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BULLETIN
soom soEimmiuB, historique
LA CORRBZE
& Il
-e-
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BULLETIN
SOCItTt SCIEITiriQDE, eiSTORlSDE
ARCHÉOLOGIQUE
LA CORRÈZE
SIÈGE A BRIVE
TOME SEPTIÈME
BRIVE
MARCEL ROCHE, IMPRIMEUR DR LA SOCIÉTÉ
1885
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LISTE
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
BUREAU
Président d'honneur :
M. le comte Robbrt dk LA8TEYRIE, * I P |», ;i Paris.
Président :
M. Ernest RUPIN, à Brive.
Vice- Présidents :
M. l'abbé LOUBIGNAC. à Brive.
M. Gaston de LÉPINAY, à Moriolle, près Brive. .
Secrétaire-Général :
M. Philibert LALANDE, A O, à Brive.
Trésorier :
M. Emile GUIMBBLLOT, à Brive.
Bibliothécaire :
M. Alfred MAS, à Brive.
Membres du liureau :
M. Élie MASSÉNAT, a %|, à Maloraoï-t. pi-ès Brive.
M. LOÏI3 BONNAY, à Brive.
M. Paul BRUKL, à Brive.
M. EuoiNE BORIE, «, ii Biive.
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MEMBRES FONDATEURS ET TITULAIRES
MM.
I . AiiTKNSEc (d') Verneuil (de| (Paul), receveur de l'eii-
n'gislronieiit, à Brive.
'2 . AssELiNiiiLu (Charles), notaire, à Brive.
3. AiiiEHT (Louis), A %f, ancien professeur, à Sainle-
Foréole iCorri-ze).
i. AivARi) (Julesi, propriétaire, à Puy-la-Vaysse, can-
ton d Ayen.
'>. Baiibès (Raymond), négociant, Grand'Place, à Brive.
IL liAKiiiEii de MoNTACLT iMgr), prélat de la maison de
Sa ^ainitité, J7, me Saint-Denis, à Poitiers.
". ItAiinoN ^HeIlril, architecte, à Tulle,
H. Haiidon iTélèpheV avocat, au Saillant, par AUassac.
9. Baiithélemv (Anatole de), ift, secrétaire de l'ancien
Gomilé des travaux historiques et scientifiques
isectioii d'histoire, (l'archéolo,,'ie et de philologie),
9, rue d'Anjou -Saint- Honoré, à Paria.
H). Baudot (de), #, architecte, 153, rue de Hennés, à
Paria.
1 1 . Bealdet (Frauçjisi, avenue des Casernes, à Brive.
|-2. Bel (['abhéj, professeur au Collège d'IIasel (Corrèze).
13. Bicos Ile comte de), 16, avenue Kléber, à Paris,
l 'i. BÉitoME, juge de paix, à Brive.
IT). Beutuanu (Kugéue), maison Ciknteloubc, à Roanne
(Loire) .
iO. Bessou (l'abbé), cliauoiiie honoraire, supérieur du
Collège d'Ussel [Corrèzel.
17. Beïmé (Jean-Baptiste), photographe, à Brive.
18. BiixoT (le général), GO*, sénateur de la Corrèie,
28, avenue du Trocadéro, à Paris.
lî). Blanc (Antoine), juge de paix, à Ayen.
20. Blanc-Chah BON, négociant, à Brive, place Latreille.
51. Blanc (Jean), juge de paix, à Mansac, canton de
Larche.
-*î. BussoN, A Ui maire de Larche.
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23. BL0SSON (Feraaad), docteur en droit, procureur de
la République, à Ghambou (Greuae).
24. BoiiBAL (Eusèbe), A tf , à ArgenUt (Gon-èze).
25. BoNNAr (Louis), arcbitecte, à Brive.
26. BONNBFOM [Frédéric], chef de section du chciiiiu de
fer, à Treignac (Gorrèze).
27; BoNMEVAL, maire, à Bilhac, par Beaulieu (Corràze).
28. BoRiB (Eugène), #, commandant au 92"* réyiment
de l'armée territoriale, à Brive.
29. Boris (Léopold), ^, procureur de la République, à
Orléans.
30. BosRBDON (Alexandi-e de), if, sénateur de la Dor-
dogne, au château de la Fauconnie, par Terraason.
31. BoBRBDON (Jean-Baptiste), rue de l'Hôlel-de-Ville, à
Brive.
32. BosBBDON (Philippe de), C^, ancien conseiller d'Étit,
4, me du Général-Foy, à Paris.
33. BosRBDON (René), négociant, rue des Échevins, à
Brive.
34. BosHBDON (Zacharie), pharmacien, à Brive.
35. BouRNBix {l'abbé), curé de Nonards, par Beaulieu.
36. Bouygues (Georges), #, à Bétaille, canton de Vayrac
(Lot).
37. Breton (l'abbé), chanoine bononiire, supériour du
Petit-Séminaire, à Brive.
38. Bubgil (Élie), vétérinaire, à Brive.
39. Brbuil (Victor), liquoriste, à Brive.
40. Bhoquin (l'abbé), archipvéli-e, curé de Brive.
41. Brouilhet (Louis), receveur des finances, à Céret
(Pyrénées-Orientales).
42. Bruel (Paul), directeur de la Société Générale, bou-
levard du Salan, à Brive.
43. BauoEiLLBS (Louis), couseitler général, noiaire, à
Tulle.
44. BRuaÈRB (Ernest), ancien notaire, entrepreneur de la
Manufacture d'armes, à Tulle.
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43. Brlnkt (Joseph), O #, I P M, sénateur de la Gor-
i-èze, 41, rue de Vaugirard, à Paris.
46. Cabanis (Paul), banquier, à Objat.
47. C*RS (le duc des), 95, rue de l'Université, à Paris.
48. Cartailuac (Ûmile), I P O, directeur des Matériaux
povr l'Histoire de l'Homme, 5, rue de la Chaîne, à
Toulouse.
49. Cehclb de ri/nion, à Brive.
50. Chabrerie (Louis), A Q, Principal du Collège de
Treignac (Gorrèie).
51 . CiiAiiAiLLARD (Auguste de), propriétaire, à Brive.
53. Cmambourdox, I P O, Principal du Collège de Brive.
ri:(. Chaup (Arthur du), ancien magistrat, au château du
Verdier, par Sle-Fortunade (Corrèie). et à Moissac
(Tarn-ct-Garonne) .
.'li. Champeval (Jean-Baptiste), avocat, à Figeac.
55. Ciiantalat-Delavrier (Théodore), k la Bouvie, près
de Brive.
5ti. Chairsat, docteur-médecin, à Lavaveix-les-Mines
(Creuse).
57. Chai vKHON [Audoin de), juge au Tribunal de I" ins-
tance, à NeufchAtel (Seine-Inférieure).
58. CuArviMAT, #, A y, avocat, k Brive.
.59. Ckbynier, contrôleur des Télégraphes, à Tulle.
60, GHiRotx, vérificateur des poids et mesures, à Ussel
(Corrèze),
til. Chouneils de Saint-Oerhain (Louis), directeur des
Domaines, à La Rochelle.
C3. CiiOL'MEiLs de Saint-Gbrmain (Paul), greflîer du Tri-
liun;il de 1" instance, à Brive.
6;t. Clédat {G.i8lon de), avenue Charles-Rivet, à Brive.
64. Clochard, ébéniste, à Brive.
1)5. CoRBiER (Luc de), sous-inspecteur des Domaines, à
Saînt'Amand (Cher).
66. CosN-Ac (le comte Jules de), ^, membre du conseil
(le l'Hisloii-e de France, au ch4(«au du Pin, par
8 ilon-la-Tour (Corrèze). «137, me Vaneau, à Paris.
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— 9 —
67. Cornac (l'abbé Médéric de), vicaire à Saint-Loui»-
de»-PraDçaia, chauoine honoi-aire de Mohilcw, k
Moscou (Russie).
68. Ck>SNAC (le baron Paul de), au château de Fryac, imr
Meyssac.
69. Costa (le baroD Gaston de), à Beauliou.
70. CouDBRT, propriétaire, à Objat.
71. CouLiÉ, notaire et maire, au Soulier-de-Chasteaus.
par Larcbe.
72. Crodchbt (l'abbé), curé de Malemort, près Brive.
73. David, pliarmacieD, à Objat.
74. Datoust (Emile), attaché à la Direction du Mueée
historique, à Saint- Vincent-Orléans.
75. Dbcoux-Lagoutte (Edouard), ancien magistrat, 10,
rue d'Angoulôme, à Périgueui.
76. Delierre (Auguste), artiste peintre, 204, boulevard
Saint-Germain, à Paris.
77. Delisle, 0 ^, directeur de la Bibliothèqtie natio-
nale, rue Richelieu, à Paris.
78. Deloche (Maximin), C !){!, I P t(|, membre de l'Ins-
titut, 60, avenue de Gravelie, à St-Maurice (Seine).
79. Dblpbuch (l'abbé), aumônier au Collège de Brive.
80. Delpt (Pierre), négociant, à Brive.
81. Dbltbrme fils, étudiant, à Brive.
82. Denoix (iilie), menuisier, à Brive.
83. Denoix (Paul), propriétaire, à Larche.
34. Deschamps (Philippe), propriétaire, avenue Cbarlfs-
Rivet, il Brive.
8."}. Dësnoybrs (l'abbé), viciire-général à Orléans, pi-éai-
dent de la Société archéologique et historique de
l'Orléanais.
86. Dbvillbgourbix, propriétaire à Pomiers, près de Lar-
che (Corrèze).
87. DoussAUD (Alfred), avocat, membre du Conseil géné-
ral de la Corrèze, 54, rue Richer, à Paris.
88. DocssAUD (Emile), notaire, à Lubersac.
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— 10 —
89. Dubousquet-Labordesib , docteur-médecia , 39, rue
de Paris, à Saint-Ouen {Seioe).
90. DucouRTiEDZ, libraire-éditeur, rue des Arènes, à
Limoges.
91. DujARDiN (Léon), à Juillac (Corrëze).
92. Dumas (André), avocat, à Brive.
93. Dkmas (Edouard), architecte, à Brive.
94. DuNAiGRB (Louis), notaire, à Objat.
95. Ddnaigrb (Yves), A iS|, Préfet d'Orau (Algérie).
96. DupDY (Joseph), négociant, boulevard des Sœurs, à
Brive.
97. Durand, ingénieur, à Larre, par la Bachellerie (Dor-
dogne).
98. DussOL (Félix), avocat, à Brive.
99. DuTHBiLLET de Lahothb, à Caramija, par Lubersac.
100. Evssahtibr, pharmacien, à Uzerche.
101. Faoe (René), avocat, 25, boulevard Gambetta, à
Limoges.
102. Faucher de Corn (Eugèue), propriétaire, à Lalé,
commune de Tudeils (Gorrèze).
103. Fauqueux (Charles), #, ancien sous-préfet, à la Côte,
par Vigeois, ou à Saint-Germain-en-Laye (Seine-
et-Oise).
104. Ferhièrb (Gilbert), à Chamboulive (Corrèze).
105. Fontenilles (Paul de), A U. inspecteur général de
la Société française d'archéologie, 16, boulevard
Nord, à Cahors.
106. Fraysse (Antoine), avoué, à Brive.
107. Froidefond (de), if, trésorier-payeur générai, à Li-
moges.
108. Gaston (Frédéric), ingénieur, directeur de la Com-
pagnie des Ardoisières, à Brive.
109. Gay (Hippolyte), professeur au Collège de Btidah
(Algérie) .
110. Gay (Victor). 17, quai Voltaire, à Paris.
111. GÉNis (HenrideBEAUPUYde), à Brive.
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— 11 —
112. GiLBBHT (Anloine), expert-géomètre, à Auliac. par
Saignes (Gaolal).
113. Girard (Aimé), directeur des usines de la Cascade,
prés Bort.
114. GiRODOLLB, docteur-médecin, à Objat (Gorrèze).
115. GoNDiNET (François), I P y. Principal honoraire du
Collège de Brive.
116. GoBSSE, avocat, à Tulle.
117. GouYON (Jean), à Brive,
118. GouTON (Marcel), membre du Conseil général, à
Juillac.
119. Grandjacquot (Paul), lieutenant détaché au recrute-
ment, au Havre (Seine-Inférieure).
120. Greil (Louis), boulevard Sud, à Cahors (Lot).
121 . Gritty (Charles), 8, boulevard Saint-Marcel, à Paris.
122. Ghossouvbe (de), ingénieur, à Bourges.
123. GuiLHAUME (Charles), commis principal des Contri-
butions indirectes, à Bort (Corrèze).
124. GuiLLOT, entrepreneur, à Brive.
125. GuiLLOT (Jean-Baptistej , propriétaire, à La Genesle,
commune de Naves, par Tulle.
126. GuiMBBLLOT (Emile), ancien receveur des Domaines,
à Brive,
127. Gyoux, docteur en médecine et en chirurgie, 143,
rue Fondaudège, à Bordeaux.
128. HERurrE (Louis de 1'). à Lampre, par Champaguac-
les-Mines (Gintal).
129. HuMi&BES (le comte d'), au château de la Majorie,
pur Beaulieu,
130. Imbbault (Jules), à Brive.
131 . JouLOT (Alfred), à Brive, rue Mialet, et à Crabanac,
canton de Féniers (Creuse).
132. JouvENEL (le baron Raoul de}, 0 #, ancien préfet,
au château de Castel-Novel, par Varetz (Corrèîc),
ou 17, rue de Berri, à Paris.
133. JmLLARD, banquier, à Brive.
134. JuoB (Abel), notaire, à Donzenac.
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— 12 —
135. Jdin-Deuonteil [Gaston), noiaire. à Dampniat, par
Obasiue (Corrèze).
136. Julien, professeur à la Faculté des sciences de
Clei-mont.
137. Labessb (comte de), à Chabrigaac, par JuîUac.
138. Labrot, voyageur de commerce, à Brive.
139. Labroussb (Michel), jX!< ^ O, docteur-médecin, dé-
puté de la Corrèze, membre du Conseil général,
à Brive.
