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Full text of "Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze"

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BULLETIN 

soom  soEimmiuB,  historique 

LA   CORRBZE 


&   Il 

-e- 


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BULLETIN 
SOCItTt  SCIEITiriQDE,  eiSTORlSDE 

ARCHÉOLOGIQUE 

LA    CORRÈZE 

SIÈGE  A  BRIVE 

TOME   SEPTIÈME 


BRIVE 

MARCEL  ROCHE,    IMPRIMEUR  DR   LA    SOCIÉTÉ 


1885 


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LISTE 

DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


BUREAU 

Président  d'honneur  : 

M.  le  comte  Robbrt  dk  LA8TEYRIE,  *  I  P  |»,  ;i  Paris. 

Président  : 

M.  Ernest  RUPIN,  à  Brive. 

Vice- Présidents  : 

M.  l'abbé  LOUBIGNAC.  à  Brive. 

M.  Gaston  de  LÉPINAY,  à  Moriolle,  près  Brive.  . 

Secrétaire-Général  : 

M.  Philibert  LALANDE,  A  O,  à  Brive. 

Trésorier  : 

M.  Emile  GUIMBBLLOT,  à  Brive. 

Bibliothécaire  : 
M.  Alfred  MAS,  à  Brive. 

Membres  du  liureau  : 

M.  Élie  MASSÉNAT,  a  %|,  à  Maloraoï-t.  pi-ès  Brive. 

M.  LOÏI3  BONNAY,  à  Brive. 

M.  Paul  BRUKL,  à  Brive. 

M.  EuoiNE  BORIE,  «,  ii  Biive. 


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MEMBRES   FONDATEURS   ET   TITULAIRES 

MM. 

I .  AiiTKNSEc  (d')  Verneuil  (de|  (Paul),  receveur  de  l'eii- 

n'gislronieiit,  à  Brive. 
'2 .   AssELiNiiiLu  (Charles),  notaire,  à  Brive. 
3.  AiiiEHT  (Louis),  A  %f,  ancien  professeur,  à  Sainle- 

Foréole  iCorri-ze). 
i.  AivARi)  (Julesi,  propriétaire,  à  Puy-la-Vaysse,  can- 
ton d  Ayen. 
'>.   Baiibès  (Raymond),  négociant,  Grand'Place,  à  Brive. 
IL  liAKiiiEii  de  MoNTACLT  iMgr),  prélat  de  la  maison  de 

Sa  ^ainitité,  J7,  me  Saint-Denis,  à  Poitiers. 
".  ItAiinoN  ^HeIlril,  architecte,  à  Tulle, 
H.  Haiidon  iTélèpheV  avocat,  au  Saillant,  par  AUassac. 
9.  Baiithélemv  (Anatole  de),  ift,  secrétaire  de  l'ancien 
Gomilé  des    travaux    historiques   et  scientifiques 
isectioii  d'histoire,  (l'archéolo,,'ie  et  de  philologie), 
9,  rue  d'Anjou -Saint- Honoré,  à  Paria. 
H).   Baudot  (de),   #,  architecte,   153,  rue  de  Hennés,  à 

Paria. 
1 1 .  Bealdet  (Frauçjisi,  avenue  des  Casernes,  à  Brive. 
|-2.  Bel  (['abhéj,  professeur  au  Collège  d'IIasel  (Corrèze). 
13.  Bicos  Ile  comte  de),  16,  avenue  Kléber,  à  Paris, 
l 'i.  BÉitoME,  juge  de  paix,  à  Brive. 
IT).  Beutuanu  (Kugéue),  maison  Ciknteloubc,   à  Roanne 

(Loire) . 
iO.  Bessou  (l'abbé),  cliauoiiie  honoraire,  supérieur  du 
Collège  d'Ussel  [Corrèzel. 

17.  Beïmé  (Jean-Baptiste),  photographe,  à  Brive. 

18.  BiixoT  (le  général),  GO*,  sénateur  de  la  Corrèie, 

28,  avenue  du  Trocadéro,  à  Paris. 
lî).  Blanc  (Antoine),  juge  de  paix,  à  Ayen. 
20.  Blanc-Chah  BON,  négociant,  à  Brive,  place  Latreille. 
51.   Blanc  (Jean),  juge  de  paix,   à  Mansac,   canton  de 

Larche. 
-*î.  BussoN,  A  Ui  maire  de  Larche. 


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23.  BL0SSON  (Feraaad),  docteur  en  droit,  procureur  de 

la  République,  à  Ghambou  (Greuae). 

24.  BoiiBAL  (Eusèbe),  A  tf ,  à  ArgenUt  (Gon-èze). 

25.  BoNNAr  (Louis),  arcbitecte,  à  Brive. 

26.  BONNBFOM  [Frédéric],  chef  de  section  du  chciiiiu  de 

fer,  à  Treignac  (Gorrèze). 
27;  BoNMEVAL,  maire,  à  Bilhac,  par  Beaulieu  (Corràze). 

28.  BoRiB  (Eugène),  #,  commandant  au  92"*  réyiment 

de  l'armée  territoriale,  à  Brive. 

29.  Boris  (Léopold),  ^,  procureur  de  la  République,  à 

Orléans. 

30.  BosRBDON  (Alexandi-e  de),   if,  sénateur  de  la  Dor- 

dogne,  au  château  de  la  Fauconnie,  par  Terraason. 

31.  BoBRBDON  (Jean-Baptiste),  rue  de  l'Hôlel-de-Ville,  à 

Brive. 

32.  BosBBDON  (Philippe de),  C^,  ancien  conseiller  d'Étit, 

4,  me  du  Général-Foy,  à  Paris. 

33.  BosRBDON  (René),  négociant,  rue  des  Échevins,  à 

Brive. 

34.  BosHBDON  (Zacharie),  pharmacien,  à  Brive. 

35.  BouRNBix  {l'abbé),  curé  de  Nonards,  par  Beaulieu. 

36.  Bouygues  (Georges),  #,  à  Bétaille,  canton  de  Vayrac 

(Lot). 

37.  Breton  (l'abbé),  chanoine  bononiire,  supériour  du 

Petit-Séminaire,  à  Brive. 

38.  Bubgil  (Élie),  vétérinaire,  à  Brive. 

39.  Brbuil  (Victor),  liquoriste,  à  Brive. 

40.  Bhoquin  (l'abbé),  archipvéli-e,  curé  de  Brive. 

41.  Brouilhet  (Louis),  receveur  des  finances,  à  Céret 

(Pyrénées-Orientales). 

42.  Bruel  (Paul),  directeur  de  la  Société  Générale,  bou- 

levard du  Salan,  à  Brive. 

43.  BauoEiLLBS  (Louis),   couseitler  général,   noiaire,  à 

Tulle. 

44.  BRuaÈRB  (Ernest),  ancien  notaire,  entrepreneur  de  la 

Manufacture  d'armes,  à  Tulle. 


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43.  Brlnkt  (Joseph),  O  #,  I  P  M,  sénateur  de  la  Gor- 
i-èze,  41,  rue  de  Vaugirard,  à  Paris. 

46.  Cabanis  (Paul),  banquier,  à  Objat. 

47.  C*RS  (le  duc  des),  95,  rue  de  l'Université,  à  Paris. 

48.  Cartailuac  (Ûmile),  I  P  O,  directeur  des  Matériaux 

povr  l'Histoire  de  l'Homme,  5,  rue  de  la  Chaîne,  à 
Toulouse. 

49.  Cehclb  de  ri/nion,  à  Brive. 

50.  Chabrerie  (Louis),  A  Q,  Principal  du  Collège  de 

Treignac  (Gorrèie). 

51 .  CiiAiiAiLLARD  (Auguste  de),  propriétaire,  à  Brive. 

53.  Cmambourdox,  I  P  O,  Principal  du  Collège  de  Brive. 
ri:(.  Chaup  (Arthur  du),  ancien  magistrat,  au  château  du 

Verdier,  par  Sle-Fortunade  (Corrèie).  et  à  Moissac 

(Tarn-ct-Garonne) . 
.'li.  Champeval  (Jean-Baptiste),  avocat,  à  Figeac. 
55.  Ciiantalat-Delavrier  (Théodore),  k  la  Bouvie,  près 

de  Brive. 
5ti.  Chairsat,  docteur-médecin,    à  Lavaveix-les-Mines 

(Creuse). 

57.  Chai  vKHON  [Audoin  de),  juge  au  Tribunal  de  I"  ins- 

tance, à  NeufchAtel  (Seine-Inférieure). 

58.  CuArviMAT,  #,  A  y,  avocat,  k  Brive. 

.59.  Ckbynier,  contrôleur  des  Télégraphes,  à  Tulle. 

60,  GHiRotx,  vérificateur  des  poids  et  mesures,  à  Ussel 

(Corrèze), 
til.  Chouneils  de  Saint-Oerhain  (Louis),   directeur  des 

Domaines,  à  La  Rochelle. 
C3.  CiiOL'MEiLs  de  Saint-Gbrmain  (Paul),  greflîer  du  Tri- 

liun;il  de  1"  instance,  à  Brive. 
6;t.  Clédat  {G.i8lon  de),  avenue  Charles-Rivet,  à  Brive. 
64.  Clochard,  ébéniste,  à  Brive. 
1)5.  CoRBiER  (Luc  de),  sous-inspecteur  des  Domaines,  à 

Saînt'Amand  (Cher). 
66.  CosN-Ac  (le  comte  Jules  de),  ^,  membre  du  conseil 

(le  l'Hisloii-e  de  France,  au  ch4(«au  du  Pin,  par 

8  ilon-la-Tour  (Corrèze).  «137,  me  Vaneau,  à  Paris. 


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—  9  — 

67.  Cornac  (l'abbé  Médéric  de),  vicaire  à  Saint-Loui»- 

de»-PraDçaia,  chauoine  honoi-aire  de  Mohilcw,  k 
Moscou  (Russie). 

68.  Ck>SNAC  (le  baron  Paul  de),  au  château  de  Fryac,  imr 

Meyssac. 

69.  Costa  (le  baroD  Gaston  de),  à  Beauliou. 

70.  CouDBRT,  propriétaire,  à  Objat. 

71.  CouLiÉ,  notaire  et  maire,  au  Soulier-de-Chasteaus. 

par  Larcbe. 

72.  Crodchbt  (l'abbé),  curé  de  Malemort,  près  Brive. 

73.  David,  pliarmacieD,  à  Objat. 

74.  Datoust  (Emile),  attaché  à  la  Direction  du  Mueée 

historique,  à  Saint- Vincent-Orléans. 

75.  Dbcoux-Lagoutte  (Edouard),  ancien  magistrat,   10, 

rue  d'Angoulôme,  à  Périgueui. 

76.  Delierre  (Auguste),  artiste  peintre,  204,  boulevard 

Saint-Germain,  à  Paris. 

77.  Delisle,  0  ^,  directeur  de  la  Bibliothèqtie  natio- 

nale, rue  Richelieu,  à  Paris. 

78.  Deloche  (Maximin),  C  !){!,  I  P  t(|,  membre  de  l'Ins- 

titut, 60,  avenue  de  Gravelie,  à  St-Maurice  (Seine). 

79.  Dblpbuch  (l'abbé),  aumônier  au  Collège  de  Brive. 

80.  Delpt  (Pierre),  négociant,  à  Brive. 

81.  Dbltbrme  fils,  étudiant,  à  Brive. 

82.  Denoix  (iilie),  menuisier,  à  Brive. 

83.  Denoix  (Paul),  propriétaire,  à  Larche. 

34.  Deschamps  (Philippe),  propriétaire,  avenue  Cbarlfs- 

Rivet,  il  Brive. 
8."}.  Dësnoybrs  (l'abbé),  viciire-général  à  Orléans,  pi-éai- 

dent  de  la  Société  archéologique  et  historique  de 

l'Orléanais. 

86.  Dbvillbgourbix,  propriétaire  à  Pomiers,  près  de  Lar- 

che (Corrèze). 

87.  DoussAUD  (Alfred),  avocat,  membre  du  Conseil  géné- 

ral de  la  Corrèze,  54,  rue  Richer,  à  Paris. 

88.  DocssAUD  (Emile),  notaire,  à  Lubersac. 


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—  10  — 

89.  Dubousquet-Labordesib  ,  docteur-médecia ,   39,  rue 

de  Paris,  à  Saint-Ouen  {Seioe). 

90.  DucouRTiEDZ,   libraire-éditeur,    rue  des  Arènes,   à 

Limoges. 

91.  DujARDiN  (Léon),  à  Juillac  (Corrëze). 

92.  Dumas  (André),  avocat,  à  Brive. 

93.  Dkmas  (Edouard),  architecte,  à  Brive. 

94.  DuNAiGRB  (Louis),  notaire,  à  Objat. 

95.  Ddnaigrb  (Yves),  A  iS|,  Préfet  d'Orau  (Algérie). 

96.  DupDY  (Joseph),  négociant,  boulevard  des  Sœurs,  à 

Brive. 

97.  Durand,  ingénieur,  à  Larre,  par  la  Bachellerie  (Dor- 

dogne). 

98.  DussOL  (Félix),  avocat,  à  Brive. 

99.  DuTHBiLLET  de  Lahothb,  à  Caramija,  par  Lubersac. 

100.  Evssahtibr,  pharmacien,  à  Uzerche. 

101.  Faoe  (René),  avocat,  25,  boulevard  Gambetta,  à 

Limoges. 

102.  Faucher  de  Corn  (Eugèue),  propriétaire,  à  Lalé, 

commune  de  Tudeils  (Gorrèze). 

103.  Fauqueux  (Charles),  #,  ancien  sous-préfet,  à  la  Côte, 

par  Vigeois,  ou  à  Saint-Germain-en-Laye  (Seine- 
et-Oise). 

104.  Ferhièrb  (Gilbert),  à  Chamboulive  (Corrèze). 

105.  Fontenilles  (Paul  de),  A  U.  inspecteur  général  de 

la  Société  française  d'archéologie,   16,  boulevard 
Nord,  à  Cahors. 

106.  Fraysse  (Antoine),  avoué,  à  Brive. 

107.  Froidefond  (de),  if,  trésorier-payeur  générai,  à  Li- 

moges. 

108.  Gaston  (Frédéric),  ingénieur,  directeur  de  la  Com- 

pagnie des  Ardoisières,  à  Brive. 

109.  Gay  (Hippolyte),  professeur  au  Collège  de  Btidah 

(Algérie) . 

110.  Gay  (Victor).  17,  quai  Voltaire,  à  Paris. 

111.  GÉNis  (HenrideBEAUPUYde),  à  Brive. 


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— 11  — 

112.  GiLBBHT  (Anloine),  expert-géomètre,  à  Auliac.  par 

Saignes  (Gaolal). 

113.  Girard  (Aimé),  directeur  des  usines  de  la  Cascade, 

prés  Bort. 

114.  GiRODOLLB,  docteur-médecin,  à  Objat  (Gorrèze). 

115.  GoNDiNET  (François),  I  P  y.  Principal  honoraire  du 

Collège  de  Brive. 

116.  GoBSSE,  avocat,  à  Tulle. 

117.  GouYON  (Jean),  à  Brive, 

118.  GouTON  (Marcel),   membre  du  Conseil  général,  à 

Juillac. 

119.  Grandjacquot  (Paul),  lieutenant  détaché  au  recrute- 

ment, au  Havre  (Seine-Inférieure). 

120.  Greil  (Louis),  boulevard  Sud,  à  Cahors  (Lot). 

121 .  Gritty  (Charles),  8,  boulevard  Saint-Marcel,  à  Paris. 

122.  Ghossouvbe  (de),  ingénieur,  à  Bourges. 

123.  GuiLHAUME  (Charles),  commis  principal  des  Contri- 

butions indirectes,  à  Bort  (Corrèze). 

124.  GuiLLOT,  entrepreneur,  à  Brive. 

125.  GuiLLOT  (Jean-Baptistej ,  propriétaire,  à  La  Genesle, 

commune  de  Naves,  par  Tulle. 

126.  GuiMBBLLOT  (Emile),  ancien  receveur  des  Domaines, 

à  Brive, 

127.  Gyoux,  docteur  en  médecine  et  en  chirurgie,   143, 

rue  Fondaudège,  à  Bordeaux. 

128.  HERurrE  (Louis  de  1').  à  Lampre,  par  Champaguac- 

les-Mines  (Gintal). 

129.  HuMi&BES  (le  comte  d'),  au  château  de  la  Majorie, 

pur  Beaulieu, 

130.  Imbbault  (Jules),  à  Brive. 

131 .  JouLOT  (Alfred),  à  Brive,  rue  Mialet,  et  à  Crabanac, 

canton  de  Féniers  (Creuse). 

132.  JouvENEL  (le  baron  Raoul  de},  0  #,  ancien  préfet, 

au  château  de  Castel-Novel,  par  Varetz  (Corrèîc), 
ou  17,  rue  de  Berri,  à  Paris. 

133.  JmLLARD,  banquier,  à  Brive. 

134.  JuoB  (Abel),  notaire,  à  Donzenac. 


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—  12  — 

135.  Jdin-Deuonteil  [Gaston),  noiaire.  à  Dampniat,  par 

Obasiue  (Corrèze). 

136.  Julien,   professeur  à   la  Faculté  des  sciences  de 

Clei-mont. 

137.  Labessb  (comte  de),  à  Chabrigaac,  par  JuîUac. 

138.  Labrot,  voyageur  de  commerce,  à  Brive. 

139.  Labroussb  (Michel),  jX!<  ^  O,  docteur-médecin,  dé- 

puté de  la  Corrèze,  membre  du  Conseil  général, 
à  Brive. 

140.  Labbunie-Lapradb  (André),  à  Souillac  (Lot). 

141.  LACARRitnB  (Henri),  13,  place  du  Havre,  à  Paris. 

142.  Lacuapblle   ^de),    propriétaire,    au    Mazeau,    par 

Meyssac. 

143.  Ijachaud  (Edouard),  docteur-médecin,  à  Brive. 

144.  Lacoube  (Oscar),  A  O.  ancien  archiviste  de  la  Pré- 

fecture, à  Tulle. 

145.  Lacoste  (Emile),  avocat,  conseiller  municipal,  à 

Brive. 

146.  Lacroix,  notaire,  à  Meyssac. 

147.  Lacroix   (Léon),   receveur  des  Domaines,   à  Agen 

(Lot-et-Garonne) . 

148.  Lafargb  (Aimé),  notaire,  &  Lagrauliére,  par  Seilhac 

(Corrèze). 

149.  Laffargue  (Philippe),  docteur-médecin,  à  Brive. 

150.  Laffont  (Georges),  docteur-médecin,  à  la  Varenne- 

Saint-Hilaire  (Seine). 

151 .  Laffont  (Marc),  docteur-médecin,  préparateur  à  la 

Sorbonne,  lauréat  de  la  Faculté  de  médecine  de 
Paris,  245,  me  Saint-Honoré,  k  Paris. 

152.  Lafond  de  Saint-Mub  (le  baron),  0  #,  I  P  (|,  séna- 

teur de  la  Corrèze.  69,  rue  Sainle-Aniie,  à  Paris. 

153.  Lafond  de  Saint-Mur  (Léon).   #,  consen-nleur  des 

hypothèques,  114,  rue  NoUel,  à  Paris. 

154.  Lagank  flis,  pharmacien,  à  Brive. 

155.  IjAGane  (l'abbé),  curé  de  Bort  (Con-èie). 

1.56.  Lajoinie,  I  P  O,  Principal  du  Collège  do  Chfilillon- 
sur-Seine  (Gôle-d'Or). 


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—  13  — 

157.   Lalande    [ François -LéOD),    ie<"^veur  municipal,    à 

Brive. 
iM.  LiUANDE  (Norbert)  aîné,  négociaiiï,  à  Brive. 

159.  Lalandb  (Philibert),  A  ||,  receveur  des  Hospices, 

à  Brive. 

160.  Lalauze  (Adol{ihe],  aqua-fortjsie,  29,  quai  Boui-boU; 

à  Paris. 

161.  Lahbbrtbrie  (Albéric  de),  directeur  du  Dépôt  de 

mendicité,  95,  rue  Terre-Nègre,  à  Bordeaux. 

162.  Lahorellb  (Alexis-Philippe),  ift,  colonel  du  14™  de 

ligne,  à  Brive. 

163.  Laht  de  Lachapbllb  (Edouard),  botaniste,  rue  du 

Saint-Esprit,  à  Limoges. 

164.  Langladk  lEugène',  négociant,  9,  rue  Berlin- Poirée, 

à  Paris. 

165.  Lapbtitie  ;Marcet),  pharmacien,  à  Meyssac. 

166.  Laroche  (Hippolyte),  sous-préfet  de  l'arrondissemeni 

de  Brive. 

167.  Laroche  (Paul),  imprimeur,  43,  me  d'Amiens,  à 

Arras. 

168.  Laportb  (Antoine),  agent-voyer,  chef  de  compla- 

bililé,  à  Tulle. 

169.  Lastbtrie  (comte  Robert  de),  #,  I  P  (1,  professeur 

d'archéologie  à  l'École  des  Charles,  membre  du 
Conseil  général  de  la  Corrèze,  13,  rue  des  Saints- 
P^res,  à  Paris, 

170.  Lasteyrie  (dei.  13,  lue  des  Saints-Pères,  à  Paris. 

171.  Latrade  {de),  percepteur,  à  Pantin  (Seine). 

172.  Lal'rens  (le  Puylagardk  (del,  inspecteur  des  PosIl-s 

en  retraite,  à  Saint-Ghamans,  près  Ai^ntat. 

173.  Lavbix   (Alfred),   ronservalenr  des   hypothèque»,   à 

Murât  fCantal). 
17i.  Lavkix  (Gaslon^  à  Meyniac. 
175.  Lebos,  iiéfjocianl,  rue  de  Corrêze,  à  Bi-ive. 
I7tj.  LBcHKRBONMEn  (Augusli'  .  (iqmié  de  la  tjorn^ze,  14, 

ruij  de  Bithylone.  à  Paris. 
177.   Le  Clere  (.loseph'.  îi  Biiu'. 


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—  u  — 

178.  Lefèvrk  (Joseph),  coDseiller  à  la  Cour  d'Angers. 

179.  Leuas  (Élie),  I  P  O,  iiispecleur  d'Académie,  à  Toui-s. 

180.  Lépinav  (Adolphe  de),  ^,  ingéuieur,  6,  passage  Sao- 

drié,  à  Paris. 
18t.  Lepinav  (Gaston  del,  au  château  de  Moriolle,  par 

Larche. 
I8'2,  Lbspinas  (Edmond),  avocat,  ancien  magistrat,   rue 

Saint-Pierre-ès-Liens,  à  Périgueux, 
163.  Lbtgonie,  ingénieur,  ancien  conseiller  municipal,  à 

Limoges. 

184.  Lbymarie,  pharmacien,  à  Tulle. 

185.  Lhomond  (Jacques),  docteur-médecin,  à  Saint-Lô 

(Manche). 

186.  Limoges  (Bibliothèque  de  la  ville  de],  (Haute- Vienne). 

187.  LiNAB  (Charles  de),  #,  I  P  ||,  3,  rue  Saint-Étienne, 

à  Arras. 

188.  LouBiGNAC  (l'abbé),  ancien  supérieiu*  du  Petit-Sémi- 

naire,  à  Brive. 

189.  LouRADOUR,    propriétaire,  à  Villière,  .près  Obasine 

(Corrèze}. 

190.  Mahusier,  percepteur,  b.  Larche  (Corrèze). 

191.  Maignb  de  Sarazac  (Jacques  de),  à  Villeneuve-sur- 

Yonne. 

192.  Malliard  (Fernand  de),  docteur  eu  droit,  lauréat  de 

l'Institut,  1,  rue  Gudiu,  à  Paris-Auteuil. 

193.  Marbeau,  g  #,  trésorier-général  honoraire  des  inva- 

lides de  la  Marine,  8,  rue  Montalivet,  à  Paris. 

194.  Marbeau  (Eugène),  0  #,  ancien  conseiller  d'État, 

27,  rue  de  Londres,  à  Paris. 
19.5.  Marche  (l'abbé  Adolphe),  curé  d'Ussac,  près  Brive. 

196.  Marhier   (Gaston),  conseiller  général  de  la  Dor- 

dogne,  15,  rue  Paul-Louis  Coumer,  à  Paris.. 

197.  Marqubssac  (comte  Raoul  de),  C  ^,  contre^amiral, 

commandant  en  chef  de   la  division  navale  du 
Levant. 

198.  Martignac  (Louis),  43,  rue  Saiut-Augustiu,  à  Paris. 


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—  15  — 

199.  Martine  (François),  #,  ancîeD  maire,  Président  du 

Tribunal  de  commerce  de  Brive, 

200.  Mas  (Alfred),  boulevard  des  Sœurs,  à  Brive. 

201.  Massénat-Débochb  (Octave),  avocat  à  la  Ck)ur  de  cas- 

sation, 132,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris. 
iOi.  Mabsénat  (Elle).  A  Q,  manufacturier,  maire  de 

Malemort  (Corrèze). 
'203.  Massénat  (Paul),  notaire,  à  Brive. 

204.  Mathis,  régisseur  du  Domaine  national,  à  Pompa- 

dour  (Corrère). 

205.  Hatjdrou  de  Lagobssb  (Eugène),  maire  de  Tureane, 

avocat,  à  Brive. 

206.  Matnard  (barauMarcdeliàCopeyre,  par  Martel  (Lot). 
Maza  (Henri),  ^.  avoué  de  1"  instance,  220,  rue  de 

Rivoli,  à  Paris. 
108.  Mazelier  (Georges),  libraire,  à  Brive, 
209.  Mazbyrac,  membre  du  Conseil  général,  à  Beaulieu 
(Corrèze). 

10.  Mblom  de  Pkadou,  A  Q,  président  de  la  Société  des 

lettres,  sciences  et  arts  de  la  Corrèze,  à  Tulle. 

11.  Méric  de  Bellefon  (de),  ancien  magistrat,  110,  rue 

Lacapelle,  à  Montauban. 

12.  MiGNOT,  industriel,  à  Annonay  (Ardèche). 

13.  MiLLKvovË  (Lucien),  ancien  substitut  du  procureur- 

général,  à  Saint-Pardoux,  p^r  Donzenac. 

1 4 .  MoLiMBH  (Emile) ,  attaché  au  Musée  du  Louvre,  palais 

du  Louvre,  et  21,  quai  Saint-Michel,  à  Paris. 
|i>.  MoNjAUZE,  ancien  notaire,  faubourg  Le  Clere,  à  Brive. 

216.  MON-TAioNAC  (marquis  Raymond  de),  G  0  >ït,  contre- 

amiral,  sénateur,  ancien  ministre  de  la  marine, 
52,  rue  de  Grenelle,  à  Paris. 

217.  MoBEAii  (Fi-édéric)  pèi-e,  à  La  Fère-en-Tardenois 

(Aisne). 

218.  MoitELLY,  docteur-médecin,  à  Argentat  (Corrèze). 

219.  MoBTiLLET  (Gabriel  de),  *,  professeur  à  l'École  d'an- 

thropologie, attaché  au  Musée  des  antiquités  natio- 


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—  16  — 

nales  et  maire  de  Saint-tiermain-CQ-Laye  (Seine- 

et-Oise). 
'2'20.  MouRET  (Georges),  ingénieur  des  ponte  et  chaussées, 

à  Périgueux. 
"Hi.  Nauche  (Auguste),  avoué,  24,  rue  UoBt-Thabor,  à 

Paris. 
2-22.  Naiiche  de  Leymahib  (Alfred),  propriétaire,  à  Brive. 

223.  NiNAUD  (Victor),  négociant,  à  Saint-Quentin  (Aisne). 

224.  NoAiLLEs  (le  comle  de),  au  château  de  Biuet,  par 

Buzet  (Lot-et-Garonne). 

225.  NouviON  (Baptiste),    0  'ff,  ancien  préfet,  rue  de 

l'Hôtel-de- Ville,  à  Brive. 
'226.  Paillbh  (l'abhé),  chanoine  honoraire,  curé  de  Beau- 
lieu  (Corrèze). 

227.  Parjadis  de  Larivièrb,  attaché  au  ministère  des  Fi- 

nances, 21,  rue  de  Bréa,  à  Paria, 

228.  Pau  {l'abbé  Jules),  aumônier  des  Fabriques  de  la 

Cascade,  à  Bort  (Corrèze). 

229.  Pauzat  (Henri),  naturaliste,  180,  rue  de  Rome,  à 

Marseille. 

230.  P^rigobd-Chauhondé,  bijoutier,  place  de  l'Hôtel-de- 

Ville,  à  Biive. 
231  ■  PfiRONNB  (Pi-osper),  avocat  à  la  Cour  d'appel,  32,  rue 
des  Matburins,  à  Paris. 

232.  Pbrbeau,  conducteur  des  ponts  et  chaussées,  64,  rue 

Ghaudrier,  à  La  Rochelle. 

233.  Perhieb  (Edmond),  ^,  professeur-administrateur  au 

Muséum,  19,  iiic  des  Saints-Pères,  à  l'aris. 

234.  PiNAUD  (François),  négociant,  à  Brive. 

23.5.   pLAYOULT,  pharmacien,  rue  des  Sœurs,  à  Brive. 

236.  PoNAREL  (Léon),  docteur-médecin,  à  Brive. 

237.  PoNCHET,   docteur-médecin,  conseiller  d'arrondisse- 

ment et  maire,  à  CoUonges,  par  Meyssae, 

238.  PouLBniÈBK  (rabbé),  inspecteur  de  la  Société  fran- 

(■ai.se  d'arehéologie,  directeur  du  Petit-Séminaire 
de  Sei">'iéres  (Corrèïe). 


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—  17  — 

"239,  Pbiolkau  (Léoiice),  étudiant  en  médecine,  à  Objat 
(Corrèze) . 

240.  RBBiàBE-LABOBDE  (Alfred),  chef  de  sectiuu,  avenue 

de  la  Gare,  à  Brive. 

241.  RiBiER  (René  de),  membre  du  Conseil  général  du 

Cantal,  maire  de  Ghampagnac-les-Mines. 

242.  RicHAHD,  propriétiiire,  à  Saint-Robert,  canton  d'Aveu 

(Corrèze) . 

243.  Rivet  (M™  El  vire),  née  de  Jugeals,  jï  Brive. 

244.  Rivet  (Marcy),  receveur  des  Piuances,  à  Castel- 

Sarrazin  (Tarn-et-Garonne). 

245.  RiviÂBE  des  Bobdebies  (Gustave),  uégociaut,  à  Brive. 

246.  RoBEBT  (Charles),  C  *,  membre  de  riuslilut,  25, 

boulevard  de  La  Tour-Maubourg,  ;i  Paris. 

247.  Roche  (Emile),  docteur  en  droit,  avoué,  6,  boulevard 

Beaumarchais,  à  Paria. 

248.  Roche  (Marcelin),  négociant,  maire  de  Brive. 

249.  Roche  (Marcel),  imprimeur,  conseiller  municipal,  à 

Brive. 

250.  Roffignac  (le  comte  Octave  de\  au  château  de  Sou- 

rie, par  Objat  (Corrèze). 

251 .  RoGBuOND,  architecte,  à  Brive. 

252.  Roque  (Gustave),  banquier,  à  Brive. 

253.  Roque,  docteur-médecin,  à  Juillac. 

254.  Rouchaud-Nbmokbs,  percepteur,  à  Brive, 

255.  RouDAUD  (René),  avoué,  à  Saint-Yrieix  (Htc- Vienne). 

256.  Roujou  (Anatole},  profeaseur  de  sciences,  à  Chania- 

lières,  près  Glermont-Ferrand, 

257.  RouasABiE  (Paul),  à  Tulle. 

258.  Rupin  (Ernest),  à  Biive. 

259.  Saint-Bonket,  avocat,  à  Sexcles  (Corrèze). 

260.  Sal  (de),  avocat,  membre  du  Conseil  général  de  la 

Corrèze,  147,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris, 

261.  Salvandt  (le  comte  Paul  de),  A  if.  ancien  député, 

18,  iTie  Cassette,  à  Paris. 

262.  Seguin  (Ferdinand),  propriétaire,  au  château  d'Aven 

(Corrèze). 


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_  18  — 

263.  Seingeot  (Eugène),  capitaine  adjudant-major  au  14" 
de  ligne,  à  Brive. 

364.  Selve  de  Sahran  (de),  #,  ancien  receveur  des  Fi- 
nances, à  La  Gaone,  près  Ussel  (Corrèze). 

265.  Simon  (Clément),  #,  ancien  procureur-général,  avo-  ' 

cat,  7,  rue  Rouget-de-l'lBle,  à  Paris. 

266.  Siou  (Charles),  manufacturier,  à  Laumeuil,  par  Lar- 

clie  (Gorrèîe). 

267.  81RET  (Jean),  à  Arcachon  (Gironde). 

268.  Sol-Lalande   (Ernest),  notaire,  au   Pescher,    par 

Beynat. 

269.  SouLEiNQBAS  [Joseph),  sergent  d'infanterie  de  marine, 

à  Nouméa  (Nouvelle-Calédonie). 

270.  SouLiÉ,  conducteur  des  ponts  et  chaussées,  à  Ar- 

gentat  (Gorrère). 

271.  SouLLiBR  {l'abbé  Martial),  secrétaire-général  de  l'évê- 

ché  et  chanoine  de  la  cathédrale,  à  Tulle. 

272.  Talauon,  64,  rue  Richelieu,  à  Paris. 

-273.  Tandbau  de  Marsac  (l'ahbé),  chanoine  honoraire,  rue 
Porte-Tourny,  à  Limoges. 

274 .  Tandbau  de  Marsac,  notaire,  2o,  place  Dauphine,  à 

Paris. 

275.  Thalamv,    maître  d'hôtel,   conseiller    municipal,   à 

Brive. 

276.  Tbyssieh,  notaire,  à  Pérols,  par  Bugeat  (Corrèie). 

277.  Tkyssiku  (Léopold  de),  notaire,  à  Beaulieu. 

278.  Theuil,  ancien  notaire,  à  Ussel  (Corrèze). 

279.  TunEN.NE  d'AYNAC  (le  marquis  de),   #,  26,  rue  de 

Bevri,  à  Paris. 

280.  Vachal  (Joseph),  député  de  la  Corrère,  à  Argental, 

et  13,  rue  Michelet,  à  Paris. 

281 .  Valat  (Julien),  à  Souillac  (I.K)t). 

282.  Valéry,  libraire,  rue  Toulzac,  à  Brive. 

283.  Valette,  ex-notaire,  à  Chamboulive  (Corrèze). 
28i .  Valon  (Ludovic  de),  sous-chef  de  section,  à  Brive. 
285.  Vayssièrb,  ai'chiviete  de  la  Con-èze,  à  Tulle. 


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—  19  — 

286.  Vendryâs  (Albert),  attaché  au  miDistère  de  l'Instruc- 

tion publique  et  des  Beaux-Arts,  à  Paris. 

287.  Vbrlhac  (Pierre),  imprimeur,  à  Brive. 

288.  Verlhac,  docteur-médecin,  à  Brive. 

289.  Vkrninac  (Ghariefl  de),  sénateur  du  Lot,  au  château 

de  Croze,  par  les  Quatre-Routes  (Lot). 

290.  ViCANT  (Ernest),  propriétaire,  à  Enval,  près  Brive. 

291.  VicNBS,  chef  de  section  du  chemin  de  fer  de  l'État, 

à  Brive. 

MEMBRES  CORRESPONDANTS 
Instituteurs. 

292.  BuGE   (Léon),   horticulteur  et  professeur  à  l'École 

normale,  à  Tulle. 

293.  Chahhard,  instituteur,  â  Mansac,  par  Larclie  (Cor- 

rèze). 

294.  Ghauluev,    aucien   instituteur,   à  Saiut-Hilaire-le- 

Peyroux  (Con-èze). 

295.  Colas  (l'ahbé  Joseph),  professeur  au  Petit-Séminaire, 

à  Sarlat. 

296.  Dblmond,  instituteur,  à  Beauiieu. 

297.  DupuY  (Pierre),  instituteur,  à  Juillac. 

298.  FsHBiBR,  A  O,  instituteur,  à  Brive. 

299.  PouRMAL,  instituteur,  à  Chamberet. 

300.  Gabriel  (le  Frère),  directeur  de  l'École  chrétienne,  à 

Brive. 

301 .  Georges  (le  Frère),  directeur  de  l'École  chrétienne,  à 

Ussel. 

302.  Hblvbrt  (le  Fi-ère),  sous-directeur  de  l'École  chré- 

tienne, à  Limoges. 

303.  Uospicius  [le  Frère),  directeur  de  l'École  chrétienne, 

à  Tulle. 

304.  Laganb,  instituteur,  à  Saint-Solve,  par  Vif^nols. 

305.  Laviaixe  (Ernest),  iustituleur,  à  Monzanes,  par  Trci- 

gnac  (Corrëie). 


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306.  NoBL  [le  Frère),  dii-ecleur  du  pensionaat  St-Josepb, 

à  Meyssac. 

307.  PociLLANGE,  iustituteur,  à  Pompadour. 

308.  SouLiÉ,  professeur  à  l'École  communale  de  dessiQ, 

à  Tulle. 

309.  TouRNADOun,  instituteur,  à  Malemort  (Corrèze). 


SOCIETES   CORRESPONDANTES 

Échange  de  Bulletins. 

1 .  Société  nationale  des  Antiquaires  de  France,  à  Paris. 

i.  Société  française  d'archéologie  [BuUelin  Monumental), 
directeur  :  M.  Ijéon  Palustre,  61,  rampe  de  la  Tran- 
chée, à  Tours. 

3.  Société  nationale  d'agriculture  de  France,  18,  rue  de 

lîellechasse,  à  Paris. 

4.  Académie  des  sciences,  inscriptions  et  belles-lettres,  à 

Toulouse. 

5.  Société  d'histoire  naturelle,  28,  rue  Saint-Rome,  à 

Toulouse. 

6.  Société  des  Antiquiiires  de  l'Ouest,  à  Poitiers. 

7.  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin,  à 

Limoges. 

8.  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  la  Gorrèze,  à 

Tulle. 

9.  Société  historique   et  archéologique   du  Périgoi'd,  à 

Périgueux. 

10.  Société  des  sciences  naturelles  et  archéologiques  de 

la  Creuse,  à  Guéi-et. 

11.  Société  de  Borda,  à  Da.\  |Landes}. 

13,  Société  archéologique  du  Tam-et-Garonne ,  à  Mou- 
tauban. 

13.  Société  archéologique  d'Eure-et-Loir,  à  Chartres. 

14.  Société  dunoise,  à  Cliiiteaudun. 

15.  Société  archéologique  de  Bordeaux,  67.  rue  de  la 

Rousselle. 


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—  21  — 

16.  Académie  d'Hippône.  à  Bone  (Algérie). 

17.  Société  archéologique  du  Kef  (Tunisie). 

18.  Société  botanique  et  horticole  de  Pi-ovencc,  place 

Saint-Michel,  12,  à  Marseille. 

19.  Société  des  lettres,  sciences  et  arts,  à  Nice. 

20.  Société  des  études  Uttéraires,  scientifiques  et  artis- 

tiques du  département  du  Lot,  à  Cahofs. 

21 .  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  Vcsoul  (Ute- 

SaÔne). 

22.  Société  des  Antiquaires  de  Picardie,  k  Amiens. 

23.  Société  florimontane  d'Annecy. 

24.  Société  archéologique  et  historique  de  l'Orléanais,  à 

Orléans. 

25.  Société  archéologigue  de  Nantes  et  de  la  Loii-c-Infé- 

rieure,  à  Nantes. 

26.  Société  archéologique  du  Maine,  au  Mans. 

27.  Société  archéologique  et  historique  de  la  Charente,  à 

Angoulême. 

28.  Société  d'agriculture,  sciences,  arts  et  hellcs-Ieltrcs 

de  l'Eure,  à  Évreux. 

29.  Commission  des  Antiquités  de  la  Gôte-d'Or,  à  Dijon. 

30.  Société  des  Antiquaires  du  Centi-c,  à  Bourges. 

31.  Académie  des  sciences,  bclles-letti-es  et  arts  de  Cler- 

mont. 

32.  Académie  des  scieuces,  lettres  et  arts  d'Arras. 

33.  Commission  des  Antii(uités  départementales  du  Pas- 

de-Calais,  à  Arras. 

34.  Société  ai-chcologique  d'AIaïs  (Gard). 

35.  Société  des  sciences  naturelles  de  la  Charente-Infé- 

rieure, à  La  Rochelle. 

36.  Société  de  géographie  de  l'Kst,    1   {bis),  rue  de  la 

Prairie,  à  Nancy. 

37.  Société  littéraire,  historique  et  archéologique  de  Lyon 

(M.  Vachez,  bibliothécaire,  24,  rue  de  la  Charité,  à 
Lyon). 


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REVUES  (échanges). 

38.  Bulletin  d'Histoire  eeelésiasliqw  et  d'Archéologie  religieuse 

[M.  l'abbé  Ulysse  Chevalier,  directeur,  à  Romans} 
(Drôme). 

39.  Bevve  de  Géographie  [M.  Delagrave,   15,  rue  Soufflot, 

à  Paris). 

40.  Matériaux  pour  l'Histoire  de  l'Homme  (M.  Cartailhac, 

dii-ecteur,  5,  rue  de  la  Chaîne,  à  Toulouse). 

41.  Feuille  des  jeunes  Naturalistes,  par  M.  A.  Dollfus,  55, 

rue  de  Morny,  à  Paris. 

42.  Le  Feu-Follet,  à  Tulle. 

43.  Annales  du  Musée  Guimet  (direcUon  :  boulevard  du 

Nord,  à  Lyon). 

44.  Journal  d'Histoire  naturelle  de  Bordeaux  et  du  Sud-Ouest, 

15,  cours  de  riutendaDce,  à  Bordeaux. 


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„Googlc 


Plat  DÉcoRt  de  si'jets  tihés  de  la  Genèse 
peints  en  grisaille  sur  fond  noir,  par  Picrrt  Rcymond,  de  Limoges. 


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PIERRE  REYMOND 

ÉMAILLEUR  A  LIMOGES 


lERRE  Reymond  est,  sans  con- 
tredit, un  des  émailleurs  qui  a 
produit  le  plus  grand  nombre 
d'œuvres,  et  dont  la  fécondité 
n'a  été  égalée  que  par  les  Cour- 
ar  les  Laudin. 

Reymond  est  d'origine  limousine  : 
irouve,  ses  peintures  comme  ses 
bien  que  l'Allemagne  veuille  re- 
r  cet  émailleur  par  le  motif  qu'il 
uelquefois  son  nom  de  Reymond 
60U8  la  forme  de  Rexmon,  dont  on  pourrait  faire 
Rexmann  et  même  Reichsmann(i)?  A  ce  compte, 


(I)  Fr.  Kugler,  Kunstgeschichte,  p.  793  :  ■  Pierre  Rexmon,  un 
Allemand  dont  te  nom  doit  s'écrire  Rexmann.  ■  —  Cité  par  H.  de 
Laborde,  Notice  det  Èmaitx  dv  Louvre,  p.  102. 


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nous  dit  justement  M.  de  Laborde,  l'Italie,  l'An- 
gleterre ou  toute  autre  nation  pourraient  nous 
enlever  nos  enfants  les  plus  légitimes,  car  ce  qu'ils 
savaient  le  moins,  c'était  d'écrire  régulièrement 
leurs  noms  ;  ce  qu'ils  semblent  avoir  pris  à  tâche, 
c'est  de  les  défigurer.  Pierre  Reymond  se  contente 
le  plus  souvent  de  signer  ses  émaux  avec  ses  ini- 
tiales P  R-,  tracées  en  noir,  quelquefois  en  or  et 
accompagnées  d'une  date  ;  mais  quand  il  veut 
mettre  son  nom  en  toutes  lettres,  il  écrit  indif- 
féremment Pierre  Remmo ,  Rexmon ,  Rexmond , 
Raymo,  Remon  et  Remond.  Nous  le  voyons,  le 
peu  de  soin  qu'il  apportait  à  bien  orthographier 
sa  signature  doit  nous  donner  la  mesure  de  l'im- 
portance que  nous  devons  y  attacher. 

Pierre  Reymond,  fils  de  Jacques,  naquit  proba- 
blement à  Limoges  dans  les  premières  années  du 
xvi'  siècle;  il  se  maria,  en  1530,  avec  Jeanne  Mar- 
tel, et  occupait  alors  une  maison  dans  la  rue  Basse- 
Manigne,  dont  une  façade  donnait  sur  la  rue  des 
Étables  ;  elle  était  attenante  à  celle  de  Jehan  Court, 
son  concurrent(l).  La  date  la  plus  ancienne  qu'on 
ait  relevée  sur  ses  émaux  est  1534,  la  dernière 
celle  de  1584.  En  1550  il  perdit  son  père,  aug- 
menta sa  fortune  patrimoniale  par  son  industrie 
et  reçut  les  honneurs  consulaires  en  1560  et  en 
1567.  Il  dut  mourir  en  1584  ou  peu  d'années 
après. 

Tels  sont  les   seuls   renseignements  que  l'on 


(I)  Uaubjcb  Akdant.   Émailleura  et  émaillerie  de  Limoge; 
1855,  p.  t3î. 


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possède  sur  cet  émaiUeur,  renseignements  qu'on 
trouve,  en  partie,  dans  le  Livre  des  comptes  de 
la  confrérie  du  saint  sacrement,  manuscrit 
grand  in-4°  conservé  à  la  Bibliothèque  publique 
de  Limoges.  Ce  document  nous  fait  encore  con- 
naître que  Pierre  Reymond  était  chargé  d'enlu- 
miner les  livres  de  la  confrérie  et  d'y  peindre  le 
pourtraict  des  joyaux  dont  elle  augmentait  tous 
Ira  ans  son  trésor  :  on  y  voit,  en  effet,  sur  plu- 
sieurs pages,  de  précieuses  miniatures,  véritables 
petits  chefs-d'œuvre  qui,  par  des  glacis  brillants 
et  des  rehauts  d'or  et  d'argent,  rappellent  le  ti-a- 
vail  de  l'émailleur. 

Pierre  Reymond  ^t  le  plus  ancien  comme  le  plus 
habile  représentant  d'une  famille  qui  a  fourni  plu- 
sieurs émailleurs.  Nous  donnons,  d'après  M.  Emile 
MoUaier(l),  le  tableau  généalogique  de  ces  artistes  : 


JACQUE9 
REYMOND. 

I 

PIERRE  I-. 

énuùll«nr, 

t  en  1S&4. 

maria  à 

Jeanne  Ifartet. 


JEAN, 
ém  aille  ur, 
t  avant  1603; 

Françoise 
Houret. 


MARTIAL  II, 
âm^lleur, 
t  en  1630; 

Houlinart. 
i_ 


I 

MARTIAL  I- 

émailteur, 

i  en  tSSe. 

I 


I 


I 


JOSEPH 

FRANÇOIS, 

émailleur, 

marié  à 

Catherine 

Mouret. 

I 

GABRIEL, 


JEAN,  FRANÇOISE,  JEANNE, 
née  en  1606.    nëe  en  1608. 


orfëvre, 
i  en  1631. 


(1)  Dictionnaire  de«  Émûilleurt 
l«ur,  1S8S. 


-  Paria,  Rouam,  4di- 


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—  28  — 

La  peinture  de  Pierre  Raymond  doit  être  classée 
dans  la  catégorie  des  émaux  peinte,  désignés  sous 
le  nom  de  grisaille.  On  sait  que  ce  genre  de 
peinture  consiste  à  recouvrir  une  plaque  de  cuivre 
d'une  couche  épaisse  d'émail  noir  ou  de  teinte 
foncée,  de  la  faire  sécher  et  d'exécuter  son  dessin 
sur  ce  fond  avec  une  couche  mince  d'émail  blanc 
opaque,  de  façon  à  produire  une  grisaille  dont  on 
obtenait  les  ombres  soit  en  ménageant  plus  ou 
moins  l'émail  noir,  soit  en  le  faisant  reparaître 
par  le  grattage  avant  la  cuisson.  On  pouvait  encore 
i-evenir  sur  la  grisaille  avec  des  émaux  colorés 
translucides  qui  permettaient  d'obtenir  une  grande 
richesse  d'effet,  -comme  aussi  réveiller  le  tout  par 
quelques  rehauts  d'or  appliqués  sur  les  accessoires 
ou  sur  les  bordures  des  vêtements. 

Nous  avons  fait  connaître  qu'aucun  émailleur 
n'avait  produit  autant  d'œuvres  que  Pierre  Rey- 
mond;  pour  être  plus  exact,  nous  aurions  peut- 
être  dû  dire  qu'aucun  peintre  n'avait  signé  une 
quantité  aussi  considérable  d'objets  émailîés.  En 
effet,  presque  toutes  les  œuvres  qui  sortaient  de 
son  atelier,  bonnes  ou  mauvaises,  étaient  signées; 
celles  qu'il  produisait  lui-même,  comme  celles  que 
ses  élèves  copiaient,  alors  même  que  les  originaux 
étaient  rendus  d'une  façon  maladroite  et  grotesque, 
presque  toutes  portaient  également  son  nom.  Aussi 
comprendra-t-on  facilement  que  les  émaux  signés 
par  ce  peintre  sont  loin  d'offrir  tous  le  môme 
intérêt  et  d'avoir  la  même  valeur. 

Les  premiers  émaux  de  Pierre  Reymond  pré- 
sentent, dans  le  dessin  et  dans  l'exécution,  une 


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dureté,  une  sécheresse  peu  agréables,  et  indi- 
quent une  prédilection  pour  les  compositions  alle- 
mandes dans  le  goût  des  gravures  d'Albert  ûûrer. 
On  peut  leur  reprocher  un  abus  de  ces  hachures 
obtenues  par  l'enlevage  qui  leur  donnent,  comme 
le  remarque  fort  à  propos  M.  de  Laborde,  un 
air  insipide  de  gravures  sur  bois  transportées  sur 
l'émail;  le  ton  général  est  froid. 

Quelques  années  après,  vers  1544,  l'aspect  de 
ses  émaux  se  colore;  le  dessin  se  perfectionne,  il 
est  précis  et  accentué  ;  la  composition  devient  plus 
savante,  elle  s'inspire  d'abord  des  œuvres  de  Luca 
de  Leyde,  puis  de  celles  des  maîtres  italiens;  vers 
1550  les  émaux  de  Pierre  Reymond  ont  atteint 
toute  leur  perfection. 

Après  cette  période  de  tâtonnements  couronnée 
par  le  succès,  arrive  les  défaillances  que  l'âge 
amène  avec  lui.  La  main  est  moins  sûre,  la  tou- 
che n'est  pas  aussi  délicate;  les  figures  s'allongent, 
deviennent  maniérées,  moins  gracieuses;  l'ombre 
des  carnations  se  recouvre  d'une  couleur  bistre 
rosée  qui  donne  au  tableau  une  dureté  et  un 
aspect  désagréables.  Pierre  Reymond  ne  songe  plus 
aux  grands  maîtres  allemands,  hollandais  et  ita- 
liens de  la  bonne  époque;  il  étudie  des  maîtres 
secondaires  du  xvi*  siècle  et  se  borne  à  reproduire 
les  compositions  de  Virgilius  Solis,  d'Androuet  du 
Cerceau,  d'Etienne  de  Laulne  et  de  Théodore 
de  Bry. 

Pierre  Reymond  est  un  artiste  de  talent  auquel 
sa  prodigieuse  fécondité  a  seule  fait  du  tort.  Le 
mérite  de  ses  œuvres  se  trouve  dans  le  dessin  et 


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dans  l'ensemble  de  la  composition  plutôt  que  dans 
le  coloris;  ses  peintures  laissent  dominer  un  ton 
gris  qui  n'offre  aucun  charme.  Ses  plaques  sont 
préparées  en  noir  ou  en  bleu  foncé  qu'il  fait  appa- 
raître par  enlevage,  suivant  le  procédé  que  nous 
avons  fait  connaître;  les  costumes  et  les  acces- 
soires sont  indiqués  avec  du  bistre  brun,  et  le 
tout  est  quelquefois  glacé  d'émaui  colorés  translu- 
cides que  réveillent  quelques  rehauts  d'or  dans  les 
lumières.  Le  contre-émail  est  uni  ou  semé  de  fleu- 
rettes d'or  et  présente  indifféremment  des  couleurs 
noires,  brunes,  rouges,  d'un  violet  noir  ou  d'un 
violet  rougeâtre  translucide,  quelquefois  même  in- 
colores. Pierre  Reymond  n'a  peint  que  fort  peu 
d'émaux  polychromes,  et  quand,  au  début  de  sa 
carrière,  il  a  essayé  ce  procédé,  il  n'est  parvenu 
qu'à  faire  des  grisailles  coloriées,  des  peintures 
manquant  d'harmonie  dans  lesquelles  le  paillon 
et  les  rehauts  d'or  jouaient  un  rôle  beaucoup  trop 
important.  Son  talent  ne  se  bornait  pas  unique- 
ment à  la  confection  des  plaques  et  des  tableaux 
peints  représentant  des  sujets  religieux,  il  décorait 
des  objets  de  table  et  de  toilette  aussi  bien  que  des 
objets  de  piété  ;  des  chandeliers,  des  salières,  des 
coupes,  des  assiettes  et  ces  mille  objets  qui  s'éta- 
laient sur  les  dressoirs  des  grands  seigneurs. 

La  pièce  dont  nous  donnons  le  dessin  est  une 
des  plus  importantes  œuvres  de  cet  émailleur, 
une  de  celles  qui  est  le  plus  propre  à  caractériser 
le  talent  de  l'auteur  et  la  puissance  grave  et  tran- 
quille des  procédés  de  la  grisaille.  Elle  se  trouve 
dans  la  précieuse  collection  de  M.  le  baron  Gus- 


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tare  de  Rothschild  et  a  déjà  été  reproduite  dans 
les  journaux  L'Art  et  L'Art  or7iementat{i). 


C'est  une  aiguière  avec  plateau  rond  déirorés  de 
sujets  ijeints  en  grisaille  sur  fond  noir. 

L'aiguière  se  compose  d'une  panse  ovoïde  por- 
tée sur  un  pied  aplati  par  l'intennédiaire  d'une 
tige  courte,  et  surmontée  d'un  col  étroit  qui  s'évase 


(I)  Les  dessins  accompagnant  cette  notice  sont  la  réduction  des 
gravures  qui  ont  été  insérées  dans  les  numéros  des  14  et  21  juin 
1884  do  VArl  ornemental,  publication  qui  se  fait  remarquer  par  la 
modicité  de  son  prix,  la  beauté  de  ses  nombreuses  gravures  et  la 
rédaction  du  texte  qui  les  accompagne.  Elle  parait  toutes  les 
semaines,  forme  à  la  fia  de  l'année  un  volume  d'enviroa  200  pages 


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-  32  — 

pour  former  deux  lèvres  d'inégalea  longueurs. 
L'anse  qui  s'implante  sur  l'épaulement  de  la  panse 
monte  et  s'arrondit  au-dessus  de  l'orifice,  où  elle 
s'insère. 

La  panse  est  divisée  en  deux  zones  par  un 
filet  saillant.  Un  combat  est  représenté  dans  la 
zone  inférieure,  un  sujet  mythologique  dans  la 
zone  supérieure. 

Sur  le  pied,  des  amours  ailés  s'enroulent  dans 
les  volutes  de  gracieuses  arabesques,  et  sur  le  col 
se  dressent  de  grandes  feuilles  que  surmontent 
d'élégants  rinceaux. 

Le  dessin  du  plateau  rappelle  l'école  italienne; 
il  est  largement  modelé;  ce  sont  des  sujets  tirés 
de  la  Bible  :  la  Création  d'Eve,  la  Tentation 
d'Adam,  la  Fuite  après  le  péché,  nos  premiers 
Parents  chassés  du  Paradis,  la  Mort  d'Abel;  le 
dessin  a  quelque  chose  de  magistral  ;  certaines 
figures  et  certains  groupes  sont  très-réussis  et 
nous  font  songer  aux  compositions  de  Raphaël  ; 
l'effet  général  est  soutenu,  plein  de  charmes  et 
fort  habilement  ménagé. 

La  bordure  est  fort  riche,  exécutée  avec  beau- 
coup de  soin  et  de  précision  dans  le  goût  le 
plus  pur  de  la.  Renaissance  italienne.  Elle  se  com- 
pose d'ornements   d'une   délicatesse   extrême  ré- 


iR-4*,  accompagné  de  plus  de  400  gravures;  son  prix  est  de  5  francs 
par  &n.  Nous  sommes  heureux  de  recommander  cette  publication 
aux  archéologues  et  aux  amateurs  de  beaux  livres,  en  échange  de 
la  gracieuseté  qu'a  eue  l'éditeur,  H.  Rouam,  33,  aveuue  de  l'Opéra, 
à  Paris,  en  nous  donnant  l'autorisation  de  reproduire  les  deux 
objets  qui  intéressent  notre  art  limousin. 


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pétés  cinq  fois  et  formés  de  volutes  feuiUagées, 
terminées  par  des  cornes  d'abondance,  au  milieu 
desquelles  se  jouent  de  petits  amours. 

Nous  croyons  volontiers  que  l'aiguière  et  le  pla- 
teau n'ont  pas  été  faits  l'un  pour  l'autre  et  qu'ils 
appartiennent  à  deux  œuvres  différentes.  Nous 
voyons  des  sujets  mythologiques  sur  l'aiguière  et 
des  sujets  religieux  sur  le  plateau,  défaut  d'har- 
monie qui  n'aurait  point  sa  raison  d'être.  Ces 
deux  pièces  n'en  sont  pas  moins  deux  pièces 
capitales;  elles  appartiennent  à  la  plus  belle  épo- 
que de  Pierre  Reymond;  aussi  n'hésiteions-nous 
pas  à  croire  qu'elles  ont  été  confectionnées  vers 
l'année  1550. 

Ernest  Rupin. 


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„Googlc 


LES   MALHEURS 


ABBÉ  DE  VALETTE 


LAUDE  de  Doyae  fut,  d'a- 
près les  auteurs  du  Gallia 
christiana,  le  successeur 
immédiat   de   Louis   Val- 
raier  comme  abbé  de  Va- 
lette,  en    1481  (1).   C'était 
un  abbé  commendataire  et 
sans  doute  le  premier  de  ce 
posé  à  l'abbaye  limousine, 
semblent  avoir  joui  jusque- 
:e  leur  supérieur.  Ce  droit, 
dû   se   le   laisser  enlever 
,  et   il   y   a   lieu  de  croire 
t  aussi  important  ne  s'était 
résistance  de  leur  part.  Le 
sur  ce  point,  mais  le  docu- 
ment que  je  publie  va  nous  fournir  de  curieux 
détails  sur  la  façon  dont  les  choses  se  sont  passées. 
Après  la  mort  de  Louis  Valmier,  les  religieux 
de  Valette  avaient  procédé  dans  les  formes  régu- 
lières à  son  remplacement,  et,  d'un  commun  accord, 

(l)  T.  U,  col,  683. 


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s'étaient  donné  pour  abbé  Jean  de  Marsan,  leur 
prieur.  Celui-ci  remplissait  toutes  les  conditions 
requises  pour  être  élevé  à  cette  charge;  il  en 
prit  possession  régulièrement  et  l'exert^a  pendant 
un  certain  temps. 

C'est  lui  qui  rapporte  ainsi  les  faits.  Qu'il  faille 
en  rabattre,  c'est  possible.  Il  exagérait  probable- 
ment, mais  au  fond  devait  dire  vrai. 

Il  gouvernait  donc  paisiblement  Valette  lors- 
qu'un beau  jour  arriva  sous  les  murs  du  monas- 
tère une  troupe  d'hommes  d'armes  commandée  par 
Claude  de  Doyac,  frère  de  Jean  de  Doyac,  gou- 
verneur du  pays  pour  le  roi.  Cette  troupe  trouva 
portes  closes;  mais  devant  la  menace  d'être  jeté 
en  prison  pour  le  reste  de  ses  jours  s'il  ne  rési- 
gnait pas  ses  fonctions  d'abbé,  Jean  de  Marsan, 
qui  se  sentait  peu  de  goût  pour  la  paille  humide 
des  cachots,  s'esquiva  prestement  et  s'en  alla  de- 
mander asile  à  un  seigneur  d'Auvergne. 

Claude  de  Doyac  était  natif  de  Cusset(l);  il 
était  prévùt  du  chapitre  de  Glermont  et  prétendait 
avoir  été  pourvu  par  le  pape  de  l'abbaye  dont  il 
venait  prendre  possession  à  main  armée.  1!  se 
compoi-ta  d'ailleurs,  si  l'on  en  croit  le  malheu- 
reux Jean  de  Marsan,  en  véritable  soudard.  11 
s'était  installé  dans  la  place  avec  ses  nombreux 
complices,  qui  étaient  tous  gens  à  mener  joyeuse 
vie,  et  les  désordres  les  plus  graves  avaient  été 
commis  sous  les  yeux  des  moines.  Non  contents 
de  troubliH-  l'imagination  de  ces  pauvres  cister- 

(1)  /(tic/.,  col.  429. 


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ciens  en  leur  donnant  le  spectacle  de  leurs  dé- 
bauches avec  des  femmes  sans  mœurs,  ces  joyeux 
compagnons  les  brutalisaient  pour  leur  arracher 
de  l'argent.  Ils  mirent  enfm  la  maison  au  pillage, 
et,  en  particulier,  emportèrent  la  crosse  abbatiale, 
qui  était  en  argent,  et  vingt-trois  volumes  de  la 
bibliothèque. 

Jean  de  Marsan,  remis  de  sa  frayeur,  avait 
voulu  négocier  :  le  pauvre  homme  ne  connaissait 
guère  son  adversaire.  Il  lui  avait  donné  rendez- 
vous  dans  un  château  d'Auvergne  appelé  Granges. 
Claude  de  Doyac  se  rendit  à  son  invitation,  mais 
sans  avoir  la  moindre  envie  de  transiger  ou  de 
discuter,  car  il  le  mit  en  demeure,  dès  le  début, 
de  choisir  entre  Valette  ou  une  prison  perpétuelle. 
Jean  de  Marsan  se  prit  de  nouveau  à  trembler 
pour  sa  liberté  et  même  pour  sa  vie;  et  afin 
d'éviter  la  potence  ou  du  moins  le  noir  cachot 
dont  on  le  menaçait,  il  consentit  à  renoncer  à 
tous  ses  droits. 

Il  est  certain  qu'une  renonciation  obtenue  dans 
ces  conditions  pouvait  être  considérée  comme  nulle. 
Tel  était  tout  naturellement  l'avis  de  Jean  de  Mar- 
san, qui  en  appela  au  Pape,  juge  suprême  en 
cette  matière.  Sixte  IV  voulut  se  renseigner  sur 
l'exactitude  des  faits,  et  commit  pour  cet  objet 
les  abbés  de  Vézelay  et  de  Meymac  et  l'officiai  de 
Tulle  pour  faire  une  enquête.  Maintenant,  quels 
furent  les  résultats  de  cette  enquête?  je  l'ignore. 

On  peut  croire,  toutefois,  que  Claude  de  Doyac 
conserva  l'abbaye  de  Valette  jusqu'en  1493,  époque 
où  Pierre  Pignot,  abbé  régulier,  en  prit  le  gouver- 


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nement.  Il  avait  été  élu  évêque  de  Saint-Flour 
en  1483,  dans  le  temps  même  où  Jean  de  Marsan 
le  poursuivait  de  ses  revendications,  et  il  trouva, 
dans  la  personne  de  Claude  de  Joyeuse,  un  com- 
pétiteur qui,  à  son  tour,  le  troubla  longtemps  dans 
la  possession  de  cet  évôché. 

A.  Vatssièhe. 


BULLE    DU    PAPE    SIXTE    IV    POUB    JEAN    DE    MAB5AN, 
ABBÉ    ÉLU    DE    VALETTE 

22  juin  ik83. 

Sixtus  episcopus  servus  servorum  Dei,  dilectia  filiis 
Virziliacensis  et  de  Meymaco,  Ëduensis  et  Lemovicensis 
diocesis,  monaaterioram  abbalibus,  ac  ofliciali  Tutellensi 
salutem  et  apostolicam  benedictionem.  Justa  petentibus 
nobis  libenter  annuimus  eosque  favoribus  proaequimur 
opportunis.  Exhibita  siquidem  nobis  Duper  pro  parte  dilecti 
filii  Johannis  Marsan,  abbalis  monasterii  de  Valleta,  cis- 
terciensis  ordinis,  Tutellensis  diocesis,  petitio  continebat 
quod  alias  prefato  monasterio,  cui  quondam  Ludovicus, 
ipsius  monasterii  abbas  dum  viveret  presidebal,  qui  extra 
romanam  curiam  diem  cUusit  exlremum,  abbatis  regimine 

destituto,  dilecti  fllii  conveiitus  ejusdem  monasterii 

abbatis  electione,  vocatis  omnibus  qui  voluerunt,  potue- 
runt  et  debuerunt  élection!  hujusmodi  commode  intéresse, 
die  ad  eligendum  préfixa,  ut  moris  est,  convenientes  in 
unum,  prefatum  tune  dicli  monsterii  priorem  ordinem 
ipsum  expresse  professum,  in  sacerdotio  et  etate  légitima 
constitulum,  in  eonim  dicll  mouasteiii  abbatem  concor- 
diler  elegerunt,  ipse  que  Johannes,  electioni  hujua  modî, 
illius  aibi  presentato  décrète  consenciens,  illam,  juxta 
ipsiu»  ordinis  privilégia  et  régule  statuta,  per  duos  tune 


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-39  - 

expressos  abbates  dicti  orâinis  confinoari  obtinuit,  io 
hiis  omnibus  estatutis  (sic)  a  jure  temporibuB  observatis. 
Et  deinde  poslquam  idem  Johanues,  electioais  et  coofir- 
mationls  hujusmodi  vigore,  eidem  monasterio  aliquandiu 
prefuerat  paciflce  et  qiiiete,  dilectus  fllius  Claudius  Doyat, 
qui  se  gerit  pro  clerico,  preteodeos  dictum  monaslerium 
ut  premittitur  vacans,  quaravis  post  electionem  et  cooSr- 
niatiouem  hujusmodi,  apostolica  auctoritale  sibi  fuisse 
commeodatum,  ad  îpsum  mouasterium  uua  die  cum  ar- 
matorum  copia  accedeos,  et  tam  régis  cpiam  dilecti  ÛUi 
Johannis  Doyat,  layci,  ipsius  Claudii  fratrîs,  qui  tune 
illorum  partium  pro  carissimo  io  Ghrîsto  fiiio  nostro 
Ludovico  Fraucorum  rege  guberuator  erat, dum  ip- 
sius monasterîi  portas  clausas  inveoisset,  facto  tumultu 
emissisgue  borrîdis  clamoribus  et  precedentibus  miois 
quod  niai  dictus  Johannes  Marsaû  omni  juri  sibi  in 
regimiue  et  admluistratione  dicti  monasterii,  vel  ad  ilia 
quomodolibet  competenti,  cederet,  ipse  Ciaudius  illum  in- 
carcerari  faceret.  Quibus  clamoribus  et  minis  ipse  Johau- 
oes  Marsan  perterritus,  dictum  monasterium  clam  exivit 
et  ad  domum  cujusdam  nobilis  se  contulit,  ubi  aliquandiu, 
metu  et  minis  dicti  Claudii,  permansit.  Et  inibi  ezistens, 
ad  certum  alium  uobilem  scripsit  ut  Tellet  procurare  cum 
dicte  Claudio  quod  ipsum  Johannem  Marsan  non  moles- 
taret,  sed  eum  in  possessionem  dicti  monasterii  pacîfficam 
dimicteret.  Postmodum  vero,  cum  prefàtus  alius  nobilis 
eidem  Claudio  scripsisset  ut  ad  castriun  suum  de  Granges, 
Claromonleosis  diocesis,  venire  diguaretur  sub  espc  {sic) 
concordie  super  premissis  faciende,  idem  Claudius  quadam 
die  ad  dictum  castnim,  veluti  leo  rapax  et  furibundus, 
accessit,  et  prefato  Johanni  Marsan  ibidem  reperto,  nullo 
alio  tractatu  et  verbis  precedentibus,  dixit  quod  nisi  re- 
nunciaret  juri  predicto,  ipsum  statim  carceribus  detrudi 
faceret  a  quibus  nunquam  cvaderet,  nisi  prius  faceret 
quicijuid  ipse  Claudius  volebat.  Ipse  vero  Johannes  Mai*- 
san,  minis  hujusmodi  territue  ac  metu  carceris  et  potencie 
dicti  Claudii,  omni  juri  sibi  in  dicte  monasterio  vel  iid 


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—  40  — 

ipsum  quomodolibet  compectenti,  renanciavit.  Et  per  ali- 
quod  lempus  posl  hujustnodi  renonciationem,  dictus  Glau- 
dius  cum  multis  complicibus  ad  dictum  monasterîum 
accessit,  et  ibidem  aliquaudiu  permanens,  multas  inibi 
mulieres  iuhonestas  introduxit,  cum  quibus  adultcrium, 
fornicationem  etiara  stuprum  commisit,  ac  monachis  ejus- 
dem  monasterii  quam  plurimas  injurias  et  violencias  in- 
tulit,  etiam  pecunias  ab  ipsis  indebite  extorquendo;  et 
landem  haculum  pastoralem  argenleum,  crossam  nuncu- 
patum,  et  viginti  tria  volumina  libronim,  pluraque  alia 
bona  ipsius  mouasterii  iiide  extraxit  et  alibi  pro  suo  nutu 
asporlavii  et  discipavit  in  anime  sue  periculum  dictîque 
monasterii  dampnum  non  modicum  cum  pariter  et  jac- 
tuvam  ac  perniciosura  exemplum  et  scandalum  pluri- 
moi-um.  Quare,  pro  parte  dicti  Johannis  Marsan,  nobis 
fuit  humiliter  supplicatum  ut  sibi  in  pi-emissis  de  jus- 
ticie  ministerio  providere  de  benignitate  apostolica  digna- 
remur.  Nos  itaque  de  premissis  certam  noticiam  non 
habentes,  ipsumque  Johannem  Marsan  a  quibuscumque 
excommunicationis ,  suspencionis  et  interdicti,  et  aliis 
ecclesiasticis  sentenciis,  censcris  et  pénis  a  jure  vel  ab 
homijie  quavis  occasione  vel  causa  latis,  si  quibus  quo- 
modolibet innodatus  existit,  ad  afTeclum  piesentium  dum- 
taxat  consequendum  harum  série  absolventes  et  absolutum 
foi'e  censentes,  hujusmodi  aupplicationibus  inclinati,  dis- 
cretioni  vestre,  per  apostolica  acripta  mandamus  qua- 
thinus  vos,  vel  duo  aul  [unus]  vestmm,  si,  et  postquam 
vocatis  dicto  Claudio  et  aliis  qui  fuerint  evocandi,  de 
premissis  assertis  vobis  légitime  constiteat,  cessionem 
per  Johannem  Marsan  factam  hujusmodi  nuUam  et  inva- 
lidnm,  nulliusque  roboris  vel  moment!  fuisse  et  esse, 
auctoritate  nostra  deceniatis  et  declaretis,  et  de  juramento 
per  eumdeni  Johannem  Marsan  de  observando  premissa 
forsan  pi-esitito,  sibi  per  nos  relaxato,  ipsum  Johannem 
de  Marsan  adversus  cessionem  predictam  ad  jus  suum 
pristinum  necnon  regimen  et  adniinistrationem  dicti  mo- 
nasterii in  pristinum  et  cum  statu  în  quo  ante  cessionem 


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—  41  — 

hujusmodi  guomodolibet  erat,  eadem  auctoritate  resti- 
tuatis  et  reponatis,  non  obstante  juramento  et  aliis  pre- 
missis,  ac  constitutionibus  et  ordinationibus  apoatolicis, 
necDOQ  statutis  et  consuetudiiiibus  monasterii  et  ordiiiis 
predictonim  juramento  conûrmatione  apoatolica  vel  qua- 
via  firmitate  alia  i-oboretis,  ceterisque  contrariis  quibus- 
cumque.  Datum  Rome  apud  Sanctum-Petrum,  anno 
Incarnationis  dominîce  millesimo  quadringentesimo  oc- 
tuagesimo  tercio,  decimo  kalendas  julii,  pontiâcatus  nostri 
anDo  duo  decimo. 

(Original,  parchemin.  —  Arch.  nationales,  K.  1179.} 


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NOTE 

8DB  on 

TIERS  DE  SOL  D'OR 

THOTi  Bun  u  MUDin  ni  cuiniH-miiiu  (CHiiu| 


j^  E  docteur  Lombard,  de  Terrasson,  a  eu  la 
^i  bonté,  d'autant  plus  louable  qu'elle  est  trop 
rare,  de  me  confier,  pour  me  permettre  de  l'étu- 
dier en  nature,  une  monnaie  mérovingienne  trou- 
vée au  Cimetière,  commune  de  Chartrier,  canton 
de  Larche  (Corrèze).  En  voici  la  description  ; 


Buste  à  droite,  vêtu  du  paludamenVum;  la 
tète  est  ceinte  d'un  diadème  de  perles.  Il  ne 
reste  de  la  légende  que  le  mot  FITVR. 

Revers.  —  Personnage  de  face,  debout  sur  une 
base  horizontale,  la  tète  couronnée  ou  diadémée, 
regardant  à  droite;  il  tient  une  baste  de  la  main 
gauche  et  lève  la  main  droite  à  hauteur  de  sa 
tète.  Sous  le  bras  droit,  le  vêtement  parait  orné 
d'un  rang  de  franges  qui  se  prolonge  jusqu'au 
bord  de  la  pièce;  un  ornement  parallèle  et  tout 
semblable  part  de  la  ceinture. 

En  légende  BR;  suit  le  pied  d'un  caractère 


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qui  ressemble  à  un  S  couché,  mais  ii  n'y  a  là 
peut-être  qu'un  accident  de  frappe  au-dessous  de 
l'extrémité  d'une  lettre  impossible  à  déterminer 
(un  1  ?}. 

Les  caractères  sont  bouletés.    . 

Tiers  de  sol  d'or  pur.  Poids  :  1  gr.  229. 

Par  suite  des  rognures  qu'a  subies  cette  pièce, 
le  nom  du  lieu  où  elle  fut  faite  {fitur)  est  tombé 
de  l'avers,  en  même  temps  que  le  revers  a  perdu 
la  plupart  des  lettres  qui  nous  auraient  donné  le 
nom  du  monétaire.  Dès  lors  on  ne  saurait  dire 
en  quel  endroit  précis  elle  a  été  frappée.  Cher- 
chons, du  moins,  dans  le  style  et  les  types  du 
triens,  un  indice  de  la  civitas,  à  laquelle  il  peut 
le  mieux  convenir. 

Le  style  paraît  arverne. 

La  proéminence  frontale,  fortement  aci'usée,  de 
la  tête  du  droit,  rattacherait  la  médaille  au  dio- 
cèse de  Limoges,  dont  ce  détail  est  un  trait  carac- 
téristique (1),  si  la  même  proéminence  ne  se  mon- 
trait sur  quelques  triens  de  Clermont  (Conbrouse, 
Monétaires  des  rois  mérovingiens,  pi.  VI,  1,2; 
VIT,  5). 

Le  guerrier  du  revers  est  plus  exclusivement 
propre  aux  Arverni.  On  le  retrouve,  à  peu  prés 
identique,  dans  un  groupe  de  pièces  classées  avec 
certitude  à  cette  province  et  figurées  sous  les  n"  4, 
5,  6,  pi.  VI,  des  Monétaires  de  Conbrouse,  dont 


(1)  Haximin  Deloche.  Descriplion  des  monnaies  mérovingiennes 
du  Limousin  et  Bullelin  de  la  Sociélé  archéologique  de  la  Cor- 
rèze.  1883,  p.  383. 


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_  45  — 

l'une  offre  la  légende  ARVERNV{1)  et  une  autre 
ARV.  Ces  deux  dernières,  et  particulièrement  le 
BEREGISELVS  M— ARV  (2),  peuvent  être  consi- 
dérées comme  les  prototypes  de  notre  revers  :  tes 
frangea  mêmes  s'y  remarquent,  sous  une  forme 
moins  exagérée. 

Dans  le  fragment  de  légende  BRI  on  ne  serait 
pas  autorisé  à  voir  le  commencement  de  BRIVATE 
(Brioude).  C'est  le  débris  du  nom  du  monétaire  : 
le  nom  de  lieu  précédait  FITVR.  Les  types  de 
Brioude  sont  bien  connus  et  n'ont  rien  de  com- 
mun avec  ceux  que  j'étudie;  à  l'avers,  buste  dont 
la  main  droite  s'élève  jusqu'au  front;  au  revers, 
BRIVATE  ou  BRIVAT  inscrit,  en  deux  lignes,  dans 
le  grènetis  intérieur  (parfois  BRI  sur  une  seule 
ligne). 

Le  triens  de  M.  Lombard  est  donc  le  produit 
d'un  atelier  de  l'Auvergne  que  nous  ne  connais- 
sons pas,  mais  que  la  découverte  d'exemplaires 
plus  complets  peut  nous  révéler  quelque  jour. 

Quoique  l'or  de  cette  monnaie  soit  très  pur, 
la  fabrique  dénote  une  barbarie  assez  avancée  pour 
qu'on  doive  fixer  à  la  seconde  moitié  du  vn'  siècle 
l'époque  probable  de  son  émission. 

LÉON  Lacroix. 
Agen,  5  février  1885. 


(1)  Voilà  poiit-âlro  In  ini>t  qui  m<iiir[iic  3.1  droit  de  notre  tiers  de 
sol;  il  en  est  qui  portent  ABVUHiN'tl  FIT. 

(2)  Sur  In  BEREGISELVS  M— ARV,  les  franges  pendent  de 
la  hampe  d'un  étendard  ou  sceptre,  surmonté  d'une  croix,  que  le 
priiicR  ou  guerrier  tient  de  la  matu  gauuhc. 


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ŒUVRES  DE  LIMOGES 

CONSERVÉES  A  L'ÉTRANGER 

DOCniEITS  REUTIFS  A  LtUHLEfilE  LiODSIllE 


A  Monsieur  Ernest  RUPIN 
Frindtnl  dt  la  Soàitf  HiiUn}»  il  Aichéologiiai  di  Brin 


Mon  cher  confrère  et  ami, 

ES  lambeaux  tant  soit  peu  dé- 
cousus que  je  vous  communi- 
quais  en    1883,   sous  prétexte 
de  notre  belle  châsse  de  Gimel, 
ont    reçu    un    assez    favorable 
accueil  à  Brlve,  à  Limoges  et 
ailleurs.   La  critique  vétilleuse 
gné ,   du   moins  officiellement  ; 
plumes    trop   bienveillantes    se 
le  donné  la  peine  de  faire  res- 
n  Catalogue  ébauché  des  émaux 
liiiiuusui»  recueillis  à  l'étranger,  et  aussi 
ma  brève  excursion   sur  le  vaste  domaine  des 
pèlerinages.  Ces  encouragements  me  déterminent 
à  continuer,  et  je  vous  adresse  encore,  sous  forme 
de  lettre,  la  récolte  que  j'ai  amassée  en  l'année 


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—  48  - 

1884.  Pas  plus  qu'auparavant  je  n'ai  la  préten- 
tion d'être  complet  ;  à  d'autres  la  science  absolue, 
bulle  de  savon  qui  crève  au  moindre  souffle  ;  venir 
en  aide  aux  futurs  historiens  de  l'émaillerie  limou- 
sine, en  leur  épargnant  de  longues  recherches, 
mon  ambition  ne  va  pas  au-delà. 

Bien  peu,  cher  confrère  et  ami,  m'appartient  en 
propre  dans  le  faible  contingent  soumis  à  votre 
affectueuse  indulgence;  MM.  Emile  Molinier,  Char- 
les Descemet,  L.  de  Farcy,  L.  Cloquet,  L.  de  Vey- 
rières.  Barbier  de  Montault  doivent  en  revendiquer 
la  meilleure  part.  Tel  m'a  généreusement  prêté 
ses  notes  de  voyage;  tel  a  couru  les  musées  pour 
éclaircii'  des  points  obscurs;  tel  m'a  renseigné. 
Comme  il  répugne  à  mes  habitudes  de  démarquer 
le  Unge  d'autrui,  les  sources  où  jai  puisé  sont 
minutieusement  signalées.  Dans  cet  assemblage 
d'articles  indépendants,  j'ai  suivi  autant  que  pos- 
sible un  ordre  méthodique,  et  vous  excuserez  cer- 
tains préambules  imposés  par  la  nécessité. 

D'abord  le  supplément  au  Catalogue. 

SUÈDE 

Musée  royal  des  Antiquités,  à  Stockholm.  Croix  station- 
NALE,  Pièce  mutilée,  ajustée  sur  une  douille  à  nœud. 
Christ  en  relief,  coiffé  d'une  haute  couronne  ;  perisonium 
émaillë;  quatre  clous;  titulus  avec  l'inscription  IHS  XPS. 
Croix  potencée,  à  renflements  arrondis  au  centre  et  aux 
extrémités;  champ  gravé,  semé  d'étoiles,  de  rosettes,  et 
rehaussé  de  cabochons.  Aux  étranglements  des  hras,  deux 
figurines  à  mi-corps,  relief  émaillô  ;  à  droite,  saint  Jean, 
à  gauche,  la  Vierge.  L'attitude  de  ces  personnages  accuse 
une  transposition.  Au  sommet,  la  silhouette  d'une  figurine 


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—  49  — 

tombée  ;  au  bas,  la  tige  a  été  rasée  au  niveau  du  siippe~ 
'  danermt.  De  chaque  côté,  une  pendeloque  circulaire  accro- 
chée par  une  chaînette  à  maillons  de  style  très  ancien. 
Provenance,  l'église  de  Berffendal  (Hohuslan).  Haut,  tota'e, 
0-326»-;  larg.,  0"i96"».  un'  siècle.  —  Croix.  Elle  est  ana- 
logue à  la  précédente,  et  elle  provient  de  l'église  d'CEgges- 
lorp(SniaIand!,  —  Choix.  Môme  genre;  église d'Hammarby 
(Sodenuiinlaûd).  —  Cnucinx,  Fragments  divers,  \m*  siècle. 
—  CiBOins.  Forme  élégante;  le  couvercle  a  disparu.  Église 
de  Gerum  (Golland);  sni'  siècle.  —  Chasse.  Je  la  rappelle 
ici  pour  mémoire.  N'ayant  pas  vu  l'objet  et  n'en  possé- 
dant pas  un  dessin  d'ensemble,  il  m'est  difHcitc  de  lui 
assigner  une  nitionalilé  certaine;  mais  sa  date  incontes- 
table, ses  détails  caractéristiques,  m'engagent  à  le  signaler 
à  l'attention  des  archéologues  suédois  et  des  spécialistes 
en  émaillerie.  Je  traduis  d'abord  l'arliclc  du  Catalogue  : 
Reliquaire  en  forme  d'église;  bois  et  cuivre  émailli.  Église  de 
Spanga  en  Uppland.  Fonne  d'église  est  bien  vague  ;  s'agit-il 
du  type  rhénan  ou  du  type  limousin?  La  question  me 
semble  grosse  d'intérêt.  Passons  au  détail  gravé.  Chevalier 
debout  (haut,  totale,  ©■'US'"*),  vêtu  d'une  courte  chemise 
de  mailles  serrée  par  une  ceinture;  jambières  et  pédiaux 
de  mailles.  La  tête,  cerclée  d'un  nimbe,  est  coiffée  du 
casiiue  conifiue  porté  par  Geoffroy  Plantagenet  sur  l'émail 
du  Mans.  La  main  droite  du  personnage  tient  une  lance 
à  pennon  Iriflde  ;  la  gauche  saisit  un  grand  bouclier 
triangulaire  à  coins  arrondis,  chargé  de  burèlea  inégales  : 
les  plus  larges  offrent  une  arcature  polychrome;  les 
moindres,  des  compartimenis  pointillés.  Les  pieds  repo- 
sent sur  un  nuage  à  quatre  zones,  que  déterminent  des 
eloisons  métalliques;  les  trois  zones  supérieui'es  sont  des 
moitiés  d'ellipses  ;  la  dernière  est  un  quatrefeuilles  nais- 
sant. Le  nimbe  et  le  nuage  accusent  un  bienheureux,  ' 
probablement  saint  Georges  ;  le  costume  et  le  bouclier 
appartiennent  au  xu"  siècle;  le  déeor  de  l'écu  n'a  aucun 
sens  héraldique.  Quant  aux  émaux.  Je  les  décliiffrerai 
ainsi  jusqu'à  preuve  contraire.   Figure  eu  réserve  sur 

T.  TU,  1-* 


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—  50  — 

champ  bleu-foucé  ;  nimbe  bleu-clair  ;  bouclier  rouge , 
bleu-foncé,  blanc  (?)  ;  nuage  rouge,  bleu- foncé,  rechampi 
de  bleu-clair  et  de  blanc,  à  moins  qu'il  n'y  ait  du  vert 
et  du  jaune.  L'analogie  de  notre  saint  guerrier,  avec  les 
géants  sculplés  à  la  façade  de  diverses  églises,  est  frap- 
pante; des  rapports  de  dessin  et  de  technique  existent 
également  eotre  lui  et  le  Goliath  émaîllé  de  la  crosse 
de  Ch  irtres  (Collection  Garrand)  exécutée  par  l'orfèvre 
Willclmus,  (0,  Montelius,  Fùhrer  dureh  dos  Muséum  Vater-. 
landUcher  Allerthilmer  in  Stockholm.  A.  Essenwein,  Kultw- 
historischer  Bilderatlas,  t.  II,) 

NORVÈGE 

Église  de  Urnes.  Chandelier.  Fût  imbriqué;  bobèche  et 
ureud  ornes  d'enroulements  métalliques  à  fleurons  poly- 
chromes sur  champ  bleu.  La  base  triangulaire,  supportée 
par  trois  griffes,  offre  un  décor  analogue,  mais  plus  riche; 
eu  outre,  un  dragon  en  relief  couvre  chaque  rampant.  l*s 
queues  de  ces  animaux,  élégamment  recourbées,  viennent 
s'appuyer' contre  le  fût;  leurs  létes  aboutissent  à  la  nais- 
sance des  griffes.  Spécimen  d'une  remarquable  beauté. 
xiii°  siècle.  {Foreningen  til  norske  Fortids-Mindesmxrkers  Be- 
varing,  pi.  L  Mittkeil.  der  K.  K.  Central-Commission,  t.  V, 
p.  314,  flg.  5,  Vienne,  1860.) 

ALLEMAGNE 

Musée  d'art  industriel  (Kunstgewerbc  Muséum)  à  Berlin. 
Plaque  de  uELiunB.  Petit  in-folio.  Tableau  central  :  le 
Crucifiement.  Personnages  réservés  et  gravés  sur  champ 
bleu-tapis  semé  de  fleurons  polychromes.  Les  tôtes  de  la 
Sainte  Vierge  et  de  saint  Jean  sont  en  relief;  le  Christ 
est  entièrement  rapporté.  Bordure  ornée  d'enroulements 
interrompus  au  milieu  des  bandeaux  par  quatre  anges 
réservés  sur  fond  lapis,  xni'  siècle.  —  Gnoix  stationnale. 
Face  :  le  Christ  eu  relief,  perisonium  émaillê;  à  droite, 
la  Sainte  Vierge,  à  gauche,  saint  Jean.  Revers  :  au  centre, 


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—  51  — 

la  Majestas  Domini;  aux  extrémités  les  quatre  synibulcs 
évangélistiques.  Figures  réservées  et  gravées  sur  chamii 
bleu  à  rinceaux  épargnés;  têtes  en  relief,  xin'  siècle.  — 
Chossb.  Le  Couronnement  de  la  Sainte- Vierge.  Volulc 
émaillée  de  bleu.  Nœud  rehaussé  des  quatre  Évanyélistcs 
en  buste,  réservés  et  gravés.  Des  dragons  en  relief  ram- 
pent le  long  de  la  douille,  xni'  siècle.  —  Pyxide.  Cylindre  ■ 
à  couvercle  conique;  rinceaux;  disques  insci'iv.int  des 
anges  à  mi-corps.  Fin  du  xiii'  siècle.  —  Plaque  circulaire. 
Personnage  combattant  un  félin  (Sanison  ou  Davidl .  Champ 
bleu  rehaussé  de  fleurs  polychromes;  lunique  de  Tliommc, 
bleu -turquoise  rechampi  de  blanc  ;  animal  réserve  et  gravé  ; 
têtes  en  relief.  Débi-is  probable  d'un  cofTret.  Commence- 
ment du  xni'  siècle.  —  Penturks  de  coffret.  Elles  sont 
au  nombre  de  six,  toutes  semblables,  en  forme  de  basilic 
terminé  par  une  queue  plate,  découpée  en  fleuron  percé 
de  deux  trous  à  l'extrémité  supérieure.  Les  ailes  dos  rep- 
tiles sont  émaiilées  de  rouge,  bleu-lapis,  hteu-clair  et 
blanc;  ces  animaux  rappellent  les  moraillons  des  cassettes 
du  trésor  d'Aix-la-Chapelle  et  de  saint  Louis,  au  Ijouvrc. 
xni'  siècle.  —  Chasse.  Type  ordinaire.  Face  :  sut-  le  toil, 
les  Mages  à  cheval;  sur  l'auge,  l'Epiphanie.  Flancs  :  deux 
saints  debout.  Revers  :  tapis  de  rosHces.  Personnages 
épargnés  et  gravés,  têles  en  relief;  champ  bleu-lapis  semé 
de  fleurs  et  coupé  horizontalement  par  un  bandeau  bleu- 
turquoise.  Excellente  pièce  de  la  première  moitié  du  xni" 
siècle.  —  Chasse.  Même  type,  même  technique  et  mùme 
revers  que  la  précédente.  Auge  :  le  Christ  en  croix;  à 
droite,  la  Vierge,  à  gauche,  saint  Jean,  chacun  d'eux 
suivi  d'un  Apôtre.  Toit  :  quatre  Apôtres  ou  Évangélisles. 
Flancs  :  des  saints  debout.  Bonne  pièce,  xm'  siècle,  pre- 
mière moitié.  —  Chasse.  Type  ordinaire.  Sur  chacun  des 
longs  côtés,  trois  médaillons  inscrivant  des  anges  à  mi- 
corps;  le  toit  répète  ce  décor;  aux  flancs,  un  médaillon 
semblable.  Champ  bleu-lapis,  semé  de  rinceaux  épargnés; 
les  figures  sont  également  en  réserve,  xin'  siècle.  —  Chasse. 
Auge  :  martyre  de  saint  Thomas  Becket.  Toit  :  iuhuma- 


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—  52  — 

tion  ou  dépofiitioD  du  corps  de  l'archevêque.  Même  forme, 
même  champ,  même  technique  que  les  moaumects  ana- 
logues conservés  en  France  et  à  l'étranger,  xin'  siècle. 
J'ai  vu  récemment  à  l'Exposition  de  Rouen  une  autre 
châsse  de  saint  Thomas  de  Cantorbéry  ;  elle  appartient  à 
un  amateur  d'Ëvreux,  M.  Doire,  et  elle  se  distingue,  tant 
'  par  la  beauté  du  travail  que  par  un  remarquable  état  de 
conservation.  L'auge  montre  le  saint  debout  près  d'un 
autel;  en  haut,  la  main  divine;  derrière  le  prélat,  deux 
meurtriers  brandissent  leurs  glaives.  Sur  le  toit  figure  la 
mise  au  tombeau  du  défunt;  un  évéq^e,  assisté  d'un  aco- 
lyte tenant  le  rituel,  procède  à  la  cérémonie.  A  chaque 
flanc,  un  saint  en  pied.  Tapis  fleuronnés  au  revers.  Per- 
sonnages réservés  dans  un  champ  bleu-lapis.  La  gamme 
ornementale  est  fort  douce  :  blanc,  bleu,  bleu-gris  et  verl. 
h'areula  de  M,  Doire  date  également  du  xm*  siècle.  — 
Chasse,  Typé  ordinaire;  dimensions  exiguës;  ligurines  eii 
i-elief,  émaillées  et  rapportées.  Travail  médiocre,  iiu"  siè- 
cle. —  Gémellion.  Champ  bleu;  armoiries  de  France  et 
de  Gastille.  xiii"  siècle.  —  Gémellion.  Six  groupes  de  mu- 
siciens encadrés  p:ir  les  lobes  d'une  rosace,  dont  le  cœur 
oiTre  le  combat  d'un  cavalier  et  d'un  lion.  Le  cavalier, 
armé  de  pied  en  cap,  lient  un  ccu  triangulaire  gironné 
de  huit  pièces.  Des  rinceaux  serpentent  autour  des  per- 
sonnages; des  touffes  végétales  garnissent  les  écoinçons 
du  marli.  Champ  bleu;  ÛRures  et  ornements  réservés. 
XIII*  siècle.  —  Cman'Delier,  Longue  broche  surmontant  un 
pied  très  bas.  Ce  pied  est  chargé  d'écussons  :  1°  aux  léo- 
pai-ds  d'Angleterre;  2'  aux  armes  de  Gastille  écartelées 
de  Léon  (?).  Les  intervalles  sont  émaillés  en  vert  et  blanc. 
M.  Molinier  émet  des  doutes  sur  la  provenance  du  meuble 
qu'un  simple  croquis  me  permet  d'apprécier;  forme  et 
décor  me  semblent  essentiellement  limousins,  xiv'  siècle. 
—  Flacon,  Genre  alabaslrum;  mince  goulot  amortissant 
une  panse  allongée,  tronconique,  arrondie  par  le  haut. 
Décor  :  un  fretté  qu'esquissent  des  bandeaux  creusés  en 
gorge,  avec  rosaces  aux  poiuts  d'iutersection.  Les  niaiUes 


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eacadrent  des  lions,  des  oiseaux,  des  monstres,  épargnés 
et  gravés  sur  fond  bleu-lapis.  Le  morceau  est  d'espèce 


MacoD  du  Musée  de  BerliD. 
très  rare;  peut-èliv  l'écliantillou  de  Berlin  serail-il  unique 


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—  54  - 

au  monde.  Une  photographie  rapportée  par  M.  MoUnier 
.1  été  soumise  à  M.  Victor  Gay;  l'éminent  archéologue 
penche  pour  une  attribution  germanique  :  il  m'est  diffi- 
cile, du  moins  jusqu'à  plus  ample  informé,  d'admettre 
cette  attribution.  Le  ciboire  d'Alpais,  au  Louvre,  montre 
un  fretté  concave  sur  champ  métallique  ;  le  même  fretté, 
Ruv  fond  d'émail  bleu,  caractérise  une  coupe  de  ciboire 
de  la  Collection  Basilewsky  (voy.  Darcel  et  Basilewsky, 
Catalogue,  pi.  XXI).  Le  vase  du  Louvre  est  assurément 
limousin;  personne  ne  conteste  à  Limoges  la  coupe  de 
M.  Basilewsky;  pourquoi  le  Oacon  de  Berlin  aurait-il 
une  provenance  différente?  Du  reste,  ce  dernier  accuse 
une  époque  bien  postérieure  aux  deux  autres  monu- 
ments; il  date  de  l'estréme  fin  du  xin"  siècle,  sinon 
tout-à-fait  du  xiV.  (Molinier,} 

Église  de  Ifeuenbeken,  près  Paderbom  {Westphalie).  Navbttb 
A  ENCENS.  Forme  ordinaire;  des  serpents  se  recourbent 
aux  extrémités  en  manière  d'anses.  Coupe  gravée;  cou- 
vercle et  pied  émaillés.  Le  fond  des  opercules  est  bleu- 
lapis;  chacun  d'eux  comporte  uo  médaillon  circulaire 
accompagné  de  trois  rosettes.  Les  médaillons,  champ  bleu- 
sombre,  inscrivent  un  ange  à  mi-corps,  tenant  un  livre  et 
iasani  d'un  nuage.  Figures  épargnées,  ainsi  que  les  en- 
roulements qui  les  accostent;  nimbes  :  rouge,  gris,  blanc 
et  rouge,  bleu-foncé,  blanc.  La  gamme  des  rosettes  est 
rouge,  bleu-sombre,  vert,  jaune.  L'émail  du  pied  a  dis- 
paru; il  ne  reste  que  les  alvéoles  déterminés  par  un 
fltel  onde  compris  entre  deux  cloisons  parallèles,  xin'  siè- 
cle. [Mitlheil.  der  K.  K.  Central-Commission,  t.  XII,  p.  XLIX, 
fig..  Vienne,  1867.) 

Les  notes  et  les  croquis  de  M.  Molinier,  les  gravures 
que  M.  Essejiwein  m'a  récemment  communiquées,  néces- 
sitent un  remaniement  presque  général  du  travail  publié 
en  1883  sur  la  Bavière. 

BAVIÈRE 

Musée  Germanique  de  Nuremberg.  Chasse.  Type  ordinaire. 


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Crète  ajourée  d'entria  de  serrure  et  termiaée  par  de  longs 
appendices  obliqucB.  Face  :  auge  et  toit  chargés  dn  mé- 
daillons inscrivant  des  anges  à  mi-corps.  Figures  et  rin- 
ceaux épargnés  sur  champs  bleu-lapis  et  bleu-turquoise  ; 
un  Irait  blanc  cercle  les  médaillons  i-eliés  entre  eux  par 
un  bandeau  rouge.  Flancs  :  anges  réservés  et  graves.  Le 
revers  comportait  autrefois  des  disques,  des  écussons,  des 
figurines  en  relief;  le  tout  a  disparu,  xiii*  siècle.  —  PiasON 
DB  CHASSE.  Saint  dans  une  vesica  piscis.  Il  est  debout;  sa 
main  gauche  tient  un  livre,  la  droite  est  relevée.  Le  per- 
sonnage, réservé  sur  champ  lapis,  a  un  nimbe  bleu  cl 
blanc;  deux  bandeaux  turquoise  coupent  transversalement 
la  vesica  piscii,  qui  comporte  en  outre  des  rosaces  poly- 
chromes. Au  bas  du  tableau  et  h  la  naissance  du  faîlage, 
un  arc  moitié  bleu  et  moitié  vert,  couleuin  opposées. 
Bordure  bleue  chargée  de  flanchis  métalliques,  xiii*  siècle. 
—  PiGNON  DE  CHASSE.  Saint  debout,  épargné  sur  champ 
lapiâ  interrompu  par  deux  larges  bandeaux  turquoise.  Ces 
bandeaux  alternent  avec  des  rosaces  :  rouge,  bleu-lapis, 
bleu-clair;  blanc,  vert  et  jaune.  Le  nimbe  du  personnage 
ofTre  les  quatre  premières  nuances.  La  bordure  est  striée 
de  métal,  de  bleu  et  de  rouge  sombre;  cinq  cabochons 
rehaussent  cette  bordure  et  les  pieds,  xni'  siècle.  —  Ghan- 
DBUBns.  Pied  triangulaire  à  fleurons,  rouge,  vert  el  jaune, 
issantde  rinceaux  épargnés  sur  fond  lapis.  Nieud  émaillé 
de  bleu-turquoise;  ornements  en  rései've.  xiir  siècle. — 
Chandelier.  Haute  broche;  pied  bas  en  forme  de  pyra- 
mide hexagone  tronquée.  Champ  bleu-lapis;  cartouches  à 
écussons  armoriés  :  1°  semé  de  France  ;  2°  écartclé  1  et  4 
d'or  au  lion  rampant  d'azur,  2  et  3  fiucé  d'or  et  de  pncules 
de  cinq  pièces.  Au  bas,  entre  les  cartouches,  des  disques 
inscrivant  un  griffon  épargné  sur  champ  vouge.  Commen- 
cement du  XIV'  siècle.  —  Chandeliers.  Type  du  précédent; 
broche  annelée  de  trois  gorges;  pans  de  la  base  ornés  de 
quatrefeuiltes  à  griffons  réservés  sur  champs  bleu-lapis, 
bleu-clair  ou  rouge-vif.  xiv*  siècle.  —  Encensoth.  Pièce 
hors  ligne  :  sphéroïde  coiffé  d'une  calotte,  monté  sur  un 


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—  56  — 

pied  circulaire  très  bas,  et  entièrement  émaillé,  porte- 
chalnettes,  couvercle,  i-échaud.  Le  couvercle,  rehaussé  de 
boutons  métalliques  à  dragons  estampés,  offre  des  enrou- 
lements à  fleurons  rougea,  bleus  et  blancs  sur  fond  lapU; 
le  réchaud  comporte  un  décor  semblable,  jaune,  vert, 
rouge,  sur  lapis  et  turquoise.  Haut.  Clî';  diam.  0"il5"". 
XIII*  siècle.  —  Navbtte  a  bncbns.  Forme  ordinaire.  Sur  le 
couvercle  bleu -lapis,  un  bouton  de  cuivre  estampé,  accom- 
pagné de  trois  rosaces  2  et  i,  pétales  blancs,  champ  tur- 
quoise. XIV*  siècle.  —  Pyxides.  Disques  et  feuillages. 
Émaux  lapis,  turquoise,  blanc,  rouge,  xiii*  et  ziv*  siècles. 
—  Ciboire  pédicule.  Il  est  sphérique;  champ  de  métal; 
un  appendice,  sommé  d'une  croix,  amortit  son'  couvercle 
à  médaillons  circulaires,  encadrant  des  anges  réservés  sur 
fonds  alternativement  turquoise  ou  rouge.  Même  décor  à 
la  coupe  et  au  pied;  un  nœud  en  forme  de  globe  inter- 
rompt la  tige  élancée,  xiv*  siècle.  —  Goffrbt.  Paralléli- 
pipède  en  cuivre  guilloché;  serrure  de  fer.  Le  couvercle 
el  la  caisse  sont  ornés  de  quinze  grossières  figurines  en 
relief,  émaillées  lapis,  turquoise  et  rouge;  garniture  de 
verres  cabochons.  (Long.  0"26';  larg.  O-IT';  haut.  0"f4'.) 
xm*  siècle.  —  Gémbllions  appariés.  Champ  bleu-lapis, 
pei-sonii;iges  réservés.  Ombilic  :  cavalier  tourné  à  gauche: 
il  joue  du  rebec;  des  rinceaux  l'enviromient.  Marli  :  six 
disques  à  pampres,  inscrivant  des  écus  armoriés;  six 
femmes  debout  apparaissent  dans  les  vides  ménagés  entre 
les  disques.  Les  écus  se  blasonnent  ainsi  qu'il  suit  : 
1"  d'aïur  à  3  croissants  d'or  posés  2  et  1;  2*  paie  d'or  el 
de  gueules  de  8  pièces;  3*  vairé  d'or  et  d'azur  de  2  traits, 
abitissé  sous  un  chef  d'or  vivre  de  gueules;  4'  d'or  à  3 
ailes  de  gueules,  2  el  I  ;  5°  Imrelé  d'or  et  d'azur  de  10 
pièces,  en  chef  une  sorte  de  grand  lambel  de  gueules  à 
trois  pendants  elliptiques;  6°  coticé  d'or  et  de  gueules, 
qui  est  Turenne.  Diam,  o"23'.  xm'  siècle.  —  Gâhellion. 
Champ  lapis,  personnages  réservés.  Ombilic  :  roi  à  che- 
val. A  l'enlour,  quatre  lobes  circulaires  où  reposent  deux 
figures  assises,  l'une  tenant  un  sceptre,  l'autre  armée  d'un 


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Encengoir  du  Uusée  Oermanlque. 


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Ciboire  da  Mtuée  Oermatii<|ue. 


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„Googlc 


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—  63  — 

glaive.  Entre  les  lobes,  quatre  écussons  d'armoiries,  même 
blason  deux  fois  répété  :  1°  d'or  à  3  faaces  d'azur,  au  lam- 
bel  à  7  pendants  de  gueules  ;  2°  burelé  d'or  et  d'azur  de 
8  pièces,  chargé  en  pal  d'une  tour  d'or  ajourée  de  gueules. 
XIII'  siècle.  —  Plaque.  Cette  pièce  cintrée,  qui  doit  pro- 
venir d'une  châsse,  est  aujourd'hui  fixée  à  une  reliure 
d'argent  doré  et  étampé.  Vierge  debout  tenant  l'Enfanta 
Jésus,  groupe  en  relief  émergeant  d'un  fond  lapis  coupé 
de  deux  larges  bandes  horizontales  bleu-turquoise  :  des 
disques  et  des  losanges  polychromes  apparaissent  dans  les 
vides.  Fin  du  xiii*  siècle.  Aux  angles  de  la  reliure,  on  a 
rapporté  quatre  médaillons  quadrilobés  inscrivant  les  sym- 
boles évangélistiques  ;  champ  bleu,  métal  réservé,  traits 
incrustés  de  rouge,  inscriptions  françaises  en  gothique  du 
XIV*  siècle  : 

$.  Ptten,  JJ.  âchait,  JJ.  Part,  jï.  ïw. 

Ces  médaillons  ont  semblé  douteux  à  M.  Molinier;  il  me 
semble  avoir  vu,  dans  la  collection  de  M.  Gay,  un  travail 
analogue  attribué  à  Paris.  —  Citoix  stationnalb.  Centre 
elliptique,  extrémités  fleuronnées.  Face  :  Christ  en  relief 
sous  la  main  divine  ;  plaques  en  cuivre  gravé,  rehaussé  de 
cabochons;  ange  tenant  une  croix  et  un  livre,  la  Vierge, 
saint  Jean,  tous  trois  à  mi-corps;  le  Christ  ressuscité, 
debout,  croix  et  livre  en  mains  ;  rosaces.  Revers  :  Majestas 
Domini  dans  une  vesica  piscis  ;  quatrefeullles  inscrivant  des 
anges  en  buste;  symboles  évangélistiques.  En  haut  l'aigle, 
au  bas  l'homme  ailé,  à  droite  le  lion,  à  gauche  le  bœuf. 
Sauf  le  Christ,  les  personnages  et  les  symboles  sont  épar- 
gnés sur  champ  bleu.  La  gamme  des  rosaces  polychromes 
est  blanc,  bleu,  jaune,  vert,  rouge,  xin*  siècle.  —  Croix 
STATiON.NALE.  Même  fonuB  que  la  précédente.  Face  :  Christ 
fondu,  couronné,  perixoniiim  lapis;  main  divine.  Extré- 
mités des  branches  :  en  haut,  figurine  émaillée  sur  relief 
remplaçant  l'homme  ailé  de  saint  Matthieu;  à  droite  le 
lion,  à  gauche  l'aigle,  l'un  et  l'autre  réservés  dans  un 


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_  64  — 

champ  bleu;  au  bas,  seconde  figurine  en  .relief,  la 
Vierge  (?)  i-evôtue  d'un  manteau  incruslé  de  lapis.  Revers  : 
lames  d'argent  blanc  étampé  d'un  semis  de  fleurs  de  lis  ; 
on  y  a  rapporté  un  Dieu  le  Père  ou  une  Majestas  Domini 
et  les  quatre  symboles  évangélistiques,  le  tout  en  cuivre 
doré  et  repoussé.  Le  monument,  qui  oflVe  des  traces  évi- 
denles  de  trucage,  date  à  peine  de  la  Un  du  xin*  siècle; 
le  XIV*  lui  conviendrait  encore  mieux.  —  Crucifix.  Lame 
de  métal  complètement  émaillée  :  carnations  rosées;  che- 
veu.\,  barbe,  perizonium  bleus;  nimbe  à  croix  rouge; 
champ  de  l'instrument  du  salut,  vert  sombre  à  rinceaux 
en  réserve;  lUulus,  suppedaneum,  bordure,  bleus.  Commen- 
cement du  XIII*  siècle.  J'ai  récemment  examiné  chez 
M,  Spitzer,  à  Paris,  deux  crucifix  de  la  même  technique, 
mais  le  champ  des  croix  est  doré.  —  Crucifix.  Cuivre 
étampé;  grandes  dimensions.  Face  :  un  Christ,  dont  le 
perizonium  est  blanc  et  bleu,  reposant  sur  une  croix  plus 
petite,  émaillée  des  mêmes  couleurs,  xiii'  siècle.  —  Christ. 
Robe  incnistée  de  bleu-lapis  moucheté  de  blanc;  cette 
figure,  de  taille  exigûc,  revient  au  xiii»  siècle.  —  Crosse. 
La  volute  inscrit  un  Couronnement  de  la  Sainte  Vierge; 
au  nœud,  six  vesica  piscis  offrant  des  anges  épargnés  sur 
champ  lapis;  des  dragons  rampent  autour  de  la  douille. 
xiii*-xiv"  siècle.  {Molinier,  Essenwein,  Anzeiger  fur  Kunde 
der  deuUchen  Yorzeit;  Mittheilungen  aus  dem  germaniseheii 
Nalionalmuseiim.) 

La  châsse,  reprise  sous  le  n°  I  dans  mou  premier  article, 
a  été  publiée,  (ace  et  revers,  p:ir  M.  Essenwein,  KuUurkis- 
torUcher  Bilderatlas,  II,  pi.  XXXVII,  4,  5. 

BELGiyUE 

Église  de  NotTc-Dame^  à  Tongres.  Coffret.  Bois  de  chêne 
recouvert  eu  cuir.  Écussons  éinaillés,  parti,  semé  de  France 
à  dextre,  et  de  chdteatix  de  Castille  à  sénestre,  armoiries  d'Al- 
fonse,  comte  de  Poitiers,  frère  de  saint  Louis.  Un  disque 
représentant  un  personnage  tenant  un  sceptre  fleurdelisé 


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—  65  — 

'se  voit  au  flanc  du  meuble.  Haut.  0»19',  long.  0"09'.  xiii* 
siècle.  Aux  dimensions  près,  le  petit  écrin  de  Tongies 
offre  une  remarquable  analogie  décorative  avec  les  gi-aiids 
coffres  repris  plus  ita^  à  l'article  ITALIE. 

Trésor  de  la  calhidrale  de  Tournai.  Pyxide  euchaiiistiqoe. 
Forme  ordinaire;  cylindre  à  couvercle  conique.  Champ 
bleu,  enroulements  fleuronnés.  La  croix  d'amortissemeut 
est  perdue.  Haut,  actuelle,  O^OTS""";  diam.  0"07',  xiii' 
siècle. 

Musée  des  antiquités,  à  Anvers.  Crucifix.  Cuivre  émaillé. 
xui"  siècle. 

Musée  arehèotogique  de  Gand.  Pyxidk.  Forme  ronde,  cou- 
vercle conique,  xiii*  siècle. 

CoUection  de  M.  G.  Vermeerseh,  4  Bmxelles.  Cnotx  sta- 
TioNNALE.  Bois  plaqué  de  cuivre  doré,  rehaussé  d'émaux 
champlevés  et  de  cabochons.  La  couronne  du  Christ  est 
crénelée;  son  perizonium  est  émaillé.  xiii'  siècle. — Na- 
vette A  ENCENS,  Chaque  opercule  comporte  un  monstre 
enroulé,  ciselé  en  relief,  xm*  siècle.  —  Cbossb.  Tige  et 
volute  bleu-pile  frettées  d'or.  La  volute  embrasse  le  cou- 
ronnement de  la  Sainte  Vierge  en  métal  ciselé,  xiii'  siècle. 
— Chasse.  Forme  ordinaire.  La  face  antérieure  offre  quatre 
statuettes  sur  champ  doré  et  gravé.  Auk  pignons,  deux 
figures  de  saints  réservés  dans  un  fond  bleu  maillé  d'or, 
xui*  siècle.  —  Chasse.  Forme  ordinaire.  Crête  ajourée, 
rehaussée  de  rosaces  en  émail.  Face  antérieure,  auge  : 
les  Saintes  femmes  au  Sépulcre.  Toit  :  Majestas  Domini 
accostée  de  deux  apôtres.  Têtes  en  relief;  corps  réservés 
sur  champ  bleu-lapis,  semé  de  rosaces  bleues,  jaunes  et 
rouges.  Un  bandeau  bleu-turquoise  coupe  horizontalement 
le  fond.  Revers  bleu  à  rosettes  polychromes.  Dans  chaque 
pignon,  un  saint  réservé  sous  une  arcade  en  plein-cintre. 
XIII'  siècle.  —  Chasse.  Forme  ordinaire.  Face  antérieure, 
auge  :  Majestas  Domini  coiffée  d'une  mitre  cornue;  deux 
saints  l'accostent.  Champ  bleu  semé  de  rinceaux  à  fleu- 
rons polychromes.  Toit  :  trois  anges  portant  chacun  tin 
livre.  Figures  rései-vées,  têtes  eu  relief.  Revers  :  tapis 

T.  VIL  1-6 


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_  66  — 

•  losange.  Flaacs  :  deux  saints.  La  crête  est  moderne,  xiif 
siècle.  —  Chasse.  Type  ordinaire.  Champ  bleu-lapis  à  en- 
roulements terminés  par  des  fleurons  polychromes.  Face, 
auge  :  l'Epiphanie.  Toit  :  le  Divin  Crucifié  entre  la 
Sainte  Vierge  et  saint  Jean.  Figures  en  relief  et  rappor- 
tées. Revers,  auge  :  les  Rois*  Mages  devant  Hérode  que  le 
démon  semble  inspirer.  Toit  :  le  Massacre  des  Innocents  ; 
les  Mages,  centristes,  assistent  à  cette  scène  de  meurtre. 
Figures  réservées;  le  diable  est  émaillé  en  noir.  Aui 
ilancs,  deux  anges  dans  un  encadrement  bleu,  blanc  et 
vert,  Crète  ajourée  sommée  d'une  croix,  xni*  siècle.  — 
Pyxides  eucharistiques.  La  collection  en  possède  deux, 
xiir  siècle.  —  Vierge.  Elle  est  en  cuivre  doré  et  ciselé. 
Assise  sur  un  trône,  la  Mère  de  Dieu  tient  l'Enfant-Jésus. 
Les  deux  côtés  du  siège  représentent  l'Annonciation;  au 
dos  s'ouvre  une  porte  cintrée,  ornée  d'un  saint  Pierre  ; 
ces  parties  sont  émaillées.  Champ  bleu-p&Ie;  figures  en 
réserve;  rinceaux  fleuronnés.  xiii»  siècle. 

Collection  de  M.  A.  Mertens.  Choix  stationnalb.  Le  suppe- 
daneum,  qui  porlait  les  pieds  du  Christ,  a  disparu.  A 
l'extrémité  des  branches,  les  symboles  évangélistîques 
émaillés.  Trois  lions  soutiennent  le  pied  où  les  quatre 
Évangélistes  figurent  dans  leur  forme  humaine,  xin'  siècle. 
—  pYxiDE.  Couvercle  conique  sommé  d'une  croix,  xiu* 
siècle. 

Collection  de  M.  Arthur  Slaes.  Reliquaire.  Deux  anges, 
posés  sur  une  terrasse  ém:iiHée,  soutiennent  un  cylindre 
horizontal  en  cristal  de  roche.  Travail  limousin  (?)  xiii* 
siècle. 

Collection  de-M.  Marynen.  Chasse.  Haut.  O-ISS""",  long. 
0"15'.  Émaux  restaurés,  pierreries  modernes,  xiii*  siècle. 
Collection  de  M.  Hoityel.  Chasse.  Forme  d'èdicule  à  double 
pignon.  Les  faces  sont  couvertes  de  plaques  en  émail 
chimplevé  à  sujets  religieux.  Le  fond  est  garni  d'une 
lame  de  cuivre  gravé,  ornée  d'un  rtnge  inscrit  dans  un 
cercle,  et  do  siiints  abrités  sous  une  arcatui-e  en  plein- 
cintre,  xni*  siècle.  — Je  mentionne  cette  pièce  sous  béoé- 


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—  67  — 

ftce  d'inventaire.  Mes  souvenirs  à  son  égard  sont  très 
confus,  et  le  document  auquel  j'ai  recoure  ne  me  ren- 
seigne ni"  sur  la  date,  ni  sur  les  dimensions  de  l'objet. 
Le  fond  des  châsses  limousines  est  ordinairement  nu, 
sans  revêtement  métallique;  le  trésor  de  la  cathédrale  de 
Tournai  possède  un  petit  coITret-reliquaire  en  os  sculpté, 
dont  le  fond  présente  une  lame  de  cuivre  à  dessins  gravés, 
or  sur  vernis  brun,  certificat  d'origine  allemande.  La 
chiase  de  la  collection  Houyet  est-elle  de  fabricttion 
rhénane?  Est-elle  limousine  et  victime  d'un  trucage?  Aux 
intéressés  à  répondre. 

Collection  de  M.  Armand  Van  Zuylen.  Crosse  épi?copalb 
en  cuivre  doré,  rehaussé  d'émaux  champlevés.  Le  centre 
de  la  volute  comporte  une  plaque  ovale,  fondue  et  ciselée, 
offrant  sur  les  deux  faces  l'image  en  haut-relief  de  la 
Sainte  Vierge  et  de  l'Enf  int-Jésus,  xiii'  siècle.  —  Pyxidbs  ; 
il  y  en  a  deux,  xiii"  siècle. 

Collection  de  M.  Isidore  Leseart.  Chasse.  Elle  «st  ornée 
de  six  médaillons  à  champ  bleu  encadrant  des  figures 
de  saints  épargnées.  Long,  (fii',  haut.  0"18'.  xni' siècle. 
—  Cha&sb.  Émail  champlevé  ;  crête  ajourée.  Sur  la  face, 
des  catiochons  en  cristal  de  roche,  plus  une  ouverture 
circulaire  ménagée  pour  laisser  voir  les  reliques.  Long,  et 
haut,  0"i5*.  xiii"  siècle,  —  PvxmB  kuchahistiqub,  C(Tu- 
vercle  conique.  Bustes  d'aOges  réservés  sur  fond  bleu, 
xin*  siècle. 

Collection  de  M""  la  baronne  de  Wolf.  Crucifix.  Le  Christ 
repose  sur  un  champ  bleu-lapis  semé  de  rosettes,  xrii"  siè- 
cle. —  Ptxidbs.  Elles  sont  au  nombre  de  trois,  xiir  siècle. 

Collection  de  M.  le  comte  G.  de  Nédonehel.  Fiaurines,  Le 
Christ  en  croix,  la  Sainte  Vierge  et  saint  Jean.  Haut. 
0"20',  XII"  siècle.  Nous  avons  ici  au  complet  le  sujet  dont 
l'église  de  Montlevon  et  M,  f.  Frésart  possèdent  des  per- 
sonnages isolés. 

[Catalogue  officiel  de  l'Exposition  rétrospective  de  Brtixellet 
en  i880.  Noies  personnelles  de  l'auteur.] 


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SSUISE 

Bibliothèque  de  Saint-Gall.  Plaqub  de  reliubA.  Formai 
iii-folîo.  Au  centre,  encadré  d'une  gloire  elliptique,  le 
Christ  debout,  couronné,  un  livre  fermé  dana  la  main 
gauche,  bénissant  de  la  droite  à  la  manière  latine.  Le 
Sauveur  est  en  relief;  sa  robe,  verte  et  jaune,  a  des 
galons  blanc  et  bleu  moucheté-  de  rouge.  La  gloire  est 
de  couleur  bleue,  s",méc  de  croisettes  d'or  en  réserve. 
Aux  angles,  les  altriliuls  des  quatre  Évangélistes,  émaillés 
sur  champ  maté;  l'aigle  symbolique  de  saint  Jean  est 
rose.  Bordure  à  biseau,  comportant  des  feuilles  d'eau, 
bleu-lapis,  bleu-clair  et  blanc  ;  huit  médaillons  circulaires 
à  quatre  feuilles  sur  fond  hleu-Iapis;  animaux  vert  ou  bleu 
moucheté  de  rouge.  Môme  tonalité  que  les  panneaux  du 
Musée  de  Gluny  attribués  à  Grandmont.  Les  éléments 
polychromes  émergent  d'un  excipient  de  cuivre  étampé, 
rehaussé  de  cabochons.  Fin  du  xii*  siècle  ou  commence- 
ment du  xiii'.  —  Relichk.  Format  in-folio.  Plat  supérieur  : 
la  Crucifixion.  Christ  en  relief;  sommet  de  la  croix  accosté 
de  deux  anges  à  mi-corps  tenant  un  livre  fermé;  la  Sainte 
Vierge  et  saint  Jean  occupent  leurs  places  ordinaires. 
Figures  épargnées  sur  champ  bleu;  télés  saillantes.  Plat 
inférieur  :  MajeHas  Domini.  Le  Christ  assis,  ceint  du 
nimbe,  bénit  à  la  manière  grecque;  il  est  en  relief;  les 
attributs  des  quati-e  Évangélistes  cantonnent  la  gloire. 
Bordure  semée  de  rosaces  émaillées;  aux  angles,  des  mé- 
daillons inscrivant  un  ange  à  mi-coi'ps,  porteur  d'un  dis- 
que cmcifère.  Pièce  fabriquée  pour  le  courant  de  vente. 
xiir  siècle.  (Molinier.) 

ITALIE 

Èijtise  de  Sfiinl-SéOastienf  à  Bietla  (Piémont).  Disques 
ÉMAiLLiiS,  Débris  d'un  coffret,  aujourd'hui  encastrés  dans 
les  dossicra  dos  stalles  du  chœur,  xiii*  siècle. 

Cathédrale  de  Yerceil  ^Piémont).  Disques  émaillés.  Ils 
proviennent  d'une  cassette  où,  antérieurement  à  1670. 


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étaient  conservés  les  restes  mortels  du  bienheureux  Amé- 
dée  IX,  duc  de  Savoie  (^  1472).  Go  meuble,  qui  reposait 
dans  la  chapelle  dédiée  au  saint  personnage,  fut  reiiiplacé 
par  une  urne  d'argent;  ou  le  mit  alors  au  rebut,  et  les 
disques,  devenus  la  proie  d'un  chaudronnier,  subirent  les 
outrages  du  feu  et  du  marteau.  Plusieurs,  tant  armoriés 
que  figurés,  ont  néanmoins  échappé  à  la  destruction,  mais 
en  fort  mauvais  étatr  Les  premiers  offrent  le  blason,  très 
reconnaissable  malgré  une  disposition  fantaisiste,  d'Al- 
foDse  de  Poitiers,  frère  de  saint  Louis  [^  1371  dans  l'Italie 
septentrionale]  :  parti  au  i  semé  de  France,  au  2  de  gueules 
à  4  châteaux  de  CastUle  l'un  iw  l'autre  L'écu  est  ceint  de 
trois  dragons  en  jarretière,  genre  de  support  héraldique 
que  la  cassette  d'Aix-la-Chapelle  et  un  gémellion  du  tré- 
sor de  Conques  offrent  également,  xtii"  siècle. 

Église  de  Saint-'Andri,  à  Vereeil.  Cassbttk,  Lors  des  tra- 
vaux entrepris  en  1823  pour  rendre  au  culte  l'ancienne 
collégiale  de  Saint-André,  on  découvrit,  scellée  à  l'inté- 
rieur d'un  mur,  une  cassette  renfermant  les  os  du  célèbre 
cardinal  Guala  Bicheri,  ué  à  Vereeil,  mort  dans  cette 
ville  en  mal  1227.  Le  meuble,  outre  les  os.  contenait  un 
authentique  sur  parchemin,  spécifiant  que  l'emmurement 
avait  eu  lieu  au  xv*  siècle,  par  les  soins  de  l'abbé  Malleto, 
supérieur  deg  chanoines  réguliers  de  Latran  qui  occu- 
paient le  monastère.  Ce  meuble,  en  bois  de  peuplier, 
coloré  en  rouge  grenat  foncé,  mesure  :  long.  0''82',  larg. 
0''40*,  haut.  O^SSS".  Il  est  orné  de  disques  métalliques, 
les  uns  ciselés  et  ajourés,  les  autres  émaîllés  d'armoiries 
ou  de  figures  réservées  sur  champ  bleu  ;  une  jarretière  de 
clous  dorés  à  lôte  ronde  cercle  chaque  disque.  Des  équerres 
et  des  pentures,  élégamment  découpées  et  burinées,  com- 
plètent un  décor  qui  offre  la  plus  étroite  ressemblance 
avec  celui  de  la  cassette  d'Aix-la-Chapelle.  Au  moment  de 
la  découveite,  notre  objet  avait  beaucoup  souffert;  le  dos  • 
était  entièrement  nu;  les  disques  du  couvercle  man- 
quaient, sans  être -toutefois  perdus,  car  on  les  a  retrouvés 
ailleurs,  et  il  serait  facile  de  les  replacer  dans  leur  ancien 


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-70- 

cadre  de  clous.  L'entrée  de  serrure,  circulaire  et  saillante, 
comporte  deux  moraillons  fixés  au  couvercle  par  trois  lan- 
guettes de  métal  doré  et  lisse;  à  la  languette  médiane 
est  allacliée  une  plaque  rectangulaire  (O^SQ""  sur  0"033) 
chargée  d'un  écusson  d'asur  au  lion  d'or.  La  forme  de  ce 
lion  à  queue  renflée  accusant  peut-être  le  xiV  siècle,  je 
soupçonne  qu'un  remaniement  général  aurait  été  opéré 
vers  la  susdite  époque  :  la  vieille  caisse  revêtue  de  peau, 
remplacée  par  une  nouvelle  en  bois  tendre;  les  écussons 
du  dos  supprimés;  les  languettes  lisses  et  le  petit  lion 
substitués  aux  attaches  primitives  des  moraillons  ;  de  gros- 
sières poignées  en  fer  annexées  aux  flancs.  On  connaît 
quatre  coffrets  limousins  intacts  :  à  Conques,  au  Louvre, 
à  Longpont,  à  Aix-la-Chapelle;  tous  ont  leurs  cinq  faces 
ornées  de  disques;  pourquoi  une  exception  à  Verceil?  Je 
ne  me  charge  pas  de  spécifier  le  blason  rajouté;  est-il 
italien  ou  français?  Rappelons  seulement  que  l'azur  au 
lion  d'or  appartint  aux  vicomtes  de  Limoges  jusqu'en 
1275.  Parmi  les  émaux  consei-vês,  on  doit  mentionner  les 
armoiries  d'Alfonse  de  Poitiers  (diam.  O'"09S'""');  une  scène 
erotique  {0'°085'™)  ;  une  reine  assise  sur  un  trône  et  tenant 
un  sceptre  fleurdelysé  ;  un  personnage  couronné,  debout, 
un  chien  (?)  sous  les  pieds,  une  lance  à  pennon  Iriûde 
dans  la  main  droite,  dans  la  gauche  un  bouclier,  pennon 
et  bouclier  chargés  d'une  croix  (diam.  des  deux,  O'-OS'). 
XIII*  siècle. 

Beaucoup  des  disques  émaillés  provenant  des  cassettes 
d'Amédée  IX  et  de  Guala  Bicheri  sont  passés  en  diverses 
mains  :  un  au  Museo  civico  de  Turin;  un  chez  le  chevalier 
G.  Bertini,  à  Milan;  trente-trois  chez  M.  Kd.  Mella,  à 
Vêrceil.  On  remarquera  encore  que  l'église  de  Saint- 
Sébastien,  à  Biella,  était  jadis,  comme  Saint-Andié  de 
Verceil,  la  propriété  des  chanoines  de  Latran  ;  cette  re- 
marque, jointe  aux  rapports  ornementaux,  à  l'identité  de 
symboles  héraldiques,  constants  entre  nos  cassettes  pié- 
montaises,  autoriserait  à  penser  que  lès  trois  meubles  ont 
appartenu  au  même  personnage,  et  qu'ils  furent  intro- 


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^ioogle 


—  73  — 

duits  dans  le  nord  de  l'Italie,  simultanément,  à  la  suite 
des  mêmes  circonstances.  La  découverte  de  l'inventaire, 
dresse  sans  doute  après  le  décès  d'Alfonse  de  Poitiers, 
éclaircirait  peut-être  la  question  ;  malheureusement,  les 
historiens  ne  s'accordent  pas  sur  le  lieu  où  le  frère  de 
saint  Louis  termina  sa  carrière.  Les  uns  le  font  mourir 
à  Savone,  près  Gênes;  les  autres,  au  ch&teau  de  Corneto, 
non  loin  de  Sienne.  (Ëdoardo  Mella,  La  cassa  gïà  di  depo- 
ailo  délie  o$m  del  cardinale  Gtiala  Bicheri,  ap.  Alti  delta 
Soeieta  d'archeologia  e  belle  arti  per  la  prooineia  di  Torino, 
t.  IV,  1883.  L.  Guibert,  Notes  héraldiques  ms.) 

Muiie  ehrélien  du  Vatican,  à  Rome.  —  Chasse.  Type  ordi- 
naire. Face  :  auge,  les  Saintes  femmes  au  Sépulcre  ;  toit, 
la  Fuite  en  Egypte.  Flancs,  deux  saints.  Revers,  un  tapis 
de  quatrefeuilles.  Figures  sur  champ  bleu  semé  de  rosaces  ; 
polychromie;  têtes  en  relieL  Haut,  et  long.  O'iSB"'";  larg, 
0"08*.  XIII*  siècle.  L'épisode  de  la  Fuite  en  Egypte  est 
ainsi  représenté.  En  avant,  saint  Joseph  nimbé,  imberbe  : 
d'une  main,  il  tient  son  bagage  roulé  autour  d'une  longue 
perche;  de  l'autie,  la  bride  de  l'âne.  Suit  la  Sainte  Vierge 
portant  le  Divin  Enfant,  et  assise  sur  son  coursier  à 
longues  oreilles.  Derrière,  un  palmier;  puis  un  person- 
nage nimbé  et  imberbe,  qui  se  retourne  vers  les  émi- 
grants  et  semble,  par  signes,  leur  souhaiter  bon  voyage 
ou  leur  indiquer  la  route.  Une  châsse  limousine  du  xiii' 
siècle,  au  Musée  de  Gluny,  représente  le  même  sujet  d'une 
façon  très  différente.  Saint  Joseph,  barbu  et  nimbé,  foHe 
la  canne  des  Compagnons  du  Devoir;  grosse  pomme  sphé- 
roïdale,  touffe  de  rubans  vers  la  pointe.  L'Enfant- Jésus 
est  monté  à  califourchon  sur  les  épaules  d'un  homme  de 
haute  taille,  lance  en  main  et  l'épée  au  côté.  La  Vierge, 
à  pied,  ferme  la  marche.  La  scène  est  épargnée  sur  champ 
bleu,  rehauBsê  de  disques  polychromes  et  coupé  transver- 
salement par  un  large  bandeau  turquoise.  Je  laisse  à  d'autres 
le  soin  d'établir  la  personnalité  du  géant;  est-ce  le  futur 
bon  larron?  Mais  l'insigne  des  Compagnons  charpentiers 
donné,  au  xiii*  siècle,  pour  attribut  à  saint  Joseph,  me 


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—  74- 
semble  digne  de  remarque  ;  cette  circonstance  prouve  l'an- 


Hhï-lhiHH;  +\4-i^:  HKT 


Panneau  de  châsse;  Gluny. 
(Extrait  du  Manuel  de  l'art  chrétien.  ) 

tiquité  d'une  association  qui  resta  toujours  mystérieuse. 
Une  miDiature  anglo-normande  du  xu'  siècle  représente 
aussi  la  Fuite  en  Egypte;  le  Père  nourricier  du  Sauveur 
est  chargé  d'une  espèce  de  doloire  fort  curieuse  (Thomas 
Wright,  The  homes  of  other  days.  p.  129,  fig.  4,  1871).  Les 
très  anciens  spécimens  en  bronze  et  en  fer  d'un  pareil 
outil  ont  été  publiés  récemment  dans  les  Bulletins  de  la 
Société  des  Antiquaires  de  France.  —  Chasse.  Type  ordi- 
naire. Face  :  saint  Etienne  conduit  hors  de  la  ville;  lapi- 
dation du  protomartyr.  Revers  :  tapis  de  quatrefeuilles. 
Flancs,  saint  Pierre  et  saint  Jean.  Haut,  et  long.  O^HS"""; 
larg.  0"K)87""'.  xiii'  siècle.  — Chasse.  —  Forme  ordinaire. 
Toit  :  le  Christ  juge,  assis  sur  l'arc-en-ciel  dans  une 
vesica  piscis  cantonnée  des  quatre  symboles  évangélis- 
tiques;  Apôtres.  Auge  :  le  Divin  Crucifié  entre  la  Sainte- 
Vierge  et  saint  Jean.  Flancs  :  deux  bienheureux.  Revers  : 
Quatrefeuilles  inscrits  dans  des  cercles.  Figures  épar- 


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—  75  — 

gnées;  champ  bleu.  Haut.  O'-IS';  loDg.0"21';  larg.  O^OSS"". 
sni*  siècle.  —  Chassb.  Type  consacré.  Toit  :  trois  mé- 
daiUons  avec  des  bustes  d'anges  tenant  des  livres.  Auge  : 
Christ  assis  entre  deux  membres  de  la  cour  céleste. 
Flancs  :  saints  debout.  Rései-ve;  têtes  en  relief;  crête 
ajourée  de  trèfles;  pieds  carrés.  Haut.  0"10';  long.  0"I2"; 
larg.  0"05».  xiii*  siècle.  — Panneau.  Résurrection  de  La- 
zare. Polychromie  sur  fond  d'or  à  rinceaux  gravés,  xiii* 
siècle.  —  Pannead.  La  Gnicî&xion.  Au  sommet  de  la 
croix,  deux  anges;  au  pied,  la  Vierge  et  le  Disciple  bien- 
aimé.  Main  divine;  titulus  épigraphe,  IHS  XPS;  tâtes  en 
relief.  XIII*  siècle.  —  Panneau.  Majeslas  Domini  cantonnée 
des  quatre  symboles  évangélistiques  dans  l'ordre  suivant  : 
homme  ailé,  aigle,  lion,  bœuf,  xiii*  siècle.  Panneau. 
Même  sujet  que  le  précédent.  Têtes  en  relief,  xni*  siècle. 

—  Panneaux.  1"  Les  Rois  Mages,  guidés  par  l'étoile, 
s'acheminent  vers  Bethléem.  2"  Entrevue  des  Mages  et 
d'Hérode  assis  sur  son  trône.  3"  Hérode  ordonne  le  mas- 
sacre des  Innocents.  4°  Un  ange  avertit  saint  Joseph  de 
fuir  en  Egypte,  Champ  semé  de  rinceaux,  xni"  siècle. 

—  Panneau.  Forme  barlongue.  Sept  figures  et  blasons 
ainsi  disposés  en  prenant  par  la  droite  :  léopards  d'An- 
gleterre; saint  Pierre;  la  Sainte- Vierge  ;  Crucifix  entre 
deux  arbres  tordus  de  même  hauteur  que  la  croix  ; 
saint  Jean;  saint  Paul;  semé  de  France.  Épargne;  émaux 
dégradés  en  majeure  partie.  Haut.  O'"055'""  et  COSl""; 
long.  0'"177"'°.  xiT»  siècle.  —  Figure  de  Saint.  Métal  fondu 
et  ciselé;  relief  polychrome;  champ  bleu  semé  de  disques 
émaillés  blanc  et  bleu,  xiii*  siècle.  —  Figurines.  Relief 
polychrome  ;  débris  de  châsses,  im*  siècle.  —  Majestas 
DouiNi.  Relief  fixé  sur  une  plaque  moderne  en  cuivre. 
Cette  figure  est  assise  de  face;  tête  couronnée,  légère- 
ment tournée  adroite.  Manteau  émaillé  de  bleu-clair;  des 
cabochons  ornent  le  pectoral  et  l'orfroi  du  col  de  la  robe. 
Haut.  0"'40«.  XIII*  siècle.  —  Figures.  Elles  sont  appliquées 
sur  des  fonds  modernes;  debout;  relief  émaillé  :  1"  saint 
Pierre,  haut.  0-2I5-";  2°  saint  Paul,  haut.  O'-n-,  3*  Apô- 


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—  76  — 

tre,  haut.  O^SS";  4°  saint  revêtu  d'une  chasuble,  haut. 
0"'23v  xiii'  siècle.  Ces  quatre  personnages  et  le  Christ 
ont  vraisemblablement  appartenu  à  une  même  châsse  de 
grandes  dimensions.  —  Plaques.  J'en  ajoute  cinq  nou- 
velles aux  deux  qui  ont  été  signalées  dans  mes  premières 
lettres.  Ces  pièces  offrent  toutes  la  Majestas  Domini  avec 
quelques  variantes  :  polychromie,  iiii'  siècle.  —  Plaque. 
Décor  de  rinceaux,  un*  siècle,  —  Plaque.  Ange  tenant  un 
livre.  XIII'  siècle.  —  Médaillon.  Il  est  circulaire  ;  champ 
émaillé  à  rinceaux.  Sujet  :  un  homme,  le  fouet  en  main, 
dresse  un  singe  coiffé  d'un  capuchon,  un'  siècle;  débris 
probable  d'un  coffret.  — Plaque.  Métal  repoussé,  émaillé, 
découpé  en  quatrefeuilles.  Christ  sur  la  croix,  accosté  de 
là  Sainte  Vierge  et  de  saint  Jean,  xiv'  siècle.  —  Plaque. 
Même  forme  que  la  précédente.  Résurrection  de  N.-S. 
XIV*  siècle.  Plaque.  Quatrefeuilles  inscrit  dans  une  losange. 
Agneau  de  Dieu  tenant  une  bannière.  Émail  bleu,  xiv* 
siècle.  —  Crosse.  Volute  frettée  garnie  de  crochets;  elle 
embrasse  une  Annonciation.  Sur  le  nœud,  quatre  saints; 
trois  dragons  en  relief  prolongent  la  douille.  Émail  bleu, 
xiii*  siècle.  —  Crosse.  La  volute,  imbriquée  et  rehaussée 
de  crochets,  figure  un  serpent  dont  l'archange  saint  Michel 
transperce  la  tête  de  son  épée.  Émail  bleu,  xiii"  siècle.  — 
Chandeliers.  Haut.  0'"(65"'",  Ils  sont  appariés;  sur  leur 
pied  triangulaire  on  voit  l'image  en  buste  du  Sauveur 
bénissant  et  tenant  un  livre.  Restes  d'émail  bleu,  xiii' 
siècle.  —  PïiiDES.  Boites  rondes  à  couvercle  conique; 
genre  d'ustensiles  ainsi  désignés  dans  un  ancien  inven- 
taire :  Dux  pixides  de  opère  lemavkino  in  quo  koslùe  eon- 
tervantur  (Du  Gange,  Gloss.,  Linogia).  Le  musée  en  pos- 
sède deux  :  l'une  au  monogramme  I  H  S,  l'autre  décorée 
de  rinceaux,  xiii'  siècle.  —  Géuellion.  Ce  vase,  assuré» 
ment  liturgique,  est  orné  d'anges  dans  un  champ  bleu 
égayé  de  rinceaux.  Diamètre  0"225""';  profondeur  0°^25'°". 
xiii*  siècle.  —  Crucifix.  Christ  en  ronde-bosse.  Couronne 
fleuronnée;  yeux  d'émail;  penzonium  incrusté  de  bleu. 
La  croix,  dont  le  champ  est  également  bleu,  offre  une 


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—  T7  — 

branche  supérieure  prolongôe  outre  mesure.  Au  sommet, 
la  Main  divine  et  le  tUulus  IHS  XPS  eu  deux  lignes. 
A  la  croisée,  un  léger  renfiement  circulaire.  Semis  de 
disques  et  de  losanges  polychromes.  Au  pied,  Adam  sort 
de  terre,  les  bras  levés  pour  rendre  grâces  au  Rédemp- 
teur; cette  figure,  épargnée,  surmonte  un  fleuron  poly- 
chrome. Bordure  métallique  perlée,  ini*  siècle.  [Annotes 
archéologiques,  t.  XXVII,  pi.  II,  p.  12.)  —  Choix.  Plaque 
de  revers  d'un  Crucifix.  Extrémités  potencées;  décor  ré- 
servé sur  champ  bleu-lapis.  Au  centre,  le  Christ  imberbe, 
à  mi-corps,  issant  d'un  nuage  :  les  deux  mains  sont  levées 
en  l'air;  la  droite  bénil,  la  gauche  tient  un  livre.  Aux 
extrémités,  les  quatre  symboles  évangélistiques  ainsi  dis- 
posés :  haut,  l'aigle;  bras,  le  lion  et  le  bœuf;  pied, 
l'homme  ailé.  Des  enroulements  fleuronnés  de  la  plus 
remarquable  élégance  s'échappent  du  centre  pour  aller 
mourir  contre  les  symboles,  xiv*  siècle.  —  Christ.  Ces 
figures  veuves  de  leurs  croix  sont  nombreuses  au  Vatican  ; 
j'en  relève  cinq  dont  le  perisonium  offre  un  émail  bleu 
ou  blanc.  XIII*  siècle. 

Je  donne,  sous  bénéfice  d'inventaire,  les  deux 
articles  suivants,  auxquels  j'aurais  pu  adjoindre 
plusieurs  autres  pièces,  dont  l'origine  m'a  néan- 
moins semblé  trop  douteuse  pour  les  mentionner 
ici.  M.  le  Commandeur  Descemet,  qui  a  examiné 
ces  articles,  incline  vers  une  provenance  française 
(limousine);  leur  travail,  m'écrit-il,  est  passable- 
ment grossier. 

Croix  stationnalb.  Cuivre  doré,  repoussé  et  émaillé. 
Face  :  Crucifix  dont  les  pieds  superposés  sont  cloués  dans 
leur  largeur,  et  non,  comme  de  coutume,  dans  leur  épais- 
seur; les  quatre  Évangélistes  ;  la  Sainte  Vierge  et  saint 
Jean;  Adam.  Revers  :  Majeslas  Domini  au  centre;  aux 
extrémités,  l'Aigle,  le  Bœuf,  le  Lion,  l'Homme  ailé,  xiv' 
siècle.  —  Croix  stationnalb.  Face  :  Crucifix  abaissé  sous 


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-  78- 

UD  ange  tenant  dans  chaque  main  une  lampe  allumée, 
image  symbolique  du  soleil  et  de  la  lune;  la  Vierge 
et  le  Disciple  bien-aimé;  Adam.  Revers  :  le  Sauveur 
assis  bénissant  et  tenant  un  livre  posé  sur  son  genou; 
au  sommet,  l'Aigle;  au  croisillon  droit,  le  Bœuf  et  un 
saint;  au  croisillon  gauche,  le  Lion  et  un  saint;  au  bas, 
l'Homme  ailé  et  un  évoque.  Les  figures  emblématiques 
sont  nimbées;  elles  ont  pour  attribut  un  codex  ou  un 
votumen.  Cuivre  repoussé  et  émaillé.  xiV  siècle  avancé. 
(Descemet.  Barbier  de  Montault,  La  Bibliothiqtie  Vaticatie, 
p.  78  à  83,  92  à  95;  Rome,  1867.  .Comte  Grimouard  de 
Saint-Laurent,  Manuel  et  Guide  de  l'Art  chrétien.) 

La  part  qui  revient  ici  à  M.  Descemet  sera  faci- 
lement déterminée. 

Musée  de  Naples.  Crosse.  Saint  Michel  terrassant  le  dra- 
gon, xin'  siècle.  Pyjeidb.  Cylindre  à  couvercle  conique; 
disques  et  rinceaux;  modèle  ordinaire,  xui'  siècle.  (Mo- 

linier.) 

LA  TOMBE   ÉHAILLÉB  DE   l'ÉVÊQUE   EULGER,    DANS 

LA  CATHÉDRALE   d'aNGERS,    ET  LA  PLAQUE 

DE   GEOFFROY   PLANTAGENET, 

AU  MANS 

J'avais  écrit  précédemment  :  a  L'influence  des 
artistes  lotharingiens,  appelés  par  Suger  pour  exé- 
cuter le  pied  de  croix  dont  il  fit  présent  à  l'abbaye 
de  Saint-Denys,  ne  se  manifesterait- elle  pas  sur  la 
bordure  de  la  plaque  d'Eulger?  »  Une  découverte, 
publiée  en  1877,  mais  qui  ne  m'a  été  révélée  qu'en 
novembre  1883,  prouve  que  si  cette  influence  n'est 
pas  entièrement  nulle,  elle  fut  du  moins  très  se- 
condaire. 

J'ai  vu  de  mes  propres  yeux  et  j'ai  tenu  en 


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mains  les  monuments  dont  il  va  être  parlé;  les 
décrire  me  serait  donc  facile  :  je  préfère  néan- 
moins reproduire  ce  qu'en  a  dit  .M.  Louis  de  Farcy 
dans  son  bel  ouvrage,  malheureusement  trop  peu 
répandu,  Recueil  d'objets  d'art  religieux,  3"" 
année,  2"'  livraison.  Orfèvrerie,  trois  planches. 
On  me  saura  gré  de  la  substitution  ;  M.  de  Farcy 
est  un  érudit  sérieux;  il  n'avance  rien  qu'à  coup 
sûr  :  dés  qu'il  ignore,  il  se  tait.  Vous  me  remer- 
cierez, mon  cher  ami,  de  vous  avoir  mis  en  rap- 
ports intellectuels  avec  un  homme  d'aussi  haute 
valeur  scientifique. 

a  Ëulger,  élu  en  1125.  mort  en  1149,  fut  le  premier 
évêque  d'Angers  inhumé  dans  la  cathédrale.  Ses  dé- 
pouilles morlelles  furent  enfermées  dans  un  cercueil  de 
pierre,  posé  sous  une  arcade  ouverte  dans  le  mur  de 


tlTITl 

r*^ 

IfïlîTTl 

rrrrrri 

rrrriT! 

Cénotapbe  d'Eulger,  face. 
(D'après  M.  L.  de  Farcy.) 

l'église,  de  telle  sorte  qu'une  paroi  se  voyait  du  côté  de 
la  nef  et  l'autre  du  côté  du  cloître.  Devant  ce  cercueil, 


ibyGoeigle 


—  80  — 

un  soubassement  de  maçonnerie,  de  trois  à  quatre  pieds 
de  hauteur,  portait  un  mausolée  en  bois,  figurant  une 
châsse  à  un  seul  veraant,  revêtue  entièrement  de  cuivres 
étampés  et  dorés,  enrichie  de  personnages,  de  rinceaux 
et  d'inscriptions,  or  sur  vernis  brun,  genre  décoratif 
observé  à  Maestricht,  Visé,  Ais-la-Chapelle,  Cologne, 
Troyes,  [La  châsse  de  Nesle-Ia-Reposte,  au  trésor  de  la 
cathédrale  de  Troyes,  est  aussi  allemande  que  possible. 
Gausseu,  Portefeuille  Archéologique  de  la  Champagne,  Orfè- 
vRERtE,  pi.  VIII.  J'en  dirai  autant  de  la  châsse  de  saint 
Firmin,  au  trésor  de  la  cathédrale  d'Amiens,  monument 
dont  un  habile  praticien  d'Arras,  M.  Fr.  Normand,  vient 
de  m'adresser  les  photographies  in-folio.  Celle  châsse, 
ornée  d'inscriptions  et  d'enroulements  vernissés,  accuse 
une  fabrication  rhénane  ou  mosane,  tant  par  sa  forme 
que  par  ses  émaux  champlevés.  G.  L.)  Lea  descriptions 
du  monument  d'Eulger  et  les  fragments,  peu  nombreux 
malheureusement,  retrouvés  en  1871,  pourront  donner 
une  juste  idée  de  sa  magnificence. 


s 

- 

\ 

CénoUpbe  d'Eulger,  profil. 
(D'Après  H.  L,  de  Farcy.) 


«  Le  mausolée  d'Eulger  fut-il,  comme  celui  de  ceilaina 
évoques,  exécuté  de  sou  vivant  ou  seulement  après  sa 


ibyGoo^le 


-  8i  — 

mort?  Je  ne  saurais  résoudre  cette  question.  Toujours 
est-il  que  le  style  de  l'ornementation  accuse  parfaitement 
le  milieu  du  xii'  siècle. 

■  Chaque  année,  en  reconnaissance  des  bienfaits  dont 
Eulger  les  avait  comblés,  les  chanoines  chantaient,  pour 
son  anniversaire,  les  vigiles  et  un  obit  solennel  près  de 
son  tombeau.  En  1487,  le  chapitre  décida  de  faire  ouvrir 
le  cercueil  pour  voir  s'il  ne  contenait  pas  d'écrits  impor- 
tants; j'ignore  si  cette  délibération  fut  exécutée.  Dès  le 
commencement  du  zvn*  siècle,  le  monument  d'Eulger 
était  fort  endommagé;  les  Huguenots,  en  1563,  et  des 
curieux  avaient  peu  à  peu  enlevé  les  cuivres.  Un  dessin 
de  1633  environ  (Bibl.  d'Angers,  ms.  871,  p.  4)  nous  le 
montre  presque  entièrement  dépouillé  des  statuettes  des 
arcatures.  Quelques  années  avant  la  Révolution,  le  tom- 
beau fut  ouvert;  voici  le  récit  authentique  de  ce  fait 
intéressant.  » 

»  Le  20  septembre  1757,  un  chanoine  ayant  fait  ôter 
»  ce  cercueil  de  bois  revêtu  de  cuivre  doré,  on  découvrit 
B  une  tombe  placée  dans  le  mur  à  la  hauteur  d'environ 
1  quatre  pieds.  II  y  fit  faire  une  ouverture,  à  la  faveur 

>  de  laquelle  on  put  voir  en  dedans  le  corps  de  ce  grand 
»  évoque.  On  le  trouva  couvert  de  ses  ornements  ponti- 
»  âcaux.  Ses  souliers  étaient  carrés  par  les  extrémités,  et 
n  sans  talons;  le  dessus  était  découpé  à  la  façon  des 
B  anciens  {calcei  fenestrati).  Son  suaire  s'était  conservé 
s  encore  entier  et  presque  dans  sa  première  blancheur. 
-  Comme  je  n'ai  vu  aucun  des  restes  de  sa  soutane, 
1  j'ignore  s'il  en  avait  une.  Son  rochet  était  d'une  toile 

•  assez  âne;  sa  chasuble,  d'une  étoffe  de  soie  à  fleurs 

>  rouges  sur  fond  violet.  Sa  crosse  de  bois  était  dans 

>  toute  sa  longueur.  La  populace,  informée  de  cette  dé- 

>  couverte  et  poussée  par  une  curiosité  funeste,  accourut 

•  en  foule  à  ce  tombeau.  On  l'ouvrit  par  l'endroit  qu'on 
»  avait  inutilement  refermé  dès  le  matin  (une  cassure  à 
»  l'extrémité  du  couvercle,  côté  des  pieds).  Chacun  s'em- 
0  pressa  d'enlever  quelques   parties  des  vêtements  qui 

X.  vu.  i-tf 


ly  Google 


_  82  — 

n  couvraient  les  restes  de  ce  grand  évêque.  Rien  n'eut 
»  échappé  à  ce  pillage  si  on  ne  se  fût  empressé  de  cacher 
u  ce  précieux  dépôt  à  ses  regards.  On  y  réussit  en  cou- 
B  vrant  cette  pierre  du  cercueil  ou  petit  mausolée  de  bois 
»  qui  y  est  aujourd'hui.  On  lit  sur  ce  mausolée,  orné 
n  autrefois  des  figures  des  Apôtres  en  bronze  doré,  celte 
»  épitaphe,  différente  de  celle  qui  est  autour  de  sa  figure. 

ijf  Hic  iacbt  Evlgbbits  qvi  prbsvl  nouine  qtidqtid 

DtBA   POTBST   sors   DABE   SVSTINVIT. 

GaTDU    NVLLA    DIBS    DEDIT    ILLt,    NEC    LOCA    PACBU, 

SOLAUBNQTB   TVLIT   NVLLTS  AUICT8   El, 

POBT  RES  ABLATAS,  PROPRIA  DE  SEDB  FTGrATTB, 

HOSPES   BRAT  MVNDI,    CERTA   STATIONE   CARBBAT. 

(Bibl.  d'Angers,  ms.  628,  p.  142).  » 

1  Le  même  chanoine  s'appropria  sans  doute  la  repré- 
sentation émaillée  d'Eulger,  qui  occupait  le  centre  du 
monument  et  qui  en  était  la  pièce  capitale;  elle  dis- 
parut en  1757. 

B  Le  chapitre  ayant,  en  1783,  confié  à  l'italea  Borani 
le  soin  de  badigeonner  la  calhcdrale,  fit  murer  l'arcade 
qui  abritait  le  cénotaphe  d'Eulger,  pour  rendre  les  murs 
unis  et  propres  à  recevoir  l'enduit.  La  partie  saillante  de 
la  base"  de  la  châsse  fut  brisée  à  coups  de  hache;  on 
éleva  contre  elle  un  mur  très  mince  qui,  la  dérobant  à 
la  vue,  la  sauva  d'une  ruine  complète  pendant  la  Révo- 
lution. 

«  En  1871,  l'architecte  diocésain  fll  démolir  ce  mur; 
on  i-etrouva  la  châsse  souillée  de  chau.x,  gravement  mu- 
tilée, mais  n'ayant  pas  encore  perdu  toutes  ses  décora- 
tions de  cuivre  cloué  sur  le  bois.  Voilà  les  restes  pré- 
cieux que  j'ai  fidèlement  calqués  sur  le  monument 
lui-même,  aujourd'hui  déposé  au  musée  épiscopal. 

I)  Ce  monument  consisie  en  planches  de  chêne  de 
O^OS*  d'épaisseur,  assemblées  avec  dos  chevilles  et  dans 
lesquelles  on  a  élégi  lus  chanfreins  et  lus  areatui-es; 
seuls,  les  pilastres  ont  élê  rapportés.  Long.  l'°98°,  épais- 


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que.  Ries  n'est 
tressé  de  cacher 
■cussi'i  es  coa- 
lusoJée  de  bois 
■ausoiee,  oraé 
-.(  duré,  celte 
desafiguK- 


ir. 

repré- 
're  du 
;  dis- 

■ade 


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Motifs  du  cénotaphe  d'Eulger. 
(D'après  M.  L.  de  Parcy.) 


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„Googlc 


—  87  — 

seur  0"39';  haut,  du  coffre  0"77",  compris  un  soubasse- 
ment de  0"iO*;  la  pente  du  toit  mesure  O^ôô». 

»  La  base  comprend  un  large  chanfrein  de  O^OÔ',  et 
un  boudin  sur  lequel  restent  encore  quelques  débris 
étampés,  rinceaux  courants  dont  l'éclat  métallique  alterne 
avec  des  bandeaux  bruns. 

■  Le  parement  du  coffre  est  encadré  par  une  baguette 
unie,  large  de  0"08«,  jadis  couverte  de  lames  étampées  et 
dorées,  sur  lesquelles  était  tracée,  au  moyen  d'un  &n 
perlé  en  relief,  une  série  de  quatrefeuilles,  dont  l'inté- 
rieur était  sans  doute  égayé  d'enroulements  végétaux  ;  il 
n'en  reste  presque  plus  rien.  Un  étroit  chanfrein,  fond 
brun,  rehaussé  d'étoiles  d'or  à  six  rais,  sert  de  transition 
entre  l'encadrement  et  vingt-quatre  arcades,  dont  les  ar- 
chivoltes portent  chacune,  en  lettres  d'or  sur  vernis  brun, 
le  nom  d'un  dignitaire  ou  d'un  chanoine,  contemporains 
d'Eulger.  Ces  arcades,  en  double  rangée  de  six,  douze  de 
chaque  côté,  flanquent  la  place  où  trônait  jadis  l'efBgie 
émaillée  du  prélat,  place  qui  mesure,  en  hauteur  0"'48', 
en  largeur  0"30".  Plusieurs  archivoltes  ont  conservé  leurs 
inscriptions;  &  savoir  :  Paoanvs  :  Enoeia;  GAVFnm'  Bbivl' 
^  Valet'  iiagibt.  scol';  iî<  Noruand'  ARCHmo';  Rvahv....; 
Gavtriov'  Pota;  Radvlp'  archido';  Hvgo  de  Sablencia'; 
if*  Gvillel'  Pota;  ^  Gtido  de  Prescenia. 

B  Les  tympans  ménagés  entre  les  arcs  sont  garnis  de 
plaques  étampées  dont  le  motif  est  toujours  le  niême 
(une  petite  rose  abaissée  sous  un  élégant  bouquet  de 
feuUlea).  Il  en  est  ainsi  des  bases  et  des  chapiteaux  des 
pilastres  de  séparation  :  une  bande  étampée,  repliée  à 
angles  droits  garnis  de  .'.,  en  fait  tous  les  frais.  Au 
contraire,  une  assez  grande  variété  distingue  les  pilas- 
tres; on  y  volt  des  enroulements,  des  pahnettes  et  des 
fusées. 

n  Les  figures  des  chanoines,  en  cuivre  repoussé  dans  la 
plaque  même,  qui  occupaient  l'iutériour  de  éhaque  arcade, 
ont  disparu  jusqu'à  la  dernière;  c'est  une  perte  irrépa- 
rable. Au-dessus  des  rangs  d'arcatures,  courait  en  grandes 


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lettres  d'or  sur  fond  brun,  l'épitaphe  métrique  repioduite 
plus  haut;  il  n'en  reste  qu'un  éeul  fragment.  Douze 
pierres  en  losange,  d'assez  faibles  dimenaions,  étaient 
grossiërement  serties  et  axées  par  des  clous  dont  la 
trace  persiste  sur  l'encadrenient  de  l'émail  central. 

>  Un  dessin  de  Gaignières,  reproduit  dans  mes  Notices 
tur  ta  tombeaux  des  ivtques  d'Angers,  pi.  II,  et  dans  le 
DûAionnaire  du  mobilier  français  de  Viollet-le-Duc,  t.  II, 
pi.  XLVI,  donne  une  idée  à  peu  près  exacte  de  ce  ma- 
gnifique émail,  qui  pouvait  rivaliser  avec  celui  de  Geof- 
froy Plantagenet,  au  musée  du  Mans. 


Tète  d'Euiger- 
(Interprétation  du  Deaain  de  Gaignières.) 

n  Le  versant  du  toit,  disposé  absolument  comme  la  face 
du  coffre,  montrait  au  centre  la  Majestas  Domini  inscrite 
dans  une  vetica  piseis,  ayant  douze  losanges  sur  le  cadre 
et  cantonnée  des  quatre  symboles  évangélistiquea  ;  à  droite 
et  à  gauche,  les  douze  Apôtres,  et  probablement  aussi 
douze  Prophètes,  remplissaient  les  arcatures.  L'artiste 
avait  sans  doute  voulu  établir  un  parallèle  entre  le  Christ 
au  milieu  de  la  cour  céleste  et  i'évèque  entouré  de  son 
clergé. 


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>  Chaque  face  latérale  se  compose  d'une  partie  trian- 
gulaire  et  de  deux  panneaux  cintrés,  séparés  par  un  ban- 
deau étampé  ayant  pour  motif  une  série  de  nœuds  h  cro- 
chets. D'autree  bandeaux,  or  et  brun,  sur  lesquels  on 
remarque  des  dessine  analc^es  à  certaines  bordures  de 
vitraux  ou  de  carrelages  émaiUés,  prolongent  les  côtés. 
Des  plaques  repoussées,  dont  il  ne  reste  absolument  rien, 
devaient  remplir  les  baies  cintrées  et  les  triangles. 

»  Enfin,  à  l'arête  du  toit,  se  trouvent  encore  les  ves- 
tiges d'un  boudin  d'amortissement.  Était-il  sommé  d'une 
crête  ajourée  et  de  pommes  d'orfèvrerie?  J'en  doute  fort, 
car  on  n'aperçoit  aucune  trace  de  clous  ni  de  ferrures 
propres  à  maintenir  ce  genre  de  décorations.  ■ 

Un  précédent  mémoire  de  M.  de  Farcy,  Notices 
archéologiques  sur  les  tombeatuc  des  évêques 
d'Angers,  p.  15,  me  fournit  d'autres  documents. 

Bnineau  de  Tartifume,  en  1623,  décrit  ainsi  le 
cénotaphe  d'Eulger  : 

«  En  ceste  deuxième  arcade  est  la  tombe  de  Eulgerius, 
»  jointe  à  la  muraille  du  costé  dextre  en  entrant  en  l'église 
»  de  S.-Maurice  d'Angers,  près  de  la  porte  du  cloistre, 
B  en  laquelle  tombe  se  voient  48  places,  sans  deux  prin- 
»  cipales  qui  tiennent  le  milieu,  es  quelles  places  il  y  a 

>  eu  autant  de  médailles  de  cuyvre  doré  et  esmaillé 
a  comme  il  se  peut  reconnaître  en  ce  qui  est  de  reste...  <• 

(Bibliothèque  d'Angers,  ms.  871,  p.  4.) 

On  lit  dans  le  ms.  627,  fol.  19  V  du  même 
dépôt  : 
«  Sa  figure  est  émaiUée  sur  du  cuivre  avec  une  mitre 

>  eu  forme  de  bonnet  carré.  >    [Cfa-onologie  des  iviques 
d'Angers.) 

Lebrun-Desmarettes  se  montre  beaucoup  plus 
explicite  : 
«  Vis-Jt-vis,  au  côté  droit,  il  y  a  un  cercueil  de  bois 


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—  90  — 

»  avec  des  ornements  et  des  plaques  dessus,  enchâssé  en 
a  partie  dans  la  muraille,  élevé  au-dessug  de  terre  eu- 
»  viron  de  trois  pieds,  dans  lequel  fut  mis  l'évêque  Kulger 

■  représenté  dessus  en  mignature,  avec  une  mitre  tournée 
»  de  côté  et  toute  cornue,  ce  gui  est  particulier  à  lui 

■  seul.  «  {Voyages  liturgiques  par  le  sieur  de  Moléon,  p.  82, 
Paris,  1718.) 

Voici  d'autres  témoignages  dans  le  même  sens. 

«  Épitaphe  d'Eulger  autour  de  sa  figure  d'émail  ptau 
>  qui  parait  sur  un  tombeau  de  bois  couvert  de  feuilles 

■  de  cuivre  doré...  »  [Cérémonial  de  Le  Horeau,  t.  II, 
p.  148;  1692  à  1717,  Bibl.  de  l'Évèché  d'Angers.) 

■  Copie  de  l'épitapbe  d'Eulger,   autour  de   sa  figure 

■  A'imail  pkUe  qui  parait  sur  un  tombeau...  s  (Chapelles 
d'Angers,  ms.  du  xvii*  siècle,  p.  167,  Musée  diocésain 
d'Angers.) 

«  La  représentation  d'Eulger  était  en  émail  et  plate 
peinture...  »  (Barthélémy  Roger,  Histoire  d'Anjou,  ap.  Revue 
d'Anjou,  1852,  p.  144.) 

Une  lettre  que  M.  de  Farcy  m'adressait  à  la 
date  du  7  novembre  1883,  peu  de  jours  après 
mon  départ  d'Angers,  renferme  ces  détails  supplé- 
mentaires : 

1  Un  ancien  texte  de  1630  environ  dit  aussi  que  les 
niches  abritaient  des  statuettes  ou  médailles  représentant 
les  Apôtres,  etc.  Ceci  semblerait  indiquer  des  pièces 
rapportées  sur  champs;  et  pourtant,  nulle  trace  de  clous. 
Les  statuettes  devaient  être  repoussées  dans  une  feuille 
de  cuivre  très-mince,  occupant  la  baie  entière  de  l'ar- 
cade; toutes  furent  malheureusement  arrachées.  Pour 
moi,  je  suis  persuadé  que  la  plaque  de  l'évêque  était 
seule  émaillée;  les  autres  reliefs,  simplement  métalliques, 
•  pouvaient  avoir  leurs  creux  remplis  de  mastic  ou  de  con- 
solidateurs  analogues.  > 


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Je  vous  ai  communiqué,  mon  cher  ami,  les 
divers  renseignements  empruntés,  soit  aux  livres, 
soit  à  la  correspondance  de  M.  de  Farcy.  Si  j'en 
ai,  çà  et  là,  modifié  légèrement  les  termes,  le  fond 
demeure  absolument  intact.  J'espère  que  notre  ai- 
mable confrère  acceptera  mes  écMts  de  plume  avec 
son  indulgence  accoutumée,  et  que  les  observa- 
tions, à  moi  toutes  personnelles,  qui  vont  suivre, 
seront  prises  par  lui  du  bon  côté. 

On  n'oubliera  pas  que  je  me  livre  ici  à  une 
sorte  de  plaidoirie  en  Cour  d'assises,  gerbe  d'ar- 
guments sérieux,  discutables,  ou  même  faux  à 
l'occasion  ;  le  Ministère  public  —  M.  de  Farcy 
—  avait  préalablement  fulminé  son  réquisitoire. 
Conformément  à  une  législation  morte  d'hier,  un 
Président  quelconque  devra  résumer  impartiale- 
ment les  débats,  puis  laisser  au  Jury,  c'est-à-dire 
à  la  science  désintéressée,  le  soin  de  prononcer 
son  verdict. 

L'exécution  du  cénotaphe  d'Eulger  doit  être  pos- 
térieure à  l'année  1153.  Les  motifs  qui  détermi- 
nèrent ce  sentiment  m'avaient  d'abord  paru  si 
clairs,  que  les  développer  me  semblait  complète- 
ment inutile;  un  érudit  de  l'École  des  Chartes, 
à  qui  j'ai  soumis  le  cas,  trouve  qu'affirmer  et 
prouver  sont  deux  :  ses  justes  observations  m'obli- 
gent à  augmenter  d'un  paragraphe  une  notice 
déjà  fort  longue. 

On  a  remarqué  que  des  noms  conservés,  quatre 
sont  précédés  d'une  croix  :  l'écolâtre  ValettLs 
(Valoy?),  l'archidiacre  Normand,  Guillaume  Pota, 
Guy  de  Précigné  ou  Preasigny;  cette  caractèris- 


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tique  manque  aux  six  autres.  Le  signe  *  est  fré- 
quemment usité  au  Moyen  âge;  il  y  précède,  ou 
il  y  remplace  au  besoin,  les  signatures  au  bas 
des  chartes;  on  le  trace  en  tète  des  inscriptions 
votives,  des  légendes  de  cloches,  des  épitaphes,  etc., 
mais  il  peut  marquer  aussi  les  décès  sur  les  dip- 
tyques et  les  nécrologes  :  In  fine  canonis  missse, 
hsec  episcoporum  Àrelatenaium  nomina  legun- 

tv/r quitus  crucicula  prasmittitur,  sancii 

designantur.  (Grori,  Tkes.  vet.  diptych.,  t.  H, 
p.  198-199.  Mabillon,  Vet.  analecta.)  Les  *  n'ont 
pas  été  distribuées  ici  d'une  façon  banale  ou  arbi- 
traire; le  champ  des  archivoltes  laissait  assez  de 
place  pour  en  donner  à  tous  si  on  l'avait  jugé 
convenable.  Nos  th  n'indiquent  certes  pas  des 
saints;  distingueraient-elles  les  dignitaires  ou  les 
simples  chanoines  élevés  au  sacerdoce?  Gela  est 
inadmissible  :  Ruamu{nâus)  en  manque,  et  il  sera 
démontré  bientôt  que  Ruamundus  {pour  Raumun- 
dv^,  genre  de  faute  épigraphique  commun  au 
Moyen  âge),  Romond,  Raymond,  remplissait  de 
hautes  fonctions  qui  exigeaient  certainement  la 
prêtrise  chez  le  membre  du  clergé  appelé  à  les 
occuper.  La  * ,  telle  que  nos  inscriptions  la  mon- 
trent, ne  me  semble  donc  devoir  être  prise  que 
dans  l'acception  de  signe  obituaire  servant  à  carac- 
tériser les  défunts  ;  conséquence  :  les  personnages 
dépourvus  de  ^  existaient  encore  à  l'époque  où 
le  monument  fut  parachevé,  tandis  que  ceux  qui 
en  sont  munis  avaient  alors  cessé  de  vivre.  Or 
une  iî<  accompagne  le  nom  de  l'archidiacre  Nor- 
mand, très  vraisemblablement  Normand  de  Doué, 


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successeur  immédiat  d'Ëulger  au  siège  épiscopal 
d'Angers,  lequel  Normand  décéda  le  27  avril  1153 
{Gallia  christiana,  t.  XIV,  col.  569). 

Le  premier  terme  extrême  de  1153  étant  ainsi 
déterminé,  on  pourra  trouver  le  second  par  la 
même  méthode.  En  supposant  que  le  cénotaphe 
ait  été  érigé  aux  frais  d'un  évoque,  auquel  l'attri- 
buer maintenant  après  avoir  écarté  Normand  de 
Doué?  Est-ce  à  Matthieu  de  Loudun,  auparavant 
abbé  de  Saint-Florent  de  Saumur,  1156-1162;  à 
Geoffroy  Moschet  ou  la  Mousche,  ex-doyen  du 
chapitre  cathédral  de  Saint-Maurice,  1163-1177;  à 
Raoul  de  Beaumont,  1177-1197;  à  l'angevin  Guil- 
laume de  Chemillé,  un  instant  évoque  d'Avran- 
ches,  1197-1202  {Gallia  christiana,  t.  cité,  col. 
570' à  572)?  J'avais  d'abord  penché  pour  Moschet 
qui,  plus  que  tout  autre,  devait  être  enclin  à 
rendre  d'éclatants  hommages  à  la  mémoire  d'un 
illustre  prédécesseur,  mais  une  date  que  je  pro- 
duirai bientôt  m'oblige  à  reporter  sur  Matthieu  de 
Loudun,  entre  1156  et  1160,  l'honneur  d'avoir 
inauguré  notre  monument. 

Un  vandahsme,  moins  pardonnable  assm-ément 
que  les  excès  révolutionnaires,  n'a  épargné  que 
dix  noms  :  Payen  Engelé,  Geoffroy  Béjule,  l'éco- 
làtre  Valoy  (?).  l'archidiacre  Normand,  Romond,..., 
Geoffroy  Pota,  l'archidiacre  Raoul,  Hugues  de  Sem- 
blancay,  Guillaume  Pota,  Guy  de  Précigné.  La 
série  des  doyens  de  Saint-Maurice  (Gallia  chris- 
tiana, t.  cité,  col.  59'2)  fournirait  un  petit  sup- 
plément à  la  liste  des  chanoines  contemporaius 
d'Eulger  :  Enjubauld;  Hugues;  Geoffroy  dit  Mbe/ut 


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—  94  — 

solem  (Boitsoleil),  à  identifier  avec  Moachet  —  les 
mouches  bourdonnent  au  soleil  ;  —  Matthieu,  1 162  ; 
Etienne  de  Ternac,  1177.  Dix  et  cinq  font  quinze; 
avec  de  nouvelles  et  patientes  recherches,  M.  de 
Farcy  finira  quelque  jour  par  combler  les  neuf 
lacunes;  il  me  semble  être  déjà  sur  la  piste. 

Je  pense,  comme  mon  érudit  confrère  d'Angers, 
que  la  face  du  coffre  représentait  Eulger  environné 
de  ses  dignitaires  et  de  ses  chanoines  rangés  sui- 
vant l'ordre  de  préséance  qui  leur  était  assigné 
dans  les  stalles  du  chœur  au  moment  de  la  mort 
du  prélat;  que  les  dignitaires  sont  désignés  par 
le  nom  de  baptême  suivi  du  titre;  les  simples 
chanoines,  par  leurs  prénoms  et  surnoms.  Toute- 
fois, je  persiste  à  maintenir  l'assertion  émise  plus 
haut  :  la  croix  obituaire  ne  signale  pas  les  mem- 
bres du  chapitre  défunts  en  1149,  mais  ceuî  qui 
avaient  cessé  de  vivre  au  moment  où  l'on  érigea 
le  cénotaphe.  L'exactitude  du  fait  sera  bientôt  dé- 
montrée; une  récente  communication  de  M.  de 
Farcy  {Lettre  du  20  août  1884),  dont  je  repro- 
duis les  passages  saillants,  va  me  donner  gain  de 
cause. 

«  D'après  la  position  des  légendes,  voici,  en 
supposant  la  tombe  intacte,  l'ordre  qu'occupaient 
les  figures  dans  la  rangée  des  arcades  supé- 
rieures. 

»  Eulger  devait  avoir  à  sa  droite  : 

»  1°  Le  doyen,  dont  le  nom  n'existe  plus  {Geof- 
froy Moschet?). 

»  2"  Le  grand  archidia  re,  Ruamundus  (ou  Bua- 
mond?)  1145-1160. 


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—  95  — 

»  3'  L'archidiacre  d'Outre-Maine,  Normandus. 

»  4'  L'écolâtre  Valetus. 

»  5'  et  6'  Deux  chanoines  :  Gaufridus  Bejuiua 
et  Paganus  Engela. 

»  A  gauche  de  l'évéque  : 

»  r  Le  trésorier  (Gaufridus  Pota?). 

-B  2'  Le  chantre;  nom  perdu. 

»  3°  L'archidiacre  d'Outre-Loire,  Radulphus 
(Raoul  de  Beaumont?). 

»  4"  5"  et  6'  Trois  chanoines  :  Hugo  de  Sa- 
blenciaeo,  Guillelmus  Pota,  Guido  de  Prescenia. 

»  Le  chapitre  comprenait  huit  dignités  :  Doyen, 
Trésorier,  Grand-Archidiacre,  Chantre,  Archidia- 
cres d'Outre-Maine  et  d'Outre-Loire,  Écolâtre, 
Pénitencier  ou  Chapelain  de  l'évoque.  Je  ne  sais 
à  quelle  date  remonte  cette  dernière  dignité;  exis- 
tait-elle du  temps  d'Eulger?  Je  ne  le  crois  pas, 
attendu  que,  d'après  l'ordre  suivi,  le  Pénitencier 
devrait  être  Hugues  de  Semblancay;  auquel  cas  on 
aurait  mis  Hugo  peniten'  ou  capellan'  au  lieu 
d'inscrire  un  nom,  soit  de  famille,  soit  de  pays 
natal.  Hugues  de  Semhlancay  survécut  longtemps 
à  Eulger.  On  le  voit,  en  1170,  faire  exécuter  les 
verrières  du  chœur. 

»  J'ai  orthographié  Btiamond  à  côté  de  Rxia- 
TOM(ndus).  Il  y  a  en  effet  un  Buamond  signalé 
comme  grand -archidiacre,  de  1145  à  1160,  époque 
où  ce  dignitaire  fut  remplacé  par  Geroni(m)us; 
mais  on  lit  cela  dans  un  manuscrit  du  xvni*  siè- 
cle, au  musée  diocésain,  et  je  doute  fort  que  le 
nom  ait  été  copié  exactement.  » 

Ainsi  donc,  nous  avons  les  noms  des  trois  archi- 


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—  96  — 

diacres  en  fonctions  à  la  date  de  1149  :  Romond  — 
la  leçon  Buamond  est  incontestablement  fautive, 
—  Normand,  Raoul.  Le  second  est  à  coup  sûr 
Normand  de  Doué,  qui  ex  archiacono  post  Eul- 
gej^i  decessum  foetus  est  episcopus  {Gallia 
chriatiana,  loc.  cit.);  Normand  mourut  en  1153, 
et  la  croix  obituaire  viendrait  affirmer  qu'il  n'exis- 
tait plus  lors  de  l'érection  du  cénotaphe.  Au  con- 
traire, Varchidiaconus  major,  Romond,  reçoit  de 
l'inscription  un  certificat  de  vie  à  l'époque  susdite, 
et  il  ne  disparait  de  la  scène  qu'en  1160.  La  ques- 
tion me  semble  maintenant  résolue  d'une  manière 
complète;  la  date  du  monument  se  trouve  cir- 
conscrite dans  le  court  laps  des  quatre  années 
écoulées  entre  1156,  où  Matthieu  de  Loudun  prit 
possession  du  siège  épiscopal  d'Angers,  resté  vacant 
de  1153  à  1156  pour  des  motifs  que  nous  ignorons, 
et  1160  qui  marqua,  selon  une  probabilité  équi- 
valente à  la  certitude,  le  décès  de  l'archidiacre 
Romond.  Néanmoins  le  terme  1156  pourrait  être 
légèrement  modifié;  nous  avons  déjà  vu  qu'en 
reconnaissance  des  bienfaits  dont  Eulger  les  avait 
comblés,  les  chanoines  chantaient,  à  chaque  anni- 
versaire de  la  mort  du  prélat,  les  vigiles  et  un 
obit  solennel  auprès  de  son  tombeau.  Ce  témoi- 
gnage de  perpétuelle  gratitude  porterait  à  croire 
qu'au  chapitre,  et  non  à  un  évéque,  reviendrait 
l'honneur  du  monument;  alors  la  première  limite 
1156  pouvant  reculer  jusqu'à  1153  ou  1154,  nous 
étendrions  notre  période  élastique  à  six  ou  sept 
ans  au  lieu  de  quatre;  la  différence  est  bien 
minime. 


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Ce  point  déterminé,  je  partage  l'avis  de  M.  de 
Farcy  relativement  à  la  technique  des  plaques  en- 
castrées dans  les  baies  des  arcatures;  comme  lui 
j'admets  des  figures  repoussées  sur  une  feuille  mé- 
tallique de  peu  d'épaisseur;  pareil  travail  carac- 
térise la  châsse  mosane  de  saint  Hadelin,  à  Visé, 
ouvrage  également  du  xu'  siècle,  et  aussi  d'an- 
ciens reliquaires  à  Moissat-Bas,  Conques,  etc. 

Le  procédé  qui  consiste  à  réservei'  des  dessins 
métalliques  sur  une  lame  de  cuivre  vernie  en  brun, 
ou  réciproquement,  est  spécial  ans  écoles  de  la 
Meuse  et  du  Rhin.  Le  moine  Théophile  l'indique 
{Diversarum  artiwn  schedula,  I.  III,  c.  70); 
mais,  sans  m'écarter  du  lu'  siècle,  je  ne  trouve 
rien  de  notablement  similaire  au  système  déco- 
ratif du  cénotaphe  d'Eulger,  ni  sur  la  couronne 
de  lumière  de  Frédéric  Barberousse,  à  Aix-la- 
Chapelle  (1152-1190),  ni  même  sur  la  châsse  de 
Visé.  L'ornementation  gravée  de  la  première  est 
généralement  lourde  ;  les  enroulements  or  et  brun 
manquent  un  peu  d'air  (Bock,  Der  Kronleuckter 
Kaisers  Friedrich  Barbaros&a;  estampages  :  Mé- 
langes d'archéologie,  t.  I  et  III,  gravures  et 
chromos).  Les  bandeaux  vernis  de  la  seconde  — 
j'en  possède  les  photographies  —  offrent  bien  un 
entrelacs  continu  ayant  quelques  rapports  avec  les 
palmettes  des  flancs  de  la  châsse  angevine;  néan- 
moins il  est  plus  rempli,  plus  cherché  au  point 
de  vue  du  style.  Maintenant,,  si  j'aborde  les  ver- 
nissages du  xui*  siècle  germanique,  à  Maestricht, 
Cologne,  Aix-la-Chapelle,  le  détail  se  complique 
encore  davantage  et  contraste  avec  la  sobriété  de 


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—  98  — 

notre  objectif  {Mél.  d'archéol.,  t.  I,  pi.  XXXIII  à 
XXXVII).  En  définitive,  les  bandeaux  vernissés  du 
monument  d'EuIger  —  quelques-uns  semblent  ins- 
pirés par  des  motifs  peints  sur  les  anciens  vases 
helléniques  —  sont  de  véritables  patrons  de  bro- 
derie, dus  probablement  au  crayon  d'un  artiste 
français;  le  même  procédé,  en  Allemagne,  ne  vise, 
et  il  est  rationnel,  qu'aux  effets  de  la  ciselure. 
Les  effigies  canoniales  —  vingt-quatre,  on  ignore  ce 
qu'il  y  avait  sur  les  flancs  —  étaient,  on  n'en  sau- 
rait guère  douter,  non  des  images  fantaisistes,  mais 
des  portraits,  soit  ad  vivum,  soit  d'après  des  sou- 
venirs exacts.  Cette  circonstance  et  leur  technique 
permettent  de  croire  qu'elles  avaient  été  fabriquées 
à  Angers  où  habitaient  d'habiles  orfèvres;  natu- 
rellement aussi  les  vingt-cinq  figures  du  toit,  les 
motifs  étampès  et,  pour  demeurer  logique,  les 
vernissages,  inscriptions,  bordures  ou  pilastres. 

Les  eara-tères  alphabétiques  peuvent  être  invo- 
qués en  faveur  d'un  travail  angevin;  ils  sont  de 
deux  espèces.  D'abord  le  magnifique  type  carré  de 
l'èpitaphe,  dont  nous  n'avons  que  les  mots  DARE  : 
SVSTINVIT,  fin  de  la  seconde  ligne;  il  tient  à  ia 
fois  de  l'augustal  et  du  damasîen  ;  la  couronne 
d'Aix-la-Chapelle  et  la  châsse  de  saint  Hadelin 
n'offrent  absolument  rien  d'analogue.  L'alphabet 
des  archivoltes  est  un  mélange  d'oncial  et  de  carré; 
les  légendes  au  vernis  des  bandeaux  de  Visé  sont 
du  même  gf^nre,  mais  avec  de  notables  différences 
dans  les  D,  les  G,  les  H  et  les  M. 

Le  style  des  èpitapbes,  bien  qu'il  ait  la  couleur 


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—  99  — 

des  borda  de  la  Loire,  n'entre  pas  en  compte; 
l'écriture  s'expédie  au  loin. 

La  forme  et  l'ordonnance  de  notre  cénotaphe  me 
paraissent  essentiellement  limousines.  A  ma  con- 
naissance, aucune  châsse  du  Rhin  ou  de  la  Meuse 
ne  présente  la  Majestas  Domini  encadrée  d'une 
vesica  piscis;  non  pas  que  Belges  et  Allemands 
n'aient  traité  aussi  ce  thème,  mais  ils  l'ont  toujours 
appliqué  d'une  manière  différente.  En  revanche, 
le  décor  des  feretra  ou  arculm  e  écutés  à  Li- 
moges montre  fréquemment  le  Christ  dans  une 
auréole  elliptique,  accompagnée  d'arcatures  en 
plein-cintre  abritant  des  personnages;  telles  sont 
les  châsses  de  Saint-Viance,  de  KIosterneuhourg, 
de  Gerresheim,  de  Siegbourg,  etc.,  etc.  Quant  à 
la  forme,  le  modèle  allemand  a  un  coffre  plus 
bas,  un  angle  de  toit  moins  aigu  que  le  type 
limousin;  or,  un  parement  surélevé,  un  rampant 
U"és  raide,  caractérisent  la  tombe  d'Eulger. 

No'.:9  avons  analysé  tout  ce  qui  reste  de  la  car- 
casse originale;  passons  maintenant  à  l'émail, 
connu  par  le  seul  dessin  de  Gaignières,  dessin 
empreint  de  l'inintelligence  du  xvni'  siècle  à 
l'égard  "des  œuvres  médiévales,  mais  dont  on  me 
semble  avoir  trop  exagéré  la  médiocrité. 

Autant  qu'on  peut  en  juger,  la  gamme  des 
émaux  était  très  douce.  La  figure  se  détachait 
en  blanc  sur  champ  bleu  ;  absence  totale  de  rouge 
parfondu.  Une  gamme  aussi  tranquille  distinguo 
la  plaque  de  Geoffroy  Plantagenet,  an  Mans,  où 
le  rouge  anime  à.  peine  un  motff  d'architecture, 
et  les   médaillons   du  coffre  de  sainte  Foy,  à 


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_  100  - 

Conques,  où  cette  couleur  ne  se  montre  pas.  La 
tonalité  allemande  au  xu'  siècle  est  bien  plus 
énergique. 

La  bordure,  lacis  de  triangles  aux  contours  mé- 
talliques largement  épargnés,  me  parait  sui  ge- 
neris.  Néanmoins  ces  imbrications  effilées,  les 
unes  vert- pâle,  les  autres  nuées  de  bleu,  vert- 
pâle  et  turquoise,  ne  sont  pas  de  style  germanique; 
le  goût  français  y  perce. 

Des  six  documents  écrits  reproduits  plus  haut, 
les  deux  premiers  mentionnent  simplement  un 
émail  quelconque;  les  derniers  spécifient  un  émail 
plat  ou  en  plate  peinture;  au  troisième,  le  terme 
mignature^  employé  par  Lebrun -Desmarettes,  est 
surtout  caractéristique.  Ce  savant  liturgiste,  très 
judicieux  observateur  mais  peu  versé  dans  le  voca- 
bulaire technologique,  n'a  pas  trouvé  de  meilleur 
moyen  pom^  exprimer  sa  pensée  que  de  recourir 
à  une  comparaison  avec  les  tableaux  enluminés 
des  anciens  manuscrits.  Quatre  témoignages  affir- 
ment donc  la  présence  d'une  plaque  en  émail 
champlevé;  qu'a-t-on  à  leur  opposer?  Le  vague 
des  autres  —  ils  ne  sont  ni  pour  ni  contre  —  et 
une  invention  de  VioUet-le-Duc. 

En  effet,  le  dessin  de  Gaignières  accuse  une 
légère  saillie  du  côté  des  ombres,  mais  diverses 
causes  peuvent  avoir  motivé  cette  façon  d'agir. 
Un  même  ton,  parfondu  dans  un  grand  alvéole, 
n'est  jamais  uniforme;  il  se  jaspe  de  noircissures, 
suivant  le  degi-é  de  pureté  des  matières  vitreuses 
ou  l'inégalité  dtf  température  qui  atteint  chaque 
place  à  la  fusion.  Les  surfaces  polies,  exposées  à 


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—  101  — 

la  lumière,  miroitent  toujours  plus  ou  moins  de 
manière  à  produire  un  semblant  d'ombre.  Le  mo- 
dèle n'aurait-il  pas  réellement  offert  des  nues 
qu'une  copie  hâtive  a  sommairement  rendus?  La- 
quelle de  ces  raisons  guida  l'artiste?  Je  ne  saurais 
choisir  entre  les  trois;  mais  à  coup  sûr  il  n'eut 
jamais  l'idée  que  lui  prête  VioUet-le-Duc.  Dessi- 
nateur hors  ligne,  plein  de  confiance  dans  un  émi- 
nent  savoir,  l'auteur  du  Dictionnaire  du  mobilier 
français  s'est  donné. le  tort  grave  de  perfectionner 
l'œuvre  trop  indécise  de  Gaignières  sans  prendre  la 
peine  de  recourir  aux  textes  qui  auraient  pu  éclai- 
rer la  situation.  Il  vit  un  relief  là  où  n'existait 
absolument  qu'une  ficelle  de  peintre;  alors  il  en- 
fanta la  superbe  aquarelle  qui  m'induisit  en  erreur, 
et  qui  doit  tromper  encore  bien  du  monde  jus- 
qu'au jour  oiî  un  nouveau  lexicographe  lancera  ma 
rectification  dans  le  domaine  public. 

L'alphabet  de  l'épitaphe  marginale  offre  un  mé- 
lange de  carré  et  d'oncial  assez  différent  des  lettres 
tracées  sur  les  archivoltes.  D'abord  la  boucle  infé- 
rieure du  G  se  recourbe  en  volute  très  prononcée; 
ensuite,  détail  dont  VioUet-le-Duc  n'a  guère  tenu 
compte,  les  jambages  de  tous  les  A  et  de  la  moitié 
des  M  serpentent  plus  ou  moins.  Viollet-le-Duc  a 
mis  des  Q,  queue  extérieure  et  tournée  à  droite, 
là  oiï  Gaignières  figure  une  queue  à  gauche  et 
pénétrant  l'ovale;  en  outre  le  seul  exemple  de 
lettres  conjointes  est  interverti  :  ME  dans  le  livre, 
AR  chez  Gaignières.  Quoiqu'il  en  soit,  l'épigra- 
phie  de  l'émaii  accuse  évidemment  un  tout  antre 


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—  102  — 

style  que  les  types  employés  sur  le  reste  du  mo- 
nument. 

La  tête  du  prélat,  telle  que  Gaignières  l'a  re- 
produite, n'est  aucunement  fantaisiste  —  laissons 
Viollet-le-Duc  à  l'écart.  —  On  y  voit  le  portrait 
d'un  homme  entre  deux  âges,  œil  azuré,  barbe 
et  chevelure  blond-ardent,  presque  roux.  La  face 
est  large;  le  regard,  {)lus  bienveillant  que  sévère, 
témoigne  d'une  grande  fermeté  jointe  à  la  man- 
suétude, qualités  dominantes  d'Eulger  et  inscrites 
sur  le  cadre  même  de  l'émail  ; 

Ffentem  solari,  nudum  vestire,  stiperhum 
Frangere. 

Assurément  notre  portrait  n'est  pas  une  étude 
d'après  nature,  mais  on  y  constate  la  vigoureuse 
interprétation  d'une  excellente  maquette  inspirée 
par  quelque  image  authentique,  contemporaine  de 
l'original  et  prise  ad  vivum. 

L'épluchage  est  clos,  mon  cher  ami;  il  faut  bien 
aborder  le  ten-ible  chapitre  des  conclusions.  J'en 
frissonne,  et  pourtant  je  n'ai  sur  le  terrain  de 
rématUerie  que  des  adversaires  singulièrement 
courtois;  ne  vont-ils  pas  néanmoins  me  taxer  de 
trop  de  hardiesse?  Essayons  toujours! 

î°  Le  projet  du  monunaent  incombe  à  un  artiste 
de  l'Ouest;  la  carcasse  et  tous  les  cuivres  repoussés 
ou  vernissés  sont  de  travail  angevin  ;  le  montage 
de  l'ensemble  a  été  fait  à  Angers. 

2°  11  n'est  guère  probable  que  les  orfèvres  ange- 
vins aient  appris  des  èmailleurs  lotharingiens,  em- 
ployés à  Saint-Denys,  le  procédé  allemand  de  la 


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réserve  métallique  sur  champ  brun.  Les  Lotliarin- 
giens,  arrivés  à  l'abbaye  en  1144,  n'y  travaillèrent 
que  deux  ans  pour  le  compte  de  Suger  ;  ils  devaient 
avoir  regagné  leur  patrie  avant  la  mort  d'Eulger, 
et  à  plus  forte  raison  vers  1160.  Il  ne  serait  tou- 
tefois pas  impossible  qu'un  industriel  de  l'Anjou 
fût  allé  à  Saint-Denys  de  1144  à  1147,  et  que  les 
émailleurs  étrangers  lui  eussent  alors  révélé  le 
secret  du  vernis  brun  —  les  brevets  d'invention 
étaient  inconnus  au  xn"  siècle;  —  mais  ce  secret 
avait  d'autres  moyens  d'expansion.  A  supposer  que 
la  Sehedula  de  Théophile  n'eût  pas  été  rédigée 
au  temps  de  notre  monument,  ou  que  les  copies 
du  livre  n'eussent  pas  alors  encore  gagné  la  France, 
le  fait  d'Angevins  ayant  parcouru  les  provinces 
mosano-rhénanes,  comme  de  touristes  allemands 
venus  sur  les  bords  de  la  Loire,  n'aurait  assuré- 
ment rien  que  de  très  naturel.  Soit  isolément, 
soit  à  la  suite  d'une  caravane  de  pèlerins,  les 
artistes  et  les  gens  de  métier  circulaient  beaucoup 
au  Moyen  âge;  or  Angers  est  trop  voisin  de  la 
Sainte-Larme  de  Vendôme  et  de  Saint-Martin  de 
Tours  pour  n'avoir  pas  reçu  la  visite  de  quelque 
praticien  liégeois  qui,  en  retour  d'un  aciueil  cor- 
dial, aurait  enseigné  à  son  hôte  la  méthode  du . 
vernis  brun. 

3'  La  plaque  représentant  Eulger  fut  exécutée  à 
Limoges,  d'après  une  maquette  angevine;  on  en 
confia  l'épigraphie  à  un  habile  scribe  limousin, 
qui  se  servit  d'un  gracieux  caractère  approprié  aux 
exigences^  du  cadre.  Cette  plaque,  ensuite  expédiée 
à  Angers,  était  en  émail  champlevé  dans  une 


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—  104  —    " 

surface  plane.  Le  procédé  du  relief,  dont  la 
tombe  de  Philippe  de  Dreux,  évêqiie  de  Beauvais 
(1?17),  montrait  un  des  plus  anciens  spécimens, 
ne  semble  pas  antérieur  au  xin*  siècle.  Brillants 
au  début,  les  industriels  qui  exploitaient  ce  genre 
passèrent  rapidement  du  chef-d'œuvre  à  la  médio- 
crité; de  la  médiocrité,  à  la  pacotille.  Ils  inon- 
dèrent la  France  et  l'Europe  d'informes  poupées 
sans  jambes,  à  la  robe  grossièrement  incrustée  de 
couleurs  parfondues,  poupées  que  d'honorables  ar- 
chéologues qualifient,  tantôt  de  divinités  gallo- 
romaines,  tantôt,  proh  pudor!  de  statuettes  by- 
zantines; comme  si  l'art  byzantin  s'était  jamais 
ravalé  jusqu'au  pétrissage  des  marmousets  de  pain 
d'épices I 

4°  La  technique  des  émaux  nues,  dont  on  aper- 
çoit l'usage  sur  la  bordure  et  que  les  vêtemenfa 
du  personnage  offraient  peut-être  aussi,  dut  s'in- 
troduire en  Limousin  par  les  voies  qui  amenèreùt 
épisodiquement  le  verftis  brun  en  Anjou.  Je  ne 
crois  pas  que  les  Lotharingiens  de  Suger  aient  & 
exercer  sur  ce  point  aucune  revendication  spéciale. 
L'antériorité  de  l'Allemagne  dans  le  procédé  du  nué 
me  parait  incontestable;  on  appliqua  évidemment 
•  le  nné  au  pied  de  croix  de  Saint- Dënys;  mais  nous 
savons  aussi  maintenant  combien  les  pérégrina- 
tions rhénanes  et  mosanes  à  travers  la  France  cen- 
trale étaient  fréquentes  au  Moyen  âge. 

Les  conclusions  ci-dessus  peuvent  fournir  ma- 
tière à  controverse,  et  je  ne  serais  guère  surpris 
qu'on  les  discutât;  elles  m'engagent  néanmoins  à 
revenir  sur  la  plaque  de  Geoffroy  Plantagenet,  au 


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-  105  — 

Mans,  question  que  je  n'ai  pas  traitée  en   1883 
avec  tous  les  égards  mérités. 

Les  plus  antiques  échantillons  d'émaillerie  que  ■  • 
l'on  puisse  attribuer  sans  incertitude,  sinon  à 
Limoges  même,  du  moins  à  un  atelier  limitrophe, 
sont  les  disques  ornementaux  du  coÊfre  de  sainte 
Foy,  à  Conques,  lis  furent  commandés  par  l'abbé 
Boniface  {1100-1137),  dont  le  nom  est  inscrit  en 
jarretière  à  l'entour  d'un  des  éléments.  Ces  pièces 
consistent  en  lames  de  cuivre  doré,  dans  lesquelles 
on  a  champlevé  des  silhouettes  d'oiseaux,  de  mons- 
tres et  de  plantes;  l'esquisse  ainsi  obtenue  offre 
un  petit  nombre  de  cuves,  séparées  les  unes  des 
autres  par  des  réserves  métalliques  plus  ou  moins 
largement  espacées.  Chaque  alvéole  n'a  reçu  qu'un 
ton  monochrome;  à  peine  voit-on  çà  et  là  des 
traces  de  juxtaposition;  elles  n'existent  qu'aux 
étranglements  où  l'opération  devenait  facile. 

La  plaque  du  Mans,  de  dimensions  supérieures 
(haut.  0"63',  larg.  0°34')  à  celle  d'Angers,  est 
une  œuvre  incontestablement  limousine;  je  vais, 
mon  cher  ami,  avec  votre  permission,  la  pré- 
senter en  détail. 

Labarte,  qui  lut  beaucoup,  vit  trop  pour  exa- 
miner à  loisir,  et  se  laissa  fréquemment  entraîner 
par  l'esprit  de  système,  marche  à  rencontre  des 
traditions,  à  coup  su,-  très  respectables,  de  VEccle- 
sia  Cenomaneîisis.  D'après  le  célèbre  archéologue, 
l'émail  du  Mans  ne  figurerait  pas  Geoffroy  Planta- 
genet,  comte  d'Anjou,  inhumé  dans  la  cathédrale 
de  Saint-Julien,  mais  le  fils  du  même  Geoffroy, 
Henri  IT,  roi  d'Angleterre,  dont  le  corps  vint  repo- 


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-  106  — 

ser  à  Fontevrault.  Cet  émail,  que  Montfaucon  nous 
montre,  en  1730,  fixé  au  deuxième  pilier  de 
l'église,  à  gauche,  pi-oche  le  jubé,  n'aurait  jamais 
fait  partie  d'un  tombeau  ;  il  formerait  un  tout 
complet,  un  ex-voto.  (Recherches  sur  la  peiip- 
ture  en  émail,  p.  199  et  sq.;  Histoire  des  arts 
indtbstriels,  t.  III,  p.  662  et  sq.,  1"  édit.). 

M.  Hucher  {Bulletin  Monumental,  t.  XXVI, 
p.  669  et  sq.)  soutient  l'opinion  contraire  et,  à 
l'appui  de  sa  thèse,  il  cite  des  faits  importants. 
Jean  de  Marmoutiers,  moine  chroniqueur  du  xii' 
siècle,  qui  dédia  son  livre  à  Guillaume  de  Passa- 
vant, évêque  du  Mans  (1142-1187),  s'exprime  ainsi 
au  sujet  de  Geoffroy  :  «  Humatus  est  autem  in 
sancti&sima  B.  Juliani  Cenomanensis  ecclesia, 
in  nobilissim^  mausoleo  que  ei  nobilitati  épis- 
copus  pise  recordationis  Guillelmus  nobiliter 
extruxerat.  Ibi  siquidem  effigiati  comitis  rêve- 
renda  imago  ex  auro  et  lapidibits  deeenter  im- 
pressa, superbis  ruiTiam.  humilibus  gratiam 
distribuere  videtur.  »  (Johannes  Monachus,  His- 
toria  Gauffredi  ducis  Normannorum,  ap.  D. 
Bouquet,  t.  XII,  p.  530.) 

«  Guillaume  de  Passavant  célébra,  dans  l'année 
1151,  les  obsèques  de  Geoffroy,  qui  avait  rendu 
le  dwnier  soupir  en  arrivant  à  Château-du-Loir. 
Ensuite  le  corps  du  défunt  fut  transféré  dans 
l'église  cathédrale  et  enseveli  avec  une  grande 
pompe.  »  (Gallia  christ.,  t.  XIV,  col.  229.) 

Un  procès-verbal,  existant  aux  archives  du  cha- 
pitre catbédral  du  Mans,  constate  que  le  tombeau 
de  Geoffroy  fut  détruit  en    1562   par  les  Calvi- 


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—  107  — 

nistes.  «  Entre  les  dicts  deux  autelz  derniers, 
contre  un  pillier,  vers  ladite  nef,  y  avoit  un  mo- 
nument et  sépulture  de  pierre  de  taille  d'un  sei- 
gneur anglois  fort  anticque  et  magnificque  ;  amorty 
en  franc  d'espic,  sur  lequel  il  y  avoit  trois  testes 
fort  anticques  dont  l'une  estoit  de  marbre  vallant 
huit  cens  livres  tournois.  » 

Trouillard  {Histoire  des  comtes  du  Maine,  1643) 
dit  que  «  le  portrait  de  Geoffroy  e-st  gravé  dans  une 
table  de  cuivre  émaillé,  et  affiché  à  une  des  colonnes 
de  la  nef  de  l'église  du  Mans.  »  Le  P.  Anselme  et 
ses  continuateurs  (Histoire  généalogique  de  la 
Maison  de  France,  t.  VI,  p.  19)  reproduisent 
l'assertion  de  Trouillard.  Enfin,  la  plaque  est  per- 
cée de  cinquante  petits  trous  ronds. 

Résumons.  Guillaume  de  Passavant  érigea,  sur 
la  sépulture  de  Geoffroy,  un  magnifique  mausolée, 
où  brillait  une  image  plate  {impressa)  àa  défunt, 
image  fabriquée  en  cuivre  et  en  émail  :  les  écri- 
vains du  Moyen  âge  n'y  regardaient  pas  de  si  prés; 
sous  leur  plume,  le  cuivre  doré  devenait  de  l'or, 
et  ils  nommaient  indifféremment  lapis  toute  sub- 
stance minérale  non  métallique,  façonnée  en  tables 
polies.  Le  cénotaphe,  adossé  contre  un  pilier  de 
la  nef,  fut  brisé,  en  1562,  par  les  Cdvinistes, 
impitoyables  destructeurs  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre avec  les  Luthériens,  auxquels  l'Allemagne 
doit  la  conservation  de  tant  de  précieuses  épaves 
liturgiques.  Le  gros  œuvre  était  en  pierres  de 
taille  où  l'on  avait  introduit  des  fragments  anti- 
ques. L'effigie,  amortie  en  franc  d'espic  —  ces 
termes  s'appliquent- ils  au  travail  de  la  plaque  ou 


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—  108  — 

à  l'accoutrement  du  personnage?  Personne  n'a  su 
me  le  dire,  —  est  alors  attribuée  à  un  seigneur 
anglais,  preuve  d'ignorance  ou  de  négligence 
dans  un  moment  de  troubles.  Le  chapitre  man- 
ceau  se  montra  plus  tard  mieux  renseigné,  il 
restitua  au  défunt  son  véritable  nom,  et  il  fît 
clouer  le  portrait  à  un  pilier  de  la  nef,  en  sou- 
venir de  la  place  qu'occupait  jadis  le  mausolée. 

Les  gens  les  plus  difficiles  se  contenteraient  de 
ce  qui  précède;  on  peut  y  ajouter  encore  quelque 
chose. 

Nous  voyons  sur  l'émail  un  homme  à  la  fleur 
de  l'âge;  physionomie  pleine,  dont  une  certaine 
vivacité  de  regard  anime  la  douceur  quelque  peu 
moutonne  ;  barbe  courte  et  bouclée  ;  chevelure  lon- 
gue et  flottante.  (Le  Moyen  âge  et  la  Renaissance, 
Émaux.  Viollet-le-Duc,  Dictionnaire  du  mobilier 
français,  t.  II,  pi.  XLI.  Hucher,  L'Émail  de  Geof- 
froy Plantagenet,  in-folio,  photochromie).  Do  pa- 
reils traits  ne  sauraient  convenir  à  Henri  II,  mort 
à  cinquante-sept  ans,  usé  de  cliagrins  et  bourrelé 
de  remords;  d'ailleurs  Henri,  décédé  en  1189,  sur- 
vécut à  Guillaume  de  Passavant  qui  ne  put  ainsi 
rien  consacrer  à  la  mémoire  de  son  prince.  Au 
rebours,  ce  faciès  juvénile  caractérise  parfaite- 
ment Geoffroy,  souverain  giierroyeur,  mais  a  com- 
patissant, généreux,  aimé  du  populaire  pour  sa 
mine  ouverte  et  avenante.  »  (Célestin  Port,  JVom- 
velle  Biographie  générale,  t.  XX,  col.  10.)  Geof- 
froy termina  sa  cariiére  en  1151,  à  la  suite  d'une 
imprudence;  il  avait  à  peine  trente-huit  ans. 
Comme  pièce  à  l'appui,  je  signalerai  encore  un 


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véritable  sosie  de  l'émail,  illustrant  un  manuscrit 
du  xu'  siècle  de  la  collection  de  Kerrick,  en  An- 
gleterre. Alexandre  Lenoir,  qui  l'a  publié  {Musée 
des  monuments  français,  t.  Vil,  p.  83)  y  soup- 
çonne la  pensée  originale  de  notre  plaque,  et  il 
y  reconnaît  Geoffroy;  le  baron  de  Roujoux  et  Alfred 
Miingaet  (Histoire  d'Angleter?'e,  t.  I,  p.  185,  fig., 
1844)  partagent  l'avis  de  Lenoir  quant  à  la  dési- 
gnation du  personnage. 

En  concordance  remarquable  avec  le  texte  de 
Jean  de  Marmoutiers,  superbis  ruinam,  humi- 
libus  gratiam  distribuera  videtur,  l'inscription 
métrique  surmontant  l'image, 

EnSE  TUO,  PRINCEPS,  PREDONUM  TUEBA  FUGATUB, 
ECCLESIISQUE  OUIES  PAGE  VIGENTE  DATUR, 

me  parait  être,  non  une  formule  ù^ex-voto,  mais 
une  apostrophe  adressée  à  un  mort  inhumé  juste 
en  dessous,  et  dont  le  nom  était  rappelé  dans  une 
épitaphe  indépendante,  gravée  sur  le  massif  du 
sarcophage.  Cette  épitaphe  n'existait  plus  au  xvi' 
siècle,  et  nul  écrit  n'en  a  conservé  la  teneur.  Quoi- 
qu'il en  soit,  on  n'en  saurait  aujourd'hui  douter, 
notre  émail  est  une  épave  du  tombeau  érigé  par 
Guillaume  de  Passavant  à  la  mémoire  de  son 
maître  bien-aimé,  épave  qu'une  main  courageuse 
et  intelligente  put  soustraire  au  sac  de  1562. 

Un  coup  d'œil  jeté  sur  la- carcasse  du  cénotaphe 
d'Eilger  suffît  pour  faire  comprendre  l'ordonnance 
du  mausolée  de  Geoffroy.  Le  premier  était  en  bois 
revêtu  de  cuivre;  le  seconil,  en  pierre  agrémentée 
de, débris  antiques;  mais  tous  deu'i  furent  conçus 
et  exécutés  par  des  artistes  indigènes;  une  effigie 


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—  110  — 

émaillée,  fabriquée  à  Limoges  sur  mesure,  les  dé- 
corait l'un  et  l'autre.  Au  Mans,  cinquante  rivets 
fixaient  l'émail,  vraisemblablement  à  une  planche 
encastrée  dans  la  maçonnerie  —  le  pilier  de  la  nef 
porte  encore  les  traces  visibles  des  six  ou  sept 
crampons  de  fer  qui  y  attachèrent  la  pièce;  — à 
Angers,  ou  il  n'y  avait  que  de  la  menuiserie, 
l'annexe  pénétrait  sans  doute  à  frottement,  ce  qui 
peut  expliquer  la  grande  facilité  qu'on  eût  de 
l'extraire  en  1757. 

Accusant  une  complète  identité  de  technique, 
sorties  peut-être  du  même  atelier,  les  plaques 
d'Eulger  et  de  Geoffroy  sont  évidemment  contem- 
poraines. L'évêque  Guillaume  dut  se  hâter,  et, 
quand  même  il  aurait  été  entravé  dans  son  des- 
sein, un  retard  de  dix  ans  serait  déjà  foi-t  long, 
aussi  je  me  refuse  à  dépasser  la  limite  de  1160. 
Le  champ  et  la  bordure  intérieure  de  l'émail  du 
Mans  offrent,  semblablement  aux  médaillons  de 
Conques,  de  larges  cuves,  où  des  rinceaux,  un 
papelonné,  des  mouchetures  d'hermines  (fleurettes) 
monochromes,  se  détachent  vigoureusement  sur 
un  fond  métallique;  aux  angles  rentrants  des  vo- 
lutes bleu-foncé,  surgit  une  languette  blanche  jux- 
taposée; Limoges  accentuait  davantage  les  sépara- 
tions à  la  fln  du  xn'  siècle.  Le  personnage  est 
magistralement  campé;  les  broderies  et  les  sym- 
boles hèraldiijues  témoignent  d'une  remarquable 
entente  de  l'épargne  gravée;  les  minces  filets  d'or 
qui  esquissent  les  plis  des  vêtements  sont  sobre- 
ment l'épartis.  Le  ton  de  ces  vêtements  est  à  peu 
près  uniforme  :  cotte  d'armes  verte,  manteau  et 


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robe  bleu<-lair;  néanmoins,  un  limbe  nué  de  trois 
couleurs  arrête  le  bas  de  la  cotte  d'armes;  le 
bleu-clair  de  la  robe,  des  chapiteaux  et  des  pal- 
mettes  du  cadre  est  légèrement  rechampi  de  blanc. 

Les  lettres  de  l'inscription  sont  carrées,  hormis 
deux  Ë  lunaires  contre  huit  latins. 

J'avançais  en  1883,  mon  cher  ami,  que  la  Vision 
de  saint  Etienne  de  Muret  et  V Adoration  des 
Mages,  au  musée  de  Cluny,  étaient  contempo- 
raines de  la  plaque  du  Mans,  avec  une  simple  dif- 
férence d'ateliers.  Les  panneaux  de  Cluny  —  je  ne 
puis  me  résoudre  à  les  séparer  malgré  des  objec- 
tions spécieuses  —  proviennent  tous  deux  de  la 
châsse  majeure  de  Grandmont  fabriquée  vers  1 189. 
Certaines  affinités  techniques  avec  l'émail  de  Geof- 
froy y  sont  constantes;  même  emploi  de  la  ré- 
serve, même  système  de  rubans,  mêmes  juxta- 
posés, mêmes  rechampis.  Des  analogies  passons  à 
l'énumération  des  écarts.  Au  Mans,  ampleur  de 
style,  gamme  sévère  et  harmonieuse;  à  Grand- 
mont,  dessin  moins  correct,  recherche  quelque  [«u 
maniérée,  entassement  de  détails,  massifs  de  rouge 
attirant  l'œil.  Aujourd'hui  la  contemporanéité,  que 
je  croyais  absolue,  devient  pour  moi  relative;  si 
j'attribue  à  l'émail  de  Geoffroy  une  priorité  mini- 
mum de  trente  ans  sur  les  panneaux  de  Cluny, 
c'est  qu'un  tel  laps  de  temps  permet  au  bien  de 
se  changer  en  mieux,  et  le  mieux  est  trop  sou- 
vent l'ennemi  du  bien. 

L'inflaeni-e  allemande  se  manifeste-t-elle  sur  la 
plaque  du  Mans?  11  me  paraît  très  vraisemblable 
que  les  tons  nues  et  l'association  des  réserves  au.\ 


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milieux  colorés  sont  d'importation  germanique; 
hors  de  là,  l'émail  de  Geoffroy  est,  comme  celui 
d'Eulger,  une  œuvre  parfaitement  originale.  En 
serait-il  autrement,  que  le  mérite  d'avoir  fabriqué 
les  plus  grands  champlevés  connus  resterait  tou-  ' 
jours  à  Limoges;  le  pied  de  croix  de  Saint-Denys 
comportait  soixante-huit  sujets,  dont  aucun  ne 
pouvait  atteindre  les  hauteurs  de  0"'48'  et  de  0"63'. 
La  hardiesse  des  Limousins  en  fait  de  dimensions 
éclate  encore  dans  leurs  ouvrages  de  peinture  vi- 
trifiée ;  témoins  : .  les  Apôtres  de  Saint-Père,  à 
Chartres,  le  Crucifix  de  M.  de  Montégut,  à  Paris, 
et  par  dessus  tout  les  énormes  plaques  de  Pierre 
Courteys,  au  musée  de  Cluny.  La  taille  de  ces  der- 
nières, qui  mesurent  1"65'  sur  i"00,  n'a  été  égalée 
que  par  les  céramistes  italiens,  dont  l'excipient 
d'argile  et  la  gamme  restreinte  ne  présentaient 
pas  les  difEicultés  du  métal  et  de  la  riche  palette 
des  Limousins. 

UNE  NOUVELLE  FORME  DU  NOM  ALPAIS 

M.  Louis  de  Veyrières  a  bien  voulu  m'adresser 
la  lettre  suivante,  écrite  de  Beaidieu  (Corrèze)  le 
il  décembre  1883  : 

«  Permettez-moi,  Monsieur,  de  vous  envoyer  une  autre 
forme  du  nom  A'Alpais,  que  vous  pensez  itevoir  êli-e  pro- 
noncé Alpé.  Je  l'ai  trouvé  inscrit  différemment  sur  un  acte 
de  1461,  où  il  est  porté  par  un  notaire  de  Meymac  Ci- 
jointe  1 1  copie  exacte  du  signiim  flcïii"onné  de  notre  tribel- 
lion  et  dc^  lignes  qui  accompagnent  re  seing  : 

El  me  Antonio  Atpaijs,  villx  de  Meymaco,  Lemoviceiists  dû)- 
eesis. 


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-  It3  — 

L'orthographe  Alpays,  avec  un  y,  induit  à  penser  que 
l'on  devait  appuyer  sur  la  dernière  voyelle  et  l'articuler  ï. 
Dans  tous  les  cas,  il  s'agit  d'un  nom  patronymique  assez 
commun  en  Limousin,  nom  qui,  en  Langue  d'Oc,  pourrait 
bien  signifier  au  pays  ou  te  pays.  » 

Je  pense  que  M.  Dai'cel,  après  avoir  lu  la  note 
ci-dessus,  renoncera  comme  moi  à  la  prononciation 
normande  Alpé,  pour  adopter  le  sentiment  très 
rationnel  de  M.  de  Veyrières. 

PÈLERINAGES 

Vous  le  savez  de  reste,  mon  cher  ami,  il  me 
serait  difficile  de  parcourir  l'hospitalière  Belgique 
sans  y  glaner  quelques  documents  de  haut  intérêt 
pour  votre  terre  natale.  Ce  que  Liège  m'avait  fourni 
en  1883,  je  viens  de  le  rencontrer  aussi  h  Namur, 
en  Flandre,  en  Hainaut,  mais  dans  des  proportions 
beaucoup  plus  vastes.  11  ne  s'agit  pas  seulement 
ici  de  délits  ou  de  crimes  isolés,  punis  par  un 
pèlerinage  exotique  ;  les  conséquences  d'une  guerre, 
un  traité  de  paix,  l'admission  dans  une  confrérie 
charitable,  envoyent  aux  pays  lointains  toutes  les 
classes  sans  exception,  depuis  le  souverain  lui- 
même  jusqu'à  l'humhle  artisan.  Chacun  pouvait, 
il  est  vrai,  s'exempter  du  voyage  moyennant  une 
compensation  pécuniaire,  ou  bien  en  se  substituait 
un  procureur;  néanmoins  la  somme  à  payer  étant 
généralement  très  élevée,  les  remplaçants  coûtant 
assez  cher,  les  riches  seuls  avaient  la  possibilité 
de  se  soustraire  à  des  obligations  assurément  fort 
pénibles.  Les  vieux  parchemins  n'accordent  que  de 
rares  articles  aux  pèlerinages  de  simple  dévotion  ; 


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volontaires,  personnels,  n'offrant  rien  qui  méritât 
un  souvenir,  ces  pèlerinages  ont  laissé  peu  de 
traces  écrites,  mais  leur  fréquence  se  devine  aisé- 
ment à  côté  des  voyages  imposés.  Je  reproduis  les 
documents  relatifs  à  Saint-Jacques  de  Galice  et  à 
certains  usages  tournaisiens  en  rapports  Indirects 
ave'  la  question  principale;  j'ai  cru  que  l'on  ne 
serait  pas  fàclié  de  les  connaître  en  Limousin. 

Guère  plus  que  ma  récolte  de  l'an  dernier,  le 
butin  de  1884  n'a  de  prétentions  à  l'inédit;  quatre 
articles  au  juste  sont  entièrement  nouveaux.  Le 
seul  mérite  qui  m'incombe  est  d'avoir  groupé  des 
matériaux  disséminés  à  droite  et  à  gauche.  La 
longueur  de  quelques  citations  étonnera  peut-être; 
elles  n'ont  pas  été  condensées,  attendu  que  plu- 
sieurs de  leurs  formes  orthographiques  me  parais- 
sent devoir  intéresser  la  philologie  aquitaine,  et 
que  les  héraWistes  sont  toujours  friands  de  noms 
propres. 
Les  pièces  ci-dessous  ne  tombèrent  pas  préci- 
.  sèment  du  ciel  dans  mon  portefeuille.  Aux  amis, 
aux  confrères  qui  me  les  ont  généreusement  p;o- 
curées  ou  indiquées,  j'adresse  le  meilleur  témoi- 
gnage d'une  cordiale  gratitude;  on  trouvera,  dési- 
gnée au  bas  de  chaque  article,  la  source  où  je 
l'ai  obtenu. 

NAMUR 

«  Vers  la  fin  du  xiv'  siècle,  à  la  suite  d'un 
abandon  donné  à  la  ville  de  Huy  par  Lukin  de 
Chastelnuev  (Casteh)uovo),  le  Lombard,  sur  Ru- 
phin,  pelletier  lombard,  (les  dissensions  éclatèrent 


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—  115  — 

entre  les  Hutois  d'une  part,  le  comte  de  Namur, 
ses  officiers  et  ses  sujets  d'autre  part.  Elles  ame- 
nèrent, comme  toujours,  des  meurtres,  des  incen- 
dies et  des  ravages  de  toute  nature.  La  rencontre 
la  plus  sanglante  eut  lieu  entre  Meelîe  et  Was- 
seige;  cette  fois,  la  victoire  resta  aux  Namnrois 
qni  tuèrent  quatorze  de  leurs  adversaires  et  ne 
perdirent  que  deux  combattants.  Néanmoins  cet 
avantage  fut  assez  durement  acheté.  En  effet,  les 
parties  ne  tardèrent  pas  à  se  soumettre  à  l'arbi- 
trage d'Arnoul  do  Homes,  évèque  de  Liège,  du 
Chapitre  de  Saint-Lambert,  ainsi  que  des  maîtres, 
jurés,  gouverneurs  et  conseils  des  villes  de  Liège, 
Dinant,  Tongreset  Saint- Trond.  Les  arbitres  s'étant 
réunis  à  Meeffe,  y  procédèrent  à  une  enquête  et 
rendirent  leur  sentence  le  29  juillet  1384.  Par 
cet  acte,  ils  déclarent  que  bonne  paix  sera  jurée 
entre  les  deux  parties,  pour  tous  les  faits  per- 
pétrés jusqu'à  ce  jour.  A  cet  effet,  les  prisonniers 
seront  remis  de  paît  et  d'autre,  sans  rani;on,  et 
la  restitution  réciproque  sera  faite  des  biens  enlevés 
pendant  la  guerre.  Le  comte  de  Namur  et  ses  sujets 
sont  déchargés  de  toute  obligation  résultant  de 
Vabandon  fait  par  le  Lombard  Lukin;  toutefois 
les  Hutois  pourront  traduire  personnellement  ce 
dernier  en  justice,  devant  Guillaume  1'"'  ou  ses 
tribunaux.  Pour  la  réparation  de  la  mort  des 
quatorze  Hutois,  cinquante-six  personnes  notables 
du  comté  de  Namur  seront  tenues  à  des  pèleri- 
nages dans  les  pays  d'Outre-Mer  (Chypre  et  Jéru- 
salem), à  Saint-Jacques  en  Galice,  à  Notre-Dame 
de  Rocamadoui-,  ou  à  la  Sainte-Larme  de  Ven- 


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—  116  — 

dôme.  Ces  personnages  s'engagèrent  sur  l'honneur, 
devant  l'échevinage  de  Liège,  à  accomplir  leurs 
pèlerinages  dans  le  mois  de  mars  suivant.  Quant 
aux  Hutois,  ils  sont  déclarés  absous  du  chef  du 
meurtre  des  deux  Namurois  et  de  tous  autres  cas 
de  violence. 

B  Le  jour  suivant,  30  juillet,  les  mêmes  arbi- 
t;es  désignèrent  les  cinquante-si.t  personnes  qui 
devaient  s'astreindre  aux  pèlerinages  mentionnés 
dans  la  sentence  de  la  veille.  Pour  chaque  mort, 
quatre  d'entre  elles  devaient  chacune  un  voyage  : 
la  première,  dans  les  pays  d'Outre-Mer;  la  seconde, 
à  Saint-Jacques  en  Galice;  la  troisième,  à  Notre- 
Dame  de  Rocamadour;  la  quatrième,  enfin,  à  la 
Sainte-Larme  de  Vendôme.  Chacune  de  ces  voies 
étant  respectivement  taxée  à  40,  à  90,  à  10,  à  5 
francs  d'or  de  France,  il  fut  déclaré  que  les  pro- 
ches des  Hutois  occis  auraient  le  droit,  avant  la 
Noël,  d'exiger  l'accomplissement  des  voyages  ou  la 
taxe  fixée,  soit  75  francs  pour  chaque  mort.  Mais, 
du  moment  où  l'un  des  intéressés  aurait  opté  pour 
l'indemnité  pécuniaire,  les  autres  aussi  devraient 
se  contenter  de  recevoir  l'argent. 

»  Les  Hutois  préférèrent  l'argent.  Cela  résulte 
du  document  par  lequel  les  échevins  de  Liège 
attestent,  sous  la  date  du  25  décembre  1385,  que 
les  amendes  en  question,  à  savoir  75  francs  pour 
chacun  des  quatorae  Hutois  tués,  ont  été  payées 
par  Godefroid  de  Ville,  'chevalier,  Henri  des  Co- 
mognes  et  Michar  de  Warisoulx,  agissant  au  nom 
des  cinquante-six  personnes  obligées,  et  que,  par- 
tant, ces  dernières  sont  entièrement  dégagées.  » 


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—  Ii7  — 

Nos  Arnoul,  par  la  grasce  de  Dieu,  cvesque  de  Liège  et 
contes  de  Los,  li  doyen,  capitle  et  11  maistrez,  jurelz, 
gouverneurs  et  consel  de  la  cytet  de  Liège  et  dez  bonncz 
viUez  de  Dynant,  de  Tongrez,  de  SaiDlron,  nommez  et 
esleus  juges,  arbitres,  arbltratours  et  amlablez  composi- 
tours  sur  lez  debas  esmeus  entre  noble  et  puissant  prinche 
le  conte  de  Namur,  ses  justichez,  oâlcîei-s  et  subges  dune 
part,  et  les  maistrez,  consel  et  université  de  la  bonne  ville 
de  Huy  d'autre,  à  la  cause  d'un  abandon  que  Lukin  le 
Lombart  avait  donné  à  la  ville  de  Huy  sur  Ruphin  le 
Lombart,  de  quel  débat  pluseurs  mort  dbommes,  arsina  et 
autrez  inconveniens  sont  perpétrez  et  suscitez  de  lune  par- 
tie et  de  lautre,  dezquelz  lesdictea  partiez  ont  eu  convent 
promis  et  scelle  par  certain  plackart  de  tenir  et  accomplir 

ce  que  nous  en  dirons  et  sentenceront  de  bonne  foy 

Pourquoy  nous,  veu  et  diligemment  examine  tout  ce  que 
li  une  partie  et  li  autre  nos  a  volu  dire  et  demoslrer,  eu 
aussi  sur  ce  délibération,  consel  et  avis  auz  banerez,  che- 
valiers, autrez  bonnez  viUez  et  le  remanant  de  nostte  pays, 
disons  et  pronunchons  tous  dun  accord  nostre  senteuche 

arbitrale  en  la  manière  que  chi  après  sensieut Item 

tant  que  a  quatorse  personnez  qui  sont  mors  de  la  partie 
de  ceulz  de  Huy,  diaoos  que  lez  quatorse  mors  de  la  partie 
de  ceulz  de  Huy  seront  amendez  en  le  manière  chi  desoubz 
escripte  par  chinquante  silex  personnez  souffissantez,  tant 
officiers  comme  autrez  de  la  conte  de  Namur  qui  furent 
sur  le  fait,  et  lezqueilez  personnez  qui  dolent  faire  les 
amendez  chi  desouLz  declareez  seront  denommeez  dedens 
demain  du  jour.  Et  est  assavoir  que  cascun  dez  mors 
dessus  dis  aura  quatre  voyagez  fais  par  quatre  dez  per- 
sonnez qui  seront  denommeez,  assavoir  une  voie  doultre- 
mer,  une  voie  de  Saint  Jaqueme  en  Galisse,  une  voie  de 
Rochemadou  et  une  voie  de  Vendôme  ;  lez  queillez  chln- 
q\iante  siiex  personez  soy  obligeront  sur  leur  honneur 
dedens  le  jour  de  lassumpcion  prochain  venant,  devant  les 
maieur  et  eschevins  de  Liège,  de  faire  bien  et  loyalment 
lesdis  voyagez  et  de  movoir  dedens  le  mois  de  march 


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-  118  — 

tantoust  ensuivant  la  daute  de   nostre  présente  pronun- 

tiation Fait,   ordonne,   publiiet  et   pronunchiet  ou 

palais  a  Liège  lan  de  grâce  mil  trois  cens  quatrevins 
et  quatre  le  vint  nuevesrae  jour  du  mois  de  jullet. 

(Archives  du  Royaume  :  Chartrier  de  ffamur;  Yidimus 
sur  parchemin.) 

Nous  Arnoul  etc faisons  savoir  a  tous  que  ci  après 

sensiet  la  déclaration  de  Ivj  personnes  souffisautez  de  la 
conte  de  Namur,  qui  point  ne  sont  ara  ne  silliez,  qui 
doient  faire  les  amendez  et  voyagez  des  xiiij  personnez  qui 
furent  mors  au  fait  entre  Meffe  et  Wasege,  ensi  que  la 
senlenche  et  oi-denanche  que  nous  pronunchamez  sur  ce 
aujourdhiier,  contient  que  faire  se  devoit.  Assavoir  pre- 
mier, pour  le  mort  Wautekinet  de  la  porte  Fretinez  fera 
Baroteal  de  Haineche  une  voie  doultremeir;  Michart  de 
Warizoul,  maieur  de  Namur,  une  voie  de  Saint  Jaque 
en  Galisse;  Andrier  ûl  Massait  Lambotiu,  une  voie  de 
Rochemadou  ;  Wautier  fll  del  seieur  messire  Waultier  de 
HymmelineZ;  une  voie  de  la  Larme  a  Vendôme.  Item 
pour  la  mort  Colart  d'Aven,  fera  Jehan  fllz  A....raut 
d'Acoche  une  voie  doultremeir;  Jehan  fil  damoiselle  Mar- 
gritte  d'Outreppe,  de  Saint  Jaque  en  Galisse;  Gilkin  de 
Vodechial,  de  Rochemadou;  Williaume  de  Vodechial,  de 
la  Larme.  Pour  la  mort  Lambot  le  Moulnier,  arbalestrier, 
fera  Henrart  fll  Johan  d'Otreppe  une  voie  doutremer; 
Henri  de  Longchampial ,  de  Saint  Jaque;  Jamolon  fll 
Ghyselin  Bertrand,  de  Rochemadou;  et  Wautier  Boulhet, 
de  la  Larme.  Item  pour  la  mort  Phillippe  Durosin  de 
Lanois,  ferat  Henrart  fll  Jehan  Douchet  une  voie  dou- 
tremer; Gerart  fil  messire  Gile  de  Hymmetinez,  de  Saint 
Jaque;  Jehan  del  Nouvecour  de  Hymetinez,  de  Roche- 
madou; Kiijorant  del  Cour  de  Henreche,  de  la  Larme. 
Item  pour  la  mort  Jamouton  fll  Jaquemin  d'Aile maingiie 
fera  Jehan  Hanbremal  une  voie  doutremer;  Jehan  dou 
Cellier,  de  Saint  Jaque  ;  Boudars  de  Poulhe,  de  Roche- 
madou; Phillippart  de  Soie,  de  la  Lai-me.  Item  pour  la 


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■-  119  — 

mort  Jehaa  Herloiez  de  Vilers  fera  Piron  le  Roy  une 
voie  doutremer;  Jehan  Homioiez,  de  Saint  Jaque;  Jehan 
de  Bealraina,  de  Rochemadou;  Hellîno  de  Tilliroulez,  de 
la  Larme.  Item  pour  la  mort  Lambot  Hubarl  fera  Robert 
de  Nivocourt  une  voie  doulremere  ;  Colars  des  Monchaulz, 
de  Saint  Jaque;  Godefrols  de  Hambrennez,  de  Roche- 
madou; Jehau  Hodial  de  Namur,  de  la  Larme.  Item  pour 
la  mort  Colin  de  Liiez  fera  Girardin  de  Hingion,  fil  le 
monneresae,  une  voie  doutremere;  Jehan  Hosdaing,  de 
Saint  Jaque;  Jehans  fil  Lambert  de  Brancbon,  de  Roche- 
madou; Golart  de  Raisart,  de  la  Larme.  Item  pour  la 
mort  Jehan  Goffet  fera  Hanclet  d'Ambressenea  une  voie 
doutremere;  Jehap  de  Lile  de  Hymetinez,  de  Saint  Jaque; 
Haokin  de  Bolinez,  de  Rochemadou;  Godefrois  fil  Jamart 
Jolit,  de  la  Larme.  Item  pour  la  mort  Machier  le  plakeur 
fera  Frankart  fil  le  boleugier  une  voie  doutremere;  Wille- 
met  fil  Waultier  le  poskin,  de  Saint-Jaque;  Balduwin  fil 
Gilkart  de  Hanreche,  de  Rochemadou;  Wautier  de  Weez 
escuier,  de  la  Larme.  Item  pour  la  mort  Reanechon  le 
banstier  fera  George  fil  Henemant  de  Hymetinnez  une 
voie  doutremere  ;  Pirat  Dierpens,  de  Saint  Jaque  ;  Henri 
fil  Godefroit  Palhet,  de  Rochemadou;  Jores  fil  Enjoran  de 
Wartaîng,  de  la  Larme.  Item  pour  la  mort  Ywena  le 
vigneron  fera  Gérard  fll  Phillippart  del  Cour  une  voie 
doutremere;  Pirechon  li  Begbe  de  Namur,  de  Saint  Jaque; 
Francbolez  Paque,  de  Rochemadou  ;  maistre  Jehan  de  Flo- 
reffe,  de  la  Larme.  Item  pour  la  mort  Biertholeit  Galoie 
fera  Jehan  de  Hymetinez  demourans  en  Charliers  de 
Namur  une  voie  doutremer;  Renechon  le  machon,  de 
Saint  Jaque;  Colin  Bochart,  de  Rochemadou;  Jehan  Pla- 
car,  de  la  Larme.  Et  pour  le  mort  Kiney  de  Halley  fera 
maistre  Gile  de  Gembloux  parmenteura  une  voie  doutre- 
mer; Coliu  Brohon  li  fevre,  de  Saint  Jaque;  Pirechon 
"Ëorart,  de  Rochemadou;  Henri  de  Houit,  de  la  Laime. 
Par  ensi  que  cascune  dez  voiez  doutremer  dessus  dites 
est  taiée  a  xl  frans  de  Franche  dor,  le  voie  de  Saint 
Jaque  a  xx  frans,  le  voie  de  Rocltemadou  a  x  frans,  le 


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—  120  — 

voie  de  la  Larme  a  v  francs;  par  condition  teile  que  li 
plus  proismez  des  xiiij  personnez  dez  mora  de  Huy  dessus 
nommez  pourront  et  devront  eslire,  dedens  le  jour  de  Noël 
prochain  venant,  lea  voyagez  ou  largent,  ensi  que  tazet 
est,  en  lieu  des  voiagez,  li  queii  que  miech  leur  plairat. 
Ce  adjouste  se  aucuns  dez  proismez  dez  mors  de  Huy 
dessus  dis  prendoit  ou  voulsist  avoir  argent  daucun  ou  de 
pluseurs  dez  volage  dessus  déclarez,  dont  devront  tous  11 
autrez  prendre  pour  leur  amende  argent  semblable,  selon 
la  taxation  dessus  dicte,  et  nient  voiage.  Et  sil  avenoît 
que  aucun  ou  pluseurs  des  Ivj  personnez  dessus  dictes 
fuist  ou  fuissent  ou  volsist  ou  volsissent  estre  rebellez  et 
nient  faire  ne  entreprendre  lez  voyagez  a  11  ou  a  yaux 
injoins,  Il  conte  de  Namur  y  poroit  et  devroit,  en  lieu  de 
cheli  ou  de  chiaux  qui  ensi  seroit  ou  seroieat  rebellez, 
comme  dit  est,  mètre,  constUuer  et  estaublir  autrez  per- 
sonne ou  personnez  aussi  souiQssant  de  chiaux  qui  furent 
de  la  conte  de  Namur  sur  le  fait  y  naguiere  perpetreit 
entre  Meffe  et  Waselge,  au  décret  et  ordlnanche  de  nous 

lez  arbitrez  dessus  nommez lan  de  grâce  mil  trois  cens 

quatrevins  et  quatre,  le  pénultième  jour  dou  mois  de 
juUet. 

