept à huit années au moins (t); Louis, mort le 26 janvier 1494 <r à trente ans » et qui pourrait bien être le même que Louis, le 3 janvier 1457; Biaise, le jour de la Saint- Biaise de l'an 1463. Les deux premiers ont pris une part importante à la rédaction du registre; il semble môme que beaucoup des notes se rap- portant à la gestion de Jean Massiot, fils de Gérald, soient écrites de la main d'Antoine.

Les Massiot sont marchands; ils vendent un peu de tout : des co?iche8 et des poêles; du drap et des étoffes de toute nature et de toutes prove- nances : tissus divers, futaines, blanchet, gris, tanné, mouriquet de Saint-Lô; du grain, du sel, du cuir, du papier; des épices : poivre, girofle, et du sucre qu'ils reçoivent, on l'a vu plus haut, directement de Genève. Ils prêtent aussi à leurs clients, et, au très intéressant mémoire des sommes dues par le seigneur de Royères, pour fournitures faites pendant les années- 1480, 1481 et 1482, figurent, auprès d'achats d'étoffes et de marchandises d'épicerie, plusieurs emprunts d'argent.

La petite ville de Saint-Léonard, avec un chiffre de population assurément inférieur au nombre ac- tuel de ses habitants, était peut-être, aux xiv' et XV' siècles, aussi florissante et aussi riche qu'au- jourd'hui. Elle n'avait pas encore ses porcelaines

(1) A moioB toutefois qu'il n'ait eu un frère du in£me nom que lui.

ly Google

et ses papiers ; mais son commerce de cuirs était considérable et ses poêliers et bassiniers jouissaient d'une très grande réputation. Elle possédait, dès le temps de saint Louis, des foires et des marchés oiî l'on se rendait de très loin ; à cette époque, nous trouvons, en relations d'affaires avec les ha- bitants de Saint-Léonard, des négociants de Mon- tauban, du Quercy et de la Bourgogne; au xv" siècle, le manuscrit dont nous publions des extraits nous montre Gérald Massiot recevant directement de Genève des marchandises tirées de l'Italie et de l'Orient, et ses enfants traitant avec un maître poêlier originaire de Villedieu, en Normandie, Gislet Oubelin, qui s'oblige à travailler exclusi- vement pour eus durant trois années. L'acte, qui est daté du 14 octobre 1480, nous révèle le nom d'un autre Normand, établi également à Saint- Léonard, Lambert de Canville. Le frère de Gislet, aussi maître poêlier, paraît fixé dans cette ville; tout au moins y est-il présent en 1490.

Gérald a eu longtemps un associé, Jean de la Ribière. La société est dissoute le 18 février 1439. L'acte qui constate cette dissolution et liquide les droits respectifs des deux associés nous apprend que Gérald avait versé comme apport 64 royaux d'or, équivalant à un marc, et que Jean s'était con- tenté de promettre pareille somme. Aussi ce der- nier, tous gains et pertes compensés et tous comptes apurés, reste-t-il débiteur vis-à-vis de Massiot d'une assez grosse somme : 188 royaux (environ 2,050 francs, 12,300 francs d'aujourd'hui).

lyGoogle

Une note des plus singulières de notre livre, celle relative à l'éelipse dn 16 mars 1485, sur laquelle nous reviendrons plus loin, nous apprend qu'à cette date, Jean Massiot était un des huit consuls de Saint-Léonard. La commune de cette ville avait une illustre origine; elle devait son institution à Richard Cœur-de-Lion, roi d'Angle- terre (1); au siècle suivant on voit les magistrats populaires jouir des prérogatives les plus éten- dues, administrer les intérêts de leurs comitoyens sans entrave et sans contrôle, réparer les mu- railles, lever les deniers communs, recevoir le serment de fidélité des habitants (2), se réunir deux fois la semaine à la maison de ville, avec leur conseil, pour juger les causes civiles (3), et pro- noncer sur les affaires criminelles en plein air, devant la commune assemblée, sous l'ormeau planté en face de la porte de l'église Notre- Dame (4). Toutefois l'évèque, qui était seigneur

(!) Petrus Vclade... audivit dici a pâtre suo quod erat presens cura reï Ricbardus Anglio dedcrat cis consulalum et communi- fatem, etc. Potriia do Arfolio... dicit quod liahent consotatuin et comtnunitatem ex doiio Régis Richardi (Enqufite de 12tJS, carton n* 2410 du Tonds de l'iîvêchtf, aux arcliives de la Haute-Vienne).

(!) In dicto festo (de la chaire de saint Pierre) oreantur consulcs in dicta villa, et, ipsis creatis, ipsi aocipiuut sacramentum a corn- munitatï, etc. (ifjid.),

(3) Leonardus Goudellî dicit quod in civilibus causis, que trac- tantur in dûmo communi.... Le Tourneur... vidit plures litigare bis ifl scptimaua in domo commuui, coram coiisulibus (ibid.).

(4) Petrus Tutonia... audivit trompari quod omnis venissct ad platcnm que est aille eccK'siaiii Heale Marie, sublus quamdam arborem... et consuleis.\. Jictuin judiduin feucrutit subtus dictain arbore m, etc. (ibid.).

lyGoogle

de Saint-Léonard, ayant acquis des trois ou quatre familles de chevaliers qui habitaient le château de Noblat, tous les droits dont celles-ci étaient en pos- session depuis un temps immémorial, entreprit d'enlever aux bourgeois les plus précieuses de leurs libertés; une longue lutte s'engagea entre le prélat et les consuls : l'issue en était douteuse et les officiers royaux montraient des dispositions assez favorables aux habitants, lorsqu'une sorte de coup de théâtre mit fin aux incertitudes du procès et ruina pour toujours les libertés de la commune. L'évèque consentit à partager avec le roi la juridiction que les deu*L parties se dis- putaient et qu'il prétendait exclusivement pos- séder. A la suite d'un traité conclu en 1307, un pariage fut établi à Saint -Léonard et les bour- geois se ti-ouvèrent privés de la justice et de la police. L'organisation municipale subsista néan- moins, et les magistrats continuèrent à pourvoir à l'entretien des murailles et à quelques objets d'administration.

Au nombre des prérogatives des consuls figu- rait le droit d'avoir une caisse de charité, le « coffre des pauvre8(l), » qu'alimentaient soit des dons volontaires et des legs, soit une taille levée sur les citoyens. Nous voyons, par deux passages de notre registre, qu'au xv' siècle les magistrats de Saint-Léonard avaient gardé ce privilège; il y est en effet question de legs faits aux a aumônes

(1) Dicti consules babent... sigîllum comimine, arcliam pauperum el arnuturas commuaes {ibid.).

lyGoogle

159

du consulat » par Gérald et sa femme, Jeanne Clautre. Ces distributions officielles étaient en usage dès une date fort reculée (1), et peut-être la porte Aumônière, une des principales de la ville, leur devait-elle son nom. A Limoges, les distributions étaient faites à Noél en nature, et, le jour de l'Invention de la Sainte-Croii, en ar- gent; elles avaient lieu à l'hôtel-de- ville.

Dans la même ville, les registre? de certaines confréries de charité montrent les consuls inter- venant dans l'administration des deniers de l'asso- ciation. Il devait en être ainsi à Saint- Léonard ; il se pourrait même que la confrérie des Trépassés, à laquelle Antoine Massiot se fait agréger en 1484 et qui parait avoù? été une « cbarité » analogue à celle des Suaires de Limoges, eût le caractère d'une institution municipale; le prieur de Dieu- lidout lui donne en effet la dénomination assez remarquable de « confrérie des Trépassés du Con- .sulat. »

Une autre association pieuse mentionnée au livre des Massiot, pourrait se rattacber aussi par un lien étroit à l'bôtel -de- ville : nous voulons parler de la confrérie de Noire-Dame de sous tes arbres. N'y aurait-il pas un souvenir de ces assemblées de citoyens qui se tenaient devant la

(1) L'usage en remonterait, d'après le chroniqueur Geoffroi de Vigeois, à la période qui suivit immédiatement la Croisade. Nous avons traité sommairement cette question des aumônes munici- pales dans une notice sur les Confréries de dévotion et de chu- rite en Limouein antérieurement au xv siècle. (Cabinet histo- rique, année 18B2.}

lyGoogle

160

vieille église et que mentionnent tant de fois les documents du xm' siècle; ou bien cette associa- tion avait-elle été, à St-Léonai-d, ce que fut peut- être, dans le Château de Limoges, celle de saint Martial : l'embryon de la commune et le cadre de sa primitive organisation.

Nous parlions plus haut d'un passage curieux relatif à l'éclipsé de soleil du 16 mars 1485. S'il faut en croire Massiot, le roi avait fait crier par les villes qu'à l'heure elle devait se pro- duire, tout le monde se tint renfermé dans les maisons et demandât miséricorde à Dieu; car tout ce qui serait par les champs ou par les chemins à ce moment, hommes et bêtes, devait périr. L'auteur du livre de raison ajoute que la teneur de l'ordonnance royale lui fut communiquée, le matin même du 16 mars, par le prieur de Saint- Léonard, qui le chargea d'en faire part aux autres magistrats municipaux. On annonçait également qu'avant que Pâques fût passé, le peuple aurait beaucoup à souffrir. Massiot constate avec satis- faction que l'éclipsé ne dura qu'un quart-d'heure, et il n'enregistre aucun événement de nature à nous donner à penser que les terribles prédictions du matin se soient réalisées. 11 est permis, du reste, de douter de l'authenticité de l'ordonnance de Charles VIIl, bien qu'en ces matières tout pa- raisse possible à qui a lu l'histoire et connaît tant soit peu notre crédule humanité.

Les Massiot ont un petit mémorial assez ch- rieux à leur usage. On y apprend que, toutes les années « cinquante, » il y a famine au royaume

lyGoogle

de France. S'il faut en croire l'expérience du temps, les grands événements, et spécialement les calamités publiques, se reproduisent toujours dans le même ordre. C'est d'abord la guerre, que sui- vent d'babitude des années de jubilé et d'indul- gences extraordinaires, puis la famine, et après la famine, la peste. Nous soupçonnons Antoine Massiot, le prieur, d'être le rédacteur de ce pas- sage où nous croyons reconnaître sa belle et ferme écriture, et il cite comme autorité un vieillard de DieuUdout. Ce dernier lui a raconté que l'année 1331 avait, au rapport de son père, été signalée par une famine, et que la guerre et des divisions profondes avaient ensuite désolé la contrée ; famine encore en 1381,- troubles aussi et descente d'un prince d'Angleterre en Gascogne (il s'agit probar blement de l'expédition du comte d'Arundel, à laquelle nos routiers de Chàlucet prêtèrent un si efficace concours en opérant une diversion en Berry; cette campagne est toutefois de sept ans postérieure); troubles et mortalité en 1382; 1463 est appelé l'année des grandes neiges; de 1465 à 1479, terribles guerres; depuis 1472, il y a eu tant de « pardons » qu'on ne saurait se souvenir de tous. En 1431, dix setiers de blé coûtent un écu, ce qui fait ressortir à 1 franc : 6 francs d'au- jourd'hui, le prix d'un setier. Le setier de Saint- Léonard équivalait à 6 décalitres 12 et était plus fort d'un sixième environ que celui de Limogés. En 1432, pénurie; le setier se vend cinq fois plus cher; on n'en a que deux pour un écu; il vaut donc 5 francs, 30 francs d'aujourd'hui ; il faut re-

lyGoogle

marquer toutefois que les forléaux de Limoges(l) portent cette année-là le setier de seigle à 24 sous et celui de froment à 30, soit 9 fr. 32 et 11 fr. 65 (56 et 70 francs d'aujourd'hui), et que l'année d'avant ils les font ressortir l'un et l'autre à la somme vraiment fabuleuse de neuf royaux {92 fr. 33 : 554 francs!!) 11 y a quelque erreur énorme' que nous ne pouvons exactement redresser, mais contre laquelle nous devons mettre en garde nos lecteurs. En 1433 le setier se vend, à St-Léonard, un royal (13 fr. 17 : 79 francs). En 1434, le prix du setier descend; on le donne à 4 sous (1 fr. 64 : 9 fr. 85) a sans battre ni moudre, » c'est-à-dire vendu dans la paille. A Limoges il vaut 6 sous, c'est-à-dire 2 fr. 46 : 14 fr. 75). Ajoutons qu'en 1482, un setier de froment de rente s'acquiert moyennant cent sous, ce qui le taux d'acquisition des redevances perpétuelles se rapprochant en gé- néral de cinq pour cent fait ressortir à cinq sous (1 fr. 50, soit 9 francs) le pri.t du setier. Vers la même époque, une rente perpétuelle de trois muids de vin s'achète au prix de trente-trois livres : ce qui fixerait à 10 sols (15 à 16 francs d'aujourd hui) le muid, dont nous ne connaissons pas exactement la contenance (â).

Les nombreux contrats de bail à cheptel que renferme le registre dont nous poursuivons l'exa-

(1) Voir les Forléaux publies dans le Limousin higtorique, par MM. A. Leymarie ot H. Arnoul.

(2) Dans quelques contrées il valait 30 ou !1 cartes, fùlleurs 13 seulement.

lyGoogle

163

men sommaire, ne contiennent malheureusement que des énonciations très courtes, et toujours à peu près identiques. Les conditions du métayage au XV* siècle ne pai-aissent pas, ne peuvent pas avoir été absolument ce qu'elles sont de nos jours. En ce qui concerne l'état de la terre, des récoltes, leur nature, leur affectation, leur partage, notre manuscrit ne nous apprend rien de précis. Il y avait une part du maître et une part du métayer; mais étaient-elles égales? Les fonds étaient alors grevés de redevances diverses, qui se payaient les unes en nature : grains, vin, poules, porcs, châ- taignes, charrois; les autres en argent. Les objets destinés à acquitter les premières et ceux représen- tant la valeur des secondes étaient-ils prélevés sur les produits communs, ou bien le propriétaire, ou, si l'on veut, le possesseur, les gardait-il à sa charge? La dîme se payait par moitié. Mais une fois ce pré- lèvement et celui du grain nécessaire à l'ense- mencement effectués, les récoltes qui ne se con- sommaient pas sur le domaine se partageaient- elles par égale portion entre le maître et le métayer ? Nous le croyons ; mais il est impossible de l'affirmer, pour le xv' siècle tout au moins. Quant aux cheptels vifs, c'est autre chose. Nous voyons très bien que le produit des ventes du croit revient pour moitié au propriétaire et pour moitié au colon. Mais une différence doit être notée entre cette époque et la nôtre dans la façon de comprendre la gestion du cheptel; une fois le cheptel remis au métayer pour le prix de l'esti- mation, on ne s'occupe plus à présent de savoir si

lyGoogle

les ventes opérées au cours du bail diminuent cette souche, ou tout au moins la valeur du groupe de bestiaux qui la représente; le pris de tous les ani- maux vendus est également partagé entre les deux associés, sauf au métayer à tenir compte au maître, à sa sortie, de la diminution que pourra avoir subie la souche qui lui a été livrée à son entrée. Dans le registre des Massiot, nous constatons que tes comptes de ventes d'animaux établissent une dis- tinction constante entre les animaux de cheptel, dont le prix parait appartenir en totalité au maître, et ceux a faits de croit » fach de creys ou « bons de croit » boè de creys dont le prix est partagé par égale portion entre les deux associés. En dehors des domaines dont le fonds ou la jouissance leur appartiennent, et qu'ils font cul- tiver par des métayers dans les conditions nor- males, c'est-à-dire en mettant à la disposition de ces derniers le cheptel nécessaire à l'exploitation, les Massiot fournissent des animaux à de petits tenanciers cultivant des terres sur lesquelles les bailleurs du cheptel n'ont aucun droit. Le fait ré- sulte, avec la dernière évidence, du grand nombre de métairies dans lesquelles ceux-ci tiennent des bestiaux. Toutes assurément ne leur appartiennent pas, ou ne leur sont pas affermées ou engagées par leurs débiteurs. Souvent, au reste, on les voit acheter le bétail d'un cultivateur, puis, ce bétail payé, le lui laisser à titre de cheptel dont ils se réservent la propriété et partageront le croît. Ce contrat équivaut, en somme, à un prêt hypothé- caire dont le bétail est la garantie, et dont les

lyGoogle

intérêts sont représentés par la part du créancier dans le produit des ventes. Rien, dans les actes passés à ce sujet, ne nous autorise à penser que les bailleurs participassent en quoi que ce soit aux frais de nourriture des animaux; le débiteur, comme le colon ordinaire, est tenu de « tenir, garder et nourrir sur son exploitation » ienere incurie sua,... custodire et nutrire le chep- tel qui lui est laissé. Par contre, il en conserve la disposition, l'utilise pour sa culture, profite non-seulement de son travail, mais de ses pro- duits accessoires. Si une des bétes du cheptel vient à mourir par la faute ou la négligence du déten- teur, celui-ci est l'esponsable de sa valeur, et plu- sieurs reconnaissances de notre registre sont mo- tivées par la perte d'un animal livré à cheptel, causa deperdimenti unius jumenti, etc. Une partie des vente? de bestiaux dits de cheptel que nous avons signalées plus haut, et qui se font au profit du propriétaire seul, se rapportent sans doute à des animaux ainsi vendus ou plutôt engagés. Les cultivateurs cèdent dans les mêmes conditions, à des créanciers, des ruches et même de simples rayons.

La composition du cheptel d'une exploitation rurale est naturellement très variable, comme l'im- portance de la métairie elle-même. Il est malheu- reusement impossible, faute d'indii-ations précises, d'établir un rapport entre l'étendue du domaine, ou du moins des terres, champs et herbages, et le nombre des animaux. A la date du 31 mai 143:2, le cheptel du domaine de Chauvour, paroisse de

ibyGoogle

166

Saint-Denis des Murs, lequel est évalué à six royaux d'or {79 fi-ancs environ : 474 francs d'aujourd'hui), comprend seulement quatre vaches avec leurs veaux; celui de ViUemonteys, près Bujaleuf, se compose, à la date du 4 mai 1448, de deux paires de bœufs de labour boves arantes, deux vaches avec leur suite, deux veaux, une autre vache et deux, génisses; il est évalué à trente-deux livres, c'est-à-dire 229 fr. 88 : 1,380 francs d'au- jourd'hui. Le cheptel de Surzol, estimé dix-huit livres, comprend, le 27 mai 1457, une paire de hœufs de labour, trois jeunes taureaux et une vache avec sa velle ; celui du Chàtenet, près Ghampnétery, estimé à 27 livres 5 s. 7 d., quatre bœufs, deux vaches avec leur suite, une génisse de trois ans, un taureau d'un an, une jument avec sa pouliche, vingt tètes de brebis et deux ruches à miel (30 juin 1465); cdui d'un domaine de la paroisse de Moissannes, évalué à sept royaux, (92 fr. 20 : 555 francs d'aujourd'hui), quatre hœufs, une vache et son veau, une génisse de trois ans, un taureau de deux ans, quatre moutons ou brebis et quatre agneaux (1472); «elui de Beauvais com- porte, en 1484, une paire de bœufs, une vache et deux veaux, l'un d'un an, l'autre de deux, et une autre vache près de mettre bas : le tout d'une va- leur de six écus d'or, 2 s. 11 deniers d'une part, et sif livrer 5 sous de l'autre, soit en tout 105 francs 95 ; 635 francs d'aujourd'hui.

11 faut se tenir en garde contre les évaluations ci-dessus; car il arrive parfois que le débiteur, détenteur du cheptel, a remboursé une partie du

Digilizcdby Google

prétendu prix de vente à l'emprunteur, et dans ce cas l'estimation du cheptel a être diminuée d'autant. Les prix indiqués ne représentent donc pas toujours la valeur réelle des cheptels; mais on peut relever, au registre des Massiot, un très grand nombre de notes relatives à des achats et à des ventes de bestiaux, qui fournissent à cet égard des données plus précises. Voici quelques prix dont nous avons gardé note :

Un bœuf se vend, en 1448, 3 ^cus (51 fr. 35 : 308 francs d'aujourd'hui) et 4 royaux 45 sous {58 francs 06 : 348 francs); peu après 1448, 3 royaux 10 s. (43 fr. 10 : 258 fr.); entre 1454 et 1460 : 3 royaux 12 s. (43 fr. 82 : 263 fr.), quatre royaux sept sous (55 fr. 20 : 331 fr.) quatre livres 10 sous (31 francs 54 : 190 fr.); en 1457 : 3 royaux 5 sols (41 fr. 30 : 248 francs); en 1459 ou 60 ; 2 royaux et demi (32 fr. 93 : 198 fr.) et 3 royaux 3 s. 9 d. (40 fr. 81 : 245 francs); en 1473 : 2 écus (22 fr. 56 : 135 francs); en 1474, 3 Hvres (18 fr. 93 : 114 francs), et cinquante-deux sous (15 fr. 41 : 92 francs); et 65 sous (20 fr. 51 : 128 francs); en 1477, soixante- dix-sept sous 6 deniers (23 francs 35 : 140 francs); en 1478, 6 livres (36 fr. 15 : soit 917 fr. 90 d'au- jourd'hui).

On paie une vache, en 1448, deux royaux (26 fr. 34 : 131 fr. 70 d'aujourd'hui), deux écus (23 fr. 40 : 140 francs); en 1473, un écu trois quarts (20 fr. 47 : 123 fr.); en 1474, 2 écus (22 fr. 56; 135 fiancs), cinquante sous (15 fr. 59 : 77 fr. 95); en 1475, 40 sous (12 fr. 47 : 74 fr. 82); en 1484, 4 livres (24 fr. 09 : 145 fr.).

lyGoogle

Une vache avec son veau est payée, en 1456, soixante sous (21 fr. 04 : 126 francs); en 1472, 3 écus a du c<3in du roi Charles » (35 fr. 12 : 210 fr.); en 1483, 4 livres 10 sous (27 fr. 10 : 162 francs).

Un taureau se vend, en 1462 et 1475, 1 royal et demi (19 fr. 76 : 120 francs d'aujourd'hui); en 1478, 50 sous (15 fr. 05 : 90 francs); en 1481, trois livres (18 fr. 06 : 108 francs); une génisse, en 1461 et 1462, trente, trente-trois et trente-quatre sous (de 10 fr. 52 à 11 fr. 92 : 63 à 71 francs); en 1473, vingt sous (6 fr. 80 : 41 francs); en 1474, trente-cinq sous (11 fr. 04 ; 66 francs); en 1475, trente sous (9 fr. 46 : 57 francs); une jument, en 1452, quatre livres (28 fr. 46 : 171 d'aujourd'hui); en 1480, six livres (36 fr. 15 : 217 francs); une pouliche, en 1476, quarante sous (12 fr. 05 : 72 francs); un poulain, entre 1474 et 1480, cinq livres (30 fr. 12 : 180 francs); deux hrebis, en 1473, cinq sous, soit deux sous 6 deniers l'une (0,85 c. : 5 fr. 10); en 1484, douze brebis avec leurs agneaux, cin- quante sous, soit quatre sous 2 deniers (1 fr. 37 : 8 fr. 20).

Pour en finir avec le livre des Massiot, disons qu'en tête du recueil se trouve une table générale très soigneusement dressée en 1473 par Jean : Jhesus Marie filius. S'ensec la table per tro- var las notas, contes et originattlx de lectras en agueys papier escrichas, tant de bestiau que de rendas et autras acguisicions fâchas per Giraud Massioth, acqui Dieu pardon/ et per me, Johan Massioth, sont filh... Cette table générale est accompagnée d'un relevé spécial des

lyGoogle

cheptels et redevances par paroisses : S'ensec xcne table per para fias

II. Il ne nous reste malheureusement que six feuillets du cahier-memento de maître Psau- met Péconnet, notaire royal à Limoges, et ce que nous y trouvons est bien fait pour augmenter le regret qu'on doit éprouver de la perte de la dernière partie de cette curieuse pièce ; il est aisé de constater que six autres feuillets au moins ont été déchirés. Il y en avait sans doute un plus grand nombre. Ce registre est un petit carnet de papier de format in-8° court (212 millimètres sur 150), d'une écriture assez lisible. Il commence au mardi de la semaine sainte de l'année 1487 (10 avril) et s'arrête au mois d'octobre 1502. Plusieurs personnes paraissent avoir concouru à l'inscription des articles qu'il renferme. Tout au moins peut-on remarquer une différence sensible entre l'écriture des notes antérieures au 10 mars 1493 (nouveau style : 1494) et celle des mentions suivantes.

La langue de Psaumet Péconnet est un roman fort corrompu et très francisé ; à l'exception de quelques mots, dont nous avons indiqué en note le sens, le document est aisément intelligible et peut se passer de commentaires. Nous nous bor- nerons donc à donner ici un aperçu sommaire de son contenu et une très rapide esquisse de sa physionomie.

C'est à une période importante de la vie de Psaumet Péconnet que se rapportent les notes inscrites sur son petit cahier. Celui-ci ne débute

lyGoogIc

170

point par les prières et les pieuses invocations d'usage; il entre tout de suite en matière : « S'en- suit le mémento touchant mes noces. » Et voici l'homme rangé notant avec méthode, avec soin, tout le détail de ses petites affaires. Il appartient à une bonne famille de la bourgeoisie limousine, mais qui, à cette époque, est loin de briller au premier rang. Les Disnematin, les Benoist, les Bayard, les Bouillon, les Boyol, les Ruaud, les Meyze, les Verthamon, les Lamy, les Saleys, les Rogier, les Du Boys tiennent alors le haut du pavé. Néanmoins les Péconnet sont déjà alliés à plu- sieurs de ces vieilles et riches races bourgeoises, et c'est la fille d'un notable, Mathive Benoist, qu'épouse le jeune homme. Psaumet, visiblement, n'est point l'aîné de sa famille. Ce n'est pas lui qui aura la garde du foyer. 11 a touché, à la mort de son père, sa pegulhieyra, sa légitime, et se trouve déjà, à ce qu'il semble, au moment de son mariage, en possession de son petit avoir, sur l'importance et la composition duquel il ne nous . fournit du reste aucune indication. Mathive Benoist reçoit une dot modeste, 130 livres quelque qua- tre mille francs d'aujourd'hui. De plus la famille de l'épousée fournit un logement au jeune ménage et un atelier obradoi' (on dirait aujourd'hui un bureau ou un cabinet) à maître Psaumet.

Nous faisions remarquer, dans J'étude qui accom- pagne le livre des Benoist (1), qu'il n'y était parlé

(1) Le Livre de raison d'Elienne Benoisl. Limoges, veuvo

lyGoogle

que de deux bijoux. Le cahier de notre notaire en mentionne un plus grand nombre; ce luxe relatif pourrait s'expliquer par la profession des Péconnet, qui comptent aux xvi' et xvii* siècles parmi les plus connus de nos orfèvres et qui, dès le siècle pré- cédent, exercent sans doute l'art si cher à nos aïeux. Quoi qu'il en soit, Psaumet note avec soin tous les cadeaux qu'il fait à Mathive, et il ne manque pas d'en inscrire le prix en regard. C'est d'abord un signet ou anneau ordinaire, de 32 sols 6 deniers (9 fr. 27, soit 46 francs d'aujourd'hui), qu'il lui donne loi-s des accords, le mardi avant Pâques; puis, la veille de la Saint-Jean, une bague en torsade, de quatre livres (22 fr. 84 : 114 fr. d'au- jourd'hui), puis l'anneau des flançailles, a ferma- ditz, » orné de quatre perles (6 liv., 34 fr. 26 : 171 francs), la. ceinture garnie d'argent tout du long (6 livres aussi), enfin l'anneau de mariée aneu esposadiiz (4 liv. 10 s., 25 fr. 70 : environ 129 francs de nos jours).

Psaumet n'inscrit pas avec moins de ponctualité les présents reçus que les présents donnés. 11 parait qu'au xv' siècle, un jeune homme, lors de son mariage, recevait de tous ses parents de petite cadeaux en argent; l'offrande de chacun était mo- . deste, et bien des enfants riches reçoivent aujour- d'hui, le matin d'une première communion ou le soir d'une distribution de prix, une somme plus ronde que celle recueillie par le futur notaire au cours de sa petite tournée de famille, la veille de la cérémonie du 4 novembre 1487. Peut-être faut-il voir, dans cette coutume, une façon dé-

lyGoogle

172

tournée, pour chaque convive, de payer son écot : la chose serait tout à fait conforme à l'esprit pratique et économe de nos pères. Quoi qu'il en soit, les deux florins « au chat » et les trois livres onze sous quatre deniers qu'avait ramassés le futur dans ses visites, furent-ils loin de couvrir les frais des noces, qui s'élevèrent à neuf livres 5 deniers ('290 francs). Psaumet fit bien les choses : il y eut festin et bal. On mentionne jusqu'aux mé- nétriers. Il eût été intéressant de savoir au son de quel instrument se trémoussèrent les invités; mais le précieux cahier garde le silence sur ce point.

Les mentions les plus curieuses du livre de maître Psaumet sont celles qui se rapportent à une singulière coutume, à laquelle plusieurs pas- sages de nos vieux registres de l'hôtel -de- ville font allusion. Quand une femme était accouchée, elle recevait pendant un certain nombre de jours les visites de ses parentes et de ses amies. Les « com- mères » ne se bornaient pas à causer; elles s'atta- blaient et banquetaient dans la maison ; toutes les provisions du pauvre ménage y auraient passé si l'usage ne s'était établi que chacune apportât son plat. Point de mets friands, de mièvreries, de frian- dises : des plats copieux, solides, et qui eussent tous mérité l'estime de l'Harpagon de Molière. Notons que les bourgeoises n'arrivaient pas tou- jours seules; les « compères » donnaient souvent le bras aux « commères, » et la gaieté n'y per- dait rien : on mangeait, on buvait, on causait, et

lyGoogle

Dieu sait de quels propos et de quelles histoires on régalait les oreilles de la pauvre malade.

A plusieurs reprises, l'autorité consulaire avait cherché à abolir ce vieil usage, à réprimer tout au moins les abus et les désordres auxquels il ne pouvait manquer de donner naissance. C'est ainsi qu'au mois de mai 1253, une ordonnance avait interdit toute visite chez l'accouchée jus- * qu'à son rétablissement : les grand'mères des deux lignes, la mère, la belle-mère, les sœurs, les filles, les belles-sœurs étaient seules exceptées; on éten- dit par la suite ce privilège aux tantes, aus marâtres et aux nièces. Défense était faite d'envoyer, à l'oc- casion des couches, des gâteaux, des oublies ou autres friandises, de faire des repas, de boire et de manger et de donner aucun cadeau (1). L'accou- chée pouvait toutefois, lors du baptême, offrir au parrain et à la marraine le pain et le vin, rien de plLis(3). En 1436 ces dispositions furent rappe- lées (3); mais les efforts des magistrats n'eurent

(!) ...E deguna dompna no la deu anar veer tant qant ella jaira, ei mima, o mair, o sor, o filla [o nepaa], o aerorga, de part li o de part lo marit non era, [o anda, o marastrc] ; et no deu fogassar ni fogassas ni obladas, ni aires trametre per ochaizo de jazillas, ni après far marendus per ochaizo de jazitlas, ni autras dompnas no la deven anar veer.,. ni adoiic no lai devcn heure ni mengar, ni trametre degun do. (Ancien registre du Consulat, fol. 13, verso, i l'Hôtel-de-villc de Limoges.)

('}) La dompna jaira posl aus compars donar et a las comars pan e vin per aissi cura sol, sez plus [ibïd.).

(S) Que negun home, de quelque coiidicieu que se sia, no ane comeyrar t>y visitar jazent por hi heure ny mengar, fors de son hosial; et de las dompnas, que no siaii si ardidas de hy far dea- extreordenaris. {Ibiii., fol. 149, recto.)

lyGoogle

174

aucun succès; s'il se produisit quelque améliora- tion, celle-ci fut de courte durée. Le manuscrit de maître Psaumet suffirait à le démontrer.

Les « commérages » étaient donc, à la fin du XV' siècle, aussi en faveur que deux cent cin- quante ans auparavant. Grâce au cahier du soi- gneux Péconnet, vous assistez, au lendemain de la naissance de son premier enfant, Marie, au dé- filé des commères des compères aussi. Et de fait, le premier dont la visite soit notée est le mé- decin lui-même. Monsieur Maître Martin Bales- tier, licencié, ami de la famille, lequel arrive, portant sous sa robe sans ddute, pour ne pas déroger aux traditions de la gravité médicale un pâté de poulets, une oie, un poulet rôti et une tercière de vin : la robe devait avoir une cer- taine ampleur. La marraine de l'enfant vient en- suite : c'est la femme du notaire chez lequel a travaillé et travaille vraisemblablement encore à cette époque le jeune pèi-e. Elle s'enquiert, en entrant, des nouvelles de l'accouchée, et dépose sur la table un second pâté de poulets; on la verra revenir peu après, apportant cette fois un repas complet et éminemment substantiel : deux autres pâtés, un de poulets, le se ond de lièvre, . une oie, un cochon de lait, quatre poulets rôtis et deux tercières de vin. Son mari n'a pas cru devoir l'accompagner, et Péconnet note avec soin cette abstention il semble voir un acte d'im- politesse, — peut-être pour rendre, à l'occasion, la pareille à maître Etienne Parrot.

Les commères se succèdent, suivies parfois d'un

ibyGoogle

175

compère : c'est Simonne du Peyrat, femme de Martial Disnematin; c'est Galiane Benoist, veuve de Mathieu Doury ; c'est Anne Saleys avec sa sœur Mathive; c'est Mathive Benoist. Puis voici Pierre Feydit et sa femme, Jeanne Pradilhon, Nanette Saleys, etc. Toutes arrivent, l'inévitable pâté de pou- lets à la main; quelques-unes en offrent deux ou y joignent un supplément sérieux : oie ou (ochon de lait. Une commère se distingue par un menu plus champêtre : deux miches, un fromage blanc et diverses friandises.

Évidemment, les commères et la famille de l'accouchée ne consommaient pas sur-le-champ ces amas de victuailles, et le garde-manger de la maison restait garni pour longtemps.

Au mois d'octobre 1490, à la naissance du petit Pierre, la même procession recommence. Cette fois les pâtés de poulets sont lenforcés de pièces de bœuf et de queues de mouton.

11 convient de relever, dans le livre de Péconnet, l'indication de quelques prix de journées ou de denrées. La journée du maçon est payée, entre 1492 et 1493, vingt-deux deniers (0 fr. 59 c: 2 fr. 95 d'aujourd'hui), sans compter la nourriture, pain, vin et pitance, ce qui représente un supplé- ment d'environ sept deniers (0 fr. 18 c. 8 : 0 fr. 94 c): trois deniers pour une livre de pain, un pour la pitance et trois pour deux pintes de vin. Il faut noter ce prix : la livre de pain à 0 fr. 0858, c'est-à-dire à 0 fr. 4"^5; la pinte, qui équivalait à Limoges à I litre 071, à la moitié, c'est-à-dire à

lyGoogle

un peu plue de 0 fr. 042, soit à 91 centimes d'à présent.

D'autres maçons reçoivent deux deniers de moins, mais leur nourriture' est un peu plus forte, et Pé- connet note qu'il leur a donné « goûter, dîner et marendet{l). L'aide qui sert les maçons n'a que 18 deniers (0 fr. 4835 : 2 fr. 42 c. d'aujourd'hui); il est nourri comme eux. De deux vachers qui conduisent des pierres, l'un reçoit quinze deniers (0 fr. 4Û29 ; 2 fr. 15 c), l'autre treize seulement (0 fr. 3492 ; I fr. 75). Même salaire au.ï deux ma- nœuvres employés à faire des fouilles pour établir les fondations d'un mur. Notons qu'à ces derniers, il n'est qu'un pain et deux pintes de vin. L'article « pitance n a disparu du compte en ce qui les concerne.

A la même époque, la charge de pierre ne vaut pas plus de 5 deniers (0 fr. 13 c. 43 : 0 fr. 67 c); celle de terre (2) en coûte 4 seulement (0 fr. 10 c. 74 : 0 fr. 55 c); la charge de chaux, 7 sous 3 deniers (2 fr. 3368 ; Il fr. 70 c). On paie 5 de- niers une pelle a pour faire le mortier. »

Les autres livres de raison dont on trouvera plus loin des extraits, réclament moins d'é-lair- cissements que les deux premiers. L'ancienneté relative et l'idiome passablement corrompu de ces documents en rendent l'abord moins attrayant et

(1) On appelle encore de ca nom, aux environs de Limoges, le repas de midi, qui est le principal de la journée.

(2) Il râsullc du texte qu'il s'agit, pour la terre t<)ut au moins, de la charge d'un âne.

lyGoogle

177

l'étude plus difficile; nous avons tenu à montrer que le peu de peine qu'on se donnerait pour les lire ne serait pas sans compensation.

m. Le registre de famille des Maurat, du Dorât, n'était pas absolument inconnu. Plusieurs foison l'avait signalé; mais il n'avait pas été l'objet d'une étude attentive. Petit cahier de vingt-quatre feuillets de papier assez fin, marqué d'une fleur de lis et à ce qu'il semble d'une grappe de raisin encadrée dans un carré, il n'a pas plus de 193 millimétrés de hauteur, sur 135 de largeur. Les onze dernières pages sont restées en blanc; -elles ne sont pas destinées à demeurer dans cet état, puisque quelques notes contemporaines ont été ajoutées par les représentants actuels de l'hono- rable famille à laquelle il appartient.

On a utilisé pour la couverture un parchemin portant un mandat d'amener délivré, le 94 oc- tobre 1630 ou 1637, contre un nommé Grosgenye. Au dos on déchiffre à grand peine ce titre : Nais- aance véritable des enffans de la maison de céans.

Ce registre n'est pas autre chose, en effet, qu'un papier de famille, et spécialement un relevé de naissances, car il ne renferme qu'un petit nombre de mentions relatives à des décès, et aucune de ces mentions n'est accompagnée de ces courtes oraisons funèbres qu'on trouve ordinairement à la suite des notes de cette nature, dans les livres dont nous nous occupons ici. En regard de cha- cun des articles relatifs aux naissances, à partir de

lyGotigIc

1609, on a ajouté la mention de l'époque de la mort de la personne désignée, du lieu de sa sépul- ture, et parfois l'indication de sa qualité ou deux , lignes de biographie sommaire.

Le cahier a été commencé, le 18 novembre 1556, par Simon Maurat et continué par son fils Pierre *(2 juillet 1588 au 20 octobre 1609), son arrière petit-fils Jean (7 septembre 1655 au 7 mai I67I), puis successivement par Pierre (3 décembre 1687 au. 4 avril 1692), autre Pierre, frère du pré- cédent (10 novembre 1694 au 22 septembre 1709), Jean (7 mai 1730 au 7 mai 1763), Antoine (1796- 1798), Indépendamment des lacunes qu'offre ce livre au xvni' siècle, on remarque qu'au xvii* une génération entière manque : Pierre, fils d'autre Pierre et petit-lils de Simon, a omis d'enregistrer la naissance de ses enfants.

Notre manuscrit renferme quelques passages in- téressants : entre autres, à l'article relatif au bap- tême de Berthe Maurat, cinq ou six lignes concer- nant la prise et le sac du Dorât par les Huguenots, le 31 octobre 1567, jour même de la naissance de Berthe; un peu plus loin, au 2 juillet 1588, la mention des a grands troubles et guerre » qui dé- solaient alors le pays, puis à l'année 1593 (octobre) celle des ravages faits par la petite véi-ole, surtout parmi les enfants; enfin, en mai 1742, celle du passage de Mgr du Coëtlosquet au Dorât. On peut également relever, en feuilletant ces pages, les noms de Glande Leband, curé de l'église parois- siale du Dorât (20 novembre 1566); Louis des Afïis, chanoine (1599-1605), dit curé du Dorât le

lyGoogle

20 octobre 1609; Jean Jevardat, curé du Dorât (2 août 1666 et 8 mai 1671); Théobald de Ney- mond, curé du Dorât {5 décembre 1687, 6 février 1689); Amable Gommetton, cbanoine (26 octobre 1690); Joseph Aubugeois, curé et chanoine du Dorât (11 mars 1692 et 27 mars 1711); Joseph Maurat, curé de Dompierre (10 février 1733, décédé 14 août 1758); François-Xavier Pertat, curé de Jouac (19 décembre 1736); de Léonard Vacherie, chirurgien (5 mai 1591); Simon Faulconnier, mé- decin au Dota.i (3 avril 1593); Vincent Pertat, chi- rurgien à Magnac (2 février 1733), etc.

IV. Le registre des Lemaistre- Bastide, de Li- moges, est le type le plus parfait et le plus inté- ressant à la fois, dans l'extrême étroitesse de son cadre, du simple « papier de famille, n Ce n'est point, en effet, un livre de raison proprement dit; on n'y trouve ni comptes, ni détails sur le patri- moine ou indications quelconques ayant trait aux affaires d'intérêt. Ses pages sont exclusivement consacrées à des notes sur les personnes.

Joli in-4'' de 27 centimètres sur 19, ce livre a été autrefois couvert d'une riche reliure dont il ne reste que les cartons, portant l'empreinte d'un losange inscrit dans un cadre de la grandeur du volume; il est doré sur tranches et en bon état de consei-vation. On lit, sur une des feuilles de * garde, les mots : Ew libris Joaephy Bastide. Ce manuscrit appartient à M. G. La Bastide, proprié- taire au château du Lude, par -La Ferté Saint- Aubin (Loiret). Notre excellent confrère, M. l'abbé

Digilizcdby Google

180

Leclei", à qui il avait été communiqué, a bien voulu prendre la peine d'en copier tous les pas- sages qu'il a jugé pouvoir offrir quelque intérêt.

Il faut distinguer deux parties dans ce registre. Les premières pages ne sont que la reproduction d'un « papier » écrit par Robert Lemaistre, et copié par son petit-fils, François Bastide, en tête de son propre livre de famille. Le reste est le livre original de Jean Lemaistre, de son gendre François Bastide et de leurs descendants.

Robert Lemaistre était fils de Pierre, qui, en 1506, avait épousé, à Lyon, Denise Garnier, fille d'un marchand de cette ville. Pierre avait-il pré- cédemment habité le Limousin? Y avait-il voyagé pour ses affaires? Vint-il, après son mariage, se fixer à Limoges? Il nous est impossible de le dire. Nous constatons seulement que, vers le mi- lieu du xvi' siècle, son fils, Robert, habite la capi- tale du Limousin et appartient au monde du palais. Il épouse, vers 1557, Françoise Veyrier, fille d'un orfèvre, Jean H, celui-là même qui fut exproprié en vertu de lettres royales obtenues par les consuls en 1555 et dont les terrains fournirent une partie de l'emplacement sur lequel devait s'élever le collège. Robert Lemaistre semble être seul de son nom à Limoges; car de tous les parrains et mar- raines de ses enfants, pas un seul ne porte ce 'nom. Ce détail suffirait à établir que la famille Lemaistre n'était pas originaire de notre province. Il Y a quelque raison de penser qu'elle appartenait au Maine.

Robert mourut à Limoges le il mars f584, et

ibyGoogle

fut enterré à Saint-Michel des Lions. 11 était alore investi des fonctions de conseiller au Présidial. Des huit enfants issus de son mariage avec Françoise Veyrier, l'alné, Jean, avocat, qui pourrait bien être l'e même que o Jean Le M", Manceau, » pourvu en 1595 de l'ofiBce de contrôleur des deniers com- muns, et nommé par nos registres consulaires (1), épousa une demoiselle appartenant à uçe des plus riches familles bourgeoises de Limoges, Marguerite Bouillon. Il en eut quatre fils et cinq filles; deux de ces enfants naquirent et furent baptisés à Saint- Léonard (février 1592, septembre 1593). Peut-être faut-il en "conclure que Jean remplissait alors quelque emploi public ou quelque mission dans cette ville? Ou bien, comme la date et le lieu nous porteraient à le croire, était-il du nombre des ligueurs expulsés de Limoges et réfugiés à Saint-Léonard? Quoi qu'il en soit, il semble être allé, sur la lin de sa vie, s'établir à Paris, oii une note de son gendre nous fait connaître qu'il mou- rut, le 14 février 1621. La même note nous apprend que Jean s'occupait alors des affaires du « duc de Bourbon (2), b frère du duc de Lorraine. Son frère Martial Lemaistre, docteur en théologie et savant distingué à ce qu'il semble, avait été attaché à la' maison d'un membre de la famille

(I) Registres consulaires de la ville de Limoges, publié: tes auspices de la Société archéologique et historique du Li par M. E. Ruben, et continués par M. L. Guibert, tome If, 3' p. 26 et 37.

(!) II s'agit peu^6t^e de François, comte de Vaudemont. u deux [rères de Henri II le Bon, alors duc de Lorraine.

DigmzcdbyGoOgle

de Rohan, alors abbé de Saint-Victor, et qui fut plus lard promu à l'épiscopat; il était mort dans la même ville en 1610.

Le papier domestique que nous possédons a été commencé par Jean, qui y a inscrit la mention de la naissance de ses neuf enfants. Après lui, c'est le mari de sa fille Antoinette, François Bas- tide {cette famille occupait un rang honorable dans la bourgeoisie, et un de ses membres avait fondé une vicairie à Saint-Martial), qui se charge de la tenue du registre, et qui y ajoute les notes du grand-père de sa femme, Robert Lemaistre. Lui- même y mentionne la naissance, à la date du 9 juillet 1645, de son fils unique Joseph. Celui-ci continue le papier de famille de 1668 à 1681. Interrompues durant trente-sept ans, les mentions sont reprises le 18 mars 1718 par Guillaume, fils de Joseph, qui tient le registre jusqu'en 1733. Le 3 octobre 1745, Jean Bastide y inscrit à son tour la naissance de son premier enfant. La dernière mention, de la main du même, est datée du 13 février 1748.

Pendant cette durée réelle de plus de deux siè- cles, le livre de famille des Lemaistre- Bastide ne fournit que des mentions de naissances et des notes relatives à quelques décès; mais la forme en est intéressante : beaucoup de ces articles sont accom- pagnés d'une prière ou d'une invocation. Enfin on y trouve nommés un très grand nombre de magis- trats, de fonctionnaires et d'hommes considérables de la province. Ce texte offre donc, à ce point de vue, un certain intérêt.

lyGoogle

Un tableau généalogique, dressé 'par François Bastide, accompagne les pages écrites par son beau-père. On y trouve quelques indications qui méritent d'être notées; ce document nous apprend, par exemple, qu'un des fils de Jean Lemaistre se fixa à Solignac, il exerça les fonctions de notaire et de procureur; plusieurs autres habi- tèrent Paris : parmi eux Joseph, qualifié d'avocat au Parlement. Peut-être existait-il quelque lien de parenté entre nos Lemaistre et la famille du grand orateur du xvn* siècle.

Tout à la fin de ce livre, on relève une note de dépenses de 1661, qui nous fournit le prix de quelques objets : sis. chaises de tapisserie ont été payées 15 1., un tapis 9 1., une table ronde 13 1., une armoire 13 1. et un bois de lit en noyer 10 1. " Nous apprenons également qu'à cette époque, la maison Jayat est affermée 40 1. par an, et d'une autre mention sans grand intérêt, en date du 27_ juillet 1681, il résulte qu'un sieur Carquarei'c paie à Joseph Lemaistre 41 1. 6 s. pour la location annuelle d'un jardin dans un des faubourgs de Limoges. Ajoutons que, de trois nourrices prises de 1676 à 1682 par Joseph Bastide pour ses en- fants, il doiyie à la première, qu'il garde dans sa maison, 24 1. par an; à la seconde, qui est la femme de son fermier de Saint-Martin et chez laquelle il place l'enfant, 24 1. et une aune de toile; à la troisième, métayère à Trentalaud, pa- roisse de Saint-Paul d'Eyjeaux, 25 1. 10 s. Nous verrons au livre-journal de Jean Péconnet qu'en

lyGoogle

1672, celui-ci paie la nourrice d'un de ses enfanta 30 1., plus une aune de toile.

V. Seul, de tous les livres de raison que nous avons eus jusqu'ici entre les maina, le r^istre de famille des Lamy est encore continué de nos jours, et le représentant actuel de la branche aînée de cette vieille et honorable souche limousine y note les événements importants de l'histoire familiale, avec le même soin et la même piété qu'ont mis à les relater ses ancêtres depuis trois siècles, -r- Com- mencé le 2 novembre 1571 par François Lamy de L iret, avocat du Roi au siège sénéchal de Limoges, ce manuscrit renferme quelques articles antérieurs à, cette date : une page notamment, écrite par Jean, frère de François, mort en 1569, et que nous devons peut-être considérer comme le point de départ de la tenue du registre. Les pre- miers articles de ce livre, dont les feuilles de .garde offrent quelques notes assez obscures por- tant la date de 1530 et 1531, sont de la main de François. Le magistrat parle un latin facile et élégant, et c'est d'un style non sans recherche qu'il mentionne les incidents relatife à la venue au monde de chacun de ses enfants, donne des détails sur les personnes désignées , au cours de son manuscrit, trace le portrait des fils que la mort lui enlève avant l'âge, et exprime les sen- timents de joie ou de tristesse qu'excitent tour à tour dans son cœur les naissances et les décès survenus autour du foyer. La dernière mention écrite par lui est du 18

lyGoogle

janvier 1578. Il y a une interruption d'un quart de siècle dans les annales de la famille. Le 4 mars 1604 seulement, l'avocat Joseph Lamy prend la plume tombée des mains de son père et la tient jusqu'à l'année 1626. Les pages qu'il a écrites ne présentent pas un moindre intérêt que le début du volume; on y trouve toutefois moins de dé- tails et moins d'agrément dans le style.

Nouvelle lacune de 1626 à 1643. Au mois de septembre de cette dernière année, Jacques Lamy inscrit la naissance de son premier enfant. Du 8 octobre 1683 au 19 septembre 1704, notre re- gistre n'offre aucune mention : c'est la dernièi'e lacujie un peu Importante du petit manuscrit. Trois générations le conduisent jusqu'à la Un du siècle, et Pierre I^amy de La Chapelle, qui le rédige depuis le 12 mars 1767, ne cesse de tenir la plume qu'à sa mort, arrivée en 1807. Jean-Baptiste lui succède de 1807 à 1842. Depuis cette époque, c'est à M. Théophile Lamy de La Chapelle qu'est confié ce précieux dépôt, et c'est à son obligeance que nous en avons la communication.

Très amples au début, les mentions des évène- flttents qui se produisent dans la famille devien- nent singulièrement brèves, sèches et décolorées au xvin* siècle. Les rédacteurs contemporains de l'intéressant registre qui nous occupe sont reve- nus, avec raison, à la tradition de leurs ancêtres et ajoutent à renonciation des faits, soit quelques détails, une particularité notable, un trait de ca- ractère, soit un court éloge, un mot d'affectimi, un souvenir du cœur.

tibyGoogle

Le registre dont nous venons de parler est en papier, de petit format presque carré, couvert d'une reliure du xvi* siècle en basane rouge. Il est écrit en latin jusqu'à 1733; à partir de l'année suivante, les auteurs l'ont constamment rédigé en français. L'écriture du premier de ses rédacteurs, François Lamy, est fort nette et fort soignée. On ne peut en dire autant de plusieurs de celles qui suivent.

VI. Nous devons à l'obligeance de M. le comte de Villelume, communication du trop court registre de famille de Jeanne Boyol, dame du Bâtiment, mariée, le 2 avril 1588, à un des ancêtres du pos- sesseur actuel de ce curieux manuscrit. Celui-ci n'embrasse que sept années, de 1587 à 1594; mais de combien d'événements intéressants, survenus dans cette courte période, la main qui a tracé ces pages n'aurait-elle pas pu consigner le souvenir? Les faits se pressent, durant ces années si agitées et si pleines. Aucune époque de l'histoire provin- ciale n'est plus mouvementée, plus troublée, plus dramatique. Les discordes religieuses ont excité les passions et déchaîné des haines dont la vio- lence noua étonne et dont les sauvages explosions nous terrifient. Jeanne Boyol appartient à une fa- mille dont plusieurs membres figurent au nombre des défenseurs les plus déterminés du catholicisme; un de ses proches parents compte parmi les chefs du parti de la Ligue à Limoges, et joue un rôle actif dans les graves événements dont nous avons essayé d'écrire ailleurs le récit, malheureusement

lyGoogle

bien incomplet (1). La dame de Villelume, elle, appartient au contraire à la Réforme, et son ma- nuscrit est le premier en date des quatre ou cinq de nos registres limousins qui sont l'œuvre de personnes professant la religion protestante. Sauf le nom du ministre Joseph Joubert, qui y est prononcé trois fois, nous n'y rencontrons du reste aucune note relative à l'histoire des églises réfor- mées de la région.

Le mari de Jeanne, qui parait avoir été catho- lique, meurt victime des guerres civiles. Les ligueurs se présentent, au mois d'avril 1591, sous "les murs de la ville du Dorât, en Basse-Marche. Ordre est envoyé à tous les fidèles serviteurs du Roi de marcher au secours de cette place. Jean de Villelume de Barmontet, sieur du Bâtiment, s'empresse d'obéir; mais comme il approche du lieu de réunion assigné aux royalistes par le gou- verneur de la province, il tombe, le 5 mai 1591, dans une embuscade et y périt. U laisse sa veuve grosse de son troisième enfant, et Jeanne enre- gistre la naissance, au 20 novembre suivant, d'une fille qui est baptisée seulement trois ans plus tard.

Le cahier de la .dame du Bâtiment renferme quelques anagrammes dans le goût du temps; nous les avons reproduites.

VII. Nous l'avons dit, le ton de tous nos papiers domestiques : registres de famille et livres de raison, est grave; mais, à l'impression sévère

(t) La Ligue â Limoge*. Limoges, veuve Ducourtieux, t8S4.

lyGoogle

que laisse leur lecture dans notre esprit, ne se mêle aucun gentiment pénible : seul des manus- crits de ce genre qui nous ont passé sous les yeux, le livre des La Brunye de Rochechouart donne une note domine la tristesse. Écrit pres- que tout entier par des protestants, au cours d'une période de troubles et de persécutions, ce confi- dent intime du foyer, ce muet témoin de tant d'angoisses, devait porter la trace des préoccupa- tions, des inquiétudes, des souffrances du petit groupe dont le chef l'a rédigé. Ces sentiments et ces épreuves ont en effet un écbo dans notre manuscrit et communiquent à ses pages quelque chose de douloureux et de plaintif. Toutes ces tristesses ont étendu sur ce papier domestique un voile de mélancolie, comme un ciel orageux assom- brit de seâ teintes livides les eaux qui le réflé- chissent. Mais on ne trouve pas, dans le livre des victimes, une seule impréL'ation contre les persécuteurs, un seul mot violent à leur adresse. Peut-être la prudence n'est-elle pas étrangère à cette réserve; nous aimons mieux croire que les réformés de Rochechouart pratiquaient le pardon des injures, et laissaient à la propre conscience de leurs ennemis le soin de juger lexu's actes et de les punir.

Grand in-8°, cartonné, d'une cinquantaine de feuillets, le registre des La Brunye, commencé vers 1644 par Jean, renferme des notes emprun- tées à d'autres documents du môme ordre et dont la première en date se rapporte à la mort du grand-père du rédacteur, décédé le 5 février 1599.

lyGoogle

Api-èa la mort de Jean, survenue en 1684, son petit-fils, David, lui succède dans la tenue du pa- pier de famille; Raymond La Brunye tient la plume à son tour, de i747 à 1788. Enfin quelques notes insignifiantes sont «joutées par Pierre-Paul, de 1788 à 1792. Cette dernière date est la plus récente qu'on relève dans le registre, lequel ne renferme ni compte ni inventaire, ni mention quelconque relative à la gestion du patrimoine. Nous n'insisterons pas sur l'intérêt tout parti- culier qui s'attache au manuscrit des La Brunye. M. Alfred Lerouï, archiviste de la Haute- Vienne, qui prépare en ce moment une histoire de la Réforme en Limousin, et qui, par conséquent, se trouve être l'homme du monde le plus capable d'apprécier la portée de ce document et de la faire ressortir, a pris la peine de copier lui-même les eUraits que nous publions et de les annoter avec un soin, une abondance, une précision qui en augmentent singulièrement la valeur. Disons seulement que le livre des Labrunye renferme toute l'histoire de l'église protestante de Roche- chouaii pendant un siècle; on y trouve, sur la situation faite aux réformés, sur les mauvais traitements "dont ils étaient l'objet, sur. l'attitude du clergé et de la population à leur égard, sur leurs rapports avec les intendants et les auto- rités provinciales, des renseignements précieux et que vainement on chercherait pilleurs. 11 y est fait mention de plusieurs des communautés pro- testantes qui existaient alors dans la région et d'un assez grand nombre de ministres, dont

lyGoogle

quelques-uns sont nommés à nos Annales ou dans la grande Histoire de Saint-Martial du P. Bonaventure de Saint-Amable. Trois ou quatre de ces notes, celle notamment ayant trait à la mort, à la date du 26 awil 1653, du célèbre pas- teur Daniel de Barthe et à son inhumation dans le temple de Limoges, ne sont pas sans intérêt pour l'histoire générale de la religion réformée. Un détail remarquable nous est fourni par ce document. A la suite d'une émotion populaire cau- sée à Rochechouart, en 1674, par un nouvel impôt mis cette aimée-Ià sur les boissons, deux notables de la communauté protestante sont envoyés à Poi- tiers, auprès de l'Intendant de la Généralité, M. de Maiiilac, « pour la estre retenus en forme d'otages » et « subir les ordres de M. l'Intendant, o A. cette occasion une garantie, un garde-dommage comme on disait alors, leur est donnée par un acte pu- blic signé des consuls et des habitants de la ville. Cet acte rappelle ces assurances jurées au xin' siècle par les communes à leurs procureurs ou à leurs magistrats, et dont le plus ancien registre de l'Hôtel-de-ville de Limoges nous a conservé plusieurs curieux spécimens.

VIII. Pour la troisième fois, c'est le papieD domestique d'une famille protestante que nous allons feuilleter, et c'est encore au'c recherches de M. Leroux que nous sommes redevables de la connaissance de ce manuscrit. Cahier in-12 de 56 feuillets, recouvert d'une feuille de parchemin déchirée, le registre de Jean Plaze, d'Ai-gentat,

lyCoogle

est aujourd'hui la propriété de M. Eusèbe Bombai. Comme la plupart des documents de cette nature, 11 débute par des prières. Ici, le Benedidte et les Grâces servent d'introduction à une série de men- tions où l'on peut noter quelques passages ins- tructifs.

L'auteur de ce livre domestique est membre de la communauté protestante d'Argentat; les ré- formés sont nombreux dails la ville, puisque la maison commune leur sert de lieu d'assemblée. C'est qu'en 1609, le ministre François Claude administre le baptême à Jeanne Plaze.

Ce ne sont pas seulement les naissances des membres de sa lignée qu'inscrit Jean dans son registre; il y marque celles des enfants de ses frères Jacques et François. A la suite de ces notes de famille se trouvent quelques statuts synodaui concernant la discipline ecclésiastique et divers sujets de liturgie. La première mention de la main de Jean Plaze est du 19 février 1605; la dernière porte la date du 14 septembre 1634.

Gaspard Deyma, de qui paraissent émaner les notes de famille comprises entre les dates ex- trêmes du 21 mars 1644 et du 17 avril 1661, est le mari d'Antoinette, fille de François Plaze : il appartient, lui aussi, à la religion réformée. Son papier domestique n'offre au surplus, fomme celui de l'oncle de sa femme, qu'un fort médiocre intérêt.

Aux dernières pages de ce cahier, on trouve diverses notes relatives à des prêts d'argent et

lyGoogle

dont les i^tes s'échelonnent de 1712 à 1729- Nous n'avons pas jugé utile de les reproduire.

IX. C'est encore du Bas-Limousin que nous vient le neuvième des manuscrits compris dans notre petite collection. M. Louis de Veyrières nous a obligeamment communiqué ce livre, beaucoup plus intéressant à tous égards que celui de Jean Plaze. Antoine d'Areilh, à qui on doit les pages dont il s'agit, est un notable bourgeois de Beau- lieu. 11 y exerce les fonctions de juge seigneurial pour l'abbaye et on le voit, en 1619, figurer au nombre des consuls chargés de l'administration et de la garde de la petite ville. En 1621, il afferme de la duchesse de Bouillon le produit des droits dont sont en possession les vicomtes de Turenne. Beaulîeu compte, à cette époque, une population calviniste assez nombreuse. D'Areilh appartient toutefois au groupe catholique, et il proteste contre l'introduction en majorité, dans le corps municipal, de bourgeois professant la reli- gion réformée.

Le livre d'Antoine d'Ai-eilh se compose d'une centaine de feuillets in-4', protégés à peine au- jourd'hui par des lambeaux de couverture et sur lesquels des notes, se rapportant aux objets les plus variés, ont été inscrites sans aucun ordre. La première eii date des mentions qu'on y relève est du 18 novembre 1611 et a trait à une garantie donnée au juge seigneurial, pour une somme de 15 livres due à raison d'une vente de châtaignes. Quelques passages signalent des sinistres : le 24

Diçu-izcdbyGoOgle

- 193

juin 1619, une violente tempête et de grandes pluies. amenèrent un débordement de la Dordogne et causèrent aux récoltes d'importants dégâts; en 1623, un autre orage mêlé de grêle fut suivi d'une nouvelle inondation ; les eaux emportèrent le pont de Badiol, que les consuls firent sur-le-champ rétablir.

Outre ces notes, on relève dans le manuscrit de d'Areilh la mention de l'abjuration publique de Jean Chaumeii, bourgeois de Beaulieu, dans l'église de Notre-Dame de cette ville, le 12 mars 1619; celle de la réception solennelle, le 16 septembre 1617, du fils aîné du vicomte de Turenne, alors âgé de douze ans, et l'indication sommaire des fêtes qui signalèrent son entrée : e représentations tant par Neptune, cheval-marin, sur la rivière, feu artificiel à l'entrée de la Grane; » enfin deux curieux passages, nous faisant connaître les con- ditions du louage des domestiques à Beaulieu au commencement du ivn' siècle. En 1621 d'Areilh donne à son valet 19 livras, deux paires de sabots et une «remue» de chapeau; l'année d'après, sa mère prend un nouveau serviteur, et lui promet, pour une année, 18 livres de gages, deux chemises, un vieux chapeau et le bois de ses sabots; « et » s'il treuve pendant ledit an quelqu'un qui dom- » maige le bien, s'en ressentira jusques a une » paire de souliers. »

Les dernières lignes écrites de la main de Fran- çois d'Areilh se réfèrent à une vente de bestiaux amenés k la foire de Mauriac, le 6 juin 1637. Le manuscrit renferme quelques notes d'une autre

ibyGoogle

194

écriture; cellea-ci s'arrêtent à l'année 1642. La seconde moitié du registre, pris au rebours, ren- ferme divers comptes se rapportant particulière- ment aux années 1748 à 1752 : ces notes, abso- liunent sans intérêt, couvrent une portion des marges de la première partie.

X. Un sieur Gondinet, de Saint-Yrîeix, con- temporain du chanoine Antoine de Jarrige (dont M. A. Leroux vient de publier le curieux journal historique, copié par Auguste Bosvieux sur l'ori- ginal, alors en la possession de M. Morange), nous a laissé quelques pages assez intéressantes se trouvent racontés les événements survenus au- tour de lui du 25 mars 1613 au 20 octobre 1630. On ne trouve mention, dans ce manuscrit, d'aucun fait intéressant l'histoire générale; mais quelques passages permettent de constater à quel point les rivalités locales étaient excitées, les haines vio- lentes, et combien peu paraissent alors efficaces la crainte de la répression et la protection des tri- bunaux. Les Grands Jours tenus k Poitiers, du mois de septembre 1634 au mois de janvier 1635, pour les provinces du Poitou, de la Saintonge, du Li- mousin, de la Marche et provinces circonvoisines, nous fournissent du reste à cet égard d'assez tristes révélations.

Le document dont il s'agit et dont nous devons la communication à M. Alb. Bosvieux, inspecteur des Domaines à Anch, n'est ni un registre de famille, ni un livre de raison. C'est un de ces fragments de journaux, de ces mémoriaux d'his-

lyGoogle

toire locale si communs au svii' siècle, et dont le plus grand nombre a été malheureusement perdu.

XI. Avec le livre de raison d'un sieur Jarrige, nous rentrons dans le cadre de notre étude sans quitter la ville de Saint- Yrieii. C'est encore à Au- guste Bosvieui, ancien archiviste de la Creuse, puis du Lot-et-Garonne, plus tard juge aux Tri- bunaux de Schelestadt et de Wissembourg, que nous devons la conservation de ce document, jadis propriété de M. Boileau; Il est fâcheux que notre regretté confrère n'en ait pris que des extraits aussi courts. On y trouve mentionnée, à la date du 12 septembre 1621, une aurore boréale; aux 12 mai 1609 et 12 mai 1620, des orages qui cau- sèrent de grands dégâts. L'auteur note cinq mau- vaises années, de 1617 à 1691. Il raconte, comme Gondinet, la scène dont l'église collégiale fut le théâtre le 31 mars 1624 : plusieurs coups de feu furent tirés et un homme tué dans le sanctuaire. Les deux registres notent également, au 20 avril 1630, l'arrivée des religieuses de Sainte-Claire à Saint- Yrieix.

Il est impossible de ne pas relever, dans le livre de Jarrige, ce vœu énergique, formulé à la suite de la mention du baptême d'une de ses filleules : « Dieu, par sa sainte grâce, la fasse femme de bien, ou l'oste de ce monde ! » Voilà une phrase qui vaut bien, à notre avis, la fameuse parole de Blanche de Castille.

Nous venons de dire que le manuscrit de Jar- rige pouvait être classé parmi les livres de raison.

lyGoo^Ie

Son rédacteur ne le considérait pourtant pas comme tel, ou peut-être le cahier communiqué à Auguste Bosvieux n'était-il que le complément d'un re- gistre du même genre, mais d'une bien autre im- portance; car, en parlant de l'orage du 12 mai 1620, l'auteur renvoie à la page .144 de son « g.(l) papier de raisons, » il est parlé d'un autre orage survenu onze ans plus tôt. Ce « papier de raison » ne nous a pas été conservé.

XII. M. le comte de Villelume a bien voulu nous permettre de prendre copie du livre de raison de Jean et de Jérôme Texandier, conservé dans ses archives de famille. Nous avons déjà dit que nous devions à M. et à M"" de Villelume la connais- sance de l'intéressant, mais trop bref journal de Jeanne Boyol; on verra plus loin que leur gra- cieuse obligeance ne s'est pas bornée à ces deux communications, et que c'est d'eux encore que nous tenons le registre de Jean Texandier, de sa bru et de son petit-fils.

Il est d'aspect élégant et soigné, ce petit volume in-12 (142 millimètres sur 99) qui nous conserve les annales de la famille Texandier durant un quart de siècle; il a gardé sa jolie reliure en basane dont les fers sont d'un goût exquis. Beau- coup de ces graves registres de nos pères étaient ainsi vêtus avec une certaine recherche, parfois avec une véritable coquetterie. Un livre de raisbn n'était-il pas un bijou de famille? Et de quel prix!

(1) Grand*

lyGoogle

Il fallait que son apparence extérieure elle-môme le recommandât à l'attention et aux soins de la postérité. Le livre a actuellement 25 feuillets; il en manque un ou deux au moins, se référant aux années 1637-1642, et qui ont été arrachés entre le folio 3 et le folio 4. Le manuscrit est, au sur- plus, dans un état parfait de conservation.

Jean Texandier, riche bourgeois et commerçant notable de Limoges, commence son registre par la mention de la mort de son père, Jacques, arri- vée le 9 novembre 1636. Il indique les clauses dn testament avec une netteté parfaite et nous met ainsi tout d'emblée au courant de ses affaires de famille. Comme c'est la coutume à cette époque, la mère et le fils aine ont été désignés comme héritiers universels. Les autres enfants racevront chacun un legs à l'époque de leur étabU^ement ou de leur majorité.

Nous avons dit que l'auteur de notre manuscrit était 'au nombre des principaux négociants de la ville : on'le voit, en 1653, élu juge au tribunal de la Bourse. Il ne tenait pas un moindre rang parmi les paroissiens de Saint-Michel que parmi les membres du corps du commerce; il nous ap- prend, en effet, qu'il fut nommé, en 1640, baile de la confrérie de Saint-Loup; en 1656, baile du Saint-Sacrement; en 1659, baile des âmes du Pur- gatoire. En 1654, les consuls le désignèrent pour remplir les fonctions de baile de l'hôpital; il fut donc membre de l 'avant-dernière administration du vieil établissement de St-Gérald ; à leur sortie de charge, en 1658, Jean et ses collègues furent

iby'Goeigle

remplacés par une administration dont Martial Maledent de Savignac fut l'âme, et qai décida et prépara la réorganisation des services hospitaliers de la ville.

Relevons, dans les pages qui se rapportent aux affaires de l'hôpital, une curieuse indication tou- chant la façon dont les administrateurs d'alors conservaient et géraient le patrimoine des pauvres. Il n'y avait pas de receveur spécial, de comptable à gages : les quatre bailes sortants remettaient à leurs successeurs tout le capital en argent : ceux-ci se le partageaient par égale portion et le faisaient valoir comme ils l'entendaient; mais Us devaient chaque année en payer à l'hôpital l'intérêt à cinq pour cent, et rembourser intégralement à l'expi- ration de leur mandat la somme qu'ils avaient reçue..

Une des filles de Jean Teiandier épouse en 1652 Joseph Limosin, îils de l'émailleur Léonard 111, et Jean associe son gendre à son commerce. L'apport du beau-père est de 36,000 livres; celui du jeune homme de 18,000, et il est convenu que les béné- fices et les pertes se partageront proportionnelle- ment aux capitaux versés. De plus, Jean fournit à la société une valeur de 30,000 livres en mar- chandises ou en créances,. pour lesquelles il pré- lèvera chaque année un modeste intérêt de 500 livres. Telles sont les conditions d'une association qui doit subsister au-delà du terme de l'existence 'du beau-père, et dont un autre livre domestique, reproduit plus loin, mentionnwa la dissolution

ibyGoogle

199

SOUS la date du 22 juillet 1689. Le passage le plus récent de notre livre est du 9 avril 1662.

On trouve, au manuscrit dont nous venons d'es- quisser à grands traits le contenu, un certain nom- bre de passages écrits par le frère de Jean, Jérôme Texandier, et .relatifs à la naissance des enfants de ce dernier : Marie, Peyronne, Anne, Marie, Fran- çois, — 28 mai 1646 au 14 juin 1652. Jérôme est, comme son frère, un notable commerçant et on le trouve aux Registres consulaires, sur la liste des Juges de la Bourse élus en 1654.

Le livre de raison de Jean et Jérôme Texandier nous tient également au courant et des événements survenus au foyer et des affaires de la famille; il note même quelques faits locaux. Noua recomman- dons spécialement ce registre à nos lecteurs ; il est, parmi ceux compris à notre recueU, un de ceux qui peuvent donner l'idée la plus simple et la plus exacte à la fois du « papier domestique » de nos pères.

XIII. Le cahier-memento du notaire Psaumet Péconnet n'est pas le seul « papier de raison » que nous devions à cette famille. Deux autres journaux du XTu' siècle, offrant assurément un plus réel et plus vif intérêt pour nous, sont en la possession de M. Adolphe Péconnet du Chàtenet, qui a bien voulu nous les communiquer avec une obligeance dont nous ne saurions trop lui témoigner notre gratitude. Le livre de raison de Jean Péconnet et celui de Joseph, son fils, qui fait suite au premier, embrassent une période de cinquante ans

ibyGoogle

too

environ et nous fournissent les renseignements lea plus variés, les plus curieux, sur la vie et les habitudes de nos pères.

Maître Jean Péconnet, l'auteur du premier de ces registres, nous apprend qu'après avoir fait ses études au collège des Jésuites de Ijmoges, il fut placé comme clerc, chez un- notaire d'abord, de 1644 à 1646, puis chez un procureur de «a ville natale, enfin à Bordeaux, dans l'étude d'un pro- cureur au Parlement. Rentré dans sa familîfe vers la fin de l'année 1648, il épousa, trois ans plus tard, Narde Michel. La future reçut 3,000 livres pour sa dot et sa part dans la succession de sa mère, plus 1,100 livres d'un sien oncle, le juge royal Petiot. La mère de Péconnet, Jeanne de Verthamond, donna à cette occasion à son fils la métairie du Châtenet, plus une vigne à Balezis, mais en se réservant, sa vie durant, l'usufruit de cette dernière.

Le rédacteur de notre livre est donc un homme de plume et un homme de loi : ses confrères de la grande confrérie de Saint-Martial en rendent témoignage en le choisissant pour secrétaire en 1664. Il ne paraît du reste avoir été ni avocat, ni notaire, ni procureur : c'est un homme d'af- faires au sens tout moderne du mot. On le voit entreprendre d'assez nombreux voyages pour le compte de tiers qui l'ont chargé du soin de leurs intérêts, entre autres des Vidaud, seigneurs du Car- reau et du Carrier, ses principaux clients ; accepter des procurations, se charger de recouvrements ou de liquidations contentieuses, suivre des procès. 11

lyGoogle

touche des frères Yidaud, dont l'un est conseiller au Présidial, l'autre élu, 300 livres d'honoraires par an. A ses moments perdus, il s'occupe de sa vigne de Balezis et de sa métairie du Châtenet. Au cours d'un des voyages dont nous venons de parler, Jean Péconnet est arrêté à Poitiers* par la maladie; il y meurt le 30 août 1679, et son fils aîné, accouru pour recevoir son dernier soupir, le fait enterrer à Saint-Porchaire « au grand portail, trois pas au dedans de l'église. »

Les revenus ne rentraient pas autrefois avec la même régularité qu'aujourd'hui ; la plupart se trou- vaient constitués par des redevances foncières, et il est dans la nature des choses que les cultivateurs, exposés à tous les accidents, à tous les retards et à tous les mécomptes, soient les moins exacts des payeurs. Aussi les bourgeois d'une condition mé- diocre, auxquels aucun commerce n'assurait de re- venus supplémentaires, étaient-ils souvent gênés. De de fréquents emprunts. Les personnes qui avaient hesoin d'argent en trouvaient sans peine dans le cercle de la famille : le prêt était souvent gratuit; souvent aussi le créancier réclamait des intérêts, déguisés sous le nom de change. Tous ces emprunts, même ceux entre frères et sœurs, étaient gagés : l'usage le voulait ainsi, et ce qui froisse aujourd'hui notre délicatesse semblait tout naturel à nos ancêtres. La vérité nous oblige à " confesser que, grâce à cette habitude éminemment prudente, et pratique, les mauvaises créances, en dehors des transactions commerciales, paraissent

lyGoogle

avoir été assez rares dans l'actif de nos ancêtres; du moins n'en est-il presque jamais parlé. Et puis ce système mettait tout le monde à l'aise, tout en n'encourageant point les emprunts sans nécessité. Avait-on besoin d'une petite somme? on prenait quelques bijous et on les portait chez un parent, qui, sur leur dépôt, comptait l'argent sans se faire prier. La gône passée, on remboursait le préteur et on reprenait ses gages. Le Journal de Jean Péconnet offre un grand nombre d'exemples de prêts de ce genre. Nous avons crti devoir repro- duire plusieurs articles relatifs à ces emprunts, à cause des indications qu'on y trouve sur la nature et l'importance des objets de prix : vais- selle d'argent, pierreries, chaînes, colliers de per- les, demi-ceints, croix, reliquaires émaillés, con- servés, vers le milieu du xvii* siècle, dans nos vieilles familles bourgeoises.

Ce qui nous parait le plus digne d'intérêt dans le livre de Jean Péconnet, ce sont les renseigne- ments que nous donne son auteur sur l'éducation et l'instruction de ses enfants. Il en a huit, peut- être neuf : cinq fils et trois ou quatre filles. Nous n'avons d'indication que relativement à l'aînée de celles-ci. Yers sept ou huit ans, on l'envoie chez les religieuses Bénédictines de l'abbaye de la Règle, dans la Cité. Le prix de la pension, en 1664, est fixé à 100 livres par an. Il existe aussi à cette époque, à Limoges, une pension laïque de demoi- selles où Jean Péconnet place sa fiUe après qu'elle a passé quatre ans à la Règle. Cet établissement,

ibyGoogle

snr lequel noua n'avons du reste aucun rensei- gnement précis, est tenu par des « filles dévotes » et parait dirigé par une demoiselle Second. Les élèves paient 80 livres.

Nos ancêtres avaient un moyen commode et peu coûteux de se procurer un précepteur pour leurs enfants. Ils recevaient chez eux quelque étudiant pauvre, qui, moyennant la table et le logiement» parfois même une simple réduction sur le prix de . sa nourriture, enseignait aux garçons la lecture, l'écriture, les rudiments du latin, leur donnait des répétitions, quand, pins grands, ils allaient au collège, et était surtout chargé de leur inculquer de bons sentiments et de bons principes. C'est ainsi que nous voyons, en 1663, M. de la Piou- larie entrer comme précepteur dans la maison de Jean Péconnet, qui se contentera de 35 écus pour toute pension par an. Au bout d'un an et demi, nouvelle figure : M. Jean Delaget, de Bénevent- l'Abbaye, étudiant en philosophie, succède à M. de la Pioularie. Il s'acquitte sans doute de ses déli- cates fonctions avec plus de succès que son pré- décesseur, puisque six mois après, on convient qu'il demeurera « à condition franche, » c'est-à- dire- sans payer de pension, : au pair, comme disent nos commis de nouveautés aujourd'hui. En 1670, M. Proust le remplace, également à condi- tion franche. C'est le R. P. Laval, Jésuite du collège de Limoges, qui l'a désigné au choix du père de famille, son ancien élève peut-être, ou simplement son pénitent. Mais les enfonts du bourgeois grandissent. On

lyGoogIc

204

les envoie à l'école. Noua sommes frappés du peu de temps qu'ils passent chez chacun des maîtres que nous présente successivement le rédacteur de notre joxu-nal : évidemment on ne brille pas, dans cette maison, par une très grande fiiité d'idées. Est-ce la faute du père? est-ce la faute des enfants? Nous n'osons trop émettre un avis à cet égard; mais il faut constater que l'éducation de tous les fils de Jean Péconnet, sans exception, semble avoir été assez décousue. Suivons par exemple un des . plus jeunes, Antoine, dans ses pérégrinations suc- cessives : nous le trouvons d'abord, le 15 septembre 1670, fréquentant la petite école de M. Cibot, vi- caire de Saint-Pierre; un an plus tard, on l'envoie chez un Rochelais, M. de Lavie, vraisemblablement un laïque. C'est sur le conseil du P. Debaye, un Jésuite sans doute, que le père de famille choisit cette école; on a vu plus haut le P. Laval désigner un précepteur qu'on a accepté de sa main : Jean Péconnet, tout le prouve, avait gardé une très haute déférence pour ses anciens maîtres. On sait du reste de quel crédit jouissaient à cette époque les Pères de la Compagnie de Jésus au sein d'un grand nom- bre de familles de Limoges. Au mois d'août 1673, Antoine est placé sous la férule d'un autre prêtre de Saint-Pierre, M. Dutrueil, qui tient également école. L'enfant semble suivre déjà -les cours du collège, et fait sa cinquième. Nouveau changement le 12 décembre 1675. Le jeune étudiant, qui doit avoir alors une quinzaine d'années, est envoyé en pension chez M. Brun, curé de Saint-Martinet, et y reste jusqu'au 22 février 1677. Il entre alors à

lyGoogle

l'école de M. Maillot, que nous ne connaissons pas autrement. Son frère le plus jeune, Martial, est placé successivement dans une petite école, puis en pension chez M. Chazaud, prêtre qui habite au Pont Saint- Martial ; en 1683, on l'envoie chez M. La Jousselinière fils un étudiant peut-être pour « reppetter des leçons et corriger des thèmes 'deux fois le jour. » En 1687, un a maistre et pré- cepteur » dont le journal de Joseph Péconnet ne noua fait pas connaître le nom, vient « corriger » le jeune homme dans la maison de sa mère et de son frère aine, il habite. En 1688, Martial suit la classe de troisième au collège des Jésuites- A* cette époque, il cesse ses études et est successive- ment placé chez un procureur, puis chez le sieur Mortemard, maître écrivain, a pour apprendre » a « écrire et à chiffi'er : o exercices qu'il avait sans doute insuffisamment cultivés jusqu'ici. Mais l'an- née d'après, la fantaisie lui prend de retourner au collège; son frère aine y, consent, et, après deux mois d'étude chez M. Nivet pour le remettre au latin, l'expédie au petit-séminaire de Magnac-Laval ; Martial y reste un an et demi, puis revient chez M. Nivet, et finalement entre chez un marchand en qualité de commis.

Petit-Jean, la mauvaise tète de la famille, a été d'abord mis en pension chez le curé de Gorre; il va, en 1670, à l'école de M. Gibot, avec Antoine, et, en 1671, à celle de M. de Lavie. Un an n'est pas écoulé qu'on l'en retire pour le placer à Soli- gnac, chez M. Martialot, prêtre; il n'y reste pas longtemps : on le trouve, en 1673, à l'école de

lyGoogle

M. Dutrueil, puia chez M. Bayle, son père l'a mis pour apprendre à lire et k chiffrer, minimum d'instructioa commerciale auquel il faut se ré- duire, étant donnés ses bonnes dispositions et son amour du travail. On le met en apprentissage en 1677; au bout de quelques mois il quitte son patron; le malheureux mène dès lors une exis- tence de paresse et de désordres qui fait le déses- poir de aa famiUe et à laquelle se rapportent quelques-uns des passages les plus intéressants du journal de son frère Joseph. On réussit, après plu- sieurs tentatives infructueuses, à le faire embar- quer sur un navire à destination de la Guyane. Nous le perdons de vue à ce moment.

Le futur chef de la famille, Joseph, en 1656, le plus raisonnable et le plus laborieux des enfanta de Jean PéL'onnet, a eu, semble-t-il, une éduca- tion un peu plus suivie que ses frères : en sortant des mains de ses précepteurs, on l'envoie à l'école de M. de Lavie, puis, sous la direction et sans doute avec les répétitions de son père, il a Huivi le cours complet des études au collège des Jésuites; il y fait sa philosophie en 1674, sous le P. Roger, et comme une maladie lui fait perdre une partie de l'année 1675, il va pendant six mois, l'année suivante, chez le vicaire Cibot pour répéter ce cours, auquel on attache alors, avec raison, une si grande importance.

En Ï677, ses études classiques terminées, Joseph, qui a vingt ans, est mis chez un avocat de Limoges, M. Croizier, pour y apprendre son droit romain. Quinze mois plus tard, il part pour Poitiers,

lyGoogle

il est placé dans une femille honorable, moyennant 240 livres de pension, par les soins d'un religieux, le P. Jacques de Saint-Pierre, à qui ses maîtres de Limogea l'ont sans doute recommandé. Après six mois de répétitions, le jeune homme en sait assez pour prendre ses licences : il revient à Limoges à la fin do mois de juin 1678 et se fait recevoir avocat au Présidial; il a alors vingt-deux ans.

Arrêtons-nous un moment pour noter quelques chiffres instructifs et curieux sur le livre de dé- penses du père de famille.

Le prix de l'écolage, de 1670 à 1690, est à peu près le même dans toutes les petites écoles de Limoges : chez le vicaire Cibot comme chez le Rochelais de Lavie, chez M. Dutrueil comme chez M. Maillot, les élèves paient trente sols par mois. A trente sols aussi est fixé le salaire du a fils du sieur Lajousselinière » pour un mois de répétitions. Le « maistre escrivain, » Jean Bayle, dont le mi- nistère est évidemment moins relevé que celui des précédents, ne prend que vingt sols. Par contre, les répétitions de philosophie du vicaire Cibot se paient 5 livres par mois; les leçons de droit de l'avocat Croisier, de 5 à 6 livres, et les répétitions à Poitiers ne reviennent pas à moins de 1 1 livres, soit 66 livres pour un semestre.

Le prix de la pension pour les jeunes gens ne diffère pas de celui qu'on paie pour les Jeunes filles; nous avons vu plus haut qu'il était fixé à 100 livres à l'abbaye de la Règle, et à 80 dans l'établissement dirigé par M'" Second et autres

lyGoogle

a filles dévotes. » Jean Péconnet paie, en 1671, 100 livres de pension pour Petit-Jean à M. Mar* tialot, de Solignac; en 1675-76, 80 livres pour An- toine au curé de Saint-Martinet; Joseph paie 100 livres pour son frère Martial au prêtre Chazaud, en 1683. Au petit-séminaire de Magnac-Laval, qui jouit dès lors d'une réputation qu'il a conservée jusqu'à nos jours, la pension est d'un prix plus élevé : 36 livres par quartier, soit 144 livres par an : 120, déduction faite de deux mois de vacances. Parmi les notes nombreuses qu'on peut signaler dans le journal de Jean Péconnet, mentionnons le relevé des visites faites par le médecin Ferrand à un des enfants, Jean l'alné, au cours d'une ma- ladie à laquelle le jeune homme ne parait pas avoir survécu. Le prudent chef de famille se pré- pare de longue main à contrôler l'exactitude du mémoire dont la perspective l'inquiète déjà. Tou-

tefois une cinquantaine de visites ne sont payées que 22 livres, plus 30 sols pour une première con-

'eultation. Les visites du chirurgien Vidaud i-evien- nent à un prix plus élevé : 4 livres sofs pour cinq; elles sont donc comptées 18 sols : celles du médecin moitié seulement.

Mentionnons encore les achats faits à Paris par Jean Péconnet, pour son ameublement et son mé- nage, au cours de deux voyages d'affaires, en 1660 et 1665; c'est d'abord un coffre-bahut du prix de 1 1 livfes ; ensuite un lot d'ustensiles et vaisselle en étain fin : plat-bassin, salières, grands et petits flacons, aiguière, vinaigrier, sucrier, moutardier, ècuelle couverte, trois chandeliers, six tasses, douze

lyGoogle

cuillers, douze fourchettes, une cuiller couveite, deux égouttoirs, un chauffe-lit, le tout aux armes des Péconnet, marqué des initiales 1 P et coûtant 70 livres; enfin cinq pièces de tapisserie de Ber- game achetées 81 livres 10 sols, et revenant, port compris, à 91 livres 10 sols : Dans trois de ces pièces, le bourgeois trouve la garniture complète de trois lits et de dix-huit chaises ou fauteuils, plus deux tapis. Les deux pièces intactes sont mises en réserve, et l'une d'elles sert de tenture, aat jours de procession. Ajoutons, pour les curieux, que le bois de douze des sièges a coûté seulement 12 livres, et que 23 autres livres ont suffi à solder la note du tapissier.

Le journal de Jean Péconnet, bien qu'il débute par quelques paragraphes se rapportant aux années 1644 et suivantes, ne parait avoir été écrit que beaucoup plus tard; peut-être même est-il un relevé, fait en 1657 ou 1658, des notes contenues dans un autre registre. 11 s'arrête au 23 octobre 1678 et au recto du folio 62. Le manuscrit, qui est en papier assez lin, marqué dans la pâte d'une épée à large lame, à poignée étroite et à garde sommairement indiquée, d'un format petit in-folio 284 millimétrés sur 190 avec couverture en parchemin, renferme 65 feuillets de plus, dont la plupart sont restés en blanc. On trouve néanmoins, aux folios 91 et suivants, un relevé des « pièces justificatives » ayant trait aux affaires des frères Vidaud, relevé allant du 10 juin 1654 au 5 juillet 1678; aux folios 105 et suivants, des documents

lyGoogle

relatifs à la succeasion de M. de Verthamond, curé de La Geneytouse, oncle de Jean Péconnet; aux folios 110 et suivants, le compte de ce dernier avec Barthélémy, maître boulanger de la Cité, du 12 janvier 1655 a^ 13 décembre 1662; enfin, aux dernières pages, une table alphabétique très com- plète des articles du manuscrit. Parmi les pièces relatives à la succession du curé de la Geneytouse, on remarque un inventaire assez intéressant du mobilier qu'on a trouvé chez lui : un calice d'ar- gent doré, cassé, avec sa patène, estimé 48 1. 15 s.; six cuillers d'argent a meslé et commung, » esti- mées 12 1.; deux garnitures de lit « de sarge blefve, avec passements effranges a demy usées » : 18 1.; « deux couettes et deux cuissins, garnys de plume, ung matelatz, deux couvertes, l'une vieille, couleur blefve, et l'autre petite, couleur blanche, usage de village 0 : 30 1.; huit « linceulx, quatre chemises usées, trois neuves, deux nappes usées, vingt-quatre serviettes usées, deux paires de caleçons, trois paires de bas de chausses en toile » : 32 1.; deuK « paires d'hahitz noir, » une soutane, un manteau long, un manteau court et une robe de iham'bre : 40 1.; deux bassins d'airain pesant dix-huit livres : 7 1. 6 s.; un mousqueton ; 10 1.; « ung payre d'armoires » : 81.; un coffre : 15 1.; une paire de landiers de laiton : 12 1.; une aiguière a rompue, » un vinaigrier « rompu, B une tarsière, le tout d'étain; enftn une vieille chasuble de velours rouge, avec un rang de dentelle d'or et d'argent, et un missel.

Au compte du boulanger, nous apprenons que maître Barthélémy devait livrer vingt « pains

lyGoogle

21i

d'hôtel » ou huit tourtes au setier, mesure de Limoges. Il convient d'ajouter qu'il semble n'èti-e ici question que de seigle.

XIV. C'est improprement que nous avons, au relevé placé en tête de ces courtes notit-es, donné le titre de « Livre de raison du Président Chorllon » au registre dont nous allons nous occuper. Ce manuscrit contient en réalité les annales de la famille pendant près d'un siècle, et trois généra- tions y ont successivement tracé leur histoire par la main du chef qui présidait au foyer. Toutefois le registre original du premier rédacteur, Isaac Chorllon, sieur des Rioux, greffier en l'Élection de Guéret, manque à notre recueil, et celui-ci n'en possède que la copie, faite en 1650 par le fils d'Isaac, Jean-Baptiste-Alexis, devenu, quatre ans plus tard. Président au siège Présidial établi dans sa ville natale. Les notes dues au premier vont du 3 septembre 1628 au 5 août 1642. Jean-Baptiste Alexis ajoute au mémorial de son père la mention de la mort de son frère Jean, décédé le 21 o. tobre 1654, et le dernier événement qu'il enregistre est la naissance de son fils Isaac, à la date du 21 jan- vier 1673. Les articles écrits par le troisième des rédacteurs de notre manuscrit, Alexis, qui suc- céda à son père dans la charge de Président, sont compris entre les dates extrêmes du 8 novembre 1700 et du 20 juin 1709.

Cette partie du livre des Chorllon ne se com- pose que d'une série de notes relatives à des nais- sances, des mariages et des morts. C'est le a papier

lyGoogle

212

de famille n dans sa conception la plus simple et la plus étroite. Quelques-uns des passages qu'il renferme sont cependant relevés par de courts éloge.î dont le rédacteur fait suivre la mention des décès, et par l'indication de cei-tains curieux, dé- tails de mœurs. On remarquera, à la date du 25 Octobre 1664, une note relative à la venue au monde d'un enfant « coiffé. » Le grave Prési- dent donne des renseignements circonstanciés sur l'aspect et la nature de la membrane qui enve- loppait la tète de l'enfant, et déclare qu'il l'a soigneusement recueillie pour « la garder autant » qu'elle pourra se conserver. » 11 ajoute même qu'il la_ place entre deux feuillets de son registre : inutile de dire que nous ne l'y avons pas retrouvée. Parmi les noms des parrains et des marraines, nous en relevons deux auxquels la province de la Marche doit un long et reconnaissant souvenir : François Le Boyteux, originaire de Paiis, et com- mis à la recette des Tailles dans l'Élection de Guéret, qui tient sur les fonts Jeanne Chorllon, en 1642, assura, par ses libéitLlitôs, les soins de quelques a filles dévotes » aux pauvl-es reçus à l'hôpital de Guéret; Antonio Laboreys, marraine, en 1628, d'Antoine Cliorllon, appartenait à une famille dont un membre, Pierre-Augustin Labo- reys de Cbàteaufavier, ancien député aux États générau';, est, ave.- sa femme, le principal fon- dateur dos Écoles chrétiennes d'Aubusson.

Mais ces notes de famille ne sont que la pre- mière et la moins intéressante partie de notre

lyGoogle

213

manuscrit. La seconde, qui offre le double carac- tère d'un journal personnel et d'un livre de rai- son, est de beaucoup la plus digne d'intérêt. Son rédacteur, J.-B. Alexis Chorllon, sieur de Cher- demont, o le président Chorllon » comme nous l'appelons encore après deux siècles, a été un des magistrats les plus distingués que la province ait vu siéger sous l'ancien régime. Il a laissé des Mémoires d'un certain intérêt qu'on a souvent consultés avec fruit, et l'on trouve de précieux détails sur les mœurs de la magistrature d'autre- fois et sur les événements survenus dans la Marche au cours des cinquante années qui se"5ont écoulées entre 1635 et 1685, dates extrêmes de l'ouvrage. Nous avons l'espoir que ces Mémoires seront pro- chainement donnés au public : on nous assure que M. Autorde, archiviste du département de la Creuse, en prépare la publication.

Cette seconde partie du livre domestique des Chorllon, qui débute par l'éloge du P. Sylvestre Mage, religieux récollel du couvent de Guéret, mort le 98 novembre 1662, renferme une notice assez complète sur les vicissitudes du Présidial de cette ville; on y peut relever quelques indications sur les sièges royaux et juridictions secondaires compris dans son ressort. Bien qu'elle se trouvât dans les conditions requises, aux termes de fédit du mois de janvier 1551, pour posséder un siège présidial, la Marche n'en eut un que quatre-vingt- quatre ans plus tard. Les appels du sénéchal de Guéret ressortissaient au Présidial de Moulins; ceux des sénéchaux de Bellac et du Dorât au

lyGoogle

-214-

Présidial de Poitiers; ceux de Bourganeuf à la même cour, et peut-être, à un moment donné, au siège de Limoges; enfin ceux de Bellegarde et du Franc-Alleu à Riom. Grâce au crédit de M"" de Combalet, depuis duchesse d'Aiguillon et nièce du cardinal de Richelieu, la ville de Guéret obtint le premier janvier 1635, avec l'adhésion des villes siégeaient les tribunaux qui devaient relever de la nouvelle juridiction, l'établissement d'un siège présidial vinrent aboutir les appels de toute la province de la Marche. L'office de Pré- sident de cette cour fut acquis en i664, par Chorlion, des héritiers de M. Laboreys de Mas- tribut, au prix de 12,000 livres.

L'auteur de notre manuscrit fournit sur son propre compte des renseignements biographiques dont on peut tirer quelque parti; mais c'est sur- tout à ses Mémoires qu'il convient de recourir si on désire connaître les détails de sa vie. Les pages de soii livre de raison que nous reproduisons se rapportent surtout à son père, dont il trace minu- tieusement un très vivant et très honorable por- trait. Il nous le montre zélé pour le bien' public, ne marchandant à ses concitoyens ni son temps ni sa peine, estimé et aimé de tous, cœur dévoué, seui droit, âme bien trempée et tempérament vi- goureux : mens sana in corpore sano. A chaque page de nos registres de famille, nous passons auprès de quelqu'une de ces sereines et robustes figures, réalisant à merveille cet idéal pratique, nullement inaccessible, mais bien rare aujourd'hui,

ibyGoogle

qu'en cinq mots l'antiquité avait su ai nettement indiquer.

Si Isaac Chorllon s'est acquis la reconnaissance des habitants de Guéret en s'occupant de leurs intérêts et en pourvoyant à leur défense au cours des années troublées de la Fronde, il n'en a pas moins rempli sa mission de père de famille de façon à mériter la gratitude de ses descendants. Le détail très circonstancié des achats faits par lui à Cherdemont (où il possédait une petite exploi- tation dont les étables ne renfermaient que deus bœufs, et il crée trois métairies au labourage de quatre bœufs chacune), de l'arrangement de la propriété, du soin apporté aux cultures, de la plantation et de l'aménagement des bois, des nom- breuses constructions élevées par le père de famille, fournit assurément les pages les plus caractéris- tiques et les plus attachantes du manuscrit des Chorllon. La complaisance que met le Président à parler des travaux exé -utés à Cherdemont par son père, atteste l'amour de nos ancêtres pour la vie des champs et la propriété rurale. Ce goût était du reste de tradition dans les familles de robe, et les Mémoires des xvi* et xvn' siècles en four- nissent des preuves assez nombreuses et assez ca- ractéristiques, pour que nous n'ayons pas à insister ici sur ce côté des mœurs de nos pères.

Il est une particularité sur laquelle nous devons appeler l'attention de nos lecteurs. Isaac Chorllon ne meurt qu'en 1690. Dès 1654 cependant, il a laissé à son fils le soin de rédiger le registre do- mestique. Dans les papiers de famille que nous

lyGoogle

avons examinés, nous avons eu l'occasion de cons- tater que les enfants tiennent souvent la plume pour le père; mais c'est toujours ce dernier qui parle. Ici il n'en est pas de même : Isaac semble avoir abdiqué cette fonction spéciale de sa charge de chef de famille entre les mains de son fils. Une telle anomalie doit s'expliquer sans doute par les fréquentes absences du père, les longs séjours qu'il était obligé de faire à Cherdemont pour sur- veiller ses constructions, diriger ses cultures, et par la vie plus sédentaire de J.-B. Alexis.

Notons encore qu'lsaac, qui a été avocat avant de devenir greffier de l'Élection de Guéret, a fait ses études et pris ses licences à Bourges. J.-B. Alexis est conduit à douze ans par sa mère au collège des Jésuites de Moulins; deux ans plus tard, il va continuer ses humanités à Bourges, il commence ses études de droit; il les termine à Paris, il se fait recevoir avocat au Parlement au mois d'avril 1652. Le frère du Président meurt adolescent, l'année même il fait sa philosophie chez les Récollets de Guéret.

Le manuscrit dont nous venons de donner un court aperçu, est un registre en papier de 245 millimètres sur 185, comprenant soixante-douze feuillets, et dont la reliure n'a pas été conservée. Il est aujourd'hui la propriété de M"' Adam, de Guéret, dont la mère appartenait à la famille Chorllon et a été, croyons-nous, la dernière du nom. Nous devons la communication de ce re- gistre à l'extrême obligeance de M. Pierre de Gessac, Pi-ésident de la Société des sciences natu-

lyGoogle

2t7

relies et archéologiques de la Creuse, qui a bien voulu en copier lui-même une grande partie pour notre recueil.

XV. Le second des registres domestiques de la famille TeKandier(I) nous a été, comme le pre- mier, communiqué par M. le comte et M"* la comtesse de Villelume. Nous y retrouvons, au début, une figure de connaissance : C'est en effet Jean Texandier, l'auteur du manuscrit dont nous avons parlé quelques pages plus baut, qui com- mence aussi ce nouveau livre à la date du 24 septembre 1B62. Moins de six mois se sont donc écoulés entre la note la plus récente du premier registre et le préambule du second. L'en-téte de ce dernier ne fait aucune mention du précédent, et Jean y annonce l'intention de tenir son papier domestique a ensuitte de celuy de feu son père » : ce qui nous avait fait croire, en premier lieu, que les denx manuscrits n'étaient pas du même auteur; mais un examen attentif de l'un et de l'autre nous a convaincu qu'ils émanaient bien d'une seule per- sonne. Les indications qu'ils fournissent le prou- vent d'ailleurs d'u^ façon surabondante. Quant an livre de raison de Jacques Texandier, père de Jean, c'est sans doute un numéro de plus à ajouter à la liste des manuscrits de cette catégorie qui ont disparu. Combien de centaines d'autres doivent

(1] Nous écrivons ici ToiaDdier parce que celte orthographe s ■prévalu. Il convient de remarquer toutefois qu'au leite du premier registre, ce nom est constamment éci'ît p«r un e.

lyGoogle

avoir eu te même sort, dont il ne nous reste au- cune trace et dont nous ne connaissons pas même l'existence !

Nous avons déjà dit que Jean Texandier comp- tait parmi les principaux négociants de Limoges : on l'a vu juge au Tribunal de la Bourse en 1653; on le retrouve dix ans plus tard exerçant les mêmes fonctions. L'importance des acquisitions effectuées par son petit-fils et le chiffre élevé des légitimes payées par ce dernier à ses frères et sœurs, sont de nature à donner une idée très avan- tageuse de la prospérité de ses affaires. Le Ciel l'avait béni dans sa lignée comme il l'avait béni dans son travail. En 1670, un banquet intime réunit autour de la table du patriarche quatorze parents ou amis et a seize petits enfants de la famille, n Ce jour-là, Jean a offert le pain bénit à l'église de sa paroisse, Saint-Michel des Lions, et envoyé quatre cent cinquante petits pains, suivant l'usage, à « parents, amis et voisins. »

Jean Texandier meurt en 1684 à l'âge de quatre- vingt-un ans. Sa bru, Valérie Du Boys, nous ap- prend qu'il avait « travaillé beaucoup pour élever sa famille » et qu'il était a homme de bien -et d'honneur. » Dieu nous garde de ne pas souscrire à ce jugement!

Jérôme, fils du premier rédacteur de notre re- gistre, ne lui survit pas longtemps; et Valérie J)u Boys reprend la plume pour consigner, au livre domestique, un pieux hommage à la mémoire de son mari ; « G'étoit, écrit-elle, un homme de bien

iby Google

219

» et de paix, n'ayant jamais rendu de déplaisir à » personne du monde. »

Par son testament, Jérôme a institué, comme c'est alors l'usage à Limoges nous signalons plus loin un autre exemple de la même dispo- sition, et nous en avons relevé un grand nombre dans les testaments de la seconde moitié du xvii* siècle, sa femme et son fils atné, Jean-Baptiste, ses héritiers universels. Les deux chefs de famille administrent conjointement pendant treize ans la fortune laissée par Jean et Jérôme. En 1688, ils achètent ensemble au prix de 75,000 livres la terre seigneuriale de L'Aumônerie, dont Jean-Baptiste et ses enfants porteront le nom; un peu plus tard, le môme Jean-Baptiste, de moitié avec son cousin Léonard Limousin {1}, et moyennant 46,238 livres, se rend acquéreur des ofl&ces de greffier ancien et de greffier alternatif et triennal au bureau des Finances, et de divers offices secondaires qui s'y trouvent unis; en 1692 il fait l'acquisition d'une maison à -Limoges, auprès des Étangs d'Àigon- lène, et la paie 10,000 livres. Peu après il cède à ses frères sa part du fonds de commerce, et ceux-ci ne l'achètent pas moins de 39,000 livres. On le voit : ce que nous avons dit de l'état flo- rissant des affaires des Texandier se trouve large- ment justifié. Il faut se rappeler, au surplus, qu'ils n'étaient pas seuls à recueillir les bénéfices de ce commerce. Limousin, que nous avons vu associé,

[I] C'est lunsi que notre m&nuacrit orthographie ce Dom, cons- tamment écrit Limotin au zvi* siècle et au commencement du xvii*.

DigmzcdbyGoOgle

220

en 1653, par son beau-père Jean Texandier à son négoce, avait continué les affaires avec Jérôme et ses enfants. En 1689 seulement, cette société se dissout après une durée de plus de trente-sept années.

Il n'est peut-être pas sans intérôt d'indiquer ici ce que deviennent les enfants de Jérôme Texan- dier, et ce que chacun d'eux reçoit tant pour sa légitime qu'en supplément, à divers titres. Notre registre nous donne à cet égard des renseignements qu'on ne rencontre pas aussi clairs et aussi précis dans tous nos papiers de famille. Jérôme a laissé cinq fils et cinq filles. Nous avons dit que l'alné des premiers, Jean- Baptiste, a été institué héritier universel avec sa mère, « par moitié, » à la charge de payer aussi par moitié a les légats et autres charges d'hérédité. » Il résulte de ses propres in- dications qu'il a se trouver à la tête d'une maison de commerce florissante et d'une belle for- tune; outre la moitié des biens patrimoniaux» l'héritier a reçu par préciput la maison paternelle, située rue Ferrerie, a avec tous les meubles, gar- » nitures et vaisselle d'argent et autre. » Valérie Du Boys, qui meurt en 1697, institue à son tour Jean-Baptiste pour héritier universel; plusieurs des frères et des sœurs de ce derniei' font de même.

En 1689, après la dissolution de la société qui a existé entre les Texandier et Joseph Limousin, Jean-Baptiste s'associe un de ses frères, Pierre l'ainé, et, en 1692, les deux héritiers comptent à ce dernier 10,000' livres, montant du legs fait en sa faveur par Jérôme dans son testament; lors

lyGoogle

du mariage de Pierre avec Françoise Martin, en 1695, la mère fait en outre don d'une maison à aon fils. Pierre Texandier cadet reçoit à sa ma- jorité, «n 1696, 8,000 livres, dont 6,000 pour son « légat, » et 2,000 qu'y ajoute sa mère; un an plus tard, celle-ci, en mourant, lui laisse une autre somme de 2,000 livres. Jérôme touche aussi 10,000 livres en 1697 : 6,000, montant du legs de son père, 2,000 de celui de sa ùière, et 2,000 que son frère aîné lui donne « gratuitement, par dessus les susdits légats, » égalisant ainsi sa part avec celle de ses autres frères. Antoine prend l'habit reli- gieux et entre en 1696 à Grandmont, après avoir fait, la veille, un testament par lequel il dispose de sa fortune en faveur de son frère aine; il semble n'avoir été compté à Antoine que 1,300 livres.

Des cinq filles de Jérôme Texandier et de Valérie Du Boys, deux se marient : Peyronne, qui épouse en 1687 François Martialot, de Solignan, touche à ce moment sa légitime : 6,000 1., et reçoit de plus de sa mère, avec le trousseau d'usage, 1,000 1. en argent et une maison près de Saint-Martial; à Barbe, qui se marie en 1692 avec Pierre Vaissière, on compte 4,000 1. pour ce qui lui revient dans la fortune de son père, et 2,400 1. données par Valérie Du Boys. Les trois autres entrent au couvent avec des dots variant entre 3 et 4,000 livres : Ca- therine et Claire prennent l'habit, la première en 1691, la seconde en 1698, aux Filles de Notre- Dame; Thérèse, en 1694, aux Ursulines.

On voit, par ce qui précède, que l'héritier avait souvent à supporter des charges considérables.

lyGoogle

Quand la situation laissée par le père de famille était un peu embarrassée, le fardeau devenait sin- gulièrement lourd. On trouve d'ailleurs de bien cu- rieux témoignages et des preuves bien frappantes de la longue gêne imposée à l'héritier par le paie- ment des légitimes de ses frères et sœurs, l'ac- quit des dettes, des charges de la succession, la liquidation des tutelles, le remboursement des dots, et plusieurs générations supportent parfois le poids de ces liquidations laborieuses. Mais ce n'est pas ici le cas d'insister sur ce point; car Jean-Baptiste Texandier ne parait pas avoir été le moins du monde embarrassé pour faire face aux nécessités de la situation. Du moins son registre ne le donne-t-il nullement à entendre.

XVI. Le journal de l'avocat Joseph Péconnet, commencé peu après le 30 août 1679, date de la mort de son père, est d'un format peu différent, mais un peu plus allongé que le manuscrit de Jean 290 millimètres sur 188. Le papier a le même aspect ; mais il porte pour marque une sorte d'écusson ou de chiffre peu distinct. Le registi-e n'a que quatre-vingt-trois feuillets, cotés par pages, au recto et au verso. Le « Journal » proprement dit s'arrête au 22 novembre 1695; on y trouve tou- tefois, en marge du dernier article, une note du 29 janvier 1696. A la page suivante, 51, commence un relevé intitulé ; « l'Etat des depences faittes au Chastenet et des revenus que j'en ay tirés, puis le 1" octobre 1679. » Cette partie du manuscrit est incomplète, les pages 65 et suivantes, jusqu'à 110

lyGoogle

inclusivement, ayant été arrachées. A. la page 111 on trouve les comptes relatifs à l'année 1683 et à la vigne de Balezis. A la page 136 et après un ar- ticle du 31 mai 1699, s'arrête l'écriture de Joseph : une ligne de l'année 1700 semble pourtant avoir été tracée par sa main ; mais les pages suivantes, à partir d'une mention du 7 février de cette même année 1700 sont d'une écriture fort lisible assuré- ment, mais moins courante et d'une orthographe des plus incertaines. A la page 140 et à la date du 26 février 1704, s'arrêtent ces comptes. a L'Etat » des prises et mises en la vigne du Puy du Pin dez le 1" octobre 1679 » commence à la page 141. Ici la dernière note de la main de Joseph porte la date du 10 novembre 1695. Bien qu'à cet endroit il ne manque pas un feuillet, le livre saute de 1695 au 12 mai 1704, et offre, jusqu'au 7 mars 1710 {p. 163), l'écriture plus laborieuse dont nous avons parlé plus haut. Quelques notes de 1716, écrites d'une autre main, celle de Barthélémy Péconnet, figurent aux pages 164 et 165. Le registre renfermait pro- bablement un plus grand nombre de feuillets; mais le reste a été arraché, sans doute par la main plus économe que pieuse de quelque descendant.

Nous avons emprunté au Journal de Joseph Pé- oonnet un certain nombre d'indications pour com- pléter l'aperçu que nous donnons plus haut, de la carrière scolaire de l'avocat et des autres enfants de Jean Péconnet. Ce registre débute par une auto- biographie fort intéressante de son rédacteur, qui nous conduit jusqu'au moment celui-ci se

lyGoogle

trouve, par la mort de son père, investi du rôle et de l'autorité de chef de famille. Comme peu après Jérôme Texandier, Jean a, par son testa- ment écrit un an environ avant sa mort, institué pour ses héritiers universels sa femme et son fils aîné. Notons la date récente de ce testament fait à la veille d'un départ pour Paris, et qui n'était certainement pas le premier qu'eût rédigé le pru- dent homme d'affaires; on se souvient du conseil donné par Jean Benoist à ses neveux, au xiv' siè- cle ; « Tenez toujours votre testament prêt et re- faites-le chaque année. »

Relevons encore, au testament de Jean, un legs en faveur de la grande confrérie de Saint-Martial, son fils le remplace aussitôt : nous avons dit ailleurs (1) combien ces sortes de libéralités étaient conformes aux anciennes traditions de notre hour- geoisie. Nous ven'ons aussi Antoine laisser vingt livres à la compagnie des Pénitents noirs.

Les difficultés commencent sur-le-champ pour Joseph. Il a sur les bras son frère Petit-Jean, rentré à la maison paternelle après plusieurs aven- tures, et qu'on ne peut décider ni à se bien con- duire et à travailler, n\ à s'en aller. Un conseil de famille se tient à ce sujet, et on arrête que Jean ira à La Rochelle et s'embarquera sur a un vaisseau de M. de Tourville, » il sera recom* mandé à un compatriote, M. de Châteaumorand, enseigne. Le mauvais garnement part en effet, le

(1) La Famille limousine d'autrefois, d'après les toatamenti et la Coutume. Limogea, 1883. Ducourtieux et LebUnc.

lyGoogle

10 avril 1680, escorté de deux hommes à cheval. Arrivé à La Rochelle, il ne peut trouver place sur le vaisseau, et ses conducteurs le laissent à l'au- berge des Trois Rois : il est convenu que sa pen- sion y sei-a payée à raison de 12 scia par jour, jus- qu'à ce qu'il prenne passage sur un autre navire; mais Jean s'ennuie au bout de quelque temps à La Rochelle, revient à Limoges, y commet de nou- veaui méfaits, obtient des avances de son frère, puis on le perd de vue pendant quelque temps. Il reparaît en 1683 ou 1684, racontant qu'il est allé « aux isles de Cayenne » et s'y est établi et marié.

11 n'en recommence pas moins ses désordres, s'en- rôle dans le régiment de Normandie, déserte, et finalement obtient de son frère qu'il lui achètera une pacotille et paiera son passage pour retourner à Gayenne; mais, parti pour La Ro.'heile, nippé à neuf et la poche bien garnie, Jean ne va pas plus loin qu'Aixe, petite ville à deux lieues de Limoges, et demeure dans les environs, dépensant tout ce qu'il possède en débauches. Quelques semaines après on le retrouve à Bordeaux; puis il se rend à La Rochelle, revient bientôt à Limoges, repart ensuite pour La Rochelle. Enfin la famille se dé- termine à envoyer dans cette ville un fondé de pou- voirs chargé de traiter avec J'enfant prodigue, de lui acheter des marchandises et de le décider k s'embarquer. Ce mandataire reste absent près de trois mois ; mais il réussit à faire partir le triste personnage, ddnt on n'entendra plus parler.

Les autres frères de Joseph, s'ils ne lui donnent pas de- soucis aussi graves, ne semblent pas lui

T. VII. t-$

lyGoogle

procurer beaucoup de consolations t Martial sur- tout est une assez mauvaise -tète; il abandonne ses études, puis les reprend et part pour le collège de Magnac-Laval. Au bout d'un an et demi, on le voit revenir; mais à la suite de violentes querelles avec son frère aîné, qui, dans la crainte qu'il ne suive l'exemple de Jean, ne lui ménage pas les réprimandes, il quitte la maison, se place chez un marchand et intente un procès à Joseph. Des parents interviennent et une transaction met fin au différend.

Joseph, de son côté, ayant peu auparavant trouvé mention, sur un bordereau écrit de la main de son père, d'une somme assez considérable en espèces dont sa mère était détentrice et qu'elle n'avait pas déclaré à l'inventaire, s'était vu obligé de recourir aux tribunaux pour obtenir la restitution de cette somme à l'hérédité. La -famille avait encore réussi à étouffer l'affaire.

Le récit de ces divers incidents remplit une par- tie du Journal de Joseph Péconnet. Il nous a paru intéressant de relever les faits dont il s'agit à titre d'exception ; on trouve bien peu de traces de dis- cordes semblables au sein de la famille d'autrefois : tout, au contraire, atteste que, dans nos contrées surtout, l'union était des plus étroites au foyer. On peut, sans trop s'exposer à commettre un jugement téméraire, imaginer que le caractère de Joseph n'était pas absolument étranger à ces que- relles : nous le voyons en effet avoir maille à partir avec diverses personnes, entre autres avec

lyGoogle

ses locataires, l'horloger Georges et k femme de celui-ci, dame Elisabeth Bonneval. .

Il faut relever, au sujet du prix des appar- tements au XVII' siècle à Limoges, quelques chif- fres intéressants. En 1681, la location d'une bou- tique, rue de la Porte-Poulaillère, coûte 24 livres pour un an; cette même boutique, avec deux chambres, l'une au second, l'autre au troisième étages, bûcher et cave, est affermée, dix ans plus tard, 42 livres; unfe parente de Joseph Péconnet lui donne, en 1685, vingt livres pour les deux chambres qu'elle occupe au troisième de la même maison et pour divers locaux accessoires.

Les comptes des recettes et dépenses du Châ- tenet et des deux vignes de Balezis et du Puy du Pin, fournissent un grand nombre d'indications instructives. Ils permettent de constater que les rapports entre les propriétaires et les métayers sont déjà, il y a deux cents ans, fixés par les usages qui les règlent encore aujourd'hui. Le maître du sol fournit un cheptel en animaux et en matériel. Le colon demeure responsable de ce cheptel et en doit compte au propriétaire à l'expira- tion de sa baillette; il cultive la terre, soigne les bestiaux, fournit en un mot toute la main-d'œuvre, et reçoit pour salaire la moitié des récoltes et la moitié du prix de la vente des animaux qui cons- tituent le croît. Si l'un des coeiploitants, le maître ou le colon, a besoin, au cours du contrat, d'un animal pour sa consommation, il le prend, après qu'on l'a fait estimer par experts, et tient compte

ibyGoogle

à son associé de la moitié du montant de l'éva- luation. Quand les fourrages da domaine ne suffi- sent pas à nourrir le cheptel et que le proprié- taire est obligé d'en fournir un supplément sur sa réservç ou d'en acheter, le métayer en paie la moitié. Les dépenses que fait celui-ci pour aller aux foires demeurent à sa charge; il est vrai qu'il a, pour l'indemniser de ces frais, une petite gi-a- tification de l'acheteur, le « vin » de la vente. Par contre il doit tenir compte au propriétaire des quelques sous que, quand il achète, il re- çoit du vendeur à titre d'étrenne. Le paiement de l'étrenne est encore aujourd'hui de tradition sur nos champs de foire : son importance est réglée par l'usage, suivant l'espèce de l'animal vendu; mais le maître la laisse maintenant au colon.

Les haillettes étaient faites autrefois pour une durée ordinaire de cinq ans; le contrat se passait devant un notaire : les frais excessifs dont le fisc a surchargé ' tous les contrats, ont fait renoncer depuis longtemps à cette habitude, et les conven- tions, de nos jours, sont verbales, à peu d'excep- tions près. A leur sortie, les métayers devaient laisser -les champs ensemencés d'une quantité de grain égale à celle des ensemencements faits l'année de leur entrée, et dont ils avaient perçu la récolte.

En 1653, le cheptel du domaine du Châtenet se compose de bestiaut évalués 355 livres, plus cinquante têtes de brebis et moutons; de 1658 à 1674, l'estimation ne s'élève qu'à 237 livres; en

lyGoogle

1683 elle remonte à 617 livres, plus 47 brebis ou moutons. Noua trouvons ici l'usage déjà signalé, au XV* siècle, de compter les brebis et moutons par tète, en dehors du cheptel évalué; cette der- nière estimation est faite, naturellement, à l'entrée des nouveaux métayers.

Pour se rendre compte de ce que représentait un cheptel de cette valeur dans la seconde moitié du ivn* siècle, il faut savoir que, d'après les jour- naux mêmes qui font l'objet de cette étude, une paire de bœufs gras se vendait, en 1680 : 203 I.; une paire de bœufs ordinaires, en 1660 : 160 et 170 1.; en 1661 : 165 1.; en 1665 : 159 1.; en 1668 : 167 1.; en 1674 : 162 1.; en 1681 : 150 et 178 1.; deux jeunes bœufs, en 1660 et en 1668 : 120 1. un taureau, en 1664 : 42 1.; en 1666 : 43 et 44 1. en 1680 : 28 1. 15 s.; un veau, en 1662 : 29 1. en 1663 : 25 1.; en 1667 : 15 1. 17 s.; en 1668 24 1.; en 1670 : 24 1. 5 s.; une vache, en 1661 65 1.(1); en 1666 : 20 et 21 1.; en 166? : 24 1.; en 1670, 1671 et 1676 : 22 à 29 1.; —une vache et sa suite, en 1661 : 36 1.; en 1667 ; 44 1.; en 1668 : 45 1.; en 1674 : 28 1. 15 s. et 32 1.; une velle, en 1664 : 16 1.; en 1€66 : 16 1. et 20 1.; en 1674 : 8 1. et 22 I. A la même époque, les brebis et les mou- tons ordinaires coûtent 2 1. la pièce; un porc gras, 18 à 20 livres; une porche ordinaire, 20 livres; im cochon de lait, de 12 à 25 sous.

(t) Gs prix, tout exceptionnel, est donné pour une vacba acquise ' en vue de remonter Tétable, et doit s'appliquer i an animal do chois. Au XVII' siècle, l'argent représente le double de sa valeur actuelle.

lyGoogle

230

Il n'est pas sans intérêt de rapprocher ces prix de ceux que nous trouvons, au cours du iv* siècle, indiqués dans le registfe des Ma^iot. Noua ren- voyons le lecteur aui pages que nous avons con- sacrées plus haut à ce document.

Si on désirait avoir le mouvement du cheptel au ivu* siècle, sur un domaine moyen à ce qu'il semble, pendant dix ans, durée ordinaire de deux baiUettes consécutives, on en trouverait un aperçu au relevé suivant :

Le 6 janvier 1658, le métayer Lemas reconnaît avoir reçu de Jean Péconnet et tenir à cheptel une paire de bœufs, poil pie et fauve, une vache pleine et un veau, pour la somme de 190 livres. Peu après la vache a un veau : le maître y joint, le 21 septembre 1658, une vache pleine, poil rouge, achetée 47 livres, soit en tout, sans tenir compte du veau après l'entrée en possession des mé- tayers, une valeur de cheptel de 237 livres (en- viron 500 francs).

ACHATS FAITS A MOITIÉ

Le 10 juillet 1660, une paire de jeunes bœufs 120 livres.

Le 11 juillet 1661, une vache 65

Le 1" juillet 1665, un taureau 43

Le 6'juillet 1665, un taureau 44

La 1" juillet 1667, une vache avec son veau 41

Le 1" juin 1663, deux jeunes bœufs 120

Le 15 juillet 1668, une vache et un l'eau 45

Total 478 livres.

lyGoogle

231

VENTES A MOITIÉ

l'&oQt 16S8, nn taureau 40 I.

23 mai 1659, un veau » 1.

23 avril lEGO, une paire de boeufa 160 I.

23 mai 1661, une vacbâ et sa suite 36 L

17 juin 1661, une paire de bœufo 165 1.

16 juiliet 166!, un veau 29 1.

30 mai 1G63, un veau 35 L

ae juin 1661, une veile 16 1.

4 septembre 1664, un taureau 42 1.

26 juin 1665, une paire de bœufs 159 1.

... juillet 1665, une velle 16 1. 10 s.

22 mai 1666, un taureau 36 1.

une velle 10 I. 15 s.

25 dâcembre 1666, deux vaches 41 t.

23 mai 166T, un veau 16 1. 17 s. 8 d.

15 avril 1668, une paire de bœufs 167 t.

22 mai 1668, un veau 24 1.

22 mai 1669, une Tacbe(l) 24 1-

Total 1.0271. 2 s. 6 d.

Ainsi la valeur totale des achats, pendant dix ans, représente environ deux fois celle de la souche de cheptel donnée par le propriétaire au métayer : celle des ventes, durant la même pé- riode, quatre fois et demi environ cette môme valeur.

Pour supputer le revenu d'un métayer du Châ- tenet à cette époque, il faudrait avoir, pour les ventes de grains, des comptes analogues à ceux que nous possédons pour les ventes de hétail; mais le grain se partageant en nature et le pro- priétaire n'en vendant qu'une partie, puisqu'il payait en grain son houlanger, et de plus atten-

(1) On voit, par la date, que la plupart de ces bestiaux sont vendus 4 la foire, de la Saint-Loup, j> Limoges.

lyGoogle

dant parfois plusieurs années pour réaliser sa ré- colte, noua ne saurions tenter d'évaluer cette caté- gorie de produits sans donner une trop grande part k l'hypothèse, et il nous semble préférable de nous abstenir.

Nous nous bornerons à noter les prix suivants, fournis par les mômes registres :

La charge de vin, mesure de Limoges, en 1661 et 1664 : cinq livres 10 sols; en 1668 : 6 1. 10 s.; en 1670 : 5 1.; en 1674 : 4 1. 10 s.; en 1677 : 6 1. 10 s.; en 1679 (année de grande abondance) : 16 deniers la pinte et au-dessous; en 1690 : 4 1. 2 s. 6 d.; en 1691 : 20 deniers la pinte.

Le setler de seigle, mesure de Limoges (1), en 1685 : 48 s.; en 1688 : 36 s.; en 1702 : 45 s.; en 1705 : 56 s.; en 1708 : 32 s.; en 1716 : 46 s.

Le setier de sarrasin, mesura de Limoges, en 1685 : 23 et 24 s.; en 1687 : 25 s.; en 1688 : 22 3.;' en 1702 ; 28 et 30 s.; en 1705 : 40 a.; en 1708 16 s.; en 1716 : 22 a. Le setier de châtaignes, en 1680 : 16 s. (vertes) et 14 s. (sèches); en 1685 20 s.; en 1692 : 30 s. (sèches); en 1694 : 24 a.

L'avoine vaut, en 1680, 28. s. le setier; l'orge 40 s. (mesure de Nieul)(2); les pois 3 1. (mesiure de Nieul). Le quintal de foin se paie 20 aols en 1685.

Le Journal de Joseph Péconnet fait mention de quelques-unes des grandes gelées qui amenèrent la disparition -de la vigne, partout cultivée autour

(1) Le setier, mesure de Limoges, représentait 51 litres 20 cen- tilitres. La pinte équivalait à 1 litre 07 centilitres. (3) Le setier de.Nieut vklait 91 litr« 60 oentilitrM.

dbyGoogle

de Limoges du vi* au zvin' siècles, entre autres des gelées des premiers jours de juin 1685 et de celles de 1693, qui Ai-ent périr une partie des pieds : aussi ia récolte de 1694, comme celle de 1693, fut- elle à peu près nulle. Noua avions espéré trouver dans ce manuscrit quelques notes sur le < grand hiver > de 1709, et sur la famine qui désola à cette époque notre province; mais pas une ligne n'y fait allusion, et on ne trouve même pas à relever à cette date de prix de denrées offrant quelque intérêt.

Il convient d'ajouter une remarque, avant de quitter les manuscrits de Jean et de Joseph Pé- conoet : leur journal est surtout un livre de comptes. C'est le « papier de raisons » propre- ment dit; mais ce n'est pas le c papier de Camille. > Celui-ci a existé, nous ne saurions en douter, auprès de celui-là, et nous en trouvons la preuve à la première page du manuscrit de l'avo- cat : « Premièrement, écrit-il, ainsin est mon octraict baptistaire dans le livre journal de feu mon père. » Or, au manuscrit de Jean, nous ne relevons ni Ia mention de la naissance et du bap- tême de Joseph, ni aucune mention du même genre concernant ses frères et sœurs. 11 faut en conclure que ces notes se trouvaient sur un autre cahier, qui ne nous a pas été conservé.

XVII. Nous n'avons qu'une page du livre de famille d'ÉUenne Retouret, bourgeois de Limoges. H. l'abbé Lecler a copié quelque part ce frag- ment, qu'il a bien voulu noua communiquer, et

lyGoogle

234

dont les deux dates extrêmes sont 1746 et 1763. Il n'y a aucune remarque particulière à faire à propos de ce document.

XVlll. Il n'y a pas à insister davantage sur le contenu du registre de famille des Leynia. C'est un simple relevé de mentions relatives aux nais- sances survenues dans cette famille de 1724 à 1804, et le plus sec des livres domestiques de notre recueil. Les Leynia sont des bourgeois aisés de Treignac qui résident presque toute l'année sur leurs propriétés : on voit en effet, par leur cahier même, qu'ils font baptiser leurs enfants tantôt à Chamberet ou à Treignac, tantôt à Sou- danne ou à la Yinadière. La page la plus intéres- sante de ce manuscrit, qui ne renferme ni une indication curieuse ou pittoresque, ni une réflexion propre à ses auteurs, se rapporte à un testament, en date du 9 août 1792, par lequel N... Leynia, mari d'Hélène- Gabrielle-Sophie Reynaud, dont il a eu quatre filles, lègue à sa mère et à sa femme l'usufruit de tous ses biens, en leur donnant « tout pouvoir de désigner pour héritière » celle de ses propres filles « qui bon leup semblera. » Singu- lière disposition et que nous n'avons relevée sur aucun autre testament.

Il convient de faire remarquer que le papier domestique d^ Leynia se poucrsuit durant la pé- riode révolutionnaire.

Quelques notes* d'un très médiocre intérêt se rencontrent dans ces pages maussades. On y trouve plusieurs mentions relatives à la location de do-

lyGoogle

235

mestiques au commencement de ce siècle, moyen- nant 110 francs de gages, 6 francs pour acheter une paire de souliers, plus quatre aunes de grosse toile. Les notes les plus récentes consignées dans ce manuscrit sont du mois de juillet 1832. Le re- gistre présente, d'un côté, des mentions de recettes et de dépenses qui remontent jusqu'à l'année 1668. Ce registre appartient aux Archives départemen- tales de la Haute- Vienne ; il est entré à ce dépôt par une acquisition récente. C'est im in-4' de 223 feuillets, couvert en parchemin.

XIX. Le Journal de N... Lamy de Luret, curé de La Roche-L'Âbeille, n'est pas un docu- ment d'une . bien haute valeur. Nous ne l'avons compris dans notre petite collection que parce que nous avons tenu à donner des échantillons de nos anciens livres de raison de toute espèce, et à montrer qu'on en ti-ouvait non-seulement dans presque toutes les familles, mais dans presque toutes les maisons, même chez les ecclésiastiques.

Le manuscrit en question est, comme le précé- dent, conservé aux Archives départementales de Limoges. Le curé de La Roche-L'Abeille y a con- signé ses conventions et ses difficultés avec ses vicaires, et les faits pouvant l'intéresser ou inté- resser soit ses successeurs, soit son église, qui se sont produits autour de lui. Nous' n'avons aucune particularité instructive à relever dans ces pages, sinon de nouveaux témoignages, bien superflus, de la condition précaire de beaucoup de membres du clOTgé inférieur à la veille de la Révolution.

lyGoogle

Les ressources que l'état ecclésiastique leur four- nissait étaient absolument dérisoires, et un grand nombre de vicaires vivaient littéralement de cha- rités.

Le journal du cnré Lamy est {Hrécédé par des comptes dont les premiers articles sont de 1768. Il est souvent question, dans ce manuscrit, du loyer des servantes : il varie de 36 à 45 livres, et le maître doit de plus fournir annuellement une ou plusieurs livres de laine dont la servante tricotera ses bas. Les domestiques mâles ne coûtent pas cher : 48 à 72 livres; ils reçoivent de plus une paire de souliers et un chapeau. On rencontre aussi des notes comme celle-ci : a Je suis convenu avec ma blanchisseuse que je lui donnerois dix ecus par an, que je lui fournirois le savon, l'in- digo, les cendres qui se feront dans la maison; et elle s'est obligée à blanchir tout le linge de la . maison toutes les fois qu'il sera nécessaire. I<e f octobre 1768. »

Notre manuscrit contient quelques notes de 1791, sans intérêt. C'est un cahier de 66 feuillets, petit in-4°.

XX. Le livre, de comptes, ou plutôt le relevé des rentes diverses du chanoine Marchandon de Puymirat, offre une particularité curieuse ; il a été imprimé lettre à lettre à l'aide de cuivres décou- pés, par le procédé tout rudimentaire dont on use encore pour fabriquer les cartes à jouer et pour marquer les caisses à l'expédition. Propre, d'une orthographe irréprochable, ponctué avec le {^us

lyGoogle

237 -^

grand soin, il offre à chaque page un encadre- •ment fort net; les titres sont ornés de vignettes dominent les têtes de mort et les os en croiï, soit que l'auteur du registre ait voulu se remettre sans cesse devant les yeux des emblèmes le rame* nant à la salutaire pensée de la mort, soit qu'il n'eût pas d'autres matrices d'enjolivements à sa disposition. Le registre, petit in-i" carré, d'une trentaine de feuillets, est solidement relié et porte ce titre assez original : l'Intéressant, en lettres d'or dans un cartel.

Pas n'est besoin de donner d'explications sur le contenu de ce cahier, l'on voit les saulnes des- tinées aux pauvres se mêler aux pralines que le bon. chanoine distribuait à ses neveux, et les mottes à brûler et les chandelles alterner avec les cochons de lait et les hévres qui faisaient sans doute, à certaines époques, la principale ressource de sa cuisine. Il est vraisemblable que la plupart de ces redevances n'étaient autre chose que des intérêts déguisés. Les rigoureuses lois de l'Église défendaient le prêt à intérêt; aussi la re- devance en nature remplaçait-elle parfois la rente en argent, quand le capital n'était pas aliéné : façon assez naïve de tourner la difficulté. Notons qu'on retrouve, dans le registre du chanoine de Puymirat, cette sollicitude de l'avenir et ce désir de a rendre compte » à ses héritiers, que nous avons signalés comme le trait dominant, carac- téristique des livres de raison. C'est surtout à ce titre que nous faisons lîgurer des extraits de Vin- tereêsant dans notre recueil.

DigmzcdbyGoOgle

Nous n'avons rien à ajouter aux remarques et auï notices qui précèdent. Il ne nous reste qu'à- DQettre sous les yeux de nos lecteurs le texte môme des registres dont nous venons de les en- tretenir. Il est à peine besoin de faire remarquer que le numéro placé en tête de chaque livre de raison correspond à celui que porte, dans notre introduction, la notice consacrée à ce manuscrit.

ibyGoogle

LIVRES DE RAISON

LIMOUSINS ET MARCHOIS TTrTTTBS

EOTRAIT DU REQISTaB DES COMPTES DE CHEPTELS, CONTRATS ET NOTES DIVERSES DES UASSIOT , DE Si-LÉONARD (')

(17 février 1431-17 novembre 1790.— Notea relatives à des décès de U94 à 1496)

I. Achat (1) par Gérald Massiot, d'un demî-setier de fro- ment de rente annuelle et perpétuelle au prix de trois royaux d'or. 17 février ik30 (nouveau style ik3i) (2).

i{i Jhus M'

Die décima septima meneis febroarii, anoo DonÛDi

taiilesirao CCCC"' txicesimo, presentibus Leonardo Jun-

(*) Registre papier petit in-4* d'environ 800 pages, propriété de M. le chanoine Arbellot, i Limoges. Pour tout ce qui a trait Jt l'état actuel de ce manuscrit, le lecteur est prié de se reporter à la notice spéciale (n* 1) que nous lui consacrons dans l'introduction placée en tête de ce recueil. Les Massiot étaient une fort an- cienne et honorable famille de Saint-Léonard, qui donna plusieurs dignitaires aux monastËres des environs, entre autres deui prieurs k L'Artige, petit chef d'ordre situé à peu do distance de Saint- Léonard : Etienne (1380-1401) et autre Etienne (UG8). Auï xvi* et xvif siècles, les Uassiot ont été officiers des finances et ont occupé d'asseï hauts emplois. Ils ont longtemps possédé le pittoresque manoir du Murand, en ftica de L'Artige. D. Léonard Massiot, de la congrégation de Saint-Maur, a laissé quelques ouvrages. Un Mas- siot, conseiller au Parlement de Bordeaux, installa en 1553 le siège préaidial do Limoges, créé en 1551. Cette famille est éteinte au- jourd'hui. — h. G.

1 acte ou mention daté que ren-

(!) 1431 nouveau style. Depuis 1301, l'année commençait au 25 mars dans toute l'étendue du diocèse de Limoges.

lyGoogle

240

cho et Petro Peyraudi, testibiis ad hoc Tocatie, specialiter rogatis, personaliter constitutus Clemenz Ghampo, textor ville Sancti Leonardi de Nobiliaco (I), non cohactus etc. (2) omûibufl que vi (sic) etc. sed gratis etc. pro se et suis here- dibus et successoribua, reodidit perpétue, peûitus et quic- tavit etc. prudenti viro Geraldo Massiot, mercatori de Nobiliaco, ejusdem ville, ibidem presenti, ementi et pro se et suis heredibua sollempniter stipulanti, ad fociendum, etc. unam eminam (3) frumenti rendualem, anno quolibet perpetuo, ad mensuram de Nobiliaco vendentem (4), sol- vendam per ipsutn Clementem Ghampo et suos, in quali- bet festo AssumpcioniB Béate Marie Virginis (5) si qui- dem (?) et pro summa trium regalium boni auri, cugni domini nostri Francie Régis (6), quolibet regale existente ponderis trium denariorum : que ibidem Geraldus Massiot realiter et de facto eidem Clementi tradidit et solvit etc. et quidquid in actionibus etc. et devestivit se dictus Cle- meos, pro se et suis, de dicta emina frumenti renduali etc. per tradicionem uolule litterarum investivit et es se

(1) Nobldt est l'ancien nom de la ville do Saint- Léonard, dont le principal faubourg est encore appelé le Pont de Noblat.

(2) Ces etc. sont daos le texte, lia se rapportent k des formules d'usage, dont le notaire ne donne que le commencement.

(3) L'bémine équivalait à deux coupes et à la moitié du setîer. Le setter de Saint-Léonard représentait 61 litres 44 centilitres; celui de Limoges-Chitcau bl litres 20 centilitres.

(4) Uesure de Noblat vendant ; c'est-à-dire à la mesure adoptée à Noblat pour les ventes.

(5) L'Assomption est un des termes d'échéances les plus fré' quemment indiqués dans les anciens contrats. Toutefois, en Li- mousin, les dates habituelles de paiement des redevances et des rentes sont, dès le xir siècle, et probablement à une époque bien antérieure, la Noël et la Saint-Jean.

(6) Le royal représente à cette époque 13.17, soit 79 francs d'au- jourd'hui. Il convient de noter l'usage exclusif, dans la contrée, des monnaies françaises k un moment Charles VII est encore si loin d'avoir reconquis Bon royaume. On peut dire, néanmoins, qu'à dater de la fin du règne de Charles V, le Lin plëtemeat et pour toujours regagné & la France,

lyGoogle

241

constituit etc. Et promisit dictus démens, pro se et suis, eidem Geraido Massiot predictam eminam frumeiiti sol- vere et reddere, habendiim, levandamct percipieDd;iQi auuo quolibet, perpétue, pro se et suis heredibus et siicceaso- ribus assignavit et assedit dicto Geraido et suis, de et super omnibus et singulis boais suis mobilibus et immo- bilibus quibuscumque, et super quolibet eorumdem in solidum, singulariler in singulis et universalité!- in uni- versis. Et promisit etc. emeudare elc, omnia dampna. Renunciavit etc. Obligavit etc. Juravit etc. Et concessit litteias Pariatgii condominorum de Nobiliaco(I) in me- liori forma, Soluta et collata fuit. Leonardls R\- vELLi (2), clericus, retulit.