140. Labbunie-Lapradb (André), à Souillac (Lot).
141. LACARRitnB (Henri), 13, place du Havre, à Paris.
142. Lacuapblle ^de), propriétaire, au Mazeau, par
Meyssac.
143. Ijachaud (Edouard), docteur-médecin, à Brive.
144. Lacoube (Oscar), A O. ancien archiviste de la Pré-
fecture, à Tulle.
145. Lacoste (Emile), avocat, conseiller municipal, à
Brive.
146. Lacroix, notaire, à Meyssac.
147. Lacroix (Léon), receveur des Domaines, à Agen
(Lot-et-Garonne) .
148. Lafargb (Aimé), notaire, & Lagrauliére, par Seilhac
(Corrèze).
149. Laffargue (Philippe), docteur-médecin, à Brive.
150. Laffont (Georges), docteur-médecin, à la Varenne-
Saint-Hilaire (Seine).
151 . Laffont (Marc), docteur-médecin, préparateur à la
Sorbonne, lauréat de la Faculté de médecine de
Paris, 245, me Saint-Honoré, k Paris.
152. Lafond de Saint-Mub (le baron), 0 #, I P (|, séna-
teur de la Corrèze. 69, rue Sainle-Aniie, à Paris.
153. Lafond de Saint-Mur (Léon). #, consen-nleur des
hypothèques, 114, rue NoUel, à Paris.
154. Lagank flis, pharmacien, à Brive.
155. IjAGane (l'abbé), curé de Bort (Con-èie).
1.56. Lajoinie, I P O, Principal du Collège do Chfilillon-
sur-Seine (Gôle-d'Or).
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— 13 —
157. Lalande [ François -LéOD), ie<"^veur municipal, à
Brive.
iM. LiUANDE (Norbert) aîné, négociaiiï, à Brive.
159. Lalandb (Philibert), A ||, receveur des Hospices,
à Brive.
160. Lalauze (Adol{ihe], aqua-fortjsie, 29, quai Boui-boU;
à Paris.
161. Lahbbrtbrie (Albéric de), directeur du Dépôt de
mendicité, 95, rue Terre-Nègre, à Bordeaux.
162. Lahorellb (Alexis-Philippe), ift, colonel du 14™ de
ligne, à Brive.
163. Laht de Lachapbllb (Edouard), botaniste, rue du
Saint-Esprit, à Limoges.
164. Langladk lEugène', négociant, 9, rue Berlin- Poirée,
à Paris.
165. Lapbtitie ;Marcet), pharmacien, à Meyssac.
166. Laroche (Hippolyte), sous-préfet de l'arrondissemeni
de Brive.
167. Laroche (Paul), imprimeur, 43, me d'Amiens, à
Arras.
168. Laportb (Antoine), agent-voyer, chef de compla-
bililé, à Tulle.
169. Lastbtrie (comte Robert de), #, I P (1, professeur
d'archéologie à l'École des Charles, membre du
Conseil général de la Corrèze, 13, rue des Saints-
P^res, à Paris,
170. Lasteyrie (dei. 13, lue des Saints-Pères, à Paris.
171. Latrade {de), percepteur, à Pantin (Seine).
172. Lal'rens (le Puylagardk (del, inspecteur des PosIl-s
en retraite, à Saint-Ghamans, près Ai^ntat.
173. Lavbix (Alfred), ronservalenr des hypothèque», à
Murât fCantal).
17i. Lavkix (Gaslon^ à Meyniac.
175. Lebos, iiéfjocianl, rue de Corrêze, à Bi-ive.
I7tj. LBcHKRBONMEn (Augusli' . (iqmié de la tjorn^ze, 14,
ruij de Bithylone. à Paris.
177. Le Clere (.loseph'. îi Biiu'.
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— u —
178. Lefèvrk (Joseph), coDseiller à la Cour d'Angers.
179. Leuas (Élie), I P O, iiispecleur d'Académie, à Toui-s.
180. Lépinav (Adolphe de), ^, ingéuieur, 6, passage Sao-
drié, à Paris.
18t. Lepinav (Gaston del, au château de Moriolle, par
Larche.
I8'2, Lbspinas (Edmond), avocat, ancien magistrat, rue
Saint-Pierre-ès-Liens, à Périgueux,
163. Lbtgonie, ingénieur, ancien conseiller municipal, à
Limoges.
184. Lbymarie, pharmacien, à Tulle.
185. Lhomond (Jacques), docteur-médecin, à Saint-Lô
(Manche).
186. Limoges (Bibliothèque de la ville de], (Haute- Vienne).
187. LiNAB (Charles de), #, I P ||, 3, rue Saint-Étienne,
à Arras.
188. LouBiGNAC (l'abbé), ancien supérieiu* du Petit-Sémi-
naire, à Brive.
189. LouRADOUR, propriétaire, à Villière, .près Obasine
(Corrèze}.
190. Mahusier, percepteur, b. Larche (Corrèze).
191. Maignb de Sarazac (Jacques de), à Villeneuve-sur-
Yonne.
192. Malliard (Fernand de), docteur eu droit, lauréat de
l'Institut, 1, rue Gudiu, à Paris-Auteuil.
193. Marbeau, g #, trésorier-général honoraire des inva-
lides de la Marine, 8, rue Montalivet, à Paris.
194. Marbeau (Eugène), 0 #, ancien conseiller d'État,
27, rue de Londres, à Paris.
19.5. Marche (l'abbé Adolphe), curé d'Ussac, près Brive.
196. Marhier (Gaston), conseiller général de la Dor-
dogne, 15, rue Paul-Louis Coumer, à Paris..
197. Marqubssac (comte Raoul de), C ^, contre^amiral,
commandant en chef de la division navale du
Levant.
198. Martignac (Louis), 43, rue Saiut-Augustiu, à Paris.
lyGoogle
— 15 —
199. Martine (François), #, ancîeD maire, Président du
Tribunal de commerce de Brive,
200. Mas (Alfred), boulevard des Sœurs, à Brive.
201. Massénat-Débochb (Octave), avocat à la Ck)ur de cas-
sation, 132, boulevard Saint-Germain, à Paris.
iOi. Mabsénat (Elle). A Q, manufacturier, maire de
Malemort (Corrèze).
'203. Massénat (Paul), notaire, à Brive.
204. Mathis, régisseur du Domaine national, à Pompa-
dour (Corrère).
205. Hatjdrou de Lagobssb (Eugène), maire de Tureane,
avocat, à Brive.
206. Matnard (barauMarcdeliàCopeyre, par Martel (Lot).
Maza (Henri), ^. avoué de 1" instance, 220, rue de
Rivoli, à Paris.
108. Mazelier (Georges), libraire, à Brive,
209. Mazbyrac, membre du Conseil général, à Beaulieu
(Corrèze).
10. Mblom de Pkadou, A Q, président de la Société des
lettres, sciences et arts de la Corrèze, à Tulle.
11. Méric de Bellefon (de), ancien magistrat, 110, rue
Lacapelle, à Montauban.
12. MiGNOT, industriel, à Annonay (Ardèche).
13. MiLLKvovË (Lucien), ancien substitut du procureur-
général, à Saint-Pardoux, p^r Donzenac.
1 4 . MoLiMBH (Emile) , attaché au Musée du Louvre, palais
du Louvre, et 21, quai Saint-Michel, à Paris.
|i>. MoNjAUZE, ancien notaire, faubourg Le Clere, à Brive.
216. MON-TAioNAC (marquis Raymond de), G 0 >ït, contre-
amiral, sénateur, ancien ministre de la marine,
52, rue de Grenelle, à Paris.
217. MoBEAii (Fi-édéric) pèi-e, à La Fère-en-Tardenois
(Aisne).
218. MoitELLY, docteur-médecin, à Argentat (Corrèze).
219. MoBTiLLET (Gabriel de), *, professeur à l'École d'an-
thropologie, attaché au Musée des antiquités natio-
lyGoogle
— 16 —
nales et maire de Saint-tiermain-CQ-Laye (Seine-
et-Oise).
'2'20. MouRET (Georges), ingénieur des ponte et chaussées,
à Périgueux.
"Hi. Nauche (Auguste), avoué, 24, rue UoBt-Thabor, à
Paris.
2-22. Naiiche de Leymahib (Alfred), propriétaire, à Brive.
223. NiNAUD (Victor), négociant, à Saint-Quentin (Aisne).
224. NoAiLLEs (le comle de), au château de Biuet, par
Buzet (Lot-et-Garonne).
225. NouviON (Baptiste), 0 'ff, ancien préfet, rue de
l'Hôtel-de- Ville, à Brive.
'226. Paillbh (l'abhé), chanoine honoraire, curé de Beau-
lieu (Corrèze).
227. Parjadis de Larivièrb, attaché au ministère des Fi-
nances, 21, rue de Bréa, à Paria,
228. Pau {l'abbé Jules), aumônier des Fabriques de la
Cascade, à Bort (Corrèze).
229. Pauzat (Henri), naturaliste, 180, rue de Rome, à
Marseille.
230. P^rigobd-Chauhondé, bijoutier, place de l'Hôtel-de-
Ville, à Biive.
231 ■ PfiRONNB (Pi-osper), avocat à la Cour d'appel, 32, rue
des Matburins, à Paris.
232. Pbrbeau, conducteur des ponts et chaussées, 64, rue
Ghaudrier, à La Rochelle.
233. Perhieb (Edmond), ^, professeur-administrateur au
Muséum, 19, iiic des Saints-Pères, à l'aris.
234. PiNAUD (François), négociant, à Brive.
23.5. pLAYOULT, pharmacien, rue des Sœurs, à Brive.
236. PoNAREL (Léon), docteur-médecin, à Brive.
237. PoNCHET, docteur-médecin, conseiller d'arrondisse-
ment et maire, à CoUonges, par Meyssae,
238. PouLBniÈBK (rabbé), inspecteur de la Société fran-
(■ai.se d'arehéologie, directeur du Petit-Séminaire
de Sei">'iéres (Corrèïe).
lyGoogle
— 17 —
"239, Pbiolkau (Léoiice), étudiant en médecine, à Objat
(Corrèze) .
240. RBBiàBE-LABOBDE (Alfred), chef de sectiuu, avenue
de la Gare, à Brive.
241. RiBiER (René de), membre du Conseil général du
Cantal, maire de Ghampagnac-les-Mines.
242. RicHAHD, propriétiiire, à Saint-Robert, canton d'Aveu
(Corrèze) .
243. Rivet (M™ El vire), née de Jugeals, jï Brive.
244. Rivet (Marcy), receveur des Piuances, à Castel-
Sarrazin (Tarn-et-Garonne).
245. RiviÂBE des Bobdebies (Gustave), uégociaut, à Brive.
246. RoBEBT (Charles), C *, membre de riuslilut, 25,
boulevard de La Tour-Maubourg, ;i Paris.
247. Roche (Emile), docteur en droit, avoué, 6, boulevard
Beaumarchais, à Paria.
248. Roche (Marcelin), négociant, maire de Brive.
249. Roche (Marcel), imprimeur, conseiller municipal, à
Brive.
250. Roffignac (le comte Octave de\ au château de Sou-
rie, par Objat (Corrèze).
251 . RoGBuOND, architecte, à Brive.
252. Roque (Gustave), banquier, à Brive.
253. Roque, docteur-médecin, à Juillac.
254. Rouchaud-Nbmokbs, percepteur, à Brive,
255. RouDAUD (René), avoué, à Saint-Yrieix (Htc- Vienne).
256. Roujou (Anatole}, profeaseur de sciences, à Chania-
lières, près Glermont-Ferrand,
257. RouasABiE (Paul), à Tulle.
258. Rupin (Ernest), à Biive.
259. Saint-Bonket, avocat, à Sexcles (Corrèze).
260. Sal (de), avocat, membre du Conseil général de la
Corrèze, 147, boulevard Saint-Germain, à Paris,
261. Salvandt (le comte Paul de), A if. ancien député,
18, iTie Cassette, à Paris.
262. Seguin (Ferdinand), propriétaire, au château d'Aven
(Corrèze).
lyGoogle
_ 18 —
263. Seingeot (Eugène), capitaine adjudant-major au 14"
de ligne, à Brive.
364. Selve de Sahran (de), #, ancien receveur des Fi-
nances, à La Gaone, près Ussel (Corrèze).
265. Simon (Clément), #, ancien procureur-général, avo- '
cat, 7, rue Rouget-de-l'lBle, à Paris.
266. Siou (Charles), manufacturier, à Laumeuil, par Lar-
clie (Gorrèîe).
267. 81RET (Jean), à Arcachon (Gironde).
268. Sol-Lalande (Ernest), notaire, au Pescher, par
Beynat.
269. SouLEiNQBAS [Joseph), sergent d'infanterie de marine,
à Nouméa (Nouvelle-Calédonie).
270. SouLiÉ, conducteur des ponts et chaussées, à Ar-
gentat (Gorrère).
271. SouLLiBR {l'abbé Martial), secrétaire-général de l'évê-
ché et chanoine de la cathédrale, à Tulle.
272. Talauon, 64, rue Richelieu, à Paris.
-273. Tandbau de Marsac (l'ahbé), chanoine honoraire, rue
Porte-Tourny, à Limoges.
274 . Tandbau de Marsac, notaire, 2o, place Dauphine, à
Paris.
275. Thalamv, maître d'hôtel, conseiller municipal, à
Brive.
276. Tbyssieh, notaire, à Pérols, par Bugeat (Corrèie).
277. Tkyssiku (Léopold de), notaire, à Beaulieu.
278. Theuil, ancien notaire, à Ussel (Corrèze).
279. TunEN.NE d'AYNAC (le marquis de), #, 26, rue de
Bevri, à Paris.
280. Vachal (Joseph), député de la Corrère, à Argental,
et 13, rue Michelet, à Paris.
281 . Valat (Julien), à Souillac (I.K)t).