(Archives  du  Royaume  :  Chartrier  de  Namur;  Vidimus 
sur  parchemin.) 

Quittanches  et  ensengnemens  fais  lan  mil  trois  cens 
wltante  et  chinques,  le  jour  du  Noeil,  maires  Frans  Hons 
de  Hollengnoulez,  esquevins  Hacourt,  Rosseaz,  Warouz, 
Jehans  del  Colr,  Gerars,  Jehans  et  Wilhames  de  Berses 
et  Jobans  de  Frens.  Sachent  tuit  que  par  le  vigeur  dune 
pais  faite  entre  noble  prinche  monsaingneur  le  conte  de 
Namur  dune  part,  et  cheauz  de  Huy  dautre  part,  chln- 
quante  siiez  personnes  délie  conîeit  de  Namur  soy  obli- 
garent  singulièrement  pardevant  nous  envers  quatorse 
hommes  de  Huy  de  certaines  voiez  doutremeir  de  Saint 
Jakeme,  de  Rochemadut  et  de  Vendôme,  assavoir  sont  li 
xiiij  hommes  envers  lesqueils  les  oblîganches  furent  fai- 


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—  121  — 

tes  :  Lambot  li  falconiers,  Johan  délie  Porte,  Johans 
Marnaule  de  Versey,  Hankines  de  Roseur,  PhiUppot  de 
Lanois,  Gilchons  de  ViUeir,  Jakemiens  d'AUemangne,  Ha- 
nekare  de  Liiez,  Wateles  li  banscellers  d'Avennez,  Johans 
■  Malhe  tout  ens,  Wateles  d'Avennez,  Lambere  Cowe,  Ber- 
thole  Galoie  et  Godiscal  de  Tniwegniez.  Et  laditte  pais 
contenist  que  li  xiiij  hommes  devant  dis  avoyent  leur 
élection,  dedens  le  jour  duy,  de  prendre  les  voies  ou  lar- 
gent,  assavoir  cascung  deaux  sissante  et  quinze  fraas  de 
Fraace  dor;  et  furent  si  conselhiez  li  xiiij  hommes  de 
Huy  devant  escripts,  ou  cheaus  az  quels  donations  avoit 
esteit  faite  par  les  alcoos  deauz,  enSi  quil  appert  en  che 
registre,  quil  choisirent  largent;  et  laditte  élection  par 
eauz  faite,  ilh  furent  bien  paiiez  par  Mous.  Godefroid  de 
Ville,  chevalier,  Henry  des  Comongnez  et  Mîchal  de  Wa- 
risoul,  chu  paians  de  part  les  lyj  obligiez  a  caacon  des 
xiiij  devant  dit  Ixxv  frans,  teilement  quil  furent  contens 
et  soy  tinrent  pour  soûls  et  pour  bien  paiiez,  et  quittont  et 
quittent  clamont  les  Ivj  obligiez  escripts  en  che  registre 

et  cascuns  deauz  par  ly  singulièrement —  Donneit  par 

copie  desoz  les  seaz  monsaingnour  Basson  de  Hacourt, 
chevalier,  et  Gérard  délie  Hamaide,  nous  maistres  et 
comesquevins  de  Liège,  desquels  nous  usons  en  semblant 
cas,  sour  lan  de  grasce  mil  ccc  Ixxxv  le  jour  des  saints 
Innocens. 

(Archives  du  Royaume  :  Cbartrier  de  Namur;  copie  au- 
thentique sur  parchemin.) 

Jules  Borgnet,  Documents  inédits  sur  les  guerres  entre 
Namur  et  Liège,  ap.  Annales  de  la  Soeiilé  arehéologûjue  de 
Namur,  t,  VI,  p.  432  à  441. 

BOUVIGNES 

Le  zvij  jour  du  mois  de  mars  (1467  ou  1468)  pardevant 
Piere  de  Rommignot  a  la  première  fois  quil  estoit  maieur 
et  eschevîn  de  Bovingnes,  presens  Pierart  Chesneau, 
Jacquemen  Bachart,  Jehan  de  Glymes  dit  de  Jodoingne 


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—  t22  — 

et  Jehan  le  Chiane  eschevins,  sobliga  Mathieu  Sacreit  dua 
Toyaige  de  Rochemadoul  envers  Massart  de  Jamaigne,  si 
hault  que  loy  et  usaige  du  pays  de  la  conte  de  Namur 
porte  a  paîer  aus  us  et  constituez  dudit  pays  en  nom  et 
pour  réparation  et  amendiese  faisant  audit  Massart  pour 
aucun  delictz  et  ofFence  par  lui  delinquie  alencontre  dice- 
lui  Massart. 

Le  xxj  jour  dapvril  (xiv)  IxviiJ  pardevant  Lienart  Po- 
cache  lieutenant  maieur  de  par  Piere  de  Rommignot 
maieur  de  Bouvignes,  presens  Pierart  Ghesneau  et  Jac- 
quemin  Bachart  eschevins,  sobliga  Henrart  Darras  si 
hault  que  loy  et  usaiges  du  pays  porte  envers  Gilechon 
de  Faing  pour  certain  débat  et  différent  quil  avoient  eust 
hin  a  lautre  de  paier  ung  en  nom  damendiese  faisant 
audit  Gilechon  ung  voyaige  de  Notre  Damme  de  Roche- 
madoul et  le  paier  aus  usaiges  et  coustumes  du  pays  et 
coDte  de  Namur. 

Le  ix"  jour  de  febvrier  lan  (xiv)  Ixix  pardevant  Jehan 
le  Chisne  lieutenant  maieur  de  mess*  Ënglebert  Doblet, 
chevalier,  souverain  mayeur  de  Bouvigne,  presens  Pierart 
Ghesneau,  Jacquemen  Bachart,  Jehan  de  Glymes  dit  de 
Jodoingne,  Jehan  de  Villefaingne  et  Lienart  Pocache 
eschevins  sobliga  Lambert  de  Verbois,  fil  de  Paulus  de 
Verbois,  souffissamment  si  hault  que  loy  et  usaige  du 
pays  porte,  de  paier  ung  voyaige  a  Nostre  Dame  de  Ro- 
chemadoul a  pour  mon  très  redoubte  S'  Mons'  le  duc  de 
Bourgogne  conte  de  Namur  pour  certain  delict  et  offence 
par  lui  commis  delinquîe  a  lencontre  de  la  haulteur  et 
seigneurie  dicelui  S'  a  la  personne  de  Jehan  le  Queulletie 
tout  en  lui  bûchant  de  nuict  hors  de  sa  maison  comme 
contre  lui  monescheant.  Icelui  voyaige  a  paier  a  la  se- 
monce du  maieur  de  Bouvigne  en  nom  de  mondit  S'. 

(Archives  de  l'État,  à  Namur;  Anciens  greffes  scabi- 
naux.  Bouvignes,  Registre  aux  voyages  obligés,  1458  à 
1538;  n"  1345.  Communication  de  M.  D.  Van  de  Gaateele, 
Conservateur  des  archives  de  l'État,  à  Namur.) 


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-  123  — 

ROBERT  DE  BÉTHUNE,  COMTE  DE  FLANDRE 

1"  septembre  13i6.  Traité  de  paix  conclu  entre 
Philippe,  comte  de  Poitiers,  régent  du  royaume 
de  France,  et  Robert  de  Béthune,  comte  de 
Flandre.  On  y  trouve,  parmi  les  conditions,  un 
article  ainsi  formulé  : 

Et  lidiz  mesire  de  Poitiers  raportera  et  dira  que  lidiz 
cueus  Robert  de  Flandres  ira  outre  mer  avec  lui  ou  avec 
celui  qui  sera  roys  de  France  quaot  generauls  passaige 
sera,  se  il  est  en  estât  que  il  K  puisse  aler;  et  messire 
Robert,  ses  fuilz,  ira  dedans  un  an  en  pèlerinage  a  saint 
Jaques  en  Galice,  a  Nostre  Dame  de  Roichemadoi-,  a 
Noatre  Dame  de  Vauvert,  a  saint  GiUe  en  Provance  et  a 
Nostre  Dame  de  Puy....  (Original  aux  archives  du  Dépar- 
tement du  Nord;  copie  coUationnée  et  authentiquée  aux 
archives  de  la  ville  de  Courtrai.  Communication  de 
M.  Jean  van  Ruymbeke.) 

BRUGES  ET  COURTRAI 

19  avril  1326.  Lettres  patentes  du  roi  de  France, 
Charles  te  Bel,  ratifiant  la  paix  d'Arqués.  Il  agrée 
les  offres  que  les  Flamands  révoltés  ont  faites  à 
ses  commissaires  pour  rétablir  la  paix  entre  le 
comte  de  Flandre  et  ses  sujets  de  Bruges,  d'Ypres, 
de  Courtrai  et  du  Franc.  Au  nombre  des  points 
stipulés  :  «  En  expiation  de  l'attentat  dirigé  contre 
leur  comte,  ceux  de  Bruges  et  de  Courtrai  enver- 
ront cent  pèlerins  à  Saint-Jacques  en  Galice,  cent 
à  Saint-Gilles  et  à  Notre-Dame  de  Vauvert,  et  cent 
à  Notre-Dame  de  Rochemadour.  Les  dits  pèleri- 
nages rachetables  moyennant  dix  mille  livres  tour- 
nois. »  {Archives  de  la  ville  de  Bruges,  GroeneJi- 


DigmzcdbyGoOgle 


bouc  C,  fol.  52;  Inventaire  des  archives  de 
Bruges  par  L.  Gilliodts-van  Severen,  t.  I,  p.  356. 
Communication  de  M.  Jean  van  Ruymbeke.) 

TOURNAI 

«  En  1431,  un  ménestrel  du  bas-jeu,  nommé 
Denis  de  la  Rivière,  fut  condamné  à  faire  le  pèle- 
rinage de  Saint-Gilles,  en  Provence,  pour  avoir 
battu  et  navré  à  sang  Roger  Bernard,  ménestrel 
du  haut-vent.  Le  même  Denis  se  retrouve  de 
nouveau,  en  1434,  emwyé  en  pèlerinage  à  Saint- 
Hubert  pour  quelque  blessure  dans  une  rixe. 

»  Pierre  Tuscap,  tailleur  ou  graveur  de  lames 
(sépulcrales)  se  voit,  en  1430,  infliger  un  pèleri- 
nage à  Notre-Dame  de  Boulogne-sur-mer,  pour 
avoir  battu  une  femme.  En  1433,  on  le  condamne 
de  nouveau  à  un  pèlerinage  aux  Trois  Rois  de 
Cologne  pour  s'être  arrogé  la  qualité  de  bourgeois 
de  Tournai,  à  laquelle  il  n'avait  aucun  droit,  et 
s'être  permis  de  ce  chef  de  faire  une  arrestation 
illégale. 

»  En  1432,  Jean  Thomas,  tailleur  d'images^ 
est  condamné  à  un  pèlerinage  de  Saint-Gilles,  en 
Provence,  pour  avoir  navré  en  péril  d'affolurc 
Tassart  du  Tielt  sans  cause  raisonnable,  puis 
à  Cologne,  pour  avoir  blessé  d'un  pot  de  pierre 
3acqv.e-mart  de  Thumedes  et  lui  avoir  fait  une 
plaie  sur  le  chef. 

j>  En  1433,  un  autre  tailleur  d'images,  Gilles 
Brunel,  est  envoyé  à  Saint-Jacques  en  Galice  pour 
avoir  navré  en  péril  de  mort  Jean  Génois, 
tailleur  de  pierres.  » 


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—  125  — 

Nous  relevons,  en  1428,  une  condamnation  au 
pèlerinage  de  Hocamadour. 

Henri  le  Klen,  peintre,  a  lousjours,  pour  ce  que  par 
înformacion  et  autrement  est  apparu,  ledit  Lekien  estre 
coustumier  de  médire  et  mesparler  sur  autruy  et  meieme- 
ment  de  dire  et  proférer  parolles  sêdicieuses  et  maison- 
naiis,  contendans  a  faire  tourble  et  division,  et  entre 
aultres  choses  davoir,  contre  vente  et  sans  cause,  uotte 
et  chargie  messeigneurs  les  commis  esleus  ou  nom  de  la 
commuuite,  davoir  este  cause  des  pugnicions  a  exécutions 
qui  se  sont  fàictes  puis  nagueres  de  pluiseurs  pour  leurs 
démérites,  en  demandant  se  on  vouloit  encore  i-avoir  des 
autres  commis  pour  faire  copper  testes  comme  on  avoit 
lait,  et  les  mettre  en  liodignacion  du  peuple  de  la  ville, 
et  autres  parolles  sentant  division,  en  perturbant  et  em- 
peschant  le  bien  de  paix  et  de  justice.  Et  ne  pourra 
ravoir  la  ville  que  ce  ne  soit  pas  le  gre,  assens  et  accord 
de  tout  le  peuple  et  communite  de  la  ville  pour  ce  assemble 
par  collèges  et  bannières,  et  fait  fine  dun  ban  de  deux  fois 
X  livi'es  et  fait  un  voyage  a  Nosire  Dame  de  Rochemadour. 
Fait  le  lundi  xxj  jour  de  mars  lan  mil  quatre  cens  vingt 
et  huit. 

La  famille  Lekien  ne  jouissait  pas  d'une  excel- 
lente réputation  à  Tournai,  a  Jean  le  Kien,  peintre, 
dut  payer  une  amende  de  10  livres,  par  sentence 
du  5  octobre  1440,  pour  avoir  vendu  des  marchan- 
dises frauduleuses,  consistant  en  feuilles  d'étain 
imitant  l'or  et  l'argent,  lesquelles  /ueilles  estans 
en  main  de  justice  furent  coTidempnees  a  ar- 
doir  devant  le  belfroy  ;  et  avec  ce  luy  fut  in- 
terdit et  a  tous  aultres  pointres  de  plus  user 
de  semblables,  sur  en  estre  griefvement  pugny 
a  le  discrecion  de  messeigneurs  prévôts  etjui'ez. 

«  Il  est  à  noter  que  l'on   n'accomplissait  les 


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pèlerinages  infligés  que  pour  autant'  que  l'on  ne 
fut  pas  en  état  de  les  racheter  à  beaux  deniers 
comptants,  an  taux  fixé.  » 

(Archives  de  Tournai,  Registres  de  la  loi.  Alex. 
Pinchart,  Quelques  artistes  et  artisans  de  Tour- 
nai, ap.  Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Bel- 
gique, t.  IV,  n°  12,  1882.) 

Un  établissement  charitable,  destiné  à  héberger 
les  pèlerins  de  passage,  existait  à  Tournai;  il  était 
desservi  par  une  confrérie  qui,  non-seulement, 
accueillait  les  pieux  voyageurs,  mais  encore  ten- 
dait à  propager-  la  dévotion  des  pèlerinages  en 
donnant  elle-même  l'exemple.  Comme  une  fonda- 
tion semblable  que  posséda  la  ville  d'Arras,  l'hô- 
pital tournaisien  avait  saint  Jacques  pour  patron, 
et  la  Galice  était  son  objectif  spécial.  Néanmoins, 
ainsi  que  je  l'ai  démontré  dans  ma  lettre  précé- 
dente, les  pèlerins  belges  à  destination  d'Espagne 
ayant  dû,  soit  à  l'aller,  soit  au  retour,  traverser 
forcément  Limoges,"  toute  pièce  exclusivement  re- 
lative aux  voyages  de  Compostelle  peut,  à  juste 
titre,  réclamer  sa  place  dans  une  publication 
limousine. 

Donnons  la  parole  à  un  historien  local. 

«  Les  archives  de  la  paroisse  (Saint-Jacques)  font 
mention,  au  xv*  et  au  xvi'  siècles,  de  la  Con- 
frérie de  Saint-Jacques.  Cette  confrérie  n'avait 
pas  son  siège  en  l'église  de  ce  nom,  mais  à  l'hô- 
pital érigé  sous  le  patronage  du  même  saint,  à 
l'emplacement  de  la  citadelle,  dans  l'ancienne  pa- 
roisse de  Sainte-Catherine. 

»  Il  existe  encore  aux  archives  de  la  Commis- 


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sion  des  Hospices  un  manuscrit  très  remarquable, 
dont  la  première  page  est  ornée  de  douze  minia- 
tures d'un  assez  beau  travail,  retraçant  les  prin- 
cipaux épisodes  de  ia  légende  de.  saint  Jacques. 
C'est  le  cartulaire  de  l'Hôpital  Saint-Jacques,  écrit 
de  la  main  d'un  clerc  nommé  Gossel  Maret  en 
1489.  MM.  Vandenbroek  et  Voisin  ont  fait  con- 
naître ce  document  dans  les  Bulletins  de  la 
Société  historique  et  littéraire  de  Tournai, 
t.  IX,  p.  297  ;  nous  y  puisons  quelques  rensei- 
gnements. 

»  L'hôpital,  fondé' en  1319  par  Jean  Wettins 
qui  y  consacra  son  bien,  avait  à  sa  tète  une  con- 
frérie d'hommes  et  de  femmes,  dotée  de  nom- 
breuses faveurs  spirituelles  par  les  papes  Eugène  IV 
et  Sixte  IV.  »  Des  anciennes  Ordonnances  de  la 
Confrérie^  nous  extrayons  le  curieux  passage  qui 
suit  : 

Ilem  tu  accorde  en  lan  mil  ccc  Ixviij,  le  jour  Baint 
Jacques  et  saint  Christofle  au  malin,  quant  li  confrères 
furent  venus  pour  porter  le  caudielle  en  le  paroice  de 
Saint  Jacques,  par  toutes  les  paroices  et  de  commun 
assens,  que  jumes  nuls  ne  peuist  eslre  des  lij  qui  sont 
pris  le  jour  S.  Chrislofle  pour  entendre  as  besODgnes  de 
le  maison  toutes  les  fois  quils  en  sont  requis,  se  ils  noot 
fait  le  voyage  au  baron  de  Galisse,  dou  leur,  a  piet  ou  a 
cheval.  Et  chius  assens  et  accors  fu  demonstre  as  xij  per- 
sonnes qui  estoient  pour  le  temps,  a  la  requeatre  de  tous 
les  confrères,  parle  bouche  syre  Pieron  le  Muysit.  » 

Ainsi  don.:  les  douze  mayeurs,  administrateurs 
de  la  Confrérie,  ne  pouvaient  être  élus  s'ils  n'a- 
vaient pas  fait  à  leurs  détiens,  à  pied  ou  à  cheval, 


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le  pèlerinage  de  Saint-Jacques  de  Compostelle.  Per- 
sonnellement obligatoire  en  1368,  le  voyage  d'Es- 
pagnii  semblerait,  un  siècle  plus  tard,  être  devenu 
une  simple  formalité  à  remplir  par  procureur  ;  tel 
est  du  moins  le  sens  que  j'attribue  à  cette  phrase 
de  l'auteur  :  a.  Les  douze  maîtres  ne  pouvaient  re- 
cevoir hommes  ni  femmes  en  la  dite  Confrérie, 
s'ils  n'avaient  fait  faire  le  voyage  de  Saint- 
Jacques  en  Galice  à  le%ii's  propres  dépens  et 
de  leur  pure  dévotion,  selon  le  contenu  de  la 
bulle  de  Sixte  IV.  » 

A  la  même  époque,  le  pèlerinage  de  Galice  était 
fréquent;  on  l'ordonnait  aussi  en  punition  d'un 
■  crime  ou  d'un  délit. 

»  tl  mai  1380.  —  Jacquemout  Doudin,  pour 
avoir  blessé  Alart  Cresle,  fut  condamné  à  60  livres 
tournois  et  à  faire  un  pèlerinage  en  Galice.  (F.  Hen- 
nebert,  Bull,  de  la  Soc.  etc.  de  Tournai,  t.  1, 
p.  157.) 

»  Le  dit  pèlerinage  est  imposé  comme  amende 
à  ceux  qui  enfreignent  le  règlement  concernant  le 
Joyaxi  de  Saint-Brice.  s 

il  juin  i408.  —  Comme  li  parochien  de  H  paroche  Saint 
Brisce  en  Tounray  eussent  nagueres  ordonne  a  donner 
certains  joyaux  a  cbeulz  des  aultres  paroches  de  ladite 
ville  qui,  par  isloires,  Qgures,  imaginations  ou  expé- 
riences par  personnages,  le  jour  du  Sacrement  prochain 
venant  devent  disner,  en  jeu  de  parures,  au  dit  lieu  de 
Saint  Brisce,  remonstrer  et  approprier  le  mistere  du  Saint 
Sacrement  de  lautel,  avoecq  plusieurs  aultres  choses  con- 
tenues en  leur  cry,  savoir  faisons,  que  uous  prevost  et 
juret,  considerans  telz  grans  et  souverains  materes  tou- 
chans  nostre  foy  non  devoir  estre  traistees,  démenées, 


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—  129  — 

appropriee&.Qe  pourparlees  par  gens  non  lettres,  ne  devant 
gens  layB  non  clercs  ne  expers,  ne  estrea  jeuees  par  per- 
sonnages en  jeux  de  parure  ou  lieux  publiques,  par  grani 
et  meure  delilieralion  que  nous  en  avons  eu  a  pluiaieurs 
graos  et  notables  docteurs,  maistres  et  gradues  en  théo- 
logie, en  lois  et  en  décret,  avons  delFeadu  et  deffendons  a 
tous  nos  subges  et  autres  quil  ne  soll  aucun  et  aucune 
qui,  le  dit  jour  ne  dores  en  avant,  sentremette  en  ledite 
ville  de  faire  ne  jeuer  les  dis  jeux,  par  contenance  ne 
par  jeux  de  parures,  ne  autres  en  quoy  soit  aucunement 
tralctie  du  dit  mlstere  du  Saint  Sacrement  ne  dautres 
choses  touchant  nostre  foy  et  qui  appartiennent  a  estre 
presches,  enseingnes,  traities  et  démenées  par  théologiens 
et  aultres  en  ce  expers,  sur  encourre  es  paines  adce  intro- 
duites de  droit  et  a  estre  mis  un  mois  a  pain  et  a  liauwe 
en  prison,  et  après  banis  de  Ix'l.  et  envoyés  a  Saint  Jacques 
en  Galice,  et  les  joyaux  ordonnes  a  donner  par  ceulx  de 
ladite  paroche  avecq  toutes  les  parures  estre  conQsqueed 
au  droit  de  ladite  ville  :  mais  se  aucuns  vuellent  par 
contenances,  tant  seulement  ledit  jour  a  ledite  poilrces- 
sion,  remonstrer  aucunes  figures  de  lanchien  testament 
ou  autres  approuvées  par  leglise,  pour  louneur  de  ledite 
pourchessioQ  et  dudit  Sacrement  que  on  y  portera,  selon 
le  teuxte  et  le  lettre  de  le  bîbele  et  de  Ihistoire,  sans 
autrement  les  approprier  ne  appliquier  par  contenances, 
par  signes,  par  figures,  par  dictiers,  par  lettres,  par  pa- 
rolles  ou  autrement,  au  mistere  dudit  Sacrement,  et  sans 
sentremettre  de  rien  remonslrcr  dicelui  saint  mistere  ni 
dautres  materes  touchant  nostre  foy,  ou  aultrement  pai- 
bonne  manière  loer  et  reverender  par  belles,  humbles  et 
dévotes  manières  et  contenances  ledit  Saint  Sacrement  et 
la  benoite  vierge  Marie  aussi,  et  les  dis  de  Saint  Brisce 
leur  v6ellent  a  ceste  ocasion  donner  aucuns  joyaux,  faire 
le  porront  sans  excéder  en  aucune  4naniere  ce  que  dit  est 
sur  paines  bans  et  voyages.  Rt  aussi  a  l:ipres  disner  pour 
chascuQ  jeuer  jeux  de  parures,  desbatemeiis  et  dexemples 
et  histoires,  et  appliquier  la  moralité  sans  touchier  les 
1'.  VIL  1-e 


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ailes  materes  par  lordonnance  des  dis  de  Saint  Bi-isce, 
dedcDs  le  cloque  du  vespre,  et  non  plus  avant,  sur  la  paine 
devant  dite.  [Bulletins  cités,  t.  VII,  p.  68.)  « 

(L.  Cloquet,  Monographie  de  l'église  parois- 
siale de  Saint-Jacques,  à  Tournai,  p.  170  à  172 
et  199  à  200.) 

De  nouveaux  documenta,  cher  confrère,  me 
tomberont-ils  encore  sous  la  main?  Dans  ce  cas, 
le  temps  de  les  grouper  et  de  vous  les  transmettre. 
ne  mo  manquerait -il  pas?  Je  m'en  "rapporte  à  la 
Divine  Providence.  A  sa  volonté  souveraine  de  per- 
mettre ou  d'interdire  la  continuation  d'un  travail 
qui,  malgré  ses  défauts  de  classement  et  de  mé- 
thode, pourra  toutefois  offrir  quelques  secours  aux 
archéologues  de  l'avenir.  Au  demeurant,  si  je 
réussis  à  ajouter  le  moindre  fleuron  à  la  couronne 
artistique  du  Limousin;  à  laisser  un  témoignage 
indélébile  d'affectueux  souvenir  aux  amis  de  la 
onzième  heure,  dont  le  cordial  accueil  sut  décu- 
pler pour  moi  les  agréments  scientifiques  et  pitto- 
resques du  merveilleux  pays  que  je  ne  reverrai 
plus,  hélas!  je  croirai  avoir  rempli  une  tâche  suf- 
flsante.^et  d'ailleurs  proportionnée  aux  forces  d'un 
vieillard  en  train  de  s'acheminer  vers  la  tombe. 

Ch.\rles  de  Lin'as, 

As«oci«  de  l'Ai-addmic  rovalc  de  ]iihgiquc. 


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L'EFFROYABLE  DELUGE 

ET  INNONDATION 

ARRIUÉ  EN  LA  VILLE  DE  BRIUE-LA-GAILLARDE 
EN  LYMOUSIN 

I^    DERNIER   DH    MAI    1634 


A  Paris,  chez  Ican  Martin,  sur  le  ponl  Sainct-JUichel 
à  l'Anchre  double,  MDCCXXXIV 


Avec  permission  (i) 


C'est  une  chose  étrange  el  prodigieuse  de  ce  qu'encore 
que  nous  voyons  tous  les  iours  nos  vies  menacées  tantôt 
du  foudre  du  Ciel,  ores  de  !a  gresle  et  l'inondation  des 
eaux,  nous  ne  nous  efforçons  point  d'appaiser  l'ire  de  Dieu 
,  iustement  courroucé  en  nos  péchez.  Nos  crimes  sont  venus 
à  un  tel  excez  qu'il  n'est  rien  de  raeschant  ni  d'abominable 
que  les  hommes  n'inuentent  pour  contenter  leurs  voluplcz, 
et  armer  le  Ciel  contr'eux.  S'estonuera-t-on  si  ce  puissant 
Autheur  de  la  Nature,  se  voyant  si  indignement  ofTeircé 
par  des  créatures  qu'il  a  rachetées  au  prix  de  son  propre 


(I)  Iii-12  de  10  pages,  conservé  à  la  Bibliothèque  nationale,  Mss 
Fonds  français,  t.  25420. 

Bien  que  cet  opuscule  soit  pliitùt  un  sermon  à  propos  de  l'évë- 
neraent  qu'un  récit  de  l'événement,  M.  Philippe  de  Bosredon,  qui  a 
bien  voulu  nous  en  envoyer  une  Oppic,  a  pensé  avec  juste  raison 
qjf'on  devait  le  reproduire  dans  notre  Bulletin,  ne  tût-ce  qu'à  titre 
de  curiosité  bibliographique. 

Le  Comilé  de  publicalion. 


DigmzcdbyGoOgle 


—  l'32  — 

Bang,  les  veille  puDir  de  leur  iog^fititude.  Sodome  et 
Gomorre  out  péry  par  le  feu  à  cause  de  l'éDonue  vice 
de  ses  Citoyens,  et  d'autres  villes  encore  depuis  ont  été 
submergées  par  vu  contraire  Elément,  dont  il  n'est  que 
Dieu  seul  qui  puisse  retenir  la  fureur.  Sans  aller  chercher 
des  exemples  dans  l'Antiquité,  n'auons-nous  pas  veu  Paris 
menacé  d'vn  embrasement  uniuersel,  et  son  Palais  déuoré 
de  ses  fiâmes?  L'eau  dont  l'on  se  sert  pour  estaindre  le 
feu  n'a  pu  empescher  que  sa  violence  n'ait  bruslé  iusques 
aux  fondemens  des  deux  plus  beaux  et  plus  riches  ponts, 
qui  seruoient  d'ornemet  à  Paris  et  à  la  Seine.  Ce  superbe 
édifice  de  la  Saincte  Chappelle  où  se  void  du  boys  de  la 
vraye  Croix,  qu'on  adore  auecque  tant  d'humilité,  et  où 
un  si  grand  nombre  d'ouuriers  ont  esté  employez  pour  le 
reBdre  admirable  sur  tous  les  autres  ouurages  de  la  France, 
a  perdu  son  lustre  el  sa  beauté  en  vne  seule  ioumée,  par 
vne  incendie  qui  eust  sans  doute  ruyné  tout  à  fait  l'enclos 
du  Palais,  si  l'on  n'eust  prudemment  et  promptement  pour- 
veu  aux  moyens  de  le  conseruer.  La  Riuière  des  Gobelios 
deabordée  à  elle  pas  autrefois  pensé  faire  noyer  par  son 
déluge  l'ancienne  ville  et  fauxbourg  de  sainct  Marcel.  Qui 
voudroit  s'en  rapporter  tous  les  exemples  des  estranges 
accidens  qui  sont  arriuez  de  la  cognoissance  de  nos  pères, 
et  de  nostre  temps,  il  faudroit  en  faire  vn  gros  volume. 

A  quoy  deuons  nous  imputer  tous  ces  tristes  euènemens, 
sinon  à  des  marques  de  la  colère  de  Dieu  offencé  contre 
ses  créatures  à  cause  de  leur  desobeyssance.  Il  est  vray 
qfie  ceux  dont  il  prend  soin  tombent  fort  peu  souuent  en 
des  infortunes  irréparables,  sans  qu'vne  puissance  secrète 
les  en  aye  aduertiz  par  quelque  signe  visible.  La  nature 
et  la  nécessité  permettent  bien  à  lous  les  hommes  de 
defTendre  leur  vie,  et  de  repousser  la  force  par  la  mesme 
foice,  quand  il  ne  leur  reste  plus,  pour  éuiter  le  mal, 
sinon  de  recourir  aux  remèdes,  qui  sont  iustes  puisqu'ils 
sont  nécessaires.  Mais  louchant  les  maux  dont  Dieu  nous 
menace,  et  qu'il  nous  euuoye,  le  moyen  de  nous  ffa 
deffcijdre,   s'il    nous   en   veut  affliger,   puisque  la  force 


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-  133  - 

humaine  n'agist  point  contre  sa  volonté  et  que  tout  ce 
que  nous  pouuons  faire  pour  destourner  son  ire,  c'est  de 
se  letter  à  ses  pieds  et  de  luy  demander  pardon  de  nos 
faut«8  auec  autant  de  larmes  que  de  contrition. 

Aux  affaires  d'importance,  il  ne  faut  point  du  tout 
perdre  le  temps;  tcu  qu'il  ne  faut  qu'vn  moment  pour 
les  ruyner  et  que  bien  souuent  vn  siècle  ne  suffît  pas 
pour  réparer  les  fautes  qui  ont  été  faites  en  vn  quart 
d'heure.  Y  a-t-it  rien  au  monde  qui  nous  soit  plus  im- 
portant que  la  conseruation  de  nostre  vie  et  de  nostre 
ame;  l'vne  et  l'autre  sont  menacées  tous  les  iours  de 
ruyne  à  cause  de  nos  péchez,  nous  endonnirons  nous 
dans  les  délices,  et  nous  laiesans  charmer  par  Toisineté, 
n'employerons  nous  point  le  temps  à  songer  à  nostre 
salut,  tandis  que  le  diable  veille  pour  nous  le  faire  perdre? 
Voicy  de  nouueaux  exemples  que  Dieu  nous  donne 
pour  nous  faire  amander,  et  ne  le  point  contraindre  à 
la  rigueur  de  ses  chastimeos  pour  punir  notre  obstination. 
Craignons  les  veines  qu'il  porte  en  la  main  pour  nous 
chastier,  si  opiniastres  à  nostre  dommage  nous  ne  pro- 
âtons  de  ses  débonnaires  menaces. 

'Le  dernier  iour  de  May  de  la  présente  année  mil  six 
cens  trente  quatre,  sur  les  cinq  heures  du  soir,  dans  la 
ville  de  Briue  la  Gaillarde  en  Lymousin'  au  plus  beau 
iour  qu'on  eust  pu  souhaiter,  il  suruint  en  vn  moment 
tant  de  feux  et  d'esclairs,  et  vne  si  effroyable  tempeste, 
qui  faisoit  trembler  les  baatimens  du  fondement  jusques 
au  feste,  que  tous  les  habitans  eurent  suiet  de  croire 
qu'ils  estoient  à  la  fin  de  leurs  iours.  Après  qu'ils  furent 
To  peu  deliurez  de  l'appréhension  qu'ils  auoient  iustement 
eue  de  périr  par  le  feu  et  au  moment  qu'ils  se  reaiouys- 
Boient  dantf  leurs  âmes  de  cette  déliurance,  ,en  vn  instant 
l'air  vn  peu  rasséréné  se  trouble  derechef  d'vne  si  es- 
trange  sorte  qu'on  eust  dit  que  ce  iour  esloit  une  nuit 
des  plus  obscures.  Les  vents  commencent  à  siffler  de  tous 
costez,  et  la  pluye  tombe  d'en,  haut  si  abondamment  sur 
la  terre  qu'en  moins  d'vne  demi-heure  cette  ville  se  vid 


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—  134  — 

sur  le  point  d'estrc  abysmée  pat  vn  déluge,  qui  se  rendit 
si  fougueux  à  sa  naissance,  qu'il  iry  eust  aucune  maison 
où  l'eau  ne  montast  iusques  au  premier  estage.  Les  cris 
et  les  pleurs  de  ce  pauure  peuple  affligé  sont  extrêmes,  si 
les  uns  sont  plus  asseurez  que  les  autres  pensent  se  sauuer 
ils  se  noyent,  c'est  une  chose  espouuan  table  de  voir  la 
mère  ne  pouuoir  secourir  son  enfant  que  ce  déluge  en- 
gloulist  inhumainement  et  qui  en  accroist  l'horreur  par 
les  larmes.  Le  mari  hazarde  sa  vie  pour  secourir  celle  de 
sa  chère  moitié,  et  tous  deux  la  perdent  en  mesme  temps, 
esteignant  leurs  chastes  feux  et  leurs  sacrez  amours  dans 
la  froide  rigueur  de  ce  traiatre  Elément.  Le  récit  de  ce 
spectacle  fait  hérisser  les  cheueux  et  geler  le  sang  aux 
veines,  comme  il  fait  esuanouyr  ceux  qui  s'estoient  relirez 
aux  lieux  plus  esleués  pour  les  esuiler  le  hazard  et  affoi- 
blit  si  fort  ceux  qui  se  trouuent  surpris  qu'ils  n'ont  aucun 
moment  pour  rechercher  le  salut.  Tligoureux  événement 
et  toutesfois  iuste  chastiment  d'un  Dieu  irrité  qui  veut 
que  sa  miséricorde  cède  à  sa  iustice,  afin  de.  nous  retirer 
du  vice  et  nous  faire  abandonner  les  obiets  de  iiostre 
perte;  Bon  père,  mais  qui  nous  chastie  doucement  afin 
que  l'habitude  du  vice  ne-  nous  rende  indigne  du  bien 
de  sa  grice  et  de  nostre  bon-heur  parmy  ces.  troubles, 
et  cet  horrible 'accident  :  Lie  meilleur  en  leur  malheur 
est  de  n'espérer  rien  de  bon  pour  eux  que  du  Ciel,  Tout 
secours  humain  leur  manquant,  ils  furent  contraints  de 
s'adresser  à  celuy  qui  fait  des  montagnes  d'eaux  quand 
bon  luy  semble  et  qui  les  resserrent  promplemeot  dans 
leurs  profonds  abysmes  lorsqu'il  luy  plaist. 


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.LIVRES  DE  RAISON 

REGISTRES  DE  FillLU  ET  JOnRIlO!  DDIflDIIELS 

LIMOUSINS   ET   MARCHOIS 

Recneillis  et  publiés  par  H.  Louis  GDIBEBT 

Avec  le  Concours  de  M.  Alfbhd  LBHOUX,  Archiviste 

de  !a  fite- Vienne,  et  de  M.  l'Abbé  LËGLER, 

Curé  de  Gompreignac 


'histoire  s'est  longtemps  contentée 
d'une  moisson  bien  incomplète,  en 
proposant  à  ses  études,  pour  objet 
presque  exclusif,  les  grands  événe- 
ments de  la  vie  des  nations.  L'ori- 
gine des  peuples,  l'organisation  politique  de  ce* 
vastes  sociétés,  leurs  luttes,  les  conquêtes,  les 
traités,  les  effondrements  des  empires,  la  succes- 
sion régulière  ou  tourmentée  des  souverains,  les 
incidents  dramatiques  de  Igir  existence,  tels  sont 
à  peu  près  les  seuls  faits  auxquels  on  croyait 
devoir  accorder  de  l'attention  et  qui  fournissaient 
le  thème  ordinaire  de  l'enseignement.  On  était 
amené,  par  la  force  des  choses,  à  s'occuper  de 
temps  en  temps  des  provinces,  des  vicissitudes 
de  leur  passé  et  de  la  condition,  à  un  point  de 


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_  136  — 

vue  général,  des  diverses  classes  de  la  population; 
mais  on  n'allait  pas,  dans  cette  voie,  au-delà  de 
données  fort  sommaires.  Quant  aux  groupes  30- 
ciauK  i-cels,  vivaces,  persistants,  sur  lesquels  repo- 
sait l'édifice  politique  artificiel  et  sans  cesse  rema- 
nié :  la  famille,  la  corporation,  la  commmie,  ils 
paraissaient  placés  en  dehora  du  cadre  de  l'his- 
toire. On  ne  pouvait  pas  les  ignorer  absolument 
et  on  en  savait,  on  en  enseigaait  même  quelque 
chose;  mais  on  les  regardait  d'un  œil  distrait  et 
on  suivait  de  loin,  de  très  loin,  sans  y  attacher 
beaucoup  d'importance,  le  mouvement  confus  de 
cette  masse  sombre  sur  laquelle  se  détachaient  en 
traits  lumineux,  en  couleurs  éclatantes,  les  événe- 
ments dont  l'historien  s'efforçait  de  saisir  la  suite 
et  enregistrait  avec  soin  les  moindres  détails.  Par 
une  bizarre  inconséquence,  l'enseignement  le  plus 
élémentaire  comprenait,  sur  les  institutions  et  les 
mœurs  des  Égyptiens,  des  Grecs  et  des  Romains, 
des  notions  qu'on  ne  songeait  même  pas  à  donner 
aux  jeunes  gens  quand  on  en  venait  à  leur  parler 
êe  leurs  prédécesseurs  immédiats,  de  leurs  pères  : 
les  Français  du  Moyen  âge. 

Le  mouvement  des  idées  nous  a  peu  à  peu 
amenés  à  une  autre  façon  d'envisager  l'histoire, 
et  nous  restituons  aujourd'hui,  auprès  des  faits  de 
l'ordre  politique  proprement  dits,  leur  légitime  et 
grande  place  aux  faits  sociaux.  Depuis  un  demi- 
siè  le,  l'organisation   municipale  (1)  de  nos  an- 


(I)  Il  faut  considérer  le  groupement  communal  comme  un  fi 
d'ordre  social  bien  plus  que  comme  un  fait  d'ordre  politique. 


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ciennes  cités  a  été  l'objet  des  études  les  plus 
attentives,  et  nous  pouvons  déjà  nous  rendre  un 
compte  plus  juste  du  groupement  et  du  fonction- 
nement de  toutes  les  activités  que  la  commune 
reliait  en  un  puissant  faisceau.  Il  n'existe  pas,  à 
l'heure  qu'il  est,  dans  toute  l'Europe,  un  esprit 
curieux  qui  ne  s'évertue  à  démêler  la  vérité  sur 
les  principes  essentiels  du  régime  corporatif,  sur 
les  phases  successives  qu'a  traversées  la  corpora- 
tion de  métier  et  sur  l'influence  exacte  qu'elle  a 
exercée  au  point  de  vue  des  rapports  entre  les 
diverses  catégories  de  travailleurs.  Quant  à  la 
famille,  partout,  autour  de  nous,  on  étudie  avec 
zélé,  avec  patience,  avec  amour,  tout  ce  qui  a 
trait  à  sa  constitution,  à  l'action  réciproque  de  ses 
membres,  à  ses  mœurs  et  à  son  régime  intérieur  ; 
on  refait,  d'après  des  documents  authentiques, 
précis,,  émouvants  parfois  dans  leur  brièveté  et 
leur  naïveté,  l'histoire  du  foyer  de  nos  ancêtres. 
On  cherche,  dans  les  exemples  que  nous  a  légués 
le  passé,  des  leçons  pour  le  présent  et  pour 
l'avenir.  Les  études  monographiques,  recomman- 
dées avec  raison  par  le  maître  de  la  scieoce 
sociale  à  notre  époque,  Frédéric  Le  Play,  pour 
servir  de  base  aux  grandes  constatations  écono- 
miques et  de  contrôle  à  des  théories  U-op  légè- 
rement acceptées,  mettent  en  lumière  jusqu'aux 
moindres  détails  de  ces  tableaux  intimes,  dont  il 
faut  aller  chercher  chaque  trait  aux  sources  les 
plus  variées  :  minutes  de  notaires,  rartulaires 
d'églises  et  de  couvents,  terriers,  lièves,  registres 


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des  paroisses  et  des  municipalités,  journaux  indi- 
viduels, papiers  de  famille  et  livres  de  raison. 

C'est  à  cette  dernière  catégorie  de  documents 
que  nous  devons  les  notions  les  plus  exactes  et 
les  plus  intéressantes  qu'on  possède  sur  la  famille 
d'autrefois.  Ces  livres  domestiques  sont  les  dépo- 
sitaires des  pensées  et  des  sentiments  de  leurs  au- 
teurs, les  confidents  des  joies,  des  tristesses,  des 
espérances,  des  projets  du  père;  ils  conservent  à 
la  fois  et  les  annales  du  foyer  et  des  Indications 
sur  l'état  de  la  fortune  du  groupe  qui  constitue 
la  souche  de  la  famille.  La  voix  des  anc-ètres 
semble  s'en  élever  quand  on  les  ouvre,  et  un 
étranger  même  ne  peut  feuilleter  leurs  pages  jau- 
nies, sans  éprouver  un  sentiment  de  respect  mêlé 
d'une  certaine  émotion. 

Un  livre  de  raison  n'est,  en  principe,  qu'un 
livre  3e  compte  {liber  rationis).  C'est  le  registre 
des  comptes  du  foyer,  le  journal  de  la  gestion 
du  chef  de  famille.  Aux  notes  relatives  à  la  for- 
tune du  groupe,  à  l'accroissement  successif  du  pa- 
trimoine, aux  pertes,  aux  achats,  aux  ventes,  aux 
prêts,  aux  emprunts,  aux  procès,  aux  rentes  à 
payer  et  aux  redevances  à  percevoir,  se  mêle  le 
plus  souvent  la  mention  des  changements  sur- 
venus dans  le  personnel  même  de  la  maison  : 
naissances,  mariages,  décès.  Le  livre  de  raison 
n'a  sa  propre  et  complète  physionomie  que  lors- 
qu'il renferme  des  passages  correspondant  à  ces 
deux  ordres  d'idées.  Alors  seulement,  il  nous  donne 
au  vrai  l'histoire  de  la  famille. — Parfois  le  rédac- 
teur ajoute  à  la  constatation  des  faits  quelques 


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commentaires,  des  réflexions  personnelles,  des  con- 
seils pour  l'avenir,  des  prières;  il  consigne  dans 
son  livre,  comme  Gérald  et  Jean  Massiot,  mar- 
chands de  Saint-Léonard,  les  leçons  qu'il  doit  à 
l'expérience,  afin  qu'elles  puissent  profiter  à  ses 
fils;  il  y  insère,  comme  Etienne  Benoist,  bour- 
geois de  Limoges,  des  vers  populaires  qui  portent 
l'âme  à  de  sérieuses  pensées  ;  il  indique,  comme  le 
notaire  Psauinet  Péconnet,  certaines  particularités 
qui  nous  initient  à  de  curieux  usages.  U  n'est  pas 
rare,  enfin,  que  son  regard  franchisse  le  cercle  de 
la  famille,  et  çà  et  là  on  rencontre  avec  sur- 
prise, dans  ces  cahiers  intimes,  un  écho  des  pas- 
sions politiques  de  l'époque  ou  ia  mention  d'évé- 
nements contemporains,  dont  le  théâtre  est  par- 
fois bien  éloigné  du  foyer  paisible  où  le  père 
écrit  ces  pages  naïves,  destinées  à  être  lues  de 
ses  seuls  enfants.  C'est  ainsi  que  nous  avoils 
relevé,  dans  un  de  nos  registres  limousins,  un 
passage  ayant  trait  à  la  mort  de  Charles- le-Témé- 
raire  sous  les  murs  de  Nancy.  Ailleurs,  ce  sont 
des  détails  sur  les  épidémies,  les  famines,  les 
guerres  locales,  l'apparition  de  certains  phéno- 
mènes de  l'ordre  physique,  de  certains  météore^, 
le  retour  de  crises  climatériques  ou  de  conjonc- 
tions sidérales.  Auprès  des  témoignages  répétés  de 
la  foi  solide  de  nos  pères,  on  trouve  l'aveu  de 
leurs  naïves  superstitions.  Leurs  comptes  nous  ré- 
vèlent mille  traits  de  mœurs  cnjieux,  mille  inté- 
ressantes particularités  sur  les  rapports  entre  les 
maîtres  et  les  domestiques  ou  les  colons  des  do- 
maines ruraux,  les  habitudes  de  la  vie,  l'instruc- 


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—  140  — 

tion  et  l'éducation  des  enfants,  l'état  de  l'indus- 
trie, le3  relations  commerciales,  le  prix  des  denrées, 
la  valeur  de  l'argent,  etc.,  etc. 

Il  s'en  faut,  assurément,  que  tous  les  livres 
de  raison  nous  offrent  un  tableau  aussi  varié  et 
se  présentent  à  nous  avec  une  physiononrie  aussi 
bien  caractérisée.  Beaucoup  ne  renferment  que  des 
notes  sommaires,  des  mentions  sèches  et  suc- 
cinctes; mais  si  incomplètes  et  si  incolores  que 
celles-ci  paraissent  au  premier  abord,  elles  n'en 
sont  pas  moins  intéressantes,  et,  en  les  rappro- 
chant entre  elles,  en  les  comparant  avec  les  pas- 
sages analogues  d'autres  documents  du  même 
genre,  on  en  tire  plus  d'une  pré-ieuse  infor- 
mation. 

a  Est-il  besoin,  écrivait  il  y  a  quelques  mois 
notre  confrère  et  ami  Alfred  Leroux,  archiviste  du 
département  de  la  Haute-Vienne,  dans  l'Almanac/i 
limousin  de  la  Corrèze{i),  de  faire  ressortir  le 
prix  de  tels  documenta  pour  la  connaissance  des 
mœurs  du  passé?  n'est-il  point  évident  que,  non 
destinés  à  la  publicité,  ils  ont  une  ^veor  de 
franchise  et  de  vérité  d'autant  plus  précieuse  que 
l'homme  intérieur  est  de  plus  près  en  jeu?  Avec 
ces  registres  de  famille,  nous  nous  asseyons  véri-" 
tablement  au  foyer  de  nos  ancêtres;  nous  assis- 
tons à  leurs  joies,  à  leurs  douleurs  aussi;  nous 
connaissons  leurs  idées,  leurs  sentiments,  leurs 
préjugés  même;  nous  mesurons  plus  exactement 
l'horizon  de  leurs  pensées,  et  il  est  telle  réflexion, 

(t)  Année  1SS5.  Yenve  Ducourtieux,  éditeur,  à  Limogei. 


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échappée  à  leui"  plume  inconsciente,  qui  nous  fait 
souvent  mieux  juger  de  la  différence  des  temps 
que  le  plus  savant  traité  de  psychologie  historique.  » 
Mais  quels  que  soient  le  cadre  du  livre  de 
raison,  et  la  manière  dont  ce  cadre  a  été  rempli, 
il  reste  avant  tout  et  par-dessus  tout  un  compte 
matériel  et  moral;  toujours  on  le  trouve  ins- 
piré par  le  souci  de  rendre  raison,  aux  conti- 
nuateurs de  la  famille,  de  la  gestion  du  chef 
actuellement  chargé  de  sa  direction  et  de  ses 
intérêts.  Ajoutons  qu'on  démêle  toujours,  chez  ce 
chef,  le  sentiment  profond  de'  la  solidarité  des 
générations  successives  de  sa  race,  et  la  conscience 
énergique  d'une  haute  responsabilité  vis-à-vis  non- 
seulement  de  ses  descendants,  mais  aussi  des  an- 
cêtres qui,  avant  lui,  ont  présidé  au  foyer.  Cette 
responsabilité  était. le  lontre-poids  efficace  de  l'au- 
torité presque  sans  bornes  que  les  mœurs  et  les 
lois -avaient  remise  aux  mains  du  père. 

Nous  avions  toujoui's  pensé  que  les  livres  de 
raison  ne  devaient  pas  être  rares  dans  notre  Li- 
mousin, dont  on  citait  la  famille  en  exemple  pour 
sa  forte  discipline,  Tunion  de  ses  membres  et  la 
simplicité  de  leur  vie;  on  n'avait  pas  néanmoins, 
jusqu'à  ces  derniers  temps,  signalé  l'existence  de 
plus  de  deux  ou  trois  registres  de  ce  genre  dans 
le  pays,  et  le  public  n'avait  été  mis  à  même  d'en 
connaître  aucun.  M.  Fernand  de  Malliavd,  le  pre- 
mier, se  fit  l'éditeur  d'un  livre  domestique  des 
plus  intéressants,  tenu  dans  sa  propre  famille  du- 
rant plusieurs  générations  successives  et  embfas- 


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sant  une  période  de  plus  de  cent  cinquante  ans 
(1507-1662).  Ce  précieux  registre  a  été  publié  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  scientifique,  historique 
et  archéologique  de  Brive,  années  1880  et  1881. 
Nous  donnâmes  à  notre  tour,  à  la  fin  de  1881, 
le  cahier  d'Etienne  et  de  Guillaume  Benoist,  bour- 
geois de  Limoges  (1426-1454).  Nous  trouvions  dans 
ce  document  la  mention  précise  de  l'existence,  au 
foyer  qui  se  révélait  ainsi  à  nous,  d'autres  a  pa- 
piers de  famille  »  à  une  époque  antérieure  au 
XV"  siècle,  en  particulier  d'un  livre  de  raison  bien 
caractérisé,  tenu  par  Jean  Benoist  vers  1330(1); 
de  plus  une  note  reproduite  dans  ce  registre,  se 
rapportant  à  un  partage  effectué  en  1308,  écrite 
par  Pierre,  un  des  copartageants,  et  visiblement 
extraite  d'un  recueil  de  notes  personnelles,  d'un 
mémorial  de  famille  de  la  même  nature  que  le 
précédent  (9),  nous  autorisait  à  affirmer  que  les 
livres  de  raison,  dans  notre  province,  ont  existé 
dès  le  xni*  siè  'le. 

Plusieurs  de  nos  excellents  confrères  de  la  So- 
ciété archéologique  et  historique  du  Limousin  —  et 
parmi  eux  il  faut  nommer  en  première  ligne 
M.  Leroux  et  M.  l'abbé  Lecler,  curé  de  Com- 
preignac  —  ont,  depuis  lors,  prêté  à  nos  recher- 


(I)  Hun  grant  papier,  cubert  de  cubertura  negra,  iiont  eys  escrich 
et  sont  contengut  las  chouzas  et  los  fach  que  nous  avem  agut  a 
Tar  am  plurors  et  am  divcrssas  pcrsonas  de  divers  et  de  plurors 
fach  que  nostreys  ancestreys,..  avient  agut  a  far.  Et  cra  csorich 
de  la  madeu  senheir  Johan  Beyneyc,  loqual  fo  payr  de  mon  senlier 
Outlio  Beyneyc.  Et  fo  fach  en  viro  de  Tan  miel  IlI.XJtX. 

(3)  El  nom  de  Dieu  et  de  la  soa  beneyta  mayre...  Yen,  Peyr 
Beyneyc  et  Johan,  mos  frayres,  paitim...  nostre  heretatge,  etc. 


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-  143  - 

ches  sur  la  famille  limousine  d'autrefois  un  con- 
cours qui  a  amené  les  plus  heureux  résultats. 
H  y  a  trois  mois  à  peine,  VAlmanach  que  nous 
citions  tout  à  l'heure  constatait  qulen'  peu  de 
temps,  nos  efforts  réunis  avaient  rendu  à  la  lu- 
mière une  vingtaine  de  livres  de  raison,  oubliés, 
pour  la  plupart,  dans  la  poussière  des  greniers 
ou  enfouis  dans  les  archives  particulières.  Ce 
chiffre  de  vingt,  que  nous  n'atteignions  pas  en- 
core à  ce  moment,  est  aujourd'hui  dépassé.  Le 
registre  des  Benoist  demeure  (après  les  notes  de 
famille  du  notaire  Gérald  Tarneau,  de  Pierre- 
buffière,  recueillies  et  publiées  par  M.  Leroux) 
le  plus  ancien  des  livres  domestiques  qui  nous 
aient  été  conservés  ;  mais  il  ne  doit  plus  être  co'n- 
sidéi^,  dans  notre  province,  comme  un  monu- 
ment isolé,  comme  un  document  d'une  espèce 
rare.  Ce  que  nous  donnions  il*  y  a  quatre  ans 
comme  une  probabilité,  est  bien  et  dûment  établi 
à  présent  :  les  livres  de  famille  furent  jadis  d'un 
usage  commun  en  Limousin. 

Voici  la  liste  complète,  par  ordre  chronolo- 
gique, des  livres  de  raison,  journaux  individuels 
et  registres  de  famille  dont  l'existence  nous  a  été 
révélée  jusqu'à  ce  jour  dans  toute  l'étendue  de 
l'ancien  diocèse  de  Limoges  (1)  : 

1°  Papier  domestique  de  Pierre  Benoist,  bour- 
geois de  Limoges  (1308).  Perdu. 


(I)  Noua  nous  sommes  aidé,  pour  dresser  ce  relevé,  de  U  liste 
que  contient  l'ouvrage,  eu  cours  do  publication,  de  M.  AITred 
Leroux  :  Charles  et  Chroniques  couceruaut  l'histoire  du  Lin 


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2°  Registre  de  famille  :  «  Grand  papier  à  cou- 
verture noire,  »  de  Jean  Benoist,  bourgeois  de- 
Limoges  (vers  1330).  Perdu. 

3°  Registre  de  famille  et  chronique  de  Gérald 
Tarneau,  noUire  à  Pierrebufiiére  (1423  à  U38).  A 
la  Bibliothèque  communale  de  Limoges. 

4°  Livre  de  raison  d'Etienne  Benoist,  bourgeois 
de  Limoges,  et  de  Guillaume  son  fils  (6  sep- 
tembre 1426  au  26  mai  1454).  Cabinet  de  M.  As- 
taix,  à  Limoges. 

5°  Registre  des  comptes  ruraux,  contrats  et  notes 
diverses  de  Gérald  Massiot,  bourgeois  et  mai-chand 
de  Saint- Léonard ,  continué  par  Jean  son  fils  et 
par  ses  petits-fils  :  Jean,  Louis  et  Antoine  (17 
février  1431  au  17  novembre  1490,  avec  deux 
notes  rapportant  des  faits  de  1494  et  1496).  En  la 
possession  de  M.  le  chanoine  Arbellot,  à  Limoges. 

6"  Gahier-memento  de  Psaumet  Péconnet,  no- 
taire à  Limoges  (du  10  avril  1487  au  mois  d'oc- 
tobre 1502).  Archives  de  famille  de  M.  Adolphe 
Péconnet  du  Châtenet,  à  Limoges. 

7"  Livre  de  raison  de  la  famille  de  Malliard 
de  Brive  (1507-1662).  En  la  possession  de  M.  Fer- 
nand  de  Malliard,  à  Paria. 

8°  Registre  de  famille  des  Maurat,  du  Dorât  (18 
novembre  1556  au  24  juillet  1798).  Archives  de 
famille  de  M.  Maurat- Ballange,  ancien  conseiller 
à  la  Cour  de  Limoges. 

9*  Livre  de  famille  des  Lemaistre- Bastide,  de 
Limoges  (22  septembre  1558  au  13  février  1748). 
Archives  de  famille  de  M.  G.  La  Bastide,  au  châ- 
teau du  Lude  (Loiret). 


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10"  Livre  de  famille  des  Barbou,  de  Limoges, 
commencé  en  1567,  continué  an  xvu'  et  peut- 
être  au  xvni'  siècle  :  a  véritable  registre  de  l'état 
civil  tenu  par  les  représentants  successifs  de  la 
maison  Barbou,  à  Limoges  »  (Poyet)(l). 

11'  Livre  de  famille  des  Lamy  — Lamy  de  Luret 
et  Lamy  de  La  Chapelle,  —  de  Limoges  (du  2  no- 
vembre 1571  à  nos  jours),  avec  une  note  de  1568 
écrite  par  Jean,  frère  de  Franrois  Lamy,  son  pre- 
mier rédacteur.  Auk  mains  de  M.  Théophile  Lamy 
de  La  Chapelle,  de  Limoges. 

12°  Registre  de  famille  de  Jeanne  Boyol,  dame 
de  Villelump  (1587  à  1594).  Archives  de  famille 
de  M.  le  comte  àe  Villelarae,  à  L'Aumônerie, 
près  Aixe  (Haute-Vienne). 

13'  Registre  de  famille  ou  jounial, individuel  de 
Junien  de  La  lirunye,  bourgeois  de  Rochechouart 
{lin  du  XVI*  siècle  et  commencement  du  xvu'). 
Perdu. 

14"  Registre  de  famille  des  de  La  Brunye,  de 
Rochechouart  (5  février  1599  à  1799).  Propriété 
de  M.   Émilien  de  La  Brunye,   à  Rochechouart. 

15°  Livre  de  raison  des  Lachau,  d'Argentat 
(première  moitié  du  xvu'  siècle).  A  été  signalé 
comme  existant  dans  les  archives  de  famille  de 
M'"  de  Négraval,  à  Argentat;  serait  perdu  au- 
jourd'hui. 

16'  Livre  de  famille  de  Jean  Plaze,  d'Argentat 


(t)  Nous  recherchons  en  ce  moment  co  précieux  document,  qu'a 
signalé  feu  M.  Poyel  dans  sa  Notice  sur  les  origines  de  l'Im- 
prlmerie  à  Limoges. 


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tl9  février  1605  au  i4  septembre  1634),  et  d'un 
sieQi"  Deyma,  du  même  lieu  ("21  octobre  1644  au 
17  avril  1661),  avec  notes  de  1712  à  1729.  En 
la  possession  de  M.  Eusèbe  Bombai,  d'Argentat. 

17"  Grand  «  papier  de  raisons  »  de...  Jarrige, 
de  Saint-Yrieix  (1609).  Perdu. 

18"  Livre  de  raison  d'Antoine  d'Areilh,  bour- 
geois et  juge  de  Beaulieu  (18  novembre  1611  à 
1637),  avec  notes  du  xvin'  siècle.  Cabinet  de 
M.  Louis  de  Veyrières,   à  Beaulieu. 

19"  Journal  d'un  sieur  Gondinet,  de  Saint-Yrieix 
(du  25  mars  1613  au  20  octobre  1630).  Propriété 
de  M.  Boavieux,  inspecteir  des  Domaines^  à  Auch. 

20"  Livre  de  raison  d'un  sieiïr  Jarrige,  de  Saint- 
Yrieix  (1617  à  1626).  En  la  possession  de  M.  Boi- 
leau,  à  Saint-Yrieix. 

2r  Notes  personnelles  inscrites,  de  1627  à  1632, 
par  L.  Pauthut,  curé  de  Saint-Maurice  de  Limoges, 
sur  les  registres  paroissiaux  de  cette  église.  Ar- 
chives de  l'hôtel  de  ville  de  Limoges  (1). 

22'  Livre  de  raison  de  Jean  et  Jérôme  Texendier, 
frères,  (9  novembre  1636  à  1662).  Archives  de 
famille  de  M.  le  comte  de  Villelume. 

23°  Livre  de  raison  de  Jean  Péconnet,  bour- 
geois de  Limoges  (1644  au  23  octobre  1678).  Pro- 
priété de  M.  Adolphe  Péconnet  du  Ghâtenet,  à 


[I]  Voir  les  plus  curieuses  de  ces  notes  dans  notre  notice  sur 
les  ItngMrv»  deê  Paroisxen  de  Limoges,  Bulletin  de  la  Société 
archéologique  et  historique  du  Limousin,  t.  XXIX,  p.  33,  et  Aima- 
tiacA  iimomiii.  de  1869 


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—  U7  — 

24'  Livre  de  famille  du  même.  Perdu. 

25'  Journal  de  Jean  Lafosse,  bourgeois  de  Li- 
moges, pendant  l'année  de  soa  consulat  (1"  jan- 
vier 1649(1)  au  7  décembre  1649}.  Copie  de  Legros 
au  séminaire  de  Limoges.  Original  perdu. 

26'  Livre  de  raison  de  Jean  Texandier,  de  sa 
bru,  Valérie  Du  Boys,  et  de  son  petit-fils,  Jean- 
Baptiste  (24  septembre  1662  au  18  janvier  1703). 
Archives  de  famille  de  M.  le  comte  de  Villelume, 
déjà  mentionnées. 

27*  Journal  personnel  d'un  sieur  Avril,  de  Li- 
moges (milieu  du  svn*  siècle).  E.^traits  reproduits 
dans  les  manuscrits  des  abbés  Nadaud  et  Legros, 
au  séminaire  de  Limoges.  Perdu(i). 

28°  Journal  personnel  de  Jean  Moreau,  notaire 
au  Dorât  (1666  à  1741).  Signalé  par  M.  l'abbé 
Lecler(3). 

29'  Livre  de  raison  du  président  Chorllon,  de 
Guéret.  Signalé  par  M.  Jean  de  Cessac,  de  Guéret 
{deuxième  moitié  du  xvii'  siècle). 

30°  Livre  de  raison  de  Joseph  Péconnet,  avocat 
à  Limoges  (30  août  1679  à  1700)  (?),  avec  notes 
relatives  aux  domaines  ruraux  jusqu'en  1716.  Pro- 


(0  Ls  commencement,  du  7  décembre  t64S  su  1"  janvier  1649, 
miuique. 

(2)  Cet  Avril  ne  serait-il  pas  le  médecin  Pierre  Avril,  mort  le 
13  juin  I6T5,  à  aoiiante.douze  ans,  et  que  le  curé  de  Saint-Maurice 
de  la  Cité,  en  enregistrant  sa  sépulture,  qualifie  d'homme  o  très 
acavant  et  très  expérimenté.  » 

(3)  Quelques  passages  de  ce  document  ont  été  publiés  par  H.  A. 
Leroux  {Documenls  Itisloriquea  relatifs  à  la  ville  du  Dorât), 
Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Lin 
l.  XXIX.  p.  172. 


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—  148  — 

priété  de  M.  Ad.  Péconnet  du  Châtenet,  de  Li- 
moges. 

31°  Registre  de  famille  des  Romanet  du  Caillaud 
(xvn*  et  xvin'  siècles).  Archives  de  la  famille  Ro- 
manet du  Caillaud,  château  du  Caillaud,  près  Isle 
(Haute-Vienne). 

3?"  Registre  de  famille  d'un  sieur  du  Mas-Genest? 
(xvni*  siècle).  Archives  d'une  famille  de  Cieux  (Hte- 
Vienne). 

33''  Registre  de  famille  des  Leynia  de  Chassagne, 
près  Uzerche  (1713-1830).  Archives  départementales 
de  la  Haute-Vienne,  série  E. 

34°  Registre  de  famille  d'Etienne  Retouret,  de 
Limogos  (1746  à  1703).  Extraits  en  la  possession 
de  M.  l'ahhé  Lecler. 

35°  Livre  de  raison  de  N.  Laniy  de  Luret,  curé 
de  La  Roche-L'Abeille  (1779-1788).  Archives  dépar- 
tementales de  la  Haute-Vienne,  série  G. 
36°  Etat  des  redevances  dues  au  chanoine  J.-B. 
Marchandon  du  Puy-Mirat,  à  Limoges  (1789-1791). 
Cabinet  de  M.  R.  Chapoulaud,  à  Limoges. 

Cette  sorte  de  documents  est  aujourd'hui  si  peu 
familière  au  public,  et,  dans  notre  pays  en  parti- 
culier, elle  semble  si  inconnue,  ou  pour,  mieux 
dire,  si  complètement  oubliée,  que  nous  avons 
cru  faire  une  œuvre  utile  en  copiant,  dans  les 
registres  de  famille  dont  qirelques  personnes  ont 
bien  voulu  nous  donner  communication,  un  cer- 
tain nombre  de  passages  choisis  et  eu  publiant  ces 
extraits,  accompagnés  des  nott^s  indis|iensables  : 
ainsi  groupés,  ils  prennent  une  physionomie  mieux 


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—  U9  — 

caractérisée,  et  acquièrent  une  signification  plus 
précise  et  un  plus  vif  intérêt.  On  en  jugera  en 
parcourant  ces  pages,  dont  quelques-unes  ont  été 
écrites  il  y  a  quatre  siècles  et  demi,  et  on  se 
rendra  aisément  compte  de  tout  le  fruit  qu'un 
lecteur  attentif  peut  retirer  de  l'étude  de  nos  an- 
ciens papiers  domestiques. 

Les  registres  conservés  dans  nos  vieilles  familles 
limousines  ne  diffèrent  en  rien  de  ceux  dont  l'exis- 
tence a  été  signalée  dans  d'autres  contrées.  Ce  sont, 
dans  ceux-là  comme  dans  ceux-ti,  les  mêmes 
traits  principaux  :  la  même  simplicité,  le  même 
ton  grave,  la  môme  sollicitude  toujours  en  éveil, 
la  même  robuste  piété.  Il  faut  toutefois  convenir 
que  nous  n'avons  rencontré  dans  aucun  de  ces 
documents,  l'élévation  de  pensée  et  la  force  de 
langage  dont  M.  de  Ribbe  a  pu  relever  de  nom- 
breux exemples  dans  les  livres  de  raison  des  pro- 
vinces du  sud-est  de  la  France,  et  qu'il  a  si  jus- 
tement proposées  à  l'admiration  de  ses  lecteurs. 
Le  manuscrit  des  La  Brunye,  de  Rochechouart,  est 
peut-être,  de  tous  nos  papiers  de  famille  de  la 
région,  celui  dont  quelques  passages  rappelleraient 
le  mieux  le  ton  et  l'allure  des  registres  dont  nous 
venons  de  parler;  mais  l'originalité  fait  ici  presque 
absolument  défaut,  et  la  sollicitude  du  père  de 
famille  ne  trouve  jamais,  pour  s'exprimer,  cette 
forme' noble,  cette  émotion  pénétrante,  cet  accent 
d'autorité  qui  donnent  une  si  haute  portée  morale 
aux  enseignements  consignés  sur  certains  papiers 
domestiques.  On  peut  dire  que  nos  registres  de 
famille  et  nos  livres  de  raison  donnent  assez  ftdè- 


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lement  la  note  du  caractère  de  nos  compatriotes 
limousins.  On  y  reconnaît  l'empreinte  de  leurs 
qualités,  de  la  simplicité  de  leurs  mœurs,  de 
leur  piété,  de  leur  résignation,  de  leur  courage 
au  travail.  Mais  on  y  retrouve  aussi  à  un  haut 
degré  leur  souci  excessif  des  intérêts  matériels  et 
le  défaut  trop  ordinaire  d'élévation  de  leurs  pen- 
sées, résultat  forcé  de  la  prédominance  des  préoc- 
cupations les  plus  vulgaires  de  la  vie  et  d'une 
indifférence  profonde  de  la  culture  intellectuelle. 
Les  extraits  qu'on  trouvera  à  la  suite  de  ces 
remarques  préliminaires  sont  empruntés  à  vingt 
manuscrits  inédits  figurant  au  relevé  que  noua 
avons  donné  plus  haut.  Il  nous  a  paru  nécessaire 
de  consacrer  à  chacun  de  ces  documents  une  courte 
notice,  destinée  à  signaler  au  lecteur  les  particu- 
larités qui  peuvent  être  de  nature  à  appeler  son 
attention. 

I.  —  A-près  le  livre  de  raison  d'Etienne  Benoist 
et  les  notes  de  famille  mêlées  à  la  chronique  du 
notaire  Tarneau,  il  n'existe  pas  en  Limousin,  à 
notre  connaissance,  de  document  de  cet  ordre  plus 
ancien  que  le  Registre  des  comptes  ruraux, 
contrats  et  notes  diverses  des  Massiot,  actuelle- 
ment en  la  possession  de  M.  le  chanoine  Arbellot, 
président  de  la  Société  archéologique  et  historique 
de  Limoges.  La  première  mention  datée  qu'on  y 
trouve  remonte  au  17  février  1431;  la  plus  ré- 
cente est  du  17  novembre  1490.  Ajoutons  qu'un 
petit  carré  de  papier,  d'une  écriture  très  posté- 
rieure, attaché  par  une  épingle  au  verso  d'un 


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feuillet,  conserve  le  souvenir  de  deux  dâcès,  sur- 
venus l'un  le  26  janvier  1494  (nouveau  style  : 
1495),  l'autre,  le  18  juin  1496. 

Malgré  le  peu  de  soin  qu'ont  dû  en  prendre 
pendant  de  longues  années  ses  détenteurs  succes- 
sifs, le  registre  des  Massiot  n'est  point  en  trop 
mauvais  état.  Quelques  feuillets  sont  rongés  sur 
les  bords;  l'encre  de  quelques  pages  a  pâli;  mais 
on  lirait  son  contenu  sans  trop  de  peine,  n'étaient 
les  abréviations  singulières  qui  arrêtent  le  curieux 
à  chaque  ligne  et  le  détestable  patois  dans  lequel 
s'expriment  ses  rédacteurs.  Quelques  actes  en  fran- 
çais, seuls,  sont  d'une  langue  remarquablement 
correcte;  tout  le  reste  du  volume  est  en  mauvais 
latin  ou  en  roman  tout  à  fait  corrompu.  Énorme 
livre  de  plus  de  800  pages,  formé  de  dix  gros 
cahiers  (1)  de  papier  de  chiffon  in-4''  (301  milli- 
mètres sur  218  à  224)  recouverts  chacun  d'une 
feuille  de  parchemin  et  reliés  ensemble,  il  offre 
des  spécimens  d'une  vingtaine  d'écritures,  dont 
deux  surtout  méritent  d'être  signalées  pour  leur 
netteté.  Le  papier  qui  le  compose  est  marqué, 
dans  la  pâte,  d'un  filigrane  représentant  tantôt 
une  main  bénissant  aux  doigts  allongés  et  dont 
l'avant-bras  est  terminé  par  une  sorte  de  man- 
chette, tantôt  une  licorne  d'aspect  passablement 
lourd;  le  plus  souvent  une  tête  d'animal  sur- 
montée de  deux  longues  cornes  —  une  tête  de 
chèvre,  semble-t-il  —  ailleurs  une  vache  assez  bien 


(t)  C'est  au  cinquiëma  et  au  neuvième  cahiers  qu'on  trouve  les 
articles  les  plus  anciens. 


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figurée.  On  ne  trouve,  pour  ainsi  dire,  aucune 
différence  entre  l'aspect  des  feuilles  qui  portent 
ces  divers  signes,  et  leur  fabrication  paraît  re- 
monter uniformément  à  la  première  moitié  du 
sv'  siècle.  Nous  savons  que  cent  cinquante  ans 
plus  tard,  il  y  avait  sur  la  Vienne,  en  amont  de 
Saint- Léonard,  des  moulins  à  papier;  mais  il  se- 
rait peut-être  téméraire  d'avancer  qu'il  en  existât 
à  cette  époque.  Vers  1360,  plusieurs  villes  de 
France,  Angoulème  et  Troyes  entre  autres,  en 
possédaient.  On  peut  toutefois  supposer,  d'après 
un  passage  du  registre  même,  relatif  à  des  mar- 
chandises reçues  de  Genève  en  1437,  que  du  papier 
de  fabrication  italienne,  expédié  par  cette  voie,  a 
fourni  les  cahiers  dont  se  compose  le  livre  en 
question.  Les  marques  que  nous  avons  indiquées 
plus  haut  semblent  confirmer  cette  hypothèse. 

Singulier  recueil  en  vérité  :  amas  confus  d'actes 
de  tout  genre  et  de  renseignements  hétérogènes. 
On  trouve  d'ordinaire  un  peu  de  tout  dans  ces 
vieux  registres  de  famille;  mais  celui-ci,  dans  la 
modestie  apparente  de  son  cadre,  nous  ofk-e  une 
variété  de  notes  faite  pour  surprendre,  même  le? 
personnes  que  leurs  études  ont  familiarisées  avec 
ces  sortes  de  manuscrits.  Et  tout  cela,  dans  un 
pèle-méle  de  dates  et  d'objets  qui,  au  premier 
abord,  est  fait  pour  rebuter  le  bon  vouloir  et 
décourager  la  curiosité  du  lecteur.  Voici,  par 
exemple,  entre  un  contrat  de  reconnaissance  de 
cheptel  de  1487  et  une  note  de  1477  (par  laquelle 
Jean  Massiot  recommande  à  ses  héritiers,  si  leur 


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fortune  augmente,  d'acheter  une  vigne  du  côté  de 
Champmain  ou  du  Treuil  de  l'Hôpital,  où  la  gelée 
cause  moins  de  dégâts),  le  passage  dont  nous 
avens  déjà  parlé,  mentionnant  la  mort  du  duc  de 
Bourgogne,  le  redoutable  adversaire  de  Louis  XI. 
Dix  ou  quinze  pages  plus  haut,  quelques  lignes 
confuses,  relatives  au  prix  de  vente  de  divers  ani- 
maux, au  milieu  desquelles  on  rencontre  des  re- 
connaissances de  1434  et  de  1459,  sont  suivies 
d'une  liquidation  de  société  commerciale-,  de  1439; 
vient  ensuite  un  curieux  compte  de  marchandises 
reçues  de  Genève  en  1437,  dans  lequel  se  trouvent 
intercalées  des  notes  de  1446  relatives  à  des  ventes 
de  bestiaux  ;  à  la  page  suivante  on  lit  l'analyse, 
fort  intéressante,  d'un  sermon  prêché  par  un  bon 
religieux  dans  l'église  de  Saint-Léonard,  le  3  dé- 
cembre 1437,  et  résumé  par  Gérald,  le  chef  de  fa- 
mille qui  a  conunencé  le  recueil  :  la  main  pieuse 
des  fils  a  noté,  au  bas  de  la  page,  que  celle-ci 
est  de  l'écriture  même  de  leur  père.  Plus  loin  ce 
sont  des  recettes  de  potions,  d'emplâtres,  une  autre 
«  pour  fere  borax  de  roche,  »  un  cantique  à  la 
Sainte  Vierge,  des  remarques  sur  le  retour  pério- 
dique des  calamités  publiques  :  famines,  guerres, 
épidémies,  le  souvenir  un  peu  confus  des  grandes 
luttes  des  xiv"  et  iv'  siècles  entre  l'Angleterre  et 
la  France  :  la  mention,  entre  autres,  de  la  descente 
sur  la  côte  du  sud-ouest,  en  1388,  des  Anglais 
commandés  par  le  comte  d'Arundel  :  tout  cela 
semé  sans  ordre  au  milieu  d'une  multitude  d'actes 
et  de  notes  de  styles  très  divers,  d'objets  très 
variés.  Les  contrats  sont  inscrits  de  la  main  même 


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—  154  — 

du  notaire  sur  le  livre  de  famille.  Une  douzaine 
de  tabellions  ont  pris  part  à  la  rédaction  du 
recueil,  et  on  peut,  au  bas  de  chaque  acte, 
admirer  leur  signature  et  leur  paraphe.  Ce  sont  : 
J.  Beaure,  Gailliaud,  Léonard  et  Nicolas  Ravaud, 
Martial  Basset,  N.  de  La  Vigne,  N.  de  ViroUe, 
Giraud  de  Saint- Yrieix,  Etienne  Tillourier,  Jean 
de  Convalètes  ou  de  Gombalètes,  N.  Bordas,  N. 
Valière,  Pierre  de  Meyrenges,  Nicolas  Hugonaud, 
Antoine  Hugonaud.  Le  coût  de  chaque  acte  est 
fixé  d'avance  et  on  trouve  sur  un  feuillet  spécial, 
à  la  date  de  1483,  les  soumissions  par  lesquelles 
plusieurs  de  ces  honorables  praticiens  prennent, 
.  vis-à-vis  des  Massiot,  l'engagement  de  passer  pour 
leur  compte  tout  contrat  d'obligation  ou  de  bail 
de  cheptel  au  prix  de  cinq  sols,  et  tout  autre 
acte  au  prix  de  sept  sols  six  deniers. 

Ces  Massiot  (1)  sont  de  riches  bourgeois  de  Saint- 
Léonard  de  Noblat,  petite  ville  à  21  kilomètres 
Est  de  Limoges.  Le  premier  dont  nous  rencon- 
trions le  nom  dans  notre  recueil  est  Gérald, 
marié  à  Jeanne  Clautre,  et  qui  meurt  vers  1442 
ou  1443.  Son  fils  Jean,  marié  à  Marguerite  Faure, 
de  Saint-Paul,  lui  succède  dans  la  tenue  de  son 
registre  comme  dans  l'administration  de  la  for- 
tune de  la  famille.  Celui-ci  a  plusieurs  enfants  : 
Antoine,  né  vers  1442,  qui  fait  accompagner  en 
1457  sa  signature  de  la  qualification  de  clerc,  et 
qu'on  retrouve  en  1478  prieur  de  Bieulidout,  près 
Oradour-sur-Glane  (Hte- Vienne)  ;  Jean,  qui  meurt 

(1)  Cetta  famille  eat  âteinte  depuis  longtemps. 


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le  18  juin  1496  à  l'âge  de  trente-cinq  ans,  s'il 
faut  en  croire  une  note  qui  nous  parait  le  rajeu- 
nir de  sept  à  huit  années  au  moins  (t);  Louis, 
mort  le  26  janvier  1494  <r  à  trente  ans  »  et  qui 
pourrait  bien  être  le  même  que  Louis,  né  le 
3  janvier  1457;  Biaise,  né  le  jour  de  la  Saint- 
Biaise  de  l'an  1463.  Les  deux  premiers  ont  pris 
une  part  importante  à  la  rédaction  du  registre; 
il  semble  môme  que  beaucoup  des  notes  se  rap- 
portant à  la  gestion  de  Jean  Massiot,  fils  de 
Gérald,  soient  écrites  de  la  main  d'Antoine. 

Les  Massiot  sont  marchands;  ils  vendent  un  peu 
de  tout  :  des  co?iche8  et  des  poêles;  du  drap  et 
des  étoffes  de  toute  nature  et  de  toutes  prove- 
nances :  tissus  divers,  futaines,  blanchet,  gris, 
tanné,  mouriquet  de  Saint-Lô;  du  grain,  du 
sel,  du  cuir,  du  papier;  des  épices  :  poivre, 
girofle,  et  du  sucre  qu'ils  reçoivent,  on  l'a  vu 
plus  haut,  directement  de  Genève.  Ils  prêtent 
aussi  à  leurs  clients,  et,  au  très  intéressant 
mémoire  des  sommes  dues  par  le  seigneur 
de  Royères,  pour  fournitures  faites  pendant  les 
années-  1480,  1481  et  1482,  figurent,  auprès 
d'achats  d'étoffes  et  de  marchandises  d'épicerie, 
plusieurs  emprunts  d'argent. 

La  petite  ville  de  Saint-Léonard,  avec  un  chiffre 
de  population  assurément  inférieur  au  nombre  ac- 
tuel de  ses  habitants,  était  peut-être,  aux  xiv'  et 
XV'  siècles,  aussi  florissante  et  aussi  riche  qu'au- 
jourd'hui. Elle  n'avait  pas  encore  ses  porcelaines 

(1)  A  moioB  toutefois  qu'il  n'ait  eu  un  frère  du  in£me  nom  que  lui. 


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et  ses  papiers  ;  mais  son  commerce  de  cuirs  était 
considérable  et  ses  poêliers  et  bassiniers  jouissaient 
d'une  très  grande  réputation.  Elle  possédait,  dès 
le  temps  de  saint  Louis,  des  foires  et  des  marchés 
oiî  l'on  se  rendait  de  très  loin  ;  à  cette  époque, 
nous  trouvons,  en  relations  d'affaires  avec  les  ha- 
bitants de  Saint-Léonard,  des  négociants  de  Mon- 
tauban,  du  Quercy  et  de  la  Bourgogne;  au  xv" 
siècle,  le  manuscrit  dont  nous  publions  des  extraits 
nous  montre  Gérald  Massiot  recevant  directement 
de  Genève  des  marchandises  tirées  de  l'Italie  et 
de  l'Orient,  et  ses  enfants  traitant  avec  un  maître 
poêlier  originaire  de  Villedieu,  en  Normandie, 
Gislet  Oubelin,  qui  s'oblige  à  travailler  exclusi- 
vement pour  eus  durant  trois  années.  L'acte,  qui 
est  daté  du  14  octobre  1480,  nous  révèle  le  nom 
d'un  autre  Normand,  établi  également  à  Saint- 
Léonard,  Lambert  de  Canville.  Le  frère  de  Gislet, 
aussi  maître  poêlier,  paraît  fixé  dans  cette  ville; 
tout  au  moins  y  est-il  présent  en  1490. 

Gérald  a  eu  longtemps  un  associé,  Jean  de  la 
Ribière.  La  société  est  dissoute  le  18  février  1439. 
L'acte  qui  constate  cette  dissolution  et  liquide  les 
droits  respectifs  des  deux  associés  nous  apprend 
que  Gérald  avait  versé  comme  apport  64  royaux 
d'or,  équivalant  à  un  marc,  et  que  Jean  s'était  con- 
tenté de  promettre  pareille  somme.  Aussi  ce  der- 
nier, tous  gains  et  pertes  compensés  et  tous  comptes 
apurés,  reste-t-il  débiteur  vis-à-vis  de  Massiot  d'une 
assez  grosse  somme  :  188  royaux  (environ  2,050 
francs,  12,300  francs  d'aujourd'hui). 


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Une  note  des  plus  singulières  de  notre  livre, 
celle  relative  à  l'éelipse  dn  16  mars  1485,  sur 
laquelle  nous  reviendrons  plus  loin,  nous  apprend 
qu'à  cette  date,  Jean  Massiot  était  un  des  huit 
consuls  de  Saint-Léonard.  La  commune  de  cette 
ville  avait  une  illustre  origine;  elle  devait  son 
institution  à  Richard  Cœur-de-Lion,  roi  d'Angle- 
terre (1);  au  siècle  suivant  on  voit  les  magistrats 
populaires  jouir  des  prérogatives  les  plus  éten- 
dues, administrer  les  intérêts  de  leurs  comitoyens 
sans  entrave  et  sans  contrôle,  réparer  les  mu- 
railles, lever  les  deniers  communs,  recevoir  le 
serment  de  fidélité  des  habitants  (2),  se  réunir  deux 
fois  la  semaine  à  la  maison  de  ville,  avec  leur 
conseil,  pour  juger  les  causes  civiles  (3),  et  pro- 
noncer sur  les  affaires  criminelles  en  plein  air, 
devant  la  commune  assemblée,  sous  l'ormeau 
planté  en  face  de  la  porte  de  l'église  Notre- 
Dame  (4).   Toutefois  l'évèque,  qui   était  seigneur 


(!)  Petrus  Vclade...  audivit  dici  a  pâtre  suo  quod  erat  presens 
cura  reï  Ricbardus  Anglio  dedcrat  cis  consulalum  et  communi- 
fatem,  etc.  Potriia  do  Arfolio...  dicit  quod  liahent  consotatuin  et 
comtnunitatem  ex  doiio  Régis  Richardi  (Enqufite  de  12tJS,  carton 
n*  2410  du  Tonds  de  l'iîvêchtf,  aux  arcliives  de  la  Haute-Vienne). 

(!)  In  dicto  festo  (de  la  chaire  de  saint  Pierre)  oreantur  consulcs 
in  dicta  villa,  et,  ipsis  creatis,  ipsi  aocipiuut  sacramentum  a  corn- 
munitatï,  etc.  (ifjid.), 

(3)  Leonardus  Goudellî  dicit  quod  in  civilibus  causis,  que  trac- 
tantur  in  dûmo  communi....  Le  Tourneur...  vidit  plures  litigare  bis 
ifl  scptimaua  in  domo  commuui,  coram  coiisulibus  (ibid.). 

(4)  Petrus  Tutonia...  audivit  trompari  quod  omnis  venissct  ad 
platcnm  que  est  aille  eccK'siaiii  Heale  Marie,  sublus  quamdam 
arborem...  et  consuleis.\.  Jictuin  judiduin  feucrutit  subtus  dictain 
arbore  m,  etc.  (ibid.). 


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de  Saint-Léonard,  ayant  acquis  des  trois  ou  quatre 
familles  de  chevaliers  qui  habitaient  le  château  de 
Noblat,  tous  les  droits  dont  celles-ci  étaient  en  pos- 
session depuis  un  temps  immémorial,  entreprit 
d'enlever  aux  bourgeois  les  plus  précieuses  de 
leurs  libertés;  une  longue  lutte  s'engagea  entre 
le  prélat  et  les  consuls  :  l'issue  en  était  douteuse 
et  les  officiers  royaux  montraient  des  dispositions 
assez  favorables  aux  habitants,  lorsqu'une  sorte 
de  coup  de  théâtre  mit  fin  aux  incertitudes  du 
procès  et  ruina  pour  toujours  les  libertés  de  la 
commune.  L'évèque  consentit  à  partager  avec  le 
roi  la  juridiction  que  les  deu*L  parties  se  dis- 
putaient et  qu'il  prétendait  exclusivement  pos- 
séder. A  la  suite  d'un  traité  conclu  en  1307,  un 
pariage  fut  établi  à  Saint -Léonard  et  les  bour- 
geois se  ti-ouvèrent  privés  de  la  justice  et  de 
la  police.  L'organisation  municipale  subsista  néan- 
moins, et  les  magistrats  continuèrent  à  pourvoir 
à  l'entretien  des  murailles  et  à  quelques  objets 
d'administration. 

Au  nombre  des  prérogatives  des  consuls  figu- 
rait le  droit  d'avoir  une  caisse  de  charité,  le 
«  coffre  des  pauvre8(l),  »  qu'alimentaient  soit  des 
dons  volontaires  et  des  legs,  soit  une  taille  levée 
sur  les  citoyens.  Nous  voyons,  par  deux  passages 
de  notre  registre,  qu'au  xv'  siècle  les  magistrats 
de  Saint-Léonard  avaient  gardé  ce  privilège;  il  y 
est  en  effet  question  de  legs  faits  aux  a  aumônes 


(1)  Dicti  consules  babent...  sigîllum  comimine,  arcliam  pauperum 
el  arnuturas  commuaes  {ibid.). 


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—  159  — 

du  consulat  »  par  Gérald  et  sa  femme,  Jeanne 
Clautre.  Ces  distributions  officielles  étaient  en 
usage  dès  une  date  fort  reculée  (1),  et  peut-être 
la  porte  Aumônière,  une  des  principales  de  la 
ville,  leur  devait-elle  son  nom.  A  Limoges,  les 
distributions  étaient  faites  à  Noél  en  nature,  et, 
le  jour  de  l'Invention  de  la  Sainte-Croii,  en  ar- 
gent; elles  avaient  lieu  à  l'hôtel-de- ville. 

Dans  la  même  ville,  les  registre?  de  certaines 
confréries  de  charité  montrent  les  consuls  inter- 
venant dans  l'administration  des  deniers  de  l'asso- 
ciation. Il  devait  en  être  ainsi  à  Saint- Léonard  ; 
il  se  pourrait  même  que  la  confrérie  des  Trépassés, 
à  laquelle  Antoine  Massiot  se  fait  agréger  en  1484 
et  qui  parait  avoù?  été  une  «  cbarité  »  analogue 
à  celle  des  Suaires  de  Limoges,  eût  le  caractère 
d'une  institution  municipale;  le  prieur  de  Dieu- 
lidout  lui  donne  en  effet  la  dénomination  assez 
remarquable  de  «  confrérie  des  Trépassés  du  Con- 
.sulat.  » 

Une  autre  association  pieuse  mentionnée  au 
livre  des  Massiot,  pourrait  se  rattacber  aussi  par 
un  lien  étroit  à  l'bôtel -de- ville  :  nous  voulons 
parler  de  la  confrérie  de  Noire-Dame  de  sous  tes 
arbres.  N'y  aurait-il  pas  là  un  souvenir  de  ces 
assemblées  de  citoyens  qui  se  tenaient  devant  la 


(1)  L'usage  en  remonterait,  d'après  le  chroniqueur  Geoffroi  de 
Vigeois,  à  la  période  qui  suivit  immédiatement  la  Croisade.  Nous 
avons  traité  sommairement  cette  question  des  aumônes  munici- 
pales dans  une  notice  sur  les  Confréries  de  dévotion  et  de  chu- 
rite  en  Limouein  antérieurement  au  xv  siècle.  (Cabinet  histo- 
rique, année  18B2.} 


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—  160  — 

vieille  église  et  que  mentionnent  tant  de  fois  les 
documents  du  xm'  siècle;  ou  bien  cette  associa- 
tion avait-elle  été,  à  St-Léonai-d,  ce  que  fut  peut- 
être,  dans  le  Château  de  Limoges,  celle  de  saint 
Martial  :  l'embryon  de  la  commune  et  le  cadre 
de  sa  primitive  organisation. 

Nous  parlions  plus  haut  d'un  passage  curieux 
relatif  à  l'éclipsé  de  soleil  du  16  mars  1485. 
S'il  faut  en  croire  Massiot,  le  roi  avait  fait  crier 
par  les  villes  qu'à  l'heure  où  elle  devait  se  pro- 
duire, tout  le  monde  se  tint  renfermé  dans  les 
maisons  et  demandât  miséricorde  à  Dieu;  car  tout 
ce  qui  serait  par  les  champs  ou  par  les  chemins 
à  ce  moment,  hommes  et  bêtes,  devait  périr. 
L'auteur  du  livre  de  raison  ajoute  que  la  teneur 
de  l'ordonnance  royale  lui  fut  communiquée,  le 
matin  même  du  16  mars,  par  le  prieur  de  Saint- 
Léonard,  qui  le  chargea  d'en  faire  part  aux  autres 
magistrats  municipaux.  On  annonçait  également 
qu'avant  que  Pâques  fût  passé,  le  peuple  aurait 
beaucoup  à  souffrir.  Massiot  constate  avec  satis- 
faction que  l'éclipsé  ne  dura  qu'un  quart-d'heure, 
et  il  n'enregistre  aucun  événement  de  nature  à 
nous  donner  à  penser  que  les  terribles  prédictions 
du  matin  se  soient  réalisées.  11  est  permis,  du 
reste,  de  douter  de  l'authenticité  de  l'ordonnance 
de  Charles  VIIl,  bien  qu'en  ces  matières  tout  pa- 
raisse possible  à  qui  a  lu  l'histoire  et  connaît 
tant  soit  peu  notre  crédule  humanité. 

Les  Massiot  ont  un  petit  mémorial  assez  ch- 
rieux  à  leur  usage.  On  y  apprend  que,  toutes  les 
années  «  cinquante,  »  il  y  a  famine  au  royaume 


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de  France.  S'il  faut  en  croire  l'expérience  du 
temps,  les  grands  événements,  et  spécialement  les 
calamités  publiques,  se  reproduisent  toujours  dans 
le  même  ordre.  C'est  d'abord  la  guerre,  que  sui- 
vent d'babitude  des  années  de  jubilé  et  d'indul- 
gences extraordinaires,  puis  la  famine,  et  après 
la  famine,  la  peste.  Nous  soupçonnons  Antoine 
Massiot,  le  prieur,  d'être  le  rédacteur  de  ce  pas- 
sage où  nous  croyons  reconnaître  sa  belle  et  ferme 
écriture,  et  où  il  cite  comme  autorité  un  vieillard 
de  DieuUdout.  Ce  dernier  lui  a  raconté  que  l'année 
1331  avait,  au  rapport  de  son  père,  été  signalée 
par  une  famine,  et  que  la  guerre  et  des  divisions 
profondes  avaient  ensuite  désolé  la  contrée  ;  famine 
encore  en  1381,- troubles  aussi  et  descente  d'un 
prince  d'Angleterre  en  Gascogne  (il  s'agit  probar 
blement  de  l'expédition  du  comte  d'Arundel,  à 
laquelle  nos  routiers  de  Chàlucet  prêtèrent  un  si 
efficace  concours  en  opérant  une  diversion  en 
Berry;  cette  campagne  est  toutefois  de  sept  ans 
postérieure);  troubles  et  mortalité  en  1382;  1463 
est  appelé  l'année  des  grandes  neiges;  de  1465 
à  1479,  terribles  guerres;  depuis  1472,  il  y  a  eu 
tant  de  «  pardons  »  qu'on  ne  saurait  se  souvenir 
de  tous.  En  1431,  dix  setiers  de  blé  coûtent  un 
écu,  ce  qui  fait  ressortir  à  1  franc  :  6  francs  d'au- 
jourd'hui, le  prix  d'un  setier.  Le  setier  de  Saint- 
Léonard  équivalait  à  6  décalitres  12  et  était  plus 
fort  d'un  sixième  environ  que  celui  de  Limogés. 
En  1432,  pénurie;  le  setier  se  vend  cinq  fois  plus 
cher;  on  n'en  a  que  deux  pour  un  écu;  il  vaut 
donc  5  francs,  30  francs  d'aujourd'hui  ;  il  faut  re- 


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marquer  toutefois  que  les  forléaux  de  Limoges(l) 
portent  cette  année-là  le  setier  de  seigle  à  24  sous 
et  celui  de  froment  à  30,  soit  9  fr.  32  et  11  fr.  65 
(56  et  70  francs  d'aujourd'hui),  et  que  l'année 
d'avant  ils  les  font  ressortir  l'un  et  l'autre  à  la 
somme  vraiment  fabuleuse  de  neuf  royaux  {92  fr. 
33  :  554  francs!!)  11  y  a  là  quelque  erreur  énorme' 
que  nous  ne  pouvons  exactement  redresser,  mais 
contre  laquelle  nous  devons  mettre  en  garde  nos 
lecteurs.  En  1433  le  setier  se  vend,  à  St-Léonard, 
un  royal  (13  fr.  17  :  79  francs).  En  1434,  le  prix 
du  setier  descend;  on  le  donne  à  4  sous  (1  fr.  64  : 
9  fr.  85)  a  sans  battre  ni  moudre,  »  c'est-à-dire 
vendu  dans  la  paille.  A  Limoges  il  vaut  6  sous, 
c'est-à-dire  2  fr.  46  :  14  fr.  75).  Ajoutons  qu'en 
1482,  un  setier  de  froment  de  rente  s'acquiert 
moyennant  cent  sous,  ce  qui  —  le  taux  d'acquisition 
des  redevances  perpétuelles  se  rapprochant  en  gé- 
néral de  cinq  pour  cent  —  fait  ressortir  à  cinq  sous 
(1  fr.  50,  soit  9  francs)  le  pri.t  du  setier.  Vers 
la  même  époque,  une  rente  perpétuelle  de  trois 
muids  de  vin  s'achète  au  prix  de  trente-trois 
livres  :  ce  qui  fixerait  à  10  sols  (15  à  16  francs 
d'aujourd  hui)  le  muid,  dont  nous  ne  connaissons 
pas  exactement  la  contenance  (â). 

Les  nombreux  contrats  de  bail  à  cheptel  que 
renferme  le  registre  dont  nous  poursuivons  l'exa- 


(1)  Voir  les  Forléaux  publies  dans  le  Limousin  higtorique,  par 
MM.  A.  Leymarie  ot  H.  Arnoul. 

(2)  Dans  quelques  contrées   il  valait  30  ou  !1   cartes,  fùlleurs 
13  seulement. 


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—  163  — 

men  sommaire,  ne  contiennent  malheureusement 
que  des  énonciations  très  courtes,  et  toujours  à 
peu  près  identiques.  Les  conditions  du  métayage 
au  XV*  siècle  ne  pai-aissent  pas,  ne  peuvent  pas 
avoir  été  absolument  ce  qu'elles  sont  de  nos  jours. 
En  ce  qui  concerne  l'état  de  la  terre,  des  récoltes, 
leur  nature,  leur  affectation,  leur  partage,  notre 
manuscrit  ne  nous  apprend  rien  de  précis.  Il  y 
avait  une  part  du  maître  et  une  part  du  métayer; 
mais  étaient-elles  égales?  Les  fonds  étaient  alors 
grevés  de  redevances  diverses,  qui  se  payaient  les 
unes  en  nature  :  grains,  vin,  poules,  porcs,  châ- 
taignes, charrois;  les  autres  en  argent.  Les  objets 
destinés  à  acquitter  les  premières  et  ceux  représen- 
tant la  valeur  des  secondes  étaient-ils  prélevés  sur 
les  produits  communs,  ou  bien  le  propriétaire,  ou, 
si  l'on  veut,  le  possesseur,  les  gardait-il  à  sa  charge? 
La  dîme  se  payait  par  moitié.  Mais  une  fois  ce  pré- 
lèvement et  celui  du  grain  nécessaire  à  l'ense- 
mencement effectués,  les  récoltes  qui  ne  se  con- 
sommaient pas  sur  le  domaine  se  partageaient- 
elles  par  égale  portion  entre  le  maître  et  le 
métayer  ?  Nous  le  croyons  ;  mais  il  est  impossible 
de  l'affirmer,  pour  le  xv'  siècle  tout  au  moins. 
Quant  aux  cheptels  vifs,  c'est  autre  chose.  Nous 
voyons  très  bien  que  le  produit  des  ventes  du  croit 
revient  pour  moitié  au  propriétaire  et  pour  moitié 
au  colon.  Mais  une  différence  doit  être  notée 
entre  cette  époque  et  la  nôtre  dans  la  façon  de 
comprendre  la  gestion  du  cheptel;  une  fois  le 
cheptel  remis  au  métayer  pour  le  prix  de  l'esti- 
mation, on  ne  s'occupe  plus  à  présent  de  savoir  si 


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les  ventes  opérées  au  cours  du  bail  diminuent  cette 
souche,  ou  tout  au  moins  la  valeur  du  groupe  de 
bestiaux  qui  la  représente;  le  pris  de  tous  les  ani- 
maux vendus  est  également  partagé  entre  les  deux 
associés,  sauf  au  métayer  à  tenir  compte  au  maître, 
à  sa  sortie,  de  la  diminution  que  pourra  avoir  subie 
la  souche  qui  lui  a  été  livrée  à  son  entrée.  Dans 
le  registre  des  Massiot,  nous  constatons  que  tes 
comptes  de  ventes  d'animaux  établissent  une  dis- 
tinction constante  entre  les  animaux  de  cheptel, 
dont  le  prix  parait  appartenir  en  totalité  au  maître, 
et  ceux  a  faits  de  croit  »  —  fach  de  creys  —  ou 
«  bons  de  croit  »  —  boè  de  creys  —  dont  le  prix 
est  partagé  par  égale  portion  entre  les  deux  associés. 
En  dehors  des  domaines  dont  le  fonds  ou  la 
jouissance  leur  appartiennent,  et  qu'ils  font  cul- 
tiver par  des  métayers  dans  les  conditions  nor- 
males, c'est-à-dire  en  mettant  à  la  disposition  de 
ces  derniers  le  cheptel  nécessaire  à  l'exploitation, 
les  Massiot  fournissent  des  animaux  à  de  petits 
tenanciers  cultivant  des  terres  sur  lesquelles  les 
bailleurs  du  cheptel  n'ont  aucun  droit.  Le  fait  ré- 
sulte, avec  la  dernière  évidence,  du  grand  nombre 
de  métairies  dans  lesquelles  ceux-ci  tiennent  des 
bestiaux.  Toutes  assurément  ne  leur  appartiennent 
pas,  ou  ne  leur  sont  pas  affermées  ou  engagées 
par  leurs  débiteurs.  Souvent,  au  reste,  on  les  voit 
acheter  le  bétail  d'un  cultivateur,  puis,  ce  bétail 
payé,  le  lui  laisser  à  titre  de  cheptel  dont  ils  se 
réservent  la  propriété  et  partageront  le  croît.  Ce 
contrat  équivaut,  en  somme,  à  un  prêt  hypothé- 
caire dont  le  bétail  est  la  garantie,  et  dont  les 


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intérêts  sont  représentés  par  la  part  du  créancier 
dans  le  produit  des  ventes.  Rien,  dans  les  actes 
passés  à  ce  sujet,  ne  nous  autorise  à  penser  que 
les  bailleurs  participassent  en  quoi  que  ce  soit  aux 
frais  de  nourriture  des  animaux;  le  débiteur, 
comme  le  colon  ordinaire,  est  tenu  de  «  tenir, 
garder  et  nourrir  sur  son  exploitation  »  —  ienere 
incurie  sua,...  custodire  et  nutrire  —  le  chep- 
tel qui  lui  est  laissé.  Par  contre,  il  en  conserve 
la  disposition,  l'utilise  pour  sa  culture,  profite 
non-seulement  de  son  travail,  mais  de  ses  pro- 
duits accessoires.  Si  une  des  bétes  du  cheptel  vient 
à  mourir  par  la  faute  ou  la  négligence  du  déten- 
teur, celui-ci  est  l'esponsable  de  sa  valeur,  et  plu- 
sieurs reconnaissances  de  notre  registre  sont  mo- 
tivées par  la  perte  d'un  animal  livré  à  cheptel, 
causa  deperdimenti  unius  jumenti,  etc.  Une 
partie  des  vente?  de  bestiaux  dits  de  cheptel 
que  nous  avons  signalées  plus  haut,  et  qui  se 
font  au  profit  du  propriétaire  seul,  se  rapportent 
sans  doute  à  des  animaux  ainsi  vendus  ou  plutôt 
engagés.  Les  cultivateurs  cèdent  dans  les  mêmes 
conditions,  à  des  créanciers,  des  ruches  et  même 
de  simples  rayons. 

La  composition  du  cheptel  d'une  exploitation 
rurale  est  naturellement  très  variable,  comme  l'im- 
portance de  la  métairie  elle-même.  Il  est  malheu- 
reusement impossible,  faute  d'indii-ations  précises, 
d'établir  un  rapport  entre  l'étendue  du  domaine, 
ou  du  moins  des  terres,  champs  et  herbages,  et  le 
nombre  des  animaux.  A  la  date  du  31  mai  143:2, 
le  cheptel  du  domaine  de  Chauvour,  paroisse  de 


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—  166  — 

Saint-Denis  des  Murs,  lequel  est  évalué  à  six  royaux 
d'or  {79  fi-ancs  environ  :  474  francs  d'aujourd'hui), 
comprend  seulement  quatre  vaches  avec  leurs 
veaux;  celui  de  ViUemonteys,  près  Bujaleuf,  se 
compose,  à  la  date  du  4  mai  1448,  de  deux 
paires  de  bœufs  de  labour  —  boves  arantes,  — 
deux  vaches  avec  leur  suite,  deux  veaux,  une  autre 
vache  et  deux,  génisses;  il  est  évalué  à  trente-deux 
livres,  c'est-à-dire  229  fr.  88  :  1,380  francs  d'au- 
jourd'hui. Le  cheptel  de  Surzol,  estimé  dix-huit 
livres,  comprend,  le  27  mai  1457,  une  paire  de 
hœufs  de  labour,  trois  jeunes  taureaux  et  une 
vache  avec  sa  velle  ;  celui  du  Chàtenet,  près 
Ghampnétery,  estimé  à  27  livres  5  s.  7  d.,  quatre 
bœufs,  deux  vaches  avec  leur  suite,  une  génisse 
de  trois  ans,  un  taureau  d'un  an,  une  jument 
avec  sa  pouliche,  vingt  tètes  de  brebis  et  deux 
ruches  à  miel  (30  juin  1465);  cdui  d'un  domaine 
de  la  paroisse  de  Moissannes,  évalué  à  sept  royaux, 
(92  fr.  20  :  555  francs  d'aujourd'hui),  quatre  hœufs, 
une  vache  et  son  veau,  une  génisse  de  trois  ans, 
un  taureau  de  deux  ans,  quatre  moutons  ou  brebis 
et  quatre  agneaux  (1472);  «elui  de  Beauvais  com- 
porte, en  1484,  une  paire  de  bœufs,  une  vache  et 
deux  veaux,  l'un  d'un  an,  l'autre  de  deux,  et  une 
autre  vache  près  de  mettre  bas  :  le  tout  d'une  va- 
leur de  six  écus  d'or,  2  s.  11  deniers  d'une  part, 
et  sif  livrer  5  sous  de  l'autre,  —  soit  en  tout  105 
francs  95  ;  635  francs  d'aujourd'hui. 

11  faut  se  tenir  en  garde  contre  les  évaluations 
ci-dessus;  car  il  arrive  parfois  que  le  débiteur, 
détenteur  du  cheptel,  a  remboursé  une  partie  du 


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prétendu  prix  de  vente  à  l'emprunteur,  et  dans  ce 
cas  l'estimation  du  cheptel  a  dû  être  diminuée 
d'autant.  Les  prix  indiqués  ne  représentent  donc 
pas  toujours  la  valeur  réelle  des  cheptels;  mais 
on  peut  relever,  au  registre  des  Massiot,  un  très 
grand  nombre  de  notes  relatives  à  des  achats  et 
à  des  ventes  de  bestiaux,  qui  fournissent  à  cet 
égard  des  données  plus  précises.  Voici  quelques 
prix  dont  nous  avons  gardé  note  : 

Un  bœuf  se  vend,  en  1448,  3  ^cus  (51  fr.  35  : 
308  francs  d'aujourd'hui)  et  4  royaux  45  sous  {58 
francs  06  :  348  francs);  peu  après  1448,  3  royaux 
10  s.  (43  fr.  10  :  258  fr.);  entre  1454  et  1460  :  3 
royaux  12  s.  (43  fr.  82  :  263  fr.),  quatre  royaux  sept 
sous  (55  fr.  20  :  331  fr.)  quatre  livres  10  sous  (31 
francs  54  :  190  fr.);  —  en  1457  :  3  royaux  5  sols 
(41  fr.  30  :  248  francs);  en  1459  ou  60  ;  2  royaux 
et  demi  (32  fr.  93  :  198  fr.)  et  3  royaux  3  s.  9  d. 
(40  fr.  81  :  245  francs);  en  1473  :  2  écus  (22  fr.  56  : 
135  francs);  en  1474,  3  Hvres  (18  fr.  93  :  114  francs), 
et  cinquante-deux  sous  (15  fr.  41  :  92  francs);  et 
65  sous  (20  fr.  51  :  128  francs);  en  1477,  soixante- 
dix-sept  sous  6  deniers  (23  francs  35  :  140  francs); 
en  1478,  6  livres  (36  fr.  15  :  soit  917  fr.  90  d'au- 
jourd'hui). 

On  paie  une  vache,  en  1448,  deux  royaux  (26  fr. 
34  :  131  fr.  70  d'aujourd'hui),  deux  écus  (23  fr.  40  : 
140  francs);  en  1473,  un  écu  trois  quarts  (20  fr.  47  : 
123  fr.);  en  1474,  2  écus  (22  fr.  56;  135  fiancs), 
cinquante  sous  (15  fr.  59  :  77  fr.  95);  en  1475,  40 
sous  (12  fr.  47  :  74  fr.  82);  en  1484,  4  livres  (24  fr. 
09  :  145  fr.). 


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Une  vache  avec  son  veau  est  payée,  en  1456, 
soixante  sous  (21  fr.  04  :  126  francs);  en  1472,  3 
écus  a  du  c<3in  du  roi  Charles  »  (35  fr.  12  :  210  fr.); 
en  1483,  4  livres  10  sous  (27  fr.  10  :  162  francs). 

Un  taureau  se  vend,  en  1462  et  1475,  1  royal 
et  demi  (19  fr.  76  :  120  francs  d'aujourd'hui);  en 
1478,  50  sous  (15  fr.  05  :  90  francs);  en  1481,  trois 
livres  (18  fr.  06  :  108  francs);  une  génisse,  en 
1461  et  1462,  trente,  trente-trois  et  trente-quatre 
sous  (de  10  fr.  52  à  11  fr.  92  :  63  à  71  francs);  en 
1473,  vingt  sous  (6  fr.  80  :  41  francs);  en  1474, 
trente-cinq  sous  (11  fr.  04  ;  66  francs);  en  1475, 
trente  sous  (9  fr.  46  :  57  francs);  une  jument,  en 
1452,  quatre  livres  (28  fr.  46  :  171  d'aujourd'hui); 
en  1480,  six  livres  (36  fr.  15  :  217  francs);  une 
pouliche,  en  1476,  quarante  sous  (12  fr.  05  :  72 
francs);  un  poulain,  entre  1474  et  1480,  cinq  livres 
(30  fr.  12  :  180  francs);  deux  hrebis,  en  1473,  cinq 
sous,  soit  deux  sous  6  deniers  l'une  (0,85  c.  :  5  fr. 
10);  en  1484,  douze  brebis  avec  leurs  agneaux,  cin- 
quante sous,  soit  quatre  sous  2  deniers  (1  fr.  37  : 
8  fr.  20). 

Pour  en  finir  avec  le  livre  des  Massiot,  disons 
qu'en  tête  du  recueil  se  trouve  une  table  générale 
très  soigneusement  dressée  en  1473  par  Jean  : 
Jhesus  Marie  filius.  —  S'ensec  la  table  per  tro- 
var  las  notas,  contes  et  originattlx  de  lectras 
en  agueys  papier  escrichas,  tant  de  bestiau 
que  de  rendas  et  autras  acguisicions  fâchas 
per  Giraud  Massioth,  acqui  Dieu  pardon/  et 
per  me,  Johan  Massioth,  sont  filh...  Cette  table 
générale  est  accompagnée  d'un  relevé  spécial  des 


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cheptels  et  redevances  par  paroisses  :  S'ensec  xcne 
table  per  para  fias 

II.  —  Il  ne  nous  reste  malheureusement  que 
six  feuillets  du  cahier-memento  de  maître  Psau- 
met  Péconnet,  notaire  royal  à  Limoges,  et  ce  que 
nous  y  trouvons  est  bien  fait  pour  augmenter 
le  regret  qu'on  doit  éprouver  de  la  perte  de  la 
dernière  partie  de  cette  curieuse  pièce  ;  il  est  aisé 
de  constater  que  six  autres  feuillets  au  moins  ont 
été  déchirés.  Il  y  en  avait  sans  doute  un  plus 
grand  nombre.  Ce  registre  est  un  petit  carnet  de 
papier  de  format  in-8°  court  (212  millimètres  sur 
150),  d'une  écriture  assez  lisible.  Il  commence  au 
mardi  de  la  semaine  sainte  de  l'année  1487  (10 
avril)  et  s'arrête  au  mois  d'octobre  1502.  Plusieurs 
personnes  paraissent  avoir  concouru  à  l'inscription 
des  articles  qu'il  renferme.  Tout  au  moins  peut-on 
remarquer  une  différence  sensible  entre  l'écriture 
des  notes  antérieures  au  10  mars  1493  (nouveau 
style  :  1494)  et  celle  des  mentions  suivantes. 

La  langue  de  Psaumet  Péconnet  est  un  roman 
fort  corrompu  et  très  francisé  ;  à  l'exception  de 
quelques  mots,  dont  nous  avons  indiqué  en  note 
le  sens,  le  document  est  aisément  intelligible  et 
peut  se  passer  de  commentaires.  Nous  nous  bor- 
nerons donc  à  donner  ici  un  aperçu  sommaire  de 
son  contenu  et  une  très  rapide  esquisse  de  sa 
physionomie. 

C'est  à  une  période  importante  de  la  vie  de 
Psaumet  Péconnet  que  se  rapportent  les  notes 
inscrites  sur  son  petit  cahier.  Celui-ci  ne  débute 


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—  170  — 

point  par  les  prières  et  les  pieuses  invocations 
d'usage;  il  entre  tout  de  suite  en  matière  :  «  S'en- 
suit le  mémento  touchant  mes  noces.  »  Et  voici 
l'homme  rangé  notant  avec  méthode,  avec  soin, 
tout  le  détail  de  ses  petites  affaires.  Il  appartient 
à  une  bonne  famille  de  la  bourgeoisie  limousine, 
mais  qui,  à  cette  époque,  est  loin  de  briller  au 
premier  rang.  Les  Disnematin,  les  Benoist,  les 
Bayard,  les  Bouillon,  les  Boyol,  les  Ruaud,  les 
Meyze,  les  Verthamon,  les  Lamy,  les  Saleys,  les 
Rogier,  les  Du  Boys  tiennent  alors  le  haut  du 
pavé.  Néanmoins  les  Péconnet  sont  déjà  alliés  à  plu- 
sieurs de  ces  vieilles  et  riches  races  bourgeoises, 
et  c'est  la  fille  d'un  notable,  Mathive  Benoist, 
qu'épouse  le  jeune  homme.  Psaumet,  visiblement, 
n'est  point  l'aîné  de  sa  famille.  Ce  n'est  pas  lui 
qui  aura  la  garde  du  foyer.  11  a  touché,  à  la  mort 
de  son  père,  sa  pegulhieyra,  sa  légitime,  et  se 
trouve  déjà,  à  ce  qu'il  semble,  au  moment  de 
son  mariage,  en  possession  de  son  petit  avoir,  sur 
l'importance  et  la  composition  duquel  il  ne  nous . 
fournit  du  reste  aucune  indication.  Mathive  Benoist 
reçoit  une  dot  modeste,  130  livres  —  quelque  qua- 
tre mille  francs  d'aujourd'hui.  —  De  plus  la  famille 
de  l'épousée  fournit  un  logement  au  jeune  ménage 
et  un  atelier  —  obradoi'  —  (on  dirait  aujourd'hui 
un  bureau  ou  un  cabinet)  à  maître  Psaumet. 

Nous  faisions  remarquer,  dans  J'étude  qui  accom- 
pagne le  livre  des  Benoist  (1),  qu'il  n'y  était  parlé 

(1)  Le  Livre  de  raison  d'Elienne  Benoisl.  —  Limoges,  veuvo 


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que  de  deux  bijoux.  Le  cahier  de  notre  notaire  en 
mentionne  un  plus  grand  nombre;  ce  luxe  relatif 
pourrait  s'expliquer  par  la  profession  des  Péconnet, 
qui  comptent  aux  xvi'  et  xvii*  siècles  parmi  les  plus 
connus  de  nos  orfèvres  et  qui,  dès  le  siècle  pré- 
cédent, exercent  sans  doute  l'art  si  cher  à  nos 
aïeux.  Quoi  qu'il  en  soit,  Psaumet  note  avec  soin 
tous  les  cadeaux  qu'il  fait  à  Mathive,  et  il  ne 
manque  pas  d'en  inscrire  le  prix  en  regard.  C'est 
d'abord  un  signet  ou  anneau  ordinaire,  de  32  sols 
6  deniers  (9  fr.  27,  soit  46  francs  d'aujourd'hui), 
qu'il  lui  donne  loi-s  des  accords,  le  mardi  avant 
Pâques;  puis,  la  veille  de  la  Saint-Jean,  une  bague 
en  torsade,  de  quatre  livres  (22  fr.  84  :  114  fr.  d'au- 
jourd'hui), puis  l'anneau  des  flançailles,  a  ferma- 
ditz,  »  orné  de  quatre  perles  (6  liv.,  34  fr.  26  :  171 
francs),  la.  ceinture  garnie  d'argent  tout  du  long 
(6  livres  aussi),  enfin  l'anneau  de  mariée  —  aneu 
esposadiiz  —  (4  liv.  10  s.,  25  fr.  70  :  environ  129 
francs  de  nos  jours). 

Psaumet  n'inscrit  pas  avec  moins  de  ponctualité 
les  présents  reçus  que  les  présents  donnés.  11 
parait  qu'au  xv'  siècle,  un  jeune  homme,  lors  de 
son  mariage,  recevait  de  tous  ses  parents  de  petite 
cadeaux  en  argent;  l'offrande  de  chacun  était  mo- . 
deste,  et  bien  des  enfants  riches  reçoivent  aujour- 
d'hui, le  matin  d'une  première  communion  ou  le 
soir  d'une  distribution  de  prix,  une  somme  plus 
ronde  que  celle  recueillie  par  le  futur  notaire  au 
cours  de  sa  petite  tournée  de  famille, 'à  la  veille 
de  la  cérémonie  du  4  novembre  1487.  Peut-être 
faut-il  voir,  dans  cette  coutume,  une  façon  dé- 


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—  172  — 

tournée,  pour  chaque  convive,  de  payer  son  écot  : 
la  chose  serait  tout  à  fait  conforme  à  l'esprit 
pratique  et  économe  de  nos  pères.  Quoi  qu'il 
en  soit,  les  deux  florins  «  au  chat  »  et  les  trois 
livres  onze  sous  quatre  deniers  qu'avait  ramassés 
le  futur  dans  ses  visites,  furent-ils  loin  de  couvrir 
les  frais  des  noces,  qui  s'élevèrent  à  neuf  livres 
5  deniers  ('290  francs).  Psaumet  fit  bien  les  choses  : 
il  y  eut  festin  et  bal.  On  mentionne  jusqu'aux  mé- 
nétriers. Il  eût  été  intéressant  de  savoir  au  son 
de  quel  instrument  se  trémoussèrent  les  invités; 
mais  le  précieux  cahier  garde  le  silence  sur  ce 
point. 

Les  mentions  les  plus  curieuses  du  livre  de 
maître  Psaumet  sont  celles  qui  se  rapportent  à 
une  singulière  coutume,  à  laquelle  plusieurs  pas- 
sages de  nos  vieux  registres  de  l'hôtel -de- ville  font 
allusion.  Quand  une  femme  était  accouchée,  elle 
recevait  pendant  un  certain  nombre  de  jours  les 
visites  de  ses  parentes  et  de  ses  amies.  Les  «  com- 
mères »  ne  se  bornaient  pas  à  causer;  elles  s'atta- 
blaient et  banquetaient  dans  la  maison  ;  toutes  les 
provisions  du  pauvre  ménage  y  auraient  passé  si 
l'usage  ne  s'était  établi  que  chacune  apportât  son 
plat.  Point  de  mets  friands,  de  mièvreries,  de  frian- 
dises :  des  plats  copieux,  solides,  et  qui  eussent 
tous  mérité  l'estime  de  l'Harpagon  de  Molière. 
Notons  que  les  bourgeoises  n'arrivaient  pas  tou- 
jours seules;  les  «  compères  »  donnaient  souvent 
le  bras  aux  «  commères,  »  et  la  gaieté  n'y  per- 
dait rien  :  on  mangeait,  on  buvait,  on  causait,  et 


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Dieu  sait  de  quels  propos  et  de  quelles  histoires 
on  régalait  les  oreilles  de  la  pauvre  malade. 

A  plusieurs  reprises,  l'autorité  consulaire  avait 
cherché  à  abolir  ce  vieil  usage,  à  réprimer  tout 
au  moins  les  abus  et  les  désordres  auxquels  il 
ne  pouvait  manquer  de  donner  naissance.  C'est 
ainsi  qu'au  mois  de  mai  1253,  une  ordonnance 
avait  interdit  toute  visite  chez  l'accouchée  jus-  * 
qu'à  son  rétablissement  :  les  grand'mères  des  deux 
lignes,  la  mère,  la  belle-mère,  les  sœurs,  les  filles, 
les  belles-sœurs  étaient  seules  exceptées;  on  éten- 
dit par  la  suite  ce  privilège  aux  tantes,  aus  marâtres 
et  aux  nièces.  Défense  était  faite  d'envoyer,  à  l'oc- 
casion des  couches,  des  gâteaux,  des  oublies  ou 
autres  friandises,  de  faire  des  repas,  de  boire  et 
de  manger  et  de  donner  aucun  cadeau  (1).  L'accou- 
chée pouvait  toutefois,  lors  du  baptême,  offrir  au 
parrain  et  à  la  marraine  le  pain  et  le  vin,  rien 
de  plLis(3).  En  1436  ces  dispositions  furent  rappe- 
lées (3);  mais  les  efforts  des  magistrats  n'eurent 


(!)  ...E  deguna  dompna  no  la  deu  anar  veer  tant  qant  ella  jaira, 
ei  mima,  o  mair,  o  sor,  o  filla  [o  nepaa],  o  aerorga,  de  part  li  o  de 
part  lo  marit  non  era,  [o  anda,  o  marastrc]  ;  et  no  deu  fogassar  ni 
fogassas  ni  obladas,  ni  aires  trametre  per  ochaizo  de  jazillas,  ni 
après  far  marendus  per  ochaizo  de  jazitlas,  ni  autras  dompnas  no 
la  deven  anar  veer.,.  ni  adoiic  no  lai  devcn  heure  ni  mengar,  ni 
trametre  degun  do.  (Ancien  registre  du  Consulat,  fol.  13,  verso, 
i  l'Hôtel-de-villc  de  Limoges.) 

('})  La  dompna  jaira  posl  aus  compars  donar  et  a  las  comars  pan 
e  vin  per  aissi  cura  sol,  sez  plus  [ibïd.). 

(S)  Que  negun  home,  de  quelque  coiidicieu  que  se  sia,  no  ane 
comeyrar  t>y  visitar  jazent  por  hi  heure  ny  mengar,  fors  de  son 
hosial;  et  de  las  dompnas,  que  no  siaii  si  ardidas  de  hy  far  dea- 
extreordenaris.  {Ibiii.,  fol.  149,  recto.) 


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—  174  — 

aucun  succès;  s'il  se  produisit  quelque  améliora- 
tion, celle-ci  fut  de  courte  durée.  Le  manuscrit  de 
maître  Psaumet  suffirait  à  le  démontrer. 

Les  «  commérages  »  étaient  donc,  à  la  fin  du 
XV'  siècle,  aussi  en  faveur  que  deux  cent  cin- 
quante ans  auparavant.  Grâce  au  cahier  du  soi- 
gneux Péconnet,  vous  assistez,  au  lendemain  de 
la  naissance  de  son  premier  enfant,  Marie,  au  dé- 
filé des  commères  —  des  compères  aussi.  Et  de 
fait,  le  premier  dont  la  visite  soit  notée  est  le  mé- 
decin lui-même.  Monsieur  Maître  Martin  Bales- 
tier,  licencié,  ami  de  la  famille,  lequel  arrive, 
portant  —  sous  sa  robe  sans  ddute,  pour  ne  pas 
déroger  aux  traditions  de  la  gravité  médicale  — 
un  pâté  de  poulets,  une  oie,  un  poulet  rôti  et 
une  tercière  de  vin  :  la  robe  devait  avoir  une  cer- 
taine ampleur.  La  marraine  de  l'enfant  vient  en- 
suite :  c'est  la  femme  du  notaire  chez  lequel  a 
travaillé  et  travaille  vraisemblablement  encore  à 
cette  époque  le  jeune  pèi-e.  Elle  s'enquiert,  en 
entrant,  des  nouvelles  de  l'accouchée,  et  dépose 
sur  la  table  un  second  pâté  de  poulets;  on  la 
verra  revenir  peu  après,  apportant  cette  fois  un 
repas  complet  et  éminemment  substantiel  :  deux 
autres  pâtés,  un  de  poulets,  le  se  ond  de  lièvre, . 
une  oie,  un  cochon  de  lait,  quatre  poulets  rôtis 
et  deux  tercières  de  vin.  Son  mari  n'a  pas  cru 
devoir  l'accompagner,  et  Péconnet  note  avec  soin 
cette  abstention  —  où  il  semble  voir  un  acte  d'im- 
politesse, —  peut-être  pour  rendre,  à  l'occasion, 
la  pareille  à  maître  Etienne  Parrot. 

Les  commères  se  succèdent,  suivies  parfois  d'un 


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—  175  — 

compère  :  c'est  Simonne  du  Peyrat,  femme  de 
Martial  Disnematin;  c'est  Galiane  Benoist,  veuve 
de  Mathieu  Doury  ;  c'est  Anne  Saleys  avec  sa  sœur 
Mathive;  c'est  Mathive  Benoist.  Puis  voici  Pierre 
Feydit  et  sa  femme,  Jeanne  Pradilhon,  Nanette 
Saleys,  etc.  Toutes  arrivent,  l'inévitable  pâté  de  pou- 
lets à  la  main;  quelques-unes  en  offrent  deux  ou 
y  joignent  un  supplément  sérieux  :  oie  ou  (ochon 
de  lait.  Une  commère  se  distingue  par  un  menu 
plus  champêtre  :  deux  miches,  un  fromage  blanc 
et  diverses  friandises. 

Évidemment,  les  commères  et  la  famille  de 
l'accouchée  ne  consommaient  pas  sur-le-champ 
ces  amas  de  victuailles,  et  le  garde-manger  de  la 
maison  restait  garni  pour  longtemps. 

Au  mois  d'octobre  1490,  à  la  naissance  du  petit 
Pierre,  la  même  procession  recommence.  Cette 
fois  les  pâtés  de  poulets  sont  lenforcés  de  pièces 
de  bœuf  et  de  queues  de  mouton. 

11  convient  de  relever,  dans  le  livre  de  Péconnet, 
l'indication  de  quelques  prix  de  journées  ou  de 
denrées.  La  journée  du  maçon  est  payée,  entre 
1492  et  1493,  vingt-deux  deniers  (0  fr.  59  c: 
2  fr.  95  d'aujourd'hui),  sans  compter  la  nourriture, 
pain,  vin  et  pitance,  ce  qui  représente  un  supplé- 
ment d'environ  sept  deniers  (0  fr.  18  c.  8  :  0  fr. 
94  c):  trois  deniers  pour  une  livre  de  pain,  un 
pour  la  pitance  et  trois  pour  deux  pintes  de  vin. 
Il  faut  noter  ce  prix  :  la  livre  de  pain  à  0  fr.  0858, 
c'est-à-dire  à  0  fr.  4"^5;  la  pinte,  qui  équivalait  à 
Limoges  à  I  litre  071,  à  la  moitié,  c'est-à-dire  à 


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un  peu  plue  de  0  fr.  042,  soit  à  91  centimes  d'à 
présent. 

D'autres  maçons  reçoivent  deux  deniers  de  moins, 
mais  leur  nourriture'  est  un  peu  plus  forte,  et  Pé- 
connet  note  qu'il  leur  a  donné  «  goûter,  dîner  et 
marendet{l).  L'aide  qui  sert  les  maçons  n'a  que 
18  deniers  (0  fr.  4835  :  2  fr.  42  c.  d'aujourd'hui); 
il  est  nourri  comme  eux.  De  deux  vachers  qui 
conduisent  des  pierres,  l'un  reçoit  quinze  deniers 
(0  fr.  4Û29  ;  2  fr.  15  c),  l'autre  treize  seulement 
(0  fr.  3492  ;  I  fr.  75).  Même  salaire  au.ï  deux  ma- 
nœuvres employés  à  faire  des  fouilles  pour  établir 
les  fondations  d'un  mur.  Notons  qu'à  ces  derniers, 
il  n'est  dû  qu'un  pain  et  deux  pintes  de  vin. 
L'article  «  pitance  n  a  disparu  du  compte  en  ce 
qui  les  concerne. 

A  la  même  époque,  la  charge  de  pierre  ne  vaut 
pas  plus  de  5  deniers  (0  fr.  13  c.  43  :  0  fr.  67  c); 
celle  de  terre  (2)  en  coûte  4  seulement  (0  fr.  10  c. 
74  :  0  fr.  55  c);  la  charge  de  chaux,  7  sous  3 
deniers  (2  fr.  3368  ;  Il  fr.  70  c).  On  paie  5  de- 
niers une  pelle  a  pour  faire  le  mortier.  » 

Les  autres  livres  de  raison  dont  on  trouvera 
plus  loin  des  extraits,  réclament  moins  d'é-lair- 
cissements  que  les  deux  premiers.  L'ancienneté 
relative  et  l'idiome  passablement  corrompu  de  ces 
documents  en  rendent  l'abord  moins  attrayant  et 


(1)  On  appelle  encore  de  ca  nom,  aux  environs  de  Limoges,  le 
repas  de  midi,  qui  est  le  principal  de  la  journée. 

(2)  Il  râsullc  du  texte  qu'il  s'agit,  pour  la  terre  t<)ut  au  moins, 
de  la  charge  d'un  âne. 


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—  177  — 

l'étude  plus  difficile;  nous  avons  tenu  à  montrer 
que  le  peu  de  peine  qu'on  se  donnerait  pour  les 
lire  ne  serait  pas  sans  compensation. 

m.  —  Le  registre  de  famille  des  Maurat,  du 
Dorât,  n'était  pas  absolument  inconnu.  Plusieurs 
foison  l'avait  signalé;  mais  il  n'avait  pas  été  l'objet 
d'une  étude  attentive.  Petit  cahier  de  vingt-quatre 
feuillets  de  papier  assez  fin,  marqué  d'une  fleur 
de  lis  et  à  ce  qu'il  semble  d'une  grappe  de  raisin 
encadrée  dans  un  carré,  il  n'a  pas  plus  de  193 
millimétrés  de  hauteur,  sur  135  de  largeur.  Les 
onze  dernières  pages  sont  restées  en  blanc; -elles 
ne  sont  pas  destinées  à  demeurer  dans  cet  état, 
puisque  quelques  notes  contemporaines  ont  été 
ajoutées  par  les  représentants  actuels  de  l'hono- 
rable famille  à  laquelle  il  appartient. 

On  a  utilisé  pour  la  couverture  un  parchemin 
portant  un  mandat  d'amener  délivré,  le  94  oc- 
tobre 1630  ou  1637,  contre  un  nommé  Grosgenye. 
Au  dos  on  déchiffre  à  grand  peine  ce  titre  :  Nais- 
aance  véritable  des  enffans  de  la  maison  de 
céans. 

Ce  registre  n'est  pas  autre  chose,  en  effet,  qu'un 
papier  de  famille,  et  spécialement  un  relevé  de 
naissances,  car  il  ne  renferme  qu'un  petit  nombre 
de  mentions  relatives  à  des  décès,  et  aucune  de 
ces  mentions  n'est  accompagnée  de  ces  courtes 
oraisons  funèbres  qu'on  trouve  ordinairement  à  la 
suite  des  notes  de  cette  nature,  dans  les  livres 
dont  nous  nous  occupons  ici.  En  regard  de  cha- 
cun des  articles  relatifs  aux  naissances,  à  partir  de 


lyGotigIc 


1609,  on  a  ajouté  la  mention  de  l'époque  de  la 
mort  de  la  personne  désignée,  du  lieu  de  sa  sépul- 
ture, et  parfois  l'indication  de  sa  qualité  ou  deux 
,  lignes  de  biographie  sommaire. 

Le  cahier  a  été  commencé,  le  18  novembre 
1556,  par  Simon  Maurat  et  continué  par  son  fils 
Pierre *(2  juillet  1588  au  20  octobre  1609),  son 
arrière  petit-fils  Jean  (7  septembre  1655  au  7  mai 
I67I),  puis  successivement  par  Pierre  (3  décembre 
1687  au.  4  avril  1692),  autre  Pierre,  frère  du  pré- 
cédent (10  novembre  1694  au  22  septembre  1709), 
Jean  (7  mai  1730  au  7  mai  1763),  Antoine  (1796- 
1798),  Indépendamment  des  lacunes  qu'offre  ce 
livre  au  xvni'  siècle,  on  remarque  qu'au  xvii*  une 
génération  entière  manque  :  Pierre,  fils  d'autre 
Pierre  et  petit-lils  de  Simon,  a  omis  d'enregistrer 
la  naissance  de  ses  enfants. 

Notre  manuscrit  renferme  quelques  passages  in- 
téressants :  entre  autres,  à  l'article  relatif  au  bap- 
tême de  Berthe  Maurat,  cinq  ou  six  lignes  concer- 
nant la  prise  et  le  sac  du  Dorât  par  les  Huguenots, 
le  31  octobre  1567,  jour  même  de  la  naissance  de 
Berthe;  un  peu  plus  loin,  au  2  juillet  1588,  la 
mention  des  a  grands  troubles  et  guerre  »  qui  dé- 
solaient alors  le  pays,  puis  à  l'année  1593  (octobre) 
celle  des  ravages  faits  par  la  petite  véi-ole,  surtout 
parmi  les  enfants;  enfin,  en  mai  1742,  celle  du 
passage  de  Mgr  du  Coëtlosquet  au  Dorât.  On  peut 
également  relever,  en  feuilletant  ces  pages,  les 
noms  de  Glande  Leband,  curé  de  l'église  parois- 
siale du  Dorât  (20  novembre  1566);  Louis  des 
Afïis,  chanoine  (1599-1605),  dit  curé  du  Dorât  le 


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20  octobre  1609;  Jean  Jevardat,  curé  du  Dorât 
(2  août  1666  et  8  mai  1671);  Théobald  de  Ney- 
mond,  curé  du  Dorât  {5  décembre  1687,  6  février 
1689);  Amable  Gommetton,  cbanoine  (26  octobre 
1690);  Joseph  Aubugeois,  curé  et  chanoine  du 
Dorât  (11  mars  1692  et  27  mars  1711);  Joseph 
Maurat,  curé  de  Dompierre  (10  février  1733,  décédé 
Iç  14  août  1758);  François-Xavier  Pertat,  curé  de 
Jouac  (19  décembre  1736);  —  de  Léonard  Vacherie, 
chirurgien  (5  mai  1591);  Simon  Faulconnier,  mé- 
decin au  Dota.i  (3  avril  1593);  Vincent  Pertat,  chi- 
rurgien à  Magnac  (2  février  1733),  etc. 

IV.  —  Le  registre  des  Lemaistre- Bastide,  de  Li- 
moges, est  le  type  le  plus  parfait  et  le  plus  inté- 
ressant à  la  fois,  dans  l'extrême  étroitesse  de  son 
cadre,  du  simple  «  papier  de  famille,  n  Ce  n'est 
point,  en  effet,  un  livre  de  raison  proprement  dit; 
on  n'y  trouve  ni  comptes,  ni  détails  sur  le  patri- 
moine ou  indications  quelconques  ayant  trait  aux 
affaires  d'intérêt.  Ses  pages  sont  exclusivement 
consacrées  à  des  notes  sur  les  personnes. 

Joli  in-4''  de  27  centimètres  sur  19,  ce  livre  a 
été  autrefois  couvert  d'une  riche  reliure  dont  il 
ne  reste  que  les  cartons,  portant  l'empreinte  d'un 
losange  inscrit  dans  un  cadre  de  la  grandeur  du 
volume;  il  est  doré  sur  tranches  et  en  bon  état 
de  consei-vation.  On  lit,  sur  une  des  feuilles  de  * 
garde,  les  mots  :  Ew  libris  Joaephy  Bastide.  Ce 
manuscrit  appartient  à  M.  G.  La  Bastide,  proprié- 
taire au  château  du  Lude,  par  -La  Ferté  Saint- 
Aubin  (Loiret).  Notre  excellent  confrère,  M.  l'abbé 


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—  180  — 

Leclei",  à  qui  il  avait  été  communiqué,  a  bien 
voulu  prendre  la  peine  d'en  copier  tous  les  pas- 
sages qu'il  a  jugé  pouvoir  offrir  quelque  intérêt. 

Il  faut  distinguer  deux  parties  dans  ce  registre. 
Les  premières  pages  ne  sont  que  la  reproduction 
d'un  «  papier  »  écrit  par  Robert  Lemaistre,  et 
copié  par  son  petit-fils,  François  Bastide,  en  tête 
de  son  propre  livre  de  famille.  Le  reste  est  le 
livre  original  de  Jean  Lemaistre,  de  son  gendre 
François  Bastide  et  de  leurs  descendants. 

Robert  Lemaistre  était  fils  de  Pierre,  qui,  en 
1506,  avait  épousé,  à  Lyon,  Denise  Garnier,  fille 
d'un  marchand  de  cette  ville.  Pierre  avait-il  pré- 
cédemment habité  le  Limousin?  Y  avait-il  voyagé 
pour  ses  affaires?  Vint-il,  après  son  mariage,  se 
fixer  à  Limoges?  Il  nous  est  impossible  de  le 
dire.  Nous  constatons  seulement  que,  vers  le  mi- 
lieu du  xvi'  siècle,  son  fils,  Robert,  habite  la  capi- 
tale du  Limousin  et  appartient  au  monde  du  palais. 
Il  épouse,  vers  1557,  Françoise  Veyrier,  fille  d'un 
orfèvre,  Jean  H,  celui-là  même  qui  fut  exproprié 
en  vertu  de  lettres  royales  obtenues  par  les  consuls 
en  1555  et  dont  les  terrains  fournirent  une  partie 
de  l'emplacement  sur  lequel  devait  s'élever  le 
collège.  Robert  Lemaistre  semble  être  seul  de  son 
nom  à  Limoges;  car  de  tous  les  parrains  et  mar- 
raines de  ses  enfants,  pas  un  seul  ne  porte  ce 
'nom.  Ce  détail  suffirait  à  établir  que  la  famille 
Lemaistre  n'était  pas  originaire  de  notre  province. 
Il  Y  a  quelque  raison  de  penser  qu'elle  appartenait 
au  Maine. 

Robert  mourut  à  Limoges  le  il  mars  f584,  et 


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fut  enterré  à  Saint-Michel  des  Lions.  11  était  alore 
investi  des  fonctions  de  conseiller  au  Présidial.  Des 
huit  enfants  issus  de  son  mariage  avec  Françoise 
Veyrier,  l'alné,  Jean,  avocat,  qui  pourrait  bien  être 
l'e  même  que  o  Jean  Le  M",  Manceau,  »  pourvu  en 
1595  de  l'ofiBce  de  contrôleur  des  deniers  com- 
muns, et  nommé  par  nos  registres  consulaires  (1), 
épousa  une  demoiselle  appartenant  à  uçe  des  plus 
riches  familles  bourgeoises  de  Limoges,  Marguerite 
Bouillon.  Il  en  eut  quatre  fils  et  cinq  filles;  deux 
de  ces  enfants  naquirent  et  furent  baptisés  à  Saint- 
Léonard  (février  1592,  septembre  1593).  Peut-être 
faut-il  en  "conclure  que  Jean  remplissait  alors 
quelque  emploi  public  ou  quelque  mission  dans 
cette  ville?  Ou  bien,  comme  la  date  et  le  lieu 
nous  porteraient  à  le  croire,  était-il  du  nombre 
des  ligueurs  expulsés  de  Limoges  et  réfugiés  à 
Saint-Léonard?  Quoi  qu'il  en  soit,  il  semble  être 
allé,  sur  la  lin  de  sa  vie,  s'établir  à  Paris,  oii  une 
note  de  son  gendre  nous  fait  connaître  qu'il  mou- 
rut, le  14  février  1621.  La  même  note  nous 
apprend  que  Jean  s'occupait  alors  des  affaires  du 
«  duc  de  Bourbon  (2),  b  frère  du  duc  de  Lorraine. 
Son  frère  Martial  Lemaistre,  docteur  en  théologie 
et  savant  distingué  à  ce  qu'il  semble,  avait  été 
attaché  à  la'  maison  d'un  membre  de  la  famille 


(I)  Registres  consulaires  de  la  ville  de  Limoges,  publié: 
tes  auspices  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Li 
par  M.  E.  Ruben,  et  continués  par  M.  L.  Guibert,  tome  If,  3' 
p.  26  et  37. 

(!)  II  s'agit  peu^6t^e  de  François,  comte  de  Vaudemont.  u 
deux  [rères  de  Henri  II  le  Bon,  alors  duc  de  Lorraine. 


DigmzcdbyGoOgle 


de  Rohan,  alors  abbé  de  Saint-Victor,  et  qui  fut 
plus  lard  promu  à  l'épiscopat;  il  était  mort  dans 
la  même  ville  en  1610. 

Le  papier  domestique  que  nous  possédons  a  été 
commencé  par  Jean,  qui  y  a  inscrit  la  mention 
de  la  naissance  de  ses  neuf  enfants.  Après  lui, 
c'est  le  mari  de  sa  fille  Antoinette,  François  Bas- 
tide {cette  famille  occupait  un  rang  honorable  dans 
la  bourgeoisie,  et  un  de  ses  membres  avait  fondé 
une  vicairie  à  Saint-Martial),  qui  se  charge  de  la 
tenue  du  registre,  et  qui  y  ajoute  les  notes  du 
grand-père  de  sa  femme,  Robert  Lemaistre.  Lui- 
même  y  mentionne  la  naissance,  à  la  date  du 
9  juillet  1645,  de  son  fils  unique  Joseph.  Celui-ci 
continue  le  papier  de  famille  de  1668  à  1681. 
Interrompues  durant  trente-sept  ans,  les  mentions 
sont  reprises  le  18  mars  1718  par  Guillaume,  fils 
de  Joseph,  qui  tient  le  registre  jusqu'en  1733.  Le 
3  octobre  1745,  Jean  Bastide  y  inscrit  à  son  tour 
la  naissance  de  son  premier  enfant.  La  dernière 
mention,  de  la  main  du  même,  est  datée  du  13 
février  1748. 

Pendant  cette  durée  réelle  de  plus  de  deux  siè- 
cles, le  livre  de  famille  des  Lemaistre- Bastide  ne 
fournit  que  des  mentions  de  naissances  et  des  notes 
relatives  à  quelques  décès;  mais  la  forme  en  est 
intéressante  :  beaucoup  de  ces  articles  sont  accom- 
pagnés d'une  prière  ou  d'une  invocation.  Enfin  on 
y  trouve  nommés  un  très  grand  nombre  de  magis- 
trats, de  fonctionnaires  et  d'hommes  considérables 
de  la  province.  Ce  texte  offre  donc,  à  ce  point  de 
vue,  un  certain  intérêt. 


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Un  tableau  généalogique,  dressé 'par  François 
Bastide,  accompagne  les  pages  écrites  par  son 
beau-père.  On  y  trouve  quelques  indications  qui 
méritent  d'être  notées;  ce  document  nous  apprend, 
par  exemple,  qu'un  des  fils  de  Jean  Lemaistre  se 
fixa  à  Solignac,  où  il  exerça  les  fonctions  de 
notaire  et  de  procureur;  plusieurs  autres  habi- 
tèrent Paris  :  parmi  eux  Joseph,  qualifié  d'avocat 
au  Parlement.  Peut-être  existait-il  quelque  lien  de  ■ 
parenté  entre  nos  Lemaistre  et  la  famille  du  grand 
orateur  du  xvn*  siècle. 

Tout  à  la  fin  de  ce  livre,  on  relève  une  note 
de  dépenses  de  1661,  qui  nous  fournit  le  prix  de 
quelques  objets  :  sis.  chaises  de  tapisserie  ont  été 
payées  15  1.,  un  tapis  9  1.,  une  table  ronde  13  1., 
une  armoire  13  1.  et  un  bois  de  lit  en  noyer  10  1.  " 
Nous  apprenons  également  qu'à  cette  époque,  la 
maison  Jayat  est  affermée  40  1.  par  an,  et  d'une 
autre  mention  sans  grand  intérêt,  en  date  du  27_ 
juillet  1681,  il  résulte  qu'un  sieur  Carquarei'c  paie 
à  Joseph  Lemaistre  41  1.  6  s.  pour  la  location 
annuelle  d'un  jardin  dans  un  des  faubourgs  de 
Limoges.  Ajoutons  que,  de  trois  nourrices  prises 
de  1676  à  1682  par  Joseph  Bastide  pour  ses  en- 
fants, il  doiyie  à  la  première,  qu'il  garde  dans 
sa  maison,  24  1.  par  an;  à  la  seconde,  qui  est  la 
femme  de  son  fermier  de  Saint-Martin  et  chez 
laquelle  il  place  l'enfant,  24  1.  et  une  aune  de 
toile;  à  la  troisième,  métayère  à  Trentalaud,  pa- 
roisse de  Saint-Paul  d'Eyjeaux,  25  1.  10  s.  Nous 
verrons  au  livre-journal  de  Jean  Péconnet  qu'en 


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1672,  celui-ci  paie  la  nourrice  d'un  de  ses  enfanta 
30  1.,  plus  une  aune  de  toile. 

V.  —  Seul,  de  tous  les  livres  de  raison  que  nous 
avons  eus  jusqu'ici  entre  les  maina,  le  r^istre  de 
famille  des  Lamy  est  encore  continué  de  nos  jours, 
et  le  représentant  actuel  de  la  branche  aînée  de 
cette  vieille  et  honorable  souche  limousine  y  note 
les  événements  importants  de  l'histoire  familiale, 
avec  le  même  soin  et  la  même  piété  qu'ont  mis  à 
les  relater  ses  ancêtres  depuis  trois  siècles,  -r-  Com- 
mencé le  2  novembre  1571  par  François  Lamy  de 
L  iret,  avocat  du  Roi  au  siège  sénéchal  de  Limoges, 
ce  manuscrit  renferme  quelques  articles  antérieurs 
à,  cette  date  :  une  page  notamment,  écrite  par 
Jean,  frère  de  François,  mort  en  1569,  et  que 
nous  devons  peut-être  considérer  comme  le  point 
de  départ  de  la  tenue  du  registre.  Les  pre- 
miers articles  de  ce  livre,  dont  les  feuilles  de 
.garde  offrent  quelques  notes  assez  obscures  por- 
tant la  date  de  1530  et  1531,  sont  de  la  main 
de  François.  Le  magistrat  parle  un  latin  facile  et 
élégant,  et  c'est  d'un  style  non  sans  recherche 
qu'il  mentionne  les  incidents  relatife  à  la  venue 
au  monde  de  chacun  de  ses  enfants,  donne  des 
détails  sur  les  personnes  désignées ,  au  cours  de 
son  manuscrit,  trace  le  portrait  des  fils  que  la 
mort  lui  enlève  avant  l'âge,  et  exprime  les  sen- 
timents de  joie  ou  de  tristesse  qu'excitent  tour  à 
tour  dans  son  cœur  les  naissances  et  les  décès 
survenus  autour  du  foyer. 
La  dernière  mention  écrite  par  lui  est  du  18 


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janvier  1578.  Il  y  a  une  interruption  d'un  quart 
de  siècle  dans  les  annales  de  la  famille.  Le  4  mars 
1604  seulement,  l'avocat  Joseph  Lamy  prend  la 
plume  tombée  des  mains  de  son  père  et  la  tient 
jusqu'à  l'année  1626.  Les  pages  qu'il  a  écrites  ne 
présentent  pas  un  moindre  intérêt  que  le  début 
du  volume;  on  y  trouve  toutefois  moins  de  dé- 
tails et  moins  d'agrément  dans  le  style. 

Nouvelle  lacune  de  1626  à  1643.  Au  mois  de 
septembre  de  cette  dernière  année,  Jacques  Lamy 
inscrit  la  naissance  de  son  premier  enfant.  Du 
8  octobre  1683  au  19  septembre  1704,  notre  re- 
gistre n'offre  aucune  mention  :  c'est  la  dernièi'e 
lacujie  un  peu  Importante  du  petit  manuscrit. 
Trois  générations  le  conduisent  jusqu'à  la  Un  du 
siècle,  et  Pierre  I^amy  de  La  Chapelle,  qui  le  rédige 
depuis  le  12  mars  1767,  ne  cesse  de  tenir  la  plume 
qu'à  sa  mort,  arrivée  en  1807.  Jean-Baptiste  lui 
succède  de  1807  à  1842.  Depuis  cette  époque,  c'est 
à  M.  Théophile  Lamy  de  La  Chapelle  qu'est  confié 
ce  précieux  dépôt,  et  c'est  à  son  obligeance  que 
nous  en  avons  dû  la  communication. 

Très  amples  au  début,  les  mentions  des  évène- 
flttents  qui  se  produisent  dans  la  famille  devien- 
nent singulièrement  brèves,  sèches  et  décolorées 
au  xvin*  siècle.  Les  rédacteurs  contemporains  de 
l'intéressant  registre  qui  nous  occupe  sont  reve- 
nus, avec  raison,  à  la  tradition  de  leurs  ancêtres 
et  ajoutent  à  renonciation  des  faits,  soit  quelques 
détails,  une  particularité  notable,  un  trait  de  ca- 
ractère, soit  un  court  éloge,  un  mot  d'affectimi, 
un  souvenir  du  cœur. 


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Le  registre  dont  nous  venons  de  parler  est  en 
papier,  de  petit  format  presque  carré,  couvert 
d'une  reliure  du  xvi*  siècle  en  basane  rouge.  Il 
est  écrit  en  latin  jusqu'à  1733;  à  partir  de  l'année 
suivante,  les  auteurs  l'ont  constamment  rédigé  en 
français.  L'écriture  du  premier  de  ses  rédacteurs, 
François  Lamy,  est  fort  nette  et  fort  soignée.  On 
ne  peut  en  dire  autant  de  plusieurs  de  celles  qui 
suivent. 

VI.  —  Nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  le  comte 
de  Villelume,  communication  du  trop  court  registre 
de  famille  de  Jeanne  Boyol,  dame  du  Bâtiment, 
mariée,  le  2  avril  1588,  à  un  des  ancêtres  du  pos- 
sesseur actuel  de  ce  curieux  manuscrit.  Celui-ci 
n'embrasse  que  sept  années,  de  1587  à  1594;  mais 
de  combien  d'événements  intéressants,  survenus 
dans  cette  courte  période,  la  main  qui  a  tracé  ces 
pages  n'aurait-elle  pas  pu  consigner  le  souvenir? 
Les  faits  se  pressent,  durant  ces  années  si  agitées 
et  si  pleines.  Aucune  époque  de  l'histoire  provin- 
ciale n'est  plus  mouvementée,  plus  troublée,  plus 
dramatique.  Les  discordes  religieuses  ont  excité 
les  passions  et  déchaîné  des  haines  dont  la  vio- 
lence noua  étonne  et  dont  les  sauvages  explosions 
nous  terrifient.  Jeanne  Boyol  appartient  à  une  fa- 
mille dont  plusieurs  membres  figurent  au  nombre 
des  défenseurs  les  plus  déterminés  du  catholicisme; 
un  de  ses  proches  parents  compte  parmi  les  chefs 
du  parti  de  la  Ligue  à  Limoges,  et  joue  un  rôle 
actif  dans  les  graves  événements  dont  nous  avons 
essayé  d'écrire  ailleurs  le  récit,  malheureusement 


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bien  incomplet  (1).  La  dame  de  Villelume,  elle, 
appartient  au  contraire  à  la  Réforme,  et  son  ma- 
nuscrit est  le  premier  en  date  des  quatre  ou  cinq 
de  nos  registres  limousins  qui  sont  l'œuvre  de 
personnes  professant  la  religion  protestante.  Sauf 
le  nom  du  ministre  Joseph  Joubert,  qui  y  est 
prononcé  trois  fois,  nous  n'y  rencontrons  du  reste 
aucune  note  relative  à  l'histoire  des  églises  réfor- 
mées de  la  région. 

Le  mari  de  Jeanne,  qui  parait  avoir  été  catho- 
lique, meurt  victime  des  guerres  civiles.  Les 
ligueurs  se  présentent,  au  mois  d'avril  1591,  sous 
"les  murs  de  la  ville  du  Dorât,  en  Basse-Marche. 
Ordre  est  envoyé  à  tous  les  fidèles  serviteurs  du 
Roi  de  marcher  au  secours  de  cette  place.  Jean 
de  Villelume  de  Barmontet,  sieur  du  Bâtiment, 
s'empresse  d'obéir;  mais  comme  il  approche  du 
lieu  de  réunion  assigné  aux  royalistes  par  le  gou- 
verneur de  la  province,  il  tombe,  le  5  mai  1591, 
dans  une  embuscade  et  y  périt.  U  laisse  sa  veuve 
grosse  de  son  troisième  enfant,  et  Jeanne  enre- 
gistre la  naissance,  au  20  novembre  suivant,  d'une 
fille  qui  est  baptisée  seulement  trois  ans  plus  tard. 

Le  cahier  de  la  .dame  du  Bâtiment  renferme 
quelques  anagrammes  dans  le  goût  du  temps; 
nous  les  avons  reproduites. 

VII.  —  Nous  l'avons  dit,  le  ton  de  tous  nos 
papiers  domestiques  :  registres  de  famille  et  livres 
de  raison,  est  grave;  mais,  à  l'impression  sévère 

(t)  La  Ligue  â  Limoge*.  Limoges,  veuve  Ducourtieux,  t8S4. 


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que  laisse  leur  lecture  dans  notre  esprit,  ne  se 
mêle  aucun  gentiment  pénible  :  seul  des  manus- 
crits de  ce  genre  qui  nous  ont  passé  sous  les 
yeux,  le  livre  des  La  Brunye  de  Rochechouart 
donne  une  note  où  domine  la  tristesse.  Écrit  pres- 
que tout  entier  par  des  protestants,  au  cours  d'une 
période  de  troubles  et  de  persécutions,  ce  confi- 
dent intime  du  foyer,  ce  muet  témoin  de  tant 
d'angoisses,  devait  porter  la  trace  des  préoccupa- 
tions, des  inquiétudes,  des  souffrances  du  petit 
groupe  dont  le  chef  l'a  rédigé.  Ces  sentiments  et 
ces  épreuves  ont  en  effet  un  écbo  dans  notre 
manuscrit  et  communiquent  à  ses  pages  quelque 
chose  de  douloureux  et  de  plaintif.  Toutes  ces 
tristesses  ont  étendu  sur  ce  papier  domestique  un 
voile  de  mélancolie,  comme  un  ciel  orageux  assom- 
brit de  seâ  teintes  livides  les  eaux  qui  le  réflé- 
chissent. Mais  on  ne  trouve  pas,  dans  le  livre 
des  victimes,  une  seule  impréL'ation  contre  les 
persécuteurs,  un  seul  mot  violent  à  leur  adresse. 
Peut-être  la  prudence  n'est-elle  pas  étrangère  à 
cette  réserve;  nous  aimons  mieux  croire  que  les 
réformés  de  Rochechouart  pratiquaient  le  pardon 
des  injures,  et  laissaient  à  la  propre  conscience 
de  leurs  ennemis  le  soin  de  juger  lexu's  actes  et 
de  les  punir. 

Grand  in-8°,  cartonné,  d'une  cinquantaine  de 
feuillets,  le  registre  des  La  Brunye,  commencé 
vers  1644  par  Jean,  renferme  des  notes  emprun- 
tées à  d'autres  documents  du  môme  ordre  et  dont 
la  première  en  date  se  rapporte  à  la  mort  du 
grand-père  du  rédacteur,  décédé  le  5  février  1599. 


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Api-èa  la  mort  de  Jean,  survenue  en  1684,  son 
petit-fils,  David,  lui  succède  dans  la  tenue  du  pa- 
pier de  famille;  Raymond  dé  La  Brunye  tient  la 
plume  à  son  tour,  de  i747  à  1788.  Enfin  quelques 
notes  insignifiantes  sont  «joutées  par  Pierre-Paul, 
de  1788  à  1792.  Cette  dernière  date  est  la  plus 
récente  qu'on  relève  dans  le  registre,  lequel  ne 
renferme  ni  compte  ni  inventaire,  ni  mention 
quelconque  relative  à  la  gestion  du  patrimoine. 
Nous  n'insisterons  pas  sur  l'intérêt  tout  parti- 
culier qui  s'attache  au  manuscrit  des  La  Brunye. 
M.  Alfred  Lerouï,  archiviste  de  la  Haute- Vienne, 
qui  prépare  en  ce  moment  une  histoire  de  la 
Réforme  en  Limousin,  et  qui,  par  conséquent, 
se  trouve  être  l'homme  du  monde  le  plus  capable 
d'apprécier  la  portée  de  ce  document  et  de  la 
faire  ressortir,  a  pris  la  peine  de  copier  lui-même 
les  eUraits  que  nous  publions  et  de  les  annoter 
avec  un  soin,  une  abondance,  une  précision  qui 
en  augmentent  singulièrement  la  valeur.  Disons 
seulement  que  le  livre  des  Labrunye  renferme 
toute  l'histoire  de  l'église  protestante  de  Roche- 
chouaii  pendant  un  siècle;  on  y  trouve,  sur  la 
situation  faite  aux  réformés,  sur  les  mauvais 
traitements  "dont  ils  étaient  l'objet,  sur. l'attitude 
du  clergé  et  de  la  population  à  leur  égard,  sur 
leurs  rapports  avec  les  intendants  et  les  auto- 
rités provinciales,  des  renseignements  précieux  et 
que  vainement  on  chercherait  pilleurs.  11  y  est 
fait  mention  de  plusieurs  des  communautés  pro- 
testantes qui  existaient  alors  dans  la  région  et 
d'un   assez   grand  nombre    de    ministres,    dont 


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quelques-uns  sont  nommés  à  nos  Annales  ou 
dans  la  grande  Histoire  de  Saint-Martial  du 
P.  Bonaventure  de  Saint-Amable.  Trois  ou  quatre 
de  ces  notes,  celle  notamment  ayant  trait  à  la 
mort,  à  la  date  du  26  awil  1653,  du  célèbre  pas- 
teur Daniel  de  Barthe  et  à  son  inhumation  dans 
le  temple  de  Limoges,  ne  sont  pas  sans  intérêt 
pour  l'histoire  générale  de  la  religion  réformée. 
Un  détail  remarquable  nous  est  fourni  par  ce 
document.  A  la  suite  d'une  émotion  populaire  cau- 
sée à  Rochechouart,  en  1674,  par  un  nouvel  impôt 
mis  cette  aimée-Ià  sur  les  boissons,  deux  notables 
de  la  communauté  protestante  sont  envoyés  à  Poi- 
tiers, auprès  de  l'Intendant  de  la  Généralité,  M.  de 
Maiiilac,  «  pour  la  estre  retenus  en  forme  d'otages  » 
et  «  subir  les  ordres  de  M.  l'Intendant,  o  A.  cette 
occasion  une  garantie,  un  garde-dommage  comme 
on  disait  alors,  leur  est  donnée  par  un  acte  pu- 
blic signé  des  consuls  et  des  habitants  de  la  ville. 
Cet  acte  rappelle  ces  assurances  jurées  au  xin' 
siècle  par  les  communes  à  leurs  procureurs  ou  à 
leurs  magistrats,  et  dont  le  plus  ancien  registre 
de  l'Hôtel-de-ville  de  Limoges  nous  a  conservé 
plusieurs  curieux  spécimens. 

VIII.  —  Pour  la  troisième  fois,  c'est  le  papieD 
domestique  d'une  famille  protestante  que  nous 
allons  feuilleter,  et  c'est  encore  au'c  recherches 
de  M.  Leroux  que  nous  sommes  redevables  de  la 
connaissance  de  ce  manuscrit.  Cahier  in-12  de 
56  feuillets,  recouvert  d'une  feuille  de  parchemin 
déchirée,  le  registre  de  Jean  Plaze,  d'Ai-gentat, 


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est  aujourd'hui  la  propriété  de  M.  Eusèbe  Bombai. 
Comme  la  plupart  des  documents  de  cette  nature, 
11  débute  par  des  prières.  Ici,  le  Benedidte  et  les 
Grâces  servent  d'introduction  à  une  série  de  men- 
tions où  l'on  peut  noter  quelques  passages  ins- 
tructifs. 

L'auteur  de  ce  livre  domestique  est  membre 
de  la  communauté  protestante  d'Argentat;  les  ré- 
formés sont  nombreux  dails  la  ville,  puisque  la 
maison  commune  leur  sert  de  lieu  d'assemblée. 
C'est  là  qu'en  1609,  le  ministre  François  Claude 
administre  le  baptême  à  Jeanne  Plaze. 

Ce  ne  sont  pas  seulement  les  naissances  des 
membres  de  sa  lignée  qu'inscrit  Jean  dans  son 
registre;  il  y  marque  celles  des  enfants  de  ses 
frères  Jacques  et  François.  A  la  suite  de  ces  notes 
de  famille  se  trouvent  quelques  statuts  synodaui 
concernant  la  discipline  ecclésiastique  et  divers 
sujets  de  liturgie.  La  première  mention  de  la 
main  de  Jean  Plaze  est  du  19  février  1605;  la 
dernière  porte  la  date  du  14  septembre  1634. 

Gaspard  Deyma,  de  qui  paraissent  émaner  les 
notes  de  famille  comprises  entre  les  dates  ex- 
trêmes du  21  mars  1644  et  du  17  avril  1661, 
est  le  mari  d'Antoinette,  fille  de  François  Plaze  : 
il  appartient,  lui  aussi,  à  la  religion  réformée. 
Son  papier  domestique  n'offre  au  surplus,  fomme 
celui  de  l'oncle  de  sa  femme,  qu'un  fort  médiocre 
intérêt. 

Aux  dernières  pages  de  ce  cahier,  on  trouve 
diverses  notes  relatives  à  des  prêts  d'argent  et 


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dont  les  i^tes  s'échelonnent  de  1712  à  1729-  Nous 
n'avons  pas  jugé  utile  de  les  reproduire. 

IX.  —  C'est  encore  du  Bas-Limousin  que  nous 
vient  le  neuvième  des  manuscrits  compris  dans 
notre  petite  collection.  M.  Louis  de  Veyrières  nous 
a  obligeamment  communiqué  ce  livre,  beaucoup 
plus  intéressant  à  tous  égards  que  celui  de  Jean 
Plaze.  Antoine  d'Areilh,  à  qui  on  doit  les  pages 
dont  il  s'agit,  est  un  notable  bourgeois  de  Beau- 
lieu.  11  y  exerce  les  fonctions  de  juge  seigneurial 
pour  l'abbaye  et  on  le  voit,  en  1619,  figurer  au 
nombre  des  consuls  chargés  de  l'administration 
et  de  la  garde  de  la  petite  ville.  En  1621,  il 
afferme  de  la  duchesse  de  Bouillon  le  produit  des 
droits  dont  sont  en  possession  les  vicomtes  de 
Turenne.  Beaulîeu  compte,  à  cette  époque,  une 
population  calviniste  assez  nombreuse.  D'Areilh 
appartient  toutefois  au  groupe  catholique,  et  il 
proteste  contre  l'introduction  en  majorité,  dans  le 
corps  municipal,  de  bourgeois  professant  la  reli- 
gion réformée. 

Le  livre  d'Antoine  d'Ai-eilh  se  compose  d'une 
centaine  de  feuillets  in-4',  protégés  à  peine  au- 
jourd'hui par  des  lambeaux  de  couverture  et  sur 
lesquels  des  notes,  se  rapportant  aux  objets  les 
plus  variés,  ont  été  inscrites  sans  aucun  ordre. 
La  première  eii  date  des  mentions  qu'on  y  relève 
est  du  18  novembre  1611  et  a  trait  à  une  garantie 
donnée  au  juge  seigneurial,  pour  une  somme  de 
15  livres  due  à  raison  d'une  vente  de  châtaignes. 
Quelques  passages  signalent  des  sinistres  :  le  24 


Diçu-izcdbyGoOgle 


-  193  — 

juin  1619,  une  violente  tempête  et  de  grandes 
pluies. amenèrent  un  débordement  de  la  Dordogne 
et  causèrent  aux  récoltes  d'importants  dégâts;  en 
1623,  un  autre  orage  mêlé  de  grêle  fut  suivi  d'une 
nouvelle  inondation  ;  les  eaux  emportèrent  le  pont 
de  Badiol,  que  les  consuls  firent  sur-le-champ 
rétablir. 

Outre  ces  notes,  on  relève  dans  le  manuscrit  de 
d'Areilh  la  mention  de  l'abjuration  publique  de 
Jean  Chaumeii,  bourgeois  de  Beaulieu,  dans  l'église 
de  Notre-Dame  de  cette  ville,  le  12  mars  1619; 
celle  de  la  réception  solennelle,  le  16  septembre 
1617,  du  fils  aîné  du  vicomte  de  Turenne,  alors 
âgé  de  douze  ans,  et  l'indication  sommaire  des 
fêtes  qui  signalèrent  son  entrée  :  e  représentations 
tant  par  Neptune,  cheval-marin,  sur  la  rivière,  feu 
artificiel  à  l'entrée  de  la  Grane;  »  —  enfin  deux 
curieux  passages,  nous  faisant  connaître  les  con- 
ditions du  louage  des  domestiques  à  Beaulieu  au 
commencement  du  ivn'  siècle.  En  1621  d'Areilh 
donne  à  son  valet  19  livras,  deux  paires  de  sabots 
et  une  «remue»  de  chapeau;  l'année  d'après,  sa 
mère  prend  un  nouveau  serviteur,  et  lui  promet, 
pour  une  année,  18  livres  de  gages,  deux  chemises, 
un  vieux  chapeau  et  le  bois  de  ses  sabots;  «  et 
»  s'il  treuve  pendant  ledit  an  quelqu'un  qui  dom- 
»  maige  le  bien,  s'en  ressentira  jusques  a  une 
»  paire  de  souliers.  » 

Les  dernières  lignes  écrites  de  la  main  de  Fran- 
çois d'Areilh  se  réfèrent  à  une  vente  de  bestiaux 
amenés  k  la  foire  de  Mauriac,  le  6  juin  1637. 
Le  manuscrit  renferme  quelques  notes  d'une  autre 


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—  194  — 

écriture;  cellea-ci  s'arrêtent  à  l'année  1642.  La 
seconde  moitié  du  registre,  pris  au  rebours,  ren- 
ferme divers  comptes  se  rapportant  particulière- 
ment aux  années  1748  à  1752  :  ces  notes,  abso- 
liunent  sans  intérêt,  couvrent  une  portion  des 
marges  de  la  première  partie. 

X.  —  Un  sieur  Gondinet,  de  Saint-Yrîeix,  con- 
temporain du  chanoine  Antoine  de  Jarrige  (dont 
M.  A.  Leroux  vient  de  publier  le  curieux  journal 
historique,  copié  par  Auguste  Bosvieux  sur  l'ori- 
ginal, alors  en  la  possession  de  M.  Morange),  nous 
a  laissé  quelques  pages  assez  intéressantes  où  se 
trouvent  racontés  les  événements  survenus  au- 
tour de  lui  du  25  mars  1613  au  20  octobre  1630. 
On  ne  trouve  mention,  dans  ce  manuscrit,  d'aucun 
fait  intéressant  l'histoire  générale;  mais  quelques 
passages  permettent  de  constater  à  quel  point  les 
rivalités  locales  étaient  excitées,  les  haines  vio- 
lentes, et  combien  peu  paraissent  alors  efficaces  la 
crainte  de  la  répression  et  la  protection  des  tri- 
bunaux. Les  Grands  Jours  tenus  k  Poitiers,  du  mois 
de  septembre  1634  au  mois  de  janvier  1635,  pour 
les  provinces  du  Poitou,  de  la  Saintonge,  du  Li- 
mousin, de  la  Marche  et  provinces  circonvoisines, 
nous  fournissent  du  reste  à  cet  égard  d'assez  tristes 
révélations. 

Le  document  dont  il  s'agit  et  dont  nous  devons 
la  communication  à  M.  Alb.  Bosvieux,  inspecteur 
des  Domaines  à  Anch,  n'est  ni  un  registre  de 
famille,  ni  un  livre  de  raison.  C'est  un  de  ces 
fragments  de  journaux,  de  ces  mémoriaux  d'his- 


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toire  locale  si  communs  au  svii'  siècle,  et  dont  le 
plus  grand  nombre  a  été  malheureusement  perdu. 

XI.  — Avec  le  livre  de  raison  d'un  sieur  Jarrige, 
nous  rentrons  dans  le  cadre  de  notre  étude  sans 
quitter  la  ville  de  Saint- Yrieii.  C'est  encore  à  Au- 
guste Bosvieui,  ancien  archiviste  de  la  Creuse, 
puis  du  Lot-et-Garonne,  plus  tard  juge  aux  Tri- 
bunaux de  Schelestadt  et  de  Wissembourg,  que 
nous  devons  la  conservation  de  ce  document,  jadis 
propriété  de  M.  Boileau;  Il  est  fâcheux  que  notre 
regretté  confrère  n'en  ait  pris  que  des  extraits 
aussi  courts.  On  y  trouve  mentionnée,  à  la  date 
du  12  septembre  1621,  une  aurore  boréale;  aux 
12  mai  1609  et  12  mai  1620,  des  orages  qui  cau- 
sèrent de  grands  dégâts.  L'auteur  note  cinq  mau- 
vaises années,  de  1617  à  1691.  Il  raconte,  comme 
Gondinet,  la  scène  dont  l'église  collégiale  fut  le 
théâtre  le  31  mars  1624  :  plusieurs  coups  de  feu 
furent  tirés  et  un  homme  tué  dans  le  sanctuaire. 
Les  deux  registres  notent  également,  au  20  avril 
1630,  l'arrivée  des  religieuses  de  Sainte-Claire  à 
Saint- Yrieix. 

Il  est  impossible  de  ne  pas  relever,  dans  le  livre 
de  Jarrige,  ce  vœu  énergique,  formulé  à  la  suite 
de  la  mention  du  baptême  d'une  de  ses  filleules  : 
—  «  Dieu,  par  sa  sainte  grâce,  la  fasse  femme  de 
bien,  ou  l'oste  de  ce  monde  !  »  —  Voilà  une  phrase 
qui  vaut  bien,  à  notre  avis,  la  fameuse  parole  de 
Blanche  de  Castille. 

Nous  venons  de  dire  que  le  manuscrit  de  Jar- 
rige pouvait  être  classé  parmi  les  livres  de  raison. 


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Son  rédacteur  ne  le  considérait  pourtant  pas  comme 
tel,  ou  peut-être  le  cahier  communiqué  à  Auguste 
Bosvieux  n'était-il  que  le  complément  d'un  re- 
gistre du  même  genre,  mais  d'une  bien  autre  im- 
portance; car,  en  parlant  de  l'orage  du  12  mai 
1620,  l'auteur  renvoie  à  la  page  .144  de  son  «  g.(l) 
papier  de  raisons,  »  où  il  est  parlé  d'un  autre  orage 
survenu  onze  ans  plus  tôt.  Ce  «  papier  de  raison  » 
ne  nous  a  pas  été  conservé. 

XII.  —  M.  le  comte  de  Villelume  a  bien  voulu 
nous  permettre  de  prendre  copie  du  livre  de  raison 
de  Jean  et  de  Jérôme  Texandier,  conservé  dans  ses 
archives  de  famille.  Nous  avons  déjà  dit  que  nous 
devions  à  M.  et  à  M""  de  Villelume  la  connais- 
sance de  l'intéressant,  mais  trop  bref  journal  de 
Jeanne  Boyol;  on  verra  plus  loin  que  leur  gra- 
cieuse obligeance  ne  s'est  pas  bornée  à  ces  deux 
communications,  et  que  c'est  d'eux  encore  que 
nous  tenons  le  registre  de  Jean  Texandier,  de  sa 
bru  et  de  son  petit-fils. 

Il  est  d'aspect  élégant  et  soigné,  ce  petit  volume 
in-12  (142  millimètres  sur  99)  qui  nous  conserve 
les  annales  de  la  famille  Texandier  durant  un 
quart  de  siècle;  il  a  gardé  sa  jolie  reliure  en 
basane  dont  les  fers  sont  d'un  goût  exquis.  Beau- 
coup de  ces  graves  registres  de  nos  pères  étaient 
ainsi  vêtus  avec  une  certaine  recherche,  parfois 
avec  une  véritable  coquetterie.  Un  livre  de  raisbn 
n'était-il  pas  un  bijou  de  famille?  Et  de  quel  prix! 

(1)  Grand* 


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Il  fallait  que  son  apparence  extérieure  elle-môme 
le  recommandât  à  l'attention  et  aux  soins  de  la 
postérité.  Le  livre  a  actuellement  25  feuillets;  il 
en  manque  un  ou  deux  au  moins,  se  référant  aux 
années  1637-1642,  et  qui  ont  été  arrachés  entre 
le  folio  3  et  le  folio  4.  Le  manuscrit  est,  au  sur- 
plus, dans  un  état  parfait  de  conservation. 

Jean  Texandier,  riche  bourgeois  et  commerçant 
notable  de  Limoges,  commence  son  registre  par 
la  mention  de  la  mort  de  son  père,  Jacques,  arri- 
vée le  9  novembre  1636.  Il  indique  les  clauses  dn 
testament  avec  une  netteté  parfaite  et  nous  met 
ainsi  tout  d'emblée  au  courant  de  ses  affaires  de 
famille.  Comme  c'est  la  coutume  à  cette  époque, 
la  mère  et  le  fils  aine  ont  été  désignés  comme 
héritiers  universels.  Les  autres  enfants  racevront 
chacun  un  legs  à  l'époque  de  leur  étabU^ement 
ou  de  leur  majorité. 

Nous  avons  dit  que  l'auteur  de  notre  manuscrit 
était 'au  nombre  des  principaux  négociants  de  la 
ville  :  on'le  voit,  en  1653,  élu  juge  au  tribunal  de 
la  Bourse.  Il  ne  tenait  pas  un  moindre  rang 
parmi  les  paroissiens  de  Saint-Michel  que  parmi 
les  membres  du  corps  du  commerce;  il  nous  ap- 
prend, en  effet,  qu'il  fut  nommé,  en  1640,  baile 
de  la  confrérie  de  Saint-Loup;  en  1656,  baile  du 
Saint-Sacrement;  en  1659,  baile  des  âmes  du  Pur- 
gatoire. En  1654,  les  consuls  le  désignèrent  pour 
remplir  les  fonctions  de  baile  de  l'hôpital;  il  fut 
donc  membre  de  l 'avant-dernière  administration 
du  vieil  établissement  de  St-Gérald  ;  à  leur  sortie 
de  charge,  en  1658,  Jean  et  ses  collègues  furent 


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remplacés  par  une  administration  dont  Martial 
Maledent  de  Savignac  fut  l'âme,  et  qai  décida  et 
prépara  la  réorganisation  des  services  hospitaliers 
de  la  ville. 

Relevons,  dans  les  pages  qui  se  rapportent  aux 
affaires  de  l'hôpital,  une  curieuse  indication  tou- 
chant la  façon  dont  les  administrateurs  d'alors 
conservaient  et  géraient  le  patrimoine  des  pauvres. 
Il  n'y  avait  pas  de  receveur  spécial,  de  comptable 
à  gages  :  les  quatre  bailes  sortants  remettaient  à 
leurs  successeurs  tout  le  capital  en  argent  :  ceux-ci 
se  le  partageaient  par  égale  portion  et  le  faisaient 
valoir  comme  ils  l'entendaient;  mais  Us  devaient 
chaque  année  en  payer  à  l'hôpital  l'intérêt  à  cinq 
pour  cent,  et  rembourser  intégralement  à  l'expi- 
ration de  leur  mandat  la  somme  qu'ils  avaient 
reçue.. 

Une  des  filles  de  Jean  Teiandier  épouse  en  1652 
Joseph  Limosin,  îils  de  l'émailleur  Léonard  111,  et 
Jean  associe  son  gendre  à  son  commerce.  L'apport 
du  beau-père  est  de  36,000  livres;  celui  du  jeune 
homme  de  18,000,  et  il  est  convenu  que  les  béné- 
fices et  les  pertes  se  partageront  proportionnelle- 
ment aux  capitaux  versés.  De  plus,  Jean  fournit  à 
la  société  une  valeur  de  30,000  livres  en  mar- 
chandises ou  en  créances,. pour  lesquelles  il  pré- 
lèvera chaque  année  un  modeste  intérêt  de  500 
livres.  Telles  sont  les  conditions  d'une  association 
qui  doit  subsister  au-delà  du  terme  de  l'existence 
'du  beau-père,  et  dont  un  autre  livre  domestique, 
reproduit  plus  loin,  mentionnwa  la  dissolution 


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—  199  — 

SOUS  la  date  du  22  juillet  1689.  Le  passage  le 
plus  récent  de  notre  livre  est  du  9  avril  1662. 

On  trouve,  au  manuscrit  dont  nous  venons  d'es- 
quisser à  grands  traits  le  contenu,  un  certain  nom- 
bre de  passages  écrits  par  le  frère  de  Jean,  Jérôme 
Texandier,  et  .relatifs  à  la  naissance  des  enfants  de 
ce  dernier  :  Marie,  Peyronne,  Anne,  Marie,  Fran- 
çois, —  28  mai  1646  au  14  juin  1652.  Jérôme  est, 
comme  son  frère,  un  notable  commerçant  et  on  le 
trouve  aux  Registres  consulaires,  sur  la  liste  des 
Juges  de  la  Bourse  élus  en  1654. 

Le  livre  de  raison  de  Jean  et  Jérôme  Texandier 
nous  tient  également  au  courant  et  des  événements 
survenus  au  foyer  et  des  affaires  de  la  famille;  il 
note  même  quelques  faits  locaux.  Noua  recomman- 
dons spécialement  ce  registre  à  nos  lecteurs  ;  il 
est,  parmi  ceux  compris  à  notre  recueU,  un  de 
ceux  qui  peuvent  donner  l'idée  la  plus  simple  et 
la  plus  exacte  à  la  fois  du  «  papier  domestique  » 
de  nos  pères. 

XIII.  —  Le  cahier-memento  du  notaire  Psaumet 
Péconnet  n'est  pas  le  seul  «  papier  de  raison  »  que 
nous  devions  à  cette  famille.  Deux  autres  journaux 
du  XTu'  siècle,  offrant  assurément  un  plus  réel  et 
plus  vif  intérêt  pour  nous,  sont  en  la  possession 
de  M.  Adolphe  Péconnet  du  Chàtenet,  qui  a  bien 
voulu  nous  les  communiquer  avec  une  obligeance 
dont  nous  ne  saurions  trop  lui  témoigner  notre 
gratitude.  Le  livre  de  raison  de  Jean  Péconnet 
et  celui  de  Joseph,  son  fils,  qui  fait  suite  au 
premier,  embrassent  une  période  de  cinquante  ans 


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—  too  — 

environ  et  nous  fournissent  les  renseignements  lea 
plus  variés,  les  plus  curieux,  sur  la  vie  et  les 
habitudes  de  nos  pères. 

Maître  Jean  Péconnet,  l'auteur  du  premier  de 
ces  registres,  nous  apprend  qu'après  avoir  fait  ses 
études  au  collège  des  Jésuites  de  Ijmoges,  il  fut 
placé  comme  clerc,  chez  un-  notaire  d'abord,  de 
1644  à  1646,  puis  chez  un  procureur  de  «a  ville 
natale,  enfin  à  Bordeaux,  dans  l'étude  d'un  pro- 
cureur au  Parlement.  Rentré  dans  sa  familîfe  vers 
la  fin  de  l'année  1648,  il  épousa,  trois  ans  plus 
tard,  Narde  Michel.  La  future  reçut  3,000  livres 
pour  sa  dot  et  sa  part  dans  la  succession  de  sa 
mère,  plus  1,100  livres  d'un  sien  oncle,  le  juge 
royal  Petiot.  La  mère  de  Péconnet,  Jeanne  de 
Verthamond,  donna  à  cette  occasion  à  son  fils  la 
métairie  du  Châtenet,  plus  une  vigne  à  Balezis, 
mais  en  se  réservant,  sa  vie  durant,  l'usufruit  de 
cette  dernière. 

Le  rédacteur  de  notre  livre  est  donc  un  homme 
de  plume  et  un  homme  de  loi  :  ses  confrères  de 
la  grande  confrérie  de  Saint-Martial  en  rendent 
témoignage  en  le  choisissant  pour  secrétaire  en 
1664.  Il  ne  paraît  du  reste  avoir  été  ni  avocat, 
ni  notaire,  ni  procureur  :  c'est  un  homme  d'af- 
faires au  sens  tout  moderne  du  mot.  On  le  voit 
entreprendre  d'assez  nombreux  voyages  pour  le 
compte  de  tiers  qui  l'ont  chargé  du  soin  de  leurs 
intérêts,  entre  autres  des  Vidaud,  seigneurs  du  Car- 
reau et  du  Carrier,  ses  principaux  clients  ;  accepter 
des  procurations,  se  charger  de  recouvrements  ou 
de  liquidations  contentieuses,  suivre  des  procès.  11 


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touche  des  frères  Yidaud,  dont  l'un  est  conseiller 
au  Présidial,  l'autre  élu,  300  livres  d'honoraires 
par  an.  A  ses  moments  perdus,  il  s'occupe  de  sa 
vigne  de  Balezis  et  de  sa  métairie  du  Châtenet. 
Au  cours  d'un  des  voyages  dont  nous  venons  de 
parler,  Jean  Péconnet  est  arrêté  à  Poitiers*  par  la 
maladie;  il  y  meurt  le  30  août  1679,  et  son  fils 
aîné,  accouru  pour  recevoir  son  dernier  soupir,  le 
fait  enterrer  à  Saint-Porchaire  «  au  grand  portail, 
trois  pas  au  dedans  de  l'église.  » 

Les  revenus  ne  rentraient  pas  autrefois  avec  la 
même  régularité  qu'aujourd'hui  ;  la  plupart  se  trou- 
vaient constitués  par  des  redevances  foncières,  et  il 
est  dans  la  nature  des  choses  que  les  cultivateurs, 
exposés  à  tous  les  accidents,  à  tous  les  retards  et 
à  tous  les  mécomptes,  soient  les  moins  exacts  des 
payeurs.  Aussi  les  bourgeois  d'une  condition  mé- 
diocre, auxquels  aucun  commerce  n'assurait  de  re- 
venus supplémentaires,  étaient-ils  souvent  gênés. 
De  là  de  fréquents  emprunts.  Les  personnes  qui 
avaient  hesoin  d'argent  en  trouvaient  sans  peine 
dans  le  cercle  de  la  famille  :  le  prêt  était  souvent 
gratuit;  souvent  aussi  le  créancier  réclamait  des 
intérêts,  déguisés  sous  le  nom  de  change.  Tous 
ces  emprunts,  même  ceux  entre  frères  et  sœurs, 
étaient  gagés  :  l'usage  le  voulait  ainsi,  et  ce  qui 
froisse  aujourd'hui  notre  délicatesse  semblait  tout 
naturel  à  nos  ancêtres.  La  vérité  nous  oblige  à 
"  confesser  que,  grâce  à  cette  habitude  éminemment 
prudente,  et  pratique,  les  mauvaises  créances,  en 
dehors  des  transactions  commerciales,  paraissent 


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avoir  été  assez  rares  dans  l'actif  de  nos  ancêtres; 
du  moins  n'en  est-il  presque  jamais  parlé.  Et  puis 
ce  système  mettait  tout  le  monde  à  l'aise,  tout  en 
n'encourageant  point  les  emprunts  sans  nécessité. 
Avait-on  besoin  d'une  petite  somme?  on  prenait 
quelques  bijous  et  on  les  portait  chez  un  parent, 
qui,  sur  leur  dépôt,  comptait  l'argent  sans  se  faire 
prier.  La  gône  passée,  on  remboursait  le  préteur 
et  on  reprenait  ses  gages.  —  Le  Journal  de  Jean 
Péconnet  offre  un  grand  nombre  d'exemples  de 
prêts  de  ce  genre.  Nous  avons  crti  devoir  repro- 
duire plusieurs  articles  relatifs  à  ces  emprunts, 
à  cause  des  indications  qu'on  y  trouve  sur  la 
nature  et  l'importance  des  objets  de  prix  :  vais- 
selle d'argent,  pierreries,  chaînes,  colliers  de  per- 
les, demi-ceints,  croix,  reliquaires  émaillés,  —  con- 
servés, vers  le  milieu  du  xvii*  siècle,  dans  nos 
vieilles  familles  bourgeoises. 

Ce  qui  nous  parait  le  plus  digne  d'intérêt  dans 
le  livre  de  Jean  Péconnet,  ce  sont  les  renseigne- 
ments que  nous  donne  son  auteur  sur  l'éducation 
et  l'instruction  de  ses  enfants.  Il  en  a  huit,  peut- 
être  neuf  :  cinq  fils  et  trois  ou  quatre  filles.  Nous 
n'avons  d'indication  que  relativement  à  l'aînée  de 
celles-ci.  Yers  sept  ou  huit  ans,  on  l'envoie  chez 
les  religieuses  Bénédictines  de  l'abbaye  de  la  Règle, 
dans  la  Cité.  Le  prix  de  la  pension,  en  1664,  est 
fixé  à  100  livres  par  an.  Il  existe  aussi  à  cette 
époque,  à  Limoges,  une  pension  laïque  de  demoi- 
selles où  Jean  Péconnet  place  sa  fiUe  après  qu'elle 
a  passé  quatre  ans  à  la  Règle.  Cet  établissement, 


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snr  lequel  noua  n'avons  du  reste  aucun  rensei- 
gnement précis,  est  tenu  par  des  «  filles  dévotes  » 
et  parait  dirigé  par  une  demoiselle  Second.  Les 
élèves  paient  80  livres. 

Nos  ancêtres  avaient  un  moyen  commode  et  peu 
coûteux  de  se  procurer  un  précepteur  pour  leurs 
enfants.  Ils  recevaient  chez  eux  quelque  étudiant 
pauvre,  qui,  moyennant  la  table  et  le  logiement» 
parfois  même  une  simple  réduction  sur  le  prix  de 
.  sa  nourriture,  enseignait  aux  garçons  la  lecture, 
l'écriture,  les  rudiments  du  latin,  leur  donnait  des 
répétitions,  quand,  pins  grands,  ils  allaient  au 
collège,  et  était  surtout  chargé  de  leur  inculquer 
de  bons  sentiments  et  de  bons  principes.  C'est 
ainsi  que  nous  voyons,  en  1663,  M.  de  la  Piou- 
larie  entrer  comme  précepteur  dans  la  maison  de 
Jean  Péconnet,  qui  se  contentera  de  35  écus  pour 
toute  pension  par  an.  Au  bout  d'un  an  et  demi, 
nouvelle  figure  :  M.  Jean  Delaget,  de  Bénevent- 
l'Abbaye,  étudiant  en  philosophie,  succède  à  M.  de 
la  Pioularie.  Il  s'acquitte  sans  doute  de  ses  déli- 
cates fonctions  avec  plus  de  succès  que  son  pré- 
décesseur, puisque  six  mois  après,  on  convient 
qu'il  demeurera  «  à  condition  franche,  »  c'est-à- 
dire-  sans  payer  de  pension,  — :  au  pair,  comme 
disent  nos  commis  de  nouveautés  aujourd'hui.  En 
1670,  M.  Proust  le  remplace,  également  à  condi- 
tion franche.  C'est  le  R.  P.  Laval,  Jésuite  du 
collège  de  Limoges,  qui  l'a  désigné  au  choix  du 
père  de  famille,  son  ancien  élève  peut-être,  ou 
simplement  son  pénitent. 
Mais  les  enfonts  du  bourgeois  grandissent.  On 


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—  204  — 

les  envoie  à  l'école.  Noua  sommes  frappés  du  peu 
de  temps  qu'ils  passent  chez  chacun  des  maîtres 
que  nous  présente  successivement  le  rédacteur  de 
notre  joxu-nal  :  évidemment  on  ne  brille  pas,  dans 
cette  maison,  par  une  très  grande  fiiité  d'idées. 
Est-ce  la  faute  du  père?  est-ce  la  faute  des  enfants? 
Nous  n'osons  trop  émettre  un  avis  à  cet  égard; 
mais  il  faut  constater  que  l'éducation  de  tous  les 
fils  de  Jean  Péconnet,  sans  exception,  semble  avoir 
été  assez  décousue.  Suivons  par  exemple  un  des . 
plus  jeunes,  Antoine,  dans  ses  pérégrinations  suc- 
cessives :  nous  le  trouvons  d'abord,  le  15  septembre 
1670,  fréquentant  la  petite  école  de  M.  Cibot,  vi- 
caire de  Saint-Pierre;  un  an  plus  tard,  on  l'envoie 
chez  un  Rochelais,  M.  de  Lavie,  vraisemblablement 
un  laïque.  C'est  sur  le  conseil  du  P.  Debaye,  un 
Jésuite  sans  doute,  que  le  père  de  famille  choisit 
cette  école;  on  a  vu  plus  haut  le  P.  Laval  désigner 
un  précepteur  qu'on  a  accepté  de  sa  main  :  Jean 
Péconnet,  tout  le  prouve,  avait  gardé  une  très  haute 
déférence  pour  ses  anciens  maîtres.  On  sait  du  reste 
de  quel  crédit  jouissaient  à  cette  époque  les  Pères 
de  la  Compagnie  de  Jésus  au  sein  d'un  grand  nom- 
bre de  familles  de  Limoges.  Au  mois  d'août  1673, 
Antoine  est  placé  sous  la  férule  d'un  autre  prêtre 
de  Saint-Pierre,  M.  Dutrueil,  qui  tient  également 
école.  L'enfant  semble  suivre  déjà  -les  cours  du 
collège,  et  fait  sa  cinquième.  Nouveau  changement 
le  12  décembre  1675.  Le  jeune  étudiant,  qui  doit 
avoir  alors  une  quinzaine  d'années,  est  envoyé  en 
pension  chez  M.  Brun,  curé  de  Saint-Martinet,  et 
y  reste  jusqu'au  22  février  1677.  Il  entre  alors  à 


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l'école  de  M.  Maillot,  que  nous  ne  connaissons  pas 
autrement.  —  Son  frère  le  plus  jeune,  Martial,  est 
placé  successivement  dans  une  petite  école,  puis 
en  pension  chez  M.  Chazaud,  prêtre  qui  habite 
au  Pont  Saint- Martial  ;  en  1683,  on  l'envoie  chez 
M.  La  Jousselinière  fils  —  un  étudiant  peut-être  — 
pour  «  reppetter  des  leçons  et  corriger  des  thèmes 
'deux  fois  le  jour.  »  En  1687,  un  a  maistre  et  pré- 
cepteur »  dont  le  journal  de  Joseph  Péconnet  ne 
noua  fait  pas  connaître  le  nom,  vient  «  corriger  » 
le  jeune  homme  dans  la  maison  de  sa  mère  et  de 
son  frère  aine,  où  il  habite.  En  1688,  Martial  suit 
la  classe  de  troisième  au  collège  des  Jésuites-  A* 
cette  époque,  il  cesse  ses  études  et  est  successive- 
ment placé  chez  un  procureur,  puis  chez  le  sieur 
Mortemard,  maître  écrivain,  a  pour  apprendre  »  a 
«  écrire  et  à  chiffi'er  :  o  exercices  qu'il  avait  sans 
doute  insuffisamment  cultivés  jusqu'ici.  Mais  l'an- 
née d'après,  la  fantaisie  lui  prend  de  retourner  au 
collège;  son  frère  aine  y,  consent,  et,  après  deux 
mois  d'étude  chez  M.  Nivet  pour  le  remettre  au 
latin,  l'expédie  au  petit-séminaire  de  Magnac-Laval  ; 
Martial  y  reste  un  an  et  demi,  puis  revient  chez 
M.  Nivet,  et  finalement  entre  chez  un  marchand 
en  qualité  de  commis. 

Petit-Jean,  la  mauvaise  tète  de  la  famille,  a  été 
d'abord  mis  en  pension  chez  le  curé  de  Gorre;  il 
va,  en  1670,  à  l'école  de  M.  Gibot,  avec  Antoine, 
et,  en  1671,  à  celle  de  M.  de  Lavie.  Un  an  n'est 
pas  écoulé  qu'on  l'en  retire  pour  le  placer  à  Soli- 
gnac,  chez  M.  Martialot,  prêtre;  il  n'y  reste  pas 
longtemps  :  on  le  trouve,  en  1673,  à  l'école  de 


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M.  Dutrueil,  puia  chez  M.  Bayle,  où  son  père  l'a 
mis  pour  apprendre  à  lire  et  k  chiffrer,  minimum 
d'instructioa  commerciale  auquel  il  faut  se  ré- 
duire, étant  donnés  ses  bonnes  dispositions  et  son 
amour  du  travail.  On  le  met  en  apprentissage 
en  1677;  au  bout  de  quelques  mois  il  quitte  son 
patron;  le  malheureux  mène  dès  lors  une  exis- 
tence de  paresse  et  de  désordres  qui  fait  le  déses- 
poir de  aa  famiUe  et  à  laquelle  se  rapportent 
quelques-uns  des  passages  les  plus  intéressants  du 
journal  de  son  frère  Joseph.  On  réussit,  après  plu- 
sieurs tentatives  infructueuses,  à  le  faire  embar- 
quer sur  un  navire  à  destination  de  la  Guyane. 
Nous  le  perdons  de  vue  à  ce  moment. 

Le  futur  chef  de  la  famille,  Joseph,  né  en  1656, 
le  plus  raisonnable  et  le  plus  laborieux  des  enfanta 
de  Jean  PéL'onnet,  a  eu,  semble-t-il,  une  éduca- 
tion un  peu  plus  suivie  que  ses  frères  :  en  sortant 
des  mains  de  ses  précepteurs,  on  l'envoie  à  l'école 
de  M.  de  Lavie,  puis,  sous  la  direction  et  sans 
doute  avec  les  répétitions  de  son  père,  il  a  Huivi 
le  cours  complet  des  études  au  collège  des  Jésuites; 
il  y  fait  sa  philosophie  en  1674,  sous  le  P.  Roger, 
et  comme  une  maladie  lui  fait  perdre  une  partie 
de  l'année  1675,  il  va  pendant  six  mois,  l'année 
suivante,  chez  le  vicaire  Cibot  pour  répéter  ce 
cours,  auquel  on  attache  alors,  avec  raison,  une 
si  grande  importance. 

En  Ï677,  ses  études  classiques  terminées,  Joseph, 
qui  a  vingt  ans,  est  mis  chez  un  avocat  de  Limoges, 
M.  Croizier,  pour  y  apprendre  son  droit  romain. 
Quinze  mois  plus  tard,  il  part  pour  Poitiers,  où 


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il  est  placé  dans  une  femille  honorable,  moyennant 
240  livres  de  pension,  par  les  soins  d'un  religieux, 
le  P.  Jacques  de  Saint-Pierre,  à  qui  ses  maîtres  de 
Limogea  l'ont  sans  doute  recommandé.  Après  six 
mois  de  répétitions,  le  jeune  homme  en  sait  assez 
pour  prendre  ses  licences  :  il  revient  à  Limoges  à 
la  fin  do  mois  de  juin  1678  et  se  fait  recevoir 
avocat  au  Présidial;  il  a  alors  vingt-deux  ans. 

Arrêtons-nous  un  moment  pour  noter  quelques 
chiffres  instructifs  et  curieux  sur  le  livre  de  dé- 
penses du  père  de  famille. 

Le  prix  de  l'écolage,  de  1670  à  1690,  est  à  peu 
près  le  même  dans  toutes  les  petites  écoles  de 
Limoges  :  chez  le  vicaire  Cibot  comme  chez  le 
Rochelais  de  Lavie,  chez  M.  Dutrueil  comme  chez 
M.  Maillot,  les  élèves  paient  trente  sols  par  mois. 
A  trente  sols  aussi  est  fixé  le  salaire  du  a  fils  du 
sieur  Lajousselinière  »  pour  un  mois  de  répétitions. 
Le  «  maistre  escrivain,  »  Jean  Bayle,  dont  le  mi- 
nistère est  évidemment  moins  relevé  que  celui  des 
précédents,  ne  prend  que  vingt  sols.  Par  contre, 
les  répétitions  de  philosophie  du  vicaire  Cibot  se 
paient  5  livres  par  mois;  les  leçons  de  droit  de 
l'avocat  Croisier,  de  5  à  6  livres,  et  les  répétitions 
à  Poitiers  ne  reviennent  pas  à  moins  de  1 1  livres, 
soit  66  livres  pour  un  semestre. 

Le  prix  de  la  pension  pour  les  jeunes  gens  ne 
diffère  pas  de  celui  qu'on  paie  pour  les  Jeunes 
filles;  nous  avons  vu  plus  haut  qu'il  était  fixé  à 
100  livres  à  l'abbaye  de  la  Règle,  et  à  80  dans 
l'établissement  dirigé  par  M'"  Second  et  autres 


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a  filles  dévotes.  »  Jean  Péconnet  paie,  en  1671, 
100  livres  de  pension  pour  Petit-Jean  à  M.  Mar* 
tialot,  de  Solignac;  en  1675-76,  80  livres  pour  An- 
toine au  curé  de  Saint-Martinet;  Joseph  paie  100 
livres  pour  son  frère  Martial  au  prêtre  Chazaud, 
en  1683.  Au  petit-séminaire  de  Magnac-Laval,  qui 
jouit  dès  lors  d'une  réputation  qu'il  a  conservée 
jusqu'à  nos  jours,  la  pension  est  d'un  prix  plus 
élevé  :  36  livres  par  quartier,  soit  144  livres  par 
an  :  120,  déduction  faite  de  deux  mois  de  vacances. 
Parmi  les  notes  nombreuses  qu'on  peut  signaler 
dans  le  journal  de  Jean  Péconnet,  mentionnons  le 
relevé  des  visites  faites  par  le  médecin  Ferrand  à 
un  des  enfants,  Jean  l'alné,  au  cours  d'une  ma- 
ladie à  laquelle  le  jeune  homme  ne  parait  pas 
avoir  survécu.  Le  prudent  chef  de  famille  se  pré- 
pare de  longue  main  à  contrôler  l'exactitude  du 
mémoire  dont  la  perspective  l'inquiète  déjà.  Tou- 

■  tefois  une  cinquantaine  de  visites  ne  sont  payées 
que  22  livres,  plus  30  sols  pour  une  première  con- 

'eultation.  Les  visites  du  chirurgien  Vidaud  i-evien- 
nent  à  un  prix  plus  élevé  :  4  livres  lô  sofs  pour 
cinq;  elles  sont  donc  comptées  18  sols  :  celles  du 
médecin  moitié  seulement. 

Mentionnons  encore  les  achats  faits  à  Paris  par 
Jean  Péconnet,  pour  son  ameublement  et  son  mé- 
nage, au  cours  de  deux  voyages  d'affaires,  en  1660 
et  1665;  c'est  d'abord  un  coffre-bahut  du  prix  de 
1 1  livfes  ;  ensuite  un  lot  d'ustensiles  et  vaisselle  en 
étain  fin  :  plat-bassin,  salières,  grands  et  petits 
flacons,  aiguière,  vinaigrier,  sucrier,  moutardier, 
ècuelle  couverte,  trois  chandeliers,  six  tasses,  douze 


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cuillers,  douze  fourchettes,  une  cuiller  couveite, 
deux  égouttoirs,  un  chauffe-lit,  le  tout  aux  armes 
des  Péconnet,  marqué  des  initiales  1  P  et  coûtant 
70  livres;  enfin  cinq  pièces  de  tapisserie  de  Ber- 
game  achetées  81  livres  10  sols,  et  revenant,  port 
compris,  à  91  livres  10  sols  :  Dans  trois  de  ces 
pièces,  le  bourgeois  trouve  la  garniture  complète 
de  trois  lits  et  de  dix-huit  chaises  ou  fauteuils, 
plus  deux  tapis.  Les  deux  pièces  intactes  sont 
mises  en  réserve,  et  l'une  d'elles  sert  de  tenture, 
aat  jours  de  procession.  Ajoutons,  pour  les  curieux, 
que  le  bois  de  douze  des  sièges  a  coûté  seulement 
12  livres,  et  que  23  autres  livres  ont  suffi  à  solder 
la  note  du  tapissier. 

Le  journal  de  Jean  Péconnet,  bien  qu'il  débute 
par  quelques  paragraphes  se  rapportant  aux  années 
1644  et  suivantes,  ne  parait  avoir  été  écrit  que 
beaucoup  plus  tard;  peut-être  même  est-il  un 
relevé,  fait  en  1657  ou  1658,  des  notes  contenues 
dans  un  autre  registre.  11  s'arrête  au  23  octobre 
1678  et  au  recto  du  folio  62.  Le  manuscrit,  qui 
est  en  papier  assez  lin,  marqué  dans  la  pâte  d'une 
épée  à  large  lame,  à  poignée  étroite  et  à  garde 
sommairement  indiquée,  d'un  format  petit  in-folio 
—  284  millimétrés  sur  190  —  avec  couverture  en 
parchemin,  renferme  65  feuillets  de  plus,  dont  la 
plupart  sont  restés  en  blanc.  On  trouve  néanmoins, 
aux  folios  91  et  suivants,  un  relevé  des  «  pièces 
justificatives  »  ayant  trait  aux  affaires  des  frères 
Vidaud,  relevé  allant  du  10  juin  1654  au  5  juillet 
1678;  aux  folios  105  et  suivants,  des  documents 


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relatifs  à  la  succeasion  de  M.  de  Verthamond,  curé 
de  La  Geneytouse,  oncle  de  Jean  Péconnet;  aux 
folios  110  et  suivants,  le  compte  de  ce  dernier 
avec  Barthélémy,  maître  boulanger  de  la  Cité,  du 
12  janvier  1655  a^  13  décembre  1662;  enfin,  aux 
dernières  pages,  une  table  alphabétique  très  com- 
plète des  articles  du  manuscrit.  Parmi  les  pièces 
relatives  à  la  succession  du  curé  de  la  Geneytouse, 
on  remarque  un  inventaire  assez  intéressant  du 
mobilier  qu'on  a  trouvé  chez  lui  :  un  calice  d'ar- 
gent doré,  cassé,  avec  sa  patène,  estimé  48  1.  15  s.; 
six  cuillers  d'argent  a  meslé  et  commung,  »  esti- 
mées 12  1.;  deux  garnitures  de  lit  «  de  sarge  blefve, 
avec  passements  effranges  a  demy  usées  »  :  18  1.; 
«  deux  couettes  et  deux  cuissins,  garnys  de  plume, 
ung  matelatz,  deux  couvertes,  l'une  vieille,  couleur 
blefve,  et  l'autre  petite,  couleur  blanche,  usage  de 
village  0  :  30  1.;  huit  «  linceulx,  quatre  chemises 
usées,  trois  neuves,  deux  nappes  usées,  vingt-quatre 
serviettes  usées,  deux  paires  de  caleçons,  trois  paires 
de  bas  de  chausses  en  toile  »  :  32  1.;  deuK  «  paires 
d'hahitz  noir,  »  une  soutane,  un  manteau  long,  un 
manteau  court  et  une  robe  de  iham'bre  :  40 1.;  deux 
bassins  d'airain  pesant  dix-huit  livres  :  7  1.  6  s.;  un 
mousqueton  ;  10  1.;  «  ung  payre  d'armoires  »  :  81.; 
un  coffre  :  15  1.;  une  paire  de  landiers  de  laiton  : 
12  1.;  une  aiguière  a  rompue,  »  un  vinaigrier 
«  rompu,  B  une  tarsière,  le  tout  d'étain;  enftn  une 
vieille  chasuble  de  velours  rouge,  avec  un  rang  de 
dentelle  d'or  et  d'argent,  et  un  missel. 

Au  compte  du  boulanger,  nous  apprenons  que 
maître   Barthélémy   devait  livrer   vingt   «  pains 


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—  21i  — 

d'hôtel  »  ou  huit  tourtes  au  setier,  mesure  de 
Limoges.  Il  convient  d'ajouter  qu'il  semble  n'èti-e 
ici  question  que  de  seigle. 

XIV.  —  C'est  improprement  que  nous  avons,  au 
relevé  placé  en  tête  de  ces  courtes  notit-es,  donné 
le  titre  de  «  Livre  de  raison  du  Président  Chorllon  » 
au  registre  dont  nous  allons  nous  occuper.  Ce 
manuscrit  contient  en  réalité  les  annales  de  la 
famille  pendant  près  d'un  siècle,  et  trois  généra- 
tions y  ont  successivement  tracé  leur  histoire  par 
la  main  du  chef  qui  présidait  au  foyer.  Toutefois 
le  registre  original  du  premier  rédacteur,  Isaac 
Chorllon,  sieur  des  Rioux,  greffier  en  l'Élection  de 
Guéret,  manque  à  notre  recueil,  et  celui-ci  n'en 
possède  que  la  copie,  faite  en  1650  par  le  fils 
d'Isaac,  Jean-Baptiste-Alexis,  devenu,  quatre  ans 
plus  tard.  Président  au  siège  Présidial  établi  dans 
sa  ville  natale.  Les  notes  dues  au  premier  vont  du 
3  septembre  1628  au  5  août  1642.  Jean-Baptiste 
Alexis  ajoute  au  mémorial  de  son  père  la  mention 
de  la  mort  de  son  frère  Jean,  décédé  le  21  o.  tobre 
1654,  et  le  dernier  événement  qu'il  enregistre  est 
la  naissance  de  son  fils  Isaac,  à  la  date  du  21  jan- 
vier 1673.  Les  articles  écrits  par  le  troisième  des 
rédacteurs  de  notre  manuscrit,  Alexis,  qui  suc- 
céda à  son  père  dans  la  charge  de  Président,  sont 
compris  entre  les  dates  extrêmes  du  8  novembre 
1700  et  du  20  juin  1709. 

Cette  partie  du  livre  des  Chorllon  ne  se  com- 
pose que  d'une  série  de  notes  relatives  à  des  nais- 
sances, des  mariages  et  des  morts.  C'est  le  a  papier 


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—  212  — 

de  famille  n  dans  sa  conception  la  plus  simple  et 
la  plus  étroite.  Quelques-uns  des  passages  qu'il 
renferme  sont  cependant  relevés  par  de  courts 
éloge.î  dont  le  rédacteur  fait  suivre  la  mention  des 
décès,  et  par  l'indication  de  cei-tains  curieux,  dé- 
tails de  mœurs.  On  remarquera,  à  la  date  du 
25  Octobre  1664,  une  note  relative  à  la  venue  au 
monde  d'un  enfant  né  «  coiffé.  »  Le  grave  Prési- 
dent donne  des  renseignements  circonstanciés  sur 
l'aspect  et  la  nature  de  la  membrane  qui  enve- 
loppait la  tète  de  l'enfant,  et  déclare  qu'il  l'a 
soigneusement  recueillie  pour  «  la  garder  autant 
»  qu'elle  pourra  se  conserver.  »  11  ajoute  même 
qu'il  la_  place  entre  deux  feuillets  de  son  registre  : 
inutile  de  dire  que  nous  ne  l'y  avons  pas  retrouvée. 
Parmi  les  noms  des  parrains  et  des  marraines, 
nous  en  relevons  deux  auxquels  la  province  de  la 
Marche  doit  un  long  et  reconnaissant  souvenir  : 
François  Le  Boyteux,  originaire  de  Paiis,  et  com- 
mis à  la  recette  des  Tailles  dans  l'Élection  de 
Guéret,  qui  tient  sur  les  fonts  Jeanne  Chorllon,  en 
1642,  assura,  par  ses  libéitLlitôs,  les  soins  de 
quelques  a  filles  dévotes  »  aux  pauvl-es  reçus  à 
l'hôpital  de  Guéret;  Antonio  Laboreys,  marraine, 
en  1628,  d'Antoine  Cliorllon,  appartenait  à  une 
famille  dont  un  membre,  Pierre-Augustin  Labo- 
reys de  Cbàteaufavier,  ancien  député  aux  États 
générau';,  est,  ave.-  sa  femme,  le  principal  fon- 
dateur dos  Écoles  chrétiennes  d'Aubusson. 

Mais  ces  notes  de  famille  ne  sont  que  la  pre- 
mière et  la  moins   intéressante   partie  de   notre 


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—  213  — 

manuscrit.  La  seconde,  qui  offre  le  double  carac- 
tère d'un  journal  personnel  et  d'un  livre  de  rai- 
son, est  de  beaucoup  la  plus  digne  d'intérêt.  Son 
rédacteur,  J.-B.  Alexis  Chorllon,  sieur  de  Cher- 
demont,  o  le  président  Chorllon  »  comme  nous 
l'appelons  encore  après  deux  siècles,  a  été  un  des 
magistrats  les  plus  distingués  que  la  province  ait 
vu  siéger  sous  l'ancien  régime.  Il  a  laissé  des 
Mémoires  d'un  certain  intérêt  qu'on  a  souvent 
consultés  avec  fruit,  et  où  l'on  trouve  de  précieux 
détails  sur  les  mœurs  de  la  magistrature  d'autre- 
fois et  sur  les  événements  survenus  dans  la  Marche 
au  cours  des  cinquante  années  qui  se"5ont  écoulées 
entre  1635  et  1685,  dates  extrêmes  de  l'ouvrage. 
Nous  avons  l'espoir  que  ces  Mémoires  seront  pro- 
chainement donnés  au  public  :  on  nous  assure 
que  M.  Autorde,  archiviste  du  département  de  la 
Creuse,  en  prépare  la  publication. 

Cette  seconde  partie  du  livre  domestique  des 
Chorllon,  qui  débute  par  l'éloge  du  P.  Sylvestre 
Mage,  religieux  récollel  du  couvent  de  Guéret, 
mort  le  98  novembre  1662,  renferme  une  notice 
assez  complète  sur  les  vicissitudes  du  Présidial  de 
cette  ville;  on  y  peut  relever  quelques  indications 
sur  les  sièges  royaux  et  juridictions  secondaires 
compris  dans  son  ressort.  Bien  qu'elle  se  trouvât 
dans  les  conditions  requises,  aux  termes  de  fédit 
du  mois  de  janvier  1551,  pour  posséder  un  siège 
présidial,  la  Marche  n'en  eut  un  que  quatre-vingt- 
quatre  ans  plus  tard.  Les  appels  du  sénéchal  de 
Guéret  ressortissaient  au  Présidial  de  Moulins; 
ceux  des  sénéchaux  de  Bellac  et  du  Dorât  au 


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-214- 

Présidial  de  Poitiers;  ceux  de  Bourganeuf  à  la 
même  cour,  et  peut-être,  à  un  moment  donné, 
au  siège  de  Limoges;  enfin  ceux  de  Bellegarde  et 
du  Franc-Alleu  à  Riom.  Grâce  au  crédit  de  M""  de 
Combalet,  depuis  duchesse  d'Aiguillon  et  nièce  du 
cardinal  de  Richelieu,  la  ville  de  Guéret  obtint 
le  premier  janvier  1635,  avec  l'adhésion  des  villes 
où  siégeaient  les  tribunaux  qui  devaient  relever 
de  la  nouvelle  juridiction,  l'établissement  d'un 
siège  présidial  où  vinrent  aboutir  les  appels  de 
toute  la  province  de  la  Marche.  L'office  de  Pré- 
sident de  cette  cour  fut  acquis  en  i664,  par 
Chorlion,  des  héritiers  de  M.  Laboreys  de  Mas- 
tribut,  au  prix  de  12,000  livres. 

L'auteur  de  notre  manuscrit  fournit  sur  son 
propre  compte  des  renseignements  biographiques 
dont  on  peut  tirer  quelque  parti;  mais  c'est  sur- 
tout à  ses  Mémoires  qu'il  convient  de  recourir  si 
on  désire  connaître  les  détails  de  sa  vie.  Les  pages 
de  soii  livre  de  raison  que  nous  reproduisons  se 
rapportent  surtout  à  son  père,  dont  il  trace  minu- 
tieusement un  très  vivant  et  très  honorable  por- 
trait. Il  nous  le  montre  zélé  pour  le  bien'  public, 
ne  marchandant  à  ses  concitoyens  ni  son  temps  ni 
sa  peine,  estimé  et  aimé  de  tous,  cœur  dévoué, 
seui  droit,  âme  bien  trempée  et  tempérament  vi- 
goureux :  mens  sana  in  corpore  sano.  — A  chaque 
page  de  nos  registres  de  famille,  nous  passons 
auprès  de  quelqu'une  de  ces  sereines  et  robustes 
figures,  réalisant  à  merveille  cet  idéal  pratique, 
nullement  inaccessible,  mais  bien  rare  aujourd'hui, 


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qu'en  cinq  mots  l'antiquité  avait  su  ai  nettement 
indiquer. 

Si  Isaac  Chorllon  s'est  acquis  la  reconnaissance 
des  habitants  de  Guéret  en  s'occupant  de  leurs 
intérêts  et  en  pourvoyant  à  leur  défense  au  cours 
des  années  troublées  de  la  Fronde,  il  n'en  a  pas 
moins  rempli  sa  mission  de  père  de  famille  de 
façon  à  mériter  la  gratitude  de  ses  descendants. 
Le  détail  très  circonstancié  des  achats  faits  par  lui 
à  Cherdemont  (où  il  possédait  une  petite  exploi- 
tation dont  les  étables  ne  renfermaient  que  deus 
bœufs,  et  où  il  crée  trois  métairies  au  labourage 
de  quatre  bœufs  chacune),  de  l'arrangement  de  la 
propriété,  du  soin  apporté  aux  cultures,  de  la 
plantation  et  de  l'aménagement  des  bois,  des  nom- 
breuses constructions  élevées  par  le  père  de  famille, 
fournit  assurément  les  pages  les  plus  caractéris- 
tiques et  les  plus  attachantes  du  manuscrit  des 
Chorllon.  La  complaisance  que  met  le  Président  à 
parler  des  travaux  exé  -utés  à  Cherdemont  par  son 
père,  atteste  l'amour  de  nos  ancêtres  pour  la  vie 
des  champs  et  la  propriété  rurale.  Ce  goût  était 
du  reste  de  tradition  dans  les  familles  de  robe, 
et  les  Mémoires  des  xvi*  et  xvn'  siècles  en  four- 
nissent des  preuves  assez  nombreuses  et  assez  ca- 
ractéristiques, pour  que  nous  n'ayons  pas  à  insister 
ici  sur  ce  côté  des  mœurs  de  nos  pères. 

Il  est  une  particularité  sur  laquelle  nous  devons 
appeler  l'attention  de  nos  lecteurs.  Isaac  Chorllon 
ne  meurt  qu'en  1690.  Dès  1654  cependant,  il  a 
laissé  à  son  fils  le  soin  de  rédiger  le  registre  do- 
mestique. Dans  les  papiers  de  famille  que  nous 


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avons  examinés,  nous  avons  eu  l'occasion  de  cons- 
tater que  les  enfants  tiennent  souvent  la  plume 
pour  le  père;  mais  c'est  toujours  ce  dernier  qui 
parle.  Ici  il  n'en  est  pas  de  même  :  Isaac  semble 
avoir  abdiqué  cette  fonction  spéciale  de  sa  charge 
de  chef  de  famille  entre  les  mains  de  son  fils. 
Une  telle  anomalie  doit  s'expliquer  sans  doute  par 
les  fréquentes  absences  du  père,  les  longs  séjours 
qu'il  était  obligé  de  faire  à  Cherdemont  pour  sur- 
veiller ses  constructions,  diriger  ses  cultures,  et 
par  la  vie  plus  sédentaire  de  J.-B.  Alexis. 

Notons  encore  qu'lsaac,  qui  a  été  avocat  avant 
de  devenir  greffier  de  l'Élection  de  Guéret,  a  fait 
ses  études  et  pris  ses  licences  à  Bourges.  J.-B. 
Alexis  est  conduit  à  douze  ans  par  sa  mère  au 
collège  des  Jésuites  de  Moulins;  deux  ans  plus 
tard,  il  va  continuer  ses  humanités  à  Bourges,  où 
il  commence  ses  études  de  droit;  il  les  termine  à 
Paris,  où  il  se  fait  recevoir  avocat  au  Parlement 
au  mois  d'avril  1652.  Le  frère  du  Président  meurt 
adolescent,  l'année  même  où  il  fait  sa  philosophie 
chez  les  Récollets  de  Guéret. 

Le  manuscrit  dont  nous  venons  de  donner  un 
court  aperçu,  est  un  registre  en  papier  de  245 
millimètres  sur  185,  comprenant  soixante-douze 
feuillets,  et  dont  la  reliure  n'a  pas  été  conservée. 
Il  est  aujourd'hui  la  propriété  de  M"'  Adam,  de 
Guéret,  dont  la  mère  appartenait  à  la  famille 
Chorllon  et  a  été,  croyons-nous,  la  dernière  du 
nom.  Nous  devons  la  communication  de  ce  re- 
gistre à  l'extrême  obligeance  de  M.  Pierre  de 
Gessac,  Pi-ésident  de  la  Société  des  sciences  natu- 


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—  2t7  — 

relies  et  archéologiques  de  la  Creuse,  qui  a  bien 
voulu  en  copier  lui-même  une  grande  partie  pour 
notre  recueil. 

XV.  —  Le  second  des  registres  domestiques  de 
la  famille  TeKandier(I)  nous  a  été,  comme  le  pre- 
mier, communiqué  par  M.  le  comte  et  M"*  la 
comtesse  de  Villelume.  Nous  y  retrouvons,  au 
début,  une  figure  de  connaissance  :  C'est  en  effet 
Jean  Texandier,  l'auteur  du  manuscrit  dont  nous 
avons  parlé  quelques  pages  plus  baut,  qui  com- 
mence aussi  ce  nouveau  livre  à  la  date  du  24 
septembre  1B62.  Moins  de  six  mois  se  sont  donc 
écoulés  entre  la  note  la  plus  récente  du  premier 
registre  et  le  préambule  du  second.  L'en-téte  de 
ce  dernier  ne  fait  aucune  mention  du  précédent, 
et  Jean  y  annonce  l'intention  de  tenir  son  papier 
domestique  a  ensuitte  de  celuy  de  feu  son  père  »  : 
ce  qui  nous  avait  fait  croire,  en  premier  lieu,  que 
les  denx  manuscrits  n'étaient  pas  du  même  auteur; 
mais  un  examen  attentif  de  l'un  et  de  l'autre  nous 
a  convaincu  qu'ils  émanaient  bien  d'une  seule  per- 
sonne. Les  indications  qu'ils  fournissent  le  prou- 
vent d'ailleurs  d'u^  façon  surabondante.  Quant  an 
livre  de  raison  de  Jacques  Texandier,  père  de  Jean, 
c'est  sans  doute  un  numéro  de  plus  à  ajouter  à  la 
liste  des  manuscrits  de  cette  catégorie  qui  ont 
disparu.  Combien  de  centaines  d'autres  doivent 


(1]  Nous  écrivons  ici  ToiaDdier  parce  que  celte  orthographe  s 
■prévalu.  Il  convient  de  remarquer  toutefois  qu'au  leite  du  premier 
registre,  ce  nom  est  constamment  éci'ît  p«r  un  e. 


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avoir  eu  te  même  sort,  dont  il  ne  nous  reste  au- 
cune trace  et  dont  nous  ne  connaissons  pas  même 
l'existence  ! 

Nous  avons  déjà  dit  que  Jean  Texandier  comp- 
tait parmi  les  principaux  négociants  de  Limoges  : 
on  l'a  vu  juge  au  Tribunal  de  la  Bourse  en  1653; 
on  le  retrouve  dix  ans  plus  tard  exerçant  les 
mêmes  fonctions.  L'importance  des  acquisitions 
effectuées  par  son  petit-fils  et  le  chiffre  élevé  des 
légitimes  payées  par  ce  dernier  à  ses  frères  et 
sœurs,  sont  de  nature  à  donner  une  idée  très  avan- 
tageuse de  la  prospérité  de  ses  affaires.  Le  Ciel 
l'avait  béni  dans  sa  lignée  comme  il  l'avait  béni 
dans  son  travail.  En  1670,  un  banquet  intime 
réunit  autour  de  la  table  du  patriarche  quatorze 
parents  ou  amis  et  a  seize  petits  enfants  de  la 
famille,  n  Ce  jour-là,  Jean  a  offert  le  pain  bénit  à 
l'église  de  sa  paroisse,  Saint-Michel  des  Lions,  et 
envoyé  quatre  cent  cinquante  petits  pains,  suivant 
l'usage,  à  «  parents,  amis  et  voisins.  » 

Jean  Texandier  meurt  en  1684  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-un  ans.  Sa  bru,  Valérie  Du  Boys,  nous  ap- 
prend qu'il  avait  «  travaillé  beaucoup  pour  élever 
sa  famille  »  et  qu'il  était  a  homme  de  bien  -et 
d'honneur.  »  Dieu  nous  garde  de  ne  pas  souscrire 
à  ce  jugement! 

Jérôme,  fils  du  premier  rédacteur  de  notre  re- 
gistre, ne  lui  survit  pas  longtemps;  et  Valérie  J)u 
Boys  reprend  la  plume  pour  consigner,  au  livre 
domestique,  un  pieux  hommage  à  la  mémoire  de 
son  mari  ;  «  G'étoit,  écrit-elle,  un  homme  de  bien 


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—  219  — 

»  et  de  paix,  n'ayant  jamais  rendu  de  déplaisir  à 
»  personne  du  monde.  » 

Par  son  testament,  Jérôme  a  institué,  comme 
c'est  alors  l'usage  à  Limoges  —  nous  signalons 
plus  loin  un  autre  exemple  de  la  même  dispo- 
sition, et  nous  en  avons  relevé  un  grand  nombre 
dans  les  testaments  de  la  seconde  moitié  du  xvii* 
siècle,  —  sa  femme  et  son  fils  atné,  Jean-Baptiste, 
ses  héritiers  universels.  Les  deux  chefs  de  famille 
administrent  conjointement  pendant  treize  ans  la 
fortune  laissée  par  Jean  et  Jérôme.  En  1688,  ils 
achètent  ensemble  au  prix  de  75,000  livres  la  terre 
seigneuriale  de  L'Aumônerie,  dont  Jean-Baptiste 
et  ses  enfants  porteront  le  nom;  un  peu  plus  tard, 
le  môme  Jean-Baptiste,  de  moitié  avec  son  cousin 
Léonard  Limousin  {1},  et  moyennant  46,238  livres, 
se  rend  acquéreur  des  ofl&ces  de  greffier  ancien  et 
de  greffier  alternatif  et  triennal  au  bureau  des 
Finances,  et  de  divers  offices  secondaires  qui  s'y 
trouvent  unis;  en  1692  il  fait  l'acquisition  d'une 
maison  à  -Limoges,  auprès  des  Étangs  d'Àigon- 
lène,  et  la  paie  10,000  livres.  Peu  après  il  cède 
à  ses  frères  sa  part  du  fonds  de  commerce,  et 
ceux-ci  ne  l'achètent  pas  moins  de  39,000  livres. 
On  le  voit  :  ce  que  nous  avons  dit  de  l'état  flo- 
rissant des  affaires  des  Texandier  se  trouve  large- 
ment justifié.  Il  faut  se  rappeler,  au  surplus,  qu'ils 
n'étaient  pas  seuls  à  recueillir  les  bénéfices  de  ce 
commerce.  Limousin,  que  nous  avons  vu  associé, 


[I]  C'est  lunsi  que  notre  m&nuacrit  orthographie  ce  Dom,  cons- 
tamment écrit  Limotin  au  zvi*  siècle  et  au  commencement  du  xvii*. 


DigmzcdbyGoOgle 


—  220  — 

en  1653,  par  son  beau-père  Jean  Texandier  à  son 
négoce,  avait  continué  les  affaires  avec  Jérôme  et 
ses  enfants.  En  1689  seulement,  cette  société  se 
dissout  après  une  durée  de  plus  de  trente-sept 
années. 

Il  n'est  peut-être  pas  sans  intérôt  d'indiquer 
ici  ce  que  deviennent  les  enfants  de  Jérôme  Texan- 
dier, et  ce  que  chacun  d'eux  reçoit  tant  pour  sa 
légitime  qu'en  supplément,  à  divers  titres.  Notre 
registre  nous  donne  à  cet  égard  des  renseignements 
qu'on  ne  rencontre  pas  aussi  clairs  et  aussi  précis 
dans  tous  nos  papiers  de  famille.  —  Jérôme  a  laissé 
cinq  fils  et  cinq  filles.  Nous  avons  dit  que  l'alné 
des  premiers,  Jean- Baptiste,  a  été  institué  héritier 
universel  avec  sa  mère,  «  par  moitié,  »  à  la  charge 
de  payer  aussi  par  moitié  a  les  légats  et  autres 
charges  d'hérédité.  »  Il  résulte  de  ses  propres  in- 
dications qu'il  a  dû  se  trouver  à  la  tête  d'une 
maison  de  commerce  florissante  et  d'une  belle  for- 
tune; outre  la  moitié  des  biens  patrimoniaux» 
l'héritier  a  reçu  par  préciput  la  maison  paternelle, 
située  rue  Ferrerie,  a  avec  tous  les  meubles,  gar- 
»  nitures  et  vaisselle  d'argent  et  autre.  »  Valérie 
Du  Boys,  qui  meurt  en  1697,  institue  à  son  tour 
Jean-Baptiste  pour  héritier  universel;  plusieurs  des 
frères  et  des  sœurs  de  ce  derniei'  font  de  même. 