(t) La juridiction du paj-iage royal avait été installée à Noblat Saint- Léonard, en 1307, on vertu d'une convention conclue à Pon- totse entre le roi Philippe IV et Raynaud de La Porte, i^vâque de Limoges. Ce dentier, depuis longtemps en lutte avec li>s bour- geois de Noblal, qui lui disputaient la justice de la ville, conseutit à reconnaître le roi comme coscigneur de la ville et à accepter, potir raffermir son autorité battue en brèche par les chefs do la commune, l'établissement du condoininium que rappelle la men- tion ci-dessus. Le même état de choses existait dans la Cité de Limoges. Le chapitre de Saint-Yrieix partageait également ses droits de Justice avec leroi de France en vertu d'un traité remen- tant, comme les précédejils,.au règne de Philippe IV. Outre ces partages royaux, il existait en Limousin plusieurs petits partages ecclésiastiques, que nous trouvons mentionnés dès le xvi- siècle; nous pouvons citer celui de Saint-Jean Ligouie, dont la juridiction s'exerçait au num du seigneur local el de l'abbé de Solignac.

Les officiers du Pariage de Saint-Léonard, outre le sceau judi- ciaire— ad causas, tenaient aussi le sceau civil nd conlrectus destiné à authentiquer les contrats passés soit par les particu- liers (testaments, conventions privées, etc.), soit par les notaires et les clercs commissaires du siège dans l'étendue de la juridiction.

(î) Nous avons dit que chacun des contrats insérés au registre des Hassiot porte la signature du notaire qui l'a rédigé.

T. VIL t-8

lyGoogle

2. Reeontiaissanee d'une somme de tix royaux d'or reçue par Jean de Chauvour[l) de Gérald Massiot, pour prix de vente à ce dernier d'un cheptel dont Jean de Chauvour restera dépositaire [31 mai 1432) (2).

Die ultima mensis maii aoQO Domiol millesimo CCCG"* tricesimo secundo, Johannes de Chouvors, parrocbie Saacti Dionisii, gratis et sponte recognovit se vendidisse Geraldo Massiot, mercatore de Nobiliaco, ibidem présent!, etc. io curte sua [3], quatuor vaccas cum suis ritulis, quarum una est pili rubei et aJia pili bru (sic] et alia pili pic et alia pili faulvi, precio et pro summa sex regalium boni auri [4}, et quolibet regali esistenti ponderis trium deuariorum et cugni domini oostri Francie régis; que dictus JobaiiBes de Chouvors recognovit habuisse et récépissé a predicto Geraldo Massiot, de quibus dictum G«ralduni quictavit; necnon et triginta et duas oves , videlicet ad capitale [5) guÎDque regalium, dictus Johannes recognovit habuisse et récépissé a predicto Geraldo Massiot, de quibus ipsum Geraldum quictavit, etc. cum pacto etc. et predicta aoi- malia promisit dictus Johannes outrire et custodire bene et Ûdeliter et ad ambarum parcium comodum et utilitatem etc., de eis eommque ezcrescencia veoire ad booum et

(I) Chauvour, commuae de Saint-Denis les Murs, canton de Saint-Léonard (Haute-Vienne).

{1) Nous avons parlé, dans l'introduction, de cette opération, assez commune autrefois semble-t-il.

(3) Le mot curtia na signifie pas seulement cour d'une métairie. Il doit s'entendre des b&timents, des airages et dépendances, même des cbamps du domaine. La traduction la meilleure d£S mots in ctirle sua serait peut-être sur sou exploitation.

(4) Le royal vaut, en mai 1432, 13.17, soit environ 79 francs d'au- jourd'hui.

(5) A cheptel. Le cheptel est le capital-matériel de l'exploitation rurale que le propriétaire fournit à la société. Ce mot répond exac- tement au mot cabal, qui a la même racine, et qu'on trouve sou- vent craftloyé au Moyen ftge et aui trois derniers siècles pour signifier mise commune des associés, fonds de commerce.

lyGoogle

243

légale computum sive eycet(l) cmn predicto Geraldo, et hoc in villa Sancti Leonardi de Nobiliaco, tociens quociens per dictum Geraldum seu suos fuerit requisitus, et emen- daredampna etc. Renunciavitetc. Obligavitetc. Juravitetc. CoQcessit lilteraa Pariatgîi condominomm de Nobiliaco in meliori forma, et preseotibus fratri Stephano de Saocto Ilarito, alias de.... (2), caoonico Sancti Leonardi, et Jo- hanne deu Molat, testibus ad hec vocatis specialiterque rogatis, die et anno predictis. Leonardus Ravelli, cleri- cus, retuUt.

3. Compte de tnarcluindiset : gingembre, poivre, papier, futaine, reçues de Genève (1437),

it Jhs Ma. L'an mil CCCCXXXVII ay reseubut de la marchandia que veoc de 6eDeba(3) : Premieyrament, xiii 1. de zz (4) blanc.

(1) Le mot eycel est évidemment le même qa'escaeta, escheta, eacheut&i eicheyula, qui correspondent à des sens assez divers, mus qui a'appliquent en général à tous droits constatés et échus, À toute part légitime d'hérédité. Scepe tumuntur voces pro legitimi» hereditalibu», quœ quibusvia oboeniunl. [Ducange, Glos- saire, verb. Ebcaeta.)

{2) Un mot illisible. Au lieu de Harilo, qui peut être une forme dégénérée d'Aredio Yrieii, on pourrait lire Ilarito ou llarico, peut-être Havito (Saint- Avit).

(3) Il nous semble difficile d'admettre qu'il s'agisse ici de Oénes, comme l'ont pensé plusieurs des personnes que nous avons con- sultées. Le mot est écrit plusieurs fois : Geneua ou Geneba, et Genève. Nous devons ajouter que nous ne connaissons pas d'autre document faisant mention, antérieurement à l'introduction du pro- testantisme en Limousin, de relations commerciales directes entre Genève et nos contrées.

(4) Nous nous sommes demandé si cette abréviation désignait du sucre ou du gingembre. Comme nous trouvons plus loin la même marchandise ainsi indiquée : lei, nous pensons, avec la plu- part des personnes compétentes consultées par nOus à ce sujet, qu'il s'agit de gingembre, dont on faisait autrefois un plus grand usage qu'aujourd'hui, et dont nos voisins d'Angleterre se servent

lyGpOgle

-2J4-

Item may zxt de zz columbi.

It«m may xxxvi 1. de pebre(l] eyei ou pey desusdit.

Item may ay reseubut viiti reumas {2) de papier, que Costa la reuma, an lo port, xxvi sols d'aquesta monede. Monte las ix reumas : vu r[eaus] et xxiiti s. [3).

Item II" pessas fustonis (4) a xliii s. un d. la pessa, iiii 1. VI 8. VI d. (5).

Item resta de la marchandla :

Cl. îzblant nz{61.

Ilem resta zxxii 1. t. de zz columbi, nz.

Item resta ii" balas de fuslony, que son xIyi pessas.

encore pour la cuisine. Le zz colombin serait le gingembre gris, qui tire sur le brun. M. Blancart, archiviste du département des Bouches-dU'Rhâne et un des hommes de France les plus compé- tents en ces matières, nous assure qu'il a trouvé assez Fréquem- ment mention de gingembre colombin, et que jamais ce dernier mot n'a servi, à sa coimaissance, & désigner une espèce ou une qualité de sucre.

(1) Ainsi, à cette époque, les épices, qui nous étaient longtemps arrivées par Montpellier, entraient en France par l'Italie, dont Genève était un des entrepôts. La roule des Alpes était jflus pénible et plus coûteuse, mais plus sûre que la traversée de la Méditerranée. On sait que dès le xiv* siècle, Montpellier avait beaucoup perdu de son importance commerciale.

{i) Ces rames de papier viennent aussi de Genève : la disposi- tion du texte l'indique clairement, la première ligne se rapportant da toute évidence à t.iut ce qui suit. Il y avait cependant, dès le siècle prc'cédent, des manufactures de papier en France; nous igno- rons si le Limousin en possédait dès cette époque r on n'y coustato leur existence qu'au ïvi* siècle.

(3j Si neuf fois vingt-six sous valent sept royaux 24 sous, il faut en conclure que lo royal correspond exactement à trente sous.

(I) Les futailles sont des étoffes croisées fit et coton qu'on fabri- qua d'abord en Egypte. *

(5) H y a ici nue erreur r les deux pièces devaie:il coûter 4 livres 6 s. S d.

(C) Il s'agit du poids nei. Plus bas la lettre c semble se rap- pijrler k renonciation du poids brut. On remarquera, en effet, que tous les article^ accompagnés de cette abréviation sont encore en ballots.

lyGoogle

245

Item resta l'bala pebrc senhade a; pesa i quintal z [1) XXVI liv. c(2).

Item resta j' bala pebre senhade 0, pesa i quintal z. XÏV 1. c.

Item resta j* bala pebre senbade ^, pesa i quintal z. XI 1. z. c.

Item resta j* pebre senhade ni, pesa i quintal z. xiti 1. z, c.

Item de pebre camarat(3) m quintal lui 1. ta[i-e?] xi 1. resta net : m quintal xlii livres, ey r* charga de Genève, c[omptat?] III 1., valen ii 1. n s., que valen a vi g" [4) a un dfeniers] mealha, monta clk fl. ix g" z.

Item zez(5) blanc, p. iiii" et vu 1,, ou pey de Geneva, monten xxix fl. zëz columbin xxii 1. ou pey de Geneva, aij V VI fl. z. go.

Summa tôt ix"" et iv fl. x g*, [mar] d'aur a cxix H., valem cv reaus (6) c[onipte?] t. f7).

(t) Nous ne savons quel seiia attribuer à l'espèce de z placé ici après le mot quinfai, comme dans les lignes qui précëdeot et qui suivent, après le mot (iure. Peut être ce signe est-il destina à dis- tinguer le quintal et ta livre de Genève du quintal et de ta livre de Saint-Léonard.

(2) Le signe c paraît, comme nous l'avons dit plus haut, se rap- porter à l'indication du fbids brut.

(3) Nous n'avons trouvé ce mot dans aucun vocabulaire : s'agit-il de poivre mêlé ou de poîvro Rn? nous ne saurions le dire. Peut- être camaral signiRe-t-il : amballé en caisse, et correspond-il à l'abréviation c signalée plus haut.

(4) Cette abréviation g*, qu'on pourrait également lire g', désignc- t-elle des gros ou des sous genevois? Le passage est fort obscur. Il semblerait pointant en résulter que 6 g* équivalaient à 4 de- niers t/2 tournois. Toutefois le gros avait valu 3 deniers, et à un certain moment 10 deniers.

(5) On ne peut voir dans ces trois lettres autre chose qu'une abréviation de zinziber ou zenziber.

(6) Tout compté ?

(7) Cent cinq royaux équivalent Jk 1,383 francs : environ S,?98 francs d'aujourd'hui. 11 résulte bien clairement de ce passage que le marc d'or, qui donnait 64 royaux de trois deniers, corres- pondit exactement à IIQ florins : d'où la valeur du florin ressor-

i/Google

246

Item zLiiii pessas fustons atizebortf?), monten Lixr eaus xxiiii s. Ti' d.: a lzv r. quelaa xLviti pessas de fustony.

Summa clxv reaus nu sols ti deniers, valen a x per c égal valen zvi reaus. Summa tôt tx" et i reaus xix sous VI deniers.

Item per lo pourl de vri quintal, monte ix r. et x s.

Item per las doas serpelieyras (1) el per ii corde deu pebre et pesar et pourtar (?) et tes mecieix (2) xii r[eaus)?

Summa tôt (3) ix" et xi r[eausH4).

lirait k environ 7,083 francs, au pouvoir actuel de 43 fr. 50. .Nous négligeons, dans ce calcul trËs approximatif, la fraction de florin qui forme la différence de 195 fl. 10 g* » à 196, ne sachant pas ce que représente le « g*, » et nous prenons le chiffre rond de 196 pour poiht de départ de notre calcul.

(i) On appelle encore serpillièree de grossiers tissus de chanvre servant à envelopper des ballots de marchandises.

{2) Mises, frais.

(3) Il est difficile d'expliquer quelques-unes des indications dou- nées en abrégé par Gérald Massiot dans ce curieux inventaire; il est heureusement beaucoup plus aise de reconstituer son corapte à l'aide de ses éléments principaux. Le marchand constata qu'il lui reste :

3 quintaux 42 I. de poivre 160 fl. 9 g.

87 livres de gingembre blanc Î9 f]. * g.

39 livres de gingembre colombin. 6 11. 1 g.

Ensemble 195 fl- 10 g. ^ «Broyaux.

À ajouter 48 pièces de futaine 60 r. 4 s. 6 d.(T)

Ï65r. 4a.6d. 10 p. 0/0 pour intérôU ou frws généraux. 16 r. 15(t)

Coût. 181r. 19 s. 6d.

Transport 9 r. 10 s.

Prix de revient total . 191 r. n*» rond.

La dépense du transport est à noter. Il en a coûté à Massiot 9 royaux 10 sols., soit environ 120 fr. 35 d'alors, pour le transport de Genève à Saint-Léonard (480 & 500 kilomètres à vol d'oiseau) de sept quintaux de marchandises. Le transport du quintal ressort donc à n fr. 30, équivalant k 103 francs d'aujourd'hui. On ferait à présent venir de Genève à Saint-Léonard, on grande vitesse, 100 kilogrammes de marchandises d'épicerie, c'est-à-dire un poids à peu près double de l'ancien quintal, pour 34 fr. 60.

(4) La première partie de cet iuventwre est de la main de Gérald Massiot.

>»GoogIe

4. Atuilyse d'un sermon prêché à Sainl-Lionard le 3 décembre i437.

Sia memoria quar i bon frayre prediquet lo m* jorn de desembre, l'an de grassia mil cccçxzzvii, et dis en son senno quar lot home et tota femna se podian solbar (1) et anar en paradis, mas que feseys (2) las cbausas que se

Premieyrament, di que l'ome et la femna, quant leba- ran de liech, que se senhen, en après que avan tota hobra se aganolbe [sic] dis la chambra, et que devotamen diga lo Poiter noster et la Ave Maria et lo Credo et poy... (3). Et di que l'om avia sa meaa (4) devotamen, lo comensamen et la Q, et que om ne se probche pas deu pestre que di la messa; et -que a la eyglieya defen que hom no parle an degu ni de negunaa besonhas, sino de pregar Dieu.

Item di que, lo sanc dieumenc, no fasas deguna hobra sino pregar Dieu, et que deves ourir la messa de vostre chapela et los coomiaiidemeDa et vespras et compléta et tôt lo sanc dieumenc far bona hobra et pregar Dieu.

Item, di que j vet (5) lo meys vos cofesey vostreya pechat.

Item, di que lo jom de Pasqueya vos, lo plus santamen que vos poyrey, vos cofeaeys et metes vos en bona orde- nansa a resebre nostre aenbor Dieu Jhesu Christ, nostre solvador, que preys mort et passion por nos et la ^ (6). Et fasen aquestas cbausas desus dichas et fasam olmona a paubra gen et fesam pregar Dieu por los mors et menar honesta vida en heure, en mingar, et vieure{7] deu sos

{!] Skuver, de saloare.

(!) A la condition qu'ils fassent.

(3) Ud mot illisible.

(4) Pour ouoia ou aucia «a meaaa .* entende sa messe.

(5) Une fois le mois.

(6) Et la croix. L'écrivain a figura ici le signe de la rédemption, an lieu d'écrire le mot.

(7) Vivre. Il faudrait : cio&nl, pour la suite régulière de la phrase.

lyGoogle

248

prope et no toire re (I) a degu, et setifar si as re de l'ou- trus 12), en fasen lotas aqueslas chausas et si desus eycri- chas, di lo frayre desus que entraras en la gloria de paradis. Kysi sia. Amen,

Pater noster Geraldut Massiolh scripsil hec sua propria manu (3).

5..— Bail à cheptel, 7 février ik3S [nouveau style 1439).

Item Die septima raensis febroarii, anno Domini mille- giiiio CGCC'"' tricesimo octave, presentibus Ademaro Bayle et Reymoneto Hugo, testibus ad hec vocatïs, persoualîter consiitutus Peyrau de Savenas{4), faber, habitator de Nobiliaco, pro se et suis, non cohactus etc. omnibus que vi etc. ymo gratis, recognovit in veritate, publjce confessus fuit se bene et légitime teucre et haberc in curte sua duas vaccas cura uno vilulo femello, unius anni..., videlicetad capitale sex regalium boni auri, cugni domini noatri Francio Régis , quoliljet pondère trium deuariorum (51 , videlicet ab honesLo viro Geraldo Massiot, mercatore de Nobiliaco, ibidem presenti; que quidam animalia promisîP dictus Peyrau nutrire et cuslodire, ad ambanim parcium comodum et utilitatem, et de eis eorumque excressen- ciis (6) fenire ad bonum computum siue eycet tociens

(I; Ne rien prondrp. Tolre reproduit le lalin lollere. (3) Et restituer (getifar, forme vicieuse : satisraire, aalisfact^re), si vous avez quelque cliose i autrui.

(3) Celte note est de la main de Jean Massiot, ou peut-être d'un do ses tits.

(4) Savennes, aujourd'hui commune du canton de Guëret (Creuse). Bernard de Savennes fut évêque de Limoges de 1219 à 1226. Tou- tefois il s'agit peut-être ici de Savnnas, qui appartient actuellement il la commune de Saint-Martin Sainte-Catherine, canton de fiour- ganeuf (Creuse),

(5) Six royaux d'or de 3 deniers chacun représenteraient aujour- d'hui 47* francs.

(6) Ainsi ie bail à cheptel était dès lors ce qu'il est aujourd'hui; le propriétaire remettait le capital -bestiaux an métayer : celui-ci élevai), gardait, soignait les animaux qui lui étaient confiés, et les deux parties partageaient lo croit, [e métayer restant responsable de la valeur de la souche.

lyGoogle

249

quociens per dictum Qeraldum seu buos fuerit requisitus, et emendatis dampnis etc. Renunciavit etc. Juravit etc. Obligavit etc. Et concessit litteraa Pariatgii condomiao- rum de NobUiaco in meliori forma. Lbonahdus Ratslli, clericus, retuUt.

6. Dissolvtion et liquidation de la société de commerce exis- tant entre Gérald Massiol et Jean de la Ribière, i8 février tli38 {nouveau style ik39).

Die XVIII' mensis febroarii, anno Domiiii M" CCCG"* XXXVIII", presentibus boneslo viro Leonardo Doyneys, mercatore, et Michaele Boudrit, eciam mercatore, et Jo- hanne Picapansa, testibug, personaliter constîtutis honesto viro Geraldo Massioth, mercatore de Nobiliaco, pro se et suis, ex una parle, et Johanne de Ripperia ()], mercatore ejusdem ville, eciam pro se et suis, ex altéra, cum prout ecdem partes diserunt et recognoverunt diu est ipse inter se contraxissent certam socielatem, quam inhiendo ipse Geraldua tradidisset novem viginti et duodecim regalia auri ponderis pro quolibet trium denarionim, seu sexa- ginta quatuor regalia auri marcam auri facientia (2), eidem Jobanne de Ripperia, qui eciam in eadem societate ponere et tradere promisisset sexaginta quatuor regalia auri ponderis predicti, ut bec constare dixerunt per litteraa anpev eadem societate passatas per magistnim Leonardum Tillourier; eademque societas ex post durasset et liiter se de lucro et dampno convenisaent ad bonum computum,

(1) Il y a dans la Haute-Vienne et la Crenae un asaez grand nombre de localités qui portent le nom de La Ribière ou La lîittiére. Plusieurs se trouvent dans les environs de St-Léonard ; notamment dans les communes de Bujaleuf, Champnetery, La Geneytouse, Hoissannea et Saint.Prlest Taurion. (Voir le Diclion- nsire géographique de (a Havle-Vienne d'Emile Grignard, ma- nuscrit conservé aui Archives de la Haute- Vienne.)

(!) Les 192 royaux représentent environ 2,iii francs et équivau- draient à 1S,168 Trancs d'à présent.

ibyGoogle

etc. hinc est quod boddie ipse partes, non cohacte, etc. ymo gratis etc. omnibus etc. recognovenint se inter se computasse bene et légitime et pro âne ejusdem computi idem Jobannes debuit et se debere recognovit eidem Ge- raldo présent! et reqniîreati, omnibus îllis in quibus unu8 alteri teneri poterat, quoquo modo, quacunque de causa seu racione, computatis ac eciam lucro et dampno, pre- cium Tidelicet sive summam novem viginti et octo rega- lium auri(l|, boni auri ponderis predicti; guam summam idem Johannes solvere promiait eldem Geraido piesenti etc. videlicet infra nativitatem Beati Jobannis Babtiste proxime venturam (2), nec non emendare dampna, etc. Ce- terum eedem partes remanserunt quicte hinc et inde de omnibus mutuis, crediLia, obligacionibus, societatibus et litteris quibuscunque, quas annulaverunt et irritaverunt perpétue etc. présente in aui efflcacia permanente, etc. Et super bis renunciaverunt predicte partes hinc inde etc. Juraverunt, etc. Obligaverunt elc, et conceaserunt litteras Régis, Pariatgii et domini offlcialis Lemovioensis (3) in meliori forma. Bordils r*.

7. Achat de cent quartes de sel par Jean Massiot (30 juin 1440).

Die ultima junii, anno Domini millesimo GCCC' xlti", presentibus Joanae de la Gossadieyra (4), mercatore, et

(1) 2,476 francs, soit l*,e*6 francs d'aujourd'hui.

(2) Avant le 24 juin 1439.

(3) On voit que l'intervention de rofflctal était encore considérée, au milieu du xv* siËcle, comme communiquant k un acte purement civil, une authenticité et une autorité égales à celles que pouvaient donner les officiers des sièges royaux. En cas de non-exécution des engagements, la partie lésée s'adressait souvent à l'ofScial, la pro- cédure du tribunal ecclésiastique étant probablement moins coû- teuse que celle des juridictions laïques.

(4) Peut-être les Coiissiëres , hameau de la commune de Mois- sannea, csjiton de Saint-Léonard.

lyGoogle

25Ï

Petro Berge, testibus, etc. personaliter constitutus Jo- hannes de Villagolet (1] alias 1o Rodier, de Bello De- ducto(2}, DOQ coactus etc. ymo gratis etc. omnibus etc. vendidit Johanoi Massioth, mercatori, presenti etc. cen- tum quarterias (3) salis ad mensuram de Nobiliaco, ven- dentem et ementem, precio i^Dquaginta scutorum auri novonim nunc pro Domino Qostro Rege Francie curren- tium (4), quod precium dictua Johannes de Villagolet habuit realiter a dicte Johanne Massioth présente etc. in bonis Bcutie auri, et non immerito ipsum Massioth et suos et ejuB bona quittavit perpétue cum pacto etc. Et oicbi- lominus easdem ceutum carterias salis, ad dictam men- suram, meusuratas correteriis (5) dicte ville, ipse Johan- nes, et tam ipse quam Leouardus Danielis, qui ad preces

ejusdem , se constituit âdejussorem et principalem de-

bitorem, et quemlibet ipsorum in solidum, et conducere ad domum dictl Massioth promiserunt infra majus festum Beati Leonardi proxime venturum (6) ; necnon emendare dampna, etc. RenunciaveruQt, juravertint, obligaverunt, etc. Et concesseruDt litteras Régis, Pariagii et domini offi- cialis. BoRD&s r'.

(0 Probablement Villegouleix, commune de Saint- U&rtin-Cba* teau, canton et arrondissement de Bourganeuf (Creuse). (3) Boiadéduit ou Beaudéduit, près 8»nt-LéoDard.

(3) La quarte valait le quart du setier, soit, à Saint-Léonard, tS litres 36 centilitres. Le setier de set se vend ici deux dcus, c'est-à-dire 23 fr. 66 : 143 francs d'aujourd'hui : es qui fait ressortir le litre de sel à 3 fr. 35 environ.

(4) Ces écus neufs valaient 11 fr. 83, soit environ 6S francs d'au- jourd'hui.

(5) Peut-être carleriis, dans le sens de mesure d'une carte ou ayant pour point de départ ta carte. Corretertia peut aussi dési- gner dea intermédiaires officiels, des conrtiers-juréa.

(6) 6 novembre.

DigmzcdbyGoOgle

8. IVaissance el bapUme de Louis Massîot, jils de Jean, 3 janvier ik56 [nouveau style i457).

Anno Domini miUesimo CCCC" L" sexto, die tercia meas- sis jenuarii quod mater mea Margarita Fabra, de Saacto Paulo (I), uxorata cum Johanne Massiot, habuit unum puerum; et fuit patruus dominus Ludovicus Fabri, capel- lanus de Vico (2) et canonicus Entimoûesterii (3); et puer habuit nomen patrui; et dictus patruus erat frater dicte matris mee, et ut sciremus meliori modo quot habe- bit annos iu tempore Tenieoti, ego Aathoaius Massioti, posui iu scriptum illo die met. Sigoatum de manu mea. Antmonius Massîot, clericus.

9. Naissance et baptême de Biaise MassUil, fils de Jean, 3 février lk63 {-nouveau style i464).

Nota que Van mil CCCC LXIII, lo jour Saint Blaisy (4), que naquet mon frair Biaise, et fut parein Jehan Alesme, et marine la Katerine, fllle de mon oncle, maistre Jehan Faure; et fut l'anuee des grans neges (5).

(1) Sana doute Saint-Paul d'Eyjeaui , chef-lieu de commune du canton de Pierrebuffière, arrondissement de Limogea.

(2) Vicq, chef-lieu de commune, canton de Saînt-Germain-les- Belles, arrondissement de Saint- Yrieix (Haute -Vienne).

(3) Eymoutiers , chef-lifiu de canton de l'arrondissement de Li- moges. Il est parlé, dans nos chroniques, de l'ancien monastère qui existait dans cette ville au xi* siècle. Un chapitre y fut établi à une époque assez ancienne. L'église collégiale d'Eymoutters pos- sËde des vitraux du xv* siècle qui comptent parmi les plus beaux que nous ayons en Limousin. L'ancien nom de cette ville est Ahen- limonaaterium, qu'on trouve à peu près exactement conservé ici.

(4) 3 février HM.

[5] Nos .Annales manuscrites ne signalent pas ces > grandes neiges.

lyGoogle

10. Convention mire J. Meaâol et Pierre Chabret, son vov- iin, au sujet d'un toit ou auvent ét(ûiU par ce dernier au- devant de sa maison [5 août 1^66).

Memoriale est quod die hodierna infrascripta, perso- naliter constituli honesli viri Johannes Massiot, burgensis et mercator ville Sancli Leonardi de Nobiliaco, pro se et suis, ex una parte, et Petro {sk] Ctubret, fabro, eciam pro se et suis heredibus et successoribus ex parte altéra : cum dictus Petrus Chabret edifficari faceret quoddam um- brailh [\) ante domum suam, et pariete [sic] ejusdem ex parte aate et deversua domum dicti Johannis Massiot, dictua Pelms Ghabret proniisit, et convenit eidem Johanni Mas- siot, retrahere diclum umbrailh ad ordinacioûem exper- torum, tociens quocieus per dictum Johannem et suos fuerit requisitus, et eclam tociens quociens ipse JohanDes aut Buos [sic] volueiit [sic) in pariete suo edifflcari facere UQum umbrailh. De quibus premissis, predictus Johannes Massiot peciit hoc presens memoriale sibi daii, Datum et actum coi-am me, Petro de Meyrengas, licenciato, commis- sario etjurato, pi-esentibus honesto viroAudoynoLobloys, Leonardo Gostanti, carpentario, et Leobone Rebers, tes- tibuR ad hec vocatis et rogatis, die quinta mensis au- gusti, anno Domini millesimo CGCC" LXVI. P. de Mey- HINGIS r*.

II. Reconnaissance souscrite par Charles de Cresancy, prieur euré de Bujaleuf, pour un prêt de deux écus d'or, et pro- messe de payer en blé (3 décem^ire....).

Yeu, Charle de Ct'esensy, prieur de Bugaleou (2) c[oii]oys8e et confesse a deveyr a Johan Massiot, marchean de Saint

(!) Umbrnilh iiijiftracu/uni a le sens do couverture, abri, tonto. 11 s"agit d'un toit Uger, d'un auvent.

(3) Bujaleuf, commune du canton d'Eymouticrs, arrondissement de liimoges.

ibyGoogle

254

LîeDnard, la soma de dos escus d'aur, losquals dos escus m'a prestat ben e lealment, contas et velhant (1) per lo preys que lo blat voudra a la Nostra Dama prochaine venent, que yeu l'en setifaray sos dos escus en blat (?) per lo preys que

voura. Fach lo m' jour de desembre, l'an fach senheit

de son sencf?) manual sy desoB. Charles db Crbssanci.

13. Venu de bétaU {{3 septen^e tkôSl.

Yeu, Ësteve Tillourier, clerc et notari de la ville de Saint Lieunard, conoisse et confessa aveyr vendut ou senheirJohan Massioth, boui^eyede lad. ville, ungparel... beoux et una vache en son vedeu mascle, le quai bestiau luy ay delieurat et beylhat sur lous teuanciers deu leuc de Reynarie (3), p' de Saint Estere de Noalhac (3) et ce por le près et soma de sieys escuts d'aur (4), la qualle somme be et leaubnent me a beylhat contant, et de la qualle somme led. Massioth en quite per aqueste présent sedula signada de mon sign manuel si dessoubz meys en la pré- sence de sage hom Michel Beudier et Legier de Bru- gieyra8(5), le xiu* de septembre, l'an mil IIII* LXVIIJ.

£. TiLLOBRIBR.

13. Jean Massiot reçoit de l'Éviqiie l'invettUure de plusieurt fieft, 3 février iklO [nouveau style ik71).

NotLi quod die tercia menssis febroarii anno Domini

(1) Comptés et valant pour, etc. La stipulation est aases au-

[2] Nous n'avons pu trouver la localité que désigne ce mot. Aucun nom de lieu dans les environs, sauf Arrènes, chef-lieu d'une com- mune du canton de BourganeuE (Creuse), ne s'en rapproche.

(3) Une des anciennes paroisses de Noblat-Sunt-Léonard.

(4) Six écus d'or, en 1468, équivalent à 68- fr. M : environ 412 francs aujourd'hui.

(5) Peut-être Brugeraa, hameau de la commune de Moissonnes, canton de Saint- Léonard.

lyGoogle

255

millesimo quadringentesimo septuagessimo, preseotatus fuit pater meus Johan Massiot coram domino Ëpiscopo Lemoviceusi [1] ex [sic] hommagia faciendo; et primo fuit investitua de magoo BiUaco(2) et de Rejoaria; et fecit homagium de Manso Papoulo (3) cum guis perlineusis, et

sollempniter... de Virolo (4) Datum die ipsa io villa

Sancti Léonard!, anao supradictis. Johamnes Masscoth, clericu3(5). Et sapches que ledit lieu de YiroUe estoit réservât du S'; mas y a veadîciOD.

14. Délivrance au prieur de l'hôpital des pauvret de Saint- Léonard, d'un legs de 30 sols fait à l'hôpital par Jeanne Ctaatre, veuve de Girald Massiot (16 octobre Ikli).

Gum domina Johanna Claustra, relicta'guondam Ge- raldi [6] Massioth, burgensis ville Sancti Léonard! de Nobiliaco, in suo ultimo testameoto dederit et donaverît et legaverît hospitali pauperum (7) dicte ville, xzx* soli- dos (8), ego, Petrus de Alvernia (9), presbiter et prior dicti

[t] L'évâque de Limogea âtait alors Jean I fiarthon de MontbEis, qui occupa le siège âpiscopal de 1457 b, I4B6. {%) Le Grand fiillat, commune de Saint-Lâonard.

(3) Noua n'avona pu identifier cette localité. Il y avait, aux ziii* et XIV* siècles, un ilfas Papalou dans la banlieue de Limoges; mais ce ne peut être le Heu dit dont il est ici question.

(4) Probablement Virolle do Champnétery, canton de St-Lâonard : peut-être Virolle d'Aureil, canton sud de Limoges.

(5) Il semble résulter de que Jean Uassiot, époux de Margue- rite Faure, avait deux fils du nom de Jean : l'un marchand et l'autre clerc.

(6) On avait d'abord écrit Johannit; mais on a corrigé ensuite.

(7) L'hApital de Saint-Léonard fut, dit-on, fondé vera 1191. L'abbé Legros a constaté son existence en 1263.

(8) Environ 0 fr. 03 : un peu plus de 54 francs d'aujourd'hui.

(9) Les d'Auvergne, une famille de bonne bourgeoisie de Limoges, ont, du iiv* au ivii* aifecl'-, fourni un grand nombre de dignitaires ecclésiastiques d'ordre secondaire, de jurisconsultes, de jugea, de notaires' et de (;refflera.

lyGoogle

prioratus hospîtalis, confateor et recognosco me récépissé et habuisse a honesto viro Johanni Massioth, burgensi dicte TÎlle, ut hères (sic) dicte Johanne, matiia sue, ut pleoius omnia continentur in testaraento dicte Johanne, dictos Iriginta solidos, et in testimonium veritatis sigoum jneum manuale apposai presenti quictancie. Factum per me, dictum de Alrernia, die xvi* mensis octobris, anso Domiiii millesimo CCCC"" LXXJ". P. de Alvernu.

15. ;— Prière et cantique à ta Yierge (s. d.)

Saluto te, bealissinia vii-go, Dei genitrix, Maria, auge- lorum regina et domina, ea salutacione qua te salutavit angélus Gabriel, dicens : Ave, Maria, gracia plena. Do- minus tecum. Ipsius sanctuB supeiTeniet in te et rirtus Altissimi obumbrabil te, etc. (1).

De toy nous vient toute bonté Ti-es doulce virge précieuse, , [Qu*]aucun pechie n'a surmonte. Vueille moy estre gracieuse. La mort, qui est sy très hideuse^ Me vient aper (2), je ne say l'eure. Mon ame eu est sy angoîsseusse Que de peur chascun jour [je] plure,

Plurer me faut mes grans mcffais; Car je ay vescu toute ma vie En pechie, par diz et par faiz. Helas ! Dame, je te suplie Prie a ton filz, le fruyz de vie. Que tu alaytas doulcement.

(1) Cette iuvocallou se poursuit pendant dix lignes encore; comme elle n'a rien d'origioal, il nous a paru inutile de la reproduire.

(2) Happer.

lyGoogle

Que luy pleist par courteBîe (1) A moy pardoiier kumblement.

Humblement je te fais prîei-e,

Mère de notre Redemptor,

Que ta beuigue grâce acquière

Bq persévérant en ce jor (?).

Tu es le chastel et la tour

Out les pechour se vienent rendre.

Sy te aupli, oy ma amour

Et en mon fait vuelhes entendre (2).

16. JVoK relative à des travatix de curatje d^aquedua et à la eonstruelion d'une nouvelle cave (i*' septembre i'i72}.

Die prima mensis septembris, anno Dominj millesimo CCGG°" LXXTJ», que mon pair [Johan Massiot, flih de Ger. Massiot] (3) feys curar lo doat (4) de la fon de nostra laberno, et trebar (5) a doas claux, de que la premieyro se troubet a l'endrech vix at vix deux premier urceaux de la pourta de la meyso que fust de Beylenieis, maintenen estant de Mansaud et Liennard, Ôlhs de Marcialy Doyneys, cuy Dieu pardon ! et l'aultre clautx en la pillo d'entre

(1) P&r gr&ce, par condescoodanoe pour toi.

(2) Il faut noter le tour heureux et facile de ce morceau, sa naïveté et l'en Ire lace ment régulier (sauf & la &a de la première strophe) dea .rimes masculines et féminines.

(3) Les mots entre croclieta ont été ajoutés d'une écriture très

(4) Le conduit, dactus. On voit que nos ancêtres ont souvent réalisé, d'une façon très imparfaite il est vrai, et fort incorrecte le plue souvent, ce grand progrès qui s'est généralisé à notre époque : l'eau à domicile... A Limoges, il y avait dans un certain nombre de caves particulières, des pêcheries, des réservoirs dont l'existence est mentionnée dans des annonces et contrats de vente des deux derniers siècles.

(5) Nous nous croyons sttrs de notre lecture. Néanmoins trebar ne donne pas de sens, à moins qu'il ne soit un composé de barrai', fermer, et que Irebar ne soit mis pour (rebarrar.

T. TH. t-4

lyGoogle

258

la mevgo de Picapaoso, mainctenen estam de Marsaud Banhar, aliter Guogaud, et egtre acquello de Claustro fazen queyrio (1) ; lasqiiaux claux son senhadsis [2] en ser- tanas grandas peyraa ou peyTat(3). Fach lodîch jour et an; et l'am r[elatuinî] anno Domiiii 1472. J. Massiot.

Item, ladite annado luren curatz acquilx de L'Oumo- Dieyro (4), comenssam a ma meygo et fenizen a la meygo de Liennard Raveu, tiran a la dicha porta.

Item, en aquello annado fey curar los doatz deypeust la taverne (5) de chas Clautro jucques avant Partutz (6) ; et furent fach neufs que jamais (?) nevia vie agUt.

Itéra, eodem anno, fey far la taverno neufve d'à maigo (7) soubz l'oubradour (8) et ladicha taverno velho enplit d'aiguë per la font; et fay mon payr curar lo doat tout au long, jucques a la maijo de Gogau, et trobarent doas claux, l'une davant la maijo de Marsaud et Lienard Doyneys, et l'autre davant la maigo dudich Gogaud et de Laclautre.

17, Bâti à cheptel, iO janvier Vtl'à {nouveau style i475). Die X* meusis januarii, anno Domini mlllesimo CGCC"

(1) Coin, encoignure.

(2) Marquées.

(3) Pavé. S'applique plus particulièrement aux petites cours et passages ou corridors pavés qui dépendaient des habitations. 11 signifie aussi amas de pierres, et perron.

(1) La rue AuraOIiière eiisle encore à Saint -Léonard. A l'extré- mité se trouvait alors une des principales portes de la ville. Cette porte est souvent mentionnée au xui* siècle. On y exécutait les malfaiteurs condamnés à la mutilation : amputation des oreilles ou perte d'un membre.

(5) Taberna se prend en général dans le sens de cave. Les lignes suivantes prouvent bien que c'est ce que Massiot entend par là.

(G) Est-ce un nom d'homme, ou s'agit-il du lieu dit Mslpartuz

(7] D'à maigo, d'ici, de chez nous, lie Malo l'ertusio, était la prison du la ville ï

(B) Atelier, do operalorium.

ly Google

259

LXXIIII", presentibua Anthoûio Rabith, alias Trabau, et

Anthonio Peyraudit, lestibua, etc. Petrus de Podio Fo- cherii (1),., alias Coaleiia non coactus etc. (cum omnibus) vi etc. sed gi-atia etc. pro se et suis recognovit se beue et légitime tenere in çurte sua, a prudente vire Johanne Massiot, burgensi ac mercatore viUe Sancti Leonardi, ibi- dem presenti etc. unum bovem pili rubei, unam vaccam pili rubei piga pregnantem (?) et duas tauras quarum una est pili rubei et alia piga, et unum jumenctum pili bayai-di et hoc precio et summa septem scutorum auri et duodecim deDariorum; que animalia promisit dictus Petrus servare et nutrire ad ambarum partium comodum et utilitatem et venire de (?) eisdem ad bonum et légale compùtum sive eysset io villa Sancti Leonardi tociens etc. et promisit emendare dampua etc. et renunciavit etc. obli- gavit etc. concessit litteras Régis et Pariagii in meliori forma. Tillourier r.

18. Reeette d^un préservatif contre le poison et ta peste [s. d.].

Recepte d'une poudre que le medicin a Moss' de Guiene a ordonne contra pestem : que ou doist prandre toz les matios une petite routie de pain et la tranper en du vin viron {sic] une draxme (3), et mecti-e sur la routie de ladite poudre, et manger ladite routie et boire ledit vin ; et est bonne contre toute poison et vérin (3). Pulvis ista im- perialis dicitur.

Recipe scabioBe (4), radicis tunice (5), ana (6) i (7) I,

(1) Un mot illisibl'?.

(2) Drachme. Ce mot est encore eti usage daiis la langue phar- maceutique. La drachme équivaut au gros et représente environ 4 grammes.

(3) Venin. Cette forme, vérin, était autrefois très usitée. Une des sept « Merveilles du Dauphinë » est encore désignée par le peuple sous le nom de « Tour sans vérin.

(4) Nom de plante encore usité.

(5) Un des vieux noms de l'/sillet.

(6) Signifie : de chacun; peut-être abréviation pour ambarum.

(7) Une BOrt« de i grec : signe de l'once.

lyGoogle

Radicis dlptamy (I) , radicis tormentîlle (2) aoa t eem. (3).

BoIi*< (4) i i, aeminum (5) actetose [6), semioum citry , aiia. 3 (7) ij.

Rasure eleboris (8), margaritarum (pour margaritarum se prcn la semence des perles) (9), j; cinamomy (10) çlecti 3 sem.; Garioff. (11) 3 sem.;Zucci;hari?] albi [12)quod suffl- ciat." Fiat pulvia. Massioth,

Oporlet cavere a feniiQa(ï)(i3), a frigore, a fervore, a fructu, a fetore, a sumo (?1 malo.

(1) Pour dictami.

(2) Nom de plante encore usité,

(3) Demi-once.

(t) Douteux. Les personnes que nous avons consultées sur la sens de ce mot, notamment M. Astaix, ancien directeur de l'École de médecine de Limoges, pensent qu'il ne faut lire ici ni Bolici ni BoUli. Toutefois le Bol d'Armante entrait dans la composition de plusieurs recettes contre la peste.

(5) Graine.

(6) Pour acetote, oseille.

(7) Sorte de 3, signe du gros ou de la drachme.

(8) Eboria probablement. U. Astaii nous a montré dans d'anciens livres de médecine plusieurs formules de préservatifs contre la peste et le venin, figurent des râclurea d'ivoire.

(n) Les mots entre parenthèses sont en note. On donnait le nom de Mtnence de perle» i. des perles très petites.

(10) Ciuinetle de CeylEui.

(11) Gariophylli, clous de girofle.

(U) Zucckari ou sacc/iari (ail. Zûckcr), sucre. Le sucre nous venait d'Orient et des iles de l'Archipel grec. Au temps des Croi- sades, la France et l'Italie le tiraient surtout de l'ijgypte et da Tripoli.

(13) Notre lecture peut ne pas être bonne. Toutefois on rencontre souvent, dans nos vieux livres de médecine, des recommandations dans le mâme sens. On sait quelles bizarres propriétés de vieilles superstitions avaient attachées à.certwns éMe de^la femaie.

lyGoogle

19. NaUi diverses relatlvet attx ivènemenU malheureux : guerres, famines, épidémies, à leur retour et à leur tueeet- tion (la dernière partie du pauage au moins est postérieure àiklS).

Sia memoria pro successoribus Dostris guod, pûst mag- nas guerras, Teaiunt inâulgeDtie ; post indulgentias renit famés; post famés venit quandam [tic) generalem pesti- lentem (?) contagîonem, que quasi impidimie {sic) calide Tocatur febre pestilencia (?).

Item, BOtetur quod in aonuatis quinquagesimîs com- muniter est famina in isto regno.

Ay ouvit disre a Johan de Lan, demoran a Dieuluy- don(1), en l'aage de IIII" et v ans, que son payr dizia, que era de roesma aige, que l'an mil treys cens XXXI, fu una grant famina et una grant guerra ampres, et devizon entre louB senhors; car ne y avîe point de cliap, causa (?) mortis (2).

Item l'an mil CGC' IIII" et dous, ou enviro, fu grant mortalitat, et se sauTeren loua senhora en se remudan de chastel en chastel et de plasse en plasse, et l'an avant fu grant famina et deysaendit (3), et dizen Ions, ansBias|4) que deysSendet ung prince d'Anglaterra ^] en Gaaconhe

(1) C'est par erreur qae nous avons dh plus haut qu'il s'agissait de DieDlidoat d'Oradoar-sur-GlBiie, canton de Saint-Junlen, arron- dissemeot de Bochechouart (Hle-Vieane). Dieulidont était u:) prieuré de l'oidre de L'Artige, aituâ dans la paroisse de Benon, en llle deRA.

(3) Cette famine n'est pas signalée ailleurs. S'agit-il ici des troa» blea qui désolèrent le paya un peu plus lard, dans les premibrea années de U g«erre arec l'Angleterre?

(3) root est rdftété plus loin et mis ici par inadvertance.

(4) Les anciens, les vieillards.

\S) S'agit-il ici de la descente Faite par le duc de Lancastre sur les cAtes de GttyMne en 1388, et que les garnisons de routiers à la BoMe de l'Angleterre appuyèrent en opérjnt une diversion en Barri î

dbyGoeigle

et lousdita senhors furen maDdat a y anar, et y furen tuatz(i).

It. l'aa mil IIII* XXXI ont avia x sestiera (?) de blal per ung escu[2).

L'an mil IIII" XXXIJ par ung escu n'avian setiera que II setiers.

L'an XXXIIJ lo seatiers valia l'de rey (3); l'anXXXIIIJ, de zzx s. renguet a quatre (4), sens medre et sens batre (5).

Despuys l'an LXV, en acquest reaulme ou circumvicinU agut grant guerras jusques au LXXVUI a XIX.

Despuey l'an LXXII, en acquest reaulme, agul grans pardons et perpétuons et îndulgencias de tant d'eyglieyzas que ne ceys memorious (6).

Item ung (7).

20. Relevé des rentes de Jean Massiot à ta date

du 15 février iklk {nouveau style ikl5).

Eysso eys l'estapt de las rendas que yeu, Johan Mas- sioth, ay acquisas, en acquey papier escripchas le xV de feurier l'an mil CCCC LX et XIIII.

Et primo le leuc de Chouvour (8) d'ostro en la terre de Chastelneuf (9) et justice, loqual fu de Pranseis et de Peir

(1) Nous n'avons pu trouver de détails sur ce f&it.

(2) Soit ua peu plus d'un frane (six francs d'aujourd'hui) le setier.

(3) 13 fr. 17, soit 79 francs d'aujourd'hui, (1) Un fr. M (9 fr. 85 d'aujourd'hui).

(5) < Sims battre et sans moudre, s c'est-à-dire le ^rain vendu en

(6) ^ue je n'en ai pas garda mémoire.

(7) Le rédacteur de ces notes s'est arrêté là. Une partie au moins de ce passage est de la main d'Antoine Massiot, prieurdeDieulidont.

(H) Ghauvour, commune de Smnt-Denis des Murs, canton de Saint-Ijéonard,

(9) Cliftteau neuf- la-Forêt, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Limoges. Le banvi de GhAteauneuf étut un des seigneurs les plus puissants du pays.

DigmzcdbyGoOgle

263

deu Molis, sur loquau yeu ay vi sestiers segle, ij scatiers froment, ii sestiers aveno et doas galinas, Tj sols de pré- sent et au quatre cas (1) x s (60 R.)

Item sur toz loz beys maistre Anlhoni Faure, Jehan Faure, Loys Faure : m sestiers segle et m sestiers froment, perli doaire de leur 80ur [-2)... _....- (30 R.)

Item, sur la vinhe de Johauet Belarbre, io quai fa de Forestier, assiaa ou bari de Fonpino (3) : m eminns fromen, en la seigooria.

Item, sobre Io maigo au faure de Chastendeu (4), assiso eu la ruo de Malpartut (5], et super omuia bona sua : I sestier froment rendent.

Item, sobre la maigo Legier Teysier, pousada a Bao- chereu (6), et sobre toz sos beys : n sestiers fromen rcndeus.

Item, sur la meygo au faure de L'Artîge (7), pousado

(1) On sait que la taille aux quatre cas était due au seigneur dans quatre éventualités déterminées : le mariage de sa lllle, la chevalerie de son fila, le paiement de sa rançon et son départ pour la Croisade.

(2) Il s'agit ici du douaire constitué & Uarguerite Faure, femme de Jean Hassiot, qui écrit ces lignes.

(3) Faubourg de Font Pinou. La rua de Fontpino est nommée dans des pièces de 1387 et 1288.

(4) Chatandeau, ou chez Tandeau, commune f^e Saint-Denia les Mura, canton de Saint- Léonard. Il y a aussi Chatandeau, com- mune de Boisaeuil, canton de Pierrebuffière (Haute- Vienne).

(5) Cette rue n'existe plus à Saint-Léonard, et on n'en conserve aucun souveoir. C'est que se trouvait autrefois la prison de la commune « in prisione de Mato pertuaio que est consulum.

(G) Bancheraud. Un faubourg de Saint-Léonard porte encore ce nom. On trouve, au xiii* siècle, Boucherieu : m uico vocalo au Boucheriau.

(7) L'Â.rtige, localité sise dans la commune de Sai ut-Léonard, et où, vers l'année 1106, deux pieux solitaires, Marc et Sébastien, originaires de Veniao, fondèrent un prieuré qui devint le chef d'un petit ordre. Le monastère, d'abord établi à L'Artige- Vieille, fut en- suite transféré A L'Artige- Grande, au confluent de la Mande avec la Vienne. Les Protestants le pillèrent en 1587. Il en reste encore des bfttiments d'une certaine importance, qu'on aperçoit du chemin

DigmzcdbyGoOgle

2M

en la rue de Champiiiainht(l}, que fay qaeyrio, et super pmaia bona sua : 1 aestier froment rendeuB.

Item, sur la meygo Esteve de la Vinhe, per l'obsent (?) maistre Peyr Vinhe, son filh, situado en la rue de Bouzo (2) : ] cmlua de fromen,

Item, sur la meygo au faure de Savenas (3), situado ou Marchât ou porcs (4), que lut de Savy : 1 sestier froment rendeut.

Item, sur la meygo Seinpourso Fornler, situado eu Merchat a las vachas (5), et sobie toz sos beys : i sestier fromeo leadeut.

Ilem sur la meygo Peir deu Pis, pousado en la rue deu Pis (6), et sobce toz sos tbeys : i sestier frameu rendeut.

Item, sobre las Rongieras (7) autas et baesas, que le Çeraud de la Rongieras : vi sestiers segle 8e3ierB(6J.

Ilem, lo loue deu Cheiro (9), que te Johan de laGardo (10), situât en 4a pai^e de Saint Dennips de Mur (II] : mises- tiers segle, xz sols et ii galinas.

de Ter, en allant de Saint-Léonard à Symoutiers. Etienne Massiot etMt prieur de L'Avtige en 1380 et 140t ; autre Etienne en 1468.

(t) Un faubourg de Saint -Lécmard porte ce nom, ainsi que le cimetière actuel. lies anciens titres mentionnait aourent la porte de Champmalnh de campo magno.

(9) I^ rue do Bouzou existe toujours : elle est cojume en 1288 : in ftco de Bouzo. (archives départementales de la Haute-Vienne, Ëvfiché, 1. Î440.)

(3) Savenas, commune de S aint'Martin- Château, canton de Bour- ganeuf (Creuse).

(4) Le Marché aux porcs,' aujourd'hui place du Marché.

(5) Le Marché aux vaches : place Noblat.

(6] Rue du Pis : aujourd'hui rue de la Poste.

(7) Les Hongières, commune et canton de Saint-Léonard.

(S) Censiers, de cens. Los autres redevances sont des rentes, non des eensives.

{Vj Le Cheiroux de Seiignac, conunune de Sainte-Anne Sûnt- Priestî

(10) La Garde, de Saint-Denis des Hurs, ou la Basse-Garde, d'Ey- bouleul.

(11) Saint-Denis des Hurs, commune du canton de Saint-LAtmard. Il jf existe un tott beao > c&mp de César. >

DigmzcdbyGoOgle

,2«5

lum loloucde Ma«leu(l], que le U> coslurier, loçoal fu deu prodome : irt sestiers fromeD reodeut, y sols, doas galiDas, II chapons.

Item sur lo leuc Liennard deu Masbarelh(2), situât en la parofle d'fyboleu (3) : iiii sestiers segle, t seetier froraea.

Item sur toz loz beys Giraud Valiero : iiit sestiers emiiia fromen, et xxviij sols i denier.

Item, lo leuc deu grant Vilhat[4), asituat en la parofle de ceste ville : xx sestiers de tout blat, un 1. eo argent, THJ galinas, affar et ve9lir[5), et vi poletr ou u d. (fi) eux iiii*" jornaux habras {?) et m habra (?|.

Item, lo leuc de Reynario [7) : ztii sestiers de blat et Ix sols en argent, situât a Las Bongieyras t gelinas, II de présent.

Item, lo leuc de Vaux (S), paroSe de Saint Dennips de Uur : XII sestiers de tout blat, v soU, 'Viji galinas.

Item, sobre lo vergiei- Liennaud Pauli, situât au bari de FoD ;Pino et sobre tôt sos beys .: 1 eminiL fromen rendent.

Item, sobre la vioha de Coly Hatheuet, situado a Laffon- taneto : xii deniers en la aeignoria.

Item, sobre lo prat Peir Jornet, situât oupies deux pratz de la Baya (9) : m eminas fromen rendent.

Item, sc^Ee la meygo de Jt^an Peytier «t âe sa mair, situado en ruo de Bouzo : xx sols.

Item, sobre la meîgo Johan Molar,. situado (10): 1 ses- tier fromen rendeut.

(t) Nous ignorons de quel Heu il s'agit : ce ne peut être du bourg de Masiéon, anciene battide ou a ville franche créée par Phi- lippe IV.

(2) Le Masbaret : un lieu dit de la commune de Saint-Léonard, et un hameau d'Bjbouleuf. portmit ca nom.

(3) Ëybouleuf, coiamuQe du caoto* de ^awt-Lécnard.

(4) Le Graud-Billac, près Saint- Léonard.

(5) C'eat-ï-diro la propriété foncière et le droit d'investiture. (G) Douzaines.

(7) Nous avons dit que nous ne pouvions identifier ce nom.' (^ Vaux, eomnaoe de Bujaleuf, canton d'Eymontiers. (EQ ReutcUre de l'Abbaj/a t de l'^bbaire. (10) Un biaoc.

lyGoogle

Item, sobre tos los beya Peir de Noiirat(l), gendre de Mori : 1 emina fromeo rendeut.

Item, sur lo leuc de Columbeys, près Vostazac (2) : ung meut de vy.

Item, sur la plancte Pacquet de Valy, situado ou peuc la Saue (3) : 1 quarte fromen rendeut.

Item, sur la meygo deudit Paquet de Valy : 1 emina fromen.

Item, lo I)oytOB(4) Marsat et Micho, por causo de lour escuras et Tergiers darey lasd. escuras : 1 sestîer fromen.

Item, Guilhem Broau : 1 quarte fromen.

Item, sur lo loue Johan Deu Masbarelh : vu sestîers segle TU sols ti deniers, plus ti sestiers segle.

Item sur lo leuc Andrieu deu Masbarelh : lu sestîers fromen, un sestiers segle, et xx sols eu argent.

Item sur la gareno Peir Jomet, que te lo home deu Temple (5) : 1 sestier fromen rendeut.

Item sur Andrieu Margolb : iiii 1. ix s. en argent et ii ses- tiers fromen, plus xxvi s. iz d.

Jehan Veyrier : ixxu s. et m sestiers fromen.

Item, sur toz loz beys Peir Jalin ; 1 emina fromen rendeut.

Item, sur lo Gontau et super omnia bona : 1 sestier fromen.

Item, sur Paquet d'Andalay [6) : ii sestiers fromen rendeu.

Item, sur Dimasiardier (7) : u sestiers fromen.

(1) Noua ne connaissons de localité de ce nom que dans la com- mune de Saint-Su Ipice-le-Dunois (Creuse).

(3) Voutezac, canton de Juillac, arrondissement de Brive (Corrèze)t (3} Le Puy-Lassant, hameau de la commune de Saint-Lâonard.

(4) Le bolteuiî

li) Hameau de la commune de Saint-Léonard.

(6) Dandalaia, commune de Saint-Léonard.

(7] DimatUrdier, mot qui dérive de l'ancien nom du mardi gras ^ LardArium, se trouve quelquefois employé dans un sens inju- rieux aux XTi* et ZTii* siècles.

lyGoogle

267

Item, sur la vinhe Micheu Paasareu : i emina fromen rendeut.

Item, sur la vinhe Jehaone Larmurier : 1 emina fromen.

Item, sur lo leuc Guilhem de Las Saignas (1] : m ses- tiers segle.

Item, sur lo prat G. Valieiro deu Lavadour (2) : xxviii s. et I d. en la sennoria; m sestiers emina fromen.

Item, sur lo leuc Colho de Masleu [3) : n sestiers fromen.

Item, sur lo.prat L. Doyneys de la Costa [4) : zzt sols.

Item, ay achaptat de G. Valieyro 1 quarto fromen ren- deut sur une terre situado au terretorî de la Croix au compte, que tenet acquilh de la Pailissa{5}.

Item, sobre Theveni de las Montanieyras (6) : m eminas fromen.

Item, plus sur ledit Thereni : ii sestieis segle.

Item, ay achaptat lo leuc de Praceuz (7), en que ha de reilSo XII sestiers de tout blat et ls sols, vi galinas.

Item, ay achaptat lo repaire deu Mas (8), en que ha X sestiers de blat, lx sols, et lo prat, t galinas, et ay achaptat lo leuc deu Rouveir (9) en que ha iiit sestiers de blat et xzz sols, m galinas.

(1) Les Ssgnes, village de la commune de Saint- Denis des Murs, canton de Saint-Lâooard. Ce nom de Sagne, qui indique ud terrain msrâcdgeux, une joncière, est commun dans nos pays.

(2) Nous n'avons pu identifier ce nom de lien.

(3) Nous ne connaissons d'autre lieu de ce nom que Hssiéon, commune du canton de Gh&teauneuf, arrondissement de Limoges, ancienne bastide ou ville franche, érigée en tîS7 par le roi de

(4} Il existe un hameau de La CAte dans la commune mâmc de Saint-Léonard.

(5) La Palisse, lieu dit de la commune de Saint-Léonard.

(6) Montagnières, près Saint-Léonard.

(T) Prasaeau, commune de Saint'Denis des Murs, canton de Saint- Léonard.

(S) S'il ne s'agit pas ici du Haa Rouveii, la mention peut se rap- porter au Mas de Saint-Denis des Hura ou au Haa de Bujaleuf.

(9) Il n'est pas question ici du Rouveii, village de la commune de Saint-Just, entre Limoges et Saint-Léonard, mais du Has Rouveiz, commune de Champnétery, dont il est souvent parlé dans le ma- nuscrit des Hasaiot.

ly Google

Item, ay achaplat La Garde de St Dennix (1), en que ha XXX sols, IX sestiers de blat, ii galinas, vinade (2).

Item, lo leuc de VeyvialJe (3), que deu c sols, un ses- tiers emina de tout blat, et vinade.

Item, sur uno terre que tenet aguïlh de la Palisse : 1 quarto segle.

Item, lo leuc de las Bordas (4}, que deu xiii sestiers emina de blat, xxt sols, m galinas, m pousis (5).

Item, ay achaptat lo repaire de Toubregas (6), que deu XXXII sestiers de blat et cxn sols, et nu gatiaas.

Item sobre Jobaii de Saint- Yrieys (7) : xxvii sols vi d. de renda.

21. Règles à suivre pow la rédaction des contrats d'obl^ation.

S'en sec la ordonence de passar lettras et notulas tans de bestial (8) que de debte ; et primo de debte :

Premieyrament lous (9) far obUguar que, si sons soubi potestaz de payr, que y renuncient; ampres que promec- tent a pagar dins terme ordenat; ampres que se obliguant

(1) Peut-être la Haute ou la Basse Garde d'E^bouleuf, canton de Saint- Léonard.

(2) La vinade : redevance payée d'ordinaire «n nature et due au seigneur «ur le vin réooHé dans ea terre et sur celui qui la traverse.

(3) Veyviaï*«. commune d'Erbonlenf, canton de Saint- Léonard.

(4) II existe plusieurs localités de ce nom dans les communes de Saint-Léonard et de Saint-Uartin Terressus.

(5) Poulets.

(6) Taubregeas, commune de La GeneyttRiM, canton de Baint- Lëonard.

(7] Il y a un assez grand nombre de, localités de ce nom dans les départements de la Creuse et de la Haute-Vienne ; tnaîs nous n'en connaissons aucune à proûmité de Saint -Léonard.

(8) On Mnarquera que le rédacteur de la note ci-aprâs ne s'est pas do tout oecnpé àm contrats de ahept«l.

(9) Les débiteurs.

lyGoogle

?69

en la melhor lonna; ampres que renuncient l'excepcion de dréch que dit que aegun no deu estre jutge ea sa cause et lours far reiiunciar a tout fraut [1), tout barat (1), lettras dictas quiuquanellas, respiz, aplegamentis, auapen- cions de meys et dispensacioûs de segrament ; car par la renumpciacion l'on loue fara anullar quinquanellas, et respit, et mercy, et segrameut; item ordenar jor et tenue de payar; item lous far compellir per la Guarde deux ceaux et de Monssenhor l'ofQcial et per delempcioQS de corps et retempciona de lors personnas; et ausi per lous previlegis de petit ceaux de MoQt[pellier?} et per lous previlegis de las feyrag de Champaiuha (2), quar par Lo seaux de Mont- [pellierT] seu pot far unas clamors; item si sont mays que d'ung, lours far renunciar a la plstolla (3} deu dyvydio que dit que quant sons obliguatz dos ou treys, que cbaascun n'eys tengut que de payar sa part et pourcion ; et si vous TOlIes, y far mètre condempuetur (?) infra diem juramento mediante, et de se lous y far condempnar

(1) DdI, tromperie. Ce vieux mot s'est conservé dans celui de baraterie, eneore en usage dans la langue du commerce et du droit maritime.

' (2) Noua avons trouvé la preuve qu'au iiii* siècle, les marchands de S ai ut- Léonard fréquentent les foires de Champagne, où, dès le zii*, ceux de Limoges ont leur maison > spéciale ou entrepât. On voit, vers 1260, des poursuites exercées contre un marchand de Noblat pour une dette contractée aux foires de Champagne : Audierua fJormanni, armiger, arrealacil Guiflermum Afaument de dicta villa, ob defectum eolulionis denuriorum guos de6ebaf in ntindinia Campanie, etc. Les relations dn Limousin avec Mont- pellier sont fort anciennes; nos AnnaUg font remonter au x* siècle l'établissement fondé dans la capitale de la province par les Véni- ^ena du grand comptoir de Montpellier.

(3) Pour eptsfofa. Il s'agit vraisemblablement de la lettre de l'empereur Adrien sur la non -solidarité des codébiteurs epistola dioi Iladriani, qu'on trouve souvent mentionnée au xv* siècle dans les contrats d'obligation.

lyGoogle

270

22. Rieeption d'Antoine Ruben dans la Conft-irie de tfolre- Dame-de-sous-les-Àrbres, et don par le nouveau confrère à fassoeiation d'un setier de p-oment de renu perpétuelle

(Juin...).

Item die veneris ante festum nativitatis Beati Johannis Babtîste, personaliter constituti Domini Johaunes de Fe- niers, Marciàlis Chabret, Petrus Genelli, Leonardus Cous- tet, Leonardus Florandi, Johannes Flori, Leonardus Far- gaudi, Leonardus Bordas, Leonardus Bordas, Leonardus Valieyra, Leonardus Mathenet, Guillermus de la Cham- bra, Stephanus Pont, Petrus lo Veyrier, Guillermus Her- vet, confratresconfratrie béate Marie sublus Arbores (I), recepenint in fratrem et corifratrem dominum Anthonium Rubeptis, presentem, ad pacis osculum, ut est boni moris; et dictus dominus Anthonius assituavit super omnibus bonis suis unum sextarium frumenti perpetuo reddendum ad mensuram de Nobiliaco, vendentem et ementem, et cavlt per Gatherinam, ejus matrem, et Johannem Mas- siotb, ibidem présentes, et ad hec se et bona sua in forma juris obligaverunt, quos ipse dominus Anthonius promisit servare indempnes. Kt potest assituare in bono et competenti loco, aut solvere -decem' regalia auri (2) pro dicto seztario frumenti. Et concessit litteras, presentibns Leonardo Hervet et Andoyno Lo Bloy, testibus ad bec

(1) Une enquête du ziii* siècle, fuie au cours du procès entré l'âvôque de Limoges et les habitants de Saint-Léonard, contient des indications eitrSraement curieuses et précieuses sur les insti- tutions municipales de cette ville. Plusieurs témoins montrent les consuls de Noblat rendant la justice criminelle sous un ormeau, devant le portail de l'église de Notre-Dame. La Confrérie do Notre- Dame- de -sous -les -Arbres, dont il est parlé ici, n'aurait-elle pas eu, tout au moins à l'origine, quelque lien avec la commune elle- même, de mSme qu'à Limoges, dans la ville du Château, la Con- frérie de Saint-Martial semble avoir été, dans le principe, l'expres- sion religieuse de la commune et peut-être sa forme ru dim entai re ?

(2) Dix royaui d'or valaient, vers 1475, 112 fr. 80, soit 6TI francs d'aujourd'hui.

lyGoogle

Tocatis. Sic sîgDatum îd margîne : Hu^onacdi r. Extrac- tum a regestris qaondani magistrî Nicholay Hugonaudi. Anthonivs Hugonaudi.

23. Louis Massiot place chez Jean Audier, marchand de Limoges (4 a»ril J475).

Item le iiii* de abrîeu mil cccc lx et xv, avio moD pair l(%el(l} Loys chas Jehan Audier, marchan de Limoges, en la forme et manieire que s'ensec : que lod. Loy deu servir lod. Jehan Audier eu toutas chaussas licitas et ho- uestas, lo terme de treys ans ou d'ung ou de dous, tout eneysi quant pleira a mon pair, et deu premier an deu bailhur xW et de draps xxv (2) ; et si ley demore treys ans, deu bailhar mon pair xx' et lo deu teneîr ahilhat et chausat. Fait l'an et jour que dessus. J. Massioth.

24. Comptes de cheptel avec Martial de Chauvour (J475 o 1480).

Lo jour de S' Jehan et de Sent PaH3), l'an mil CCCC LXXV, feiit compte en Uarsal de Chouvour(4), faure, deu gros bestial, tout comptât et rebatut, jucques au jour duoys : que en demorat que lo bestial gnw eys en X3CVIII reaulx de lxiiii per marc (5), que sont 28 reauU de chaptal. Item ley ay ostra lo dessus las hovelhas et tous

(1) Loué, mis en apprentissage.

(2) 11 est probable que les 25 sols en drap représentaient Vétrenne que nous voyons un peu plus tard stipulée, dans les contrats d'ap- prentissage, au profit de la femme du patron.

(3) Le !G juin.

(i) Chauvour, (Mmmune de Saint-Denis les Murs. (5) U'est-à-dire de trois deniers l'un. Ces royaux valaient environ U fr. 28, soit 67 francs d'aujourd'hui : en tout 1876 francs.

lyGoogle

272

bomate (1) que sont les hoveilles teste per leste, que sont XXXVI chap, a m' de départ per chascuo a lor part.

L'an LXXVI, an vendut a. Chouvour quatre mostous deu chaptau xxx', fach de creys : chascun agul sa part (2).

Item an plus vendut, lodit an, quatre mostos deux meus, ixx*. Sohit a me.

It. lodit an, dous mostous, l'ung deux meux et l'austre deu chaptau, fach de creys : chascun agut sa part.

It. ladite acnade ays receubut xxn' m' per deus mos- tos que aviem vendut, fach de creys; chascun agut sa part.

It. l'an LXXVII, an vendut ung beou a Peyraud que s'oy vendut nii' x', dont yeu ay agut loua un'' (3) [sic) et X' en deducion de chaptau (4).

It. lodit an, an vendut treys mostous xxv», fach de creys; chascun agut sa part.

It. a vendut lo Faure une vache lodit an a Vignhe et Joysso, iLvn' i*, et yen ays preys tout l'argent, en deduc- cion de chaptau.

It. l'an Lixviii a vendut Chouvour m mostos xxvi' vi', fach de creys : chascun agut sa part.

It. l'an Lxxix, an vendut un mostos xxxvi* dont iU an preys l'argent.

It. lodit an, an vendut ung beou anolier(5), fach de creys, dont m'a leysaat xx* n' por so que deu de sa part, et XX' que a plus leyssat a Jehan por los pourceaulx de so que deven.

(1) Les brebis el les ruches. Nous avons fait remarquer, dans notre introduction, que ni les unes ni les autres n'entraient dans l'évaluation du cheptel, bien qu'elles en fissent partie. Les brebis étaient comptées par tête.

(2) On voit que, souvent, le partage du prix de l'animal vendu pour le compte commun se faisait sur-le-champ.

(3) Ce n'est pas le seul passage du muiuscrit nous ayons trouva le franc donné pour équivalent de la livre.

(4) 11 résulte de que peu & peu le métayer acquérait la pro- priété de sa part de la souche de cheptel.

(5) Agé d'un an.

lyGoogle

273

It, a vendut ung mosto, l'an lxxik, tim'. SolvU a me.

II. a vendut ung beou xlvi* lodit an^ dont loim ay» receubut xx* contan, et xx' que bailhet a Johaii per ioa pors (■/) et VI' que deuren (?) baillar.

Lo xvii* de may, l'an IIII", fezis conte en Vissent de Chouvour, que lo bestiau que est;iy en la somme de xxu reaux d'aur de lxiiii per marc et xxvii" vi*, cum îiperl per las letras, et las hovelhas estant en lesle per teslc xxxvi chap, a m* de depert per chascun allours part rebatut, tout lo bestiau que aven preys jucques au jour duoy, reserval que lodit Vissent nos deu sx" que a may preys deudit bestiau que nos a nostre pari; que los dcu franc que lo premier bestiau que se Tace de creya de sa pari, se deven pagar.

Item, los bornatz que an compte 1' de cbaptau.

Final et comptai.

35. Acquit de legs faits aux Aumônes du Consulat par Gératd Massiot et Jeanne Clautre, sa veuoe [t'ilô).

Memorie sero quod y U, argent une veys paiade que mon senhuer Giraud Massioth, acqui Dieu pardon, aVio donat a las Oumosnas de Consolât (1) en sont teslamcnt, que yeu, Johan Massioth, las ay paiadas en ung sestier de fromen que lour -balheys achaptat sur tous Ions bcys de Micheu Passareu, et sero memorie de en aveir quix- tance de Consulat; et coustet vni reaulx (2).

{I] Nous avons dit, dans la notice qui précède ces extraits, qu'on constate à Saint- Léonard l'existence de ces aumdues municipales dès le xin' siècle. On voit, par ce passage, que les consuls de Saint-Léonard ne s'étaient pas dëchai'gés de l'administration do l'avoir de ces auni6nes sur des bayles ou des commis.

(î) Huit royaulx représenloiit, en 1175, '.Kl fr. 2i, soil ôtl franes, Lo blé était cher à cette époqup, commo on le constate par Ic's * forléaux du temps et comme ce passage seul suffirait à l'indiquer; car le prix d'acquisition des rentes perpétuelles représente en général, du xui> au xv* siècles, le capital à 5 0/0 ou 5 1/2 de la

T. vu. S_e

lyGoogle

274

Item la dompna maman Jehane Clautre (I) donnet a las Ousmonas en Cosulat v lieuras une veys paiadas et leur ay balhat garent pop l sestier segle de rente et a passet lectras maistre Audoin Uugonaud, qui me deu balher quixtance. Fait l'an mil cccc lx et it.

26. Mention de la mort du duc de Bourgogne, Ckarles-le'

Téméraire, sotis tes murs de Kaney.

Le dimanche, vigile de l'Epiphanie mil cccc lx et xti [2], que. le duc de Bourgonhne fut tue et desconfi devant Nansi, ou ilh tenoit le siège en Lauroyne, par le duc de Louroyne et les Alamans et autres avecque ledit duch de Louroyne. J. Massioth. *

27. Jean Massiol recommande à ses descendants cf acquérir une vigne à Champmain auprès du Treuil de i'Bépitai, de l'Arbuseau ou des Bongiires [i2 mai 1477).

Memorie sero suecesoribus nostris, si ad ptnguiorem for^ luitam pervenerini, de aveir une vinhe ou be ou fect de Champmanht (3} ou deu truelh de l'Opictal ou de l'Àr- buseu (4) ou de las Rongieyras, cumhe que en lasdichas Rongieras a paubi-e terre, per so que nostre vinhne eys ti-op l)asse et de la première galado (5) eys pardudo, et

redevance annuelle. Le prii du setier de froment aurait donc été de 27 francs environ d'aujourd'hui : c'est-à-dire le double de la moyenne du prix actuel.

(I) On a vu plus haut que Jeanne Clautre ôtait femme de Gérald Massiot.

(î) 5 janvier U77 nouveau style. La date est exactement indi- quée ici. * (.1] Nous avons déjà parlé de es territoire, ou le cimetière se trouve placé aujourd'hui,'

(I) Ce nom est encore donné à un territoire de la banlieue.

(5) Gelée.

ibyGoogle

275

heux autres leuc d'eyta villa galado hy fait mal, excput aquilhs : vidi per experienciatn, que est rerum maghtra, pluribus annis. Anao Domini millesimo CCGC" LXXVII', die xit' mensis maii. J. Massioth.

28. Prêt à Jacques du Muraud, qui déclare céder et oendre au prêteur Jean Massiot, en cas de noti'paiement au ternie fui, le lieu de la Garde et le lieu de Veyoialle avec têtus dépendances (12 septembre ikll).

Lo XII' jour de septembre, l'an mil IIII' LXXVII, que prestet mon payr a Jacques deu Muraud (I) vu" escus d'aur, losquaulx dcu pagar dins la Paiitecoste prochain venant, et sy dins lod. terme non pagare losd. vu" escus d'aur de Rey, deysa luy vendet lo luec de la Guardo, parroffle de S. Denis deu Murs, et lo luec de Veyviallo,

paroffie d'Eyboleu, que te Poullet en loui-s aperte-

neneas et n'a passât las lettias maistre Johan Bonlas, pre- sens Pauly Beyllot et lo Liennard lo besson (2) Foriiier.

29. Contrai portant reconnaissaïKe et obligation d'une somme de i' 5' à titre d'indemnité, pour la perte d'un cluval et d'un poulain donnés à cheptel {25 mai tk78].

Die xx\* mensis maii, anno Domini millesimo CCCG"* LXXVriI", presentibus Mareiale Doyneys, mercatorc de Nobiliaco et Leonardo de Manso ou Rouveyr (3) parrofie de Campominsterii, testilius, etc. Leonardus Chouvau, commorans in loco de Peloneys (4) dicte parroQo de Cam-

(1) Le Maraud ou le Hureau, commune de Saint-Denis des Hurs, cantOD de Saint-Léonard. Les Massiot étuent, au xvii* siËote, sei- gneurs du Muraud.

(3) Le frère jumeau.

(3) Le Mas Rouveix, commune de Ghampnéterr, canton de Saint- Léonard.

(4] Peloneix, même commune de Cbampnétery.

lyGoogle

s;76

pomin^terîi, non coactus, etc., omnibus, etc., vi, etc. sed gialis, etc., pro se et suis, recognovit se bene et légitime debere et teoeri solvere prudenti viro Johanni Massîoth, bui^ensi et mei-catori de Nobiliaco, ibidem presenti, etc. sumniiim quatuor librarum et quinque solidorum (1), mo- nete régie nunc currentls, causa depperdementi certi capï- talis(3) : unius jumenti cum une polino; quam summam promisit dictus Leonardus solvere et reddere eidem credi- , tori ad ipsiue voluiitatem, etc. et emendare dampna, etc. Renunciavît, juravit, obligavit,' et concessit lilteras regias et Pariagii in meliori forma. Tillouribu.

3U. Notes rclalives à un compte de cheptel avec un cultivateur du Mas-Rouveix (i476, i477 et 1478).

En may, an LXXVII, li (3) balhiey xx s. sobre ix chap de berbialhie, que ereii prezaa pei" la talha de Denis deux Chansfi).

lleiii le ay en guardo ung toureu que fu d'Eypauha (5), aiino 76 (tt), que n'eys point au chaptal.

(1) i livres 5 sois représentent environ 26 fr. 50 et équivaudraient aujourd'hui à 159 francs.

(2) Il serait intéressant de savoir s'il s'agit ici d'un cheptel donné k un métayer, ou d'un de ces clieptels dont nous avons parlé dans l'introduction, et qui étaient le gage d'un prêt; le créancier les laissait entre les mains du propriétaire, qui était devenu son débi- teur; mais il partageait avec celui-ci les bénéfices du croît.

(3) Li, à lui. Il s'^it du métayer.

(i) Il est fait probablement allusion ici à une saisie pour non- paiement de la taille.

(-i) 8'agit-il vraiment d'un taureau espaf^noi. ou lo mot à'Eypanhn désigiie-t-i! Epaigne. village de la commune de Sauviat, canton de S.iint- Léonard, l'ordre do Grandmont eut jadis une celle T

(C) Nous avons pu constater, dans notre manuscrit, l'emploi des chiffres arabes bien antérieurement & la date à laquelle nous sommes arrivés.

ly Google

277

Per aquellas deu Teyeîer de Queznt ay codui x s., et son XXX s. que Lasdichas hovelhas an de chaptal. ostra lo chaptal de sus.

Fach conte am lod. deu Mas au Roveyr(l), lo xxvu* jour de gevier an LXXVII, contât de tout lo Ireslial que avian fach de creys, et deu creys deu mostos, et de tout quant que me dévia que en vengiit en compte que m'a degut lod, Liennard la somma de xvii s. mi d. et lo8 chaptal eytay en son antier, cum apar per las notas (2), e los sxs 88. per la berbialha.

31. Arrêté de compte entre deux particuliers, noté par Jean Massiot (13 août 1479).

Lo xiu' jour d'aoust l'an mil IIII* LXXIX. que Jacme Darpeys, demorant en BassoUeys (3) et Mossicur Aiithoine .de Malibast (4), p'" de St Pau, vengueren en final conte de sertaine somme d'argent que Johan Bancaud de Mari- bal dévie a Girault de Lestrado (5), p*" de S' Jenlo (G), que . sont vengut en final conte; que lodit Malibas a l'cstat a deveyr aud. Jacme Darpey anno? et causa deud. Girault de Lastrado, en la somma de huech lieuras et diech soubz(7), et en pagant lad. somme de vni 1. x s., lod. Jacme sera tengut de luy cansellar ung obligal de xx' (?). Presens Esteve Furigaud et (81... . Johan Massioth.

0) Noua avons déjà dit que le Uss Rouvcix était aituâ commune de Cbampnâtery.

(2) Probablement un acte de recollement.

(3) Baa-Soteil, près Saint- Léonard.

(4) Matibaa, paroisse de Saint-Paul d'Ëyjeaux, canton de Picrrc- bufflëro (Haute-Vienne).

(5) L'Estrade, commune de Sairit-Junieu La UrcKërc, c-inton de RoyÈre, arrondiBsemeiit de Bourganeuf (Creuse).

(0) La forme populaire Jenio, pour Junio, est encori; lr<''3 usitée

(7) Huit livres dix sous représentent 53 francs ; 313 francs d'au- jourd'hui.

(8) Deux mots illisibles.

ibyGoeigle

378

32. Plainte fitrmie par Jeanne Lavandier, veuve de Léonard Coussedière, et Mariette Bonenfant, veuve de Louis Coutse' diere, au sujet de l'obstruction d'un aqueduc; vérification de l'état des lieux en présence du procureur du Consulat, et réparations exécutées par detix ouvriers commis par la ville [iii80}.

Sia perpetuallemen memoria que Van mil IIII cens quatrevingls , Johane Lavandieyra, reley3ado(l) de feu Lîennard Gousedieyro, et Mariota Bonenfante, releysado de feu L., Tilh deudich Liennard, defuns, feyren al la cour (2) UQO requeste, dizen que aulcuns deu costal devers las meygoux de meistre Estiene Tillourier et meistre Colau Raveu, que (?) comeusa volos doatz [3), lousquaulx anliside et salide deves la porta de Challepa (4) et que avie pas- saige part dedint une meygo lours ou deux mynors, que fu de feu maîstre Johan Fort, asslsa au Merchat au Pors{5), eutre la meygo deux Boyers, d'une part, et - lo four de Messenhers du Murault d'aultre, et que iceulx aulcuns avien gictatz cei'tans retrachs hou eysamens [6) âint lodichs doatz, per que cerem olhatz (7) et n'avieu plus de cors (8), et falie que s'arestes dins ladicha taverna (9), et que plagues a y remédier. Lours fu douât congiet de los ubrîrs, apellat lo procurer de la ville (10) : ont se trobet

(1) C'est l'équivalent du latin relicla.

(!) Probablement auprës du siège du Pariago.

(3) Doal!, de duclua. Les Registres consulaires de Limoges emploient souvent ce mot.

(4) La porte Ctiamplepot. Une rue porte encore ce nom à Saint- Lâonard.

(-S) Place actuelle du Marché.

(G) Matières provenant de latrines, de lieux d'aisances eysamens.

(1) Remplis, bouchés.

(5) Cours, curaug.

(9) La cavoMe la maison des mineurs Coussedière, dont on vient de parler.

(10) Il serait intéressant de savoir si, au xv> siècle, un des consuls ou un ofHcier municipal quelconque portait cette qualification offl-

lyGoogle

279

que veneo de ladicha meygo sayque en drech de aqucllas doas de Pecou hou sos heretiers, avie ung doat moyeiiant, et en drech las dichaa meygos. avie et a une grande arche ont touta materia que avie couduch per acqui, e'arrestavo, et au milieu de ladite arche, tirant al la porta, avie ung austre lai^e ung dour (?) en queyrat, ont la clare aygue de aquella arche avie cours; loquau doat passa davant nostre meygo en estressan, et passa soulz la pille deu pourtau devers oostre meygo, et s'en entre dins lo fossat; ftiren curatz et retournatz en lors esseirs per dos homes comeys al la TUhe(i).

33, L'expirienee démontre que les marchands doivent voya- ger pendant la jeunesse et faire en sorte de pouvoir se reposer quand ils arrivent à l'âge mur [s. d.).

Nota que selon que (?) dicunt sapientes et divites Aiy'ws patrie [2], que loz marchans jeunes de ce pais, deven anai- gainhaar en lour jounesse, et quan venc en la meytat de lour aige, debent a regardar quanque moyen a ganihar lour vite et ne plus viadar; car Ion ne fay que perdre et se deytruîre, et yeu ne ay veheut la esperianse, et ouvit dire auz riches. Et tuch ou an fach aquilh que sont riches en Limosin, tant en eyte ville que a Bourga- neuf (3), que ousi Kymostiei8(4), et jamais n'en fu que

cieile de procureur de U ville, « ou si celle-ci eat seulement em- ployée ici d'une manière générale et s'applique à un représentant quelconque de la ville, k l'officier ou au bourgeois délégué par les consuls pour présider à cette opération spéciale.

(1) Noua saisissons ici une indication, bien vague malheureu- Bemeat, de l'existence d'un servie» municipal de voirie.

(2) De celte contrée. Longtemps Palna u'a pas eu d'autre sens que celui de pays, de province.

(3) Bourganeuf, chef-lieu d'arrondi dément de la Creuse, distant de 30 kilomètres seulement de Saint- Léonard. Des relations très actives ont toujours existé entre ces deux villes. Bourganeuf étail le chef-lieu d'une ancienne commanderie de St-Jean de Jérusalem.

(4) Eymoutiers, chef-lieu de canton Se l'arrondissement de Li- moges. Saint-Léonard est placé entre Limoges et Eymouliers.

ly Google

ne venguensan en grandie paubretat qui fasiant ou con- trarie. Massioth.

34. Traité entre Jean'Masml fils, agissant pour le compte de son père, et Gillet Obelin, potlier, originaire de Nor- mandie, par lequel celui-ci s'oblige à travailler exclusi- vertient, pendant trois ans, pour Massîot, qui lui fournira le métal à un prix fixé d'avance : conventions diverses [i'i octobre 1480}.

L'appoinctement ou traicte el accord que a esté fait et parle enti-e honesle homme el saige Jehan Massioth, mar- chant de la ville de S' Léonard, el flh de saige homme Jehan Mnssiolh, bourgeois de lad. ville, auquel sondit père a ledit Jehan filz jure et promys a faire ratifRer les choses, pactes et convenances ci après ensuyvans, d'une partie; cl honesle homme Gîslet Obelin, poeslier, natif de Ville- dieu (I) en Normandie, a présent demourant en ladite ville de Sainct Léonard, d'autre partie, s'ensuit cy ampres : assavoir est que ledit Oislet si promet et sera tenu a' fornir et bailler audit Massioth tout Tobraige des poyles ou conches (2) qu'il fera durant le temps de troys ans, 'commençant a la fesle de la Pumficacicn Nostre Damme en février prouchain venant, et Tmissant de ladite feste a troys ans, les années révolues; lequel ouvraige ledit Gislet doit faire bon et marchant, et du poys qu'il doit estre, et bailler audit Jehan Massiot pour le pris et

(1) Probablement Villedieu-les-PoSleB, chef-lieu <Ie canton de r&rronilisseinent d'Avranchea (Manche), dont la chaudronnerie &, depuis plusieurs sîÈcIes, une très grande réputation.

(ï) Le travail des métaux, du cuivre surtout, a été de tout temps une des principales industries de Saint-Léonard. Beaucoup de nos anciennes familles possèdent encore des chenets, des plateaux, des ^sins, des ustensiles de ménage sortis des ateliers de cette ville, et parmi ces objets, il y en a de fort curieux. Les dinandiera de S^nt-Léonard fabriquaient* même des chSsses pour renfermer les reliques des saints.

lyGoogle

281

somme, cliacun cent poys de forge, comme dit est, de dix neuf livres tournois, parmy (?) ce que ledit Mas- sioth sera tenu de fornîr ledit Gislet de tous cuyvres, mytrailles, chalamine (1) et estaing, durant lesdltg troys ans, jusques a la fasson de deux trous ordinairement; et si ledit Jehan Massioth veult ou entend a ^re en temps advenir que ledit Oislet besoigne a troys, quatre ou cinq Irous ou plus, que toutesfoia et quantes que ledit G-îslet sera requis par ledit Jehan Massioth ou les siens, sera ledit Qislet tenu de le servir ausdits troys, quatre et cinq trous, ou plus. Sera aussi tenu ledit Jehan a bailher audit Oislet les cuyvres d'icelles (f) pour dix livres dix sols tournois quintal, poys de ladite ville de St Léonard, et aussi francs cuyvres batuz pour dix livres X sois quintal, poys deladite ville, et les mytrailles pour huit livres dis solz quintal, poys de ladite ville, et les chaiamines pour cinquante solz quintal aussi poys de ladite ville (3) ; et Testaing, quintal poys de ceste dite ville, pour le pris et somme qu'il se vaudra a Limoges ou en ceste ville. Sera aussi tenu ledit Massioth audit Gislet luy fornir argent pour le charbon et pour payer les vasietz (3] que ledit Gislet aura par la forme et ma- nière qu'il est acoustumé a ce faire aux autres forges qui sont en ladite ville. Item ne sera tenu ledit Gislet ne pourra ni devra vendre poésies a autres marchans ne a autres qu'audit Massioth, pourveu que ledit Massioth le fomira ainsi que dit est. Item aussi sera tenu ledit

(1) On donDait autrefoia le nom de calamine k l'oxyde de zinc natif; on trouve souvent mention de cette substance au Moyen &ge dans nos documents limousins.

(!) Ce qui fait ressortir le prix du quinlaJ de cuivre à G3 fr. M [379 francs d'aujourd'hui), celui du quintal de calamine à I& fr. 05 (90 francs), et celui du quintal de mitraille k 51 fr. 20 (307 francs).

(3) Nous trouvons ici, comme dans la plupart des règlements des métiers et des documents relatifs à l'industrie su Moyen &ge, le mot de valet [servient, roman : sirven) employé dans le aeas d'ouvrier.

lyGoogle

Gislet et promet et jure de fornir tous obtils, contoirs, habillemens (t), de gondit mestiei-. Et sera aussi tenu ledit Obelin faire toutes repparacions neccessaires pour logier et mectre lesdits obtils, comme foroeau et autres habillemens neccessaires pour mectre et tenir les dits obtils; et sera aussi tenu ledit Obelin a payer pour chacun an, pour le loaige de la maisou ou il besoi- gnera, laquelle ledit Massioth luy baillera, oudit Mas- sioth, selon le dit et ordonnance que ledit Jehan Has- sioth, bourgeois, père dudit Jean Massioth et mestre Marsault [2] Peytiers, prebgtre, ordonneront. Item aussi a plus este dit et accorde entre lesdites parties que, pour ce que ledit Gislet a aucune promesse et pacte a Lam- bert de Ganville (3), aussi poeslier, avecques lequel il demoure, de le servir jusques a ung certain temps, que ou cas que ledit Gislet par droict et justice seroit con- trainct a tenir ledit pacte, en icelluy cas, ledit Massioth ne pourra ne sera tenu contraindre ledit Gislet a tenir et acomplir les choses dessus dites jusques a la fin du terme de la promesse que ledit Gislet a audit Lambert de CanTîUe. Mais si autrement ledit Gislet, pour cuyder

(1) Hatériel. Ainsi les conventions principales du marché se résument k ceci ; Uassiot fournira le matériel, le charbon, les ouvriers néceassires, et livrera au prix convenu à Gillet Obelia les matières premières; de son cdté, Obelin paiera le loyer de son atelier ï Massiot, et fournira son industrie et son temps, moyen- nant 19 1.: 114 fr. 40 (686 francs) par quintal de cuivre ouvré. Il faut remarquer ici la différence notée entre le poids employé pour les matières premières poids de Saint-Léonard et celui servant pour les marchandises fabriquées ; poids de forge. Nous ne sau- rions préciser la valeur de chacuii.

(2) Peut-être Méricault (pour Mérîgot, diminutif d'Aymerio).

(3) Il existe en Normandie deux localités de ce nom : l'une est sise canton de La Bave du Puits, arrondissement de Coutances (Hanche]; l'autre canton de Doudeville, arrondissement d'Yvetot {Seine -Inférieure). Lambert de Canville était-il aussi établi à Saint- Léonard, ou bien Gillet Obelin avut-il travaillé dans son pays chez Lambert, et était-il nouvellement arrivé de Normandie?

lyGoogle

283

trouver plus grant prix d'un autre qu'il n'a dudit Mas- siolh, ou autrement par son dol et sa coulpe, ne vouloit tenir ne acomplir les choses susdites, sera loysible et permis audit Massîoth le contraindre a tenir et observer les choses dessus dites, et ledit Gislet de le servir ainsi que dit est. Et tout ainsi et par la forme et manière que dit est, l'ont icellea dites parties loue, ratifBe et approuve et voulu garder, tenir et observer de poinct en poinct, sans enfreindre l'une desdites pai-ties envers l'autre. Et neantmoings en observant et gardant lesdites parties des- sus mentionnes et déclarez, ont icelles dites parties, l'une envers l'autre, promys a amender tous damps, dommaiges et interestz etc. Renuncier etc. par especial les dites par- ties aui coustumes du susdit mestier etc. jure etc. obligie etc. et ont octroyé lettres soubz les seelz royal estably aux contractz a Limoges et du Pariaige de ladite ville de Sainct Léonard, en la meilleure forme. Presens a ce messire Martial Peytiers, prebstre(l], et Bernard Daignoles (3) , bergier, tesmoings a ce appeliez et priez, le xiiii" jour d'octobre, l'an mil CCCC* octanle. N. Hugonaud r".

35. Contrat relatif à la remise et reeonnaissanee d'un cheptel, et comptes entre Jean Matsiot et Jean de Vaux et consorts (14 Tiwit f4Si, 3i mars i4â2).

Die XIIII* mensis maii, anno Domini millesimo qua- dringentesimo octuagesimo primo, Johannes de Vaux et Marciale, ejus uxor, et Johannes dit Jacque, ejus fllius, gui -cum licencia ejusdem Johannis, gratis et sponte, non cohacti, etc. recognoverunt in veritate, publiée [?) con-

(1) Cet ecclésiastique est-il le méine que le Harsault Peytiers nomma plus haut dans l'acte, et à qui est remis le soin de fixer, avec Jean Massiot père, le prii du loyer à payer par Gilletï

(!) Ce nom rappelle celui d'Aignelet, le- ïierger madré de la fameuse farce de Pathelin.

ibyGoogle

284

fessi fueniDt, et quilibet eorum in solidum, tenere et habere in curte sua, a prudenti viro Johaoae Massiot, burgeDsi et mercatori ville Sancti Leooardi de Nobiliaco, ibidem preseoti et stipulanti, animalia que sequuntur : et primo, très bores arantes, duas vaccas, duas jungias(l), UDum tourellum aonolium (2) mascuUum, et unam vac- cam vielhe, et unum jumentum baye pi-ecio et a capi- tale sexdecim scutonim auri novorura, cugni domiDi nos- tri Francie régis, et sex solidorum duorum denariorum (3) monete currentis, et quod animalia superius declarata promisserunt ipsi pater, uzor et filius nutrire et custo- dire ad comodum et utîlitatem ambaram parcium, et de eisdem venire una cum eorum excrecsensis (4) in ville (lie) hujusmodi ad bonum et légale compulum, tociens quociens per dictum burgensem aui suos fuerint requisiti. Necnon recognoveruat debere, ultra premissa superius de- clarata, summam septem librarum et novem solidorum et 21 denariorum bone monete et quatuor sexteriorum fru- menti et duorum sexteriorum et emine siliginis et unum sexterium avene ad mensuram ville predicle (5) vendentem et ementem, causa arreyragiorum eorum loci predicti de Vaulx (6), parrochie Sancti Dionissis (tic) de Mûris, etc. J. DE Sancto Aredio.

Ay comptât (?) en les* heretiers (?), réservât de les ou- velhes, que receu (?} Jacques.

Ilem me deven, per ii st. seigle, xviu s. iiii d., que agio

(1) Génisses : c'est le mot jungé (du latin juvenca), oncore en usage dans nos campagnes.

(2) Nous avons déjà rencontré ce mot sous sa forme française ou romane : anolier ou annolier.

(3) S'agic-il des écus de la valeur de II fr. 23 ou de ceui de Il fr. M? Dans ce cas, cette somme représenterait de ISI fr. 30 k ISB francs (1,088 A. I,l!8 francs).

(4) Pour excresiencii» crestenceya leur croit.

(Ei) Nous avons déjà dit que le seticr de Saint-Léonard repré- sentait 61 litres 44 centilitres.

(6) Veaux, hameau ds la commune do Saint-Denis des Murs, can- ton de Saint-Léonard.

lyGoogle

Tan 81, que los balhieys deu granier et tola l'annada de l'ao 81, blat et sigle.

Lo darier de mars mil IIII* IlII" et dous eysseguen, lo bestiau que avian bailhat a Jacque, que avie de chap- tau XIII 1. XVIII s, un d. (1), dont el n'avie preys 1 taure que avie tudat, loqual bestlau ay preys per xi', et nous a restât degut lod; Jacque x' ix a,, per acquel depert et per la taura et t hoveitlas eu loure agnieux, et deu perdra cum apert au papier.

Item, contât an lous enffans Jacques Theveiiot et l'auBtre que demora a Nouvic(2), contât lo debte desus et lo fro- men meys a crins d'argent, et contât ir que me degiem far per lo depen, quant lour partis [3] lo bestiau : an degut xtx I. V s. X d., contât Jacques, au jor duoy.

36. Remise et reconnaissance de ckeptel {2t mai i481).

Die XXI' mensis maii, anno Domini millésime qua- drjngentesimo ocluagesimo primo, presentibus Johaniie Gori (4) d'Byboleou (5) et Pasqueto, fllio Anthonii de Mar- 8aco(6), parrochie S" Stephani de Nobiliaco, testibus ad bec vocatis et rogatis, personaliter fuenint constituti Jo- hannes de Lussaco, commorans in Belle de Duco (7) et

(1) Nous ne rappellerons pas ici ce que nous avona dit plus haut, touchant l'amortissement graduel de la valeur du cheptel donne au métayer à son eiitriie, amortissement opéré par l'abandon fût au maitro de la part du colon dans certaines ventes de croit.

(2) Neuvic, aujourd'hui chef-lieu de commune du canton de Châ- teau neuf-la- Forêt, arrondissement de Limoges (H au te -Vienne).

(3) Quand je fis avec euï la division, le partage du bétail, (l) Diminutif de Gregori, Grégoire.

(.ï) Eyboulcuf, aujourd'hui chef-lieu de commune du canton de Saint-Lâonard.

(6) Marsac, village de la cummunc de Saint-Léonard,

(7) Besudéduit ou Boisdédult, commune de SaiDt-Léonard.

lyGoogle

Agnets de VilIegolet(l|, ejus mater, et eorum quîUbet in solidum, etc. gratis et sponte recognoverunt tenere et habere in curte sua a prudente viro Johaaae Massîot, burgensi et mercatore ville Sancti Leonardi de Nobiliaco, ibidem présent! et stipulanti a capitale et capitalis no- mine, videlicet uaam vaccam pili faulveta [sic], cum suo vilullo femello, precio et Domine precii summe (?) quatuor librarum très {sic} solidos et quatuor denarios monete régie nunc currentis; quam summam dicti mater et Qlius tenebuntur, ultra alias summas débitas per dictes de Vil- lagolet et de Lussaco inter ceteras dicto Massiot causa de- narïtarum suarum; quam [sic] summam recognovenint etc. de qua summa remansenint quicti etc. que animalia dicti mater et filius, nomine quo supra, promiserunt nutrire et custodire ad ambanim parcium commodum et utilitatem, et de eisdem cum eonmi excresseociis venire ad bouum, leguale compotum, sine excet, tocieos quociens per die- tum Massiot ault [sic] suos fuerint requisiti. Et hoc in villa Sancti Leonardi etc. Et emendarunl dampna, etc. jura- verunt, etc. obUgaverunt, etc. renunciavei'uut, etc. cou- cesseiTiut litteras regii Pariagli, et demmn Officialis Lemovicensis in meliorî fonna. M. Basseti.

Et advenen lod. jour, leys avian treys oelhas, et u cha- bras I chabrît, que an plus (?) a chaptau, présent los de sus signais. M, Bassbti.

It. ay agut lod. chaptau.

37. Mémoire des fournitures et prêts faiU par Jean Massiot à Alain de Royères; arrêté' de comptes {20 mars i'i80 à 1" mai ili82).

JkU3

Lo compte de Mossenhor de Royeyra (2) :

(1) Villegouleix, commune de Saint-Martin-Chate&u, canton de Bourganeuf (Creuse).

(2) 11 s'agit ici d'Alain de Boyëres, seigneur de Brignac, Beau* déduit et loutres H^ux voisins <te Saint-Monard, aJors marié en

lyGoogle

287

Item deu Mobs' de Royeyra per ii alaaa rouge (1) de Na[r]maiid[ie] que empourtet Lansso au nom de mond. S', lo xxis* de mars an IIII", a xxx s. l'une [2). . . . m'.

It. deu Moss'' per u alnas mouriquet de S' Lo [3) por Madame, per far una cothe, lo tiu* de may ampres, a xl s* ralna(4), montes iiu'.

It. deu MosB' per ii alnas et ung cart an mouriquet per una rauba a Madame, a lxt ss [5) l'aine, montent vu' vi* lu' que agien lodit jour.

It. deu Moss'', per 3* (6) coubde mouriquet que em- pourtet Johannes per unas chaussas a Madame, lo iiu* de may, vni s' ix'.

It. deu Moss^ per une aine (7) 1 cart mouriquet que empourtet Lansso lo xii' jour d'ouat, an nu" xxu' ti*.

It. deu Moss' per ung cobde mouriquet que empourtet Limosi per une aoulssa a Madame (6), per anar au cepte [?} de Raze3(9), xx".

It, deu Moss' per 3 cobdes blanchet ()0) que empourtet

secondes noces à Catherine de Pompadour. Sa principale résidence était le chAtean de firignac, aujourd'hui commune de Royères. Cette famille comptait parmi las plus anciennes du pays.

(l) Le rouge de Normandie est souvent mentionné au xv siËcle : le ëanguin et Vesearlatte étaient fournis par les fabriques fla- mandes. La Normandie est, au iiv* siècle et peut-être déjà au lit*, en possession de la clientèle d'une partie des provinces de la langue d'oïl, et même de quelques provinces du Centre, pour la fourniture des draps.

(!) Environ 9 francs, au pouvoir de 54 d'aujourd'hui.

(3) Le mouriquet de Saint-Lé devait probablement ce nom à sa couleur sombre.

(4) 12 fr. 04 : 72 fr. 2S d'aujourd'hui.

(5) 19 fr. 56 ; 1 18 d'à présent.

(6) Un tiers.

0) Il est probable qu'il faut lire ici cobde au lieu de aine. (8) Une housse. On appelait lùnsi les capotes, surtouts et man- teaux de femmes ; on donnait aussi ce nom i certaines robes

('J) Razès, canton de Beasioes (Haute- Vienne).

(10) Ëtoffe blanche commune, qui ne parait pas être du drap pro-

lyGoogle

Brousse, per doublar unas boctinas (I) a Moss', ii' vi d, It. deu Mos9' per v alnas 1 cart blanchet que at Limossi

per lo commendameu {?) de Moss' Lienuet, per mectre (2)

la filhe Mouga : lv S8. It. deu Moaa' per vu aines 1 cart gris (3) per lous enffaas,

que agien per nopsses, a xtii s' vi' l'alue (4) : vi' vu' vi*. It. deu Moss' per une raubo que delieuret a Peyr Bar-

nard de l'Eschalle (5), cum aperl per une lectre missoire,

LX 9*.

It. deu Moss' per ii aines estrange (6) per une raubo a Mosfi' Liennel, a xxx v s* l'aine (7), m' x s*.

It. deu Moas' per un cobde tauet (8) que delieuret a ung de l'Ëmbartaria [9] lo jour de S' Liennard, an IIII" : iz s. Il d.

Iteo deu Moss' per tu alnas estrange que at a zxvni s. VI d. l'alna [10) ; monteut iiii 1. ii s. vi d.

prement dit. On remarquera quq le blanchet n'est pas cher. On en faisMt des vêtements de travail. Peut-être a'sgit-il ici de draps de Montauban, ou même d'étoffes fabrtquéps dans le pays : on sait que, dès lo temps da saint Louis, il y a des tondeurs de draps à Limoges.

(1) On doublait autrefois avec de l'étoffe les bottines, bottas et hou seaux,

(2) Aujourd'hui encore, dans le langage courant, on donne au mot mellre le sens d'habiller; on dit souvent par exemple : il se met bien, » « une dame bien mise, o

(3) Le drap gris de laine de Rouen était fort renommé, (i) 5 fr. 27 : 31 fr. 62 de notre monnaie.

(5) Nous ignorons de quelle tocallité il s'agit ici. (G) Ce nom a été donné à plusieurs espèces d'étoffes. Bttranh peut venir d'extraneu», étranger, ou de ëtracia, chiffon.

(7) 10 fr, Ei3, un peu plus de G3 francs d'aujourd'hui.

(8) Il s'agit ici probablement du i drap tanné de Courtral, > dont les Flamands vendaient des quantités considérables dans tout le midi de la France dès la fin du xiv* siècle.

(9) L'Emberterie, hameau de la commune de Royëres, canton de Saint-Léonard,

(tO] 3 fr. 57 : 5t fr. 42 d'à présent. On remarquera que le résultat de la multiplication n'est paa exact.

lyGoogle

It, deu Moss' per i alua et cart mouriquet que at Moss' Guischarl lo premier jour de dezeiibre, sxxv s. vi d.; il. III s. Il d. per la doubladura d'unas chausas que agucs Guisçbart.

II. deu Moss' per Lansso, xv s. i d. per lavet et fus- teny (1): xv s. x d,

It. deu Môss' per las pouldrasi2), 8a3tra(3^, girofile, sucre et austres menus espessis, que at per las iiopsas de Moss' Liennet, conte fach an mondit s' : vii 1, xv s. ix d.

It, lo II' jour de dezembrc, l'an mil IIII* IIII", fczis compte an Moss' de Royeira a cause deux draps et poul- dras, et a preys jucquea aujoui'duoy, que nous a degut la somme de xlvii 1. xv s. [4).

II. deu Moss' per ii 1. i cart sucre que at Lansso ampres : XI s, m d. (5),

It. deu Moss' per mouriquet que at Moss' Fraiiceys en dezenbre : xxxii s. vi d.

It. deu Moss' per ung cobde estrange que at Limosi per lo comraandament de Moss' Guischard : ix' ii*.

It. deu Moss' per ung cobde et cart rouge (6), que fe balhat a Genier et per la doblura ; xr s. x d.

It. per lo meistre de l'eacoUe (7), per drap luy delieui-at.

(1) Nous avons vu des futaines figurer au nombre des marchan- dises reçues do Genève par Gérald Massiot, en 1137.

{1} Beaucoup de documenls de l'ëpoque désignent sous ce nom de poudres, les épiccs qui sa vendaient moulues.

(3) Le safran est moins employé qu'autrefois pour la cuisine; on en fait néanmoins un grand usage dans certains pays du Midi, en Espagne notamment.

(1) Î87 fr. 15 : 1,725 francs environ.

(5> 3 fr. 38, ce qui fait ressortir le prix de la livre de suirro à i>u- viron 1 fr. 5(1, équivalant à 0 francs d'anjourd'liui,

(G) Nous avons déjà vu plus haut mentionné le rouge de Nor- mandie.

(7) 8'agit-il ici du maître d'école de Saint-Léonard, dont nous

lyGoogle

290

It. per VI aln. 1/2 (?) esti-ange per mas domicellas (1), a SL 8.: xiii 1.

It. I s. que ays balhat a Hoss'' Anthooi per aveyr deu vy aux eiiirans(2).

It. por 1/2 1. podi-e et por sasfran, vu s. vi d., que at Lanso, per la veiigude de Mobs' de Perrigueurs (3).

It. deu Moss' per uq cobde tauet que deslieure Moss' Lieanet a Brosse, lo xxv' de julhet : x s.

It. deu moss. viii s. un d. que deslieuret [5) Moss' Liea- net a Nycoy.

It. per XI cobdea et ung cart mouriquet de S' Lo, que at Moss' Franceys, a l sois l'aine (6) : xiiii I. vii s. vi d.

lien deu Moss' que ay bailhat comptant a Cboussade (7), ont eu era obligat et luy ay faeh Irenchar (8), xx'.

It. deu Moss' treys ducatz que luy ays redut une cen- tura large, valen v liv. v s.

It. deu Moss' XX ]. que luy ays prestat comptant per Resnier Trombregas (9) de Lésine (10).

voyons dès le iiu' siècle les consuls revendiquer la désignation, ou du maître d'écolo de Boy^rea ? S'agit-il (Tun cadeau ou d'un paiement? La brièveté de cette mention lui ûte tout l'intérêt qu'elle pourrait offrir.

(1) Le marchand avait d'abord écrit per tas fîlhas; puis il a biffé ces mots pour leur substituer une formule plus respectueuse.

(2) Probablement lors d'un voyage à Saint-Léonard.

(3) 11 s'agit ici de l'évëque de Périgueux, qui était alors Geoffroi de Pompadour, frère, ou du moins parent rapproché de la dame de Royères.

{5) Somme avancée par Massiot.

(6) 20 francs : 120 francs d'aujourd'hui.

{7) Choussade ou Chaussade est vraiseniblablement lo nom du créancier dont Massiot a acquitté la dette pour lo compte de M, de Royère.

(8) Couper, déohirer. On déchirait l'obligation quand le montant eu avait élé payé par le débiteur, et on rayait la minute sur le rcgislre du notaire. Le mot cancetlar s'appliquait spi^cialement à cotte dernière opération.

(!)) 136' 12' l<i correspondent à 8!! fr, 35 : aujourd'hui 4,934 francs.

(ID) Nous n'avons pu découvrir dans quelle commune se trouve

lyGoogle

291

It. deu MosB' per x 1. que luy ays trameis comptant per lo clert deu Pon (I) per envoyar a Peytiers.

Moote VI" xTi' XII s, I d,

Lo xV jour de dezembre, l'an mil IIIl* IHI" et ung, fezen compte an Moossenhor de Royeira, a cause deux draps que a preys de nous, et aussi de l'argent que luy aven prestat jucques au jouduoy, que nous a degut la somme de siex vingts seyze lieuras t. et xii s. i d. (2) que sont vi" ivi 1. xii s. i d.

lien deu Moss' per Nardo Pomier, lxv s. que luy ays pagat. It. deu Mosa' per i cart pebre molut m s. (3) que at Lansso lo ix* de jevier an. 81.

It. deu Moss', per i cobde et 3 cart blanchet que at Lansso por lo comendamen de Moss' : ix s. u d.

It. deu lui s. nu d. que ay balhet a Lansso per aveyr de la cbar{4}.

It. deu Moss' per i cart pebre g[ranat?l et i cart menus espessis (5) que at Lansso lo xvii" de Jevier an 82, vu s. vi d,

It. deu per 1 cart pebre granat (?) que at Laosso dissabde darrier,...

'le lieu qui porte ce nom. Peut-ôtre s'agit-il de Lesme, près d'Au- riat (Creuse), (t) Du Pont de Noblat, faubourg de Saint- Léonard.

(2) On voit qu'à la fin de chaque année, le marchand arrête le compte de son client, d'accord avec lui. Il se garde ainsi contre des défaillaucea de mémoire, qu'il redoute malgré les indications très précises notées à propos de chaque achat ou emprunt.

(3) La livre do poivre moulu se vendait donc à Saint- Léonard, en 1481, douze sous ou 3 fr, 60, : 31 fr. 60 d'à présent.

(4) De la viande. Quand les domestiques du seigneur de Royères n'avaient pas assez d'argent pour acheter les provisions qu'ils ve- naient sans doute chaque jour chercher à Saint-Léonard, ils en demandaient k Uassiot.

(5) Menues épices. On appelait ainsi un petit assortiment d'épicr's pour la table. On donnait également le nom da petite épice au gingembre en poudre.

lyGoOgIc

292

It. deu Moss' per ii I. sucre que at lo premier jour de abrial an IIII" et II, a v sols L: s s.

It. deu Moss'' per ex sestiere emini de seigle que luy ay balhal deu grenier et xi sestiers d'avena, que sont vi" j sestiers emina de tout blat cx'(l), que monten tout ii* li' xui s. VII d.

Lo premier jour de abrial mil IIII* IIII" et dous, fezis compte an Moss' de Royeyre de so que avie preys de eein (3), que nous a degut por las chaussas prezas cum apert en acquest présent compte, la somme de douze vingtz unze lîeuras xiii s. vi d. Iten me resta a comptar de la abcense (3) que aven entre nous dous, cum apert per lettras passadas per Ravelh, que resten a fornir et ase- tiar et signar une partide. Albn de Rovbre (4).

Iten, lo IX' jour de abrial mil IIII* IIII" et dous, balheys a Moss'' de Royeira, per pagar Marti de la VcruhoIIa (5} la somme de quarante et quatre lieuras tourneys, que eys xliiii 1. que luy balhe. Alen de

ROYEHE.

L'an et jour susdit a signât moudit s' de Royere ledit compte et me présente Marsau Basset. M. Basset.

Et II* frans comptât per Reyniei-s Laa Agez a Ghoussada lo jour dessus escript.

Monte tout ini' iiii" xv 1. xiii s. vi d.

Iten nous resta de la sigiiacion [sic] de la abcenssa, comp- tât lus doas aunadas, xlv lieurus (6), car en la assignacion

(1) Ce comp p t I ta tS 5 f 42 3 f d'aiijourd'h p f él é

(2) De céans

t3) Do l'acte d 1 r m

(i) La. sigaa 1 l d 1 m d ^ d H ë

Tout le reste d compt é t p J M

(ô) La Vcrg II mm d S d i t II y

plusieurs local é d m d I dép t m t d 1 H t Vienne.

(fi) Soil 5i0 livres i3 a. 6 d. {3,254 fr. 85 : 19,5-20 fr, d'aujourd'hui)

lyGoogle

293

de las II anoadas passadas, ne monte que per una annade, comptât lo terme de Nadau passât, et xxx sestiers de blat; per enssi lasdichas annadas ne vorren (I) que una et ne seraD contade que per uua, et de tara (2) per lasdichas doas annadas, ladicha somme de xlt 1. et xxx sestiers de blat que lodich s' promet affar bona a la fin de la abcenssa : per enssi resta afTar sept annadas et la tara de sus.

V XL 1. xiti s. VI d. et lo blat que aven quistance, compres los xLv 1. desus, fâcha lo jour S' Jacme et Phelip (3) an mil IIII* 1111° et dous. N. Ratelli.

38. ConsHlution d'une rente perpétuelle de trois muids de vin, moyennant trente-trois livres {29 mai 1482).

Lo XXIX* jour de may. l'an mil IIII' IIII" et dous, Jehan Faure alias Gavdea (?) et Peyr SoHer, alias Chadot, vende- rent treys menths(4) de vy de rende chascuD an, lo près et some de xxxm 1-, que agien contant, lettra Ravelh.

39. Achat par Louis Massiot, pour le compte de Jean,

son père, d'un setter de froment de rente perpétuelle

{t5 jifin 11,82).

Die décima quinta mensis junii, aono Domini mille- simo CCGC'°'' octuagesimo secundo, presentibus Anlhonio

On verra plus loin ce total de 540 1. mcntioaoé à l'acte du 10 juillet 1482, que nous donnons sous le n> 40 de nos extraits.

(1) Ne vaudront.

(2) De complément ou plutât de supplément.

(3) 1- mai.

(4) Muids. Le muids de vin de Paris équivalait de 280 à 300 pintes, mais la pinte de Paris ne correspondait pas à celle de Saint-Léonard : celle-ci représentait, i, l'époque de la Révolution, I litre 22 centilitres. Nous ignorons combien, dans notre pays, le muids contenut de pintes.

ibyGoogle

- 294

de Las Bordas (1), pariochie Sancti Stephaai de Nobi- liaco, el Marciale de Brugieyras (2), parrochie de Moys- sanis (3), testibus ad hec vocatis, persocaliter constitutus providuB vir Ludovicus Massiot, burgensis, pro se et nomÎDe et vice providi viri Johaonis Massiot, eciam burgensis, ejus patris, pro ipso burgense, pâtre suo, absente, stipulanti et suis herediLus et successoribus universis, ex una parte, et Guillebno (sic) Durandi, cos- turario dicte ville, et Anna de Noiirato (?) (4), ejus uxore, videlicet dicta uxor de coussensu, lissencia, jussu et auc- toritate dicti Guillelmî, mariti aui, quaa {sic) preatitit et coacessit, et eorum quilibet in solidum, eciam pro se et suis heredibus et successoribus quibuacumque, ex parte altéra; dicti vero conjuges, non cohacti, etc. sed gratis etc. vendiderunt, concesserunt, promiserunt solvere per- petuo, penitus et quictavenint et se vendidisse recogno- verunt et juramento prestito (?) confessi fuemnt dicto Ludovico Massiot, ibidem presenti, pro se el suis et no- mine quo supra sollempoiter stipulanti, ad ipsorum fa- ciendam omnimodam voluntatem, in vita pariter et in morte, videlicet unum seitarium frumenti, ad mensuram de Nobiliaco, vendentem el ementem, anno quolibet et perpetuo rendualem, precio sive summa centum soli- dorum(5) monete régie nunc currentis; quam summam dicti conjuges venditores habuerunt realiter et de facto,

(1) Les Bordes, hamegiu de la commuas de Saint- Léonard.

(2) Peut-être a'agit-il de Bregeras, commune de Saint- Léonard.

(3) Moissannes, commune du canton de Saint-Léonard.

(4) Les localités du nom de Nouzirat, Noïirat et Nouiières sont assez communes dans )a Creu^; mais nous n'en connaissons pas & proiimité de Saint -Léonard, et le Dictionnaire géographique de ce département dressé par M. Boavjeux, et que nos arcliives de la Haute-Vienne possèdent en manuscrit, n'en indique aucune.

(5) Cent sous, en 1482, équivalent à 180 francs d'aujourd'hui. En appliquant à cetto somme le taux ordinaire des placements en rente perpétuelle à cette époque, 5 4 5 1/2 p. 100, la valeur du setier de froment (61 1. Ai] ressortirait donc à 9 francs d'à présent. Nous voilà loin du chiffre donaé plus haut.

ibyGooglc

295

ic commissarii et jurati ac testium infrascriptorum pre- sencia, in tribus peciis auri advaluatis ad dictam aum- mam, et de qua quidem summa dicli conjuges vendilores dictiun emptorem pro ae et nomine quo supra aollemp- oiter stipulantem, et suos, et boDa sua quacumque solve- ruat et perpetuo quictaverunt cum pacto Talido. Quod quidem sexterium framenli ad dictam mensuram reudua- lera, dicti conjuges venditores assederunt et asaignaverunt habendum, levandum et percipiendum per ipsum empto- rem, Domiae quo supra, in et super quamdam vioeam ipsorum conjugum, sitam in territorio de Bello Forti inter

vineam (1) et super omnibus aliis bonis, mobilibus

et immobilibus, presentibus et fuluris, etc

40. Conventions diverses entre Léonnet de Royères et Jean Massiat, fermier de redevances s'élevant à ÎOÛ livres argent, et cinq cents setiers blé de rente annuelle {iO juillet iW2).

Die décima julhii anno Domini millesimo GCCG"" octua- gesîmo secundo, presentibus Guillermo Fornier, fabro, et

Leonardo Hervetî, ectiam fabro, testibus, persoualiter constitutis nobili viro Leoneto[2) de Roheria, doniicello, filio [3) uobilis domini Alani de Roheria, milite, pro se et suis, ex una parte, et provido viro Jobanni Massiot, burgensi et mercatori de Nobiliaco ex altéra, cum, prout dicte partes ibidem dixerunt, dictus miles vendidisset seu assensasset dicto burgensi ad terminum octo aonorum tune proxime venturorum, videlicet centum libras in de- nariis et quinque centum sextâriorum bladi (4) precio et

(1) Un blanc au manuscrit.

[3] Jomcl biffé. Léonet de RoyËres étail fila d'Alain et de aa seconde femme, Cstherine de Pompadour.

(3) Quondam hiffâ. Nous avons vu plus haut {extrait n- 37) Alain de Royëre régler Bon compte avec Jean Hassiot le 1" mai USÎ.

(4) Cinq cents setiers de blé, au prix énoncé un peu plus haut pour le froment (cinq sous}, ne représentent pas moins de 125 livres.

lyGoogle

summa undecïm centum librarum monete régie nuoc currentis et atiis modis et forma contentis in literis super dicta assensa passatis per juratum infraacriptum, ipse miles in deductionem dicte assensse habuisse et ré- cépissé beae et légitime summam quinque centum qua- draginla librarum (1), ut cosle (sic) per litteras super dic- tam quictanciam pasatas, et residuum solvi debebat in fine dicte assense : hlnc est quod dictus nobilis Leonetus, dicens habere in premissis assensaiis ypotecam pro se et suis, non cohactus et cum omnibus etc. sed gratis etc. cercioratus de dicta assensa et de quictancia predicta et pactis in premissis contentis, ut disit, ipsas litteras et quictanciam laudavit, approbavit, ratifflcavit et conflr- mavlt, et promisil ipsas tenere et habere perpetuam robo- ris firmitalem, de puncto in punctum, ut in ipsis conti-

nelup et cum boc dictus burgensis promissit eidem

Leonelo rehemere, recuperare vilagia de Las Bordas (2) » parrochie de Nobiliaco, et vilagia de Vaulx (3), parrocbie Sancti Dionisîi, ingatgiata dicto Massiot pro (4) et yillagia de Castro (5) et de la Masieyro (6), ingatgiata heredibus quondam Michalîs Boudrit, pro surama (7) et ponere in ma- nibus dicti Leoneli dicta villagia(8), et hoc infra très

ce qui, ajouté aui redevances en déniera, 100 livres, porte à 225 livres (8,100 fr. d'aujourd'hui) le total des revenus affermés à Massiot pour huit ans, moyennant la somme de 1,100 livres (6,600 d'aujour- d'hui). On pense bien qu'une partie de ces redevances ne ren- traient pas. Au surplus, Massiot contracte via-à-vis du bailleur des obligations dont nous ne pouvons guère évaluer les charges.

(1) C'est le total du mémoire reproduit un peu plus baut.

(2) Les Bordes, commune de Saint-Léonard.

(3) Veaux, commune de Saint-Denis des Murs, canton de S^nt- Léonard.

(4) Un blanc.

(5) 11 y a deuK lieui dits de ce nom dans la commune de Saint- Léonard : le Gh&tcau-Haut et le Ghftteau-Bas.

(6) La HaziÈre, commune de Satnt.Léoi^d. Il y a d'autres loca- lités de ce nom dans les communes de Royërcs et de Sauviat.

(7) Un blanc.

(S) Ij est f&cheux que l'acte n'indique pas pour quelle somme

DigmzcdtyGoOgle

annos proiime venturos, in deductionem precii restantis' et dicte assense, de hoc quod dicta villagia sunl ingat- giata; et si forte recursaus (?) dictorum locorum (1} de Castro et de la Masieyro non tantum duret, ipse Massiot teoebitur îpsas recaptare aut facere eslonguare recurssus, taliter quod dicta loca recuperentur inira dictes très annos et quod recurssuB non (3), et cum hoc tamen quod dictus Leonetus aportabit eisdem Massiot quictaDcia[in] (3)

41. Yente d'ito/fe et de couches, 18 janvier 1^82 (nouveau style 1^83).

Nota quod die décima octava menais januarii, aono Do- mini millesimo quadringentesimo octuagesimo secundo.... Ilelias deua Rieux (4), parrochie Sancti Justî,... recognovit et ia veritate confessus fuit se bene debere.... provido Viro JohauDÏ Uaasiot.... summam quatuor librarum de- cem et octo soUdorum.... causa vendicionis et realis tra- dicionis pauni plurlbus coloribus et duarum conchiarum aenis (?)....

42, Note relative à un procès entre Jean Katttot et les frères ratière (24 avril ii83).

Lo xxnij» jour deu meys d'abriau mil CCCC ini*" et treys, en la présence Harsau Delaige, paroâe de Moysanas et Johanet deu Peufouchier (5) paroffle de la Geneytosse,

chacun de ces villages, ou, pour parler plus exactement, les rede- vances de chacun de ces villag-ea se trouvaient engagées, (t) Le délai pour le rachat ou le dégagemeat des dits lieux.

(2) Un bloQO.

(3) Les blancs et les surcharges rendent incompréhensible la fin de cet acte et nous obligent & nous arrêter là.

(4) Les Bieux, hameauHle la commune de Saint-Jnst, canton de LimogeS'Bud-

(ô) Le Puyf&ucher, hameau de la commune de la Geneytouse, canton de Baint- Léonard.

lyGoogle

maiatre Jehan Valieyro et Peir Valieyro, frairs, de Saint Lienard, et heretiers de Giraud Valieyro, lour pair, come fussant condempnat per maisLre P. Disnamatin et maistre Jehan Lapino senior, a payar tous interests et despens fait et a far d'ung certain procès pendant en la court deu seau de Limoges (1), fait par Jehan Massioth, condempnat per lad. garde de' ce que avio fait saisir certaine terre que tenio d'eujL de la Monthanieyra (2) per doux sestiers de seigle de cens que avien [?] vendut aud. Massioth..., a laqmu saisiao lod. deux se era (?) oppousat et avio lourat en garî- doiir(3).... don avio eytat tant procedit que lod. Massioth ero detorbet.... et ero condempnat in expensis et taxacione et aliis [rejbus loco et tempore declarandis, lod. Massiot avio appeltat, et requis et sommât los dit Valieyro que heu ero contens de lour... et que aguessan a segre l'appel : don losd. Vaheyro an preys (?) lo ma deud. Massioth et an promeys et obUgat toz et chascun de lour beys, a gardar lod. Massioth de reymende et deu despens fait e a far per lod. Massioth por cause de l'appel interjectat, et en passar lettras sub gillo {sic) regio, presens los tesmohnst et lettras paasadas per Maistre Marsau Basset in metiori forma et ad dictamen procuratorum. Constat de obmis- sis : et condempaat losdit Valieyra per la garde deu seau a teueir lad. sentence et apoinctamen donnât per losd. Dis- namati et Lapino; quilihet in solidum obligaverunt se et bona sua. Basseti r.

43. Note relative à la ferme de Boisverd et à l'usage des bois en dipmdani {s. d.).

Memorie sero que de avoir aferme deux serviteurs de

(t) La cour du sceau de Limoges ne peut être que la cour du Bénâchsl, le siège royal, mais exerçant une juridiction spéciale. (2) Hoatagnières, banlieue de Saint-Léonard. (3J Garidor, garants.

lyGoogle

Mossieur Delyon lo bénéfice de Bost Vert(l) et l'usaige ou bost a treyB ou quatre ans veuaD la Saiot Jehaa (2).

44. Mention d'une condamnation obtenue contre Jacques dit Bedon, de la Masière, pour k paiement du prix d'étoffes achetées {29 avHl ilé83).

Nota quod die xxrx mensîs aprilis, auQO Domini mille- aimo CCCC"" LXXXIIJ" fuit presens condempnatus Jo- haunea dit Redon, de la Masieyra(3], chadenarius (4) de Auriaco (5) et de Salviaco (6), ad solvendum et reddendum honesto viro Jobanni Massiot, burgensi ville Sancti Leo- nardi de Nobiliaco, ibidem présent! et stipulantl, quadra- giota unum solidos (7] monete régie uuqc currentis, causa vendicionis et tradiciouis panni, uua cum expensîs hujus- modi acti. Valibtra r.

45. Reconnaissance de cheptel (1" mai 1^83).

Lou premier jour de may, l'an mil IIII' quatre vingt et treya, preaeua Anthoni de Laa Bordas (8), paroffie de 5' Ëstienne, et Janot, filh a feu Baloumier deu Monte-

Ci) Celle de l'ordre de Grandmont, située dans la commune de Bujaleuf, canton d'Eymouliera. Au xvir siècle et dès fin du xvi*, dépendaient de ce petit prieuré, la conventualilé s'était éteinte de bonne heure et qui avait été uni à l'abbaye chet-d'otdre en 1317, des moulins à papier établis sur la Vienne.

(!) H juin. La Noèl et la Saint-Jean étaient autrefois les deux dates d'échéances les plus ordinaires.

(3) Hameau de la commune de Saint-Léonard. On voit que notre livre écrit tantôt Mazieyro et tantôt Ma^ieyra.

(4) Probablement un forgeron qui fabriquait des chaînes d'attache pour les bestiaux.

(5) Aurist, commune et canton de Bourganeuf (Creuse).

(S] Sauviat, chef-lieu de commune du canton de Saint-Léonard. (7) *1 s.: 12 fr, 34, équivalant i 74 francs d'aujourd'hui. (S) Commune de Saint-Léonard.

lyGoogle

300

Bault (1), pair, de Cha[ni]p[neter]î, lesmoings etc. LieDnard deu Mas au Roveyr (2), demorant a VillemoDteis (3), parr* - de Champneteri, qui gratis etc. recognoys a teneyr en sa court, de saige honte Jehan Massiot, presenti, doas vacchas deu pel....(4) en dous vedeux anDoUiers, et vingt et dous chapd(5) de berbialhe en louxs agnieux, per lou prins et somme de douze escua et demy d'aur (6) de chaptau, rebatut et comptât un beou que lod. Nardo avie vendut darierameut, et auxi sa part de sept lieuras de certain bestiau que lod. Nardo avia vendut a ung bochier de Limoges, et austres preys et vendus jusques aujorduoy; loqual bestiau promet a nusrir et gardar a commun creyt et de venir a bon et leal compte et eycept en lad. ville, lantas quantas vetz que per lod. Johan Massiot ou ios ceux sera requerit. Neangmeins recognoys et confesse deveyr aud. Massiot la aomme de cinquante cinq souli (7) momie régie nunc currentis et so acquauso deud. bestiau vendut per lod. Nardo, oultra austres debtes, lacqualle somme de lv s. luy promet a pagar a sa voluntat etc. Juravit, etc. ObligavU, etc. Renunctavit, etc., et concessit lil- terat Régis et Pariagii et dominî offtcialis LemovieensU in meliori forma. J, de Convalbtis (8).

(1) Mantazeau, commune de Champnétery, canton de St-Lëonard. (3) Le Mas Rouveii, même commune.

(3) Villemonteiz appartient aujourd'hui & la commune de Buja- leuf, canton d'Eymoutiera.

(4) Un blanc au manuscrit,

(5) Vingt-deui têtes de brebis.

(6) 140 fr. 2a : 841 fr. 50 d'à présent.

(7) 16 !t. 55 : 99 francs environ d'aujourd'hui.

(8) Il faut noter que le maître des écoles de la ville de Limoges, désigné dix ans plus tard par les consuls du Château, porte le même nom que ce notaire.

DigmzcdbyGoOgle

46. Sownistion de Giravd de Saint-Yrieix, notaire, paf ta^uetle il s'oblige à passer tous actes pour le compte de Jean Massioi et ses fils à des prias déterminés (7 juin ik83},

Lo vu' jour de juin, an mil IIII" IIII" III, yeu, Girault de Saint Yrieys, notari de la ville de Saint Liennard, cogQOisae et confeBse aveyr fach merchat an Jolian Mas- siot, Johan et Loys, sous fllz, de toutas letras qualconques gue lour passarîe, soy assabeyr letra de debte et chaptau en 7 s* et toute autre en vu s* vi d. et per mais fermetat, lour ay signât aqueste présent scedule, en ce c[ue uo seray tengut de las grou8Bar{I), ny may loua meux, si no que m'en requeran. Fait le jor et an que dessus. G. de Sbint Yribys.

47. Vente à Jean Massiot du village du Mas te Seuve, par le seigneur du Pallant {12 août 1483).

Le XTi~" jour d'oust. Tan mil quatre cens IIII" el treys, noble homme Monssieur Anthony de MoQceux, chiva- lier, sieur deu Pallent(2), vendet a saige home Johan Massiot, merchant de St Liennard, lo village deu Mas la Sceauve(3), parroâe de La Genestouie, en sas aparta- nensas, lo fons et absar et vietir(4), en quinze sestiers de touz blatz mesura de St Liennard, vendent et com- prant, soy asabeir (5) et quarante et sincq soulz renduaux chascun an de renda et (6) gelinas, et sur lou village deu Verduryer (7), asis en la parofRe d'Eyboleou, cinq sesliers

(1) Le notaire no sera tenu que de rédiger l'acte en minute et non de l'étendre dans son entier, avec toutes les formules.

(1) Le Palland ou le Paland, commune de Moissanoes, canton de Saint-Léonard.

(.1) Le Mas le Seuve, commune de la fleneytouse, canton de Saint-Léonard.

(4) Le fonds, le cens et l'investiture.

(5) Un blanc. (6j Un blanc.

(7) Le Verdurier, commune d'Eybotileuf, canton de St-Léonard.

lyGoogle

-302-

de [I), mesura vendeût, per lou preys et somme de cent lieuras (2) que agut comptan en aur; et promûil guarenlire, etc. El coneaHt lUteras Régis et Pariagii, domini offidalis, etc. PivsentUtus domino Johanne Arleroi (?) et Mareiale Banchaudi, teslibus.

48. Vente de quatorze cuirs de bœuf [10 septembre ik83).

Nota quod die décima mensis aeptembrîs, anno Domini millesimo quadringentesimo octuagesimo tercio, presen- tibus Anthonio Rebenes (3), Ugnifabro et Johanne Seaulaa, âlio Johanni Brossas, dit lou Redon, sartore, testibus, pereonaliter coostitutus Petrus Lacroux, tanarius (4) ville Saacti Léonard! de Nobîliaco, pro se et suis, etc. reco- gDOvit et in veritate publiée confesaua fuit se debere bene et légitime tenerique solvere provido viro Johanni Mas- siot, mercatori ville Sancti Leonardi de Nobiliaco, licet absenti, set Ludovico ejus âlio, pro se et suis stipulanti, videlicet summam undecim librarum quatuor solidorum (5) monete régie nunc currentis, et hoc causa vendicionis et realis tradictionis qualuordecim peciarum corii bovum ; quam summam idem Petrus promissit solvere inffra car- Qiprannlum (6) proxime venturum. etc. et emendare dampna, etc. Renunciavit, etc. Obligavit, etc. Ypothe- cavit, etc. Juravit, etc. Et concessit litteras Regii {sic) et Pariagii in meliori forma. M. Basbbti retulit:

(1) Ud blanc.

(!) 602 francs, équivalant à 3,612 d'aujourd'hui.

(3) Ce nom signifie roitelet en patois limousin.

{i) La tannerie et la corrolerle sont, après l'orfâvrerle, les indus- tries limousines dont on trouve le plus ancienuement mention. Les cuirs de Limoges et de Saint-Lëonard étaient débités dès le m* siècle en grandes quantités aux foires de Champagne.

(5) 67 fr. 42 : 405 francs d'aujourd'hui. Le prii do chaque cuir correspondrait à. 98 fr. 95.

(6) Voir l'article de Du Gange sur CAmiprioium et Camt- prenium.

lyGoogle

49. Engagement et prise en cheptel de seize ruches d'abeilles (29 septembre 1483).

Die penultima meDsis septembris, anoo predicto(l)....

Matheus de la Roche (3|, parrochie de Campo Mnesteri

gratis et scienler ingatgiavit iu aprario (3j suo sive ru- chieri?), in dicto loco de La Roche, provido viro Johanoi Massioti, burgensi et mercatori ville de Nobiliaco... sexde- cim alvearia sive bomaix (4) bona et mercabilia precio et pro Bumma septem librarum et decem soUdoruin{5) monete ré- gie Dunc cun-entis ; quam summara dictus Matheus ibidem a. dicto burgense recepit... que alvearia dictua Matheus pro- misil custodire et nutrire et ad flores fabarum proxlmi ve- ris (?) reddere ad comodum et utilitatem dicti burgensis et de eiadem cum eonim excressenciis venire ad boaum eysset (6) cum dicto burgensi, tociens quociens fuerit requîsitus, et boQum compotuiu de eisdem excresseuciis reddere

J. DE VlLLAFSAMCHIA, retulit.

50. Éclipse du 16 mars i484 [nouveau style i485).

Lo xvr"' jour de mars, l'an de grâce mil IIII* IIII" et IIIP", a houra de un boras ampres myjour, la lune estant Qovelle et au poing iiii°" de auri nombre (7), lo soulleilh eslan en lo signe [8).,., se aparguet ung eclipsse moult

(1) Un mot en blanc.

(2) La Roche, hameau de la commune de Champnétery, ciuiton de Sainl-Léonard.

(3) Dans son rucher.

()} C'est le nom de la ruche à miel dans l'idiOme roman de nos contrées.

(5) 45 fr. 15 : 371 francs d'aujourd'hui.

(6) On voit que la formule de l'acte est exactement celle em- ployée pour les autres baux à cheptel dont nous avons reproduit plus haut le texte.

(T; La lune étant au chiffre 4 du nombre d'or. On sait que le cycle lunaire dit du nombre d'or était composé de dix-neuf ans. (S) Uq blanc.

lyGoogle

304

fort espoTentaible et moult terrible; et may que paravant avie estât preschat par aulcunas boiias villas deu royaulme de France et Monsaeigneur lo prieur de Seinct Llen- nard(i}, frair Esteve Texier, lo mati avant prima, me bailhet lo coutengut que avie estât prêchât de part lo Reys (2) et que bon agueys a moustrar a mous austres compaignons les coosiilz (3) de ta ville, que ereo coma me; et mandaven que a houra que dévia venir, que l'en se tengueys en sas meygoux be fermadas, que non y entres [?j de ayre (?) negun et que l'en fus disnat et que ont preges nostre senhor Jhesus Christ que nous presserves, et pareilhamen deu bestiau anxi; car tout quan (4) séria sur les champs morria en breu, et que avant que pas- sessan Pasques, que ben auria prou a souffrir. Dieu Tueilhe, par -sa saincte passion et misericordie, nous pres- servar de se que eys at venir et estenda son bras de missericordia sur nos, paubres pechadours ! Kscrich am- pres lodich eclipsse passât, l'an et jour que desus, et ne duret qiie ung cart de houra ou environ. Johan Massioth.

(1) 8t-Léonard possédait un prieuré de l'ordre de St-Auguslin, qui avait des dépendances assez considérables.

(2) Nous avona déjà dit que nous n'avions pu trouver trace de cette ordonnance de Charles VIIl; nos Annales manuscrites, non plus que la grande Histoire d9 saint Marital, du P. Bonaventure de Saint-Amable, ne mentionnent ni l'écIipse du 16 mars M8â, ni les recommandations dont parle ici Massiot. Cette éclipse est tou- tefois mentionnée à la liste des éclipses de soleil donaée par les auteurs de l'Arj de vériflor les dales.

(3) L'autorité municipale était exercée à Saint-Léonard par huit magistrats qui portaient le nom de consuls et qui, au ïiii' siècle, étaient élus chaque année le jour de la Chaire do la Saint-Pierre (î! février). Il résulte de ce passage que Jean Massiot remplit les fonctions de consul de février 1485 à février 1486.