282. Valéry, libraire, rue Toulzac, à Brive.
283. Valette, ex-notaire, à Chamboulive (Corrèze).
28i . Valon (Ludovic de), sous-chef de section, à Brive.
285. Vayssièrb, ai'chiviete de la Con-èze, à Tulle.
lyGoogle
— 19 —
286. Vendryâs (Albert), attaché au miDistère de l'Instruc-
tion publique et des Beaux-Arts, à Paris.
287. Vbrlhac (Pierre), imprimeur, à Brive.
288. Verlhac, docteur-médecin, à Brive.
289. Vkrninac (Ghariefl de), sénateur du Lot, au château
de Croze, par les Quatre-Routes (Lot).
290. ViCANT (Ernest), propriétaire, à Enval, près Brive.
291. VicNBS, chef de section du chemin de fer de l'État,
à Brive.
MEMBRES CORRESPONDANTS
Instituteurs.
292. BuGE (Léon), horticulteur et professeur à l'École
normale, à Tulle.
293. Chahhard, instituteur, â Mansac, par Larclie (Cor-
rèze).
294. Ghauluev, aucien instituteur, à Saiut-Hilaire-le-
Peyroux (Con-èze).
295. Colas (l'ahbé Joseph), professeur au Petit-Séminaire,
à Sarlat.
296. Dblmond, instituteur, à Beauiieu.
297. DupuY (Pierre), instituteur, à Juillac.
298. FsHBiBR, A O, instituteur, à Brive.
299. PouRMAL, instituteur, à Chamberet.
300. Gabriel (le Frère), directeur de l'École chrétienne, à
Brive.
301 . Georges (le Frère), directeur de l'École chrétienne, à
Ussel.
302. Hblvbrt (le Fi-ère), sous-directeur de l'École chré-
tienne, à Limoges.
303. Uospicius [le Frère), directeur de l'École chrétienne,
à Tulle.
304. Laganb, instituteur, à Saint-Solve, par Vif^nols.
305. Laviaixe (Ernest), iustituleur, à Monzanes, par Trci-
gnac (Corrëie).
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306. NoBL [le Frère), dii-ecleur du pensionaat St-Josepb,
à Meyssac.
307. PociLLANGE, iustituteur, à Pompadour.
308. SouLiÉ, professeur à l'École communale de dessiQ,
à Tulle.
309. TouRNADOun, instituteur, à Malemort (Corrèze).
SOCIETES CORRESPONDANTES
Échange de Bulletins.
1 . Société nationale des Antiquaires de France, à Paris.
i. Société française d'archéologie [BuUelin Monumental),
directeur : M. Ijéon Palustre, 61, rampe de la Tran-
chée, à Tours.
3. Société nationale d'agriculture de France, 18, rue de
lîellechasse, à Paris.
4. Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres, à
Toulouse.
5. Société d'histoire naturelle, 28, rue Saint-Rome, à
Toulouse.
6. Société des Antiquiiires de l'Ouest, à Poitiers.
7. Société archéologique et historique du Limousin, à
Limoges.
8. Société des lettres, sciences et arts de la Gorrèze, à
Tulle.
9. Société historique et archéologique du Périgoi'd, à
Périgueux.
10. Société des sciences naturelles et archéologiques de
la Creuse, à Guéi-et.
11. Société de Borda, à Da.\ |Landes}.
13, Société archéologique du Tam-et-Garonne , à Mou-
tauban.
13. Société archéologique d'Eure-et-Loir, à Chartres.
14. Société dunoise, à Cliiiteaudun.
15. Société archéologique de Bordeaux, 67. rue de la
Rousselle.
lyGoogle
— 21 —
16. Académie d'Hippône. à Bone (Algérie).
17. Société archéologique du Kef (Tunisie).
18. Société botanique et horticole de Pi-ovencc, place
Saint-Michel, 12, à Marseille.
19. Société des lettres, sciences et arts, à Nice.
20. Société des études Uttéraires, scientifiques et artis-
tiques du département du Lot, à Cahofs.
21 . Société d'agriculture, sciences et arts de Vcsoul (Ute-
SaÔne).
22. Société des Antiquaires de Picardie, k Amiens.
23. Société florimontane d'Annecy.
24. Société archéologique et historique de l'Orléanais, à
Orléans.
25. Société archéologigue de Nantes et de la Loii-c-Infé-
rieure, à Nantes.
26. Société archéologique du Maine, au Mans.
27. Société archéologique et historique de la Charente, à
Angoulême.
28. Société d'agriculture, sciences, arts et hellcs-Ieltrcs
de l'Eure, à Évreux.
29. Commission des Antiquités de la Gôte-d'Or, à Dijon.
30. Société des Antiquaires du Centi-c, à Bourges.
31. Académie des sciences, bclles-letti-es et arts de Cler-
mont.
32. Académie des scieuces, lettres et arts d'Arras.
33. Commission des Antii(uités départementales du Pas-
de-Calais, à Arras.
34. Société ai-chcologique d'AIaïs (Gard).
35. Société des sciences naturelles de la Charente-Infé-
rieure, à La Rochelle.
36. Société de géographie de l'Kst, 1 {bis), rue de la
Prairie, à Nancy.
37. Société littéraire, historique et archéologique de Lyon
(M. Vachez, bibliothécaire, 24, rue de la Charité, à
Lyon).
lyGoogle
REVUES (échanges).
38. Bulletin d'Histoire eeelésiasliqw et d'Archéologie religieuse
[M. l'abbé Ulysse Chevalier, directeur, à Romans}
(Drôme).
39. Bevve de Géographie [M. Delagrave, 15, rue Soufflot,
à Paris).
40. Matériaux pour l'Histoire de l'Homme (M. Cartailhac,
dii-ecteur, 5, rue de la Chaîne, à Toulouse).
41. Feuille des jeunes Naturalistes, par M. A. Dollfus, 55,
rue de Morny, à Paris.
42. Le Feu-Follet, à Tulle.
43. Annales du Musée Guimet (direcUon : boulevard du
Nord, à Lyon).
44. Journal d'Histoire naturelle de Bordeaux et du Sud-Ouest,
15, cours de riutendaDce, à Bordeaux.
lyGoogle
„Googlc
Plat DÉcoRt de si'jets tihés de la Genèse
peints en grisaille sur fond noir, par Picrrt Rcymond, de Limoges.
lyGoogle
PIERRE REYMOND
ÉMAILLEUR A LIMOGES
lERRE Reymond est, sans con-
tredit, un des émailleurs qui a
produit le plus grand nombre
d'œuvres, et dont la fécondité
n'a été égalée que par les Cour-
ar les Laudin.
Reymond est d'origine limousine :
irouve, ses peintures comme ses
bien que l'Allemagne veuille re-
r cet émailleur par le motif qu'il
uelquefois son nom de Reymond
60U8 la forme de Rexmon, dont on pourrait faire
Rexmann et même Reichsmann(i)? A ce compte,
(I) Fr. Kugler, Kunstgeschichte, p. 793 : ■ Pierre Rexmon, un
Allemand dont te nom doit s'écrire Rexmann. ■ — Cité par H. de
Laborde, Notice det Èmaitx dv Louvre, p. 102.
ibyGoogle
nous dit justement M. de Laborde, l'Italie, l'An-
gleterre ou toute autre nation pourraient nous
enlever nos enfants les plus légitimes, car ce qu'ils
savaient le moins, c'était d'écrire régulièrement
leurs noms ; ce qu'ils semblent avoir pris à tâche,
c'est de les défigurer. Pierre Reymond se contente
le plus souvent de signer ses émaux avec ses ini-
tiales P R-, tracées en noir, quelquefois en or et
accompagnées d'une date ; mais quand il veut
mettre son nom en toutes lettres, il écrit indif-
féremment Pierre Remmo , Rexmon , Rexmond ,
Raymo, Remon et Remond. Nous le voyons, le
peu de soin qu'il apportait à bien orthographier
sa signature doit nous donner la mesure de l'im-
portance que nous devons y attacher.
Pierre Reymond, fils de Jacques, naquit proba-
blement à Limoges dans les premières années du
xvi' siècle; il se maria, en 1530, avec Jeanne Mar-
tel, et occupait alors une maison dans la rue Basse-
Manigne, dont une façade donnait sur la rue des
Étables ; elle était attenante à celle de Jehan Court,
son concurrent(l). La date la plus ancienne qu'on
ait relevée sur ses émaux est 1534, la dernière
celle de 1584. En 1550 il perdit son père, aug-
menta sa fortune patrimoniale par son industrie
et reçut les honneurs consulaires en 1560 et en
1567. Il dut mourir en 1584 ou peu d'années
après.
Tels sont les seuls renseignements que l'on
(I) Uaubjcb Akdant. Émailleura et émaillerie de Limoge;
1855, p. t3î.
lyGoogle
possède sur cet émaiUeur, renseignements qu'on
trouve, en partie, dans le Livre des comptes de
la confrérie du saint sacrement, manuscrit
grand in-4° conservé à la Bibliothèque publique
de Limoges. Ce document nous fait encore con-
naître que Pierre Reymond était chargé d'enlu-
miner les livres de la confrérie et d'y peindre le
pourtraict des joyaux dont elle augmentait tous
Ira ans son trésor : on y voit, en effet, sur plu-
sieurs pages, de précieuses miniatures, véritables
petits chefs-d'œuvre qui, par des glacis brillants
et des rehauts d'or et d'argent, rappellent le ti-a-
vail de l'émailleur.
Pierre Reymond ^t le plus ancien comme le plus
habile représentant d'une famille qui a fourni plu-
sieurs émailleurs. Nous donnons, d'après M. Emile
MoUaier(l), le tableau généalogique de ces artistes :
JACQUE9
REYMOND.
I
PIERRE I-.
énuùll«nr,
t en 1S&4.
maria à
Jeanne Ifartet.
JEAN,
ém aille ur,
t avant 1603;
Françoise
Houret.
MARTIAL II,
âm^lleur,
t en 1630;
Houlinart.
i_
I
MARTIAL I-
émailteur,
i en tSSe.
I
I
I
JOSEPH
FRANÇOIS,
émailleur,
marié à
Catherine
Mouret.
I
GABRIEL,
JEAN, FRANÇOISE, JEANNE,
née en 1606. nëe en 1608.
orfëvre,
i en 1631.
(1) Dictionnaire de« Émûilleurt
l«ur, 1S8S.
- Paria, Rouam, 4di-
lyGoogle
— 28 —
La peinture de Pierre Raymond doit être classée
dans la catégorie des émaux peinte, désignés sous
le nom de grisaille. On sait que ce genre de
peinture consiste à recouvrir une plaque de cuivre
d'une couche épaisse d'émail noir ou de teinte
foncée, de la faire sécher et d'exécuter son dessin
sur ce fond avec une couche mince d'émail blanc
opaque, de façon à produire une grisaille dont on
obtenait les ombres soit en ménageant plus ou
moins l'émail noir, soit en le faisant reparaître
par le grattage avant la cuisson. On pouvait encore
i-evenir sur la grisaille avec des émaux colorés
translucides qui permettaient d'obtenir une grande
richesse d'effet, -comme aussi réveiller le tout par
quelques rehauts d'or appliqués sur les accessoires
ou sur les bordures des vêtements.
Nous avons fait connaître qu'aucun émailleur
n'avait produit autant d'œuvres que Pierre Rey-
mond; pour être plus exact, nous aurions peut-
être dû dire qu'aucun peintre n'avait signé une
quantité aussi considérable d'objets émailîés. En
effet, presque toutes les œuvres qui sortaient de
son atelier, bonnes ou mauvaises, étaient signées;
celles qu'il produisait lui-même, comme celles que
ses élèves copiaient, alors même que les originaux
étaient rendus d'une façon maladroite et grotesque,
presque toutes portaient également son nom. Aussi
comprendra-t-on facilement que les émaux signés
par ce peintre sont loin d'offrir tous le môme
intérêt et d'avoir la même valeur.
Les premiers émaux de Pierre Reymond pré-
sentent, dans le dessin et dans l'exécution, une
ly Google
dureté, une sécheresse peu agréables, et indi-
quent une prédilection pour les compositions alle-
mandes dans le goût des gravures d'Albert ûûrer.
On peut leur reprocher un abus de ces hachures
obtenues par l'enlevage qui leur donnent, comme
le remarque fort à propos M. de Laborde, un
air insipide de gravures sur bois transportées sur
l'émail; le ton général est froid.
Quelques années après, vers 1544, l'aspect de
ses émaux se colore; le dessin se perfectionne, il
est précis et accentué ; la composition devient plus
savante, elle s'inspire d'abord des œuvres de Luca
de Leyde, puis de celles des maîtres italiens; vers
1550 les émaux de Pierre Reymond ont atteint
toute leur perfection.
Après cette période de tâtonnements couronnée
par le succès, arrive les défaillances que l'âge
amène avec lui. La main est moins sûre, la tou-
che n'est pas aussi délicate; les figures s'allongent,
deviennent maniérées, moins gracieuses; l'ombre
des carnations se recouvre d'une couleur bistre
rosée qui donne au tableau une dureté et un
aspect désagréables. Pierre Reymond ne songe plus
aux grands maîtres allemands, hollandais et ita-
liens de la bonne époque; il étudie des maîtres
secondaires du xvi* siècle et se borne à reproduire
les compositions de Virgilius Solis, d'Androuet du
Cerceau, d'Etienne de Laulne et de Théodore
de Bry.