En  1689,  après  la  dissolution  de  la  société  qui 
a  existé  entre  les  Texandier  et  Joseph  Limousin, 
Jean-Baptiste  s'associe  un  de  ses  frères,  Pierre 
l'ainé,  et,  en  1692,  les  deux  héritiers  comptent 
à  ce  dernier  10,000'  livres,  montant  du  legs  fait 
en  sa  faveur  par  Jérôme  dans  son  testament;  lors 


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du  mariage  de  Pierre  avec  Françoise  Martin,  en 
1695,  la  mère  fait  en  outre  don  d'une  maison  à 
aon  fils.  —  Pierre  Texandier  cadet  reçoit  à  sa  ma- 
jorité, «n  1696,  8,000  livres,  dont  6,000  pour  son 
«  légat,  »  et  2,000  qu'y  ajoute  sa  mère;  un  an 
plus  tard,  celle-ci,  en  mourant,  lui  laisse  une 
autre  somme  de  2,000  livres.  — Jérôme  touche  aussi 
10,000  livres  en  1697  :  6,000,  montant  du  legs  de 
son  père,  2,000  de  celui  de  sa  ùière,  et  2,000  que 
son  frère  aîné  lui  donne  «  gratuitement,  par  dessus 
les  susdits  légats,  »  égalisant  ainsi  sa  part  avec  celle 
de  ses  autres  frères.  —  Antoine  prend  l'habit  reli- 
gieux et  entre  en  1696  à  Grandmont,  après  avoir 
fait,  la  veille,  un  testament  par  lequel  il  dispose  de 
sa  fortune  en  faveur  de  son  frère  aine;  il  semble 
n'avoir  été  compté  à  Antoine  que  1,300  livres. 

Des  cinq  filles  de  Jérôme  Texandier  et  de  Valérie 
Du  Boys,  deux  se  marient  :  Peyronne,  qui  épouse 
en  1687  François  Martialot,  de  Solignan,  touche  à 
ce  moment  sa  légitime  :  6,000  1.,  et  reçoit  de  plus 
de  sa  mère,  avec  le  trousseau  d'usage,  1,000  1.  en 
argent  et  une  maison  près  de  Saint-Martial;  à 
Barbe,  qui  se  marie  en  1692  avec  Pierre  Vaissière, 
on  compte  4,000  1.  pour  ce  qui  lui  revient  dans  la 
fortune  de  son  père,  et  2,400  1.  données  par  Valérie 
Du  Boys.  —  Les  trois  autres  entrent  au  couvent 
avec  des  dots  variant  entre  3  et  4,000  livres  :  Ca- 
therine et  Claire  prennent  l'habit,  la  première  en 
1691,  la  seconde  en  1698,  aux  Filles  de  Notre- 
Dame;  Thérèse,  en  1694,  aux  Ursulines. 

On  voit,  par  ce  qui  précède,  que  l'héritier  avait 
souvent  à  supporter  des   charges  considérables. 


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Quand  la  situation  laissée  par  le  père  de  famille 
était  un  peu  embarrassée,  le  fardeau  devenait  sin- 
gulièrement lourd.  On  trouve  d'ailleurs  de  bien  cu- 
rieux témoignages  et  des  preuves  bien  frappantes 
de  la  longue  gêne  imposée  à  l'héritier  par  le  paie- 
ment des  légitimes  de  ses  frères  et  sœurs,  l'ac- 
quit des  dettes,  des  charges  de  la  succession,  la 
liquidation  des  tutelles,  le  remboursement  des 
dots,  et  plusieurs  ■  générations  supportent  parfois 
le  poids  de  ces  liquidations  laborieuses.  Mais  ce 
n'est  pas  ici  le  cas  d'insister  sur  ce  point;  car 
Jean-Baptiste  Texandier  ne  parait  pas  avoir  été  le 
moins  du  monde  embarrassé  pour  faire  face  aux 
nécessités  de  la  situation.  Du  moins  son  registre 
ne  le  donne-t-il  nullement  à  entendre. 

XVI.  —  Le  journal  de  l'avocat  Joseph  Péconnet, 
commencé  peu  après  le  30  août  1679,  date  de  la 
mort  de  son  père,  est  d'un  format  peu  différent, 
mais  un  peu  plus  allongé  que  le  manuscrit  de 
Jean  —  290  millimètres  sur  188.  Le  papier  a  le 
même  aspect  ;  mais  il  porte  pour  marque  une  sorte 
d'écusson  ou  de  chiffre  peu  distinct.  Le  registi-e  n'a 
que  quatre-vingt-trois  feuillets,  cotés  par  pages,  au 
recto  et  au  verso.  Le  «  Journal  »  proprement  dit 
s'arrête  au  22  novembre  1695;  on  y  trouve  tou- 
tefois, en  marge  du  dernier  article,  une  note  du 
29  janvier  1696.  A  la  page  suivante,  51,  commence 
un  relevé  intitulé  ;  «  l'Etat  des  depences  faittes  au 
Chastenet  et  des  revenus  que  j'en  ay  tirés,  puis 
le  1"  octobre  1679.  »  Cette  partie  du  manuscrit  est 
incomplète,  les  pages  65  et  suivantes,  jusqu'à  110 


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inclusivement,  ayant  été  arrachées.  A.  la  page  111 
on  trouve  les  comptes  relatifs  à  l'année  1683  et  à 
la  vigne  de  Balezis.  A  la  page  136  et  après  un  ar- 
ticle du  31  mai  1699,  s'arrête  l'écriture  de  Joseph  : 
une  ligne  de  l'année  1700  semble  pourtant  avoir 
été  tracée  par  sa  main  ;  mais  les  pages  suivantes, 
à  partir  d'une  mention  du  7  février  de  cette  même 
année  1700  sont  d'une  écriture  fort  lisible  assuré- 
ment, mais  moins  courante  et  d'une  orthographe 
des  plus  incertaines.  A  la  page  140  et  à  la  date  du 
26  février  1704,  s'arrêtent  ces  comptes.  —  a  L'Etat 
»  des  prises  et  mises  en  la  vigne  du  Puy  du  Pin 
dez  le  1"  octobre  1679  »  commence  à  la  page  141. 
Ici  la  dernière  note  de  la  main  de  Joseph  porte  la 
date  du  10  novembre  1695.  Bien  qu'à  cet  endroit  il 
ne  manque  pas  un  feuillet,  le  livre  saute  de  1695  au 
12  mai  1704,  et  offre,  jusqu'au  7  mars  1710  {p.  163), 
l'écriture  plus  laborieuse  dont  nous  avons  parlé 
plus  haut.  Quelques  notes  de  1716,  écrites  d'une 
autre  main,  celle  de  Barthélémy  Péconnet,  figurent 
aux  pages  164  et  165.  Le  registre  renfermait  pro- 
bablement un  plus  grand  nombre  de  feuillets;  mais 
le  reste  a  été  arraché,  sans  doute  par  la  main  plus 
économe  que  pieuse  de  quelque  descendant. 

Nous  avons  emprunté  au  Journal  de  Joseph  Pé- 
oonnet  un  certain  nombre  d'indications  pour  com- 
pléter l'aperçu  que  nous  donnons  plus  haut,  de  la 
carrière  scolaire  de  l'avocat  et  des  autres  enfants 
de  Jean  Péconnet.  Ce  registre  débute  par  une  auto- 
biographie fort  intéressante  de  son  rédacteur,  qui 
nous  conduit  jusqu'au   moment   où   celui-ci  se 


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trouve,  par  la  mort  de  son  père,  investi  du  rôle 
et  de  l'autorité  de  chef  de  famille.  Comme  peu 
après  Jérôme  Texandier,  Jean  a,  par  son  testa- 
ment écrit  un  an  environ  avant  sa  mort,  institué 
pour  ses  héritiers  universels  sa  femme  et  son  fils 
aîné.  Notons  la  date  récente  de  ce  testament  fait 
à  la  veille  d'un  départ  pour  Paris,  et  qui  n'était 
certainement  pas  le  premier  qu'eût  rédigé  le  pru- 
dent homme  d'affaires;  on  se  souvient  du  conseil 
donné  par  Jean  Benoist  à  ses  neveux,  au  xiv'  siè- 
cle ;  «  Tenez  toujours  votre  testament  prêt  et  re- 
faites-le chaque  année.  » 

Relevons  encore,  au  testament  de  Jean,  un  legs 
en  faveur  de  la  grande  confrérie  de  Saint-Martial, 
où  son  fils  le  remplace  aussitôt  :  nous  avons  dit 
ailleurs  (1)  combien  ces  sortes  de  libéralités  étaient 
conformes  aux  anciennes  traditions  de  notre  hour- 
geoisie.  Nous  ven'ons  aussi  Antoine  laisser  vingt 
livres  à  la  compagnie  des  Pénitents  noirs. 

Les  difficultés  commencent  sur-le-champ  pour 
Joseph.  Il  a  sur  les  bras  son  frère  Petit-Jean, 
rentré  à  la  maison  paternelle  après  plusieurs  aven- 
tures, et  qu'on  ne  peut  décider  ni  à  se  bien  con- 
duire et  à  travailler,  n\  à  s'en  aller.  Un  conseil  de 
famille  se  tient  à  ce  sujet,  et  on  arrête  que 
Jean  ira  à  La  Rochelle  et  s'embarquera  sur  a  un 
vaisseau  de  M.  de  Tourville,  »  où  il  sera  recom* 
mandé  à  un  compatriote,  M.  de  Châteaumorand, 
enseigne.  Le  mauvais  garnement  part  en  effet,  le 


(1)  La  Famille  limousine  d'autrefois,  d'après  les  toatamenti  et 
la  Coutume.  Limogea,  1883.  Ducourtieux  et  LebUnc. 


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10  avril  1680,  escorté  de  deux  hommes  à  cheval. 
Arrivé  à  La  Rochelle,  il  ne  peut  trouver  place  sur 
le  vaisseau,  et  ses  conducteurs  le  laissent  à  l'au- 
berge des  Trois  Rois  :  il  est  convenu  que  sa  pen- 
sion y  sei-a  payée  à  raison  de  12  scia  par  jour,  jus- 
qu'à ce  qu'il  prenne  passage  sur  un  autre  navire; 
mais  Jean  s'ennuie  au  bout  de  quelque  temps  à  La 
Rochelle,  revient  à  Limoges,  y  commet  de  nou- 
veaui  méfaits,  obtient  des  avances  de  son  frère, 
puis  on  le  perd  de  vue  pendant  quelque  temps.  Il 
reparaît  en  1683  ou  1684,  racontant  qu'il  est  allé 
«  aux  isles  de  Cayenne  »  et  s'y  est  établi  et  marié. 

11  n'en  recommence  pas  moins  ses  désordres,  s'en- 
rôle dans  le  régiment  de  Normandie,  déserte,  et 
finalement  obtient  de  son  frère  qu'il  lui  achètera 
une  pacotille  et  paiera  son  passage  pour  retourner 
à  Gayenne;  mais,  parti  pour  La  Ro.'heile,  nippé  à 
neuf  et  la  poche  bien  garnie,  Jean  ne  va  pas  plus 
loin  qu'Aixe,  petite  ville  à  deux  lieues  de  Limoges, 
et  demeure  dans  les  environs,  dépensant  tout  ce 
qu'il  possède  en  débauches.  Quelques  semaines 
après  on  le  retrouve  à  Bordeaux;  puis  il  se  rend 
à  La  Rochelle,  revient  bientôt  à  Limoges,  repart 
ensuite  pour  La  Rochelle.  Enfin  la  famille  se  dé- 
termine à  envoyer  dans  cette  ville  un  fondé  de  pou- 
voirs chargé  de  traiter  avec  J'enfant  prodigue,  de 
lui  acheter  des  marchandises  et  de  le  décider  k 
s'embarquer.  Ce  mandataire  reste  absent  près  de 
trois  mois  ;  mais  il  réussit  à  faire  partir  le  triste 
personnage,  ddnt  on  n'entendra  plus  parler. 

Les  autres  frères  de  Joseph,  s'ils  ne  lui  donnent 
pas  de-  soucis  aussi  graves,  ne  semblent  pas  lui 

T.  VII.  t-$ 


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procurer  beaucoup  de  consolations  t  Martial  sur- 
tout est  une  assez  mauvaise -tète;  il  abandonne 
ses  études,  puis  les  reprend  et  part  pour  le  collège 
de  Magnac-Laval.  Au  bout  d'un  an  et  demi,  on  le 
voit  revenir;  mais  à  la  suite  de  violentes  querelles 
avec  son  frère  aîné,  qui,  dans  la  crainte  qu'il  ne 
suive  l'exemple  de  Jean,  ne  lui  ménage  pas  les 
réprimandes,  il  quitte  la  maison,  se  place  chez 
un  marchand  et  intente  un  procès  à  Joseph.  Des 
parents  interviennent  et  une  transaction  met  fin 
au  différend. 

Joseph,  de  son  côté,  ayant  peu  auparavant  trouvé 
mention,  sur  un  bordereau  écrit  de  la  main  de  son 
père,  d'une  somme  assez  considérable  en  espèces 
dont  sa  mère  était  détentrice  et  qu'elle  n'avait  pas 
déclaré  à  l'inventaire,  s'était  vu  obligé  de  recourir 
aux  tribunaux  pour  obtenir  la  restitution  de  cette 
somme  à  l'hérédité.  La -famille  avait  encore  réussi 
à  étouffer  l'affaire. 

Le  récit  de  ces  divers  incidents  remplit  une  par- 
tie du  Journal  de  Joseph  Péconnet.  Il  nous  a  paru 
intéressant  de  relever  les  faits  dont  il  s'agit  à  titre 
d'exception  ;  on  trouve  bien  peu  de  traces  de  dis- 
cordes semblables  au  sein  de  la  famille  d'autrefois  : 
tout,  au  contraire,  atteste  que,  dans  nos  contrées 
surtout,  l'union  était  des  plus  étroites  au  foyer. 
On  peut,  sans  trop  s'exposer  à  commettre  un 
jugement  téméraire,  imaginer  que  le  caractère  de 
Joseph  n'était  pas  absolument  étranger  à  ces  que- 
relles :  nous  le  voyons  en  effet  avoir  maille  à 
partir  avec  diverses  personnes,  entre  autres  avec 


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ses  locataires,  l'horloger  Georges  et  k  femme  de 
celui-ci,  dame  Elisabeth  Bonneval.  . 

Il  faut  relever,  au  sujet  du  prix  des  appar- 
tements au  XVII'  siècle  à  Limoges,  quelques  chif- 
fres intéressants.  En  1681,  la  location  d'une  bou- 
tique, rue  de  la  Porte-Poulaillère,  coûte  24  livres 
pour  un  an;  cette  même  boutique,  avec  deux 
chambres,  l'une  au  second,  l'autre  au  troisième 
étages,  bûcher  et  cave,  est  affermée,  dix  ans  plus 
tard,  42  livres;  unfe  parente  de  Joseph  Péconnet 
lui  donne,  en  1685,  vingt  livres  pour  les  deux 
chambres  qu'elle  occupe  au  troisième  de  la  même 
maison  et  pour  divers  locaux  accessoires. 

Les  comptes  des  recettes  et  dépenses  du  Châ- 
tenet  et  des  deux  vignes  de  Balezis  et  du  Puy 
du  Pin,  fournissent  un  grand  nombre  d'indications 
instructives.  Ils  permettent  de  constater  que  les 
rapports  entre  les  propriétaires  et  les  métayers 
sont  déjà,  il  y  a  deux  cents  ans,  fixés  par  les 
usages  qui  les  règlent  encore  aujourd'hui.  Le 
maître  du  sol  fournit  un  cheptel  en  animaux  et 
en  matériel.  Le  colon  demeure  responsable  de  ce 
cheptel  et  en  doit  compte  au  propriétaire  à  l'expira- 
tion de  sa  baillette;  il  cultive  la  terre,  soigne  les 
bestiaux,  fournit  en  un  mot  toute  la  main-d'œuvre, 
et  reçoit  pour  salaire  la  moitié  des  récoltes  et  la 
moitié  du  prix  de  la  vente  des  animaux  qui  cons- 
tituent le  croît.  Si  l'un  des  coeiploitants,  le  maître 
ou  le  colon,  a  besoin,  au  cours  du  contrat,  d'un 
animal  pour  sa  consommation,  il  le  prend,  après 
qu'on  l'a  fait  estimer  par  experts,  et  tient  compte 


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à  son  associé  de  la  moitié  du  montant  de  l'éva- 
luation.  Quand  les  fourrages  da  domaine  ne  suffi- 
sent pas  à  nourrir  le  cheptel  et  que  le  proprié- 
taire est  obligé  d'en  fournir  un  supplément  sur  sa 
réservç  ou  d'en  acheter,  le  métayer  en  paie  la 
moitié.  Les  dépenses  que  fait  celui-ci  pour  aller 
aux  foires  demeurent  à  sa  charge;  il  est  vrai  qu'il 
a,  pour  l'indemniser  de  ces  frais,  une  petite  gi-a- 
tification  de  l'acheteur,  le  «  vin  »  de  la  vente. 
Par  contre  il  doit  tenir  compte  au  propriétaire 
des  quelques  sous  que,  quand  il  achète,  il  re- 
çoit du  vendeur  à  titre  d'étrenne.  Le  paiement 
de  l'étrenne  est  encore  aujourd'hui  de  tradition 
sur  nos  champs  de  foire  :  son  importance  est 
réglée  par  l'usage,  suivant  l'espèce  de  l'animal 
vendu;  mais  le  maître  la  laisse  maintenant  au 
colon. 

Les  haillettes  étaient  faites  autrefois  pour  une 
durée  ordinaire  de  cinq  ans;  le  contrat  se  passait 
devant  un  notaire  :  les  frais  excessifs  dont  le  fisc 
a  surchargé  '  tous  les  contrats,  ont  fait  renoncer 
depuis  longtemps  à  cette  habitude,  et  les  conven- 
tions, de  nos  jours,  sont  verbales,  à  peu  d'excep- 
tions près.  —  A  leur  sortie,  les  métayers  devaient 
laisser  -les  champs  ensemencés  d'une  quantité  de 
grain  égale  à  celle  des  ensemencements  faits 
l'année  de  leur  entrée,  et  dont  ils  avaient  perçu 
la  récolte. 

En  1653,  le  cheptel  du  domaine  du  Châtenet 
se  compose  de  bestiaut  évalués  355  livres,  plus 
cinquante  têtes  de  brebis  et  moutons;  de  1658  à 
1674,  l'estimation  ne  s'élève  qu'à  237  livres;  en 


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1683  elle  remonte  à  617  livres,  plus  47  brebis  ou 
moutons.  Noua  trouvons  ici  l'usage  déjà  signalé, 
au  XV*  siècle,  de  compter  les  brebis  et  moutons 
par  tète,  en  dehors  du  cheptel  évalué;  cette  der- 
nière estimation  est  faite,  naturellement,  à  l'entrée 
des  nouveaux  métayers. 

Pour  se  rendre  compte  de  ce  que  représentait 
un  cheptel  de  cette  valeur  dans  la  seconde  moitié 
du  ivn*  siècle,  il  faut  savoir  que,  d'après  les  jour- 
naux mêmes  qui  font  l'objet  de  cette  étude,  une 
paire  de  bœufs  gras  se  vendait,  en  1680  :  203  I.;  — 
une  paire  de  bœufs  ordinaires,  en  1660  :  160  et 
170 1.;  en  1661  :  165  1.;  en  1665  :  159  1.;  en  1668  : 
167  1.;  en  1674  :  162  1.;  en  1681  :  150  et  178  1.;  — 
deux  jeunes  bœufs,  en  1660  et  en  1668  :  120  1.  — 
un  taureau,  en  1664  :  42  1.;  en  1666  :  43  et  44  1. 
en  1680  :  28  1.  15  s.;  —  un  veau,  en  1662  :  29  1. 
en  1663  :  25  1.;  en  1667  :  15  1.  17  s.;  en  1668 
24  1.;  en  1670  :  24  1.  5  s.;  — une  vache,  en  1661 
65  1.(1);  en  1666  :  20 et  21  1.;  en  166?  :  24  1.;  en 
1670,  1671  et  1676  :  22  à  29  1.;  —une  vache  et  sa 
suite,  en  1661  :  36  1.;  en  1667  ;  44  1.;  en  1668  : 
45 1.;  en  1674  :  28  1.  15  s.  et  32 1.;  —  une  velle,  en 
1664  :  16  1.;  en  1€66  :  16  1.  et  20  1.;  en  1674  :  8  1. 
et  22  I.  A  la  même  époque,  les  brebis  et  les  mou- 
tons ordinaires  coûtent  2  1.  la  pièce;  un  porc  gras, 
18  à  20  livres;  une  porche  ordinaire,  20  livres; 
im  cochon  de  lait,  de  12  à  25  sous. 


(t)  Gs  prix,  tout  exceptionnel,  est  donné  pour  une  vacba  acquise 
'  en  vue  de  remonter  Tétable,  et  doit  s'appliquer  i  an  animal  do 
chois.  —  Au  XVII'  siècle,  l'argent  représente  le  double  de  sa  valeur 
actuelle. 


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—  230  — 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  rapprocher  ces  prix 
de  ceux  que  nous  trouvons,  au  cours  du  iv*  siècle, 
indiqués  dans  le  registfe  des  Ma^iot.  Noua  ren- 
voyons le  lecteur  aui  pages  que  nous  avons  con- 
sacrées plus  haut  à  ce  document. 

Si  on  désirait  avoir  le  mouvement  du  cheptel 
au  ivu*  siècle,  sur  un  domaine  moyen  à  ce  qu'il 
semble,  pendant  dix  ans,  durée  ordinaire  de  deux 
baiUettes  consécutives,  on  en  trouverait  un  aperçu 
au  relevé  suivant  : 

Le  6  janvier  1658,  le  métayer  Lemas  reconnaît 
avoir  reçu  de  Jean  Péconnet  et  tenir  à  cheptel  une 
paire  de  bœufs,  poil  pie  et  fauve,  une  vache  pleine 
et  un  veau,  pour  la  somme  de  190  livres.  Peu 
après  la  vache  a  un  veau  :  le  maître  y  joint,  le 
21  septembre  1658,  une  vache  pleine,  poil  rouge, 
achetée  47  livres,  soit  en  tout,  sans  tenir  compte 
du  veau  né  après  l'entrée  en  possession  des  mé- 
tayers, une  valeur  de  cheptel  de  237  livres  (en- 
viron 500  francs). 

ACHATS  FAITS  A  MOITIÉ 

Le  10  juillet  1660,  une  paire  de  jeunes  bœufs 120  livres. 

Le  11  juillet  1661,  une  vache 65  — 

Le  1"  juillet  1665,  un  taureau 43  — 

Le  6'juillet  1665,  un  taureau 44  — 

La  1"  juillet  1667,  une  vache  avec  son  veau 41  — 

Le  1"  juin  1663,  deux  jeunes  bœufs 120  — 

Le  15  juillet  1668,  une  vache  et  un  l'eau 45  — 

Total 478  livres. 


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—  231  — 

VENTES  A  MOITIÉ 

l'&oQt  16S8,  nn  taureau 40  I. 

23  mai  1659,  un  veau »  1. 

23  avril  lEGO,  une  paire  de  boeufa 160  I. 

23  mai  1661,  une  vacbâ  et  sa  suite 36  L 

17  juin  1661,  une  paire  de  bœufo 165  1. 

16  juiliet  166!,  un  veau 29  1. 

30  mai  1G63,  un  veau 35  L 

ae  juin  1661,  une  veile 16  1. 

4  septembre  1664,  un  taureau 42  1. 

26  juin  1665,  une  paire  de  bœufs 159  1. 

...  juillet  1665,  une  velle 16  1.  10  s. 

22  mai  1666,  un  taureau 36  1. 

—  une  velle 10  I.  15  s. 

25  dâcembre  1666,  deux  vaches 41  t. 

23  mai  166T,  un  veau 16  1.  17  s.  8  d. 

15  avril  1668,  une  paire  de  bœufs 167  t. 

22  mai  1668,  un  veau 24  1. 

22  mai  1669,  une  Tacbe(l) 24  1- 

Total 1.0271.    2  s.  6  d. 

Ainsi  la  valeur  totale  des  achats,  pendant  dix 
ans,  représente  environ  deux  fois  celle  de  la 
souche  de  cheptel  donnée  par  le  propriétaire  au 
métayer  :  celle  des  ventes,  durant  la  même  pé- 
riode, quatre  fois  et  demi  environ  cette  môme 
valeur. 

Pour  supputer  le  revenu  d'un  métayer  du  Châ- 
tenet  à  cette  époque,  il  faudrait  avoir,  pour  les 
ventes  de  grains,  des  comptes  analogues  à  ceux 
que  nous  possédons  pour  les  ventes  de  hétail; 
mais  le  grain  se  partageant  en  nature  et  le  pro- 
priétaire n'en  vendant  qu'une  partie,  puisqu'il 
payait  en  grain  son  houlanger,  et  de  plus  atten- 


(1)  On  voit,  par  la  date,  que  la  plupart  de  ces   bestiaux  sont 
vendus  4  la  foire, de  la  Saint-Loup,  j>  Limoges. 


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dant  parfois  plusieurs  années  pour  réaliser  sa  ré- 
colte, noua  ne  saurions  tenter  d'évaluer  cette  caté- 
gorie de  produits  sans  donner  une  trop  grande  part 
k  l'hypothèse,  et  il  nous  semble  préférable  de  nous 
abstenir. 

Nous  nous  bornerons  à  noter  les  prix  suivants, 
fournis  par  les  mômes  registres  : 

La  charge  de  vin,  mesure  de  Limoges,  en  1661 
et  1664  :  cinq  livres  10  sols;  en  1668  :  6  1.  10  s.; 
en  1670  :  5  1.;  en  1674  :  4  1.  10  s.;  en  1677  :  6  1. 
10  s.;  en  1679  (année  de  grande  abondance)  :  16 
deniers  la  pinte  —  et  au-dessous;  en  1690  :  4  1. 
2  s.  6  d.;  en  1691  :  20  deniers  la  pinte. 

Le  setler  de  seigle,  mesure  de  Limoges  (1),  en 
1685  :  48  s.;  en  1688  :  36  s.;  en  1702  :  45  s.;  en 
1705  :  56  s.;  en  1708  :  32  s.;  en  1716  :  46  s. 

Le  setier  de  sarrasin,  mesura  de  Limoges,  en 
1685  :  23  et  24  s.;  en  1687  :  25  s.;  en  1688  :  22  3.;' 
en  1702  ;  28  et  30  s.;  en  1705  :  40  a.;  en  1708 
16  s.;  en  1716  :  22  a.  —  Le  setier  de  châtaignes, 
en  1680  :  16  s.  (vertes)  et  14  s.  (sèches);  en  1685 
20  s.;  en  1692  :  30  s.  (sèches);  en  1694  :  24  a. 

L'avoine  vaut,  en  1680,  28.  s.  le  setier;  l'orge 
40  s.  (mesure  de  Nieul)(2);  les  pois  3  1.  (mesiure  de 
Nieul).  Le  quintal  de  foin  se  paie  20  aols  en  1685. 

Le  Journal  de  Joseph  Péconnet  fait  mention  de 
quelques-unes  des  grandes  gelées  qui  amenèrent 
la  disparition -de  la  vigne,  partout  cultivée  autour 


(1)  Le  setier,  mesure  de  Limoges,  représentait  51  litres  20  cen- 
tilitres. La  pinte  équivalait  à  1  litre  07  centilitres. 
(3)  Le  setier  de.Nieut  vklait  91  litr«  60  oentilitrM. 


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de  Limoges  du  vi*  au  zvin'  siècles,  entre  autres 
des  gelées  des  premiers  jours  de  juin  1685  et  de 
celles  de  1693,  qui  Ai-ent  périr  une  partie  des  pieds  : 
aussi  ia  récolte  de  1694,  comme  celle  de  1693,  fut- 
elle  à  peu  près  nulle.  Noua  avions  espéré  trouver 
dans  ce  manuscrit  quelques  notes  sur  le  <  grand 
hiver  >  de  1709,  et  sur  la  famine  qui  désola  à 
cette  époque  notre  province;  mais  pas  une  ligne 
n'y  fait  allusion,  et  on  ne  trouve  même  pas  à 
relever  à  cette  date  de  prix  de  denrées  offrant 
quelque  intérêt. 

Il  convient  d'ajouter  une  remarque,  avant  de 
quitter  les  manuscrits  de  Jean  et  de  Joseph  Pé- 
conoet  :  leur  journal  est  surtout  un  livre  de 
comptes.  C'est  le  «  papier  de  raisons  »  propre- 
ment dit;  mais  ce  n'est  pas  le  c  papier  de 
Camille.  >  Celui-ci  a  existé,  nous  ne  saurions  en 
douter,  auprès  de  celui-là,  et  nous  en  trouvons  la 
preuve  à  la  première  page  du  manuscrit  de  l'avo- 
cat :  —  «  Premièrement,  écrit-il,  ainsin  est  mon 
octraict  baptistaire  dans  le  livre  journal  de  feu 
mon  père.  »  Or,  au  manuscrit  de  Jean,  nous  ne 
relevons  ni  Ia  mention  de  la  naissance  et  du  bap- 
tême de  Joseph,  ni  aucune  mention  du  même 
genre  concernant  ses  frères  et  sœurs.  11  faut  en 
conclure  que  ces  notes  se  trouvaient  sur  un  autre 
cahier,  qui  ne  nous  a  pas  été  conservé. 

XVII.  —  Nous  n'avons  qu'une  page  du  livre  de 
famille  d'ÉUenne  Retouret,  bourgeois  de  Limoges. 
H.  l'abbé  Lecler  a  copié  quelque  part  ce  frag- 
ment, qu'il  a  bien  voulu  noua  communiquer,  et 


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—  234  — 

dont  les  deux  dates  extrêmes  sont  1746  et  1763. 
Il  n'y  a  aucune  remarque  particulière  à  faire  à 
propos  de  ce  document. 

XVlll.  —  Il  n'y  a  pas  à  insister  davantage  sur 
le  contenu  du  registre  de  famille  des  Leynia.  C'est 
un  simple  relevé  de  mentions  relatives  aux  nais- 
sances survenues  dans  cette  famille  de  1724  à 
1804,  et  le  plus  sec  des  livres  domestiques  de 
notre  recueil.  Les  Leynia  sont  des  bourgeois  aisés 
de  Treignac  qui  résident  presque  toute  l'année 
sur  leurs  propriétés  :  on  voit  en  effet,  par  leur 
cahier  même,  qu'ils  font  baptiser  leurs  enfants 
tantôt  à  Chamberet  ou  à  Treignac,  tantôt  à  Sou- 
danne  ou  à  la  Yinadière.  La  page  la  plus  intéres- 
sante de  ce  manuscrit,  qui  ne  renferme  ni  une 
indication  curieuse  ou  pittoresque,  ni  une  réflexion 
propre  à  ses  auteurs,  se  rapporte  à  un  testament, 
en  date  du  9  août  1792,  par  lequel  N...  Leynia, 
mari  d'Hélène- Gabrielle-Sophie  Reynaud,  dont  il  a 
eu  quatre  filles,  lègue  à  sa  mère  et  à  sa  femme 
l'usufruit  de  tous  ses  biens,  en  leur  donnant  «  tout 
pouvoir  de  désigner  pour  héritière  »  celle  de  ses 
propres  filles  «  qui  bon  leup  semblera.  »  Singu- 
lière disposition  et  que  nous  n'avons  relevée  sur 
aucun  autre  testament. 

Il  convient  de  faire  remarquer  que  le  papier 
domestique  d^  Leynia  se  poucrsuit  durant  la  pé- 
riode révolutionnaire. 

Quelques  notes*  d'un  très  médiocre  intérêt  se 
rencontrent  dans  ces  pages  maussades.  On  y  trouve 
plusieurs  mentions  relatives  à  la  location  de  do- 


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—  235  — 

mestiques  au  commencement  de  ce  siècle,  moyen- 
nant 110  francs  de  gages,  6  francs  pour  acheter 
une  paire  de  souliers,  plus  quatre  aunes  de  grosse 
toile.  Les  notes  les  plus  récentes  consignées  dans 
ce  manuscrit  sont  du  mois  de  juillet  1832.  Le  re- 
gistre présente,  d'un  côté,  des  mentions  de  recettes 
et  de  dépenses  qui  remontent  jusqu'à  l'année  1668. 
Ce  registre  appartient  aux  Archives  départemen- 
tales de  la  Haute- Vienne  ;  il  est  entré  à  ce  dépôt 
par  une  acquisition  récente.  —  C'est  im  in-4'  de 
223  feuillets,  couvert  en  parchemin. 

XIX.  —  Le  Journal  de  N...  Lamy  de  Luret, 
curé  de  La  Roche-L'Âbeille,  n'est  pas  un  docu- 
ment d'une .  bien  haute  valeur.  Nous  ne  l'avons 
compris  dans  notre  petite  collection  que  parce 
que  nous  avons  tenu  à  donner  des  échantillons 
de  nos  anciens  livres  de  raison  de  toute  espèce, 
et  à  montrer  qu'on  en  ti-ouvait  non-seulement  dans 
presque  toutes  les  familles,  mais  dans  presque 
toutes  les  maisons,  même  chez  les  ecclésiastiques. 

Le  manuscrit  en  question  est,  comme  le  précé- 
dent, conservé  aux  Archives  départementales  de 
Limoges.  Le  curé  de  La  Roche-L'Abeille  y  a  con- 
signé ses  conventions  et  ses  difficultés  avec  ses 
vicaires,  et  les  faits  pouvant  l'intéresser  ou  inté- 
resser soit  ses  successeurs,  soit  son  église,  qui  se 
sont  produits  autour  de  lui.  Nous'  n'avons  aucune 
particularité  instructive  à  relever  dans  ces  pages, 
sinon  de  nouveaux  témoignages,  bien  superflus, 
de  la  condition  précaire  de  beaucoup  de  membres 
du  clOTgé  inférieur  à  la  veille  de  la  Révolution. 


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Les  ressources  que  l'état  ecclésiastique  leur  four- 
nissait étaient  absolument  dérisoires,  et  un  grand 
nombre  de  vicaires  vivaient  littéralement  de  cha- 
rités. 

Le  journal  du  cnré  Lamy  est  {Hrécédé  par  des 
comptes  dont  les  premiers  articles  sont  de  1768. 
Il  est  souvent  question,  dans  ce  manuscrit,  du  loyer 
des  servantes  :  il  varie  de  36  à  45  livres,  et  le 
maître  doit  de  plus  fournir  annuellement  une  ou 
plusieurs  livres  de  laine  dont  la  servante  tricotera 
ses  bas.  Les  domestiques  mâles  ne  coûtent  pas 
cher  :  48  à  72  livres;  ils  reçoivent  de  plus  une 
paire  de  souliers  et  un  chapeau.  —  On  rencontre 
aussi  des  notes  comme  celle-ci  :  a  Je  suis  convenu 
avec  ma  blanchisseuse  que  je  lui  donnerois  dix 
ecus  par  an,  que  je  lui  fournirois  le  savon,  l'in- 
digo, les  cendres  qui  se  feront  dans  la  maison; 
et  elle  s'est  obligée  à  blanchir  tout  le  linge  de  la 
.  maison  toutes  les  fois  qu'il  sera  nécessaire.  —  I<e 
f  octobre  1768.  » 

Notre  manuscrit  contient  quelques  notes  de 
1791,  sans  intérêt.  C'est  un  cahier  de  66  feuillets, 
petit  in-4°. 

XX.  —  Le  livre,  de  comptes,  ou  plutôt  le  relevé 
des  rentes  diverses  du  chanoine  Marchandon  de 
Puymirat,  offre  une  particularité  curieuse  ;  il  a  été 
imprimé  lettre  à  lettre  à  l'aide  de  cuivres  décou- 
pés, par  le  procédé  tout  rudimentaire  dont  on  use 
encore  pour  fabriquer  les  cartes  à  jouer  et  pour 
marquer  les  caisses  à  l'expédition.  Propre,  d'une 
orthographe  irréprochable,  ponctué  avec  le  {^us 


lyGoogle 


—  237  -^ 

grand  soin,  il  offre  à  chaque  page  un  encadre- 
•ment  fort  net;  les  titres  sont  ornés  de  vignettes 
où  dominent  les  têtes  de  mort  et  les  os  en  croiï, 
soit  que  l'auteur  du  registre  ait  voulu  se  remettre 
sans  cesse  devant  les  yeux  des  emblèmes  le  rame* 
nant  à  la  salutaire  pensée  de  la  mort,  soit  qu'il 
n'eût  pas  d'autres  matrices  d'enjolivements  à  sa 
disposition.  Le  registre,  petit  in-i"  carré,  d'une 
trentaine  de  feuillets,  est  solidement  relié  et  porte 
ce  titre  assez  original  :  l'Intéressant,  en  lettres 
d'or  dans  un  cartel. 

Pas  n'est  besoin  de  donner  d'explications  sur  le 
contenu  de  ce  cahier,  où  l'on  voit  les  saulnes  des- 
tinées aux  pauvres  se  mêler  aux  pralines  que  le 
bon.  chanoine  distribuait  à  ses  neveux,  et  les 
mottes  à  brûler  et  les  chandelles  alterner  avec 
les  cochons  de  lait  et  les  hévres  qui  faisaient 
sans  doute,  à  certaines  époques,  la  principale 
ressource  de  sa  cuisine.  Il  est  vraisemblable  que 
la  plupart  de  ces  redevances  n'étaient  autre  chose 
que  des  intérêts  déguisés.  Les  rigoureuses  lois  de 
l'Église  défendaient  le  prêt  à  intérêt;  aussi  la  re- 
devance en  nature  remplaçait-elle  parfois  la  rente 
en  argent,  quand  le  capital  n'était  pas  aliéné  : 
façon  assez  naïve  de  tourner  la  difficulté. — Notons 
qu'on  retrouve,  dans  le  registre  du  chanoine  de 
Puymirat,  cette  sollicitude  de  l'avenir  et  ce  désir 
de  a  rendre  compte  »  à  ses  héritiers,  que  nous 
avons  signalés  comme  le  trait  dominant,  carac- 
téristique des  livres  de  raison.  C'est  surtout  à  ce 
titre  que  nous  faisons  lîgurer  des  extraits  de  Vin- 
tereêsant  dans  notre  recueil. 


DigmzcdbyGoOgle 


Nous  n'avons  rien  à  ajouter  aux  remarques  et 
auï  notices  qui  précèdent.  Il  ne  nous  reste  qu'à- 
DQettre  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs  le  texte 
môme  des  registres  dont  nous  venons  de  les  en- 
tretenir. Il  est  à  peine  besoin  de  faire  remarquer 
que  le  numéro  placé  en  tête  de  chaque  livre  de 
raison  correspond  à  celui  que  porte,  dans  notre 
introduction,  la  notice  consacrée  à  ce  manuscrit. 


ibyGoogle 


LIVRES  DE  RAISON 

LIMOUSINS   ET   MARCHOIS 
TTrTTTBS 


EOTRAIT   DU    REQISTaB   DES   COMPTES  DE   CHEPTELS,    CONTRATS 
ET  NOTES   DIVERSES   DES   UASSIOT ,    DE   Si-LÉONARD    (') 

(17  février  1431-17  novembre  1790.— Notea  relatives 
à  des  décès  de  U94  à  1496) 

I.  —  Achat  (1)  par  Gérald  Massiot,  d'un  demî-setier  de  fro- 
ment de  rente  annuelle  et  perpétuelle  au  prix  de  trois  royaux 
d'or.  —  17  février  ik30  (nouveau  style  ik3i)  (2). 

i{i  Jhus  M' 

Die  décima  septima  meneis  febroarii,  anoo  DonÛDi 

taiilesirao  CCCC"'  txicesimo,  presentibus  Leonardo  Jun- 


(*)  Registre  papier  petit  in-4*  d'environ  800  pages,  propriété  de 
M.  le  chanoine  Arbellot,  i  Limoges.  Pour  tout  ce  qui  a  trait  Jt 
l'état  actuel  de  ce  manuscrit,  le  lecteur  est  prié  de  se  reporter  à  la 
notice  spéciale  (n*  1)  que  nous  lui  consacrons  dans  l'introduction 
placée  en  tête  de  ce  recueil.  —  Les  Massiot  étaient  une  fort  an- 
cienne et  honorable  famille  de  Saint-Léonard,  qui  donna  plusieurs 
dignitaires  aux  monastËres  des  environs,  entre  autres  deui  prieurs 
k  L'Artige,  petit  chef  d'ordre  situé  à  peu  do  distance  de  Saint- 
Léonard  :  Etienne  (1380-1401)  et  autre  Etienne  (UG8).  — Auï  xvi*  et 
xvif  siècles,  les  Uassiot  ont  été  officiers  des  finances  et  ont  occupé 
d'asseï  hauts  emplois.  Ils  ont  longtemps  possédé  le  pittoresque 
manoir  du  Murand,  en  ftica  de  L'Artige.  D.  Léonard  Massiot,  de  la 
congrégation  de  Saint-Maur,  a  laissé  quelques  ouvrages.  Un  Mas- 
siot, conseiller  au  Parlement  de  Bordeaux,  installa  en  1553  le  siège 
préaidial  do  Limoges,  créé  en  1551.  Cette  famille  est  éteinte  au- 
jourd'hui. —  h.  G. 

1  acte  ou  mention  daté  que  ren- 

(!)  1431  nouveau  style.  Depuis  1301,  l'année  commençait  au  25 
mars  dans  toute  l'étendue  du  diocèse  de  Limoges. 


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—  240  — 

cho  et  Petro  Peyraudi,  testibiis  ad  hoc  Tocatie,  specialiter 
rogatis,  personaliter  constitutus  Clemenz  Ghampo,  textor 
ville  Sancti  Leonardi  de  Nobiliaco  (I),  non  cohactus  etc.  (2) 
omûibufl  que  vi  (sic)  etc.  sed  gratis  etc.  pro  se  et  suis  here- 
dibus  et  successoribua,  reodidit  perpétue,  peûitus  et  quic- 
tavit  etc.  prudenti  viro  Geraldo  Massiot,  mercatori  de 
Nobiliaco,  ejusdem  ville,  ibidem  presenti,  ementi  et  pro 
se  et  suis  heredibua  sollempniter  stipulanti,  ad  fociendum, 
etc.  unam  eminam  (3)  frumenti  rendualem,  anno  quolibet 
perpetuo,  ad  mensuram  de  Nobiliaco  vendentem  (4),  sol- 
vendam  per  ipsutn  Clementem  Ghampo  et  suos,  in  quali- 
bet  festo  AssumpcioniB  Béate  Marie  Virginis  (5)  si  qui- 
dem  (?)  et  pro  summa  trium  regalium  boni  auri,  cugni 
domini  nostri  Francie  Régis  (6),  quolibet  regale  existente 
ponderis  trium  denariorum  :  que  ibidem  Geraldus  Massiot 
realiter  et  de  facto  eidem  Clementi  tradidit  et  solvit  etc.  et 
quidquid  in  actionibus  etc.  et  devestivit  se  dictus  Cle- 
meos,  pro  se  et  suis,  de  dicta  emina  frumenti  renduali  etc. 
per  tradicionem  uolule  litterarum  investivit  et  es se 


(1)  Nobldt  est  l'ancien  nom  de  la  ville  do  Saint- Léonard,  dont  le 
principal  faubourg  est  encore  appelé  ■  le  Pont  de  Noblat.  ■ 

(2)  Ces  etc.  sont  daos  le  texte,  lia  se  rapportent  k  des  formules 
d'usage,  dont  le  notaire  ne  donne  que  le  commencement. 

(3)  L'bémine  équivalait  à  deux  coupes  et  à  la  moitié  du  setîer. 
Le  setter  de  Saint-Léonard  représentait  61  litres  44  centilitres; 
celui  de  Limoges-Chitcau  bl  litres  20  centilitres. 

(4)  Uesure  de  Noblat  vendant  ;  c'est-à-dire  à  la  mesure  adoptée 
à  Noblat  pour  les  ventes. 

(5)  L'Assomption  est  un  des  termes  d'échéances  les  plus  fré' 
quemment  indiqués  dans  les  anciens  contrats.  Toutefois,  en  Li- 
mousin, les  dates  habituelles  de  paiement  des  redevances  et  des 
rentes  sont,  dès  le  xir  siècle,  et  probablement  à  une  époque  bien 
antérieure,  la  Noël  et  la  Saint-Jean. 

(6)  Le  royal  représente  à  cette  époque  13.17,  soit  79  francs  d'au- 
jourd'hui. Il  convient  de  noter  l'usage  exclusif,  dans  la  contrée, 
des  monnaies  françaises  k  un  moment  où  Charles  VII  est  encore 
si  loin  d'avoir  reconquis  Bon  royaume.  On  peut  dire,  néanmoins, 
qu'à  dater  de  la  fin  du  règne  de  Charles  V,  le  Lin 
plëtemeat  et  pour  toujours  regagné  &  la  France, 


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—  241  — 

constituit  etc.  Et  promisit  dictus  démens,  pro  se  et  suis, 
eidem  Geraido  Massiot  predictam  eminam  frumeiiti  sol- 
vere  et  reddere,  habendiim,  levandamct  percipieDd;iQi  auuo 
quolibet,  perpétue,  pro  se  et  suis  heredibus  et  siicceaso- 
ribus  assignavit  et  assedit  dicto  Geraido  et  suis,  de  et 
super  omnibus  et  singulis  boais  suis  mobilibus  et  immo- 
bilibus  quibuscumque,  et  super  quolibet  eorumdem  in 
solidum,  singulariler  in  singulis  et  universalité!-  in  uni- 
versis.  Et  promisit  etc.  emeudare  elc,  omnia  dampna. 
Renunciavit  etc.  Obligavit  etc.  Juravit  etc.  Et  concessit 
litteias  Pariatgii  condominorum  de  Nobiliaco(I)  in  me- 
liori  forma,  —  Soluta  et  collata  fuit.  —  Leonardls  R\- 
vELLi  (2),  clericus,  retulit. 


(t)  La  juridiction  du  paj-iage  royal  avait  été  installée  à  Noblat 
Saint- Léonard,  en  1307,  on  vertu  d'une  convention  conclue  à  Pon- 
totse  entre  le  roi  Philippe  IV  et  Raynaud  de  La  Porte,  i^vâque  de 
Limoges.  Ce  dentier,  depuis  longtemps  en  lutte  avec  li>s  bour- 
geois de  Noblal,  qui  lui  disputaient  la  justice  de  la  ville,  conseutit 
à  reconnaître  le  roi  comme  coscigneur  de  la  ville  et  à  accepter, 
potir  raffermir  son  autorité  battue  en  brèche  par  les  chefs  do  la 
commune,  l'établissement  du  condoininium  que  rappelle  la  men- 
tion ci-dessus.  Le  même  état  de  choses  existait  dans  la  Cité  de 
Limoges.  Le  chapitre  de  Saint-Yrieix  partageait  également  ses 
droits  de  Justice  avec  leroi  de  France  en  vertu  d'un  traité  remen- 
tant, comme  les  précédejils,.au  règne  de  Philippe  IV.  Outre  ces 
partages  royaux,  il  existait  en  Limousin  plusieurs  petits  partages 
ecclésiastiques,  que  nous  trouvons  mentionnés  dès  le  xvi-  siècle; 
nous  pouvons  citer  celui  de  Saint-Jean  Ligouie,  dont  la  juridiction 
s'exerçait  au  num  du  seigneur  local  el  de  l'abbé  de  Solignac. 

Les  officiers  du  Pariage  de  Saint-Léonard,  outre  le  sceau  judi- 
ciaire—  ad  causas,  —  tenaient  aussi  le  sceau  civil  — nd  conlrectus 
—  destiné  à  authentiquer  les  contrats  passés  soit  par  les  particu- 
liers (testaments,  conventions  privées,  etc.),  soit  par  les  notaires  et 
les  clercs  commissaires  du  siège  dans  l'étendue  de  la  juridiction. 

(î)  Nous  avons  dit  que  chacun  des  contrats  insérés  au  registre 
des  Hassiot  porte  la  signature  du  notaire  qui  l'a  rédigé. 

T.  VIL  t-8 


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—  2«  — 

2.  —  Reeontiaissanee  d'une  somme  de  tix  royaux  d'or  reçue 
par  Jean  de  Chauvour[l)  de  Gérald  Massiot,  pour  prix  de 
vente  à  ce  dernier  d'un  cheptel  dont  Jean  de  Chauvour 
restera  dépositaire  [31  mai  1432)  (2). 

Die  ultima  mensis  maii  aoQO  Domiol  millesimo  CCCG"* 
tricesimo  secundo,  Johannes  de  Chouvors,  parrocbie  Saacti 
Dionisii,  gratis  et  sponte  recognovit  se  vendidisse  Geraldo 
Massiot,  mercatore  de  Nobiliaco,  ibidem  présent!,  etc.  io 
curte  sua  [3],  quatuor  vaccas  cum  suis  ritulis,  quarum  una 
est  pili  rubei  et  aJia  pili  bru  (sic]  et  alia  pili  pic  et  alia 
pili  faulvi,  precio  et  pro  summa  sex  regalium  boni  auri  [4}, 
et  quolibet  regali  esistenti  ponderis  trium  deuariorum  et 
cugni  domini  oostri  Francie  régis;  que  dictus  JobaiiBes 
de  Chouvors  recognovit  habuisse  et  récépissé  a  predicto 
Geraldo  Massiot,  de  quibus  dictum  G«ralduni  quictavit; 
necnon  et  triginta  et  duas  oves ,  videlicet  ad  capitale  [5) 
guÎDque  regalium,  dictus  Johannes  recognovit  habuisse 
et  récépissé  a  predicto  Geraldo  Massiot,  de  quibus  ipsum 
Geraldum  quictavit,  etc.  cum  pacto  etc.  et  predicta  aoi- 
malia  promisit  dictus  Johannes  outrire  et  custodire  bene 
et  Ûdeliter  et  ad  ambarum  parcium  comodum  et  utilitatem 
etc.,  de  eis  eommque  ezcrescencia  veoire  ad  booum  et 


(I)  Chauvour,  commuae  de  Saint-Denis  les  Murs,  canton  de 
Saint-Léonard  (Haute-Vienne). 

{1)  Nous  avons  parlé,  dans  l'introduction,  de  cette  opération, 
assez  commune  autrefois  semble-t-il. 

(3)  Le  mot  curtia  na  signifie  pas  seulement  cour  d'une  métairie. 
Il  doit  s'entendre  des  b&timents,  des  airages  et  dépendances,  même 
des  cbamps  du  domaine.  La  traduction  la  meilleure  d£S  mots  in 
ctirle  sua  serait  peut-être  •  sur  sou  exploitation.  ■ 

(4)  Le  royal  vaut,  en  mai  1432,  13.17,  soit  environ  79  francs  d'au- 
jourd'hui. 

(5)  A  cheptel.  Le  cheptel  est  le  capital-matériel  de  l'exploitation 
rurale  que  le  propriétaire  fournit  à  la  société.  Ce  mot  répond  exac- 
tement au  mot  cabal,  qui  a  la  même  racine,  et  qu'on  trouve  sou- 
vent craftloyé  au  Moyen  ftge  et  aui  trois  derniers  siècles  pour 
signifier  mise  commune  des  associés,  fonds  de  commerce. 


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—  243  — 

légale  computum  sive  eycet(l)  cmn  predicto  Geraldo,  et 
hoc  in  villa  Sancti  Leonardi  de  Nobiliaco,  tociens  quociens 
per  dictum  Geraldum  seu  suos  fuerit  requisitus,  et  emen- 
daredampna  etc.  Renunciavitetc.  Obligavitetc.  Juravitetc. 
CoQcessit  lilteraa  Pariatgîi  condominomm  de  Nobiliaco  in 
meliori  forma,  et  preseotibus  fratri  Stephano  de  Saocto 
Ilarito,  alias  de....  (2),  caoonico  Sancti  Leonardi,  et  Jo- 
hanne  deu  Molat,  testibus  ad  hec  vocatis  specialiterque 
rogatis,  die  et  anno  predictis.  Leonardus  Ravelli,  cleri- 
cus,  retuUt. 


3.  —  Compte  de  tnarcluindiset  :  gingembre,  poivre,  papier, 
futaine,  reçues  de  Genève  (1437), 

it  Jhs  Ma.  L'an  mil  CCCCXXXVII  ay  reseubut  de  la 
marchandia  que  veoc  de  6eDeba(3)  : 
Premieyrament,  xiii  1.  de  zz  (4)  blanc. 


(1)  Le  mot  eycel  est  évidemment  le  même  qa'escaeta,  escheta, 
eacheut&i  eicheyula,  qui  correspondent  à  des  sens  assez  divers, 
mus  qui  a'appliquent  en  général  à  tous  droits  constatés  et  échus, 
À  toute  part  légitime  d'hérédité.  —  Scepe  tumuntur  hœ  voces  pro 
legitimi»  hereditalibu»,  quœ  quibusvia  oboeniunl.  [Ducange,  Glos- 
saire, verb.  Ebcaeta.) 

{2)  Un  mot  illisible.  Au  lieu  de  Harilo,  qui  peut  être  une  forme 
dégénérée  d'Aredio  —  Yrieii,  —  on  pourrait  lire  Ilarito  ou  llarico, 
peut-être  Havito  (Saint- Avit). 

(3)  Il  nous  semble  difficile  d'admettre  qu'il  s'agisse  ici  de  Oénes, 
comme  l'ont  pensé  plusieurs  des  personnes  que  nous  avons  con- 
sultées. Le  mot  est  écrit  plusieurs  fois  :  Geneua  ou  Geneba,  et 
Genève.  Nous  devons  ajouter  que  nous  ne  connaissons  pas  d'autre 
document  faisant  mention,  antérieurement  à  l'introduction  du  pro- 
testantisme en  Limousin,  de  relations  commerciales  directes  entre 
Genève  et  nos  contrées. 

(4)  Nous  nous  sommes  demandé  si  cette  abréviation  désignait 
du  sucre  ou  du  gingembre.  Comme  nous  trouvons  plus  loin  la 
même  marchandise  ainsi  indiquée  :  lei,  nous  pensons,  avec  la  plu- 
part des  personnes  compétentes  consultées  par  nOus  à  ce  sujet, 
qu'il  s'agit  de  gingembre,  dont  on  faisait  autrefois  un  plus  grand 
usage  qu'aujourd'hui,  et  dont  nos  voisins  d'Angleterre  se  servent 


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-2J4- 

Item  may  zxt  de  zz  columbi. 

It«m  may  xxxvi  1.  de  pebre(l]  eyei  ou  pey  desusdit. 

Item  may  ay  reseubut  viiti  reumas  {2)  de  papier,  que 
Costa  la  reuma,  an  lo  port,  xxvi  sols  d'aquesta  monede. 
Monte  las  ix  reumas  :  vu  r[eaus]  et  xxiiti  s.  [3). 

Item  II"  pessas  fustonis  (4)  a  xliii  s.  un  d.  la  pessa,  iiii  1. 
VI  8.  VI  d.  (5). 

Item  resta  de  la  marchandla  : 

Cl.  îzblant  nz{61. 

Ilem  resta  zxxii  1.  t.  de  zz  columbi,  nz. 

Item  resta  ii"  balas  de  fuslony,  que  son  xIyi  pessas. 

encore  pour  la  cuisine.  Le  zz  colombin  serait  le  gingembre  gris, 
qui  tire  sur  le  brun.  —  M.  Blancart,  archiviste  du  département  des 
Bouches-dU'Rhâne  et  un  des  hommes  de  France  les  plus  compé- 
tents en  ces  matières,  nous  assure  qu'il  a  trouvé  assez  Fréquem- 
ment mention  de  gingembre  colombin,  et  que  jamais  ce  dernier 
mot  n'a  servi,  à  sa  coimaissance,  &  désigner  une  espèce  ou  une 
qualité  de  sucre. 

(1)  Ainsi,  à  cette  époque,  les  épices,  qui  nous  étaient  longtemps 
arrivées  par  Montpellier,  entraient  en  France  par  l'Italie,  dont 
Genève  était  un  des  entrepôts.  La  roule  des  Alpes  était  jflus 
pénible  et  plus  coûteuse,  mais  plus  sûre  que  la  traversée  de  la 
Méditerranée.  On  sait  que  dès  le  xiv*  siècle,  Montpellier  avait 
beaucoup  perdu  de  son  importance  commerciale. 

{i)  Ces  rames  de  papier  viennent  aussi  de  Genève  :  la  disposi- 
tion du  texte  l'indique  clairement,  la  première  ligne  se  rapportant 
da  toute  évidence  à  t.iut  ce  qui  suit.  Il  y  avait  cependant,  dès  le 
siècle  prc'cédent,  des  manufactures  de  papier  en  France;  nous  igno- 
rons si  le  Limousin  en  possédait  dès  cette  époque  r  on  n'y  coustato 
leur  existence  qu'au  ïvi*  siècle. 

(3j  Si  neuf  fois  vingt-six  sous  valent  sept  royaux  24  sous,  il  faut 
en  conclure  que  lo  royal  correspond  exactement  à  trente  sous. 

(I)  Les  futailles  sont  des  étoffes  croisées  fit  et  coton  qu'on  fabri- 
qua d'abord  en  Egypte.  * 

(5)  H  y  a  ici  nue  erreur  r  les  deux  pièces  devaie:il  coûter  4  livres 
6  s.  S  d. 

(C)  Il  s'agit  du  poids  nei.  Plus  bas  la  lettre  c  semble  se  rap- 
pijrler  k  renonciation  du  poids  brut.  On  remarquera,  en  effet,  que 
tous  les  article^  accompagnés  de  cette  abréviation  sont  encore  en 
ballots. 


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—  245  — 

Item  resta  l'bala  pebrc  senhade  a;  pesa  i  quintal  z  [1) 
XXVI  liv.  c(2). 

Item  resta  j'  bala  pebre  senhade  0,  pesa  i  quintal  z. 
XÏV  1.  c. 

Item  resta  j*  bala  pebre  senbade  ^,  pesa  i  quintal  z. 
XI  1.  z.  c. 

Item  resta  j*  pebre  senhade  ni,  pesa  i  quintal  z.  xiti  1.  z,  c. 

Item  de  pebre  camarat(3)  m  quintal  lui  1.  ta[i-e?]  xi  1. 
resta  net  :  m  quintal  xlii  livres,  ey  r*  charga  de  Genève, 
c[omptat?]  III 1.,  valen  ii  1.  n  s.,  que  valen  a  vi  g"  [4)  a  un 
dfeniers]  mealha,  monta  clk  fl.  ix  g"  z. 

Item  zez(5)  blanc,  p.  iiii"  et  vu  1,,  ou  pey  de  Geneva, 
monten  xxix  fl.  —  zëz  columbin  xxii  1.  ou  pey  de  Geneva, 
aij  g«  V  VI  fl.  z.  go. 

Summa  tôt  ix""  et  iv  fl.  x  g*,  [mar]  d'aur  a  cxix  H.,  valem 
cv  reaus  (6)  c[onipte?]  t.  f7). 


(t)  Nous  ne  savons  quel  seiia  attribuer  à  l'espèce  de  z  placé  ici 
après  le  mot  quinfai,  comme  dans  les  lignes  qui  précëdeot  et  qui 
suivent,  après  le  mot  (iure.  Peut  être  ce  signe  est-il  destina  à  dis- 
tinguer le  quintal  et  ta  livre  de  Genève  du  quintal  et  de  ta  livre  de 
Saint-Léonard. 

(2)  Le  signe  c  paraît,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  se  rap- 
porter à  l'indication  du  fbids  brut. 

(3)  Nous  n'avons  trouvé  ce  mot  dans  aucun  vocabulaire  :  s'agit-il 
de  poivre  mêlé  ou  de  poîvro  Rn?  nous  ne  saurions  le  dire.  Peut- 
être  camaral  signiRe-t-il  :  amballé  en  caisse,  et  correspond-il  à 
l'abréviation  c  signalée  plus  haut. 

(4)  Cette  abréviation  g*,  qu'on  pourrait  également  lire  g',  désignc- 
t-elle  des  gros  ou  des  sous  genevois?  Le  passage  est  fort  obscur. 
Il  semblerait  pointant  en  résulter  que  6  g*  équivalaient  à  4  de- 
niers t/2  tournois.  Toutefois  le  gros  avait  valu  3  deniers,  et  à  un 
certain  moment  10  deniers. 

(5)  On  ne  peut  voir  dans  ces  trois  lettres  autre  chose  qu'une 
abréviation  de  zinziber  ou  zenziber. 

(6)  Tout  compté  ? 

(7)  Cent  cinq  royaux  équivalent  Jk  1,383  francs  :  environ  S,?98 
francs  d'aujourd'hui.  —  11  résulte  bien  clairement  de  ce  passage 
que  le  marc  d'or,  qui  donnait  64  royaux  de  trois  deniers,  corres- 
pondit exactement  à  IIQ  florins  :  d'où  la  valeur  du  florin  ressor- 


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—  246  — 

Item  zLiiii  pessas  fustons  atizebortf?),  monten  Lixr  eaus 
xxiiii  s.  Ti'  d.:  —  a  lzv  r.  quelaa  xLviti  pessas  de  fustony. 

Summa  clxv  reaus  nu  sols  ti  deniers,  valen  a  x  per  c 
égal  valen  zvi  reaus.  Summa  tôt  tx"  et  i  reaus  xix  sous 
VI  deniers. 

Item  per  lo  pourl  de  vri  quintal,  monte  ix  r.  et  x  s. 

Item  per  las  doas  serpelieyras  (1)  el  per  ii  corde  deu 
pebre  et  pesar   et  pourtar  (?)  et  tes  mecieix  (2)  xii  r[eaus)? 

Summa  tôt  (3)  ix"  et  xi  r[eausH4). 


lirait  k  environ  7,083  francs,  au  pouvoir  actuel  de  43  fr.  50.  .Nous 
négligeons,  dans  ce  calcul  trËs  approximatif,  la  fraction  de  florin 
qui  forme  la  différence  de  195  fl.  10  •  g*  »  à  196,  ne  sachant  pas 
ce  que  représente  le  «  g*,  »  et  nous  prenons  le  chiffre  rond  de  196 
pour  poiht  de  départ  de  notre  calcul. 

(i)  On  appelle  encore  serpillièree  de  grossiers  tissus  de  chanvre 
servant  à  envelopper  des  ballots  de  marchandises. 

{2)  Mises,  frais. 

(3)  Il  est  difficile  d'expliquer  quelques-unes  des  indications  dou- 
nées  en  abrégé  par  Gérald  Massiot  dans  ce  curieux  inventaire; 
il  est  heureusement  beaucoup  plus  aise  de  reconstituer  son  corapte 
à  l'aide  de  ses  éléments  principaux.  Le  marchand  constata  qu'il 
lui  reste  : 

3  quintaux  42  I.  de  poivre 160  fl.    9  g. 

87  livres  de  gingembre  blanc Î9  f].    *  g. 

39  livres  de  gingembre  colombin.       6  11.    1  g. 

Ensemble 195  fl-  10  g.  ^  «Broyaux. 

À  ajouter  48  pièces  de  futaine 60  r.  4  s.  6  d.(T) 

Ï65r.  4a.6d. 
10  p.  0/0  pour  intérôU  ou  frws  généraux.  16  r.  15(t) 

Coût. 181r.  19  s.  6d. 

Transport 9  r.  10  s. 

Prix  de  revient  total .     191  r.  n*»  rond. 

La  dépense  du  transport  est  à  noter.  Il  en  a  coûté  à  Massiot 
9  royaux  10  sols.,  soit  environ  120  fr.  35  d'alors,  pour  le  transport 
de  Genève  à  Saint-Léonard  (480  &  500  kilomètres  à  vol  d'oiseau)  de 
sept  quintaux  de  marchandises.  Le  transport  du  quintal  ressort 
donc  à  n  fr.  30,  équivalant  k  103  francs  d'aujourd'hui.  On  ferait  à 
présent  venir  de  Genève  à  Saint-Léonard,  on  grande  vitesse,  100 
kilogrammes  de  marchandises  d'épicerie,  c'est-à-dire  un  poids  à 
peu  près  double  de  l'ancien  quintal,  pour  34  fr.  60. 

(4)  La  première  partie  de  cet  iuventwre  est  de  la  main  de 
Gérald  Massiot. 


>»GoogIe 


4.  —  Atuilyse  d'un  sermon  prêché  à  Sainl-Lionard 
le  3  décembre  i437. 

Sia  memoria  quar  i  bon  frayre  prediquet  lo  m*  jorn  de 
desembre,  l'an  de  grassia  mil  cccçxzzvii,  et  dis  en  son 
senno  quar  lot  home  et  tota  femna  se  podian  solbar  (1) 
et  anar  en  paradis,  mas  que  feseys  (2)  las  cbausas  que  se 


Premieyrament,  di  que  l'ome  et  la  femna,  quant  leba- 
ran  de  liech,  que  se  senhen,  en  après  que  avan  tota  hobra 
se  aganolbe  [sic]  dis  la  chambra,  et  que  devotamen  diga  lo 
Poiter  noster  et  la  Ave  Maria  et  lo  Credo  et  poy...  (3).  Et  di 
que  l'om  avia  sa  meaa  (4)  devotamen,  lo  comensamen 
et  la  Q,  et  que  om  ne  se  probche  pas  deu  pestre  que  di 
la  messa;  et -que  a  la  eyglieya  defen  que  hom  no  parle 
an  degu  ni  de  negunaa  besonhas,  sino  de  pregar  Dieu. 

Item  di  que,  lo  sanc  dieumenc,  no  fasas  deguna  hobra 
sino  pregar  Dieu,  et  que  deves  ourir  la  messa  de  vostre 
chapela  et  los  coomiaiidemeDa  et  vespras  et  compléta  et 
tôt  lo  sanc  dieumenc  far  bona  hobra  et  pregar  Dieu. 

Item,  di  que  j  vet  (5)  lo  meys  vos  cofesey  vostreya 
pechat. 

Item,  di  que  lo  jom  de  Pasqueya  vos,  lo  plus  santamen 
que  vos  poyrey,  vos  cofeaeys  et  metes  vos  en  bona  orde- 
nansa  a  resebre  nostre  aenbor  Dieu  Jhesu  Christ,  nostre 
solvador,  que  preys  mort  et  passion  por  nos  et  la  ^  (6). 
Et  fasen  aquestas  cbausas  desus  dichas  et  fasam  olmona 
a  paubra  gen  et  fesam  pregar  Dieu  por  los  mors  et  menar 
honesta  vida  en  heure,  en  mingar,  et  vieure{7]  deu  sos 


{!]  Skuver,  de  saloare. 

(!)  A  la  condition  qu'ils  fassent. 

(3)  Ud  mot  illisible. 

(4)  Pour  ouoia  ou  aucia  «a  meaaa  .*  entende  sa  messe. 

(5)  Une  fois  le  mois. 

(6)  Et  la  croix.  L'écrivain  a  figura  ici  le  signe  de  la  rédemption, 
an  lieu  d'écrire  le  mot. 

(7)  Vivre.  Il  faudrait  :  cio&nl,  pour   la  suite  régulière  de  la 
phrase. 


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—  248  — 

prope  et  no  toire  re  (I)  a  degu,  et  setifar  si  as  re  de  l'ou- 
trus  12),  en  fasen  lotas  aqueslas  chausas  et  si  desus  eycri- 
chas,  di  lo  frayre  desus  que  entraras  en  la  gloria  de 
paradis.  Kysi  sia.  —  Amen, 

Pater  noster  Geraldut  Massiolh  scripsil  hec  sua  propria 
manu  (3). 

5..—  Bail  à  cheptel,  7  février  ik3S  [nouveau  style  1439). 

Item  Die  septima  raensis  febroarii,  anno  Domini  mille- 
giiiio  CGCC'"'  tricesimo  octave,  presentibus  Ademaro  Bayle 
et  Reymoneto  Hugo,  testibus  ad  hec  vocatïs,  persoualîter 
consiitutus  Peyrau  de  Savenas{4),  faber,  habitator  de 
Nobiliaco,  pro  se  et  suis,  non  cohactus  etc.  omnibus  que  vi 
etc.  ymo  gratis,  recognovit  in  veritate,  publjce  confessus 
fuit  se  bene  et  légitime  teucre  et  haberc  in  curte  sua  duas 
vaccas  cura  uno  vilulo  femello,  unius  anni...,  videlicetad 
capitale  sex  regalium  boni  auri,  cugni  domini  noatri 
Francio  Régis ,  quoliljet  pondère  trium  deuariorum  (51 , 
videlicet  ab  honesLo  viro  Geraldo  Massiot,  mercatore  de 
Nobiliaco,  ibidem  presenti;  que  quidam  animalia  promisîP 
dictus  Peyrau  nutrire  et  cuslodire,  ad  ambanim  parcium 
comodum  et  utilitatem,  et  de  eis  eorumque  excressen- 
ciis  (6)  fenire  ad  bonum  computum  siue  eycet  tociens 


(I;  Ne  rien  prondrp.  Tolre  reproduit  le  lalin  lollere. 
(3)  Et  restituer  (getifar,  forme  vicieuse  :  satisraire,  aalisfact^re), 
si  vous  avez  quelque  cliose  i  autrui. 

(3)  Celte  note  est  de  la  main  de  Jean  Massiot,  ou  peut-être  d'un 
do  ses  tits. 

(4)  Savennes,  aujourd'hui  commune  du  canton  de  Guëret  (Creuse). 
Bernard  de  Savennes  fut  évêque  de  Limoges  de  1219  à  1226.  Tou- 
tefois il  s'agit  peut-être  ici  de  Savnnas,  qui  appartient  actuellement 
il  la  commune  de  Saint-Martin  Sainte-Catherine,  canton  de  fiour- 
ganeuf  (Creuse), 

(5)  Six  royaux  d'or  de  3  deniers  chacun  représenteraient  aujour- 
d'hui 47*  francs. 

(6)  Ainsi  ie  bail  à  cheptel  était  dès  lors  ce  qu'il  est  aujourd'hui; 
le  propriétaire  remettait  le  capital -bestiaux  an  métayer  :  celui-ci 
élevai),  gardait,  soignait  les  animaux  qui  lui  étaient  confiés,  et  les 
deux  parties  partageaient  lo  croit,  [e  métayer  restant  responsable 
de  la  valeur  de  la  souche. 


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—  249  — 

quociens  per  dictum  Qeraldum  seu  buos  fuerit  requisitus, 
et  emendatis  dampnis  etc.  Renunciavit  etc.  Juravit  etc. 
Obligavit  etc.  Et  concessit  litteraa  Pariatgii  condomiao- 
rum  de  NobUiaco  in  meliori  forma.  Lbonahdus  Ratslli, 
clericus,  retuUt. 

6.  —  Dissolvtion  et  liquidation  de  la  société  de  commerce  exis- 
tant entre  Gérald  Massiol  et  Jean  de  la  Ribière,  i8  février 
tli38  {nouveau  style  ik39). 

Die  XVIII'  mensis  febroarii,  anno  Domiiii  M"  CCCG"* 
XXXVIII",  presentibus  boneslo  viro  Leonardo  Doyneys, 
mercatore,  et  Michaele  Boudrit,  eciam  mercatore,  et  Jo- 
hanne  Picapansa,  testibug,  personaliter  constîtutis  honesto 
viro  Geraldo  Massioth,  mercatore  de  Nobiliaco,  pro  se  et 
suis,  ex  una  parle,  et  Johanne  de  Ripperia  ()],  mercatore 
ejusdem  ville,  eciam  pro  se  et  suis,  ex  altéra,  cum  prout 
ecdem  partes  diserunt  et  recognoverunt  diu  est  ipse  inter 
se  contraxissent  certam  socielatem,  quam  inhiendo  ipse 
Geraldua  tradidisset  novem  viginti  et  duodecim  regalia 
auri  ponderis  pro  quolibet  trium  denarionim,  seu  sexa- 
ginta  quatuor  regalia  auri  marcam  auri  facientia  (2), 
eidem  Jobanne  de  Ripperia,  qui  eciam  in  eadem  societate 
ponere  et  tradere  promisisset  sexaginta  quatuor  regalia 
auri  ponderis  predicti,  ut  bec  constare  dixerunt  per  litteraa 
anpev  eadem  societate  passatas  per  magistnim  Leonardum 
Tillourier;  eademque  societas  ex  post  durasset  et  liiter  se 
de  lucro  et  dampno  convenisaent  ad  bonum  computum, 


(1)  Il  y  a  dans  la  Haute-Vienne  et  la  Crenae  un  asaez  grand 
nombre  de  localités  qui  portent  le  nom  de  La  Ribière  ou  La 
lîittiére.  Plusieurs  se  trouvent  dans  les  environs  de  St-Léonard  ; 
notamment  dans  les  communes  de  Bujaleuf,  Champnetery,  La 
Geneytouse,  Hoissannea  et  Saint.Prlest  Taurion.  (Voir  le  Diclion- 
nsire  géographique  de  (a  Havle-Vienne  d'Emile  Grignard,  ma- 
nuscrit conservé  aui  Archives  de  la  Haute- Vienne.) 

(!)  Les  192  royaux  représentent  environ  2,iii  francs  et  équivau- 
draient à  1S,168  Trancs  d'à  présent. 


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etc.  hinc  est  quod  boddie  ipse  partes,  non  cohacte,  etc. 
ymo  gratis  etc.  omnibus  etc.  recognovenint  se  inter  se 
computasse  bene  et  légitime  et  pro  âne  ejusdem  computi 
idem  Jobannes  debuit  et  se  debere  recognovit  eidem  Ge- 
raldo  présent!  et  reqniîreati,  omnibus  îllis  in  quibus  unu8 
alteri  teneri  poterat,  quoquo  modo,  quacunque  de  causa 
seu  racione,  computatis  ac  eciam  lucro  et  dampno,  pre- 
cium  Tidelicet  sive  summam  novem  viginti  et  octo  rega- 
lium  auri(l|,  boni  auri  ponderis  predicti;  guam  summam 
idem  Johannes  solvere  promiait  eldem  Geraido  piesenti 
etc.  videlicet  infra  nativitatem  Beati  Jobannis  Babtiste 
proxime  venturam  (2),  nec  non  emendare  dampna,  etc.  Ce- 
terum  eedem  partes  remanserunt  quicte  hinc  et  inde  de 
omnibus  mutuis,  crediLia,  obligacionibus,  societatibus  et 
litteris  quibuscunque,  quas  annulaverunt  et  irritaverunt 
perpétue  etc.  présente  in  aui  efflcacia  permanente,  etc. 
Et  super  bis  renunciaverunt  predicte  partes  hinc  inde  etc. 
Juraverunt,  etc.  Obligaverunt  elc,  et  conceaserunt  litteras 
Régis,  Pariatgii  et  domini  offlcialis  Lemovioensis  (3)  in 
meliori  forma.  —  Bordils  r*. 


7.  —  Achat  de  cent  quartes  de  sel  par  Jean  Massiot  (30  juin  1440). 

Die  ultima  junii,  anno  Domini  millesimo  GCCC'  xlti", 
presentibus  Joanae  de  la  Gossadieyra  (4),  mercatore,  et 


(1)  2,476  francs,  soit  l*,e*6  francs  d'aujourd'hui. 

(2)  Avant  le  24  juin  1439. 

(3)  On  voit  que  l'intervention  de  rofflctal  était  encore  considérée, 
au  milieu  du  xv*  siËcle,  comme  communiquant  k  un  acte  purement 
civil,  une  authenticité  et  une  autorité  égales  à  celles  que  pouvaient 
donner  les  officiers  des  sièges  royaux.  En  cas  de  non-exécution  des 
engagements,  la  partie  lésée  s'adressait  souvent  à  l'ofScial,  la  pro- 
cédure du  tribunal  ecclésiastique  étant  probablement  moins  coû- 
teuse que  celle  des  juridictions  laïques. 

(4)  Peut-être  les  Coiissiëres ,  hameau  de  la  commune  de  Mois- 
sannea,  csjiton  de  Saint-Léonard. 


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—  25Ï  — 

Petro  Berge,  testibus,  etc.  personaliter  constitutus  Jo- 
hannes  de  Villagolet  (1]  alias  1o  Rodier,  de  Bello  De- 
ducto(2},  DOQ  coactus  etc.  ymo  gratis  etc.  omnibus  etc. 
vendidit  Johanoi  Massioth,  mercatori,  presenti  etc.  cen- 
tum  quarterias  (3)  salis  ad  mensuram  de  Nobiliaco,  ven- 
dentem  et  ementem,  precio  i^Dquaginta  scutorum  auri 
novonim  nunc  pro  Domino  Qostro  Rege  Francie  curren- 
tium  (4),  quod  precium  dictua  Johannes  de  Villagolet 
habuit  realiter  a  dicte  Johanne  Massioth  présente  etc.  in 
bonis  Bcutie  auri,  et  non  immerito  ipsum  Massioth  et  suos 
et  ejuB  bona  quittavit  perpétue  cum  pacto  etc.  Et  oicbi- 
lominus  easdem  ceutum  carterias  salis,  ad  dictam  men- 
suram, meusuratas  correteriis  (5)  dicte  ville,  ipse  Johan- 
nes, et  tam  ipse  quam  Leouardus  Danielis,  qui  ad  preces 

ejusdem ,  se  constituit  âdejussorem  et  principalem  de- 

bitorem,  et  quemlibet  ipsorum  in  solidum,  et  conducere 
ad  domum  dictl  Massioth  promiserunt  infra  majus  festum 
Beati  Leonardi  proxime  venturum  (6)  ;  necnon  emendare 
dampna,  etc.  RenunciaveruQt,  juravertint,  obligaverunt, 
etc.  Et  concesseruDt  litteras  Régis,  Pariagii  et  domini  offi- 
cialis.  —  BoRD&s  r'. 


(0  Probablement  Villegouleix,  commune  de  Saint- U&rtin-Cba* 
teau,  canton  et  arrondissement  de  Bourganeuf  (Creuse). 
(3)  Boiadéduit  ou  Beaudéduit,  près  8»nt-LéoDard. 

(3)  La  quarte  valait  le  quart  du  setier,  soit,  à  Saint-Léonard, 
tS  litres  36  centilitres.  Le  setier  de  set  se  vend  ici  deux  dcus, 
c'est-à-dire  23  fr.  66  :  143  francs  d'aujourd'hui  :  es  qui  fait  ressortir 
le  litre  de  sel  à  3  fr.  35  environ. 

(4)  Ces  écus  neufs  valaient  11  fr.  83,  soit  environ  6S  francs  d'au- 
jourd'hui. 

(5)  Peut-être  carleriis,  dans  le  sens  de  mesure  d'une  carte  ou 
ayant  pour  point  de  départ  ta  carte.  Corretertia  peut  aussi  dési- 
gner dea  intermédiaires  officiels,  des  ■  conrtiers-juréa.  • 

(6)  6  novembre. 


DigmzcdbyGoOgle 


8.  —  IVaissance  el  bapUme  de  Louis  Massîot,  jils  de  Jean, 
3  janvier  ik56  [nouveau  style  i457). 

Anno  Domini  miUesimo  CCCC"  L"  sexto,  die  tercia  meas- 
sis  jenuarii  quod  mater  mea  Margarita  Fabra,  de  Saacto 
Paulo  (I),  uxorata  cum  Johanne  Massiot,  habuit  unum 
puerum;  et  fuit  patruus  dominus  Ludovicus  Fabri,  capel- 
lanus  de  Vico  (2)  et  canonicus  Entimoûesterii  (3);  et 
puer  habuit  nomen  patrui;  et  dictus  patruus  erat  frater 
dicte  matris  mee,  et  ut  sciremus  meliori  modo  quot  habe- 
bit  annos  iu  tempore  Tenieoti,  ego  Aathoaius  Massioti, 
posui  iu  scriptum  illo  die  met.  Sigoatum  de  manu  mea.  — 
Antmonius  Massîot,  clericus. 


9.  —  Naissance  et  baptême  de  Biaise  MassUil,  fils  de  Jean, 
3  février  lk63  {-nouveau  style  i464). 

Nota  que  Van  mil  CCCC  LXIII,  lo  jour  Saint  Blaisy  (4), 
que  naquet  mon  frair  Biaise,  et  fut  parein  Jehan  Alesme, 
et  marine  la  Katerine,  fllle  de  mon  oncle,  maistre  Jehan 
Faure;  et  fut  l'anuee  des  grans  neges  (5). 


(1)  Sana  doute  Saint-Paul  d'Eyjeaui ,  chef-lieu  de  commune  du 
canton  de  Pierrebuffière,  arrondissement  de  Limogea. 

(2)  Vicq,  chef-lieu  de  commune,  canton  de  Saînt-Germain-les- 
Belles,  arrondissement  de  Saint- Yrieix  (Haute -Vienne). 

(3)  Eymoutiers ,  chef-lifiu  de  canton  de  l'arrondissement  de  Li- 
moges. Il  est  parlé,  dans  nos  chroniques,  de  l'ancien  monastère 
qui  existait  dans  cette  ville  au  xi*  siècle.  Un  chapitre  y  fut  établi 
à  une  époque  assez  ancienne.  L'église  collégiale  d'Eymoutters  pos- 
sËde  des  vitraux  du  xv*  siècle  qui  comptent  parmi  les  plus  beaux 
que  nous  ayons  en  Limousin.  L'ancien  nom  de  cette  ville  est  Ahen- 
limonaaterium,  qu'on  trouve  à  peu  près  exactement  conservé  ici. 

(4)  3  février  HM. 

[5]  Nos  .Annales  manuscrites  ne  signalent  pas  ces  >  grandes 
neiges.  • 


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10.  —  Convention  mire  J.  Meaâol  et  Pierre  Chabret,  son  vov- 
iin,  au  sujet  d'un  toit  ou  auvent  ét(ûiU  par  ce  dernier  au- 
devant  de  sa  maison  [5  août  1^66). 

Memoriale  est  quod  die  hodierna  infrascripta,  perso- 
naliter  constituli  honesli  viri  Johannes  Massiot,  burgensis 
et  mercator  ville  Sancli  Leonardi  de  Nobiliaco,  pro  se  et 
suis,  ex  una  parte,  et  Petro  {sk]  Ctubret,  fabro,  eciam  pro 
se  et  suis  heredibus  et  successoribus  ex  parte  altéra  :  cum 
dictus  Petrus  Chabret  edifficari  faceret  quoddam  um- 
brailh  [\)  ante  domum  suam,  et  pariete  [sic]  ejusdem  ex  parte 
aate  et  deversua  domum  dicti  Johannis  Massiot,  dictua 
Pelms  Ghabret  proniisit,  et  convenit  eidem  Johanni  Mas- 
siot,  retrahere  diclum  umbrailh  ad  ordinacioûem  exper- 
torum,  tociens  quocieus  per  dictum  Johannem  et  suos 
fuerit  requisitus,  et  eclam  tociens  quociens  ipse  JohanDes 
aut  Buos  [sic]  volueiit  [sic)  in  pariete  suo  edifflcari  facere 
UQum  umbrailh.  De  quibus  premissis,  predictus  Johannes 
Massiot  peciit  hoc  presens  memoriale  sibi  daii,  Datum  et 
actum  coi-am  me,  Petro  de  Meyrengas,  licenciato,  commis- 
sario  etjurato,  pi-esentibus  honesto  viroAudoynoLobloys, 
Leonardo  Gostanti,  carpentario,  et  Leobone  Rebers,  tes- 
tibuR  ad  hec  vocatis  et  rogatis,  die  quinta  mensis  au- 
gusti,  anno  Domini  millesimo  CGCC"  LXVI.  —  P.  de  Mey- 
HINGIS  r*. 


II.  —  Reconnaissance  souscrite  par  Charles  de  Cresancy,  prieur 
euré  de  Bujaleuf,  pour  un  prêt  de  deux  écus  d'or,  et  pro- 
messe de  payer  en  blé  (3  décem^ire....). 

Yeu,  Charle  de  Ct'esensy,  prieur  de  Bugaleou  (2)  c[oii]oys8e 
et  confesse  a  deveyr  a  Johan  Massiot,  marchean  de  Saint 


(!)  Umbrnilh  —  iiijiftracu/uni  —  a  le  sens  do  couverture,  abri, 
tonto.  11  s"agit  d'un  toit  Uger,  d'un  auvent. 

(3)  Bujaleuf,  commune  du  canton  d'Eymouticrs,  arrondissement 
de  liimoges. 


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—  254  — 

LîeDnard,  la  soma  de  dos  escus  d'aur,  losquals  dos  escus 
m'a  prestat  ben  e  lealment,  contas  et  velhant  (1)  per  lo  preys 
que  lo  blat  voudra  a  la  Nostra  Dama  prochaine  venent,  que 
yeu  l'en  setifaray  sos  dos  escus  en  blat  (?)  per  lo  preys  que 

voura.  Fach  lo  m'  jour  de  desembre,  l'an fach  senheit 

de  son  sencf?)  manual  sy  desoB.  —  Charles  db  Crbssanci. 


13.  —  Venu  de  bétaU  {{3  septen^e  tkôSl. 

Yeu,  Ësteve  Tillourier,  clerc  et  notari  de  la  ville  de 
Saint  Lieunard,  conoisse  et  confessa  aveyr  vendut  ou 
senheirJohan  Massioth,  boui^eyede  lad.  ville,  ungparel... 
beoux  et  una  vache  en  son  vedeu  mascle,  le  quai  bestiau 
luy  ay  delieurat  et  beylhat  sur  lous  teuanciers  deu  leuc 
de  Reynarie  (3),  p'  de  Saint  Estere  de  Noalhac  (3)  et  ce  por 
le  près  et  soma  de  sieys  escuts  d'aur  (4),  la  qualle  somme 
be  et  leaubnent  me  a  beylhat  contant,  et  de  la  qualle 
somme  led.  Massioth  en  quite  per  aqueste  présent  sedula 
signada  de  mon  sign  manuel  si  dessoubz  meys  en  la  pré- 
sence de  sage  hom  Michel  Beudier  et  Legier  de  Bru- 
gieyra8(5),  le  xiu*  de  septembre,  l'an  mil  IIII*  LXVIIJ. 

—  £.  TiLLOBRIBR. 

13.  —  Jean  Massiot  reçoit  de  l'Éviqiie  l'invettUure  de  plusieurt 
fieft,  3  février  iklO  [nouveau  style  ik71). 

NotLi  quod  die  tercia  menssis  febroarii  anno  Domini 


(1)  Comptés  et  valant  pour,  etc.  —  La  stipulation  est  aases  au- 

[2]  Nous  n'avons  pu  trouver  la  localité  que  désigne  ce  mot.  Aucun 
nom  de  lieu  dans  les  environs,  sauf  Arrènes,  chef-lieu  d'une  com- 
mune du  canton  de  BourganeuE  (Creuse),  ne  s'en  rapproche. 

(3)  Une  des  anciennes  paroisses  de  Noblat-Sunt-Léonard. 

(4)  Six  écus  d'or,  en  1468,  équivalent  à  68-  fr.  M  :  environ  412 
francs  aujourd'hui. 

(5)  Peut-être  Brugeraa,  hameau  de  la  commune  de  Moissonnes, 
canton  de  Saint- Léonard. 


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—  255  — 

millesimo  quadringentesimo  septuagessimo,  preseotatus 
fuit  pater  meus  Johan  Massiot  coram  domino  Ëpiscopo 
Lemoviceusi  [1]  ex  [sic]  hommagia  faciendo;  et  primo  fuit 
investitua  de  magoo  BiUaco(2)  et  de  Rejoaria;  et  fecit 
homagium  de  Manso  Papoulo  (3)  cum  guis  perlineusis,  et 

sollempniter...  de  Virolo  (4) Datum  die  ipsa  io  villa 

Sancti  Léonard!,  anao  supradictis.  — Johamnes  Masscoth, 
clericu3(5).  —  Et  sapches  que  ledit  lieu  de  YiroUe  estoit 
réservât  du  S';  mas  y  a  veadîciOD. 


14.  —  Délivrance  au  prieur  de  l'hôpital  des  pauvret  de  Saint- 
Léonard,  d'un  legs  de  30  sols  fait  à  l'hôpital  par  Jeanne 
Ctaatre,  veuve  de  Girald  Massiot  (16  octobre  Ikli). 

Gum  domina  Johanna  Claustra,  relicta'guondam  Ge- 
raldi  [6]  Massioth,  burgensis  ville  Sancti  Léonard!  de 
Nobiliaco,  in  suo  ultimo  testameoto  dederit  et  donaverît 
et  legaverît  hospitali  pauperum  (7)  dicte  ville,  xzx*  soli- 
dos  (8),  ego,  Petrus  de  Alvernia  (9),  presbiter  et  prior  dicti 


[t]  L'évâque  de  Limogea  âtait  alors  Jean  I  fiarthon  de  MontbEis, 
qui  occupa  le  siège  âpiscopal  de  1457  b,  I4B6. 
{%)  Le  Grand  fiillat,  commune  de  Saint-Lâonard. 

(3)  Noua  n'avona  pu  identifier  cette  localité.  Il  y  avait,  aux  ziii* 
et  XIV*  siècles,  un  ilfas  Papalou  dans  la  banlieue  de  Limoges; 
mais  ce  ne  peut  être  le  Heu  dit  dont  il  est  ici  question. 

(4)  Probablement  Virolle  do  Champnétery,  canton  de  St-Lâonard  : 
peut-être  Virolle  d'Aureil,  canton  sud  de  Limoges. 

(5)  Il  semble  résulter  de  là  que  Jean  Uassiot,  époux  de  Margue- 
rite Faure,  avait  deux  fils  du  nom  de  Jean  :  l'un  marchand  et 
l'autre  clerc. 

(6)  On  avait  d'abord  écrit  Johannit;  mais  on  a  corrigé  ensuite. 

(7)  L'hApital  de  Saint-Léonard  fut,  dit-on,  fondé  vera  1191.  L'abbé 
Legros  a  constaté  son  existence  en  1263. 

(8)  Environ  0  fr.  03  :  un  peu  plus  de  54  francs  d'aujourd'hui. 

(9)  Les  d'Auvergne,  une  famille  de  bonne  bourgeoisie  de  Limoges, 
ont,  du  iiv*  au  ivii*  aifecl'-,  fourni  un  grand  nombre  de  dignitaires 
ecclésiastiques  d'ordre  secondaire,  de  jurisconsultes,  de  jugea,  de 
notaires'  et  de  (;refflera. 


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prioratus  hospîtalis,  confateor  et  recognosco  me  récépissé 
et  habuisse  a  honesto  viro  Johanni  Massioth,  burgensi 
dicte  TÎlle,  ut  hères  (sic)  dicte  Johanne,  matiia  sue,  ut 
pleoius  omnia  continentur  in  testaraento  dicte  Johanne, 
dictos  Iriginta  solidos,  et  in  testimonium  veritatis  sigoum 
jneum  manuale  apposai  presenti  quictancie.  Factum  per 
me,  dictum  de  Alrernia,  die  xvi*  mensis  octobris,  anso 
Domiiii  millesimo  CCCC""  LXXJ".  —  P.  de  Alvernu. 


15.  ;—  Prière  et  cantique  à  ta  Yierge  (s.  d.) 

Saluto  te,  bealissinia  vii-go,  Dei  genitrix,  Maria,  auge- 
lorum  regina  et  domina,  ea  salutacione  qua  te  salutavit 
angélus  Gabriel,  dicens  :  Ave,  Maria,  gracia  plena.  Do- 
minus  tecum.  Ipsius  sanctuB  supeiTeniet  in  te  et  rirtus 
Altissimi  obumbrabil  te,  etc.  (1). 

De  toy  nous  vient  toute  bonté 
Ti-es  doulce  virge  précieuse, 
,  [Qu*]aucun  pechie  n'a  surmonte. 
Vueille  moy  estre  gracieuse. 
La  mort,  qui  est  sy  très  hideuse^ 
Me  vient  aper  (2),  je  ne  say  l'eure. 
Mon  ame  eu  est  sy  angoîsseusse 
Que  de  peur  chascun  jour  [je]  plure, 

Plurer  me  faut  mes  grans  mcffais; 
Car  je  ay  vescu  toute  ma  vie 
En  pechie,  par  diz  et  par  faiz. 
Helas  !  Dame,  je  te  suplie 
Prie  a  ton  filz,  le  fruyz  de  vie. 
Que  tu  alaytas  doulcement. 


(1)  Cette  iuvocallou  se  poursuit  pendant  dix  lignes  encore;  comme 
elle  n'a  rien  d'origioal,  il  nous  a  paru  inutile  de  la  reproduire. 

(2)  Happer. 


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Que  luy  pleist  par  courteBîe  (1) 
A  moy  pardoiier  kumblement. 

Humblement  je  te  fais  prîei-e, 

Mère  de  notre  Redemptor, 

Que  ta  beuigue  grâce  acquière 

Bq  persévérant  en  ce  jor  (?). 

Tu  es  le  chastel  et  la  tour 

Out  les  pechour  se  vienent  rendre. 

Sy  te  aupli,  oy  ma  amour 

Et  en  mon  fait  vuelhes  entendre  (2). 


16.  —  JVoK  relative  à  des  travatix  de  curatje  d^aquedua  et  à 
la  eonstruelion  d'une  nouvelle  cave  (i*'  septembre  i'i72}. 

Die  prima  mensis  septembris,  anno  Dominj  millesimo 
CCGG°"  LXXTJ»,  que  mon  pair  [Johan  Massiot,  flih  de 
Ger.  Massiot]  (3)  feys  curar  lo  doat  (4)  de  la  fon  de  nostra 
laberno,  et  trebar  (5)  a  doas  claux,  de  que  la  premieyro 
se  troubet  a  l'endrech  vix  at  vix  deux  premier  urceaux  de 
la  pourta  de  la  meyso  que  fust  de  Beylenieis,  maintenen 
estant  de  Mansaud  et  Liennard,  Ôlhs  de  Marcialy  Doyneys, 
cuy  Dieu  pardon  !  —  et  l'aultre  clautx  en  la  pillo  d'entre 


(1)  P&r  gr&ce,  par  condescoodanoe  pour  toi. 

(2)  Il  faut  noter  le  tour  heureux  et  facile  de  ce  morceau,  sa 
naïveté  et  l'en  Ire  lace  ment  régulier  (sauf  &  la  &a  de  la  première 
strophe)  dea  .rimes  masculines  et  féminines. 

(3)  Les  mots  entre  croclieta  ont  été  ajoutés  d'une  écriture  très 

(4)  Le  conduit,  dactus.  On  voit  que  nos  ancêtres  ont  souvent 
réalisé,  d'une  façon  très  imparfaite  il  est  vrai,  et  fort  incorrecte  le 
plue  souvent,  ce  grand  progrès  qui  s'est  généralisé  à  notre  époque  : 
l'eau  à  domicile...  A  Limoges,  il  y  avait  dans  un  certain  nombre  de 
caves  particulières,  des  pêcheries,  des  réservoirs  dont  l'existence 
est  mentionnée  dans  des  annonces  et  contrats  de  vente  des  deux 
derniers  siècles. 

(5)  Nous  nous  croyons  sttrs  de  notre  lecture.  Néanmoins  trebar 
ne  donne  pas  de  sens,  à  moins  qu'il  ne  soit  un  composé  de  barrai', 
fermer,  et  que  Irebar  ne  soit  mis  pour  (rebarrar. 

T.  TH.  t-4 


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—  258  — 

la  mevgo  de  Picapaoso,  mainctenen  estam  de  Marsaud 
Banhar,  aliter  Guogaud,  et  egtre  acquello  de  Claustro 
fazen  queyrio  (1)  ;  lasqiiaux  claux  son  senhadsis  [2]  en  ser- 
tanas  grandas  peyraa  ou  peyTat(3).  Fach  lodîch  jour  et 
an;  et  l'am  r[elatuinî]  anno  Domiiii  1472.  —  J.  Massiot. 

Item,  ladite  annado  luren  curatz  acquilx  de  L'Oumo- 
Dieyro  (4),  comenssam  a  ma  meygo  et  fenizen  a  la  meygo 
de  Liennard  Raveu,  tiran  a  la  dicha  porta. 

Item,  en  aquello  annado  fey  curar  los  doatz  deypeust 
la  taverne  (5)  de  chas  Clautro  jucques  avant  Partutz  (6)  ;  et 
furent  fach  neufs  que  jamais  (?)  nevia  vie  agUt. 

Itéra,  eodem  anno,  fey  far  la  taverno  neufve  d'à  maigo  (7) 
soubz  l'oubradour  (8)  et  ladicha  taverno  velho  enplit  d'aiguë 
per  la  font;  et  fay  mon  payr  curar  lo  doat  tout  au  long, 
jucques  a  la  maijo  de  Gogau,  et  trobarent  doas  claux,  l'une 
davant  la  maijo  de  Marsaud  et  Lienard  Doyneys,  et  l'autre 
davant  la  maigo  dudich  Gogaud  et  de  Laclautre. 


17,  —  Bâti  à  cheptel,  iO  janvier  Vtl'à  {nouveau  style  i475). 
Die  X*  meusis  januarii,  anno  Domini  mlllesimo  CGCC" 


(1)  Coin,  encoignure. 

(2)  Marquées. 

(3)  Pavé.  S'applique  plus  particulièrement  aux  petites  cours  et 
passages  ou  corridors  pavés  qui  dépendaient  des  habitations.  11 
signifie  aussi  amas  de  pierres,  et  perron. 

(1)  La  rue  AuraOIiière  eiisle  encore  à  Saint -Léonard.  A  l'extré- 
mité se  trouvait  alors  une  des  principales  portes  de  la  ville.  Cette 
porte  est  souvent  mentionnée  au  xui*  siècle.  On  y  exécutait  les 
malfaiteurs  condamnés  à  la  mutilation  :  amputation  des  oreilles  ou 
perte  d'un  membre. 

(5)  Taberna  se  prend  en  général  dans  le  sens  de  cave.  Les  lignes 
suivantes  prouvent  bien  que  c'est  ce  que  Massiot  entend  par  là. 

(G)  Est-ce  un  nom  d'homme,  ou  s'agit-il  du  lieu  dit  Mslpartuz  — 

(7]  D'à  maigo,  d'ici,  de  chez  nous, 
lie  Malo  l'ertusio,  —  où  était  la  prison  du  la  ville  ï 

(B)  Atelier,  do  operalorium. 


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—  259  — 

LXXIIII",  presentibua  Anthoûio  Rabith,  alias  Trabau,  et 

Anthonio  Peyraudit,  lestibua,  etc.  Petrus  de  Podio  Fo- 
cherii  (1),.,  alias  Coaleiia  non  coactus  etc.  (cum  omnibus) 
vi  etc.  sed  gi-atia  etc.  pro  se  et  suis  recognovit  se  beue 
et  légitime  tenere  in  çurte  sua,  a  prudente  vire  Johanne 
Massiot,  burgensi  ac  mercatore  viUe  Sancti  Leonardi,  ibi- 
dem presenti  etc.  unum  bovem  pili  rubei,  unam  vaccam 
pili  rubei  piga  pregnantem  (?)  et  duas  tauras  quarum  una 
est  pili  rubei  et  alia  piga,  et  unum  jumenctum  pili 
bayai-di  et  hoc  precio  et  summa  septem  scutorum  auri 
et  duodecim  deDariorum;  que  animalia  promisit  dictus 
Petrus  servare  et  nutrire  ad  ambarum  partium  comodum 
et  utilitatem  et  venire  de  (?)  eisdem  ad  bonum  et  légale 
compùtum  sive  eysset  io  villa  Sancti  Leonardi  tociens  etc. 
et  promisit  emendare  dampua  etc.  et  renunciavit  etc.  obli- 
gavit  etc.  concessit  litteras  Régis  et  Pariagii  in  meliori 
forma.  —  Tillourier  r. 


18.  —  Reeette  d^un  préservatif  contre  le  poison  et  ta  peste  [s.  d.]. 

Recepte  d'une  poudre  que  le  medicin  a  Moss'  de  Guiene 
a  ordonne  contra  pestem  :  que  ou  doist  prandre  toz  les 
matios  une  petite  routie  de  pain  et  la  tranper  en  du  vin 
viron  {sic]  une  draxme  (3),  et  mecti-e  sur  la  routie  de  ladite 
poudre,  et  manger  ladite  routie  et  boire  ledit  vin  ;  et  est 
bonne  contre  toute  poison  et  vérin  (3).  —  Pulvis  ista  im- 
perialis  dicitur. 

Recipe  scabioBe  (4),  radicis  tunice  (5),  ana  (6)  i  (7)  I, 


(1)  Un  mot  illisibl'?. 

(2)  Drachme.  Ce  mot  est  encore  eti  usage  daiis  la  langue  phar- 
maceutique. La  drachme  équivaut  au  gros  et  représente  environ 
4  grammes. 

(3)  Venin.  Cette  forme,  vérin,  était  autrefois  très  usitée.  Une 
des  sept  «  Merveilles  du  Dauphinë  »  est  encore  désignée  par  le 
peuple  sous  le  nom  de  «  Tour  sans  vérin.  • 

(4)  Nom  de  plante  encore  usité. 

(5)  Un  des  vieux  noms  de  l'/sillet. 

(6)  Signifie  :  de  chacun;  peut-être  abréviation  pour  ambarum. 

(7)  Une  BOrt«  de  i  grec  :  signe  de  l'once. 


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Radicis  dlptamy  (I) ,  radicis  tormentîlle  (2)  aoa  t  eem.  (3). 

BoIi*<  (4)  i  i,  aeminum  (5)  actetose  [6),  semioum  citry , 
aiia.  3  (7)  ij. 

Rasure  eleboris  (8),  margaritarum  (pour  margaritarum 
se  prcn  la  semence  des  perles)  (9),  j;  cinamomy  (10)  çlecti 
3  sem.;  Garioff.  (11)  3  sem.;Zucci;hari?]  albi  [12)quod  suffl- 
ciat."  Fiat  pulvia.  Massioth, 

Oporlet  cavere  a  feniiQa(ï)(i3),  a  frigore,  a  fervore,  a 
fructu,  a  fetore,  a  sumo  (?1  malo. 


(1)  Pour  dictami. 

(2)  Nom  de  plante  encore  usité, 

(3)  Demi-once. 

(t)  Douteux.  Les  personnes  que  nous  avons  consultées  sur  la 
sens  de  ce  mot,  notamment  M.  Astaix,  ancien  directeur  de  l'École 
de  médecine  de  Limoges,  pensent  qu'il  ne  faut  lire  ici  ni  Bolici  ni 
BoUli.  Toutefois  le  Bol  d'Armante  entrait  dans  la  composition  de 
plusieurs  recettes  contre  la  peste. 

(5)  Graine. 

(6)  Pour  acetote,  oseille. 

(7)  Sorte  de  3,  signe  du  gros  ou  de  la  drachme. 

(8)  Eboria  probablement.  U.  Astaii  nous  a  montré  dans  d'anciens 
livres  de  médecine  plusieurs  formules  de  préservatifs  contre  la 
peste  et  le  venin,  où  figurent  des  râclurea  d'ivoire. 

(n)  Les  mots  entre  parenthèses  sont  en  note.  On  donnait  le  nom 
de  Mtnence  de  perle»  i.  des  perles  très  petites. 

(10)  Ciuinetle  de  CeylEui. 

(11)  Gariophylli,  clous  de  girofle. 

(U)  Zucckari  ou  sacc/iari  (ail.  Zûckcr),  sucre.  Le  sucre  nous 
venait  d'Orient  et  des  iles  de  l'Archipel  grec.  Au  temps  des  Croi- 
sades, la  France  et  l'Italie  le  tiraient  surtout  de  l'ijgypte  et  da 
Tripoli. 

(13)  Notre  lecture  peut  ne  pas  être  bonne.  Toutefois  on  rencontre 
souvent,  dans  nos  vieux  livres  de  médecine,  des  recommandations 
dans  le  mâme  sens.  On  sait  quelles  bizarres  propriétés  de  vieilles 
superstitions  avaient  attachées  à.certwns  éMe  de^la  femaie. 


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19.  —  NaUi  diverses  relatlvet  attx  ivènemenU  malheureux  : 
guerres,  famines,  épidémies,  à  leur  retour  et  à  leur  tueeet- 
tion  (la  dernière  partie  du  pauage  au  moins  est  postérieure 
àiklS). 

Sia  memoria  pro  successoribus  Dostris  guod,  pûst  mag- 
nas guerras,  Teaiunt  inâulgeDtie  ;  post  indulgentias  renit 
famés;  post  famés  venit  quandam  [tic)  generalem  pesti- 
lentem  (?)  contagîonem,  que  quasi  impidimie  {sic)  calide 
Tocatur  febre  pestilencia  (?). 

Item,  BOtetur  quod  in  aonuatis  quinquagesimîs  com- 
muniter  est  famina  in  isto  regno. 

Ay  ouvit  disre  a  Johan  de  Lan,  demoran  a  Dieuluy- 
don(1),  en  l'aage  de  IIII"  et  v  ans,  que  son  payr  dizia, 
que  era  de  roesma  aige,  que  l'an  mil  treys  cens  XXXI,  fu 
una  grant  famina  et  una  grant  guerra  ampres,  et  devizon 
entre  louB  senhors;  car  ne  y  avîe  point  de  cliap,  causa  (?) 
mortis  (2). 

Item  l'an  mil  CGC'  IIII"  et  dous,  ou  enviro,  fu  grant 
mortalitat,  et  se  sauTeren  loua  senhora  en  se  remudan  de 
chastel  en  chastel  et  de  plasse  en  plasse,  et  l'an  avant  fu 
grant  famina  et  deysaendit  (3),  et  dizen  Ions,  ansBias|4) 
que  deysSendet  ung  prince  d'Anglaterra  ^]  en  Gaaconhe 


(1)  C'est  par  erreur  qae  nous  avons  dh  plus  haut  qu'il  s'agissait 
de  DieDlidoat  d'Oradoar-sur-GlBiie,  canton  de  Saint-Junlen,  arron- 
dissemeot  de  Bochechouart  (Hle-Vieane).  Dieulidont  était  u:)  prieuré 
de  l'oidre  de  L'Artige,  aituâ  dans  la  paroisse  de  Benon,  en  llle 
deRA. 

(3)  Cette  famine  n'est  pas  signalée  ailleurs.  S'agit-il  ici  des  troa» 
blea  qui  désolèrent  le  paya  un  peu  plus  lard,  dans  les  premibrea 
années  de  U  g«erre  arec  l'Angleterre? 

(3)  G«  root  est  rdftété  plus  loin  et  mis  ici  par  inadvertance. 

(4)  Les  anciens,  les  vieillards. 

\S)  S'agit-il  ici  de  la  descente  Faite  par  le  duc  de  Lancastre  sur 
les  cAtes  de  GttyMne  en  1388,  et  que  les  garnisons  de  routiers  à 
la  BoMe  de  l'Angleterre  appuyèrent  en  opérjnt  une  diversion  en 
Barri  î 


dbyGoeigle 


et  lousdita  senhors  furen  maDdat  a  y  anar,  et  y  furen 
tuatz(i). 

It.  l'aa  mil  IIII*  XXXI  ont  avia  x  sestiera  (?)  de  blal 
per  ung  escu[2). 

L'an  mil  IIII"  XXXIJ  par  ung  escu  n'avian  setiera  que 
II  setiers. 

L'an  XXXIIJ  lo seatiers  valia  l'de  rey  (3);  l'anXXXIIIJ, 
de  zzx  s.  renguet  a  quatre  (4),  sens  medre  et  sens  batre  (5). 

Despuys  l'an  LXV,  en  acquest  reaulme  ou  circumvicinU 
agut  grant  guerras  jusques  au  LXXVUI  a  XIX. 

Despuey  l'an  LXXII,  en  acquest  reaulme,  agul  grans 
pardons  et  perpétuons  et  îndulgencias  de  tant  d'eyglieyzas 
que  ne  ceys  memorious  (6). 

Item  ung  (7). 

20.  —  Relevé  des  rentes  de  Jean  Massiot  à  ta  date 

du  15  février  iklk  {nouveau  style  ikl5). 

Eysso  eys  l'estapt  de  las  rendas  que  yeu,  Johan  Mas- 
sioth,  ay  acquisas,  en  acquey  papier  escripchas  le  xV  de 
feurier  l'an  mil  CCCC  LX  et  XIIII. 

Et  primo  le  leuc  de  Chouvour  (8)  d'ostro  en  la  terre  de 
Chastelneuf  (9)  et  justice,  loqual  fu  de  Pranseis  et  de  Peir 


(1)  Nous  n'avons  pu  trouver  de  détails  sur  ce  f&it. 

(2)  Soit  ua  peu  plus  d'un  frane  (six  francs  d'aujourd'hui)  le  setier. 

(3)  13  fr.  17,  soit  79  francs  d'aujourd'hui, 
(1)  Un  fr.  M  (9  fr.  85  d'aujourd'hui). 

(5)  <  Sims  battre  et  sans  moudre,  s  c'est-à-dire  le  ^rain  vendu  en 

(6)  ^ue  je  n'en  ai  pas  garda  mémoire. 

(7)  Le  rédacteur  de  ces  notes  s'est  arrêté  là.  Une  partie  au  moins 
de  ce  passage  est  de  la  main  d'Antoine  Massiot,  prieurdeDieulidont. 

(H)  Ghauvour,  commune  de  Smnt-Denis  des  Murs,  canton  de 
Saint-Ijéonard, 

(9)  Cliftteau neuf- la-Forêt,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement 
de  Limoges.  Le  banvi  de  GhAteauneuf  étut  un  des  seigneurs  les 
plus  puissants  du  pays. 


DigmzcdbyGoOgle 


—  263  — 

deu  Molis,  sur  loquau  yeu  ay  vi  sestiers  segle,  ij  scatiers 
froment,  ii  sestiers  aveno  et  doas  galinas,  Tj  sols  de  pré- 
sent et  au  quatre  cas  (1)  x  s (60  R.) 

Item  sur  toz  loz  beys  maistre  Anlhoni  Faure,  Jehan 
Faure,  Loys  Faure  :  m  sestiers  segle  et  m  sestiers  froment, 
perli  doaire  de  leur  80ur  [-2)... _....- (30  R.) 

Item,  sur  la  vinhe  de  Johauet  Belarbre,  io  quai  fa  de 
Forestier,  assiaa  ou  bari  de  Fonpino  (3)  :  m  eminns  fromen, 
en  la  seigooria. 

Item,  sobre  Io  maigo  au  faure  de  Chastendeu  (4),  assiso 
eu  la  ruo  de  Malpartut  (5],  et  super  omuia  bona  sua  : 
I  sestier  froment  rendent. 

Item,  sobre  la  maigo  Legier  Teysier,  pousada  a  Bao- 
chereu  (6),  et  sobre  toz  sos  beys  :  n  sestiers  fromen  rcndeus. 

Item,  sur  la  meygo  au  faure  de  L'Artîge  (7),  pousado 


(1)  On  sait  que  la  taille  aux  quatre  cas  était  due  au  seigneur 
dans  quatre  éventualités  déterminées  :  le  mariage  de  sa  lllle,  la 
chevalerie  de  son  fila,  le  paiement  de  sa  rançon  et  son  départ  pour 
la  Croisade. 

(2)  Il  s'agit  ici  du  douaire  constitué  &  Uarguerite  Faure,  femme 
de  Jean  Hassiot,  qui  écrit  ces  lignes. 

(3)  Faubourg  de  Font  Pinou.  La  rua  de  Fontpino  est  nommée 
dans  des  pièces  de  1387  et  1288. 

(4)  Chatandeau,  ou  chez  Tandeau,  commune  f^e  Saint-Denia  les 
Mura,  canton  de  Saint- Léonard.  Il  y  a  aussi  Chatandeau,  com- 
mune de  Boisaeuil,  canton  de  Pierrebuffière  (Haute- Vienne). 

(5)  Cette  rue  n'existe  plus  à  Saint-Léonard,  et  on  n'en  conserve 
aucun  souveoir.  C'est  là  que  se  trouvait  autrefois  la  prison  de  la 
commune  «  in  prisione  de  Mato  pertuaio  que  est  consulum.  ■ 

(G)  Bancheraud.  Un  faubourg  de  Saint-Léonard  porte  encore  ce 
nom.  On  trouve,  au  xiii*  siècle,  Boucherieu  :  m  uico  vocalo  au 
Boucheriau. 

(7)  L'Â.rtige,  localité  sise  dans  la  commune  de  Sai ut-Léonard,  et 
où,  vers  l'année  1106,  deux  pieux  solitaires,  Marc  et  Sébastien, 
originaires  de  Veniao,  fondèrent  un  prieuré  qui  devint  le  chef  d'un 
petit  ordre.  Le  monastère,  d'abord  établi  à  L'Artige- Vieille,  fut  en- 
suite transféré  A  L'Artige- Grande,  au  confluent  de  la  Mande  avec 
la  Vienne.  Les  Protestants  le  pillèrent  en  1587.  Il  en  reste  encore 
des  bfttiments  d'une  certaine  importance,  qu'on  aperçoit  du  chemin 


DigmzcdbyGoOgle 


—  2M  — 

en  la  rue  de  Champiiiainht(l},  que  fay  qaeyrio,  et  super 
pmaia  bona  sua  :  1  aestier  froment  rendeuB. 

Item,  sur  la  meygo  Esteve  de  la  Vinhe,  per  l'obsent  (?) 
maistre  Peyr  Vinhe,  son  filh,  situado  en  la  rue  de 
Bouzo  (2)  :  ]  cmlua  de  fromen, 

Item,  sur  la  meygo  au  faure  de  Savenas  (3),  situado  ou 
Marchât  ou  porcs  (4),  que  lut  de  Savy  :  1  sestier  froment 
rendeut. 

Item,  sur  la  meygo  Seinpourso  Fornler,  situado  eu 
Merchat  a  las  vachas  (5),  et  sobie  toz  sos  beys  :  i  sestier 
fromeo  leadeut. 

Ilem  sur  la  meygo  Peir  deu  Pis,  pousado  en  la  rue  deu 
Pis  (6),  et  sobce  toz  sos  tbeys  :  i  sestier  frameu  rendeut. 

Item,  sobre  las  Rongieras  (7)  autas  et  baesas,  que  le 
Çeraud  de  la  Rongieras  :  vi  sestiers  segle  8e3ierB(6J. 

Ilem,  lo  loue  deu  Cheiro  (9), que  te  Johan  de  laGardo  (10), 
situât  en  4a  pai^e  de  Saint  Dennips  de  Mur  (II]  :  mises- 
tiers  segle,  xz  sols  et  ii  galinas. 


de  Ter,  en  allant  de  Saint-Léonard  à  Symoutiers.  Etienne  Massiot 
etMt  prieur  de  L'Avtige  en  1380  et  140t  ;  autre  Etienne  en  1468. 

(t)  Un  faubourg  de  Saint -Lécmard  porte  ce  nom,  ainsi  que  le 
cimetière  actuel.  lies  anciens  titres  mentionnait  aourent  la  porte 
de  Champmalnh  —  de  campo  magno. 

(9)  I^  rue  do  Bouzou  existe  toujours  :  elle  est  cojume  en  1288  :  in 
ftco  de  Bouzo.  (archives  départementales  de  la  Haute-Vienne, 
Ëvfiché,  1.  Î440.) 

(3)  Savenas,  commune  de  S aint'Martin- Château,  canton  de  Bour- 
ganeuf  (Creuse). 

(4)  Le  Marché  aux  porcs,' aujourd'hui  place  du  Marché. 

(5)  Le  Marché  aux  vaches  :  place  Noblat. 

(6]  Rue  du  Pis  :  aujourd'hui  rue  de  la  Poste. 

(7)  Les  Hongières,  commune  et  canton  de  Saint-Léonard. 

(S)  Censiers,  de  cens.  Los  autres  redevances  sont  des  rentes,  non 
des  eensives. 

{Vj  Le  Cheiroux  de  Seiignac,  conunune  de  Sainte-Anne  Sûnt- 
Priestî 

(10)  La  Garde,  de  Saint-Denis  des  Hurs,  ou  la  Basse-Garde,  d'Ey- 
bouleul. 

(11)  Saint-Denis  des  Hurs,  commune  du  canton  de  Saint-LAtmard. 
Il  jf  existe  un  tott  beao  >  c&mp  de  César.  > 


DigmzcdbyGoOgle 


—  ,2«5  — 

lum  loloucde  Ma«leu(l],  que  le  U>  coslurier,  loçoal  fu 
deu  prodome  :  irt  sestiers  fromeD  reodeut,  y  sols,  doas 
galiDas,  II  chapons. 

Item  sur  lo  leuc  Liennard  deu  Masbarelh(2),  situât  en 
la  parofle  d'fyboleu  (3)  :  iiii  sestiers  segle,  t  seetier  froraea. 

Item  sur  toz  loz  beys  Giraud  Valiero  :  iiit  sestiers  emiiia 
fromen,  et  xxviij  sols  i  denier. 

Item,  lo  leuc  deu  grant  Vilhat[4),  asituat  en  la  parofle 
de  ceste  ville  :  xx  sestiers  de  tout  blat,  un  1.  eo  argent, 
THJ  galinas,  affar  et  ve9lir[5),  et  vi  poletr  ou  u  d.  (fi) 
eux  iiii*"  jornaux  habras  {?)  et  m  habra  (?|. 

Item,  lo  leuc  de  Reynario  [7)  :  ztii  sestiers  de  blat  et 
Ix  sols  en  argent,  situât  a  Las  Bongieyras  —  t  gelinas, 
II  de  présent. 

Item,  lo  leuc  de  Vaux  (S),  paroSe  de  Saint  Dennips  de 
Uur  :  XII  sestiers  de  tout  blat,  v  soU,  'Viji  galinas. 

Item,  sobre  lo  vergiei-  Liennaud  Pauli,  situât  au  bari  de 
FoD  ;Pino  et  sobre  tôt  sos  beys .:  1  eminiL  fromen  rendent. 

Item,  sobre  la  vioha  de  Coly  Hatheuet,  situado  a  Laffon- 
taneto  :  xii  deniers  en  la  aeignoria. 

Item,  sobre  lo  prat  Peir  Jornet,  situât  oupies  deux  pratz 
de  la  Baya  (9)  :  m  eminas  fromen  rendent. 

Item,  sc^Ee  la  meygo  de  Jt^an  Peytier  «t  âe  sa  mair, 
situado  en  ruo  de  Bouzo  :  xx  sols. 

Item,  sobre  la  meîgo  Johan  Molar,. situado  (10):  1  ses- 
tier  fromen  rendeut. 


(t)  Nous  ignorons  de  quel  Heu  il  s'agit  :  ce  ne  peut  être  du  bourg 
de  Masiéon,  anciene  battide  ou  a  ville  franche  ■  créée  par  Phi- 
lippe IV. 

(2)  Le  Masbaret  :  un  lieu  dit  de  la  commune  de  Saint-Léonard, 
et  un  hameau  d'Bjbouleuf.  portmit  ca  nom. 

(3)  Ëybouleuf,  coiamuQe  du  caoto*  de  ^awt-Lécnard. 

(4)  Le  Graud-Billac,  près  Saint- Léonard. 

(5)  C'eat-ï-diro  la  propriété  foncière  et  le  droit  d'investiture. 
(G)  Douzaines. 

(7)  Nous  avons  dit  que  nous  ne  pouvions  identifier  ce  nom.' 
(^  Vaux,  eomnaoe  de  Bujaleuf,  canton  d'Eymontiers. 
(EQ  ReutcUre  de  l'Abbaj/a  t  de  l'^bbaire. 
(10)  Un  biaoc. 


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Item,  sobre  tos  los  beya  Peir  de  Noiirat(l),  gendre  de 
Mori  :  1  emina  fromeo  rendeut. 

Item,  sur  lo  leuc  de  Columbeys,  près  Vostazac  (2)  :  ung 
meut  de  vy. 

Item,  sur  la  plancte  Pacquet  de  Valy,  situado  ou  peuc 
la  Saue  (3)  :  1  quarte  fromen  rendeut. 

Item,  sur  la  meygo  deudit  Paquet  de  Valy  :  1  emina 
fromen. 

Item,  lo  I)oytOB(4)  Marsat  et  Micho,  por  causo  de  lour 
escuras  et  Tergiers  darey  lasd.  escuras  :  1  sestîer  fromen. 

Item,  Guilhem  Broau  :  1  quarte  fromen. 

Item,  sur  lo  loue  Johan  Deu  Masbarelh  :  vu  sestîers 
segle  TU  sols  ti  deniers,  —  plus  ti  sestiers  segle. 

Item  sur  lo  leuc  Andrieu  deu  Masbarelh  :  lu  sestîers 
fromen,  un  sestiers  segle,  et  xx  sols  eu  argent. 

Item  sur  la  gareno  Peir  Jomet,  que  te  lo  home  deu 
Temple  (5)  :  1  sestier  fromen  rendeut. 

Item  sur  Andrieu  Margolb  :  iiii  1.  ix  s.  en  argent  et  ii  ses- 
tiers fromen,  plus  xxvi  s.  iz  d. 

Jehan  Veyrier  :  ixxu  s.  et  m  sestiers  fromen. 

Item,  sur  toz  loz  beys  Peir  Jalin  ;  1  emina  fromen 
rendeut. 

Item,  sur  lo  Gontau  et  super  omnia  bona  :  1  sestier 
fromen. 

Item,  sur  Paquet  d'Andalay  [6)  :  ii  sestiers  fromen 
rendeu. 

Item,  sur  Dimasiardier  (7)  :  u  sestiers  fromen. 


(1)  Noua  ne  connaissons  de  localité  de  ce  nom  que  dans  la  com- 
mune de  Saint-Su Ipice-le-Dunois  (Creuse). 

(3)  Voutezac,  canton  de  Juillac,  arrondissement  de  Brive  (Corrèze)t 
(3}  Le  Puy-Lassant,  hameau  de  la  commune  de  Saint-Lâonard. 

(4)  Le  bolteuiî 

li)  Hameau  de  la  commune  de  Saint-Léonard. 

(6)  Dandalaia,  commune  de  Saint-Léonard. 

(7]  DimatUrdier,  mot  qui  dérive  de  l'ancien  nom  du  mardi  gras 
^  LardArium,  —  se  trouve  quelquefois  employé  dans  un  sens  inju- 
rieux aux  XTi*  et  ZTii*  siècles. 


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—  267  — 

Item,  sur  la  vinhe  Micheu  Paasareu  :  i  emina  fromen 
rendeut. 

Item,  sur  la  vinhe  Jehaone  Larmurier  :  1  emina  fromen. 

Item,  sur  lo  leuc  Guilhem  de  Las  Saignas  (1]  :  m  ses- 
tiers  segle. 

Item,  sur  lo  prat  G.  Valieiro  deu  Lavadour  (2)  :  xxviii  s. 
et  I  d.  en  la  sennoria;  m  sestiers  emina  fromen. 

Item,  sur  lo  leuc  Colho  de  Masleu  [3)  :  n  sestiers  fromen. 

Item,  sur  lo.prat  L.  Doyneys  de  la  Costa  [4)  :  zzt  sols. 

Item,  ay  achaptat  de  G.  Valieyro  1  quarto  fromen  ren- 
deut  sur  une  terre  situado  au  terretorî  de  la  Croix  au 
compte,  que  tenet  acquilh  de  la  Pailissa{5}. 

Item,  sobre  Theveni  de  las  Montanieyras  (6)  :  m  eminas 
fromen. 

Item,  plus  sur  ledit  Thereni  :  ii  sestieis  segle. 

Item,  ay  achaptat  lo  leuc  de  Praceuz  (7),  en  que  ha  de 
reilSo  XII  sestiers  de  tout  blat  et  ls  sols,  vi  galinas. 

Item,  ay  achaptat  lo  repaire  deu  Mas  (8),  en  que  ha 
X  sestiers  de  blat,  lx  sols,  et  lo  prat,  t  galinas,  et  ay 
achaptat  lo  leuc  deu  Rouveir  (9)  en  que  ha  iiit  sestiers 
de  blat  et  xzz  sols,  m  galinas. 


(1)  Les  Ssgnes,  village  de  la  commune  de  Saint- Denis  des  Murs, 
canton  de  Saint-Lâooard.  Ce  nom  de  Sagne,  qui  indique  ud  terrain 
msrâcdgeux,  une  joncière,  est  commun  dans  nos  pays. 

(2)  Nous  n'avons  pu  identifier  ce  nom  de  lien. 

(3)  Nous  ne  connaissons  d'autre  lieu  de  ce  nom  que  Hssiéon, 
commune  du  canton  de  Gh&teauneuf,  arrondissement  de  Limoges, 
ancienne  bastide  ou  ville  franche,  érigée  en  tîS7  par  le  roi  de 

(4}  Il  existe  un  hameau  de  La  CAte  dans  la  commune  mâmc  de 
Saint-Léonard. 

(5)  La  Palisse,  lieu  dit  de  la  commune  de  Saint-Léonard. 

(6)  Montagnières,  près  Saint-Léonard. 

(T)  Prasaeau,  commune  de  Saint'Denis  des  Murs,  canton  de  Saint- 
Léonard. 

(S)  S'il  ne  s'agit  pas  ici  du  Haa  Rouveii,  la  mention  peut  se  rap- 
porter au  Mas  de  Saint-Denis  des  Hura  ou  au  Haa  de  Bujaleuf. 

(9)  Il  n'est  pas  question  ici  du  Rouveii,  village  de  la  commune  de 
Saint-Just,  entre  Limoges  et  Saint-Léonard,  mais  du  Has  Rouveiz, 
commune  de  Champnétery,  dont  il  est  souvent  parlé  dans  le  ma- 
nuscrit des  Hasaiot. 


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Item,  ay  achaplat  La  Garde  de  St  Dennix  (1),  en  que  ha 
XXX  sols,  IX  sestiers  de  blat,  ii  galinas,  vinade  (2). 

Item,  lo  leuc  de  VeyvialJe  (3),  que  deu  c  sols,  un  ses- 
tiers emina  de  tout  blat,  et  vinade. 

Item,  sur  uno  terre  que  tenet  aguïlh  de  la  Palisse  : 
1  quarto  segle. 

Item,  lo  leuc  de  las  Bordas  (4},  que  deu  xiii  sestiers 
emina  de  blat,  xxt  sols,  m  galinas,  m  pousis  (5). 

Item,  ay  achaptat  lo  repaire  de  Toubregas  (6),  que  deu 
XXXII  sestiers  de  blat  et  cxn  sols,  et  nu  gatiaas. 

Item  sobre  Jobaii  de  Saint- Yrieys  (7)  :  xxvii  sols  vi  d. 
de  renda. 

21.  —  Règles  à  suivre  pow  la  rédaction  des  contrats 
d'obl^ation. 

S'en  sec  la  ordonence  de  passar  lettras  et  notulas  tans 
de  bestial  (8)  que  de  debte  ;  et  primo  de  debte  : 

Premieyrament  lous  (9)  far  obUguar  que,  si  sons  soubi 
potestaz  de  payr,  que  y  renuncient;  ampres  que  promec- 
tent  a  pagar  dins  terme  ordenat;  ampres  que  se  obliguant 


(1)  Peut-être  la  Haute  ou  la  Basse  Garde  d'E^bouleuf,  canton  de 
Saint- Léonard. 

(2)  La  vinade  :  redevance  payée  d'ordinaire  «n  nature  et  due  au 
seigneur  «ur  le  vin  réooHé  dans  ea  terre  et  sur  celui  qui  la 
traverse. 

(3)  Veyviaï*«.  commune  d'Erbonlenf,  canton  de  Saint- Léonard. 

(4)  II  existe  plusieurs  localités  de  ce  nom  dans  les  communes  de 
Saint-Léonard  et  de  Saint-Uartin  Terressus. 

(5)  Poulets. 

(6)  Taubregeas,  commune  de  La  GeneyttRiM,  canton  de  Baint- 
Lëonard. 

(7]  Il  y  a  un  assez  grand  nombre  de, localités  de  ce  nom  dans  les 
départements  de  la  Creuse  et  de  la  Haute-Vienne  ;  tnaîs  nous  n'en 
connaissons  aucune  à  proûmité  de  Saint -Léonard. 

(8)  On  Mnarquera  que  le  rédacteur  de  la  note  ci-aprâs  ne  s'est 
pas  do  tout  oecnpé  àm  contrats  de  ahept«l. 

(9)  Les  débiteurs. 


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—  ?69  — 

en  la  melhor  lonna;  ampres  que  renuncient  l'excepcion 
de  dréch  que  dit  que  aegun  no  deu  estre  jutge  ea  sa 
cause  et  lours  far  reiiunciar  a  tout  fraut  [1),  tout  barat  (1), 
lettras  dictas  quiuquanellas,  respiz,  aplegamentis,  auapen- 
cions  de  meys  et  dispensacioûs  de  segrament  ;  car  par  la 
renumpciacion  l'on  loue  fara  anullar  quinquanellas,  et 
respit,  et  mercy,  et  segrameut;  item  ordenar  jor  et  tenue 
de  payar;  item  lous  far  compellir  per  la  Guarde  deux  ceaux 
et  de  Monssenhor  l'ofQcial  et  per  delempcioQS  de  corps  et 
retempciona  de  lors  personnas;  et  ausi  per  lous  previlegis 
de  petit  ceaux  de  MoQt[pellier?}  et  per  lous  previlegis  de 
las  feyrag  de  Champaiuha  (2),  quar  par  Lo  seaux  de  Mont- 
[pellierT]  seu  pot  far  unas  clamors;  item  si  sont  mays  que 
d'ung,  lours  far  renunciar  a  la  plstolla  (3}  deu  dyvydio  que 
dit  que  quant  sons  obliguatz  dos  ou  treys,  que  cbaascun 
n'eys  tengut  que  de  payar  sa  part  et  pourcion  ;  et  si  vous 
TOlIes,  y  far  mètre  condempuetur  (?)  infra  diem  juramento 
mediante,  et  de  se  lous  y  far  condempnar 


(1)  DdI,  tromperie.  Ce  vieux  mot  s'est  conservé  dans  celui  de 
baraterie,  eneore  en  usage  dans  la  langue  du  commerce  et  du  droit 
maritime. 

'  (2)  Noua  avons  trouvé  la  preuve  qu'au  iiii*  siècle,  les  marchands 
de  S  ai  ut- Léonard  fréquentent  les  foires  de  Champagne,  où,  dès  le 
zii*,  ceux  de  Limoges  ont  leur  •  maison  >  spéciale  ou  entrepât.  On 
voit,  vers  1260,  des  poursuites  exercées  contre  un  marchand  de 
Noblat  pour  une  dette  contractée  aux  foires  de  Champagne  :  — 
Audierua  fJormanni,  armiger,  arrealacil  Guiflermum  Afaument 
de  dicta  villa,  ob  defectum  eolulionis  denuriorum  guos  de6ebaf  in 
ntindinia  Campanie,  etc.  —  Les  relations  dn  Limousin  avec  Mont- 
pellier sont  fort  anciennes;  nos  AnnaUg  font  remonter  au  x*  siècle 
l'établissement  fondé  dans  la  capitale  de  la  province  par  les  Véni- 
^ena  du  grand  comptoir  de  Montpellier. 

(3)  Pour  eptsfofa.  Il  s'agit  vraisemblablement  de  la  lettre  de 
l'empereur  Adrien  sur  la  non -solidarité  des  codébiteurs  —  epistola 
dioi  Iladriani,  —  qu'on  trouve  souvent  mentionnée  au  xv*  siècle 
dans  les  contrats  d'obligation. 


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—  270  — 

22.  —  Rieeption  d'Antoine  Ruben  dans  la  Conft-irie  de  tfolre- 
Dame-de-sous-les-Àrbres,  et  don  par  le  nouveau  confrère  à 
fassoeiation   d'un   setier  de  p-oment  de   renu  perpétuelle 

(Juin...). 

Item  die  veneris  ante  festum  nativitatis  Beati  Johannis 
Babtîste,  personaliter  constituti  Domini  Johaunes  de  Fe- 
niers,  Marciàlis  Chabret,  Petrus  Genelli,  Leonardus  Cous- 
tet,  Leonardus  Florandi,  Johannes  Flori,  Leonardus  Far- 
gaudi,  Leonardus  Bordas,  Leonardus  Bordas,  Leonardus 
Valieyra,  Leonardus  Mathenet,  Guillermus  de  la  Cham- 
bra, Stephanus  Pont,  Petrus  lo  Veyrier,  Guillermus  Her- 
vet,  confratresconfratrie  béate  Marie  d£  sublus  Arbores  (I), 
recepenint  in  fratrem  et  corifratrem  dominum  Anthonium 
Rubeptis,  presentem,  ad  pacis  osculum,  ut  est  boni  moris; 
et  dictus  dominus  Anthonius  assituavit  super  omnibus 
bonis  suis  unum  sextarium  frumenti  perpetuo  reddendum 
ad  mensuram  de  Nobiliaco,  vendentem  et  ementem,  et 
cavlt  per  Gatherinam,  ejus  matrem,  et  Johannem  Mas- 
siotb,  ibidem  présentes,  et  ad  hec  se  et  bona  sua  in 
forma  juris  obligaverunt,  quos  ipse  dominus  Anthonius 
promisit  servare  indempnes.  Kt  potest  assituare  in  bono 
et  competenti  loco,  aut  solvere -decem'  regalia  auri  (2)  pro 
dicto  seztario  frumenti.  Et  concessit  litteras,  presentibns 
Leonardo  Hervet  et  Andoyno  Lo  Bloy,  testibus  ad  bec 


(1)  Une  enquête  du  ziii*  siècle,  fuie  au  cours  du  procès  entré 
l'âvôque  de  Limoges  et  les  habitants  de  Saint-Léonard,  contient 
des  indications  eitrSraement  curieuses  et  précieuses  sur  les  insti- 
tutions municipales  de  cette  ville.  Plusieurs  témoins  montrent  les 
consuls  de  Noblat  rendant  la  justice  criminelle  sous  un  ormeau, 
devant  le  portail  de  l'église  de  Notre-Dame.  La  Confrérie  do  Notre- 
Dame- de -sous -les -Arbres,  dont  il  est  parlé  ici,  n'aurait-elle  pas  eu, 
tout  au  moins  à  l'origine,  quelque  lien  avec  la  commune  elle- 
même,  de  mSme  qu'à  Limoges,  dans  la  ville  du  Château,  la  Con- 
frérie de  Saint-Martial  semble  avoir  été,  dans  le  principe,  l'expres- 
sion religieuse  de  la  commune  et  peut-être  sa  forme  ru dim entai re ? 

(2)  Dix  royaui  d'or  valaient,  vers  1475,  112  fr.  80,  soit  6TI  francs 
d'aujourd'hui. 


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Tocatis.  Sic  sîgDatum  îd  margîne  :  Hu^onacdi  r.  — Extrac- 
tum  a  regestris  qaondani  magistrî  Nicholay  Hugonaudi. 
—  Anthonivs  Hugonaudi. 


23.  —  Louis  Massiot  place  chez  Jean  Audier,  marchand 
de  Limoges  (4  a»ril  J475). 

Item  le  iiii*  de  abrîeu  mil  cccc  lx  et  xv,  avio  moD  pair 
l(%el(l}  Loys  chas  Jehan  Audier,  marchan  de  Limoges, 
en  la  forme  et  manieire  que  s'ensec  :  que  lod.  Loy  deu 
servir  lod.  Jehan  Audier  eu  toutas  chaussas  licitas  et  ho- 
uestas,  lo  terme  de  treys  ans  ou  d'ung  ou  de  dous,  tout 
eneysi  quant  pleira  a  mon  pair,  et  deu  premier  an  deu 
bailhur  xW  et  de  draps  xxv  (2)  ;  et  si  ley  demore  treys 
ans,  deu  bailhar  mon  pair  xx'  et  lo  deu  teneîr  ahilhat  et 
chausat.  Fait  l'an  et  jour  que  dessus.  J.  Massioth. 


24.  —  Comptes  de  cheptel  avec  Martial  de  Chauvour 
(J475  o  1480). 

Lo  jour  de  S'  Jehan  et  de  Sent  PaH3),  l'an  mil  CCCC 
LXXV,  feiit  compte  en  Uarsal  de  Chouvour(4),  faure, 
deu  gros  bestial,  tout  comptât  et  rebatut,  jucques  au 
jour  duoys  :  que  en  demorat  que  lo  bestial  gnw  eys  en 
X3CVIII  reaulx  de  lxiiii  per  marc  (5),  que  sont  28  reauU  de 
chaptal.  Item  ley  ay  ostra  lo  dessus  las  hovelhas  et  tous 


(1)  Loué,  mis  en  apprentissage. 

(2)  11  est  probable  que  les  25  sols  en  drap  représentaient  Vétrenne 
que  nous  voyons  un  peu  plus  tard  stipulée,  dans  les  contrats  d'ap- 
prentissage, au  profit  de  la  femme  du  patron. 

(3)  Le  !G  juin. 

(i)  Chauvour,  (Mmmune  de  Saint-Denis  les  Murs. 
(5)  U'est-à-dire  de  trois  deniers  l'un.  Ces  royaux  valaient  environ 
U  fr.  28,  soit  67  francs  d'aujourd'hui  :  en  tout  1876  francs. 


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—  272  — 

bomate  (1)  que  sont  les  hoveilles  teste  per  leste,  que  sont 
XXXVI  chap,  a  m' de  départ  per  chascuo  a  lor  part. 

L'an  LXXVI,  an  vendut  a.  Chouvour  quatre  mostous  deu 
chaptau  xxx',  fach  de  creys  :   chascun  agul  sa  part  (2). 

Item  an  plus  vendut,  lodit  an,  quatre  mostos  deux 
meus,  ixx*.  —  Sohit  a  me. 

It.  lodit  an,  dous  mostous,  l'ung  deux  meux  et  l'austre 
deu  chaptau,  fach  de  creys  :  chascun  agut  sa  part. 

It.  ladite  acnade  ays  receubut  xxn'  m'  per  deus  mos- 
tos que  aviem  vendut,  fach  de  creys;  chascun  agut  sa 
part. 

It.  l'an  LXXVII,  an  vendut  ung  beou  a  Peyraud  que 
s'oy  vendut  nii'  x',  dont  yeu  ay  agut  loua  un'' (3)  [sic)  et 
X'  en  deducion  de  chaptau  (4). 

It.  lodit  an,  an  vendut  treys  mostous  xxv»,  fach  de 
creys;  chascun  agut  sa  part. 

It.  a  vendut  lo  Faure  une  vache  lodit  an  a  Vignhe  et 
Joysso,  iLvn'  i*,  et  yen  ays  preys  tout  l'argent,  en  deduc- 
cion  de  chaptau. 

It.  l'an  Lixviii  a  vendut  Chouvour  m  mostos  xxvi'  vi', 
fach  de  creys  :  chascun  agut  sa  part. 

It.  l'an  Lxxix,  an  vendut  un  mostos  xxxvi*  dont  iU  an 
preys  l'argent. 

It.  lodit  an,  an  vendut  ung  beou  anolier(5),  fach  de 
creys,  dont  m'a  leysaat  xx*  n'  por  so  que  deu  de  sa  part, 
et  XX'  que  a  plus  leyssat  a  Jehan  por  los  pourceaulx  de 
so  que  deven. 

(1)  Les  brebis  el  les  ruches.  Nous  avons  fait  remarquer,  dans 
notre  introduction,  que  ni  les  unes  ni  les  autres  n'entraient  dans 
l'évaluation  du  cheptel,  bien  qu'elles  en  fissent  partie.  Les  brebis 
étaient  comptées  par  tête. 

(2)  On  voit  que,  souvent,  le  partage  du  prix  de  l'animal  vendu 
pour  le  compte  commun  se  faisait  sur-le-champ. 

(3)  Ce  n'est  pas  le  seul  passage  du  muiuscrit  où  nous  ayons 
trouva  le  franc  donné  pour  équivalent  de  la  livre. 

(4)  11  résulte  de  là  que  peu  &  peu  le  métayer  acquérait  la  pro- 
priété de  sa  part  de  la  souche  de  cheptel. 

(5)  Agé  d'un  an. 


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—  273  — 

It,  a  vendut  ung  mosto,  l'an  lxxik,  tim'.  SolvU  a  me. 

II.  a  vendut  ung  beou  xlvi*  lodit  an^  dont  loim  ay» 
receubut  xx*  contan,  et  xx'  que  bailhet  a  Johaii  per  ioa 
pors  (■/)  et  VI'  que  deuren  (?)  baillar. 

Lo  xvii*  de  may,  l'an  IIII",  fezis  conte  en  Vissent  de 
Chouvour,  que  lo  bestiau  que  est;iy  en  la  somme  de  xxu 
reaux  d'aur  de  lxiiii  per  marc  et  xxvii"  vi*,  cum  îiperl  per 
las  letras,  et  las  hovelhas  estant  en  lesle  per  teslc  xxxvi 
chap,  a  m*  de  depert  per  chascun  allours  part  rebatut, 
tout  lo  bestiau  que  aven  preys  jucques  au  jour  duoy, 
reserval  que  lodit  Vissent  nos  deu  sx"  que  a  may  preys 
deudit  bestiau  que  nos  a  nostre  pari;  que  los  dcu  franc 
que  lo  premier  bestiau  que  se  Tace  de  creya  de  sa  pari, 
se  deven  pagar. 

Item,  los  bornatz  que  an  compte  1'  de  cbaptau. 

Final  et  comptai. 

35.  —  Acquit  de  legs  faits  aux  Aumônes  du  Consulat  par 
Gératd  Massiot  et  Jeanne  Clautre,  sa  veuoe  [t'ilô). 

Memorie  sero  quod  y  U,  argent  une  veys  paiade  que 
mon  senhuer  Giraud  Massioth,  acqui  Dieu  pardon,  aVio 
donat  a  las  Oumosnas  de  Consolât  (1)  en  sont  teslamcnt, 
que  yeu,  Johan  Massioth,  las  ay  paiadas  en  ung  sestier 
de  fromen  que  lour  -balheys  achaptat  sur  tous  Ions  bcys 
de  Micheu  Passareu,  et  sero  memorie  de  en  aveir  quix- 
tance  de  Consulat;  et  coustet  vni  reaulx  (2). 


{I]  Nous  avons  dit,  dans  la  notice  qui  précède  ces  extraits,  qu'on 
constate  à  Saint- Léonard  l'existence  de  ces  aumdues  municipales 
dès  le  xin'  siècle.  On  voit,  par  ce  passage,  que  les  consuls  de 
Saint-Léonard  ne  s'étaient  pas  dëchai'gés  de  l'administration  do 
l'avoir  de  ces  auni6nes  sur  des  bayles  ou  des  commis. 

(î)  Huit  royaulx  représenloiit,  en   1175,  '.Kl  fr.  2i,  soil  ôtl   franes, 
Lo  blé   était  cher  à  cette   époqup,   commo  on   le  constate  par  Ic's  * 
forléaux  du  temps  et  comme  ce  passage  seul  suffirait  à  l'indiquer; 
car   le    prix  d'acquisition  des    rentes    perpétuelles  représente  en 
général,  du  xui>  au  xv*  siècles,  le  capital  à  5  0/0  ou  5  1/2  de  la 

T.  vu.  S_e 


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—  274  — 

Item  la  dompna  maman  Jehane  Clautre  (I)  donnet  a 
las  Ousmonas  en  Cosulat  v  lieuras  une  veys  paiadas  et 
leur  ay  balhat  garent  pop  l  sestier  segle  de  rente  et  a 
passet  lectras  maistre  Audoin  Uugonaud,  qui  me  deu 
balher  quixtance.  Fait  l'an  mil  cccc  lx  et  it. 


26.  —  Mention  de  la  mort  du  duc  de  Bourgogne,  Ckarles-le' 

Téméraire,  sotis  tes  murs  de  Kaney. 

Le  dimanche,  vigile  de  l'Epiphanie  mil  cccc  lx  et  xti  [2], 
que.  le  duc  de  Bourgonhne  fut  tue  et  desconfi  devant 
Nansi,  ou  ilh  tenoit  le  siège  en  Lauroyne,  par  le  duc  de 
Louroyne  et  les  Alamans  et  autres  avecque  ledit  duch  de 
Louroyne.  J.  Massioth.      * 

27.  —  Jean  Massiol  recommande  à  ses  descendants  cf  acquérir 
une  vigne  à  Champmain  auprès  du  Treuil  de  i'Bépitai,  de 
l'Arbuseau  ou  des  Bongiires  [i2  mai  1477). 

Memorie  sero  suecesoribus  nostris,  si  ad  ptnguiorem  for^ 
luitam  pervenerini,  de  aveir  une  vinhe  ou  be  ou  fect  de 
Champmanht  (3}  ou  deu  truelh  de  l'Opictal  ou  de  l'Àr- 
buseu  (4)  ou  de  las  Rongieyras,  cumhe  que  en  lasdichas 
Rongieras  a  paubi-e  terre,  per  so  que  nostre  vinhne  eys 
ti-op  l)asse  et  de  la  première  galado  (5)  eys  pardudo,  et 


redevance  annuelle.  Le  prii  du  setier  de  froment  aurait  donc  été 
de  27  francs  environ  d'aujourd'hui  :  c'est-à-dire  le  double  de  la 
moyenne  du  prix  actuel. 

(I)  On  a  vu  plus  haut  que  Jeanne  Clautre  ôtait  femme  de  Gérald 
Massiot. 

(î)  5  janvier  U77  nouveau  style.  La  date  est  exactement  indi- 
quée ici. 
*     (.1]  Nous  avons  déjà  parlé  de  es  territoire,  ou  le  cimetière  se 
trouve  placé  aujourd'hui,' 

(I)  Ce  nom  est  encore  donné  à  un  territoire  de  la  banlieue. 

(5)  Gelée. 


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—  275  — 

heux  autres  leuc  d'eyta  villa  galado  hy  fait  mal,  excput 
aquilhs  :  vidi  per  experienciatn,  que  est  rerum  maghtra, 
pluribus  annis.  Anao  Domini  millesimo  CCGC"  LXXVII', 
die  xit'  mensis  maii.  —  J.  Massioth. 


28.  —  Prêt  à  Jacques  du  Muraud,  qui  déclare  céder  et  oendre 
au  prêteur  Jean  Massiot,  en  cas  de  noti'paiement  au  ternie 
fui,  le  lieu  de  la  Garde  et  le  lieu  de  Veyoialle  avec  têtus 
dépendances  (12  septembre  ikll). 

Lo  XII'  jour  de  septembre,  l'an  mil  IIII'  LXXVII,  que 
prestet  mon  payr  a  Jacques  deu  Muraud  (I)  vu"  escus 
d'aur,  losquaulx  dcu  pagar  dins  la  Paiitecoste  prochain 
venant,  et  sy  dins  lod.  terme  non  pagare  losd.  vu"  escus 
d'aur  de  Rey,  deysa  luy  vendet  lo  luec  de  la  Guardo, 
parroffle  de  S.  Denis  deu  Murs,  et  lo  luec  de  Veyviallo, 

paroffie  d'Eyboleu,  que  te  Poullet en  loui-s  aperte- 

neneas  et  n'a  passât  las  lettias  maistre  Johan  Bonlas,  pre- 
sens  Pauly  Beyllot  et  lo  Liennard  lo  besson  (2)  Foriiier. 

29.  —  Contrai  portant  reconnaissaïKe  et  obligation  d'une 
somme  de  i'  5'  à  titre  d'indemnité,  pour  la  perte  d'un 
cluval  et  d'un  poulain  donnés  à  cheptel  {25  mai  tk78]. 

Die  xx\*  mensis  maii,  anno  Domini  millesimo  CCCG"* 
LXXVriI",  presentibus  Mareiale  Doyneys,  mercatorc  de 
Nobiliaco  et  Leonardo  de  Manso  ou  Rouveyr  (3)  parrofie 
de  Campominsterii,  testilius,  etc.  Leonardus  Chouvau, 
commorans  in  loco  de  Peloneys  (4)  dicte  parroQo  de  Cam- 


(1)  Le  Maraud  ou  le  Hureau,  commune  de  Saint-Denis  des  Hurs, 
cantOD  de  Saint-Léonard.  Les  Massiot  étuent,  au  xvii*  siËote,  sei- 
gneurs du  Muraud. 

(3)  Le  frère  jumeau. 

(3)  Le  Mas  Rouveix,  commune  de  Ghampnéterr,  canton  de  Saint- 
Léonard. 

(4]  Peloneix,  même  commune  de  Cbampnétery. 


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—  s;76  — 

pomin^terîi,  non  coactus,  etc.,  omnibus,  etc.,  vi,  etc.  sed 
gialis,  etc.,  pro  se  et  suis,  recognovit  se  bene  et  légitime 
debere  et  teoeri  solvere  prudenti  viro  Johanni  Massîoth, 
bui^ensi  et  mei-catori  de  Nobiliaco,  ibidem  presenti,  etc. 
sumniiim  quatuor  librarum  et  quinque  solidorum  (1),  mo- 
nete  régie  nunc  currentls,  causa  depperdementi  certi  capï- 
talis(3)  :  unius  jumenti  cum  une  polino;  quam  summam 
promisit  dictus  Leonardus  solvere  et  reddere  eidem  credi-  , 
tori  ad  ipsiue  voluiitatem,  etc.  et  emendare  dampna,  etc. 
Renunciavît,  juravit,  obligavit,' et  concessit  lilteras  regias 
et  Pariagii  in  meliori  forma.  Tillouribu. 


3U.  —  Notes  rclalives  à  un  compte  de  cheptel  avec  un 
cultivateur  du  Mas-Rouveix  (i476,  i477  et  1478). 

En  may,  an  LXXVII,  li  (3)  balhiey  xx  s.  sobre  ix  chap 
de  berbialhie,  que  ereii  prezaa  pei"  la  talha  de  Denis  deux 
Chansfi). 

lleiii  le  ay  en  guardo  ung  toureu  que  fu  d'Eypauha  (5), 
aiino  76  (tt),  que  n'eys  point  au  chaptal. 


(1)  i  livres  5  sois  représentent  environ  26  fr.  50  et  équivaudraient 
aujourd'hui  à  159  francs. 

(2)  Il  serait  intéressant  de  savoir  s'il  s'agit  ici  d'un  cheptel  donné 
k  un  métayer,  ou  d'un  de  ces  clieptels  dont  nous  avons  parlé  dans 
l'introduction,  et  qui  étaient  le  gage  d'un  prêt;  le  créancier  les 
laissait  entre  les  mains  du  propriétaire,  qui  était  devenu  son  débi- 
teur; mais  il  partageait  avec  celui-ci  les  bénéfices  du  croît. 

(3)  Li,  à  lui.  Il  s'^it  du  métayer. 

(i)  Il  est  fait  probablement  allusion  ici  à  une  saisie  pour  non- 
paiement  de  la  taille. 

(-i)  8'agit-il  vraiment  d'un  taureau  espaf^noi.  ou  lo  mot  à'Eypanhn 
désigiie-t-i!  Epaigne.  village  de  la  commune  de  Sauviat,  canton  de 
S.iint- Léonard,  où  l'ordre  do  Grandmont  eut  jadis  une  celle  T 

(C)  Nous  avons  pu  constater,  dans  notre  manuscrit,  l'emploi  des 
chiffres  arabes  bien  antérieurement  &  la  date  à  laquelle  nous 
sommes  arrivés. 


ly  Google 


—  277  — 

Per  aquellas  deu  Teyeîer  de  Queznt  ay  codui  x  s.,  et 
son  XXX  s.  que  Lasdichas  hovelhas  an  de  chaptal.  ostra 
lo  chaptal  de  sus. 

Fach  conte  am  lod.  deu  Mas  au  Roveyr(l),  lo  xxvu* 
jour  de  gevier  an  LXXVII,  contât  de  tout  lo  Ireslial 
que  avian  fach  de  creys,  et  deu  creys  deu  mostos,  et  de 
tout  quant  que  me  dévia  que  en  vengiit  en  compte  que 
m'a  degut  lod,  Liennard  la  somma  de  xvii  s.  mi  d.  et 
lo8  chaptal  eytay  en  son  antier,  cum  apar  per  las  notas  (2), 
e  los  sxs  88.  per  la  berbialha. 

31.  —  Arrêté  de  compte  entre  deux  particuliers,  noté 
par  Jean  Massiot  (13  août  1479). 

Lo  xiu'  jour  d'aoust  l'an  mil  IIII*  LXXIX.  que  Jacme 
Darpeys,  demorant  en  BassoUeys  (3)  et  Mossicur  Aiithoine 
.de  Malibast  (4),  p'"  de  St  Pau,  vengueren  en  final  conte 
de  sertaine  somme  d'argent  que  Johan  Bancaud  de  Mari- 
bal  dévie  a  Girault  de  Lestrado  (5),  p*"  de  S'  Jenlo  (G),  que 
.  sont  vengut  en  final  conte;  que  lodit  Malibas  a  l'cstat  a 
deveyr  aud.  Jacme  Darpey  anno?  et  causa  deud.  Girault 
de  Lastrado,  en  la  somma  de  huech  lieuras  et  diech 
soubz(7),  et  en  pagant  lad.  somme  de  vni  1.  x  s.,  lod. 
Jacme  sera  tengut  de  luy  cansellar  ung  obligal  de  xx'  (?). 
Presens  Esteve  Furigaud  et  (81...  .  — Johan  Massioth.  ■ 


0)  Noua  avons  déjà  dit  que  le  Uss  Rouvcix  était  aituâ  commune 
de  Cbampnâtery. 

(2)  Probablement  un  acte  de  recollement. 

(3)  Baa-Soteil,  près  Saint- Léonard. 

(4)  Matibaa,  paroisse  de  Saint-Paul  d'Ëyjeaux,  canton  de  Picrrc- 
bufflëro  (Haute-Vienne). 

(5)  L'Estrade,  commune  de  Sairit-Junieu  La  UrcKërc,  c-inton  de 
RoyÈre,  arrondiBsemeiit  de  Bourganeuf  (Creuse). 

(0)  La  forme  populaire  Jenio,  pour  Junio,  est  encori;  lr<''3  usitée 

(7)  Huit  livres  dix  sous  représentent  53  francs  ;  313  francs  d'au- 
jourd'hui. 

(8)  Deux  mots  illisibles. 


ibyGoeigle 


—  378  — 

32.  —  Plainte  fitrmie  par  Jeanne  Lavandier,  veuve  de  Léonard 
Coussedière,  et  Mariette  Bonenfant,  veuve  de  Louis  Coutse' 
diere,  au  sujet  de  l'obstruction  d'un  aqueduc;  vérification  de 
l'état  des  lieux  en  présence  du  procureur  du  Consulat,  et 
réparations  exécutées  par  detix  ouvriers  commis  par  la 
ville  [iii80}. 

Sia  perpetuallemen  memoria  que  Van  mil  IIII  cens 
quatrevingls ,  Johane  Lavandieyra,  reley3ado(l)  de  feu 
Lîennard  Gousedieyro,  et  Mariota  Bonenfante,  releysado 
de  feu  L.,  Tilh  deudich  Liennard,  defuns,  feyren  al  la 
cour  (2)  UQO  requeste,  dizen  que  aulcuns  deu  costal  devers 
las  meygoux  de  meistre  Estiene  Tillourier  et  meistre  Colau 
Raveu,  que  (?)  comeusa  volos  doatz  [3),  lousquaulx  anliside 
et  salide  deves  la  porta  de  Challepa  (4)  et  que  avie  pas- 
saige  part  dedint  une  meygo  lours  ou  deux  mynors,  que 
fu  de  feu  maîstre  Johan  Fort,  asslsa  au  Merchat  au 
Pors{5),  eutre  la  meygo  deux  Boyers,  d'une  part,  et  - 
lo  four  de  Messenhers  du  Murault  d'aultre,  et  que  iceulx 
aulcuns  avien  gictatz  cei'tans  retrachs  hou  eysamens  [6) 
âint  lodichs  doatz,  per  que  cerem  olhatz  (7)  et  n'avieu  plus 
de  cors  (8),  et  falie  que  s'arestes  dins  ladicha  taverna  (9),  et 
que  plagues  a  y  remédier.  Lours  fu  douât  congiet  de  los 
ubrîrs,  apellat  lo  procurer  de  la  ville  (10)  :  ont  se  trobet 


(1)  C'est  l'équivalent  du  latin  relicla. 

(!)  Probablement  auprës  du  siège  du  Pariago. 

(3)  Doal!,   de  duclua.   Les  Registres    consulaires   de    Limoges 
emploient  souvent  ce  mot. 

(4)  La  porte  Ctiamplepot.  Une  rue  porte  encore  ce  nom  à  Saint- 
Lâonard. 

(-S)  Place  actuelle  du  Marché. 

(G)  Matières  provenant  de  latrines,  de  lieux  d'aisances — eysamens. 

(1)  Remplis,  bouchés. 

(5)  Cours,  curaug. 

(9)  La  cavoMe  la  maison  des  mineurs  Coussedière,  dont  on  vient 
de  parler. 

(10)  Il  serait  intéressant  de  savoir  si,  au  xv>  siècle,  un  des  consuls 
ou  un  ofHcier  municipal  quelconque  portait  cette  qualification  offl- 


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—  279  — 

que  veneo  de  ladicha  meygo  sayque  en  drech  de  aqucllas 
doas  de  Pecou  hou  sos  heretiers,  avie  ung  doat  moyeiiant, 
et  en  drech  las  dichaa  meygos.  avie  et  a  une  grande  arche 
ont  touta  materia  que  avie  couduch  per  acqui,  e'arrestavo, 
et  au  milieu  de  ladite  arche,  tirant  al  la  porta,  avie  ung 
austre  lai^e  ung  dour  (?)  en  queyrat,  ont  la  clare  aygue 
de  aquella  arche  avie  cours;  loquau  doat  passa  davant 
nostre  meygo  en  estressan,  et  passa  soulz  la  pille  deu 
pourtau  devers  oostre  meygo,  et  s'en  entre  dins  lo  fossat; 
ftiren  curatz  et  retournatz  en  lors  esseirs  per  dos  homes 
comeys  al  la  TUhe(i). 

33,  —  L'expirienee  démontre  que  les  marchands  doivent  voya- 
ger pendant  la  jeunesse  et  faire  en  sorte  de  pouvoir  se  reposer 
quand  ils  arrivent  à  l'âge  mur  [s.  d.). 

Nota  que  selon  que  (?)  dicunt  sapientes  et  divites  Aiy'ws 
patrie  [2],  que  loz  marchans  jeunes  de  ce  pais,  deven  anai- 
gainhaar  en  lour  jounesse,  et  quan  venc  en  la  meytat  de 
lour  aige,  debent  a  regardar  quanque  moyen  a  ganihar 
lour  vite  et  ne  plus  viadar;  car  Ion  ne  fay  que  perdre  et 
se  deytruîre,  et  yeu  ne  ay  veheut  la  esperianse,  et  ouvit 
dire  auz  riches.  Et  tuch  ou  an  fach  aquilh  que  sont 
riches  en  Limosin,  tant  en  eyte  ville  que  a  Bourga- 
neuf  (3),  que  ousi  Kymostiei8(4),  et  jamais  n'en  fu  que 

cieile  de  •  procureur  de  U  ville,  «  ou  si  celle-ci  eat  seulement  em- 
ployée ici  d'une  manière  générale  et  s'applique  à  un  représentant 
quelconque  de  la  ville,  k  l'officier  ou  au  bourgeois  délégué  par  les 
consuls  pour  présider  à  cette  opération  spéciale. 

(1)  Noua  saisissons  ici  une  indication,  bien  vague  malheureu- 
Bemeat,  de  l'existence  d'un  servie»  municipal  de  voirie. 

(2)  De  celte  contrée.  Longtemps  Palna  u'a  pas  eu  d'autre  sens 
que  celui  de  pays,  de  province. 

(3)  Bourganeuf,  chef-lieu  d'arrondi  dément  de  la  Creuse,  distant 
de  30  kilomètres  seulement  de  Saint- Léonard.  Des  relations  très 
actives  ont  toujours  existé  entre  ces  deux  villes.  Bourganeuf  étail 
le  chef-lieu  d'une  ancienne  commanderie  de  St-Jean  de  Jérusalem. 

(4)  Eymoutiers,  chef-lieu  de  canton  Se  l'arrondissement  de  Li- 
moges. Saint-Léonard  est  placé  entre  Limoges  et  Eymouliers. 


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ne  venguensan  en  grandie  paubretat  qui  fasiant  ou  con- 
trarie. Massioth. 


34.  —  Traité  entre  Jean'Masml  fils,  agissant  pour  le  compte 
de  son  père,  et  Gillet  Obelin,  potlier,  originaire  de  Nor- 
mandie, par  lequel  celui-ci  s'oblige  à  travailler  exclusi- 
vertient,  pendant  trois  ans,  pour  Massîot,  qui  lui  fournira 
le  métal  à  un  prix  fixé  d'avance  :  conventions  diverses 
[i'i  octobre  1480}. 

L'appoinctement  ou  traicte  el  accord  que  a  esté  fait  et 
parle  enti-e  honesle  homme  el  saige  Jehan  Massioth,  mar- 
chant de  la  ville  de  S'  Léonard,  el  flh  de  saige  homme 
Jehan  Mnssiolh,  bourgeois  de  lad.  ville,  auquel  sondit  père 
a  ledit  Jehan  filz  jure  et  promys  a  faire  ratifRer  les  choses, 
pactes  et  convenances  ci  après  ensuyvans,  d'une  partie; 
cl  honesle  homme  Gîslet  Obelin,  poeslier,  natif  de  Ville- 
dieu  (I)  en  Normandie,  a  présent  demourant  en  ladite  ville 
de  Sainct  Léonard,  d'autre  partie,  s'ensuit  cy  ampres  : 
assavoir  est  que  ledit  Oislet  si  promet  et  sera  tenu  a' 
fornir  et  bailler  audit  Massioth  tout  Tobraige  des  poyles 
ou  conches  (2)  qu'il  fera  durant  le  temps  de  troys  ans, 
'commençant  a  la  fesle  de  la  Pumficacicn  Nostre  Damme 
en  février  prouchain  venant,  et  Tmissant  de  ladite  feste 
a  troys  ans,  les  années  révolues;  lequel  ouvraige  ledit 
Gislet  doit  faire  bon  et  marchant,  et  du  poys  qu'il  doit 
estre,   et   bailler   audit  Jehan   Massiot   pour  le   pris  et 


(1)  Probablement  Villedieu-les-PoSleB,  chef-lieu  <Ie  canton  de 
r&rronilisseinent  d'Avranchea  (Manche),  dont  la  chaudronnerie  &, 
depuis  plusieurs  sîÈcIes,  une  très  grande  réputation. 

(ï)  Le  travail  des  métaux,  du  cuivre  surtout,  a  été  de  tout  temps 
une  des  principales  industries  de  Saint-Léonard.  Beaucoup  de  nos 
anciennes  familles  possèdent  encore  des  chenets,  des  plateaux,  des 
^sins,  des  ustensiles  de  ménage  sortis  des  ateliers  de  cette  ville, 
et  parmi  ces  objets,  il  y  en  a  de  fort  curieux.  Les  dinandiera  de 
S^nt-Léonard  fabriquaient*  même  des  chSsses  pour  renfermer  les 
reliques  des  saints. 


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—  281  — 

somme,  cliacun  cent  poys  de  forge,  comme  dit  est,  de 
dix  neuf  livres  tournois,  parmy  (?)  ce  que  ledit  Mas- 
sioth  sera  tenu  de  fornîr  ledit  Gislet  de  tous  cuyvres, 
mytrailles,  chalamine  (1)  et  estaing,  durant  lesdltg  troys 
ans,  jusques  a  la  fasson  de  deux  trous  ordinairement; 
et  si  ledit  Jehan  Massioth  veult  ou  entend  a  ^re  en 
temps  advenir  que  ledit  Oislet  besoigne  a  troys,  quatre 
ou  cinq  Irous  ou  plus,  que  toutesfoia  et  quantes  que  ledit 
G-îslet  sera  requis  par  ledit  Jehan  Massioth  ou  les  siens, 
sera  ledit  Qislet  tenu  de  le  servir  ausdits  troys,  quatre 
et  cinq  trous,  ou  plus.  Sera  aussi  tenu  ledit  Jehan  a 
bailher  audit  Oislet  les  cuyvres  d'icelles  (f)  pour  dix 
livres  dix  sols  tournois  quintal,  poys  de  ladite  ville  de 
St  Léonard,  et  aussi  francs  cuyvres  batuz  pour  dix  livres 
X  sois  quintal,  poys  deladite  ville,  et  les  mytrailles  pour 
huit  livres  dis  solz  quintal,  poys  de  ladite  ville,  et  les 
chaiamines  pour  cinquante  solz  quintal  aussi  poys  de 
ladite  ville  (3)  ;  et  Testaing,  quintal  poys  de  ceste  dite 
ville,  pour  le  pris  et  somme  qu'il  se  vaudra  a  Limoges 
ou  en  ceste  ville.  Sera  aussi  tenu  ledit  Massioth  audit 
Gislet  luy  fornir  argent  pour  le  charbon  et  pour  payer 
les  vasietz  (3]  que  ledit  Gislet  aura  par  la  forme  et  ma- 
nière qu'il  est  acoustumé  a  ce  faire  aux  autres  forges 
qui  sont  en  ladite  ville.  Item  ne  sera  tenu  ledit  Gislet 
ne  pourra  ni  devra  vendre  poésies  a  autres  marchans  ne 
a  autres  qu'audit  Massioth,  pourveu  que  ledit  Massioth 
le  fomira  ainsi  que  dit  est.  Item  aussi  sera  tenu  ledit 


(1)  On  donDait  autrefoia  le  nom  de  calamine  k  l'oxyde  de  zinc 
natif;  on  trouve  souvent  mention  de  cette  substance  au  Moyen 
&ge  dans  nos  documents  limousins. 

(!)  Ce  qui  fait  ressortir  le  prix  du  quinlaJ  de  cuivre  à  G3  fr.  M 
[379  francs  d'aujourd'hui),  celui  du  quintal  de  calamine  à  I&  fr.  05 
(90  francs),  et  celui  du  quintal  de  mitraille  k  51  fr.  20  (307  francs). 

(3)  Nous  trouvons  ici,  comme  dans  la  plupart  des  règlements  des 
métiers  et  des  documents  relatifs  à  l'industrie  su  Moyen  &ge,  le 
mot  de  valet  [servient,  roman  :  sirven)  employé  dans  le  aeas 
d'ouvrier. 


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Gislet  et  promet  et  jure  de  fornir  tous  obtils,  contoirs, 
habillemens  (t),  de  gondit  mestiei-.  Et  sera  aussi  tenu 
ledit  Obelin  faire  toutes  repparacions  neccessaires  pour 
logier  et  mectre  lesdits  obtils,  comme  foroeau  et  autres 
habillemens  neccessaires  pour  mectre  et  tenir  les  dits 
obtils;  et  sera  aussi  tenu  ledit  Obelin  a  payer  pour 
chacun  an,  pour  le  loaige  de  la  maisou  ou  il  besoi- 
gnera,  laquelle  ledit  Massioth  luy  baillera,  oudit  Mas- 
sioth,  selon  le  dit  et  ordonnance  que  ledit  Jehan  Has- 
sioth,  bourgeois,  père  dudit  Jean  Massioth  et  mestre 
Marsault  [2]  Peytiers,  prebgtre,  ordonneront.  Item  aussi 
a  plus  este  dit  et  accorde  entre  lesdites  parties  que,  pour 
ce  que  ledit  Gislet  a  aucune  promesse  et  pacte  a  Lam- 
bert de  Ganville  (3),  aussi  poeslier,  avecques  lequel  il 
demoure,  de  le  servir  jusques  a  ung  certain  temps,  que 
ou  cas  que  ledit  Gislet  par  droict  et  justice  seroit  con- 
trainct  a  tenir  ledit  pacte,  en  icelluy  cas,  ledit  Massioth 
ne  pourra  ne  sera  tenu  contraindre  ledit  Gislet  a  tenir 
et  acomplir  les  choses  dessus  dites  jusques  a  la  fin  du 
terme  de  la  promesse  que  ledit  Gislet  a  audit  Lambert 
de  CanTîUe.  Mais  si  autrement  ledit  Gislet,  pour  cuyder 


(1)  Hatériel.  Ainsi  les  conventions  principales  du  marché  se 
résument  k  ceci  ;  Uassiot  fournira  le  matériel,  le  charbon,  les 
ouvriers  néceassires,  et  livrera  au  prix  convenu  à  Gillet  Obelia 
les  matières  premières;  de  son  cdté,  Obelin  paiera  le  loyer  de  son 
atelier  ï  Massiot,  et  fournira  son  industrie  et  son  temps,  moyen- 
nant 19  1.:  114  fr.  40  (686  francs)  par  quintal  de  cuivre  ouvré.  Il  faut 
remarquer  ici  la  différence  notée  entre  le  poids  employé  pour  les 
matières  premières  —  poids  de  Saint-Léonard  —  et  celui  servant 
pour  les  marchandises  fabriquées  ;  poids  de  forge.  Nous  ne  sau- 
rions préciser  la  valeur  de  chacuii. 

(2)  Peut-être  Méricault  (pour  Mérîgot,  diminutif  d'Aymerio). 

(3)  Il  existe  en  Normandie  deux  localités  de  ce  nom  :  l'une  est 
sise  canton  de  La  Bave  du  Puits,  arrondissement  de  Coutances 
(Hanche];  l'autre  canton  de  Doudeville,  arrondissement  d'Yvetot 
{Seine -Inférieure).  —  Lambert  de  Canville  était-il  aussi  établi  à 
Saint- Léonard,  ou  bien  Gillet  Obelin  avut-il  travaillé  dans  son 
pays  chez  Lambert,  et  était-il  nouvellement  arrivé  de  Normandie? 


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—  283  — 

trouver  plus  grant  prix  d'un  autre  qu'il  n'a  dudit  Mas- 
siolh,  ou  autrement  par  son  dol  et  sa  coulpe,  ne  vouloit 
tenir  ne  acomplir  les  choses  susdites,  sera  loysible  et 
permis  audit  Massîoth  le  contraindre  a  tenir  et  observer 
les  choses  dessus  dites,  et  ledit  Gislet  de  le  servir  ainsi 
que  dit  est.  Et  tout  ainsi  et  par  la  forme  et  manière  que 
dit  est,  l'ont  icellea  dites  parties  loue,  ratifBe  et  approuve 
et  voulu  garder,  tenir  et  observer  de  poinct  en  poinct, 
sans  enfreindre  l'une  desdites  pai-ties  envers  l'autre.  Et 
neantmoings  en  observant  et  gardant  lesdites  parties  des- 
sus mentionnes  et  déclarez,  ont  icelles  dites  parties,  l'une 
envers  l'autre,  promys  a  amender  tous  damps,  dommaiges 
et  interestz  etc.  Renuncier  etc.  par  especial  les  dites  par- 
ties aui  coustumes  du  susdit  mestier  etc.  jure  etc.  obligie 
etc.  et  ont  octroyé  lettres  soubz  les  seelz  royal  estably  aux 
contractz  a  Limoges  et  du  Pariaige  de  ladite  ville  de  Sainct 
Léonard,  en  la  meilleure  forme.  Presens  a  ce  messire 
Martial  Peytiers,  prebstre(l],  et  Bernard  Daignoles  (3) , 
bergier,  tesmoings  a  ce  appeliez  et  priez,  le  xiiii"  jour 
d'octobre,  l'an  mil  CCCC*  octanle.  N.  Hugonaud  r". 


35.  —  Contrat  relatif  à  la  remise  et  reeonnaissanee  d'un 
cheptel,  et  comptes  entre  Jean  Matsiot  et  Jean  de  Vaux  et 
consorts  (14  Tiwit  f4Si,  3i  mars  i4â2). 

Die  XIIII*  mensis  maii,  anno  Domini  millesimo  qua- 
dringentesimo  octuagesimo  primo,  Johannes  de  Vaux  et 
Marciale,  ejus  uxor,  et  Johannes  dit  Jacque,  ejus  fllius, 
gui  -cum  licencia  ejusdem  Johannis,  gratis  et  sponte,  non 
cohacti,  etc.  recognoverunt  in  veritate,  publiée  [?)  con- 


(1)  Cet  ecclésiastique  est-il  le  méine  que  le  Harsault  Peytiers 
nomma  plus  haut  dans  l'acte,  et  à  qui  est  remis  le  soin  de  fixer, 
avec  Jean  Massiot  père,  le  prii  du  loyer  à  payer  par  Gilletï 

(!)  Ce  nom  rappelle  celui  d'Aignelet,  le-  ïierger  madré  de  la 
fameuse  farce  de  Pathelin. 


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—  284  — 

fessi  fueniDt,  et  quilibet  eorum  in  solidum,  tenere  et 
habere  in  curte  sua,  a  prudenti  viro  Johaoae  Massiot, 
burgeDsi  et  mercatori  ville  Sancti  Leooardi  de  Nobiliaco, 
ibidem  preseoti  et  stipulanti,  animalia  que  sequuntur  :  et 
primo,  très  bores  arantes,  duas  vaccas,  duas  jungias(l), 
UDum  tourellum  aonolium  (2)  mascuUum,  et  unam  vac- 
cam  vielhe,  et  unum  jumentum  baye pi-ecio  et  a  capi- 
tale sexdecim  scutonim  auri  novorura,  cugni  domiDi  nos- 
tri  Francie  régis,  et  sex  solidorum  duorum  denariorum  (3) 
monete  currentis,  et  quod  animalia  superius  declarata 
promisserunt  ipsi  pater,  uzor  et  filius  nutrire  et  custo- 
dire  ad  comodum  et  utîlitatem  ambaram  parcium,  et  de 
eisdem  venire  una  cum  eorum  excrecsensis  (4)  in  ville 
(lie)  hujusmodi  ad  bonum  et  légale  compulum,  tociens 
quociens  per  dictum  burgensem  aui  suos  fuerint  requisiti. 
Necnon  recognoveruat  debere,  ultra  premissa  superius  de- 
clarata, summam  septem  librarum  et  novem  solidorum  et 
21  denariorum  bone  monete  et  quatuor  sexteriorum  fru- 
menti  et  duorum  sexteriorum  et  emine  siliginis  et  unum 
sexterium  avene  ad  mensuram  ville  predicle  (5)  vendentem 
et  ementem,  causa  arreyragiorum  eorum  loci  predicti  de 
Vaulx  (6),  parrochie  Sancti  Dionissis  (tic)  de  Mûris,  etc. 
J.  DE  Sancto  Aredio. 

Ay  comptât  (?)  en  les*  heretiers  (?),  réservât  de  les  ou- 
velhes,  que  receu  (?}  Jacques. 

Ilem  me  deven,  per  ii  st.  seigle,  xviu  s.  iiii  d.,  que  agio 

(1)  Génisses  :  c'est  le  mot  jungé  (du  latin  juvenca),  oncore  en 
usage  dans  nos  campagnes. 

(2)  Nous  avons  déjà  rencontré  ce  mot  sous  sa  forme  française  ou 
romane  :  anolier  ou  annolier. 

(3)  S'agic-il  des  écus  de  la  valeur  de  II  fr.  23  ou  de  ceui  de 
Il  fr.  M?  Dans  ce  cas,  cette  somme  représenterait  de  ISI  fr.  30 
k  ISB  francs  (1,088  A.  I,l!8  francs). 

(4)  Pour  excresiencii»  —  crestenceya  —  leur  croit. 

(Ei)  Nous  avons  déjà  dit  que  le  seticr  de  Saint-Léonard  repré- 
sentait 61  litres  44  centilitres. 

(6)  Veaux,  hameau  ds  la  commune  do  Saint-Denis  des  Murs,  can- 
ton de  Saint-Léonard. 


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Tan  81,  que  los  balhieys  deu  granier  et  tola  l'annada  de 
l'ao  81,  blat  et  sigle. 

Lo  darier  de  mars  mil  IIII*  IlII"  et  dous  eysseguen, 
lo  bestiau  que  avian  bailhat  a  Jacque,  que  avie  de  chap- 
tau  XIII  1.  XVIII  s,  un  d.  (1),  dont  el  n'avie  preys  1  taure 
que  avie  tudat,  loqual  bestlau  ay  preys  per  xi',  et  nous 
a  restât  degut  lod;  Jacque  x'  ix  a,,  per  acquel  depert 
et  per  la  taura  et  t  hoveitlas  eu  loure  agnieux,  et  deu 
perdra  cum  apert  au  papier. 

Item,  contât  an  lous  enffans  Jacques  Theveiiot  et  l'auBtre 
que  demora  a  Nouvic(2),  contât  lo  debte  desus  et  lo  fro- 
men  meys  a  crins  d'argent,  et  contât  ir  que  me  degiem 
far  per  lo  depen,  quant  lour  partis  [3]  lo  bestiau  :  an  degut 
xtx  I.  V  s.  X  d.,  contât  Jacques,  au  jor  duoy. 


36.  —  Remise  et  reconnaissance  de  ckeptel  {2t  mai  i481). 

Die  XXI'  mensis  maii,  anno  Domini  millésime  qua- 
drjngentesimo  ocluagesimo  primo,  presentibus  Johaniie 
Gori  (4)  d'Byboleou  (5)  et  Pasqueto,  fllio  Anthonii  de  Mar- 
8aco(6),  parrochie  S"  Stephani  de  Nobiliaco,  testibus  ad 
bec  vocatis  et  rogatis,  personaliter  fuenint  constituti  Jo- 
hannes  de  Lussaco,  commorans  in  Belle  de  Duco  (7)  et 


(1)  Nous  ne  rappellerons  pas  ici  ce  que  nous  avona  dit  plus 
haut,  touchant  l'amortissement  graduel  de  la  valeur  du  cheptel 
donne  au  métayer  à  son  eiitriie,  amortissement  opéré  par  l'abandon 
fût  au  maitro  de  la  part  du  colon  dans  certaines  ventes  de  croit. 

(2)  Neuvic,  aujourd'hui  chef-lieu  de  commune  du  canton  de  Châ- 
teau neuf-la- Forêt,  arrondissement  de  Limoges  (H  au  te -Vienne). 

(3)  Quand  je  fis  avec  euï  la  division,  le  partage  du  bétail, 
(l)  Diminutif  de  Gregori,  Grégoire. 

(.ï)  Eyboulcuf,  aujourd'hui  chef-lieu  de  commune  du  canton  de 
Saint-Lâonard. 

(6)  Marsac,  village  de  la  cummunc  de  Saint-Léonard, 

(7)  Besudéduit  ou  Boisdédult,  commune  de  SaiDt-Léonard. 


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Agnets  de  VilIegolet(l|,  ejus  mater,  et  eorum  quîUbet  in 
solidum,  etc.  gratis  et  sponte  recognoverunt  tenere  et 
habere  in  curte  sua  a  prudente  viro  Johaaae  Massîot, 
burgensi  et  mercatore  ville  Sancti  Leonardi  de  Nobiliaco, 
ibidem  présent!  et  stipulanti  a  capitale  et  capitalis  no- 
mine,  videlicet  uaam  vaccam  pili  faulveta  [sic],  cum  suo 
vilullo  femello,  precio  et  Domine  precii  summe  (?)  quatuor 
librarum  très  {sic}  solidos  et  quatuor  denarios  monete 
régie  nunc  currentis;  quam  summam  dicti  mater  et  Qlius 
tenebuntur,  ultra  alias  summas  débitas  per  dictes  de  Vil- 
lagolet  et  de  Lussaco  inter  ceteras  dicto  Massiot  causa  de- 
narïtarum  suarum;  quam  [sic]  summam  recognovenint etc. 
de  qua  summa  remansenint  quicti  etc.  que  animalia  dicti 
mater  et  filius,  nomine  quo  supra,  promiserunt  nutrire  et 
custodire  ad  ambanim  parcium  commodum  et  utilitatem, 
et  de  eisdem  cum  eonmi  excresseociis  venire  ad  bouum, 
leguale  compotum,  sine  excet,  tocieos  quociens  per  die- 
tum  Massiot  ault  [sic]  suos  fuerint  requisiti.  Et  hoc  in  villa 
Sancti  Leonardi  etc.  Et  emendarunl  dampna,  etc.  jura- 
verunt,  etc.  obUgaverunt,  etc.  renunciavei'uut,  etc.  cou- 
cesseiTiut  litteras  regii  Pariagli,  et  demmn  Officialis 
Lemovicensis  in  meliorî  fonna.  M.  Basseti. 

Et  advenen  lod.  jour,  leys  avian  treys  oelhas,  et  u  cha- 
bras  I  chabrît,  que  an  plus  (?)  a  chaptau,  présent  los  de 
sus  signais.  M,  Bassbti. 

It.  ay  agut  lod.  chaptau. 

37.  —  Mémoire  des  fournitures  et  prêts  faiU  par  Jean  Massiot 
à  Alain  de  Royères;  arrêté' de  comptes  {20  mars  i'i80  à 
1"  mai  ili82). 

JkU3 

Lo  compte  de  Mossenhor  de  Royeyra  (2)  : 

(1)  Villegouleix,  commune  de  Saint-Martin-Chate&u,  canton  de 
Bourganeuf  (Creuse). 

(2)  11  s'agit  ici  d'Alain  de  Boyëres,  seigneur  de  Brignac,  Beau* 
déduit  et  loutres  H^ux  voisins  <te  Saint-Monard,  aJors  marié  en 


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—  287  — 

Item  deu  Mobs'  de  Royeyra  per  ii  alaaa  rouge  (1)  de 
Na[r]maiid[ie]  que  empourtet  Lansso  au  nom  de  mond.  S', 
lo  xxis*  de  mars  an  IIII",  a  xxx  s.  l'une  [2).    .    .    .    m'. 

It.  deu  Moss''  per  u  alnas  mouriquet  de  S'  Lo  [3)  por 
Madame,  per  far  una  cothe,  lo  tiu*  de  may  ampres,  a  xl  s* 
ralna(4),  montes  iiu'. 

It.  deu  MosB'  per  ii  alnas  et  ung  cart  an  mouriquet  per 
una  rauba  a  Madame,  a  lxt  ss  [5)  l'aine,  montent  vu'  vi* 
lu'  que  agien  lodit  jour. 

It.  deu  Moss'',  per  3*  (6)  coubde  mouriquet  que  em- 
pourtet Johannes  per  unas  chaussas  a  Madame,  lo  iiu*  de 
may,  vni  s' ix'. 

It.  deu  Moss^  per  une  aine  (7)  1  cart  mouriquet  que 
empourtet  Lansso  lo  xii'  jour  d'ouat,  an  nu"  —  xxu'  ti*. 

It.  deu  Moss'  per  ung  cobde  mouriquet  que  empourtet 
Limosi  per  une  aoulssa  a  Madame  (6),  per  anar  au  cepte  [?} 
de  Raze3(9),  xx". 

It,  deu  Moss'  per  3  cobdes  blanchet  ()0)  que  empourtet 


secondes  noces  à  Catherine  de  Pompadour.  Sa  principale  résidence 
était  le  chAtean  de  firignac,  aujourd'hui  commune  de  Royères.  Cette 
famille  comptait  parmi  las  plus  anciennes  du  pays. 

(l)  Le  rouge  de  Normandie  est  souvent  mentionné  au  xv  siËcle  : 
le  ëanguin  et  Vesearlatte  étaient  fournis  par  les  fabriques  fla- 
mandes. La  Normandie  est,  au  iiv*  siècle  et  peut-être  déjà  au  lit*, 
en  possession  de  la  clientèle  d'une  partie  des  provinces  de  la  langue 
d'oïl,  et  même  de  quelques  provinces  du  Centre,  pour  la  fourniture 
des  draps. 

(!)  Environ  9  francs,  au  pouvoir  de  54  d'aujourd'hui. 

(3)  Le  mouriquet  de  Saint-Lé  devait  probablement  ce  nom  à  sa 
couleur  sombre. 

(4)  12  fr.  04  :  72  fr.  2S  d'aujourd'hui. 

(5)  19  fr.  56  ;  1 18  d'à  présent. 

(6)  Un  tiers. 

0)  Il  est  probable  qu'il  faut  lire  ici  cobde  au  lieu  de  aine. 
(8)  Une  housse.  On  appelait  lùnsi  les  capotes,  surtouts  et  man- 
teaux  de    femmes  ;  on  donnait   aussi  ce   nom  i  certaines  robes 

('J)  Razès,  canton  de  Beasioes  (Haute- Vienne). 

(10)  Ëtoffe  blanche  commune,  qui  ne  parait  pas  être  du  drap  pro- 


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Brousse,  per  doublar  unas  boctinas  (I)  a  Moss',  ii'  vi  d, 
It.  deu  Mos9'  per  v  alnas  1  cart  blanchet  que  at  Limossi 

per  lo  commendameu  {?)  de  Moss'  Lienuet,  per  mectre  (2) 

la  filhe  Mouga  :  lv  S8. 
It.  deu  Moaa'  per  vu  aines  1  cart  gris  (3)  per  lous  enffaas, 

que  agien  per  nopsses,  a  xtii  s'  vi'  l'alue  (4)  :  vi'  vu'  vi*. 
It.  deu  Moss'  per  une  raubo  que  delieuret  a  Peyr  Bar- 

nard  de  l'Eschalle  (5),  cum  aperl  per  une  lectre  missoire, 

LX  9*. 

It.  deu  Moss'  per  ii  aines  estrange  (6)  per  une  raubo  a 
Mosfi'  Liennel,  a  xxx  v  s*  l'aine  (7),  m'  x  s*. 

It.  deu  Moas'  per  un  cobde  tauet  (8)  que  delieuret  a 
ung  de  l'Ëmbartaria  [9]  lo  jour  de  S'  Liennard,  an  IIII"  : 
iz  s.  Il  d. 

Iteo  deu  Moss'  per  tu  alnas  estrange  que  at  a  zxvni  s. 
VI  d.  l'alna  [10)  ;  monteut  iiii  1.  ii  s.  vi  d. 


prement  dit.  On  remarquera  quq  le  blanchet  n'est  pas  cher.  On  en 
faisMt  des  vêtements  de  travail.  Peut-être  a'sgit-il  ici  de  draps  de 
Montauban,  ou  même  d'étoffes  fabrtquéps  dans  le  pays  :  on  sait 
que,  dès  lo  temps  da  saint  Louis,  il  y  a  des  tondeurs  de  draps  à 
Limoges. 

(1)  On  doublait  autrefois  avec  de  l'étoffe  les  bottines,  bottas  et 
hou  seaux, 

(2)  Aujourd'hui  encore,  dans  le  langage  courant,  on  donne  au 
mot  mellre  le  sens  d'habiller;  on  dit  souvent  par  exemple  :  ■  il  se 
met  bien,  »  «  une  dame  bien  mise,  o 

(3)  Le  drap  gris  de  laine  de  Rouen  était  fort  renommé, 
(i)  5  fr.  27  :  31  fr.  62  de  notre  monnaie. 

(5)  Nous  ignorons  de  quelle  tocallité  il  s'agit  ici. 
(G)  Ce  nom  a  été  donné  à  plusieurs  espèces  d'étoffes.  Bttranh 
peut  venir  d'extraneu»,  étranger,  ou  de  ëtracia,  chiffon. 

(7)  10  fr,  Ei3,  un  peu  plus  de  G3  francs  d'aujourd'hui. 

(8)  Il  s'agit  ici  probablement  du  i  drap  tanné  de  Courtral,  >  dont 
les  Flamands  vendaient  des  quantités  considérables  dans  tout  le 
midi  de  la  France  dès  la  fin  du  xiv*  siècle. 

(9)  L'Emberterie,  hameau  de  la  commune  de  Royëres,  canton  de 
Saint-Léonard, 

(tO]  3  fr.  57  :  5t  fr.  42  d'à  présent.  On  remarquera  que  le  résultat 
de  la  multiplication  n'est  paa  exact. 


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It,  deu  Moss'  per  i  alua  et  cart  mouriquet  que  at  Moss' 
Guischarl  lo  premier  jour  de  dezeiibre,  sxxv  s.  vi  d.;  il. 
III  s.  Il  d.  per  la  doubladura  d'unas  chausas  que  agucs 
Guisçbart. 

II.  deu  Moss'  per  Lansso,  xv  s.  i  d.  per  lavet  et  fus- 
teny  (1):  xv  s.  x  d, 

It.  deu  Môss'  per  las  pouldrasi2),  8a3tra(3^,  girofile, 
sucre  et  austres  menus  espessis,  que  at  per  las  iiopsas  de 
Moss'  Liennet,  conte  fach  an  mondit  s'  :  vii  1,  xv  s.  ix  d. 

It,  lo  II'  jour  de  dezembrc,  l'an  mil  IIII*  IIII",  fczis 
compte  an  Moss'  de  Royeira  a  cause  deux  draps  et  poul- 
dras,  et  a  preys  jucquea  aujoui'duoy,  que  nous  a  degut  la 
somme  de  xlvii  1.  xv  s.  [4). 

II.  deu  Moss'  per  ii  1.  i  cart  sucre  que  at  Lansso  ampres  : 
XI  s,  m  d.  (5), 

It.  deu  Moss'  per  mouriquet  que  at  Moss'  Fraiiceys  en 
dezenbre  :  xxxii  s.  vi  d. 

It.  deu  Moss'  per  ung  cobde  estrange  que  at  Limosi  per 
lo  comraandament  de  Moss'  Guischard  :  ix'  ii*. 

It.  deu  Moss'  per  ung  cobde  et  cart  rouge  (6),  que  fe 
balhat  a  Genier  et  per  la  doblura  ;  xr  s.  x  d. 

It.  per  lo  meistre  de  l'eacoUe  (7),  per  drap  luy  delieui-at. 


(1)  Nous  avons  vu  des  futaines  figurer  au  nombre  des  marchan- 
dises  reçues  do  Genève  par  Gérald  Massiot,  en  1137. 

{1}  Beaucoup  de  documenls  de  l'ëpoque  désignent  sous  ce  nom 
de  poudres,  les  épiccs  qui  sa  vendaient  moulues. 

(3)  Le  safran  est  moins  employé  qu'autrefois  pour  la  cuisine;  on 
en  fait  néanmoins  un  grand  usage  dans  certains  pays  du  Midi,  en 
Espagne  notamment. 

(1)  Î87  fr.  15  :  1,725  francs  environ. 

(5>  3  fr.  38,  ce  qui  fait  ressortir  le  prix  de  la  livre  de  suirro  à  i>u- 
viron  1  fr.  5(1,  équivalant  à  0  francs  d'anjourd'liui, 

(G)  Nous  avons  déjà  vu  plus  haut  mentionné  le  rouge  de  Nor- 
mandie. 

(7)  8'agit-il  ici  du  maître  d'école  de  Saint-Léonard,  dont  nous 


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—  290  — 

It.  per  VI  aln.  1/2  (?)  esti-ange  per  mas  domicellas  (1), 
a  SL  8.:  xiii  1. 

It.  I  s.  que  ays  balhat  a  Hoss''  Anthooi  per  aveyr  deu  vy 
aux  eiiirans(2). 

It.  por  1/2  1.  podi-e  et  por  sasfran,  vu  s.  vi  d.,  que  at 
Lanso,  per  la  veiigude  de  Mobs'  de  Perrigueurs  (3). 

It.  deu  Moss'  per  uq  cobde  tauet  que  deslieure  Moss' 
Lieanet  a  Brosse,  lo  xxv'  de  julhet  :  x  s. 

It.  deu  moss.  viii  s.  un  d.  que  deslieuret  [5)  Moss'  Liea- 
net a  Nycoy. 

It.  per  XI  cobdea  et  ung  cart  mouriquet  de  S'  Lo,  que 
at  Moss'  Franceys,  a  l  sois  l'aine  (6)  :  xiiii  I.  vii  s.  vi  d. 

lien  deu  Moss'  que  ay  bailhat  comptant  a  Cboussade  (7), 
ont  eu  era  obligat  et  luy  ay  faeh  Irenchar  (8),  xx'. 

It.  deu  Moss'  treys  ducatz  que  luy  ays  redut  une  cen- 
tura  large,  valen  v  liv.  v  s. 

It.  deu  Moss'  XX  ].  que  luy  ays  prestat  comptant  per 
Resnier  Trombregas  (9)  de  Lésine  (10). 


voyons  dès  le  iiu'  siècle  les  consuls  revendiquer  la  désignation, 
ou  du  maître  d'écolo  de  Boy^rea  ?  S'agit-il  (Tun  cadeau  ou  d'un 
paiement?  La  brièveté  de  cette  mention  lui  ûte  tout  l'intérêt  qu'elle 
pourrait  offrir. 

(1)  Le  marchand  avait  d'abord  écrit  per  tas  fîlhas;  puis  il  a  biffé 
ces  mots  pour  leur  substituer  une  formule  plus  respectueuse. 

(2)  Probablement  lors  d'un  voyage  à  Saint-Léonard. 

(3)  11  s'agit  ici  de  l'évëque  de  Périgueux,  qui  était  alors  Geoffroi 
de  Pompadour,  frère,  ou  du  moins  parent  rapproché  de  la  dame  de 
Royères. 

{5)  Somme  avancée  par  Massiot. 

(6)  20  francs  :  120  francs  d'aujourd'hui. 

{7)  Choussade  ou  Chaussade  est  vraiseniblablement  lo  nom  du 
créancier  dont  Massiot  a  acquitté  la  dette  pour  lo  compte  de 
M,  de  Royère. 

(8)  Couper,  déohirer.  On  déchirait  l'obligation  quand  le  montant 
eu  avait  élé  payé  par  le  débiteur,  et  on  rayait  la  minute  sur  le 
rcgislre  du  notaire.  Le  mot  cancetlar  s'appliquait  spi^cialement  à 
cotte  dernière  opération. 

(!))  136'  12'  l<i  correspondent  à  8!!  fr,  35  :  aujourd'hui  4,934  francs. 

(ID)  Nous  n'avons  pu  découvrir  dans  quelle  commune  se  trouve 


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—  291  — 

It.  deu  MosB'  per  x  1.  que  luy  ays  trameis  comptant  per 
lo  clert  deu  Pon  (I)  per  envoyar  a  Peytiers. 

Moote  VI"  xTi'  XII  s,  I  d, 

Lo  xV  jour  de  dezembre,  l'an  mil  IIIl*  IHI"  et  ung, 
fezen  compte  an  Moossenhor  de  Royeira,  a  cause  deux 
draps  que  a  preys  de  nous,  et  aussi  de  l'argent  que 
luy  aven  prestat  jucques  au  jouduoy,  que  nous  a  degut 
la  somme  de  siex  vingts  seyze  lieuras  t.  et  xii  s.  i  d.  (2) 
que  sont  vi"  ivi  1.  xii  s.  i  d. 


lien  deu  Moss'  per  Nardo  Pomier,  lxv  s.  que  luy  ays 
pagat.  It.  deu  Mosa'  per  i  cart  pebre  molut  m  s.  (3)  que  at 
Lansso  lo  ix*  de  jevier  an.  81. 

It.  deu  Moss',  per  i  cobde  et  3  cart  blanchet  que  at 
Lansso  por  lo  comendamen  de  Moss'  :  ix  s.  u  d. 

It.  deu  lui  s.  nu  d.  que  ay  balhet  a  Lansso  per  aveyr 
de  la  cbar{4}. 

It.  deu  Moss'  per  i  cart  pebre  g[ranat?l  et  i  cart  menus 
espessis  (5)  que  at  Lansso  lo  xvii"  de  Jevier  an  82,  vu  s.  vi  d, 

It.  deu  per  1  cart  pebre  granat  (?)  que  at  Laosso  dissabde 
darrier,... 


'le  lieu  qui  porte  ce  nom.  Peut-ôtre  s'agit-il  de  Lesme,  près  d'Au- 
riat  (Creuse), 
(t)  Du  Pont  de  Noblat,  faubourg  de  Saint- Léonard. 

(2)  On  voit  qu'à  la  fin  de  chaque  année,  le  marchand  arrête  le 
compte  de  son  client,  d'accord  avec  lui.  Il  se  garde  ainsi  contre 
des  défaillaucea  de  mémoire,  qu'il  redoute  malgré  les  indications 
très  précises  notées  à  propos  de  chaque  achat  ou  emprunt. 

(3)  La  livre  do  poivre  moulu  se  vendait  donc  à  Saint- Léonard,  en 
1481,  douze  sous  ou  3  fr,  60,  :  31  fr.  60  d'à  présent. 

(4)  De  la  viande.  Quand  les  domestiques  du  seigneur  de  Royères 
n'avaient  pas  assez  d'argent  pour  acheter  les  provisions  qu'ils  ve- 
naient sans  doute  chaque  jour  chercher  à  Saint-Léonard,  ils  en 
demandaient  k  Uassiot. 

(5)  Menues  épices.  On  appelait  ainsi  un  petit  assortiment  d'épicr's 
pour  la  table.  On  donnait  également  le  nom  da  petite  épice  au 
gingembre  en  poudre. 


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—  292  — 

It.  deu  Moss'  per  ii  I.  sucre  que  at  lo  premier  jour 
de  abrial  an  IIII"  et  II,  a  v  sols  L:  s  s. 

It.  deu  Moss''  per  ex  sestiere  emini  de  seigle  que  luy 
ay  balhal  deu  grenier  et  xi  sestiers  d'avena,  que  sont  vi"  j 
sestiers  emina  de  tout  blat  cx'(l),  que  monten  tout  ii*  li' 
xui  s.  VII  d. 

Lo  premier  jour  de  abrial  mil  IIII*  IIII"  et  dous,  fezis 
compte  an  Moss'  de  Royeyre  de  so  que  avie  preys  de 
eein  (3),  que  nous  a  degut  por  las  chaussas  prezas  cum 
apert  en  acquest  présent  compte,  la  somme  de  douze 
vingtz  unze  lîeuras  xiii  s.  vi  d.  Iten  me  resta  a  comptar 
de  la  abcense  (3)  que  aven  entre  nous  dous,  cum  apert 
per  lettras  passadas  per  Ravelh,  que  resten  a  fornir  et  ase- 
tiar  et  signar  une  partide.  Albn  de  Rovbre  (4). 

Iten,  lo  IX'  jour  de  abrial  mil  IIII*  IIII"  et  dous, 
balheys  a  Moss''  de  Royeira,  per  pagar  Marti  de  la 
VcruhoIIa  (5}  la  somme  de  quarante  et  quatre  lieuras 
tourneys,    que  eys  xliiii   1.   que   luy   balhe.    Alen   de 

ROYEHE. 

L'an  et  jour  susdit  a  signât  moudit  s'  de  Royere  ledit 
compte  et  me  présente  Marsau  Basset.  M.  Basset. 

Et  II*  frans  comptât  per  Reyniei-s  Laa  Agez  a  Ghoussada 
lo  jour  dessus  escript. 

Monte  tout  ini'  iiii"  xv  1.  xiii  s.  vi  d. 

Iten  nous  resta  de  la  sigiiacion  [sic]  de  la  abcenssa,  comp- 
tât lus  doas  aunadas,  xlv  lieurus  (6),  car  en  la  assignacion 

(1)  Ce  comp  p  t  I  ta  tS  5  f  42  3  f 
5Î  d'aiijourd'h        p       f      él     é 

(2)  De  céans 

t3)  Do  l'acte  d    1    r    m 

(i)  La.  sigaa  1         l  d     1     m         d           ^           d     H     ë 

Tout  le  reste  d  compt          é     t  p     J        M 

(ô)  La  Vcrg  II        mm        d    S        hé        d             i     t     II  y 

plusieurs  local  é  d  m  d  I  dép  t  m  t  d  1  H  t 
Vienne. 

(fi)  Soil  5i0  livres  i3  a.  6  d.  {3,254  fr.  85  :  19,5-20  fr,  d'aujourd'hui) 


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—  293  — 

de  las  II  anoadas  passadas,  ne  monte  que  per  una  annade, 
comptât  lo  terme  de  Nadau  passât,  et  xxx  sestiers  de  blat; 
per  enssi  lasdichas  annadas  ne  vorren  (I)  que  una  et  ne 
seraD  contade  que  per  uua,  et  de  tara  (2)  per  lasdichas  doas 
annadas,  ladicha  somme  de  xlt  1.  et  xxx  sestiers  de  blat 
que  lodich  s'  promet  affar  bona  a  la  fin  de  la  abcenssa  : 
per  enssi  resta  afTar  sept  annadas  et  la  tara  de  sus. 

V  XL  1.  xiti  s.  VI  d.  et  lo  blat  que  aven  quistance,  compres 
los  xLv  1.  desus,  —  fâcha  lo  jour  S' Jacme  et  Phelip  (3)  an  mil 
IIII*  1111°  et  dous.  N.  Ratelli. 


38.  —  ConsHlution  d'une  rente  perpétuelle  de  trois  muids  de 
vin,  moyennant  trente-trois  livres  {29  mai  1482). 

Lo  XXIX*  jour  de  may.  l'an  mil  IIII'  IIII"  et  dous,  Jehan 
Faure  alias  Gavdea  (?)  et  Peyr  SoHer,  alias  Chadot,  vende- 
rent  treys  menths(4)  de  vy  de  rende  chascuD  an,  lo  près 
et  some  de  xxxm  1-,  que  agien  contant,  lettra  Ravelh. 

39.  —  Achat  par  Louis  Massiot,  pour  le  compte  de  Jean, 

son  père,  d'un  setter  de  froment  de  rente  perpétuelle 

{t5  jifin  11,82). 

Die  décima  quinta  mensis  junii,  aono  Domini  mille- 
simo  CCGC'°''  octuagesimo  secundo,  presentibus  Anlhonio 


On  verra  plus  loin  ce  total  de  540  1.  mcntioaoé  à  l'acte  du  10  juillet 
1482,  que  nous  donnons  sous  le  n>  40  de  nos  extraits. 

(1)  Ne  vaudront. 

(2)  De  complément  ou  plutât  de  supplément. 

(3)  1-  mai. 

(4)  Muids.  Le  muids  de  vin  de  Paris  équivalait  de  280  à  300 
pintes,  mais  la  pinte  de  Paris  ne  correspondait  pas  à  celle  de 
Saint-Léonard  :  celle-ci  représentait,  i,  l'époque  de  la  Révolution, 
I  litre  22  centilitres.  Nous  ignorons  combien,  dans  notre  pays,  le 
muids  contenut  de  pintes. 


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-  294  — 

de  Las  Bordas  (1),  pariochie  Sancti  Stephaai  de  Nobi- 
liaco,  el  Marciale  de  Brugieyras  (2),  parrochie  de  Moys- 
sanis  (3),  testibus  ad  hec  vocatis,  persocaliter  constitutus 
providuB  vir  Ludovicus  Massiot,  burgensis,  pro  se  et 
nomÎDe  et  vice  providi  viri  Johaonis  Massiot,  eciam 
burgensis,  ejus  patris,  pro  ipso  burgense,  pâtre  suo, 
absente,  stipulanti  et  suis  herediLus  et  successoribus 
universis,  ex  una  parte,  et  Guillebno  (sic)  Durandi,  cos- 
turario  dicte  ville,  et  Anna  de  Noiirato  (?)  (4),  ejus  uxore, 
videlicet  dicta  uxor  de  coussensu,  lissencia,  jussu  et  auc- 
toritate  dicti  Guillelmî,  mariti  aui,  quaa  {sic)  preatitit  et 
coacessit,  et  eorum  quilibet  in  solidum,  eciam  pro  se  et 
suis  heredibus  et  successoribus  quibuacumque,  ex  parte 
altéra;  dicti  vero  conjuges,  non  cohacti,  etc.  sed  gratis 
etc.  vendiderunt,  concesserunt,  promiserunt  solvere  per- 
petuo,  penitus  et  quictavenint  et  se  vendidisse  recogno- 
verunt  et  juramento  prestito  (?)  confessi  fuemnt  dicto 
Ludovico  Massiot,  ibidem  presenti,  pro  se  el  suis  et  no- 
mine  quo  supra  sollempoiter  stipulanti,  ad  ipsorum  fa- 
ciendam  omnimodam  voluntatem,  in  vita  pariter  et  in 
morte,  videlicet  unum  seitarium  frumenti,  ad  mensuram 
de  Nobiliaco,  vendentem  el  ementem,  anno  quolibet  et 
perpetuo  rendualem,  precio  sive  summa  centum  soli- 
dorum(5)  monete  régie  nunc  currentis;  quam  summam 
dicti  conjuges  venditores  habuerunt  realiter  et  de  facto, 


(1)  Les  Bordes,  hamegiu  de  la  commuas  de  Saint- Léonard. 

(2)  Peut-être  a'agit-il  de  Bregeras,  commune  de  Saint- Léonard. 

(3)  Moissannes,  commune  du  canton  de  Saint-Léonard. 

(4)  Les  localités  du  nom  de  Nouzirat,  Noïirat  et  Nouiières  sont 
assez  communes  dans  )a  Creu^;  mais  nous  n'en  connaissons  pas 
&  proiimité  de  Saint -Léonard,  et  le  Dictionnaire  géographique  de 
ce  département  dressé  par  M.  Boavjeux,  et  que  nos  arcliives  de  la 
Haute-Vienne   possèdent  en  manuscrit,  n'en  indique  aucune. 

(5)  Cent  sous,  en  1482,  équivalent  à  180  francs  d'aujourd'hui.  En 
appliquant  à  cetto  somme  le  taux  ordinaire  des  placements  en 
rente  perpétuelle  à  cette  époque,  5  4  5  1/2  p.  100,  la  valeur  du 
setier  de  froment  (61  1.  Ai]  ressortirait  donc  à  9  francs  d'à  présent. 
Nous  voilà  loin  du  chiffre  donaé  plus  haut. 


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—  295  — 

ic  commissarii  et  jurati  ac  testium  infrascriptorum  pre- 
sencia,  in  tribus  peciis  auri  advaluatis  ad  dictam  aum- 
mam,  et  de  qua  quidem  summa  dicli  conjuges  vendilores 
dictiun  emptorem  pro  ae  et  nomine  quo  supra  aollemp- 
oiter  stipulantem,  et  suos,  et  boDa  sua  quacumque  solve- 
ruat  et  perpetuo  quictaverunt  cum  pacto  Talido.  Quod 
quidem  sexterium  framenli  ad  dictam  mensuram  reudua- 
lera,  dicti  conjuges  venditores  assederunt  et  asaignaverunt 
habendum,  levandum  et  percipiendum  per  ipsum  empto- 
rem, Domiae  quo  supra,  in  et  super  quamdam  vioeam 
ipsorum  conjugum,  sitam  in  territorio  de  Bello  Forti  inter 

vineam (1)  et  super  omnibus  aliis  bonis,  mobilibus 

et  immobilibus,  presentibus  et  fuluris,  etc 


40.  —  Conventions  diverses  entre  Léonnet  de  Royères  et  Jean 
Massiat,  fermier  de  redevances  s'élevant  à  ÎOÛ  livres  argent, 
et  cinq  cents  setiers  blé  de  rente  annuelle  {iO juillet  iW2). 

Die  décima  julhii  anno  Domini  millesimo  GCCG""  octua- 
gesîmo  secundo,  presentibus  Guillermo  Fornier,  fabro,  et 

Leonardo  Hervetî,  ectiam  fabro,  testibus,  persoualiter 
constitutis  nobili  viro  Leoneto[2)  de  Roheria,  doniicello, 
filio  [3)  uobilis  domini  Alani  de  Roheria,  milite,  pro  se 
et  suis,  ex  una  parte,  et  provido  viro  Jobanni  Massiot, 
burgensi  et  mercatori  de  Nobiliaco  ex  altéra,  cum,  prout 
dicte  partes  ibidem  dixerunt,  dictus  miles  vendidisset  seu 
assensasset  dicto  burgensi  ad  terminum  octo  aonorum 
tune  proxime  venturorum,  videlicet  centum  libras  in  de- 
nariis  et  quinque  centum  sextâriorum  bladi  (4)  precio  et 


(1)  Un  blanc  au  manuscrit. 

[3]  Jomcl  biffé.  Léonet  de  RoyËres  étail  fila  d'Alain  et  de  aa 
seconde  femme,  Cstherine  de  Pompadour. 

(3)  Quondam  hiffâ.  Nous  avons  vu  plus  haut  {extrait  n-  37)  Alain 
de  Royëre  régler  Bon  compte  avec  Jean  Hassiot  le  1"  mai  USÎ. 

(4)  Cinq  cents  setiers  de  blé,  au  prix  énoncé  un  peu  plus  haut 
pour  le  froment  (cinq  sous},  ne  représentent  pas  moins  de  125  livres. 


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summa  undecïm  centum  librarum  monete  régie  nuoc 
currentis  et  atiis  modis  et  forma  contentis  in  literis 
super  dicta  assensa  passatis  per  juratum  infraacriptum, 
ipse  miles  in  deductionem  dicte  assensse  habuisse  et  ré- 
cépissé beae  et  légitime  summam  quinque  centum  qua- 
draginla  librarum  (1),  ut  cosle  (sic)  per  litteras  super  dic- 
tam  quictanciam  pasatas,  et  residuum  solvi  debebat  in 
fine  dicte  assense  :  hlnc  est  quod  dictus  nobilis  Leonetus, 
dicens  habere  in  premissis  assensaiis  ypotecam  pro  se  et 
suis,  non  cohactus  et  cum  omnibus  etc.  sed  gratis  etc. 
cercioratus  de  dicta  assensa  et  de  quictancia  predicta  et 
pactis  in  premissis  contentis,  ut  disit,  ipsas  litteras  et 
quictanciam  laudavit,  approbavit,  ratifflcavit  et  conflr- 
mavlt,  et  promisil  ipsas  tenere  et  habere  perpetuam  robo- 
ris  firmitalem,  de  puncto  in  punctum,  ut  in  ipsis  conti- 

nelup et  cum  boc  dictus  burgensis  promissit  eidem 

Leonelo  rehemere,  recuperare  vilagia  de  Las  Bordas  (2)  » 
parrochie  de  Nobiliaco,  et  vilagia  de  Vaulx  (3),  parrocbie 
Sancti  Dionisîi,  ingatgiata  dicto  Massiot  pro  (4)  et  yillagia 
de  Castro  (5)  et  de  la  Masieyro  (6),  ingatgiata  heredibus 
quondam  Michalîs  Boudrit,  pro  surama  (7)  et  ponere  in  ma- 
nibus   dicti   Leoneli   dicta  villagia(8),  et  hoc  infra  très 

ce  qui,  ajouté  aui  redevances  en  déniera,  100  livres,  porte  à  225 
livres  (8,100  fr.  d'aujourd'hui)  le  total  des  revenus  affermés  à  Massiot 
pour  huit  ans,  moyennant  la  somme  de  1,100  livres  (6,600  d'aujour- 
d'hui). On  pense  bien  qu'une  partie  de  ces  redevances  ne  ren- 
traient pas.  Au  surplus,  Massiot  contracte  via-à-vis  du  bailleur 
des  obligations  dont  nous  ne  pouvons  guère  évaluer  les  charges. 

(1)  C'est  le  total  du  mémoire  reproduit  un  peu  plus  baut. 

(2)  Les  Bordes,  commune  de  Saint-Léonard. 

(3)  Veaux,  commune  de  Saint-Denis  des  Murs,  canton  de  S^nt- 
Léonard. 

(4)  Un  blanc. 

(5)  11  y  a  deuK  lieui  dits  de  ce  nom  dans  la  commune  de  Saint- 
Léonard  :  le  Gh&tcau-Haut  et  le  Ghftteau-Bas. 

(6)  La  HaziÈre,  commune  de  Satnt.Léoi^d.  Il  y  a  d'autres  loca- 
lités de  ce  nom  dans  les  communes  de  Royërcs  et  de  Sauviat. 

(7)  Un  blanc. 

(S)  Ij  est  f&cheux  que  l'acte  n'indique  pas  pour  quelle  somme 


DigmzcdtyGoOgle 


annos  proiime  venturos,  in  deductionem  precii  restantis' 
et  dicte  assense,  de  hoc  quod  dicta  villagia  sunl  ingat- 
giata;  et  si  forte  recursaus  (?)  dictorum  locorum  (1}  de 
Castro  et  de  la  Masieyro  non  tantum  duret,  ipse  Massiot 
teoebitur  îpsas  recaptare  aut  facere  eslonguare  recurssus, 
taliter  quod  dicta  loca  recuperentur  inira  dictes  très  annos 
et  quod  recurssuB  non  (3),  et  cum  hoc  tamen  quod  dictus 
Leonetus  aportabit  eisdem  Massiot  quictaDcia[in]  (3) 


41.  —  Yente  d'ito/fe  et  de  couches,  18  janvier  1^82 
(nouveau  style  1^83). 

Nota  quod  die  décima  octava  menais  januarii,  aono  Do- 
mini  millesimo  quadringentesimo  octuagesimo  secundo.... 
Ilelias  deua  Rieux  (4),  parrochie  Sancti  Justî,...  recognovit 
et  ia  veritate  confessus  fuit  se  bene  debere....  provido 
Viro  JohauDÏ  Uaasiot....  summam  quatuor  librarum  de- 
cem  et  octo  soUdorum....  causa  vendicionis  et  realis  tra- 
dicionis  pauni  plurlbus  coloribus  et  duarum  conchiarum 
aenis  (?).... 

42,  —  Note  relative  à  un  procès  entre  Jean  Katttot  et  les 
frères  ratière  (24  avril  ii83). 

Lo  xxnij»  jour  deu  meys  d'abriau  mil  CCCC  ini*"  et 
treys,  en  la  présence  Harsau  Delaige,  paroâe  de  Moysanas 
et  Johanet  deu  Peufouchier  (5)  paroffle  de  la  Geneytosse, 


chacun  de  ces  villages,  ou,  pour  parler  plus  exactement,  les  rede- 
vances de  chacun  de  ces  villag-ea  se  trouvaient  engagées, 
(t)  Le  délai  pour  le  rachat  ou  le  dégagemeat  des  dits  lieux. 

(2)  Un  bloQO. 

(3)  Les  blancs  et  les  surcharges  rendent  incompréhensible  la  fin 
de  cet  acte  et  nous  obligent  &  nous  arrêter  là. 

(4)  Les  Bieux,  hameauHle  la  commune  de  Saint-Jnst,  canton  de 
LimogeS'Bud- 

(ô)  Le  Puyf&ucher,  hameau  de  la  commune  de  la  Geneytouse, 
canton  de  Baint- Léonard. 


lyGoogle 


maiatre  Jehan  Valieyro  et  Peir  Valieyro,  frairs,  de  Saint 
Lienard,  et  heretiers  de  Giraud  Valieyro,  lour  pair,  come 
fussant  condempnat  per  maisLre  P.  Disnamatin  et  maistre 
Jehan  Lapino  senior,  a  payar  tous  interests  et  despens 
fait  et  a  far  d'ung  certain  procès  pendant  en  la  court  deu 
seau  de  Limoges  (1),  fait  par  Jehan  Massioth,  condempnat 
per  lad.  garde  de'  ce  que  avio  fait  saisir  certaine  terre  que 
tenio  d'eujL  de  la  Monthanieyra  (2)  per  doux  sestiers  de 
seigle  de  cens  que  avien  [?]  vendut  aud.  Massioth...,  a  laqmu 
saisiao  lod.  deux  se  era  (?)  oppousat  et  avio  lourat  en  garî- 
doiir(3)....  don  avio  eytat  tant  procedit  que  lod.  Massioth 
ero  detorbet....  et  ero  condempnat  in  expensis  et  taxacione 
et  aliis  [rejbus  loco  et  tempore  declarandis,  lod.  Massiot 
avio  appeltat,  et  requis  et  sommât  los  dit  Valieyro  que 
heu  ero  contens  de  lour...  et  que  aguessan  a  segre  l'appel  : 
don  losd.  Vaheyro  an  preys  (?)  lo  ma  deud.  Massioth  et  an 
promeys  et  obUgat  toz  et  chascun  de  lour  beys,  a  gardar 
lod.  Massioth  de  reymende  et  deu  despens  fait  e  a  far 
per  lod.  Massioth  por  cause  de  l'appel  interjectat,  et  en 
passar  lettras  sub  gillo  {sic)  regio,  presens  los  tesmohnst 
et  lettras  paasadas  per  Maistre  Marsau  Basset  in  metiori 
forma  et  ad  dictamen  procuratorum.  —  Constat  de  obmis- 
sis  :  et  condempaat  losdit  Valieyra  per  la  garde  deu  seau  a 
teueir  lad.  sentence  et  apoinctamen  donnât  per  losd.  Dis- 
namati  et  Lapino;  quilihet  in  solidum  obligaverunt  se  et 
bona  sua.  Basseti  r. 


43.  —  Note  relative  à  la  ferme  de  Boisverd  et  à  l'usage 
des  bois  en  dipmdani  {s.  d.). 

Memorie  sero  que  de  avoir  aferme  deux  serviteurs  de 


(t)  La  cour  du  sceau  de  Limoges  ne  peut  être  que  la  cour  du 
Bénâchsl,  le  siège  royal,  mais  exerçant  une  juridiction  spéciale. 
(2)  Hoatagnières,  banlieue  de  Saint-Léonard. 
(3J  Garidor,  garants. 


lyGoogle 


Mossieur  Delyon  lo  bénéfice  de  Bost  Vert(l)  et  l'usaige 
ou  bost  a  treyB  ou  quatre  ans  veuaD  la  Saiot  Jehaa  (2). 


44.  —  Mention  d'une  condamnation  obtenue  contre  Jacques  dit 
Bedon,  de  la  Masière,  pour  k  paiement  du  prix  d'étoffes 
achetées  {29  avHl  ilé83). 

Nota  quod  die  xxrx  mensîs  aprilis,  auQO  Domini  mille- 
aimo  CCCC""  LXXXIIJ"  fuit  presens  condempnatus  Jo- 
haunea  dit  Redon,  de  la  Masieyra(3],  chadenarius  (4)  de 
Auriaco  (5)  et  de  Salviaco  (6),  ad  solvendum  et  reddendum 
honesto  viro  Jobanni  Massiot,  burgensi  ville  Sancti  Leo- 
nardi  de  Nobiliaco,  ibidem  présent!  et  stipulantl,  quadra- 
giota  unum  solidos  (7]  monete  régie  uuqc  currentis,  causa 
vendicionis  et  tradiciouis  panni,  uua  cum  expensîs  hujus- 
modi  acti.  Valibtra  r. 


45.  —  Reconnaissance  de  cheptel  (1"  mai  1^83). 

Lou  premier  jour  de  may,  l'an  mil  IIII'  quatre  vingt 
et  treya,  preaeua  Anthoni  de  Laa  Bordas  (8),  paroffie  de 
5'  Ëstienne,  et  Janot,  filh  a  feu  Baloumier  deu  Monte- 


Ci)  Celle  de  l'ordre  de  Grandmont,  située  dans  la  commune  de 
Bujaleuf,  canton  d'Eymouliera.  Au  xvir  siècle  et  dès  1»  fin  du  xvi*, 
dépendaient  de  ce  petit  prieuré,  où  la  conventualilé  s'était  éteinte 
de  bonne  heure  et  qui  avait  été  uni  à  l'abbaye  chet-d'otdre  en 
1317,  des  moulins  à  papier  établis  sur  la  Vienne. 

(!)  H  juin.  La  Noèl  et  la  Saint-Jean  étaient  autrefois  les  deux 
dates  d'échéances  les  plus  ordinaires. 

(3)  Hameau  de  la  commune  de  Saint-Léonard.  On  voit  que  notre 
livre  écrit  tantôt  Mazieyro  et  tantôt  Ma^ieyra. 

(4)  Probablement  un  forgeron  qui  fabriquait  des  chaînes  d'attache 
pour  les  bestiaux. 

(5)  Aurist,  commune  et  canton  de  Bourganeuf  (Creuse). 

(S]  Sauviat,  chef-lieu  de  commune  du  canton  de  Saint-Léonard. 
(7)  *1  s.:  12  fr,  34,  équivalant  i  74  francs  d'aujourd'hui. 
(S)  Commune  de  Saint-Léonard. 


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—  300  — 

Bault  (1),  pair,  de  Cha[ni]p[neter]î,  lesmoings  etc.  LieDnard 
deu  Mas  au  Roveyr  (2),  demorant  a  VillemoDteis  (3),  parr* 
-  de  Champneteri,  qui  gratis  etc.  recognoys  a  teneyr  en  sa 
court,  de  saige  honte  Jehan  Massiot,  presenti,  doas  vacchas 
deu  pel....(4)  en  dous  vedeux  anDoUiers,  et  vingt  et  dous 
chapd(5)  de  berbialhe  en  louxs  agnieux,  per  lou  prins  et 
somme  de  douze  escua  et  demy  d'aur  (6)  de  chaptau, 
rebatut  et  comptât  un  beou  que  lod.  Nardo  avie  vendut 
darierameut,  et  auxi  sa  part  de  sept  lieuras  de  certain 
bestiau  que  lod.  Nardo  avia  vendut  a  ung  bochier  de 
Limoges,  et  austres  preys  et  vendus  jusques  aujorduoy; 
loqual  bestiau  promet  a  nusrir  et  gardar  a  commun  creyt 
et  de  venir  a  bon  et  leal  compte  et  eycept  en  lad.  ville, 
lantas  quantas  vetz  que  per  lod.  Johan  Massiot  ou  ios 
ceux  sera  requerit.  Neangmeins  recognoys  et  confesse 
deveyr  aud.  Massiot  la  aomme  de  cinquante  cinq  souli  (7) 
momie  régie  nunc  currentis  et  so  acquauso  deud.  bestiau 
vendut  per  lod.  Nardo,  oultra  austres  debtes,  lacqualle 
somme  de  lv  s.  luy  promet  a  pagar  a  sa  voluntat  etc. 
Juravit,  etc.  ObligavU,  etc.  Renunctavit,  etc.,  et  concessit  lil- 
terat  Régis  et  Pariagii  et  dominî  offtcialis  LemovieensU  in 
meliori  forma.  J,  de  Convalbtis  (8). 


(1)  Mantazeau,  commune  de  Champnétery,  canton  de  St-Lëonard. 
(3)  Le  Mas  Rouveii,  même  commune. 

(3)  Villemonteiz  appartient  aujourd'hui  &  la  commune  de  Buja- 
leuf,  canton  d'Eymoutiera. 

(4)  Un  blanc  au  manuscrit, 

(5)  Vingt-deui  têtes  de  brebis. 

(6)  140  fr.  2a  :  841  fr.  50  d'à  présent. 

(7)  16  !t.  55  :  99  francs  environ  d'aujourd'hui. 

(8)  Il  faut  noter  que  le  maître  des  écoles  de  la  ville  de  Limoges, 
désigné  dix  ans  plus  tard  par  les  consuls  du  Château,  porte  le 
même  nom  que  ce  notaire. 


DigmzcdbyGoOgle 


46.  —  Sownistion  de  Giravd  de  Saint-Yrieix,  notaire,  paf 
ta^uetle  il  s'oblige  à  passer  tous  actes  pour  le  compte  de 
Jean  Massioi  et  ses  fils  à  des  prias  déterminés  (7  juin  ik83}, 

Lo  vu'  jour  de  juin,  an  mil  IIII"  IIII"  III,  yeu,  Girault 
de  Saint  Yrieys,  notari  de  la  ville  de  Saint  Liennard, 
cogQOisae  et  confeBse  aveyr  fach  merchat  an  Jolian  Mas- 
siot,  Johan  et  Loys,  sous  fllz,  de  toutas  letras  qualconques 
gue  lour  passarîe,  soy  assabeyr  letra  de  debte  et  chaptau 
en  7  s*  et  toute  autre  en  vu  s*  vi  d.  et  per  mais  fermetat, 
lour  ay  signât  aqueste  présent  scedule,  en  ce  c[ue  uo  seray 
tengut  de  las  grou8Bar{I),  ny  may  loua  meux,  si  no  que 
m'en  requeran.  Fait  le  jor  et  an  que  dessus.  G.  de  Sbint 
Yribys. 

47.  —  Vente  à  Jean  Massiot  du  village  du  Mas  te  Seuve, 
par  le  seigneur  du  Pallant  {12  août  1483). 

Le  XTi~"  jour  d'oust.  Tan  mil  quatre  cens  IIII"  el  treys, 
noble  homme  Monssieur  Anthony  de  MoQceux,  chiva- 
lier,  sieur  deu  Pallent(2),  vendet  a  saige  home  Johan 
Massiot,  merchant  de  St  Liennard,  lo  village  deu  Mas  la 
Sceauve(3),  parroâe  de  La  Genestouie,  en  sas  aparta- 
nensas,  lo  fons  et  absar  et  vietir(4),  en  quinze  sestiers 
de  touz  blatz  mesura  de  St  Liennard,  vendent  et  com- 
prant,  soy  asabeir  (5)  et  quarante  et  sincq  soulz  renduaux 
chascun  an  de  renda  et  (6)  gelinas,  et  sur  lou  village  deu 
Verduryer  (7),  asis  en  la  parofRe  d'Eyboleou,  cinq  sesliers 

(1)  Le  notaire  no  sera  tenu  que  de  rédiger  l'acte  en  minute  et 
non  de  l'étendre  dans  son  entier,  avec  toutes  les  formules. 

(1)  Le  Palland  ou  le  Paland,  commune  de  Moissanoes,  canton  de 
Saint-Léonard. 

(.1)  Le  Mas  le  Seuve,  commune  de  la  fleneytouse,  canton  de 
Saint-Léonard. 

(4)  Le  fonds,  le  cens  et  l'investiture. 

(5)  Un  blanc. 
(6j  Un  blanc. 

(7)  Le  Verdurier,  commune  d'Eybotileuf,  canton  de  St-Léonard. 


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-302- 

de  [I),  mesura  vendeût,  per  lou  preys  et  somme  de  cent 
lieuras  (2)  que  agut  comptan  en  aur;  et  promûil  guarenlire, 
etc.  El  coneaHt  lUteras  Régis  et  Pariagii,  domini  offidalis,  etc. 
PivsentUtus  domino  Johanne  Arleroi  (?)  et  Mareiale  Banchaudi, 
teslibus. 

48.  —  Vente  de  quatorze  cuirs  de  bœuf  [10  septembre  ik83). 

Nota  quod  die  décima  mensis  aeptembrîs,  anno  Domini 
millesimo  quadringentesimo  octuagesimo  tercio,  presen- 
tibus  Anthonio  Rebenes  (3),  Ugnifabro  et  Johanne  Seaulaa, 
âlio  Johanni  Brossas,  dit  lou  Redon,  sartore,  testibus, 
pereonaliter  coostitutus  Petrus  Lacroux,  tanarius  (4)  ville 
Saacti  Léonard!  de  Nobîliaco,  pro  se  et  suis,  etc.  reco- 
gDOvit  et  in  veritate  publiée  confesaua  fuit  se  debere  bene 
et  légitime  tenerique  solvere  provido  viro  Johanni  Mas- 
siot,  mercatori  ville  Sancti  Leonardi  de  Nobiliaco,  licet 
absenti,  set  Ludovico  ejus  âlio,  pro  se  et  suis  stipulanti, 
videlicet  summam  undecim  librarum  quatuor  solidorum  (5) 
monete  régie  nunc  currentis,  et  hoc  causa  vendicionis  et 
realis  tradictionis  qualuordecim  peciarum  corii  bovum  ; 
quam  summam  idem  Petrus  promissit  solvere  inffra  car- 
Qiprannlum  (6)  proxime  venturum.  etc.  et  emendare 
dampna,  etc.  Renunciavit,  etc.  Obligavit,  etc.  Ypothe- 
cavit,  etc.  Juravit,  etc.  Et  concessit  litteras  Regii  {sic) 
et  Pariagii  in  meliori  forma.  M.  Basbbti  retulit: 


(1)  Ud  blanc. 

(!)  602  francs,  équivalant  à  3,612  d'aujourd'hui. 

(3)  Ce  nom  signifie  roitelet  en  patois  limousin. 

{i)  La  tannerie  et  la  corrolerle  sont,  après  l'orfâvrerle,  les  indus- 
tries limousines  dont  on  trouve  le  plus  ancienuement  mention.  Les 
cuirs  de  Limoges  et  de  Saint-Lëonard  étaient  débités  dès  le  m* 
siècle  en  grandes  quantités  aux  foires  de  Champagne. 

(5)  67  fr.  42  :  405  francs  d'aujourd'hui.  Le  prii  do  chaque  cuir 
correspondrait  à.  98  fr.  95. 

(6)  Voir  l'article  de  Du  Gange  sur  CAmiprioium  et  Camt- 
prenium.  • 


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49.  —  Engagement  et  prise  en  cheptel  de  seize  ruches 
d'abeilles  (29  septembre  1483). 

Die  penultima  meDsis  septembris,  anoo  predicto(l).... 

Matheus  de  la  Roche  (3|,  parrochie  de  Campo  Mnesteri 

gratis  et  scienler  ingatgiavit  iu  aprario  (3j  suo  sive  ru- 
chieri?),  in  dicto  loco  de  La  Roche,  provido  viro  Johanoi 
Massioti,  burgensi  et  mercatori  ville  de  Nobiliaco...  sexde- 
cim  alvearia  sive  bomaix  (4)  bona  et  mercabilia  precio  et  pro 
Bumma  septem  librarum  et  decem  soUdoruin{5)  monete  ré- 
gie Dunc  cun-entis  ;  quam  summara  dictus  Matheus  ibidem  a. 
dicto  burgense  recepit...  que  alvearia  dictua  Matheus  pro- 
misil  custodire  et  nutrire  et  ad  flores  fabarum  proxlmi  ve- 
ris  (?)  reddere  ad  comodum  et  utilitatem  dicti  burgensis  et  de 
eiadem  cum  eonim  excressenciis  venire  ad  boaum  eysset  (6) 
cum  dicto  burgensi,  tociens  quociens  fuerit  requîsitus,  et 
boQum  compotuiu  de  eisdem  excresseuciis  reddere 

J.   DE  VlLLAFSAMCHIA,   retulit. 


50.  —  Éclipse  du  16  mars  i484  [nouveau  style  i485). 