(4) Tout ce qui serait.

lyGoogle

5i. Antoine Matsiol, prieur de Dieulidonl, donne deux écus d'or aux aumônes du Consulat de Saint~Lionard (jeudi-saint i'iSS) et entre dans la Confrérie des Trépassés du dit ConsulM.

Item yeu, Anthoni Massioth, prieur de Dieulyilon (1), ay donnât le jour deu digeux-la-Cene (2) mil CCGG IIII" et V, deux escus d'aur (3) a las Houmosiius de Coaolut (4) de Saint Lienard, por mectre en rendie. Faich led. jour et an que desua. A. Massioth.

Et me mezia de la confreyrie do» Traspassat deudit Consolât (5); lour ay donnât treys escus (6), et sont T escus que lour ay donnât.

5?. Achat d'tin missel de Fr. Jean Journet, prieur du Chdtenet [18 novembre i'i8S).

Nota quod die XVIII" mensis novembris, anno Do- mini millesimo CCCC"" octuagesimo quinto, presenlibus Domino Jobanne Servienlis, presbitero, et Geraldo deu

(1) Dieu-li-dout ou Dieu-le-don, était un prieuré de l'ordre de L'Artige, aitué dans l'ile de Ré, p*" de UeDon, diocÈsc de Saintes. (3) Le jeudi -sain t.

(3) 22 fr. 50 environ : 135 francs d'aujourd'hui.

(4) Nous constatons l'existence dès une épo<iue fort a^iciennc, dans nos villes limousines, à Limoges et à Satiit-Léunard notam- ment, de distributions en nature et en argent faites par l'admi- nistration municipale aux religieun mendiants et aui pauvres de la ville. L'usage était établi, dès lu xin* siècle, que tous les dons de quelque importance faits à cc;s aumônes fussent mis eu rentes.

(5) La Confrérie des Trêpastéi du Consulat. Il y avait sans doute à Saint-Léonard, comme dans le Château de Limoges et dans beaucoup d'autres villes de France, une association chari- table ^ui s'était donné la mission d'assurer aux pauvres une sé- pulture décente et en faisait les frais. La qualiBcation ajoutée à cette association mérite d'être remarquée; il faut certainement en

■conclure qu'elle avait son siège k l'hôtel de ville et qu'elle (*lait dirigée et ses ressources administrées par les ms^^istrats rouni-

(6) 33 fr. 70 : 20! francs environ.

T. VU, E-7

lyGoogle

_ 3oe

Noau (1), carpenlario, parrochie Sancti Stephani de Nobi- liaco, testibus ad premissa vocalis etc. personaliter cons- titutus frater Johannes Jorneli, priorde Gastaneto, or- dinis Sancti Auguslini (2), gratis et scienter vendidit et se veudidisse recognovit honesto viro Johanni Massiot, mercatori predicte ville de Nobiliaco, ibidem présent! et hujusmodi vendicionem acceptant!, videlicet queindam librum suum ad opus ecclesie, nuncupatum Messau[Z), pro precio et summa sexdecim librarum (4) «nonete régie nunc currentis; quam quidem summam habuit realiter et deffecto {sic) in presencia jurati et testium înfrascriptonim, in bono auro, nunc pro domino nostro Francie cursum habente, et voluit quod dictus Massiot faciat ad volun- tatem suam de dicto libro, et promisit dictus prier garrire et garrentire predictum librum ab omnibus et contra omnes ; et juf avit, etc. pactum que fecit, etc. et concessit lilteras in meliori forma, etc. Valieyha.

53. Reconnaissance et obligation de 620 livres tournois par les frères Oubeiin, pour prix de vente de cuivre et mitrailles (17 novembre tkdO).

Lou xvii" jour de novembre mil IIII' IIII" et dix, pre-

sens Guillaume Fornier, faure. et Estienne Ghouppin, Gonchier, tesmoings ad ce appellatz, personnallement conslituytz Guillaume et Gislet Oubelins(5), frairs, con-

(1) Le Nouhaud, hameau de la commune de Saint- Léonard.

(2) Le Chfttenet en Dognoti (aujourd'hui chef-lieu de c du canton do Saint-Léonard) était un prieuré-cure à la nomination du prieur de Saint-Léonard (ordre de Saint-Auguatinj.

(3} MÎBsel.

(4) 06 fr. 32 : 5TS francs, l'rii élevé pour un missel, qui, semble- . t-il, ne devait pas avoir une valeur extraordinaire.

(y) L'un de ces maîtres poôliers, Gillet, figure di^jà à l'acte que nous avons donné plus haut sous le 31 (14 octobre 11811).

ibyGoogle

307

joiDg9 ad ce, demorans en la ville de Sainct Liennai-d, maîstres poelliers, et l'ung poi" l'aultre, l'aultre por sou (?) tout, an recognoogut et confess'it, recognoissen et coii- feaseii a deveyr a Jehan et Loy8 Massiot, frairs, presens, la somme de sieys cens vingt lieuras tourn*, de conte fach entr'eulï, a cause de vende de coyres et niitralhiis(l); lacqualle somme deven lesdichs Oubelins fraii-s, presens, pagar ausdichs Massioth en marchandie contengude au marchât (2) fach entre eulx et a la voluntat deusdichs Massioth.

54. Note relative au décès de Jean et Louis Massiot, frères, fils de Jean Massiot (Z).

Anno Domini millesimo IIII« IIII" XVI, die décima octava mensis junii, obiit Johanoes Massiot, burgensis ; eral eiate triginta quînque annorum (4).

Anno Domini rail' IIII" IIII" XIIIJ (5j, die xïvj* men-

(I) GîO livres tournois (?2,320 francs d'aujourd'hui) représentent, au prix indiqua dans le traité du U octobre 1480 entre les Massiot et Gillet Oubelin, 59 quintaux environ de cuivre, ou 73 de mitraille, et devront être paydes par la livraison de 3! quintaux l/'2 de métal ouvragé; mais on ne doit pas oublier que ce dernier est compté au poids de forge, et le mêlai brut évalué au poids de Saint- Léonard.

(?) C'eat-À-dire en marchandises de son industrie, notamment en poêles à nn ou deux trous, et k un plus grand nombre si Massiot le requiert.

(3) Ces deux notes se lisent sur une feuille volante attacbdc par une épingle au verso d'un feuillet, vers le milieu du volume.

(i) Ce Jean Massiot, mort le 18 juin 1496, doit être le Ris aîné d'autre Jean et de Marguerite Faure, que nous avons vu stipuler en plusieurs circonstances pour son përe. Cotte note, selon toute probabilité, le rajeunit de sept ou huit ans.

(5) 1495 nouveau style.

lyGoogle

gis jauuarii, obîit Ludovicua Massiot, etate triginta an- norum{i).

(1) On n vu plus haut*(cxCrait n* 8) la mcntio:) de la n^ssance de Luiiis Massiol, le 3 ja^ivier H57. S'il s'agit ici, ce qui est à pîu près certain, de la même personne, cVst h trente huit, et non à Ironie ans, que serait nui't le Bis de Jean Massiot et do Har- guerite Faure.

lyGoogle

DOCUMENTS

HlUtlIS A LIISWIHI

MAISON DE TURENNE

i

URENNE, Comborn, Ventadour : l'histoire du Bas-Limousin pen- I dant le moyen âge est tout en- tière, ou à peu prés, derrière ces noms, et, par conséquent, ce n'est pas faire œuvre étroite È de généalogiste que de travailler à mettre en lumière le passé de ces illustres maisons. On en jugera par les docu- ments que je réunis ici. Recueillis à droite et à gauche, en particulier aux Archives nationales, sont aujourd'hui conservés les débris de l'ancien trésor des chartes de la vicomte (1), ces documents

(1) Les archives de U vicomte de Turenne sont classées aux Archives nationales avec celles de la maison de Bouillon. Elles forment un fonds considérable qui, raalbeureusement, a éié divisé et râpArti'dana plusieurs séries.

ib^/Google

parlent tous des Txirenne, et c'est par seule- ment qu'ils peuvent se relier entre eux ; quelques- uns offrent de l'intérêt pour l'histoire générale du pays, d'autres apportent des faits pour les annales des localités et pour l'étude des institutions féo- dales, et comme le bagage des sources publiées de l'histoire du Limousin est encore peu considérable, je puis espérer qu'ils seront bien accueillis. Je vais les passer successivement en revue.

1. Ce premier acte, qui est une confirmation, par Raymond III, en 1214, des donations faites à l'abbaye laïque de Beaulieu par Raymond II, son père, et par Bernard de Castelnau, son aïeul, a été publié avec quelques retranchements par Justel(i), et a été signalée par M. Deloche comme fournissant une preuve des droits conservés par les héritiers de Hugues de Castelnau sur ce qu'on appelait l'abbaye laïque (2), Le Cartulaire de Beaulieu renferme un accord de 1190, entre Raymond II, qui était sur le point de partir pour la croisade avec Philippe Auguste, et Humbert, abbé de Beau- lieu. Le vicomte reconnut qu'il tenait de l'abbé, avec obligation d'hommage, tout ce qu'il possé- dait dans la ville de Beaulieu et in honore gui vocatur abbatia, le château de Bétut, etc., etc. Il déclara aussi que, dans le cas il battrait mon- naie, son atelier devrait être établi à Beaulieu (3).

(1} Histoire généalogique de ta maison ds Turenne, Paris, 1645, in-fol., preuves, p. 38. (2) Cart. de Beaulieu, introd. p. xxs. 13) Ibid., charte cxciv, p, 272.; Bib. nat., t. laUn, 9217 (orig.).

Digilizcdby Google

311

II. Cette seconde pièce a été également im- primée parmi les preuves de l'Histoire généalo- gique de la maison de Turenne (p. 39), mais avec des erreura et des suppressions qui m'auto- risent à en donner de nouveau le texte. J'ajou- terai que Matfre, ou Mainfroid de Castelnau s'en- gagea, par acte passé dans l'église de Martel le 24 mars 12'2â (n. s.), à rendre au vicomte le château de Castelnau, cum foris facto et sine foHs faeto, ad omnem epis sitbmonitionem vel certi nuntii{\).

III et ÏY. Sous ces numéros se placent deux titres fort curieux pour l'histoire du bourg de Curemonte et de ses châteaux, qui relevaient alors de l'abbaye de Solignac. Les Turenne, qui renon- çaient, en 1236, à toutes leurs prétentions sur ce lieu, ne tardèrent pas, d'ailleurs, à se glisser entre les abbés et les seigneurs de Curemonte. Je vois, en effet, que, dans le même temps ceux-ci reconnaissaient les droits de l'abbé Pierre eu pré- sence du lieutenant du sénéchal du roi de France en Limousin, le vicomte prêtait hommage pour le château et la châtellenie entre les mains de Gérard de Montibus, prieur conventuel délégué par le même abbé, et que, le 22 juin 1280, cet hommage fut renouvelé avec engagement par le vicomte d'obliger les seigneurs de Curemonte à respecter les droits de l'abbé (2).

(1) Jdstbl, Preuves, p. il. Baluzius, Hisl. Tut., p. 160,

(2) Arch. nat. Rt 4S6.

lyGoogle

V. Baluze cite cet hommage prêté par Rai- mond IV entre les mains de Raymond VII, comte de Toulouse, comme une preuve de l'inconsistance des vicomtes de Turenne(i). Des lettres de saint Louis, du mois de septembre 1229, les avaient en effet rendu vassaux immédiats de la couronne (2), et ils avaient d'ailleurs profité de la guerre contre les Albigeois pour faire passer, dès 1217, leurs posses- sions du Quercy dans la mouvance du Roi(3); ils pouvaient donc se dispenser de reconnaître le comte de Toulouse comme suzerain, et si Raymond IV lui rendit des devoirs de vassal, ce fut assurément parce qu'il y trouvait de sérieux avantages. Ray- mond VII, comme l'a fait remarquer M. Boutaric, à la suite du traité du 12 avril 1229, qui attribua à la royauté une partie du Languedoc, travailla avec ardeur à étendre son autorité dans les provinces qui lui avaient été laissées, en particulier dans le Quercy. II acheta sans doute l'hommage du vicomte de Turenne. On remarquera le soin avec lequel il est spécifié que celui-ci et ses prédécesseurs ont toujours tenu les fiefs mentionnés dans cet acte du 12 août 1236, des comtes de Toulouse, et sur- tout qu'ils ne les ont pas reçus de Philippe Auguste ou d'autres rois de France, ni des comtes de Montfort.

VI. Les débuts du vicomte Raymond VI pa- raissent avoir été fort difficiles. Il discuta d'abord

(1) Hist Tutel., p

(2) JusTEL, Preuves, p. 43.

(3) BoLTTARiu, Saint Louis el Alfonae de Poiliers, p. (

lyGoogle

-313

avec les habitants de Martel au sujet du consulat et de la baillie ou prévôté de la ville, et finit par leur accorder, à la demande de saint Louis et de sa mère, au mois d'avril 1247, le droit d'établir librement les consuls qui les gouverneront (libère constitîtendi consules. . . per quos gubementur)^ à charge, pour les consuls entrant en fonctions, de prêter serment entre les mains de son bayle(l). Quelques mois plus tard, il empruntait d'eux dix mille sous raymondins de Turenne, et pour ga- rantir le remboursement de cette somme, leur donnait en gage la baillie de la ville, ses revenus et produits et une série de droits seigneuriaux dont rénumération est intéressante.

L'original de ce document est encore muni du sceau pendant de Raymond VI ; c'est un fort beau type de charte de cette époque. M- le contre-amiral comte de Marquessac, à qui il appartient, a bien voulu permettre à la Société scientifique, histo- rique et archéologique de Brive de le faire re- produire par la photogravure. Le sceau a été des- siné par M. Hupin.

VII, VIII et IX. L'emprunt fait à la ville de Martel, au mois de juillet 1247, par Raymond VI, avait peut-être pour objet l'équipement et l'entre- tien des « trente hommes d'armes à cheval » qu'il fournit à saint Louis pour la croisade. En 1251, le vicomte se disposait à partir lui-même pour les pays d'outre-mer; mais il avait sur les bras

(t) JuflTEi., Preuves, p. 53.

lyGoogle

314 -

plusieurs affaires délicates qu'il voulut régler avant de s'éloigner. Aimeric de Malemort, évêque de Li- moges, qui avait prononcé contre lui, au profit de l'abbé de Tulle, de Bertrande de Malemort et d'autres personnages, diverses sentences par dé- faut, chargea Guillaume, chanoine et chapelain de Saint-Junien, de l'absoudre de ces sentences après avoir entendu les intéressés.

C'étaient toutefois des questions secondaires auprès des difficultés soulevées par Hélis de Tu- renne, ftUe unique de Raymond IV et femme d'Élie Rudel, qui disputait à notre vicomte la pos- session, même de la vicomte. L'affaire avait été portée devant la Cour du Roi, c'est-à-dire devant le Parlement, alors placé sous la direction de la reine Blanche, régente en l'absence de son fils; mais comme elle traînait sans doute en longueur, les parties, qui étaient pressées d'en finir, eiu'ent recours à des arbitres. Justel a imprimé (1) le texte du règlement arrêté par ceux-ci et certifié par la régente avec des réserves au sujet des droits du Roi; je donne une pièce, rédigée le même jour, et Élie Rudel et Hélis de Tu- renne, traitant directement avec leur cousin, énu- mèrent les possessions qu'ils lui abandonnent.

Il semble que l'amour- propre de Raymond VI n'avait pas été complètement ménagé dans le cours de ce procès. Le détail des faits nous échappe, et nous en sommes réduits à nous de-

(1) Preuves, p. 52,

ly Google

mander quelles pouvaient être les raisons qui avaient motivé, vers cette époque, la saisie du château de Turenne par les gens du Roi. Cette saisie nous est révélée par une charte du mois de novembre 1251, publiée sous le IX, le vi- comte s'engage à faire jurer par ses hommes fidé- lité au roi de France avant qu'on lui rende le château de Turenne; elle durait encore deux ans plus tard, puisque Raymond, par un acte daté de juillet 1253, du camp devant Sidon, renouvela cet engagement absolument dans les mêmes ter- mes (1). Il est à remarquer que Matfre de Cas- telnau avait faire une promesse du même genre, au mois de décembre 1251, relativement à son château de Gastelnau (2).

X. Encouragées par l'exemple d'Hélis de Tu- renne, qui était parvenue à se faire tailler un riche héritage dans la vicomte, les deux filles de Boson III, frère de Raymond IV, réclamèrent aussi leur part des biens qu'avait possédés leur père. Elles se nommaient Marguerite et Dauphine et avaient épousé, la première, Bernard, vicomte de Gomborn, et la seconde, d'après Justel, Ray- mond de Roquefeuil. Leurs prétentions pouvaient paraître mieux fondées que celles d'Hélis si, comme on l'a prétendu, Boson III était bien le fils aine de Raymond III. En 1256, époque il fut statué sur leur demande, la part d'Hélis

(I) Arch. nat., J. 622, n* 26. Jubtbl, preuves, p. 55. (!) Ibid., J. 400, n* 46.

lyGoogle

était passée à Marguerite de Bergerac, sa fille, mariée à Reynaud de Pons, et il semble qu'elles la réclamaient en entier (quam partent dicte Margareta et Dalfina dicebant ad se, jure hereditario, pertiriere).

Comme dans le premier cas, il y eut interven- tion du pouvoir royal. Justel a publié des lettres de saint Louis, du mois d'août 1256, réglant la question ; je donne le texte d'un accord passé directement entre les parties, à la même date, accord renfermant plusieurs clauses qui ne ae re- trouvent pas dans les lettres du Roi.

XI. 11 s'agit, dans le document publié sous ce numéro, d'un simple acensement. Dotval, ou d'Otval, devait être situé dans le voisinage de Mascheix. Il m'a été impossible de l'identifier avec un nom de lieu moderne. On remarquera que Humbert de Dotval avait perdu, en prenant l'habit monacai, les droits qu'il possédait sur ce manse lorsqu'il n'était que prêtre.

XII. Cette promesse du cellérier et du cham- brier du monastère de Tulle de travailler, dans la mesure de leurs forces, au bien et profit du vicomte de Turenne et spécialement de faire en sorte qu'il n'éprouve aucun dommage au sujet du château de Gimel, se rattache probablement à l'expédition dirigée, à cette époque, contre ce château, par le sénéchal du roi d'Angleterre en Limousin. J'ai signalé ces faits dans mon étude

DiqmzcdbyGoOgle .

sur Gimel et Sédièresii); il n'y a pas lieu d'in- sister.

XIII. Il s'agit encore ici d'un acensement. Les biens acensés se composent des deux manses de Narsa, ou de Narsau, et de celui de la Rogerie ; ils sont situés dans la paroisse de Végennes, sur le chemin qui conduit de Puy-d'Arnac à Queyssac, et sont donnés moyennant une redevance annuelle de six livres moins cinq sols, un droit d'acapte de cinq sols, à chaque changement de sei- gneur et de tenancier, et un droit d'entrage ou de prim-acapte de trois cent cinquante sols. Cet acensement est fait en faveur de deux damoiseaux se nommant Bernard Beaudoin et Bernard de Saint* Hilaire.

XIV. Ces lettres du sénéchal de Périgord et Quercy au Bayle de Brive se rattachent aux privi- lèges de ta vicomte de Turenne. Elles avaient été motivées par d'autres lettres de Philippe le Bel, du mois de mars 1293, qui ont été publiées par Justel (2).

XV. Autier de Jo laissa ses biens, lorsqu'il mourut, à Béatrix, sa femme, et à Géraud, son fils. Celui-d se fit moine et, d'accord avec sa mère lorsqu'elle était aussi sur le point de mou- rir, il donna à l'abbaye de Saint-Gèraud d'Aurillac

(I) Bull, de la Sociilé scient., hi»l. el arch. de lu Corréze. t. V, p. 33 et suiv. (3) Preuves, p. 65.

lyGoogle

318

et au prieuré d'Auriac, dont il était prieur, tout son héritage, c'est-à-dire le repaire de Jo et les domaines et droits en dépendant. Il avait malheu- reusement oublié de faire hommage au vicomte de Turenne, et s'était exposé par aux inconvé- nients d'une saisie féodale qui entraîna la perte, pour l'abbaye de Saint-Géraud d'Aurillac, de la meilleure part des biens donnés. On transigea, et c'est le texte de cette transaction que j'imprime sous le XIV. Les nombreux témoins figurant dans ce document contribuent à le rendre très intéressant pour l'histoire locale.

Jo, aujourd'hui Job, est un village important de la commune d'Auriac.

XVI et XVII. Les testaments de Raymond Roger, comte de Beaufort et vicomte de Turenne, et d'Antoinette, sa fille, femme du maréchal de Boucicaut, sont inédits, car on ne doit pas tenir compte des très courts extraits que Justel en a donnés (1). Je les imprime d'après une copie due à l'obligeance de M, le marquis de Turenne- d'Aynac et prise sur une expédition faite, au siè- cle dernier, sur un registre de la Chambre des comptes. Les originaux; sont perdus depuis long- temps et le registre lui-même, qui devrait se trouver aux Archives nationales, a été vainement recherché par M. de Lasteyrie. Il existe, il est vrai, dans le fond principal de la vicomte de Turenne, une copie du xv' siècle du testament

(1) Preuves, p. 134 et 139.

lyGoogle

319

d'Antoinette; mais, quant au testament de Ray- mond, on n'en connaît aucune copie autre que celle de M. le marquis de Turenne.

Ce dernier document est écrit en langue d'oc; il semble avoir passé deus ou trois fois sous la plume de copistes ne comprenant pas un mot de ce qu'ils transcrivaient, aussi a-t-il été défiguré à un tel point que certains passages sont devenus absolument inintelligibles.

Je ne pouvais pas, dans les conditions je me trouve pla.é et en étant réduit à la seule copie moderne qui nous reste et aus fragments imprimés sans beaucoup de soin par Justel, son- ger à rétablir scrupuleusement le texte primitif. Il était évident que les copistes avaient modifié l'orthographe et francisé la forme des mots dont le sens était facile à saisir. Convenait-il de cher- cher à rendre au document sa physionomie pre- mière? je ne l'ai pas cru. Il importait surtout, à mon avis, de donner un texte à peu près clair, et c'est ce que je me suis efforcé de faire, sans m'inquiéter des altérations grammaticales qui se rencontraient à chaque ligne. J'ai travaillé pour l'historien et non pour le pfiilologue. On pouvait faire beaucoup mieux, je le reconnais volontiers, car je suis loin d'être satisfait.

Raymond de Beaufort, après les donations et fondations pieuses qui se rencontrent à cette époque dans tout testament de grand seigneur, et parmi lesquelles il suffît de relever l'établis- sement d'une rommunauti; de prêtres attachés h la chapelle de l'église Nojre-Dame de Paris

lyGoogle

devait reposer le corps du défunt à côté de celui de Guillaume Roger, son père, après le règle- ment détaillé de la pompe de ses funérailles et après quelques legs de min e importance faits en faveur de ses familiera, se hâte d'aborder la grosse question du transfert sur d'autres têtes de ses immenses possessions.

Le véritable caractère de son testament apparaît alors clairement. On se trouve en face d'un acte de haine violente, implacable, dirigé par un père contre sa fille unique, Antoinette de Turenne, et contre son gendre, le maréchal de Boucicaut. Quels motifs pouvait avoir Raymond de Beaufort pour en vouloir si vivement aux deux époux? 11 leur re- proche de l'avoir dépouillé du comté de Beaufort à l'aide de fausses lettres scellées du sceau de Guillaume Roger, et les accuse d'avoir fait mou- rir celui-ci de chagrin et même d'avoir hâté sa mort par le poison. Il prétend, pour ce qui le concerne personnellement, que Boucicaut avait tenté de le faire prendre et assassiner par des hommes d'armes, au mépris des sauf-conduite du Roi, lorsqu'il allait prendre possession du comté de Beaufort. 11 ajoute que son gendre essaya à plusieurs reprises de le faire empoisonner par les nommés Petit-Jean de Lissa", Jean de Lonhal et autres, et après avoir énoncé tous ces griefs, plus que suffisants, dit-il, pour justifier une e-;héré- dation, il enjoint à ses héritiers de poursuivre devant toutes les juridictions du royaume la pu- nition de ces tentatives criminelles.

Toutes ces accusations étaient-elles justifiées?

lyGoogle

3îl -

j'ai peine à le croire. Je préfère supposer que Raymond avait d'autres raisons qu'il n'avoue pas pour renier celle qui « se disait » sa fille, et pour lui refuser toute part dans sa succession. On sait qu'il s'était fait un peu tirer l'oreille lorsqu'il fut question de la marier avej Boucicaut, et que le Roi, qui s'intéressait à ce mariage, avait lui promettre, en retour de son consentement, cer- tains avantages dans la baronnie de Baux (1). L'auteur de la chronique de Charles Vl, connue sous le- nom de Chronique du religieux de Saint-Denis (2)^ dit que Raymond de Turenne encouriit, à cette occasion, la disgrâce de la reine de Naples, duchesse d'Anjou, et telle de Clé- ment VII, pour avoir disposé, contre leur vœu, de la main de sa fille, qu'ils lui avaient de- mandée pour Charles de Tarente, fils de cette princesse. Boucicaut avait épousé Antoinette pen- dant les négociations.

Quels que soient d'ailleurs les motifs qui fai- saient agir ce père irrité, il faut reconnaître qu'il ne néglige rien pour assurer la satisfaction de ses rancunes. Il commence par créer à son gendre et à sa fille un puissant ennemi, en léguant au duc d'Orléans le comté de Beaufort-en- Vallée, tous ses biens situés dans les comtés de Provence et de Forcalquier, et en imposant à celui-ci l'obligation de soutenir, avec peine de déchéance en cas de

(1) JusTEL, preuves.

(2) Publ. par Bellaguet dans la coll. des Doc, inédits, i

lyGoogle

transaction, toutes les dispositions contenues dans son testament. Le duc devra faire en sorte que Bbucicaut et sa femme ne retirent de l'héritage de leur père ni un denier, ni un seul pied de terre.

Raymond n'oublie pas de rappeler qu'Antoinette et Boucicaud, lors de leur mariage, ont renoncé à tous les biens paternels et maternels moyennant l'abandon qui leur fut fait du comté d'Âlais, des baronnies d'Ânduze,. de Portes et d'autres sei- gneuries situées dans la sénéchaussée de Beau- caire. C'était là, dit-il, le plus beau partage que jamais femme du royaume de France ait eu en se mariant, donné que le mari n'était pas de bien haut lignage et qu'il ne possédait pas deux cents livres de rente.

Tout ceci est délayé et répété sous plusieurs formes; mais autant Raymond est dur pour sa fille légitime, autant il se montre large à l'égard de ses enfants naturels. Il énumère, dans cet acte de dernières volontés, quatre fils et deux filles nés hors de mariage, et il assigne à chacun d'eux une part plus qu'honnête sur ses biens. Il nomme aussi une certaine Âliotte Solerande, qui lui tient par des liens qu'il n'indique pas, et à qui il accorde la jouissance de deux châteaux, à condi- tion de vivre chastement sans se marier. Il dé- signe enfin pour son héritière sa très chère sœur, Éléonore de Beaufort, et lui substitue ses fils na- turels en cas de décès.

Je n'essayerai pas, manquant des instruments de travail les plus indispensables, de résoudre les questions historiques que soulève ce testament, et

lyGoogle

de rechercher la suite que reçurent les dispo- sitions qu'il contient. Il est d'ailleurs certain, contrairement k ce qu'ont dit les auteurs de VArt de vérifier les dates, que Raymond ne se noya pas près de Tarascon, en 1400, mais que l'époque de sa mort doit être, au contraire, retardée de plusieurs années. 11 survécut même au duc d'Or- léans, assassiné en 1407.

Le testament d'Antoinette de Turenne, si celui de son père est un acte de haine, est, par un contraste curieux, un acte tout rempli de tendres sentiments. La fille de Raymond de Beaufort n'a- vait eu, de son mariage avec Boucicaut, qu'un fils nommé Jean, comme son père, et qui mourut avant 1413 et fut enterré dans l'église Saint- Nicolas de Pertuis. Privée de descendance, elle donne la jouissance de tous ses biens à son mari.

Il est vrai qu'on a prétendu que cette donation n'était pas complètement volontaire. On est même allé jusqu'à dire que Boucicaut, qui était d'un caractère violent (1), dominait complètement sa femme et ne se gênait pas pour la maltraiter. Il est, dit-on, des femmes qui aiment à être battues; Antoinette était peut-être de celles-là. Elle avait d'ailleurs épousé le maréchal par amour. Ajoutons que les dispositions prises en faveur de celui-ci dans ce testament avaient été fixées d'avance par une donation entre-vifs.

(1) Boucicaut, d'après le religieux de Saint-Dctiia, était un homme do petite taille, mais fort et robuste; il était réaulu, mais emporté; actif, maia impétueux, et ne savait garder aucune me^urg daus sa colère. (Ouv. cité, t. 11, p. 549.)

lyGoogle

La série des legs pieux est intéressante. Antoi- nette fait élection de sépulture à Saint-Martin de Tours, dans une chapelle Boucicaut avait de- mandé à être lui-même enterré. On sait que le célèbre homme de guerre, fait prisonnier à la ha- taille d'Azincourt, mourut en Angleterre en 1421.

XVI. Antoinette de Turenne, d'après Justel, ne mourut qu'en 1416. A la fin du mois de février de l'année précédente, elle était à Brive, avec son mari, et y recevait l'hommage de Rey- naud de Lissac, coseigneur dudît Lissac, pour tous les biens que celui-ci possédait dans les paroisses de Lissac et de Jugeais, dans la châtellenie de Coiisage et dans d'autres lieux de la vicomte. Les formes de cet hommage, longuement rapportées, sont assez curieuses; mais c'çst surtout dans le dénombrement, ou nommée, qui fut fourni deux mois plus tard par le vassal, qu'on recueillera des renseignements utiles pour l'histoire de plusieurs localités du voisinage de Brive.

XVII. On ne sait pas grand'chose, pour ne pas dire rien, des états de la vicomte de Turenne; sous ce numéro se place une pièce importante pour leur histoire. Les députés de ces états s'engagent, au nom des manants et habitants de ladite vimmté, au cas ils seraient déclarés eempts des tailles et subsides royaux, à payer au vicomte de Turenne une somme fixe de dix mille écus sol et une con- tribution annuelle de mille écus.

XVIII. Je termine par des extraits de la Ga-

lyGoogle

zelte de France se rapportant aux troubles sqscités par la Fronde dans ce pays. Ces faits étaient peut- être suffisamment connus; mais ils se présentent ici sous une forme montrant que l'antagonisme entre Tulle et Brive remonte bien haut et qu'il a toujours été profond. Les habitants de Tulle, en effet, dans des circonstances les consciences pouvaient être troublées et hésitantes, ne se con- tentent pas de protester de leur fidélité envers le Roi; ils dénoncent la conduite de leurs voisins de Brive, qui n'avaient pas su fermer leurs portes au duc de Bouillon.

CONFIRMATION, PAR RAYMOND, VICOMTE DE TURENNE, DE DONATIONS FAITES A l' ABBAYE LAÏQUE DE BEAU- LIEU PAR SON PÈRE ET PAR BERNARD DE CA5TELNAU, SON AÏEUL, ET CONCESSION d'uNE REDEVANCE POUR LE CAS OU IL SERAIT BATTU MONNAIE A BEAULIEU, OU AILLEURS.

Noverint présentes el futuri quod dominus R., vice- cornes Turenne, ad recognitioDem et voluntatem domine Heliz, vice-comitisse de Turenna, matris sue, in quam ipse et eccleaia Belliloci super hoc facto se compromi- serant, voluit et precepit servientibus suis ut annuatim X (ce chiffre a été surchargé) solidos quos dominus R., pater suus, in abbatia laicali ecclesie Belliloci legaverat, pacîflce et sine omni contradictione persolvant, et unum modiumvini quem avus suus, B. de C^stro-Novo, in eadem

ibyGoogle

326

abbatia dicte ecclesie legavit. Preterea voluit et posteris Buia reddi constiluit, ut ubicumque moneta fleret, in festo sancti Andrée annuatim xz solidos dominus abbas dicte domus de jure vicecomitia haberet. Si vero apud Bellum- locum fleret, decimam juris vicecomitalis possideret. Et hoc idem pater suus apud Figiacum, Jherosoliiuam profec- tuniB, Humberto abbati recognovit. El ut flrmius hoc pactum sive transactio teneatur, banc cartam suo sigillo fecit premuniri. Testes sunt R., decanus Soliacenaiall); B. Folcoalz, monacho; W. de Chastraarz, monacbo; W. Desparro, mouacho; Gui., de Pestel, monacho; V. de Pia- ula (2), monacho; P. de Besaa; A. de Be83a{3); G, de Rluhac; G. de Cornill; W. Garia; B. Maeatre; P. Dallac, monacho; S. Mag..., et plures alii, anno Domini M" CC* XIIII". Actum hoc in capitule Belliloci.

(Orig. sur parchemin, autrefoia scellé sur double queue. Arch. nal. K. 1180.)

II

SENTENCE ARBITRALE RENDUE PAR BERNARD DE VEN- TADOUR, ABBÉ DE TULLE, ENTRE RAYMOND, VICOMTE DE TUBENNE, ET MATFRE DE CASTELNAU, AU SUJET DU CHATEAU DE CASTELNAU.

12 juin 1219.

B. Del gratia, Tulellenais abbas et miniater ecclesie béate Marie de Rocamador, omnibus ad quoa présentes littere pei-venerint salutem in vero salutari. Scire volumua

(I) Souillac.

(ï) De Plas.

(3j Raymond, dit le père B. de Saint-Amable, donna à Raoul de Boase et aux enfanta d'Aimard, son frère, l'honneur et le privilège de chevalerie, et affranchit leurs terres de toutes tailles et autres charges [Annales, p. MO). Juste! a imprime le tente de cette con- cession (Preuves, p. 39X

lyGoogle

327

UDiversos tjaoA pro guerelis quas babebat nobilis vir R., Turenne vicecomes, super jure et homagio Castri Novi adversus Matfredum de Castro Novo, et super redda ^uadem castri, et aliis rébus, de conseasu et voluotate utriusque partis, controversia in hune modmn per nos determinata est : videlicet qiiod Matfredus faceret homa- gium et fidelitatem predicto vicecomiti, ut domiQO, super illis rébus et eodem modo quo B. de Castro Novo, pater predictl Matfredi, domino R. booe memorie, pater pre- dicli vicecomilia, dinoscitur fecisse; quod statim, sub pre- sentia nostra et multorum aliorum viroruni, factum fuit. Super redda vero Castri Novi, quam vicecomes asserebat ad se pertinere (Matfredus vero negabat), dictimi fuit a nobis quod causa ista in manu nostra et Auslorgii de Aureliaco (!) remaneret, et vicecomit* redeunte per Dei gratiam de partibus uUramarinis, per nos vel per alios a nobis constitutos si aliquid nobis humanitus contingeret, sine uUo subterfugio determinaretur. Se autem ita prose- cuturum in manu nostra Matfredus, data ûde, juravit et decem alios milites iu manu nostra Ûrmatos et ostagia vicecomitis observaturos, si contra premissa venirel, do- navit. Nomina eorum sunt bec : P. de Bosco; Guibertus de Bosco; G. de Cabra; B. de Durban; Hugo de Faia; Bertrans Garners; B. la Vaicha; n Amels; P. de la Folbola. Hanc vero pacem et compositionem sicut pre- dictum est fecimus si domino Ludovico, domini régis Francorum primogenito, in cujus manu, de mandato patris sui, causa presens vertebatur, placuerit et volun- tatem suam prebuerit et [con]seosum. Hoc autem factum fuit crastina die post festum beati Barnabei, sub pre- sentia et t«sti&catione R., decaai Soliacensis; P. de Bessa: P. [Chati]er; B. de Cornilh; GauEfredi Morcel; R. Aimar W. Amio; Hebl de Curamonta; R. de Curamonta:

(1) Cet AuBlorge d'Aurillac At hommage à Raymond VII, comte de Toulouse, en 12J6, en même temps que le vicomte Baymond IV (Voir Doc. n- V).

lyGoogle

Ar. de Gors; Ar. de Bou[villa] Gaus. de Ventedorn;

H. Faidit; Gui. Folcoal; W. Robert Rai. de Doma;

NaiU de Clarens; B. del Castainh; P. Pel [et m]ul-

torum aliorum, anno incarnati Verbi CC" XYIIII". [Ad. majorem] vero supradictorum firmilatem sigillo nostro et dilectj D03tri R. [Turenne] presentem pagînam fecimus premuniri,

(Orig., parch,, autrefois scellé de deux sceaux. Uh coin de la pièce a été enlevé avec l'un des sceaux. Arch. nat., K. 1179.)

III et W

RESTITUTION, PAR RAYMOND, VICOMTE DE TURENNE, A l'abbé de SOLIGNAC ET AUX SEIGNEURS DE CURE- MONTE, DE LA SEIGNEURIE DU CHATEAU DE CURE- MONTE ET DE DROITS SUR LEDIT CHATEAU DONT IL LES AVAIT INJUSTEMENT DÉPOUILLÉS. DECLARA- TION DE PIERRE, ABBÉ DE SOLIGNAC, ET DES SEI- GNEURS DE CUREMONTE, REÇUE PAR LE LIEUTENANT DU SÉNÉCHAL DU BOl DE FRANCE EN LIMOUSIN, PÉRI- GORD ET QUERCY, PORTANT QUE LES CHATEAUX DE CUREMONTE SONT SITUÉS DANS LA TERRE DE l' AB- BAYE DE SOLIGNAC ET QU'lLS RELEVENT DE LADITE ABBAYE.

1236 et ik septembre 1258.

Raymundus, vicecomes Turenne. omnibus [Ghristi] âde- libus présentes litteras inspecturis salutem in Domino. Cum nos et predecessores nostrl maie et injuste spolia- veramus abbatem de Soulounhac et predecessores suos, el , dominos de Curamonto de dominio et jure quod dtcli abbas et domini de Curamonto habebant vel habere debent in Castro de Curamonto, honore et districtu, et adhuc detineamus spoliatos injuste, nos anime nostre saluti providere voleiit«s, de coDsilio fralrum Predicatorum et

lyGoogle

329

Hinorum, et jurisperitonim, dîcto abbati et domino de Guramonto dictum castrum de Curamonto plene resti- tuimus cum onini jure et dominio, honore et districtu dicli castri, nihil juris vel dominii nobis vel heredibus nostris in dîcto caalro relinentes, bonore vel diatrictu castri supradicti, devestientes nos de predicto Castro et investientes cum presentibus litteris dictos abbatem et dominoa de Castro memorato, cum bonore et districtu castri memorati, ita quod dicti domini de Curamonto semper tenebunt castrum de Curamonto ab abbate de Soulounhac cum nos invenïremus et nobis consisteret dictum castrum esse de fundo abbatis memorati. In cujus rei testîmonium présentes litteras sigillo nostro sîgillatas memorato abbati et succes&oribus suis duximus concedendas. Datum et actum anno Domini millesimo ducentesimo tricesimo sexto.

Universis présentes litteras inspecturis, Martinus Senho- ria, Ticegerens domini Aymerici de Danes, ex parte régis Francie in Lemoviceosi, Caturcensi et Petragorîcensi dio- cesibus senescalli, salutem in Domino. Noveritis quod cum P., pro tempore venerabilis abbas Solomniacensis, impe- teret Lemovicum coram uobis, a voluntate dicti senes- calli, [contra] Raymundum, Astorgium et Eustorgium de Curamonto, milites, et Eleliam de Vayrac, archipresbiterum de Ginhac, et Johannem de Curamonto, domicellum, do- minos castrorum de Curamonto, super hoc quod petebat idem abbas ab ipsis dominis coram nobis sibi âeri hom- magium eo quod dicta castra erant et movebant de feudo et dominio ipsius abbatis et monasterii Solonhacensis, lite super hoc contestata et juramento de calomnia hiuc inde prestito, posuit scindicus dicti domini abbatis juramentum suum quod dicta castra erant et movebant de feudo et dominio ipsius abbatis et monasterii Solonhiacensis, et quod quidquid ipsi domini habebant et tenebant in cas- tellania dictorum castrorum, quod non habebant de alio domino, sed debebant habere et tenere ipsi domini in feudum ab ipsis monasterio et abbate, et facere ei abbati

lyGoogle

330

hommagium pro premlssis. Dicti vero domini, per jura- meotum suum singulatim, recogooveruDt coram nobis quod dicta castra erant sita in terra ipsorum mouasterii et abbatis et quod beoe credebaot qiiod dicta castra sunt et movent de feudo et dominio ipaorum monasterii et abba- tis, et dicta castra et quidquid ipgi domiai habent in dicta castellania, quod non tenent nec habent ab alio domino, debent tenere et habere ab ipsis monasterio et abbate; sed dîxenint quod ipsi nunquam fecerunt -néo viderunt Seri homagimn dicto abbati, seu suis prcdeces- soribus, pro premisis, sed bene credunt qiiod ipsi debebant facere homagium eisdem abbati et predecessoribus pro premissis et reddere dicta castra. In cujus rei teslimonium sigillum nostrum presentibus duximus apponendum. Ac- tiuu octavo decimo kalendas octobris, anno Domini mille- simo ducentesimo quinquagesimo octavo. (Copie du xvni' siècle. Arch. nat. R', 466.)

HOMMAGE DE RAYMOND, VICOMTE DE TURENNE, A RAIMOND, COMTE DE T0UL0U8E.

12 août 1236.

Noverint univerei, présentes pariler et futuri, quod ego R., vicecomes Turene, con&teor et in veritate cum hac scriptura public» recognosco vobis domino R., Dei gratia comiti Tolosano, marchioni Provencie, quod ante- cesaores mei tenuerunt in feudum ab antecessoribus ves- tris, et egomet tenui a pâtre vestro et a vobia in feudum, castrum quod dicitur Matfredi (1), situm prope Humen Dordonhe, cum pertinenciis suis, et vicecomitatum de Brassaco cum pertinentiis suis, et castrum de Salinhaco

(I) Il s'agit sans doute àa chftteau de Gastelnau, possédé alors par Matfre de Gastelnau.

lyGoogle

331

cum pertinentiis suis. Et conflteor la veritate quod pre- dicta feuda, vel aliquem [sic] de predictiB feudis, non recepi a rege Phylippo, vel aUia regihus Francie, vel a comitibus Hontiafortia, nec alb alîquo alio homine; nec antecesBores mei a rege vel regibus, comité vel comi- tibus, predicta feuda vel aliqua de predictis in feudum receperunt, niai ab antecessoribus vestris taotum, aicut superiuB est notatum. Pro predictis omuibus feudis et pro aliia de quibus aliquo tempore probare poteritîs, vos vel successores vestri, vel ego vel successores mei poterimus reperire, per instrumenta vel per dicta bonorum virorum, aatecessoi'es meos vel me ipsum in feudum tenuisse a Tobis vel antecessoribus vestris, facio vobis domino comiti homagium ligium, et promitto Tobis onmem fldelitatem quam fldelis vassallus débet suo domino prestare, et gene- raliter omnia que vassallus suo tenetur domino exhibere; et juramentum Ûdelitatis et homagii vobis facio per Deum et per sancta Euvangelia que manibus meie tango, et ad idem faciendum omnes successores meos vobis et succes- soribus vestris obligo in eternum.

Et nos Ralmundus, Dei gratia cornes Tolose, marchio proviucie, recipientes homagium, et Qdelitatem et jura- mentum a vobis R., vicecomite Turene, sicut superius est expressum, promittimus vobis, per nos et successores nostros, quod erimus vobis et successoribue vestris boni domini et Qdeles, et de hoc in bona Qde nostra vos recipimus, dato super hoc osculo et a vobis recepto, super predictis omnibus observandis. Et ut hec universa et singula perpetuam obtineant ârmitatem, nos R., Dei gratia comes Tolose, marchio Provincie, et R., vicecomes Turene, antedicti, présentera cartam sigillomm nostrorum munimine fecimus roborari, Actum est hoc Tolose, in condamina comitali, in tentorio domini comiUs predicti, ir idus augusti, anno Dominice incamationis M' CG* XXX' sexto, in preseotia nobilîum virorum Rogeril Ber- nardi, comitis Fuxi, et Bemardi, comitis Gonvenarum, et Rogerii ConveuanuD, comitis de Palhars, et Bemardi

lyGoogle

332

Otonis, domini Lauriaci, et Rogerii de Fuxo, et Ber- trandi, fratris dicti comilis, et Sicardi de Mootealto, et Poncii de Villanava, seoeschalli Tolosaoi, et Arnaldi Ba- rasc, et Pétri Martini de Castronovo, et Guillemi de Barreria, et Poncii Grimoardî, et Bernardi Aimerici, piibUci Tolose notarii, qui, mandato domini comitis et vicecomitis, cartam istam scripait et sigillavit.

(Orig., parch., scellé de deux sceaux en cire blanche. Arch. nat., J. 316; Layettes du Trésor des chartes, t. II, p. 323.)

VI

EMPRUNT, PAR RAYMOND VI, VICOMTE DE TURENNE, DES CONSULS ET DE LA COMMUNAUTÉ DE LA VILLE DE MABTELj DE DIX MILLE SOUS RAYMONDINS DE TURENNE, AVEC HYPOTHÈQUE SUR LES DROITS SEI- GNEURIAUX DUS A MARTEL.

17 juuut im.

Anoo Verbi incarnat! milleaimo ducentesimo quadra- . gesimo septimo, sexto decimo kalendas augusti. Noverint univergi présentera paginam inspecturi, quod nos Rai- muDdus, vicecomea Turenne, non errantes in aliquo, nec inducti dolo, nec coacti aliqua vi, nec decepti ulla fraude, set certi de facto, et de jure instructi, scimus veriasime et soUempniler confltemur nos debere, de bono débite et legali, conaulibus et universitati seu comunitati ville Mar- telli decem milia solidorum bonorum marchionuin, seu raimundensium de Turenna, quam omnem prenominatam pecuniam ipsi nobis in necessitate nostra amore maximo mutuo tradiderunt, et nos quîdem habuimus et recepimus' ab eisdem, nomine mutui ad omnem voluntatem et utill- tatem nostram maximam, omnem eamdem prenominatam pecuniam intègre in pecûnia numerata. Qua de causa, ex noslra certa scientia, renunciamus in hoc facto exceptioiii

lyGoogle

nuiociia >>Ur ejsnclb îtenn <9iha UiC^ bcnu^ i^itti^ l<u TiAmùS br a^ MfboiKTimamacrniiicmiBimicuDcndMtct^.tmir^uttK [(ituiinuf te wniytnfl ai «JM niiiê-Tmmia akéhn ueUtEftstm

aanntfî^ee^b^tq»t>AilBTiiiiirtMgçnStcfaicr-«p»Jwt»tw»|oâ«-.«c>ftwt«c<»<«pw fbw

. caida . ccob cmi££. tefajg «et edUf^qBi^ ft^nC twcm tn^ «ifa&Vi il>>r eU^onf m 1^^

/ Ef4«niild: «TÏucftiaMC. ir aeiipiniMia.« ftcM. œ »Mk . corAha - Evibom» . » ^

I ru.erIaln[.«roStsliaiuntquaùf fô.qui>Ctrqi(tfti7i)urb*MB>^tEpeàni)u>lBiMidn'inicî^^

&lfrcrhqBB>IU' «cjpiiianiur umûOr «r ^^C tiirTi -«ili ii)»inl(i iii rtiiTiT plri "ultn tù. (laCytnâc^ Ok IJiK fiduo;

nannaquc tïrab»caJtUbii;«Blrt«cn3ïir«3ie1!^B!E3hnta*t»illa^a^

irmart OMt^egnaJ têiftimftilit: ccwitiiflmnati toimScutbta' Wlf ayOTrih bi^ Ôl^cuik ù^dA^taf urAw^

àiijgQfe^taf cgnfuIitjgc^BnHtom l«tcwiiiwBM».ha->Ule^itt<dh«p«u».iJ'9i«hw«tHi«r>pi«natJpoc<ftM*cc(tf^^

nm yqiitnfct fai napc fatmiti y yâeù^ fta^ gmCaiy Bpniar iiahurSi «rjBaJâmgJB nurtnannf fti*^i^ «lelFit tc

imf viiqftoC tr TU t4acaEiI Atà 4tnB fUe IS. ariH«c 1fi>n:^ «Kw . «mil *c ftieb MtbKu^

ftmKnoïC tr orni fi^] ce ^cù); flMW. qw«r ^iMT V ^ fii^àr viniWcr toeâ » t^

c}^ tftào fc& la anbnr T ntn çànîc «cjmaMtrit. ifin <c ^uc A nsf Nt«& ^Nâsrr n^^^

pc^fu^ fie te&a£ »af .r «flâaae «clltt Dcmtw ïïi&UD tU.j> ^ .rf» mi»ihmï tâ^ açeaic-EeupigiuBf(«nci&n^>d)«bià-.nJ,«paa^ tcbmaipbâ..noi;a()niimt^n>catllu»qcqb

pjv*^ tmn R^ iBcjUit. «fit %fenA wi!poft»j»fmaw« l'nrt idly mol» We^ Tjot&cunrfudfcBjrtâhfli qwb«Jttat*lfe-|»«<ferîli»fcaT.,hMri»ia ■f-nr. «tftq^Cujrat&JwiucnintCii

ii»a«cwi nifiIano% ^ndabJui oKtawn^ cr [«MM-. «TtMra nS unwvl^ urm CMÙ f noC ut*» «ha fCjmï tiofc nA i.t'n%< o^ litre- iiTdi^TWwt. fie 6euC «rf fl>M»-c. tr ^ D*^^

(mreuji*«acABm.ïru.w»T6j«n<Sa)tceuiA.t«pw.w>^ûmpw«eî»w^B^

«ct{«nrl^mi.cc-aiuiDU«cHiMctC(a»iiia*§%^^<nir/»ant^aât lnf«tt«ttt«uc1p«cnM.tr(rlTi«iuilQio «eajinaiiCcanCbav^c>«.«(7âltttn«f &âc ^poakcobicta3tmtflvini«&â.«vw!hol«|ci;Bo«pciâ nsitucl ^di m td^jfonc /ïpttràk mur fif/apcnctC quo «t^^j jmm p»A utaUift ^«âai ucnm. foOtxr ahnVncufe

FAC-SIMILE DE LA CHARTE DE RAYMOND VI Du 17 juillet IÎ47.

lyGoeigle

„Googlc

335

non numérale et non recepte pecunie, et actioni et excep- tioni conditionia indebite, sine causa et ob causam, de dolo et in factum. Pro quibus supradictis decem milibus solidorum nos obligamus et ipotecamus, seu impiguo- ramus jure pignoris, pro nobis et pro nostris omnibus, Dostra mera et spontanea voluntate, eisdem predictis coD- eulibus et universitati seu comunitati dicte ville Martelli, et omnibus eorum, voluntariis, omnes secutiones guas debebant nobis, et etiam bailiam ejusdem predicte ville, et omnes redditus, et proventus, et exitus, et clamos seu clamores, et obventiones, et justicias, et quist^s, et tallias, et omnes petitiones, rationes et acciones reaies et perso- nales, et investitiones, et acaptamenta, et feodos et do- minia, consilia, laudunia, et omnia servitia ordinaria et extraordinaria, et leidas et omnia alia jura quecumque sint, quos et quas et que habebamus, et poteramus vel debebamus aut intelligebamus habere per nos vel per alium, jure, voce, inlelleclu, consuetudine, vel usagio aut dominio, vel qualibet alia ratiooe in eosdem, seu contra eosdem predictoa consoles, et burgenses et habitatores uni- versos aut singulos dicte ville Martelli, et in eadem pre- dicta villa cum suis pertinenciis, ab hoc scilicet instant! proximo festo saucti Andrée apostoli in antea, excepta tantummodo strata, et etiam ipsam stratam cum suis pertinenciis, a tempore illo in antea quo Geraldo Cassa- fort et Willelmo Tondut fuerit satisfactum in debilo illo pro quo eisdem tradidimus dictam stratam, nisi forte intérim satisfecerimus dictis consulibus et universitati seu comlinitati dicte ville Martelli in bac omni pecunia supradicta. Sicque volumus et concedimus, pro nobis et pro nostris omnibus, eisdem predictis consulibus et uni- versitati seu comunitati dicte ville Martelli, et omnibus eorum voluntariis, quod babeant, teneant, possideaot et explectent ad omnem volunlatem suam hec universa et singiila supradicta a nobis sibi obligata et ipotecata, ut diclum est superius, pro dicta pecunia, ab hoc scilicet predicto proximo instanti festo sancti Andrée in antea,

ibyGoogle

336

daates et concedentes pro nobis et pro nostris omnibus eisdem predictis consulibug et universitati seu comunitati dicte ville Martelli, et cui vel quibus voluerint, plenariam potestatem et ticentiam percipiendi seu percipere faciendi per quamcumque seu per quascumque personas voluerint et mandaverint auclorilate sua propria, nobis et nostris irrequisitis et non vocatis, a dicto proximo feslo sancti Andrée instanti in antea, omnes et singulos redditus, et obveûtiones, et exitus, et prosentus et jura quicumque et quecumque fUeiint qui et que de hiis supradictis uni- versis et singulis a nobis sibi obligatis et ipotecatis a dicto proximo instanti festo sancti Andrée in antea esie- rint et provenerint, qui et que ad noa deberent spectare, et pertinere et provenii-e aliqua ratione vel aliquo jure, ad omnes suas suorumque voluutates plenarie faciendura quousque sibi reddiderimus intègre omnem banc pecu- niam supradictam, aut quousque servatis eisdem ab omni dampno de premissis, secum, ad voluntatem suara, compo- suerimus in pecunia aupradicta. De predicta vero strala nichil debenl percipere quousque ait satisfactum dictis G. Cassafort et WiUelmo Tondut in debito illo pro que eisdem tradidimus dictam stratam, et illud quod de Mis supradictis a nobis sibi obligatis et ipotecatis babuerînt, seu perciperint aut retinuerint, dum eadem ratione vel nomine dicte ipolece sue seu pignoris tenebunt et habe- buut, non coniputabitur eisdem in solutione debiti supra- dictj. Noa enim donamus totum illud quicquid sit. pro nqbis et pro nostris omnibus, bono animo et libenti doua- tione inter vivos ticta eiadem predictis consoUbus et universitati seu communitati dicte ville Martelli, in remu- nerationem multorum servitiorum que erga nos et boue memorie dominum Raimundum de Turenna, quondara patrem nostnim, aiquidem contulerunt, eisdem stipula- tione interposita promiltentes nos usque modo nichil fecisse ve) dixisae, nec deinceps nos facturas vel diciuros aliquod quod eisdem obesse posset in hoc facto. Hec autem universa et aiugula aupradicta promiltimus, pro

ibyGoogle

Fig, 1 =1 2. ,

SCEAU DE RAYMOND VI

„Googlc

„Googlc

339

Dobis et pro uostiis omnibus, iterata stipulationc, eisdem prediclis consulibus, uomîne suo el nomine dicte uuivei'- sitalis seu comunitatis dicte ville Martelli stipulantibus. iii viola bililer observare et tenei'e, et contra non venire in parte vel in totum, per nos vel per alium, aut aliquim aliam personam Domine nostri vel nosti-orum, aliquo jure vel aliqua ratioiie, sic Deus nos adjuvet; et hec saci-o- saiicta Dei Ëvangelia a nobis corporaliter tacta, scienter et consulte, generaliter et specia-iter renunciautes sub eodein sacrameiito, ex nosli-a certa scieiitia hiis omnibus supradictis omni juri seu juribus canonico et civili, scripto et non scripto, et in integrum restitutiooi, et compeusalioni, omni ignorantie juris et facti, et omoi privilegio generali et speciali, et omni foro et con3ue- tudini et terre usui, litteris comissionis summi pontificis, et ipsius legali, el cujusiibet judicis oi'dinani super hiis aut contra predicta inpetratis aut impetrandis, et omni privilegio et minoris etatis benelicio, et omni juri el facto quod posset ohici contra instrumentum, et actioni et exccptioui juris vel facti, rei vel pereone, competentibus aut unquam competiluris, quo vel quibus contra predlcta, vel aliquod predictorum, venin posset aliqua ratione ; et ad majorem reruni predictanim fîi-mitatem habendam, eoncedimus eisdein prediclis consulibus, et universitati seu coniunitati dicte ville Martelli, prcsentem paginam sigilli nostri munimine roboratara. Aclum apud Mar- tellum, anuo el die quo supra dictum est.

(Orig., parch-, scellé sur tresses de chanvre jaune, blanc et bleu, d'uD sceau â type équestre en cire blanche (voir figures 1 et 21. Appartient à M. le contre-amiral de Marquessac.)

lyGoogle

vir

LETTRES d'aIMERIC DE MALEMORT, ÉVÉOUE DE Ll- MOftES, CHARGEANT LE CHAPELAIN DE SAINT-JUNIEN d'absoudre RAYMOND DE TURENNE, QUI ÉTAIT SUR LE POINT DE PARTIR POUR LA CROISADE, DE PLU- SIEURS SENTENCES PRONONCÉES CONTRE LUI, ET ORDRE, PAR LEDIT CHAPELAIN, DE CONVOQUER CEUX AU PROFIT DE QUI CES SENTENCES AVAIENT ÉTÉ PRONONCÉES.

27 mars i25i.

Magister Guillelmus, canonicus et capellanus Sancti- Juniaiii, dilectis in Chrïsto capellanis de Tuela, de Mala- mortc, d'Albussac, de Noalhas, de Caichac, saltitcm in Domino. Noveritis nos taies litleras récépissé : Ayme- ricus, pei-missione divina LemoviceDcis episcopus, dilecto guo magistro Guillemo, capellano Sancti-Juniani, salu- tem. Dilectus noster nobilis vir R., vicecomes de Tu- reuna, nobis huiniliter supplicavit ut cum sit in punctum itineris transmarini et propter hoc multipliciter occu- patus, ad nos et officialem nostnim venire non possit absolutionis beneflcium petiturus, eidem super hoc pro- videre misericorditer dignaiemur. Nos ijitur ejus suppli- calionibus incliuati, diacretioiii vesti-e comittimus et man- damuB ijuatinus dictum vicecomitem, vocatis partlbus adversis et refusis expensis que de jure fuerînt per- solvenda, juxla formam Ëcclesie absolvalis ^ senten- cils a Dobis, vel oSiciali nostro, pio contumacia latis in ipsum, assignantes parlibus diem coram offîciali nostro Lemovicensi, quam videritis expedira, ad procedendum hinc indc quantum de jure fuerit procedendum. Datum VI kalendas aprilis, anno Domiui M' GC° L~° primo (I). Hujus ijitur auctoritate mandati vobis mandamus cilare

(I) 27 mars 12S1.

lyGoogle

341

apud Nazare coram nobis, ad diem lune post Quasimodo ante terciam, venerabilcm dominmn abbatem Tutellensem et nobilem dominara Bertrandam de Malamorte, rcUctam ut dicitui- domini Gauberti de Malamorte. dominum Ber- trandum de Sancto-Amancio, templarium, dominam Lu- ciam, relictam Hugonis de Noalhas, Guillelmum Eapero, capellanum, ut veniant visuri (?) absolutionem dicti vice- comitîs quantum ad sententias in eundem latas pro eisdem, jnxla formam mandati nobis traditi ut supra dictum est et recepti, alioquin absolvemus euadem. Datum die Parasceves, anno Domini M* CC* L"° primo.

(Orig., parch., dans l'un des coins duquel ont été découpées six petites bandes. Arch. nat., K. 1183.)

VIII

LETTRES d'ÉLIE RUDEL ET d'hÉLIS DE TURENNB BNU- MÉRANT LES POSSESSIONS QU'iLS ABANDONNENT A RAYMOND VI, VICOMTE DE TURENNE, ET A SES HÉRITIERS.

25 juin 125i.

Univerais présentes litteras inspecturis, Helias Rudelli et Aelyz, ejus ujtor, salutem in Domino. Noverint uni- vers! quod nos, bono anime et spontanea voluntate nostra, pro nobis et nostris presentibus et futuris, solvinius in perpetuum et quitamus nobili viro R,, Turenne yice- comiti, et omnibus suis heredibus et successorlbus pre- sentibus et fuluris : ^

Castrum Turenne cum omnibus pertinenciis suis, et bailiviis et juribus universis ad castellaniam dicli caslri pertinentibus.

Item, quitamus in perpetuum eidem vicecomiti el suc- cessoribus et heredibus suis monetam vicecomitaLus Tu- renne, el jus faciendi et operandi et cudendi eandem.

Item, quitamus eidem et successorïbus suis medietatem ville Martelll et pertinenciarum ejusdem ville.

lyGoogle

342 ■^

Item, quitamus eîâem et successoribus suis et here- dibus castrum de Montevalenti cum pertinenciis suis et juribus universis.

Item, quitamus eidem et succesoribus et heredibus suis porlum de Traetutz, sive de Montcvalenti, cum perti- Deuciis suis et juribus universis.

Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus suis castrum de Merindol cum pertinenciis suis et juribus universis.

Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus suis castrum Sancti-Sereni cum omni honore, et domi- nio et districtu, et pertinenciis suis et juribus universis.

Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus suis caslrum de Garnhac(l) cum pertinentiis suis et ju- ribus universis.

Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus suis villam Belli-Loci cum pertinentiis ^uis et juribus universis.

Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus suis castrum de Betut cum pertineuciis suis et juribus universis.

Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus suis castrum de Belalha cum pertinenciis suis et juri- bus universis.

Item, quitamus eidem et? guccesBOribus et heredibus suis totam terram et dominium, et feuda, et homagia de Brivezio, quam et que habebat et haberc deliebat ibidem R., quondam Turenne vicecomes(2).

Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus

(I) Gagnac (Loi).

(!) Il semble acquis que les droits des Turenne sur le paya de Drive [Brioesium) leur furent apportés par le mariage de Ray- mond V avec Allemande Malemort, mère lie Raymond VI. Il n'y avait donc pas lieu de parler de ces droits dans cette transaction; mais si l'on se reporte au titre putiié par Justel, on verra qu'il s'agit de biens provenant de Raymond IV, père d'Hélis de Turenne et oncle de Raymond VI,

lyGoogle

-343

sois hoDugia, feuda, et dominîa ac esplegia ad dicta castra et villas pertinencia. *

Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus suis homagia, feuda et dominia a villa Martelli uaque ad civitatem Caturcensein, et usque ad civitatem Lemo- vicensem, et usque ad villani de Gloto8(l).

Item, obligamus nos et uostra ad solvendam et exse- quendam medletatem teslamenti eive ordlnacionis R., quondam Tureoue vicecomilis, ad arbitrîum et volun- tatem venerabilium patrum, abbatis Obazine, et Helie, electi monasterii Sar[lateQaia].

Et hec omnia universa et singula aupradicta promi- timus aos, pro uobis et uostris, eldem vicecomitî et suo ceasoribus el heredibus suis, perpetuo et inviolabiliter servaturos, prestito super sancta Dei Euvangelia corpo- raliter jurameuto. In cujus rei testimoDium sigilla nostra presentibus dnximus apponeada. Et nos B., Dei gratia Fraacorum regina, ad precea et instancias nobilis viri Helie Rudelli et Aeliz, uxoria sue, hec predicta laudamus et etlam approbamua, et sigilli nostri munimine robora- mus. Actum apud Melodunum, anno Domiai milleaimo CC° L"° primo, in craatino beati Johannls-Baptiste.

(Orig., parch., autrefoia scellé de trois sceaux. Arch. nat., K. 1180.)

IX

ENGAGEMENT PRIS PAR RAIMOND, VICOMTE DE TU- RBNNE, DE FAIRE JURER PAR SES HOMMES FIDÉ- UTÉ AU ROI DE FRANCE AVANT Qu'ON LUI RENDE LE CHATEAU DE TURENNE.

Novembre 1251. Ego Raimundus, vicecomes Turenne, notum facio uni-

(1) Ëgletons (Gorrèze). L'acte publié par Juste! (preuves, p. 5Î) eolre dans plus de détails au sujet des chAteaux compris dajis ces limites.

lyGoogle

-344

vereis presentibus et futuris quod ego promitto quod, quandocumque excellenlissimus dominus meus rex, vel domina regina. voluerint michi redilere castrum Tu- renne, antequam i-eddatur michi castrum, omnes homines meos vicecODiitatus Turenne, mililes, burgenses et alios, vigiles eciam et custodes castrorum jurare faciam domino régi fidelitatera, talem videlicet quod nunquam ei-unl con- tra ipsunri, vel heredes seu successores suos; et si ego, vel heredes seu successores moi, per nos, vel per alios face- remus guerram sibi, vel heredibus seu successoribus suis, quod ipsi essent contra me, et heredes et successores meos, cum domino rege, et heredibus et successoribus suis. Ego eciam, et heredes et successores mei tenebimur jurare quod, ad magnam vim el parvam, quandocumque dominus rex, seu heredes vel successores sui mandave- rint, sibi vel alterius ipsorum mandalo certo, reddemus castrum Turenne, et castrum Sancti Sereni, el omnes alias fortericias meas, quas teueo de ipso domino rege. Voie eciam et coocedo quod hujusmodi juramenlum in posterum semper flat et renovetur aiinujilim, vel quociens dominus rex, seu heredes vel successores sui voluerint, et ad hoc obligo me, heredes et successores meos, ac totam terram meam vicecomitalua Turenne. Hec autem omnia facio libéra et spontanea voluntale. In cujus rei testimonium, sigillum meum duxi presentibus apponen- ' dum. Actum apud Pontisaram, anno Dominl M" CC" quin- quagesimo primo, mense novembri.

(Orig., parch., scellé en cire brune, sur double queue, du sceau de Raymond de Turenne (voir figures 3 et 4.) Arch. nat.. J. 400, n" 47; Layettes du Trésor des chartes, l. III, p. 147.)

lyGoogle

SCEAU DE RAIMOND VI

VICOMTE &E T

lyGoogle

„Googlc

347

X

ACCORD ENTRE RAYMOND VI, VICOMTE DE TURENNE, d'une PART, ET BERNARD, VICOMTE DE GOMBORN, MARGUERITE, SA FEMME, ET DAUPHINE DE ROQUE- FEUIL, d'autre, au SUJET DES DROITS REVENANT A CES DEUX DERNIÈRES SUR LA VICOMTE DE TURENNE EN LEUR QUALITÉ DE FILLES DU VI- COMTE BOSON m.

Août 1256.

Universis présentes litleras inspecturis, Raymundus, vicecomes Turenne, Bernardus, vicecomes de Combornio, Margareta, ejus uxor, et Daitlna de Rugefolio, salutem in Domino. Notum facimus universis quod cum conteiitio esset inter nos, Raymundum, vicecomitem Turenne, ex uiia parte, Bemardum, vicecomitem de Combornio, Mar- garetam, ejus uxorera, et Dalfinam de Rupefolio, fllïas quondaiii Boasonis, vicecomitis Turenne, ex altéra, super parte vicecomitatus Turenne, dominiis, feodis et juri- hua que dictus Raymondus habet et posaidet ratione dicti vicecomitatus, excepta portione quam Reginaldus de Ponte, domicellus, et Margareta, ejus uxor, teneot et possident, quam partem dicte Margareta et Dalflna dice- bant ad se, jure hereditario, pertinere, ex successione dicti Bossonig, patris sui, tandem inter nos amicabiliter, de consensu nostro, fuit compositum in hune modum. Videlicet quod nos Raymundus, vicecomes Turenne, damus predicto vicecomiti, uxori ejus et Dalfine centum quinquaginta libras annui redditus malchionum [sic] vete- rum currentium nunc in vicecomitatu Turenne, ita lamen quod vicecomes, uxor ejus el Dalfina predicti, et suc- cessores eomm debent tenere in feodum dictum redditum a nobis Raymundo, vicecomite Turenne, et heredibus nos- tris; non tamen debent propter hoc nobis facere homa- gium. Ceterum damus predictis vicecomîti, uxoii ejus et

lyGoogle

348

Dalâne mille libras ejusdem moDel«, Bolvendas unicuique pro rata sua in hune modum : scilicet, in festo Purifica- tionia béate Marie virginis proximo instanti, trecentas libras; et in eodem festo proximo subséquent!, alias tre- centas libras; et in eodem festo proximo subséquent!, alio anno revoluto, quadringintas libras. Nos vero vicecomes de Combornio, Margareta, uxor nostra, Dalflna de Ruper- folio, âde prestita, quitavimus, pro nobis et omnibus heredibus et successoribus nostris, dictum Raymundum, vicecomitem Turenne, et omnes heredea et successores ejus, ab omni aclione et petitione quam vel quaa habe- bamus, vel habere poteramus quoquomodo contra dictum Raymundum, vicecomitem Turenne, ratione partis quam habet et possidet vicecomitatus predicti, dominiorum, feu- dOFum et jurium. Sciendum lamen est quod nos, vice- comes Turenne, debemus assignare in terra plana, sina fortalicia, dictis vicecomiti de Combornio, M., uiori ejus, et Dalfine, dictum redditum in terra quam tenemus de vicecomitatu Turenne, ad arbitrium religiosorum viro- nim, abbatis Auretiacensis et celerarii ejusdem monas- terii, ordinis sancti Benedicti, ita quod si ipai duo in dicta assignatione convenire non possent, abbas Obazine, Ordinis cislerciensis, débet esse superior, et quidquid ipse abbas Obazine, de dicta assignatione, cum duobus predictis, vel altero, faciet, débet habere roboris firmi- tatem. Sciendum etiam est quod dicli abbates et cele- rarius debent assignare, prout dictum est superius, dictis vicecomiti de Combornio, M., uxori ejus, et Dalfine, in terra ubi erunt redditus assignat!, unum manerium, sive fortaliciam, jure hereditario perpetuo possidendum, ubi pos- sint, quando eis placuerit, venire et morari. Item, scien- dum est quod nos Raymundus, vicecomes Turenne, de quingentis libris monete p redicte solvendis terminis su- pradictis, debemus dare fidejussores predicto vicecomiti de Combornio et M., uxori ejus, ad arbitrium dicti abbatis Obazine et fratris Guidonis de Gimello, ordinis Fratrum minorum. Item, debemus dare predicte Dalfine de Rupe-

lyGoogle

349

folio ûdejussores de quingentiB libris monete predicte solvendig terminis predictis, ad arbitrium magistri Guil- lelmi Chaulet et celerarii supradicti. In cujus rei testi- monium, nos Raymundus, vicecomes Turenne, Bernai-- dus, vicecomes de Gombornio, Margareta, uxor QOBlra, Dalfina de Rupefolio, sigilta nostra presentibus litteris duxiinus apponeuda. Actum Parisius, anno DomiQÎ mille- simo duceotesimo guiuquagesîmo sexto, meose Augusli. (Orig., parch,, autrefois scellé de quatre sceaux pon- dant sur doubles queues. Arch. nat. K. 1180.)

XI

ACENSEMENT, PAR RAYMOND VI, VICOMTE DE TU- RENNE, EN FAVEUR DE BERNARD DE DOTVAL, d'une partie du MANSE de DOTVAL.

Février i?63.

Universis présentes lilteras inspecturis, Raymundus, vicecomes Turenne, salutem et pacem. Notum facimus universis quod nos acensavimus et ad certum censum dedimus et concessimus, pro nobis^t nostris, Bernardo de Dotval, heredibusque suis, pirtem mansi de Dotval quam Hunibertus de Dotzval, presbiter, tenuerat et pos- sidcrat, et ad se pertinere dicebat antequam andueret [sic) habilum monachalem, cum omnibus juribus et pertinenciis ail nos spectantibus, aut etiam pertinenlibus; ita tameu ([uod diclus Bernardiis dédit nobis pro intra,yrio quatuor libras monele currenlis, quas ab eodem habuimus et recepimus in pecuuia numerata. Item, débet nobis dare singulis annis duodecim sextarios avene ad mensuram Maschalli (1), et quatuor sextarios fromenti ad mensuram cum qua levai G. de RolBuhac nostrum fromentum, red-

dc Chenullers-

lyGoogle

350

dendos apud Tureimam io festo iiaDcti Michaells. Item, débet nobis dare quinque solidos pro acaptameQto, moncte curreatis, dura locus se obtulerit oportunum. Et dictum B. de predicla parte mansi investivimus et in posscssionem induci fecimus corporalem, promitlentes [contra] aceiisa- tionem hujus aliquo tempore in parte vel in tolo non venturos. In cujus rei testimonium sigillum nostrutn pre- sentibuB duxlmus apponendum, salvo lamen jure nostro. prout saperius est ejtpressum, similiter et jure alieno. Datum et actum apud Turennam, mense febmarii, aiino Domini M" CC LX' secundo.

(Orig., parch., autrefois scellé sur double queue. Arch. nat., Q- 137.)

XII

promesse du celléluer et du chambrieb de tulle de travailler, dans la mesure de leurs forces, au bien et profit de raymond, vicomte de tu- renne, et spécialement de faire en sorte qu'll n'Éprouve aucun dommage au sujet du château

DE OIMEL.

7 juillet i261.

Nos B. de Sanclo Aslerio, cellerarius. et G. de Oistro- Novo, cameranua Tutellensis, notum facimus univereia cL singulis présentes litteras inspecturia, quod nos pro- mittimus, prestitis ad sancta Dei Evangelia jurameutis, iiobili viro domino Raymundo, vicecomiti Turenne, iu omnibus honorem et utilitalem suam bona ûde pro viri- bus in perpeluum procurare, et specialiler quod caslruni

de Gimello non sedeat ad dampnum vel ipslus vice-

comitis, vel suorum, immo ad ulititatem el honorem ipeius. In cujus rei testimonium presentibus litieris sigilla uostra duximus apponenda. Datum die jovis in crastina oclabarum apostolorum Pétri et Pauli, anno Domini CC' LX" seplimo.

(Orig., parch., scellé aur simple queue de deux sceaux

lyGoogle

351

en cire blanche, dont l'un est complètement détruit, et dont l'autre est réduit à l'état de fragment. Sur ce frag- ment se Toit une tour crénelée percée de deux fenêtres. Arch. nat.,K. 1180.]

XIII

ACEN9EMENT, PAR RAYMOND, VICOMTE DE TURENNE, EN FAVEUR DE BERNARD BEAUDOIN ET DE BER- NARD DE SAINT-HILAIRE, DES DEUX MANSES DE NARSAU ET DE CELUI DE LA ROGEWE.

18 septembre i2Ti.

Univereis présentes litteras inspecturis, Raymundus, Turenne vicecomes, salutem et pacem. Tenore presentium notum facimus universis présentes litteras inspecturis, quod nos certi de jure et facto nostro, non choacti, non decepti, non machiuatione aliqua circumventi, dedimus ad censum, pro nobis et succesaoribus nostris, dileclis QOtris Bernardo Baudoyni et Bernardo de Sancto Hylario, domicellis, suisque heredibus et voluntariis, duos mansos nostros dictos et appellatos de Narsa, et alium tertium mansum nostrum dictum et appellatum de la Rotgairia, cum omnibus întroitibus et exitibus, pascuis, nemoribus, terris cultis et incultis, rippariis, aquis et omnibus aliis juribus et deveriis predictorum mansorum, et isti très mansi, seu faziones, ad invicem sunt conjuncli seu coQtigui; et isti très mansi predicti ad invicem conjuncti, seu faïiones predicte, confrontant se cum via publica per quam itur de Cayssac apud Arnac(l}, ex parte una, et cum manso de Leunac, et cum manso de Romeyoza, et

(!) Le chemin public de Queysaac à Puy-d'Ârnac Les manaes dont il est question daus cette ctiane étaient situés dans la com- mune de Végennes, oii l'on rencontre encore les villages de Nar* sau, du Breuil, de la Tronche, etc.

lyGoogle

352

cum mansis de Brolio et LatroBCha, et cum bordaria de Cbargolas, ex alia, pro sex libria minus quinque aoli- dis monete currentis in vicecomitatu nostro Turenne ren- dualibus, solvendîs nobis et successoribus nostris annua- tim, videlicel medietatem in festo beati Andrée, apostoli, et aliam medietatem in festo Rogatioiium , et pro quin- que aolidis ejusdem monete de acaptamento in mutatione utriusque domini, et pro trecentis et quinquagenta solidia ejusdem monete de inlragio; quos trecentos et quinqua- genta solidos nos r,onfltemui' et recognoscimus noa ha- buisse et récépissé ab ipsis domicellis in pecunia nume- rala, renunciantes exceptioni non numérale pecunie, non habite, non recepte et apei numerationis future; renun- êiantes etiam, quantum ad dictam acensacionem, exceptioni doli, fori, loci, et actioni in factum, usui et terre consue- tudini, et omni exceptioni juris canonici et civilia, et omnibus aliis exceptionibus, deffensionibus, allegationibus per quas hujusmodi acensatio posset in posterum anullari seu etiam retractari. Et promittimus, pro nobis et suc- cessoribus nostris, quod contra hujus modi acensationem factam pro nobis et successoribus nostris dictis domicellis de predictis mansis non veniemus in futurum, licite vel expresse, in toto vel in parte, aliquo jure seu alîqua ratione. Hec autem univei-sa et singula, proul superius sunt expressa, promittimus lenere, et observarc et contra non venire, prestito ad sancta Dei Evangelia corporaliter juramento. In cujus rei testimonium et memoriam om- nium premissoiTim, nos, vicecomes predictus, sigillum nos- Irum apponi fecinms per manum dilccli c;ipcllani nostri Ademari Barba; et noa Boïo de Turenna. frater dicti vicecomitis, premissa confirmantes ac etiam approbantes, sigillum nostrum duximus presenlibus apponendum in testimonium et munimen omnium premissorum. Datum die martis ante festum beati Mathei apostoli, anuo Domini millesimo CC' LXX' quarto.

(Orig., parch., autrefois scellé de deux sceaux. Arch. nat., Q' 136.)

lyGoogle

353 XIV

OBDRE DU SÉNÉCHAL DE PÉRIOORD ET QUERCY AU BAYLE DE BRIVE, DE s'aBSTENIB A l'aVENIR d'eN- TRER DANS LA VICOMTE DE TURBNNE POUR Y FAIRE DES SAISIES ET DES CITATIONS, SI CE n'eST DAKS CERTAINS CAS DÉTERMINÉS.

29 mai 1293.

Johaiines de Mabl...., miles illustrissimi principis do- mini régis Prancie, ejusdemque senescallus Pretragori- ceosis et Gaturceasis, bajulo nostro de BFiva(l), vel ejus

(1} Lm baylies dfl Brive et d'Userche furent unies à la séné- chaussée de Limousin par lettres du roi Charles V, du 1 juin 1373; elles avaient été comprises jusqu'à cette date dans la séné- chaussée de Périgord. Il semble que les dlFBcultés du montent retardèrent pendant quelque temps les effets de cette mesure. On lisait en effet ceci dans le compte, pour t3T7-137B, de Pierre Hont- rivaud, receveur de la sénéchaussée de Limoges sous l'adminis- tration de Gaucher de Plasssc, sénéchal ; « Receptes. Des rentes, droits et revenus du hailliage de Brive et Uzerche néant cette année, pour ce que les Angles et ennemis du Boyaulme occupent tout le pays dudît bailliage, et n'y peuvent avoir les officiers du Roy, nostre sire, aucune obéissance ne n'y osent aller, pour ce néant; et fut baillée en garde par le seneschal à Pierre de Tuile (ou Tuelle), de Brive, qui encore n'eo a compté. >

Au bas du feuillet dudit compte était écrit : NotAndum qviod Rex, per tuu Ullerag d&ta» geplim& junii MCCCLXXIII; ad- junxil huic genegehallie Lemomcensi baiUivai de Briva et de Uterchiii, que aolebant esse de aeneschalliis Petragoricensi et CatuTcenai, proul patet per diclaa litteraa quarum copia acri- bitur in fine hujus aompoti; et traditum fuit dicto receptoH tranicriptum dielarum titteraTum collationatum et expeditum per litteraa dominorum, d&lttm xv sept. MCCCLX XVIII. Ca- veatvr quod de celero reapondeat de emolumenlii dictorum baillivarum.. Cette dernière phrase est probablement de la main des gens de la Chambre des comptes, qui Jugeaient bon de sti- muler le sèle du receveur.

Ces renseignements sont tirés des archives municipales de Brive, se trouve une série d'extraits des comptes de la baylie de Brive, que l'incendie des archives de la Chambre des comptes, en 1T3T, a rendus fort précieux.

T. VIL %~io

lyGoogle

354

locum tenenti, salutem et dîlectioQem. Gum robia alias dederimus in mandatum quod io terra nobilis viri vice- comitis Turenoe non gatgiaretia, nec adjornarctis, nec explectaretis aliquid, niai propter defectum geDcium dicti nobilis, seu propter ressortum pertinentem ad domiauDi Regem, seu aliam justam causam ad nos pertinentem, videlicet pro judicatura curie noslre, el vos, ut intel- leximus, contrarium facitis incessanter, dictam terram intrando et ibidem explectando, de que, si verum sit, quamplurimum admiramur, vobis Ûrmiter etdistricte precipiendo inandamus quatinus dictam terram dicti nobilis, niai in defectu gencium ejusdem, non intretia, eamdem explectando, seu dictam terram usurpando, nisi in casibus supradictis, seu aliis ad juriadictionem dicti domini nostri Régis pertinentibus et spectantibus, seu alio expresse mandate per nos vobia faciendo super pre- miasis. Datum apud Montem Dôme, die veueris post oc- tabas Penihecostes, anno Domini M" CG° nonagesimo ter- cio. Redd. 'lit.

(Orig., parch. Arch. nat., K 1180.)

XV

TRANSACTION ENTBE l'aBBÉ DE SAINT-GÉEUUD D'aU- RILLAG ET FBÈHE GÉRAUD DE JO, PRIEUR d'aU- RIAC, d'une part, et RAYMOND, VICOMTE DE .TURENNE, d'autre PART, AU SUJET J>U REPAIRE ET DU DOMAINE DE JO.

27 octobre 1299.

In nomine Domini amen. Noverint universi et singuli hoc presens publicum instrumentum inspecturi quod cum controversia verterelur, seu verli speraretur, inler reveren- dum patrem dominum Pelrum (1), Dei gratia abbatem mo- nasterii Aureliacenais, et fratrem Guillelmum de Claviers,

(t) Pierre Malafaide, d'une illustre famille limousine.

lyGoogle

355

priorem de Burgno ac sclndicum conventus moDasteriî predicti, Domine abbatis, et conventus et monasterii, et fratrem Geraldum de Jo, priorem de Auriaco, ex parte una, et nobilem virum Ramundum, vicecomilem Turenne, domlnum de Cerveria et de Santria, ex alia, super alber- gamenlo seu repario de Jo, prout ipsum tenebat et possi- debat quondam Beatrix, relicl.1 quondam Aîterii de Jo, domini defuncti, et idem Geraldus, ejus filins, et etiam idem Eoarilus suua tempore quo iidem coujuges vivebant; et super mansis, capmansis, bordariis, terris, aliis reddi- tibus juribus-et deveriis, et aliis bonis que dicti cou- juges coDJuuctim vcl divisim tenebant et possidebaut dum viverent, vel dicta Beatrix et idem Geraldus, ejus fllius, tenebant et possidebant tempore mortis dicte Beatricis; que predicta omuia boua idem abbas dicebat ad se et dictum mouasterium pertinere ex quadani donatione facta ipsi abbaii, et conventui, et monasterio et prioraïui de Auriaco per Beatricem et fratrem Geraldum predictos, dicto vicecomiti in contrarium asserente et dicenle ipsum, vel ejus maudatum, predicta cepisse et saizivisse propter defectum hominii et ut de feudo et dominio suo, et ut incursa et comissa eidem, et quod predicti abbas et con- ventus et prior eadem extra manum suam non posuerant ut debebant; tandem, post multas altercationes et lites super predictis et predicta tangentibus, inter ipsas partes amicabilis compositio intervenit talis. Videlicet quod dic- tum albergamentum seu reparium et homines, et pagesii, et villa, et orti, et boria de Jo, prout ad predictos Bea- tricem et ejus Ûlium spectabant et pertinebant, spectaut in perpeluum ad dictum vicecomitem et ejus heredes et successotes. Item, quod omnes mansi et capmansi, bor- darie, appendarie, terre, prata, redditus, census, jura, servitutes et alia boua immobilia et actiones que spectant ad predictos matrem et âlitim, iuter dictum abbatem et ipsum vicecomitem pro equis portionibus communiter dividantur, solutis tameu prius de predictis bonis com- munibus, per dictos abbatem et vicecomitem, leguatis et

lyGoogle

356

âdeicommissis ad pias causas relictis per ipsos matrem t et fllium, contenus in litterîs confectis super donatione predicla et teetamento, ut dicitur, confecto per ipsam Beatricem jam defunctam, ad esgardum et cognitionem magistrorum Pétri Bniui et Geraldi Majoris, jurisperi- torum, si vaccare poBSunt; et si vaccare non possuut, ad esguardum et cognitionem domini Hugoois de Gamburac, legum professoris, et magistri Stephani Laguardela, juris- prerili; et si dominus Hugo de Gamburac et magister Stephanus Laguardela vaccare non possunt, ad esguardum et cognitionem magistrorum Stephani Bec et Bertrandi Vitalis, jurisperitorum. Et fuit actum quod omnia bona que tradita fuerunt pro relictis ad pias causas, leguatorii seu fideicommissarii ponere debeant eitra manum suam, prout est de consuetudine, ita quod predicta non rema- neant amortita, nec dictus vicecomes intendit amortizare; ita tamen quod si dictus abbas solvere voluerit dicto vicecomiti infra duos annos ab instanti festo Nativitatis Bomini computandas, ducentas libras turonnensium par- vorum tantum, vel viginti denarios turonenses pro quo- libet deuario renduali pro parte contingente ipsum vice- comitem de dictis bonis, escepto albergamento predicto, et hominibus, et pagesiis, domibus et ortis eorum qui in omni suençu predicto vicecomiti et ejus heredibus debent remanere; et census et deveria que dicti homines debe- bant ratione predictorum, quod idem vicecomes omnia alla bona immobilia que ad ipsum de predictis bonis obve- uerint, et etiam boriam predictam, exceplo alberguamento predicto hominibus, pagesiis, domibus et hortis dicto abbati amortita quantum ad se reddere et dimittere in perpetuum teneatur, et etiam quod statim amortizet quan- tum ad se partem quam ad ipsum abbalem proveniet, oonventum, priorem et monasterium de bonis predictis, salvo semper et retento dicto vicecomiti et eJus heredibus auccessoribusque suis in omnibus predictis bonis perti- nentibus ad dictum abbatem, omnîmoda Jurisdictione, mero et mixto itnperio; et qUod predicla diclentur per

lyGoogle

-357-

prenominatos magistros ad esgardium predictorum ma- gistrorum, videlicet si primi duo vaccare poBsunt; et si vacare non posBUDt, guod dominus Hugo de Gomburac, legum professor, et magîster Stephanus Laguardela, juris- peritus dictare possint; et si omnes isti deflcerent et non poasent vacare nec intéresse, ad esguarâium et cogni- tionem magistrorum Stephani Bec et Bertrandi Vitalis, jurisperitonim, possiot dictari et ordinari; et sigillentur omnia prout ipsi dictaverint sigillis ipsonim abbatis et coQventus et vicecomitis infra instans featum Nativitatis Domiai prositne Teaturum. Que predicta omnia idem sciadicQS, nomine ipsorum abbatis, prions de Auriaco et conveotus, et idem vicecomes, pro se, juraverunt ad sancta Dei Evaogelia corporaliter tacta attendere perpetuo et complere sub pena mille librarum turonnensium a parte non hobediende parti obedienti conferenda. Kt fuit actum int«r partes predictas guod predicta sigillentur infra festum Nativitatis Domiai prozime ventunim, et illa pars per quam steterit quominus predicta infra dictum tempus sigillentur sigillo dictarum partium, jus quod hal>et io dicto affario de Jo et in bonis predictis, ex compositione predicta, amittat et alteri parti accrescat, quod absit, et quod intérim dominus Guitbertus Alboy, miles, dominus de Vergi (?], predicta omnia teneat nomine et ad opus illius oui accresset, quod absit; et nichilo- minus quod pena predicta committatur; pro qua pena solvenda convenerunt et se obligavenint pro utraque parte domiai Bernardus d'Alboy et Fulco de Merle, milites, et Ademarus Faydit, domicellus, et eorum quilibet pro utraque parte. Et pro premissis universis et singulis a predictis partibus et a qualibet ipsanim tenendia, flrmiter attendendis, perpetuo complendis et inviolabiliter obser- vandis, suppoauerunt et submiserunt, videlicet dictus vice- comes partem suam et omnia bona sua mobilia et immobilia presentia et futura, et prefati abbas, scindicus et prior de Auriaco bona mobilia et Immobilia dicli mo- nasterii ubicumgue sint et existant, jurisdtctioQi, fora,

lyGoogle

358

cohertioni, districtui, compulsiosi, cognitionî et ordina- tioni senescalli domini régis iii Monte Dôme positi et sta- tuti ; el predicti Ôdejussores, pro predictis partibus, 3ub- miBerurit, videlicet dominus Fulco de Merle et Ademams Faydit, domicelli, seîpsos et onmia bona sua, et dominus Bernardua d'AIboy, miles predictus, tanlum bona sua, ju- risdictioni, foro, cohertioni et ordinationi sigilli predicti, volentes omnes predicii et petentes hoc presens publicum instnimentum eodem sigilto sigiJlari. Acta fuerunt bec apud Cerverviam, in platea communi contîgua ecclesie seu capelle de Cerveria, in gi-adibus dicte eccle'Sie coram ulmis et quadam leonissa de petra, die marlis ante festum omnium sanctorum, anno Domini millesimo ducenlesimo nonagesimo nono, régnante serenissimo principe domino Philippo Dei gratia rege francorum iUiistrissimo, testibus presentibus ad hec vocatis et rogatis religiosis viris do- minis Guillelmo Guitartz, priore de Calus, Geraldo de Salanhac, priore de Glenico, Geraldo de Mauriac, came- rario ejusdem loci, Guilhelmo de Veyrac, priore de Podio- Gelso et Geraldo de Marguarida, monachis; el presentibus dominis Guilhelmo, priore Sancli-Santini et canonico Brive, Guilhelmo de Guaratz, rectore ecclesie de Orihaco, Geraldo Vegier, capellano de Glenico; et presentibus ma- gistris Hugone de Vemolio, Petro Bruni, Guillermo Moyseti, jurisperiti, Addemaro de Merle, Ramundo de Piiciis, Petro de Pliciis, Durand de Marc, Johanne Plan- chier, Petro Verdier, Johanne Labrossa, Stephano Pelhi- cier, Petro de Manhac et Guilhelmo de Malessec, clericis; et presentibus dominis Guitberto Alboyni, Savarico Moy- seti, Aymerico do Peslel, Geraldo de Cabra et Petro de Murât, militibus; et presentibus Ber. de Pena d'Albiges, Pontio de Fumel d'Agenes, Geraldo de Claviers, Petro de Vernolio, Guidone Malafayda, Ber. del Luc, Petro de Sancto Martino, Stephano de Sancto Baudilo, Hugone Chartz, Guillelmo Celarier, Geraldo et Ademaro de P., Geraldo et Ramundo Guitartz, Guillelm de Valeta, Guit- berto Delbos et Guidone de Mauriac, domicellis; ac etiam

lyGoogle

preaeDtibus Ber. de Gannac, burgensis Aureliacensis, Ge- raldo de Verroilh, Giiilhermo de Peset, Ber. de Potz, Ger. Dajohan, Guilhelmo de Saacto Martino, Matheo Malla- facha, Petro de Tolosa, Stephano de Bordis, dicto Perrier; Petro de Gurriaras (?], dicto Ponhat; Greraldo Folchier et Simone Coutier; et me Petro Popcha, auctoritate dicti domini nostri régis fraDCorum iii tota seoeschalla Petra- goricensi et Caturcensi et ejus ressorte publico notarié, qui reguisituB, vocatus et rogatus hec omnia vidi et audivi, scripsi et recepi et in fonnam publicam redegi, signoque meo soUto signavi. Noa vero Hugo de Graodis- seno, cust09 sigilli predicti regii MoqUs Domme, ipsum, ad relationem dicti notarii, huic preaenti inetrumento, la omnibus salvo jure regio, apposuimus.

(Orig., parch,, autrefois scellé. Arch. nat., Q' 136.)

XVI

TESTAMENT DE RAYMOND ROGER, COMTE DE BEAUFORT

ET VICOMTE DE TURENNE

5 juillet i399.

In Domine Domini, amen. Notum sit cunclis tam pre- senttbuB quam fuluris hoc presens publicum instrumen- lum inspecturis et etiam audituris, quod anno domini[ce] Incaraatienis milleaimo trecentesimo nonagesimo nono, et die quinta mensis julii, serenissimo principe domino Garolo, Déi gratia Franconim rege, régnante, in nostram notarii et testium infraecriptorum presentiam personaliter constîtutus magniûcus et potens vir Dominus Raymundus comes Bellifortia et vicecomes Turenne, sanue mente et corpore per Dei gratiam, et in sua faona et valida memoria permanens, attendens et congiderans quod nihil est certius morte et nihil iacertius liora mortis, et ut extrema nécessitas que nonnuUos in (1) eum migrare contingerit ab

(t) Cette lacune et les Buivantes existent dans la copie.

lyGoogle

360

hoc aeculo; ideogue hac coodilioDe motus de se et per- sonis, ac omnibus et siogulis bonis lam mobilibua quant

immobilibus et se nominibus et debiiis juribus et

actionibus sibi a quibuscumque peraonis competentibus et competituris, quoquomodo et ex causa quacumgue, ordi- navit et testamentum suum ultimum nuocupativum, et ultimam voluntatem suam nuncupativam, licet et inscrip- tum seu redactum seu redactam fecit, condidit, ordinavit et dispoBuit uno conteztu et noo divertendo ad alios actus, signando se penitus Tene[rabili] signo sancle cnicis sic dîcendo : ^ In nomine patris et Qlii et spiritus sancti, amen, in modo, et sic prout et quemadmodum continetur in quadam paperi cedula verbis romands scripta, cujus quidem paperii cedule ténor talis est :

A tots aqueuz que aquesta présent cedula veyran et ausiran sia manifest que lo noble et puissant seignor moss. Raymond, conte de Belfort et vesconte de Torrena, San de pansa et de son corps per la gracia de Diu, et considerana que home en concevant que el es nat a morir, ço comme per pagar son deute a natura et rendre son corps a la t«rre dont es ital fonnet, quant a son Creator a playre, volem ordenar et dispeusar de sos bens, terra et heretalges deraentre que vieu, affin que entre sos beretiers et successors non puescha après sa mort alcuna materia de questione naisser, per ço lo dit moss,

le conte fa, ordena, dispansa et son damer testament

et Toluntat per la maneyra que s'en set :

Commenda son corps et sa arma a Dieu lo payre, al ftlly, et al saint Sprat, et a la gloriosa virgis Maria, mayre de Jesus-Christ nostre Salvador, et a tots los saints et las sanctas, et a tota la cort celestiel subeyrans di paradis.

Item, vol, et ordina, et dispausa lodît moss. lo conte que cant son arma trespassara d'aquest mondi, que son corps sia sepellit, et translate et portât dedins ung an après son decee k Nostra-Domna de Paris, en la chapella

ibyGoogle

381

de moss. son payre, gue Diou absolva, jiuta sa tomba oat Tol et elegît sepultura a son dit corps (1).

Item, vol, manda et ordena lodit moBs. le conte que eo la detta cliapella se fassen doaa bêlas et honorables tom- bas, la una lay ont et sepeli moss. son payre, et l'autre la ont moss. lo comte sera sepellit près de lo corps de moss. son payra, anaisse comme s'aparten a conte et a grands seigneur.

Item, Tol, manda et ordena moss. le conte que S08 here- ters universalz dessus écrits, lo jorn de son obit, pagent totas las funeriaa, tota la novena, et vestit tots sos serri-

doFS de , et lo fassent sebellir honorablement en la

plus solempna gleysa que sera en la villa en que moiTa, car en aqueyla gleysa moss. lo conte se laisse; et com- menda et vol que tous los capellains et religious de la detta villa et de viron sien appelais a sa sepultura et a chacun chapella donat lo jorn de sa sepultura.

Item, vol et ordena lo dit moss. lo conte que sia Ëaita, lo joni de son obit, sur sa sepultura, una chabana bene allumada de dobles de sera, come es accoustumat de far à l'obit de ung grand seigneur, le long de la novena, et

sien offert très chaval cobert de neyi^, am las

moss. lo comte, et sian factas almaynas a tota maneyra des pauvres, come es acostumat, per amor de Dieu.

Item, laissa per una vetz, tan soliamente, al chappitre de Nostia-Bona de Paris, per Ëar ardre et tener alumandas perpetuallamente nuyt et jorn, davant l'autar de Nostra- Dama de Paris, quatre lampesas, et autre quatre lam- pesas davant l'autel de la deyta chapella; et per far chacun an dos aniversaris et remenbransas, perpetuella- mente, los joms de moss. le conte et de moss, son payre.

(I) Guillauin£.Roger demanda k être enterré eo l'âglise Nostre- Dtune de Paris, en la chapelle fondée en icelle > par le pape Clé- ment VI, son oncle. On verra, par le testament d'Antoinette de Turcnno, que le corps de Raymond fut probablement déposé dans une autre église.

lyGoogle

362

en la delta chapella, so es assaver la soma de dos melîa franc! per comprar dos cens lievras de renda, que per-

petuallamente aperliDgaat al chapitre, per lo dépens

et services de las ditte lampesas et per los dos anaiver- saris chacun au dessus dict.

Item, Tol, manda et dispausa lo dit moss. le conte que la exequtîoQ de son payre et de totas las causas que il a en son testament et darrîera volontat mandat et ordonat de far, sioo compUdag de point en point dedans le terme de dos ans après la mort del dit moss. lo conte, et d'aisso en sie descharga, et en charge sos hereters du contât de Belfort et sous exequtourg.

Item, laisse, vol, et ordena, et manda moss. lo conte que sian baillatz à sous exequtours, dedins dos ans, vint . melia francs per destribuir et donar. per amor de Dieu, a paubras fllhas mandas, et affar dire messas per las armas d'aguele alias quales moss. lo conte, lasquales el non sap honnament qui son, et autrament per los dis- tribuer per l'onnor de Dieu, per los torts que moss. lo conte fest a las gleysas, jouxta la voluntat de sous exequtours dessoubs nommatz; -ei expressamente vol et manda lodit moss. lo conte que de la deyta soma sia baillât per réparation de la gleysa de Chastelnau de Maseus très cent francs, la quai el fes fondre per def- fendre lo chatel.

Item, vol, manda et ordena irioss. lo conte que moss. lo duc d'Orlhianx pague lad. soma et la exeqution de moss. son payre et totas las autras causas que moss. lo conte dessus dit a lalssadas et ordonnadas de far dedins

lo terme de un an après sa mort dettes et héritages

que moss. lo conte le laissa et lou fait heretier en aquest présent testament, et la sepullura, tombas, et obits de moss. son payre et de luy.

Item, vol, manda, el ordena et dispausa moes. lo comte que en la gleysa de Nostra-Dama de Paris sia fait, per son exécuteur dessoubs scripts, une coUegi de douze cha- pellas et d'un archidiaque et prevoust. qui los

lyGoogle

363

que chanta perpetuellameate en la deyta gleysa de Nostra- Dama de Paris, et eo la chapella ont Moss. lo conte sera et moss. son peyre en seppelliti, chacun jour sex missas bassas et una granda en nota en rémission del peccata de moss. lo conte et de sous prédécesseurs, et de tots aqueU a qui il ten tort; que les dits chapellans sian tengutz de dire chacun jom, en la deta chapella, totas las autras horas et servis Dieu, et far las autres causas que unt lai collège deu far; et que los dits exequtours ordonnan et que tôt los lue del monde elz canton et totas las messas autas et bassas de Requiem, et los de- sap de Nostra-Dama, et los demandies de la Passion.

Item, laissa lodit testador al collegi desdits douze cha- pellas perpetuellamente, sobre las revenuas et rendas del comptate de Belfort, a chacun per chacun an, cinquante lierras, et al prevoust ou commander desdits chapellans, cent lievras, que montara tota la soma sept cent lievras de toroes, laquai soma son heretier del ditto comtat de Belfort payera chacun an en la ottava de la Toussaints aïs dits collegi, a tant que ledit héritier ajha comprat et aasetiat en autra part al dito collegi sept vint [sic] lievras de renda dessus dits; affln que lo dits heretier sîa plus delievrat de far la compra et la assieta de la soma deita sept vînt livras et la pagar al dito collegi dedins lo terme dessus ditto, vol et ordena moss. lo conte que si lo dit hereter de comptât de Belfort non pagara o non fasia pagar dedins la cieutat de Paris, al ditto collegi ou a lo procurador, la deita soma integramente el terme dessus ditto, ou al meins per tôt lo mes de novembre, que la deita some de sept vint lievras sia pagada dobla per los hereters al ditio coUegi encontinente que lo dit mes de novembre sera passât sans avoir pagat la deta soma en lodit terme et loc dessus dits.

Item, vol et ordena moss. lo conte dessus ditto que lo dreyt de patronat et de présentation de los ditos cha- pellas et de los prevoust sian et appartenan ad aquel que moss. lo conte en aquest présent testament fara son here-

lyGoogle

36*

tier en bod rescontat de Turenna, et see heretiere et suc- cessours quales que sioat.

Item, laissa lo dit moss. lo conte al deito collegi, per comprar uog hostel dedins lo claustra de Noatra-Dama de Paris, ont tous les dits chapellas et lo dit prevoust de- morent tous ensems, la soma de mille lievras per una vêts tan Bolamente, la quel soma paiara son heretier del ditto comptât de Belfort dedins ung an après la mort del ditto moss. lo conte.

Item, lega moss. lo dit testador et par droit de lega a moss. Aymar Robert, chevalier, seigneur de saint Gal- des, cent lievras de renda perpetuellameote por se et por loB seus, las qualas monss. lo duc d'Orlheans compte et las le assia et fassa assire dedens dos ans après la mort .de mon dit seigneur lo conte, per los agredables services que lo dit moss. Aymar Robert a fait a moss. lo conte et fara a moss. d'Orlhiens, car el ensegurant (7) dolz dreitz que moss. lo conte a sur lo contât et terras a mosa. lo duc laissadas en aquest présent testament.

Item, lega et par droit de légat laissa moss. lo conte a moss. Gallard Guis, chanony del Puez, per los bons et agradables services que a fait a moss. lo testador, cent lievras de renda de tomes, por se et por los sieus here- tiere et perpetuellamente, et vol moss. lo conte que mosa d'Oriians, heretier del contât de Belfort, assise et compte al dito moss Gallard et al seus heretiers dedins dos ans aprea la mort del dito moss lo coote.

Item, sembl^lemente lega et par titre de droit et de légat laissa moss. lo comte a Jombert de Corvilly, per los bons et agradables services faits per lodit Corvilly, cent lievras de renda de tornes perpetuahuente, per se et per los sieus heretiers et successeurs , los quais vol moss. lo comte que moss. d'Orlheans compte et assisa al deito Corvilly dedins dos ans après la mort del deito moss. lo comte.

Item, lega en droit de ligat moss. lo comte testador deasusdit, al très noble et puissant aeignor, moss. lo duc

lyGoogle

365

d'Orliens, frayre du roy de Fransa nostre seignor, et a sous heretiera et successours, les comptatz de Belfort et de Cluse, de Chaetilbou [Clusiu], et de la Ploit et te lac de due (1), âQ tous lours droicts, appartenants et arrai- giaiges de las revenuas des dits comptaz de Cluse, que se montent una très grant soma, et las successions que al deto moss. lo comte apparteno et a sus los conlats de Veli, de Tousa et de Lens, de Valentura et de Lisia, et de touts los debtes, droits et raisons et actions que aussy lo dit moss. lo comte a contre moss. lo duc de Berry et sur l'hôtel de Boullonhe et en la terre de Saint Just en Champanhe, et sur la terra de Douzeuat, coma apar par bons instruments, et integraments et autres do- cuments, los quales moss. a reqieae et entrepris et en loe a moss. d'Orlians de quant estre baillais [2].

Item légat et per droit de titre et de légat laissa lo dit testador à moss. lo duc d'Orlians et a ses heretiers et successours todas las terras que lo dit moss. lo comte a en las comtas de Prohensa et de Fiiuqualquier, so es assaber : Partia, Viala, Laura, San-Remi, Aglator et le Mas-Blanc, Meybeyquas, Sadaron, las Peynas, aussy peatge, et am lo peatge de Bet Pelissan et Harambois, Serras et sa terra de Gaudissart et la meytat del ves- contat de Valerna ont apr Chatelliz (?) am los droiti et appartenances, meri et mixt jousti et alla juridiction et lours reguliari et privilégia appelletous et las mial lievras et tots los autres debtes en que madama la Reyna [de Cecilia (3)] es obligada a moss. lo comte et tots los droits, raisons et actions quel a sur lo dit luoc des Vaux, en las quai tras comptais et héritages, debtes, droits, moss. lo comte por han dam caucela fuy et justemps moss. le duc d'Orlians son heretier an tots los chartes et légats

(1) Et de la Plou de Clua (Justel).

(2) Je me contente de reproduire exactement la copie pour c paragraphe et pour le auivuit.

(3) JusTBL. C'est de la ducbeaae d'Anjou qu'il est question.

lyGoogle

386

dessus et dessos faiU et laisses en las condiciones des- soiibs scrithas et aon autrement.

Premieyrament, que moss. lo duc d'Orléans sie tengut et sera protector et deffeosor, deffendra et soustendra, coma ses propres heretalges, tots les autres hereteys et legateriis del dit moss. lo comte que en aguest testa- ment seron nommalz, et los gardara et los deffendra contra AnthoDyeta, que se ditz âlba del deito moss. lo comte, et contra moss. Jehan Le Mengre, dit Bouciqiiaut, son marito, si en negun cas elz volian aner contra aquest

testament ni doonar molestia, empachament en court,

et defora court, alz dits heretiers et leurs substituts et autres legatariis del dito moss. lo comte per occasion de los biens et héritages a lor laissats, en los quais la deyta Anthoneta non a point de droit, car ella et con- -tenta de la dot a ella constituda per. moss. lo comte eu lo contrat del mariatge fait entre ela et lo dit moss. Bouciquaut, et a renunciat, et promes, et jurât lodit Bou- ciquaut et plusors autres que ela reounciava a tots autres biens et successions payternals et mayternals, corne apar per lo contrat del deito mariatge, loqual es sans et sagellat de son sagelle. D'autre part, los dits conjux, et par espe- cial la deyta Anthoneta, non pod ni deu aveir droit en las successions et heretaiges del deito moss. lo comte, quar la deyta Anthoueyta et son marito an perchass^t de far aussire et murtrire moss. lo comte et machinât sa mort et la deseretation de son corps, et perchassat de ço far; et la delta Anthoneta en sa propria personna, a près la possession del contât de Belfort, en despulbant moss. lo comte, et fait faire falssas lettras et sigillas d'un fais sagel el nom de moss. lo comte, que Dieu absolva (Ij, per

(1) Ces lettre» de Guillaume de Beaufort, que Raymond déclare fausses, ont été imprimées en partie par Juatel (preuves, p. 133). Elles sont du 28 septembre 1394, et comme Justel a placé la mort de Guillaume au 28 mars 139i, on se trouve obligé de la reporter

DigmzcdbyGoOglc

_ 367

aver lo dit contât des que séria morti, par p[ri]sons et despaot de lo payre de moss. lo comte, et veis corne els on testimonié en ea mort, per que moss. lo comte la de- seretara per las trayeions de malvestala que ly on fachat, et la met foro de lot sos bons coma non digne de venir a la succession de luy ni de ses heritaig^s, corne plus ampla poyra apparer en aquest testament de las integra- titutz que losdits conjunx on comis conjonctament et divi- giment estra las personas deU dits moss. lo comte, et moss. son payre et de lors heretaiges.

Item, que mosa. lo duc d'Orléans, per nenguns cas que puescha avenir, non fara, ni dega ni puescha, per se ni par autre, en neguna maneyra, composition, testament, accord, ni transaction an lad. AnthoDeta, ni am Bouci- quaut, son marit, ni an autres, conjunctament ni divi- siment, de las teras, droits, hérilages et actions que ald. moss. lo duc en aquest testament per lo dit testador [son] laissatz et légats, s lor defTendra en maneyrâ que aïs dits conjunx non en laissatz ni saufFre que de las ditas teras, heretatges et actions lor en venha ung denier valhent ny ung plein pe de tera. Et si per aventura moss. Jehan Le Mengre, dict Bouciquaut, davant, o al temps de la mort, 0 après, del dito moss. lo comte, et la deita Anthoneta avian a lor mas las deltas teras et beriladges dessus dits a moss. lo duc per moss. lo comte laissais, que moss. lo duc totas aquelas terras que per los dits conjunx, ou per ung de lor, seran de fait et vioalment las racobie de lor main coma d'aquels que am traysion et per malvastat et sans litre las tenon, et on presas fraudulemen, et sans causa, et sans raison sus moss. lo comte. Et avant que moss. d'Orléans accepte aquest herilatges ni prenda la possession de las causas dessus deitas, et jurara sus les sains Evangiles de Dieu et permetra sur la fe et sagra- ment de son corps de tenir observar et compter totas las conditions dessus et dessoubs scrithas, et en baillara ins- tnunent en letra seuhada aegellada de son segelle als heretiers dessoubs scripts del dit moss. lo comte.

lyGoogle

368

Item, vol au387 moss. lo comte que moss d'Orléans aia tengut de persegre moss. Jehan Le Mengre, dict Bouci- quaut, en totas las courts de la reaime de Fransa, et autra part, en via et maneyra gue sla facta justicia de son corps de las traycloD, murtres, et deseritatons, et injurias, et dapaatges qu'il a faict et tractât que fossen faictz a moss. lo comte, tau a Borboa par plusore vetz, quai en fazent et TOlen lo £ar penre et murtrir en mey del realme de Fransa, pourtant salcoudutz del Rey. caut moss. lo comte anava penre la possession de son contât de Belfort, et en diversas autres partidas del Reaime de Fransa, et aquestas teras, prega et suplica moss. lo comte a moss. d'Orlaans gue tes-vuelha far, car els son causa de la mort del peyre de moss. lo comte et lo feiro morir am grant langor, et segoQ qu'il manda a moss. lo comte, son fils, Bouciquaut lo feit espoyeonar; de las quais tralssions, murtres et autres injurias, rompement del deto salconduts del Rey, a Paris (I), a moss. lo duc per vener et sequar memorias iuslructioDS que seraa bailladaa à mon dicl seigneur lo duc eu luoc et en temps, car en aquestas condicions moss. comte laissia las deltas terras et heretaytges dessus ex- pressats a moss. lo duc et l'en fay son hereteys, aytant que las obserre et les fassa et complissa de point en point, et non autrament; et en cas que per moss. lo duc las detas condicions et chacune de lor non serian compUdas et

observandas, et per lo contract, raoss. lo comte revoca

e annula totz losditz légats et heretatges del deito moss. lo duc, et vol que sian per non scritz ;' et layssa moss. lo comte dessus dits tots los comptais, teras et here- tatges, debtes et actions dessus deitas, per la forma que a moss. d'Orléans eran gestadaa, legadas et laissadas per luy, en las deitas condicions, al chapitre de Nostra Dama de Paris et a ses heretiers universels par dessoubs scribs, et per égals pourtions en tant que le chapitre et los

(1) Il semble qu'il existe ici une I&cuue.

lyGoogle

aultres seu heretiers universals accomplissan el fasseii de point en point totas las coodicions dessus scriptas, et que lodit chapitre, protector et deffensor, susteuha et deffenda los bereters del deito moss. lo comte et tots ses legatarls contra la delta Aotboneta et son marit Bouciquaut per la forma dessus expressada, ni non faissetit am l<»i, sus los deitos beos et heretatges alcune compositioa ny accoi-d, et recoubient des dits coajunx tolas las teras que per els ou per l'uD de lor seran estadas occupadas, et persegren lodit messire Le Meiogre en totas courts per lo far puair de las traysioQS, murtres et deseretations, poisons et autres malvaistatz et eujurias peel fâchas à moss. lo comte, et autrement observant et compUssant totas las condicions dessus detas, car am las detas condicions moss. lo comte lor laissa las deltas contatz et heretatges, et non altrament.

Item Tol et manda moss. lo comte que lodit chapitre, avant qu'el achapte ny prenda la possessions des ditz biens por la portion que en appartendra. jura et prometta et se obliga par bon instrument que lodit chapitre obser- var fara et guardara de point en point todas las condicions dessus deltas que moss. lo duc d'Orléans era enchargato de las observar.

Et car la deita Anthoneta, fille que se dit de moss. lo comte, veut messire Guillaume, de bona memoria, comte de Beaufort, payre de moss. lo comte testador dessus dit, per vigor d'alcunas letres falsas, sagelledas d'un sagel fauk deldit moss. Guillaume, que ung faulx traidor, quels appellava Carrieyra, avia sagellat, que conteniant com le dit moss. comte de Belfort avia donat a la deita Antho- neta el a son marit le contât de Belfort, las quais letras lo dit moss. Guillaume en son vivant avia impugnat davant lo Rey coma falsas, a Paris, 80 non obtant, après la mort deldit moss. Guillaume, comte de Belford, la deita Anthoneta saben moss. Raymon, son payre, estre tant droit coma la costuma del parte, heretier de moss. son payre, et le tal contât de Belfort vaut de fait par la possession daldit contât, usurpant a se lo tili'e de comtesse et lodit

lyGoogle

370

comtat, en se parforsant de desheretar, despolîa de fait lodit moss. lo comte, testador dessus dit, son payre, de'la

contât dessus dita et moss. Lo Mengre, dit Bouciquaut,

son maril, et la sabem ledit moss. lo comte anant à Beau- fort, am lo salcondutz del Rey, per penre la possession de son contât, lo fay feyre en gendarmas per lo pendre et far ausire et muerlrir, en rompent lo salcondutz del Rey.

Item, moy estant moss. lo comte a Borbon, a sos cols en despens las gens de mos. Bouciquaut arregrent sus a moss lo comte, loquel volgrent ausire et lots aquels de sa compania et autres se ledit Bouciquaut donel et promet de donar del argen a ung que appellavan petit Jehan de Lissât, per tal aussis et muertris moss. lo comte ; et aussy ledit Jehan, tant sera a la mort par justiase, o confesset sus sa mort que justemenient morit.

Item, feit bailliar ou baitlet moss. Jehan Mengre, dict Bouciquaut, a ung que hom appella Jehan de Lonhal, que demourava ans vous am moss. lo comte, una quan- titat de poisons per lo far espoisonar et autre, afin que [a] la deta Anthonela et al dit Bouciquaut touts loa here- tatges deldit moss. lo comte poguesson venir; et fu dichz et révélât a moss. lo comte, per que le fetz penre et meclrc en la preyson de Borbon, et foron trebados los poissons; et Rolierl Guy, que per lo temps era capitaine de Borbon, promes a moss. lo comte que el en faria jus- ticia, lolas vetz, quant ledit moss. Jehan Le Mengre aunit que lo dit Johan de Mongal era près per losdits poisson, el mandet far relasar et non vole que s'en fesses justicia ni informacion neguna. El tolas aquesliis Iraycions et deseretations, injurias et vjolcnsias, faladats, ingratîtuls, et autras causas enormas losdits conjuiix contra la per- sona et es bens deldit moss. lo comte an fait et comes, coma es iiolori et public, et n'estant mcmorias ol instruc- tions, lasquels ses hercliera universals Irobaran el auran en temps et eu loc. El per aquestas causas dessus delas, el in.ui-ittiluds per Icd. Anthonela conimisas conira moss. sou peyre, moss. lo comte, en aquest présent testament,

lyGoogle

371

la priva de touts sos biens et heretaiges et la metat dé- feras de touts SOS bens et héritages, et la met defora de lot en tôt, mandant et commandant a tots sos heretiers dessus et dessoubs scripts, que a la deita Anthoneta et a Bouciquaut, son marit, defFendaiit touts les bens et heritatges de! dit mosa. lo comte, si aucun droit demm- davaut, et aquels per las causas dessus deitas, las quais s'espremavant claramûni. Vol. et manda moss. lo comte que 303 heretiers perseguant lo dit Bouciquaut per lotas las courts del realrae de Fransa, per far lo punir corpo-

ralment traycions, murtres, injurias dessusd., per la

forma que dessus es déclarât.

Item que, en cas que las iogratituts et las autres causas dessus deitas et escrithas non seran sufSciens de desheretar la deita Anthoneta, el la mètre fora de touts SCS bens et heretatges de moss. lo comte, enaisi coma

es dessus dich que moss. lo comte, en lo contract de

mariatge fait entre la deita Anthoneta et lodit Bouciquaut, moss. lo comte avia donat et constitut a la deyta Antho- neta et al dit Bouciquaut, moss. lo conite agha donnât et constitut ald. Anthoneta, en dot, lo comtat de Alest, la barania de Portus, la haronia de Andussa, Saint- Bstéve de Val-Francesia, et plusoi-s autras terras pau- sadas eu la: senescalcia de Belcayre, et agha promes et jurât lodit moss. Bouciquaut, et plusors autres chaval- liers, que la deita Anthoneta renunciava et renunciat a touts autres bens payrenals et mayrenals, content de la ditte dot, laquai son le plus bel partaige que jamais feraa del realrae de Fransa agues en son mariage, considrrant que Bouciquaut non era de grand lignage, quel non avia dos cent livras de renda.

Item, la comtessa de Valentines (1), la dama de La Rocha et de La Tornorie, la dama de La Torn, la dama de Donsena, amidas de moss. lo comte, que es huy la dama

DigmzcdbyGoOgle

372

de Chauviguy, que bod dama de Avelin et comtessa de Baux[l), ni la dama de Beljuoc, ne la dama de Valen- tines, que es huy, ne la Margaud:!, que fo molhie del ve^ comte de Paumar(2}. sors de moudit seigneur lo comte, non agi-on tant pei- lor doe et partaiges, comme se monte solameut la terre que moss. le comte a douât à la deila Antlioneta; par ce, moss., en lodit cas, la deita Antho- QCta en lodit comtat et en las autras terras d'Alest en lo contract de mariage expressadas, et en cent francs los quais li légua et par droit de institutions sus sa héri- tage enaysi que plus non puescha rien demandar en touts los bens et heretatges del deito moss. lo comte. Et en cas que la deita Anthoneta mourus sans heretier de son corps legitiement natz, moss. lo comte se constituts a la deita Anthoneta el contât et terras dessus deltas son hereteyr universal première et segune dessots scripts et lors here- liers sans que la deyla Anthoneta mourera sens heretiers de son corps procreatz puesche retenir dels deits contatz et terras carta deguda a celle par droit de nature ni Ira- bellian ou aultrement, et prohibis, et deveda moss. lo comte à la deila Anthoneta (juc ela non detraha las qunrlas dessus deltas del deito contât et terras desus ex- pressadas, mais lod. cas trameta al dit substitut ente- grament sans de traction de nrguna carta.

Item, lega moss. lo comte, et par droit et tilol de insli- tulioiis laissa a Galeas de Belfort et de Turenna, son fils ualural, per amor de Dieu, las chaslellanies et chastelz de l'ontgibault, de Neyrac, de Nabossa, de Chanona, et de Mon-Redon, am lots los homalges nobles et non nobles, niolins, olangs, bosx, juridiction alla el hassa, et am toli los autres devers, droits, émoluments, appendances et ap-

(I) C'est probabloment de Jeanne, autre sœur du vicomte, qu'il est question ici. Elle avait épousé en premières noces Raymond dp Bouy, comte d'Avelin, et s'était remariée k Guy de Chauvigny. Les noms de lieux ont été complètement défigurés par les copistes.

(î) Marguerite, qui avait épousé Armand, vicomte de Polignac.

lyGoogle

373 -

partenanceg de las deitas chaetellaniae, mandant et com^ mandant lo dit moss. lo comte aïs captitains que incon- tinent metant en possession To deit Galeas des dits chastelz et chastelleniea dessus dits, et de todas sas appendaiices et appartenances dessus deites.

Item, légua et par droit de institution laissa a Bron de Belforl et de Torenna, soq flls natural, per amor de Dieu, les chastels et chastellenies de Ghaylulz, de Granges et de Caramant, ams touts homatges nobles et non nobles, molins, étangs, et jurisdictioo alla et bassa, et ams tots los autres devers, droits, émoluments, appendances et par- tenances de las deltas chastellanias, mandant et commen- dant a Gouget de Sartiges, capllain desditz chastelz de Chayluts, que incontinent mette en possession lodit Bron delz chastels dessus dits.

Item, légua et par droit de institution laissa, per amor de Dieu, lodit moss. lo comte a Hector de Belfoit et de Torena, son fliz natural, les chastelz et chastellenies de Sant-Alari, de Ussac, et de Vage, ams tots homatges nobles et non nobles, molins, estangs, jurisdiction alta et bassa, et am touls autres droits et émoluments, et am totas autras appendances et appartenances desdits chastelz et chastellenies.

Item, légua et par titel de institutions moss. lo comte a Cludogi (1) de Belfort et de Torena, son tLls natural, et

per amor de Diou, los chatels et chastellanies de de

la Bastida et de Sorsac, ams tots homatges nobles et non nobles, molins, stemp, jurisdiction altu et bassa, et ams tots autres apartenances et dépendances d'aquelas.

Item, légua lo dit moss. lo comte, et par droict de insti- tution laissa a Mariii de Belfort et de Torena, Sii Qlia naturale, per amor de Dieu, per la maridar, six mille francs, desquels six mille francs se pagaran a la ditia Maria quant sera maridada, so es a saber trois mille francs a l'anel, por mos heretiers universalz desos scripts,

(1) Claude.

lyGoogle

374

et les autres trois mille francs restant se pagaran par losdiis hereiiei-s, trois cent francs par an, tu a tant que la delta soma de six mille fi'âncs sia integrameat pagada a la delta Maria.

Item, Icga et par droit de institution laissa lo dit moss. lo comte à Serena de BelforL et do Torena, sa Alla n;itu- raie, per amor de Dieu, per son maridadge, très milia francz, dcsquelz Irea milia francz se pagaran quante la deita Serena sera maridada, so es assaber a l'anel mil et cinq cent francs, par mes heretiers universals dessus scripts, et les autres mil et cinq cent francs restants se pagaran per los dits heretiers deux cent francs par an, tu a tant que la ditta soma de très milia francs sia integrament pa.^ada a la deita Serena,

Item, légua et par droict de titre de légat laissa lodil moss. lo comte a Aliota Soleranda, tant com ela reslara honestament et castament sans se maridar, a sa vita tant solamente, los chastels et chaslellenies de Fleyrac et de Aguda, et tota l'autra terra que Aliot de l'Ëstrada et son payre tenan cl avan en Limosin, et enquessy que appartenan a mo^. lo comte, avec tots homatges nobles et non nobles, et avec jurisdiction alla et bassa, molins, boscs, paslurages, et avec lots autres devers, appendances et appartenances. Et ordena lo dit moss. lo comte tes- tator que tola la deila terra, après la mort de la delà Aliota, vengubc integramenl parmi et amont als dictz Gualeas, et deffendant (descendant) de luy, vengeka fiiz de la deita Aliota ei de mnss. lo comte dessus dit? Parce que la deila terra de Floyrac et d'Aguda sia conlenciosa en lo court de Parlement, moss. lo comte vol et ordena que ela prenda desus lo port de Monvalen chacun an trois mille francs jusqu'à tant" que la causa sia declarada es cas dessusdit, et degré prendre l'orgen des lo vendres-

sans jusques a de Pasces, chacun an; et vol et

ordona lo dit moss. lo conte que la deita Aliota Sole- randa aya en sas mas io chaslel de Mo-Valen per sa demoransa, et prenda las rendas et revenuas deldit luoc

lyGoogle

375

outre los trois mille francs que deu prendre sur lodit port jusqu'à tant que mon heretier desoubscript aya fait declarar et mettre a fin la causa coiiteiisiosa deldit luoc de Floyrac et de Aguda, elz qualz luocz moss. de Belfort afferma que a bon droit.

Item, et per ço que institution de heretier es cap et fundamenl de touts testaments, moss. lo comte dessus dit en tots los autres heretatges, terras, bens meubles et non meubles, actions, droits et raisons, devers et tots autres beus quel que sian, fa, coustitutz et instituts soz heretiers universals, so es.assaber, sa très chara sor arra dama Heliona de Belfort (1), dama de Vengue, asa vita tant solament, el substitut à la deita madame Heliona, ûaleas el Biort, sos fils dessus nommatz, so es assaver aquel que a alla sera ams que plus ablle et a droict en lesdils heritatges, a laquel vol et manda et pregia ledit moss. lo comte que la deta madame Ueliones après sa mort baille, trameta et reslilutha touts sos bens. terras et he- ritatges dessusdits, sans retenir negun quarta, trabelliona ni autre quelque sian, lesquelz moss. lo COTile, de sa propria boucha, so es assaber madama Heliones, Gualeas et Brorts, nomats sos liereliers per la forma dessus dcila.

Item vol et manda moss. lo comte que la deita madama Heliones aguessa garde et fassa de bonas maneyras et costumas dessus deilas Gualeas, et Brorlz, Hector (2) et Claude et les fassa legitimar et far re[n]drc abiles por successedir al deilo moss. lo comte en touts sos bens et heretatges dessus dits; et en cas.... Gueleas cum plus abile en droit, quai que sia de lor dos cum plus habile, sera heretier de moss. lo comte après madama Heliones, et moris en pupiilar état en autrement, sen heretiers de son corps légitimement procreatz, moss. lo comte substitut de l'un a l'autre el de l'autre a l'autre, et lors fils de lors corps; et en cas que lesd, Galeas et Brosz non fossen

(1) Ëléonorc. femme d'Edouard de Beaujeu.

(!) Le mot Hector est cii surcharge sur ta copie.

lyGoogle

378

heretier de moss. lo comte en fassen héritiers et morissan sans efTans mascles de leurs corps procreatz, substituts al daris morant de touts des sous heretiere comme ea dessus dict.

Premeyrament a Hector, et si Hector moria sens here- tiers malles de sons corp procreatz, substitut a luy ledit Claude son frère, fils del deito moss. lo comte, en touts sous bena et heretages dessusdits.

Item, fay, ordena et créa lodlt moss. lo comte ses executoura de son présent testament et per compUr et fir totas las causas pias per moss. lo comte en aquest présent test iment ordonadas et leti-assadas de far, so es assaver, très veneralz payre en Dieu mosa. le cardinale de Peresthia, Maraal et de Aygrafuilha(l), et lo chapitre de Nostra Dama de Paris, et chacun de lor, aus quais moss lo comte ballia et donna poissance, pover de vendre et exécuter de ses bens, tro a la quantitat que ae mon- taran les causas que per el dessus son estadas ordenadas de far, que losdits exequutours metan una ordenassa de far statuts per lo collège que moss. lo comte a laissât de far en la gleyaa de Nostra-Dama de Paris [per que] se pueschan degudament governar, de laquel causa moss, en chargea losdits sieus executours et chacun de lor, et lor dona plainera poissansa; el vol lo dit moss. lo comte que aqueat présent testament sia son dtirris testament et sa darrieyra votontat et ordenansa-, et si lodit testament non val ou non valia per lo temps ancaur per lo droit de testament, vol moss. lo comte qu'il valhie per droit de codecilles ou de donacion per causa de morte, et agha forse et vlgor de tota autra manieyra, cassant el annulant touts autres testaments et donacions per lodil mosa. lo comte

(1) Raymond nomme ses exécuteurs testamentaires le cardinail Guillaume d'Aigre feiiille et un ou deux autres membres du sacré collège, dont il est assez difficile de déterminer les noms. En par- courant 1% liste des cardinaux limousins vivant à cette date, je trouve Hugues de Malcsec, éVêqne do Palestine, et Hugues do Baint-Hartial ; on peut croire que ce sont eux qui sont désignés ici.

lyGoogle

377

per Lo temps passai faits, aquest présent testament en sa fopsa et vigop solamen demorant.

Quaqaidem papiri cedula per nos infra notatos ibidem in presentia dicti domini comitis et testium infrascrlp- torum prelecta, idem dominas cornes dictum testamentum suum fecit, condidit, et ordinavit et disposait ut supra- dixit, sic prout et quemadmodmn continetur in dicta papiri cedula superius iuscripta; et etiam voluit et man- davit, per nos nottarioa iafrascriptos in formam publicam redigi, et nichilominus rogavit testes inferius nominatos, quos ad bec omnia et siogula supradicta et in dicta papiri cedula contenta audienda vocavit et coram quibus omnia et singula dizit, fecit et disposuit, ac dicit et facit uno contextu ut de predictis sic per ipsum ordinalis dictisque et foctis et in dicta papiri cedula contentis sint testes et prohibeant legitimum veritatis testimonium loco et tempore opportunis, ac guando super hoc fuerinl requisiti ; rogavitque etiam nos notarios infrascriptos coram quibus omnia et singula supradicta dixit et fecit, disposuit, ac dicit et fiicit uno contextu, quod pro meritis ut de prediclis sic per ipsum ordinatis, sibi et om- nibus quorum interrexerit aut loterresse poterit in futu- rum, conQciamur unum et plura publicum seu publica instrumentum seu instrumenta et clausula seu clausulis quibus pertinuerit, subslancia facti non mutata. Acta fuerunt bec in Castro de Bonsolii, etc., etc.

Cette copie est suivie des certificats de légalisation suivants :

Je consens le présent extrait être signé et délivré. Fait au parquet, ce quinze may mil sept cent soixante- treize.

J. DE MONTHOLON.

Collation du présent, contenant quarante roUes et demi paraphés, a été faite aux originaux étant au dépôt des terriers et délivré conformément à l'arrêt de la Chambre étant au haut d'icetui, par nous conseiller du Roy auditeur

lyGoogle

ordinaire en la dite Chambre soussigné, ce dix-sept mai mil sept cent soiiante-treize.

Le Bai lu F.

Copie du xviti* siècle appartenant à M. le marquis de Turenne.

TESTAMENT D ANTOINETTE DE TURENNE

Extrait fait en la Chambre des comptes du Roy notre sire, au dépôt des terriers étant .en la Chambre des comptes. Des titres de Turenne étans au dépôt des ter- riers a été extrait la pièce suivante mentionnée au fol. 30 du premier volume de l'inventaire des titres.

In nomine Domini, amen. Anno ab Incarnatione Do- mini millésime quadringentesimo tertio decimo, et die décima mensis aprilis, illustrissimo principe et domino Garolo, Dei gratia rege Francorum régnante. Quia pre- sentis vite mlserabilis conditio statum habet iûstabilem, et ei que visibilem et palpabilem habent essentiam teo- dunt visibiliter ad non esse; sapientium igitur est consilii ut, quamdiu ratio régit mentem, conditionis humane ine- vitabile debilum, videlicet mortem, quantum a Deo per- mittitur prevenire, morsque certisaima ait, ejua tamen hora penitua ignoretur juxta verbum prophète dicentis : de mane usque ad vesperam finies me (Isaïe, 38, 12); hinc est guod anno et die predictis, in mei notarii publici et testium infrascriptorum, ad hoc personaliter vocatorum et rogatorum, preaentia personaliter constitula egregia et po- tens domina, domina Anthooetta de Turenna,comitegBaBel- lifortis, Alesti et vicecomilessa Turenne, uxorque egregii et potentis vin domini Johannis Le Meygre, dicti Boucei- quaut, marescalli Francie, sana menle et corpore per Dei gratiam, et in sua bona memoria et dispositioue persis- tens, Qupiens, ut dixit, diem sue poregrinatJODis extrême ordinatione testamentaria prevenire et saluti anime sue

lyGoogle

379 -

in quantnm desuper sibi concessum fuerit providere, el de corpore et de bonis suis disponere et ordinare, ul extrema necessitate cum placuerit Altîssimo ipsam de hoc seculo vocare, paralam inveniat eamdem; quapropter ipsa domina Anthonelta suum ultimum teslamentum uuiicu- pativum et suam ultimam voluntatem ac disposiiionem testameotariain fecit, condidit et ordinavit prout conti- netur in quodam papiri quaterno michi diclo nottario tradito et io romaacia scripto, cujus teuor talis est.

Au nom du Père, et du Fils, et du Sainct-Esprit, la beDOiste Trinité, la beiioiste vierge Marie, et toute la benoiste compagnie de Paradis.

Moy Anthonettb de Tuhbnne, femme de très noble et puissant seigneur messire Jean Le Mengre de Boucic- quaut, mareschal de France, du consentement et volonté de mon dit seigneur et espoux, qui m'a sur ce autorisé, comme il appert par letlres signées de sa main et scellées de son sceau, desquelles la teneur est insérée en la fia de ce présent instrument, laquelle auctorisation j'ay prins agréablement en moy, de ma bonne volonté, estant en ma bonne santé et vie, fait et ordonne mon testament et dernière volonté, touchant le fait de mou ame et aussy des biens que Dieu m'a prestes, en la manière qui s'ensuit.

Et premièrement je recommande mon àme à Dieu, à la benoiste vierge Marie, à tous les benoists saints et saintes de Paradis et à toute la benoiste compaignie ce- lestial, leur supliant qu'il leur plaise la prendre en leur bcuoiste garde et commende, aussy leur plaise de moy empêtrer grâce envers Nostre-Seigneur quand viendra au pas de ta fin et au devant.

Item, je veux et ordonne toutes les dettes avoir appar- tenues, si aucune en a à qui appert bonnement et juste- ment, estre dues, et lesquelles auront esté fais par moy- mesme et autres de quoy je serois tenue, comme héritière ou autrement, estre payées, et aussy mes tors fais, si aucuns en y a.

Item, je veux et ordonne que quand sera le plaisir de

lyGoogle

380

Nostre-Seigneur de moy prendre de ce siècle pour mettre en l'autre, que mon corps soit mis et enterré en l'egtise de monsieur saint Martin de Tours, eu la chapelle mon dit seigneur mou espoux a esleu sa sépulture, en la dite maaiere et lieu qu'il vouldra ordonner, et à mon dit enterrement qu'il y ait treize pauvres vestus tous de neuf pour porter mon corps à l'église, et treize torches à mon enterrement.

Et encore que je trespasserois en lieu que je ne pusse pas estre prestement portée et enterrée en l'église de mon- sieur saint Martin, je veus et ordonne que, en la egflise mon corps sera mis jusques à ce qu'il sera translaté en la ditte église de monsieur saint Martin, soit donné chascun au la somme de trente livres tournois, et autre trente livres à ung chapelain, tel comme je vouldray eslire, qu'il soit tenu de chanter messes et prier Dieu pour moy jusquee à tems que mon corps sera translaté en laditte église, comme dessus est dit.

Item, je veux et ordonne que une messe soit fondée de Toussains perpétuellement, à dire trois fois la semaine en laditte chapelle mon dit seigneur et moy seront enterrés, de quoy je veux que la fondation soit faite et ordonnée par celuy advis de mon dit seigneur et de mes autres exécuteurs, et soit laditte messe le mardy, le jeudy et vendredy.

Item, je veux et ordonne que une messe de Noslre-Dame, à dire trois fois la semaine en laditte chapelle mon dit seigneur et moy serons enterrés, soit fondée à Nostre- Bame des Carmes, à Paris, le lundy, le mercredy et le samedy; et ordonne qu'il soit satisfait au dit couvent de la messe dessus ditte et de la sépulture, tout ainsy que si mon corps y estoit enterré, ainsy que par mou dit seigneur sera regardé et par mes autres exécuteurs, et y soit donné la garnison qui appartient pour l'autel à dire la messe, d'une chapelle- Item, je veux [et ordonne] que dessus ma tombe, à Tours, soient mises mes armes, et aussy que mes dites

lyGoogle

armes soient en la chapelle gui sera fondée au dit conveut des Carmes, à Paris, laquelle chapelle sera fondée à l'hon- neur de Noslre-Dame de la Croix.

Item plus, je ordonne et veux avoir dix mille messes une fois payées du prix de mille francs, de quoy les trois mille soient dittes en l'église de monsieur saint Martin de Tours, deux mille en l'église de Nostre-Dame des Carmes, à Paris, seront de Nostre-Dame, c'est à en- tendre cent francs pour mille messes.

Item, aux quatre» églises des pauvres mendians de Tours, pour mille des messes dessus dittes soit baillé cent francs, c'est à sçavoir à chascun convent vingt et cinq francs, et soient les dites messes de Saint-Esprit et des Anges.

Item, je veux et oi-donne que cinq cens des ditt«s messes soient dictes au convent de Nostre-Dame des Carmes d'Avignon, du pris dessus dit, desquelles les trois cens soient de la Croix, et les deux cens soient de Nostre-Dame et de la Passion.

Item, aux Cordeliers de la ville d'Aix, madame ma grand' mère, que Dieu absoille, est enterrée, soient dictes cinq cens messes du pris dessus dict, c'est à si^voir trois cens de requiem et deux cens de la Trinité, et à iceux soit payé et délivré pour les dittes messes cinquante francs.