Pierre Reymond est un artiste de talent auquel
sa prodigieuse fécondité a seule fait du tort. Le
mérite de ses œuvres se trouve dans le dessin et
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dans l'ensemble de la composition plutôt que dans
le coloris; ses peintures laissent dominer un ton
gris qui n'offre aucun charme. Ses plaques sont
préparées en noir ou en bleu foncé qu'il fait appa-
raître par enlevage, suivant le procédé que nous
avons fait connaître; les costumes et les acces-
soires sont indiqués avec du bistre brun, et le
tout est quelquefois glacé d'émaui colorés translu-
cides que réveillent quelques rehauts d'or dans les
lumières. Le contre-émail est uni ou semé de fleu-
rettes d'or et présente indifféremment des couleurs
noires, brunes, rouges, d'un violet noir ou d'un
violet rougeâtre translucide, quelquefois même in-
colores. Pierre Reymond n'a peint que fort peu
d'émaux polychromes, et quand, au début de sa
carrière, il a essayé ce procédé, il n'est parvenu
qu'à faire des grisailles coloriées, des peintures
manquant d'harmonie dans lesquelles le paillon
et les rehauts d'or jouaient un rôle beaucoup trop
important. Son talent ne se bornait pas unique-
ment à la confection des plaques et des tableaux
peints représentant des sujets religieux, il décorait
des objets de table et de toilette aussi bien que des
objets de piété ; des chandeliers, des salières, des
coupes, des assiettes et ces mille objets qui s'éta-
laient sur les dressoirs des grands seigneurs.
La pièce dont nous donnons le dessin est une
des plus importantes œuvres de cet émailleur,
une de celles qui est le plus propre à caractériser
le talent de l'auteur et la puissance grave et tran-
quille des procédés de la grisaille. Elle se trouve
dans la précieuse collection de M. le baron Gus-
lyGoogle
tare de Rothschild et a déjà été reproduite dans
les journaux L'Art et L'Art or7iementat{i).
C'est une aiguière avec plateau rond déirorés de
sujets ijeints en grisaille sur fond noir.
L'aiguière se compose d'une panse ovoïde por-
tée sur un pied aplati par l'intennédiaire d'une
tige courte, et surmontée d'un col étroit qui s'évase
(I) Les dessins accompagnant cette notice sont la réduction des
gravures qui ont été insérées dans les numéros des 14 et 21 juin
1884 do VArl ornemental, publication qui se fait remarquer par la
modicité de son prix, la beauté de ses nombreuses gravures et la
rédaction du texte qui les accompagne. Elle parait toutes les
semaines, forme à la fia de l'année un volume d'enviroa 200 pages
lyGoogle
- 32 —
pour former deux lèvres d'inégalea longueurs.
L'anse qui s'implante sur l'épaulement de la panse
monte et s'arrondit au-dessus de l'orifice, où elle
s'insère.
La panse est divisée en deux zones par un
filet saillant. Un combat est représenté dans la
zone inférieure, un sujet mythologique dans la
zone supérieure.
Sur le pied, des amours ailés s'enroulent dans
les volutes de gracieuses arabesques, et sur le col
se dressent de grandes feuilles que surmontent
d'élégants rinceaux.
Le dessin du plateau rappelle l'école italienne;
il est largement modelé; ce sont des sujets tirés
de la Bible : la Création d'Eve, la Tentation
d'Adam, la Fuite après le péché, nos premiers
Parents chassés du Paradis, la Mort d'Abel; le
dessin a quelque chose de magistral ; certaines
figures et certains groupes sont très-réussis et
nous font songer aux compositions de Raphaël ;
l'effet général est soutenu, plein de charmes et
fort habilement ménagé.
La bordure est fort riche, exécutée avec beau-
coup de soin et de précision dans le goût le
plus pur de la. Renaissance italienne. Elle se com-
pose d'ornements d'une délicatesse extrême ré-
iR-4*, accompagné de plus de 400 gravures; son prix est de 5 francs
par &n. Nous sommes heureux de recommander cette publication
aux archéologues et aux amateurs de beaux livres, en échange de
la gracieuseté qu'a eue l'éditeur, H. Rouam, 33, aveuue de l'Opéra,
à Paris, en nous donnant l'autorisation de reproduire les deux
objets qui intéressent notre art limousin.
lyGoogle
pétés cinq fois et formés de volutes feuiUagées,
terminées par des cornes d'abondance, au milieu
desquelles se jouent de petits amours.
Nous croyons volontiers que l'aiguière et le pla-
teau n'ont pas été faits l'un pour l'autre et qu'ils
appartiennent à deux œuvres différentes. Nous
voyons des sujets mythologiques sur l'aiguière et
des sujets religieux sur le plateau, défaut d'har-
monie qui n'aurait point sa raison d'être. Ces
deux pièces n'en sont pas moins deux pièces
capitales; elles appartiennent à la plus belle épo-
que de Pierre Reymond; aussi n'hésiteions-nous
pas à croire qu'elles ont été confectionnées vers
l'année 1550.
Ernest Rupin.
lyGoogle
„Googlc
LES MALHEURS
ABBÉ DE VALETTE
LAUDE de Doyae fut, d'a-
près les auteurs du Gallia
christiana, le successeur
immédiat de Louis Val-
raier comme abbé de Va-
lette, en 1481 (1). C'était
un abbé commendataire et
sans doute le premier de ce
posé à l'abbaye limousine,
semblent avoir joui jusque-
:e leur supérieur. Ce droit,
dû se le laisser enlever
, et il y a lieu de croire
t aussi important ne s'était
résistance de leur part. Le
sur ce point, mais le docu-
ment que je publie va nous fournir de curieux
détails sur la façon dont les choses se sont passées.
Après la mort de Louis Valmier, les religieux
de Valette avaient procédé dans les formes régu-
lières à son remplacement, et, d'un commun accord,
(l) T. U, col, 683.
lyGoogle
s'étaient donné pour abbé Jean de Marsan, leur
prieur. Celui-ci remplissait toutes les conditions
requises pour être élevé à cette charge; il en
prit possession régulièrement et l'exert^a pendant
un certain temps.
C'est lui qui rapporte ainsi les faits. Qu'il faille
en rabattre, c'est possible. Il exagérait probable-
ment, mais au fond devait dire vrai.
Il gouvernait donc paisiblement Valette lors-
qu'un beau jour arriva sous les murs du monas-
tère une troupe d'hommes d'armes commandée par
Claude de Doyac, frère de Jean de Doyac, gou-
verneur du pays pour le roi. Cette troupe trouva
portes closes; mais devant la menace d'être jeté
en prison pour le reste de ses jours s'il ne rési-
gnait pas ses fonctions d'abbé, Jean de Marsan,
qui se sentait peu de goût pour la paille humide
des cachots, s'esquiva prestement et s'en alla de-
mander asile à un seigneur d'Auvergne.
Claude de Doyac était natif de Cusset(l); il
était prévùt du chapitre de Glermont et prétendait
avoir été pourvu par le pape de l'abbaye dont il
venait prendre possession à main armée. 1! se
compoi-ta d'ailleurs, si l'on en croit le malheu-
reux Jean de Marsan, en véritable soudard. 11
s'était installé dans la place avec ses nombreux
complices, qui étaient tous gens à mener joyeuse
vie, et les désordres les plus graves avaient été
commis sous les yeux des moines. Non contents
de troubliH- l'imagination de ces pauvres cister-
(1) /(tic/., col. 429.
lyGoogle
ciens en leur donnant le spectacle de leurs dé-
bauches avec des femmes sans mœurs, ces joyeux
compagnons les brutalisaient pour leur arracher
de l'argent. Ils mirent enfm la maison au pillage,
et, en particulier, emportèrent la crosse abbatiale,
qui était en argent, et vingt-trois volumes de la
bibliothèque.
Jean de Marsan, remis de sa frayeur, avait
voulu négocier : le pauvre homme ne connaissait
guère son adversaire. Il lui avait donné rendez-
vous dans un château d'Auvergne appelé Granges.
Claude de Doyac se rendit à son invitation, mais
sans avoir la moindre envie de transiger ou de
discuter, car il le mit en demeure, dès le début,
de choisir entre Valette ou une prison perpétuelle.
Jean de Marsan se prit de nouveau à trembler
pour sa liberté et même pour sa vie; et afin
d'éviter la potence ou du moins le noir cachot
dont on le menaçait, il consentit à renoncer à
tous ses droits.
Il est certain qu'une renonciation obtenue dans
ces conditions pouvait être considérée comme nulle.
Tel était tout naturellement l'avis de Jean de Mar-
san, qui en appela au Pape, juge suprême en
cette matière. Sixte IV voulut se renseigner sur
l'exactitude des faits, et commit pour cet objet
les abbés de Vézelay et de Meymac et l'officiai de
Tulle pour faire une enquête. Maintenant, quels
furent les résultats de cette enquête? je l'ignore.
On peut croire, toutefois, que Claude de Doyac
conserva l'abbaye de Valette jusqu'en 1493, époque
où Pierre Pignot, abbé régulier, en prit le gouver-
lyGoogle
nement. Il avait été élu évêque de Saint-Flour
en 1483, dans le temps même où Jean de Marsan
le poursuivait de ses revendications, et il trouva,
dans la personne de Claude de Joyeuse, un com-
pétiteur qui, à son tour, le troubla longtemps dans
la possession de cet évôché.
A. Vatssièhe.
BULLE DU PAPE SIXTE IV POUB JEAN DE MAB5AN,
ABBÉ ÉLU DE VALETTE
22 juin ik83.
Sixtus episcopus servus servorum Dei, dilectia filiis
Virziliacensis et de Meymaco, Ëduensis et Lemovicensis
diocesis, monaaterioram abbalibus, ac ofliciali Tutellensi
salutem et apostolicam benedictionem. Justa petentibus
nobis libenter annuimus eosque favoribus proaequimur
opportunis. Exhibita siquidem nobis Duper pro parte dilecti
filii Johannis Marsan, abbalis monasterii de Valleta, cis-
terciensis ordinis, Tutellensis diocesis, petitio continebat
quod alias prefato monasterio, cui quondam Ludovicus,
ipsius monasterii abbas dum viveret presidebal, qui extra
romanam curiam diem cUusit exlremum, abbatis regimine
destituto, dilecti fllii conveiitus ejusdem monasterii
abbatis electione, vocatis omnibus qui voluerunt, potue-
runt et debuerunt élection! hujusmodi commode intéresse,
die ad eligendum préfixa, ut moris est, convenientes in
unum, prefatum tune dicli monsterii priorem ordinem
ipsum expresse professum, in sacerdotio et etate légitima
constitulum, in eonim dicll mouasteiii abbatem concor-
diler elegerunt, ipse que Johannes, electioni hujua modî,
illius aibi presentato décrète consenciens, illam, juxta
ipsiu» ordinis privilégia et régule statuta, per duos tune
lyGoogle
-39 -
expressos abbates dicti orâinis confinoari obtinuit, io
hiis omnibus estatutis (sic) a jure temporibuB observatis.
Et deinde poslquam idem Johanues, electioais et coofir-
mationls hujusmodi vigore, eidem monasterio aliquandiu
prefuerat paciflce et qiiiete, dilectus fllius Claudius Doyat,
qui se gerit pro clerico, preteodeos dictum monaslerium
ut premittitur vacans, quaravis post electionem et cooSr-
niatiouem hujusmodi, apostolica auctoritale sibi fuisse
commeodatum, ad îpsum mouasterium uua die cum ar-
matorum copia accedeos, et tam régis cpiam dilecti ÛUi
Johannis Doyat, layci, ipsius Claudii fratrîs, qui tune
illorum partium pro carissimo io Ghrîsto fiiio nostro
Ludovico Fraucorum rege guberuator erat, dum ip-
sius monasterîi portas clausas inveoisset, facto tumultu
emissisgue borrîdis clamoribus et precedentibus miois
quod niai dictus Johannes Marsaû omni juri sibi in
regimiue et admluistratione dicti monasterii, vel ad ilia
quomodolibet competenti, cederet, ipse Ciaudius illum in-
carcerari faceret. Quibus clamoribus et minis ipse Johau-
oes Marsan perterritus, dictum monasterium clam exivit
et ad domum cujusdam nobilis se contulit, ubi aliquandiu,
metu et minis dicti Claudii, permansit. Et inibi ezistens,
ad certum alium uobilem scripsit ut Tellet procurare cum
dicte Claudio quod ipsum Johannem Marsan non moles-
taret, sed eum in possessionem dicti monasterii pacîfficam
dimicteret. Postmodum vero, cum prefàtus alius nobilis
eidem Claudio scripsisset ut ad castriun suum de Granges,
Claromonleosis diocesis, venire diguaretur sub espc {sic)
concordie super premissis faciende, idem Claudius quadam
die ad dictum castnim, veluti leo rapax et furibundus,
accessit, et prefato Johanni Marsan ibidem reperto, nullo
alio tractatu et verbis precedentibus, dixit quod nisi re-
nunciaret juri predicto, ipsum statim carceribus detrudi
faceret a quibus nunquam cvaderet, nisi prius faceret
quicijuid ipse Claudius volebat. Ipse vero Johannes Mai*-
san, minis hujusmodi territue ac metu carceris et potencie
dicti Claudii, omni juri sibi in dicte monasterio vel iid
lyGoogle
— 40 —
ipsum quomodolibet compectenti, renanciavit. Et per ali-
quod lempus posl hujustnodi renonciationem, dictus Glau-
dius cum multis complicibus ad dictum monasterîum
accessit, et ibidem aliquaudiu permanens, multas inibi
mulieres iuhonestas introduxit, cum quibus adultcrium,
fornicationem etiara stuprum commisit, ac monachis ejus-
dem monasterii quam plurimas injurias et violencias in-
tulit, etiam pecunias ab ipsis indebite extorquendo; et
landem haculum pastoralem argenleum, crossam nuncu-
patum, et viginti tria volumina libronim, pluraque alia
bona ipsius mouasterii iiide extraxit et alibi pro suo nutu
asporlavii et discipavit in anime sue periculum dictîque
monasterii dampnum non modicum cum pariter et jac-
tuvam ac perniciosura exemplum et scandalum pluri-
moi-um. Quare, pro parte dicti Johannis Marsan, nobis
fuit humiliter supplicatum ut sibi in pi-emissis de jus-
ticie ministerio providere de benignitate apostolica digna-
remur. Nos itaque de premissis certam noticiam non
habentes, ipsumque Johannem Marsan a quibuscumque
excommunicationis , suspencionis et interdicti, et aliis
ecclesiasticis sentenciis, censcris et pénis a jure vel ab
homijie quavis occasione vel causa latis, si quibus quo-
modolibet innodatus existit, ad afTeclum piesentium dum-
taxat consequendum harum série absolventes et absolutum
foi'e censentes, hujusmodi aupplicationibus inclinati, dis-
cretioni vestre, per apostolica acripta mandamus qua-
thinus vos, vel duo aul [unus] vestmm, si, et postquam
vocatis dicto Claudio et aliis qui fuerint evocandi, de
premissis assertis vobis légitime constiteat, cessionem
per Johannem Marsan factam hujusmodi nuUam et inva-
lidnm, nulliusque roboris vel moment! fuisse et esse,
auctoritate nostra deceniatis et declaretis, et de juramento
per eumdeni Johannem Marsan de observando premissa
forsan pi-esitito, sibi per nos relaxato, ipsum Johannem
de Marsan adversus cessionem predictam ad jus suum
pristinum necnon regimen et adniinistrationem dicti mo-
nasterii in pristinum et cum statu în quo ante cessionem
lyGoogle
— 41 —
hujusmodi guomodolibet erat, eadem auctoritate resti-
tuatis et reponatis, non obstante juramento et aliis pre-
missis, ac constitutionibus et ordinationibus apoatolicis,
necDOQ statutis et consuetudiiiibus monasterii et ordiiiis
predictonim juramento conûrmatione apoatolica vel qua-
via firmitate alia i-oboretis, ceterisque contrariis quibus-
cumque. Datum Rome apud Sanctum-Petrum, anno
Incarnationis dominîce millesimo quadringentesimo oc-
tuagesimo tercio, decimo kalendas julii, pontiâcatus nostri
anDo duo decimo.