Lo  xvr"'  jour  de  mars,  l'an  de  grâce  mil  IIII*  IIII"  et 
IIIP",  a  houra  de  un  boras  ampres  myjour,  la  lune  estant 
Qovelle  et  au  poing  iiii°"  de  auri  nombre  (7),  lo  soulleilh 
eslan  en  lo   signe  [8).,.,  se  aparguet  ung  eclipsse  moult 


(1)  Un  mot  en  blanc. 

(2)  La  Roche,  hameau  de  la  commune  de  Champnétery,  ciuiton 
de  Sainl-Léonard. 

(3)  Dans  son  rucher. 

()}  C'est  le  nom  de  la  ruche  à  miel  dans  l'idiOme  roman  de  nos 
contrées. 

(5)  45  fr.  15  :  371  francs  d'aujourd'hui. 

(6)  On  voit  que  la  formule  de  l'acte  est  exactement  celle  em- 
ployée pour  les  autres  baux  à  cheptel  dont  nous  avons  reproduit 
plus  haut  le  texte. 

(T;  La  lune  étant  au  chiffre  4  du  nombre  d'or.  On  sait  que  le 
cycle  lunaire  dit  du  nombre  d'or  était  composé  de  dix-neuf  ans. 
(S)  Uq  blanc. 


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—  304  — 

fort  espoTentaible  et  moult  terrible;  et  may  que  paravant 
avie  estât  preschat  par  aulcunas  boiias  villas  deu  royaulme 
de  France  et  Monsaeigneur  lo  prieur  de  Seinct  Llen- 
nard(i},  frair  Esteve  Texier,  lo  mati  avant  prima,  me 
bailhet  lo  coutengut  que  avie  estât  prêchât  de  part  lo 
Reys  (2)  et  que  bon  agueys  a  moustrar  a  mous  austres 
compaignons  les  coosiilz  (3)  de  ta  ville,  que  ereo  coma 
me;  et  mandaven  que  a  houra  que  dévia  venir,  que  l'en 
se  tengueys  en  sas  meygoux  be  fermadas,  que  non  y 
entres  [?j  de  ayre  (?)  negun  et  que  l'en  fus  disnat  et  que  ont 
preges  nostre  senhor  Jhesus  Christ  que  nous  presserves, 
et  pareilhamen  deu  bestiau  anxi;  car  tout  quan  (4)  séria 
sur  les  champs  morria  en  breu,  et  que  avant  que  pas- 
sessan  Pasques,  que  ben  auria  prou  a  souffrir.  Dieu 
Tueilhe,  par  -sa  saincte  passion  et  misericordie,  nous  pres- 
servar  de  se  que  eys  at  venir  et  estenda  son  bras  de 
missericordia  sur  nos,  paubres  pechadours  !  Kscrich  am- 
pres  lodich  eclipsse  passât,  l'an  et  jour  que  desus,  et  ne 
duret  qiie  ung  cart  de  houra  ou  environ.  Johan  Massioth. 


(1)  8t-Léonard  possédait  un  prieuré  de  l'ordre  de  St-Auguslin, 
qui  avait  des  dépendances  assez  considérables. 

(2)  Nous  avona  déjà  dit  que  nous  n'avions  pu  trouver  trace  de 
cette  ordonnance  de  Charles  VIIl;  nos  Annales  manuscrites,  non 
plus  que  la  grande  Histoire  d9  saint  Marital,  du  P.  Bonaventure 
de  Saint-Amable,  ne  mentionnent  ni  l'écIipse  du  16  mars  M8â,  ni 
les  recommandations  dont  parle  ici  Massiot.  Cette  éclipse  est  tou- 
tefois mentionnée  à  la  liste  des  éclipses  de  soleil  donaée  par  les 
auteurs  de  l'Arj  de  vériflor  les  dales. 

(3)  L'autorité  municipale  était  exercée  à  Saint-Léonard  par  huit 
magistrats  qui  portaient  le  nom  de  consuls  et  qui,  au  ïiii'  siècle, 
étaient  élus  chaque  année  le  jour  de  la  Chaire  do  la  Saint-Pierre 
(î!  février).  Il  résulte  de  ce  passage  que  Jean  Massiot  remplit  les 
fonctions  de  consul  de  février  1485  à  février  1486. 

(4)  Tout  ce  qui  serait. 


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5i.  —  Antoine  Matsiol,  prieur  de  Dieulidonl,  donne  deux  écus 
d'or  aux  aumônes  du  Consulat  de  Saint~Lionard  (jeudi-saint 
i'iSS)  et  entre  dans  la  Confrérie  des  Trépassés  du  dit  ConsulM. 

Item  yeu,  Anthoni  Massioth,  prieur  de  Dieulyilon  (1), 
ay  donnât  le  jour  deu  digeux-la-Cene  (2)  mil  CCGG  IIII" 
et  V,  deux  escus  d'aur  (3)  a  las  Houmosiius  de  Coaolut  (4) 
de  Saint  Lienard,  por  mectre  en  rendie.  Faich  led.  jour 
et  an  que  desua.  —  A.  Massioth. 

Et  me  mezia  de  la  confreyrie  do»  Traspassat  deudit 
Consolât  (5);  lour  ay  donnât  treys  escus  (6),  et  sont 
T  escus  que  lour  ay  donnât. 


5?.  —  Achat  d'tin  missel  de  Fr.  Jean  Journet,  prieur 
du  Chdtenet  [18  novembre  i'i8S). 

Nota  quod  die  XVIII"  mensis  novembris,  anno  Do- 
mini  millesimo  CCCC""  octuagesimo  quinto,  presenlibus 
Domino  Jobanne  Servienlis,  presbitero,  et  Geraldo  deu 


(1)  Dieu-li-dout  ou  Dieu-le-don,  était  un  prieuré  de  l'ordre  de 
L'Artige,  aitué  dans  l'ile  de  Ré,  p*"  de  UeDon,  diocÈsc  de  Saintes. 
(3)  Le  jeudi -sain  t. 

(3)  22  fr.  50  environ  :  135  francs  d'aujourd'hui. 

(4)  Nous  constatons  l'existence  dès  une  épo<iue  fort  a^iciennc, 
dans  nos  villes  limousines,  à  Limoges  et  à  Satiit-Léunard  notam- 
ment, de  distributions  en  nature  et  en  argent  faites  par  l'admi- 
nistration municipale  aux  religieun  mendiants  et  aui  pauvres  de 
la  ville.  L'usage  était  établi,  dès  lu  xin*  siècle,  que  tous  les  dons 
de  quelque  importance  faits  à  cc;s  aumônes  fussent  mis  eu  rentes. 

(5)  La  Confrérie  des  Trêpastéi  du  Consulat.  Il  y  avait  sans 
doute  à  Saint-Léonard,  comme  dans  le  Château  de  Limoges  et 
dans  beaucoup  d'autres  villes  de  France,  une  association  chari- 
table ^ui  s'était  donné  la  mission  d'assurer  aux  pauvres  une  sé- 
pulture décente  et  en  faisait  les  frais.  La  qualiBcation  ajoutée  à 
cette  association  mérite  d'être  remarquée;  il  faut  certainement  en 

■conclure  qu'elle  avait  son  siège  k  l'hôtel  de  ville  et  qu'elle  (*lait 
dirigée  et  ses  ressources  administrées  par  les  ms^^istrats  rouni- 

(6)  33  fr.  70  :  20!  francs  environ. 

T.  VU,  E-7 


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_  3oe  — 

Noau  (1),  carpenlario,  parrochie  Sancti  Stephani  de  Nobi- 
liaco,  testibus  ad  premissa  vocalis  etc.  personaliter  cons- 
titutus  frater  Johannes  Jorneli,  priorde  Gastaneto,  or- 
dinis  Sancti  Auguslini  (2),  gratis  et  scienter  vendidit  et 
se  veudidisse  recognovit  honesto  viro  Johanni  Massiot, 
mercatori  predicte  ville  de  Nobiliaco,  ibidem  présent!  et 
hujusmodi  vendicionem  acceptant!,  videlicet  queindam 
librum  suum  ad  opus  ecclesie,  nuncupatum  Messau[Z), 
pro  precio  et  summa  sexdecim  librarum  (4)  «nonete  régie 
nunc  currentis;  quam  quidem  summam  habuit  realiter  et 
deffecto  {sic)  in  presencia  jurati  et  testium  înfrascriptonim, 
in  bono  auro,  nunc  pro  domino  nostro  Francie  cursum 
habente,  et  voluit  quod  dictus  Massiot  faciat  ad  volun- 
tatem  suam  de  dicto  libro,  et  promisit  dictus  prier  garrire 
et  garrentire  predictum  librum  ab  omnibus  et  contra 
omnes  ;  et  juf avit,  etc.  pactum  que  fecit,  etc.  et  concessit 
lilteras  in  meliori  forma,  etc.  Valieyha. 


53.  —  Reconnaissance  et  obligation  de  620  livres  tournois  par 
les  frères  Oubeiin,  pour  prix  de  vente  de  cuivre  et  mitrailles 
(17  novembre  tkdO). 

Lou  xvii"  jour  de  novembre  mil  IIII'  IIII"  et  dix,  pre- 

sens  Guillaume  Fornier,  faure.  et  Estienne  Ghouppin, 
Gonchier,  tesmoings  ad  ce  appellatz,  personnallement 
conslituytz  Guillaume  et  Gislet  Oubelins(5),  frairs,  con- 


(1)  Le  Nouhaud,  hameau  de  la  commune  de  Saint- Léonard. 

(2)  Le  Chfttenet  en  Dognoti  (aujourd'hui  chef-lieu  de  c 
du  canton  do  Saint-Léonard)  était  un  prieuré-cure  à  la  nomination 
du  prieur  de  Saint-Léonard  (ordre  de  Saint-Auguatinj. 

(3}  MÎBsel. 

(4)  06  fr.  32  :  5TS  francs,  l'rii  élevé  pour  un  missel,  qui,  semble- . 
t-il,  ne  devait  pas  avoir  une  valeur  extraordinaire. 

(y)  L'un  de  ces  maîtres  poôliers,  Gillet,  figure  di^jà  à  l'acte  que 
nous  avons  donné  plus  haut  sous  le  n°  31  (14  octobre  11811). 


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—  307  — 

joiDg9  ad  ce,  demorans  en  la  ville  de  Sainct  Liennai-d, 
maîstres  poelliers,  et  l'ung  poi"  l'aultre,  l'aultre  por  sou  (?) 
tout,  an  recognoogut  et  confess'it,  recognoissen  et  coii- 
feaseii  a  deveyr  a  Jehan  et  Loy8  Massiot,  frairs,  presens, 
la  somme  de  sieys  cens  vingt  lieuras  tourn*,  de  conte  fach 
entr'eulï,  a  cause  de  vende  de  coyres  et  niitralhiis(l); 
lacqualle  somme  deven  lesdichs  Oubelins  fraii-s,  presens, 
pagar  ausdichs  Massioth  en  marchandie  contengude  au 
marchât  (2)  fach  entre  eulx  et  a  la  voluntat  deusdichs 
Massioth. 


54.  —  Note  relative  au  décès  de  Jean  et  Louis  Massiot,  frères, 
fils  de  Jean  Massiot  (Z). 

Anno  Domini  millesimo  IIII«  IIII"  XVI,  die  décima 
octava  mensis  junii,  obiit  Johanoes  Massiot,  burgensis  ; 
eral  eiate  triginta  quînque  annorum  (4). 

Anno  Domini  rail'  IIII"  IIII"  XIIIJ  (5j,  die  xïvj*  men- 


(I)  GîO  livres  tournois  (?2,320  francs  d'aujourd'hui)  représentent, 
au  prix  indiqua  dans  le  traité  du  U  octobre  1480  entre  les  Massiot 
et  Gillet  Oubelin,  59  quintaux  environ  de  cuivre,  ou  73  de  mitraille, 
et  devront  être  paydes  par  la  livraison  de  3!  quintaux  l/'2  de  métal 
ouvragé;  mais  on  ne  doit  pas  oublier  que  ce  dernier  est  compté  au 
poids  de  forge,  et  le  mêlai  brut  évalué  au  poids  de  Saint- Léonard. 

(?)  C'eat-À-dire  en  marchandises  de  son  industrie,  notamment  en 
poêles  à  nn  ou  deux  trous,  et  k  un  plus  grand  nombre  si  Massiot 
le  requiert. 

(3)  Ces  deux  notes  se  lisent  sur  une  feuille  volante  attacbdc  par 
une  épingle  au  verso  d'un  feuillet,  vers  le  milieu  du  volume. 

(i)  Ce  Jean  Massiot,  mort  le  18  juin  1496,  doit  être  le  Ris  aîné 
d'autre  Jean  et  de  Marguerite  Faure,  que  nous  avons  vu  stipuler 
en  plusieurs  circonstances  pour  son  përe.  Cotte  note,  selon  toute 
probabilité,  le  rajeunit  de  sept  ou  huit  ans. 

(5)  1495  nouveau  style. 


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gis  jauuarii,  obîit  Ludovicua  Massiot,  etate  triginta  an- 
norum{i). 


(1)  On  n  vu  plus  haut*(cxCrait  n*  8)  la  mcntio:)  de  la  n^ssance 
de  Luiiis  Massiol,  né  le  3  ja^ivier  H57.  S'il  s'agit  ici,  ce  qui  est  à 
pîu  près  certain,  de  la  même  personne,  cVst  h  trente  huit,  et  non 
à  Ironie  ans,  que  serait  nui't  le  Bis  de  Jean  Massiot  et  do  Har- 
guerite  Faure. 


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DOCUMENTS 

HlUtlIS  A  LIISWIHI 

MAISON  DE  TURENNE 


i 


URENNE,  Comborn,  Ventadour  : 
l'histoire  du  Bas-Limousin  pen- 
I  dant  le  moyen  âge  est  tout  en- 
tière, ou  à  peu  prés,  derrière 
ces  noms,  et,  par  conséquent, 
ce  n'est  pas  faire  œuvre  étroite 
È  de  généalogiste  que  de  travailler 
à  mettre  en  lumière  le  passé  de 
ces  illustres  maisons.  On  en  jugera  par  les  docu- 
ments que  je  réunis  ici.  Recueillis  à  droite  et  à 
gauche,  en  particulier  aux  Archives  nationales,  où 
sont  aujourd'hui  conservés  les  débris  de  l'ancien 
trésor  des  chartes  de  la  vicomte  (1),  ces  documents 


(1)  Les  archives  de  U  vicomte  de  Turenne  sont  classées  aux 
Archives  nationales  avec  celles  de  la  maison  de  Bouillon.  Elles 
forment  un  fonds  considérable  qui,  raalbeureusement,  a  éié  divisé 
et  râpArti'dana  plusieurs  séries. 


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parlent  tous  des  Txirenne,  et  c'est  par  là  seule- 
ment qu'ils  peuvent  se  relier  entre  eux  ;  quelques- 
uns  offrent  de  l'intérêt  pour  l'histoire  générale  du 
pays,  d'autres  apportent  des  faits  pour  les  annales 
des  localités  et  pour  l'étude  des  institutions  féo- 
dales, et  comme  le  bagage  des  sources  publiées  de 
l'histoire  du  Limousin  est  encore  peu  considérable, 
je  puis  espérer  qu'ils  seront  bien  accueillis.  Je  vais 
les  passer  successivement  en  revue. 

1.  —  Ce  premier  acte,  qui  est  une  confirmation, 
par  Raymond  III,  en  1214,  des  donations  faites  à 
l'abbaye  laïque  de  Beaulieu  par  Raymond  II,  son 
père,  et  par  Bernard  de  Castelnau,  son  aïeul,  a  été 
publié  avec  quelques  retranchements  par  Justel(i), 
et  a  été  signalée  par  M.  Deloche  comme  fournissant 
une  preuve  des  droits  conservés  par  les  héritiers 
de  Hugues  de  Castelnau  sur  ce  qu'on  appelait 
l'abbaye  laïque  (2),  Le  Cartulaire  de  Beaulieu 
renferme  un  accord  de  1190,  entre  Raymond  II, 
qui  était  sur  le  point  de  partir  pour  la  croisade 
avec  Philippe  Auguste,  et  Humbert,  abbé  de  Beau- 
lieu.  Le  vicomte  reconnut  qu'il  tenait  de  l'abbé, 
avec  obligation  d'hommage,  tout  ce  qu'il  possé- 
dait dans  la  ville  de  Beaulieu  et  in  honore  gui 
vocatur  abbatia,  le  château  de  Bétut,  etc.,  etc.  Il 
déclara  aussi  que,  dans  le  cas  où  il  battrait  mon- 
naie, son  atelier  devrait  être  établi  à  Beaulieu  (3). 


(1}  Histoire  généalogique  de    ta    maison  ds  Turenne,  Paris, 
1645,  in-fol.,  preuves,  p.  38. 
(2)  Cart.  de  Beaulieu,  introd.  p.  xxs. 
13)  Ibid.,  charte  cxciv,  p,  272.;  Bib.  nat.,  t.  laUn,  9217  (orig.). 


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—  311  — 

II.  —  Cette  seconde  pièce  a  été  également  im- 
primée parmi  les  preuves  de  l'Histoire  généalo- 
gique de  la  maison  de  Turenne  (p.  39),  mais 
avec  des  erreura  et  des  suppressions  qui  m'auto- 
risent à  en  donner  de  nouveau  le  texte.  J'ajou- 
terai que  Matfre,  ou  Mainfroid  de  Castelnau  s'en- 
gagea, par  acte  passé  dans  l'église  de  Martel  le 
24  mars  12'2â  (n.  s.),  à  rendre  au  vicomte  le 
château  de  Castelnau,  cum  foris  facto  et  sine 
foHs  faeto,  ad  omnem  epis  sitbmonitionem  vel 
certi  nuntii{\). 

III  et  ÏY.  —  Sous  ces  numéros  se  placent  deux 
titres  fort  curieux  pour  l'histoire  du  bourg  de 
Curemonte  et  de  ses  châteaux,  qui  relevaient  alors 
de  l'abbaye  de  Solignac.  Les  Turenne,  qui  renon- 
çaient, en  1236,  à  toutes  leurs  prétentions  sur  ce 
lieu,  ne  tardèrent  pas,  d'ailleurs,  à  se  glisser  entre 
les  abbés  et  les  seigneurs  de  Curemonte.  Je  vois, 
en  effet,  que,  dans  le  même  temps  où  ceux-ci 
reconnaissaient  les  droits  de  l'abbé  Pierre  eu  pré- 
sence du  lieutenant  du  sénéchal  du  roi  de  France 
en  Limousin,  le  vicomte  prêtait  hommage  pour 
le  château  et  la  châtellenie  entre  les  mains  de 
Gérard  de  Montibus,  prieur  conventuel  délégué 
par  le  même  abbé,  et  que,  le  22  juin  1280,  cet 
hommage  fut  renouvelé  avec  engagement  par  le 
vicomte  d'obliger  les  seigneurs  de  Curemonte  à 
respecter  les  droits  de  l'abbé  (2). 


(1)  Jdstbl,  Preuves,  p.  il.  Baluzius,  Hisl.  Tut.,  p.  160, 

(2)  Arch.  nat.  Rt  4S6. 


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V.  —  Baluze  cite  cet  hommage  prêté  par  Rai- 
mond  IV  entre  les  mains  de  Raymond  VII,  comte 
de  Toulouse,  comme  une  preuve  de  l'inconsistance 
des  vicomtes  de  Turenne(i).  Des  lettres  de  saint 
Louis,  du  mois  de  septembre  1229,  les  avaient  en 
effet  rendu  vassaux  immédiats  de  la  couronne  (2),  et 
ils  avaient  d'ailleurs  profité  de  la  guerre  contre  les 
Albigeois  pour  faire  passer,  dès  1217,  leurs  posses- 
sions du  Quercy  dans  la  mouvance  du  Roi(3);  ils 
pouvaient  donc  se  dispenser  de  reconnaître  le  comte 
de  Toulouse  comme  suzerain,  et  si  Raymond  IV 
lui  rendit  des  devoirs  de  vassal,  ce  fut  assurément 
parce  qu'il  y  trouvait  de  sérieux  avantages.  Ray- 
mond VII,  comme  l'a  fait  remarquer  M.  Boutaric, 
à  la  suite  du  traité  du  12  avril  1229,  qui  attribua  à 
la  royauté  une  partie  du  Languedoc,  travailla  avec 
ardeur  à  étendre  son  autorité  dans  les  provinces 
qui  lui  avaient  été  laissées,  en  particulier  dans  le 
Quercy.  II  acheta  sans  doute  l'hommage  du  vicomte 
de  Turenne.  On  remarquera  le  soin  avec  lequel  il 
est  spécifié  que  celui-ci  et  ses  prédécesseurs  ont 
toujours  tenu  les  fiefs  mentionnés  dans  cet  acte 
du  12  août  1236,  des  comtes  de  Toulouse,  et  sur- 
tout qu'ils  ne  les  ont  pas  reçus  de  Philippe  Auguste 
ou  d'autres  rois  de  France,  ni  des  comtes  de 
Montfort. 

VI.  —  Les  débuts  du  vicomte  Raymond  VI  pa- 
raissent avoir  été  fort  difficiles.  Il  discuta  d'abord 


(1)  Hist  Tutel.,  p 

(2)  JusTEL,  Preuves,  p.  43. 

(3)  BoLTTARiu,  Saint  Louis  el  Alfonae  de  Poiliers,  p.  ( 


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-313  — 

avec  les  habitants  de  Martel  au  sujet  du  consulat 
et  de  la  baillie  ou  prévôté  de  la  ville,  et  finit 
par  leur  accorder,  à  la  demande  de  saint  Louis  et 
de  sa  mère,  au  mois  d'avril  1247,  le  droit  d'établir 
librement  les  consuls  qui  les  gouverneront  (libère 
constitîtendi  consules. . .  per  quos  gubementur)^ 
à  charge,  pour  les  consuls  entrant  en  fonctions, 
de  prêter  serment  entre  les  mains  de  son  bayle(l). 
Quelques  mois  plus  tard,  il  empruntait  d'eux  dix 
mille  sous  raymondins  de  Turenne,  et  pour  ga- 
rantir le  remboursement  de  cette  somme,  leur 
donnait  en  gage  la  baillie  de  la  ville,  ses  revenus 
et  produits  et  une  série  de  droits  seigneuriaux 
dont  rénumération  est  intéressante. 

L'original  de  ce  document  est  encore  muni  du 
sceau  pendant  de  Raymond  VI  ;  c'est  un  fort  beau 
type  de  charte  de  cette  époque.  M-  le  contre-amiral 
comte  de  Marquessac,  à  qui  il  appartient,  a  bien 
voulu  permettre  à  la  Société  scientifique,  histo- 
rique et  archéologique  de  Brive  de  le  faire  re- 
produire par  la  photogravure.  Le  sceau  a  été  des- 
siné par  M.  Hupin. 

VII,  VIII  et  IX.  —  L'emprunt  fait  à  la  ville  de 
Martel,  au  mois  de  juillet  1247,  par  Raymond  VI, 
avait  peut-être  pour  objet  l'équipement  et  l'entre- 
tien des  «  trente  hommes  d'armes  à  cheval  »  qu'il 
fournit  à  saint  Louis  pour  la  croisade.  En  1251, 
le  vicomte  se  disposait  à  partir  lui-même  pour 
les  pays  d'outre-mer;  mais  il  avait  sur  les  bras 

(t)  JuflTEi.,  Preuves,  p.  53. 


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—  314  - 

plusieurs  affaires  délicates  qu'il  voulut  régler  avant 
de  s'éloigner.  Aimeric  de  Malemort,  évêque  de  Li- 
moges, qui  avait  prononcé  contre  lui,  au  profit 
de  l'abbé  de  Tulle,  de  Bertrande  de  Malemort  et 
d'autres  personnages,  diverses  sentences  par  dé- 
faut, chargea  Guillaume,  chanoine  et  chapelain  de 
Saint-Junien,  de  l'absoudre  de  ces  sentences  après 
avoir  entendu  les  intéressés. 

C'étaient  là  toutefois  des  questions  secondaires 
auprès  des  difficultés  soulevées  par  Hélis  de  Tu- 
renne,  ftUe  unique  de  Raymond  IV  et  femme 
d'Élie  Rudel,  qui  disputait  à  notre  vicomte  la  pos- 
session, même  de  la  vicomte.  L'affaire  avait  été 
portée  devant  la  Cour  du  Roi,  c'est-à-dire  devant 
le  Parlement,  alors  placé  sous  la  direction  de  la 
reine  Blanche,  régente  en  l'absence  de  son  fils; 
mais  comme  elle  traînait  sans  doute  en  longueur, 
les  parties,  qui  étaient  pressées  d'en  finir,  eiu'ent 
recours  à  des  arbitres.  Justel  a  imprimé  (1)  le 
texte  du  règlement  arrêté  par  ceux-ci  et  certifié 
par  la  régente  avec  des  réserves  au  sujet  des 
droits  du  Roi;  je  donne  une  pièce,  rédigée  le 
même  jour,  et  où  Élie  Rudel  et  Hélis  de  Tu- 
renne,  traitant  directement  avec  leur  cousin,  énu- 
mèrent  les  possessions  qu'ils  lui  abandonnent. 

Il  semble  que  l'amour- propre  de  Raymond  VI 
n'avait  pas  été  complètement  ménagé  dans  le 
cours  de  ce  procès.  Le  détail  des  faits  nous 
échappe,  et  nous  en  sommes  réduits  à  nous  de- 


(1)  Preuves,  p.  52, 


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mander  quelles  pouvaient  être  les  raisons  qui 
avaient  motivé,  vers  cette  époque,  la  saisie  du 
château  de  Turenne  par  les  gens  du  Roi.  Cette 
saisie  nous  est  révélée  par  une  charte  du  mois  de 
novembre  1251,  publiée  sous  le  n°  IX,  où  le  vi- 
comte s'engage  à  faire  jurer  par  ses  hommes  fidé- 
lité au  roi  de  France  avant  qu'on  lui  rende  le 
château  de  Turenne;  elle  durait  encore  deux  ans 
plus  tard,  puisque  Raymond,  par  un  acte  daté 
de  juillet  1253,  du  camp  devant  Sidon,  renouvela 
cet  engagement  absolument  dans  les  mêmes  ter- 
mes (1).  Il  est  à  remarquer  que  Matfre  de  Cas- 
telnau  avait  dû  faire  une  promesse  du  même 
genre,  au  mois  de  décembre  1251,  relativement 
à  son  château  de  Gastelnau  (2). 

X.  —  Encouragées  par  l'exemple  d'Hélis  de  Tu- 
renne, qui  était  parvenue  à  se  faire  tailler  un 
riche  héritage  dans  la  vicomte,  les  deux  filles 
de  Boson  III,  frère  de  Raymond  IV,  réclamèrent 
aussi  leur  part  des  biens  qu'avait  possédés  leur 
père.  Elles  se  nommaient  Marguerite  et  Dauphine 
et  avaient  épousé,  la  première,  Bernard,  vicomte 
de  Gomborn,  et  la  seconde,  d'après  Justel,  Ray- 
mond de  Roquefeuil.  Leurs  prétentions  pouvaient 
paraître  mieux  fondées  que  celles  d'Hélis  si, 
comme  on  l'a  prétendu,  Boson  III  était  bien  le 
fils  aine  de  Raymond  III.  En  1256,  époque  où 
il  fut  statué  sur  leur  demande,  la  part  d'Hélis 


(I)  Arch.  nat.,  J.  622,  n*  26.  Jubtbl,  preuves,  p.  55. 
(!)  Ibid.,  J.  400,  n*  46. 


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était  passée  à  Marguerite  de  Bergerac,  sa  fille, 
mariée  à  Reynaud  de  Pons,  et  il  semble  qu'elles 
la  réclamaient  en  entier  (quam  partent  dicte 
Margareta  et  Dalfina  dicebant  ad  se,  jure 
hereditario,  pertiriere). 

Comme  dans  le  premier  cas,  il  y  eut  interven- 
tion du  pouvoir  royal.  Justel  a  publié  des  lettres 
de  saint  Louis,  du  mois  d'août  1256,  réglant  la 
question  ;  je  donne  le  texte  d'un  accord  passé 
directement  entre  les  parties,  à  la  même  date, 
accord  renfermant  plusieurs  clauses  qui  ne  ae  re- 
trouvent pas  dans  les  lettres  du  Roi. 

XI.  —  11  s'agit,  dans  le  document  publié  sous 
ce  numéro,  d'un  simple  acensement.  Dotval,  ou 
d'Otval,  devait  être  situé  dans  le  voisinage  de 
Mascheix.  Il  m'a  été  impossible  de  l'identifier  avec 
un  nom  de  lieu  moderne.  On  remarquera  que 
Humbert  de  Dotval  avait  perdu,  en  prenant  l'habit 
monacai,  les  droits  qu'il  possédait  sur  ce  manse 
lorsqu'il  n'était  que  prêtre. 

XII.  —  Cette  promesse  du  cellérier  et  du  cham- 
brier  du  monastère  de  Tulle  de  travailler,  dans 
la  mesure  de  leurs  forces,  au  bien  et  profit  du 
vicomte  de  Turenne  et  spécialement  de  faire  en 
sorte  qu'il  n'éprouve  aucun  dommage  au  sujet  du 
château  de  Gimel,  se  rattache  probablement  à 
l'expédition  dirigée,  à  cette  époque,  contre  ce 
château,  par  le  sénéchal  du  roi  d'Angleterre  en 
Limousin.  J'ai  signalé  ces  faits  dans  mon  étude 


DiqmzcdbyGoOgle    . 


sur  Gimel  et  Sédièresii);  il  n'y  a  pas  lieu  d'in- 
sister. 

XIII.  —  Il  s'agit  encore  ici  d'un  acensement. 
Les  biens  acensés  se  composent  des  deux  manses 
de  Narsa,  ou  de  Narsau,  et  de  celui  de  la  Rogerie  ; 
ils  sont  situés  dans  la  paroisse  de  Végennes,  sur 
le  chemin  qui  conduit  de  Puy-d'Arnac  à  Queyssac, 
et  sont  donnés  moyennant  une  redevance  annuelle 
de  six  livres  moins  cinq  sols,  un  droit  d'acapte 
de  cinq  sols,  dû  à  chaque  changement  de  sei- 
gneur et  de  tenancier,  et  un  droit  d'entrage  ou 
de  prim-acapte  de  trois  cent  cinquante  sols.  Cet 
acensement  est  fait  en  faveur  de  deux  damoiseaux 
se  nommant  Bernard  Beaudoin  et  Bernard  de  Saint* 
Hilaire. 

XIV.  —  Ces  lettres  du  sénéchal  de  Périgord  et 
Quercy  au  Bayle  de  Brive  se  rattachent  aux  privi- 
lèges de  ta  vicomte  de  Turenne.  Elles  avaient  été 
motivées  par  d'autres  lettres  de  Philippe  le  Bel, 
du  mois  de  mars  1293,  qui  ont  été  publiées  par 
Justel  (2). 

XV.  —  Autier  de  Jo  laissa  ses  biens,  lorsqu'il 
mourut,  à  Béatrix,  sa  femme,  et  à  Géraud,  son 
fils.  Celui-d  se  fit  moine  et,  d'accord  avec  sa 
mère  lorsqu'elle  était  aussi  sur  le  point  de  mou- 
rir, il  donna  à  l'abbaye  de  Saint-Gèraud  d'Aurillac 


(I)  Bull,  de  la  Sociilé  scient.,  hi»l.  el  arch.  de  lu  Corréze.  t.  V, 
p.  33  et  suiv. 
(3)  Preuves,  p.  65. 


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—  318  — 

et  au  prieuré  d'Auriac,  dont  il  était  prieur,  tout 
son  héritage,  c'est-à-dire  le  repaire  de  Jo  et  les 
domaines  et  droits  en  dépendant.  Il  avait  malheu- 
reusement oublié  de  faire  hommage  au  vicomte 
de  Turenne,  et  s'était  exposé  par  là  aux  inconvé- 
nients d'une  saisie  féodale  qui  entraîna  la  perte, 
pour  l'abbaye  de  Saint-Géraud  d'Aurillac,  de  la 
meilleure  part  des  biens  donnés.  On  transigea,  et 
c'est  le  texte  de  cette  transaction  que  j'imprime 
sous  le  n°  XIV.  Les  nombreux  témoins  figurant 
dans  ce  document  contribuent  à  le  rendre  très 
intéressant  pour  l'histoire  locale. 

Jo,  aujourd'hui  Job,  est  un  village  important  de 
la  commune  d'Auriac.    ■ 

XVI  et  XVII.  —  Les  testaments  de  Raymond 
Roger,  comte  de  Beaufort  et  vicomte  de  Turenne, 
et  d'Antoinette,  sa  fille,  femme  du  maréchal  de 
■  Boucicaut,  sont  inédits,  car  on  ne  doit  pas  tenir 
compte  des  très  courts  extraits  que  Justel  en  a 
donnés  (1).  Je  les  imprime  d'après  une  copie  due 
à  l'obligeance  de  M,  le  marquis  de  Turenne- 
d'Aynac  et  prise  sur  une  expédition  faite,  au  siè- 
cle dernier,  sur  un  registre  de  la  Chambre  des 
comptes.  Les  originaux;  sont  perdus  depuis  long- 
temps et  le  registre  lui-même,  qui  devrait  se 
trouver  aux  Archives  nationales,  a  été  vainement 
recherché  par  M.  de  Lasteyrie.  Il  existe,  il  est 
vrai,  dans  le  fond  principal  de  la  vicomte  de 
Turenne,   une  copie  du  xv'  siècle  du  testament 

(1)  Preuves,  p.  134  et  139. 


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—  319  — 

d'Antoinette;  mais,  quant  au  testament  de  Ray- 
mond, on  n'en  connaît  aucune  copie  autre  que 
celle  de  M.  le  marquis  de  Turenne. 

Ce  dernier  document  est  écrit  en  langue  d'oc; 
il  semble  avoir  passé  deus  ou  trois  fois  sous  la 
plume  de  copistes  ne  comprenant  pas  un  mot  de 
ce  qu'ils  transcrivaient,  aussi  a-t-il  été  défiguré 
à  un  tel  point  que  certains  passages  sont  devenus 
absolument  inintelligibles. 

Je  ne  pouvais  pas,  dans  les  conditions  où  je 
me  trouve  pla.é  et  en  étant  réduit  à  la  seule 
copie  moderne  qui  nous  reste  et  aus  fragments 
imprimés  sans  beaucoup  de  soin  par  Justel,  son- 
ger à  rétablir  scrupuleusement  le  texte  primitif. 
Il  était  évident  que  les  copistes  avaient  modifié 
l'orthographe  et  francisé  la  forme  des  mots  dont 
le  sens  était  facile  à  saisir.  Convenait-il  de  cher- 
cher à  rendre  au  document  sa  physionomie  pre- 
mière? je  ne  l'ai  pas  cru.  Il  importait  surtout,  à 
mon  avis,  de  donner  un  texte  à  peu  près  clair,  et 
c'est  là  ce  que  je  me  suis  efforcé  de  faire,  sans 
m'inquiéter  des  altérations  grammaticales  qui  se 
rencontraient  à  chaque  ligne.  J'ai  travaillé  pour 
l'historien  et  non  pour  le  pfiilologue.  On  pouvait 
faire  beaucoup  mieux,  je  le  reconnais  volontiers, 
car  je  suis  loin  d'être  satisfait. 

Raymond  de  Beaufort,  après  les  donations  et 
fondations  pieuses  qui  se  rencontrent  à  cette 
époque  dans  tout  testament  de  grand  seigneur, 
et  parmi  lesquelles  il  suffît  de  relever  l'établis- 
sement d'une  rommunauti;  de  prêtres  attachés  h 
la  chapelle  de  l'église  Nojre-Dame  de  Paris  où 


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devait  reposer  le  corps  du  défunt  à  côté  de  celui 
de  Guillaume  Roger,  son  père,  après  le  règle- 
ment détaillé  de  la  pompe  de  ses  funérailles  et 
après  quelques  legs  de  min  e  importance  faits  en 
faveur  de  ses  familiera,  se  hâte  d'aborder  la  grosse 
question  du  transfert  sur  d'autres  têtes  de  ses 
immenses  possessions. 

Le  véritable  caractère  de  son  testament  apparaît 
alors  clairement.  On  se  trouve  en  face  d'un  acte 
de  haine  violente,  implacable,  dirigé  par  un  père 
contre  sa  fille  unique,  Antoinette  de  Turenne,  et 
contre  son  gendre,  le  maréchal  de  Boucicaut.  Quels 
motifs  pouvait  avoir  Raymond  de  Beaufort  pour  en 
vouloir  si  vivement  aux  deux  époux?  11  leur  re- 
proche de  l'avoir  dépouillé  du  comté  de  Beaufort 
à  l'aide  de  fausses  lettres  scellées  du  sceau  de 
Guillaume  Roger,  et  les  accuse  d'avoir  fait  mou- 
rir celui-ci  de  chagrin  et  même  d'avoir  hâté  sa 
mort  par  le  poison.  Il  prétend,  pour  ce  qui  le 
concerne  personnellement,  que  Boucicaut  avait 
tenté  de  le  faire  prendre  et  assassiner  par  des 
hommes  d'armes,  au  mépris  des  sauf-conduite  du 
Roi,  lorsqu'il  allait  prendre  possession  du  comté 
de  Beaufort.  11  ajoute  que  son  gendre  essaya  à 
plusieurs  reprises  de  le  faire  empoisonner  par  les 
nommés  Petit-Jean  de  Lissa",  Jean  de  Lonhal  et 
autres,  et  après  avoir  énoncé  tous  ces  griefs,  plus 
que  suffisants,  dit-il,  pour  justifier  une  e-;héré- 
dation,  il  enjoint  à  ses  héritiers  de  poursuivre 
devant  toutes  les  juridictions  du  royaume  la  pu- 
nition de  ces  tentatives  criminelles. 

Toutes  ces  accusations  étaient-elles  justifiées? 


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—  3îl  - 

j'ai  peine  à  le  croire.  Je  préfère  supposer  que 
Raymond  avait  d'autres  raisons  qu'il  n'avoue  pas 
pour  renier  celle  qui  «  se  disait  »  sa  fille,  et  pour 
lui  refuser  toute  part  dans  sa  succession.  On  sait 
qu'il  s'était  fait  un  peu  tirer  l'oreille  lorsqu'il  fut 
question  de  la  marier  avej  Boucicaut,  et  que  le 
Roi,  qui  s'intéressait  à  ce  mariage,  avait  dû  lui 
promettre,  en  retour  de  son  consentement,  cer- 
tains avantages  dans  la  baronnie  de  Baux  (1). 
L'auteur  de  la  chronique  de  Charles  Vl,  connue 
sous  le-  nom  de  Chronique  du  religieux  de 
Saint-Denis  (2)^  dit  que  Raymond  de  Turenne 
encouriit,  à  cette  occasion,  la  disgrâce  de  la  reine 
de  Naples,  duchesse  d'Anjou,  et  telle  de  Clé- 
ment VII,  pour  avoir  disposé,  contre  leur  vœu, 
de  la  main  de  sa  fille,  qu'ils  lui  avaient  de- 
mandée pour  Charles  de  Tarente,  fils  de  cette 
princesse.  Boucicaut  avait  épousé  Antoinette  pen- 
dant les  négociations. 

Quels  que  soient  d'ailleurs  les  motifs  qui  fai- 
saient agir  ce  père  irrité,  il  faut  reconnaître  qu'il 
ne  néglige  rien  pour  assurer  la  satisfaction  de  ses 
rancunes.  Il  commence  par  créer  à  son  gendre  et 
à  sa  fille  un  puissant  ennemi,  en  léguant  au  duc 
d'Orléans  le  comté  de  Beaufort-en- Vallée,  tous  ses 
biens  situés  dans  les  comtés  de  Provence  et  de 
Forcalquier,  et  en  imposant  à  celui-ci  l'obligation 
de  soutenir,  avec  peine  de  déchéance  en  cas  de 


(1)  JusTEL,  preuves. 

(2)  Publ.  par  Bellaguet  dans  la  coll.  des  Doc,  inédits,  i 


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transaction,  toutes  les  dispositions  contenues  dans 
son  testament.  Le  duc  devra  faire  en  sorte  que 
Bbucicaut  et  sa  femme  ne  retirent  de  l'héritage  de 
leur  père  ni  un  denier,  ni  un  seul  pied  de  terre. 

Raymond  n'oublie  pas  de  rappeler  qu'Antoinette 
et  Boucicaud,  lors  de  leur  mariage,  ont  renoncé  à 
tous  les  biens  paternels  et  maternels  moyennant 
l'abandon  qui  leur  fut  fait  du  comté  d'Âlais,  des 
baronnies  d'Ânduze,.  de  Portes  et  d'autres  sei- 
gneuries situées  dans  la  sénéchaussée  de  Beau- 
caire.  C'était  là,  dit-il,  le  plus  beau  partage  que 
jamais  femme  du  royaume  de  France  ait  eu  en 
se  mariant,  donné  que  le  mari  n'était  pas  de  bien 
haut  lignage  et  qu'il  ne  possédait  pas  deux  cents 
livres  de  rente. 

Tout  ceci  est  délayé  et  répété  sous  plusieurs 
formes;  mais  autant  Raymond  est  dur  pour  sa 
fille  légitime,  autant  il  se  montre  large  à  l'égard 
de  ses  enfants  naturels.  Il  énumère,  dans  cet  acte 
de  dernières  volontés,  quatre  fils  et  deux  filles  nés 
hors  de  mariage,  et  il  assigne  à  chacun  d'eux  une 
part  plus  qu'honnête  sur  ses  biens.  Il  nomme 
aussi  une  certaine  Âliotte  Solerande,  qui  lui  tient 
par  des  liens  qu'il  n'indique  pas,  et  à  qui  il 
accorde  la  jouissance  de  deux  châteaux,  à  condi- 
tion de  vivre  chastement  sans  se  marier.  Il  dé- 
signe enfin  pour  son  héritière  sa  très  chère  sœur, 
Éléonore  de  Beaufort,  et  lui  substitue  ses  fils  na- 
turels en  cas  de  décès. 

Je  n'essayerai  pas,  manquant  des  instruments 
de  travail  les  plus  indispensables,  de  résoudre  les 
questions  historiques  que  soulève  ce  testament,  et 


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de  rechercher  la  suite  que  reçurent  les  dispo- 
sitions qu'il  contient.  Il  est  d'ailleurs  certain, 
contrairement  k  ce  qu'ont  dit  les  auteurs  de  VArt 
de  vérifier  les  dates,  que  Raymond  ne  se  noya 
pas  près  de  Tarascon,  en  1400,  mais  que  l'époque 
de  sa  mort  doit  être,  au  contraire,  retardée  de 
plusieurs  années.  11  survécut  même  au  duc  d'Or- 
léans, assassiné  en  1407. 

Le  testament  d'Antoinette  de  Turenne,  si  celui 
de  son  père  est  un  acte  de  haine,  est,  par  un 
contraste  curieux,  un  acte  tout  rempli  de  tendres 
sentiments.  La  fille  de  Raymond  de  Beaufort  n'a- 
vait eu,  de  son  mariage  avec  Boucicaut,  qu'un  fils 
nommé  Jean,  comme  son  père,  et  qui  mourut 
avant  1413  et  fut  enterré  dans  l'église  Saint- 
Nicolas  de  Pertuis.  Privée  de  descendance,  elle 
donne  la  jouissance  de  tous  ses  biens  à  son  mari. 

Il  est  vrai  qu'on  a  prétendu  que  cette  donation 
n'était  pas  complètement  volontaire.  On  est  même 
allé  jusqu'à  dire  que  Boucicaut,  qui  était  d'un 
caractère  violent  (1),  dominait  complètement  sa 
femme  et  ne  se  gênait  pas  pour  la  maltraiter.  Il 
est,  dit-on,  des  femmes  qui  aiment  à  être  battues; 
Antoinette  était  peut-être  de  celles-là.  Elle  avait 
d'ailleurs  épousé  le  maréchal  par  amour.  Ajoutons 
que  les  dispositions  prises  en  faveur  de  celui-ci 
dans  ce  testament  avaient  été  fixées  d'avance  par 
une  donation  entre-vifs. 


(1)  Boucicaut,  d'après  le  religieux  de  Saint-Dctiia,  était  un  homme 
do  petite  taille,  mais  fort  et  robuste;  il  était  réaulu,  mais  emporté; 
actif,  maia  impétueux,  et  ne  savait  garder  aucune  me^urg  daus  sa 
colère.  (Ouv.  cité,  t.  11,  p.  549.) 


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La  série  des  legs  pieux  est  intéressante.  Antoi- 
nette fait  élection  de  sépulture  à  Saint-Martin  de 
Tours,  dans  une  chapelle  où  Boucicaut  avait  de- 
mandé à  être  lui-même  enterré.  On  sait  que  le 
célèbre  homme  de  guerre,  fait  prisonnier  à  la  ha- 
taille  d'Azincourt,  mourut  en  Angleterre  en  1421. 

XVI.  —  Antoinette  de  Turenne,  d'après  Justel, 
ne  mourut  qu'en  1416.  A  la  fin  du  mois  de 
février  de  l'année  précédente,  elle  était  à  Brive, 
avec  son  mari,  et  y  recevait  l'hommage  de  Rey- 
naud  de  Lissac,  coseigneur  dudît  Lissac,  pour  tous 
les  biens  que  celui-ci  possédait  dans  les  paroisses 
de  Lissac  et  de  Jugeais,  dans  la  châtellenie  de 
Coiisage  et  dans  d'autres  lieux  de  la  vicomte.  Les 
formes  de  cet  hommage,  longuement  rapportées, 
sont  assez  curieuses;  mais  c'çst  surtout  dans  le 
dénombrement,  ou  nommée,  qui  fut  fourni  deux 
mois  plus  tard  par  le  vassal,  qu'on  recueillera  des 
renseignements  utiles  pour  l'histoire  de  plusieurs 
localités  du  voisinage  de  Brive. 

XVII.  —  On  ne  sait  pas  grand'chose,  pour  ne  pas 
dire  rien,  des  états  de  la  vicomte  de  Turenne;  sous 
ce  numéro  se  place  une  pièce  importante  pour  leur 
histoire.  Les  députés  de  ces  états  s'engagent,  au 
nom  des  manants  et  habitants  de  ladite  vimmté, 
au  cas  où  ils  seraient  déclarés  eempts  des  tailles 
et  subsides  royaux,  à  payer  au  vicomte  de  Turenne 
une  somme  fixe  de  dix  mille  écus  sol  et  une  con- 
tribution annuelle  de  mille  écus. 

XVIII.  —  Je  termine  par  des  extraits  de  la  Ga- 


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zelte  de  France  se  rapportant  aux  troubles  sqscités 
par  la  Fronde  dans  ce  pays.  Ces  faits  étaient  peut- 
être  suffisamment  connus;  mais  ils  se  présentent 
ici  sous  une  forme  montrant  que  l'antagonisme 
entre  Tulle  et  Brive  remonte  bien  haut  et  qu'il  a 
toujours  été  profond.  Les  habitants  de  Tulle,  en 
effet,  dans  des  circonstances  où  les  consciences 
pouvaient  être  troublées  et  hésitantes,  ne  se  con- 
tentent pas  de  protester  de  leur  fidélité  envers  le 
Roi;  ils  dénoncent  la  conduite  de  leurs  voisins 
de  Brive,  qui  n'avaient  pas  su  fermer  leurs  portes 
au  duc  de  Bouillon. 


CONFIRMATION,  PAR  RAYMOND,  VICOMTE  DE  TURENNE, 
DE  DONATIONS  FAITES  A  l' ABBAYE  LAÏQUE  DE  BEAU- 
LIEU  PAR  SON  PÈRE  ET  PAR  BERNARD  DE  CA5TELNAU, 
SON  AÏEUL,  ET  CONCESSION  d'uNE  REDEVANCE  POUR 
LE  CAS  OU  IL  SERAIT  BATTU  MONNAIE  A  BEAULIEU,  OU 
AILLEURS. 

Noverint  présentes  el  futuri  quod  dominus  R.,  vice- 
cornes  Turenne,  ad  recognitioDem  et  voluntatem  domine 
Heliz,  vice-comitisse  de  Turenna,  matris  sue,  in  quam 
ipse  et  eccleaia  Belliloci  super  hoc  facto  se  compromi- 
serant,  voluit  et  precepit  servientibus  suis  ut  annuatim 
X  (ce  chiffre  a  été  surchargé)  solidos  quos  dominus  R., 
pater  suus,  in  abbatia  laicali  ecclesie  Belliloci  legaverat, 
pacîflce  et  sine  omni  contradictione  persolvant,  et  unum 
modiumvini  quem  avus  suus,  B.  de  C^stro-Novo,  in  eadem 


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—  326  — 

abbatia  dicte  ecclesie  legavit.  Preterea  voluit  et  posteris 
Buia  reddi  constiluit,  ut  ubicumque  moneta  fleret,  in  festo 
sancti  Andrée  annuatim  xz  solidos  dominus  abbas  dicte 
domus  de  jure  vicecomitia  haberet.  Si  vero  apud  Bellum- 
locum  fleret,  decimam  juris  vicecomitalis  possideret.  Et 
hoc  idem  pater  suus  apud  Figiacum,  Jherosoliiuam  profec- 
tuniB,  Humberto  abbati  recognovit.  El  ut  flrmius  hoc 
pactum  sive  transactio  teneatur,  banc  cartam  suo  sigillo 
fecit  premuniri.  Testes  sunt  R.,  decanus  Soliacenaiall); 
B.  Folcoalz,  monacho;  W.  de  Chastraarz,  monacbo;  W. 
Desparro,  mouacho;  Gui.,  de  Pestel,  monacho;  V.  de  Pia- 
ula (2),  monacho;  P.  de  Besaa;  A.  de  Be83a{3);  G,  de 
Rluhac;  G.  de  Cornill;  W.  Garia;  B.  Maeatre;  P.  Dallac, 
monacho;  S.  Mag...,  et  plures  alii,  anno  Domini  M"  CC* 
XIIII".  Actum  hoc  in  capitule  Belliloci. 

(Orig.  sur  parchemin,  autrefoia  scellé  sur  double  queue. 
—  Arch.  nal.  K.  1180.) 

II 

SENTENCE  ARBITRALE  RENDUE  PAR  BERNARD  DE  VEN- 
TADOUR,  ABBÉ  DE  TULLE,  ENTRE  RAYMOND,  VICOMTE 
DE  TUBENNE,  ET  MATFRE  DE  CASTELNAU,  AU  SUJET 
DU  CHATEAU  DE  CASTELNAU. 

12  juin  1219. 

B.  Del  gratia,  Tulellenais  abbas  et  miniater  ecclesie 
béate  Marie  de  Rocamador,  omnibus  ad  quoa  présentes 
littere  pei-venerint  salutem  in  vero  salutari.  Scire  volumua 


(I)  Souillac. 

(ï)  De  Plas. 

(3j  Raymond,  dit  le  père  B.  de  Saint-Amable,  donna  à  Raoul  de 
Boase  et  aux  enfanta  d'Aimard,  son  frère,  l'honneur  et  le  privilège 
de  chevalerie,  et  affranchit  leurs  terres  de  toutes  tailles  et  autres 
charges  [Annales,  p.  MO).  Juste!  a  imprime  le  tente  de  cette  con- 
cession (Preuves,  p.  39X 


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—  327  — 

UDiversos  tjaoA  pro  guerelis  quas  babebat  nobilis  vir 
R.,  Turenne  vicecomes,  super  jure  et  homagio  Castri 
Novi  adversus  Matfredum  de  Castro  Novo,  et  super  redda 
^uadem  castri,  et  aliis  rébus,  de  conseasu  et  voluotate 
utriusque  partis,  controversia  in  hune  modmn  per  nos 
determinata  est  :  videlicet  qiiod  Matfredus  faceret  homa- 
gium  et  fidelitatem  predicto  vicecomiti,  ut  domiQO,  super 
illis  rébus  et  eodem  modo  quo  B.  de  Castro  Novo,  pater 
predictl  Matfredi,  domino  R.  booe  memorie,  pater  pre- 
dicli  vicecomilia,  dinoscitur  fecisse;  quod  statim,  sub  pre- 
sentia  nostra  et  multorum  aliorum  viroruni,  factum  fuit. 
Super  redda  vero  Castri  Novi,  quam  vicecomes  asserebat 
ad  se  pertinere  (Matfredus  vero  negabat),  dictimi  fuit  a 
nobis  quod  causa  ista  in  manu  nostra  et  Auslorgii  de 
Aureliaco  (!)  remaneret,  et  vicecomit*  redeunte  per  Dei 
gratiam  de  partibus  uUramarinis,  per  nos  vel  per  alios  a 
nobis  constitutos  si  aliquid  nobis  humanitus  contingeret, 
sine  uUo  subterfugio  determinaretur.  Se  autem  ita  prose- 
cuturum  in  manu  nostra  Matfredus,  data  ûde,  juravit  et 
decem  alios  milites  iu  manu  nostra  Ûrmatos  et  ostagia 
vicecomitis  observaturos,  si  contra  premissa  venirel,  do- 
navit.  Nomina  eorum  sunt  bec  :  P.  de  Bosco;  Guibertus 
de  Bosco;  G.  de  Cabra;  B.  de  Durban;  Hugo  de  Faia; 
Bertrans  Garners;  B.  la  Vaicha;  n  Amels;  P.  de  la 
Folbola.  Hanc  vero  pacem  et  compositionem  sicut  pre- 
dictum  est  fecimus  si  domino  Ludovico,  domini  régis 
Francorum  primogenito,  in  cujus  manu,  de  mandato 
patris  sui,  causa  presens  vertebatur,  placuerit  et  volun- 
tatem  suam  prebuerit  et  [con]seosum.  Hoc  autem  factum 
fuit  crastina  die  post  festum  beati  Barnabei,  sub  pre- 
sentia  et  t«sti&catione  R.,  decaai  Soliacensis;  P.  de  Bessa: 
P.  [Chati]er;  B.  de  Cornilh;  GauEfredi  Morcel;  R.  Aimar 
W.  Amio;  Hebl de  Curamonta;  R.  de  Curamonta: 


(1)  Cet  AuBlorge  d'Aurillac  At  hommage  à  Raymond  VII,  comte 
de  Toulouse,  en  12J6,  en  même  temps  que  le  vicomte  Baymond  IV 
(Voir  Doc.  n-  V). 


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Ar.  de  Gors;  Ar.  de  Bou[villa] Gaus.  de  Ventedorn; 

H.  Faidit;  Gui.  Folcoal;  W.  Robert Rai.  de  Doma; 

NaiU  de  Clarens;  B.  del  Castainh;  P.  Pel [et  m]ul- 

torum  aliorum,  anno  incarnati  Verbi  M°  CC"  XYIIII".  [Ad. 
majorem]  vero  supradictorum  firmilatem  sigillo  nostro  et 
dilectj  D03tri  R.  [Turenne]  presentem  pagînam  fecimus 
premuniri, 

(Orig.,  parch,,  autrefois  scellé  de  deux  sceaux.  Uh  coin 
de  la  pièce  a  été  enlevé  avec  l'un  des  sceaux.  —  Arch. 
nat.,  K.  1179.) 

III  et  W 

RESTITUTION,  PAR  RAYMOND,  VICOMTE  DE  TURENNE,  A 
l'abbé  de  SOLIGNAC  ET  AUX  SEIGNEURS  DE  CURE- 
MONTE,  DE  LA  SEIGNEURIE  DU  CHATEAU  DE  CURE- 
MONTE  ET  DE  DROITS  SUR  LEDIT  CHATEAU  DONT  IL 
LES  AVAIT  INJUSTEMENT  DÉPOUILLÉS.  —  DECLARA- 
TION DE  PIERRE,  ABBÉ  DE  SOLIGNAC,  ET  DES  SEI- 
GNEURS DE  CUREMONTE,  REÇUE  PAR  LE  LIEUTENANT 
DU  SÉNÉCHAL  DU  BOl  DE  FRANCE  EN  LIMOUSIN,  PÉRI- 
GORD  ET  QUERCY,  PORTANT  QUE  LES  CHATEAUX  DE 
CUREMONTE  SONT  SITUÉS  DANS  LA  TERRE  DE  l' AB- 
BAYE DE  SOLIGNAC  ET  QU'lLS  RELEVENT  DE  LADITE 
ABBAYE. 

1236  et  ik  septembre  1258. 

Raymundus,  vicecomes  Turenne.  omnibus  [Ghristi]  âde- 
libus  présentes  litteras  inspecturis  salutem  in  Domino. 
Cum  nos  et  predecessores  nostrl  maie  et  injuste  spolia- 
veramus  abbatem  de  Soulounhac  et  predecessores  suos,  el 
,  dominos  de  Curamonto  de  dominio  et  jure  quod  dtcli 
abbas  et  domini  de  Curamonto  habebant  vel  habere  debent 
in  Castro  de  Curamonto,  honore  et  districtu,  et  adhuc 
detineamus  spoliatos  injuste,  nos  anime  nostre  saluti 
providere  voleiit«s,  de  coDsilio  fralrum  Predicatorum  et 


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—  329  — 

Hinorum,  et  jurisperitonim,  dîcto  abbati  et  domino  de 
Guramonto  dictum  castrum  de  Curamonto  plene  resti- 
tuimus  cum  onini  jure  et  dominio,  honore  et  districtu 
dicli  castri,  nihil  juris  vel  dominii  nobis  vel  heredibus 
nostris  in  dîcto  caalro  relinentes,  bonore  vel  diatrictu 
castri  supradicti,  devestientes  nos  de  predicto  Castro  et 
investientes  cum  presentibus  litteris  dictos  abbatem  et 
dominoa  de  Castro  memorato,  cum  bonore  et  districtu 
castri  memorati,  ita  quod  dicti  domini  de  Curamonto 
semper  tenebunt  castrum  de  Curamonto  ab  abbate  de 
Soulounhac  cum  nos  invenïremus  et  nobis  consisteret 
dictum  castrum  esse  de  fundo  abbatis  memorati.  In 
cujus  rei  testîmonium  présentes  litteras  sigillo  nostro 
sîgillatas  memorato  abbati  et  succes&oribus  suis  duximus 
concedendas.  Datum  et  actum  anno  Domini  millesimo 
ducentesimo  tricesimo  sexto. 

Universis  présentes  litteras  inspecturis,  Martinus  Senho- 
ria,  Ticegerens  domini  Aymerici  de  Danes,  ex  parte  régis 
Francie  in  Lemoviceosi,  Caturcensi  et  Petragorîcensi  dio- 
cesibus  senescalli,  salutem  in  Domino.  Noveritis  quod  cum 
P.,  pro  tempore  venerabilis  abbas  Solomniacensis,  impe- 
teret  Lemovicum  coram  uobis,  a  voluntate  dicti  senes- 
calli, [contra]  Raymundum,  Astorgium  et  Eustorgium  de 
Curamonto,  milites,  et  Eleliam  de  Vayrac,  archipresbiterum 
de  Ginhac,  et  Johannem  de  Curamonto,  domicellum,  do- 
minos castrorum  de  Curamonto,  super  hoc  quod  petebat 
idem  abbas  ab  ipsis  dominis  coram  nobis  sibi  âeri  hom- 
magium  eo  quod  dicta  castra  erant  et  movebant  de  feudo 
et  dominio  ipsius  abbatis  et  monasterii  Solonhacensis,  lite 
super  hoc  contestata  et  juramento  de  calomnia  hiuc  inde 
prestito,  posuit  scindicus  dicti  domini  abbatis  juramentum 
suum  quod  dicta  castra  erant  et  movebant  de  feudo  et 
dominio  ipsius  abbatis  et  monasterii  Solonhiacensis,  et 
quod  quidquid  ipsi  domini  habebant  et  tenebant  in  cas- 
tellania  dictorum  castrorum,  quod  non  habebant  de  alio 
domino,  sed  debebant  habere  et  tenere  ipsi  domini  in 
feudum  ab  ipsis  monasterio  et  abbate,  et  facere  ei  abbati 


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—  330  — 

hommagium  pro  premlssis.  Dicti  vero  domini,  per  jura- 
meotum  suum  singulatim,  recogooveruDt  coram  nobis  quod 
dicta  castra  erant  sita  in  terra  ipsorum  mouasterii  et 
abbatis  et  quod  beoe  credebaot  qiiod  dicta  castra  sunt  et 
movent  de  feudo  et  dominio  ipaorum  monasterii  et  abba- 
tis, et  dicta  castra  et  quidquid  ipgi  domiai  habent  in 
dicta  castellania,  quod  non  tenent  nec  habent  ab  alio 
domino,  debent  tenere  et  habere  ab  ipsis  monasterio  et 
abbate;  sed  dîxenint  quod  ipsi  nunquam  fecerunt  -néo 
viderunt  Seri  homagimn  dicto  abbati,  seu  suis  prcdeces- 
soribus,  pro  premisis,  sed  bene  credunt  qiiod  ipsi  debebant 
facere  homagium  eisdem  abbati  et  predecessoribus  pro 
premissis  et  reddere  dicta  castra.  In  cujus  rei  teslimonium 
sigillum  nostrum  presentibus  duximus  apponendum.  Ac- 
tiuu  octavo  decimo  kalendas  octobris,  anno  Domini  mille- 
simo  ducentesimo  quinquagesimo  octavo. 
(Copie  du  xvni'  siècle.  — Arch.  nat.  R',  466.) 


HOMMAGE   DE    RAYMOND,    VICOMTE   DE    TURENNE, 
A   RAIMOND,    COMTE   DE    T0UL0U8E. 

12  août  1236. 

Noverint  univerei,  présentes  pariler  et  futuri,  quod 
ego  R.,  vicecomes  Turene,  con&teor  et  in  veritate  cum 
hac  scriptura  public»  recognosco  vobis  domino  R.,  Dei 
gratia  comiti  Tolosano,  marchioni  Provencie,  quod  ante- 
cesaores  mei  tenuerunt  in  feudum  ab  antecessoribus  ves- 
tris,  et  egomet  tenui  a  pâtre  vestro  et  a  vobia  in  feudum, 
castrum  quod  dicitur  Matfredi  (1),  situm  prope  Humen 
Dordonhe,  cum  pertinenciis  suis,  et  vicecomitatum  de 
Brassaco  cum  pertinentiis  suis,  et  castrum  de  Salinhaco 


(I)  Il  s'agit  là  sans  doute  àa  chftteau  de  Gastelnau,  possédé  alors 
par  Matfre  de  Gastelnau. 


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—  331  — 

cum  pertinentiis  suis.  Et  conflteor  la  veritate  quod  pre- 
dicta  feuda,  vel  aliquem  [sic]  de  predictiB  feudis,  non 
recepi  a  rege  Phylippo,  vel  aUia  regihus  Francie,  vel  a 
comitibus  Hontiafortia,  nec  alb  alîquo  alio  homine;  nec 
antecesBores  mei  a  rege  vel  regibus,  comité  vel  comi- 
tibus, predicta  feuda  vel  aliqua  de  predictis  in  feudum 
receperunt,  niai  ab  antecessoribus  vestris  taotum,  aicut 
superiuB  est  notatum.  Pro  predictis  omuibus  feudis  et  pro 
aliia  de  quibus  aliquo  tempore  probare  poteritîs,  vos  vel 
successores  vestri,  vel  ego  vel  successores  mei  poterimus 
reperire,  per  instrumenta  vel  per  dicta  bonorum  virorum, 
aatecessoi'es  meos  vel  me  ipsum  in  feudum  tenuisse  a 
Tobis  vel  antecessoribus  vestris,  facio  vobis  domino  comiti 
homagium  ligium,  et  promitto  Tobis  onmem  fldelitatem 
quam  fldelis  vassallus  débet  suo  domino  prestare,  et  gene- 
raliter  omnia  que  vassallus  suo  tenetur  domino  exhibere; 
et  juramentum  Ûdelitatis  et  homagii  vobis  facio  per  Deum 
et  per  sancta  Euvangelia  que  manibus  meie  tango,  et  ad 
idem  faciendum  omnes  successores  meos  vobis  et  succes- 
soribus  vestris  obligo  in  eternum. 

Et  nos  Ralmundus,  Dei  gratia  cornes  Tolose,  marchio 
proviucie,  recipientes  homagium,  et  Qdelitatem  et  jura- 
mentum a  vobis  R.,  vicecomite  Turene,  sicut  superius 
est  expressum,  promittimus  vobis,  per  nos  et  successores 
nostros,  quod  erimus  vobis  et  successoribue  vestris  boni 
domini  et  Qdeles,  et  de  hoc  in  bona  Qde  nostra  vos 
recipimus,  dato  super  hoc  osculo  et  a  vobis  recepto, 
super  predictis  omnibus  observandis.  Et  ut  hec  universa 
et  singula  perpetuam  obtineant  ârmitatem,  nos  R.,  Dei 
gratia  comes  Tolose,  marchio  Provincie,  et  R.,  vicecomes 
Turene,  antedicti,  présentera  cartam  sigillomm  nostrorum 
munimine  fecimus  roborari,  Actum  est  hoc  Tolose,  in 
condamina  comitali,  in  tentorio  domini  comiUs  predicti, 
ir  idus  augusti,  anno  Dominice  incamationis  M'  CG* 
XXX'  sexto,  in  preseotia  nobilîum  virorum  Rogeril  Ber- 
nardi,  comitis  Fuxi,  et  Bemardi,  comitis  Gonvenarum, 
et  Rogerii  ConveuanuD,  comitis  de  Palhars,  et  Bemardi 


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—  332  — 

Otonis,  domini  Lauriaci,  et  Rogerii  de  Fuxo,  et  Ber- 
trandi,  fratris  dicti  comilis,  et  Sicardi  de  Mootealto,  et 
Poncii  de  Villanava,  seoeschalli  Tolosaoi,  et  Arnaldi  Ba- 
rasc,  et  Pétri  Martini  de  Castronovo,  et  Guillemi  de 
Barreria,  et  Poncii  Grimoardî,  et  Bernardi  Aimerici, 
piibUci  Tolose  notarii,  qui,  mandato  domini  comitis  et 
vicecomitis,  cartam  istam  scripait  et  sigillavit. 

(Orig.,  parch.,  scellé  de  deux  sceaux  en  cire  blanche. 
—  Arch.  nat.,  J.  316;  Layettes  du  Trésor  des  chartes,  t.  II, 
p.  323.) 

VI 

EMPRUNT,  PAR  RAYMOND  VI,  VICOMTE  DE  TURENNE, 
DES  CONSULS  ET  DE  LA  COMMUNAUTÉ  DE  LA  VILLE 
DE  MABTELj  DE  DIX  MILLE  SOUS  RAYMONDINS  DE 
TURENNE,  AVEC  HYPOTHÈQUE  SUR  LES  DROITS  SEI- 
GNEURIAUX  DUS   A  MARTEL. 

17  juuut  im. 

Anoo  Verbi  incarnat!  milleaimo  ducentesimo  quadra- 
.  gesimo  septimo,  sexto  decimo  kalendas  augusti.  Noverint 
univergi  présentera  paginam  inspecturi,  quod  nos  Rai- 
muDdus,  vicecomea  Turenne,  non  errantes  in  aliquo,  nec 
inducti  dolo,  nec  coacti  aliqua  vi,  nec  decepti  ulla  fraude, 
set  certi  de  facto,  et  de  jure  instructi,  scimus  veriasime 
et  soUempniler  confltemur  nos  debere,  de  bono  débite  et 
legali,  conaulibus  et  universitati  seu  comunitati  ville  Mar- 
telli  decem  milia  solidorum  bonorum  marchionuin,  seu 
raimundensium  de  Turenna,  quam  omnem  prenominatam 
pecuniam  ipsi  nobis  in  necessitate  nostra  amore  maximo 
mutuo  tradiderunt,  et  nos  quîdem  habuimus  et  recepimus' 
ab  eisdem,  nomine  mutui  ad  omnem  voluntatem  et  utill- 
tatem  nostram  maximam,  omnem  eamdem  prenominatam 
pecuniam  intègre  in  pecûnia  numerata.  Qua  de  causa,  ex 
noslra  certa  scientia,  renunciamus  in  hoc  facto  exceptioiii 


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nuiociia  >>Ur  ejsnclb  îtenn  <9iha  UiC^  bcnu^  i^itti^  l<u  TiAmùS  br  a^ 
MfboiKTimamacrniiicmiBimicuDcndMtct^.tmir^uttK  [(ituiinuf  te  wniytnfl  ai  «JM  niiiê-Tmmia  akéhn  ueUtEftstm 

aanntfî^ee^b^tq»t>AilBTiiiiirtMgçnStcfaicr-«p»Jwt»tw»|oâ«-.«c>ftwt«c<»<«pw  fbw 

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I  ru.erIaln[.«roStsliaiuntquaùf  fô.qui>Ctrqi(tfti7i)urb*MB>^tEpeàni)u>lBiMidn'inicî^^ 

&lfrcrhqBB>IU' «cjpiiianiur umûOr «r ^^C  tiirTi  -«ili  ii)»inl(i  iii  rtiiTiT  plri  "ultn  tù. (laCytnâc^  Ok IJiK fiduo; 

nannaquc  tïrab»caJtUbii;«Blrt«cn3ïir«3ie1!^B!E3hnta*t»illa^a^ 

irmart  OMt^egnaJ  têiftimftilit:  ccwitiiflmnati  toimScutbta' Wlf  ayOTrih  bi^  Ôl^cuik  ù^dA^taf  urAw^ 

àiijgQfe^taf  cgnfuIitjgc^BnHtom  l«tcwiiiwBM».ha->Ule^itt<dh«p«u».iJ'9i«hw«tHi«r>pi«natJpoc<ftM*cc(tf^^ 

nm  yqiitnfct  fai  napc  fatmiti  y  yâeù^  fta^  gmCaiy  Bpniar  iiahurSi  «rjBaJâmgJB  nurtnannf  fti*^i^  «lelFit  tc 

imf  viiqftoC  tr  TU  t4acaEiI  Atà  4tnB  fUe  IS.  ariH«c  1fi>n:^  «Kw .  «mil  *c  ftieb  MtbKu^ 

ftmKnoïC  tr  orni  fi^]  ce  ^cù);  flMW.  qw«r  ^iMT  V  ^  fii^àr  viniWcr  toeâ  »  t^ 

c}^  tftào  fc&  la  anbnr  T  ntn  çànîc  «cjmaMtrit.  ifin  <c  ^uc  A  nsf  Nt«&  ^Nâsrr  n^^^ 

pc^fu^  fie  te&a£  »af .r  «flâaae  «clltt  Dcmtw  ïïi&UD  tU.j>  ^  .rf»  mi»ihmï  tâ^ 
açeaic-EeupigiuBf(«nci&n^>d)«bià-.nJ,«paa^  tcbmaipbâ..noi;a()niimt^n>catllu»qcqb 

pjv*^  tmn  R^  iBcjUit.  «fit  %fenA  wi!poft»j»fmaw«  l'nrt  idly  mol»  We^ 
Tjot&cunrfudfcBjrtâhfli  qwb«Jttat*lfe-|»«<ferîli»fcaT.,hMri»ia  ■f-nr.  «tftq^Cujrat&JwiucnintCii 

ii»a«cwi  nifiIano%  ^ndabJui  oKtawn^  cr  [«MM-.  «TtMra  nS  unwvl^  urm  CMÙ  f  noC  ut*» 
«ha  fCjmï  tiofc  nA  i.t'n%<  o^  litre- iiTdi^TWwt.  fie  6euC  «rf  fl>M»-c.  tr  ^  D*^^ 

(mreuji*«acABm.ïru.w»T6j«n<Sa)tceuiA.t«pw.w>^ûmpw«eî»w^B^ 

«ct{«nrl^mi.cc-aiuiDU«cHiMctC(a»iiia*§%^^<nir/»ant^aât  lnf«tt«ttt«uc1p«cnM.tr(rlTi«iuilQio 
«eajinaiiCcanCbav^c>«.«(7âltttn«f  &âc  ^poakcobicta3tmtflvini«&â.«vw!hol«|ci;Bo«pciâ  nsitucl 
^di  m  td^jfonc  /ïpttràk  mur  fif/apcnctC  quo  «t^^j  jmm  p»A  utaUift  ^«âai  ucnm.  foOtxr  ahnVncufe 

FAC-SIMILE  DE  LA  CHARTE  DE  RAYMOND  VI 
Du  17  juillet  IÎ47. 


lyGoeigle 


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—  335  — 

non  numérale  et  non  recepte  pecunie,  et  actioni  et  excep- 
tioni  conditionia  indebite,  sine  causa  et  ob  causam,  de 
dolo  et  in  factum.  Pro  quibus  supradictis  decem  milibus 
solidorum  nos  obligamus  et  ipotecamus,  seu  impiguo- 
ramus  jure  pignoris,  pro  nobis  et  pro  nostris  omnibus, 
Dostra  mera  et  spontanea  voluntate,  eisdem  predictis  coD- 
eulibus  et  universitati  seu  comunitati  dicte  ville  Martelli, 
et  omnibus  eorum,  voluntariis,  omnes  secutiones  guas 
debebant  nobis,  et  etiam  bailiam  ejusdem  predicte  ville, 
et  omnes  redditus,  et  proventus,  et  exitus,  et  clamos  seu 
clamores,  et  obventiones,  et  justicias,  et  quist^s,  et  tallias, 
et  omnes  petitiones,  rationes  et  acciones  reaies  et  perso- 
nales,  et  investitiones,  et  acaptamenta,  et  feodos  et  do- 
minia,  consilia,  laudunia,  et  omnia  servitia  ordinaria  et 
extraordinaria,  et  leidas  et  omnia  alia  jura  quecumque 
sint,  quos  et  quas  et  que  habebamus,  et  poteramus  vel 
debebamus  aut  intelligebamus  habere  per  nos  vel  per 
alium,  jure,  voce,  inlelleclu,  consuetudine,  vel  usagio  aut 
dominio,  vel  qualibet  alia  ratiooe  in  eosdem,  seu  contra 
eosdem  predictoa  consoles,  et  burgenses  et  habitatores  uni- 
versos  aut  singulos  dicte  ville  Martelli,  et  in  eadem  pre- 
dicta  villa  cum  suis  pertinenciis,  ab  hoc  scilicet  instant! 
proximo  festo  saucti  Andrée  apostoli  in  antea,  excepta 
tantummodo  strata,  et  etiam  ipsam  stratam  cum  suis 
pertinenciis,  a  tempore  illo  in  antea  quo  Geraldo  Cassa- 
fort  et  Willelmo  Tondut  fuerit  satisfactum  in  debilo  illo 
pro  quo  eisdem  tradidimus  dictam  stratam,  nisi  forte 
intérim  satisfecerimus  dictis  consulibus  et  universitati 
seu  comlinitati  dicte  ville  Martelli  in  bac  omni  pecunia 
supradicta.  Sicque  volumus  et  concedimus,  pro  nobis  et 
pro  nostris  omnibus,  eisdem  predictis  consulibus  et  uni- 
versitati seu  comunitati  dicte  ville  Martelli,  et  omnibus 
eorum  voluntariis,  quod  babeant,  teneant,  possideaot  et 
explectent  ad  omnem  volunlatem  suam  hec  universa  et 
singiila  supradicta  a  nobis  sibi  obligata  et  ipotecata,  ut 
diclum  est  superius,  pro  dicta  pecunia,  ab  hoc  scilicet 
predicto  proximo  instanti  festo  sancti  Andrée  in  antea, 


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—  336  — 

daates  et  concedentes  pro  nobis  et  pro  nostris  omnibus 
eisdem  predictis  consulibug  et  universitati  seu  comunitati 
dicte  ville  Martelli,  et  cui  vel  quibus  voluerint,  plenariam 
potestatem  et  ticentiam  percipiendi  seu  percipere  faciendi 
per  quamcumque  seu  per  quascumque  personas  voluerint 
et  mandaverint  auclorilate  sua  propria,  nobis  et  nostris 
irrequisitis  et  non  vocatis,  a  dicto  proximo  feslo  sancti 
Andrée  instanti  in  antea,  omnes  et  singulos  redditus,  et 
obveûtiones,  et  exitus,  et  prosentus  et  jura  quicumque  et 
quecumque  fUeiint  qui  et  que  de  hiis  supradictis  uni- 
versis  et  singulis  a  nobis  sibi  obligatis  et  ipotecatis  a 
dicto  proximo  instanti  festo  sancti  Andrée  in  antea  esie- 
rint  et  provenerint,  qui  et  que  ad  noa  deberent  spectare, 
et  pertinere  et  provenii-e  aliqua  ratione  vel  aliquo  jure, 
ad  omnes  suas  suorumque  voluutates  plenarie  faciendura 
quousque  sibi  reddiderimus  intègre  omnem  banc  pecu- 
niam  supradictam,  aut  quousque  servatis  eisdem  ab  omni 
dampno  de  premissis,  secum,  ad  voluntatem  suara,  compo- 
suerimus  in  pecunia  aupradicta.  De  predicta  vero  strala 
nichil  debenl  percipere  quousque  ait  satisfactum  dictis 
G.  Cassafort  et  WiUelmo  Tondut  in  debito  illo  pro  que 
eisdem  tradidimus  dictam  stratam,  et  illud  quod  de  Mis 
supradictis  a  nobis  sibi  obligatis  et  ipotecatis  babuerînt, 
seu  perciperint  aut  retinuerint,  dum  eadem  ratione  vel 
nomine  dicte  ipolece  sue  seu  pignoris  tenebunt  et  habe- 
buut,  non  coniputabitur  eisdem  in  solutione  debiti  supra- 
dictj.  Noa  enim  donamus  totum  illud  quicquid  sit.  pro 
nqbis  et  pro  nostris  omnibus,  bono  animo  et  libenti  doua- 
tione  inter  vivos  ticta  eiadem  predictis  consoUbus  et 
universitati  seu  communitati  dicte  ville  Martelli,  in  remu- 
nerationem  multorum  servitiorum  que  erga  nos  et  boue 
memorie  dominum  Raimundum  de  Turenna,  quondara 
patrem  nostnim,  aiquidem  contulerunt,  eisdem  stipula- 
tione  interposita  promiltentes  nos  usque  modo  nichil 
fecisse  ve)  dixisae,  nec  deinceps  nos  facturas  vel  diciuros 
aliquod  quod  eisdem  obesse  posset  in  hoc  facto.  Hec 
autem  universa  et  aiugula  aupradicta  promiltimus,  pro 


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Fig,     1    =1    2.       , 

SCEAU  DE  RAYMOND  VI 


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—  339  — 

Dobis  et  pro  uostiis  omnibus,  iterata  stipulationc,  eisdem 
prediclis  consulibus,  uomîne  suo  el  nomine  dicte  uuivei'- 
sitalis  seu  comunitatis  dicte  ville  Martelli  stipulantibus. 
iii viola bililer  observare  et  tenei'e,  et  contra  non  venire  in 
parte  vel  in  totum,  per  nos  vel  per  alium,  aut  aliquim 
aliam  personam  Domine  nostri  vel  nosti-orum,  aliquo  jure 
vel  aliqua  ratioiie,  sic  Deus  nos  adjuvet;  et  hec  saci-o- 
saiicta  Dei  Ëvangelia  a  nobis  corporaliter  tacta,  scienter 
et  consulte,  generaliter  et  specia-iter  renunciautes  sub 
eodein  sacrameiito,  ex  nosli-a  certa  scieiitia  hiis  omnibus 
supradictis  omni  juri  seu  juribus  canonico  et  civili, 
scripto  et  non  scripto,  et  in  integrum  restitutiooi,  et 
compeusalioni,  omni  ignorantie  juris  et  facti,  et  omoi 
privilegio  generali  et  speciali,  et  omni  foro  et  con3ue- 
tudini  et  terre  usui,  litteris  comissionis  summi  pontificis, 
et  ipsius  legali,  el  cujusiibet  judicis  oi'dinani  super  hiis 
aut  contra  predicta  inpetratis  aut  impetrandis,  et  omni 
privilegio  et  minoris  etatis  benelicio,  et  omni  juri  el  facto 
quod  posset  ohici  contra  instrumentum,  et  actioni  et 
exccptioui  juris  vel  facti,  rei  vel  pereone,  competentibus 
aut  unquam  competiluris,  quo  vel  quibus  contra  predlcta, 
vel  aliquod  predictorum,  venin  posset  aliqua  ratione  ;  et 
ad  majorem  reruni  predictanim  fîi-mitatem  habendam, 
eoncedimus  eisdein  prediclis  consulibus,  et  universitati 
seu  coniunitati  dicte  ville  Martelli,  prcsentem  paginam 
sigilli  nostri  munimine  roboratara.  Aclum  apud  Mar- 
tellum,  anuo  el  die  quo  supra  dictum  est. 

(Orig.,  parch-,  scellé  sur  tresses  de  chanvre  jaune, 
blanc  et  bleu,  d'uD  sceau  â  type  équestre  en  cire  blanche 
(voir  figures  1  et  21.  —  Appartient  à  M.  le  contre-amiral 
de  Marquessac.) 


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vir 

LETTRES  d'aIMERIC  DE  MALEMORT,  ÉVÉOUE  DE  Ll- 
MOftES,  CHARGEANT  LE  CHAPELAIN  DE  SAINT-JUNIEN 
d'absoudre  RAYMOND  DE  TURENNE,  QUI  ÉTAIT  SUR 
LE  POINT  DE  PARTIR  POUR  LA  CROISADE,  DE  PLU- 
SIEURS SENTENCES  PRONONCÉES  CONTRE  LUI,  ET 
ORDRE,  PAR  LEDIT  CHAPELAIN,  DE  CONVOQUER 
CEUX  AU  PROFIT  DE  QUI  CES  SENTENCES  AVAIENT 
ÉTÉ  PRONONCÉES. 

27  mars  i25i. 

Magister  Guillelmus,  canonicus  et  capellanus  Sancti- 
Juniaiii,  dilectis  in  Chrïsto  capellanis  de  Tuela,  de  Mala- 
mortc,  d'Albussac,  de  Noalhas,  de  Caichac,  saltitcm  in 
Domino.  Noveritis  nos  taies  litleras  récépissé  :  Ayme- 
ricus,  pei-missione  divina  LemoviceDcis  episcopus,  dilecto 
guo  magistro  Guillemo,  capellano  Sancti-Juniani,  salu- 
tem.  Dilectus  noster  nobilis  vir  R.,  vicecomes  de  Tu- 
reuna,  nobis  huiniliter  supplicavit  ut  cum  sit  in  punctum 
itineris  transmarini  et  propter  hoc  multipliciter  occu- 
patus,  ad  nos  et  officialem  nostnim  venire  non  possit 
absolutionis  beneflcium  petiturus,  eidem  super  hoc  pro- 
videre  misericorditer  dignaiemur.  Nos  ijitur  ejus  suppli- 
calionibus  incliuati,  diacretioiii  vesti-e  comittimus  et  man- 
damuB  ijuatinus  dictum  vicecomitem,  vocatis  partlbus 
adversis  et  refusis  expensis  que  de  jure  fuerînt  per- 
solvenda,  juxla  formam  Ëcclesie  absolvalis  ^  senten- 
cils  a  Dobis,  vel  oSiciali  nostro,  pio  contumacia  latis  in 
ipsum,  assignantes  parlibus  diem  coram  offîciali  nostro 
Lemovicensi,  quam  videritis  expedira,  ad  procedendum 
hinc  indc  quantum  de  jure  fuerit  procedendum.  Datum 
VI  kalendas  aprilis,  anno  Domiui  M'  GC°  L~°  primo  (I). 
Hujus  ijitur  auctoritate  mandati  vobis  mandamus  cilare 

(I)  27  mars  12S1. 


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—  341  — 

apud  Nazare  coram  nobis,  ad  diem  lune  post  Quasimodo 
ante  terciam,  venerabilcm  dominmn  abbatem  Tutellensem 
et  nobilem  dominara  Bertrandam  de  Malamorte,  rcUctam 
ut  dicitui-  domini  Gauberti  de  Malamorte.  dominum  Ber- 
trandum  de  Sancto-Amancio,  templarium,  dominam  Lu- 
ciam,  relictam  Hugonis  de  Noalhas,  Guillelmum  Eapero, 
capellanum,  ut  veniant  visuri  (?)  absolutionem  dicti  vice- 
comitîs  quantum  ad  sententias  in  eundem  latas  pro 
eisdem,  jnxla  formam  mandati  nobis  traditi  ut  supra 
dictum  est  et  recepti,  alioquin  absolvemus  euadem.  Datum 
die  Parasceves,  anno  Domini  M*  CC*  L"°  primo. 

(Orig.,  parch.,  dans  l'un  des  coins  duquel  ont  été 
découpées  six  petites  bandes.  —  Arch.  nat.,  K.  1183.) 

VIII 

LETTRES  d'ÉLIE  RUDEL  ET  d'hÉLIS  DE  TURENNB  BNU- 
MÉRANT  LES  POSSESSIONS  QU'iLS  ABANDONNENT  A 
RAYMOND  VI,  VICOMTE  DE  TURENNE,  ET  A  SES 
HÉRITIERS. 

25  juin  125i. 

Univerais  présentes  litteras  inspecturis,  Helias  Rudelli 
et  Aelyz,  ejus  ujtor,  salutem  in  Domino.  Noverint  uni- 
vers! quod  nos,  bono  anime  et  spontanea  voluntate  nostra, 
pro  nobis  et  nostris  presentibus  et  futuris,  solvinius  in 
perpetuum  et  quitamus  nobili  viro  R,,  Turenne  yice- 
comiti,  et  omnibus  suis  heredibus  et  successorlbus  pre- 
sentibus et  fuluris  :  ^ 

Castrum  Turenne  cum  omnibus  pertinenciis  suis,  et 
bailiviis  et  juribus  universis  ad  castellaniam  dicli  caslri 
pertinentibus. 

Item,  quitamus  in  perpetuum  eidem  vicecomiti  el  suc- 
cessoribus  et  heredibus  suis  monetam  vicecomitaLus  Tu- 
renne, el  jus  faciendi  et  operandi  et  cudendi  eandem. 

Item,  quitamus  eidem  et  successorïbus  suis  medietatem 
ville  Martelll  et  pertinenciarum  ejusdem  ville. 


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—  342  ■^ 

Item,  quitamus  eîâem  et  successoribus  suis  et  here- 
dibus  castrum  de  Montevalenti  cum  pertinenciis  suis  et 
juribus  universis. 

Item,  quitamus  eidem  et  succesoribus  et  heredibus 
suis  porlum  de  Traetutz,  sive  de  Montcvalenti,  cum  perti- 
Deuciis  suis  et  juribus  universis. 

Item,  quitamus  eidem  et  successoribus  et  heredibus 
suis  castrum  de  Merindol  cum  pertinenciis  suis  et  juribus 
universis. 

Item,  quitamus  eidem  et  successoribus  et  heredibus 
suis  castrum  Sancti-Sereni  cum  omni  honore,  et  domi- 
nio  et  districtu,  et  pertinenciis  suis  et  juribus  universis. 

Item,  quitamus  eidem  et  successoribus  et  heredibus 
suis  caslrum  de  Garnhac(l)  cum  pertinentiis  suis  et  ju- 
ribus universis. 

Item,  quitamus  eidem  et  successoribus  et  heredibus 
suis  villam  Belli-Loci  cum  pertinentiis  ^uis  et  juribus 
universis. 

Item,  quitamus  eidem  et  successoribus  et  heredibus 
suis  castrum  de  Betut  cum  pertineuciis  suis  et  juribus 
universis. 

Item,  quitamus  eidem  et  successoribus  et  heredibus 
suis  castrum  de  Belalha  cum  pertinenciis  suis  et  juri- 
bus universis. 

Item,  quitamus  eidem  et?  guccesBOribus  et  heredibus 
suis  totam  terram  et  dominium,  et  feuda,  et  homagia 
de  Brivezio,  quam  et  que  habebat  et  haberc  deliebat 
ibidem  R.,  quondam  Turenne  vicecomes(2). 

Item,   quitamus  eidem  et   successoribus  et  heredibus 

(I)  Gagnac  (Loi). 

(!)  Il  semble  acquis  que  les  droits  des  Turenne  sur  le  paya  de 
Drive  [Brioesium)  leur  furent  apportés  par  le  mariage  de  Ray- 
mond V  avec  Allemande  Malemort,  mère  lie  Raymond  VI.  Il  n'y 
avait  donc  pas  lieu  de  parler  de  ces  droits  dans  cette  transaction; 
mais  si  l'on  se  reporte  au  titre  putiié  par  Justel,  on  verra  qu'il 
s'agit  de  biens  provenant  de  Raymond  IV,  père  d'Hélis  de  Turenne 
et  oncle  de  Raymond  VI, 


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-343  — 

sois  hoDugia,  feuda,  et  dominîa  ac  esplegia  ad  dicta 
castra  et  villas  pertinencia.  * 

Item,  quitamus  eidem  et  successoribus  et  heredibus 
suis  homagia,  feuda  et  dominia  a  villa  Martelli  uaque 
ad  civitatem  Caturcensein,  et  usque  ad  civitatem  Lemo- 
vicensem,  et  usque  ad  villani  de  Gloto8(l). 

Item,  obligamus  nos  et  uostra  ad  solvendam  et  exse- 
quendam  medletatem  teslamenti  eive  ordlnacionis  R., 
quondam  Tureoue  vicecomilis,  ad  arbitrîum  et  volun- 
tatem  venerabilium  patrum,  abbatis  Obazine,  et  Helie, 
electi  monasterii  Sar[lateQaia]. 

Et  hec  omnia  universa  et  singula  aupradicta  promi- 
timus  aos,  pro  uobis  et  uostris,  eldem  vicecomitî  et  suo 
ceasoribus  el  heredibus  suis,  perpetuo  et  inviolabiliter 
servaturos,  prestito  super  sancta  Dei  Euvangelia  corpo- 
raliter  jurameuto.  In  cujus  rei  testimoDium  sigilla  nostra 
presentibus  dnximus  apponeada.  Et  nos  B.,  Dei  gratia 
Fraacorum  regina,  ad  precea  et  instancias  nobilis  viri 
Helie  Rudelli  et  Aeliz,  uxoria  sue,  hec  predicta  laudamus 
et  etlam  approbamua,  et  sigilli  nostri  munimine  robora- 
mus.  Actum  apud  Melodunum,  anno  Domiai  milleaimo 
CC°  L"°  primo,  in  craatino  beati  Johannls-Baptiste. 

(Orig.,  parch.,  autrefoia  scellé  de  trois  sceaux.  —  Arch. 
nat.,  K.  1180.) 

IX 

ENGAGEMENT  PRIS  PAR  RAIMOND,  VICOMTE  DE  TU- 
RBNNE,  DE  FAIRE  JURER  PAR  SES  HOMMES  FIDÉ- 
UTÉ  AU  ROI  DE  FRANCE  AVANT  Qu'ON  LUI  RENDE 
LE   CHATEAU   DE  TURENNE. 

Novembre  1251. 
Ego  Raimundus,  vicecomes  Turenne,  notum  facio  uni- 

(1)  Ëgletons  (Gorrèze).  L'acte  publié  par  Juste!  (preuves,  p.  5Î) 
eolre  dans  plus  de  détails  au  sujet  des  chAteaux  compris  dajis  ces 
limites. 


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-344  — 

vereis  presentibus  et  futuris  quod  ego  promitto  quod, 
quandocumque  excellenlissimus  dominus  meus  rex,  vel 
domina  regina.  voluerint  michi  redilere  castrum  Tu- 
renne,  antequam  i-eddatur  michi  castrum,  omnes  homines 
meos  vicecODiitatus  Turenne,  mililes,  burgenses  et  alios, 
vigiles  eciam  et  custodes  castrorum  jurare  faciam  domino 
régi  fidelitatera,  talem  videlicet  quod  nunquam  ei-unl  con- 
tra ipsunri,  vel  heredes  seu  successores  suos;  et  si  ego,  vel 
heredes  seu  successores  moi,  per  nos,  vel  per  alios  face- 
remus  guerram  sibi,  vel  heredibus  seu  successoribus  suis, 
quod  ipsi  essent  contra  me,  et  heredes  et  successores 
meos,  cum  domino  rege,  et  heredibus  et  successoribus 
suis.  Ego  eciam,  et  heredes  et  successores  mei  tenebimur 
jurare  quod,  ad  magnam  vim  el  parvam,  quandocumque 
dominus  rex,  seu  heredes  vel  successores  sui  mandave- 
rint,  sibi  vel  alterius  ipsorum  mandalo  certo,  reddemus 
castrum  Turenne,  et  castrum  Sancti  Sereni,  el  omnes 
alias  fortericias  meas,  quas  teueo  de  ipso  domino  rege. 
Voie  eciam  et  coocedo  quod  hujusmodi  juramenlum  in 
posterum  semper  flat  et  renovetur  aiinujilim,  vel  quociens 
dominus  rex,  seu  heredes  vel  successores  sui  voluerint, 
et  ad  hoc  obligo  me,  heredes  et  successores  meos,  ac 
totam  terram  meam  vicecomitalua  Turenne.  Hec  autem 
omnia  facio  libéra  et  spontanea  voluntale.  In  cujus  rei 
testimonium,  sigillum  meum  duxi  presentibus  apponen- 
'  dum.  Actum  apud  Pontisaram,  anno  Dominl  M"  CC"  quin- 
quagesimo  primo,  mense  novembri. 

(Orig.,  parch.,  scellé  en  cire  brune,  sur  double  queue, 
du  sceau  de  Raymond  de  Turenne  (voir  figures  3  et  4.)  — 
Arch.  nat..  J.  400,  n"  47;  Layettes  du  Trésor  des  chartes, 
l.  III,  p.  147.) 


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SCEAU  DE  RAIMOND  VI 

VICOMTE   &E  T 


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—  347  — 

X 

ACCORD  ENTRE  RAYMOND  VI,  VICOMTE  DE  TURENNE, 
d'une  PART,  ET  BERNARD,  VICOMTE  DE  GOMBORN, 
MARGUERITE,  SA  FEMME,  ET  DAUPHINE  DE  ROQUE- 
FEUIL,  d'autre,  au  SUJET  DES  DROITS  REVENANT 
A  CES  DEUX  DERNIÈRES  SUR  LA  VICOMTE  DE 
TURENNE  EN  LEUR  QUALITÉ  DE  FILLES  DU  VI- 
COMTE   BOSON   m. 

Août  1256. 

Universis  présentes  litleras  inspecturis,  Raymundus, 
vicecomes  Turenne,  Bernardus,  vicecomes  de  Combornio, 
Margareta,  ejus  uxor,  et  Daitlna  de  Rugefolio,  salutem  in 
Domino.  Notum  facimus  universis  quod  cum  conteiitio 
esset  inter  nos,  Raymundum,  vicecomitem  Turenne,  ex 
uiia  parte,  Bemardum,  vicecomitem  de  Combornio,  Mar- 
garetam,  ejus  uxorera,  et  Dalfinam  de  Rupefolio,  fllïas 
quondaiii  Boasonis,  vicecomitis  Turenne,  ex  altéra,  super 
parte  vicecomitatus  Turenne,  dominiis,  feodis  et  juri- 
hua  que  dictus  Raymondus  habet  et  posaidet  ratione 
dicti  vicecomitatus,  excepta  portione  quam  Reginaldus  de 
Ponte,  domicellus,  et  Margareta,  ejus  uxor,  teneot  et 
possident,  quam  partem  dicte  Margareta  et  Dalflna  dice- 
bant  ad  se,  jure  hereditario,  pertinere,  ex  successione 
dicti  Bossonig,  patris  sui,  tandem  inter  nos  amicabiliter, 
de  consensu  nostro,  fuit  compositum  in  hune  modum. 
Videlicet  quod  nos  Raymundus,  vicecomes  Turenne, 
damus  predicto  vicecomiti,  uxori  ejus  et  Dalfine  centum 
quinquaginta  libras  annui  redditus  malchionum  [sic]  vete- 
rum  currentium  nunc  in  vicecomitatu  Turenne,  ita  lamen 
quod  vicecomes,  uxor  ejus  el  Dalfina  predicti,  et  suc- 
cessores  eomm  debent  tenere  in  feodum  dictum  redditum 
a  nobis  Raymundo,  vicecomite  Turenne,  et  heredibus  nos- 
tris;  non  tamen  debent  propter  hoc  nobis  facere  homa- 
gium.  Ceterum  damus  predictis  vicecomîti,  uxoii  ejus  et 


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—  348  — 

Dalâne  mille  libras  ejusdem  moDel«,  Bolvendas  unicuique 
pro  rata  sua  in  hune  modum  :  scilicet,  in  festo  Purifica- 
tionia  béate  Marie  virginis  proximo  instanti,  trecentas 
libras;  et  in  eodem  festo  proximo  subséquent!,  alias  tre- 
centas libras;  et  in  eodem  festo  proximo  subséquent!,  alio 
anno  revoluto,  quadringintas  libras.  Nos  vero  vicecomes 
de  Combornio,  Margareta,  uxor  nostra,  Dalflna  de  Ruper- 
folio,  âde  prestita,  quitavimus,  pro  nobis  et  omnibus 
heredibus  et  successoribus  nostris,  dictum  Raymundum, 
vicecomitem  Turenne,  et  omnes  heredea  et  successores 
ejus,  ab  omni  aclione  et  petitione  quam  vel  quaa  habe- 
bamus,  vel  habere  poteramus  quoquomodo  contra  dictum 
Raymundum,  vicecomitem  Turenne,  ratione  partis  quam 
habet  et  possidet  vicecomitatus  predicti,  dominiorum,  feu- 
dOFum  et  jurium.  Sciendum  lamen  est  quod  nos,  vice- 
comes Turenne,  debemus  assignare  in  terra  plana,  sina 
fortalicia,  dictis  vicecomiti  de  Combornio,  M.,  uiori  ejus, 
et  Dalfine,  dictum  redditum  in  terra  quam  tenemus  de 
vicecomitatu  Turenne,  ad  arbitrium  religiosorum  viro- 
nim,  abbatis  Auretiacensis  et  celerarii  ejusdem  monas- 
terii,  ordinis  sancti  Benedicti,  ita  quod  si  ipai  duo  in 
dicta  assignatione  convenire  non  possent,  abbas  Obazine, 
Ordinis  cislerciensis,  débet  esse  superior,  et  quidquid 
ipse  abbas  Obazine,  de  dicta  assignatione,  cum  duobus 
predictis,  vel  altero,  faciet,  débet  habere  roboris  firmi- 
tatem.  Sciendum  etiam  est  quod  dicli  abbates  et  cele- 
rarius  debent  assignare,  prout  dictum  est  superius,  dictis 
vicecomiti  de  Combornio,  M.,  uxori  ejus,  et  Dalfine,  in 
terra  ubi  erunt  redditus  assignat!,  unum  manerium,  sive 
fortaliciam,  jure  hereditario  perpetuo  possidendum,  ubi  pos- 
sint,  quando  eis  placuerit,  venire  et  morari.  Item,  scien- 
dum est  quod  nos  Raymundus,  vicecomes  Turenne,  de 
quingentis  libris  monete  p  redicte  solvendis  terminis  su- 
pradictis,  debemus  dare  fidejussores  predicto  vicecomiti 
de  Combornio  et  M.,  uxori  ejus,  ad  arbitrium  dicti  abbatis 
Obazine  et  fratris  Guidonis  de  Gimello,  ordinis  Fratrum 
minorum.  Item,  debemus  dare  predicte  Dalfine  de  Rupe- 


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—  349  — 

folio  ûdejussores  de  quingentiB  libris  monete  predicte 
solvendig  terminis  predictis,  ad  arbitrium  magistri  Guil- 
lelmi  Chaulet  et  celerarii  supradicti.  In  cujus  rei  testi- 
monium,  nos  Raymundus,  vicecomes  Turenne,  Bernai-- 
dus,  vicecomes  de  Gombornio,  Margareta,  uxor  QOBlra, 
Dalfina  de  Rupefolio,  sigilta  nostra  presentibus  litteris 
duxiinus  apponeuda.  Actum  Parisius,  anno  DomiQÎ  mille- 
simo  duceotesimo  guiuquagesîmo  sexto,  meose  Augusli. 
(Orig.,  parch,,  autrefois  scellé  de  quatre  sceaux  pon- 
dant sur  doubles  queues.  — Arch.  nat.  K.  1180.) 

XI 

ACENSEMENT,  PAR  RAYMOND  VI,  VICOMTE  DE  TU- 
RENNE,  EN  FAVEUR  DE  BERNARD  DE  DOTVAL, 
d'une    partie    du    MANSE    de    DOTVAL. 

Février  i?63. 

Universis  présentes  lilteras  inspecturis,  Raymundus, 
vicecomes  Turenne,  salutem  et  pacem.  Notum  facimus 
universis  quod  nos  acensavimus  et  ad  certum  censum 
dedimus  et  concessimus,  pro  nobis^t  nostris,  Bernardo 
de  Dotval,  heredibusque  suis,  pirtem  mansi  de  Dotval 
quam  Hunibertus  de  Dotzval,  presbiter,  tenuerat  et  pos- 
sidcrat,  et  ad  se  pertinere  dicebat  antequam  andueret  [sic) 
habilum  monachalem,  cum  omnibus  juribus  et  pertinenciis 
ail  nos  spectantibus,  aut  etiam  pertinenlibus;  ita  tameu 
([uod  diclus  Bernardiis  dédit  nobis  pro  intra,yrio  quatuor 
libras  monele  currenlis,  quas  ab  eodem  habuimus  et 
recepimus  in  pecuuia  numerata.  Item,  débet  nobis  dare 
singulis  annis  duodecim  sextarios  avene  ad  mensuram 
Maschalli  (1),  et  quatuor  sextarios  fromenti  ad  mensuram 
cum  qua  levai  G.  de  RolBuhac  nostrum  fromentum,  red- 


dc  Chenullers- 


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—  350  — 

dendos  apud  Tureimam  io  festo  iiaDcti  Michaells.  Item, 
débet  nobis  dare  quinque  solidos  pro  acaptameQto,  moncte 
curreatis,  dura  locus  se  obtulerit  oportunum.  Et  dictum  B. 
de  predicla  parte  mansi  investivimus  et  in  posscssionem 
induci  fecimus  corporalem,  promitlentes  [contra]  aceiisa- 
tionem  hujus  aliquo  tempore  in  parte  vel  in  tolo  non 
venturos.  In  cujus  rei  testimonium  sigillum  nostrutn  pre- 
sentibuB  duxlmus  apponendum,  salvo  lamen  jure  nostro. 
prout  saperius  est  ejtpressum,  similiter  et  jure  alieno. 
Datum  et  actum  apud  Turennam,  mense  febmarii,  aiino 
Domini  M"  CC  LX'  secundo. 

(Orig.,  parch.,  autrefois  scellé  sur  double  queue.  — 
Arch.  nat.,  Q-   137.) 

XII 

promesse  du  celléluer  et  du  chambrieb  de  tulle 
de  travailler,  dans  la  mesure  de  leurs  forces, 
au  bien  et  profit  de  raymond,  vicomte  de  tu- 
renne,  et  spécialement  de  faire  en  sorte  qu'll 
n'Éprouve  aucun  dommage  au  sujet  du  château 

DE  OIMEL. 

7  juillet  i261. 

Nos  B.  de  Sanclo  Aslerio,  cellerarius.  et  G.  de  Oistro- 
Novo,  cameranua  Tutellensis,  notum  facimus  univereia 
cL  singulis  présentes  litteras  inspecturia,  quod  nos  pro- 
mittimus,  prestitis  ad  sancta  Dei  Evangelia  jurameutis, 
iiobili  viro  domino  Raymundo,  vicecomiti  Turenne,  iu 
omnibus  honorem  et  utilitalem  suam  bona  ûde  pro  viri- 
bus  in  perpeluum  procurare,  et  specialiler  quod  caslruni 

de  Gimello  non  sedeat  ad  dampnum  vel ipslus  vice- 

comitis,  vel  suorum,  immo  ad  ulititatem  el  honorem 
ipeius.  In  cujus  rei  testimonium  presentibus  litieris  sigilla 
uostra  duximus  apponenda.  Datum  die  jovis  in  crastina 
oclabarum  apostolorum  Pétri  et  Pauli,  anno  Domini 
M°  CC'  LX"  seplimo. 

(Orig.,  parch.,  scellé  aur  simple  queue  de  deux  sceaux 


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—  351  — 

en  cire  blanche,  dont  l'un  est  complètement  détruit,  et 
dont  l'autre  est  réduit  à  l'état  de  fragment.  Sur  ce  frag- 
ment se  Toit  une  tour  crénelée  percée  de  deux  fenêtres. 
—  Arch.  nat.,K.  1180.] 

XIII 

ACEN9EMENT,  PAR  RAYMOND,  VICOMTE  DE  TURENNE, 
EN  FAVEUR  DE  BERNARD  BEAUDOIN  ET  DE  BER- 
NARD DE  SAINT-HILAIRE,  DES  DEUX  MANSES  DE 
NARSAU    ET   DE   CELUI    DE    LA   ROGEWE. 

18  septembre  i2Ti. 

Univereis  présentes  litteras  inspecturis,  Raymundus, 
Turenne  vicecomes,  salutem  et  pacem.  Tenore  presentium 
notum  facimus  universis  présentes  litteras  inspecturis, 
quod  nos  certi  de  jure  et  facto  nostro,  non  choacti,  non 
decepti,  non  machiuatione  aliqua  circumventi,  dedimus 
ad  censum,  pro  nobis  et  succesaoribus  nostris,  dileclis 
QOtris  Bernardo  Baudoyni  et  Bernardo  de  Sancto  Hylario, 
domicellis,  suisque  heredibus  et  voluntariis,  duos  mansos 
nostros  dictos  et  appellatos  de  Narsa,  et  alium  tertium 
mansum  nostrum  dictum  et  appellatum  de  la  Rotgairia, 
cum  omnibus  întroitibus  et  exitibus,  pascuis,  nemoribus, 
terris  cultis  et  incultis,  rippariis,  aquis  et  omnibus  aliis 
juribus  et  deveriis  predictorum  mansorum,  —  et  isti 
très  mansi,  seu  faziones,  ad  invicem  sunt  conjuncli  seu 
coQtigui;  et  isti  très  mansi  predicti  ad  invicem  conjuncti, 
seu  faïiones  predicte,  confrontant  se  cum  via  publica  per 
quam  itur  de  Cayssac  apud  Arnac(l},  ex  parte  una,  et 
cum  manso  de  Leunac,  et  cum  manso  de  Romeyoza,  et 


(!)  Le  chemin  public  de  Queysaac  à  Puy-d'Ârnac  Les  manaes 
dont  il  est  question  daus  cette  ctiane  étaient  situés  dans  la  com- 
mune de  Végennes,  oii  l'on  rencontre  encore  les  villages  de  Nar* 
sau,  du  Breuil,  de  la  Tronche,  etc. 


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—  352  — 

cum  mansis  de  Brolio  et  LatroBCha,  et  cum  bordaria  de 
Cbargolas,  ex  alia,  —  pro  sex  libria  minus  quinque  aoli- 
dis  monete  currentis  in  vicecomitatu  nostro  Turenne  ren- 
dualibus,  solvendîs  nobis  et  successoribus  nostris  annua- 
tim,  videlicel  medietatem  in  festo  beati  Andrée,  apostoli, 
et  aliam  medietatem  in  festo  Rogatioiium ,  et  pro  quin- 
que  aolidis  ejusdem  monete  de  acaptamento  in  mutatione 
utriusque  domini,  et  pro  trecentis  et  quinquagenta  solidia 
ejusdem  monete  de  inlragio;  quos  trecentos  et  quinqua- 
genta solidos  nos  r,onfltemui'  et  recognoscimus  noa  ha- 
buisse  et  récépissé  ab  ipsis  domicellis  in  pecunia  nume- 
rala,  renunciantes  exceptioni  non  numérale  pecunie,  non 
habite,  non  recepte  et  apei  numerationis  future;  renun- 
êiantes  etiam,  quantum  ad  dictam  acensacionem,  exceptioni 
doli,  fori,  loci,  et  actioni  in  factum,  usui  et  terre  consue- 
tudini,  et  omni  exceptioni  juris  canonici  et  civilia,  et 
omnibus  aliis  exceptionibus,  deffensionibus,  allegationibus 
per  quas  hujusmodi  acensatio  posset  in  posterum  anullari 
seu  etiam  retractari.  Et  promittimus,  pro  nobis  et  suc- 
cessoribus nostris,  quod  contra  hujus  modi  acensationem 
factam  pro  nobis  et  successoribus  nostris  dictis  domicellis 
de  predictis  mansis  non  veniemus  in  futurum,  licite  vel 
expresse,  in  toto  vel  in  parte,  aliquo  jure  seu  alîqua 
ratione.  Hec  autem  univei-sa  et  singula,  proul  superius 
sunt  expressa,  promittimus  lenere,  et  observarc  et  contra 
non  venire,  prestito  ad  sancta  Dei  Evangelia  corporaliter 
juramento.  In  cujus  rei  testimonium  et  memoriam  om- 
nium premissoiTim,  nos,  vicecomes  predictus,  sigillum  nos- 
Irum  apponi  fecinms  per  manum  dilccli  c;ipcllani  nostri 
Ademari  Barba;  et  noa  Boïo  de  Turenna.  frater  dicti 
vicecomitis,  premissa  confirmantes  ac  etiam  approbantes, 
sigillum  nostrum  duximus  presenlibus  apponendum  in 
testimonium  et  munimen  omnium  premissorum.  Datum 
die  martis  ante  festum  beati  Mathei  apostoli,  anuo  Domini 
millesimo  CC'  LXX'  quarto. 

(Orig.,  parch.,  autrefois  scellé  de  deux  sceaux.  —  Arch. 
nat.,  Q'  136.) 


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—  353  — 
XIV 

OBDRE  DU  SÉNÉCHAL  DE  PÉRIOORD  ET  QUERCY  AU 
BAYLE  DE  BRIVE,  DE  s'aBSTENIB  A  l'aVENIR  d'eN- 
TRER  DANS  LA  VICOMTE  DE  TURBNNE  POUR  Y 
FAIRE  DES  SAISIES  ET  DES  CITATIONS,  SI  CE  n'eST 
DAKS  CERTAINS  CAS  DÉTERMINÉS. 

29  mai  1293. 

Johaiines  de  Mabl....,  miles  illustrissimi  principis  do- 
mini  régis  Prancie,  ejusdemque  senescallus  Pretragori- 
ceosis  et  Gaturceasis,  bajulo  nostro  de  BFiva(l),  vel  ejus 


(1}  Lm  baylies  dfl  Brive  et  d'Userche  furent  unies  à  la  séné- 
chaussée  de  Limousin  par  lettres  du  roi  Charles  V,  du  1  juin 
1373;  elles  avaient  été  comprises  jusqu'à  cette  date  dans  la  séné- 
chaussée de  Périgord.  Il  semble  que  les  dlFBcultés  du  montent 
retardèrent  pendant  quelque  temps  les  effets  de  cette  mesure.  On 
lisait  en  effet  ceci  dans  le  compte,  pour  t3T7-137B,  de  Pierre  Hont- 
rivaud,  receveur  de  la  sénéchaussée  de  Limoges  sous  l'adminis- 
tration  de  Gaucher  de  Plasssc,  sénéchal  ;  «  Receptes.  —  Des  rentes, 
droits  et  revenus  du  hailliage  de  Brive  et  Uzerche  néant  cette 
année,  pour  ce  que  les  Angles  et  ennemis  du  Boyaulme  occupent 
tout  le  pays  dudît  bailliage,  et  n'y  peuvent  avoir  les  officiers  du 
Roy,  nostre  sire,  aucune  obéissance  ne  n'y  osent  aller,  pour  ce 
néant;  et  fut  baillée  en  garde  par  le  seneschal  à  Pierre  de  Tuile 
(ou  Tuelle),  de  Brive,  qui  encore  n'eo  a  compté.  > 

Au  bas  du  feuillet  dudit  compte  était  écrit  :  NotAndum  qviod 
Rex,  per  tuu  Ullerag  d&ta»  geplim&  junii  MCCCLXXIII;  ad- 
junxil  huic  genegehallie  Lemomcensi  baiUivai  de  Briva  et  de 
Uterchiii,  que  aolebant  esse  de  aeneschalliis  Petragoricensi  et 
CatuTcenai,  proul  patet  per  diclaa  litteraa  quarum  copia  acri- 
bitur  in  fine  hujus  aompoti;  et  traditum  fuit  dicto  receptoH 
tranicriptum  dielarum  titteraTum  collationatum  et  expeditum 
per  litteraa  dominorum,  d&lttm  xv  sept.  MCCCLX XVIII.  Ca- 
veatvr  quod  de  celero  reapondeat  de  emolumenlii  dictorum 
baillivarum..  Cette  dernière  phrase  est  probablement  de  la  main 
des  gens  de  la  Chambre  des  comptes,  qui  Jugeaient  bon  de  sti- 
muler le  sèle  du  receveur. 

Ces  renseignements  sont  tirés  des  archives  municipales  de  Brive, 
où  se  trouve  une  série  d'extraits  des  comptes  de  la  baylie  de  Brive, 
que  l'incendie  des  archives  de  la  Chambre  des  comptes,  en  1T3T,  a 
rendus  fort  précieux. 

T.  VIL  %~io 


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—  354  — 

locum  tenenti,  salutem  et  dîlectioQem.  Gum  robia  alias 
dederimus  in  mandatum  quod  io  terra  nobilis  viri  vice- 
comitis  Turenoe  non  gatgiaretia,  nec  adjornarctis,  nec 
explectaretis  aliquid,  niai  propter  defectum  geDcium  dicti 
nobilis,  seu  propter  ressortum  pertinentem  ad  domiauDi 
Regem,  seu  aliam  justam  causam  ad  nos  pertinentem, 
videlicet  pro  judicatura  curie  noslre,  el  vos,  ut  intel- 
leximus,  contrarium  facitis  incessanter,  dictam  terram 
intrando  et  ibidem  explectando,  de  que,  si  verum  sit, 
quamplurimum  admiramur,  vobis  Ûrmiter  etdistricte 
precipiendo  inandamus  quatinus  dictam  terram  dicti 
nobilis,  niai  in  defectu  gencium  ejusdem,  non  intretia, 
eamdem  explectando,  seu  dictam  terram  usurpando,  nisi 
in  casibus  supradictis,  seu  aliis  ad  juriadictionem  dicti 
domini  nostri  Régis  pertinentibus  et  spectantibus,  seu 
alio  expresse  mandate  per  nos  vobia  faciendo  super  pre- 
miasis.  Datum  apud  Montem  Dôme,  die  veueris  post  oc- 
tabas  Penihecostes,  anno  Domini  M"  CG°  nonagesimo  ter- 
cio.  —  Redd. 'lit. 

(Orig.,  parch.  —  Arch.  nat.,  K  1180.) 

XV 

TRANSACTION  ENTBE  l'aBBÉ  DE  SAINT-GÉEUUD  D'aU- 
RILLAG  ET  FBÈHE  GÉRAUD  DE  JO,  PRIEUR  d'aU- 
RIAC,  d'une  part,  et  RAYMOND,  VICOMTE  DE 
.TURENNE,  d'autre  PART,  AU  SUJET  J>U  REPAIRE 
ET  DU   DOMAINE  DE  JO. 

27  octobre  1299. 

In  nomine  Domini  amen.  Noverint  universi  et  singuli 
hoc  presens  publicum  instrumentum  inspecturi  quod  cum 
controversia  verterelur,  seu  verli  speraretur,  inler  reveren- 
dum  patrem  dominum  Pelrum  (1),  Dei  gratia  abbatem  mo- 
nasterii  Aureliacenais,  et  fratrem  Guillelmum  de  Claviers, 

(t)  Pierre  Malafaide,  d'une  illustre  famille  limousine. 


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—  355  — 

priorem  de  Burgno  ac  sclndicum  conventus  moDasteriî 
predicti,  Domine  abbatis,  et  conventus  et  monasterii,  et 
fratrem  Geraldum  de  Jo,  priorem  de  Auriaco,  ex  parte 
una,  et  nobilem  virum  Ramundum,  vicecomilem  Turenne, 
domlnum  de  Cerveria  et  de  Santria,  ex  alia,  super  alber- 
gamenlo  seu  repario  de  Jo,  prout  ipsum  tenebat  et  possi- 
debat  quondam  Beatrix,  relicl.1  quondam  Aîterii  de  Jo, 
domini  defuncti,  et  idem  Geraldus,  ejus  filins,  et  etiam 
idem  Eoarilus  suua  tempore  quo  iidem  coujuges  vivebant; 
et  super  mansis,  capmansis,  bordariis,  terris,  aliis  reddi- 
tibus  juribus-et  deveriis,  et  aliis  bonis  que  dicti  cou- 
juges  coDJuuctim  vcl  divisim  tenebant  et  possidebaut  dum 
viverent,  vel  dicta  Beatrix  et  idem  Geraldus,  ejus  fllius, 
tenebant  et  possidebant  tempore  mortis  dicte  Beatricis; 
que  predicta  omuia  boua  idem  abbas  dicebat  ad  se  et 
dictum  mouasterium  pertinere  ex  quadani  donatione  facta 
ipsi  abbaii,  et  conventui,  et  monasterio  et  prioraïui  de 
Auriaco  per  Beatricem  et  fratrem  Geraldum  predictos, 
dicto  vicecomiti  in  contrarium  asserente  et  dicenle  ipsum, 
vel  ejus  maudatum,  predicta  cepisse  et  saizivisse  propter 
defectum  hominii  et  ut  de  feudo  et  dominio  suo,  et  ut 
incursa  et  comissa  eidem,  et  quod  predicti  abbas  et  con- 
ventus et  prior  eadem  extra  manum  suam  non  posuerant 
ut  debebant;  tandem,  post  multas  altercationes  et  lites 
super  predictis  et  predicta  tangentibus,  inter  ipsas  partes 
amicabilis  compositio  intervenit  talis.  Videlicet  quod  dic- 
tum albergamentum  seu  reparium  et  homines,  et  pagesii, 
et  villa,  et  orti,  et  boria  de  Jo,  prout  ad  predictos  Bea- 
tricem et  ejus  Ûlium  spectabant  et  pertinebant,  spectaut 
in  perpeluum  ad  dictum  vicecomitem  et  ejus  heredes  et 
successotes.  Item,  quod  omnes  mansi  et  capmansi,  bor- 
darie,  appendarie,  terre,  prata,  redditus,  census,  jura, 
servitutes  et  alia  boua  immobilia  et  actiones  que  spectant 
ad  predictos  matrem  et  âlitim,  iuter  dictum  abbatem  et 
ipsum  vicecomitem  pro  equis  portionibus  communiter 
dividantur,  solutis  tameu  prius  de  predictis  bonis  com- 
munibus,  per  dictos  abbatem  et  vicecomitem,  leguatis  et 


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—  356  — 

âdeicommissis  ad  pias  causas  relictis  per  ipsos  matrem 
t  et  fllium,  contenus  in  litterîs  confectis  super  donatione 
predicla  et  teetamento,  ut  dicitur,  confecto  per  ipsam 
Beatricem  jam  defunctam,  ad  esgardum  et  cognitionem 
magistrorum  Pétri  Bniui  et  Geraldi  Majoris,  jurisperi- 
torum,  si  vaccare  poBSunt;  et  si  vaccare  non  possuut,  ad 
esguardum  et  cognitionem  domini  Hugoois  de  Gamburac, 
legum  professoris,  et  magistri  Stephani  Laguardela,  juris- 
prerili;  et  si  dominus  Hugo  de  Gamburac  et  magister 
Stephanus  Laguardela  vaccare  non  possunt,  ad  esguardum 
et  cognitionem  magistrorum  Stephani  Bec  et  Bertrandi 
Vitalis,  jurisperitorum.  Et  fuit  actum  quod  omnia  bona 
que  tradita  fuerunt  pro  relictis  ad  pias  causas,  leguatorii 
seu  fideicommissarii  ponere  debeant  eitra  manum  suam, 
prout  est  de  consuetudine,  ita  quod  predicta  non  rema- 
neant  amortita,  nec  dictus  vicecomes  intendit  amortizare; 
ita  tamen  quod  si  dictus  abbas  solvere  voluerit  dicto 
vicecomiti  infra  duos  annos  ab  instanti  festo  Nativitatis 
Bomini  computandas,  ducentas  libras  turonnensium  par- 
vorum  tantum,  vel  viginti  denarios  turonenses  pro  quo- 
libet deuario  renduali  pro  parte  contingente  ipsum  vice- 
comitem  de  dictis  bonis,  escepto  albergamento  predicto, 
et  hominibus,  et  pagesiis,  domibus  et  ortis  eorum  qui  in 
omni  suençu  predicto  vicecomiti  et  ejus  heredibus  debent 
remanere;  et  census  et  deveria  que  dicti  homines  debe- 
bant  ratione  predictorum,  quod  idem  vicecomes  omnia  alla 
bona  immobilia  que  ad  ipsum  de  predictis  bonis  obve- 
uerint,  et  etiam  boriam  predictam,  exceplo  alberguamento 
predicto  hominibus,  pagesiis,  domibus  et  hortis  dicto 
abbati  amortita  quantum  ad  se  reddere  et  dimittere  in 
perpetuum  teneatur,  et  etiam  quod  statim  amortizet  quan- 
tum ad  se  partem  quam  ad  ipsum  abbalem  proveniet, 
oonventum,  priorem  et  monasterium  de  bonis  predictis, 
salvo  semper  et  retento  dicto  vicecomiti  et  eJus  heredibus 
auccessoribusque  suis  in  omnibus  predictis  bonis  perti- 
nentibus  ad  dictum  abbatem,  omnîmoda  Jurisdictione, 
mero  et  mixto  itnperio;  et  qUod  predicla  diclentur  per 


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-357- 

prenominatos  magistros  ad  esgardium  predictorum  ma- 
gistrorum,  videlicet  si  primi  duo  vaccare  poBsunt;  et  si 
vacare  non  posBUDt,  guod  dominus  Hugo  de  Gomburac, 
legum  professor,  et  magîster  Stephanus  Laguardela,  juris- 
peritus  dictare  possint;  et  si  omnes  isti  deflcerent  et  non 
poasent  vacare  nec  intéresse,  ad  esguarâium  et  cogni- 
tionem  magistrorum  Stephani  Bec  et  Bertrandi  Vitalis, 
jurisperitonim,  possiot  dictari  et  ordinari;  et  sigillentur 
omnia  prout  ipsi  dictaverint  sigillis  ipsonim  abbatis  et 
coQventus  et  vicecomitis  infra  instans  featum  Nativitatis 
Domiai  prositne  Teaturum.  Que  predicta  omnia  idem 
sciadicQS,  nomine  ipsorum  abbatis,  prions  de  Auriaco  et 
conveotus,  et  idem  vicecomes,  pro  se,  juraverunt  ad 
sancta  Dei  Evaogelia  corporaliter  tacta  attendere  perpetuo 
et  complere  sub  pena  mille  librarum  turonnensium  a 
parte  non  hobediende  parti  obedienti  conferenda.  Kt  fuit 
actum  int«r  partes  predictas  guod  predicta  sigillentur 
infra  festum  Nativitatis  Domiai  prozime  ventunim,  et 
illa  pars  per  quam  steterit  quominus  predicta  infra  dictum 
tempus  sigillentur  sigillo  dictarum  partium,  jus  quod 
hal>et  io  dicto  affario  de  Jo  et  in  bonis  predictis,  ex 
compositione  predicta,  amittat  et  alteri  parti  accrescat, 
quod  absit,  et  quod  intérim  dominus  Guitbertus  Alboy, 
miles,  dominus  de  Vergi  (?],  predicta  omnia  teneat  nomine 
et  ad  opus  illius  oui  accresset,  quod  absit;  et  nichilo- 
minus  quod  pena  predicta  committatur;  pro  qua  pena 
solvenda  convenerunt  et  se  obligavenint  pro  utraque  parte 
domiai  Bernardus  d'Alboy  et  Fulco  de  Merle,  milites, 
et  Ademarus  Faydit,  domicellus,  et  eorum  quilibet  pro 
utraque  parte.  Et  pro  premissis  universis  et  singulis  a 
predictis  partibus  et  a  qualibet  ipsanim  tenendia,  flrmiter 
attendendis,  perpetuo  complendis  et  inviolabiliter  obser- 
vandis,  suppoauerunt  et  submiserunt,  videlicet  dictus  vice- 
comes partem  suam  et  omnia  bona  sua  mobilia  et 
immobilia  presentia  et  futura,  et  prefati  abbas,  scindicus  • 
et  prior  de  Auriaco  bona  mobilia  et  Immobilia  dicli  mo- 
nasterii  ubicumgue  sint  et  existant,  jurisdtctioQi,  fora, 


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—  358  — 

cohertioni,  districtui,  compulsiosi,  cognitionî  et  ordina- 
tioni  senescalli  domini  régis  iii  Monte  Dôme  positi  et  sta- 
tuti  ;  el  predicti  Ôdejussores,  pro  predictis  partibus,  3ub- 
miBerurit,  videlicet  dominus  Fulco  de  Merle  et  Ademams 
Faydit,  domicelli,  seîpsos  et  onmia  bona  sua,  et  dominus 
Bernardua  d'AIboy,  miles  predictus,  tanlum  bona  sua,  ju- 
risdictioni,  foro,  cohertioni  et  ordinationi  sigilli  predicti, 
volentes  omnes  predicii  et  petentes  hoc  presens  publicum 
instnimentum  eodem  sigilto  sigiJlari.  Acta  fuerunt  bec 
apud  Cerverviam,  in  platea  communi  contîgua  ecclesie 
seu  capelle  de  Cerveria,  in  gi-adibus  dicte  eccle'Sie  coram 
ulmis  et  quadam  leonissa  de  petra,  die  marlis  ante  festum 
omnium  sanctorum,  anno  Domini  millesimo  ducenlesimo 
nonagesimo  nono,  régnante  serenissimo  principe  domino 
Philippo  Dei  gratia  rege  francorum  iUiistrissimo,  testibus 
presentibus  ad  hec  vocatis  et  rogatis  religiosis  viris  do- 
minis  Guillelmo  Guitartz,  priore  de  Calus,  Geraldo  de 
Salanhac,  priore  de  Glenico,  Geraldo  de  Mauriac,  came- 
rario  ejusdem  loci,  Guilhelmo  de  Veyrac,  priore  de  Podio- 
Gelso  et  Geraldo  de  Marguarida,  monachis;  el  presentibus 
dominis  Guilhelmo,  priore  Sancli-Santini  et  canonico 
Brive,  Guilhelmo  de  Guaratz,  rectore  ecclesie  de  Orihaco, 
Geraldo  Vegier,  capellano  de  Glenico;  et  presentibus  ma- 
gistris  Hugone  de  Vemolio,  Petro  Bruni,  Guillermo 
Moyseti,  jurisperiti,  Addemaro  de  Merle,  Ramundo  de 
Piiciis,  Petro  de  Pliciis,  Durand  de  Marc,  Johanne  Plan- 
chier,  Petro  Verdier,  Johanne  Labrossa,  Stephano  Pelhi- 
cier,  Petro  de  Manhac  et  Guilhelmo  de  Malessec,  clericis; 
et  presentibus  dominis  Guitberto  Alboyni,  Savarico  Moy- 
seti, Aymerico  do  Peslel,  Geraldo  de  Cabra  et  Petro  de 
Murât,  militibus;  et  presentibus  Ber.  de  Pena  d'Albiges, 
Pontio  de  Fumel  d'Agenes,  Geraldo  de  Claviers,  Petro  de 
Vernolio,  Guidone  Malafayda,  Ber.  del  Luc,  Petro  de 
Sancto  Martino,  Stephano  de  Sancto  Baudilo,  Hugone 
Chartz,  Guillelmo  Celarier,  Geraldo  et  Ademaro  de  P., 
Geraldo  et  Ramundo  Guitartz,  Guillelm  de  Valeta,  Guit- 
berto Delbos  et  Guidone  de  Mauriac,  domicellis;  ac  etiam 


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preaeDtibus  Ber.  de  Gannac,  burgensis  Aureliacensis,  Ge- 
raldo  de  Verroilh,  Giiilhermo  de  Peset,  Ber.  de  Potz,  Ger. 
Dajohan,  Guilhelmo  de  Saacto  Martino,  Matheo  Malla- 
facha,  Petro  de  Tolosa,  Stephano  de  Bordis,  dicto  Perrier; 
Petro  de  Gurriaras  (?],  dicto  Ponhat;  Greraldo  Folchier  et 
Simone  Coutier;  et  me  Petro  Popcha,  auctoritate  dicti 
domini  nostri  régis  fraDCorum  iii  tota  seoeschalla  Petra- 
goricensi  et  Caturcensi  et  ejus  ressorte  publico  notarié, 
qui  reguisituB,  vocatus  et  rogatus  hec  omnia  vidi  et 
audivi,  scripsi  et  recepi  et  in  fonnam  publicam  redegi, 
signoque  meo  soUto  signavi.  Noa  vero  Hugo  de  Graodis- 
seno,  cust09  sigilli  predicti  regii  MoqUs  Domme,  ipsum, 
ad  relationem  dicti  notarii,  huic  preaenti  inetrumento,  la 
omnibus  salvo  jure  regio,  apposuimus.  • 

(Orig.,  parch,,  autrefois  scellé.  —  Arch.  nat.,  Q'  136.) 

XVI 

TESTAMENT  DE   RAYMOND  ROGER,   COMTE   DE  BEAUFORT 

ET  VICOMTE  DE  TURENNE 

5  juillet  i399. 

In  Domine  Domini,  amen.  Notum  sit  cunclis  tam  pre- 
senttbuB  quam  fuluris  hoc  presens  publicum  instrumen- 
lum  inspecturis  et  etiam  audituris,  quod  anno  domini[ce] 
Incaraatienis  milleaimo  trecentesimo  nonagesimo  nono, 
et  die  quinta  mensis  julii,  serenissimo  principe  domino 
Garolo,  Déi  gratia  Franconim  rege,  régnante,  in  nostram 
notarii  et  testium  infraecriptorum  presentiam  personaliter 
constîtutus  magniûcus  et  potens  vir  Dominus  Raymundus 
comes  Bellifortia  et  vicecomes  Turenne,  sanue  mente  et 
corpore  per  Dei  gratiam,  et  in  sua  faona  et  valida  memoria 
permanens,  attendens  et  congiderans  quod  nihil  est  certius 
morte  et  nihil  iacertius  liora  mortis,  et  ut  extrema  nécessitas 
que  nonnuUos  in  (1) eum  migrare  contingerit  ab 

(t)  Cette  lacune  et  les  Buivantes  existent  dans  la  copie. 


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—  360  — 

hoc  aeculo;  ideogue  hac  coodilioDe  motus  de  se  et  per- 
sonis,  ac  omnibus  et  siogulis  bonis  lam  mobilibua  quant 

immobilibus  et  se nominibus  et  debiiis  juribus  et 

actionibus  sibi  a  quibuscumque  peraonis  competentibus 
et  competituris,  quoquomodo  et  ex  causa  quacumgue,  ordi- 
navit  et  testamentum  suum  ultimum  nuocupativum,  et 
ultimam  voluntatem  suam  nuncupativam,  licet  et  inscrip- 
tum  seu  redactum  seu  redactam  fecit,  condidit,  ordinavit 
et  dispoBuit  uno  conteztu  et  noo  divertendo  ad  alios  actus, 
signando  se  penitus  Tene[rabili]  signo  sancle  cnicis  sic 
dîcendo  :  ^  In  nomine  patris  et  Qlii  et  spiritus  sancti, 
amen,  in  modo,  et  sic  prout  et  quemadmodum  continetur 
in  quadam  paperi  cedula  verbis  romands  scripta,  cujus 
quidem  paperii  cedule  ténor  talis  est  : 

A  tots  aqueuz  que  aquesta  présent  cedula  veyran  et 
ausiran  sia  manifest  que  lo  noble  et  puissant  seignor 
moss.  Raymond,  conte  de  Belfort  et  vesconte  de  Torrena, 
San  de  pansa  et  de  son  corps  per  la  gracia  de  Diu,  et 
considerana  que  home  en  concevant  que  el  es  nat  a 
morir,  ço  comme  per  pagar  son  deute  a  natura  et  rendre 
son  corps  a  la  t«rre  dont  es  ital  fonnet,  quant  a  son 
Creator  a  playre,  volem  ordenar  et  dispeusar  de  sos  bens, 
terra  et  heretalges  deraentre  que  vieu,  affin  que  entre 
sos  beretiers  et  successors  non  puescha  après  sa  mort 
alcuna  materia  de  questione  naisser,  per  ço  lo  dit  moss, 

le  conte  fa,  ordena,  dispansa  et son  damer  testament 

et  Toluntat  per  la  maneyra  que  s'en  set  : 

1°  Commenda  son  corps  et  sa  arma  a  Dieu  lo  payre, 
al  ftlly,  et  al  saint  Sprat,  et  a  la  gloriosa  virgis  Maria, 
mayre  de  Jesus-Christ  nostre  Salvador,  et  a  tots  los  saints 
et  las  sanctas,  et  a  tota  la  cort  celestiel  subeyrans  di 
paradis. 

Item,  vol,  et  ordina,  et  dispausa  lodît  moss.  lo  conte 
que  cant  son  arma  trespassara  d'aquest  mondi,  que  son 
corps  sia  sepellit,  et  translate  et  portât  dedins  ung  an 
après  son  decee  k  Nostra-Domna  de  Paris,  en  la  chapella 


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—  381  — 

de  moss.  son  payre,  gue  Diou  absolva,  jiuta  sa  tomba 
oat  Tol  et  elegît  sepultura  a  son  dit  corps  (1). 

Item,  vol,  manda  et  ordena  lodit  moBs.  le  conte  que  eo 
la  detta  cliapella  se  fassen  doaa  bêlas  et  honorables  tom- 
bas, la  una  lay  ont  et  sepeli  moss.  son  payre,  et  l'autre 
la  ont  moss.  lo  comte  sera  sepellit  près  de  lo  corps  de 
moss.  son  payra,  anaisse  comme  s'aparten  a  conte  et  a 
grands  seigneur. 

Item,  Tol,  manda  et  ordena  moss.  le  conte  que  S08  here- 
ters  universalz  dessus  écrits,  lo  jorn  de  son  obit,  pagent 
totas  las  funeriaa,  tota  la  novena,  et  vestit  tots  sos  serri- 

doFS  de ,  et  lo  fassent  sebellir  honorablement  en  la 

plus  solempna  gleysa  que  sera  en  la  villa  en  que  moiTa, 
car  en  aqueyla  gleysa  moss.  lo  conte  se  laisse;  et  com- 
menda  et  vol  que  tous  los  capellains  et  religious  de  la 
detta  villa  et  de  viron  sien  appelais  a  sa  sepultura  et  a 
chacun  chapella  donat  lo  jorn  de  sa  sepultura. 

Item,  vol  et  ordena  lo  dit  moss.  lo  conte  que  sia  Ëaita, 
lo  joni  de  son  obit,  sur  sa  sepultura,  una  chabana  bene 
allumada  de  dobles  de  sera,  come  es  accoustumat  de  far 
à  l'obit  de  ung  grand  seigneur,  le  long  de  la  novena,  et 

sien  offert  très  chaval  cobert  de  neyi^,  am  las 

moss.  lo  comte,  et  sian  factas  almaynas  a  tota  maneyra 
des  pauvres,  come  es  acostumat,  per  amor  de  Dieu. 

Item,  laissa  per  una  vetz,  tan  soliamente,  al  chappitre 
de  Nostia-Bona  de  Paris,  per  Ëar  ardre  et  tener  alumandas 
perpetuallamente  nuyt  et  jorn,  davant  l'autar  de  Nostra- 
Dama  de  Paris,  quatre  lampesas,  et  autre  quatre  lam- 
pesas  davant  l'autel  de  la  deyta  chapella;  et  per  far 
chacun  an  dos  aniversaris  et  remenbransas,  perpetuella- 
mente,  los  joms  de  moss.  le  conte  et  de  moss,  son  payre. 


(I)  Guillauin£.Roger  demanda  k  être  enterré  •  eo  l'âglise  Nostre- 
Dtune  de  Paris,  en  la  chapelle  fondée  en  icelle  >  par  le  pape  Clé- 
ment VI,  son  oncle.  On  verra,  par  le  testament  d'Antoinette  de 
Turcnno,  que  le  corps  de  Raymond  fut  probablement  déposé  dans 
une  autre  église. 


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—  362  — 

en  la  delta  chapella,  so  es  assaver  la  soma  de  dos  melîa 
franc!  per  comprar  dos  cens  lievras  de  renda,  que  per- 

petuallamente  aperliDgaat  al chapitre,  per  lo  dépens 

et  services  de  las  ditte  lampesas  et  per  los  dos  anaiver- 
saris  chacun  au  dessus  dict. 

Item,  Tol,  manda  et  dispausa  lo  dit  moss.  le  conte  que 
la  exequtîoQ  de  son  payre  et  de  totas  las  causas  que  il 
a  en  son  testament  et  darrîera  volontat  mandat  et  ordonat 
de  far,  sioo  compUdag  de  point  en  point  dedans  le  terme 
de  dos  ans  après  la  mort  del  dit  moss.  lo  conte,  et  d'aisso 
en  sie  descharga,  et  en  charge  sos  hereters  du  contât  de 
Belfort  et  sous  exequtourg. 

Item,  laisse,  vol,  et  ordena,  et  manda  moss.  lo  conte 
que  sian  baillatz  à  sous  exequtours,  dedins  dos  ans,  vint 
.  melia  francs  per  destribuir  et  donar.  per  amor  de  Dieu, 
a  paubras  fllhas  mandas,  et  affar  dire  messas  per  las 
armas  d'aguele  alias  quales  moss.  lo  conte,  lasquales  el 
non  sap  honnament  qui  son,  et  autrament  per  los  dis- 
tribuer per  l'onnor  de  Dieu,  per  los  torts  que  moss.  lo 
conte  fest  a  las  gleysas,  jouxta  la  voluntat  de  sous 
exequtours  dessoubs  nommatz;  -ei  expressamente  vol  et 
manda  lodit  moss.  lo  conte  que  de  la  deyta  soma  sia 
baillât  per  réparation  de  la  gleysa  de  Chastelnau  de 
Maseus  très  cent  francs,  la  quai  el  fes  fondre  per  def- 
fendre  lo  chatel. 

Item,  vol,  manda  et  ordena  irioss.  lo  conte  que  moss. 
lo  duc  d'Orlhianx  pague  lad.  soma  et  la  exeqution  de 
moss.  son  payre  et  totas  las  autras  causas  que  moss.  lo 
conte  dessus  dit  a  lalssadas  et  ordonnadas  de  far  dedins 

lo  terme  de  un  an  après  sa  mort dettes  et  héritages 

que  moss.  lo  conte  le  laissa  et  lou  fait  heretier  en  aquest 
présent  testament,  et  la  sepullura,  tombas,  et  obits  de 
moss.  son  payre  et  de  luy. 

Item,  vol,  manda,  el  ordena  et  dispausa  moes.  lo  comte 
que  en  la  gleysa  de  Nostra-Dama  de  Paris  sia  fait,  per 
son  exécuteur  dessoubs  scripts,  une  coUegi  de  douze  cha- 
pellas  et  d'un  archidiaque  et  prevoust.  qui  los 


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—  363  — 

que  chanta  perpetuellameate  en  la  deyta  gleysa  de  Nostra- 
Dama  de  Paris,  et  eo  la  chapella  ont  Moss.  lo  conte  sera 
et  moss.  son  peyre  en  seppelliti,  chacun  jour  sex  missas 
bassas  et  una  granda  en  nota  en  rémission  del  peccata 
de  moss.  lo  conte  et  de  sous  prédécesseurs,  et  de  tots 
aqueU  a  qui  il  ten  tort;  que  les  dits  chapellans  sian 
tengutz  de  dire  chacun  jom,  en  la  deta  chapella,  totas 
las  autras  horas  et  servis  Dieu,  et  far  las  autres  causas 
que  unt  lai  collège  deu  far;  et  que  los  dits  exequtours 
ordonnan  et  que  tôt  los  lue  del  monde  elz  canton  et 
totas  las  messas  autas  et  bassas  de  Requiem,  et  los  de- 
sap  de  Nostra-Dama,  et  los  demandies  de  la  Passion. 

Item,  laissa  lodit  testador  al  collegi  desdits  douze  cha- 
pellas  perpetuellamente,  sobre  las  revenuas  et  rendas  del 
comptate  de  Belfort,  a  chacun  per  chacun  an,  cinquante 
lierras,  et  al  prevoust  ou  commander  desdits  chapellans, 
cent  lievras,  que  montara  tota  la  soma  sept  cent  lievras 
de  toroes,  laquai  soma  son  heretier  del  ditto  comtat  de 
Belfort  payera  chacun  an  en  la  ottava  de  la  Toussaints 
aïs  dits  collegi,  a  tant  que  ledit  héritier  ajha  comprat 
et  aasetiat  en  autra  part  al  dito  collegi  sept  vint  [sic]  lievras 
de  renda  dessus  dits;  affln  que  lo  dits  heretier  sîa  plus 
delievrat  de  far  la  compra  et  la  assieta  de  la  soma  deita 
sept  vînt  livras  et  la  pagar  al  dito  collegi  dedins  lo  terme 
dessus  ditto,  vol  et  ordena  moss.  lo  conte  que  si  lo  dit 
hereter  de  comptât  de  Belfort  non  pagara  o  non  fasia 
pagar  dedins  la  cieutat  de  Paris,  al  ditto  collegi  ou  a  lo 
procurador,  la  deita  soma  integramente  el  terme  dessus 
ditto,  ou  al  meins  per  tôt  lo  mes  de  novembre,  que  la 
deita  some  de  sept  vint  lievras  sia  pagada  dobla  per 
los  hereters  al  ditio  coUegi  encontinente  que  lo  dit  mes 
de  novembre  sera  passât  sans  avoir  pagat  la  deta  soma 
en  lodit  terme  et  loc  dessus  dits. 

Item,  vol  et  ordena  moss.  lo  conte  dessus  ditto  que  lo 
dreyt  de  patronat  et  de  présentation  de  los  ditos  cha- 
pellas  et  de  los  prevoust  sian  et  appartenan  ad  aquel  que 
moss.  lo  conte  en  aquest  présent  testament  fara  son  here- 


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—  36*  — 

tier  en  bod  rescontat  de  Turenna,  et  see  heretiere  et  suc- 
cessours  quales  que  sioat. 

Item,  laissa  lo  dit  moss.  lo  conte  al  deito  collegi,  per 
comprar  uog  hostel  dedins  lo  claustra  de  Noatra-Dama  de 
Paris,  ont  tous  les  dits  chapellas  et  lo  dit  prevoust  de- 
morent  tous  ensems,  la  soma  de  mille  lievras  per  una 
vêts  tan  Bolamente,  la  quel  soma  paiara  son  heretier  del 
ditto  comptât  de  Belfort  dedins  ung  an  après  la  mort  del 
ditto  moss.  lo  conte. 

Item,  lega  moss.  lo  dit  testador  et  par  droit  de  lega 
a  moss.  Aymar  Robert,  chevalier,  seigneur  de  saint  Gal- 
des,  cent  lievras  de  renda  perpetuellameote  por  se  et  por 
loB  seus,  las  qualas  monss.  lo  duc  d'Orlheans  compte  et 
las  le  assia  et  fassa  assire  dedens  dos  ans  après  la  mort 
.de  mon  dit  seigneur  lo  conte,  per  los  agredables  services 
que  lo  dit  moss.  Aymar  Robert  a  fait  a  moss.  lo  conte 
et  fara  a  moss.  d'Orlhiens,  car  el  ensegurant  (7)  dolz  dreitz 
que  moss.  lo  conte  a  sur  lo  contât  et  terras  a  mosa.  lo 
duc  laissadas  en  aquest  présent  testament. 

Item,  lega  et  par  droit  de  légat  laissa  moss.  lo  conte 
a  moss.  Gallard  Guis,  chanony  del  Puez,  per  los  bons 
et  agradables  services  que  a  fait  a  moss.  lo  testador,  cent 
lievras  de  renda  de  tomes,  por  se  et  por  los  sieus  here- 
tiere et  perpetuellamente,  et  vol  moss.  lo  conte  que  mosa 
d'Oriians,  heretier  del  contât  de  Belfort,  assise  et  compte 
al  dito  moss  Gallard  et  al  seus  heretiers  dedins  dos  ans 
aprea  la  mort  del  dito  moss  lo  coote. 

Item,  sembl^lemente  lega  et  par  titre  de  droit  et  de 
légat  laissa  moss.  lo  comte  a  Jombert  de  Corvilly,  per 
los  bons  et  agradables  services  faits  per  lodit  Corvilly, 
cent  lievras  de  renda  de  tornes  perpetuahuente,  per  se 
et  per  los  sieus  heretiers  et  successeurs ,  los  quais  vol 
moss.  lo  comte  que  moss.  d'Orlheans  compte  et  assisa 
al  deito  Corvilly  dedins  dos  ans  après  la  mort  del  deito 
moss.  lo  comte. 

Item,  lega  en  droit  de  ligat  moss.  lo  comte  testador 
deasusdit,  al  très  noble  et  puissant  aeignor,  moss.  lo  duc 


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—  365  — 

d'Orliens,  frayre  du  roy  de  Fransa  nostre  seignor,  et  a 
sous  heretiera  et  successours,  les  comptatz  de  Belfort  et 
de  Cluse,  de  Chaetilbou  [Clusiu],  et  de  la  Ploit  et  te  lac 
de  due  (1),  âQ  tous  lours  droicts,  appartenants  et  arrai- 
giaiges  de  las  revenuas  des  dits  comptaz  de  Cluse,  que 
se  montent  una  très  grant  soma,  et  las  successions  que 
al  deto  moss.  lo  comte  apparteno  et  a  sus  los  conlats  de 
Veli,  de  Tousa  et  de  Lens,  de  Valentura  et  de  Lisia, 
et  de  touts  los  debtes,  droits  et  raisons  et  actions  que 
aussy  lo  dit  moss.  lo  comte  a  contre  moss.  lo  duc  de 
Berry  et  sur  l'hôtel  de  Boullonhe  et  en  la  terre  de  Saint 
Just  en  Champanhe,  et  sur  la  terra  de  Douzeuat,  coma 
apar  par  bons  instruments,  et  integraments  et  autres  do- 
cuments, los  quales  moss.  a  reqieae  et  entrepris  et  en 
loe  a  moss.  d'Orlians  de  quant  estre  baillais  [2]. 

Item  légat  et  per  droit  de  titre  et  de  légat  laissa  lo 
dit  testador  à  moss.  lo  duc  d'Orlians  et  a  ses  heretiers 
et  successours  todas  las  terras  que  lo  dit  moss.  lo  comte 
a  en  las  comtas  de  Prohensa  et  de  Fiiuqualquier,  so  es 
assaber  :  Partia,  Viala,  Laura,  San-Remi,  Aglator  et  le 
Mas-Blanc,  Meybeyquas,  Sadaron,  las  Peynas,  aussy 
peatge,  et  am  lo  peatge  de  Bet  Pelissan  et  Harambois, 
Serras  et  sa  terra  de  Gaudissart  et  la  meytat  del  ves- 
contat  de  Valerna  ont  apr  Chatelliz  (?)  am  los  droiti  et 
appartenances,  meri  et  mixt  jousti  et  alla  juridiction  et 
lours  reguliari  et  privilégia  appelletous  et  las  mial  lievras 
et  tots  los  autres  debtes  en  que  madama  la  Reyna  [de 
Cecilia  (3)]  es  obligada  a  moss.  lo  comte  et  tots  los  droits, 
raisons  et  actions  quel  a  sur  lo  dit  luoc  des  Vaux,  en 
las  quai  tras  comptais  et  héritages,  debtes,  droits,  moss. 
lo  comte  por  han  dam  caucela  fuy  et  justemps  moss.  le 
duc  d'Orlians  son  heretier  an  tots  los  chartes  et  légats 


(1)  Et  de  la  Plou  de  Clua  (Justel). 

(2)  Je  me  contente  de  reproduire  exactement  la  copie  pour  c 
paragraphe  et  pour  le  auivuit. 

(3)  JusTBL.  C'est  de  la  ducbeaae  d'Anjou  qu'il  est  question. 


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—  386  — 

dessus  et  dessos  faiU  et  laisses  en  las  condiciones  des- 
soiibs  scrithas  et  aon  autrement. 

Premieyrament,  que  moss.  lo  duc  d'Orléans  sie  tengut 
et  sera  protector  et  deffeosor,  deffendra  et  soustendra, 
coma  ses  propres  heretalges,  tots  les  autres  hereteys  et 
legateriis  del  dit  moss.  lo  comte  que  en  aguest  testa- 
ment seron  nommalz,  et  los  gardara  et  los  deffendra  contra 
AnthoDyeta,  que  se  ditz  âlba  del  deito  moss.  lo  comte, 
et  contra  moss.  Jehan  Le  Mengre,  dit  Bouciqiiaut,  son 
marito,  si  en   negun   cas  elz  volian   aner  contra  aquest 

testament  ni  doonar  molestia,  empachament en  court, 

et  defora  court,  alz  dits  heretiers  et  leurs  substituts  et 
autres  legatariis  del  dito  moss.  lo  comte  per  occasion  de 
los  biens  et  héritages  a  lor  laissats,  en  los  quais  la 
deyta  Anthoneta  non  a  point  de  droit,  car  ella  et  con- 
-tenta  de  la  dot  a  ella  constituda  per.  moss.  lo  comte  eu 
lo  contrat  del  mariatge  fait  entre  ela  et  lo  dit  moss. 
Bouciquaut,  et  a  renunciat,  et  promes,  et  jurât  lodit  Bou- 
ciquaut  et  plusors  autres  que  ela  reounciava  a  tots  autres 
biens  et  successions  payternals  et  mayternals,  corne  apar 
per  lo  contrat  del  deito  mariatge,  loqual  es  sans  et  sagellat 
de  son  sagelle.  D'autre  part,  los  dits  conjux,  et  par  espe- 
cial  la  deyta  Anthoneta,  non  pod  ni  deu  aveir  droit  en 
las  successions  et  heretaiges  del  deito  moss.  lo  comte, 
quar  la  deyta  Anthoueyta  et  son  marito  an  perchass^t  de 
far  aussire  et  murtrire  moss.  lo  comte  et  machinât  sa 
mort  et  la  deseretation  de  son  corps,  et  perchassat  de  ço 
far;  et  la  delta  Anthoneta  en  sa  propria  personna,  a  près 
la  possession  del  contât  de  Belfort,  en  despulbant  moss. 
lo  comte,  et  fait  faire  falssas  lettras  et  sigillas  d'un  fais 
sagel  el  nom  de  moss.  lo  comte,  que  Dieu  absolva  (Ij,  per 


(1)  Ces  lettre»  de  Guillaume  de  Beaufort,  que  Raymond  déclare 
fausses,  ont  été  imprimées  en  partie  par  Juatel  (preuves,  p.  133). 
Elles  sont  du  28  septembre  1394,  et  comme  Justel  a  placé  la  mort 
de  Guillaume  au  28  mars  139i,  on  se  trouve  obligé  de  la  reporter 


DigmzcdbyGoOglc 


_  367  — 

aver  lo  dit  contât  des  que  séria  morti,  par  p[ri]sons  et 
despaot  de  lo  payre  de  moss.  lo  comte,  et  veis  corne  els 
on  testimonié  en  ea  mort,  per  que  moss.  lo  comte  la  de- 
seretara  per  las  trayeions  de  malvestala  que  ly  on  fachat, 
et  la  met  foro  de  lot  sos  bons  coma  non  digne  de  venir 
a  la  succession  de  luy  ni  de  ses  heritaig^s,  corne  plus 
ampla  poyra  apparer  en  aquest  testament  de  las  integra- 
titutz  que  losdits  conjunx  on  comis  conjonctament  et  divi- 
giment  estra  las  personas  deU  dits  moss.  lo  comte,  et  moss. 
son  payre  et  de  lors  heretaiges. 

Item,  que  mosa.  lo  duc  d'Orléans,  per  nenguns  cas  que 
puescha  avenir,  non  fara,  ni  dega  ni  puescha,  per  se  ni 
par  autre,  en  neguna  maneyra,  composition,  testament, 
accord,  ni  transaction  an  lad.  AnthoDeta,  ni  am  Bouci- 
quaut,  son  marit,  ni  an  autres,  conjunctament  ni  divi- 
siment,  de  las  teras,  droits,  hérilages  et  actions  que  ald. 
moss.  lo  duc  en  aquest  testament  per  lo  dit  testador  [son] 
laissatz  et  légats,  s  lor  defTendra  en  maneyrâ  que  aïs  dits 
conjunx  non  en  laissatz  ni  saufFre  que  de  las  ditas  teras, 
heretatges  et  actions  lor  en  venha  ung  denier  valhent  ny 
ung  plein  pe  de  tera.  Et  si  per  aventura  moss.  Jehan  Le 
Mengre,  dict  Bouciquaut,  davant,  o  al  temps  de  la  mort, 
0  après,  del  dito  moss.  lo  comte,  et  la  deita  Anthoneta 
avian  a  lor  mas  las  deltas  teras  et  beriladges  dessus  dits 
a  moss.  lo  duc  per  moss.  lo  comte  laissais,  que  moss.  lo 
duc  totas  aquelas  terras  que  per  los  dits  conjunx,  ou  per 
ung  de  lor,  seran  de  fait  et  vioalment  las  racobie  de  lor 
main  coma  d'aquels  que  am  traysion  et  per  malvastat 
et  sans  litre  las  tenon,  et  on  presas  fraudulemen,  et  sans 
causa,  et  sans  raison  sus  moss.  lo  comte.  Et  avant  que 
moss.  d'Orléans  accepte  aquest  herilatges  ni  prenda  la 
possession  de  las  causas  dessus  deitas,  et  jurara  sus  les 
sains  Evangiles  de  Dieu  et  permetra  sur  la  fe  et  sagra- 
ment  de  son  corps  de  tenir  observar  et  compter  totas  las 
conditions  dessus  et  dessoubs  scrithas,  et  en  baillara  ins- 
tnunent  en  letra  seuhada  aegellada  de  son  segelle  als 
heretiers  dessoubs  scripts  del  dit  moss.  lo  comte. 


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—  368  — 

Item,  vol  au387  moss.  lo  comte  que  moss  d'Orléans  aia 
tengut  de  persegre  moss.  Jehan  Le  Mengre,  dict  Bouci- 
quaut,  en  totas  las  courts  de  la  reaime  de  Fransa,  et  autra 
part,  en  via  et  maneyra  gue  sla  facta  justicia  de  son  corps 
de  las  traycloD,  murtres,  et  deseritatons,  et  injurias,  et 
dapaatges  qu'il  a  faict  et  tractât  que  fossen  faictz  a  moss. 
lo  comte,  tau  a  Borboa  par  plusore  vetz,  quai  en  fazent 
et  TOlen  lo  £ar  penre  et  murtrir  en  mey  del  realme  de 
Fransa,  pourtant  salcoudutz  del  Rey.  caut  moss.  lo  comte 
anava  penre  la  possession  de  son  contât  de  Belfort,  et  en 
diversas  autres  partidas  del  Reaime  de  Fransa,  et  aquestas 
teras,  prega  et  suplica  moss.  lo  comte  a  moss.  d'Orlaans 
gue  tes-vuelha  far,  car  els  son  causa  de  la  mort  del  peyre 
de  moss.  lo  comte  et  lo  feiro  morir  am  grant  langor,  et 
segoQ  qu'il  manda  a  moss.  lo  comte,  son  fils,  Bouciquaut 
lo  feit  espoyeonar;  de  las  quais  tralssions,  murtres  et 
autres  injurias,  rompement  del  deto  salconduts  del  Rey, 
a  Paris  (I),  a  moss.  lo  duc  per  vener  et  sequar  memorias 
iuslructioDS  que  seraa  bailladaa  à  mon  dicl  seigneur  lo 
duc  eu  luoc  et  en  temps,  car  en  aquestas  condicions  moss. 
comte  laissia  las  deltas  terras  et  heretaytges  dessus  ex- 
pressats  a  moss.  lo  duc  et  l'en  fay  son  hereteys,  aytant 
que  las  obserre  et  les  fassa  et  complissa  de  point  en  point, 
et  non  autrament;  et  en  cas  que  per  moss.  lo  duc  las  detas 
condicions  et  chacune  de  lor  non  serian  compUdas  et 

observandas,  et  per lo  contract,  raoss.  lo  comte  revoca 

e  annula  totz  losditz  légats  et  heretatges  del  deito  moss. 
lo  duc,  et  vol  que  sian  per  non  scritz  ;'  et  layssa  moss. 
lo  comte  dessus  dits  tots  los  comptais,  teras  et  here- 
tatges, debtes  et  actions  dessus  deitas,  per  la  forma  que 
a  moss.  d'Orléans  eran  gestadaa,  legadas  et  laissadas  per 
luy,  en  las  deitas  condicions,  al  chapitre  de  Nostra  Dama 
de  Paris  et  a  ses  heretiers  universels  par  dessoubs  scribs, 
et  per  égals  pourtions  en  tant  que  le  chapitre  et  los 


(1)  Il  semble  qu'il  existe  ici  une  I&cuue. 


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aultres  seu  heretiers  universals  accomplissan  el  fasseii  de 
point  en  point  totas  las  coodicions  dessus  scriptas,  et  que 
lodit  chapitre,  protector  et  deffensor,  susteuha  et  deffenda 
los  bereters  del  deito  moss.  lo  comte  et  tots  ses  legatarls 
contra  la  delta  Aotboneta  et  son  marit  Bouciquaut  per 
la  forma  dessus  expressada,  ni  non  faissetit  am  l<»i,  sus 
los  deitos  beos  et  heretatges  alcune  compositioa  ny  accoi-d, 
et  recoubient  des  dits  coajunx  tolas  las  teras  que  per  els 
ou  per  l'uD  de  lor  seran  estadas  occupadas,  et  persegren 
lodit  messire  Le  Meiogre  en  totas  courts  per  lo  far  puair 
de  las  traysioQS,  murtres  et  deseretations,  poisons  et  autres 
malvaistatz  et  eujurias  peel  fâchas  à  moss.  lo  comte,  et 
autrement  observant  et  compUssant  totas  las  condicions 
dessus  detas,  car  am  las  detas  condicions  moss.  lo  comte 
lor  laissa  las  deltas  contatz  et  heretatges,  et  non  altrament. 

Item  Tol  et  manda  moss.  lo  comte  que  lodit  chapitre, 
avant  qu'el  achapte  ny  prenda  la  possessions  des  ditz 
biens  por  la  portion  que  en  appartendra.  jura  et  prometta 
et  se  obliga  par  bon  instrument  que  lodit  chapitre  obser- 
var  fara  et  guardara  de  point  en  point  todas  las  condicions 
dessus  deltas  que  moss.  lo  duc  d'Orléans  era  enchargato 
de  las  observar. 

Et  car  la  deita  Anthoneta,  fille  que  se  dit  de  moss.  lo 
comte,  veut  messire  Guillaume,  de  bona  memoria,  comte 
de  Beaufort,  payre  de  moss.  lo  comte  testador  dessus  dit, 
per  vigor  d'alcunas  letres  falsas,  sagelledas  d'un  sagel 
fauk  deldit  moss.  Guillaume,  que  ung  faulx  traidor,  quels 
appellava  Carrieyra,  avia  sagellat,  que  conteniant  com 
le  dit  moss.  comte  de  Belfort  avia  donat  a  la  deita  Antho- 
neta el  a  son  marit  le  contât  de  Belfort,  las  quais  letras 
lo  dit  moss.  Guillaume  en  son  vivant  avia  impugnat 
davant  lo  Rey  coma  falsas,  a  Paris,  80  non  obtant,  après 
la  mort  deldit  moss.  Guillaume,  comte  de  Belford,  la  deita 
Anthoneta  saben  moss.  Raymon,  son  payre,  estre  tant  droit 
coma  la  costuma  del  parte,  heretier  de  moss.  son  payre, 
et  le  tal  contât  de  Belfort  vaut  de  fait  par  la  possession 
daldit  contât,  usurpant  a  se  lo  tili'e  de  comtesse  et  lodit 


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—  370  — 

comtat,  en  se  parforsant  de  desheretar,  despolîa  de  fait 
lodit  moss.  lo  comte,  testador  dessus  dit,  son  payre,  de'la 

contât  dessus  dita  et moss.  Lo  Mengre,  dit  Bouciquaut, 

son  maril,  et  la  sabem  ledit  moss.  lo  comte  anant  à  Beau- 
fort,  am  lo  salcondutz  del  Rey,  per  penre  la  possession  de 
son  contât,  lo  fay  feyre  en  gendarmas  per  lo  pendre  et 
far  ausire  et  muerlrir,  en  rompent  lo  salcondutz  del  Rey. 

Item,  moy  estant  moss.  lo  comte  a  Borbon,  a  sos  cols 
en  despens  las  gens  de  mos.  Bouciquaut  arregrent  sus  a 
moss  lo  comte,  loquel  volgrent  ausire  et  lots  aquels  de  sa 
compania  et  autres  se  ledit  Bouciquaut  donel  et  promet 
de  donar  del  argen  a  ung  que  appellavan  petit  Jehan  de 
Lissât,  per  tal  aussis  et  muertris  moss.  lo  comte  ;  et  aussy 
ledit  Jehan,  tant  sera  a  la  mort  par  justiase,  o  confesset 
sus  sa  mort  que  justemenient  morit. 

Item,  feit  bailliar  ou  baitlet  moss.  Jehan  Mengre,  dict 
Bouciquaut,  a  ung  que  hom  appella  Jehan  de  Lonhal, 
que  demourava  ans  vous  am  moss.  lo  comte,  una  quan- 
titat  de  poisons  per  lo  far  espoisonar  et  autre,  afin  que 
[a]  la  deta  Anthonela  et  al  dit  Bouciquaut  touts  loa  here- 
tatges  deldit  moss.  lo  comte  poguesson  venir;  et  fu  dichz 
et  révélât  a  moss.  lo  comte,  per  que  le  fetz  penre  et 
meclrc  en  la  preyson  de  Borbon,  et  foron  trebados  los 
poissons;  et  Rolierl  Guy,  que  per  lo  temps  era  capitaine 
de  Borbon,  promes  a  moss.  lo  comte  que  el  en  faria  jus- 
ticia,  lolas  vetz,  quant  ledit  moss.  Jehan  Le  Mengre  aunit 
que  lo  dit  Johan  de  Mongal  era  près  per  losdits  poisson, 
el  mandet  far  relasar  et  non  vole  que  s'en  fesses  justicia 
ni  informacion  neguna.  El  tolas  aquesliis  Iraycions  et 
deseretations,  injurias  et  vjolcnsias,  faladats,  ingratîtuls, 
et  autras  causas  enormas  losdits  conjuiix  contra  la  per- 
sona  et  es  bens  deldit  moss.  lo  comte  an  fait  et  comes, 
coma  es  iiolori  et  public,  et  n'estant  mcmorias  ol  instruc- 
tions, lasquels  ses  hercliera  universals  Irobaran  el  auran 
en  temps  et  eu  loc.  El  per  aquestas  causas  dessus  delas, 
el  in.ui-ittiluds  per  Icd.  Anthonela  conimisas  conira  moss. 
sou  peyre,  moss.  lo  comte,  en  aquest  présent  testament, 


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—  371  — 

la  priva  de  touts  sos  biens  et  heretaiges  et  la  metat  dé- 
feras de  touts  SOS  bens  et  héritages,  et  la  met  defora 
de  lot  en  tôt,  mandant  et  commandant  a  tots  sos  heretiers 
dessus  et  dessoubs  scripts,  que  a  la  deita  Anthoneta  et 
a  Bouciquaut,  son  marit,  defFendaiit  touts  les  bens  et 
heritatges  de!  dit  mosa.  lo  comte,  si  aucun  droit  demm- 
davaut,  et  aquels  per  las  causas  dessus  deitas,  las  quais 
s'espremavant  claramûni.  Vol.  et  manda  moss.  lo  comte 
que  303  heretiers  perseguant  lo  dit  Bouciquaut  per  lotas 
las  courts  del  realrae  de  Fransa,  per  far  lo  punir  corpo- 

ralment traycions,  murtres,  injurias  dessusd.,  per  la 

forma  que  dessus  es  déclarât. 

Item  que,  en  cas  que  las  iogratituts  et  las  autres 
causas  dessus  deitas  et  escrithas  non  seran  sufSciens  de 
desheretar  la  deita  Anthoneta,  el  la  mètre  fora  de  touts 
SCS  bens  et  heretatges  de  moss.  lo  comte,  enaisi  coma 

es  dessus  dich que  moss.  lo  comte,  en  lo  contract  de 

mariatge  fait  entre  la  deita  Anthoneta  et  lodit  Bouciquaut, 
moss.  lo  comte  avia  donat  et  constitut  a  la  deyta  Antho- 
neta et  al  dit  Bouciquaut,  moss.  lo  conite  agha  donnât 
et  constitut  ald.  Anthoneta,  en  dot,  lo  comtat  de  Alest, 
la  barania  de  Portus,  la  haronia  de  Andussa,  Saint- 
Bstéve  de  Val-Francesia,  et  plusoi-s  autras  terras  pau- 
sadas  eu  la:  senescalcia  de  Belcayre,  et  agha  promes  et 
jurât  lodit  moss.  Bouciquaut,  et  plusors  autres  chaval- 
liers,  que  la  deita  Anthoneta  renunciava  et  renunciat  a 
touts  autres  bens  payrenals  et  mayrenals,  content  de  la 
ditte  dot,  laquai  son  le  plus  bel  partaige  que  jamais  feraa 
del  realrae  de  Fransa  agues  en  son  mariage,  considrrant 
que  Bouciquaut  non  era  de  grand  lignage,  quel  non  avia 
dos  cent  livras  de  renda. 

Item,  la  comtessa  de  Valentines  (1),  la  dama  de  La  Rocha 
et  de  La  Tornorie,  la  dama  de  La  Torn,  la  dama  de 
Donsena,  amidas  de  moss.  lo  comte,  que  es  huy  la  dama 


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—  372  — 

de  Chauviguy,  que  bod  dama  de  Avelin  et  comtessa  de 
Baux[l),  ni  la  dama  de  Beljuoc,  ne  la  dama  de  Valen- 
tines,  que  es  huy,  ne  la  Margaud:!,  que  fo  molhie  del  ve^ 
comte  de  Paumar(2}.  sors  de  moudit  seigneur  lo  comte, 
non  agi-on  tant  pei-  lor  doe  et  partaiges,  comme  se  monte 
solameut  la  terre  que  moss.  le  comte  a  douât  à  la  deila 
Antlioneta;  par  ce,  moss.,  en  lodit  cas,  la  deita  Antho- 
QCta  en  lodit  comtat  et  en  las  autras  terras  d'Alest  en  lo 
contract  de  mariage  expressadas,  et  en  cent  francs  los 
quais  li  légua  et  par  droit  de  institutions  sus  sa  héri- 
tage enaysi  que  plus  non  puescha  rien  demandar  en  touts 
los  bens  et  heretatges  del  deito  moss.  lo  comte.  Et  en  cas 
que  la  deita  Anthoneta  mourus  sans  heretier  de  son  corps 
legitiement  natz,  moss.  lo  comte  se  constituts  a  la  deita 
Anthoneta  el  contât  et  terras  dessus  deltas  son  hereteyr 
universal  première  et  segune  dessots  scripts  et  lors  here- 
liers  sans  que  la  deyla  Anthoneta  mourera  sens  heretiers 
de  son  corps  procreatz  puesche  retenir  dels  deits  contatz 
et  terras  carta  deguda  a  celle  par  droit  de  nature  ni  Ira- 
bellian  ou  aultrement,  et  prohibis,  et  deveda  moss.  lo 
comte  à  la  deila  Anthoneta  (juc  ela  non  detraha  las 
qunrlas  dessus  deltas  del  deito  contât  et  terras  desus  ex- 
pressadas, mais  lod.  cas  trameta  al  dit  substitut  ente- 
grament  sans  de  traction  de  nrguna  carta. 

Item,  lega  moss.  lo  comte,  et  par  droit  et  tilol  de  insli- 
tulioiis  laissa  a  Galeas  de  Belfort  et  de  Turenna,  son  fils 
ualural,  per  amor  de  Dieu,  las  chaslellanies  et  chastelz 
de  l'ontgibault,  de  Neyrac,  de  Nabossa,  de  Chanona,  et 
de  Mon-Redon,  am  lots  los  homalges  nobles  et  non  nobles, 
niolins,  olangs,  bosx,  juridiction  alla  el  hassa,  et  am  toli 
los  autres  devers,  droits,  émoluments,  appendances  et  ap- 


(I)  C'est  probabloment  de  Jeanne,  autre  sœur  du  vicomte,  qu'il 
est  question  ici.  Elle  avait  épousé  en  premières  noces  Raymond 
dp  Bouy,  comte  d'Avelin,  et  s'était  remariée  k  Guy  de  Chauvigny. 
Les  noms  de  lieux  ont  été  complètement  défigurés  par  les  copistes. 

(î)  Marguerite,  qui  avait  épousé  Armand,  vicomte  de  Polignac. 


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—  373  - 

partenanceg  de  las  deitas  chaetellaniae,  mandant  et  com^ 
mandant  lo  dit  moss.  lo  comte  aïs  captitains  que  incon- 
tinent metant  en  possession  To  deit  Galeas  des  dits  chastelz 
et  chastelleniea  dessus  dits,  et  de  todas  sas  appendaiices 
et  appartenances  dessus  deites. 

Item,  légua  et  par  droit  de  institution  laissa  a  Bron 
de  Belforl  et  de  Torenna,  soq  flls  natural,  per  amor  de 
Dieu,  les  chastels  et  chastellenies  de  Ghaylulz,  de  Granges 
et  de  Caramant,  ams  touts  homatges  nobles  et  non  nobles, 
molins,  étangs,  et  jurisdictioo  alla  et  bassa,  et  ams  tots 
los  autres  devers,  droits,  émoluments,  appendances  et  par- 
tenances  de  las  deltas  chastellanias,  mandant  et  commen- 
dant  a  Gouget  de  Sartiges,  capllain  desditz  chastelz  de 
Chayluts,  que  incontinent  mette  en  possession  lodit  Bron 
delz  chastels  dessus  dits. 

Item,  légua  et  par  droit  de  institution  laissa,  per  amor 
de  Dieu,  lodit  moss.  lo  comte  a  Hector  de  Belfoit  et  de 
Torena,  son  fliz  natural,  les  chastelz  et  chastellenies  de 
Sant-Alari,  de  Ussac,  et  de  Vage,  ams  tots  homatges 
nobles  et  non  nobles,  molins,  estangs,  jurisdiction  alta 
et  bassa,  et  am  touls  autres  droits  et  émoluments,  et  am 
totas  autras  appendances  et  appartenances  desdits  chastelz 
et  chastellenies. 

Item,  légua  et  par  titel  de  institutions  moss.  lo  comte  a 
Cludogi  (1)  de  Belfort  et  de  Torena,  son  tLls  natural,  et 

per  amor  de  Diou,  los  chatels  et  chastellanies  de de 

la  Bastida  et  de  Sorsac,  ams  tots  homatges  nobles  et  non 
nobles,  molins,  stemp,  jurisdiction  altu  et  bassa,  et  ams 
tots  autres  apartenances  et  dépendances  d'aquelas. 

Item,  légua  lo  dit  moss.  lo  comte,  et  par  droict  de  insti- 
tution laissa  a  Mariii  de  Belfort  et  de  Torena,  Sii  Qlia 
naturale,  per  amor  de  Dieu,  per  la  maridar,  six  mille 
francs,  desquels  six  mille  francs  se  pagaran  a  la  ditia 
Maria  quant  sera  maridada,  so  es  a  saber  trois  mille 
francs  a  l'anel,  por  mos  heretiers  universalz  desos  scripts, 

(1)  Claude. 


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—  374  — 

et  les  autres  trois  mille  francs  restant  se  pagaran  par 
losdiis  hereiiei-s,  trois  cent  francs  par  an,  tu  a  tant  que 
la  delta  soma  de  six  mille  fi'âncs  sia  integrameat  pagada 
a  la  delta  Maria. 

Item,  Icga  et  par  droit  de  institution  laissa  lo  dit  moss. 
lo  comte  à  Serena  de  BelforL  et  do  Torena,  sa  Alla  n;itu- 
raie,  per  amor  de  Dieu,  per  son  maridadge,  très  milia 
francz,  dcsquelz  Irea  milia  francz  se  pagaran  quante  la 
deita  Serena  sera  maridada,  so  es  assaber  a  l'anel  mil  et 
cinq  cent  francs,  par  mes  heretiers  universals  dessus 
scripts,  et  les  autres  mil  et  cinq  cent  francs  restants 
se  pagaran  per  los  dits  heretiers  deux  cent  francs  par 
an,  tu  a  tant  que  la  ditta  soma  de  très  milia  francs  sia 
integrament  pa.^ada  a  la  deita  Serena, 

Item,  légua  et  par  droict  de  titre  de  légat  laissa  lodil 
moss.  lo  comte  a  Aliota  Soleranda,  tant  com  ela  reslara 
honestament  et  castament  sans  se  maridar,  a  sa  vita 
tant  solamente,  los  chastels  et  chaslellenies  de  Fleyrac 
et  de  Aguda,  et  tota  l'autra  terra  que  Aliot  de  l'Ëstrada 
et  son  payre  tenan  cl  avan  en  Limosin,  et  enquessy  que 
appartenan  a  mo^.  lo  comte,  avec  tots  homatges  nobles 
et  non  nobles,  et  avec  jurisdiction  alla  et  bassa,  molins, 
boscs,  paslurages,  et  avec  lots  autres  devers,  appendances 
et  appartenances.  Et  ordena  lo  dit  moss.  lo  comte  tes- 
tator  que  tola  la  deila  terra,  après  la  mort  de  la  delà 
Aliota,  vengubc  integramenl  parmi  et  amont  als  dictz 
Gualeas,  et  deffendant  (descendant)  de  luy,  vengeka  fiiz  de 
la  deita  Aliota  ei  de  mnss.  lo  comte  dessus  dit?  Parce  que 
la  deila  terra  de  Floyrac  et  d'Aguda  sia  conlenciosa  en 
lo  court  de  Parlement,  moss.  lo  comte  vol  et  ordena  que 
ela  prenda  desus  lo  port  de  Monvalen  chacun  an  trois 
mille  francs  jusqu'à  tant"  que  la  causa  sia  declarada  es 
cas  dessusdit,   et  degré   prendre   l'orgen  des  lo  vendres- 

sans  jusques  a de  Pasces,  chacun  an;  et  vol  et 

ordona  lo  dit  moss.  lo  conte  que  la  deita  Aliota  Sole- 
randa  aya  en  sas  mas  io  chaslel  de  Mo-Valen  per  sa 
demoransa,  et  prenda  las  rendas  et  revenuas  deldit  luoc 


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—  375  — 

outre  los  trois  mille  francs  que  deu  prendre  sur  lodit 
port  jusqu'à  tant  que  mon  heretier  desoubscript  aya  fait 
declarar  et  mettre  a  fin  la  causa  coiiteiisiosa  deldit  luoc 
de  Floyrac  et  de  Aguda,  elz  qualz  luocz  moss.  de  Belfort 
afferma  que  a  bon  droit. 

Item,  et  per  ço  que  institution  de  heretier  es  cap  et 
fundamenl  de  touts  testaments,  moss.  lo  comte  dessus 
dit  en  tots  los  autres  heretatges,  terras,  bens  meubles 
et  non  meubles,  actions,  droits  et  raisons,  devers  et  tots 
autres  beus  quel  que  sian,  fa,  coustitutz  et  instituts  soz 
heretiers  universals,  so  es.assaber,  sa  très  chara  sor  arra 
dama  Heliona  de  Belfort  (1),  dama  de  Vengue,  asa  vita  tant 
solament,  el  substitut  à  la  deita  madame  Heliona,  ûaleas 
el  Biort,  sos  fils  dessus  nommatz,  so  es  assaver  aquel  que 
a  alla  sera  ams  que  plus  ablle  et  a  droict  en  lesdils 
heritatges,  a  laquel  vol  et  manda  et  pregia  ledit  moss. 
lo  comte  que  la  deta  madame  Ueliones  après  sa  mort 
baille,  trameta  et  reslilutha  touts  sos  bens.  terras  et  he- 
ritatges dessusdits,  sans  retenir  negun  quarta,  trabelliona 
ni  autre  quelque  sian,  lesquelz  moss.  lo  COTile,  de  sa 
propria  boucha,  so  es  assaber  madama  Heliones,  Gualeas 
et  Brorts,  nomats  sos  liereliers  per  la  forma  dessus  dcila. 

Item  vol  et  manda  moss.  lo  comte  que  la  deita  madama 
Heliones  aguessa  garde  et  fassa  de  bonas  maneyras  et 
costumas  dessus  deilas  Gualeas,  et  Brorlz,  Hector  (2)  et 
Claude  et  les  fassa  legitimar  et  far  re[n]drc  abiles  por 
successedir  al  deilo  moss.  lo  comte  en  touts  sos  bens 
et  heretatges  dessus  dits;  et  en  cas....  Gueleas  cum  plus 
abile  en  droit,  quai  que  sia  de  lor  dos  cum  plus  habile, 
sera  heretier  de  moss.  lo  comte  après  madama  Heliones, 
et  moris  en  pupiilar  état  en  autrement,  sen  heretiers  de 
son  corps  légitimement  procreatz,  moss.  lo  comte  substitut 
de  l'un  a  l'autre  el  de  l'autre  a  l'autre,  et  lors  fils  de 
lors  corps;  et  en  cas  que  lesd,  Galeas  et  Brosz  non  fossen 

(1)  Ëléonorc.  femme  d'Edouard  de  Beaujeu. 

(!)  Le  mot  Hector  est  cii  surcharge  sur  ta  copie. 


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—  378  — 

heretier  de  moss.  lo  comte  en  fassen  héritiers  et  morissan 
sans  efTans  mascles  de  leurs  corps  procreatz,  substituts 
al  daris  morant  de  touts  des  sous  heretiere  comme  ea 
dessus  dict. 

Premeyrament  a  Hector,  et  si  Hector  moria  sens  here- 
tiers  malles  de  sons  corp  procreatz,  substitut  a  luy  ledit 
Claude  son  frère,  fils  del  deito  moss.  lo  comte,  en  touts 
sous  bena  et  heretages  dessusdits. 

Item,  fay,  ordena  et  créa  lodlt  moss.  lo  comte  ses 
executoura  de  son  présent  testament  et  per  compUr  et 
fir  totas  las  causas  pias  per  moss.  lo  comte  en  aquest 
présent  test  iment  ordonadas  et  leti-assadas  de  far,  so  es 
assaver,  très  veneralz  payre  en  Dieu  mosa.  le  cardinale 
de  Peresthia,  Maraal  et  de  Aygrafuilha(l),  et  lo  chapitre 
de  Nostra  Dama  de  Paris,  et  chacun  de  lor,  aus  quais 
moss  lo  comte  ballia  et  donna  poissance,  pover  de  vendre 
et  exécuter  de  ses  bens,  tro  a  la  quantitat  que  ae  mon- 
taran  les  causas  que  per  el  dessus  son  estadas  ordenadas 
de  far,  que  losdits  exequutours  metan  una  ordenassa  de 
far  statuts  per  lo  collège  que  moss.  lo  comte  a  laissât  de  far 
en  la  gleyaa  de  Nostra-Dama  de  Paris  [per  que]  se  pueschan 
degudament  governar,  de  laquel  causa  moss,  en  chargea 
losdits  sieus  executours  et  chacun  de  lor,  et  lor  dona 
plainera  poissansa;  el  vol  lo  dit  moss.  lo  comte  que  aqueat 
présent  testament  sia  son  dtirris  testament  et  sa  darrieyra 
votontat  et  ordenansa-,  et  si  lodit  testament  non  val  ou 
non  valia  per  lo  temps  ancaur  per  lo  droit  de  testament, 
vol  moss.  lo  comte  qu'il  valhie  per  droit  de  codecilles 
ou  de  donacion  per  causa  de  morte,  et  agha  forse  et 
vlgor  de  tota  autra  manieyra,  cassant  el  annulant  touts 
autres  testaments  et  donacions  per  lodil  mosa.  lo  comte 

(1)  Raymond  nomme  ses  exécuteurs  testamentaires  le  cardinail 
Guillaume  d'Aigre feiiille  et  un  ou  deux  autres  membres  du  sacré 
collège,  dont  il  est  assez  difficile  de  déterminer  les  noms.  En  par- 
courant 1%  liste  des  cardinaux  limousins  vivant  à  cette  date,  je 
trouve  Hugues  de  Malcsec,  éVêqne  do  Palestine,  et  Hugues  do 
Baint-Hartial  ;  on  peut  croire  que  ce  sont  eux  qui  sont  désignés  ici. 


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—  377  — 

per  Lo  temps  passai  faits,  aquest  présent  testament  en  sa 
fopsa  et  vigop  solamen  demorant. 

Quaqaidem  papiri  cedula  per  nos  infra  notatos  ibidem 
in  presentia  dicti  domini  comitis  et  testium  infrascrlp- 
torum  prelecta,  idem  dominas  cornes  dictum  testamentum 
suum  fecit,  condidit,  et  ordinavit  et  disposait  ut  supra- 
dixit,  sic  prout  et  quemadmodmn  continetur  in  dicta 
papiri  cedula  superius  iuscripta;  et  etiam  voluit  et  man- 
davit,  per  nos  nottarioa  iafrascriptos  in  formam  publicam 
redigi,  et  nichilominus  rogavit  testes  inferius  nominatos, 
quos  ad  bec  omnia  et  siogula  supradicta  et  in  dicta 
papiri  cedula  contenta  audienda  vocavit  et  coram  quibus 
omnia  et  singula  dizit,  fecit  et  disposuit,  ac  dicit  et  facit 
uno  contextu  ut  de  predictis  sic  per  ipsum  ordinalis 
dictisque  et  foctis  et  in  dicta  papiri  cedula  contentis 
sint  testes  et  prohibeant  legitimum  veritatis  testimonium 
loco  et  tempore  opportunis,  ac  guando  super  hoc  fuerinl 
requisiti  ;  rogavitque  etiam  nos  notarios  infrascriptos 
coram  quibus  omnia  et  singula  supradicta  dixit  et  fecit, 
disposuit,  ac  dicit  et  fiicit  uno  contextu,  quod  pro  meritis 
ut  de  prediclis  sic  per  ipsum  ordinatis,  sibi  et  om- 
nibus quorum  interrexerit  aut  loterresse  poterit  in  futu- 
rum,  conQciamur  unum  et  plura  publicum  seu  publica 
instrumentum  seu  instrumenta  et  clausula  seu  clausulis 
quibus  pertinuerit,  subslancia  facti  non  mutata.  Acta 
fuerunt  bec  in  Castro  de  Bonsolii,  etc.,  etc. 

Cette  copie  est  suivie  des  certificats  de  légalisation 
suivants  : 

Je  consens  le  présent  extrait  être  signé  et  délivré. 
Fait  au  parquet,  ce  quinze  may  mil  sept  cent  soixante- 
treize. 

J.    DE   MONTHOLON. 

Collation  du  présent,  contenant  quarante  roUes  et  demi 
paraphés,  a  été  faite  aux  originaux  étant  au  dépôt  des 
terriers  et  délivré  conformément  à  l'arrêt  de  la  Chambre 
étant  au  haut  d'icetui,  par  nous  conseiller  du  Roy  auditeur 


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ordinaire  en  la  dite  Chambre  soussigné,  ce  dix-sept  mai 
mil  sept  cent  soiiante-treize. 

Le  Bai  lu  F. 

Copie  du  xviti*  siècle  appartenant  à  M.  le  marquis  de 
Turenne. 


TESTAMENT   D  ANTOINETTE    DE   TURENNE 

Extrait  fait  en  la  Chambre  des  comptes  du  Roy  notre 
sire,  au  dépôt  des  terriers  étant  .en  la  Chambre  des 
comptes.  Des  titres  de  Turenne  étans  au  dépôt  des  ter- 
riers a  été  extrait  la  pièce  suivante  mentionnée  au  fol. 
30  du  premier  volume  de  l'inventaire  des  titres. 

In  nomine  Domini,  amen.  Anno  ab  Incarnatione  Do- 
mini  millésime  quadringentesimo  tertio  decimo,  et  die 
décima  mensis  aprilis,  illustrissimo  principe  et  domino 
Garolo,  Dei  gratia  rege  Francorum  régnante.  Quia  pre- 
sentis  vite  mlserabilis  conditio  statum  habet  iûstabilem, 
et  ei  que  visibilem  et  palpabilem  habent  essentiam  teo- 
dunt  visibiliter  ad  non  esse;  sapientium  igitur  est  consilii 
ut,  quamdiu  ratio  régit  mentem,  conditionis  humane  ine- 
vitabile  debilum,  videlicet  mortem,  quantum  a  Deo  per- 
mittitur  prevenire,  morsque  certisaima  ait,  ejua  tamen 
hora  penitua  ignoretur  juxta  verbum  prophète  dicentis  : 
de  mane  usque  ad  vesperam  finies  me  (Isaïe,  38,  12);  hinc 
est  guod  anno  et  die  predictis,  in  mei  notarii  publici  et 
testium  infrascriptorum,  ad  hoc  personaliter  vocatorum  et 
rogatorum,  preaentia  personaliter  constitula  egregia  et  po- 
tens  domina,  domina  Anthooetta  de  Turenna,comitegBaBel- 
lifortis,  Alesti  et  vicecomilessa  Turenne,  uxorque  egregii 
et  potentis  vin  domini  Johannis  Le  Meygre,  dicti  Boucei- 
quaut,  marescalli  Francie,  sana  menle  et  corpore  per  Dei 
gratiam,  et  in  sua  bona  memoria  et  dispositioue  persis- 
tens,  Qupiens,  ut  dixit,  diem  sue  poregrinatJODis  extrême 
ordinatione  testamentaria  prevenire  et  saluti  anime  sue 


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—  379  - 

in  quantnm  desuper  sibi  concessum  fuerit  providere,  el 
de  corpore  et  de  bonis  suis  disponere  et  ordinare,  ul 
extrema  necessitate  cum  placuerit  Altîssimo  ipsam  de  hoc 
seculo  vocare,  paralam  inveniat  eamdem;  quapropter  ipsa 
domina  Anthonelta  suum  ultimum  teslamentum  uuiicu- 
pativum  et  suam  ultimam  voluntatem  ac  disposiiionem 
testameotariain  fecit,  condidit  et  ordinavit  prout  conti- 
netur  in  quodam  papiri  quaterno  michi  diclo  nottario 
tradito  et  io  romaacia  scripto,  cujus  teuor  talis  est. 

Au  nom  du  Père,  et  du  Fils,  et  du  Sainct-Esprit,  la 
beDOiste  Trinité,  la  beiioiste  vierge  Marie,  et  toute  la 
benoiste  compagnie  de  Paradis. 

Moy  Anthonettb  de  Tuhbnne,  femme  de  très  noble  et 
puissant  seigneur  messire  Jean  Le  Mengre  de  Boucic- 
quaut,  mareschal  de  France,  du  consentement  et  volonté 
de  mon  dit  seigneur  et  espoux,  qui  m'a  sur  ce  autorisé, 
comme  il  appert  par  letlres  signées  de  sa  main  et  scellées 
de  son  sceau,  desquelles  la  teneur  est  insérée  en  la  fia 
de  ce  présent  instrument,  laquelle  auctorisation  j'ay  prins 
agréablement  en  moy,  de  ma  bonne  volonté,  estant  en 
ma  bonne  santé  et  vie,  fait  et  ordonne  mon  testament  et 
dernière  volonté,  touchant  le  fait  de  mou  ame  et  aussy 
des  biens  que  Dieu  m'a  prestes,  en  la  manière  qui  s'ensuit. 

Et  premièrement  je  recommande  mon  àme  à  Dieu,  à 
la  benoiste  vierge  Marie,  à  tous  les  benoists  saints  et 
saintes  de  Paradis  et  à  toute  la  benoiste  compaignie  ce- 
lestial,  leur  supliant  qu'il  leur  plaise  la  prendre  en  leur 
bcuoiste  garde  et  commende,  aussy  leur  plaise  de  moy 
empêtrer  grâce  envers  Nostre-Seigneur  quand  viendra  au 
pas  de  ta  fin  et  au  devant. 

Item,  je  veux  et  ordonne  toutes  les  dettes  avoir  appar- 
tenues, si  aucune  en  a  à  qui  appert  bonnement  et  juste- 
ment, estre  dues,  et  lesquelles  auront  esté  fais  par  moy- 
mesme  et  autres  de  quoy  je  serois  tenue,  comme  héritière 
ou  autrement,  estre  payées,  et  aussy  mes  tors  fais,  si 
aucuns  en  y  a. 

Item,  je  veux  et  ordonne  que  quand  sera  le  plaisir  de 


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—  380  — 

Nostre-Seigneur  de  moy  prendre  de  ce  siècle  pour  mettre 
en  l'autre,  que  mon  corps  soit  mis  et  enterré  en  l'egtise 
de  monsieur  saint  Martin  de  Tours,  eu  la  chapelle  là 
où  mon  dit  seigneur  mou  espoux  a  esleu  sa  sépulture, 
en  la  dite  maaiere  et  où  lieu  qu'il  vouldra  ordonner, 
et  à  mon  dit  enterrement  qu'il  y  ait  treize  pauvres  vestus 
tous  de  neuf  pour  porter  mon  corps  à  l'église,  et  treize 
torches  à  mon  enterrement. 

Et  encore  que  je  trespasserois  en  lieu  que  je  ne  pusse 
pas  estre  prestement  portée  et  enterrée  en  l'église  de  mon- 
sieur saint  Martin,  je  veus  et  ordonne  que,  en  la  egflise 
où  mon  corps  sera  mis  jusques  à  ce  qu'il  sera  translaté 
en  la  ditte  église  de  monsieur  saint  Martin,  soit  donné 
chascun  au  la  somme  de  trente  livres  tournois,  et  autre 
trente  livres  à  ung  chapelain,  tel  comme  je  vouldray 
eslire,  qu'il  soit  tenu  de  chanter  messes  et  prier  Dieu 
pour  moy  jusquee  à  tems  que  mon  corps  sera  translaté 
en  laditte  église,  comme  dessus  est  dit. 

Item,  je  veux  et  ordonne  que  une  messe  soit  fondée 
de  Toussains  perpétuellement,  à  dire  trois  fois  la  semaine 
en  laditte  chapelle  où  mon  dit  seigneur  et  moy  seront 
enterrés,  de  quoy  je  veux  que  la  fondation  soit  faite 
et  ordonnée  par  celuy  advis  de  mon  dit  seigneur  et  de 
mes  autres  exécuteurs,  et  soit  laditte  messe  le  mardy, 
le  jeudy  et  vendredy. 

Item,  je  veux  et  ordonne  que  une  messe  de  Noslre-Dame, 
à  dire  trois  fois  la  semaine  en  laditte  chapelle  où  mon 
dit  seigneur  et  moy  serons  enterrés,  soit  fondée  à  Nostre- 
Bame  des  Carmes,  à  Paris,  le  lundy,  le  mercredy  et  le 
samedy;  et  ordonne  qu'il  soit  satisfait  au  dit  couvent  de 
la  messe  dessus  ditte  et  de  la  sépulture,  tout  ainsy  que 
si  mon  corps  y  estoit  enterré,  ainsy  que  par  mou  dit 
seigneur  sera  regardé  et  par  mes  autres  exécuteurs,  et  y 
soit  donné  la  garnison  qui  appartient  pour  l'autel  à  dire 
la  messe,  d'une  chapelle- 
Item,  je  veux  [et  ordonne]  que  dessus  ma  tombe,  à 
Tours,  soient  mises  mes  armes,  et  aussy  que  mes  dites 


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armes  soient  en  la  chapelle  gui  sera  fondée  au  dit  conveut 
des  Carmes,  à  Paris,  laquelle  chapelle  sera  fondée  à  l'hon- 
neur de  Noslre-Dame  de  la  Croix. 

Item  plus,  je  ordonne  et  veux  avoir  dix  mille  messes 
une  fois  payées  du  prix  de  mille  francs,  de  quoy  les 
trois  mille  soient  dittes  en  l'église  de  monsieur  saint 
Martin  de  Tours,  deux  mille  en  l'église  de  Nostre-Dame 
des  Carmes,  à  Paris,  seront  de  Nostre-Dame,  c'est  à  en- 
tendre cent  francs  pour  mille  messes. 

Item,  aux  quatre»  églises  des  pauvres  mendians  de 
Tours,  pour  mille  des  messes  dessus  dittes  soit  baillé 
cent  francs,  c'est  à  sçavoir  à  chascun  convent  vingt  et 
cinq  francs,  et  soient  les  dites  messes  de  Saint-Esprit  et 
des  Anges. 

Item,  je  veux  et  oi-donne  que  cinq  cens  des  ditt«s 
messes  soient  dictes  au  convent  de  Nostre-Dame  des 
Carmes  d'Avignon,  du  pris  dessus  dit,  desquelles  les 
trois  cens  soient  de  la  Croix,  et  les  deux  cens  soient 
de  Nostre-Dame  et  de  la  Passion. 

Item,  aux  Cordeliers  de  la  ville  d'Aix,  là  où  madame 
ma  grand'  mère,  que  Dieu  absoille,  est  enterrée,  soient 
dictes  cinq  cens  messes  du  pris  dessus  dict,  c'est  à 
si^voir  trois  cens  de  requiem  et  deux  cens  de  la  Trinité, 
et  à  iceux  soit  payé  et  délivré  pour  les  dittes  messes 
cinquante  francs. 

Item,  aux  quatre  églises  de  Alest,  c'est  à  sçavoir  à  la 
grant  église  de  Sainl-Jeau,  aux  Prédicateurs,  aux  Frères- 
Mineurs,  et  aux  dames  menoretes  de  Saincte-Claire,  soient 
dittes  mille  des  dittes  messes,  et  à  chascune  église  soient 
donnés  et  payés  vingt  et  cinq  francs,  c'est  à  sçavoir  à 
la  ditte  église  de  Saiiit-Jehan  deux  cent  cinquante  de 
Tonssains,  aux  Prédicateurs  deux  cent  cinquante  des  Mar- 
tyrs, aux  Gordeliei-s,  deux  cent  cinquante  des  Confesseurs, 
et  aux  Menorettes,  deux  cent  cinquante  des  Vierges. 

Item,  je  veulx  et  oidonne  cinq  cens  messes  cstre  dictes 
là  où  madame  ma  mère,  que  Dieu  absoille,  est  enterrée, 


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desquelles  les  trois  cens  soient  de  requiem  et  les  deux  cens 
de  Nostre-Dame. 

Item,  je  veux  et  ordonne  que  cinq  cens  messes  de 
requiem  seront  dittes  là  où  eat  enterrée  ma  sœur  Cons- 
tance de  Saluées,  que  Dieu  absoille,  jadis  femme  de  ines- 
sire  Boucciquault,  frère  de  mon  dit  seigneur  et  espous. 

Item,  je  veux  et  ordonne  que  trois  cens  messes  soient 
dictes  là  où  feue  ma  sœur  de  Barres  fut  enterrée,  c'est 
assavoir,  deux  cens  de  requiem  et  cent  de  Nostre-Dame. 

Item,  je  veux  et  ordonne  que  mille  messes  soient  dictes 
à  plusieurs  sainls  et  saintes  et  en  plusieurs  lieux  que 
j'ay  volonté  de  faire  dire  briefvement,  à  l'aide  de  Nostre- 
Seigneur, 

Item,  je  veux  et  ordonne  que  les  dittes  dix  milles 
messes  soient  dictes  comme  dist  est  dessus  et  en  la  ma- 
nière dessus  devisée,  sans  rien  enfraindre  par  mes  exé- 
cuteurs en  cas  que  en  ma  vie  ne  aurois  fait  dire  ne 
accomplir. 

Item,  je  laisse  et  veus  estre  payé  et  délivré  à  l'église 
Saint-Jehan  de  Jérusalem  d'AIesl,  en  réparation  de  la 
dilte  église,  vingt  livres. 

Item,  semblablemenl  je  laisse  i  Teglise  de  Saint-Au- 
thoine  d'AIesl,  pour  réparation  d'icelle,  vingt  francs. 

Item,  je  laisse,  pour  la  reparation  de  l'hospital  des  pau- 
vres d'Alest,  dix  francs. 

Item,  je  laisse  à  l'église  de  monsieur  saint  Vincent 
d'AIesl,  en  réparation  d'icelle,  dix  francs;  et  que  les  cha- 
pelains «et  frères  des  églises  dessus  dites  soient  tenus 
de  prier  Dieu  pour  moy  et  mes  prédécesseurs,  et  avoir 
pour  recommandée  en  leurs  prières  et  croisons. 

Item,  je  veux  et  ordonne  que  cent  francs  soient  donnés 
pour  Dieu  en  la  manière  qui  s'ensuit,  pour  les  vœux  et 
promesses  que  j'ay  fais  plusieurs  [fois]  et  en  plusieurs 
guises,  de  quoy  notre  seigneur  père  m'a  donné  licence 
je  les  puisse  convertir  en  aumosne  et  en  autres  choses 
charitables. 

Et  premièrement,   d'iceux  cent  fraucs  je  ordonne  et 


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—  383  — 

veux  vingt-cinq  francs  estre  donnés  pour  Dieu  à  pouvres 
filles  à  marier. 

Item,  vingt-cinq  francs  pour  aider  à  faire  l'egUse  des 
Carmes  d'Àix  (1^ 

Item,  les  autres  cinquante  francs  soient  employés,  c'est 
à  sçavoir  douze  et  demy  pour  aider  à  délivrer  les  pri- 
sonniers d'outre-mer. 

Item,  pour  les  pouvres  orphelins  et  pouvres  honteux, 
seiie  fraucs  et  demy. 

Item,  pour  aider  un  povre  escoUier,  ainsy  copnme  sera 
regardé  par  mes  exécuteurs,  douze  francs  et  demy. 

Item,  neuf  francs  pour  chanter  messe  de  requiem  pour 
les  âmes  du  purgatoire  qui  l'audiance  de  Nostre-Seigneur 
attendent.  Et  ainsi  est  Un  de  l'ordonnance  des  cent  francs 
dessus  dits. 

Item,  je  ordonne  et  est  ma  volonté  que  au  Saint- 
Sepulche  soient  donné  et  envoyé  la  somme  de  vingt- 
cinq  francs. 

Item,  je  veulx  et  ordonne  que  à  l'église  de  Noslre- 
Dame  du  Puy  soient  envoyées  et  payées  quarante  fraucs, 
des(]uels  les  vingt-cinq  soient  mis  et  convertis  eu  ung 
calice  au  service  de  la  ditte  église. 

It-cm,  semblablement  je  veux  et  ordonne  estre  envoyé 
et  délivré  à  monsieur  Sainl-Anloine-de-Vieuuois,  poiir 
faire  un  calice  au  service  de  la  ditte  église,  vingt-cinq 
fjancs. 

Item,  je  veux  et  ordonne  estre  baillé  pour  envoyer  un 
I>elerin  à  Saint-Jacques  en  Galice,  et  pour  les  offrandes 
qui  seront  faites  en  la  dilte  église,  vingt-cinq  francs,  et 
pour  la  peine  et  dépense  dudil  pelleriu,  vingt  francs. 

Item,  je  veux,  ordonne  et  laisse  la  somme  de  quatorze 
cent  francs  pour  reg[u]erdonner  mes  hauteurs  [l]  mors  et 
vifs,  et  ne  les  divise  pas  eiico  e  pour  ce  que  u'ay  encore  pas' 
avis  où  el  comment  je  les  dislribueray,  combien  que  c'est 

(1)  Il  y  a  probablement  ici  uiic  erreur  de  transcription.  C'est 
de  SCS  seroiteurs  que  ta  testatrice  a  voulu  parler. 


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—  384  — 

mon  intention  de  y  aviser  et  montrer  l'ordonnance  à  mon 
dit  seigneur  et  à  mes  autres  exécuteurs,  pour  estre  dis- 
tribués et  payés  ainsy  que  à  faire  fauldra. 

Item,  je  laisse  à  Marie  de  Turenne,  ma  sœuir  bastarde, 
et  à  ses  hoirs  nés  et  procréés  de  son  corps  en  loyal 
mariage,  mille  francs  à  estre  payés  pour  une  fois,  et 
ou  cas  que  la  ditte  Marie  iroit  de  vie  à  trespassement 
sans  hoirs  procréés  de  son  corps  en  loyal  mariage,  que 
de  sept  cent  francs  la  ditte  Marie  puisse  faire  et  ordonner 
à  sa  volonté  pour  le  salut  de  son  &me,  ou  aultrement; 
les  trois  cens  francs  retourneront  le.  où  son  frère  Qaleas 
et  le  mien  est  enterré,  en  fondacion  de  messes,  c'est  à 
sçaroir  à  l'église  des  Ckirdeliers  des  Loges  en  Touraine  {!), 

Item,  plus  outre  les  messes  déclarées,  je  veux  et  or- 
donne dix  mille  messes  de  requiem,  de  Nostre-Dame,  du 
Saint-Esprit  et  de  la  Trinité  estre  dittes  au  pris  dessus 
dict,  c'est  à  sçavoir  mille  francs  pour  lesditles  dix  mille 
messes,  en  la  manière  que  s'ensuit.  C'est  à  sçavoir  :  en 
l'église  où  monsieur  mon  père,  que  Dieu  absoille,  est 
enterré  (2),  trois  mille  messes. 

Item,  à  l'église  où  madame  ma  mère,  que  Dieu  par- 
doint,  est  enterrée,  deux  mille  messes. 

Item  à  l'église  de  Nostre-Dame  à  Paris,  là  où  monsieur 
mon  grand  père,  à  qui  Dieu  pardoint,  est  enterré,  mille 


Item,  aux  églises  de  Tours,  dont  il  sera  regardé  par 
mon  dit  seigneur  et  par  mes  autres  exécuteurs,  deux 
milles  messes. 

Ilem,  je  veux  et  oivlonne  que  mille  des  messes  dessus 
dittes  soient  aux  quatre  ordres  mandiants  d'Avignon, 
desquelles  les  cinq  cens  soient  dictes  en  l'église  des 
Carmes,  et  les  autres  cinq  cent  par  les  autres  trois  ordres 
dessus  dits. 


{])  L'e»traU  dit  Turenne. 
(3)  Il  semble  résulter  de  ceci  que  Raymond  n 
dams  l'église  Notre-Dame  de  Paris. 


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Item,  aux  Celestins  d'Avignon  et  aux  Chartreux  de 
Villeneuve,  à  chaacune  esglise  des  dits  ordres,  cinq  cens 
des  messes  dessus  dittes  de  Nostre-Dame  et  de  requiem. 

Item,  plus  je  veux  et  ordonne  deux  cens  francs  estre 
baillés  et  délivrés  pour  dire  et  célébrer  deux  mille  messes, 
desquelles  je  veux  que  les  cinq  cens  soient  dittes  aux 
morgues  de  Saint-Mai-sal  d'Avignon,  et  de  requiem. 

Item,  en  l'église  de  Notre-Dame  d'Avignon,  c'est  à 
sçavoir  de  Domps,  soient  dittes  deux  cent  cinquante  des 
messes  de  Nostre-Dame. 

It«m,  en  l'église  des  Gelestins  du  Pont-de-Sorgues , 
deux  cent  cinquante  messes  de  la  Croix,  de  NostreDame 
et  de  requiem. 

Item,  cinq  cens  messes  en  l'église  des  Carmes  d'Aix, 
de  Nostre-Dame,  de  requiem  et  des  Anges. 

Item,  aux  églises  des  Jacobins  et  Augustins  d'Aiz,  à 
chascun  deux  cens  cinquante  messes  de  Toussaint. 

Item,  je  veux  et  ordonne  la  somme  de  quatre  cent 
livres  estre  donnés  pour  Dieu,  ainsy  comme  je  voudray 
en  ordonner  et  deviser. 

Item,  je  veux  et  ordonne  que,  outre  les  choses  dessus 
dittes,  je  puisse  avoir  treize  cens  francs  pour  une  fois, 
et  avec  deux  cens  livres  tournois  de  rente  sur  laquelle 
qu'il  me  plaira  de  mes  terres,  pour  le  sauvement  de  mon 
tme  k  ma  dernière  iin,  et  d'iceux  ordonner  ainsy  que 
bon  me  semblera;  et  au  cas  que  Iceux  treize  cens  francs, 
d'une  part,  et  deux  cens  livres  tournois  de  rente,  d'auti-e 
part,  ne  seroient  distribués  moy  vivant,  que  après  ma 
fin  mes  exécuteurs  les  puissent  distribuer  ainsy  comme 
je  vouldroy  ordonner. 

Item,  je  veux  et  ordonne  une  messe  perpétuelle  estre 
dicte  une  fois  la  semaine,  c'est  à  sçavoir  le  samedy, 
de  Nosti-e-Dame,  et  mémoire  des  morts  estre  fondé  en 
l'église  de  monsieur  Saint-Nicolas,  à  Pertuis,  là  où  Jehan, 
mon  flls,  à  qui  Dieu  pardoint,  est  enterré,  pour  l'àme 
dudit  Jehan,  de  moy  et  de  nos  amés  et  bienfaiteurs  {?), 
et  y  estre  faite  la  sépulture  du  dit  Jehan  par  l'ordon- 


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—  386  — 

nance,  bon  advîs  et  délibération  de  mon  dit  seigneur, 
et  de  ce  fais  chargé  mon  dît  seigneur. 

Item,  je  veui  et  ordonne  de  bon  cueur  et  sans  nulle 
contrainte,  de  ma  plaine  volonté  et  sans  nulle  fraude, 
que  tous  mes  biens,  meubles  et  immeubles  et  héritages 
presens  et  avenir,  mon  testament  accompli  si  comme 
dessus  est  dict  et  déclaré,  pour  lequel  accomplir  je  oblige 
la  comté  d'Alest  avec  ses  appartenances  à  prendre  chacun 
an  la  revenue  d'icelle  entièrement,  sans  estre  convertie  en 
autres  usages  quelconques  ou  cas  que  ma  vie  durant  ne 
seroient  accomplis,  et  à  ce  faire  et  entheriner  je  oblige 
la  ditte  comté  à  la  cour  du  Châtelet  de  Paris,  du  petit 
sefel,  de  Montpellier  et  à  toutes  auti-es  cours  ecclésias- 
tiques et  temporelles. 

Et  veut  et  ordonne,  après  ledit  accomplissement, 'mon 
héritier  seul  et  pour  le  tout  de  la  dite  comté,  et  géné- 
ralement de  tous  mes  autres  biens  meubles  et  immeubles 
quelconques,  présents  et  avenir  et  à  moy  pouvants  ap- 
partenir, mon  dit  seigneur  et  espoux,  maistre  Jehan  Le 
Meigre,  dit  Bourciquaut,  mareschal  de  France,  pour  en 
jouir  sa  vie  durant  tant  seulement,  tout  ainsy  et  par  la 
manière  que  je  ferois  si  j'estois  en  vie  ainsy  et  par  luy 
mesme  et  en  bonne  santé  en  sa  compagnie. 

Lequel  messire  Jehan  Le  Mengre,  mon  espoux,  je  fais 
et  institue  mon  héritier  universel  de  tous  mes  biens  et 
droits  dessus  dits  et  de  ma  propre  bouche  le  nomme, 
sa  vie  durant  tant  seulement,  comme  dessus  est,  non 
dérogeant,  ne  prejudiciani  pour  ce  en  aucune  manière 
à  la  donnacion  entre  vifs  par  moy  fail«  ce  jour  d'huy 
devant  ce  présent  testament  à  mon  dit  seigneur,  laquelle 
a  esté  recitée  et  en  notte  reçue  par  M'  Jehan  Alexandre, 
notlaire  royal  dessous  escrit,  mais  icelle  donnation  et 
louies  les  choses  en  icelle  contenues  par  la  teneur  de 
mon  présent  lestament,  je  confirme,  ratilie,  loue  et  ap- 
prouve, tant  comme  je  puis  et  veux,  que  la  ditte  dona- 
■  tion  ait  value  et  reste  en  son  efficace  fermeté  et  vertu, 
et  mande  et  prie  à  tous  mes  sujets  qui  sont  ou  pour- 


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ront  estre  pour  le  temg  à  venir,  comme  dist  est,  qu'ils 
luy  obeïBsent  en  toutes  choges  comme  ils  feraient  et  de- 
vroyent  faire  à  moy  mesme,  si  je  estois  en  ma  vie  propre 
et  sanlé. 

Item,  je  veux  et  ordonne  que  au  cas  que  nous  auriops 
enfans  de  nous  deux,  que  de  tous  iceux  bien  meubles 
et  immeubles  mon  dit  seigneur  en  fust  seigneur  et  maistre 
sans  que  iceui  enfants  y  puissent  contredire  sa  vie  durant, 
comme  dessus  est  dit. 

Item,  je  veui  et  ordonne  que  au  cas  que  mon  dit  sei- 
gneur et  espoux  auroit  très  grand  besoin  et  nécessité, 
pour  sa  personne  tant  seulement,  qu'il  pût  engager  mon 

dit  héritage  sa  vie  durant,  ou  à  terme  convenable 

recours  après  son  décès. 

Item,  je  veux  que  après  le  deceds  de  mon  dit  seigneur 
et  de  moy,  tous  mes  biens  et  héritages  viennent  à  mes 
héritiers  prochains,  ainsy  que  raison  le  veut,  lesquels 
je  substitue  mes  héritiers  après  le  deceds  de  mon  dit 
seigneur  mon  espoux  et  héritier  dessus  dict. 

Item,  je  veux,  laisse  et  ordonne  mon  exécuteur  prin- 
cipal, seul  et  pour  le  tout,  mon  dit  très  redouté  sei- 
gneur et  espoux,  auquel  je  auplie  très  humblement  qu'il 
luy  plaise  d'en  vouloir  prendre  la  charge,  et  avec  luy  et 
en  sa  compagnie  monsieur  Jehan  de  Linieres,  à  présent 
evesque  de  Viviers;  M'  Simon  de  Nanlerre,  conseiller 
du  Roy  nostre  sire  ;  maistre  NicoUe  de  Gonesse,  maistre 
en  théologie;  Merigo  Brenaut,  escuyer;  maistre  Pierre  Le 
Pingre,  prevost  de  Teglise  d'Arras,  et  mon  beau  père, 
frère  Jehan  Mobret,  lecteur  en  théologie  de  l'oi-dre  de 
Nostre-Dame  des  Cannes,  auxquels  je  prie  et  requiers 
qu'il  leur  plaise  d'en  vouloir  prendre  la  charge  de  ce 
faire  et  accomplif-  api-ès  mon  trespas,  ou  cas  que  en  mon 
vivant  ne  seroit  accomplie;  et  ou  cas  que  mou  dit  sei- 
gneur [ne  puisse  accomplir]  les  choses  dessus  dites,  je 
veux  et  oi-donne  que  mes  dits  exécuteurs  ou  trois  d'iceux, 
si  les  autres  ne  vouloient  vacquer  ou  pouvoient  estre  et 


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vacquer,  puissent  donner  accomplÎBsement  par  la  ma- 
nière que  dessua  est  dicte. 

Item,  je  veux  et  ordonne  que,  après  mon  décès,  mon 
dit  seigneur  puisse  ordonner  en  sa  &n,  pour  le  salut 
et  remède  de  nos  âmes,  sur  la  baronnie  d'Amduze,  de 
cent  et  cinquante  livres  tournois  de  rente  à  sa  pleine 
volonté,  ou  cas  que  nous  n'aurions  d'enfants  de  nous 
deux,  et  de  tout  en  la  forme  et  manière  qu'il  lui  plaira 
en  ordonner. 

Item,  je  veux  et  ordonne  que  mon  présent  testament 
soit  fait  et  accomply  tout  en  la  meilleure  forme  et  ma- 
nière que  faire  se  pourra,  et  ait  value;  et  suplie  très 
humblement  mon  dit  très  redouté  seigneur  et  espoux, 
comme  à  celuy  en  qui  est  toute  ma  fience,  que  quand 
il  plaira  à  Dieu  que  le  cas  adviengne,  il  luy  plaise  de 
y  voulloir  mettre  bonne  paine  et  diligence  de  l'accom- 
plir, toutes  fois  que  mon  dit  héritier  [ne]  puisse  eslre 
contraint  ne  compellé  à  payer  et  faire  les  choses  dessus 
dittes  jusqu'à  ce  que  sera  passé  le  terme  de  cinq  ans 
après  mon  décès. 

Item,  je  veux  que  en  tous  les  biens  qui  seront  faits 
pour  mon  âme,  ma  vie  durant  et  après  ma  fin,  mon  dit 
seigneur  espoux  y  ait  la  moitié,  et  aussy  je  veux  que 
monsieur  mon  père,  madame  ma  mère,  que  Dieu  absoille, 
monsieur  le  père  de  mon  dit  seigneur  et  espoux  et  madame 
sa  mère  y  soient  acco:ii pagnes,  et  aussi  les  âmes  de 
mes  dittes  deux  sœurs,  ma  sœur  Constance  de  Saluces 
et  ma  sœur  de  Barres,  et  tous  mes  bons  amis  à  qui  je 
puis  estre  tenue. 

liera,  je  suplie  très  humblement  mon  dît  seigneur  et 
espoux  qu'il  luy  plaise  les  âmes  de  mon  dit  sieur  mon 
père,  madame  ma  mère,  la  mienne  et  toutes  celles  de 
nos  amis  et  bienfaiteui-s,  et  de  qui  nous  avons  et  tenons 
les  biens,  avoir  pour  recommandées,  et  (Je  ce  j'en  charge 
la  consiance  de  mon  dit  seigneur. 

Item,  je  veux  et  ordonne  que  ou  cas  que  les  enfants 
baslards  et  hastardes  de  mon  dit  sieur  mou  père,  à  qui 


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Dieu  pardoint,  c'est  à  sçavoir  les  filles,  ne  seroient  ma- 
riées, et  les  fils que  mon  dit  seigneur  et  héritier  des- 
sus dict  soit  tenu  de  les  marier,  et  chascune  bien  el  con- 
Teuablement,  selon  le  bon  avis  et  délibération  de  mon  dit 
seigneur,  auquel  je  supUe  très  humblement  de  le  voloir 
faire,  et  où  cas  que  de  son  vivant  ne  seroient  mariées, 
pe  veux)  que  mes  héritiers  soient  tenus  de  le  faii-e. 

Item,  je  suplie  à  mou  dit  seigneur  si  très  humblement 
comme  je  puis  que  ou  cas  que  madame  ma  tante  de 
Beaujeu  vivroil  après  mou  trespassemenl,  qu'il  luy  plaise 
l'avoir  pour  recommandée  et  luy  faire  comme  si  elle 
esloit  sa  propre  mère  ou  la  mienne. 

Hoc  totum  voluit,  jussit,  et  ordiuavit,  et  demandavit 
dicta  domina  Anthoueta,  testatrix,  e^e  suum  ultimum  tes- 
tamentum  nuncupativum  et  suam  ultimam  voluntatem  seu 
ordiuationem  testamentariam,  quod  et  quam  voluit  et  or- 
dinavit  perpétue  valere;  et  si  forte  jure  testamenti  non 
valeret,  voluit  et  ordinavit  quod  valeat  jure  codicilli  seu 
codicillorum  ;  et  si  jure  codicilli  vel  codicillorum  non 
valeret,  voluit  et  ordinavit  quod  valeat  jure  donationis 
inter  vivos  seu  causa  mortis,  ac  jure  cujuslibet  alterius 
ultime  voluntatis,  et  omni  eo  meliori  modo  jure  et  forma 
guibus  melius  valere  potest  et  pol«rit  in  futurum  ;  et  si 
unquam  dicta  domina  lestatrix  ordiuaverit  seu  fecerit 
aliud  testamentum  seu  testamenta,  codicillum  seu  codi- 
ciUos,  donaciones  causa  mortis  aut  alias  quascumque, 
illos,  illas  et  illa  revocavit  et  annulavit  ipso  presenti  tes- 
tamento,  seu  ultima  voluntate  in  sua  facultate  valitura 
et  duratura,  aalva  semper  et  reservata  aupradicta  dona- 
cione  hac  die  presenti  dicto  domino  marescallo  per  ipsam 
facta,  de  qua  supra  sit  memoria  per  ipsam  facta  contenta 
in  hoc  presenti  testamento  seu  aliis  aliquibus  derogare 
non  intendit,  ymo  eamdem  donacionem  et  omnia  in 
eadem  contenta  laudavit,  approbavit,  ratificavit  et  cou- 
firmavit. 

Ténor  vero  littere,  et  licentie,  et  auctorïtatis  per  dictum 


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dominum  marescallmn  date  et  atlribute  dicte  domine  tes- 
tatrici  de  faciendo  et  ordinando  : 

A  tous  ceux  qui  ces  présentes  lettres  verront,  Jehan 
Le  Mengre,  dit  Boucicquaut,  raareschal  de  France,  comte 
de  Beaufort,  d'Alest,  vicomte  de  Turenne,  salut,  Nostre 
très  chère  et  très  amée  compaigne,  Anthoinette  de  Tu- 
renne,  mareachalle  de  France,  nous  a  exposé  qu'elle  a 
grand  desir,  volenté  et  atfection  de  faire  et  ordonner 
.  son  testament  et  disposer  de  ses  biens  que  Dieu  luy  a 
prestes,  pour  le  salut  de  son  ame  et  aultrement,  laquelle 
chose  elle  ue  voudroit  faire  sans  notre  bonne  volenté, 
licence  et  consentement,  nous  humblement  supliant  que 
iceux  licence  et  consentement  luy  voulaissions  donner  et 
ottroyer,  sçavoir  faisons  que  nous  à  la  nostre  très  chère 
et  très  amée  compaigne  avons  donné  et  octroyé,  donnons 
et  octroyons  par  ces  présentes,  si  et  en  tant  que  besoin 
sera,  licence  et  auctorité,  consentement,  congié,  plein  pou- 
voir et  mandement  spécial  de  faire  et  passer  son  dit  tes- 
tament et  ordonner  de  ses  biens  pour  le  salut  de  son  âme 
et  autrement,  tout  alnsy  et  dans  la  forme  et  manière 
qu'elle  en  vouldra  faire  et  ordonner,  et  que  besoing  luy 
semblera.  En  tesmoing  de  ce,  nous  avons  signé  ces  pré- 
sentes de  notre  main  et  à  icelles  fait  mettre  nostre  scel. 
Donné  à  Montpellier,  le  deuxiesme  jour  d'avril  l'an  mil 
quatre  cent  treize.  BotJCicQTjA.uT,  mareschal  de  France. 

De  quibuB  omnibus  et  singulis  supradictis  dicta  domina 
testatrix  voluit,  pecitt  et  requisivit  sibi  et  quibus  perti- 
nebit  fieri  unum  et  plura  instrumenta  per  me  notarium 
publicum  infrascriptum,  volons  et  expresse  consensciens 
quod  dictum  instrumentum,  seu  instrumenta,  possint  et 
valeant  dictari,  reflci,  corrigi  et  emendari  semel  et  plu- 
ries.  producti  in  judicio,  vel  non  producti,  ad  consilium  et 
intellectum  unius  vel  plurium  in  jure  perilorum,  et 
fiicti  tamen  substancia  in  aliquo  non  mutata,  rogans 
dicta  testatrix  testes  infra  scriptos,  omnes  sibl  notos,  et 
de  premissis  omnibus  et  singulis,  sicut  prefertur,  per 


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—  391  — 

eam  ordinatis  memores  esse  voluît  loco  et  tempore,  si  et 
guaDdo  requisili  fuerint  testimonium  veritalis  pertulere. 
Acta  fueruQt  hec  in  loco  de  Bupermaura,  in  domo  nobilis 
Johannis  Varreris,  alias  de  Ramquis,  io  quadam  caméra 
prope  aulam,  presentibus  nobilibus  viris  Johanne  de  Per- 
tuisio,  Johanne  de  Sorberiis,  Johaoïie  de  Luce  Petra  de 
ThoUgny,  domino  Amico  de  Mostoziis,  legum  doctore,  fra- 
tre  Johanne  Malerii,  oi-diais  béate  Marie  de  Monle- 
Carmelli,  lectore  in  sacra  pagina,  Rolando  de  Ghiny, 
familiaribus  dicti  domini  marescalli  et  dicte  testatricis, 
dominis  Petro  de  Monte  Accto  et  Johanne  de  Terra 
Rubea,  in  legibus  liceociatis,  testibua  ad  premissa  vocatis 
et  rogatis,  et  magistro  Johanne  Alexandro  Reneau,  clerico 

Nemausenais  diocesis,  nunc  habitalore  Alesti diocesis, 

dicti  domini  noatri  Francorum  régis  notarié,  qui  de  pre- 
missîB  omnibus  et  singulis,  dmn,  sic  ut  supra  descri- 
buntur,  agerent  et  âerent  anno  et  die  predictis  una  cum 
supra  nominatis  testibus  presens  fuit,  eaque  sic  retinuit, 
et  publicavit  et  de  ipsis  notam  reperit  rogatus  et  re- 
quisitus. 

xvnr 

HOMMAGE,  SUIVI  d'uN  DÉNOMBREMENT,  PRÊTÉ  AU 
MARÉCHAL  DE  BOUCICAUT  ET  A  ANTOINETTE  DE 
TURENNE  PAR  RENAUD  DE  LISSAC,  POUR  TOUT  CE 
qu'il  POSSÈDE  DANS  LES  PAROISSES  DE  LISSAC  ET 
DE  JUGEALS,  DANS  LA  CHATELLENIE  DE  GOUSAGES 
ET  DANS  LA  VICOMTE  DE  TURENNE. 

25  février  14i5. 

In  nomine  Domini,  amen.  Noverint  universi  hoc  pre- 
sens publicum  iûstrumentum  visuri,  lecturi  et  etiam 
audituri,  quod  anno  Incarnationis  Domini  millesimo  qua- 
dringentesimo  quarto  decimo,  die  vero  ultima  mensis 
februarii,  régnante  excellentissimo  principe  et  domino 
nostro,  domino  Karolo  Dei  gratia  Francorum  rege  illus- 


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trissimo.  in  preseotia  mei  notarii  publici  et  nobilium 
et  potenlum  virorum  dotninorum  lestium  Infra  scrip- 
torum  personaliler  constitulis  magDiflco  et  potente  do- 
mino, domino  Johanne  le  Mangre,  dicto  Bouciquaut, 
comité  Bellifortis  et  Alesti,  vicecomiteque  Turenne  ac 
marescallo  Francie,  pro  se  et  suis  et  pro  egregia  et 
polenti  domina,  domina  Anthonia  de  Turenna,  comitissa 
el  vicecoruitissa  dictorum  comitatuum  et  vicecomitatus, 
ejus  consorte,  ex  una  parte,  et  nobile  Regînaldo  de 
Lissac,  domino  ejusdem  loci,  pro  se  et  suis  heredibus 
et  Buccessoribus  universis,  ex  parte  altéra,  prelibatus 
nobilis  Reginaldus,  non  inductus,  non  seductus  nec  co- 
hactus  vi,  dolo,  metu,  fraude,  nec  machinalione  aliqua 
ab  alîquo  circumventus,  sed  bene  instructus  et  consultus 
de  facto  el  de  jure  auo,  prout  disit  et  assemit,  recognovit 
palam  el  publiée^  ac  pure  et  aimpliciter  in  verilate  con- 
fessus  fuit  se  tenere;  velleque  tenere,  et  tenere  debere  a 
dictis  dominis  conjugibus,  licet  dicta  comitissa  et  vice- 
comitissa  absenti,  sed  dicto  domino  comité  et  vicecomite, 
pro  se  et  suis  et  dicta  domina  comitissa  et  vicecomitissa 
una  mecum  notario  publico  tanquam  publica  et  autentica 
persona  ratione  mei  publici  officii  pro  îpsa  domina  sti- 
pulantibus  et  recipientibus  solempniter,  et  predecessores 
prelibati  nobilis  ab  ;intiquo  tenuisse  a  dictis  dominis  con- 
jugibus et  a  predecessoribus  prelibate  comitiase  el  vice- 
comitisse,  a  quibus  causam  babet,  cum  bomatgio,  âdeque 
et  fldelîlatis  juramento,  videlicet  omoia,  universa  et  sln- 
gula  que  ipse  nobilis  Reginaldus,  condominus  de  Lissaco, 
habet,  tenet  et  possidel,  et  alii  lenent  ab  ipso  in  loco  et 
parrochia  de  Lissaco  et  in  castro  et  castellania  de  Go- 
satgio,  et  in  parrochia  de  Jugeais,  et  alibi  in  toto  vice- 
comitatu  Turanne  et  pertiuenciis  ejusdem,  de  quibua 
devenil  hominem  et  vassallum  dictonim  dominorum  con- 
jugum.  Qua  recoguitione,  sicut  premittitur,  per  dictum 
nobilem  Reginaldum  facta  coram  dicto  comité  et  vice- 
comite, pi-esente  ut  supra,  stipulante  et  recipiente,  preli- 
batus dominufi  Reginaldus  de  Lissaco,  condominus  dictî 


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locî  de  Lissaco  et  de  Cosatgio,  flexis  geoibus,  caputio 
retnoto  manibusgue  complosis,  promisit  et  juravit  auper 
sancta  Dei  quatuor  Evangelia,  libro  aperto  ubi  dicitur 
Te  ijitur  ctementisiime  paler,  et  per  Ipsum  ambabus  maai- 
bus  corporaliter  tacla,  esse  bonus,  et  legititnus,  ac  Ûâelis 
vassallus  diclis  dominig  conjugibus  et  suorum  heredum 
et  successorum  vicecomitum  Turenne,  necnon  peraonas, 
res  et  membra,  statum  dictonim  dominorum  conjugum  et 
cujuslibet  ipsonim,  et  honorem  et  tota  jura  ac  deveria 
ipsorum,  ut  melius  bona  fide  poterit,  illesa  obaerrare.  et 
sécréta  sua  tenere  et  nulli  cui  non  debeat  revelare,  bonum 
consilium  et  juvamen  contra  omnes  personas,  si  requisitus 
fuerit,  eis  dare,  m:ila  dampna  ac  pericula  ipsorum  domi- 
norum conjugum,  et  suorum  heredum  et  successomm  et 
subditorum  suorum,  bona  flde  observata,  pro  posse  suo 
eyitare,  et  si  evitare  non  poterit,  eisdem  notiflcare  et. 
mandare  cicius  poterit,  et  omnia  alia  universa  et  singula 
farere,  dicere,    tenere,  et  servare   ac  custodire  que  in 

quolibet  capitule  homatgii  et  fldelituis  juramenti,  et 

eorumdem  pertinent  sive  spectant,  oris  osculo  inter\'e- 
niente  inter  dictum  dominum  comitem  et  vicecomitem 
et  prelibatum  nobilem  Reginaldum,  suum  vassallum, 
more  consueto,  et  hoc  cum  re.nunciatione  et  juramento 
ad  hec  neccssariis,  parîter  et  cauthelis  quibuscumque, 
volens  et  concedens  dictus  nobilis  quod  hec  generalis 
renuociatio  tantum  valeat  et  possit  ad  opus  dictorum 
dominorum  conjugum  et  suorum  heredum  et  successomm 
quantum  lacèrent  si  omnea  casus  legum,  decretorum  et 
decretalium  ad  hec  facienda  ibi  et  in  loco  debito  essent 
positi,  speciflcati  et  declarati,  non  obatante  jure  dicente 
gênerai  em  renunciationem  non  valere  ni  si  quathenus 
expi-essa  fuerit  in  contractu  cum  gpeciali;  et  ^presse  (sk)  . 
renunciavit  idem  nobilis  et  omnibus  aliis  juria  et  facti 
auxiliis ,  cavillationibus ,  dilationibus ,  subtilitatibus  et 
cauthelis  per  que  contra  premissa  vel  aliquod  de  pre- 
missis  in  presentibus  lilteris  con(«ntis,  venire  poaset  ullo 
modo  in  futurum.  Et  pro  premissia  omnibus  et  singuUs 


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—  394  — 

et  aliis  in  presentibus  litteris  contentis  tenendis,  atten- 
dendis,  complendis  et  perpetuo  ioviolabilitet'  observandis, 
dictus  nobilis  Reginaldus,  pro  se  et  suis  heredibus  et 
successoribus  universis,  supposuit  et  submisit  se  et  omnia 
boDa  sua,  mobilia  et  imint^ilia,  presencia  et  futura,  foro, 
juridiction!,  cohercitioni,  compulsioni  et  distficLui  om- 
Ditim  curiaruin  tam  domini  noatri  Régis,  quam  ipsorum 
dominoruin  conjugum,  et  cujuslibet  ipsorum....;  voluit  et 
peciit,  ad  premissa  tenenda,  compleoda  et  perpetuo  ob- 
servanda,  cogi,  compelli  et  distriiigi  per  quoscumque  offl- 

ciarios  diclarum  curiarum  et  cujuslibet  ipsarum Et 

ibidem  venerabilis  et  discretus  vir  Guillermus  Boterii, 
baccalarius  in  decretis,  procurator  et  nomine  procuralorio 
dicti  domini  comitis  el  vicecomitls,  protestatus  fuit  de  jure 
dictorum  dominoram  conjugum  cui  renunciare  non  inten- 
debat  pro  premissis,  nec  recedere  ab  ipso,  ymo  voluit 
quod  pocius  ipsum  possit  prosequere  (sic)  et  totaliter  in 
eodem  persistere,  prout  ante.  Et  nichilominus  precepit  et 
iujunxit,  ex  parte  dicti  domiol  eidem  nobïli,  sub  pena 
juris  in  talibus  consueta,  quod  declararet  ad  plénum  et 
traderet  in  forma  publica  ea  que  tenet  a  dictis  dominis 
conjugibus  iafra  quadraginta  dies  proxime  venluros.  Et 
dictus  Dobîlis  dixit  et  protestatus  fuit  de  facieudo  ea  que 
de  jure  tenebitur  facîendus;  de  quibua  petienint  instru- 
mentum.  Acta  enim  fuerunt  hec  apud  Brivam,  Lemo- 
vicensis  diocesis ,  in  aula  mooasterii  Sancti  Martini 
Brive,  anno,  die,  mense  et  régnante  quibus  supra,  pre- 
sentibus  nobilibus  et  potententibus  dominis,  dominis 
Guilhehnode  Meulhone  (?),  domino  de  Ponieto;  Edduardo 

de  Thelis,  domino  de  Barie;  A de  Agrifolia,  domino 

de  Gramato;  Durando  de  Salguia,  domino  de  Lascura; 
Jacobo  de  Vilamur;  Johaiine,  domino  de  Marcîlhaco,  mi- 
litibus;  Edduardo  de  Thelis;  Raymundo,  domino  de  Cos- 
naco;  Petro  Focherii,  domino  Sancte  Fortunate,  acutiferis, 
et  pluribus  aliis...  ad  premissa  vocatis  et  rogatis,  et  me, 
Ademaro  de  Nagela,  notario  auctoritate  ragia  pubUco,  qui 
premissa  recepi,  notari  et  grossari. 