Item, aux quatre églises de Alest, c'est à sçavoir à la grant église de Sainl-Jeau, aux Prédicateurs, aux Frères- Mineurs, et aux dames menoretes de Saincte-Claire, soient dittes mille des dittes messes, et à chascune église soient donnés et payés vingt et cinq francs, c'est à sçavoir à la ditte église de Saiiit-Jehan deux cent cinquante de Tonssains, aux Prédicateurs deux cent cinquante des Mar- tyrs, aux Gordeliei-s, deux cent cinquante des Confesseurs, et aux Menorettes, deux cent cinquante des Vierges.

Item, je veulx et oidonne cinq cens messes cstre dictes madame ma mère, que Dieu absoille, est enterrée,

lyGoogle

desquelles les trois cens soient de requiem et les deux cens de Nostre-Dame.

Item, je veux et ordonne que cinq cens messes de requiem seront dittes eat enterrée ma sœur Cons- tance de Saluées, que Dieu absoille, jadis femme de ines- sire Boucciquault, frère de mon dit seigneur et espous.

Item, je veux et ordonne que trois cens messes soient dictes feue ma sœur de Barres fut enterrée, c'est assavoir, deux cens de requiem et cent de Nostre-Dame.

Item, je veux et ordonne que mille messes soient dictes à plusieurs sainls et saintes et en plusieurs lieux que j'ay volonté de faire dire briefvement, à l'aide de Nostre- Seigneur,

Item, je veux et ordonne que les dittes dix milles messes soient dictes comme dist est dessus et en la ma- nière dessus devisée, sans rien enfraindre par mes exé- cuteurs en cas que en ma vie ne aurois fait dire ne accomplir.

Item, je laisse et veus estre payé et délivré à l'église Saint-Jehan de Jérusalem d'AIesl, en réparation de la dilte église, vingt livres.

Item, semblablemenl je laisse i Teglise de Saint-Au- thoine d'AIesl, pour réparation d'icelle, vingt francs.

Item, je laisse, pour la reparation de l'hospital des pau- vres d'Alest, dix francs.

Item, je laisse à l'église de monsieur saint Vincent d'AIesl, en réparation d'icelle, dix francs; et que les cha- pelains «et frères des églises dessus dites soient tenus de prier Dieu pour moy et mes prédécesseurs, et avoir pour recommandée en leurs prières et croisons.

Item, je veux et ordonne que cent francs soient donnés pour Dieu en la manière qui s'ensuit, pour les vœux et promesses que j'ay fais plusieurs [fois] et en plusieurs guises, de quoy notre seigneur père m'a donné licence je les puisse convertir en aumosne et en autres choses charitables.

Et premièrement, d'iceux cent fraucs je ordonne et

lyGoogle

383

veux vingt-cinq francs estre donnés pour Dieu à pouvres filles à marier.

Item, vingt-cinq francs pour aider à faire l'egUse des Carmes d'Àix (1^

Item, les autres cinquante francs soient employés, c'est à sçavoir douze et demy pour aider à délivrer les pri- sonniers d'outre-mer.

Item, pour les pouvres orphelins et pouvres honteux, seiie fraucs et demy.

Item, pour aider un povre escoUier, ainsy copnme sera regardé par mes exécuteurs, douze francs et demy.

Item, neuf francs pour chanter messe de requiem pour les âmes du purgatoire qui l'audiance de Nostre-Seigneur attendent. Et ainsi est Un de l'ordonnance des cent francs dessus dits.

Item, je ordonne et est ma volonté que au Saint- Sepulche soient donné et envoyé la somme de vingt- cinq francs.

Item, je veulx et ordonne que à l'église de Noslre- Dame du Puy soient envoyées et payées quarante fraucs, des(]uels les vingt-cinq soient mis et convertis eu ung calice au service de la ditte église.

It-cm, semblablement je veux et ordonne estre envoyé et délivré à monsieur Sainl-Anloine-de-Vieuuois, poiir faire un calice au service de la ditte église, vingt-cinq fjancs.

Item, je veux et ordonne estre baillé pour envoyer un I>elerin à Saint-Jacques en Galice, et pour les offrandes qui seront faites en la dilte église, vingt-cinq francs, et pour la peine et dépense dudil pelleriu, vingt francs.

Item, je veux, ordonne et laisse la somme de quatorze cent francs pour reg[u]erdonner mes hauteurs [l] mors et vifs, et ne les divise pas eiico e pour ce que u'ay encore pas' avis el comment je les dislribueray, combien que c'est

(1) Il y a probablement ici uiic erreur de transcription. C'est de SCS seroiteurs que ta testatrice a voulu parler.

lyGoogle

384

mon intention de y aviser et montrer l'ordonnance à mon dit seigneur et à mes autres exécuteurs, pour estre dis- tribués et payés ainsy que à faire fauldra.

Item, je laisse à Marie de Turenne, ma sœuir bastarde, et à ses hoirs nés et procréés de son corps en loyal mariage, mille francs à estre payés pour une fois, et ou cas que la ditte Marie iroit de vie à trespassement sans hoirs procréés de son corps en loyal mariage, que de sept cent francs la ditte Marie puisse faire et ordonner à sa volonté pour le salut de son &me, ou aultrement; les trois cens francs retourneront le. son frère Qaleas et le mien est enterré, en fondacion de messes, c'est à sçaroir à l'église des Ckirdeliers des Loges en Touraine {!),

Item, plus outre les messes déclarées, je veux et or- donne dix mille messes de requiem, de Nostre-Dame, du Saint-Esprit et de la Trinité estre dittes au pris dessus dict, c'est à sçavoir mille francs pour lesditles dix mille messes, en la manière que s'ensuit. C'est à sçavoir : en l'église monsieur mon père, que Dieu absoille, est enterré (2), trois mille messes.

Item, à l'église madame ma mère, que Dieu par- doint, est enterrée, deux mille messes.

Item à l'église de Nostre-Dame à Paris, monsieur mon grand père, à qui Dieu pardoint, est enterré, mille

Item, aux églises de Tours, dont il sera regardé par mon dit seigneur et par mes autres exécuteurs, deux milles messes.

Ilem, je veux et oivlonne que mille des messes dessus dittes soient aux quatre ordres mandiants d'Avignon, desquelles les cinq cens soient dictes en l'église des Carmes, et les autres cinq cent par les autres trois ordres dessus dits.

{]) L'e»traU dit Turenne. (3) Il semble résulter de ceci que Raymond n dams l'église Notre-Dame de Paris.

lyGoogle

Item, aux Celestins d'Avignon et aux Chartreux de Villeneuve, à chaacune esglise des dits ordres, cinq cens des messes dessus dittes de Nostre-Dame et de requiem.

Item, plus je veux et ordonne deux cens francs estre baillés et délivrés pour dire et célébrer deux mille messes, desquelles je veux que les cinq cens soient dittes aux morgues de Saint-Mai-sal d'Avignon, et de requiem.

Item, en l'église de Notre-Dame d'Avignon, c'est à sçavoir de Domps, soient dittes deux cent cinquante des messes de Nostre-Dame.

It«m, en l'église des Gelestins du Pont-de-Sorgues , deux cent cinquante messes de la Croix, de NostreDame et de requiem.

Item, cinq cens messes en l'église des Carmes d'Aix, de Nostre-Dame, de requiem et des Anges.

Item, aux églises des Jacobins et Augustins d'Aiz, à chascun deux cens cinquante messes de Toussaint.

Item, je veux et ordonne la somme de quatre cent livres estre donnés pour Dieu, ainsy comme je voudray en ordonner et deviser.

Item, je veux et ordonne que, outre les choses dessus dittes, je puisse avoir treize cens francs pour une fois, et avec deux cens livres tournois de rente sur laquelle qu'il me plaira de mes terres, pour le sauvement de mon tme k ma dernière iin, et d'iceux ordonner ainsy que bon me semblera; et au cas que Iceux treize cens francs, d'une part, et deux cens livres tournois de rente, d'auti-e part, ne seroient distribués moy vivant, que après ma fin mes exécuteurs les puissent distribuer ainsy comme je vouldroy ordonner.

Item, je veux et ordonne une messe perpétuelle estre dicte une fois la semaine, c'est à sçavoir le samedy, de Nosti-e-Dame, et mémoire des morts estre fondé en l'église de monsieur Saint-Nicolas, à Pertuis, Jehan, mon flls, à qui Dieu pardoint, est enterré, pour l'àme dudit Jehan, de moy et de nos amés et bienfaiteurs {?), et y estre faite la sépulture du dit Jehan par l'ordon-

lyGoogle

386

nance, bon advîs et délibération de mon dit seigneur, et de ce fais chargé mon dît seigneur.

Item, je veui et ordonne de bon cueur et sans nulle contrainte, de ma plaine volonté et sans nulle fraude, que tous mes biens, meubles et immeubles et héritages presens et avenir, mon testament accompli si comme dessus est dict et déclaré, pour lequel accomplir je oblige la comté d'Alest avec ses appartenances à prendre chacun an la revenue d'icelle entièrement, sans estre convertie en autres usages quelconques ou cas que ma vie durant ne seroient accomplis, et à ce faire et entheriner je oblige la ditte comté à la cour du Châtelet de Paris, du petit sefel, de Montpellier et à toutes auti-es cours ecclésias- tiques et temporelles.

Et veut et ordonne, après ledit accomplissement, 'mon héritier seul et pour le tout de la dite comté, et géné- ralement de tous mes autres biens meubles et immeubles quelconques, présents et avenir et à moy pouvants ap- partenir, mon dit seigneur et espoux, maistre Jehan Le Meigre, dit Bourciquaut, mareschal de France, pour en jouir sa vie durant tant seulement, tout ainsy et par la manière que je ferois si j'estois en vie ainsy et par luy mesme et en bonne santé en sa compagnie.

Lequel messire Jehan Le Mengre, mon espoux, je fais et institue mon héritier universel de tous mes biens et droits dessus dits et de ma propre bouche le nomme, sa vie durant tant seulement, comme dessus est, non dérogeant, ne prejudiciani pour ce en aucune manière à la donnacion entre vifs par moy fail« ce jour d'huy devant ce présent testament à mon dit seigneur, laquelle a esté recitée et en notte reçue par M' Jehan Alexandre, notlaire royal dessous escrit, mais icelle donnation et louies les choses en icelle contenues par la teneur de mon présent lestament, je confirme, ratilie, loue et ap- prouve, tant comme je puis et veux, que la ditte dona- tion ait value et reste en son efficace fermeté et vertu, et mande et prie à tous mes sujets qui sont ou pour-

lyGoogle

ront estre pour le temg à venir, comme dist est, qu'ils luy obeïBsent en toutes choges comme ils feraient et de- vroyent faire à moy mesme, si je estois en ma vie propre et sanlé.

Item, je veux et ordonne que au cas que nous auriops enfans de nous deux, que de tous iceux bien meubles et immeubles mon dit seigneur en fust seigneur et maistre sans que iceui enfants y puissent contredire sa vie durant, comme dessus est dit.

Item, je veui et ordonne que au cas que mon dit sei- gneur et espoux auroit très grand besoin et nécessité, pour sa personne tant seulement, qu'il pût engager mon

dit héritage sa vie durant, ou à terme convenable

recours après son décès.

Item, je veux que après le deceds de mon dit seigneur et de moy, tous mes biens et héritages viennent à mes héritiers prochains, ainsy que raison le veut, lesquels je substitue mes héritiers après le deceds de mon dit seigneur mon espoux et héritier dessus dict.

Item, je veux, laisse et ordonne mon exécuteur prin- cipal, seul et pour le tout, mon dit très redouté sei- gneur et espoux, auquel je auplie très humblement qu'il luy plaise d'en vouloir prendre la charge, et avec luy et en sa compagnie monsieur Jehan de Linieres, à présent evesque de Viviers; M' Simon de Nanlerre, conseiller du Roy nostre sire ; maistre NicoUe de Gonesse, maistre en théologie; Merigo Brenaut, escuyer; maistre Pierre Le Pingre, prevost de Teglise d'Arras, et mon beau père, frère Jehan Mobret, lecteur en théologie de l'oi-dre de Nostre-Dame des Cannes, auxquels je prie et requiers qu'il leur plaise d'en vouloir prendre la charge de ce faire et accomplif- api-ès mon trespas, ou cas que en mon vivant ne seroit accomplie; et ou cas que mou dit sei- gneur [ne puisse accomplir] les choses dessus dites, je veux et oi-donne que mes dits exécuteurs ou trois d'iceux, si les autres ne vouloient vacquer ou pouvoient estre et

lyGoogle

vacquer, puissent donner accomplÎBsement par la ma- nière que dessua est dicte.

Item, je veux et ordonne que, après mon décès, mon dit seigneur puisse ordonner en sa &n, pour le salut et remède de nos âmes, sur la baronnie d'Amduze, de cent et cinquante livres tournois de rente à sa pleine volonté, ou cas que nous n'aurions d'enfants de nous deux, et de tout en la forme et manière qu'il lui plaira en ordonner.

Item, je veux et ordonne que mon présent testament soit fait et accomply tout en la meilleure forme et ma- nière que faire se pourra, et ait value; et suplie très humblement mon dit très redouté seigneur et espoux, comme à celuy en qui est toute ma fience, que quand il plaira à Dieu que le cas adviengne, il luy plaise de y voulloir mettre bonne paine et diligence de l'accom- plir, toutes fois que mon dit héritier [ne] puisse eslre contraint ne compellé à payer et faire les choses dessus dittes jusqu'à ce que sera passé le terme de cinq ans après mon décès.

Item, je veux que en tous les biens qui seront faits pour mon âme, ma vie durant et après ma fin, mon dit seigneur espoux y ait la moitié, et aussy je veux que monsieur mon père, madame ma mère, que Dieu absoille, monsieur le père de mon dit seigneur et espoux et madame sa mère y soient acco:ii pagnes, et aussi les âmes de mes dittes deux sœurs, ma sœur Constance de Saluces et ma sœur de Barres, et tous mes bons amis à qui je puis estre tenue.

liera, je suplie très humblement mon dît seigneur et espoux qu'il luy plaise les âmes de mon dit sieur mon père, madame ma mère, la mienne et toutes celles de nos amis et bienfaiteui-s, et de qui nous avons et tenons les biens, avoir pour recommandées, et (Je ce j'en charge la consiance de mon dit seigneur.

Item, je veux et ordonne que ou cas que les enfants baslards et hastardes de mon dit sieur mou père, à qui

lyGoogle

Dieu pardoint, c'est à sçavoir les filles, ne seroient ma- riées, et les fils que mon dit seigneur et héritier des- sus dict soit tenu de les marier, et chascune bien el con- Teuablement, selon le bon avis et délibération de mon dit seigneur, auquel je supUe très humblement de le voloir faire, et cas que de son vivant ne seroient mariées, pe veux) que mes héritiers soient tenus de le faii-e.

Item, je suplie à mou dit seigneur si très humblement comme je puis que ou cas que madame ma tante de Beaujeu vivroil après mou trespassemenl, qu'il luy plaise l'avoir pour recommandée et luy faire comme si elle esloit sa propre mère ou la mienne.

Hoc totum voluit, jussit, et ordiuavit, et demandavit dicta domina Anthoueta, testatrix, e^e suum ultimum tes- tamentum nuncupativum et suam ultimam voluntatem seu ordiuationem testamentariam, quod et quam voluit et or- dinavit perpétue valere; et si forte jure testamenti non valeret, voluit et ordinavit quod valeat jure codicilli seu codicillorum ; et si jure codicilli vel codicillorum non valeret, voluit et ordinavit quod valeat jure donationis inter vivos seu causa mortis, ac jure cujuslibet alterius ultime voluntatis, et omni eo meliori modo jure et forma guibus melius valere potest et pol«rit in futurum ; et si unquam dicta domina lestatrix ordiuaverit seu fecerit aliud testamentum seu testamenta, codicillum seu codi- ciUos, donaciones causa mortis aut alias quascumque, illos, illas et illa revocavit et annulavit ipso presenti tes- tamento, seu ultima voluntate in sua facultate valitura et duratura, aalva semper et reservata aupradicta dona- cione hac die presenti dicto domino marescallo per ipsam facta, de qua supra sit memoria per ipsam facta contenta in hoc presenti testamento seu aliis aliquibus derogare non intendit, ymo eamdem donacionem et omnia in eadem contenta laudavit, approbavit, ratificavit et cou- firmavit.

Ténor vero littere, et licentie, et auctorïtatis per dictum

lyGoogle

dominum marescallmn date et atlribute dicte domine tes- tatrici de faciendo et ordinando :

A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Jehan Le Mengre, dit Boucicquaut, raareschal de France, comte de Beaufort, d'Alest, vicomte de Turenne, salut, Nostre très chère et très amée compaigne, Anthoinette de Tu- renne, mareachalle de France, nous a exposé qu'elle a grand desir, volenté et atfection de faire et ordonner . son testament et disposer de ses biens que Dieu luy a prestes, pour le salut de son ame et aultrement, laquelle chose elle ue voudroit faire sans notre bonne volenté, licence et consentement, nous humblement supliant que iceux licence et consentement luy voulaissions donner et ottroyer, sçavoir faisons que nous à la nostre très chère et très amée compaigne avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes, si et en tant que besoin sera, licence et auctorité, consentement, congié, plein pou- voir et mandement spécial de faire et passer son dit tes- tament et ordonner de ses biens pour le salut de son âme et autrement, tout alnsy et dans la forme et manière qu'elle en vouldra faire et ordonner, et que besoing luy semblera. En tesmoing de ce, nous avons signé ces pré- sentes de notre main et à icelles fait mettre nostre scel. Donné à Montpellier, le deuxiesme jour d'avril l'an mil quatre cent treize. BotJCicQTjA.uT, mareschal de France.

De quibuB omnibus et singulis supradictis dicta domina testatrix voluit, pecitt et requisivit sibi et quibus perti- nebit fieri unum et plura instrumenta per me notarium publicum infrascriptum, volons et expresse consensciens quod dictum instrumentum, seu instrumenta, possint et valeant dictari, reflci, corrigi et emendari semel et plu- ries. producti in judicio, vel non producti, ad consilium et intellectum unius vel plurium in jure perilorum, et fiicti tamen substancia in aliquo non mutata, rogans dicta testatrix testes infra scriptos, omnes sibl notos, et de premissis omnibus et singulis, sicut prefertur, per

lyGoogle

391

eam ordinatis memores esse voluît loco et tempore, si et guaDdo requisili fuerint testimonium veritalis pertulere. Acta fueruQt hec in loco de Bupermaura, in domo nobilis Johannis Varreris, alias de Ramquis, io quadam caméra prope aulam, presentibus nobilibus viris Johanne de Per- tuisio, Johanne de Sorberiis, Johaoïie de Luce Petra de ThoUgny, domino Amico de Mostoziis, legum doctore, fra- tre Johanne Malerii, oi-diais béate Marie de Monle- Carmelli, lectore in sacra pagina, Rolando de Ghiny, familiaribus dicti domini marescalli et dicte testatricis, dominis Petro de Monte Accto et Johanne de Terra Rubea, in legibus liceociatis, testibua ad premissa vocatis et rogatis, et magistro Johanne Alexandro Reneau, clerico

Nemausenais diocesis, nunc habitalore Alesti diocesis,

dicti domini noatri Francorum régis notarié, qui de pre- missîB omnibus et singulis, dmn, sic ut supra descri- buntur, agerent et âerent anno et die predictis una cum supra nominatis testibus presens fuit, eaque sic retinuit, et publicavit et de ipsis notam reperit rogatus et re- quisitus.

xvnr

HOMMAGE, SUIVI d'uN DÉNOMBREMENT, PRÊTÉ AU MARÉCHAL DE BOUCICAUT ET A ANTOINETTE DE TURENNE PAR RENAUD DE LISSAC, POUR TOUT CE qu'il POSSÈDE DANS LES PAROISSES DE LISSAC ET DE JUGEALS, DANS LA CHATELLENIE DE GOUSAGES ET DANS LA VICOMTE DE TURENNE.

25 février 14i5.

In nomine Domini, amen. Noverint universi hoc pre- sens publicum iûstrumentum visuri, lecturi et etiam audituri, quod anno Incarnationis Domini millesimo qua- dringentesimo quarto decimo, die vero ultima mensis februarii, régnante excellentissimo principe et domino nostro, domino Karolo Dei gratia Francorum rege illus-

lyGoogle

trissimo. in preseotia mei notarii publici et nobilium et potenlum virorum dotninorum lestium Infra scrip- torum personaliler constitulis magDiflco et potente do- mino, domino Johanne le Mangre, dicto Bouciquaut, comité Bellifortis et Alesti, vicecomiteque Turenne ac marescallo Francie, pro se et suis et pro egregia et polenti domina, domina Anthonia de Turenna, comitissa el vicecoruitissa dictorum comitatuum et vicecomitatus, ejus consorte, ex una parte, et nobile Regînaldo de Lissac, domino ejusdem loci, pro se et suis heredibus et Buccessoribus universis, ex parte altéra, prelibatus nobilis Reginaldus, non inductus, non seductus nec co- hactus vi, dolo, metu, fraude, nec machinalione aliqua ab alîquo circumventus, sed bene instructus et consultus de facto el de jure auo, prout disit et assemit, recognovit palam el publiée^ ac pure et aimpliciter in verilate con- fessus fuit se tenere; velleque tenere, et tenere debere a dictis dominis conjugibus, licet dicta comitissa et vice- comitissa absenti, sed dicto domino comité et vicecomite, pro se et suis et dicta domina comitissa et vicecomitissa una mecum notario publico tanquam publica et autentica persona ratione mei publici officii pro îpsa domina sti- pulantibus et recipientibus solempniter, et predecessores prelibati nobilis ab ;intiquo tenuisse a dictis dominis con- jugibus et a predecessoribus prelibate comitiase el vice- comitisse, a quibus causam babet, cum bomatgio, âdeque et fldelîlatis juramento, videlicet omoia, universa et sln- gula que ipse nobilis Reginaldus, condominus de Lissaco, habet, tenet et possidel, et alii lenent ab ipso in loco et parrochia de Lissaco et in castro et castellania de Go- satgio, et in parrochia de Jugeais, et alibi in toto vice- comitatu Turanne et pertiuenciis ejusdem, de quibua devenil hominem et vassallum dictonim dominorum con- jugum. Qua recoguitione, sicut premittitur, per dictum nobilem Reginaldum facta coram dicto comité et vice- comite, pi-esente ut supra, stipulante et recipiente, preli- batus dominufi Reginaldus de Lissaco, condominus dictî

ibyGoogle

393

locî de Lissaco et de Cosatgio, flexis geoibus, caputio retnoto manibusgue complosis, promisit et juravit auper sancta Dei quatuor Evangelia, libro aperto ubi dicitur Te ijitur ctementisiime paler, et per Ipsum ambabus maai- bus corporaliter tacla, esse bonus, et legititnus, ac Ûâelis vassallus diclis dominig conjugibus et suorum heredum et successorum vicecomitum Turenne, necnon peraonas, res et membra, statum dictonim dominorum conjugum et cujuslibet ipsonim, et honorem et tota jura ac deveria ipsorum, ut melius bona fide poterit, illesa obaerrare. et sécréta sua tenere et nulli cui non debeat revelare, bonum consilium et juvamen contra omnes personas, si requisitus fuerit, eis dare, m:ila dampna ac pericula ipsorum domi- norum conjugum, et suorum heredum et successomm et subditorum suorum, bona flde observata, pro posse suo eyitare, et si evitare non poterit, eisdem notiflcare et. mandare cicius poterit, et omnia alia universa et singula farere, dicere, tenere, et servare ac custodire que in

quolibet capitule homatgii et fldelituis juramenti, et

eorumdem pertinent sive spectant, oris osculo inter\'e- niente inter dictum dominum comitem et vicecomitem et prelibatum nobilem Reginaldum, suum vassallum, more consueto, et hoc cum re.nunciatione et juramento ad hec neccssariis, parîter et cauthelis quibuscumque, volens et concedens dictus nobilis quod hec generalis renuociatio tantum valeat et possit ad opus dictorum dominorum conjugum et suorum heredum et successomm quantum lacèrent si omnea casus legum, decretorum et decretalium ad hec facienda ibi et in loco debito essent positi, speciflcati et declarati, non obatante jure dicente gênerai em renunciationem non valere ni si quathenus expi-essa fuerit in contractu cum gpeciali; et ^presse (sk) . renunciavit idem nobilis et omnibus aliis juria et facti auxiliis , cavillationibus , dilationibus , subtilitatibus et cauthelis per que contra premissa vel aliquod de pre- missis in presentibus lilteris con(«ntis, venire poaset ullo modo in futurum. Et pro premissia omnibus et singuUs

lyGoogle

394

et aliis in presentibus litteris contentis tenendis, atten- dendis, complendis et perpetuo ioviolabilitet' observandis, dictus nobilis Reginaldus, pro se et suis heredibus et successoribus universis, supposuit et submisit se et omnia boDa sua, mobilia et imint^ilia, presencia et futura, foro, juridiction!, cohercitioni, compulsioni et distficLui om- Ditim curiaruin tam domini noatri Régis, quam ipsorum dominoruin conjugum, et cujuslibet ipsorum....; voluit et peciit, ad premissa tenenda, compleoda et perpetuo ob- servanda, cogi, compelli et distriiigi per quoscumque offl-

ciarios diclarum curiarum et cujuslibet ipsarum Et

ibidem venerabilis et discretus vir Guillermus Boterii, baccalarius in decretis, procurator et nomine procuralorio dicti domini comitis el vicecomitls, protestatus fuit de jure dictorum dominoram conjugum cui renunciare non inten- debat pro premissis, nec recedere ab ipso, ymo voluit quod pocius ipsum possit prosequere (sic) et totaliter in eodem persistere, prout ante. Et nichilominus precepit et iujunxit, ex parte dicti domiol eidem nobïli, sub pena juris in talibus consueta, quod declararet ad plénum et traderet in forma publica ea que tenet a dictis dominis conjugibus iafra quadraginta dies proxime venluros. Et dictus Dobîlis dixit et protestatus fuit de facieudo ea que de jure tenebitur facîendus; de quibua petienint instru- mentum. Acta enim fuerunt hec apud Brivam, Lemo- vicensis diocesis , in aula mooasterii Sancti Martini Brive, anno, die, mense et régnante quibus supra, pre- sentibus nobilibus et potententibus dominis, dominis Guilhehnode Meulhone (?), domino de Ponieto; Edduardo

de Thelis, domino de Barie; A de Agrifolia, domino

de Gramato; Durando de Salguia, domino de Lascura; Jacobo de Vilamur; Johaiine, domino de Marcîlhaco, mi- litibus; Edduardo de Thelis; Raymundo, domino de Cos- naco; Petro Focherii, domino Sancte Fortunate, acutiferis, et pluribus aliis... ad premissa vocatis et rogatis, et me, Ademaro de Nagela, notario auctoritate ragia pubUco, qui premissa recepi, notari et grossari.

lyGoogle

Poslque, apud TurenDam, dicte Lemoviceosis dioceais, iQ presenlia testiuni infra scriptorum, prelibatus nobilis Reginaldus, dominus de Lissaco, gratis et ejus certa " scientia et bono atiimo, et libenter recognovit se tenere a dietia dominis conjugibus, me not irio publîco tanquani publica et autentica persona pro dictis dominis conjugibus abBentibus, ratione mei publici officii stipulanti sollemp- niler et recipienti, videlicet ea que aequuntur. Et primo locum et fortalicium de Lissaco et de Mauriolis, cum omolbus juribus et pertinenciis suis unîversis, sive sint hospicia, domus, turres, menia, paludia, vinee, terre, orti, nemora, gareae, columbaria, piscaria, pascua, mansi absi et vesliti, borie et bordarie ad dictum nobilem pertinencia et espectantia in dicto loco et parrochia dicti loci de Lissaco; et premissa disit et asseruit idem nobilis Regi- naldus se tenere et tenere debere a dictis dominis conju- gibus cum homatgio et fidelitatis juramento. Item, reco- gnovit et confessus fuit idem nobilis se tenere et tenere debere a dictis dominis, cum homatgio et fidelitatis jura- mento, partem suam tocius jurisdictionis alte, medie et basse in loco et castellania de Cosatgio, et in dicto loco et parrochia de Lissaco, nec non in iocis et parrochiis de Sanclo Saturnino, de Castro et de Chartresiis. Item, le- cognovit amplius idem nobilis se tenere et tenere debere a dictis dominis conjugibus, cum dicto homatgio et fide- litatis juramento, omnes mansos, capmansos, borias, bor- darias, vineas, hortos, terras, prata, nemora, molendina tam absa quam vestita, et tam vestita quam absa, nec non nemora et pascua cum omnibus reddJtibus, juribus et deveriis ac pertinenciis suis universis ad 'dictum nobilem pertinentibus et espectantibus in dictis Iocis, castellaniis et parrochiis. Item, recognovit amplius idem nobilis se tenere et tenere debere a dictis dominio conjugibus, cum homatgio et fidelitatis juramento, medietalem loci et fortalicii disrupti de Jutgeals, cum introytibus et esitibus suis, et cum omnibus mansis, capmansis, boriis, borda- riis, tenis, vineis, garenis, ortis, pratis, moiieriis, cens-

DigmzcdbyGoOglc

^ 396

sibus, redditibus, cunctisque deverîis et pertineDtiis uni- versis ad dictum nobilem pertinentibus ralione et es causa dicti loci de Jutgeals. Item nmplius, idem nobilis recognovit se tenere et tenere debere a dictis dominis conjugibuB, prout 3upra, hospicium et fortalicium suum disruptum de Rinhaco (I) cum omnibus ediffîciîs, maasis, capmansis, boriis, bordariîs, terris, ortis, vineis, pratis, nemoribus. pascuis, gareDis, censeibus, redditibus, jurî- buB et pertinenciis unirersis ad dictum uobitem pertl- neotibus ratîone dicti hospicii et fortalicii de Riahaco. Et nichilominus geaeraliter prelibatus nobilis Reginaldus recognovit se tenere et tenere debere a dictis dominis conjugibus omnes et siogulos maosos, capmansos, boriae, terras, hospicia, domos, vineas, nemora, prata, pascua, reddilus, census, jura, deveria quecumque et quocumgue noniine dici, nuncupari seu appellari possint et debeant, ad dictum nobilem pertineocia in parrochiis et locis Tu- renne, de Balayraco (2), de Ginhaco [3], de Nespol (4), de Briva, de Cusancia(5), de Boresia (6), de Ferreriis{7) et de Reyrevinha8(8), et alibi in toto vlcecomitatu Turenne et ejus ressorto, excepta décima, seu sua parte décime de Valayraco, que teaet, ut asseruit a domino episcopo Catur- seosi, et excepto manso de Poli de Tras, scitum in paro- chia de Jutgeals, quod tenet, ut Ipse asseruit, de Sancto Uartino Brire. Item, dixit et asseruit idem nobilis quod proprietas, directum domioium, jusque investiendi et de- vestiendi. et capisolidum recipiendi, percipiendi et levandi

(1) Rigoac. Il existe dans la Corrèie et dans le Lot plusieurs villages de ce nom. Je pense qu'il est ici question de Rignac, vil- lage important de la commune de Cuiance (Lot).

(2) Valeyrac, village de la commune de Sarraiac (Lot).

(3) Gignac, arrondissement de Gourdon (Lot).

(4) Nespouls, arrondissement de Brive (Corrfeze).

(5) Cuzance, arrondissement de Gourdon (Lot). {6) Borrèze, arrondissement de Sarlat (Dordogne).

(T) Perrières, commune de Char triers- Perrière (Corrèie). (B) Beyrevignes, commune de La Chapelle-Auiac (Lot).

DigilizQdbyLjOOQlC

397

casibus occurentibus et emergentibua, et aliud quodcum- gue jus ad directum et pbeudale dominium perlioens et spectaas rerum et pheudonim predictorum, ad Ipsum no- bilem pertinent et spectant; que preœissa dictus nobilis Reginaldus, dominus de Lissaco, declaravit se tenere a dictis dominîs conjugibus, et ista tradidit mihi notario publico infrascriplo, ratione mei publie! ofHcii stipulanti recipienti. pro dictis dominis conjugibus, scilicet pro dicta Qominata sua, et protestatus fuit idem Qobilis de plus tradendo, vel de premissis detrahendo casu quo appareret et ad DOticiam ipgius domicelli perveniret plura vel mi- nora bona tenere a prefatis dominis conjugibus quam superius sunt expressala. De quibus omnibus universis et singulis peciit idem nobilis, pro se et suis heredibus et successoribus universis, unum, vel plura, publicum et publica înstrumentum et instrumenta, ad opus dictoiiim domÎQOrum consortum et ipsius domicelli, âeri per me notarium publicum infrascriptum. Acta fuenint hec apud- Turennam, ante porlam vocatam de la Trancbada, die décima mensis maii, anuo Domloi millésime quadriogen- tesimo quinto decimo, presentibus riobilibus Johanne Mas- calhi, Johanne Talhaferri, burgense Martelli, nunc habi- tatore Turenne, et Hugone Lacosta, alffis Maneschala, oriundo ville Turenne, testibus ad premissa vocatis et rogatis, et me Aderaaro de Nagela, oriundo ville Turenne, Lemovicensis diocesis, publico auctoritate regia notarjo, qui premissa recepi, notavi et publicavi, et hoc presens publicum instrumentum in hanc fonnam publicam redi- gendo grossavi, manuque mea propria scripsi, signoque meo solito signavi in Qde et testimonio premissorum. tOrig. parch.. non scellé. Arch. nat-, Q' 141.)

lyGoogIc

XVIIII

ENGAGEMENT PRIS PAR LES COMMIS DES ÉTATS DB LA VICOMTE DE TURENNE, POUR LE CAS OU LA- DITE VICOMTE SERAIT EXEMPTE DE LA TAILLE ROYALE, DE PAYER AU VICOMTE UNE SOMME DE DIX MILLE ECUS ET UNE RENTE ANNUELLE DE MILLE ECUS.

3 avril 1550.

Comme par privilèges octroyés par les roys de France eC ducz de Guyenne soil entre aultres choses dict que les seigneurs vicontes de Turenne et ses subgectz inanans et habitans de ladite vicooté sont exemptz et immunes de la conlribution des (ailles et aultres subsides, et par arrest donné en la court des généraux des aydes à Paris soit ordonné que lesdictz manans et habitans de ladite vicoiité jouyront par provision de leurs privilèges, et soyent les- dictz subjelï en voulante de poursuyvre ladite exemption et en avoir déclaration du Roy, se sont aujouM'huy, troisiesme jour du moys d'avril mil cinq cens cinquante, comparus au chasteau de Jouze (?), sçavoir est maislre Pierre Jouffre, sieur de Chabrignac, prothonotaire du sainct siège appostolique, archiprebtre de Sarlat, scindic gênerai de ladite viconté; Anthoine de Cosnac, escuyer, sieur de Boi-de; Piene Savoye, consul de la ville de Beaulieu en Limosin, et M' Pierre Jurbert, notaire de Servieres_en ladite viconté, soy-disans commis et dep- putés par messieurs des estatz de ladite viconté, comme de ce ont fait apparoir; lesquels, pour et au nom des manans et habitans d'icelle viconté...., promectans faire ratiffler, ont promis et se sont obligés à messire François de la Tour, chevallier, viconté de Turenne, que et quant ledit sieur viconté fera jouyr paisiblement sesdiciz aubgeclz de l'effect desdictz privilèges, et en ce faisant, les fera déclarer exemps et immunes de la contribution

iyG(_K>gIe

399

des tailles et subsides, en ce cas, et non aultremeat, les manans et habitans de ladite Ticonté donneront, comme donnent dès à présent audict cas audict seigneur viconte la somme de dix mil esciu sols payable dans deux ans et à deux termes, commenceant au jour que ledict sieur aura déclaration de ladicte exemption et qu'ilz jouyront de Teffect d'icelle, et l'aultre terme dans l'an prochain ensuyvant, Et oultre ce luy donneront, comme donnent dès à présent, audict cas, la somme de mil escuz sol de rente ou revenu par chascun an, commenceant le pre- mier payement desdictz mil escuz l'année ensuyvant le dernier payement desdictz dix mil escuz, l'ung terme n'empeschant l'exécution de l'aultre. Et le cas advenant que lesdictz manans cL habiians de ladite viconté se- rolent ci-après conlraincU de contribuer aux dictes tailles et subsides, ne seront tenus lesdictz manans et habitans de payer ny continuer le payement desdictz mil escuz de revenu annuel.

A. de CosNAc; de Ghabrignac; de Savoye, consul de Beaulieu; P. Jurbert, notaire.

(Arch. nat., KK 1213.)

XX

NOTES POUR L'HISTOIRE DE LA FRONDE EN BAS-LIMOUSIN

LA CAPITULATION DES GENS d'aKMES DE M. LE PBINCE THOMAS

Madame la princesse et M. le duc d'Anguyen ayant appiis que ces gens d'armes suivoyent celte princesse et le prince d'Anguyen, ont commandé à M. de Bouillon de nionlcr à cheval, d'aller suivre ladite compagnie et se vangcr de lu témérité qu'elle a eue de suivre une prin- cesse et un prince du sang, et de la traiter suivant le chastinieat qu'elle mérite. Après avoir sceu qu'ils s'es-

lyGoogle

400

toieiit réfugiés à Brive, ayant sommé messieurs de Brive de leur vouloir mettre cette compagnie entre les mains, après quelques heures qu'ils ont demandées pour parler à eux, ils ont envoyé des députés de leur ville pour prier monsieur le duc de Bouillon de sauver la vie auxdits cavaliers en tout cas, voyant des forces auxquelles ils ne pouvoient résister.

La bonté de monsieur de Bouillon a esté de laisser sortir le seigneur comte de Lens avec son meilleur cheval et son valet aussi à cheval, un mulet avec ses hardes. Tous les autres chevaux ont esté retenus, et a esté pro- mis de conduire par un des gens de ladite dame prin- cesse jusques à Limoges tous ceux qui voudront prendre parti pour le service du Roy dans l'armée de mons. le duc d'Anguyen commandée par M. le duc de Bouillon, et de plus pour quatre officiers et un cavalier à cheval,

à Brive, le 17* jour du mois de may 1650.

Signé : De La Tour d'Auvergne.

LE PASSE-PORT DONNÉ PAR CE DUC POUR LE COMTE DE LENS, COMMANDANT LESD. GENS d'aBMES

Le duc de Bouillon, prince souverain de Sedan et Rau- court, vicomte de Turenne et commandant de l'armée du Roy sous monsieur le duc d'Anguyen, Nous ordonnons à tous ceux sur qui noslre pouvoir s'estend de laisser libre- ment passer le comte de Lens avec ses domestiques et autres officiers de la compagnie de gens d'armes du prince Thomas, et prions tous autres de luy donner toute sorte d'assistance, si besoin il en a, offrant en cas pareil faire réciproque. Fait à Brive, le 17 may 1650.

Signe : Le duc db la Tour d'Auverqne, et plus bas :

Par Monseîgueur, Àndrius.

lyGoogle

- 401 -

LE PROCÈS-VERBAL ET LETrRE DES MAIRE ET COX- 8ULS DE LA VILLE DE TULLES, AVEC CRÉANCE DE CELUY QUI EN ESTOIT PORTEUR.

Nous avODS d'eu estre obligez de vous informer par ce courrier exprès des avis qui nous ont esté donnez ce malin et de la résolulion que nous avons prise en mesme temps à l'hostel de ville par concert avec les officiei-s du régiment de Cugnae. Vous jugei-ez mieux que nous com- bien cette affaire est importante au service drf" Roy ; nous attendrons avec impatience l'honneur de vous [sic) rom- mandemens et demeurerons tousjours, Monseigneur, vos très humbles et obûissans serviteurs. Les maire et con- suls de Tulle. Signé : Jasse de la Poueiiie, maii-e. Tes- siKH, consul. A Tulles, ce 18 may 1650,

Au-dessus est escrit : A monseigneur Foulé, conseiller du Roy en ses conseils, M* des requestes ordinaires de son hostel et intendant de ses finances. Et au devrièi-e de ladite lettre est contenue la créance du porteur de ladite lettre en ces mots :

Ma créance est' qu'hier, 18 may 1650, je fus député des habitans de Tulles pour me rendre devers M' Foulé sur l'avis qu'ils ont eu que monsieur de Bouillon partit de Turenne, le 17 dudit mois de may, avec un grand nombre de ses amis à cheval, et assisté de quelques compagnies d'infanterie, pour se rendre aux portes de Brive, afin d'enlever deux compagnies d'ordonnance du prince Tho- mas, qui y estoient eu garnison, ce qu'il fit à la faveur des habilans de ladite ville de Brive, qui luy ouvrirent une porte lors que lesdîles compagnies sorioyent par l'autre pour donner sur les troupes de monsieur de Bouillon; au moyen de quoy les ayant en son pouvoir, il les démonta, les désarma et prit le re.ste de leur équi- page, fors de ceux qui se jettèrenl dans son parti. Après quoy, il envoya dire aux habitans de la ville de Tulles de chasser le régiment de Gugnac de leur ville, ou T. va. t^is

lyGoogle

402

qu'aulremeDl il les vîeadroit chasser avec ses amis, et qu'il ferait périr avec ledit régiment les habitans. Sur quoy, les maire et codsoIs de ladite yille ayans assemblé les bourgeois avec les officiers dudit régiment de Cugnac, il fut fait un délibératoire signé d'un grand nombre de' citoyens et desdits officiers de périr plustost que de faire une action si contraire au service du Roy, et que pour empescher le dessein que monsieur de Bouillon pourroit avoir sur leur ville, il seroit tenu conseil de guerre avec lesdits officiers et qu'il seroit travaillé incessamment aux réparations nécessaires.

Pail à Dorât, le 19 dudit mois de may 1650, à quatre heures après midy. Signé : De Matnard, president des esleus de Tulles, députe.

■fiastUe de Frame.)

lyGoogle

BIBLIOGRAPHIE

Les Pensées de l'Abbé Joseph ROUX. Intro- duction par Paul Mariéton. (Lemerre^ éditeur, Prix : 4 fr.J.

L'illustre pape lïmousio, Glémeot VI, qui portait six roses dans ses armes, dit en arrivant au pontificat, ' en parlant du Limousin et des ecclésiastiques qu'il voulait appeler aui dignités : i J'y planteray un tel rosier des

gens de notre nation, ou pais de Limoân, qu'il ne sera » de ehi à ehent am qu'il n'en y ait des raehines et des

bouton*. Et l'ancien garde des sceaux de Philippe VI tint parole : partout il y eut des honneurs à re- cueillir, des bénéfices à administrer, on rit des gens du Limousin. Les roses ne poussent plus au pays de Li- mosin, ou si quelque bouton menace de s'ouvrir, on le prive d'air, on le met à l'ombre, bien loin du soleil, et le pauvre bouton s'étiole et meurt.

Au zvi* et au zvii* siècles, le clergé français recher- chait l'éclat des réputations littéraires; aujourd'hui cer- tains princes de l'Ilglise ne semblent approuver que la vie obscure et, pour ainsi parler, végétative; autrefois on allait chercher au fond de sa cure le pi-étre qui par son intelligence honorait le clergé, aujourd'hui on Texile au fond d'un misérable village. Cette manière d'agir a donné naissance à des suppositions évidemment injustes qu'ont semblé autoriser certains cas particuliers : ii appartien- drait à qui de droit de faire taire les mauvaises langues; ce serait s'honorer soi-même que de savoir honorer ceux qui le méritent. Je ne suppose pas qu'on ait eu l'intentioD d'aider à l'éclosion et au développement d'un esprit émi- nent en le reléguant au fond d'un hameau, sans ami, sans conseil, loin de toute vie intellectuelle; aut:int vau-

lyGoogle

404

dr;iit soutenir que le prisonnier doit s'eslimer heureux .lu fond de sa geôle parce qu'on lui donne le lemps de penser. Enfin voici que cet exilé de cinquante-deux ans com- mence à respirer le doux parfum de la célébrité. Mais quelle lutte acharnée, désespérée, il a fallu soutenir au milieu des obstacles el des ténèhres! Un peu de gloire a pénétré dans sa cure, l'obscurité il étouffait a été traversée par un rayon de lumière. <• Épreuve pour épieuve, mieux vaut soufTrir- à la lumière que dans l'ombre, car je souffre ici. Et je ne trouve pas vrai que l'isolement soit du bonheur. » Ce prêtre modèle, comme le proclamait récemment la Semaine religiejtse, , aime ses ouailles; il aime son église, sa paroisse, mais l'isolemejii pèse à son ànie, le froid du tombeau l'effraie. De la lumière! de la lumière! C'est de ces retours sur lui-même, sur la douloureuse carrière que des destins peu propices lui ont faite; c'est de ces réflexions nées au milieu de cette sombre solitude que sont sorties les Pensées, livre magistral, d'une saveur singulière et forte, digne de figurer, a dit Sarcey, sur le rayon réservé dans notre littérature aux moralistes, à côté des plus belles œuvres des mnîtres : les Maximes de La Roche- foucauld, les Caractères de La Bruyère, les Pensées de Vauvenargues et de Joubert, Je ne crains pas de forcer la note, ajoute le même aristarque, en affirmant que ce volume de Pensées décèle un penseur original et un écri- vain curieux. Les plus illustres critiques ont été d'accord pour louer dans l'abbé Roux et le penseur et l'écrivain; l'Académie française sanctionnera bientôt le jugement de l'opinion publique en couronnant l'œuvre de notre célèbre compatriote. M. Caro.a dit : a II a bien de l'originalité, ce curé de campagne, et bien de la saveur dans ses im- pressions à la fois très littéraires et très morales. Assu- rément c'est un écrivain, mais c'est un penseur, c'est un rêveur, c'est un moraliste, c'est un poète. » Et Puvis de Chavannes : " Je reste stupéfait devant cette prodigieuse abondance de pensées, de vérités originales J'ai foi en

lyGoogle

405

soD génie. » M. Renun appelle les Pensées uq livre unique. M. l'abbé Paul Lallemand, directeur de l'École Missillon, en a fait un compte-rendu des plus élogieux dans le journal Le Français du 25 juillet 1885, et le Père D...., dominicain, dont personne n'ignore la haute compétence, disait dernièrement en parlant de l'auteur de l'ouvrage que « depuis longtemps il ne s'était pas produit un génie pareil, n La presse tout entière a salué d'un cri d'étonue- ment et d'admiration l'œuvre du prêtre limousin ; le public a enlevé deux éditions en un mois. Tel est l'accueil fait au premier ouvrage d'un écrivain hier encore inconnu chez nous, mois déjà apprécié, pour quelques morceaux déta- chés, par les délicats de» lettres et par les savants d'oulre- BMn. C'est l'étranger, c'est la grande voix de la presse parisienne qui nous a fait connaître ce grand penseur, ce grand poêle. Qui aurait cru, qui aurait admis qu'un homme supérieur put naître dans le Limousin, là, à côté de nous ? Nous l'aurions sacré roi de la poésie provençale, si le hasard l'avait fait naître à Avignon ou à Toulouse. Nul n'est prophète en sou pays.

C'est au milieu des paysans, dans un isolement mortel, qu'il a écrit son œuvre, l'on trouve tant de pages hu- mides de mélancolie, tant de pensées qui semblent porter le deuil d'une douleur inguérissable; et celte tristesse morbide aggrave une s;iiité précaire, ébranlée par des mé- comptes sans fin et des illusions tour à tour envolées. Il écrivait naguère à un ami, à propos de son Dictionnaire Limousin : « Le Dictionnaire ne restera donc pas enterré, comme moi ! Heureux Dictionnaire! » Aussi a-t-on pu dire qu'il avait écrit dans un style durable le poème chrétien des angoisses d'un abandonné. El pourtant ce grand esprit n'était las pour chauler les amertumes de la vie. La grandeur, les sommets semblent particulièrement l'attirer. La première fois cjuc je le vis, écrit M. Mariéton, il m'ap- parut semblable au géant limousin de la geste de Char- lemagne. Mais le malheur a fait sentir sa lourde main, la victime a lutté héroïquement; elle a succombé el elle a

lyGoogle

406

exhalé ses plaintes. Le livre des Pensées en est le fidèle écho, « N'en pouvant plus d'angoisse, il se levail à toute heure, et il errait dans la maison, faisant crier les vieilles solives sous son pas fiévreux, buvant les lannes qui rou- laient le long de ses joues. Parfois, ayant besoin d'air, il ouvrait une fenêtre et, accoudé sur le rebord, il regai-- dail le ciel, le ciel tout fleuri d'étoiles, o Cet extrait d'un frais et charmant tableau champêtre ne nous moiitre-l-il pas la mélancolique silhouette du curé de Saint-Hilaire?

Les Pensées sont « un tableau qui manquait au Musée des Lettres françaises. " Aprelé des observations, élans mélancoliques sortis du cœur, angoisses poignantes, déses- pérance de l'avenir, variété merveilleuse, pittoresque, ta- bleaux campagnards d'une saveur toute personnelle, ex- pressions trouvées, mots superbes, images bibliques, ironie pleine de verve, antithèses puissantes, style vigoureux, poétique, large, concis, tout se trouve dans cette galerie des hommes et des choses. J. Roux est plus profond, moins étudié, plus spontané, plus poète que Joubert; il est plus près de nous, il nous intéresse plus intimement que La Bruyère. Le chapitre des paysans est médaillé de génie. « Je ne crois pas, dit Sarcey, que jamais on ait peint le paysan de traits plus profonds, plus énergiques et plus sobres, n II a vu et bien vu, c'est peint d'après nature. Le style matériel en quelque sorte, pittoresque, violent, cru, se moule sur des réalités. Le bon sens y est souvent enveloppé sous des tours fins, de sorte qu'une seconde lecture en fait mieux sentir toute la délicatesse ou toute la force. Ses remarques justes, relevées d'im- prévu, nous frappent, nous surprennent et restent gravées dans la mémoire.

L'abbé Roux voit enfin la gloire lui sourire, après tant d'années de souffrances et d'abandon. Les esprits supé- rieurs, a-t-on dit, sont comme ces étoiles qui peuvent disparaître de notre horizon avant qu'un rayon de leur lumière n'en soit parvenue jusqu'à nous. Ainsi a failli disparaître inconnu un grand écrivain, un grand pen-

lyGoogle

407

seur, un grand poète, qui sera une des gloires de notre Limousin, jadis si glorieux. Grâce h vous, Mécène lyon- nais, atavis édite regibus, l'étoile est découverte, elle brille, et sa douce lumière nous réjouira longtemps. De tous les côtés les amis sont accourus : Mistral, Aubanel, Rouma- nille, Arsène Houssaye, Henri de Bornier, J. Claretie, Puvis de Chavannes, J.-P. Laurens, Cheoavard, José- phin Soulary, Renan, Caro, Sarcey, Stéphen Liègeard, Maxime Gaucher, Massenet el le plus cher de tous, Paul Marîéton ; j'en passe et des meilleurs.

Les beaux jours sont venus, le soleil luit, et l'œuvre de J. Roux « s'illumine des premières clartés de la re- nommée comme de ces lueui-s roses qu'apporte le soleil levant aux Irises de marbre des palais, n

Joseph Roux a composé sur le modèle des anciennes chansons de geste un certain nombre de pièces en cou- plets monorimea, racontant les grands événements de l'histoire de sa province, une sorte de Légende des siècles limousine. La plupart sont inédites. Ce qui a paru a fait comparer le chantre limousin à ses illustres compa- triotes, les troubadours Bertrand de Bom et Bernard de Ventadour. La Cansou timousina sera une merveille d'art, car elle sera illustrée par l'artiste inimitable Puvis de Chavannes et par le peintre du Panthéon, Chenavard. Un troisième volume doit _ comprendre des Éludes sur la campagne et la littérature; le quatrième formera un re- cueil de poésies franco-limousines. Ensuite paraîtra un Dictionnaire bas-limousin qui sera un monument de pa- tience, d'érudition et de curiosité. L'ouvrage est terminé.

lyGoogle

„Googlc

Dictionnaire des Émailteurs depuis le moyen âge jusqu'à ta fin du xviii* siècle, ouvrage accompagné de 67 marques et monogrammes, par Emile Mounier. Paris, Rouam, 1885, petit Jn-S' de 113 pages.

Les notices de MM. de Laborde et Dai-cel, écrites à propos des émaux conservés au I^ouvre, sont classiques en la matière. M. Molînier, attaché au même musée, y ajoute un Dictionnaire qui, dans sa forme sommaire, les complète et, au besoin, les remplace. Ce charmant petit volume, imprimé avec goùl, entre de droit désormais dans ia bibliothèque de tout archéologue, amateur et collec- tionoeur. Il évite de longues recherches, et grâce à son format commode et éminemment pratique, est apte à ren- dre un véritable service à la science.

Les quatre parties dont il se compose sont : une întro- duclion, consacrée à l'histoire de l'émaillerie et à ses transformations diverses ; une nomenclattire des émailteurs, par ordre alphabétique, avec leurs signatures et des fac- sîmile de leurs marques; une bibliographie des ouvrages écrits sur l'émaillerie et une tiile det prineipala collections et musées l'on trouve des émaux. J'aurais voulu une cinquième partie, qui n'eut pas fait plus d'une page, à savoir la table alphabétique de tous les objets émaillés dont il est question dans le Dictionnaire, comme croix, paix, autels, calices, etc.

Dans l'introduction, je signalerai une lacune, à l'occa- sion des champlevés : les musées Kircher, à Rome, et Polili, à Milan, ont des émaux d'une forme particulière, que je qualifierai vénitiens jusqu'à plus ample informé; cette pratique persévérait encore en Italie au siècle der- nier, comme on peut le voir par les trésors de Bénévent et de Saint-Celse de Milan; enfin, l'émail de Saint-Nicolas de Barî permet de supposer que les princes angevins

lyGoogle

- 4ÎQ-

avaient amené avec eux dans les Deuz-Siciles des émailleurs limousiiiB qui y avaient fait école.

Les citations sont fréquentes : il les aurait fallu plus complètes ou n'en pas faire du tout. On aimerait savoir qui a donné la meilleure et plus récente lecture de l'ins- cription apposée au paliotto de Monia. Si le nom de Davil- lier revient sans cesse pour l'orfèvrerie espagnole, pour- quoi ne pas aussi mentionner ceux qui ont exploré l'Italie et déjà fait part au public de leurs découvertes?

L'autel de Saint-Ambroise, à Milan, n'a pas été étudié seulement par Ferrario; de Rossi et Bohault de Fleury l'ont aussi reproduit et commenté. Pour la bibliographie, il y a en outre une curieuse brochure allemande du doc- teur Scheins sur Veteeirum : la question est déSnitivemeut tranchée, et close la discussion par cette œuvre d'une remarquable érudition. La nomenclature des émailleurs, donnée dans Patria, n'est pas à dédaigner non plus.

Cuique suum. J'avoue que j'ai été surpris de ne pas voir une seule de mes publications citées. L'omission est-elle involontaire ou systématique? En tout cas, elle est répa- rable, et je me permets de la signaler à l'éditeur. Certes, j'ai abordé bien des fois l'émaillene d'une manière non- seulement générale, mais encore spéciale. Qu'on consulte mes trésors d'Aix-la-Chapelle, de Moutiers, de Bah, d'A- nagni, de Rome, de Béuévent, et l'on verra que la part y est large. Dans VÈpigraphie de Maine-et-Loire, j'ai relevé toutes les signatures que j'ai pu constater dans ce dépar- tement : dans la Revue Poitevine, j'ai fait les mêmes obser- vations pour celui de la Vienne. Mes Guides de Rome sont entre les mains de tous les étrangers : c'est la première fois qu'on y parle émail. Mieux que cela, je ne me suis pas contenté de décrire les émaux du Vatican, y compris ceux d'origine étrusque; aidé de M. Simelli, j'ai publié, en superbes photographies in-folio, les champlevés du Musée chrétien et d'Anagni, au nombre de dix, sans oublier les plaques byzantines. Les émaux de la Renais- sance m'ont occupé dans le compte-rendu de l'exposition

lyGoogle

_ 411 _

religieuse de Rome, en 1870; maïs surtout, dans le Sut- lelin Monumental et la Bévue du Musée eucharistique, décri- vaut le paliotto de Monza et le reliquaire d'Orrieto, j'ai fait la classlûcation des émaux translucides actuellemeut con- nus. Cette revendication de droits acquis et incontestables m'a paru nécessaire.

Il eut été bon aussi de citer l'émail du xui* siècle de la collection Yves Fesneau, à la Souterraine (Creuse), dont personne encore n'a parlé et qui me semble porter une signature. M. Rupin éclaircira ce point.

Page 66, la signature de Baptiste Nouailber est donoée sans la marque aux initiales. Je la restitue, d'après un émail qui appartient au chanoine de t'Écochère, à Nantes. Le médaillon, de forme ovale, représente saint Louis, costumé eu chevalier et en roi, agenouillé devant la sainte couroûûe d'épines. La signature du revers est ainsi cou- çue, moitié en cursive et moitié en majuscules :

Bap" nouailher a Limoge. .B.N.

Je ne trouve pas, dans la Uste dressée pat M. Molinier, cette signature d'un émail représentant une Pieià, que j'ai signalée dès 1865 dans la Revue de l'Art chrétien, p. 491 :

F . F . PETI..

ni celle d'un cruciSx mentionné par la Revue Poitevine, 1884, p. 108 : .F ., que M. de Lasteyrie lit Pénicaud[i). Une nouvelle édition améliorera tout cela, j'en suis pei-auadé.

X. Babbier de Montault.

(1) Bullet. du Com. des Irao. hist., secl. d'arch., 1884, p. 78.

lyGoogle

„Googlc

„Googlc

NOTICE

SUR LA VIE DE

DANIEL DE COSNAC

ÉVËQUE ET COIITE DE VALENCE E ARCHEVÊQUE D'ATX, COMHANDEUS DE l'oRD)

Le Comte db COSNAC (Gabriel- Jclbs)

RELATION INÉDITE DES OMËQUES DE Cfi PRÉLAT

ANiEL de Gosnac, successivement évêque et comte de Valence et de Die et arche- vêque d'Aix, premier gentilhomme de la cliambre du prince de Conti, frère du grand Gondé, premier aumônier du duc d'Oi-Iéans, frère de Louis XIV, com- mandeur de l'Ordre du Saint-Esprit, a fixé sur lui l'attention par les qualités exception- nelles de son esprit et par les événements impor- tants auxquels il fut mêlé dans le cours de sa longue vie. Sa vivacité était surprenante, ses ré- parties n'étaient jamais en défaut; on aimait ses saillies, on craignait ses boutades; la marquise de Sévigné, parlant de lui, écrivait à la marquise de Grignan, sa fille : « L'archevêque d'Aix a de gran- des pensées, mais plus il est vif, plus il faut appro- cher de lui comme des chevaux qui ruent, et sur- tout ne rien ga'i"der sur votre cœ.ir (1). » « Personne,

(0 Lettre datée de Paris, le 19 janvier 1689.

ibyGoogle

414

dit le duc de Saint-Simon dans ses Mémoires, n'avait plus d'esprit, ni plus présent, ni plus d'activité, d'expédients et de ressources, et siu'-le- champ; avec cela très sensé, très plaisant en tout ce qu'il disait, sans penser à l'être, et d'excellente compagnie, d L'abbé de Ghoisy, dans sa Vie de Daniel de Cosnac{l), insérée dans ses Mémoires, donne quelques-unes de ses vives réparties, mais exprime le regret que Montreuil, qui vivait auprès de lui, n'en ait pas recueilli un plus grand nom- bre. Bien qu'il ait passé une partie de son exis- tence dans ce milieu de la cour l'élégance et la légèreté s'unissent trop souvent à la souplesse et à la fausseté, le goût des aiïaires sérieuses, la fermeté et la franchise furent toujours les côtés saillants de son caractère. Citons de nouveau les témoignages de deux contemporains, dont le se- cond n'est pas suspect de flatter ses portraits. L'abbé de Ghoisy a dit de lui : « II se jeta tout- à-fait du côté des affaires, et dans un âge la conduite des négociations importantes est, pour l'ordinaire, incompatible avec la grande jeunesse, il se rendit si nécessaire que ce fut lui qui fit, à vingt -deux ans, la paix de Bordeaux. 11 en dressa les articles dont j'ai vu la minute signée de sa main, et signée des princes et du duc de Candale qui signa .pour le roi. » De son coté, dans ses célèbres Mémoires, le duc de Saint-Simon s'ex- prime en ces ternies : « Il était haut, hardi et

(0 Cette Vie Je Daniel rfe Cosnat a été a réduit de Téssé.

ibyGoogle

415

libre et qui se faisait craindre et compter parmi les ministres; cet ancien commerce intime avec Madame (1) dans beaucoup de choses dans les- quelles le roi était entré avec lui, lui avaient acquis une liberté et une familiarité avec lui qu'il sut conserver et s'en avantager toute sa vie. » Pour Daniel de Cosnac, à une affaire traitée suc- cédait une auti'e ave;; une telle rapidité qu'à une époque les épitaplies malignes étaient fort en vogue, lorsqu'il mourut, on lui fit celle-ci : Re- quiscat ut requievit.

Sa physionomie répondait à son esprit et à son caractère; elle se retrouve dans ses portraits dont il reste plusieurs; nous reproduisons l'un d'eux en tète de cette Notice d'après une gravure de 1666, par Boulanger, graveur célèbre, sur une peinture de Lefebvre, artiste également célèbre {5).

Nous venons de citer les appréciations de deux des contemporains de Daniel de Cosnac; mais nous pouvons citer encore les Mémoires de Gourville, du marquis de Chouppes, du marquis de la Fare, de M'" de Montpensier; les Mémoires politiques

(1) Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orlfians, appelée Madame.

(2) Nou8 possédons le portrait original peint par Lefebvre et la. gravure par Boulanger qui est fort rare; il en existe deux exem- plaires k la Bibliotitè([ue iiMionalc, l'une au dépôt des estampes; l'autre au dépût des manuscrits, dans celle des boite» dites du Saint-Esprit, coiisaorde au dossioc de Daniel de Cosnac. Ce por- trait et ectte gravure le représentent alors qu'il était évéque de Valence et do Die; une autre gravure du dépôt des estampes le représente avec l'Ordre du Saint-Esprit, alors qu'il était arche- vêque d'Aix ; l'autour est un graveur nommé S. Cundier; son œuvre est médiocre. Un très beau portrait de l'archevêque, par Rigaud, est conservé à l'archevêché d'Aix.

lyGoogle

et militaires composés par l'abbé Millot sur les notes et papiers du maréchal de Noailles; l'His- toire des grands officiers de la Couronne, par le P. Anselme; le Nobiliaire de Morèri; et parmi les ouvrages modernes les œuvres de Sainte-Beuve et de M. Cuvill'ier-Fleury, les BiographieSj entre autres celle de Michaud et la Biographie géné- rale. Lui-même enfin a écrit ses Mémoires; il les écrivit même deux fois dans son âge mûr et dans sa vieillesse. Dans la seconde version , il passe sur bien des faits développés dans la pre- mière, ceux surtout relatifs à la Fronde qu'il fal- lait paraître" avoir oubliés lorsque Louis XIV eut follement constitué son pouvoir absolu (1).

Bien que nous ayons livré pour la première fois en 1852 les Mémoires de Daniel de Cosnac à la publicité, leur existence était connue du pu- blic érudit. Le P. Lelong les avait classés dans sa Bibliothèque de France au nombre des docu- ments inédits de notre histoire; Voltaire, en 1756, en parle dans sa correspondance; le président Hé- nault leur a emprunté, pour son Abrégé chrono- logique de l'Histoire de France, le charmant portrait d'Henriette d'Angleterre ("2). En 1852 seu- lement, ces Mémoires ont vu le jour, nous les

(1) Nous aïO:is donné un historique des divers manuscrits sur lesquels nous avons publie si?s Mémoires dans In Sotico dont nous les avons fait prâci^der.

(2) Cette citation est suivie de cette mention : M. S. de Cosn. (iiiajtuscrifs de Cosiiai;), qui, pour la plupart des lecteurs, était demeurée un problème avant la publication que nous avons faite de ces Mémoires.

lyGoogle

avons publiés en deux volumes dans la Collection de la Société de l'Histoire de France, et leur prompt épuisement a témoigné leur succès. De- puis, la découverte que nous avons faite de nom- breux documents inédits concernant leur auteur nous a permis de donner deux suppléments qui ont paru dans le Bulletin de la Société de l'His- toire de France des années 1858 et 1876; d'autres documents, également inédits, nous serviront à faire paraître une nouvelle édition des Mémoires que nous préparons de longue main.

Daniel de Cosnac naquit en l'année 1630 au châ- teau de Cosnac, en Limousin ; il était fils de Fran- çois, seigneur de Cosnac, et d'Éléonore de Talley- rand, fîlle de Daniel de Talleyrand, prince de Chalais, seigneur de Grignols, en Périgord, et de Françoise de Montluc, marquise d'Excideuil, fille du célèbre maréchal de. France. Éléonore de Tal- leyrand, restée veuve à vingt ans de Henri de Beau- poil, seigneur de St-Aulaire et de la Grénevie (1), avait épousé en secondes noces François, seigneiur de Cosnac. Daniel de Cosnac fut le troisième fils qui naquit de cette union ; sa complexion était délicate, et, dans un temps un gentilhomme devait porter les armes ou se consacrer à Dieu, sa carrière était tracée, à moins de vocation complètement con- traire; ses parents dirigèrent en conséquence son éducation vers l'état ecclésiastique; ses deux frères aînés furent destinés à la carrière des armes. Ar-

{1} 11 périt étranglé par une arâtc de poisson à a Gréaerie.

lyGoogle

418

mand, marquis de Cosnac, fut mestre-de-camp du régiment de Cosnac qu'il commandait au siège de Valence, en Italie, en 1657(1); Clément fut en- seigne des gens d'armes du prince de Conti et mourut des suites d'une blessure reçue au combat de Solsonne, en Catalogne; la Gazette du 15 sep- tembre lui consacra ces lignes : « Le marquis de Cosnac> entre les gens d'armes du prince de Conti, fut dangereusement blessé d'un coup de pistolet dans le col. » Dans son numéro du 30 sep- tembre, revenant sur ce combat, elle cite comme s'étant particulièrement distingué : « le marquis de Cosnac, enseigne des gens d'armes du prince de Conti, qui eut aussi un cheval tué sous lui. » Le choiï de la carrière religieuse pour l'un des enfants de chaque génération, s'était perpétué comme une pieuse tradition dans la maison de Cosnac; parmi les femmes, elle avait compté des religieuses et des abbesses; parmi les hommes, outre des ecclésiastiques éminents, tels que Ray- mond de Cosnac, archidiacre d'Aure, dont Baluze nous a conservé le discours prononcé au Concile tenu à Paris en 1392, pour la déposition de l'anti- pape Benoît Xlll (2), nous trouvons le cardinal Bertrand de Cosnac, évêque de Comminges en 1354, qui accomplit comme légat des missions

(1) Les Archives du Ministère de la guerre renferment plu- sieurs documents concernant ce rég-iment, Mestre-de-camp et co' lonel étaient des grades équivalents. Dans les corps qui avaient un colonel -gêné rai, les chefs des régiments portaient la dénomi< nation de mes très -de- camp.

(2) Voy. Vllialoire des Papes d'Avignon, par Baluze.

lyGoogle

419

importantes en Espagne, et ses deux' neveux, Bertrand de Cosnac, évêque de Tulle, de 1371 à 1376, et Pierre de Gosnac, qui occupa le même siège de 1376 à 1402. Après Daniel de Cosnac, qui devint évèque de Valence et archevêque d'Aix, on compte encore dans Tépiscopat Gabriel de Cos- nac, évêque de Die, de 1702 à 1734; Gabriel- Joseph de Cosnac, qui lui succéda de 1734 à 1741; Jean -Joseph-Marie- Victoire de Gosnac, évêque de Meaux de 1819 au 19 avril 1830, archevêque de Sens du 19 avril 1830 au 24 octobre 1843. La maison de Cosnac avait aussi affirmé sa foi par l'épèe et par la plume : Élie de Cosnac, chevalier croisé, était au siège de St- Jean -d'Acre en 1191(1); Guillaume, seigneur de Cosnac, chevalier, accom- pagna le roi Louis VIII dans la croisade contre les Albigeois {2) ; François, seigneur de Cosnac, le père même de Daniel de Cosnac, écrivit un livre pour réfuter les doctrines du pasteur protestant de Turenne, dans lequel il débute dans sa préface en ces termes : « .Mon cher lecteur, vous trouverez estrange qu'une personne de ma condition, qui doit avoir plus de commerce avec les armes qu'avec les livres, et à qui la plume est mieux séante au chapeau qu'à la main, oze néantmoins entreprendre d'escrire des controverses sur le plus haut et le plus auguste de nos sacrements (3). »

(1) Son nom et aea armes sont placés dans les salles des Croi- sades, au château de Versailles.

(2) Titres manuscrits sur la maison de Gosnac conservés 4 la Bibliothèque nationale.

(3) Défense du livre des Vérilée eucharistiques enseignées par

lyGoogle

Après les premières années passées dans le châ- teau paternel, l'éducation de Daniel de Cosnac fui commencée à Brive et continuée au collège de Périgueux, jusqu'à la classe de philosophie. En 1644, ses parents l'envoyèrent à Paris au collège de Navarre; il avait alors quatorze ans. Ce collège, qui, de même que tous les collèges de l'époque, n'avait que des pensionnaires, suivait les cours de la célèbre Université de Paris. Daniel de Cosnac parvint successivement aux degrés de maître ès- arts, c'est-à-dire maître dans les sept arts libéraux, de bachelier en 1648, de licencié en 1650; il prit aussi le diplôme de bachelier en Sorbonne. Il avait obtenu ces divers diplômes avant l'âge ordi- naire et bien avant de pouvoir entrer dans les ordres sacrés auxquels il se destinait. Pour l'em- ploi de ce temps, deux alternatives se présen- tèrent ; s'attacher à la cour de Rome ou à la cour de France; dédaignant du reste la perspec- tive certaine de succéder, s'il l'eût voulu, aux bénéfices de cinq ou six mille livres de rente de l'un de ses oncles (1). La cour de Rome paraissait lui offrir l'avenir le plus conforme à la profession qu'il avait embrassée, car dès lors il portait le petit collet et était considéré comme ecclésiastique, et Langlade (2), son ami, le confirma dans ce sen-

Nolre-Seigneur Jésue-Christ, contre la lettre du sieur Boulin, ministre de Turenne, par le seigneur de Cosnac, Imprimé à Brive, chez A. Alvitre, en tG5tî, avec approbation.

(I) C)ém6nt <ie Cosnac, bachelier en Sorbonne, prieur de Croue, prévût de Gumont et archîprfitre de Brîve.

(3) Langlade, baron d'Ausmiërcs, au château de Limcuil, en

lyGoogle

timent. Le duc de Bouillon (1), son parent, lui parut le meilleur introducteur qu'il put avoir auprès de cette cour il avait acquis un grand crédit, alors qu'il avait été nommé général des armées du pape Urbain VIII, et il lui en parla. Contre son attente, le duc de Bouillon le dissuada de ce projet, l'assurant qu'à Rome la plupart des cardinaux eux-mêmes cherchent au dehors des protecteurs, et il opina pour qu'il s'attachât à la cour de France. Ici une difficulté se présentait; son père avait été obligé de renoncer à tous les avantages que la cour aurait pu lui offrir à cause de la funeste catastrophe du comte de Cha- lais (2), son beau-frère, décapité pour avoir tâché de renverser la toute- puissance d'un premier mi- nistre, le cardinal de Richelieu; le cardinal Ma-

Përigord, secrétaire du duc de Bouillon e^ plus tard du cabiaet du cardinal Manarin. Voy. sur lui les Mémoireê de Gourville.

(1) Frère aine du maréchal de Turenne. Il appartenait au parti des princes et avait reçu en I6â0, dans son château de Turenne, la princesse de Condé allant rejoindre l'insurrection de la Fronde à Bordeaux. Daniel de Cosnac était son parent du cdté maternel et du cdté paternel. Hélie, seigneur de Cosnac, et Pierre de Beaufort, vicomte de Turenne, avaient épousé au iv* siËcle les deux sœurs, Louise et Blanche de Gimel; et Anne, fille do Pierre de Beaufort et de Blanche de Gimel, par son mariage avec Agne de la Tour, seigneur d'Ollergues, lui avait apporté la vicomte de Turenne; Âgne de la Tour (cotte maison ne s'intitulait pas alors la Tour d'Auvergne) était l'ancëtrc direct du duc de Bouillon.

(3) Henri de Talleyrand, comte do Chalais, favori de Louis XIII, s'était distingué aux sièges de Montpellier et de Montauban; mais ayant trempé avec le duc d'Orléans et la duchesse de Chevreuse dans une conspiration contre Richelieu, le ministre l'accusa d'avoir conspiré contre le roi lui-rnSme. Livré à une commission tirée du parlement de Bretagne, le comte de Chalais eut la tête tranchée à Nantes la 19 aoQt 1626, & l'Age de vingt-six ans.

DigmzcdbyGoOgle

zarin, qui avait succédé à la même toute- puissance, ne pouvait pas manquer de trouver dans cette parenté un souvenir importun et d'envelopper Da- niel de Cosnac dans cette môme disgrâce. Le duc de Bouillon trouva un joint qui fut d'attacher Daniel de Cosnac à Ja personne du prince de Ck)nti, et par conséquent à cette partie de la cour qui était en opposition avec le premier ministre. Daniel de Cosnac y consentit et se trouva incon- sciemment, pour ainsi dire, entrer de plain-pied dans la Fronde. On était dans les premiers mois de l'année 1651 ; après une accalmie la Fronde se réveillait; ses chefs : le duc d'Orléans, le prince de Coudé, le prince de Conti, son frère, avaient décidé une nouvelle prise d'armes; telles furent les circonstances au milieu desquelles le duc de Bouillon présenta son jeune parent au prince de Conti et le fit admettre dans sa maison. Daniel de Cosnac portait le titre d'ahbé et le petit collet, comme nous l'avons dit ; le prince de Conti, qui n'était pas plus engagé que lui dans les ordres, portait le titre de prince ecclésiastique; il était titulaire de l'abbaye de Cluny et des plus riches abbayes de France; le chapeau de cardinal était pour lui une perspective certaine, il y avait denc de réciproques convenances de situation.

Au jour convenu, le prince de Condé et le prince de Conti partent du château de Saint- Maur, près de Paris, pour aller recommencer la guerre civile; la duchesse de Longueville, la prin- cesse de Condé et son jeune fils sont du voyage; l'on devait se rendre d'abord au château de Mont-

lyGoogle

rond, en Berry. Toutes les personnes attachées à la maison du prince de Conti avaient reçu des ordres pour accompagner ou pour suivre; Daniel de Cosnac n'en reçut aucun. Sans doute il était devenu suspect, par ce fait que le duc de Bouillon et le maréchal de Turenne, par un revirement subit, avaient quitté le parti de la Fronde pour se rallier au cardinal Mazarin. Aussitôt Daniel de Cosnac accourut auprès du duc de Bouillon pour lui manifester son intention d'abandonner le prince de Conti; mais le duc de Bouillon le désapprouva en lui observant que l'on pouvait douter encore de quel côté pencheraient les affaires, qu'il n'était pas si fort assuré lui-même des bonnes inten- tions de la reine pour ne pas se réengager peut- être dans les intérêts des princes ; que dans ce cas il serait bien aise de l'y retrouver; mais que si son accommodement avec la cour était définitif, il lui donnait sa parole de l'y appeler aussitôt que sa fortune l'aurait mis en état de contribuer à la sienne. D'après ce conseil, Daniel de Cosnac partit pour aller rejoindre à Montrond le prince de Conti; mais il en reçut un si froid accueil qu'il lui demanda son congé, qui fut accepté. M"" de Longueville, prévenue, le fit appeler; cette princesse craignait le mécontentement du duc de Bouillon et considérait que la guerre civile allait s'engager dans une province Daniel de Cosnac pouvait rendre des services parce qu'il y avait des parents considérables. Elle lui remit donc une lettre pour le prince de Conti qui venait de se rendre à Bourges, et exigea qu'il la lui portât

lyGoogle

sur-le-champ. La princesse exerçait sur son frère une irrésistible influence; il était plus de minuit lorsque le prince reçut la lettre; mais, aussitôt après l'avoir lue, il fit retirer tout le monde, excepté Daniel de Cosnac, auquel il fit des ins- tances si affectueuses et si empressées pour qu'il ne quittât point son service que celui-ci charmé, sentit se changer en dévouement pour le prince la répulsion qu'il avait éprouvée jusque-là.

. Deux jours après, Daniel de Cosnac reçut une importante mission qui consistait à aller trouver en Guyenne le prince de Condé, pour lui rendre compte de l'état de la province de Berry, et lui apporter des messages qui venaient d'arriver de Provence ; il devait, au retour, rapporter des nou- velles de la Guyenne. 11 n'eut pas le temps d'effec- tuer ce retour, car les événements se précipitèrent; le prince de Conti et la duchesse de Longueville fm-ent chassés du Berry par les troupes royales, et durent se rendre eux-mêmes en Guyenne, Da- niel de Cosnac les rejoignit à Coutras. Sur ces en- trefaites, la mort inopinée du duc de Bouillon vint enlever à Daniel de Cosnac tout espoir du côté de la cour, et il se trouva définitivement engagé dans le parti des princes.

La guerre civile avait en Guyenne de sérieux éléments d'organisation : le prince de Condé était gouverneur de la province, il entraînait avec lui la noblesse et les troupes; le parlement de Bor- deaux, frondeur à l'exemple du parlement de Paris, entraînait avec lui la bourgeoisie ; une factiop ré-

Diçu-izcdbyGoOgle

425

volutionnaire, VOrmée(i), entraînait avec elle les classes infimes et remuantes. Une armée, composée de troupes jeunes et peu solides, il est vrai, avait pour chefs le prince de Coudé, le prince de Gonti, le comte de Marsin, lieutenant-général, qui avait déserté son poste de vice-roi de Catalogne pour la France, afin de se joindre au prince de Condé; une flotte espagnole, sous tes ordres du baron de Watteville, donnait son concours en interceptant l'embouchure de la Gironde; une garnison espa- gnole occupait la ville de Bourg. La ducliesse de Longueville et la princesse de Condé adoptèrent Bordeaux pour lieu de leur séjour; la première surtout y fomentait sans relâche l'ardeur fron- deuse. Une armée royale, sous les ordres du comte d'Harcourt, opérait pour tâcher de réduire l'insur- rection. Nous ne pouvons pas nous étendre ici sur les diverses opérations de la guerre, sur les émeutes qui ensanglantèrent la ville de Bordeaux sous la direction sinistre d'un avocat nommé Vilars et d'un boucher nommé Dure teste (2).

Dans la petite cour du prince de Conti, comme dans toutes les cours, régnaient des jalousies d'in- fluence. Daniel de Cosnac s'y trouva en présence de deux rivaux : le comte de Barbézières-Chémeraut et

(1) Cette faction tirait soii nom d'un lieu planté d'ormes procho l'églisn de Sainto-Eulalie, qu'cllo avilit assigné à ses réunions.

{Xl <!ràcc aux nombreux documents inédits auxiiucls nous avons eu recours, nous avons pu consignrr dans noire ouvrage : Souve- nirs ilit. rùijite de. Loiii^ .\IV, uiic foule de Jaits oubliés ou igno- rés qui font de notre récit de la Fronde dans la Guyenne, une Uîs- toire en grande partie nouvelle.

lyGoogle

SaiTasin(l); ils étaient les compagnons des plaisirs dn prince. Une circonstance fortuite permit à Da- niel de Cosnac de prendre le pas sur eux : Le prince de Conti étant tombé gravement malade, Daniel de Cosnac, par ses exhortations, le ramena à des sentiments de piété, et l'abbé de Sillei^, premier gentilhomme de la chambre du prince, ayant pris l'amnistie afin de sortir de sa captivité dans le château de Pierre-Ancise, près de Lyon, Daniel de Cosnac, désigné pour lui succéder, occupa désor- mais la première place. La manière dont il l'obtint fut un témoignage flatteur des préférences que le prince avait conçues pour lui. Il avait un concur- rent, l'abbé de la Hiiliére, de la maison de Po- lastron, plus ancien que lui dans la maison; le prince craignait de se prononcer trop ouvertement, il fît tirer au sort; mais il avait à l'avance indiqué à Daniel de Cosnac le moyen de l'emporter infailli- blement.

La conversion du prince de Conti ne se pro- longea pas au-delà du terme de sa convalescence; la santé le ramena à ses plaisirs; cette mobilité fit place dans l'âge mur à une dévotion outrée, marquée par les pratiques du jansénisme le plus rigoureux.

Daniel de Cosnac eut bientôt l'occasion de don- ner à ce prince, à son insu, une preuve de sa reconnaissance et de sa fidélité. Par sentiment de jalousie, le prince de Conti s'était brouillé avec sa

(1) Secrétaire des commandements du prince de Conti et spirituel auteur de plusieurs ouvrages.

lyGoogle

sœur, pour laquelle il éprouvait un penchant plus que fraternel; cette princesse, suivant l'expression de Daniel de Cosnac dans ses Mémoires, « aimant beaucoup mieux s'exposer aux effets de la haine de son frère qu'à ceux de son amitié, o Quelques intrigues, dans le détail desquelles il serait trop long d'entrer (1), avaient envenimé les choses au point que le frère et la sœur avaient cessé de se voir. Une rupture aussi complète dépassait le but que M"' de Longueville s'était proposé; connais- sant la mobilité de son frère, elle jugeait qu'il était nécessaire, pour qu'il n'échappât au parti de la Fronde, de connaître à chaque instant, pour ainsi dire, ses impressions, ses sentiments et ses projets. Dans ce but, elle crut qu'il lui serait utile de gagner Daniel de Cosnac à ses intérêts, et que la chose lui serait d'autant plus facile qu'il lui devait les premiers fondements de sa faveur. Elle lui dit un jour qu'il pouvait facile- ment s'apercevoir à quel point l'amitié de son frère était peu sûre; mais que s'il l'avertissait de toutes les choses que ce prince lui confierait, elle pourrait plus facilement le maintenir auprès de lui par son appui. L'insistance de la princesse, ac.'ompagnée des paroles les plus insinuantes, obligea Daniel de Cosnac à lui répondre qu'il la suppliait de ne pas trouver mauvais qu'il con- servât son estime, ce qu'il ne pouvait sans doute faire s'il ne restait fidèle au prince. Alors M°' de

{1} Voy. les Mémoirea de Daniel do Cosnac.

lyGoogle

Longueville lui répondit sèchement : a Non, Mon- sieur, je ne trouve pas cela mauvais; mais ne trouvez pas, mauvais aussi que, dans les occasions, j'appuie d'autres intérêts que les vôtres, et que je cherche des amis moins scrupuleux et plus solides. »

Tandis que la duchesse de Longueville, frondeuse déterminée et brouillée avec son mari, attisait le feu de la guerre civile, recrutant des partisans à son frère aîné, le grand Condé, sans regarder de trop près à l'honneur conjugal, le conseiller fidèle du prince de Conti nourrissait en secret le projet de ramener ce prince dans le giron de l'autorité royale. Ce projet, pour aboutir, demandait une adresse ex- trême, car il ne prétendait pas détacher le prince de Conti tout seul du parti de la Fronde, ce prince , n'eût reçu dans ce cas qu'un médiocre accueil de la part de la cour qui l'eût laissé languir à l'écart; il fallait, pour que ce prince conservât tout son prestige, qu'il apportât avec lui les clefs de la ville de Bordeaux et la pacification de la Guyenne. Par conséquent il était nécessaire que le prince de Conti ne devint pas suspect à son propre parti, et qu'il y conservât jusqu'au moment décisif l'au- torité dont il était investi depuis le départ de son frère. Le grand Condé, en effet, avait quitté la Guyenne pour livrer sur un autre terrain, avec une armée composée de ses vieilles troupes, les combats de Bléneau et du faubourg Saint-Antoine. Le prince de Conti était donc demeuré le chef suprême dans la Guyenne; mais son frère, qui n'avait en lui qu'une médiocre confiance, avait

lyGoogle

institué sous lui une sorte de triumvirat auquel était dévolue la direction effective, triumvii-at com- posé du comte de Marsin, de Lenet, conseiller au parlement de Bourgogne, et de la duchesse de Longueville. Pour mieux parvenir à dégoûter le prince de Conti d'un parti dans lequel son rôle était ainsi effacé, Daniel de Gosnac ne man- quait jamais auprès du prince l'occasion de faire ressortir l'injure de cet amoindrissement. 11 ne manquait jamais non plus l'occasion de mainte- nir en ses mains l'autorité qu'on voulait lui dé- rober. C'est ainsi qu'une révolte des troupes ayant eu lieu à Périgueux parce que Marsin, d'un ca- ractère violent, avait frappé un officier, il obli- gea le prince de Conti à partir avec lui pour cette ville, sa présence rétablit l'ordre parmi les troupes. La partie saine de ta population de Bordeaux désirait la fin de la guerre civile et fomentait dans ce but des conspirations con- tre le parti des princes. Daniel de Cosnac avait à se prémunir contre les unes, qui eussent livré le prince de Conti à la merci des vengeances de la cour, et à favoriser celles qui agissaient secrè- tement de concert avec lui; mais toutes ces cons- pirations étaient régulièrement découvertes, et il eut beaucoup de peine à ne pas être compromis dans celle du P. Berthod, gardien des cordeliers de Brioude{l), et du P. Hier, gardien des corde- liers de Bordeaux. Ce dernier fut arrêté, et sa con-

ti} Le P. Berlhod a laiaaé des Mémoire» qui contiennent la rela- tion de cette conspiration.

T. vu. 6-S

lyGoogle

damnation à mort commuée en celle de la prison au pain et à l'eau pendant le reste de ses jours (1).

Le triumvirat avait résolu d'envoyer quelqu'un à Madrid pour presser l'envoi de nouveaux secours en hommes et en argent; Daniel de Cosnac fit adroitement tomber le choix de l'envoyé sur le marquis de Chouppes (2), son ami, et le prince de Conti fut exactement informé par lui à son retour qu'il n'y avait aucun fond à faire sur toutes les belles promesses qu'il était chargé de rapporter.

Cependant la ville de Bordeaux était de plus en plus resserrée par deux armées royales, l'une opé- rant au Nord, sous les ordres du duc de Vendôme, qui avait succédé au comte d'Harcourt(3), l'autre opérant au Sud, sous les ordres du duc de Cau- dale (4). En même temps la flotte royale, dont le duc de Vendôme avait le commandement supérieur, remontait la Gironde abandonnée par la flotte es- pagnole, afln d'éviter le combat. Daniel de Cosnac obtint alors du prince de Conti l'autorisation d'en- tamer secrètement des négociations avec le duc de Caudale; en même temps, il encourageait dans la ville les manifestations royalistes auxquelles la jeu- nesse se prêtait avec ardeur. De nombreuses alter- natives de crainte et d'espérance, des entraves de diverses sortes signalèrent cette période de trans-

(t) Lapais amena sa délivrance; il fut nommé évêque

(2) Voy. les Mémoires du marquis de Chouppes.

(:t) Le comte d'Harcourt avait inopinément quitté s auite d'un mécontentemi'nt contre la cour, qui lui a charge de marée liai -général.

(4) Fils du duc d'Épernoii.

lyGoogle

formation de l'état politique et social de la ville de Bordeaux (1); enfin le traité de paix fut dressé et conclu d'après une minute écrite de la main de Daniel de Cosnac, à la suite d'une entrevue qu'il eut à Lormont, près' de Bordeaux, avec les ducs de Vendôme et de Caudale. Ce traité de paix termina la Fronde et ouvrit l'ère de grandeur du règne de Louis XIV.

Pendant que la princesse de Condé prenait la voie de mer pour aller avec son jeune fils, le duc d'Enghien, rejoindre en Flandre le prince de Condè et que la duchesse de Longueville gagnait son châ- teau de Montreuil-Beltay assigné d'abord pour lieu de son exil, le prince de Conti se rendait à son château de la Grange, près de Pézenas, en Lan- guedo-, il devait attendre que soij sort fût fixé avec les avantages mérités par l'immense service qu'il venait de rendre. Pour se distraire pendant ce séjour, il désira faire jouer la comédie, et deux troupes se présentèrent, l'une dirigée par Cormier, et l'autre par Molière. Subissant une influence que nous ne rapporterons pas, le prince se prononça pour Cormier et voulut congédier Molière; Daniel de Cosnac protesta au nom du bon goût et de l'engagement qu'il avait pris de la part du prince, lui disant que s'il le renvoyait, il indemniserait Molière de ses propres deniers. Enfin le premier gentilhomme de la chambre du prince l'emporta, et ce fut Cormier qui reçut son congé. Molière était

{I) Voy. les Mémoires de Daniel de Cosnac et nos Souvenirs du règne de Louia XIV-

lyGoogle

alors à ses débuts, et l'on ne saurait douter que cette protection n'ait exercé une influence consi- dérable sur son avenir(l). Le prince de Conti alla aussi, sur l'iovitation du gouverneur, se livrer à Montpellier à des divertissements qui furent le singulier prélude du grand événement qui se pré- parait pour lui, car il ne s'agissait de rien moins que de son mariage.

Sarrasin venait de mettre dans la tête de ce prince qu'un coup de fortune serait pour lui d'épouser une des nièces du cardinal Mazarin, qu'un tel mariage le < onduirait à tout ce que son - ambition pourrait souhaiter. Le prince de Conti envoya donc à Paris Sarrasin pour négocier celte affaire, disant liautement que peu lui impor- tait quelle serait la nièce, parce que c'était le cardinal qu'il voulait épouser. La réussite de la négociation auprès du cardinal fut d'autant moins difficile que l'alliance d'un prince du sang était l'objet de ses désirs ambitieux, et la nièce qu'il offrit fut Anne-Marie Martinozzi, déjà promise, il est vrai, au duc do Candale; mais celui-ci, en bon courtisan, s'empressa de se désister. Par de secrètes et habiles entremises, le cardinal Mazarin avait amené le prince de Conti à souhaiter ce que lui-même souhaitait ardemment, et Sarrasin était gagné à ses projets. Un des plus vaillants lieute- nants-généraux de l'armée royale, tout dévoué au

(1) Lg répertoire des pièocs jouées par Molière au châlcau de la Grange se composait do VÈIourdi, du Dépil amoureux sC des Précieuses ridicules.

lyGoogle

- 433

cardinal, lui ayait écrit en parlant du prince de Conti : « Je ne doute point qu'on ne le portasse à tel mariage que Ton voudroit, voire même que l'abbé de Cosnac et Sai-rasin, qui sont les deux qui ont le plus de crédit auprès de lui, feroient à mon avis une bonne partie de ce que l'on vou- droit. Le dernier est un de mes amis et je con- nois un peu rautre(l). » M. de Bougy ne se trom- . pait pas au sujet du crédit de Daniel de Gosnac sur le prince de Conti, mais il se faisait illusion en croyant pouvoir compter sur son concours. Les historiens de Daniel de Cosnac ont cependant tou3 prétendu qu'il avait donné les mains avec empres- sement à ce projet; bien loin de là, il déclare dans ses Mémoires qu'il fit, sans pouvoir réussir, les plus énergiques efforts auprès du prince de Conti pour le détourner de ce mariage, lui faisant con- sidérer à quel point il était au-dessous de sa nais- sance d'épouser une fille inconnue, et combien il était peu digne de s'allier au cardinal, persécuteur acharné de sa maison. Le prince se mit dans une si violente colère qu'une complète brouillerie fut imminente; mais, de part et d'autre, on se calma et le mariage fut définitivement résolu.

Les conditions du mariage étaient négociées à Paris par Sarrasin et par Langlade. Gomme com- pensation au sacrifice que faisait le prince de Conti, son premier gentilhomme de la chambre voulait faire mettre la condition que ce prince

(1) Lettre inédite datée du camp devant Bordeaux, le 1* août 1653. Archive» naftonaJes, Registre coté K K 1319.

lyGoogle

recevrait l'épée de connétable et le gouvernement de Brouage(l); mais les deux négociateurs, à son insu, écartèrent ces deux articles comme pouvant faire échouer le succès auquel ils tenaient essen- tiellement. Pendant ce temps, le prince de Conti avait quitté le Languedoc pour se rapprocher de Paris, et comme Daniel de Cosnac, voulant persé- vérer dans la carrière ecclésiastique, ne pouvait plus conserver ses fonctions auprès de lui dès qu'il serait marié, le prince écrivit au cardinal Mazarin pour demander en sa faveur le premier évèché vacant. En passant à Valence, le prince de Conti fit la rencontre du marquis de Villars (2), qui s'était fait une réputation dans le funeste com- bat entre les ducs de Nemours et de Beaufort. 11 i-ésolut de lui donner celte charge de premier gen- tilhomme de sa chambre, désirant d'autant plus l'attacher à sa personne qu'il nourrissait la fan- tasque idée de se signaler par quelque rencontre, particulièrement en appelant sur le terrain le duc d'Yorck (3).

A. Auxerre, Langlade et Sarrasin arrivèrent de Paris au-devant du prince, lui apportant les arti- cles du contrat; le prince se retira au bout de la grande salle de son abbaye de St-Germain d'Auxerre pour en entendre la lecture; et, comme ils ne consistaient guère qu'en un don de deux cent

(1) Plikce de guerre maritime de première importance à cette époque.

(2) Pbre du mardchal de Villars.

(3) Frâre de Charles H. Pendant le protectorat de Cromwell, il avait paasd en Frauce presque tout le temps de son exil, servant dans les armées du roi.

lyGoogle

mille écus que le cardinal faisait à sa nièce, Daniel de Cosnac demanda quels étaient les ar- ticle secrets; comme il n'y en avait pas, il jeta le contrat à terre en s'écriant : « Monsieur (1), vous êtes trahi ! on vous marie au denier deux(2). » Â. ces mots, le prince sauta à la gorge de Daniel de Gosnac et le poussa dans sa chambre. Après de vifs reproches le prince s'apaisa, dans la pensée qu'en raison de la longueur de la salle, personne n'avait vu, ni entendu; mais il ne lui parla plus de le charger de rapporter les articles à Paris, mialgré la promesse qu'il lui en avait faite anté- rieurement. Le moment de rapporter ces articles étant venu, Daniel de Gosnac dit au prince : a Mon- sieur, vous ne me parlez plus du voyage? » Gelui- ci lui répondit : « De quoi vous souvenez-vous, n'êtes- vous pas assuré de mon amitié? » Daniel de Gosnac répartit : «. Quel cas puis-je faire de votee amitié si vous me manquez de parole? » Alors le prince s'écria : a C'est trop souvent des emportements, ce sera ici le dernier. » Gette fois, la rupture paraissait complète, lorsque quelques moments après, le prince le ût appeler et vint à lui à bras ouverts en lui disant : « Vous êtes un fou, mais vos folies mêmes me persuadent que

(t) Cette BppelUlion de Monsieur, doaoée & un prince du sang, surprendrait aujourd'hui; mais les appellations de Monsieur et de Madame n'étaient pas tombées au niveau actuel. Jadis on n'abusait pas du titre de Monseigneur, qui ne commença à se vulgariser que vers le milieu du règne de Louis XIV; les ministres, pour relever leur origine, furent les plus empressés à le prendre.

{!] Voulant dire que pour deux cent mille écus une fois payés, il quittait cent mille écus de rente en bénéfices.

lyGoogle

vous m'aimez, il me suffit; mais avez-vous pris garde à ce coquin de Sarrasin? comme il voulait profiter de ma colère, lui qui vous a tant d'obli- gations ! Il n'en aura pas le plaisir, et dès ce soir je prétends en sa présence vous traiter mieux que jamais. » En effet, le "soir Sarrasin étant entré après le souper, le prince dit devant tout le monde : « L'abbé et moi sommes racconunodés sans maréchal de France; quiconque ferait fond sur notre rupture se tromperait; nous sommes inséparables à la vie et à la mort. »

Peu de jours après le prince de Gonti partit pour Paris; le cardinal Mazarin vint au-devant de lui jusqu'à Villejuif; et, après mille démons- trations d'amitié, l'ayant fait monter dans son car- rosse, le conduisit au Louvre pour le présenter au i-oi et à la reine-mère, ainsi qu'à M"* de Mar- tinozzi. Le prince de Gonti, en présentant Daniel de Cosnac au roi, lui dit : « Sire, voilà l'abbé de Cosnac; c'est une personne de qualité, attachée à moi, pour qui j'ai beaucoup d'amitié, et on ne le trouvera pas mauvais quand on saura que, si j'ai l'honneur d'être dans les bonnes grâces de Votre Majesté, c'est à lui seul à qui j'en ai l'obli- gation. » M"* de Martinozzi accueillit froidement Daniel de Cosnac, elle avait sans doute été chari- tablement informée de l'opposition qu'il avait faite à son mariage. Le cardinal voulut môme pendant quelque temps se servir de sa nièce pour détruire l'influence de Daniel de Cosnac sur le prince de Gonti, mais il ne tarda pas à s'apercevoir qu'il avait intérêt à revenir à d'autres sentiments.

lyGoogle

437

Aussitôt après la célébration du mariage, Daniel de Gosnac remit sa charge au marquis de Yillars. 11 avait refusfi avec désintéressement une des riches abbayes que le prince de Gonti voulait résigner en sa faveur, en lui observant que puisqu'il aban- donnait ses bénéfices au cardinal, il fallait lui faire le présent tout entier. Le prince de Conti obtint pour lui le renouvellement de la promesse du premier évêché vacant et partit pour aller prendre le commandement de l'armée de Cata- logne, laissant à Paris la princesse, sa femme. Deux évôcbés vinrent bientôt à vaquer : Valence d'abord et Saint-Fiour ensuite, par la raison d'un changement de résidence demandé par l'évêque ti- tulaire. Le cardinal dit à l'abbé de Cosnac : « Vous n'avez qu'à remercier le roi, il vous a donné l'évêché de Saint-Flour. » L'abbé répartit qu'il n'acceptait pas, parce que Valence était le pre- mier évêché vacant. Le cardinal, surpris, lui fit re- marquer éombien ce refus pouvait nuire à sa for- tune; mais Daniel de Cosnac mettait son point d'honneur à ce qu'une promesse qui lui avait été faite fût tenue. Le lendemain, le cardinal lui annonça que l'évêché de Valence lui était donné. Il l'engagea, à cette occasion, à prêcher devant la cour, ce qu'il fit avec succès dans l'église des Mi- nimes, à Retbel, où. la cour s'était rendue. À sa descente de chaire, le cardinal lui remit le bre- vet (1) de son évêché en lui disant : « Le roi vous fait maréchal de France sur la brèche. »

(t) Brevet date de Retfael, le 24 juin 1654.

lyGoogle

Du reste le nouveau prélat, fort instruit sur les matières ecclésiastiques, avait l'éloquence facile. Un de ses meilleurs sermons fut celui qu'il prêcha, le premier jour de l'année 1656, dans la maison professe des Jésuites, à Paris, en pré- sence du roi, de la reine-mère, de trois car- dinaux et de plus de cinquante évoques réunis pour l'assemblée générale du clergé de France. Comme il n'avait que les ordres minem^ lorsqu'il fut nommé évêque, il reçut la prêtrise en même temps que la consécration épiscopale (1). Moins d'un mois après sa nomination à l'épiscopat, il reçut une nouvelle récompense de ses services pour la paix de Bordeaux : il fut nommé con- seiller d'État (2). Il n'était encore que dans sa vingt-quatrième année. Il faisait ^ors agréable- ment sa cour, étant admis au jeu de la reine, faveur qu'il conserva jusqu'à la mort de cette princesse. Il en profita pour mettre fin à certains petits déplaisirs que la reine donnait à la comtesse de Noailles, cette princesse étant mécontente de ce que, par le crédit du cardinal, M™ de Noailles eût obtenu la charge de dame d'atours auprès d'elle, au lieu de la marquise de Richelieu, qu'elle eût préférée.

Bien que le nouvel évoque de Valence n'eût plus de fonctions dans la maison du prince de Gonti, une réciproque habitude qui les attachait

(1) L'abbé de Ghoisy, êi propos de bb conadcratioa épiacopale par l'archevêque de Paris, fait un râcit qui n'est qu'une fable amusante.

(2) Brevet daté de Sedan, le 22 juUlet 16H.

lyGoogle

439

l'un à l'autre fit que pendant près de deux années encore, le jeune prélat fut le conseiller et le di- recteur de toutes les affaires du» prince à la cour pendant ses absences nécessitées soit pour com- mander l'armée de Catalogne, soit pour présider les états de Languedoc, province dont il était gou- verneur. Dans un bal, le roi ayant montré des attentions compromettantes pour la princœse de Conti, le prince, qui en fut informé, manda aussitôt à l'évêque de Valence de lui conduire la princesse en Languedoc {!);" ce qu'il fit. A son retour à Paris, il reçut la mission d'apporlei au roi une délibération contre les duels de tous les gentilshommes faisant partie de l'assemblée des états de Languedoc, délibération qui fut très agréable au roi, qui écrivit au prince de Gonti pour l'en féliciter (2).

L'année suivante, l'évêque de Valence alla re- joindre en Catalogne le prince de Conti, qui assiégeait la ville de Palamos par terre, pendant que le duc de Vendôme l'assiégeait par mer. Le

(1) Nous avona trouvé au Ministère dei affaire» élrangèreB, et publié dans notre deuxième supplâmeot des Mémoirei de Daniel de Coinae, les correspondances échangées entre le prince de Conti, le cardinal Mazarin et l'évêque de Valence, tant sur ce fait que sur les affaires du prince de Conti pendant son séjour en Languedoc et en Catalogne.

(2) Nous avons tiré ce fait intéressant de la Gazelle du 6 février 1655. 11 est d'autant plus surprenant que Daniel de Cosnac ait omis de le consigner dans ses Mémoireë, qu'un de ses grands oncles. Clément de Cosnac, lieutenant du roi au gouvernement de Sois- sons, avait péri victime, sous Henri III, de cette funeste coutume. Il avait été tué par Montrevel, sur la place Royale, à Paris. Voy. Tallbhakt dxb Beaux, Duels célèbres.

lyGoogle

duc de Vendôme ayant "désiré entretenir le pré- lat sur des difficultés qu'il avait avec le prince de Conti, Daniel de Cosnac s'embarqua pour aller joindre sa flotte sur une frégate qui faillit être coulée au retour par l'artillerie de la place. Entre autres services, l'évéque de Valence rendit encore au prince de Conti les suivants ; il lui fit obtenir le gouvernement de Guyenne à la place de celui de Languedoc, et la charge de grand-maître de la maison du roi, en outre cinquante mille écus de pension comme premier prince du sang de- puis que le prince de Condé avait passé aux Espagnols (1).

Sa faveur et ses services excitèrent des envieux; les ducs de Gandale et de la Rochefoucauld, l'ar- chevêque de Sens firent si bien qu'ils le brouil- lèrent avec le prince de Conti. Dans cette rupture, il eut la consolation d'entendre de la bouche de la reine, qui se trouvait avec le roi, le cardinal et la duchesse de Mercosur, le propos suivant : tt Nous voici quatre de vos amis et qui sommes pour vous; vraiment M. le prince de Conti se fait tort d'en user avec vous comme il fait. Nous sommes témoins que vous l'avez bien servi. »

Le prélat se retira dans son diocèse, il fut élu député à l'assemblée du clergé de 1655. Cette députation le rappela à Paris. Il y fit casser, par son crédit auprès du conseil du roi, des arrêts qui

(1) Lob Archives du Ministère des affaires étrangères possè- dent des miDutes des lettres adressées par le cardinal Hazarln à Daniel de Cosnac, sur les affaires du prince de Conti.

lyGoogle

confirmaient les usurpations commencées sous son prédécesseur, par lesquelles le présidial de Valence réduisait à néant la juridiction épiscopale. Il eut la satisfaction d'être l'instigateur heureux de la réconciliation du cardinal Mazarin avec M. de Bellièvre, premier président du parlement. Il apla- nit aussi auprès du premier ministre les difQ- cultés que s'était suscité l'intendant Pellot avec le parlement et la province de Dauphiné. Enfin le prince de Conti, craignant de ne pas obtenir le commandement de l'armée d'Italie, qu'il am- bitionnait, s'adressa h lui en ces termes : a Vous n'avez plus besoin de moi, mais j'ai besoin de vous. » Il obtint du cardinal l'emploi désiré. Le cardinal étant accablé de solliciteurs, lui de- manda la résignation de deux bénéfices pour leur être attribués, lui faisant la promesse, qu'il ou- blia, de les lui rendre avec usure.

La perspective de l'éloignement de Daniel de Cosnac de la cour n'y faisait l'afTaire de personne; on y goûtait son agréable société, on y appréciait son aptitude pour les affaires; la reine l'aimait à son jeu, et le cardinal avait pris avec lui des habitudes qu'il désirait ne pas rompre. Le car- dinal lui persuada d'acheter la charge de pre- mier aumônier de Monsieur {!), qui lui procure-

(t) Philippe de France, secoiid (ils de Louis XIII; il porta le titre de duc d'Anjou jusqu'à la mort, en 16G0, de son oncle Gaston, auquel il succéda dans le titre de duc d'Orléans, Suivant l'usage observé pour le frëre du roi, on l'appelait Montieur depuis l'avè- nement de Louis XIV à la c<

DigmzcdbyGoOgle

rait de nombreux avantages et des raisons cano- niques de non-résidence dans son diocèse.

L'assemblée du clergé s'étant terminée au mois de novembre 1657, le prélat retourna dans son dio- cèse, en attendant que la princesse de Chalais, sa tante, voisine de M. de Bassompierre, évêque de Saintes, eût traité avec ce prélat des conditions de la cession de cette charge dont.il était titulaire. L'arrangement fut conclu ; mais comme Monsieur, fort jeune encore, n'avait point de maison à part, l'évêque de Valence n'en demeura pas moins dans son diocfee jusqu'à la fin du mois de novembre 1658, il alla à Lyon retrouver la cour qui s'était rendue dans cette ville pour le mariage projeté en apparence, du roi avec la princesse de Savoie. La cour de Savoie s'était aussi rendue dans cette ville, des fêtes brillantes furent données, mais l'évêque de Valence s'aperçut des premiers que cette éclatante démonstration n'était qu'une feinte pour presser l'Espagne d'ac- corder au roi la main de l'infante. En effet, l'Espagne envoya immédiatement Pimentel pour faire des ouvertures; le mariage de Savoie Eut rompu, et le mariage avec l'infante entra dans la voie des négociations.

L'évêque de Valence ne suivit pas la cour à Paris, mais il retourna dans son diocèse fwur en achever la visite; il ne le quitta qu'en 1660, appelé auprès de Monsieur, à l'occasion du ma- riage du roi avec l'infante lors de la conclusion de la paix des Pyrénées. 11 rejoignit à Aix la cour qui avait passé l'hiver en Provence, et la suivit

ibyGoogle

443

à Saint -Jean -de- Luz. Il fut présent à la première entrevue du roi avec l'infante dans l'Ue de la Bidassoa, et assista à la célébration du mariage par i'évèque de Bayonne dans l'église de Saint- Jean-de-Luz. Suivant l'usage, des sièges avaient été préparés du côté de l'évangile pour les am- ba^adeurs, et du côté de l'épitre pour les évo- ques ; comme on avait oublié de réserver un banc pour les maréchaux de France, ceux-ci réclamèrent auprès du cardinal, qui leur accorda d'occuper le banc des évèques qu'on fit lever de leurs places avec quelque scandale. Le soir, le cardinal dit aux personnes qui étaient chez lui qu'un maréchal s'était vanté que s'il eût trouvé un évoque assis et qu'il se fût trouvé debout, il l'aurait pris par la main et se serait mis à sa place. L'èvèque de Valence était personnellement désintéressé dans la question parce que, en raison de sa charge, il avait assisté à la cérémonie auprès de Monsieur; mais il répliqua brusquement : « A tel évêque ce ma- réchal se serait adressé, qu'on peut dire que de sa vie il n'eût vu une occasion si chaude. » Comme on savait que le propos était du maréchal de Vil- ieroy, qui ne passait pas pour un foudre de guerre, cette répartie divertit fort.

En 1661, Monsieur épousa la princesse Henriette d'Angleterre, fille de . Charles 1" et de Henriette de France. Une contestation s'éleva entre l'abbé de Montaigu, premier aumônier de la reine d'Angle- terre, et l'évêque de Valence, pour savoir lequel des deux célébrerait le mariage. La question fut

lyGoogle

portée devant le roi qui se prononça en faveur de l'évêque de Valence (1).

Bien qu'à partir de son mariage, Monsieur ait eu une maison séparée de œlle du roi, habitant le Palais-Royal ou le château de St-Cloud, l'évêque de Valence ne s'en rendait pas moins fréquemment dans son diocèse. Il y éprouva des difficultés pour le maintien de la justice épiscopale, qui avait été usurpée dans la ville de Die par le gouverneur de la ville, M. de Saint-Fériol, appuyé par le duc de Lesdiguières, gouverneur de la province, et par le premier président du parlement de Grenoble. Le prélat fît évoquer l'affaire à Paris; il obtint un arrêt du conseil qui lui donna gain de cause. Au même moment, il remt l'ordre de recevoir à son passage à Valence le cardinal Chigi, légat, qui se rendait à Paris pour faire réparation au roi à l'occasion de l'insulte faite à Rome par la gai"de corse au duc de Créqui, ambassadeur de France. Le légat passa plusieurs jours chez l'évê- que de Valence, attendant l'arrivée du duc de Les- diguières, envoyé au-devant de lui par le roi. Le duc de Lesdiguières étant arrivé, l'évêque de Va- lence, autant par le mécontentement qu'il avait éprouvé à l'occasion de l'affaire de M. de Saint- Fériol, que parce qu'il croyait en avoir le droit, prit le pas sur lui; le duc de Lesdiguières fut si furieux qu'il fil partir incontinent un couiTier

(1) La Gazette du 30 mars I6£l donne les détails de la cérémonie qui fut célébrée à Paris, dans la chapelle do l'appartement de la reine d'Angleterre.

lyGoogle

pour se plaindre au roi. Le prélat, ayant eu à se rendre à Paria pour les couches de Madame, fut vivement interpellé par Le Tellier, qui lui dit que le roi était fort mécontent : « Monsieur, répondit l'évèque, j'ai vu le roi et il ne m'en a rien té- moigné. — Il vous le témoignera sans doute, répli- qua le ministre ; vous savez que le roi veut que les gouverneurs précèdent tout le monde dans leurs provinces. Cela m'est nouveau, repartit l'évèque. Je ne m'étonne pas, Monsieur (1), s'écria Le Tellier, que cela soit nouveau pour vous, ce n'est pas un point de théologie. Monsieur, repartit l'évèque, je crois être de qualité à savoir, non- seulement la théologie, mais de quelle manière l'on vit dans le plus grand monde, et j'espère que Sa Majesté sera satisfaite lorsqu'elle saura que je n'ai rien fait qui ne soit conforme à ses déclarations, à. ses règlements et à ses arrêts; mais comme ce sont des arrêts et des règlements faits dans un temps vous n'aviez pas encore les emplois que vou? avez aujourd'hui, je ne m'étonne pas si vous me blâmez.- » L'affaire se termina devant le roi; l'évèque exposa Ses droits fondés sur de nombreux arrêts; Le Tellier soutint que M. de Lesdiguières représentait la personne -du roi. a Monsieur, s'écria l'évèque, on est fort e.tcusable de s'y méprendre, car jamais copie n'a

(1) On ne donout pas alors aux évéques le titre de Monseigneur; ce De fut que vers le milieu du règne de Louis XIV que l'usage commença de le leur donner. (Voy. les Mémoires du duc de Saint-

lyGoogle

moins ressemblé à son original. » Le Tellier fut déconcerté, le roi se mit à rire et l'affaire finit là. Le cardinal Chigi, en témoignage de bon sou- venii' de l'accueil de l'évêque de Valence, envoya, quelques années après, au monastère des reli- gieuses de la Visitation, les reliques du corps de Saint-Romain; l'évêque en fît la translation avec de solennelles cérémonies, et l'abbé de Brissac pro- nonça le sermon (1).

Le cardinal Mazarin était mort au mois de mars de l'année 1661, sans avoir rendu à l'évêque de Valence ses deux bénéfices; sa mort faisait un grand vide à la cour pour le prélat; il lui restait toujoure les bontés de la reine-mére; mais cette princesse mourut à son tour en 1666, et le prince de Conti la suivit de près. Ces disparitions firent que l'évêque de Valence se rapprocha davantage de Monsieur et de Madame; et, à l'un et à l'autre, il rendit d'éminents services. A.u prince, il traça par écrit un plan de conduite pour qu'il ne se laissât pas décboir dans une complète nullité ; il conçut le projet de placer sur la tête de ce prince la couronne de Naples; dans la campagne de 1667, au siège de Toiu-nai, il l'engagea à aller dans la tranchée et l'y accompagna lui-même. Le roi qui n'aimait pas, par politique, que son frère se mit en avant, le railla au retour en lui demandant s'il avait envie de se faire sac à terre. Un libelle offensant avait paru sous ce titre : les Amours de

(1) Voy. la GazuUc; arlide sous rubrùnie : Valence, 15 ou-

lyGoogle

Madame, faisant allusion à ces rapports innocents au fond avec le comte de Guiche, mais compro- mettants néanmoins, que M"" de La Fayette a ra- contés dans ses Mémoires; Madame en exprima son chagi'in à son premier aumônier; celui-ci s'éloigna sans lui répondre. Quelques jouis après, la princesse le vit reparaître lui apportant l'édition toute entière qu'il était allé acheter en Hollande, elle avait été imprimée. Cependant Monsieur donnait à la princesse de bien autres chagrins par sa fâcheuse liaison avec le chevalier de Lorraine, fait comme on peint les anges; de plus, le che- valier avait noué une intrigue avec une fille d'honneur de la princesse. L'union entre les deux époux en fut profondément altérée. L'évèque de Valence s'étant rangé du pani de Madame, Mon- sieur connut aussitôt contre lui l'animosité la plus vive, et lui envoya l'ordre de se défaire de sa charge et de se retirer dans son diocèse. Ce der- nier ordre était un e.il; malgré les supplica- tions de la reine d'Angleterre et de Madame, le roi le confirma en disant qu'il ne serait pas con- venahle de sa part de refuser eette satisfaction à son frère. En réalité, le monarque n'était pas fâché de saisir cette occasion d'éloigner du duc , d'Orléans un homme qui lui donnait des conseils qui n'étaient pas à son gré.

Cet exil de l'évèque de Valence coïncidait avec des circonstances politiques d'une haute impor- tance : le roi méditait une alliance avec Charles 11, roi d'Angletene, pour entreprendre la guerre con- tre la Hollande; et, pour mieux réussir, il s'adres-

lyGoogle

sait à l'influence de Madame sur son royal frère; cette princesse devenait ainsi le pivot des négo- ciations engagées. Dans une semblable conjoncture, elle eût été bien aise de s'aider des conseils de l'évoque de Valence, en qui elle avait placé la plus grande confiance; d'autant plus que l'une des clauses du traité à intervenir était que Charles II se déclarerait catholique, déclaration bien délicate au point de vue poKtique, en raison du protes- tantisme qui dominait dans ses états. Madame mé- nageait même à cette occasion qu'un chapeau de cardinal, à la nomination du roi d'Angleterre, serait donné à l'évèque de Valence. Elle écrivit elle-même au prélat et lui fit écrire par la mar- quise de Saint-Chaumont, sœur du maréchal de Gramont, gouvernante de ses enfants, lettres sur lettres pour qu'il vint secrètement la trouver. L'évèque, après avoir résisté en raison de son eïil, finit par céder et partit de son dioièse sous prétexte d'aller en Limousin en passant par une ses abbayes; en réalité il prit la route de Paris; le rendez-vous convenu avec la prin- cesse était à Saint-Denis. A Milly, il fut attaqué d'un mal si subit que son neveu qui l'accompa- gnait, Claude de Cosnac de la Marque, tué depuis à la journée de Saverne étant aide de camp du maréchal de Turenne, le conduisit en toute hâte dans Paris pour qu'il fût à la portée des méde- cins; il le ht descendre, sous un nom supposé, rue aux Ours, chez un maître tireur d'or. Le mé- decin appelé trahit son incognito en révélant sa présence à Louvois, qui partageait conti-e l'évèque

lyGoogle

les rancunes de Le Tellier, son père, et qui se méfiait qu'il ne se mêlât des négociations avec l'Angleterre. Comme il y aurait eu scandale à ar- rêter un évéque, il feignit de le prendre pour un faux-monnayeur et envoya des archers pour l'ar- rêter. Le prélat eut beau protester de sa qua- lité d'évêque, on lui répondit qu'on n'y croyait pas et on le conduisit au Fort-l'Évêque. Avant, de quitter son lit, sous prétexte d'un remède, il avait adroitement fait disparaître les papiers dont il était porteur (1). Ces papiers concernaient le chevalier de Lorraine, dont Madame méditait la disgrâce, et l'affaire d'Angleterre. Il eût été aussi dangereux pour Madame que pour le prélat que ses papiers eussent été saisis; en dehors du roi, de ses ministres el de Madame, en France, de Charles II, de milord Arlington et du duc de Buckingbam, en Angleterre, tout le monde igno- rait la négociation entamée avec l'Angleterre, ex- cepté pourtant le maréchal de Turenne, qui eut la faiblesse de confier ce secret à M""* de Coet- quen. Monsieur était tenu soigneusement à l'écart. L'évêque de Valence avait été à la mort; la joie d'avoir fait disparaître ses papiers le rendit à la vie. Il écrivit pour faire reconnaître sa qualité, et comme on ne pouvait prolonger une erreur volontaire, on le remit en liberté, mais avec ordre de se rendre à l'Isle-Jourdain, en Lan-

(1) Le duc de Saint-Simoa et TabbÔ de Clioiay bo eont plu à donner plaisamment dans leurs Mémoires les détails les plus cir- constaociés sur le mode de suppression de ces papiers compro- mettants.

lyGoogle

guedoc, changeant ainsi en un exil plus sévère son précédent exil dans son diocèse.

Madame fut désespérée; elle fit vainement in- tervenir Charles II en faveur de l'évéque de Va- lence. Enfin elle dut partir pour Douvres, lieu choisi pour son entrevue avec son royal frère; elle en revint, rapportant le traité signé entre les deux couronnes. Peu de jours après une mort suhite l'enlevait à Saint-Cloud, et il ne restait plus à Bossuet qu'à proférer ce cri dans son éloquente oraison funèbre : Madame se meurt ! Madame est morte!

Après environ deux années d'exil (1), l'évéque de Valence reçut l'autorisation de retourner dans son double diocèse il s'appliqua, avec le zélé infatigable qui était dans son caractère, aus nom- breuses affaires ecclésiastiques et à la reconstnic- tion de la cathédrale de Die. Ses diocèses, celui de Die surtout, avaient été depuis longtemps envahis par la religion protestante; des temples y avaient été élevés de toutes parts, en dépassant de beau- coup les tolérances de l'édit de Nantes. Le prélat s'adonna tout entier et avec succès aux conver- sions et à la destruction des temples (2), en sorte

(1} L'ttbbé de Choisy dit que son exil dura quatorze ans; nous rectifions celte erreur au moyen d'une lettre de M"* de Sévigné, datée de Valence le 6 octobre 1673, dans laquelle elle écrit A sa fille : 0 J'ai âtâ droit chez le prélat, il a bien de l'esprit; nuus avons causé une heure; ses malheurs et votre mérite ont fait les deux principaux points de la conversation. «

(2) Il obtenait leur dostruclion par dos arrêts rendus par le con- seil du roi ; nous possédons la copie d'un grand nombre de ces

lyGoogle

que lorsque l'Mit de Nantes fut révoqué plus tard^, il ne restait presque plus rien à faire dans les diocèses de Valence et de Die; sur quatre-vingts temples il n'en restait plus que dix ou douze, que la révocation de l'édit de Nantes fit dispa- raître à leur tour; et les dragonnades, cet affreux moyen de conversion imaginé par Louvois, furent presque entièrement évitées. Le diocèse de Valence comprenait une partie du Vivarais, sur la rive droite du Rhône; l'évèqûe convertit et sauva la vie à l'un des principaux ministres de la contrée, Pineton de Chambrun. Ce ministre, délivré de la prison il était renfermé, s'enfuit à Genève, revint ati protestantisme, et, pour se réhabiliter parmi ses coreligionnaires, publia un livre dans lequel il attribue sa conversion aux obsessions du prélat (1).

Depuis le retour de son exil à l'Isle- Jourdain, l'évêque de Valence n'avait pas quitté son dio- cèse, lorsqu'il fut obligé d'accepter la députation à l'assemblée du clergé de 1682. En se rendant à Paris, il s'arrêta à Fontainebleau était le roi, qui lui dit dans une audience particulière dans son cabinet : « Monsieur, je vous ai fait savoir que je n'avais eu aucune part à toutee qui vous est arrivé de désagréable que de l'avoir souffert, je vous le dis encore et en suis très fâché. » Quelque temps après, le roi parlant de lui à l'ar-

(I) Livre intitnié : Les Larmes de Jacquet Pineton de Cham- brun, paileur de la maison du prince d'Orange, Téédilé on tS54 par M. Schœffer, sur l'édition originale de 1688.

lyGoogle

chevêque de Paris, s'exprima en ces termes : « Il faut le garder pour un grand poste. » L'évêque revit Monsieur, qui parut fort embarrassé et qui le présenta à Charlotte-Elisabeth de Bavière, sa seconde femme. L'entrevue fut courte; elle ne pouvait plaire ni à l'un ni aux deux autres.

Daniel de Cosnac, étant évoque de Valence, avait fait partie comme député de quatre assem- blées du clergé de France; les procès-verbaux imprimés de ces assemblées gardent les nom- breuses preuves de la part active qu'il prit à leurs travaux; il était toujours nommé membre des (omûiissions les plus importantes. Il prononça dans l'assemblée de 1666, un remarquable dis- cours sur les limites du pouvoir des papes en matière temporelle, question tout à fait indépen- dante du dogme de l'infaillibilité en matière spi- rituelle qui n'a été proclamé que de nos jours; ce dogme lui-même restait donc, à cette époque, dans le domaine des discussions permises. On ne saurait par conséquent, sans commettre une injus- tice et un anachronisme, infliger aujourd'hui un blâme rétrospectif à l'épiscopat, au clergé et aux catholiques de France, qui, dans leur immense majorité, étaient imbus de la croyance de la supé- riorité des conciles sur les papes et de l'indé- pendance des rois en matière temporelle. Il y a quelque probabilité que ce dernier principe, qui n'est pas touché du reste par la déclaration d'in- faillibilité , sauva la France , déchirée par les guerres de religion, de la victoire du protestan- tisme, contrairement à ce qui s'est passé en An-

lyGoogle

gleterre et dans une partie de l'Allemagne, qui n'avaient pas eu pour lui résister la force locale d'une église nationale respectueuse de la supré- matie spirituelle du saint-siége, mais faisant corps avec le souverain dans les questions d'indépen- dance temporelle. Ces dissentiments étaient loin d'avoir l'aigreur qu'on a voulu y apporter de nos jours; de part et d'autre on respectait la sincé- rité des convictions opposées, et les relations n'en étaient pas foncièrement altérées. Au plus fort de ses difficultés avec la cour de Rome, Louis XIV n'avait jamais cessé d'avoir un jésuite pour con- fesseur; de même les jésuites, bien que n'igno- rant pas les opinions gallicanes de ï'évêque de Valence, plus tard de l'archevêque d'Aix, ne ces- sèrent jamais de lui témoigner la plus grande déférence; il prêchait dans leurs églises; le P. Im- bert, jésuite, lui dédia un poème en neuf cents vers latins intitulé : Sectœ calvinianœ in Gallia tota catholica tumulus. (Valent. 1689, in-4°.) Si- gnalons encore parmi ses apologistes l'auteur d'un livre qui porte ce titi-e : La Vérité découverte par le Mercure d'Aix malgré les ténèbres obscures des médisants sacnléges (1). Notons que toutes ces apologies sont postérieures à l'assemblée du clergé de 1682. Dans cette assemblée de 1682, ï'évêque de Va-

(1) Ce livre, signalé dans U Bibliothèque de France du P. Le- long, se trouve & Aix, k la Bibliothèque Méjanea; il ne porte- d'autre nom d'auteur que les initiales suivantes ; Le S. D. S. O. C. ch. th. D., doat voici la traduction : Le sieur de Sériianis, doc- teur canonique, chanoine théol<^al d'Aix.

lyGoogle

lence ne prit du reste aucune initiative; elle fut prise tout entière par Bossuet, qui dressa dans les célèbres quatre articles une sorte de formulaire des croyances de l'Église gallicane. Ces articles furent désavoués, et néanmoins, au su de la cour de Rome, ils n'ont cessé»d'étre enseignés dans les séminaires qu'après la Révolution de 1830.

L'assemblée de 1685 eut une célébrité d'un autre genre par la révocation de l'édit de Nantes; l'évoque de Valence en fit également partie ; nous avons vu que son zèle n'avait pas eu besoin de mesures violentes pour rétablir la foi dans son double diocèse.

Outre sa mission spirituelle, Daniel de Cosnac avait encore à exercer certains droits temporels d'administration seigneuriale et à régir, en qua- lité de chancelier, l'Université de Valence. Les diplômes étaient délivrés en son nom (1). Tous ces soins l'avaient attaché par des liens étroits ji ses deux diocèses, lorsqu'il fut obligé par le roi d'accepter, en 1687, sa nomination à l'archevêché d'Aix. Les diocèses de Valence et de Die, autrefois distincts, furent de nouveau séparés.

L'arehevê -hé d'Aix, malgré la supériorité de son

(I) Noua possédons trois de ces diplômes. Le plus ancien est écrit en lettres de couleur sur parchemin; les deux autres sont imprimés sur parchemin; ils portent un sceau en cira rouge ren- fermé dans une boite de fer-blanc; l'empreinte représente une Vierge tenant l'Enfant-Jésus, avec cet exergue : Sigillum almx Unioeraitatia Valenlinx; au bas, les armoiries du prélat. Ce sceau, que nous avons communiqué à M. do Bosrcdon, a été re- produit dans lo Bulletin de la Société scientifique, hiatorique et archéologique de la Corréze.

lyGoogle

titre, était bien moins important que les évêchés réunis de Valence et de Die; il avait, il est vrai, des attributions considérables d'un ordre politique, mais elles avaient été usui'pées; ses revenus eussent été insuffisants si Daniel de Cosnac n'eût été titu- laire de plusieurs abbayes, entre autres de celle de Saint-Taurin d'Évreax, que le roi lui échangea plus lard contre l'abbaye, plus importante, de Saint-Riquier. Il y avait à considérer encore qu'en raison des difficultés pendantes, la cour de Borne ajournait l'obtention des bulles, et que tous les évêques nouvellement promus ne pouvaient admi- nistrer leurs diocèses qu'au titre d'évêques nom- més. Il y avait encore à faire entrer en ligne de compte le caractère des provençaux. Il fallut toute l'obéissance que l'on avait à cette époque aux volontés du roi, pour que l'évêque de Valence se résignât à accepter.

En effet, dès le début, des difficultés de toutes sortes surgirent sous les pas du nouvel arche- vêque d'Ai-i ; mais il n'était pas d'une nature à faiblir dans les luttes, et il justifia le mot de Louis XIV lorsqu'il le mit en présence des pro- vençaux : « Vous êtes bien homme pour eux. » Du reste, il sut habilement vaincre tous les obstacles, faire apprécier par ses diocésains sa haute valeur, et, au bout de peu d'années, la paix régnait dans un diocèse qu'il avait trouvé profondément troublé. Il reçut ses bulles en 1693 et le pallium en 1694.

La première difficulté qu'il eut à surmonter fut relative à la présidence des états de Provence,

lyGoogle

qui ne s'appelaient plus que l'Assemblée des com- munautés (1), depuis que Richelieu, pour punir Ira Provençaux de leur caractère ombrageux, avait restreint, en 1639, les attributions de ces assem- blées; cependant ii leur restait encore celle de voter l'impôt. La présidence appartenait à l'archevêque d'Ail ; mais, grâce au comte de Grignan, son frère, lieutenant-général de la province, l'archevêque d'Arles l'avait usurpée. Le différend fut porté de- vant le roi, qui donna raison à l'archevêque d'Aix. M"' de Sévigné, furieuse de l'échec du beau-frère de sa lille, changea alors singulièrement de lan- gage sur le compte de l'archevêque d'Aix dans sa correspondance. Chaque année l'archevêque appor- tait au roi le cahier des délibérations.

Notons encore des difficultés avec l'Université d'Aix, dont l'archevêque mit à néant certaines usurpations par des arrêts obtenus du conseil du roi; des difficultés peu graves avec le parlement, qui se plaignit que les gens de la maison de l'archevêque prissent le pas sur lui, parce qu'il s'en faisait suivre dans les processions; des diffi- cultés avec le chapitre, qui se disait l'arbitre sou- verain du cérémonial, qui voulait s'immiscer, en dehors des règles admises, dans l'administration du diocèse, et qui prétendait en référer au vice- légat d'Avignon; prétentions destructives de l'au- torité épiscopale qui sut se faire respecter; dif- ficultés enfin avec quelques couvents, qui se retranchaient derrière certaines immunités pour

(1) C'est-Mire des communes.

lyGoogle

se croire fondés à refuser de recevoir la visite de l'archevêque.

Pendant l'un de ses voyages à Paris, l'arche- vêque d'Aix conclut le mariage de sa petite-nièce Angélique de Cosnac, fille de son neveu François, marquis de Cosnac, et de Louise d'Esparbez de Lussan d'Aubeterre, petite-fille du maréchal de France de ce nom, avec le comte d'Egmont, duc de Gueldres, prince du Saint-Empire, grand d'Es- pagne, de l'une des plus puissantes maisons des Pays-Bas (1). Angélique avait été élevée par la cé- lèbre princesse des Ursins, sa tante à la mode de Bretagne, à laquelle Daniel de Gosnac avait rendu d'importants services, notamment en lui obtenant du roi une indemnité considérable pour les dé- penses qu'elle avait faites dans l'intérêt de la France, alors qu'elle habitait à Rome {2). Après son mariage, la comtesse d'Egmont reçut dans son hôtel de la rue Taranne, à Paris, la princesse des Ursins revenant de Madrid; l'archevêque d'Aix y logeait également, et ils avaient ensemble des conférences sur les affaires d'Espagne, auxquelles le duc de Saint-Simon attribue une sérieuse importance dans

(1) Voy. sur ce mariage les Mémoires du duc de Saint-Simon; il signale te tabouret chez la reine qui fut donné à la nouvelle com- tesse d'Egmont. La Gmelte du 30 mars, et le Mercure galant du mois de mai ltj97, donnent d'intéressants détails sur ce mariage, qui fut célébré par l'archevêque d'Aix dans l'église de St-Sulpice, à Pans. Le comte d'Egmont n'eut jioint d'enfants de son mariage, et te grand nom d'Egmont passa aux enfants de sa sœur, qui avait épousé un Pignatelh, duc de fiisaccia.

[3) Voy. la Notice dont noua avons fait précéder les Mémoires de Daniel de Cosnac, p. 107.

lyGoogle

ses Mémoires. 11 est certain que l'archevêque d'Aix contribua puissamment à la rentrée en fa- veur de la princesse, un moment disgraciée par Louis XIV, et par suite contribua à son retour à Madrid.

En 1701, Daniel de Coanac reçut du roi la faveur la plus haute et la plus enviée de la cour, il fut nommé commandeur de l'Ordre du Saint- Esprit; il fut re™, le 15 mai, dans la chapelle de Versailles avec le maréchal de Tallard et Henri- Charles de Gambout, duc de Coislin, évèque de Metz, premier aumônier du roi (I). La même année Gabriel de Cosnar*, son neveu, prévôt de l'église métropolitaine d'Aix, agent général du clergé de France à l'assemblée de 1701 , fut nommé évèque et comte de Die. Cette même année encore fut marquée par la mort de Monsieur, diic d'Or- léans, l'auteur de la disgràcej en 1G69, de Daniel de Gosnac. Par un rapprochement et un contraste singuliers, l'assemblée du clergé de France char- gea l'archevêque d'Aix d'adresser au roi, en son nom, un discours de condoléance sur la perte qu'il venait de faire (2).

Comme archevêque d'Aix, Daniel de Cosnac fut

(I) Voy. les Mémoires du duc de Saint-Simon et Vfliitaire des grands ofpcierê de ta Couronne, du P. Anselme; les preuves de noblesse de Daniel de Cosnac pour l'Ordre du Saint-Esprit, t. II de ses Mémoire». La Gazette du 20 mai 1700 doutie le récit de celta cérâmonie,

(î) Ce discours, prononcé à Versailles le 19 juin 1701, est inséré dans les procès -ver baux imprimés des assemblées du clergé do Frwice; nous l'avons reproduit à l'appendice du t. II des Mé- moires de Daniel de Gosnac.

lyGoogle

député à quatre assemblées du clergé de France, celles de 1690, de 1695, de 1701 et de 1707; il y fut, comme précédemment, membre des commis- sions les plus importantes. Depuis que la guerre de la succession d'Espagne avait jeté la France dans une phase difficile, des subsides considéra- bles étaient demandés au clergé, et le patriotisme de l'archevêque d'Aix, président de la commission des contrats et moyens, c'est-à-dire des finances, ne marchanda jamais les sacrifices.

A son retour à Aix, après la clôture de l'assem- blée de 1707, une grande tristesse lui était ré- servée; il trouvait la Provence en partie envahie par le duc de Savoie à la tète d'une armée; le maréchal de Tessé avait établi à Aix son quartier- général pour repousser cette invasion.

La dernière heure de la longue vie de Daniel de Cosnac allait sonner; il termina à Aix, le 21 janvier 1708, une existence laborieusement rem- plie; il comptait cinquante-trois années d'épis- copat, qui faisaient de lui le doyen des évèques de France (1). Il laissa par son testament des legs au séminaire et aux deux hôpitaux de la ville d'Aix. Dans le cours de son épiscopat, il s'était occupé de la solution d'une grave question que notre époque n'a pas résolue encore, mais à la- quelle il avait fait faire un grand pas dans son diocèse; nous voulons parler de l'extinction de la mendicité et des vagalionds, en réunissant dans

(1) Voy. sur sa mort les articles de février 1708 de la Gazette et du Nouveau Mercure.

lyGoogle

460

des maisons créées à cet effet les mendiants inca- pables de travail, et en obligeant les vagabonds valides à rentrer dans leurs paroisses (1).

Il avait arrêté la rédaction de ses Mémoires à l'année 1701, et publié en 1687, comme évèque de Valence et de Die, des Ordonnances sy- nodales (2).

Les obsèques de l'archevêque d'Aix fiu'ent célé- brées avec une grande pompe. Un curieux docu- ment inédit que nous reproduisons, donne le récit de sa dernière maladie et des cérémonies de ses funérailles. Cette relation fait partie de la biblio- thèque MéjaneSj réunie aujourd'hui à la biblio- thèque de la ville d'Ais; elîe est insérée dans un volume coté lïxxhi, portant au dos : Règlement de Saint-Sauveur, église métropolitaine de la ville d'Aix. Son auteur est d'autant mieux informé qu'il remplissait les fonctions de maître de chœur et qu'il régla lui-même en cette qualité tout le céré- monial. Il est à regretter qu'il se soit presque exclusivement renfermé dans une froide consta- tation des faits, sans faire participer le lecteur aux impressions qu'ils ont pu produire, pas même à celle de l'oraison funèbre qui fut prononcée par le R. P. Saint-Just, ne s'émouvant que pour lui-

(1) Voy. sa lettre datée d'Aiï, le 29 septembre 1708, au marquis de Crotssy, ministre -secrétaire d'Ëtat, que nous avons acquise dans une vente d'autographes et publiée dans notre premier Supplément à ses Mémoires, Bulletin de la Société de l'Histoire de France, année 1853.

(2) Nous possédons un exemplaire de la quatrième édition de ces Ordonnances.

ibyGoogle

même, faisant ressortir toute la peine qu'il s'est donnée et paraissant trouver un peu maigres les honoraires qui lui furent alloués. Toutefois, les faits que renferment sa relation sont préférables au récit de ses impressions; parmi les faits nous trouvons des détails sur la maladie et sur la mort édifiante de l'archevêque, le cérémonial observé après la mort dans le palais de l'arche- vêché, l'ordonnance du cortège des obsèques qui parcourut toute la ville d'Aix, les places assignées à la maison de l'archevêque défunt, aux évêques, aux paroisses, aux corporations religieuses, au corps de ville, au parlement qui s'était rendu aux ob- sèques tandis qu'il s'était abstenu à celles du car- dinal de Grimaldi(l). L'archevêché d'Aix comptait cinq évèques sutTragants dont deux assistaient aux funérailles, l'évêque d'Apt, prélat officiant, et l'évêque de Riez (2). Un troisième évêque était présent, Gabriel de Cosnac, évêque de Die, neveu de l'archevêque défunt.

Parmi les faits que contient cette Helation, il en est un particulièrement à noter, celui de la date de la mort de l'archevêque d'Aix, ses divers biographes et les auteurs de généalogie ayant varié sur le jour. La nomenclature des archevêques et

(1) Jérânie de Grimaldi, archevêque d'Aix du 30 septembre 1648 au 4 novembre t6Sâ.