(Original, parchemin. — Arch. nationales, K. 1179.}
lyGoogle
„Googlc
NOTE
8DB on
TIERS DE SOL D'OR
THOTi Bun u MUDin ni cuiniH-miiiu (CHiiu|
j^ E docteur Lombard, de Terrasson, a eu la
^i bonté, d'autant plus louable qu'elle est trop
rare, de me confier, pour me permettre de l'étu-
dier en nature, une monnaie mérovingienne trou-
vée au Cimetière, commune de Chartrier, canton
de Larche (Corrèze). En voici la description ;
Buste à droite, vêtu du paludamenVum; la
tète est ceinte d'un diadème de perles. Il ne
reste de la légende que le mot FITVR.
Revers. — Personnage de face, debout sur une
base horizontale, la tète couronnée ou diadémée,
regardant à droite; il tient une baste de la main
gauche et lève la main droite à hauteur de sa
tète. Sous le bras droit, le vêtement parait orné
d'un rang de franges qui se prolonge jusqu'au
bord de la pièce; un ornement parallèle et tout
semblable part de la ceinture.
En légende BR; suit le pied d'un caractère
lyGoogle
qui ressemble à un S couché, mais ii n'y a là
peut-être qu'un accident de frappe au-dessous de
l'extrémité d'une lettre impossible à déterminer
(un 1 ?}.
Les caractères sont bouletés. .
Tiers de sol d'or pur. Poids : 1 gr. 229.
Par suite des rognures qu'a subies cette pièce,
le nom du lieu où elle fut faite {fitur) est tombé
de l'avers, en même temps que le revers a perdu
la plupart des lettres qui nous auraient donné le
nom du monétaire. Dès lors on ne saurait dire
en quel endroit précis elle a été frappée. Cher-
chons, du moins, dans le style et les types du
triens, un indice de la civitas, à laquelle il peut
le mieux convenir.
Le style paraît arverne.
La proéminence frontale, fortement aci'usée, de
la tête du droit, rattacherait la médaille au dio-
cèse de Limoges, dont ce détail est un trait carac-
téristique (1), si la même proéminence ne se mon-
trait sur quelques triens de Clermont (Conbrouse,
Monétaires des rois mérovingiens, pi. VI, 1,2;
VIT, 5).
Le guerrier du revers est plus exclusivement
propre aux Arverni. On le retrouve, à peu prés
identique, dans un groupe de pièces classées avec
certitude à cette province et figurées sous les n" 4,
5, 6, pi. VI, des Monétaires de Conbrouse, dont
(1) Haximin Deloche. Descriplion des monnaies mérovingiennes
du Limousin et Bullelin de la Sociélé archéologique de la Cor-
rèze. 1883, p. 383.
lyGoogle
_ 45 —
l'une offre la légende ARVERNV{1) et une autre
ARV. Ces deux dernières, et particulièrement le
BEREGISELVS M— ARV (2), peuvent être consi-
dérées comme les prototypes de notre revers : tes
frangea mêmes s'y remarquent, sous une forme
moins exagérée.
Dans le fragment de légende BRI on ne serait
pas autorisé à voir le commencement de BRIVATE
(Brioude). C'est le débris du nom du monétaire :
le nom de lieu précédait FITVR. Les types de
Brioude sont bien connus et n'ont rien de com-
mun avec ceux que j'étudie; à l'avers, buste dont
la main droite s'élève jusqu'au front; au revers,
BRIVATE ou BRIVAT inscrit, en deux lignes, dans
le grènetis intérieur (parfois BRI sur une seule
ligne).
Le triens de M. Lombard est donc le produit
d'un atelier de l'Auvergne que nous ne connais-
sons pas, mais que la découverte d'exemplaires
plus complets peut nous révéler quelque jour.
Quoique l'or de cette monnaie soit très pur,
la fabrique dénote une barbarie assez avancée pour
qu'on doive fixer à la seconde moitié du vn' siècle
l'époque probable de son émission.
LÉON Lacroix.
Agen, 5 février 1885.
(1) Voilà poiit-âlro In ini>t qui m<iiir[iic 3.1 droit de notre tiers de
sol; il en est qui portent ABVUHiN'tl FIT.
(2) Sur In BEREGISELVS M— ARV, les franges pendent de
la hampe d'un étendard ou sceptre, surmonté d'une croix, que le
priiicR ou guerrier tient de la matu gauuhc.
lyGoogle
„Googlc
ŒUVRES DE LIMOGES
CONSERVÉES A L'ÉTRANGER
DOCniEITS REUTIFS A LtUHLEfilE LiODSIllE
A Monsieur Ernest RUPIN
Frindtnl dt la Soàitf HiiUn}» il Aichéologiiai di Brin
Mon cher confrère et ami,
ES lambeaux tant soit peu dé-
cousus que je vous communi-
quais en 1883, sous prétexte
de notre belle châsse de Gimel,
ont reçu un assez favorable
accueil à Brlve, à Limoges et
ailleurs. La critique vétilleuse
gné , du moins officiellement ;
plumes trop bienveillantes se
le donné la peine de faire res-
n Catalogue ébauché des émaux
liiiiuusui» recueillis à l'étranger, et aussi
ma brève excursion sur le vaste domaine des
pèlerinages. Ces encouragements me déterminent
à continuer, et je vous adresse encore, sous forme
de lettre, la récolte que j'ai amassée en l'année
lyGoogle
— 48 -
1884. Pas plus qu'auparavant je n'ai la préten-
tion d'être complet ; à d'autres la science absolue,
bulle de savon qui crève au moindre souffle ; venir
en aide aux futurs historiens de l'émaillerie limou-
sine, en leur épargnant de longues recherches,
mon ambition ne va pas au-delà.
Bien peu, cher confrère et ami, m'appartient en
propre dans le faible contingent soumis à votre
affectueuse indulgence; MM. Emile Molinier, Char-
les Descemet, L. de Farcy, L. Cloquet, L. de Vey-
rières. Barbier de Montault doivent en revendiquer
la meilleure part. Tel m'a généreusement prêté
ses notes de voyage; tel a couru les musées pour
éclaircii' des points obscurs; tel m'a renseigné.
Comme il répugne à mes habitudes de démarquer
le Unge d'autrui, les sources où jai puisé sont
minutieusement signalées. Dans cet assemblage
d'articles indépendants, j'ai suivi autant que pos-
sible un ordre méthodique, et vous excuserez cer-
tains préambules imposés par la nécessité.
D'abord le supplément au Catalogue.
SUÈDE
Musée royal des Antiquités, à Stockholm. Croix station-
NALE, Pièce mutilée, ajustée sur une douille à nœud.
Christ en relief, coiffé d'une haute couronne ; perisonium
émaillë; quatre clous; titulus avec l'inscription IHS XPS.
Croix potencée, à renflements arrondis au centre et aux
extrémités; champ gravé, semé d'étoiles, de rosettes, et
rehaussé de cabochons. Aux étranglements des hras, deux
figurines à mi-corps, relief émaillô ; à droite, saint Jean,
à gauche, la Vierge. L'attitude de ces personnages accuse
une transposition. Au sommet, la silhouette d'une figurine
lyGoogle
— 49 —
tombée ; au bas, la tige a été rasée au niveau du siippe~
' danermt. De chaque côté, une pendeloque circulaire accro-
chée par une chaînette à maillons de style très ancien.
Provenance, l'église de Berffendal (Hohuslan). Haut, tota'e,
0-326»-; larg., 0"i96"». un' siècle. — Croix. Elle est ana-
logue à la précédente, et elle provient de l'église d'CEgges-
lorp(SniaIand!, — Choix. Môme genre; église d'Hammarby
(Sodenuiinlaûd). — Cnucinx, Fragments divers, \m* siècle.
— CiBOins. Forme élégante; le couvercle a disparu. Église
de Gerum (Golland); sni' siècle. — Chasse. Je la rappelle
ici pour mémoire. N'ayant pas vu l'objet et n'en possé-
dant pas un dessin d'ensemble, il m'est difHcitc de lui
assigner une nitionalilé certaine; mais sa date incontes-
table, ses détails caractéristiques, m'engagent à le signaler
à l'attention des archéologues suédois et des spécialistes
en émaillerie. Je traduis d'abord l'arliclc du Catalogue :
Reliquaire en forme d'église; bois et cuivre émailli. Église de
Spanga en Uppland. Fonne d'église est bien vague ; s'agit-il
du type rhénan ou du type limousin? La question me
semble grosse d'intérêt. Passons au détail gravé. Chevalier
debout (haut, totale, ©■'US'"*), vêtu d'une courte chemise
de mailles serrée par une ceinture; jambières et pédiaux
de mailles. La tête, cerclée d'un nimbe, est coiffée du
casiiue conifiue porté par Geoffroy Plantagenet sur l'émail
du Mans. La main droite du personnage tient une lance
à pennon Iriflde ; la gauche saisit un grand bouclier
triangulaire à coins arrondis, chargé de burèlea inégales :
les plus larges offrent une arcature polychrome; les
moindres, des compartimenis pointillés. Les pieds repo-
sent sur un nuage à quatre zones, que déterminent des
eloisons métalliques; les trois zones supérieui'es sont des
moitiés d'ellipses ; la dernière est un quatrefeuilles nais-
sant. Le nimbe et le nuage accusent un bienheureux, '
probablement saint Georges ; le costume et le bouclier
appartiennent au xu" siècle; le déeor de l'écu n'a aucun
sens héraldique. Quant aux émaux. Je les décliiffrerai
ainsi jusqu'à preuve contraire. Figure eu réserve sur
T. TU, 1-*
lyGoogle
— 50 —
champ bleu-foucé ; nimbe bleu-clair ; bouclier rouge ,
bleu-foncé, blanc (?) ; nuage rouge, bleu- foncé, rechampi
de bleu-clair et de blanc, à moins qu'il n'y ait du vert
et du jaune. L'analogie de notre saint guerrier, avec les
géants sculplés à la façade de diverses églises, est frap-
pante; des rapports de dessin et de technique existent
également eotre lui et le Goliath émaîllé de la crosse
de Ch irtres (Collection Garrand) exécutée par l'orfèvre
Willclmus, (0, Montelius, Fùhrer dureh dos Muséum Vater-.
landUcher Allerthilmer in Stockholm. A. Essenwein, Kultw-
historischer Bilderatlas, t. II,)
NORVÈGE
Église de Urnes. Chandelier. Fût imbriqué; bobèche et
ureud ornes d'enroulements métalliques à fleurons poly-
chromes sur champ bleu. La base triangulaire, supportée
par trois griffes, offre un décor analogue, mais plus riche;
eu outre, un dragon en relief couvre chaque rampant. l*s
queues de ces animaux, élégamment recourbées, viennent
s'appuyer' contre le fût; leurs létes aboutissent à la nais-
sance des griffes. Spécimen d'une remarquable beauté.
xiii° siècle. {Foreningen til norske Fortids-Mindesmxrkers Be-
varing, pi. L Mittkeil. der K. K. Central-Commission, t. V,
p. 314, flg. 5, Vienne, 1860.)
ALLEMAGNE
Musée d'art industriel (Kunstgewerbc Muséum) à Berlin.
Plaque de uELiunB. Petit in-folio. Tableau central : le
Crucifiement. Personnages réservés et gravés sur champ
bleu-tapis semé de fleurons polychromes. Les tôtes de la
Sainte Vierge et de saint Jean sont en relief; le Christ
est entièrement rapporté. Bordure ornée d'enroulements
interrompus au milieu des bandeaux par quatre anges
réservés sur fond lapis, xni' siècle. — Gnoix stationnale.
Face : le Christ eu relief, perisonium émaillê; à droite,
la Sainte Vierge, à gauche, saint Jean. Revers : au centre,
lyGoogle
— 51 —
la Majestas Domini; aux extrémités les quatre synibulcs
évangélistiques. Figures réservées et gravées sur chamii
bleu à rinceaux épargnés; têtes en relief, xin' siècle. —
Chossb. Le Couronnement de la Sainte- Vierge. Volulc
émaillée de bleu. Nœud rehaussé des quatre Évanyélistcs
en buste, réservés et gravés. Des dragons en relief ram-
pent le long de la douille, xni' siècle. — Pyxide. Cylindre ■
à couvercle conique; rinceaux; disques insci'iv.int des
anges à mi-corps. Fin du xiii' siècle. — Plaque circulaire.