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Poslque,  apud  TurenDam,  dicte  Lemoviceosis  dioceais, 
iQ  presenlia  testiuni  infra  scriptorum,  prelibatus  nobilis 
Reginaldus,  dominus  de  Lissaco,  gratis  et  ejus  certa 
"  scientia  et  bono  atiimo,  et  libenter  recognovit  se  tenere 
a  dietia  dominis  conjugibus,  me  not  irio  publîco  tanquani 
publica  et  autentica  persona  pro  dictis  dominis  conjugibus 
abBentibus,  ratione  mei  publici  officii  stipulanti  sollemp- 
niler  et  recipienti,  videlicet  ea  que  aequuntur.  Et  primo 
locum  et  fortalicium  de  Lissaco  et  de  Mauriolis,  cum 
omolbus  juribus  et  pertinenciis  suis  unîversis,  sive  sint 
hospicia,  domus,  turres,  menia,  paludia,  vinee,  terre,  orti, 
nemora,  gareae,  columbaria,  piscaria,  pascua,  mansi  absi 
et  vesliti,  borie  et  bordarie  ad  dictum  nobilem  pertinencia 
et  espectantia  in  dicto  loco  et  parrochia  dicti  loci  de 
Lissaco;  et  premissa  disit  et  asseruit  idem  nobilis  Regi- 
naldus se  tenere  et  tenere  debere  a  dictis  dominis  conju- 
gibus cum  homatgio  et  fidelitatis  juramento.  Item,  reco- 
gnovit et  confessus  fuit  idem  nobilis  se  tenere  et  tenere 
debere  a  dictis  dominis,  cum  homatgio  et  fidelitatis  jura- 
mento, partem  suam  tocius  jurisdictionis  alte,  medie  et 
basse  in  loco  et  castellania  de  Cosatgio,  et  in  dicto  loco 
et  parrochia  de  Lissaco,  nec  non  in  iocis  et  parrochiis  de 
Sanclo  Saturnino,  de  Castro  et  de  Chartresiis.  Item,  le- 
cognovit  amplius  idem  nobilis  se  tenere  et  tenere  debere 
a  dictis  dominis  conjugibus,  cum  dicto  homatgio  et  fide- 
litatis juramento,  omnes  mansos,  capmansos,  borias,  bor- 
darias,  vineas,  hortos,  terras,  prata,  nemora,  molendina 
tam  absa  quam  vestita,  et  tam  vestita  quam  absa,  nec  non 
nemora  et  pascua  cum  omnibus  reddJtibus,  juribus  et 
deveriis  ac  pertinenciis  suis  universis  ad  'dictum  nobilem 
pertinentibus  et  espectantibus  in  dictis  Iocis,  castellaniis 
et  parrochiis.  Item,  recognovit  amplius  idem  nobilis  se 
tenere  et  tenere  debere  a  dictis  dominio  conjugibus,  cum 
homatgio  et  fidelitatis  juramento,  medietalem  loci  et 
fortalicii  disrupti  de  Jutgeals,  cum  introytibus  et  esitibus 
suis,  et  cum  omnibus  mansis,  capmansis,  boriis,  borda- 
riis,  tenis,  vineis,  garenis,  ortis,  pratis,  moiieriis,  cens- 


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^  396  — 

sibus,  redditibus,  cunctisque  deverîis  et  pertineDtiis  uni- 
versis  ad  dictum  nobilem  pertinentibus  ralione  et  es 
causa  dicti  loci  de  Jutgeals.  Item  nmplius,  idem  nobilis 
recognovit  se  tenere  et  tenere  debere  a  dictis  dominis 
conjugibuB,  prout  3upra,  hospicium  et  fortalicium  suum 
disruptum  de  Rinhaco  (I)  cum  omnibus  ediffîciîs,  maasis, 
capmansis,  boriis,  bordariîs,  terris,  ortis,  vineis,  pratis, 
nemoribus.  pascuis,  gareDis,  censeibus,  redditibus,  jurî- 
buB  et  pertinenciis  unirersis  ad  dictum  uobitem  pertl- 
neotibus  ratîone  dicti  hospicii  et  fortalicii  de  Riahaco. 
Et  nichilominus  geaeraliter  prelibatus  nobilis  Reginaldus 
recognovit  se  tenere  et  tenere  debere  a  dictis  dominis 
conjugibus  omnes  et  siogulos  maosos,  capmansos,  boriae, 
terras,  hospicia,  domos,  vineas,  nemora,  prata,  pascua, 
reddilus,  census,  jura,  deveria  quecumque  et  quocumgue 
noniine  dici,  nuncupari  seu  appellari  possint  et  debeant, 
ad  dictum  nobilem  pertineocia  in  parrochiis  et  locis  Tu- 
renne,  de  Balayraco  (2),  de  Ginhaco  [3],  de  Nespol  (4), 
de  Briva,  de  Cusancia(5),  de  Boresia  (6),  de  Ferreriis{7) 
et  de  Reyrevinha8(8),  et  alibi  in  toto  vlcecomitatu  Turenne 
et  ejus  ressorto,  excepta  décima,  seu  sua  parte  décime  de 
Valayraco,  que  teaet,  ut  asseruit  a  domino  episcopo  Catur- 
seosi,  et  excepto  manso  de  Poli  de  Tras,  scitum  in  paro- 
chia  de  Jutgeals,  quod  tenet,  ut  Ipse  asseruit,  de  Sancto 
Uartino  Brire.  Item,  dixit  et  asseruit  idem  nobilis  quod 
proprietas,  directum  domioium,  jusque  investiendi  et  de- 
vestiendi.  et  capisolidum  recipiendi,  percipiendi  et  levandi 


(1)  Rigoac.  Il  existe  dans  la  Corrèie  et  dans  le  Lot  plusieurs 
villages  de  ce  nom.  Je  pense  qu'il  est  ici  question  de  Rignac,  vil- 
lage important  de  la  commune  de  Cuiance  (Lot). 

(2)  Valeyrac,  village  de  la  commune  de  Sarraiac  (Lot). 

(3)  Gignac,  arrondissement  de  Gourdon  (Lot). 

(4)  Nespouls,  arrondissement  de  Brive  (Corrfeze). 

(5)  Cuzance,  arrondissement  de  Gourdon  (Lot). 
{6)  Borrèze,  arrondissement  de  Sarlat  (Dordogne). 

(T)  Perrières,  commune  de  Char triers- Perrière  (Corrèie). 
(B)  Beyrevignes,  commune  de  La  Chapelle-Auiac  (Lot). 


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—  397  — 

casibus  occurentibus  et  emergentibua,  et  aliud  quodcum- 
gue  jus  ad  directum  et  pbeudale  dominium  perlioens  et 
spectaas  rerum  et  pheudonim  predictorum,  ad  Ipsum  no- 
bilem  pertinent  et  spectant;  que  preœissa  dictus  nobilis 
Reginaldus,  dominus  de  Lissaco,  declaravit  se  tenere  a 
dictis  dominîs  conjugibus,  et  ista  tradidit  mihi  notario 
publico  infrascriplo,  ratione  mei  publie!  ofHcii  stipulanti 
recipienti.  pro  dictis  dominis  conjugibus,  scilicet  pro  dicta 
Qominata  sua,  et  protestatus  fuit  idem  Qobilis  de  plus 
tradendo,  vel  de  premissis  detrahendo  casu  quo  appareret 
et  ad  DOticiam  ipgius  domicelli  perveniret  plura  vel  mi- 
nora bona  tenere  a  prefatis  dominis  conjugibus  quam 
superius  sunt  expressala.  De  quibus  omnibus  universis 
et  singulis  peciit  idem  nobilis,  pro  se  et  suis  heredibus 
et  successoribus  universis,  unum,  vel  plura,  publicum  et 
publica  înstrumentum  et  instrumenta,  ad  opus  dictoiiim 
domÎQOrum  consortum  et  ipsius  domicelli,  âeri  per  me 
notarium  publicum  infrascriptum.  Acta  fuenint  hec  apud- 
Turennam,  ante  porlam  vocatam  de  la  Trancbada,  die 
décima  mensis  maii,  anuo  Domloi  millésime  quadriogen- 
tesimo  quinto  decimo,  presentibus  riobilibus  Johanne  Mas- 
calhi,  Johanne  Talhaferri,  burgense  Martelli,  nunc  habi- 
tatore  Turenne,  et  Hugone  Lacosta,  alffis  Maneschala, 
oriundo  ville  Turenne,  testibus  ad  premissa  vocatis  et 
rogatis,  et  me  Aderaaro  de  Nagela,  oriundo  ville  Turenne, 
Lemovicensis  diocesis,  publico  auctoritate  regia  notarjo, 
qui  premissa  recepi,  notavi  et  publicavi,  et  hoc  presens 
publicum  instrumentum  in  hanc  fonnam  publicam  redi- 
gendo  grossavi,  manuque  mea  propria  scripsi,  signoque 
meo  solito  signavi  in  Qde  et  testimonio  premissorum. 
tOrig.  parch..  non  scellé.  — Arch.  nat-,  Q'  141.) 


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XVIIII 

ENGAGEMENT  PRIS  PAR  LES  COMMIS  DES  ÉTATS  DB 
LA  VICOMTE  DE  TURENNE,  POUR  LE  CAS  OU  LA- 
DITE VICOMTE  SERAIT  EXEMPTE  DE  LA  TAILLE 
ROYALE,  DE  PAYER  AU  VICOMTE  UNE  SOMME  DE 
DIX  MILLE  ECUS  ET  UNE  RENTE  ANNUELLE  DE 
MILLE    ECUS. 

3  avril  1550. 

Comme  par  privilèges  octroyés  par  les  roys  de  France 
eC  ducz  de  Guyenne  soil  entre  aultres  choses  dict  que 
les  seigneurs  vicontes  de  Turenne  et  ses  subgectz  inanans 
et  habitans  de  ladite  vicooté  sont  exemptz  et  immunes  de 
la  conlribution  des  (ailles  et  aultres  subsides,  et  par  arrest 
donné  en  la  court  des  généraux  des  aydes  à  Paris  soit 
ordonné  que  lesdictz  manans  et  habitans  de  ladite  vicoiité 
jouyront  par  provision  de  leurs  privilèges,  et  soyent  les- 
dictz subjelï  en  voulante  de  poursuyvre  ladite  exemption 
et  en  avoir  déclaration  du  Roy,  se  sont  aujouM'huy, 
troisiesme  jour  du  moys  d'avril  mil  cinq  cens  cinquante, 
comparus  au  chasteau  de  Jouze  (?),  sçavoir  est  maislre 
Pierre  Jouffre,  sieur  de  Chabrignac,  prothonotaire  du 
sainct  siège  appostolique,  archiprebtre  de  Sarlat,  scindic 
gênerai  de  ladite  viconté;  Anthoine  de  Cosnac,  escuyer, 
sieur  de  Boi-de;  Piene  Savoye,  consul  de  la  ville  de 
Beaulieu  en  Limosin,  et  M'  Pierre  Jurbert,  notaire  de 
Servieres_en  ladite  viconté,  soy-disans  commis  et  dep- 
putés  par  messieurs  des  estatz  de  ladite  viconté,  comme 
de  ce  ont  fait  apparoir;  lesquels,  pour  et  au  nom  des 
manans  et  habitans  d'icelle  viconté....,  promectans  faire 
ratiffler,  ont  promis  et  se  sont  obligés  à  messire  François 
de  la  Tour,  chevallier,  viconté  de  Turenne,  que  là  et 
quant  ledit  sieur  viconté  fera  jouyr  paisiblement  sesdiciz 
aubgeclz  de  l'effect  desdictz  privilèges,  et  en  ce  faisant, 
les  fera  déclarer  exemps  et  immunes  de  la  contribution 


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—  399  — 

des  tailles  et  subsides,  en  ce  cas,  et  non  aultremeat,  les 
manans  et  habitans  de  ladite  Ticonté  donneront,  comme 
donnent  dès  à  présent  audict  cas  audict  seigneur  viconte 
la  somme  de  dix  mil  esciu  sols  payable  dans  deux  ans 
et  à  deux  termes,  commenceant  au  jour  que  ledict  sieur 
aura  déclaration  de  ladicte  exemption  et  qu'ilz  jouyront 
de  Teffect  d'icelle,  et  l'aultre  terme  dans  l'an  prochain 
ensuyvant,  Et  oultre  ce  luy  donneront,  comme  donnent 
dès  à  présent,  audict  cas,  la  somme  de  mil  escuz  sol  de 
rente  ou  revenu  par  chascun  an,  commenceant  le  pre- 
mier payement  desdictz  mil  escuz  l'année  ensuyvant  le 
dernier  payement  desdictz  dix  mil  escuz,  l'ung  terme 
n'empeschant  l'exécution  de  l'aultre.  Et  le  cas  advenant 
que  lesdictz  manans  cL  habiians  de  ladite  viconté  se- 
rolent  ci-après  conlraincU  de  contribuer  aux  dictes  tailles 
et  subsides,  ne  seront  tenus  lesdictz  manans  et  habitans 
de  payer  ny  continuer  le  payement  desdictz  mil  escuz  de 
revenu  annuel. 

A.  de  CosNAc;  de  Ghabrignac;  de  Savoye,  consul  de 
Beaulieu;  P.  Jurbert,  notaire. 

(Arch.  nat.,  KK  1213.) 

XX 

NOTES  POUR  L'HISTOIRE  DE  LA  FRONDE 
EN  BAS-LIMOUSIN 

LA   CAPITULATION    DES   GENS   d'aKMES 
DE   M.    LE  PBINCE   THOMAS 

Madame  la  princesse  et  M.  le  duc  d'Anguyen  ayant 
appiis  que  ces  gens  d'armes  suivoyent  celte  princesse 
et  le  prince  d'Anguyen,  ont  commandé  à  M.  de  Bouillon 
de  nionlcr  à  cheval,  d'aller  suivre  ladite  compagnie  et  se 
vangcr  de  lu  témérité  qu'elle  a  eue  de  suivre  une  prin- 
cesse et  un  prince  du  sang,  et  de  la  traiter  suivant  le 
chastinieat  qu'elle  mérite.  Après  avoir  sceu  qu'ils  s'es- 


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—  400  — 

toieiit  réfugiés  à  Brive,  ayant  sommé  messieurs  de  Brive 
de  leur  vouloir  mettre  cette  compagnie  entre  les  mains, 
après  quelques  heures  qu'ils  ont  demandées  pour  parler 
à  eux,  ils  ont  envoyé  des  députés  de  leur  ville  pour  prier 
monsieur  le  duc  de  Bouillon  de  sauver  la  vie  auxdits 
cavaliers  en  tout  cas,  voyant  des  forces  auxquelles  ils  ne 
pouvoient  résister. 

La  bonté  de  monsieur  de  Bouillon  a  esté  de  laisser 
sortir  le  seigneur  comte  de  Lens  avec  son  meilleur  cheval 
et  son  valet  aussi  à  cheval,  un  mulet  avec  ses  hardes. 
Tous  les  autres  chevaux  ont  esté  retenus,  et  a  esté  pro- 
mis de  conduire  par  un  des  gens  de  ladite  dame  prin- 
cesse jusques  à  Limoges  tous  ceux  qui  voudront  prendre 
parti  pour  le  service  du  Roy  dans  l'armée  de  mons.  le  duc 
d'Anguyen  commandée  par  M.  le  duc  de  Bouillon,  et  de 
plus  pour  quatre  officiers  et  un  cavalier  à  cheval, 

à  Brive,  le  17*  jour  du  mois  de  may  1650. 

Signé  :  De  La  Tour  d'Auvergne. 

LE   PASSE-PORT  DONNÉ    PAR  CE   DUC    POUR  LE  COMTE 
DE  LENS,    COMMANDANT  LESD.    GENS   d'aBMES 

Le  duc  de  Bouillon,  prince  souverain  de  Sedan  et  Rau- 
court,  vicomte  de  Turenne  et  commandant  de  l'armée  du 
Roy  sous  monsieur  le  duc  d'Anguyen,  Nous  ordonnons  à 
tous  ceux  sur  qui  noslre  pouvoir  s'estend  de  laisser  libre- 
ment passer  le  comte  de  Lens  avec  ses  domestiques  et 
autres  officiers  de  la  compagnie  de  gens  d'armes  du  prince 
Thomas,  et  prions  tous  autres  de  luy  donner  toute  sorte 
d'assistance,  si  besoin  il  en  a,  offrant  en  cas  pareil  faire 
réciproque.  Fait  à  Brive,  le  17  may  1650. 

Signe  :  Le  duc  db  la  Tour  d'Auverqne,  et  plus  bas  : 

Par  Monseîgueur,  Àndrius. 


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-  401  - 

LE  PROCÈS-VERBAL  ET  LETrRE  DES  MAIRE  ET  COX- 
8ULS  DE  LA  VILLE  DE  TULLES,  AVEC  CRÉANCE 
DE  CELUY  QUI   EN  ESTOIT  PORTEUR. 

Nous  avODS  d'eu  estre  obligez  de  vous  informer  par 
ce  courrier  exprès  des  avis  qui  nous  ont  esté  donnez  ce 
malin  et  de  la  résolulion  que  nous  avons  prise  en  mesme 
temps  à  l'hostel  de  ville  par  concert  avec  les  officiei-s  du 
régiment  de  Cugnae.  Vous  jugei-ez  mieux  que  nous  com- 
bien cette  affaire  est  importante  au  service  drf"  Roy  ;  nous 
attendrons  avec  impatience  l'honneur  de  vous  [sic)  rom- 
mandemens  et  demeurerons  tousjours,  Monseigneur,  vos 
très  humbles  et  obûissans  serviteurs.  Les  maire  et  con- 
suls de  Tulle.  Signé  :  Jasse  de  la  Poueiiie,  maii-e.  Tes- 
siKH,  consul.  A  Tulles,  ce  18  may  1650, 

Au-dessus  est  escrit  :  A  monseigneur  Foulé,  conseiller 
du  Roy  en  ses  conseils,  M*  des  requestes  ordinaires  de 
son  hostel  et  intendant  de  ses  finances.  Et  au  devrièi-e 
de  ladite  lettre  est  contenue  la  créance  du  porteur  de 
ladite  lettre  en  ces  mots  : 

Ma  créance  est' qu'hier,  18  may  1650,  je  fus  député  des 
habitans  de  Tulles  pour  me  rendre  devers  M'  Foulé  sur 
l'avis  qu'ils  ont  eu  que  monsieur  de  Bouillon  partit  de 
Turenne,  le  17  dudit  mois  de  may,  avec  un  grand  nombre 
de  ses  amis  à  cheval,  et  assisté  de  quelques  compagnies 
d'infanterie,  pour  se  rendre  aux  portes  de  Brive,  afin 
d'enlever  deux  compagnies  d'ordonnance  du  prince  Tho- 
mas, qui  y  estoient  eu  garnison,  ce  qu'il  fit  à  la  faveur 
des  habilans  de  ladite  ville  de  Brive,  qui  luy  ouvrirent 
une  porte  lors  que  lesdîles  compagnies  sorioyent  par 
l'autre  pour  donner  sur  les  troupes  de  monsieur  de 
Bouillon;  au  moyen  de  quoy  les  ayant  en  son  pouvoir, 
il  les  démonta,  les  désarma  et  prit  le  re.ste  de  leur  équi- 
page, fors  de  ceux  qui  se  jettèrenl  dans  son  parti.  Après 
quoy,  il  envoya  dire  aux  habitans  de  la  ville  de  Tulles 
de  chasser  le  régiment  de  Gugnac  de  leur  ville,  ou 
T.  va.  t^is 


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—  402  — 

qu'aulremeDl  il  les  vîeadroit  chasser  avec  ses  amis,  et 
qu'il  ferait  périr  avec  ledit  régiment  les  habitans.  Sur 
quoy,  les  maire  et  codsoIs  de  ladite  yille  ayans  assemblé 
les  bourgeois  avec  les  officiers  dudit  régiment  de  Cugnac, 
il  fut  fait  un  délibératoire  signé  d'un  grand  nombre  de' 
citoyens  et  desdits  officiers  de  périr  plustost  que  de  faire 
une  action  si  contraire  au  service  du  Roy,  et  que  pour 
empescher  le  dessein  que  monsieur  de  Bouillon  pourroit 
avoir  sur  leur  ville,  il  seroit  tenu  conseil  de  guerre  avec 
lesdits  officiers  et  qu'il  seroit  travaillé  incessamment  aux 
réparations  nécessaires. 

Pail  à  Dorât,  le  19  dudit  mois  de  may  1650,  à  quatre 
heures  après  midy.  Signé  :  De  Matnard,  president  des 
esleus  de  Tulles,  députe. 

■fiastUe  de  Frame.) 


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BIBLIOGRAPHIE 


Les  Pensées  de  l'Abbé  Joseph  ROUX.  —  Intro- 
duction  par  Paul  Mariéton.  —  (Lemerre^ 
éditeur,  —  Prix  :  4  fr.J. 

L'illustre  pape  lïmousio,  Glémeot  VI,  qui  portait  six 
roses  dans  ses  armes,  dit  en  arrivant  au  pontificat,  '  en 
parlant  du  Limousin  et  des  ecclésiastiques  qu'il  voulait 
appeler  aui   dignités  :   i  J'y  planteray   un  tel  rosier  des 

■  gens  de  notre  nation,  ou  pais  de  Limoân,  qu'il  ne  sera 
»  de  ehi  à  ehent  am  qu'il  n'en  y  ait  des  raehines  et  des 

■  bouton*.  ■  Et  l'ancien  garde  des  sceaux  de  Philippe  VI 
tint  parole  :  partout  où  il  y  eut  des  honneurs  à  re- 
cueillir, des  bénéfices  à  administrer,  on  rit  des  gens  du 
Limousin.  Les  roses  ne  poussent  plus  au  pays  de  Li- 
mosin,  ou  si  quelque  bouton  menace  de  s'ouvrir,  on  le 
prive  d'air,  on  le  met  à  l'ombre,  bien  loin  du  soleil,  et 
le  pauvre  bouton  s'étiole  et  meurt. 

Au  zvi*  et  au  zvii*  siècles,  le  clergé  français  recher- 
chait l'éclat  des  réputations  littéraires;  aujourd'hui  cer- 
tains princes  de  l'Ilglise  ne  semblent  approuver  que  la 
vie  obscure  et,  pour  ainsi  parler,  végétative;  autrefois  on 
allait  chercher  au  fond  de  sa  cure  le  pi-étre  qui  par  son 
intelligence  honorait  le  clergé,  aujourd'hui  on  Texile  au 
fond  d'un  misérable  village.  Cette  manière  d'agir  a  donné 
naissance  à  des  suppositions  évidemment  injustes  qu'ont 
semblé  autoriser  certains  cas  particuliers  :  ii  appartien- 
drait à  qui  de  droit  de  faire  taire  les  mauvaises  langues; 
ce  serait  s'honorer  soi-même  que  de  savoir  honorer  ceux 
qui  le  méritent.  Je  ne  suppose  pas  qu'on  ait  eu  l'intentioD 
d'aider  à  l'éclosion  et  au  développement  d'un  esprit  émi- 
nent  en  le  reléguant  au  fond  d'un  hameau,  sans  ami, 
sans  conseil,  loin  de  toute  vie  intellectuelle;  aut:int  vau- 


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—  404  — 

dr;iit  soutenir  que  le  prisonnier  doit  s'eslimer  heureux  .lu 
fond  de  sa  geôle  parce  qu'on  lui  donne  le  lemps  de  penser. 
Enfin  voici  que  cet  exilé  de  cinquante-deux  ans  com- 
mence à  respirer  le  doux  parfum  de  la  célébrité.  Mais 
quelle  lutte  acharnée,  désespérée,  il  a  fallu  soutenir  au 
milieu  des  obstacles  el  des  ténèhres!  —  Un  peu  de  gloire 
a  pénétré  dans  sa  cure,  l'obscurité  où  il  étouffait  a  été 
traversée  par  un  rayon  de  lumière.  <•  Épreuve  pour 
épieuve,  mieux  vaut  soufTrir-  à  la  lumière  que  dans 
l'ombre,  car  je  souffre  ici.  Et  je  ne  trouve  pas  vrai 
que  l'isolement  soit  du  bonheur.  »  Ce  prêtre  modèle, 
comme  le  proclamait  récemment  la  Semaine  religiejtse, 
,  aime  ses  ouailles;  il  aime  son  église,  sa  paroisse,  mais 
l'isolemejii  pèse  à  son  ànie,  le  froid  du  tombeau  l'effraie. 
De  la  lumière!  de  la  lumière!  C'est  de  ces  retours  sur 
lui-même,  sur  la  douloureuse  carrière  que  des  destins 
peu  propices  lui  ont  faite;  c'est  de  ces  réflexions  nées 
au  milieu  de  cette  sombre  solitude  que  sont  sorties  les 
Pensées,  livre  magistral,  d'une  saveur  singulière  et  forte, 
digne  de  figurer,  a  dit  Sarcey,  sur  le  rayon  réservé 
dans  notre  littérature  aux  moralistes,  à  côté  des  plus 
belles  œuvres  des  mnîtres  :  les  Maximes  de  La  Roche- 
foucauld, les  Caractères  de  La  Bruyère,  les  Pensées  de 
Vauvenargues  et  de  Joubert,  Je  ne  crains  pas  de  forcer 
la  note,  ajoute  le  même  aristarque,  en  affirmant  que  ce 
volume  de  Pensées  décèle  un  penseur  original  et  un  écri- 
vain curieux.  Les  plus  illustres  critiques  ont  été  d'accord 
pour  louer  dans  l'abbé  Roux  et  le  penseur  et  l'écrivain; 
l'Académie  française  sanctionnera  bientôt  le  jugement  de 
l'opinion  publique  en  couronnant  l'œuvre  de  notre  célèbre 
compatriote.  M.  Caro.a  dit  :  a  II  a  bien  de  l'originalité, 
ce  curé  de  campagne,  et  bien  de  la  saveur  dans  ses  im- 
pressions à  la  fois  très  littéraires  et  très  morales.  Assu- 
rément c'est  un  écrivain,  mais  c'est  un  penseur,  c'est  un 
rêveur,  c'est  un  moraliste,  c'est  un  poète.  »  Et  Puvis  de 
Chavannes  :  "  Je  reste  stupéfait  devant  cette  prodigieuse 
abondance  de  pensées,  de  vérités  originales J'ai  foi  en 


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—  405  — 

soD  génie.  »  M.  Renun  appelle  les  Pensées  uq  livre  unique. 
M.  l'abbé  Paul  Lallemand,  directeur  de  l'École  Missillon, 
en  a  fait  un  compte-rendu  des  plus  élogieux  dans  le 
journal  Le  Français  du  25  juillet  1885,  et  le  Père  D...., 
dominicain,  dont  personne  n'ignore  la  haute  compétence, 
disait  dernièrement  en  parlant  de  l'auteur  de  l'ouvrage 
que  «  depuis  longtemps  il  ne  s'était  pas  produit  un  génie 
pareil,  n  La  presse  tout  entière  a  salué  d'un  cri  d'étonue- 
ment  et  d'admiration  l'œuvre  du  prêtre  limousin  ;  le  public 
a  enlevé  deux  éditions  en  un  mois.  Tel  est  l'accueil  fait  au 
premier  ouvrage  d'un  écrivain  hier  encore  inconnu  chez 
nous,  mois  déjà  apprécié,  pour  quelques  morceaux  déta- 
chés, par  les  délicats  de»  lettres  et  par  les  savants  d'oulre- 
BMn.  C'est  l'étranger,  c'est  la  grande  voix  de  la  presse 
parisienne  qui  nous  a  fait  connaître  ce  grand  penseur,  ce 
grand  poêle.  Qui  aurait  cru,  qui  aurait  admis  qu'un 
homme  supérieur  put  naître  dans  le  Limousin,  là,  à  côté 
de  nous  ?  Nous  l'aurions  sacré  roi  de  la  poésie  provençale, 
si  le  hasard  l'avait  fait  naître  à  Avignon  ou  à  Toulouse. 
Nul  n'est  prophète  en  sou  pays. 

C'est  au  milieu  des  paysans,  dans  un  isolement  mortel, 
qu'il  a  écrit  son  œuvre,  où  l'on  trouve  tant  de  pages  hu- 
mides de  mélancolie,  tant  de  pensées  qui  semblent  porter 
le  deuil  d'une  douleur  inguérissable;  et  celte  tristesse 
morbide  aggrave  une  s;iiité  précaire,  ébranlée  par  des  mé- 
comptes sans  fin  et  des  illusions  tour  à  tour  envolées.  Il  ■ 
écrivait  naguère  à  un  ami,  à  propos  de  son  Dictionnaire 
Limousin  :  «  Le  Dictionnaire  ne  restera  donc  pas  enterré, 
comme  moi  !  Heureux  Dictionnaire!  »  Aussi  a-t-on  pu  dire 
qu'il  avait  écrit  dans  un  style  durable  le  poème  chrétien 
des  angoisses  d'un  abandonné.  El  pourtant  ce  grand  esprit 
n'était  las  né  pour  chauler  les  amertumes  de  la  vie.  La 
grandeur,  les  sommets  semblent  particulièrement  l'attirer. 
La  première  fois  cjuc  je  le  vis,  écrit  M.  Mariéton,  il  m'ap- 
parut  semblable  au  géant  limousin  de  la  geste  de  Char- 
lemagne.  Mais  le  malheur  a  fait  sentir  sa  lourde  main, 
la  victime  a  lutté  héroïquement;  elle  a  succombé  el  elle  a 


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—  406  — 

exhalé  ses  plaintes.  Le  livre  des  Pensées  en  est  le  fidèle 
écho,  «  N'en  pouvant  plus  d'angoisse,  il  se  levail  à  toute 
heure,  et  il  errait  dans  la  maison,  faisant  crier  les  vieilles 
solives  sous  son  pas  fiévreux,  buvant  les  lannes  qui  rou- 
laient le  long  de  ses  joues.  Parfois,  ayant  besoin  d'air, 
il  ouvrait  une  fenêtre  et,  accoudé  sur  le  rebord,  il  regai-- 
dail  le  ciel,  le  ciel  tout  fleuri  d'étoiles,  o  Cet  extrait  d'un 
frais  et  charmant  tableau  champêtre  ne  nous  moiitre-l-il 
pas  la  mélancolique  silhouette  du  curé  de  Saint-Hilaire? 

Les  Pensées  sont  «  un  tableau  qui  manquait  au  Musée 
des  Lettres  françaises.  "  Aprelé  des  observations,  élans 
mélancoliques  sortis  du  cœur,  angoisses  poignantes,  déses- 
pérance de  l'avenir,  variété  merveilleuse,  pittoresque,  ta- 
bleaux campagnards  d'une  saveur  toute  personnelle,  ex- 
pressions trouvées,  mots  superbes,  images  bibliques,  ironie 
pleine  de  verve,  antithèses  puissantes,  style  vigoureux, 
poétique,  large,  concis,  tout  se  trouve  dans  cette  galerie 
des  hommes  et  des  choses.  J.  Roux  est  plus  profond, 
moins  étudié,  plus  spontané,  plus  poète  que  Joubert;  il 
est  plus  près  de  nous,  il  nous  intéresse  plus  intimement 
que  La  Bruyère.  Le  chapitre  des  paysans  est  médaillé  de 
génie.  «  Je  ne  crois  pas,  dit  Sarcey,  que  jamais  on  ait 
peint  le  paysan  de  traits  plus  profonds,  plus  énergiques 
et  plus  sobres,  n  II  a  vu  et  bien  vu,  c'est  peint  d'après 
nature.  Le  style  matériel  en  quelque  sorte,  pittoresque, 
violent,  cru,  se  moule  sur  des  réalités.  Le  bon  sens  y 
est  souvent  enveloppé  sous  des  tours  fins,  de  sorte  qu'une 
seconde  lecture  en  fait  mieux  sentir  toute  la  délicatesse 
ou  toute  la  force.  Ses  remarques  justes,  relevées  d'im- 
prévu, nous  frappent,  nous  surprennent  et  restent  gravées 
dans  la  mémoire. 

L'abbé  Roux  voit  enfin  la  gloire  lui  sourire,  après  tant 
d'années  de  souffrances  et  d'abandon.  Les  esprits  supé- 
rieurs, a-t-on  dit,  sont  comme  ces  étoiles  qui  peuvent 
disparaître  de  notre  horizon  avant  qu'un  rayon  de  leur 
lumière  n'en  soit  parvenue  jusqu'à  nous.  Ainsi  a  failli 
disparaître  inconnu  un  grand  écrivain,   un  grand   pen- 


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—  407  — 

seur,  un  grand  poète,  qui  sera  une  des  gloires  de  notre 
Limousin,  jadis  si  glorieux.  Grâce  h  vous,  Mécène  lyon- 
nais, atavis  édite  regibus,  l'étoile  est  découverte,  elle  brille, 
et  sa  douce  lumière  nous  réjouira  longtemps.  De  tous  les 
côtés  les  amis  sont  accourus  :  Mistral,  Aubanel,  Rouma- 
nille,  Arsène  Houssaye,  Henri  de  Bornier,  J.  Claretie, 
Puvis  de  Chavannes,  J.-P.  Laurens,  Cheoavard,  José- 
phin  Soulary,  Renan,  Caro,  Sarcey,  Stéphen  Liègeard, 
Maxime  Gaucher,  Massenet  el  le  plus  cher  de  tous, 
Paul  Marîéton  ;  j'en  passe  et  des  meilleurs. 

Les  beaux  jours  sont  venus,  le  soleil  luit,  et  l'œuvre 
de  J.  Roux  «  s'illumine  des  premières  clartés  de  la  re- 
nommée comme  de  ces  lueui-s  roses  qu'apporte  le  soleil 
levant  aux  Irises  de  marbre  des  palais,  n 

Joseph  Roux  a  composé  sur  le  modèle  des  anciennes 
chansons  de  geste  un  certain  nombre  de  pièces  en  cou- 
plets monorimea,  racontant  les  grands  événements  de 
l'histoire  de  sa  province,  une  sorte  de  Légende  des  siècles 
limousine.  La  plupart  sont  inédites.  Ce  qui  a  paru  a 
fait  comparer  le  chantre  limousin  à  ses  illustres  compa- 
triotes, les  troubadours  Bertrand  de  Bom  et  Bernard  de 
Ventadour.  La  Cansou  timousina  sera  une  merveille  d'art, 
car  elle  sera  illustrée  par  l'artiste  inimitable  Puvis  de 
Chavannes  et  par  le  peintre  du  Panthéon,  Chenavard. 
Un  troisième  volume  doit  _  comprendre  des  Éludes  sur  la 
campagne  et  la  littérature;  le  quatrième  formera  un  re- 
cueil de  poésies  franco-limousines.  Ensuite  paraîtra  un 
Dictionnaire  bas-limousin  qui  sera  un  monument  de  pa- 
tience, d'érudition  et  de  curiosité.  L'ouvrage  est  terminé. 


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Dictionnaire  des  Émailteurs  depuis  le  moyen 
âge  jusqu'à  ta  fin  du  xviii*  siècle,  ouvrage 
accompagné  de  67  marques  et  monogrammes, 
par  Emile  Mounier.  Paris,  Rouam,  1885,  petit 
Jn-S'  de  113  pages. 

Les  notices  de  MM.  de  Laborde  et  Dai-cel,  écrites  à 
propos  des  émaux  conservés  au  I^ouvre,  sont  classiques 
en  la  matière.  M.  Molînier,  attaché  au  même  musée,  y 
ajoute  un  Dictionnaire  qui,  dans  sa  forme  sommaire,  les 
complète  et,  au  besoin,  les  remplace.  Ce  charmant  petit 
volume,  imprimé  avec  goùl,  entre  de  droit  désormais  dans 
ia  bibliothèque  de  tout  archéologue,  amateur  et  collec- 
tionoeur.  Il  évite  de  longues  recherches,  et  grâce  à  son 
format  commode  et  éminemment  pratique,  est  apte  à  ren- 
dre un  véritable  service  à  la  science. 

Les  quatre  parties  dont  il  se  compose  sont  :  une  întro- 
duclion,  consacrée  à  l'histoire  de  l'émaillerie  et  à  ses 
transformations  diverses  ;  une  nomenclattire  des  émailteurs, 
par  ordre  alphabétique,  avec  leurs  signatures  et  des  fac- 
sîmile  de  leurs  marques;  une  bibliographie  des  ouvrages 
écrits  sur  l'émaillerie  et  une  tiile  det  prineipala  collections 
et  musées  où  l'on  trouve  des  émaux.  J'aurais  voulu  une 
cinquième  partie,  qui  n'eut  pas  fait  plus  d'une  page,  à 
savoir  la  table  alphabétique  de  tous  les  objets  émaillés 
dont  il  est  question  dans  le  Dictionnaire,  comme  croix,  paix, 
autels,  calices,  etc. 

Dans  l'introduction,  je  signalerai  une  lacune,  à  l'occa- 
sion des  champlevés  :  les  musées  Kircher,  à  Rome,  et 
Polili,  à  Milan,  ont  des  émaux  d'une  forme  particulière, 
que  je  qualifierai  vénitiens  jusqu'à  plus  ample  informé; 
cette  pratique  persévérait  encore  en  Italie  au  siècle  der- 
nier, comme  on  peut  le  voir  par  les  trésors  de  Bénévent 
et  de  Saint-Celse  de  Milan;  enfin,  l'émail  de  Saint-Nicolas 
de  Barî  permet  de  supposer  que  les  princes  angevins 


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-  4ÎQ- 

avaient  amené  avec  eux  dans  les  Deuz-Siciles  des  émailleurs 
limousiiiB  qui  y  avaient  fait  école. 

Les  citations  sont  fréquentes  :  il  les  aurait  fallu  plus 
complètes  ou  n'en  pas  faire  du  tout.  On  aimerait  savoir 
qui  a  donné  la  meilleure  et  plus  récente  lecture  de  l'ins- 
cription apposée  au  paliotto  de  Monia.  Si  le  nom  de  Davil- 
lier  revient  sans  cesse  pour  l'orfèvrerie  espagnole,  pour- 
quoi ne  pas  aussi  mentionner  ceux  qui  ont  exploré  l'Italie 
et  déjà  fait  part  au  public  de  leurs  découvertes? 

L'autel  de  Saint-Ambroise,  à  Milan,  n'a  pas  été  étudié 
seulement  par  Ferrario;  de  Rossi  et  Bohault  de  Fleury 
l'ont  aussi  reproduit  et  commenté.  Pour  la  bibliographie, 
il  y  a  en  outre  une  curieuse  brochure  allemande  du  doc- 
teur Scheins  sur  Veteeirum  :  la  question  est  déSnitivemeut 
tranchée,  et  close  la  discussion  par  cette  œuvre  d'une 
■  remarquable  érudition.  La  nomenclature  des  émailleurs, 
donnée  dans  Patria,  n'est  pas  à  dédaigner  non  plus. 

Cuique  suum.  J'avoue  que  j'ai  été  surpris  de  ne  pas  voir 
une  seule  de  mes  publications  citées.  L'omission  est-elle 
involontaire  ou  systématique?  En  tout  cas,  elle  est  répa- 
rable, et  je  me  permets  de  la  signaler  à  l'éditeur.  Certes, 
j'ai  abordé  bien  des  fois  l'émaillene  d'une  manière  non- 
seulement  générale,  mais  encore  spéciale.  Qu'on  consulte 
mes  trésors  d'Aix-la-Chapelle,  de  Moutiers,  de  Bah,  d'A- 
nagni,  de  Rome,  de  Béuévent,  et  l'on  verra  que  la  part 
y  est  large.  Dans  VÈpigraphie  de  Maine-et-Loire,  j'ai  relevé 
toutes  les  signatures  que  j'ai  pu  constater  dans  ce  dépar- 
tement :  dans  la  Revue  Poitevine,  j'ai  fait  les  mêmes  obser- 
vations pour  celui  de  la  Vienne.  Mes  Guides  de  Rome  sont 
entre  les  mains  de  tous  les  étrangers  :  c'est  la  première 
fois  qu'on  y  parle  émail.  Mieux  que  cela,  je  ne  me  suis 
pas  contenté  de  décrire  les  émaux  du  Vatican,  y  compris 
ceux  d'origine  étrusque;  aidé  de  M.  Simelli,  j'ai  publié, 
en  superbes  photographies  in-folio,  les  champlevés  du 
Musée  chrétien  et  d'Anagni,  au  nombre  de  dix,  sans 
oublier  les  plaques  byzantines.  Les  émaux  de  la  Renais- 
sance m'ont  occupé  dans  le  compte-rendu  de  l'exposition 


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_  411  _ 

religieuse  de  Rome,  en  1870;  maïs  surtout,  dans  le  Sut- 
lelin  Monumental  et  la  Bévue  du  Musée  eucharistique,  décri- 
vaut  le  paliotto  de  Monza  et  le  reliquaire  d'Orrieto,  j'ai  fait 
la  classlûcation  des  émaux  translucides  actuellemeut  con- 
nus. Cette  revendication  de  droits  acquis  et  incontestables 
m'a  paru  nécessaire. 

Il  eut  été  bon  aussi  de  citer  l'émail  du  xui*  siècle  de 
la  collection  Yves  Fesneau,  à  la  Souterraine  (Creuse), 
dont  personne  encore  n'a  parlé  et  qui  me  semble  porter 
une  signature.  M.  Rupin  éclaircira  ce  point. 

Page  66,  la  signature  de  Baptiste  Nouailber  est  donoée 
sans  la  marque  aux  initiales.  Je  la  restitue,  d'après  un 
émail  qui  appartient  au  chanoine  de  t'Écochère,  à  Nantes. 
Le  médaillon,  de  forme  ovale,  représente  saint  Louis, 
costumé  eu  chevalier  et  en  roi,  agenouillé  devant  la  sainte 
couroûûe  d'épines.  La  signature  du  revers  est  ainsi  cou- 
çue,  moitié  en  cursive  et  moitié  en  majuscules  : 

Bap"  nouailher 
a  Limoge. 
.B.N. 

Je  ne  trouve  pas,  dans  la  Uste  dressée  pat  M.  Molinier, 
cette  signature  d'un  émail  représentant  une  Pieià,  que  j'ai 
signalée  dès  1865  dans  la  Revue  de  l'Art  chrétien,  p.  491  : 


F  .  F  .  PETI.. 


ni  celle  d'un  cruciSx  mentionné  par  la  Revue  Poitevine, 
1884,  p.  108  :  .F  .,  que  M.  de  Lasteyrie  lit  Pénicaud[i). 
Une  nouvelle  édition  améliorera  tout  cela,  j'en  suis 
pei-auadé. 

X.  Babbier  de  Montault. 


(1)  Bullet.  du  Com.  des  Irao.  hist.,  secl.  d'arch.,  1884,  p.  78. 


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NOTICE 

SUR  LA  VIE   DE 

DANIEL  DE  COSNAC 


ÉVËQUE   ET  COIITE   DE  VALENCE   E 
ARCHEVÊQUE  D'ATX,    COMHANDEUS   DE  l'oRD) 


Le  Comte  db  COSNAC  (Gabriel- Jclbs) 

RELATION  INÉDITE  DES  OMËQUES  DE  Cfi  PRÉLAT 


ANiEL  de  Gosnac,  successivement  évêque 
et  comte  de  Valence  et  de  Die  et  arche- 
vêque d'Aix,  premier  gentilhomme  de 
la  cliambre  du  prince  de  Conti,  frère 
du  grand  Gondé,  premier  aumônier  du 
duc  d'Oi-Iéans,  frère  de  Louis  XIV,  com- 
mandeur de  l'Ordre  du  Saint-Esprit,  a 
fixé  sur  lui  l'attention  par  les  qualités  exception- 
nelles de  son  esprit  et  par  les  événements  impor- 
tants auxquels  il  fut  mêlé  dans  le  cours  de  sa 
longue  vie.  Sa  vivacité  était  surprenante,  ses  ré- 
parties n'étaient  jamais  en  défaut;  on  aimait  ses 
saillies,  on  craignait  ses  boutades;  la  marquise  de 
Sévigné,  parlant  de  lui,  écrivait  à  la  marquise  de 
Grignan,  sa  fille  :  «  L'archevêque  d'Aix  a  de  gran- 
des pensées,  mais  plus  il  est  vif,  plus  il  faut  appro- 
cher de  lui  comme  des  chevaux  qui  ruent,  et  sur- 
tout ne  rien  ga'i"der  sur  votre  cœ.ir  (1).  »  «  Personne, 

(0  Lettre  datée  de  Paris,  le  19  janvier  1689. 


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—  414  — 

dit  le  duc  de  Saint-Simon  dans  ses  Mémoires, 
n'avait  plus  d'esprit,  ni  plus  présent,  ni  plus 
d'activité,  d'expédients  et  de  ressources,  et  siu'-le- 
champ;  avec  cela  très  sensé,  très  plaisant  en  tout 
ce  qu'il  disait,  sans  penser  à  l'être,  et  d'excellente 
compagnie,  d  L'abbé  de  Ghoisy,  dans  sa  Vie  de 
Daniel  de  Cosnac{l),  insérée  dans  ses  Mémoires, 
donne  quelques-unes  de  ses  vives  réparties,  mais 
exprime  le  regret  que  Montreuil,  qui  vivait  auprès 
de  lui,  n'en  ait  pas  recueilli  un  plus  grand  nom- 
bre. Bien  qu'il  ait  passé  une  partie  de  son  exis- 
tence dans  ce  milieu  de  la  cour  où  l'élégance  et 
la  légèreté  s'unissent  trop  souvent  à  la  souplesse 
et  à  la  fausseté,  le  goût  des  aiïaires  sérieuses,  la 
fermeté  et  la  franchise  furent  toujours  les  côtés 
saillants  de  son  caractère.  Citons  de  nouveau  les 
témoignages  de  deux  contemporains,  dont  le  se- 
cond n'est  pas  suspect  de  flatter  ses  portraits. 
L'abbé  de  Ghoisy  a  dit  de  lui  :  «  II  se  jeta  tout- 
à-fait  du  côté  des  affaires,  et  dans  un  âge  où  la 
conduite  des  négociations  importantes  est,  pour 
l'ordinaire,  incompatible  avec  la  grande  jeunesse, 
il  se  rendit  si  nécessaire  que  ce  fut  lui  qui  fit, 
à  vingt -deux  ans,  la  paix  de  Bordeaux.  11  en  dressa 
les  articles  dont  j'ai  vu  la  minute  signée  de  sa 
main,  et  signée  des  princes  et  du  duc  de  Candale 
qui  signa  .pour  le  roi.  »  De  son  coté,  dans  ses 
célèbres  Mémoires,  le  duc  de  Saint-Simon  s'ex- 
prime en  ces  ternies  :  «  Il  était  haut,  hardi  et 


(0  Cette  Vie  Je  Daniel  rfe  Cosnat  a  été  a 
réduit  de  Téssé. 


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—  415  — 

libre  et  qui  se  faisait  craindre  et  compter  parmi 
les  ministres;  cet  ancien  commerce  intime  avec 
Madame  (1)  dans  beaucoup  de  choses  dans  les- 
quelles le  roi  était  entré  avec  lui,  lui  avaient 
acquis  une  liberté  et  une  familiarité  avec  lui 
qu'il  sut  conserver  et  s'en  avantager  toute  sa  vie.  » 
Pour  Daniel  de  Cosnac,  à  une  affaire  traitée  suc- 
cédait une  auti'e  ave;;  une  telle  rapidité  qu'à  une 
époque  où  les  épitaplies  malignes  étaient  fort  en 
vogue,  lorsqu'il  mourut,  on  lui  fit  celle-ci  :  Re- 
quiscat  ut  requievit. 

Sa  physionomie  répondait  à  son  esprit  et  à  son 
caractère;  elle  se  retrouve  dans  ses  portraits  dont 
il  reste  plusieurs;  nous  reproduisons  l'un  d'eux  en 
tète  de  cette  Notice  d'après  une  gravure  de  1666, 
par  Boulanger,  graveur  célèbre,  sur  une  peinture 
de  Lefebvre,  artiste  également  célèbre  {5). 

Nous  venons  de  citer  les  appréciations  de  deux 
des  contemporains  de  Daniel  de  Cosnac;  mais  nous 
pouvons  citer  encore  les  Mémoires  de  Gourville, 
du  marquis  de  Chouppes,  du  marquis  de  la  Fare, 
de  M'"  de  Montpensier;  les  Mémoires  politiques 


(1)  Henriette  d'Angleterre,  duchesse  d'Orlfians,  appelée  Madame. 

(2)  Nou8  possédons  le  portrait  original  peint  par  Lefebvre  et  la. 
gravure  par  Boulanger  qui  est  fort  rare;  il  en  existe  deux  exem- 
plaires k  la  Bibliotitè([ue  iiMionalc,  l'une  au  dépôt  des  estampes; 
l'autre  au  dépût  des  manuscrits,  dans  celle  des  boite»  dites  du 
Saint-Esprit,  coiisaorde  au  dossioc  de  Daniel  de  Cosnac.  Ce  por- 
trait et  ectte  gravure  le  représentent  alors  qu'il  était  évéque  de 
Valence  et  do  Die;  une  autre  gravure  du  dépôt  des  estampes  le 
représente  avec  l'Ordre  du  Saint-Esprit,  alors  qu'il  était  arche- 
vêque d'Aix  ;  l'autour  est  un  graveur  nommé  S.  Cundier;  son  œuvre 
est  médiocre.  Un  très  beau  portrait  de  l'archevêque,  par  Rigaud, 
est  conservé  à  l'archevêché  d'Aix. 


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et  militaires  composés  par  l'abbé  Millot  sur  les 
notes  et  papiers  du  maréchal  de  Noailles;  l'His- 
toire des  grands  officiers  de  la  Couronne,  par 
le  P.  Anselme;  le  Nobiliaire  de  Morèri;  et  parmi 
les  ouvrages  modernes  les  œuvres  de  Sainte-Beuve 
et  de  M.  Cuvill'ier-Fleury,  les  BiographieSj  entre 
autres  celle  de  Michaud  et  la  Biographie  géné- 
rale. Lui-même  enfin  a  écrit  ses  Mémoires;  il 
les  écrivit  même  deux  fois  dans  son  âge  mûr  et 
dans  sa  vieillesse.  Dans  la  seconde  version ,  il 
passe  sur  bien  des  faits  développés  dans  la  pre- 
mière, ceux  surtout  relatifs  à  la  Fronde  qu'il  fal- 
lait paraître"  avoir  oubliés  lorsque  Louis  XIV  eut 
follement  constitué  son  pouvoir  absolu  (1). 

Bien  que  nous  ayons  livré  pour  la  première 
fois  en  1852  les  Mémoires  de  Daniel  de  Cosnac 
à  la  publicité,  leur  existence  était  connue  du  pu- 
blic érudit.  Le  P.  Lelong  les  avait  classés  dans 
sa  Bibliothèque  de  France  au  nombre  des  docu- 
ments inédits  de  notre  histoire;  Voltaire,  en  1756, 
en  parle  dans  sa  correspondance;  le  président  Hé- 
nault  leur  a  emprunté,  pour  son  Abrégé  chrono- 
logique de  l'Histoire  de  France,  le  charmant 
portrait  d'Henriette  d'Angleterre  ("2).  En  1852  seu- 
lement, ces  Mémoires  ont  vu  le  jour,  nous  les 


(1)  Nous  aïO:is  donné  un  historique  des  divers  manuscrits  sur 
lesquels  nous  avons  publie  si?s  Mémoires  dans  In  Sotico  dont  nous 
les  avons  fait  prâci^der. 

(2)  Cette  citation  est  suivie  de  cette  mention  :  M.  S.  de  Cosn. 
(iiiajtuscrifs  de  Cosiiai;),  qui,  pour  la  plupart  des  lecteurs,  était 
demeurée  un  problème  avant  la  publication  que  nous  avons  faite 
de  ces  Mémoires. 


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avons  publiés  en  deux  volumes  dans  la  Collection 
de  la  Société  de  l'Histoire  de  France,  et  leur 
prompt  épuisement  a  témoigné  leur  succès.  De- 
puis, la  découverte  que  nous  avons  faite  de  nom- 
breux documents  inédits  concernant  leur  auteur 
nous  a  permis  de  donner  deux  suppléments  qui 
ont  paru  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  l'His- 
toire de  France  des  années  1858  et  1876;  d'autres 
documents,  également  inédits,  nous  serviront  à 
faire  paraître  une  nouvelle  édition  des  Mémoires 
que  nous  préparons  de  longue  main. 

Daniel  de  Cosnac  naquit  en  l'année  1630  au  châ- 
teau de  Cosnac,  en  Limousin  ;  il  était  fils  de  Fran- 
çois, seigneur  de  Cosnac,  et  d'Éléonore  de  Talley- 
rand,  fîlle  de  Daniel  de  Talleyrand,  prince  de 
Chalais,  seigneur  de  Grignols,  en  Périgord,  et  de 
Françoise  de  Montluc,  marquise  d'Excideuil,  fille 
du  célèbre  maréchal  de. France.  Éléonore  de  Tal- 
leyrand, restée  veuve  à  vingt  ans  de  Henri  de  Beau- 
poil,  seigneur  de  St-Aulaire  et  de  la  Grénevie  (1), 
avait  épousé  en  secondes  noces  François,  seigneiur 
de  Cosnac.  Daniel  de  Cosnac  fut  le  troisième  fils  qui 
naquit  de  cette  union  ;  sa  complexion  était  délicate, 
et,  dans  un  temps  où  un  gentilhomme  devait  porter 
les  armes  ou  se  consacrer  à  Dieu,  sa  carrière  était 
tracée,  à  moins  de  vocation  complètement  con- 
traire; ses  parents  dirigèrent  en  conséquence  son 
éducation  vers  l'état  ecclésiastique;  ses  deux  frères 
aînés  furent  destinés  à  la  carrière  des  armes.  Ar- 


{1}  11  périt  étranglé  par  une  arâtc  de  poisson  à  a 
Gréaerie. 


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—  418  — 

mand,  marquis  de  Cosnac,  fut  mestre-de-camp  du 
régiment  de  Cosnac  qu'il  commandait  au  siège  de 
Valence,  en  Italie,  en  1657(1);  Clément  fut  en- 
seigne des  gens  d'armes  du  prince  de  Conti  et 
mourut  des  suites  d'une  blessure  reçue  au  combat 
de  Solsonne,  en  Catalogne;  la  Gazette  du  15  sep- 
tembre lui  consacra  ces  lignes  :  «  Le  marquis  de 
Cosnac>  entre  les  gens  d'armes  du  prince  de  Conti, 
fut  dangereusement  blessé  d'un  coup  de  pistolet 
dans  le  col.  »  Dans  son  numéro  du  30  sep- 
tembre, revenant  sur  ce  combat,  elle  cite  comme 
s'étant  particulièrement  distingué  :  «  le  marquis 
de  Cosnac,  enseigne  des  gens  d'armes  du  prince 
de  Conti,  qui  eut  aussi  un  cheval  tué  sous  lui.  » 
Le  choiï  de  la  carrière  religieuse  pour  l'un  des 
enfants  de  chaque  génération,  s'était  perpétué 
comme  une  pieuse  tradition  dans  la  maison  de 
Cosnac;  parmi  les  femmes,  elle  avait  compté  des 
religieuses  et  des  abbesses;  parmi  les  hommes, 
outre  des  ecclésiastiques  éminents,  tels  que  Ray- 
mond de  Cosnac,  archidiacre  d'Aure,  dont  Baluze 
nous  a  conservé  le  discours  prononcé  au  Concile 
tenu  à  Paris  en  1392,  pour  la  déposition  de  l'anti- 
pape Benoît  Xlll  (2),  nous  trouvons  le  cardinal 
Bertrand  de  Cosnac,  évêque  de  Comminges  en 
1354,  qui  accomplit  comme   légat  des  missions 


(1)  Les  Archives  du  Ministère  de  la  guerre  renferment  plu- 
sieurs documents  concernant  ce  rég-iment,  Mestre-de-camp  et  co' 
lonel  étaient  des  grades  équivalents.  Dans  les  corps  qui  avaient 
un  colonel -gêné  rai,  les  chefs  des  régiments  portaient  la  dénomi< 
nation  de  mes  très -de- camp. 

(2)  Voy.  Vllialoire  des  Papes  d'Avignon,  par  Baluze. 


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—  419  — 

importantes  en  Espagne,  et  ses  deux'  neveux, 
Bertrand  de  Cosnac,  évêque  de  Tulle,  de  1371  à 
1376,  et  Pierre  de  Gosnac,  qui  occupa  le  même 
siège  de  1376  à  1402.  Après  Daniel  de  Cosnac, 
qui  devint  évèque  de  Valence  et  archevêque  d'Aix, 
on  compte  encore  dans  Tépiscopat  Gabriel  de  Cos- 
nac, évêque  de  Die,  de  1702  à  1734;  Gabriel- 
Joseph  de  Cosnac,  qui  lui  succéda  de  1734  à  1741; 
Jean -Joseph-Marie- Victoire  de  Gosnac,  évêque  de 
Meaux  de  1819  au  19  avril  1830,  archevêque  de 
Sens  du  19  avril  1830  au  24  octobre  1843.  La 
maison  de  Cosnac  avait  aussi  affirmé  sa  foi  par 
l'épèe  et  par  la  plume  :  Élie  de  Cosnac,  chevalier 
croisé,  était  au  siège  de  St- Jean -d'Acre  en  1191(1); 
Guillaume,  seigneur  de  Cosnac,  chevalier,  accom- 
pagna le  roi  Louis  VIII  dans  la  croisade  contre 
les  Albigeois  {2)  ;  François,  seigneur  de  Cosnac,  le 
père  même  de  Daniel  de  Cosnac,  écrivit  un  livre 
pour  réfuter  les  doctrines  du  pasteur  protestant  de 
Turenne,  dans  lequel  il  débute  dans  sa  préface  en 
ces  termes  :  «  .Mon  cher  lecteur,  vous  trouverez 
estrange  qu'une  personne  de  ma  condition,  qui 
doit  avoir  plus  de  commerce  avec  les  armes 
qu'avec  les  livres,  et  à  qui  la  plume  est  mieux 
séante  au  chapeau  qu'à  la  main,  oze  néantmoins 
entreprendre  d'escrire  des  controverses  sur  le  plus 
haut  et  le  plus  auguste  de  nos  sacrements  (3).  » 


(1)  Son  nom  et  aea  armes  sont  placés  dans  les  salles  des  Croi- 
sades, au  château  de  Versailles. 

(2)  Titres  manuscrits  sur  la  maison  de  Gosnac  conservés  4  la 
Bibliothèque  nationale. 

(3)  Défense  du  livre  des  Vérilée  eucharistiques  enseignées  par 


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Après  les  premières  années  passées  dans  le  châ- 
teau paternel,  l'éducation  de  Daniel  de  Cosnac  fui 
commencée  à  Brive  et  continuée  au  collège  de 
Périgueux,  jusqu'à  la  classe  de  philosophie.  En 
1644,  ses  parents  l'envoyèrent  à  Paris  au  collège 
de  Navarre;  il  avait  alors  quatorze  ans.  Ce  collège, 
qui,  de  même  que  tous  les  collèges  de  l'époque, 
n'avait  que  des  pensionnaires,  suivait  les  cours  de 
la  célèbre  Université  de  Paris.  Daniel  de  Cosnac 
parvint  successivement  aux  degrés  de  maître  ès- 
arts,  c'est-à-dire  maître  dans  les  sept  arts  libéraux, 
de  bachelier  en  1648,  de  licencié  en  1650;  il  prit 
aussi  le  diplôme  de  bachelier  en  Sorbonne.  Il 
avait  obtenu  ces  divers  diplômes  avant  l'âge  ordi- 
naire et  bien  avant  de  pouvoir  entrer  dans  les 
ordres  sacrés  auxquels  il  se  destinait.  Pour  l'em- 
ploi de  ce  temps,  deux  alternatives  se  présen- 
tèrent ;  s'attacher  à  la  cour  de  Rome  ou  à  la 
cour  de  France;  dédaignant  du  reste  la  perspec- 
tive certaine  de  succéder,  s'il  l'eût  voulu,  aux 
bénéfices  de  cinq  ou  six  mille  livres  de  rente  de 
l'un  de  ses  oncles  (1).  La  cour  de  Rome  paraissait 
lui  offrir  l'avenir  le  plus  conforme  à  la  profession 
qu'il  avait  embrassée,  car  dès  lors  il  portait  le 
petit  collet  et  était  considéré  comme  ecclésiastique, 
et  Langlade  (2),  son  ami,  le  confirma  dans  ce  sen- 


Nolre-Seigneur  Jésue-Christ,  contre  la  lettre  du  sieur  Boulin, 
ministre  de  Turenne,  par  le  seigneur  de  Cosnac,  —  Imprimé  à 
Brive,  chez  A.  Alvitre,  en  tG5tî,  avec  approbation. 

(I)  C)ém6nt  <ie  Cosnac,  bachelier  en  Sorbonne,  prieur  de  Croue, 
prévût  de  Gumont  et  archîprfitre  de  Brîve. 

(3)  Langlade,  baron  d'Ausmiërcs,  né  au  château  de  Limcuil,  en 


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timent.  Le  duc  de  Bouillon (1),  son  parent,  lui 
parut  le  meilleur  introducteur  qu'il  put  avoir 
auprès  de  cette  cour  où  il  avait  acquis  un  grand 
crédit,  alors  qu'il  avait  été  nommé  général  des 
armées  du  pape  Urbain  VIII,  et  il  lui  en  parla. 
Contre  son  attente,  le  duc  de  Bouillon  le  dissuada 
de  ce  projet,  l'assurant  qu'à  Rome  la  plupart  des 
cardinaux  eux-mêmes  cherchent  au  dehors  des 
protecteurs,  et  il  opina  pour  qu'il  s'attachât  à  la 
cour  de  France.  Ici  une  difficulté  se  présentait; 
son  père  avait  été  obligé  de  renoncer  à  tous 
les  avantages  que  la  cour  aurait  pu  lui  offrir  à 
cause  de  la  funeste  catastrophe  du  comte  de  Cha- 
lais  (2),  son  beau-frère,  décapité  pour  avoir  tâché 
de  renverser  la  toute- puissance  d'un  premier  mi- 
nistre, le  cardinal  de  Richelieu;  le  cardinal  Ma- 


Përigord,  secrétaire  du  duc  de  Bouillon  e^  plus  tard  du  cabiaet  du 
cardinal  Manarin.  Voy.  sur  lui  les  Mémoireê  de  Gourville. 

(1)  Frère  aine  du  maréchal  de  Turenne.  Il  appartenait  au  parti 
des  princes  et  avait  reçu  en  I6â0,  dans  son  château  de  Turenne, 
la  princesse  de  Condé  allant  rejoindre  l'insurrection  de  la  Fronde  à 
Bordeaux.  Daniel  de  Cosnac  était  son  parent  du  cdté  maternel  et 
du  cdté  paternel.  Hélie,  seigneur  de  Cosnac,  et  Pierre  de  Beaufort, 
vicomte  de  Turenne,  avaient  épousé  au  iv*  siËcle  les  deux  sœurs, 
Louise  et  Blanche  de  Gimel;  et  Anne,  fille  do  Pierre  de  Beaufort 
et  de  Blanche  de  Gimel,  par  son  mariage  avec  Agne  de  la  Tour, 
seigneur  d'Ollergues,  lui  avait  apporté  la  vicomte  de  Turenne; 
Âgne  de  la  Tour  (cotte  maison  ne  s'intitulait  pas  alors  la  Tour 
d'Auvergne)  était  l'ancëtrc  direct  du  duc  de  Bouillon. 

(3)  Henri  de  Talleyrand,  comte  do  Chalais,  favori  de  Louis  XIII, 
s'était  distingué  aux  sièges  de  Montpellier  et  de  Montauban;  mais 
ayant  trempé  avec  le  duc  d'Orléans  et  la  duchesse  de  Chevreuse 
dans  une  conspiration  contre  Richelieu,  le  ministre  l'accusa  d'avoir 
conspiré  contre  le  roi  lui-rnSme.  Livré  à  une  commission  tirée  du 
parlement  de  Bretagne,  le  comte  de  Chalais  eut  la  tête  tranchée  à 
Nantes  la  19  aoQt  1626,  &  l'Age  de  vingt-six  ans. 


DigmzcdbyGoOgle 


zarin,  qui  avait  succédé  à  la  même  toute- puissance, 
ne  pouvait  pas  manquer  de  trouver  dans  cette 
parenté  un  souvenir  importun  et  d'envelopper  Da- 
niel de  Cosnac  dans  cette  môme  disgrâce.  Le  duc 
de  Bouillon  trouva  un  joint  qui  fut  d'attacher 
Daniel  de  Cosnac  à  Ja  personne  du  prince  de 
Ck)nti,  et  par  conséquent  à  cette  partie  de  la  cour 
qui  était  en  opposition  avec  le  premier  ministre. 
Daniel  de  Cosnac  y  consentit  et  se  trouva  incon- 
sciemment, pour  ainsi  dire,  entrer  de  plain-pied 
dans  la  Fronde.  On  était  dans  les  premiers  mois 
de  l'année  1651  ;  après  une  accalmie  la  Fronde  se 
réveillait;  ses  chefs  :  le  duc  d'Orléans,  le  prince 
de  Coudé,  le  prince  de  Conti,  son  frère,  avaient 
décidé  une  nouvelle  prise  d'armes;  telles  furent 
les  circonstances  au  milieu  desquelles  le  duc  de 
Bouillon  présenta  son  jeune  parent  au  prince  de 
Conti  et  le  fit  admettre  dans  sa  maison.  Daniel  de 
Cosnac  portait  le  titre  d'ahbé  et  le  petit  collet, 
comme  nous  l'avons  dit  ;  le  prince  de  Conti,  qui 
n'était  pas  plus  engagé  que  lui  dans  les  ordres, 
portait  le  titre  de  prince  ecclésiastique;  il  était 
titulaire  de  l'abbaye  de  Cluny  et  des  plus  riches 
abbayes  de  France;  le  chapeau  de  cardinal  était 
pour  lui  une  perspective  certaine,  il  y  avait  denc 
de  réciproques  convenances  de  situation. 

Au  jour  convenu,  le  prince  de  Condé  et  le 
prince  de  Conti  partent  du  château  de  Saint- 
Maur,  près  de  Paris,  pour  aller  recommencer  la 
guerre  civile;  la  duchesse  de  Longueville,  la  prin- 
cesse de  Condé  et  son  jeune  fils  sont  du  voyage; 
l'on  devait  se  rendre  d'abord  au  château  de  Mont- 


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rond,  en  Berry.  Toutes  les  personnes  attachées 
à  la  maison  du  prince  de  Conti  avaient  reçu  des 
ordres  pour  accompagner  ou  pour  suivre;  Daniel 
de  Cosnac  n'en  reçut  aucun.  Sans  doute  il  était 
devenu  suspect,  par  ce  fait  que  le  duc  de  Bouillon 
et  le  maréchal  de  Turenne,  par  un  revirement 
subit,  avaient  quitté  le  parti  de  la  Fronde  pour 
se  rallier  au  cardinal  Mazarin.  Aussitôt  Daniel  de 
Cosnac  accourut  auprès  du  duc  de  Bouillon  pour 
lui  manifester  son  intention  d'abandonner  le  prince 
de  Conti;  mais  le  duc  de  Bouillon  le  désapprouva 
en  lui  observant  que  l'on  pouvait  douter  encore  de 
quel  côté  pencheraient  les  affaires,  qu'il  n'était 
pas  si  fort  assuré  lui-même  des  bonnes  inten- 
tions de  la  reine  pour  ne  pas  se  réengager  peut- 
être  dans  les  intérêts  des  princes  ;  que  dans  ce  cas 
il  serait  bien  aise  de  l'y  retrouver;  mais  que  si 
son  accommodement  avec  la  cour  était  définitif, 
il  lui  donnait  sa  parole  de  l'y  appeler  aussitôt  que 
sa  fortune  l'aurait  mis  en  état  de  contribuer  à 
la  sienne.  D'après  ce  conseil,  Daniel  de  Cosnac 
partit  pour  aller  rejoindre  à  Montrond  le  prince 
de  Conti;  mais  il  en  reçut  un  si  froid  accueil 
qu'il  lui  demanda  son  congé,  qui  fut  accepté. 
M""  de  Longueville,  prévenue,  le  fit  appeler;  cette 
princesse  craignait  le  mécontentement  du  duc  de 
Bouillon  et  considérait  que  la  guerre  civile  allait 
s'engager  dans  une  province  où  Daniel  de  Cosnac 
pouvait  rendre  des  services  parce  qu'il  y  avait  des 
parents  considérables.  Elle  lui  remit  donc  une 
lettre  pour  le  prince  de  Conti  qui  venait  de  se 
rendre  à  Bourges,  et   exigea  qu'il  la  lui   portât 


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sur-le-champ.  La  princesse  exerçait  sur  son  frère 
une  irrésistible  influence;  il  était  plus  de  minuit 
lorsque  le  prince  reçut  la  lettre;  mais,  aussitôt 
après  l'avoir  lue,  il  fit  retirer  tout  le  monde, 
excepté  Daniel  de  Cosnac,  auquel  il  fit  des  ins- 
tances si  affectueuses  et  si  empressées  pour  qu'il 
ne  quittât  point  son  service  que  celui-ci  charmé, 
sentit  se  changer  en  dévouement  pour  le  prince  la 
répulsion  qu'il  avait  éprouvée  jusque-là. 

.  Deux  jours  après,  Daniel  de  Cosnac  reçut  une 
importante  mission  qui  consistait  à  aller  trouver 
en  Guyenne  le  prince  de  Condé,  pour  lui  rendre 
compte  de  l'état  de  la  province  de  Berry,  et  lui 
apporter  des  messages  qui  venaient  d'arriver  de 
Provence  ;  il  devait,  au  retour,  rapporter  des  nou- 
velles de  la  Guyenne.  11  n'eut  pas  le  temps  d'effec- 
tuer ce  retour,  car  les  événements  se  précipitèrent; 
le  prince  de  Conti  et  la  duchesse  de  Longueville 
fm-ent  chassés  du  Berry  par  les  troupes  royales,  et 
durent  se  rendre  eux-mêmes  en  Guyenne,  où  Da- 
niel de  Cosnac  les  rejoignit  à  Coutras.  Sur  ces  en- 
trefaites, la  mort  inopinée  du  duc  de  Bouillon 
vint  enlever  à  Daniel  de  Cosnac  tout  espoir  du 
côté  de  la  cour,  et  il  se  trouva  définitivement 
engagé  dans  le  parti  des  princes. 

La  guerre  civile  avait  en  Guyenne  de  sérieux 
éléments  d'organisation  :  le  prince  de  Condé  était 
gouverneur  de  la  province,  il  entraînait  avec  lui 
la  noblesse  et  les  troupes;  le  parlement  de  Bor- 
deaux, frondeur  à  l'exemple  du  parlement  de  Paris, 
entraînait  avec  lui  la  bourgeoisie  ;  une  factiop  ré- 


Diçu-izcdbyGoOgle 


—  425  — 

volutionnaire,  VOrmée(i),  entraînait  avec  elle  les 
classes  infimes  et  remuantes.  Une  armée,  composée 
de  troupes  jeunes  et  peu  solides,  il  est  vrai,  avait 
pour  chefs  le  prince  de  Coudé,  le  prince  de  Gonti, 
le  comte  de  Marsin,  lieutenant-général,  qui  avait 
déserté  son  poste  de  vice-roi  de  Catalogne  pour  la 
France,  afin  de  se  joindre  au  prince  de  Condé; 
une  flotte  espagnole,  sous  tes  ordres  du  baron  de 
Watteville,  donnait  son  concours  en  interceptant 
l'embouchure  de  la  Gironde;  une  garnison  espa- 
gnole occupait  la  ville  de  Bourg.  La  ducliesse  de 
Longueville  et  la  princesse  de  Condé  adoptèrent 
Bordeaux  pour  lieu  de  leur  séjour;  la  première 
surtout  y  fomentait  sans  relâche  l'ardeur  fron- 
deuse. Une  armée  royale,  sous  les  ordres  du  comte 
d'Harcourt,  opérait  pour  tâcher  de  réduire  l'insur- 
rection. Nous  ne  pouvons  pas  nous  étendre  ici  sur 
les  diverses  opérations  de  la  guerre,  sur  les  émeutes 
qui  ensanglantèrent  la  ville  de  Bordeaux  sous  la 
direction  sinistre  d'un  avocat  nommé  Vilars  et  d'un 
boucher  nommé  Dure  teste  (2). 

Dans  la  petite  cour  du  prince  de  Conti,  comme 
dans  toutes  les  cours,  régnaient  des  jalousies  d'in- 
fluence. Daniel  de  Cosnac  s'y  trouva  en  présence  de 
deux  rivaux  :  le  comte  de  Barbézières-Chémeraut  et 


(1)  Cette  faction  tirait  soii  nom  d'un  lieu  planté  d'ormes  procho 
l'églisn  de  Sainto-Eulalie,  qu'cllo  avilit  assigné  à  ses  réunions. 

{Xl  <!ràcc  aux  nombreux  documents  inédits  auxiiucls  nous  avons 
eu  recours,  nous  avons  pu  consignrr  dans  noire  ouvrage  :  Souve- 
nirs ilit.  rùijite  de.  Loiii^  .\IV,  uiic  foule  de  Jaits  oubliés  ou  igno- 
rés qui  font  de  notre  récit  de  la  Fronde  dans  la  Guyenne,  une  Uîs- 
toire  en  grande  partie  nouvelle. 


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SaiTasin(l);  ils  étaient  les  compagnons  des  plaisirs 
dn  prince.  Une  circonstance  fortuite  permit  à  Da- 
niel de  Cosnac  de  prendre  le  pas  sur  eux  :  Le  prince 
de  Conti  étant  tombé  gravement  malade,  Daniel 
de  Cosnac,  par  ses  exhortations,  le  ramena  à  des 
sentiments  de  piété,  et  l'abbé  de  Sillei^,  premier 
gentilhomme  de  la  chambre  du  prince,  ayant  pris 
l'amnistie  afin  de  sortir  de  sa  captivité  dans  le 
château  de  Pierre-Ancise,  près  de  Lyon,  Daniel  de 
Cosnac,  désigné  pour  lui  succéder,  occupa  désor- 
mais la  première  place.  La  manière  dont  il  l'obtint 
fut  un  témoignage  flatteur  des  préférences  que  le 
prince  avait  conçues  pour  lui.  Il  avait  un  concur- 
rent, l'abbé  de  la  Hiiliére,  de  la  maison  de  Po- 
lastron,  plus  ancien  que  lui  dans  la  maison;  le 
prince  craignait  de  se  prononcer  trop  ouvertement, 
il  fît  tirer  au  sort;  mais  il  avait  à  l'avance  indiqué 
à  Daniel  de  Cosnac  le  moyen  de  l'emporter  infailli- 
blement. 

La  conversion  du  prince  de  Conti  ne  se  pro- 
longea pas  au-delà  du  terme  de  sa  convalescence; 
la  santé  le  ramena  à  ses  plaisirs;  cette  mobilité 
fit  place  dans  l'âge  mur  à  une  dévotion  outrée, 
marquée  par  les  pratiques  du  jansénisme  le  plus 
rigoureux. 

Daniel  de  Cosnac  eut  bientôt  l'occasion  de  don- 
ner à  ce  prince,  à  son  insu,  une  preuve  de  sa 
reconnaissance  et  de  sa  fidélité.  Par  sentiment  de 
jalousie,  le  prince  de  Conti  s'était  brouillé  avec  sa 


(1)  Secrétaire  des  commandements  du  prince  de  Conti  et  spirituel 
auteur  de  plusieurs  ouvrages. 


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sœur,  pour  laquelle  il  éprouvait  un  penchant  plus 
que  fraternel;  cette  princesse,  suivant  l'expression 
de  Daniel  de  Cosnac  dans  ses  Mémoires,  «  aimant 
beaucoup  mieux  s'exposer  aux  effets  de  la  haine 
de  son  frère  qu'à  ceux  de  son  amitié,  o  Quelques 
intrigues,  dans  le  détail  desquelles  il  serait  trop 
long  d'entrer  (1),  avaient  envenimé  les  choses  au 
point  que  le  frère  et  la  sœur  avaient  cessé  de  se 
voir.  Une  rupture  aussi  complète  dépassait  le  but 
que  M"'  de  Longueville  s'était  proposé;  connais- 
sant la  mobilité  de  son  frère,  elle  jugeait  qu'il 
était  nécessaire,  pour  qu'il  n'échappât  au  parti  de 
la  Fronde,  de  connaître  à  chaque  instant,  pour 
ainsi  dire,  ses  impressions,  ses  sentiments  et  ses 
projets.  Dans  ce  but,  elle  crut  qu'il  lui  serait 
utile  de  gagner  Daniel  de  Cosnac  à  ses  intérêts, 
et  que  la  chose  lui  serait  d'autant  plus  facile 
qu'il  lui  devait  les  premiers  fondements  de  sa 
faveur.  Elle  lui  dit  un  jour  qu'il  pouvait  facile- 
ment s'apercevoir  à  quel  point  l'amitié  de  son 
frère  était  peu  sûre;  mais  que  s'il  l'avertissait  de 
toutes  les  choses  que  ce  prince  lui  confierait,  elle 
pourrait  plus  facilement  le  maintenir  auprès  de 
lui  par  son  appui.  L'insistance  de  la  princesse, 
ac.'ompagnée  des  paroles  les  plus  insinuantes, 
obligea  Daniel  de  Cosnac  à  lui  répondre  qu'il  la 
suppliait  de  ne  pas  trouver  mauvais  qu'il  con- 
servât son  estime,  ce  qu'il  ne  pouvait  sans  doute 
faire  s'il  ne  restait  fidèle  au  prince.  Alors  M°'  de 


{1}  Voy.  les  Mémoirea  de  Daniel  do  Cosnac. 


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Longueville  lui  répondit  sèchement  :  a  Non,  Mon- 
sieur, je  ne  trouve  pas  cela  mauvais;  mais  ne 
trouvez  pas,  mauvais  aussi  que,  dans  les  occasions, 
j'appuie  d'autres  intérêts  que  les  vôtres,  et  que 
je  cherche  des  amis  moins  scrupuleux  et  plus 
solides.  » 

Tandis  que  la  duchesse  de  Longueville,  frondeuse 
déterminée  et  brouillée  avec  son  mari,  attisait  le 
feu  de  la  guerre  civile,  recrutant  des  partisans  à 
son  frère  aîné,  le  grand  Condé,  sans  regarder  de 
trop  près  à  l'honneur  conjugal,  le  conseiller  fidèle 
du  prince  de  Conti  nourrissait  en  secret  le  projet  de 
ramener  ce  prince  dans  le  giron  de  l'autorité  royale. 
Ce  projet,  pour  aboutir,  demandait  une  adresse  ex- 
trême, car  il  ne  prétendait  pas  détacher  le  prince 
de  Conti  tout  seul  du  parti  de  la  Fronde,  ce  prince , 
n'eût  reçu  dans  ce  cas  qu'un  médiocre  accueil  de 
la  part  de  la  cour  qui  l'eût  laissé  languir  à  l'écart; 
il  fallait,  pour  que  ce  prince  conservât  tout  son 
prestige,  qu'il  apportât  avec  lui  les  clefs  de  la 
ville  de  Bordeaux  et  la  pacification  de  la  Guyenne. 
Par  conséquent  il  était  nécessaire  que  le  prince  de 
Conti  ne  devint  pas  suspect  à  son  propre  parti, 
et  qu'il  y  conservât  jusqu'au  moment  décisif  l'au- 
torité dont  il  était  investi  depuis  le  départ  de  son 
frère.  Le  grand  Condé,  en  effet,  avait  quitté  la 
Guyenne  pour  livrer  sur  un  autre  terrain,  avec 
une  armée  composée  de  ses  vieilles  troupes,  les 
combats  de  Bléneau  et  du  faubourg  Saint-Antoine. 
Le  prince  de  Conti  était  donc  demeuré  le  chef 
suprême  dans  la  Guyenne;  mais  son  frère,  qui 
n'avait  en  lui  qu'une  médiocre  confiance,   avait 


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institué  sous  lui  une  sorte  de  triumvirat  auquel 
était  dévolue  la  direction  effective,  triumvii-at  com- 
posé du  comte  de  Marsin,  de  Lenet,  conseiller  au 
parlement  de  Bourgogne,  et  de  la  duchesse  de 
Longueville.  Pour  mieux  parvenir  à  dégoûter  le 
prince  de  Conti  d'un  parti  dans  lequel  son  rôle 
était  ainsi  effacé,  Daniel  de  Gosnac  ne  man- 
quait jamais  auprès  du  prince  l'occasion  de  faire 
ressortir  l'injure  de  cet  amoindrissement.  11  ne 
manquait  jamais  non  plus  l'occasion  de  mainte- 
nir en  ses  mains  l'autorité  qu'on  voulait  lui  dé- 
rober. C'est  ainsi  qu'une  révolte  des  troupes  ayant 
eu  lieu  à  Périgueux  parce  que  Marsin,  d'un  ca- 
ractère violent,  avait  frappé  un  officier,  il  obli- 
gea le  prince  de  Conti  à  partir  avec  lui  pour 
cette  ville,  où  sa  présence  rétablit  l'ordre  parmi 
les  troupes.  La  partie  saine  de  ta  population 
de  Bordeaux  désirait  la  fin  de  la  guerre  civile 
et  fomentait  dans  ce  but  des  conspirations  con- 
tre le  parti  des  princes.  Daniel  de  Cosnac  avait 
à  se  prémunir  contre  les  unes,  qui  eussent  livré 
le  prince  de  Conti  à  la  merci  des  vengeances  de 
la  cour,  et  à  favoriser  celles  qui  agissaient  secrè- 
tement de  concert  avec  lui;  mais  toutes  ces  cons- 
pirations étaient  régulièrement  découvertes,  et  il 
eut  beaucoup  de  peine  à  ne  pas  être  compromis 
dans  celle  du  P.  Berthod,  gardien  des  cordeliers 
de  Brioude{l),  et  du  P.  Hier,  gardien  des  corde- 
liers de  Bordeaux.  Ce  dernier  fut  arrêté,  et  sa  con- 


ti} Le  P.  Berlhod  a  laiaaé  des  Mémoire»  qui  contiennent  la  rela- 
tion de  cette  conspiration. 

T.  vu.  6-S 


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damnation  à  mort  commuée  en  celle  de  la  prison 
au  pain  et  à  l'eau  pendant  le  reste  de  ses  jours  (1). 

Le  triumvirat  avait  résolu  d'envoyer  quelqu'un 
à  Madrid  pour  presser  l'envoi  de  nouveaux  secours 
en  hommes  et  en  argent;  Daniel  de  Cosnac  fit 
adroitement  tomber  le  choix  de  l'envoyé  sur  le 
marquis  de  Chouppes  (2),  son  ami,  et  le  prince 
de  Conti  fut  exactement  informé  par  lui  à  son 
retour  qu'il  n'y  avait  aucun  fond  à  faire  sur  toutes 
les  belles  promesses  qu'il  était  chargé  de  rapporter. 

Cependant  la  ville  de  Bordeaux  était  de  plus  en 
plus  resserrée  par  deux  armées  royales,  l'une  opé- 
rant au  Nord,  sous  les  ordres  du  duc  de  Vendôme, 
qui  avait  succédé  au  comte  d'Harcourt(3),  l'autre 
opérant  au  Sud,  sous  les  ordres  du  duc  de  Cau- 
dale (4).  En  même  temps  la  flotte  royale,  dont  le 
duc  de  Vendôme  avait  le  commandement  supérieur, 
remontait  la  Gironde  abandonnée  par  la  flotte  es- 
pagnole, afln  d'éviter  le  combat.  Daniel  de  Cosnac 
obtint  alors  du  prince  de  Conti  l'autorisation  d'en- 
tamer secrètement  des  négociations  avec  le  duc  de 
Caudale;  en  même  temps,  il  encourageait  dans  la 
ville  les  manifestations  royalistes  auxquelles  la  jeu- 
nesse se  prêtait  avec  ardeur.  De  nombreuses  alter- 
natives de  crainte  et  d'espérance,  des  entraves  de 
diverses  sortes  signalèrent  cette  période  de  trans- 


(t)  Lapais  amena  sa  délivrance;  il  fut  nommé  évêque 

(2)  Voy.  les  Mémoires  du  marquis  de  Chouppes. 

(:t)  Le  comte  d'Harcourt  avait  inopinément  quitté  s 
auite  d'un  mécontentemi'nt  contre  la  cour,  qui  lui  a 
charge  de  marée  liai -général. 

(4)  Fils  du  duc  d'Épernoii. 


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formation  de  l'état  politique  et  social  de  la  ville 
de  Bordeaux  (1);  enfin  le  traité  de  paix  fut  dressé 
et  conclu  d'après  une  minute  écrite  de  la  main 
de  Daniel  de  Cosnac,  à  la  suite  d'une  entrevue 
qu'il  eut  à  Lormont,  près'  de  Bordeaux,  avec  les 
ducs  de  Vendôme  et  de  Caudale.  Ce  traité  de  paix 
termina  la  Fronde  et  ouvrit  l'ère  de  grandeur  du 
règne  de  Louis  XIV. 

Pendant  que  la  princesse  de  Condé  prenait  la 
voie  de  mer  pour  aller  avec  son  jeune  fils,  le  duc 
d'Enghien,  rejoindre  en  Flandre  le  prince  de  Condè 
et  que  la  duchesse  de  Longueville  gagnait  son  châ- 
teau de  Montreuil-Beltay  assigné  d'abord  pour  lieu 
de  son  exil,  le  prince  de  Conti  se  rendait  à  son 
château  de  la  Grange,  près  de  Pézenas,  en  Lan- 
guedo-,  où  il  devait  attendre  que  soij  sort  fût  fixé 
avec  les  avantages  mérités  par  l'immense  service 
qu'il  venait  de  rendre.  Pour  se  distraire  pendant 
ce  séjour,  il  désira  faire  jouer  la  comédie,  et  deux 
troupes  se  présentèrent,  l'une  dirigée  par  Cormier, 
et  l'autre  par  Molière.  Subissant  une  influence  que 
nous  ne  rapporterons  pas,  le  prince  se  prononça 
pour  Cormier  et  voulut  congédier  Molière;  Daniel 
de  Cosnac  protesta  au  nom  du  bon  goût  et  de 
l'engagement  qu'il  avait  pris  de  la  part  du  prince, 
lui  disant  que  s'il  le  renvoyait,  il  indemniserait 
Molière  de  ses  propres  deniers.  Enfin  le  premier 
gentilhomme  de  la  chambre  du  prince  l'emporta, 
et  ce  fut  Cormier  qui  reçut  son  congé.  Molière  était 


{I)  Voy.  les  Mémoires  de  Daniel  de  Cosnac  et  nos  Souvenirs 
du  règne  de  Louia  XIV- 


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alors  à  ses  débuts,  et  l'on  ne  saurait  douter  que 
cette  protection  n'ait  exercé  une  influence  consi- 
dérable sur  son  avenir(l).  Le  prince  de  Conti  alla 
aussi,  sur  l'iovitation  du  gouverneur,  se  livrer  à 
Montpellier  à  des  divertissements  qui  furent  le 
singulier  prélude  du  grand  événement  qui  se  pré- 
parait pour  lui,  car  il  ne  s'agissait  de  rien  moins 
que  de  son  mariage. 

Sarrasin  venait  de  mettre  dans  la  tête  de  ce 
prince  qu'un  coup  de  fortune  serait  pour  lui 
d'épouser  une  des  nièces  du  cardinal  Mazarin, 
qu'un  tel  mariage  le  <  onduirait  à  tout  ce  que 
son  -  ambition  pourrait  souhaiter.  Le  prince  de 
Conti  envoya  donc  à  Paris  Sarrasin  pour  négocier 
celte  affaire,  disant  liautement  que  peu  lui  impor- 
tait quelle  serait  la  nièce,  parce  que  c'était  le 
cardinal  qu'il  voulait  épouser.  La  réussite  de  la 
négociation  auprès  du  cardinal  fut  d'autant  moins 
difficile  que  l'alliance  d'un  prince  du  sang  était 
l'objet  de  ses  désirs  ambitieux,  et  la  nièce  qu'il 
offrit  fut  Anne-Marie  Martinozzi,  déjà  promise,  il 
est  vrai,  au  duc  do  Candale;  mais  celui-ci,  en 
bon  courtisan,  s'empressa  de  se  désister.  Par  de 
secrètes  et  habiles  entremises,  le  cardinal  Mazarin 
avait  amené  le  prince  de  Conti  à  souhaiter  ce  que 
lui-même  souhaitait  ardemment,  et  Sarrasin  était 
gagné  à  ses  projets.  Un  des  plus  vaillants  lieute- 
nants-généraux de  l'armée  royale,  tout  dévoué  au 


(1)  Lg  répertoire  des  pièocs  jouées  par  Molière  au  châlcau  de  la 
Grange  se  composait  do  VÈIourdi,  du  Dépil  amoureux  sC  des 
Précieuses  ridicules. 


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-  433  — 

cardinal,  lui  ayait  écrit  en  parlant  du  prince  de 
Conti  :  «  Je  ne  doute  point  qu'on  ne  le  portasse 
à  tel  mariage  que  Ton  voudroit,  voire  même  que 
l'abbé  de  Cosnac  et  Sai-rasin,  qui  sont  les  deux 
qui  ont  le  plus  de  crédit  auprès  de  lui,  feroient 
à  mon  avis  une  bonne  partie  de  ce  que  l'on  vou- 
droit. Le  dernier  est  un  de  mes  amis  et  je  con- 
nois  un  peu  rautre(l).  »  M.  de  Bougy  ne  se  trom- 
.  pait  pas  au  sujet  du  crédit  de  Daniel  de  Gosnac 
sur  le  prince  de  Conti,  mais  il  se  faisait  illusion 
en  croyant  pouvoir  compter  sur  son  concours.  Les 
historiens  de  Daniel  de  Cosnac  ont  cependant  tou3 
prétendu  qu'il  avait  donné  les  mains  avec  empres- 
sement à  ce  projet;  bien  loin  de  là,  il  déclare  dans 
ses  Mémoires  qu'il  fit,  sans  pouvoir  réussir,  les 
plus  énergiques  efforts  auprès  du  prince  de  Conti 
pour  le  détourner  de  ce  mariage,  lui  faisant  con- 
sidérer à  quel  point  il  était  au-dessous  de  sa  nais- 
sance d'épouser  une  fille  inconnue,  et  combien  il 
était  peu  digne  de  s'allier  au  cardinal,  persécuteur 
acharné  de  sa  maison.  Le  prince  se  mit  dans  une 
si  violente  colère  qu'une  complète  brouillerie  fut 
imminente;  mais,  de  part  et  d'autre,  on  se  calma 
et  le  mariage  fut  définitivement  résolu. 

Les  conditions  du  mariage  étaient  négociées  à 
Paris  par  Sarrasin  et  par  Langlade.  Gomme  com- 
pensation au  sacrifice  que  faisait  le  prince  de 
Conti,  son  premier  gentilhomme  de  la  chambre 
voulait  faire  mettre  la  condition  que  ce  prince 


(1)  Lettre  inédite  datée  du  camp  devant  Bordeaux,  le  1*  août 
1653.  Archive»  naftonaJes,  Registre  coté  K  K  1319. 


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recevrait  l'épée  de  connétable  et  le  gouvernement 
de  Brouage(l);  mais  les  deux  négociateurs,  à  son 
insu,  écartèrent  ces  deux  articles  comme  pouvant 
faire  échouer  le  succès  auquel  ils  tenaient  essen- 
tiellement. Pendant  ce  temps,  le  prince  de  Conti 
avait  quitté  le  Languedoc  pour  se  rapprocher  de 
Paris,  et  comme  Daniel  de  Cosnac,  voulant  persé- 
vérer dans  la  carrière  ecclésiastique,  ne  pouvait 
plus  conserver  ses  fonctions  auprès  de  lui  dès 
qu'il  serait  marié,  le  prince  écrivit  au  cardinal 
Mazarin  pour  demander  en  sa  faveur  le  premier 
évèché  vacant.  En  passant  à  Valence,  le  prince 
de  Conti  fit  la  rencontre  du  marquis  de  Villars  (2), 
qui  s'était  fait  une  réputation  dans  le  funeste  com- 
bat entre  les  ducs  de  Nemours  et  de  Beaufort.  11 
i-ésolut  de  lui  donner  celte  charge  de  premier  gen- 
tilhomme de  sa  chambre,  désirant  d'autant  plus 
l'attacher  à  sa  personne  qu'il  nourrissait  la  fan- 
tasque idée  de  se  signaler  par  quelque  rencontre, 
particulièrement  en  appelant  sur  le  terrain  le  duc 
d'Yorck  (3). 

A.  Auxerre,  Langlade  et  Sarrasin  arrivèrent  de 
Paris  au-devant  du  prince,  lui  apportant  les  arti- 
cles du  contrat;  le  prince  se  retira  au  bout  de  la 
grande  salle  de  son  abbaye  de  St-Germain  d'Auxerre 
pour  en  entendre  la  lecture;  et,  comme  ils  ne 
consistaient  guère  qu'en    un   don   de  deux  cent 


(1)  Plikce  de  guerre  maritime  de  première  importance  à  cette 
époque. 

(2)  Pbre  du  mardchal  de  Villars. 

(3)  Frâre  de  Charles  H.  Pendant  le  protectorat  de  Cromwell,  il 
avait  paasd  en  Frauce  presque  tout  le  temps  de  son  exil,  servant 
dans  les  armées  du  roi. 


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mille  écus  que  le  cardinal  faisait  à  sa  nièce, 
Daniel  de  Cosnac  demanda  quels  étaient  les  ar- 
ticle secrets;  comme  il  n'y  en  avait  pas,  il  jeta 
le  contrat  à  terre  en  s'écriant  :  «  Monsieur  (1), 
vous  êtes  trahi  !  on  vous  marie  au  denier  deux(2).  » 
Â.  ces  mots,  le  prince  sauta  à  la  gorge  de  Daniel 
de  Gosnac  et  le  poussa  dans  sa  chambre.  Après  de 
vifs  reproches  le  prince  s'apaisa,  dans  la  pensée 
qu'en  raison  de  la  longueur  de  la  salle,  personne 
n'avait  vu,  ni  entendu;  mais  il  ne  lui  parla  plus 
de  le  charger  de  rapporter  les  articles  à  Paris, 
mialgré  la  promesse  qu'il  lui  en  avait  faite  anté- 
rieurement. Le  moment  de  rapporter  ces  articles 
étant  venu,  Daniel  de  Gosnac  dit  au  prince  :  a  Mon- 
sieur, vous  ne  me  parlez  plus  du  voyage?  »  Gelui- 
ci  lui  répondit  :  «  De  quoi  vous  souvenez-vous, 
n'êtes- vous  pas  assuré  de  mon  amitié?  »  Daniel 
de  Gosnac  répartit  :  «.  Quel  cas  puis-je  faire  de 
votee  amitié  si  vous  me  manquez  de  parole?  » 
Alors  le  prince  s'écria  :  a  C'est  trop  souvent  des 
emportements,  ce  sera  ici  le  dernier.  »  Gette  fois, 
la  rupture  paraissait  complète,  lorsque  quelques 
moments  après,  le  prince  le  ût  appeler  et  vint  à 
lui  à  bras  ouverts  en  lui  disant  :  «  Vous  êtes  un 
fou,  mais  vos  folies  mêmes  me  persuadent  que 


(t)  Cette  BppelUlion  de  Monsieur,  doaoée  &  un  prince  du  sang, 
surprendrait  aujourd'hui;  mais  les  appellations  de  Monsieur  et  de 
Madame  n'étaient  pas  tombées  au  niveau  actuel.  Jadis  on  n'abusait 
pas  du  titre  de  Monseigneur,  qui  ne  commença  à  se  vulgariser 
que  vers  le  milieu  du  règne  de  Louis  XIV;  les  ministres,  pour 
relever  leur  origine,  furent  les  plus  empressés  à  le  prendre. 

{!]  Voulant  dire  que  pour  deux  cent  mille  écus  une  fois  payés,  il 
quittait  cent  mille  écus  de  rente  en  bénéfices. 


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vous  m'aimez,  il  me  suffit;  mais  avez-vous  pris 
garde  à  ce  coquin  de  Sarrasin?  comme  il  voulait 
profiter  de  ma  colère,  lui  qui  vous  a  tant  d'obli- 
gations !  Il  n'en  aura  pas  le  plaisir,  et  dès  ce  soir 
je  prétends  en  sa  présence  vous  traiter  mieux  que 
jamais.  »  En  effet,  le  "soir  Sarrasin  étant  entré 
après  le  souper,  le  prince  dit  devant  tout  le 
monde  :  «  L'abbé  et  moi  sommes  racconunodés 
sans  maréchal  de  France;  quiconque  ferait  fond 
sur  notre  rupture  se  tromperait;  nous  sommes 
inséparables  à  la  vie  et  à  la  mort.  » 

Peu  de  jours  après  le  prince  de  Gonti  partit 
pour  Paris;  le  cardinal  Mazarin  vint  au-devant 
de  lui  jusqu'à  Villejuif;  et,  après  mille  démons- 
trations d'amitié,  l'ayant  fait  monter  dans  son  car- 
rosse, le  conduisit  au  Louvre  pour  le  présenter  au 
i-oi  et  à  la  reine-mère,  ainsi  qu'à  M"*  de  Mar- 
tinozzi.  Le  prince  de  Gonti,  en  présentant  Daniel 
de  Cosnac  au  roi,  lui  dit  :  «  Sire,  voilà  l'abbé 
de  Cosnac;  c'est  une  personne  de  qualité,  attachée 
à  moi,  pour  qui  j'ai  beaucoup  d'amitié,  et  on  ne 
le  trouvera  pas  mauvais  quand  on  saura  que,  si 
j'ai  l'honneur  d'être  dans  les  bonnes  grâces  de 
Votre  Majesté,  c'est  à  lui  seul  à  qui  j'en  ai  l'obli- 
gation. »  M"*  de  Martinozzi  accueillit  froidement 
Daniel  de  Cosnac,  elle  avait  sans  doute  été  chari- 
tablement informée  de  l'opposition  qu'il  avait  faite 
à  son  mariage.  Le  cardinal  voulut  môme  pendant 
quelque  temps  se  servir  de  sa  nièce  pour  détruire 
l'influence  de  Daniel  de  Cosnac  sur  le  prince  de 
Gonti,  mais  il  ne  tarda  pas  à  s'apercevoir  qu'il 
avait  intérêt  à  revenir  à  d'autres  sentiments. 


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—  437  — 

Aussitôt  après  la  célébration  du  mariage,  Daniel 
de  Gosnac  remit  sa  charge  au  marquis  de  Yillars. 
11  avait  refusfi  avec  désintéressement  une  des  riches 
abbayes  que  le  prince  de  Gonti  voulait  résigner 
en  sa  faveur,  en  lui  observant  que  puisqu'il  aban- 
donnait ses  bénéfices  au  cardinal,  il  fallait  lui 
faire  le  présent  tout  entier.  Le  prince  de  Conti 
obtint  pour  lui  le  renouvellement  de  la  promesse 
du  premier  évêché  vacant  et  partit  pour  aller 
prendre  le  commandement  de  l'armée  de  Cata- 
logne, laissant  à  Paris  la  princesse,  sa  femme. 
Deux  évôcbés  vinrent  bientôt  à  vaquer  :  Valence 
d'abord  et  Saint-Fiour  ensuite,  par  la  raison  d'un 
changement  de  résidence  demandé  par  l'évêque  ti- 
tulaire. Le  cardinal  dit  à  l'abbé  de  Cosnac  :  «  Vous 
n'avez  qu'à  remercier  le  roi,  il  vous  a  donné 
l'évêché  de  Saint-Flour.  »  L'abbé  répartit  qu'il 
n'acceptait  pas,  parce  que  Valence  était  le  pre- 
mier évêché  vacant.  Le  cardinal,  surpris,  lui  fit  re- 
marquer éombien  ce  refus  pouvait  nuire  à  sa  for- 
tune; mais  Daniel  de  Cosnac  mettait  son  point 
d'honneur  à  ce  qu'une  promesse  qui  lui  avait  été 
faite  fût  tenue.  Le  lendemain,  le  cardinal  lui 
annonça  que  l'évêché  de  Valence  lui  était  donné. 
Il  l'engagea,  à  cette  occasion,  à  prêcher  devant  la 
cour,  ce  qu'il  fit  avec  succès  dans  l'église  des  Mi- 
nimes, à  Retbel,  où.  la  cour  s'était  rendue.  À  sa 
descente  de  chaire,  le  cardinal  lui  remit  le  bre- 
vet (1)  de  son  évêché  en  lui  disant  :  «  Le  roi 
vous   fait  maréchal  de   France  sur  la  brèche.  » 

(t)  Brevet  date  de  Retfael,  le  24  juin  1654. 


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Du  reste  le  nouveau  prélat,  fort  instruit  sur  les 
matières  ecclésiastiques,  avait  l'éloquence  facile. 
Un  de  ses  meilleurs  sermons  fut  celui  qu'il 
prêcha,  le  premier  jour  de  l'année  1656,  dans 
la  maison  professe  des  Jésuites,  à  Paris,  en  pré- 
sence du  roi,  de  la  reine-mère,  de  trois  car- 
dinaux et  de  plus  de  cinquante  évoques  réunis 
pour  l'assemblée  générale  du  clergé  de  France. 
Comme  il  n'avait  que  les  ordres  minem^  lorsqu'il 
fut  nommé  évêque,  il  reçut  la  prêtrise  en  même 
temps  que  la  consécration  épiscopale  (1).  Moins 
d'un  mois  après  sa  nomination  à  l'épiscopat,  il 
reçut  une  nouvelle  récompense  de  ses  services 
pour  la  paix  de  Bordeaux  :  il  fut  nommé  con- 
seiller d'État  (2).  Il  n'était  encore  que  dans  sa 
vingt-quatrième  année.  Il  faisait  ^ors  agréable- 
ment sa  cour,  étant  admis  au  jeu  de  la  reine, 
faveur  qu'il  conserva  jusqu'à  la  mort  de  cette 
princesse.  Il  en  profita  pour  mettre  fin  à  certains 
petits  déplaisirs  que  la  reine  donnait  à  la  comtesse 
de  Noailles,  cette  princesse  étant  mécontente  de 
ce  que,  par  le  crédit  du  cardinal,  M™  de  Noailles 
eût  obtenu  la  charge  de  dame  d'atours  auprès 
d'elle,  au  lieu  de  la  marquise  de  Richelieu,  qu'elle 
eût  préférée. 

Bien  que  le  nouvel  évoque  de  Valence  n'eût 
plus  de  fonctions  dans  la  maison  du  prince  de 
Gonti,  une  réciproque  habitude  qui  les  attachait 


(1)  L'abbé  de  Ghoisy,  êi  propos  de  bb  conadcratioa  épiacopale  par 
l'archevêque  de  Paris,  fait  un  râcit  qui  n'est  qu'une  fable  amusante. 

(2)  Brevet  daté  de  Sedan,  le  22  juUlet  16H. 


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—  439  — 

l'un  à  l'autre  fit  que  pendant  près  de  deux  années 
encore,  le  jeune  prélat  fut  le  conseiller  et  le  di- 
recteur de  toutes  les  affaires  du»  prince  à  la  cour 
pendant  ses  absences  nécessitées  soit  pour  com- 
mander l'armée  de  Catalogne,  soit  pour  présider 
les  états  de  Languedoc,  province  dont  il  était  gou- 
verneur. Dans  un  bal,  le  roi  ayant  montré  des 
attentions  compromettantes  pour  la  princœse  de 
Conti,  le  prince,  qui  en  fut  informé,  manda 
aussitôt  à  l'évêque  de  Valence  de  lui  conduire 
la  princesse  en  Languedoc  {!);"  ce  qu'il  fit.  A  son 
retour  à  Paris,  il  reçut  la  mission  d'apporlei  au 
roi  une  délibération  contre  les  duels  de  tous  les 
gentilshommes  faisant  partie  de  l'assemblée  des 
états  de  Languedoc,  délibération  qui  fut  très 
agréable  au  roi,  qui  écrivit  au  prince  de  Gonti 
pour  l'en  féliciter  (2). 

L'année  suivante,  l'évêque  de  Valence  alla  re- 
joindre en  Catalogne  le  prince  de  Conti,  qui 
assiégeait  la  ville  de  Palamos  par  terre,  pendant 
que  le  duc  de  Vendôme  l'assiégeait  par  mer.  Le 


(1)  Nous  avona  trouvé  au  Ministère  dei  affaire»  élrangèreB,  et 
publié  dans  notre  deuxième  supplâmeot  des  Mémoirei  de  Daniel 
de  Coinae,  les  correspondances  échangées  entre  le  prince  de  Conti, 
le  cardinal  Mazarin  et  l'évêque  de  Valence,  tant  sur  ce  fait  que  sur 
les  affaires  du  prince  de  Conti  pendant  son  séjour  en  Languedoc  et 
en  Catalogne. 

(2)  Nous  avons  tiré  ce  fait  intéressant  de  la  Gazelle  du  6  février 
1655.  11  est  d'autant  plus  surprenant  que  Daniel  de  Cosnac  ait  omis 
de  le  consigner  dans  ses  Mémoireë,  qu'un  de  ses  grands  oncles. 
Clément  de  Cosnac,  lieutenant  du  roi  au  gouvernement  de  Sois- 
sons,  avait  péri  victime,  sous  Henri  III,  de  cette  funeste  coutume. 
Il  avait  été  tué  par  Montrevel,  sur  la  place  Royale,  à  Paris.  Voy. 
Tallbhakt  dxb  Beaux,  Duels  célèbres. 


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duc  de  Vendôme  ayant  "désiré  entretenir  le  pré- 
lat sur  des  difficultés  qu'il  avait  avec  le  prince 
de  Conti,  Daniel  de  Cosnac  s'embarqua  pour  aller 
joindre  sa  flotte  sur  une  frégate  qui  faillit  être 
coulée  au  retour  par  l'artillerie  de  la  place.  Entre 
autres  services,  l'évéque  de  Valence  rendit  encore 
au  prince  de  Conti  les  suivants  ;  il  lui  fit  obtenir 
le  gouvernement  de  Guyenne  à  la  place  de  celui 
de  Languedoc,  et  la  charge  de  grand-maître  de  la 
maison  du  roi,  en  outre  cinquante  mille  écus 
de  pension  comme  premier  prince  du  sang  de- 
puis que  le  prince  de  Condé  avait  passé  aux 
Espagnols  (1). 

Sa  faveur  et  ses  services  excitèrent  des  envieux; 
les  ducs  de  Gandale  et  de  la  Rochefoucauld,  l'ar- 
chevêque de  Sens  firent  si  bien  qu'ils  le  brouil- 
lèrent avec  le  prince  de  Conti.  Dans  cette  rupture, 
il  eut  la  consolation  d'entendre  de  la  bouche  de 
la  reine,  qui  se  trouvait  avec  le  roi,  le  cardinal 
et  la  duchesse  de  Mercosur,  le  propos  suivant  : 
tt  Nous  voici  quatre  de  vos  amis  et  qui  sommes 
pour  vous;  vraiment  M.  le  prince  de  Conti  se 
fait  tort  d'en  user  avec  vous  comme  il  fait.  Nous 
sommes  témoins  que  vous  l'avez  bien  servi.  » 

Le  prélat  se  retira  dans  son  diocèse,  où  il  fut 
élu  député  à  l'assemblée  du  clergé  de  1655.  Cette 
députation  le  rappela  à  Paris.  Il  y  fit  casser,  par 
son  crédit  auprès  du  conseil  du  roi,  des  arrêts  qui 


(1)  Lob  Archives  du  Ministère  des  affaires  étrangères  possè- 
dent des  miDutes  des  lettres  adressées  par  le  cardinal  Hazarln  à 
Daniel  de  Cosnac,  sur  les  affaires  du  prince  de  Conti. 


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confirmaient  les  usurpations  commencées  sous  son 
prédécesseur,  par  lesquelles  le  présidial  de  Valence 
réduisait  à  néant  la  juridiction  épiscopale.  Il  eut 
la  satisfaction  d'être  l'instigateur  heureux  de  la 
réconciliation  du  cardinal  Mazarin  avec  M.  de 
Bellièvre,  premier  président  du  parlement.  Il  apla- 
nit aussi  auprès  du  premier  ministre  les  difQ- 
cultés  que  s'était  suscité  l'intendant  Pellot  avec 
le  parlement  et  la  province  de  Dauphiné.  Enfin 
le  prince  de  Conti,  craignant  de  ne  pas  obtenir 
le  commandement  de  l'armée  d'Italie,  qu'il  am- 
bitionnait, s'adressa  h  lui  en  ces  termes  :  a  Vous 
n'avez  plus  besoin  de  moi,  mais  j'ai  besoin  de 
vous.  »  Il  obtint  du  cardinal  l'emploi  désiré.  Le 
cardinal  étant  accablé  de  solliciteurs,  lui  de- 
manda la  résignation  de  deux  bénéfices  pour  leur 
être  attribués,  lui  faisant  la  promesse,  qu'il  ou- 
blia, de  les  lui  rendre  avec  usure. 

La  perspective  de  l'éloignement  de  Daniel  de 
Cosnac  de  la  cour  n'y  faisait  l'afTaire  de  personne; 
on  y  goûtait  son  agréable  société,  on  y  appréciait 
son  aptitude  pour  les  affaires;  la  reine  l'aimait  à 
son  jeu,  et  le  cardinal  avait  pris  avec  lui  des 
habitudes  qu'il  désirait  ne  pas  rompre.  Le  car- 
dinal lui  persuada  d'acheter  la  charge  de  pre- 
mier aumônier  de  Monsieur  {!),  qui  lui  procure- 


(t)  Philippe  de  France,  secoiid  (ils  de  Louis  XIII;  il  porta  le 
titre  de  duc  d'Anjou  jusqu'à  la  mort,  en  16G0,  de  son  oncle  Gaston, 
auquel  il  succéda  dans  le  titre  de  duc  d'Orléans,  Suivant  l'usage 
observé  pour  le  frëre  du  roi,  on  l'appelait  Montieur  depuis  l'avè- 
nement de  Louis  XIV  à  la  c< 


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rait  de  nombreux  avantages  et  des  raisons  cano- 
niques de  non-résidence  dans  son  diocèse. 

L'assemblée  du  clergé  s'étant  terminée  au  mois 
de  novembre  1657,  le  prélat  retourna  dans  son  dio- 
cèse, en  attendant  que  la  princesse  de  Chalais,  sa 
tante,  voisine  de  M.  de  Bassompierre,  évêque  de 
Saintes,  eût  traité  avec  ce  prélat  des  conditions  de 
la  cession  de  cette  charge  dont.il  était  titulaire. 
L'arrangement  fut  conclu  ;  mais  comme  Monsieur, 
fort  jeune  encore,  n'avait  point  de  maison  à  part, 
l'évêque  de  Valence  n'en  demeura  pas  moins  dans 
son  diocfee  jusqu'à  la  fin  du  mois  de  novembre 
1658,  où  il  alla  à  Lyon  retrouver  la  cour  qui 
s'était  rendue  dans  cette  ville  pour  le  mariage 
projeté  en  apparence,  du  roi  avec  la  princesse  de 
Savoie.  La  cour  de  Savoie  s'était  aussi  rendue 
dans  cette  ville,  où  des  fêtes  brillantes  furent 
données,  mais  où  l'évêque  de  Valence  s'aperçut 
des  premiers  que  cette  éclatante  démonstration 
n'était  qu'une  feinte  pour  presser  l'Espagne  d'ac- 
corder au  roi  la  main  de  l'infante.  En  effet, 
l'Espagne  envoya  immédiatement  Pimentel  pour 
faire  des  ouvertures;  le  mariage  de  Savoie  Eut 
rompu,  et  le  mariage  avec  l'infante  entra  dans 
la  voie  des  négociations. 

L'évêque  de  Valence  ne  suivit  pas  la  cour  à 
Paris,  mais  il  retourna  dans  son  diocèse  fwur  en 
achever  la  visite;  il  ne  le  quitta  qu'en  1660, 
appelé  auprès  de  Monsieur,  à  l'occasion  du  ma- 
riage du  roi  avec  l'infante  lors  de  la  conclusion 
de  la  paix  des  Pyrénées.  11  rejoignit  à  Aix  la  cour 
qui  avait  passé  l'hiver  en  Provence,  et  la  suivit 


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—  443  — 

à  Saint -Jean -de- Luz.  Il  fut  présent  à  la  première 
entrevue  du  roi  avec  l'infante  dans  l'Ue  de  la 
Bidassoa,  et  assista  à  la  célébration  du  mariage 
par  i'évèque  de  Bayonne  dans  l'église  de  Saint- 
Jean-de-Luz.  Suivant  l'usage,  des  sièges  avaient 
été  préparés  du  côté  de  l'évangile  pour  les  am- 
ba^adeurs,  et  du  côté  de  l'épitre  pour  les  évo- 
ques ;  comme  on  avait  oublié  de  réserver  un  banc 
pour  les  maréchaux  de  France,  ceux-ci  réclamèrent 
auprès  du  cardinal,  qui  leur  accorda  d'occuper  le 
banc  des  évèques  qu'on  fit  lever  de  leurs  places 
avec  quelque  scandale.  Le  soir,  le  cardinal  dit  aux 
personnes  qui  étaient  chez  lui  qu'un  maréchal 
s'était  vanté  que  s'il  eût  trouvé  un  évoque  assis 
et  qu'il  se  fût  trouvé  debout,  il  l'aurait  pris  par 
la  main  et  se  serait  mis  à  sa  place.  L'èvèque  de 
Valence  était  personnellement  désintéressé  dans  la 
question  parce  que,  en  raison  de  sa  charge,  il  avait 
assisté  à  la  cérémonie  auprès  de  Monsieur;  mais 
il  répliqua  brusquement  :  «  A  tel  évêque  ce  ma- 
réchal se  serait  adressé,  qu'on  peut  dire  que  de 
sa  vie  il  n'eût  vu  une  occasion  si  chaude.  »  Comme 
on  savait  que  le  propos  était  du  maréchal  de  Vil- 
ieroy,  qui  ne  passait  pas  pour  un  foudre  de  guerre, 
cette  répartie  divertit  fort. 

En  1661,  Monsieur  épousa  la  princesse  Henriette 
d'Angleterre,  fille  de .  Charles  1"  et  de  Henriette  de 
France.  Une  contestation  s'éleva  entre  l'abbé  de 
Montaigu,  premier  aumônier  de  la  reine  d'Angle- 
terre, et  l'évêque  de  Valence,  pour  savoir  lequel 
des  deux  célébrerait  le  mariage.  La  question  fut 


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portée  devant  le  roi  qui  se  prononça  en  faveur  de 
l'évêque  de  Valence  (1). 

Bien  qu'à  partir  de  son  mariage,  Monsieur  ait 
eu  une  maison  séparée  de  œlle  du  roi,  habitant 
le  Palais-Royal  ou  le  château  de  St-Cloud,  l'évêque 
de  Valence  ne  s'en  rendait  pas  moins  fréquemment 
dans  son  diocèse.  Il  y  éprouva  des  difficultés  pour 
le  maintien  de  la  justice  épiscopale,  qui  avait  été 
usurpée  dans  la  ville  de  Die  par  le  gouverneur 
de  la  ville,  M.  de  Saint-Fériol,  appuyé  par  le  duc 
de  Lesdiguières,  gouverneur  de  la  province,  et  par 
le  premier  président  du  parlement  de  Grenoble. 
Le  prélat  fît  évoquer  l'affaire  à  Paris;  il  obtint 
un  arrêt  du  conseil  qui  lui  donna  gain  de  cause. 
Au  même  moment,  il  remt  l'ordre  de  recevoir  à 
son  passage  à  Valence  le  cardinal  Chigi,  légat, 
qui  se  rendait  à  Paris  pour  faire  réparation  au 
roi  à  l'occasion  de  l'insulte  faite  à  Rome  par  la 
gai"de  corse  au  duc  de  Créqui,  ambassadeur  de 
France.  Le  légat  passa  plusieurs  jours  chez  l'évê- 
que de  Valence,  attendant  l'arrivée  du  duc  de  Les- 
diguières,  envoyé  au-devant  de  lui  par  le  roi.  Le 
duc  de  Lesdiguières  étant  arrivé,  l'évêque  de  Va- 
lence, autant  par  le  mécontentement  qu'il  avait 
éprouvé  à  l'occasion  de  l'affaire  de  M.  de  Saint- 
Fériol,  que  parce  qu'il  croyait  en  avoir  le  droit, 
prit  le  pas  sur  lui;  le  duc  de  Lesdiguières  fut 
si  furieux  qu'il  fil  partir  incontinent  un  couiTier 


(1)  La  Gazette  du  30  mars  I6£l  donne  les  détails  de  la  cérémonie 
qui  fut  célébrée  à  Paris,  dans  la  chapelle  do  l'appartement  de  la 
reine  d'Angleterre. 


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pour  se  plaindre  au  roi.  Le  prélat,  ayant  eu  à  se 
rendre  à  Paria  pour  les  couches  de  Madame,  fut 
vivement  interpellé  par  Le  Tellier,  qui  lui  dit  que 
le  roi  était  fort  mécontent  :  «  Monsieur,  répondit 
l'évèque,  j'ai  vu  le  roi  et  il  ne  m'en  a  rien  té- 
moigné. —  Il  vous  le  témoignera  sans  doute,  répli- 
qua le  ministre  ;  vous  savez  que  le  roi  veut  que  les 
gouverneurs  précèdent  tout  le  monde  dans  leurs 
provinces.  —  Cela  m'est  nouveau,  repartit  l'évèque. 
—  Je  ne  m'étonne  pas,  Monsieur  (1),  s'écria  Le 
Tellier,  que  cela  soit  nouveau  pour  vous,  ce  n'est 
pas  un  point  de  théologie.  —  Monsieur,  repartit 
l'évèque,  je  crois  être  de  qualité  à  savoir,  non- 
seulement  la  théologie,  mais  de  quelle  manière 
l'on  vit  dans  le  plus  grand  monde,  et  j'espère 
que  Sa  Majesté  sera  satisfaite  lorsqu'elle  saura 
que  je  n'ai  rien  fait  qui  ne  soit  conforme  à  ses 
déclarations,  à.  ses  règlements  et  à  ses  arrêts; 
mais  comme  ce  sont  des  arrêts  et  des  règlements 
faits  dans  un  temps  où  vous  n'aviez  pas  encore 
les  emplois  que  vou?  avez  aujourd'hui,  je  ne 
m'étonne  pas  si  vous  me  blâmez.-  »  L'affaire  se 
termina  devant  le  roi;  l'évèque  exposa  Ses  droits 
fondés  sur  de  nombreux  arrêts;  Le  Tellier  soutint 
que  M.  de  Lesdiguières  représentait  la  personne 
-du  roi.  a  Monsieur,  s'écria  l'évèque,  on  est  fort 
e.tcusable  de  s'y  méprendre,  car  jamais  copie  n'a 


(1)  On  ne  donout  pas  alors  aux  évéques  le  titre  de  Monseigneur; 
ce  De  fut  que  vers  le  milieu  du  règne  de  Louis  XIV  que  l'usage 
commença  de  le  leur  donner.  (Voy.  les  Mémoires  du  duc  de  Saint- 


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moins  ressemblé  à  son  original.  »  Le  Tellier  fut 
déconcerté,  le  roi  se  mit  à  rire  et  l'affaire  finit  là. 
■  Le  cardinal  Chigi,  en  témoignage  de  bon  sou- 
venii'  de  l'accueil  de  l'évêque  de  Valence,  envoya, 
quelques  années  après,  au  monastère  des  reli- 
gieuses de  la  Visitation,  les  reliques  du  corps  de 
Saint-Romain;  l'évêque  en  fît  la  translation  avec 
de  solennelles  cérémonies,  et  l'abbé  de  Brissac  pro- 
nonça le  sermon  (1). 

Le  cardinal  Mazarin  était  mort  au  mois  de  mars 
de  l'année  1661,  sans  avoir  rendu  à  l'évêque  de 
Valence  ses  deux  bénéfices;  sa  mort  faisait  un 
grand  vide  à  la  cour  pour  le  prélat;  il  lui  restait 
toujoure  les  bontés  de  la  reine-mére;  mais  cette 
princesse  mourut  à  son  tour  en  1666,  et  le  prince 
de  Conti  la  suivit  de  près.  Ces  disparitions  firent 
que  l'évêque  de  Valence  se  rapprocha  davantage 
de  Monsieur  et  de  Madame;  et,  à  l'un  et  à  l'autre, 
il  rendit  d'éminents  services.  A.u  prince,  il  traça 
par  écrit  un  plan  de  conduite  pour  qu'il  ne  se 
laissât  pas  décboir  dans  une  complète  nullité  ;  il 
conçut  le  projet  de  placer  sur  la  tête  de  ce  prince 
la  couronne  de  Naples;  dans  la  campagne  de  1667, 
au  siège  de  Toiu-nai,  il  l'engagea  à  aller  dans  la 
tranchée  et  l'y  accompagna  lui-même.  Le  roi  qui 
n'aimait  pas,  par  politique,  que  son  frère  se  mit 
en  avant,  le  railla  au  retour  en  lui  demandant  s'il 
avait  envie  de  se  faire  sac  à  terre.  Un  libelle 
offensant  avait  paru  sous  ce  titre  :  les  Amours  de 

(1)  Voy.  la  GazuUc;  arlide  sous  I»  rubrùnie  :  Valence,  15  ou- 


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Madame,  faisant  allusion  à  ces  rapports  innocents 
au  fond  avec  le  comte  de  Guiche,  mais  compro- 
mettants néanmoins,  que  M""  de  La  Fayette  a  ra- 
contés dans  ses  Mémoires;  Madame  en  exprima 
son  chagi'in  à  son  premier  aumônier;  celui-ci 
s'éloigna  sans  lui  répondre.  Quelques  jouis  après, 
la  princesse  le  vit  reparaître  lui  apportant  l'édition 
toute  entière  qu'il  était  allé  acheter  en  Hollande, 
où  elle  avait  été  imprimée.  Cependant  Monsieur 
donnait  à  la  princesse  de  bien  autres  chagrins  par 
sa  fâcheuse  liaison  avec  le  chevalier  de  Lorraine, 
fait  comme  on  peint  les  anges;  de  plus,  le  che- 
valier avait  noué  une  intrigue  avec  une  fille 
d'honneur  de  la  princesse.  L'union  entre  les  deux 
époux  en  fut  profondément  altérée.  L'évèque  de 
Valence  s'étant  rangé  du  pani  de  Madame,  Mon- 
sieur connut  aussitôt  contre  lui  l'animosité  la  plus 
vive,  et  lui  envoya  l'ordre  de  se  défaire  de  sa 
charge  et  de  se  retirer  dans  son  diocèse.  Ce  der- 
nier ordre  était  un  e.il;  malgré  les  supplica- 
tions de  la  reine  d'Angleterre  et  de  Madame,  le 
roi  le  confirma  en  disant  qu'il  ne  serait  pas  con- 
venahle  de  sa  part  de  refuser  eette  satisfaction  à 
son  frère.  En  réalité,  le  monarque  n'était  pas 
fâché  de  saisir  cette  occasion  d'éloigner  du  duc 
,  d'Orléans  un  homme  qui  lui  donnait  des  conseils 
qui  n'étaient  pas  à  son  gré. 

Cet  exil  de  l'évèque  de  Valence  coïncidait  avec 
des  circonstances  politiques  d'une  haute  impor- 
tance :  le  roi  méditait  une  alliance  avec  Charles  11, 
roi  d'Angletene,  pour  entreprendre  la  guerre  con- 
tre la  Hollande;  et,  pour  mieux  réussir,  il  s'adres- 


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sait  à  l'influence  de  Madame  sur  son  royal  frère; 
cette  princesse  devenait  ainsi  le  pivot  des  négo- 
ciations engagées.  Dans  une  semblable  conjoncture, 
elle  eût  été  bien  aise  de  s'aider  des  conseils  de 
l'évoque  de  Valence,  en  qui  elle  avait  placé  la 
plus  grande  confiance;  d'autant  plus  que  l'une  des 
clauses  du  traité  à  intervenir  était  que  Charles  II 
se  déclarerait  catholique,  déclaration  bien  délicate 
au  point  de  vue  poKtique,  en  raison  du  protes- 
tantisme qui  dominait  dans  ses  états.  Madame  mé- 
nageait même  à  cette  occasion  qu'un  chapeau  de 
cardinal,  à  la  nomination  du  roi  d'Angleterre, 
serait  donné  à  l'évèque  de  Valence.  Elle  écrivit 
elle-même  au  prélat  et  lui  fit  écrire  par  la  mar- 
quise de  Saint-Chaumont,  sœur  du  maréchal  de 
Gramont,  gouvernante  de  ses  enfants,  lettres  sur 
lettres  pour  qu'il  vint  secrètement  la  trouver. 
L'évèque,  après  avoir  résisté  en  raison  de  son 
eïil,  finit  par  céder  et  partit  de  son  dioièse  sous 
prétexte  d'aller  en  Limousin  en  passant  par  une 
dé  ses  abbayes;  en  réalité  il  prit  la  route  de 
Paris;  le  rendez-vous  convenu  avec  la  prin- 
cesse était  à  Saint-Denis.  A  Milly,  il  fut  attaqué 
d'un  mal  si  subit  que  son  neveu  qui  l'accompa- 
gnait, Claude  de  Cosnac  de  la  Marque,  tué  depuis 
à  la  journée  de  Saverne  étant  aide  de  camp  du 
maréchal  de  Turenne,  le  conduisit  en  toute  hâte 
dans  Paris  pour  qu'il  fût  à  la  portée  des  méde- 
cins; il  le  ht  descendre,  sous  un  nom  supposé, 
rue  aux  Ours,  chez  un  maître  tireur  d'or.  Le  mé- 
decin appelé  trahit  son  incognito  en  révélant  sa 
présence  à  Louvois,  qui  partageait  conti-e  l'évèque 


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les  rancunes  de  Le  Tellier,  son  père,  et  qui  se 
méfiait  qu'il  ne  se  mêlât  des  négociations  avec 
l'Angleterre.  Comme  il  y  aurait  eu  scandale  à  ar- 
rêter un  évéque,  il  feignit  de  le  prendre  pour  un 
faux-monnayeur  et  envoya  des  archers  pour  l'ar- 
rêter. Le  prélat  eut  beau  protester  de  sa  qua- 
lité d'évêque,  on  lui  répondit  qu'on  n'y  croyait 
pas  et  on  le  conduisit  au  Fort-l'Évêque.  Avant, 
de  quitter  son  lit,  sous  prétexte  d'un  remède,  il 
avait  adroitement  fait  disparaître  les  papiers  dont 
il  était  porteur  (1).  Ces  papiers  concernaient  le 
chevalier  de  Lorraine,  dont  Madame  méditait  la 
disgrâce,  et  l'affaire  d'Angleterre.  Il  eût  été  aussi 
dangereux  pour  Madame  que  pour  le  prélat  que 
ses  papiers  eussent  été  saisis;  en  dehors  du  roi, 
de  ses  ministres  el  de  Madame,  en  France,  de 
Charles  II,  de  milord  Arlington  et  du  duc  de 
Buckingbam,  en  Angleterre,  tout  le  monde  igno- 
rait la  négociation  entamée  avec  l'Angleterre,  ex- 
cepté pourtant  le  maréchal  de  Turenne,  qui  eut 
la  faiblesse  de  confier  ce  secret  à  M""*  de  Coet- 
quen.  Monsieur  était  tenu  soigneusement  à  l'écart. 
L'évêque  de  Valence  avait  été  à  la  mort;  la  joie 
d'avoir  fait  disparaître  ses  papiers  le  rendit  à  la 
vie.  Il  écrivit  pour  faire  reconnaître  sa  qualité, 
et  comme  on  ne  pouvait  prolonger  une  erreur 
volontaire,  on  le  remit  en  liberté,  mais  avec 
ordre  de  se  rendre  à  l'Isle-Jourdain,  en  Lan- 


(1)  Le  duc  de  Saint-Simoa  et  TabbÔ  de  Clioiay  bo  eont  plu  à 
donner  plaisamment  dans  leurs  Mémoires  les  détails  les  plus  cir- 
constaociés  sur  le  mode  de  suppression  de  ces  papiers  compro- 
mettants. 


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guedoc,  changeant  ainsi  en  un  exil  plus  sévère 
son  précédent  exil  dans  son  diocèse. 

Madame  fut  désespérée;  elle  fit  vainement  in- 
tervenir Charles  II  en  faveur  de  l'évéque  de  Va- 
lence. Enfin  elle  dut  partir  pour  Douvres,  lieu 
choisi  pour  son  entrevue  avec  son  royal  frère;  elle 
en  revint,  rapportant  le  traité  signé  entre  les  deux 
couronnes.  Peu  de  jours  après  une  mort  suhite 
l'enlevait  à  Saint-Cloud,  et  il  ne  restait  plus  à 
Bossuet  qu'à  proférer  ce  cri  dans  son  éloquente 
oraison  funèbre  :  Madame  se  meurt  !  Madame  est 
morte! 

Après  environ  deux  années  d'exil  (1),  l'évéque 
de  Valence  reçut  l'autorisation  de  retourner  dans 
son  double  diocèse  où  il  s'appliqua,  avec  le  zélé 
infatigable  qui  était  dans  son  caractère,  aus  nom- 
breuses affaires  ecclésiastiques  et  à  la  reconstnic- 
tion  de  la  cathédrale  de  Die.  Ses  diocèses,  celui 
de  Die  surtout,  avaient  été  depuis  longtemps  envahis 
par  la  religion  protestante;  des  temples  y  avaient 
été  élevés  de  toutes  parts,  en  dépassant  de  beau- 
coup les  tolérances  de  l'édit  de  Nantes.  Le  prélat 
s'adonna  tout  entier  et  avec  succès  aux  conver- 
sions et  à  la  destruction  des  temples  (2),  en  sorte 


(1}  L'ttbbé  de  Choisy  dit  que  son  exil  dura  quatorze  ans;  nous 
rectifions  celte  erreur  au  moyen  d'une  lettre  de  M"*  de  Sévigné, 
datée  de  Valence  le  6  octobre  1673,  dans  laquelle  elle  écrit  A  sa 
fille  :  0  J'ai  âtâ  droit  chez  le  prélat,  il  a  bien  de  l'esprit;  nuus  avons 
causé  une  heure;  ses  malheurs  et  votre  mérite  ont  fait  les  deux 
principaux  points  de  la  conversation.  « 

(2)  Il  obtenait  leur  dostruclion  par  dos  arrêts  rendus  par  le  con- 
seil du  roi  ;  nous  possédons  la  copie  d'un  grand  nombre  de  ces 


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que  lorsque  l'Mit  de  Nantes  fut  révoqué  plus  tard^, 
il  ne  restait  presque  plus  rien  à  faire  dans  les 
diocèses  de  Valence  et  de  Die;  sur  quatre-vingts 
temples  il  n'en  restait  plus  que  dix  ou  douze, 
que  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes  fit  dispa- 
raître à  leur  tour;  et  les  dragonnades,  cet  affreux 
moyen  de  conversion  imaginé  par  Louvois,  furent 
presque  entièrement  évitées.  Le  diocèse  de  Valence 
comprenait  une  partie  du  Vivarais,  sur  la  rive 
droite  du  Rhône;  l'évèqûe  convertit  et  sauva  la 
vie  à  l'un  des  principaux  ministres  de  la  contrée, 
Pineton  de  Chambrun.  Ce  ministre,  délivré  de  la 
prison  où  il  était  renfermé,  s'enfuit  à  Genève, 
revint  ati  protestantisme,  et,  pour  se  réhabiliter 
parmi  ses  coreligionnaires,  publia  un  livre  dans 
lequel  il  attribue  sa  conversion  aux  obsessions  du 
prélat  (1). 

Depuis  le  retour  de  son  exil  à  l'Isle- Jourdain, 
l'évêque  de  Valence  n'avait  pas  quitté  son  dio- 
cèse, lorsqu'il  fut  obligé  d'accepter  la  députation 
à  l'assemblée  du  clergé  de  1682.  En  se  rendant  à 
Paris,  il  s'arrêta  à  Fontainebleau  où  était  le  roi, 
qui  lui  dit  dans  une  audience  particulière  dans 
son  cabinet  :  «  Monsieur,  je  vous  ai  fait  savoir 
que  je  n'avais  eu  aucune  part  à  toutee  qui  vous 
est  arrivé  de  désagréable  que  de  l'avoir  souffert, 
je  vous  le  dis  encore  et  en  suis  très  fâché.  » 
Quelque  temps  après,  le  roi  parlant  de  lui  à  l'ar- 


(I)  Livre  intitnié  :  Les  Larmes  de  Jacquet  Pineton  de  Cham- 
brun, paileur  de  la  maison  du  prince  d'Orange,  Téédilé  on  tS54 
par  M.  Schœffer,  sur  l'édition  originale  de  1688. 


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chevêque  de  Paris,  s'exprima  en  ces  termes  :  «  Il 
faut  le  garder  pour  un  grand  poste.  »  L'évêque 
revit  Monsieur,  qui  parut  fort  embarrassé  et  qui 
le  présenta  à  Charlotte-Elisabeth  de  Bavière,  sa 
seconde  femme.  L'entrevue  fut  courte;  elle  ne 
pouvait  plaire  ni  à  l'un  ni  aux  deux  autres. 

Daniel  de  Cosnac,  étant  évoque  de  Valence, 
avait  fait  partie  comme  député  de  quatre  assem- 
blées du  clergé  de  France;  les  procès-verbaux 
imprimés  de  ces  assemblées  gardent  les  nom- 
breuses preuves  de  la  part  active  qu'il  prit  à 
leurs  travaux;  il  était  toujours  nommé  membre 
des  (omûiissions  les  plus  importantes.  Il  prononça 
dans  l'assemblée  de  1666,  un  remarquable  dis- 
cours sur  les  limites  du  pouvoir  des  papes  en 
matière  temporelle,  question  tout  à  fait  indépen- 
dante du  dogme  de  l'infaillibilité  en  matière  spi- 
rituelle qui  n'a  été  proclamé  que  de  nos  jours; 
ce  dogme  lui-même  restait  donc,  à  cette  époque, 
dans  le  domaine  des  discussions  permises.  On  ne 
saurait  par  conséquent,  sans  commettre  une  injus- 
tice et  un  anachronisme,  infliger  aujourd'hui  un 
blâme  rétrospectif  à  l'épiscopat,  au  clergé  et  aux 
catholiques  de  France,  qui,  dans  leur  immense 
majorité,  étaient  imbus  de  la  croyance  de  la  supé- 
riorité des  conciles  sur  les  papes  et  de  l'indé- 
pendance des  rois  en  matière  temporelle.  Il  y  a 
quelque  probabilité  que  ce  dernier  principe,  qui 
n'est  pas  touché  du  reste  par  la  déclaration  d'in- 
faillibilité ,  sauva  la  France ,  déchirée  par  les 
guerres  de  religion,  de  la  victoire  du  protestan- 
tisme, contrairement  à  ce  qui  s'est  passé  en  An- 


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gleterre  et  dans  une  partie  de  l'Allemagne,  qui 
n'avaient  pas  eu  pour  lui  résister  la  force  locale 
d'une  église  nationale  respectueuse  de  la  supré- 
matie spirituelle  du  saint-siége,  mais  faisant  corps 
avec  le  souverain  dans  les  questions  d'indépen- 
dance temporelle.  Ces  dissentiments  étaient  loin 
d'avoir  l'aigreur  qu'on  a  voulu  y  apporter  de  nos 
jours;  de  part  et  d'autre  on  respectait  la  sincé- 
rité des  convictions  opposées,  et  les  relations  n'en 
étaient  pas  foncièrement  altérées.  Au  plus  fort  de 
ses  difficultés  avec  la  cour  de  Rome,  Louis  XIV 
n'avait  jamais  cessé  d'avoir  un  jésuite  pour  con- 
fesseur; de  même  les  jésuites,  bien  que  n'igno- 
rant pas  les  opinions  gallicanes  de  ï'évêque  de 
Valence,  plus  tard  de  l'archevêque  d'Aix,  ne  ces- 
sèrent jamais  de  lui  témoigner  la  plus  grande 
déférence;  il  prêchait  dans  leurs  églises;  le  P.  Im- 
bert,  jésuite,  lui  dédia  un  poème  en  neuf  cents 
vers  latins  intitulé  :  Sectœ  calvinianœ  in  Gallia 
tota  catholica  tumulus.  (Valent.  1689,  in-4°.)  Si- 
gnalons encore  parmi  ses  apologistes  l'auteur  d'un 
livre  qui  porte  ce  titi-e  :  La  Vérité  découverte  par 
le  Mercure  d'Aix  malgré  les  ténèbres  obscures 
des  médisants  sacnléges  (1).  Notons  que  toutes 
ces  apologies  sont  postérieures  à  l'assemblée  du 
clergé  de  1682. 
Dans  cette  assemblée  de  1682,  ï'évêque  de  Va- 


(1)  Ce  livre,  signalé  dans  U  Bibliothèque  de  France  du  P.  Le- 
long,  se  trouve  &  Aix,  k  la  Bibliothèque  Méjanea;  il  ne  porte- 
d'autre  nom  d'auteur  que  les  initiales  suivantes  ;  Le  S.  D.  S.  O. 
C.  ch.  th.  D.,  doat  voici  la  traduction  :  Le  sieur  de  Sériianis,  doc- 
teur canonique,  chanoine  théol<^al  d'Aix. 


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lence  ne  prit  du  reste  aucune  initiative;  elle  fut 
prise  tout  entière  par  Bossuet,  qui  dressa  dans  les 
célèbres  quatre  articles  une  sorte  de  formulaire  des 
croyances  de  l'Église  gallicane.  Ces  articles  furent 
désavoués,  et  néanmoins,  au  su  de  la  cour  de 
Rome,  ils  n'ont  cessé»d'étre  enseignés  dans  les 
séminaires  qu'après  la  Révolution  de  1830. 

L'assemblée  de  1685  eut  une  célébrité  d'un 
autre  genre  par  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes; 
l'évoque  de  Valence  en  fit  également  partie  ;  nous 
avons  vu  que  son  zèle  n'avait  pas  eu  besoin  de 
mesures  violentes  pour  rétablir  la  foi  dans  son 
double  diocèse. 

Outre  sa  mission  spirituelle,  Daniel  de  Cosnac 
avait  encore  à  exercer  certains  droits  temporels 
d'administration  seigneuriale  et  à  régir,  en  qua- 
lité de  chancelier,  l'Université  de  Valence.  Les 
diplômes  étaient  délivrés  en  son  nom  (1).  Tous 
ces  soins  l'avaient  attaché  par  des  liens  étroits  ji 
ses  deux  diocèses,  lorsqu'il  fut  obligé  par  le  roi 
d'accepter,  en  1687,  sa  nomination  à  l'archevêché 
d'Aix.  Les  diocèses  de  Valence  et  de  Die,  autrefois 
distincts,  furent  de  nouveau  séparés. 

L'arehevê  -hé  d'Aix,  malgré  la  supériorité  de  son 


(I)  Noua  possédons  trois  de  ces  diplômes.  Le  plus  ancien  est 
écrit  en  lettres  de  couleur  sur  parchemin;  les  deux  autres  sont 
imprimés  sur  parchemin;  ils  portent  un  sceau  en  cira  rouge  ren- 
fermé dans  une  boite  de  fer-blanc;  l'empreinte  représente  une 
Vierge  tenant  l'Enfant-Jésus,  avec  cet  exergue  :  Sigillum  almx 
Unioeraitatia  Valenlinx;  au  bas,  les  armoiries  du  prélat.  Ce 
sceau,  que  nous  avons  communiqué  à  M.  do  Bosrcdon,  a  été  re- 
produit dans  lo  Bulletin  de  la  Société  scientifique,  hiatorique  et 
archéologique  de  la  Corréze. 


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titre,  était  bien  moins  important  que  les  évêchés 
réunis  de  Valence  et  de  Die;  il  avait,  il  est  vrai, 
des  attributions  considérables  d'un  ordre  politique, 
mais  elles  avaient  été  usui'pées;  ses  revenus  eussent 
été  insuffisants  si  Daniel  de  Cosnac  n'eût  été  titu- 
laire de  plusieurs  abbayes,  entre  autres  de  celle 
de  Saint-Taurin  d'Évreax,  que  le  roi  lui  échangea 
plus  lard  contre  l'abbaye,  plus  importante,  de 
Saint-Riquier.  Il  y  avait  à  considérer  encore  qu'en 
raison  des  difficultés  pendantes,  la  cour  de  Borne 
ajournait  l'obtention  des  bulles,  et  que  tous  les 
évêques  nouvellement  promus  ne  pouvaient  admi- 
nistrer leurs  diocèses  qu'au  titre  d'évêques  nom- 
més. Il  y  avait  encore  à  faire  entrer  en  ligne  de 
compte  le  caractère  des  provençaux.  Il  fallut  toute 
l'obéissance  que  l'on  avait  à  cette  époque  aux 
volontés  du  roi,  pour  que  l'évêque  de  Valence  se 
résignât  à  accepter. 

En  effet,  dès  le  début,  des  difficultés  de  toutes 
sortes  surgirent  sous  les  pas  du  nouvel  arche-  ■ 
vêque  d'Ai-i  ;  mais  il  n'était  pas  d'une  nature  à 
faiblir  dans  les  luttes,  et  il  justifia  le  mot  de 
Louis  XIV  lorsqu'il  le  mit  en  présence  des  pro- 
vençaux :  «  Vous  êtes  bien  homme  pour  eux.  » 
Du  reste,  il  sut  habilement  vaincre  tous  les 
obstacles,  faire  apprécier  par  ses  diocésains  sa 
haute  valeur,  et,  au  bout  de  peu  d'années,  la 
paix  régnait  dans  un  diocèse  qu'il  avait  trouvé 
profondément  troublé.  Il  reçut  ses  bulles  en  1693 
et  le  pallium  en  1694. 

La  première  difficulté  qu'il  eut  à  surmonter  fut 
relative  à  la  présidence  des  états  de  Provence, 


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qui  ne  s'appelaient  plus  que  l'Assemblée  des  com- 
munautés (1),  depuis  que  Richelieu,  pour  punir 
Ira  Provençaux  de  leur  caractère  ombrageux,  avait 
restreint,  en  1639,  les  attributions  de  ces  assem- 
blées; cependant  ii  leur  restait  encore  celle  de  voter 
l'impôt.  La  présidence  appartenait  à  l'archevêque 
d'Ail  ;  mais,  grâce  au  comte  de  Grignan,  son  frère, 
lieutenant-général  de  la  province,  l'archevêque 
d'Arles  l'avait  usurpée.  Le  différend  fut  porté  de- 
vant le  roi,  qui  donna  raison  à  l'archevêque  d'Aix. 
M"'  de  Sévigné,  furieuse  de  l'échec  du  beau-frère 
de  sa  lille,  changea  alors  singulièrement  de  lan- 
gage sur  le  compte  de  l'archevêque  d'Aix  dans  sa 
correspondance.  Chaque  année  l'archevêque  appor- 
tait au  roi  le  cahier  des  délibérations. 

Notons  encore  des  difficultés  avec  l'Université 
d'Aix,  dont  l'archevêque  mit  à  néant  certaines 
usurpations  par  des  arrêts  obtenus  du  conseil  du 
roi;  des  difficultés  peu  graves  avec  le  parlement, 
qui  se  plaignit  que  les  gens  de  la  maison  de 
l'archevêque  prissent  le  pas  sur  lui,  parce  qu'il 
s'en  faisait  suivre  dans  les  processions;  des  diffi- 
cultés avec  le  chapitre,  qui  se  disait  l'arbitre  sou- 
verain du  cérémonial,  qui  voulait  s'immiscer,  en 
dehors  des  règles  admises,  dans  l'administration 
du  diocèse,  et  qui  prétendait  en  référer  au  vice- 
légat  d'Avignon;  prétentions  destructives  de  l'au- 
torité épiscopale  qui  sut  se  faire  respecter;  dif- 
ficultés enfin  avec  quelques  couvents,  qui  se 
retranchaient  derrière  certaines  immunités  pour 

(1)  C'est-Mire  des  communes. 


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se  croire  fondés  à  refuser  de  recevoir  la  visite 
de  l'archevêque. 

Pendant  l'un  de  ses  voyages  à  Paris,  l'arche- 
vêque d'Aix  conclut  le  mariage  de  sa  petite-nièce 
Angélique  de  Cosnac,  fille  de  son  neveu  François, 
marquis  de  Cosnac,  et  de  Louise  d'Esparbez  de 
Lussan  d'Aubeterre,  petite-fille  du  maréchal  de 
France  de  ce  nom,  avec  le  comte  d'Egmont,  duc 
de  Gueldres,  prince  du  Saint-Empire,  grand  d'Es- 
pagne, de  l'une  des  plus  puissantes  maisons  des 
Pays-Bas  (1).  Angélique  avait  été  élevée  par  la  cé- 
lèbre princesse  des  Ursins,  sa  tante  à  la  mode  de 
Bretagne,  à  laquelle  Daniel  de  Gosnac  avait  rendu 
d'importants  services,  notamment  en  lui  obtenant 
du  roi  une  indemnité  considérable  pour  les  dé- 
penses qu'elle  avait  faites  dans  l'intérêt  de  la 
France,  alors  qu'elle  habitait  à  Rome  {2).  Après  son 
mariage,  la  comtesse  d'Egmont  reçut  dans  son  hôtel 
de  la  rue  Taranne,  à  Paris,  la  princesse  des  Ursins 
revenant  de  Madrid;  l'archevêque  d'Aix  y  logeait 
également,  et  ils  avaient  ensemble  des  conférences 
sur  les  affaires  d'Espagne,  auxquelles  le  duc  de 
Saint-Simon  attribue  une  sérieuse  importance  dans 


(1)  Voy.  sur  ce  mariage  les  Mémoires  du  duc  de  Saint-Simon;  il 
signale  te  tabouret  chez  la  reine  qui  fut  donné  à  la  nouvelle  com- 
tesse d'Egmont.  La  Gmelte  du  30  mars,  et  le  Mercure  galant  du 
mois  de  mai  ltj97,  donnent  d'intéressants  détails  sur  ce  mariage, 
qui  fut  célébré  par  l'archevêque  d'Aix  dans  l'église  de  St-Sulpice, 
à  Pans.  Le  comte  d'Egmont  n'eut  jioint  d'enfants  de  son  mariage, 
et  te  grand  nom  d'Egmont  passa  aux  enfants  de  sa  sœur,  qui  avait 
épousé  un  Pignatelh,  duc  de  fiisaccia. 

[3)  Voy.  la  Notice  dont  noua  avons  fait  précéder  les  Mémoires 
de  Daniel  de  Cosnac,  p.  107. 


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ses  Mémoires.  11  est  certain  que  l'archevêque 
d'Aix  contribua  puissamment  à  la  rentrée  en  fa- 
veur de  la  princesse,  un  moment  disgraciée  par 
Louis  XIV,  et  par  suite  contribua  à  son  retour 
à  Madrid. 

En  1701,  Daniel  de  Coanac  reçut  du  roi  la 
faveur  la  plus  haute  et  la  plus  enviée  de  la  cour, 
il  fut  nommé  commandeur  de  l'Ordre  du  Saint- 
Esprit;  il  fut  re™,  le  15  mai,  dans  la  chapelle 
de  Versailles  avec  le  maréchal  de  Tallard  et  Henri- 
Charles  de  Gambout,  duc  de  Coislin,  évèque  de 
Metz,  premier  aumônier  du  roi  (I).  La  même 
année  Gabriel  de  Cosnar*,  son  neveu,  prévôt  de 
l'église  métropolitaine  d'Aix,  agent  général  du 
clergé  de  France  à  l'assemblée  de  1701 ,  fut  nommé 
évèque  et  comte  de  Die.  Cette  même  année  encore 
fut  marquée  par  la  mort  de  Monsieur,  diic  d'Or- 
léans, l'auteur  de  la  disgràcej  en  1G69,  de  Daniel 
de  Gosnac.  Par  un  rapprochement  et  un  contraste 
singuliers,  l'assemblée  du  clergé  de  France  char- 
gea l'archevêque  d'Aix  d'adresser  au  roi,  en  son 
nom,  un  discours  de  condoléance  sur  la  perte 
qu'il  venait  de  faire  (2). 

Comme  archevêque  d'Aix,  Daniel  de  Cosnac  fut 


(I)  Voy.  les  Mémoires  du  duc  de  Saint-Simon  et  Vfliitaire  des 
grands  ofpcierê  de  ta  Couronne,  du  P.  Anselme;  les  preuves  de 
noblesse  de  Daniel  de  Cosnac  pour  l'Ordre  du  Saint-Esprit,  t.  II 
de  ses  Mémoire».  La  Gazette  du  20  mai  1700  doutie  le  récit  de 
celta  cérâmonie, 

(î)  Ce  discours,  prononcé  à  Versailles  le  19  juin  1701,  est  inséré 
dans  les  procès -ver  baux  imprimés  des  assemblées  du  clergé  do 
Frwice;  nous  l'avons  reproduit  à  l'appendice  du  t.  II  des  Mé- 
moires de  Daniel  de  Gosnac. 


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député  à  quatre  assemblées  du  clergé  de  France, 
celles  de  1690,  de  1695,  de  1701  et  de  1707;  il  y 
fut,  comme  précédemment,  membre  des  commis- 
sions les  plus  importantes.  Depuis  que  la  guerre 
de  la  succession  d'Espagne  avait  jeté  la  France 
dans  une  phase  difficile,  des  subsides  considéra- 
bles étaient  demandés  au  clergé,  et  le  patriotisme 
de  l'archevêque  d'Aix,  président  de  la  commission 
des  contrats  et  moyens,  c'est-à-dire  des  finances, 
ne  marchanda  jamais  les  sacrifices. 

A  son  retour  à  Aix,  après  la  clôture  de  l'assem- 
blée de  1707,  une  grande  tristesse  lui  était  ré- 
servée; il  trouvait  la  Provence  en  partie  envahie 
par  le  duc  de  Savoie  à  la  tète  d'une  armée;  le 
maréchal  de  Tessé  avait  établi  à  Aix  son  quartier- 
général  pour  repousser  cette  invasion. 

La  dernière  heure  de  la  longue  vie  de  Daniel 
de  Cosnac  allait  sonner;  il  termina  à  Aix,  le  21 
janvier  1708,  une  existence  laborieusement  rem- 
plie; il  comptait  cinquante-trois  années  d'épis- 
copat,  qui  faisaient  de  lui  le  doyen  des  évèques 
de  France  (1).  Il  laissa  par  son  testament  des  legs 
au  séminaire  et  aux  deux  hôpitaux  de  la  ville 
d'Aix.  Dans  le  cours  de  son  épiscopat,  il  s'était 
occupé  de  la  solution  d'une  grave  question  que 
notre  époque  n'a  pas  résolue  encore,  mais  à  la- 
quelle il  avait  fait  faire  un  grand  pas  dans  son 
diocèse;  nous  voulons  parler  de  l'extinction  de  la 
mendicité  et  des  vagalionds,  en  réunissant  dans 


(1)  Voy.  sur  sa  mort  les  articles  de  février  1708  de  la  Gazette  et 
du  Nouveau  Mercure. 


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—  460  — 

des  maisons  créées  à  cet  effet  les  mendiants  inca- 
pables de  travail,  et  en  obligeant  les  vagabonds 
valides  à  rentrer  dans  leurs  paroisses  (1). 

Il  avait  arrêté  la  rédaction  de  ses  Mémoires  à 
l'année  1701,  et  publié  en  1687,  comme  évèque 
de  Valence  et  de  Die,  des  Ordonnances  sy- 
nodales (2). 

Les  obsèques  de  l'archevêque  d'Aix  fiu'ent  célé- 
brées avec  une  grande  pompe.  Un  curieux  docu- 
ment inédit  que  nous  reproduisons,  donne  le  récit 
de  sa  dernière  maladie  et  des  cérémonies  de  ses 
funérailles.  Cette  relation  fait  partie  de  la  biblio- 
thèque MéjaneSj  réunie  aujourd'hui  à  la  biblio- 
thèque de  la  ville  d'Ais;  elîe  est  insérée  dans  un 
volume  coté  lïxxhi,  portant  au  dos  :  Règlement 
de  Saint-Sauveur,  église  métropolitaine  de  la  ville 
d'Aix.  Son  auteur  est  d'autant  mieux  informé  qu'il 
remplissait  les  fonctions  de  maître  de  chœur  et 
qu'il  régla  lui-même  en  cette  qualité  tout  le  céré- 
monial. Il  est  à  regretter  qu'il  se  soit  presque 
exclusivement  renfermé  dans  une  froide  consta- 
tation des  faits,  sans  faire  participer  le  lecteur  aux 
impressions  qu'ils  ont  pu  produire,  pas  même  à 
celle  de  l'oraison  funèbre  qui  fut  prononcée  par 
le  R.  P.  Saint-Just,  ne  s'émouvant  que  pour  lui- 


(1)  Voy.  sa  lettre  datée  d'Aiï,  le  29  septembre  1708,  au  marquis 
de  Crotssy,  ministre -secrétaire  d'Ëtat,  que  nous  avons  acquise  dans 
une  vente  d'autographes  et  publiée  dans  notre  premier  Supplément 
à  ses  Mémoires,  Bulletin  de  la  Société  de  l'Histoire  de  France, 
année  1853. 

(2)  Nous  possédons  un  exemplaire  de  la  quatrième  édition  de  ces 
Ordonnances. 


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même,  faisant  ressortir  toute  la  peine  qu'il  s'est 
donnée  et  paraissant  trouver  un  peu  maigres  les 
honoraires  qui  lui  furent  alloués.  Toutefois,  les 
faits  que  renferment  sa  relation  sont  préférables 
au  récit  de  ses  impressions;  parmi  les  faits  nous 
trouvons  des  détails  sur  la  maladie  et  sur  la 
mort  édifiante  de  l'archevêque,  le  cérémonial 
observé  après  la  mort  dans  le  palais  de  l'arche- 
vêché, l'ordonnance  du  cortège  des  obsèques  qui 
parcourut  toute  la  ville  d'Aix,  les  places  assignées 
à  la  maison  de  l'archevêque  défunt,  aux  évêques, 
aux  paroisses,  aux  corporations  religieuses,  au  corps 
de  ville,  au  parlement  qui  s'était  rendu  aux  ob- 
sèques tandis  qu'il  s'était  abstenu  à  celles  du  car- 
dinal de  Grimaldi(l).  L'archevêché  d'Aix  comptait 
cinq  évèques  sutTragants  dont  deux  assistaient  aux 
funérailles,  l'évêque  d'Apt,  prélat  officiant,  et 
l'évêque  de  Riez  (2).  Un  troisième  évêque  était 
présent,  Gabriel  de  Cosnac,  évêque  de  Die,  neveu 
de  l'archevêque  défunt. 

Parmi  les  faits  que  contient  cette  Helation, 
il  en  est  un  particulièrement  à  noter,  celui  de  la 
date  de  la  mort  de  l'archevêque  d'Aix,  ses  divers 
biographes  et  les  auteurs  de  généalogie  ayant  varié 
sur  le  jour.  La  nomenclature  des  archevêques  et 


(1)  Jérânie  de  Grimaldi,  archevêque  d'Aix  du  30  septembre  1648 
au  4  novembre  t6Sâ. 

(2)  Voici  les  noms  des  cinq  évâques  sufFragants  vivants  à  cette 
époque  :  Joseph- Ignace  do  Foreata,  évôquo  d'Apt;  Jacques  Desma- 
rets,  évêque  do  Riez;  André-Hercule  de  Fleury,  évêque  de  Fréjus; 
François-fierger  de  Halissol,  évêque  de  Gap;  Louis  Thomassin, 
évêque  de  Sisteron, 

T.  Vil.  B-* 


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évêques  de  France,  insérée  dans  l'Annuaire  de  la 
Société  de  l'Histoire  de  France,  d'après  le  Gal- 
tia  christiana,  donne  la  date  du  8  janvier;  le 
Nobiliaire  de  Saint-Alais  et  la  Nouvelle  Bio- 
graphie générale,  donnent  la  date  du  18  janvier 
que  nous  avions  également  adoptée  dans  notre 
Introduction  à  ses  Mémoires;  désormais,  sur  un 
témoignage  irrécusable,  cette  date  reste  fixée  au 
21  janvier  1708. 


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CÉRÉMONIE  DES  OBSÈQUES 

MONSEIGNEUR   DANIEL  DE  COSNAC 

ARCHEVÊQUE  DAIX  0) 

MALADIE   DE   HONSBISNECR   l'aUCHEVÊQUB 
1707. 

Mgr  l'archevêque  Daniel  de  Cosnac  estant  tombé  malade 
au  commencement  du  mois  de  décembre  de  l'année  1707, 
quelques  jours  après  son  mal  empirant  nous  lui  poi'tâme.8 
le  Saint- Viatique  ;  tout  le  clergé  y  assista  parce  que  c'es- 
toit  au  temps  de  la  grande  messe.  Chacun  avoit  un  flam- 
bleau  allumé,  nous  en  prîmes  plusieurs  à  la  sacristie; 
après,  avant  que  de  partir,  on  en  apporta  de  chez  Mgr 
l'archevêque.  Le  dais  estoit  porté  par  quatre  prastrea,  et 
M.  l'abbé  de  Quillac,  prévost  et  grand-vicaire,  le  luy 
porta,  et  le  resceut  avec  grande  édification  ;  les  flambeaux 
fournis  par  le  Sgr  archevêque  resteront  la  moitié  à  la 
confrérie  de  Corpus  Domini;  l'autre  moitié 

Quelques  jours  ensuile,  nous  exposâmes  le  très  Saint- 
Sacrement  pour  demander  au  Seigneur  le  recouvrement 
de  sa  santé,  et  cela  pendant  trois  jours;  on  l'exposoit  après 
quatre  heures,  ayant  dit  vespres,  à  l'ordinaire;  et  on  don- 
noit  la  bénédiction  un  grand  quart  d'heure  après,  y  chan- 
tant le  tantum  ergo.  Le  X  et  celuy  des  infirmes  Satvum 


(I)  Nous  reproduisons  littéralemont  ce  document  avec  son  ortho- 
graphe du  temps  et  son  style  médiocre  et  confus;  son  mérite  con- 
siste daiis  l'exposé  des  (aits  dont  son  auteur  se  trouve  avoir  con- 
servé la  mémoire. 


DigmzcdbyGoOgle 


—  464  — 

servum  luum  Danielem  infirmum.  R/  Deus  meus  sperantem 
in  u,  et  les  deux  oraisons,  et  ces  mêmes  prières  suÎToienl 
dans  toutes  les  églises  de  trois  en  trois. 

Comme  la  maladie  a  duré  presque  deux  mois,  lorsqu'on 
avoit  fini,  nous  recommeDcioas,  et  nous  l'avons  fait  trois 
fois,  et  à  la  dernière  qui  fiit  après  la  feste  des  Rois  de 
l'année  1708.  Comme  il  y  avoit  plus  de  dix  jours  qu'il 
pleuvoit  continuellement  et  que  le  peuple  ii'alloit  pas  à 
la  campagne,  nous  l'exposâmes  après  le  benedicamus  Dewn, 
que  nous  disions  à  l'heure  ordinaire, 

(Prières  pour  demander  la  sérénité  1708.) 

HORT   DE   UONSBIGNEUR  L* ARCHEVÊQUE   DANIEL   DE  COSNAC 

Monseigneur  Daniel  de  Cosnac  est  mort  le  21  dernier 
à  dix  heures  et  demy  du  soir  de  l'année  1708.  Le  di- 
manche 22  on  a  commencé  de  sonner  toutes  les  cloches 
à  volées,  sur  les  six  heures  du  matin,  pendant  uoe  heure, 
faisant  un  intervalle  entre  deux  d'un  quart  d'heure,  au- 
quel temps  on  sonne  même  seul.  On  a  fait  la  même  chose 
à  midy,  à  quatre  heures,  et  le  soir  à  huit.  Ou  a  gardé 
cette  règle  tous  les  jours  jusques  au  vendredy  27  du  mois, 
auquel  jour  oo  l'a  ensevely;  c'est-à-dire  qu'on  sonna  qua- 
tre fois  par  jour,  comme  je  viens  de  le  marquer.  D'alwrd 
qu'il  fut  jour  le  dimanche,  on  me  fit  appeler  de  la  part 
de  Mgr  révéque{I),  qui  avoit  été  auparavant  prévost  de 
nostre  église;  lequel  estoit  venu  avec  Mgr  l'archevêque, 
depuis  son  dernier  voyage  de  Paris,  pour  me  demander 
de  quelle  manière  on  devoit  se  comporter  en  de  sem- 
blables occasions,  et  ce  qu'on  avoit  fait  à  feu  Mgr  le 
cardinal  de  Crimaldi,  auparavant  nostre  archevêque.  Je 
répondis  ce  qui  est  marqué  dans  la  suite,  et  ce  que  je 
fis  faire  d'aboi-d. 

Ou  embauma  en  premier  lieu  le  corps  de  feu  Mgr  l'ar- 


(I)  Gabriel  de  Cosnac,  ôvÉque  de  Die,  neveu  de    l'archevêque 
dâlunt. 


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—  465  — 

chevesque  Daniel  de  Cosnac.  Dans  ce  temps-là  je  fis 
dresser  dans  la  grande  salle  un  théâtre  et  par  dessus 
un  lit  de  parade;  à  l'enlour,  des  bancs  couverts  de  napes 
et  des  chandeliers  pur  dessus  au  nombre  de  16  à  18  des 
plus  gros  de  nostre  église,  des  ciergee  d'une  livre  qu'on 
changeoit  tous  les  matins;  ensuite  on  dressa  deux  aulels 
fort  propres  avec  leurs  gradins,  croix,  tableaux,  quatre 
chandeliers  à  chacun  avec  leurs  cierges  d'une  livre  qu'on 
changeoit  avec  les  autres,  et  bruloient  tous  les  jours;  les 
autels  avoient  des  ornements  noirs.  Toute  cette  grande 
décoration  esloit  entourée  de  gros  bancs  de  ceux  qu'on 
est  assis  aux  prédications,  qu'on  porte  dans  nostre  église 
et  qu'on  couvrit  de  grands  tapis  de  couleur. 

Tout  cela  estant  ainsi  disposé,  le  dimanche  au  soir 
on  mît  sur  le  lit  de  parade  le  corps  de  feu  Mgr  l'arche- 
vesque,  habillé  en  soutane  et  camail  violet,  le  rabat  et 
le  bonnet  avec  l'Ordre  du  Roy(l).  On  y  mit  le  bénitier 
d'argent  sur  un  banc  et  deux  ecclésiastiques  demeurèrent 
toujours,  un  diacre  et  sous-diacre,  se  relevant  les  uns  après 
les  autres  deux  à  deux,  tous  les  cierges  qu'on  changeoit 
ont  esté  à  eux.  Le  lundy  après  la  grande  messe,  le  cha- 
pitre y  fut  en -corps  faire  l'absoute;  ayant  auparavant 
député  quatre  chanoines  pour  visiter  le  corps,  et,  à  leur 
retour,  procédé  à  l'élection  des  grands  vicaires.  On  y 
chanta  le  De  profundis  en  musique  et  acheva  l'ybsoute  à 
l'accoutumée;  je  ils  ensuite  avertir  les  six  paroisses  après 
murs  du  séminaire;  lequel  séminaire  y  fut  d'abord;  après 
le  chapitre.  Le  môme  jour,  la  paroisse  Sainte-Magdeleine ; 
le  mardy,  celle  du  Saint-Esprit,  autrement  Saint- Jérôme  ; 
celle  du  Faubourg.  Ensuite  je  fis  avertir  tous  les  religieux 
dedans  et  dehors  la  ville,  auxquels  je  marquai  le  jour  et 
l'heure  pour  faire  leur  absoute.  Les  cinq  compagnies  des 
pénitents,  la  charité  et  le  grand  hôpital,  auxquels  je  mar- 
quai aussi  le  jour  et  l'heure,  afin  d'éviter  confusion;  de 
manière  que  de  celte- façon  presque  toutes  les  heures  du 

(t)  C'est-à-dire  l'Ordre  du  Saint-Esprit. 


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—  466  — 

lundy,  mardy,  mercredy  et  jeudy  il  y  eut  toujours  quelque 
communauté  auprès  du  corps  du  Sgr  archevêque,  outre 
les  deux  ecclésiastiques  qui  y  estoient  jour  et  nuit.  Pen- 
dant ces  quatre  jours,  et  quelques  heures  du  vendredy,  il 
y  eut  toujours  des  messes  aux  deux  autels;  beaucoup  des 
R.  R.  P.  P.  Religieux  y  furent,  mais  je  ne  les  avertis  pas, 
pour  y  dire  la  Sainte-Messe. 

Le  corps  ayant  demeuré  le  lundy  et  mardy  exposé  en 
camail,  le  mercredy,  grand  matin,  je  ûs  habiller  pontifl- 
c-ilement  avec  des  ornements  violets  qu'on  fit  faire  exprès; 
on  y  mit  encore  l'Ordre  du  Roy  et  le  paltium;  avec  tous 
lesquels  ornements  on  l'enterra,  —  Nota.  Tout  ce  que  j'ay 
fait  jusques  à  cette  heure,  ou  fait  faire,  ce  n'est  pas  de  ' 
l'employ  du  maître  du  choeur,  mais  je  l'ay  fait  parce  que 
Mgr  de  Die  et  M.  le  prévost  de  Quillac  m'en  ont  prié; 
mais  pour  faire  avertir  toutes  les  paroisses,  communautés, 
compagnies  des  pénitents  et  hôpitaux  pour  l'absoute,  c'est 
de  mon  devoir  et  par  conséquent  de  celuy  qui  sera  maître 
du  chœur  après  moy. 

DÉCORATION    DE   L'ÉGLISE   POUR    LES    OBSÈQUES 

Depuis  le  lundy  matin  on  commença  à  orner  le  chœur 
de  tapis  noirs,  et  par  dessus  les  armoiries  du  Sgr  arche- 
vesque,  aux  tribunes  des  orgues  aussi,  tout  le  presbitaîre 
jusques  au  bas  avec  rangs  d'armoiries,  au  plus  haut  rang 
il  y  avoit  un  trelis  noir  tout  autour.  On  dressa  au  milan 
du  chœur  une  chapelle  ardente  à  laquelle  on  montoit 
par  le  devant,  et  il  y  avoit  une  balustrade  tout  à  l'entour 
de  laditle  ch;ipelle;  il  y  avoit  quantité  de  cierges  par 
.  dessus  et  au  dcd;ins.  Elle  étoit  ornée  d'une  pente  de 
velours  tout  autour  et  une  auli-e  au  grand  dais  du  maître 
autel  sur  un  trélis.  Il  y  avoit  aussi  un  Uipis  noir  au 
dessous  de  la  grande  porte  de  l'église  et  de  celle  du  chœur 
avec  trois  armoiries  à  chacun. 

On  couvrit  tout  le  maître  autel  de  noir  avec  les  armoi- 
ries ou  écusson  du  Sgr  archevêque,  et  on  y  mit  vingt- 
quatre  chandeliers  d'argent  avec  de  grauds  cierges  et  une 


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—  467  — 

armoirie  à  chacun.  On  dressa  un  thrône  pour  Mgr  de 
Foresta,  évâijue  d'Api;  on  le  couvrit  d'un  lapis  noir,  et 
le  marchepied  du  maître-autel  aussi;  on  mit  le  drap  iioir 
au  devant  du  tombeau  du  roi  Charles;  mais  point  de 
dais;  on  dressa  pour  la  musique  un  autre  théâtre,  au 
devant  de  la  porte  de  Notre-Dame  d'Espérance,  joignant 
celuy  de  Mgr  l'évèque  d'Api,  mais  de  beaucoup  plus  bas. 
On  mit  sur  le  thrône  du  Sgr  évesque  un  fauteuil  et  trois 
pliants  pour  l'assistant,  le  diacre  et  le  sous  diacre. 

Mgr  l'évesque  de  Riez  voulut  assister  à  la  cérémonie; 
on  mit  du  costé  de  la  crédence  un  prie-Dieu  couvert 
d'un  tapis  violet  avec  deux  carreaus  et  an  fauteuil. 

ILUtCHB   DE   LA   PROCESSION   LUGUBRE 

La  croix  de  Saint-Sauveur,  avec  la  bannière  noire, 
portée  par  un  sous-diacre,  habillé  en  aube  et  dalmatique 
noire;  deux  enfants  habillés  de  même  portant  leurs  chan- 
deliers et  cierges  allumés  avec  deux  armoiries.  On  Ht  le 
tour  des  processions,  mais  au  rebours.  On  commença  du  ' 
costé  de  M,  le  Président  de  la  Bastide,  et  on  revint  par 
la  grande  horloge.  Ensuite  suivirent  M"  les  recteurs,  les 
licenciés,  avec  leurs  flambeaux  à  écussons  fournis  tous 
par  Mgr  l'évesque  de  Die. 
Messieurs 
Les  recteurs  du  Refuge. 

du  Bon  Pasteur, 
des  Prisonniers, 
de  la  Pureté, 
de  la  Propagande. 
La  compagnie  pour  l'accord  des  procès. 
Nota.  —  Mais  parmi  eux  il  7  eut  des  contentions,  ce 
qui  me  donna  bien  de  l'exercice  et  beaucoup  de  fatigue, 
et  je  m'en  sentirai   longtemps;  joint  à  la  peine  que  me 
donna  toute  la  cérémonie  à  laquelle  je  fus  pourtant  aidé 
par  M.  Blanc,  bénéficier,  mon  confrère  et  bon  amy. 
Vint  ensuite  la  compagnie  des  Pénitents  gris  avec  cha- 


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—  468  — 

cun  leurs  ciei^es;  celle  des  bleus,  de  même  avec  leurs 
cierges. 

Les  trois  autres  compagnies  :  celles  des  Garnies,  des 
Qoirs,  et  de  l'Observance,  auxquels  on  donna  à  chacun 
huit  flambeaux  de  quatre  livres  pièce. 

Toutes  les  communautés  des  religieux,  selon  l'ordre  des 
processions,  auxquels  on  donna  de  grosses  chandelles. 

Aux  funérailles  de  feu  Mgr  le  cardinal  Grimaldy,  à 
cette  place  marcha  le  collège  et  ses  flambeaux,  ainsi 
qu'il  est  marqué  dans  un  rôlle  que  j'ay  trouvé  escrit 
par  feu  M.  Broquier,  maître  du  chœur  alors;  mais  dans 
cette  cérémonie  n'y  ont  pas  esté. 

Api-ès  les  flambeaux  de  Pierricard,  ceux  du  Puy,  ceux 
de  Jonques.  C'est  ainsi  que  je  l'ay  trouvé  marqué  dans 
le  même  rolle,  et  M"  de  Jonques  m'éstant  venus  voir  pour 
me  demander  leur  rang,  je  leur  lis  ledit  rolle,  mais 
M"  du  Puy  m'ayant  dit  ensuite  -qu'aux  funérailles  de 
feu  Mgr  le  ciirdinal  Grimaldy,  la  chose  avoit  esté  décidée 
en  leur  faveur,  et  qu'ils  estoienl  les  plus  anciens,  je  leur 
répondis  que  M"  dir  Parlement  qui  dévoient  assister  à  la 
cérémonie,  le  règleroîent.  En  effet,  il  fut 

(Ici  un«  lacune  dans  le  manuscrit.) 

Ensuite  les  vingt-quatre  pauvres  de  feu  Mgr  l'arche- 
vesque  avec  leurs  flambeaux  et  armoiries; 

Les  flambeaux  de  la  ville  et  écussons; 

Ceux  du  pays,  de  mesme; 

Les  trente-six  du  chapitre  et  armoiries; 

Les  flambeaux  du  diocèse  et  écussons  ; 

Ceux  de  la  généralité  de  Provence,  de  même  avec  leurs 
écussons. 

Jusques  icy  j'ay  suivy  l'ordre  qu'on  garda  aux  funé- 
railles de  feu  Mgr  le  cardinal;  mais  comme  M"  du 
Parlement  n'y  assistèrent  pas,  et  ont  assisté  à  celles  de 
feu  Mgr  de  Gosnac,  M.  de  Michaelis  commissaire  de  la 
cour  pour  cette  cérémonie,  me  dit  très  expressément,  et 
M'  l'abbé  de  Quillac  me  l'avoit  dit  aussi  le  soir  aupa- 


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ravant,  que  la  cour  vouloit  que  ses  flambeaux  marchas- 
sent les  derniers,  et  qu'au  lieu  que  la  famille  de  feu 
Mgr  le  cardinal  au  nombre  de  treate  quatre,  march&t, 
avec  leurs  flambeaux  à  écussou,  après  le  chapitre  immé- 
diatement, et  avant  ceux  de  la  Miséricoi-de,  au  contraire 
il  falloit  faire  mareher  celle  de  Mgr  de  Cosnac  (qui  n'estoit 
pas  si  nombreuse  de  beaucoup)  avant  les  flambeaux  du  ■ 
parlement,  ce  que  je  fis  exécuter. 

Après  marcha  la  nouvelle  paroisse  du  Faubourg  servie 
par  les  R.  R.  P.  P.  de  la  doctrine  chrétienne  avec  leur 
croix  ; 

Celle  du  Saint-Esprit  ou  Saînt-Jérôme ; 

Celle  de  Sainte-Magdeleine,  toutes  aussi  avec  leur  croix, 
et  MM.  les  vicaires  avec  l'étole; 

On  donna  à  tous  un  cierge; 

Ensuite  la  niasse  du  chapitre  ; 

La  communauté  du  Séminaire  qui  estoit  fort  nombreuse; 

On  donna  un  cierge  à  chacun  ; 

Les  enfants  du  chœur;  MM.  les  prestres  de  chapelle, 
bénéficiers  et  chanoines; 

Les  seize  flambeaux  de  la  Miséricorde  portés  par  MM.  les 
recteurs  ; 

La  croix  de  feu  Mgr  l'archevesque; 

Ses  deux  aumdniers  en  surplis; 

Son  valet  de  chambre  en  manteau  long  portoit  le  cha- 
peau veit  de  feu  Mgr  l'archevesque. 

Il  falloit  encore  un  autre  domestique  en  mesme  ha- 
billage portant  un  carreau  de  velours,  et  par  dessus 
l'Ordre  du  Roy.  On  y  manqua,  et  on  a  regretté  de  ne 
l'avoir  fait. 

Suivoit  le  corps  (porté  par  huit  prestres  habillés  en 
aubes  et  étoles  noires  se  soulageant  par  intervalle).  Dans 
la  bière,  fournie  par  les  pénitents  de  l'Observance,  et  cela 
par  délibération  du  chapitre  faite  à  l'occasion  des  funé- 
railles de  feu  Mgr  le  cardinal  Grimaldy,  ornée  ladite 
bière  d'un  ornement  violet  fourni  par  les  héritiers  de 


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—  470  — 

feu  Mgr  de  GosDac.  Il  y  avoit  tout  au  devant  quatre  péni- 
tents de  la  même  compagnie  de  TObserrance  pour  sou- 
lager les  huit  prestreB,  en  cas  de  besoin;  il  y  avoil 
guatre  commissaires  du  parlement,  deux  en  devant  et 
deux  par  derrière  de  ladite  bière. 

Devoit  suivre  les  deux  aumôniers  de  Mgr  l'évesque 
d'Apt,  car  c'est  là  leur  place,  ainsi  qu'ils  estoient  placés 
aux  funérailles  de  feu  Mgr  de  Grimaldi;  mais  MM.  les 
commissaires  du  Parlement  ne  les  voulurent  pas  à  cette 
place.  Je  les  fis  mettre  au  devant  de  la  c-roix  de  Mgr  l'ar- 
chevesque  défunt;  suivit  ensuite  le  diacre  et  sous-diacre, 
l'assistant  et  Mgr  l'évesque  d'Apt,  sans  sandales,  gants  et 
bàtoQ  pastoral,  ayant  une  mitre  de  toile  d'argent,  et  son 
valet  de  chambre  luy  relevant  la  chape. 

Suivent  ensuite  MM.  du  Parlement  et  MM.  les  procu- 
reurs du  .pays  à  leur  guise.  Je  fis  partir  la  procession 
lugubre  longtemps  avant  que  MM.  du  parlement  fussent 
venus  à  l'archevêché,  afin  de  faire  diligence,  et  je  n'avertis 
MM.  du  chapitre  pour  venir  faire  la  levée  du  corps  que 
lorsque  tous  les  religieux  eurent  passé.  Devant  que  le 
clergé  fut  arrivé  on  fit  l'absoute  à  l'accoutumée;  étant 
achevée,  les  choristes  en  chapes  et  bourdon  entonnèrent 
le  psaume  Miserere,  lequel  on  continua  tout  le  long  de  la 
marche,  la  musique  répétant  toujours  le  V/  Miserere;  j'avois 
donné  ordre  de  faire  l'absoute  devant  le  palais  et  à  l'hôtel- 
de-ville,  mais  on  ne  la  fit  qu'au  dernier,  MM.  les  com- 
missaires m'ayant  dit  que  le  parlement  depuis  longtemps 
avoit  réglé  qu'on  ne  faisoit  l'absoute  devant  le  palais 
que  pour  MM.  les  présidents  et  pour  le  doyen.  J'ay  pour- 
tant trouvé  qu'on  la  fit  pour  feu  Mgr  de  Grimaldy  et 
qu'on  chanta  le  De  profundU  en  musique,  et  à  l'hôtel-de- 
ville;  mais  MM.  du  parlement  n'y  assistëreût  pas  comme 
j'ay  déjà  marqué;  je  me  suis  informé  de  la  raison  pour- 
quoy,  on  m'a  dit  que  c'estoit  parce  qu'il  n'avoit  pas  esté 
receu  conseiller. 

Quand  on  fut  arrivé  dans  l'église,  non  sans  peine,  à 
cause  de  la  grande  foule,  on  entra  dans  la  cour  avec 


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—  471  — 

encore  plus  de  peine,  quoyqu'il  y  eût  depuis  le  matin 
des  archers  aux  portes;  on  posa  le  corps  dans  la  chapelle 
ardente,  et  on  fit  l'absoute  à  l'accoutumée. 

Estant  finie,  Mgr  d'Apt  et  tous  les  officiers  qui  dévoient 
l'assister  à  la  grande  messe,  allèrent  sur  le  thrône,  où, 
ayant  quitté  la  chape  noire,  on  luy  donna  à  laver  les 
mains,  prit  les  tunicelles  blanches,  le  manipule;  le  diacre 
et  sous  diacre  les  leurs,  et  nous  descendîmes  au  dernier 
■degré  de  l'autel  pour  commencer  la  messe  à  l'ordinaire. 

Quand  il  monta  à  l'autel  il  le  baisa  et  son  livre,  et 
sans  faire  aucun  encensement,  l'assistant  luy  mit  la  mitre 
et  monta  sur  le  thrône,  où  l'assistant  luy  osta  la  mttre, 
et  dit  Vlntrolt,  estant  debout,  assisté  de  ses  aumôniers; 
lorsqu'il  dit  l'oraison  tous  sont  à  genoux,  excepté  le 
diacre,  sous-diacre  et  l'assistant;  quand  il  est  à  la  an, 
le  sous-diacre  quitte  sa  place,  fait  l'inclination  à  l'êvê- 
que,  passant  du  milieu  du  maître-autel,  fait  génuflexion 
au  Saint-Sacrement  et  va.  commencer  l'épitre;  l'oraison 
finie,  l'évêque  s'assit,  l'assistant  luy  donne  la  mitre  et 
Ut  tout  bas  l'épitre,  le  graduel,  la  prose  et  l'évangile; 
quand  le  sous-diacre  a  achevé  l'épitre,  monte  sur  le 
thrône,  et  sans  aller  baiser  la  main  de  l'évêque,  il  donne 
le  livre  au  diacre,  en  faisant  une  inclination  mutuelle, 
le  diacre  va  le  mettre  sur  l'autel,  et  se  mettant  à  genoux, 
dit  :  Munda  cor  meun,  etc.,  et  lorsque  le  chœur  a  achevé 
la  prose,  il  commence  l'évangile  à  l'ordinaire  ;  on  ne  doit 
pas  porter  de  lumière,  ny  d'encensoir,  alors  l'évêque  se 
lève,  et  on  luy  oste  la  mître.  L'évangile  estant  achevé, 
on  ne  porta  pas  le  livre  pour  le  faire  baiser  à  l'évesque, 
mais  il'  dit  Dominvs  vobiscum,  et  lit  l'offertoire.  Il  s'assit, 
on  luy  donna  la  mitre,  lave  ses  mains  et  tous  vout  à 
l'autel  où  estant  arrivés  au  bas  du  second  degré,  l'assis- 
tant luy  oste  la  mître,  et  continue  la  messe;  après  qu'il 
a  encensé  l'autel,  l'assistant  luy  met  la  mître  et  est 
encensé  luy-mesme  de  trois  coups  par  le  diacre  (on  a 
coutume  dans  Saint-Sauveur  d'en  donner  cinq  à  Mgr 
l'archevesque).  L'assistant  luy  rate  la  mitre,  et  l'arche- 


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—  472  — 

vesque  découvert  va  faire  l'offrande  que  le  sous-diacre 
resçoit  dans  un  petit  bassin;  il  remonte  à  l'autel,  on  luy 
donne  la  mître  et  d'abord  à  laver  les  mains;  on  la  luy 
OBte,  et  continue  la  messe;  il  faut  donner  de  TeneenB  à 
l'élévation  du  Très-Saint-Sacrement;  il  n'y  a.  point  de 
paix  à  donner.  La  messe  achevée,  tous  vont  au  throne,  où 
l'évesque  quitte  la  chapelle,  la  dalmatique  et  la  tunicelle, 
le  manipule;  le  diacre  et  sous-diacre  aussi  quittent  seu- 
lement leur  manipule  et  on  donne  à  Mgr  l'évesque  le 
pluvial. 

Le  R.  P.  Saint-Just  de  suite,  qui  St  l'oraison  funèbre, 
passa  du  costé  de  la  sacristie  n'ayant  pu  aborder  les 
portes  du  chœur;  estant  arrivé  à  l'autel,  il  fit  génuflexion 
au  Saint-Sacrement,  et  sans  demander  la  bénédiction,  car 
il  n'en  faut  point  donner,  il  monta  par  une  échelle  du 
costé  du  chœur,  dans  la  grande  chaire.  Mgr  l'évesque 
d'Apt,  MM.  l'archidiacre  assistant,  Lauthier,  diacre,  et 
Castellane,  sous-diacre,  se  placèrent  au  mitaii  du  chœur, 
et  s'assirent  sur  le^  mesmes  chaises  qui  estoient  sur  le 
throne,  et  que  je  fis  apporter. 

Pour  faire  en  sorte  que  la  cérémonie  fut  plus  tôt  ache- 
vée, sur  la  fin  de  la  messe,  laquelle  fut  achevée  après 
uue  heure,  je  priai  MM.  les  quatre  chanoines  destinés  de 
la  part  du  chapitre  pour  faire  les  absoutes,  de  venir 
prendre  leurs  étoles  et  chape  que  j'eus  soin  de  faire  ap- 
porter, et  tous  ensemble,  descendirent  au  chœur,  ceux-ci 
ae  placèrent  sur  le  théâtre  de  la  chapelle  ardente,  chacun 
à  leur  place  Junior  sedet  ad  sedam  dextrum  ad  humerum 
sinistrum  ad  pedem  sinistrum  gui  erit  senior  ad  humxrum 
dextrum  (pont.  Rom.);  scavoir  :  le  plus  jeune  au  coin  de 
M.  le  capiscol,  le  second  à  celuy  de  M,  l'archidiacre,  le 
troisième  à  celuy  de  M,  le  prévost,  le  quatrième  qui  est 
le  plus  anscien  à  celuy  de  M,  le  sacristain,  tous  assis  sur 
un  [escabau. 

L'oraison  funèbre  estant  achevée.  Mgr  l'évesque  de  Riez 
{lequel  après  la  messe  estoit  descendu  au  chœur,  et  s'esloit 


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—  473  - 

placé  derrière  la  chapelle  ardente  pour  entendre  l'oraison 
assis  sur  le  mesme  fauteuil  qu'il  avoit  durant  la  raesae), 
se  relira;  et  on  commença  la  première  absoute,  ainsi  qu'il 
est  marqué  dans  le  pontifical  ;  mais  auparavant  Mgr  l'é- 
vesque  d'Apt  dit  l'oraison  :  ffon  intres  in  judicium  etc.,  et 
après  les  choristes  entonnèrent  la  première  ahsoute,  Sub- 
venite  Sancti  Dei^  etc.,  en  même  temps,  celuy  qui  portoit 
le  bénitier  avec  l'eau  bénite,  et  le  thuriféraire  ayant 
l'encensoir,  s'approchèrent  vers  le  plus  ancien  chanoine 
qui  estoit  du  costê  de  M.  le  sacristain,  lequel  estant  debout 
mil  de  l'encens  dans  l'encensoir,  rccevoit  des  mains  du 
diacre  la  navette.  Il  faut  remarquer  que  le  diacre  qui 
estoit  placé  au  costé  droit  de  l'évesque  sur  le  devant  de 
la  chapelle  ardente  à  la  teste  de  l'évesque,  est  avec  l'assis- 
tant et  le  sous-diacre;  qu'il  quitte  sa  place  pour  se  joindre 
au  plus  ancien  chanoine  qui  estoit  placé  au  coin  qui  re- 
gardoit  la  place  de  M,  le  sacristain,  pour  le  servir  à 
l'accoutumée  durant  qu'il  faisoit  son  absoute,  luy  ayant 
présenté  la  navette  pour  mettre  de  l'encens  dans  l'en- 
censoir, luy  relevant  la  chape  dans  le  temps  qu'il  asperge 
le  corps  du  défunt,  et  faisant  génuflexion  à  la  crois  quand 
il  y  passe,  et  l'officiant  inclination,  et  tous  deux  faisant 
inclination  en  passant  devant  l'évesque  officiant  et  ceux 
qui  sont  aux  trois  coins  destinés  pour  faire  les  absoutes; 
la  luy  refait  aussi  quand  il  encense.  La  première  absoute 
étant  Unie,  tous  s'assient  et  se  couvrent;  et  le  diacre  prend 
la  première  place  à  la  droite  de  l'évêque  officiant,  le  sous- 
diacre  ne  quitte  pas  sa  place;  on  commence  la  deuxième 
absoute. 

Deuxième  absoute.  —  Qui  Lazarum,  etc.  Alors  les  aco- 
lyles  s'approchent  du  chanoine  qui  estoit  du  costé  de 
M.  le  prévost  qui  est  le  second  ancien  chanoine;  le  diacre 
l'assista  comme  à  la  première  absoute. 

TnoisiÈuE  ABSOUTE.  —  Domine  quando  vénères,  etc.  C'est 
le  troisième  ancien  chanoine  qui  fait  cette  absoute  et  qui 


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est  placé  au  coia  du  costé  de  M.  l'archidiacre;  il  est  assisté 
des  mesmes  oMciers,  comme  aux  précédentes,  etc. 

QuATitiÈUE  ABSOUTB.  —  Ne  rscortiaris,  etc.  C'est  le  plus 
jeune  chauoine  qui  doit  faire  cette  absoute,  qui  est  placé 
au  coin  du  costé  de  M,  le  capiscol,  et  il  est  assisté  tout 
de  même  qu'aux  autres. 

Cinquième  absoctb.  —  C'est  l'évesque  qui  fait  la  cin- 
quième et  dernière  absoute,  qui  est  le  grand  Libéra  me 
Domine,  etc.,  et  on  garde  les  mesmes  cérémonies  qu'aux 
précédentes. 

Quand  elle  est  achevée,  les  choristes  entonnent  le  R/  In 
Paradinim,  etc.;  le  cantique  Benedictus;  l'oraison;  les  cho- 
ristes le  V/  Bequiescal  in  paee,  Amen,  et  on  repose  le  corps 
du  défunt  archevesque  dans  la  chapelle  de  Saint-Jean,  ou 
de  Sainte-Mitre  qu'on  ferme  à  clef,  et  on  l'ensevelit  le  soir 
pour  éviter  la  foule. 

On  donna  (l)pour  l'absoute  uonante  livres  pour  la  mu- 
sique, soixante  pour  les  sonneurs  des  cloches;  la  sacristie 
prenant  sa  portion  deux  cent  cinquante  livres.  Ou  a  em- 
ployé les  sonneurs  des  grandes  fêtes,  qu'on  nomme  cam- 
paniers  de  ville,  lesquels  ont  sonné  quatre  fois  par  jour 
depuis  le  matin  du  dimanche  jusques  au  vendredy,  le 
matin,  jusqu'après  la  cérémonie;  on  sonna  encore  le  soir, 
et  le  matin  du  samedy  pour  le  service  auquel  Mgr  l'évesque 
de  Die  assista  accompagné  de  MM.  le  prévost  de  Quillac, 
et  l'abbé  de  Fargues,  chanoine,  ses  cousins,  avec  les  ofQ- 


(1)  Ce  compte  est  exposé  d'une  manière  aingutiËremenl  confuse; 
maîa  on  le  comprend  en  y  rëdéchisasint  et  en  calculcuit  la  valeur  du 
louis  à  13  livres  5  sols,  d'après  l'auteur.  Celui-ci,  en  aa  qualité  do 
maître  do  chœur  de  l'église  métropolitaine  de  Saint- Sauveur,  reçut 
pour  ses  honoraires  ;  1'  20  livres;  2*  I  louis  1/2,  c'est-à-dire  19  livres 
et  IS  sols;  2  louis  de  l'offrande,  c'est-à-dire  26  livres  10  sols.  En 
totalité  il  reçut  66  livres  S  sols.  La  même  somme  d'argent  valant 
environ  cinq  fois  plus  aujourd'hui,  ses  honoraires  montent  approxi- 
mativement à  la  somme  de  332  francs. 


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^  475  — 

ciers  de  feu  Mgr  l'archevesque  et  tous  ses  domestiques. 
Ou  donna  demi  louis  à  chacuu  des  deux  diacres,  et  deus 
sous-diacres  qui  avoîeat  veillé  le  corps  de  Mgr  l'arche- 
vesque, outre  les  restes  de  cierges  qu'on  ostoit  tous  les 
jours,  ainsi  que  j'ay  dit.  Quant  à  moy,  on  me  donna  vingt 
livres  pour  mes  peines,  outre  un  louis  et  demy,  Caisant 
en  tout  vingt  livres  moins  deux  sols  et  demy;  que  deui  de 
l'oO^ande.  On  donna  enfin  à  l'enterre-mort  deui  louis  et 
demy,  valant  chacun  treize  livres  cinq  sola. 


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DE  LA  CLASSIFICATION 


MONNAIES  GAULOISES 


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DE  LA  CLASSIFICATION 


MONNAIES  GAULOISES 


(LECTURE  FAITE  k  U  SORBOHNE  LE  8  AVRIL  1885) 


mALGRÉ  les  progrès  récents  qu'elle  doit  à  quel- 
qaes  savants,  l'étude  des  monnaies  gauloises 
est  assurément  celle  qui  présente  encore  le  plus 
de  problèmes  à  résoudi'e;  certaines  classifications 
proposées  par  les  maîtres  les  plus  autorisés  ne 
sont  point  admises  par  tous,  et  dans  nombre  de 
cas  les  provenances,  qui  sont  le  point  capital  dans 
toute  attribution,  ne  paraissent  point  avoir  été 
établies  avec  toutes  les  garanties  désirables.  Tou- 
tefois les  grandes  lignes  ont  été  largement  tracées; 
quantité  de  dépôts  monétaires,  étudiés  avec  mé- 
thode, ont  procuré  d'utiles  renseignements,  tandis 
qu'une  critique  éclairée  faisait  justice  d'hypothèses 
trop  légèrement  mises  en  avant. 

Cependant  en  présence  de  la  répartition,  sou- 
vent arbitraire,  qu'on  a  cru  pouvoir  faire  des 
monnaies  entre  presque  tous  les  peuples  de  la 
Gaule,  il  convient,  je  crois,  d'examiner  s'il  est 
réellement  possible  d'admettre  certaines  classifica- 
tions proposées  par  des  numismatistes  dont  les 
noms  font  autorité,  et  par  exemple  d'accepter  que 


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chaque  cité  ait  eu  un  monnayage  caractérisé  par 
un  faire  spécial,  permettant  d'attribuer  avec  cer- 
titude ses  produits  aux  différents  peuples  sur  le 
territoire  desquels  on  les  rencontre  plus  particu- 
lièrement. 

Que  les  découvertes  habituelles,  dans  une  même 
région,  de  monnaies  à  un  type  bien  déterminé 
aient  entraîné  leur  attribution  au  peuple  qui  y 
dominait,  rien  assurément  au  premier  abord  ne 
parait  plus  logique,  en  l'absence  de  toute  légende 
mentionnant  une  nationalité;  mais  comme  ces 
monnaies  se  retrouvent  toujours  dans  une  étendue 
de  territoire  qui  ne  saurait  être  circonscrite  à  une 
seule  cité,  il  devient  souvent  difficile  de  déterminer 
à  quel  peuple  il  convient  de  les  attribuer.  L'in- 
certitude grandit  encore  quand  les  découvertes 
faites  sur  le  sol  de  deux  cités  voisines  procurent 
des  espèces  présentant  entre  elles  une  grande  con- 
formité de  type. 

A  cette  époque  en  Gaule,  comme  dans  tous  les 
temps  et  chez  tous  les  peuples,  l'apparition  d'un 
type  nouveau  a  fait  surgir  dans  les  pays  limi- 
trophes des  imitations  directes  qui  peuvent  être 
confondues  avec  les  prototypes.  De  cité  à  cité  voi- 
sine, en  raison  de  la  loi  d'imitation  à  laquelle 
aucun  art  ne  peut  se  soustraire,  les  espèces  sou- 
mises à  ce  courant  prennent  un  air  de  famille, 
un  caractère  nettement  déterminé  qui,  s'il  en 
impose  l'attribution  aux  différentes  régions  de  la 
Gaule,  augmente  en  même  temps  l'incertitude 
où  l'on  se  trouve,  quand  il  s'agit  de  les  sous- 
répartir  entre  les  nations  qui  peuvent  y  prétendre. 


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En  présence  des  difficultés  sans  nombre  qu'offre 
l'étude  des  monnaies  gauloises,  il  serait  plus  pru- 
dent, croyons-nous,  de  ne  point  tenter  de  les 
attribuer  à  tel  ou  tel  peuple,  mais  de  les  grouper 
par  grandes  régions,  en  s'appuyant  sur  le  fait  de 
provenances  multiples  et  bien  constatées,  et  sur 
la  conformité  des  types.  C'est  seulement  après 
avoir  établi  les  grandes  divisions,  que  comporte 
l'ensemble  du  monnayage  gaulois,  qu'il  deviendra 
possible  d'entreprendre  sérieusement  l'étude  de 
chaque  groupe,  et  d'aborder  leur  répartition  entre 
les  diverses  cités  de  la  région,  en  tenant  compte 
des  relations  politiques,  géographiques  ou  com- 
merciales qui  existaient  entre  ces  cités. 

Déjà  une  première  tentative  dans  ce  sens  a  été 
faite  lors  de  l'exposition  de  i878.  En  soumettant 
au  public  sa  riche  collection  de  monnaies  gau- 
loises, M.  Ch.  Robert  avait  adopté,  pour  le  clas- 
sement des  séries,  la  division  en  six  grandes 
régions  :  la  Massaliétide,  petite  province  que 
sdn  système  monétaire  et  ses  types  grecs  classent 
forcément  en  dehors  du  monnayage  gaulois  pro- 
prement dit  ;  la  Région  méridionale,  comprenant 
l'ancienne  Aquitaine  et  la  Province  romaine  jus- 
qu'à Lyon  inclusivement;  le  Centre,  c'est-à-dire 
la  Celtique  de  César  moins  les  provinces  mari- 
times situées  entre  la  Loire  et  la  Seine;  VOue»t 
de  la  Celtique,  renfermant  l'Armorique  et  les 
cités  maritimes  voisines;  le  Nord  de  la  Gaule 
occupé  par  les  Belges;  enfin  les  Régions  trans- 
rhénanes et  danubiennes  situées  en  dehors  de 
la  Gaule  antique. 


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Si  ces  grandes  divisions,  tracées  à  un  point  de 
vue  purement  géographique,  sont  conformes  à 
l'état  de  la  Gaule  au  monaent  de  la  conquête, 
facilitent-elles  le  classement  des  monnaies?  les 
espèces  de  la  Région  méridionale  présentent- 
elles  des  caractères  généraux  qui  permettent  d'y 
retrouver  une  origine  commune?  Celles  du  Centre 
appartiennent-elles  à  une  même  famille?  et  ne 
serait-il  pas  possible,  tout  en  tenant  compte  da 
grand  partage  territorial  indiqué  par  César,  d'adop- 
ter, pour  l'étude  des  monnaies,  un  certain  nom- 
bre de  subdivisions  correspondant  aux  bassins  des 
grands  fleuves,  routes  naturelles  par  lesquelles, 
comme  une  marchandise,  le  numéraire  des  peu- 
ples les  plus  avancés  en  civilisation  s'introduisit 
peu  k  peu  chez  leurs  voisins? 

Sur  divers  points  du  littoral  de  la  Méditerranée, 
et  longtemps  avant  l'époque  de  la  conquête,  exis- 
taient plusieurs  centres  commerciaux  très  impor- 
tants dont  les  types  monétaires,  empruntés  à  la 
Grèce,  devaient  eux-mêmes  devenir  plus  tard  les 
prototypes  du  monnayage  gaulois  dans  la  région 
du  Sud.  C'est  en  effet  par  les  gi'ands  marchés 
d'Emporium,  de  Rhoda,  de  Narbonne,  de  Béziers 
et  de  Marseille  que  le  signe  d'échange,  destiné 
à  faciliter  les  transactions,  se  répandit  dans  toute 
la  région  avoisinant  la  Mer  Intérieure,  et  pénétra 
chez  les  peuples  avec  lesquels,  établies  d'abord  par 
voie  d'échange,  les  relations  devenues  plus  consi- 
dérables avaient  imposé  l'usage  du  numéraire. 

Les  grands  fleuves  étaient  alors  les  seules  voies 


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—  483  — 

par  lesquelles  le  commerce  pouvait  se  répandre 
dans  l'intérieur  des  terres,  et  ce  fut  par  leurs 
affluents  qu'il  devint  possible  de  remonter  jus- 
qu'aux contre-forts  des  grands  bassins  de  la  Ga- 
ronne, du  Rhône,  de  la  Loire,  de  la  Seine  et 
du  Rhin,  de  les  francbir  sur  les  points  les  plus 
accessibles  aux  animaux  de  charge,  et  de  passer 
d'un  bassin  dans  un  autre.  C'est  ainsi  qu'en  uti- 
lisant le  cours  des  fleuves,  le  commerce  faisait 
parvenir  ses  produits  et  ses  marchandises  sur  les 
marchés  des  cités  de  la  Gaule. 

Permettez-moi,  Messieurs,  de  développer  ma 
pensée  sans  entrer  dans  trop  de  détails. 

Prenons  d'abord  le  Rhône,  cette  grande  artère 
qui  ouvrait  au  monde  antique  les  terres  si  long- 
temps inconnues  du  centre  et  du  nord  de  la 
.  Gaule.  Après  avoir  remonté  le  cours  de  ce  fleuve, 
dont  la  navigation  était  pénible  et  parfois  péril- 
leuse, les  marchandises,  engagées  dans  les  affluents 
de  la  rive  droite,  atteignaient  les  Cévennes,  les 
franchissaient  à  l'aide  de  botes  de  somme,  et 
gagnaient  par  le  pays  des  Helvlens  le  bassin  de 
l'Allier,  ou  la  Haute-Loire  en  traversant  le  terri- 
toire des  Ségusiaves. 

En  remontant  le  cours  paisible  de  la  Saône 
les  produits  destinés  au  commerce  pouvaient  être 
dirigés,  par  un  portage  de  terre,  soit  sur  les 
affluents  de  la  Seine,  et  arriver  dans  les  ports 
de  la  Manche,  soit  par  le  Doubs  sur  le  Haut- 
Rhin,'  qu'il  était  facile  de  gagner  par  la  trouée 
de  Belfort.  Ainsi,  du  port  de  Marseille,  tous  les 
produits  apportés  par  le  commerce  étranger  pou- 


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yaient  être  transportés  dans  tout  le  nord  de  la 
Gaule,  et  c'est  assurément  par  la  Seine  et  la  Loire 
que  l'étain  dé  la  Grande-Bretagne,  si  recherché 
par  les  Phéniciens,  devait  arriver  à  Marseille- 

Quant  an  bassin  de  la  Garonrie,  il  était  ouvert 
au  commerce  de  !a  Mer  Intérieure  par  l'Hérault 
et  l'Aude;  puis  par  les  affluents  du  grand  fleuve 
aquitanique  on  pénétrait  facilement,  d'un  côté, 
dans  les  régions  voisines  des  Pyrénées,  de  l'autre, 
dans  les  cités  du  sud-ouest  de  la  Geltâque.  C'est 
dans  cette  partie  de  la  Gaule,  l'antique  Aquitaine, 
que  nous  chercherons  une  démonstration  du  sys- 
tème des  subdivisions  que  nous  proposons,  pour 
faciliter  l'étude  et  le  classement  des  monnaies 
gauloises. 

Convaincu  que,  dans  l'état  actuel  de  la  science, 
l'étude  des  monnaies  gauloises  d'une  région  ne 
saurait  être  entreprise  sérieusement,  si  l'on  ne 
s'appuie  sur  la  constatation  bien  établie  des  pro- 
venances, je  me  suis  tout  d'abord  attaché  à  rele- 
ver, sur  une  carte  du  sud-ouest  de  la  Gaule,  les 
indications  signalées  par  les  numismatistes  sé- 
rieux, et  n'ai  accordé  aucune  valeur  aux  prétendus 
renseignements  communiqués  par  certains  mar- 
chands, trop  souvent  disposés  à  n'apprendre  à 
leurs  clients,  ni  les  circonstances,  ni  le  lieu  exact 
des  découvertes.  Puisant  aux  sources  officielles, 
m'adressant  aux  archéologues  qui  ont  eu  la  bonne 
fortune  d'assister  à  des  trouvailles,  mettant  5  pro- 
fit les  notes  consignées  dans  les  travaux,  publiés 
ou  manuacrits,  de  MM.  de  Saulcy,  Gh.  Robert, 


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A.  de  Barthélémy,  je  crois  avoir  fait  une  en- 
quête sérieuse  sur  les  découvertes  qui  ont  eu  lieu 
dans  le  sud-ouest  de  la  Qaule.  Si  donc,  malgré 
mes  efforts,  quelques  trouTailles  ne  m'ont  pas  été 
signalées,  il  y  a  tout  lieu  d'espérer  que  leur 
composition  ne  saurait  modifier  sensiblement  les 
résultats  que  je  crois  avoir  obtenus. 

En  dressant  ma  carte,  j'avais  d'abord  en  vue 
de  déterminer  l'étendue  du  territoire  sur  lequel 
avaient  eu  cours  les  monnaies  dites  à  la  croix, 
si  bien  étudiées  par  M.  Gh.  Robert;  je  voulais 
aussi  recbepeher,  par  l'examen  des  différents  types 
qu'offre  ce  vaste  monnayage,  quelles  étaient  les 
régions  où  quelques-uns  d'entre  eux  se  canton- 
naient plus  habituellement;  je  pressentais  en  effet 
la  possibilité  d'attribuer,  aux  divers  peuples  de 
cette  grande  région,  certains  groupes  de  monnaies 
caractérisées  soit  par  leur  modo  de  fabrication, 
soit  par  la  présence  de  symboles,  particuliers.  Ce 
but  est-il  complètement  atteint?  Je  n'ose  le  pré- 
tendre, mais  déjà  je  puis  affirmer  en  toute  con- 
fiance que,  s'ils  adoptent  ma  méthode  et  pour- 
suivent mon  enquête,  les  numismatistes  du  Sud- 
Ouest  arriveront  dans  peu  de  temps,  je  l'espère, 
à  formuler  sur  cette  question,  encore  si  obscure 
des  monnaies  dites  à  la  croix,  des  propositions 
de  classement  appuyées  de  preuves  indiscutables. 

Déjà,  par  l'inspection  des  indications  de  trou- 
vailles portées  sur  ma  carte,  on  peut,  dés  à  pré- 
sent, se  rendre  compte  de  l'influence  exercée  par 
le  système  et  le  type  des  Tectosages  sur  les  espèces 
des  provinces  limitrophes.  Concentré  à  son  appa- 


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rition  dans  le  bassin  de  la  Garonne,  ce  monnayage 
ne  tarda  pas  à  se  répandre  sur  tout  le  territoire 
occupé  par  des  races  d'origine  volke;  la  croix  du 
revers,  type  qui  le  caractérise,  fut,  il  est  vrai, 
adoptée  par  les  cités  voisines  sans  avoir  subi  de 
modification  dans  sa  représentation,  mais  les  sym- 
boles ou  accessoires  qui  la  cantonnent  ont  varié 
d'un  pays  à  un  autre,  de  peuple  à  peuple,  four- 
nissant ainsi,  pour  la  classification  par  l'indication 
de  provenances,  un  renseignement  précieux  qui 
seul,  à  défaut  d'autre  guide,  peut  permettre  de 
■  répartir  ces  monnaies  sans  légendes  entre  les  dif- 
férentes nations  qui  les  ont  émises. 

De  l'ensemble  des  observations  qui  m'ont  été 
suggérées  par  l'étude  des  monnaies  dites  à  la 
croix,  il  se  dégage  plusieurs  remarques  qui  peu- 
vent être  ainsi  formulées  : 

Le  rayonnement  d'un  type  monétaire  est  pres- 
que toujours  proportionnel  à  l'importance  du  cen- 
tre commercial  où  il  a  pris  naissance. 

Les  imitations  faites  à  ce  type  sont,  au  point 
de  vue  de  leur  transformation,  en  raison  directe 
de  leur  éloignement  du  lieu  d'origine,  c'est-à-dire 
que  plus  on  s'écartera  du  centre  du  monnayage 
tectosage,  plus  la  transformation  du  type  sera 
grande  sur  les  espèces  copiées  des  deniers  dits 
à  la  croix. 

Le  groupement  indiqué  par  la  carte  des  décou- 
vertes de  monnaies,  présentant  un  type  nettement 
caractérisé,  doit  concorder  avec  la  circonscription 
des  cités  soumises  à  l'influence,  commerciale  ou 


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politique,  d'un  peuple  ayant  exercé  pendant  une 
certaine  période  la  suprématie  sur  ses  voisins. 

Enfin,  dans  quelques  cas,  la  ligne  extrême  in- 
diquée par  les  trouvailles  coïncide  avec  la  limite 
frontière  entre  deux  races  d'origine  différente. 

Le  peuple  commerçant  qui,  le  premier,  aborda 
sur  le  littoral  extrême  de  la  Mer  Intérieure,  ne 
put  qu'échanger  ses  produits  avec  ceux  des  nations 
sur  le  ten'itoire  desquels  il  élevait  ses  comptoirs; 
tout  numéraire  lui  était  inconnu.  Mais  quand  la' 
marine  des  Hellènes  commença  à  sillonner  les 
mers,  lorsque  l'influence  grecque  eut  ruiné  sur 
les  côtes  ibériques  et  ligures  l'importance  des  éta- 
blissements phéniciens,  l'usage  de  la  monnaie,  qui 
venait  d'être  inventée,  rayonna  dans  toutes  les 
parties  du  monde  hellénique,  et,  dés  le  milieu 
du  vi'  siècle,  chaque  colonie  grecque  eut  des  es- 
pèces particulières  frappées  au  type  de  celles  de 
la  mère-patrie.  Les  monnaies  de  Khoda,  puis  les 
imitations  qui  en  furent  faites,  avaient  cours  sur 
le  littoral  du  golfe  de  Narbonne;  sur  la  côte  ligure, 
c'était  le  numéraire  de  Marseille  qui  y  était  le  plus 
accrédité.  Aussi,  dès  que  les  Volkes  Tectosages, 
entrés  en  relations  avec  leurs  voisins,  eurent  re- 
connu le  besoin  d'avoir  un  monnayage  qui  leur 
appartint  en  propre,  ce  fut  le  type  le  plus  répandu 
dans  la  région,  celui  des  imitations  de  Khoda  qui 
leur  parut  le  plus  convenable  à  imiter. 

Sans  doute  il  y  a  loin  des  belles  espèces  grecques 
au  revers  de  la  rose,  à  celles  dites  à  la  croix  qui 
caractérisent  la  monnaie  tectosage;  mais  il  ne  faut 


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pas  oublier  qu'après  la  ruine  de  cette  colonie  si 
importante,  xta.  plutôt  après  son  absorption  par 
celle  d'Eraporium,  la  drachme  de  Rhoda,  acceptée 
avec  faveur  sur  les  côtes  de  la  Mer  Intérieure,  de- 
vint l'objet  d'imitations  prolongées.  Les  nombreuses 
altérations  qui  nous  sont  parvenues  établissent 
d'une  façon  irréfutable  qu'inunobïlisé  au  nord  des 
Pyrénées,  le  type  de  la  rose  renversée  s'était  insen- 
siblement transformé,  au  point  d'offrir  l'image 
d'une  croix  cantonnée  de  signes  sans  noms,  ves- 
tiges des  pétales;  cette  modification  du  beau  type 
grec  ne  saurait  surprendre  quand  on  est  familiarisé 
avec  la  numismatique  ancienne. 

Ce  fut  donc  au  type  altéré  du  numéraire  de 
deui  grands  centres  commerciaus,  Rhoda  et  Em- 
porium,  dont  les  monnaies  étaient  le  plus  répan- 
dues sur  la  côte  voisine  de  leur  territoire,  que  les 
Tectosages  empruntèrent  le  type  de  leurs  espèces. 

A  l'époque  de  son  apparition,  le  monnayage  des 
Volkes  parait  avoir  été  concentré  vers  le  confluent 
de  l'Ariège  et  de  la  Garonne,  dans  la  région  ha- 
bitée par  les  Tolosates,  aux  environs  de  Vieille- 
Toulouse,  leur  capitale,  mais  cette  localisation  du 
type  dit  à  la  croix  n'a  pu  être  de  longue  durée. 
A  mesure  que  ce  monnayage  gagne  la  partie  infé- 
rieure du  bassin  du  grand  fleuve  aquitanique,  ses 
produits  subissent  de  sensibles  modifications;  en 
pénétrant  dans  les  cités  voisines  le  type  originel 
va  sans  cesse  en  se  déformant,  et  il  atteint  les 
limites  extrêmes  du  territoire  des  Pétrocores,  des 
Cadurquea  et  des  Ruthènes ,  en  maintenant  tou- 
jours au  revers  la  croix  cantonnée,  caractère  indé- 


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niable  de  son  lieu  d'origine.  Débarrassés  de  tout 
ce  qui  pouvait  rappeler  le  souvenir  des  pétales 
de  la  rose,  les  cantons  reçoivent  des  accessoires 
nouveaux,  aux  formes  les  plus  bizarres,  dont  le 
plus  grand  nombre  paraît  devoir  son  origine  à 
la  fantaisie  des  graveurs.  Ceux-ci,  entraînés  par 
lem*  imagination  créatrice,  auraient  reproduit,  en 
les  agençant  sous  une  forme  capricieuse,  soit  les 
symboles  qu'ils  avaient  sous  les  yeux  et  que  leur 
montraient  les  espèces  en  circulation,  soit  le  sou- 
venir de  marques  monétaires  empreintes  sur  les 
monnaies  étrangères. 

Essentiellement  régional,  le  type  des  monnaies 
dites  à  la  croix  se  retrouve  dans  toute  la  par- 
tie de  l'ancienne  Aquitaine  arrosée  par  la  Garonne 
et  ses  affluents;  les  transformations  qu'il  a  subies, 
en  raison  de  son  rayonnement  et  de  la  durée  des 
émissions  qui  en  ont  été  faites ,  permettent  de 
diviser  les  produits  de  ce  monnayage  en  plusieurs 
groupes,  présentantentre  eux  des  diETérences  bien 
marquées  dans  les  accessoires  des  cantons,  dans 
leur  mode  de  fabrication,  et  enfin  dans  leur  sys- 
tème pondéral.  Aussi,  ne  pouvant  donner  à  un 
seul  peuple,  quelle  qu'ait  été  sa  prépondérance  sur 
tous  les  autres,  toutes  les  monnaies  au  type  de 
la  croix,  s'il  faut  accorder  aux  Tolosates  plusieurs 
de  ces  groupes,  il  convient  de  rechercher  non- 
seulement  la  part  à.  faire  aux  Lactorates,  aux  Ni- 
tiobriges,  aux  Vasates,  mais  encore  de  déterminer 
à  quel  peuple  on  doit  attribuer  les  monnaies  au 
flabellum,  aux  symboles  ornés,  qui  paraissent  ap- 
partenir à  une  période  particulière  du  monnayage 


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—  490  — 

des  Tectosages.  Quant  aux  espèces  rencontrées  dans 
les  vallées  arrosées  par  l'Isle,  la  Dordogne,  la  Ve- 
zère,  le  Lot,  l'Aveyron  et  le  Tarn,  elles  se  divisent 
en  trois  groupes  nettement  caractérisés  qui  peuvent 
être  répartis  entre  les  Petrocores,  les  Cadurques  et 
les  Rhuténes,  sur  les  territoires  desquels  les  es- 
pèces appartenant  à  chacun  de  ces  groupes  se  re- 
trouvent plus  habituellement. 

L'examen  de  la  carte  dii  sud-ouest  de  la  Gaule, 
dressée  à  un  point  de  vue  purement  numisma- 
tique, nous  montre  l'étendue  du  rayonnement 
qu'avait  atteint  le  type  des  monnaies  dites  à  la 
croix;  le  groupement  des  trouvailles  nous  ren- 
seigne sur  la  partie  du  bassin  où  les  découvertes 
ont  été  le  plus  fréquentes,  et  nous  fait  voir  qu'au 
Sud,  en  dehors  de  l'arc  de  cercle  qui  de  l'em- 
bouchure de  la  Gironde  atteint  le  rivage  de  la 
Méditerranée,  au-dessus  de  Narbonne,  il  n'a  pas 
été  rencontré  de  produits  du  monnayage  volke. 
Si  donc,  au-delà  des  contre-foris  qui  séparent  le 
bassin  de  la  Garonne  de  celui  de  l'Adour,  depuis 
Ârcachon  jusqu'aux  environs  de  Saint-Bertrand  de 
Comminges,  il  n'a  été  fait  aucune  trouvaille  de 
monnaies  dites  à  la  croix,  si  dans  la  région 
avoisinant  le  versant  nord  des  Pyrénées,  chez  les 
Gonvenae,  les  Gensorani  et  les  Sardonea  il  n'a  pas 
été  rencontré  d'espèces  qui,  par  leur  type,  puissent 
être  rattachées  à  ce  monnayage,  on  est  amené  à 
en  conclure  que  l'influence  des  Tectosages  était 
nulle  dans  l'Aquitaine  proprement  dite,  et  qu'elle 
n'avait  pu  se  maintenir  sur  la  région  pyrénéenne 


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comprise  entre  les  sources  de  la  Garonne  et  la 
Mer  Intérieure.  Que  croire  alors  de  la  déclaration 
de  Ptolémée,  attribuant  aux  Volkes  la  possession 
de  Ruscino  et  d'illibéris,  ainsi  que  du  témoignage 
de  Strabon,  déclarant  que  le  territoire  occupé  par 
les  Volkes  tectosages  atteignait  les  promontoires 
des  Pyrénées  «  où,  dit-il,  on  les  rencontre  mêlés 
à  des  populations  de  nationalité  différente?  » 

11  se  peut,  en  effet,  qu'au  moment  de  leur 
arrivée  dans  le  bassin  de  la  Garonne,  les  Volkes 
aient  cherché  à  étendre  leur  domination  sur  les 
pays  situés  plus  au  Sud,  et  tenté  de  repousser 
au-delà  des  Pyrénées  les  nations  qu'ils  avaient 
dépossédées  de  leurs  territoires;  mais  lorsque,  de- 
venus libres  possesseurs  du  riche  pays  qu'ils  ve- 
naient de  conquérir  par  la  force  des  armes,  les 
envahisseurs  se  livrèrent  aux  travaux  agricoles,  il 
est  assez  probable  qu'alors  les  tribus  ibères,  réfu- 
giées momentanément  sur  le  versant  des  Pyrénées, 
rentrèrent  peu  à  peu  en  possession  des  régions 
arrosées  par  les  sources  de  la  Garonne,  de  l'Ariège, 
de  l'Aude  et  du  Tet,  et  qu'elles  surent  y  acquérir 
sinon  une  indépendance  complète,  du  moins  la 
garantie  de  leur  nationalité  et  de  leurs  usages. 

Ce  qui  avait  pu  avoir  lieu  à  l'époque  de  l'in- 
vasion des  Volkes,  nation  essentiellement  guer- 
rière, avait  dû  se  modifier  après  leur  établissement 
dans  les  plaines  fertiles  de  la  Garonne;  la  force 
militaire  et  l'esprit  de  conquête  s'étaient  insensi- 
blement affaiblis  chez  les  envahisseurs,  qui  ne 
purent  sérieusement  s'emparer  de  toute  la  région 
du  littoral,  habitée  par  des  peuples  d'origines  di- 


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—  492  — 

verses  devenus,  il  est  vrai,  leurs  clients,  et  dont 
l'autonomie  parait  s'être  naaintenue  jusqu'à  l'épo- 
que de  la  conquête  romaine.  Il  est  donc  permis 
de  croire  que,  en  dehors  de  la  ligne  indiquée  par 
les  trouvailles,  la  domination  des  Volkes  sur  les 
nations  du  versant  nord  des  Pyrénées  n'avait  pas 
été  durable,  et  que  l'influence  qu'ils  avaient  pu 
y  exercer  dans  les  premiers  temps  avait  fini  par 
disparaître. 

11  nous  reste  enfin  à  démontrer  que  la  limite 
extrême  des  découvertes  de  monnaies  dites  à  la 
croix  coïncide  avec  la  ligne,  frontière  des  pays 
habités  par  une  race  d'origine  différente. 

Selon  le  rapport  de  Strabon,  «  les  populations 
de  l'Aquitaine  formaient  non-seulement  par  leur 
idiome,  mais  encore  par  leurs  traits  physiques, 
beaucoup  plus  rapprochés  du  type  ibère  que  du 
type  galate,  un  groupe  complètement  à  part  des 
autres  peuples  de  la  Gaule  ;  »  leur  descendance  est 
encore  parfaitement  reconnaissable  dans  la  région 
transgaronnienne.  Cantonnées  sur  le  versant  nord 
des  Pyrénées,  ces  tribus,  d'origine  ibère  —  la  plus 
ancienne  race  de  toutes  celles  qui  se  succédèrent 
sur  le  sol  de  la  Gaule,  —  parlaient  non-seulement 
une  langue  étrangère  à  celles  des  Volkes,  mais 
elles  avaient  des  dieux  que  n'adoraient  point  leurs 
voisins,  et  dont  le  culte  persista  même  après  la 
conquête  romaine.  Les  autels  élevés  à  ces  divinités 
se  rencontrent  dans  toute  la  région  habitée  par  la 
race  ibère;  on  les  retrouve  jusqu'à  la  limite  que 
nous  avons  assignée  au  rayonnement  du  mon- 
nayage des  espèces  dites  à  la  croix,  limite  indt- 


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quée  par  le  groupement  des  trouvailles,  et  qui  se 
confond  avec  celle  de  la  région  où  la  langue 
gasconne  est  encore  en  usage. 

Si  donc,  aujourd'hui,  grâce  aux  progrès  de  la 
philologie,  il  est  permis,  par  l'étude  approfondie 
de  la  formation  des  noms  de  lieux,  de  circons- 
crire l'étendue  du  territoire  hahité  aux  temps 
anciens  par  les  peuples  de  race  ibère,  la  numis- 
matique, par  l'examen  raisonné  des  trouvailles, 
permet  à  son  tour  de  délimiter  l'étendue  des  pays 
soumis  à  la  race  volke,  et  de  reconnaître  que, 
jusqu'au  temps  de  la  conquête  par  César,  l'Aqui- 
taine, demeurée  indépendante,  échappa  à  la  do- 
mination des  Gaulois  pour  former  un  peuple 
distinct  que  nous  retrouverons  plus  tard  sous  les 
noms  de  Vasconi,  de  Gascons  et  de  Basques. 
Soumises  un  instant  par  Charles-Martel,  nous  ren- 
controns ces  mêmes  populations  à  Roncevaux, 
unies  aux  Sarrasins  d'Espagne,  et  lors  des  grandes 
luttes  entre  les  Francs  du  Nord  et  les  peuples  de 
la  Septimanie,  dont  les  chansons  de  gestes  nous 
ont  transmis  le  souvenir,  les  trouvères  du  moyen 
âge  ne  cesseront  de  célébrer  l'énergie  indomptable 
avec  laquelle  cette  race  antique  défendit,  pendant 
des  siècles,  son  territoire  et  son  indépendance. 

L.  Maxe-Werly, 

Correspondant  du  Ministère. 


lyGoogIc 


„Googlc 


PROVERBES  BAS-LIMOUSINS' 

Par  Jean-Baptiste  CHA.MPEVAL 

Avocat  à  Figeac  (Lot) 

FÉUBRE     DE     LA.     MAINTENANCE     D'AQUITAINE 


^^'ous  garderons  toujours  beau- 
■  coup  de  reconnaissance  pour  les 
I  personnes  qui  nous  aident  (2)  si 
I  efficacement  à  mieux  connaître 
1  nous-mêmes  et  à  faire  apprécier 
davantage  au  dehors  cette  chère 
)  patrie,  si  fidèle  à  sa  noble  langue, 
uelle  brillante  portion  de  l'histoire 
lys  le  limousin  n'a-t-il  pas  comme 
Lssée  dans  son  patois?  Pourquoi  faut- 
e  ce  soit  au  loin  qu'on  l'étudié  le 
savamment,  le  scalpel  à  la  n^airf,  à 

la  pleine  lumière  des  travaux  allemands,  dernier 

mot  de  la  science  philologique? 

(1)  Ces  proverbes  ont  été  recueillis  dans  tout  le  département  de 
la  Corrèze;  ceux  qui  sont  en  patois  sont  reproduits  dans  l'idiome 
de  GorrËze  (Corrèze). 

(3)  Ces  lignes  ont  été  écrites  en  vue  de  l'bospitalité  gracieu< 
aement  offerte  au  présent  travail  par  la  Revue  allemande  de  phi- 
lologie  romane,  que  publient,  à  l'Université  de  Hall,  des  savants 
tels  que  HH.  Grober,  Hcnnanii  Suchier,  etc..  Si  nous  n'avons  pas 
accepté  l'offre  qui  noua  a  été  faite,  c'est  (ju'il  nous  a  paru  plus 
naturel  de  confier  notre  manuscrit  à  la  Société  historique  et  ar- 
chéologique de  U  Corrète,  qui  s'occupe  si  activement,  à  Brive, 
de  l'étude  de  notre  pays. 


DigmzcdbyGoOgle 


Quoi  qu'il  en  soit  des  hostilités  officielles  de 
l'école  primaire,  ou  de  la  guerre  sourde  de  cer- 
tains bourgeois  fort  jaloux  de  dissimuler  par  là 
leur  qualité  de  parvenus,  il  se  maintient  toujours 
vivace  et  tenace...  notre  patois.  Du  même  culte 
qu'ils  ont  voué  à  leur  châtaignier  au  doux  fruit, 
bienfaiteur  éternel  du  Limousin,  nos  paysans  ché- 
rissent, en  le  conservant  aussi  précieusement  que 
le  feu  de  foyer  en  foyer,  leur  parler  antique  et 
sonore.  Espérons  qu'il  vivra  ainsi  longtemps,  mêlé 
aux  âpres  senteurs  de  la  bruyère  violette,  faisant 
écho  au  bruissement  des  plus  fraîches  eaux,  oppo- 
sant fièrement,  enfin,  au  torrent  de  vulgarité  et 
d'asservissement  parisien  qui  déborde  partout,  cette 
barrière  du  langage,  autrement  puissante  que  la 
coquette  ceinture  de  montagnes  dont  l'horizon  se 
festonne  ici,  matin  et  soir,  avec  tant  de  grâce. 

En  attendant  que  soient  racontées  en  détail  ses 
légendes  avec  son  histoire  intime,  nous  avons  ci-u 
faire  œuvre  filiale  en  recueillant  quelques  proverbes 
ou  djctons  pittoresques'  du  bas-pays,  ceux-là  seu- 
lement où  il  s'est  peint  de  plus  prés,  plus  au  vif. 

Après  les  travaux  de  M.  l'abbé  Joseph  Roux, 
notre  éminent,  mais  hélas  !  unique  confrère  de 
félibrige,  nous  ne  présenterons  notre  modeste 
glane  qu'en  appendice,  évitant  de  le  répéter,  sauf 
à  l'occasion  de  commentaires  tout  autres  parfois 
que  les  siens,  et  en  nous  autorisant  de  l'intimité 
dans  laquelle  nous  avons  vécu  déjà  l'âge  d'homme 
avec  l'idiome  limousin. 

Pour  l'orthographe  des  mots  patois,  instrument 
savant  quoi  qu'on  fasse  de  la  pensée,  plus  que 


lyGoogle 


—  497  — 

jamais  tenu  de  retarder  sur  la  pronoDciation, 
noua  avons  suivi  celle  des  troubadours,  tout  en 
cédant  presque  autant  qu'il  convenait  à  la  marche 
de  ce  temps  de  progrès  assez  débridé. 

Nous  maintenons,  comme  dans  notre  almanach 
de  propagande  catholique  :  VAnnuari  lemouzi, 
de  1884,  malgré  le  reproche  d«  quelques  per- 
sonnes, l'a  final  féminin,  faute  d'une  lettre  inter- 
médiaire entre  l'a  et  l'o,  pouvant  figiu^r  ici  notre 
son  ea.  Ex.:  chabr-ea,  vach-ea,  mieux  que  cha- 
bro,  vaeho,  chèvre,  vache.  L'a  plein  et  l'o  fran- 
chement émis  ne  satisfont  pas  l'oreille,  mais  nous 
préférons  encore  noter  par  a,  qui  sonne  d'ailleurs 
nettement  dans  divers  cantons  «  arriérés  »  ;  Ar- 
gentat,  Gorréze. 

Nous  avertissons  aussi  que  au  sonne  à-où  par 
une  seule  émission  de  voix. 

Eu  sonne  è-où. 

G.  j.  sonne  dg,  dj,  dz. 

Ch  sonne  tch,  t»,  parfois  s. 