(2) Voici les noms des cinq évâques sufFragants vivants à cette époque : Joseph- Ignace do Foreata, évôquo d'Apt; Jacques Desma- rets, évêque do Riez; André-Hercule de Fleury, évêque de Fréjus; François-fierger de Halissol, évêque de Gap; Louis Thomassin, évêque de Sisteron,

T. Vil. B-*

lyGoogle

évêques de France, insérée dans l'Annuaire de la Société de l'Histoire de France, d'après le Gal- tia christiana, donne la date du 8 janvier; le Nobiliaire de Saint-Alais et la Nouvelle Bio- graphie générale, donnent la date du 18 janvier que nous avions également adoptée dans notre Introduction à ses Mémoires; désormais, sur un témoignage irrécusable, cette date reste fixée au 21 janvier 1708.

lyGoogle

CÉRÉMONIE DES OBSÈQUES

MONSEIGNEUR DANIEL DE COSNAC

ARCHEVÊQUE DAIX 0)

MALADIE DE HONSBISNECR l'aUCHEVÊQUB 1707.

Mgr l'archevêque Daniel de Cosnac estant tombé malade au commencement du mois de décembre de l'année 1707, quelques jours après son mal empirant nous lui poi'tâme.8 le Saint- Viatique ; tout le clergé y assista parce que c'es- toit au temps de la grande messe. Chacun avoit un flam- bleau allumé, nous en prîmes plusieurs à la sacristie; après, avant que de partir, on en apporta de chez Mgr l'archevêque. Le dais estoit porté par quatre prastrea, et M. l'abbé de Quillac, prévost et grand-vicaire, le luy porta, et le resceut avec grande édification ; les flambeaux fournis par le Sgr archevêque resteront la moitié à la confrérie de Corpus Domini; l'autre moitié

Quelques jours ensuile, nous exposâmes le très Saint- Sacrement pour demander au Seigneur le recouvrement de sa santé, et cela pendant trois jours; on l'exposoit après quatre heures, ayant dit vespres, à l'ordinaire; et on don- noit la bénédiction un grand quart d'heure après, y chan- tant le tantum ergo. Le X et celuy des infirmes Satvum

(I) Nous reproduisons littéralemont ce document avec son ortho- graphe du temps et son style médiocre et confus; son mérite con- siste daiis l'exposé des (aits dont son auteur se trouve avoir con- servé la mémoire.

DigmzcdbyGoOgle

464

servum luum Danielem infirmum. R/ Deus meus sperantem in u, et les deux oraisons, et ces mêmes prières suÎToienl dans toutes les églises de trois en trois.

Comme la maladie a duré presque deux mois, lorsqu'on avoit fini, nous recommeDcioas, et nous l'avons fait trois fois, et à la dernière qui fiit après la feste des Rois de l'année 1708. Comme il y avoit plus de dix jours qu'il pleuvoit continuellement et que le peuple ii'alloit pas à la campagne, nous l'exposâmes après le benedicamus Dewn, que nous disions à l'heure ordinaire,

(Prières pour demander la sérénité 1708.)

HORT DE UONSBIGNEUR L* ARCHEVÊQUE DANIEL DE COSNAC

Monseigneur Daniel de Cosnac est mort le 21 dernier à dix heures et demy du soir de l'année 1708. Le di- manche 22 on a commencé de sonner toutes les cloches à volées, sur les six heures du matin, pendant uoe heure, faisant un intervalle entre deux d'un quart d'heure, au- quel temps on sonne même seul. On a fait la même chose à midy, à quatre heures, et le soir à huit. Ou a gardé cette règle tous les jours jusques au vendredy 27 du mois, auquel jour oo l'a ensevely; c'est-à-dire qu'on sonna qua- tre fois par jour, comme je viens de le marquer. D'alwrd qu'il fut jour le dimanche, on me fit appeler de la part de Mgr révéque{I), qui avoit été auparavant prévost de nostre église; lequel estoit venu avec Mgr l'archevêque, depuis son dernier voyage de Paris, pour me demander de quelle manière on devoit se comporter en de sem- blables occasions, et ce qu'on avoit fait à feu Mgr le cardinal de Crimaldi, auparavant nostre archevêque. Je répondis ce qui est marqué dans la suite, et ce que je fis faire d'aboi-d.

Ou embauma en premier lieu le corps de feu Mgr l'ar-

(I) Gabriel de Cosnac, ôvÉque de Die, neveu de l'archevêque dâlunt.

lyGoogle

465

chevesque Daniel de Cosnac. Dans ce temps-là je fis dresser dans la grande salle un théâtre et par dessus un lit de parade; à l'enlour, des bancs couverts de napes et des chandeliers pur dessus au nombre de 16 à 18 des plus gros de nostre église, des ciergee d'une livre qu'on changeoit tous les matins; ensuite on dressa deux aulels fort propres avec leurs gradins, croix, tableaux, quatre chandeliers à chacun avec leurs cierges d'une livre qu'on changeoit avec les autres, et bruloient tous les jours; les autels avoient des ornements noirs. Toute cette grande décoration esloit entourée de gros bancs de ceux qu'on est assis aux prédications, qu'on porte dans nostre église et qu'on couvrit de grands tapis de couleur.

Tout cela estant ainsi disposé, le dimanche au soir on mît sur le lit de parade le corps de feu Mgr l'arche- vesque, habillé en soutane et camail violet, le rabat et le bonnet avec l'Ordre du Roy(l). On y mit le bénitier d'argent sur un banc et deux ecclésiastiques demeurèrent toujours, un diacre et sous-diacre, se relevant les uns après les autres deux à deux, tous les cierges qu'on changeoit ont esté à eux. Le lundy après la grande messe, le cha- pitre y fut en -corps faire l'absoute; ayant auparavant député quatre chanoines pour visiter le corps, et, à leur retour, procédé à l'élection des grands vicaires. On y chanta le De profundis en musique et acheva l'ybsoute à l'accoutumée; je ils ensuite avertir les six paroisses après murs du séminaire; lequel séminaire y fut d'abord; après le chapitre. Le môme jour, la paroisse Sainte-Magdeleine ; le mardy, celle du Saint-Esprit, autrement Saint- Jérôme ; celle du Faubourg. Ensuite je fis avertir tous les religieux dedans et dehors la ville, auxquels je marquai le jour et l'heure pour faire leur absoute. Les cinq compagnies des pénitents, la charité et le grand hôpital, auxquels je mar- quai aussi le jour et l'heure, afin d'éviter confusion; de manière que de celte- façon presque toutes les heures du

(t) C'est-à-dire l'Ordre du Saint-Esprit.

lyGoogle

466

lundy, mardy, mercredy et jeudy il y eut toujours quelque communauté auprès du corps du Sgr archevêque, outre les deux ecclésiastiques qui y estoient jour et nuit. Pen- dant ces quatre jours, et quelques heures du vendredy, il y eut toujours des messes aux deux autels; beaucoup des R. R. P. P. Religieux y furent, mais je ne les avertis pas, pour y dire la Sainte-Messe.

Le corps ayant demeuré le lundy et mardy exposé en camail, le mercredy, grand matin, je ûs habiller pontifl- c-ilement avec des ornements violets qu'on fit faire exprès; on y mit encore l'Ordre du Roy et le paltium; avec tous lesquels ornements on l'enterra, Nota. Tout ce que j'ay fait jusques à cette heure, ou fait faire, ce n'est pas de ' l'employ du maître du choeur, mais je l'ay fait parce que Mgr de Die et M. le prévost de Quillac m'en ont prié; mais pour faire avertir toutes les paroisses, communautés, compagnies des pénitents et hôpitaux pour l'absoute, c'est de mon devoir et par conséquent de celuy qui sera maître du chœur après moy.

DÉCORATION DE L'ÉGLISE POUR LES OBSÈQUES

Depuis le lundy matin on commença à orner le chœur de tapis noirs, et par dessus les armoiries du Sgr arche- vesque, aux tribunes des orgues aussi, tout le presbitaîre jusques au bas avec rangs d'armoiries, au plus haut rang il y avoit un trelis noir tout autour. On dressa au milan du chœur une chapelle ardente à laquelle on montoit par le devant, et il y avoit une balustrade tout à l'entour de laditle ch;ipelle; il y avoit quantité de cierges par . dessus et au dcd;ins. Elle étoit ornée d'une pente de velours tout autour et une auli-e au grand dais du maître autel sur un trélis. Il y avoit aussi un Uipis noir au dessous de la grande porte de l'église et de celle du chœur avec trois armoiries à chacun.

On couvrit tout le maître autel de noir avec les armoi- ries ou écusson du Sgr archevêque, et on y mit vingt- quatre chandeliers d'argent avec de grauds cierges et une

lyGoogle

467

armoirie à chacun. On dressa un thrône pour Mgr de Foresta, évâijue d'Api; on le couvrit d'un lapis noir, et le marchepied du maître-autel aussi; on mit le drap iioir au devant du tombeau du roi Charles; mais point de dais; on dressa pour la musique un autre théâtre, au devant de la porte de Notre-Dame d'Espérance, joignant celuy de Mgr l'évèque d'Api, mais de beaucoup plus bas. On mit sur le thrône du Sgr évesque un fauteuil et trois pliants pour l'assistant, le diacre et le sous diacre.

Mgr l'évesque de Riez voulut assister à la cérémonie; on mit du costé de la crédence un prie-Dieu couvert d'un tapis violet avec deux carreaus et an fauteuil.

ILUtCHB DE LA PROCESSION LUGUBRE

La croix de Saint-Sauveur, avec la bannière noire, portée par un sous-diacre, habillé en aube et dalmatique noire; deux enfants habillés de même portant leurs chan- deliers et cierges allumés avec deux armoiries. On Ht le tour des processions, mais au rebours. On commença du ' costé de M, le Président de la Bastide, et on revint par la grande horloge. Ensuite suivirent M" les recteurs, les licenciés, avec leurs flambeaux à écussons fournis tous par Mgr l'évesque de Die. Messieurs Les recteurs du Refuge.

du Bon Pasteur, des Prisonniers, de la Pureté, de la Propagande. La compagnie pour l'accord des procès. Nota. Mais parmi eux il 7 eut des contentions, ce qui me donna bien de l'exercice et beaucoup de fatigue, et je m'en sentirai longtemps; joint à la peine que me donna toute la cérémonie à laquelle je fus pourtant aidé par M. Blanc, bénéficier, mon confrère et bon amy. Vint ensuite la compagnie des Pénitents gris avec cha-

lyGoogle

468

cun leurs ciei^es; celle des bleus, de même avec leurs cierges.

Les trois autres compagnies : celles des Garnies, des Qoirs, et de l'Observance, auxquels on donna à chacun huit flambeaux de quatre livres pièce.

Toutes les communautés des religieux, selon l'ordre des processions, auxquels on donna de grosses chandelles.

Aux funérailles de feu Mgr le cardinal Grimaldy, à cette place marcha le collège et ses flambeaux, ainsi qu'il est marqué dans un rôlle que j'ay trouvé escrit par feu M. Broquier, maître du chœur alors; mais dans cette cérémonie n'y ont pas esté.

Api-ès les flambeaux de Pierricard, ceux du Puy, ceux de Jonques. C'est ainsi que je l'ay trouvé marqué dans le même rolle, et M" de Jonques m'éstant venus voir pour me demander leur rang, je leur lis ledit rolle, mais M" du Puy m'ayant dit ensuite -qu'aux funérailles de feu Mgr le ciirdinal Grimaldy, la chose avoit esté décidée en leur faveur, et qu'ils estoienl les plus anciens, je leur répondis que M" dir Parlement qui dévoient assister à la cérémonie, le règleroîent. En effet, il fut

(Ici un« lacune dans le manuscrit.)

Ensuite les vingt-quatre pauvres de feu Mgr l'arche- vesque avec leurs flambeaux et armoiries;

Les flambeaux de la ville et écussons;

Ceux du pays, de mesme;

Les trente-six du chapitre et armoiries;

Les flambeaux du diocèse et écussons ;

Ceux de la généralité de Provence, de même avec leurs écussons.

Jusques icy j'ay suivy l'ordre qu'on garda aux funé- railles de feu Mgr le cardinal; mais comme M" du Parlement n'y assistèrent pas, et ont assisté à celles de feu Mgr de Gosnac, M. de Michaelis commissaire de la cour pour cette cérémonie, me dit très expressément, et M' l'abbé de Quillac me l'avoit dit aussi le soir aupa-

ly Google

ravant, que la cour vouloit que ses flambeaux marchas- sent les derniers, et qu'au lieu que la famille de feu Mgr le cardinal au nombre de treate quatre, march&t, avec leurs flambeaux à écussou, après le chapitre immé- diatement, et avant ceux de la Miséricoi-de, au contraire il falloit faire mareher celle de Mgr de Cosnac (qui n'estoit pas si nombreuse de beaucoup) avant les flambeaux du parlement, ce que je fis exécuter.

Après marcha la nouvelle paroisse du Faubourg servie par les R. R. P. P. de la doctrine chrétienne avec leur croix ;

Celle du Saint-Esprit ou Saînt-Jérôme ;

Celle de Sainte-Magdeleine, toutes aussi avec leur croix, et MM. les vicaires avec l'étole;

On donna à tous un cierge;

Ensuite la niasse du chapitre ;

La communauté du Séminaire qui estoit fort nombreuse;

On donna un cierge à chacun ;

Les enfants du chœur; MM. les prestres de chapelle, bénéficiers et chanoines;

Les seize flambeaux de la Miséricorde portés par MM. les recteurs ;

La croix de feu Mgr l'archevesque;

Ses deux aumdniers en surplis;

Son valet de chambre en manteau long portoit le cha- peau veit de feu Mgr l'archevesque.

Il falloit encore un autre domestique en mesme ha- billage portant un carreau de velours, et par dessus l'Ordre du Roy. On y manqua, et on a regretté de ne l'avoir fait.

Suivoit le corps (porté par huit prestres habillés en aubes et étoles noires se soulageant par intervalle). Dans la bière, fournie par les pénitents de l'Observance, et cela par délibération du chapitre faite à l'occasion des funé- railles de feu Mgr le cardinal Grimaldy, ornée ladite bière d'un ornement violet fourni par les héritiers de

lyGoogle

470

feu Mgr de GosDac. Il y avoit tout au devant quatre péni- tents de la même compagnie de TObserrance pour sou- lager les huit prestreB, en cas de besoin; il y avoil guatre commissaires du parlement, deux en devant et deux par derrière de ladite bière.

Devoit suivre les deux aumôniers de Mgr l'évesque d'Apt, car c'est leur place, ainsi qu'ils estoient placés aux funérailles de feu Mgr de Grimaldi; mais MM. les commissaires du Parlement ne les voulurent pas à cette place. Je les fis mettre au devant de la c-roix de Mgr l'ar- chevesque défunt; suivit ensuite le diacre et sous-diacre, l'assistant et Mgr l'évesque d'Apt, sans sandales, gants et bàtoQ pastoral, ayant une mitre de toile d'argent, et son valet de chambre luy relevant la chape.

Suivent ensuite MM. du Parlement et MM. les procu- reurs du .pays à leur guise. Je fis partir la procession lugubre longtemps avant que MM. du parlement fussent venus à l'archevêché, afin de faire diligence, et je n'avertis MM. du chapitre pour venir faire la levée du corps que lorsque tous les religieux eurent passé. Devant que le clergé fut arrivé on fit l'absoute à l'accoutumée; étant achevée, les choristes en chapes et bourdon entonnèrent le psaume Miserere, lequel on continua tout le long de la marche, la musique répétant toujours le V/ Miserere; j'avois donné ordre de faire l'absoute devant le palais et à l'hôtel- de-ville, mais on ne la fit qu'au dernier, MM. les com- missaires m'ayant dit que le parlement depuis longtemps avoit réglé qu'on ne faisoit l'absoute devant le palais que pour MM. les présidents et pour le doyen. J'ay pour- tant trouvé qu'on la fit pour feu Mgr de Grimaldy et qu'on chanta le De profundU en musique, et à l'hôtel-de- ville; mais MM. du parlement n'y assistëreût pas comme j'ay déjà marqué; je me suis informé de la raison pour- quoy, on m'a dit que c'estoit parce qu'il n'avoit pas esté receu conseiller.

Quand on fut arrivé dans l'église, non sans peine, à cause de la grande foule, on entra dans la cour avec

lyGoogle

471

encore plus de peine, quoyqu'il y eût depuis le matin des archers aux portes; on posa le corps dans la chapelle ardente, et on fit l'absoute à l'accoutumée.

Estant finie, Mgr d'Apt et tous les officiers qui dévoient l'assister à la grande messe, allèrent sur le thrône, où, ayant quitté la chape noire, on luy donna à laver les mains, prit les tunicelles blanches, le manipule; le diacre et sous diacre les leurs, et nous descendîmes au dernier ■degré de l'autel pour commencer la messe à l'ordinaire.

Quand il monta à l'autel il le baisa et son livre, et sans faire aucun encensement, l'assistant luy mit la mitre et monta sur le thrône, l'assistant luy osta la mttre, et dit Vlntrolt, estant debout, assisté de ses aumôniers; lorsqu'il dit l'oraison tous sont à genoux, excepté le diacre, sous-diacre et l'assistant; quand il est à la an, le sous-diacre quitte sa place, fait l'inclination à l'êvê- que, passant du milieu du maître-autel, fait génuflexion au Saint-Sacrement et va. commencer l'épitre; l'oraison finie, l'évêque s'assit, l'assistant luy donne la mitre et Ut tout bas l'épitre, le graduel, la prose et l'évangile; quand le sous-diacre a achevé l'épitre, monte sur le thrône, et sans aller baiser la main de l'évêque, il donne le livre au diacre, en faisant une inclination mutuelle, le diacre va le mettre sur l'autel, et se mettant à genoux, dit : Munda cor meun, etc., et lorsque le chœur a achevé la prose, il commence l'évangile à l'ordinaire ; on ne doit pas porter de lumière, ny d'encensoir, alors l'évêque se lève, et on luy oste la mître. L'évangile estant achevé, on ne porta pas le livre pour le faire baiser à l'évesque, mais il' dit Dominvs vobiscum, et lit l'offertoire. Il s'assit, on luy donna la mitre, lave ses mains et tous vout à l'autel estant arrivés au bas du second degré, l'assis- tant luy oste la mître, et continue la messe; après qu'il a encensé l'autel, l'assistant luy met la mître et est encensé luy-mesme de trois coups par le diacre (on a coutume dans Saint-Sauveur d'en donner cinq à Mgr l'archevesque). L'assistant luy rate la mitre, et l'arche-

lyGoogle

472

vesque découvert va faire l'offrande que le sous-diacre resçoit dans un petit bassin; il remonte à l'autel, on luy donne la mître et d'abord à laver les mains; on la luy OBte, et continue la messe; il faut donner de TeneenB à l'élévation du Très-Saint-Sacrement; il n'y a. point de paix à donner. La messe achevée, tous vont au throne, l'évesque quitte la chapelle, la dalmatique et la tunicelle, le manipule; le diacre et sous-diacre aussi quittent seu- lement leur manipule et on donne à Mgr l'évesque le pluvial.

Le R. P. Saint-Just de suite, qui St l'oraison funèbre, passa du costé de la sacristie n'ayant pu aborder les portes du chœur; estant arrivé à l'autel, il fit génuflexion au Saint-Sacrement, et sans demander la bénédiction, car il n'en faut point donner, il monta par une échelle du costé du chœur, dans la grande chaire. Mgr l'évesque d'Apt, MM. l'archidiacre assistant, Lauthier, diacre, et Castellane, sous-diacre, se placèrent au mitaii du chœur, et s'assirent sur le^ mesmes chaises qui estoient sur le throne, et que je fis apporter.

Pour faire en sorte que la cérémonie fut plus tôt ache- vée, sur la fin de la messe, laquelle fut achevée après uue heure, je priai MM. les quatre chanoines destinés de la part du chapitre pour faire les absoutes, de venir prendre leurs étoles et chape que j'eus soin de faire ap- porter, et tous ensemble, descendirent au chœur, ceux-ci ae placèrent sur le théâtre de la chapelle ardente, chacun à leur place Junior sedet ad sedam dextrum ad humerum sinistrum ad pedem sinistrum gui erit senior ad humxrum dextrum (pont. Rom.); scavoir : le plus jeune au coin de M. le capiscol, le second à celuy de M, l'archidiacre, le troisième à celuy de M, le prévost, le quatrième qui est le plus anscien à celuy de M, le sacristain, tous assis sur un [escabau.

L'oraison funèbre estant achevée. Mgr l'évesque de Riez {lequel après la messe estoit descendu au chœur, et s'esloit

lyGoogle

473 -

placé derrière la chapelle ardente pour entendre l'oraison assis sur le mesme fauteuil qu'il avoit durant la raesae), se relira; et on commença la première absoute, ainsi qu'il est marqué dans le pontifical ; mais auparavant Mgr l'é- vesque d'Apt dit l'oraison : ffon intres in judicium etc., et après les choristes entonnèrent la première ahsoute, Sub- venite Sancti Dei^ etc., en même temps, celuy qui portoit le bénitier avec l'eau bénite, et le thuriféraire ayant l'encensoir, s'approchèrent vers le plus ancien chanoine qui estoit du costê de M. le sacristain, lequel estant debout mil de l'encens dans l'encensoir, rccevoit des mains du diacre la navette. Il faut remarquer que le diacre qui estoit placé au costé droit de l'évesque sur le devant de la chapelle ardente à la teste de l'évesque, est avec l'assis- tant et le sous-diacre; qu'il quitte sa place pour se joindre au plus ancien chanoine qui estoit placé au coin qui re- gardoit la place de M, le sacristain, pour le servir à l'accoutumée durant qu'il faisoit son absoute, luy ayant présenté la navette pour mettre de l'encens dans l'en- censoir, luy relevant la chape dans le temps qu'il asperge le corps du défunt, et faisant génuflexion à la crois quand il y passe, et l'officiant inclination, et tous deux faisant inclination en passant devant l'évesque officiant et ceux qui sont aux trois coins destinés pour faire les absoutes; la luy refait aussi quand il encense. La première absoute étant Unie, tous s'assient et se couvrent; et le diacre prend la première place à la droite de l'évêque officiant, le sous- diacre ne quitte pas sa place; on commence la deuxième absoute.

Deuxième absoute. Qui Lazarum, etc. Alors les aco- lyles s'approchent du chanoine qui estoit du costé de M. le prévost qui est le second ancien chanoine; le diacre l'assista comme à la première absoute.

TnoisiÈuE ABSOUTE. Domine quando vénères, etc. C'est le troisième ancien chanoine qui fait cette absoute et qui

lyGoogle

est placé au coia du costé de M. l'archidiacre; il est assisté des mesmes oMciers, comme aux précédentes, etc.

QuATitiÈUE ABSOUTB. Ne rscortiaris, etc. C'est le plus jeune chauoine qui doit faire cette absoute, qui est placé au coin du costé de M, le capiscol, et il est assisté tout de même qu'aux autres.

Cinquième absoctb. C'est l'évesque qui fait la cin- quième et dernière absoute, qui est le grand Libéra me Domine, etc., et on garde les mesmes cérémonies qu'aux précédentes.

Quand elle est achevée, les choristes entonnent le R/ In Paradinim, etc.; le cantique Benedictus; l'oraison; les cho- ristes le V/ Bequiescal in paee, Amen, et on repose le corps du défunt archevesque dans la chapelle de Saint-Jean, ou de Sainte-Mitre qu'on ferme à clef, et on l'ensevelit le soir pour éviter la foule.

On donna (l)pour l'absoute uonante livres pour la mu- sique, soixante pour les sonneurs des cloches; la sacristie prenant sa portion deux cent cinquante livres. Ou a em- ployé les sonneurs des grandes fêtes, qu'on nomme cam- paniers de ville, lesquels ont sonné quatre fois par jour depuis le matin du dimanche jusques au vendredy, le matin, jusqu'après la cérémonie; on sonna encore le soir, et le matin du samedy pour le service auquel Mgr l'évesque de Die assista accompagné de MM. le prévost de Quillac, et l'abbé de Fargues, chanoine, ses cousins, avec les ofQ-

(1) Ce compte est exposé d'une manière aingutiËremenl confuse; maîa on le comprend en y rëdéchisasint et en calculcuit la valeur du louis à 13 livres 5 sols, d'après l'auteur. Celui-ci, en aa qualité do maître do chœur de l'église métropolitaine de Saint- Sauveur, reçut pour ses honoraires ; 1' 20 livres; 2* I louis 1/2, c'est-à-dire 19 livres et IS sols; 2 louis de l'offrande, c'est-à-dire 26 livres 10 sols. En totalité il reçut 66 livres S sols. La même somme d'argent valant environ cinq fois plus aujourd'hui, ses honoraires montent approxi- mativement à la somme de 332 francs.

DigmzcdbyGoOgle

^ 475

ciers de feu Mgr l'archevesque et tous ses domestiques. Ou donna demi louis à chacuu des deux diacres, et deus sous-diacres qui avoîeat veillé le corps de Mgr l'arche- vesque, outre les restes de cierges qu'on ostoit tous les jours, ainsi que j'ay dit. Quant à moy, on me donna vingt livres pour mes peines, outre un louis et demy, Caisant en tout vingt livres moins deux sols et demy; que deui de l'oO^ande. On donna enfin à l'enterre-mort deui louis et demy, valant chacun treize livres cinq sola.

lyGoogle

„Googlc

DE LA CLASSIFICATION

MONNAIES GAULOISES

„Googlc

DE LA CLASSIFICATION

MONNAIES GAULOISES

(LECTURE FAITE k U SORBOHNE LE 8 AVRIL 1885)

mALGRÉ les progrès récents qu'elle doit à quel- qaes savants, l'étude des monnaies gauloises est assurément celle qui présente encore le plus de problèmes à résoudi'e; certaines classifications proposées par les maîtres les plus autorisés ne sont point admises par tous, et dans nombre de cas les provenances, qui sont le point capital dans toute attribution, ne paraissent point avoir été établies avec toutes les garanties désirables. Tou- tefois les grandes lignes ont été largement tracées; quantité de dépôts monétaires, étudiés avec mé- thode, ont procuré d'utiles renseignements, tandis qu'une critique éclairée faisait justice d'hypothèses trop légèrement mises en avant.

Cependant en présence de la répartition, sou- vent arbitraire, qu'on a cru pouvoir faire des monnaies entre presque tous les peuples de la Gaule, il convient, je crois, d'examiner s'il est réellement possible d'admettre certaines classifica- tions proposées par des numismatistes dont les noms font autorité, et par exemple d'accepter que

lyGoogle

chaque cité ait eu un monnayage caractérisé par un faire spécial, permettant d'attribuer avec cer- titude ses produits aux différents peuples sur le territoire desquels on les rencontre plus particu- lièrement.

Que les découvertes habituelles, dans une même région, de monnaies à un type bien déterminé aient entraîné leur attribution au peuple qui y dominait, rien assurément au premier abord ne parait plus logique, en l'absence de toute légende mentionnant une nationalité; mais comme ces monnaies se retrouvent toujours dans une étendue de territoire qui ne saurait être circonscrite à une seule cité, il devient souvent difficile de déterminer à quel peuple il convient de les attribuer. L'in- certitude grandit encore quand les découvertes faites sur le sol de deux cités voisines procurent des espèces présentant entre elles une grande con- formité de type.

A cette époque en Gaule, comme dans tous les temps et chez tous les peuples, l'apparition d'un type nouveau a fait surgir dans les pays limi- trophes des imitations directes qui peuvent être confondues avec les prototypes. De cité à cité voi- sine, en raison de la loi d'imitation à laquelle aucun art ne peut se soustraire, les espèces sou- mises à ce courant prennent un air de famille, un caractère nettement déterminé qui, s'il en impose l'attribution aux différentes régions de la Gaule, augmente en même temps l'incertitude l'on se trouve, quand il s'agit de les sous- répartir entre les nations qui peuvent y prétendre.

lyGopgle

En présence des difficultés sans nombre qu'offre l'étude des monnaies gauloises, il serait plus pru- dent, croyons-nous, de ne point tenter de les attribuer à tel ou tel peuple, mais de les grouper par grandes régions, en s'appuyant sur le fait de provenances multiples et bien constatées, et sur la conformité des types. C'est seulement après avoir établi les grandes divisions, que comporte l'ensemble du monnayage gaulois, qu'il deviendra possible d'entreprendre sérieusement l'étude de chaque groupe, et d'aborder leur répartition entre les diverses cités de la région, en tenant compte des relations politiques, géographiques ou com- merciales qui existaient entre ces cités.

Déjà une première tentative dans ce sens a été faite lors de l'exposition de i878. En soumettant au public sa riche collection de monnaies gau- loises, M. Ch. Robert avait adopté, pour le clas- sement des séries, la division en six grandes régions : la Massaliétide, petite province que sdn système monétaire et ses types grecs classent forcément en dehors du monnayage gaulois pro- prement dit ; la Région méridionale, comprenant l'ancienne Aquitaine et la Province romaine jus- qu'à Lyon inclusivement; le Centre, c'est-à-dire la Celtique de César moins les provinces mari- times situées entre la Loire et la Seine; VOue»t de la Celtique, renfermant l'Armorique et les cités maritimes voisines; le Nord de la Gaule occupé par les Belges; enfin les Régions trans- rhénanes et danubiennes situées en dehors de la Gaule antique.

lyGoogle

Si ces grandes divisions, tracées à un point de vue purement géographique, sont conformes à l'état de la Gaule au monaent de la conquête, facilitent-elles le classement des monnaies? les espèces de la Région méridionale présentent- elles des caractères généraux qui permettent d'y retrouver une origine commune? Celles du Centre appartiennent-elles à une même famille? et ne serait-il pas possible, tout en tenant compte da grand partage territorial indiqué par César, d'adop- ter, pour l'étude des monnaies, un certain nom- bre de subdivisions correspondant aux bassins des grands fleuves, routes naturelles par lesquelles, comme une marchandise, le numéraire des peu- ples les plus avancés en civilisation s'introduisit peu k peu chez leurs voisins?

Sur divers points du littoral de la Méditerranée, et longtemps avant l'époque de la conquête, exis- taient plusieurs centres commerciaux très impor- tants dont les types monétaires, empruntés à la Grèce, devaient eux-mêmes devenir plus tard les prototypes du monnayage gaulois dans la région du Sud. C'est en effet par les gi'ands marchés d'Emporium, de Rhoda, de Narbonne, de Béziers et de Marseille que le signe d'échange, destiné à faciliter les transactions, se répandit dans toute la région avoisinant la Mer Intérieure, et pénétra chez les peuples avec lesquels, établies d'abord par voie d'échange, les relations devenues plus consi- dérables avaient imposé l'usage du numéraire.

Les grands fleuves étaient alors les seules voies

lyGoogle

483

par lesquelles le commerce pouvait se répandre dans l'intérieur des terres, et ce fut par leurs affluents qu'il devint possible de remonter jus- qu'aux contre-forts des grands bassins de la Ga- ronne, du Rhône, de la Loire, de la Seine et du Rhin, de les francbir sur les points les plus accessibles aux animaux de charge, et de passer d'un bassin dans un autre. C'est ainsi qu'en uti- lisant le cours des fleuves, le commerce faisait parvenir ses produits et ses marchandises sur les marchés des cités de la Gaule.

Permettez-moi, Messieurs, de développer ma pensée sans entrer dans trop de détails.

Prenons d'abord le Rhône, cette grande artère qui ouvrait au monde antique les terres si long- temps inconnues du centre et du nord de la . Gaule. Après avoir remonté le cours de ce fleuve, dont la navigation était pénible et parfois péril- leuse, les marchandises, engagées dans les affluents de la rive droite, atteignaient les Cévennes, les franchissaient à l'aide de botes de somme, et gagnaient par le pays des Helvlens le bassin de l'Allier, ou la Haute-Loire en traversant le terri- toire des Ségusiaves.

En remontant le cours paisible de la Saône les produits destinés au commerce pouvaient être dirigés, par un portage de terre, soit sur les affluents de la Seine, et arriver dans les ports de la Manche, soit par le Doubs sur le Haut- Rhin,' qu'il était facile de gagner par la trouée de Belfort. Ainsi, du port de Marseille, tous les produits apportés par le commerce étranger pou-

lyGoogle

yaient être transportés dans tout le nord de la Gaule, et c'est assurément par la Seine et la Loire que l'étain la Grande-Bretagne, si recherché par les Phéniciens, devait arriver à Marseille-

Quant an bassin de la Garonrie, il était ouvert au commerce de !a Mer Intérieure par l'Hérault et l'Aude; puis par les affluents du grand fleuve aquitanique on pénétrait facilement, d'un côté, dans les régions voisines des Pyrénées, de l'autre, dans les cités du sud-ouest de la Geltâque. C'est dans cette partie de la Gaule, l'antique Aquitaine, que nous chercherons une démonstration du sys- tème des subdivisions que nous proposons, pour faciliter l'étude et le classement des monnaies gauloises.

Convaincu que, dans l'état actuel de la science, l'étude des monnaies gauloises d'une région ne saurait être entreprise sérieusement, si l'on ne s'appuie sur la constatation bien établie des pro- venances, je me suis tout d'abord attaché à rele- ver, sur une carte du sud-ouest de la Gaule, les indications signalées par les numismatistes sé- rieux, et n'ai accordé aucune valeur aux prétendus renseignements communiqués par certains mar- chands, trop souvent disposés à n'apprendre à leurs clients, ni les circonstances, ni le lieu exact des découvertes. Puisant aux sources officielles, m'adressant aux archéologues qui ont eu la bonne fortune d'assister à des trouvailles, mettant 5 pro- fit les notes consignées dans les travaux, publiés ou manuacrits, de MM. de Saulcy, Gh. Robert,

lyGoogle

A. de Barthélémy, je crois avoir fait une en- quête sérieuse sur les découvertes qui ont eu lieu dans le sud-ouest de la Qaule. Si donc, malgré mes efforts, quelques trouTailles ne m'ont pas été signalées, il y a tout lieu d'espérer que leur composition ne saurait modifier sensiblement les résultats que je crois avoir obtenus.

En dressant ma carte, j'avais d'abord en vue de déterminer l'étendue du territoire sur lequel avaient eu cours les monnaies dites à la croix, si bien étudiées par M. Gh. Robert; je voulais aussi recbepeher, par l'examen des différents types qu'offre ce vaste monnayage, quelles étaient les régions quelques-uns d'entre eux se canton- naient plus habituellement; je pressentais en effet la possibilité d'attribuer, aux divers peuples de cette grande région, certains groupes de monnaies caractérisées soit par leur modo de fabrication, soit par la présence de symboles, particuliers. Ce but est-il complètement atteint? Je n'ose le pré- tendre, mais déjà je puis affirmer en toute con- fiance que, s'ils adoptent ma méthode et pour- suivent mon enquête, les numismatistes du Sud- Ouest arriveront dans peu de temps, je l'espère, à formuler sur cette question, encore si obscure des monnaies dites à la croix, des propositions de classement appuyées de preuves indiscutables.

Déjà, par l'inspection des indications de trou- vailles portées sur ma carte, on peut, dés à pré- sent, se rendre compte de l'influence exercée par le système et le type des Tectosages sur les espèces des provinces limitrophes. Concentré à son appa-

lyGoogle

rition dans le bassin de la Garonne, ce monnayage ne tarda pas à se répandre sur tout le territoire occupé par des races d'origine volke; la croix du revers, type qui le caractérise, fut, il est vrai, adoptée par les cités voisines sans avoir subi de modification dans sa représentation, mais les sym- boles ou accessoires qui la cantonnent ont varié d'un pays à un autre, de peuple à peuple, four- nissant ainsi, pour la classification par l'indication de provenances, un renseignement précieux qui seul, à défaut d'autre guide, peut permettre de répartir ces monnaies sans légendes entre les dif- férentes nations qui les ont émises.

De l'ensemble des observations qui m'ont été suggérées par l'étude des monnaies dites à la croix, il se dégage plusieurs remarques qui peu- vent être ainsi formulées :

Le rayonnement d'un type monétaire est pres- que toujours proportionnel à l'importance du cen- tre commercial il a pris naissance.

Les imitations faites à ce type sont, au point de vue de leur transformation, en raison directe de leur éloignement du lieu d'origine, c'est-à-dire que plus on s'écartera du centre du monnayage tectosage, plus la transformation du type sera grande sur les espèces copiées des deniers dits à la croix.

Le groupement indiqué par la carte des décou- vertes de monnaies, présentant un type nettement caractérisé, doit concorder avec la circonscription des cités soumises à l'influence, commerciale ou

lyGoogle

politique, d'un peuple ayant exercé pendant une certaine période la suprématie sur ses voisins.

Enfin, dans quelques cas, la ligne extrême in- diquée par les trouvailles coïncide avec la limite frontière entre deux races d'origine différente.

Le peuple commerçant qui, le premier, aborda sur le littoral extrême de la Mer Intérieure, ne put qu'échanger ses produits avec ceux des nations sur le ten'itoire desquels il élevait ses comptoirs; tout numéraire lui était inconnu. Mais quand la' marine des Hellènes commença à sillonner les mers, lorsque l'influence grecque eut ruiné sur les côtes ibériques et ligures l'importance des éta- blissements phéniciens, l'usage de la monnaie, qui venait d'être inventée, rayonna dans toutes les parties du monde hellénique, et, dés le milieu du vi' siècle, chaque colonie grecque eut des es- pèces particulières frappées au type de celles de la mère-patrie. Les monnaies de Khoda, puis les imitations qui en furent faites, avaient cours sur le littoral du golfe de Narbonne; sur la côte ligure, c'était le numéraire de Marseille qui y était le plus accrédité. Aussi, dès que les Volkes Tectosages, entrés en relations avec leurs voisins, eurent re- connu le besoin d'avoir un monnayage qui leur appartint en propre, ce fut le type le plus répandu dans la région, celui des imitations de Khoda qui leur parut le plus convenable à imiter.

Sans doute il y a loin des belles espèces grecques au revers de la rose, à celles dites à la croix qui caractérisent la monnaie tectosage; mais il ne faut

lyGoogle

pas oublier qu'après la ruine de cette colonie si importante, xta. plutôt après son absorption par celle d'Eraporium, la drachme de Rhoda, acceptée avec faveur sur les côtes de la Mer Intérieure, de- vint l'objet d'imitations prolongées. Les nombreuses altérations qui nous sont parvenues établissent d'une façon irréfutable qu'inunobïlisé au nord des Pyrénées, le type de la rose renversée s'était insen- siblement transformé, au point d'offrir l'image d'une croix cantonnée de signes sans noms, ves- tiges des pétales; cette modification du beau type grec ne saurait surprendre quand on est familiarisé avec la numismatique ancienne.

Ce fut donc au type altéré du numéraire de deui grands centres commerciaus, Rhoda et Em- porium, dont les monnaies étaient le plus répan- dues sur la côte voisine de leur territoire, que les Tectosages empruntèrent le type de leurs espèces.

A l'époque de son apparition, le monnayage des Volkes parait avoir été concentré vers le confluent de l'Ariège et de la Garonne, dans la région ha- bitée par les Tolosates, aux environs de Vieille- Toulouse, leur capitale, mais cette localisation du type dit à la croix n'a pu être de longue durée. A mesure que ce monnayage gagne la partie infé- rieure du bassin du grand fleuve aquitanique, ses produits subissent de sensibles modifications; en pénétrant dans les cités voisines le type originel va sans cesse en se déformant, et il atteint les limites extrêmes du territoire des Pétrocores, des Cadurquea et des Ruthènes , en maintenant tou- jours au revers la croix cantonnée, caractère indé-

lyGoogle

niable de son lieu d'origine. Débarrassés de tout ce qui pouvait rappeler le souvenir des pétales de la rose, les cantons reçoivent des accessoires nouveaux, aux formes les plus bizarres, dont le plus grand nombre paraît devoir son origine à la fantaisie des graveurs. Ceux-ci, entraînés par lem* imagination créatrice, auraient reproduit, en les agençant sous une forme capricieuse, soit les symboles qu'ils avaient sous les yeux et que leur montraient les espèces en circulation, soit le sou- venir de marques monétaires empreintes sur les monnaies étrangères.

Essentiellement régional, le type des monnaies dites à la croix se retrouve dans toute la par- tie de l'ancienne Aquitaine arrosée par la Garonne et ses affluents; les transformations qu'il a subies, en raison de son rayonnement et de la durée des émissions qui en ont été faites , permettent de diviser les produits de ce monnayage en plusieurs groupes, présentantentre eux des diETérences bien marquées dans les accessoires des cantons, dans leur mode de fabrication, et enfin dans leur sys- tème pondéral. Aussi, ne pouvant donner à un seul peuple, quelle qu'ait été sa prépondérance sur tous les autres, toutes les monnaies au type de la croix, s'il faut accorder aux Tolosates plusieurs de ces groupes, il convient de rechercher non- seulement la part à. faire aux Lactorates, aux Ni- tiobriges, aux Vasates, mais encore de déterminer à quel peuple on doit attribuer les monnaies au flabellum, aux symboles ornés, qui paraissent ap- partenir à une période particulière du monnayage

lyGoogle

490

des Tectosages. Quant aux espèces rencontrées dans les vallées arrosées par l'Isle, la Dordogne, la Ve- zère, le Lot, l'Aveyron et le Tarn, elles se divisent en trois groupes nettement caractérisés qui peuvent être répartis entre les Petrocores, les Cadurques et les Rhuténes, sur les territoires desquels les es- pèces appartenant à chacun de ces groupes se re- trouvent plus habituellement.

L'examen de la carte dii sud-ouest de la Gaule, dressée à un point de vue purement numisma- tique, nous montre l'étendue du rayonnement qu'avait atteint le type des monnaies dites à la croix; le groupement des trouvailles nous ren- seigne sur la partie du bassin les découvertes ont été le plus fréquentes, et nous fait voir qu'au Sud, en dehors de l'arc de cercle qui de l'em- bouchure de la Gironde atteint le rivage de la Méditerranée, au-dessus de Narbonne, il n'a pas été rencontré de produits du monnayage volke. Si donc, au-delà des contre-foris qui séparent le bassin de la Garonne de celui de l'Adour, depuis Ârcachon jusqu'aux environs de Saint-Bertrand de Comminges, il n'a été fait aucune trouvaille de monnaies dites à la croix, si dans la région avoisinant le versant nord des Pyrénées, chez les Gonvenae, les Gensorani et les Sardonea il n'a pas été rencontré d'espèces qui, par leur type, puissent être rattachées à ce monnayage, on est amené à en conclure que l'influence des Tectosages était nulle dans l'Aquitaine proprement dite, et qu'elle n'avait pu se maintenir sur la région pyrénéenne

lyGoogle

- 491 -

comprise entre les sources de la Garonne et la Mer Intérieure. Que croire alors de la déclaration de Ptolémée, attribuant aux Volkes la possession de Ruscino et d'illibéris, ainsi que du témoignage de Strabon, déclarant que le territoire occupé par les Volkes tectosages atteignait les promontoires des Pyrénées « où, dit-il, on les rencontre mêlés à des populations de nationalité différente? »

11 se peut, en effet, qu'au moment de leur arrivée dans le bassin de la Garonne, les Volkes aient cherché à étendre leur domination sur les pays situés plus au Sud, et tenté de repousser au-delà des Pyrénées les nations qu'ils avaient dépossédées de leurs territoires; mais lorsque, de- venus libres possesseurs du riche pays qu'ils ve- naient de conquérir par la force des armes, les envahisseurs se livrèrent aux travaux agricoles, il est assez probable qu'alors les tribus ibères, réfu- giées momentanément sur le versant des Pyrénées, rentrèrent peu à peu en possession des régions arrosées par les sources de la Garonne, de l'Ariège, de l'Aude et du Tet, et qu'elles surent y acquérir sinon une indépendance complète, du moins la garantie de leur nationalité et de leurs usages.

Ce qui avait pu avoir lieu à l'époque de l'in- vasion des Volkes, nation essentiellement guer- rière, avait se modifier après leur établissement dans les plaines fertiles de la Garonne; la force militaire et l'esprit de conquête s'étaient insensi- blement affaiblis chez les envahisseurs, qui ne purent sérieusement s'emparer de toute la région du littoral, habitée par des peuples d'origines di-

lyGoogle

492

verses devenus, il est vrai, leurs clients, et dont l'autonomie parait s'être naaintenue jusqu'à l'épo- que de la conquête romaine. Il est donc permis de croire que, en dehors de la ligne indiquée par les trouvailles, la domination des Volkes sur les nations du versant nord des Pyrénées n'avait pas été durable, et que l'influence qu'ils avaient pu y exercer dans les premiers temps avait fini par disparaître.

11 nous reste enfin à démontrer que la limite extrême des découvertes de monnaies dites à la croix coïncide avec la ligne, frontière des pays habités par une race d'origine différente.

Selon le rapport de Strabon, « les populations de l'Aquitaine formaient non-seulement par leur idiome, mais encore par leurs traits physiques, beaucoup plus rapprochés du type ibère que du type galate, un groupe complètement à part des autres peuples de la Gaule ; » leur descendance est encore parfaitement reconnaissable dans la région transgaronnienne. Cantonnées sur le versant nord des Pyrénées, ces tribus, d'origine ibère la plus ancienne race de toutes celles qui se succédèrent sur le sol de la Gaule, parlaient non-seulement une langue étrangère à celles des Volkes, mais elles avaient des dieux que n'adoraient point leurs voisins, et dont le culte persista même après la conquête romaine. Les autels élevés à ces divinités se rencontrent dans toute la région habitée par la race ibère; on les retrouve jusqu'à la limite que nous avons assignée au rayonnement du mon- nayage des espèces dites à la croix, limite indt-

lyGoogle

quée par le groupement des trouvailles, et qui se confond avec celle de la région la langue gasconne est encore en usage.

Si donc, aujourd'hui, grâce aux progrès de la philologie, il est permis, par l'étude approfondie de la formation des noms de lieux, de circons- crire l'étendue du territoire hahité aux temps anciens par les peuples de race ibère, la numis- matique, par l'examen raisonné des trouvailles, permet à son tour de délimiter l'étendue des pays soumis à la race volke, et de reconnaître que, jusqu'au temps de la conquête par César, l'Aqui- taine, demeurée indépendante, échappa à la do- mination des Gaulois pour former un peuple distinct que nous retrouverons plus tard sous les noms de Vasconi, de Gascons et de Basques. Soumises un instant par Charles-Martel, nous ren- controns ces mêmes populations à Roncevaux, unies aux Sarrasins d'Espagne, et lors des grandes luttes entre les Francs du Nord et les peuples de la Septimanie, dont les chansons de gestes nous ont transmis le souvenir, les trouvères du moyen âge ne cesseront de célébrer l'énergie indomptable avec laquelle cette race antique défendit, pendant des siècles, son territoire et son indépendance.

L. Maxe-Werly,

Correspondant du Ministère.

lyGoogIc

„Googlc

PROVERBES BAS-LIMOUSINS'

Par Jean-Baptiste CHA.MPEVAL

Avocat à Figeac (Lot)

FÉUBRE DE LA. MAINTENANCE D'AQUITAINE

^^'ous garderons toujours beau- coup de reconnaissance pour les I personnes qui nous aident (2) si I efficacement à mieux connaître 1 nous-mêmes et à faire apprécier davantage au dehors cette chère ) patrie, si fidèle à sa noble langue, uelle brillante portion de l'histoire lys le limousin n'a-t-il pas comme Lssée dans son patois? Pourquoi faut- e ce soit au loin qu'on l'étudié le savamment, le scalpel à la n^airf, à

la pleine lumière des travaux allemands, dernier

mot de la science philologique?

(1) Ces proverbes ont été recueillis dans tout le département de la Corrèze; ceux qui sont en patois sont reproduits dans l'idiome de GorrËze (Corrèze).

(3) Ces lignes ont été écrites en vue de l'bospitalité gracieu< aement offerte au présent travail par la Revue allemande de phi- lologie romane, que publient, à l'Université de Hall, des savants tels que HH. Grober, Hcnnanii Suchier, etc.. Si nous n'avons pas accepté l'offre qui noua a été faite, c'est (ju'il nous a paru plus naturel de confier notre manuscrit à la Société historique et ar- chéologique de U Corrète, qui s'occupe si activement, à Brive, de l'étude de notre pays.

DigmzcdbyGoOgle

Quoi qu'il en soit des hostilités officielles de l'école primaire, ou de la guerre sourde de cer- tains bourgeois fort jaloux de dissimuler par leur qualité de parvenus, il se maintient toujours vivace et tenace... notre patois. Du même culte qu'ils ont voué à leur châtaignier au doux fruit, bienfaiteur éternel du Limousin, nos paysans ché- rissent, en le conservant aussi précieusement que le feu de foyer en foyer, leur parler antique et sonore. Espérons qu'il vivra ainsi longtemps, mêlé aux âpres senteurs de la bruyère violette, faisant écho au bruissement des plus fraîches eaux, oppo- sant fièrement, enfin, au torrent de vulgarité et d'asservissement parisien qui déborde partout, cette barrière du langage, autrement puissante que la coquette ceinture de montagnes dont l'horizon se festonne ici, matin et soir, avec tant de grâce.

En attendant que soient racontées en détail ses légendes avec son histoire intime, nous avons ci-u faire œuvre filiale en recueillant quelques proverbes ou djctons pittoresques' du bas-pays, ceux-là seu- lement où il s'est peint de plus prés, plus au vif.

Après les travaux de M. l'abbé Joseph Roux, notre éminent, mais hélas ! unique confrère de félibrige, nous ne présenterons notre modeste glane qu'en appendice, évitant de le répéter, sauf à l'occasion de commentaires tout autres parfois que les siens, et en nous autorisant de l'intimité dans laquelle nous avons vécu déjà l'âge d'homme avec l'idiome limousin.

Pour l'orthographe des mots patois, instrument savant quoi qu'on fasse de la pensée, plus que

lyGoogle

497

jamais tenu de retarder sur la pronoDciation, noua avons suivi celle des troubadours, tout en cédant presque autant qu'il convenait à la marche de ce temps de progrès assez débridé.

Nous maintenons, comme dans notre almanach de propagande catholique : VAnnuari lemouzi, de 1884, malgré le reproche quelques per- sonnes, l'a final féminin, faute d'une lettre inter- médiaire entre l'a et l'o, pouvant figiu^r ici notre son ea. Ex.: chabr-ea, vach-ea, mieux que cha- bro, vaeho, chèvre, vache. L'a plein et l'o fran- chement émis ne satisfont pas l'oreille, mais nous préférons encore noter par a, qui sonne d'ailleurs nettement dans divers cantons « arriérés » ; Ar- gentat, Gorréze.

Nous avertissons aussi que au sonne à-où par une seule émission de voix.

Eu sonne è-où.

G. j. sonne dg, dj, dz.

Ch sonne tch, t», parfois s.

Es (pluriel) sonne eis.

Ti sonne (souvent) thiy.

Nous n'avons ni l'A aspirée, ni l'e muet.

B final infinitif ne sonne pas et s'euphonise en 8, quand il y a liaison.

Nous recommandons à ce sujet de lire les prin- cipes émis par M. Ghabaneau dans sa Grammaire limousine.

Notre mémoire sur les Proverbes limousiTis est divisé en dii séries. Chaque série se rapporte à un ordre de faits différents et contient les proverbes

lyGoogle

qui s'y rattachent. Voici dans quel ordre ils sont

I. Dictons béoionaux. Ils embrassent tout le Limousin et sont exprimés en français, latin, ou romano-Umousin; ils ont eu cours à notre sujet, en tel ou tel pays.

II. Dictons cantonaux, en français. Us indi- quent par un seul mot l'industrie ou la produc- tion dominante de différents cantons de la Gorrëze.

III. - Dictons couiqubs et pittoresques, en patois, sur nos principales localités du bas-pays, a bassa patria, » ou ses personnages typiques.

IV. Proverbes moraux.

V. Proverbes relatifs aux saisons, plantes.

VI. Proverbes se référant aux usaobs,

HÛBURS.

VII. Proverbes divers.

VIII. Proverbes touchant la religion.

IX. Proverbes s'appuouant aux animaux, oiseaux.

X. Proverbes concernant l'hygiène.

SÉRIE I" dictons régionaux

1. Le Limoutin seconde Biotie.

VOLT*IIIB.

Par allusion aux Béotiens, qui passaient pour illettrés parmi les

2. Il faut savoir, MM. de la Cour, qu'en Limousin toute

bicoque est maison, chaque maison est un ekdleau, tout ce qui est bourg est ville et les efu^ons sont des giUnes.

DigilizcdbyGoOgle

Cet &vis matin aurait été affiché dana la salle des Paa-t'erdus, au Parlement de Bordeaui, dont nous ressorlissions avaikt 1TS9. On s'égalait ainsi à nos dépens pour nous punir du dieton or- gueilleux suivant :

3. Qui a maiton à Vserehe A chatUl en Limosin.

La seconde ville du Bas-Limousiu est Uzerche, belle, gra- cieuse et tempérée, assise sur le torrent de Vé/ère et presque imprenable, selon le jugement des hommes. Les eaux la déTendenl de tous eûtes, et il n'y a que deux avenues, mais si fortes qu'on

dit communément : Qui a maiton >

DuGHEBNE, Anliquitis des villes de France.

4. Limoges la saincte.

On l'appelait ainsi, au loin, au xiv* siècle, parce que ses osten- tions des reliques de saint Martial, sainte Valérie, saint Aurélien, saint Loup, etc., y attiruent de nombreux pèlerins.

5. Salle eoum' un Lemouzi. Sale comme un Limousin.

GuDoz, Recueil de proverbet français.

Nos ëmigrants, fort nombreux et dépenaillés, ont pu justifier cette épithète. L'on allait beaucoup en Espagne, de Corrèze, et surtout de Beynat, pour devenir ma^on, portefaix, sans parler de nos nombreux paysans pèlerins de Saint-Jacques de Compoatelle.

6. La France bosme.

Se dit encore dans le peuple, en Auvergne, pour désigner cette partie mon(a{fneuse du Haut-Limousin qui est en amont de Limogea.

7. Lemovix, urbs anliqttx pareimonUe. Limoges, ville d'uae antique parcimonie.

On voulait désigner par ces mots sa population économe et ran- gée de longue date.

8. Bon Marchois, maçon ou curé.

La Marche fournit abondamment à ces deux emplois du vie. Paris en sait quelque chose pour les matons. La Marche venait prendre chez nous, avant 1789, une bande de terrain partant du bourg de Bugeat exclus, jusqu'il Eygurande, inclus en partie.

9. Lmirdaud, obtus comme un Limomin.'

A voir nos gens nourris sobrement de cKataignes, de seigle

lyGoogle

500

émollient, de farineux et d'eau, alourdis non pluB seulemeut par l'effet d'un tempërament ainsi obtenu, mais encore par l'babitude- de se sentir les pieds emprisonnés dans d'informes sabots, le corps entier comme empesa sous une bure avare, mais, en outre, par l'allure momifiée, endormie, que leur impriment leurs bestiaux anémiques, à les voir ainsi, disons-nous, un méridional les pren- drait pour atupidea.

De l'habitant de Corrèze (Corrèze), on a dit, un peu aussi pour la rime :

EUl d'à Courreza,

Lou lioul y pezatf

11 est de Corrèze,

Le derrière lui pèse. S'il est lourd, il ne l'est guère que de cela. En affaires, ce sont « gens Châleaudun * (entendant à demi-mot).

10. Le Limousin vous offre un fruit et vous en donne deux. D'abord il se retiendrait facilement de donner, mais aussi, s'il se

livre, il vous forcera de manger même avec cet argument prover- bial des paroissiens d'Orliac-la-PauNE : « Monsieur, mangez-en, de gr&ce, nos animaux (nos pourceaux) n'en ueuIenJ plua!

11. Limousinage.

On désigne ainsi toute maçonnerie grossière de moellon brut et de mortier, opus tumultuarium.

12. Œuvre de Limoges. Crucifix de Limoges.

Le Rodx de LiNCY, Le Livre de» Prov. franc.

On désignait par même à l'étranger, au moyen ftge, les

belles pièces sorties de nos ateliers d'orfèvrerie ou bien dues &

nos émailleurs : les Alpays, etc. (nom fort commun à Heymac au

XVI* siècle).

13. Limousin mangeur de raves.

(Dicton poitevin) matche-rabee. (Rabelais.) Avant la pomme de terre tes raves étaient la grande ressource du pays. Le blé noir ne se répandit qu'après le xvi* siècle, surtout parce qu'il n'était pas sujet à la dlme, en bien des lieux.

14. ftave limovtine.

Se dit d'une femme courtaude, qui no croît qu'en rond. Pour indiquer pudiquement l'entrée en puberté, d'une jeune fille, ils usent ici d'une gracieuse métapliore. Rabounat : elle tourne en rave, c'est-à-dire : ses seins se prennent à gonfler & l'instar d'une rave.

lyGoogle

15. Les Auvergnats et Limosins

Font leurs affaires, puis celles des voisins.

Papib, M*bbon., Descriplio Francis per ftum.

16. 0 vaÏTiguit sans eonvii Ine vilaine trolie,

De Limousins affamie;

Mex tote nouire assomblie

Lour dissit que les raves en la ^stdie

îfetiant guère estimie

N'ayant point de pourceaux. Alors vînt sans invitation la crèche, il s'agit d^in Noël). Une vilaine bande, De Limousins afTamée; Mais toute notre assemblée Leur dit que les raves en la Judée N'étaient guère estimées N'ayant point de pourceaus (par interdiction légale].

NoBL POITEVIN. Bulletin des Antiquaires de l'Ouest.

17. Convoi de Limoges. C'eat-à-dire politesses cérémonieuses, révérences sans Sa.

Les Limougeauda sont si prévenants, si obséquieux, que lors- qu'ils se visitent, celui qui vient de recevoir reconduit son visiteur jusque chez lui. Ce dernier, se piquant alors de générosité, ramène l'autre, et ainsi de suite, o Deux Limosins, dit le baron de Fceneste, passèrent une nuit à se convoyer. La marchandise rend obsé-

D'AuBioNé, Avent. de Fœneste.

18. Gueux comme un gmtilhomme de Ligoure. Gueux au sens de misérable, mal accoutré.

C'est un pays enclavé dans le Limosin. On dit ce proverbe : Queux comme un gentilhomme de Ligoure. Ils n'ont qu'un fusil, un chien' galeux; ils vont à la chasse : ce sont des gentill&tres. « Lahcblot, Recherches sur les Pagi.

19. Tromperie de Bellac.

t Quoique nous eussions choisi la meilleure hôtellerie, nous y bûmes du vin à teindre les nappes, et qu'on appelle communément la tromperie de Bellac. Ce proverbe a cela de bon que Louis XIII en est l'auteur, a

La Fontaihe, Voyage en Limosin, en 1663.

lyGoogle

20. Toupinier de Duris.

On y fabrique beaucoup da pota. Tupi, (oupi, pol (peut-être venu de pouti, itain).

21. Li phis roigno m Limotin.

Diction, de l'Aposloile, xiii* siècle.

22. Manger du pain comme un Limosin.

LBBO0X, Diction, comique. Plus anciennement le proverbe existait en latin : Lemooix panië helluo. L'on dit encore : Manger la aonpe comme un Limousin (1).

' 23. Papes du Lùnomin,

Clumceliers d'Auvergne, Maréchaux de Gascogne, Ligîttes de Bourges.

CAniiHor, Prov. franc. Le BH-Limousin a donné trois papes à l'Eglise : Clament VI, Innocent VI et Grégoire XI.

24. Àeadimieien d'Ambaxae. Pour désigner un ignorant, un sot, un ftne.

Cette commune est au nord et à peu de distance de Limoges.

25. RiAiet lemovica. Intrigue, brigue limousine.

Dicton en usage à Avignon au xvi* siècle à propos de nos Domr breuz cardinaux.

26. Jamays lou Lemousi n'hat périt per seeharetta. Jamais en Limousin la disette n'est venue par sécheresse.

Notre paya est, en effet, fort arrosé, soit par les cours d'eau qui y abondent, soit par l'effet des vents d'ouest vers lesquels cette vaste fikcette très boisée du Plateau central n'est que trop tournée.

27. La Coutauz.

Geue des coteaux du Bas- Limousin, ainsi appelés à Saint-Yrieix- la-Perche, ou ils portent le vin à dos de mulet, dans des outres, en 1587. {Livre de raison de Jarrige, publié par M. de Montégut.)

(1) Clbheht Simon, auteur d'une abondante collection de pro- verbes patois corréziens interprétés avec autant de sagacité que d'érudition.

lyGoeigle

28. C'est vn viteomtam.

Pour dire c'est im pareBseux, ami de la bonne cbère at des rëunioDS.

Dicton encore Ma en usage à Figeac, à propos la bourgeoisie de Saint-Ceré.

Or, nous retrouvons dans un rapport d'intendant de notre pro- vince daté de 1T6T, à propos de Bilhac, Meyssac et du caractère des habitants de la vicomte, en gânéral, * qu'ils ont l'eaprtt vtcoimH, ami de l'oUiveti. > (Série C, n^ 203. Archives de Is Préfecture de Limoges.)

29. Gentilshommes lu^niUe de soie.

Les paysans du Limosin appellent gentilshommes les pourceaux, parce qu'ils sont vêtus de soie comme l'était autrefois la seule noblesse.

DticalUina, p. U. Aux environs de Montpellier, on appelle souvent le pourceau : lou noble.

CLiuKjn SiMOB, ProD. A Tnlle, on s'insulte en disant nobU porc I

SERIE II"-

DICTONS ftâoiONAUX

AnXOUBLB HOtlS raOPOSBIllONS DB DOHHEB CODBS BK GBTTE FOBHS

COHDKHSriB, QnOIQUB CSUS DB CB1TB BIÎBIE

NB SOrem PAS TODS EM CIKCULlTIOlf

30. Moutardiers de Brive.

firive, chef-lieu d'arrondissement, est renommée, depui temps, pour la fabrication de la moutarde violette.

Li^ourevrt de Larche.

32. Chaufourniers d'Ayen.

Ayeo, chef-lieu de canton, est situé sur un plateau calcaire qui fournit de bonnes pierres à cbauz.

lyGoogle

33. Fruitiers de Donzenac.

Le canton de DonzeDac produisait une certaine quantité de fruits

qu'on allait hâbituollement vendre à Tulle pendant l'âtâ.

34. Charbonniers de Juillac.

C'est un pays de ch&taigniers. Or, on dit du châtaignier : bcitn cMrbounier.

35. Forgerons de Vigeois.

Il y avait beaucoup de forgea au bois donnant des fers doux, estimés surtout pour la ferrure des chevaux.

36. Maquignons de Lubersac.

Le haras de Pompadour est situé dans le canton de Lubersac, qui élève beaucoup de chevaux.

37. Huiliers de Meyssac.

Le canton de Ueyssac produit de beaux noyers, dont les fruits sont utilisés pour la fabrication de l'huile.

38. Vignerons de Beaulieu.

Beaulieu, chef-lieu de canton, est un pays vignoble, dont le raisin produit un liquide foncé très recherché par les marchands de vin.

39. Chevriert ou Vanniers de Beynat.

En y gardant les chërres on tresse des cabas et des paniers. '40. Mariniers d'Àrgentat.

Argentat, chef-lieu de canton sur les borda de la Dordogne, fai- sait autrefois en grand le commerce des merrain et carassonne, transportés sur des bateaux plata, dont on a gardé la forme à Bordeaux en les appelant encore des Argentat.

41. Chaudronniers de Mer cœur.

42. Marchands de parapluies de Servières.

De ces deux cantons on émigré beaucoup pour ce double genre de commerce.

43. Armuriers de Tulle.

L'industrie pour la fabrication des fusils était devenue fort im- portante it Tulle, par suite de rétablissement de la Manufacture d'armes, vers 1760.

ly Google

44. Porchers de Seillae.

Les forâts de Lagraulière et de SuDt-JaJ ont toujours favorisé la production des truies portières.

45. Pelletiers de Treignae.

(La plupart do ces dictons trouveront leur explication et leur complément dans la série suivante.)

46. Vachers d'Oxerche.

Les vaches qu'on élève k Uzerche se font remarquer par leur beauté. Elles sont de la race de Limoges. Le scel des commune* d'Uzerche aurait porté deux bouveaux en 1373. S'il faut en croire la légende d'une vieille empreinte sur une bande de soie que nous a montrée H. Ponlier, d'Uzercbe, Uzerche eut trois paroisses Bimultanémeot.

47. Maçons de Laroche.

Ils font, en Auvergne et dans le reste de la Gorrèze, presque toute la b&tisse.

48. Savetiers de Lapteau.

On les trouve dans le Lyonnais surtout. U. Treich-Laptène a écrit un roman de mœurs locales : Lou gourlier.

49. Manœuvres de Corriie.

Bordeaux et Paris attirent bon nombre de nos servantes ou jour- naliers, • brassiers, » comme on disait autrefois, c'est-à-dire Ira- vaillant mécaniquement des bras, plus que de U tête.

50. Cochers d'Eygurande.

Le canton d'Eygurande revendique près de trois cents cochers de flacre ou d'omnibus, k Paris.

51. Chasseurs de Sornac.

52. Apiculteurs de Bugeal.

Le miol de ce canton est renommé par son parfum provenant de la nourriture excellente que trouvent les abeilles dans les fleurs des montagnes. Ces plateaux ne produisent que de la bruyâre.

53. Scieurs de long de Meymae.

Ils vont dans la lande bordelaise pour l'hiver, et travaillent une partie de la nuit aux lueurs d'un foyer de pin.

lyGoogle

506

54. Jardinier* tPUisel. Renommé pour ses choux pommés.

55. Moissonneurs de Neuvie.

Peu de pays fournissent, pendant l'été, des moissonneuses en Misai grand nombre que le canton de Neavic. G'eat auasi la patrie des Ailes* mères.

56. Chapeiiert de Bort.

Sort, chef-lien de canton, possède de nombreuses fabriques de diapeaux de feutre.

SÉRIE IIP

DICTONS COMIQUES ET PITTORESQUES SUR NOS PRIN- CIPALES LOCALITÉS OU SUR NOS PERSONNAGES TYPIQUES.

57. En quu se prend lou rey, quand s'aceottat en moussu

de Bowiavat?

Le roi ne sait-il pas qu'il a aifaire à forte partie, quand il se prend de querelle avec M. de Bonneval?

Les de Bonneval, famille noble possédant en Bas-Limousin (1657) le fief de Blancbefort, canton de Seilhac, et dont on disait aussi en énumérant les principsdes familles nobles du Limousin :

58. Ventadour vante, Pompadour pompe, Turenne règne,

Ghàteauneuf ne les craint pas d'un œuf. Des Cars richesse, Bonneval noblesse. Hbnestribs, Recherches du blaeon, t. II, p. 90.

59. Loungour de Touretia.

Se dit à Figeac, pour signifier lent«ur. Ce mot a-t-it pris son origine de quelque secours arrivé en retard et promis par un prince de Turenne aux consuls de Figeac, ou bien de la diffé- rence des mesures de o la vicomte » avec celles de l'abbé de Saint- Sauveur de Figeac T

lyGoogle

507

60. Aquo eisi eotima moussu de Braconnât, Que mourtt d'avant d'esser nat.

Cest comme M. de Braconnât, qui fut enterré avant de naître.

On enterra sa mère durant une écUmpsie, (^oi cessa au cime' tière pour donner le jour à ce magistrat, dont la famille, venue de Beaulieu, s'éteint dans nne fille, à TuUo.

61. Qu'en dit Braconnac: Quand ealt far festa, eall far fetta. Gomme le dit justement Braconnac, quand il faut faire

fête, il faut faire fête.

Idée qu'on traduit dans d'autres paya en disant ; Il n'est pas tous les jours fôte.

62. Far eouma Jehan de Nivella, Que quand pleut, a^Mirnellat,

Et qu'en veyre vegnir lou bel temps, S'esiend. Faire (tout au reboura) comme Jean de Nivelle, qui, la pluie venue, allume ses fourneaui d'écobuage, et qui, ,1e beau temps revenant, s'étend pour dormir.

63. Coifzinier Lambritla.

8e dit de quelqu'un qui se mêle de cuisiner sans s'y connaître. En Rouergue, comme à Limoges, on le dit au sens de tracassier. tracassier de Lambretle.

64. Vier coutna vieillas rodas, pour Yier coutna Heroda. Vieux comme de vieilles roues, pour Vieux comme

Hérode.

65. L'as croumpat à Bounobiolo!

Tu l'as acheté à Bonneviole ! C'est ainsi qu'un habitant du Quercy apostrophe un passant monté sur une rosse, parce que le marché de Bonneviole est re- nommé pour la voûte des mauvais chevaux.

Le Rols ne I.iscv, Pror>.. t. I. p. 3!1. Bonnevioîle, canton de Bretenoux (T^t), est situé près de Beau- lieu, sur les limites de la Corrëze.

lyGoogle

66. Lotis coumtes de Las Guinas se levounl à Miezza-nout per

partir à Miedzour.

Les comtea de Lagueone se lèvent à minuit pour partir & midi. Laguenne, petite ville de banlieue de Tulle.

67. N'en prenntr d'à Bon et d'à Saignas.

En prendre de Bort et de Sagnes,

C'est-à-dire un peu de partout, à tort et à travers. Sagnes, chef- lieu de canton du Cantal, n'était pas, en effet, de la juridiction du prieur de Borl, chef-lieu de canton de la GorrÈie, et sur la rive opposée de la Dordogne.

68. Moussu D'er Bost Vendra tantosl.

Se vous embrassât, Fasis y plaça, Se vous dit Te, Pausas y un boun soufflet.

Monsieur Delbos

(Un vert galant resté célèbre) Viendra tantôt (veiller), S'il vous embrasse, Faites-lui place, Mais s'il se tait, Appliquez-lui un bon soufflet. II faut évidemment le rétablir comme suit ; Se vous dit re, Fasés y plaça, Se vous embrassât, Tournas y un soufflet. Ce couplet rappelle le dramatique dialogue du MarijAloux pro- vençal (et aussi limousin) donné par Daudet :

Ount'as passât la matinada, corbleu, Marioun.

69. A quo eit un Hanric-quatre.

C'est un Henri-quatre, Se dit d'une chose quelconque, vieille, usée, et d'un débit dif-

lyGoogle

509

70. Soumblal tous ckes d'Allaneha que s'obturount à la paret

per abazzar. Il imite les chiens d'Allanche qui s'adossent à un mur avant d'aboyer. Allanche, village de St-Boanet-el-Vert, ou Allanche, du Cantal.

71. Far eouma lou sourcier d'à Navoi, que prejavat Dieu mays panavat. [D'autres disent la femme de Naves.)

Faire comme le sorcier de Naves, qui priait Dieu tout en volant. Naves, situé près de Tulle.

72. Credar eown'un Angli. Crier comme un Anglais.

Crier comme un sourd. Souvenir des invasions. Les gens qui baragouinent semblent .toujours crier. A Usscl, on s'injurie en disant encore : CM d'Anglei, chien d'Anglais.

(Communiqua par M. Brunet, wicien mirrtstro, qui parle très purement le patois lubersacois à ses heures familières}.

73. A Bayounna

Tout leie se dounal. Leic sets anat. Tout erat dounat. A Bayonne Tout se donne. J'y suis allé, Tout était donné. [Communiqué par H. le chanoine Talin.)

74. Magre couma Pilato. Maigre come Pi la te.

Pilate vint, dit la tradition provençale, faire pénitence austère sur les bords du Rhône.

75. Traïte couma Judas. Traître comme Judas.

76. Sadour couma Toni-Ballassa. Saoul comme Antoine Ballaase.

Balasse, nom. de guerre tiré de la paillasse gonflée de balle

T. VIL B-?

lyGoogle

MO

77. Nigre couma Tartari, eoum'un M&rou. Noir comme un Tartare, comme un Maure.

78. Sale eoum'un Bouluime.

Sale comme un Bohémien.

Boimé, boimo. Celui, celle qui se mêle de dire l'horoscope, vaga- bond qui dérobe avec adresse Femme malpropre

.BÉBOsiE, Diction, patoit.

79. Loung couma tras-Dieu.

Loin comme au-delà de Dieu, au diable vert.

Cl. Siuoh, Prou.

80. Aquo n'ai pat iras las poulas. Cela n'est pas au-delà du vol du chapon.

81. Parlar hiseayen ou gagassi [liégeois).

Parler biscayen ou liégeois, pour dire baragouiner.

Ne se dit qu'à Tulle, vinrent comme armuriers, vers 18Î0, des Liégeois surnommés gagaggi.

IfiéKOVfB.)

92. Aquo eisi lou counle {ou lou prouces) de Longonîran. C'est le conte (ou le procès} Longouiran. Qui n'en finît pas. Probablement personnage légendaire. Racine, longtis.

83. Bedfk couma iferloudan.

Raide comme (la statue) d'Aymar le dom.

3 porche de la cathédrale de Tulle,

84. Vier coum'una Minet.

Vieux comme une Minet.

Probablement une vieille chatte. On leur donne souvent ce nom par cjyolerie.

85. Aveir una mina de Mandrin. Avoir une mine de Mandrin.

0[i donne ce nom à un homme dont la Hgure, le costume et la

lyGoogle

511

tenue annoncent un brigand. Mandrin, chef de contrebandiers, renvoya, en 1763, une trentaine de ses hommes ft Tulie; ils se rendirent chez le receveur des tailles, prirent l'argent qu'ils vou- lurent et s'en retournèrent sans opposition.

BÉBONiE, Diction, paloie, p. tM.

86. Afflista, Guilhen,

Que las bragas te vaunt ben!

Courage, Guilleu, remplis tes braies jusqu'en haut. Remonte-les même, elles te vont biea, au lieu de les jeter bas pour ce qui s'annonce nécessaire, d'après l'incongruité émise.

M. l'abbé Roui donne & tort le sens de cacai-e au mot afflislar, qui veut simplement dire entasser jusqu'au f&ile, ei fiel. Ici, implere siercore. On dit cela & quelqu'un qui a commis une incongruité.

87. Arri, arri, poittoutou, Mountarems aus Gleltous.

En d'una gogua et dous lourlous, DavalareTTis à Varet, El Uie èeurems d'el vi claret. £□ avant, mon petit ànoD, Nous moQterons à Égletons. Avec uD boudin et deux galettes de sarrasin. Nous descendrons à Varetz, Et y boirons du vin clairet.

Le père chante ainsi à son fils à cheval sur son genou et faisant, sans bourse délier, la tournée des paroisses. Ëgletons, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Tulle. e de Brive.

Madame

bonnes no

Vars, lou jardi d'ei Bas Lemovsi.

Vars, le jardin de la Corrèze.

3si d'Us sac, plus légitimement.

Eyssandou, petita villa, grand renown.

Juliat, pays de chastanhas, lasjuliacas.

de Porapadour, la Poisson, bien entendu, trouva s chAtaignes blanchies, qu'elle s'indignait de voir se

paysans repus à volonté d'un mets si délicat.

lyGoogle

- 512

91. Lota cironeit d'à Lîbersal. Les glorieux de Lubersac.

92. Lous Mountgibaud Fanl loua sauts Couma (faux kbrauis. Les MoDigibaud

Font les sauts Comme des levrauts. Grands, dégingandés, démarche mal assurée.

93. Yigeois, tous gotai-goujeous.

Avaleurs de goujons. Faisant allusion aux nombreux goujons de la Vénère, qui baigne le pied de cette bourgade.

94. Troche, merchands de couadas. Godet en bois muni d'une longue queue {caxida) creusée.

95. Lous loups d'Â estivaux.

Ils ont pour patron saint Loup, et la paroisse s de grands bois.

96. Lous poultissiers our mingat-pouts d'Orgnat. Mangeurs de bouillie à la fête votive.

97. Te faraunt eivesque d'à Prunha.

On te fera évêque de Pnigne.

Prugae était, en 1771, une paroisse de vingt-six communiants, près de Brive.

98. Lous peds-tarrous d'à Dounsenal.

Les pieds-poudreux de Donzenac (pays d'argile).

99. Àtlassat, loui piaUU-mounleyrol. Pèle-raenlon, mangeurs de bouillie trop chaude, mieux

que les raseurs.

100. Désargentât couma lou calice de Saint-Vianee.

Se dit de quelqu'un qui a le diable dans sa bourse, ni croix, ni pile.

ibyGoogle

513

101. Lous casserions d'à Venarsal.

Les petits seaux de Venarsal.

Probablement on y fait des seau^ légers de bois de ch&t^gnier, qui y abonde.

102. Lous rasouners d'à Sancta-Ferreola.

Les raisonneurs de Sainte-Féréole, pour dire des rai- sonneurs insurgés.

On conte qu'il ; a soixante ans, un noble do notre pays, officier dans un régiment (M. de Griffolet, dit-on), fut chargé de faire en- sevelir les morts après un combat. Il trouva sur le champ de bataille beaucoup da blessés qui avaient encore espoir de vivre. Ils étaient de son pays et ils lui criaient en patois : EA / Moussur, me foteas pas entera, to-ou se-i de Senio Fértolo; Ëhl Monsieur, ne me faites pas enterrer, je suis de Sainte-Féréole. Ahl leur répon- dit-il, s'es d'oque-us rasouners de Sento Fériolo; »e lan voua escoufauo, lan n'entérorio dëgun; oque-i prou mort per entera; Ahl vous dtes de ces intolenla de Sainte-Féréole; si l'on vous écoutait, on n'enterrerait personne; c'est assez mort pour enterrer, BÉRONIE, Diction, patois, p. 249.

103. Coulounga, la villa rouga.

Collonges, la ville rouge.

Gollonges, commune de Heyssac, a ses maisons b&ties en grès chargé d'oxyde de fer, qui donne h la pierre une couleur rouge des plus foncées.

104. Far viva Tourena. Pousser un vivat, un cri de joie.

Le vivat était obligatoire lors des réjouissances publiques.

105. A qu'eisl pas la mon de Tourena.

Ce n'est pas la mort de Turenne.

Bipreasion employée pour dire qu'il n'est pas arrivé un grand malheur, comme lors do ce triste événement universellement dé-

106. À Loustanga

Leic vaït degu que ne s'en plangat. Nul ne rapporta louange De son séjour à Lostange.

lyGoogle

514

107. Loung couma Um pount d'à Balloee. Long comme le pont [suspendu) de Beaulieu.

Ce pont a 150 mètres de loag.

108. Lous esclots, tous pescayres d'à Belloee.

Les sabots, les pécheurs de Beaulieu.

Beaulieu est un port commerçant sur les bords de I& Dordogne 3 sabots et beaucoup de pé-

109. Engola-fegeU d'à Tudetl.

Mangeurs de foie de Tudeils.

Les paysans donnent en outre ce sobriquet à tous les citadins aussi appelés ; pelaus, pelletiers.

itO, PouUranqua <£ei Puech d'Arnac.

Bouillie au fromage du Puy-d'Arnac. Chaque paroisse a son plat favori à la ballade.

111. L'anissou d'à Cluinalier. Le petit ânon de Chenalier.

112. Lous saulses d'à Nounard. Les amateurs de sauces?

113. Lous poudous d'Astalhat. Les serpettes, les vignerons.

114. Lous nuutckea-fcUias. Les mflclieurB de fèves.

115. tous barbelous d'à Brivaxat.

Les barbillons de Brivezac.

Brivezac, commune de Beaulieu, est située sur les bords de la Dordogne.

116. Beynat, lous pailhassayres. Les vanniers de Beynat.

117. Aibignac, le grand saladier.

Un Limousin, du nom d'Aubignac ou d'Albignac, s'acquit i Loa-

lyGoogle

_ 515

dres une telle réputatioo pour faire la salade, que de tous etttéa on l'envoyait chercher, et qu'il parvint ainsi k réaliser en peu de temps une fortune de 80,000 francs.

Brillât- Savarin, Phyaiol. du goût, t. II, ch. iiii.

118. Tous tous axes d'Obazinas crebaiount que n'hetritaias

pas d'una sesq-eoua. Tous les ânes d'Obazine crèveraient que je n'hériterais

pas d'une croupière. Le diable pourrait mourir que je

n'hériterais pas de ses cornes.

L'abbé avait une nombreuse cavalerie asine pour apporter au couvent des Granges ou de Brive le vin dans des cotres, le fro- mage d'Auvergne, les carpes du Poat-Haure (Rosiers d'Ëgletons}, les seiches, etc., venus par Souillac.

119. Touréna,

Réna :

Costelneou

Ti eraigna mas d'un eou.

rurenne, grommelle : Castetnau ne te craint que d'un œuf.

Une tradition locale atteste que les seigneurs de Castelnau {chft-

teau situé dans le Lot sur les limites de la Corrèze) étaient tenus,

& l'égard des puissants seigneurs de Turenne, k l'homniage

d'un œuf. Ledit œuf était traîné audit Turenne à grands renforts d'hommes et d'animaux. Et, en voyant passer cette pompe gro- tesque, le paysan qucrcynois décochait son mot au ch&teau limousin. Cet hommage d'un œuf avait bien pu être imposé comme humi- liation pour punir un refus de vassalité, comme pour certune merdonlade de Gimel (papiers de M. Clément Bimon, au chAteau de Bach).

120. lout' argeruats, bateau plat.

On désignait ainsi, à Bordeaux, les bateaux plats qui venaient d'Argentat en descendant la Dordogne.

121. Messiers de Saint-Chamans.

Les beaux Messieurs de Saint-Chamant. Saint-Chamant, canton d'Argentat, est un pays riche, et les pro- priétaires sont très orgueilleux de leurs terres fertiles.

122. Miracleis d'à Forzeis. Miracles de Forgés.

On désigne adnsi des fausses nouvelles par allusion à une vision-

ibyGoogle

naire d'une certaine réputation qui se trouvait à Forges vers (854, et fnt prddite longtemps d'avance (d'après un livre imprimé de H. Clément Simon).

123. Lou! poudotis d'à Mounciaux. Les vignerons de Monceaux.

124. Lous eouquis d'à Saint-Bonnet. Les coquins de Saint-BoDnet-Elvert,

1^5. Aubussat, sount pas fyableis.

Ceux d'Albussat ne méritent pas la confiance.

126. Lourdauds d'à Saint~Marsau.

Saint- Martial, pays reculé, inaccessible. Mangeurs àc, cliAtaignes.

127. La Chapelle Saint-Giraud, lous capelaus.

128. MerecBur, Gamels d'à Peyriisat.

Nigauds de Peyrissat. Vill^e près Herooeur.

129. Tioul large coum'un veyrrier d'à Saint-Julio. Avoir le derrière large comme un verrier de Saint-Julien.

130. D'àpauc à paue, l'argent d'Btpagnat montât à St-Paul. Petit à petit, l'argent d'Espagnac monte à Saint-Paul.

Bourg voisin plus récent et attirant quelques boni

131. Sens la peza et lou lignai Leic sieunt tous nobles jusgu'ei col.

Sans la poix et Xe lignetil

Ils y seraient tous nobles jusqu'au col.

Ce proverbe s'applique aux habitants de la ville d'Uierche,

il y a beaucoup de cordonniers. La finale jusqu'au cou insinue

qu'ils sentaient la hart. Ils firent beaucoup de fournitures de cuir

ouvré pour les armées da la République, en 1793.

132. Menteur comme le Cartutaire d'Uzerehe. Uzerche fait remonter & Pépin sa fondation première. D'après le

lyGoogle

517

Gartolaire de cette ville, Turpin. évequo de Limoti:eB, aurait tra- vaillé de toutes ses forces k la diiniautioci du prestige d'Uierche; mais Labiche de RoigneTort s'indigne de l'imputation lancée contre l'évéque et accuse le Cartulaire d'avoir impudemment menti; do le proverbe. Les premières pages en sont d'ailleurs trop van- tardes et apocryphes, touchant les origines d'Uzercbc.

133. A Courreza,

Loti tioul Uur pezat. Liur manquât re, Mas ta mostr' ei pouehet, La i eur dourraunl Quatid lous maridaraunt. A Corrèze,

Le derrière leur pèse. Rien ne leur manquerait, Si ce n'est la montre au gousset, On la leur donnera Quand on les mariera.

134. Tom Unis eops que Courreza bourrât, Lou retardât d'un' houra.

Tous les coupa de battant que [la cloche de) Corrèze donne Repousse, à une heure de (le nuage orageux).

Allusion à k croyance encore répandue dans les campagnes que le mouvement de la cloche a le pouvoir d'éloigner les orages.

135. Miya, donnas me vostra ma que vous menaray bien

Uning, dins tou pays d'aus auzelous, dich un gros chastel sedtal sur una fount, et çapendent, tant n'ault que tout ça que veyrés d'ati sîrat pas nostre. At per l'ayre :

Un courredour faet d'areaneus, Sur très rengs de pountaneus, Çatat de charameus. Que quand pleut, tous sounnount. Ma mie, laissez-moi prendre votre main, je vous mè- nerai bien loin [en Limousin), au pays (touffu) des oiseaux, dans un grand château assis sur une fontaine, et cepen-

lyGoogle

- 518

dant si haut que tout ce <^e tous verrez de ne sera point nôtre. Il promène dans l'air : Une galerie d'arceaux, Sur trois rangées de ponceaux, Couverte de chalumeaux, A travers lesquels la pluie elle-même, chante et enchante. Ces paroles sont attribuées à H. de Vyers faisant sa cour, vers 1730, & M"* de Boubal à Perpignan. Le chftteau auquel il fait allu- sion est son propre chiiteau qui porte son nom, siluë aujourd'hui dans le canton de Corrèze et qu'on voit encore avec ses créneaux et ses poivrières.

(A «uiDre.J

lyGoogle

„Googlc

33

Mi

„Google

COFFRETS ÉMAILLÉS

DU CANTAL

NE vive impulsion a été don- née, ici môme (1), à un genre spécial d études, qui consiste dans le dénombrement et la des- cription de toutes les pièces d'émail champlevé limousin ac- tuellement existantes. Il y a à jrofit pour l'arcliéologie et l'his- :ette industrie. Nous saurons à

^ j..„„ ce qui aura été produit, car

combien d'objets ont disparu ! Heureusement, les textes aident à combler les lacunes (2). Surtout, nous aurons facilitti pour compléter l'iconographie du moyen âge. Enfin, par la comparaison, nous parviendrons à signaler les similitudes et les dif- férences, de façon à pouvoir reconstituer les anciens ateliers et les œuvres de certains maîtres.

(1) nuU. de la Soc. arch. de la Cori-ù:e, t. V, p, 105 et suiv.; l. VII, p. 47 et siiiv.

(2) On Ift vflrra prochain dm mit p.ir li-s invciitairos do la oathé- drale do Ronhestcr, que va publier dans l.i Rente de l'Art rhré' tien M, Edmond Bishop. ,

lyGoogle

522

Continuons donc résolument l'inventaire com- mencé. Aujourd'hui, il m'est permis d'y ajouter trois pièces nouvelles, grâce à l'obligeance de M. Chabau, aumônier de la Visitation, à Aurillac. Nous ne soilrirons pas du Cantal.

En 1884 et 1885, cet ecclésiastique zélé a inséré, dans la Hevue eucharistique de Paray-le-Monial, quelques notes sommaires sur trois « reliquaires » par lui découverts, les accompagnant de fragments de dessins (1). Cette publication attira mon atten- tion, et j'eus l'idée de revenir en détail sur le sujet, simplement ébauché. J'entrai donc en rela- tion avec l'auteur, qui me répondit fort gracieu- sement et me promit son concours pour arriver au but désiré.

La représentation de deux autels avait motivé l'impression dans la Remie des châsses du Vigean et de Salins : celle de sainte Eulalie y a pris place à la suite, sans que je me rende compte de la raison. Quand on a un but avoué et une spécialité bien déterminée, il conviendrait de ne pas s'en détourner, même accidentellement. Tant de choses restent à dire ou à révéler sur les mo- numents eucharistiques !

Il importait de reconstituer les coffrets, dont nous n'avions pour ainsi dire que des lambeaux, afin de pouvoir les étudier dans leur ensemble. Cette vue générale est absolument nécessaire, car

(I) Le Musée eucharistique possède des dessins coloriés de ces cofFreCs, mais ils ne nous ont pas été communiqués. C'est d'autant plus regrettable qu'il eût été utile d'Indiquer les couleurs des émaux, où, comme d'habitude, le bleu doit domioar.

lyGoogle

il y a toujours deux parties dans l'iconographie des coffrets à reliques : la mort du saint et son triomphe, c'est-à-dire son admission au ciel. Or M. Chabau, pour deux coffrets, n'avait figuré que le martyre sans son complément, et, pour le troisième, s'était contenté du Christ rémunérateur. Il nous fallait davantage.

M. Ernest Rupin, avec son aptitude bien coU' nue, a réduit les dessins de l'intelligent aumô' nier et présenté les coffrets du Vigean et de Salins sous leur aspect vrai : face, revers et côté. Ainsi les scènes se suivent et deviennent intelligibles.

Un autre motif m'engageait à reprendre la ques- tion, à savoir la détermination de la date et du sujet. M. Chabau disait xu" siècle j'inscris xni", et nommait Martyre de sainte Procule et d'un a évèque ou même d'un pape, » deux scènes que je qualifie Passion de sainte Valérie et de saint Thomas de Cantorbéry. Il y a en jeu une question de principes que je tiens à énoncer.

La fabrication limousine travaillait à l'avance ou sur commande. Les produits s'entassaient dans les magasins ou se portaient aux foires, et l'ache- teur faisait son choix. En conséquence, l'icono- graphie ne traitait que des sujets tommuns, d'une compréhension facile et bons à toute circonstance, comme le Christ, la Vierge, les apôtres, les anges, et des saints populaires, tels que saint Thomas et sainte Valérie. C'était de la pacotille, du commerce courant, que le fabricant était toujours sur de placer.

La commande, au contraire, imposait un pro-

lyGoogle

gramme, et, comme le public n'aurait pas com- pris, le sujet s'élucidait par une inscription. Une légende n'était pas nécessaire pour sainte Valérie, mais elle eût été indispensable pour sainte Pro- cule, précisément parce que le même genre de supplice pouvait amener une confusion.

Ce point de vue a son intérêt pour jugM" sai- nement les produits limousins, et c'est la pre- mière fois peut-être qu'il est mis en circulation. J'en recommande l'application aux archéologues, persuadé qu'il les aidera dans leurs constatations.

Quoi qu'il en s'oit de nos divergences d'opinion, je n'en remercie pas moins M. Chabau de sa complaisance. Si nous étions ainsi aidés partout par le clergé, notre besogne serait facile. Du reste, je ne saurais trop louer sa modestie, car il m'écri- vait, cette année : « Vous avez fait beaucoup d'hon- neur à mes dessins en les remarquant; vous leur en ferez un plus grand encore en les reprenant en sous-œuvre et les expliquant avec votre haute compétence. »

« Salins est une petite paroisse, située au sud- est et à "quatre kilomètres de la ville de Mauriac (Cantal), chef-lieu de canton. Elle doit son nom à une très belle cascade : l'Auge se précipite d'une hauteur de trente mètres. L'église, dédiée à saint Pantaléon, dépendait de l'abbaye de la Chaise- Dieu : elle n'a pas grand caractère, le portail ne remonte pas au-delà du xv* siècle. Cependant, sa fondation est très ancienne, car elle est men-

lyGoogle

525

tionnée dans la charte de Clovis, dont l'authen- ticité est contestée, mais qui date au moins du XI' siècle.

» La châsse ne renferme que dos reliques ré- comment données par révôché de Saint-Flour.

» D'anciens inventaires constatent son existence aux deux derniers sioi-Ies et désignent les reliques : a Un petit cofret de bois, avei; des bandes de loton, B a esté attesté estre les reliques de saint Pan- » taléon, saint Biaise, saint Léobon et aultres. » {Inventaire de 1664.) Ce reliquaire était alors con- servé dans le tabernacle, ave.: le ciboire.

« Un petit coffret, couvert de cuivre émaillé, » sont plusieurs petites partielles de reliques de » plusieurs saints, ledit coffret sans clef et for- B mant avec un ruban ou cordon. » {Inventaire de 1743.) Ce reliquaire était alors à la sacristie. Aujourd'hui, il se conserve dans une petite ar- moire pratiquée dans la muraille du côté de l'évangile. » {Lettre de M. Chabau.)

La forme générale est celle que l'on connaît, parce qu'elle est la plus commune : une maison (1), à quatre côtés inégaux, exhaussée aux angles par quatre pieds carrés, coiffée d'une toiture à double versant et terminée par une crête (2). La crête

(1) In omnibus domunculis, in quibus eleclra ponenda sunt, u dit le moine Théophile, au xii* siècle, dans sa Dieersarum artium schedula, tib. III, cap. 5î. '

(!) Il y aurait lieu de fixer, une fois pour toutes, la terminologie. ChAsae devrait se dire exclusivement dus meubles de grande di- mension, oii repose un corps aaînt ou notable partie des osse- ments. Reliquaire convient aux parcelles. Coffre ou coffret semble

T. VIL ^-S

DigmzcdbyGoOgle

ondule et est ornée, sur trois sommets, de trois boules, celle da milieu surmontée d'une croix. Ces boules sont nommées pemmes par les anciens textes : elles représentent le fruit de l'arbre de vie, par lequel s'opéra la rédemption du genre humain, et deviennent ainsi le symbole expressif de la béatitude céleste, dont jouissent les martyrs comme récompense de leur foi et de leur courage (I).

La hauteur totale est de 180 millimètres, la largeur de 185.

L'âme est en bois. Des plaques de cuivre, doré et émaillé, y sont fixées par de petits clous à tête ronde.

Les pieds sont striés en losange, pour rompre la monotonie de la surface, mais de façon aussi à ne pas arrêter le regard.

La face seule a de l'importance, car c'était elle qui se trouvait en vue lors de l'exposition des reliques.

Le revers est très simple : toutefois sa nudité est dissimulée par des motifs géométriques, égayés de fleurons. Les montants sont quadrillés. Le pan- neau de l'auge, entouré d'une bordure lisse bleu- clair, est coupé par une ligne horizontale et deux verticales d'émail blanc, avec disques aux points de rencontre. Le pourtour du médaillon est rouge ejt le fleuron blanc. Ces fleurettes indiquent les

ici le mot propre ; >> Goffros Lemovicenses, > comme parla le Gallia ckristiana, h la date de 121S; « coffre de opère Lemoviccnsi, » selon l'inventaire de Saînt-Paul de Londres, ea 1298. (I) Bull, de la Soc. arch. de la Corrèze, t. VI, p. 485-187.

lyGoogle

joies célestes; en sorte que celui qui repose dans le coffret voit réalisée la prophétie biblique : « Fui- cite me floribus, stipate me malis. » {Cant. Cant., II," 5.) Le champ est quadrillé en treillis, de même qu'au toit, des bandes bleu-clair dessinent des losanges, remplis de fleurons blancs à longs pétales.

Lors de la restauration du coffret, la plaque du toit a été reportée en avant, et celle de la pai-tie antérieure est venue se fixer au revers. M. Rupin a, dans sa gravure, remis chaque chose à sa place première : la corrélation existe, en effet, entre toutes les parties, et on ne peut méconnaître que Vhistoire convient à la face, parce que c'est elle qu'on regarde et la simple décoration au revers, qui n'est pas en évidence sur l'autel. On ne sau- rait prendre U'op de précautions dans ces arran- gements, où la logique doit guider principalement.

La plaque antérieure de l'auge a été reproduite, dans la Revue eibchaHstique, de grandeur natu- relle. Une seule observation renverse la thèse de M. Chabau : sainte Procule porte sa tète « aux pieds d'un prêtre qui célébrait la messe » (1884, p. 283). Or, ici nous avons incontestablement un évoque, d'où il conclut que « l'artiste a commis une légère erreur. » N'attribuons pas ainsi aux autres nos propres distra'jtions.

A l'angle droit, une main, l'index tendu, sort des nuages. C'est la main de Dieu, dextera Dei, disent les inscriptions du temps, qui ordonne à . l'évêque d'interrompre le saint sacrifice pour aller au-devant de la jeune martyre; elle montre, in-

lyGooglc

dique, mais ne bénit pas. Ce geste, dans la cir- constance, est très significatifs

La main divine surmonte l'autel, chargé d'un calice et d'un cierge unique (1), planté sur un chandelier conique dont une houle forme la ho- bèche. L'autel, de forme cuhique, est muni d'un parement à orfrois verticaux, qui n'empochent pas les plis à l'entre-deux, et à orfroi horizontal, plus connu sous le nom de frontal {2).

A. la voix de -Dieu, l'évêque s'est détourné; il tend les hras pour recevoir l'offrande de la vic- time. Sa tête est couverte de la mitre unie, à fanons flottants, et son ample chasuble, mise sur l'aube, est relevée sur les bras.

Une motte de terre ondulée est pour que sainte Valérie s'y agenouille. Vêtue d'une longue robe, ceinte à la taille et les pieds chaussés, elle

(I) X. Babbieh t}B MoNTAULT. Le miraclô de Bolaéne el le saint

corporal d'Orvielo, p. 104-105.

(!) « Item una casula et una capa, cum duabiis tuniculis, de nîgro velvett de auro bcsentato, cum duobus frontinellis ejusdom secte. » [Inv. deLichfield. 1317.)

a Item, due froiitinelle pro magno allari de eadom secla (de albo samito).

Item, due frontinelle prccioslasime cum imaginilius pro magno altari, quarum una est lata et alia magna (magis?) strii^la.

u Item, una frontinetla cetcrls stricCior, que adjungitur uno pallo pro magno aJtarj et ista frontiiiella est exceltenter preciosa, quia est per totuin margaritis nobilibus ornata cum centum duobus bâtons de perlei. Et hec omnia de donoWalteri de Langedon epis- copi. » {Inv. de Lichfield, 1315, n" 87. 88, 89.)

B Item duo paiHii, de doiio magistri Thome de Cantilupo (1265- 1275), videlicet una froiitinella cum yniagiiiilm.'!, ad pnidendum coram altari et alius strictus ad peudendum supra altare. » [Ihid,, n- 110.)

lyGoogle

s'incline respectueusement, les bras tendus en avant, tenant à deux mains sa tête, quasi sou- riante, les cheveux tombants. Du haut du ciel, exprimé par des nuages, descend à mi-corps un ange, dont la mission est de soutenir, au cou, la sainte qui vient d'être décapitée. L'assistance divine est donc évidente. Suit un jeune homme, le prétendant peut-être, en jaquette comte et ceinture, jambes et bras nua, qui par son geste semble vouloir apporter une assistance humaine à la défunte. Le dernier personnage est une jeune fille, reconnaissable à sa figure, sa chevelure et sa robe; elle saute gaiement, les bras en l'air. Cette attitude s'explique par la joie qu'elle éprouve d'être témoin d'un miracle inattendu; ce doit être une compagne de la martyre, peut-être même sa mère (1).

Le fond du panneau est semé de roses; la rose, par sa couleur, est le symbole du sang répandu. Ici il y a encore une raison technique de pi-océ- der de la sorte. Les émailleurs limousins n'étaient pas assez sûrs d'eux pour couvrir d'un seul jet une surface plus ou moins grande; ils épargnaient donc dans le métal quelques endroits, qu'ils avi- vaient ensuite en couleur, et de la sorte l'émail était moins susceptible de se briser. Les roses sont inégales en dimension, suivant l'espace à remplir. Trois fois, on leur substitue des losanges.

(1) Siunt CalHope de Gilicie ayant âtd crucifié, sa mëre mourut de joie en baisant le cadavre du martyr dont le bonheur éternel était ainsi assuré (Cahier, Caractér. deê tainlB, p. 40SJ.

ibyGoogle

Le premier archéologue venu du Limousin con- clura, comme moi, que le sujet appartient à la vie de sainte Valérie, sujet qui avait en soi un attrait particulier pour la ville de Limoges. S'il restait encore quelque hésitation, elle serait faci- lement dissipée par la comparaison avec la grande châsse d'argent de Saint-Vaulry (Creuse), qui est du un' siècle et que je compte puhlier bientôt, et un bas-relief du tombeau de Bernard Brun, à- la cathédrale de Limoges, que l'abbé Texier a fait graver en 1842 dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, et qui remonte au xiv" siècle. Voilà donc deux autres monuments afB.rmïnt la même tradition iconographique dans un espace de cent ans (1).

Dans une châsse, l'auge représente, d'ordinaire, la vie terrestre, et le tûit la vie céleste où, le saint entre par sa mort. Il en est ainsi sur le coffret de Salins. Sur un fond constellé de roses, deux

(1) Le cardinal Hug^ues Roger, TrÈro de Clément VI, mort en 1363, âtwt représenté sur sa tombe en habits ipontiftcaui. L'amict est chargé, du costé droit, de la figure de saint Uartial disant la messe, et sainte Valérie à ses pieds tenant sa teste en sa main, et

au-dessus un ange soustenant son corps Dans l'autre milieu (du

tombeau), l'on voit saint Martial à l'autel et sainte Valérie & ses pieds dans la posture cy dessus cottée, fors qu'il y est en bosse et Fautel dans sa fermette (Faob. Le Tombeau du cardinal de Tulle, p. 11-12). En 1645 fut exécutée, en argent, la ch&sse de swnt Martial, pour la ville de Limoges, par deux orfèvres de Paria. Parmi les bas-reliefs, Legros cite le miracle de sainte Valérie décapitée, posant sa tête devant le saint apôtre, qui célébroit alors les saints mystères {Bull, de la Soc. arch. du Limousin, tome XXXII, p. 84). Sur une toile du ivii* siècle est peint le même sujet, au retable de l'autel de sainte Valérie, dans la sacristie de Ja basilique de Saint-Pierre, à Rome.

lyGooglc

anges agenouillés, en tunique collante ceinte à la taille, tiennent d'une main une nappe déployée; leurs ailes abaissées, et par conséquent au rep03, indiquent qu'ils sont arrivés au ciel; de l'autre main, ils sonnent de l'oliphant en signe de triomphe.

Sûr la nappe, émergeant des nuages et plon- geant la tête dans une autre couche de nuages, car c'est ainsi que le xin* siècle a représenté le firmament {i), l'âme de sainte Valérie, nue comme il convient aux esprits glorieux, se présente de face et à mi-corps, les bras étendus, pour témoigner de sa joie (2).

Il est à remarquer que l'artiste a omis les nimbes à sainte Valérie, à saint Martial et aux anges, pur oubli ou caprice d'artiste dont on trouve mais rarement des exemples, car les règles siu* la matière étaient généralement observées avec scrupule.

II

« Saint-Laurent du Vigean, situé à deux kilo- mètres de Mauriac, est un ancien prieuré dépen- dant du monastère ou dovenné de Saint-Pierre

(1) Sculpture de la cathédrale de Chartres {Ann&l. archéol., t. IX, p. 101.)

(3) On a nomma orant, dans l'iconographie latine, le person- nage figuré sur une tombe, les bras en croix. C'est bien k tort, selon moi, car ici on n'a pas voulu représenter un vivant en priëre, mais son âme, comme l'a expliqué H. de Roasi. Or, une ame au ciel ne prie pas. L'extension des bras doit donc avoir, dans la circonstance, un sens différent, et je propose d'y voir l'allé- gresse qu'éprouve le défunt en prenant possession du ciel.

ibyGoogle

„Googlc

de Mauriac, fondé au vi* siècle par sainte Théo- dechilde, fille de Clovis l", comme je l'ai raconte dans la vie de cette sainte.

j> L'église est romane, sauf la nef, qui a été reconstruite au sv' siècle parce qu'elle s'était écroulée. Deux chapelles latérales ont éte ajoutees à la même époque et une troisième plus tard. On y conserve une côte de saint Laurent, à la fois titulaire de l'édifice et -patron du lieu; elle n'a ni authentique ni sceau. Elle est déposée dans le socle d'une statuette de saint Lauj^ent, qui me paraît dater du xviii' siècle.

» La châsse ne renferme qu'un médaillon mo- derne, plein de reliques. » {Lettre de M. Cfiabau.)

.Sa hauteur est de 15 centimètres, sa largeur de il ; elle a la forme d'une maison sans crête et sort d'une autje main que le coffret précédent. Son style est meilleur et' son exécution plus soi- gnée. Les supports sont striés en treillis. La face antérieure de l'auge, bordée d'une ondulation à deux teintes, ^t consacrée au martyre, le teit à l'introduction au ciel, le rampant de la partie postérieure à l'ensevelissement, et, au-dessous, un cheval galope entre deux arbres. 11 est fâcheux que le dessin ait négligé ce quatrième panneau, qui tient probablement à la légende et sur lequel je n'ose me prononcer, car je ne puis, vu l'époque, lui attribuer le sens de la course de la vie qui nous reporterait trop haut, à l'ère latine (1). Mais, à mon sens, il y a eu une interversion : à la pas-

(1) Bull, darch. chréL. 1S73, pi. XI.

lyGoogle

sion doit correspondre la sépulture, et l'entrée au ciel dominera alors la scène du cheval, qui relate peut-être un miracle opéré au tombeau.

Le champ du premier panneau est coupé de roses; un chevalier, tête nue, en jaquette à orfrois, le pied gauche posé sur un monticule à trois co- teaux (copeaux, comme disent les héraldistes), enfonce son épée droite dans le cou de la victime, et de la gauche, tendue, fait un geste d'allocution. Le saint, debout devant l'autel, les mains ouvertes et suppliantes, est habillé d'une riche dalmatique, que recouvre une casula à double orfroi perlé. Sa tête barbue est coiffée d'une espèce de couronne à crête ondulée, formée d'un bandeau gemmé, que complète une coiffe d'étoffe avec cornes saillantes, Bien qu'avec l'aspect d'une couronne royale, qui à cette place n'a pas sa raison d'être, nous voyons certainement une mitre(l), puisqu'il s'agit d'un évéque ofBciant. L'autel, exhaussé sur un sol à deux rangs de coteaux, est muni d'un parement chevronné, à l'instar du point de Hongrie, et chargé d'un calice bas et à coupe évasée, derrière lequel est mise en perspective une hostie (2), tra- versée par une croix cantonnée de quatre points (3). Dans l'angle supérieur, la main de Dieu, issant des nuages, bénit à trois doigts, le pouce légère-

(1) Revue de VAH chrét., t. V, planche à la page 281.

(2) La chasuble, le calice et l'hostie supposent la cela b ration du saint Eacrilîce; cependant, il est certain historiquement que l'assas- sinat eut lieu pendant les vgprcs g [Bull, de la Soc. arch. de la Corrèze, t. V, p. 255).

(3) X. Basbibr ne Hontault. Le Marlyrium de Poitiers, p. 33.

lyGoogle

535

ment infléchi, ce qui constitue la bénédiction latine. M. Chabau a tort de dire : « Ici la main bénit à la manière grecque, un des caractères byzantins de cet émail s (p. 384), car l'émail est essentiellement français, sans aucune influence byzantine, même indirecte.

Ce panneau est reproduit en simili-gravure dans la Revue euchœristique, pi. XXX.

Je passe au second panneau, que je prends au toit du revers. Deux clercs, en aube et nu-tête, déposent dans un sarcophage rectangulaire, veiné pour imiter le marbre, le corps du défunt, enve- loppé entièrement d'un suaire en tissu treillissé et pointillé. A l'endroit de la tête est un nimbe cir- culaire, car par sa passion le martyr a acquis offi- ciellement la sainteté. Dans la scène précédente, il en était intentionnellement dépourvu, le mar- tyre n'étant pas encore consommé. Le corps est étendu sur un linceul, rejeté, aux extrémités, sur les épaules des clercs. En arrière, un évêque, tête nue, en chasuble orfrayée, la crosse dans la main gauche, donne une dernière bénédiction, au nom de la Sainte-Trinité, à l'illustre martyr.

La bordure forme comme une guirlande de fleurons crucifères; au-dessous, l'ornement con- siste dans une succession de carrés se rejoignant et marqués d'une croisette, puis de fleurons cru- cifères, avec seconde bordure ondulée à Untérieur.

L'entrée de la serrure, posée horizontalement, dénote le système de fermeture du coffret, au dernier panneau.

Au troisième panneau reparaît la bordure on-

ibyGoogle

dulée^ encadrant la scène de l'enlèvement au ciel. Deux anges nimbés, ailes baissées, issant de nuages à mi-corps, habillés d'une robe et d'un manteau, soulèvent d'une maiu l'auréole elliptique, à con- tour zigzagué, dans laquelle est l'âme du martyr (1). Elle émerge des nuages, est vêtue d'une robe à ceinture et orfrois au cou et aux manches; sa tête porte le double signe de l'honneur, la cou- ronne et le nimbe; ses bras sont tendus, comme fait sainte Valérie, en signe de joie : « Exultent justi in conspectu Dei et delectentur in lœtitia » [Comm. des martyrs).

L'àme est plus souvent nue; cependant elle est aussi parfois vôtue, surtout en Italie (2), car de la sorte on exprime le vêtement de gloire et d'allégresse dont Dieu pare ses élus : i Àmavit eum Dominus et ornavit eum, stolam glorise induit eum, » dit l'office des confesseurs pontifes au bréviaire romain; a stola jucunditatis induit eum Dominus, n ajoute celui d'un martyr (3). La

(1) Voir sur ce rûle des anges ma brochure : Le Vilrail de Saint' Laurent à la cathédrale de Poitiers, p. U. <• L'Ame du bien- heureux montaal au ciel dans une auréole que soutiennent deux anges, s est signalée par l'abbâ Teiier [Argentiers, pi. IV} sur un coffret qui était alors sa propriâtâ.

(2) Voir, à Sainte-Croix de Florence, les funârailles de saint François : fresque de Giotto (xiv* siècle) et baS'Telief de Benedetto da Haiano (xv siëcle), dans la Vie de saint François (Paris, Pion, 1885). p. 261 et pi. XXUI.

(3) La sixième leçon de l'office de saint Benott, au bréviaire romain, parle de son âme, qui fait son entrée au ciel, parée d'un manteau très précieux, aiusi que l'ont attesté deux de ses moines : Sublatis in cœlum oculis, orans, iuter manus discipulorum eSlavit animam : quam duo monachi euntem iu ctelum vidernnt paiiio

lyGoogle

robe a remplacé le costume épiscopal, comme la couronne la mitre, pai'ce que, d'après le commun des martyrs, au même bréviaire, Dieu, en mettant la couronne précieuse sur la tète de l'élu, se donne lui-même : « Domine, prœvenisti eum in bene- dictionibus dulcedinis » (nous avons vu cette béné- diction au moment décisif), « posuisti in capite ejus coronam de lapide pretioso; corona aurea super caput ejus, expressa signo sanctitatis, gloria honoris et opus fortitudinis. »

I Deas, tuoritm militum Sors et corona, priemium.

Le nimbe s'explique par ce texte du bréviaire que lui applique aussi Guillaume Durant dans son Rationai : a Scuto bonœ voluntatis coronaati eum, Domine » {Off". du comm. d'un martyr).

Les coffrets analogues ne manquent pas pour déterminer le sujet, qui n'offre pas de notables variantes, mais se réduit babituellement aux s::ènes de la mort et de l'ensevelissement. Je citerai ceux de la cathédrale d'Anagni (1), du musée de Cler- mont-Ferrand, de la collection de M. de Glan- ville {Revue de l'Art chrét., 1885, p. TZ), du musée de Berlin {Bulletin de la Soc. archéol.

omatam pretiosissimo, circum eam fulgenlibus lampadibus et elarissima et gravissima apecie virum stantem supra caput ipsius dicentem audieruDt : Hwc est via qxut dilectus Domini Benediclus in cmlum aecendil. »

(I) X. Barbier de Montault. La Cathédrate d'Anagni, p. E2; j'en ai fait faire une photographie par M. Simelli pour ma oollec- tioii des Anliquiléa de Rome. Los viiriantcs sont : le calici) posé sur l'autel devant une croix à trois pieds, deux meurtriers, saint Pierre avec sa croix et saint Paul aux petits côtés.

cibyGoogle

de la Corrèze, t. VII, p. 51), de la coUection de M. Doire, à Évreux [ibid., p. 52), du musée Thvulzio, à Milan (1) [ibid., t. V, p. 519), les trois de l'Angleterre {ibid.j p. 256) (2), et celui de la basilique de Latran, que j'ai signalé deux fois dans la Hevue de l'Art chrétien. Sur ce der- nier, les meurtriers sont au nombre de deux, et l'évëque, à la mise au tombeau, est assisté d'un acolyte tenant le l'ituel (3). Tout cela ne con- . vient qu'à saint Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry, assassiné pour la foi dans sa cathé- drale, le 29 décembre 1170(4).

Les petits côtés offrent, dans une bordure à fleurons, un apôtre abrité par une arcade cintrée, dont la retombée se fait sur une double colonne,

(1) » Au loit, le Cbrist et deux anges; auge, le martyre; flancs, deui bienheureux. »

(2) ' Auge, la martyr debout au pied de l'autel, trois chevaliers; toit, la déposition du cadavre dans un riche sarcophage. '

'{3} Sur la chftsse d'Uereford, en face de l'évëque préaidant aux tunérailles, se tient un diacre chargé d'un diptyque ' [BvU. de ta Soc. arch. de la Corré^e, t. V, p. 256).

(4) 11 fut canonisé par Alexandre III deux ans après sa mort. Ce fut le premier pour lequel le pape se réserva la canonisation par le 8aint-Siége (Benedict. XIV, De serv. Dei beat, et beat, canoniz., lib. I, cap. 0, n. !).

Le corps ayant été levé de terre en 1Î20, son culte s'accrut d'autant. L'exécution des coffrets limousins correspond k cette date.

Les reliques déposées dans ces coffrets purent être alors des ossements ou parcelles d'os; mais, antérieurement, on avait dis- tribué de ses vêtements, de sa cervelle et de son sang, ce qui répond au doute émis dans le Bull, de la Soc. arch. de la Cor- rèze, t. V, p, 355, sur l'impossibilité d'avoir des reliques partielles d'un homme dont le corps fut inhumé on entier. Voir ma brochure Inventaire de ta basilique de Sainte-Marie Majeure, à Rome, p. 23, 27.30; j'y cite une inscription du xiii' siècle. Cet opuscule est extrait de la Heoue de l'Art chrétien, t. XVI, 1873.

lyGoogle

à base et chapiteau feuillages; une tourelle sur- monte le cintre. On reconnaît l'apôtre à son double vêtement {tunique à orfroi et manteau), à ses pieds nus posés sur une montagne à cinq coteaux, et à l'emploi de ses mains : de l'une, il fait le geste de la prédication, et dans l'autre il tient un rouleau qui renferme la doctrine évan- gélique. La figure est imberbe et la tète entourée d'un nimbe. Des bandeaux pointillés, en taille d'épargne, coupent horizontalement le fond, alter- nant avec des bandeaux plus larges, émaillés et fleuronnés.

Quels sont ces apôtres? Rien ne le révèle, faute d'inscription et d'altribuls. SLirement, ce n'est ni saint Pierre ni saint Paul, au caractère typique.

lyGoogle

Parmi les apôtres, les uns sont barbus, les autres imberbes. Saint Jean est imberbe en France, au xiu* siècle, saint Thomas aussi; mais, je le répète, il est impossible de les nommer.

Le symbolisme, au contraire, est bien mieux fixé. Nous l'apprenons de saint Augustin, dans son Exposition sur les Psaumes et du Bréviaire romain, qui lui emprunte les leçons du second nocturne du commun des apôtres. Les apôtres sont le fon- dement de la cité sainte, établie sur les mon- tagnes éternelles. Ils portent notre infirmité et sont les portes par lesquelles nous entrons dans le royaume de Dieu, grâce à leur prédication. « Fundamenta ejus in montibus sanctis, diligit Dominus portas Sion. Quare sunt fundamenta apos- toli et prophetae? Quia eorum auctoritas portât infirmitatem nostram. Quare sunt portœ? Quia per ipsos intramus ad regnum Dei. Prœdicant enim nobis et cum per ipsos intramus, per Christum intramus : ipse est enim janua. »

Les apôtres gardent donc les reliques^u martyr et les recommandent à la vénération des fidèles. Ils proclament aussi sa foi, son courage, sa vic- toire; en sorte qu'on peut cbanter avec l'Église dans une de ses hymnes triomphales :

« Invicte martyr, unicum

Palris seculus Filium, Victis triumphas hoslibus, Victor p-uens cxlestibus. »

C'est jouir du ciel que d'habiter avec les apôtres dans les tabernacles éternels : « Dabo sanctis meis

lyGoogle

locum nominatum in regno Patris mei, dicit Do- minus » {Comm. des martyrs).

III

M. Chabau écrit dan? la Revue eiœharistigtie {1885, p. 59) : « Châsse de sainte Eulalie, canton de Pleaux (Cantal). Le Christ, assis et bénissant à la manière latine, avec trois doigts. Il tient de la main gauche le livre des évangiles. La tête est en relief (1) et couronnée. Les fleurons de la cou- ronne ont disparu. Le nimhe est croisé comme il convient, et le personnage entier est entouré d'une auréole elliptique. C'est la gloire complète. A sa droite et à sa gauche, deu^ autres personnages qui ne sont point caractérisés. Cet émail peut être du xiu" siècle. La royauté de Jésus-Christ y est parfaitement indiquée par la pose, le geste et sur- tout la couronne. »

De ce coffret, dont" la description est très incomplète puisqu'un panneau seul est signalé, nous n'avons, dans le dessin de la planche XXXVl, que le Christ-roi, sans son escorte de saints. Je suppose, d'après le principe exposé, que la plaque forme toiture. Si nous avions la plaque inférieure, nous saurions à qui Jésus décerne la récompense céleste, car ceux qui l'entourent composent en abi-égé sa cour (2).

(tj a Les têtes en relief sur des bustes gravés sont ci Limousin ; on n'en connaît pour ainsi dire pas d'exemple en Alle- magne s {Btill. de la Soc. arch. du Limouain, i. XXXII, p. 53).

(!) Si je cherche des similaires à cet âmail, j'en rencontre deux dans le beau livre de H. Roddaz : L'Art ancien & l'Expoeition

T. Vn. 5-fi

lyGoogle

La couronne ressemble, par sa coiffe à cornes, à celle du coffret de saint Thomas. La figure est barbue et la chevelure longue. La robe est bordée, au col, d'un orfroi, et le manteau, jeté sur l'épaule gauche, se ramène en avant. Le livre est fermé, car lui seul peut l'ouvrir (1), et appuyé sur son genou gauche. Les pieds nus posent sur un escabeau, insigne de dignité suprême. On ne voit pas de siège; la barre transversale ne peut en tenir lieu, se trouvant à hauteur des reins. Quatre disques à couches concentriques égaient le fond. Quatre autres disques, rehaussés de margue- rites à six pétales arrondis, saillissent aux pointes et au milieu de l'auréole.

La date d'exécution est certainement le xiii* siè- cle, plutôt vers le règne de saint Louis.

X. Barbier de Mon"tault,

Pré)at de la Haisoa de Sa Sainlelé.

nationale belge (Bruxelles, 1882), p. 15, 32, Le cofffet de la collec- tion Vermeersch présente : à l'auge, le Cbrist-roi, assis entre deui apOtres, également assis, par allusion au jugement dernier qui attribue aux saints leur récompense éternelle; au toit, trois anges à mi-corps, issant des nuages et ailes au repos. Tout ici parle donc du ciel. Le revers n'est pas figuré sur la planche.

Au cofTret de la collection Desmottes, l'auge met en scène la Crucifixion avec la Vierge, saint Jean et deui apôtres debout; au toit, la Majesté entre deux anges semblables aux précédents. Le symbolisme ici est manifeste, et le Christ lui-même l'a expliqué aux disciples d'Emmails : < Nonne hsec oportuit pati Christum et ila intrare in gloriam suam! » (Saint Luc, XXIV, 26). On voit par combien il est utile à la science de ne pas morcHcr les sujets pour n'en donner qu'un détail, qui laisse dans l'embarras sur son complément.

(l) Apoc, V, 5.

lyGoogle

LIVRES DE RAISON

LIMOUSINS ET MARCHOIS

(Suite. Voir t. vii, 2* livraison.)

CAHIBR-MBMET4T0 DE PSAUMET PÉCONNET, NOTAIRE A LIM0ÛB8 (1487-1002) (1)

Livre de M. Psaumet Pieonnet, no" royal, dans lequel est la datte de son conlrael de mariage et les noms de ses enfans; ted. livre en première datte du mardy devant Pasques de l'an ikSl (2}.

Ea sec sen (3) la memoria tochan mas nopsas : Et premieyrament, yeu, Psalme Peconet, fermiet [4) la Mathîre Beynesche (5) , ftlhe de feu Johan BeyQeys, au temps que vivie, bourgeys et marchant de Limoges, et de Mathive Salessa, lo dimars davant Pasqueys, en lan mil quatre cens quatre vings et sept (6|, et luy donîey ung aneu d'aur appellet signet (7), que costave. xxzii ss. ti d. (8).

(1) Voir la notice consacrée à ce manuscrit dans notre intro- duciion, L. G.

(2) Ce titre paraît Stre d'une mûn du xvii* siècle. Il est écrit sur lA feuille formant couverture,

(3) S'ensuit.

(4) De fermar ou firm&r, qui équivaut à accorder, mais avec le sens actif. On trouve constamment dans le livre d'Etienne Benoist et dans d'autres documents des iiv* et xv* siècles, fermalhAS, signi- fiant accordaillea.

(5) Benoist, nom d'une riche famille de bourgeoisie qui a joué un rfile considérable k Limoges du xiv au xvm' siècle. On sait que nos pères avaient l'habitude de donner, en parlant d'une femme, une désinence féminine au nom de famille; de Beyneache, Sftleasa.

(6) Le 8 avril UST.

{7} De aignttm. C'est l'anneau des accords. Les accords n'étaient pas exactement les (jançailles; ils consistaient surtout dans le rè- glement des questions d'intérêt et dans l'adhésion donnée par les

lyGoogle

544

Item, luy doniey may, la velhe de la S' Johan, une

redorte (i) d'aur que costave un 11. (2).

Item, furen fâchas las Dopsas et solempiiisadas en S" mayr esglieyga a Limoges, a S' Peyr au Queyroy (3), lo quarleyme jour de novembre l'an mil iiu' quatre vings et sept, et me fust promeys en doayre (4) per Mathieu Beyney, moss' Jamme et Johan Beyneys, frayra, la somme de sex vingz et dietz 11. mon. coireo [5j, et la demorance en leur meygo a la Porte Polalieyra (6), en laqualle y deven balhar une chanbre et l'obradour (7) en

deux fEiniilles à un projet de mariage. Les fiançailles avaient un caractère religieux et comportaient l'intervention et le consente- ment des deux futurs épou;t, entre lesquels elles créaient, parfois cinq ou six années avant le mariage, un véritable lien. On a aussi appelé aigtiet l'anneau à scel. (8) Soit 10 fr. 46, qui équivaudraient à 52 francs d'aujourd'hui.

(1) Torsade. Il s'agit ici d'un bracelet ou d'un collier, peut-être d'une ceinture ou d'un ornement de tftte. Le mot de redorto réorte, en français corrompu sert encore de nos jours i, désigner un objet rond et tordu, tout particulièrement une couronne de pain ou de brioche.

(ï) 22 fr. ai, environ 115 francs d'aujourd'hui.

(3) Saint Pierre du Queyroix, une des plus anciennes églises paroissiales de Limoges. Cette église était une prévôté dépendant de l'abbaye de Saint-Martial avant la transformation des anciens chanoines ou clercs en religieux, sous Charles-le-Chauve (848).

(4) Le mot douaire ne signifie pas autre chose ici que dot, et c'est le sens qu'il a le plus souvent dans les contrats dos xcv et XV* siècles. On voit ici un exemple de la constitution d'une dot i. une fille par ses frères, à défaut du père de famille. C'était tou- jours le chef de famille qui avait la charge de payer les dots et qui les constituait : la fortune, on ne saurait trop le rappeler, appartenait à la famille, au groupe et non k ses membres indi- viduellement. Le patrimoine passait directement d'un chef de fa- mille à un autre chef de famille, qui en distribuait une partie conformément aux coutumes de la famille, et aussi aux intérêts actuels du groupe.

(5) Soit 742 francs, 3.710 environ d'à présent.

(6) On appelait rue de la Porte Poulaillëre, ou plus brièvement rue de la Porte, la rue PoulaiUère d'aujourd'iiui, qui conserve à une de ses extrémités, du cûl^ de l'ancienne « barrière de ia Porte, t une mi^nifique maison du xiv* siècle. Ce nom lui avait été donné à cause d'un très ancien marché aux volailles qui s'était tenu à cet endroit.

(7) Atelier, operalorhim.

lyGoogle

545

e7ci, corne ;^ar per las lectras passadas permestre Micheu de Lespine, notari de Limoges, la qualle lettre yeu ay devers me toute grossade, signade et expedide.

Item, pagiey per la despeace de lasd. nopsas, tant ea polalhe, po, vy, char, mestriers (]), e autras chausas, la some de nou lieuras v d. monede corent (2), , ix 11. v d.

Item, bailliey plus a lad. Mathive, a las nossas, l'aoeu fermaditz (3), en quatre perlas, d'aur, que costet. vi 11, (4).

Item, plus une senture ferrade deu long d'argen(5), que costet vi 11.

Item, luy doniey plus ung aneu esposaditz que costave la some de un 11. x d. [6].

ËDseguen sen los preseiia que me fureu donatz a mas Qopsaa :

Et premieramenl, mon mestre (7), mestre Estienne Par- rot, notari de Limoges xv ss. (8).

Item, moncugi(9), PeyrFeydit. . Ungfloriouchat(lO). Item, mon cugi, frayr Jolian Peconet, . . v 33. (il).

Item, mon cugi, moss' mestre Pierre Pradelho, licen- ciât eu leys xv ss. x d. (12).

Item, mos dos cugis, frayr Guillem de Mathieu et Glrau, son frayr xvii ss. vi d, (13).

(1) Il faut probablement lire menealriert, bien qu'il n'y ait au- cune trace d'abréviation.

(2) 51 fr. 45, 255 francs au pouvoir de l'argent aujourd'hui.

(3) Anneau fermaditz, anneau d'accordée, do fiancée; anneau ei- posadiU, anneau de mariée.

(i) 3i fr. 26, 171 francs environ.

(5) Ferrée ou garnie d'argent tout du long.

(6) 23 fr. 35, qui en vaudrwent environ 117.

(7) Son patron, le notaire chez lequel il travaille au moment de son mariage.

(8) 4 fr. 29, 21 fr. 50.

(9) Cousin.

(10) Florent ad calum, monnaie souvent mentionnée au iv siècle.

(11) 1 fr. 43, plus de 7 francs.

(12) ^ fr. 05 environ, ayant la valeur de 24 francs d'aujourd'hui.

(13) 4 fr. 98, 25 fr. environ.

lyGoogle

Item, mon oncle Moss' Jamme Peconet. 1 flori ou chat.

Item, mon cugi Psalme Peconet, fllh de meslre Lien-

nard Peconet, de Ahen Mostiers (1). . . . xtiii ss. [2).

Item, et deu quau maridatge furen procreatz et engen- drât! loa enfans que senseguen :

Et premierament, une Ûlhe appelade per son nom Mariota, ma première filhe engendrade, laquale nasquet lo dimecreys empres la feste de la Assumplion Nostre Dame, que l'on contave per date lo xx* jour d'oust, lan mil quatre cens quatre vings et hueutz; et fu son peyry (3) mon frayr Mathieu Beyneya, et comayr (4) ma mes- tresse (5), Mariote Rogieyra, fenne de mestre Estene Parrot, ootari de Limoges; et fu baptisade a S' Peyr au Queyroy, et pourtet lo nom de sad. meyrine.

Item en seguen se los comeyraditz (6) fatz en las jacillas de lad. filhe :

Et premierament, raoss' mestre Marti Balestier, licen- ciât en medicioe, venc comeyrar en (7) ung paslitz de poleU, une auche (8) et un poletz routiz, une tercieyra (9) de vy.

(1) Eymoutiers, chef-lieu de canton de l'arrond. de Limoges.

(2) 5 fr. 13 : 25 fr. 60.

(3) ParraÎQ. Pëconnet donne ici le nom de frère & un de ses beaux-frërea.

{4) Marraine.

[5} La femme du maître notaire chez qui Psaumel Péconnet a travaillé ou môme travaille encore.

(6) Comeyraditz signifie, à proprement parler, qui meni dei commères, ou qui ett donné à ioccaêion de» commérages. Ce mot s'appliquait aux dons offerts à l'accouchée par ses visiteuses et visiteurs.

(8) Une oie.

(9) On appelait ainsi une mesure rcprésontant U troisième partie de U pinte.

lyGoogk'

547

Item, venc comeyrar lad, Mariote Rogiere, comayr, ea uDg pastilz de poletz, ung viage (I), et ung autre viage en dos paatitz, ung de poletz et l'autre de lebre(2), une auche, ung gorret (3), quatre poleti routiz et doas ter- cieyras de vy. Kt son marit no volguet pas venir.

Item, la dompne[4) Symona deu Peyrat(5), fenne deu seigneyr Marsau Disnemandi (6), venguet comeyrar per doas vetz f7} : une vetz, en ung pastitz de poletz, et une quarte (8) de vy, et l'autre vetz, en ung autre pastitz de poletz et une autre quarte de ry.

Item, massor [sic] la Galiane Beynesche, relicte (9) de feu Mathieu Doury, venc en dos pastitz de poletz, une quarte de vy.

' Item, ma d[ompn]e l'Anne Salessa, relicte de feu Fran- ceys Lamic (lOj, venc en ung pastitz de poletz et une quarte de vy.

Item, ma d[ompn]e Hadiive Salessa, relicte de feu mestre Johan Feydit, venc en doas michas (M), ung fro- mage blanc et dietz leoalx (12) et une quarte de vy.

Item, ma d[ompn]e Mathive Beynesche, femme deu sei- gneyr Franceys Saleys (13), todc ung viage en ung pastitz

(I) A une visite. {5) Lièvre.

(3) Ud cochon de Uit,

(4) Dame.

(5) Dès le XIII* siècle, les du Peyr&t figurent au premier rftng des familles de la bourgeoisie de Limoges.

(6) Les Dianemandi, dont le nom a'est francisé et transformé en celui de Disnematin, complent au xv siècle parmi les plus riches bourgeois de Limoges. Daurat, le poeta regiui, était nn Disne-

(7) Par deux fois.

(S) La quatrième partie du setier, parfois de la pinte.

(9) Veuve, du latin relicU.

(10) De Amici, forme latine du nom d'une très ancienne famille de notre ville.

(II) Deux miches de pain. Le mot s'est conservé.

(12) Nous ne pouvons traduire ce mot.

(13) Les Saleys paraissent être, après lea Meyze, les plus grands négociants de Limoges au xv siècle.

lyGoogle

5*8

de poletE et ung autre viage en uDg gorret et lu polelz routiï et une quarte et terciere de vy, et venc lo seigueyr Franceys, son marit, quant hac sopat (1).

Item Peyr Feydit et sa feniie vengren en ung pastitz de poleu, ung gorret, une auche et dos poletz routiz et doaa tertieyraa de vy el treys pas choyney8(2).

Item, la Johane Pradelhona, relicte de feu Penot Buat, venc en ung pastitz de poletz et une quarte de vy el treys pas choyneys.

Item, la Noanete Salesse, fenne de Peyrardit, venc en ung pastitz de poletz et une terciere de vy.

Item, lo iiu""(3) jour deu meys d'octobre, que era lo jour de moss' S' Franceya, l'an mil CCCC IIII" el dietz,' nasquet Peyr, mon âlh, mon segon engendrât, et fu batizat a S' Peyr au Queyroy de Limogea, et fu son peyry Moss' mestre Pierre Pradelho, licenciât en leys et prebre (41 ; et portet lo nom de son peyry ; et sa meyrine fu Noanete (5) Salessa, feane de Peyrardit (6).

Item, venc veyre la jasen (7) lad. comayr, en ung pas- titz de quatre poletz et une terciere de vy.

(IJ Le mari ne vieat qu'après le souper. Il était en effet défendu à tout autre homme qu'au parrain ou aux plus proches parents, d'aller commérer chez l'accouchée. Nous avons dit qu'on enfrei- gnit souvent cette interdiction.

(2) Le pain choyneys la forme exacte était, parait-il, cha- noyneys, pain de chanoine était un pain de luxe qu'on trouve souvent mentionné. V. De Canob ; partis canonicus.

(3) On avait d'abord écrit xiiu'*.

(4) Prêtre.

(5) Pour Nanette, de Jeannette, Johanela.

(6) Suit un nota, ainsi conçu : pt Ip rpfpdpt gplppnp bpy- npychp. Ce qui veut dire évidemment .* et lo refudet ûatJane Beyneyche. L'auteur du Livre de raison a voulu noter pour lui seul ce souvenir : sa belle-sceur avait refusé d'être marraine du petit Pierre.

(7) La malade, l'accouchée, de jacenlem. Le verbe ;a«er pourrait bien venir des caquetages des commères qui visitaient la jasen, et non de la pie, jasso.

lyGoogle

- H9

Item, venc ma comayr, la Mariote Rogiere, fenne de mestre Ësleoe Pan-ot, en ung pastitz de quatre poletz et de une coha de mosto (1), et une quarte de vy.

Item, venc la Johane Pradelhona, eor deud. compayr, Tcyre lad. jasen, en ung pastis de quatre poletz et doas tercieyras de vy et Ireys pas.

Item, veoc ung autre viage lo compayr, en un grant preseo ires honestemen.

Item, lad. Noanete Salessa, comayr, venc en lo grant presen, très honestemen.

Item, ma sor (2), la Guischarde Beynesche, fenne de inestre Anthoni Tibort, licentiat en médecine, venc co- meyrar en ung pastitz de quatre poletz et de ung lopi de buou(3} entrennasi?) (4), treys pas choyneya et une tercière de vy noveu et une pinte de vy vielh.

Item, venc la doropne Symona deu Peyrat, fenne deu Sr Marsau Disnemandi, en ung pastitz de quatre poletz et une quarte de vy.

Item, venc frayr Johan Peconet (5), mon cugi, en ung pastitz de lebre et une quarte de vy.

Item lo xxvij* jour d'oust, l'an mil CCGC IIU" et unze, morit lod. mon fllz E*eyr, a Tore de prime a qui Dieu absolhe ! (6) et fu ensebelit au grand tombeau de la dompne Paulie Auàiere(7), davan l'esglieyge de S' Peyr au Queyroy, davan lo grand pourtau.

(1) Une queue de mouton.

(!) Ici, comme plus haut, Psaumet donne k ses belles-SOBurs !& qualification de aœurs.

(3) Une pièce de bosuf,

(l) S'il n'y avait un jambage de trop au manuscrit, nous serions . tenté de lire : entre mas, dans les mains.

{h) On voit que les religieux èui-mémea prenaient part aux com- mérages. (Je n'était peut-être pas Fort décent; mais su i bon vieux temps, on n'y regardait pas de si près...

(6) Que Dieu absolve !

(7) Paule Audier, femme de Mathieu Bsnoist, a laissé une mé-

lyGoogle

- 550

Item, lo noveyme jour deu meys de julhet, l'an mil quatre cens quatre vings et douge, nasquet Estene, mon fllz, tiers engendrât, et fu batizat a S' Peyr au Queyroy de Limogea ; et fu son peyry mon mestre, mestre Estene Parrot, notari de Limoges, et sa meyrine ma sor, la Galiane Beynesche, relicte de feu Ma^ivot de Julie (1), dit Douri; et pourtet lo nom de son peyry.

Item, lo Ti' jor de mars, l'an mil IIII' IIII" efXIUS), Mathieu Beyney reymet (3) la viohe deu Torondeu (4) et paget, tant per las garentes per que era engacgade, que, per las reparacieus, xlii U. x bs. (5). Et en passet la quis- tance mestre Estene de Campis (6), notari de Limoges, en la présence deu s' Franceys Saleys et Johan de Lagerîa et Peyrardit.

Item, lo dietzeym,e jour de mars, l'an mil IIIJ* IIIJ" et trecge (7), nasquet mon filz Jamme, quart engendrât, et

moire longtemps vivante. Elle avait, en 14ït, au retour d'un pèle- rinage k Jérusalem, fait exécuter dans l'église de Saint'Pierre, par un sculpteur vénitien, le sépulcre qu'on y voyait encore & l'époque de la RévolutioD. Il semble, par ce passage, que Paule Audier, morte en 1433, n'avait pas été inhumée dans la chapeJle des Be- noitt, construite en 1326 par un membre de cette famille À l'intë- rieur de l'église, mais dans un tombeau spécial, hors de l'édifice.

(1) La ricbe famille des de Julien était originaire de la Cité de Limoges; deux de ses membres furent les premiers trésoriers de la Généralité.

(2) 1493. L'année commençait au 25 mars dans le diocèse. (3} Racbeta, ivdetnit.

(4) Territoire situé près des fossés du Château de Limoges, entre les Grands-Carmes et Saint-Gérald. Il y existait une fontaine men- tionnée par plusieurs documents du xuj* siëcle, et pour le rachat de laquelle un marchand, Gérald firunaud, fait un legs en 1270. , (Arch. de la Haute- Vienne, liasse 8,372.)