Personnage combattant un félin (Sanison ou Davidl . Champ
bleu rehaussé de fleurs polychromes; lunique de Tliommc,
bleu -turquoise rechampi de blanc ; animal réserve et gravé ;
têtes en relief. Débi-is probable d'un cofTret. Commence-
ment du xni' siècle. — Penturks de coffret. Elles sont
au nombre de six, toutes semblables, en forme de basilic
terminé par une queue plate, découpée en fleuron percé
de deux trous à l'extrémité supérieure. Les ailes dos rep-
tiles sont émaiilées de rouge, bleu-lapis, hteu-clair et
blanc; ces animaux rappellent les moraillons des cassettes
du trésor d'Aix-la-Chapelle et de saint Louis, au Ijouvrc.
xni' siècle. — Chasse. Type ordinaire. Face : sut- le toil,
les Mages à cheval; sur l'auge, l'Epiphanie. Flancs : deux
saints debout. Revers : tapis de rosHces. Personnages
épargnés et gravés, têles en relief; champ bleu-lapis semé
de fleurs et coupé horizontalement par un bandeau bleu-
turquoise. Excellente pièce de la première moitié du xni"
siècle. — Chasse. Même type, même technique et mùme
revers que la précédente. Auge : le Christ en croix; à
droite, la Vierge, à gauche, saint Jean, chacun d'eux
suivi d'un Apôtre. Toit : quatre Apôtres ou Évangélisles.
Flancs : des saints debout. Bonne pièce, xm' siècle, pre-
mière moitié. — Chasse. Type ordinaire. Sur chacun des
longs côtés, trois médaillons inscrivant des anges à mi-
corps; le toit répète ce décor; aux flancs, un médaillon
semblable. Champ bleu-lapis, semé de rinceaux épargnés;
les figures sont également en réserve, xin' siècle. — Chasse.
Auge : martyre de saint Thomas Becket. Toit : iuhuma-
lyGoogle
— 52 —
tion ou dépofiitioD du corps de l'archevêque. Même forme,
même champ, même technique que les moaumects ana-
logues conservés en France et à l'étranger, xin' siècle.
J'ai vu récemment à l'Exposition de Rouen une autre
châsse de saint Thomas de Cantorbéry ; elle appartient à
un amateur d'Ëvreux, M. Doire, et elle se distingue, tant
' par la beauté du travail que par un remarquable état de
conservation. L'auge montre le saint debout près d'un
autel; en haut, la main divine; derrière le prélat, deux
meurtriers brandissent leurs glaives. Sur le toit figure la
mise au tombeau du défunt; un évéq^e, assisté d'un aco-
lyte tenant le rituel, procède à la cérémonie. A chaque
flanc, un saint en pied. Tapis fleuronnés au revers. Per-
sonnages réservés dans un champ bleu-lapis. La gamme
ornementale est fort douce : blanc, bleu, bleu-gris et verl.
h'areula de M, Doire date également du xm* siècle. —
Chasse, Typé ordinaire; dimensions exiguës; ligurines eii
i-elief, émaillées et rapportées. Travail médiocre, iiu" siè-
cle. — Gémellion. Champ bleu; armoiries de France et
de Gastille. xiii" siècle. — Gémellion. Six groupes de mu-
siciens encadrés p:ir les lobes d'une rosace, dont le cœur
oiTre le combat d'un cavalier et d'un lion. Le cavalier,
armé de pied en cap, lient un ccu triangulaire gironné
de huit pièces. Des rinceaux serpentent autour des per-
sonnages; des touffes végétales garnissent les écoinçons
du marli. Champ bleu; ÛRures et ornements réservés.
XIII* siècle. — Cman'Delier, Longue broche surmontant un
pied très bas. Ce pied est chargé d'écussons : 1° aux léo-
pai-ds d'Angleterre; 2' aux armes de Gastille écartelées
de Léon (?). Les intervalles sont émaillés en vert et blanc.
M. Molinier émet des doutes sur la provenance du meuble
qu'un simple croquis me permet d'apprécier; forme et
décor me semblent essentiellement limousins, xiv' siècle.
— Flacon, Genre alabaslrum; mince goulot amortissant
une panse allongée, tronconique, arrondie par le haut.
Décor : un fretté qu'esquissent des bandeaux creusés en
gorge, avec rosaces aux poiuts d'iutersection. Les niaiUes
lyGoogle
eacadrent des lions, des oiseaux, des monstres, épargnés
et gravés sur fond bleu-lapis. Le morceau est d'espèce
MacoD du Musée de BerliD.
très rare; peut-èliv l'écliantillou de Berlin serail-il unique
lyGoogle
— 54 -
au monde. Une photographie rapportée par M. MoUnier
.1 été soumise à M. Victor Gay; l'éminent archéologue
penche pour une attribution germanique : il m'est diffi-
cile, du moins jusqu'à plus ample informé, d'admettre
cette attribution. Le ciboire d'Alpais, au Louvre, montre
un fretté concave sur champ métallique ; le même fretté,
Ruv fond d'émail bleu, caractérise une coupe de ciboire
de la Collection Basilewsky (voy. Darcel et Basilewsky,
Catalogue, pi. XXI). Le vase du Louvre est assurément
limousin; personne ne conteste à Limoges la coupe de
M. Basilewsky; pourquoi le Oacon de Berlin aurait-il
une provenance différente? Du reste, ce dernier accuse
une époque bien postérieure aux deux autres monu-
ments; il date de l'estréme fin du xin" siècle, sinon
tout-à-fait du xiV. (Molinier,}
Église de Ifeuenbeken, près Paderbom {Westphalie). Navbttb
A ENCENS. Forme ordinaire; des serpents se recourbent
aux extrémités en manière d'anses. Coupe gravée; cou-
vercle et pied émaillés. Le fond des opercules est bleu-
lapis; chacun d'eux comporte uo médaillon circulaire
accompagné de trois rosettes. Les médaillons, champ bleu-
sombre, inscrivent un ange à mi-corps, tenant un livre et
iasani d'un nuage. Figures épargnées, ainsi que les en-
roulements qui les accostent; nimbes : rouge, gris, blanc
et rouge, bleu-foncé, blanc. La gamme des rosettes est
rouge, bleu-sombre, vert, jaune. L'émail du pied a dis-
paru; il ne reste que les alvéoles déterminés par un
fltel onde compris entre deux cloisons parallèles, xin' siè-
cle. [Mitlheil. der K. K. Central-Commission, t. XII, p. XLIX,
fig.. Vienne, 1867.)
Les notes et les croquis de M. Molinier, les gravures
que M. Essejiwein m'a récemment communiquées, néces-
sitent un remaniement presque général du travail publié
en 1883 sur la Bavière.
BAVIÈRE
Musée Germanique de Nuremberg. Chasse. Type ordinaire.
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Crète ajourée d'entria de serrure et termiaée par de longs
appendices obliqucB. Face : auge et toit chargés dn mé-
daillons inscrivant des anges à mi-corps. Figures et rin-
ceaux épargnés sur champs bleu-lapis et bleu-turquoise ;
un Irait blanc cercle les médaillons i-eliés entre eux par
un bandeau rouge. Flancs : anges réservés et graves. Le
revers comportait autrefois des disques, des écussons, des
figurines en relief; le tout a disparu, xiii* siècle. — PiasON
DB CHASSE. Saint dans une vesica piscis. Il est debout; sa
main gauche tient un livre, la droite est relevée. Le per-
sonnage, réservé sur champ lapis, a un nimbe bleu cl
blanc; deux bandeaux turquoise coupent transversalement
la vesica piscii, qui comporte en outre des rosaces poly-
chromes. Au bas du tableau et h la naissance du faîlage,
un arc moitié bleu et moitié vert, couleuin opposées.
Bordure bleue chargée de flanchis métalliques, xiii* siècle.
— PiGNON DE CHASSE. Saint debout, épargné sur champ
lapiâ interrompu par deux larges bandeaux turquoise. Ces
bandeaux alternent avec des rosaces : rouge, bleu-lapis,
bleu-clair; blanc, vert et jaune. Le nimbe du personnage
ofTre les quatre premières nuances. La bordure est striée
de métal, de bleu et de rouge sombre; cinq cabochons
rehaussent cette bordure et les pieds, xni' siècle. — Ghan-
DBUBns. Pied triangulaire à fleurons, rouge, vert el jaune,
issantde rinceaux épargnés sur fond lapis. Nieud émaillé
de bleu-turquoise; ornements en rései've. xiir siècle. —
Chandelier. Haute broche; pied bas en forme de pyra-
mide hexagone tronquée. Champ bleu-lapis; cartouches à
écussons armoriés : 1° semé de France ; 2° écartclé 1 et 4
d'or au lion rampant d'azur, 2 et 3 fiucé d'or et de pncules
de cinq pièces. Au bas, entre les cartouches, des disques
inscrivant un griffon épargné sur champ vouge. Commen-
cement du XIV' siècle. — Chandeliers. Type du précédent;
broche annelée de trois gorges; pans de la base ornés de
quatrefeuiltes à griffons réservés sur champs bleu-lapis,
bleu-clair ou rouge-vif. xiv* siècle. — Encensoth. Pièce
hors ligne : sphéroïde coiffé d'une calotte, monté sur un
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— 56 —
pied circulaire très bas, et entièrement émaillé, porte-
chalnettes, couvercle, i-échaud. Le couvercle, rehaussé de
boutons métalliques à dragons estampés, offre des enrou-
lements à fleurons rougea, bleus et blancs sur fond lapU;
le réchaud comporte un décor semblable, jaune, vert,
rouge, sur lapis et turquoise. Haut. Clî'; diam. 0"il5"".
XIII* siècle. — Navbtte a bncbns. Forme ordinaire. Sur le
couvercle bleu -lapis, un bouton de cuivre estampé, accom-
pagné de trois rosaces 2 et i, pétales blancs, champ tur-
quoise. XIV* siècle. — Pyxides. Disques et feuillages.
Émaux lapis, turquoise, blanc, rouge, xiii* et ziv* siècles.
— Ciboire pédicule. Il est sphérique; champ de métal;
un appendice, sommé d'une croix, amortit son' couvercle
à médaillons circulaires, encadrant des anges réservés sur
fonds alternativement turquoise ou rouge. Même décor à
la coupe et au pied; un nœud en forme de globe inter-
rompt la tige élancée, xiv* siècle. — Goffrbt. Paralléli-
pipède en cuivre guilloché; serrure de fer. Le couvercle
el la caisse sont ornés de quinze grossières figurines en
relief, émaillées lapis, turquoise et rouge; garniture de
verres cabochons. (Long. 0"26'; larg. O-IT'; haut. 0"f4'.)
xm* siècle. — Gémbllions appariés. Champ bleu-lapis,
pei-sonii;iges réservés. Ombilic : cavalier tourné à gauche:
il joue du rebec; des rinceaux l'enviromient. Marli : six
disques à pampres, inscrivant des écus armoriés; six
femmes debout apparaissent dans les vides ménagés entre
les disques. Les écus se blasonnent ainsi qu'il suit :
1" d'aïur à 3 croissants d'or posés 2 et 1; 2* paie d'or el
de gueules de 8 pièces; 3* vairé d'or et d'azur de 2 traits,
abitissé sous un chef d'or vivre de gueules; 4' d'or à 3
ailes de gueules, 2 el I ; 5° Imrelé d'or et d'azur de 10
pièces, en chef une sorte de grand lambel de gueules à
trois pendants elliptiques; 6° coticé d'or et de gueules,
qui est Turenne. Diam, o"23'. xm' siècle. — Gâhellion.
Champ lapis, personnages réservés. Ombilic : roi à che-
val. A l'enlour, quatre lobes circulaires où reposent deux
figures assises, l'une tenant un sceptre, l'autre armée d'un
lyGoogle
Encengoir du Uusée Oermanlque.
lyGoogle
bïGoogle
Ciboire da Mtuée Oermatii<|ue.
lyGoogle
„Googlc
„Googlc
„Googlc
— 63 —
glaive. Entre les lobes, quatre écussons d'armoiries, même
blason deux fois répété : 1° d'or à 3 faaces d'azur, au lam-
bel à 7 pendants de gueules ; 2° burelé d'or et d'azur de
8 pièces, chargé en pal d'une tour d'or ajourée de gueules.
XIII' siècle. — Plaque. Cette pièce cintrée, qui doit pro-
venir d'une châsse, est aujourd'hui fixée à une reliure
d'argent doré et étampé. Vierge debout tenant l'Enfanta
Jésus, groupe en relief émergeant d'un fond lapis coupé
de deux larges bandes horizontales bleu-turquoise : des
disques et des losanges polychromes apparaissent dans les
vides. Fin du xiii* siècle. Aux angles de la reliure, on a
rapporté quatre médaillons quadrilobés inscrivant les sym-
boles évangélistiques ; champ bleu, métal réservé, traits
incrustés de rouge, inscriptions françaises en gothique du
XIV* siècle :
$. Ptten, JJ. âchait, JJ. Part, jï. ïw.
Ces médaillons ont semblé douteux à M. Molinier; il me
semble avoir vu, dans la collection de M. Gay, un travail
analogue attribué à Paris. — Citoix stationnalb. Centre
elliptique, extrémités fleuronnées. Face : Christ en relief
sous la main divine ; plaques en cuivre gravé, rehaussé de
cabochons; ange tenant une croix et un livre, la Vierge,
saint Jean, tous trois à mi-corps; le Christ ressuscité,
debout, croix et livre en mains ; rosaces. Revers : Majestas
Domini dans une vesica piscis ; quatrefeullles inscrivant des
anges en buste; symboles évangélistiques. En haut l'aigle,
au bas l'homme ailé, à droite le lion, à gauche le bœuf.