Es  (pluriel)  sonne  eis. 

Ti  sonne  (souvent)  thiy. 

Nous  n'avons  ni  l'A  aspirée,  ni  l'e  muet. 

B  final  infinitif  ne  sonne  pas  et  s'euphonise 
en  8,  quand  il  y  a  liaison. 

Nous  recommandons  à  ce  sujet  de  lire  les  prin- 
cipes émis  par  M.  Ghabaneau  dans  sa  Grammaire 
limousine. 

Notre  mémoire  sur  les  Proverbes  limousiTis  est 
divisé  en  dii  séries.  Chaque  série  se  rapporte  à  un 
ordre  de  faits  différents  et  contient  les  proverbes 


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qui  s'y  rattachent.  Voici  dans  quel  ordre  ils  sont 


I.  —  Dictons  béoionaux.  Ils  embrassent  tout  le 
Limousin  et  sont  exprimés  en  français,  latin,  ou 
romano-Umousin;  ils  ont  eu  cours  à  notre  sujet, 
en  tel  ou  tel  pays. 

II.  —  Dictons  cantonaux,  en  français.  Us  indi- 
quent par  un  seul  mot  l'industrie  ou  la  produc- 
tion dominante  de  différents  cantons  de  la  Gorrëze. 

III.  — -  Dictons  couiqubs  et  pittoresques,  en 
patois,  sur  nos  principales  localités  du  bas-pays, 
a  bassa  patria,  »  ou  ses  personnages  typiques. 

IV.  —  Proverbes  moraux. 

V.  — Proverbes  relatifs  aux  saisons,  plantes. 

VI.  —  Proverbes    se  référant  aux   usaobs, 

HÛBURS. 

VII.  —  Proverbes  divers. 

VIII.  —  Proverbes  touchant  la  religion. 

IX.  —  Proverbes  s'appuouant  aux  animaux, 
oiseaux. 

X.  —  Proverbes  concernant  l'hygiène. 

SÉRIE  I" 
dictons  régionaux 

1.  Le  Limoutin  seconde  Biotie. 

VOLT*IIIB. 

Par  allusion  aux  Béotiens,  qui  passaient  pour  illettrés  parmi  les 

2.  Il  faut  savoir,   MM.  de   la  Cour,  qu'en  Limousin  toute 

bicoque  est  maison,  chaque  maison  est  un  ekdleau,  tout 
ce  qui  est  bourg  est  ville  et  les  efu^ons  sont  des  giUnes. 


DigilizcdbyGoOgle 


Cet  &vis  matin  aurait  été  affiché  dana  la  salle  des  Paa-t'erdus, 
au  Parlement  de  Bordeaui,  dont  nous  ressorlissions  avaikt  1TS9. 
On  s'égalait  ainsi  à  nos  dépens  pour  nous  punir  du  dieton  or- 
gueilleux suivant  : 

3.  Qui  a  maiton  à  Vserehe 
A  chatUl  en  Limosin. 

■  La  seconde  ville  du  Bas-Limousiu  est  Uzerche,  belle,  gra- 
cieuse et  tempérée,  assise  sur  le  torrent  de  Vé/ère  et  presque 
imprenable,  selon  le  jugement  des  hommes.  Les  eaux  la  déTendenl 
de  tous  eûtes,  et  il  n'y  a  que  deux  avenues,  mais  si  fortes  qu'on 

dit  communément  :  Qui  a  maiton > 

DuGHEBNE,  Anliquitis  des  villes  de  France. 

4.  Limoges  la  saincte. 

On  l'appelait  ainsi,  au  loin,  au  xiv*  siècle,  parce  que  ses  osten- 
tions  des  reliques  de  saint  Martial,  sainte  Valérie,  saint  Aurélien, 
saint  Loup,  etc.,  y  attiruent  de  nombreux  pèlerins. 

5.  Salle  eoum'  un  Lemouzi. 
Sale  comme  un  Limousin. 

GuDoz,  Recueil  de  proverbet  français. 

Nos  ëmigrants,  fort  nombreux  et  dépenaillés,  ont  pu  justifier 
cette  épithète.  L'on  allait  beaucoup  en  Espagne,  de  Corrèze,  et 
surtout  de  Beynat,  pour  devenir  ma^on,  portefaix,  sans  parler  de 
nos  nombreux  paysans  pèlerins  de  Saint-Jacques  de  Compoatelle. 

6.  La  France  bosme. 

Se  dit  encore  dans  le  peuple,  en  Auvergne,  pour  désigner  cette 
partie  mon(a{fneuse  du  Haut-Limousin  qui  est  en  amont  de 
Limogea. 

7.  Lemovix,  urbs  anliqttx  pareimonUe. 
Limoges,  ville  d'uae  antique  parcimonie. 

On  voulait  désigner  par  ces  mots  sa  population  économe  et  ran- 
gée de  longue  date. 

8.  Bon  Marchois,  maçon  ou  curé. 

La  Marche  fournit  abondamment  à  ces  deux  emplois  du  vie. 
Paris  en  sait  quelque  chose  pour  les  matons.  La  Marche  venait 
prendre  chez  nous,  avant  1789,  une  bande  de  terrain  partant  du 
bourg  de  Bugeat  exclus,  jusqu'il  Eygurande,  inclus  en  partie. 

9.  Lmirdaud,  obtus  comme  un  Limomin.' 

A  voir  nos   gens    nourris   sobrement  de  cKataignes,  de  seigle 


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—  500  — 

émollient,  de  farineux  et  d'eau,  alourdis  non  pluB  seulemeut  par 
l'effet  d'un  tempërament  ainsi  obtenu,  mais  encore  par  l'babitude- 
de  se  sentir  les  pieds  emprisonnés  dans  d'informes  sabots,  le  corps 
entier  comme  empesa  sous  une  bure  avare,  mais,  en  outre,  par 
l'allure  momifiée,  endormie,  que  leur  impriment  leurs  bestiaux 
anémiques,  à  les  voir  ainsi,  disons-nous,  un  méridional  les  pren- 
drait pour  atupidea. 

De  l'habitant  de  Corrèze  (Corrèze),  on  a  dit,  un  peu  aussi  pour 
la  rime  : 

EUl  d'à  Courreza, 

Lou  lioul  y  pezatf 

11  est  de  Corrèze, 

Le  derrière  lui  pèse. 
S'il  est  lourd,  il  ne  l'est  guère  que  de  cela.  En  affaires,  ce  sont 
«  gens  dé  Châleaudun  *  (entendant  à  demi-mot). 

10.  Le  Limousin  vous  offre  un  fruit  et  vous  en  donne  deux. 
D'abord  il  se  retiendrait  facilement  de  donner,  mais  aussi,  s'il  se 

livre,  il  vous  forcera  de  manger  même  avec  cet  argument  prover- 
bial des  paroissiens  d'Orliac-la-PauNE  :  «  Monsieur,  mangez-en, 
de  gr&ce,  nos  animaux  (nos  pourceaux)  n'en  ueuIenJ  plua!  ■ 

11.  Limousinage. 

On  désigne  ainsi  toute  maçonnerie  grossière  de  moellon  brut  et 
de  mortier,  opus  tumultuarium. 

12.  Œuvre  de  Limoges.  —  Crucifix  de  Limoges. 

Le  Rodx  de  LiNCY,  Le  Livre  de»  Prov.  franc. 

On   désignait  par  là  même   à  l'étranger,   au  moyen   ftge,    les 

belles  pièces  sorties  de  nos  ateliers  d'orfèvrerie  ou  bien  dues  & 

nos  émailleurs  :  les  Alpays,  etc.  (nom  fort  commun  à  Heymac  au 

XVI*  siècle). 

13.  Limousin  mangeur  de  raves. 

(Dicton  poitevin)  ■  matche-rabee.  •  (Rabelais.) 
Avant  la  pomme  de  terre  tes  raves  étaient  la  grande  ressource 
du  pays.  Le  blé  noir  ne  se  répandit  qu'après  le  xvi*  siècle,  surtout 
parce  qu'il  n'était  pas  sujet  à  la  dlme,  en  bien  des  lieux. 

14.  ftave  limovtine. 

Se  dit  d'une  femme  courtaude,  qui  no  croît  qu'en  rond.  Pour 
indiquer  pudiquement  l'entrée  en  puberté,  d'une  jeune  fille,  ils 
usent  ici  d'une  gracieuse  métapliore.  Rabounat  :  elle  tourne  en 
rave,  c'est-à-dire  :  ses  seins  se  prennent  à  gonfler  &  l'instar  d'une 
rave. 


lyGoogle 


15.  Les  Auvergnats  et  Limosins 

Font  leurs  affaires,  puis  celles  des  voisins. 

Papib,  M*bbon.,  Descriplio  Francis  per  ftum. 

16.  0  vaÏTiguit  sans  eonvii 
Ine  vilaine  trolie, 

De  Limousins  affamie; 

Mex  tote  nouire  assomblie 

Lour  dissit  que  les  raves  en  la  ^stdie 

îfetiant  guère  estimie 

N'ayant  point  de  pourceaux. 
Alors  vînt  sans  invitation  (à  la  crèche,  il  s'agit  d^in  Noël). 
Une  vilaine  bande, 
De  Limousins  afTamée; 
Mais  toute  notre  assemblée 
Leur  dit  que  les  raves  en  la  Judée 
N'étaient  guère  estimées 
N'ayant  point  de  pourceaus  (par interdiction  légale]. 

NoBL  POITEVIN.  Bulletin  des  Antiquaires  de  l'Ouest. 

17.  Convoi  de  Limoges. 
C'eat-à-dire  politesses  cérémonieuses,  révérences  sans  Sa. 

Les  Limougeauda  sont  si  prévenants,  si  obséquieux,  que  lors- 
qu'ils se  visitent,  celui  qui  vient  de  recevoir  reconduit  son  visiteur 
jusque  chez  lui.  Ce  dernier,  se  piquant  alors  de  générosité,  ramène 
l'autre,  et  ainsi  de  suite,  o  Deux  Limosins,  dit  le  baron  de  Fceneste, 
passèrent  une  nuit  à  se  convoyer.  ■  La  marchandise  rend  obsé- 

D'AuBioNé,  Avent.  de  Fœneste. 

18.  Gueux  comme  un  gmtilhomme  de  Ligoure. 
Gueux  au  sens  de  misérable,  mal  accoutré. 

■  C'est  un  pays  enclavé  dans  le  Limosin.  On  dit  ce  proverbe  : 
Queux  comme  un  gentilhomme  de  Ligoure.  Ils  n'ont  qu'un  fusil, 
un  chien'  galeux;  ils  vont  à  la  chasse  :  ce  sont  des  gentill&tres.  « 
Lahcblot,  Recherches  sur  les  Pagi. 

19.  Tromperie  de  Bellac. 

t  Quoique  nous  eussions  choisi  la  meilleure  hôtellerie,  nous  y 
bûmes  du  vin  à  teindre  les  nappes,  et  qu'on  appelle  communément 
la  tromperie  de  Bellac.  Ce  proverbe  a  cela  de  bon  que  Louis  XIII 
en  est  l'auteur,  a 

La  Fontaihe,  Voyage  en  Limosin,  en  1663. 


lyGoogle 


20.  Toupinier  de  Duris. 

On  y  fabrique  beaucoup  da  pota.  Tupi,  (oupi,  pol  (peut-être  venu 
de  pouti,  itain). 

21.  Li  phis  roigno  m  Limotin. 

Diction,  de  l'Aposloile,  xiii*  siècle. 

22.  Manger  du  pain  comme  un  Limosin. 

LBBO0X,  Diction,  comique. 
Plus  anciennement  le  proverbe  existait  en  latin  :  Lemooix  panië 
helluo.  L'on  dit  encore  :  Manger  la  aonpe  comme  un  Limousin  (1). 

'    23.  Papes  du  Lùnomin, 

Clumceliers  d'Auvergne, 
Maréchaux  de  Gascogne, 
Ligîttes  de  Bourges. 

CAniiHor,  Prov.  franc. 
Le  BH-Limousin  a  donné  trois  papes  à  l'Eglise  :  Clament  VI, 
Innocent  VI  et  Grégoire  XI. 

24.  Àeadimieien  d'Ambaxae. 
Pour  désigner  un  ignorant,  un  sot,  un  ftne. 

Cette  commune  est  au  nord  et  à  peu  de  distance  de  Limoges. 

25.  RiAiet  lemovica. 
Intrigue,  brigue  limousine. 

Dicton  en  usage  à  Avignon  au  xvi*  siècle  à  propos  de  nos  Domr 
breuz  cardinaux. 

26.  Jamays  lou  Lemousi  n'hat  périt  per  seeharetta. 
Jamais  en  Limousin  la  disette  n'est  venue  par  sécheresse. 

Notre  paya  est,  en  effet,  fort  arrosé,  soit  par  les  cours  d'eau  qui 
y  abondent,  soit  par  l'effet  des  vents  d'ouest  vers  lesquels  cette 
vaste  fikcette  très  boisée  du  Plateau  central  n'est  que  trop  tournée. 

27.  La  Coutauz. 

Geue  des  coteaux  du  Bas- Limousin,  ainsi  appelés  à  Saint-Yrieix- 
la-Perche,  ou  ils  portent  le  vin  à  dos  de  mulet,  dans  des  outres, 
en  1587.  {Livre  de  raison  de  Jarrige,  publié  par  M.  de  Montégut.) 


(1)  Clbheht  Simon,  auteur  d'une  abondante  collection  de  pro- 
verbes patois  corréziens  interprétés  avec  autant  de  sagacité  que 
d'érudition. 


lyGoeigle 


28.  C'est  vn  viteomtam. 

Pour  dire  c'est  im  pareBseux,  ami  de  la  bonne  cbère  at  des 
rëunioDS. 

Dicton  encore  Ma  en  usage  à  Figeac,  à  propos  d»  la  bourgeoisie 
de  Saint-Ceré. 

Or,  nous  retrouvons  dans  un  rapport  d'intendant  de  notre  pro- 
vince daté  de  1T6T,  à  propos  de  Bilhac,  Meyssac  et  du  caractère 
des  habitants  de  la  vicomte,  en  gânéral,  *  qu'ils  ont  l'eaprtt 
vtcoimH,  ami  de  l'oUiveti.  >  (Série  C,  n^  203.  Archives  de  Is 
Préfecture  de  Limoges.) 

29.  Gentilshommes  lu^niUe  de  soie. 

Les  paysans  du  Limosin  appellent  gentilshommes  les  pourceaux, 
parce  qu'ils  sont  vêtus  de  soie  comme  l'était  autrefois  la  seule 
noblesse. 

DticalUina,  p.  U. 
Aux  environs  de  Montpellier,  on  appelle  souvent  le  pourceau  : 
lou  noble. 

CLiuKjn  SiMOB,  ProD. 
A  Tnlle,  on  s'insulte  en  disant  nobU  porc  I 


SERIE  II"- 


DICTONS  ftâoiONAUX 

AnXOUBLB  HOtlS  raOPOSBIllONS  DB  DOHHEB  CODBS  BK  GBTTE  FOBHS 

COHDKHSriB,  QnOIQUB  CSUS  DB  CB1TB  BIÎBIE 

NB  SOrem  PAS  TODS  EM  CIKCULlTIOlf 


30.  Moutardiers  de  Brive. 

firive,  chef-lieu  d'arrondissement,  est  renommée,  depui 
temps,  pour  la  fabrication  de  la  moutarde  violette. 


Li^ourevrt  de  Larche. 


32.  Chaufourniers  d'Ayen. 

Ayeo,  chef-lieu  de  canton,  est  situé  sur  un  plateau  calcaire  qui 
fournit  de  bonnes  pierres  à  cbauz. 


lyGoogle 


33.  Fruitiers  de  Donzenac. 

Le  canton  de  DonzeDac  produisait  une  certaine  quantité  de  fruits 

qu'on  allait  hâbituollement  vendre  à  Tulle  pendant  l'âtâ. 

34.  Charbonniers  de  Juillac. 

C'est  un  pays  de  ch&taigniers.  Or,  on  dit  du  châtaignier  :  bcitn 
cMrbounier. 

35.  Forgerons  de  Vigeois. 

Il  y  avait  beaucoup  de  forgea  au  bois  donnant  des  fers  doux, 
estimés  surtout  pour  la  ferrure  des  chevaux. 

36.  Maquignons  de  Lubersac. 

Le  haras  de  Pompadour  est  situé  dans  le  canton  de  Lubersac, 
qui  élève  beaucoup  de  chevaux. 

37.  Huiliers  de  Meyssac. 

Le  canton  de  Ueyssac  produit  de  beaux  noyers,  dont  les  fruits 
sont  utilisés  pour  la  fabrication  de  l'huile. 

38.  Vignerons  de  Beaulieu. 

Beaulieu,  chef-lieu  de  canton,  est  un  pays  vignoble,  dont  le  raisin 
produit  un  liquide  foncé  très  recherché  par  les  marchands  de  vin. 

39.  Chevriert  ou  Vanniers  de  Beynat. 

En  y  gardant  les  chërres  on  tresse  des  cabas  et  des  paniers. 
'40.  Mariniers  d'Àrgentat. 

Argentat,  chef-lieu  de  canton  sur  les  borda  de  la  Dordogne,  fai- 
sait autrefois  en  grand  le  commerce  des  merrain  et  carassonne, 
transportés  sur  des  bateaux  plata,  dont  on  a  gardé  la  forme  à 
Bordeaux  en  les  appelant  encore  des  Argentat. 

41.  Chaudronniers  de  Mer  cœur. 

42.  Marchands  de  parapluies  de  Servières. 

De  ces  deux  cantons  on  émigré  beaucoup  pour  ce  double  genre 
de  commerce. 

43.  Armuriers  de  Tulle. 

L'industrie  pour  la  fabrication  des  fusils  était  devenue  fort  im- 
portante it  Tulle,  par  suite  de  rétablissement  de  la  Manufacture 
d'armes,  vers  1760. 


ly  Google 


44.  Porchers  de  Seillae. 

Les  forâts  de  Lagraulière  et  de  SuDt-JaJ  ont  toujours  favorisé 
la  production  des  truies  portières. 

45.  Pelletiers  de  Treignae. 

(La  plupart  do  ces  dictons  trouveront  leur  explication  et  leur 
complément  dans  la  série  suivante.) 

46.  Vachers  d'Oxerche. 

Les  vaches  qu'on  élève  k  Uzerche  se  font  remarquer  par  leur 
beauté.  Elles  sont  de  la  race  de  Limoges.  Le  scel  des  commune* 
d'Uzerche  aurait  porté  deux  bouveaux  en  1373.  S'il  faut  en  croire 
la  légende  d'une  vieille  empreinte  sur  une  bande  de  soie  que  nous 
a  montrée  H.  Ponlier,  d'Uzercbe,  Uzerche  eut  trois  paroisses 
Bimultanémeot. 

47.  Maçons  de  Laroche. 

Ils  font,  en  Auvergne  et  dans  le  reste  de  la  Gorrèze,  presque 
toute  la  b&tisse. 

48.  Savetiers  de  Lapteau. 

On  les  trouve  dans  le  Lyonnais  surtout.  U.  Treich-Laptène  a 
écrit  un  roman  de  mœurs  locales  :  Lou  gourlier. 

49.  Manœuvres  de  Corriie. 

Bordeaux  et  Paris  attirent  bon  nombre  de  nos  servantes  ou  jour- 
naliers, •  brassiers,  »  comme  on  disait  autrefois,  c'est-à-dire  Ira- 
vaillant  mécaniquement  des  bras,  plus  que  de  U  tête. 

50.  Cochers  d'Eygurande. 

Le  canton  d'Eygurande  revendique  près  de  trois  cents  cochers  de 
flacre  ou  d'omnibus,  k  Paris. 

51.  Chasseurs  de  Sornac. 

52.  Apiculteurs  de  Bugeal. 

Le  miol  de  ce  canton  est  renommé  par  son  parfum  provenant  de 
la  nourriture  excellente  que  trouvent  les  abeilles  dans  les  fleurs 
des  montagnes.  Ces  plateaux  ne  produisent  que  de  la  bruyâre. 

53.  Scieurs  de  long  de  Meymae. 

Ils  vont  dans  la  lande  bordelaise  pour  l'hiver,  et  travaillent  une 
partie  de  la  nuit  aux  lueurs  d'un  foyer  de  pin. 


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—  506  — 

54.  Jardinier*  tPUisel. 
Renommé  pour  ses  choux  pommés. 

55.  Moissonneurs  de  Neuvie. 

Peu  de  pays  fournissent,  pendant  l'été,  des  moissonneuses  en 
Misai  grand  nombre  que  le  canton  de  Neavic.  G'eat  auasi  la  patrie 
des  Ailes*  mères. 

56.  Chapeiiert  de  Bort. 

Sort,  chef-lien  de  canton,  possède  de  nombreuses  fabriques  de 
diapeaux  de  feutre. 

SÉRIE  IIP 


DICTONS  COMIQUES  ET  PITTORESQUES  SUR  NOS  PRIN- 
CIPALES LOCALITÉS  OU  SUR  NOS  PERSONNAGES 
TYPIQUES. 

57.  En  quu  se  prend  lou  rey,  quand  s'aceottat  en  moussu 

de  Bowiavat? 

Le  roi  ne  sait-il  pas  qu'il  a  aifaire  à  forte  partie,  quand 
il  se  prend  de  querelle  avec  M.  de  Bonneval? 

Les  de  Bonneval,  famille  noble  possédant  en  Bas-Limousin  (1657) 
le  fief  de  Blancbefort,  canton  de  Seilhac,  et  dont  on  disait  aussi 
en  énumérant  les  principsdes  familles  nobles  du  Limousin  : 

58.  Ventadour  vante, 
Pompadour  pompe, 
Turenne  règne, 

Ghàteauneuf  ne  les  craint  pas  d'un  œuf. 
Des  Cars  richesse, 
Bonneval  noblesse. 
Hbnestribs,  Recherches  du  blaeon,  t.  II,  p.  90. 

59.  Loungour  de  Touretia. 

Se  dit  à  Figeac,  pour  signifier  lent«ur.  Ce  mot  a-t-it  pris  son 
origine  de  quelque  secours  arrivé  en  retard  et  promis  par  un 
prince  de  Turenne  aux  consuls  de  Figeac,  ou  bien  de  la  diffé- 
rence des  mesures  de  o  la  vicomte  »  avec  celles  de  l'abbé  de  Saint- 
Sauveur  de  Figeac T 


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—  507  — 

60.  Aquo  eisi  eotima  moussu  de  Braconnât, 
Que  mourtt  d'avant  d'esser  nat. 

Cest  comme  M.  de  Braconnât,  qui  fut  enterré  avant 
de  naître. 

On  enterra  sa  mère  durant  une  écUmpsie,  (^oi  cessa  au  cime' 
tière  pour  donner  le  jour  à  ce  magistrat,  dont  la  famille,  venue  de 
Beaulieu,  s'éteint  dans  nne  fille,  à  TuUo. 

61.  Qu'en  dit  Braconnac:  Quand  ealt  far  festa,  eall  far  fetta. 
Gomme  le  dit  justement  Braconnac,  quand  il  faut  faire 

fête,  il  faut  faire  fête. 

Idée  qu'on  traduit  dans  d'autres  paya  en  disant  ;  Il  n'est  pas 
tous  les  jours  fôte. 

62.  Far  eouma  Jehan  de  Nivella, 
Que  quand  pleut,  a^Mirnellat, 

Et  qu'en  veyre  vegnir  lou  bel  temps, 
S'esiend. 
Faire  (tout  au  reboura)  comme  Jean  de  Nivelle,  qui, 
la  pluie  venue,  allume  ses  fourneaui  d'écobuage,  et  qui, 
,1e  beau  temps  revenant,  s'étend  pour  dormir. 

63.  Coifzinier  Lambritla. 

8e  dit  de  quelqu'un  qui  se  mêle  de  cuisiner  sans  s'y  connaître. 
En  Rouergue,  comme  à  Limoges,  on  le  dit  au  sens  de  tracassier. 
tracassier  de  Lambretle. 

64.  Vier  coutna  vieillas  rodas,  pour  Yier  coutna  Heroda. 
Vieux  comme  de  vieilles  roues,   pour  Vieux  comme 

Hérode. 


65.  L'as  croumpat  à  Bounobiolo! 

Tu  l'as  acheté  à  Bonneviole  ! 
C'est  ainsi  qu'un   habitant  du  Quercy  apostrophe  un    passant 
monté  sur  une  rosse,  parce  que  le  marché  de  Bonneviole  est  re- 
nommé pour  la  voûte  des  mauvais  chevaux. 

Le  Rols  ne  I.iscv,  Pror>..  t.  I.  p.  3!1. 
Bonnevioîle,  canton  de  Bretenoux  (T^t),  est  situé  près  de  Beau- 
lieu,  sur  les  limites  de  la  Corrëze. 


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66.  Lotis  coumtes  de  Las  Guinas  se  levounl  à  Miezza-nout  per 

partir  à  Miedzour. 

Les  comtea  de  Lagueone  se  lèvent  à  minuit  pour  partir  &  midi. 
Laguenne,  petite  ville  de  !«  banlieue  de  Tulle. 

67.  N'en  prenntr  d'à  Bon  et  d'à  Saignas. 

En  prendre  de  Bort  et  de  Sagnes, 

C'est-à-dire  un  peu  de  partout,  à  tort  et  à  travers.  Sagnes,  chef- 
lieu  de  canton  du  Cantal,  n'était  pas,  en  effet,  de  la  juridiction  du 
prieur  de  Borl,  chef-lieu  de  canton  de  la  GorrÈie,  et  sur  la  rive 
opposée  de  la  Dordogne. 

68.  Moussu  D'er  Bost 
Vendra  tantosl. 

Se  vous  embrassât, 
Fasis  y  plaça, 
Se  vous  dit  Te, 
Pausas  y  un  boun  soufflet. 

Monsieur  Delbos 

(Un  vert  galant  resté  célèbre) 
Viendra  tantôt  (veiller), 
S'il  vous  embrasse, 
Faites-lui  place, 
Mais  s'il  se  tait, 
Appliquez-lui  un  bon  soufflet. 
II  faut  évidemment  le  rétablir  comme  suit  ; 
Se  vous  dit  re, 
Fasés  y  plaça, 
Se  vous  embrassât, 
Tournas  y  un  soufflet. 
Ce  couplet  rappelle  le  dramatique  dialogue  du  MarijAloux  pro- 
vençal (et  aussi  limousin)  donné  par  Daudet  : 

Ount'as  passât  la  matinada,  corbleu,  Marioun. 

69.  A  quo  eit  un  Hanric-quatre. 

C'est  un  Henri-quatre, 
Se  dit  d'une  chose  quelconque,  vieille,  usée,  et  d'un  débit  dif- 


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—  509  — 

70.  Soumblal  tous  ckes  d'Allaneha  que  s'obturount  à  la  paret 

per  abazzar. 
Il  imite  les  chiens  d'Allanche  qui  s'adossent  à  un  mur 
avant  d'aboyer. 
Allanche,  village  de  St-Boanet-el-Vert,  ou  Allanche,  du  Cantal. 

71.  Far  eouma  lou  sourcier  d'à  Navoi,  que  prejavat  Dieu 
mays  panavat.  [D'autres  disent  la  femme  de  Naves.) 

Faire  comme  le  sorcier  de  Naves,  qui  priait  Dieu  tout 
en  volant. 
Naves,  situé  près  de  Tulle. 

72.  Credar  eown'un  Angli. 
Crier  comme  un  Anglais. 

Crier  comme  un  sourd.  Souvenir  des  invasions.  Les  gens  qui 
baragouinent  semblent  .toujours  crier.  A  Usscl,  on  s'injurie  en 
disant  encore  :  CM  d'Anglei,  chien  d'Anglais. 

(Communiqua  par  M.  Brunet,  wicien  mirrtstro,  qui  parle  très 
purement  le  patois  lubersacois  à  ses  heures  familières}. 

73.  A  Bayounna 

Tout  leie  se  dounal. 
Leic  sets  anat. 
Tout  erat  dounat. 
A  Bayonne 
Tout  se  donne. 
J'y  suis  allé, 
Tout  était  donné. 
[Communiqué  par  H.  le  chanoine  Talin.) 

74.  Magre  couma  Pilato. 
Maigre  come  Pi  la  te. 

Pilate  vint,  dit  la  tradition  provençale,  faire  pénitence  austère 
sur  les  bords  du  Rhône. 

75.  Traïte  couma  Judas. 
Traître  comme  Judas. 

76.  Sadour  couma  Toni-Ballassa. 
Saoul  comme  Antoine  Ballaase. 

Balasse,  nom.  de  guerre  tiré  de   la  paillasse  gonflée  de   balle 

T.  VIL  B-? 


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—  MO  — 

77.  Nigre  couma  Tartari,  eoum'un  M&rou. 
Noir  comme  un  Tartare,  comme  un  Maure. 

78.  Sale  eoum'un  Bouluime. 

Sale  comme  un  Bohémien. 

Boimé,  boimo.  Celui,  celle  qui  se  mêle  de  dire  l'horoscope,  vaga- 
bond qui  dérobe  avec  adresse Femme  malpropre 

.BÉBOsiE,  Diction,  patoit. 

79.  Loung  couma  tras-Dieu. 

Loin  comme  au-delà  de  Dieu,  au  diable  vert. 

Cl.  Siuoh,  Prou. 

80.  Aquo  n'ai  pat  iras  las  poulas. 
Cela  n'est  pas  au-delà  du  vol  du  chapon. 

81.  Parlar  hiseayen  ou  gagassi  [liégeois). 

Parler  biscayen  ou  liégeois,  pour  dire  baragouiner. 

Ne  se  dit  qu'à  Tulle,  où  vinrent  comme  armuriers,  vers  18Î0,  des 
Liégeois  surnommés  gagaggi. 

IfiéKOVfB.) 

92.     Aquo  eisi  lou  counle  {ou  lou  prouces)  de  Longonîran. 
C'est  le  conte  (ou  le  procès}  Longouiran. 
Qui  n'en  finît  pas.  Probablement  personnage  légendaire.  Racine, 
longtis. 

83.  Bedfk  couma  iferloudan. 

Raide  comme  (la  statue)  d'Aymar  le  dom. 

3  porche  de  la  cathédrale  de  Tulle, 

84.  Vier  coum'una  Minet. 

Vieux  comme  une  Minet. 

Probablement  une  vieille  chatte.  On  leur  donne  souvent  ce  nom 
par  cjyolerie. 

85.  Aveir  una  mina  de  Mandrin. 
Avoir  une  mine  de  Mandrin. 

0[i  donne  ce  nom  à  un  homme  dont  la  Hgure,  le  costume  et  la 


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—  511  — 

tenue  annoncent  un  brigand.  Mandrin,  chef  de  contrebandiers, 
renvoya,  en  1763,  une  trentaine  de  ses  hommes  ft  Tulie;  ils  se 
rendirent  chez  le  receveur  des  tailles,  prirent  l'argent  qu'ils  vou- 
lurent et  s'en  retournèrent  sans  opposition. 

BÉBONiE,  Diction,  paloie,  p.  tM. 

86.  Afflista,  Guilhen, 

Que  las  bragas  te  vaunt  ben! 

Courage,  Guilleu,  remplis  tes  braies  jusqu'en  haut.  Remonte-les 
même,  elles  te  vont  biea,  au  lieu  de  les  jeter  bas  pour  ce  qui 
s'annonce  nécessaire,  d'après  l'incongruité  émise. 

M.  l'abbé  Roui  donne  &  tort  le  sens  de  cacai-e  au  mot  afflislar, 
qui  veut  simplement  dire  entasser  jusqu'au  f&ile,  ei  fiel.  Ici, 
implere  siercore.  On  dit  cela  &  quelqu'un  qui  a  commis  une 
incongruité. 

87.  Arri,  arri,  poittoutou, 
Mountarems  aus  Gleltous. 

En  d'una  gogua  et  dous  lourlous, 
DavalareTTis  à  Varet, 
El  Uie  èeurems  d'el  vi  claret. 
£□  avant,  mon  petit  ànoD, 
Nous  moQterons  à  Égletons. 
Avec  uD  boudin  et  deux  galettes  de  sarrasin. 
Nous  descendrons  à  Varetz, 
Et  y  boirons  du  vin  clairet. 

Le  père  chante  ainsi  à  son  fils  à  cheval  sur  son  genou  et  faisant, 
sans  bourse  délier,  la  tournée  des  paroisses. 
Ëgletons,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de  Tulle.  — 
e  de  Brive. 


Madame 

bonnes  no 


Vars,  lou  jardi  d'ei  Bas  Lemovsi. 

Vars,  le  jardin  de  la  Corrèze. 

3si  d'Us  sac,  plus  légitimement. 

Eyssandou,  petita  villa,  grand  renown. 

Juliat,  pays  de  chastanhas,  lasjuliacas. 

de   Porapadour,  la  Poisson,    bien  entendu,  trouva  s 
chAtaignes  blanchies,  qu'elle  s'indignait  de  voir  se 


paysans  repus  à  volonté  d'un  mets  si  délicat. 


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-  512  — 

91.  Lota  cironeit  d'à  Lîbersal. 
Les  glorieux  de  Lubersac. 

92.  Lous  Mountgibaud 
Fanl  loua  sauts 
Couma  (faux  kbrauis. 
Les  MoDigibaud 

Font  les  sauts 
Comme  des  levrauts. 
Grands,  dégingandés,  démarche  mal  assurée. 

93.  Yigeois,  tous  gotai-goujeous. 

Avaleurs  de  goujons. 
Faisant  allusion  aux  nombreux  goujons  de  la  Vénère,  qui  baigne 
le  pied  de  cette  bourgade. 

94.  Troche,  merchands  de  couadas. 
Godet  en  bois  muni  d'une  longue  queue  {caxida)  creusée. 

95.  Lous  loups  d'Â  estivaux. 

Ils  ont  pour  patron  saint  Loup,  et  la  paroisse  s  de  grands  bois. 

96.  Lous  poultissiers  our  mingat-pouts  d'Orgnat. 
Mangeurs  de  bouillie  à  la  fête  votive. 

97.  Te  faraunt  eivesque  d'à  Prunha. 

On  te  fera  évêque  de  Pnigne. 

Prugae  était,  en  1771,  une  paroisse  de  vingt-six  communiants, 
près  de  Brive. 

98.  Lous  peds-tarrous  d'à  Dounsenal. 

Les  pieds-poudreux  de  Donzenac  (pays  d'argile). 

99.  Àtlassat,  loui  piaUU-mounleyrol. 
Pèle-raenlon,  mangeurs  de  bouillie  trop  chaude,  mieux 

que  les  raseurs. 

100.  Désargentât  couma  lou  calice  de  Saint-Vianee. 

Se  dit  de  quelqu'un  qui  a  le  diable  dans  sa  bourse,  ni  croix,  ni 
pile. 


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—  513  — 

101.  Lous  casserions  d'à  Venarsal. 

Les  petits  seaux  de  Venarsal. 

Probablement  on  y  fait  des  seau^  légers  de  bois  de  ch&t^gnier, 
qui  y  abonde. 

102.  Lous  rasouners  d'à  Sancta-Ferreola. 

Les  raisonneurs  de  Sainte-Féréole,  pour  dire  des  rai- 
sonneurs insurgés. 

On  conte  qu'il  ;  a  soixante  ans,  un  noble  do  notre  pays,  officier 
dans  un  régiment  (M.  de  Griffolet,  dit-on),  fut  chargé  de  faire  en- 
sevelir les  morts  après  un  combat.  Il  trouva  sur  le  champ  de 
bataille  beaucoup  da  blessés  qui  avaient  encore  espoir  de  vivre.  Ils 
étaient  de  son  pays  et  ils  lui  criaient  en  patois  :  EA  /  Moussur,  me 
foteas  pas  entera,  to-ou  se-i  de  Senio  Fértolo;  Ëhl  Monsieur,  ne 
me  faites  pas  enterrer,  je  suis  de  Sainte-Féréole.  Ahl  leur  répon- 
dit-il, s'es  d'oque-us  rasouners  de  Sento  Fériolo;  »e  lan  voua 
escoufauo,  lan  n'entérorio  dëgun;  oque-i  prou  mort  per  entera; 
Ahl  vous  dtes  de  ces  intolenla  de  Sainte-Féréole;  si  l'on  vous 
écoutait,  on  n'enterrerait  personne;  c'est  assez  mort  pour  enterrer, 
BÉRONIE,  Diction,  patois,  p.  249. 

103.  Coulounga,  la  villa  rouga. 

Collonges,  la  ville  rouge. 

Gollonges,  commune  de  Heyssac,  a  ses  maisons  b&ties  en  grès 
chargé  d'oxyde  de  fer,  qui  donne  h  la  pierre  une  couleur  rouge  des 
plus  foncées. 

104.  Far  viva  Tourena. 
Pousser  un  vivat,  un  cri  de  joie. 

Le  vivat  était  obligatoire  lors  des  réjouissances  publiques. 

105.  A  qu'eisl  pas  la  mon  de  Tourena. 

Ce  n'est  pas  la  mort  de  Turenne. 

Bipreasion  employée  pour  dire  qu'il  n'est  pas  arrivé  un  grand 
malheur,  comme  lors  do  ce  triste  événement  universellement  dé- 

106.  À  Loustanga 

Leic  vaït  degu  que  ne  s'en  plangat. 
Nul  ne  rapporta  louange 
De  son  séjour  à  Lostange. 


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—  514  — 

107.  Loung  couma  Um  pount  d'à  Balloee. 
Long  comme  le  pont  [suspendu)  de  Beaulieu. 

Ce  pont  a  150  mètres  de  loag. 

108.  Lous  esclots,  tous  pescayres  d'à  Belloee. 

Les  sabots,  les  pécheurs  de  Beaulieu. 

Beaulieu  est  un  port  commerçant  sur  les  bords  de  I&  Dordogne 
3  sabots  et  beaucoup  de  pé- 

109.  Engola-fegeU  d'à  Tudetl. 

Mangeurs  de  foie  de  Tudeils. 

Les  paysans  donnent  en  outre  ce  sobriquet  à  tous  les  citadins 
aussi  appelés  ;  pelaus,  pelletiers. 

itO,  PouUranqua  <£ei  Puech  d'Arnac. 

Bouillie  au  fromage  du  Puy-d'Arnac. 
Chaque  paroisse  a  son  plat  favori  à  la  ballade. 

111.  L'anissou  d'à  Cluinalier. 
Le  petit  ânon  de  Chenalier. 

112.  Lous  saulses  d'à  Nounard. 
Les  amateurs  de  sauces? 

113.  Lous  poudous  d'Astalhat. 
Les  serpettes,  les  vignerons. 

114.  Lous  nuutckea-fcUias. 
Les  mflclieurB  de  fèves. 

115.  tous  barbelous  d'à  Brivaxat. 

Les  barbillons  de  Brivezac. 

Brivezac,  commune  de  Beaulieu,  est  située  sur  les  bords  de  la 
Dordogne. 

116.  Beynat,  lous  pailhassayres. 
Les  vanniers  de  Beynat. 

117.  Aibignac,  le  grand  saladier. 

Un  Limousin,  du  nom  d'Aubignac  ou  d'Albignac,  s'acquit  i  Loa- 


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_  515  — 

dres  une  telle  réputatioo  pour  faire  la  salade,  que  de  tous  etttéa  on 
l'envoyait  chercher,  et  qu'il  parvint  ainsi  k  réaliser  en  peu  de  temps 
une  fortune  de  80,000  francs. 

Brillât- Savarin,  Phyaiol.  du  goût,  t.  II,  ch.  iiii. 

118.  Tous  tous  axes  d'Obazinas  crebaiount  que  n'hetritaias 

pas  d'una  sesq-eoua. 
Tous  les  ânes  d'Obazine  crèveraient  que  je  n'hériterais 

pas  d'une  croupière.  Le  diable  pourrait  mourir  que  je 

n'hériterais  pas  de  ses  cornes. 

L'abbé  avait  une  nombreuse  cavalerie  asine  pour  apporter  au 
couvent  des  Granges  ou  de  Brive  le  vin  dans  des  cotres,  le  fro- 
mage d'Auvergne,  les  carpes  du  Poat-Haure  (Rosiers  d'Ëgletons}, 
les  seiches,  etc.,  venus  par  Souillac. 

119.  Touréna, 

Réna  : 

Costelneou 

Ti  eraigna  mas  d'un  eou. 

rurenne,  grommelle  :  Castetnau  ne  te  craint  que  d'un  œuf. 

Une  tradition  locale  atteste  que  les  seigneurs  de  Castelnau  {chft- 

teau  situé  dans  le  Lot  sur  les  limites  de  la  Corrèze)  étaient  tenus, 

&  l'égard  des  puissants  seigneurs  de  Turenne,  k  l'homniage 

d'un  œuf.  Ledit  œuf  était  traîné  audit  Turenne  à  grands  renforts 
d'hommes  et  d'animaux.  Et,  en  voyant  passer  cette  pompe  gro- 
tesque, le  paysan  qucrcynois  décochait  son  mot  au  ch&teau  limousin. 
Cet  hommage  d'un  œuf  avait  bien  pu  être  imposé  comme  humi- 
liation pour  punir  un  refus  de  vassalité,  —  comme  pour  certune 
merdonlade  de  Gimel  (papiers  de  M.  Clément  Bimon,  au  chAteau 
de  Bach). 

120.  lout'  argeruats,  bateau  plat. 

On  désignait  ainsi,  à  Bordeaux,  les  bateaux  plats  qui  venaient 
d'Argentat  en  descendant  la  Dordogne. 

121.  Messiers  de  Saint-Chamans. 

Les  beaux  Messieurs  de  Saint-Chamant. 
Saint-Chamant,  canton  d'Argentat,  est  un  pays  riche,  et  les  pro- 
priétaires sont  très  orgueilleux  de  leurs  terres  fertiles. 

122.  Miracleis  d'à  Forzeis. 
Miracles  de  Forgés. 

On  désigne  adnsi  des  fausses  nouvelles  par  allusion  à  une  vision- 


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naire  d'une  certaine  réputation  qui  se  trouvait  à  Forges  vers  (854, 
et  fnt  prddite  longtemps  d'avance  (d'après  un  livre  imprimé  de 
H.  Clément  Simon). 

123.  Lou!  poudotis  d'à  Mounciaux. 
Les  vignerons  de  Monceaux. 

124.  Lous  eouquis  d'à  Saint-Bonnet. 
Les  coquins  de  Saint-BoDnet-Elvert, 

1^5.  Aubussat,  sount  pas  fyableis. 

Ceux  d'Albussat  ne  méritent  pas  la  confiance. 

126.  Lourdauds  d'à  Saint~Marsau. 

Saint- Martial,  pays  reculé,  inaccessible.  Mangeurs  àc,  cliAtaignes. 

127.  La  Chapelle  Saint-Giraud,  lous  capelaus. 


128.  MerecBur,  Gamels  d'à  Peyriisat. 

Nigauds  de  Peyrissat. 
Vill^e  près  Herooeur. 

129.  Tioul  large  coum'un  veyrrier  d'à  Saint-Julio. 
Avoir  le  derrière  large  comme  un  verrier  de  Saint-Julien. 

130.  D'àpauc  à  paue,  l'argent  d'Btpagnat  montât  à  St-Paul. 
Petit  à  petit,  l'argent  d'Espagnac  monte  à  Saint-Paul. 

Bourg  voisin  plus  récent  et  attirant  quelques  boni 


131.  Sens  la  peza  et  lou  lignai 
Leic  sieunt  tous  nobles  jusgu'ei  col. 

Sans  la  poix  et  Xe  lignetil 

Ils  y  seraient  tous  nobles  jusqu'au  col. 

Ce  proverbe  s'applique  aux  habitants  de  la  ville  d'Uierche,  où 

il  y  a  beaucoup  de  cordonniers.  La  finale  jusqu'au  cou  insinue 

qu'ils  sentaient  la  hart.  Ils  firent  beaucoup  de  fournitures  de  cuir 

ouvré  pour  les  armées  da  la  République,  en  1793. 

132.  Menteur  comme  le  Cartutaire  d'Uzerehe. 
Uzerche  fait  remonter  &  Pépin  sa  fondation  première.  D'après  le 


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—  517  — 

Gartolaire  de  cette  ville,  Turpin.  évequo  de  Limoti:eB,  aurait  tra- 
vaillé de  toutes  ses  forces  k  la  diiniautioci  du  prestige  d'Uierche; 
mais  Labiche  de  RoigneTort  s'indigne  de  l'imputation  lancée  contre 
l'évéque  et  accuse  le  Cartulaire  d'avoir  impudemment  menti;  do 
là  le  proverbe.  Les  premières  pages  en  sont  d'ailleurs  trop  van- 
tardes et  apocryphes,  touchant  les  origines  d'Uzercbc. 

133.  A  Courreza, 

Loti  tioul  Uur  pezat. 
Liur  manquât  re, 
Mas  ta  mostr'  ei  pouehet, 
La  i  eur  dourraunl 
Quatid  lous  maridaraunt. 
A  Corrèze, 

Le  derrière  leur  pèse. 
Rien  ne  leur  manquerait, 
Si  ce  n'est  la  montre  au  gousset, 
■  On  la  leur  donnera 
Quand  on  les  mariera. 

134.  Tom  Unis  eops  que  Courreza  bourrât, 
Lou  retardât  d'un'  houra. 

Tous  les  coupa  de  battant  que  [la  cloche  de)  Corrèze  donne 
Repousse,  à  une  heure  de  là  (le  nuage  orageux). 

Allusion  à  k  croyance  encore  répandue  dans  les  campagnes  que 
le  mouvement  de  la  cloche  a  le  pouvoir  d'éloigner  les  orages. 

135.  Miya,   donnas  me  vostra  ma  que  vous  menaray  bien 

Uning,  dins  tou  pays  d'aus  auzelous,  dich  un  gros 
chastel  sedtal  sur  una  fount,  et  çapendent,  tant  n'ault 
que  tout  ça  que  veyrés  d'ati  sîrat  pas  nostre.  At  per 
l'ayre  : 

Un  courredour  faet  d'areaneus, 
Sur  très  rengs  de  pountaneus, 
Çatat  de  charameus. 
Que  quand  pleut,  tous  sounnount. 
Ma  mie,  laissez-moi  prendre  votre  main,  je  vous  mè- 
nerai bien  loin  [en  Limousin),  au  pays  (touffu)  des  oiseaux, 
dans  un  grand  château  assis  sur  une  fontaine,  et  cepen- 


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-  518  — 

dant  si  haut  que  tout  ce  <^e  tous  verrez  de  là  ne  sera 
point  nôtre.  Il  promène  dans  l'air  : 
Une  galerie  d'arceaux, 
Sur  trois  rangées  de  ponceaux, 
Couverte  de  chalumeaux, 
A  travers  lesquels  la  pluie  elle-même,  chante  et  enchante. 
Ces  paroles  sont  attribuées  à  H.  de  Vyers  faisant  sa  cour,  vers 
1730,  &  M"*  de  Boubal  à  Perpignan.  Le  chftteau  auquel  il  fait  allu- 
sion est  son  propre  chiiteau  qui  porte  son  nom,  siluë  aujourd'hui 
dans  le  canton  de  Corrèze  et  qu'on  voit  encore  avec  ses  créneaux 
et  ses  poivrières. 

(A  «uiDre.J 


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„Googlc 


33 


Mi 


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COFFRETS  ÉMAILLÉS 

DU    CANTAL 


NE  vive  impulsion  a  été  don- 
née, ici  môme  (1),  à  un  genre 
spécial  d études,  qui  consiste 
dans  le  dénombrement  et  la  des- 
cription de  toutes  les  pièces 
d'émail  champlevé  limousin  ac- 
tuellement existantes.  Il  y  a  à 
jrofit  pour  l'arcliéologie  et  l'his- 
:ette  industrie.  Nous  saurons  à 

^ j..„„   ce   qui   aura   été   produit,   car 

combien  d'objets  ont  disparu  !  Heureusement,  les 
textes  aident  à  combler  les  lacunes  (2).  Surtout, 
nous  aurons  facilitti  pour  compléter  l'iconographie 
du  moyen  âge.  Enfin,  par  la  comparaison,  nous 
parviendrons  à  signaler  les  similitudes  et  les  dif- 
férences, de  façon  à  pouvoir  reconstituer  les  anciens 
ateliers  et  les  œuvres  de  certains  maîtres. 


(1)  nuU.  de  la  Soc.  arch.  de  la  Cori-ù:e,  t.  V,  p,  105  et  suiv.; 
l.  VII,  p.  47  et  siiiv. 

(2)  On  Ift  vflrra  prochain  dm  mit  p.ir  li-s  invciitairos  do  la  oathé- 
drale  do  Ronhestcr,  que  va  publier  dans  l.i  Rente  de  l'Art  rhré' 
tien  M,  Edmond  Bishop.     , 


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—  522  — 

Continuons  donc  résolument  l'inventaire  com- 
mencé. Aujourd'hui,  il  m'est  permis  d'y  ajouter 
trois  pièces  nouvelles,  grâce  à  l'obligeance  de 
M.  Chabau,  aumônier  de  la  Visitation,  à  Aurillac. 
Nous  ne  soilrirons  pas  du  Cantal. 

En  1884  et  1885,  cet  ecclésiastique  zélé  a  inséré, 
dans  la  Hevue  eucharistique  de  Paray-le-Monial, 
quelques  notes  sommaires  sur  trois  «  reliquaires  » 
par  lui  découverts,  les  accompagnant  de  fragments 
de  dessins  (1).  Cette  publication  attira  mon  atten- 
tion, et  j'eus  l'idée  de  revenir  en  détail  sur  le 
sujet,  simplement  ébauché.  J'entrai  donc  en  rela- 
tion avec  l'auteur,  qui  me  répondit  fort  gracieu- 
sement et  me  promit  son  concours  pour  arriver 
au  but  désiré. 

La  représentation  de  deux  autels  avait  motivé 
l'impression  dans  la  Remie  des  châsses  du  Vigean 
et  de  Salins  :  celle  de  sainte  Eulalie  y  a  pris 
place  à  la  suite,  sans  que  je  me  rende  compte 
de  la  raison.  Quand  on  a  un  but  avoué  et  une 
spécialité  bien  déterminée,  il  conviendrait  de  ne 
pas  s'en  détourner,  même  accidentellement.  Tant 
de  choses  restent  à  dire  ou  à  révéler  sur  les  mo- 
numents eucharistiques  ! 

Il  importait  de  reconstituer  les  coffrets,  dont 
nous  n'avions  pour  ainsi  dire  que  des  lambeaux, 
afin  de  pouvoir  les  étudier  dans  leur  ensemble. 
Cette  vue  générale  est  absolument  nécessaire,  car 


(I)  Le  Musée  eucharistique  possède  des  dessins  coloriés  de  ces 
cofFreCs,  mais  ils  ne  nous  ont  pas  été  communiqués.  C'est  d'autant 
plus  regrettable  qu'il  eût  été  utile  d'Indiquer  les  couleurs  des 
émaux,  où,  comme  d'habitude,  le  bleu  doit  domioar. 


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il  y  a  toujours  deux  parties  dans  l'iconographie 
des  coffrets  à  reliques  :  la  mort  du  saint  et  son 
triomphe,  c'est-à-dire  son  admission  au  ciel.  Or 
M.  Chabau,  pour  deux  coffrets,  n'avait  figuré  que 
le  martyre  sans  son  complément,  et,  pour  le 
troisième,  s'était  contenté  du  Christ  rémunérateur. 
Il  nous  fallait  davantage. 

M.  Ernest  Rupin,  avec  son  aptitude  bien  coU' 
nue,  a  réduit  les  dessins  de  l'intelligent  aumô' 
nier  et  présenté  les  coffrets  du  Vigean  et  de  Salins 
sous  leur  aspect  vrai  :  face,  revers  et  côté.  Ainsi 
les  scènes  se  suivent  et  deviennent  intelligibles. 

Un  autre  motif  m'engageait  à  reprendre  la  ques- 
tion, à  savoir  la  détermination  de  la  date  et  du 
sujet.  M.  Chabau  disait  xu"  siècle  où  j'inscris  xni", 
et  nommait  Martyre  de  sainte  Procule  et  d'un 
a  évèque  ou  même  d'un  pape,  »  deux  scènes  que 
je  qualifie  Passion  de  sainte  Valérie  et  de  saint 
Thomas  de  Cantorbéry.  Il  y  a  là  en  jeu  une 
question  de  principes  que  je  tiens  à  énoncer. 

La  fabrication  limousine  travaillait  à  l'avance  ou 
sur  commande.  Les  produits  s'entassaient  dans  les 
magasins  ou  se  portaient  aux  foires,  et  là  l'ache- 
teur faisait  son  choix.  En  conséquence,  l'icono- 
graphie ne  traitait  que  des  sujets  tommuns,  d'une 
compréhension  facile  et  bons  à  toute  circonstance, 
comme  le  Christ,  la  Vierge,  les  apôtres,  les  anges, 
et  des  saints  populaires,  tels  que  saint  Thomas  et 
sainte  Valérie.  C'était  de  la  pacotille,  du  commerce 
courant,  que  le  fabricant  était  toujours  sur  de 
placer. 

La  commande,  au  contraire,  imposait  un  pro- 


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gramme,  et,  comme  le  public  n'aurait  pas  com- 
pris, le  sujet  s'élucidait  par  une  inscription.  Une 
légende  n'était  pas  nécessaire  pour  sainte  Valérie, 
mais  elle  eût  été  indispensable  pour  sainte  Pro- 
cule,  précisément  parce  que  le  même  genre  de 
supplice  pouvait  amener  une  confusion. 

Ce  point  de  vue  a  son  intérêt  pour  jugM"  sai- 
nement les  produits  limousins,  et  c'est  la  pre- 
mière fois  peut-être  qu'il  est  mis  en  circulation. 
J'en  recommande  l'application  aux  archéologues, 
persuadé  qu'il  les  aidera  dans  leurs  constatations. 

Quoi  qu'il  en  s'oit  de  nos  divergences  d'opinion, 
je  n'en  remercie  pas  moins  M.  Chabau  de  sa 
complaisance.  Si  nous  étions  ainsi  aidés  partout 
par  le  clergé,  notre  besogne  serait  facile.  Du  reste, 
je  ne  saurais  trop  louer  sa  modestie,  car  il  m'écri- 
vait, cette  année  :  «  Vous  avez  fait  beaucoup  d'hon- 
neur à  mes  dessins  en  les  remarquant;  vous  leur 
en  ferez  un  plus  grand  encore  en  les  reprenant 
en  sous-œuvre  et  les  expliquant  avec  votre  haute 
compétence.  » 


«  Salins  est  une  petite  paroisse,  située  au  sud- 
est  et  à  "quatre  kilomètres  de  la  ville  de  Mauriac 
(Cantal),  chef-lieu  de  canton.  Elle  doit  son  nom 
à  une  très  belle  cascade  :  l'Auge  se  précipite  d'une 
hauteur  de  trente  mètres.  L'église,  dédiée  à  saint 
Pantaléon,  dépendait  de  l'abbaye  de  la  Chaise- 
Dieu  :  elle  n'a  pas  grand  caractère,  le  portail  ne 
remonte  pas  au-delà  du  xv*  siècle.  Cependant,  sa 
fondation  est  très  ancienne,   car  elle  est  men- 


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—  525  — 

tionnée  dans  la  charte  de  Clovis,  dont  l'authen- 
ticité est  contestée,  mais  qui  date  au  moins  du 
XI'  siècle. 

»  La  châsse  ne  renferme  que  dos  reliques  ré- 
comment  données   par   révôché   de   Saint-Flour. 

»  D'anciens  inventaires  constatent  son  existence 
aux  deux  derniers  sioi-Ies  et  désignent  les  reliques  : 
a  Un  petit  cofret  de  bois,  avei;  des  bandes  de  loton, 
B  où  a  esté  attesté  estre  les  reliques  de  saint  Pan- 
»  taléon,  saint  Biaise,  saint  Léobon  et  aultres.  » 
{Inventaire  de  1664.)  Ce  reliquaire  était  alors  con- 
servé dans  le  tabernacle,  ave.:  le  ciboire. 

«  Un  petit  coffret,  couvert  de  cuivre  émaillé,  où 
»  sont  plusieurs  petites  partielles  de  reliques  de 
»  plusieurs  saints,  ledit  coffret  sans  clef  et  for- 
B  mant  avec  un  ruban  ou  cordon.  »  {Inventaire 
de  1743.)  Ce  reliquaire  était  alors  à  la  sacristie. 
Aujourd'hui,  il  se  conserve  dans  une  petite  ar- 
moire pratiquée  dans  la  muraille  du  côté  de 
l'évangile.  »  {Lettre  de  M.  Chabau.) 

La  forme  générale  est  celle  que  l'on  connaît, 
parce  qu'elle  est  la  plus  commune  :  une  maison  (1), 
à  quatre  côtés  inégaux,  exhaussée  aux  angles  par 
quatre  pieds  carrés,  coiffée  d'une  toiture  à  double 
versant  et  terminée  par  une  crête  (2).  La  crête 


(1)  ■  In  omnibus  domunculis,  in  quibus  eleclra  ponenda  sunt,  u 
dit  le  moine  Théophile,  au  xii*  siècle,  dans  sa  Dieersarum  artium 
schedula,  tib.  III,  cap.  5î.  ' 

(!)  Il  y  aurait  lieu  de  fixer,  une  fois  pour  toutes,  la  terminologie. 
ChAsae  devrait  se  dire  exclusivement  dus  meubles  de  grande  di- 
mension, oii  repose  un  corps  aaînt  ou  notable  partie  des  osse- 
ments. Reliquaire  convient  aux  parcelles.  Coffre  ou  coffret  semble 

T.  VIL  ^-S 


DigmzcdbyGoOgle 


ondule  et  est  ornée,  sur  trois  sommets,  de  trois 
boules,  celle  da  milieu  surmontée  d'une  croix.  Ces 
boules  sont  nommées  pemmes  par  les  anciens 
textes  :  elles  représentent  le  fruit  de  l'arbre  de 
vie,  par  lequel  s'opéra  la  rédemption  du  genre 
humain,  et  deviennent  ainsi  le  symbole  expressif 
de  la  béatitude  céleste,  dont  jouissent  les  martyrs 
comme  récompense  de  leur  foi  et  de  leur  courage  (I). 

La  hauteur  totale  est  de  180  millimètres,  la 
largeur  de  185. 

L'âme  est  en  bois.  Des  plaques  de  cuivre,  doré 
et  émaillé,  y  sont  fixées  par  de  petits  clous  à  tête 
ronde. 

Les  pieds  sont  striés  en  losange,  pour  rompre 
la  monotonie  de  la  surface,  mais  de  façon  aussi 
à  ne  pas  arrêter  le  regard. 

La  face  seule  a  de  l'importance,  car  c'était  elle 
qui  se  trouvait  en  vue  lors  de  l'exposition  des 
reliques. 

Le  revers  est  très  simple  :  toutefois  sa  nudité 
est  dissimulée  par  des  motifs  géométriques,  égayés 
de  fleurons.  Les  montants  sont  quadrillés.  Le  pan- 
neau de  l'auge,  entouré  d'une  bordure  lisse  bleu- 
clair,  est  coupé  par  une  ligne  horizontale  et  deux 
verticales  d'émail  blanc,  avec  disques  aux  points 
de  rencontre.  Le  pourtour  du  médaillon  est  rouge 
ejt  le  fleuron  blanc.  Ces  fleurettes  indiquent  les 


ici  le  mot  propre  ;  >>  Goffros  Lemovicenses,  >  comme  parla  le  Gallia 
ckristiana,  h  la  date  de  121S;  «  coffre  de  opère  Lemoviccnsi,  » 
selon  l'inventaire  de  Saînt-Paul  de  Londres,  ea  1298. 
(I)  Bull,  de  la  Soc.  arch.  de  la  Corrèze,  t.  VI,  p.  485-187. 


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joies  célestes;  en  sorte  que  celui  qui  repose  dans 
le  coffret  voit  réalisée  la  prophétie  biblique  :  «  Fui- 
cite  me  floribus,  stipate  me  malis.  »  {Cant.  Cant., 
II,"  5.)  Le  champ  est  quadrillé  en  treillis,  de  même 
qu'au  toit,  où  des  bandes  bleu-clair  dessinent  des 
losanges,  remplis  de  fleurons  blancs  à  longs  pétales. 

Lors  de  la  restauration  du  coffret,  la  plaque 
du  toit  a  été  reportée  en  avant,  et  celle  de  la  pai-tie 
antérieure  est  venue  se  fixer  au  revers.  M.  Rupin 
a,  dans  sa  gravure,  remis  chaque  chose  à  sa  place 
première  :  la  corrélation  existe,  en  effet,  entre 
toutes  les  parties,  et  on  ne  peut  méconnaître  que 
Vhistoire  convient  à  la  face,  parce  que  c'est  elle 
qu'on  regarde  et  la  simple  décoration  au  revers, 
qui  n'est  pas  en  évidence  sur  l'autel.  On  ne  sau- 
rait prendre  U'op  de  précautions  dans  ces  arran- 
gements, où  la  logique  doit  guider  principalement. 

La  plaque  antérieure  de  l'auge  a  été  reproduite, 
dans  la  Revue  eibchaHstique,  de  grandeur  natu- 
relle. Une  seule  observation  renverse  la  thèse  de 
M.  Chabau  :  sainte  Procule  porte  sa  tète  «  aux 
pieds  d'un  prêtre  qui  célébrait  la  messe  »  (1884, 
p.  283).  Or,  ici  nous  avons  incontestablement  un 
évoque,  d'où  il  conclut  que  «  l'artiste  a  commis 
une  légère  erreur.  »  N'attribuons  pas  ainsi  aux 
autres  nos  propres  distra'jtions. 

A  l'angle  droit,  une  main,  l'index  tendu,  sort 
des  nuages.  C'est  la  main  de  Dieu,  dextera  Dei, 
disent  les  inscriptions  du  temps,  qui  ordonne  à . 
l'évêque  d'interrompre  le  saint  sacrifice  pour  aller 
au-devant  de  la  jeune  martyre;  elle  montre,  in- 


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dique,  mais  ne  bénit  pas.  Ce  geste,  dans  la  cir- 
constance, est  très  significatifs 

La  main  divine  surmonte  l'autel,  chargé  d'un 
calice  et  d'un  cierge  unique  (1),  planté  sur  un 
chandelier  conique  dont  une  houle  forme  la  ho- 
bèche.  L'autel,  de  forme  cuhique,  est  muni  d'un 
parement  à  orfrois  verticaux,  qui  n'empochent  pas 
les  plis  à  l'entre-deux,  et  à  orfroi  horizontal,  plus 
connu  sous  le  nom  de  frontal  {2). 

A.  la  voix  de  -Dieu,  l'évêque  s'est  détourné;  il 
tend  les  hras  pour  recevoir  l'offrande  de  la  vic- 
time. Sa  tête  est  couverte  de  la  mitre  unie,  à 
fanons  flottants,  et  son  ample  chasuble,  mise  sur 
l'aube,  est  relevée  sur  les  bras. 

Une  motte  de  terre  ondulée  est  là  pour  que 
sainte  Valérie  s'y  agenouille.  Vêtue  d'une  longue 
robe,  ceinte  à  la  taille  et  les  pieds  chaussés,  elle 


(I)  X.  Babbieh  t}B  MoNTAULT.  Le  miraclô  de  Bolaéne  el  le  saint 

corporal  d'Orvielo,  p.  104-105. 

(!)  «  Item  una  casula  et  una  capa,  cum  duabiis  tuniculis,  de  nîgro 
velvett  de  auro  bcsentato,  cum  duobus  frontinellis  ejusdom  secte.  » 
[Inv.  deLichfield.  1317.) 

a  Item,  due  froiitinelle  pro  magno  allari  de  eadom  secla  (de  albo 
samito). 

■  Item,  due  frontinelle  prccioslasime  cum  imaginilius  pro  magno 
altari,  quarum  una  est  lata  et  alia  magna  (magis?)  strii^la. 

u  Item,  una  frontinetla  cetcrls  stricCior,  que  adjungitur  uno  pallo 
pro  magno  aJtarj  et  ista  frontiiiella  est  exceltenter  preciosa,  quia 
est  per  totuin  margaritis  nobilibus  ornata  cum  centum  duobus 
bâtons  de  perlei.  Et  hec  omnia  de  donoWalteri  de  Langedon  epis- 
copi.  »  {Inv.  de  Lichfield,  1315,  n"  87.  88,  89.) 

B  Item  duo  paiHii,  de  doiio  magistri  Thome  de  Cantilupo  (1265- 
1275),  videlicet  una  froiitinella  cum  yniagiiiilm.'!,  ad  pnidendum 
coram  altari  et  alius  strictus  ad  peudendum  supra  altare.  »  [Ihid,, 
n-  110.) 


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s'incline  respectueusement,  les  bras  tendus  en 
avant,  tenant  à  deux  mains  sa  tête,  quasi  sou- 
riante, les  cheveux  tombants.  Du  haut  du  ciel, 
exprimé  par  des  nuages,  descend  à  mi-corps  un 
ange,  dont  la  mission  est  de  soutenir,  au  cou, 
la  sainte  qui  vient  d'être  décapitée.  L'assistance 
divine  est  donc  évidente.  Suit  un  jeune  homme, 
le  prétendant  peut-être,  en  jaquette  comte  et 
ceinture,  jambes  et  bras  nua,  qui  par  son  geste 
semble  vouloir  apporter  une  assistance  humaine  à 
la  défunte.  Le  dernier  personnage  est  une  jeune 
fille,  reconnaissable  à  sa  figure,  sa  chevelure  et 
sa  robe;  elle  saute  gaiement,  les  bras  en  l'air. 
Cette  attitude  s'explique  par  la  joie  qu'elle  éprouve 
d'être  témoin  d'un  miracle  inattendu;  ce  doit  être 
une  compagne  de  la  martyre,  peut-être  même  sa 
mère  (1). 

Le  fond  du  panneau  est  semé  de  roses;  la  rose, 
par  sa  couleur,  est  le  symbole  du  sang  répandu. 
Ici  il  y  a  encore  une  raison  technique  de  pi-océ- 
der  de  la  sorte.  Les  émailleurs  limousins  n'étaient 
pas  assez  sûrs  d'eux  pour  couvrir  d'un  seul  jet 
une  surface  plus  ou  moins  grande;  ils  épargnaient 
donc  dans  le  métal  quelques  endroits,  qu'ils  avi- 
vaient ensuite  en  couleur,  et  de  la  sorte  l'émail 
était  moins  susceptible  de  se  briser.  Les  roses 
sont  inégales  en  dimension,  suivant  l'espace  à 
remplir.  Trois  fois,  on  leur  substitue  des  losanges. 


(1)  Siunt  CalHope  de  Gilicie  ayant  âtd  crucifié,  sa  mëre  mourut 
de  joie  en  baisant  le  cadavre  du  martyr  dont  le  bonheur  éternel 
était  ainsi  assuré  (Cahier,  Caractér.  deê  tainlB,  p.  40SJ. 


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Le  premier  archéologue  venu  du  Limousin  con- 
clura, comme  moi,  que  le  sujet  appartient  à  la 
vie  de  sainte  Valérie,  sujet  qui  avait  en  soi  un 
attrait  particulier  pour  la  ville  de  Limoges.  S'il 
restait  encore  quelque  hésitation,  elle  serait  faci- 
lement dissipée  par  la  comparaison  avec  la  grande 
châsse  d'argent  de  Saint-Vaulry  (Creuse),  qui  est 
du  un'  siècle  et  que  je  compte  puhlier  bientôt, 
et  un  bas-relief  du  tombeau  de  Bernard  Brun,  à- 
la  cathédrale  de  Limoges,  que  l'abbé  Texier  a  fait 
graver  en  1842  dans  les  Mémoires  de  la  Société 
des  Antiquaires  de  l'Ouest,  et  qui  remonte  au 
xiv"  siècle.  Voilà  donc  deux  autres  monuments 
afB.rmïnt  la  même  tradition  iconographique  dans 
un  espace  de  cent  ans  (1). 

Dans  une  châsse,  l'auge  représente,  d'ordinaire, 
la  vie  terrestre,  et  le  tûit  la  vie  céleste  où,  le  saint 
entre  par  sa  mort.  Il  en  est  ainsi  sur  le  coffret 
de  Salins.  Sur  un  fond  constellé  de  roses,  deux 


(1)  Le  cardinal  Hug^ues  Roger,  TrÈro  de  Clément  VI,  mort  en 
1363,  âtwt  représenté  sur  sa  tombe  en  habits  ipontiftcaui.  •  L'amict 
est  chargé,  du  costé  droit,  de  la  figure  de  saint  Uartial  disant  la 
messe,  et  sainte  Valérie  à  ses  pieds  tenant  sa  teste  en  sa  main,  et 

au-dessus  un  ange  soustenant  son  corps Dans  l'autre  milieu  (du 

tombeau),  l'on  voit  saint  Martial  à  l'autel  et  sainte  Valérie  &  ses 
pieds  dans  la  posture  cy  dessus  cottée,  fors  qu'il  y  est  en  bosse  et 
Fautel  dans  sa  fermette  •  (Faob.  Le  Tombeau  du  cardinal  de 
Tulle,  p.  11-12).  —  En  1645  fut  exécutée,  en  argent,  la  ch&sse  de 
swnt  Martial,  pour  la  ville  de  Limoges,  par  deux  orfèvres  de  Paria. 
Parmi  les  bas-reliefs,  Legros  cite  ■  le  miracle  de  sainte  Valérie 
décapitée,  posant  sa  tête  devant  le  saint  apôtre,  qui  célébroit  alors 
les  saints  mystères  ■  {Bull,  de  la  Soc.  arch.  du  Limousin,  tome 
XXXII,  p.  84).  —  Sur  une  toile  du  ivii*  siècle  est  peint  le  même 
sujet,  au  retable  de  l'autel  de  sainte  Valérie,  dans  la  sacristie  de 
Ja  basilique  de  Saint-Pierre,  à  Rome. 


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anges  agenouillés,  en  tunique  collante  ceinte  à  la 
taille,  tiennent  d'une  main  une  nappe  déployée; 
leurs  ailes  abaissées,  et  par  conséquent  au  rep03, 
indiquent  qu'ils  sont  arrivés  au  ciel;  de  l'autre 
main,  ils  sonnent  de  l'oliphant  en  signe  de 
triomphe. 

Sûr  la  nappe,  émergeant  des  nuages  et  plon- 
geant la  tête  dans  une  autre  couche  de  nuages, 
car  c'est  ainsi  que  le  xin*  siècle  a  représenté  le 
firmament  {i),  l'âme  de  sainte  Valérie,  nue  comme 
il  convient  aux  esprits  glorieux,  se  présente  de  face 
et  à  mi-corps,  les  bras  étendus,  pour  témoigner  de 
sa  joie  (2). 

Il  est  à  remarquer  que  l'artiste  a  omis  les 
nimbes  à  sainte  Valérie,  à  saint  Martial  et  aux 
anges,  pur  oubli  ou  caprice  d'artiste  dont  on 
trouve  mais  rarement  des  exemples,  car  les  règles 
siu*  la  matière  étaient  généralement  observées  avec 
scrupule. 

II 

«  Saint-Laurent  du  Vigean,  situé  à  deux  kilo- 
mètres de  Mauriac,  est  un  ancien  prieuré  dépen- 
dant du  monastère  ou  dovenné  de  Saint-Pierre 


(1)  Sculpture  de  la  cathédrale  de  Chartres  {Ann&l.  archéol., 
t.  IX,  p.  101.) 

(3)  On  a  nomma  orant,  dans  l'iconographie  latine,  le  person- 
nage figuré  sur  une  tombe,  les  bras  en  croix.  C'est  bien  k  tort, 
selon  moi,  car  ici  on  n'a  pas  voulu  représenter  un  vivant  en 
priëre,  mais  son  âme,  comme  l'a  expliqué  H.  de  Roasi.  Or,  une 
ame  au  ciel  ne  prie  pas.  L'extension  des  bras  doit  donc  avoir,  dans 
la  circonstance,  un  sens  différent,  et  je  propose  d'y  voir  l'allé- 
gresse qu'éprouve  le  défunt  en  prenant  possession  du  ciel. 


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„Googlc 


de  Mauriac,  fondé  au  vi*  siècle  par  sainte  Théo- 
dechilde,  fille  de  Clovis  l",  comme  je  l'ai  raconte 
dans  la  vie  de  cette  sainte. 

j>  L'église  est  romane,  sauf  la  nef,  qui  a  été 
reconstruite  au  sv'  siècle  parce  qu'elle  s'était 
écroulée.  Deux  chapelles  latérales  ont  éte  ajoutees 
à  la  même  époque  et  une  troisième  plus  tard. 
On  y  conserve  une  côte  de  saint  Laurent,  à  la 
fois  titulaire  de  l'édifice  et -patron  du  lieu;  elle 
n'a  ni  authentique  ni  sceau.  Elle  est  déposée  dans 
le  socle  d'une  statuette  de  saint  Lauj^ent,  qui  me 
paraît  dater  du  xviii'  siècle. 

»  La  châsse  ne  renferme  qu'un  médaillon  mo- 
derne, plein  de  reliques.  »  {Lettre  de  M.  Cfiabau.) 

.Sa  hauteur  est  de  15  centimètres,  sa  largeur 
de  il  ;  elle  a  la  forme  d'une  maison  sans  crête 
et  sort  d'une  autje  main  que  le  coffret  précédent. 
Son  style  est  meilleur  et' son  exécution  plus  soi- 
gnée. Les  supports  sont  striés  en  treillis.  La  face 
antérieure  de  l'auge,  bordée  d'une  ondulation  à 
deux  teintes,  ^t  consacrée  au  martyre,  le  teit  à 
l'introduction  au  ciel,  le  rampant  de  la  partie 
postérieure  à  l'ensevelissement,  et,  au-dessous,  un 
cheval  galope  entre  deux  arbres.  11  est  fâcheux 
que  le  dessin  ait  négligé  ce  quatrième  panneau, 
qui  tient  probablement  à  la  légende  et  sur  lequel 
je  n'ose  me  prononcer,  car  je  ne  puis,  vu  l'époque, 
lui  attribuer  le  sens  de  la  course  de  la  vie  qui 
nous  reporterait  trop  haut,  à  l'ère  latine  (1).  Mais, 
à  mon  sens,  il  y  a  eu  une  interversion  :  à  la  pas- 

(1)  Bull,  darch.  chréL.  1S73,  pi.  XI. 


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sion  doit  correspondre  la  sépulture,  et  l'entrée  au 
ciel  dominera  alors  la  scène  du  cheval,  qui  relate 
peut-être  un  miracle  opéré  au  tombeau. 

Le  champ  du  premier  panneau  est  coupé  de 
roses;  un  chevalier,  tête  nue,  en  jaquette  à  orfrois, 
le  pied  gauche  posé  sur  un  monticule  à  trois  co- 
teaux (copeaux,  comme  disent  les  héraldistes), 
enfonce  son  épée  droite  dans  le  cou  de  la  victime, 
et  de  la  gauche,  tendue,  fait  un  geste  d'allocution. 
Le  saint,  debout  devant  l'autel,  les  mains  ouvertes 
et  suppliantes,  est  habillé  d'une  riche  dalmatique, 
que  recouvre  une  casula  à  double  orfroi  perlé.  Sa 
tête  barbue  est  coiffée  d'une  espèce  de  couronne 
à  crête  ondulée,  formée  d'un  bandeau  gemmé,  que 
complète  une  coiffe  d'étoffe  avec  cornes  saillantes, 
Bien  qu'avec  l'aspect  d'une  couronne  royale,  qui 
à  cette  place  n'a  pas  sa  raison  d'être,  nous  voyons 
là  certainement  une  mitre(l),  puisqu'il  s'agit  d'un 
évéque  ofBciant.  L'autel,  exhaussé  sur  un  sol  à 
deux  rangs  de  coteaux,  est  muni  d'un  parement 
chevronné,  à  l'instar  du  point  de  Hongrie,  et 
chargé  d'un  calice  bas  et  à  coupe  évasée,  derrière 
lequel  est  mise  en  perspective  une  hostie  (2),  tra- 
versée par  une  croix  cantonnée  de  quatre  points  (3). 
Dans  l'angle  supérieur,  la  main  de  Dieu,  issant 
des  nuages,  bénit  à  trois  doigts,  le  pouce  légère- 


(1)  Revue  de  VAH  chrét.,  t.  V,  planche  à  la  page  281. 

(2)  La  chasuble,  le  calice  et  l'hostie  supposent  la  cela b ration  du 
saint  Eacrilîce;  cependant,  il  est  certain  historiquement  que  l'assas- 
sinat eut  lieu  •  pendant  les  vgprcs  g  [Bull,  de  la  Soc.  arch.  de  la 
Corrèze,  t.  V,  p.  255). 

(3)  X.  Basbibr  ne  Hontault.  Le  Marlyrium  de  Poitiers,  p.  33. 


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—  535  — 

ment  infléchi,  ce  qui  constitue  la  bénédiction 
latine.  M.  Chabau  a  tort  de  dire  :  «  Ici  la  main 
bénit  à  la  manière  grecque,  un  des  caractères 
byzantins  de  cet  émail  s  (p.  384),  car  l'émail  est 
essentiellement  français,  sans  aucune  influence 
byzantine,  même  indirecte. 

Ce  panneau  est  reproduit  en  simili-gravure  dans 
la  Revue  euchœristique,  pi.  XXX. 

Je  passe  au  second  panneau,  que  je  prends  au 
toit  du  revers.  Deux  clercs,  en  aube  et  nu-tête, 
déposent  dans  un  sarcophage  rectangulaire,  veiné 
pour  imiter  le  marbre,  le  corps  du  défunt,  enve- 
loppé entièrement  d'un  suaire  en  tissu  treillissé  et 
pointillé.  A  l'endroit  de  la  tête  est  un  nimbe  cir- 
culaire, car  par  sa  passion  le  martyr  a  acquis  offi- 
ciellement la  sainteté.  Dans  la  scène  précédente, 
il  en  était  intentionnellement  dépourvu,  le  mar- 
tyre n'étant  pas  encore  consommé.  Le  corps  est 
étendu  sur  un  linceul,  rejeté,  aux  extrémités,  sur 
les  épaules  des  clercs.  En  arrière,  un  évêque, 
tête  nue,  en  chasuble  orfrayée,  la  crosse  dans  la 
main  gauche,  donne  une  dernière  bénédiction,  au 
nom  de  la  Sainte-Trinité,  à  l'illustre  martyr. 

La  bordure  forme  comme  une  guirlande  de 
fleurons  crucifères;  au-dessous,  l'ornement  con- 
siste dans  une  succession  de  carrés  se  rejoignant 
et  marqués  d'une  croisette,  puis  de  fleurons  cru- 
cifères, avec  seconde  bordure  ondulée  à  Untérieur. 

L'entrée  de  la  serrure,  posée  horizontalement, 
dénote  le  système  de  fermeture  du  coffret,  au 
dernier  panneau. 

Au  troisième  panneau  reparaît  la  bordure  on- 


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dulée^  encadrant  la  scène  de  l'enlèvement  au  ciel. 
Deux  anges  nimbés,  ailes  baissées,  issant  de  nuages 
à  mi-corps,  habillés  d'une  robe  et  d'un  manteau, 
soulèvent  d'une  maiu  l'auréole  elliptique,  à  con- 
tour zigzagué,  dans  laquelle  est  l'âme  du  martyr  (1). 
Elle  émerge  des  nuages,  est  vêtue  d'une  robe  à 
ceinture  et  orfrois  au  cou  et  aux  manches;  sa 
tête  porte  le  double  signe  de  l'honneur,  la  cou- 
ronne et  le  nimbe;  ses  bras  sont  tendus,  comme 
fait  sainte  Valérie,  en  signe  de  joie  :  «  Exultent 
justi  in  conspectu  Dei  et  delectentur  in  lœtitia  » 
[Comm.  des  martyrs). 

L'àme  est  plus  souvent  nue;  cependant  elle 
est  aussi  parfois  vôtue,  surtout  en  Italie  (2),  car 
de  la  sorte  on  exprime  le  vêtement  de  gloire  et 
d'allégresse  dont  Dieu  pare  ses  élus  :  i  Àmavit 
eum  Dominus  et  ornavit  eum,  stolam  glorise 
induit  eum,  »  dit  l'office  des  confesseurs  pontifes 
au  bréviaire  romain;  a  stola  jucunditatis  induit 
eum  Dominus,  n  ajoute  celui  d'un  martyr  (3).  La 


(1)  Voir  sur  ce  rûle  des  anges  ma  brochure  :  Le  Vilrail  de  Saint' 
Laurent  à  la  cathédrale  de  Poitiers,  p.  U.  —  <•  L'Ame  du  bien- 
heureux montaal  au  ciel  dans  une  auréole  que  soutiennent  deux 
anges,  s  est  signalée  par  l'abbâ  Teiier  [Argentiers,  pi.  IV}  sur 
un  coffret  qui  était  alors  sa  propriâtâ. 

(2)  Voir,  à  Sainte-Croix  de  Florence,  les  funârailles  de  saint 
François  :  fresque  de  Giotto  (xiv*  siècle)  et  baS'Telief  de  Benedetto 
da  Haiano  (xv  siëcle),  dans  la  Vie  de  saint  François  (Paris,  Pion, 
1885).  p.  261  et  pi.  XXUI. 

(3)  La  sixième  leçon  de  l'office  de  saint  Benott,  au  bréviaire 
romain,  parle  de  son  âme,  qui  fait  son  entrée  au  ciel,  parée  d'un 
manteau  très  précieux,  aiusi  que  l'ont  attesté  deux  de  ses  moines  : 
■  Sublatis  in  cœlum  oculis,  orans,  iuter  manus  discipulorum  eSlavit 
animam  :  quam  duo  monachi  euntem  iu  ctelum  vidernnt  paiiio 


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robe  a  remplacé  le  costume  épiscopal,  comme  la 
couronne  la  mitre,  pai'ce  que,  d'après  le  commun 
des  martyrs,  au  même  bréviaire,  Dieu,  en  mettant 
la  couronne  précieuse  sur  la  tète  de  l'élu,  se  donne 
lui-même  :  «  Domine,  prœvenisti  eum  in  bene- 
dictionibus  dulcedinis  »  (nous  avons  vu  cette  béné- 
diction au  moment  décisif),  «  posuisti  in  capite 
ejus  coronam  de  lapide  pretioso;  corona  aurea 
super  caput  ejus,  expressa  signo  sanctitatis,  gloria 
honoris  et  opus  fortitudinis.  » 

I  Deas,  tuoritm  militum 
Sors  et  corona,  priemium.   ■ 

Le  nimbe  s'explique  par  ce  texte  du  bréviaire 
que  lui  applique  aussi  Guillaume  Durant  dans  son 
Rationai  :  a  Scuto  bonœ  voluntatis  coronaati  eum, 
Domine  »  {Off".  du  comm.  d'un  martyr). 

Les  coffrets  analogues  ne  manquent  pas  pour 
déterminer  le  sujet,  qui  n'offre  pas  de  notables 
variantes,  mais  se  réduit  babituellement  aux  s::ènes 
de  la  mort  et  de  l'ensevelissement.  Je  citerai  ceux 
de  la  cathédrale  d'Anagni  (1),  du  musée  de  Cler- 
mont-Ferrand,  de  la  collection  de  M.  de  Glan- 
ville  {Revue  de  l'Art  chrét.,  1885,  p.  TZ),  du 
musée  de  Berlin  {Bulletin  de  la  Soc.  archéol. 


omatam  pretiosissimo,  circum  eam  fulgenlibus  lampadibus  et 
elarissima  et  gravissima  apecie  virum  stantem  supra  caput  ipsius 
dicentem  audieruDt  :  Hwc  est  via  qxut  dilectus  Domini  Benediclus 
in  cmlum  aecendil.  » 

(I)  X.  Barbier  de  Montault.  La  Cathédrate  d'Anagni,  p.  E2; 
j'en  ai  fait  faire  une  photographie  par  M.  Simelli  pour  ma  oollec- 
tioii  des  Anliquiléa  de  Rome.  Los  viiriantcs  sont  :  le  calici)  posé 
sur  l'autel  devant  une  croix  à  trois  pieds,  deux  meurtriers,  saint 
Pierre  avec  sa  croix  et  saint  Paul  aux  petits  côtés. 


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de  la  Corrèze,  t.  VII,  p.  51),  de  la  coUection 
de  M.  Doire,  à  Évreux  [ibid.,  p.  52),  du  musée 
Thvulzio,  à  Milan  (1)  [ibid.,  t.  V,  p.  519),  les 
trois  de  l'Angleterre  {ibid.j  p.  256)  (2),  et  celui  de 
la  basilique  de  Latran,  que  j'ai  signalé  deux  fois 
dans  la  Hevue  de  l'Art  chrétien.  Sur  ce  der- 
nier, les  meurtriers  sont  au  nombre  de  deux, 
et  l'évëque,  à  la  mise  au  tombeau,  est  assisté 
d'un  acolyte  tenant  le  l'ituel  (3).  Tout  cela  ne  con-  . 
vient  qu'à  saint  Thomas  Becket,  archevêque  de 
Cantorbéry,  assassiné  pour  la  foi  dans  sa  cathé- 
drale, le  29  décembre  1170(4). 

Les  petits  côtés  offrent,  dans  une  bordure  à 
fleurons,  un  apôtre  abrité  par  une  arcade  cintrée, 
dont  la  retombée  se  fait  sur  une  double  colonne, 


(1)  »  Au  loit,  le  Cbrist  et  deux  anges;  auge,  le  martyre;  flancs, 
deui  bienheureux.  » 

(2)  '  Auge,  la  martyr  debout  au  pied  de  l'autel,  trois  chevaliers; 
toit,  la  déposition  du  cadavre  dans  un  riche  sarcophage.  ' 

'{3}  ■  Sur  la  chftsse  d'Uereford,  en  face  de  l'évëque  préaidant  aux 
tunérailles,  se  tient  un  diacre  chargé  d'un  diptyque  '  [BvU.  de  ta 
Soc.  arch.  de  la  Corré^e,  t.  V,  p.  256). 

(4)  11  fut  canonisé  par  Alexandre  III  deux  ans  après  sa  mort.  Ce 
fut  le  premier  pour  lequel  le  pape  se  réserva  la  canonisation  par 
le  8aint-Siége  (Benedict.  XIV,  De  serv.  Dei  beat,  et  beat,  canoniz., 
lib.  I,  cap.  0,  n.  !). 

Le  corps  ayant  été  levé  de  terre  en  1Î20,  son  culte  s'accrut 
d'autant.  L'exécution  des  coffrets  limousins  correspond  k  cette  date. 

Les  reliques  déposées  dans  ces  coffrets  purent  être  alors  des 
ossements  ou  parcelles  d'os;  mais,  antérieurement,  on  avait  dis- 
tribué de  ses  vêtements,  de  sa  cervelle  et  de  son  sang,  ce  qui 
répond  au  doute  émis  dans  le  Bull,  de  la  Soc.  arch.  de  la  Cor- 
rèze, t.  V,  p,  355,  sur  l'impossibilité  d'avoir  des  reliques  partielles 
d'un  homme  dont  le  corps  fut  inhumé  on  entier.  Voir  ma  brochure 
Inventaire  de  ta  basilique  de  Sainte-Marie  Majeure,  à  Rome, 
p.  23,  27.30;  j'y  cite  une  inscription  du  xiii'  siècle.  Cet  opuscule 
est  extrait  de  la  Heoue  de  l'Art  chrétien,  t.  XVI,  1873. 


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à  base  et  chapiteau  feuillages;  une  tourelle  sur- 
monte le  cintre.  On  reconnaît  l'apôtre  à  son 
double  vêtement  {tunique  à  orfroi  et  manteau), 
à  ses  pieds  nus  posés  sur  une  montagne  à  cinq 
coteaux,  et  à  l'emploi  de  ses  mains  :  de  l'une, 
il  fait  le  geste  de  la  prédication,  et  dans  l'autre 
il  tient  un  rouleau  qui  renferme  la  doctrine  évan- 
gélique.  La  figure  est  imberbe  et  la  tète  entourée 
d'un  nimbe.  Des  bandeaux  pointillés,  en  taille 
d'épargne,  coupent  horizontalement  le  fond,  alter- 
nant avec  des  bandeaux  plus  larges,  émaillés  et 
fleuronnés. 


Quels  sont  ces  apôtres?  Rien  ne  le  révèle,  faute 
d'inscription  et  d'altribuls.  SLirement,  ce  n'est  ni 
saint  Pierre  ni  saint  Paul,  au  caractère  typique. 


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Parmi  les  apôtres,  les  uns  sont  barbus,  les  autres 
imberbes.  Saint  Jean  est  imberbe  en  France,  au 
xiu*  siècle,  saint  Thomas  aussi;  mais,  je  le  répète, 
il  est  impossible  de  les  nommer. 

Le  symbolisme,  au  contraire,  est  bien  mieux 
fixé.  Nous  l'apprenons  de  saint  Augustin,  dans  son 
Exposition  sur  les  Psaumes  et  du  Bréviaire  romain, 
qui  lui  emprunte  les  leçons  du  second  nocturne 
du  commun  des  apôtres.  Les  apôtres  sont  le  fon- 
dement de  la  cité  sainte,  établie  sur  les  mon- 
tagnes éternelles.  Ils  portent  notre  infirmité  et 
sont  les  portes  par  lesquelles  nous  entrons  dans 
le  royaume  de  Dieu,  grâce  à  leur  prédication. 
«  Fundamenta  ejus  in  montibus  sanctis,  diligit 
Dominus  portas  Sion.  Quare  sunt  fundamenta  apos- 
toli  et  prophetae?  Quia  eorum  auctoritas  portât 
infirmitatem  nostram.  Quare  sunt  portœ?  Quia  per 
ipsos  intramus  ad  regnum  Dei.  Prœdicant  enim 
nobis  et  cum  per  ipsos  intramus,  per  Christum 
intramus  :  ipse  est  enim  janua.  » 

Les  apôtres  gardent  donc  les  reliques^u  martyr 
et  les  recommandent  à  la  vénération  des  fidèles. 
Ils  proclament  aussi  sa  foi,  son  courage,  sa  vic- 
toire; en  sorte  qu'on  peut  cbanter  avec  l'Église 
dans  une  de  ses  hymnes  triomphales  : 

■  «  Invicte  martyr,  unicum 

Palris  seculus  Filium, 
Victis  triumphas  hoslibus, 
Victor  p-uens  cxlestibus.  » 

C'est  jouir  du  ciel  que  d'habiter  avec  les  apôtres 
dans  les  tabernacles  éternels  :  «  Dabo  sanctis  meis 


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locum  nominatum  in  regno  Patris  mei,  dicit  Do- 
minus  »  {Comm.  des  martyrs). 

III 

M.  Chabau  écrit  dan?  la  Revue  eiœharistigtie 
{1885,  p.  59)  :  «  Châsse  de  sainte  Eulalie,  canton 
de  Pleaux  (Cantal).  Le  Christ,  assis  et  bénissant  à 
la  manière  latine,  avec  trois  doigts.  Il  tient  de  la 
main  gauche  le  livre  des  évangiles.  La  tête  est 
en  relief  (1)  et  couronnée.  Les  fleurons  de  la  cou- 
ronne ont  disparu.  Le  nimhe  est  croisé  comme  il 
convient,  et  le  personnage  entier  est  entouré  d'une 
auréole  elliptique.  C'est  la  gloire  complète.  A  sa 
droite  et  à  sa  gauche,  deu^  autres  personnages  qui 
ne  sont  point  caractérisés.  Cet  émail  peut  être 
du  xiu"  siècle.  La  royauté  de  Jésus-Christ  y  est 
parfaitement  indiquée  par  la  pose,  le  geste  et  sur- 
tout la  couronne.  » 

De  ce  coffret,  dont"  la  description  est  très 
incomplète  puisqu'un  panneau  seul  est  signalé, 
nous  n'avons,  dans  le  dessin  de  la  planche  XXXVl, 
que  le  Christ-roi,  sans  son  escorte  de  saints.  Je 
suppose,  d'après  le  principe  exposé,  que  la  plaque 
forme  toiture.  Si  nous  avions  la  plaque  inférieure, 
nous  saurions  à  qui  Jésus  décerne  la  récompense 
céleste,  car  ceux  qui  l'entourent  composent  en 
abi-égé  sa  cour  (2). 


(tj  a  Les  têtes  en  relief  sur  des  bustes  gravés  sont  ci 
Limousin  ;  on  n'en  connaît  pour  ainsi  dire  pas  d'exemple  en  Alle- 
magne s  {Btill.  de  la  Soc.  arch.  du  Limouain,  i.  XXXII,  p.  53). 

(!)  Si  je  cherche  des  similaires  à  cet  âmail,  j'en  rencontre  deux 
dans  le  beau  livre  de  H.  dé  Roddaz  :  L'Art  ancien  &  l'Expoeition 

T.  Vn.  5-fi 


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La  couronne  ressemble,  par  sa  coiffe  à  cornes, 
à  celle  du  coffret  de  saint  Thomas.  La  figure 
est  barbue  et  la  chevelure  longue.  La  robe  est 
bordée,  au  col,  d'un  orfroi,  et  le  manteau,  jeté 
sur  l'épaule  gauche,  se  ramène  en  avant.  Le  livre 
est  fermé,  car  lui  seul  peut  l'ouvrir  (1),  et  appuyé 
sur  son  genou  gauche.  Les  pieds  nus  posent  sur 
un  escabeau,  insigne  de  dignité  suprême.  On  ne 
voit  pas  de  siège;  la  barre  transversale  ne  peut 
en  tenir  lieu,  se  trouvant  à  hauteur  des  reins. 
Quatre  disques  à  couches  concentriques  égaient  le 
fond.  Quatre  autres  disques,  rehaussés  de  margue- 
rites à  six  pétales  arrondis,  saillissent  aux  pointes 
et  au  milieu  de  l'auréole. 

La  date  d'exécution  est  certainement  le  xiii*  siè- 
cle, plutôt  vers  le  règne  de  saint  Louis. 

X.  Barbier  de  Mon"tault, 

Pré)at  de  la  Haisoa  de  Sa  Sainlelé. 


nationale  belge  (Bruxelles,  1882),  p.  15,  32,  Le  cofffet  de  la  collec- 
tion Vermeersch  présente  :  à  l'auge,  le  Cbrist-roi,  assis  entre  deui 
apOtres,  également  assis,  par  allusion  au  jugement  dernier  qui 
attribue  aux  saints  leur  récompense  éternelle;  au  toit,  trois  anges 
à  mi-corps,  issant  des  nuages  et  ailes  au  repos.  Tout  ici  parle 
donc  du  ciel.  Le  revers  n'est  pas  figuré  sur  la  planche. 

Au  cofTret  de  la  collection  Desmottes,  l'auge  met  en  scène  la 
Crucifixion  avec  la  Vierge,  saint  Jean  et  deui  apôtres  debout;  au 
toit,  la  Majesté  entre  deux  anges  semblables  aux  précédents.  Le 
symbolisme  ici  est  manifeste,  et  le  Christ  lui-même  l'a  expliqué 
aux  disciples  d'Emmails  :  <  Nonne  hsec  oportuit  pati  Christum  et  ila 
intrare  in  gloriam  suam!  »  (Saint  Luc,  XXIV,  26).  On  voit  par  là 
combien  il  est  utile  à  la  science  de  ne  pas  morcHcr  les  sujets 
pour  n'en  donner  qu'un  détail,  qui  laisse  dans  l'embarras  sur  son 
complément. 

(l)  Apoc,  V,  5. 


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LIVRES  DE  RAISON 

LIMOUSINS  ET   MARCHOIS 

(Suite.  —  Voir  t.  vii,  2*  livraison.) 


CAHIBR-MBMET4T0    DE   PSAUMET   PÉCONNET, 
NOTAIRE   A  LIM0ÛB8    (1487-1002)  (1) 

Livre  de  M.  Psaumet  Pieonnet,  no"  royal,  dans  lequel  est  la 
datte  de  son  conlrael  de  mariage  et  les  noms  de  ses  enfans; 
ted.  livre  en  première  datte  du  mardy  devant  Pasques  de 
l'an  ikSl  (2}. 

Ea  sec  sen  (3)  la  memoria  tochan  mas  nopsas  : 
Et  premieyrament,  yeu,  Psalme  Peconet,  fermiet  [4)  la 
Mathîre  Beynesche  (5) ,  ftlhe  de  feu  Johan  BeyQeys,  au 
temps  que  vivie,  bourgeys  et  marchant  de  Limoges,  et  de 
Mathive  Salessa,  lo  dimars  davant  Pasqueys,  en  lan  mil 
quatre  cens  quatre  vings  et  sept  (6|,  et  luy  donîey  ung 
aneu  d'aur  appellet  signet  (7),  que  costave.    xxzii  ss.  ti  d.  (8). 


(1)  Voir  la  notice  consacrée  à  ce  manuscrit  dans  notre  intro- 
duciion,  L.  G. 

(2)  Ce  titre  paraît  Stre  d'une  mûn  du  xvii*  siècle.  Il  est  écrit  sur 
lA  feuille  formant  couverture, 

(3)  S'ensuit. 

(4)  De  fermar  ou  firm&r,  qui  équivaut  à  accorder,  mais  avec  le 
sens  actif.  On  trouve  constamment  dans  le  livre  d'Etienne  Benoist 
et  dans  d'autres  documents  des  iiv*  et  xv*  siècles,  fermalhAS,  signi- 
fiant accordaillea. 

(5)  Benoist,  nom  d'une  riche  famille  de  bourgeoisie  qui  a  joué  un 
rfile  considérable  k  Limoges  du  xiv  au  xvm'  siècle.  On  sait  que 
nos  pères  avaient  l'habitude  de  donner,  en  parlant  d'une  femme, 
une  désinence  féminine  au  nom  de  famille;  de  là  Beyneache, 
Sftleasa. 

(6)  Le  8  avril  UST. 

{7}  De  aignttm.  C'est  l'anneau  des  accords.  Les  accords  n'étaient 
pas  exactement  les  (jançailles;  ils  consistaient  surtout  dans  le  rè- 
glement des  questions  d'intérêt  et  dans  l'adhésion  donnée  par  les 


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—  544  — 

Item,  luy  doniey  may,  la  velhe  de  la  S'  Johan,  une 

redorte  (i)  d'aur  que  costave un  11.  (2). 

Item,  furen  fâchas  las  Dopsas  et  solempiiisadas  en  S" 
mayr  esglieyga  a  Limoges,  a  S'  Peyr  au  Queyroy  (3), 
lo  quarleyme  jour  de  novembre  l'an  mil  iiu'  quatre  vings 
et  sept,  et  me  fust  promeys  en  doayre  (4)  per  Mathieu 
Beyney,  moss'  Jamme  et  Johan  Beyneys,  frayra,  la 
somme  de  sex  vingz  et  dietz  11.  mon.  coireo  [5j,  et  la 
demorance  en  leur  meygo  a  la  Porte  Polalieyra  (6),  en 
laqualle  y  deven  balhar  une  chanbre  et  l'obradour  (7)  en 


deux  fEiniilles  à  un  projet  de  mariage.  Les  fiançailles  avaient  un 
caractère  religieux  et  comportaient  l'intervention  et  le  consente- 
ment des  deux  futurs  épou;t,  entre  lesquels  elles  créaient,  parfois 
cinq  ou  six  années  avant  le  mariage,  un  véritable  lien.  On  a  aussi 
appelé  aigtiet  l'anneau  à  scel. 
(8)  Soit  10  fr.  46,  qui  équivaudraient  à  52  francs  d'aujourd'hui. 

(1)  Torsade.  Il  s'agit  ici  d'un  bracelet  ou  d'un  collier,  peut-être 
d'une  ceinture  ou  d'un  ornement  de  tftte.  Le  mot  de  redorto  — 
réorte,  en  français  corrompu  —  sert  encore  de  nos  jours  i,  désigner 
un  objet  rond  et  tordu,  tout  particulièrement  une  couronne  de  pain 
ou  de  brioche. 

(ï)  22  fr.  ai,  environ  115  francs  d'aujourd'hui. 

(3)  Saint  Pierre  du  Queyroix,  une  des  plus  anciennes  églises 
paroissiales  de  Limoges.  Cette  église  était  une  prévôté  dépendant 
de  l'abbaye  de  Saint-Martial  avant  la  transformation  des  anciens 
chanoines  ou  clercs  en  religieux,  sous  Charles-le-Chauve  (848). 

(4)  Le  mot  douaire  ne  signifie  pas  autre  chose  ici  que  dot,  et 
c'est  le  sens  qu'il  a  le  plus  souvent  dans  les  contrats  dos  xcv  et 
XV*  siècles.  On  voit  ici  un  exemple  de  la  constitution  d'une  dot 
i.  une  fille  par  ses  frères,  à  défaut  du  père  de  famille.  C'était  tou- 
jours le  chef  de  famille  qui  avait  la  charge  de  payer  les  dots  et 
qui  les  constituait  :  la  fortune,  on  ne  saurait  trop  le  rappeler, 
appartenait  à  la  famille,  au  groupe  et  non  k  ses  membres  indi- 
viduellement. Le  patrimoine  passait  directement  d'un  chef  de  fa- 
mille à  un  autre  chef  de  famille,  qui  en  distribuait  une  partie 
conformément  aux  coutumes  de  la  famille,  et  aussi  aux  intérêts 
actuels  du  groupe. 

(5)  Soit  742  francs,  3.710  environ  d'à  présent. 

(6)  On  appelait  rue  de  la  Porte  Poulaillëre,  ou  plus  brièvement 
rue  de  la  Porte,  la  rue  PoulaiUère  d'aujourd'iiui,  qui  conserve  à 
une  de  ses  extrémités,  du  cûl^  de  l'ancienne  «  barrière  de  ia 
Porte,  t  une  mi^nifique  maison  du  xiv*  siècle.  Ce  nom  lui  avait 
été  donné  à  cause  d'un  très  ancien  marché  aux  volailles  qui 
s'était  tenu  à  cet  endroit. 

(7)  Atelier,  operalorhim. 


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—  545  — 

e7ci,  corne  ;^ar  per  las  lectras  passadas  permestre  Micheu 
de  Lespine,  notari  de  Limoges,  la  qualle  lettre  yeu  ay 
devers  me  toute  grossade,  signade  et  expedide. 

Item,  pagiey  per  la  despeace  de  lasd.  nopsas,  tant  ea 
polalhe,  po,  vy,  char,  mestriers  (]),  e  autras  chausas,  la 
some  de  nou  lieuras  v  d.  monede  corent  (2),    ,    ix  11.  v  d. 

Item,  bailliey  plus  a  lad.  Mathive,  a  las  nossas,  l'aoeu 
fermaditz  (3),  en  quatre  perlas,  d'aur,  que  costet.    vi  11,  (4). 

Item,  plus  une  senture  ferrade  deu  long  d'argen(5), 
que  costet vi  11. 

Item,  luy  doniey  plus  ung  aneu  esposaditz  que  costave 
la  some  de un  11.  x  d.  [6]. 

ËDseguen  sen  los  preseiia  que  me  fureu  donatz  a  mas 
Qopsaa  : 

Et  premieramenl,  mon  mestre  (7),  mestre  Estienne  Par- 
rot,  notari  de  Limoges xv  ss.  (8). 

Item,  moncugi(9),  PeyrFeydit.  .  Ungfloriouchat(lO). 
■    Item,  mon  cugi,  frayr  Jolian  Peconet,     .    .    v  33.  (il). 

Item,  mon  cugi,  moss'  mestre  Pierre  Pradelho,  licen- 
ciât eu  leys xv  ss.  x  d.  (12). 

Item,  mos  dos  cugis,  frayr  Guillem  de  Mathieu  et 
Glrau,  son  frayr xvii  ss.  vi  d,  (13). 

(1)  Il  faut  probablement  lire  menealriert,  bien  qu'il  n'y  ait  au- 
cune trace  d'abréviation. 

(2)  51  fr.  45,  255  francs  au  pouvoir  de  l'argent  aujourd'hui. 

(3)  Anneau  fermaditz,  anneau  d'accordée,  do  fiancée;  anneau  ei- 
posadiU,  anneau  de  mariée. 

(i)  3i  fr.  26,  171  francs  environ. 

(5)  Ferrée  ou  garnie  d'argent  tout  du  long. 

(6)  23  fr.  35,  qui  en  vaudrwent  environ  117. 

(7)  Son  patron,  le  notaire  chez  lequel  il  travaille  au  moment  de 
son  mariage. 

(8)  4  fr.  29,  21  fr.  50. 

(9)  Cousin. 

(10)  Florent  ad  calum,  monnaie  souvent  mentionnée  au  iv  siècle. 

(11)  1  fr.  43,  plus  de  7  francs. 

(12)  ^  fr.  05  environ,  ayant  la  valeur  de  24  francs  d'aujourd'hui. 

(13)  4  fr.  98,  25  fr.  environ. 


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Item,  mon  oncle  Moss'  Jamme  Peconet.     1  flori  ou  chat. 

Item,  mon  cugi  Psalme  Peconet,  fllh  de  meslre  Lien- 

nard  Peconet,  de  Ahen  Mostiers  (1).    .    .    .    xtiii  ss.  [2). 

Item,  et  deu  quau  maridatge  furen  procreatz  et  engen- 
drât! loa  enfans  que  senseguen  : 

Et  premierament,  une  Ûlhe  appelade  per  son  nom 
Mariota,  ma  première  filhe  engendrade,  laquale  nasquet 
lo  dimecreys  empres  la  feste  de  la  Assumplion  Nostre 
Dame,  que  l'on  contave  per  date  lo  xx*  jour  d'oust,  lan 
mil  quatre  cens  quatre  vings  et  hueutz;  et  fu  son  peyry  (3) 
mon  frayr  Mathieu  Beyneya,  et  comayr  (4)  ma  mes- 
tresse  (5),  Mariote  Rogieyra,  fenne  de  mestre  Estene 
Parrot,  ootari  de  Limoges;  et  fu  baptisade  a  S'  Peyr  au 
Queyroy,  et  pourtet  lo  nom  de  sad.  meyrine. 

Item  en  seguen  se  los  comeyraditz  (6)  fatz  en  las  jacillas 
de  lad.  filhe  : 

Et  premierament,  raoss'  mestre  Marti  Balestier,  licen- 
ciât en  medicioe,  venc  comeyrar  en  (7)  ung  paslitz  de 
poleU,  une  auche  (8)  et  un  poletz  routiz,  une  tercieyra  (9) 
de  vy. 


(1)  Eymoutiers,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrond.  de  Limoges. 

(2)  5  fr.  13  :  25  fr.  60. 

(3)  ParraÎQ.  Pëconnet  donne  ici  le  nom  de  frère  &  un  de  ses 
beaux-frërea. 

{4)  Marraine. 

[5}  La  femme  du  maître  notaire  chez  qui  Psaumel  Péconnet  a 
travaillé  ou  môme  travaille  encore. 

(6)  Comeyraditz  signifie,  à  proprement  parler,  qui  meni  dei 
commères,  ou  qui  ett  donné  à  ioccaêion  de»  commérages.  Ce 
mot  s'appliquait  aux  dons  offerts  à  l'accouchée  par  ses  visiteuses 
et  visiteurs. 

(8)  Une  oie. 

(9)  On  appelait  ainsi  une  mesure  rcprésontant  U  troisième  partie 
de  U  pinte. 


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—  547  — 

Item,  venc  comeyrar  lad,  Mariote  Rogiere,  comayr,  ea 
uDg  pastilz  de  poletz,  ung  viage  (I),  et  ung  autre  viage 
en  dos  paatitz,  ung  de  poletz  et  l'autre  de  lebre(2),  une 
auche,  ung  gorret  (3),  quatre  poleti  routiz  et  doas  ter- 
cieyras  de  vy.  Kt  son  marit  no  volguet  pas  venir. 

Item,  la  dompne[4)  Symona  deu  Peyrat(5),  fenne  deu 
seigneyr  Marsau  Disnemandi  (6),  venguet  comeyrar  per 
doas  vetz  f7}  :  une  vetz,  en  ung  pastitz  de  poletz,  et  une 
quarte  (8)  de  vy,  et  l'autre  vetz,  en  ung  autre  pastitz  de 
poletz  et  une  autre  quarte  de  ry. 

Item,  massor  [sic]  la  Galiane  Beynesche,  relicte  (9)  de  feu 
Mathieu  Doury,  venc  en  dos  pastitz  de  poletz,  une  quarte 
de  vy. 

'  Item,  ma  d[ompn]e  l'Anne  Salessa,  relicte  de  feu  Fran- 
ceys  Lamic  (lOj,  venc  en  ung  pastitz  de  poletz  et  une 
quarte  de  vy. 

Item,  ma  d[ompn]e  Hadiive  Salessa,  relicte  de  feu 
mestre  Johan  Feydit,  venc  en  doas  michas  (M),  ung  fro- 
mage blanc  et  dietz  leoalx  (12)  et  une  quarte  de  vy. 

Item,  ma  d[ompn]e  Mathive  Beynesche,  femme  deu  sei- 
gneyr Franceys  Saleys  (13),  todc  ung  viage  en  ung  pastitz 

(I)  A  une  visite. 
{5)  Lièvre. 

(3)  Ud  cochon  de  Uit, 

(4)  Dame. 

(5)  Dès  le  XIII*  siècle,  les  du  Peyr&t  figurent  au  premier  rftng 
des  familles  de  la  bourgeoisie  de  Limoges. 

(6)  Les  Dianemandi,  dont  le  nom  a'est  francisé  et  transformé  en 
celui  de  Disnematin,  complent  au  xv  siècle  parmi  les  plus  riches 
bourgeois  de  Limoges.  Daurat,  le  poeta  regiui,  était  nn  Disne- 

(7)  Par  deux  fois. 

(S)  La  quatrième  partie  du  setier,  parfois  de  la  pinte. 

(9)  Veuve,  du  latin  relicU. 

(10)  De  Amici,  forme  latine  du  nom  d'une  très  ancienne  famille 
de  notre  ville. 

(II)  Deux  miches  de  pain.  Le  mot  s'est  conservé. 

(12)  Nous  ne  pouvons  traduire  ce  mot. 

(13)  Les  Saleys  paraissent  être,  après  lea  Meyze,  les  plus  grands 
négociants  de  Limoges  au  xv  siècle. 


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—  5*8  — 

de  poletE  et  ung  autre  viage  en  uDg  gorret  et  lu  polelz 
routiï  et  une  quarte  et  terciere  de  vy,  et  venc  lo  seigueyr 
Franceys,  son  marit,  quant  hac  sopat  (1). 

Item  Peyr  Feydit  et  sa  feniie  vengren  en  ung  pastitz 
de  poleu,  ung  gorret,  une  auche  et  dos  poletz  routiz  et 
doaa  tertieyraa  de  vy  el  treys  pas  choyney8(2). 

Item,  la  Johane  Pradelhona,  relicte  de  feu  Penot  Buat, 
venc  en  ung  pastitz  de  poletz  et  une  quarte  de  vy  el 
treys  pas  choyneys. 

Item,  la  Noanete  Salesse,  fenne  de  Peyrardit,  venc  en 
ung  pastitz  de  poletz  et  une  terciere  de  vy. 

Item,  lo  iiu""(3)  jour  deu  meys  d'octobre,  que  era  lo 
jour  de  moss'  S'  Franceya,  l'an  mil  CCCC  IIII"  el  dietz,' 
nasquet  Peyr,  mon  âlh,  mon  segon  engendrât,  et  fu 
batizat  a  S'  Peyr  au  Queyroy  de  Limogea,  et  fu  son 
peyry  Moss'  mestre  Pierre  Pradelho,  licenciât  en  leys  et 
prebre  (41  ;  et  portet  lo  nom  de  son  peyry  ;  et  sa  meyrine 
fu  Noanete  (5)  Salessa,  feane  de  Peyrardit  (6). 

Item,  venc  veyre  la  jasen  (7)  lad.  comayr,  en  ung  pas- 
titz de  quatre  poletz  et  une  terciere  de  vy. 


(IJ  Le  mari  ne  vieat  qu'après  le  souper.  Il  était  en  effet  défendu 
à  tout  autre  homme  qu'au  parrain  ou  aux  plus  proches  parents, 
d'aller  commérer  chez  l'accouchée.  Nous  avons  dit  qu'on  enfrei- 
gnit souvent  cette  interdiction. 

(2)  Le  pain  choyneys  —  la  forme  exacte  était,  parait-il,  cha- 
noyneys,  pain  de  chanoine  —  était  un  pain  de  luxe  qu'on  trouve 
souvent  mentionné.  V.  De  Canob  ;  partis  canonicus. 

(3)  On  avait  d'abord  écrit  xiiu'*. 

(4)  Prêtre. 

(5)  Pour  Nanette,  de  Jeannette,  Johanela. 

(6)  Suit  un  nota,  ainsi  conçu  :  pt  Ip  rpfpdpt  gplppnp  bpy- 
npychp.  Ce  qui  veut  dire  évidemment  .*  et  lo  refudet  ûatJane 
Beyneyche.  L'auteur  du  Livre  de  raison  a  voulu  noter  pour  lui 
seul  ce  souvenir  :  sa  belle-sceur  avait  refusé  d'être  marraine  du 
petit  Pierre. 

(7)  La  malade,  l'accouchée,  de  jacenlem.  Le  verbe  ;a«er  pourrait 
bien  venir  des  caquetages  des  commères  qui  visitaient  la  jasen,  et 
non  de  la  pie,  jasso. 


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-  H9  — 

Item,  venc  ma  comayr,  la  Mariote  Rogiere,  fenne  de 
mestre  Ësleoe  Pan-ot,  en  ung  pastitz  de  quatre  poletz  et 
de  une  coha  de  mosto  (1),  et  une  quarte  de  vy. 

Item,  venc  la  Johane  Pradelhona,  eor  deud.  compayr, 
Tcyre  lad.  jasen,  en  ung  pastis  de  quatre  poletz  et  doas 
tercieyras  de  vy  et  Ireys  pas. 

Item,  veoc  ung  autre  viage  lo  compayr,  en  un  grant 
preseo  ires  honestemen. 

Item,  lad.  Noanete  Salessa,  comayr,  venc  en  lo  grant 
presen,  très  honestemen. 

Item,  ma  sor  (2),  la  Guischarde  Beynesche,  fenne  de 
inestre  Anthoni  Tibort,  licentiat  en  médecine,  venc  co- 
meyrar  en  ung  pastitz  de  quatre  poletz  et  de  ung  lopi 
de  buou(3}  entrennasi?)  (4),  treys  pas  choyneya  et  une 
tercière  de  vy  noveu  et  une  pinte  de  vy  vielh. 

Item,  venc  la  doropne  Symona  deu  Peyrat,  fenne  deu 
Sr  Marsau  Disnemandi,  en  ung  pastitz  de  quatre  poletz 
et  une  quarte  de  vy. 

Item,  venc  frayr  Johan  Peconet  (5),  mon  cugi,  en  ung 
pastitz  de  lebre  et  une  quarte  de  vy. 

Item  lo  xxvij*  jour  d'oust,  l'an  mil  CCGC  IIU"  et  unze, 
morit  lod.  mon  fllz  E*eyr,  a  Tore  de  prime  —  a  qui  Dieu 
absolhe  !  (6)  —  et  fu  ensebelit  au  grand  tombeau  de  la 
dompne  Paulie  Auàiere(7),  davan  l'esglieyge  de  S'  Peyr 
au  Queyroy,  davan  lo  grand  pourtau. 


(1)  Une  queue  de  mouton. 

(!)  Ici,  comme  plus  haut,  Psaumet  donne  k  ses  belles-SOBurs  !& 
qualification  de  aœurs. 

(3)  Une  pièce  de  bosuf, 

(l)  S'il  n'y  avait  un  jambage  de  trop  au  manuscrit,  nous  serions 
.  tenté  de  lire  :  entre  mas,  dans  les  mains. 

{h)  On  voit  que  les  religieux  èui-mémea  prenaient  part  aux  com- 
mérages. (Je  n'était  peut-être  pas  Fort  décent;  mais  su  i  bon  vieux 
temps,  ■  on  n'y  regardait  pas  de  si  près... 

(6)  Que  Dieu  absolve  ! 

(7)  Paule  Audier,  femme  de  Mathieu  Bsnoist,  a  laissé  une  mé- 


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-  550  — 

Item,  lo  noveyme  jour  deu  meys  de  julhet,  l'an  mil 
quatre  cens  quatre  vings  et  douge,  nasquet  Estene,  mon 
fllz,  tiers  engendrât,  et  fu  batizat  a  S'  Peyr  au  Queyroy 
de  Limogea  ;  et  fu  son  peyry  mon  mestre,  mestre  Estene 
Parrot,  notari  de  Limoges,  et  sa  meyrine  ma  sor,  la 
Galiane  Beynesche,  relicte  de  feu  Ma^ivot  de  Julie  (1), 
dit  Douri;  et  pourtet  lo  nom  de  son  peyry. 

Item,  lo  Ti'  jor  de  mars,  l'an  mil  IIII'  IIII"  efXIUS), 
Mathieu  Beyney  reymet  (3)  la  viohe  deu  Torondeu  (4)  et 
paget,  tant  per  las  garentes  per  que  era  engacgade,  que, 
per  las  reparacieus,  xlii  U.  x  bs.  (5).  Et  en  passet  la  quis- 
tance  mestre  Estene  de  Campis  (6),  notari  de  Limoges,  en 
la  présence  deu  s'  Franceys  Saleys  et  Johan  de  Lagerîa 
et  Peyrardit. 

Item,  lo  dietzeym,e  jour  de  mars,  l'an  mil  IIIJ*  IIIJ"  et 
trecge  (7),  nasquet  mon  filz  Jamme,  quart  engendrât,  et 


moire  longtemps  vivante.  Elle  avait,  en  14ït,  au  retour  d'un  pèle- 
rinage k  Jérusalem,  fait  exécuter  dans  l'église  de  Saint'Pierre,  par 
un  sculpteur  vénitien,  le  sépulcre  qu'on  y  voyait  encore  &  l'époque 
de  la  RévolutioD.  Il  semble,  par  ce  passage,  que  Paule  Audier, 
morte  en  1433,  n'avait  pas  été  inhumée  dans  la  chapeJle  des  Be- 
noitt,  construite  en  1326  par  un  membre  de  cette  famille  À  l'intë- 
rieur  de  l'église,  mais  dans  un  tombeau  spécial,  hors  de  l'édifice. 

(1)  La  ricbe  famille  des  de  Julien  était  originaire  de  la  Cité  de 
Limoges;  deux  de  ses  membres  furent  les  premiers  trésoriers  de 
la  Généralité. 

(2)  1493.  L'année  commençait  au  25  mars  dans  le  diocèse. 
(3}  Racbeta,  ivdetnit. 

(4)  Territoire  situé  près  des  fossés  du  Château  de  Limoges,  entre 
les  Grands-Carmes  et  Saint-Gérald.  Il  y  existait  une  fontaine  men- 
tionnée par  plusieurs  documents  du  xuj*  siëcle,  et  pour  le  rachat 
de  laquelle  un  marchand,  Gérald  firunaud,  fait  un  legs  en  1270.    , 
(Arch.  de  la  Haute- Vienne,  liasse  8,372.) 

(5)  275  fr.  71,  qui  équivaudraient  à  1,379  frwics  d'à  présent, 

(S)  Etienne  Descbamps.  Peut-être  y  a-t-il  quelque  rapport  entre 
ce  notaire  et  la  famille  nommée  au  Livra  de  r&ison  des  Ualliard. 
(7)  Vieux  style.  11  s'agit  du  10  mars  1494. 


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—  551  — 

fu  batiza  a  S'  Peyr  au  Queyroy  de  Limoges;  el  nasquet 
entre  dietz  et  onze  horas  de  neutz;  et  fil  son  peyri  Jamme 
de  Julie  lo  jouae,  mon  nebout(l),  et  sa  meyrine  la  Cibille 
SalesBa,  filhe  de  feu  Liennard  Saleys;  et  portet  lo  nom 
de  son  peyri. 

Item,  lo  viij'  jour  de  septembre,  l'an  mil  IIIJ'  IIIJ"  et 
quatorze,  anet  de  vite  a  trespas  mon  fils  Estene.  et  fu 
sebelit  au  grand  tombeau  de  la  Dompne  Paulie  Audieyre, 
davant  lo  grant  portau  de  S'  Peyr  au  Queyroy, 

Item,  ma  filhe,  l'Anna,  nasquet  lo (2)  jour  deu  meys 

de (3)  l'an  mil  quatre  cens  quatrevings  et  quinze;  et  fu 

son  peyri  Johan  Beney,  espiDlier(?)  (4),  et  Anne  Beynesche, 
filhe  de  Mathieu  Beyneyt. 

Item,  ma  filhe,  la  Valérie,  nasquet  lo  jour  deux  Ynno- 
cens,  xxTiij*  jour  de  décembre,  l'an  mil  CCCG  IIIJ"  et 
secge,  et  furen  peyry  et  meyrine  Charles  JoUboys,  mon 
nebout,  et  sa  meyrine  la  Marie  Lapine,  molhier  (5)  de  mon 
nebout  Jamme  de  Julie,  dit  Douri,  lo  joune. 

Item,  ma  filhe,  la  Narde,  nasquet  lo (6)  jour  d'aoust, 

l'an  mil  IIIJ*  IIU"  XVIII;  et  furen  son  peyry  moss' 
Jamme  Beyneyc,  et  meyrine  la  Lienarde,  filhe  de  Peyr 
Feydit. 

Lo  ivj*  octobre,  jour  dlenmenc  (7),  l'an  mil  cinq  cens 
et  deux,  nasquet  Psalme,  et  fut  baptisât  à  S.  Peyr  au 
Queyroy,  et  fu  peyry  Marsau  Beyney,  mon  nebot,  et  fu 
meyrine  la  Margot  Rogiere,  ma  selorge(8). 


(I)  Neveu. 

(3)  Un  mot  laîaaâ  en  blanc. 

(3)  Va  blanc. 

|f)  Lecture  bien  doutenae. 

(5)  Femme. 

(6)  Un  blanc. 

(T)  Jour  de  dimanche. 

(S)  Belle-sœur.  On  trouve  en  général  serorge.  —  Ce  dernier  para- 
graphe paraît  ne  pu  dtre  de  la  même  main  que  le  reste  du  ma- 
nuscrit. On  lit  au  bas  de  la  page  :  Donet  (!)  per  comandamen  de 
ta  Matkive. 


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—  552  — 
Ptwieun  feuillets  —  troit  au  moiru  —  arraehit. 

Item,  per  dos  massos  i^e  agues,  lo  xiu*  et  lo  xiiu*  Jour 
deu  meys  de  julhet,  l'ung  dos  jornaxilx(i),  et  l'autre  ung; 
psemierament,  per  chasque  jornau,  po  et  vi  et  pistanse, 
et  may  xxu  d,  (2),  monte,  a  treya  deniers  de  po  per 
jour  (3),  j  d.  de  pistance  et  lu  pîntas  de  vi  per  jour  et 
zzij  d.  per  uue,  monte vru  s.  tx  à.  (4). 

Item  plus,  per  ce  que  n'avie  pas  prou  (5)  peyra  per  fumir 
losd.  dos  massos,  lod.  xiiii'  de  Julhet,  balhiey  a  Grougo  per 
hueutz  chargas  qiiem'en  portet  prontameu.    i»  s.  m  d.  (6). 

...Ung...  m'en  donet  a  v  d.  la  charge  (7). 

Item  plus,  per  doas  chargas  de  chau,  que  aguis,  l'une 
de  Reymon  lo  masso  et  l'autre  de  ung  homme  de  de- 
f6re(8) xm;  s.  vi  d.  (9). 

Item  per  cinq  (10)  jornaulx  de  Vachier  que  serve  los 
massouk,  lo  xi*,  xii',  xm*  et  quatorzesme  jou"  de  julhet, 
per  chasque  jour  xviij  d.,  po,  vi  et  pistance,  et  en  ce  sa 
fenne  ly  eydet,  et  may  sa  fllhe,  a  pourtar  de  la  chau  de 
meygoî(Il)  usques  en  la  vigne  et  de  l'aygue  de  la  fou  (12), 

(1)  Journées. 

(2)  58  c.  96,  2  fr.  95  d'aujourd'hui. 

(3)  Soit  8  c.  04,  un  peu  plus  de  40  centimes  d'aujourd'hui.  On 
peut  lire  un  peu  ce  qu'on  veut  ici  :  jour,  livre  ou  l'un.  Si  Psalmet 
ne  donne  qu'une  livre  de  pain  à  ses  maçous,  il  résulterait  de  ce 
passage  que  le  pain  était  cher  à  cette  époque;  mais  il  s'agit  ici 
de  deux  livres,  selon  toute  probabilité. 

(4)  2  fr.  81,  au  pouvoir  de  14  fr.  d'à  présent.  La  journée,  argent 
et  nourriture,  ressort  à  35  deniers,  soit  0  fr.  937  :  4  fr.  69  d'à  présont. 

(5)  Assez. 

(6)  1  fr.  04,  correspondant  i.  5  fr.  20.  La  charge  ressort  donc  à 
65  centimes. 

(7)  13  c.  4,  équivalant  à  67  centimes  d'à  présent. 

(8)  Du  dehors. 

(9)  4  fr.  66,  plus  de  23  francs  :  soit  plus  de  11  fr.  50  la  charge. 
(10}  Vu  les  corrections  faites  plus  loin,  il  faut  lire  ici  quatre  ou 

lieu  de  cinq. 

(11)  De  la  maison,  de  chez  moi. 

(12)  L'eau  de  la  fontaine. 


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—  553  — 

moDten  losd.  quatres  jornaulx,  lo  logier  tan  solemen,  sey 
po,  vi  oy  pistance vi  s.  (1). 

Item,  plus  en  vi  per  losd.  quatre  journaiilx,  dotge  piiitas 
a  treys  deniers  la  piota,  monlfi m  s.  [2). 

En  po  et  pistance  per  losd.  quatre  jours  ;  per  chascun 
iKj  d.,  monte  xti  d. 

Item,  doniez  a  Moss'  lo  probost  que  m'es (3). 

Item,  plus  per  ung  aultre  jomau  que  Vachier  no  podie  pas 
servir  lo  dissapte,  xnu*  de  Julhet  :  vi,  treys  pintaa.    ix  d, 

ËD  po  et  pistance nu  d. 

Item,  plus  aguis  de  chas  Jehan  Vidau  une  tenilhade  de 
chau  en  cailho,  de  que  pj^gieys u  s.  tj  d.  (4). 

Item,  lo  ix*  jour  de  feurier,  l'an  mil  IIIJ*  IIIJ  "  XII  (5), 
aguis  ung  homme  que  demore  en  las  meygos  de  Colon  près 
*  Porquet  et  se  appelle  Johan,  per  charier  de  la  peyra,  que 
me  costet  xiu  d.  per  jour,  et  po  et  vy;  et  Vachier  feys  lo 
merchat  ;  monte,  contet  lo  vi,  a  uj  d.,  la  pitance  (et  en  ce 
doas}  et  lo  po  lu  d xij  d.  (6). 

Item,  lo  dilus  xi  de  feurier,  l'an  susd.,  aguis  ung  homme 
dessus  nommât  per  menar  la  peyra  et  per  charro  ;  costet 
XV  d.,  po  et  vy  :  monte xinj  d.  (7). 

Item,  per  apourtar  lo  pic  (8) j  d.  (9). 

Item,  lo  dimars,  xii'  de  feurier,  l'an  susdit,  aguis  ung 
homme,  lod.  dessus  uomat,  que  me  costet  xv  d.,  1  po, 
Il  piiitas  de  vy,  monte zzii)  d.  (10). 


(i)  1  fr.  93,  9  fr.  65  c;  la  journée  ressort  donc  à  2  fr.  41  c. 

(2)  96  c.  65,  équivalant  à  4  fr.  83.  Ou  voit  que  le  prix  de  la  pinte 
représente  un  peu  plus  de  40  c;  la  pinte  valant  1  litre  071,  le  litre 
de  vin  est  ici  porté  à  un  peu  plus  de  37  centimes. 

(3j  La  fin  de  ce  paragraphe  est  illisible. 

(4]  SO  centimes,  soit  4  francs. 

(5)  Le  3  février  1493,  nouveau  style. 

(6)  21  deniers  valent  un  peu  plus  do  67  centimes  :  3  fr.  36  ou  37 
d'aujourd'hui. 

(7)  Moins  de  62  centimes,  3  fr.  06  ou  7. 

(8)  S'agit-il  du  pic  pour  extraire  la  pierre? 

(9)  2  c.  63,  équivalant  à  13  ou  14  centimes  d'aujourd'hui. 

(10)  Moins  de  62  centimes,  3  fr.  06  ou  7. 


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—  554  — 

Item  lo  dimecreys,  xii*  deud.  meys,  achaptiey  une  pale  [1] 
per  far  lo  mortier;  costet v  d.  (2). 

Item,  lod.  jour,  aguîs  dos  massos,  Estene  de  Mas  Bas- 
tent  (3)  et  Peyr,  de  la  paroffla  deu  Palays  (4)  ;  costeren 
XX  d,  et  loure  despens,  gostar  et  disner  et  marendet,  treys 
deniers  de  po  chasque  repas  et  doas  pintas  de  vy,  m  d. 
per  pitance,  per  chascun,  monte.     .    .     .    v  s.  m  d.  (5). 

Item,  lod.  jour,  aguis  doas  manobras  per  far  los  fonda- 
mens  et  los  chavar  (6)  deud.  mur,  et  per  servir  los  mas- 
soux  et  per  chavar  lad.  peyra  :  coBte[re]n  chascun  xv  d., 
ung  po  et  doas  pintas  vy,  monte.    ,    .    .    m  s.  x  d.  (7). 

Item,  lod.  jour,  aguis  ung  asuier,  que  menet  la  terre, 
loqual  deguet  aveyr  itij  d.  (8)  de  la  charge,  et  chasque 
jour  pinte  de  vy,    et  en  menet  lod.  jour  ,x   chargas, 

monte ni  s.  vu  d.  (9). 

(te  reste  manque.)    , 


(1)  Pelle. 

(3)  Un  peu  plus  de  13  centimes,  70  centimes  d'aujourd'hui  environ. 

(3)  Lo  Masbatin,  village  de  la  commune  de  Limogea. 

(4)  Le  Palais,  aujourd'hui  chef-lieu  de  commune  du  canton  nord 
de  Limoges,  à  7  kilomètres  est  de  Limof^es.  C'est  là  que  doit  être 
placé  le  palais  de  Jocundiac  ou  Jogenciac,  mentionné  par  plusieurs 
&ctes  et  par  les  chroniques,  au  temps  des  rois  de  la  seconde  race. 

[i]  i  fr.  69,  8  fr.  45  d'aujourd'hui.  Les  deux  pintes  de  vin  ne  sont 
comptées  que  5  deniers,  soit  0,134  ;  68  ou  70  centimes  d'aujourd'hui. 
La  pinte  ne  vaut  donc  plus  que  34  à  35  centimes,  31  à  32  centimes 
le  litre. 

(6)  Fouilles. 

(7)  l  fr.  Î3,  6  fr.  15  d'aujourd'hui,  soit  3  fr.  07  pour  chacun. 

(8)  tO  c.  7,  un  peu  plus  de  50  centimes. 

(9]  1  fr.  15,  5  fr.  75  c.  La  pinte  est   ici   portée  de  i 
3  deniers. 


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III 

REGISTRE   DE   FAMILLE    DES   KAURAT,    DU   DORAT    [1556-1798)  (1) 


Papier  cootenant  la  date  [de  la   Daissance]   de  mes 
enffans,  faict  le  dix  huictiesme  jour  de  novemhre  mil 
cinq  centî  cinquante  six.  —  S.  Maurrat. 
JHS  MA 

Continué  (2)  pour  les  enffana  qui  sont  sortis  de  Anne 
Gagery,  ma  femme,  et  moy,  filz  de  feu  M"  Simon  Maurat, 
mon  père,  cy  dessus  signé.  Commencé  en  l'an  mil  V 
un-  VIII.  —  Maurat  app". 

Continué  (3)  pour  les  enfans  quy  sont  sortis  du  mariage 
de  Jean,  fils  de  Pierre  et  de  dame  Margueritte  Aubu- 
geois  :  ledit  Pierre  Maurat  estant  nay  le  13  avril  1605, 
ainsy  qu'il  est  cy  après  refferé;  lequel  Pierre  deceda  le 
12  septambre  1631,  est  enterré  au  Gué  Rossignol.  Icelluy 
Jean,  raary  de  Marie  Junyen.  —  J.  Maurat,  marchand. 

Continué  pour  les  enfans  qui  sont  sortis  du  mariage 
de  Pierre,  fllz  de  Jean  et  de  dame  Marie  Junyen,  icelluy 
Pierre,  mary  de  Marie  Michellet.  —  P.  Maurat,  mar- 
chand. 


(1)  Nous  renvoyons  encore  à  l'introduction  pour  les  renseigne- 
ments relatifs  k  ce  manuscrit.  L.  G. 

(2)  Cette  mention  et  les  suiva  itcs  ont  été  écrites  sur  la  première 
page  de  notre  manuscrit,  par  plusieurs  descendants  de  Simon 
Maurat,  i,  la  date  où  ils  se  sont  trouvas  successivement  charges, 
ea  qualité  de  chefs  de  famille,  de  la  continuation  du  registre. 

(3)  Nous  rétablissons  partout  l'accent  sur  l'e  Hnal,  pour  faciliter 
la  lecture. 


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_  556  — 

Le  dix  huictiesme  jour  de  novembre,  l'an  mil  cloq 
cenlz  cinquante  six,  nasquîct  Jehan,  mon  &h,  et  fut 
baptizé  a  S'  Mychel  de  Lauriere{l),  le  jeudy,  dix-ueuf- 
viesme  dudit  moys;  et  fut  son  parrin,  mon  frère,  messire 
Jeban  Maurat,  et  sa  marine  Berthe  de  Volundat,  sa  tante, 
sœur  de  Narde  de  Volundat,  ma  femme. 

Claude  nasquit  le  vingt  ungnesme  jour  de  juillet,  l'an 
mil  cinq  centz  cinquante  huict,  et  fut  baptizé  en  l'esglize 
Monsieur  St  Pierre  du  Dorât  (2),  et  fut  son  perrin  hono- 
rable homme  M'  Claude...,  lieutenant  en  la  Basse  Marche, 
et  sa  marrine  damoyzelle  Jehanne  de  Razes,  femme  de 
honorable  M'  Jacques  de  Volundat,  greffier  de  Lauriere  ; 
et  ledit  Claude  fut  baptizé  le  sabmedy  après,  xziii*  jour  du 
mois  de  juilhet  audit  an. 

Le  jour  Saint  Roch,  nasquicl  Catherine,  ma  fllhe,  de 
M'  Simon  Maurrat  et  de  Catherine  Teytaud,  ma  femme, 
et  fust  son  perrin  Georges  Milet  [7j  et  marine  Catherine 
de  Razes,  femme  a  Francoy  (?)  Teytaud,  et  fut  baptizee 
ledit  jour  S'  Roch  de  l'an  mil  cinq  centz  soixante  et  ung. 

Le  dernier  jour  d'octobre,  l'an  de  grâce  mil  cinq  cenlz 
soixante  sept,  nasquict  Berthe  Maurrat,  fllhe  dudit  M'  Si- 
mon et  de  ladite  Catherine  Teytaud,  environ  six  heures 
du  matin;  auquel  jour  la  ville  du  Dorât  fust  prinze  par 
les  Hugueneaulx,  qui  estoient  eslevés  tant  par  le  pays  de 
Poictou  que  Guascongne  (3J  ;  et  estoyent  pres  dix  huict 
ou  vingt  mille;  et  estoit  couronal  le  sieur  de  St  Sire  lequel 
heust  de  rançon  troys  mil  six  centz  livres  [4),  et  fut  l'es- 
glise  de  céans  pilhee  et  sacagee,  ensemble  les  orgues 


(1)  Aujourd'hui  chef-lieu  de  canton  de  l'arrond.  ii  Limoges. 
(2}  La  grande  église  du  Dorât,  dont  on  peut  admirer  du  chemin 
de  fer  la  pittoresque  et  majestueuse  silhouette. 

(3)  Pierre  Robert  a  laissé  dans  ses  Mémoires  un  récit  intéressant 
de  ces  événements.  Voir  ['Histoire  du  Dorai,  de  H.  Âubugeois  do 
la  Ville  du  Bost.  Poitiers,  Oudin,  IBSO,  p.  77  à  80. 

(4)  Neuf  à  dix  mille  francs  d'aujourd'hui. 


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—  557  — 

rompuz  (I)  et  ymages  d'îcelle,  et  plusieurs  habithans  de 
la  présent  ville  ruynés  (2)  ;  et  fut  baptiiée  le  mardy,  qua- 
triesme  jour  de  novembre  ecsuyvant  ;  et  fut  aou  perrin 
Jacques  Teytaud,  son  oncle,  et  sa  merrine  Berthe  Pas- 
quet,  femme  de  Jacques  Goyet, 

Je,  Jean  Maurat,  app",  filz  de  feu  M'  Simon,  qui  a 
escript  et  signé  de  sa  main  les  précédentes  dattes  de  ses 
eoffans,  qui  deceda  le  lundy,  10'  aoust  1598.  moy  estant 
Consul  de  ceste  ville  ceste  dite  année  (3),  —  ay  mis  la  datte 
des  enffans  qui  sont  sortis  de  Anne  Gaston,  ma  femme  et 
moy,  qui  fusmes  mariés  le  20  janvier  1587  : 

Jean  Maurat  nasquit  le  sabmedy,  2*  jullet  1588,  entre 
une  et  deux  heures  de  matin,  et  fut  baptizé  le  luudy  4 
ensuyvant,  par  M"  Pierre  de  Tourry,  vicaire  en  l'egliie 
de  ceste  ville  i  et  fut  son  parrin  sire  Jean  Gaston,  mou 
beau  père  et  son  grand  père,  et  sa  marriue  dame  Mathive 
Dimet,  femme  de  sire  René  Chesne.  —  Je  n'estois  a  ce 
jour  en  ville,  et  fut  baplizé  en  mon  absence,  les  troubles 
et  guerres  estans  fort  grands  en  ce  pays  pour  lors  (4). 

...Léonard  Maurat  nasquit  le  dimenche,  5"  jour  de  may 
1591,  environs  les  deux  heures  après  mydy,  et  fut  baptizé 
promptemeut  pour  cause  de  sa  maladie,  par  M"  Pierre 
de  Tourry,  vicaire,  et  fut  porté  sur  les  foQS  de  baptesme 
par  M*  Léonard  Vacherie,  chirurgien,  et  damoizele  Marie 
du  Rieu,  vefve  feu  Gulllem  de  Fonsreaux,  s'  de  Beaumont. 

Il  est  decedé  le  21*  jour  d'octobre  1593,  de  la  petite 


(1)  Ces  argues  furent  remplacées  en  1&98  aux  frais  du  chanoine 
Jeso  dea  Forges. 

(2)  Quelques  lignes  de  ce  paragraphe  ont  déjà  été  imprimées  par 
M.  Leroui  daos  ses  Recherches  sur  les  tîegislres  paroissiaux  du 
Dorai. 

(3)  Le  Dorât  n'a  une  organisation  communale  qu'à  partir  de  1566. 
(i)  Au  commencement  de  juillet  1588,  en  effet,  toute  la  province 

était  troublée.  Les  ligueurs  avaient  failli  s'emparer  de  Limoges  au 
mois  de  juin,  et  le  roi  avait  dû  envoyer  l'intendant  Turquant  pour 
révoquer  les  pouvoirs  du  lieutenant-général,  M.  d'Hautefort. 

T.  vn.  t-îo 


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—  558  — 

vérole;  en  ladite  aDnée,  les  petis  enfTans  en  furent  fort 
persécutez  (1), 

...Guillem  Maurat  nasguit  le  mardy,  SO*  jour  d'octobre 
1609,  environ  les  deux  heures  après  minuit,  et  fut  batizé 
sua  les  huict  heures  de  matin,  ce  mesme  jour,  par  Mes- 
sire  Loys  des  Affis[2),  chanoine  et  curé  de  cesLe  ville, 
et  fut  tenu  sus  les  fons  ha,ptismales  par  Jean  Rampion, 
ûls  de  feuz  M"  Michel  Rampion  et  Jehane  Guacon,  pour 
et  au  nom  de  M'  Guillem  Guacon,  chanoine,  qui  estoit 
party  le  dimenche  auparavant  pour  aler  a  Paris;  sa  mar- 
rine  fut  Marie  La,  Motte,  femme  en  secondes  nopces  de 
sire  Jean  Dïmet. 

...Joseph,  ...nasquit  le  vingt  neuf  septembre  1656.^. 
/i(3)  est  decedé  le  18  awii  1717  au  bourg  de  Moulûmes  [i], 
en  revenant  de  Poitiers,  et  a  esté  conduit  au  bourg  de  Dar- 
nac[b)  ou  ii  estoit  curé,  et  enleré  dans  l'esglize  dudit  Darnae. 

Anne  Maurat  nasquit  le  seiziesme  jour  de  décembre 
1664...  Elle  est  decedée  le  mardy,  13  septembre  1707,  environ 
les  neuf  heures  du  soir  :  a  esté  enlerée  dans  les  j""  (?)  des 
riligieuses  de  celte  ville. 

Jean  Maurat  nasquit  le  second  jour  d'aoust  1666...  Ledit 
Jean  Saurai  s'est  rendu  religieux  bénédictin  et  a  fait  sa  pro- 
fession dans  le  couvent  des  Bertedietins  de  Limoges  {&),  lesixiesme 
aoust  1686^  luy  4''*,  avec' Jean  Vaeheiie,  son  coutin,  Pierre 
Fayaud  et  un  autre,  du  Puys  en  Auvergne...  Ledit  Jean  est 


(1)  On  trouva  ailleurs  mention  des  favages  da  la  variole  à  cette 
époque. 

(!)  Cot  ecclésiastique  appartenait  sans  doute  à  la  famille  qui  a 
fourni  plusieurs  magistrats  au  Parlement  de  Bordeaux  et  à  celui 
de  Toulouse. 

(3)  Note  d'une  écriture  du  siècle  suivant. 

(4)  Hounismcs,  aujourd'hui  commune  de  Saint-Ouen,  canton  du 
Dorât  (Haute -Vienne). 

(5)  Darnae,  chef- lieu  de  commune,  canton  du  Dorât. 

(6)  A  l'abbaye  de  S  ai  nt-Aug  us  tin -las- Limoges,  de  la  réforme  de 
Saiat-Haur. 


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deeedi  au  bentdictent  de  Bolieu(i)  en  Bas  Lîmouzent,  le  20 
feorier  f  751,  âgé  de  quatre  vingt  quatre  années  et  guelle  (sic) 
moy. 

Le  4'  avril  1692,  jour  de  Vendredy  Saint,  environ  les 
deux  heures  âpres  midy,  Marie  Michellet,  mon  espouse, 
est  decedée  et  a  estée  enterrée  le  lendemain  dans  les  tum- 
beaux  de  mes  parens,  par  vénérable  M"  Joseph  Aubu- 
geois,  curé  de  cette  ville,  dans  le  simetiere  de  Lauzane  (2). 

Jean  Baptiste  Maurat  nasquit  le  7™  octobre  1699...  Le 
ik  feorier  i7i9,  il  est  decedé  a  Limoges,  ou  il  estudioit  en 
/ilozo/ie;  il  est  enterré  dans  l'esglize  des  Penilens  gris  (3). 

...Jeanne  Maurat  est  née  le  15*  aoust  l'année  1731... 
Le  14  may  1742,  elle  a  esté  confirmée  par  Monsenieur  de 
Limoges. 

Anthoine  Maurat  est  nait  le  sixiesme  septambre  mil 
sept  cens  trante  cinq...  Le  27  avril  lTi9,  Antoine  llaurat 
a  esté  confirmet  pare  Monsenieur  de  Limoges,  Monsenieur  de 
Colosquet  (4). 

François  Annie  Maurat  est  nait  le  lundy,  dix  sept  dé- 
cembre mille  sept  cents  trente  six.,.,  a  esté  con^nnel  par 
Monsenieur  de  Limoges,  M.  de  Colosquet.  Ledit  François  Mau- 
rat el  more  le (5),  estan  au  service  du  roy  de  Hanovre  (?). 

Le  9  may  1742  ;  Monsenieur  l'Evesque  de  Limoj;e  est 
venu  au  Dorât,  ledit  jour,  9  may;  i  a  oftciet,  le  13  may, 
dant  la  grande  esglige  du  Dorât,  une  grande  messe  el 


(1)  Ghef-lieii  de  canton  de  l'arrondissement  de  Drive.  On  sait 
qu'il  existait  dans  cette  petite  ville  une  célèbre  abbaye,  dont  le 
cartulaire  a.  été  publié  par  notre  compatriote,  H.  Maximin  De- 
loche,  de  l'Institut. 

(2)  Lozanna.  C'est  le  nom  d'un  des  anciens  cimetiËres  du  Dorât, 

(3)  La  chapelle  de  Saint-Antoine,  au  cimctièro  des  Arènes  (au- 
jourd'hui le  Champ  de  toire). 

(4)  Jean  Gilles  de  Coëtlosquet,  qui,  en  17^,  fut  charge  de  l'édu- 
cation du  duc  de  Bourgogne,  entra  plus  tard  à  l'Académie  fran- 
çaise et  mourut  le  21  mars  1784. 

(5)  Un  blanc. 


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vespres.  Le  14  may,  il  a  donné  la  confirmation  dan 
l'egUge  de  St  Pierre  du  Dorât,  son  not  (sic)  est  Jean 
Giles,  senieur  du  Goetlosquet,  Evesque  de  Limoge. 

...Jean  Baptiste  Maurat...  Dé  le  13  mars  1796,  avocat, 
député,  représentant  à  l'Assemblée  Constituante,  ancien 
commissaire  de  la  République,  ancien  membre  du  Con- 
seil général'de  la  Haute- Vienne,  est  décédé  au  Repaire, 
commune  de  Vaulry(l),  (Haute- Vienne),  le  21  juin  1868, 
âgé  de  72  ans  (2). 


{I)  Cuiton  de  Nautial,  arrondissement  de  Bcllac. 
(î)  Celte  noie  est  d'une  écriture  conletaporaine. 


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—  561  — 

IV 

LIVRE  DE   FAUILLB   DES   LBUAISTBB-BASTrDE    nB   LIKOr.BS 

(1558-1748)  [I}. 

J'ay  mis  icy  les  natÎTilés  suivantes,  que  j'ay  trouvées 
dans  un  vieux  manuscript  de  feu  mon  grand  père,  escript 
tout  de  B&  main  ;  et  sont  très  véritables. 

«  Les  [2)  nativitéB  de  mes  enfans  et  de  Françoise  Vey- 
»  rier,  fille  Jean  Veyrier,  marchant  orfèvre  de  Limoges  (3) , 

*  ma  femme  : 

»  Le  premier,  appelé  Jean  Lemaistre,  oasguit  le  jeudi 
«  vingt  deuiième  de  septembre  1558,  entre  six  et  sept 

■  heures  du  matin,  et  a  été  porté  sur  les  fons  baptis- 

■  maies  par  le  sieur  Jean  Veyrier,  mon  beau  père,  et  par 

•  la  femme  du  sieur  Martial  Vertamon  (4j,  marchand  et 
»  bourgeois  de  Lymoges,  Laudetur  Deus! 

Il  mourut  à  Paris,  le  14*  février  1621,  d'une  apoptesie 
qui  le  priot  dans  le  petit  S' Anthoine,  oyant  messe,  et  fut 
porté  chez  M'  Petit,  rue  de  Cécile  (5),  où  il  fut  mort  dans 
quatre  heures,  et  fut  enseveli  à  S'  Paul,  audit  Paris, 
comme  est  feu  mon  oncle  Martial  Lemaistre,  son  frère, 


(1)  Noua  devons  à  M.  l'abbé  Lecler  la  communication  du  texte 
de  ce  livre.  On  trouvera  à  l'introduction  quelques  ddtails  sur  le 
manuscrit. 

H.  Lecler  a  râlabli  l'accentuation  pour  faeili^r  la  lecture. 

(2)  Noua  mettons  des  guillemets  aux  extraits  du  papier  de  famille 
de  Robert  Lemaistre. 

(3)  Nous  avona  dit  que  cet  orfèvre  fut  un  des  propriétaires  dont 
!a  ville  acquit  remplacement  du  collège. 

(4)  Lea  Vertamon,  marchanda  de  Limoges,  connus  dès  le  xtii* 
siècle,  sont  la  souche  de  l'illustre  famille  de  robe  dont  un  membra 
est  ai  glorieusement  tombé  &  Patay. 

(5)  De  Sicile. 


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—  562  — 

gui  est  une  maison  proche  l'hostel  de  Lorraine  ou  des- 
pandant  d'icelui  ;  et  faisoit  lors  les  affaires  de  Monseigneur 
le  duc  de  Veiidosme,  frère  du  duc  de  Lorraine,  qui  estoit 
lors  h  Paris  audit  hostcl  et  qui  l'allavoir;  et  son  intendant, 
trésorier,  médecin  et  apoticaire  esloil  aussy  logé  en  ladite 
maison  et  y  Tut  porté  pour...,  a  quel  prix  qui  cousta  audit 
prince.  —  Sed  numerus  mensium  g'us  apud  te  est  :  consli- 
luisli  terminas  ejus,  gui  prxteriri  non  potuerunt. 

»  Le  deuxième  enfant  que  Dieu  m'a  envoyé  c'est  appelle 
B  Françoys  Lemaistre ,  qui  nasquit  le  ■  dimanche ,  qua- 
»  triesme  aoust  1560,  entre  six  et  sept  heures  du  soir; 
>  et  a  esté  compère  M'  Jean  Hugon,  Lieutenant  criminel 
n  dudit  Lymoges,  et  commère  Françoise  Ardent,  ma  belle- 
B  mère.  Et  à  cause  que  j'avois  le  susdit  premier  fllz 
»  nommé  Jean  Lemaistre,  ledit  aieur  Lieutenant  lui  im- 
0  posa  le  nom  de  la  dite  commère,  appellée  Françoise 
«  Ardent,  femme  dudit  sire  Jean  Veyrier,  mon  beau  père, 
D  et  par  ainsi  mondit  second  ftls  s'appelle  François.  — 
»  S»li  Deo  honor. 

»  Le  3»  enfant  que  Dieu  m'a  envoyé  en  moudit  mariage, 
"  c'est  appelle  Pierre  Lemaistre,  qui  nasquit  le  dimanche, 
B  21  de  juing  1562,  entre  cinq  et  six  heures  du  matin. 
B  M'  M'  Pierre  Ardent,  procureur  pour  le  Roi  à  Limoges, 

e  a  este  compère;  La  dame  Gilberte veufve  de  feu  le 

»  sieur  Penicaille,  en  son  vivant  marchand  banquier  dudit 
n  Lymoges,  a  esté  commère.  —  Sit  nomem  Domini  bene- 
B  diclum! 

»  Le  samedy,  sixième  febvrier  1563,  à  heure  de  trois 
»  heures  du  matin,  mondii  flls  Pierre  Lemaistre  est  allé 
»  à  Dieu. 

n  Le  quatriesme  enfant  que  madite  femme  a  enfanté,  le 
B  dimanche,  jour  de  Saint  Hilaire  et  13'  jour  de  janvier 
»  1566,  environ  huict  heures  du  soir,  a  esté  une  fille  qui 
"  s'est  appellée  Marguerite  Lemaistre,  de  laquelle  M'  M* 
B  Suduyrault,  conseiller  au  siège  présidial  de  Lymoges  (1) 

(1)  Le  siëge  préaidjal  de  Limoges  avait  élé  ét&bli  en  155t. 


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—  563  — 

I  et  Marguerite  Ardent,  sœur  dudit  procureur  Ardeot, 

>  fureat  parrain  et  marraine.  La  dite  fille  [mourut]  le 
I  lendemain  quatorsiesme  dudit  janvier,  entre  une  et 
1  deux  heures  après  le  midy.  —  Deus  dédit,  Deus  abstuUt, 

>  sit  nomen  Domini  bemdictum  ! 

»  Le  cinquiesrae  enfant  qnie  Dieu  m'a  donné,  le  sa- 

>  medy  dixième  janvier  1568,  environ  l'heure  de  cinq  ou 
»  six  heures  du  matin,  est  appelle  Anthoyne  ou  Thoine 
»  Maistresse  (I).  de  laquelle  mon  beaufrère,  Jean  Veyrier, 
»  ÛIs  dudit  feu  Jean  Veyrier,  mon  beaupère,  et  Thoyne 
»  Veyriere,  ma  belle  sœur,  femme  de  feu  Mathieu  du 
»  Johaunaud,  ont  estes  compères.  —  Deu*  prosperet  natfut- 

•  tMtm  et  vitam  iiliut  ! 

1  Le  sixième  enfant  qu'il  a  plu  à  Dieu  de  m'envoyer 

>  en  mon  mariage  susdit,  et  fut  un  mardy,  jour  S'  An- 
I  thoine,  dixseptième  jour  de  janvier  1570(2),  à  heure 
»  d'enti*  quatre  et  cinq  heures  du  soir  dudit  jour;  et  fut 

>  compère  M'  M*  Gaultier  Bermondet,  président  et  lieu- 
t  tenant  général  en  la  sénéchaussée  de  Lymosin,  et  com- 
»  mère  la  dame  Jeannette  Foresta,  femme  de  M'  M' Pierre 

0  Ardent,  procureur  du  roy  en  la  dite  sénéchaussée.  — 

>  Laudetur  Deus  in  omnibus  donis  suis! 

»  Le  septième  enfant  que  Dieu  m'a  envoyé,  le  xxiiij 

1  décembre,  jour  de  dimanche,  veille  de  Noél  1570,  heure 

•  de  six  heures  du  matin,  fut  appelle  Guillaume  Le- 
I  maistre,  causant  que  M'  Guillaume  de  Julien  (3),  recep- 
»  veur  d'Agen  et  mary  de  Marguerite  Ardent,  le  porta 

•  sur  les  fonts  avec  Jeannette  Dubois,  sa  marrine,  femme 

•  de  Jean  Veyrier,  mon  beaufrère,  et  mourat  le  septiesme 


(1)  On  retrouve  ici  l'habitude  de  donner  une  désinence  féminine 
aux  noms  propres  de  femmes. 

(2)  On  voit,  par  l'acte  qui  suit,  que  le  millésime  de  1570  est  bien 
exact.  L'édit  de  Rossillon  était  donc  appliqué  k  LimogeB. 

(3}  Ce  Guillaume  de  Julien,  originaire  sans  doute  de  Limoges, 
était  membre  d'une  de  nos  plus  vieilles  et  de  nos  plus  riches 
familles.  Les  de  Julien  tiraient  leur  origine  de  la  Cilé. 


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—  564  — 

»  de  janvier  en  suivant  M  V*  LXXJ,  qui  estoit  un  jour 
n  de  dimaDche  et  le  leDâemaia  des  Roys,  et  fut  à  l'article 
B  de  la  mort  sept  jours  :  mourut  ledit  jour,  vu  janvier 
D  1571,  à  heure  de  deux  heures  après  minuit. 

»  Le  huitième  enfant  que  Bleu  m'a  donné,  le  samedy 
»  Mvj*  d'avril,  entre  deux  et  trois  heures  après  midy  mil 
»  V'  soixante  douie,  a  esté  appelé  et  nommé  Martial  Le- 
»  maistre,  causant  (1)  qiie  M'  Martial  Baignol,  chanoine  - 
D  de  S*  Martial  (2)  de  Lymoges,  qui  l'a  porté  de  sur  les  fonts 

»  avec Veyrier,  veufve  de  feu  M'  le  Conseiller  Gran- 

9  chault.  ■ 

Notés  qu'il  fut  docteur  en  théologie,  grammaire,  grec  et 
hébreu,  et  mourut  (estant  à  la  suite  de  l'abbé  de  S'  Vic- 
tor (3)  à  présent  archevêque de  Rohan]  à;Paris,  dans 

Thostel  de  Lorraine,  le  dernier  de  octobre  1610,  comme 
appert  par  son  testament;  et  fut  enterré  dans  S'  Paul, 
audit  Paris,  comme  feu  son  frère,  feu  mon  père,  que 
Dieu  absolve! 

Notés  que  feu  mon  grand  père,  Robert  Lemaistre,  mou- 
rut le  mercredy  saint,  vingt-septième  mars  1584,  et  fut 
enterré  dans  la  chnpelle  de  la  Sainte  Trinité  qui  est  dans 
Saint  Michel  des  Lyons  (4)  ;  et  aie  tiré  cecy  d'un  mémoire 
escript  de  la  main  de  Pierre  Cercleir  (?)  (5)  qui  était  gen- 
dre de  mon  grand  père,  pour  avoir  espousé  Antboinette 
Lemaistre,  ma  tante. 


(1)  A  cause  que. 

(2)  Très  ancien  monastère,  sécularisé  en  1537. 

(3)  8'agil-ii  de  Saint-Viclor  de  Paria  ou  de  Saint-Victor  de 
Marseille  ? 

(1)  Une  des  plus  anciennes  églises  de  Limoges,  appelée  par  Ift 
chronique  de  Vigeois,  au  su'  siècle  :  Archangeti  eccleeia  aupemor. 
Elle  tire  son  nom  des  lions  de  pierre  placés  au-devant  de  sa  porie 
à  la  même  époque,  et  peut-être  dès  le  xi*  siècle. 

(5)  Peut-Stre  Taudrait-il  lire  ici  :  Croister. 


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tfativiti  de  met  enfiau. 

1.  L'an  mil  V*  quatrevios  et  sept,  et  le  vendredy,  un- 
ziesme  jour  du  mois  de  septembre,  entre  trois  et  quatre 
heure  après  midy  précisément,  est  né  Jan  le  Maistre, 
mon  fils  aisné,  lequel  fut  baptisé  le  dimanche  au  soir 
ensuyvant,  treiziesme  dudit  moys,  en  l'église  de  Saint 
Michel  des  Lyons,  en  la  presant  ville  de  Lymoges.  Mes- 
sire  Jehan  de  Puyzillon,  doyen  de  l'eagliae  cathédrale, 
fut  parrain,  et  dame  Jannete  Boulbon,  ma  belle  sœur, 
marrine. 

Lau$  Deoî 

Mondit  fllz  est  décédé,  le  sammedy  septiesme  jur  du 
moya  de  may  mil  V  quatrevlds  huict,  entre  six  et  sept 
heures  du  matin. 

Dominus  dédit,  Dominas  abatulit  :  SU  nomen  Domini  bene* 
dictum! 

2.  Lan  mil  V  quatrevins  et  neuf,  et  le  vendredy  sei- 
ziesme  jour  de  juin,  Dieu  m'a  donné  une  fille,  Françoise  Le 
Maistre,  laquelle  ma  femme  a  enfanté  entre  quatre  et  cinq 
heures  du  matin,  moy  absent  en  la  ville  de  Bourdeauz  (1). 
Messire  Jehan  de  Mauple,  conseiller  du  roy  et  trésorier 
général  de  France,  fut  parrain,  et  dame  Françoise  Ardent, 
veufve  de  feu  M'  l'Eslu  Douhet,  ma  grand  mère,  fut 
marrine. 

Loué  soit  Dieu! 

Obiit  ma  ditte  sœur,  le  16*  de  apvril  mix  six  cents  vingt 
neuf,  à  SouUognac  [2). 

3.  Le  dixiesme  jour  de  febvrier  mil  V*  quatrevins  et 
douze,  nasquit  en  la  ville  de  S*  Léonard  (3|,  sur  les  dnq 


(1)  Limoges  était  du  ressort  du  Parlement  de  Bordeaux. 

(2)  Solignac,  bourg  à  9  kilomètres  de  Limoges,  possédait  une 
célèbre  abbaye  bénédictine. 

(3)  CheMieu  de  canton  de  l'arrondissement  de  Limoges.  Nous 
avons  dit  que  beaucoup  do  ligueurs  de  Limoges  étaient  alors  ré- 
fugiés dans  cette  ville,  et  que  l'auteur  de  notre  manuscrit  était 
peut-être  de  ce  nombre. 


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—  566  — 

à  six  heures  du  matlD,  Barbe  le  Haistre,  ma  âUe,  et  fut 
parrain  le  sieur  Jehan  Masbaret,  marchant  bourgeoiz  de 
la  dite  ville,  et  marrine  Dame  Barbe  De  Cordée,  femme 
du  sieur  Marcial  Decordes  dit  le  Coullaud,  marchant  bour- 
geois de  Lymoges. 

4.  Le  mercredy,  vint  et  neufviesme  jour  de  septembre, 
feste  de  5'  Uichel,  mil  V*  nouante  et  troys,  en  la  mesme 
ville  de  S'  Léonard,  entre  huict  et  neuf  heures  du  matin, 
nasquit  François  le  Maiatre,  mon  fils  et  fut  son  parrain 
noble  François  de  Royère  (1),  écuyer,  seigneur  de  Bri- 
gnac  et  de  Beaudeaduit,  et  damoyselle  Jane  de  Douhet, 
femme  de  Messire  Marcial  Benoist(2),  trésorier  général  de 
France  audit  Lymoges. 

Il  mourut  à  Paris  trois  ou  qiutre  jours (3)  l'année 

162...  et  fut  enterré  à  S'  Paul,  dans  le  cimetière,  proche 
son  père. 

5.  Le  xxv*  jour  de  juillet  mil  V*  quatrevints  et  seize, 
jour  de  S"  Anne,  Marguerite  Boulbon,  ma  femme,  s'ac- 
coucha d'un  Qls  qui  mourut  tout  à  l'instant,  après  avoir 
été  baptisé  des  femmes.  A  Limoges. 

6.  Le  jeudi,  ixvi»  mars  mil  V  quatrevins  et  dix-huict, 
nasguit  ma  allé  Gallianne  Le  Maistre,  entre  sept  et  huict 
heures  du  soir.  Et  fut  parrain  Monsieur  M'  Simon  Ardent, 
procureur  du  Roy  à  Lymoges,  et  marrine  honeste  QUe 
Galliane  Mosnier,  Slle  au  feu  Pierre  Mosnier  el  damo 
Françoise  Decordes.  A  Lymoges. 

SU  nomem  Domini  bmedietum! 

J.    LEtlAISTRB. 

0)  Nous  retrouvouB  ici  la  famille  de  Royère,  dont  il  a  été  ques* 
tion  au  Livre  des  Massiot. 

(2)  Martial  Bonoist,  après  avoir  été  un  des  chefs  les  plus  ardents 
du  parti  de  la  Ligue,  obtiat  la  confiance  de  Henri  IV,  k  ce  point 
que  le  roi  lui  adressait  souvent  des  lettres  sur  les  objets  les  plus 
importants  et  que  plusieurs  assemblées  publiques  se  tinrent  dans 
la  maison  de  Benoist.  Plusieurs  couvents  durent  leur  fondation  ou 
leur  agrandissement  aux  libéralités  du  ■  général  «  Benoist  et  de 
sa  femme. 

(3)  Un  blanc. 


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—  567  — 

Ma  âlle  est  décédée  au  mois  de  may  1600. 

7.  Le  Tandredy  vintecloquiesaie  jour  de  juin  mil  V* 
quatrevinh  et  dix  et  neuf,  entre  neuf  et  dix  heures  du 
matin,  nasquit  eu  la  ville  de  Lymoges  mon  fils  Joseph 
le  Maistre.  Et  fu  son  parrain  le  s'  Joseph  Decordea, 
sieur  de  la  Grange  et  Mayeras,  et  marrine  dame  Mar- 
guerite Ardent,  ma  taute.  Loui  soit  Dieu! 

J.  Lbhaistrb. 

8.  Le  lendemain  des  Roys,  septiesme  jour  du  mois  de 
janvier,  en  l'an  mil  six  cent  et  deux,  entre  quatre  et  cinq 
heures  du  matin,  est  née  ma  fille  Anthoinette  le  Maistre, 
de  laquelle  a  esté  parrain  M'  Jehan  du  Pin,  procureur 
au  siège  présidial,  mon  beaufrère,  et  marrine  ma  sœur, 
Anthoinette  Le  Maistre,  veufve  de  feu  M'  Pierre  Cer- 
clier,  vivant  huyssier  au  bureau  de  Lymoges. 

Loui  soit  Dieul 

J.  Lbvaistrb. 

Ma  mère,  Antoinette  Lemaistre,  décéda  le  7*  jour  du 
moix  de  may,  un  dimanche  matin,  —  Dieu  soit  loué  eo 
elle  !  —  et  fut  anterrée  à  s'  Michel,  dans  la  chapelle  de 
la  s"  Trinité. 

9.  Le  neufviesme  jour  du  mois  d'aoust  mil  six  cent  et 
huict,  entre  six  et  sept  heures  du  matin,  jour  de  sam- 
medy,  vigile  de  S'  Laurent,  nacquit  ma  fille  Marciale  Le- 
maistre ;  de  laquelle  a  esté  parrin  M*  Estienne  Ardent, 
advocat  au  siège  de  Lymoges,  et  marrine  honeste  fille 
Marciale  Decordes,  fille  de  feu  Marcial  Decordes,  s'  de  la 
Grange.  Loui  soit  Dieul 

J.  Lbuaibtrr. 


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Extrait  du  enfans  que  Dieu  nom  a  donné  entre  ma  femme, 
Anthoinette  Lemaistre  et  François  Bastide. 

Le  9  juillet  1643,  le  dlmaDche  matlD,  à  l'heure  de  six 
heures,  Dieu  nous  a  doDué  nostre  eufan,  lequel  je  faict 
surplouberfl),  en  atendan  le  s'  sacremeut  de  bathéme. 
Le^el  a  esté  batizé  le  jour  de  nostre  dame  de  décembre 
l'année  1646.  A  esté  son  parin  mon  beaufrëre  a'  Joseph 
Lemaistre,  et  sa  marine  ma  mère,  Anne  Peyrac,  à  s' Michel. 
Bastidb,  père, 

+ 

Ma  tante  Marie  Proment  feust  enlerée,  le  vingtqua- 
triesme  juin  mil  six  cent£  septante  cinq,  dans  mes  tom- 
beaux {2)  à  S'  Pierre  (3). 

+ 
Ma  tante  Anne  Bastide,  fille  dévoste,  dessedat  le  25°" 
juillet  1676,  et  feust  enterrée  à  S*  Michel,  dans  la  cha- 
pelle de  La  Sainte  Trinité,  dans  mes  tombeaux. 

Extrait  des  enfants  que  Dieu  nous  a  donnés,  entre  ma  femme, 

Yalerie  Origet  et  Joseph  Bastide. 

Au  nom  de  Dieu. 

Dieu  nous  a  donné  un  flls,  le  mardy,  entre  six  et  7 
heures  du  matin,  le  vingtesisiesme  jour  du  raoix  de  ce- 


(1)  Ondoyer.  Ce  passage  montre  bien  cl&irement  le  sens  de  ce 
mot,  qu'on   trouve   sous  sa   forme   romane   au  Livre   de    raison 

d'Etienne  Benoist  (ïiv  siècie). 

(!)  Nous  avons  dâjà  dit  que  toutes  les  familles  un  peu  aisées 
avaient  UJie  sépu,lture  spéciale,  aoit  dans  l'église  paroissiale,  soit 
dans  le  cimetière  qui  l'entourait.  Un  assez  grand  nombre  faisaient 
enterrer  leurs  membres  dans  uuc  chapelle  spéciale  de  l'église,  cha- 
pelle fondée  par  leurs  ancêtres  et  entretenue  et  desservie  à  leurs 

(3)  Saint-Pierre  du  Qneyroix,  une  des  plus  anciennes  églises  de 
Limoges,  et  encore  aujourd'hui  la  première  paroisse  du  diocèse. 


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—  570  — 

tembre  de  l'année  mil  six  cents  coixante  huit,  doDt  feus 
paria  S'  François  Bastide,  mon  père,  et  marine  Madame 
Catherine  Origet  ma  belle  mère.  Dieu  soit  béni  de  tout 
et  de  toutes  choses  !  amen.  A  S'  Michel  fust  baptisé. 
J.  Bastide  père. 

Il  fut  baptisé  par  le  prêtre  Leschosie,  riquaire. 
François  Bastide  est  décédé  le  39°  jour  de  janvier. 
SU  nomen  Domini  benedietum  ! 

Le  20  février  1670,  Dieu  m'a  donné  une  fille,  le  jeudi 
au  soir,  entre  cept  et  huit  heures,  et  feust  parin  S'  Jehan 
Origet  mon  beaufrère,  et  marine  Antoinette  Lemaitre,  ma 
mère  :  dont  elle  fust  baptisée  le  lendemain,  vendredi,  du 
mesme  moix,  vingtunième  février  1670,  k  S'  Michel. 
J.  Bastide  père. 

Obiit  ma  fille  Antoinette  Bastide  :  feust  enterrée  le  39 
mai  1674,  dans  l'église  de  S'  Michel,  devant  la  Sainte 
Trinité,  dans  nos  tombos. 

Loué  soit  le  Saint  nom  de  Dieu  et  la  Sainte  Vierge  Marie  ! 

Dieu  nous  a  donné  un  fils,  le  vingtesixième  février 
mil  six  cents  septante  et  un,  le  jeudi,  à  trois  heures  après 
mynuit  ;  et  feust  parin  André  L'Origé,  mon  beaufrère,  et 
marine  ma  maire,  Antoinette  Lemaistre  :  à  S'  Michel  feust 
baptisé  par  le  sieur  Garât,  prestre  de  ladite  Eglise  de 
S'  Michel  des  Lions. 

J.  BASTmE  père. 

Décéda  André  Bastide  le  15'  août  1704,  et  fut  enterré 
dans  nos  tombos  à  S'  Michel,  dans  la  chapelle  de  la 
Trinité. 

Le  Saint  nom  de  Dieu  et  de  la  glorieuse  Vierge  Marie 
soit  loué  à  jamais  ! 

Le  31""  d'octobre  de  l'année  mil  six  cents  septante  et 
deux,  Dieu  nous  a  donné  une  fille,  le  lundy  au  soir, 
entre  six  et  sept  heures  du  soir,  et  feust  baptisée  le  pre- 


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-  571  — 

mier  novembre,  jour  et  feete  de  Tous  Saints,  et  feust 
paris  François  Bastide,  mou  frère,  et  mariDe  Marie  Origé, 
ma  belle  sœur  :  à  S'  Michel  feust  baptisée  par  le  viquère 
Gadaud.  J.  Bastide,  père. 

Le  3*  décembre  1676,  ma  fille  Marie  Bastide  desseda, 
et  elle  fut  enterrée  dans  notre  chapelle  de  la  Trinité,  à 
S'  Michel,  dans  nos  tumbos. 

Le  Saint  nom  de  Dieu  et  de  la  glorieuse  Vierge  Marie 
soit  loué  à  jamais  ! 

Le  28*  jour  du  moix  décembre  mil  six  cents  septante 
et  trois,  la  nuy  des  lonosans,  entre  une  et  deux  heures 
d'après  mynui,  Dieu  m'a  donné  un  enfan,  et  feut  baptisé 
le  landemain  29™  du  mesme  moix  et  an  que  deceus;  et 
feust  parin  Françoix  Bastide,  mou  perre,  et  marine  Anne 
Duroux,  ma  belle  sœur  :  à  S'  Michel  feust  baptisé  par  le 
sieur  Colusson,  vicaire.  J.  Bastidb  père. 

Dieu  m'a  retiré  de  ce  monde  mon  fils  Françoix,  qu'il 
lui  avoit  pleu9t  me  donner,  à  ma  charge  (I),  le  10"*  se- 
tembre  1679  —  Dieu  soit  loué  en  tout  et  partout!  —  et 
enterré  à  S'  Michel,  dans  la  chapelle  de  la  S"  Trinité. 

Le  Saint  nom  de  Dieu  et  de  la  glorieuse  Vierge  Marie 
soit  loué  à  jamais! 

Le  29'  Jehanvier  mil  six  cents  septante  sinq,  un  mes- 
credy,  entre  huit  et  neuf  heures  du  matin,  Dieu  m'a  donné 
une  flgle  ;  et  feust  baptisée  le  mesme  jour  à  S'  Michel,  par 
le  sieur  Bardonneaux  ;  et  feust  parin  Françoix  Bastide,  et 
marine  Marguerite  Origé,  ma  belle-sœur,  J,  Bastidb  père. 

Le  Saint  nom  de  Dieu  et  de  la  glorieuse  Vierge  Marie 
soit  loué  a  jamaix! 

Le  IS"  setembre  mil  six  cents  septante  six.  Dieu  m'a 
donné  une  iille,  le  vendredy  au  soir,  entre  sept  et  huit 
heures;   et  feust  parin  Fransoix  Bastide,  mon   père,  et 

(t)  Charge  a  ici  le  sens  de  douleur. 


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—  572  — 

marine  Anne  Duroux,  ma  belle  sœur;  et  feust  baptisée  le 
lendemain,  dîxneufvieme  du  mesme  raoix,  par  le  s'  Co- 
luBSOE,  vicaire  de  S'  Michel.  J.  Bastide  père. 

Obiii,  et  anterée  dans  nostre  chapelle  de  la  Triolté,  à 
S'  Michel. 

La  oourise  de  ma  fille  Anne  est  entrée  dans  chez  nous 
le  20"'  cetembre  1676;  et  lui  donnons  par  année  24  livres 
pour  la  nourir. 

Plus  elle  en  est  sortie  le  i7"'  de  juin  1678. 

Le  Saint  nom  de  Dieu  et  de  ia  glorieitse  Vierge  Marie 
soit  loué  à  jamais  I 

Le  28"'  décembre  1678,  Dieu  m'a  donné  une  fille,  le 
mescredy  au  soir,  à  3  heures;  et  feust  baptisée  le  len- 
demain à  S'  Michel,  dont  a  esté  parin  le  s'  Segon,  mon 
beaufraire,  et  marine  Anne  Origet,  ma  belle  sœur;  et  feust 
baptisée  par  le  s'  Colusson,  vicaiie.  J.  Bastidb  père. 

Ma  fille  décéda  le  9*°*  mars  1685,  et  fut  enterée  dans 
nostre  chapelle  de  la  Trinité,  à  S'  Michel. 

La  femme  de  mon  afermier  de  S'  Martin  a  prias  ma 
fille  à  nourisse  le  37*"  décembre  1678,  li  raison  de  24  1. 
pour  année,  et  une  aune  de  toile. 

Le  Saint  nom  de  Dieu  et  de  la  glorieuse  Vierge 
soit  loué  à  jamaix  ! 

Le  5™  Février  1682 

Dieu  m'a  donné  un  enfan,  un  jeudy,  à  troiz  heures 
du  matin,  et  feust  baptisé  le  mesme  jour,  à  S'  Michel,  par 
Rousaud,  vicaire,  et  feust  parin  Jan  Duroux,  et  mareine 
Catherine  Origet.  J.  Bastme  père. 

Mon  enfant  décéda  le  14*  février  1684,  et  fut  enterré  à 
S' Michel,  dans  nostre  chapelle  de  la  Trinité. 

J'ai  donné  mon  enfan  à  la  nourise  à  la  mestayëre  de 
la  damoiseUe  Sanson,  à  Trente-Laux(l),  paroisse  de  S' Pol, 
pour  25  1.  10  s.  pour  année,  le  8""  mars  1682, 

(1)  Trenlalaud,  hameau  de  la  commune  de  Saint-Paul  d'Eyjeaux, 
canton  de  Pierrebuffibre,  arroudissament  de  Limoges. 


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Payé  le  premier  moix  :  2  1.,  2  s.  6  d. 
Paye  le  segon  moix  :  2  L,  2  s.  6  d. 

Le  Saint  nom  de  Dieu  soit  loué  à  jamaU. 

Dieu  m'a  donoé  un  eofan  le  27°"  juin  1683,  à  deux 
heures  du  soir,  un  jeudy,  jour  de  la  Fesle  Dieu;  et  feu&t 
baptisé  a  S'  Michel  le  mesme  jour,  eutre  7  et  8  heures 
de  soir;  et  feust  paria  Guillaume  Duroux,  mon  neveuf, 
et  mareine  ma  belle  sœur,  Marguerite  Segon,  par  le  s' 
Tessier,  vicquaire  de  S'  Michel.  J.  Bastide  père. 


Le  27"  juliet  1681. 

Je  pasé  afferme  à  Jean  Carquarei,  de  mon  jardin  de 
S*  Martin  (1)  pour  sept  années  à  commenser  puis  le  huic- 
tiéme  décembre  1687,  à  raison  de  41  I.  10  s.  pour  chas- 
cune  année,  payable  de  six  en  six  moix  par  avance,  à  la 
réserve  de  deux  journal  de  auziere  (2)  et  tous  les  arbres 
gui  sont  autour  de  la  dite  auzière  à  la  réserve  d'un  gran 
arbre  siriger  (3)  qui  [est]  dans  la  dite  auziere,  que  je  luy 
donne. 

Le  jardinier  m'a  resté  15  s.,  en  ce  que  (4)  je  le  quite 
jusques  au  8*  décembre  1687. 

Reçu  de  Jean  Carquarés  10  1.,  sur  les  premiei-s  six 
moix  de  l'afferme. 

Le  (h)  ^  nom  de  Dieu  soil  biny  a  jamais!  Dieu  m'a  donné 
unt  fll,  le  mercredi  ce  18*""  mars,  à  10  heures  le  ma- 
teint,  de  l'anné  1718;  fut  balisé  à  S'  Michel  des  Lions  : 
fut  pareint  François  Bastide  et  mareine  Françoise  La 


(1)  Il  s'agit  probablement  du  territoire  situé  aux  portes  du  ch&> 
teau  de  Limoges,  et  qui  tirait  son  nom  d'une  abbaye  fondde  par 
saint  Ëloi  et  ses  parents,  et  occupée  plus  tard  par  les  Feuillants. 

(2)  Oser  aie. 

(3)  Cerisier. 

(4)  Moyennant  quoi. 

(5)  On  voit  qu'ici  commence  le  détwl  d'une  nouvelle  génération. 

T   VIL  6-11 


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—  574  — 

Judice,  ma  belle  maire  :  batisé  par  les  melns  du  6'  Piqué, 
viquaire. 

GuiLOMB  Bastidb  peire. 

François  deseda  le  15  setanbre  1734,  et  fui  auteré  dans 
l'église  de  S'  Micbel,  dans  uostre  chapelle  de  la  sainte 
Trinité,  à  S'  Michel. 

Le  S*  nom  de  Dieu  soy  biny  a  jamais!  Dieut  m*a  doué 
une  fille,  ce  5""  oct"  1719.  Fu  paireint  Jan  La  Judice 
et  maireine  Valérie  Bastide  :  à  S*  Michel,  par  le  sieur 
Reculet,  vicaire. 

GuiLOHs  Bastide  peire. 

Valérie  décéda  le  10  setembre  1719,  et  fut  enteré  dans 
nostre  chapelle  de  la  S**  Trinité,  à  S'  Michel. 

Le  S*  nom  de  Dieu  soy  bény  à  jamais!  Dieu  m'a  doué  unt 
m  le  mardi,  ce  8°"  octobre  l'KO.  Fus  batisé  à  S'  Michel 
des  lions;  fut  paireins  Jan  Marandé  et  maireine  Cathe- 
rine Arno,  ma  belle  sœur  :  batisé  par  les  meins  du 
S'  Piqué,  viquere. 

GuiLLOUB  Bastidk  peire. 

Le  S*  nom  de  Dieu  Soy  bény  a  jamis  !  Dieu  m'a  donné  unt 
fil,  le  14"*  décembre  de  l'aune  172., ,  à  3  heures  après 
midit;  et  fut  batisé  à  S'  Michel  des  Lions;  pareinl,  Mar- 
cial  Arnaud,  et  marene,  ma  belle  sœur  La  Judle  :  balisé 
par  Monsieur  Lamote,  riqueire  de  S'  Michel. 

GuiLOUB  Bastide  peire. 

Le  petit  est  mort  le  24  février  1725;  et  fut  entéré  dans 
nostre  chapelle  de  la  8"  Trinité,  à  S'  Michel. 

Le  S*  nom  de  Dieu  soy  bény  a  jamais!  Dieu  m'a  donné 
un  fli,  ce  8"»  juUé  de  l'année  1725,  entre  onze  heures 
et  11  h.  et  demy;  et  fut  balisé  a.  S' Michel  des  Lions: 
fut  pareint  François  Bastide  et  marene  Cateriiie  Lajoudie, 
famé  de  Marandé.  Batisé  par  monsieur  Petiniaud,  vi- 
queire  de  S'  Michel, 

GuiLOMB  Bastide  peire. 

Le  S"  Nom  de  Dieu  soy  bény  à  jamés  !  Dieu  m'a  donné 


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—  575  — 

UQ  fll,  ce  13  mar  de  l'année  1727,  entre  [sic]  a  deux  heures 
demy;  et  fut  batisé  à  S'  Michel  des  Lions;  et  fui  pareint 
Bamit,  et  marene  Viilerie  Bastide;  el  fut  balisé  par  Mon- 
sieur La  Gardele,  vicaire  de  S*  Michel. 

ûuiLOUB  Bastide  père. 

Le  Saint  nom  de  Dieu  soit  béni!  Dieu  m'a  doué  une  file, 

le  27"  octobre  1728;  fut  pareint  Jan  Arnos et  mareiue 

Valérie  Bastide;  et  fut  batisé  par  Monsieur  LaGardaille, 
vicaire  de  S*  Michel. 

GuiLOHS  Bastide  père. 

Le  Saint  non  de  Dieu  soit  béni!  Dieu  m'a  donné  deux 
filles,  ce  10"  janvier  1730  :  fut  [sic]  batisé  à  S'  Michel. 
Fut  pareint  Marcial  Arnaud  et  marene  Valérie  Bastide 
l'enné.  Et  fut  pareint  de  l'autre  fille  Jan  Bastide,  et  ma- 
rene Caterine,  famé  de  Marandé  :  par  les  mains  du  S'  Pe- 
tiniaud,  vicaire  de  S'  Michel. 

GiLiOMB  Bastide  peire. 

Caterine  est  morte  le  15  janvier  1730;  et  fut  enterrée 
à  S'  Michel,  dans  nostre  chapelle  de  la  S"  Trinité. 

Le  5' nom  de  Dieu  soy  bény  !  Dieu  m'a  donné  unt  fil,  le 
jeadit,  à  4  heures  du  matin,  et  26°"  de  février  de  l'année 
1733  :  Et  fut  batisé  le  mesme  jour  h  5*  Michel  par  les 
mains  du  S'  ;  et  fut  pareint  S'  François  Bas- 

tide, et  marene  ma  belle  sœur,  famé  du  S'  S'  Pol. 

François  Bastide  est  décédé  le  26""  septembre  173...  et 
enterré  dans  nostre  chapelle  de  S"  Trinité. 

Est  décédée  ma  mère,  Catherine  La  Judice,  épouse  de 
Guillaume  Bastide.  Juin  1750. 

Le  5*  nom  de  Dieu  soy  biny  !  Dieu  m'a  doné  un  fils  le 
dimanche,  à  deux  heures  et  demi  après  midy,  le  3™ 
d'octobre  de  l'ennée  1745.  Fut  balisé  le  même  jour  à 
S'  Michel  par  les  mains  du  sieur  Dupuy;  et  fut  parain 
mon  père,  sieur  Guillaume  Bastide;  la  marene,  ma  belle 
mère  Rose  Guérin. 

Jean  Bastide  père. 


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—  &7«  — 

Guillaume  est  décédé  le  25  ceptembre  1747,  à  deux 
heures  et  demi  du  matin,  et  il  a  été  antéré  dans  notre 
chapelle  de  la  Trinité,  à  S'  Michel. 

Le  Saint  nom  de  Dieu  soil  béni  !  Dieu  m'a  donné  un  &a 
le  vandredil  à  10  heures  du  soir,  ce  3  féviier  1747.  Fut 
baptisé  le  landemain,  à  S'  Michel  des  lions,  par  les  mens 
du  S'  Dupuit  :  fut  paren  le  S'  Franais  Guerain,  curait  de 
Couse  ou  Petit-Limoge(l)  et  marene  Quaterine  Lajudie, 
ma  merre. 

Jean  Bastide  père. 

Le  S^  nom  de  DUu  soit  bénit!  Dieu  m'a  donné  une  fille 
le  mardit,  à  huit  heures  du  soire,  le  13  février  1748.  Fut 
parain  Fransois  Michelon,  mou  beau  frère,  et  Valérie 
Bastide,  ma  sœur,  marene;  fut  baptisé  le  lendemain,  à 
S'  Michel  des  lions,  par  les  malus  du  sieur  Dupuit,  vi- 
quère. 

Jean  Bastide,  père. 

Le  12  juillet  1661,  je  marié  mon  flls  Joseph  Bastide 
avec  dam"»  Origet  :  l'acte  reçu  par  monsieur  Rougier, 
not"  royal. 

Je  donné  à  Mandillon  pour  le  desjuner,  le  jour  qu'il 
ont  espousé 4  1, 

Plus  pour  le  dîner 4  1. 

Je  afferme  la  maison  de  mons'  Jayat. . ,     40  1. 
pour  une  année. 

Je  acheté  6  cheses  tapisiers 15  1. 

Plus  un  tapit 9  1. 

Plus  je  achetté  une  table  ronde  du  S' 
Senamaud,  du  Clocher  (2) 131. 


(1)  Couzeix,  bourg  i  sept  kitoniètres  de  Limoges,  caatoD  de 
Limoges -nord. 

(3)  La  rue  du  Clocher  éliût  ainsi  nppelëe  parce  qu'elle  «i>outisaait 
eii  face  du  clocher  de  ta  basilique  de  Saint-Mariial.  Bile  est  encore 
la  rue  U  plus  commerçante  de  Limoges. 


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—  577  — 

Plus  je  achesté  25  esse  (?),  à  3  s.  3  d 4  1.  1  s.  6  d. 

Plus  je  achesté  une  armoire ]3  1. 

Plus  je  achesté  un  chaîy  de  ûoier 101, 

he  20  julier,  je  donné  ma  Lestrade 171. 

pour  la  fason  du  dessut  et  piesses  d". 


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LK  LITRE  DB   FAUILLE  DBS  LAHY  DE    LA  CHAPELLE,  DE  LIMMES 

(1571  à  nos  jours)  (1). 

(extraits) 

In  nomine  Domini  nostri  Jesu 

Ghriati  et  aanctissim»  ejus  genitricis, 

anno  D.  MDLXXI. 

Ego  Francàeui  Lamieus,  Regius  Patronus  ^]  in  Senes- 
chatia  Lemovieenti,  hxc  mea  manu  exaravi. 

un"  nonas  novembris,  aeu  die  secunda  ejus  mensis,  qua 
defuDctonim  ferias  de  more  agimu9{3),  poat  octavam  ho- 
ram,  e  mane,  natus  est  mihi  fliîus,  meus  primogenitua,  ex 
conjuge  amantissima  ;  et  quoniam  primo  obstelricibus  in- 
firmas admodum  videretur,  ac  de  ejus  salute  dubitarent, 
eo  nondum  oculos  aperiente,  illanim  hortatu,  confestim 
liquida  aqua  baptizatuB  est  a  Domino  Cantore  Rupefo- 
caudi  (4),  qui  superioribus  annis,  imminentibus  bellorum 
civilium  contentionibuB,  bue  recesserat,  ac  metu  bere- 
ticomm  ejus  patriam  occupantium,  uunc  domî  regredi 
et  ad  suos  se  reclpere  non  audebat.  Post,  nutricum  ope 
refocillatus ,  puer  Qrmior  appaniit.  Idcirco,  ad  horam 
quartam  pomeridianam,  lu  diyi  Uichaelis  sede  sacra  (5) 
nostri  Leinovicorum  oppidi,  a  Domino  Johanne  Vouielle, 
vicario,  adhibita  sunt  solita  sacrameuti  baptismi  solem- 
Dia[6).  Àdfuit  spiritalis  [sic)  paler  socer  meus,  Dominus 


(t)  Nous  avons  donné  à  l'introduction  quelques  indications  sur 
l'état  et  l'intérêt  de  ce  manuscrit.  Nous  ne  pouvons  qu'y  renvoyer 
le  lecteur.  L.  G. 

(2)  Avocat  du  Roi. 

(3)  Le  jour  de  la  Fdte  des  Horis. 

(4)  Le  chantre  de  La  Rochefoucauld. 

(5)  Saint-Hichel  des  Lions.  Nous  avons  déjà  parlé  de  cette  église. 

(6)  François  Lomy  demeurait  sur  la  paroisse  de  Saint-Michel, 
dans  la  maison  immédiatement  au-dessus  du  Portail  Imbert,  où 
il  a  existé  autrefois  une  statue  du  patriarche  Lamy. 


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—  579  — 

Petiot,  patroDorum  disertiBsimus  et  aculissimus,  judex  - 
ordJDarius  Lemovicis,  a  qao  Ûlio  meo  Joannis  Domen 
jnditum  est.  Mater  spiritalis  fuit  geaitrîx  mea  obser- 
vantisaima,  DomiDa  Haria  LapÎDe.  Hoc  summo  beneûcio 
cuolulatus,  immortaleg  DoroiDO  ago  gratias.  1571.  F.  Laut. 
xTi*  calendas  februarii ,  die  sabbati ,  aano  Domiai 
HisLzxiii,  circa  tertiam  pomeridiaDam,  uxor  gravi  par- 
las dolore  subito  correpta  est,  in  matris  auLa  seu  cubi- 
culo.  Inde  cum  nostrum  triclinium  coascendiseet,  ope  et 
auxilio  fere  destituta,  prsterquain  nutricis  et  anclllœ, 
quarum  altéra  ad  obstetricem  convolât,  imminente  partu, 
sudore  toto  corpore  corripitur  (1}  ....ut,  de  matris  et  pueri 
vita  diu  dubitaretur.  Ego  vero,  accito  statim  Domino 
Ouillenno  Gervesio,  Axiensi  presbytero  (2),  încola  hujus 
urbis,  adhuc  anhelantem  puerum  et  labiola  moventem, 
baptizandmn  curavi,  in  eodem  Dostro  triclinio,  adetan- 
tibus  viciais  quibusdam  mulieribus.  Deiode  socrus  con- 
aUio,  obstetrices  balneum  vini  aromatites  {sic]  tepidi, 
additis  speciehus  et  pipere  trito,  in  pelvim  conûciunt; 
eo  puerum  mergunt  et  abluunt,  cum  refocîUandarum 
virium,  tum  explorandi  causa  an  corpuscule  vitse  aliquid 
superesset.  At  postea  cognitum  est  vitam  cum  morte  com- 
mutasse. Dominus  ejus  animam  suo  paradiso  iuferat,  et 
sanctis  adscribat!  Porro  nullam  rem  gravius  aut  moles- 
tius  unquam  tuli,  nec  majori  luctus  acerbitate  eo  casu 
et  pueri  jactura,  cui  uxorem  etiamuum  causam  dédisse 
susurratum  est  :  nempe  diutius,  quam  par  erat,  dissi- 
mulato  dolore,  nec  vocato  tempestive  auxilio.  Erat  autem 
speciosus  valde,  porrecta  et  lata  fronte,  décora  facie, 
latis  humerîs,  teretibus  artubus,  pinguibus  et  muscu- 
losis,  proceras  velut  semestris,  tibiis  oblongis,  totus  ni- 
veus  et  candiduB  patrisque  mei  optimi  (ut  observatum  est) 
p\]lchritudinem  referens.  Sepulturx  mandavimus  in  aede 


(t)  Nous  supprimons  ici  quelques  dâtaila  par  trop  prdeis  sur 
l'accoucbement. 
(2)  Pr«tre  d'Aize,  petits  ville  à  I!  kilomètres  de  Limoges. 


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Dîvi  Michaelis,  die  subsequenti,  post  noDam  de  mane,  îb 
fiepulchro  familiari. 

un"  idu8  junii(f),  die  jovÎB,  anno  Domioi  «iiauxini', 
quo  die  featum  sacratissimum  corporis  Domini  nostri  JcBc 
Christi  coIebaUir,  ozor  mea  amaatissima  puenim  mihi 
in  lucem  edidit,  primis,  inquam,  pedibus,  ut  Agrippa  vere 
dici  possit;  hune  paululum  poet  octavatn  vespertioam 
peperit.  Sequenti  die,  divo  Baniabse  dicato,  circa  deci- 
mam  de  mane,  cœlesti  lavacro  puriflcatus  est  a  DomiDO 
Gerardo  Fogerac(2},  vicario  in  Divi  Uidiaelis  »de  sacift 
hujus  urbis  Lemoviceosis  :  epiritales  parentes  adfuere  op- 
timus  frater  meus  Dominua  Joannes  Lamicns,  Kurilii  (3) 
curatus  et  Sancti  Amandi  (4),  et  mea  socrus,  Domina 
Uaria  Mercier.  Puero,  mei  jussu,  Fraocisci  nomen  iadi- 
tum  eat,  in  optitni  patris  mei  memoriam.  Quod  mihi  beiM 
vertat!  —  F.  Lamy. 

XT  calendaa  januarii  (5),  die  dominica,  anno  Domiaî 
CIO  13  LXXT,   circa  septimam   serotinam,    natus  eat  mihi 

puer Poatero  die,   frater  meus,  DominUB  Josephus 

Lamy,  subpnefectoa  aeu  assessor  regius  hujus  prorin- 
cis,  et  Uaria  Petiot,  uxorïs  aoror  oatu  major,  nupta 
domino  de  Beaufort  Nobiliaco  (6),  post  terliam  pomeri- 
dianam,  eum  e  aacra  fonte  levaverunt,  in  «de  sacra  divi 
Michaelis  :  puero  Jo&ephi  nomen  inditum  est. 

XT  calendas  februarîi  (7) ,  die  sabbati ,  anno  Doraini 

(t)  10  juin  1574. 

(2)  Cet  eccléaiastiqne  jona  un  rôle  actif  dans  la  tentative  hite 
par  les  ligueurs,  le  \b  octobre  1589,  pour  a'etnparer  de  la  ville. 
(Voir  notre  ouvrage  :  La  Ligue  à  Limoges.  Limoges,  veuve  Du- 
courtieux,  1384.) 

(3)  Nieul,  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Limoges.  Jean 
Lamy  fut  plus  tard  chanoine  de  la  cathédrale. 

(4)  Saint-Âmand.  Il  y  avait,  i,  cette  époque,  quatre  paroissea  au 
moins  de  ce  nom  dans  le  diocèse. 

(5)  18  décembre  1^75. 

(6)  A  Saint -Léonard  de  Noblat,  aujourd'hui  chef-lieu  de  canton 
de  la  Haute-Vienne,  à  une  vingtaine  de  kilomètres  de  Limog«8. 

(7)  18  jaQvier  1578. 


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-  58t  — 

cf3  D  Lxxrm,  Qxor  amantissimafl) Bufa  non&m  ■pat' 

mm  parluriit.  adhuc  pulpitantem  (rie);  ac  breTi  post 
exaDimis  inventus  est.  Brat  cœteris  pulchrior,  lato  Bto- 
macho,  latîs  humeris,  corpore  procenis  et  picguis  srtu- 
bus.  Eo  casu  et  pulcbemmi  pueri  jactura  gravi  sam 
dotore  affectua.  Deus  banc  suis  cslestibus  adscribat  (2)  1 
Uxor,  post  editum  partum,  lam  maie  se  babutt,  ut  parum 
^foerit  quin  supiemum  [sic]  cum  puero  clauserit  diem  (3). 


IHS    HA 

Quod  Seo  gratum,  mihi  feliz  fortunatumgue  famîUx 
sit!  —  Tertio  Qonas  martii(4),  venerisque  die,  aano 
Domini  millesimo  eexcentesimo  quarto,  circa  horam  sex- 
tam  matutinam,  natus  est  mihi  Ûlius  primogenitus,  ex 
prxdilecta  conjuge,  Marguerita  de  Mastribut,  quem  hoao- 
randus  frater  meus,  Domluug  Joannes  Lamy,  canonicus 
ecclesis  Lemovicensis  eL  Niolii  rector,  una  cum  socni, 
domina  Gabriella  Decubes,  de  sacro  fonte  suscepenint 
Joannisque  nomen  iodiderunt,  nonis  iiiartii{5},  in  œde 
divo  Micbaeli  sacra,  idque  ministerio  Domini  Jacobi  de 
Villars,  vicarii. — Lamy,  advocatus.  Laus  Dto  virgitiique 
matri! 

■  Omne  masculinum  quod  aperit  rulvam  sanctum  Do- 
mino Tocabitur  •  (Luc,  2). — Decimo  tertio  kaleodas  aprilis, 
et  15  a  natali  die,  circa  horam  quintam  serotinam,  di- 
lectus  meus  primogenitus,  ejulatu  seu  aM  cruciatibus,  ut 
credo,  multum  debilitatus,  cum  ubera  outricis  mious 
pûBset  suggère,  puram  exalavit  animam,  quam  Deus  bea- 


(1)  Ici  des  ddtaila  techniques  sur  l'occoachement. 
(!)  L'enfant  avait  été  baptisé. 

(3)  Il  y  a  évidemment  une  lacune  entre  ce  paragraphe  et  le 
flnivant. 

(4)  5  mars. 
(&)  7  mus. 


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—  582  — 

torum  choro  adscivit.  Id  familiaribus  sepulcria  (I)  fuit 
inhumatus.  Caodidus  erat  facie  et  toto  corpore  fonuosus. 
Ejufi  obitu3  me  famîliamque  nostram  gravi  doiore  coa- 
fecit.  Et  fertur  Sapientia,  cap.  4"  :  ■  Placita  erat  Deo 
anima  illius;  propter  hoc  properavit  educere  illum  de 
medio  iDiquitatum.  Raptus  est  oe  malitîa  mutaret  Intel 
lectum  ejus,  aut  ne  deciperet  animam  illius.  »  —  «  Do- 
minus  dédit;  Dominus  abstulit.  Sit  nomen  Domîni  beae- 
dictuml  •  Amen. 

Idibus  8eptembris(2],  anno  Domini  1605,  circa  horam 
secundam  pomeridianam ,  dilectissima  conjuz  peperît 
mihi  âlium,  quem  honorandue  socer  meus,  Dominus 
Joannes  de  Mastribus,  (qui  opportune,  duabus  poBt  par- 
tum  boris  una  cum  altéra  illius  filia,  Francisca,  uiore 
Domini  Dusolier,  hue  advenerat),  et  colenda  matre  mea, 
Domina  Quiterîa  Petiot,  ad  sacnun  baptisma  detulerunt, 
et  Joannig  oomine  doaanint.  Laus  Deo  ! 

Kalendis  aprilis  (3),  anno  Domini  1606,  nata  est  mihl 
filia  ex  dilecta  conjuge  :  quam  Dominus  Dusolier,  qui 
sororem  luoris  meœ  duxit  in  matrimonium,  et  Quiteria 
de  Petiot,  mea  matertera,  domicella,  uxor  Domini  de  La 
Malharte  (4),  ad  sacrum  ecclesiœ  lavacmm  detulerunt 
eamque  Quiteriam  nuncuparunt.  Laus  Deo  I 

NoDo  kalendae  decembris,  id  est  die  21'  (5)  menais  novem- 
bris,  Domino  sacra  1610,  peperit  uxor  mihi  filium,  circa 
boram  quintam  matutinam,  quem  Dominus  Jacobus  de 
Petiot,  avunculus  meus,  prœfectus  urbis  (6),  et  Fran- 
cisca de  Mastribus,  uzoris  soror,  ad  regenerationîs  lava- 


(1)  La  sépulture  de  famille  des  Ltmy,  on  l'a  vu,  ét&it  à  Saint-  . 
Uichel. 
(!)  13  septembre  tGOS. 

(3)  1"  avril  1608. 

(4)  La  Haliartre,  commune  de  Verneuil,  canton  d'Aiio,  arrondis* 
sèment  de  Limoges. 

(g)  C'est  le  23  et  non  le  21  novembre,  qui  correspond  au  9  des 
calendes  de  décembre. 
(6}  Lieutenant -général. 


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cnim   detulenint   et    Franciscum    nuncupaverunt,    Laui 

^  Manus  Domini  tetigit  me  :  dimitte  ergo  me,  Domine, 
at  plangam  paululum  dolorem  meum!  Dilectissimus  âlius 
meus,  Joannes,  secundo  geoitus,  13  kalendas  febmarii  |*2), 
amio  Domini  1633,  die  Sancti  Pétri  cathedra  dedicata, 
tmnTentrisprofluvio,  tumvomitu,  tum  aMdolore,  perduo- 
decim  dies  diacniciatus,  viam  universœ  carnis  iDgressua 
est  :  ejus  obitum  moleste  ferrem,  Qisi  me  sisteret  Domini 
Toluntae;  quœ,  cum  eum  mihi  dedisset,  anferre  libère 
potuit  —  Ërat  enîm  omnibus  corporis,  animi  et  morum 
virtutibus  oroatus  ;  agebat  in  Jesuistarum  primo  ordlne 
auDum  secundiun,  setatls  vero  decimum  octavum.  Del  et 
religiouis  fuit  cultor  âdissimus.  Idcirco  idem  Dominus 
nisi  ecclesisB  suie  sacrameatis  confessionis,  eucharistlœ  et 
eztremie  unctionis  munitum  ad  se  venire  non  permisit. 
Matrî  suœ,  sororibus,  omnibus  domesticis,  mihique  fuit 
charîssimus.  Feretrum  ad  eccleaiam  scolastici  primi  ordi- 
Difl  (3)  detulenint,  uua  cum  congregationis  (4)  DiTse  Marise 
Bodalibus.  Eum  setema  requie  fnii  existimo  :  qiîod  ita 
fazit  Deus,  qui  pro  nobis  intercédât,  ut  cum  illo  vîtam 
valeamus  conseiiui  xternam.  Sit  aomen  Domini  béni- 
dictum  ! 


(1)  NouB  Jugeons  ioutile  de  doaaer  des  articles  qui,  aux  noms 
près,  reproduisent  les  préoédenta. 

(2)  Le  jour  de  la  Pâte  de  la  Chaire  de  Saint-Pierre  &  AuUoche, 
te  22  février. 

(3)  Les  élèves  de  la  première  classe  du  coHëge  des  Jésuites.  Il 
était  d'usSige,  en  effet,  que  les  camarades  d'un  écolier  dâfunt  por- 
tassent son  corps.  A  la  fin  du  xvitr  siècle,  les  écoliers  de  philo- 
sophie du  collège  des  Jacobins  portaieat  l'épée  aux  funérailles  de 
leurs  camarades  (Lboros.  Cont.  des  Annale»  du  Limousin,  p.  127. 
Han.  du  Séminaire). 

(4)  La  congrégation  de  la  Sainte- Vierge,  instituée  au  collège  des 
Jésuites. 


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—  584  — 

#  Qaod  gTfttam  Deo,  fselii,  faustnm  mihi,  fortQoa- 
tumqiie  familife  sitl 

Die  vigesima  quîota  septembris,  anno  Domiiii  1643, 
hora  post  mediam  Doctem  secunda,  nata  est  mihi  Ûlia 
primogenila  ex  dilectissima  conjuge,  Leonarda  Bogier; 
qaam  quidem  Dominus  Aothonius  Rogier,  uzoris  avun» 
culus,  AlTemise  Lenumcisque  carsorum  prsefectas  (1),  una 
cum  honorabili  Domina  matre  mea  Mai^iuarita  de  Mas- 
tribut  ad  sacium  baptisma,  die  undeclma  octcdnis,  aouo 
sapradicto,  detuleruat  in  ffide  divi  Michaelis,  Hai^uaritœ 
nomen  indidenmt,  idque  roinisterio  DcHnini  SimeoDis 
Guitard,  TÏcarii,  1643.  J.  Lurr.  Lam  Deo  Virginiqtte 
matri! 

Die  décima  meosls  novembris,  anao  DomiDi  1653,  circa 
boram  undecimam  serotioam,  uzor  mea,  Leonarda  Rogier, 
mihi  muXtum  dilectissima,  per  decem  dies  febrî  maligna 
cruciata,  viam  uoiversEe  camis  ingressa  est,  et  seguenti 
die,  qua  iestum  divi  Martini  celebratur,  in  aede  divi  Mi- 
chaelis fuit  sepulta,  Ëam  iii  sanctonim  cœtum  coUocatam 
existimo;  erat  eoim  piiesima,  FaB  sit  ea  pro  me  et  familia 
perpetuo  intercédât  ! 

Die  Qona  mensis  februarii,  aano  Domini  1657,  mater 
mea  Marguarita  de  Mastribut,  circa  boram  post  mediam 
noctem  secundam,  viam  universse  camis  iDgressa  est, 
fuitque  in  sedibus  divi  MichaSlis  et  ante  altare  div» 
Magdalenee  dicatum  sepulta,  Bam  Deo  in  Beatorum  caetum 
collocare  placuerit,  ut  pro  me  familiaque  perpetuo  inter- 
cédât. J.  Laut. 

«  J.  M.  J. 

Sit  nomai  Domini  beneUctum! 
Visitavit  Dominus  uxorem  meam  dilectissimam,  Ha- 


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riam  Petiniaud,  quae  peperil  flliam  primogeoitam  circa 
faoram  quintam  serotinam,  quam  Domiaiis  Lamy  de  Luret, 
pater  meus,  una  cum  Doniioa  Anna  Maynard,  uxoris 
mes  avia,  ad  sacrum  baplisma  detulertint  in  jedeni  divi 
Michaelis  Leonum,  et  nomea  Annse  iodiderunt;  qus  nata 
est  prima  die  augusti,  et  baptizata  fuît  secunda  die  au- 
gusti,  ministerio  Dominî  de  La  Chassaigne,  ecclesiœ  Le- 
movicensis  canonici,  et  baccalaorei  SorboDÎci,  aaoo  Do- 
raini  mîllesimo  septingeDtesîmo  trigesimo  tertio.  —  Lauy 

DB  liACHAPBLLE  (1). 

L'aD  de  notre  seigneur  mil  sept  cent  trente  quatre,  et 
le  quatrième  novembre,  mon  épouse,  Marie  Petiniaud 
s'est  accouchée  d'une  fille,  laquelle  a  ete  baptisée  par 
M'  Pierre  Romanet,  théologal  de  S'  Martial  (2)  ;  son  parain 
et  mareine  ont  été  M'  de  Lachassagne,  chanoine  de  l'église 
de  Limoges,  et  damoisselle  Anne  Romanet,  veuve  de  S' 
Joseph  Petiniaud,  ma  belle-mère.  Laky  db  Lachapbllb. 

Le  12*  mars  1767  —  mon  épouse,  Anne  Magdelaine  Des- 
champs,  a  mis  au  monde  un  garçon,  baptisé  le  même  jour 
dans  l'église  paroissiale  de  8'  Pierre,  après  l'avoir  été  par 
preccaution  au  sortir  du  sein  de  sa  mère,  par  M'  Cra- 
mouzaud;  son  parrein  a  été  mon  beau  père,  Jeaa  Baptiste 
Deschamps,  dont  il  porte  le  nom  de  baptême;  sa  mareine  ; 
Thérèse  de  Lachassagne,  ma  grand  mère.  —  Lamt  de  La 

GHAPBLLB. 

Le  30*  avril  1767.  Mon  fils  est  mort  a  La  Chapelle  (3), 
ou  il  a  été  enterré,  le  32*  du  même  mois. 

Le  26  juin  1782,  mon  épouse  a  acouché  d'une  fille 
nommée  Magdeleine  sur  les  fonds  de  baptême,  ou  elt'  a 


.(1)  C'est  la  dernière  mention  en  latin  de  notre  manuscrit. 

(t)  Du  Chapitre  qui  avait  succédé,  en  1537,  à  la  communauté 
régulière  de  Clunistes. 

(3)  La  Chapelle,  petite  propriété  prèa  Saint -Léonard,  d'où  una 
des  branches  de  la  famille  Lamy  a  tiré  son  nom. 


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été  portée  par  J.  B"  Lamy,  mon  fils  aîné,  et  Magdeléne 
Gramagnac,  et  baptisée  par  M.  Dejaias  (?)(1),  vicaire  de 
S'  Pierre. 

Le  10  septembre  1793,  Marîe  Petiniaud,  ma  mère,  morte 
la  veille,  a  l'âge  de  80  aDS,  au  lieu  de  Luret(2),  a  été 
enterrée  au  lieu  et  commune  de  S'  Jean  Ligoure.  - 

Le  8  octobre  1793,  Anne  Lamy,  veuve  Belut,  notre  sœur 
ainée,  est  morte,  maison  de  S'  Gérald  (3),  et  a  été  inhumée 
le  lendemain  a  S'  Thomas  d'Aquin  (4),  âgée  de  59  ans. 
Lahy  Lachapellb. 

Le  16  juin  1798,  s'est  fait  a  l'église,  et  le  18*  juin,  — 
30  prairial  —  an  6,  devant  la  comunne  de  Limoges,  s'est 
fait  le  mariage  de  Joseph  Yi-ieix  Lamy  de  Luret,  mon 
fils,  avec  !)•"•  Valérie  Ce'este  Baillot,  en  présence  des 
parents  communs.  —  Laht  La  Chapelle. 

Le  S6*  du  mois  d'aoust  1805,  mon  cher  Sis,  Jean  Bap- 
tiste Lamy,  a  épousé  dans  l'église  de  S*  Pierre,  à  Limoges, 
d""'  Catherine  Roulhac,  âgée  de  19  ans,  fille  de  M'  Rou- 
Ihac,  procureur  g"'  du  tribunal  civil  et  représentant  na- 
tional, et  [de]  dame  Roulhac  de  Faugeras,  son  épouse. 
Puisse  ce  mariage  continuer  le  nom  et  l'honneur  de  la 
famille  !  Laht  La  Chapelle. 


Notes  à  la  fin  du  registre. 

Mémoire  que  le  dernier  jour  de  joing  1568,  jour  de 
Monsieur  S'  Martial,  je  fianceis  a  femme  Narde  Mandat, 
filhe  de  sire  Jehan  Mandat;  et  me  tat  promis  en  mariage 
la  somme  de  deulz  mil  livres  l';  delaqueUe  somme  re- 
ceumes  cinq  cens  livres  t'  comptant,  que  mon  frère,  Mon- 


(1)  Probablement  de  Jayat,  nom  d'une  ancieDDe  famille  de  Limoges. 

(2)  Luret,  hameau  de  la  commune  de  Saint-Jean  Ligoure,  canton 
de  Pierrebuffiëre. 

(ï)  Il  s'agit  probablement  d'une  hospitalière  de  Saint-Alexis. 
(4)  Ancienne  église  des  Dominicains,  aujourd'hui  église  parois- 
siale de  Sainte-Uarie. 


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—  587  — 

sieur  de  Nieilh(l},  receust,  comme  appert  par  sedulles 
sur  ce  receues  eutre  nous. 

Et  oultre  ce  qae  dessus,  me  feust  promis  la  somme  de 
mil  livres,  que  je  receuz  deulx  jours  après  la  solempoi- 
sation  de  mes  nopcea,  comme  appert  par  une  quitance 
que  j'en  ay  faict  a  moodict  sieur  beau  père. 

Et  le  jour  de  S'  Alpiniea  ensuivant,  19"  jour  d'aust, 
an  susdit,  espousamea  en  la  ville  d'Aixe,  en  l'esglise  S** 
Croix  (2)  ;  et  nous  espousa  messire  Pierre  Panguet  (?) 
vicaire  d'Aixe,  et  mon  Trère,  monsieur  de  Nieilh,  célébra 
la  messe. 

Le  vingt  uniesme  jour  de  febvrier  1569,  je  receus  de 
mondit  sieur  beau  père  cent  cinquante  escus  sol  et  cent 
pistoletz  (fù)(3),  en  déduction  de  ce  que  dessus,  comme 
appert  par  la 'quittance  que  je  luy  en  ay  faict  (4).    .     . 

Obiit  frater  charissimus,  anno  pcœt  infaustum  hoc  et 
ominosum  conjugium,  nempe  6"  idus  augusti  (5),  in  ipso 
diei  crepusculo,  anno  Domini  1569.  Ëjus  animam  Domi- 
nus  faciat  perpétua  frui  régule  et  lu  Beatorum  sede  col- 
locet!  F.  Lahy 

m  DOnas  aprilis  (6),  anno  Domini  1570,  hora  5*  de 
mane,  (quo  die  Annunciationis  festum  virginis  Marine 
celebrabatur  in  hac  diœcesi  ecclesia&ticorum  authoritate. 


(1)  Il  s'agit  probaJilemeQt  du  curé  de  Nieul,  dont  il  a  été  parla 
plusieurs  fois. 

(2)  Église  paroissiale  d'Aiie* sur- Vienne.  On  la  répare  en  ce 
moment. 

(3)  L'écu  sol  pesait  2  deniers  15  grains.  C'était  une  aorte  de 
monnaie-type  dont  on  faisait  usage  pour  les  constitutions  de 
rente,  ete.  On  a  donné  le  nom  de  pistoleta  à  certaines  monnaies 
d'or  étrangères. 

(1)  Ici  finissent  les  notes  de  la  main  de  Jean  Lamy.  C'est  Fran- 
çois Lamy,  rédacteur  des  premiers  articles  du  livre  de  famille,  qui 
ajoute  ce  qui  suit. 

(5)  8  août. 

(6)  3  avril. 


lyGoogle 


.  a  vigilia  Pasch»  in  hune  diem  relegatum],  Leonarda 
Mandat,  olim  &atris  Joan&is  uxor,  et  ab  eo,  cum  e  vivia 
escederet,  gravida  reUcta,  in  hoc  Lemovicorum  oppido, 
et  maternis  sedibus,  parturiit  et  in  lucem  edidit  âliam, 
quEe  eodem  die,  sub  horam  8"  et  crepusculum  vespâr- 
tinum,  in  parrochia  nostra,  sacra  (?)  Divi  Michaelia  aede, 
cœlesti  lavacro  purificata  fuit,  patris  spiritalis  vicem  et 
muauB  obtinente  (?)  fratre  natu  majore,  Domino  Joanne 
Lamico,  Nuellii  curato;  matri6(ij,  item  socrus  defuncti 
fratris,  Joanna,  vidua  Joaaois  Mandati.  Dominus  Joannes 
Vouzelle,  TicariuB  parrochiae  Dostr%,  sacro  baptismate 
puellam  abtuit,  eique  Mai^aretse  nomen  inditum  est.  Id 
nobis  bene  vertat! 

Observavi  puellam  banc  eodem  die,  nempe  lunœ,  et 
eadem  hora,  scilicet  5*  matutina,  in  lucem  editam,  qua 
obiit  ejug  pater.  Item  eadem  hora  sacro  baptismo  reuatam, 
qua  ejus  pater  sepultune  mandatas  est. 

Tutebe  oqus  neplie  uostrEe  Marguarits,  fratris  Joannîs 
defuncti  Ûlise,  hodie  decretum  est  parentum  omnimn 
suffragiis  et  commun!  consensu,  fratri  amantissimo,  Do- 
mino Joanni  Lamico,  Nuellii  curato,  nempe  die  Jovis, 
pridie  nonas  julii,  anno  Domini  1570  (2). 

Ëadem  Leonarda  Mandat  secundo  nupsit  vu  iduB  au- 
gusti  (3)  anno  Domini  1575,  MichaÇli  Rogier,  procura- 
toris  Bogerii  fllio,  hujus  oppidi,  elapeis  sex  annis  post 
fratris  obitum,  postridieque  ejus  diei  et  eodem  menée 
quo  frater  meus,  cum  quo  prius  nupserat,  ultimum  vitœ 

diem  clausit 

L.  GUIBERT. 
(A  suivre.) 


(1)  11  faut  entendre  ;  malria  apiritalia  oicem,  etc. 

(2)  6  juillet  1570. 

(3)  7  août. 


lyGoogle 


REGISTRE   I)B    FAHILLE   DE   JEANNE    BOYOL,    COMTESSE 
DE    VILLELtalE    (1587-1594)  (Ij 

Salut  par  Jésus  Chrîst. 

Dieu,  par  sa  grâce  et  bénédiction,  a  donné  a  Jean  de 
Villelume  de  Barmontet  {2]  et  a  moy  Jeanne  Boyol  de 
Moatcoqu(3}.  sa  femme,  nosLre  premier  fils.  Et  nasquit 
l'an  de  grâce  1589,  le  24"  d'avril,  ung  lundy,  heure  de 
midy;  fuat  batizé  par  M'  Jouberl  de  Rochoar,  miuigti-e  (4), 
au  chasteau  de  Touront  (5).  Son  parrain  fust  M'  de  Moûl- 
coqu,  mon  père,  et  marraine  Madamoiselle  de  S'  (Jer- 
maint  qui  pria  ma  sœur,  Marie  de  Montcogu,  le  présenter 
au  sainct  balesme.  El  s'apelle  Pierre  de  Villelume.  Paict 
a  Touront,  l'année  1590,  le  jour  des  roys. 

Anagrame  de  Pierre  de  Villelume  : 
Dieu  i'élu[t]  premUi: 

Anagrames  de  Jean  de  Villelume  et  Jeanne  Boyol  : 
L'élu  de  Dieu  ayme  la  bonne  joie. 
Salut  par  Jésus  Christ. 
Dieu  nous  a  donné  nostre  seguonde  filie  après  noslre  fils. 


(1)  Communiqué  par  H.  Alf.  Leroux.  Voir  l'introduction. 

{i)  Jean  de  Villelume,  second  Ris  de  Marien  Guillaume,  seigneur 
de  Barraontel  en  Âuverg[ie,  et  de  Louise  de  Saint -M  arceau,  a  fundiï 
la  branche  du  Limousin  par  son  mariage  avec  Jeanne  Boyol,  la- 
quelle était  Aile  dû  Pierre  Boyol,  écuycr,  seigneur  do  Moulcocu. 
[Note  de  M.  de  Villelume,  possM^eur  du  registre.)  —  Jean  de 
Villelume  éiait  catholique;  Jeanne  Boyol  protestante.  Leur  château 
du  Bâtiment  [aujourd'hui  commune  de  Chamborct.  Haute- Vienne) 
avait  deux  chapelles  alTectées  à  chacun  des  deux  cultes. 

(3)  Montcocu,  aujourd'hui  commune  d'Ambazac,  arrondissement 
de  Limoges. 

(4)  J. -Joseph  Joubert  était  encore  ministre  de  Rochechouart  en 
1603.  Il  desservit  ensuite  l'église  du  Bouscheron,  sise  au  voisinage 
de  Rochechouart.  On  ignore  la  date  de  sa  mort. 

(5)  Arrondissement  de  Bellac  (Haute- Vienne). 

T.  VIL  *— i 


lyGoo^e 


-  590  — 

El  oaquist  le  16°  jour  de  juin  1590,  uq  mercredy,  heure 
de  8  heures  de  matin;  et  fusl  batiïée  a  Touront  par  le 
dit  Mr.  Jouberl,  ministre  de  la  parolle  de  Dieu.  Et  fust 
parrain  Mons.  du  Reperre  de  Perds,  et  marraine  Mada- 
moiselle  de  Montcoqu,  ma  mère.  Et  s'apelle  Marie  de 
Villelume.  Faict  a  Touront  le  17"  février  1591. 

Au  nom  de  Dieu. 

Nous  flanceames  le  19'  février  1587  et  espousames  le 
2°  d'avril  1588,  nng  jeudy.  Et  Dieu  i-etira  a  soy  Mons. 
du  Bastimant  mon  mary,  le  5"  de  may  1591,  ung  di- 
manche, heure  de  vespres,  alaut  secourir  la  ville  du 
Dorât  (1)  pour  le  sei-vice  du  roy  Henri  III,  roy  de  France 
et  de  Navarre.  Fut  tué  près  la  foret  de  Renquon  (2),  d'une 
embuscade  des  ennemis  et  rebelles  au  roy,  par  Tei-zane  et 
Gezar,  le  5"  may  1591. 

Dieu  nous  a  donné  nostre  dernière  âlie  qui  unsquit 
l'iinnée  1591,  le  20"  novembre,  a  7  heures  du  jour  de 

samedy  matin.   Et  tous   trois  nés  a  Touront (3). 

Et  fust  bastizée  au  dit  Touront  par  M'  Joubert.  A  esté 
parrain  mestre  Marcial  de  Champs',  et  ma  sœur  et  filieule 
Jeanne  de  Montcoqu  [a  esté  marraine],  le  mesci-edy  en 
may  1594. 

Loué  en  soit  Dieu  par  son  S' fils  Jésus  Christ. 

W.  H.  G.  Villelume. 


(Commun  ic-a/to?i  rie  fou  M.  le  comle  de  Villetume,  possesseur 
du  registre  île  Jeanne  BoijoL) 


(1)  Assiégée  par  les  ligueurs. 

(2)  Bancon,  arrondissement  de  Bcllat;  {Haute- Vienne). 

(3)  Il  ï  a  dans  le  texte  à  cei  endroil  ces  mots  :  mmedij  1591,  qui 
no  peuvent  être  autre  chose  qu'une  répétition  par  inadvertance  de 
•:e  qui  est  dit  plus  haut. 


DigmzcdbyGoOgle 


LIVRE   DE   FAMILLE   DBS   SIEURS   DE   L\   BHUNVE, 
DE   fiOCHBCHOUART    (1599-1788) 

Ce  Livre  de  famille  est  aujourd'hui  la  pro- 
priété de  M.  Émilien  de  la  Brunye,  sous-préfet  de 
Rochechouart,  qui  a  bien  voulu  nous  le  commu- 
niquer et  nous  autoriser  en  môme  temps  à  en 
publier  les  parties  les  plus  intéressantes.  Nous 
témoignons  ici  de  nouveau  à  M.  de  la  Brunye 
toute  notre  reconnaissance. 

Ce  Licre  de  famille  fut  commencé  vers  1644 
par  Jean  de  la  Brunye,  alors  âgé  de  'ii  ans  en- 
viron, et  continué  par  lui  jusqu'à  sa  mort  surve- 
nue en  octobre  1G84.  Mais  le  rédacteur  y  inséra  à 
diverses  reprises  des  mentions  antérieures,  puisées 
sans  doute  dans  la  tradition  domestique  et  dont  la 
plus  ancienne  remonte  à  1599.  Après  lui  le  Livre 
fut  continué  par  David  de  la  Brunye,  son  petit- 
iils,  qui  n'avait  alore  que  10  ans.  Mais  jusqu'à 
1697  celui-ci  n'enregistra  pour  ainsi  dire  rien. 
Celte  lacune  est  d'autant  plus  regrettable  qu'elle 
correspond  à  la  période  la  plus  troublée  de  l'his- 
toire de  Rochechouart. 

Quand  David  mourut  en  1747,  son  fils  Raymond 
continua  le  Livre  de  famille  par  quelques  men- 
tions sans  grande  valeur.  Après  lui,  c'est-à-dire 
de  1788  à  179'2,  la  plume  fut  tenue  par  Pierro 
Paul  de  la  Brunye,  mais  sans  grand  profit  pour 
l'histoire. 

Jean  de  la  Brunye  était  protestant,  comme  la 
plupart  de  ses  concitoyens  à  cette  époque,  et  il 


lyGoogle 


—  592  — 

nous  donne  sur  los  événements  d'ordre  ecclésias- 
tique dont  Rochechouart  fut  alors  le  théâtre,  des 
renseignements  d'autant  plus  précieux  que  le  re- 
gistre du  consistoire  (dont  nous  avons  donné 
ailleurs  des  extraits)  s'arrête  à  l'année  1635.  Ce 
Livre  de  famille  prend  dés  lors  une  grande  im- 
portance historique;  aussi  n'avons-nous  point  hé- 
sité à  le  traiter  comme  un  document  de  premier 
ordre  en  multipliant  les  notes  et  les  rappro- 
chements. 

Les  mentions  de  ce  Livre,  au  lieu  d'être  enre- 
gistrées les  unes  à  la  suite  des  autres,  l'ont  été 
le  plus  souvent  au  hasard,  sur  la  première  page 
blanche  qui  se  présentait  au  rédacteur.  11  en  ré- 
sulte une  certaine  confusion  que  nous  avons  cru 
bon  de  faire  disparaître  en  classant  nos  extraits 
dans  un  ordre  chronologique  rîgoui-eux.  L'indica- 
tion marginale  des  folios  du  manuscrit  permettra 
toujours  de  se  reporter  facilement  à  l'original. 

L'orthographe  du  nom  de  la  famille  n'est  point 
fixe  puisqu'on  trouve  de  la  Brunye,  de  Labrunye, 
Delabrunye.  Nous  en  avons  toujours  scmpuleu- 
sement  respecté  les  variations. 

Des  mentions  de  baptêmes  et  mariages  de  ce 
Livre  de  famille  résulte,  sauf  erreur,  le  tableau 
généalogique  suivant  : 


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s  £ 


-  a-S  E  s  g  ^ 
■<  «'s"«  S  g  S 


Sfii 


agi     "^  -1 
Q^        as 


e  -«  s  S  I  s  5  . 


i'P 


«Se 


~si 


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13  i». 

Le  5*  jour  de  febvrier  1599,  jour  de  sâmedy,  environ 
5  heures  apprès  midy,  décéda  Arnaulhon  de  Labninye 
mon  grand  père,  et  fut  eusevely  le  lendemain  en  l'esglise 
de  St  Sauveur  de  Rochouard,  aux  tombes  de  ses  prédé- 
cesseurs. M.  Lalieste,  prieur  des  Cordeliers  de  St  Juiiien, 
fisl  l'oraison  funèbi-e,  assisté  de  ses  i-eligieux  pour  faire 
les  funérailles. 

!)  r". 

Le  27'  jour  d'octobre  1613,  nasquit  Suzanne  Boulesteys, 
fllle  naturelle  el  légitime  de  Benjamin  Boulesteys  et  de 
Anne  Soury,  femme  du  dict  Jean  de  Labrunye  alors 
demeurant  au  village  de  la  Doradière.  Elle  a  esté  baptisée 
à  Rochouard  par  M.  Fourgeaud,  ministre  de  la  parolle 
de  Dieu  au  dict  Iieu[l},  le  17*  jour  de  mars  1614.  A  esté 
parrin  maistre  Jean  de  la  Chaumelte  avocat;  marrine 
Suzanne  Soury,  sœur  de  la  dicte  dame.  La  présente  datte 
a  esté  extraicte  du  papier  d'Abraham  Aymery  (2). 

13  v°. 

Le  22*  jour  de  febvrier  1629,  jour  de  jeudy,  environ 
9  heures  du  matin,  trespassa  Françoise  Soury,  femme  de 
Arnaulthon  de  Lahrunye  (3),  en  la  maison  de  maistre 
Pierre  de  la  Chaulmette.  Et  fut  le  dict  jour  la  première 
ensevelie  au  cimetière  neuf  de  Bonmousson  que  Monsieur 
(le  vicomte  de  Rochouartj  marqua  et  borna  à  ceux  de  la 
religion  réformée  le  4'  jour  de  février  1629  (4),  Cela  se 


(!)  De  1605  à  1G1T.  Il  desservait  ikuparavant  l'âgliso  de  Villemur. 

(!)  Ce  papier  d'Abraham  Aymery  était  sans  doute  quelque  livre 
de  famille,  analogue  à  celui  des  La  Brunye.  En  tout  cas  ce  baptême 
ne  figure  pas  sur  le  registre  du  consistoire  de  Rochechouart  con- 
servé BUT  Archives  départementales  de  la  Haute- Vienne. 

(3)  Décédé  lui-même  en  février  1599.  Voy.  ci-dessus. 

(4)  Mention  importante  par  sa  précision,  car  il  est  assez  malaisé 
de  voir  clair  dans  cette  question,  petite  j>  nos  yeux,  mais  fort 
grande  sans  doute  aux  yeux  des  contemporains.  L'abbé  Duléry 


DigmzcdbyGoOgle 


—  595  — 

troure  estre  laissé  escript  de  la  main   de  Junien  de 
Labrunye  [1). 
14  r». 