(5) 275 fr. 71, qui équivaudraient à 1,379 frwics d'à présent,

(S) Etienne Descbamps. Peut-être y a-t-il quelque rapport entre ce notaire et la famille nommée au Livra de r&ison des Ualliard. (7) Vieux style. 11 s'agit du 10 mars 1494.

lyGoogle

551

fu batiza a S' Peyr au Queyroy de Limoges; el nasquet entre dietz et onze horas de neutz; et fil son peyri Jamme de Julie lo jouae, mon nebout(l), et sa meyrine la Cibille SalesBa, filhe de feu Liennard Saleys; et portet lo nom de son peyri.

Item, lo viij' jour de septembre, l'an mil IIIJ' IIIJ" et quatorze, anet de vite a trespas mon fils Estene. et fu sebelit au grand tombeau de la Dompne Paulie Audieyre, davant lo grant portau de S' Peyr au Queyroy,

Item, ma filhe, l'Anna, nasquet lo (2) jour deu meys

de (3) l'an mil quatre cens quatrevings et quinze; et fu

son peyri Johan Beney, espiDlier(?) (4), et Anne Beynesche, filhe de Mathieu Beyneyt.

Item, ma filhe, la Valérie, nasquet lo jour deux Ynno- cens, xxTiij* jour de décembre, l'an mil CCCG IIIJ" et secge, et furen peyry et meyrine Charles JoUboys, mon nebout, et sa meyrine la Marie Lapine, molhier (5) de mon nebout Jamme de Julie, dit Douri, lo joune.

Item, ma filhe, la Narde, nasquet lo (6) jour d'aoust,

l'an mil IIIJ* IIU" XVIII; et furen son peyry moss' Jamme Beyneyc, et meyrine la Lienarde, filhe de Peyr Feydit.

Lo ivj* octobre, jour dlenmenc (7), l'an mil cinq cens et deux, nasquet Psalme, et fut baptisât à S. Peyr au Queyroy, et fu peyry Marsau Beyney, mon nebot, et fu meyrine la Margot Rogiere, ma selorge(8).

(I) Neveu.

(3) Un mot laîaaâ en blanc.

(3) Va blanc.

|f) Lecture bien doutenae.

(5) Femme.

(6) Un blanc.

(T) Jour de dimanche.

(S) Belle-sœur. On trouve en général serorge. Ce dernier para- graphe paraît ne pu dtre de la même main que le reste du ma- nuscrit. On lit au bas de la page : Donet (!) per comandamen de ta Matkive.

lyGoogle

552 Ptwieun feuillets troit au moiru arraehit.

Item, per dos massos i^e agues, lo xiu* et lo xiiu* Jour deu meys de julhet, l'ung dos jornaxilx(i), et l'autre ung; psemierament, per chasque jornau, po et vi et pistanse, et may xxu d, (2), monte, a treya deniers de po per jour (3), j d. de pistance et lu pîntas de vi per jour et zzij d. per uue, monte vru s. tx à. (4).

Item plus, per ce que n'avie pas prou (5) peyra per fumir losd. dos massos, lod. xiiii' de Julhet, balhiey a Grougo per hueutz chargas qiiem'en portet prontameu. s. m d. (6).

...Ung... m'en donet a v d. la charge (7).

Item plus, per doas chargas de chau, que aguis, l'une de Reymon lo masso et l'autre de ung homme de de- f6re(8) xm; s. vi d. (9).

Item per cinq (10) jornaulx de Vachier que serve los massouk, lo xi*, xii', xm* et quatorzesme jou" de julhet, per chasque jour xviij d., po, vi et pistance, et en ce sa fenne ly eydet, et may sa fllhe, a pourtar de la chau de meygoî(Il) usques en la vigne et de l'aygue de la fou (12),

(1) Journées.

(2) 58 c. 96, 2 fr. 95 d'aujourd'hui.

(3) Soit 8 c. 04, un peu plus de 40 centimes d'aujourd'hui. On peut lire un peu ce qu'on veut ici : jour, livre ou l'un. Si Psalmet ne donne qu'une livre de pain à ses maçous, il résulterait de ce passage que le pain était cher à cette époque; mais il s'agit ici de deux livres, selon toute probabilité.

(4) 2 fr. 81, au pouvoir de 14 fr. d'à présent. La journée, argent et nourriture, ressort à 35 deniers, soit 0 fr. 937 : 4 fr. 69 d'à présont.

(5) Assez.

(6) 1 fr. 04, correspondant i. 5 fr. 20. La charge ressort donc à 65 centimes.

(7) 13 c. 4, équivalant à 67 centimes d'à présent.

(8) Du dehors.

(9) 4 fr. 66, plus de 23 francs : soit plus de 11 fr. 50 la charge. (10} Vu les corrections faites plus loin, il faut lire ici quatre ou

lieu de cinq.

(11) De la maison, de chez moi.

(12) L'eau de la fontaine.

lyGoogle

553

moDten losd. quatres jornaulx, lo logier tan solemen, sey po, vi oy pistance vi s. (1).

Item, plus en vi per losd. quatre journaiilx, dotge piiitas a treys deniers la piota, monlfi m s. [2).

En po et pistance per losd. quatre jours ; per chascun iKj d., monte xti d.

Item, doniez a Moss' lo probost que m'es (3).

Item, plus per ung aultre jomau que Vachier no podie pas servir lo dissapte, xnu* de Julhet : vi, treys pintaa. ix d,

ËD po et pistance nu d.

Item, plus aguis de chas Jehan Vidau une tenilhade de chau en cailho, de que pj^gieys u s. tj d. (4).

Item, lo ix* jour de feurier, l'an mil IIIJ* IIIJ " XII (5), aguis ung homme que demore en las meygos de Colon près * Porquet et se appelle Johan, per charier de la peyra, que me costet xiu d. per jour, et po et vy; et Vachier feys lo merchat ; monte, contet lo vi, a uj d., la pitance (et en ce doas} et lo po lu d xij d. (6).

Item, lo dilus xi de feurier, l'an susd., aguis ung homme dessus nommât per menar la peyra et per charro ; costet XV d., po et vy : monte xinj d. (7).

Item, per apourtar lo pic (8) j d. (9).

Item, lo dimars, xii' de feurier, l'an susdit, aguis ung homme, lod. dessus uomat, que me costet xv d., 1 po, Il piiitas de vy, monte zzii) d. (10).

(i) 1 fr. 93, 9 fr. 65 c; la journée ressort donc à 2 fr. 41 c.

(2) 96 c. 65, équivalant à 4 fr. 83. Ou voit que le prix de la pinte représente un peu plus de 40 c; la pinte valant 1 litre 071, le litre de vin est ici porté à un peu plus de 37 centimes.

(3j La fin de ce paragraphe est illisible.

(4] SO centimes, soit 4 francs.

(5) Le 3 février 1493, nouveau style.

(6) 21 deniers valent un peu plus do 67 centimes : 3 fr. 36 ou 37 d'aujourd'hui.

(7) Moins de 62 centimes, 3 fr. 06 ou 7.

(8) S'agit-il du pic pour extraire la pierre?

(9) 2 c. 63, équivalant à 13 ou 14 centimes d'aujourd'hui.

(10) Moins de 62 centimes, 3 fr. 06 ou 7.

lyGoogle

554

Item lo dimecreys, xii* deud. meys, achaptiey une pale [1] per far lo mortier; costet v d. (2).

Item, lod. jour, aguîs dos massos, Estene de Mas Bas- tent (3) et Peyr, de la paroffla deu Palays (4) ; costeren XX d, et loure despens, gostar et disner et marendet, treys deniers de po chasque repas et doas pintas de vy, m d. per pitance, per chascun, monte. . . . v s. m d. (5).

Item, lod. jour, aguis doas manobras per far los fonda- mens et los chavar (6) deud. mur, et per servir los mas- soux et per chavar lad. peyra : coBte[re]n chascun xv d., ung po et doas pintas vy, monte. , . . m s. x d. (7).

Item, lod. jour, aguis ung asuier, que menet la terre, loqual deguet aveyr itij d. (8) de la charge, et chasque jour pinte de vy, et en menet lod. jour ,x chargas,

monte ni s. vu d. (9).

(te reste manque.) ,

(1) Pelle.

(3) Un peu plus de 13 centimes, 70 centimes d'aujourd'hui environ.

(3) Lo Masbatin, village de la commune de Limogea.

(4) Le Palais, aujourd'hui chef-lieu de commune du canton nord de Limoges, à 7 kilomètres est de Limof^es. C'est que doit être placé le palais de Jocundiac ou Jogenciac, mentionné par plusieurs &ctes et par les chroniques, au temps des rois de la seconde race.

[i] i fr. 69, 8 fr. 45 d'aujourd'hui. Les deux pintes de vin ne sont comptées que 5 deniers, soit 0,134 ; 68 ou 70 centimes d'aujourd'hui. La pinte ne vaut donc plus que 34 à 35 centimes, 31 à 32 centimes le litre.

(6) Fouilles.

(7) l fr. Î3, 6 fr. 15 d'aujourd'hui, soit 3 fr. 07 pour chacun.

(8) tO c. 7, un peu plus de 50 centimes.

(9] 1 fr. 15, 5 fr. 75 c. La pinte est ici portée de i 3 deniers.

lyGoogle

III

REGISTRE DE FAMILLE DES KAURAT, DU DORAT [1556-1798) (1)

Papier cootenant la date [de la Daissance] de mes enffans, faict le dix huictiesme jour de novemhre mil cinq centî cinquante six. S. Maurrat. JHS MA

Continué (2) pour les enffana qui sont sortis de Anne Gagery, ma femme, et moy, filz de feu M" Simon Maurat, mon père, cy dessus signé. Commencé en l'an mil V un- VIII. Maurat app".

Continué (3) pour les enfans quy sont sortis du mariage de Jean, fils de Pierre et de dame Margueritte Aubu- geois : ledit Pierre Maurat estant nay le 13 avril 1605, ainsy qu'il est cy après refferé; lequel Pierre deceda le 12 septambre 1631, est enterré au Gué Rossignol. Icelluy Jean, raary de Marie Junyen. J. Maurat, marchand.

Continué pour les enfans qui sont sortis du mariage de Pierre, fllz de Jean et de dame Marie Junyen, icelluy Pierre, mary de Marie Michellet. P. Maurat, mar- chand.

(1) Nous renvoyons encore à l'introduction pour les renseigne- ments relatifs k ce manuscrit. L. G.

(2) Cette mention et les suiva itcs ont été écrites sur la première page de notre manuscrit, par plusieurs descendants de Simon Maurat, i, la date ils se sont trouvas successivement charges, ea qualité de chefs de famille, de la continuation du registre.

(3) Nous rétablissons partout l'accent sur l'e Hnal, pour faciliter la lecture.

lyGoogIc

_ 556

Le dix huictiesme jour de novembre, l'an mil cloq cenlz cinquante six, nasquîct Jehan, mon &h, et fut baptizé a S' Mychel de Lauriere{l), le jeudy, dix-ueuf- viesme dudit moys; et fut son parrin, mon frère, messire Jeban Maurat, et sa marine Berthe de Volundat, sa tante, sœur de Narde de Volundat, ma femme.

Claude nasquit le vingt ungnesme jour de juillet, l'an mil cinq centz cinquante huict, et fut baptizé en l'esglize Monsieur St Pierre du Dorât (2), et fut son perrin hono- rable homme M' Claude..., lieutenant en la Basse Marche, et sa marrine damoyzelle Jehanne de Razes, femme de honorable M' Jacques de Volundat, greffier de Lauriere ; et ledit Claude fut baptizé le sabmedy après, xziii* jour du mois de juilhet audit an.

Le jour Saint Roch, nasquicl Catherine, ma fllhe, de M' Simon Maurrat et de Catherine Teytaud, ma femme, et fust son perrin Georges Milet [7j et marine Catherine de Razes, femme a Francoy (?) Teytaud, et fut baptizee ledit jour S' Roch de l'an mil cinq centz soixante et ung.

Le dernier jour d'octobre, l'an de grâce mil cinq cenlz soixante sept, nasquict Berthe Maurrat, fllhe dudit M' Si- mon et de ladite Catherine Teytaud, environ six heures du matin; auquel jour la ville du Dorât fust prinze par les Hugueneaulx, qui estoient eslevés tant par le pays de Poictou que Guascongne (3J ; et estoyent pres dix huict ou vingt mille; et estoit couronal le sieur de St Sire lequel heust de rançon troys mil six centz livres [4), et fut l'es- glise de céans pilhee et sacagee, ensemble les orgues

(1) Aujourd'hui chef-lieu de canton de l'arrond. ii Limoges. (2} La grande église du Dorât, dont on peut admirer du chemin de fer la pittoresque et majestueuse silhouette.

(3) Pierre Robert a laissé dans ses Mémoires un récit intéressant de ces événements. Voir ['Histoire du Dorai, de H. Âubugeois do la Ville du Bost. Poitiers, Oudin, IBSO, p. 77 à 80.

(4) Neuf à dix mille francs d'aujourd'hui.

lyGopgle

557

rompuz (I) et ymages d'îcelle, et plusieurs habithans de la présent ville ruynés (2) ; et fut baptiiée le mardy, qua- triesme jour de novembre ecsuyvant ; et fut aou perrin Jacques Teytaud, son oncle, et sa merrine Berthe Pas- quet, femme de Jacques Goyet,

Je, Jean Maurat, app", filz de feu M' Simon, qui a escript et signé de sa main les précédentes dattes de ses eoffans, qui deceda le lundy, 10' aoust 1598. moy estant Consul de ceste ville ceste dite année (3), ay mis la datte des enffans qui sont sortis de Anne Gaston, ma femme et moy, qui fusmes mariés le 20 janvier 1587 :

Jean Maurat nasquit le sabmedy, 2* jullet 1588, entre une et deux heures de matin, et fut baptizé le luudy 4 ensuyvant, par M" Pierre de Tourry, vicaire en l'egliie de ceste ville i et fut son parrin sire Jean Gaston, mou beau père et son grand père, et sa marriue dame Mathive Dimet, femme de sire René Chesne. Je n'estois a ce jour en ville, et fut baplizé en mon absence, les troubles et guerres estans fort grands en ce pays pour lors (4).

...Léonard Maurat nasquit le dimenche, 5" jour de may 1591, environs les deux heures après mydy, et fut baptizé promptemeut pour cause de sa maladie, par M" Pierre de Tourry, vicaire, et fut porté sur les foQS de baptesme par M* Léonard Vacherie, chirurgien, et damoizele Marie du Rieu, vefve feu Gulllem de Fonsreaux, s' de Beaumont.

Il est decedé le 21* jour d'octobre 1593, de la petite

(1) Ces argues furent remplacées en 1&98 aux frais du chanoine Jeso dea Forges.

(2) Quelques lignes de ce paragraphe ont déjà été imprimées par M. Leroui daos ses Recherches sur les tîegislres paroissiaux du Dorai.

(3) Le Dorât n'a une organisation communale qu'à partir de 1566. (i) Au commencement de juillet 1588, en effet, toute la province

était troublée. Les ligueurs avaient failli s'emparer de Limoges au mois de juin, et le roi avait envoyer l'intendant Turquant pour révoquer les pouvoirs du lieutenant-général, M. d'Hautefort.

T. vn. t-îo

lyGoogle

558

vérole; en ladite aDnée, les petis enfTans en furent fort persécutez (1),

...Guillem Maurat nasguit le mardy, SO* jour d'octobre 1609, environ les deux heures après minuit, et fut batizé sua les huict heures de matin, ce mesme jour, par Mes- sire Loys des Affis[2), chanoine et curé de cesLe ville, et fut tenu sus les fons ha,ptismales par Jean Rampion, ûls de feuz M" Michel Rampion et Jehane Guacon, pour et au nom de M' Guillem Guacon, chanoine, qui estoit party le dimenche auparavant pour aler a Paris; sa mar- rine fut Marie La, Motte, femme en secondes nopces de sire Jean Dïmet.

...Joseph, ...nasquit le vingt neuf septembre 1656.^. /i(3) est decedé le 18 awii 1717 au bourg de Moulûmes [i], en revenant de Poitiers, et a esté conduit au bourg de Dar- nac[b) ou ii estoit curé, et enleré dans l'esglize dudit Darnae.

Anne Maurat nasquit le seiziesme jour de décembre 1664... Elle est decedée le mardy, 13 septembre 1707, environ les neuf heures du soir : a esté enlerée dans les j"" (?) des riligieuses de celte ville.

Jean Maurat nasquit le second jour d'aoust 1666... Ledit Jean Saurai s'est rendu religieux bénédictin et a fait sa pro- fession dans le couvent des Bertedietins de Limoges {&), lesixiesme aoust 1686^ luy 4''*, avec' Jean Vaeheiie, son coutin, Pierre Fayaud et un autre, du Puys en Auvergne... Ledit Jean est

(1) On trouva ailleurs mention des favages da la variole à cette époque.

(!) Cot ecclésiastique appartenait sans doute à la famille qui a fourni plusieurs magistrats au Parlement de Bordeaux et à celui de Toulouse.

(3) Note d'une écriture du siècle suivant.

(4) Hounismcs, aujourd'hui commune de Saint-Ouen, canton du Dorât (Haute -Vienne).

(5) Darnae, chef- lieu de commune, canton du Dorât.

(6) A l'abbaye de S ai nt-Aug us tin -las- Limoges, de la réforme de Saiat-Haur.

lyGoogle

deeedi au bentdictent de Bolieu(i) en Bas Lîmouzent, le 20 feorier f 751, âgé de quatre vingt quatre années et guelle (sic) moy.

Le 4' avril 1692, jour de Vendredy Saint, environ les deux heures âpres midy, Marie Michellet, mon espouse, est decedée et a estée enterrée le lendemain dans les tum- beaux de mes parens, par vénérable M" Joseph Aubu- geois, curé de cette ville, dans le simetiere de Lauzane (2).

Jean Baptiste Maurat nasquit le 7™ octobre 1699... Le ik feorier i7i9, il est decedé a Limoges, ou il estudioit en /ilozo/ie; il est enterré dans l'esglize des Penilens gris (3).

...Jeanne Maurat est née le 15* aoust l'année 1731... Le 14 may 1742, elle a esté confirmée par Monsenieur de Limoges.

Anthoine Maurat est nait le sixiesme septambre mil sept cens trante cinq... Le 27 avril lTi9, Antoine llaurat a esté confirmet pare Monsenieur de Limoges, Monsenieur de Colosquet (4).

François Annie Maurat est nait le lundy, dix sept dé- cembre mille sept cents trente six.,., a esté con^nnel par Monsenieur de Limoges, M. de Colosquet. Ledit François Mau- rat el more le (5), estan au service du roy de Hanovre (?).

Le 9 may 1742 ; Monsenieur l'Evesque de Limoj;e est venu au Dorât, ledit jour, 9 may; i a oftciet, le 13 may, dant la grande esglige du Dorât, une grande messe el

(1) Ghef-lieii de canton de l'arrondissement de Drive. On sait qu'il existait dans cette petite ville une célèbre abbaye, dont le cartulaire a. été publié par notre compatriote, H. Maximin De- loche, de l'Institut.

(2) Lozanna. C'est le nom d'un des anciens cimetiËres du Dorât,

(3) La chapelle de Saint-Antoine, au cimctièro des Arènes (au- jourd'hui le Champ de toire).

(4) Jean Gilles de Coëtlosquet, qui, en 17^, fut charge de l'édu- cation du duc de Bourgogne, entra plus tard à l'Académie fran- çaise et mourut le 21 mars 1784.

(5) Un blanc.

lyGoogle

vespres. Le 14 may, il a donné la confirmation dan l'egUge de St Pierre du Dorât, son not (sic) est Jean Giles, senieur du Goetlosquet, Evesque de Limoge.

...Jean Baptiste Maurat... le 13 mars 1796, avocat, député, représentant à l'Assemblée Constituante, ancien commissaire de la République, ancien membre du Con- seil général'de la Haute- Vienne, est décédé au Repaire, commune de Vaulry(l), (Haute- Vienne), le 21 juin 1868, âgé de 72 ans (2).

{I) Cuiton de Nautial, arrondissement de Bcllac. (î) Celte noie est d'une écriture conletaporaine.

lyGoogle

561

IV

LIVRE DE FAUILLB DES LBUAISTBB-BASTrDE nB LIKOr.BS

(1558-1748) [I}.

J'ay mis icy les natÎTilés suivantes, que j'ay trouvées dans un vieux manuscript de feu mon grand père, escript tout de B& main ; et sont très véritables.

« Les [2) nativitéB de mes enfans et de Françoise Vey- » rier, fille Jean Veyrier, marchant orfèvre de Limoges (3) ,

* ma femme :

» Le premier, appelé Jean Lemaistre, oasguit le jeudi « vingt deuiième de septembre 1558, entre six et sept

heures du matin, et a été porté sur les fons baptis-

maies par le sieur Jean Veyrier, mon beau père, et par

la femme du sieur Martial Vertamon (4j, marchand et » bourgeois de Lymoges, Laudetur Deus!

Il mourut à Paris, le 14* février 1621, d'une apoptesie qui le priot dans le petit S' Anthoine, oyant messe, et fut porté chez M' Petit, rue de Cécile (5), il fut mort dans quatre heures, et fut enseveli à S' Paul, audit Paris, comme est feu mon oncle Martial Lemaistre, son frère,

(1) Noua devons à M. l'abbé Lecler la communication du texte de ce livre. On trouvera à l'introduction quelques ddtails sur le manuscrit.

H. Lecler a râlabli l'accentuation pour faeili^r la lecture.

(2) Noua mettons des guillemets aux extraits du papier de famille de Robert Lemaistre.

(3) Nous avona dit que cet orfèvre fut un des propriétaires dont !a ville acquit remplacement du collège.

(4) Lea Vertamon, marchanda de Limoges, connus dès le xtii* siècle, sont la souche de l'illustre famille de robe dont un membra est ai glorieusement tombé & Patay.

(5) De Sicile.

lyGoogle

562

gui est une maison proche l'hostel de Lorraine ou des- pandant d'icelui ; et faisoit lors les affaires de Monseigneur le duc de Veiidosme, frère du duc de Lorraine, qui estoit lors h Paris audit hostcl et qui l'allavoir; et son intendant, trésorier, médecin et apoticaire esloil aussy logé en ladite maison et y Tut porté pour..., a quel prix qui cousta audit prince. Sed numerus mensium g'us apud te est : consli- luisli terminas ejus, gui prxteriri non potuerunt.

» Le deuxième enfant que Dieu m'a envoyé c'est appelle B Françoys Lemaistre , qui nasquit le dimanche , qua- » triesme aoust 1560, entre six et sept heures du soir; > et a esté compère M' Jean Hugon, Lieutenant criminel n dudit Lymoges, et commère Françoise Ardent, ma belle- B mère. Et à cause que j'avois le susdit premier fllz » nommé Jean Lemaistre, ledit aieur Lieutenant lui im- 0 posa le nom de la dite commère, appellée Françoise « Ardent, femme dudit sire Jean Veyrier, mon beau père, D et par ainsi mondit second ftls s'appelle François. » S»li Deo honor.

» Le enfant que Dieu m'a envoyé en moudit mariage, " c'est appelle Pierre Lemaistre, qui nasquit le dimanche, B 21 de juing 1562, entre cinq et six heures du matin. B M' M' Pierre Ardent, procureur pour le Roi à Limoges,

e a este compère; La dame Gilberte veufve de feu le

» sieur Penicaille, en son vivant marchand banquier dudit n Lymoges, a esté commère. Sit nomem Domini bene- B diclum!

» Le samedy, sixième febvrier 1563, à heure de trois » heures du matin, mondii flls Pierre Lemaistre est allé » à Dieu.

n Le quatriesme enfant que madite femme a enfanté, le B dimanche, jour de Saint Hilaire et 13' jour de janvier » 1566, environ huict heures du soir, a esté une fille qui " s'est appellée Marguerite Lemaistre, de laquelle M' M* B Suduyrault, conseiller au siège présidial de Lymoges (1)

(1) Le siëge préaidjal de Limoges avait élé ét&bli en 155t.

lyGoogle

563

I et Marguerite Ardent, sœur dudit procureur Ardeot,

> fureat parrain et marraine. La dite fille [mourut] le I lendemain quatorsiesme dudit janvier, entre une et 1 deux heures après le midy. Deus dédit, Deus abstuUt,

> sit nomen Domini bemdictum !

» Le cinquiesrae enfant qnie Dieu m'a donné, le sa-

> medy dixième janvier 1568, environ l'heure de cinq ou » six heures du matin, est appelle Anthoyne ou Thoine » Maistresse (I). de laquelle mon beaufrère, Jean Veyrier, » ÛIs dudit feu Jean Veyrier, mon beaupère, et Thoyne » Veyriere, ma belle sœur, femme de feu Mathieu du » Johaunaud, ont estes compères. Deu* prosperet natfut-

tMtm et vitam iiliut !

1 Le sixième enfant qu'il a plu à Dieu de m'envoyer

> en mon mariage susdit, et fut un mardy, jour S' An- I thoine, dixseptième jour de janvier 1570(2), à heure » d'enti* quatre et cinq heures du soir dudit jour; et fut

> compère M' M* Gaultier Bermondet, président et lieu- t tenant général en la sénéchaussée de Lymosin, et com- » mère la dame Jeannette Foresta, femme de M' M' Pierre

0 Ardent, procureur du roy en la dite sénéchaussée.

> Laudetur Deus in omnibus donis suis!

» Le septième enfant que Dieu m'a envoyé, le xxiiij

1 décembre, jour de dimanche, veille de Noél 1570, heure

de six heures du matin, fut appelle Guillaume Le- I maistre, causant que M' Guillaume de Julien (3), recep- » veur d'Agen et mary de Marguerite Ardent, le porta

sur les fonts avec Jeannette Dubois, sa marrine, femme

de Jean Veyrier, mon beaufrère, et mourat le septiesme

(1) On retrouve ici l'habitude de donner une désinence féminine aux noms propres de femmes.

(2) On voit, par l'acte qui suit, que le millésime de 1570 est bien exact. L'édit de Rossillon était donc appliqué k LimogeB.

(3} Ce Guillaume de Julien, originaire sans doute de Limoges, était membre d'une de nos plus vieilles et de nos plus riches familles. Les de Julien tiraient leur origine de la Cilé.

lyGoogle

564

» de janvier en suivant M V* LXXJ, qui estoit un jour n de dimaDche et le leDâemaia des Roys, et fut à l'article B de la mort sept jours : mourut ledit jour, vu janvier D 1571, à heure de deux heures après minuit.

» Le huitième enfant que Bleu m'a donné, le samedy » Mvj* d'avril, entre deux et trois heures après midy mil » V' soixante douie, a esté appelé et nommé Martial Le- » maistre, causant (1) qiie M' Martial Baignol, chanoine - D de S* Martial (2) de Lymoges, qui l'a porté de sur les fonts

» avec Veyrier, veufve de feu M' le Conseiller Gran-

9 chault.

Notés qu'il fut docteur en théologie, grammaire, grec et hébreu, et mourut (estant à la suite de l'abbé de S' Vic- tor (3) à présent archevêque de Rohan] à;Paris, dans

Thostel de Lorraine, le dernier de octobre 1610, comme appert par son testament; et fut enterré dans S' Paul, audit Paris, comme feu son frère, feu mon père, que Dieu absolve!

Notés que feu mon grand père, Robert Lemaistre, mou- rut le mercredy saint, vingt-septième mars 1584, et fut enterré dans la chnpelle de la Sainte Trinité qui est dans Saint Michel des Lyons (4) ; et aie tiré cecy d'un mémoire escript de la main de Pierre Cercleir (?) (5) qui était gen- dre de mon grand père, pour avoir espousé Antboinette Lemaistre, ma tante.

(1) A cause que.

(2) Très ancien monastère, sécularisé en 1537.

(3) 8'agil-ii de Saint-Viclor de Paria ou de Saint-Victor de Marseille ?

(1) Une des plus anciennes églises de Limoges, appelée par Ift chronique de Vigeois, au su' siècle : Archangeti eccleeia aupemor. Elle tire son nom des lions de pierre placés au-devant de sa porie à la même époque, et peut-être dès le xi* siècle.

(5) Peut-Stre Taudrait-il lire ici : Croister.

ibyGoogle

tfativiti de met enfiau.

1. L'an mil V* quatrevios et sept, et le vendredy, un- ziesme jour du mois de septembre, entre trois et quatre heure après midy précisément, est Jan le Maistre, mon fils aisné, lequel fut baptisé le dimanche au soir ensuyvant, treiziesme dudit moys, en l'église de Saint Michel des Lyons, en la presant ville de Lymoges. Mes- sire Jehan de Puyzillon, doyen de l'eagliae cathédrale, fut parrain, et dame Jannete Boulbon, ma belle sœur, marrine.

Lau$ Deoî

Mondit fllz est décédé, le sammedy septiesme jur du moya de may mil V quatrevlds huict, entre six et sept heures du matin.

Dominus dédit, Dominas abatulit : SU nomen Domini bene* dictum!

2. Lan mil V quatrevins et neuf, et le vendredy sei- ziesme jour de juin, Dieu m'a donné une fille, Françoise Le Maistre, laquelle ma femme a enfanté entre quatre et cinq heures du matin, moy absent en la ville de Bourdeauz (1). Messire Jehan de Mauple, conseiller du roy et trésorier général de France, fut parrain, et dame Françoise Ardent, veufve de feu M' l'Eslu Douhet, ma grand mère, fut marrine.

Loué soit Dieu!

Obiit ma ditte sœur, le 16* de apvril mix six cents vingt neuf, à SouUognac [2).

3. Le dixiesme jour de febvrier mil V* quatrevins et douze, nasquit en la ville de S* Léonard (3|, sur les dnq

(1) Limoges était du ressort du Parlement de Bordeaux.

(2) Solignac, bourg à 9 kilomètres de Limoges, possédait une célèbre abbaye bénédictine.

(3) CheMieu de canton de l'arrondissement de Limoges. Nous avons dit que beaucoup do ligueurs de Limoges étaient alors ré- fugiés dans cette ville, et que l'auteur de notre manuscrit était peut-être de ce nombre.

lyGoogle

566

à six heures du matlD, Barbe le Haistre, ma âUe, et fut parrain le sieur Jehan Masbaret, marchant bourgeoiz de la dite ville, et marrine Dame Barbe De Cordée, femme du sieur Marcial Decordes dit le Coullaud, marchant bour- geois de Lymoges.

4. Le mercredy, vint et neufviesme jour de septembre, feste de 5' Uichel, mil V* nouante et troys, en la mesme ville de S' Léonard, entre huict et neuf heures du matin, nasquit François le Maiatre, mon fils et fut son parrain noble François de Royère (1), écuyer, seigneur de Bri- gnac et de Beaudeaduit, et damoyselle Jane de Douhet, femme de Messire Marcial Benoist(2), trésorier général de France audit Lymoges.

Il mourut à Paris trois ou qiutre jours (3) l'année

162... et fut enterré à S' Paul, dans le cimetière, proche son père.

5. Le xxv* jour de juillet mil V* quatrevints et seize, jour de S" Anne, Marguerite Boulbon, ma femme, s'ac- coucha d'un Qls qui mourut tout à l'instant, après avoir été baptisé des femmes. A Limoges.

6. Le jeudi, ixvi» mars mil V quatrevins et dix-huict, nasguit ma allé Gallianne Le Maistre, entre sept et huict heures du soir. Et fut parrain Monsieur M' Simon Ardent, procureur du Roy à Lymoges, et marrine honeste QUe Galliane Mosnier, Slle au feu Pierre Mosnier el damo Françoise Decordes. A Lymoges.

SU nomem Domini bmedietum!

J. LEtlAISTRB.

0) Nous retrouvouB ici la famille de Royère, dont il a été ques* tion au Livre des Massiot.

(2) Martial Bonoist, après avoir été un des chefs les plus ardents du parti de la Ligue, obtiat la confiance de Henri IV, k ce point que le roi lui adressait souvent des lettres sur les objets les plus importants et que plusieurs assemblées publiques se tinrent dans la maison de Benoist. Plusieurs couvents durent leur fondation ou leur agrandissement aux libéralités du général « Benoist et de sa femme.

(3) Un blanc.

lyGoogle

567

Ma âlle est décédée au mois de may 1600.

7. Le Tandredy vintecloquiesaie jour de juin mil V* quatrevinh et dix et neuf, entre neuf et dix heures du matin, nasquit eu la ville de Lymoges mon fils Joseph le Maistre. Et fu son parrain le s' Joseph Decordea, sieur de la Grange et Mayeras, et marrine dame Mar- guerite Ardent, ma taute. Loui soit Dieu!

J. Lbhaistrb.

8. Le lendemain des Roys, septiesme jour du mois de janvier, en l'an mil six cent et deux, entre quatre et cinq heures du matin, est née ma fille Anthoinette le Maistre, de laquelle a esté parrain M' Jehan du Pin, procureur au siège présidial, mon beaufrère, et marrine ma sœur, Anthoinette Le Maistre, veufve de feu M' Pierre Cer- clier, vivant huyssier au bureau de Lymoges.

Loui soit Dieul

J. Lbvaistrb.

Ma mère, Antoinette Lemaistre, décéda le 7* jour du moix de may, un dimanche matin, Dieu soit loué eo elle ! et fut anterrée à s' Michel, dans la chapelle de la s" Trinité.

9. Le neufviesme jour du mois d'aoust mil six cent et huict, entre six et sept heures du matin, jour de sam- medy, vigile de S' Laurent, nacquit ma fille Marciale Le- maistre ; de laquelle a esté parrin M* Estienne Ardent, advocat au siège de Lymoges, et marrine honeste fille Marciale Decordes, fille de feu Marcial Decordes, s' de la Grange. Loui soit Dieul

J. Lbuaibtrr.

lyGoogle

~4

jsj

•p!

ili

■Sdg i I

a" »■> J t

ss^ i I

tel P ï^

S-3-3 l|— *'^

p P

ml I

m iP

If

i

'Il

I

Ili

I

il

m

Jl

-Il I

■tir

JiL

I 1^

"jl

PI

I

M Pi

bïGoogle

Extrait du enfans que Dieu nom a donné entre ma femme, Anthoinette Lemaistre et François Bastide.

Le 9 juillet 1643, le dlmaDche matlD, à l'heure de six heures, Dieu nous a doDué nostre eufan, lequel je faict surplouberfl), en atendan le s' sacremeut de bathéme. Le^el a esté batizé le jour de nostre dame de décembre l'année 1646. A esté son parin mon beaufrëre a' Joseph Lemaistre, et sa marine ma mère, Anne Peyrac, à s' Michel. Bastidb, père,

+

Ma tante Marie Proment feust enlerée, le vingtqua- triesme juin mil six cent£ septante cinq, dans mes tom- beaux {2) à S' Pierre (3).

+ Ma tante Anne Bastide, fille dévoste, dessedat le 25°" juillet 1676, et feust enterrée à S* Michel, dans la cha- pelle de La Sainte Trinité, dans mes tombeaux.

Extrait des enfants que Dieu nous a donnés, entre ma femme,

Yalerie Origet et Joseph Bastide.

Au nom de Dieu.

Dieu nous a donné un flls, le mardy, entre six et 7 heures du matin, le vingtesisiesme jour du raoix de ce-

(1) Ondoyer. Ce passage montre bien cl&irement le sens de ce mot, qu'on trouve sous sa forme romane au Livre de raison

d'Etienne Benoist (ïiv siècie).

(!) Nous avons dâjà dit que toutes les familles un peu aisées avaient UJie sépu,lture spéciale, aoit dans l'église paroissiale, soit dans le cimetière qui l'entourait. Un assez grand nombre faisaient enterrer leurs membres dans uuc chapelle spéciale de l'église, cha- pelle fondée par leurs ancêtres et entretenue et desservie à leurs

(3) Saint-Pierre du Qneyroix, une des plus anciennes églises de Limoges, et encore aujourd'hui la première paroisse du diocèse.

lyGoogle

570

tembre de l'année mil six cents coixante huit, doDt feus paria S' François Bastide, mon père, et marine Madame Catherine Origet ma belle mère. Dieu soit béni de tout et de toutes choses ! amen. A S' Michel fust baptisé. J. Bastide père.

Il fut baptisé par le prêtre Leschosie, riquaire. François Bastide est décédé le 39° jour de janvier. SU nomen Domini benedietum !

Le 20 février 1670, Dieu m'a donné une fille, le jeudi au soir, entre cept et huit heures, et feust parin S' Jehan Origet mon beaufrère, et marine Antoinette Lemaitre, ma mère : dont elle fust baptisée le lendemain, vendredi, du mesme moix, vingtunième février 1670, k S' Michel. J. Bastide père.

Obiit ma fille Antoinette Bastide : feust enterrée le 39 mai 1674, dans l'église de S' Michel, devant la Sainte Trinité, dans nos tombos.

Loué soit le Saint nom de Dieu et la Sainte Vierge Marie !

Dieu nous a donné un fils, le vingtesixième février mil six cents septante et un, le jeudi, à trois heures après mynuit ; et feust parin André L'Origé, mon beaufrère, et marine ma maire, Antoinette Lemaistre : à S' Michel feust baptisé par le sieur Garât, prestre de ladite Eglise de S' Michel des Lions.

J. BASTmE père.

Décéda André Bastide le 15' août 1704, et fut enterré dans nos tombos à S' Michel, dans la chapelle de la Trinité.

Le Saint nom de Dieu et de la glorieuse Vierge Marie soit loué à jamais !

Le 31"" d'octobre de l'année mil six cents septante et deux, Dieu nous a donné une fille, le lundy au soir, entre six et sept heures du soir, et feust baptisée le pre-

lyGoogle

- 571

mier novembre, jour et feete de Tous Saints, et feust paris François Bastide, mou frère, et mariDe Marie Origé, ma belle sœur : à S' Michel feust baptisée par le viquère Gadaud. J. Bastide, père.

Le 3* décembre 1676, ma fille Marie Bastide desseda, et elle fut enterrée dans notre chapelle de la Trinité, à S' Michel, dans nos tumbos.

Le Saint nom de Dieu et de la glorieuse Vierge Marie soit loué à jamais !

Le 28* jour du moix décembre mil six cents septante et trois, la nuy des lonosans, entre une et deux heures d'après mynui, Dieu m'a donné un enfan, et feut baptisé le landemain 29™ du mesme moix et an que deceus; et feust parin Françoix Bastide, mou perre, et marine Anne Duroux, ma belle sœur : à S' Michel feust baptisé par le sieur Colusson, vicaire. J. Bastidb père.

Dieu m'a retiré de ce monde mon fils Françoix, qu'il lui avoit pleu9t me donner, à ma charge (I), le 10"* se- tembre 1679 Dieu soit loué en tout et partout! et enterré à S' Michel, dans la chapelle de la S" Trinité.

Le Saint nom de Dieu et de la glorieuse Vierge Marie soit loué à jamais!

Le 29' Jehanvier mil six cents septante sinq, un mes- credy, entre huit et neuf heures du matin, Dieu m'a donné une flgle ; et feust baptisée le mesme jour à S' Michel, par le sieur Bardonneaux ; et feust parin Françoix Bastide, et marine Marguerite Origé, ma belle-sœur, J, Bastidb père.

Le Saint nom de Dieu et de la glorieuse Vierge Marie soit loué a jamaix!

Le IS" setembre mil six cents septante six. Dieu m'a donné une iille, le vendredy au soir, entre sept et huit heures; et feust parin Fransoix Bastide, mon père, et

(t) Charge a ici le sens de douleur.

lyGoogle

572

marine Anne Duroux, ma belle sœur; et feust baptisée le lendemain, dîxneufvieme du mesme raoix, par le s' Co- luBSOE, vicaire de S' Michel. J. Bastide père.

Obiii, et anterée dans nostre chapelle de la Triolté, à S' Michel.

La oourise de ma fille Anne est entrée dans chez nous le 20"' cetembre 1676; et lui donnons par année 24 livres pour la nourir.

Plus elle en est sortie le i7"' de juin 1678.

Le Saint nom de Dieu et de ia glorieitse Vierge Marie soit loué à jamais I

Le 28"' décembre 1678, Dieu m'a donné une fille, le mescredy au soir, à 3 heures; et feust baptisée le len- demain à S' Michel, dont a esté parin le s' Segon, mon beaufraire, et marine Anne Origet, ma belle sœur; et feust baptisée par le s' Colusson, vicaiie. J. Bastidb père.

Ma fille décéda le 9*°* mars 1685, et fut enterée dans nostre chapelle de la Trinité, à S' Michel.

La femme de mon afermier de S' Martin a prias ma fille à nourisse le 37*" décembre 1678, li raison de 24 1. pour année, et une aune de toile.

Le Saint nom de Dieu et de la glorieuse Vierge soit loué à jamaix !

Le 5™ Février 1682

Dieu m'a donné un enfan, un jeudy, à troiz heures du matin, et feust baptisé le mesme jour, à S' Michel, par Rousaud, vicaire, et feust parin Jan Duroux, et mareine Catherine Origet. J. Bastme père.

Mon enfant décéda le 14* février 1684, et fut enterré à S' Michel, dans nostre chapelle de la Trinité.

J'ai donné mon enfan à la nourise à la mestayëre de la damoiseUe Sanson, à Trente-Laux(l), paroisse de S' Pol, pour 25 1. 10 s. pour année, le 8"" mars 1682,

(1) Trenlalaud, hameau de la commune de Saint-Paul d'Eyjeaux, canton de Pierrebuffibre, arroudissament de Limoges.

lyGoogle

Payé le premier moix : 2 1., 2 s. 6 d. Paye le segon moix : 2 L, 2 s. 6 d.

Le Saint nom de Dieu soit loué à jamaU.

Dieu m'a donoé un eofan le 27°" juin 1683, à deux heures du soir, un jeudy, jour de la Fesle Dieu; et feu&t baptisé a S' Michel le mesme jour, eutre 7 et 8 heures de soir; et feust paria Guillaume Duroux, mon neveuf, et mareine ma belle sœur, Marguerite Segon, par le s' Tessier, vicquaire de S' Michel. J. Bastide père.

Le 27" juliet 1681.

Je pasé afferme à Jean Carquarei, de mon jardin de S* Martin (1) pour sept années à commenser puis le huic- tiéme décembre 1687, à raison de 41 I. 10 s. pour chas- cune année, payable de six en six moix par avance, à la réserve de deux journal de auziere (2) et tous les arbres gui sont autour de la dite auzière à la réserve d'un gran arbre siriger (3) qui [est] dans la dite auziere, que je luy donne.

Le jardinier m'a resté 15 s., en ce que (4) je le quite jusques au 8* décembre 1687.

Reçu de Jean Carquarés 10 1., sur les premiei-s six moix de l'afferme.

Le (h) ^ nom de Dieu soil biny a jamais! Dieu m'a donné unt fll, le mercredi ce 18*"" mars, à 10 heures le ma- teint, de l'anné 1718; fut balisé à S' Michel des Lions : fut pareint François Bastide et mareine Françoise La

(1) Il s'agit probablement du territoire situé aux portes du ch&> teau de Limoges, et qui tirait son nom d'une abbaye fondde par saint Ëloi et ses parents, et occupée plus tard par les Feuillants.

(2) Oser aie.

(3) Cerisier.

(4) Moyennant quoi.

(5) On voit qu'ici commence le détwl d'une nouvelle génération.

T VIL 6-11

lyGoogle

574

Judice, ma belle maire : batisé par les melns du 6' Piqué, viquaire.

GuiLOMB Bastidb peire.

François deseda le 15 setanbre 1734, et fui auteré dans l'église de S' Micbel, dans uostre chapelle de la sainte Trinité, à S' Michel.

Le S* nom de Dieu soy biny a jamais! Dieut m*a doué une fille, ce 5"" oct" 1719. Fu paireint Jan La Judice et maireine Valérie Bastide : à S* Michel, par le sieur Reculet, vicaire.

GuiLOHs Bastide peire.

Valérie décéda le 10 setembre 1719, et fut enteré dans nostre chapelle de la S** Trinité, à S' Michel.

Le S* nom de Dieu soy bény à jamais! Dieu m'a doué unt m le mardi, ce 8°" octobre l'KO. Fus batisé à S' Michel des lions; fut paireins Jan Marandé et maireine Cathe- rine Arno, ma belle sœur : batisé par les meins du S' Piqué, viquere.

GuiLLOUB Bastidk peire.

Le S* nom de Dieu Soy bény a jamis ! Dieu m'a donné unt fil, le 14"* décembre de l'aune 172., , à 3 heures après midit; et fut batisé à S' Michel des Lions; pareinl, Mar- cial Arnaud, et marene, ma belle sœur La Judle : balisé par Monsieur Lamote, riqueire de S' Michel.

GuiLOUB Bastide peire.

Le petit est mort le 24 février 1725; et fut entéré dans nostre chapelle de la 8" Trinité, à S' Michel.

Le S* nom de Dieu soy bény a jamais! Dieu m'a donné un fli, ce 8"» juUé de l'année 1725, entre onze heures et 11 h. et demy; et fut balisé a. S' Michel des Lions: fut pareint François Bastide et marene Cateriiie Lajoudie, famé de Marandé. Batisé par monsieur Petiniaud, vi- queire de S' Michel,

GuiLOMB Bastide peire.

Le S" Nom de Dieu soy bény à jamés ! Dieu m'a donné

lyGoogle

575

UQ fll, ce 13 mar de l'année 1727, entre [sic] a deux heures demy; et fut batisé à S' Michel des Lions; et fui pareint Bamit, et marene Viilerie Bastide; el fut balisé par Mon- sieur La Gardele, vicaire de S* Michel.

ûuiLOUB Bastide père.

Le Saint nom de Dieu soit béni! Dieu m'a doué une file,

le 27" octobre 1728; fut pareint Jan Arnos et mareiue

Valérie Bastide; et fut batisé par Monsieur LaGardaille, vicaire de S* Michel.

GuiLOHS Bastide père.

Le Saint non de Dieu soit béni! Dieu m'a donné deux filles, ce 10" janvier 1730 : fut [sic] batisé à S' Michel. Fut pareint Marcial Arnaud et marene Valérie Bastide l'enné. Et fut pareint de l'autre fille Jan Bastide, et ma- rene Caterine, famé de Marandé : par les mains du S' Pe- tiniaud, vicaire de S' Michel.

GiLiOMB Bastide peire.

Caterine est morte le 15 janvier 1730; et fut enterrée à S' Michel, dans nostre chapelle de la S" Trinité.

Le 5' nom de Dieu soy bény ! Dieu m'a donné unt fil, le jeadit, à 4 heures du matin, et 26°" de février de l'année 1733 : Et fut batisé le mesme jour h 5* Michel par les mains du S' ; et fut pareint S' François Bas-

tide, et marene ma belle sœur, famé du S' S' Pol.

François Bastide est décédé le 26"" septembre 173... et enterré dans nostre chapelle de S" Trinité.

Est décédée ma mère, Catherine La Judice, épouse de Guillaume Bastide. Juin 1750.

Le 5* nom de Dieu soy biny ! Dieu m'a doné un fils le dimanche, à deux heures et demi après midy, le 3™ d'octobre de l'ennée 1745. Fut balisé le même jour à S' Michel par les mains du sieur Dupuy; et fut parain mon père, sieur Guillaume Bastide; la marene, ma belle mère Rose Guérin.

Jean Bastide père.

DigmzcdbyGoOgle

&7«

Guillaume est décédé le 25 ceptembre 1747, à deux heures et demi du matin, et il a été antéré dans notre chapelle de la Trinité, à S' Michel.

Le Saint nom de Dieu soil béni ! Dieu m'a donné un &a le vandredil à 10 heures du soir, ce 3 féviier 1747. Fut baptisé le landemain, à S' Michel des lions, par les mens du S' Dupuit : fut paren le S' Franais Guerain, curait de Couse ou Petit-Limoge(l) et marene Quaterine Lajudie, ma merre.

Jean Bastide père.

Le S^ nom de DUu soit bénit! Dieu m'a donné une fille le mardit, à huit heures du soire, le 13 février 1748. Fut parain Fransois Michelon, mou beau frère, et Valérie Bastide, ma sœur, marene; fut baptisé le lendemain, à S' Michel des lions, par les malus du sieur Dupuit, vi- quère.

Jean Bastide, père.

Le 12 juillet 1661, je marié mon flls Joseph Bastide avec dam"» Origet : l'acte reçu par monsieur Rougier, not" royal.

Je donné à Mandillon pour le desjuner, le jour qu'il ont espousé 4 1,

Plus pour le dîner 4 1.

Je afferme la maison de mons' Jayat. . , 40 1. pour une année.

Je acheté 6 cheses tapisiers 15 1.

Plus un tapit 9 1.

Plus je achetté une table ronde du S' Senamaud, du Clocher (2) 131.

(1) Couzeix, bourg i sept kitoniètres de Limoges, caatoD de Limoges -nord.

(3) La rue du Clocher éliût ainsi nppelëe parce qu'elle «i>outisaait eii face du clocher de ta basilique de Saint-Mariial. Bile est encore la rue U plus commerçante de Limoges.

lyGoogle

577

Plus je achesté 25 esse (?), à 3 s. 3 d 4 1. 1 s. 6 d.

Plus je achesté une armoire ]3 1.

Plus je achesté un chaîy de ûoier 101,

he 20 julier, je donné ma Lestrade 171.

pour la fason du dessut et piesses d".

lyGoogle

LK LITRE DB FAUILLE DBS LAHY DE LA CHAPELLE, DE LIMMES

(1571 à nos jours) (1).

(extraits)

In nomine Domini nostri Jesu

Ghriati et aanctissim» ejus genitricis,

anno D. MDLXXI.

Ego Francàeui Lamieus, Regius Patronus ^] in Senes- chatia Lemovieenti, hxc mea manu exaravi.

un" nonas novembris, aeu die secunda ejus mensis, qua defuDctonim ferias de more agimu9{3), poat octavam ho- ram, e mane, natus est mihi fliîus, meus primogenitua, ex conjuge amantissima ; et quoniam primo obstelricibus in- firmas admodum videretur, ac de ejus salute dubitarent, eo nondum oculos aperiente, illanim hortatu, confestim liquida aqua baptizatuB est a Domino Cantore Rupefo- caudi (4), qui superioribus annis, imminentibus bellorum civilium contentionibuB, bue recesserat, ac metu bere- ticomm ejus patriam occupantium, uunc domî regredi et ad suos se reclpere non audebat. Post, nutricum ope refocillatus , puer Qrmior appaniit. Idcirco, ad horam quartam pomeridianam, lu diyi Uichaelis sede sacra (5) nostri Leinovicorum oppidi, a Domino Johanne Vouielle, vicario, adhibita sunt solita sacrameuti baptismi solem- Dia[6). Àdfuit spiritalis [sic) paler socer meus, Dominus

(t) Nous avons donné à l'introduction quelques indications sur l'état et l'intérêt de ce manuscrit. Nous ne pouvons qu'y renvoyer le lecteur. L. G.

(2) Avocat du Roi.

(3) Le jour de la Fdte des Horis.

(4) Le chantre de La Rochefoucauld.

(5) Saint-Hichel des Lions. Nous avons déjà parlé de cette église.

(6) François Lomy demeurait sur la paroisse de Saint-Michel, dans la maison immédiatement au-dessus du Portail Imbert, il a existé autrefois une statue du patriarche Lamy.

lyGoogle

579

Petiot, patroDorum disertiBsimus et aculissimus, judex - ordJDarius Lemovicis, a qao Ûlio meo Joannis Domen jnditum est. Mater spiritalis fuit geaitrîx mea obser- vantisaima, DomiDa Haria LapÎDe. Hoc summo beneûcio cuolulatus, immortaleg DoroiDO ago gratias. 1571. F. Laut. xTi* calendas februarii , die sabbati , aano Domiai HisLzxiii, circa tertiam pomeridiaDam, uxor gravi par- las dolore subito correpta est, in matris auLa seu cubi- culo. Inde cum nostrum triclinium coascendiseet, ope et auxilio fere destituta, prsterquain nutricis et anclllœ, quarum altéra ad obstetricem convolât, imminente partu, sudore toto corpore corripitur (1} ....ut, de matris et pueri vita diu dubitaretur. Ego vero, accito statim Domino Ouillenno Gervesio, Axiensi presbytero (2), încola hujus urbis, adhuc anhelantem puerum et labiola moventem, baptizandmn curavi, in eodem Dostro triclinio, adetan- tibus viciais quibusdam mulieribus. Deiode socrus con- aUio, obstetrices balneum vini aromatites {sic] tepidi, additis speciehus et pipere trito, in pelvim conûciunt; eo puerum mergunt et abluunt, cum refocîUandarum virium, tum explorandi causa an corpuscule vitse aliquid superesset. At postea cognitum est vitam cum morte com- mutasse. Dominus ejus animam suo paradiso iuferat, et sanctis adscribat! Porro nullam rem gravius aut moles- tius unquam tuli, nec majori luctus acerbitate eo casu et pueri jactura, cui uxorem etiamuum causam dédisse susurratum est : nempe diutius, quam par erat, dissi- mulato dolore, nec vocato tempestive auxilio. Erat autem speciosus valde, porrecta et lata fronte, décora facie, latis humerîs, teretibus artubus, pinguibus et muscu- losis, proceras velut semestris, tibiis oblongis, totus ni- veus et candiduB patrisque mei optimi (ut observatum est) p\]lchritudinem referens. Sepulturx mandavimus in aede

(t) Nous supprimons ici quelques dâtaila par trop prdeis sur l'accoucbement. (2) Pr«tre d'Aize, petits ville à I! kilomètres de Limoges.

lyGoogle

Dîvi Michaelis, die subsequenti, post noDam de mane, îb fiepulchro familiari.

un" idu8 junii(f), die jovÎB, anno Domioi «iiauxini', quo die featum sacratissimum corporis Domini nostri JcBc Christi coIebaUir, ozor mea amaatissima puenim mihi in lucem edidit, primis, inquam, pedibus, ut Agrippa vere dici possit; hune paululum poet octavatn vespertioam peperit. Sequenti die, divo Baniabse dicato, circa deci- mam de mane, cœlesti lavacro puriflcatus est a DomiDO Gerardo Fogerac(2}, vicario in Divi Uidiaelis »de sacift hujus urbis Lemoviceosis : epiritales parentes adfuere op- timus frater meus Dominua Joannes Lamicns, Kurilii (3) curatus et Sancti Amandi (4), et mea socrus, Domina Uaria Mercier. Puero, mei jussu, Fraocisci nomen iadi- tum eat, in optitni patris mei memoriam. Quod mihi beiM vertat! F. Lamy.

XT calendaa januarii (5), die dominica, anno Domiaî CIO 13 LXXT, circa septimam serotinam, natus eat mihi

puer Poatero die, frater meus, DominUB Josephus

Lamy, subpnefectoa aeu assessor regius hujus prorin- cis, et Uaria Petiot, uxorïs aoror oatu major, nupta domino de Beaufort Nobiliaco (6), post terliam pomeri- dianam, eum e aacra fonte levaverunt, in «de sacra divi Michaelis : puero Jo&ephi nomen inditum est.

XT calendas februarîi (7) , die sabbati , anno Doraini

(t) 10 juin 1574.

(2) Cet eccléaiastiqne jona un rôle actif dans la tentative hite par les ligueurs, le \b octobre 1589, pour a'etnparer de la ville. (Voir notre ouvrage : La Ligue à Limoges. Limoges, veuve Du- courtieux, 1384.)

(3) Nieul, chef-lieu de canton, arrondissement de Limoges. Jean Lamy fut plus tard chanoine de la cathédrale.

(4) Saint-Âmand. Il y avait, i, cette époque, quatre paroissea au moins de ce nom dans le diocèse.

(5) 18 décembre 1^75.

(6) A Saint -Léonard de Noblat, aujourd'hui chef-lieu de canton de la Haute-Vienne, à une vingtaine de kilomètres de Limog«8.

(7) 18 jaQvier 1578.

lyGoogle

- 58t

cf3 D Lxxrm, Qxor amantissimafl) Bufa non&m ■pat'

mm parluriit. adhuc pulpitantem (rie); ac breTi post exaDimis inventus est. Brat cœteris pulchrior, lato Bto- macho, latîs humeris, corpore procenis et picguis srtu- bus. Eo casu et pulcbemmi pueri jactura gravi sam dotore affectua. Deus banc suis cslestibus adscribat (2) 1 Uxor, post editum partum, lam maie se babutt, ut parum ^foerit quin supiemum [sic] cum puero clauserit diem (3).

IHS HA

Quod Seo gratum, mihi feliz fortunatumgue famîUx sit! Tertio Qonas martii(4), venerisque die, aano Domini millesimo eexcentesimo quarto, circa horam sex- tam matutinam, natus est mihi Ûlius primogenitus, ex prxdilecta conjuge, Marguerita de Mastribut, quem hoao- randus frater meus, Domluug Joannes Lamy, canonicus ecclesis Lemovicensis eL Niolii rector, una cum socni, domina Gabriella Decubes, de sacro fonte suscepenint Joannisque nomen iodiderunt, nonis iiiartii{5}, in œde divo Micbaeli sacra, idque ministerio Domini Jacobi de Villars, vicarii. Lamy, advocatus. Laus Dto virgitiique matri!

Omne masculinum quod aperit rulvam sanctum Do- mino Tocabitur (Luc, 2). Decimo tertio kaleodas aprilis, et 15 a natali die, circa horam quintam serotinam, di- lectus meus primogenitus, ejulatu seu aM cruciatibus, ut credo, multum debilitatus, cum ubera outricis mious pûBset suggère, puram exalavit animam, quam Deus bea-

(1) Ici des ddtaila techniques sur l'occoachement. (!) L'enfant avait été baptisé.

(3) Il y a évidemment une lacune entre ce paragraphe et le flnivant.

(4) 5 mars. (&) 7 mus.

lyGoogle

582

torum choro adscivit. Id familiaribus sepulcria (I) fuit inhumatus. Caodidus erat facie et toto corpore fonuosus. Ejufi obitu3 me famîliamque nostram gravi doiore coa- fecit. Et fertur Sapientia, cap. 4" : Placita erat Deo anima illius; propter hoc properavit educere illum de medio iDiquitatum. Raptus est oe malitîa mutaret Intel lectum ejus, aut ne deciperet animam illius. » « Do- minus dédit; Dominus abstulit. Sit nomen Domîni beae- dictuml Amen.

Idibus 8eptembris(2], anno Domini 1605, circa horam secundam pomeridianam , dilectissima conjuz peperît mihi âlium, quem honorandue socer meus, Dominus Joannes de Mastribus, (qui opportune, duabus poBt par- tum boris una cum altéra illius filia, Francisca, uiore Domini Dusolier, hue advenerat), et colenda matre mea, Domina Quiterîa Petiot, ad sacnun baptisma detulerunt, et Joannig oomine doaanint. Laus Deo !

Kalendis aprilis (3), anno Domini 1606, nata est mihl filia ex dilecta conjuge : quam Dominus Dusolier, qui sororem luoris meœ duxit in matrimonium, et Quiteria de Petiot, mea matertera, domicella, uxor Domini de La Malharte (4), ad sacrum ecclesiœ lavacmm detulerunt eamque Quiteriam nuncuparunt. Laus Deo I

NoDo kalendae decembris, id est die 21' (5) menais novem- bris, Domino sacra 1610, peperit uxor mihi filium, circa boram quintam matutinam, quem Dominus Jacobus de Petiot, avunculus meus, prœfectus urbis (6), et Fran- cisca de Mastribus, uzoris soror, ad regenerationîs lava-

(1) La sépulture de famille des Ltmy, on l'a vu, ét&it à Saint- . Uichel. (!) 13 septembre tGOS.

(3) 1" avril 1608.

(4) La Haliartre, commune de Verneuil, canton d'Aiio, arrondis* sèment de Limoges.

(g) C'est le 23 et non le 21 novembre, qui correspond au 9 des calendes de décembre. (6} Lieutenant -général.

lyGoogle

cnim detulenint et Franciscum nuncupaverunt, Laui

^ Manus Domini tetigit me : dimitte ergo me, Domine, at plangam paululum dolorem meum! Dilectissimus âlius meus, Joannes, secundo geoitus, 13 kalendas febmarii |*2), amio Domini 1633, die Sancti Pétri cathedra dedicata, tmnTentrisprofluvio, tumvomitu, tum aMdolore, perduo- decim dies diacniciatus, viam universœ carnis iDgressua est : ejus obitum moleste ferrem, Qisi me sisteret Domini Toluntae; quœ, cum eum mihi dedisset, anferre libère potuit Ërat enîm omnibus corporis, animi et morum virtutibus oroatus ; agebat in Jesuistarum primo ordlne auDum secundiun, setatls vero decimum octavum. Del et religiouis fuit cultor âdissimus. Idcirco idem Dominus nisi ecclesisB suie sacrameatis confessionis, eucharistlœ et eztremie unctionis munitum ad se venire non permisit. Matrî suœ, sororibus, omnibus domesticis, mihique fuit charîssimus. Feretrum ad eccleaiam scolastici primi ordi- Difl (3) detulenint, uua cum congregationis (4) DiTse Marise Bodalibus. Eum setema requie fnii existimo : qiîod ita fazit Deus, qui pro nobis intercédât, ut cum illo vîtam valeamus conseiiui xternam. Sit aomen Domini béni- dictum !

(1) NouB Jugeons ioutile de doaaer des articles qui, aux noms près, reproduisent les préoédenta.

(2) Le jour de la Pâte de la Chaire de Saint-Pierre & AuUoche, te 22 février.

(3) Les élèves de la première classe du coHëge des Jésuites. Il était d'usSige, en effet, que les camarades d'un écolier dâfunt por- tassent son corps. A la fin du xvitr siècle, les écoliers de philo- sophie du collège des Jacobins portaieat l'épée aux funérailles de leurs camarades (Lboros. Cont. des Annale» du Limousin, p. 127. Han. du Séminaire).

(4) La congrégation de la Sainte- Vierge, instituée au collège des Jésuites.

ibyGoogle

584

# Qaod gTfttam Deo, fselii, faustnm mihi, fortQoa- tumqiie familife sitl

Die vigesima quîota septembris, anno Domiiii 1643, hora post mediam Doctem secunda, nata est mihi Ûlia primogenila ex dilectissima conjuge, Leonarda Bogier; qaam quidem Dominus Aothonius Rogier, uzoris avun» culus, AlTemise Lenumcisque carsorum prsefectas (1), una cum honorabili Domina matre mea Mai^iuarita de Mas- tribut ad sacium baptisma, die undeclma octcdnis, aouo sapradicto, detuleruat in ffide divi Michaelis, Hai^uaritœ nomen indidenmt, idque roinisterio DcHnini SimeoDis Guitard, TÏcarii, 1643. J. Lurr. Lam Deo Virginiqtte matri!

Die décima meosls novembris, anao DomiDi 1653, circa boram undecimam serotioam, uzor mea, Leonarda Rogier, mihi muXtum dilectissima, per decem dies febrî maligna cruciata, viam uoiversEe camis ingressa est, et seguenti die, qua iestum divi Martini celebratur, in aede divi Mi- chaelis fuit sepulta, Ëam iii sanctonim cœtum coUocatam existimo; erat eoim piiesima, FaB sit ea pro me et familia perpetuo intercédât !

Die Qona mensis februarii, aano Domini 1657, mater mea Marguarita de Mastribut, circa boram post mediam noctem secundam, viam universse camis iDgressa est, fuitque in sedibus divi MichaSlis et ante altare div» Magdalenee dicatum sepulta, Bam Deo in Beatorum caetum collocare placuerit, ut pro me familiaque perpetuo inter- cédât. J. Laut.

« J. M. J.

Sit nomai Domini beneUctum! Visitavit Dominus uxorem meam dilectissimam, Ha-

lyGoogle

riam Petiniaud, quae peperil flliam primogeoitam circa faoram quintam serotinam, quam Domiaiis Lamy de Luret, pater meus, una cum Doniioa Anna Maynard, uxoris mes avia, ad sacrum baplisma detulertint in jedeni divi Michaelis Leonum, et nomea Annse iodiderunt; qus nata est prima die augusti, et baptizata fuît secunda die au- gusti, ministerio Dominî de La Chassaigne, ecclesiœ Le- movicensis canonici, et baccalaorei SorboDÎci, aaoo Do- raini mîllesimo septingeDtesîmo trigesimo tertio. Lauy

DB liACHAPBLLE (1).

L'aD de notre seigneur mil sept cent trente quatre, et le quatrième novembre, mon épouse, Marie Petiniaud s'est accouchée d'une fille, laquelle a ete baptisée par M' Pierre Romanet, théologal de S' Martial (2) ; son parain et mareine ont été M' de Lachassagne, chanoine de l'église de Limoges, et damoisselle Anne Romanet, veuve de S' Joseph Petiniaud, ma belle-mère. Laky db Lachapbllb.

Le 12* mars 1767 mon épouse, Anne Magdelaine Des- champs, a mis au monde un garçon, baptisé le même jour dans l'église paroissiale de 8' Pierre, après l'avoir été par preccaution au sortir du sein de sa mère, par M' Cra- mouzaud; son parrein a été mon beau père, Jeaa Baptiste Deschamps, dont il porte le nom de baptême; sa mareine ; Thérèse de Lachassagne, ma grand mère. Lamt de La

GHAPBLLB.

Le 30* avril 1767. Mon fils est mort a La Chapelle (3), ou il a été enterré, le 32* du même mois.

Le 26 juin 1782, mon épouse a acouché d'une fille nommée Magdeleine sur les fonds de baptême, ou elt' a

.(1) C'est la dernière mention en latin de notre manuscrit.

(t) Du Chapitre qui avait succédé, en 1537, à la communauté régulière de Clunistes.

(3) La Chapelle, petite propriété prèa Saint -Léonard, d'où una des branches de la famille Lamy a tiré son nom.

lyGoogle

été portée par J. B" Lamy, mon fils aîné, et Magdeléne Gramagnac, et baptisée par M. Dejaias (?)(1), vicaire de S' Pierre.

Le 10 septembre 1793, Marîe Petiniaud, ma mère, morte la veille, a l'âge de 80 aDS, au lieu de Luret(2), a été enterrée au lieu et commune de S' Jean Ligoure. -

Le 8 octobre 1793, Anne Lamy, veuve Belut, notre sœur ainée, est morte, maison de S' Gérald (3), et a été inhumée le lendemain a S' Thomas d'Aquin (4), âgée de 59 ans. Lahy Lachapellb.

Le 16 juin 1798, s'est fait a l'église, et le 18* juin, 30 prairial an 6, devant la comunne de Limoges, s'est fait le mariage de Joseph Yi-ieix Lamy de Luret, mon fils, avec !)•"• Valérie Ce'este Baillot, en présence des parents communs. Laht La Chapelle.

Le S6* du mois d'aoust 1805, mon cher Sis, Jean Bap- tiste Lamy, a épousé dans l'église de S* Pierre, à Limoges, d""' Catherine Roulhac, âgée de 19 ans, fille de M' Rou- Ihac, procureur g"' du tribunal civil et représentant na- tional, et [de] dame Roulhac de Faugeras, son épouse. Puisse ce mariage continuer le nom et l'honneur de la famille ! Laht La Chapelle.

Notes à la fin du registre.

Mémoire que le dernier jour de joing 1568, jour de Monsieur S' Martial, je fianceis a femme Narde Mandat, filhe de sire Jehan Mandat; et me tat promis en mariage la somme de deulz mil livres l'; delaqueUe somme re- ceumes cinq cens livres t' comptant, que mon frère, Mon-

(1) Probablement de Jayat, nom d'une ancieDDe famille de Limoges.

(2) Luret, hameau de la commune de Saint-Jean Ligoure, canton de Pierrebuffiëre.

(ï) Il s'agit probablement d'une hospitalière de Saint-Alexis. (4) Ancienne église des Dominicains, aujourd'hui église parois- siale de Sainte-Uarie.

lyGoogle

587

sieur de Nieilh(l}, receust, comme appert par sedulles sur ce receues eutre nous.

Et oultre ce qae dessus, me feust promis la somme de mil livres, que je receuz deulx jours après la solempoi- sation de mes nopcea, comme appert par une quitance que j'en ay faict a moodict sieur beau père.

Et le jour de S' Alpiniea ensuivant, 19" jour d'aust, an susdit, espousamea en la ville d'Aixe, en l'esglise S** Croix (2) ; et nous espousa messire Pierre Panguet (?) vicaire d'Aixe, et mon Trère, monsieur de Nieilh, célébra la messe.

Le vingt uniesme jour de febvrier 1569, je receus de mondit sieur beau père cent cinquante escus sol et cent pistoletz (fù)(3), en déduction de ce que dessus, comme appert par la 'quittance que je luy en ay faict (4). . .

Obiit frater charissimus, anno pcœt infaustum hoc et ominosum conjugium, nempe 6" idus augusti (5), in ipso diei crepusculo, anno Domini 1569. Ëjus animam Domi- nus faciat perpétua frui régule et lu Beatorum sede col- locet! F. Lahy

m DOnas aprilis (6), anno Domini 1570, hora 5* de mane, (quo die Annunciationis festum virginis Marine celebrabatur in hac diœcesi ecclesia&ticorum authoritate.

(1) Il s'agit probaJilemeQt du curé de Nieul, dont il a été parla plusieurs fois.

(2) Église paroissiale d'Aiie* sur- Vienne. On la répare en ce moment.

(3) L'écu sol pesait 2 deniers 15 grains. C'était une aorte de monnaie-type dont on faisait usage pour les constitutions de rente, ete. On a donné le nom de pistoleta à certaines monnaies d'or étrangères.

(1) Ici finissent les notes de la main de Jean Lamy. C'est Fran- çois Lamy, rédacteur des premiers articles du livre de famille, qui ajoute ce qui suit.

(5) 8 août.

(6) 3 avril.

lyGoogle

. a vigilia Pasch» in hune diem relegatum], Leonarda Mandat, olim &atris Joan&is uxor, et ab eo, cum e vivia escederet, gravida reUcta, in hoc Lemovicorum oppido, et maternis sedibus, parturiit et in lucem edidit âliam, quEe eodem die, sub horam 8" et crepusculum vespâr- tinum, in parrochia nostra, sacra (?) Divi Michaelia aede, cœlesti lavacro purificata fuit, patris spiritalis vicem et muauB obtinente (?) fratre natu majore, Domino Joanne Lamico, Nuellii curato; matri6(ij, item socrus defuncti fratris, Joanna, vidua Joaaois Mandati. Dominus Joannes Vouzelle, TicariuB parrochiae Dostr%, sacro baptismate puellam abtuit, eique Mai^aretse nomen inditum est. Id nobis bene vertat!

Observavi puellam banc eodem die, nempe lunœ, et eadem hora, scilicet 5* matutina, in lucem editam, qua obiit ejug pater. Item eadem hora sacro baptismo reuatam, qua ejus pater sepultune mandatas est.

Tutebe oqus neplie uostrEe Marguarits, fratris Joannîs defuncti Ûlise, hodie decretum est parentum omnimn suffragiis et commun! consensu, fratri amantissimo, Do- mino Joanni Lamico, Nuellii curato, nempe die Jovis, pridie nonas julii, anno Domini 1570 (2).

Ëadem Leonarda Mandat secundo nupsit vu iduB au- gusti (3) anno Domini 1575, MichaÇli Rogier, procura- toris Bogerii fllio, hujus oppidi, elapeis sex annis post fratris obitum, postridieque ejus diei et eodem menée quo frater meus, cum quo prius nupserat, ultimum vitœ

diem clausit

L. GUIBERT. (A suivre.)

(1) 11 faut entendre ; malria apiritalia oicem, etc.

(2) 6 juillet 1570.

(3) 7 août.

lyGoogle

REGISTRE I)B FAHILLE DE JEANNE BOYOL, COMTESSE DE VILLELtalE (1587-1594) (Ij

Salut par Jésus Chrîst.

Dieu, par sa grâce et bénédiction, a donné a Jean de Villelume de Barmontet {2] et a moy Jeanne Boyol de Moatcoqu(3}. sa femme, nosLre premier fils. Et nasquit l'an de grâce 1589, le 24" d'avril, ung lundy, heure de midy; fuat batizé par M' Jouberl de Rochoar, miuigti-e (4), au chasteau de Touront (5). Son parrain fust M' de Moûl- coqu, mon père, et marraine Madamoiselle de S' (Jer- maint qui pria ma sœur, Marie de Montcogu, le présenter au sainct balesme. El s'apelle Pierre de Villelume. Paict a Touront, l'année 1590, le jour des roys.

Anagrame de Pierre de Villelume : Dieu i'élu[t] premUi:

Anagrames de Jean de Villelume et Jeanne Boyol : L'élu de Dieu ayme la bonne joie. Salut par Jésus Christ. Dieu nous a donné nostre seguonde filie après noslre fils.

(1) Communiqué par H. Alf. Leroux. Voir l'introduction.

{i) Jean de Villelume, second Ris de Marien Guillaume, seigneur de Barraontel en Âuverg[ie, et de Louise de Saint -M arceau, a fundiï la branche du Limousin par son mariage avec Jeanne Boyol, la- quelle était Aile Pierre Boyol, écuycr, seigneur do Moulcocu. [Note de M. de Villelume, possM^eur du registre.) Jean de Villelume éiait catholique; Jeanne Boyol protestante. Leur château du Bâtiment [aujourd'hui commune de Chamborct. Haute- Vienne) avait deux chapelles alTectées à chacun des deux cultes.

(3) Montcocu, aujourd'hui commune d'Ambazac, arrondissement de Limoges.

(4) J. -Joseph Joubert était encore ministre de Rochechouart en 1603. Il desservit ensuite l'église du Bouscheron, sise au voisinage de Rochechouart. On ignore la date de sa mort.

(5) Arrondissement de Bellac (Haute- Vienne).

T. VIL *— i

lyGoo^e

- 590

El oaquist le 16° jour de juin 1590, uq mercredy, heure de 8 heures de matin; et fusl batiïée a Touront par le dit Mr. Jouberl, ministre de la parolle de Dieu. Et fust parrain Mons. du Reperre de Perds, et marraine Mada- moiselle de Montcoqu, ma mère. Et s'apelle Marie de Villelume. Faict a Touront le 17" février 1591.

Au nom de Dieu.

Nous flanceames le 19' février 1587 et espousames le d'avril 1588, nng jeudy. Et Dieu i-etira a soy Mons. du Bastimant mon mary, le 5" de may 1591, ung di- manche, heure de vespres, alaut secourir la ville du Dorât (1) pour le sei-vice du roy Henri III, roy de France et de Navarre. Fut tué près la foret de Renquon (2), d'une embuscade des ennemis et rebelles au roy, par Tei-zane et Gezar, le 5" may 1591.

Dieu nous a donné nostre dernière âlie qui unsquit l'iinnée 1591, le 20" novembre, a 7 heures du jour de

samedy matin. Et tous trois nés a Touront (3).

Et fust bastizée au dit Touront par M' Joubert. A esté parrain mestre Marcial de Champs', et ma sœur et filieule Jeanne de Montcoqu [a esté marraine], le mesci-edy en may 1594.

Loué en soit Dieu par son S' fils Jésus Christ.

W. H. G. Villelume.

(Commun ic-a/to?i rie fou M. le comle de Villetume, possesseur du registre île Jeanne BoijoL)

(1) Assiégée par les ligueurs.

(2) Bancon, arrondissement de Bcllat; {Haute- Vienne).

(3) Il ï a dans le texte à cei endroil ces mots : mmedij 1591, qui no peuvent être autre chose qu'une répétition par inadvertance de •:e qui est dit plus haut.

DigmzcdbyGoOgle

LIVRE DE FAMILLE DBS SIEURS DE L\ BHUNVE, DE fiOCHBCHOUART (1599-1788)

Ce Livre de famille est aujourd'hui la pro- priété de M. Émilien de la Brunye, sous-préfet de Rochechouart, qui a bien voulu nous le commu- niquer et nous autoriser en môme temps à en publier les parties les plus intéressantes. Nous témoignons ici de nouveau à M. de la Brunye toute notre reconnaissance.

Ce Licre de famille fut commencé vers 1644 par Jean de la Brunye, alors âgé de 'ii ans en- viron, et continué par lui jusqu'à sa mort surve- nue en octobre 1G84. Mais le rédacteur y inséra à diverses reprises des mentions antérieures, puisées sans doute dans la tradition domestique et dont la plus ancienne remonte à 1599. Après lui le Livre fut continué par David de la Brunye, son petit- iils, qui n'avait alore que 10 ans. Mais jusqu'à 1697 celui-ci n'enregistra pour ainsi dire rien. Celte lacune est d'autant plus regrettable qu'elle correspond à la période la plus troublée de l'his- toire de Rochechouart.

Quand David mourut en 1747, son fils Raymond continua le Livre de famille par quelques men- tions sans grande valeur. Après lui, c'est-à-dire de 1788 à 179'2, la plume fut tenue par Pierro Paul de la Brunye, mais sans grand profit pour l'histoire.

Jean de la Brunye était protestant, comme la plupart de ses concitoyens à cette époque, et il

lyGoogle

592

nous donne sur los événements d'ordre ecclésias- tique dont Rochechouart fut alors le théâtre, des renseignements d'autant plus précieux que le re- gistre du consistoire (dont nous avons donné ailleurs des extraits) s'arrête à l'année 1635. Ce Livre de famille prend dés lors une grande im- portance historique; aussi n'avons-nous point hé- sité à le traiter comme un document de premier ordre en multipliant les notes et les rappro- chements.

Les mentions de ce Livre, au lieu d'être enre- gistrées les unes à la suite des autres, l'ont été le plus souvent au hasard, sur la première page blanche qui se présentait au rédacteur. 11 en ré- sulte une certaine confusion que nous avons cru bon de faire disparaître en classant nos extraits dans un ordre chronologique rîgoui-eux. L'indica- tion marginale des folios du manuscrit permettra toujours de se reporter facilement à l'original.

L'orthographe du nom de la famille n'est point fixe puisqu'on trouve de la Brunye, de Labrunye, Delabrunye. Nous en avons toujours scmpuleu- sement respecté les variations.

Des mentions de baptêmes et mariages de ce Livre de famille résulte, sauf erreur, le tableau généalogique suivant :

lyGoogle

s £

- a-S E s g ^ ■< «'s"« S g S

Sfii

agi "^ -1 Q^ as

e s S I s 5 .

i'P

«Se

~si

lyGoogle

13 i».

Le 5* jour de febvrier 1599, jour de sâmedy, environ 5 heures apprès midy, décéda Arnaulhon de Labninye mon grand père, et fut eusevely le lendemain en l'esglise de St Sauveur de Rochouard, aux tombes de ses prédé- cesseurs. M. Lalieste, prieur des Cordeliers de St Juiiien, fisl l'oraison funèbi-e, assisté de ses i-eligieux pour faire les funérailles.

!) r".

Le 27' jour d'octobre 1613, nasquit Suzanne Boulesteys, fllle naturelle el légitime de Benjamin Boulesteys et de Anne Soury, femme du dict Jean de Labrunye alors demeurant au village de la Doradière. Elle a esté baptisée à Rochouard par M. Fourgeaud, ministre de la parolle de Dieu au dict Iieu[l}, le 17* jour de mars 1614. A esté parrin maistre Jean de la Chaumelte avocat; marrine Suzanne Soury, sœur de la dicte dame. La présente datte a esté extraicte du papier d'Abraham Aymery (2).

13 v°.

Le 22* jour de febvrier 1629, jour de jeudy, environ 9 heures du matin, trespassa Françoise Soury, femme de Arnaulthon de Lahrunye (3), en la maison de maistre Pierre de la Chaulmette. Et fut le dict jour la première ensevelie au cimetière neuf de Bonmousson que Monsieur (le vicomte de Rochouartj marqua et borna à ceux de la religion réformée le 4' jour de février 1629 (4), Cela se

(!) De 1605 à 1G1T. Il desservait ikuparavant l'âgliso de Villemur.

(!) Ce papier d'Abraham Aymery était sans doute quelque livre de famille, analogue à celui des La Brunye. En tout cas ce baptême ne figure pas sur le registre du consistoire de Rochechouart con- servé BUT Archives départementales de la Haute- Vienne.

(3) Décédé lui-même en février 1599. Voy. ci-dessus.

(4) Mention importante par sa précision, car il est assez malaisé de voir clair dans cette question, petite j> nos yeux, mais fort grande sans doute aux yeux des contemporains. L'abbé Duléry

DigmzcdbyGoOgle

595

troure estre laissé escript de la main de Junien de Labrunye [1). 14 r».

Le disiesme jour de novembre 1636, jour de lundi, M heures du soir, mourut Juuien de la Brunye, mon père, d'une apoplexie qui ne lui dura que deux heures. Et toutes les paroles qu'il proféra furent disans, Anne Fontaneau sa femme le tenant entre ses bras et Abraham Soury lui appliquant les ventouses : « Seigneur Jésus, reçoys mou esprit entre tes mains miséricordieuses ! > Laquelle apoplexie l'emporta. Et fut enseveli le jour sui- vant, mardy 11 au dict an, deux heures apprès midy, dans l'église de S. Sauveur au dict Rochouard, aux tom- beaux de ses ancêtres et prédécesseurs qui l'avoient de- vancé par leurs morts, apprès avoir vescu en ceste vallée de mort 55 ans.

prétend bien, dans son Histoire de Rockechouarl (page 201), que les ' protest&nts du lieu avaient un cimetière à eux avant que celui de Beaumousson leur fût attribué par moitié. Hais cette assertion, rendue vague par l'absence de toute date, n'est qu'à moitié vraie. Pendant tout le xvi- siècle, les protestants de Rocheohouart n'eurent pas de cimetière particulier et n'usèrent que par tolé- rance, à défaut de tolérance par usurpation, do celui de la paroisse catholique. Mais il résulte pour nous d'un document postérieur {Paclum pour les habilantg de Rochechouart, Catal. Hist. de France, 4 d it* n' 186, art. 3) qu'une moitié du cimetière calholique leur fut attribuée par tra^nsaction en 160â. Toutefois, l'usage leur en ayant été retiré au bout de quelques années, ils en établirent un autre au voisinage de la maison de ville qui leur servait de temple. Ce choix leur suscita des tracasseries dont le souvenir se trouve consigné dans le Registre du consistoire (délibér. du 19 mai 1630, dans nos Documents histor., II, 113). On s'explique dès lors qu'en 1629, comme il est dit ici, le vicomte de Rochechouart, nous igno- rons à quelle suggestion, leur ait accordé de nouveau une por* tien du cimetière paroissial pour y enterrer leurs morts. Voy. plus loin la mention de l'année I68t et la note.

(1) Ce Junien de la Brunye {f 1636] était le père de Jean de la firunye, le premier rédacteur du présent Livre. Son journal est malheureusement perdu pour nous.

lyGoogle

14 r.

Le 4' jour de septembre 1641, Juaien de Labmuye, fils d'autre Juniea et de Anne Fontatieau et nostre frèi'e, s'en voulant aller à l'armée et dans le régiment des gardes, fit testament en faveur de la dicte Anne Fontaneau sa mère, receu par J. Boulesteys et P. de la Chaulmetle, notaires. Le dict Junien de Labrunye, apprès avoir de- meuré quelque temps au dict régiment, fut commandé pour s'en aller en Allemagne [1); auquel voyage faisant il mourut, lors cheminant, sans effort ('/). de guerre ains de mort naturelle, le 26' jour de novembre 1643, ainsin qu'[ont] affirmé des soldats du dict régiment par leurs attestations d'eux signées. .

12 r-.

Le jour du Seigneur dimanche, deux heures apprès midy, 23 du mois de janvier 1644, Anne Fontaneau (2), ma mère, quitta ceste vye pénible et langoureuse par la Toye naturelle, attaquée d'une maladie qui luy dura huit joui-s. Durant iceux elle i-ediaoil souvent qu'il falloit que, à ce coup, qu'elle quittât cesle vallée de misères, estant lasse de vivre, désirant tant et plus desloger pour estre avec Clirist son Sauveur, endurant patiemment cette Visi- tation envoyée pour marque et flétrissure de ses péchés, qui Tentrainoit à la mort et luy faisoit passer volon- tiers condamnation, comparaissant vestue de ses œuvres et justices qui ne coûtent que foin. et paille pour allumer l'embrasement de la haute et souveraine justice de Dieu,

(I) La maréclial de Guëbrianl opérait alors contre lea impériaux dans la fameuso guerre do Trente ans.

{2) Elle était calviniste comme le prouve la suite du récit, et mariée ii Junien de la Brunye, catholique, mort en novembre 1636. Voy. ci-dessus. 11 est question plus loin (octobre 16^) d'une autre Anne Fontaneau, mariée à Daniel de Barthe et sans doute ftile de celle-ci, -^ Il est souvent fait mention des Fontaneau dans le Beg. consist. de Rochechouart, en particulier de Louis Fontaneau, qui était juge de Saint-Laurent en 1617.

lyGoogIt:

qui D'excuse en nous les fautes gui s'y Lreuvent et plus abondantes en moy que tout bien, disant : <> J'en cherche aux mérites de J. G. qu'il m'a acquis par les souffrances de lii croix, mon unique espérance. » Ce fut l'entretien de celte pieuse femme durant sa maladie, et autres bonnes peneées et méditations que elle avoit apprinses dans les livres sacrés par fréquent usage, s'estant munie de toutes les ainnures de justice pour repousser les dards enflammés du malin décochés à cette heure. Car sa confiance et sa générosité faisoit dire à tous les assistants qu'elle estoit preste à moissonner la bonne semence que Dieu avait semée dans le champ de l'église pure et reformée qu'elle avait professée, après m'y avoir exhorté à la suivre [1] et m'avoir donné sa bénédiction. Ses dernières pai-oles furent : a Seigneur, si tu veux, je sais que tu peux me tirer d'icy et que à cette heure, si tu veux que je meure, je le veux aussy. » Le sieur Barthe (2), ministre de la

(1) Il semble bien résulter de ce passage que le fils d'Anne Fon- taneau, Jesut de la Brunye, le rédacteur du récit, n'était point en- core protestant

(2) D'abord pasteur d'une église de l'Agenais, puis de Limoges, à partir de 1619, puis de Rochechouart et Limoges 4 partir de 1620, comme il ressort d'une délibération du M octobre 1621 du Registre coneittûrial ras., non reproduite dans nos extraits de ce registre : « A esté conté avec M. François Reynaud des fraiti et dépenses par lui Taits es allées et venues de M. Barthe pour son ministËre en ceste église dès le 18 janvier 1620.... » L'abbé Legros, dans son Abrégé des Annales (1, 561) et de nouveau dans la Feuille hebdomadaire de Limoges (M mars 1777), avance que le consistoire des huguenots de Rochechouart nomma Daniel de la Barthe {ëic) mi- nistre le 19 octobre ICin. Vérification faite, la délibération du 19 octobre ICIO insérée au Registre contistoriat de Rochechouart (par- tie ms.) ne parle que de la célébration de la Cène. C'est seulement dans celle du 2t décembre suivant qu'il est question pour la pre- mière fois de réclamer le ministère de Daniel de Barthe. Il résulte de ce même Registre (partie ms., 1620, 1624 paasim] que Barthe commença son ministère à Rochechouart dès le 18 janvier 1620 et le continua plus ou moins régulièrement jusqu'à la fin de 1624. date à laquelle, pour échapper aux dangers qui le menaçaient à Limoges,

ly Google

598

parolle de Dieu, fut appelle pour faire la prière. Sur la un elle rendit l'esprit, et fut son corps le lendemain enterré au cimetière de Beaumoussoa de Rochouard et dans le tombeau de Jacob de la Chaulmette, son oocle. 34 v\

Ëxtraict des registres consistoriaux, baptesmes, mariages et mortuaires de MM. de la religion prétendue et réformée de l'esglise de Rochechouarl [1).

Suzanne Soury, fille de Isaac et de Marthe Loumeaud, fut baptisée le dimanche 3 juillet 1644 par M. Jérémie de Barthe, ministre de la parolle de Dieu (2).

il quitta cette ville, vint faire sa résidence à Rochechouart et ne desservit plus Limoges qu'à intervalles plus ou moina éloignés. II mourut en avril 1653, comme il est dit plus loin. Nous reviendrons plus BU long sur ce pasteur dans notre Histoire de la Réforme dans Ui Marche et le LimoTÀSin. 11 ne faut pas confondre Daniel avec Jârëmie, son frère puîné mentionné ci-dessous, pasteur i Lisle en Périgord en 1637 (Âymon, Synodes), et jusqu'en 1642, puis à Montignac-le-Comte et Laforce. On a de celui-ci un Ser-mon sur ta naissance du Sauveur, prononcé à Lisle le 33 décembre 1640 (Copie dans les papiers de M. Le Savoureux à la Bibliothèque protestante de Paris), et un Papier-Journal sur lequel il av^t inscrit les quartiers de traitement reçus des églises de Honti* gnac, Guabilhon et Lardymalye entre 1612 et 1651. (Copie ibid. . Publication d'un fragment relatif au duc de La Force dans le Bull. Soc. hist. du prot., 1859, p. IIS.) Jârémie de Bartbe mourut après 1654. Le troisième des frères de Barthe était Ambert, meu- tionné plusieurs fois ci-dessous, qui mourut en mars 1653, comme il est dit plus loin. Il était, dès 1626 au moins, pasteur de Cha- teauneuMa-Forèt, et concurremment de Meillars et Treignac (au- jourd'hui département de la Corrèze). Un quatrième frère, dont le prénom nous est inconnu, fut aussi pasteur, nous ne savons où, et abandonna la communion réformée vers 1647. (Voy. notre Hist. de la Réforme... ch. n.) La Biograp. des hommes illus- tres du Lim., par MM. l'abbé Arbeilot et Aug. Duboys, confond ces quatre pasteurs en un seul et attribue k Daniel de Barthe les faits et les écrits de ses trois frères.

(1) Ces registres, aujourd'hui pfîdus, faisaient évidemment suite à celui que nous avons publié dana nos Documents Historiques, tome II, et qui s'arrête à 1635.

(3) Voir ci-dessus la note 2.

lyGoogle

2 V".

Le mardy presmier jour du mois de novembre 1644, par coQlracl receu par D. Reyiiâud et Jeau Auniilhon, fiança le dict Jean de la Bmnye (1} la dicte Suzanne Boulesteys eu la maison de defîunt Benjamin Boulesteys et de Anne Soury, ses père et mère de la dicte Suzanne, assistés de leurs parents de part et d'autre. Et le mer- credy seizième du dict mois et an, ils espousèrent en l'église prétendue réformée de Rochouart par les mains de M. Barthe, pasteur en icelle, gui a bény leur mariage pour demeurer conjoins ensemble.

Dieu par sa bonté veuille mestre une telle union entre eux, que, pendant le temps qu'il lui plaira les faire demeurer au monde, qu'ils s'entretiennent en paix et amitié ensemble, sans jamais décliner aucunement et conformer leurs desseins en s'augmentans de plus [en plusj en foy, croisans en biens, demeurans en paix et prospérité. Ainsi l'Éternel par sa toute puissance en veuille ordonner comme il verra et jugera estre néces- sère et expédians pour le salut de leurs âmes et édi- fication du prochain, au repos de leurs conscieuces. Ainsi au nom du Tout puissant en soit-îl faict! Amen. Plaise le Seigneur les vouloir bénir de ses plus rares bénédictions, eux et leurs familles, s'il luy plait leur donner lignée et les accroisire et eslever en la loy du Seigneur, unique législateur, pour cheminer tous les'jours de leur vie en ses sentiers et statuts. A nostre Dieu la

(t) Ce Jean de la Brunye, catholique, était frëre de Junien de la Brunye, mort en 1013, et par conséquent lils d'autre Junien de la Brunye et de Anne Pontaneau. Quoique rédacteur du registre, il parle de lui-même d'une manière impersonnelle. La suite du récit indique déjà qu'il était bien prêt de céder au vœu da sa mère, exprimé plus haut, puisqu'il épouse une protestante el accepte de faire bénir son mariage par le pasteur. Les faits rapportés plus loin, S0Q8 la date de 1G49, confirment d'ailleurs directement notre assertion.

lyGoogle

conduite en nous comblans de sapieuce el doctrine pour eux et leurs affaires gouverner sagement à sa gloire et bien de paix, en les réslgnans et tout ce que nous avonsi receu de luy entre ses mains pour en estre le garant et le soutien. Bénis nous. Seigneur, et les biens que nous avons receus de ta main. Fais que nous ne met- tions jamais eu oubly et ne perdions la mémoire de sy grandes bcnefflces que tu nous as faictes de nous avoir créés et tirés de rien, nous ayans faict créatures raison- nables formées à ton image, l'ayant pcrdeue en nous par nostre perversité et rebélion, au manger du fniict de l'arble [sic] que tu avois défendeu n'en manger soubs peine de mort, juste jugement que nous ne pouvions, apprès avoir vioUé ta loy divine, esviter la peine deue à nostre faute ny expier nostre péché faict contre l'inflny, ayans tombé eu la rigueur de sa justice pour endeurer les peines esternelles d'enfer. Mais par tes grandes com- passions tu nous as faict miséricorde, nous recevans à mercy en envoyant Ion fils, ton unique, ton bien aymé, au monde pour vestir nostre chair humaine en pre- nant la forme d'homme et en icelle endui-er la mort ignominieuse de la croix qui estait deue à nos péchés, les ayans effacés et âché l'obligation qui estait contre nous à la croix en satisfaisant pour nous à la justice du Père, en punissant son fils qui a esté baillé pour nostre rançon (1j. 0 profondeur de miséricorde en ce que luy qui n'avait point connu de péché a esté faict pécheur pour nous ! La cré;iture a commis la faute ; le créateur en est puny (2), 0 Seigneur Dieu, créateur du ciel et de la terre, rédempteur du genre humain, donnaleur et dis- pensateur de toutes choses, conservateur et conducteur

(1) Réminiscences des Ëpitres de suntpaul. Cf. particuliërement Goloss. if, 14.

(2) Cf. II, Cor. V, 21 : < Car celui qui n'avait point connu le péché, il l'a traité k cause de nous comme un pécheur, afiu que nous deve- niona justes devant Dieu par lui. «

lyGoogle

60!

d'icelles, à toy seul de qui je confeiise tenir toutes choses, qui m'as prései-vé jusques à présent, je te supplie du plus profond de mon cœur par tes grandes bontés me constinuer ces mesmea faveurs jusques à la fin, bien que j'en sois iadigae à cause de la multitude de mes péchés gui m'accableroit sans le secours de toy, mon Dieu, mon Père, en qui j'espère grâce par ta mercy et d'estre sauf par ta seule miséricorde, m'ayant esleu à salut dès la fondation du monde. Je te supplie ne rejeter ton humble serviteur qui te faict reconnaissance avecque humilité, honneur et révérance et par icelle confesse qu'a toy seul soit reodeu el appartient gloire, honneur, empire et magnificence es siècles des siècles à tout jamais ! Amen. Appres avoir constamment attendeu de l'Éternel la volonté, il se tourne de nosire costé.

Du mariage contracté entre Jean de Labrunye et Su- zanne Boulesteys marriée, est descendeu par voye natu- relle et légitime nostre bien aymé fils Amber de La- bi-unye, que Dieu fît jouir de la lumière du monde en le faisant sortir de la matrice par sou heureuse nais- sance qui fut le vcndredy 16" jour du mois d'avril 1649, 3 heures appres midy. Et fut baptisé en l'église réfor- mée de la ville de Rochouart le merci-edy suivant, vingt uniesme du mois et an. Fut son parrin maistre Amber de Bai-the(i), ministre de la parole de Dieu en l'esglise de Meillars en Limousin et alors y demeurant; et fut présenté par David Soury eu l'absence du dict sieur de Barthe; sa marrine dame Anne Soury, vesve de feu Benjamin Boulesteys, oncle et grand mère du dict Amber ' de Ijabrunye.

0 Seigneur Dieu tout puissant, tout bon et tout sage, fais luy miséricorde par les mérites de J. C, ton cher lils, et le i-empUs de sapience, doctrine el sagesse pour

lyGoogle

602 -

vivre en la crainte, demeurer eu ton amour, faire ta sainte volonté soubs la persévérance de la profession de ses parents à radvancement, grand Dieu! de Ion règne, bien el salut de sa pauvre ànie infectée de corruption originelle par la désobéissance du premier homme. Sei- gneur, ne lui veuille imputer ceste faut« et plusieurs autres dont sont coupables ses père et mère, pour en luy visiter leurs iniquités en luy faisant porter la peine de leurs maux. Veuille, bon Dieu, les regarder en tes bon- nes compassions, destoumer ton coun-ouï de dessus eux; arreste tes indignations; sois, mon Dieu, appaisé par le sang précieux que ton bien aynié t'a offert en la croix pour rançon de tes pauvres créatures qui altérées de tes grâces, désirent tant et plus d'estre consolées par l'espé- rance de la vye éternelle qui leur a esté acquise par J.-C, qui en l'unité et trinité de toy, Dieu, Père et Saint- Esprit, vit éternellement. Amen.

J, Bhunye. 15 v*.

Le 17* jour d'avril 1650, jour de jeudy', mourut Jeanne de la Brunye(l), vesve de feu Louys Boulesteys, en reve- nant du mariage de Pierre Pallier. Elle rendit l'esprit par les chemins, attaquée d'une apoplexie. Elle fut en- terrée le jour suivant, 24 heures apprès sa mort, dans le cimetière de Boumousson à Rochouart.

15 V.

Le jeudy 22' jour du mois d'aoust 1652, Ësticnne Bou- daud âgé de huit ans, fils unique de Pierre Boudaud

(!) Cette Jeanne' de la Brunye est vraisemblablement une sœur de Jean de la Brunye, dont il a été question plus haut, et par consëquent une nile d'Anne Fontaneau.

(2) Il ne faut pas confondre cette Françoise de Labruwye, mariée à Etienne Boudaud. el tous deux callioliques, à ce qu'il semble, avec une autre Françoise de Labrunye, mariée au pasteur Ambcrt de Barthe, et dont il est question plus loin.

lyGoogle

603

sieur de la Boiasière. et de Françoise de Labrunye (2|, mourut de morl violente et se aoya dans un petit puits cave de six pieds, à la porte de l;i métairie de la belle Monie (1) en la paroisse de S, Auvent, la dicte Labrunye l'avait envoyé avec sa servante pour faire van- ter (?) les bleds de la dicte mestairie; dans laquelle noua fusmesle mcsmejour les sieurs Dumaisel. Joubert, Simon et Pierre Folle, Labruaye, Lagardeste et moy pour trans- porter le corps, apprès que la justice de S. Auvent eut faict leur (sic) visite et procès-verhal ; et avons aporté le corpa dans nostre maison qu'avons trouvé accompagné de Mad'" de la Paye, des cousines Sénéchal, de Marsillic, de Moiron, et autres du dict S. Auvent. Il a esté enterré le vendredy jour suivant, dans l'esglise de Rochouard, dans le tombeau de ses prédécesseurs par les mains des preslres et autres ses parents et amys l'accompagnans à leurs grands regret et desplaiair. Dieu par sa grâce luy veuille avoir faict miséricorde en luy pardonnant ses péchés et ne lui imputant les. fautes de ses parents! Adieu, mon nepveu, à mon grand desplaisir 1

Le vendredy 31' jour du mois de mai-s 1653, onze heures du matin, mourut dans la mort des lidelles M. Amber Debarthe, ministre du Sainct Esvaugile{"2), et fut eiisevely le jour suivant au cimetière de Bonmousson dans une fosse qui joint celle de défunte ma mère, sous un tombeau neuf qui fut admené le même jour.

Le samedy 26* jour du mois d'avril 1653, deux heures apprès minuit, mourut M' Daniel Debarthe, ministre du Saint Esvangile en rcsgliKC de Limoges et Rochouart(3}.

(1) On Écrit aujourd'hui Bellemânie, .commune de Saint-Auvent, arrondissemcnl de Rocheehouart.

(2) Auprès des églises de Ch&teauacuMa-ForËt, Hcîllars et Trei- gnsc. Voy. plus haut.

(3) Voy. ci-dessas.

lyGoogle

604

11 mourut d'une colique yliaque au dict Limoges, dans la maison de M, David, et fut enterré dans le temple du dict Limoges (I), le jour suivant, deux heures apprès minuit (2), accompagné de sa femme, gendre, fllle, avec Mad'" de Meillac (3} , le sieur Boulesteya , Jean de la Ghaulmette, Jean de Labranye, M. David, M. Mourest. Adieu, nostre bon pasteur!

17 V.

Le lundy, trois heures apprès midy, 28' jour d'avril 1653, deux jours apprès la mort de M. Barthe, les reli- gionnaii-es de la ville de Rochouart envoyèrent quérir M. Férant, pasteur au bourg de S. Glaud (4), pour bénir le mariage des sieurs Daniel et Pierre de Lachaulmetle, frèi-es, et de Claude de la Ghaulmette; pour lesquels mariages faire, le peuple s'assembla au temple de la dicte ville (5), à l'heure de trois, pour ouirle presche. Mad.

(1) Le teraple de Limoges était alors situé à la Croix Matidonaud, près Beauséjour.

(2) Cette inhumation nocturne s'explique par ce fait qu'eu 1648 et de nouveau quelques années plus tard, le temple de la Croix Mandonaud avait été détruit par lea élèves du collège des Jacobins de Limoges, La commuiiautâ réTormée était donc environnée du périls. (Voy. pour plus de détails notre Histoire de la Réforme dans U Marche et le Limousin... ch. vu.)

(3) Apparentée aux Lescours de Savignac, calvinistes, et par suite k la branche des Haleden, qui s'intitulaient seigneurs de Heillac et de Savignac.

(Il St-Claud-sur-le-Son, arrondissement do Confoiens (Cliarente).

(5) C'est la première fois que nous trouvons mentionné le temple de Rochechouart, Jusque vers 1630, les protestants s'assemblaient dans la maison de ville. L'abbé Nadaud prétend {Mémoires ma- nuscrits, 1, 58) que ce temple fui commencé eu avril 1637. Cette date est douteuse si l'on se souvient que les protestants do Roche- chouart, condamnés par les Grands-Jours de Poitiers en 1634, n'ob- tinrent la reconnaissance de leur droit que par arrêt du Conseil du 10 mai 1639. Avril 1631 doit sans doute être corrigé en août 1639.

DigmzcdbyGoOgle

605

la marquise [de Rochechouarl] (1) advertie de cela, à l'ab- sence de M. de Pompadour, son mary, lors en cour, en- voie quérir les anciens de la dicte religion, leur défendit de s'assembler le jour extraordinaire et d'avoir eu un pasteur nouveau sans sa permission, qu'elle n'entendait que cela fut. De la pari des anciens fut respondu qu'ils le pouvoient en vertu de l'esdict du roy. Sur cela ils se retirèrent; et venue au dict temple l'assemblée entière, fut chanté par maistre Daniel Boulesteys, ancien, le psaume 35 (2). Dans ce temps la dicte dame fait sonner le tocsin el battre un tambour par les rues, à la diligence des consuls de la ville, estant lors maistre Jean Simon pi-o- cureur fiscal, Pierre Simon, son frère, Jean Desvergues el François Reys , tous catholiques romains. Pendant l'action, lorsque le dict Boulesteys faisait la lecture du segond chapitre de l'Apocalypse ou révélation de S. Jean (3j, la dicte dame arrive au temple accompagnée des dicts consuls, curé et autres habitans de la dicte ville et ses serviteurs armés d'espées et fusils, ayant trois cors de chasse qui jouaient dans la porte el fenestre du dict temple, avec les cris el voi-\ du peuple, ce qui empescba l'office divin, ne pouvant glorifier Dieu parmi ce tinta- marre. Il fallut cesser et parler à la dicte dame; et luy fut accoi-dé que le prêche ne se faîrait iiy les mariages (4).

(I) Haric do Rochechouarl était Rlle do Jean II, vicomte de Rochechouarl (f 1617), et avait épousé en 16i0 le marquis de Pom- padour. Elle-mérae mourut en 16C5.

{2) t Ëtcrncl, débats coDtrc crux qui débattent contre moi, etc.. *

(3) > Écris à l'ange de l'Ëglise d'Éphëse etc. "

(4) Sur ce singulier épisode, roy. aussi Ëtio Dcnoit, Jliat. de l'Édit de Nanteê, III, IG6. L'exacte concordance de quelques dé- tails est à remarquer. Voici comment l'abbé Nadaud (Mémoirea mss, I, 58) raconte les événements : Vers ICll (sic, d'après notre copie), Harie de Rochcchouart, marquise de Pompadour, fut au lieu ils [les huguenots do Rochechouarl) Taisaiont leurs exer- cices et empêcha que le ministre Ferran ne prêchât. Ayant exhorté les huguenots à so convertir, elle voulut exposer sa vie et soti sang pour leur conversion (!). » L'abbé Logros rapporte les faits

T. VIL 4~S

lyGoogle

Ils furent faicts [le presche] le jour suivant par le même pasteur au lieu de la Stidrie (1), les dicts mariages le mercredy suivant. Il fut délibéré entre le dicl corps dans le temple de ce que l'on avait à faire pour ce sujet. Il fut résolu que l'on envoyerait homme exprès à Paris pour porter la plainte au roy. Il fut choisi maistre Daniel de la Cbaulmette, advocat, et pour ce faire il fallut lever argent sur le troupeau. Jean bailla 12 11.

18 I*.

Le mercredy, 27' jour du mois de may 1653, nous avons sceu les nouvelles de Paris de l'affaire de ceux de la religion réformée, à la diligence de M. Ghomette à ce sujet envoyé au dict Paris, dont il a faict tenir un

d'une manière un peu moins ioexacte dans ses Anna.leê manus- crites (p. 597) : a Mario de Roohechouart, dame de Pompadour, vint à Rochcchouart avec des giens armés, en 1654, pour empêcher les protestants de faire leur exercice dans leur temple. Elle At battre la cloche sur eux tellement que tous se retirèrent. 'Ils disent qu'elle porta perte à la ville de cent mille livres, apparemment par leur transmigration dans d'autres lieux et par Les mouveraenta qu'ils se donnèrent pour être rétablis. Quoi qu'il on soit, cette église prétendue réformée s'assembla au château de Champniers dont H. Dulau, calviniste, était seigneur, le 12 Juillet de cette année, & cauqo des poursuites de cette dame qu'ils qualilient de persécutions. > A ne considérer que les faits, ce récit renferme une erreur de date (1654 pour 1653) et une confusion de lieui (Champniers pour la Sudrie). Le Champniers dont M. Dulaux, déjà seigneur de Gellettes et Cliambon, était baron, est situé dans l'arrondissement d'Angoulêmc, ft neuf lieues au moins de Rocbe- cliouart, ce qui permet déjà de suspecter l'exactitude du rensei- gnement donné. (Voy. Bugeaud, Chron. prot. de iAngoumoïs, 96 et 352.) Nous n'avons pu retrouver à quelle source Legros avait puisé ces renseignements circonstanciés. Nous ferons remarquer seulement que ce baron de Champniers est colui-là même à qui Daniel de Bartlie avait dédié, en 1631, sa conférence avec le capucin Philippe. (Voy. notre Hist. de la Réforme... ch. vi.)

(I) La Sudrie (aujourd'hui commune du Lindois, arrondissement de Confolens, Charente), à quelques lieues au sud-ouest de Roche- chouart, possédait alors une église de fief.

lyGoogle

607

paquet par le courrier de Limoges, dans lequel estoit une lettre d'icelluy contenant son arrivée, la diligence qu'il avoit faite, autre lettre de M. Drelincourt (I) pasteur, don- nant assurance de travailler pour cette affaire et toute l'esglise de Paris avec, un arrest donné au Conseil ie 13* jour du mois de may 1653 par lequel est défendu à ceux qui font profession de la religion réformée en la ville de Rochouard de s'assembler extraordlnairement, ne faire fonctions publiques jusque ce] qu'il en soit dict plus amplement.

Nous nous assemblâmes le vendredy suivant dans le temple. Le samedy suivant, 30' de may, Madame la mar- quise [de Rochechouart] flct signitler le dict arrest par Perigord, sergent royal, donné à Abraham Soury, un des membres de l'esgliiîe. Landemain jour de dimanche, fegte de Pentecoste, nous cessâmes de nous assembler |2). Dieu, par sa grâce, nous veuille bicntost restablir et nous con- soler en une telle afHiction. 18 V.

Le dimanche 21* Jour de septembre 1653, environ 10 heures du soir, est née la ûlle naturelle et légitime de maistre Amber Debarthe, pasteur (3), et de Françoise de Labrunye, sa femme. Elle a estée baptisée le dimanche douzième d'octobre 1G53 en l'esglise de la Sudric, paroisse et juridiction du Lindois, par les mains de M. Declave, pasteur du sainct Ësvangille en l'esglise de la Rochefou- caud et la dicte Sudrie, son anne.<ie. A esté son parrin Jean de Ghesadour (4), escuyer, sieur des Champs, cousin

(1) Il s'agit ëvidemment du célèbrn pasteur de l'église de Paris, f 1669,

(2) Cette interruption du culte réforme à Rochechouart dura jus- qu'en décembre 1655. Voy. plus loin b. cette date.

(3) Voy. ci-dessus à la date du 21 mars 1653.

(4) Plus ordinairement Esghizaikiuii. Les soigneurs de ce tiom, calvinistes déclarés, habitaient au voisinage de Chàteauneuf-la- For£t, leur chAteau de Bëthe (paroisse de Susaac) avait donné naissance à une égliae de fief. (Voy. notre Hist. de la Réforme...

lyGoogle

germain de la fille; sa marrine, Suzanne Boulesteys, femme de Jean de Labrunye, sa tante, absente, mais Elisabeth de la Chaulmette, vesve de feu Louys Desvaud, présentant pour elle. La dicte fille posthume, qui porte le nom de Suzanne, est née six mois apprès la mort de feu maistre Ambert de Barthei-^on père.

L'on a laissé l'acte baptistaire entre les mains des an- ciens de la dicte esglise à Abraham Chazaud, scribe, signé F. DE Labrunye, Jean de Chesadouh, Ysabeau(I) de LA Chaulmette. L'on a prins copie de celluy donné à la dict« de Labrunye signé Declave, pasteur, Dueoullb, an- cien de la dicte esglise. 19 1-.

Le jeudy 16* jour du mois d'octobre 1653, mourut Anne Fontaneau (2), femme de maistre Daniel Debarthe, mi- nistre quand vivoyt du Sainct Ësvangille en Teaglise de Limoges et Rochouard(3). Elle fut enterrée au cimetière du dicL lieu-, le mesme Jour.

Le dimanche 19* jour d'octobre 1653, ceux de la relli- gion refformée s'assamblérent dans leur temple pour faire la prière en vertu de l'arrêt donné au Conseil, le 8* jour d'aoust 1653, qui renvoya les parties à la Chambre de l'Esdit de Paris pour juger en deffinitive et sans que l'arrest donné sur requeste, le 13* jour de may 1653, tire à conséquence. Le soir, apprès la sortie do la prière, M. de Pompadour revenu de la chasse, accompagné de ses serviteurs, fut en la maison de feu Jean de la Chaul- mette, là il i-encontra maistre Théodore de la Chaul-

ch. IX.) Jean d'Eschizadour avait épousa an 16t^ Marie de Barthe, fille du pasteur Daniel de Barthe. 11 était donc en effet cousin par alliaiico de la baptisée. (Cf. le Nobit. de la GénératHé, II, 91, et lus extraits du Registre bapl. de Rochechovarl que nous comptons publier dans l'appendice de notre Hiêl. de la Réforme...]

(I) Appelée plus haut Élisabelh.

(3) Cf. plus haut la mention de janvier 1644 el la noie.

{i) Voy. ci-dessus à la date du H6 avril lGâ3.

lyGoogle

mette, misistre de la parolle de Dieu (i), auquel il b&illa trois coups d'espée, sans autres coups qu'il receut de ses serviteurs; et n'eut esté qu'il se sauvait à la fuicte, on l'eut laissé mort dessus la place à force de coups. En mesme temps, le dict seigneur de Pompadour fut en la maison de maistre Jean Fourgeaud, adTocat, lequel fut prius sur sa maison se voullaut sauver, il receut plu- sieurs coups et sa femme aussy. L'on l'amena au châ- teau dans la prison, l'on luy fit endurer divers tormens endurés jusques au mardy d'auprès, qu'il fut rnia hors la dicte prison. Il se fit diverses menaces. mesme d'envoyer gens de guerre dans les maisons de ceux qui avoient assisté à la dicte prière. Geste crainte et peur fit diviser les membres de ce corps, [ce] qui causa la discontinuation de s'assembler (2).

(9 V".

Le mercredy, septiesme jour du mois de janvier 1654, neuf heures du matiu, mourut Suzanne de Barthe, fille légitime de maistre Amber de Barthe et de Françoise de ■LabruHye (3). Elle fut enterrée le mesme jour dans le

(I) Ce Théodore de la Chaulmette appartient évidemment à la famille du merae nom qui comptait alors tant de représentants à Roehecbou»rt, £lie Beoott le déclare d'ailleurs expressément dans son Hiat. de VÈdit de Nantes, III, IGS. Le pasteur Etienne de la Chaumette, dont la veuve habitait RochechouarL en 1604 (d'après le Beg. de» délibérationg du Conêistoire , 16 acrif i60i), eat peut-être un de ses ancêtres en ligne directe. Théodore de la Chaumette avait d'abord desservi une église du Poitou dont le nom ne nous a pas été conservé. En 1G4B il passa ii Maringues, en Auvergne, il resta jusqu'à la Révocation. (Voy. les Actet du synode de Bourgogne tenu à Is sur-Tille, et i'IIisloire des guerre» de religion en Autsergne par Imberdia, II, 545.) On ne peut donc conclure de sa présence à Rochechouart en 1653 qu'il y ait rempli les fonctions pastorales autrement que par occasion.

(2} Cf. sur oe nouvel épisode Ëlie Benoît, Hialoire de t'Èdit de Nanle», III, 168.

(3) Voy. ci-desaus à la date du 21 septembre 1^51

ibyGoogle

610

cimetière de la présente ville, auprès le tombeau de feu le dict Amber, son père. Elle estoit âgée de trois mois et deniy.

20 V.

Le lundy de Tannée 1653, au quinziesme jour du mois de décembre, environ 10 heures du soir, Dieu de sa grâce a envoyé et mis au monde une fille du mariage légitime d'entre Jean de la Brunye et Suzanne Boulesteys, ses père et mère, lesquels font humble requeste au Créateur de tout le monde, sauveur et rédempteur de toutes les humaines créatures qui icy sont, il lui plaise faire grâce et miséricorde à la présente née en luy remettant ses corruptions naturelles comme à l'un de ses chers enfants qui deminde la bénédiction de son Dieu, la faveur et bonté de son père céleste. Au lieu de la Sudrie, juri- diction du Lindois, le dimanche 25' jour de janvier 1654, a esté baptisée par les mains de M. Declave(i), ministre du Sainct Ësvangille en resglize de la Rochefoucaud et la Sudrie, sou annexe, Françoise de la Brunye, flile de Jean de la Brunye et Suzanne Boulesteys, habilaus de la ville de Rochouard. Son parrin est Jean Boulesteys, sieur de la Doradie ; sa marrine Françoise de Labrunye, vesve de feu maistre Amber Debarthe, vivant ministre de Cha- teauneuf en Limousin (2), aussy habitans du dict Ro- chouard oii l'exercice de la religion n'est à présent permis- La dicte Françoise est née dès le 15* jour du mois de décembre de l'année 1653. Le présent acte a esté dellivré en la mesme forme à Abraham Chasaud. ancien et diacre en la dicte esglise de la Sudrie, sont les signés : J. de lA Brunye, J. Boulesteys, Françoise de Labrunye. 20 V.

Le mercredy unziesme jour du mois de febvrier 1654,

(1) Déjà mentionné ft la date du 21 septembre 16U. (2)' Cf. ci-dessus SI mars 1653 et 16 avril 1649, oi Bartbe est dit ministre de Meillars.

ibyGoogle

611

UDie heures du Boir, décéda la dicte Françoise de la Bruuye (1) et fut enlerrée le jour suivant au cimetière de BoDmoussoD auprès de la âUe de feu maistre Amber Debarthe. Dieu par sa grâce luy veuille avoir faict misé- ricorde, n'imputant point en elle le péché de ses père et mère et encore [2) grandement entachée.

Apprës avoir constamment attendeu de l'Éternel la vol- lonté, il se tourne de nostre costé et apprès longtemps avoir esté affligés, il nous a consolés et relevés. Le 29* jour du mois de may 1654, nostre roy débonnaire a remis en l'exercice de la religion ceux qui en font profession dans . la ville de Rochouard, dans leur temple accoutumé, leur permettant par arrest de son Conseil d'Estait en la fonne . qui suit : Apprës [examen] de toutes choses rapportées dans la requeste des supplians, le roy estant en son Con- seil, conformément à l'arresl de son dict Conseil du 8 d'aoust 1653, a renvoyé et renvoyé la dicte requeste en la Chambre de l'Ëdlct du Parlement de Paris, pour estre pourveu aux parties ainsi qi^'îl appartiendra par raison ; cependant en interprétant le dict arrest, sa dicte Majesté par provision a ordonné et ordonne que les habi- tans de la ville de Rochouard faisans profession de la religion prétendue réformée fairont l'exercice publique de la dicte religion dans la dicte ville de Rochouard au mesme lieu et ainsin qu'ilz faisoyent avant l'arresl de son dict Conseil du 13 may 1653, jusques à ce qu'autrement par ta dicte chambre de l'Esdict (3) en aye esté ordonné

(1) Fille en bas-ftge de Jeui de la Brunye. Ne point la confondre avec Françoise de la Brunye, mariée k Etienne Boudaud vers ]Mt, d'après une mention d'août 165!, ni avec une autre Françoise de la Brunye, mariée à Â.mbert de Barthe en premiËres noces, à Jean d'Eschizadour, aieur des Champs, en secondes noces, et morte le 1% oelobre 1659. Voy. aux dates.

12) Ce et encore semble équivaloir & notre encore que.

(3) L'abbé Nadaud, dans ses Mémoires manugcritë [I, 58), parle d'un arrêt de défense contre les huguenots de Rochechouart, » rendu le 11 août 1654 par la chambre de l'Ëdit. Ce ne serait en tout cas qu'un arrêt provisoire, l'arrêt définitif n'ayant été rendu qu'en février 1661, comme il est dit plus loin.

lyGoogle

et sans que le présent arrcst puisse nuire ny préjudicier au droit des parties, au principal. Faict au Conseil d'Estat du roy, sa M;ijesté y estant, tenu à Paria le 29' jour de inay 1654. Ainsin signé : Letellieh. Avec la commission du mesme jour pour faire mettre le présent arrest en exé- cution. Signé : Louis. Par le roy : Lktellieb.

21 v°.

Autre arrest du Conseil d'État du roy, daté du dixième jour d'octobre 1604 (I), par lequel sa Majesté ordonne que les habitans de Rochouard faisans profession de la reli- gion prétendue réformée, rentreront incontinent sans délay en l'exercice public de leur religion dans la ville et au mesme lieu qu'ils faisoient leur dict exercice avant arrest du Conseil du 13 niay 1653, signé et scellé du grand sceau : Letbllier ; et la commission y attachée. Lequel arrest fiil signifié par L. Laprade, sergent royal, le septiesme jour de novembre 1654. Le jour suivant (2), les dicts habitans faisans profession de la religion voulant faire leur exer- cice, le sénéchal fit fermer les portes de la ville. Contre le dict empêchement il fallut se pourvoir au Conseil et y fut envoyé le sieur de Couturele, député, qui obtient du Conseil par la faveur de noslre bon roy commission adressante à M. de Champini, départi par sa Majesté pour faire la visite dans la Généralité de Limoges [3), avec Jettre de cachet du 3 décembre 1654. Le 15* jour du mois de décembre 1655, jour de vendredy, le dict sieur de Champini se porte en la ville de Rochotiard et en vertu de sa commission il a restably et remis les dicts habi- tans faisans profession de la religion en l'exercice d'icelle, dans leur temple accoutumé, pour faire l'exercice public

(1) Le texte porte Ifill en toutes letlros. La suite montre qu'il faut lire IG54.

(2) Qui 80 trouvait être un dimanche.

(3) Bocliard de Ghampigny Tut intendant do la Généralité de Li- moges jusqu'en 1658.

lyGoogle

613

en iceluy jusques à ce que autrement en ayt esté ordonné par la Chambre de l'Édict du Parlement de Paris, parties coiitradictoirement appellées. Le presche, à l'ouverture du temple, le dict jour, a esté faîct par M. Ferant, pasteur de Champagne-Mouton (I), l'ordonnance, deffenses et procès- verbal faicts par le dict sieur commissaire, apprès la lec- ture du dicl arrest, commission et lettre de cachet faicte à l'ouverture du temple.

Le trentiesme Jour du mois d'octobre 1656, les soubz signés anciens et autres de l'église réformée de Ro- chouard, T^ouis Reynaud, médecin, Jean Fourgeaud, Da- niel Botilesleys, advocats, Abraham Soury, Pierre Dela- chaulmette, appothicaires, Jean de Lachaulmette, Louis , Boudaud, marchands, David Soury et Jean de Labrunye, bourgeois, se sont tous obligés à haut et puissant Fran- çois de Roy de Larochefoucaud, comte de Rousiers et autres places, absent, mais M. de la Simonie, advocat de Champagne [-Mouton], présent pour luy, pour la somme de 1,000 II. au terme de Noël prochain, [l'obtigationj signée des susdits débiteurs obligés solidairement, biens et personnes, receue par P. Marron et J. de La Chaul- mette, notlaires. La dicte somme de 1,000 11. a esté em- pruntée pour servir aux affaires et nécessités de l'esglise réformée du dict Rochouard et en particulier pour la commission de maislre François de Crest, conseiller or- donné par arrest donné à la Chambre de l'Esdict, le 7 septembre 1656, pour faire enqueste de la possession, temps et lieu de l'exercice de la dicte religion (3|. Pour

0) Arrondissement de Gonfolens, Charente. Férsnt était déjà venu à Roc h ce hou art en avril 1653; il était alors pasteur de Saint- Ci aud- sur -le- Son. (Voy. à la date.) A partir de 1659, il fut pasteur titulaire de Bochechouarl.

(2) Ce passage et tout ce qui suit prouve' que l'ordonnance de 1055, mentionnée plus haut, n'était déjà plus respectée. L'inter- ruption du culte réformé ii Bochechouart dura jusqu'en 1661.

lyGoogle

614

7 travailler, s'est le dict sieur de Grest, commissaire, transporté en la ville de Rochouard, le mardy 24 d'oc- tobre 1656, assisté du sieur Martin, commis du greffier du Parlement, du procureur du roy de Poitiers, substitut du procureur général, et du sieur Bëslit, procureur à Poitiers, son adjoint, qui estoit de la religion; et ont logé à-chez (1) Jean-Simon dict Lamy. Le dict sieur commissaire estoit venu en carrosse estoit sa femme et autres [personnes]. Il commença à travailler le mer- credy apprës son arrivée. Nous le fumes voir en corps, de ceux de la religion, et avions esté au devant de luy jusgues à Chabannais. Il donna son ordonnance qui fut signifiée le dict jour par Ghomette, sergent de nostre corps. Poiir voire convient d'adjouter [2) qu'il fut de la personne du dict sieur Beslit il fut longtemps ver- baliste de la part de M. de Pompadour qui lors estoit à Rochouard avec Madame, le sieur président de Limoges, le syndic du clergé du dict lieu intervenant au procès. Ceux qui verbalisoient pour le dict seigneur de Pompa- dour estoient le sieur Rempnoux, son procureur de Paris, l'advocat Maisoudieu et le lieutenant de Pompadour; et de la part du corps de ceux de la religioEP, les sieurs Fourgeaud et Boulesteys, membres du dict corps. Le jeudy suivant, il fut donné assignation à ceux de la religion pour voir produire et jurer tesmoîngs de la part du dict seigneur et à la requeste du procureur général, se présenta grand partie du dict corps, fut prins le serment de 10 tesmoings pour estre ouys sur les faicts qu'ils ouyroient cy apprès. Pierre Laborie, un des membres du dict corps, qui avoit compareu à la signification, fut demandé pour des affaires particulières et sortit seul le premier de la maison du dict Simon, il fut suivy par un laquais du seigneur de Pom-

(1) Cette locution se retrouve un peu plus loin.

(2) Les quatre mots qui précèdent sont d'une lecture douteuse Pour voire signifierait ; pour vrai, en réalité.

lyGbôgle

615

padoiir, jusques au devant la maison de feu Louys Des- vergnes, et sans nul sujet fut battu par le dict laquais à grands coups de baston en luy disant : « Tu sais bien ce que tu as faict. n Le dict Laborie (1) print telle crainte qu'il s'en courut à-chez luy monter à cheval et s'en alla coucher aux Vergues, paroisse de S. Laurans. Ne sachant il estoit, nous fumea nous plaindre d'une telle vio- lence au sieur commissaire qui nous fit response qu'il falloit avoir le plaintif ('2), auquel mandasmes de se rendre landemain à Rochouard, jour de vendredy, comparut le dict Laborie devant le commissaire pour luy faire sa plainte, assisté de tout le" corps. Lequel dict sieur com- missaii-e ne rendit justice sur sa plainte. Le landemain, luy fut présenté requesle du dict Laborie et aulres au nom du corps, fui appointé par le dicl sieur que nous nous pourvoirons devant nos juges ordinaires.

Le dicl jolir mourut Esther Boudaud, vesve de Jean Fresslnet, el fui enterrée de jour, suivant la coustume, ce qui fut trouvé mauvais par le dicl Bampnoux (3] et remontré au dict sieur commissaire el mis dans les cahiers. Le reste du jour, ils travaillèrent à l'enquesle et landemain, jour de dimanche, ils furent se promener à Cromiëres sans travailler à l'enquesle. Landemain, il fui ouy Jean Debarthe (4} sieur des Arsis , qui avait quilté la religion quelques jours avant, et ordonné par le dict sieur commissaire que visite seroit faicte du tem-

(0 Celui-là m£me suis doute que le vicomte de Rochechouart avait spolié de ses biens et emprisonna arbitrairement en 1651. Voy. Ëlie Benoit, loc. cit.

(2) G'est-i-dirc le plaignant.

(3) Procureur du seigneur de Rochechouart, comme il est dil plus haut.

(!) Évidemment uli parent de Daniel et d'Ambert de Barthe, mentionnés plus haut. Nous ne croyons pas qu'on puisse i'ideo- tificr avec un autre Barthe qui avait également quitté le protes- tantisme déa 164S. (Voy. plus haut, à la date de janvier 1644, la note relative aux frères De Barthe.)

lyGoogle

616

pie et autres lieux que [sic] l'exercice de la religion avoit calé faict, ce qui fut exécuté. Le dict seigneur de Pom- padour demandoit exécutoire de la moitié des despens de la commission. Il fut respondu par le dict corps qu'ils ne debvoient eslre tenus à aucuns frais, n'ayans requis l'enquesle aîns le dict seigneur de Pompadour, mesme qu'ils avoyent faict protestation de ne plus procéder de- vant le dict sieur commissaire, d'autant qu'ils n'estoyent en lieu d'assurance, demandant une place royale et libre pour faire leurs informations des excès qui leur avoyent esté faicts, ce qui ne fut accordé par l'appointement du sieur commissaire; que seullement nous ne serons tenus qu'à la moitié des frais fornis à fins de procès; et nous mist soubz la protection et sauvegarde du roy et de la cour, tant que besoin seroit. Le dict sieur commissaire ayant achevé son enqueste partit pour aller à Limoges avec ceux de sa compagnie, le mardy 31 octobre 1656; et ont demeuré les seigneur et dame de Pompadour au dict Rochouard.

24 V.

Le 15* jour du mois de décembre 1656, j'ay esté reccu ancien en l'esglise réformée de Rochouard avec les sieurs Dasnières, Laborîe et de Lachaulmette, appothicaires, par M. Courant, pasteur de l'esglise de Marcillac(l), Ce mesme jour la mie de Jean de Chesadour, escuyer, sieur des Champs, et de damoiselle Françoise de Labrunye (2) a esté baptis'ée. Son parrin, mou fils Amber de Labrunye, et marrine Elisabeth de la Chaulmette, portant son nom, un jour de vendredy, les dicts jour, mois et an. Sa nais- sance précédoit de 18 jours le baptesme.

(I) U y a trois localités de ce Dom dans la Charente, dont deux dans l'arrondiagement de Confolens, On a vu précédemment que les réformas de Rocheehouart avaient à plusieurs reprises tiré de cette régioa, toute voisine, des pasteurs intérimaires.

(!) Cette Françoise de Labrunye est la veuve du pasteur Ambert de Batthe, mort en 1G53. Voy. 4 U date des 7 et 25 janvier I6H.

Digilizcaby Google

617

Le 12* jour de janvier 1657, il fut donné à Poitiers ordonnance par le Présidial à la requeste de M. le pro- cureur du roy du dict lieu et de M. Jean Chasaud, curé de Rochouard, portant la dicte ordonnance que les habi- tans de Rochouard faisans profession de la religion ré- formée et [les] voisins d'icelle [ville] de mesœe religion ne fissent les enterrements de leurs morts de jour ny avec pompe, n'excédant le nombre de 30 personnes, et en cas de contravention permis d'en informer et à peine de 100 11. d'amende. La dicte sentence et ordonnance fut signifiée aux parties par Robichon, sergent royal; et [à] la foire de la my-caréme de la dicte année (1) fut publié par le sergent-trompette à son de trompe et aux cris par tous les carrefoui-s du dict Rochouard. Pendant ce temps, pour obéir et ne donner lieu aux dépenses pour nous molester jusques à ce que la cour y eut remédié, [quand] mourut Madeleine de la Chaulmette, fille de David, et Marie Pallier, femme de Jacob de la Ghomette, et un enfant masle d'iceux, lesquels trois furent enterrés avant soleil levé et apprès son coucher. M, Boulesteys estant à Paris pour les afTaires de l'esglise réformée présenta requeste à la Chambre de l'Esdict, sur laquelle fut donné arrest par la dicte Chambre recevant les requérans appellana, avec deffense aux dicts sieurs procureur et curé de les pour- suivre ailleurs qu'en la dicte cour, leur fesans defi'ense sur peine de 6,000 11. de les troubler en leurs enleri-e- menls; permis à eux de les faire à toutes les heures du jour comme avant, suivant les esdicts. Le dict arrest est en datte du 3 mars 1657, signé Dutillet. Il fut signifié au curé de Rochouard, le 31 mars du dict au, par Martin, sergent royal. 24 V.

Le mardy 23' jour de janvier Ib.')?, 8 lieures dn soir,

(1) C'est-à-dire seulement le 8 mars. Pourquoi ce retard de deux mois? En tout cas l'ordonnance fut appliquée im média* emctit puis- qu'il est dit plus loin que l'arrêt di* la chambre de l'Édit cassant cette ordoRiianco est du 3 mars 1657.

lyGoogle

mourut à la Bclletnenie damoiselle ÉHzabelh de Chesa- dour(l); et a esté eoterrée au cimetière de Bonmousson à Rochouurd, le jour suivaot, dans la fosse du fils de la Desvode. {Sur la couverture du registre) :

Le 30 mars 1657, le sieur du Chalenet, gendre de M, Fer- rand (2), apporta 100 11. que l'église de Vantée (3) avoît doonéea de charité à uostre église (4). Le sieur Reynaud les print. Nous en donnâmes acquit au dict sieur du Chatenet. 25 V.

Le dix-septiesme jour du mois de décembre 1658, nous M' Louys Reynaud, docteur en médecine, Jean de la Chaumelte, marchand tondeur, et Jean Delabrunye, filmes à Su Junien (5) pour chercher de l'argent à emprunter, ce que nous finies de M* François Tardieu, docteur en méde- cine (G) demeurant au dict S. Junien

Et de luy nous empruntâmes la somme de 500 11. t. payables de à un an du dict jour par obligation receue par Cousder, notaire, et deux tesmoings. Le dict prest estoit faict à cause des affaires de nostre esglise pour souslenir les procès de l'exercice intervenant et charges des conseils à la Chambre de l'Esdict, et pour

(1) Voy. plus h&ut à la date du 15 dâcerabre 1656.

(2) Pasteur de Champagne- Mouton, mentionné plus haut à la date de décembre 1G55.

(3) Co nom est douteux, étant & peu près illisible.

(4) Cette mention confirme ce que dit M. Lièvre dans son His- toire det proleglanle du Poitou (11, 53) : Les églises furent oblî-

> gées (vers I65S) de venir en aide, par des souscriptions, à celle

> de Hochechouart, également pauvre, et que le seigneur ne pou- vait non plus se résigner à laisser en paiï. s

(5) Nous savions déjà par le Registre coneistorial de Roche- chouarl (délibératiou du 10 mai 1020) qu'il y avait des protestants A Saint-Junien au ivu« siècle. Nous en trouvons ici la confirmation.

[C) Les mots qui suivent et ceux que nous avons remplacés par des points, comme insignifiants, se trouvent à la fin de l'acte, avec un signe de renvoi.

lyGoogle

619 ^

la charge des collecteurs, réduction et liquidation des surtaxes à la cour des Aydes et autres procès particuliers rendus communs, pour lesquels soutenir le consistoire nous nomma par acte exprès inséré dans le livre consis- torial (1), portant que les autres anciens et chefs de famille de l'esglise nous indemniseroient et donneroient des obli- gations de chacune 100 II. au montant des sommes que nous aurions empruntées pour faire subsister M. Boules- teys à Paris et fournir aux grands frais qu'il faut faire, ainsin que doibt estre employée la dicte somme de 500 11. prlDse par le dict Chomette pour la distribuer et faire tenir à Paris au dict sieur Boulestçys nostre député.

Le dernier jour du mois de décembre 1658, nous nous sommes obligés les nommés M' Louys Reynaud, docteur en médecine, Jean de la Chaulmette, tondeur, et Jean de Labrunye pour les affaires de l'esglise, comme dessus, de la somme de douze vingts 11. tz. [2] au nommé la Hoche, chirurgien du bourg de Massignac (3); passée la dicte obligation à Rochouard devant J. Boudaud et J. Des- vergnes, notaires solidairement obligés, le terme de la datte d'icelle en un an. Le dict Reynaud a receu l'ar- gent pour l'envoyer à Paris et fournir à auti-es affaires de l'église (4).

Le lundy vingt uniesme jour du mois de juillet 1659,

(1) Hention précieuse qui prouve, comine déjà plus haut (juillet 1G14], la continuation du premior Registre conaistorial de Roche- chouart,

(!) Plus haut déjà, aux dates du 30 octobre 1656 et 17 décembre 1658, nous avons vu les protestants de Rochechouart emprunter une somme do 1,000 11. et une autre somme de 500 11. pour payer les frais du procès qu'on leur intentait.

(3) Arr. d'Angoulême. Il y avait dans cette localité une église de fief dont les origines remontent au xvi* siècle. (Voy. notre HUl. de la Réforme ch. xt.)

(4) Voy. plus haut, à la date du la janvier 1656.

DigmzcdbyGoOgle

620

à 3 heures ai)près midy, naquit une fille légitime de Jean de Ghesadour, escuyer, sieur des Champs, et de damoiselle Françoise de Labmnye (1) sa femme. Elle fut baptisée le lundy quatriesme jour d'aoust de la meeme année dans le temple de Rochouart par M. Ferant, pas- teur d'icelle [ville] (2). Fui son parrin Jean de la Brunye, son oncle maternel, et marriuc damoiselle Jeanne de Ghe- sadour, sa tante paternelle; et porte le nom d'icelle.

Le mercredy 22' jour d'octobre 1659, euviron sept heures du matin, décéda damoiselle Françoise de La- brunye, femme de Jean de Chesidour, escuyer, sieur des Ghamps, dans leur maison au village de Bellemenie, paroisse de S. Auvant, ils faisoient alors leur de- meure. Elle fust enterrée le jour suivant, environ uuze heures du matin, au cimetière de Boumousson de Ro- chouard et fust mise dans la fosse estoit M" Anil)er de Barthe, son premier {3) mary, sans pompe. Adieu, ma sœur! à mon grand regret morte le 14* jour de sa maladie.

Le 12' jour d'aoust [1660 ?], un jeudy, trois heures apprès midy, mourut Jean Boulesteys. sieur de la Doradière, et fut enterré le Jour suivant dans le cimetière de ses frères de la religion réformée, dans le tombeau du sieur Dunias son grand père. 26 V.

Le 20" jour du mois d'aoust 1660, il s'est donné arrest d'expédient à la cour des Aydes (4) entre les catholiques

(1) Voy. plus haut à la date du 23 janvier IGïT.

(!) Précédemment pasteur à Champagne- Mouton. C'est en cette qualité qu'il était venu à Rochechouart en décembre I6jr>, pour y remplir par intérim les foiictions pastorales. Voy. à la date.

(3) Le texte porto segond, ce qui est une erreur. Cf. ci-deasjs à la date du 22 janvier 1654.