Sauf le Christ, les personnages et les symboles sont épar-
gnés sur champ bleu. La gamme des rosaces polychromes
est blanc, bleu, jaune, vert, rouge, xin* siècle. — Croix
STATiON.NALE. Même fonuB que la précédente. Face : Christ
fondu, couronné, perixoniiim lapis; main divine. Extré-
mités des branches : en haut, figurine émaillée sur relief
remplaçant l'homme ailé de saint Matthieu; à droite le
lion, à gauche l'aigle, l'un et l'autre réservés dans un
lyGoogle
_ 64 —
champ bleu; au bas, seconde figurine en .relief, la
Vierge (?) i-evôtue d'un manteau incruslé de lapis. Revers :
lames d'argent blanc étampé d'un semis de fleurs de lis ;
on y a rapporté un Dieu le Père ou une Majestas Domini
et les quatre symboles évangélistiques, le tout en cuivre
doré et repoussé. Le monument, qui oflVe des traces évi-
denles de trucage, date à peine de la Un du xin* siècle;
le XIV* lui conviendrait encore mieux. — Crucifix. Lame
de métal complètement émaillée : carnations rosées; che-
veu.\, barbe, perizonium bleus; nimbe à croix rouge;
champ de l'instrument du salut, vert sombre à rinceaux
en réserve; lUulus, suppedaneum, bordure, bleus. Commen-
cement du XIII* siècle. J'ai récemment examiné chez
M, Spitzer, à Paris, deux crucifix de la même technique,
mais le champ des croix est doré. — Crucifix. Cuivre
étampé; grandes dimensions. Face : un Christ, dont le
perizonium est blanc et bleu, reposant sur une croix plus
petite, émaillée des mêmes couleurs, xiii' siècle. — Christ.
Robe incnistée de bleu-lapis moucheté de blanc; cette
figure, de taille exigûc, revient au xiii» siècle. — Crosse.
La volute inscrit un Couronnement de la Sainte Vierge;
au nœud, six vesica piscis offrant des anges épargnés sur
champ lapis; des dragons rampent autour de la douille.
xiii*-xiv" siècle. {Molinier, Essenwein, Anzeiger fur Kunde
der deuUchen Yorzeit; Mittheilungen aus dem germaniseheii
Nalionalmuseiim.)
La châsse, reprise sous le n° I dans mou premier article,
a été publiée, (ace et revers, p:ir M. Essenwein, KuUurkis-
torUcher Bilderatlas, II, pi. XXXVII, 4, 5.
BELGiyUE
Église de NotTc-Dame^ à Tongres. Coffret. Bois de chêne
recouvert eu cuir. Écussons éinaillés, parti, semé de France
à dextre, et de chdteatix de Castille à sénestre, armoiries d'Al-
fonse, comte de Poitiers, frère de saint Louis. Un disque
représentant un personnage tenant un sceptre fleurdelisé
lyGoogle
— 65 —
'se voit au flanc du meuble. Haut. 0»19', long. 0"09'. xiii*
siècle. Aux dimensions près, le petit écrin de Tongies
offre une remarquable analogie décorative avec les gi-aiids
coffres repris plus ita^ à l'article ITALIE.
Trésor de la calhidrale de Tournai. Pyxide euchaiiistiqoe.
Forme ordinaire; cylindre à couvercle conique. Champ
bleu, enroulements fleuronnés. La croix d'amortissemeut
est perdue. Haut, actuelle, O^OTS"""; diam. 0"07', xiii'
siècle.
Musée des antiquités, à Anvers. Crucifix. Cuivre émaillé.
xui" siècle.
Musée arehèotogique de Gand. Pyxidk. Forme ronde, cou-
vercle conique, xiii* siècle.
CoUection de M. G. Vermeerseh, 4 Bmxelles. Cnotx sta-
TioNNALE. Bois plaqué de cuivre doré, rehaussé d'émaux
champlevés et de cabochons. La couronne du Christ est
crénelée; son perizonium est émaillé. xiii' siècle. — Na-
vette A ENCENS, Chaque opercule comporte un monstre
enroulé, ciselé en relief, xm* siècle. — Cbossb. Tige et
volute bleu-pile frettées d'or. La volute embrasse le cou-
ronnement de la Sainte Vierge en métal ciselé, xiii' siècle.
— Chasse. Forme ordinaire. La face antérieure offre quatre
statuettes sur champ doré et gravé. Auk pignons, deux
figures de saints réservés dans un fond bleu maillé d'or,
xui* siècle. — Chasse. Forme ordinaire. Crête ajourée,
rehaussée de rosaces en émail. Face antérieure, auge :
les Saintes femmes au Sépulcre. Toit : Majestas Domini
accostée de deux apôtres. Têtes en relief; corps réservés
sur champ bleu-lapis, semé de rosaces bleues, jaunes et
rouges. Un bandeau bleu-turquoise coupe horizontalement
le fond. Revers bleu à rosettes polychromes. Dans chaque
pignon, un saint réservé sous une arcade en plein-cintre.
XIII' siècle. — Chasse. Forme ordinaire. Face antérieure,
auge : Majestas Domini coiffée d'une mitre cornue; deux
saints l'accostent. Champ bleu semé de rinceaux à fleu-
rons polychromes. Toit : trois anges portant chacun tin
livre. Figures rései-vées, têtes eu relief. Revers : tapis
T. VIL 1-6
lyGoogle
_ 66 —
• losange. Flaacs : deux saints. La crête est moderne, xiif
siècle. — Chasse. Type ordinaire. Champ bleu-lapis à en-
roulements terminés par des fleurons polychromes. Face,
auge : l'Epiphanie. Toit : le Divin Crucifié entre la
Sainte Vierge et saint Jean. Figures en relief et rappor-
tées. Revers, auge : les Rois* Mages devant Hérode que le
démon semble inspirer. Toit : le Massacre des Innocents ;
les Mages, centristes, assistent à cette scène de meurtre.
Figures réservées; le diable est émaillé en noir. Aui
ilancs, deux anges dans un encadrement bleu, blanc et
vert, Crète ajourée sommée d'une croix, xni* siècle. —
Pyxides eucharistiques. La collection en possède deux,
xiir siècle. — Vierge. Elle est en cuivre doré et ciselé.
Assise sur un trône, la Mère de Dieu tient l'Enfant-Jésus.
Les deux côtés du siège représentent l'Annonciation; au
dos s'ouvre une porte cintrée, ornée d'un saint Pierre ;
ces parties sont émaillées. Champ bleu-p&Ie; figures en
réserve; rinceaux fleuronnés. xiii» siècle.
Collection de M. A. Mertens. Choix stationnalb. Le suppe-
daneum, qui porlait les pieds du Christ, a disparu. A
l'extrémité des branches, les symboles évangélistîques
émaillés. Trois lions soutiennent le pied où les quatre
Évangélistes figurent dans leur forme humaine, xin' siècle.
— pYxiDE. Couvercle conique sommé d'une croix, xiu*
siècle.
Collection de M. Arthur Slaes. Reliquaire. Deux anges,
posés sur une terrasse ém:iiHée, soutiennent un cylindre
horizontal en cristal de roche. Travail limousin (?) xiii*
siècle.
Collection de-M. Marynen. Chasse. Haut. O-ISS""", long.
0"15'. Émaux restaurés, pierreries modernes, xiii* siècle.
Collection de M. Hoityel. Chasse. Forme d'èdicule à double
pignon. Les faces sont couvertes de plaques en émail
chimplevé à sujets religieux. Le fond est garni d'une
lame de cuivre gravé, ornée d'un rtnge inscrit dans un
cercle, et do siiints abrités sous une arcatui-e en plein-
cintre, xni* siècle. — Je mentionne cette pièce sous béoé-
lyGoogle
— 67 —
ftce d'inventaire. Mes souvenirs à son égard sont très
confus, et le document auquel j'ai recoure ne me ren-
seigne ni" sur la date, ni sur les dimensions de l'objet.
Le fond des châsses limousines est ordinairement nu,
sans revêtement métallique; le trésor de la cathédrale de
Tournai possède un petit coITret-reliquaire en os sculpté,
dont le fond présente une lame de cuivre à dessins gravés,
or sur vernis brun, certificat d'origine allemande. La
chiase de la collection Houyet est-elle de fabricttion
rhénane? Est-elle limousine et victime d'un trucage? Aux
intéressés à répondre.
Collection de M. Armand Van Zuylen. Crosse épi?copalb
en cuivre doré, rehaussé d'émaux champlevés. Le centre
de la volute comporte une plaque ovale, fondue et ciselée,
offrant sur les deux faces l'image en haut-relief de la
Sainte Vierge et de l'Enf int-Jésus, xiii' siècle. — Pyxidbs ;
il y en a deux, xiii" siècle.
Collection de M. Isidore Leseart. Chasse. Elle «st ornée
de six médaillons à champ bleu encadrant des figures
de saints épargnées. Long, (fii', haut. 0"18'. xni' siècle.
— Cha&sb. Émail champlevé ; crête ajourée. Sur la face,
des catiochons en cristal de roche, plus une ouverture
circulaire ménagée pour laisser voir les reliques. Long, et
haut, 0"i5*. xiii" siècle, — PvxmB kuchahistiqub, C(Tu-
vercle conique. Bustes d'aOges réservés sur fond bleu,
xin* siècle.
Collection de M"" la baronne de Wolf. Crucifix. Le Christ
repose sur un champ bleu-lapis semé de rosettes, xrii" siè-
cle. — Ptxidbs. Elles sont au nombre de trois, xiir siècle.
Collection de M. le comte G. de Nédonehel. Fiaurines, Le
Christ en croix, la Sainte Vierge et saint Jean. Haut.
0"20', XII" siècle. Nous avons ici au complet le sujet dont
l'église de Montlevon et M, f. Frésart possèdent des per-
sonnages isolés.
[Catalogue officiel de l'Exposition rétrospective de Brtixellet
en i880. Noies personnelles de l'auteur.]
lyGoogle
SSUISE
Bibliothèque de Saint-Gall. Plaqub de reliubA. Formai
iii-folîo. Au centre, encadré d'une gloire elliptique, le
Christ debout, couronné, un livre fermé dana la main
gauche, bénissant de la droite à la manière latine. Le
Sauveur est en relief; sa robe, verte et jaune, a des
galons blanc et bleu moucheté- de rouge. La gloire est
de couleur bleue, s",méc de croisettes d'or en réserve.
Aux angles, les altriliuls des quatre Évangélistes, émaillés
sur champ maté; l'aigle symbolique de saint Jean est
rose. Bordure à biseau, comportant des feuilles d'eau,
bleu-lapis, bleu-clair et blanc ; huit médaillons circulaires
à quatre feuilles sur fond hleu-Iapis; animaux vert ou bleu
moucheté de rouge. Môme tonalité que les panneaux du
Musée de Gluny attribués à Grandmont. Les éléments
polychromes émergent d'un excipient de cuivre étampé,
rehaussé de cabochons. Fin du xii* siècle ou commence-
ment du xiii'. — Relichk. Format in-folio. Plat supérieur :
la Crucifixion. Christ en relief; sommet de la croix accosté
de deux anges à mi-corps tenant un livre fermé; la Sainte
Vierge et saint Jean occupent leurs places ordinaires.
Figures épargnées sur champ bleu; télés saillantes. Plat
inférieur : MajeHas Domini. Le Christ assis, ceint du
nimbe, bénit à la manière grecque; il est en relief; les
attributs des quati-e Évangélistes cantonnent la gloire.
Bordure semée de rosaces émaillées; aux angles, des mé-
daillons inscrivant un ange à mi-coi'ps, porteur d'un dis-
que cmcifère. Pièce fabriquée pour le courant de vente.
xiir siècle. (Molinier.)
ITALIE
Èijtise de Sfiinl-SéOastienf à Bietla (Piémont). Disques
ÉMAiLLiiS, Débris d'un coffret, aujourd'hui encastrés dans
les dossicra dos stalles du chœur, xiii* siècle.
Cathédrale de Yerceil ^Piémont). Disques émaillés. Ils
proviennent d'une cassette où, antérieurement à 1670.
lyGoogle
étaient conservés les restes mortels du bienheureux Amé-
dée IX, duc de Savoie (^ 1472). Go meuble, qui reposait
dans la chapelle dédiée au saint personnage, fut reiiiplacé
par une urne d'argent; ou le mit alors au rebut, et les
disques, devenus la proie d'un chaudronnier, subirent les
outrages du feu et du marteau. Plusieurs, tant armoriés
que figurés, ont néanmoins échappé à la destruction, mais
en fort mauvais étatr Les premiers offrent le blason, très
reconnaissable malgré une disposition fantaisiste, d'Al-
foDse de Poitiers, frère de saint Louis [^ 1371 dans l'Italie
septentrionale] : parti au i semé de France, au 2 de gueules
à 4 châteaux de CastUle l'un iw l'autre L'écu est ceint de
trois dragons en jarretière, genre de support héraldique
que la cassette d'Aix-la-Chapelle et un gémellion du tré-
sor de Conques offrent également, xtii" siècle.
Église de Saint-'Andri, à Vereeil. Cassbttk, Lors des tra-
vaux entrepris en 1823 pour rendre au culte l'ancienne
collégiale de Saint-André, on découvrit, scellée à l'inté-
rieur d'un mur, une cassette renfermant les os du célèbre
cardinal Guala Bicheri, ué à Vereeil, mort dans cette
ville en mal 1227. Le meuble, outre les os. contenait un
authentique sur parchemin, spécifiant que l'emmurement
avait eu lieu au xv* siècle, par les soins de l'abbé Malleto,
supérieur deg chanoines réguliers de Latran qui occu-
paient le monastère. Ce meuble, en bois de peuplier,
coloré en rouge grenat foncé, mesure : long. 0''82', larg.