Le  disiesme  jour  de  novembre  1636,  jour  de  lundi, 
M  heures  du  soir,  mourut  Juuien  de  la  Brunye,  mon 
père,  d'une  apoplexie  qui  ne  lui  dura  que  deux  heures. 
Et  toutes  les  paroles  qu'il  proféra  furent  disans,  Anne 
Fontaneau  sa  femme  le  tenant  entre  ses  bras  et  Abraham 
Soury  lui  appliquant  les  ventouses  :  «  Seigneur  Jésus, 
reçoys  mou  esprit  entre  tes  mains  miséricordieuses  !  > 
Laquelle  apoplexie  l'emporta.  Et  fut  enseveli  le  jour  sui- 
vant, mardy  11  au  dict  an,  deux  heures  apprès  midy, 
dans  l'église  de  S.  Sauveur  au  dict  Rochouard,  aux  tom- 
beaux de  ses  ancêtres  et  prédécesseurs  qui  l'avoient  de- 
vancé par  leurs  morts,  apprès  avoir  vescu  en  ceste  vallée 
de  mort  55  ans. 


prétend  bien,  dans  son  Histoire  de  Rockechouarl  (page  201),  que  les 
'  protest&nts  du  lieu  avaient  un  cimetière  à  eux  avant  que  celui  de 
Beaumousson  leur  fût  attribué  par  moitié.  Hais  cette  assertion, 
rendue  vague  par  l'absence  de  toute  date,  n'est  qu'à  moitié  vraie. 
Pendant  tout  le  xvi-  siècle,  les  protestants  de  Rocheohouart 
n'eurent  pas  de  cimetière  particulier  et  n'usèrent  que  par  tolé- 
rance, à  défaut  de  tolérance  par  usurpation,  do  celui  de  la  paroisse 
catholique.  Mais  il  résulte  pour  nous  d'un  document  postérieur 
{Paclum  pour  les  habilantg  de  Rochechouart,  Catal.  Hist.  de 
France,  4  d  it*  n'  186,  art.  3)  qu'une  moitié  du  cimetière  calholique 
leur  fut  attribuée  par  tra^nsaction  en  160â.  Toutefois,  l'usage  leur  en 
ayant  été  retiré  au  bout  de  quelques  années,  ils  en  établirent  un 
autre  au  voisinage  de  la  maison  de  ville  qui  leur  servait  de  temple. 
Ce  choix  leur  suscita  des  tracasseries  dont  le  souvenir  se  trouve 
consigné  dans  le  Registre  du  consistoire  (délibér.  du  19  mai  1630, 
dans  nos  Documents  histor.,  II,  113).  On  s'explique  dès  lors  qu'en 
1629,  comme  il  est  dit  ici,  le  vicomte  de  Rochechouart,  nous  igno- 
rons à  quelle  suggestion,  leur  ait  accordé  de  nouveau  une  por* 
tien  du  cimetière  paroissial  pour  y  enterrer  leurs  morts.  Voy.  plus 
loin  la  mention  de  l'année  I68t  et  la  note. 

(1)  Ce  Junien  de  la  Brunye  {f  1636]  était  le  père  de  Jean  de  la 
firunye,  le  premier  rédacteur  du  présent  Livre.  Son  journal  est 
malheureusement  perdu  pour  nous. 


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14  r. 

Le  4'  jour  de  septembre  1641,  Juaien  de  Labmuye,  fils 
d'autre  Juniea  et  de  Anne  Fontatieau  et  nostre  frèi'e,  s'en 
voulant  aller  à  l'armée  et  dans  le  régiment  des  gardes, 
fit  testament  en  faveur  de  la  dicte  Anne  Fontaneau  sa 
mère,  receu  par  J.  Boulesteys  et  P.  de  la  Chaulmetle, 
notaires.  Le  dict  Junien  de  Labrunye,  apprès  avoir  de- 
meuré quelque  temps  au  dict  régiment,  fut  commandé 
pour  s'en  aller  en  Allemagne  [1);  auquel  voyage  faisant 
il  mourut,  lors  cheminant,  sans  effort  ('/).  de  guerre  ains 
de  mort  naturelle,  le  26'  jour  de  novembre  1643,  ainsin 
qu'[ont]  affirmé  des  soldats  du  dict  régiment  par  leurs 
attestations  d'eux  signées.    . 

12  r-. 

Le  jour  du  Seigneur  dimanche,  deux  heures  apprès 
midy,  23  du  mois  de  janvier  1644,  Anne  Fontaneau  (2), 
ma  mère,  quitta  ceste  vye  pénible  et  langoureuse  par  la 
Toye  naturelle,  attaquée  d'une  maladie  qui  luy  dura  huit 
joui-s.  Durant  iceux  elle  i-ediaoil  souvent  qu'il  falloit  que, 
à  ce  coup,  qu'elle  quittât  cesle  vallée  de  misères,  estant 
lasse  de  vivre,  désirant  tant  et  plus  desloger  pour  estre 
avec  Clirist  son  Sauveur,  endurant  patiemment  cette  Visi- 
tation envoyée  pour  marque  et  flétrissure  de  ses  péchés, 
qui  Tentrainoit  à  la  mort  et  luy  faisoit  passer  volon- 
tiers condamnation,  comparaissant  vestue  de  ses  œuvres 
et  justices  qui  ne  coûtent  que  foin. et  paille  pour  allumer 
l'embrasement  de  la  haute  et  souveraine  justice  de  Dieu, 

(I)  La  maréclial  de  Guëbrianl  opérait  alors  contre  lea  impériaux 
dans  la  fameuso  guerre  do  Trente  ans. 

{2)  Elle  était  calviniste  comme  le  prouve  la  suite  du  récit,  et 
mariée  ii  Junien  de  la  Brunye,  catholique,  mort  en  novembre  1636. 
Voy.  ci-dessus.  11  est  question  plus  loin  (octobre  16^)  d'une  autre 
Anne  Fontaneau,  mariée  à  Daniel  de  Barthe  et  sans  doute  ftile  de 
celle-ci,  -^  Il  est  souvent  fait  mention  des  Fontaneau  dans  le  Beg. 
consist.  de  Rochechouart,  en  particulier  de  Louis  Fontaneau,  qui 
était  juge  de  Saint-Laurent  en  1617. 


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qui  D'excuse  en  nous  les  fautes  gui  s'y  Lreuvent  et  plus 
abondantes  en  moy  que  tout  bien,  disant  :  <>  J'en  cherche 
aux  mérites  de  J.  G.  qu'il  m'a  acquis  par  les  souffrances 
de  lii  croix,  mon  unique  espérance.  »  Ce  fut  l'entretien 
de  celte  pieuse  femme  durant  sa  maladie,  et  autres  bonnes 
peneées  et  méditations  que  elle  avoit  apprinses  dans  les 
livres  sacrés  par  fréquent  usage,  s'estant  munie  de  toutes 
les  ainnures  de  justice  pour  repousser  les  dards  enflammés 
du  malin  décochés  à  cette  heure.  Car  sa  confiance  et  sa 
générosité  faisoit  dire  à  tous  les  assistants  qu'elle  estoit 
preste  à  moissonner  la  bonne  semence  que  Dieu  avait 
semée  dans  le  champ  de  l'église  pure  et  reformée  qu'elle 
avait  professée,  après  m'y  avoir  exhorté  à  la  suivre  [1] 
et  m'avoir  donné  sa  bénédiction.  Ses  dernières  pai-oles 
furent  :  a  Seigneur,  si  tu  veux,  je  sais  que  tu  peux  me 
tirer  d'icy  et  que  à  cette  heure,  si  tu  veux  que  je  meure, 
je  le  veux  aussy.  »  Le  sieur  Barthe  (2),  ministre  de  la 


(1)  Il  semble  bien  résulter  de  ce  passage  que  le  fils  d'Anne  Fon- 
taneau,  Jesut  de  la  Brunye,  le  rédacteur  du  récit,  n'était  point  en- 
core protestant 

(2)  D'abord  pasteur  d'une  église  de  l'Agenais,  puis  de  Limoges, 
à  partir  de  1619,  puis  de  Rochechouart  et  Limoges  4  partir  de 
1620,  comme  il  ressort  d'une  délibération  du  M  octobre  1621  du 
Registre  coneittûrial  ras.,  non  reproduite  dans  nos  extraits  de  ce 
registre  :  «  A  esté  conté  avec  M.  François  Reynaud  des  fraiti  et 
dépenses  par  lui  Taits  es  allées  et  venues  de  M.  Barthe  pour  son 
ministËre  en  ceste  église  dès  le  18  janvier  1620....  »  L'abbé  Legros, 
dans  son  Abrégé  des  Annales  (1,  561)  et  de  nouveau  dans  la  Feuille 
hebdomadaire  de  Limoges  (M  mars  1777),  avance  que  le  consistoire 
des  huguenots  de  Rochechouart  nomma  Daniel  de  la  Barthe  {ëic)  mi- 
nistre le  19  octobre  ICin.  Vérification  faite,  la  délibération  du  19 
octobre  ICIO  insérée  au  Registre  contistoriat  de  Rochechouart  (par- 
tie ms.)  ne  parle  que  de  la  célébration  de  la  Cène.  C'est  seulement 
dans  celle  du  2t  décembre  suivant  qu'il  est  question  pour  la  pre- 
mière fois  de  réclamer  le  ministère  de  Daniel  de  Barthe.  Il  résulte 
de  ce  même  Registre  (partie  ms.,  1620,  1624  paasim]  que  Barthe 
commença  son  ministère  à  Rochechouart  dès  le  18  janvier  1620  et 
le  continua  plus  ou  moins  régulièrement  jusqu'à  la  fin  de  1624.  date 
à  laquelle,  pour  échapper  aux  dangers  qui  le  menaçaient  à  Limoges, 


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—  598  — 

parolle  de  Dieu,  fut  appelle  pour  faire  la  prière.  Sur  la 
un  elle  rendit  l'esprit,  et  fut  son  corps  le  lendemain 
enterré  au  cimetière  de  Beaumoussoa  de  Rochouard  et 
dans  le  tombeau  de  Jacob  de  la  Chaulmette,  son  oocle. 
34  v\ 

Ëxtraict  des  registres  consistoriaux,  baptesmes,  mariages 
et  mortuaires  de  MM.  de  la  religion  prétendue  et  réformée 
de  l'esglise  de  Rochechouarl  [1). 

Suzanne  Soury,  fille  de  Isaac  et  de  Marthe  Loumeaud, 
fut  baptisée  le  dimanche  3  juillet  1644  par  M.  Jérémie 
de  Barthe,  ministre  de  la  parolle  de  Dieu (2). 


il  quitta  cette  ville,  vint  faire  sa  résidence  à  Rochechouart  et  ne 
desservit  plus  Limoges  qu'à  intervalles  plus  ou  moina  éloignés.  II 
mourut  en  avril  1653,  comme  il  est  dit  plus  loin.  Nous  reviendrons 
plus  BU  long  sur  ce  pasteur  dans  notre  Histoire  de  la  Réforme 
dans  Ui  Marche  et  le  LimoTÀSin.  — 11  ne  faut  pas  confondre  Daniel 
avec  Jârëmie,  son  frère  puîné  mentionné  ci-dessous,  pasteur  i  Lisle 
en  Périgord  en  1637  (Âymon,  Synodes),  et  jusqu'en  1642,  puis  à 
Montignac-le-Comte  et  Laforce.  On  a  de  celui-ci  un  Ser-mon  sur 
ta  naissance  du  Sauveur,  prononcé  à  Lisle  le  33  décembre  1640 
(Copie  dans  les  papiers  de  M.  Le  Savoureux  à  la  Bibliothèque 
protestante  de  Paris),  et  un  Papier-Journal  sur  lequel  il  av^t 
inscrit  les  quartiers  de  traitement  reçus  des  églises  de  Honti* 
gnac,  Guabilhon  et  Lardymalye  entre  1612  et  1651.  (Copie  ibid.  . 
Publication  d'un  fragment  relatif  au  duc  de  La  Force  dans  le  Bull. 
Soc.  hist.  du  prot.,  1859,  p.  IIS.)  Jârémie  de  Bartbe  mourut  après 
1654.  —  Le  troisième  des  frères  de  Barthe  était  Ambert,  meu- 
tionné  plusieurs  fois  ci-dessous,  qui  mourut  en  mars  1653,  comme 
il  est  dit  plus  loin.  Il  était,  dès  1626  au  moins,  pasteur  de  Cha- 
teauneuMa-Forèt,  et  concurremment  de  Meillars  et  Treignac  (au- 
jourd'hui département  de  la  Corrèze).  Un  quatrième  frère,  dont 
le  prénom  nous  est  inconnu,  fut  aussi  pasteur,  nous  ne  savons 
où,  et  abandonna  la  communion  réformée  vers  1647.  (Voy.  notre 
Hist.  de  la  Réforme...  ch.  n.)  —  La  Biograp.  des  hommes  illus- 
tres du  Lim.,  par  MM.  l'abbé  Arbeilot  et  Aug.  Duboys,  confond 
ces  quatre  pasteurs  en  un  seul  et  attribue  k  Daniel  de  Barthe  les 
faits  et  les  écrits  de  ses  trois  frères. 

(1)  Ces  registres,  aujourd'hui  pfîdus,  faisaient  évidemment  suite 
à  celui  que  nous  avons  publié  dana  nos  Documents  Historiques, 
tome  II,  et  qui  s'arrête  à  1635. 

(3)  Voir  ci-dessus  la  note  2. 


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2  V". 

Le  mardy  presmier  jour  du  mois  de  novembre  1644, 
par  coQlracl  receu  par  D.  Reyiiâud  et  Jeau  Auniilhon, 
fiança  le  dict  Jean  de  la  Bmnye  (1}  la  dicte  Suzanne 
Boulesteys  eu  la  maison  de  defîunt  Benjamin  Boulesteys 
et  de  Anne  Soury,  ses  père  et  mère  de  la  dicte  Suzanne, 
assistés  de  leurs  parents  de  part  et  d'autre.  Et  le  mer- 
credy  seizième  du  dict  mois  et  an,  ils  espousèrent  en 
l'église  prétendue  réformée  de  Rochouart  par  les  mains 
de  M.  Barthe,  pasteur  en  icelle,  gui  a  bény  leur  mariage 
pour  demeurer  conjoins  ensemble. 

Dieu  par  sa  bonté  veuille  mestre  une  telle  union 
entre  eux,  que,  pendant  le  temps  qu'il  lui  plaira  les 
faire  demeurer  au  monde,  qu'ils  s'entretiennent  en  paix 
et  amitié  ensemble,  sans  jamais  décliner  aucunement  et 
conformer  leurs  desseins  en  s'augmentans  de  plus  [en 
plusj  en  foy,  croisans  en  biens,  demeurans  en  paix  et 
prospérité.  Ainsi  l'Éternel  par  sa  toute  puissance  en 
veuille  ordonner  comme  il  verra  et  jugera  estre  néces- 
sère  et  expédians  pour  le  salut  de  leurs  âmes  et  édi- 
fication du  prochain,  au  repos  de  leurs  conscieuces. 
Ainsi  au  nom  du  Tout  puissant  en  soit-îl  faict!  Amen. 
Plaise  le  Seigneur  les  vouloir  bénir  de  ses  plus  rares 
bénédictions,  eux  et  leurs  familles,  s'il  luy  plait  leur 
donner  lignée  et  les  accroisire  et  eslever  en  la  loy  du 
Seigneur,  unique  législateur,  pour  cheminer  tous  les'jours 
de  leur  vie  en  ses  sentiers  et  statuts.  A  nostre  Dieu  la 


(t)  Ce  Jean  de  la  Brunye,  catholique,  était  frëre  de  Junien  de 
la  Brunye,  mort  en  1013,  et  par  conséquent  lils  d'autre  Junien  de 
la  Brunye  et  de  Anne  Pontaneau.  Quoique  rédacteur  du  registre, 
il  parle  de  lui-même  d'une  manière  impersonnelle.  La  suite  du 
récit  indique  déjà  qu'il  était  bien  prêt  de  céder  au  vœu  da  sa  mère, 
exprimé  plus  haut,  puisqu'il  épouse  une  protestante  el  accepte  de 
faire  bénir  son  mariage  par  le  pasteur.  Les  faits  rapportés  plus 
loin,  S0Q8  la  date  de  1G49,  confirment  d'ailleurs  directement  notre 
assertion. 


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conduite  en  nous  comblans  de  sapieuce  el  doctrine  pour 
eux  et  leurs  affaires  gouverner  sagement  à  sa  gloire  et 
bien  de  paix,  en  les  réslgnans  et  tout  ce  que  nous  avonsi 
receu  de  luy  entre  ses  mains  pour  en  estre  le  garant 
et  le  soutien.  Bénis  nous.  Seigneur,  et  les  biens  que 
nous  avons  receus  de  ta  main.  Fais  que  nous  ne  met- 
tions jamais  eu  oubly  et  ne  perdions  la  mémoire  de  sy 
grandes  bcnefflces  que  tu  nous  as  faictes  de  nous  avoir 
créés  et  tirés  de  rien,  nous  ayans  faict  créatures  raison- 
nables formées  à  ton  image,  l'ayant  pcrdeue  en  nous  par 
nostre  perversité  et  rebélion,  au  manger  du  fniict  de 
l'arble  [sic]  que  tu  avois  défendeu  n'en  manger  soubs 
peine  de  mort,  juste  jugement  que  nous  ne  pouvions, 
apprès  avoir  vioUé  ta  loy  divine,  esviter  la  peine  deue 
à  nostre  faute  ny  expier  nostre  péché  faict  contre  l'inflny, 
ayans  tombé  eu  la  rigueur  de  sa  justice  pour  endeurer 
les  peines  esternelles  d'enfer.  Mais  par  tes  grandes  com- 
passions tu  nous  as  faict  miséricorde,  nous  recevans  à 
mercy  en  envoyant  Ion  fils,  ton  unique,  ton  bien  aymé, 
au  monde  pour  vestir  là  nostre  chair  humaine  en  pre- 
nant la  forme  d'homme  et  en  icelle  endui-er  la  mort 
ignominieuse  de  la  croix  qui  estait  deue  à  nos  péchés, 
les  ayans  effacés  et  âché  l'obligation  qui  estait  contre 
nous  à  la  croix  en  satisfaisant  pour  nous  à  la  justice 
du  Père,  en  punissant  son  fils  qui  a  esté  baillé  pour 
nostre  rançon  (1j.  0  profondeur  de  miséricorde  en  ce  que 
luy  qui  n'avait  point  connu  de  péché  a  esté  faict  pécheur 
pour  nous  !  La  cré;iture  a  commis  la  faute  ;  le  créateur 
en  est  puny  (2),  0  Seigneur  Dieu,  créateur  du  ciel  et  de 
la  terre,  rédempteur  du  genre  humain,  donnaleur  et  dis- 
pensateur de  toutes  choses,  conservateur  et  conducteur 


(1)  Réminiscences  des  Ëpitres  de  suntpaul.  Cf.  particuliërement 
Goloss.  if,  14. 

(2)  Cf.  II,  Cor.  V,  21  :  <  Car  celui  qui  n'avait  point  connu  le  péché, 
il  l'a  traité  k  cause  de  nous  comme  un  pécheur,  afiu  que  nous  deve- 
niona  justes  devant  Dieu  par  lui.  « 


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—  60!  — 

d'icelles,  à  toy  seul  de  qui  je  confeiise  tenir  toutes  choses, 
qui  m'as  prései-vé  jusques  à  présent,  je  te  supplie  du 
plus  profond  de  mon  cœur  par  tes  grandes  bontés  me 
constinuer  ces  mesmea  faveurs  jusques  à  la  fin,  bien  que 
j'en  sois  iadigae  à  cause  de  la  multitude  de  mes  péchés 
gui  m'accableroit  sans  le  secours  de  toy,  mon  Dieu, 
mon  Père,  en  qui  j'espère  grâce  par  ta  mercy  et  d'estre 
sauf  par  ta  seule  miséricorde,  m'ayant  esleu  à  salut  dès 
la  fondation  du  monde.  Je  te  supplie  ne  rejeter  ton 
humble  serviteur  qui  te  faict  reconnaissance  avecque 
humilité,  honneur  et  révérance  et  par  icelle  confesse 
qu'a  toy  seul  soit  reodeu  el  appartient  gloire,  honneur, 
empire  et  magnificence  es  siècles  des  siècles  à  tout 
jamais  !  Amen.  Appres  avoir  constamment  attendeu  de 
l'Éternel  la  volonté,  il  se  tourne  de  nosire  costé. 


Du  mariage  contracté  entre  Jean  de  Labrunye  et  Su- 
zanne Boulesteys  marriée,  est  descendeu  par  voye  natu- 
relle et  légitime  nostre  bien  aymé  fils  Amber  de  La- 
bi-unye,  que  Dieu  fît  jouir  de  la  lumière  du  monde 
en  le  faisant  sortir  de  la  matrice  par  sou  heureuse  nais- 
sance qui  fut  le  vcndredy  16"  jour  du  mois  d'avril  1649, 
3  heures  appres  midy.  Et  fut  baptisé  en  l'église  réfor- 
mée de  la  ville  de  Rochouart  le  merci-edy  suivant,  vingt 
uniesme  du  mois  et  an.  Fut  son  parrin  maistre  Amber 
de  Bai-the(i),  ministre  de  la  parole  de  Dieu  en  l'esglise 
de  Meillars  en  Limousin  et  alors  y  demeurant;  et  fut 
présenté  par  David  Soury  eu  l'absence  du  dict  sieur  de 
Barthe;  sa  marrine  dame  Anne  Soury,  vesve  de  feu 
Benjamin  Boulesteys,  oncle  et  grand  mère  du  dict  Amber  ' 
de  Ijabrunye. 

0  Seigneur  Dieu  tout  puissant,  tout  bon  et  tout  sage, 
fais  luy  miséricorde  par  les  mérites  de  J.  C,  ton  cher 
lils,  et  le  i-empUs  de  sapience,  doctrine  el  sagesse  pour 


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—  602  - 

vivre  en  la  crainte,  demeurer  eu  ton  amour,  faire  ta 
sainte  volonté  soubs  la  persévérance  de  la  profession  de 
ses  parents  à  radvancement,  grand  Dieu!  de  Ion  règne, 
bien  el  salut  de  sa  pauvre  ànie  infectée  de  corruption 
originelle  par  la  désobéissance  du  premier  homme.  Sei- 
gneur, ne  lui  veuille  imputer  ceste  faut«  et  plusieurs 
autres  dont  sont  coupables  ses  père  et  mère,  pour  en  luy 
visiter  leurs  iniquités  en  luy  faisant  porter  la  peine  de 
leurs  maux.  Veuille,  bon  Dieu,  les  regarder  en  tes  bon- 
nes compassions,  destoumer  ton  coun-ouï  de  dessus  eux; 
arreste  tes  indignations;  sois,  mon  Dieu,  appaisé  par  le 
sang  précieux  que  ton  bien  aynié  t'a  offert  en  la  croix 
pour  rançon  de  tes  pauvres  créatures  qui  altérées  de  tes 
grâces,  désirent  tant  et  plus  d'estre  consolées  par  l'espé- 
rance de  la  vye  éternelle  qui  leur  a  esté  acquise  par  J.-C, 
qui  en  l'unité  et  trinité  de  toy,  Dieu,  Père  et  Saint- 
Esprit,  vit  éternellement.  Amen. 

J,  Bhunye. 
15  v*. 

Le  17*  jour  d'avril  1650,  jour  de  jeudy',  mourut  Jeanne 
de  la  Brunye(l),  vesve  de  feu  Louys  Boulesteys,  en  reve- 
nant du  mariage  de  Pierre  Pallier.  Elle  rendit  l'esprit 
par  les  chemins,  attaquée  d'une  apoplexie.  Elle  fut  en- 
terrée le  jour  suivant,  24  heures  apprès  sa  mort,  dans 
le  cimetière  de  Boumousson  à  Rochouart. 

15  V. 

Le  jeudy  22'  jour  du  mois  d'aoust  1652,  Ësticnne  Bou- 
daud  âgé  de  huit  ans,  fils  unique  de  Pierre  Boudaud 


(!)  Cette  Jeanne'  de  la  Brunye  est  vraisemblablement  une  sœur 
de  Jean  de  la  Brunye,  dont  il  a  été  question  plus  haut,  et  par 
consëquent  une  nile  d'Anne  Fontaneau. 

(2)  Il  ne  faut  pas  confondre  cette  Françoise  de  Labruwye,  mariée 
à  Etienne  Boudaud.  el  tous  deux  callioliques,  à  ce  qu'il  semble, 
avec  une  autre  Françoise  de  Labrunye,  mariée  au  pasteur  Ambcrt 
de  Barthe,  et  dont  il  est  question  plus  loin. 


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—  603  — 

sieur  de  la  Boiasière.  et  de  Françoise  de  Labrunye  (2|, 
mourut  de  morl  violente  et  se  aoya  dans  un  petit  puits 
cave  de  six  pieds,  à  la  porte  de  l;i  métairie  de  la  belle 
Monie  (1)  en  la  paroisse  de  S,  Auvent,  là  où  la  dicte 
Labrunye  l'avait  envoyé  avec  sa  servante  pour  faire  van- 
ter (?)  les  bleds  de  la  dicte  mestairie;  dans  laquelle  noua 
fusmesle  mcsmejour  les  sieurs  Dumaisel.  Joubert,  Simon 
et  Pierre  Folle,  Labruaye,  Lagardeste  et  moy  pour  trans- 
porter le  corps,  apprès  que  la  justice  de  S.  Auvent  eut 
faict  leur  (sic)  visite  et  procès-verhal  ;  et  avons  aporté  le 
corpa  dans  nostre  maison  qu'avons  trouvé  accompagné  de 
Mad'"  de  la  Paye,  des  cousines  Sénéchal,  de  Marsillic, 
de  Moiron,  et  autres  du  dict  S.  Auvent.  Il  a  esté  enterré 
le  vendredy  jour  suivant,  dans  l'esglise  de  Rochouard, 
dans  le  tombeau  de  ses  prédécesseurs  par  les  mains  des 
preslres  et  autres  ses  parents  et  amys  l'accompagnans  à 
leurs  grands  regret  et  desplaiair.  Dieu  par  sa  grâce  luy 
veuille  avoir  faict  miséricorde  en  luy  pardonnant  ses 
péchés  et  ne  lui  imputant  les.  fautes  de  ses  parents! 
Adieu,  mon  nepveu,  à  mon  grand  desplaisir  1 


Le  vendredy  31'  jour  du  mois  de  mai-s  1653,  onze 
heures  du  matin,  mourut  dans  la  mort  des  lidelles 
M.  Amber  Debarthe,  ministre  du  Sainct  Esvaugile{"2),  et 
fut  eiisevely  le  jour  suivant  au  cimetière  de  Bonmousson 
dans  une  fosse  qui  joint  celle  de  défunte  ma  mère,  sous 
un  tombeau  neuf  qui  fut  admené  le  même  jour. 

Le  samedy  26*  jour  du  mois  d'avril  1653,  deux  heures 
apprès  minuit,  mourut  M'  Daniel  Debarthe,  ministre  du 
Saint  Esvangile  en  rcsgliKC  de  Limoges  et  Rochouart(3}. 


(1)  On  Écrit  aujourd'hui  Bellemânie, .commune  de  Saint-Auvent, 
arrondissemcnl  de  Rocheehouart. 

(2)  Auprès  des  églises  de  Ch&teauacuMa-ForËt,  Hcîllars  et  Trei- 
gnsc.  Voy.  plus  haut. 

(3)  Voy.  ci-dessas. 


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—  604  — 

11  mourut  d'une  colique  yliaque  au  dict  Limoges,  dans 
la  maison  de  M,  David,  et  fut  enterré  dans  le  temple  du 
dict  Limoges  (I),  le  jour  suivant,  deux  heures  apprès 
minuit  (2),  accompagné  de  sa  femme,  gendre,  fllle,  avec 
Mad'"  de  Meillac  (3} ,  le  sieur  Boulesteya ,  Jean  de  la 
Ghaulmette,  Jean  de  Labranye,  M.  David,  M.  Mourest. 
Adieu,  nostre  bon  pasteur! 

17  V. 

Le  lundy,  trois  heures  apprès  midy,  28'  jour  d'avril 
1653,  deux  jours  apprès  la  mort  de  M.  Barthe,  les  reli- 
gionnaii-es  de  la  ville  de  Rochouart  envoyèrent  quérir 
M.  Férant,  pasteur  au  bourg  de  S.  Glaud  (4),  pour  bénir 
le  mariage  des  sieurs  Daniel  et  Pierre  de  Lachaulmetle, 
frèi-es,  et  de  Claude  de  la  Ghaulmette;  pour  lesquels 
mariages  faire,  le  peuple  s'assembla  au  temple  de  la  dicte 
ville  (5),  à  l'heure  de  trois,  pour  là  ouirle  presche.  Mad. 


(1)  Le  teraple  de  Limoges  était  alors  situé  à  la  Croix  Matidonaud, 
près  Beauséjour. 

(2)  Cette  inhumation  nocturne  s'explique  par  ce  fait  qu'eu  1648 
et  de  nouveau  quelques  années  plus  tard,  le  temple  de  la  Croix 
Mandonaud  avait  été  détruit  par  lea  élèves  du  collège  des  Jacobins 
de  Limoges,  La  commuiiautâ  réTormée  était  donc  environnée  du 
périls.  (Voy.  pour  plus  de  détails  notre  Histoire  de  la  Réforme 
dans  U  Marche  et  le  Limousin...  ch.  vu.) 

(3)  Apparentée  aux  Lescours  de  Savignac,  calvinistes,  et  par 
suite  k  la  branche  des  Haleden,  qui  s'intitulaient  seigneurs  de 
Heillac  et  de  Savignac. 

(Il  St-Claud-sur-le-Son,  arrondissement  do  Confoiens  (Cliarente). 

(5)  C'est  la  première  fois  que  nous  trouvons  mentionné  le  temple 
de  Rochechouart,  Jusque  vers  1630,  les  protestants  s'assemblaient 
dans  la  maison  de  ville.  L'abbé  Nadaud  prétend  {Mémoires  ma- 
nuscrits, 1,  58)  que  ce  temple  fui  commencé  eu  avril  1637.  Cette 
date  est  douteuse  si  l'on  se  souvient  que  les  protestants  do  Roche- 
chouart, condamnés  par  les  Grands-Jours  de  Poitiers  en  1634,  n'ob- 
tinrent la  reconnaissance  de  leur  droit  que  par  arrêt  du  Conseil 
du  10  mai  1639.  Avril  1631  doit  sans  doute  être  corrigé  en 
août  1639. 


DigmzcdbyGoOgle 


—  605  — 

la  marquise  [de  Rochechouarl]  (1)  advertie  de  cela,  à  l'ab- 
sence de  M.  de  Pompadour,  son  mary,  lors  en  cour,  en- 
voie quérir  les  anciens  de  la  dicte  religion,  leur  défendit 
de  s'assembler  le  jour  extraordinaire  et  d'avoir  eu  un 
pasteur  nouveau  sans  sa  permission,  qu'elle  n'entendait 
que  cela  fut.  De  la  pari  des  anciens  fut  respondu  qu'ils 
le  pouvoient  en  vertu  de  l'esdict  du  roy.  Sur  cela  ils  se 
retirèrent;  et  venue  au  dict  temple  l'assemblée  entière,  fut 
chanté  par  maistre  Daniel  Boulesteys,  ancien,  le  psaume 
35  (2).  Dans  ce  temps  la  dicte  dame  fait  sonner  le  tocsin 
el  battre  un  tambour  par  les  rues,  à  la  diligence  des 
consuls  de  la  ville,  estant  lors  maistre  Jean  Simon  pi-o- 
cureur  fiscal,  Pierre  Simon,  son  frère,  Jean  Desvergues 
el  François  Reys ,  tous  catholiques  romains.  Pendant 
l'action,  lorsque  le  dict  Boulesteys  faisait  la  lecture  du 
segond  chapitre  de  l'Apocalypse  ou  révélation  de  S.  Jean  (3j, 
la  dicte  dame  arrive  au  temple  accompagnée  des  dicts 
consuls,  curé  et  autres  habitans  de  la  dicte  ville  et  ses 
serviteurs  armés  d'espées  et  fusils,  ayant  trois  cors  de 
chasse  qui  jouaient  dans  la  porte  el  fenestre  du  dict 
temple,  avec  les  cris  el  voi-\  du  peuple,  ce  qui  empescba 
l'office  divin,  ne  pouvant  glorifier  Dieu  parmi  ce  tinta- 
marre. Il  fallut  cesser  et  parler  à  la  dicte  dame;  et  luy 
fut  accoi-dé  que  le  prêche  ne  se  faîrait  iiy  les  mariages  (4). 


(I)  Haric  do  Rochechouarl  était  Rlle  do  Jean  II,  vicomte  de 
Rochechouarl  (f  1617),  et  avait  épousé  en  16i0  le  marquis  de  Pom- 
padour.  Elle-mérae  mourut  en  16C5. 

{2)  t  Ëtcrncl,  débats  coDtrc  crux  qui  débattent  contre  moi,  etc..  * 

(3)  >  Écris  à  l'ange  de  l'Ëglise  d'Éphëse etc.  " 

(4)  Sur  ce  singulier  épisode,  roy.  aussi  Ëtio  Dcnoit,  Jliat.  de 
l'Édit  de  Nanteê,  III,  IG6.  L'exacte  concordance  de  quelques  dé- 
tails est  à  remarquer.  —  Voici  comment  l'abbé  Nadaud  (Mémoirea 
mss,  I,  58)  raconte  les  événements  :  ■  Vers  ICll  (sic,  d'après  notre 
copie),  Harie  de  Rochcchouart,  marquise  de  Pompadour,  fut  au 
lieu  où  ils  [les  huguenots  do  Rochechouarl)  Taisaiont  leurs  exer- 
cices et  empêcha  que  le  ministre  Ferran  ne  prêchât.  Ayant  exhorté 
les  huguenots  à  so  convertir,  elle  voulut  exposer  sa  vie  et  soti 
sang  pour  leur  conversion  (!).  »  —  L'abbé  Logros  rapporte  les  faits 

T.  VIL  4~S 


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Ils  furent  faicts  [le  presche]  le  jour  suivant  par  le  même 
pasteur  au  lieu  de  la  Stidrie  (1),  les  dicts  mariages  le 
mercredy  suivant.  Il  fut  délibéré  entre  le  dicl  corps  dans 
le  temple  de  ce  que  l'on  avait  à  faire  pour  ce  sujet.  Il  fut 
résolu  que  l'on  envoyerait  homme  exprès  à  Paris  pour 
porter  la  plainte  au  roy.  Il  fut  choisi  maistre  Daniel  de 
la  Cbaulmette,  advocat,  et  pour  ce  faire  il  fallut  lever 
argent  sur  le  troupeau.  Jean  bailla  12  11. 

18  I*. 

Le  mercredy,  27'  jour  du  mois  de  may  1653,  nous 
avons  sceu  les  nouvelles  de  Paris  de  l'affaire  de  ceux  de 
la  religion  réformée,  à  la  diligence  de  M.  Ghomette  à 
ce  sujet  envoyé  au  dict  Paris,  dont  il  a  faict  tenir  un 


d'une  manière  un  peu  moins  ioexacte  dans  ses  Anna.leê  manus- 
crites (p.  597)  :  a  Mario  de  Roohechouart,  dame  de  Pompadour,  vint 
à  Rochcchouart  avec  des  giens  armés,  en  1654,  pour  empêcher  les 
protestants  de  faire  leur  exercice  dans  leur  temple.  Elle  At  battre 
la  cloche  sur  eux  tellement  que  tous  se  retirèrent. 'Ils  disent 
qu'elle  porta  perte  à  la  ville  de  cent  mille  livres,  apparemment 
par  leur  transmigration  dans  d'autres  lieux  et  par  Les  mouveraenta 
qu'ils  se  donnèrent  pour  être  rétablis.  Quoi  qu'il  on  soit,  cette 
église  prétendue  réformée  s'assembla  au  château  de  Champniers 
dont  H.  Dulau,  calviniste,  était  seigneur,  le  12  Juillet  de  cette 
année,  &  cauqo  des  poursuites  de  cette  dame  qu'ils  qualilient  de 
persécutions.  >  A  ne  considérer  que  les  faits,  ce  récit  renferme 
une  erreur  de  date  (1654  pour  1653)  et  une  confusion  de  lieui 
(Champniers  pour  la  Sudrie).  —  Le  Champniers  dont  M.  Dulaux, 
déjà  seigneur  de  Gellettes  et  Cliambon,  était  baron,  est  situé  dans 
l'arrondissement  d'Angoulêmc,  ft  neuf  lieues  au  moins  de  Rocbe- 
cliouart,  ce  qui  permet  déjà  de  suspecter  l'exactitude  du  rensei- 
gnement donné.  (Voy.  Bugeaud,  Chron.  prot.  de  iAngoumoïs, 
96  et  352.)  Nous  n'avons  pu  retrouver  à  quelle  source  Legros  avait 
puisé  ces  renseignements  circonstanciés.  Nous  ferons  remarquer 
seulement  que  ce  baron  de  Champniers  est  colui-là  même  à  qui 
Daniel  de  Bartlie  avait  dédié,  en  1631,  sa  conférence  avec  le  capucin 
Philippe.  (Voy.  notre  Hist.  de  la  Réforme...  ch.  vi.) 

(I)  La  Sudrie  (aujourd'hui  commune  du  Lindois,  arrondissement 
de  Confolens,  Charente),  à  quelques  lieues  au  sud-ouest  de  Roche- 
chouart,  possédait  alors  une  église  de  fief. 


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—  607  — 

paquet  par  le  courrier  de  Limoges,  dans  lequel  estoit  une 
lettre  d'icelluy  contenant  son  arrivée,  la  diligence  qu'il 
avoit  faite,  autre  lettre  de  M.  Drelincourt  (I)  pasteur,  don- 
nant assurance  de  travailler  pour  cette  affaire  et  toute 
l'esglise  de  Paris  avec,  un  arrest  donné  au  Conseil  ie 
13*  jour  du  mois  de  may  1653  par  lequel  est  défendu 
à  ceux  qui  font  profession  de  la  religion  réformée  en  la 
ville  de  Rochouard  de  s'assembler  extraordlnairement,  ne 
faire  fonctions  publiques  jusque  [à  ce]  qu'il  en  soit  dict 
plus  amplement. 

Nous  nous  assemblâmes  le  vendredy  suivant  dans  le 
temple.  Le  samedy  suivant,  30'  de  may,  Madame  la  mar- 
quise [de  Rochechouart]  flct  signitler  le  dict  arrest  par 
Perigord,  sergent  royal,  donné  à  Abraham  Soury,  un  des 
membres  de  l'esgliiîe.  Landemain  jour  de  dimanche,  fegte 
de  Pentecoste,  nous  cessâmes  de  nous  assembler  |2).  Dieu, 
par  sa  grâce,  nous  veuille  bicntost  restablir  et  nous  con- 
soler en  une  telle  afHiction. 
18  V. 

Le  dimanche  21*  Jour  de  septembre  1653,  environ  10 
heures  du  soir,  est  née  la  ûlle  naturelle  et  légitime  de 
maistre  Amber  Debarthe,  pasteur  (3),  et  de  Françoise  de 
Labrunye,  sa  femme.  Elle  a  estée  baptisée  le  dimanche 
douzième  d'octobre  1G53  en  l'esglise  de  la  Sudric,  paroisse 
et  juridiction  du  Lindois,  par  les  mains  de  M.  Declave, 
pasteur  du  sainct  Ësvangille  en  l'esglise  de  la  Rochefou- 
caud  et  la  dicte  Sudrie,  son  anne.<ie.  A  esté  son  parrin 
Jean  de  Ghesadour  (4),  escuyer,  sieur  des  Champs,  cousin 

(1)  Il  s'agit  ëvidemment  du  célèbrn  pasteur  de  l'église  de  Paris, 
f  1669, 

(2)  Cette  interruption  du  culte  réforme  à  Rochechouart  dura  jus- 
qu'en décembre  1655.  Voy.  plus  loin  b.  cette  date. 

(3)  Voy.  ci-dessus  à  la  date  du  21  mars  1653. 

(4)  Plus  ordinairement  Esghizaikiuii.  Les  soigneurs  de  ce  tiom, 
calvinistes  déclarés,  habitaient  au  voisinage  de  Chàteauneuf-la- 
For£t,  où  leur  chAteau  de  Bëthe  (paroisse  de  Susaac)  avait  donné 
naissance  à  une  égliae  de  fief.  (Voy.  notre  Hist.  de  la  Réforme... 


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germain  de  la  fille;  sa  marrine,  Suzanne  Boulesteys, 
femme  de  Jean  de  Labrunye,  sa  tante,  absente,  mais 
Elisabeth  de  la  Chaulmette,  vesve  de  feu  Louys  Desvaud, 
présentant  pour  elle.  La  dicte  fille  posthume,  qui  porte  le 
nom  de  Suzanne,  est  née  six  mois  apprès  la  mort  de  feu 
maistre  Ambert  de  Barthei-^on  père. 

L'on  a  laissé  l'acte  baptistaire  entre  les  mains  des  an- 
ciens de  la  dicte  esglise  à  Abraham  Chazaud,  scribe, 
signé  F.  DE  Labrunye,  Jean  de  Chesadouh,  Ysabeau(I)  de 
LA  Chaulmette.  L'on  a  prins  copie  de  celluy  donné  à  la 
dict«  de  Labrunye  signé  Declave,  pasteur,  Dueoullb,  an- 
cien de  la  dicte  esglise. 
19  1-. 

Le  jeudy  16*  jour  du  mois  d'octobre  1653,  mourut  Anne 
Fontaneau  (2),  femme  de  maistre  Daniel  Debarthe,  mi- 
nistre quand  vivoyt  du  Sainct  Ësvangille  en  Teaglise  de 
Limoges  et  Rochouard(3).  Elle  fut  enterrée  au  cimetière 
du  dicL  lieu-,  le  mesme  Jour. 

Le  dimanche  19*  jour  d'octobre  1653,  ceux  de  la  relli- 
gion  refformée  s'assamblérent  dans  leur  temple  pour  faire 
la  prière  en  vertu  de  l'arrêt  donné  au  Conseil,  le  8*  jour 
d'aoust  1653,  qui  renvoya  les  parties  à  la  Chambre  de 
l'Esdit  de  Paris  pour  juger  en  deffinitive  et  sans  que 
l'arrest  donné  sur  requeste,  le  13*  jour  de  may  1653,  tire 
à  conséquence.  Le  soir,  apprès  la  sortie  do  la  prière, 
M.  de  Pompadour  revenu  de  la  chasse,  accompagné  de 
ses  serviteurs,  fut  en  la  maison  de  feu  Jean  de  la  Chaul- 
mette, là  où  il  i-encontra  maistre  Théodore  de  la  Chaul- 


ch.  IX.)  Jean  d'Eschizadour  avait  épousa  an  16t^  Marie  de  Barthe, 
fille  du  pasteur  Daniel  de  Barthe.  11  était  donc  en  effet  cousin  par 
alliaiico  de  la  baptisée.  (Cf.  le  Nobit.  de  la  GénératHé,  II,  91,  et 
lus  extraits  du  Registre  bapl.  de  Rochechovarl  que  nous  comptons 
publier  dans  l'appendice  de  notre  Hiêl.  de  la  Réforme...] 

(I)  Appelée  plus  haut  Élisabelh. 

(3)  Cf.  plus  haut  la  mention  de  janvier  1644  el  la  noie. 

{i)  Voy.  ci-dessus  à  la  date  du  H6  avril  lGâ3. 


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mette,  misistre  de  la  parolle  de  Dieu  (i),  auquel  il  b&illa 
trois  coups  d'espée,  sans  autres  coups  qu'il  receut  de  ses 
serviteurs;  et  n'eut  esté  qu'il  se  sauvait  à  la  fuicte,  on 
l'eut  laissé  mort  dessus  la  place  à  force  de  coups.  En 
mesme  temps,  le  dict  seigneur  de  Pompadour  fut  en  la 
maison  de  maistre  Jean  Fourgeaud,  adTocat,  lequel  fut 
prius  sur  sa  maison  se  voullaut  sauver,  où  il  receut  plu- 
sieurs coups  et  sa  femme  aussy.  L'on  l'amena  au  châ- 
teau dans  la  prison,  là  où  l'on  luy  fit  endurer  divers 
tormens  endurés  jusques  au  mardy  d'auprès,  qu'il  fut 
rnia  hors  la  dicte  prison.  Il  se  fit  diverses  menaces. 
mesme  d'envoyer  gens  de  guerre  dans  les  maisons  de 
ceux  qui  avoient  assisté  à  la  dicte  prière.  Geste  crainte 
et  peur  fit  diviser  les  membres  de  ce  corps,  [ce]  qui  causa 
la  discontinuation  de  s'assembler  (2). 

(9  V". 

Le  mercredy,  septiesme  jour  du  mois  de  janvier  1654, 
neuf  heures  du  matiu,  mourut  Suzanne  de  Barthe,  fille 
légitime  de  maistre  Amber  de  Barthe  et  de  Françoise  de 
■LabruHye  (3).  Elle  fut  enterrée  le  mesme  jour  dans  le 


(I)  Ce  Théodore  de  la  Chaulmette  appartient  évidemment  à  la 
famille  du  merae  nom  qui  comptait  alors  tant  de  représentants  à 
Roehecbou»rt,  £lie  Beoott  le  déclare  d'ailleurs  expressément  dans 
son  Hiat.  de  VÈdit  de  Nantes,  III,  IGS.  Le  pasteur  Etienne  de  la 
Chaumette,  dont  la  veuve  habitait  RochechouarL  en  1604  (d'après 
le  Beg.  de»  délibérationg  du  Conêistoire ,  16  acrif  i60i),  eat 
peut-être  un  de  ses  ancêtres  en  ligne  directe.  Théodore  de  la 
Chaumette  avait  d'abord  desservi  une  église  du  Poitou  dont  le 
nom  ne  nous  a  pas  été  conservé.  En  1G4B  il  passa  ii  Maringues, 
en  Auvergne,  où  il  resta  jusqu'à  la  Révocation.  (Voy.  les  Actet 
du  synode  de  Bourgogne  tenu  à  Is  sur-Tille,  et  i'IIisloire  des 
guerre»  de  religion  en  Autsergne  par  Imberdia,  II,  545.)  On  ne 
peut  donc  conclure  de  sa  présence  à  Rochechouart  en  1653  qu'il  y 
ait  rempli  les  fonctions  pastorales  autrement  que  par  occasion. 

(2}  Cf.  sur  oe  nouvel  épisode  Ëlie  Benoît,  Hialoire  de  t'Èdit  de 
Nanle»,  III,  168. 

(3)  Voy.  ci-desaus  à  la  date  du  21  septembre  1^51 


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—  610  — 

cimetière  de  la  présente  ville,  auprès  le  tombeau  de  feu 
le  dict  Amber,  son  père.  Elle  estoit  âgée  de  trois  mois 
et  deniy. 

20  V. 

Le  lundy  de  Tannée  1653,  au  quinziesme  jour  du  mois 
de  décembre,  environ  10  heures  du  soir,  Dieu  de  sa  grâce 
a  envoyé  et  mis  au  monde  une  fille  du  mariage  légitime 
d'entre  Jean  de  la  Brunye  et  Suzanne  Boulesteys,  ses 
père  et  mère,  lesquels  font  humble  requeste  au  Créateur 
de  tout  le  monde,  sauveur  et  rédempteur  de  toutes  les 
humaines  créatures  qui  icy  sont,  il  lui  plaise  faire  grâce 
et  miséricorde  à  la  présente  née  en  luy  remettant  ses 
corruptions  naturelles  comme  à  l'un  de  ses  chers  enfants 
qui  deminde  la  bénédiction  de  son  Dieu,  la  faveur  et 
bonté  de  son  père  céleste.  Au  lieu  de  la  Sudrie,  juri- 
diction du  Lindois,  le  dimanche  25'  jour  de  janvier  1654, 
a  esté  baptisée  par  les  mains  de  M.  Declave(i),  ministre 
du  Sainct  Ësvangille  en  resglize  de  la  Rochefoucaud  et  la 
Sudrie,  sou  annexe,  Françoise  de  la  Brunye,  flile  de  Jean 
de  la  Brunye  et  Suzanne  Boulesteys,  habilaus  de  la  ville 
de  Rochouard.  Son  parrin  est  Jean  Boulesteys,  sieur  de 
la  Doradie  ;  sa  marrine  Françoise  de  Labrunye,  vesve 
de  feu  maistre  Amber  Debarthe,  vivant  ministre  de  Cha- 
teauneuf  en  Limousin  (2),  aussy  habitans  du  dict  Ro- 
chouard oii  l'exercice  de  la  religion  n'est  à  présent  permis- 
La  dicte  Françoise  est  née  dès  le  15*  jour  du  mois  de 
décembre  de  l'année  1653.  Le  présent  acte  a  esté  dellivré 
en  la  mesme  forme  à  Abraham  Chasaud.  ancien  et  diacre 
en  la  dicte  esglise  de  la  Sudrie,  où  sont  les  signés  :  J.  de 
lA  Brunye,  J.  Boulesteys,  Françoise  de  Labrunye. 
20  V. 

Le  mercredy  unziesme  jour  du  mois  de  febvrier  1654, 


(1)  Déjà  mentionné  ft  la  date  du  21  septembre  16U. 
(2)' Cf.  ci-dessus  SI  mars  1653  et  16  avril  1649,  oi 
Bartbe  est  dit  ministre  de  Meillars. 


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—  611  — 

UDie  heures  du  Boir,  décéda  la  dicte  Françoise  de  la 
Bruuye  (1)  et  fut  enlerrée  le  jour  suivant  au  cimetière 
de  BoDmoussoD  auprès  de  la  âUe  de  feu  maistre  Amber 
Debarthe.  Dieu  par  sa  grâce  luy  veuille  avoir  faict  misé- 
ricorde, n'imputant  point  en  elle  le  péché  de  ses  père  et 
mère  et  encore  [2)  grandement  entachée. 

Apprës  avoir  constamment  attendeu  de  l'Éternel  la  vol- 
lonté,  il  se  tourne  de  nostre  costé  et  apprès  longtemps 
avoir  esté  affligés,  il  nous  a  consolés  et  relevés.  Le  29*  jour 
du  mois  de  may  1654,  nostre  roy  débonnaire  a  remis  en 
l'exercice  de  la  religion  ceux  qui  en  font  profession  dans 
.  la  ville  de  Rochouard,  dans  leur  temple  accoutumé,  leur 
permettant  par  arrest  de  son  Conseil  d'Estait  en  la  fonne  . 
qui  suit  :  Apprës  [examen]  de  toutes  choses  rapportées 
dans  la  requeste  des  supplians,  le  roy  estant  en  son  Con- 
seil, conformément  à  l'arresl  de  son  dict  Conseil  du 
8  d'aoust  1653,  a  renvoyé  et  renvoyé  la  dicte  requeste 
en  la  Chambre  de  l'Ëdlct  du  Parlement  de  Paris,  pour 
estre  pourveu  aux  parties  ainsi  qi^'îl  appartiendra  par 
raison  ;  cependant  en  interprétant  le  dict  arrest,  sa  dicte 
Majesté  par  provision  a  ordonné  et  ordonne  que  les  habi- 
tans  de  la  ville  de  Rochouard  faisans  profession  de  la 
religion  prétendue  réformée  fairont  l'exercice  publique  de 
la  dicte  religion  dans  la  dicte  ville  de  Rochouard  au 
mesme  lieu  et  ainsin  qu'ilz  faisoyent  avant  l'arresl  de  son 
dict  Conseil  du  13  may  1653,  jusques  à  ce  qu'autrement 
par  ta  dicte  chambre  de  l'Esdict  (3)  en  aye  esté  ordonné 


(1)  Fille  en  bas-ftge  de  Jeui  de  la  Brunye.  Ne  point  la  confondre 
avec  Françoise  de  la  Brunye,  mariée  k  Etienne  Boudaud  vers  ]Mt, 
d'après  une  mention  d'août  165!,  ni  avec  une  autre  Françoise  de 
la  Brunye,  mariée  à  Â.mbert  de  Barthe  en  premiËres  noces,  à  Jean 
d'Eschizadour,  aieur  des  Champs,  en  secondes  noces,  et  morte  le 
1%  oelobre  1659.  Voy.  aux  dates. 

12)  Ce  et  encore  semble  équivaloir  &  notre  encore  que. 

(3)  L'abbé  Nadaud,  dans  ses  Mémoires  manugcritë  [I,  58),  parle 
d'un  ■  arrêt  de  défense  contre  les  huguenots  de  Rochechouart,  » 
rendu  le  11  août  1654  par  la  chambre  de  l'Ëdit.  Ce  ne  serait  en 
tout  cas  qu'un  arrêt  provisoire,  l'arrêt  définitif  n'ayant  été  rendu 
qu'en  février  1661,  comme  il  est  dit  plus  loin. 


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et  sans  que  le  présent  arrcst  puisse  nuire  ny  préjudicier 
au  droit  des  parties,  au  principal.  Faict  au  Conseil  d'Estat 
du  roy,  sa  M;ijesté  y  estant,  tenu  à  Paria  le  29'  jour  de 
inay  1654.  Ainsin  signé  :  Letellieh.  Avec  la  commission 
du  mesme  jour  pour  faire  mettre  le  présent  arrest  en  exé- 
cution. Signé  :  Louis.  Par  le  roy  :  Lktellieb. 

21  v°. 

Autre  arrest  du  Conseil  d'État  du  roy,  daté  du  dixième 
jour  d'octobre  1604  (I),  par  lequel  sa  Majesté  ordonne  que 
les  habitans  de  Rochouard  faisans  profession  de  la  reli- 
gion prétendue  réformée,  rentreront  incontinent  sans  délay 
en  l'exercice  public  de  leur  religion  dans  la  ville  et  au 
mesme  lieu  qu'ils  faisoient  leur  dict  exercice  avant  arrest 
du  Conseil  du  13  niay  1653,  signé  et  scellé  du  grand  sceau  : 
Letbllier  ;  et  la  commission  y  attachée.  Lequel  arrest  fiil 
signifié  par  L.  Laprade,  sergent  royal,  le  septiesme  jour 
de  novembre  1654.  Le  jour  suivant  (2),  les  dicts  habitans 
faisans  profession  de  la  religion  voulant  faire  leur  exer- 
cice, le  sénéchal  fit  fermer  les  portes  de  la  ville.  Contre 
le  dict  empêchement  il  fallut  se  pourvoir  au  Conseil  et 
y  fut  envoyé  le  sieur  de  Couturele,  député,  qui  obtient 
du  Conseil  par  la  faveur  de  noslre  bon  roy  commission 
adressante  à  M.  de  Champini,  départi  par  sa  Majesté 
pour  faire  la  visite  dans  la  Généralité  de  Limoges  [3),  avec 
Jettre  de  cachet  du  3  décembre  1654.  Le  15*  jour  du  mois 
de  décembre  1655,  jour  de  vendredy,  le  dict  sieur  de 
Champini  se  porte  en  la  ville  de  Rochotiard  et  en  vertu 
de  sa  commission  il  a  restably  et  remis  les  dicts  habi- 
tans faisans  profession  de  la  religion  en  l'exercice  d'icelle, 
dans  leur  temple  accoutumé,  pour  faire  l'exercice  public 


(1)  Le  texte  porte  Ifill  en  toutes  letlros.  La  suite  montre  qu'il 
faut  lire  IG54. 

(2)  Qui  80  trouvait  être  un  dimanche. 

(3)  Bocliard  de  Ghampigny  Tut  intendant  do  la  Généralité  de  Li- 
moges jusqu'en  1658. 


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—  613  — 

en  iceluy  jusques  à  ce  que  autrement  en  ayt  esté  ordonné 
par  la  Chambre  de  l'Édict  du  Parlement  de  Paris,  parties 
coiitradictoirement  appellées.  Le  presche,  à  l'ouverture  du 
temple,  le  dict  jour,  a  esté  faîct  par  M.  Ferant,  pasteur  de 
Champagne-Mouton  (I),  l'ordonnance,  deffenses  et  procès- 
verbal  faicts  par  le  dict  sieur  commissaire,  apprès  la  lec- 
ture du  dicl  arrest,  commission  et  lettre  de  cachet  faicte 
à  l'ouverture  du  temple. 


Le  trentiesme  Jour  du  mois  d'octobre  1656,  les  soubz 
signés  anciens  et  autres  de  l'église  réformée  de  Ro- 
chouard,  T^ouis  Reynaud,  médecin,  Jean  Fourgeaud,  Da- 
niel Botilesleys,  advocats,  Abraham  Soury,  Pierre  Dela- 
chaulmette,  appothicaires,  Jean  de  Lachaulmette,  Louis 
,  Boudaud,  marchands,  David  Soury  et  Jean  de  Labrunye, 
bourgeois,  se  sont  tous  obligés  à  haut  et  puissant  Fran- 
çois de  Roy  de  Larochefoucaud,  comte  de  Rousiers  et 
autres  places,  absent,  mais  M.  de  la  Simonie,  advocat  de 
Champagne  [-Mouton],  présent  pour  luy,  pour  la  somme 
de  1,000  II.  au  terme  de  Noël  prochain,  [l'obtigationj 
signée  des  susdits  débiteurs  obligés  solidairement,  biens 
et  personnes,  receue  par  P.  Marron  et  J.  de  La  Chaul- 
mette,  notlaires.  La  dicte  somme  de  1,000  11.  a  esté  em- 
pruntée pour  servir  aux  affaires  et  nécessités  de  l'esglise 
réformée  du  dict  Rochouard  et  en  particulier  pour  la 
commission  de  maislre  François  de  Crest,  conseiller  or- 
donné par  arrest  donné  à  la  Chambre  de  l'Esdict,  le 
7  septembre  1656,  pour  faire  enqueste  de  la  possession, 
temps  et  lieu  de  l'exercice  de  la  dicte  religion  (3|.  Pour 


0)  Arrondissement  de  Gonfolens,  Charente.  —  Férsnt  était  déjà 
venu  à  Roc  h  ce  hou  art  en  avril  1653;  il  était  alors  pasteur  de  Saint- 
Ci  aud- sur -le- Son.  (Voy.  à  la  date.)  A  partir  de  1659,  il  fut  pasteur 
titulaire  de  Bochechouarl. 

(2)  Ce  passage  et  tout  ce  qui  suit  prouve'  que  l'ordonnance  de 
1055,  mentionnée  plus  haut,  n'était  déjà  plus  respectée.  L'inter- 
ruption du  culte  réformé  ii  Bochechouart  dura  jusqu'en  1661. 


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—  614  — 

7  travailler,  s'est  le  dict  sieur  de  Grest,  commissaire, 
transporté  en  la  ville  de  Rochouard,  le  mardy  24  d'oc- 
tobre 1656,  assisté  du  sieur  Martin,  commis  du  greffier 
du  Parlement,  du  procureur  du  roy  de  Poitiers,  substitut 
du  procureur  général,  et  du  sieur  Bëslit,  procureur  à 
Poitiers,  son  adjoint,  qui  estoit  de  la  religion;  et  ont 
logé  à-chez  (1)  Jean-Simon  dict  Lamy.  Le  dict  sieur 
commissaire  estoit  venu  en  carrosse  où  estoit  sa  femme 
et  autres  [personnes].  Il  commença  à  travailler  le  mer- 
credy  apprës  son  arrivée.  Nous  le  fumes  voir  en  corps, 
de  ceux  de  la  religion,  et  avions  esté  au  devant  de  luy 
jusgues  à  Chabannais.  Il  donna  son  ordonnance  qui  fut 
signifiée  le  dict  jour  par  Ghomette,  sergent  de  nostre 
corps.  Poiir  voire  convient  d'adjouter  [2)  qu'il  fut  de  la 
personne  du  dict  sieur  Beslit  où  il  fut  longtemps  ver- 
baliste  de  la  part  de  M.  de  Pompadour  qui  lors  estoit 
à  Rochouard  avec  Madame,  le  sieur  président  de  Limoges, 
le  syndic  du  clergé  du  dict  lieu  intervenant  au  procès. 
Ceux  qui  verbalisoient  pour  le  dict  seigneur  de  Pompa- 
dour estoient  le  sieur  Rempnoux,  son  procureur  de  Paris, 
l'advocat  Maisoudieu  et  le  lieutenant  de  Pompadour;  et 
de  la  part  du  corps  de  ceux  de  la  religioEP,  les  sieurs 
Fourgeaud  et  Boulesteys,  membres  du  dict  corps.  Le 
jeudy  suivant,  il  fut  donné  assignation  à  ceux  de  la 
religion  pour  voir  produire  et  jurer  tesmoîngs  de  la  part 
du  dict  seigneur  et  à  la  requeste  du  procureur  général, 
là  où  se  présenta  grand  partie  du  dict  corps,  où  fut 
prins  le  serment  de  10  tesmoings  pour  estre  ouys  sur 
les  faicts  qu'ils  ouyroient  cy  apprès.  Pierre  Laborie,  un 
des  membres  du  dict  corps,  qui  avoit  compareu  à  la 
signification,  fut  demandé  pour  des  affaires  particulières 
et  sortit  seul  le  premier  de  la  maison  du  dict  Simon, 
où  il  fut  suivy  par  un  laquais  du  seigneur  de  Pom- 


(1)  Cette  locution  se  retrouve  un  peu  plus  loin. 

(2)  Les  quatre  mots  qui  précèdent  sont  d'une  lecture  douteuse 
Pour  voire  signifierait  ;  pour  vrai,  en  réalité. 


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—  615  — 

padoiir,  jusques  au  devant  la  maison  de  feu  Louys  Des- 
vergnes,  et  là  sans  nul  sujet  fut  battu  par  le  dict  laquais 
à  grands  coups  de  baston  en  luy  disant  :  «  Tu  sais  bien 
ce  que  tu  as  faict.  n  Le  dict  Laborie  (1)  print  telle  crainte 
qu'il  s'en  courut  à-chez  luy  monter  à  cheval  et  s'en  alla 
coucher  aux  Vergues,  paroisse  de  S.  Laurans.  Ne  sachant 
où  il  estoit,  nous  fumea  nous  plaindre  d'une  telle  vio- 
lence au  sieur  commissaire  qui  nous  fit  response  qu'il 
falloit  avoir  le  plaintif  ('2),  auquel  mandasmes  de  se  rendre 
landemain  à  Rochouard,  jour  de  vendredy,  où  comparut 
le  dict  Laborie  devant  le  commissaire  pour  luy  faire  sa 
plainte,  assisté  de  tout  le"  corps.  Lequel  dict  sieur  com- 
missaii-e  ne  rendit  justice  sur  sa  plainte.  Le  landemain, 
luy  fut  présenté  requesle  du  dict  Laborie  et  aulres  au 
nom  du  corps,  où  fui  appointé  par  le  dicl  sieur  que 
nous  nous  pourvoirons  devant  nos  juges  ordinaires. 

Le  dicl  jolir  mourut  Esther  Boudaud,  vesve  de  Jean 
Fresslnet,  el  fui  enterrée  de  jour,  suivant  la  coustume, 
ce  qui  fut  trouvé  mauvais  par  le  dicl  Bampnoux  (3]  et 
remontré  au  dict  sieur  commissaire  el  mis  dans  les 
cahiers.  Le  reste  du  jour,  ils  travaillèrent  à  l'enquesle 
et  landemain,  jour  de  dimanche,  ils  furent  se  promener 
à  Cromiëres  sans  travailler  à  l'enquesle.  Landemain,  il 
fui  ouy  Jean  Debarthe  (4}  sieur  des  Arsis ,  qui  avait 
quilté  la  religion  quelques  jours  avant,  et  ordonné  par 
le  dict  sieur  commissaire  que  visite  seroit  faicte  du  tem- 


(0  Celui-là  m£me  suis  doute  que  le  vicomte  de  Rochechouart 
avait  spolié  de  ses  biens  et  emprisonna  arbitrairement  en  1651. 
Voy.  Ëlie  Benoit,  loc.  cit. 

(2)  G'est-i-dirc  le  plaignant. 

(3)  Procureur  du  seigneur  de  Rochechouart,  comme  il  est  dil 
plus  haut. 

(!)  Évidemment  uli  parent  de  Daniel  et  d'Ambert  de  Barthe, 
mentionnés  plus  haut.  Nous  ne  croyons  pas  qu'on  puisse  i'ideo- 
tificr  avec  un  autre  Barthe  qui  avait  également  quitté  le  protes- 
tantisme déa  164S.  (Voy.  plus  haut,  à  la  date  de  janvier  1644,  la 
note  relative  aux  frères  De  Barthe.) 


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—  616  — 

pie  et  autres  lieux  que  [sic]  l'exercice  de  la  religion  avoit 
calé  faict,  ce  qui  fut  exécuté.  Le  dict  seigneur  de  Pom- 
padour  demandoit  exécutoire  de  la  moitié  des  despens  de 
la  commission.  Il  fut  respondu  par  le  dict  corps  qu'ils 
ne  debvoient  eslre  tenus  à  aucuns  frais,  n'ayans  requis 
l'enquesle  aîns  le  dict  seigneur  de  Pompadour,  mesme 
qu'ils  avoyent  faict  protestation  de  ne  plus  procéder  de- 
vant le  dict  sieur  commissaire,  d'autant  qu'ils  n'estoyent 
en  lieu  d'assurance,  demandant  une  place  royale  et  libre 
pour  faire  leurs  informations  des  excès  qui  leur  avoyent 
esté  faicts,  ce  qui  ne  fut  accordé  par  l'appointement  du 
sieur  commissaire;  que  seullement  nous  ne  serons  tenus 
qu'à  la  moitié  des  frais  fornis  à  fins  de  procès;  et  nous 
mist  soubz  la  protection  et  sauvegarde  du  roy  et  de  la 
cour,  tant  que  besoin  seroit.  Le  dict  sieur  commissaire 
ayant  achevé  son  enqueste  partit  pour  aller  à  Limoges 
avec  ceux  de  sa  compagnie,  le  mardy  31  octobre  1656; 
et  ont  demeuré  les  seigneur  et  dame  de  Pompadour  au 
dict  Rochouard. 

24  V. 

Le  15*  jour  du  mois  de  décembre  1656,  j'ay  esté  reccu 
ancien  en  l'esglise  réformée  de  Rochouard  avec  les  sieurs 
Dasnières,  Laborîe  et  de  Lachaulmette,  appothicaires,  par 
M.  Courant,  pasteur  de  l'esglise  de  Marcillac(l),  Ce  mesme 
jour  la  mie  de  Jean  de  Chesadour,  escuyer,  sieur  des 
Champs,  et  de  damoiselle  Françoise  de  Labrunye  (2)  a 
esté  baptis'ée.  Son  parrin,  mou  fils  Amber  de  Labrunye, 
et  marrine  Elisabeth  de  la  Chaulmette,  portant  son  nom, 
un  jour  de  vendredy,  les  dicts  jour,  mois  et  an.  Sa  nais- 
sance précédoit  de  18  jours  le  baptesme. 

(I)  U  y  a  trois  localités  de  ce  Dom  dans  la  Charente,  dont  deux 
dans  l'arrondiagement  de  Confolens,  —  On  a  vu  précédemment  que 
les  réformas  de  Rocheehouart  avaient  à  plusieurs  reprises  tiré  de 
cette  régioa,  toute  voisine,  des  pasteurs  intérimaires. 

(!)  Cette  Françoise  de  Labrunye  est  la  veuve  du  pasteur  Ambert 
de  Batthe,  mort  en  1G53.  Voy.  4  U  date  des  7  et  25  janvier  I6H. 


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—  617  — 

Le  12*  jour  de  janvier  1657,  il  fut  donné  à  Poitiers 
ordonnance  par  le  Présidial  à  la  requeste  de  M.  le  pro- 
cureur du  roy  du  dict  lieu  et  de  M.  Jean  Chasaud,  curé 
de  Rochouard,  portant  la  dicte  ordonnance  que  les  habi- 
tans  de  Rochouard  faisans  profession  de  la  religion  ré- 
formée et  [les]  voisins  d'icelle  [ville]  de  mesœe  religion 
ne  fissent  les  enterrements  de  leurs  morts  de  jour  ny  avec 
pompe,  n'excédant  le  nombre  de  30  personnes,  et  en  cas 
de  contravention  permis  d'en  informer  et  à  peine  de  100  11. 
d'amende.  La  dicte  sentence  et  ordonnance  fut  signifiée 
aux  parties  par  Robichon,  sergent  royal;  et  [à]  la  foire  de 
la  my-caréme  de  la  dicte  année  (1)  fut  publié  par  le 
sergent-trompette  à  son  de  trompe  et  aux  cris  par  tous 
les  carrefoui-s  du  dict  Rochouard.  Pendant  ce  temps,  pour 
obéir  et  ne  donner  lieu  aux  dépenses  pour  nous  molester 
jusques  à  ce  que  la  cour  y  eut  remédié,  [quand]  mourut 
Madeleine  de  la  Chaulmette,  fille  de  David,  et  Marie 
Pallier,  femme  de  Jacob  de  la  Ghomette,  et  un  enfant 
masle  d'iceux,  lesquels  trois  furent  enterrés  avant  soleil 
levé  et  apprès  son  coucher.  M,  Boulesteys  estant  à  Paris 
pour  les  afTaires  de  l'esglise  réformée  présenta  requeste  à 
la  Chambre  de  l'Esdict,  sur  laquelle  fut  donné  arrest  par 
la  dicte  Chambre  recevant  les  requérans  appellana,  avec 
deffense  aux  dicts  sieurs  procureur  et  curé  de  les  pour- 
suivre ailleurs  qu'en  la  dicte  cour,  leur  fesans  defi'ense 
sur  peine  de  6,000  11.  de  les  troubler  en  leurs  enleri-e- 
menls;  permis  à  eux  de  les  faire  à  toutes  les  heures  du 
jour  comme  avant,  suivant  les  esdicts.  Le  dict  arrest  est 
en  datte  du  3  mars  1657,  signé  Dutillet.  Il  fut  signifié 
au  curé  de  Rochouard,  le  31  mars  du  dict  au,  par  Martin, 
sergent  royal. 
24  V. 

Le  mardy  23'  jour  de  janvier  Ib.')?,  8  lieures  dn  soir, 

(1)  C'est-à-dire  seulement  le  8  mars.  Pourquoi  ce  retard  de  deux 
mois?  En  tout  cas  l'ordonnance  fut  appliquée  im média* emctit  puis- 
qu'il est  dit  plus  loin  que  l'arrêt  di*  la  chambre  de  l'Édit  cassant 
cette  ordoRiianco  est  du  3  mars  1657. 


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mourut  à  la  Bclletnenie  damoiselle  ÉHzabelh  de  Chesa- 
dour(l);  et  a  esté  eoterrée  au  cimetière  de  Bonmousson 
à  Rochouurd,  le  jour  suivaot,  dans  la  fosse  du  fils  de 
la  Desvode. 
{Sur  la  couverture  du  registre)  : 

Le  30  mars  1657,  le  sieur  du  Chalenet,  gendre  de  M,  Fer- 
rand  (2),  apporta  100  11.  que  l'église  de  Vantée  (3)  avoît 
doonéea  de  charité  à  uostre  église  (4).  Le  sieur  Reynaud 
les  print.  Nous  en  donnâmes  acquit  au  dict  sieur  du 
Chatenet. 
25  V. 

Le  dix-septiesme  jour  du  mois  de  décembre  1658,  nous 
M'  Louys  Reynaud,  docteur  en  médecine,  Jean  de  la 
Chaumelte,  marchand  tondeur,  et  Jean  Delabrunye,  filmes 
à  Su  Junien  (5)  pour  chercher  de  l'argent  à  emprunter,  ce 
que  nous  finies  de  M*  François  Tardieu,  docteur  en  méde- 
cine (G)  demeurant  au  dict  S.  Junien 

Et  de  luy  nous  empruntâmes  la  somme  de  500  11.  t. 
payables  de  là  à  un  an  du  dict  jour  par  obligation 
receue  par  Cousder,  notaire,  et  deux  tesmoings.  Le  dict 
prest  estoit  faict  à  cause  des  affaires  de  nostre  esglise 
pour  souslenir  les  procès  de  l'exercice  intervenant  et 
charges  des  conseils  à  la  Chambre  de  l'Esdict,  et  pour 

(1)  Voy.  plus  h&ut  à  la  date  du  15  dâcerabre  1656. 

(2)  Pasteur  de  Champagne- Mouton,  mentionné  plus  haut  à  la 
date  de  décembre  1G55. 

(3)  Co  nom  est  douteux,  étant  &  peu  près  illisible. 

(4)  Cette  mention  confirme  ce  que  dit  M.  Lièvre  dans  son  His- 
toire det  proleglanle  du  Poitou  (11,  53)  :  •  Les  églises  furent  oblî- 

>  gées  (vers  I65S)  de  venir  en  aide,  par  des  souscriptions,  à  celle 

>  de  Hochechouart,  également  pauvre,  et  que  le  seigneur  ne  pou- 
■  vait  non  plus  se  résigner  à  laisser  en  paiï.  s 

(5)  Nous  savions  déjà  par  le  Registre  coneistorial  de  Roche- 
chouarl  (délibératiou  du  10  mai  1020)  qu'il  y  avait  des  protestants 
A  Saint-Junien  au  ivu«  siècle.  Nous  en  trouvons  ici  la  confirmation. 

[C)  Les  mots  qui  suivent  et  ceux  que  nous  avons  remplacés  par 
des  points,  comme  insignifiants,  se  trouvent  à  la  fin  de  l'acte, 
avec  un  signe  de  renvoi. 


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—  619  ^ 

la  charge  des  collecteurs,  réduction  et  liquidation  des 
surtaxes  à  la  cour  des  Aydes  et  autres  procès  particuliers 
rendus  communs,  pour  lesquels  soutenir  le  consistoire 
nous  nomma  par  acte  exprès  inséré  dans  le  livre  consis- 
torial  (1),  portant  que  les  autres  anciens  et  chefs  de  famille 
de  l'esglise  nous  indemniseroient  et  donneroient  des  obli- 
gations de  chacune  100  II.  au  montant  des  sommes  que 
nous  aurions  empruntées  pour  faire  subsister  M.  Boules- 
teys  à  Paris  et  fournir  aux  grands  frais  qu'il  faut  faire, 
ainsin  que  doibt  estre  employée  la  dicte  somme  de  500  11. 
prlDse  par  le  dict  Chomette  pour  la  distribuer  et  faire 
tenir  à  Paris  au  dict  sieur  Boulestçys  nostre  député. 


Le  dernier  jour  du  mois  de  décembre  1658,  nous  nous 
sommes  obligés  les  nommés  M'  Louys  Reynaud,  docteur 
en  médecine,  Jean  de  la  Chaulmette,  tondeur,  et  Jean 
de  Labrunye  pour  les  affaires  de  l'esglise,  comme  dessus, 
de  la  somme  de  douze  vingts  11.  tz.  [2]  au  nommé  la  Hoche, 
chirurgien  du  bourg  de  Massignac  (3);  passée  la  dicte 
obligation  à  Rochouard  devant  J.  Boudaud  et  J.  Des- 
vergnes,  notaires  solidairement  obligés,  le  terme  de  la 
datte  d'icelle  en  un  an.  Le  dict  Reynaud  a  receu  l'ar- 
gent pour  l'envoyer  à  Paris  et  fournir  à  auti-es  affaires 
de  l'église  (4). 

Le  lundy  vingt  uniesme  jour  du  mois  de  juillet  1659, 


(1)  Hention  précieuse  qui  prouve,  comine  déjà  plus  haut  (juillet 
1G14],  la  continuation  du  premior  Registre  conaistorial  de  Roche- 
chouart, 

(!)  Plus  haut  déjà,  aux  dates  du  30  octobre  1656  et  17  décembre 
1658,  nous  avons  vu  les  protestants  de  Rochechouart  emprunter 
une  somme  do  1,000  11.  et  une  autre  somme  de  500  11.  pour  payer 
les  frais  du  procès  qu'on  leur  intentait. 

(3)  Arr.  d'Angoulême.  —  Il  y  avait  dans  cette  localité  une  église 
de  fief  dont  les  origines  remontent  au  xvi*  siècle.  (Voy.  notre  HUl. 
de  la  Réforme ch.  xt.) 

(4)  Voy.  plus  haut,  à  la  date  du  la  janvier  1656. 


DigmzcdbyGoOgle 


—  620  — 

à  3  heures  ai)près  midy,  naquit  une  fille  légitime  de 
Jean  de  Ghesadour,  escuyer,  sieur  des  Champs,  et  de 
damoiselle  Françoise  de  Labmnye  (1)  sa  femme.  Elle  fut 
baptisée  le  lundy  quatriesme  jour  d'aoust  de  la  meeme 
année  dans  le  temple  de  Rochouart  par  M.  Ferant,  pas- 
teur d'icelle  [ville]  (2).  Fui  son  parrin  Jean  de  la  Brunye, 
son  oncle  maternel,  et  marriuc  damoiselle  Jeanne  de  Ghe- 
sadour, sa  tante  paternelle;  et  porte  le  nom  d'icelle. 

Le  mercredy  22'  jour  d'octobre  1659,  euviron  sept 
heures  du  matin,  décéda  damoiselle  Françoise  de  La- 
brunye,  femme  de  Jean  de  Chesidour,  escuyer,  sieur 
des  Ghamps,  dans  leur  maison  au  village  de  Bellemenie, 
paroisse  de  S.  Auvant,  où  ils  faisoient  alors  leur  de- 
meure. Elle  fust  enterrée  le  jour  suivant,  environ  uuze 
heures  du  matin,  au  cimetière  de  Boumousson  de  Ro- 
chouard  et  fust  mise  dans  la  fosse  où  estoit  M"  Anil)er 
de  Barthe,  son  premier  {3)  mary,  sans  pompe.  Adieu,  ma 
sœur!  à  mon  grand  regret  morte  le  14*  jour  de  sa  maladie. 


Le  12'  jour  d'aoust  [1660  ?],  un  jeudy,  trois  heures  apprès 
midy,  mourut  Jean  Boulesteys.  sieur  de  la  Doradière,  et 
fut  enterré  le  Jour  suivant  dans  le  cimetière  de  ses  frères 
de  la  religion  réformée,  dans  le  tombeau  du  sieur  Dunias 
son  grand  père. 
26  V. 

Le  20"  jour  du  mois  d'aoust  1660,  il  s'est  donné  arrest 
d'expédient  à  la  cour  des  Aydes  (4)  entre  les  catholiques 

(1)  Voy.  plus  haut  à  la  date  du  23  janvier  IGïT. 

(!)  Précédemment  pasteur  à  Champagne- Mouton.  C'est  en  cette 
qualité  qu'il  était  venu  à  Rochechouart  en  décembre  I6jr>,  pour  y 
remplir  par  intérim  les  foiictions  pastorales.  Voy.  à  la  date. 

(3)  Le  texte  porto  segond,  ce  qui  est  une  erreur.  Cf.  ci-deasjs 
à  la  date  du  22  janvier  1654. 

(4)  Sans  doute  celle  de  Clermonl-Ferrand,  k  laquelle  ressortiasait 
la  Généralité  de  Limoges.  Il  est  vrai  que  Rochecliouart  dépeiidait 
de  la  Généralité  de  Poitiers.  Hais  nous  avons  déjà  vu  plus  haut 
(1iij4)  que  l'Intendant  de  Limoges  était  directement  chargé  des 
affaires  do  la  religion  dans  la  vicomte  de  Rochechouart. 


ly  Google 


—  6->l   — 

r[oinains]  de  Rochouard,  paroisses  de  Biennac  et  Vayres, 
et  ceux  de  la  religiou  prétendue  réformée,  portant  que  de 
la  somme  des  commissions  des  tailles,  il  seroit  prins  en 
commun  par  les  catholiques  300  11.  et  le  reste  partagé, 
ce  qui  seroit  gardé  à  l'avenir 

les  collecteurs  ca- 
tholiques despuis  1653  jusques  à  1658  deschargés  de  tous 
ahus,  concussions,  malversations  et  surtaxes,  adjugés  par 
arrest  du  13  avril  1658. 

Apprès  avoir  constamment  attendu  de  l'Éternel  la  vol- 
lonté,  il  s'est  tourné  de  mou  costé  et  a  mon  cri  au  besoin 
entendu  (l).  Dieu  par  sa  bonté  nous  a  donné  un  arrest 
favorable  prononcé  à  la  Chambre  de  l'Édict  du  Parlement 
de  Paris,  le  26™  février  1661  [2),  portant  la  maintenue  de 
l'exercice  de  la  r[eIigion],  sy  mieux  M.  de  Pompadour 
n'aimoit  donner  un  lieu  pour  le  temple  et  cimetière  dans 
la  ville  ou  fauxbourgs,  à  la  commodité  des  parties  qui  en 
conviendront  devant  M.  le  séneschal  du  Poitou  ou  M.  son 
lieutenant  général  et  sans  défaut,  toutes  accusations  et 
reproches  mis  au  néant.  Ce  pi-ocès  avoyt  commencé  en 
l'année  1634  (3)  par  divers  arrests  du  Conseil  d'Estat  main- 
tenus par  provision  et  au  fond  (?)  renvoyés  à  la  Chambre 
de  l'Édict,  Loué  soit  Dieu  d'une  sy  grande  délivrance!  (4) 

(1)  Remarquer  la  Fornie  versifiée  de  cette  phrase,  où  pourtant  la 
mesure  fait  défaut.  Il  y  a  là  une  réminiscence  imparfaite  du  psau- 
tier de^Marot.  Le  psaume  XL  cjmmence  ainsi  :  •  J'ai  patiemment 
atlendit  à  l'Èlemel  et  il  s'est  lowné  vers  mot  et  il  a  ont  mon 
cri.  I  (Cf.  ci-dcssua,  sous  la  date  de  novembre  IG44,  ad  pnom, 
et  sous  celle  du  29  mai   1G54.) 

(3)  Cet  arrêt  est  mentionné  dans  le  CataL  de  t'Hial.  de  France, 
sous  la  cote  L  du*  n-  186. 

(3)  Oui,  mais  de  1639  à  1653.  le  droit  des  protestants  avait  été 
Jt  peu  près  respecté. 

(4)  Cet  arrêt  de  février  1661  n'avait  déjà  plus  force  en  1665,  puis- 
que les  protestants  de  Rochechouart  en  dejnandèrent  alors  confir- 
mation. Voy.  Lièvre,  Histoire  des  protestants  du  Poitou,  II,  TS. 
Pour  le  détail  du  long  procès  soutenu  depuis  lGâ3  par  les  pro- 

T.  VIL  4-* 


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27  r. 

Le  dimanche  guinziesme  jour  du  mois  de  janvier  1668, 
dans  la  maison  de  feu  Isaac  Soury  sieur  du  Pré,  Ambert 
de  Labrunye,  mon  fils,  fiança  Suzanne  Soury,  fîlle  du  dict 
feu  et  de  Marthe  I^umeau.  leurs  parens  assemblés.  En  la 
compagnie  d'iceux  fucent  au  temple  de  ceux  de  la  religion 
réformée,  au  dedans  l'enclos  de  la  ville  de  Rochouard,  où 
ils  receurent  la  bénédiction  par  les  mains  de  M.  Ferand, 
pasteur  d'icelle  [ville];  le  contract  signé  des  parens  et 
receu  par  de  la  Couder  et  P.  Perigord  notaires. 
27  V. 

Le  6~*  février  1668,  devant  les  dicts  notaires,  j'ay  prins 
act]uit  des  meubles  que  je  devois  donner  à  mon  dict  fils, 
montant  300  II.,  comme  est  porté  par  le  dict  contract, 
iceus  donnés  en  extrait  à  chacun  leur  prix  et  délivrés 
le  dict  jour,  portés  dans  la  chambre  qu'ils  couchent;  des 
parties  signé  et  à  chacun  donné  copie  du  dict  extrait. 
Aussi  j'ai  baillé  nostre  jument  à  mon  dict  fils  pour  l'ha- 
bit que  je  luy  avois  promis. 

Le  mercredy  24'  d'octobre  1668,  9  heures  du  soir,  est 
né  du  dict  mariage  d'enti-e  les  dicts  Ambert  de  la  Brunye 
et  Suzanne  Soury  un  enfant  masle.  baptisé  le  dimanche 
au  soir  dans  le  temple  à  Rochouard  par  M.  Jean  Fer- 
rand,  pasteur  au  dict  lieu;  par  lui  donné  le  nom  de 
David.  Son  parrin  a  esté  M'  David  Liège,  son  oncle  ma- 
ternel comme  mary  de  Marthe  Soury;  sa  marraine  Su- 
zanne Boulesteys,  sa  grand  mère.  Le  présent  baptesme  a 
esté  enregistré  par  M'  Daniel  Reynaud,  médecin,  dans  le 
livre  de  l'église  réformée  [I],  ensuite  du  mariage  aussy 
rapporté  au  temps  qu'il  fut  faict,  le  dict  acte  signé  des 
dicls  pasteur,  père,  parrain  et  scribe, 

testants  de  Rocliechouart,  voy.  les  truïs  factiiins  conservés  à  la 
Bibliothèque  nationale  sous  la  cote  L  d>T>  n*  186  du  Catalogue  de 
l'Hisloire  de  France.   Nous   les  analysons  d'ailleurs  dans  noIrG 

Hial.  de  la  Réforme ch.  ïi. 

fi)  Cr.  ci-dessus  juillet  I6U  et  décembre  I65S. 


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•28  V. 

Le  samedy  premier  jour  du  mois  de  mars  1670,  à  sept 
heures  du  malin,  est  née  une  fiile  du  mariage  de  Ai^ibert 
de  la  Brunye  el  Suzanne  Soury,  biiplisée  le  jour  suivant 
dimanche,  second  du  dict  mois,  dans  le  temple  de  Ro- 
cliouard  par  M,  Fcrrand  (I),  ministre  au  dict  lieu,  quy 
luy  a  administré  le  saint  sacrement  du  bjptesme  et  im- 
posé le  nom  de  Suzanne.  A  esté  son  parrin  Jean  de  la 
Bmuye,  son  ayeul,  et  marraine  Smanne  Soury,  sa  lanle 
grande;  femme  de  Jean  de  la  Chomeite,  marchand  tondeur. 

Le  mardy  dixsepticsme  jour  du  mois  de  novembre  1671, 
neuf  heures  du  soir,  est  née  une  fille  naturelle  et  légi- 
time du  mariage  de  Ambert  Delabrunye  et  Suzanne  Soury. 
A  esté  baptisée  le  jour  suivant  mercredy,  18  des  dicts  mois 
el  an.  A  esté  son  parrin  François  Boulesteys,  sieur  de  bi 
Doradière,  son  cousin  germain  ;  sa  marraiue  Marthe  Soury, 
sa  tante,  femme  du  sieur  David  Liège.  Le  dict  baptesme 
administré  dans  le  temple,  au  dedans  l'enclos  de  la  ville 
de  Rochouard,  par  M.  Souchet,  pasteur  {2),  lors  au  dict 
lieu,  quy  luy  a  imposé  nom  Marthe,  celuy  de  sa  marraine. 
29  f. 

Le  dimanche  24*  jour  du  mois  de  septembre  1673, 
environ  minuit^  est  née  une  fille  du  mariage  contracté, 
béni  et  consommé  entre  Ambeit  Delabniuye  et  Suzanne 
Soury,  le  24  octobre  1668;  ieelle  baptisée,  son  nom  im- 
posé Eslher  par  M.  Souchel,  ministre  à  Rochouard,  dans 
le  temple  au  dict  lieu,  dedans  l'enc'os  de  la  ville,  le 
vendredy  sixième  jour  du  mois  d'octobre  1673.  A  es\é  sou 
parrin  Isaac  Soury,  son  oncle  maternel;  sa  marraine 
Esther  Boulesteys,  femme  du  sieur  Delaborie,  sa  cousine 
germaine. 


(I)  C'est  la  (leniifere  mention  que  nous  rencontrons  de  U  pré- 
sence du  ministre  Ferrand  k  Rochechouart.  ]|  desservait  cette 
Ëgifae  régulièrement  depuis  16ô9,  mais  y  avait  éié  appelé  à  di- 
verses occasions  h  partir  df;  IfiôX 

(3)  Voy.  les  articles  suivants. 


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Le  lundy  huictiesme  jour  du  mois  d'jsctobre  1674,  en- 
viron mynuit,  est  née  une  fille  du  mariage  d'Ambert  De- 
labrunye  et  Suzanne  Soury;  icelle  heureusement  accou- 
chée, luy  resla  la  difficulté  de  ne  se  pouvoir  délivrer  de 
l'arrière-fais.  Dans  cet  estât,  dans  des  convulsions,  avec 
tout  le  secours  quy  luy  fut  donné,  sa  vye  ne  se  conserva 
que  jusques  au  mardy  suivant,  à  neuf  heures  du  matin 
qu'elle  rendit  l'esprit  au  regret  de  tous  ses  proches.  Le 
jour  suivant,  mercredy,  à'8  heures  du  matin,  elle  fut 
enterrée  au  cimetière  de  Bonmousson  à  Rochouard  dans 
le  tombeau  de  Perier,  sa  mère. 

Le  vendredy  suivant,  12»  du  dict  mois,  sa  fille  fut 
baptisée  dans  le  temple  de  Rochouard  par  M,  Souchet, 
ministre  (t),  qui  lui  donna  le  nom  de  Anne.  Fut  son 
parrain  sieur  François  Soury,  son  oncle  maternel;  sa 
marraine  Anne  BoulesteyS:  fille  de  sieur  Jean  Boulea- 
teys,  sa  cousine  germaine. 

30  r. 

Le  jeudy  sixième  décembre  1674,  à  Rochouard,  en  mai- 
son de  ville,  la  plus  prant  part  des  habitants  assemblés 
ont  nommé  Amhert  de  la  Brunye  avec  M'  Jean  Simon, 
advocat,  pour  suivre  M.  l'intendant  de  Poitou  (2)  à  Poi- 
tiers, pour  là  estre  retenus  en  forme  d'otages  à  raison  de 
l'émotion  émue  par  quelques  habitons  du  commun  peuple 
à  rencontre  d'un  commis  au.t  aydes  porteur  d'un  arrest 
du  Conseil  d'Estat  du  8  novembre  dernier  pour  impo- 
sition nouvelle  sur  le  vin.  eau-de-vye.  bière,  breuvage 
et  vinaigre,  qualifiée  drajt  de  gage,  pour  estre  publié  le 
dimanche  18*  novembre  dernier  que  ta  dicte  émotion  fut 
faicte  (3).   A   cause  d'icelle  ont  esté   nommés   les  Otages 

(1)  Souchet  l'csta  à  Rochcuhouart  Jusqu'en  1G7R;  mais  notre  Livre 
n'en  fait  plus  mention  après  cette  daitc  d'octobre  lû74. 

(2)  René  de  Marillac. 

(ï)  Ce  fait  est  cunflriiiiî  par  les  Lellres  dt>  CnUiert  (II,  SG7). 
l'areils  (roubles  se  produisirent,  pour  les  m^ui'-s  raisons,  à  Coii- 
fulens  et  Angniiléme. 


ibv  Google 


—  fi25  — 

amenés  pour  subir  les  ordres  de  mon  dict  sieur  l'inlen- 
dant;  lesquels  assurés,  leur  a  esté  passé  acle  consulaire 
signé  des  consuls  collègues  du  dict  Simon  et  habitans, 
portant  toute  garantie;  copie  duquel  leur  a  eslé  envoyée 
à  Poitiers,  le  10""  du  dict  mois,  avec  une  requeste  pour 
présenter  à  mou  dict  seigneur  l'intendant  quy  les  con- 
gédia favorablement;  et  ont  arrivé  heureusement  à  Ro~ 
chouard  le  lundy  24™  du  dict  mois,  exems  de  toute  peine 
pécuniaire.  Dieu  en  soit  loué  ! 

37  v°. 

Le  vendredy  environ  minuit  et  le  5*  avril  1680,  est 
né  du  mariage  de  Pierre  Tillarf  sieur  de  Pougaudin 
et  de  Marie  Pascaud,  sa  femme,  un  Qls.  Le  11"*  du 
dict  mois  il  a  esté  baptisé  en  cette  esglise  par  M.  Jou- 
naud  (?),  pasteur  (1),  et  présenté  par  moy  Pougaudin  et 
Judith  Pascaud,  ma  belle-sœur.  On  luy  a  donné  le  nom 
de  Pierre. 

35  r». 

Ce  papier  est  faict  par  moy  David  de  la  Brunye,  en 
l'année  1B84,  au  mois  d'octobre.  D.  de  la  Bbunyk  (2). 

Le  14*  octobi-e  1684,  aujourd'huy  samedy,  entre  trois 
et  quatre  heures  du  soir,  est  décédé  Jean  de  la  Brunye  (3) 


([)  C'est  k  seule  mention  que  aoua  connaiasionB  de  ce  pasteur 
à  Rochechouart.  Ea  raison  dea  relations  plusieurs  fois  constatées 
dans  ce  Livre  de  famille  entre  Rocheohouart  ot  Barbezieux,  nous 
conjecturons  qu'il  s'agit  de  ce  Jouneau  qui  figure  au  Rôle  dea 
ministres  mtorigés  à  quitter  Bordeatix  pour  passer  en  Angle- 
terre en  1685,  avec  cette  mention  :  "  Pliilippo  Jouneau,  cy-devant 
ministre  de  Barbezieux,  avec  sa  femme  et  un  enfant  ftgâ  de  18 
mois.  «  Archives  historique»  de  fa  Gironde,  XV,  519.  Cf.  la  Chro- 
niqve  protestante  de  l'Angoumoii  par  V.  Bujeaud,  année  16S4, 
p.  220.  Si  le  rapprochement  est  exact,  il  faut  consldârer  Jouneau 
comme  pasteur  intérimaire  de  Bochechouart. 

(2)  Fils  d'Ambert  de  la  Brunye  et  de  Suzanne  Soury,  né  en 
octobre  1668,  par  conséquent  &gé  de  16  ans. 

(3)  Le  premier  rédacteur  de  ce  Livre  de  famille. 


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mon  grand  père,  âgé  de  62  ans  on  environ,  et  fut  ense- 
veli le  lendemain  dans  iiostre  jardin  (1). 


Le  11*  aoust  1697,  il  fut  passé  le  contrat  de  mariage 
entre  Pierre  Tillard,  sieur  de  Pougodein,  de  la  viUe  de 
Barbezieux  en  Xaintonge,  et  Suzanne  Delabrunye,  ma 
soeur.  Ils  receurent  la  bénédiction  par  les  mains  de  M.  Des- 
bordes,  curé  de  la  ville  de  fiarbezieux,  le  mardy  22""  oc- 
tobre 1697,  dans  la  chapelle  du  chasteau  de  Barbezieux 

Le  6'  m:iy  1698,  par  arrest  du  Conseil,  le  prévost  de  la 
ville  de  Montmotillon  est  venu  dans  nostre  maison  accom- 
pagné de  M.  nostre  séneschal  et  M.  nostre  procureur 
d'office  et  de  quatre  archers  pour  faire  la  visite  chez  tes 
gens  de  la  religion,  sy  nous  avions  des  armes  et  des  livres 
touchant  la  religiou.  Ils  en  ont  trouvé  la  quantité  de  30 
ou  35;  ils  en  ont  faict  inventaire;  ils  les  ont  mis  entre 
les  mains  de  Jean  Goursaud,  maire  du  dîct  Rochouard. 


Le  8"  novembre  1698,  par  une  requeste  présentée  à  M.  le 
maréchal  d'Estrées  portant  que  l'on  ferait  la  visite  chez  les 
gens  de  la  religion  [pour  voir]  s'ils  n'avaient  point  d'armes 
et  [exiger]  qu'ils  donnassent  leurs  déclarations  de  l'année 
qu'ils  avoient  faict  leurs  abjurations,  c'est  M.  de  Langa- 
lerie  (2),  lieutenant  du  prévost  de  Montmorillon,  accom- 
pagné de  quatre  de  ses  archers,  qui  a  faict  la  visite. 
37  r*. 

Le  27  novembre  1698,  M.  de  Langalerie,  lieutenant  du 
prévost  de  Montmorillon,  accompagné  d'un  archer  ont 


(I)  Ces  inhumations  en  lieu  privé  se  retrouvent,  à  partir  de  cette 
date,  toutes  les  fois  qu'il  s'agit  de  réformés.  Preuve  qu'on  leur 
avait  enlevé  l'usage  du  cimetière  de  Bonmousson  concédé  en  I6!0. 
(Voy.  ci-dcaaus  à  cette  date.) 

(î)  Très  vraisemblablement  un  parent  du  célèbre  marquis  de 
Langallertc,  originaire  de  Lamottc- Charente,  né  en  1G56  el  mort 
en  1717. 


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—  627  — 

faict  la  viBîle  chez  les  catholiques  (sic)  et  inventaii'e  des 
armes  qu'ils  avoient  dans  leui-g  maisoos.  et  aussy  de  la 
campagne,  par  ordre  de  M.  le  mareschal  d'Estrées. 
40  r. 

Le  vendredy  et  le  22'  décembre  1719,  entre  9  et  10 
heures  du  soir,  sortit  de  sa  maison  pour  aller  eu  ville 
Pierre  Tillard,  sieur  de  Pougaudin,  mon  beau  frère;  et 
avons  demeuré  sans  scavoir  de  ses  nouvelles  jusque  au 
mercredy  eosuivant,  27*  du  présent  mois,  qu'un  homme 
en  se  promenant  le  descouvrit  dans  la  rivière,  entre  un 
lieu  appelé  la  Balangerie  et  le  moulin  de  MonvlUe,  dis- 
tant de  derai-lieue  de  Barbezieux.  Cet  homme  vint  advertir 
les  messieui-s  de  la  justice  du  dict  Barbezieux  qui  s'y 
transportèrent  sur  le  lieu  avecque  un  médecin  et  un  chi- 
rurgien qui  tirent  la  visite  du  corps.  On  luy  trouva  un 
coup  de  baston  sur  le  bras  droit,  la  cravatte  qui  avoit 
deux  nœuds  et  fort  serrés  et  que  l'on  luy  avoit  tordu 
le  cou.  On  n'a  point  encore  peu  trouver  aucune  preuve 
jusque  à  présent  de  ses  meurtriers. 

40  r. 

Le  dict  registre  (1)  est  entre  les  mains  de  Pierre  de 
Lachaumette  qui  a  les  registres.  Le  26*  aoust  1737. 

41  r*. 

Ce  papier  est  tenu  par  moy,  Raymond  de  la  Brunye 
en  l'année  1747.  De  la  Brunte. 

Le  19  mars  1747,  dimanche  de  la  Passion,  David  de 
la  Brunye,  mon  père  (2),  eut  une  grosse  enrhumure  jus- 
qu'au jeudy  23*  suivant  qu'il  envoya  chercher  M.  Buis- 
son,'curé  de  St.  Auvent,  pour  le  confesser  et  luy  admi- 
nistrer la  sainte  communion  le  même  jour.  Le  dimanche 
des  Rameaux,   il  luy  prit  une  lièvre  qui  ne  le  quitta 

(1)  Celui  des  délibérations  du  Consistoire*  et  des  actes  baptis- 
taires,  matrimoniaux  et  mortuaires,  mentionné  plus  haut  sous  ta 
date  du  3  juillet  1644. 

(!)  Le  second  rédacteur  du  présent  Livre.  Il  était  né  en  1668. 


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—  628  — 

point,  avec  des  redoubloments  toutes  les  douze  heures. 
Le  mardy  28,  M.  Buisson  viut  le  voir  pour  le  maintenir 
dans  sa  nouvelle  religion,  et  luy  proposa  de  recevoir  le 
sacrement  de  l'extrême-onction  qu'il  reçut  avec  toute  sa 
connaissance.  Le  jeudy,  5  avril,  à  li  heures  du  soir, 
!sa  fièvre  augmenta  avec  des  redoublemens  à  tous  les 
quars  d'heure  jusqu'à  10  heures  du  soir,  qu'il  me  donna 
sa  bénédiction  et  mourut  le  vendredy  7  avril,  à  il  heures 
du  soir,  avec  les  sentimcns  d'un  1)oû  chresticn,  âgé  de 
78  ans  cinq  mois  et  quatorze  jours.  Il  fut  enterré  dans 
l'église  de  Rochechouait,  sous  le  banc  de  la  confrérie  du 
St.  Sacrement,  par  M.  Marcillat,  prêtre,  curé  de  la  pa- 
roisse, le  9  avril  1747,  jour  de  la  Quasimodo,  entre  8  et 
9  heures  du  matin. 

46  V». 

Ce  livre  est  tenu  par  moy  Pierrp  Paul  Delabruiiye  en 
l'année  1788. 

(Suivent  quelques  mentions  insignifiantes  jusqu'en  1792.) 


DigmzçdbyGoOgle 


NUMISMATIQUE 


MONNAIES  TROUVÉES  DANS  LA  CORRÈZE 


lOII&IE  El  M  k  L'EFFICIE  DE  VESPASIEI 

TROUVÉE    PRÈS    DE    SAINT-BONN ET-L'ENFANT1EB 
CANTON   DE   VIOEOIS 

D./.  IMP.OESAR.VESPASIANVS.AVG.TR.P. 
Tète  de  Vespasien  lauré,  regardaot  à  droite. 

R./.  COS.IM.FORT.RED.  {pour  fortuna  re- 
dux.)  La  Fortune  debout,  regardant  à  gauche,  te- 
nant un  globe  et  un  caducée. 

An  71  de  notre  ère. 

Cette  monnaie,  bien  conservée,  a  deux  centi- 
mètres de  diamètre.  Je  l'ai  vue  entre  les  mains 
df^  M""  Renaudie,  à  Brive,  et  nous  en-  aurions 
volontiers  fait  l'acquisition  pour  le  musée  de  la 
ville;  mais  le  villageois  qui  l'a  trouvée  s'en 
exagère  la  valeur  réelle. 

Ph.  Lalande. 

IIIMIE  El  DR  D'ÉDOUAIO  111,  101  D'AKLETERIE  II857I 

TROUVÉE  AU   VILLAGE   DE   SAULIAC 
COMMUNE  DE    SARROUX 

Droit.  —  E  DWARD  d  Dm  GRA  d  REX  £3 
ANGL  ^  FRANC. 
Le  roi  debout  et  de  face  dans  un  navire;  il 


DigmzcdbyGoOgle 


est  couronné  et  porte  de  la  main  droite  une  épée, 
et  de  la  gauche  un  bouclier  aux  armes  de 
France  et  d'Angleterre. 

Revers.  —  IHE  d  AVTEM  t^  TRANSIENS  ^. 
PER  S  MEDIV  ^  ILLORVM  ^  IBAT. 

(S.  Luc,  c.  iv-r,  30.) 

Croix  feuillue  et  cantonnée  de  quatre  léopards 
couronnés.  Sur  la  droite  du  navire  flotte  un  pa- 
villon qui  poi-te  en  cœur  la  lettre  E. 

Or  noble  de  0,024  de  diamètre.  B.  Fillon,  Let- 
tres, page  177,  a  décrit  une  monnaie  du  prince 
de  Galles  (prince  Noir)  entièrement  semblable  à 
la  monnaie  trouvée  au  village  de  Sauliac,  moins 
la  légende  du  droit. 

La  collection  Avril  de  Lavergnée,  à  Niort,  pos- 
sède aussi  cette  monnaie  du  prince  Noir  qui  est 
une  remarquable  exception  dans  le  monnayage  de 
l'Aquitaine. 

Poey. d'Avant,  tome  II,  page  120,  n"  3076,  pi. 
LXIV,  n-  i5. 

Ce  noble  en  or,  trouvé  à  Sauliac  et  frappé  hors 
de  France,  est  la  propriété  de  la  famille  de  Tour- 
nemire  de  Pierrefitte. 

L'abbé  J.-A.  Pau. 

La  Cascade,  le  35  juin  ISB5. 


DigmzcdbyGoOgle 


„Googlc 


RUINES  a, TINTICNAC        //    , 


lyGoogle 


RUINES  ROMAINES 

TINTIGNAC 

(corréze) 


P]B.ëj^lk^BXJL£] 


oiKs  favorisé  sous  ce  rap- 
port que  d'autres  départe- 
ments, celui  de  la  Corrèze 
n'est  pas  riche  en  monu- 
ments de  l'époque  romaine  ; 
on  n'y  rencontre  point  de 
ruines  majestueuses,  com- 
me dans  quelques  contrées 
de  l'ancienne  Gaule.  Et  pourtant  les  conquérants 
de  race  latine  ont  laissé  en  Bas-Limousin  de  nom- 
breuses traces  de  leur  séjour  !  On  y  retrouve  leurs 
cendres  dans  des  urnes  funéraires  exhumées  en 
maints  endroits  où  existaient  par  conséquent  d'an- 
tiques demeures  dont  il  ne  reste  plus  pierre  sur 
pierre(l);  des  monnaies  romaines  sont  parfois  re- 


(l)  Uultetin  de  la  Société  scienli/iquc.   hisloi-iquc  et  arckêo- 
Ui.fuiue  de  la  Corrèze,  tomp  III,  p.  127  i  157,  et  lomo  IV,  p.  355 

k  ^m,  fiîg  h  twi  et  r83  à  tm. 


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cueillies  çà  et  là;  quelques  substructions,  celles  de 
Laroche  près  de  Larche,  par  exemple»  ont  été  l'ob- 
jet d'un  commencement  de  foui!les(i);  il  en  sub- 
siste encoi-e  près  d'Eygurande,  près  d'Argentat  et 
dans  la  commune  de  Saint-Julien-Maumont{2). 

Plus  importantes  et  mieux  étudiées,  les  ruines 
romaines  dites  de  Tintignae,  ont  depuis  longtemps 
été  signalées  à  l'attention  des  archéologues;  elles 
sont  situées  à  huit  ou  neuf  kilomètres  de  Tulle, 
dans  la  commune  de  Naves,  et  aux  abords  de  la 
route  nationale  n"  120.  J'ai  pensé  qu'il  pouvait 
être  bon  de  condenser  dans  le  bulletin  d'une 
Société  corrézienne  la  substance  des  divers  tra- 
vaux publiés  sur  Tintignac;  mais  si  cette  oeuvre 
de  compilation  est  appelée  à  ofîrir  quelque  in- 
térêt, elle  le  devra  surtout  aux  gravures  qui 
l'accompagnent  et  à  l'exposé  de  faits  nouveaux 
résultant  de  fouilles  entreprises  récemment  par 
l'obligeant  propriétaire  du  tènement,  M.  Guillot, 
notre  collègue.  Je  passerai  tout  d'abord  en  revue, 
en  les  commentant  quelque  peu,  les  divers  auteurs 
qui  ont  plus  ou  moins  parlé  de  Tintignac;  puis 
viendra  la  nomenclature  détaillée  des  trouvailles 
qu'on  y  a  faites  à  diverses  époques,  et  en  dernier 
lieu  je  m'occuperai  plus  spécialement  des  sub- 
structions et  de  la  destination  donnée  probable- 
ment jadis  à  ce  grouire  de  monuments.  Le  plan, 
dressé  par  MM.  Guillot  et  Perrière,  qui  est  en 
regard  de  la  première  page,  devra  être  consulté 


(1)  Bulletin  de  ta  SaciiHê,  tomo  VI,  par  573  h  âOO. 

(2)  Bulhlin  de  la  Hociélé  {loc.  cit.),  tome  III.  p.  lî'J,  itS  et  157. 


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—  635  — 

quand  on  lira  cette  dernière  partie  de  mon  mé- 
moire; à  côté  de  substructions  fouillées  en  1842, 
1846  et  1847(1),  on  y  trouve  celles  que  M.  Guillot 
a  exhumées  en  1884  de  sa  propre  initiative,  et 
dans  le  seul  but  d'attirer  de  nouveau  sur  Tinti- 
gnac  l'attention  du  monde  savant.  Le  travail 
qu'on  va  lire  est  écrit  dans  le  but  de  seconder 
cette  louable  entreprise,  tout  autant  du  moins 
que  le  permettent  les  faibles  connaissances  de 
son  auteur.  Mais  s'il  avait  voulu  s'en  charger, 
M.  Guillot  se  serait  certainement  a  quitté  bien 
mieux  que  moi  de  cette  tâche. 


PREMIÈRE  PARTIE 

COMMENT  DIVERS  AUTEURS  OMT  PARLÉ  DE  TIN'TIGNAC 

11  en  est  fait  mention  pour  la  première  fois 
dans  un  ouvrage  de  Bertrand  de  Latour,  doyen 
de  l'église  de  Tulle  :  «  Ce  qui  prouve  l'importance 
»  que  les  Romains  attachaient  à  la  possession  de 
n  cette  cité  (Tulle),  c'est  que  non-seulement  leurs 
»  gouverneurs  y  faisaient  leur  résidence,  mais  en- 
»  core  qu'ils  avaient,  à  deux  milles  de  Tulle,  un 
»  cirque  propre  au  combat  des  gladiateurs,  et  qui 
»  conserve  encore  le  nom  d'arènes.  Le  laboureur 
»  y  déterre  chaque  jour  des  monnaies  à  l'etrigie 
»  des  empereurs  romains  et  grand  nombre  d'au- 


(1)  Les  plans  des  fouilles  de  18»,  IHiC,  184T,  dri?ss<is  par  M.  Re- 
bière, agent-voyer  en  chef,  figuraioiit  à  l'exposition  de  Tulle  en  1880. 


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—  63ti  — 

»  très    objets   qui   viennent   à   l'appui   de    notre 
»  assertion  (1).  » 

A  la  fin  du  premier  chapitre  de  son  Histoire 
de  Tulle,  Baluze  entre  dans  de  plus  grands  dé- 
tails; il  dit  qu'une  ville  existait  à  quatre  mille 
pas  de  Tulle,  dans  la  paroisse  de  Naves  et  sur 
le  territoire  de  Tintignac;  qu'il  en  reste  encore 
de  nombreux  vestiges,  notamment  un  amphi- 
théâtre ayant  deux  cents  pas  de  longueur  et  cent 
cinquante  de  largeur,  et  il  affirme  en  avoir  vu 
dans  sa  jeunesse  des  ruines  existant  encore  à 
l'époque  où  il  écrit  {2}.  Il  parle  de  la  trouvaille 
de  nombreuses  monnaies,  d'urnes  en  pierre,  en 
brique  et  en  verre  ;  de  têtes  d'hommes  et  de 
femmes  en  marbre;  des  cond'iits  en  brique  de 
quelque  aqueduc;  d'un  puits  d'une  telle  profon- 
deur qu'on  n'a  jamais  pu  ^e  sonder  I  11  ajoute 
qu'il  n'est  cependant  fait  mention  de  cette  cité 
dans  aucune  Géographie  ancienne,  dans  aucun  ou- 
vrage historique,  ni  dans  les  vieilles  chroniques 
des  églises  ou  des  monastères.  Le  lieu  où  sont 


(1)  înstitutio  ecciesiie  Ttitetlenstg.  —  Toulouse,  1636.  (Traduc- 
tion de  F.  Bonnélye,  p.  15.  Tullo,  imprimerie  vouve  Drappeau.) 

(î)  Oti  pourrait  i,  bon  droit  être  fitoiiné  de  ce  qiio  lo  Tulliste 
Baluze  prétende  avoir  vu,  dans  na  jeunesse,  iea  ruinea  de  Tin- 
tignac. Comment  ne  les  a-t-il  point  visitées  du  nouveau  pendant 
qu'il  écrivait  son  Histoire  de  Tulte  I  Baluze  venait  rarement  dans 
aa  ville  natale;  nul  n'est  prophète  dans  son  pays,  et  celui  dont  le 
mérite  comme  historien  n'est  aujourd'hui  contesté  par  personne, 
était  surnommé  par  ses  concitoyens  le  petit  FrUon;  allusion  déri- 
soire à  son  premier  ouvrage,  Anli-Frisonius.  Ne  voit-on  pas  en- 
core aujourd'hui  parmi  nous  des  gens  dont  la  valeur  est  méconnue 
par  leurs  compatriotes?  (Voir  abbé  Paobs,  Petit  Essai  sur  lee 
historiens  du  diocèse  de  Tulle,  p.  16.  —Tulle,  imprimerie  Ma- 
zeyrie,  1885.) 


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les  ruines  de  l'amphithéâtre  est  appelé  vulgaire- 
ment les  Arènes  de  Tintignae,  de  même  que 
les  habitants  de  Nimes  et  d'Arles  donnent  à  leurs 
amphithéâtres  le  nom  d'arènes.  On  pourrait  donc, 
dit-il,  conjecturer  que  le  nom  antique  de  cette 
ville  fut  Tintignae,  à  moins  qu'il  ne  s'agisse  ici 
du  Ratiatum  de  Ptol^mée(l). 

Sur  deux  planches  gravées  en  regard  de  ce 
texte  on  voit  :  deux  tètes  d'hommes  et  une  tète 
de  femraë  en  marbre  blanc  (2)  et  en  pierre  cal- 
caire, deux  vases  en  verre  dont  un  épais  de  deux 
doigts,  une  grande  urne  en  brique  «  crassitudinis 
quatuor  pedum,  »  le  puits  en  maçonnerie  «  puteus 
prœaltus,  »  un  cube  sans  légende  explicative,  des 
tuyaux  en  brique  et  les  ruines  de  V amphithéâtre. 

On  verra  plus  loin  que  le  monument  désigné 


(I)  Voici,  au  surplus,  le  texto  même  dn  Baluze  : 

In  extrema  parle  iatiua  eapilin  adnolabo  exiilisse  olim  IV. M. P. 
à  Tulela  nobîle  oppidum  in  parrochiit  Navenst  el  a'jyo  Tinti- 
niacensi,  rujus  malla  adhuc  oeaCi(iia  supersunt,  in  priinii  vero 
amphithealnim  habens  CC.P.  in  longiludine,  CL,  in  laliludine, 
cujus  caveas  el  rudera,  quie  eliamitum  tuperêunt,  ego  vidi  in 
juoenlute  mea.  Illic  inoeniuntur  mxtlla  nvmismala  Impera- 
lorum  Romanoi'um,  etiam  aurea,  velerea  urna;  lapideœ,  late- 
ritia:,  vilreiE,  uaM  «acriflciorum,  capila  mannorea  cirorum  et 
viulierum,  unum  ex  hig  taureatum,  quod  videtuf  ease  alicujua 
IiiiperatoriÊ.  Reperti  sunl  eliam  ibi  velerea  tubi  iatcrilii  cujua- 
dam  aquiBduclus,  puteua  tanlis  profundHalia  ut  nunquam  de- 
prehendi  poluerit  quanta  iil.  et  alla  muUa  monumcnta  anti- 
qua.  Et  lamen  nulla  oppidi  illiva  menlio  extat  in  antiquia 
geograpUis  aul  acriploribua  liiatoriarum,  neqiie  in  veleribue 
monumentia  Ecctesiarum  el  monaaleriorum.  Eliam  liodie  locua 
ubi  sunl  rudera  amphitheatri  uocalur  Arenai  Tinliniacenaee, 
vutgo  les  Ai-eues  de  Tinliiiiac,  eo  modo  quo  cicea  Coloma:  Ne- 
mausensia  et  ArelalenKea  ainphitheatra  aua  oocanl  Arenas.  For- 
tasaia  avlein  hinr.  capi  conjectura  poaaet  oppidum  illud  antiqui- 
tua  vocatum  fuiaae  Tintiniacum.  Niai  ait  Ratiaatum  Ptolemmi. 
Hiiloria!  Tutelenaia,  1717,  eh,  i,  p.  0. 

(■!)  La  lÉte  de  reiiime  est  un  Jjas-reliet  en  alhâlrc. 


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de  la  sorte  par  Baluze  était  un  théâtre;  le  plan 
dressé  après  les  fouilles  ne  permet  pas  d'en  dou- 
ter un  seul  instant. 

Les  objets  figurés  par  Baluze  ont-ils  été  trouvés 
fortuitement  ou  bien  provenaient-ils  de  fouilles 
faites?  Cet  auteur  reste  muet  à  cet  égard,  et  on 
peut  le  regretter.  Quel  intérêt  n'eût  pas  présenté 
pour  les  archéologues  un  procés-verbal  de  fouilles 
exécutées  à  une  époque  où  l'on  "interrogeait  les 
anciens  textes  bien  plus  volontiers  que  les  monu- 
ments eux-mêmes  ! 

Montfaucon  à  son  tour,  peu  de  temps  après 
la  mort  de  Baluze,  fait  mention  des  prétendues 
arènes  :  «  Quant  aux  arènes  ou  amphithéâtre 
»  de  Tintiniac,  nous  n'en  savons  que  ce  que  l'il- 
»  lustre  M.  Baluze,  que  nous  venons  de  perdre, 
»  nous  apprend  dans  son  Histoire  de  Tulle^  sa 
»  patrie...  »  Le  savant  bénédictin  se  borne  ensuite 
à  donner  le  texte  qu'on  a  trouvé  transcrit  ci- 
dessus  (1). 

Un  ancien  prieur  de  Brive,  l'abbé  de  Lubersac(2), 
s'inspire  également  de  Baluze  et  de  Montfaucon 
pour  dire  quelques  mots  de  Tintignac;  il  en  fait 
mention  dans  sa  nomenclature  des  localités  où 


(1)  Quanlum  ad  arenss  seu  amphithcatrum  Tintiniacense,  non 
aliud  proforre  possumus,  quam  quod  vir  celeberrimus  Baluzius, 
cujus  obitum  lugemus,  edidit  :  ait  igitur  ille  in  hîstoria  Tutelensi, 
p.  6  :  ■  extilisse  olini...  etc.  Dom  Bebnard  de  Muntfaucon,  ['Anti- 
quité expliquée  (1719),  tome  III.  seconde  partie,  pages  261-26Î, 
eu**  planche. 

(2)  Ditcours  sur  les  monument»  public»  de  tous  les  dgeê  et  de 
tout  let  peuples  connut.  Paris,  impr.  Royale,  1775. 


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l'on  retrouve  des  restes  d'amphithéâtre  {i);  un 
peu  plus  loin  (2),  il  dit  qu'  «  on  voit  à  Tintignac, 
»  prèd  de  Tulle  en  Bas-Limousin,  les  restes  d'un 
»  amphithéâtre  et  ceux  d'un  aqueduc  qui  y  con- 
»  duit  des  eaux.  L'arène  de  celui-ci  avait  200 
»  pieds  de  longueur  sur  150  de  largeur.  On  l'ap- 
»  pelle  encore  aujourd'hui  les  arènes  de  Tinti- 
B  gnac.  Les  vestiges  qui  en  restent  attestent  sa 
»  magnificence  passée  et  prouvent  que  les  Ro- 
»  mains  ont  aimé  ce  séjour.  »  Constatons  une 
fois  de  plus  la  regrettable  facihté  avec  laquelle 
ceilains  auteurs  copient  leurs  devanciers,  sans  se 
donner  la  peine  de  contrôler  leurs  assertions  ! 

On  peut  encore  citer  par  ordre  chronologique 
le  Hecueil  d'antiqtùtés  de  Caylusj  une  notice 
de  M.  Reynaud,  insérée  dans  V Almanach  histo- 
rique du  Bas-Limousin  pour  l'année  1772; 
Essai  historique  stir  la  Sénatoreric  de  Li- 
moges, par  Duroux,  1810;  les  Annuaires  de  la 
Corrèze  pour  IS3Ô  et  i828 ;  la  France  pitto- 
resque {/.S,y.*),  par  Abel  Hugo,  tome  I,  p.  265; 
l'Historique  ?nonumental  de  l'anciimne  pro- 
vince du  Limoitsin  (JS37),  par  Tripon  (3);  Notes 
d'un  voyage  en  Auvergne  [1838),  par  P.  Méri- 
mée; le  tome  V  de  la  2""  série  des  Mémoire» 
de  la  Société  des  Antiquaires  de  France  (tome 
XV  de  la  collection),   1840;  VHistoire  du  Bas- 


(E)  Lùr..  cit.,  p.  t». 

(2)  Loc.  cit..  p.  130. 

(3)  Imprimerie  Martial  Darde,  àt  Limoges.  Ouvrage  rwe  aujour- 
d'hui; au  point  de  vue  arcliéologiijue  son  mérite  est  1res  contes- 
table ! 


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Limousin,  de  Marvaud,  1842;  l'Essai  sur  l'His- 
toire de  Tulle,  par  F.  Bonnélye,  chap.  vi,  repro- 
duit dans  ï Annuaire  de  1851(1);  les  Études  sur 
la  Géographie  historique  de  la  Gaule,  par 
M.  Deloche,  1861  ;  les  Études  historiques  et 
critiques  sur  le  Bas- Limousin,  publiées  de  1860 
à  1864  par  M.  de  La  Kouverade. 

M.  Duroux  {loc.  cit.)  (2),  après  avoir  cité  les 
ouvrages  de  Bertrand  de  Latour  et  de  Baluze, 
suppose  que  Tintignac  doit  son  origine  aux  deux 
légions  envoyées  par  César  dans  le  pays  des  Le- 
movices.  Je  me  bornerai  à  mentionner  cet  auteur, 
sans  vouloir  relever  les  assertions  plus  que  hasar- 
dées dont  ce  chapitre  fourmille. 

Les  notices  publiées,  par  M.  Bardon,  expert- 
géomètre  à  Tulle,  dans  les  Annuaires  de  1895 
et  1828  (3),  sont  fort  intéressantes,  surtout  la  no- 
tice qu'on  lit  dans  VÀnnuaire  de  1828  :  «  Cet 
»  historien  (Baluze)  a  accompagné  ce  récit  de 
»  deux  planches  bien  gravées  qui  nous  donnent 
»  la  vue  des  différents  monuments  dont  il  vient . 
»  de  parler.  Je  puis  attester  la  pai-faite  resseni- 
»  blance  des  trois  tètes  antiques  ;  elles  étaient  dé- 
»  posées  jadis  dans  le  cabinet  de  l'ancienne  fa- 
»  mille  de  Fénis  de  Laprade.  Plusieurs  antiquaires 
»  qui  ont  vu  des  médailles  portant  l'efFigie  de 
»  l'empereur  Adrien,  ont  trouvé  une  parfaite  res- 


(1)  L'EMai  sur  l'Hitloire  de  Tulle  a  été  publié  par  fascici 
aujourd'hui  presque  introuvables,  et  l'ouvrage  n'a  niûiiie  pas 
terminé. 

(2)  Pages  228-Î37. 

(a)  ISÎâ,  p.  I3(i;  18-.'H,  p.  iîl  à  Via. 


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»  semblanre  avec  la  première  de  ces  têtes  vue  âe 
fi  profil;  et  la  tète  de  femme  parait  avoir  fourni 
»  à  Guillaume  Reuilhe,  de  Lyon,  en  1553,  le  por^ 
»  trait  de  Sabine,  épouse  de  cet  empereul*.  Ces 
»  monuments  sont  vraisemblablement  déposés  auJt 
»  archives  de  la  Préfecture,  où  il  est  facile  àe 
»  s'assurer  de  la  fidélité  du  graveur  (1).  Je  n'ai 
fi  jamais  vu  aucune  des  urnes  que  ces  plancbefl 
»  représentent.  Les  tuyaux  en  brique  n'ont  pas 
»  été  mieux  conservés  (2).  Mais  quand  on  ouvrit 
»  la  nouvelle  route  de  Tulle  à  Limoges,  route  qui 
fi  traverse  le  local  où  a  dû  exister  la  ville  de  Tin- 
fi  tignac,  j'ai  vu  de  pareils  tuyaux  dans  le  talus 
»  du  chemin  et  à  l'endroit  où  commence  là  des- 
»  cente  de  Soleilhavoup;  ces  tuyaux  se  dirigeaient 
»  vers  les  arènes  (3). 


(1)  J'ai  le  regret  d'avoir  à  contredire  ici  M.  Bardon  au  sujet  de 
<  la  parfaite  ressemblance  des  traie  tête»  antiques  /  ■  M.  Bard<»i 
n'avait  sans  doute  pas  vu  les  originaux,  puisqu'il  dit  que  n  ces 
monuments  sont  VRAiseMBLABLBXEMT  déposés  aui  archives  de  la 
Préfecture;  »  eh  bien,  ce  n'est  pas  là  que  devront  aller  •  les  per- 
sonnes qui  voudro[Lt  s'assurer  de  la  fidélité  du  graveur  !  •  La  t€te 
en  ronde-boase  appartenait  en  1828,  corarae  aujourd'hui,  &  H.  de 
Pénis  de  Laprade;  sur  mes  instances,  il  nous  a  permis  d'en  prendre 
un  moulage  pour  le  musée  de  Brive,  Les  deui  autres  sont  chez 
M~*  veuve  Boudrye,  à  Tulle,  et...  il  faut  lui  savoir  gré  d'avoir 
consenti  à  nous  les  confier  pour  quelques  heures  I  On  n'a  qu'à 
comparer  les  gravures  de  Baluze  (ou  de  Hontfaucon,  ce  sont  les 
mêmes)  avec  celles  qu'on  trouvera  plus  loin  (voir  la  2"*  partie);  les 
têtes  en  bas-relief  ont  été  dessinées  d'après  des  photographies  de 
M.  Rupin  et  la  troisième  d'après  le  moulage.  Je  me  fais  un  devoir 
de  remercier  ici  notre  collègue,  M.  le  commandant  fiorie,  d'avoir 
bien  voulu  se  charger  de  ce  travail. 

(2)  Montfaucon  en  fait  mention  {loc.  cit.,  p.  206)  et  les  ligure 
d'aprfes  Baluze.  pi.  cïxv. 

(3)  En  1866,  le  marquis  Marcy  de  Seilhac  m'a  montré,  non  loin 
de  Seilhac,  de  faibles  traces  d'un  aqueduc  sous  le  talus  d'un 
chemin.  Bullelin  de  In  Société,  t.  111,  p.  139. 


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»  Depuis  ce  temps,  les  fouilles  successives  que 
»  l'intérêt  seul  de  l'agriculture  a  détei-minées,  ont 

>  lait  ressortir  d'autres  monuments  dont  la  dé- 
»  couverte  coïncide  avec  celles  dont  parle  l'his- 
»  toîre.  Je  n'en  indiquerai  que  deux  dont  je  me 

>  suis  assuré  :  il  y  a  environ  'iO  ans  qu'un  labou- 
»  reur  trouva  dans  son  sillon  un  anneau  en  or 
»  pâle  qui  fut  trouvé  du  poids  de  18  francs;  le 
»  chaton  représentait  une  figure  romaine  frappée 
*  au  marteau.  M.  Milet-Mureau,  alors  préfet,  le 
»  (»aya  100  francs.  Postérieurement,  et  depuis  peu 
»  d'années,  M.  Vidalin,  propriétaire  à  Gharazenc, 
»  village  limitrophe  de  Tintignac,  cherchant  la 
»  source  d'une  fontaine,  trouva  et  la  soui-ce,  et 
»  un  aqueduc  composé  de  tuyaux  pareils  à  celui 
■  qu'on  trouve  gravé  dans  Baluze. 

»  Les  vestiges  de  ramphithéâtie  sont  aujour- 
»  d'hni  presque  entièrement  méconnaissables  ; 
»  mais  puisque  Baluze  les  dépeint  tels  qu'il  les 
»  a  vus  dans  sa  jeunesse,  ce  qui  remonte  à  150 
»  ans,  il  est  juste  de  croire  qu'il  nous  les  a  re- 
»  tracés  aussi  fidèlement  que  les  autres  monu- 

»  ments  que  nous  avons  sous  les  yeux(l) » 

L'auteur  de  la  notice  ajoute  que  l'existence  et  les 
dimensions  de  ces  arènes  permettent  d'attester 
que  Tintignac  fut  jadis  une  ville  dont  la  popu- 
lation devait  être  considérable.  Puis  il  dit  que 
«  M.  Renaud,  originaire  de  Nlraes,  mais  depuis 
»  longtemps  contrôleur  des  actes  à  Tulle,  frappé 


(i)  On  verra  plua  loin  que  d'autres  auteurs  n'ont  pas  accepté 
avec  la  m^me  facilité  la  version  de  Baluze! 


dbyGoo^le 


»  de  ces  différentes  circonstances,  crut  pouvoir 
»  hasarder,  sur  l'étendue  de  la  ville  de  Tintignac, 
»  un  système  qui  parut  dans  le  Calendrier  de 
T>  Tulle,  imprimé  en  1772.  Trouvant  les  arènes 
»  de  Tintignac  entourées  par  les  villages  de  Bach, 
»  de  Cerou,  de  La  Geneste,  de  Léoune,  de  So- 
9  leilhavoup,  de  Temporietix,  ces  hameaux  lui 
»  parurent  avoir  conservé  les  noms  des  dieux  du 
»  paganisme  qui  y  étaient  adorés  :  ainsi,  Bach  lui 
»  parut  avoir  été  le  temple  de  Bacchus;  Cerou, 
»  celui  de  Cérès;  La  Geneste,  celui  de  Janus; 
»  Léoune,  celui  de  la  Lune;  Soleilhavoup,  celui 
»  du  Soleil;  Temporieux,  celui  du  Temps  (1). 
»  Cette  analogie,  au  premier  coup  d'œil,  ne  parait 
»  qu'ingénieuse;  mais  la  presque  certitude  d'une 
>  grande  population  réunie  sur  ce  local  peut  la 
s  faire  considérer  comme  frappante  (2). 

»  Je  présenterai  bientôt  quelques  lueurs  sur  la 
»  manière  dont  la  ville  de  Tintignac  a  pu  être 
»  détruite;  mais  pour  ne  pas  interrompre  mon 
0  propos,  je  dois  rechercher  les  rapports  qu'elle 
»  avait  avec  le  fort  de  Tulle.  Ces  rapports  ne 
s  sont  pas  douteux  :  ils  sont  principalement  cons- 
s  tatés  par  un  monument  dont  ni  l'un  ni  l'autre 


(1)  Lea  archéologues  d'autrefois  se  plaisaient  k  tourmenter  les 
étymologies  pour  en  tirer  des  conclusions  favorables  à  un  sys- 
tème; le  progrËs  des  âtudes  philologiques  a  discrédité  cette  Ca- 
thode. 

(2)  Passe  encore  si  l'on  pouvait  prouver  que  les  hameaux  de 
Bach,  Cerou,  etc.,  existent  et  portent  ces  noms  depuis  le  com- 
mencement de  la  période  du  moyen-âge.  Nous  verrons  plus  loin 
qu'à  la  Rn  du  xiii*  siècle  il  y  avait  la  manse  de  Solella  Vuolph. 
Ce  nom  ne  semble  pas  avoir  une  origine  latine. 


lyGoogle 


»  de  DOS  historiens  n'a  parlé,  mais  que  M.  Renaud 
»  emploie  bien  à  l'appui  de  son  opinion  et  dont 
»  quelques  traces  existent  encore;  j'entends  par- 
»  1er  du  pavé,  indubitablement  construit  par  les 
B  Romains,  qui  consolidait  ie  chemin  qui,  du 
B  château  de  Tulle,  se  dirigeait  vers  les  arènes 
B  de  Tintignac,  et  qui  a  ensuite  formé  l'ancien 
B  chemin  de  Tulle  à  Naves  (1).  On  en  trouve 
»  plusieui-s  dans  le  département  construits  de  la 
»  même  manière;  mais  aucun  ne  peut  avoir  une 
B  destination  plus  certaine,  et  il  me  parait  d'une 
B  conséquence  irrésistible  que  les  Romains  aient 
»  habité  les  deux  endroits  entre  lesquels  ils  avaient 
»  fondé  cette  communication,  b 

Se  basant  sur  un  passage  du  VllI'  livre  des 
Commentaires  :  Legiones....  duas  reliqiiaa  in 
Lemovicum  finibtis  non  longé  ab  Arvernis, 
ne  qua  pars  Gallise  vacua  ab  exercitu  esset, 
M.  Bardon  suppose  que  le  fort  de  Tulle  était 
une  position  militaire  romaine  destinée  à  sur- 
veiller  et  à  contenir  les   populations  conquises. 

Cette  hypothèse  est  un  peu  hasardée!  elle  re- 
pose en  partie  sur  l'attribution  à  l'époque  ro- 
maine d'une  tour  dite  la  tour  de  Maïsse,  figurée 
d'après  Beaumesnil  dans  l'ouvrage  de  Tripon,  et 
dont  il  ne  reste  aujourd'hui  à  Tulle  que  le  nom 
d'une  rue.  On  assignait  à  ce  monument  une  trop 
haute  antiquité  (-2}. 

(I)  Ce  passage  est  reproduit  Â  titre  de  simple  renseignement, 
car  l'origine  gallo-romainR  do  ce  pavé  n'est  pas  démontrée;  on  peut 
en  dire  autant  du  chAleau  de  Tuile. 

(!)  BoHNÉLVE,  Essai  sur  l'Hialoire  de  Tulle,  chap.  iv. 


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Quelques  mots  sur  Tintignac  ont  tout  naturel- 
lement leur  place  dans  l'Historique  monumental 
do  Tripon.  V amphithéâtre  de  Baluze  est  repro- 
duit par  la  lithographie  en  regard  de  la  page  3 
du  dernier  fascicule;  vient  ensuite  un  j9/a«  géo- 
métrique des  arènes  de  Tintignac  en  1697,  évi- 
demment inspiré  par  la  gravure,  et  qui  n'existe 
point  dans  le  livre  de  Baluze.  Ce  plan,  de  pure 
fantaisie,  a  été  trouvé,  avec  le  texte  à  l'appui, 
dans  les  cartons  du  dessinateur  Beaumesnil  (1). 
Plus  loin  (pages  34  à  36)  sont  décrites  et  figurées 
les  têtes  dont  il  a  été  déjà  question  et  »ix  vases, 
trois  de  plus  que  n'en  donne  Baluze!  Où  Beau- 
mesnil les  a-t-il  vus?  Il  n'a  pas  jugé  à  propos, 
en  revanche,  de  reproduire  les  gravures  repré- 
sentant le  puits  et  les  tuyaux  de  conduite  d'eau. 

Mérimée  profite  d'un  voyage  dans  la  Corrèze,  en 
1837,  pour  visiter  les  ruines  de  Tintignac.  Voici 
ce  qu'il  en  dit  dans  un  de  ses  ouvrages  (2)  : 
«  Baluze  donne  en  peu  de  mots  la  description 
»  d'un  amphithéâtre  antique  existant  dans  cettfi 
»  localité,  et  l'accompagne  d'une  gravure  dont 
»  l'auteur,  à  ce  qu'il  me  semble,  n'avait  non- 
»  seulement  jamais  visité  Tintignac,  mais  n'avait 

»    MÊME    JAMAIS    VU    DE    CIROUES    ROMAINS.     En    CO- 

»  piant   Baluze,   Beaumesnil   (manuscrits  de   Li- 


(1)  Mort  à  Limoges  en  1787.  Il  faut  lire  dans  les  Annsles  ar- 
chéologiques (tome  V,  p.  Gl)  et  dans  le  Bitlletin  de  (a  Soc.  hist. 
et  arch.  du  Limousin  (tome  XIX,  p.  27  à  30}  ce  que  pen-ïent  do 
SOS  oeuvres  Didron  et  l'abbé  Leclor  ! 

{i)  Notes  d'un  voyage  en  Aurergne,  par  Prosper  Mérimée, 
pages   127  à   129.   Paris,  librairie  de  H.  Pournler,  1838. 


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B  moges),  n'ajoute  aucun  détail,  et  vraisembla- 
»  blement  ne  s'est  pas  donné  la  peine  de  vérifier 
»  son  auteur,  car  son  dessin  n'est  que  la  répé- 
»  tition  de  la  gravure  publiée  par  Baluze.  Or, 
»  en  admettant  que  du  temps  de  ce  dernier,  le 
»  plan  de  l'amphithéâtre  fût  exact,  il  serait  bien 
»  surprenant  qu'aucun  changement  n'y  fût  sur- 
B  venu  dans  l'espace  de  près  d'un  siècle.  Aujour- 
»  d'hui  ce  cirque,  connu  dans  le  pays  sous  le 
»  nom  des  Arènes  (dénomination  qui  parait  avoir 
T>  été  générale  au  moyen-âge),  ne  se  distingue 
»  plus  au  milieu  des  champs  cultivés  que  par 
»  une  élévation  régulière  qui  en  accuse  le  péri- 
»  mètre,  et  par  quelques  massifs  à'opus  incertum 
»  qui  percent  la  terre  çà  et  là.  Il  se  trouve  à 
»  droite,  et  non  loin  de  la  route  qui  mène  à 
»  Tulle.  Son  plan  est  un  ovale  arrondi  dont  le 
»  grand  ate  s'étend  du  Nord  au  Sud.  ■  Il  me  sem- 
»  ble  que  Baluze  s'est  mépris  sur  ses  dimensions 
»  quand  il  lui  donne  200  pieds  pour  le  grand 
»  axe  et  150  pour  le  petit;  et  je  m'explique  son 
»  erreur  en  supposant  qu'il  a  mesuré  le  premier 
B  sans  compter  les  gradins,  et  le  second  en  les 
»  comptant.  J'ai  trouvé  environ  60  mètres  du 
»  Nord  au  Sud  et  55  de  l'Est  à  l'Ouest.  On  voit 
»  que,  dans  la  construction  du  cirque,  on  a  pro- 
»  fité  d'un  mouvement  de  terrain,  qui  dispensait 
»  d'élever  partout  des  murs  d'une  hauteur  égale. 
»  Il  est  impossible  de  remuer  la  terre  sans  ren- 
»  contrer  des  substructions  ;  mais  nulle  part  on 
»  n'a  trouvé  de  parement,  et,  chose  étrange,  on 
»  n'aperçoit  aux  environs  ni  grandes  ni   petites 


DigmzcdbyGoOgle 


»  pierres  taillées,  qui  ailleurs  se  présentent  de 
»  tous  côtés  à  l'entour  des  monuments  romains. 
B  Une  tradition,  que  rien  ne  justifie,  prétend  que 
»  ce  parement  était  en  pierres  de  taille  ;  mais  ce 
»  luxe  pour  une  localité  aussi  inconnue  ne  me 
»  parait  nullement  vraisemblable.  Si,  comme  on 
»  le  prétend,  on  avait  transporté  à  Tulle  les 
»  pierres  taillées  de  Tîntignac,  on  en  trouverait 
»  quelques  vestiges,  et  je  n'en  ai  rencontré  nulle 
»  pai't.  Je  ne  doute  point  que  ces  pierres  de  taille 
»  ne  soient  une  invention  du  graveur  de  Baluze.  » 

Après  avoir  dit  qu'il  serait  intéressant  de  faire 
des  fouilles  à  Tîntignac,  Mérimée  termine  en  ces 
termes  :  «  A  peu  de  distance  des  arènes,  on  voit, 
»  dans  un  champ  en  friche,  d'autres  substruc- 
»  tiens  qui  m'ont  paru  celles  d'une  maison  de 
»  quelque  importance;  car  on  y  trouve  des  frag- 
»  ments  de  marbre  et  les  débris  d'un  pavé  en 
»  mosaïque,  ou  plntùt  d'un  composta  fort  sem- 
B  blable  à  une  brèche  naturelle.  J'ai  trouvé  moi- 
»  même,  en  me  promenant  en  ce  lieu  (on  le 
»  nomme  les  Baraques),  un  fragment  d'une  cor- 
»  niche  en  marbre,  et  la  moitié  d'un  disque  en 
»  granit  poli,  qui  a  toute  l'apparence  d'une  meule; 
»  mais  la  nature  de  la  pierre  ne  permet  guère 
»  de  supposer  qu'il  ait  eu  cet  usage  (1).  » 

Tout  en  n'acceptant  pas  sans  contrôle  les  .des- 
criptions de  Baluze  et  surtout  l'exactitude  de  son 


(I)  Signalons,  en  passant,  une  jotie  coquille  d'imprimerie  dans 
le  litre  et  dans  le  texte  de  ce  chapitre;  on  a  imprimé  Navel  au 
lieu  de  Navesl 


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dessin  des  arènes,  Mérimée  croyait,  lui  aussi,  à 
un  amphithéâtre  !  Trois  ans  après,  en  1840,  M.  Er- 
nest Breton,  entrevoyant  le  premier  la  vérité,  éta- 
blissait dans  une  note  publiée  par  la  Société  des 
Antiquaires  de  France  (tome  V,  2"'  série  de  ses 
Mémoires)  que  ces  ruines  sont  celles  d'un  théâtre; 
les  fouilles  l'ont  démontré  sept  ans  plus  tard(l}. 

M.  E.  Breton  dit  tout  d'abord  qu'il  vient  com- 
battre une  erreur  accréditée  par  les  plus  célèbres 
antiquaires  du  siècle  dernier,  et  qui  se  perpétue 
de  nos  jours  encore  par  suite  d'une  confiance  trop 
aveugle  en  leurs  écrits,  et  faute  d'examen  des 
lieux.  Puis,  après  avoir  traduit  le  passage  de 
Baluze  concernant  plus  spécialement  le  prétendu 
amphithéâtre,  M.  Breton  ajoute  ce  qui  suit  (2)  : 

«  Lorsqu'on  1717,  Baluze  écrivait  ces  lignes,  il 
»  était  déjà  âgé  de  86  ans  (3),  étant  né  en  1631, 
»  et  il  avoue  n'avoir  vu  les  arènes  de  Tintignac 
»  que  dans  sa  jeunesse.  Ses  souvenirs  pouvaient 
»  donc  être  assez  confus;  et  sans  parler  du  laps 
B  de  temps  considérable  qui  s'était  écoulé,  les 
»  yeux  du  jeune  homme  n'avaient  pu  voir  comme 
»  eussent  vu  ceux  du  docte  Baluze;  il  n'est  donc 
»  point  étonnant  que  quelques  fautes   se  soient 


(1)  M.  A.  de  Barthi^lcmy  a  eu  l'extrâme  obligeance  de  m'cnvoyer 
une  copie  de  la  note  de  M.  E.  Breton,  et  je  dois  l'en  remercier  ici. 

(ï)  Relevons  un  petit  lapsus  de  géographie  locale  dans  le  préam- 
bule; M.  Breton  y  écrit  ces  mots  :  «  entre  les  communes  de  Tinti- 
j)  gnac  et  de  La  Génesto;  "  or,  Tintignac  et  La  Genestc  sont  deuï 
hameaux  de  la  commune  de  Navos. 

(3)  Je  ferai  remarquer  que  Historim  Tulellensis  a  été  imprima 
en  1717;  le  premier  chapitre  devait  être  écrit  depuis  un  certain 
aotnbre  d'années. 


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j)  glissées  dans  sa  description.  Quant  au  dessin 
»  qu'il  a  donné,  il  paraît  être  entièrement  d'ima- 
»  gination  ;  et  d'ailleurs,  quelle  confiance  peut-on 
»  avoir  en  un  graveur  qui,  sur  cette  même  plan- 
»  che,  ayant  à  reproduire  uns  urne  en  terre  cuite 
j>  et  une  tuile  à  rebords,  a  indiqué  des  assises 
»  comme  si  cette  urne,  cette  tuile  étaient  cons- 
»  truites  en  pierres  de  taille  ! 

«  Montfaucon  avoue  ne  connaître  les  arènes  que 
»  par  le  rapport  de  Baluze,  dont  il  reproduit  le 
»  passage  et  le  dessin.  Il  en  est  de  même  de 
»  Caylus,  qui  a  répété  en  outre  deux  tètes  lau- 
»  rées  et  un  buste  de  femme,  publiés  par  Baluze 
»  et  trouvés  en  cet  endroit. 

»  Une  première,  erreur  est  dans  la  distance  de 
»  4,000  pas  de  Tulle,  distance  qui  n'est  pas 
»  moindre  de  10  kilomètres. 

»  Mais  une  faute  bien  plus  importante,  bien 
B  plus  grave,  consiste  dans  la  désignation  des 
»  Arènes  de  Tintignac  sous  le  nom  (Vamphi- 
»  théâtre.  Après  en  avoir  avec  soin  visité  les 
»  vestiges,  je  me  suis  convaincu  qu'ils  n'ont  ja- 
»  mais  appartenu  qu'à  un  tbéâtre.  J'ai  suivi  faci- 
»  lement  la  demi -circonférence  des  gradins,  cou- 
B  verts  aujourd'hui  de  moissons;  puis  aux  deux 
B  extrémités  de  cet  hémicycle,  tout  disparaissait, 
«  et  dans  la  partie  qui  eiU  di\  compléter  l'ani- 
»  phitbéàtre,  je  ne  trouvai  aucune  indication  de 
»  constructions  quelconques. 

»  Au  contraire,  lorstjue  j'examinai  avec  atten- 
B  tion  le  sol  qui  ei\t  occu[)é  le  milieu  de  l'arène, 
»  lors(|tie  je  suivis  la  corde  de  l'arc  formé  par 


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—  650  — 

»  les  ruines,  je  reconnus  quelques  traces  d'une 
»  muraille  que  je  découvris  avec  peine  au  milieu 
»  des  herbes  et  des  ronces,  mais  qui,  évidem- 
»  ment,  ne  pouvait  avoir  appartenu  qu'au  pul- 
»  pitum,  à  ce  soubassement  qui  soutenait  le  plan- 
»  cher  de  l'orchestre.  Je  n'avais  déjà  plus  aucun 
»  doute;  cependant  je  consultai  les  plus  anciens 
»  cultivateurs  du  pays,  et  surtout  un  riche  pro- 
B  priétaire,  M.  Vidalin,  dont  la  complaisance  égale 
»  le  savoir.  Tous  me  confirmèrent  dans  ma  pen- 
»  sée;  tous  me  dirent  que  dans  le  lieu  où  j'avais 
»  remarqué  ce  pan  de  muraille,  le  soc  heurtait 
B  sans  cesse  contre  des  restes  de  constructions, 
»  tandis  qu'il  fendait  sans  obstacle  tout  le  terrain 
»  opposé  à  l'hémicycle.  Après,  des  témoignages 
»  aussi  décisifs,  il  est  presque  superflu  d'observer 
»  que  l'édifice  était  assis  sur  un  sol  incliné,  et 
»  que,  comme  au  théâtre  d'Orauf^e  et  à  tant 
B  d'autres,  on  avait  profité  de  cette  inclinaison 
»  pour  soutenir  les  gradins  et  éviter  des  frais  de 
»  constructions.  Il  est  vrai  que  cette  disposition 
»  n'est  pas  sans  exemple  dans  les  amphithéâtres, 
»  puisqu'elle  se  retrouve  dans  celui  de  Fréjus; 
0  mais  enfin  celui-ci  n'est  qu'une  exception,  tan- 
D  dis  que  les  théâtres  de  ce  genre  sont  presque 
»  en  majorité.  » 

M.  Breton  rectifie  ensuite  les  mesures  données 
par  Baluze;  le  plan  annexé  à  c^;  travail  nous 
donnera  les  dimensions  exactes.  11  termine  en 
émettant  le  vœu  de  voir  fouiller  ce  tènement. 

Dans  son  Histoire  du  Bas- Limousin,-  Marvaud 


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parle  assez  succinctement  de  Tintignac;  aussi, 
n'en  fais-je  mention  que  pour  mémoire. 

Enfm,  en  1842,  l'on  se  décide  à  entreprendre 
des  fouilles  !  En  voici  le  compte-rendu,  d'après 
F.  Bonnélye  ; 

«  Les  dessins  de  ces  monuments,  publiés 

»  dans  VHistoire  de  Baluze,  copiés  par  Beau- 
»  mesnil  et  reproduits  par  le  typographe  Tripon, 
»  étaient  loin  de  satisfaire  l'impatiente  curiosité 
B  des  amis  des  arts.  Leurs  justes  réclamations 
»  furent  enfin  comprises  par  un  administrateur 
»  éclairé,  M.  Meunier,  préfet  de  la  Corrèze,  et 
»  des  fonds  furent  affectés  à  des  recherches  si 
»  ardemment  désirées. 

»  Notre  historien  n'avait  fait  aucune  mention 
»  des  restes  d'un  vaste  monument  situé  à  peu 
»  de  distance  du  cirque,  dans  une  châtaigneraie 
»  qui  se  trouve  à  gauche  de  la  route  qui  conduit 
»  à  Tulle.  La  richesse  des  marbres  qu'on  y  a 
»  trouvés  prouve  que  cet  édifice  surpassait  en 
»  magnificence  toutes  les  constructions  anciennes 
»  et  modernes  de  notre  contrée.  M.  Prosper  Mé- 
»  rimée,  qui  en  explora  les  décombres  en  1837, 
>  y  trouva  des  fragments  de  corniche  en  marbre 
»  et  la  moitié  d'un  disque  en  granit  poli  qui 
»  avait  l'apparence  d'une  meule.  Je  les  ai  moi- 
»  même  souvent  visitées  depuis  1830,  et  j'en  ai 
»  rapporté  chaque  fois  de  nombreux  fragments 
»  de  marbre  de  diverses  espèces,  une  grande 
»  quantité  de  clous  qui  avaient  sans  doute  servi 
»  à   fixer   à  la   toiture   de    l'édifice   ces    briques 


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—  652  — 

B  bigarrées  dont  les  cannelures  figuraient  des  des- 
»  sins  bizarres  et  variés. 

»  Ce  lieu,  qui  est  appelé  par  les  habitants  du 
»  pays  les  Baraques,  et  par  d'autres  les  Bou- 
»  tiques  (l),  fut  fouillé  au  mois  d'août  1842, 
»  sous  la  direction  de  M.  Daniel  Rostkouski,  olfi- 
»  cier  polonais.  Le  savant  et  modeste  M.  Rebière, 
»  agent-voyer  principal,  fit  connaître  dans  VIndi- 
»  cateur  corrézien  les  résultats  de  ces  fouilles 
»  que  nous  reproduisons  ici  : 

j>  Lorsque  ces  substriictions  furent  mises  à  dé- 
»  couvert,  elles  présentèrent  la  forme  d'un  rec- 
»  tangle  long  de  44"50  de  longueur  sur  22"'90  de 
B  largeur.  L'épaisseur  des  murs  était  de  O^Sd  pour 
»  les  trois  côtés  du  Nord,  de  l'Est  et  de  l'Ouest, 
»  de  l^OO  du  côté  du  Midi,  où  se  trouvait  l'en- 
»  trée  principale (2).  Au  milieu  étaient  deus  carrés 
»  placés  sur  l'axe  longitudinal  et  distants  de  près 
»  de  T"00  de  l'axe  transversal.  On  a  trouvé  dans 
B  leur  intérieur,  qui  est  de  ô^OO,  deux  moulins 
»  à  bras  en  pierre  de  taille. 

»  Autour  de  l'édifice,  excepté  du  côté  du  Midi, 
»  on    a   déblavé    les    murs    de    fondation    d'une 


(1)  C'uat  le  nom  qu'il  porte  sur  le  cadastre. 

{'!]  Jjo  plan  ci-joint  est  produit  à  Tappui  des  descriptions  don- 
nées par  l'article  que  je  transcris  ici. 

Le  rectangle  A  B  C  D,  fuuillé  eu  I8i'^,  comprend  les  substruc- 
tions  d<?3ig:iées  plus  spcïciaicment  sjus  le  nom  de  les  Boutiques. 
Ou  a  trouvé  dans  le  carré  de  droite  des  caveaux  de  deux  et  trois 
mètres  de  profondeur  où  l'on  descendait  au  moyeu  de  plans  incli- 
nés. Les  parements  extérieurs  (Slaiont  en  petit  appareil;  la  pre- 
iiiii!n>  assise  repose  sur  uu  rang  de  larges  briques. 


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a " ~~'f 


PLAN   DES   BOUTIQUES. 
Fouilles  de  1842  et  de  1846. 


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—  654  — 

»  deuxième  enceinte  parallèle  à  la  première,  dont 
B  elle  est  séparée  par  une  distance  de  3"20(1). 

1)  Tous  les  angles  saillants  du  bâtiment  ont  été 
»  démolis  dans  leurs  fondations,  ce  qui  a  fait 
»  supposer  que  les  auteurs  de  ces  dégradations 
»  étaient  poussés  par  la  pensée  d'y  découvrir  de 
»  l'argent  ou  des  médailles.  On  pourrait  croire 
\  aussi  que  c'était  pour  en  arracher  les  pierres 
»  angulaires,  communément  plus  grandes  que  les 
»  autres. 

»  L'aire  circonscrite  par  l'édifice  était  revêtue 
»  d'un  béton  composé  de  ciment  et  de  sable.  On 
n  a  trouvé  sous  cette  aire  les  fondations  de  murs 
»  qui  n'ont  aucun  rapport  avec  ceux  du  bâti- 
j>  ment  dont  nous  parlons,  ce  qui  fait  croire  qu'il 
s  a  été  construit  sur  l'emplacement  d'un  autre 
»  édifice  (2). 

»  Les  murs  d'enceinte  du  grand  carré,  ainsi 
»  que  le  pourtour  intérieur  des  petits  carrés, 
»  étaient  revêtus,  à  la  hauteur  de  O^SO  au-dessus 
»  du  sol,  d'un  ciment  très  épais  recouvert  de 
»  marbre;  les  parements  supérieurs  des  murs  et 
»  des  lambris  étaient  peints  à  fresque  (3),  comme 
»  l'indiquent  les  fragments  d'enduits  trouvés  dans 
B  les  décombres-  Les  marbres  calcinés  et  la  grande 
9  quantité  de  charbons  qu'on  y  a  trouvés  prou- 


(I)  Voir  le  plan  d'ensemble. 

ii)  Ces  Ton  dations,  qui  ne  s'Iiarmotiisaieiit  pas  avec  celles  des 
autres  murs,  ont  été  observées  près  de  l'angle  inférieur  gauche  du 
petit  carré  de  gaucho  compris  dans  le  rectangle  A  B  C  D. 

(3)  Ce  sont  des    peintures  murales  ordinaires,    philô)  que  des 


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»  vent  que  ce  beau  monument  a  été  détruit  par 
»  les  flammes.  » 

M.  Bonnélye  donne  ici  le  détail  des  objets  inté- 
ressants découverts  en  faisant  les  fouilles.  Mais, 
pour  éviter  d'inutiles  répétitions,  je  prierai  le  lec- 
teur de  vouloir  bien  se  reporter  à  la  seconde 
partie  de  ce  travail  :  Inventaire  des  inscrip- 
tions, médailles,  objets  d'art,  débris  divers 
trouvés  à  Tintignac. 

FOUILLES  DE    1846 

«  Les  fouilles  commencées  en  1842  furent  con- 
»  tinuées  le  20  juillet  1846.  Cette  fols,  le  docteur 
»  Vidalin,  qui,  dans  les  premières  recherches, 
»  avait  été  empêché  par  une  maladie  d'assister  à 
»  la  première  exhumation  de  la  ville  romaine, 
»  publia  exaiîtement,  et  pour  ainsi  dire  jour  par 
»  jour,  le  compte- rendu  des  fouilles  exécutées  dans 
»  notre  humble  Herculanum  (I). 

»  Nous  reproduirons  ici  un  e;trait  de  ces  iu- 
»  téressants  détails,  en  regrettant  de  ne  point 
»  donner  à  notre  style  les  vives  couleurs  sous 
»  lesquelles  la  fraîche  imagination  du  savant 
»  archéologue  a  fait  revivre  la  ville  antique  : 

»  On  ouvrit  à  cùtè  du  grand  carré  fouillé  en 
»  1842,  une  tranchée  reitrésentant  un  carré  long 
B  de  44"80  et  large  de  4"50  seulement.  Il  était 
»  enfoui  de  S^OO  au-dessous  du  sol.  Le  long  de 
»  ses  murailles,  recrépies  en  chaux,  régnait  une 


(1)  Je  ne  sais  où  trouver  le  journal  publié  par  H.  Vidalin,  et  je 
le  regrette. 


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—  656  — 

»  ligne  régulière  de  piles  de  pierre  à  demi  encas- 
j>  ti-ées  dans  le  mur;  elles  étaient  sans  doute 
»  destinées  à  supporter  des  statues  en  forme  de 
»  cariatides  (1). 

»  Un  grand  amas  de  cendres  et  de  charbons 
»  annonçait  que  cet  édifice  avait  été  détruit  par 
s  les  flammes.  » 

Suit  le  détail  de  divers  objets  trouvés  au  milieu 
de  ces  substructions(2).  Indépendamment  de  frag- 
ments d'inscriptions,  médailles,  etc.,  on  retira  de 
ces  tranchées  une  grande  quantité  de  marbres  de 
toutes  variétés,  des  débris  de  vases  en  porphyre 
et  en  terre  cuite. 

DÉCOUVERTE   DU    PUITS   CITÉ   PAR   BALUZE 

*  En  continuant  les  fouilles  près  du  grand  cax'ré 
»  n"  2,  on  trouva  d'abord,  à  une  profondeur  de 


M)  Ces  piles  (long.  O'âO,  larg.  0-40,  haut.  0-40}  sont  indiquées 
par  Q  dans  le  rectangle  0  P  H  T,  lequel  étût  pavé  en  béton.  Les 
murs  qui  en  forment  le  périmètre  étaient  revétua  en  marbre  j> 
l'intérieur;  on  a  trouvé  une  plaque  de  revêtement  encore  adhé- 
rente au  mur  A  câté  de  la  porte  V,  —  S  S  désigne  des  construc- 
tions qtie  l'on  suppose  être  des  cheminées.  On  y  a  trouvé  des 
cendres  et  du  charbon;  l'àtre  était  en  larges  briques.  M  désigne 
un  petit  mur  transversal  qu'o;)  a  trouvé  couronné  en  pierres  de 
taille  calcaires.  L'eapaco  compris  entre  ce  mur  et  le  mur  K  P  qui 
lui  Tait  Face,  était  pavé  en  petites  pierres,  au  moins  dans  la  partie 
qui  s  éié  fouillée;  le  rectangle  compris  entre  les  numéros  t5,  16, 
17,  18,  n'a  pas  été  fouillé;  il  en  est  de  même  de  11,  12,  13,  14. 

L'espace  circonscrit  par  un  pointillé  (entre  les  numéros  I,  2,  3,  4, 
5,  6,  7,  S,  B,  10)  B  seul  été  fouillé  à  fond;  on  n'y  a  pas  trouvé  de 

Le  terrain  est  ea  pente  douce  en  allant  de  CD  vers  RT.  {D'aprèê 
la  légende  tignée  Ilebière  fil*  aîné  et  O.  Laeombe,  et  qui  accom- 
pagne le  plan  reproduit  ici.) 

(î)  Voir  la  seconde  partie  de  ce  travail. 


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»  deux  mètres,  de  grandes  pierres  grafiitiques,  sur 
»  l'une  desquelles  était  une  tête  de  mort  qui  se 
»  réduisit  en  poussière  au  premier  contact.  On 
»  parvint  ensuite  à  d'énormes  pierres  de  taille 
»  échancrées  sur  un  de  leurs  bords  et  formant 
»  les  éléments  d'un  cercle.  On  ne  douta  plus  de 
»  la  destination  de  cette  construction;  c'était  le 
»  puteus  prsealtua  de  Baluze(l).  Quelques  pierres 
»  étaient  longues  de  l''65.  Les  matériaux  qui  for- 
»  maient  le  revêtement  de  la  tranchée  circulaire, 
X  pratiquée  par  les  Romains,  étaient  tous  dépla- 
»  ces.  Du  côté  du  Midi,  une  énorme  brèche,  s'éten- 
*  dant  depuis  l'orifice  jusqu'au  fond  du  puits, 
»  était  tout  obstruée  de  pierres  rapportées  dans 
i>  lesquelles  figuraient  des  briques,  de  la  chaux  et 
»  quelques  pierres  de  taille  confusément  placées. 
»  Enfin  on  arriva  au  fond  de  ce  puits  dont, 
»  selon  Baluze,  on  ne  pouvait  atteindre  la  pro- 
»  fondeur;  elle  n'était  cependant  que  de  IS'Sô, 
»  et  la  muraille  de  revêtement,  qu'on  n'a  trouvée 
B  existante  que  dans  le  fond,  n'avait  que  0"69 
»  de  diamètre  (2). 


(1)  Ce  puits  est  désigné  de  la  aorte,  non  dans  le  texte  que  j'ai 
reproduit  déjà,  mais  sur  la  planche  où  il  est  figuré. 

(2)  Ce  puita  (voir  sur  le  plan  le  cercle  en  X  dans  l'espace  cir- 
conscrit par  le  pointillé  daus  le  grand  carré  F  D  K  H)  est  creusé 
dans  le  tuf;  il  était  muré  en  maçonnerie  ft  pierre  sèche.  Ce  revê- 
tement n'a  été  trouvé  existant  qu'au  fond,  sur  une  hauteur  de  0"^, 
comme  il  est  dit  dans  le  texte.  Une  tranchée,  dont  la  direction 
n'a  pas  été  reconnue,  aboutissait  au  fond  du  puits,  du  côté  indiqué 
en  X;  on  peut  supposer  qu'elle  a  été  pratiquée  pour  faire  écouler 
les  eaux.  On  a  trouvé  dans  ce  puits  3Î  médulles;  huit  étaient  au 
fond. 

(Uéme  source  que  colle  indiquée  k  la  note  précédente.) 


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»  Parmi  les  objets  retirés  de  cette  excavation 
»  figuraient  divers  débris  en  pierre  calcaire,  tels 
»  que  :  une  tète  de  femme,  un  pied  d'enfant, 
»  des  grappes  de  raisin,  des  fragments  de  cor- 
»  niche,  etc.,  plusieurs  médailles  frustes.  On 
»  trouva  au  fond  du  puits  une  vingtaine  de  mé- 
»  dailles (1). 


»  Les  fouilles,  exécutées  à  une  portée  de  fusil 
»  des  monuments  dont  nous  venons  de  parler, 
»  mirent  à  découvert  les  restes  d'une  salle  de 
»  bains,  dont  les  eaux  s'écoulaient  par  un  con- 
»  duit  formé  de  briques  superposées  (2). 

FOUILLES    DES   ARENES    (1847) 

B  Nous  arrivons  enfin  à  ce  monument  dont  les 
»  restes  avaient  si  vivement  frappé  l'imagination 
D  du  peuple,  qu'il  désigne  encore  dans  son  idiome 
»  le  lieu  où  fut  la  ville  romaine  par  le  nom  de 
»  Las  Orénas  de  Tintiniac. 

»  La  gravure  que  nous  a  laissée  Baluze  reprè- 
B  sente  la  surface  de  l'amphithéâtre  et  un  étage 
»  composé  de  cinq  courbes  de  gradins » 

M.  Bonnélye  résume  ici  la  description  donnée 
par  Baluze  et  le  rapport  de  Mérimée. 

«  Mais  depuis  1837,  les  fouilles  qu'on  a  pra- 
»  tiquées  dans  cet  endroit  ont  mis  à  découvert 


(I)  Voir  la  seconde  partie  de  ce  travtùl. 

(})  Les  vestiges  mis  à  découvert  ne  permettaient  pas  de  se  pra- 
nonccr  d'une  façon  aussi  affirmative. 


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»  une  grande  partie  de  ce  qui  restait  de  cet  édi- 
B  fîce.  Il  a  la  forme  d'un  hémicycle,  et  non  d'un 
B  ovale,  comme  l'avait  publié  Baluze.  Il  était 
B  adossé  à  une  grande  muraille  large  de  1"66. 
a  Elle  lui  faisait  tangente,  et,  après  lui  avoir 
»  fourni  31'"80  d'enceinte,  elle  est  rencontrée  obli- 
»  quement  par  deux  murailles  de  moindre  épais- 
»  seur  qui  complétaient  la  partie  curviligne  de 
»  l'amphithéâtre.  » 

Qu'il  me  soit  permis  d'ouvrir  ici  une  paren- 
thèse, pour  manifester  mon  étonnement  de  voir 
un  érudit  comme  l'auteur  de  ce  travail  appeler 
quand  même  ce  monument  un  amphithéâtre, 
après  avoir  dit  que  l'édifice  avait  la  forme  d'un 
hémicycle  !  M.  Bonnèlye  ne  connaissait  évidem- 
ment pas  la  notice  publiée  par  M.  Breton  et  que 
j'ai  reproduite  presque  en  entier. 

Ceci  dit,  rendons  la  parole  à  M.  Bonnèlye  : 

«  Du  côté  de  l'Ouest  apparaissent  des  courbes 
»  ovalaires,  coupées  de  distance  en  distance  par 
»  des  intersections  droites  qui  sont  comme  autant 
»  de  murs  de  refend  destinés  à  assurer  la  solidité 
»  de  l'édifice. 

»  Du  côté  du  Nord,  à  l'angle  formé  par  la  ligne 
»  circulaire  des  gradins  et  la  ligne  droite  qui  for- 
»  mait  l'hémicycle,  est  une  pièce  carrée,  parfai- 
»  tement  close  par  des  murailles  d'une  grande 
»  épaisseur.  De  chaque  côté  de  la  porte  du  Nord 
»  sont  deux  ouvertures  d'une  moindre  grandeur. 
»  11  y  avait  là  trois  ouvertures  :  une  principale, 
»  deux  secondaires;  c'est  ce  que  les  Romains 
»  appelaient  des  vomitoires,  qui  devaient  vomir 


DigmzcdbyGoOglc 


»  la  foule.  On  a  trouvé  un  autre  vomitoire  sur 
»  la  crête  du  monument. 

»  Du  côté  de  l'Est,  sur  le  front  de  l'édifice, 
»  on  a  déblayé  de  petits  compartiments  latéra- 
»  lement  placés  à  un  couloir  qui  formait  l'entrée 
»  principale  de  ce  côté;  ils  étaient  probablement 
»  destinés  à  renfermer  les  bêtes  fauves  (1).  » 

Vient  ensuite  l'énumération  de  plusieurs  mon- 
naies et  de  divers  objets  antiques  trouvés  dans 
les  déblais;  comme  ceux  qui  ont  été  recueillis 
en  fouillant  les  Boutiques,  ils  sont  décrits  dans 
la  seconde  partie  de  mon  mémoire. 

Avant  de  terminer,  M.  Bonnélye  dit  que  c'est 
en  ces  lieux  qu'il  faut  placer  le  campement  des 
deuK  légions  casernées  par  César  dans  le  pays 
des  Lemovices;  puis  il  ajoute  ; 

«  Ce  serait  en  vain  qu'on  demanderait  à  l'his- 
»  toire  et  à  la  géographie  .le  nom  de  la  ville 
»  romaine.  On  pourrait,  dit  Baluze,  conjecturer 
s  qu'elle  fut  nommée  Tintiniacum,  k  moins  que 
B  ce  ne  soit  le  Rastiaium  de  Ptolémée;  mais  ce 
»  dernier  nom  désigne   la  ville   de  Limoges  (2). 


(I)  L'idée  préconçue  que  ces  ruines  étaient  celles  d'un  amphi- 
théâtre est  cause  que  H.  Bonnélye  n'a  pas  reconnu  dans  les  aubs- 
tructions  du  côté  Eat,  celles  de  la  gaëne  du  théâtre,  divisée  en 
trois  parties  ;  le  proscenium  on  putpitum  (avant -scène),  la  scena 
et  le  poslcenium,  local  où  les  acteurs  se  préparaient.  Los  com- 
partiments que  M.  Bonnélye  présume  être  destinés  à  renfermer 
les  betes  féroces  {toujours  avec  l'hypothèse  d'un  amphithéâtre)  sont 
tout  bonnement  les  substruclions  des  dessous  de  la  scène. 

(!)  La  ville  de  Limoges  a  porté,  jusqu'au  iv*  siècle,  la  nom  d'Au- 
gvstorilum.  La  pensée  que  Ralialiim  était  chez  les  Lemovices  de 
l'intérieur  n'avait  d'autre  base,  dit  M.  Deloche,  que  deux  éditions 
vicieuses  de  la  géographie  de  Ptolémée,  L'abbé  Belley  et  H.  Léon 


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»  Quant  à  l'étymologie  de  Tintiniae,  on  pourrait 
ï  !a  retrouver  dans  la  langue  celtique,  car  elle 
»  doit  être  la  même  que  celle  de  Tinteniac, 
»  dans  le  voisinage  de  Saint-Malo. 

s  Raynaud,  de  Nîmes,  présume,  sans  aucun 
»  fondement,  «  que  cette  ville  subsistait  long- 
»  temps  avant  César,  et  que  les  druides  y  avaient 
»  un  temple  en  l'honneur  de  Thot  ou   Thoit.  » 

M.  Bonnélye  réfute  victorieusement  cette  sup- 
position de  M.  Haynaud,  et  termine  en  disant  que 
ïa  ville  de  Tintignac  fut  probablement  détruite  par 
les  Vandales  au  commencement  du  v*  siècle,  opi- 
nion déjà  émise  par  le  comte  de  Gaylus  {Recueil 
d'Antiquités,  t.  VI,  p.  356). 

Longtemps  avant  M.  Bonnélye,  M.  Delmas  de 
La  Rebière  (1),  après  avoir  écrit  qu'une  des  deux 
légions  fut  établie  aux  environs  d'Ussel  et  l'autre 
sur  le  plateau  de  Tintignac,  s'exprimait  en  ces 
termes  :  «  Quant  à  l'établissement  des  légions  à 
»  Tintignac,  rien  n'est  plus  incontestablement  éta- 
»  bîi  par  les  commentaires  de  César,  quoique  au- 
B  cun  des  lieux  où  elles  furent  dispersées  n'y  soit 
»  dénommé  : . . .  duas  legiones  in  Lemovicum,  etc. 

»  Les  monuments  qui  existent  encore  en  ces 
»  divers  lieux  du  Limousin,  indiquent  du  reste 
s  ceux  où  les  légions  furent  établies.  Tintignac  et 
»  Ussel  sont  précisément  les  mieux  désignés  par 


Renier  placent  celte  ville  chez  les  Pictones,  et  M.  Deloche  fixe  aa 
position  à  Rézé,  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire,  presque  en  fsce 
de  Nantes. 

(I)  Fragments  d'biitoire  de  la  ville  d'Uaael,  par  M.  Delmas  de 
La  Rebière.  Glermont-Ferrand,  impr.  Jacques  Veyaset,  1809, 


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»  leur  position,  non  longé  ab  Arveimis,  puis- 
»  qu'il  n'est  aucun  endroit  de  ce  canton  plus 
»  près  de  l'Auvergne  où  l'on  trouve  autant  de  mo- 
»  nuraents  romains  indicatifs  de  cette  vérité  (1).  » 

Le  texte  des  commentaires  semble  de  nature  à 
contredire  cette  conjecture  en  ce  qui  concerne 
Tintignac,  car  il  suffit  de  jeter  un  coup  d'œil 
sur  une  carte  de  la  Corrèze  pour  juger  de  la  dis- 
tance qui  sépare  ce  lieu  du  pays  des  Ârvernes. 
Mais  M.  Deloche,  dans  une  étude  raisonnée  sur 
Tintignac,  non-seulement  adopte  à  son  tour  cette 
hypothèse,  mais  encore  interprète  en  sa  faveur 
le  texte  même  dont  on  pourrait  se  servir  pour 
'  la  combattre. 

«  Faut-il,  comme  l'ont  fait  quelques  auteura, 
»  entendre  par  les  mots  in  finibus  Lemovicum, 
»  la  frontière  du  pays  des  Lémovices?  Nous  ne 
B  le  pensons  pas.  Quand  ces  mots,  in  fi/nibus, 
»  se  rencontrent  dans  les  Commentaires  de  César, 
»  et  ils  y  sont  fréquemment  employés,  ils  veulent 
»  dire  presque  toujours  :  dans  le  pays,  dans  le 
»  territoire,  dans  le  iinage,  comme  plus  tard,  in 
»  termino,  intra  ou  infra  fines,  et  à.  une  épo- 
»  que  plus  récente,  in  finagio  (2).  » 

Après  avoir  cité  à  l'appui  de  cette  interprétation 
plusieurs  passages  des  Commentaires,  M.  Deloche 
dit  que  «  le  texte  même  qui  nous  occupe  prouve 


(1)  On  a  déjà  vu  qu'en  1810,  M.  Duroux,  à  son  tour,  a  émis  une 
hypothèse  presque  analogue. 

(2)  Éludes   aur   la   géographie    hiêloriqtte   de    la    Gaule,  par 
H.  Deloche,  p.  489. 


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»  bien  que  l'auteur  a  voulu  parler  du  territoire, 
»  et  non  de  la  frontière  des  Lémovicea;  car,  après 
»  avoir  énoncé  que  deux  légions  furent  placées 
»  in  p/nibus  Lemovicum,  il  ajoute  non  longé  ab 
»  ArvemiSj  ce  qu'il  n'eût  pas  écrit  s'il  avait 
»  entendu  parler  des  limites  mêmes  des  detuv 
»  peuples{\).  j> 

Nous  lisons  plus  loin  ;  «  ...Le  point  sur  lequel 
»  se  fit  le  campement  des  douze  mille  hommes 
D  dont  se  composaient  les  deux  légions,  et  près 
X  duquel  vint  s'agglomérer  bientôt  la  population 
»  d'industriels  qui  s'attache  toujours  aux  pas  d'un 
»  corps  de  troupes,  ce  point,  disons-nous,  dut 
■a  acquérir  promptement  de  l'importance,  et,  par 
»  suite,  la  ville  romaine  à  laquelle  il  donna  nais- 
»  sance  dut  élever  de  bonne  heure  des  monu- 
»  ments  qui  marquent  le  haut  empire  (2).  » 

M.  Deloche  ajoute  que  Tintignac  est  le  lieu  du 
Limousin  qui  lui  parait  remplir  le  mieux  ces 
conditions,  et  se  propose  :  1°  de  démontrer  l'im- 
portance de  cette  ville  dès  les  premiers  siècles 
chrétiens;  2"  de  prouver  l'établissement  à  Tinti- 
gnac du  campement  dont  il  s'agit,  par  sa  situa- 
tion topographique  et  la  force  de  son  assiette; 
3"  de  faire  connaître  le  nom  latin  que  Tintignac 
porta  au  moyen-âge;  4°  de  déterminer  l'époque 
probable  de  sa  destruction.  Je  me  bornerai  à  ré- 
sumer brièvement  cette  dissertation  écrite  avec  le 


(1)  ibid.,  491. 

(î)  Et  d'abord,  y  a-Lil  eu  réellement  une  ville  en  ces  lieux?  C'est 
une  question  que  nous  examinerons  plus  loin. 


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profond  saroir  qui  a  ouvert  à  son  auteur  les  portes 
de  l'Institut. 

1"  L'importance  de  Tintignac  est  suffisamment 
attestée  par  les  sabstractions  mises  à  découvert, 
notamment  par  celles  du  théâtre,  par  les  objets 
qu'on  y  a  trouvés,  et  notamment  par  les  mon- 
naies qui  embrassent  tout  le  haut-empire  et  <ies- 
cendent,  dans  le  bas-empire,  jusqu'à  l'année  337. 

Tintignac  était  en  outre  placé  sur  une  voie 
romaine  {dont  il  ne  reste  plus  traces),  qui  mettait 
en  communication  plusieurs  cités  importantes  de 
la  Gaule. 

M.  Deloche  semble  vouloir  adopter  ici  l'hypo- 
thèse déjà  formulée  en  1772  par  Raynaud  : 

a  Noua  devons  mentionner  aussi  une  circons- 
»  tance  qui  ne  manque  pas  d'intérêt  :  plusieurs 
»  collines  et  villages  situés  autour  du  Puy-de- 
ï  l'Aiguille,  où  était  évidemment  le  centre  de  l'an- 
»  cienne  ville,  portent  le  nom  de  divinités.  Ainsi 
»  il  y  a  le  Puy  Temporioux  (Tempori*)  et  les 
»  villages  de  Mont-Jauge  ou  Mont-Jauve  {Mon» 
B  Jovia),  de  Bach  {Bacchus),  Gérons  {Cérèg){\).  » 

Cette  manière  de  voir  n'est  pas  la  mienne,  je 
dois  le  répéter;  pour  ce  qui  est  du  Puy-de- 
l'Aiguîlle,  <  (rà  était  évidemment  le  centre  de 
»  l'ancienne  ville,  »  je  regrette  d'avoir  à  dire 
que  cette  assertion  ne  repose  sur  aucun  fait  1 
J'ai  minutieusement  exploré  ce  sommet  en  com- 
pagnie de  M.  Guillot;  on  n'y  voit  aucun  vestige 
de  substructions  et  on  n'y  en  a  jamais  trouvé. 

(I)  Loc.  cil.,  p.  495. 


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_  665  — 

Les  ruines  du  corps  de  bâtiment  appelées  —  les 
Boutiques  —  sont  encore  à  250  mètres  du  Puy- 
de-l'Aiguille  (1). 

2°  Situé  à  peu  près  à  égale  distance  des  Âr- 
vernes,  des  Cadurkea,  des  Pôtrocores  et  de  la  ca- 
pitale des  Lémovices,  sur  un  plateau  que  plusieurs 
cours  d'eau  entourent  comme  des  fossés  naturels, 
Tintignac  était  admirablement  placé  pour  sur- 
veiller, et  au  besoin  contenir  les  divers  peuples 
qui  viennent  d'être  nommés. 

M.  Deloche  présume  en  outre  que  diverses  for- 
teresses mentionnées  au  moyen-âge,  telles  que  le 
castrum  Ussaliaia  vn'  siècle  (Uasel),  le  castrum 
Vserca  du  v'  siècle  (Uzerche),  Roc-de-Vic(2),  le  caS' 
trum  Torinna  du  viii*  siècle  (Turenne),  le  cas- 
trum Issando  du  vi'  siècle  (Issandon),le  castrum 
Tutela  ou  Tutelense  du  i'  siècle  (Tuile),  le  cas- 
trum Barrum  du  vin*  siècle  (Bar),  étaient  déjà 
debout  au  temps  de  la  domination  romaine  et 
formaient  autour  de  Tintignac  une  ceinture  de 
fortifications.  Mais,  avec  une  louable  prudence, 
notre  savant  compatriote  ajoute  que  le  lecteur  est 
averti,  par  les  termes  dans  lesquels  il  en  parle, 
des  seules  dates  qu'il  entende  affirmer. 

Au  surplus,  me  pôrmettrai-je  d'ajouter  ici,  M.  De- 
loche  ne  peut  invoquer  à  l'appui  de  son  système 
que  des  preuves  purement  morales  et  non  des  faits 


(1)  Puy-de-l'É|rufIte,  sur  ta  cxUstre. 

(!)  Bien  (tes  assertions  erronées  ont  étâ  émises  au  sujet  de  I& 
prétendue  forteresse  gauloise  de  Roc-de-Vic!  J'en  ferai  justice 
dans  un  travail  qui  est  en  préparation. 


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incontestables;  on  n'a  effectivement  trouvé  à  Tin- 
tignac  aucune  tface  d'ouvrages  de  castiamétra- 
lion.  M.  Deloche  en  convient  (p.  524),  tout  en 
faisant  remarquer  que  le  sol  a  été  très  impar- 
faitement fouillé;  on  peut  dire  que  les  derniers 
vestiges  du  campement  des  légions  de  César  ont 
dû  disparaître  par  suite  des  agrandissements  suc- 
cessifs de  la  ville  gallo-romaine,  lorsque  l'asser- 
vissement définitif  de  la  Gaule  eut  rendu  inutile 
la  présence  de  nombreuses  troupes  dans  les  pro- 
vinces du  Centre. 

3°  L'ancien  nom  de  Tintignac  a  fait  l'objet  de 
grands  doutes;  Baluze  se  demande  si  ce  ne  serait 
pas  le  Ratiatum  de  Ptolémée.  Nous  avons  déjà 
vu  que  cette  supposition  n'était  pas  soutenable 
aujourd'hui!  M.  Deloche  dit  que  le  vocable  mo- 
derne de  Tintignac  provient  évidemment,  dans  sa 
dernière  forme,  de  Tintiniacum;  et,  remarquant 
dans  l'appendice  de  VHistoire  de  Tulle,  de  Ba- 
luze, le  titre  d'une  charte  de  1104  portant  dona-  ■ 
tion  d'un  lieu  nommé  Quintiniac,  il  pense  que 
c'était  là  une  première  forme  du  nom  de  Tinti- 
niac  ou  Tintignac;  d'autant  mieux  que  la  lettre 
q  est  souvent  remplacée  par  un  t  dans  le  langage 
corrompu  du  vulgaire.  D'après  un  titre  daté  du 
5  mai  1297,  ajoute  M.  Deloche,  Pierre  de  Chanac, 
d'Allassac,  damoiseau,  vend  à  un  bourgeois  de 
Tulle  ses  propriétés  de  Quintinhac,  de  la  Val  et 
du  Puy,  situées  dans  la  paroisse  de  Naves,  ce 
qui  est  pour  nous  un  indice  important;  plus  loin 
est  mentionné  la  manse  des  arènes  a  ...juxta 
»  mansos  de  Solella  Vuolph  et  de  las  Aresas, 


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—  667  — 

»  et  de  Chazarenc...(l).  »  Sur  une  seconde  charte 
de  1301,  le  vendeur  reconnaît  avoir  reçu  le  prix 
stipulé;  on  y  retrouve  le  ténement  de  Quintinhac; 
et,  au  dos  de  ce  titre,  se  trouve  une  note  écrite 
au  xviii'  siècle  ainsi  conçue  :  Quintinhac  est 
nommé  Tintignac  dans  une  reconnaissance  de 
1497. 

Donc,  le  lieu  qui  nous  occupe  s'appelait,  en 
1194,  Quintiniac,  en  1297.  et  en  1301,  Quin- 
tinhac, et  en  1497,  de  son  nom  actuel  de  Tin- 
tignac. 

Ce  nom,  dans  sa  forme  la  plus  ancienne,  ne 
serait,  d'après  M.  Deloche,  que  le  vocable  de 
Quintinus  adjectivé,  suivant  l'usage  des  Gaulois, 
qui  distinguaient  les  noms  de  lieux,  soit  par 
l'emploi  d'un  nom  de  personne,  soit  au  moyen 
d'un  substantif  significatif.  Or,  de  même  que  nous 
pouvons  induire  l'origine  gauloise  de  certaines  loca- 
lités des  noms  qu'elles  portaient  au  moyen-âge 
et  qui  n'ont  aucun  rapport  avec  le  latin,  nous 
sommes  autorisés  à  penser  que  les  lieux  qui  por- 
tent un  nom  dérivé  du  latin  sont,  au  contraire, 
de  création  postérieure  à  la  conquête,  ou,  tout  au 
plus,  contemporains. 

Tintignac,  ou  plus  anciennement  Quintinïa- 
cum,  devrait  donc,  d'après  ce  système,  son  nom 
à  un  personnage  appelé  Quintinus,  d'origine 
latine  évidemment,  mais  sur  les  fonctions  duquel 


(1)  Oïl  a  eu  grand  tort,  dit  H.  D(?loche,  de  déHgurer  ce  nom  de 

lieu  en  Tappetant  du  nom  de  Césarin,  qu'il  n'a  jamais  porté;  il 
est  fait  mention  de  Cazarenc  au  ii*  siècle. 


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on  est  réduit  à  de  pures  conjectures.  Il  n'est  eu 
tout  cas  pas  possible  d'admettre,  avec  M.  Bon- 
nélye  {Essai  sur  l'Histoire  de  Tulle),  que  Tin- 
tignac  pouvait  être  la  résidence  d'un  vicaire  du 
Préfet  des  Gaules;  ce  haut  fonctionnaire  résida 
à  Lyon  d'abord,  puis  à  Arles,  trop  loin,  par  con- 
séquent, de  notre  Limousin  pour  y  avoir  môme 
une  demeure  temporaire. 

4°  Poux  ce  qui  est  de  l'époque  de  la  destruc- 
tion de  la  ville  de  Tintignac,  M.  Deloche,  après 
avoir  examiné  et  discuté  les  diverses  hypothèses 
émises  à  ce  sujet,  pense  qu'on  peut  la  faire  re- 
monter au  commencement  de  la  dernière  moitié 
du  IV*  siècle.  En  effet,  les  médailles  de  la  date 
la  plus  récente  trouvées  à  Tintignac  sont  celles 
de  Constantin-le-Grand  (306-337)  et  de  son  fils, 
Conatantin-le- Jeune,  gouverneur  des  Gaules  du 
vivant  de  son  père;  il  est  bon  de  faire  remar- 
quer que  cette  dernière  pièce  a  été  frappée  anté- 
rieurement à  l'avènement  de  ce  prince,  puisqu'il 
y  reçoit  encore  le  titre  de  nobilissimiis  et  de 
Caesar. 

Or,  quinze  ans  après  la  mort  du  grand  Cons- 
tantin, la  Gaule  fut  ravagée  par  des  hordes  d'Ala-  " 
mans,  appelés  par  l'empereur  Constance  (1).  Une 
de  ces  bandes  était  commandée  par  un  chef  du 
nom  de  Khrok  ou  Krosch  {Chrocus,  Croscus), 
renommé  par  sa  férocité,  nous  dit  Grégoire-de- 


(1)  On  sait  qu'après  la  mort  de  Constantin,  et  jusqu'en  350,  il 
y  eut  trois  empereurs  :  Constantin  11,  qui  eut  les  Gaules,  Constant 
l'Italie  et  l'Afrique,  ot  Coostance  l'Orient  et  Copstantinople. 


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Tours.  Il  dévasta  le  pays  des  An-ernes,  et  M.  De- 
loche  en  conclut  que  le  pays  des  Lémovîces  eut 
à  son  tour  à  subir  ses  fureurs;  le  torrent  tra- 
versa la  Gaule  dans  toute  sa  longueur  pour  ne 
s'arrêter  que  devant  les  mui-s  d'Arles,  où  Khrok 
fut  vaincu  et  mis  à  mort.  M.  Deloche  appelle 
l'attention  sur  le  fait  suivant  :  les  monnaies  ro- 
maines recueillies  à  Ussel  s'arrêtent,  elles  aussi, 
au  règne  de  Gonstantin-le-Grand,  et  ce  castrvjtn, 
situé  sur  la  route  de  Lyon  à  Bordeaux,  d;it  con- 
séquemment  être  saccagé  par  les  mêmes  bandes 
qui  se  dirigeaient  sur  Tintignac  après  avoir  pillé 
Clermont. 

Tintignac  fut  donc  détruit  en  352  ou  en  353, 
d'après  M.  Deloche;  rien  ne  vient  contredire  cette 
assertion,  que  pourrait  seulement  inflrmer  la  trou- 
vaille en  ces  lieux  de  monnaies  postérieures  à  la 
date  indiquée.  Or,  nous  le  verrons,  on  n'en  a 
point  recueilli  jusqu'à  présent. 

M.  Deloche  consacre  un  dernier  chapitre  à  la 
description  des  ruines,  des  inscriptions,  des  mé- 
dailles, etc.  Mais  ceci  rentre  dans  le  cadre  de  la 
deuxième  et  de  la  troisième  partie  de  ce  mé- 
moire. 11  faut  dire,  toutefois,  que  M.  Deloche  se 
garde  bien,  comme  l'a  fait  M.  Bonnélye  malgré 
les  fouilles  de  1847,  de  prendre  les  ruines  d'un 
théâtre  pour  celles  d'un  amphithéâtre  !  M.  de  Cau- 
mont  n'avait  sans  doute  pas  pris  connaissance  de 
la  note  publiée  en  1840  par  M.  Breton  (v.  supra), 
du  moment  où  il  fait  mention  dans  son  Abécé- 
daire d'archéologie  galh-î'omaine  (édition  de 


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—  670  — 

1862,  p.  301)  de  l'amphithéâtre  «  de  Tintiniac, 
près  de  Tulle,  figuré  dans  Montfaacon.  » 

Les  derniers  auteurs  qui  ont  parlé  de  Tintignac 
sont  :  M.  de  La  Rouverade{l),  M.  l'abbé  Niel(2) 
et  M.  René  Fage(3).  M.  de  La  Rouverade  cherche 
à  établir  un  rapprochement  entre  le  Tintignac  des 
Lémovices  et  le  Tintignac  armoricain,  celui-ci  étant 
peut-être  une  colonie  de  celui-là.  L'abbé  Niel  dit, 
non  sans  raison,  que  l'existence  de  cette  station  en 
l'an  42  de  notre  ère  n'est  pas  mieux  assurée  que 
celle  de  la  ville  de  Tulle.  M.  Page  voit  dans  le 
castrum  Tutela  un  simple  boulevard,  une  dé- 
fense pour  la  ville  de  Tintignac. 

J'ai  voulu  dire  à  mon  tour  quelques  mots  des 
trouvailles  faites  sur  cet  emplacement  (4)  ;  mais 
je  n'avais  pas  encore  sur  Tintignac  (on  a  pu 
s'en  apercevoir),  les  notions  que  je  possède  au- 
jourd'hui. Ajoutons,  pour  terminer  ce  chapitre, 
que  la  désignation  fautive  ^''arènes  romaines  se 
trouve  sur  VAtlas  topographique,  agricole  et 
géologique  du  département  de  la  Corrèze  {carte 
des  cantons  de  Tulle  Nord  et  Sud)  publié  de 
1873  à  1875.  Et  comme  de  longues  pages  sont 
souvent  impuissantes  à  détruire  .  l'effet  produit 
par  une  erreur  de  quelques  lignes,  surtout  lors- 


(1)  Éludes  hiatoriques  et  critiques  sur  le  Bas- Limousin,  pu- 
bliées de  1860  à  18Gi.  (Étude  !-,  p.  G5  à  109,  et  notamment  p.  89.) 

(2)  Voir  notre  Biillelin,  t.  VI,  p.  500. 

(3)  Le*  Origines  .de  Tvlle.  N'  i,  le  Vieux-Tulle.  Imprimerie 
UraufTon,  1385. 

(1)  V,  le  Butlelin.  tome  III  [Sépultures  gnito-romnines  de  la 
Corréze)  et  tome  IV  (Urnes  cinéraires  trowéea  au  /ie«  dit  La 
(JomboUe,  commune  de  Chameyrat.) 


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—  671  — 

qu'elle  est  propagée  par  des  recueils  comme  la 
France  pittoresque  qui  s'adressent  à  la  masse 
des  lecteurs,  il  est  probable  que  le  vulgaire  par- 
lera longtemps  encore  des  arènes  de  Tintignac. 

La  dénomination  exacte  de  ces  restes  d'un  autre 
âge  n'est  pourtant  pas  indifférente,  môme  en  de- 
hors du  point  de  vue  archéologique.  Ne  juge-t-on 
pas  des  goûts  et  du  caractère  d'un  peuple  d'après 
ses  monuments?  En  ce  cas,  si  l'on  a  érigé  à 
Tintignac  un  théâtre  au  lieu  d'un  amphithéâtre, 
comme  dans  les  grandes  villes  de  la  Gaule  plus 
directement  soumises  à  l'influence  romaine,  n'est- 
il  pas  permis  de  présumer  qu'aux  jeux  sanglants 
dont  se  délectait  la  race  latine,  nos  pères  les 
Lemovices  préféraient,  à  l'instar  des  (irecs,  les 
■jeux  de  la  scène,  l'interprétation  des  œuvres  in- 
tellectuelles? S'il  en  est  ainsi,  honneur  à  eux! 
Et  les  conquérants  de  la  Gaule  étaient  trop  bons 
politiques  pour  ne  pas  étudier  et  chercher  à 
flatter  les  goûts  prédominants  des  populations 
soumises  !  (I) 

DEUXIÈME  PARTIE 

INSCRIPTIONS,    MÉDAILLES,    OBJETS    d'aRT,    DÉBRTS 
DIVERS   TROUVÉS   A   TIXTIONAG 

Les  rares  fragments  d'inscriptions  furent  trou- 
vés en  1842  et  1846,  et  ils  ont  tout  d'abord  été 


(I)  M.  de  Caumont  nous  dit  {Abécédaire  d'archéologie  romaine) 
que  les  thsatres  de  la  Gaule  furent  construits  ojDinmunément  soua 
lea  règnes  d'Adrien  etd'Antonin-le-Pieux;  c'était  la  bonne  époqitel 


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signalés  par  M.  Bonnélye.  Pour  les  décrire,  ainsi 
que  les  monnaies  trouvées  aux  mêmes  dates  et 
en  1847,  j'ai  recours  au  livre  de  M.  Deloche, 
n'ayant  point  vu  ces  objets. 

1°  Inscriptions  et  médailles. 

«  Les  fouilles  opérées  à  Tlntignac  n'ont  fait 
»  découvrir  jusqu'ici  que  trois  fragments  d'une 
»  inscription  gravée  sur  marbre.  Ces  fragments, 
9  qui  malheureusement  sont  insuffisants  pour  don- 
»  ner  Heu  à  des  essais  d'interprétation,  provien- 
»  nent  de  l'édiflce  appelé  les  Boutiques.  L'un 
»  contient  une  seule  ligne  sur  laquelle  on  lit 
»  MAR;  l'autre  deux  lignes  :  sur  la  première  on 
»  lit  SFI;  sur  la  deuxième,  la  lettre  S-  Le  der- 
»  nier  fragment  porte  deux  lignes  :  sur  la  pre- 
»  mière,  V;  sur  la  deuxième,  les  deux  lettres  AV. 
B  Ces  lettres,  gravées  en  beaux  caractères,  parais- 
»  sent  appartenir  à  la  même  inscription  (1). 

»  Dans  le  même  édifice,  au  milieu  d'un  amas 
»  de  charbons  et  de  cendre,  on  a  découvert,  ainsi 
»  qu'il  a  été  dit  plus  haut,  des  débris  de  fresques, 
»  sur  l'un  desquels  on  lisait  OCTA....TVLLIA.... 
»  BVDARACI..-.  Sur  le  même  point,  on  a  trouvé 
I  des  débris  d'une  statue  de  femme  (2).  » 

Que  sont  devenus  les  fragments  de  marbre  et 


(t)  Fouilles  de  1S4!,  d'après  le  compte'rendii  de  M.  Bonnélyo. 
(Annuaire  de  1851.)  M.  Bonnélyo  dit  que  ces  IcUies  ont  cinq  oeii- 
timëtrcs  de  haulcur. 

{î)  Fouilles  de  I34G.  Le  débris  sur  lequel  on  lisait  ce  lambeau 
d'inscription  (OCTA-.-lVLLIA--. BVDARACI....)  a  été  recueilli  dans  le 
petit  rectHUgle  I  J  P  T.  (Voir  le  pian  des  i(oiiii'/i««.) 


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—  673  — 

le  débris  de  peinture  murale  où  l'on  a  relevé 
cea  lambeaux  d'inscriptions?  M.  Deloche  ne  le 
dit  pas! 

Voici  la  nomenclature  des  médailles  : 

«  1"  Médaille  en  argent. 

Buste  de  César.  Inscription  :  M. G.I. 

R/.  Victoire  ailée.  Inscription  :  VICTRlX(l). 

2°  Médaille  en  bronze. 

Deux  bustes  adossés.  Inscription  en  dessus  : 
IMP.  Au-dessous  :  DIVIF. 

R/.  Un  crocodile  (emblème  de  la  Colonie  nl- 
moise).  Inscription  :  C0L.NEM(2). 

3'  Médaille  en  bronze. 

Kfflgie.  Légende  :  HADRIANVS  AVGVSTVS. 

R/.  Victoire  avec  les  lettres  P. P. P. M. TR. CL. 
(Ann.  117-138.)  (3). 

4°  Médaille  en  argent. 

Effigie.  Légende  :  DIVVS  ANTONINVS 

R/.  Aigle  aux  ailes  éployées.  Inscription  ;  CON- 
SECRATIO. 

(Ann.  138-161.)  (4). 

5°  Médaille  en  bronze. 

AVRELIANVS  ANTONINVS. 

R/.  Effigie  de  Marc-Aurèle. 
(Ann.  161-180.)  (5). 


(1)  Fouillea  de  1846  {toc.  cit.).  M,  Bonnélye  interprète  lea  trois 
lettres  M. G.I.  comme  il  suit  :  Marcua  Caltgula  imperalor.  Or 
Cali^ula  s'appelEiit  Gains  et  non  Harcus. 

(2)  Fouillea  de  1846  {loc.  cit.). 

(3)  Fouilles  de  1842  [loc.  cit.). 

(4)  Fouilles  de  1843  (toc.  cit.). 

(5)  Fouilles  du  puits,  1846  {toc.  cit.). 


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—  074  — 

6°  Médaille  en  bronze. 
'  Effigie  d'une  jeune  femme.  Légende  :  LVGILLA. 
AVGVSTA. 

(Ann.  161-169.)  (1). 
7°  Médaille  en  bronze.    . 
Buste  d'empereur.   ALEXANDER.PIVS.ÂVGVS- 
■TVS. 

R/.   Une  figure  de  femme.  Inscription  :  SPES 
PVBLIGA. 

(Ann.  2-22-235.)  (2). 
8"  Médaille  en  bronze,  très  petit  module. 
Tète  ceinte  d'une  couronne  radiée.   Légende  : 
TETRICVS.AVG. 

R/.  Une  femme  tenant  une  lance;  à  côté,  dans 
le  champ,  une  étoile.  PAX.AVG. 
(Ann.  ,268-274.)  (3). 
9°  Médaille  en  bronze. 

Téta  ceinte  d'une  couronne   radiée.  Légende  : 
IMP.CARINVS.P.F.AVG. 

R/.  Une  Victoire  tenant  d'une  main  une  patène, 
.de  l'autre  une  couronne.  Légende  :  VICTORIA. AVG. 
(Ann.  284-285.)  (4). 
10"  Médaille  en  bronze. 

Légende  :   IMPERATOR.CONSTANTINVS.PIVS. 
FELIX. 

R/.  Autel  cylindrique,   surmonté  d'un  trophée 
circulaire;  dans  le  corps  de   l'autel,   une  croix; 


(I)  Fouilles  du  puits,  1846  {loc.  cil.). 
(!)  Fouilles  de  1S46  (loo.  cil.). 
(3)  Fouilles  du  théAtre  en  1847  {toc.  cil.). 
(4J  Fouillea  du  théâtre  en  1S4T  [loc.  cit.). 


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—  ft75  — 

de  chaque  côté,  deui  anges.  (Inscription  illisible.) 
(A-nn.  312-337.)  {1). 

11'  Médaille  en  bronze. 

CONSTANTINVS.AVG. 

R/.  Une  bannière  à  laquelle  sont  adossées  deux 
petites  figures  accroupies.  Inscription  :  VIRTVS. 
EXERCIT.  Sur  la  flamme  de  la  bannière,  deux 
croisettes  et  l'inscription  VOTA. 
(Ann.  312-337.)  (2). 

12°  Médaille  en  bronze. 

Effigie.  CONSTANTINVS.AVG. 

R/.  Une  couronne  entourant  l'inscription  VOTA, 
accostée  de  deux  croix  et  d'un  croissant. 
(Ann.  312-337.)  (3). 

C'est  en  312,  dit  en  note  M.  Deloche,  que  Cons- 
tantin remporta  une  victoire  célèbre  sur  Maxence  ; 
c'est  à  partir  de  cette  époque  qu'il  accorda  sa 
protection  à  la  religion  chrétienne  et  que  paru- 
rent sur  ses  médailles  le  signe  et  le  nom  de  la 
croix.  C'est  donc  entre  312  et  337  qu'il  faut  pla- 
cer les  trois  médailles  de  Constantin  trouvées  à 
Tintignac.  M.  Deloche  ajoute  qu'il  existe  au  «  mu- 
sée de  la  Préfecture  »  une  médaille  de  bronze 
sur  laquelle  on  lit  :  au  droit,  CONSTANTINVS; 
et  au  revers,  H0C.SIGN0.VINCES(4).  Mais  cette 
dernière  légende  lui  parait  tellement  suspecte 
qu'il  se  borne  à  la  mentionner  en  note. 


(I)  Fouilles  du  théJtre  en  1847  {loc.  cit.). 
{2)  Fouilles  du  thé&tre  eu  tS47  {toc.  cit.). 

(3)  Fouilles  du  Uiéatr6  en  1847  {loc.  cit.). 

(4)  Fouilles  du  thé&tre  en  1847  (Bonnélye). 


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—  676  — 

13'  Médaille  en  bronze. 

Tète  laurée.  Légende  :  CONSTANT  IN  VS.IVN. 
NOB.C. 

R/.  Une  couronne  entourant  rinscription  VOT. 
Légende  :  CAESARVM.NOSTRORVM. 
(Ann.  332-337.)  (1). 
14°  Médaille  en  bronze. 

Tête  d'homme  à  longue  chevelme,  couronnée. 
Inscription  :  ANTONINVS.  »  (Fouilles  de  1846).  (2). 

M.  Deloche  ne  décrit  que  les  quinze  monnaies 
dont  avait  déjà  fait  mention  Bonnélye  (voir  Arir- 
nuaire  de  1851),  et  en  formulant  un  doute  au 
sujet  de  l'une  d'elles,  dont  la  légende  lui  semble 
suspecte.  On  en  a  trouvé  bien  davantage  !  Le  puits 
seul,  nous  l'avons  déjà  vu,  en  a  fourni  trente- 
deux  (3),  sans  compter  les  monnaies  dont  parle 
ti'op  succinctement  Baluze  :  a  ilUc  inveniuntur 
»  multa  numismata  Imperatorum  Homano- 
»  rum,  ETiAM  AUREA.  »  Que  sont  devenus  ces 


(1)  PouilJea  du  théâtre  eu  IM7  [loc.  cit.). 

(2)  Deloche,  Géographie  hist.  de  la  Gaule,  p.  534  à  527. 

Je  ne  sais  ce  qu'était  le  musée  de  la  Préfecture  en  1861,  lorsque 
H.  Deloche  a  publia  son  livre;  en  tout  cas,  je  demandai  vainement 
à  le  visiter  en  18G5!  Je  puis  seulement  affirmer  qu'aujourd'hui  il 
consiste  en  une  vitrine  plate,  placée  dans  un  coin  du  cabinet  de 
H.  le  Préfet;  elle  contient  quelques  menus  objets  antiques  et  un 
certain  nombre  de  monnaies  ou  médailles  de  différentes  époques, 
ntais  sans  indications  de  provenance.  M.  Maurice  Ardant  a  décrit 
trente-trois  de  ces  monnaies  en  1811  (Description  des  médailles  et 
monnaies  précieuses  du  musée  de  Tuile,  imprimerie  Chapaulaud 
frères,  à  Limoges);  cette  date  est  antérieure  aux  fouilles  faites 
à  Tintignac  (commencées  en  1842),  et  en  effet  aucune  des  monnaies 
décrites  par  M.  Deloche  ne  iigure  dans  cet  opuscule. 

(3)  Deux  seulement  de  celles-ci  [un  UarcÂurèle  et  la  monnaie 
à  l'effigie  de  Lucilie)  sont  décrites  par  MH.  Bonnélye  et  Deloche. 


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petits  monuments,  plus  pi-écJeux  pour  l'histoire 
de  Tintignac  que  les  sculptures  et  autres  objets 
d'art  plus  ou  moins  authentiques  ! 

Oui,  on  am'ait  pu  créer  une  fort  intéressante 
collection  en  recueillant  avec  soin  et  en  réunis- 
sant dans  un  même  local  tout  le  produit  des 
fouilles  de  Tintignac  !  Mais  on  ne  l'a  pas  fait  et 
il  n'est  plus  temps. 

Voici  maintenant  la  nomenclature  des  monnaies 
trouvées  par  M.  GuiUot;  elles  ont  été  soumises, 
sauf  une,  à  M.  Anatole  de  Barthélémy  notre  col- 
lègue, dont  la  parfaite  obligeance  ne  me  fait 
jamais  défaut.  Personne  ne  pourra  donc  contes- 
ter l'exactitude  de  la  détermination  de  ces  mon- 
naies. 

1°  Un  moyen  bronze  d'Hadrien,  très  fruste. 

2'  Un  magnifique  aureiis;  diamètre  :  0°0182. 


D/.  Tête  laurée  d'A.ntonin-le-Pieux  k  droite;  lé- 
gende :  ANTONINVS.AVG.PIVS.P.P.TR.P.XXIII. 

R/.  La  Piété  debout  à  gauche,  entre  deux  en- 
fants; elle  tient  un  globe  de  la  main  droite  et 
un  enfant  sur  le  gras  gauche.  Légende  :  PIETATI. 
AVG.COS.IIII.     , 
(Frappé  l'an  160.) 

Le  type  du  revers  se  rapporte  à  l'institution 
des  puellas  Faustinianas,  à  laquelle  Antonin  atta- 


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cha  le  nom  de  Faustine,  sa  femme.  Des  jeunes 
filles,  dont  la  fortune,  ne  répondait  pas  à  la  nais- 
sance, étaient  élevées  dans  cet  établissement,  aux 
frais  de  l'État  et  sous  la  protection  de  l'Impé- 
ratrice (1). 

3"  Moyen  bronze. 

D/.  Effigie  de  l'empereur  Commode. 

R/.  MIRT .  PACAT .  P .  M .  TR .  P .  XIIX .  IMRVUl . 
COSV.P.P. 
(Ann.  189.) 

4°  Petit  bronze  de  Gallien. 

Légende  :  DIANAE  CONS.AVG. 
(Ann.  260-268.) 

5'  Autre  petit  bronze  de  Gallien,   très  fruste. 

6"  à  16°  Onze  petits  bronzes  plus  ou  moins 
frustes  de  Tétricus  1"  {très  petit  module). 

Têtes  ceintes  d'une  couronne  radiée. 

17°  Petit  bronze  (Tétricus  fils). 

Légende  :  PRINC.IVVENT(2). 

18°  Petit  bronze  saussé. 


(1)  Cette  belle  monnaie,  dont  le  dessin  a  été  exécuté  par  notre 
collègue  U.  Soulié,  a  été  trouvée,  avant  les  fouilles  de  1S84, 
aux  abords  du  théâtre.  La  détermination  qu'on  vient  de  lire  est 
empruntée  i  une  lettre  de  notre  collègue,  M.  Léon  Lacroix,  à  qui 
j'avais  envoyé  une  bonne  empreinte.  Toutes  les  autres  monnaies 
de  M.  Guillot  ont  été  trouvées  en  faisant  les  fouilles  et  ont  passé 
en  nature  sous  les  yeux  de  M.  de  Barthélémy. 

(2)  11  ne  faut  pas  être  étonné  si  les  monnaies  de  Tétricus  sont 
&  Tiutignac  plus  nombreuses  que  les  autres.  Ce  personnage  fut 
un  des  trente  tyr&ns  (en  réalité  il  y  en  eut  une  vingtaine)  qui  se 
taillèrent  des  souverainetés  sous  le  règne  du  faible  Gallien  et  de 
Claude,  son  successeur  (360-268,  et  !6^270);  or,  Tétricus  eut  les 
Gaules!  Il  trahit  ses  soldats  et  se  livra,  en  273,  à  l'empereur 
Au  ré  lien. 


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—  679  - 
D/.  Buste  de  Grispus  lauré,  à  droite;  légende  : 

catispvs... 

R/.  Légende  :  C^SARVM  NOSTRORVM;  dans 
VO 
le  champ,  TIS 
V 

(Année  probable  :  391,  d'après  l'expression,  dans 
le  champ  de  la  pièce,  des  vœux  quinquennaux  (1). 

Après  lés  quatorze  monnaies  décrites  par  M.  De- 
loche  et  les  dix-huit  de  M.  Guillot,  il  est  bon  d'in- 
diquer ; 

1°  Un  moyen  bronze  d'Hadrien  (117-138). 

D/.  Tôte  laurée  d'Hadrien,  à  droite.  (Légende 
presque  entièrement  effacée.) 

R/.  Le  Nil,  représenté  sous  la  forme  d'un  fleuve 
assis.  (Ma  collection.) 

2°  Un  denier  en  argent. 

D/.  Buste  d'Antonin  à  gauche;  légende  :  DIVVS 
ANTONINVS. 

R/.  Un  aigle  sur  un  autel;  légende  :  CONSE- 
CRATIO. 

(Ann.  138-161.) 


(I)  Grispus,  flls  de  Constantin  I"  et  de  Hinervine,  créé  César 
en  317  et  gouverneur  des  Gaules  avant  son  frère  Gonatantin-le- 
Jcune,  fut  mis  à  mort  en  326  par  les  ordres  de  son  père;  il  eut  la 
tet'e  tranchée  &  Pola,  en  Istrie.  L'irapâratrice  Fausta,  secoade 
femme  do  Constantin,  l'avait  faussement  accusa  du  crime  dont 
Phèdre  accusait  Hippolyte.  Constantin,  désabusé  plus  tard  par  sa 
mère,  ordonna  la  mort  de  Fausta,  qu'on  étouffa  dans  un  bain 
chaud. 

/V.-B.— Les  empereurs  romains  donnaient  i  leurs  fils,  mères,  etc., 
le  privilège  d'effigie  monétaire  pour  les  faire  participer  à  la  sain- 
teté religieuse  de  la  dignité  impériale. 


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(Collection  de  M.  Borie,  phai'macieti  k  Tulle)  (1). 

Nous  pouvons  donc  signaler  comme  trouvés  à 
Tintignac  :  un  César;  une  monnaie  de  la  Colonie 
de  Nimes  (Auguste  et  Agrippa);  trois  Hadrien; 
trois  ou  quatre  Antonin  (dont  un  en  or);  un 
Marc-Aurèle;  une  Lucille(2);  un  Commode;  un 
Alexandre-Sévère;  deux  Gallien;  douze  Tétricus 
père;  un  Tétricus  fils;  un  Carin;  trois  Constan- 
tin !"■;  un  Crispus;  un  Constantin  II.  Les  nu- 
mismates ne  trouveront  sans  doute  dans  cette 
nomenclature  aucun  de  ces  types  rares  si  appré- 
ciés par  eux;  c'est  au  point  de  vue  des  recher- 
ches historiques  que  ces  monnaies  offrent  de  l'in- 
térêt. Ainsi,  rien  jusqu'à  présent  ne  vient  infirmer 
l'hypothèse  émise  par  M.  Deloehe  au  sujet  de  la 
date  probable  de  la  destruction  de  Tintignac;  on 
n'a  pas  signalé  de  monnaies  postérieures  à  Cons- 
tantin II. 

OBJETS  d'art;  débris  divers 

Décrivons  tout  d'abord  les  trois  têtes  publiées 
en  gravures  par  Baluze  et  Montfaucon,  et  plus 
tard  en  lithographies  par  Tripon,  d'après  les  des- 
sins de  Beauraesnil  (3). 

1°  Bas-relief  en  albâtre,  haut  de  0"95,  appliqué 
sur  une  plaque  de  marbre  noir  ayant  0"'29  sur 


(1)  Une  monnaie  exactement  semblable  est  décrite  (voy.  suprà) 
par  MM.  Bonnélye  et  Deloohe;  c'est  peut-être  celle-ci  que  j'ai  vue 
chez  M,  Borie. 

(2)  Épouse  de  Lucius  ^tiua  Verus,  qui  régna  avec  Marc-Âurèle 
de  ran  161  à  169. 

(3)  Ces  lëtcs  ont  figuré  à  t'Eiposition  de  Tulle,  en  1880. 


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0"29.  C'est  un  buste  iKibillé,  d'une  toute  jeune 
femme  tournée  de  profil  et  regardant  à  droite; 
la  prunelle  a  été  creusée. 


M.  Deloche  dit  que  des  objets  recueillis  à  Tin- 
tignac,  ce  buste  est  celui  qui  annonce  l'époque 
la  plus  ancienne;  «  il  a  subi  des  altérations, 
»  ajoute-t-il,  car  on  remarque  que  le  bout  du 
»  nez  a  été  restauré  et  qu'on  y  a  ajouté  un  mor- 
B  ceau  de  marbre,  tandis  que  le  buste  est  en 
B  albâtre;  on  l'a  (peut-être  à  la  même  époque) 
»  appliqué  sur  une  trancbe  de  marbre  noir  qui 
»  lui  sert  de  fond;  et  cette  circonstance,  jointe 
»  il  la  grossièreté  de  la  restauration,  indique  bien 
»  que  ce  dernier  travail  eut  lieu  aux  temps  du 
»  bas-empire.  » 


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N'oublions  pas  que  M.  Deloche  écrivait  en  1861; 
lorsque  à  mon  tour  j'ai  vu  ce  buste,  le  nez  était 
mutilé,  tel  que  nous  le  figurons  ici,  et  nous 
avons  tenu  à  donner  une  reproduction  fidèle. 
Quant  à  la  plaque  de  marbre  servant  de  fond, 
elle  pourrait  bien  être  moderne!  Elle  ne  présente 
point  l'aspect  terne  des  marbres  qui  ont  long- 
temps séjourné  dans  le  sol,  et  au  surplus,  il  n'a 
pas  été  trouvé  un  seul  morceau  de  viarhre  noir 
parmi  les  nombreux  débris  recueillis  par  M.  Guillot 
ou  gisant  encore  sur  place.  Il  est  bon  d'ajouter 
que  le  graveur  de  Baluze  n'a  pas  figuré  cette 
tranche  de  marbre;  on  la  trouve  au  contraire, 
sur  la  lithographie  de  ïripon,  entourée  d'un 
biseau  qui  n'existe  pas. 

On  pourra  m'objecter,  il  est  vrai,  que  le  très 
faible  relief  de  cette  sculpture  ne  permet  pas  de 
supposer  qu'on  ait  pu  l'utiliser  comme  décoration 
sans  la  fixer  sur  un  fonds  quelconque,  et  que, 
d'autre  part,  sans  le  secours  de  ce  fonds,  elle 
n'aurait  pas  été  retrouvée  entière.  Mais  j'ai  re- 
marqué précisément  une  fracture  au  col,  et  c'est 
probablement  pour  consolider  après  coup  ce  bas- 
relief  qu'on  l'aura  fixé  sur  une  tranche  de  mai- 
bre  noir.  Ce  marbre,  répétons-le,  est  trop  brillant 
pour  avoir  subi  un  long  séjour  dans  le  sol. 

Les  uns  ont  conjecturé  que  ce  buste  était  celui 
de  Sabine,  femme  d'Adrien  et  petite-nièce  de  Tra- 
jan,  d'après  une  ressemblance  entre  la  figure  de 
cette  impératrice  gravée  dans  une  ancienne  col- 


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lection  d'effigies  et  le  bas-relief  dont  il- s'agit (1); 
d'autres  ont  voulu  y  voir  le  portrait  de  Lucille, 
femme  de  Lucius  ^lius  Verus  (2).  M.  Deloche  com- 
bat ces  hypothèses;  à  l'égard  des  ressemblances, 
il  s'est  assuré  qu'il  n'en  existait  ici  ni  avec  Sabine, 
ni  avec  Lucille,  et  d'ailleurs,  ajoute-t:iI,  la  coiffure 
de  ces  deux  princesses  n'était  pas  celle  que  re- 
préséhte  le  bas-relief.  «  Cette  dernière  coiffure, 
»  qui  fut  principalement  en  usage  sous  le  règne 
»  de  Marc-Aurèle,  est,  à  peu  de  chose  près,  celle 
»  que  portait  Faustine- la -Jeune,  femme  de  cet 
»  empereur,  fille  d'Antonin-le-Pieux(3). 

»  De  plus,  le  profil  droit,  le  col  allongé  et 
»  même  l'ajustement  des  draperies  rappellent  les 
»  effigies  de  cette  impératrice.  J'ajoute  que  Faus- 
j>  tine-la-Jeune  est  un  des  personnages  dont  les 
B  médailles  se  rencontrent  très  fréquemment  et 
»  même  à  profusion  dans  le  Limousin.  On  peut 
»  donc,  avec  assez  de  vraisemblance,  voir  une 
»  reproduction  de  ses  traits  dans  le  bas-relief  qui 
»  nous  occupe  (4).  » 

A  quoi  bon  toutes  ces  conjectures  qui  ne  pré- 


(1)  Reynaud,  notice  insérée  dans  VAlmsn»ch  kittorique  du  Bas- 
Limousin  pour  l'année  1771. 

(2)  M.  Bonnélye,  Essai  sur  l'Histoire  de  Tulle,  p.  36.  Avant 
Bonnclye,  Tripon  d'après  Beaumesiiil  (ancienne  province  du  Li- 
mousiji,   1837,  3"  partie,  p.  3b). 

(3)  M.  Deioche  cite  en  note  l'Iconographie  romaine,  de  Hongez; 
on  trouve  également  dans  Montraucon  les  portraits  de  Sabine,  de 
Lucille  et  de  Faustine  {loc.  cil.,  3-  volume,  pL  XVJI  et  XVIII). 
Seulement  cette  dernière  est  de  f-.ice,  et  un  pan  do  son  manteau 
encadre  son  visage. 

(4)  Dcloclie,  (oc.  cit.,  p.  518-520. 


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sentent,  au  surplus,  qu'un  intérêt  secondaire! 
Pourquoi  le  sculpteur  se  serait-il  attaché  à  faire 
le  portrait  d'une  impératrice  plutôt  que  tout 
autre?  Sommes-nous  en  présence  d'un  produit 
de  l'art  ancien?  si  oui,  c'est  l'essentiel,  mais  je 
dois  dire  que  de  savants  archéologues  n'en  sont 
pas  convaincus. 

L'e;pression  de  la  tète  est  juvénile;  le  profil 
gracieux  encore,  malgré  la  mutilation  qui  le  dé- 
pare aujourd'hui.  Le  front  est  droit,  le  menton 
bien  modelé,  la  bouche  fine.  La  partie  supérieure 
de  l'oreille  est  cachée  par  une  tresse  de  cheveux 
qui  part  du  sommet  du  front  pour  aller  rejoindre 
une  sorte  de  chignon  disposé  sur  le  derrière  de 
la  tète;  cette  coiffure  laisse  à  nu  un  cou  un  peu 
long  mais  non  sans  grâce.  Ce  qu'on  voit  du  cos- 
tume consiste  en  un  manteau  dont  un  pli  est 
rejelé  sur  l'épaule,  par  dessus  une  tunique  ou 
robe  dont  le  haut  de  la  manche  pUssée  est  serré 
par  un  cordon  plat,  muni  vers  le  milieu  d'un 
bouton. 

La  coiffure,  et  surtout  le  costume  de  cette  jeune 
femme,  sont  infidèlement  figurés  dans  Baluze; 
c'est  d'autant  plus  regrettable  que  Montfaucon  (qui 
n'a  jamais  vu  les  originaux)  reproduit  les  gra- 
vures de  Baluze  à  l'appui  d'un  texte  où  il  est 
traité  des  habits  des  Gaulois  (1).  Les  lithographies 
de  Tripon  ne  sont  pas  plus  exactes. 

Ce  bas-relief  est  chez  M™  veuve  Boudrie,  à  Tulle. 


(1)  Antiquité  expliquée,  vol.  III,  1"  partie,  chapitre  x 
planche  hl. 


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2"  Tète  d'homme  traitée  en  ronde-bosse  et  vue 
de  face.  La  bouche,  entr'ou verte,  laisse  entrevoir 
les  dents  de  la  mâchoire  supérieure;  couronne  de 
feuillage  au  sommet  de  la  tête;  visage  encadré 
par  une  chevelure  abondante  et  une  barbe  frisée. 


Cette   tête   est  en   pierre  oolithique(!);  elle  a 
0"''ii  de  hauteur.  Son  exécution,  dit  M.  Deloche, 


(1)  L'oolithe  des  environs  de  Ncspouls  ou  de  Nazareth;  fa  môme 
dont  on  s'est  servi  au  moyen-âge  pour  édifier  le  splendido  tom- 
beau de  saint  Etienne,  à  Obazine, 

T.  VIL  i-7 


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—  686  — 

est  inférieure  à  celle  de  la  tète  de  femme  déjà 
décrite  et  parait  remonter  à  une  époque  moins 
ancienne. 

«  L'expression  contemplative  et  religieuse,  la 
»  barbe,  les  cheveux  abondants,  et  la  couronne 
»  très  élevée  sur  le  derrière  de  la  tête  et  placée 
»  d'une  manière  qui  n'est  pas  ordinaire,  semble- 
»  raient  annoncer  une  divinité;  et  pourtant  on 
»  n'y  reconnaît  le  caractère  distinctif  ni  de  Ju- 
»  piter{l),  ni  de  Mars,  ni  de  Neptune,  ni  de 
»  Mercure,  ni  de  Faune  (2).  » 

Les  uns  (Reynaud,  loc.  cit.)  ont  voulu  y  voir 
un  Antonin-le-Pieux;  d'autres  (Tripon  et  Bonnélye) 
un  Adrien.  Ces  deux  attributions  sont  inadmis- 
sibles, dit  M.  Deloche;  il  n'y  a  aucune  ressem- 
blanfe  entre  les  traits  d'Adrien  ou  d'Antonin  et 
la  figure  trouvée  à  Tintignac  qui  ne  peut  être 
contemporaine  du  buste  de  la  jeune  femme,  du 
moment  où  il  date  d'une  moins  bonne  époque. 

»  Il  est  plus  vraisemblable  que  l'artiste  n'a 
»  voulu  reproduire  les  traits  d'aucun  personnage 
»  historique,  et  que  cette  pièce  était  simplement 
B  destinée  à  la  décoration.  On  remarque  en  effet, 
B  au  sommet  de  la  tête,  un  trou  de  O"!!  de  pro- 
»  fondeur  et  de  0"i5  environ  de  diamètre{3).  "Tout 
»  porte  à  croire  que  cette  ouverture  a  existé  dès 


(I)  Un  Italien  paraissant  connaisseur,  ayant  vu  celle  tâte  ches 
M.  Gasperi  pendant  qu'on  la  moulait,  no  cloutait  pas  que  ce  no  fût 
une  image  de  Jupiter. 

(ï)  Deloche,  ioc.  cit.,  p.  520. 

(3)  Cette  dernière  mesure  n'a  pas  été  bien  prise;  ce  trou  n'a  que 
0-035  à  l'orifice. 


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»  le  principe  et  qu'elle  rentrait,  par  la  compo- 
»  sition  et  le  travail  de  l'œuvre,  dans  les  des- 
»  seins  de  l'artiste.  Or  elle  ne  pouvait  servir  qu'à 
s  deux  objets  :  ou  bien  à  soutenir  une  inscrip- 
»  tion,  un  emblème,  une  corbeille  ou  quelque 
»  autre  ornement,  ou  bien  à  permettre  de  fixer 
»  cette  tête  aux  parois  extérieures  ou  intérieures 
»  d'un  monument,  et  probablement  d'un  édifice 
»  consacré  au  culte  religieux  (1).  » 

Les  gravures  de  Baïuze  et  de  Tripon  ne  sont 
pas  fidèles.  Le  dessinateur  de  Baluze  n'a  point 
saisi  la  ressemblance;  en  outre,  il  a  cru  devoir 
ajouter  aux  yeux  les  prunelles  qui  manquent,  et 
la  couronne  de  feuilles  n'est  pas  exactement  posée. 
Tripon,  lui  (ou  plutôt  Beaumesnil),  n'a  pas  copié 
les  prunelles  de  la  tète  donnée  par  Baluze,  mais, 
de  son  autorité  privée,  il  a  ajouté  à  cette  tète 
un  cou  et  un  commencement  d'épaules  ! 

M.  Borie  a  dessiné  le  moulage  accroché  à  un 
panneau;  la  tète  est  donc  vue  en  retrait  de  haut 
en  bas,  et  cette  disposition  laisse  apercevoir  le  trou 
pratiqué  au  sommet. 

Cet  intéressant  objet  d'art  appartient  à  M.  de 
Fénis  de  Laprade,  domicilié  à  Brive  depuis  quel- 
ques années. 

3'  Tôle  d'homme  couronnée  regardant  à  gauche. 
Profil  en  bas-relief  se  rapprochant  d'un  trois- 
quarts;  barbe  en  pointe;  couronne  de  laurier  à 
triple  rang  offrant  encore  des  traces  de  dorure; 


(1)  Deloche,  loc.  cil,,  p.  bil. 


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cette  tête  est  posée  sur  le  haut  du  buste,  muni 
d'une  bordure  de  vêtement  également  dorée. 


Ce  sujet,  en  marbre  blanc. {et  non  en  albâtre 
comme  l'a  cru  M.  Delocbe),  a  0*"36  de  hauteur. 
Il  est  d'une  trè^  mauvaise  exécution  ;  l'oreille  est 
placée  de  travers,  les  yeux  mal  dessinés  (1),  le 
nez  gros>  le  cou  court  et  mal  tourné.  Au  sur- 
plus, le  dessin  de  M.  Borie,  calqué  sur  une  pho- 
tographie, fait  bien  ressortir  les  imperfections  de 
cette  œuvre.  Le  graveur  de  Baluze,  au  contraire, 
a  pris  sur   lui   de  les  rectifier;   comme  dans  le 


(1)  Pour  photographier  cette  tête,  il  a  fallu  la  tourner  de  proRl; 
notre  ilessiti  ne  peut  donc  montrer  les  deui  yeux. 


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bas-relief  de  la  jeune  femme,  ce  qui  parait-  du 
vêtement  n'est  pas  exactement  figuré  et  la  cou- 
ronne n'a  qu'un  double  rang  de  feuilles.  La  plan- 
che de  Tripon  représente  ce  personnage  appliqué 
«  sur  un  marbre  noir  carré,  entouré  d'un 
biseau  qui  a  pu  servir  à  son  encadrement  b  (1), 
et  Beaumesnil  y  voyait  un  portrait  de  Lucius 
Aurelius  Veriis,  le  mari  de  Lucille,  dont  [tov^ 
jours  d'après  Beaumesnil)  le  buste  de  la  jeune 
femme  (v.  supra)  est  l'image.  Tout  en  constatant 
une  certaine  ressemblance  entre  une  médaille  de 
cet  empereur  et  le  bas-relief  trouvé  à  Tintignae, 
M.  Deloche  dit  que  sa  mauvaise  exécution  ne 
permet  pas  de  l'attribuer  au  haut-empire.  Il  pré- 
sume que  l'on  a  voulu  reproduire  les  traits  d'un 
de  ces  nombreux  empereurs  qui  furent  acclamés 
en  Gaule  au  temps  de  la  décadence  (2). 
Cette  sculpture  est  chez  M°"  veuve  Boudrye,  à 
Tulle.  M.  Deloche  a  été  mal  renseigné  puisqu'il 
dit  en  note  :  «  Les  trois  objets  d'art  que  nous 
»  venons  de  décrire  ont  passé  successivement  du 
»  cabinet  de  M.  Fénis  de  la  Feuillade,  où  ils 
»  étaient  en  1772,  dans  les  mains  de  M.  Bou- 
»  drye,  puis  de  M.  Joseph  Boudrye  fils,  décédé 
»  à  Tulle,  et  enfin,  grâce  à  la  libéralité  de 
»  M"  veuve  Boudrye,  sa  mère,  ils  ont  été  remis 
»  au  musée  de  la  Préfecture  où  ils  sont  aujour- 
»  d'hui  déposés.  » 


(1)  Loc.  cit.,  p.  34.  Il  vaut  mieux  ne  pas  figurer. dos  objets,  i 
l'on  doit  en  donner  des  dessins  Inexacts. 

(2)  Loc.  cit..  p.  5Î2. 


lyGoogle 


La  tête  en  ronde-bosse,  je  le  répète,  appar- 
tient à  M.  de  Fônis  de  Laprade;  les  deux  autres 
sont  chez  M"*  veuve  Boudrye,  preuve  qu'elle  n'en 
a  pas  fait  abandon  au  «  musée  de  la  Préfec- 
ture (1).  »  Le  seul  objet  provenant  de  Tïntignac 
existant  à  la  Préfecture  consiste  en  une  main  en 
calcaire  oolitbique,  de  dimensions  au-dessus  de 
l'ordinaire;  elle  est  dans  le  bureau  de  M.  l'ar- 
chiviste, et  ne  présente  aucun  intérêt. 

Il  y  a  peut-être  lieu  de  revenir  sur  les  appré- 
ciations des  auteurs  que  j'ai  cités  en  parlant  des 
trois  têtes  (2);  aucun  d'eux,  on  l'a  vu,  n'a  songé 
à  douter  un  seul  instant  de  leur  antiquité,  et.... 
le  moyen  de  contrôler  leurs  assertions,  faute  de 
dessins  fidèles!  Mais  M.  de  Lasteyrie,  qui  a  va 
les  moulages  et  les  photographies,  ne  croit  pas 
qu'on  puisse  attribuer  ces  sculptures  à  l'art  an- 
tique, surtout  la  tète  de  femme  et  la  tête  d'homme 
en  marbre,  a  œuvre  d'un  mauvais  ouvrier  du 
s  XVII*  siècle,  »  m'a-t-il  dit!  Il  est  moins  affir- 
matif  au  sujet  de  la  tète  en  ronde-bosse.  M.  de 
Barthélémy,  à  qui  j'ai  envoyé  les  gravures,  m'écrit 
ce  qui  suit  :  «  Je  vous  avoue  que  les  trois  têtes 
»  dont  vous  m'envoyez  le  dessin  ne  me  parais- 
»  sent  pas  antiques.  Je  les  attribuerais  plutôt  à 


(1)  Et,  tout  en  remerciant  M"  Boudrye  de  son  obligeance,  je 
crois  bien  que  sans  l'intervention  de  M.  Guillot,  il  ne  nous  aurait 
probablement  pas  été  possible  de  voir  et  de  photographier  ces 
sculptures. 

(2)  J'ai  tenu  à  citer  un  peu  longuement  pour  mettre  le  lecteur  en 
meaure  d'apprécier  &  son  tour. 


lyGoogle 


»  l'époque  de  la  Renaissance;  cela  provient-il 
»  vraiment  de  Tintignac?(l).  » 

Dame!  Baluze  l'a  dit!  Mais  après  tout,  ne  peut- 
il  avoir  été  trompé?  11  n'entre  au  surplus,  je  l'ai 
déjà  fait  remarquer,  dans  aucun  détail  au  sujet  de 
la  trouvaille  de  ces  objets. 