(4) Sans doute celle de Clermonl-Ferrand, k laquelle ressortiasait la Généralité de Limoges. Il est vrai que Rochecliouart dépeiidait de la Généralité de Poitiers. Hais nous avons déjà vu plus haut (1iij4) que l'Intendant de Limoges était directement chargé des affaires do la religion dans la vicomte de Rochechouart.

ly Google

6->l

r[oinains] de Rochouard, paroisses de Biennac et Vayres, et ceux de la religiou prétendue réformée, portant que de la somme des commissions des tailles, il seroit prins en commun par les catholiques 300 11. et le reste partagé, ce qui seroit gardé à l'avenir

les collecteurs ca- tholiques despuis 1653 jusques à 1658 deschargés de tous ahus, concussions, malversations et surtaxes, adjugés par arrest du 13 avril 1658.

Apprès avoir constamment attendu de l'Éternel la vol- lonté, il s'est tourné de mou costé et a mon cri au besoin entendu (l). Dieu par sa bonté nous a donné un arrest favorable prononcé à la Chambre de l'Édict du Parlement de Paris, le 26™ février 1661 [2), portant la maintenue de l'exercice de la r[eIigion], sy mieux M. de Pompadour n'aimoit donner un lieu pour le temple et cimetière dans la ville ou fauxbourgs, à la commodité des parties qui en conviendront devant M. le séneschal du Poitou ou M. son lieutenant général et sans défaut, toutes accusations et reproches mis au néant. Ce pi-ocès avoyt commencé en l'année 1634 (3) par divers arrests du Conseil d'Estat main- tenus par provision et au fond (?) renvoyés à la Chambre de l'Édict, Loué soit Dieu d'une sy grande délivrance! (4)

(1) Remarquer la Fornie versifiée de cette phrase, pourtant la mesure fait défaut. Il y a une réminiscence imparfaite du psau- tier de^Marot. Le psaume XL cjmmence ainsi : J'ai patiemment atlendit à l'Èlemel et il s'est lowné vers mot et il a ont mon cri. I (Cf. ci-dcssua, sous la date de novembre IG44, ad pnom, et sous celle du 29 mai 1G54.)

(3) Cet arrêt est mentionné dans le CataL de t'Hial. de France, sous la cote L du* n- 186.

(3) Oui, mais de 1639 à 1653. le droit des protestants avait été Jt peu près respecté.

(4) Cet arrêt de février 1661 n'avait déjà plus force en 1665, puis- que les protestants de Rochechouart en dejnandèrent alors confir- mation. Voy. Lièvre, Histoire des protestants du Poitou, II, TS. Pour le détail du long procès soutenu depuis lGâ3 par les pro-

T. VIL 4-*

ibyGoogle

27 r.

Le dimanche guinziesme jour du mois de janvier 1668, dans la maison de feu Isaac Soury sieur du Pré, Ambert de Labrunye, mon fils, fiança Suzanne Soury, fîlle du dict feu et de Marthe I^umeau. leurs parens assemblés. En la compagnie d'iceux fucent au temple de ceux de la religion réformée, au dedans l'enclos de la ville de Rochouard, ils receurent la bénédiction par les mains de M. Ferand, pasteur d'icelle [ville]; le contract signé des parens et receu par de la Couder et P. Perigord notaires. 27 V.

Le 6~* février 1668, devant les dicts notaires, j'ay prins act]uit des meubles que je devois donner à mon dict fils, montant 300 II., comme est porté par le dict contract, iceus donnés en extrait à chacun leur prix et délivrés le dict jour, portés dans la chambre qu'ils couchent; des parties signé et à chacun donné copie du dict extrait. Aussi j'ai baillé nostre jument à mon dict fils pour l'ha- bit que je luy avois promis.

Le mercredy 24' d'octobre 1668, 9 heures du soir, est du dict mariage d'enti-e les dicts Ambert de la Brunye et Suzanne Soury un enfant masle. baptisé le dimanche au soir dans le temple à Rochouard par M. Jean Fer- rand, pasteur au dict lieu; par lui donné le nom de David. Son parrin a esté M' David Liège, son oncle ma- ternel comme mary de Marthe Soury; sa marraine Su- zanne Boulesteys, sa grand mère. Le présent baptesme a esté enregistré par M' Daniel Reynaud, médecin, dans le livre de l'église réformée [I], ensuite du mariage aussy rapporté au temps qu'il fut faict, le dict acte signé des dicls pasteur, père, parrain et scribe,

testants de Rocliechouart, voy. les truïs factiiins conservés à la Bibliothèque nationale sous la cote L d>T> n* 186 du Catalogue de l'Hisloire de France. Nous les analysons d'ailleurs dans noIrG

Hial. de la Réforme ch. ïi.

fi) Cr. ci-dessus juillet I6U et décembre I65S.

ibyGoogle

•28 V.

Le samedy premier jour du mois de mars 1670, à sept heures du malin, est née une fiile du mariage de Ai^ibert de la Brunye el Suzanne Soury, biiplisée le jour suivant dimanche, second du dict mois, dans le temple de Ro- cliouard par M, Fcrrand (I), ministre au dict lieu, quy luy a administré le saint sacrement du bjptesme et im- posé le nom de Suzanne. A esté son parrin Jean de la Bmuye, son ayeul, et marraine Smanne Soury, sa lanle grande; femme de Jean de la Chomeite, marchand tondeur.

Le mardy dixsepticsme jour du mois de novembre 1671, neuf heures du soir, est née une fille naturelle et légi- time du mariage de Ambert Delabrunye et Suzanne Soury. A esté baptisée le jour suivant mercredy, 18 des dicts mois el an. A esté son parrin François Boulesteys, sieur de bi Doradière, son cousin germain ; sa marraiue Marthe Soury, sa tante, femme du sieur David Liège. Le dict baptesme administré dans le temple, au dedans l'enclos de la ville de Rochouard, par M. Souchet, pasteur {2), lors au dict lieu, quy luy a imposé nom Marthe, celuy de sa marraine. 29 f.

Le dimanche 24* jour du mois de septembre 1673, environ minuit^ est née une fille du mariage contracté, béni et consommé entre Ambeit Delabniuye et Suzanne Soury, le 24 octobre 1668; ieelle baptisée, son nom im- posé Eslher par M. Souchel, ministre à Rochouard, dans le temple au dict lieu, dedans l'enc'os de la ville, le vendredy sixième jour du mois d'octobre 1673. A es\é sou parrin Isaac Soury, son oncle maternel; sa marraine Esther Boulesteys, femme du sieur Delaborie, sa cousine germaine.

(I) C'est la (leniifere mention que nous rencontrons de U pré- sence du ministre Ferrand k Rochechouart. ]| desservait cette Ëgifae régulièrement depuis 16ô9, mais y avait éié appelé à di- verses occasions h partir df; IfiôX

(3) Voy. les articles suivants.

ibyGoogle

Le lundy huictiesme jour du mois d'jsctobre 1674, en- viron mynuit, est née une fille du mariage d'Ambert De- labrunye et Suzanne Soury; icelle heureusement accou- chée, luy resla la difficulté de ne se pouvoir délivrer de l'arrière-fais. Dans cet estât, dans des convulsions, avec tout le secours quy luy fut donné, sa vye ne se conserva que jusques au mardy suivant, à neuf heures du matin qu'elle rendit l'esprit au regret de tous ses proches. Le jour suivant, mercredy, à'8 heures du matin, elle fut enterrée au cimetière de Bonmousson à Rochouard dans le tombeau de Perier, sa mère.

Le vendredy suivant, 12» du dict mois, sa fille fut baptisée dans le temple de Rochouard par M, Souchet, ministre (t), qui lui donna le nom de Anne. Fut son parrain sieur François Soury, son oncle maternel; sa marraine Anne BoulesteyS: fille de sieur Jean Boulea- teys, sa cousine germaine.

30 r.

Le jeudy sixième décembre 1674, à Rochouard, en mai- son de ville, la plus prant part des habitants assemblés ont nommé Amhert de la Brunye avec M' Jean Simon, advocat, pour suivre M. l'intendant de Poitou (2) à Poi- tiers, pour estre retenus en forme d'otages à raison de l'émotion émue par quelques habitons du commun peuple à rencontre d'un commis au.t aydes porteur d'un arrest du Conseil d'Estat du 8 novembre dernier pour impo- sition nouvelle sur le vin. eau-de-vye. bière, breuvage et vinaigre, qualifiée drajt de gage, pour estre publié le dimanche 18* novembre dernier que ta dicte émotion fut faicte (3). A cause d'icelle ont esté nommés les Otages

(1) Souchet l'csta à Rochcuhouart Jusqu'en 1G7R; mais notre Livre n'en fait plus mention après cette daitc d'octobre lû74.

(2) René de Marillac.

(ï) Ce fait est cunflriiiiî par les Lellres dt> CnUiert (II, SG7). l'areils (roubles se produisirent, pour les m^ui'-s raisons, à Coii- fulens et Angniiléme.

ibv Google

fi25

amenés pour subir les ordres de mon dict sieur l'inlen- dant; lesquels assurés, leur a esté passé acle consulaire signé des consuls collègues du dict Simon et habitans, portant toute garantie; copie duquel leur a eslé envoyée à Poitiers, le 10"" du dict mois, avec une requeste pour présenter à mou dict seigneur l'intendant quy les con- gédia favorablement; et ont arrivé heureusement à Ro~ chouard le lundy 24™ du dict mois, exems de toute peine pécuniaire. Dieu en soit loué !

37 v°.

Le vendredy environ minuit et le 5* avril 1680, est du mariage de Pierre Tillarf sieur de Pougaudin et de Marie Pascaud, sa femme, un Qls. Le 11"* du dict mois il a esté baptisé en cette esglise par M. Jou- naud (?), pasteur (1), et présenté par moy Pougaudin et Judith Pascaud, ma belle-sœur. On luy a donné le nom de Pierre.

35 r».

Ce papier est faict par moy David de la Brunye, en l'année 1B84, au mois d'octobre. D. de la Bbunyk (2).

Le 14* octobi-e 1684, aujourd'huy samedy, entre trois et quatre heures du soir, est décédé Jean de la Brunye (3)

([) C'est k seule mention que aoua connaiasionB de ce pasteur à Rochechouart. Ea raison dea relations plusieurs fois constatées dans ce Livre de famille entre Rocheohouart ot Barbezieux, nous conjecturons qu'il s'agit de ce Jouneau qui figure au Rôle dea ministres mtorigés à quitter Bordeatix pour passer en Angle- terre en 1685, avec cette mention : " Pliilippo Jouneau, cy-devant ministre de Barbezieux, avec sa femme et un enfant ftgâ de 18 mois. « Archives historique» de fa Gironde, XV, 519. Cf. la Chro- niqve protestante de l'Angoumoii par V. Bujeaud, année 16S4, p. 220. Si le rapprochement est exact, il faut consldârer Jouneau comme pasteur intérimaire de Bochechouart.

(2) Fils d'Ambert de la Brunye et de Suzanne Soury, en octobre 1668, par conséquent &gé de 16 ans.

(3) Le premier rédacteur de ce Livre de famille.

lyGoogle

mon grand père, âgé de 62 ans on environ, et fut ense- veli le lendemain dans iiostre jardin (1).

Le 11* aoust 1697, il fut passé le contrat de mariage entre Pierre Tillard, sieur de Pougodein, de la viUe de Barbezieux en Xaintonge, et Suzanne Delabrunye, ma soeur. Ils receurent la bénédiction par les mains de M. Des- bordes, curé de la ville de fiarbezieux, le mardy 22"" oc- tobre 1697, dans la chapelle du chasteau de Barbezieux

Le 6' m:iy 1698, par arrest du Conseil, le prévost de la ville de Montmotillon est venu dans nostre maison accom- pagné de M. nostre séneschal et M. nostre procureur d'office et de quatre archers pour faire la visite chez tes gens de la religion, sy nous avions des armes et des livres touchant la religiou. Ils en ont trouvé la quantité de 30 ou 35; ils en ont faict inventaire; ils les ont mis entre les mains de Jean Goursaud, maire du dîct Rochouard.

Le 8" novembre 1698, par une requeste présentée à M. le maréchal d'Estrées portant que l'on ferait la visite chez les gens de la religion [pour voir] s'ils n'avaient point d'armes et [exiger] qu'ils donnassent leurs déclarations de l'année qu'ils avoient faict leurs abjurations, c'est M. de Langa- lerie (2), lieutenant du prévost de Montmorillon, accom- pagné de quatre de ses archers, qui a faict la visite. 37 r*.

Le 27 novembre 1698, M. de Langalerie, lieutenant du prévost de Montmorillon, accompagné d'un archer ont

(I) Ces inhumations en lieu privé se retrouvent, à partir de cette date, toutes les fois qu'il s'agit de réformés. Preuve qu'on leur avait enlevé l'usage du cimetière de Bonmousson concédé en I6!0. (Voy. ci-dcaaus à cette date.)

(î) Très vraisemblablement un parent du célèbre marquis de Langallertc, originaire de Lamottc- Charente, en 1G56 el mort en 1717.

lyGoogle

627

faict la viBîle chez les catholiques (sic) et inventaii'e des armes qu'ils avoient dans leui-g maisoos. et aussy de la campagne, par ordre de M. le mareschal d'Estrées. 40 r.

Le vendredy et le 22' décembre 1719, entre 9 et 10 heures du soir, sortit de sa maison pour aller eu ville Pierre Tillard, sieur de Pougaudin, mon beau frère; et avons demeuré sans scavoir de ses nouvelles jusque au mercredy eosuivant, 27* du présent mois, qu'un homme en se promenant le descouvrit dans la rivière, entre un lieu appelé la Balangerie et le moulin de MonvlUe, dis- tant de derai-lieue de Barbezieux. Cet homme vint advertir les messieui-s de la justice du dict Barbezieux qui s'y transportèrent sur le lieu avecque un médecin et un chi- rurgien qui tirent la visite du corps. On luy trouva un coup de baston sur le bras droit, la cravatte qui avoit deux nœuds et fort serrés et que l'on luy avoit tordu le cou. On n'a point encore peu trouver aucune preuve jusque à présent de ses meurtriers.

40 r.

Le dict registre (1) est entre les mains de Pierre de Lachaumette qui a les registres. Le 26* aoust 1737.

41 r*.

Ce papier est tenu par moy, Raymond de la Brunye en l'année 1747. De la Brunte.

Le 19 mars 1747, dimanche de la Passion, David de la Brunye, mon père (2), eut une grosse enrhumure jus- qu'au jeudy 23* suivant qu'il envoya chercher M. Buis- son,'curé de St. Auvent, pour le confesser et luy admi- nistrer la sainte communion le même jour. Le dimanche des Rameaux, il luy prit une lièvre qui ne le quitta

(1) Celui des délibérations du Consistoire* et des actes baptis- taires, matrimoniaux et mortuaires, mentionné plus haut sous ta date du 3 juillet 1644.

(!) Le second rédacteur du présent Livre. Il était en 1668.

lyGoogle

628

point, avec des redoubloments toutes les douze heures. Le mardy 28, M. Buisson viut le voir pour le maintenir dans sa nouvelle religion, et luy proposa de recevoir le sacrement de l'extrême-onction qu'il reçut avec toute sa connaissance. Le jeudy, 5 avril, à li heures du soir, !sa fièvre augmenta avec des redoublemens à tous les quars d'heure jusqu'à 10 heures du soir, qu'il me donna sa bénédiction et mourut le vendredy 7 avril, à il heures du soir, avec les sentimcns d'un 1)oû chresticn, âgé de 78 ans cinq mois et quatorze jours. Il fut enterré dans l'église de Rochechouait, sous le banc de la confrérie du St. Sacrement, par M. Marcillat, prêtre, curé de la pa- roisse, le 9 avril 1747, jour de la Quasimodo, entre 8 et 9 heures du matin.

46 V».

Ce livre est tenu par moy Pierrp Paul Delabruiiye en l'année 1788.

(Suivent quelques mentions insignifiantes jusqu'en 1792.)

DigmzçdbyGoOgle

NUMISMATIQUE

MONNAIES TROUVÉES DANS LA CORRÈZE

lOII&IE El M k L'EFFICIE DE VESPASIEI

TROUVÉE PRÈS DE SAINT-BONN ET-L'ENFANT1EB CANTON DE VIOEOIS

D./. IMP.OESAR.VESPASIANVS.AVG.TR.P. Tète de Vespasien lauré, regardaot à droite.

R./. COS.IM.FORT.RED. {pour fortuna re- dux.) La Fortune debout, regardant à gauche, te- nant un globe et un caducée.

An 71 de notre ère.

Cette monnaie, bien conservée, a deux centi- mètres de diamètre. Je l'ai vue entre les mains df^ M"" Renaudie, à Brive, et nous en- aurions volontiers fait l'acquisition pour le musée de la ville; mais le villageois qui l'a trouvée s'en exagère la valeur réelle.

Ph. Lalande.

IIIMIE El DR D'ÉDOUAIO 111, 101 D'AKLETERIE II857I

TROUVÉE AU VILLAGE DE SAULIAC COMMUNE DE SARROUX

Droit. E DWARD d Dm GRA d REX £3 ANGL ^ FRANC. Le roi debout et de face dans un navire; il

DigmzcdbyGoOgle

est couronné et porte de la main droite une épée, et de la gauche un bouclier aux armes de France et d'Angleterre.

Revers. IHE d AVTEM t^ TRANSIENS ^. PER S MEDIV ^ ILLORVM ^ IBAT.

(S. Luc, c. iv-r, 30.)

Croix feuillue et cantonnée de quatre léopards couronnés. Sur la droite du navire flotte un pa- villon qui poi-te en cœur la lettre E.

Or noble de 0,024 de diamètre. B. Fillon, Let- tres, page 177, a décrit une monnaie du prince de Galles (prince Noir) entièrement semblable à la monnaie trouvée au village de Sauliac, moins la légende du droit.

La collection Avril de Lavergnée, à Niort, pos- sède aussi cette monnaie du prince Noir qui est une remarquable exception dans le monnayage de l'Aquitaine.

Poey. d'Avant, tome II, page 120, n" 3076, pi. LXIV, n- i5.

Ce noble en or, trouvé à Sauliac et frappé hors de France, est la propriété de la famille de Tour- nemire de Pierrefitte.

L'abbé J.-A. Pau.

La Cascade, le 35 juin ISB5.

DigmzcdbyGoOgle

„Googlc

RUINES a, TINTICNAC // ,

lyGoogle

RUINES ROMAINES

TINTIGNAC

(corréze)

P]B.ëj^lk^BXJL£]

oiKs favorisé sous ce rap- port que d'autres départe- ments, celui de la Corrèze n'est pas riche en monu- ments de l'époque romaine ; on n'y rencontre point de ruines majestueuses, com- me dans quelques contrées de l'ancienne Gaule. Et pourtant les conquérants de race latine ont laissé en Bas-Limousin de nom- breuses traces de leur séjour ! On y retrouve leurs cendres dans des urnes funéraires exhumées en maints endroits existaient par conséquent d'an- tiques demeures dont il ne reste plus pierre sur pierre(l); des monnaies romaines sont parfois re-

(l) Uultetin de la Société scienli/iquc. hisloi-iquc et arckêo- Ui.fuiue de la Corrèze, tomp III, p. 127 i 157, et lomo IV, p. 355

k ^m, fiîg h twi et r83 à tm.

lyGoogle

cueillies çà et là; quelques substructions, celles de Laroche près de Larche, par exemple» ont été l'ob- jet d'un commencement de foui!les(i); il en sub- siste encoi-e près d'Eygurande, près d'Argentat et dans la commune de Saint-Julien-Maumont{2).

Plus importantes et mieux étudiées, les ruines romaines dites de Tintignae, ont depuis longtemps été signalées à l'attention des archéologues; elles sont situées à huit ou neuf kilomètres de Tulle, dans la commune de Naves, et aux abords de la route nationale n" 120. J'ai pensé qu'il pouvait être bon de condenser dans le bulletin d'une Société corrézienne la substance des divers tra- vaux publiés sur Tintignac; mais si cette oeuvre de compilation est appelée à ofîrir quelque in- térêt, elle le devra surtout aux gravures qui l'accompagnent et à l'exposé de faits nouveaux résultant de fouilles entreprises récemment par l'obligeant propriétaire du tènement, M. Guillot, notre collègue. Je passerai tout d'abord en revue, en les commentant quelque peu, les divers auteurs qui ont plus ou moins parlé de Tintignac; puis viendra la nomenclature détaillée des trouvailles qu'on y a faites à diverses époques, et en dernier lieu je m'occuperai plus spécialement des sub- structions et de la destination donnée probable- ment jadis à ce grouire de monuments. Le plan, dressé par MM. Guillot et Perrière, qui est en regard de la première page, devra être consulté

(1) Bulletin de ta SaciiHê, tomo VI, par 573 h âOO.

(2) Bulhlin de la Hociélé {loc. cit.), tome III. p. lî'J, itS et 157.

lyGoogle

635

quand on lira cette dernière partie de mon mé- moire; à côté de substructions fouillées en 1842, 1846 et 1847(1), on y trouve celles que M. Guillot a exhumées en 1884 de sa propre initiative, et dans le seul but d'attirer de nouveau sur Tinti- gnac l'attention du monde savant. Le travail qu'on va lire est écrit dans le but de seconder cette louable entreprise, tout autant du moins que le permettent les faibles connaissances de son auteur. Mais s'il avait voulu s'en charger, M. Guillot se serait certainement a quitté bien mieux que moi de cette tâche.

PREMIÈRE PARTIE

COMMENT DIVERS AUTEURS OMT PARLÉ DE TIN'TIGNAC

11 en est fait mention pour la première fois dans un ouvrage de Bertrand de Latour, doyen de l'église de Tulle : « Ce qui prouve l'importance » que les Romains attachaient à la possession de n cette cité (Tulle), c'est que non-seulement leurs » gouverneurs y faisaient leur résidence, mais en- » core qu'ils avaient, à deux milles de Tulle, un » cirque propre au combat des gladiateurs, et qui » conserve encore le nom d'arènes. Le laboureur » y déterre chaque jour des monnaies à l'etrigie » des empereurs romains et grand nombre d'au-

(1) Les plans des fouilles de 18», IHiC, 184T, dri?ss<is par M. Re- bière, agent-voyer en chef, figuraioiit à l'exposition de Tulle en 1880.

lyGoogle

63ti

» très objets qui viennent à l'appui de notre » assertion (1). »

A la fin du premier chapitre de son Histoire de Tulle, Baluze entre dans de plus grands dé- tails; il dit qu'une ville existait à quatre mille pas de Tulle, dans la paroisse de Naves et sur le territoire de Tintignac; qu'il en reste encore de nombreux vestiges, notamment un amphi- théâtre ayant deux cents pas de longueur et cent cinquante de largeur, et il affirme en avoir vu dans sa jeunesse des ruines existant encore à l'époque il écrit {2}. Il parle de la trouvaille de nombreuses monnaies, d'urnes en pierre, en brique et en verre ; de têtes d'hommes et de femmes en marbre; des cond'iits en brique de quelque aqueduc; d'un puits d'une telle profon- deur qu'on n'a jamais pu ^e sonder I 11 ajoute qu'il n'est cependant fait mention de cette cité dans aucune Géographie ancienne, dans aucun ou- vrage historique, ni dans les vieilles chroniques des églises ou des monastères. Le lieu sont

(1) înstitutio ecciesiie Ttitetlenstg. Toulouse, 1636. (Traduc- tion de F. Bonnélye, p. 15. Tullo, imprimerie vouve Drappeau.)

(î) Oti pourrait i, bon droit être fitoiiné de ce qiio lo Tulliste Baluze prétende avoir vu, dans na jeunesse, iea ruinea de Tin- tignac. Comment ne les a-t-il point visitées du nouveau pendant qu'il écrivait son Histoire de Tulte I Baluze venait rarement dans aa ville natale; nul n'est prophète dans son pays, et celui dont le mérite comme historien n'est aujourd'hui contesté par personne, était surnommé par ses concitoyens le petit FrUon; allusion déri- soire à son premier ouvrage, Anli-Frisonius. Ne voit-on pas en- core aujourd'hui parmi nous des gens dont la valeur est méconnue par leurs compatriotes? (Voir abbé Paobs, Petit Essai sur lee historiens du diocèse de Tulle, p. 16. —Tulle, imprimerie Ma- zeyrie, 1885.)

lyGoogle

les ruines de l'amphithéâtre est appelé vulgaire- ment les Arènes de Tintignae, de même que les habitants de Nimes et d'Arles donnent à leurs amphithéâtres le nom d'arènes. On pourrait donc, dit-il, conjecturer que le nom antique de cette ville fut Tintignae, à moins qu'il ne s'agisse ici du Ratiatum de Ptol^mée(l).

Sur deux planches gravées en regard de ce texte on voit : deux tètes d'hommes et une tète de femraë en marbre blanc (2) et en pierre cal- caire, deux vases en verre dont un épais de deux doigts, une grande urne en brique « crassitudinis quatuor pedum, » le puits en maçonnerie « puteus prœaltus, » un cube sans légende explicative, des tuyaux en brique et les ruines de V amphithéâtre.

On verra plus loin que le monument désigné

(I) Voici, au surplus, le texto même dn Baluze :

In extrema parle iatiua eapilin adnolabo exiilisse olim IV. M. P. à Tulela nobîle oppidum in parrochiit Navenst el a'jyo Tinti- niacensi, rujus malla adhuc oeaCi(iia supersunt, in priinii vero amphithealnim habens CC.P. in longiludine, CL, in laliludine, cujus caveas el rudera, quie eliamitum tuperêunt, ego vidi in juoenlute mea. Illic inoeniuntur mxtlla nvmismala Impera- lorum Romanoi'um, etiam aurea, velerea urna; lapideœ, late- ritia:, vilreiE, uaM «acriflciorum, capila mannorea cirorum et viulierum, unum ex hig taureatum, quod videtuf ease alicujua IiiiperatoriÊ. Reperti sunl eliam ibi velerea tubi iatcrilii cujua- dam aquiBduclus, puteua tanlis profundHalia ut nunquam de- prehendi poluerit quanta iil. et alla muUa monumcnta anti- qua. Et lamen nulla oppidi illiva menlio extat in antiquia geograpUis aul acriploribua liiatoriarum, neqiie in veleribue monumentia Ecctesiarum el monaaleriorum. Eliam liodie locua ubi sunl rudera amphitheatri uocalur Arenai Tinliniacenaee, vutgo les Ai-eues de Tinliiiiac, eo modo quo cicea Coloma: Ne- mausensia et ArelalenKea ainphitheatra aua oocanl Arenas. For- tasaia avlein hinr. capi conjectura poaaet oppidum illud antiqui- tua vocatum fuiaae Tintiniacum. Niai ait Ratiaatum Ptolemmi. Hiiloria! Tutelenaia, 1717, eh, i, p. 0.

(■!) La lÉte de reiiime est un Jjas-reliet en alhâlrc.

lyGoogle

de la sorte par Baluze était un théâtre; le plan dressé après les fouilles ne permet pas d'en dou- ter un seul instant.

Les objets figurés par Baluze ont-ils été trouvés fortuitement ou bien provenaient-ils de fouilles faites? Cet auteur reste muet à cet égard, et on peut le regretter. Quel intérêt n'eût pas présenté pour les archéologues un procés-verbal de fouilles exécutées à une époque l'on "interrogeait les anciens textes bien plus volontiers que les monu- ments eux-mêmes !

Montfaucon à son tour, peu de temps après la mort de Baluze, fait mention des prétendues arènes : « Quant aux arènes ou amphithéâtre » de Tintiniac, nous n'en savons que ce que l'il- » lustre M. Baluze, que nous venons de perdre, » nous apprend dans son Histoire de Tulle^ sa » patrie... » Le savant bénédictin se borne ensuite à donner le texte qu'on a trouvé transcrit ci- dessus (1).

Un ancien prieur de Brive, l'abbé de Lubersac(2), s'inspire également de Baluze et de Montfaucon pour dire quelques mots de Tintignac; il en fait mention dans sa nomenclature des localités

(1) Quanlum ad arenss seu amphithcatrum Tintiniacense, non aliud proforre possumus, quam quod vir celeberrimus Baluzius, cujus obitum lugemus, edidit : ait igitur ille in hîstoria Tutelensi, p. 6 : extilisse olini... etc. Dom Bebnard de Muntfaucon, ['Anti- quité expliquée (1719), tome III. seconde partie, pages 261-26Î, eu** planche.

(2) Ditcours sur les monument» public» de tous les dgeê et de tout let peuples connut. Paris, impr. Royale, 1775.

lyGoogle

l'on retrouve des restes d'amphithéâtre {i); un peu plus loin (2), il dit qu' « on voit à Tintignac, » prèd de Tulle en Bas-Limousin, les restes d'un » amphithéâtre et ceux d'un aqueduc qui y con- » duit des eaux. L'arène de celui-ci avait 200 » pieds de longueur sur 150 de largeur. On l'ap- » pelle encore aujourd'hui les arènes de Tinti- B gnac. Les vestiges qui en restent attestent sa » magnificence passée et prouvent que les Ro- » mains ont aimé ce séjour. » Constatons une fois de plus la regrettable facihté avec laquelle ceilains auteurs copient leurs devanciers, sans se donner la peine de contrôler leurs assertions !

On peut encore citer par ordre chronologique le Hecueil d'antiqtùtés de Caylusj une notice de M. Reynaud, insérée dans V Almanach histo- rique du Bas-Limousin pour l'année 1772; Essai historique stir la Sénatoreric de Li- moges, par Duroux, 1810; les Annuaires de la Corrèze pour IS3Ô et i828 ; la France pitto- resque {/.S,y.*), par Abel Hugo, tome I, p. 265; l'Historique ?nonumental de l'anciimne pro- vince du Limoitsin (JS37), par Tripon (3); Notes d'un voyage en Auvergne [1838), par P. Méri- mée; le tome V de la 2"" série des Mémoire» de la Société des Antiquaires de France (tome XV de la collection), 1840; VHistoire du Bas-

(E) Lùr.. cit., p. t».

(2) Loc. cit.. p. 130.

(3) Imprimerie Martial Darde, àt Limoges. Ouvrage rwe aujour- d'hui; au point de vue arcliéologiijue son mérite est 1res contes- table !

lyGoogle

Limousin, de Marvaud, 1842; l'Essai sur l'His- toire de Tulle, par F. Bonnélye, chap. vi, repro- duit dans ï Annuaire de 1851(1); les Études sur la Géographie historique de la Gaule, par M. Deloche, 1861 ; les Études historiques et critiques sur le Bas- Limousin, publiées de 1860 à 1864 par M. de La Kouverade.

M. Duroux {loc. cit.) (2), après avoir cité les ouvrages de Bertrand de Latour et de Baluze, suppose que Tintignac doit son origine aux deux légions envoyées par César dans le pays des Le- movices. Je me bornerai à mentionner cet auteur, sans vouloir relever les assertions plus que hasar- dées dont ce chapitre fourmille.

Les notices publiées, par M. Bardon, expert- géomètre à Tulle, dans les Annuaires de 1895 et 1828 (3), sont fort intéressantes, surtout la no- tice qu'on lit dans VÀnnuaire de 1828 : « Cet » historien (Baluze) a accompagné ce récit de » deux planches bien gravées qui nous donnent » la vue des différents monuments dont il vient . » de parler. Je puis attester la pai-faite resseni- » blance des trois tètes antiques ; elles étaient dé- » posées jadis dans le cabinet de l'ancienne fa- » mille de Fénis de Laprade. Plusieurs antiquaires » qui ont vu des médailles portant l'efFigie de » l'empereur Adrien, ont trouvé une parfaite res-

(1) L'EMai sur l'Hitloire de Tulle a été publié par fascici aujourd'hui presque introuvables, et l'ouvrage n'a niûiiie pas terminé.

(2) Pages 228-Î37.

(a) ISÎâ, p. I3(i; 18-.'H, p. iîl à Via.

lyGoogle

» semblanre avec la première de ces têtes vue âe fi profil; et la tète de femme parait avoir fourni » à Guillaume Reuilhe, de Lyon, en 1553, le por^ » trait de Sabine, épouse de cet empereul*. Ces » monuments sont vraisemblablement déposés auJt » archives de la Préfecture, il est facile àe » s'assurer de la fidélité du graveur (1). Je n'ai fi jamais vu aucune des urnes que ces plancbefl » représentent. Les tuyaux en brique n'ont pas » été mieux conservés (2). Mais quand on ouvrit » la nouvelle route de Tulle à Limoges, route qui fi traverse le local a exister la ville de Tin- fi tignac, j'ai vu de pareils tuyaux dans le talus » du chemin et à l'endroit commence des- » cente de Soleilhavoup; ces tuyaux se dirigeaient » vers les arènes (3).

(1) J'ai le regret d'avoir à contredire ici M. Bardon au sujet de < la parfaite ressemblance des traie tête» antiques / M. Bard<»i n'avait sans doute pas vu les originaux, puisqu'il dit que n ces monuments sont VRAiseMBLABLBXEMT déposés aui archives de la Préfecture; » eh bien, ce n'est pas que devront aller les per- sonnes qui voudro[Lt s'assurer de la fidélité du graveur ! La t€te en ronde-boase appartenait en 1828, corarae aujourd'hui, & H. de Pénis de Laprade; sur mes instances, il nous a permis d'en prendre un moulage pour le musée de Brive, Les deui autres sont chez M~* veuve Boudrye, à Tulle, et... il faut lui savoir gré d'avoir consenti à nous les confier pour quelques heures I On n'a qu'à comparer les gravures de Baluze (ou de Hontfaucon, ce sont les mêmes) avec celles qu'on trouvera plus loin (voir la 2"* partie); les têtes en bas-relief ont été dessinées d'après des photographies de M. Rupin et la troisième d'après le moulage. Je me fais un devoir de remercier ici notre collègue, M. le commandant fiorie, d'avoir bien voulu se charger de ce travail.

(2) Montfaucon en fait mention {loc. cit., p. 206) et les ligure d'aprfes Baluze. pi. cïxv.

(3) En 1866, le marquis Marcy de Seilhac m'a montré, non loin de Seilhac, de faibles traces d'un aqueduc sous le talus d'un chemin. Bullelin de In Société, t. 111, p. 139.

lyGoogle

» Depuis ce temps, les fouilles successives que » l'intérêt seul de l'agriculture a détei-minées, ont

> lait ressortir d'autres monuments dont la dé- » couverte coïncide avec celles dont parle l'his- » toîre. Je n'en indiquerai que deux dont je me

> suis assuré : il y a environ 'iO ans qu'un labou- » reur trouva dans son sillon un anneau en or » pâle qui fut trouvé du poids de 18 francs; le » chaton représentait une figure romaine frappée * au marteau. M. Milet-Mureau, alors préfet, le » (»aya 100 francs. Postérieurement, et depuis peu » d'années, M. Vidalin, propriétaire à Gharazenc, » village limitrophe de Tintignac, cherchant la » source d'une fontaine, trouva et la soui-ce, et » un aqueduc composé de tuyaux pareils à celui qu'on trouve gravé dans Baluze.

» Les vestiges de ramphithéâtie sont aujour- » d'hni presque entièrement méconnaissables ; » mais puisque Baluze les dépeint tels qu'il les » a vus dans sa jeunesse, ce qui remonte à 150 » ans, il est juste de croire qu'il nous les a re- » tracés aussi fidèlement que les autres monu-

» ments que nous avons sous les yeux(l) »

L'auteur de la notice ajoute que l'existence et les dimensions de ces arènes permettent d'attester que Tintignac fut jadis une ville dont la popu- lation devait être considérable. Puis il dit que « M. Renaud, originaire de Nlraes, mais depuis » longtemps contrôleur des actes à Tulle, frappé

(i) On verra plua loin que d'autres auteurs n'ont pas accepté avec la m^me facilité la version de Baluze!

dbyGoo^le

» de ces différentes circonstances, crut pouvoir » hasarder, sur l'étendue de la ville de Tintignac, » un système qui parut dans le Calendrier de T> Tulle, imprimé en 1772. Trouvant les arènes » de Tintignac entourées par les villages de Bach, » de Cerou, de La Geneste, de Léoune, de So- 9 leilhavoup, de Temporietix, ces hameaux lui » parurent avoir conservé les noms des dieux du » paganisme qui y étaient adorés : ainsi, Bach lui » parut avoir été le temple de Bacchus; Cerou, » celui de Cérès; La Geneste, celui de Janus; » Léoune, celui de la Lune; Soleilhavoup, celui » du Soleil; Temporieux, celui du Temps (1). » Cette analogie, au premier coup d'œil, ne parait » qu'ingénieuse; mais la presque certitude d'une > grande population réunie sur ce local peut la s faire considérer comme frappante (2).

» Je présenterai bientôt quelques lueurs sur la » manière dont la ville de Tintignac a pu être » détruite; mais pour ne pas interrompre mon 0 propos, je dois rechercher les rapports qu'elle » avait avec le fort de Tulle. Ces rapports ne s sont pas douteux : ils sont principalement cons- s tatés par un monument dont ni l'un ni l'autre

(1) Lea archéologues d'autrefois se plaisaient k tourmenter les étymologies pour en tirer des conclusions favorables à un sys- tème; le progrËs des âtudes philologiques a discrédité cette Ca- thode.

(2) Passe encore si l'on pouvait prouver que les hameaux de Bach, Cerou, etc., existent et portent ces noms depuis le com- mencement de la période du moyen-âge. Nous verrons plus loin qu'à la Rn du xiii* siècle il y avait la manse de Solella Vuolph. Ce nom ne semble pas avoir une origine latine.

lyGoogle

» de DOS historiens n'a parlé, mais que M. Renaud » emploie bien à l'appui de son opinion et dont » quelques traces existent encore; j'entends par- » 1er du pavé, indubitablement construit par les B Romains, qui consolidait ie chemin qui, du B château de Tulle, se dirigeait vers les arènes B de Tintignac, et qui a ensuite formé l'ancien B chemin de Tulle à Naves (1). On en trouve » plusieui-s dans le département construits de la » même manière; mais aucun ne peut avoir une B destination plus certaine, et il me parait d'une B conséquence irrésistible que les Romains aient » habité les deux endroits entre lesquels ils avaient » fondé cette communication, b

Se basant sur un passage du VllI' livre des Commentaires : Legiones.... duas reliqiiaa in Lemovicum finibtis non longé ab Arvernis, ne qua pars Gallise vacua ab exercitu esset, M. Bardon suppose que le fort de Tulle était une position militaire romaine destinée à sur- veiller et à contenir les populations conquises.

Cette hypothèse est un peu hasardée! elle re- pose en partie sur l'attribution à l'époque ro- maine d'une tour dite la tour de Maïsse, figurée d'après Beaumesnil dans l'ouvrage de Tripon, et dont il ne reste aujourd'hui à Tulle que le nom d'une rue. On assignait à ce monument une trop haute antiquité (-2}.

(I) Ce passage est reproduit  titre de simple renseignement, car l'origine gallo-romainR do ce pavé n'est pas démontrée; on peut en dire autant du chAleau de Tuile.

(!) BoHNÉLVE, Essai sur l'Hialoire de Tulle, chap. iv.

lyGoogle

Quelques mots sur Tintignac ont tout naturel- lement leur place dans l'Historique monumental do Tripon. V amphithéâtre de Baluze est repro- duit par la lithographie en regard de la page 3 du dernier fascicule; vient ensuite un j9/a« géo- métrique des arènes de Tintignac en 1697, évi- demment inspiré par la gravure, et qui n'existe point dans le livre de Baluze. Ce plan, de pure fantaisie, a été trouvé, avec le texte à l'appui, dans les cartons du dessinateur Beaumesnil (1). Plus loin (pages 34 à 36) sont décrites et figurées les têtes dont il a été déjà question et »ix vases, trois de plus que n'en donne Baluze! Beau- mesnil les a-t-il vus? Il n'a pas jugé à propos, en revanche, de reproduire les gravures repré- sentant le puits et les tuyaux de conduite d'eau.

Mérimée profite d'un voyage dans la Corrèze, en 1837, pour visiter les ruines de Tintignac. Voici ce qu'il en dit dans un de ses ouvrages (2) : « Baluze donne en peu de mots la description » d'un amphithéâtre antique existant dans cettfi » localité, et l'accompagne d'une gravure dont » l'auteur, à ce qu'il me semble, n'avait non- » seulement jamais visité Tintignac, mais n'avait

» MÊME JAMAIS VU DE CIROUES ROMAINS. En CO-

» piant Baluze, Beaumesnil (manuscrits de Li-

(1) Mort à Limoges en 1787. Il faut lire dans les Annsles ar- chéologiques (tome V, p. Gl) et dans le Bitlletin de (a Soc. hist. et arch. du Limousin (tome XIX, p. 27 à 30} ce que pen-ïent do SOS oeuvres Didron et l'abbé Leclor !

{i) Notes d'un voyage en Aurergne, par Prosper Mérimée, pages 127 à 129. Paris, librairie de H. Pournler, 1838.

ibyGoogle

B moges), n'ajoute aucun détail, et vraisembla- » blement ne s'est pas donné la peine de vérifier » son auteur, car son dessin n'est que la répé- » tition de la gravure publiée par Baluze. Or, » en admettant que du temps de ce dernier, le » plan de l'amphithéâtre fût exact, il serait bien » surprenant qu'aucun changement n'y fût sur- B venu dans l'espace de près d'un siècle. Aujour- » d'hui ce cirque, connu dans le pays sous le » nom des Arènes (dénomination qui parait avoir T> été générale au moyen-âge), ne se distingue » plus au milieu des champs cultivés que par » une élévation régulière qui en accuse le péri- » mètre, et par quelques massifs à'opus incertum » qui percent la terre çà et là. Il se trouve à » droite, et non loin de la route qui mène à » Tulle. Son plan est un ovale arrondi dont le » grand ate s'étend du Nord au Sud. Il me sem- » ble que Baluze s'est mépris sur ses dimensions » quand il lui donne 200 pieds pour le grand » axe et 150 pour le petit; et je m'explique son » erreur en supposant qu'il a mesuré le premier B sans compter les gradins, et le second en les » comptant. J'ai trouvé environ 60 mètres du » Nord au Sud et 55 de l'Est à l'Ouest. On voit » que, dans la construction du cirque, on a pro- » fité d'un mouvement de terrain, qui dispensait » d'élever partout des murs d'une hauteur égale. » Il est impossible de remuer la terre sans ren- » contrer des substructions ; mais nulle part on » n'a trouvé de parement, et, chose étrange, on » n'aperçoit aux environs ni grandes ni petites

DigmzcdbyGoOgle

» pierres taillées, qui ailleurs se présentent de » tous côtés à l'entour des monuments romains. B Une tradition, que rien ne justifie, prétend que » ce parement était en pierres de taille ; mais ce » luxe pour une localité aussi inconnue ne me » parait nullement vraisemblable. Si, comme on » le prétend, on avait transporté à Tulle les » pierres taillées de Tîntignac, on en trouverait » quelques vestiges, et je n'en ai rencontré nulle » pai't. Je ne doute point que ces pierres de taille » ne soient une invention du graveur de Baluze. »

Après avoir dit qu'il serait intéressant de faire des fouilles à Tîntignac, Mérimée termine en ces termes : « A peu de distance des arènes, on voit, » dans un champ en friche, d'autres substruc- » tiens qui m'ont paru celles d'une maison de » quelque importance; car on y trouve des frag- » ments de marbre et les débris d'un pavé en » mosaïque, ou plntùt d'un composta fort sem- B blable à une brèche naturelle. J'ai trouvé moi- » même, en me promenant en ce lieu (on le » nomme les Baraques), un fragment d'une cor- » niche en marbre, et la moitié d'un disque en » granit poli, qui a toute l'apparence d'une meule; » mais la nature de la pierre ne permet guère » de supposer qu'il ait eu cet usage (1). »

Tout en n'acceptant pas sans contrôle les .des- criptions de Baluze et surtout l'exactitude de son

(I) Signalons, en passant, une jotie coquille d'imprimerie dans le litre et dans le texte de ce chapitre; on a imprimé Navel au lieu de Navesl

lyGoogle

dessin des arènes, Mérimée croyait, lui aussi, à un amphithéâtre ! Trois ans après, en 1840, M. Er- nest Breton, entrevoyant le premier la vérité, éta- blissait dans une note publiée par la Société des Antiquaires de France (tome V, 2"' série de ses Mémoires) que ces ruines sont celles d'un théâtre; les fouilles l'ont démontré sept ans plus tard(l}.

M. E. Breton dit tout d'abord qu'il vient com- battre une erreur accréditée par les plus célèbres antiquaires du siècle dernier, et qui se perpétue de nos jours encore par suite d'une confiance trop aveugle en leurs écrits, et faute d'examen des lieux. Puis, après avoir traduit le passage de Baluze concernant plus spécialement le prétendu amphithéâtre, M. Breton ajoute ce qui suit (2) :

« Lorsqu'on 1717, Baluze écrivait ces lignes, il » était déjà âgé de 86 ans (3), étant en 1631, » et il avoue n'avoir vu les arènes de Tintignac » que dans sa jeunesse. Ses souvenirs pouvaient » donc être assez confus; et sans parler du laps B de temps considérable qui s'était écoulé, les » yeux du jeune homme n'avaient pu voir comme » eussent vu ceux du docte Baluze; il n'est donc » point étonnant que quelques fautes se soient

(1) M. A. de Barthi^lcmy a eu l'extrâme obligeance de m'cnvoyer une copie de la note de M. E. Breton, et je dois l'en remercier ici.

(ï) Relevons un petit lapsus de géographie locale dans le préam- bule; M. Breton y écrit ces mots : « entre les communes de Tinti- j) gnac et de La Génesto; " or, Tintignac et La Genestc sont deuï hameaux de la commune de Navos.

(3) Je ferai remarquer que Historim Tulellensis a été imprima en 1717; le premier chapitre devait être écrit depuis un certain aotnbre d'années.

lyGoogle

j) glissées dans sa description. Quant au dessin » qu'il a donné, il paraît être entièrement d'ima- » gination ; et d'ailleurs, quelle confiance peut-on » avoir en un graveur qui, sur cette même plan- » che, ayant à reproduire uns urne en terre cuite j> et une tuile à rebords, a indiqué des assises » comme si cette urne, cette tuile étaient cons- » truites en pierres de taille !

« Montfaucon avoue ne connaître les arènes que » par le rapport de Baluze, dont il reproduit le » passage et le dessin. Il en est de même de » Caylus, qui a répété en outre deux tètes lau- » rées et un buste de femme, publiés par Baluze » et trouvés en cet endroit.

» Une première, erreur est dans la distance de » 4,000 pas de Tulle, distance qui n'est pas » moindre de 10 kilomètres.

» Mais une faute bien plus importante, bien B plus grave, consiste dans la désignation des » Arènes de Tintignac sous le nom (Vamphi- » théâtre. Après en avoir avec soin visité les » vestiges, je me suis convaincu qu'ils n'ont ja- » mais appartenu qu'à un tbéâtre. J'ai suivi faci- » lement la demi -circonférence des gradins, cou- B verts aujourd'hui de moissons; puis aux deux B extrémités de cet hémicycle, tout disparaissait, « et dans la partie qui eiU di\ compléter l'ani- » phitbéàtre, je ne trouvai aucune indication de » constructions quelconques.

» Au contraire, lorstjue j'examinai avec atten- B tion le sol qui ei\t occu[)é le milieu de l'arène, » lors(|tie je suivis la corde de l'arc formé par

lyGoogle

650

» les ruines, je reconnus quelques traces d'une » muraille que je découvris avec peine au milieu » des herbes et des ronces, mais qui, évidem- » ment, ne pouvait avoir appartenu qu'au pul- » pitum, à ce soubassement qui soutenait le plan- » cher de l'orchestre. Je n'avais déjà plus aucun » doute; cependant je consultai les plus anciens » cultivateurs du pays, et surtout un riche pro- B priétaire, M. Vidalin, dont la complaisance égale » le savoir. Tous me confirmèrent dans ma pen- » sée; tous me dirent que dans le lieu j'avais » remarqué ce pan de muraille, le soc heurtait B sans cesse contre des restes de constructions, » tandis qu'il fendait sans obstacle tout le terrain » opposé à l'hémicycle. Après, des témoignages » aussi décisifs, il est presque superflu d'observer » que l'édifice était assis sur un sol incliné, et » que, comme au théâtre d'Orauf^e et à tant B d'autres, on avait profité de cette inclinaison » pour soutenir les gradins et éviter des frais de » constructions. Il est vrai que cette disposition » n'est pas sans exemple dans les amphithéâtres, » puisqu'elle se retrouve dans celui de Fréjus; 0 mais enfin celui-ci n'est qu'une exception, tan- D dis que les théâtres de ce genre sont presque » en majorité. »

M. Breton rectifie ensuite les mesures données par Baluze; le plan annexé à c^; travail nous donnera les dimensions exactes. 11 termine en émettant le vœu de voir fouiller ce tènement.

Dans son Histoire du Bas- Limousin,- Marvaud

lyGoogle

parle assez succinctement de Tintignac; aussi, n'en fais-je mention que pour mémoire.

Enfm, en 1842, l'on se décide à entreprendre des fouilles ! En voici le compte-rendu, d'après F. Bonnélye ;

« Les dessins de ces monuments, publiés

» dans VHistoire de Baluze, copiés par Beau- » mesnil et reproduits par le typographe Tripon, » étaient loin de satisfaire l'impatiente curiosité B des amis des arts. Leurs justes réclamations » furent enfin comprises par un administrateur » éclairé, M. Meunier, préfet de la Corrèze, et » des fonds furent affectés à des recherches si » ardemment désirées.

» Notre historien n'avait fait aucune mention » des restes d'un vaste monument situé à peu » de distance du cirque, dans une châtaigneraie » qui se trouve à gauche de la route qui conduit » à Tulle. La richesse des marbres qu'on y a » trouvés prouve que cet édifice surpassait en » magnificence toutes les constructions anciennes » et modernes de notre contrée. M. Prosper Mé- » rimée, qui en explora les décombres en 1837, > y trouva des fragments de corniche en marbre » et la moitié d'un disque en granit poli qui » avait l'apparence d'une meule. Je les ai moi- » même souvent visitées depuis 1830, et j'en ai » rapporté chaque fois de nombreux fragments » de marbre de diverses espèces, une grande » quantité de clous qui avaient sans doute servi » à fixer à la toiture de l'édifice ces briques

lyGoogle

652

B bigarrées dont les cannelures figuraient des des- » sins bizarres et variés.

» Ce lieu, qui est appelé par les habitants du » pays les Baraques, et par d'autres les Bou- » tiques (l), fut fouillé au mois d'août 1842, » sous la direction de M. Daniel Rostkouski, olfi- » cier polonais. Le savant et modeste M. Rebière, » agent-voyer principal, fit connaître dans VIndi- » cateur corrézien les résultats de ces fouilles » que nous reproduisons ici :

j> Lorsque ces substriictions furent mises à dé- » couvert, elles présentèrent la forme d'un rec- » tangle long de 44"50 de longueur sur 22"'90 de B largeur. L'épaisseur des murs était de O^Sd pour » les trois côtés du Nord, de l'Est et de l'Ouest, » de l^OO du côté du Midi, se trouvait l'en- » trée principale (2). Au milieu étaient deus carrés » placés sur l'axe longitudinal et distants de près » de T"00 de l'axe transversal. On a trouvé dans B leur intérieur, qui est de ô^OO, deux moulins » à bras en pierre de taille.

» Autour de l'édifice, excepté du côté du Midi, » on a déblavé les murs de fondation d'une

(1) C'uat le nom qu'il porte sur le cadastre.

{'!] Jjo plan ci-joint est produit à Tappui des descriptions don- nées par l'article que je transcris ici.

Le rectangle A B C D, fuuillé eu I8i'^, comprend les substruc- tions d<?3ig:iées plus spcïciaicment sjus le nom de les Boutiques. Ou a trouvé dans le carré de droite des caveaux de deux et trois mètres de profondeur l'on descendait au moyeu de plans incli- nés. Les parements extérieurs (Slaiont en petit appareil; la pre- iiiii!n> assise repose sur uu rang de larges briques.

lyGoogle

a " ~~'f

PLAN DES BOUTIQUES. Fouilles de 1842 et de 1846.

lyGoogle

654

» deuxième enceinte parallèle à la première, dont B elle est séparée par une distance de 3"20(1).

1) Tous les angles saillants du bâtiment ont été » démolis dans leurs fondations, ce qui a fait » supposer que les auteurs de ces dégradations » étaient poussés par la pensée d'y découvrir de » l'argent ou des médailles. On pourrait croire \ aussi que c'était pour en arracher les pierres » angulaires, communément plus grandes que les » autres.

» L'aire circonscrite par l'édifice était revêtue » d'un béton composé de ciment et de sable. On n a trouvé sous cette aire les fondations de murs » qui n'ont aucun rapport avec ceux du bâti- j> ment dont nous parlons, ce qui fait croire qu'il s a été construit sur l'emplacement d'un autre » édifice (2).

» Les murs d'enceinte du grand carré, ainsi » que le pourtour intérieur des petits carrés, » étaient revêtus, à la hauteur de O^SO au-dessus » du sol, d'un ciment très épais recouvert de » marbre; les parements supérieurs des murs et » des lambris étaient peints à fresque (3), comme » l'indiquent les fragments d'enduits trouvés dans B les décombres- Les marbres calcinés et la grande 9 quantité de charbons qu'on y a trouvés prou-

(I) Voir le plan d'ensemble.

ii) Ces Ton dations, qui ne s'Iiarmotiisaieiit pas avec celles des autres murs, ont été observées près de l'angle inférieur gauche du petit carré de gaucho compris dans le rectangle A B C D.

(3) Ce sont des peintures murales ordinaires, philô) que des

ibyGoogle

» vent que ce beau monument a été détruit par » les flammes. »

M. Bonnélye donne ici le détail des objets inté- ressants découverts en faisant les fouilles. Mais, pour éviter d'inutiles répétitions, je prierai le lec- teur de vouloir bien se reporter à la seconde partie de ce travail : Inventaire des inscrip- tions, médailles, objets d'art, débris divers trouvés à Tintignac.

FOUILLES DE 1846

« Les fouilles commencées en 1842 furent con- » tinuées le 20 juillet 1846. Cette fols, le docteur » Vidalin, qui, dans les premières recherches, » avait été empêché par une maladie d'assister à » la première exhumation de la ville romaine, » publia exaiîtement, et pour ainsi dire jour par » jour, le compte- rendu des fouilles exécutées dans » notre humble Herculanum (I).

» Nous reproduirons ici un e;trait de ces iu- » téressants détails, en regrettant de ne point » donner à notre style les vives couleurs sous » lesquelles la fraîche imagination du savant » archéologue a fait revivre la ville antique :

» On ouvrit à cùtè du grand carré fouillé en » 1842, une tranchée reitrésentant un carré long B de 44"80 et large de 4"50 seulement. Il était » enfoui de S^OO au-dessous du sol. Le long de » ses murailles, recrépies en chaux, régnait une

(1) Je ne sais trouver le journal publié par H. Vidalin, et je le regrette.

lyGoogle

656

» ligne régulière de piles de pierre à demi encas- j> ti-ées dans le mur; elles étaient sans doute » destinées à supporter des statues en forme de » cariatides (1).

» Un grand amas de cendres et de charbons » annonçait que cet édifice avait été détruit par s les flammes. »

Suit le détail de divers objets trouvés au milieu de ces substructions(2). Indépendamment de frag- ments d'inscriptions, médailles, etc., on retira de ces tranchées une grande quantité de marbres de toutes variétés, des débris de vases en porphyre et en terre cuite.

DÉCOUVERTE DU PUITS CITÉ PAR BALUZE

* En continuant les fouilles près du grand cax'ré » n" 2, on trouva d'abord, à une profondeur de

M) Ces piles (long. O'âO, larg. 0-40, haut. 0-40} sont indiquées par Q dans le rectangle 0 P H T, lequel étût pavé en béton. Les murs qui en forment le périmètre étaient revétua en marbre j> l'intérieur; on a trouvé une plaque de revêtement encore adhé- rente au mur A câté de la porte V, S S désigne des construc- tions qtie l'on suppose être des cheminées. On y a trouvé des cendres et du charbon; l'àtre était en larges briques. M désigne un petit mur transversal qu'o;) a trouvé couronné en pierres de taille calcaires. L'eapaco compris entre ce mur et le mur K P qui lui Tait Face, était pavé en petites pierres, au moins dans la partie qui s éié fouillée; le rectangle compris entre les numéros t5, 16, 17, 18, n'a pas été fouillé; il en est de même de 11, 12, 13, 14.

L'espace circonscrit par un pointillé (entre les numéros I, 2, 3, 4, 5, 6, 7, S, B, 10) B seul été fouillé à fond; on n'y a pas trouvé de

Le terrain est ea pente douce en allant de CD vers RT. {D'aprèê la légende tignée Ilebière fil* aîné et O. Laeombe, et qui accom- pagne le plan reproduit ici.)

(î) Voir la seconde partie de ce travail.

lyGoogle

» deux mètres, de grandes pierres grafiitiques, sur » l'une desquelles était une tête de mort qui se » réduisit en poussière au premier contact. On » parvint ensuite à d'énormes pierres de taille » échancrées sur un de leurs bords et formant » les éléments d'un cercle. On ne douta plus de » la destination de cette construction; c'était le » puteus prsealtua de Baluze(l). Quelques pierres » étaient longues de l''65. Les matériaux qui for- » maient le revêtement de la tranchée circulaire, X pratiquée par les Romains, étaient tous dépla- » ces. Du côté du Midi, une énorme brèche, s'éten- * dant depuis l'orifice jusqu'au fond du puits, » était tout obstruée de pierres rapportées dans i> lesquelles figuraient des briques, de la chaux et » quelques pierres de taille confusément placées. » Enfin on arriva au fond de ce puits dont, » selon Baluze, on ne pouvait atteindre la pro- » fondeur; elle n'était cependant que de IS'Sô, » et la muraille de revêtement, qu'on n'a trouvée B existante que dans le fond, n'avait que 0"69 » de diamètre (2).

(1) Ce puits est désigné de la aorte, non dans le texte que j'ai reproduit déjà, mais sur la planche il est figuré.

(2) Ce puita (voir sur le plan le cercle en X dans l'espace cir- conscrit par le pointillé daus le grand carré F D K H) est creusé dans le tuf; il était muré en maçonnerie ft pierre sèche. Ce revê- tement n'a été trouvé existant qu'au fond, sur une hauteur de 0"^, comme il est dit dans le texte. Une tranchée, dont la direction n'a pas été reconnue, aboutissait au fond du puits, du côté indiqué en X; on peut supposer qu'elle a été pratiquée pour faire écouler les eaux. On a trouvé dans ce puits médulles; huit étaient au fond.

(Uéme source que colle indiquée k la note précédente.)

lyGoogle

» Parmi les objets retirés de cette excavation » figuraient divers débris en pierre calcaire, tels » que : une tète de femme, un pied d'enfant, » des grappes de raisin, des fragments de cor- » niche, etc., plusieurs médailles frustes. On » trouva au fond du puits une vingtaine de mé- » dailles (1).

» Les fouilles, exécutées à une portée de fusil » des monuments dont nous venons de parler, » mirent à découvert les restes d'une salle de » bains, dont les eaux s'écoulaient par un con- » duit formé de briques superposées (2).

FOUILLES DES ARENES (1847)

B Nous arrivons enfin à ce monument dont les » restes avaient si vivement frappé l'imagination D du peuple, qu'il désigne encore dans son idiome » le lieu fut la ville romaine par le nom de » Las Orénas de Tintiniac.

» La gravure que nous a laissée Baluze reprè- B sente la surface de l'amphithéâtre et un étage » composé de cinq courbes de gradins »

M. Bonnélye résume ici la description donnée par Baluze et le rapport de Mérimée.

« Mais depuis 1837, les fouilles qu'on a pra- » tiquées dans cet endroit ont mis à découvert

(I) Voir la seconde partie de ce travtùl.

(}) Les vestiges mis à découvert ne permettaient pas de se pra- nonccr d'une façon aussi affirmative.

lyGoogle

» une grande partie de ce qui restait de cet édi- B fîce. Il a la forme d'un hémicycle, et non d'un B ovale, comme l'avait publié Baluze. Il était B adossé à une grande muraille large de 1"66. a Elle lui faisait tangente, et, après lui avoir » fourni 31'"80 d'enceinte, elle est rencontrée obli- » quement par deux murailles de moindre épais- » seur qui complétaient la partie curviligne de » l'amphithéâtre. »

Qu'il me soit permis d'ouvrir ici une paren- thèse, pour manifester mon étonnement de voir un érudit comme l'auteur de ce travail appeler quand même ce monument un amphithéâtre, après avoir dit que l'édifice avait la forme d'un hémicycle ! M. Bonnèlye ne connaissait évidem- ment pas la notice publiée par M. Breton et que j'ai reproduite presque en entier.

Ceci dit, rendons la parole à M. Bonnèlye :

« Du côté de l'Ouest apparaissent des courbes » ovalaires, coupées de distance en distance par » des intersections droites qui sont comme autant » de murs de refend destinés à assurer la solidité » de l'édifice.

» Du côté du Nord, à l'angle formé par la ligne » circulaire des gradins et la ligne droite qui for- » mait l'hémicycle, est une pièce carrée, parfai- » tement close par des murailles d'une grande » épaisseur. De chaque côté de la porte du Nord » sont deux ouvertures d'une moindre grandeur. » 11 y avait trois ouvertures : une principale, » deux secondaires; c'est ce que les Romains » appelaient des vomitoires, qui devaient vomir

DigmzcdbyGoOglc

» la foule. On a trouvé un autre vomitoire sur » la crête du monument.

» Du côté de l'Est, sur le front de l'édifice, » on a déblayé de petits compartiments latéra- » lement placés à un couloir qui formait l'entrée » principale de ce côté; ils étaient probablement » destinés à renfermer les bêtes fauves (1). »

Vient ensuite l'énumération de plusieurs mon- naies et de divers objets antiques trouvés dans les déblais; comme ceux qui ont été recueillis en fouillant les Boutiques, ils sont décrits dans la seconde partie de mon mémoire.

Avant de terminer, M. Bonnélye dit que c'est en ces lieux qu'il faut placer le campement des deuK légions casernées par César dans le pays des Lemovices; puis il ajoute ;

« Ce serait en vain qu'on demanderait à l'his- » toire et à la géographie .le nom de la ville » romaine. On pourrait, dit Baluze, conjecturer s qu'elle fut nommée Tintiniacum, k moins que B ce ne soit le Rastiaium de Ptolémée; mais ce » dernier nom désigne la ville de Limoges (2).

(I) L'idée préconçue que ces ruines étaient celles d'un amphi- théâtre est cause que H. Bonnélye n'a pas reconnu dans les aubs- tructions du côté Eat, celles de la gaëne du théâtre, divisée en trois parties ; le proscenium on putpitum (avant -scène), la scena et le poslcenium, local les acteurs se préparaient. Los com- partiments que M. Bonnélye présume être destinés à renfermer les betes féroces {toujours avec l'hypothèse d'un amphithéâtre) sont tout bonnement les substruclions des dessous de la scène.

(!) La ville de Limoges a porté, jusqu'au iv* siècle, la nom d'Au- gvstorilum. La pensée que Ralialiim était chez les Lemovices de l'intérieur n'avait d'autre base, dit M. Deloche, que deux éditions vicieuses de la géographie de Ptolémée, L'abbé Belley et H. Léon

ibyGoogle

» Quant à l'étymologie de Tintiniae, on pourrait ï !a retrouver dans la langue celtique, car elle » doit être la même que celle de Tinteniac, » dans le voisinage de Saint-Malo.

s Raynaud, de Nîmes, présume, sans aucun » fondement, « que cette ville subsistait long- » temps avant César, et que les druides y avaient » un temple en l'honneur de Thot ou Thoit. »

M. Bonnélye réfute victorieusement cette sup- position de M. Haynaud, et termine en disant que ïa ville de Tintignac fut probablement détruite par les Vandales au commencement du v* siècle, opi- nion déjà émise par le comte de Gaylus {Recueil d'Antiquités, t. VI, p. 356).

Longtemps avant M. Bonnélye, M. Delmas de La Rebière (1), après avoir écrit qu'une des deux légions fut établie aux environs d'Ussel et l'autre sur le plateau de Tintignac, s'exprimait en ces termes : « Quant à l'établissement des légions à » Tintignac, rien n'est plus incontestablement éta- » bîi par les commentaires de César, quoique au- B cun des lieux elles furent dispersées n'y soit » dénommé : . . . duas legiones in Lemovicum, etc.

» Les monuments qui existent encore en ces » divers lieux du Limousin, indiquent du reste s ceux les légions furent établies. Tintignac et » Ussel sont précisément les mieux désignés par

Renier placent celte ville chez les Pictones, et M. Deloche fixe aa position à Rézé, sur la rive gauche de la Loire, presque en fsce de Nantes.

(I) Fragments d'biitoire de la ville d'Uaael, par M. Delmas de La Rebière. Glermont-Ferrand, impr. Jacques Veyaset, 1809,

lyGoogle

» leur position, non longé ab Arveimis, puis- » qu'il n'est aucun endroit de ce canton plus » près de l'Auvergne l'on trouve autant de mo- » nuraents romains indicatifs de cette vérité (1). »

Le texte des commentaires semble de nature à contredire cette conjecture en ce qui concerne Tintignac, car il suffit de jeter un coup d'œil sur une carte de la Corrèze pour juger de la dis- tance qui sépare ce lieu du pays des Ârvernes. Mais M. Deloche, dans une étude raisonnée sur Tintignac, non-seulement adopte à son tour cette hypothèse, mais encore interprète en sa faveur le texte même dont on pourrait se servir pour ' la combattre.

« Faut-il, comme l'ont fait quelques auteura, » entendre par les mots in finibus Lemovicum, » la frontière du pays des Lémovices? Nous ne B le pensons pas. Quand ces mots, in fi/nibus, » se rencontrent dans les Commentaires de César, » et ils y sont fréquemment employés, ils veulent » dire presque toujours : dans le pays, dans le » territoire, dans le iinage, comme plus tard, in » termino, intra ou infra fines, et à. une épo- » que plus récente, in finagio (2). »

Après avoir cité à l'appui de cette interprétation plusieurs passages des Commentaires, M. Deloche dit que « le texte même qui nous occupe prouve

(1) On a déjà vu qu'en 1810, M. Duroux, à son tour, a émis une hypothèse presque analogue.

(2) Éludes aur la géographie hiêloriqtte de la Gaule, par H. Deloche, p. 489.

lyGoogle

» bien que l'auteur a voulu parler du territoire, » et non de la frontière des Lémovicea; car, après » avoir énoncé que deux légions furent placées » in p/nibus Lemovicum, il ajoute non longé ab » ArvemiSj ce qu'il n'eût pas écrit s'il avait » entendu parler des limites mêmes des detuv » peuples{\). j>

Nous lisons plus loin ; « ...Le point sur lequel » se fit le campement des douze mille hommes D dont se composaient les deux légions, et près X duquel vint s'agglomérer bientôt la population » d'industriels qui s'attache toujours aux pas d'un » corps de troupes, ce point, disons-nous, dut ■a acquérir promptement de l'importance, et, par » suite, la ville romaine à laquelle il donna nais- » sance dut élever de bonne heure des monu- » ments qui marquent le haut empire (2). »

M. Deloche ajoute que Tintignac est le lieu du Limousin qui lui parait remplir le mieux ces conditions, et se propose : de démontrer l'im- portance de cette ville dès les premiers siècles chrétiens; 2" de prouver l'établissement à Tinti- gnac du campement dont il s'agit, par sa situa- tion topographique et la force de son assiette; 3" de faire connaître le nom latin que Tintignac porta au moyen-âge; de déterminer l'époque probable de sa destruction. Je me bornerai à ré- sumer brièvement cette dissertation écrite avec le

(1) ibid., 491.

(î) Et d'abord, y a-Lil eu réellement une ville en ces lieux? C'est une question que nous examinerons plus loin.

lyGoogle

profond saroir qui a ouvert à son auteur les portes de l'Institut.

1" L'importance de Tintignac est suffisamment attestée par les sabstractions mises à découvert, notamment par celles du théâtre, par les objets qu'on y a trouvés, et notamment par les mon- naies qui embrassent tout le haut-empire et <ies- cendent, dans le bas-empire, jusqu'à l'année 337.

Tintignac était en outre placé sur une voie romaine {dont il ne reste plus traces), qui mettait en communication plusieurs cités importantes de la Gaule.

M. Deloche semble vouloir adopter ici l'hypo- thèse déjà formulée en 1772 par Raynaud :

a Noua devons mentionner aussi une circons- » tance qui ne manque pas d'intérêt : plusieurs » collines et villages situés autour du Puy-de- ï l'Aiguille, était évidemment le centre de l'an- » cienne ville, portent le nom de divinités. Ainsi » il y a le Puy Temporioux (Tempori*) et les » villages de Mont-Jauge ou Mont-Jauve {Mon» B Jovia), de Bach {Bacchus), Gérons {Cérèg){\). »

Cette manière de voir n'est pas la mienne, je dois le répéter; pour ce qui est du Puy-de- l'Aiguîlle, < (rà était évidemment le centre de » l'ancienne ville, » je regrette d'avoir à dire que cette assertion ne repose sur aucun fait 1 J'ai minutieusement exploré ce sommet en com- pagnie de M. Guillot; on n'y voit aucun vestige de substructions et on n'y en a jamais trouvé.

(I) Loc. cil., p. 495.

lyGoogle

_ 665

Les ruines du corps de bâtiment appelées les Boutiques sont encore à 250 mètres du Puy- de-l'Aiguille (1).

Situé à peu près à égale distance des Âr- vernes, des Cadurkea, des Pôtrocores et de la ca- pitale des Lémovices, sur un plateau que plusieurs cours d'eau entourent comme des fossés naturels, Tintignac était admirablement placé pour sur- veiller, et au besoin contenir les divers peuples qui viennent d'être nommés.

M. Deloche présume en outre que diverses for- teresses mentionnées au moyen-âge, telles que le castrum Ussaliaia vn' siècle (Uasel), le castrum Vserca du v' siècle (Uzerche), Roc-de-Vic(2), le caS' trum Torinna du viii* siècle (Turenne), le cas- trum Issando du vi' siècle (Issandon),le castrum Tutela ou Tutelense du i' siècle (Tuile), le cas- trum Barrum du vin* siècle (Bar), étaient déjà debout au temps de la domination romaine et formaient autour de Tintignac une ceinture de fortifications. Mais, avec une louable prudence, notre savant compatriote ajoute que le lecteur est averti, par les termes dans lesquels il en parle, des seules dates qu'il entende affirmer.

Au surplus, me pôrmettrai-je d'ajouter ici, M. De- loche ne peut invoquer à l'appui de son système que des preuves purement morales et non des faits

(1) Puy-de-l'É|rufIte, sur ta cxUstre.

(!) Bien (tes assertions erronées ont étâ émises au sujet de I& prétendue forteresse gauloise de Roc-de-Vic! J'en ferai justice dans un travail qui est en préparation.

lyGoogle

incontestables; on n'a effectivement trouvé à Tin- tignac aucune tface d'ouvrages de castiamétra- lion. M. Deloche en convient (p. 524), tout en faisant remarquer que le sol a été très impar- faitement fouillé; on peut dire que les derniers vestiges du campement des légions de César ont disparaître par suite des agrandissements suc- cessifs de la ville gallo-romaine, lorsque l'asser- vissement définitif de la Gaule eut rendu inutile la présence de nombreuses troupes dans les pro- vinces du Centre.

L'ancien nom de Tintignac a fait l'objet de grands doutes; Baluze se demande si ce ne serait pas le Ratiatum de Ptolémée. Nous avons déjà vu que cette supposition n'était pas soutenable aujourd'hui! M. Deloche dit que le vocable mo- derne de Tintignac provient évidemment, dans sa dernière forme, de Tintiniacum; et, remarquant dans l'appendice de VHistoire de Tulle, de Ba- luze, le titre d'une charte de 1104 portant dona- tion d'un lieu nommé Quintiniac, il pense que c'était une première forme du nom de Tinti- niac ou Tintignac; d'autant mieux que la lettre q est souvent remplacée par un t dans le langage corrompu du vulgaire. D'après un titre daté du 5 mai 1297, ajoute M. Deloche, Pierre de Chanac, d'Allassac, damoiseau, vend à un bourgeois de Tulle ses propriétés de Quintinhac, de la Val et du Puy, situées dans la paroisse de Naves, ce qui est pour nous un indice important; plus loin est mentionné la manse des arènes a ...juxta » mansos de Solella Vuolph et de las Aresas,

lyGoogle

667

» et de Chazarenc...(l). » Sur une seconde charte de 1301, le vendeur reconnaît avoir reçu le prix stipulé; on y retrouve le ténement de Quintinhac; et, au dos de ce titre, se trouve une note écrite au xviii' siècle ainsi conçue : Quintinhac est nommé Tintignac dans une reconnaissance de 1497.

Donc, le lieu qui nous occupe s'appelait, en 1194, Quintiniac, en 1297. et en 1301, Quin- tinhac, et en 1497, de son nom actuel de Tin- tignac.

Ce nom, dans sa forme la plus ancienne, ne serait, d'après M. Deloche, que le vocable de Quintinus adjectivé, suivant l'usage des Gaulois, qui distinguaient les noms de lieux, soit par l'emploi d'un nom de personne, soit au moyen d'un substantif significatif. Or, de même que nous pouvons induire l'origine gauloise de certaines loca- lités des noms qu'elles portaient au moyen-âge et qui n'ont aucun rapport avec le latin, nous sommes autorisés à penser que les lieux qui por- tent un nom dérivé du latin sont, au contraire, de création postérieure à la conquête, ou, tout au plus, contemporains.

Tintignac, ou plus anciennement Quintinïa- cum, devrait donc, d'après ce système, son nom à un personnage appelé Quintinus, d'origine latine évidemment, mais sur les fonctions duquel

(1) Oïl a eu grand tort, dit H. D(?loche, de déHgurer ce nom de

lieu en Tappetant du nom de Césarin, qu'il n'a jamais porté; il est fait mention de Cazarenc au ii* siècle.

lyGoogle

on est réduit à de pures conjectures. Il n'est eu tout cas pas possible d'admettre, avec M. Bon- nélye {Essai sur l'Histoire de Tulle), que Tin- tignac pouvait être la résidence d'un vicaire du Préfet des Gaules; ce haut fonctionnaire résida à Lyon d'abord, puis à Arles, trop loin, par con- séquent, de notre Limousin pour y avoir môme une demeure temporaire.

Poux ce qui est de l'époque de la destruc- tion de la ville de Tintignac, M. Deloche, après avoir examiné et discuté les diverses hypothèses émises à ce sujet, pense qu'on peut la faire re- monter au commencement de la dernière moitié du IV* siècle. En effet, les médailles de la date la plus récente trouvées à Tintignac sont celles de Constantin-le-Grand (306-337) et de son fils, Conatantin-le- Jeune, gouverneur des Gaules du vivant de son père; il est bon de faire remar- quer que cette dernière pièce a été frappée anté- rieurement à l'avènement de ce prince, puisqu'il y reçoit encore le titre de nobilissimiis et de Caesar.

Or, quinze ans après la mort du grand Cons- tantin, la Gaule fut ravagée par des hordes d'Ala- " mans, appelés par l'empereur Constance (1). Une de ces bandes était commandée par un chef du nom de Khrok ou Krosch {Chrocus, Croscus), renommé par sa férocité, nous dit Grégoire-de-

(1) On sait qu'après la mort de Constantin, et jusqu'en 350, il y eut trois empereurs : Constantin 11, qui eut les Gaules, Constant l'Italie et l'Afrique, ot Coostance l'Orient et Copstantinople.

lyGoogle

Tours. Il dévasta le pays des An-ernes, et M. De- loche en conclut que le pays des Lémovîces eut à son tour à subir ses fureurs; le torrent tra- versa la Gaule dans toute sa longueur pour ne s'arrêter que devant les mui-s d'Arles, Khrok fut vaincu et mis à mort. M. Deloche appelle l'attention sur le fait suivant : les monnaies ro- maines recueillies à Ussel s'arrêtent, elles aussi, au règne de Gonstantin-le-Grand, et ce castrvjtn, situé sur la route de Lyon à Bordeaux, d;it con- séquemment être saccagé par les mêmes bandes qui se dirigeaient sur Tintignac après avoir pillé Clermont.

Tintignac fut donc détruit en 352 ou en 353, d'après M. Deloche; rien ne vient contredire cette assertion, que pourrait seulement inflrmer la trou- vaille en ces lieux de monnaies postérieures à la date indiquée. Or, nous le verrons, on n'en a point recueilli jusqu'à présent.

M. Deloche consacre un dernier chapitre à la description des ruines, des inscriptions, des mé- dailles, etc. Mais ceci rentre dans le cadre de la deuxième et de la troisième partie de ce mé- moire. 11 faut dire, toutefois, que M. Deloche se garde bien, comme l'a fait M. Bonnélye malgré les fouilles de 1847, de prendre les ruines d'un théâtre pour celles d'un amphithéâtre ! M. de Cau- mont n'avait sans doute pas pris connaissance de la note publiée en 1840 par M. Breton (v. supra), du moment il fait mention dans son Abécé- daire d'archéologie galh-î'omaine (édition de

lyGoogle

670

1862, p. 301) de l'amphithéâtre « de Tintiniac, près de Tulle, figuré dans Montfaacon. »

Les derniers auteurs qui ont parlé de Tintignac sont : M. de La Rouverade{l), M. l'abbé Niel(2) et M. René Fage(3). M. de La Rouverade cherche à établir un rapprochement entre le Tintignac des Lémovices et le Tintignac armoricain, celui-ci étant peut-être une colonie de celui-là. L'abbé Niel dit, non sans raison, que l'existence de cette station en l'an 42 de notre ère n'est pas mieux assurée que celle de la ville de Tulle. M. Page voit dans le castrum Tutela un simple boulevard, une dé- fense pour la ville de Tintignac.

J'ai voulu dire à mon tour quelques mots des trouvailles faites sur cet emplacement (4) ; mais je n'avais pas encore sur Tintignac (on a pu s'en apercevoir), les notions que je possède au- jourd'hui. Ajoutons, pour terminer ce chapitre, que la désignation fautive ^''arènes romaines se trouve sur VAtlas topographique, agricole et géologique du département de la Corrèze {carte des cantons de Tulle Nord et Sud) publié de 1873 à 1875. Et comme de longues pages sont souvent impuissantes à détruire . l'effet produit par une erreur de quelques lignes, surtout lors-

(1) Éludes hiatoriques et critiques sur le Bas- Limousin, pu- bliées de 1860 à 18Gi. (Étude !-, p. G5 à 109, et notamment p. 89.)

(2) Voir notre Biillelin, t. VI, p. 500.

(3) Le* Origines .de Tvlle. N' i, le Vieux-Tulle. Imprimerie UraufTon, 1385.

(1) V, le Butlelin. tome III [Sépultures gnito-romnines de la Corréze) et tome IV (Urnes cinéraires trowéea au /ie« dit La (JomboUe, commune de Chameyrat.)

lyGoogle

671

qu'elle est propagée par des recueils comme la France pittoresque qui s'adressent à la masse des lecteurs, il est probable que le vulgaire par- lera longtemps encore des arènes de Tintignac.

La dénomination exacte de ces restes d'un autre âge n'est pourtant pas indifférente, môme en de- hors du point de vue archéologique. Ne juge-t-on pas des goûts et du caractère d'un peuple d'après ses monuments? En ce cas, si l'on a érigé à Tintignac un théâtre au lieu d'un amphithéâtre, comme dans les grandes villes de la Gaule plus directement soumises à l'influence romaine, n'est- il pas permis de présumer qu'aux jeux sanglants dont se délectait la race latine, nos pères les Lemovices préféraient, à l'instar des (irecs, les ■jeux de la scène, l'interprétation des œuvres in- tellectuelles? S'il en est ainsi, honneur à eux! Et les conquérants de la Gaule étaient trop bons politiques pour ne pas étudier et chercher à flatter les goûts prédominants des populations soumises ! (I)

DEUXIÈME PARTIE

INSCRIPTIONS, MÉDAILLES, OBJETS d'aRT, DÉBRTS DIVERS TROUVÉS A TIXTIONAG

Les rares fragments d'inscriptions furent trou- vés en 1842 et 1846, et ils ont tout d'abord été

(I) M. de Caumont nous dit {Abécédaire d'archéologie romaine) que les thsatres de la Gaule furent construits ojDinmunément soua lea règnes d'Adrien etd'Antonin-le-Pieux; c'était la bonne époqitel

lyGoogle

signalés par M. Bonnélye. Pour les décrire, ainsi que les monnaies trouvées aux mêmes dates et en 1847, j'ai recours au livre de M. Deloche, n'ayant point vu ces objets.

Inscriptions et médailles.

« Les fouilles opérées à Tlntignac n'ont fait » découvrir jusqu'ici que trois fragments d'une » inscription gravée sur marbre. Ces fragments, 9 qui malheureusement sont insuffisants pour don- » ner Heu à des essais d'interprétation, provien- » nent de l'édiflce appelé les Boutiques. L'un » contient une seule ligne sur laquelle on lit » MAR; l'autre deux lignes : sur la première on » lit SFI; sur la deuxième, la lettre S- Le der- » nier fragment porte deux lignes : sur la pre- » mière, V; sur la deuxième, les deux lettres AV. B Ces lettres, gravées en beaux caractères, parais- » sent appartenir à la même inscription (1).

» Dans le même édifice, au milieu d'un amas » de charbons et de cendre, on a découvert, ainsi » qu'il a été dit plus haut, des débris de fresques, » sur l'un desquels on lisait OCTA....TVLLIA.... » BVDARACI..-. Sur le même point, on a trouvé I des débris d'une statue de femme (2). »

Que sont devenus les fragments de marbre et

(t) Fouilles de 1S4!, d'après le compte'rendii de M. Bonnélyo. (Annuaire de 1851.) M. Bonnélyo dit que ces IcUies ont cinq oeii- timëtrcs de haulcur.

{î) Fouilles de I34G. Le débris sur lequel on lisait ce lambeau d'inscription (OCTA-.-lVLLIA--. BVDARACI....) a été recueilli dans le petit rectHUgle I J P T. (Voir le pian des i(oiiii'/i««.)

lyGoogle

673

le débris de peinture murale l'on a relevé cea lambeaux d'inscriptions? M. Deloche ne le dit pas!

Voici la nomenclature des médailles :

« 1" Médaille en argent.

Buste de César. Inscription : M. G.I.

R/. Victoire ailée. Inscription : VICTRlX(l).

Médaille en bronze.

Deux bustes adossés. Inscription en dessus : IMP. Au-dessous : DIVIF.

R/. Un crocodile (emblème de la Colonie nl- moise). Inscription : C0L.NEM(2).

3' Médaille en bronze.

Kfflgie. Légende : HADRIANVS AVGVSTVS.

R/. Victoire avec les lettres P. P. P. M. TR. CL. (Ann. 117-138.) (3).

Médaille en argent.

Effigie. Légende : DIVVS ANTONINVS

R/. Aigle aux ailes éployées. Inscription ; CON- SECRATIO.

(Ann. 138-161.) (4).

Médaille en bronze.

AVRELIANVS ANTONINVS.

R/. Effigie de Marc-Aurèle. (Ann. 161-180.) (5).

(1) Fouillea de 1846 {toc. cit.). M, Bonnélye interprète lea trois lettres M. G.I. comme il suit : Marcua Caltgula imperalor. Or Cali^ula s'appelEiit Gains et non Harcus.

(2) Fouillea de 1846 {loc. cit.).

(3) Fouilles de 1842 [loc. cit.).

(4) Fouilles de 1843 (toc. cit.).

(5) Fouilles du puits, 1846 {toc. cit.).

lyGoogle

074

Médaille en bronze. ' Effigie d'une jeune femme. Légende : LVGILLA. AVGVSTA.

(Ann. 161-169.) (1). Médaille en bronze. . Buste d'empereur. ALEXANDER.PIVS.ÂVGVS- ■TVS.

R/. Une figure de femme. Inscription : SPES PVBLIGA.

(Ann. 2-22-235.) (2). 8" Médaille en bronze, très petit module. Tète ceinte d'une couronne radiée. Légende : TETRICVS.AVG.

R/. Une femme tenant une lance; à côté, dans le champ, une étoile. PAX.AVG. (Ann. ,268-274.) (3). Médaille en bronze.

Téta ceinte d'une couronne radiée. Légende : IMP.CARINVS.P.F.AVG.

R/. Une Victoire tenant d'une main une patène, .de l'autre une couronne. Légende : VICTORIA. AVG. (Ann. 284-285.) (4). 10" Médaille en bronze.

Légende : IMPERATOR.CONSTANTINVS.PIVS. FELIX.

R/. Autel cylindrique, surmonté d'un trophée circulaire; dans le corps de l'autel, une croix;

(I) Fouilles du puits, 1846 {loc. cil.). (!) Fouilles de 1S46 (loo. cil.). (3) Fouilles du théAtre en 1847 {toc. cil.). (4J Fouillea du théâtre en 1S4T [loc. cit.).

lyGoogle

ft75

de chaque côté, deui anges. (Inscription illisible.) (A-nn. 312-337.) {1).

11' Médaille en bronze.

CONSTANTINVS.AVG.

R/. Une bannière à laquelle sont adossées deux petites figures accroupies. Inscription : VIRTVS. EXERCIT. Sur la flamme de la bannière, deux croisettes et l'inscription VOTA. (Ann. 312-337.) (2).

12° Médaille en bronze.

Effigie. CONSTANTINVS.AVG.

R/. Une couronne entourant l'inscription VOTA, accostée de deux croix et d'un croissant. (Ann. 312-337.) (3).

C'est en 312, dit en note M. Deloche, que Cons- tantin remporta une victoire célèbre sur Maxence ; c'est à partir de cette époque qu'il accorda sa protection à la religion chrétienne et que paru- rent sur ses médailles le signe et le nom de la croix. C'est donc entre 312 et 337 qu'il faut pla- cer les trois médailles de Constantin trouvées à Tintignac. M. Deloche ajoute qu'il existe au « mu- sée de la Préfecture » une médaille de bronze sur laquelle on lit : au droit, CONSTANTINVS; et au revers, H0C.SIGN0.VINCES(4). Mais cette dernière légende lui parait tellement suspecte qu'il se borne à la mentionner en note.

(I) Fouilles du théJtre en 1847 {loc. cit.). {2) Fouilles du thé&tre eu tS47 {toc. cit.).

(3) Fouilles du Uiéatr6 en 1847 {loc. cit.).

(4) Fouilles du thé&tre en 1847 (Bonnélye).

lyGoogle

676

13' Médaille en bronze.

Tète laurée. Légende : CONSTANT IN VS.IVN. NOB.C.

R/. Une couronne entourant rinscription VOT. Légende : CAESARVM.NOSTRORVM. (Ann. 332-337.) (1). 14° Médaille en bronze.

Tête d'homme à longue chevelme, couronnée. Inscription : ANTONINVS. » (Fouilles de 1846). (2).

M. Deloche ne décrit que les quinze monnaies dont avait déjà fait mention Bonnélye (voir Arir- nuaire de 1851), et en formulant un doute au sujet de l'une d'elles, dont la légende lui semble suspecte. On en a trouvé bien davantage ! Le puits seul, nous l'avons déjà vu, en a fourni trente- deux (3), sans compter les monnaies dont parle ti'op succinctement Baluze : a ilUc inveniuntur » multa numismata Imperatorum Homano- » rum, ETiAM AUREA. » Que sont devenus ces

(1) PouilJea du théâtre eu IM7 [loc. cit.).

(2) Deloche, Géographie hist. de la Gaule, p. 534 à 527.

Je ne sais ce qu'était le musée de la Préfecture en 1861, lorsque H. Deloche a publia son livre; en tout cas, je demandai vainement à le visiter en 18G5! Je puis seulement affirmer qu'aujourd'hui il consiste en une vitrine plate, placée dans un coin du cabinet de H. le Préfet; elle contient quelques menus objets antiques et un certain nombre de monnaies ou médailles de différentes époques, ntais sans indications de provenance. M. Maurice Ardant a décrit trente-trois de ces monnaies en 1811 (Description des médailles et monnaies précieuses du musée de Tuile, imprimerie Chapaulaud frères, à Limoges); cette date est antérieure aux fouilles faites à Tintignac (commencées en 1842), et en effet aucune des monnaies décrites par M. Deloche ne iigure dans cet opuscule.

(3) Deux seulement de celles-ci [un UarcÂurèle et la monnaie à l'effigie de Lucilie) sont décrites par MH. Bonnélye et Deloche.

lyGoogle

petits monuments, plus pi-écJeux pour l'histoire de Tintignac que les sculptures et autres objets d'art plus ou moins authentiques !

Oui, on am'ait pu créer une fort intéressante collection en recueillant avec soin et en réunis- sant dans un même local tout le produit des fouilles de Tintignac ! Mais on ne l'a pas fait et il n'est plus temps.

Voici maintenant la nomenclature des monnaies trouvées par M. GuiUot; elles ont été soumises, sauf une, à M. Anatole de Barthélémy notre col- lègue, dont la parfaite obligeance ne me fait jamais défaut. Personne ne pourra donc contes- ter l'exactitude de la détermination de ces mon- naies.

Un moyen bronze d'Hadrien, très fruste.

2' Un magnifique aureiis; diamètre : 0°0182.

D/. Tête laurée d'A.ntonin-le-Pieux k droite; lé- gende : ANTONINVS.AVG.PIVS.P.P.TR.P.XXIII.

R/. La Piété debout à gauche, entre deux en- fants; elle tient un globe de la main droite et un enfant sur le gras gauche. Légende : PIETATI. AVG.COS.IIII. , (Frappé l'an 160.)

Le type du revers se rapporte à l'institution des puellas Faustinianas, à laquelle Antonin atta-

lyGooglc

cha le nom de Faustine, sa femme. Des jeunes filles, dont la fortune, ne répondait pas à la nais- sance, étaient élevées dans cet établissement, aux frais de l'État et sous la protection de l'Impé- ratrice (1).

3" Moyen bronze.

D/. Effigie de l'empereur Commode.

R/. MIRT . PACAT . P . M . TR . P . XIIX . IMRVUl . COSV.P.P. (Ann. 189.)

Petit bronze de Gallien.

Légende : DIANAE CONS.AVG. (Ann. 260-268.)

5' Autre petit bronze de Gallien, très fruste.

6" à 16° Onze petits bronzes plus ou moins frustes de Tétricus 1" {très petit module).

Têtes ceintes d'une couronne radiée.

17° Petit bronze (Tétricus fils).

Légende : PRINC.IVVENT(2).

18° Petit bronze saussé.

(1) Cette belle monnaie, dont le dessin a été exécuté par notre collègue U. Soulié, a été trouvée, avant les fouilles de 1S84, aux abords du théâtre. La détermination qu'on vient de lire est empruntée i une lettre de notre collègue, M. Léon Lacroix, à qui j'avais envoyé une bonne empreinte. Toutes les autres monnaies de M. Guillot ont été trouvées en faisant les fouilles et ont passé en nature sous les yeux de M. de Barthélémy.

(2) 11 ne faut pas être étonné si les monnaies de Tétricus sont & Tiutignac plus nombreuses que les autres. Ce personnage fut un des trente tyr&ns (en réalité il y en eut une vingtaine) qui se taillèrent des souverainetés sous le règne du faible Gallien et de Claude, son successeur (360-268, et !6^270); or, Tétricus eut les Gaules! Il trahit ses soldats et se livra, en 273, à l'empereur Au lien.

ibyGoogle

679 - D/. Buste de Grispus lauré, à droite; légende :

catispvs...

R/. Légende : C^SARVM NOSTRORVM; dans VO le champ, TIS V

(Année probable : 391, d'après l'expression, dans le champ de la pièce, des vœux quinquennaux (1).

Après lés quatorze monnaies décrites par M. De- loche et les dix-huit de M. Guillot, il est bon d'in- diquer ;

Un moyen bronze d'Hadrien (117-138).

D/. Tôte laurée d'Hadrien, à droite. (Légende presque entièrement effacée.)

R/. Le Nil, représenté sous la forme d'un fleuve assis. (Ma collection.)

Un denier en argent.

D/. Buste d'Antonin à gauche; légende : DIVVS ANTONINVS.

R/. Un aigle sur un autel; légende : CONSE- CRATIO.

(Ann. 138-161.)

(I) Grispus, flls de Constantin I" et de Hinervine, créé César en 317 et gouverneur des Gaules avant son frère Gonatantin-le- Jcune, fut mis à mort en 326 par les ordres de son père; il eut la tet'e tranchée & Pola, en Istrie. L'irapâratrice Fausta, secoade femme do Constantin, l'avait faussement accusa du crime dont Phèdre accusait Hippolyte. Constantin, désabusé plus tard par sa mère, ordonna la mort de Fausta, qu'on étouffa dans un bain chaud.

/V.-B.— Les empereurs romains donnaient i leurs fils, mères, etc., le privilège d'effigie monétaire pour les faire participer à la sain- teté religieuse de la dignité impériale.

Digilizcdby Google

(Collection de M. Borie, phai'macieti k Tulle) (1).

Nous pouvons donc signaler comme trouvés à Tintignac : un César; une monnaie de la Colonie de Nimes (Auguste et Agrippa); trois Hadrien; trois ou quatre Antonin (dont un en or); un Marc-Aurèle; une Lucille(2); un Commode; un Alexandre-Sévère; deux Gallien; douze Tétricus père; un Tétricus fils; un Carin; trois Constan- tin !"■; un Crispus; un Constantin II. Les nu- mismates ne trouveront sans doute dans cette nomenclature aucun de ces types rares si appré- ciés par eux; c'est au point de vue des recher- ches historiques que ces monnaies offrent de l'in- térêt. Ainsi, rien jusqu'à présent ne vient infirmer l'hypothèse émise par M. Deloehe au sujet de la date probable de la destruction de Tintignac; on n'a pas signalé de monnaies postérieures à Cons- tantin II.

OBJETS d'art; débris divers

Décrivons tout d'abord les trois têtes publiées en gravures par Baluze et Montfaucon, et plus tard en lithographies par Tripon, d'après les des- sins de Beauraesnil (3).

Bas-relief en albâtre, haut de 0"95, appliqué sur une plaque de marbre noir ayant 0"'29 sur

(1) Une monnaie exactement semblable est décrite (voy. suprà) par MM. Bonnélye et Deloohe; c'est peut-être celle-ci que j'ai vue chez M, Borie.

(2) Épouse de Lucius ^tiua Verus, qui régna avec Marc-Âurèle de ran 161 à 169.

(3) Ces lëtcs ont figuré à t'Eiposition de Tulle, en 1880.

lyGoogle

0"29. C'est un buste iKibillé, d'une toute jeune femme tournée de profil et regardant à droite; la prunelle a été creusée.

M. Deloche dit que des objets recueillis à Tin- tignac, ce buste est celui qui annonce l'époque la plus ancienne; « il a subi des altérations, » ajoute-t-il, car on remarque que le bout du » nez a été restauré et qu'on y a ajouté un mor- B ceau de marbre, tandis que le buste est en B albâtre; on l'a (peut-être à la même époque) » appliqué sur une trancbe de marbre noir qui » lui sert de fond; et cette circonstance, jointe » il la grossièreté de la restauration, indique bien » que ce dernier travail eut lieu aux temps du » bas-empire. »

lyGoogle

N'oublions pas que M. Deloche écrivait en 1861; lorsque à mon tour j'ai vu ce buste, le nez était mutilé, tel que nous le figurons ici, et nous avons tenu à donner une reproduction fidèle. Quant à la plaque de marbre servant de fond, elle pourrait bien être moderne! Elle ne présente point l'aspect terne des marbres qui ont long- temps séjourné dans le sol, et au surplus, il n'a pas été trouvé un seul morceau de viarhre noir parmi les nombreux débris recueillis par M. Guillot ou gisant encore sur place. Il est bon d'ajouter que le graveur de Baluze n'a pas figuré cette tranche de marbre; on la trouve au contraire, sur la lithographie de ïripon, entourée d'un biseau qui n'existe pas.

On pourra m'objecter, il est vrai, que le très faible relief de cette sculpture ne permet pas de supposer qu'on ait pu l'utiliser comme décoration sans la fixer sur un fonds quelconque, et que, d'autre part, sans le secours de ce fonds, elle n'aurait pas été retrouvée entière. Mais j'ai re- marqué précisément une fracture au col, et c'est probablement pour consolider après coup ce bas- relief qu'on l'aura fixé sur une tranche de mai- bre noir. Ce marbre, répétons-le, est trop brillant pour avoir subi un long séjour dans le sol.

Les uns ont conjecturé que ce buste était celui de Sabine, femme d'Adrien et petite-nièce de Tra- jan, d'après une ressemblance entre la figure de cette impératrice gravée dans une ancienne col-

lyGoogle

lection d'effigies et le bas-relief dont il- s'agit (1); d'autres ont voulu y voir le portrait de Lucille, femme de Lucius ^lius Verus (2). M. Deloche com- bat ces hypothèses; à l'égard des ressemblances, il s'est assuré qu'il n'en existait ici ni avec Sabine, ni avec Lucille, et d'ailleurs, ajoute-t:iI, la coiffure de ces deux princesses n'était pas celle que re- préséhte le bas-relief. « Cette dernière coiffure, » qui fut principalement en usage sous le règne » de Marc-Aurèle, est, à peu de chose près, celle » que portait Faustine- la -Jeune, femme de cet » empereur, fille d'Antonin-le-Pieux(3).

» De plus, le profil droit, le col allongé et » même l'ajustement des draperies rappellent les » effigies de cette impératrice. J'ajoute que Faus- j> tine-la-Jeune est un des personnages dont les B médailles se rencontrent très fréquemment et » même à profusion dans le Limousin. On peut » donc, avec assez de vraisemblance, voir une » reproduction de ses traits dans le bas-relief qui » nous occupe (4). »

A quoi bon toutes ces conjectures qui ne pré-

(1) Reynaud, notice insérée dans VAlmsn»ch kittorique du Bas- Limousin pour l'année 1771.

(2) M. Bonnélye, Essai sur l'Histoire de Tulle, p. 36. Avant Bonnclye, Tripon d'après Beaumesiiil (ancienne province du Li- mousiji, 1837, 3" partie, p. 3b).

(3) M. Deioche cite en note l'Iconographie romaine, de Hongez; on trouve également dans Montraucon les portraits de Sabine, de Lucille et de Faustine {loc. cil., 3- volume, pL XVJI et XVIII). Seulement cette dernière est de f-.ice, et un pan do son manteau encadre son visage.

(4) Dcloclie, (oc. cit., p. 518-520.

lyGoogle

sentent, au surplus, qu'un intérêt secondaire! Pourquoi le sculpteur se serait-il attaché à faire le portrait d'une impératrice plutôt que tout autre? Sommes-nous en présence d'un produit de l'art ancien? si oui, c'est l'essentiel, mais je dois dire que de savants archéologues n'en sont pas convaincus.

L'e;pression de la tète est juvénile; le profil gracieux encore, malgré la mutilation qui le dé- pare aujourd'hui. Le front est droit, le menton bien modelé, la bouche fine. La partie supérieure de l'oreille est cachée par une tresse de cheveux qui part du sommet du front pour aller rejoindre une sorte de chignon disposé sur le derrière de la tète; cette coiffure laisse à nu un cou un peu long mais non sans grâce. Ce qu'on voit du cos- tume consiste en un manteau dont un pli est rejelé sur l'épaule, par dessus une tunique ou robe dont le haut de la manche pUssée est serré par un cordon plat, muni vers le milieu d'un bouton.

La coiffure, et surtout le costume de cette jeune femme, sont infidèlement figurés dans Baluze; c'est d'autant plus regrettable que Montfaucon (qui n'a jamais vu les originaux) reproduit les gra- vures de Baluze à l'appui d'un texte il est traité des habits des Gaulois (1). Les lithographies de Tripon ne sont pas plus exactes.

Ce bas-relief est chez M™ veuve Boudrie, à Tulle.

(1) Antiquité expliquée, vol. III, 1" partie, chapitre x planche hl.

lyGoogle

2" Tète d'homme traitée en ronde-bosse et vue de face. La bouche, entr'ou verte, laisse entrevoir les dents de la mâchoire supérieure; couronne de feuillage au sommet de la tête; visage encadré par une chevelure abondante et une barbe frisée.

Cette tête est en pierre oolithique(!); elle a 0"''ii de hauteur. Son exécution, dit M. Deloche,

(1) L'oolithe des environs de Ncspouls ou de Nazareth; fa môme dont on s'est servi au moyen-âge pour édifier le splendido tom- beau de saint Etienne, à Obazine,

T. VIL i-7

lyGoogle

686

est inférieure à celle de la tète de femme déjà décrite et parait remonter à une époque moins ancienne.

« L'expression contemplative et religieuse, la » barbe, les cheveux abondants, et la couronne » très élevée sur le derrière de la tête et placée » d'une manière qui n'est pas ordinaire, semble- » raient annoncer une divinité; et pourtant on » n'y reconnaît le caractère distinctif ni de Ju- » piter{l), ni de Mars, ni de Neptune, ni de » Mercure, ni de Faune (2). »

Les uns (Reynaud, loc. cit.) ont voulu y voir un Antonin-le-Pieux; d'autres (Tripon et Bonnélye) un Adrien. Ces deux attributions sont inadmis- sibles, dit M. Deloche; il n'y a aucune ressem- blanfe entre les traits d'Adrien ou d'Antonin et la figure trouvée à Tintignac qui ne peut être contemporaine du buste de la jeune femme, du moment il date d'une moins bonne époque.

» Il est plus vraisemblable que l'artiste n'a » voulu reproduire les traits d'aucun personnage » historique, et que cette pièce était simplement B destinée à la décoration. On remarque en effet, B au sommet de la tête, un trou de O"!! de pro- » fondeur et de 0"i5 environ de diamètre{3). "Tout » porte à croire que cette ouverture a existé dès

(I) Un Italien paraissant connaisseur, ayant vu celle tâte ches M. Gasperi pendant qu'on la moulait, no cloutait pas que ce no fût une image de Jupiter.

(ï) Deloche, ioc. cit., p. 520.

(3) Cette dernière mesure n'a pas été bien prise; ce trou n'a que 0-035 à l'orifice.

lyGoogle

» le principe et qu'elle rentrait, par la compo- » sition et le travail de l'œuvre, dans les des- » seins de l'artiste. Or elle ne pouvait servir qu'à s deux objets : ou bien à soutenir une inscrip- » tion, un emblème, une corbeille ou quelque » autre ornement, ou bien à permettre de fixer » cette tête aux parois extérieures ou intérieures » d'un monument, et probablement d'un édifice » consacré au culte religieux (1). »

Les gravures de Baïuze et de Tripon ne sont pas fidèles. Le dessinateur de Baluze n'a point saisi la ressemblance; en outre, il a cru devoir ajouter aux yeux les prunelles qui manquent, et la couronne de feuilles n'est pas exactement posée. Tripon, lui (ou plutôt Beaumesnil), n'a pas copié les prunelles de la tète donnée par Baluze, mais, de son autorité privée, il a ajouté à cette tète un cou et un commencement d'épaules !

M. Borie a dessiné le moulage accroché à un panneau; la tète est donc vue en retrait de haut en bas, et cette disposition laisse apercevoir le trou pratiqué au sommet.

Cet intéressant objet d'art appartient à M. de Fénis de Laprade, domicilié à Brive depuis quel- ques années.

3' Tôle d'homme couronnée regardant à gauche. Profil en bas-relief se rapprochant d'un trois- quarts; barbe en pointe; couronne de laurier à triple rang offrant encore des traces de dorure;

(1) Deloche, loc. cil,, p. bil.

ibyGoogle

cette tête est posée sur le haut du buste, muni d'une bordure de vêtement également dorée.

Ce sujet, en marbre blanc. {et non en albâtre comme l'a cru M. Delocbe), a 0*"36 de hauteur. Il est d'une trè^ mauvaise exécution ; l'oreille est placée de travers, les yeux mal dessinés (1), le nez gros> le cou court et mal tourné. Au sur- plus, le dessin de M. Borie, calqué sur une pho- tographie, fait bien ressortir les imperfections de cette œuvre. Le graveur de Baluze, au contraire, a pris sur lui de les rectifier; comme dans le

(1) Pour photographier cette tête, il a fallu la tourner de proRl; notre ilessiti ne peut donc montrer les deui yeux.

lyGoogle

bas-relief de la jeune femme, ce qui parait- du vêtement n'est pas exactement figuré et la cou- ronne n'a qu'un double rang de feuilles. La plan- che de Tripon représente ce personnage appliqué « sur un marbre noir carré, entouré d'un biseau qui a pu servir à son encadrement b (1), et Beaumesnil y voyait un portrait de Lucius Aurelius Veriis, le mari de Lucille, dont [tov^ jours d'après Beaumesnil) le buste de la jeune femme (v. supra) est l'image. Tout en constatant une certaine ressemblance entre une médaille de cet empereur et le bas-relief trouvé à Tintignae, M. Deloche dit que sa mauvaise exécution ne permet pas de l'attribuer au haut-empire. Il pré- sume que l'on a voulu reproduire les traits d'un de ces nombreux empereurs qui furent acclamés en Gaule au temps de la décadence (2). Cette sculpture est chez M°" veuve Boudrye, à Tulle. M. Deloche a été mal renseigné puisqu'il dit en note : « Les trois objets d'art que nous » venons de décrire ont passé successivement du » cabinet de M. Fénis de la Feuillade, ils » étaient en 1772, dans les mains de M. Bou- » drye, puis de M. Joseph Boudrye fils, décédé » à Tulle, et enfin, grâce à la libéralité de » M" veuve Boudrye, sa mère, ils ont été remis » au musée de la Préfecture ils sont aujour- » d'hui déposés. »

(1) Loc. cit., p. 34. Il vaut mieux ne pas figurer. dos objets, i l'on doit en donner des dessins Inexacts.

(2) Loc. cit.. p. 5Î2.

lyGoogle

La tête en ronde-bosse, je le répète, appar- tient à M. de Fônis de Laprade; les deux autres sont chez M"* veuve Boudrye, preuve qu'elle n'en a pas fait abandon au « musée de la Préfec- ture (1). » Le seul objet provenant de Tïntignac existant à la Préfecture consiste en une main en calcaire oolitbique, de dimensions au-dessus de l'ordinaire; elle est dans le bureau de M. l'ar- chiviste, et ne présente aucun intérêt.

Il y a peut-être lieu de revenir sur les appré- ciations des auteurs que j'ai cités en parlant des trois têtes (2); aucun d'eux, on l'a vu, n'a songé à douter un seul instant de leur antiquité, et.... le moyen de contrôler leurs assertions, faute de dessins fidèles! Mais M. de Lasteyrie, qui a va les moulages et les photographies, ne croit pas qu'on puisse attribuer ces sculptures à l'art an- tique, surtout la tète de femme et la tête d'homme en marbre, a œuvre d'un mauvais ouvrier du s XVII* siècle, » m'a-t-il dit! Il est moins affir- matif au sujet de la tète en ronde-bosse. M. de Barthélémy, à qui j'ai envoyé les gravures, m'écrit ce qui suit : « Je vous avoue que les trois têtes » dont vous m'envoyez le dessin ne me parais- » sent pas antiques. Je les attribuerais plutôt à

(1) Et, tout en remerciant M" Boudrye de son obligeance, je crois bien que sans l'intervention de M. Guillot, il ne nous aurait probablement pas été possible de voir et de photographier ces sculptures.

(2) J'ai tenu à citer un peu longuement pour mettre le lecteur en meaure d'apprécier & son tour.

lyGoogle

» l'époque de la Renaissance; cela provient-il » vraiment de Tintignac?(l). »

Dame! Baluze l'a dit! Mais après tout, ne peut- il avoir été trompé? 11 n'entre au surplus, je l'ai déjà fait remarquer, dans aucun détail au sujet de la trouvaille de ces objets.

Mentionnons à présent pour mémoire les urnes en verre et le singulier récipient construit en bri- ques publiés en premier lieu par Baluze; M. Rupin les a dessinés tels que les figure cet auteur. Mont- faucon a reproduit ces vases (2) en faisant quel-

Uma vitrea Urna vitrea c

eleganttssima. duorum djgitot

ques réserves au sujet de celui que Beaumesnil

(1) Je dois ajouter, au sujet de la tête en ronde-bosse, que M. GuJIIol a trouva pas mal de dâbrîa en ooiilhe, comme elle.

(2) Anliquilé expliquée, t. Ht, 1" partie, planche LXXX, à la page 146, et même tome, 2— partie, planche CXXV, à la pa^e 207. Il se borne, pour ainsi dire, à indiquer les provenances.

lyGodgIe

a qualifié plus tard de a cinéraire de bâtisse (1). »

Urna lateritia craseitudinis quatuor pedum.

Je n'ai jamais vu, pour ma part, de vases romains fabriqués de la sorte. On a lu précédemment, en consultant le texte de M. E. Breton {loc. cit.), ce que cet archéologue pense du dessinateur de . Baluze; voici maintenant l'appréciation de Mont- faucon :

a L'urne suivante est d'une façon si singulière » que jje ne sai si on en a jamais vu de sem- y> blable; elle est bâtie proprement de briques » quarrées longues; elle a quatre pieds de lar- » geur et pourroit avoir servi pour des bains; B elle fut trouvée... etc. (2). »

Et pourtant, comme l'indique la légende de

(1) Tripin. loc. fil,, 3"' partie, p. 36. Nous n'avons pas jugé ik propos de reproduire ici, même pour mémoire, les trois autres vases que Tripon figure, d'âpre Beaumesnit, à cùté de ceun-ci.

(î) Loc. cit.. t. m, 2" partie, p. 207.

lyGoogle

Baluze, transcrite ici> cet auteur a bien voulu indiquer une urne en briques, « urna lateri- Ha. » En ajoutant : a cra&sittidinis quatuor pedum, » il veut évidemment donner le diamètre de la panse et non l'épaisseur des parois; il s'agit au contraire de cette épaisseur lorsqu'il écrit au-dessous du plus petit des pots en verre : a. cra&sititdinis duorwm digitorum. »

M. Bardon {Annuaire de i828j v. 1" partie) nous a appris qu'on ne savait ce qu'étaient de- venus ces trois vases, ainsi que les tuyaux de conduite d'eau a tubi lateritii. »

Il faut encore recourir à MM. Bonnélye et De- loche pour décrire d'autres objets, trouvés en 1849, 1846 et 1847, mais qui sont aujourd'hui... je ne sais ofi !

En voici la nomenclature : Une statuette en argent de cinq centimètres et demi de hauteur, représentant un guerrier armé d'une épée, d'un bouclier, la tête couverte d'un casque. « Cet objet » d'art, dit M. Deloche, est remarquable par le » style ; le personnage est solidement et fièrement » posé, et l'on peut croire que le travail est » d'une bonne époque. »

Cette statuette provient des fouilles de 1842.

2' Un fragment de statue en pierre calcaire représentant le bas du visage et deux portions de bras assez soigneusement modelés; les pierres d'un moulin à bras, un stylet en cuivre, le cimier d'un petit casque, des ferrements de diverses sor- tes, du cuivre fondu incrusté dans une brique de

lyGoogle

la toiture, et de nombreux débris de vases en po- terie, dont quelques-uns offrent des bas-reliefs (1).

3' Des cornes de cerfs, de daims, de chamois, des os de différents animaux, des débris de pein- tures murales, les débris d'une statue de femme, ceux d'un grand pilastre de deux pieds de dia- mètre, diverses lames de couteau, dont une longue de 28 centimètres (2).

Une tête de femme, un pied d'enfant, des grappes de raisin, des fragments de comicbe, le tout en pierre calcaire (très probablement de ï'oo- lithe){3).

5' Un magnifique pilastre en granit de i^-iO de longueur sur l'°00 de largeur, avec belles cise- lures; un petit glaive, un stylet, des fragments d'airain et de poterie de diverses couleurs (4).

La bague en or pâle, « du poids de 18 francs, » dont parle M. Bardon dans l'Annuaire de 1828 (v. suprà), et qui fut achetée par M. Milet- Mureau, alors préfet de la Corréze.

J'ai vu en 1865 chez M. Vidalin, au village de Tintignac, situé à une petite distance des ruines, divers tessons de vases et un fragment de mo- saïque en cubes de verre. Enfin l'on m'a donné un fragment de bracelet en bronze doré, deux portions de bois de cerf, un débris de sculpture

(1) Fouilles de 1842. Bonnélye, loc. cil.

(2) Fouillea des Boutiques eu 1846. BoDDélye, loc. cit.

(3) Fouilles de 1S46. Trouvailles faites au fond du puits. Bon- iiôlye, loc. cit.

(i) Fouilles du théâtre en 1847. Bonnélye, loc. cil.

lyGoogle

en oolithe représentait une grappe de raisin, le moyen bronze d'Adrien précédemment décrit et un fond de petit vase en terre rouge lustrée (olim ; terre de samos) on lit bien nette- ment le nom de CVNISSA.

Ce sigle figulin, fort rare en tout cas, était peut-être inédit avant la publication de mon petit mémoire sur les sépultures gallo-romai7ie8{i); il ne figure en effet ni sur les listes de Schuer- mans, savant belge qui a colligé plus de six mille noms de potiers romains, ni dans la no- menclature du musée de Saint-Germain-en-Laye.

En 1884, M. Guillot a recueilli : les monnaies précédemment décrites; des clous et autres débris de fer, dont une clef assez bien conservée; un fragment de vase en bronze doré et divers débris de bronze; une fibule en bronze, manque l'ardillon; des fragments de vases en verre et en terre cuite, dont une anse en verre bleu et des tessons en terre rouge lustrée; une tête d'épingle en Ivoire; le torse mutilé et fendu dans sa lon- gueur d'une statuette en calcaire oolithique, repré- sentée nue et assise (on voit encore le commen- cement de la cuisse) (3); une tête d'enfant (égale- ment en oolitbe), dont la joue droite e^t appuyée

(1) V. le Bulletin, t. III, p. 138. (3) Hauteur : 0-lS ceatim6tr«i.

lyGoogle

sur la main(l); un fût de colonne en granit de l^OO de hauteur et O^ôS de diamètre, portant la moulure de l'astragale du chapiteau; enfin, comme dans les anciennes fouilles, beaucoup de cendres et de ciiarbon, des briques et des tuiles à rebords en abondance, de minces plaquettes de porphyre et de serpentine, des débris de peintures miirales et de grandes quantités de marbres de différentes couleurs, plusieurs fragments avec moulures et ornements en bas-relief(2).

TROISIÈME PARTIE

LES SUBSTRUCTIONS DE TINTIGNAC ; DESTINATION PROBABLE DE CE GROUPE DE MONUMENTS

1' Position topographique.

Les ruines qui nous occupent sont situées vers la cote 483, sur un plateau granitique assez ma- melonné et que ne sillonne aucun cours d'eau (3). Les sources de la Céronne au Nord-Nord-Ouest;

(1) Ce fragment de statuette mesure D'OS sur 0"09.

(2) Les marbres blancs sont incontestablement dea marbres de Saint-Béat; les autres paraissent provenir également des Pyré- nées. J'ai recueilli dans la four de Vésone des fragments de marbres olTrant beaucoup d'analogie avec des échantillons trouvés à Tintignac.

(3) La cote du Pny-de-1'Éguille est de ^14 mètres ; en face du théâtre, la cote sur la route est de 487 mètres. On peut donc admettre que la cote 4S3, indiquée par M. Deloche, se rapporte au bas de l'hémicycle du théâtre, en contre-bas de la route d'en- viron 4 mètres. Les différences de niveau portées sur les coupes ci-jointes donnent l'altitude des Boutique».

lyGoogle

au Sud celles de la Solane et de ta Vigne (son affluent de gauche) se trouvent» il est vrai, à une faible distance, mais le volume d'eau qu'elles dé- bitent est peu de chose. 11 faut parcourir 4 kilo- mètres en suivant les chemins, ou 2 kilomètres 500 environ à vol d'oiseau pour arriver à la Cor- rèze qui coule vers l'Est, dans la profonde vallée des Angles. Au Nord-Est un de ses affluents de droite, la Vimbelle, est à une distance un peu moindre (1).

La châtaigneraie l'on voit les substructions dites les Botitiqîies figure au plan cadastral de la commune de Naves, section G, sous le n" 33!) et partie 340. Le Champ des arènes (tel est son nom sur le cadastre), qui comprend les subs- tructions du théâtre et celles que M. Giiillot a dé- couvertes en 1884, est entièrement compris dans la parcelle n" 340; l'ensemble des ruines couvre en somme, le plan l'indique, un espace assez restreint.

Les substructions.

11 serait bien inutile de revenir -sur 'des des- criptions déjà données par la relation annotée des fouilles de 1842, 1846 et 1847, si M. Guillot n'avait entrepris celles de 1884(2). Elles ont eu pour but

(I) Il "^sl bon de noter ici que la Corrèze, près de son confluent avec la Vimbelle et à 4 kilomètres environ de Tintignac, est tra- versée à gué par un chemin dé!<igné sous le nom de Voie ro- maine; il vient de la direction de TAuvergna et va vers Tintignac,

{1) U est juste de dire que M. Guillot a été secondé dans son travail par son ami M. Ferriërp, membre, lui aussi, de notre Société,

lyGoogle

de déterminer les plans généraux du théâtre et des constructions voisines; les murs rais à décou- vert sont indiqués {voir le plan d'ensemble) par de simples hachures, pour les distinguer de ceui qu'on a observés précédemment et qui sont en noir (1).

M. Guillot a donc exhumé, non-seulement le reste des substructions du théâtre, mais encore, dans l'axe de cet édifice, celles du corps de hâti-

J.f ao

RUINES J. TINTICNAC. J

C CoMtf ju.€. C^iCé ^ea ^oiUc^w ç.

1 i»'"^^

ment dont faisait partie le mur droit, tangent à la partie curviligne supérieure du théâtre (2) ; puis, dans l'axe de» Boutiques, d'autres fondations en

(I) Mais après avoir relevé le plan d'ensemble, il a bien fallu recouvrir ces fondations pour rendre à la culture le champ elles se trouvent.

(3) Voir, au sujet de ce mur, la relation extraite de l'Annuaire de 1851 (l- partie).

lyGoogle

fi ' I ' ' ' ' " '^ •^'ilSt"

NOTA. Pour éviter au lecteur la peine de recourir au plan par terre déjà donna en tête de ce mémoire, je crois devoir le rétablir ici, en ngàrd des coupes.

ly Google

700

contre-bas et dont on ne connaissait que deux petits murs droits parallèles (voir le plan)(l).

Tous les parements des murs qui se trouvent au-dessus du sol sont en pierre de taille de petit appareil, notamment les angles, pilastres et con- tre-forts du théâtre, les pieds-droits des baies des vomitoires.

1' Les Boutiques. Cet édifice est situé à 250 mètres environ du sommet du Piuj-de-l'ÉguUle, sur le versant Est-Nord-Est. Un plan spécial (1" partie) nous a déjà fait connaître ses dimen- sions et sa disposition. Les débris de marbres multicolores et de peintures murales attestent que les appartements étaient richement décorés. Les ruines des deux édicules carrées placées sur l'axe longitudinal du rectangle A B G D sont en- core très apparentes; mais le reste des substruc- tions est presque entièrement recouvert.

Un mur horizontal sépare ce corps-de-logis d'une grande cour bordée de bâtiments; dans cette cour était creusé le puits signalé par Ba- luze (2). Aux deux extrémités . de ce riiur de

(I) Ce sont ces deux murs que M. Bonnélye, et apr&s lui M, De- loche, ont pris pour les restes d'un balndaire. On voit que rien, dans le plan de M. Guillot, ne rappelle une construction pouvant avoir eu cette affectation. L'erreur commise est probablement due à la présence de caniveaux en pierre de laille destinés à recueillir les eaui pluviales qui, faute de chéneaux, auraient endommagé la base des murs. Ils devaient donc suivre le contour extérieur de ce corps de bâtiment.

(3) Un simple affaissement du sol indiqua aujourd'hui l'empla- cement de ce puits, qui s'écoulait probablement à ciel ouvert par la tranchée dont on a découvert des traces du côté sud en 1846; il devait être alimenté par la nappe d'eau qui donne naissance à la

lyGoogle

- 701

séparation, il a été trouvé à S^SO en contre-bas du sol des massifs en gros blocs de pierre de taille (grès et calcaire), qui avaient •2"'0Ù sur '2"'â0 et environ l^OÛ de hauteur en trois assises; ces blocs, dont les lits et joints sont très bien dressés, étaient posés h. sec, sans mortier, sauf sous l'assise inférieure; ils portent sur leurs lits supérieurs des trous destinés à recevoir l'instrument qui a servi à leur pose.

On avait reconnu, en 184-2, quelques tronrons d'un mur parallèle au rectangle A B G D (voir le plan partiel et le plan général), et séparé de lui par un intervalle de 3"'20; M. Guillot a dégagé ce mur sur presque toute la face méridionale, sur une partie de la face septentrionale, et l'on peut présumer qu'il s'agit d'une enceinte exté- rieure se développant sur trois faces de la tota- lité de l'édifice, dont la destination, nous dit M. Deloche{l), n'a pas encore été déterminée.

2" Corps de bâtiment en contre-bas, dans l'axe des Boutiques. Il a presque entièrement été découvert par M. Guillot. Sa longueur extra- muros est de 74 mètres, et il se compose d'une longue salle rectangulaire de 47 mètres, sur laquelle s'ouvrent un pavillon carré et deux absides. Cette salle est flanquée à ses deux extrémités par deux

Vigne, affluent do la Solane. Les premières sources bo trouvent dMis les prés contigus au champ de seigle est le théâtre, cl ces préa portaient autrefois le nom de La Font des Arènes. S'il y a eu un balnéaire, il devait être dans ces prés ou au bas do la terre dite des arènes.

lyGoogle

pavillons de 13 mètres sur 7 mètres à l'intérieur; l'on devait y accéder au moyen d'un large ves- tibule, ou salle d'attepte, qu'indiquent les deux lignes de murs découverts en 1846. Des cani- veaux en pierre de taille étaient disposés autour de cet édifice. MM. Bonnélye et Deloche parlent d'un conduit en briques par lequel les eaux s'écoulaient; on ne pouvait guère invoquer la seule présence de ce conduit pour conclure à la trouvaille d'un établissement de bains! Les tuyaux en briques servaient probablement à dégorger les caniveaux.

Le sol de ce corps de bâtiment était dallé en béton ou ciment.

Le Théâtre. Cet édifice est certainement le plus intéressant du groupe, et jusqu'à présent on n'en connaît pas d'autre de ce genre dans notre région. Le monument, orienté vers l'Est, était assis sur un sol incliné; comme dans d'autres théâtres (celui d'Orange en particulier), on avait profité de cette disposition naturelle du terrain pour sou- tenir les gradins et économiser des frais de cons- truction (1).

(1) L'ensemble d'un thé&tre antique prâsentait d'un cdtâ ïa. forme semi-circulaire el de l'autre celle d'un carré long. Les spectateurs s'asseyaient principalement sur les gradins de l'hémicycle cauea

partagé on doui ou trois divisions principales, indiquées par des séparaticDS nommées précincUons et parallËles aux rangs de sièges. Ces divisions étaient désignées sous le nom de cavea prima, cavea média, cavca tillima ou niajcinia, suivant qu'elles se trouvaient plus ou moins rapprochées de Vorchesire. La partie ainsi dénommée formait une de mi -circonférence exacte au bas des

caticas; elle contenait, dans les thé&tres romains, des sièges

lyGoogle

L'ane total du théâtre, depuis le mur droit tan- gent à la cavea maxima jusqu'au mur ex- térieur de ia scène, a 67"50 de longueur; la ligne droite, ou corde de l'arc formé par les trois pré- cinctions qu'on remarque sur le plan, mesure 85 mètres extra-muros.

Cette ligne est le mur de soutènement du pul- pitum ou proscenii pulpitum, sorte de plate- forme avançant sur l'orchestre et qui formait le devant de la scène (1). A droite et à gauche sont les coulisses. Puis vient la ?,cène (2). En arrière est le post-scenium, lieu les acteurs s'ha- billaient et l'on préparait tout ce qui était nécessaire aux représentations. M. Deloche estime que ce théâtre pouvait contepir environ 1,500 spectateurs.

deatinéa aux personnes de distinction, mais chez las Grecs elle était réservée aux chœurs. L'orchestre était établi sur un terrain plat; on installait au contraire les gradins des cawat sur la pente d'un coteau lorsque la disposition du terrain le permettait, surtout lorsqu'on adoptait le inodâlo dos thé&tres grecs. On accé- dait aux gradins au moyen d'escaliers se dirigeant de la circon- férence vers le centre, et partageant la caoea en divisions cunéi- formes ou cunei. 11 y avait aussi des corridors voûtés pratiqués BOUS les gradins et permettant de se rendre auit sidges sans être obligé de monter de i'orchestre ou de descendre de la cavée supé- rieure. Les ouvertures correspondant & ces corridors s'appelaient oomiloria.

Les théâtres de ta Gaule ont été élevés, à ce que l'on croil, sons les régnes d'Hadrien et des Antonins.

(1) Ce serait,' chez nous, l'espace compris entre le rideau et la

(î) La scène proprement dite correspondait à notre toile de fond, avec cette différence que c'était une construction solide. Sa lar- geur était double de celle de l'orchestre et elle présentait trois portes; celle du milieu s'appelait la porte royale.

BïGpogk-

704

Avait-il une toiture? Les théâtres romains n'en possédaient point; les théâtre grecs quelquefois, mais rarement. Il est fort probable que le nôtre se trouvait dans les conditions ordinaires (1).

Il reste aujourd'hui peu de vestiges apparents du théâtre de Tintignacl Se trouvait-il en meilleur état lorsque Baluze était jeune? Si oui, regrettons qu'on n'ait pas su mieux le conserver ! (2)..

4' Corps de bâtiment en contre-haut du Théâtre. Hémicycle formé par le mur droit tangent à la cavea maxima, deux pavillons presque carrés situés aux deux extrémités de ce mur et une galerie semi-circulaire avec dix niches, elles-mêmes en demi-cercle, disposées de chaque côté d'un pavillon carré, construit au centre, et s'ouvrant sur la galerie.

La face intérieure des murs de la galerie et des niches était revêtue de marbres appliqués sur une couche de ciment, marbres dont M. Guillot a trouvé les débris; la salle rectangulaire cen- trale (9 mètres sur 7 mètres) avait la môme dé- coration, mais le marbre en était plus riche.

(1) Les ihéàtres antiques étaient le plus souvent couverts au moyen de tentures en toilo, comme nos cirques forains.

(!) Nous aurions voulu pouvoir donner un dessin de ce qu'on voit encore au-dessus du soi; mais ces ruines sont trop informes. Les substructions seules prouvent qu'il y a eu un théâtre. Dans la gravure de Baluze et qui représenta un amphithéâtre, comme on le sait, l'édiHce est entièrement construit sur un terrain hohi- zii.tTAL; les gradins se trouvent par conséqucut adossés à des mure extérieurs. Si Baluze n'a vu les ruines de Tintigna: que dans sa jeunesse, son dessinateur no les a pas vues du tout. Et Montfaucon reproduit cet amphitliéàtre imaginaire entre ceux de Niraes cl d'Autun!

lyGoogle

Le sol de cette salle est dallé en marbre appli- qué sur une couche de ciment; celui de la par- tie droite de la galerie faisant face à cette salie était aussi dallé en marbre. Le surplus de la galerie et les niches étaient dallés en béton.

L'inspection du plan d'ensemble permet de juger des dimensions de ce singulier édifice.

Doit-on voir dans ce groupe de monuments les restes d'une antique cité? je ne le pense pas; à mon humble avis {qui est aussi celui de MM. Guillot et Ferriére), Tintignac a été, comme Sansay, un lieu d'assemblées et non une ville. Mais cette question sera examinée en dernier lieu; il convient, auparavant, de dire quelle a pu être l'affeclation probable des Boutiques et des deux autres édifices dont M. Guillot a re- trouvé les fondations. Me trouvant très embar- rassé (et d'autres, plus forts que moi, l'ont été également), j'ai encore eu recours à l'inépuisable obligeance "de M. A. de Barthélémy, en lui en- voyant plans et coupes; M. de Barthélémy en a référé à un de ses collègues, et voici copie de la note qu'il a bien voulu m'adresser :

« Extrait d'une lettre de M. Guillaume, ar- B ehitecte du GouverTiement et membre de la » Société des Antiquaires de France.

j> Les fouilles n'ont donc fourni aucun frag- » ment d'architecture ou de sculpture?

» Prenant les choses comme elles nous sont » données, je ne puis voir deux théâtres. Il

lyGoogle

» en existe juxtaposés latéralement; mais dans le » sens de l'axe, je n'en connais pas. La seule » hypothèse admissible pour moi serait que la j> partie supérieure, avec ses douze niches (1) et B un petit temple central, aurait pu' être une » sorte de Panthéon des douze dieux plus une » divinité principale, et que ce Panthéon aurait » été relié au théâtre par un escalier droit, ceo' » tral, qui aurait disparu (2). Une disposition ana- » logue existait à Rome au théâtre de Pompéej » un escalier droit s'élevait, suivant l'axe, jus- B qu'au petit temple dédié à Vénus, je croiS; » situé au sommet de la eavea.

» L'édifice situé au nord du Panthéon semble » présenter la disposition de deux basiliques ou n tribunaux, avec un large portique à exèdres B qui les relie, et peut-être un sanctuaire au » milieu; il y a quelque chose qui me rap- » pelle la disposition des basiliques de Palestrine » (antique Prfeneste).

B Le 4"" édifice est appelé Les Boutiques, » pourquoi? a-t-on trouvé des objets qui justi- B fient cette dénomination? La disposition géné- » raie des fondations du portique en avant n'a B rien qui s'oppose à l'idée d'une agora{S). Cette

(1) Dix niches en hémicycle et deui en carré, ces dernières à droite et k gauche de l'édicule centrale.

(2) Je prie le Icclcur de se reporter à ce fait que les inarbrea employas à la décoration de l'édicule centrale étaient plus riches que ceux dont on avait revêtu les niches j cette circonstance est toute en faveur de la conjecture qui en fait un sanctuaire,

(3) Agora. Nom donné à ta place publique dans les villes de 3 Grèce. L'agora était, pour les Grecs, ce que te forum

lyGoogle

» sorte de mur, d'échiffre en équerre, à gauche, » serait-il la trace d'un escalier? c'est possible, » soit pour monter à des portiques supérieurs, » soit pour descendre dans les caves.

» Enfin, est-ce une sorte de caravansérail? » c'est possible aussi. Les deux édicules carrées, » qui. semblent être dans une cour au fond, rap- » pellent celles du temple d'Isis à Pompéï{1).

B L'idée de caravansérail conviendrait assez à » un groupe de monuments destinés, comme ceux j> de Sanxay, à des réunions de frairies, de fêtes, » surtout si rien, dans les environs, n'indique » l'existence d'une ville antique (2). b

Tel est bien le casi

Et, en effet, qu'est-ce qui peut servir à prou- ver l'existence d'une ville antique sur le plateau de Tintignac? l'établissement préalable d'un camp (celui des deux légions installées par César chez les Lémovices) auquel aurait succédé une cité?

était pour les Romains. En général, l'agora était de forme carrée ou quadrangulaire. Autour de la place régnaient des portiques à un ou deui rangs de colonnes, couronnés par des terrasses; s'ils étaient ornés de peintures, on les nommait Paicile». L'agora ser- vait aux assemblées du peuple (mais seulement des hommes libres) ; à Élis, suivant Pausanios, on y donnait des courses de chevaux; ailleurs, on y vendail des denrées. Dans l'enceinte s'élevaient bou. vent des temples, des autels, des statues. [Dicl. général de H. Th. Bachelet, Paris, 1S62, et Dict. général de l'Archéologie, par Er- nest Bosc, Paris, 1881.)

(1) A Pompéi, le temple d'Isis est situé derrière les gradins du grand thé&tre. (Pompéfa décrite et dessinée, par Ernest Breton. 1855, p. 41-42.)

(2) Un puits a mieux sa place dans la cour d'une vaste batellerie qu'au centre d'une agora, et j'opinerais volontiers pour la seconde conjecture de M. Guillaume.

ibyGoogle

708

Cette hypothèse, émise tout d'abord en 1810 par M. Uuioux, est soutenue avec un (aient incon- testable par M. Deloche, mais aucun fait matériel ne vient la justifier, M. Deloche lui-même en convient (1). Voudra-t-on évoquer le système de M. Raynaud de Nîmes, uniquement basé sur les noms que portent certains villages groupés au- tour de Tintignac? J'ai déjà dit ce qu'il convient aujourd'hui d'en penser (2). A-t-on trouvé un cime- tière, un de ces champs d'urnes comme on en

(l) Géoijr. hial. de la Gaule {loc. cit.). p, 533-3Î4. « ...On voit

> qu'il n'est fait, dans notre description, aucune mention de traces

> de fortifîcalians. fosscis, murs ou parapets indiquant le périmètre

du camp qui servit, dans le principe, de quartier d'hiver à deui I des légions de César; c'est qu'il n'en a point été encore observé.

> Hais, à cet égard, il faut remarquer qu'il n'a pas été opéré de ' fouilles dirigées, comme il le faudrait, autour du Puy-de-l'Ai-

guille, par traiichdea perpendiculaires à la base de cette colline,

qui représente le point culminant de la position; ces tranchées » amfeneraienl peul-Ctre à constater l'enislence d'anciens retron-

chcmeuts. D'autre part, il convient de rappeler qu'autour du

Puy-de-l'Aignille le sol a été très remué et parait avoir été cou-

vert, dans des Ages postérieurs à l'époque césarienne, de coub- B tructions qui ont faire disparaître les vestiges du campement

> primitif.

Ou sont donc, jusqu'à présent, les preuves iiatÉrieli,es de l'éta- blissement d'un camp sur ce plateau? On ne peut raisonnablement objecter la trouvaille d'une monnaie de César; les pièces à son efBgie ont circulé longtemps après sa mort (comme circulent en- core de nos jours, par exemple, les pièces de cinq francs de Napoléon I-).

(!) Voir la première partie de ce travail. Les villages en ques- tion les plus éloignés de nos ruines sont :_Soleilliavoup, k onze on douze cents mètres au Nord vol d'oiseau); Céron, près des sources de la Céronnn, à deui kilomètres environ au Nord-Ouest (toujours à vol d'oiseau); Temporieux, à quatre bons kilomètres au Sud. Entre le temple du Soleil et celui du Temps, la ville an- tique aurait eu un diamètre de cinq ou six kiiloTnètrcs ! qnelle belle ville!! Et aucun auteur ancien n'en aurait fait mention?

lyGoogle

a tant fouillés sur bien des points de notre terri- toire? pas le moins du monde jusqu'à présent, et conçoit-on une ville sans nécropole? (1). Peut- on invoquer la présence des restes d'aqueduc? mais on sait quelle consommation d'eau faisaient les anciens, et le puits ne devait pas suffire, non plus que la Font des Arènes, aux besoins de la foule, lorsqu'il y avait agglomération en ce lieu. Les voies antiques dont on a relevé la direc- tion? mais leur présence est aussi bien en faveur de mes conjectures que de celles de mes devan- ciers; comment, en effet, se rendre sans rotUes à un lieu d'assemblées? Et le théâtre, me dira- t-on? mais à Sanxay aussi, il y a un théâtre, un théâtre qui pouvait contenir 8,000 spectateurs, et les ruines de Sanxay ne sont pas celles d'une ville.

Si je mets en doute la croyance des auteurs qui ont accepté et soutenu la version de Baluze, ce n'est point par esprit de contradiction; j'avoue même qu'il m'en coûte un peu de renoncer à voir au centre de notre Bas-Limousin les restes d'une ville antique, et l'on me trouvera tout dis- posé à faire amende honorable si de nouvelles découvertes sont en faveur de la première idée. Mais, puisque je reviens encore à l'auteur de l'Histoire de Tulle, on voudra bien se souvenir

(I) Le champ des terres grasses, au-delà de Seilhac, ont 4U trouvées quelques urnea cioéraires (voir Bulletin, t. III, p. 140), est trop éloigné de Tintignac pour qu'on puisse y voir son cime- tière.

lyGoogle

710

qu'il témoigne un certain étonnement de ne trou- ver nulle part le nom de cette cité!(l). Et en effet, rien n'affirme qu'elle ait existé. On peut dire, si l'on veut, qu'un personnage d'importance, un fonctionnaire peut-être, a fait construire une maison de campagne, une villa, sur le terrain se tenaient, du temps de l'indépendance, les assemblées politiques des Lémovices, et a donné son nom à ce lieu{2). La conquête achevée, ces assemblées perdirent leur caractère primitif; elles se transformèrent en réunions joyeuses. Lorsqu'un peuple s'est résigné à la servitude, certains de ses usages persistent quant à la forme; mais le nouvel état de choses en dénature bien vite l'es- prit! Si les Romains se sont rendus maîtres des Gaules grâce aux divisions intestines, c'est en sachant modifier la rudesse primitive des mœurs gauloises qu'ils ont assuré leur conquête 1

Il fallait, en effet, enlever leur caractère me- naçant à ces assemblées en honneur chez nos pères I (3). On les transforma en fratries, en fêtes

(1) El lamen nulla oppidi iUius mentio exlsl in anliquis geo' graphis sut scriptoribus hUtoriarum...

(2) Noua avons déjà vu, par l'analyse du travail de U. Deloche (voir 1" partie], que d'après cet auteur Tintignac pourrait devoir son nom & uo personnage nomma Quintinua, sur les fonctions duquel on est râduit à de pures conjectures. N'oublions paa que l'édifice dit les Boutiques a été érigé sur les /ondations d'une construction plus ancienne.

(3) L'usage des assemblées était très répandu cbez les Gaulois; l'on sait que la réunion annuelle des délégués de toutes les tribus de la Gaule avait lieu dans le paya des Carnutes. [Hiêt. nationale des Gaufois sous Vercingétorix, par E. Base at L. Bonnemère, 1882, p. 47.)

lyGoogle

votives; on amusa les vaincus et ils s'étourdirent sur leur nouvelle condition. Tintignae, placé pres- que au centre du Bas-Limousin, a bien pu être le lieu des assemblées des Lémovices, comme Sanxay a été celui des assemblées des Pictons(l); et si Sanxay avait été connu lorsque M. Deloche a écrit sur Tintignac, notre savant compatriote au- rait probablement soutenu une thèse différente de celle qu'il a défendue (2).

Nous avons à Sanxay : un théâtre, un temple, des hôtelleries, un balnéaire (3) ; à Tintignac : un théâtre, un temple, une basilique et probablement un grand corps-de-logis destiné à recevoir des hôtes. Le théâtre, pour amuser la foule; le tem- ple, pour les cérémonies religieuses dont ne se passaient pas volontiers les hommes de ce temps- là; la basilique, pour le règlement des affaires d'intérêt privé (4); la villa, transformée en cara- vansérail, pour le logement des hôtes de distinc- tion; on trouvera peut-être un jour le balnéaire. La multitude campait sans doute sous des tentes ou sous des abris provisoires.

(1) Les Pardon» de la fiasse-Bretagne peuvent encore nous donner une idée de ce que devaient être ces réunions.

(2) C'est d'après l'auloritë de M. (Juicher&t, notamment, que le Père de la Croix a émis sa théorie sur la véritable destination des monuments de Sanxay. J'aurais été bien aiso d'avoir l'appréciation du Père de ta Croix sur les monuments de Tintignac; mais une lettre que je lui adressai, en y joignant une épreuve du plan général, est restée sans réponse.

(3) Antiquités de Sanxay {Vienne), par Ferd. Delaunay, IS82.

(4) Les basiliques des anciens servaient à la fois de tribunaux et de bourses de commerce; les premières églises chrétiennes ont été calquées sur ces basiliques et en ont pris le nom.

lyGoogle

La somptueuse décoration des Boutiques serait une objection à la destination que je donne sous toutes réserves à cet édifice, si nous ne savions quel luxe déployaient les riches Romains, même pour leurs installations temporaires. Il faut lire, si l'on veut s'en faire une idée, la descrip- tion de la maison de plaisance que Plîne-le-Jeune possédait près d'Ostie ! {!).

Au surplus, si au lieu de considérer les ruines des Boutiques comme étant celles d'un caravan- sérail, on préfère y voir l'emplacement d'une agora, il n'y a rien d'incompatible avec le système que j'ai présenté; n'avons-nous pas vu que l'agora servait aux assemblées du peuple, mais seulement des hommes libres?

La destruction des monuments de Tintignac est vraisemblablement due à une cause violente; les amas de cendres et de charbons trouvés au cours des fouilles prouvent en faveur de cette conjec- ture. Quant à la date probable de cet événe- ment, rien ne vient à l'encontre de l'hypothèse

(1) HoHTFAUCon, Anliqtiiti expliquée, tome III, l** partie, p. lîS

et suivEuites.

ife citerai encore ce passage de VAbêcéd&ire de H. de Gaumont, car il nous concerne plus spécialement : e Le laie s'étendit des

monuments publics aux constructions privées, et les maisons de t la ville et de la campagne furent décorées de peintures, de

mosaïques d'un travail exquis, de marbres étrangers de diffé-

* rente nature, etc. Les plus petites villas furent remarquables > par la richesse de leurs enduits, et de simples cabanes cachè-

rent, sous une couche de peinture, la pauvreté de leurs mu-

* railles en torchis. « (Édition de 186!, p. 457.) H en était ainsi au temps d'Hadrien et des Antonina; la Gaulo ne souffrait alors quo de la perte de son indépendance.

lyGoogle

-713-

de M. Deloc^; et, bizarre coïncidence qu'il est peut-être bon de signaler ici, on n'a pas recueilli à Sanxay de monnaies postérieures au règne de Constantin (1).

J'ai parlé bien longuement de ruines qui sont, en somme, peu de ebose au point de vue archéo- logique, puisque d'informes superstructures seules apparaissent aux regards. Mais si les ruines de Sanxay, j'ai cherebé des termes de compa- raison, méritent davantage l'intérêt des visiteurs, celles de Tintignac, connues depuis plus long- temps et sous un jour bien faux, ne doivent pas être dédaignées; elles ont leur importance, au point de vue de l'histoire de notre province. Qu'il me soit permis de terminer ce travail eli formulant un vœu : celui de voir prendre des mesures {et M. Guitlot n'y fera certes pas oppo- sition) pour assmrer la conservation des derniers vestiges du théâtre de Tintignac.

Ph. Lalasde.

i|) Anti'iuités du Sanxaij {lac

lyGoogle

„Googlc

PROVERBES BAS-LIMOUSINS

Par Jean-Baptiste CHA.MPEVAX

Avocat à Fjgeac (Lot)

FÈLTBRE DE LA MAINTENANCE D'AQUITAINS Suite (O

136. Daulin! dauian!... D'à Courreza, d'à Sarran.

Daulin !

Dauian ! Ce dicton rappelle les sonneries des belles cloches que possé- daient autrefois Corrfeie (aujourd'hui chef-lieu de canton) et Sarran (commune du canton de Corrèze); ces sonneries faisaient le juste orgueil des habitants.

137. Sarran, lom alands. Sarran, les complîmeateurs.

138. Eyren, Lous bravas gens.

Eyren, les braves gens. En 1793, les habitants d'Eyren aidèrent les paroissiens de Vîtrac à délivrer leur curé, l'abbé Talin, confesseur de la foi.

139. Meschent couma moussu de Chaleys.

Méchant comme M. de Chaleys. Les seigneurs de Chaleys, qui habitaient le ch&teau de ce nom situé dans la commune de Vîtrac, avaient cette réputation malheu- reusement trop justifiée. L'un d'eux, au xvii* siècle, aida au meurtre nocturne de M* de Hartret, sur le perron du ch&teau de Bétut (Cbenaliers), et esquiva la décapitation à laquelle on le. condamna A Brive. Son petit-lils, au xviii' siècle, était un ferrailleur fini. Il couchait tout éperonné avec sa femme, qui, à la fin, le fit assassiner et porter dans la Corrèze par un domestique. Il tua eu duel un Leynia de la Chassagne. bourgeois de Corrëze, et vit sa

(1) Voir Bulletin de ta Société, tome VII, p. 495.

lyGoogle

716

plus haute tour rasée pour ce fait. On signale un autre duel avec If. de Vyers à la sortie de la messe, sur la place de Gorrëze. Un jour, le pistolet à la main, il obligea dit-on un passant à manger une tourte arrosée d'un seau d'eau. L'exagération de cet on-dil n'en montre que mieux combien était redouté ce triste sire, assez habile, d'ailleurs, pour éteindre à tout coup de son pistolet une chandelle à vingt pas.

140. Fadars d'en Bar. Triples fous de Bar.

Bar, canton de Corrëze. M. Melon de Pradou, président de la Société archéologique de Tulle, a justement remarqué, ce qui jus- tifie notre dicton, que le parler, dans cette commune, a quelque chose d'inarticulé, surtout dans l'interjection affirmative aoith! {auht) terminant la plupart des phrases.

141. Sspelhals d'Orlial. Dépenaillés d'Orliac (-de-Bar).

142. Orliat-la-Pruna. Orliac-la-Prune.

Cette commune, dépendant du canton de Corrëze, est ainsi appe- lée parce qu'on y récolte beaucoup de prunes. Les habitants sont ouverts et hospitaliers, et vous offrent de leurs prunes jusqu'à dire : Mangez-en, nos pourceaux eux-mêmes n'en veulent plut. C'est que le Limousin, très façonnier, veut être encouragé à la table d'autrui.

143. Saint-Agusti, lous mau vestits. Saint- Augustin les mal vêtus.

Mal vêtus, dans le sens de mal en train. Les habitants de Saint- Augustin (canton de Corrèze) avaient la réputation de s'adonner au vin. On voyait encore, en 1S40, bon nombre de bourgeois rester d'un dimanche à l'autre au cabaret, le verre et les cartes à la main.

144. Lous Jiimeus, lous agneui. Les gens de Gimel, des agneaux.

Girael, canton de Tulle.

145. Las femnas d'à Jumel,

La chaminja Uur passât lou gounel.

Aux femmes de Gimel,

La chemise dépasse le jupon.

Idée que nous trouvons exprimée dans le Dictionnaire de Leroux

lyGoogle

de Lincy, à propos des femmes de Cambroa : At ersane à chài femmes ed' Cambron, (eu kémise al dép&ste /eu cotron, pour indiquer une femme mal accoutrée.

14t>. Jfouisur, que y hat de nouvel f

-^ Las chabras haunt pris Jumel,

Et lotis bons Sarran, Se ieu me trobe dins Las Champs!

Monsieur, quoi de nouveau?

Les chèvres ont pris Gîme],

Et les boucB (prenaient aussi) Sarrau

Si je me fusse trouvé dans les Champs (-de-Brach) !

Ce dialogue proverbial entre un paysan et un seigneur Fait allusion aux coups de main des calvinistes (qualifiés suppdts du Cornu) sur ces deux baronnies des seigneurs de Gîmel, dont la première, perchée sur un isthme rocheux, ne semblait accessibl» qu'à des chèvres possédées. Le plateau marécageux des Champs- de-firach les sépare à bonne distance.

Voici l'un de ces épisodes que nous trouvons daDs le Livre de raison de M* Terrade, notaire en 1600, à Chaumeil :

1593 et le 20 décembre, populassc de ChamboHve, Oulonzac, Saint-Aulaire {Sainte-Eiilalie, faubourg d'Uzcrche), Bcaumont el! Saint-Salvadour, etc., coniandés pz.r messieurs de BufSères, de Ghamboiive et La Planche d'Oulonzac, bâtirent messieurs de Oimel comandés par M. de Puymaret, du cousté de Gimel. En mourut 12 ou 13, »t des autres personne.

Les dits de Gimel étaient assistés des villaiges du tourn (des environs), mesmes de ceulx de la paroisse de Bar et Naves estant' tous en nombre de 200 hommes, et les autres environ 2,S0O. Le couroonel Bousquet s'en retourna de Tulle, etc. s Ex meii.

147. Gagnar eouma à Chameyrat, quand bouriount.

Gagner comme à Chameyrat quand il brûle.

Tout le bourg de Chameyrat (commune de l'arrondissement de- Tulle) se' brûla, il y a bien longtemps, et l'antiphrase a persisté pour exprimer une grosse perte subie.

148. Moun efûunt est malaùde de la naùjà d'à Sainct-Muîsitnt.

Mon enfant est malade de la maladie de Saint-Mexant.

Nauja (étym. noxa) signiRe : maladie, infirmité des enfants. Selon telle ou telle maladie, et pour en obtenir la guérison, on

T. ViL 4-S

lyGoogle

718

fait dire des prières à l'égliae de Cosnac, de Saint-Robert, de Treignac, de Favars, da Saint-MexaDt; de l'eipression nau/a de Cosnac, de Seri'Rouberl, de Treinhae, de Favars, de Sen-

Mexant Quan ud efaa tomba malaude, lou faa veire a la

sourciera. La sourciera dis ; A la nauja de tat sente. Adounch se quiata pel drôle, ou puleu pela paurea morts que sodreisson aital al malaude per aver de las pregerias. E lous efans son ma- laudes eatrusca tan que lan recoumandat al sente, e que las messas se dizon. Lout Tot dura nau jours, per lourdinari. Apres Ion vot finit, lou quera toucbat de la nauja vai miels ou mort. >

Joseph Roux, Diction, inédit.

149. A Coumir. se grattount i'umbounir.

A Corail, ils se grattent le nombril.

Voulant désigner par qu'ils sont paresseux et indolents au travul. [Oornil, commune du canton de Tulle.)

150. Beslia coum' un paysan d'à Coumir. Béte comme un paysan de Corail.

B quittaient guère leurs ro<

151. Atiar à Coumir.

Aller à Corail.

Au figuré, devenir fou, être emprisonné comme des mendianta. Allusion au dépM de mendicité de Rabès situé tout près de Cornil.

152. L'académie de Botibeau.

C'est un village qui touche à Laguenue. Baubau, en vieux roman, signille nigaud. Dans la Somme on trouve les Baubaua de Rue. Hais ici nous ne voyons guère d'explication à ce dicton moderne et probablement de pure fantaisie. En 1531 et 1209, la forme latine de ce nom est Bobals. (Baluze.)

153. Las Aguenaudasi las michayras.

Les revendeuses de miche de Laguenne.

LagueuHe, ««nton de Tulle. Nous soupçonnons fort l'évéque de Tulle, seigneur de ces deux endroits, d'avoir concédé aux pauvres femmes de Laguenne le privilège de vendre le pain sur le pont qui prit leur nom, aux abords de la cathédrale, probablement i c&té des caves ou il faisait vendre aussi son vin aigrelet de Laguenne.

lyGoo^Ie

154. Lom tàous d'à Las Guinas.

Les taont (les fanfarons, les mouches du coche) de La- gueuue.

155. Tony d'à Lot Guina$. Sot (Antoine) de LagueDoe.

156. B de paysan d'à Navas.

B de paysan de Naves,

Ce terme injurieui dâsigne un vrai cuseur d'assiettes. En 93, les habitants de Nares descendirent à Tulle pour faire la petite guerre à leurs voisins, qui disent lors d'un événement heureux : 0ht anué, tems d'à N^vas. < Certes, aujourd'hui, nous sommes de Naves, c'eat-À-dire, les maîtres.

157. Pandrigna, twtat'boutsa.

Voici Pandrigue qui frappe sur un panier. Pandrigne, commune du canton de Tulle. On voulait faire allu- sion k la sonnerie sourde de leurs cloches fêlées.

158. Moun efittint pwat... que lou disele y faiet rt. Mon enfant est si pleurard que j'ai eu beau lui f^re

toucher le disque, rien n'y a fait. On désignait par le mot disque un reliquaire ayant cette forme et qui se trouvait dans l'église de Saint-Bonnet- Avalouze; ce même terme prête en outre à un jeu de mots, en signifiant glapissement, comme saint Ealropi est redevable en partie à l'assonance des invocations d'ailleurs légitimes des eslropiéa, et saint Clair, pa- tron de ceux qui ne voient plus cl^r ou qui demandent du temps clair pour les biens de la terre. (Voir Baluse.)

159. Leyrat, Mercier,

Stms pariers.

la Jarriga

Nous Barregat.

Leyrat, Mercier,

Noua sommes d'égale force.

La Jarrige Nous tient presque en échec.

Trois petites juridictitms dont les castels rivalisaient, en la pa- roisse de Naves, arrondissement de Tulle.

ibyGoogle

.720

160. ChaïUl de Marentta,

Paya me ma renia! Chastel de Peyrafort, Ti te drecht et te fort! Chastel de Peyraficha, etc. Château de Merande, Paye-moi ma reate! Château ^e Peyrafort, Tiens-toi droit et tiena-toi fort! Château de Pierrefitte, etc.

Les en^nts prononcent ces paroles en jouant aux ch&teaux da noix. Ils tes débitent avec la fol d'un sorcier à ses syllabes caba- listiques. — S'agit-il du ch&teau de Hirande qui existait autrefois près Has de Page, dans la commune de Sainte-Portunade ? ^usnt A PeyraFort, c'était ua caste! près de Tulle appartenaat aux de Féais on 1673.

Las poumas de l'Estre.

Les pommes de l'Eatre.

On désigne ainsi la pomme coujoune de Brive, appelée auss' pomme Saint-Germain(-les-Vergnes). Une femnie de cette dernière localité en aurait conservé dans l'eëlro (petite croisée murée) de sa maison d'habitation et en aurait offert à Turgot qui visitait sa Généralité. L'intendant du Limousin les trouva si bonnes, au dire de M. Brunet, sénateur, que depuis lors il les désignait sous le nom de pommes de l'estro, d'où les mots pommes lestret sous lesquels elles sont encore connues i. Paris.

162. D'à Ban à Chaumely,

¥ hat l'affanada d'un cotiqui :

D'à Chaumely à Ban,

ta jonmada d'un poenlant.

De Ban à Chaumely,

Il y a [Vahannie], littéralement le salaire d'un coquin :

De Chaumely à Ban,

Il y a la journée d'un paresseux.

Ces deux villages bornent au Nord-Est la commune d'Orliac-de- fiar, et sont presque contigus. Le second est réputé pour sc^ ma- raudeurs et tous deux pour fournir des journaliers peu diligents.

ibyGoogle

721

t63. Saga couma lot poulbu d'à La Marqtta

que vaunt poundre à t'Autelou. Sage comme les poules de La Marque qui vont pondre à L'Auielou,

Ce furent deux repaires nobles sépsrëa par la CorrJize. I] est peu aimable de voir sps poules passer l'eau et porter leurs caurs chez le voisin. Sage couma laa pouKaa d'à Lacar que poundùunt à Charva». Bage comme celles de Laval qui pondent à Charves. Les deux villages sont d'Églelons et eoutigus. Se prend eu bonne part.

164. Se n'as pas toun coumpte, vaU lou far H Gravier.

Si tu n'as pas ton compte (de linge, disaient les blanchis- seuses de Tulle), va le faire au Oravîer (dans le lit de la Corrèze).

C'est ainsi qna s'exprûnant les blanchisseuses de Tulle quand elles se disputent, et désignent le Gravier, qui est un ancien port au bois flotté les cailloui ne manquent pas et oii elles peuvent se mettre d'accord.

165. Sn Gaffat-Vaxe.

A l'endroit l'on mord l'&ne.

C'eat-tdire à un endroit si sauvage qu'il ne pe«t (dus se d^ fendre, et qu'il est exposé k la dent des loups tous les diables).

166. S'anar perdre dins la Lavattra.

S'aller perdre dans la Lavastre.

Hâroe signification que le numéro précédent. C'est une steppe marécageuse et inhabitée de la commune de Saint-Yrieix-le-DAjalat, était le eh&teau baronial de Montamar (Uons-Ademaris), qui appartenait aux de Sédières en 1600.

167. Quand cireygount à Sainet-Yreyt,

à Bellet vindiniount.

Quand on cueille les cerises à Saint- Yrieix,

on vendange à Beaulieu.

Les récoltes sont de beaucoup plus précoces k Beaulieu, qui est situé sur 1m bords de la Dordogae dans une vallée fertile, qu'à Saint-Yrieix'le-DéjaJat, qui est placé sur le haut d'une montagne il une altitude de près de 700 mètres.

lyGoogle

722

ÀuUilous,

Peiiia villa, grandi laîrrouns.

La villa, d'ei couslat que pend,

t mm/t de eouquis que de brava gent!

Petite Tille, grands larrons.

La Tille, du côté où. elle penche,

A plus de coquins que de braves gens.

figletODS, chef-lieu de c&nton de l'arrondisse ment de Tulle, est

situâe sur un mamelon pointu, et il est à remarquer qu'elle est ea

déclivité de toutes parts. En sorte qu'il n'y fait jamais bon pour

les dames. Ni plme, ni soleil, ni vent, vrai lempi de demoiaelle!

169. AuUitous deubt péri pii fœc,

TuUa per l'aygua.

Et Courreza per la m

Égletons doit périr par le feu, Tulle par l'eau,

Et Conèze par la m

(ce qu'on appelle en Quercy le miel de Gourdon 1] Ëgletons doit pdrir par le feu parce que cette ville étant située sur un point élevé, il y fait beaucoup de vent, ce qui rend les incendies terribles. Tulle par l'eau, parce que souvent on y a cons- taté de grands désastres provoqués par les débordements de la Solane et de la Corrëse. <Juant à la ville de Corrëze, bien qu'elle ait de bonnes fontaines pour laver ses rues, l'on y a souvent & souf- frir de l'éloignement do la rivière qui porte son nom.

170. Lout mowtics d'à Clergoux.

Les moustiques (ou moucherons} de Glei^oux.

171. Gwnound, las engranouilhas.

Gumond, les grenouilles. Allusion A son site marécageux. 173. Lout graulards d'à Marcillat.

Les corbeaux de Harcillac (la-Groizille).

Marcillac-la-Croizille est situé sur un plateau élevé, dénudé, battu des bises neigeuses, et les habitants émigrent en hiver, au rebours du corbeau.

lyGoogle

723

173. Lout desputatx de Lyoun et de Rovanna.

Les députés de Lyon et de Roanne.

Od appelle luDsi les savetiers (grouillera) de Baiat-Hitaire- Foisau, dont l'émigration a lieu de ce côté.

174. lou$ azet d'à Samt-P(axU>ux.

Les ânes de Saint-Pardoux-la-Croizille.

t75. Lous Rouehetous, eanmlta.

Gens de Laroche-Canillac, vauriens.

AllusioD k C&nillac, qui n'est pas ancien ici. On disait St<Haur de Laroche.

176. De Chanteix, ne vét touvent Ny boun vent, ny brava gent,

Ny argent.

De Chaateiz il ne vient guère

Ni bon vent, ni braves gens,

Ni argent.

On veut dire par que les habitants de Chanteix sont sussî mauvais que l'air marécageux qu'ils respirent. Se dit aussi de Bé- né^ent {Creuse}.

177. Las ehdbras d'à Saint-Clament.

Les chèvres de Saint-Clément.

Allusion aux nombreuses chèvres que l'on voit dans ses p&tu- ragea.

178. Soint-Sauvadour, lous sadourt. Les saoùlards de Saint-Salvadour.

179. Lous SeWiat, las bragas largas, lou gillet court.

Les SeiUtacois, braies larges et gilet court.

Est-ce pour paraître encore plus petits à la conscription, ce climat d'étangs les fait presque tous refuser f

180. La pnktia d'à Bermount.

Lout in^edlles. Lout rousiet.

lyGoogle

- 72t -

Sems d'à Bernount, auvez z'ou,

ça que disems un cop disems pas dous!

Le sol graveleux de Beaumont.

Les nigauds.

Les rousseauï.

Nous sommes de Beaumont, entendez-vous,

ce 4jue nous disons une fois est assez dit !

C'eat-à-dire letus comme des ânes rouges, sujets à chercher la petite béte, Ja difticulté dans ce qu'on leur dit.

181. Un bûcheron de Saint-Jal.

Au sens de mauvais coucheur.

Saint-Jal, commune du canton de Seilhac; ses habitants avaient une assez mauvaise réputation, parce que c'est un endroit boisé oii il y a eu de nombreuses arrestations. On cite le colloque sui- vant entre un bbcheron de cette localitâ et son voisin de La- grauliëre :

« Quo voit bin, tu ses un ftmie, te bourraraî nias de la têlà, autrament, te bourrarias pias d'au taii! »

C'est bon, tu es un ami, je ne te frapperai que de la tête (aou9-entendu, de mon hachereau), sans cela, je t'au- rais servi avec plaisir du taillant.

L'autre, non moins batailleur, riposte ;

« Te pararaï de mon billard.

Je parerai de mon bâton.

En Saint'Jal, est loup-garou 1 sur T, et ce pendant vu ans, et doibt tous les 7 jours parcourir iiiiiir paroisses ou manger vu chiens, tant le nombre 7 est magique et sabbatier. » (Croyances populaires. Jban des Hohts, par H. O.'Lacombe.)

183. Couqui couma Chambotiliva,

Coquin comme Chamboulive.

Léonard Leyniat, dit Chamboulive, était un de ces audacieux voleurs qui jetait la terreur dans tous les environs de Tulle, et dont on eut la plus grande peine à se rendre maître. On montre encore avec effroi, au-dessus de la gar« de Tulle, l'arbre auquel il fut pendu et qui a conservé le nom légendaire d'arbre de Cham- boulive.

lyGoogle

183. A Chamboulyva, re Inc manquai.

A dambûulive rien ne manque.

L'abbé Clédat, de Gourdoa, qui avait vers 1780 le ch&teau de Gourdon (Chamboulive), ae trouvant à Paris, envoya chercher du fil de soie de la couleur de son haut-dc- chausses pour le raccom- moder. Son valet de chambre, après avoir couru presque tout Paris, rentra bredouille et dit à son maître d'un ton demi dépita, demi gouailleur : « Vous votu croyiez donc encore à Chambou- lioe, rien ne manque ? s Alors l'abbé répondit tout naïvement : B C'est vrai, je me oroystis à ChambouKve. »

184. Tieulayres d'Argentat.

, Couvreurs en tuiles de schiste, ou carriers caveurs de tuiles d'Argentat.

185. A FargeU, rUqttos re.

A Forgée, tu ne risques rien. Pour exprimer que dans cette localité il y a beaucoup de braves

186. EnOre La Rouehetta et Lavau,

y hat un plm eoer de vedel d'àu[r].

Entre La Bochette et Lavaur,

il y a de l'or de quoi remplir la peau d'un veau.

La Rochette fut une baronnie de la commune de Pandrigne, et Lavaur une seigneurie de celle d'Ëspagnac. On dit de mâme A Bar. L'imagination populaire voit des trésors cachés sous chaque marche de château :

187. Entre Champeval et Menau[r],

y hat vna plena barriqua d'àtt[r]. Entre Champeval et Menau (Bar), il y a une pleine barrique d'or!

188. Deigourgeat, goulosiis, pelauds, gola-feiges

eoum'un Tioutaû. Mal embouché, gourmand, pelletier, mangeur de foies

comme un Tulliste. Gorgeas, littéralement, signifio criards. Goulosiis, gaur-

lyGoogle

mandé, parce qu'oD a remarqué que les ouvriers de U Uanu- facture d'armes ne ae refusaient rien au marché : ni le gibier, ni les poissons, ni les primeurs.

189. Pantoufles de Judas.

Revenant à perfides, plus vils encore que sa chaussure. Les paysans les appellent ^nsi et en reçoivent le sobriquet de pec- caU, que H. l'abbâ Roux traduit dans une pensée énergique le péché incamé, d'origine, alors qu'il est peut-éCte STnonyme seu- lement de piccalar, pivert, Sylvain, bOte sauvage des bois.

190. Mingat-chabras.

Maogeurs de chèvres.

Les Brivistes donnent ce sobriquet à leurs voisins pour se mo- quer du site de Tulle, tout en rochers à peine recouverts d'arbustes rabougris.

191. Lous eseunlous d'ei Treeh.

Les buveurs du quartier du Trech.

Bscufilou.diminutifd'eacuefo, petite écuelle.— Quelques hommes Joyeux du quartier du Trech (Tulle) avaient formé une société ba- chique dans laquelle, au lieu de verres, on se servait de petites écuelles. On les appela fous Egcunlotii - ils prirent si bien la plaisanterie que le jour de la télé votive du quartier, qui était la Saint-Pierre, ils attachèrent trois écuelles au mai qu'on était dans l'usage de planter. On appelle encore à Tulle les habitants de ce quartier loua Eacuntous. Ils boivent toujours bien mais dans des verres.

BéaoKiB. Diction, du pafois Bas-Limoustn, p. 90.

192. Loui lûnayres d'à la Barrieyra.

Les buveurs de la Barrière.

Vivo lo Borrieyro, mayre I Vioo ta Bori-eiro I Sounl de bous lunaf-res;

itfayre. Sourit de bous lunaires. Vive la Barrière, mère, ses habitants sont de francs buveurs. BJBûsiB. Diction, patoi», p. S35.

lyGoogle

727

193. Sàuia^andaus, (f« barry d'Auberge. Maraudeurs (sauteurs de haies) du quartier d'Alverge. Le quartier d'Alverge est un des faubourgs de Tulle.

194. La banda nigra d'à ta Barrieyra,

La bande noire de la Barrière.

Par alluaion aux habitants de ce quartier qui étaient presque tous des Foreziens, armuriers venus du Forei à Tulle, vers 1820. Nous disons encore : un coûter de Fourez, au sens de couteau de pacotille.

195. A Tulle, en Tullois,

Les femmes ne portent que six mois. Mais seulement la première fbis.

Un paysan de Tulle était venu consulter Bédoch au sujet de malheurs conjugaux qui lui étaient arrivés. Le célèbre avocat, pour éviter un scandale, ouvrit le Gode d'un air sérieux, en Taisant semblant da lire, sous un numéro supposé, les phrases di-dessus. Vous le voyez, lui dit-il, vous n'avez aucune crainte à avoir, la loi, dans sa sagesse, a tout prévu. La paysan s'en retourna satisfait.

196. Passar lou Riou-Bel, ou Rieu-Bayli.

Passer le Ruisseau-Grand ou le Ruisseau-Bailli.

C'était, pour les filles-mères de la sénéchaussée de Veutadour, échapper à cette juridiction pour les non-déclarations de grossesse, et se rendre justiciables de la cour de Tulle, qui pouvwt être moins sévère. Cela équivalait à être notée d'inramie. Ce ruisseau traversa un quartier de Tulle et aurait servi de limite de juridic- tions sénéchal] es.

197. Lous élus d'à Tulla. Polissons de Tulle, vrais gamins de Paris.

198. Seis couma moussu d'Arlue,

Après ma souppa re pus.

Je suis comme M. d'Arlue,

Après ma soupe, rien de plus.

Abbé Roox. Les d'Arlue, famille de robe, eurent notamment, au xviii* siècle, le fief de La Praderie (Tulle).

Digilizcdby Google

199. Cresa que tous tous madis manque matinas! Crois-tu donc que tous les matins je manque matines I

La tradition rapporte que le chanoine de Pénis de La Combe ayant été trouvé plusieurs fois par trop en retard pour l'office de matines, qui se disait à trois heures siprës minuit, fut condamné par le doyen à ]'auni6ne d'un écu par manquement. Un pauvre eut vont de la chose, se posta au bon endroit, fit ainsi deux ou trois recettes, et prit si bien goût au stationnement que le chanoine, bientât corrigé, lui criait dès qu'il l'apercevait sous le porche de la cathédrale : < Mangue pas toujours m&tinat ! >

Ici le racontar se trouve parfaitement confirmé par une pièce des archives de la Préfecture de Tulle, série G, n* 2, portant en 1786 la liste des chapelks, et au pied ceci : Fénit de La Feuillade, chanoine in minoribue, peu assidu à l'office.

200. L'ivégue de la Solatte.

On désignait ainsi l'évèque qui fut nommé en 1731. Comme le gouvernement le qualifiait d'évèque de la Corrëze, on trouva que ce ruisseau d'égout suffisait à le baptiser. Il mourut misérablement près de Favars, obligé de mendier chacun de ses repas de châ- taignes et de tour loua (g&tettes de sarrasin).

201. Le point de Tulle.

M. Bené Page a eu l'heureuse idée de rechercher si la dentelle connue sous le nom de point de Tulle ne se rattachait pas & notre ville, et il est parvenu à l'étabhr.

Nous avons relevé de notre cOté les indications suivantes ; 1714, contrat passé à Tuile pour la fabrication de dentelles qu'on nomme point de Tulle. (Archives de la Préfecture du dit.)

Un manuscrit tiré des papiers de la famille de BraqnillangeB, du Bech, contenant des notes sur Tulle ainsi souscrites : Par wn ci-deoant jéêuite, voyageur exilé à Tulle, vers 1763, porte :

« Le point de Tulle est renommé. C'est une dentelle faite à » l'éguilie; nombre d'ouvrières y travaillent, et leur ouvrage eat > prisé. Elles font un grand débit de coeffures et de manchettes, t

M. Laveis a signalé un Annuaire contenant, vers 1775, la raen- tion d'une fabrique de dentelles en fil de Plandre connue sous le nom de poini de Tuile, dirigée à Tulle par M"* Gouttes, et jadis florissante.

Nous avons perdu une bonne grand'mëre à Tulle qui fusait de cette dentelle sur un métier maintenant introuvable.

lyGoogle

202. Boumba de OtteuUta.

Grosse Boix de Cueille.

Une sorte de noix royale, rebondie, abondante autour du cbftteau de Cueille (Tulle), t780.

203. Ras de Tulle.

La fabrication de cette aorte d'étoffe avait acquis une certaine réputation dès le xvii* siècle, ii Tulle et à Corrëze. Le ras servait de doublure; on le faisait avec la fine laine quercynoise (lana clar- cyna) des terres de notre évèque.

204. Les Brivistes.

Un document de 179! (Bulletin de Tulle, 1884) dit que les Bri- vistes ont toujours été réputés pour leur urbsmitÉ, moeurs douces, caractère Dexible, et une aimable tendance vers la communication des sentiments et des idées. Nous nous faisons un plaisir de reconnaître la vérité de ce tableau.

205. BRtvE'la-GaUlarde.

De Bbiva riilarj, Briva juounda, au moins dès 1300 (1). Serait- ce cette épithète qui aurait fait dire à Marvaud, historien trop peu etact d'habitude, qu'on y adorait spécialement Priape à la venue de saint Martin. Nous avons cependant lu, dans les Éphémérideê de Limogea de 1765, ce détail qu'il faut abriter d'un lambeau do latiu : Ctrca 1680, praeaul Laecaris Durfé in maitalione sua Bri- vensi mutare juttil turpem panis figuram, in piatrini» obti- nendo unîus taltem lealicuti ablationem, super pane» merca- bilea{2).

206. Lou* eof^ous. Les potiroDs.

Les Brivistes sont ainsi appelés de ce que duruit un siège assez long, on les vit, dit>on, cultiver des citrouilles sur leurs remparts, s'en nourrir et mflme s'en faire une arme d'un nouveau genre

(1) Ordonnance de» roia de France, tome VI, p. 35. 155Î, Brive-la-Gailharde a un pont de 14 arceaux sur la Coureze, étroit pour une charette seulement, sans parapet. [Archives nationales, et GaigniËres, 22,4W.)

(2) De pane el vino turpatia à Maligno, vide Mgr Gaume : Traité du. Saint-Eaprit.

lyGoogle

730

contre les Martelais, qu'un fou rire laissait sans défense ft la vue lie ces grenades de Gascogne.

Certaine coupole rappelait si bien cette forme sur le transsept de l'église Sunt-Martin (1740), qu'un loustic du crû, un Tulliste, cela va sans dire, lui dédia l'apostrophe :

Prolegil inaanoa immensa cucurbiUi cioea. Non est in loto corpore mica salis l

VoilA certes, au service de ces écervelés citoyens, une bien assez grosse tâte de citrouille, mfus c'est aussi dans tout le corps que voue chercheriez vainement l'indispensable grain de sel !

Un autre malin mit bientôt après en circulation le bruit que les BrivÎBtes avaient écrit sur le pont en pierre situé sur la Corrëze : PoTtI fait ici. Une façon d'épiloguer sur le hic.

207. Eignounnayres. Marchands (mieux que mangeurs} d'oignons.

A Tulle on désigne ainsi les Brivistes, parce qu'ils en vendent le plant aux environs. Leur terrain sablonneux et leur sous-sol humide favorise toutes les productions maraîchères.

208. Briva, luzent pourtal d'el Uiezour.

Brive, brillant portique du Midi.

Épithète donnés & firive par le célèbre Jasmin, qui voulait dési- gner ainsi la situation topographi<lue de cette charmante localité. Nous ne pouvons résister au désir de citer, avec leur orthographe, les vers du poète sgenus :

Villo al mantèl flous, Bribo, la tan graciouso, Toun froun rizèn, hardit, et tous rocs en belours, Sooun per ma muso, anèy que s'entorno jouyouzo,

Lou pourta! luzen del Metjour.

Laysso tas portos alaudados. Senti de moun pays las douços halén&dos. Toun brès semble lou meou; tout y flato moun èl, Et semblo que l'intràdo agrandis lou castèl ; Ohl me paouzi chez tu; reyno, per ma bengûdo.

Ha muso canto et Ce saludo. Escouto moun refrin; sarès lier, se te play, Car on aymo de co qui semble nostro may.

209. Foire grillonne, foire fitnienelle.

On désigne ainsi, à Brive, tes foires des IS mars et IS avril_ Est-ce en raison de la venue du printemps et des pluies douces?

lyGoogle

210. Las menettas de samct Goundou,

Les dévotes de saint GoDdulte.

SEÛnt GoDdon était tété aux portea de Brive le 15 mai i67i. On voit encore des restes de sa chapelle près de la gratte des Uorts, dans la vallée de Planchetorte.

211. Lous Roumiiut.

Les pèlerine de Rome.

On désigne ainsi les nombreux pèlerins qui vont prier it la grotte de sùnt Antoine-de-Padoue, près de Brive, et qui s'y pré- seatent surtout dn 15 août au 15 septembre.

Abbé BONKÏLYE.

212. Lous ven^eis-rouases.

Los gens de Noailtes désignent ainsi ceux de Brive, leur repro- chant par un vieux levain d'avarice qui leur fut mettre du blé d'Espagne (mais) dans le pain.

213. Quu at nora en Couyroux al gendre Obasinas.

Qui a bru à C!oîroux a gendre à Obasine.

Obaaine, commune du canton de fieynat, possédait une abbaye de l'ordre de saint Benoit, fondée au xir siècle par saint Etienne. Le même Fondateur établit un monastère de femmes à environ deux kilomètres de son abbaye, à l'entrée des gorges de Goiroux. Les touristes grivois ont voulu expliquer le proverbe cité en sup- posant qu'un souterrain, dont les religieux connaissaient seuls les détours, reliait entre eux les deux monastères. 11 suffit de rappeler que dans ces temps de ferveur il n'était point rare de trouver, dans tes familles, des ménages dont le mari et la femme entraient d'un commun accord dans les ordres religieux. On disait de même en Haut-Limousin ; Quu a gendre a Aureil a fiila à Boat las Moumae. Qui a gendre à Aureil a fille A Bois-les-Honges.

214. Quo eût lou secret de Boussaguet, Que tout lou mounde iou sauguei.

C'est le secret de Bouesaguet, qui fut couQu de tout le monde.

Il y a un village de ce nom en la commune de Seilhac. H. l'abbé Roux dit : Lou secret de Jehan Pouchou, qu'est t&ugut de par- tout. Jean Pouchou, personnage légendaire.

lyGoogle

732

215. Esser un heigounau, un pabo, junu- eoum'un paAo. Être un huguenot, un païen, jurer comme un païen.

C'est âlre un impie, n'avoir ni foi, ni loi.

216. Anar velhar à las Fourchas d'à Seithat. Aller veiller aux Fourches de Seilhac.

Ce village, de 1& commune de Seilhac, est fort éloigné, quoique très en vue du CEinton da Gorrëze, oii on dit cela au sens de aller veiller très loin; mais nous croyons qu'il s eu celui de : mériter ef y être pendu, d'y passer la veillâe flottant au vent, accroché aux fourches patibulaires qui y étaient dressées sur le bord du grand chemin de Treignac à Brive et à Tulle.

Il faut savoir que tes jeunes paysans, après châtaignes pelées, emploient leurs veillées d'hiver à courir de compagnie d'un foyer à l'autre les filles à marier. Le chef de Rie, porteur d'un brandon, le dissimule parfois brusquement devant un tossé plein d'eau et ob- tient une culbute générale,

217. Far tou guindé d'ei Tramount. Imiter le coq d'Inde du Tramout.

Un riche paysan du village du Tramont, commune ,de Naves, avait un gros dindon qu'il réservait pour son carnaval. Un mon- sieur de ses voisins, possesseur d'un perroquet qui parlait, dit au cultivateur pour l'humilier : <■ Moun aousel parlât et lou /eu ne dit re; >> mon oiseau parle et le tien ne dit rien. Oh! répondit la paysan : Se lou meu ne dit re, n'en pensai pas mina; si le mien ne dit riea, il n'en pense pas moins.

Aujourd'hui, on appliqua ce dicton à quelqu'un qui se tait dans une conversation à laquelle il pourrait prendre part; pour exprimer qu'il n'en pense pas moins, on dit r F&i lou guindé d'ei Tramount. BânoNiE, Diction, patois, p. 133.

218. Naz de Daniztai, naz de l'Artiga.

Ne2 de Danizart, nez de l'Artige.

Danizart et l'Artige, deux buveurs de profession, dont les nez démesurés commençaient à se colorer et à bourgeonner.

219. Ifa de quid haslas.

Cette expression désigne un nez excessivement long et recourbé, tel qu'on en suppose un au démon. Le choeur de la calhédr^e de Tulle, autrefois dédié à saint Martin, était orné d'anciennes tapis-

lyGoogle

733 -

séries qui représentaient différents traits de l'histoire de ce saint. Dans un des pans, il était représenté luttant avec le démon qui voulait le tenter. Ce démon avait un nez diabolique, et de ia bouche du saint sortait un écrit sur lequel on lisait : Quid hastas beslin cruenta? Les personnes qui ne savaient pas ce que cela signifiait ; que tenle»-lu, bête cruetle? ne s'arrêtaient qu'à ce nez énorme. D'oCi les grands nez furent appelés na de quid Aaïtea. On appe- lait aussi bestiBi cruenta toute personne qui avait une figure sin- gulière.

DÉsONiE. Diction, patois, p. 159.

220. Tratar eoum'un nigre. Maltraiter quelqu'un comme uu nègre.

221. Bestia coum'vn Nicodèmu.

Grand imbécile comme Nicodème.

Ce mot quij en grec, n'a rien de bas, présente, en patois comme en frangaîs, une idée défavorable. On sait quel est le r61e de l'avocat Nicodème dans le lioman bourgeois de Furetière.

222. Lou ehé de Jehan de Nivella, Qtie fug qitand l'an l'apettat.

Il ressemble au chien de Jean de Nivelle, Qui fuit quand on l'appelle.

On donne & ce proverbe deux origines, qui ont de la conformité «ur un point, le refus d'obéir.

D'après la première, un duc de Montmorency, somma inutilement son dis, seigneur de Nivelle, qui avait en Flandre des biens consi- dérables, de quitter ce pays pour venir servir Louis XI contre le duc de Bourgogne, et le père, irrité, le traita de chien.

Suivant la seconde version, ce fils, cité au parlement pour avoir donné un soufflet à son père, refusa de comparaître. Son forfait ayant acquis de la publicité, on n'en parla qu'avec un Cïtréme mépris, et ce fut, dans la bouche du peuple, le chien de Jean de Nivette.

ha. Fontaine avait en vue la première origine, lorsqu'il disait au commencement de sa fable intituliie le Faucon et le Chapon : Une traîtresse voix bien souvent vous appelle.

Ne vous pressez donc nullement. Ce n'était pas un sot, non, non, et croyez-m'en, Que le chien de Jean de Nivelle.

Diclion7taire des Procerbes français. T. VB. 4— iO

lyGoogle

fS. Tout hu parlament fugwl pat à Bourdeta. Tout le parlement [la discussion] oe fut pas à Bordeaux.

On fait ce jeu de mots k propos d'une altercation, surtout de femmes, csr tout le monde sait que : doux femmes font un mu- ché, trois um foire, et quatre une bataille.

Nos trois sénéchaussées ressortissaient k la cour de Bordeaux au xvii* siècle.

224. Pleut, pleut,

Viva las ehabrat d'à Bourdeut.

Il pleut, il pleut, Vive les chèvres de Bordeaux.

Ainsi chantent les enfants en se jetant d'une jamibe sur l'autre, quand ils voient tomber au soleil de ces grosses gouttes de pluie^ qui font dans l'air le sillage des crevettes. Ici, on prend Bordeaux pour la mer, et on appelle chèvre oa insecte qui semble patiner sur les étangs.

225. Triste eouma Barrabas à la Passieu. Triste comme l'élait BairabaB à la Passion;

C'est-à-dire fort content.

226. Testard couma laincl Peyri.

Katëté comme saint Pierre.

peyri est la vraie forme romane; aujourd'hui, on la francise ea Pierre à Tulle, Pitfrre à Ussel. La conduite de cet apûtre, qui s'entêta à renier son m^tre trois fois, a donné lieu à ce proverbe.

227. Fier couma sainet JeorâA dins soun burel.

Fier [beau cavalier) comme saint Georges en son man- teau de bure.

Fier signifle surtout endimanché. On représente toujours saint Georges comme un cavalier bien monté et bien armé.

228. Ueserent eouma sainet Thoumas. Mécréant (incrédule) à la façon de saint Thomas.

229. Aoeir passât à Obazinas. Avoir passé à Obasine.

C'est-à-dire avoir bk'jiii, avoir blanchi & la suite d'une maladie

Digilizcaby Google

ou ftutremeQt. Les eaux d'Obaaine ont la juste réputation d'être souveraines pour bieo blanchir la toile.

230. Dounzemt tt Saincta Farriota aunt gardai ta fesla, et Visat la rtlliqua.

DoDzecac et Sainte-Féréole ont gai-dé la Kle, et Ussac la relique.

Il s'agit de saint Jean -Baptiste, patron du prieuré de la Sau- lière, qui était d'abord à cheva! sur ces Iroia paroisses, puis insen- siblement fut attribué au territoire paroissial d'Ussac, dont les babitanta. Jaloux de faire acte pieux de propriétaires, ont pris en 93 le reliquaire et la clocbe de la SauliËre.

Abbd Marche et ex mets. 23t. Lotts eournichous d'à Yigeois.

Les cornichons de Vigeois,

Les babitants de Vigeois et d'ailleurs le disent aussi de ceux d'Uiercbe. Pâtisserie à trois cornes, symbole de ta Trinité, et dis- tribuée aux Rameaux en ces deux abbayes.

332. Pastil d'Usercha, paslU d'dnhsou.

Pâté d'Uzerche, pâté d'ilnon. Dans le fait, le veau très gras qu'on y emploie les rend estimés. Les Trcignacois surnomment : mingeayres de saumas (mangeurs d'&nesses) les gens d'Uzerche, qui disent ingénument : sine la glma, eiam» tout nobleê; sans la crotte, la poix, nous serions tous nobles. (Voir le numéro 131.)

233. Faits timoun d'Eyburia et d'à Melhars. Faux témoins d'Eyburie et de Meilhars.

C'est un pays de foréta et de sangliers.

234. La terra iaincta, la palkassaria.

La terre-sainte, les vanniers. On fait allusion ici à une partie de la commune de Corrèze, près du Soulier, peuplée de pauvres, ds malandrins, s'occupant de tres- ser des paniers à pain : paiftassous. Le mot paihMsaria vise à rappeler le mot guenilles, pethaa. Le premier dicloti est moderne.

235. Flamand, flamandezar. Faire le flandrin, le Flamand.

C'est-à-dire quémander, emmieller de compliments.

lyGoogle

736

336. Moussu de Saint Marsaull at la pus bella Umr, lou pus

bel prat, lou pus bel estang, ta pus bella fenna Sel Litiutuzi.

M. de Saint-Marsaut a la plus belle tour, le plus beau

pré, le plus bel étang, la plus belle femme du Limousin.

Elle traversait l'élEuig, à cheval, derrière la meule des sangliers. Le roi voulut la voir. Mais le mari, plus sage que le roi, se montra dur d'oreilles.

237. Escoundut couma lou fieyrau d'à Masserè.

Caché comme le foirail de Masseret.

Masaeret, canton d'Uierche, est situé sur un point culminant d'où la vue s'ëtend & quinze lieues à la ronde, et dont on voit, par contre, de très loin les maisons blanches d'une tagon distincte.

238. Couqui coum'un Treignazou.

Coquin comme un petit coquin de Treignac (1).

239. Treignazou, eseorgal-cl\^a, mingat-bouc. Habitants de Treignac, écorcheurs de chèvres, man- geurs de boucs.

240. Lous peouillous d'à Treignat. Les pouilleux de Treignac.

C'est-à-dire commerçants sujets à la faillite, pauvres.

241. Lauvat sial Dieu! ay auvit ma saincta me-ssa, ay miu' gai ma bouna sou-pà, ay fach passar moun escut faus !

Loué soit Dieu! j'ai oui ma sainte messe, puis j'ai mangé ma bonne soupe chaude, et je viens de faire pas- ser mon écu faux. On prête ces paroles aux femmes de Treignac.

242. Â tous piaus, lovs piaus, las bravas fennas!

Les habitants de Treignac font en grand le commerce des che-

(1) Par le quinzième article de leur charte de franchises munici- pales, les gens do Treignac se seraient réservi^s la permission de se donner mutuellement des soufflets et des coups de poing, et d'exercer tous sévices sans èire inquiétés ni poursuivis de ce chef.

lyGoogle

737

veux de femraes. Aux foires d'été, elles les troquent contre une pièce d'indienne, ne réservant que deux mèches en avant des oreilles. Malheur au marchand qui coupe aussi ce maigre rideau tenu à pleines dents par la patiente. La place n'aurait plus assez de cailloux.

243. Un boun Treignat, quand pezal km sal (bouïde) de la eera, se manquât pas ie pourlar tou ped sus la vitta.

Vu boD Treignacois, quand il pèse le sac (vide) de la cire (achetée], D'oublié pas de mettre le pied sur la ficelle.

244. Tê, petit, tu siras euré d'à Chameyroi.

Tiens, petit, tu seras curé de Chameyrot.

Cbameyrot, petit village de la paroisse de Treign&c, nous n'avons trouvé cependant ni trace ni mention de chapelle.

245. Passants, bonjour affectueux

Rivireneieux, À messer Jehan d'Affieux, Propriétaire en Lémosin. D'un castel et trois moulins, M. d'Affleux avait flnî par se rendre souverainement ridicule & Paris en parlant continuellement de aes propriétés en Limousin. Un de ses amis eut un jour la malicieuse idée de lui coller sur le dos un écriteau oii l'on avait tracé les vers ci-dessus. Ce fut pen- dant longtemps un sujet de risée pour la ville et pour la Cour.

246. Vendredi chair ne mangeras.

Ni le samedi mimement. Lors même qu'il serait /bire au Lonzac ou à Chamberet.

Addition qu'un vénérable curé de Chamheret, l'ahhé Cramou- leaud, ne manquait jamais de faire au prOne, tous les dimanches, en récitant à ses paroissiens les commandements de l'Ëglise, vers 1820.

247. 5e n'erat Cantal et Mount d'aur,

Lous bouyers d'à flocAa-i'à-Vwî, Âmays tout aqueus d'à Neoufoie, Pourtariaura Faigulhada d'aur. N'était Cautal et Mont-Dore, Les bouviers de Roche-de-Vic,

ibyGoogle

Et même tous ceux de Neuvic, Porteraient un pique-bœufs en op.

On fait ici allusion 4 l'&ltitude coosidér&ble du Hont-Dore et <le Roche-de-Vic (arrondissement de Tulle), qui amène des gelëea tar- dives sur ces deux plateaux élevés.

248. Cela est entier comme le corps de taint Amadour.

Les calvinistes s'étant emparés de Roc-Amadour, célèbre pèle- rinage, aitué aujourd'hui 'dans le département du Lot, mais qui dépendait autrefois des évoques de Tulle, proranèrent le tombeau de saint Âmadour, et au lieu de trouver un trésor cacbé et de« ossements rongés par le temps, n'aperçurent qu'un «orps dans toute son intégrité et sa fraîcheur. De \k le proverbe : cela est entier comme le corps de saint Amadour, ou bien : il est «n chair et en os comme saint Amadour.

Ono iiE GissBï, Hisl. de N.-D. de Roc-Amadour, p. U.

249. De pus fort en pus fort, Couma chas Nicoulet d'à Bon.

De plus fort en plus fort, Gomme chez NicoUet de Bort,

Les Nicollet, de Bort, commencèrent i. y exercer des professions modestes, pour devenir plus tard de gros commerçants.

250. Les bombarets de Bort.

Bambariaux. Sobriquet encore inexplicable que leur donnent lea Ussellois (I).

251. Lous heigounaus d'à Bort. Lea huguenots de Bort.

L'invasion protestante se fit par la Dordogne, ea remontant de Bergerac

252. Lous azes Sa Bort sûount deijà, re mas de veyre vegnir la baitina.

La simple vue du bât met en sueur les 4nes de Bort.

(1) Peut-être bons barriaulx, bons tonneaux, gros buveurs. C'était un port commerçant, par conséquent entrepôt de vins.

lyGoogle

739

253. Prou fadar per intrar à la CelUUa.

Assez fou pour entrer à la Cellette.

La Gallette, asile de fous, jadis et encore aux maiDS d'un ordre religieux.

254. Vrai comme si un béat Père l'avait dit. 6e dit lï-haut, à Herlioes, en guise de serment.

255. Las serirr^las d'à la Rocha.

Les audouilles de la Roche, près Feyt,

256. Low Rouehous, ni peoulhous ni gaUius, car se z'erent,

n'iyent se frettar dins las frondes. Les habitants de la Boche, ni pouilleux, ni galeux, car s'ils l'étaient, ils iraient bien se frotter dans leurs taillis.

fîouchotu (1) doit faire ^lusion à saint Roch ni sa jambe ulcérée, patron de tant de maladreries rurales, el encore si fêté comme patron aecondaira. Il y eut même une léproserie par là,

257. Eygurande : Unis ilarehois.

Une partie était en effet de la Marche limousine. Lous heigou- naudfl, les incroyants, de ce qu'ils se montrent moins fidèles à la Sainte- Vierge que les étrangers qui y viennent de loin en dévotion, témoin l'invocation suivante qu'on met dans leur bouche :

258. Sairuta bouna yardza d'Engttranda, Quand ieu t'qjat panât, Dieu t'ou lou randat.

Sainte bonne viei^ d'Eygurande, T'eu3sé-je volée, que Dieu te le rende.

C'est'ii-dire : restitue à ma place et exauce-moi, tout scélérat que j'aie été. N'est'ce pas ravissant!

259. Lous scieitayres d'à Meymat.

Las ehabras d'à Meymat.

Les scieurs de long de Meymac.

Les chèvres de Meymac.

(1) Communiqué par M. Henri Gbastaigner, du chftteau de Ma- reilles.

lyGoogle

Voudrait-on désigner par le mot chèvre les chevalets des scieurs de long?

260. Lous bialayres, las chabras d'à Peret.

Les bêlants, les chèvres (ou musettes?) de Pérel.

Serait-ce pour cela qu'on appellerait ces plateaux la Blanche, la Montagne blanche, déboisée? De Clédat & Davignac. Ils ne l'ont pas toujours été, témoin ce dicton auquel nous avons simplement donné la tournure de vers :

36 i. D'à Maymat, sins quittar la brancha,

Et d'à Treignat lous eicurôui. Se venieuni saludà s'a Perdus, Sens batelou, ny pounl, ny plancha. Autrefois (I), sans quitter la branche, Sans batelet, ni pont, ni planche. Les écureuils de Meymac et de Treignac Se donnaient rendez-vous à PéroU.

Aujourd'hui le mouton, uiimal féroce, el l'Instabilité de la pro- priétâ, ont rais ces vastes étendues au rang agricole des steppes

russes.

262. Lous bourquèttoiis d'à Darnet. Bourquellous signifiant semence, clous à sabots, on fait allusion

aux sabots qui s'y font.

263. Las sàumas, Us ânesses d'à SoudHlhas.

264. Maussac, lous eschalat-botc.

Les grimpeurs, les hannetoQS de Uaussac. Paya boisé.

265. Lous grapauds d'à Coumbrossou.

Les crapauds de Gombressol. On fait ici allusion aux marais de cette localité. 366. Las siarps d'à Davignat.

Les serpenta de Davignac.

(I) On dit que l'écureuil pouvait aller aussi de Murât & Tulle sans quitter la branche, par Corrëze et Bar.

ibyGoogle

267. Vegnir d'à Souamat.

Signifie avoir faiL de mauvaises affaires, eu malechance, dispute. ' Oq dit aussi fat rabas d'à Souamat : les raves de Sornac, à cause de leur abondance dans ce pays, mais aussi pour désigner les bra- vades des voisina, leur reprochant de la couardise. Sang de raba, avoir du sang blanc. On les appelle aussi chaminog, terrassiers de chemins de fer.

268. Aqu'o eût un joouni home d'Escïayre, n'en faiet valeir sous picassous lou pus souvent sens eimoulaire.

C'est un jeune homme d'Eaclayre [Saint-Germain-la- Volpsil), il fait travailler ses coins {de bûcheroo) le plus souvent sans rémouleur.

*269. La Mounianha-lfigra, tou granier d'ei Bas-Lemouzi.

La Montagne-Noire, grenier du Bas-Lîmousîn.

On désigne ainsi la contrée comprise entre Peyrelevade et Les- tards. La comparaison avec un grenier est au moins juste pour la hauteur, si ce n'est un grenier d'abondance.

270. Entre La Jasse et Pigeyroàri, Jamays n'a chantât lou ressignàu.

Entre La Jasse (Saint-Sextier) et Pigeyrol (Creuse), Jamais le rossignol n'a chanté.

La Jasse et Pigeyrol sont des points fort élevés à la source de la Vienne, de la Vezère et de la Creuse. Il y a en outre ici un jeu de mets. I^ Jatte désigne, en patois, la pie, qui est en général peu endurante et dont te babil n'a rien d'harmonieux.

271 . Lous dîsnal tard d'à Perdu.

Les dine-tard de Perols. Pour indiquer des pauvres, des paresseux.

272. Far eouma Badatbte d'en Chadaàeeh. Faire comme Nicaise de Chadebcch.

F^re le niais, b&iller aiA corneilles. Badar, béer.

(1) La Volpa, nom à aes forêts. Volps, renard, d'où ce nom fréquent des clairières dans la plupart de noa forfits : solelha-volp, l'endroit oii le renard t'ensoleille.

lyGoogle

273. Lout mounutniert d'à Buçtat.

Les montagnards de Bugeat.

C'est proprement la montagne, la fine montagne, our les Bri- viates y comprennent Corrbze et même Tulle.

274. Lotu ligno'sàuma i'à Saint-Estephe.

Les signeurs d'&oesse de Saint-ÉtienDe-auz-Glos.

Invités à la f£te votive {k la vote) de la Roche, près Feyt, un louatic du lieu leur fit, dit-on, faire 4 tous le signe de et^ii aur le cadavre d'une Auesse recouverte d'un linceul et entourée de quatre chandelles.

275. laus Limouxit n'aunt bt la barha fina, Lom Auvergnats la ieur fiOams teru poena, La ieur fdiams sens touailUni, stna sablou,

Sens aygua, ny ratou[r].

liCB Limousins ont bien la barbe âne (avisés), mais

nous, Auvergnats (plus fins et plus forts}, nous la leur

ferions sans serviette, sans savon, et, au besoin, sans eau,

Toîre sans ras<àr.

Bourrée auvergnate.

276. Entre lou Turlo ei lou mount Anti

Aves lou trésor d'el Lemouxi.

Entre le Turlo et le mont Antin

Est le trésor du Limousin.

Turisud est de la commune de Végennes, et le mont Aot; est situé en celle de Guremonte, chftteau considérable auquel on ttât ici allusion et qui appartenait aux de Plas, en majeure partie.

277. Balle couma la gresla ei Pech-d'Amat.

Rare comme la grêle au Puy-d'Arnac.

Expression ironique pour dire que la grêle tombe souvent. Puy- d'Arnac est situé dans te canton de Beaulieu, sur un point cul- minant qui eat vieité ttba souvent par lés orages.

278. Se lou Petît-Yenladour erat sur lou Grand-Ventadour, et (ou Grand-Yentadour sur lou Peueh-de-Douma, l'an veîot tegur lot portas de Rouma.

lyGoogle

Si le Petit-VentadouT était snr le châteiui de Veota- dour, et Ventadour au Puy-de-Dôme, on verrait sûre- ment les portes de Rome.

Le Petit-Ventadour âtait nn caatel, aujourd'hui t»b6, non loin du célèbre cb&tesu de Venladour, eo ta commune de Houstiers- VsDtailouf, près d'Ëgletona. C'est maiotsuat uu terre, dite Se- rilbac, qui appartient à H'*' la barouiie de I^a Mazière.

379. Pouneha de Paris. Pointe de "Paris.

380. Ne pot tuer anta à Paris,

Ne pas être allé à Paris. .

Ne pas «avoir former la porte derrière aoî après Mre entré ebez quelqu'un (précaution plus nécessaire en effet i, Paris qn'aiHeurs, ft causa des voleurs).

381. Paris s'est pas fait tout per un eop.

Paris n'a pas été b&ti tout à la fois.

On dit dans d'autres pays : Rome ne fut pas faite en un jour. Gabr. Mbdribb, Trdsor des sentences, ivi" siècle.

283. Riche coian'un juffe.

Riche comme un juif.

Se dit à une personne très intéressée.

283. Fort eoum'vn Boréale. Fort comme un Hercule.

Poor désigner un taomma doué d'une grande forée pbysiqae.

284. 5e la mayre d'er blad te perHat, la tnuliatat

à Couturat.

Si la mère du blé (la source) se perdait, vous la trou* veriez à Gouturas Saint-Hilaire-les-CourbeB).

Cette localité produit en abondance un seigle qui ae fait remar' quer par sa qualité.

385. Las ckambas-lounjat d'à Jfurot.

Les grandes jambes, les échassiers de Uurat.

Hurat est situé dans le coaton de fingeat,

ibyGoogle

744

386. Credayres d'à Giaux, criards de Gioux. Lanternas d'à CliampseU, lambins de Gliainpseix. PaUr- lands d'à Mounciaus, imbéciles? de MoDceaus. Postaux d'à Maurierai, englués de p&te de blé noir de Mauriéras. Salles d'à Bexeaus, malpropres de

Bezeaux. Cour d'à Bugeat, coc... de Bugeat.

L'hort-Iienoum, l'estron, l'hort-Renou l'é.. [ster- eus humanum) ; évidemment on a voulu jouer sur le vieux mot Vord renom, le renom sale, Yhorre noum.

Tous ces vill&gea sont de U commune de Bugeat, sauf Uonceaux, Bezeaux et l'Ornon, qui sont de celle de Viam.

Bugeat, naguère encore, était fort petit et n'était composé que d'auberges.

287. Lous creaque d'à Chambaret{l).

On dénomme ainsi les habitants de Ghamberet, parce qu'ils répè- tent souvent cette locution : créa que, craque ou croyez bien que. On dit fugitifs d'Affieux, probablement de ce que dans quelque expédition des guerres calvinistes, les milices étaient groupées par paroisse, iis auront lAché pied avec ensemble.

288. Aquo eist lou ehami de Bigarra,

Ou pàt pas segre, demorat.

C'est comme au chemin de Bigorre,

Qui ne peut suivre, demeure.

En 1406 Robert de Chabaones, seigneur de Gbarlus-le'Pailloux, commune de Saint-Exupéry, alla guerroyer avec plusieurs gentils compagnons, et assiégea et prit Lourde en Bigorre, d'ob probable- ment le dicton, car Jl dut emmener bien des Limousins qui, ayant eu à souffrir en cette expédition, en perpétuèrent ainsi le souvenir. Il 7 a bien un bameau de Bigorre dans ta commune de Sainte- Fortunade, mais la première explication a plus de vraisemblance.

289. Couma lou chirurgien Vedrena, Quand at sannat, trobat la vena.

(1) Craque signifie certainement en Haut-Limousin et Marche, et ne se dit dans la Gorrèie qu'il Salons et & Ghamberet.

ibyGoogle

Faire comme le chirurgien Vedrenne, qui, seulement après qu'il a saigné, trouve la veine.

Ffure tout k contre-temps ; idée que l'on exprime encore en disant : fermer la porte de l'écurie quand le cheval s'eat échappé,

290. Dounzenal per argentar, Sainct-Viance per dtsargenlar,

A Donzenac on s'earichit, à Saînt-Viance l'on se ruine.

Les marchés de Donzenac sont très suivis et procurent de gros bénéfices. On se ruine à Saint-Viance 7 probablement à cause des offrandes que l'on se croit obligé de faire aux reliques renfermées dans la belle cb&sae émaillée du xiii* sîËcle, une de nos plus belles œuvres limousineë que ses habitants conservent avec la plus grande vénération. Peut-être fait-on encore allusion aux aumônes faites pour rendre le patron de la localité favorable aux nombreux mendiants et infirmes qui y accourent de tous cdtéa.

39 i. Lom gamataw.

Les goitreux de Donzenac.

2^. Las pyras dounzenazas.

Les poires de Donzenac.

Une variété de gros beurrés verdàtrea connue À Corrèze.

293. Brave homme couma Juge. Honnête comme (défunt) M. Juge.

H. Jugo était du canton de Donzenac.

294. Pierre d'antan, Pierre d'huzan!

Gros-Jean j'étais hier, 31 décembre, Gros-Jean suis-je encore au 1" janvier.

Tel est le sens donné à Corrèie à la batterie cadencée du tam- bour (qu'on imite en le prononçant) lors de l'aubade nocturne du 1" de l'an faite aux gros bonnets de l'endroit en vue dn l'étrenne; car le tambour, par do légers roulements, y simulait assez bien la danse des écua de l'année sur uji crible.

295. Soursat, lou petit Lejiumzi. Soursac, le petit LimouBiu.

Les Auvergnats, de nos jours encore, désignent par cette exprès-

lyGoogle

746

sion le territoire enserra entre la Liizège et la Dordogne, depuis le confluent jusqu'à la hauteur de Latronche. L'Auvergne regardait donc cette partie comme un peu sienne.

Un excellent vieui prÊtre, M. l'abbé Bazetou, dans ses Notei paroissiales inédites, nous aide de ses conjectures puisqu'il a écrit : La LuzËge semblait attribuer Soursac à l'Auvergne.

Le fonds Bouillon des Archives nationales nous apprend que Souraac était partie en la vicomte de Tureane, partie en l'ancien taillable.

Noua savons, par le Gartniaire de Saint-Pierre-le-Vit (Yonne), que Théotechilde donna au vi* siècle, k cette abbaye de Sens, le bourg de Mauriac, et dans le paguë lemovicinut, la villa do 5au- ricUco, Souraac et environs, qui formèrent plus tard des membres du prieuré de Mauriac.

296. Chanlar foi vetpras d'à Chavanat\ Ghaoter les vêpres de Chavanat.

Psalmodier à tout hasard des termes de latin baroque, à l'tnetar des habitants de Milleyaches, qui le faisaient pour se moquer de la paroisse de Cbavanac, devenue l'annexe de leur église à une époque peu éloignée. En ITSO, les deux paroisses ne forratùent qu'une collecte au point de vue fiscal, aussi Cbavanac priait-il l'intendant de les désunir. (Arohiues de la Préfecture de Limoges.)

A Sainte-Fortunade, on ridiculise de mdme les vêpres de La- guenne.

297. Madré comme un Limosin. Rusé comme un Limousin.

298. Lous micatets d'à Serendou.

Les micalets de Seraodon.

Cette épithète, dont noua ne connaissons pas la signification, s'applique à tous les habitants de la paroisse, dans une acception méprisante.

299. Bortenses eives tunam piscantur m undisH).

Les Bortois pèchent la lune daus les ondes.

Veut-oa dire qu'ils sont gens à prendre la lune avec les denta? Au collège d'Ussel, cet hexamètre a cours pour peindre leur soif

(1) Variante : Slulti bordenses etc.

lyGoogle

du gaia et leur bdtise, opposée & la causticité des Ussebis réputés spirituels. La ville da fiort (arrondi ssement d'Ussel], à cause sa rivibte, porte : d'azur, à trois bandeê ondées d'or. (D'Hozier.)

300. Tiala d'à Borl. La toile de Bort.

Cotte toile (ut renommée auprès des marchands languedociens.

301 . VisiU de M. de Romsillon.

Au sens de visite très longue, duruit même plusieurs jours. H. de Fénis de Roussillon (BoussJllon, seigneurie de la commune da Bort) étant allé voir en passant un da ses parents à Égletons, y resta un an sans bouger de Ik, d'aucuns disent trente ans.

302. Lous azis de Vant~Bas.

Les Anes de Vent-Bas.

Venl-Baa et Vent-Haut sont deux petits villages de la commune de Neuvic. Les habitants de Venl-fias répondent à la provocation ci-dessus par les phrases suivantes : Lous Vant-Naut, la testa bassa, lou quieou naut. Ceux de Vent-Haut savent aussi saluer, i, tAte baissée et à cul levé.

303. Oùif comme l'aumdnier de l'Empereur, ou comme te cuisinier de M. de Giraudèt.

Parce lue l'un et l'autre avaient peu à faire. Ce dernier passait pour avare, ft ce jioint qu'ayant reçu le préfet il ne put se retenir de répondre à ses remerciements de congé par un :

Oh I la peine, ce n'est rien, monsieur le préfet, mais la coû- tance, monsieur le préfet !

Giraudbs était un tènement (noble?), encore village de Saint* Pantaléon-de-Lapleau. Famille éteinte.

304. La peyra de las hurlât d'Ayent.

La pierre des hurlements d'Ayec.

Certain rocher ensorcelé qui passait pour guérir si on allait y gémir de son mal.

305. La peyra d'el ptehat tPel boun Diou. La pierre du péché du bon Dieu.

Ou désigne unsi à Louignac, prës du village de la Fournerte,

lyGoogle

748

un rocher très dur offrant une dépression en forme d'empreinte de pied, profonde de dix centimètres, objet d'un culte immémorial, auquel les bergers eax-mSmes ne manquent pas. {BuUelin ai'chéo- logique de (a Dordogne.) Pechat, peut-être pour pezat, piada, ped-

306. Lous ehanta-elar d'à Ladignat.

Les Ladigiiacois à la vois grêle.

A cause de leur sonnerie trop claire, trop argentine et ne tenant pas au vent. On le dit encore de Laval.

307. A Lagarda, Prmds-te garda.

A Lagarde,

Sois sur tes gardes.

C'étwt un lieu très passager, un relais de poste pour deux grandes routes solitaires bordées de forets.

308. A Sainl-Priest, Mays quo i'avêt.

Las filhas d'à Jumel Leic mounlount à grand troupel.

Ijes filles de Gimel montent par bandes serrées à Saint- Priest.

36 dit la seconde messe. Elles ont la dévotion d'assister aux deux, un peu pour se faire voir endimanchées.

309. Saincl Caprays maridat qu vêt.

Saint Caprais marie qui se présente.

Ce proverbe se dit à Saint-Hi faire- Foi ssac, à la fête de Saint- Caprais, te 30 octobre, pour encourager les savetiers ambulants (,groulHers) à retarder leur départ pour se marier, et à profiter de ce deuxième carnaval d'autrefois de la Saint-Martin. Carnaval, parce que l'avent de Noâl, période de Jeûnes rigoureux, était natu- rellement précédé de réjouissances, et saison de mariages, comme en témoignent les proverbes, notamment le suivant :

310. Per Saint'Marti, tua toun porc fi, couvida toun vezi. A la Saiut-Marliu, occis ton porc fin, convie ton voisin.

lyGoogle

31 1. Àveir la poula nigra couma moussu Dufàure,

Avoir la poule noire comme M. Dufaurc (d'AUassac).

Qui gardait sca vignes de son lit, passait pQur avoir 4^3 secrets d'alcb irais te. Aux noces de village, on porte une poule noire, souhait magique de richesse en miinagc.

312. Veïre tous anges couma moussu Mirai.

Voir les anges comme M. Mirât.

Un viéuK Noôl malin raconte que H. Dumyrat de la Tour, gou- verneur de Tulle, eut la visite des anges piour lui annoncer ta venue du Sauveur en ce monde :

Lou mel Myrat se permenavat Dins soun Bo»l-Moungier tout soutel. Le vieux Mirât se promenait en son Bois-Hongier tout seul, quand, etc.

313. 1' sems dounc!

Un loustic prétend que le bourg d'Yssandon a tiré son nom d'une exclamation do ce genre répétée par chacun des gens obli- gés de gravir co haut piton calcaire.

314. La pelada de Juglard. La canonnade de Juglard.

Voici l'anecdote racontée par Anne Vialle au Dictionnaire patoit de Béronio :

B Dans un repas se trouvaient plusieurs personnes très spi- rituelles et très gaies, et notamment deux magistrats auxquels cette épithète convient parfaitement, on voulut égayer la conver- sation en dzugan o las Tnesaoundzas, en jouant aux mensonges; chacun fit de son mieux, et on rit beaucoup. M. Juolar, de Lan- teuil, avait ri avec les autres, mais n'avait pas encore mis son enjeu. Pressé par la bande joyeuse, il dit : « Vous savez, mes a amis, que j'étais fournisseur de vivres à l'armée navale que nous u avions devant Gibraltar, et, en cette qualité, j'étais a bord du D vaisseau -ami rai (tout cela est vrai]. Dans le fameux combat qui " eut lieu entre notre flotte et celle de l'amiral Nei.sun, il fut un » moment M. La motte -Piquet perdit la léte, juaqu'à en jeter u sa perruque. Amiral, lui dis-je, il ne faut désespérer do rien. B Eh bienl dit-il, mon ami Juglas, fais comme tu voudras. Alors " je pris le commandement, et je fis lâcher deux bordées terribles i à bâbord et & tribord contre le vgjsseau de l'amiral NEUiOn. Ma 1'. vn, i-21

lyGoogle

750

muiceurre eut un tel effet, qu'au bout de quelques miautes un B porte-voix nous transmit ces paroles très distinctes de Nelson ; Ahl b de Dzuglar, oquei plo lu qve m'a f...u oquelo pelado.

Ahl b de Juglar, c'est bien toi qui m'a flanqué cette ca-

* Donnade. >

On sent bien que U. Juolak fiit reconnu rainqueur à t^le, comme il l'avait été par l'amiral anglais. Depuis ce temps, notre langue s'est enrichie de lo pelado de Dztiglar.

Un des magistrats joyeux dont il est ici question était H. Bedoch, qui devint plus tard député de la Gorrèze.

315. Marrouns d'à la Piala.

Grosse espèce de marrons originaires du village de la Pialle, commune des Angles. Tout bon Limousin est grand mangeur de eh&taignes. Chaque matin un bon paysan, se tenant aussi bien à table qu'à la charrue, en mange sans boire jusqu'à trois cents, pesant deux livres et demie. Aussi cela tient le corps.... et l'&me ensemble.

Au bon Normand la pomme est chère.

Comme au Bourguignon le raisin;

Hais à tous ces fruits, je préfère

Hes ch&taignes du Limousin.

316. Le géant d'en Ganette. Le géant de Ladignac.

Ud pied posé sur le Puy-Pinçon et l'autre sur le Puy-des- Écholles, comblait presque le vide toutes les fois qu'il le faisait chez lui.

JbaR DBS HORTS.

317. Qu eist mort? '

Jehan d'aus Bortt. '

Qàu fat ttiat?

Aquo eitt un rat. Ound l'auM boutât?

Dkh' vn vailat, etc. Qui donc eat mort?

Jehan des Horta.

Qui l'a tué?

C'est un rai.

l'a-t-on mis?

Soua le pourpris, etc.

Les Horts, seigneurie de la paroisse de Naves.

ibyGoogle

318. Lout tieytayres d'à Saint'Soulpice.

Les scieurs de long de Saint-Sulpice-le-Peylet ou les-

319. Las chàbras cfA Maymal. Les chèvres de Meymac.

Les babit&Dls de Bellegarde avaient le monopole d'approvisionner de chèvres le marcha d'Aubusson, parce que pour la conaerration

des foreta d'Âubusaon, les chartes qui permettaient à toutes gens de leurs abords d'y mener leurs bestiaux, interdisaient les chèvres. On n'en tenait donc qu'à Bellegarde, d'où le sobriquet de chéoret décerné aui habitants de Bellegarde. [Bullelin de la Creuse.)

A Péret, en la région de La Blanche (déboiaéeT), et à Heymac, les Ventadour et les bénédictins avuent pu concéder le droit d'avoir des chèvres. (Voir les numéros 2S9 et 2S0.)

320. Dieu adjudant, fTy aurai a[[]ter tant,

Anuey, hujan, Aygua boulant, Que per ant'an.

Dieu aidant,

Il y en aura autant,

Anuy, cet an.

En eau mettant,

Que tut antan.

Ce couplet fait allusion & un petit vin que l'on récolte ft Sainl- Silvaitt et à Laguenne.

321. La miezza-àulna de Pechabelier.

Le sieur Heynard, bourgeois de Tutle, ancien marchand de grains, qui avut acquis la Jarrige (Naves), se moquait un jour de ia fagon . dont Puyhabilier, wcien drapier à Tulle, acquéreur du flef minus- enle auBSi de Leyrat {Nares}, et en voie de s'anoblir par une charge de secrétaire du roi prËs un parlement, vers 1760, faisait le gen- tilhomme l'épée au côté ^sta-limae, brochette à limaçons), plai- samment qualifiée de miezza-auna, demi'aune. Puyhabilier l'apprit et lui envoya aussitCt, dûment ornée de la petite oie, une ëpée de bois toute neuve en forme de longue radoîre, razouïra, 4 poignée de garrot de lieur.

lyGoogle

322. D'aus Jacques.

Nous appelons ainsi des châtaignes d'abord desséchées à U fumâo, puis passées à l'eau bouillante dans laquelle on plonge la pelle rougie, ce qui les fait rider ea cottes de Jacques et les rend plus sucrées.

323. A Saincta-Fourlunada,

Cftaïtiva niada! A Sainte-Fortunade, chélive nichéel C'est-à-dire vilaine engeance. On joue sur fourtuna et nads.

324. lûjis mouzxos-truffa d'à Saincta-Fourtunada.

Les déterreurs de pommes de terre de Saiole-Foilunade.

Mouzzar s'applique aux cochons et aui taupes qui fouillent la terre. Quand on sent un besoin naturel, une âpreinte, on dit : La taûpa mozzat. Truffa signifie communément la pomme de terre, qui est cultivée abondEunment dans cette commune riche

335. Lous pirolas.

Ce terme, équivalant peut-être à oison, dindon, pira, pirou, est usité sur la rive droite de la Gorrëze pour désigner les pa- roissiens de Saint-Germain-ies-Vergnes, Chameyrat, Saint-Hilaire et Sainte-Féréole. Les gens de cette derniëro bourgade passent pour si mal famés qu'on dit communément qu'ils portent leur hache même à la messe.

326. La chaslanha et la rabiota aant manquât,

Lou paya est rmiinat.

La châtaigne et la rare ont manqué,

Le paya est ruiné.

C'était aulreFoLS la grande ressource. Il n'y a pas encore trente ans, on fusait déjeuner les faucheurs avec des ch&taignes sèches. Aujourd'hui celte nourriture cesse & Pftqucs et passe pour donner le Fer chaud, par excès de tannin. La tannada salée engraisserait fort bien nos bestiaux ot ne devrait plus être jetée.

327. Lous plaqiios.

Ce sobriquet désigne nous ne savons encore quels habitants, vers Chanac.

lyGoogle

328. Low chabrûrs d'à Jumer. Les chevriere de Gimel.

Se dit à Laguenne.

329. Lous Sainct-Bounnet Barrounl lou dyable dins liur bounet,

Lou portount ey mouli,

Lou vous bolount couma Sei fanfouri,

Ou s'amas mays couma d'ex chaulât.

Et faunt ereyre ei boun Diou qu'aquo eist de la farina de blad.

Les geQs de Saint-Bonnet-fAvalouze) sont gens si ma- drés qu'ils enferment le diable dans leur bonnet, le por- tent au moulin, le mettent en poussière (furfitr), ou si TOUS le préférez, comme de la graine de choux sauvages, et font croire à Dieu que c'est de la bonne farine de blé.

(Ai

lyGoogle

„Googlc

DROITS DE PÉAGE ET DE PONTOKAGE

son u Tmst et sus le pont do saiunt

bïGooglc

„Googlc

DROITS DE PÉAGE ET DE PONTONAGE

SUR LA TERRE ET SUR LE FONT DU S&U,UNT

'est encore dans un recueil de vieiuc procès que nous avons trouvé :

Arresl du Conseil d'Estat du Roy, qui maintient le seigneur du Saillant dans un âroit de péage dans la Terre du Saillant, et dans un droit de pontona^ sur le pont situé sur la rivière de Vezère, au Village du Saillant en Liniosin(l).

(1) Ce village est très ancien. M. Deloche, dans te CartuUire de l'abbaye de Beaulicu, l'indique comine ayant été cédé, sous le nom du Saillant, à Protairc, archevêque de Bourges, et comme ayant porté avant et depuis une époque indéterminée le nom û'Orba-

La Géographie du dipuriement de la Corrèze, d'Adolphe Joanne, donne sur le Saillant les renseignements suivants :

Le hameau du Saillant, canton de Juillac, commune de Voutezao, occupe un des sites les plus pittoresques du Limousin, au bord de la Veière, qui coule en écumant sur des rocs graiiitiques formant de jolies Iles, près d'un vieux manoir séjourna Mirabeau.

Une cascade appelée Saut du Saumon est une des curiosités de ce pays, l'on admire encore la gorge profonde et sauvage de la Vezère, sous Comborn et au Saillant.

ibyGoogle

Du 15 Mars 1799. Extrait des Registres du Conseil d'Estat.

Les divers procès qui se trouvent mentionnés dans cet arrêt nous ayant paru assez inté- ressants pour prendre place à côté de cewa; déjà publiés dans les Bulletins de notre So- ciété et pour leur servir de supplément^ nous en avons fait ce compte-rendu. Nous y avons ajouté la copie de quelques anciens docu- ments concernant la famille de Lasteyrie du Saillant.

Nous transcrirons ici quelques considéra- tions géTiérales qvs nous trouvons dans un article inséré, par M. le baron de Girardot, dans les Annales archéologiques, t. VII, p. 23 :

Il était pourvu à l'entretien des ponts au moyen des péages appelés pontage, pontonage, pontenage, pontonatge, enfin billette ou bran- chiette, à cause du billot ou de la branche d'arbre l'on attachait la pancarte indi- cative des droits à payer. Le péage se per- cevait pour le passage en-dessus ou pour le passage en-dessous.... Les péages sur les ponts très anciens avaient été établis de l'autorité des seigneurs; mais lorsque le pouvoir royal eut avancé son ceuvre de centralisation^ le roi seul put en établir à son profit ou à celui des engagistes du domaine. Les seigneurs hauts- justiciers ne furent maintenus dans leur droit, à cet égard, qu'en justifiant d'une très an^ cienne possession.

ibyGoogle

Le seigneur était tenu, moyennant le péage, d'entretenir les ponts, et, dans l'origine, il avait l'obligation d'assurer mix voyageurs la sàreté de leurs personnes et de leurs effets; en cas de vol ou de meurtre, le seigneur était tenu d'indemniser la victÏTne ou ses ayant- droit.

Le pont du Saillant, objet des droits de péage et de pontonage dont il va être gîtes- tion dans les documents que nous allons re- produire, existe encore; nous en donnoiu le dessin. Les arches, au nombre de six, sont en ogive. En amont, contre le torrent des flots et le choc des glanons, on a opposé des épe^ Tons qui divisent les vagues et brisent les glaces. Comme cette disposition était inutile en aval, les piles sont droites. Les éperons sont aigus, en forme de triangle, et s'élèvent jus- qu'au tablier pour former des gares très utiles. Tous ces détails ont leur raison d'être, mais aujourd'hui, avec la manie de la symé- trie qui nous gouverne, nos architectes font les piles des ponts aiguss ou plates en aval comme en amont, ayant l'air de ne point vou- loir se rendre compte des motifs qui néces- sitent leur construction.

Cahors, le 18 février 1885.

L0U13 &RBIL.

DigmzcdbyGoOgle

760 I

ti AR contrat du 15 septembre 1372, Archam- ^^_^ baud, seigneur de Comborn, fit à Guy de Lasteyrie, seigneur du Saillant, une vente étaient compris, entre autres privilèges, le droit de péage (1) qui se percevait sur les bétes char- gées de sel ou autres choses, qui passaient dans la seigneurie du Saillant, avec le droit de pon- tonage (2) qui se levait sur le pont situé sur la Vezére dans ladite seigneurie.

Quelque temps après, ce pont ayant eu besoin d'être réparé, et les réparations ayant occasionné des dépenses au seigneur du Saillant, à qui elles incombaient, il augmenta le nombre des choses sujettes au droit de pontonage.

Il fit agréer l'extension de son privilège à Louis, fils de France (3) qui, par des lettres patentes du 4 février 1374, lui permit, tant pour le dédom- mager des frais par lui faits que de ceux qui

(I) Péage ; droit de passage ou d'entrée, tribut que l'on payait à des seigneurs pour le passage d'un pont de certains chemins ou de certaines villes : de pedagium. Chacun sait que saint Louis exempta les jongleurs du droit de pâage, aux conditions qu'ils chanteraient ou feraient jouer leurs animaux devant le receveur. (Roquefort. Glossaire de la langue romane.) D'après le Diction- naiTe eatiriquc, critique et proverbial de Leroux, ce serait de cette obligation que serait venu le proverbe ; Payer en monnaie de singe .' en gambades.

(!) Pontonage : péage, droit qu'on paie pour passer sur un pont; en bas-latin : pontonagiam (mâme source).

(3) C'était le duc d'Anjou, frère du roi Charles V et second fila du roi Jean-le-Bon, qui avait érigé l'Anjou en duché ea 1360 et le lui avait donné en apanage. Ce duc devint le chef de la seconde race des rois ^e Naples de la maison d'Anjou.

lyGoogle

seraient à faire pour l'entretien et la réparation du pont du Saillant, de lever sur ledit pont les droits de péage spécifiés dans ces lettres pa- tentes (1).

Environ un siècle après, la levée de ces droits fut contestée; la saisie en fut faite et le seigneur du Saillant y fit opposition.

Pour ce procès, le roi Charles Vil, par lettres patentes datées du 9 janvier 1461, donna aux sénéchaux de Limousin et de Périgord, et au bailli des montagnes d'Auvergne, attribution de juridiction pour connaître de l'opposition formée par le seigneur du Saillant à la saisie desdits droits, et ce fut sans doute d'après l'avis de ces juges que, le 2 juillet 1463, Louis XI donna des lettres patentes en forme de commission, en- joignant au sénéchal du Limousin et à ses lieu- tenants au bailliage de Brive et d'Uzerche, de maintenir le seigneur de Lasteyrie dans la jouis- sance des droits qu'il prétendait avoir dans la seigneurie du Saillant, à condition qu'il justi- fierait de leur possession immémoriale.

Cette justification dut être faite, car, en con- séquence desdites lettres, le lieutenant-général au bailliage de Brive et d'Uzerche, sur les conclu- sions du procureur du roi audit bailliage, rendit une sentence le 20 février 1464, ordonnant que

(1) peut-être le duc d'Anjou voulait-il aussi récompenser Guy de Lasteyrie des services qu'il pouvait avoir rendus pendant la temps où, d'aprts ses ordres, il avait parcouru le Bas-Limousin pour y recevoir le serment de fidélité des villes restées au pouvoir des Français.

lyGoogle

ledit seigneur de Lasteyrie jouirait desdits droits conformément aux pancartes qui y étaient insé- rées, jusqu'à ce que autrement il en eût été or- donné par sa Majesté.

Nous ignorons si le ivi' siècle se passa sans contestations de ces droits; mais au xvn", il y eut un nouveau procès à leur sujet.

Les titres fournis pour le gain des premiers n'avaient pas été nombreux, du moins on en cite peu; mais pour celui-ci ils sont plus longuement détaillés, et outre les pièces des deux anciens procès, le seigneur du Saillant produisit :

Expédition d'un bail fait le 14 juillet 1617 par le seigneur Jean du Saillant, au profit de Jacques Malperse et autres,' de tous les revenus de la seigneurie du Saillant, consistant, entre autres choses, aux droits de péage qui se per- cevaient dans ladite seigneurie.

Copie d'un acte de foy et hommage, contenant aussi aveu de la seigneurie du Saillant, fourni par ledit seigneur du Saillant au seigneur évoque de Limoges le 10 février 1624, dans lequel ledit droit de péage est énoncé.

Copie de deux baux dudit droit faits par le seigneur Raymond du Saillant, au profit de Ber- trand Bonnel, les 7 septembre 1656 et 24 juillet 1661, moyennant la somme de soixante-dix livres par an, et en outre la charge d'entretenir le pont du village du Saillant.

Copie d'un autre bail fait par ledit seigneur du Saillant, au profit de Jean Deymerie et Pierre

lyGoogle

763

Marty, entre autres choses dudit droit de péage, le 2 décembre 1665.

Ck>pie d'un autre bail dudit droit de péage, fait par ledit seigneur du Saillant, au profit du nommé d'Erval, le 25 décembre 1665, moyennant qua- rante livres par an (1).

Expédition d'un marcbé fait par-devant notaire le dernier février 1668, par le seigneur Antoine du Saillant, seigneur dudit lieu, avec Bertrand Treuilh et Pierre Chambert, charpentier et maçon, pour la reconstruction du pont du Saillant, ensuite duquel est la quittance du payement fait par ledit seigneur du Saillant des ouvrages concernant ledit pont.

Copie d'un bail fait par Marie de La Morelie, dame du Saillant, le 21 octobre 1670, au profit de Jean Lausanne, du droit de péage de la sei- gneurie du Saillant et autres en dépendant.

A la suite de la remise de ces titres, le sieur de Ribeyre, pour lors intendant à Limoges, rendit une ordonnance le 23 octobre 1671, par laquelle il a été ordonné que les droits dS péage et de pontonage perçus par le seigneur du Saillant dans ladite seigneurie, continueraient de l'être par pro- vision.

Enfin, au siècle dernier, le seigneur du Saillant eut à soutenir un autre procès. Pour celui-là, un arrêt du 29 août 1724 nomma des commissaires

(I) Les dates ei rapprochées de ces deux baux font supposer que l'un était celui du péage, l'autre celui du pontonage.

lyGoogle

chargés de vérifier les titres dudit seigneur, et un arrêt du 8 avril 1727 ordonna qu'il justifierait de la possession, depuis 1569, des droits contestés, ensemble de l'acquit des charges.

Ledit seigneur n'eut pas été embarrassé de faire cette preuve, puisque ses aïeux l'avaient faite déjà et que ces droits remontaient au iiv" siècle, date de leur achat; mais les titres concernant les sei- gneuries de Comborn et du Saillant, avaient été détruits par un incendie en 1683; néanmoins il put encore produire :

Une copie coUationnée et légalisée du contrat d'achat de 1372.

Copie d'un bail des droits de péage et de pon- tonage fait par le seigneur Noël du Saillant, au profit de Jean de Lachese et autres le 1" juin 1670, moyennant cinquante livres par an.

Copie de trois baux desdifs droits, le premier fait au profit d'Heliot Bonnelle le "25 octobre 1672, moyennant cinquante-huit livres par an ; le second au profit de Claude Seguy, le 23 mars 1677, moyennant soixante livres par an; le troisième au profit de Jean Mousour, le 11 décembre 1681, moyennant cent dix livres aussi par an.

Expédition d'un procès-verbal du juge de la vi- comte de Comborn du 20 avril 1683, duquel il appert que la tour du château de Comborn et les titres concernant les seigneuries de Comborn et du Saillant ont été incendiés dans la môme année.

Autre expédition d'une enquête concernant les droits de péage et pontonage, faite pïir le lieute-

lyGoogle

nant-général en la sénéchaussée d'Uzerche le 18 mars 1699.

Arrêt du parlement de Bordeaux du 23 août 1717, par lequel les nommés Garignon, Langlade et autres, ont été condamnés à payer audit sei- gneur du Saillant la somme de cinq livres, pour le droit de péage de cinquante charretées de mer- rain qu'ils avaient fait passer dans ladite seigneurie du Saillant.

Acte passé par-devant notaire le 18 juillet 1727, dans lequel plusieurs habitants du village du Saillant et des environs ont attesté qu'ils avaient toujours vu lever lesdits droits de péage et pon- tonage, suivant un tarif apposé sur une pile du pont dudit lieu.

Autre acte aussi passé devant notaire, le 20 juillet 1727, dans lequel plusieurs habitants des paroisses de Voutezac et Estivaux ont pareillement attesté qu'ils avaient toujours vu percevoir lesdits droits, et en outre que ledit seigneur du Saillant entretenait à ses frais les ponts, chemins et chaus- sées dans l'étendue de ladite seigneurie du Saillant.

Ces nouveaux titres furent trouvés suffisants, et le conseil d'Etat en 1729, sur les conclusions du sieur Mailhard de Balofre, maître des requêtes, procureur-général de sa Majesté- en cette partie; vu aussi l'avis des sieurs commissaires nommés par l'arrêt du 29 août 1724 ; ouï le rapport du siem- le Peletier, conseiller d'État ordinaire et du conseil royal, contrôleur-général des finances, ren- dit l'arrêt suivant :

DigmzcdbyGoOgle

766

« Le Roy estaot en son Conseil, conformément à l'avis

deedits commissaires, a maintenu et maintient le seigneur marquis àjx Saillant dans le droit de péage qu'il perçoit dans l'étendue de la seigneurie du Saillant, et encore dans le droit de pontonage sur le pont situé sur la rivière de Vezèra dans le village du Saillant, pour en jouir sui- vant les tarifs cy-après. Sçavoir :

POCB LE bBOIT DE F£a(iE

I. Pour chacune charge de safran, cire, gaude(i), fromage, châtaignes et autres, épicerie : quatre deniers.

II. Pour chacune charge de drap, toile, futaine, laine, plumes, peignes et autres, mercerie : quatre deniers.

XII. Pour chacune charge de sel et de poisson frais ou salé ; dix déniera.

IV. Pour chacune charge de chaui, meules de pierre, fer ou acier, sabots et pelles : quatre deniers.

V. Pour chacune charge de verres, de pots de terre ou d'oignons : un denier.

VI. Pour chacune charrette chargée des susdites mar- chandises : un sol.

VII. Pour chacune charretée de vin : cinq sols.

VIII. Pour chacune charretée de foin : deux sols.

IX. Pour un cheval ou asne : quatre deniers.

X. Pour un bœuf, pourceau, mouton et autre teste masle : un denier.

.XI. Pour beste femelle : une maille. XII. Pour un cuir de bœuf ou vache : un denier.

POUR LE OaOlT DE PONTONAOE

I. Par personne à pied : un denier.

II. Par béate chargée : deux deniers.

III. Par beste non chargée : une obole.

Sa Majesté fait defTenses audit seigneur marquis du

(1) Gaude, plante qui fournit une teinture jaune. Dans certains pays on donne ce nom k la farine et aun g&teaui de mais.

lyGoo^le

767

Saillant de percevoir d'autres ni plus grands droits que ceux cy-dessus, ni de les exiger plus d'une fois sur ee qui passera et repassera le même jour.

Ordonne en outre, sa Majesté, que ce qui aura acquitté l'un desdits droits sera exempt de l'autre, et que les ecclé- siastiques et autres privilégiez ne seront sujels audit droit de pontonage.

Enjoint audit seigneur du Saillant d'entretenir à ses frais les ponte, chemins et chaussées qui sont dans l'ea- tendue de la seigneurie du Saillant en bon estât pour la commodité publique, et de se conformer aux Édita et Réglemens concernant les droits de péages, sous les pei- nes portées par les ordonnances.

Fait au Conseil d'Estat du Roy, sa Majesté y estant, tenu à Versailles le 15 mars mil sept cens viugt-neuf. Signé : Phelypeaus.

Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre : Au premier nostre Huissier ou Sergent sur ce requis. Nous le mandons et commandons par ces pré- sentes signées de nostre main, que l'Arrest-cy-attaché sous le Contrc-sccl de nostre Chancellerie, donné cejour- dhuy en nostre Conseil d'Estat, Nous y estant, pour les causes y connues, tu signifies au seigneur marquis du Saillant y dénomma, et tous autres qu'il appartiendra, à ce que personne n'en ignore; et fais en outre pour l'entière exécution d'iceluy, à la Requestc de nostre amé et féal le Sieur Mailhard de Balofre nostre Conseiller en nos Conseils, Malstre des Requesle ordinaire de nostre Hostel, et nostre Procureur général en la commission establie par l'An-est de nostre Conseil du 29 Aoust 1724. pour l'examen et vérification des Titres des droits de péages, bacs et autres droits de cette nature daus l'es- tendûe de nostre Royaume, tous Gommandemens, Som- mations et autres Actes et Exploits requis et nécessaires, sans autre permission. Car tel est nostre plaisir. »

Donné à Versailles le quinziesme jour de mars, l'an de grâce mil sept cens vingt-neuf, et de nostre Règne

DigmzcdbyGoOgle

le quatornesme. Signé : Louis. Et plus bas : Par le Roy, signé : Publypbaux.

ICollationné aux Originaux par Nous, Ëcuyer, Conseiller' Secrétaire du Roy, Maiaou-GouronDa de France et de ses

C'est le dernier procès au sujet des droits de péage et de pontonage de la seigneurie du Saillant dont nous ayons connaissance, et nous supposons qu'il n'en a pas été intenté d'autres. Un traité de Société passé le 31 mai 1774, entre MM. Raymond Leblanc de Lalouisière, prêtre, demeurant à Paris, rue des Escouffes, paroisse Saint-(iervais,

Denis Dulyon, intéressé dans les affaires du roy, demeurant à Paris, rue de la Sourdière, pa- roisse Saint-Roch,

Louis Métivier de Malzard, distributeur général des postes, demeurant à Paris, rue de Grenelle- Saint-Hoaoré, paroisse Saint- Eustache,

Joseph-Marie Gandin, avocat en parlement, an- cien receveur des fermes du roy, demeurant à Feurs en Forest,

pour prendre à ferme le marquisat du Saillant, vicomte de Comborn et ses dépendances situés dans la province du Limousin, vient à l'appui de notre supposition, parce qu'il mentionne les redevances au nombre des principaux revenus dudit marquisat, et qu'il nous parait inadmis- sible que ces associés aient affermé des droits contestés.

Ce bail fut consenti par M. Cbarles-Louis-Gas- pard de Lasterie, vicomte do Comborn, marquis

lyGoogle

du Saillant, pour neuf années, par acte devant notaire, et pour autres neuf années par acte sous signatures privées, moyennant le pris principal de 28,000 livres par année, au profit de Joseph Pilley, qui fît la déclaration qu'il traitait pour la Société susdite.

II

tRàiTÉ (1) en langue latine, passé en la ville d'Avignon devant georges brazadel pons du pont et thibauld georges, notaires publics, en pré- sence de revérendissime père en jesus christ mes- sire guillaume Cardinal prêtre du titre de Saint- Vital, et de pierre villani camerier du pape, et auditeur général de la chambre apostolique, le 10 février 1382 entre noble regnauld de Lasteyrie damoiseau, frère de feu noble homme et égrége chevalier M" guy de Lasteyrie, comme tuteur designé par le testament dud. chevalier reçu par gaillard matieu notaire royal le 29 janvier 1378 (1379 nouveau style) de noble amanîou, fils et héritier dudit feu ch", et de jehan et Margueritte aussi fils 'et fille du même chevalier, et de dame et honneste dame jehanne d'Ornhac, son épouse, et comme procureur fondé, par acte passé devant Aymery de Montrabiou, clerc du diocèse de Li- moges le 2 May 1380, de noble et honnête dame

(1) Copié mot à mot au degré de Guy de L&stayrie, inséré dans lea preuves du chapitre de Hetz, signé Cberin, en date du 26 janvier 1768, lea dites preuves données pour la familJe d'Angélique de Lasteyrie reçue audit chapitre.

ibyGoogle

Margueritte de peyrefumade, mère dudit feu guy de Lasteyrie, aussi designée par le même testa- ment tutrice avec lad. D' jehanne d'Ornhac, desd. Amaniou, jehan et Margueritte et encore comme procureur de tous les frères, parents paternels et maternels, alliés, familiers et domestiques dud. feu Sg' d'une part et vénérables hommes maîtres bernard englese, bachelier en loii, et pierre pelle- grin sergent darmes de notre Saint père le pape, sindics et procureurs des Consuls et de la ville de Montpellier, d'autre part, sur les procès et dis- cordes mus entre lesd. dames, lesd. Amaniou, jehan et Margueritte, et les consuls de la ville susdits, au sujet de la mort du dit feu chevalier tué en la ville de montpellier par des' habitans dicelle (1) et de la spoliation faitte par les mêmes habitans de son argent, et de ses autres effets montant à plus de 6,000 francs et encore au sujet des depands et domages que led. damoiseau a souffert pendant deux ans en divers voyages qui! a fait a paris et ailleurs, tant vers le roy que vers le duc danjou, par lequel traité lesd. sindics et procureurs, pour éteindre laction formée par lesd. dames et lesd. amaniou, jehan et Margueritte con- tre lesd. Consuls et ville, s'engagent de payer aud. damoiseau aux d. noms la somme de 8,000 francs bons d'or pur, du coing du Roy. Ce traité signé E. Gr. expédition délivrée le 12 janvier 1683, sur

(1) Le 25 octobre 1379, dans une sédition populaire provoquée par les subsides exorbitants et aucceasifs que le duc d'Anjou faisait lever. Quelque temps avant, il y avait eu aussi à Nîmes une ré- bellion pour la mâme cause.

lyGooglt:

m

un Roulleau de parchemin en dépôt aux archives de l'hôtel de ville de montpellier, armoire f. cas- sette 4, par Jean bonies notaire royal, greffier et secrétaire de l'hôtel de ville, et gardien desd. archives, signé bonies, et légalisé le même jour par pierre Eustacbe Chevalier, président juge mage et lieutenant-général-né en la sénéchaussée, gou- vernement et siège presidial de la même ville.

Sentence en la même langue, prononcée en la ville de Montpellier le 24 février 1379 (1380 nou- veau style) par Louis fils du roy des Français, frère du roy(l) et son lieutenant en Languedoc, duc danjou et de Turenne («mî)(2), et comte du Maine par la quelle, le prince condamne à divers genres de mort 600 hahitans de la viile-de Mont- pellier (3) qui le 25 octobre précédent se sont jettes sur M" guillaume permufel, son chancelier et guy de Lestarie sénéchal de Rouergue (4) chevalier et docteur es loix et sur plusieurs autres commis- saires du roy, envoyés en Languedoc par Sa Ma- jesté à la sollicitation du d. duc, les ont tués et on jettes leurs corps dans des puits, affin quils soient privés de la Sépulture. Cette sentence, dont l'acte fut écrit par Jean d'alenche, notaire royal, insérée dans des lettres du même duc du 27 du même mois portant rémission de la peine de mort,

(1) C'est celui qui avait confirmé les privilèges de péages à Guy de LMteyrifl «n 13^4.

(2) 11 faut lire : duo de Touraine.

(3) 200 au feu, 200 au gibet, et le reste à la décapitation.

(4) En I3T8, il fut, comme sénéchal, chargé de lever des subsides contre les routiers.

lyGoogle

772

et une partie des autres qui y avoient été pronon- cées, et les lettres insérées dans d'autres lettres du roy dattées de paris le 12 décembre suivant, par lesquelles Sa Majesté remet aux habitans de Montpellier, toute peine criminelle et civile par eus encourue pour les excès susdits. Sauf le droit civil des parties intéressées. Ces dernières lettres signées par le roy, ii la relation des duc danjou, de bourgogne et de bourbonnais. J. Tabasi, et scellées du scel royal en cire verte. Expédition délivrée sur l'original en parchemin déposé aux archives de l'botel de ville de Montpellier ar- moire f. cassette 4. Comme celle traité du 10 février 1382.

Note du copiste.

Lettres en langue latine données à Sauveterre le 18 septembre 1377 par guy de Lasteyrie, chevalier, seigneur du Sailhens(l) sénéchal de rouergue, et capitaine général pour le roy dans lad. Séné- chaussée sous son propre sceau, portant que ne pouvant vaquer par luy même à des affaires importantes touchaiit le fait de la guerre il a nommé Bernard Coulon trésorier du Roy à Rho- des, pour retirer des mains des ennemis de sa majesté les lieux de belchastel, de balaguier etc. quil a vaqué à cette occupation pendant 87 jours à raison d'un franc d'or par jour etc.

Ces lettres scellées en cire rouge les armes ne paroissent plus.

Quittance donnée au même lieu, et le même

(I) Du Saillant.

lyGoogle

773

jour par guy lesterie, sénéchal de rouergue sous son signet, à Ambroise beth, trésorier de Carcas- sonne, et général de toutes les finances royaux en languedoc de 100 francs d'or, à luy mandés payer par lettres du duc danjou frère du roy, pour re- compensation de deux chevaux qu'il a perdus en la Compagnie de ce prince.

Cette quittance scellée sur simple queue de par- chemin d'un sceau en cire rouge représentant un écartelè au 1 et 4 d'un aigle éployé et au 2 et 3 d'un lambel de 3 pendants ayant pour supports S lions (il n'en reste qu'un l'autre est emporté de vétusté) cimier un casque posé de profil, et sur- monté d'une touffe de plume de paon (original) (1).

Le 25 Mars 1434 à Colonges, noble François de Noailhes seigneur de Noailhes reconnoit avoir reçu 20 écus d'or de noble Amanieu de La Etayria sei- gneur du Saillant à compte de la dot de noble Marguerite de Lastayrie mère de François, en pré- sence des Témoins, noble Pierre de Moleon sei- gneur de Marcillac et de noble Bernard de La- vergne, seigneur de Meyssac.

L'original de cette dernière pièce se trouvait dans les registres de la famille de Touchebœuf-

' (I) M.deBosredon, tome IV de notre Buf^cf in, pages lOG et 107, a di^çrit un sceau semblable, sauf une légère variante dans les sup- ports ; 2 Idopards tiennes au lieu de 3 lions. Il a voir une em- preinte mieui conservée que celle dont il est parlé dans notre quit- tance, laquelle empreinte le traducteur déclare Ctre en mauvais état. M. de Bosredon, pages 717 et 718 du m6me tome IV, a indiqué complètement les émaux de ces armoiries, dans sa description du cachet de Jean-Baptiste de Lasteyrie.

lyGoogle

Clermont. II y avait dans le môme registre une enquête de l'année 1440, figurait noble Jean de Lastayrie, fils de Bertrand, seigneur de Cure- monte, paroisse de Meyssac, et d'autres nobles Limousins que nous aurons peut-être l'occasion de faire connaître plus tard.

ly'Gôeigle

SOURCES FERRUGINEUSES

DES SAULIÈRES Près DONZENAC (Corrèze)

Il n'est pas un chasseur de Brive et de Don- zenac qui n'ait battu dans tous les sens les sau- vages gorges des Saulières, entre Donzenac, Tra- vassac, Ste-Féréole et St-Antoine des Plantades, et qui ne se soit désaltéré aux sources dont nous allons parler.

Dès la fondation de notre Société, nous pen- sâmes qu'il serait bon de faire analyser les eaux de ces sources (1); nous eùnaes recours, pour cela, à notre collègue le docteur Marc Laffont. Deux bou- teilles, remplies aux sources mêmes et soigneu- sement cachetées sur place, lui furent adressées; M. Lafîont fit analyser ces eaux par M. Muntz, professeur de chimie à l'Institut agronomique et directeur du laboratoire de M. Boussingault , et voici ce que répondit M. Muntz, le 18 juillet 1879 : « Les eaux ferrugineuses des deux sources parais- » sent identiques. Dans chacune d'elles on a dosé : » fer l'état métallique), 0 gr. 0,037 par litre, ce

K Tome II du But-

lyGoogle

B qui équivaut à 0 gr. 0,053 d'oxyde de fer (F' 0').

» C'est donc une eau bien faiblement ferru- gineuse. »

Il serait, au surplus, difficile de tirer parti de cette eau; on ne peut guère l'utiliser que sur place, car le fer se précipite rapidement au bout de quelques journées de séjour dans une bouteille.

Ce ne sont donc pas les sources des Sauliéres qui peuvent faire la fortune de leur possesseur!

Les grès des Sauliéres ont été étudiés par M. Mouret(i). Ce sont des grès « d'un gris jau- » nàtre, tirant sur le blanc, sans stratification dis- j> tincte, incohérents ou passant à un grès à gros > grains, siliceux, conglomératiques et très durs. » Ils forment la base du permien et sont super- posés aux schistes anciens.

Ph. Lalakde.

(1) Etquisse géologique de» environ» de Brive. Bulletin, 1. 1", p. 430.

lyGoogle

MM Sdenlpe, istoriqiie et Mologiqne

DE LA CORHÈZE

PROCÈS-VERBAUX DBS SÉANCES

SÉANCE DU !5 AVRIL IBK

ORDRE DU JODR

1' Lecture du procès -verbal,

2* DoDs et correspondance.

3* Présentation de nouveaux Membres.

4- Comptes de 1884 et nomination d'un Trésorier.

LECTURES

5* Note de M. Léon Lacroix sur un triens trouvé près de Char-

6* Roc-de-Vio et les enceintes antiques de la Corrèie, par M. Ph. Lalande.

Présidetice de M, Rupin, Président.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté, M. E. Borie demande la parole au sujet de la dîstinclioQ dont deux Membres de notre Société viennent d'être l'objet pendant la séance générale des délégués à la Sorbonne, le 11 du présent mois; M. E. Rupin, notre Président, et M, René Page, un de nos collaborateurs les plus dévoués, y onl été proclamés officiers d'Académie par M. le Mi- nistre de l'Instruction publique. M. Borie ajoute que la Société doit se réjouir, avec les amis personnels de MM. Rupin et Page, de cette distinction bien méritée. La Société, s'associant aux sentiments exprimés par M. Borie, dit que ce fait sera mentionné au procès- verbal de la présente séance.

lyGoogle

M. Rupin remercie ses collègues de la sympathie qu'ils lui témoigoeot en toute circonstance.

DONS AU UUSIÊB

Nombreux objets de l'industrie des temps pré-histo- riques (originaux et moulages); poteries gallo-romaines. Don de M. Élie Massénat.

2" Bracelet en bronze, tessons de poterie, moulage d'une épée en bronze provenant d'un tumulus près d'Alvignac (Lot). Dons de MM. Élie Massénat et Rupin.

Bracelet en fer (type Halstattien) et tessons de po- terie trouvés dans un tumulus près de Souillac (Lot). Don de M. Rupiu.

Bois de renne incisés et gravés provenant de Lau- gerie-Basse. Don de M. Gaston de Lépinay.

Squale pris à Saint-Jean-de-Luz ; zoophytes genre Gorgonia. Don de M. Eugène Borie.

Moulages d'une tète de felis spelœa et d'un vase gallo- romain trouvé à Lubersac (1). Don de M. Ph. Lalande.

Lampe en terre et monnaies romaines; fragment de meule en grès nummulithique trouvé dans un tombeau; oflrea fossile de grande dimension (le tout recueilli en Algérie) ; boîte à parfums en peau d'autruche des femmes Touareg. Don de M. Tachard, médecin-major au 14'" ré- giment d'infanterie, à Brive.

Portrait de Turenne (gravure), Don de M. Phi- lippe de Bosredon,

9' Hache en jade océanien ; deux sagaies avec un doigtier servant à les lancer; un casse-tête; une fronde avec une balle en pierre; un peigne en bois de sandal; un collier d'enfant en coquillage et perles de jade; un bracelet en coquillage; divers minéraux; le tout prove- nant de la Nouvelle-Calédonie. Don de M. Joseph Sou- lingeas.

(1) Voir le Bulletin, t. 111, p. 154. L'original est au Husëe de Saiiit-GermEkin>eQ-Laye. -

lyGoogle

DONS A. LA BIBLIOTHÈQUE

Numismatique gauloise (de la transfoi'matioii des types moaélaires et des résultats auxquels elle cooduit) ; 2" Trouvaille d'Autreville (Vosges), monnaies inédites d'Adhémar de Monteil, évéque de Metz, et de Henri IV, comte de Bar; Fibule et collier en or trouvés à Totain- viUe (Vosges), par M. Maxe-Werly. Dons de l'auteur.

Deux lettres de Mascaron; 5' Notes sur un pontifical de Clément VI, et sur un missel, dit de Clément VI, par M. René Fage. Dons de l'auteur.

Divers bulletins d'échange.

La Société remercie tous les donateurs.

M. Soulingeas montre à l'assistance quelques haches eu pierre rapportées par lui de la Nouvelle-Calédonie; leurs formes difTërent suivant leur emploi ; les unes sont des armes et les autres des outils (herminettes et ràcloirs). En examinant celles qui sont emmanchées, ou peut se rendre compte des procédés, évidemment analogues, mis en œuvre par nos ancâtres de l'âge de la pierre pour utiliser leurs haches. M. Soulingeas donne en outre de fort curieux détails sur l'industrie et les mœurs des Ca- naques, au milieu desquels il a, pour ainsi dire, vécu pendant deux ans et demi.

Cette attrayante conférence est écoutée avec un vif intérêt.

Le Secrétaire-Général donne communication d'une lettre par laquelle un numismate distingué, M. Maxe-Werly, demande si la Société serait disposée à publier dans son Bulletin un travail sur un système de classification des monnaies gauloises; cette note a fait le sujet d'une lec- ture à la Sorbonne.

Ii'offre de M. Maxe-Werly est acceptée avec empres- sement.

PRÉSENTATION DE NOUVEAUX UBMBRES

M. l'abbé Chabau, aumônier de la Visitatiou, à Au-

lyGoogle

rillac, et M. l'abbé Brandely, curé de Sornac, présentés par MM. Rupiu et Ph. Lalaiide, sont admis.

COMPTES DE 1884 ET NOMINATION d'uN TRËSORIBH

Les comples de 1884 sont présentés par M. Guimbellot, qui exprime en môme temps son regret d'avoir à se démettre de ses fonctions de Trésorier pour des raisons de santé. La Société lui donne décharge de sa gestion ; elle le remercie en outre du zèle avec lequel il s'est constamment acquitté de sa tâche. C'est avec peine, ajoute M. le Président, que la Société se voit obligée de renoncer aux services de M, Guimbellot.

M. Jean-Baptiste Bosredon est nommé Trésorier en remplacement de M. Guimbellot, dont la démission est acceptée.

M, le Président demande ensuite à la Société de vou- loir bien contribuer par un crédit de 150 francs à l'ins- tallation du Musée.

Cette proposition est adoptée.

LECTURES

M. Léon Lacroix a envoyé une note sur un tiei-s de sou d'or mérovingien trouvé au lieu dit Le Cimelière, commune do Chartriers, et M. Ph. Lalande résume une notice sur Roc-de-Vic; pendant que les assistants e.\a- minent un plan topographiq'ie et une vue panoramique de celte enceinte antique, dûs au travail de M. E. Borie, M. Ph. Lalande expose que plusieurs auteurS estimables, mais qui ont parlé de Roc-de-Vic sans l'avoir jamais vu, se sont laissé égarer par un article fantaisiste, beaucoup plus romantique qu'archéologique, publié dans VAnnuaire de 1831. Roc-de-Vic ne se trouve point dans les condi- tions requises pour une place de guerre ; ce n'est donc pas un antique oppidum. Si l'on veut lui assigner une destination militaire, ce sommet a pu servir de redoute; c'est une bonne position de combat. Mais il vaut peut-

lyGoogle

781

être nùeux "y voir, avec Hérlmée qui l'a visité, une etf- ceinte consacrée au culte d'un peuple encore sauvage. D'autres puys, signalés également comme forteresses de l'époque anté-romaine, n'offrent en réalité à l'explorateur que des masses granitiques imposantes mais informes. Après Mb communications, la séance est levée.

Le SecritaircÛinéral,

Pb. liAÏAMDS. Le Prisidmt,

SâANGE DU ti JUILLET 1885

ORDHB DU JOUR

!• Lecture du procës- verbal.

2* Correspondance.

3> Présentation d'un nouveau Membre.

LBCTURB

A' Les coffrets émaillâB du Cantal, par Hgr Barbier de Uontault. Présidence de M. Rdpin, Président.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

COnSBSPOKDANCB

U. le Président donne communication de l'offi-e faite par M. Gnibert, à Limoges, d'un travail sur une série de Livres de raison de familles limousines; ce mémoire est rédigé avec la collaboration de M. Leroux, archiviste de la Haute-Vienne, et celle de H. l'abbé Lecler. La Société accepte avec empressement la proposition de M. Guibert et le remercie de la préférence qu'il veut bien lui donner.

M. Vayssière, archiviste de la Corrèse, aononce l'envoi T. vn. 4-J«

lyGoogle

782

d'une série de documents relatifs à l'histoire de la Maison de Turenne; l'étude de ces documents fait la matière d'un important travail dans lequel se trouveront compris le testament de Raymond Roger, vicomte de Turenoe (du 5 juillet 1399), et celui de sa Qlle Antoinette; le marquis de Turenne d'Aynac nous a envoyé des copies de ces actes depuis. assez longtemps déjà, et M, Vayssière a bien voulu se charger de les étudier.

PRÉSENTATION d'cN NOUVEAU KSKBnE

M. Louis Guibert, agent principal de la C* d'assu- rances générales, à Limoges, présenté par MM. Rupin et Ph. Lalande, est admis.

M. le Président fait ensuite part à l'assistance de la mort de deui de nos collègues, M. François- Léon Lalande, receveur municipal de Brive, et M. de Laurens de Puy- lagarde, ancien inspecteur des Postes, retraité à Saint- Chamans.

La Société s'associe aux sentiments de regrets exprimés par son Président.

Il s'agit d'un travail plein d'érudition archéologique, écrit par Mgr Barbier de Montault, sur trois châsses limousines conservées dans les églises de Salins, de Saint- Laurent du Vigeao et de Sainte-Eulalie [Cantal) ; les deus premières ont été dessinées par notre collègue M. l'abbé Chabau, aumônier de la Visitation à Aurillac, qui a bien voulu, en outre, fournir au savant prélat tous les ren- seignements dont il pouvait avoir besoin pour la rédac- tion de sa notice. Ckimme le dit avec raison Mgr Barbier de Montault, une vive impulsion a été donnée par notre Bullelin au genre d'études qui consiste dans le dénom- brement et la description de toutes les pièces d'émail champlevé limousin actuellement e^iistantes; l'initiative

lyGoogle

783

prise par notre Société doit être encouragée, au grand proût de la science archéologique. Cette lecture tennioée, la séance est levée.

Le Seeriiaire-Géniral, Ph. Lalandb. Le Président,

E. Rupw.

SÉANCE DU 15 OCTOBRE 1885

1' Lecture du procès -verb&l. î* Correspondance.

LECTURE

3' Notice sur Daniel de Gosnac, archevâque d'Aix, par le comte Jules do Cosnac.

Présidenee de M. Rupin, Président.

Le procès- verbal de la dernière séance est lu et adopté.

CORBESPONDANCB

M. le Président a reçu une circulaire de M. le Ministre de l'Instruction publique, en date du 7 septembre, et le programme du Congrès des Sociétés savantes pour 1886. M. le Ministre exprimant le désir que toute la publicité possible soit donnée à ce programme, il est décidé qu'il sera reproduit au Bulletin dans le corps de ce procés- verbal.

PROGRAtrilB DU CONGflÈS DES &0C1£t£s BAVANTES A LA SORBONNE, EN 1886

I, Section d'histoire et de philologie.

Mode d'élection et étendue des pouvoirs des députés aux États provinciaux.

lyGoogle

784

Les esclaves sur les bords de la Méditerranée au moyen-ige.

Recherche des documents d'après lesquels ou peut déterminer les modiScations successives du servage.

Origioe et organisation des ancieDues corporations d'arts et métiers.

Origine, importance et durée des anciennes foires.

Anciens livres de raison et de comptes et journaux de famille.

Liturgies locales antérieures au xvii* siècle.

Origine et règlements des confréries et charités an- térieurs au zvu* siècle.

Étude des anciens calendriers.

10* Indiquer les modifications que les recherches les plus récentes permettent d'introduire dans le tableau des constitutions communales tracé par M. Augustin Thierry.

H* Des livres qui ont servi à l'enseignement du grec en France, depuis la Renaissance jusqu'au xviii* siècle.

12° Les exercices publics dans les collèges (distributions de prix, académies, représentations théâtrales, etc.), avant la Révolution.

13' Anciennes démarcations des diocèses et des cités de la Gaule, servant encore aujourd'hui de limites aux départements et aux diocèses.

14' Étude des documenta antérieurs à la Révolution, pouvant fournir des renseignements sur le chiffre de la population dans une ancienne circonscription civile ou ecclésiastique.

IS" L'histoire des mines en France avant le xvii* siècle.

16" De la signification des préfixes EN et NA devant les noms propres dans les chartes et les inscriptions en langue romane.

17" Objet, division et plan d'une bibliographie dépar- tementale.

IL Section d'archéologie.

1* Quelles sont les contrées de la Gaule ont été signalés des cimetières à incinération remontant à une

lyGoogle

785 époque antérieure à la ço&quête romaine? Quels 30Dt les caractères distinctifs de ces cimetières?

2" Dresser la liste, faire la description et rechercher l'origine des œuvres d'art hellénique, des inscriptions et des marbres grecs qui existent dans les collections pu- bliques ou privées des divers départements. Diatioguer ceux de ces monuments qui sont de provenance locale de ceux qui ont été importés dans les temps modernes.

3' Dresser la liste des sarcophages païens sculptés de la Graule. En étudier les sujets, rechercher les dosnées historiques et les légendes qui s'y rattachent et indiquer leav provenance.

4* Signaler les nouvelles découvertes de bornes mili- taires ou les constatations de chaussées antiques qui peu- vent servir à déterminer le tracé des voies romaines en Gaule ou en Afrique.

Grouper les renseignements que les noms de lieux- dits peuvent fournir à l'archéologie et à la géographie antique.

Signaler dans une région déterminée les édifices an- tiques de l'Afrique tels que : arcs de triomphe, temples, théâtres, cirques, portes de ville, tombeaux monumentaux, aqueducs, ponts, etc., et dresser le plan des ruines ro- maines les plus intéressantes.

7" Étudier les caractères qui distinguent les diverses écoles" d'architecture religieuse à l'époque romane en a'attachant à mettre eu relief les éléments constitutifs des monuments (plans, voûtes, etc.}.

S' Rechercher, dans chaque département ou arrondis- sement, les monuments de l'architecture ' militaire en France aux différents siècles du moyen-&ge. En donner des statistiques, signaler les documents historiques qui peuvent servir à en déterminer la date.

9" Signaler les constructions rurales élevées par les abbayes, telles que granges, moulins, étables, colombiers. Bn donner, auUmt que possible, les coupes et plans.

Kf Étudier les tissus anciens, les upisseries et les'

lyGoogle

broderies qui existent dana les trésors des églises, dans les anciens hôpitaux, dans les musées et dans les collec- tions particulières.

il" Signaler les actes notariés du xiv* au xti* siècle, contenant des renseignements sur la biographie des ar- tistes et particulièrement les marchés relatifs aux pein- tures, sculptures et autres œuvres d'art commandées soit par des particuliers, soit par des municipalités ou des communautés.

li" Étudier les produits des principaux centres de fabri- cation de l'orfèvrerie en France pendant le mo7en-&ge et signaler les caractères qui permettent de les distinguer.

13" Quelles mesures pourraient être prises pour amé- liorer l'organisation des musées archéol(^ques de pro- vince, leur installation, leur mode de classement, et pour en faire dresser ou perfectionner les catalogues?

Le comte Jules de Gosnac nous a envoyé une fort in- téressante biographie de l'archevêque d'Aix, Daniel de Cosnac, eo 1630 près de Brive, au château de Cosnac, et mort à Aix le 21 janvier 1708; cette notice, rédigée de main de maître, est suivie d'une relation inédite des obsèques du vénérable prélat. Ce document, trouvé par le comte de Ctosnac à la bibliothèque de la ville d'Aix, nous donne, entre autres curieux renseignements, la date précise de la mort de l'archevêque Daniel, ses divers biographes et les auteurs de généalogie ayant varié sur le jour.

Le comte de Cosnac possédant une gravure de Bou- langer qui représente Daniel de Cosnac lorsqu'il était évëque de Valence et de Die, a bien voulu consentir à ce qu'elle soit clicKée, et cette reproduction figurera en tête de sa notice. L'assistance, après avoir examiné l'épreuve que montre M. le Président, dit qu'il y a lieu de remer- cier M. de Cosnac de la preuve de sympathie qu'il donne à notre Société.

DigmzcdbyGoOgle

787

L'ordre du jour étant épuisé et personoe ne demandant la parole, la séance est levée.

Le Sterétaire-Ginéral,

pH. Lalande. Le Président,

E. Rupin.

SËANCE DU 18 DÉCEMBRE 18S5

ORDRE DU JOUR

1* Lecture du procfea-verbal. a* Dons et correapondance.

3* Ruines romaines de Tiotignac, par H. Ph. Lalande. 4* Proverbes bas-limousins recueillia par H. Cbanipeval.

Présidence de M. Rdpin, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

DONS au UCSÉB

Un débris de sculpture (tête humaine en oolithe] trouvé dans la commune d'Astaillac, et pouvant être attribué à l'épogue gallo-romaine. Don de M. Louis Greil.

DONS A LA BISLIOTHÈQUB

]* AU)um Caranda (suite) ; les fouilles d'Aiguisy. Don de H. Frédéric Moreau père.

2* Mémoire de Jean du Bouchot sur la charge de maréchal-général, par M. le comte de Cosnac. Don de l'auteur.

3' Le combat de Bléneau (guerre de la Fronde), par M. le comte de Cosnac. Don de l'auteur.

lyGoogle

Les. ori^ea de XuUe (i" partia), par ï(. Baaét Bage. Don de l'auleur. Bulletins d'échanga. La Société remercie les donateurs.

COnnESPONDAMCE

M. le Président fait part h ses collègues d'une lettre de M. Lacroix, notaire à l^y^aç; il, s,'^^de substruc- tions romaines observées dans la commune de Saint- Julien Maumont, et qu'il serait bon d'étudier, H. le Pré- sident demande à cet, QfEjpt ui^ qr^dit d'une centaine de francs, qui est immédiatement alloué.

M. le Président annonce ensuite J\_ l'assistance^ qup, la Société d'horticulture de France vient de décerner à notre sympathique collègue, M-; Gaston de Lépinay, un deusième pT;ix. (raédajlle, d'argent g^a^d mfljlyjpj pj;ix Lavallée).,au sJAJet d'ufte^lîtfi^.paitQiflfti ijflUA%!J<ll;^t!^ïié- ficiera de ce travail en temps et lieu.

Cette bonne nouvelle est accueillie avec satisfaction.

M. Ph. Lalande donne un résum^ d'un travail sur. les ruines romaines de Tintignac situées à huit ou neuf kilo- mètres de Tulle ; elle^ sii^gt çûaouçs depuis longtemps, mais leur propriétaire, notre collègue M. J.-B. GuiUot, vient d'y faire de nouveUes fouilles qui-en- ont augmenté l'importance. Après avoir passé en revue les divers au- teurs gui ont parlé de 'Eiatignac, PI». LaUode décnt les objets trouvés, les substructions exhumées, et cherche quelle a être la destination véritable de ce groupe de moQumouts oi) rou.a, jusqu'à p^é^eiitj vjm, l^s.t;est^ d'i^e ville antique.

M. Lalande fait clrcul£r les dçssios. dç^ ol^içjis l^ plus intéressants et les plans, dress^^ par M^ ^P^F> ^ Perrière.

M. Hupin présente un fort iuté^sa^t rçpuej4 de i^ verbes bas-limousius, la ph^part eji P^K*^* ^7fi^^ P^^

lyGoogle

789

H. GhampoTal; l'auteur, notre collègue, à qui ce travail avait été demandé par une Société savante d'Allemagne, préfère le donner à une Société corrézienne, et il a droit à DOS remerciements.

L'ordre du jour étant terminé, H. le Président entre- tient l'assistance de fouilles faites tout récemment dans l'église d'Obazine, sous le tombeau de saint Etienne, en présence de Ugr l'évéque et de bon nombre de per- sonnes. M. le Président a été témoin des fouilles; elles ont tait découvrir un coffre en plomb contenant des osse- ments, reliques du fondateur de la vieille abbaye.

La description du tombeau, une des œuvres remar- quables du ziu* siècle, trouvera sans trop tarder sa place dans notre Bulletin.

Après cette communicatioD, la séance est levée.

Le Seerétaire^Giniral,

Pu. Lalandb. Le Pritident,

E. RcpiN.

lyGoogle

„Googlc

TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES

Pign

Alp&is<Uiie nouvelle forme du nom à.') 11!

Boyol (Livre de raison de Jeanne) 589

Brive (Effroyable déluge arrivé en IGM &) 131

Brunie (Livre de raison de La) 591

Bulle du pape Siite IV pour Jean de Maraau 38

Cantal (Coffres émùlléa du] 521

Chartrier-Ferriëre (Tiers de sol d'or troQTé à) 43

Combora (Accord, en 1256, entre le vicomte de) M7

Gosnac (Vie de Daniel de) *13

Cousages (Pièces concernant) 391

Curemonte (Pièces relatives &] 338

Déluge et inondation à Brive en 1634 131

DoïBc (Claude de), abbé de Valette 35

Baui minérales des Saulières 775

Ëmaillerie limousine 25, 47, 409, 521

Ëmaillerie limousine conservée & l'étranger 47

Eulger (Cénotaphe d") 78

Fronde (Notes pour l'histoire de la) en Bas<LimoasiD 399

Gimel (Pièce datée de 1267 concernant) 350

Hommage, en 1236, de Raymond, vicomte de Turenne 930

Hommage, en 141&, par Renaud de Lissac 391

Lamy de Lach&pelle (Livre de raison de) 578

Lemaistre Bastide (Livre de raison de) 661

Limoges (Émaux de) 25, 47, 409, 521

Limoges (Livres de raison des familles de) 135, 543

Lissac (Hommage, en 1415, par Renaud de) 391

Livres de raison limousins et marchois 135, 543

Maie mort (Lettre, en 1251, d'Aimeric de) 340 ,

Marche (Livres de raison du Limousin et de la) 135, 543

Marsau (Jean) abbé de Valette 36

Maiaiot (Livre de raison de) 239

Maurat (Livre de raison de la famille) 555

Monnaies gauloises (Claasiflcation des) 479

Monnaies gauloises trouvées dans la Corrèze 43, 62S

Numismatique 43, 479, 629, 673

Obsèques de Daniel de Gosnac 463

Peconn et (Livre de raison de) 543

Pèlerinages ft Roc- Amadour 114

Pensées de Joseph Roux 409

Pleaux (Châflfle émaillée à} 541

lyGoogle

792

PoDtdu ^bfrt (DT(ùts,(lBpi«tig4^t I^)( 755

Procèe-sâriwuLdesïéaoM* 777

Proverbes bâs-limousing 495, 715

Raymond III, vicomte de Turenne (Acte de 12(4} 325

{(fÔinond IV, vicomte de Tu renne gommage de 1236) 330

H»#iiipnd VIj.TiçQnte de Tiueiiita.{EiBpiaat, an.lîfif. pK) 332

Bmnnond VI, viçomtç Tureape ({li^t^aawt) ou USl. pu;).- 348

Raymond VI, Tiççmtç Tufenp? (Accord, en USfii, 343

Raymond VI, viçomt« de Tuçegna. (AfiflWWMPt, en 1363)4 349.

Raymond Pierre, âmatllaur 35

BftF-Amadour (PèleriaageB &], U4

¥«er (TeaUment, ta,ii^,^^xsmfuiit

B(Njuefeui1 (Accord, qn W6^ «Qlta DiwlpM 4^ M%

Ri^dei (LettreVén 1251, d'Élie de), 3iO-

Buines rom&inea à Tintignaç 63X

Staillant (Drotta de péage sur ppF^t <l^)t ^^

^Rjina (Coffre émaitiâ du], SU

S«uliac (Monnaie trouvée à)

8>af liârea (Eaux minâralea des), 7i5i

'^eUlaïKpçnVdç^R&ymoad Rog:eT, TÎç4iot<d«T.uïenD«i 3W

TçBtàment d'Antoinette dB^l^im^çae 39A

'Eintignaç (Ruines romaines à) 37S

XujLle (Proçès-v^irliaL, ea l.&W, d^. maireA de) tti

Tufeone (Documenta relatifs. ^ Ibj^OD de) 3W

Xufeime (Lettre, w 1^1, d'Hâlia d«> a4L

Valette (Les malheurs d'uji, aljbé de)i 3b

Vaimier (Louia),' abbé de Valel^, 35

V«|Otadour (Sentence arbitraire, ejLt^O, dâ-3eKaud de}„ 33ft

Vigeaû(Çp!ffr#émaillâ'du|. 532

Vige.i;ii& (Ûonnaie trouvée.^ &&

TABJrÇ OÇS, GRftyUBES

1 Plat émaillô de Pierre Reymond 2&

' 2 Aiguière de Pierre Raymond 31

3 à 4 Tiers de sol d'or trouvé k Gbartriera. par M. E. Rdpih.. 44

5 Flacon émaillé du Huaée de Berlin, par M- E. Rupim. 53

6 Sncenaoir émaillé du Uusée germanique, par Meissbbacb.. 57' 7, Ciboire dn Musée germanique, par Meisehbach 5S

8 Coffret du Musée germanique, par Falkeieeh 59

9 Panneau de ch&sse au Vatican 71

lyGoogle

- 793

10 Panneau de ch&sse à Cluny 74

11 à 14 GénoUphe d'Eulger, par H. de Liras 79, 80, S3, 84

15 Tête d'Eulger, par M. da Limas 88

16 FaC'Simile de la charte de Uaymond VI 333

17 à 18 Sceau de Raymond VI, vicomte de Turenoa, par M. E.

Rupin 337

19 A 20 Sceau de Raymond VII, vicomte de Turenne, par M. E.

Rupin 34S

3t Portrait de Daniel de Gosnac 413

3! Garts relative A la classîQcation des monnaies gauloises, par

M. Maxb-Wbrly 480

23 à 24 GoSre émaillé de Salins, par H. l'abbd Chauh SW

25 & 2B Goffre émaillé du Vigean, par M. l'abbé Chabad. .. 532, 639 29 6 31 Plan des ruines de Tintignac, pai H. E. Bobib, d'E^irès

iea dasslDa de HM. Guillot et Fbkuéiizs... 653, 698, 699 32 & 33 Monnaie trouvée à Tintignac, dessinée par H. Sonui.. 617 34 & 36 Tdtea trouvées A Tintignac, desaintfsB par H. B.

BOBIE 681,' 685, 668

37 &39 Vases trouves A Tintignac par H. E. Rufih «91, 692

40 Nom de potier trouvé A Tintignac 695

41 Le pont du Saillant, par H. E. Rupin 756

tABLE IviÉTHODtQUE

SCIENCES Les eaux minérales des Saulières, par H. Pb. Lalamde 775

BtSTOIKB

Les malbfiurs d'un abbé de Valette, par U. A. VIyshiêbb 35

L'effroyable déluge et inondation arrivé k Brive en 1634, pièce

communiquée par M. Pb. de Bobredon 131

Livres de raison limousins et marchois, publiés par MH. Gui-

BBBT. Leboui et l'abbé Lecleb 135, 543

Documents relatifs A rbistoire de la Maison de Tarenne, par

M. A. VAYB0TÈRB 309

Articles bibliographiques : Les Pensée» de l's^bé Josepb Roux,

par M. L. Decbos. Le DicHonnairt des Émailteura de

E. Holinibh, par Mgr Baiibikb de Mohtault. 409

lyGoogle

794

Notice sur la vie de Daniel de Cosnac, par H. le comte de COBNAC 413

Proverbes bas -limousins, recueillis par M. Jean-Baptiste Cham- PBVAL : 405, 715

Droits de péage et de pontonage sur le pont du Saillant, par H. Louis Gbbil 755

ARCHÉOLOGIB

Pierre Reyinoad, dmaïUenr i Limoges, par H. E. RtPni 25

Note snr on tiers de sol d'or trouvé & Chartriers, par M. Léon

Lacroix 43

Œuvres de Limoges conservées à l'étranger, et documents re- latif k l'émaillerie limousine, par M. Gh. de Linas 47

De la classification des monnaies gauloises, par M. Maie-Werly. 480 Les coffres émaillés du Gantai, par Mgr BABBtBK de Hontault, 5!1

Honoaie trouvée à Vigeois, par M. Ph. Lalandg 628

Honnùe trouvée à Sauliac, par H. l'abbé Pad 628

Ruines romaines à Ttntignac, par H. Pb. Lalahdb 633

TABLE ALPHABÉTIQUE

FAR NOMS d'auteurs

BosREDON (Philippe de). L'effroyable déluge arrivé à Brive en 1634, 131.

Champeval (Jean-Baptiste). Proverbes bas- limousins, 495, 715.

Goshac (Gabriel-Jules de]. Notice sur la vie de Daniel de Cosnac, suivie d'une relation inédite des obsèques de ce prélat, 413.

Decrob [Léopold). Les Pensée» de Josepb Roux, 403.

Gbbil (Louis). Droits de péage et de pontonage établis sur le pont du Saillant,

GuiBBST (Louis). Livres de raison, registres de famille et joarnaui individuels limousins et marchois, 134.

Lacbou (Léon). Note sur un tiers de sol d'or trouvé dans la com- mune de Chartriers -Perrière (Gorrèze). 43.

Lalande (Philibert). Monnaie trouvée à Sai nt- Bon net-l'En fan lier, 628. Ruines romaines à Tintignac, 631. Eaui minérales des Saulières, 775. Pocès-verbaux des séances, 777.

Lbcler (Abbé). Livres de raison limousins et marchois, 134.

lyGoogle

„Googlc