Mentionnons  à  présent  pour  mémoire  les  urnes 
en  verre  et  le  singulier  récipient  construit  en  bri- 
ques publiés  en  premier  lieu  par  Baluze;  M.  Rupin 
les  a  dessinés  tels  que  les  figure  cet  auteur.  Mont- 
faucon  a  reproduit  ces  vases  (2)  en  faisant  quel- 


Uma  vitrea  Urna  vitrea  c 

eleganttssima.  duorum  djgitot 

ques  réserves  au  sujet  de  celui  que  Beaumesnil 


(1)  Je  dois  ajouter,  au  sujet  de  la  tête  en  ronde-bosse,  que 
M.  GuJIIol  a  trouva  pas  mal  de  dâbrîa  en  ooiilhe,  comme  elle. 

(2)  Anliquilé  expliquée,  t.  Ht,  1"  partie,  planche  LXXX,  à  la 
page  146,  et  même  tome,  2—  partie,  planche  CXXV,  à  la  pa^e  207. 
Il  se  borne,  pour  ainsi  dire,  à  indiquer  les  provenances. 


lyGodgIe 


a  qualifié  plus  tard  de  a  cinéraire  de  bâtisse  (1).  » 


Urna  lateritia  craseitudinis 
quatuor  pedum. 

Je  n'ai  jamais  vu,  pour  ma  part,  de  vases  romains 
fabriqués  de  la  sorte.  On  a  lu  précédemment,  en 
consultant  le  texte  de  M.  E.  Breton  {loc.  cit.), 
ce  que  cet  archéologue  pense  du  dessinateur  de  . 
Baluze;  voici  maintenant  l'appréciation  de  Mont- 
faucon  : 

a  L'urne  suivante  est  d'une  façon  si  singulière 
»  que  jje  ne  sai  si  on  en  a  jamais  vu  de  sem- 
y>  blable;  elle  est  bâtie  proprement  de  briques 
»  quarrées  longues;  elle  a  quatre  pieds  de  lar- 
»  geur  et  pourroit  avoir  servi  pour  des  bains; 
B  elle  fut  trouvée...  etc. (2).  » 

Et   pourtant,   comme   l'indique  la   légende  de 


(1)  Tripin.  loc.  fil,,  3"'  partie,  p.  36.  Nous  n'avons  pas  jugé  ik 
propos  de  reproduire  ici,  même  pour  mémoire,  les  trois  autres 
vases  que  Tripon  figure,  d'âpre  Beaumesnit,  à  cùté  de  ceun-ci. 

(î)  Loc.  cit..  t.  m,  2"  partie,  p.  207. 


lyGoogle 


Baluze,  transcrite  ici>  cet  auteur  a  bien  voulu 
indiquer  une  urne  en  briques,  «  urna  lateri- 
Ha.  »  En  ajoutant  :  a  cra&sittidinis  quatuor 
pedum,  »  il  veut  évidemment  donner  le  diamètre 
de  la  panse  et  non  l'épaisseur  des  parois;  il 
s'agit  au  contraire  de  cette  épaisseur  lorsqu'il 
écrit  au-dessous  du  plus  petit  des  pots  en  verre  : 
a.  cra&sititdinis  duorwm  digitorum.  » 

M.  Bardon  {Annuaire  de  i828j  v.  1"  partie) 
nous  a  appris  qu'on  ne  savait  ce  qu'étaient  de- 
venus ces  trois  vases,  ainsi  que  les  tuyaux  de 
conduite  d'eau  a  tubi  lateritii.  » 

Il  faut  encore  recourir  à  MM.  Bonnélye  et  De- 
loche  pour  décrire  d'autres  objets,  trouvés  en  1849, 
1846  et  1847,  mais  qui  sont  aujourd'hui...  je  ne 
sais  ofi  ! 

En  voici  la  nomenclature  :  1°  Une  statuette  en 
argent  de  cinq  centimètres  et  demi  de  hauteur, 
représentant  un  guerrier  armé  d'une  épée,  d'un 
bouclier,  la  tête  couverte  d'un  casque.  «  Cet  objet 
»  d'art,  dit  M.  Deloche,  est  remarquable  par  le 
»  style  ;  le  personnage  est  solidement  et  fièrement 
»  posé,  et  l'on  peut  croire  que  le  travail  est 
»  d'une  bonne  époque.  » 

Cette  statuette  provient  des  fouilles  de  1842. 

2'  Un  fragment  de  statue  en  pierre  calcaire 
représentant  le  bas  du  visage  et  deux  portions 
de  bras  assez  soigneusement  modelés;  les  pierres 
d'un  moulin  à  bras,  un  stylet  en  cuivre,  le  cimier 
d'un  petit  casque,  des  ferrements  de  diverses  sor- 
tes, du  cuivre  fondu  incrusté  dans  une  brique  de 


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la  toiture,  et  de  nombreux  débris  de  vases  en  po- 
terie, dont  quelques-uns  offrent  des  bas-reliefs  (1). 

3'  Des  cornes  de  cerfs,  de  daims,  de  chamois, 
des  os  de  différents  animaux,  des  débris  de  pein- 
tures  murales,  les  débris  d'une  statue  de  femme, 
ceux  d'un  grand  pilastre  de  deux  pieds  de  dia- 
mètre, diverses  lames  de  couteau,  dont  une  longue 
de  28  centimètres  (2). 

4°  Une  tête  de  femme,  un  pied  d'enfant,  des 
grappes  de  raisin,  des  fragments  de  comicbe,  le 
tout  en  pierre  calcaire  (très  probablement  de  ï'oo- 
lithe){3). 

5'  Un  magnifique  pilastre  en  granit  de  i^-iO 
de  longueur  sur  l'°00  de  largeur,  avec  belles  cise- 
lures; un  petit  glaive,  un  stylet,  des  fragments 
d'airain  et  de  poterie  de  diverses  couleurs  (4). 

6°  La  bague  en  or  pâle,  «  du  poids  de  18 
francs,  »  dont  parle  M.  Bardon  dans  l'Annuaire 
de  1828  (v.  suprà),  et  qui  fut  achetée  par  M.  Milet- 
Mureau,  alors  préfet  de  la  Corréze. 

J'ai  vu  en  1865  chez  M.  Vidalin,  au  village  de 
Tintignac,  situé  à  une  petite  distance  des  ruines, 
divers  tessons  de  vases  et  un  fragment  de  mo- 
saïque en  cubes  de  verre.  Enfin  l'on  m'a  donné 
un  fragment  de  bracelet  en  bronze  doré,  deux 
portions  de  bois  de  cerf,  un  débris  de  sculpture 


(1)  Fouilles  de  1842.  Bonnélye,  loc.  cil. 

(2)  Fouillea  des  Boutiques  eu  1846.  BoDDélye,  loc.  cit. 

(3)  Fouilles  de  1S46.  Trouvailles  faites  au  fond  du  puits.  Bon- 
iiôlye,  loc.  cit. 

(i)  Fouilles  du  théâtre  en  1847.  Bonnélye,  loc.  cil. 


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en  oolithe  représentait  une  grappe  de  raisin,  le 
moyen  bronze  d'Adrien  précédemment  décrit  et 
un  fond  de  petit  vase  en  terre  rouge  lustrée 
(olim  ;  terre  de  samos)  où  on  lit  bien  nette- 
ment le  nom  de  CVNISSA. 


Ce  sigle  figulin,  fort  rare  en  tout  cas,  était 
peut-être  inédit  avant  la  publication  de  mon  petit 
mémoire  sur  les  sépultures  gallo-romai7ie8{i); 
il  ne  figure  en  effet  ni  sur  les  listes  de  Schuer- 
mans,  savant  belge  qui  a  colligé  plus  de  six 
mille  noms  de  potiers  romains,  ni  dans  la  no- 
menclature du  musée  de  Saint-Germain-en-Laye. 

En  1884,  M.  Guillot  a  recueilli  :  les  monnaies 
précédemment  décrites;  des  clous  et  autres  débris 
de  fer,  dont  une  clef  assez  bien  conservée;  un 
fragment  de  vase  en  bronze  doré  et  divers  débris 
de  bronze;  une  fibule  en  bronze,  où  manque 
l'ardillon;  des  fragments  de  vases  en  verre  et  en 
terre  cuite,  dont  une  anse  en  verre  bleu  et  des 
tessons  en  terre  rouge  lustrée;  une  tête  d'épingle 
en  Ivoire;  le  torse  mutilé  et  fendu  dans  sa  lon- 
gueur d'une  statuette  en  calcaire  oolithique,  repré- 
sentée nue  et  assise  (on  voit  encore  le  commen- 
cement de  la  cuisse)  (3);  une  tête  d'enfant  (égale- 
ment en  oolitbe),  dont  la  joue  droite  e^t  appuyée 


(1)  V.  le  Bulletin,  t.  III,  p.  138. 
(3)  Hauteur  :  0-lS  ceatim6tr«i. 


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sur  la  main(l);  un  fût  de  colonne  en  granit  de 
l^OO  de  hauteur  et  O^ôS  de  diamètre,  portant  la 
moulure  de  l'astragale  du  chapiteau;  enfin,  comme 
dans  les  anciennes  fouilles,  beaucoup  de  cendres 
et  de  ciiarbon,  des  briques  et  des  tuiles  à  rebords 
en  abondance,  de  minces  plaquettes  de  porphyre 
et  de  serpentine,  des  débris  de  peintures  miirales 
et  de  grandes  quantités  de  marbres  de  différentes 
couleurs,  plusieurs  fragments  avec  moulures  et 
ornements  en  bas-relief(2). 

TROISIÈME  PARTIE 

LES    SUBSTRUCTIONS   DE   TINTIGNAC  ; 
DESTINATION  PROBABLE  DE  CE  GROUPE  DE  MONUMENTS 

1'  Position  topographique. 

Les  ruines  qui  nous  occupent  sont  situées  vers 
la  cote  483,  sur  un  plateau  granitique  assez  ma- 
melonné et  que  ne  sillonne  aucun  cours  d'eau  (3). 
Les  sources  de  la  Céronne  au  Nord-Nord-Ouest; 


(1)  Ce  fragment  de  statuette  mesure  D'OS  sur  0"09. 

(2)  Les  marbres  blancs  sont  incontestablement  dea  marbres  de 
Saint-Béat;  les  autres  paraissent  provenir  également  des  Pyré- 
nées. J'ai  recueilli  dans  la  four  de  Vésone  des  fragments  de 
marbres  olTrant  beaucoup  d'analogie  avec  des  échantillons  trouvés 
à  Tintignac. 

(3)  La  cote  du  Pny-de-1'Éguille  est  de  ^14  mètres  ;  en  face  du 
théâtre,  la  cote  sur  la  route  est  de  487  mètres.  On  peut  donc 
admettre  que  la  cote  4S3,  indiquée  par  M.  Deloche,  se  rapporte 
au  bas  de  l'hémicycle  du  théâtre,  en  contre-bas  de  la  route  d'en- 
viron 4  mètres.  Les  différences  de  niveau  portées  sur  les  coupes 
ci-jointes  donnent  l'altitude  des  Boutique». 


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au  Sud  celles  de  la  Solane  et  de  ta  Vigne  (son 
affluent  de  gauche)  se  trouvent»  il  est  vrai,  à  une 
faible  distance,  mais  le  volume  d'eau  qu'elles  dé- 
bitent est  peu  de  chose.  11  faut  parcourir  4  kilo- 
mètres en  suivant  les  chemins,  ou  2  kilomètres 
500  environ  à  vol  d'oiseau  pour  arriver  à  la  Cor- 
rèze  qui  coule  vers  l'Est,  dans  la  profonde  vallée 
des  Angles.  Au  Nord-Est  un  de  ses  affluents  de 
droite,  la  Vimbelle,  est  à  une  distance  un  peu 
moindre  (1). 

La  châtaigneraie  où  l'on  voit  les  substructions 
dites  les  Botitiqîies  figure  au  plan  cadastral  de 
la  commune  de  Naves,  section  G,  sous  le  n"  33!) 
et  partie  n°  340.  Le  Champ  des  arènes  (tel  est 
son  nom  sur  le  cadastre),  qui  comprend  les  subs- 
tructions du  théâtre  et  celles  que  M.  Giiillot  a  dé- 
couvertes en  1884,  est  entièrement  compris  dans 
la  parcelle  n"  340;  l'ensemble  des  ruines  couvre 
en  somme,  le  plan  l'indique,  un  espace  assez 
restreint. 

2°  Les  substructions. 

11  serait  bien  inutile  de  revenir  -sur  'des  des- 
criptions déjà  données  par  la  relation  annotée  des 
fouilles  de  1842,  1846  et  1847,  si  M.  Guillot  n'avait 
entrepris  celles  de  1884(2).  Elles  ont  eu  pour  but 


(I)  Il  "^sl  bon  de  noter  ici  que  la  Corrèze,  près  de  son  confluent 
avec  la  Vimbelle  et  à  4  kilomètres  environ  de  Tintignac,  est  tra- 
versée à  gué  par  un  chemin  dé!<igné  sous  le  nom  de  Voie  ro- 
maine; il  vient  de  la  direction  de  TAuvergna  et  va  vers  Tintignac, 

{1)  U  est  juste  de  dire  que  M.  Guillot  a  été  secondé  dans  son 
travail  par  son  ami  M.  Ferriërp,  membre,  lui  aussi,  de  notre 
Société, 


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de  déterminer  les  plans  généraux  du  théâtre  et 
des  constructions  voisines;  les  murs  rais  à  décou- 
vert sont  indiqués  {voir  le  plan  d'ensemble)  par 
de  simples  hachures,  pour  les  distinguer  de  ceui 
qu'on  a  observés  précédemment  et  qui  sont  en 
noir  (1). 

M.  Guillot  a  donc  exhumé,  non-seulement  le 
reste  des  substructions  du  théâtre,  mais  encore, 
dans  l'axe  de  cet  édifice,  celles  du  corps  de  hâti- 


J.f   ao 


RUINES  J.  TINTICNAC. 
J 


C  CoMtf  ju.€.  C^iCé   ^ea  ^oiUc^w  ç. 


1 — i»'"^^ 


ment  dont  faisait  partie  le  mur  droit,  tangent  à 
la  partie  curviligne  supérieure  du  théâtre  (2)  ;  puis, 
dans  l'axe  de»  Boutiques,  d'autres  fondations  en 


(I)  Mais  après  avoir  relevé  le  plan  d'ensemble,  il  a  bien  fallu 
recouvrir  ces  fondations  pour  rendre  à  la  culture  le  champ  où 
elles  se  trouvent. 

(3)  Voir,  au  sujet  de  ce  mur,  la  relation  extraite  de  l'Annuaire 
de  1851  (l-  partie). 


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fi     '  I    '      '      '      ■  '  •  "  '^  •^'ilSt" 


NOTA.  —  Pour  éviter  au  lecteur  la  peine  de  recourir  au  plan  par  terre  déjà  donna  en 
tête  de  ce  mémoire,  je  crois  devoir  le  rétablir  ici,  en  ngàrd  des  coupes. 


ly  Google 


—  700  — 

contre-bas  et  dont  on  ne  connaissait  que  deux 
petits  murs  droits  parallèles  (voir  le  plan)(l). 

Tous  les  parements  des  murs  qui  se  trouvent 
au-dessus  du  sol  sont  en  pierre  de  taille  de  petit 
appareil,  notamment  les  angles,  pilastres  et  con- 
tre-forts du  théâtre,  les  pieds-droits  des  baies  des 
vomitoires. 

1'  Les  Boutiques.  —  Cet  édifice  est  situé  à  250 
mètres  environ  du  sommet  du  Piuj-de-l'ÉguUle, 
sur  le  versant  Est-Nord-Est.  Un  plan  spécial 
(1"  partie)  nous  a  déjà  fait  connaître  ses  dimen- 
sions et  sa  disposition.  Les  débris  de  marbres 
multicolores  et  de  peintures  murales  attestent 
que  les  appartements  étaient  richement  décorés. 
Les  ruines  des  deux  édicules  carrées  placées  sur 
l'axe  longitudinal  du  rectangle  A  B  G  D  sont  en- 
core très  apparentes;  mais  le  reste  des  substruc- 
tions  est  presque  entièrement  recouvert. 

Un  mur  horizontal  sépare  ce  corps-de-logis 
d'une  grande  cour  bordée  de  bâtiments;  dans 
cette  cour  était  creusé  le  puits  signalé  par  Ba- 
luze  (2).    Aux    deux   extrémités .  de   ce    riiur   de 


(I)  Ce  sont  ces  deux  murs  que  M.  Bonnélye,  et  apr&s  lui  M,  De- 
loche,  ont  pris  pour  les  restes  d'un  balndaire.  On  voit  que  rien, 
dans  le  plan  de  M.  Guillot,  ne  rappelle  une  construction  pouvant 
avoir  eu  cette  affectation.  L'erreur  commise  est  probablement  due 
à  la  présence  de  caniveaux  en  pierre  de  laille  destinés  à  recueillir 
les  eaui  pluviales  qui,  faute  de  chéneaux,  auraient  endommagé  la 
base  des  murs.  Ils  devaient  donc  suivre  le  contour  extérieur  de  ce 
corps  de  bâtiment. 

(3)  Un  simple  affaissement  du  sol  indiqua  aujourd'hui  l'empla- 
cement de  ce  puits,  qui  s'écoulait  probablement  à  ciel  ouvert  par 
la  tranchée  dont  on  a  découvert  des  traces  du  côté  sud  en  1846; 
il  devait  être  alimenté  par  la  nappe  d'eau  qui  donne  naissance  à  la 


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-  701  — 

séparation,  il  a  été  trouvé  à  S^SO  en  contre-bas 
du  sol  des  massifs  en  gros  blocs  de  pierre  de 
taille  (grès  et  calcaire),  qui  avaient  •2"'0Ù  sur  '2"'â0 
et  environ  l^OÛ  de  hauteur  en  trois  assises;  ces 
blocs,  dont  les  lits  et  joints  sont  très  bien  dressés, 
étaient  posés  h.  sec,  sans  mortier,  sauf  sous  l'assise 
inférieure;  ils  portent  sur  leurs  lits  supérieurs 
des  trous  destinés  à  recevoir  l'instrument  qui  a 
servi  à  leur  pose. 

On  avait  reconnu,  en  184-2,  quelques  tronrons 
d'un  mur  parallèle  au  rectangle  A  B  G  D  (voir  le 
plan  partiel  et  le  plan  général),  et  séparé  de  lui 
par  un  intervalle  de  3"'20;  M.  Guillot  a  dégagé 
ce  mur  sur  presque  toute  la  face  méridionale, 
sur  une  partie  de  la  face  septentrionale,  et  l'on 
peut  présumer  qu'il  s'agit  d'une  enceinte  exté- 
rieure se  développant  sur  trois  faces  de  la  tota- 
lité de  l'édifice,  dont  la  destination,  nous  dit 
M.  Deloche{l),  n'a  pas  encore  été  déterminée. 

2"  Corps  de  bâtiment  en  contre-bas,  dans 
l'axe  des  Boutiques.  —  Il  a  presque  entièrement 
été  découvert  par  M.  Guillot.  Sa  longueur  —  extra- 
muros  —  est  de  74  mètres,  et  il  se  compose  d'une 
longue  salle  rectangulaire  de  47  mètres,  sur  laquelle 
s'ouvrent  un  pavillon  carré  et  deux  absides.  Cette 
salle  est  flanquée  à  ses  deux  extrémités  par  deux 


Vigne,  affluent  do  la  Solane.  Les  premières  sources  bo  trouvent 
dMis  les  prés  contigus  au  champ  de  seigle  où  est  le  théâtre,  cl  ces 
préa  portaient  autrefois  le  nom  de  La  Font  des  Arènes.  S'il  y  a 
eu  un  balnéaire,  il  devait  être  dans  ces  prés  ou  au  bas  do  la  terre 
dite  des  arènes. 


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pavillons  de  13  mètres  sur  7  mètres  à  l'intérieur; 
l'on  devait  y  accéder  au  moyen  d'un  large  ves- 
tibule, ou  salle  d'attepte,  qu'indiquent  les  deux 
lignes  de  murs  découverts  en  1846.  Des  cani- 
veaux en  pierre  de  taille  étaient  disposés  autour 
de  cet  édifice.  MM.  Bonnélye  et  Deloche  parlent 
d'un  conduit  en  briques  par  lequel  les  eaux 
s'écoulaient;  on  ne  pouvait  guère  invoquer  la 
seule  présence  de  ce  conduit  pour  conclure  à  la 
trouvaille  d'un  établissement  de  bains!  Les  tuyaux 
en  briques  servaient  probablement  à  dégorger  les 
caniveaux. 

Le  sol  de  ce  corps  de  bâtiment  était  dallé  en 
béton  ou  ciment. 

3°  Le  Théâtre.  —  Cet  édifice  est  certainement  le 
plus  intéressant  du  groupe,  et  jusqu'à  présent  on 
n'en  connaît  pas  d'autre  de  ce  genre  dans  notre 
région.  Le  monument,  orienté  vers  l'Est,  était  assis 
sur  un  sol  incliné;  comme  dans  d'autres  théâtres 
(celui  d'Orange  en  particulier),  on  avait  profité  de 
cette  disposition  naturelle  du  terrain  pour  sou- 
tenir les  gradins  et  économiser  des  frais  de  cons- 
truction (1). 


(1)  L'ensemble  d'un  thé&tre  antique  prâsentait  d'un  cdtâ  ïa.  forme 
semi-circulaire  el  de  l'autre  celle  d'un  carré  long.  Les  spectateurs 
s'asseyaient  principalement  sur  les  gradins  de  l'hémicycle  —  cauea 

—  partagé  on  doui  ou  trois  divisions  principales,  indiquées  par 
des  séparaticDS  nommées  précincUons  et  parallËles  aux  rangs  de 
sièges.  Ces  divisions  étaient  désignées  sous  le  nom  de  cavea 
prima,  cavea  média,  cavca  tillima  ou  niajcinia,  suivant  qu'elles 
se  trouvaient  plus  ou  moins  rapprochées  de  Vorchesire.  La  partie 
ainsi  dénommée  formait  une  de  mi -circonférence  exacte  au  bas  des 

—  caticas;  —  elle  contenait,  dans  les  thé&tres  romains,  des  sièges 


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L'ane  total  du  théâtre,  depuis  le  mur  droit  tan- 
gent à  la  —  cavea  maxima  —  jusqu'au  mur  ex- 
térieur de  ia  scène,  a  67"50  de  longueur;  la  ligne 
droite,  ou  corde  de  l'arc  formé  par  les  trois  pré- 
cinctions  qu'on  remarque  sur  le  plan,  mesure 
85  mètres  extra-muros. 

Cette  ligne  est  le  mur  de  soutènement  du  pul- 
pitum  ou  proscenii  pulpitum,  sorte  de  plate- 
forme avançant  sur  l'orchestre  et  qui  formait  le 
devant  de  la  scène  (1).  A  droite  et  à  gauche  sont 
les  coulisses.  Puis  vient  la  ?,cène  (2).  En  arrière 
est  le  post-scenium,  lieu  où  les  acteurs  s'ha- 
billaient et  où  l'on  préparait  tout  ce  qui  était 
nécessaire  aux  représentations.  M.  Deloche  estime 
que  ce  théâtre  pouvait  contepir  environ  1,500 
spectateurs. 


deatinéa  aux  personnes  de  distinction,  mais  chez  las  Grecs  elle 
était  réservée  aux  chœurs.  L'orchestre  était  établi  sur  un  terrain 
plat;  on  installait  au  contraire  les  gradins  des  —  cawat  —  sur  la 
pente  d'un  coteau  lorsque  la  disposition  du  terrain  le  permettait, 
surtout  lorsqu'on  adoptait  le  inodâlo  dos  thé&tres  grecs.  On  accé- 
dait aux  gradins  au  moyen  d'escaliers  se  dirigeant  de  la  circon- 
férence vers  le  centre,  et  partageant  la  caoea  en  divisions  cunéi- 
formes ou  cunei.  11  y  avait  aussi  des  corridors  voûtés  pratiqués 
BOUS  les  gradins  et  permettant  de  se  rendre  auit  sidges  sans  être 
obligé  de  monter  de  i'orchestre  ou  de  descendre  de  la  cavée  supé- 
rieure. Les  ouvertures  correspondant  &  ces  corridors  s'appelaient 
oomiloria. 

Les  théâtres  de  ta  Gaule  ont  été  élevés,  à  ce  que  l'on  croil,  sons 
les  régnes  d'Hadrien  et  des  Antonins. 

(1)  Ce  serait,'  chez  nous,  l'espace  compris  entre  le  rideau  et  la 

(î)  La  scène  proprement  dite  correspondait  à  notre  toile  de  fond, 
avec  cette  différence  que  c'était  une  construction  solide.  Sa  lar- 
geur était  double  de  celle  de  l'orchestre  et  elle  présentait  trois 
portes;  celle  du  milieu  s'appelait  la  porte  royale. 


BïGpogk- 


—  704  — 

Avait-il  une  toiture?  Les  théâtres  romains  n'en 
possédaient  point;  les  théâtre  grecs  quelquefois, 
mais  rarement.  Il  est  fort  probable  que  le  nôtre 
se  trouvait  dans  les  conditions  ordinaires  (1). 

Il  reste  aujourd'hui  peu  de  vestiges  apparents 
du  théâtre  de  Tintignacl  Se  trouvait-il  en  meilleur 
état  lorsque  Baluze  était  jeune?  Si  oui,  regrettons 
qu'on  n'ait  pas  su  mieux  le  conserver  !  (2).. 

4'  Corps  de  bâtiment  en  contre-haut  du 
Théâtre.  —  Hémicycle  formé  par  le  mur  droit 
tangent  à  la  —  cavea  maxima,  —  deux  pavillons 
presque  carrés  situés  aux  deux  extrémités  de  ce 
mur  et  une  galerie  semi-circulaire  avec  dix  niches, 
elles-mêmes  en  demi-cercle,  disposées  de  chaque 
côté  d'un  pavillon  carré,  construit  au  centre,  et 
s'ouvrant  sur  la  galerie. 

La  face  intérieure  des  murs  de  la  galerie  et 
des  niches  était  revêtue  de  marbres  appliqués  sur 
une  couche  de  ciment,  marbres  dont  M.  Guillot 
a  trouvé  les  débris;  la  salle  rectangulaire  cen- 
trale (9  mètres  sur  7  mètres)  avait  la  môme  dé- 
coration,  mais   le   marbre   en   était   plus  riche. 


(1)  Les  ihéàtres  antiques  étaient  le  plus  souvent  couverts  au 
moyen  de  tentures  en  toilo,  comme  nos  cirques  forains. 

(!)  Nous  aurions  voulu  pouvoir  donner  un  dessin  de  ce  qu'on 
voit  encore  au-dessus  du  soi;  mais  ces  ruines  sont  trop  informes. 
Les  substructions  seules  prouvent  qu'il  y  a  eu  là  un  théâtre.  Dans 
la  gravure  de  Baluze  et  qui  représenta  un  amphithéâtre,  comme 
on  le  sait,  l'édiHce  est  entièrement  construit  sur  un  terrain  hohi- 
zii.tTAL;  les  gradins  se  trouvent  par  conséqucut  adossés  à  des 
mure  extérieurs.  Si  Baluze  n'a  vu  les  ruines  de  Tintigna:  que 
dans  sa  jeunesse,  son  dessinateur  no  les  a  pas  vues  du  tout.  Et 
Montfaucon  reproduit  cet  amphitliéàtre  imaginaire  entre  ceux  de 
Niraes  cl  d'Autun! 


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Le  sol  de  cette  salle  est  dallé  en  marbre  appli- 
qué sur  une  couche  de  ciment;  celui  de  la  par- 
tie droite  de  la  galerie  faisant  face  à  cette  salie 
était  aussi  dallé  en  marbre.  Le  surplus  de  la 
galerie  et  les  niches  étaient  dallés  en  béton. 

L'inspection  du  plan  d'ensemble  permet  de  juger 
des  dimensions  de  ce  singulier  édifice. 

Doit-on  voir  dans  ce  groupe  de  monuments  les 
restes  d'une  antique  cité?  je  ne  le  pense  pas; 
à  mon  humble  avis  {qui  est  aussi  celui  de 
MM.  Guillot  et  Ferriére),  Tintignac  a  été,  comme 
Sansay,  un  lieu  d'assemblées  et  non  une  ville. 
Mais  cette  question  sera  examinée  en  dernier 
lieu;  il  convient,  auparavant,  de  dire  quelle  a 
pu  être  l'affeclation  probable  des  Boutiques  et 
des  deux  autres  édifices  dont  M.  Guillot  a  re- 
trouvé les  fondations.  Me  trouvant  très  embar- 
rassé (et  d'autres,  plus  forts  que  moi,  l'ont  été 
également),  j'ai  encore  eu  recours  à  l'inépuisable 
obligeance  "de  M.  A.  de  Barthélémy,  en  lui  en- 
voyant plans  et  coupes;  M.  de  Barthélémy  en 
a  référé  à  un  de  ses  collègues,  et  voici  copie  de 
la  note  qu'il  a  bien  voulu  m'adresser  : 

«  Extrait  d'une  lettre  de  M.  Guillaume,  ar- 
B  ehitecte  du  GouverTiement  et  membre  de  la 
»  Société  des  Antiquaires  de  France. 

j>  Les  fouilles  n'ont  donc  fourni  aucun  frag- 
»  ment  d'architecture  ou  de  sculpture? 

»  Prenant  les  choses  comme  elles  nous  sont 
»  données,  je  ne  puis  voir  là  deux  théâtres.  Il 


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»  en  existe  juxtaposés  latéralement;  mais  dans  le 
»  sens  de  l'axe,  je  n'en  connais  pas.  La  seule 
»  hypothèse  admissible  pour  moi  serait  que  la 
j>  partie  supérieure,  avec  ses  douze  niches  (1)  et 
B  un  petit  temple  central,  aurait  pu'  être  une 
»  sorte  de  Panthéon  des  douze  dieux  plus  une 
»  divinité  principale,  et  que  ce  Panthéon  aurait 
»  été  relié  au  théâtre  par  un  escalier  droit,  ceo' 
»  tral,  qui  aurait  disparu  (2).  Une  disposition  ana- 
»  logue  existait  à  Rome  au  théâtre  de  Pompéej 
»  où  un  escalier  droit  s'élevait,  suivant  l'axe,  jus- 
B  qu'au  petit  temple  dédié  à  Vénus,  je  croiS; 
»  situé  au  sommet  de  la  eavea. 

»  L'édifice  situé  au  nord  du  Panthéon  semble 
»  présenter  la  disposition  de  deux  basiliques  ou 
n  tribunaux,  avec  un  large  portique  à  exèdres 
B  qui  les  relie,  et  peut-être  un  sanctuaire  au 
»  milieu;  il  y  a  là  quelque  chose  qui  me  rap- 
»  pelle  la  disposition  des  basiliques  de  Palestrine 
»  (antique  Prfeneste). 

B  Le  4""  édifice  est  appelé  Les  Boutiques, 
»  pourquoi?  a-t-on  trouvé  des  objets  qui  justi- 
B  fient  cette  dénomination?  La  disposition  géné- 
»  raie  des  fondations  du  portique  en  avant  n'a 
B  rien  qui  s'oppose  à  l'idée  d'une  agora{S).  Cette 


(1)  Dix  niches  en  hémicycle  et  deui  en  carré,  ces  dernières  à 
droite  et  k  gauche  de  l'édicule  centrale. 

(2)  Je  prie  le  Icclcur  de  se  reporter  à  ce  fait  que  les  inarbrea 
employas  à  la  décoration  de  l'édicule  centrale  étaient  plus  riches 
que  ceux  dont  on  avait  revêtu  les  niches  j  cette  circonstance  est 
toute  en  faveur  de  la  conjecture  qui  en  fait  un  sanctuaire, 

(3)  Agora.  Nom  donné  à  ta  place  publique  dans  les  villes  de 
3  Grèce.  L'agora  était,  pour  les  Grecs,  ce  que  te  forum 


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»  sorte  de  mur,  d'échiffre  en  équerre,  à  gauche, 
»  serait-il  la  trace  d'un  escalier?  c'est  possible, 
»  soit  pour  monter  à  des  portiques  supérieurs, 
»  soit  pour  descendre  dans  les  caves. 

»  Enfin,  est-ce  là  une  sorte  de  caravansérail? 
»  c'est  possible  aussi.  Les  deux  édicules  carrées, 
»  qui. semblent  être  dans  une  cour  au  fond,  rap- 
»  pellent  celles  du  temple  d'Isis  à  Pompéï{1). 

B  L'idée  de  caravansérail  conviendrait  assez  à 
»  un  groupe  de  monuments  destinés,  comme  ceux 
j>  de  Sanxay,  à  des  réunions  de  frairies,  de  fêtes, 
»  surtout  si  rien,  dans  les  environs,  n'indique 
»  l'existence  d'une  ville  antique  (2).  b 

Tel  est  bien  le  casi 

Et,  en  effet,  qu'est-ce  qui  peut  servir  à  prou- 
ver l'existence  d'une  ville  antique  sur  le  plateau 
de  Tintignac?  l'établissement  préalable  d'un  camp 
(celui  des  deux  légions  installées  par  César  chez 
les  Lémovices)  auquel  aurait  succédé  une  cité? 


était  pour  les  Romains.  En  général,  l'agora  était  de  forme  carrée 
ou  quadrangulaire.  Autour  de  la  place  régnaient  des  portiques  à 
un  ou  deui  rangs  de  colonnes,  couronnés  par  des  terrasses;  s'ils 
étaient  ornés  de  peintures,  on  les  nommait  Paicile».  L'agora  ser- 
vait aux  assemblées  du  peuple  (mais  seulement  des  hommes  libres)  ; 
à  Élis,  suivant  Pausanios,  on  y  donnait  des  courses  de  chevaux; 
ailleurs,  on  y  vendail  des  denrées.  Dans  l'enceinte  s'élevaient  bou. 
vent  des  temples,  des  autels,  des  statues.  [Dicl.  général  de  H.  Th. 
Bachelet,  Paris,  1S62,  et  Dict.  général  de  l'Archéologie,  par  Er- 
nest Bosc,  Paris,  1881.) 

(1)  A  Pompéi,  le  temple  d'Isis  est  situé  derrière  les  gradins  du 
grand  thé&tre.  (Pompéfa  décrite  et  dessinée,  par  Ernest  Breton. 
1855,  p.  41-42.) 

(2)  Un  puits  a  mieux  sa  place  dans  la  cour  d'une  vaste  batellerie 
qu'au  centre  d'une  agora,  et  j'opinerais  volontiers  pour  la  seconde 
conjecture  de  M.  Guillaume. 


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—  708  — 

Cette  hypothèse,  émise  tout  d'abord  en  1810  par 
M.  Uuioux,  est  soutenue  avec  un  (aient  incon- 
testable par  M.  Deloche,  mais  aucun  fait  matériel 
ne  vient  la  justifier,  M.  Deloche  lui-même  en 
convient  (1).  Voudra-t-on  évoquer  le  système  de 
M.  Raynaud  de  Nîmes,  uniquement  basé  sur  les 
noms  que  portent  certains  villages  groupés  au- 
tour de  Tintignac?  J'ai  déjà  dit  ce  qu'il  convient 
aujourd'hui  d'en  penser  (2).  A-t-on  trouvé  un  cime- 
tière, un  de  ces  champs  d'urnes  comme  on  en 


(l)  Géoijr.  hial.  de  la  Gaule  {loc.  cit.).  p,  533-3Î4.  «  ...On  voit 

>  qu'il  n'est  fait,  dans  notre  description,  aucune  mention  de  traces 

>  de  fortifîcalians.  fosscis,  murs  ou  parapets  indiquant  le  périmètre 

■  du  camp  qui  servit,  dans  le  principe,  de  quartier  d'hiver  à  deui 
I  des  légions  de  César;  c'est  qu'il  n'en  a  point  été  encore  observé. 

>  Hais,  à  cet  égard,  il  faut  remarquer  qu'il  n'a  pas  été  opéré  de 
'  fouilles   dirigées,  comme  il   le  faudrait,   autour  du   Puy-de-l'Ai- 

•  guille,  par  traiichdea  perpendiculaires  à  la  base  de  cette  colline, 

■  qui  représente  le  point  culminant  de  la  position;  ces  tranchées 
»  amfeneraienl  peul-Ctre  à  constater  l'enislence  d'anciens  retron- 

•  chcmeuts.    D'autre    part,   il   convient  de   rappeler   qu'autour  du 

■  Puy-de-l'Aignille  le  sol  a  été  très  remué  et  parait  avoir  été  cou- 

•  vert,  dans  des  Ages  postérieurs  à  l'époque  césarienne,  de  coub- 
B  tructions  qui  ont  dû  faire  disparaître  les  vestiges  du  campement 

>  primitif.  • 

Ou  sont  donc,  jusqu'à  présent,  les  preuves  iiatÉrieli,es  de  l'éta- 
blissement d'un  camp  sur  ce  plateau?  On  ne  peut  raisonnablement 
objecter  la  trouvaille  d'une  monnaie  de  César;  les  pièces  à  son 
efBgie  ont  circulé  longtemps  après  sa  mort  (comme  circulent  en- 
core de  nos  jours,  par  exemple,  les  pièces  de  cinq  francs  de 
Napoléon  I-). 

(!)  Voir  la  première  partie  de  ce  travail.  Les  villages  en  ques- 
tion les  plus  éloignés  de  nos  ruines  sont  :_Soleilliavoup,  k  onze 
on  douze  cents  mètres  au  Nord  (à  vol  d'oiseau);  Céron,  près  des 
sources  de  la  Céronnn,  à  deui  kilomètres  environ  au  Nord-Ouest 
(toujours  à  vol  d'oiseau);  Temporieux,  à  quatre  bons  kilomètres  au 
Sud.  Entre  le  temple  du  Soleil  et  celui  du  Temps,  la  ville  an- 
tique aurait  eu  un  diamètre  de  cinq  ou  six  kiiloTnètrcs  !  qnelle 
belle  ville!!  Et  aucun  auteur  ancien  n'en  aurait  fait  mention? 


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a  tant  fouillés  sur  bien  des  points  de  notre  terri- 
toire? pas  le  moins  du  monde  jusqu'à  présent, 
et  conçoit-on  une  ville  sans  nécropole? (1).  Peut- 
on  invoquer  la  présence  des  restes  d'aqueduc? 
mais  on  sait  quelle  consommation  d'eau  faisaient 
les  anciens,  et  le  puits  ne  devait  pas  suffire, 
non  plus  que  la  Font  des  Arènes,  aux  besoins 
de  la  foule,  lorsqu'il  y  avait  agglomération  en  ce 
lieu.  Les  voies  antiques  dont  on  a  relevé  la  direc- 
tion? mais  leur  présence  est  aussi  bien  en  faveur 
de  mes  conjectures  que  de  celles  de  mes  devan- 
ciers; comment,  en  effet,  se  rendre  sans  rotUes 
à  un  lieu  d'assemblées?  Et  le  théâtre,  me  dira- 
t-on?  mais  à  Sanxay  aussi,  il  y  a  un  théâtre,  un 
théâtre  qui  pouvait  contenir  8,000  spectateurs,  et 
les  ruines  de  Sanxay  ne  sont  pas  celles  d'une 
ville. 

Si  je  mets  en  doute  la  croyance  des  auteurs 
qui  ont  accepté  et  soutenu  la  version  de  Baluze, 
ce  n'est  point  par  esprit  de  contradiction;  j'avoue 
même  qu'il  m'en  coûte  un  peu  de  renoncer  à 
voir  au  centre  de  notre  Bas-Limousin  les  restes 
d'une  ville  antique,  et  l'on  me  trouvera  tout  dis- 
posé à  faire  amende  honorable  si  de  nouvelles 
découvertes  sont  en  faveur  de  la  première  idée. 
Mais,  puisque  je  reviens  encore  à  l'auteur  de 
l'Histoire  de  Tulle,  on  voudra  bien  se  souvenir 


(I)  Le  champ  des  terres  grasses,  au-delà  de  Seilhac,  où  ont  4U 
trouvées  quelques  urnea  cioéraires  (voir  Bulletin,  t.  III,  p.  140), 
est  trop  éloigné  de  Tintignac  pour  qu'on  puisse  y  voir  son  cime- 
tière. 


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—  710  — 

qu'il  témoigne  un  certain  étonnement  de  ne  trou- 
ver nulle  part  le  nom  de  cette  cité!(l).  Et  en 
effet,  rien  n'affirme  qu'elle  ait  existé.  On  peut 
dire,  si  l'on  veut,  qu'un  personnage  d'importance, 
un  fonctionnaire  peut-être,  a  fait  construire  une 
maison  de  campagne,  une  villa,  sur  le  terrain 
où  se  tenaient,  du  temps  de  l'indépendance,  les 
assemblées  politiques  des  Lémovices,  et  a  donné 
son  nom  à  ce  lieu{2).  La  conquête  achevée,  ces 
assemblées  perdirent  leur  caractère  primitif;  elles 
se  transformèrent  en  réunions  joyeuses.  Lorsqu'un 
peuple  s'est  résigné  à  la  servitude,  certains  de 
ses  usages  persistent  quant  à  la  forme;  mais  le 
nouvel  état  de  choses  en  dénature  bien  vite  l'es- 
prit! Si  les  Romains  se  sont  rendus  maîtres  des 
Gaules  grâce  aux  divisions  intestines,  c'est  en 
sachant  modifier  la  rudesse  primitive  des  mœurs 
gauloises  qu'ils  ont  assuré  leur  conquête  1 

Il  fallait,  en  effet,  enlever  leur  caractère  me- 
naçant à  ces  assemblées  en  honneur  chez  nos 
pères  I  (3).  On  les  transforma  en  fratries,  en  fêtes 


(1)  El  lamen  nulla  oppidi  iUius  mentio  exlsl  in  anliquis  geo' 
graphis  sut  scriptoribus  hUtoriarum... 

(2)  Noua  avons  déjà  vu,  par  l'analyse  du  travail  de  U.  Deloche 
(voir  1"  partie],  que  d'après  cet  auteur  Tintignac  pourrait  devoir 
son  nom  &  uo  personnage  nomma  Quintinua,  sur  les  fonctions 
duquel  on  est  râduit  à  de  pures  conjectures.  N'oublions  paa  que 
l'édifice  dit  —  les  Boutiques  —  a  été  érigé  sur  les  /ondations  d'une 
construction  plus  ancienne. 

(3)  L'usage  des  assemblées  était  très  répandu  cbez  les  Gaulois; 
l'on  sait  que  la  réunion  annuelle  des  délégués  de  toutes  les  tribus 
de  la  Gaule  avait  lieu  dans  le  paya  des  Carnutes.  [Hiêt.  nationale 
des  Gaufois  sous  Vercingétorix,  par  E.  Base  at  L.  Bonnemère, 
1882,  p.  47.) 


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votives;  on  amusa  les  vaincus  et  ils  s'étourdirent 
sur  leur  nouvelle  condition.  Tintignae,  placé  pres- 
que au  centre  du  Bas-Limousin,  a  bien  pu  être 
le  lieu  des  assemblées  des  Lémovices,  comme 
Sanxay  a  été  celui  des  assemblées  des  Pictons(l); 
et  si  Sanxay  avait  été  connu  lorsque  M.  Deloche 
a  écrit  sur  Tintignac,  notre  savant  compatriote  au- 
rait probablement  soutenu  une  thèse  différente  de 
celle  qu'il  a  défendue  (2). 

Nous  avons  à  Sanxay  :  un  théâtre,  un  temple, 
des  hôtelleries,  un  balnéaire  (3)  ;  à  Tintignac  :  un 
théâtre,  un  temple,  une  basilique  et  probablement 
un  grand  corps-de-logis  destiné  à  recevoir  des 
hôtes.  Le  théâtre,  pour  amuser  la  foule;  le  tem- 
ple, pour  les  cérémonies  religieuses  dont  ne  se 
passaient  pas  volontiers  les  hommes  de  ce  temps- 
là;  la  basilique,  pour  le  règlement  des  affaires 
d'intérêt  privé  (4);  la  villa,  transformée  en  cara- 
vansérail, pour  le  logement  des  hôtes  de  distinc- 
tion; on  trouvera  peut-être  un  jour  le  balnéaire. 
La  multitude  campait  sans  doute  sous  des  tentes 
ou  sous  des  abris  provisoires. 


(1)  Les  —  Pardon»  —  de  la  fiasse-Bretagne  peuvent  encore  nous 
donner  une  idée  de  ce  que  devaient  être  ces  réunions. 

(2)  C'est  d'après  l'auloritë  de  M.  (Juicher&t,  notamment,  que  le 
Père  de  la  Croix  a  émis  sa  théorie  sur  la  véritable  destination  des 
monuments  de  Sanxay.  J'aurais  été  bien  aiso  d'avoir  l'appréciation 
du  Père  de  ta  Croix  sur  les  monuments  de  Tintignac;  mais  une 
lettre  que  je  lui  adressai,  en  y  joignant  une  épreuve  du  plan 
général,  est  restée  sans  réponse. 

(3)  Antiquités  de  Sanxay  {Vienne),  par  Ferd.  Delaunay,  IS82. 

(4)  Les  basiliques  des  anciens  servaient  à  la  fois  de  tribunaux  et 
de  bourses  de  commerce;  les  premières  églises  chrétiennes  ont  été 
calquées  sur  ces  basiliques  et  en  ont  pris  le  nom. 


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La  somptueuse  décoration  des  Boutiques  serait 
une  objection  à  la  destination  que  je  donne  — 
sous  toutes  réserves  —  à  cet  édifice,  si  nous  ne 
savions  quel  luxe  déployaient  les  riches  Romains, 
même  pour  leurs  installations  temporaires.  Il  faut 
lire,  si  l'on  veut  s'en  faire  une  idée,  la  descrip- 
tion de  la  maison  de  plaisance  que  Plîne-le-Jeune 
possédait  près  d'Ostie  !  {!). 

Au  surplus,  si  au  lieu  de  considérer  les  ruines 
des  Boutiques  comme  étant  celles  d'un  caravan- 
sérail, on  préfère  y  voir  l'emplacement  d'une  agora, 
il  n'y  a  rien  d'incompatible  avec  le  système  que 
j'ai  présenté;  n'avons-nous  pas  vu  que  l'agora 
servait  aux  assemblées  du  peuple,  mais  seulement 
des  hommes  libres? 

La  destruction  des  monuments  de  Tintignac  est 
vraisemblablement  due  à  une  cause  violente;  les 
amas  de  cendres  et  de  charbons  trouvés  au  cours 
des  fouilles  prouvent  en  faveur  de  cette  conjec- 
ture. Quant  à  la  date  probable  de  cet  événe- 
ment, rien  ne  vient  à  l'encontre  de  l'hypothèse 


(1)  HoHTFAUCon,  Anliqtiiti  expliquée,  tome  III,  l**  partie,  p.  lîS 

et  suivEuites. 

ife  citerai  encore  ce  passage  de  VAbêcéd&ire  de  H.  de  Gaumont, 
car  il  nous  concerne  plus  spécialement  :  e  Le  laie  s'étendit  des 

■  monuments  publics  aux  constructions  privées,  et  les  maisons  de 
t  la  ville  et  de    la  campagne  furent  décorées  de  peintures,  de 

■  mosaïques  d'un  travail  exquis,  de  marbres  étrangers  de  diffé- 

*  rente  nature,  etc.  Les  plus  petites  villas  furent  remarquables 
>  par  la  richesse  de  leurs  enduits,  et  de  simples  cabanes  cachè- 

■  rent,  sous  une  couche  de  peinture,  la  pauvreté  de  leurs  mu- 

*  railles  en  torchis.  «  (Édition  de  186!,  p.  457.)  H  en  était  ainsi  au 
temps  d'Hadrien  et  des  Antonina;  la  Gaulo  ne  souffrait  alors  quo 
de  la  perte  de  son  indépendance. 


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-713- 

de  M.  Deloc^;  et,  bizarre  coïncidence  qu'il  est 
peut-être  bon  de  signaler  ici,  on  n'a  pas  recueilli 
à  Sanxay  de  monnaies  postérieures  au  règne  de 
Constantin  (1). 

J'ai  parlé  bien  longuement  de  ruines  qui  sont, 
en  somme,  peu  de  ebose  au  point  de  vue  archéo- 
logique, puisque  d'informes  superstructures  seules 
apparaissent  aux  regards.  Mais  si  les  ruines  de 
Sanxay,  où  j'ai  cherebé  des  termes  de  compa- 
raison, méritent  davantage  l'intérêt  des  visiteurs, 
celles  de  Tintignac,  connues  depuis  plus  long- 
temps et  sous  un  jour  bien  faux,  ne  doivent 
pas  être  dédaignées;  elles  ont  leur  importance, 
au  point  de  vue  de  l'histoire  de  notre  province. 
Qu'il  me  soit  permis  de  terminer  ce  travail  eli 
formulant  un  vœu  :  celui  de  voir  prendre  des 
mesures  {et  M.  Guitlot  n'y  fera  certes  pas  oppo- 
sition) pour  assmrer  la  conservation  des  derniers 
vestiges  du  théâtre  de  Tintignac. 

Ph.  Lalasde. 


i|)  Anti'iuités  du  Sanxaij  {lac 


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„Googlc 


PROVERBES  BAS-LIMOUSINS 


Par  Jean-Baptiste  CHA.MPEVAX 

Avocat  à  Fjgeac  (Lot) 

FÈLTBRE    DE    LA    MAINTENANCE    D'AQUITAINS 
Suite  (O 


136.  Daulin!  dauian!... 
D'à  Courreza,  d'à  Sarran. 

Daulin  ! 

Dauian  ! 
Ce  dicton  rappelle  les  sonneries  des  belles  cloches  que  possé- 
daient autrefois  Corrfeie  (aujourd'hui  chef-lieu  de  canton)  et  Sarran 
(commune  du  canton  de  Corrèze);  ces  sonneries  faisaient  le  juste 
orgueil  des  habitants. 

137.  Sarran,  lom  alands.    ■ 
Sarran,  les  complîmeateurs. 

138.  Eyren, 
Lous  bravas  gens. 

Eyren,  les  braves  gens. 
En  1793,  les  habitants  d'Eyren  aidèrent  les  paroissiens  de  Vîtrac 
à  délivrer  leur  curé,  l'abbé  Talin,  confesseur  de  la  foi. 

139.  Meschent  couma  moussu  de  Chaleys. 

Méchant  comme  M.  de  Chaleys. 
Les  seigneurs  de  Chaleys,  qui  habitaient  le  ch&teau  de  ce  nom 
situé  dans  la  commune  de  Vîtrac,  avaient  cette  réputation  malheu- 
reusement trop  justifiée.  L'un  d'eux,  au  xvii*  siècle,  aida  au  meurtre 
nocturne  de  M*  de  Hartret,  sur  le  perron  du  ch&teau  de  Bétut 
(Cbenaliers),  et  esquiva  la  décapitation  à  laquelle  on  le.  condamna 
A  Brive.  Son  petit-lils,  au  xviii'  siècle,  était  un  ferrailleur 
fini.  Il  couchait  tout  éperonné  avec  sa  femme,  qui,  à  la  fin,  le  fit 
assassiner  et  porter  dans  la  Corrèze  par  un  domestique.  Il  tua  eu 
duel  un  Leynia  de  la  Chassagne.  bourgeois  de  Corrëze,  et  vit  sa 

(1)  Voir  Bulletin  de  ta  Société,  tome  VII,  p.  495. 


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—  716  — 

plus  haute  tour  rasée  pour  ce  fait.  On  signale  un  autre  duel  avec 
If.  de  Vyers  à  la  sortie  de  la  messe,  sur  la  place  de  Gorrëze.  Un 
jour,  le  pistolet  à  la  main,  il  obligea  dit-on  un  passant  à  manger 
une  tourte  arrosée  d'un  seau  d'eau.  L'exagération  de  cet  on-dil 
n'en  montre  que  mieux  combien  était  redouté  ce  triste  sire,  assez 
habile,  d'ailleurs,  pour  éteindre  à  tout  coup  de  son  pistolet  une 
chandelle  à  vingt  pas. 

140.  Fadars  d'en  Bar. 
Triples  fous  de  Bar. 

Bar,  canton  de  Corrëze.  M.  Melon  de  Pradou,  président  de  la 
Société  archéologique  de  Tulle,  a  justement  remarqué,  ce  qui  jus- 
tifie notre  dicton,  que  le  parler,  dans  cette  commune,  a  quelque 
chose  d'inarticulé,  surtout  dans  l'interjection  affirmative  aoith! 
{auht)  terminant  la  plupart  des  phrases. 

141.  Sspelhals  d'Orlial. 
Dépenaillés  d'Orliac  (-de-Bar). 

142.  Orliat-la-Pruna. 
Orliac-la-Prune. 

Cette  commune,  dépendant  du  canton  de  Corrëze,  est  ainsi  appe- 
lée parce  qu'on  y  récolte  beaucoup  de  prunes.  Les  habitants  sont 
ouverts  et  hospitaliers,  et  vous  offrent  de  leurs  prunes  jusqu'à 
dire  :  Mangez-en,  nos  pourceaux  eux-mêmes  n'en  veulent  plut. 
C'est  que  le  Limousin,  très  façonnier,  veut  être  encouragé  à  la 
table  d'autrui. 

143.  Saint-Agusti,  lous  mau  vestits. 
Saint- Augustin  les  mal  vêtus. 

Mal  vêtus,  dans  le  sens  de  mal  en  train.  Les  habitants  de  Saint- 
Augustin  (canton  de  Corrèze)  avaient  la  réputation  de  s'adonner  au 
vin.  On  voyait  encore,  en  1S40,  bon  nombre  de  bourgeois  rester 
d'un  dimanche  à  l'autre  au  cabaret,  le  verre  et  les  cartes  à  la 
main. 

144.  Lous  Jiimeus,  lous  agneui. 
Les  gens  de  Gimel,  des  agneaux. 

Girael,  canton  de  Tulle. 

145.  Las  femnas  d'à  Jumel, 

La  chaminja  Uur  passât  lou  gounel. 

Aux  femmes  de  Gimel, 

La  chemise  dépasse  le  jupon. 

Idée  que  nous  trouvons  exprimée  dans  le  Dictionnaire  de  Leroux 


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de  Lincy,  à  propos  des  femmes  de  Cambroa  :  At  ersane  à  chài 
femmes  ed'  Cambron,  (eu  kémise  al  dép&ste  /eu  cotron,  pour 
indiquer  une  femme  mal  accoutrée. 

14t>.  Jfouisur,  que  y  hat  de  nouvel  f 

-^  Las  chabras  haunt  pris  Jumel, 

Et  lotis  bons  Sarran, 
Se  ieu  me  trobe  dins  Las  Champs! 

Monsieur,  quoi  de  nouveau? 

—  Les  chèvres  ont  pris  Gîme], 

Et  les  boucB  (prenaient  aussi)  Sarrau 

Si  je  me  fusse  trouvé  dans  les  Champs  (-de-Brach)  ! 

Ce  dialogue  proverbial  entre  un  paysan  et  un  seigneur  Fait 
allusion  aux  coups  de  main  des  calvinistes  (qualifiés  suppdts  du 
Cornu)  sur  ces  deux  baronnies  des  seigneurs  de  Gîmel,  dont  la 
première,  perchée  sur  un  isthme  rocheux,  ne  semblait  accessibl» 
qu'à  des  chèvres  possédées.  Le  plateau  marécageux  des  Champs- 
de-firach  les  sépare  à  bonne  distance. 

Voici  l'un  de  ces  épisodes  que  nous  trouvons  daDs  le  Livre  de 
raison  de  M*  Terrade,  notaire  en  1600,  à  Chaumeil  : 

•  1593  et  le  20  décembre,  populassc  de  ChamboHve,  Oulonzac, 
Saint-Aulaire  {Sainte-Eiilalie,  faubourg  d'Uzcrche),  Bcaumont  el! 
Saint-Salvadour,  etc.,  coniandés  pz.r  messieurs  de  BufSères,  de 
Ghamboiive  et  La  Planche  d'Oulonzac,  bâtirent  messieurs  de  Oimel 
comandés  par  M.  de  Puymaret,  du  cousté  de  Gimel.  En  mourut 
12  ou  13,  »t  des  autres  personne. 

Les  dits  de  Gimel  étaient  assistés  des  villaiges  du  tourn  (des 
environs),  mesmes  de  ceulx  de  la  paroisse  de  Bar  et  Naves  estant' 
tous  en  nombre  de  200  hommes,  et  les  autres  environ  2,S0O.  Le 
couroonel  Bousquet  s'en  retourna  de  Tulle,  etc.  s  —  Ex  meii. 

147.  Gagnar  eouma  à  Chameyrat,  quand  bouriount. 

Gagner  comme  à  Chameyrat  quand  il  brûle. 

Tout  le  bourg  de  Chameyrat  (commune  de  l'arrondissement  de- 
Tulle)  se'  brûla,  il  y  a  bien  longtemps,  et  l'antiphrase  a  persisté 
pour  exprimer  une  grosse  perte  subie. 

148.  Moun  efûunt  est  malaùde  de  la  naùjà  d'à  Sainct-Muîsitnt. 

Mon  enfant  est  malade  de  la  maladie  de  Saint-Mexant. 

Nauja  (étym.  noxa)  signiRe  :  maladie,  infirmité  des  enfants.  — 
Selon  telle  ou  telle  maladie,  et  pour  en  obtenir  la  guérison,  on 

T.  ViL  4-S 


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—  718  — 

fait  dire  des  prières  à  l'égliae  de  Cosnac,  de  Saint-Robert,  de 
Treignac,  de  Favars,  da  Saint-MexaDt;  de  là  l'eipression  nau/a 
de  Cosnac,  de  Seri'Rouberl,  de  Treinhae,  de  Favars,  de  Sen- 

Mexant ■  Quan  ud  efaa  tomba  malaude,  lou  faa  veire  a  la 

sourciera.  La  sourciera  dis  ;  ■  A  la  nauja  de  tat  sente.  •  Adounch 
se  quiata  pel  drôle,  ou  puleu  pela  paurea  morts  que  sodreisson 
aital  al  malaude  per  aver  de  las  pregerias.  E  lous  efans  son  ma- 
laudes  eatrusca  tan  que  lan  recoumandat  al  sente,  e  que  las  messas 
se  dizon.  Lout  Tot  dura  nau  jours,  per  lourdinari.  Apres  Ion  vot 
finit,  lou  quera  toucbat  de  la  nauja  vai  miels  ou  mort.  > 

Joseph  Roux,  Diction,  inédit. 

149.  A  Coumir.  se  grattount  i'umbounir. 

A  Corail,  ils  se  grattent  le  nombril. 

Voulant  désigner  par  là  qu'ils  sont  paresseux  et  indolents  au 
travul.  —  [Oornil,  commune  du  canton  de  Tulle.) 

150.  Beslia  coum'  un  paysan  d'à  Coumir. 
Béte  comme  un  paysan  de  Corail. 

B  quittaient  guère  leurs  ro< 

151.  Atiar  à  Coumir. 

Aller  à  Corail. 

Au  figuré,  devenir  fou,  être  emprisonné  comme  des  mendianta.  — 
Allusion  au  dépM  de  mendicité  de  Rabès  situé  tout  près  de  Cornil. 

152.  L'académie  de  Botibeau. 

C'est  un  village  qui  touche  à  Laguenue.  Baubau,  en  vieux 
roman,  signille  nigaud.  Dans  la  Somme  on  trouve  les  Baubaua 
de  Rue.  Hais  ici  nous  ne  voyons  guère  d'explication  à  ce  dicton 
moderne  et  probablement  de  pure  fantaisie.  En  1531  et  1209,  la 
forme  latine  de  ce  nom  est  Bobals.  (Baluze.) 

153.  Las  Aguenaudasi  las  michayras. 

Les  revendeuses  de  miche  de  Laguenne. 

LagueuHe,  ««nton  de  Tulle.  Nous  soupçonnons  fort  l'évéque  de 
Tulle,  seigneur  de  ces  deux  endroits,  d'avoir  concédé  aux  pauvres 
femmes  de  Laguenne  le  privilège  de  vendre  le  pain  sur  le  pont  qui 
prit  leur  nom,  aux  abords  de  la  cathédrale,  probablement  i  c&té 
des  caves  ou  il  faisait  vendre  aussi  son  vin  aigrelet  de  Laguenne. 


lyGoo^Ie 


154.  Lom  tàous  d'à  Las  Guinas. 

Les  taont  (les  fanfarons,  les  mouches  du  coche)  de  La- 
gueuue. 

155.  Tony  d'à  Lot  Guina$. 
Sot  (Antoine)  de  LagueDoe. 

156.  B de  paysan  d'à  Navas. 

B de  paysan  de  Naves, 

Ce  terme  injurieui  dâsigne  un  vrai  cuseur  d'assiettes.  En  93, 
les  habitants  de  Nares  descendirent  à  Tulle  pour  faire  la  petite 
guerre  à  leurs  voisins,  qui  disent  lors  d'un  événement  heureux  : 
0ht  anué,  tems  d'à  N^vas.  <  Certes,  aujourd'hui,  nous  sommes 
de  Naves,  ■  c'eat-À-dire,  les  maîtres. 

157.  Pandrigna,  twtat'boutsa. 

Voici  Pandrigue  qui  frappe  sur  un  panier. 
Pandrigne,  commune  du  canton  de  Tulle.  —  On  voulait  faire  allu- 
sion k  la  sonnerie  sourde  de  leurs  cloches  fêlées. 

158.  Moun  efittint  pwat...  que  lou  disele  y  faiet  rt. 
Mon  enfant  est  si  pleurard  que  j'ai  eu  beau  lui  f^re 

toucher  le  disque,  rien  n'y  a  fait. 
On  désignait  par  le  mot  disque  un  reliquaire  ayant  cette  forme 
et  qui  se  trouvait  dans  l'église  de  Saint-Bonnet- Avalouze;  ce  même 
terme  prête  en  outre  à  un  jeu  de  mots,  en  signifiant  glapissement, 
comme  saint  Ealropi  est  redevable  en  partie  à  l'assonance  des 
invocations  d'ailleurs  légitimes  des  eslropiéa,  et  saint  Clair,  pa- 
tron de  ceux  qui  ne  voient  plus  cl^r  ou  qui  demandent  du  temps 
clair  pour  les  biens  de  la  terre.  (Voir  Baluse.) 

159.  Leyrat,  Mercier, 

Stms  pariers. 

la  Jarriga 

Nous  Barregat. 

Leyrat,  Mercier, 

Noua  sommes  d'égale  force. 

La  Jarrige 
Nous  tient  presque  en  échec. 

Trois  petites  juridictitms  dont  les  castels  rivalisaient,  en  la  pa- 
roisse de  Naves,  arrondissement  de  Tulle. 


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—  .720  — 

160.  ChaïUl  de  Marentta, 

Paya  me  ma  renia! 
Chastel  de  Peyrafort, 
Ti  te  drecht  et  té  te  fort! 
Chastel  de  Peyraficha,  etc. 
Château  de  Merande, 
Paye-moi  ma  reate! 
Château  ^e  Peyrafort, 
Tiens-toi  droit  et  tiena-toi  fort! 
Château  de  Pierrefitte,  etc. 

Les  en^nts  prononcent  ces  paroles  en  jouant  aux  ch&teaux  da 
noix.  Ils  tes  débitent  avec  la  fol  d'un  sorcier  à  ses  syllabes  caba- 
listiques. —  S'agit-il  du  ch&teau  de  Hirande  qui  existait  autrefois 
près  Has  de  Page,  dans  la  commune  de  Sainte-Portunade  ?  ^usnt  A 
PeyraFort,  c'était  ua  caste!  près  de  Tulle  appartenaat  aux  de  Féais 
on  1673. 


Las  poumas  de  l'Estre. 

Les  pommes  de  l'Eatre. 


On  désigne  ainsi  la  pomme  coujoune  de  Brive,  appelée  auss' 
pomme  Saint-Germain(-les-Vergnes).  Une  femnie  de  cette  dernière 
localité  en  aurait  conservé  dans  l'eëlro  (petite  croisée  murée)  de  sa 
maison  d'habitation  et  en  aurait  offert  à  Turgot  qui  visitait  sa 
Généralité.  L'intendant  du  Limousin  les  trouva  si  bonnes,  au  dire 
de  M.  Brunet,  sénateur,  que  depuis  lors  il  les  désignait  sous  le 
nom  de  pommes  de  l'estro,  d'où  les  mots  pommes  lestret  sous 
lesquels  elles  sont  encore  connues  i.  Paris. 

162.  D'à  Ban  à  Chaumely, 

¥  hat  l'affanada  d'un  cotiqui  : 

D'à  Chaumely  à  Ban, 

ta  jonmada  d'un  poenlant. 

De  Ban  à  Chaumely, 

Il  y  a  [Vahannie],  littéralement  le  salaire  d'un  coquin  : 

De  Chaumely  à  Ban, 

Il  y  a  la  journée  d'un  paresseux. 

Ces  deux  villages  bornent  au  Nord-Est  la  commune  d'Orliac-de- 
fiar,  et  sont  presque  contigus.  Le  second  est  réputé  pour  sc^  ma- 
raudeurs et  tous  deux  pour  fournir  des  journaliers  peu  diligents. 


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—  721  — 

t63.  Saga  couma  lot  poulbu  d'à  La  Marqtta 

que  vaunt  poundre  à  t'Autelou. 
Sage  comme  les  poules  de  La  Marque 
qui  vont  pondre  à  L'Auielou, 

Ce  furent  deux  repaires  nobles  sépsrëa  par  la  CorrJize.  I]  est  peu 
aimable  de  voir  sps  poules  passer  l'eau  et  porter  leurs  caurs  chez 
le  voisin.  —  Sage  couma  laa  pouKaa  d'à  Lacar  que  poundùunt  à 
Charva».  Bage  comme  celles  de  Laval  qui  pondent  à  Charves.  Les 
deux  villages  sont  d'Églelons  et  eoutigus.  Se  prend  eu  bonne  part. 

164.  Se  n'as  pas  toun  coumpte,  vaU  lou  far  H  Gravier. 

Si  tu  n'as  pas  ton  compte  (de  linge,  disaient  les  blanchis- 
seuses de  Tulle),  va  le  faire  au  Oravîer  (dans  le  lit  de  la 
Corrèze). 

C'est  ainsi  qna  s'exprûnant  les  blanchisseuses  de  Tulle  quand 
elles  se  disputent,  et  désignent  le  Gravier,  qui  est  un  ancien  port 
au  bois  flotté  où  les  cailloui  ne  manquent  pas  et  oii  elles  peuvent 
se  mettre  d'accord. 

165.  Sn  Gaffat-Vaxe. 

A  l'endroit  où  l'on  mord  l'&ne. 

C'eat-tdire  à  un  endroit  si  sauvage  qu'il  ne  pe«t  (dus  se  d^ 
fendre,  et  qu'il  est  exposé  k  la  dent  des  loups  (à  tous  les  diables). 

166.  S'anar  perdre  dins  la  Lavattra. 

S'aller  perdre  dans  la  Lavastre. 

Hâroe  signification  que  le  numéro  précédent.  C'est  une  steppe 
marécageuse  et  inhabitée  de  la  commune  de  Saint-Yrieix-le-DAjalat, 
où  était  le  eh&teau  baronial  de  Montamar  (Uons-Ademaris),  qui 
appartenait  aux  de  Sédières  en  1600. 

167.  Quand  cireygount  à  Sainet-Yreyt, 

à  Bellet  vindiniount. 

Quand  on  cueille  les  cerises  à  Saint- Yrieix, 

on  vendange  à  Beaulieu. 

Les  récoltes  sont  de  beaucoup  plus  précoces  k  Beaulieu,  qui  est 
situé  sur  1m  bords  de  la  Dordogae  dans  une  vallée  fertile,  qu'à 
Saint-Yrieix'le-DéjaJat,  qui  est  placé  sur  le  haut  d'une  montagne 
il  une  altitude  de  près  de  700  mètres. 


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—  722  — 

ÀuUilous, 

Peiiia  villa,  grandi  laîrrouns. 

La  villa,  d'ei  couslat  que  pend, 

t  mm/t  de  eouquis  que  de  brava  gent! 


Petite  Tille,  grands  larrons. 

La  Tille,  du  côté  où. elle  penche, 

A  plus  de  coquins  que  de  braves  gens. 

figletODS,  chef-lieu  de  c&nton  de  l'arrondisse  ment  de  Tulle,  est 

situâe  sur  un  mamelon  pointu,  et  il  est  à  remarquer  qu'elle  est  ea 

déclivité  de  toutes  parts.  En  sorte  qu'il  n'y  fait  jamais  bon  pour 

les  dames.  Ni  plme,  ni  soleil,  ni  vent,  vrai  lempi  de  demoiaelle! 

169.  AuUitous  deubt  péri  pii  fœc, 

TuUa  per  l'aygua. 

Et  Courreza  per  la  m 

Égletons  doit  périr  par  le  feu, 
Tulle  par  l'eau, 

Et  Conèze  par  la  m 

(ce  qu'on  appelle  en  Quercy  le  miel  de  Gourdon  1] 
Ëgletons  doit  pdrir  par  le  feu  parce  que  cette  ville  étant  située 
sur  un  point  élevé,  il  y  fait  beaucoup  de  vent,  ce  qui  rend  les 
incendies  terribles.  Tulle  par  l'eau,  parce  que  souvent  on  y  a  cons- 
taté de  grands  désastres  provoqués  par  les  débordements  de  la 
Solane  et  de  la  Corrëse.  <Juant  à  la  ville  de  Corrëze,  bien  qu'elle 
ait  de  bonnes  fontaines  pour  laver  ses  rues,  l'on  y  a  souvent  &  souf- 
frir de  l'éloignement  do  la  rivière  qui  porte  son  nom. 

170.  Lout  mowtics  d'à  Clergoux. 

Les  moustiques  (ou  moucherons}  de  Glei^oux. 

171.  Gwnound,  las  engranouilhas. 

Gumond,  les  grenouilles. 
Allusion  A  son  site  marécageux. 
173.  Lout  graulards  d'à  Marcillat. 

Les  corbeaux  de  Harcillac  (la-Groizille). 

Marcillac-la-Croizille  est  situé  sur  un  plateau  élevé,  dénudé, 
battu  des  bises  neigeuses,  et  les  habitants  émigrent  en  hiver,  au 
rebours  du  corbeau. 


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—  723  — 

173.  Lout  desputatx  de  Lyoun  et  de  Rovanna. 

Les  députés  de  Lyon  et  de  Roanne. 

Od  appelle  luDsi  les  savetiers  (grouillera)  de  Baiat-Hitaire- 
Foisau,  dont  l'émigration  a  lieu  de  ce  côté. 

174.  lou$  azet  d'à  Samt-P(axU>ux. 

Les  ânes  de  Saint-Pardoux-la-Croizille. 

t75.  Lous  Rouehetous,  eanmlta. 

Gens  de  Laroche-Canillac,  vauriens. 

AllusioD  k  C&nillac,  qui  n'est  pas  ancien  ici.  On  disait  St<Haur 
de  Laroche. 

176.  De  Chanteix,  ne  vét  touvent 
Ny  boun  vent,  ny  brava  gent, 

Ny  argent. 

De  Chaateiz  il  ne  vient  guère 

Ni  bon  vent,  ni  braves  gens, 

Ni  argent. 

On  veut  dire  par  là  que  les  habitants  de  Chanteix  sont  sussî 
mauvais  que  l'air  marécageux  qu'ils  respirent.  Se  dit  aussi  de  Bé- 
né^ent  {Creuse}. 

177.  Las  ehdbras  d'à  Saint-Clament. 

Les  chèvres  de  Saint-Clément. 

Allusion  aux  nombreuses  chèvres  que  l'on  voit  dans  ses  p&tu- 
ragea. 

178.  Soint-Sauvadour,  lous  sadourt. 
Les  saoùlards  de  Saint-Salvadour. 

179.  Lous  SeWiat,  las  bragas  largas,  lou  gillet  court. 

Les  SeiUtacois,  braies  larges  et  gilet  court. 

Est-ce  pour  paraître  encore  plus  petits  à  la  conscription,  où  ce 
climat  d'étangs  les  fait  presque  tous  refuser  f 

180.  La  pnktia  d'à  Bermount. 

Lout  in^edlles. 
Lout  rousiet. 


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-  72t  - 

Sems  d'à  Bernount,  auvez  z'ou, 

ça  que  disems  un  cop  disems  pas  dous! 

Le  sol  graveleux  de  Beaumont. 

Les  nigauds. 

Les  rousseauï. 

Nous  sommes  de  Beaumont,  entendez-vous, 

ce  4jue  nous  disons  une  fois  est  assez  dit  ! 

C'eat-à-dire  letus  comme  des  ânes  rouges,  sujets  à  chercher  la 
petite  béte,  Ja  difticulté  dans  ce  qu'on  leur  dit. 

181.  Un  bûcheron  de  Saint-Jal. 

Au  sens  de  mauvais  coucheur. 

Saint-Jal,  commune  du  canton  de  Seilhac;  ses  habitants  avaient 
une  assez  mauvaise  réputation,  parce  que  c'est  un  endroit  boisé 
oii  il  y  a  eu  de  nombreuses  arrestations.  On  cite  le  colloque  sui- 
vant entre  un  bbcheron  de  cette  localitâ  et  son  voisin  de  La- 
grauliëre  : 

«  Quo  voit  bin,  tu  ses  un  ftmie,  te  bourraraî  nias  de  la  têlà, 
autrament,  te  bourrarias  pias  d'au  taii!  » 

C'est  bon,  tu  es  un  ami,  je  ne  te  frapperai  que  de  la 
tête  (aou9-entendu,  de  mon  hachereau),  sans  cela,  je  t'au- 
rais servi  avec  plaisir  du  taillant. 

L'autre,  non  moins  batailleur,  riposte  ; 

«  Te  pararaï  de  mon  billard.  • 

Je  parerai  de  mon  bâton. 

■  En  Saint'Jal,  est  loup-garou  1  sur  T,  et  ce  pendant  vu  ans,  et 
doibt  tous  les  7  jours  parcourir  iiiiiir  paroisses  ou  manger  vu 
chiens,  tant  le  nombre  7  est  magique  et  sabbatier.  »  (Croyances 
populaires.  Jban  des  Hohts,  par  H.  O.'Lacombe.) 

183.  Couqui  couma  Chambotiliva, 

Coquin  comme  Chamboulive. 

Léonard  Leyniat,  dit  Chamboulive,  était  un  de  ces  audacieux 
voleurs  qui  jetait  la  terreur  dans  tous  les  environs  de  Tulle,  et 
dont  on  eut  la  plus  grande  peine  à  se  rendre  maître.  On  montre 
encore  avec  effroi,  au-dessus  de  la  gar«  de  Tulle,  l'arbre  auquel 
il  fut  pendu  et  qui  a  conservé  le  nom  légendaire  d'arbre  de  Cham- 
boulive. 


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183.  A  Chamboulyva,  re  Inc  manquai. 

A  dambûulive  rien  ne  manque. 

L'abbé  Clédat,  de  Gourdoa,  qui  avait  vers  1780  le  ch&teau  de 
Gourdon  (Chamboulive),  ae  trouvant  à  Paris,  envoya  chercher  du 
fil  de  soie  de  la  couleur  de  son  haut-dc- chausses  pour  le  raccom- 
moder. Son  valet  de  chambre,  après  avoir  couru  presque  tout 
Paris,  rentra  bredouille  et  dit  à  son  maître  d'un  ton  demi  dépita, 
demi  gouailleur  :  «  Vous  votu  croyiez  donc  encore  à  Chambou- 
lioe,  où  rien  ne  manque  ?  s  Alors  l'abbé  répondit  tout  naïvement  : 
B  C'est  vrai,  je  me  oroystis  à  ChambouKve.  » 

184.  Tieulayres  d'Argentat. 

,  Couvreurs  en  tuiles  de  schiste,  ou  carriers  caveurs  de 
tuiles  d'Argentat. 

185.  A  FargeU,  rUqttos  re. 

A  Forgée,  tu  ne  risques  rien. 
Pour  exprimer  que  dans  cette  localité  il  y  a  beaucoup  de  braves 

186.  EnOre  La  Rouehetta  et  Lavau, 

y  hat  un  plm  eoer  de  vedel  d'àu[r]. 

Entre  La  Bochette  et  Lavaur, 

il  y  a  de  l'or  de  quoi  remplir  la  peau  d'un  veau. 

La  Rochette  fut  une  baronnie  de  la  commune  de  Pandrigne,  et 
Lavaur  une  seigneurie  de  celle  d'Ëspagnac.  On  dit  de  mâme  A 
Bar.  L'imagination  populaire  voit  des  trésors  cachés  sous  chaque 
marche  de  château  : 

187.  Entre  Champeval  et  Menau[r], 

y  hat  vna  plena  barriqua  d'àtt[r]. 
Entre  Champeval  et  Menau  (Bar), 
il  y  a  une  pleine  barrique  d'or! 

188.  Deigourgeat,  goulosiis,  pelauds,  gola-feiges 

eoum'un  Tioutaû. 
Mal  embouché,  gourmand,  pelletier,  mangeur  de  foies 

comme  un  Tulliste. 
Gorgeas,    littéralement,   signifio    criards.  —  Goulosiis,    gaur- 


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mandé,  parce  qu'oD  a  remarqué  que  les  ouvriers  de  U  Uanu- 
facture  d'armes  ne  ae  refusaient  rien  au  marché  :  ni  le  gibier, 
ni  les  poissons,  ni  les  primeurs. 

189.  Pantoufles  de  Judas. 

Revenant  à  perfides,  plus  vils  encore  que  sa  chaussure.  Les 
paysans  les  appellent  ^nsi  et  en  reçoivent  le  sobriquet  de  pec- 
caU,  que  H.  l'abbâ  Roux  traduit  dans  une  pensée  énergique  le 
péché  incamé,  d'origine,  alors  qu'il  est  peut-éCte  STnonyme  seu- 
lement de  piccalar,  pivert,  Sylvain,  bOte  sauvage  des  bois. 

190.  Mingat-chabras. 

Maogeurs  de  chèvres. 

Les  Brivistes  donnent  ce  sobriquet  à  leurs  voisins  pour  se  mo- 
quer du  site  de  Tulle,  tout  en  rochers  à  peine  recouverts  d'arbustes 
rabougris. 

191.  Lous  eseunlous  d'ei  Treeh. 

Les  buveurs  du  quartier  du  Trech. 

Bscufilou.diminutifd'eacuefo,  petite  écuelle.— Quelques  hommes 
Joyeux  du  quartier  du  Trech  (Tulle)  avaient  formé  une  société  ba- 
chique dans  laquelle,  au  lieu  de  verres,  on  se  servait  de  petites 
écuelles.  On  les  appela  fous  Egcunlotii  -  ils  prirent  si  bien  la 
plaisanterie  que  le  jour  de  la  télé  votive  du  quartier,  qui  était  la 
Saint-Pierre,  ils  attachèrent  trois  écuelles  au  mai  qu'on  était  dans 
l'usage  de  planter.  On  appelle  encore  à  Tulle  les  habitants  de  ce 
quartier  loua  Eacuntous.  Ils  boivent  toujours  bien  mais  dans  des 
verres. 

BéaoKiB.  Diction,  du  pafois  Bas-Limoustn,  p.  90. 

192.  Loui  lûnayres  d'à  la  Barrieyra. 

Les  buveurs  de  la  Barrière. 


Vivo  lo  Borrieyro,  mayre  I 
Vioo  ta  Bori-eiro  I 
Sounl  de  bous  lunaf-res; 

itfayre. 
Sourit  de  bous  lunaires. 
Vive  la  Barrière,  mère,  ses  habitants  sont  de  francs  buveurs. 
BJBûsiB.  Diction,  patoi»,  p.  S35. 


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—  727  — 

193.  Sàuia^andaus,  (f«  barry  d'Auberge. 
Maraudeurs  (sauteurs  de  haies)  du  quartier  d'Alverge. 
Le  quartier  d'Alverge  est  un  des  faubourgs  de  Tulle. 

194.  La  banda  nigra  d'à  ta  Barrieyra, 

La  bande  noire  de  la  Barrière. 

Par  alluaion  aux  habitants  de  ce  quartier  qui  étaient  presque 
tous  des  Foreziens,  armuriers  venus  du  Forei  à  Tulle,  vers  1820. 
Nous  disons  encore  :  un  coûter  de  Fourez,  au  sens  de  couteau  de 
pacotille. 

195.  A  Tulle,  en  Tullois, 

Les  femmes  ne  portent  que  six  mois. 
Mais  seulement  la  première  fbis. 

Un  paysan  de  Tulle  était  venu  consulter  Bédoch  au  sujet  de 
malheurs  conjugaux  qui  lui  étaient  arrivés.  Le  célèbre  avocat, 
pour  éviter  un  scandale,  ouvrit  le  Gode  d'un  air  sérieux,  en  Taisant 
semblant  da  lire,  sous  un  numéro  supposé,  les  phrases  di-dessus. 
Vous  le  voyez,  lui  dit-il,  vous  n'avez  aucune  crainte  à  avoir,  la  loi, 
dans  sa  sagesse,  a  tout  prévu.  —  La  paysan  s'en  retourna  satisfait. 

196.  Passar  lou  Riou-Bel,  ou  Rieu-Bayli. 

Passer  le  Ruisseau-Grand  ou  le  Ruisseau-Bailli. 

C'était,  pour  les  filles-mères  de  la  sénéchaussée  de  Veutadour, 
échapper  à  cette  juridiction  pour  les  non-déclarations  de  grossesse, 
et  se  rendre  justiciables  de  la  cour  de  Tulle,  qui  pouvwt  être 
moins  sévère.  Cela  équivalait  à  être  notée  d'inramie.  Ce  ruisseau 
traversa  un  quartier  de  Tulle  et  aurait  servi  de  limite  de  juridic- 
tions sénéchal]  es. 

197.  Lous  élus  d'à  Tulla. 
Polissons  de  Tulle,  vrais  gamins  de  Paris. 

198.  Seis  couma  moussu  d'Arlue, 

Après  ma  souppa  re  pus. 

Je  suis  comme  M.  d'Arlue, 

Après  ma  soupe,  rien  de  plus. 

Abbé  Roox. 
Les  d'Arlue,  famille  de  robe,  eurent  notamment,  au  xviii*  siècle, 
le  fief  de  La  Praderie  (Tulle). 


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199.  Cresa  que  tous  tous  madis  manque  matinas! 
Crois-tu  donc  que  tous  les  matins  je  manque  matines  I 

La  tradition  rapporte  que  le  chanoine  de  Pénis  de  La  Combe 
ayant  été  trouvé  plusieurs  fois  par  trop  en  retard  pour  l'office  de 
matines,  qui  se  disait  à  trois  heures  siprës  minuit,  fut  condamné 
par  le  doyen  à  ]'auni6ne  d'un  écu  par  manquement.  Un  pauvre  eut 
vont  de  la  chose,  se  posta  au  bon  endroit,  fit  ainsi  deux  ou  trois 
recettes,  et  prit  si  bien  goût  au  stationnement  que  le  chanoine, 
bientât  corrigé,  lui  criait  dès  qu'il  l'apercevait  sous  le  porche  de  la 
cathédrale  :  <  Mangue  pas  toujours  m&tinat  !  > 

Ici  le  racontar  se  trouve  parfaitement  confirmé  par  une  pièce  des 
archives  de  la  Préfecture  de  Tulle,  série  G,  n*  2,  portant  en  1786 
la  liste  des  chapelks,  et  au  pied  ceci  :  Fénit  de  La  Feuillade, 
chanoine  in  minoribue,  peu  assidu  à  l'office. 

200.  L'ivégue  de  la  Solatte. 

On  désignait  ainsi  l'évèque  qui  fut  nommé  en  1731.  Comme  le 
gouvernement  le  qualifiait  d'évèque  de  la  Corrëze,  on  trouva  que 
ce  ruisseau  d'égout  suffisait  à  le  baptiser.  Il  mourut  misérablement 
près  de  Favars,  obligé  de  mendier  chacun  de  ses  repas  de  châ- 
taignes et  de  tour  loua  (g&tettes  de  sarrasin). 

201.  Le  point  de  Tulle. 

M.  Bené  Page  a  eu  l'heureuse  idée  de  rechercher  si  la  dentelle 
connue  sous  le  nom  de  point  de  Tulle  ne  se  rattachait  pas  &  notre 
ville,  et  il  est  parvenu  à  l'étabhr. 

Nous  avons  relevé  de  notre  cOté  les  indications  suivantes  ;  1714, 
contrat  passé  à  Tuile  pour  la  fabrication  de  dentelles  qu'on  nomme 
point  de  Tulle.  (Archives  de  la  Préfecture  du  dit.) 

Un  manuscrit  tiré  des  papiers  de  la  famille  de  BraqnillangeB, 
du  Bech,  contenant  des  notes  sur  Tulle  ainsi  souscrites  :  Par  wn 
ci-deoant  jéêuite,  voyageur  exilé  à  Tulle,  vers  1763,  porte  : 

«  Le  point  de  Tulle  est  renommé.  C'est  une  dentelle  faite  à 
»  l'éguilie;  nombre  d'ouvrières  y  travaillent,  et  leur  ouvrage  eat 
>  prisé.  Elles  font  un  grand  débit  de  coeffures  et  de  manchettes,  t 

M.  Laveis  a  signalé  un  Annuaire  contenant,  vers  1775,  la  raen- 
tion  d'une  fabrique  de  dentelles  en  fil  de  Plandre  connue  sous  le 
nom  de  poini  de  Tuile,  dirigée  à  Tulle  par  M"*  Gouttes,  et  jadis 
florissante. 

Nous  avons  perdu  une  bonne  grand'mëre  à  Tulle  qui  fusait  de 
cette  dentelle  sur  un  métier  maintenant  introuvable. 


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202.  Boumba  de  OtteuUta. 

Grosse  Boix  de  Cueille. 

Une  sorte  de  noix  royale,  rebondie,  abondante  autour  du  cbftteau 
de  Cueille  (Tulle),  t780. 

203.  Ras  de  Tulle. 

La  fabrication  de  cette  aorte  d'étoffe  avait  acquis  une  certaine 
réputation  dès  le  xvii*  siècle,  ii  Tulle  et  à  Corrëze.  Le  ras  servait 
de  doublure;  on  le  faisait  avec  la  fine  laine  quercynoise  (lana  clar- 
cyna)  des  terres  de  notre  évèque. 

204.  Les  Brivistes. 

Un  document  de  179!  (Bulletin  de  Tulle,  1884)  dit  que  les  Bri- 
vistes ont  toujours  été  réputés  pour  leur  urbsmitÉ,  moeurs  douces, 
caractère  Dexible,  et  une  aimable  tendance  vers  la  communication 
des  sentiments  et  des  idées.  —  Nous  nous  faisons  un  plaisir  de 
reconnaître  la  vérité  de  ce  tableau. 

205.  BRtvE'la-GaUlarde. 

De  Bbiva  riilarj,  Briva  juounda,  au  moins  dès  1300  (1).  —  Serait- 
ce  cette  épithète  qui  aurait  fait  dire  à  Marvaud,  historien  trop  peu 
etact  d'habitude,  qu'on  y  adorait  spécialement  Priape  à  la  venue 
de  saint  Martin.  Nous  avons  cependant  lu,  dans  les  Éphémérideê 
de  Limogea  de  1765,  ce  détail  qu'il  faut  abriter  d'un  lambeau  do 
latiu  :  Ctrca  1680,  praeaul  Laecaris  Durfé  in  maitalione  sua  Bri- 
vensi  mutare  juttil  turpem  panis  figuram,  in  piatrini»  obti- 
nendo  unîus  taltem  lealicuti  ablationem,  super  pane»  merca- 
bilea{2). 

206.  Lou*  eof^ous. 
Les  potiroDs. 

Les  Brivistes  sont  ainsi  appelés  de  ce  que  duruit  un  siège  assez 
long,  on  les  vit,  dit>on,  cultiver  des  citrouilles  sur  leurs  remparts, 
s'en  nourrir  et  mflme  s'en  faire  une  arme  d'un  nouveau  genre 


(1)  Ordonnance  de»  roia  de  France,  tome  VI,  p.  35.  —  155Î, 
Brive-la-Gailharde  a  un  pont  de  14  arceaux  sur  la  Coureze,  étroit 
pour  une  charette  seulement,  sans  parapet.  [Archives  nationales, 
et  GaigniËres,  22,4W.) 

(2)  De  pane  el  vino  turpatia  à  Maligno,  vide  Mgr  Gaume  : 
Traité  du.  Saint-Eaprit. 


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—  730  — 

contre  les  Martelais,  qu'un  fou  rire  laissait  sans  défense  ft  la  vue 
lie  ces  grenades  de  Gascogne. 

Certaine  coupole  rappelait  si  bien  cette  forme  sur  le  transsept  de 
l'église  Sunt-Martin  (1740),  qu'un  loustic  du  crû,  un  Tulliste,  cela 
va  sans  dire,  lui  dédia  l'apostrophe  : 

Prolegil  inaanoa  immensa  cucurbiUi  cioea. 
Non  est  in  loto  corpore  mica  salis  l 

VoilA  certes,  au  service  de  ces  écervelés  citoyens,  une  bien  assez 
grosse  tâte  de  citrouille,  mfus  c'est  aussi  dans  tout  le  corps  que 
voue  chercheriez  vainement  l'indispensable  grain  de  sel  ! 

Un  autre  malin  mit  bientôt  après  en  circulation  le  bruit  que  les 
BrivÎBtes  avaient  écrit  sur  le  pont  en  pierre  situé  sur  la  Corrëze  : 
PoTtI  fait  ici.  Une  façon  d'épiloguer  sur  le  hic. 

207.  Eignounnayres. 
Marchands  (mieux  que  mangeurs}  d'oignons. 

A  Tulle  on  désigne  ainsi  les  Brivistes,  parce  qu'ils  en  vendent 
le  plant  aux  environs.  Leur  terrain  sablonneux  et  leur  sous-sol 
humide  favorise  toutes  les  productions  maraîchères. 

208.  Briva,  luzent  pourtal  d'el  Uiezour. 

Brive,  brillant  portique  du  Midi. 

Épithète  donnés  &  firive  par  le  célèbre  Jasmin,  qui  voulait  dési- 
gner ainsi  la  situation  topographi<lue  de  cette  charmante  localité. 
Nous  ne  pouvons  résister  au  désir  de  citer,  avec  leur  orthographe, 
les  vers  du  poète  sgenus  : 

Villo  al  mantèl  dé  flous,  Bribo,  la  tan  graciouso, 
Toun  froun  rizèn,  hardit,  et  tous  rocs  en  belours, 
Sooun  per  ma  muso,  anèy  que  s'entorno  jouyouzo, 

Lou  pourta!  luzen  del  Metjour. 

Laysso  tas  portos  alaudados. 
Senti  de  moun  pays  las  douços  halén&dos. 
Toun  brès  semble  lou  meou;  tout  y  flato  moun  èl, 
Et  semblo  que  l'intràdo  agrandis  lou  castèl  ; 
Ohl  me  paouzi  chez  tu;  reyno,  per  ma  bengûdo. 

Ha  muso  canto  et  Ce  saludo. 
Escouto  moun  refrin;  sarès  lier,  se  te  play, 
Car  on  aymo  de  co  qui  semble  nostro  may. 

209.  Foire  grillonne,  foire  fitnienelle. 

On  désigne  ainsi,  à  Brive,  tes  foires  des  IS  mars  et  IS  avril_ 
Est-ce  en  raison  de  la  venue  du  printemps  et  des  pluies  douces? 


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210.  Las  menettas  de  samct  Goundou, 

Les  dévotes  de  saint  GoDdulte. 

SEÛnt  GoDdon  était  tété  aux  portea  de  Brive  le  15  mai  i67i. 
On  voit  encore  des  restes  de  sa  chapelle  près  de  la  gratte  des 
Uorts,  dans  la  vallée  de  Planchetorte. 

211.  Lous  Roumiiut. 

Les  pèlerine  de  Rome. 

On  désigne  ainsi  les  nombreux  pèlerins  qui  vont  prier  it  la 
grotte  de  sùnt  Antoine-de-Padoue,  près  de  Brive,  et  qui  s'y  pré- 
seatent  surtout  dn  15  août  au  15  septembre. 

Abbé  BONKÏLYE. 

212.  Lous  ven^eis-rouases. 

Los  gens  de  Noailtes  désignent  ainsi  ceux  de  Brive,  leur  repro- 
chant par  là  un  vieux  levain  d'avarice  qui  leur  fut  mettre  du  blé 
d'Espagne  (mais)  dans  le  pain. 

213.  Quu  at  nora  en  Couyroux  al  gendre  Obasinas. 

Qui  a  bru  à  C!oîroux  a  gendre  à  Obasine. 

Obaaine,  commune  du  canton  de  fieynat,  possédait  une  abbaye 
de  l'ordre  de  saint  Benoit,  fondée  au  xir  siècle  par  saint  Etienne. 
Le  même  Fondateur  établit  un  monastère  de  femmes  à  environ 
deux  kilomètres  de  son  abbaye,  à  l'entrée  des  gorges  de  Goiroux. 
Les  touristes  grivois  ont  voulu  expliquer  le  proverbe  cité  en  sup- 
posant qu'un  souterrain,  dont  les  religieux  connaissaient  seuls  les 
détours,  reliait  entre  eux  les  deux  monastères.  11  suffit  de  rappeler 
que  dans  ces  temps  de  ferveur  il  n'était  point  rare  de  trouver, 
dans  tes  familles,  des  ménages  dont  le  mari  et  la  femme  entraient 
d'un  commun  accord  dans  les  ordres  religieux.  On  disait  de  même 
en  Haut-Limousin  ;  Quu  a  gendre  a  Aureil  a  fiila  à  Boat  las 
Moumae.  Qui  a  gendre  à  Aureil  a  fille  A  Bois-les-Honges. 

214.  Quo  eût  lou  secret  de  Boussaguet, 
Que  tout  lou  mounde  iou  sauguei. 

C'est  le  secret  de  Bouesaguet,  qui  fut  couQu  de  tout 
le  monde. 

Il  y  a  un  village  de  ce  nom  en  la  commune  de  Seilhac.  H.  l'abbé 
Roux  dit  :  Lou  secret  de  Jehan  Pouchou,  qu'est  t&ugut  de  par- 
tout. Jean  Pouchou,  personnage  légendaire. 


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—  732  — 

215.  Esser  un  heigounau,  un  pabo,  junu-  eoum'un  paAo. 
Être  un  huguenot,  un  païen,  jurer  comme  un  païen. 

C'est  âlre  un  impie,  n'avoir  ni  foi,  ni  loi. 

216.  Anar  velhar  à  las  Fourchas  d'à  Seithat. 
Aller  veiller  aux  Fourches  de  Seilhac. 

Ce  village,  de  1&  commune  de  Seilhac,  est  fort  éloigné,  quoique 
très  en  vue  du  CEinton  da  Gorrëze,  oii  on  dit  cela  au  sens  de  aller 
veiller  très  loin;  mais  nous  croyons  qu'il  s  eu  celui  de  :  mériter 
ef  y  être  pendu,  d'y  passer  la  veillâe  flottant  au  vent,  accroché  aux 
fourches  patibulaires  qui  y  étaient  dressées  sur  le  bord  du  grand 
chemin  de  Treignac  à  Brive  et  à  Tulle. 

Il  faut  savoir  que  tes  jeunes  paysans,  après  châtaignes  pelées, 
emploient  leurs  veillées  d'hiver  à  courir  de  compagnie  d'un  foyer  à 
l'autre  les  filles  à  marier.  Le  chef  de  Rie,  porteur  d'un  brandon,  le 
dissimule  parfois  brusquement  devant  un  tossé  plein  d'eau  et  ob- 
tient une  culbute  générale, 

217.  Far  tou  guindé  d'ei  Tramount. 
Imiter  le  coq  d'Inde  du  Tramout. 

Un  riche  paysan  du  village  du  Tramont,  commune  ,de  Naves, 
avait  un  gros  dindon  qu'il  réservait  pour  son  carnaval.  Un  mon- 
sieur de  ses  voisins,  possesseur  d'un  perroquet  qui  parlait,  dit  au 
cultivateur  pour  l'humilier  :  <■  Moun  aousel  parlât  et  lou  /eu  ne 
dit  re;  >>  mon  oiseau  parle  et  le  tien  ne  dit  rien.  —  Oh!  répondit 
la  paysan  :  ■  Se  lou  meu  ne  dit  re,  n'en  pensai  pas  mina;  ■  si  le 
mien  ne  dit  riea,  il  n'en  pense  pas  moins. 

Aujourd'hui,  on  appliqua  ce  dicton  à  quelqu'un  qui  se  tait  dans 
une  conversation  à  laquelle  il  pourrait  prendre  part;  pour  exprimer 
qu'il  n'en  pense  pas  moins,  on  dit  r  F&i  lou  guindé  d'ei  Tramount. 
BânoNiE,  Diction,  patois,  p.  133. 

218.  Naz  de  Daniztai,  naz  de  l'Artiga. 

Ne2  de  Danizart,  nez  de  l'Artige. 

Danizart  et  l'Artige,  deux  buveurs  de  profession,  dont  les  nez 
démesurés  commençaient  à  se  colorer  et  à  bourgeonner. 

219.  Ifa  de  quid  haslas. 

Cette  expression  désigne  un  nez  excessivement  long  et  recourbé, 
tel  qu'on  en  suppose  un  au  démon.  Le  choeur  de  la  calhédr^e  de 
Tulle,  autrefois  dédié  à  saint  Martin,  était  orné  d'anciennes  tapis- 


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—  733  - 

séries  qui  représentaient  différents  traits  de  l'histoire  de  ce  saint. 
Dans  un  des  pans,  il  était  représenté  luttant  avec  le  démon  qui 
voulait  le  tenter.  Ce  démon  avait  un  nez  diabolique,  et  de  ia  bouche 
du  saint  sortait  un  écrit  sur  lequel  on  lisait  :  Quid  hastas  beslin 
cruenta?  Les  personnes  qui  ne  savaient  pas  ce  que  cela  signifiait  ; 
que  tenle»-lu,  bête  cruetle?  ne  s'arrêtaient  qu'à  ce  nez  énorme. 
D'oCi  les  grands  nez  furent  appelés  na  de  quid  Aaïtea.  On  appe- 
lait aussi  bestiBi  cruenta  toute  personne  qui  avait  une  figure  sin- 
gulière. 

DÉsONiE.  Diction,  patois,  p.  159. 

220.  Tratar  eoum'un  nigre. 
Maltraiter  quelqu'un  comme  uu  nègre. 

221.  Bestia  coum'vn  Nicodèmu. 

Grand  imbécile  comme  Nicodème. 

Ce  mot  quij  en  grec,  n'a  rien  de  bas,  présente,  en  patois  comme 
en  frangaîs,  une  idée  défavorable.  On  sait  quel  est  le  r61e  de 
l'avocat  Nicodème  dans  le  lioman  bourgeois  de  Furetière. 

222.  Lou  ehé  de  Jehan  de  Nivella, 
Qtie  fug  qitand  l'an  l'apettat. 

Il  ressemble  au  chien  de  Jean  de  Nivelle, 
Qui  fuit  quand  on  l'appelle. 

On  donne  &  ce  proverbe  deux  origines,  qui  ont  de  la  conformité 
«ur  un  point,  le  refus  d'obéir. 

D'après  la  première,  un  duc  de  Montmorency,  somma  inutilement 
son  dis,  seigneur  de  Nivelle,  qui  avait  en  Flandre  des  biens  consi- 
dérables, de  quitter  ce  pays  pour  venir  servir  Louis  XI  contre  le 
duc  de  Bourgogne,  et  le  père,  irrité,  le  traita  de  chien. 

Suivant  la  seconde  version,  ce  fils,  cité  au  parlement  pour  avoir 
donné  un  soufflet  à  son  père,  refusa  de  comparaître.  Son  forfait 
ayant  acquis  de  la  publicité,  on  n'en  parla  qu'avec  un  Cïtréme 
mépris,  et  ce  fut,  dans  la  bouche  du  peuple,  le  chien  de  Jean  de 
Nivette. 

ha.  Fontaine  avait  en  vue  la  première  origine,  lorsqu'il  disait  au 
commencement  de  sa  fable  intituliie  le  Faucon  et  le  Chapon  : 
Une  traîtresse  voix  bien  souvent  vous  appelle. 

Ne  vous  pressez  donc  nullement. 
Ce  n'était  pas  un  sot,  non,  non,  et  croyez-m'en, 
Que  le  chien  de  Jean  de  Nivelle. 

Diclion7taire  des  Procerbes  français. 
T.  VB.  4— iO 


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fS.       Tout  hu  parlament  fugwl  pat  à  Bourdeta. 
Tout  le  parlement  [la  discussion]  oe  fut  pas  à  Bordeaux. 

On  fait  ce  jeu  de  mots  k  propos  d'une  altercation,  surtout  de 
femmes,  csr  tout  le  monde  sait  que  :  doux  femmes  font  un  mu- 
ché,  trois  um  foire,  et  quatre  une  bataille. 

Nos  trois  sénéchaussées  ressortissaient  k  la  cour  de  Bordeaux 
au  xvii*  siècle. 

224.  Pleut,  pleut, 

Viva  las  ehabrat  d'à  Bourdeut. 

Il  pleut,  il  pleut, 
Vive  les  chèvres  de  Bordeaux. 

Ainsi  chantent  les  enfants  en  se  jetant  d'une  jamibe  sur  l'autre, 
quand  ils  voient  tomber  au  soleil  de  ces  grosses  gouttes  de  pluie^ 
qui  font  dans  l'air  le  sillage  des  crevettes.  Ici,  on  prend  Bordeaux 
pour  la  mer,  et  on  appelle  chèvre  oa  insecte  qui  semble  patiner 
sur  les  étangs. 

225.  Triste  eouma  Barrabas  à  la  Passieu. 
Triste  comme  l'élait  BairabaB  à  la  Passion; 

C'est-à-dire  fort  content. 

226.  Testard  couma  laincl  Peyri. 

Katëté  comme  saint  Pierre. 

peyri  est  la  vraie  forme  romane;  aujourd'hui,  on  la  francise  ea 
Pierre  à  Tulle,  Pitfrre  à  Ussel.  —  La  conduite  de  cet  apûtre,  qui 
s'entêta  à  renier  son  m^tre  trois  fois,  a  donné  lieu  à  ce  proverbe. 

227.  Fier  couma  sainet  JeorâA  dins  soun  burel. 

Fier  [beau  cavalier)  comme  saint  Georges  en  son  man- 
teau de  bure. 

Fier  signifle  surtout  endimanché.  On  représente  toujours  saint 
Georges  comme  un  cavalier  bien  monté  et  bien  armé. 

228.  Ueserent  eouma  sainet  Thoumas. 
Mécréant  (incrédule)  à  la  façon  de  saint  Thomas. 

229.  Aoeir  passât  à  Obazinas. 
Avoir  passé  à  Obasine. 

C'est-à-dire  avoir  bk'jiii,  avoir  blanchi  &  la  suite  d'une  maladie 


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ou  ftutremeQt.  Les  eaux  d'Obaaine  ont  la  juste  réputation  d'être 
souveraines  pour  bieo  blanchir  la  toile. 

230.     Dounzemt  tt  Saincta  Farriota  aunt  gardai  ta  fesla,  et 
Visat  la  rtlliqua. 

DoDzecac  et  Sainte-Féréole  ont  gai-dé  la  Kle,  et  Ussac 
la  relique. 

Il  s'agit  de  saint  Jean -Baptiste,  patron  du  prieuré  de  la  Sau- 
lière,  qui  était  d'abord  à  cheva!  sur  ces  Iroia  paroisses,  puis  insen- 
siblement fut  attribué  au  territoire  paroissial  d'Ussac,  dont  les 
babitanta.  Jaloux  de  faire  acte  pieux  de  propriétaires,  ont  pris 
en  93  le  reliquaire  et  la  clocbe  de  la  SauliËre. 

Abbd  Marche  et  ex  mets. 
23t.  Lotts  eournichous  d'à  Yigeois. 

Les  cornichons  de  Vigeois, 

Les  babitants  de  Vigeois  et  d'ailleurs  le  disent  aussi  de  ceux 
d'Uiercbe.  Pâtisserie  à  trois  cornes,  symbole  de  ta  Trinité,  et  dis- 
tribuée aux  Rameaux  en  ces  deux  abbayes. 

332.  Pastil  d'Usercha,  paslU  d'dnhsou. 

Pâté  d'Uzerche,  pâté  d'ilnon. 
Dans  le  fait,  le  veau  très  gras  qu'on  y  emploie  les  rend  estimés. 
Les  Trcignacois  surnomment  :  mingeayres  de  saumas  (mangeurs 
d'&nesses)  les  gens  d'Uzerche,  qui  disent  ingénument  :  sine  la 
glma,  eiam»  tout  nobleê;  sans  la  crotte,  la  poix,  nous  serions 
tous  nobles.  (Voir  le  numéro  131.) 

233.  Faits  timoun  d'Eyburia  et  d'à  Melhars. 
Faux  témoins  d'Eyburie  et  de  Meilhars. 

C'est  un  pays  de  foréta  et  de  sangliers. 

234.  La  terra  iaincta,  la  palkassaria. 

La  terre-sainte,  les  vanniers. 
On  fait  allusion  ici  à  une  partie  de  la  commune  de  Corrèze,  près 
du  Soulier,  peuplée  de  pauvres,  ds  malandrins,  s'occupant  de  tres- 
ser des  paniers  à  pain  :  paiftassous.  Le  mot  paihMsaria  vise  à 
rappeler  le  mot  guenilles,  pethaa.  Le  premier  dicloti  est  moderne. 

235.  Flamand,  flamandezar. 
Faire  le  flandrin,  le  Flamand. 

C'est-à-dire  quémander,  emmieller  de  compliments. 


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—  736  — 

336.     Moussu  de  Saint  Marsaull  at  la  pus  bella  Umr,  lou  pus 

bel  prat,  lou  pus  bel  estang,  ta  pus  bella  fenna  Sel  Litiutuzi. 

M.  de  Saint-Marsaut  a  la  plus  belle  tour,  le  plus  beau 

pré,  le  plus  bel  étang,  la  plus  belle  femme  du  Limousin. 

Elle  traversait  l'élEuig,  à  cheval,  derrière  la  meule  des  sangliers. 
Le  roi  voulut  la  voir.  Mais  le  mari,  plus  sage  que  le  roi,  se  montra 
dur  d'oreilles. 

237.  Escoundut  couma  lou  fieyrau  d'à  Masserè. 

Caché  comme  le  foirail  de  Masseret. 

Masaeret,  canton  d'Uierche,  est  situé  sur  un  point  culminant 
d'où  la  vue  s'ëtend  &  quinze  lieues  à  la  ronde,  et  dont  on  voit,  par 
contre,  de  très  loin  les  maisons  blanches  d'une  tagon  distincte. 

238.  Couqui  coum'un  Treignazou. 

Coquin  comme  un  petit  coquin  de  Treignac  (1). 

239.  Treignazou,  eseorgal-cl\^a,  mingat-bouc. 
Habitants  de  Treignac,  écorcheurs  de  chèvres,  man- 
geurs de  boucs. 

240.  Lous  peouillous  d'à  Treignat. 
Les  pouilleux  de  Treignac. 

C'est-à-dire  commerçants  sujets  à  la  faillite,  pauvres. 

241.  Lauvat  sial  Dieu!  ay  auvit  ma  saincta  me-ssa,  ay  miu' 
gai  ma  bouna  sou-pà,  ay  fach  passar  moun  escut  faus  ! 

Loué  soit  Dieu!  j'ai  oui  ma  sainte  messe,   puis  j'ai 
mangé  ma  bonne  soupe  chaude,  et  je  viens  de  faire  pas- 
ser mon  écu  faux. 
On  prête  ces  paroles  aux  femmes  de  Treignac. 

242.  Â  tous  piaus,  lovs  piaus,  las  bravas  fennas! 

Les  habitants  de  Treignac  font  en  grand  le  commerce  des  che- 

(1)  Par  le  quinzième  article  de  leur  charte  de  franchises  munici- 
pales, les  gens  do  Treignac  se  seraient  réservi^s  la  permission  de 
se  donner  mutuellement  des  soufflets  et  des  coups  de  poing,  et 
d'exercer  tous  sévices  sans  èire  inquiétés  ni  poursuivis  de  ce  chef. 


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—  737  — 

veux  de  femraes.  Aux  foires  d'été,  elles  les  troquent  contre  une 
pièce  d'indienne,  ne  réservant  que  deux  mèches  en  avant  des 
oreilles.  Malheur  au  marchand  qui  coupe  aussi  ce  maigre  rideau 
tenu  à  pleines  dents  par  la  patiente.  La  place  n'aurait  plus  assez 
de  cailloux. 

243.  Un  boun  Treignat,  quand  pezal  km  sal  (bouïde)  de  la 
eera,  se  manquât  pas  ie  pourlar  tou  ped  sus  la  vitta. 

Vu  boD  Treignacois,  quand  il  pèse  le  sac  (vide)  de  la 
cire  (achetée],  D'oublié  pas  de  mettre  le  pied  sur  la  ficelle. 

244.  Tê,  petit,  tu  siras  euré  d'à  Chameyroi. 

Tiens,  petit,  tu  seras  curé  de  Chameyrot. 

Cbameyrot,  petit  village  de  la  paroisse  de  Treign&c,  où  nous 
n'avons  trouvé  cependant  ni  trace  ni  mention  de  chapelle. 

245.  Passants,  bonjour  affectueux 

Rivireneieux, 
À  messer  Jehan  d'Affieux, 
Propriétaire  en  Lémosin. 
D'un  castel  et  trois  moulins, 
M.  d'Affleux  avait  flnî  par  se  rendre  souverainement  ridicule  & 
Paris  en  parlant  continuellement  de  aes  propriétés  en  Limousin. 
Un  de  ses  amis  eut  un  jour  la  malicieuse  idée  de  lui  coller  sur  le 
dos  un  écriteau  oii  l'on  avait  tracé  les  vers  ci-dessus.  Ce  fut  pen- 
dant longtemps  un  sujet  de  risée  pour  la  ville  et  pour  la  Cour. 

246.  Vendredi  chair  ne  mangeras. 

Ni  le  samedi  mimement. 
Lors  même  qu'il  serait  /bire  au  Lonzac  ou  à  Chamberet. 

Addition  qu'un  vénérable  curé  de  Chamheret,  l'ahhé  Cramou- 
leaud,  ne  manquait  jamais  de  faire  au  prOne,  tous  les  dimanches, 
en  récitant  à  ses  paroissiens  les  commandements  de  l'Ëglise,  vers 
1820. 

247.  5e  n'erat  Cantal  et  Mount  d'aur, 

Lous  bouyers  d'à  flocAa-i'à-Vwî, 
Âmays  tout  aqueus  d'à  Neoufoie, 
Pourtariaura  Faigulhada  d'aur. 
N'était  Cautal  et  Mont-Dore, 
Les  bouviers  de  Roche-de-Vic, 


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Et  même  tous  ceux  de  Neuvic, 
Porteraient  un  pique-bœufs  en  op. 

On  fait  ici  allusion  4  l'&ltitude  coosidér&ble  du  Hont-Dore  et  <le 
Roche-de-Vic  (arrondissement  de  Tulle),  qui  amène  des  gelëea  tar- 
dives sur  ces  deux  plateaux  élevés. 

248.  Cela  est  entier  comme  le  corps  de  taint  Amadour. 

Les  calvinistes  s'étant  emparés  de  Roc-Amadour,  célèbre  pèle- 
rinage, aitué  aujourd'hui 'dans  le  département  du  Lot,  mais  qui 
dépendait  autrefois  des  évoques  de  Tulle,  proranèrent  le  tombeau 
de  saint  Âmadour,  et  au  lieu  de  trouver  un  trésor  cacbé  et  de« 
ossements  rongés  par  le  temps,  n'aperçurent  qu'un  «orps  dans 
toute  son  intégrité  et  sa  fraîcheur.  De  \k  le  proverbe  :  cela  est 
entier  comme  le  corps  de  saint  Amadour,  ou  bien  :  il  est  «n  chair 
et  en  os  comme  saint  Amadour. 

Ono  iiE  GissBï,  Hisl.  de  N.-D.  de  Roc-Amadour,  p.  U. 

249.  De  pus  fort  en  pus  fort, 
Couma  chas  Nicoulet  d'à  Bon. 

De  plus  fort  en  plus  fort, 
Gomme  chez  NicoUet  de  Bort, 

Les  Nicollet,  de  Bort,  commencèrent  i.  y  exercer  des  professions 
modestes,  pour  devenir  plus  tard  de  gros  commerçants. 

250.  Les  bombarets  de  Bort. 

Bambariaux.  Sobriquet  encore  inexplicable  que  leur  donnent  lea 
Ussellois  (I). 

251.  Lous  heigounaus  d'à  Bort. 
Lea  huguenots  de  Bort. 

L'invasion  protestante  se  fit  par  la  Dordogne,  ea  remontant  de 
Bergerac 

252.  Lous  azes  Sa  Bort  sûount  deijà,  re  mas  de  veyre  vegnir 
la  baitina. 

La  simple  vue  du  bât  met  en  sueur  les  4nes  de  Bort. 


(1)  Peut-être  bons  barriaulx,  bons  tonneaux,  gros  buveurs.  C'était 
un  port  commerçant,  par  conséquent  entrepôt  de  vins. 


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—  739  — 

253.  Prou  fadar  per  intrar  à  la  CelUUa. 

Assez  fou  pour  entrer  à  la  Cellette. 

La  Gallette,  asile  de  fous,  jadis  et  encore  aux  maiDS  d'un  ordre 
religieux. 

254.  Vrai  comme  si  un  béat  Père  l'avait  dit. 
6e  dit  lï-haut,  à  Herlioes,  en  guise  de  serment. 

255.  Las  serirr^las  d'à  la  Rocha. 

Les  audouilles  de  la  Roche,  près  Feyt, 

256.  Low  Rouehous,  ni  peoulhous  ni  gaUius,  car  se  z'erent, 

n'iyent  se  frettar  dins  las  frondes. 
Les  habitants  de  la  Boche,  ni  pouilleux,  ni  galeux,  car 
s'ils  l'étaient,  ils  iraient  bien  se  frotter  dans  leurs  taillis. 

fîouchotu  (1)  doit  faire  ^lusion  à  saint  Roch  ni  sa  jambe  ulcérée, 
patron  de  tant  de  maladreries  rurales,  el  encore  si  fêté  comme 
patron  aecondaira.  Il  y  eut  même  une  léproserie  par  là, 

257.  Eygurande  :  Unis  ilarehois. 

Une  partie  était  en  effet  de  la  Marche  limousine.  Lous  heigou- 
naudfl,  les  incroyants,  de  ce  qu'ils  se  montrent  moins  fidèles  à  la 
Sainte- Vierge  que  les  étrangers  qui  y  viennent  de  loin  en  dévotion, 
témoin  l'invocation  suivante  qu'on  met  dans  leur  bouche  : 

258.  Sairuta  bouna  yardza  d'Engttranda, 
Quand  ieu  t'qjat  panât,  Dieu  t'ou  lou  randat. 

Sainte  bonne  viei^  d'Eygurande, 
T'eu3sé-je  volée,  que  Dieu  te  le  rende. 

C'est'ii-dire  :  restitue  à  ma  place  et  exauce-moi,  tout  scélérat  que 
j'aie  été.  —  N'est'ce  pas  ravissant! 

259.  Lous  scieitayres  d'à  Meymat. 

Las  ehabras  d'à  Meymat. 

Les  scieurs  de  long  de  Meymac. 

Les  chèvres  de  Meymac. 


(1)  Communiqué  par  M.  Henri  Gbastaigner,  du  chftteau  de  Ma- 
reilles. 


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Voudrait-on  désigner  par  le  mot  chèvre  les  chevalets  des  scieurs 
de  long? 

260.  Lous  bialayres,  las  chabras  d'à  Peret. 

Les  bêlants,  les  chèvres  (ou  musettes?)  de  Pérel. 

Serait-ce  pour  cela  qu'on  appellerait  ces  plateaux  la  Blanche, 
la  Montagne  blanche,  déboisée?  De  Clédat  &  Davignac.  Ils  ne  l'ont 
pas  toujours  été,  témoin  ce  dicton  auquel  nous  avons  simplement 
donné  la  tournure  de  vers  : 

36  i.  D'à  Maymat,  sins  quittar  la  brancha, 

Et  d'à  Treignat  lous  eicurôui. 
Se  venieuni  saludà  s'a  Perdus, 
Sens  batelou,  ny  pounl,  ny  plancha. 
Autrefois  (I),  sans  quitter  la  branche, 
Sans  batelet,  ni  pont,  ni  planche. 
Les  écureuils  de  Meymac  et  de  Treignac 
Se  donnaient  rendez-vous  à  PéroU. 

Aujourd'hui  le  mouton,  uiimal  féroce,  el  l'Instabilité  de  la  pro- 
priétâ,  ont  rais  ces  vastes  étendues  au  rang  agricole  des  steppes 

russes. 

262.  Lous  bourquèttoiis  d'à  Darnet. 
Bourquellous  signifiant  semence,  clous  à  sabots,  on  fait  allusion 

aux  sabots  qui  s'y  font. 

263.  Las  sàumas,  Us  ânesses  d'à  SoudHlhas. 

264.  Maussac,  lous  eschalat-botc. 

Les  grimpeurs,  les  hannetoQS  de  Uaussac. 
Paya  boisé. 

265.  Lous  grapauds  d'à  Coumbrossou. 

Les  crapauds  de  Gombressol. 
On  fait  ici  allusion  aux  marais  de  cette  localité. 
366.  Las  siarps  d'à  Davignat. 

Les  serpenta  de  Davignac. 

(I)  On  dit  que  l'écureuil  pouvait  aller  aussi  de  Murât  &  Tulle 
sans  quitter  la  branche,  par  Corrëze  et  Bar. 


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267.  Vegnir  d'à  Souamat. 

Signifie  avoir  faiL  de  mauvaises  affaires,  eu  malechance,  dispute.  ' 
Oq  dit  aussi  fat  rabas  d'à  Souamat  :  les  raves  de  Sornac,  à  cause 
de  leur  abondance  dans  ce  pays,  mais  aussi  pour  désigner  les  bra- 
vades des  voisina,  leur  reprochant  de  la  couardise.  Sang  de  raba, 
avoir  du  sang  blanc.  On  les  appelle  aussi  chaminog,  terrassiers 
de  chemins  de  fer. 

268.  Aqu'o  eût  un  joouni  home  d'Escïayre,  n'en  faiet  valeir 
sous  picassous  lou  pus  souvent  sens  eimoulaire. 

C'est  un  jeune  homme  d'Eaclayre  [Saint-Germain-la- 
Volpsil),  il  fait  travailler  ses  coins  {de  bûcheroo)  le  plus 
souvent  sans  rémouleur. 

*269.     La  Mounianha-lfigra,  tou  granier  d'ei  Bas-Lemouzi. 

La  Montagne-Noire,  grenier  du  Bas-Lîmousîn. 

On  désigne  ainsi  la  contrée  comprise  entre  Peyrelevade  et  Les- 
tards.  La  comparaison  avec  un  grenier  est  au  moins  juste  pour  la 
hauteur,  si  ce  n'est  un  grenier  d'abondance. 

270.  Entre  La  Jasse  et  Pigeyroàri, 
Jamays  n'a  chantât  lou  ressignàu. 

Entre  La  Jasse  (Saint-Sextier)  et  Pigeyrol  (Creuse), 
Jamais  le  rossignol  n'a  chanté. 

La  Jasse  et  Pigeyrol  sont  des  points  fort  élevés  à  la  source  de  la 
Vienne,  de  la  Vezère  et  de  la  Creuse.  —  Il  y  a  en  outre  ici  un  jeu 
de  mets.  I^  Jatte  désigne,  en  patois,  la  pie,  qui  est  en  général 
peu  endurante  et  dont  te  babil  n'a  rien  d'harmonieux. 

271 .  Lous  dîsnal  tard  d'à  Perdu. 

Les  dine-tard  de  Perols. 
Pour  indiquer  des  pauvres,  des  paresseux. 

272.  Far  eouma  Badatbte  d'en  Chadaàeeh. 
Faire  comme  Nicaise  de  Chadebcch. 

F^re  le  niais,  b&iller  aiA  corneilles.  Badar,  béer. 

(1)  La  Volpa,  nom  iù  à  aes  forêts.  Volps,  renard,  d'où  ce  nom 
fréquent  des  clairières  dans  la  plupart  de  noa  forfits  :  solelha-volp, 
l'endroit  oii  le  renard  t'ensoleille. 


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273.  Lout  mounutniert  d'à  Buçtat. 

Les  montagnards  de  Bugeat. 

C'est  là  proprement  la  montagne,  la  fine  montagne,  our  les  Bri- 
viates  y  comprennent  Corrbze  et  même  Tulle. 

274.  Lotu  ligno'sàuma  i'à  Saint-Estephe. 

Les  signeurs  d'&oesse  de  Saint-ÉtienDe-auz-Glos. 

Invités  à  la  f£te  votive  {k  la  vote)  de  la  Roche,  près  Feyt,  un 
louatic  du  lieu  leur  fit,  dit-on,  faire  4  tous  le  signe  de  1«  et^ii  aur 
le  cadavre  d'une  Auesse  recouverte  d'un  linceul  et  entourée  de 
quatre  chandelles. 

275.  laus  Limouxit  n'aunt  bt  la  barha  fina, 
Lom  Auvergnats  la  ieur  fiOams  teru  poena, 
La  ieur  fdiams  sens  touailUni,  stna  sablou, 

Sens  aygua,  ny  ratou[r]. 

liCB  Limousins  ont  bien  la  barbe  âne  (avisés),  mais 

nous,  Auvergnats  (plus  fins  et  plus  forts},  nous  la  leur 

ferions  sans  serviette,  sans  savon,  et,  au  besoin,  sans  eau, 

Toîre  sans  ras<àr. 

Bourrée  auvergnate. 

276.  Entre  lou  Turlo  ei  lou  mount  Anti 

Aves  lou  trésor  d'el  Lemouxi. 

Entre  le  Turlo  et  le  mont  Antin 

Est  le  trésor  du  Limousin. 

Turisud  est  de  la  commune  de  Végennes,  et  le  mont  Aot;  est 
situé  en  celle  de  Guremonte,  chftteau  considérable  auquel  on  ttât 
ici  allusion  et  qui  appartenait  aux  de  Plas,  en  majeure  partie. 

277.  Balle  couma  la  gresla  ei  Pech-d'Amat. 

Rare  comme  la  grêle  au  Puy-d'Arnac. 

Expression  ironique  pour  dire  que  la  grêle  tombe  souvent.  Puy- 
d'Arnac  est  situé  dans  te  canton  de  Beaulieu,  sur  un  point  cul- 
minant qui  eat  vieité  ttba  souvent  par  lés  orages. 

278.  Se  lou  Petît-Yenladour  erat  sur  lou  Grand-Ventadour, 
et  (ou  Grand-Yentadour  sur  lou  Peueh-de-Douma,  l'an  veîot 
tegur  lot  portas  de  Rouma. 


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Si  le  Petit-VentadouT  était  snr  le  châteiui  de  Veota- 
dour,  et  Ventadour  au  Puy-de-Dôme,  on  verrait  sûre- 
ment les  portes  de  Rome. 

Le  Petit-Ventadour  âtait  nn  caatel,  aujourd'hui  t»b6,  non  loin 
du  célèbre  cb&tesu  de  Venladour,  eo  ta  commune  de  Houstiers- 
VsDtailouf,  près  d'Ëgletona.  C'est  maiotsuat  uu  terre,  dite  Se- 
rilbac,  qui  appartient  à  H'*'  la  barouiie  de  I^a  Mazière. 

379.  Pouneha  de  Paris. 
Pointe  de  "Paris. 

380.  Ne  pot  tuer  anta  à  Paris, 

Ne  pas  être  allé  à  Paris.    .    ■ 

Ne  pas  «avoir  former  la  porte  derrière  aoî  après  Mre  entré  ebez 
quelqu'un  (précaution  plus  nécessaire  en  effet  i,  Paris  qn'aiHeurs,  ft 
causa  des  voleurs). 

381.  Paris  s'est  pas  fait  tout  per  un  eop. 

Paris  n'a  pas  été  b&ti  tout  à  la  fois. 

On  dit  dans  d'autres  pays  :  Rome  ne  fut  pas  faite  en  un  jour. 
Gabr.  Mbdribb,  Trdsor  des  sentences,  ivi"  siècle. 

283.  Riche  coian'un  juffe. 

Riche  comme  un  juif. 

Se  dit  à  une  personne  très  intéressée. 

283.  Fort  eoum'vn  Boréale. 
Fort  comme  un  Hercule. 

Poor  désigner  un  taomma  doué  d'une  grande  forée  pbysiqae. 

284.  5e  la  mayre  d'er  blad  te  perHat,  la  tnuliatat 

à  Couturat. 

Si  la  mère  du  blé  (la  source)  se  perdait,  vous  la  trou* 
veriez  à  Gouturas  (à  Saint-Hilaire-les-CourbeB). 

Cette  localité  produit  en  abondance  un  seigle  qui  ae  fait  remar' 
quer  par  sa  qualité. 

385.  Las  ckambas-lounjat  d'à  Jfurot. 

Les  grandes  jambes,  les  échassiers  de  Uurat. 

Hurat  est  situé  dans  le  coaton  de  fingeat, 


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—  744  — 

386.  Credayres  d'à  Giaux,  criards  de  Gioux.  —  Lanternas 
d'à  CliampseU,  lambins  de  Gliainpseix.  —  PaUr- 
lands  d'à  Mounciaus,  imbéciles?  de  MoDceaus.  — 
Postaux  d'à  Maurierai,  englués  de  p&te  de  blé  noir 
de  Mauriéras.  —  Salles  d'à  Bexeaus,  malpropres  de 

Bezeaux.  —  Cour d'à  Bugeat,  coc...  de  Bugeat. 

—  L'hort-Iienoum,  l'estron,  l'hort-Renou  l'é..  [ster- 
eus  humanum)  ;  évidemment  on  a  voulu  jouer  sur 
le  vieux  mot  Vord  renom,  le  renom  sale,  Yhorre 
noum. 

Tous  ces  vill&gea  sont  de  U  commune  de  Bugeat,  sauf  Uonceaux, 
Bezeaux  et  l'Ornon,  qui  sont  de  celle  de  Viam. 

Bugeat,  naguère  encore,  était  fort  petit  et  n'était  composé  que 
d'auberges. 

287.  Lous  creaque  d'à  Chambaret{l). 

On  dénomme  ainsi  les  habitants  de  Ghamberet,  parce  qu'ils  répè- 
tent souvent  cette  locution  :  créa  que,  craque  ou  croyez  bien  que. 
On  dit  fugitifs  d'Affieux,  probablement  de  ce  que  dans  quelque 
expédition  des  guerres  calvinistes,  où  les  milices  étaient  groupées 
par  paroisse,  iis  auront  lAché  pied  avec  ensemble. 

288.  Aquo  eist  lou  ehami  de  Bigarra, 

Ou  pàt  pas  segre,  demorat. 

C'est  comme  au  chemin  de  Bigorre, 

Qui  ne  peut  suivre,  demeure. 

En  1406  Robert  de  Chabaones,  seigneur  de  Gbarlus-le'Pailloux, 
commune  de  Saint-Exupéry,  alla  guerroyer  avec  plusieurs  gentils 
compagnons,  et  assiégea  et  prit  Lourde  en  Bigorre,  d'ob  probable- 
ment le  dicton,  car  Jl  dut  emmener  bien  des  Limousins  qui,  ayant 
eu  à  souffrir  en  cette  expédition,  en  perpétuèrent  ainsi  le  souvenir. 
Il  7  a  bien  un  bameau  de  Bigorre  dans  ta  commune  de  Sainte- 
Fortunade,  mais  la  première  explication  a  plus  de  vraisemblance. 

289.  Couma  lou  chirurgien  Vedrena, 
Quand  at  sannat,  trobat  la  vena. 


(1)  Craque  signifie  certainement  en  Haut-Limousin  et  Marche, 
et  ne  se  dit  dans  la  Gorrèie  qu'il  Salons  et  &  Ghamberet. 


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Faire  comme  le  chirurgien  Vedrenne,  qui,  seulement 
après  qu'il  a  saigné,  trouve  la  veine. 

Ffure  tout  k  contre-temps  ;  idée  que  l'on  exprime  encore  en 
disant  :  fermer  la  porte  de  l'écurie  quand  le  cheval  s'eat  échappé, 

290.     Dounzenal  per  argentar,  Sainct-Viance  per  dtsargenlar, 

A  Donzenac  on  s'earichit,  à  Saînt-Viance  l'on  se  ruine. 

Les  marchés  de  Donzenac  sont  très  suivis  et  procurent  de  gros 
bénéfices.  —  On  se  ruine  à  Saint-Viance  7  probablement  à  cause  des 
offrandes  que  l'on  se  croit  obligé  de  faire  aux  reliques  renfermées 
dans  la  belle  cb&sae  émaillée  du  xiii*  sîËcle,  une  de  nos  plus  belles 
œuvres  limousineë  que  ses  habitants  conservent  avec  la  plus 
grande  vénération.  Peut-être  fait-on  encore  allusion  aux  aumônes 
faites  pour  rendre  le  patron  de  la  localité  favorable  aux  nombreux 
mendiants  et  infirmes  qui  y  accourent  de  tous  cdtéa. 

39  i.  Lom  gamataw. 

Les  goitreux  de  Donzenac. 

2^.  Las  pyras  dounzenazas. 

Les  poires  de  Donzenac. 

Une  variété  de  gros  beurrés  verdàtrea  connue  À  Corrèze. 

293.  Brave  homme  couma  Juge. 
Honnête  comme  (défunt)  M.  Juge. 

H.  Jugo  était  du  canton  de  Donzenac. 

294.  Pierre  d'antan, 
Pierre  d'huzan! 

Gros-Jean  j'étais  hier,  31  décembre,  Gros-Jean  suis-je  encore  au 
1"  janvier. 

Tel  est  le  sens  donné  à  Corrèie  à  la  batterie  cadencée  du  tam- 
bour (qu'on  imite  en  le  prononçant)  lors  de  l'aubade  nocturne  du 
1"  de  l'an  faite  aux  gros  bonnets  de  l'endroit  en  vue  dn  l'étrenne; 
car  le  tambour,  par  do  légers  roulements,  y  simulait  assez  bien  la 
danse  des  écua  de  l'année  sur  uji  crible. 

295.  Soursat,  lou  petit  Lejiumzi. 
Soursac,  le  petit  LimouBiu. 

Les  Auvergnats,  de  nos  jours  encore,  désignent  par  cette  exprès- 


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—  746  — 

sion  le  territoire  enserra  entre  la  Liizège  et  la  Dordogne,  depuis  le 
confluent  jusqu'à  la  hauteur  de  Latronche.  L'Auvergne  regardait 
donc  cette  partie  comme  un  peu  sienne. 

Un  excellent  vieui  prÊtre,  M.  l'abbé  Bazetou,  dans  ses  Notei 
paroissiales  inédites,  nous  aide  de  ses  conjectures  puisqu'il  a 
écrit  :  La  LuzËge  semblait  attribuer  Soursac  à  l'Auvergne. 

Le  fonds  Bouillon  des  Archives  nationales  nous  apprend  que 
Souraac  était  partie  en  la  vicomte  de  Tureane,  partie  en  l'ancien 
taillable. 

Noua  savons,  par  le  Gartniaire  de  Saint-Pierre-le-Vit  (Yonne), 
que  Théotechilde  donna  au  vi*  siècle,  k  cette  abbaye  de  Sens,  le 
bourg  de  Mauriac,  et  dans  le  paguë  lemovicinut,  la  villa  do  5au- 
ricUco,  Souraac  et  environs,  qui  formèrent  plus  tard  des  membres 
du  prieuré  de  Mauriac. 

296.  Chanlar  foi  vetpras  d'à  Chavanat\ 
Ghaoter  les  vêpres  de  Chavanat. 

Psalmodier  à  tout  hasard  des  termes  de  latin  baroque,  à  l'tnetar 
des  habitants  de  Milleyaches,  qui  le  faisaient  pour  se  moquer  de 
la  paroisse  de  Cbavanac,  devenue  l'annexe  de  leur  église  à  une 
époque  peu  éloignée.  En  ITSO,  les  deux  paroisses  ne  forratùent 
qu'une  collecte  au  point  de  vue  fiscal,  aussi  Cbavanac  priait-il 
l'intendant  de  les  désunir.  (Arohiues  de  la  Préfecture  de  Limoges.) 

A  Sainte-Fortunade,  on  ridiculise  de  mdme  les  vêpres  de  La- 
guenne. 

297.  Madré  comme  un  Limosin. 
Rusé  comme  un  Limousin. 

298.  Lous  micatets  d'à  Serendou. 

Les  micalets  de  Seraodon. 

Cette  épithète,  dont  noua  ne  connaissons  pas  la  signification, 
s'applique  à  tous  les  habitants  de  la  paroisse,  dans  une  acception 
méprisante. 

299.  Bortenses  eives  tunam  piscantur  m  undisH). 

Les  Bortois  pèchent  la  lune  daus  les  ondes. 

Veut-oa  dire  qu'ils  sont  gens  à  prendre  la  lune  avec  les  denta? 
Au  collège  d'Ussel,  cet  hexamètre  a  cours  pour  peindre  leur  soif 


(1)  Variante  :  Slulti  bordenses  etc. 


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du  gaia  et  leur  bdtise,  opposée  &  la  causticité  des  Ussebis  réputés 
spirituels.  La  ville  da  fiort  (arrondi ssement  d'Ussel],  à  cause  d« 
sa  rivibte,  porte  :  d'azur,  à  trois  bandeê  ondées  d'or.  (D'Hozier.) 

300.  Tiala  d'à  Borl. 
La  toile  de  Bort. 

Cotte  toile  (ut  renommée  auprès  des  marchands  languedociens. 

301 .  VisiU  de  M.  de  Romsillon. 

Au  sens  de  visite  très  longue,  duruit  même  plusieurs  jours. 
H.  de  Fénis  de  Roussillon  (BoussJllon,  seigneurie  de  la  commune 
da  Bort)  étant  allé  voir  en  passant  un  da  ses  parents  à  Égletons,  y 
resta  un  an  sans  bouger  de  Ik,  d'aucuns  disent  trente  ans. 

302.  Lous  azis  de  Vant~Bas. 

Les  Anes  de  Vent-Bas. 

Venl-Baa  et  Vent-Haut  sont  deux  petits  villages  de  la  commune 
de  Neuvic.  Les  habitants  de  Venl-fias  répondent  à  la  provocation 
ci-dessus  par  les  phrases  suivantes  :  Lous  Vant-Naut,  la  testa 
bassa,  lou  quieou  naut.  Ceux  de  Vent-Haut  savent  aussi  saluer, 
i,  tAte  baissée  et  à  cul  levé. 

303.  Oùif  comme  l'aumdnier  de  l'Empereur,  ou  comme  te 
cuisinier  de  M.  de  Giraudèt. 

Parce  lue  l'un  et  l'autre  avaient  peu  à  faire.  Ce  dernier  passait 
pour  avare,  ft  ce  jioint  qu'ayant  reçu  le  préfet  il  ne  put  se  retenir 
de  répondre  à  ses  remerciements  de  congé  par  un  : 

Oh  I  la  peine,  ce  n'est  rien,  monsieur  le  préfet,  mais  la  coû- 
tance,  monsieur  le  préfet  ! 

Giraudbs  était  un  tènement  (noble?),  encore  village  de  Saint* 
Pantaléon-de-Lapleau.  Famille  éteinte. 

304.  La  peyra  de  las  hurlât  d'Ayent. 

La  pierre  des  hurlements  d'Ayec. 

Certain  rocher  ensorcelé  qui  passait  pour  guérir  si  on  allait  y 
gémir  de  son  mal. 

305.  La  peyra  d'el  ptehat  tPel  boun  Diou. 
La  pierre  du  péché  du  bon  Dieu. 

Ou  désigne  unsi  à  Louignac,  prës  du  village  de  la  Fournerte, 


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un  rocher  très  dur  offrant  une  dépression  en  forme  d'empreinte  de 
pied,  profonde  de  dix  centimètres,  objet  d'un  culte  immémorial, 
auquel  les  bergers  eax-mSmes  ne  manquent  pas.  {BuUelin  ai'chéo- 
logique  de  (a  Dordogne.)  Pechat,  peut-être  pour  pezat,  piada,  ped- 

306.  Lous  ehanta-elar  d'à  Ladignat. 

Les  Ladigiiacois  à  la  vois  grêle. 

A  cause  de  leur  sonnerie  trop  claire,  trop  argentine  et  ne  tenant 
pas  au  vent.  On  le  dit  encore  de  Laval. 

307.  A  Lagarda, 
Prmds-te  garda. 

A  Lagarde, 

Sois  sur  tes  gardes. 

C'étwt  un  lieu  très  passager,  un  relais  de  poste  pour  deux 
grandes  routes  solitaires  bordées  de  forets. 

308.  A  Sainl-Priest, 
Mays  quo  i'avêt. 

Las  filhas  d'à  Jumel 
Leic  mounlount  à  grand  troupel. 

Ijes  filles  de  Gimel  montent  par  bandes  serrées  à  Saint- 
Priest. 

Où  36  dit  la  seconde  messe.  Elles  ont  la  dévotion  d'assister  aux 
deux,  un  peu  pour  se  faire  voir  endimanchées. 

309.  Saincl  Caprays  maridat  qu  vêt. 

Saint  Caprais  marie  qui  se  présente. 

Ce  proverbe  se  dit  à  Saint-Hi faire- Foi ssac,  à  la  fête  de  Saint- 
Caprais,  te  30  octobre,  pour  encourager  les  savetiers  ambulants 
(,groulHers)  à  retarder  leur  départ  pour  se  marier,  et  à  profiter 
de  ce  deuxième  carnaval  d'autrefois  de  la  Saint-Martin.  Carnaval, 
parce  que  l'avent  de  Noâl,  période  de  Jeûnes  rigoureux,  était  natu- 
rellement précédé  de  réjouissances,  et  saison  de  mariages,  comme 
en  témoignent  les  proverbes,  notamment  le  suivant  : 

310.  Per  Saint'Marti,  tua  toun  porc  fi,  couvida  toun  vezi. 
A  la  Saiut-Marliu,  occis  ton  porc  fin,  convie  ton  voisin. 


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31 1.  Àveir  la  poula  nigra  couma  moussu  Dufàure, 

Avoir  la  poule  noire  comme  M.  Dufaurc  (d'AUassac). 

Qui  gardait  sca  vignes  de  son  lit,  passait  pQur  avoir  4^3  secrets 
d'alcb  irais  te.  —  Aux  noces  de  village,  on  porte  une  poule  noire, 
souhait  magique  de  richesse  en  miinagc. 

312.  Veïre  tous  anges  couma  moussu  Mirai. 

Voir  les  anges  comme  M.  Mirât. 

Un  viéuK  Noôl  malin  raconte  que  H.  Dumyrat  de  la  Tour,  gou- 
verneur de  Tulle,  eut  la  visite  des  anges  piour  lui  annoncer  ta 
venue  du  Sauveur  en  ce  monde  : 

Lou  mel  Myrat  se  permenavat 
Dins  soun  Bo»l-Moungier  tout  soutel. 
Le  vieux  Mirât  se  promenait  en  son  Bois-Hongier  tout  seul, 
quand,  etc. 

313.  1'  sems  dounc! 

Un  loustic  prétend  que  le  bourg  d'Yssandon  a  tiré  son  nom 
d'une  exclamation  do  ce  genre  répétée  par  chacun  des  gens  obli- 
gés de  gravir  co  haut  piton  calcaire. 

314.  La  pelada  de  Juglard. 
La  canonnade  de  Juglard. 

Voici  l'anecdote  racontée  par  Anne  Vialle  au  Dictionnaire  patoit 
de  Béronio  : 

B  Dans  un  repas  où  se  trouvaient  plusieurs  personnes  très  spi- 
rituelles et  très  gaies,  et  notamment  deux  magistrats  auxquels 
cette  épithète  convient  parfaitement,  on  voulut  égayer  la  conver- 
sation en  dzugan  o  las  Tnesaoundzas,  en  jouant  aux  mensonges; 
chacun  fit  de  son  mieux,  et  on  rit  beaucoup.  M.  Juolar,  de  Lan- 
teuil,  avait  ri  avec  les  autres,  mais  n'avait  pas  encore  mis  son 
enjeu.  Pressé  par  la  bande  joyeuse,  il  dit  :  —  «  Vous  savez,  mes 
a  amis,  que  j'étais  fournisseur  de  vivres  à  l'armée  navale  que  nous 
u  avions  devant  Gibraltar,  et,  en  cette  qualité,  j'étais  a  bord  du 
D  vaisseau -ami  rai  (tout  cela  est  vrai].  Dans  le  fameux  combat  qui 
"  eut  lieu  entre  notre  flotte  et  celle  de  l'amiral  Nei.sun,  il  fut  un 
»  moment  où  M.  La  motte -Piquet  perdit  la  léte,  juaqu'à  en  jeter 
u  sa  perruque.  Amiral,  lui  dis-je,  il  ne  faut  désespérer  do  rien. 
B  Eh  bienl  dit-il,  mon  ami  Juglas,  fais  comme  tu  voudras.  Alors 
"  je  pris  le  commandement,  et  je  fis  lâcher  deux  bordées  terribles 
i  à  bâbord  et  &  tribord  contre  le  vgjsseau  de  l'amiral  NEUiOn.  Ma 
1'.  vn,  i-21 


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—  750  — 

■  muiceurre  eut  un  tel  effet,  qu'au  bout  de  quelques  miautes  un 
B  porte-voix  nous  transmit  ces  paroles  très  distinctes  de  Nelson  ; 
Ahl  b de  Dzuglar,  oquei  plo  lu  qve  m'a  f...u  oquelo  pelado. 

■  Ahl  b de  Juglar,  c'est  bien  toi  qui  m'a  flanqué  cette  ca- 

*  Donnade.  > 

On  sent  bien  que  U.  Juolak  fiit  reconnu  rainqueur  à  t^le, 
comme  il  l'avait  été  par  l'amiral  anglais.  Depuis  ce  temps,  notre 
langue  s'est  enrichie  de  lo  pelado  de  Dztiglar. 

Un  des  magistrats  joyeux  dont  il  est  ici  question  était  H.  Bedoch, 
qui  devint  plus  tard  député  de  la  Gorrèze. 

315.  Marrouns  d'à  la  Piala. 

Grosse  espèce  de  marrons  originaires  du  village  de  la  Pialle, 
commune  des  Angles.  Tout  bon  Limousin  est  grand  mangeur  de 
eh&taignes.  Chaque  matin  un  bon  paysan,  se  tenant  aussi  bien  à 
table  qu'à  la  charrue,  en  mange  sans  boire  jusqu'à  trois  cents, 
pesant  deux  livres  et  demie.  Aussi  cela  tient  le  corps....  et  l'&me 
ensemble. 

Au  bon  Normand  la  pomme  est  chère. 

Comme  au  Bourguignon  le  raisin; 

Hais  à  tous  ces  fruits,  je  préfère 

Hes  ch&taignes  du  Limousin. 

316.  Le  géant  d'en  Ganette. 
Le  géant  de  Ladignac. 

Ud  pied  posé  sur  le  Puy-Pinçon  et  l'autre  sur  le  Puy-des- 
Écholles,  comblait  presque  le  vide  toutes  les  fois  qu'il  le  faisait 
chez  lui. 

JbaR  DBS  HORTS. 

317.  Qu  eist  mort?    ' 

—  Jehan  d'aus  Bortt.     ' 

Qàu  fat  ttiat? 

—  Aquo  eitt  un  rat. 
Ound  l'auM  boutât? 

—  Dkh'  vn  vailat,  etc. 
Qui  donc  eat  mort? 

—  Jehan  des  Horta. 

Qui  l'a  tué? 

—  C'est  un  rai. 

Où  l'a-t-on  mis? 

—  Soua  le  pourpris,  etc. 

Les  Horts,  seigneurie  de  la  paroisse  de  Naves. 


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318.  Lout  tieytayres  d'à  Saint'Soulpice. 

Les  scieurs  de  long  de  Saint-Sulpice-le-Peylet  ou  les- 


319.  Las  chàbras  cfA  Maymal. 
Les  chèvres  de  Meymac. 

Les  babit&Dls  de  Bellegarde  avaient  le  monopole  d'approvisionner 
de  chèvres  le  marcha  d'Aubusson,  parce  que  pour  la  conaerration 

des  foreta  d'Âubusaon,  les  chartes  qui  permettaient  à  toutes  gens 
de  leurs  abords  d'y  mener  leurs  bestiaux,  interdisaient  les  chèvres. 
On  n'en  tenait  donc  qu'à  Bellegarde,  d'où  le  sobriquet  de  chéoret 
décerné  aui  habitants  de  Bellegarde.  [Bullelin  de  la  Creuse.) 

A  Péret,  en  la  région  de  La  Blanche  (déboiaéeT),  et  à  Heymac, 
les  Ventadour  et  les  bénédictins  avuent  pu  concéder  le  droit  d'avoir 
des  chèvres.  (Voir  les  numéros  2S9  et  2S0.) 

320.  Dieu  adjudant, 
fTy  aurai  a[[]ter  tant, 

Anuey,  hujan, 
Aygua  boulant, 
Que  per  ant'an. 

Dieu  aidant, 

Il  y  en  aura  autant, 

Anuy,  cet  an. 

En  eau  mettant, 

Que  tut  antan. 

Ce  couplet  fait  allusion  &  un  petit  vin  que  l'on  récolte  ft  Sainl- 
Silvaitt  et  à  Laguenne. 

321.  La  miezza-àulna  de  Pechabelier. 


Le  sieur  Heynard,  bourgeois  de  Tutle,  ancien  marchand  de  grains, 
qui  avut  acquis  la  Jarrige  (Naves),  se  moquait  un  jour  de  ia  fagon  . 
dont  Puyhabilier,  wcien  drapier  à  Tulle,  acquéreur  du  flef  minus- 
enle  auBSi  de  Leyrat  {Nares},  et  en  voie  de  s'anoblir  par  une  charge 
de  secrétaire  du  roi  prËs  un  parlement,  vers  1760,  faisait  le  gen- 
tilhomme l'épée  au  côté  ^sta-limae,  brochette  à  limaçons),  plai- 
samment qualifiée  de  miezza-auna,  demi'aune.  Puyhabilier  l'apprit 
et  lui  envoya  aussitCt,  dûment  ornée  de  la  petite  oie,  une  ëpée  de 
bois  toute  neuve  en  forme  de  longue  radoîre,  razouïra,  4  poignée 
de  garrot  de  lieur. 


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322.  D'aus  Jacques. 

Nous  appelons  ainsi  des  châtaignes  d'abord  desséchées  à  U  fumâo, 
puis  passées  à  l'eau  bouillante  dans  laquelle  on  plonge  la  pelle 
rougie,  ce  qui  les  fait  rider  ea  cottes  de  Jacques  et  les  rend  plus 
sucrées. 

323.  A  Saincta-Fourlunada, 

Cftaïtiva  niada!    • 
A  Sainte-Fortunade,  chélive  nichéel 
C'est-à-dire  vilaine  engeance.  On  joue  sur  fourtuna  et  nads. 

324.  lûjis  mouzxos-truffa  d'à  Saincta-Fourtunada. 

Les  déterreurs  de  pommes  de  terre  de  Saiole-Foilunade. 

Mouzzar  s'applique  aux  cochons  et  aui  taupes  qui  fouillent  la 
terre.  Quand  on  sent  un  besoin  naturel,  une  âpreinte,  on  dit  : 
La  taûpa  mozzat.  Truffa  signifie  communément  la  pomme  de 
terre,  qui  est  cultivée  abondEunment  dans  cette  commune  riche 

335.  Lous  pirolas. 

Ce  terme,  équivalant  peut-être  à  oison,  dindon,  pira,  pirou, 
est  usité  sur  la  rive  droite  de  la  Gorrëze  pour  désigner  les  pa- 
roissiens de  Saint-Germain-ies-Vergnes,  Chameyrat,  Saint-Hilaire 
et  Sainte-Féréole.  Les  gens  de  cette  derniëro  bourgade  passent 
pour  si  mal  famés  qu'on  dit  communément  qu'ils  portent  leur 
hache  même  à  la  messe. 

326.  La  chaslanha  et  la  rabiota  aant  manquât, 

Lou  paya  est  rmiinat. 

La  châtaigne  et  la  rare  ont  manqué, 

Le  paya  est  ruiné. 

C'était  aulreFoLS  la  grande  ressource.  Il  n'y  a  pas  encore  trente 
ans,  on  fusait  déjeuner  les  faucheurs  avec  des  ch&taignes  sèches. 
Aujourd'hui  celte  nourriture  cesse  &  Pftqucs  et  passe  pour  donner 
le  Fer  chaud,  par  excès  de  tannin.  La  tannada  salée  engraisserait 
fort  bien  nos  bestiaux  ot  ne  devrait  plus  être  jetée. 

327.  Lous  plaqiios. 

Ce  sobriquet  désigne  nous  ne  savons  encore  quels  habitants,  vers 
Chanac. 


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328.  Low  chabrûrs  d'à  Jumer. 
Les  chevriere  de  Gimel. 

Se  dit  à  Laguenne. 

329.  Lous  Sainct-Bounnet 
Barrounl  lou  dyable  dins  liur  bounet, 

Lou  portount  ey  mouli, 

Lou  vous  bolount  couma  Sei  fanfouri, 

Ou  s'amas  mays  couma  d'ex  chaulât. 

Et  faunt  ereyre  ei  boun  Diou  qu'aquo  eist  de  la  farina  de  blad. 

Les  geQs  de  Saint-Bonnet-fAvalouze)  sont  gens  si  ma- 
drés qu'ils  enferment  le  diable  dans  leur  bonnet,  le  por- 
tent au  moulin,  le  mettent  en  poussière  (furfitr),  ou  si 
TOUS  le  préférez,  comme  de  la  graine  de  choux  sauvages, 
et  font  croire  à  Dieu  que  c'est  là  de  la  bonne  farine 
de  blé. 


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DROITS  DE  PÉAGE  ET  DE  PONTOKAGE 

son  u  Tmst  et  sus  le  pont  do  saiunt 


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DROITS  DE  PÉAGE  ET  DE  PONTONAGE 


SUR  LA  TERRE  ET  SUR  LE  FONT  DU  S&U,UNT 


'est  encore  dans  un  recueil  de 
vieiuc  procès  que  nous  avons 
trouvé  : 

Arresl 
du  Conseil  d'Estat 
du  Roy, 
qui  maintient  le  seigneur  du  Saillant  dans  un 
âroit  de  péage  dans  la  Terre  du  Saillant,  et  dans 
un  droit  de  pontona^  sur  le  pont  situé  sur  la 
rivière   de  Vezère,    au  Village   du    Saillant   en 
Liniosin(l). 


(1)  Ce  village  est  très  ancien.  M.  Deloche,  dans  te  CartuUire  de 
l'abbaye  de  Beaulicu,  l'indique  comine  ayant  été  cédé,  sous  le  nom 
du  Saillant,  à  Protairc,  archevêque  de  Bourges,  et  comme  ayant 
porté  avant  et  depuis  une  époque  indéterminée  le  nom  û'Orba- 

La  Géographie  du  dipuriement  de  la  Corrèze,  d'Adolphe  Joanne, 
donne  sur  le  Saillant  les  renseignements  suivants  : 

Le  hameau  du  Saillant,  canton  de  Juillac,  commune  de  Voutezao, 
occupe  un  des  sites  les  plus  pittoresques  du  Limousin,  au  bord  de 
la  Veière,  qui  coule  en  écumant  sur  des  rocs  graiiitiques  formant 
de  jolies  Iles,  près  d'un  vieux  manoir  où  séjourna  Mirabeau. 

Une  cascade  appelée  Saut  du  Saumon  est  une  des  curiosités  de 
ce  pays,  où  l'on  admire  encore  la  gorge  profonde  et  sauvage  de  la 
Vezère,  sous  Comborn  et  au  Saillant. 


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Du  15  Mars  1799. 
Extrait  des  Registres  du  Conseil  d'Estat. 

Les  divers  procès  qui  se  trouvent  mentionnés 
dans  cet  arrêt  nous  ayant  paru  assez  inté- 
ressants pour  prendre  place  à  côté  de  cewa; 
déjà  publiés  dans  les  Bulletins  de  notre  So- 
ciété et  pour  leur  servir  de  supplément^  nous 
en  avons  fait  ce  compte-rendu.  Nous  y  avons 
ajouté  la  copie  de  quelques  anciens  docu- 
ments concernant  la  famille  de  Lasteyrie  du 
Saillant. 

Nous  transcrirons  ici  quelques  considéra- 
tions géTiérales  qvs  nous  trouvons  dans  un 
article  inséré,  par  M.  le  baron  de  Girardot, 
dans  les  Annales  archéologiques,  t.  VII,  p.  23  : 

Il  était  pourvu  à  l'entretien  des  ponts  au 
moyen  des  péages  appelés  pontage,  pontonage, 
pontenage,  pontonatge,  enfin  billette  ou  bran- 
chiette,  à  cause  du  billot  ou  de  la  branche 
d'arbre  où  l'on  attachait  la  pancarte  indi- 
cative des  droits  à  payer.  Le  péage  se  per- 
cevait pour  le  passage  en-dessus  ou  pour  le 
passage  en-dessous....  Les  péages  sur  les  ponts 
très  anciens  avaient  été  établis  de  l'autorité 
des  seigneurs;  mais  lorsque  le  pouvoir  royal 
eut  avancé  son  ceuvre  de  centralisation^  le  roi 
seul  put  en  établir  à  son  profit  ou  à  celui  des 
engagistes  du  domaine.  Les  seigneurs  hauts- 
justiciers  ne  furent  maintenus  dans  leur  droit, 
à  cet  égard,  qu'en  justifiant  d'une  très  an^ 
cienne  possession. 


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Le  seigneur  était  tenu,  moyennant  le  péage, 
d'entretenir  les  ponts,  et,  dans  l'origine,  il 
avait  l'obligation  d'assurer  mix  voyageurs  la 
sàreté  de  leurs  personnes  et  de  leurs  effets; 
en  cas  de  vol  ou  de  meurtre,  le  seigneur  était 
tenu  d'indemniser  la  victÏTne  ou  ses  ayant- 
droit. 

Le  pont  du  Saillant,  objet  des  droits  de 
péage  et  de  pontonage  dont  il  va  être  gîtes- 
tion  dans  les  documents  que  nous  allons  re- 
produire, existe  encore;  nous  en  donnoiu  le 
dessin.  Les  arches,  au  nombre  de  six,  sont 
en  ogive.  En  amont,  contre  le  torrent  des  flots 
et  le  choc  des  glanons,  on  a  opposé  des  épe^ 
Tons  qui  divisent  les  vagues  et  brisent  les 
glaces.  Comme  cette  disposition  était  inutile  en 
aval,  les  piles  sont  droites.  Les  éperons  sont 
aigus,  en  forme  de  triangle,  et  s'élèvent  jus- 
qu'au tablier  pour  former  des  gares  très 
utiles.  Tous  ces  détails  ont  leur  raison  d'être, 
mais  aujourd'hui,  avec  la  manie  de  la  symé- 
trie qui  nous  gouverne,  nos  architectes  font 
les  piles  des  ponts  aiguss  ou  plates  en  aval 
comme  en  amont,  ayant  l'air  de  ne  point  vou- 
loir se  rendre  compte  des  motifs  qui  néces- 
sitent leur  construction. 

Cahors,  le  18  février  1885. 

L0U13  &RBIL. 


DigmzcdbyGoOgle 


—  760  — 
I 

ti  AR  contrat  du  15  septembre  1372,  Archam- 
^^_^  baud,  seigneur  de  Comborn,  fit  à  Guy  de 
Lasteyrie,  seigneur  du  Saillant,  une  vente  où 
étaient  compris,  entre  autres  privilèges,  le  droit 
de  péage  (1)  qui  se  percevait  sur  les  bétes  char- 
gées de  sel  ou  autres  choses,  qui  passaient  dans 
la  seigneurie  du  Saillant,  avec  le  droit  de  pon- 
tonage  (2)  qui  se  levait  sur  le  pont  situé  sur  la 
Vezére  dans  ladite  seigneurie. 

Quelque  temps  après,  ce  pont  ayant  eu  besoin 
d'être  réparé,  et  les  réparations  ayant  occasionné 
des  dépenses  au  seigneur  du  Saillant,  à  qui  elles 
incombaient,  il  augmenta  le  nombre  des  choses 
sujettes  au  droit  de  pontonage. 

Il  fit  agréer  l'extension  de  son  privilège  à  Louis, 
fils  de  France  (3)  qui,  par  des  lettres  patentes  du 
4  février  1374,  lui  permit,  tant  pour  le  dédom- 
mager des  frais  par  lui  faits  que  de  ceux  qui 


(I)  Péage  ;  droit  de  passage  ou  d'entrée,  tribut  que  l'on  payait 
à  des  seigneurs  pour  le  passage  d'un  pont  de  certains  chemins  ou 
de  certaines  villes  :  de  pedagium.  Chacun  sait  que  saint  Louis 
exempta  les  jongleurs  du  droit  de  pâage,  aux  conditions  qu'ils 
chanteraient  ou  feraient  jouer  leurs  animaux  devant  le  receveur. 
(Roquefort.  Glossaire  de  la  langue  romane.)  D'après  le  Diction- 
naiTe  eatiriquc,  critique  et  proverbial  de  Leroux,  ce  serait  de 
cette  obligation  que  serait  venu  le  proverbe  ;  Payer  en  monnaie 
de  singe  .'  en  gambades. 

(!)  Pontonage  :  péage,  droit  qu'on  paie  pour  passer  sur  un  pont; 
en  bas-latin  :  pontonagiam  (mâme  source). 

(3)  C'était  le  duc  d'Anjou,  frère  du  roi  Charles  V  et  second  fila 
du  roi  Jean-le-Bon,  qui  avait  érigé  l'Anjou  en  duché  ea  1360  et  le 
lui  avait  donné  en  apanage.  Ce  duc  devint  le  chef  de  la  seconde 
race  des  rois  ^e  Naples  de  la  maison  d'Anjou. 


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seraient  à  faire  pour  l'entretien  et  la  réparation 
du  pont  du  Saillant,  de  lever  sur  ledit  pont  les 
droits  de  péage  spécifiés  dans  ces  lettres  pa- 
tentes (1). 

Environ  un  siècle  après,  la  levée  de  ces  droits 
fut  contestée;  la  saisie  en  fut  faite  et  le  seigneur 
du  Saillant  y  fit  opposition. 

Pour  ce  procès,  le  roi  Charles  Vil,  par  lettres 
patentes  datées  du  9  janvier  1461,  donna  aux 
sénéchaux  de  Limousin  et  de  Périgord,  et  au 
bailli  des  montagnes  d'Auvergne,  attribution  de 
juridiction  pour  connaître  de  l'opposition  formée 
par  le  seigneur  du  Saillant  à  la  saisie  desdits 
droits,  et  ce  fut  sans  doute  d'après  l'avis  de 
ces  juges  que,  le  2  juillet  1463,  Louis  XI  donna 
des  lettres  patentes  en  forme  de  commission,  en- 
joignant au  sénéchal  du  Limousin  et  à  ses  lieu- 
tenants au  bailliage  de  Brive  et  d'Uzerche,  de 
maintenir  le  seigneur  de  Lasteyrie  dans  la  jouis- 
sance des  droits  qu'il  prétendait  avoir  dans  la 
seigneurie  du  Saillant,  à  condition  qu'il  justi- 
fierait de  leur  possession  immémoriale. 

Cette  justification  dut  être  faite,  car,  en  con- 
séquence desdites  lettres,  le  lieutenant-général  au 
bailliage  de  Brive  et  d'Uzerche,  sur  les  conclu- 
sions du  procureur  du  roi  audit  bailliage,  rendit 
une  sentence  le  20  février  1464,  ordonnant  que 


(1)  peut-être  le  duc  d'Anjou  voulait-il  aussi  récompenser  Guy  de 
Lasteyrie  des  services  qu'il  pouvait  avoir  rendus  pendant  la  temps 
où,  d'aprts  ses  ordres,  il  avait  parcouru  le  Bas-Limousin  pour  y 
recevoir  le  serment  de  fidélité  des  villes  restées  au  pouvoir  des 
Français. 


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ledit  seigneur  de  Lasteyrie  jouirait  desdits  droits 
conformément  aux  pancartes  qui  y  étaient  insé- 
rées, jusqu'à  ce  que  autrement  il  en  eût  été  or- 
donné par  sa  Majesté. 

Nous  ignorons  si  le  ivi'  siècle  se  passa  sans 
contestations  de  ces  droits;  mais  au  xvn",  il  y 
eut  un  nouveau  procès  à  leur  sujet. 

Les  titres  fournis  pour  le  gain  des  premiers 
n'avaient  pas  été  nombreux,  du  moins  on  en  cite 
peu;  mais  pour  celui-ci  ils  sont  plus  longuement 
détaillés,  et  outre  les  pièces  des  deux  anciens 
procès,  le  seigneur  du  Saillant  produisit  : 

Expédition  d'un  bail  fait  le  14  juillet  1617 
par  le  seigneur  Jean  du  Saillant,  au  profit  de 
Jacques  Malperse  et  autres,'  de  tous  les  revenus 
de  la  seigneurie  du  Saillant,  consistant,  entre 
autres  choses,  aux  droits  de  péage  qui  se  per- 
cevaient dans  ladite  seigneurie. 

Copie  d'un  acte  de  foy  et  hommage,  contenant 
aussi  aveu  de  la  seigneurie  du  Saillant,  fourni 
par  ledit  seigneur  du  Saillant  au  seigneur  évoque 
de  Limoges  le  10  février  1624,  dans  lequel  ledit 
droit  de  péage  est  énoncé. 

Copie  de  deux  baux  dudit  droit  faits  par  le 
seigneur  Raymond  du  Saillant,  au  profit  de  Ber- 
trand Bonnel,  les  7  septembre  1656  et  24  juillet 
1661,  moyennant  la  somme  de  soixante-dix  livres 
par  an,  et  en  outre  la  charge  d'entretenir  le  pont 
du  village  du  Saillant. 

Copie  d'un  autre  bail  fait  par  ledit  seigneur 
du  Saillant,  au  profit  de  Jean  Deymerie  et  Pierre 


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—  763  — 

Marty,  entre  autres  choses  dudit  droit  de  péage, 
le  2  décembre  1665. 

Ck>pie  d'un  autre  bail  dudit  droit  de  péage,  fait 
par  ledit  seigneur  du  Saillant,  au  profit  du  nommé 
d'Erval,  le  25  décembre  1665,  moyennant  qua- 
rante livres  par  an  (1). 

Expédition  d'un  marcbé  fait  par-devant  notaire 
le  dernier  février  1668,  par  le  seigneur  Antoine 
du  Saillant,  seigneur  dudit  lieu,  avec  Bertrand 
Treuilh  et  Pierre  Chambert,  charpentier  et  maçon, 
pour  la  reconstruction  du  pont  du  Saillant,  ensuite 
duquel  est  la  quittance  du  payement  fait  par  ledit 
seigneur  du  Saillant  des  ouvrages  concernant  ledit 
pont. 

Copie  d'un  bail  fait  par  Marie  de  La  Morelie, 
dame  du  Saillant,  le  21  octobre  1670,  au  profit 
de  Jean  Lausanne,  du  droit  de  péage  de  la  sei- 
gneurie du  Saillant  et  autres  en  dépendant. 

A  la  suite  de  la  remise  de  ces  titres,  le  sieur 
de  Ribeyre,  pour  lors  intendant  à  Limoges,  rendit 
une  ordonnance  le  23  octobre  1671,  par  laquelle 
il  a  été  ordonné  que  les  droits  dS  péage  et  de 
pontonage  perçus  par  le  seigneur  du  Saillant  dans 
ladite  seigneurie,  continueraient  de  l'être  par  pro- 
vision. 

Enfin,  au  siècle  dernier,  le  seigneur  du  Saillant 
eut  à  soutenir  un  autre  procès.  Pour  celui-là,  un 
arrêt  du  29  août  1724  nomma  des  commissaires 


(I)  Les  dates  ei  rapprochées  de  ces  deux  baux  font  supposer  que 
l'un  était  celui  du  péage,  l'autre  celui  du  pontonage. 


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chargés  de  vérifier  les  titres  dudit  seigneur,  et  un 
arrêt  du  8  avril  1727  ordonna  qu'il  justifierait  de 
la  possession,  depuis  1569,  des  droits  contestés, 
ensemble  de  l'acquit  des  charges. 

Ledit  seigneur  n'eut  pas  été  embarrassé  de  faire 
cette  preuve,  puisque  ses  aïeux  l'avaient  faite  déjà 
et  que  ces  droits  remontaient  au  iiv"  siècle,  date 
de  leur  achat;  mais  les  titres  concernant  les  sei- 
gneuries de  Comborn  et  du  Saillant,  avaient  été 
détruits  par  un  incendie  en  1683;  néanmoins  il 
put  encore  produire  : 

Une  copie  coUationnée  et  légalisée  du  contrat 
d'achat  de  1372. 

Copie  d'un  bail  des  droits  de  péage  et  de  pon- 
tonage  fait  par  le  seigneur  Noël  du  Saillant,  au 
profit  de  Jean  de  Lachese  et  autres  le  1"  juin 
1670,  moyennant  cinquante  livres  par  an. 

Copie  de  trois  baux  desdifs  droits,  le  premier 
fait  au  profit  d'Heliot  Bonnelle  le  "25  octobre  1672, 
moyennant  cinquante-huit  livres  par  an  ;  le  second 
au  profit  de  Claude  Seguy,  le  23  mars  1677, 
moyennant  soixante  livres  par  an;  le  troisième 
au  profit  de  Jean  Mousour,  le  11  décembre  1681, 
moyennant  cent  dix  livres  aussi  par  an. 

Expédition  d'un  procès-verbal  du  juge  de  la  vi- 
comte de  Comborn  du  20  avril  1683,  duquel  il 
appert  que  la  tour  du  château  de  Comborn  et  les 
titres  concernant  les  seigneuries  de  Comborn  et  du 
Saillant  ont  été  incendiés  dans  la  môme  année. 

Autre  expédition  d'une  enquête  concernant  les 
droits  de  péage  et  pontonage,  faite  pïir  le  lieute- 


lyGoogle 


nant-général  en  la  sénéchaussée  d'Uzerche  le  18 
mars  1699. 

Arrêt  du  parlement  de  Bordeaux  du  23  août 
1717,  par  lequel  les  nommés  Garignon,  Langlade 
et  autres,  ont  été  condamnés  à  payer  audit  sei- 
gneur du  Saillant  la  somme  de  cinq  livres,  pour 
le  droit  de  péage  de  cinquante  charretées  de  mer- 
rain  qu'ils  avaient  fait  passer  dans  ladite  seigneurie 
du  Saillant. 

Acte  passé  par-devant  notaire  le  18  juillet  1727, 
dans  lequel  plusieurs  habitants  du  village  du 
Saillant  et  des  environs  ont  attesté  qu'ils  avaient 
toujours  vu  lever  lesdits  droits  de  péage  et  pon- 
tonage,  suivant  un  tarif  apposé  sur  une  pile  du 
pont  dudit  lieu. 

Autre  acte  aussi  passé  devant  notaire,  le  20 
juillet  1727,  dans  lequel  plusieurs  habitants  des 
paroisses  de  Voutezac  et  Estivaux  ont  pareillement 
attesté  qu'ils  avaient  toujours  vu  percevoir  lesdits 
droits,  et  en  outre  que  ledit  seigneur  du  Saillant 
entretenait  à  ses  frais  les  ponts,  chemins  et  chaus- 
sées dans  l'étendue  de  ladite  seigneurie  du  Saillant. 

Ces  nouveaux  titres  furent  trouvés  suffisants,  et 
le  conseil  d'Etat  en  1729,  sur  les  conclusions  du 
sieur  Mailhard  de  Balofre,  maître  des  requêtes, 
procureur-général  de  sa  Majesté- en  cette  partie; 
vu  aussi  l'avis  des  sieurs  commissaires  nommés 
par  l'arrêt  du  29  août  1724  ;  ouï  le  rapport  du 
siem-  le  Peletier,  conseiller  d'État  ordinaire  et  du 
conseil  royal,  contrôleur-général  des  finances,  ren- 
dit l'arrêt  suivant  : 


DigmzcdbyGoOgle 


—  766  — 

«  Le  Roy  estaot  en  son  Conseil,  conformément  à  l'avis 

deedits  commissaires,  a  maintenu  et  maintient  le  seigneur 
marquis  àjx  Saillant  dans  le  droit  de  péage  qu'il  perçoit 
dans  l'étendue  de  la  seigneurie  du  Saillant,  et  encore 
dans  le  droit  de  pontonage  sur  le  pont  situé  sur  la  rivière 
de  Vezèra  dans  le  village  du  Saillant,  pour  en  jouir  sui- 
vant les  tarifs  cy-après.  Sçavoir  : 

POCB   LE   bBOIT   DE   F£a(iE 

I.  — Pour  chacune  charge  de  safran,  cire,  gaude(i), 
fromage,  châtaignes  et  autres,  épicerie  :  quatre  deniers. 

II.  —  Pour  chacune  charge  de  drap,  toile,  futaine,  laine, 
plumes,  peignes  et  autres,  mercerie  :  quatre  deniers. 

XII.  —  Pour  chacune  charge  de  sel  et  de  poisson  frais 
ou  salé  ;  dix  déniera. 

IV.  —  Pour  chacune  charge  de  chaui,  meules  de  pierre, 
fer  ou  acier,  sabots  et  pelles  :  quatre  deniers. 

V.  —  Pour  chacune  charge  de  verres,  de  pots  de  terre 
ou  d'oignons  :  un  denier. 

VI.  —  Pour  chacune  charrette  chargée  des  susdites  mar- 
chandises :  un  sol. 

VII.  —  Pour  chacune  charretée  de  vin  :  cinq  sols. 

VIII.  —  Pour  chacune  charretée  de  foin  :  deux  sols. 

IX.  —  Pour  un  cheval  ou  asne  :  quatre  deniers. 

X.  —  Pour  un  bœuf,  pourceau,  mouton  et  autre  teste 
masle  :  un  denier. 

.XI.  —  Pour  beste  femelle  :  une  maille. 
XII.  —  Pour  un  cuir  de  bœuf  ou  vache  :  un  denier. 

POUR   LE   OaOlT    DE   PONTONAOE 

I.  —  Par  personne  à  pied  :  un  denier. 

II.  —  Par  béate  chargée  :  deux  deniers. 

III.  —  Par  beste  non  chargée  :  une  obole. 

Sa  Majesté  fait  defTenses  audit  seigneur  marquis  du 

(1)  Gaude,  plante  qui  fournit  une  teinture  jaune.  Dans  certains 
pays  on  donne  ce  nom  k  la  farine  et  aun  g&teaui  de  mais. 


lyGoo^le 


—  767  — 

Saillant  de  percevoir  d'autres  ni  plus  grands  droits  que 
ceux  cy-dessus,  ni  de  les  exiger  plus  d'une  fois  sur  ee 
qui  passera  et  repassera  le  même  jour. 

Ordonne  en  outre,  sa  Majesté,  que  ce  qui  aura  acquitté 
l'un  desdits  droits  sera  exempt  de  l'autre,  et  que  les  ecclé- 
siastiques et  autres  privilégiez  ne  seront  sujels  audit  droit 
de  pontonage. 

Enjoint  audit  seigneur  du  Saillant  d'entretenir  à  ses 
frais  les  ponte,  chemins  et  chaussées  qui  sont  dans  l'ea- 
tendue  de  la  seigneurie  du  Saillant  en  bon  estât  pour  la 
commodité  publique,  et  de  se  conformer  aux  Édita  et 
Réglemens  concernant  les  droits  de  péages,  sous  les  pei- 
nes portées  par  les  ordonnances. 

Fait  au  Conseil  d'Estat  du  Roy,  sa  Majesté  y  estant, 
tenu  à  Versailles  le  15  mars  mil  sept  cens  viugt-neuf. 
Signé  :  Phelypeaus. 

Louis,  par  la  grâce  de  Dieu,  Roy  de  France  et  de 
Navarre  :  Au  premier  nostre  Huissier  ou  Sergent  sur  ce 
requis.  Nous  le  mandons  et  commandons  par  ces  pré- 
sentes signées  de  nostre  main,  que  l'Arrest-cy-attaché 
sous  le  Contrc-sccl  de  nostre  Chancellerie,  donné  cejour- 
dhuy  en  nostre  Conseil  d'Estat,  Nous  y  estant,  pour  les 
causes  y  connues,  tu  signifies  au  seigneur  marquis  du 
Saillant  y  dénomma,  et  tous  autres  qu'il  appartiendra, 
à  ce  que  personne  n'en  ignore;  et  fais  en  outre  pour 
l'entière  exécution  d'iceluy,  à  la  Requestc  de  nostre  amé 
et  féal  le  Sieur  Mailhard  de  Balofre  nostre  Conseiller  en 
nos  Conseils,  Malstre  des  Requesle  ordinaire  de  nostre 
Hostel,  et  nostre  Procureur  général  en  la  commission 
establie  par  l'An-est  de  nostre  Conseil  du  29  Aoust  1724. 
pour  l'examen  et  vérification  des  Titres  des  droits  de 
péages,  bacs  et  autres  droits  de  cette  nature  daus  l'es- 
tendûe  de  nostre  Royaume,  tous  Gommandemens,  Som- 
mations et  autres  Actes  et  Exploits  requis  et  nécessaires, 
sans  autre  permission.  Car  tel  est  nostre  plaisir.  » 

Donné  à  Versailles  le  quinziesme  jour  de  mars,  l'an 
de  grâce  mil  sept  cens  vingt-neuf,  et  de  nostre  Règne 


DigmzcdbyGoOgle 


le  quatornesme.  Signé  :  Louis.  Et  plus  bas  :  Par  le  Roy, 
signé  :  Publypbaux. 

ICollationné  aux  Originaux  par  Nous, 
Ëcuyer,  Conseiller' Secrétaire  du  Roy, 
Maiaou-GouronDa  de  France  et  de  ses 


C'est  le  dernier  procès  au  sujet  des  droits  de 
péage  et  de  pontonage  de  la  seigneurie  du  Saillant 
dont  nous  ayons  connaissance,  et  nous  supposons 
qu'il  n'en  a  pas  été  intenté  d'autres.  Un  traité  de 
Société  passé  le  31  mai  1774,  entre  MM.  Raymond 
Leblanc  de  Lalouisière,  prêtre,  demeurant  à  Paris, 
rue  des  Escouffes,  paroisse  Saint-(iervais, 

Denis  Dulyon,  intéressé  dans  les  affaires  du 
roy,  demeurant  à  Paris,  rue  de  la  Sourdière,  pa- 
roisse Saint-Roch, 

Louis  Métivier  de  Malzard,  distributeur  général 
des  postes,  demeurant  à  Paris,  rue  de  Grenelle- 
Saint-Hoaoré,  paroisse  Saint- Eustache, 

Joseph-Marie  Gandin,  avocat  en  parlement,  an- 
cien receveur  des  fermes  du  roy,  demeurant  à 
Feurs  en  Forest, 

pour  prendre  à  ferme  le  marquisat  du  Saillant, 
vicomte  de  Comborn  et  ses  dépendances  situés 
dans  la  province  du  Limousin,  vient  à  l'appui 
de  notre  supposition,  parce  qu'il  mentionne  les 
redevances  au  nombre  des  principaux  revenus 
dudit  marquisat,  et  qu'il  nous  parait  inadmis- 
sible que  ces  associés  aient  affermé  des  droits 
contestés. 

Ce  bail  fut  consenti  par  M.  Cbarles-Louis-Gas- 
pard  de  Lasterie,  vicomte  do  Comborn,  marquis 


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du  Saillant,  pour  neuf  années,  par  acte  devant 
notaire,  et  pour  autres  neuf  années  par  acte  sous 
signatures  privées,  moyennant  le  pris  principal 
de  28,000  livres  par  année,  au  profit  de  Joseph 
Pilley,  qui  fît  la  déclaration  qu'il  traitait  pour  la 
Société  susdite. 

II 

tRàiTÉ  (1)  en  langue  latine,  passé  en  la  ville 
d'Avignon  devant  georges  brazadel  pons  du 
pont  et  thibauld  georges,  notaires  publics,  en  pré- 
sence de  revérendissime  père  en  jesus  christ  mes- 
sire  guillaume  Cardinal  prêtre  du  titre  de  Saint- 
Vital,  et  de  pierre  villani  camerier  du  pape,  et 
auditeur  général  de  la  chambre  apostolique,  le 
10  février  1382  entre  noble  regnauld  de  Lasteyrie 
■  damoiseau,  frère  de  feu  noble  homme  et  égrége 
chevalier  M"  guy  de  Lasteyrie,  comme  tuteur 
designé  par  le  testament  dud.  chevalier  reçu  par 
gaillard  matieu  notaire  royal  le  29  janvier  1378 
(1379  nouveau  style)  de  noble  amanîou,  fils  et 
héritier  dudit  feu  ch",  et  de  jehan  et  Margueritte 
aussi  fils  'et  fille  du  même  chevalier,  et  de  dame 
et  honneste  dame  jehanne  d'Ornhac,  son  épouse, 
et  comme  procureur  fondé,  par  acte  passé  devant 
Aymery  de  Montrabiou,  clerc  du  diocèse  de  Li- 
moges le  2  May  1380,  de  noble  et  honnête  dame 


(1)  Copié  mot  à  mot  au  degré  de  Guy  de  L&stayrie,  inséré  dans 
lea  preuves  du  chapitre  de  Hetz,  signé  Cberin,  en  date  du  26 
janvier  1768,  lea  dites  preuves  données  pour  la  familJe  d'Angélique 
de  Lasteyrie  reçue  audit  chapitre. 


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Margueritte  de  peyrefumade,  mère  dudit  feu  guy 
de  Lasteyrie,  aussi  designée  par  le  même  testa- 
ment tutrice  avec  lad.  D' jehanne  d'Ornhac,  desd. 
Amaniou,  jehan  et  Margueritte  et  encore  comme 
procureur  de  tous  les  frères,  parents  paternels  et 
maternels,  alliés,  familiers  et  domestiques  dud. 
feu  Sg'  d'une  part  et  vénérables  hommes  maîtres 
bernard  englese,  bachelier  en  loii,  et  pierre  pelle- 
grin  sergent  darmes  de  notre  Saint  père  le  pape, 
sindics  et  procureurs  des  Consuls  et  de  la  ville  de 
Montpellier,  d'autre  part,  sur  les  procès  et  dis- 
cordes mus  entre  lesd.  dames,  lesd.  Amaniou, 
jehan  et  Margueritte,  et  les  consuls  de  la  ville 
susdits,  au  sujet  de  la  mort  du  dit  feu  chevalier 
tué  en  la  ville  de  montpellier  par  des'  habitans 
dicelle  (1)  et  de  la  spoliation  faitte  par  les  mêmes 
habitans  de  son  argent,  et  de  ses  autres  effets 
montant  à  plus  de  6,000  francs  et  encore  au  sujet 
des  depands  et  domages  que  led.  damoiseau  a 
souffert  pendant  deux  ans  en  divers  voyages  qui! 
a  fait  a  paris  et  ailleurs,  tant  vers  le  roy  que  vers 
le  duc  danjou,  par  lequel  traité  lesd.  sindics  et 
procureurs,  pour  éteindre  laction  formée  par  lesd. 
dames  et  lesd.  amaniou,  jehan  et  Margueritte  con- 
tre lesd.  Consuls  et  ville,  s'engagent  de  payer  aud. 
damoiseau  aux  d.  noms  la  somme  de  8,000  francs 
bons  d'or  pur,  du  coing  du  Roy.  Ce  traité  signé 
E.  Gr.  expédition  délivrée  le  12  janvier  1683,  sur 


(1)  Le  25  octobre  1379,  dans  une  sédition  populaire  provoquée  par 
les  subsides  exorbitants  et  aucceasifs  que  le  duc  d'Anjou  faisait 
lever.  Quelque  temps  avant,  il  y  avait  eu  aussi  à  Nîmes  une  ré- 
bellion  pour  la  mâme  cause. 


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—  m  — 

un  Roulleau  de  parchemin  en  dépôt  aux  archives 
de  l'hôtel  de  ville  de  montpellier,  armoire  f.  cas- 
sette 4,  par  Jean  bonies  notaire  royal,  greffier  et 
secrétaire  de  l'hôtel  de  ville,  et  gardien  desd. 
archives,  signé  bonies,  et  légalisé  le  même  jour 
par  pierre  Eustacbe  Chevalier,  président  juge  mage 
et  lieutenant-général-né  en  la  sénéchaussée,  gou- 
vernement et  siège  presidial  de  la  même  ville. 

Sentence  en  la  même  langue,  prononcée  en  la 
ville  de  Montpellier  le  24  février  1379  (1380  nou- 
veau style)  par  Louis  fils  du  roy  des  Français, 
frère  du  roy(l)  et  son  lieutenant  en  Languedoc, 
duc  danjou  et  de  Turenne  («mî)(2),  et  comte  du 
Maine  par  la  quelle,  le  prince  condamne  à  divers 
genres  de  mort  600  hahitans  de  la  viile-de  Mont- 
pellier (3)  qui  le  25  octobre  précédent  se  sont  jettes 
sur  M"  guillaume  permufel,  son  chancelier  et  guy 
de  Lestarie  sénéchal  de  Rouergue  (4)  chevalier  et 
docteur  es  loix  et  sur  plusieurs  autres  commis- 
saires du  roy,  envoyés  en  Languedoc  par  Sa  Ma- 
jesté à  la  sollicitation  du  d.  duc,  les  ont  tués 
et  on  jettes  leurs  corps  dans  des  puits,  affin  quils 
soient  privés  de  la  Sépulture.  Cette  sentence,  dont 
l'acte  fut  écrit  par  Jean  d'alenche,  notaire  royal, 
insérée  dans  des  lettres  du  même  duc  du  27  du 
même  mois  portant  rémission  de  la  peine  de  mort, 


(1)  C'est  celui  qui  avait  confirmé  les  privilèges  de  péages  à  Guy 
de  LMteyrifl  «n  13^4. 

(2)  11  faut  lire  :  duo  de  Touraine. 

(3)  200  au  feu,  200  au  gibet,  et  le  reste  à  la  décapitation. 

(4)  En  I3T8,  il  fut,  comme  sénéchal,  chargé  de  lever  des  subsides 
contre  les  routiers. 


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—  772  — 

et  une  partie  des  autres  qui  y  avoient  été  pronon- 
cées, et  les  lettres  insérées  dans  d'autres  lettres 
du  roy  dattées  de  paris  le  12  décembre  suivant, 
par  lesquelles  Sa  Majesté  remet  aux  habitans  de 
Montpellier,  toute  peine  criminelle  et  civile  par 
eus  encourue  pour  les  excès  susdits.  Sauf  le  droit 
civil  des  parties  intéressées.  Ces  dernières  lettres 
signées  par  le  roy,  ii  la  relation  des  duc  danjou, 
de  bourgogne  et  de  bourbonnais.  J.  Tabasi,  et 
scellées  du  scel  royal  en  cire  verte.  Expédition 
délivrée  sur  l'original  en  parchemin  déposé  aux 
archives  de  l'botel  de  ville  de  Montpellier  ar- 
moire f.  cassette  4.  Comme  celle  dû  traité  du 
10  février  1382. 

Note  du  copiste. 

Lettres  en  langue  latine  données  à  Sauveterre  le 
18  septembre  1377  par  guy  de  Lasteyrie,  chevalier, 
seigneur  du  Sailhens(l)  sénéchal  de  rouergue,  et 
capitaine  général  pour  le  roy  dans  lad.  Séné- 
chaussée sous  son  propre  sceau,  portant  que  ne 
pouvant  vaquer  par  luy  même  à  des  affaires 
importantes  touchaiit  le  fait  de  la  guerre  il  a 
nommé  Bernard  Coulon  trésorier  du  Roy  à  Rho- 
des, pour  retirer  des  mains  des  ennemis  de  sa 
majesté  les  lieux  de  belchastel,  de  balaguier  etc. 
quil  a  vaqué  à  cette  occupation  pendant  87  jours 
à  raison  d'un  franc  d'or  par  jour  etc. 

Ces  lettres  scellées  en  cire  rouge  où  les  armes 
ne  paroissent  plus. 

Quittance  donnée  au  même  lieu,  et  le  même 

(I)  Du  Saillant. 


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—  773  — 

jour  par  guy  lesterie,  sénéchal  de  rouergue  sous 
son  signet,  à  Ambroise  beth,  trésorier  de  Carcas- 
sonne,  et  général  de  toutes  les  finances  royaux  en 
languedoc  de  100  francs  d'or,  à  luy  mandés  payer 
par  lettres  du  duc  danjou  frère  du  roy,  pour  re- 
compensation de  deux  chevaux  qu'il  a  perdus  en 
la  Compagnie  de  ce  prince. 

Cette  quittance  scellée  sur  simple  queue  de  par- 
chemin d'un  sceau  en  cire  rouge  représentant  un 
écartelè  au  1  et  4  d'un  aigle  éployé  et  au  2  et  3 
d'un  lambel  de  3  pendants  ayant  pour  supports 
S  lions  (il  n'en  reste  qu'un  l'autre  est  emporté  de 
vétusté)  cimier  un  casque  posé  de  profil,  et  sur- 
monté d'une  touffe  de  plume  de  paon  (original)  (1). 

Le  25  Mars  1434  à  Colonges,  noble  François  de 
Noailhes  seigneur  de  Noailhes  reconnoit  avoir  reçu 
20  écus  d'or  de  noble  Amanieu  de  La  Etayria  sei- 
gneur du  Saillant  à  compte  de  la  dot  de  noble 
Marguerite  de  Lastayrie  mère  de  François,  en  pré- 
sence des  Témoins,  noble  Pierre  de  Moleon  sei- 
gneur de  Marcillac  et  de  noble  Bernard  de  La- 
vergne,  seigneur  de  Meyssac. 

L'original  de  cette  dernière  pièce  se  trouvait 
dans  les  registres  de  la  famille  de  Touchebœuf- 


'  (I)  M.deBosredon,  tome  IV  de  notre  Buf^cf in,  pages  lOG  et  107,  a 
di^çrit  un  sceau  semblable,  sauf  une  légère  variante  dans  les  sup- 
ports ;  2  Idopards  tiennes  au  lieu  de  3  lions.  Il  a  dû  voir  une  em- 
preinte mieui  conservée  que  celle  dont  il  est  parlé  dans  notre  quit- 
tance, laquelle  empreinte  le  traducteur  déclare  Ctre  en  mauvais  état. 
M.  de  Bosredon,  pages  717  et  718  du  m6me  tome  IV,  a  indiqué 
complètement  les  émaux  de  ces  armoiries,  dans  sa  description  du 
cachet  de  Jean-Baptiste  de  Lasteyrie. 


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Clermont.  II  y  avait  dans  le  môme  registre  une 
enquête  de  l'année  1440,  où  figurait  noble  Jean 
de  Lastayrie,  fils  de  Bertrand,  seigneur  de  Cure- 
monte,  paroisse  de  Meyssac,  et  d'autres  nobles 
Limousins  que  nous  aurons  peut-être  l'occasion 
de  faire  connaître  plus  tard. 


ly'Gôeigle 


SOURCES  FERRUGINEUSES 

DES  SAULIÈRES 
Près  DONZENAC  (Corrèze) 


Il  n'est  pas  un  chasseur  de  Brive  et  de  Don- 
zenac  qui  n'ait  battu  dans  tous  les  sens  les  sau- 
vages gorges  des  Saulières,  entre  Donzenac,  Tra- 
vassac,  Ste-Féréole  et  St-Antoine  des  Plantades, 
et  qui  ne  se  soit  désaltéré  aux  sources  dont  nous 
allons  parler. 

Dès  la  fondation  de  notre  Société,  nous  pen- 
sâmes qu'il  serait  bon  de  faire  analyser  les  eaux 
de  ces  sources  (1);  nous  eùnaes  recours,  pour  cela, 
à  notre  collègue  le  docteur  Marc  Laffont.  Deux  bou- 
teilles, remplies  aux  sources  mêmes  et  soigneu- 
sement cachetées  sur  place,  lui  furent  adressées; 
M.  Lafîont  fit  analyser  ces  eaux  par  M.  Muntz, 
professeur  de  chimie  à  l'Institut  agronomique  et 
directeur  du  laboratoire  de  M.  Boussingault ,  et 
voici  ce  que  répondit  M.  Muntz,  le  18  juillet  1879  : 
«  Les  eaux  ferrugineuses  des  deux  sources  parais- 
»  sent  identiques.  Dans  chacune  d'elles  on  a  dosé  : 
»  fer  (à  l'état  métallique),  0  gr.  0,037  par  litre,  ce 

K  Tome  II  du  But- 


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B  qui  équivaut  à  0  gr.  0,053  d'oxyde  de  fer  (F'  0'). 

»  C'est  donc  une  eau  bien  faiblement  ferru- 
gineuse. » 

Il  serait,  au  surplus,  difficile  de  tirer  parti  de 
cette  eau;  on  ne  peut  guère  l'utiliser  que  sur 
place,  car  le  fer  se  précipite  rapidement  au  bout 
de  quelques  journées  de  séjour  dans  une  bouteille. 

Ce  ne  sont  donc  pas  les  sources  des  Sauliéres 
qui  peuvent  faire  la  fortune  de  leur  possesseur! 

Les  grès  des  Sauliéres  ont  été  étudiés  par 
M.  Mouret(i).  Ce  sont  des  grès  «  d'un  gris  jau- 
»  nàtre,  tirant  sur  le  blanc,  sans  stratification  dis- 
j>  tincte,  incohérents  ou  passant  à  un  grès  à  gros 
>  grains,  siliceux,  conglomératiques  et  très  durs.  » 
Ils  forment  la  base  du  permien  et  sont  super- 
posés aux  schistes  anciens. 

Ph.  Lalakde. 


(1)  Etquisse  géologique  de»  environ»  de  Brive.  Bulletin,  1. 1", 
p.  430. 


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MM  Sdenlpe,  istoriqiie  et  Mologiqne 

DE  LA  CORHÈZE 

PROCÈS-VERBAUX  DBS  SÉANCES 


SÉANCE  DU  !5  AVRIL  IBK 


ORDRE    DU   JODR 


1'  Lecture  du  procès -verbal, 

2*  DoDs  et  correspondance. 

3*  Présentation  de  nouveaux  Membres. 

4-  Comptes  de  1884  et  nomination  d'un  Trésorier. 

LECTURES 

5*  Note  de  M.  Léon  Lacroix  sur  un  triens  trouvé  près  de  Char- 

6*  Roc-de-Vio  et  les  enceintes  antiques  de  la  Corrèie,  par  M.  Ph. 
Lalande. 

Présidetice  de  M,  Rupin,  Président. 


Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté, 
M.  E.  Borie  demande  la  parole  au  sujet  de  la  dîstinclioQ 
dont  deux  Membres  de  notre  Société  viennent  d'être  l'objet 
pendant  la  séance  générale  des  délégués  à  la  Sorbonne, 
le  11  du  présent  mois;  M.  E.  Rupin,  notre  Président,  et 
M,  René  Page,  un  de  nos  collaborateurs  les  plus  dévoués, 
y  onl  été  proclamés  officiers  d'Académie  par  M.  le  Mi- 
nistre de  l'Instruction  publique.  M.  Borie  ajoute  que  la 
Société  doit  se  réjouir,  avec  les  amis  personnels  de 
MM.  Rupin  et  Page,  de  cette  distinction  bien  méritée. 
La  Société,  s'associant  aux  sentiments  exprimés  par 
M.  Borie,  dit  que  ce  fait  sera  mentionné  au  procès- 
verbal  de  la  présente  séance. 


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M.  Rupin  remercie  ses  collègues  de  la  sympathie  qu'ils 
lui  témoigoeot  en  toute  circonstance. 

DONS   AU   UUSIÊB 

i°  Nombreux  objets  de  l'industrie  des  temps  pré-histo- 
riques (originaux  et  moulages);  poteries  gallo-romaines. 
—  Don  de  M.  Élie  Massénat. 

2"  Bracelet  en  bronze,  tessons  de  poterie,  moulage  d'une 
épée  en  bronze  provenant  d'un  tumulus  près  d'Alvignac 
(Lot).  —  Dons  de  MM.  Élie  Massénat  et  Rupin. 

3°  Bracelet  en  fer  (type  Halstattien)  et  tessons  de  po- 
terie trouvés  dans  un  tumulus  près  de  Souillac  (Lot).  — 
Don  de  M.  Rupiu. 

4°  Bois  de  renne  incisés  et  gravés  provenant  de  Lau- 
gerie-Basse.  —  Don  de  M.  Gaston  de  Lépinay. 

5°  Squale  pris  à  Saint-Jean-de-Luz  ;  zoophytes  genre 
Gorgonia.  —  Don  de  M.  Eugène  Borie. 

6°  Moulages  d'une  tète  de  felis  spelœa  et  d'un  vase  gallo- 
romain  trouvé  à  Lubersac  (1).  —  Don  de  M.  Ph.  Lalande. 

7°  Lampe  en  terre  et  monnaies  romaines;  fragment  de 
meule  en  grès  nummulithique  trouvé  dans  un  tombeau; 
oflrea  fossile  de  grande  dimension  (le  tout  recueilli  en 
Algérie)  ;  boîte  à  parfums  en  peau  d'autruche  des  femmes 
Touareg.  — Don  de  M.  Tachard,  médecin-major  au  14'"  ré- 
giment d'infanterie,  à  Brive. 

8°  Portrait  de  Turenne  (gravure),  —  Don  de  M.  Phi- 
lippe de  Bosredon, 

9'  Hache  en  jade  océanien  ;  deux  sagaies  avec  un 
doigtier  servant  à  les  lancer;  un  casse-tête;  une  fronde 
avec  une  balle  en  pierre;  un  peigne  en  bois  de  sandal; 
un  collier  d'enfant  en  coquillage  et  perles  de  jade;  un 
bracelet  en  coquillage;  divers  minéraux;  le  tout  prove- 
nant de  la  Nouvelle-Calédonie.  —  Don  de  M.  Joseph  Sou- 
lingeas. 

(1)  Voir  le  Bulletin,  t.  111,  p.  154.  L'original  est  au  Husëe  de 
Saiiit-GermEkin>eQ-Laye.  - 


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DONS  A.  LA   BIBLIOTHÈQUE 

1«  Numismatique  gauloise  (de  la  transfoi'matioii  des 
types  moaélaires  et  des  résultats  auxquels  elle  cooduit)  ; 
2"  Trouvaille  d'Autreville  (Vosges),  monnaies  inédites 
d'Adhémar  de  Monteil,  évéque  de  Metz,  et  de  Henri  IV, 
comte  de  Bar;  3°  Fibule  et  collier  en  or  trouvés  à  Totain- 
viUe  (Vosges),  par  M.  Maxe-Werly.  —  Dons  de  l'auteur. 

4°  Deux  lettres  de  Mascaron;  5'  Notes  sur  un  pontifical 
de  Clément  VI,  et  sur  un  missel,  dit  de  Clément  VI,  par 
M.  René  Fage.  —  Dons  de  l'auteur. 

Divers  bulletins  d'échange. 

La  Société  remercie  tous  les  donateurs. 

M.  Soulingeas  montre  à  l'assistance  quelques  haches  eu 
pierre  rapportées  par  lui  de  la  Nouvelle-Calédonie;  leurs 
formes  difTërent  suivant  leur  emploi  ;  les  unes  sont  des 
armes  et  les  autres  des  outils  (herminettes  et  ràcloirs). 
En  examinant  celles  qui  sont  emmanchées,  ou  peut  se 
rendre  compte  des  procédés,  évidemment  analogues,  mis 
en  œuvre  par  nos  ancâtres  de  l'âge  de  la  pierre  pour 
utiliser  leurs  haches.  M.  Soulingeas  donne  en  outre  de 
fort  curieux  détails  sur  l'industrie  et  les  mœurs  des  Ca- 
naques, au  milieu  desquels  il  a,  pour  ainsi  dire,  vécu 
pendant  deux  ans  et  demi. 

Cette  attrayante  conférence  est  écoutée  avec  un  vif 
intérêt. 

Le  Secrétaire-Général  donne  communication  d'une  lettre 
par  laquelle  un  numismate  distingué,  M.  Maxe-Werly, 
demande  si  la  Société  serait  disposée  à  publier  dans  son 
Bulletin  un  travail  sur  un  système  de  classification  des 
monnaies  gauloises;  cette  note  a  fait  le  sujet  d'une  lec- 
ture à  la  Sorbonne. 

Ii'offre  de  M.  Maxe-Werly  est  acceptée  avec  empres- 
sement. 

PRÉSENTATION   DE  NOUVEAUX  UBMBRES 

M.  l'abbé  Chabau,  aumônier  de  la  Visitatiou,  à  Au- 


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rillac,  et  M.  l'abbé  Brandely,  curé  de  Sornac,  présentés 
par  MM.  Rupiu  et  Ph.  Lalaiide,  sont  admis. 

COMPTES   DE    1884    ET   NOMINATION   d'uN   TRËSORIBH 

Les  comples  de  1884  sont  présentés  par  M.  Guimbellot, 
qui  exprime  en  môme  temps  son  regret  d'avoir  à  se 
démettre  de  ses  fonctions  de  Trésorier  pour  des  raisons 
de  santé.  La  Société  lui  donne  décharge  de  sa  gestion  ; 
elle  le  remercie  en  outre  du  zèle  avec  lequel  il  s'est 
constamment  acquitté  de  sa  tâche.  C'est  avec  peine,  ajoute 
M.  le  Président,  que  la  Société  se  voit  obligée  de  renoncer 
aux  services  de  M,  Guimbellot. 

M.  Jean-Baptiste  Bosredon  est  nommé  Trésorier  en 
remplacement  de  M.  Guimbellot,  dont  la  démission  est 
acceptée. 

M,  le  Président  demande  ensuite  à  la  Société  de  vou- 
loir bien  contribuer  par  un  crédit  de  150  francs  à  l'ins- 
tallation du  Musée. 

Cette  proposition  est  adoptée. 

LECTURES 

M.  Léon  Lacroix  a  envoyé  une  note  sur  un  tiei-s  de 
sou  d'or  mérovingien  trouvé  au  lieu  dit  Le  Cimelière, 
commune  do  Chartriers,  et  M.  Ph.  Lalande  résume  une 
notice  sur  Roc-de-Vic;  pendant  que  les  assistants  e.\a- 
minent  un  plan  topographiq'ie  et  une  vue  panoramique 
de  celte  enceinte  antique,  dûs  au  travail  de  M.  E.  Borie, 
M.  Ph.  Lalande  expose  que  plusieurs  auteurS  estimables, 
mais  qui  ont  parlé  de  Roc-de-Vic  sans  l'avoir  jamais  vu, 
se  sont  laissé  égarer  par  un  article  fantaisiste,  beaucoup 
plus  romantique  qu'archéologique,  publié  dans  VAnnuaire 
de  1831.  Roc-de-Vic  ne  se  trouve  point  dans  les  condi- 
tions requises  pour  une  place  de  guerre  ;  ce  n'est  donc 
pas  un  antique  oppidum.  Si  l'on  veut  lui  assigner  une 
destination  militaire,  ce  sommet  a  pu  servir  de  redoute; 
c'est  une  bonne  position  de  combat.  Mais  il  vaut  peut- 


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—  781  — 

être  nùeux  "y  voir,  avec  Hérlmée  qui  l'a  visité,  une  etf- 
ceinte  consacrée  au  culte  d'un  peuple  encore  sauvage. 
D'autres  puys,  signalés  également  comme  forteresses  de 
l'époque  anté-romaine,  n'offrent  en  réalité  à  l'explorateur 
que  des  masses  granitiques  imposantes  mais  informes. 
Après  Mb  communications,  la  séance  est  levée. 

Le  SecritaircÛinéral, 

Pb.  liAÏAMDS. 
Le  Prisidmt, 


SâANGE  DU  ti  JUILLET  1885 

ORDHB  DU   JOUR 

!•  Lecture  du  procës- verbal. 

2*  Correspondance. 

3>  Présentation  d'un  nouveau  Membre. 

LBCTURB 

A'  Les  coffrets  émaillâB  du  Cantal,  par  Hgr  Barbier  de  Uontault. 
Présidence  de  M.  Rdpin,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

COnSBSPOKDANCB 

U.  le  Président  donne  communication  de  l'offi-e  faite 
par  M.  Gnibert,  à  Limoges,  d'un  travail  sur  une  série 
de  Livres  de  raison  de  familles  limousines;  ce  mémoire  est 
rédigé  avec  la  collaboration  de  M.  Leroux,  archiviste  de 
la  Haute-Vienne,  et  celle  de  H.  l'abbé  Lecler.  La  Société 
accepte  avec  empressement  la  proposition  de  M.  Guibert 
et  le  remercie  de  la  préférence  qu'il  veut  bien  lui  donner. 

M.  Vayssière,  archiviste  de  la  Corrèse,  aononce  l'envoi 
T.  vn.  4-J« 


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—  782  — 

d'une  série  de  documents  relatifs  à  l'histoire  de  la  Maison 
de  Turenne;  l'étude  de  ces  documents  fait  la  matière  d'un 
important  travail  dans  lequel  se  trouveront  compris  le 
testament  de  Raymond  Roger,  vicomte  de  Turenoe  (du 
5  juillet  1399),  et  celui  de  sa  Qlle  Antoinette;  le  marquis 
de  Turenne  d'Aynac  nous  a  envoyé  des  copies  de  ces 
actes  depuis. assez  longtemps  déjà,  et  M,  Vayssière  a  bien 
voulu  se  charger  de  les  étudier. 

PRÉSENTATION   d'cN   NOUVEAU   KSKBnE 

M.  Louis  Guibert,  agent  principal  de  la  C*  d'assu- 
rances générales,  à  Limoges,  présenté  par  MM.  Rupin 
et  Ph.  Lalande,  est  admis. 

M.  le  Président  fait  ensuite  part  à  l'assistance  de  la 
mort  de  deui  de  nos  collègues,  M.  François- Léon  Lalande, 
receveur  municipal  de  Brive,  et  M.  de  Laurens  de  Puy- 
lagarde,  ancien  inspecteur  des  Postes,  retraité  à  Saint- 
Chamans. 

La  Société  s'associe  aux  sentiments  de  regrets  exprimés 
par  son  Président. 


Il  s'agit  d'un  travail  plein  d'érudition  archéologique, 
écrit  par  Mgr  Barbier  de  Montault,  sur  trois  châsses 
limousines  conservées  dans  les  églises  de  Salins,  de  Saint- 
Laurent  du  Vigeao  et  de  Sainte-Eulalie  [Cantal)  ;  les  deus 
premières  ont  été  dessinées  par  notre  collègue  M.  l'abbé 
Chabau,  aumônier  de  la  Visitation  à  Aurillac,  qui  a  bien 
voulu,  en  outre,  fournir  au  savant  prélat  tous  les  ren- 
seignements dont  il  pouvait  avoir  besoin  pour  la  rédac- 
tion de  sa  notice.  Ckimme  le  dit  avec  raison  Mgr  Barbier 
de  Montault,  une  vive  impulsion  a  été  donnée  par  notre 
Bullelin  au  genre  d'études  qui  consiste  dans  le  dénom- 
brement et  la  description  de  toutes  les  pièces  d'émail 
champlevé  limousin  actuellement  e^iistantes;  l'initiative 


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—  783  — 

prise  par  notre  Société  doit  être  encouragée,  au  grand 
proût  de  la  science  archéologique. 
Cette  lecture  tennioée,  la  séance  est  levée. 

Le  Seeriiaire-Géniral,  ■ 
Ph.  Lalandb. 
Le  Président, 

E.  Rupw. 


SÉANCE  DU  15  OCTOBRE  1885 


1'  Lecture  du  procès -verb&l. 
î*  Correspondance. 

LECTURE 

3'  Notice  sur  Daniel  de  Gosnac,  archevâque  d'Aix,  par  le  comte 
Jules  do  Cosnac. 

Présidenee  de  M.  Rupin,  Président. 


Le  procès- verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

CORBESPONDANCB 

M.  le  Président  a  reçu  une  circulaire  de  M.  le  Ministre 
de  l'Instruction  publique,  en  date  du  7  septembre,  et  le 
programme  du  Congrès  des  Sociétés  savantes  pour  1886. 
M.  le  Ministre  exprimant  le  désir  que  toute  la  publicité 
possible  soit  donnée  à  ce  programme,  il  est  décidé  qu'il 
sera  reproduit  au  Bulletin  dans  le  corps  de  ce  procés- 
verbal. 

PROGRAtrilB    DU    CONGflÈS    DES   &0C1£t£s    BAVANTES 
A   LA  SORBONNE,    EN    1886 

I,  —  Section  d'histoire  et  de  philologie. 

1°  Mode  d'élection  et  étendue  des  pouvoirs  des  députés 
aux  États  provinciaux. 


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—  784  — 

2°  Les  esclaves  sur  les  bords  de  la  Méditerranée  au 
moyen-ige. 

3°  Recherche  des  documents  d'après  lesquels  ou  peut 
déterminer  les  modiScations  successives  du  servage. 

4°  Origioe  et  organisation  des  ancieDues  corporations 
d'arts  et  métiers. 

5°  Origine,  importance  et  durée  des  anciennes  foires. 

6°  Anciens  livres  de  raison  et  de  comptes  et  journaux 
de  famille. 

7°  Liturgies  locales  antérieures  au  xvii*  siècle. 

8»  Origine  et  règlements  des  confréries  et  charités  an- 
térieurs au  zvu*  siècle. 

9°  Étude  des  anciens  calendriers. 

10*  Indiquer  les  modifications  que  les  recherches  les 
plus  récentes  permettent  d'introduire  dans  le  tableau  des 
constitutions  communales  tracé  par  M.  Augustin  Thierry. 

H*  Des  livres  qui  ont  servi  à  l'enseignement  du  grec 
en  France,  depuis  la  Renaissance  jusqu'au  xviii*  siècle. 

12°  Les  exercices  publics  dans  les  collèges  (distributions 
de  prix,  académies,  représentations  théâtrales,  etc.),  avant 
la  Révolution. 

13'  Anciennes  démarcations  des  diocèses  et  des  cités 
de  la  Gaule,  servant  encore  aujourd'hui  de  limites  aux 
départements  et  aux  diocèses. 

14'  Étude  des  documenta  antérieurs  à  la  Révolution, 
pouvant  fournir  des  renseignements  sur  le  chiffre  de  la 
population  dans  une  ancienne  circonscription  civile  ou 
ecclésiastique. 

IS"  L'histoire  des  mines  en  France  avant  le  xvii*  siècle. 

16"  De  la  signification  des  préfixes  EN  et  NA  devant 
les  noms  propres  dans  les  chartes  et  les  inscriptions 
en  langue  romane. 

17"  Objet,  division  et  plan  d'une  bibliographie  dépar- 
tementale. 

IL  —  Section  d'archéologie. 

1*  Quelles  sont  les  contrées  de  la  Gaule  où  ont  été 
signalés  des  cimetières  à  incinération  remontant  à  une 


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—  785  — 
époque  antérieure  à  la  ço&quête  romaine?  —  Quels  30Dt 
les  caractères  distinctifs  de  ces  cimetières? 

2"  Dresser  la  liste,  faire  la  description  et  rechercher 
l'origine  des  œuvres  d'art  hellénique,  des  inscriptions  et 
des  marbres  grecs  qui  existent  dans  les  collections  pu- 
bliques ou  privées  des  divers  départements.  Diatioguer 
ceux  de  ces  monuments  qui  sont  de  provenance  locale 
de  ceux  qui  ont  été  importés  dans  les  temps  modernes. 

3'  Dresser  la  liste  des  sarcophages  païens  sculptés  de 
la  Graule.  En  étudier  les  sujets,  rechercher  les  dosnées 
historiques  et  les  légendes  qui  s'y  rattachent  et  indiquer 
leav  provenance. 

4*  Signaler  les  nouvelles  découvertes  de  bornes  mili- 
taires ou  les  constatations  de  chaussées  antiques  qui  peu- 
vent servir  à  déterminer  le  tracé  des  voies  romaines  en 
Gaule  ou  en  Afrique. 

5°  Grouper  les  renseignements  que  les  noms  de  lieux- 
dits  peuvent  fournir  à  l'archéologie  et  à  la  géographie 
antique. 

6°  Signaler  dans  une  région  déterminée  les  édifices  an- 
tiques de  l'Afrique  tels  que  :  arcs  de  triomphe,  temples, 
théâtres,  cirques,  portes  de  ville,  tombeaux  monumentaux, 
aqueducs,  ponts,  etc.,  et  dresser  le  plan  des  ruines  ro- 
maines les  plus  intéressantes. 

7"  Étudier  les  caractères  qui  distinguent  les  diverses 
écoles"  d'architecture  religieuse  à  l'époque  romane  en 
a'attachant  à  mettre  eu  relief  les  éléments  constitutifs  des 
monuments  (plans,  voûtes,  etc.}. 

S'  Rechercher,  dans  chaque  département  ou  arrondis- 
sement, les  monuments  de  l'architecture  '  militaire  en 
France  aux  différents  siècles  du  moyen-&ge.  En  donner 
des  statistiques,  signaler  les  documents  historiques  qui 
peuvent  servir  à  en  déterminer  la  date. 

9"  Signaler  les  constructions  rurales  élevées  par  les 
abbayes,  telles  que  granges,  moulins,  étables,  colombiers. 
Bn  donner,  auUmt  que  possible,  les  coupes  et  plans. 

Kf  Étudier  les  tissus  anciens,   les  upisseries  et  les' 


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broderies  qui  existent  dana  les  trésors  des  églises,  dans 
les  anciens  hôpitaux,  dans  les  musées  et  dans  les  collec- 
tions particulières. 

il"  Signaler  les  actes  notariés  du  xiv*  au  xti*  siècle, 
contenant  des  renseignements  sur  la  biographie  des  ar- 
tistes et  particulièrement  les  marchés  relatifs  aux  pein- 
tures, sculptures  et  autres  œuvres  d'art  commandées  soit 
par  des  particuliers,  soit  par  des  municipalités  ou  des 
communautés. 

li"  Étudier  les  produits  des  principaux  centres  de  fabri- 
cation de  l'orfèvrerie  en  France  pendant  le  mo7en-&ge  et 
signaler  les  caractères  qui  permettent  de  les  distinguer. 

13"  Quelles  mesures  pourraient  être  prises  pour  amé- 
liorer l'organisation  des  musées  archéol(^ques  de  pro- 
vince, leur  installation,  leur  mode  de  classement,  et  pour 
en  faire  dresser  ou  perfectionner  les  catalogues? 


Le  comte  Jules  de  Gosnac  nous  a  envoyé  une  fort  in- 
téressante biographie  de  l'archevêque  d'Aix,  Daniel  de 
Cosnac,  né  eo  1630  près  de  Brive,  au  château  de  Cosnac, 
et  mort  à  Aix  le  21  janvier  1708;  cette  notice,  rédigée 
de  main  de  maître,  est  suivie  d'une  relation  inédite  des 
obsèques  du  vénérable  prélat.  Ce  document,  trouvé  par 
le  comte  de  Ctosnac  à  la  bibliothèque  de  la  ville  d'Aix, 
nous  donne,  entre  autres  curieux  renseignements,  la  date 
précise  de  la  mort  de  l'archevêque  Daniel,  ses  divers 
biographes  et  les  auteurs  de  généalogie  ayant  varié  sur 
le  jour. 

Le  comte  de  Cosnac  possédant  une  gravure  de  Bou- 
langer qui  représente  Daniel  de  Cosnac  lorsqu'il  était 
évëque  de  Valence  et  de  Die,  a  bien  voulu  consentir  à 
ce  qu'elle  soit  clicKée,  et  cette  reproduction  figurera  en  tête 
de  sa  notice.  L'assistance,  après  avoir  examiné  l'épreuve 
que  montre  M.  le  Président,  dit  qu'il  y  a  lieu  de  remer- 
cier M.  de  Cosnac  de  la  preuve  de  sympathie  qu'il  donne 
à  notre  Société. 


DigmzcdbyGoOgle 


—  787  — 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé  et  personoe  ne  demandant 
la  parole,  la  séance  est  levée. 

Le  Sterétaire-Ginéral, 

pH.  Lalande. 
Le  Président, 

E.  Rupin. 


SËANCE  DU  18  DÉCEMBRE  18S5 


ORDRE  DU  JOUR 


1*  Lecture  du  procfea-verbal. 
a*  Dons  et  correapondance. 


3*  Ruines  romaines  de  Tiotignac,  par  H.  Ph.  Lalande. 
4*  Proverbes  bas-limousins  recueillia  par  H.  Cbanipeval. 


Présidence  de  M.  Rdpin,  Président. 
Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

DONS  au  UCSÉB 

Un  débris  de  sculpture  (tête  humaine  en  oolithe]  trouvé 
dans  la  commune  d'Astaillac,  et  pouvant  être  attribué  à 
l'épogue  gallo-romaine.  —  Don  de  M.  Louis  Greil. 

DONS  A  LA   BISLIOTHÈQUB 

]*  AU)um  Caranda  (suite)  ;  les  fouilles  d'Aiguisy.  —  Don 
de  H.  Frédéric  Moreau  père. 

2*  Mémoire  de  Jean  du  Bouchot  sur  la  charge  de 
maréchal-général,  par  M.  le  comte  de  Cosnac.  —  Don  de 
l'auteur. 

3'  Le  combat  de  Bléneau  (guerre  de  la  Fronde),  par 
M.  le  comte  de  Cosnac.  —  Don  de  l'auteur. 


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4°  Les.  ori^ea  de  XuUe  (i"  partia),  par  ï(.  Baaét  Bage. 
—  Don  de  l'auleur. 
Bulletins  d'échanga. 
La  Société  remercie  les  donateurs. 

COnnESPONDAMCE 

M.  le  Président  fait  part  h  ses  collègues  d'une  lettre 
de  M.  Lacroix,  notaire  à  l^y^aç;  il,  s,'^^de  substruc- 
tions  romaines  observées  dans  la  commune  de  Saint- 
Julien  Maumont,  et  qu'il  serait  bon  d'étudier,  H.  le  Pré- 
sident demande  à  cet,  QfEjpt  ui^  qr^dit  d'une  centaine  de 
francs,  qui  est  immédiatement  alloué. 

M.  le  Président  annonce  ensuite  J\_  l'assistance^  qup,  la 
Société  d'horticulture  de  France  vient  de  décerner  à 
notre  sympathique  collègue,  M-;  Gaston  de  Lépinay,  un 
deusième  pT;ix.  (raédajlle,  d'argent  g^a^d  mfljlyjpj  pj;ix 
Lavallée).,au  sJAJet  d'ufte^lîtfi^.paitQiflfti  ijflUA%!J<ll;^t!^ïié- 
ficiera  de  ce  travail  en  temps  et  lieu. 

Cette  bonne  nouvelle  est  accueillie  avec  satisfaction. 


M.  Ph.  Lalande  donne  un  résum^  d'un  travail  sur.  les 
ruines  romaines  de  Tintignac  situées  à  huit  ou  neuf  kilo- 
mètres de  Tulle  ;  elle^  sii^gt  çûaouçs  depuis  longtemps, 
mais  leur  propriétaire,  notre  collègue  M.  J.-B.  GuiUot, 
vient  d'y  faire  de  nouveUes  fouilles  qui-en-  ont  augmenté 
l'importance.  Après  avoir  passé  en  revue  les  divers  au- 
teurs  gui  ont  parlé  de  'Eiatignac,  M«  PI».  LaUode  décnt 
les  objets  trouvés,  les  substructions  exhumées,  et  cherche 
quelle  a  dû  être  la  destination  véritable  de  ce  groupe  de 
moQumouts  oi)  rou.a,  jusqu'à  p^é^eiitj  vjm,  l^s.t;est^  d'i^e 
ville  antique. 

M.  Lalande  fait  clrcul£r  les  dçssios.  dç^  ol^içjis  l^  plus 
intéressants  et  les  plans,  dress^^  par  M^  ^P^F>  ^ 
Perrière. 

M.  Hupin  présente  un  fort  iuté^sa^t  rçpuej4  de  i^ 
verbes  bas-limousius,  la  ph^part  eji  P^K*^*  ^7fi^^  P^^ 


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—  789  — 

H.  GhampoTal;  l'auteur,  notre  collègue,  à  qui  ce  travail 
avait  été  demandé  par  une  Société  savante  d'Allemagne, 
préfère  le  donner  à  une  Société  corrézienne,  et  il  a  droit 
à  DOS  remerciements. 

L'ordre  du  jour  étant  terminé,  H.  le  Président  entre- 
tient l'assistance  de  fouilles  faites  tout  récemment  dans 
l'église  d'Obazine,  sous  le  tombeau  de  saint  Etienne,  en 
présence  de  Ugr  l'évéque  et  de  bon  nombre  de  per- 
sonnes. M.  le  Président  a  été  témoin  des  fouilles;  elles 
ont  tait  découvrir  un  coffre  en  plomb  contenant  des  osse- 
ments, reliques  du  fondateur  de  la  vieille  abbaye. 

La  description  du  tombeau,  une  des  œuvres  remar- 
quables du  ziu*  siècle,  trouvera  sans  trop  tarder  sa  place 
dans  notre  Bulletin. 

Après  cette  communicatioD,  la  séance  est  levée. 

Le  Seerétaire^Giniral, 

Pu.  Lalandb. 
Le  Pritident, 

E.  RcpiN. 


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TABLE  GÉNÉRALE  DES  MATIÈRES 


Pign 

Alp&is<Uiie  nouvelle  forme  du  nom  à.') 11! 

Boyol  (Livre  de  raison  de  Jeanne) 589 

Brive  (Effroyable  déluge  arrivé  en  IGM  &) 131 

Brunie  (Livre  de  raison  de  La) 591 

Bulle  du  pape  Siite  IV  pour  Jean  de  Maraau 38 

Cantal  (Coffres  émùlléa  du] 521 

Chartrier-Ferriëre  (Tiers  de  sol  d'or  troQTé  à) 43 

Combora  (Accord,  en  1256,  entre  le  vicomte  de) M7 

Gosnac  (Vie  de  Daniel  de) *13 

Cousages  (Pièces  concernant) 391 

Curemonte  (Pièces  relatives  &] 338 

Déluge  et  inondation  à  Brive  en  1634 131 

DoïBc  (Claude  de),  abbé  de  Valette 35 

Baui  minérales  des  Saulières 775 

Ëmaillerie  limousine 25,  47,  409,  521 

Ëmaillerie  limousine  conservée  &  l'étranger 47 

Eulger  (Cénotaphe  d") 78 

Fronde  (Notes  pour  l'histoire  de  la)  en  Bas<LimoasiD 399 

Gimel  (Pièce  datée  de  1267  concernant) 350 

Hommage,  en  1236,  de  Raymond,  vicomte  de  Turenne 930 

Hommage,  en  141&,  par  Renaud  de  Lissac 391 

Lamy  de  Lach&pelle  (Livre  de  raison  de) 578 

Lemaistre  Bastide  (Livre  de  raison  de) 661 

Limoges  (Émaux  de) 25,  47,  409,  521 

Limoges  (Livres  de  raison  des  familles  de) 135,  543 

Lissac  (Hommage,  en  1415,  par  Renaud  de) 391 

Livres  de  raison  limousins  et  marchois 135,  543 

Maie  mort  (Lettre,  en  1251,  d'Aimeric  de) 340  , 

Marche  (Livres  de  raison  du  Limousin  et  de  la) 135,  543 

Marsau  (Jean)  abbé  de  Valette 36 

Maiaiot  (Livre  de  raison  de) 239 

Maurat  (Livre  de  raison  de  la  famille) 555 

Monnaies  gauloises  (Claasiflcation  des) 479 

Monnaies  gauloises  trouvées  dans  la  Corrèze 43,  62S 

Numismatique 43,  479,  629,  673 

Obsèques  de  Daniel  de  Gosnac 463 

Peconn et  (Livre  de  raison  de) 543 

Pèlerinages  ft  Roc- Amadour 114 

Pensées  de  Joseph  Roux 409 

Pleaux  (Châflfle  émaillée  à} 541 


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—  792  — 

PoDtdu  ^bfrt  (DT(ùts,(lBpi«tig4^t  I^)( 755 

Procèe-sâriwuLdesïéaoM* 777 

Proverbes  bâs-limousing 495,  715 

Raymond  III,  vicomte  de  Turenne  (Acte  de  12(4} 325 

{(fÔinond  IV,  vicomte  de  Tu  renne  gommage  de  1236) 330 

H»#iiipnd  VIj.TiçQnte  de  Tiueiiita.{EiBpiaat,  an.lîfif.  pK) 332 

Bmnnond  VI,  viçomtç  dç  Tureape  ({li^t^aawt)  ou  USl.  pu;).-  348 

Raymond  VI,  Tiççmtç  dç  Tufenp?  (Accord,  en  USfii, 343 

Raymond  VI,  viçomt«  de  Tuçegna.  (AfiflWWMPt,  en  1363)4 349. 

Raymond  Pierre,  âmatllaur 35 

BftF-Amadour  (PèleriaageB  &], U4 

¥«er  (TeaUment,  ta,ii^,^^xsmfuiit • S» 

B(Njuefeui1  (Accord,  qn  W6^  «Qlta  DiwlpM  4^ M% 

Ri^dei  (LettreVén  1251,  d'Élie  de), 3iO- 

Buines  rom&inea  à  Tintignaç 63X 

Staillant  (Drotta  de  péage  sur  Iç  ppF^t  <l^)t ^^ 

^Rjina  (Coffre  émaitiâ  du], SU 

S«uliac  (Monnaie  trouvée  à) S» 

8>af  liârea  (Eaux  minâralea  des), 7i5i 

'^eUlaïKpçnVdç^R&ymoad  Rog:eT,  TÎç4iot<d«T.uïenD«i 3W 

TçBtàment  d'Antoinette  dB^l^im^çae 39A 

'Eintignaç  (Ruines  romaines  à) 37S 

XujLle  (Proçès-v^irliaL,  ea  l.&W,  d^.  maireA  de) tti 

Tufeone  (Documenta  relatifs.  ^  1»  Ibj^OD  de) 3W 

Xufeime  (Lettre,  w  1^1,  d'Hâlia  d«> a4L 

Valette  (Les  malheurs  d'uji,  aljbé  de)i 3b 

Vaimier  (Louia),' abbé  de  Valel^, 35 

V«|Otadour  (Sentence  arbitraire,  ejLt^O,  dâ-3eKaud  de}„ 33ft 

Vigeaû(Çp!ffr#émaillâ'du|. 532 

Vige.i;ii&  (Ûonnaie  trouvée.^ && 


TABJrÇ  OÇS,  GRftyUBES 


1  Plat  émaillô  de  Pierre  Reymond 2& 

'   2  Aiguière  de  Pierre  Raymond 31 

3  à  4  Tiers  de  sol  d'or  trouvé  k  Gbartriera.  par  M.  E.  Rdpih..  44 

5  Flacon  émaillé  du  Huaée  de  Berlin,  par  M-  E.  Rupim. 53 

6  Sncenaoir  émaillé  du  Uusée  germanique,  par  Meissbbacb..  57' 
7,  Ciboire  dn  Musée  germanique,  par  Meisehbach 5S 

8  Coffret  du  Musée  germanique,  par  Falkeieeh 59 

9  Panneau  de  ch&sse  au  Vatican 71 


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-  793  — 

10  Panneau  de  ch&sse  à  Cluny 74 

11  à  14  GénoUphe  d'Eulger,  par  H.  de  Liras 79,  80,  S3,    84 

15  Tête  d'Eulger,  par  M.  da  Limas 88 

16  FaC'Simile  de  la  charte  de  Uaymond  VI 333 

17  à  18  Sceau  de  Raymond  VI,  vicomte  de  Turenoa,  par  M.  E. 

Rupin 337 

19  A  20  Sceau  de  Raymond  VII,  vicomte  de  Turenne,  par  M.  E. 

Rupin 34S 

3t  Portrait  de  Daniel  de  Gosnac 413 

3!  Garts  relative  A  la  classîQcation  des  monnaies  gauloises,  par 

M.  Maxb-Wbrly 480 

23  à  24  GoSre  émaillé  de  Salins,  par  H.  l'abbd  Chauh SW 

25  &  2B  Goffre  émaillé  du  Vigean,  par  M.  l'abbé  Chabad.  ..  532,  639 
29  6  31  Plan  des  ruines  de  Tintignac,  pai  H.  E.  Bobib,  d'E^irès 

iea  dasslDa  de  HM.  Guillot  et  Fbkuéiizs...  653,  698,  699 
32  &  33  Monnaie  trouvée  à  Tintignac,  dessinée  par  H.  Sonui..  617 
34  &  36  Tdtea   trouvées   A  Tintignac,  desaintfsB   par  H.  B. 

BOBIE 681,' 685,  668 

37  &39  Vases  trouves  A  Tintignac  par  H.  E.  Rufih «91,  692 

40  Nom  de  potier  trouvé  A  Tintignac 695 

41  Le  pont  du  Saillant,  par  H.  E.  Rupin 756 


tABLE  IviÉTHODtQUE 

SCIENCES 
Les  eaux  minérales  des  Saulières,  par  H.  Pb.  Lalamde 775 

BtSTOIKB 

Les  malbfiurs  d'un  abbé  de  Valette,  par  U.  A.  VIyshiêbb 35 

L'effroyable  déluge  et  inondation  arrivé  k  Brive  en  1634,  pièce 

communiquée  par  M.  Pb.  de  Bobredon 131 

Livres  de  raison  limousins  et  marchois,  publiés  par  MH.  Gui- 

BBBT.  Leboui  et  l'abbé  Lecleb 135,  543 

Documents  relatifs  A  rbistoire  de  la  Maison  de  Tarenne,  par 

M.  A.  VAYB0TÈRB 309 

Articles  bibliographiques  :  Les  Pensée»  de  l's^bé  Josepb  Roux, 

par  M.  L.  Decbos.  —  Le  DicHonnairt  des  Émailteura  de 

E.  Holinibh,  par  Mgr  Baiibikb  de  Mohtault. 409 


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—  794  — 

Notice  sur  la  vie  de  Daniel  de  Cosnac,  par  H.  le  comte  de 
COBNAC 413 

Proverbes  bas -limousins,  recueillis  par  M.  Jean-Baptiste  Cham- 
PBVAL : 405,  715 

Droits  de  péage  et  de  pontonage  sur  le  pont  du  Saillant,  par 
H.  Louis  Gbbil 755 


ARCHÉOLOGIB 

Pierre  Reyinoad,  dmaïUenr  i  Limoges,  par  H.  E.  RtPni 25 

Note  snr  on  tiers  de  sol  d'or  trouvé  &  Chartriers,  par  M.  Léon 

Lacroix 43 

Œuvres  de  Limoges  conservées  à  l'étranger,  et  documents  re- 
latif k  l'émaillerie  limousine,  par  M.  Gh.  de  Linas 47 

De  la  classification  des  monnaies  gauloises,  par  M.  Maie-Werly.  480 
Les  coffres  émaillés  du  Gantai,  par  Mgr  BABBtBK  de  Hontault,  5!1 

Honoaie  trouvée  à  Vigeois,  par  M.  Ph.  Lalandg 628 

Honnùe  trouvée  à  Sauliac,  par  H.  l'abbé  Pad 628 

Ruines  romaines  à  Ttntignac,  par  H.  Pb.  Lalahdb 633 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 

FAR  NOMS   d'auteurs 


BosREDON  (Philippe  de).  L'effroyable  déluge  arrivé  à  Brive  en 
1634,  131. 

Champeval  (Jean-Baptiste).  Proverbes  bas- limousins,  495,  715. 

Goshac  (Gabriel-Jules  de].  Notice  sur  la  vie  de  Daniel  de  Cosnac, 
suivie  d'une  relation  inédite  des  obsèques  de  ce  prélat,  413. 

Decrob  [Léopold).  Les  Pensée»  de  Josepb  Roux,  403. 

Gbbil  (Louis).  Droits  de  péage  et  de  pontonage  établis  sur  le  pont 
du  Saillant, 

GuiBBST  (Louis).  Livres  de  raison,  registres  de  famille  et  joarnaui 
individuels  limousins  et  marchois,  134. 

Lacbou  (Léon).  Note  sur  un  tiers  de  sol  d'or  trouvé  dans  la  com- 
mune de  Chartriers -Perrière  (Gorrèze).  43. 

Lalande  (Philibert).  Monnaie  trouvée  à  Sai  nt- Bon  net-l'En  fan  lier, 
628.  —  Ruines  romaines  à  Tintignac,  631.  —  Eaui  minérales  des 
Saulières,  775.  —  Pocès-verbaux  des  séances,  777. 

Lbcler  (Abbé).  Livres  de  raison  limousins  et  marchois,  134. 


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