0''40*, haut. O^SSS". Il est orné de disques métalliques,
les uns ciselés et ajourés, les autres émaîllés d'armoiries
ou de figures réservées sur champ bleu ; une jarretière de
clous dorés à lôte ronde cercle chaque disque. Des équerres
et des pentures, élégamment découpées et burinées, com-
plètent un décor qui offre la plus étroite ressemblance
avec celui de la cassette d'Aix-la-Chapelle. Au moment de
la découveite, notre objet avait beaucoup souffert; le dos •
était entièrement nu; les disques du couvercle man-
quaient, sans être -toutefois perdus, car on les a retrouvés
ailleurs, et il serait facile de les replacer dans leur ancien
lyGoogle
-70-
cadre de clous. L'entrée de serrure, circulaire et saillante,
comporte deux moraillons fixés au couvercle par trois lan-
guettes de métal doré et lisse; à la languette médiane
est allacliée une plaque rectangulaire (O^SQ"" sur 0"033)
chargée d'un écusson d'asur au lion d'or. La forme de ce
lion à queue renflée accusant peut-être le xiV siècle, je
soupçonne qu'un remaniement général aurait été opéré
vers la susdite époque : la vieille caisse revêtue de peau,
remplacée par une nouvelle en bois tendre; les écussons
du dos supprimés; les languettes lisses et le petit lion
substitués aux attaches primitives des moraillons ; de gros-
sières poignées en fer annexées aux flancs. On connaît
quatre coffrets limousins intacts : à Conques, au Louvre,
à Longpont, à Aix-la-Chapelle; tous ont leurs cinq faces
ornées de disques; pourquoi une exception à Verceil? Je
ne me charge pas de spécifier le blason rajouté; est-il
italien ou français? Rappelons seulement que l'azur au
lion d'or appartint aux vicomtes de Limoges jusqu'en
1275. Parmi les émaux consei-vês, on doit mentionner les
armoiries d'Alfonse de Poitiers (diam. O'"09S'""'); une scène
erotique {0'°085'™) ; une reine assise sur un trône et tenant
un sceptre fleurdelysé ; un personnage couronné, debout,
un chien (?) sous les pieds, une lance à pennon Iriûde
dans la main droite, dans la gauche un bouclier, pennon
et bouclier chargés d'une croix (diam. des deux, O'-OS').
XIII* siècle.
Beaucoup des disques émaillés provenant des cassettes
d'Amédée IX et de Guala Bicheri sont passés en diverses
mains : un au Museo civico de Turin; un chez le chevalier
G. Bertini, à Milan; trente-trois chez M. Kd. Mella, à
Vêrceil. On remarquera encore que l'église de Saint-
Sébastien, à Biella, était jadis, comme Saint-Andié de
Verceil, la propriété des chanoines de Latran ; cette re-
marque, jointe aux rapports ornementaux, à l'identité de
symboles héraldiques, constants entre nos cassettes pié-
montaises, autoriserait à penser que lès trois meubles ont
appartenu au même personnage, et qu'ils furent intro-
lyGoogle
^ioogle
— 73 —
duits dans le nord de l'Italie, simultanément, à la suite
des mêmes circonstances. La découverte de l'inventaire,
dresse sans doute après le décès d'Alfonse de Poitiers,
éclaircirait peut-être la question ; malheureusement, les
historiens ne s'accordent pas sur le lieu où le frère de
saint Louis termina sa carrière. Les uns le font mourir
à Savone, près Gênes; les autres, au ch&teau de Corneto,
non loin de Sienne. (Ëdoardo Mella, La cassa gïà di depo-
ailo délie o$m del cardinale Gtiala Bicheri, ap. Alti delta
Soeieta d'archeologia e belle arti per la prooineia di Torino,
t. IV, 1883. L. Guibert, Notes héraldiques ms.)
Muiie ehrélien du Vatican, à Rome. — Chasse. Type ordi-
naire. Face : auge, les Saintes femmes au Sépulcre ; toit,
la Fuite en Egypte. Flancs, deux saints. Revers, un tapis
de quatrefeuilles. Figures sur champ bleu semé de rosaces ;
polychromie; têtes en relieL Haut, et long. O'iSB"'"; larg,
0"08*. XIII* siècle. L'épisode de la Fuite en Egypte est
ainsi représenté. En avant, saint Joseph nimbé, imberbe :
d'une main, il tient son bagage roulé autour d'une longue
perche; de l'autie, la bride de l'âne. Suit la Sainte Vierge
portant le Divin Enfant, et assise sur son coursier à
longues oreilles. Derrière, un palmier; puis un person-
nage nimbé et imberbe, qui se retourne vers les émi-
grants et semble, par signes, leur souhaiter bon voyage
ou leur indiquer la route. Une châsse limousine du xiii'
siècle, au Musée de Gluny, représente le même sujet d'une
façon très différente. Saint Joseph, barbu et nimbé, foHe
la canne des Compagnons du Devoir; grosse pomme sphé-
roïdale, touffe de rubans vers la pointe. L'Enfant- Jésus
est monté à califourchon sur les épaules d'un homme de
haute taille, lance en main et l'épée au côté. La Vierge,
à pied, ferme la marche. La scène est épargnée sur champ
bleu, rehauBsê de disques polychromes et coupé transver-
salement par un large bandeau turquoise. Je laisse à d'autres
le soin d'établir la personnalité du géant; est-ce le futur
bon larron? Mais l'insigne des Compagnons charpentiers
donné, au xiii* siècle, pour attribut à saint Joseph, me
lyGoogle
— 74-
semble digne de remarque ; cette circonstance prouve l'an-
Hhï-lhiHH; +\4-i^: HKT
Panneau de châsse; Gluny.
(Extrait du Manuel de l'art chrétien. )
tiquité d'une association qui resta toujours mystérieuse.
Une miDiature anglo-normande du xu' siècle représente
aussi la Fuite en Egypte; le Père nourricier du Sauveur
est chargé d'une espèce de doloire fort curieuse (Thomas
Wright, The homes of other days. p. 129, fig. 4, 1871). Les
très anciens spécimens en bronze et en fer d'un pareil
outil ont été publiés récemment dans les Bulletins de la
Société des Antiquaires de France. — Chasse. Type ordi-
naire. Face : saint Etienne conduit hors de la ville; lapi-
dation du protomartyr. Revers : tapis de quatrefeuilles.
Flancs, saint Pierre et saint Jean. Haut, et long. O^HS""";
larg. 0"K)87""'. xiii' siècle. — Chasse. — Forme ordinaire.
Toit : le Christ juge, assis sur l'arc-en-ciel dans une
vesica piscis cantonnée des quatre symboles évangélis-
tiques; Apôtres. Auge : le Divin Crucifié entre la Sainte-
Vierge et saint Jean. Flancs : deux bienheureux. Revers :
Quatrefeuilles inscrits dans des cercles. Figures épar-
ly Google
— 75 —
gnées; champ bleu. Haut. O'-IS'; loDg.0"21'; larg. O^OSS"".
sni* siècle. — Chassb. Type consacré. Toit : trois mé-
daiUons avec des bustes d'anges tenant des livres. Auge :
Christ assis entre deux membres de la cour céleste.
Flancs : saints debout. Rései-ve; têtes en relief; crête
ajourée de trèfles; pieds carrés. Haut. 0"10'; long. 0"I2";
larg. 0"05». xiii* siècle. — Panneau. Résurrection de La-
zare. Polychromie sur fond d'or à rinceaux gravés, xiii*
siècle. — Pannead. La Gnicî&xion. Au sommet de la
croix, deux anges; au pied, la Vierge et le Disciple bien-
aimé. Main divine; titulus épigraphe, IHS XPS; tâtes en
relief. XIII* siècle. — Panneau. Majeslas Domini cantonnée
des quatre symboles évangélistiques dans l'ordre suivant :
homme ailé, aigle, lion, bœuf, xiii* siècle. Panneau.
Même sujet que le précédent. Têtes en relief, xni* siècle.
— Panneaux. 1" Les Rois Mages, guidés par l'étoile,
s'acheminent vers Bethléem. 2" Entrevue des Mages et
d'Hérode assis sur son trône. 3" Hérode ordonne le mas-
sacre des Innocents. 4° Un ange avertit saint Joseph de
fuir en Egypte, Champ semé de rinceaux, xni" siècle.
— Panneau. Forme barlongue. Sept figures et blasons
ainsi disposés en prenant par la droite : léopards d'An-
gleterre; saint Pierre; la Sainte- Vierge ; Crucifix entre
deux arbres tordus de même hauteur que la croix ;
saint Jean; saint Paul; semé de France. Épargne; émaux
dégradés en majeure partie. Haut. O'"055'"" et COSl"";
long. 0'"177"'°. xiT» siècle. — Figure de Saint. Métal fondu
et ciselé; relief polychrome; champ bleu semé de disques
émaillés blanc et bleu, xiii* siècle. — Figurines. Relief
polychrome ; débris de châsses, im* siècle. — Majestas
DouiNi. Relief fixé sur une plaque moderne en cuivre.
Cette figure est assise de face; tête couronnée, légère-
ment tournée adroite. Manteau émaillé de bleu-clair; des
cabochons ornent le pectoral et l'orfroi du col de la robe.
Haut. 0"'40«. XIII* siècle. — Figures. Elles sont appliquées
sur des fonds modernes; debout; relief émaillé : 1" saint
Pierre, haut. 0-2I5-"; 2° saint Paul, haut. O'-n-, 3* Apô-
lyGoogle
— 76 —
tre, haut. O^SS"; 4° saint revêtu d'une chasuble, haut.
0"'23v xiii' siècle. Ces quatre personnages et le Christ
ont vraisemblablement appartenu à une même châsse de
grandes dimensions. — Plaques. J'en ajoute cinq nou-
velles aux deux qui ont été signalées dans mes premières
lettres. Ces pièces offrent toutes la Majestas Domini avec
quelques variantes : polychromie, iiii' siècle. — Plaque.
Décor de rinceaux, un* siècle, — Plaque. Ange tenant un
livre. XIII' siècle. — Médaillon. Il est circulaire ; champ
émaillé à rinceaux. Sujet : un homme, le fouet en main,
dresse un singe coiffé d'un capuchon, un' siècle; débris
probable d'un coffret. — Plaque. Métal repoussé, émaillé,
découpé en quatrefeuilles. Christ sur la croix, accosté de
là Sainte Vierge et de saint Jean, xiv' siècle. — Plaque.
Même forme que la précédente. Résurrection de N.-S.
XIV* siècle. Plaque. Quatrefeuilles inscrit dans une losange.
Agneau de Dieu tenant une bannière. Émail bleu, xiv*
siècle. — Crosse. Volute frettée garnie de crochets; elle
embrasse une Annonciation. Sur le nœud, quatre saints;
trois dragons en relief prolongent la douille. Émail bleu,
xiii* siècle. — Crosse. La volute, imbriquée et rehaussée
de crochets, figure un serpent dont l'archange saint Michel
transperce la tête de son épée. Émail bleu, xiii" siècle. —
Chandeliers. Haut. 0'"(65"'", Ils sont appariés; sur leur
pied triangulaire on voit l'image en buste du Sauveur
bénissant et tenant un livre. Restes d'émail bleu, xiii'
siècle. — PïiiDES. Boites rondes à couvercle conique;
genre d'ustensiles ainsi désignés dans un ancien inven-
taire : Dux pixides de opère lemavkino in quo koslùe eon-
tervantur (Du Gange, Gloss., Linogia). Le musée en pos-
sède deux : l'une au monogramme I H S, l'autre décorée
de rinceaux, xiii' siècle. — Géuellion. Ce vase, assuré»
ment liturgique, est orné d'anges dans un champ bleu
égayé de rinceaux. Diamètre 0"225""'; profondeur 0°^25'°".
xiii* siècle. — Crucifix. Christ en ronde-bosse. Couronne
fleuronnée; yeux d'émail; penzonium incrusté de bleu.
La croix, dont le champ est également bleu, offre une
lyGoogle
— T7 —
branche supérieure prolongôe outre mesure. Au sommet,
la Main divine et le tUulus IHS XPS eu deux lignes.
A la croisée, un léger renfiement circulaire. Semis de
disques et de losanges polychromes. Au pied, Adam sort
de terre, les bras levés pour rendre grâces au Rédemp-
teur; cette figure, épargnée, surmonte un fleuron poly-
chrome. Bordure métallique perlée, ini* siècle. [Annotes
archéologiques, t. XXVII, pi. II, p. 12.) — Choix. Plaque
de revers d'un Crucifix. Extrémités potencées; décor ré-
servé sur champ bleu-lapis. Au centre, le Christ imberbe,
à mi-corps, issant d'un nuage : les deux mains sont levées
en l'air; la droite bénil, la gauche tient un livre. Aux
extrémités, les quatre symboles évangélistiques ainsi dis-
posés : haut, l'aigle; bras, le lion et le bœuf; pied,
l'homme ailé. Des enroulements fleuronnés de la plus
remarquable élégance s'échappent du centre pour aller
mourir contre les symboles, xiv* siècle. — Christ. Ces
figures veuves de leurs croix sont nombreuses au Vatican ;
j'en relève cinq dont le perisonium offre un émail bleu
ou blanc. XIII* siècle.
Je donne, sous bénéfice d'inventaire, les deux
articles suivants, auxquels j'aurais pu adjoindre
plusieurs autres pièces, dont l'origine m'a néan-
moins semblé trop douteuse pour les mentionner
ici. M. le Commandeur Descemet, qui a examiné
ces articles, incline vers une provenance française
(limousine); leur travail, m'écrit-il, est passable-
ment grossier.
Croix stationnalb. Cuivre doré, repoussé et émaillé.
Face : Crucifix dont les pieds superposés sont cloués dans
leur largeur, et non, comme de coutume, dans leur épais-
seur; les quatre Évangélistes ; la Sainte Vierge et saint
Jean; Adam. Revers : Majeslas Domini au centre; aux
extrémités, l'Aigle, le Bœuf, le Lion, l'Homme ailé, xiv'
siècle. — Croix stationnalb. Face : Crucifix abaissé sous
lyGoogle
- 78-
UD ange tenant dans chaque main une lampe allumée,
image symbolique du soleil et de la lune; la Vierge
et le Disciple bien-aimé; Adam. Revers : le Sauveur
assis bénissant et tenant un livre posé sur son genou;
au sommet, l'Aigle; au croisillon droit, le Bœuf et un
saint; au croisillon gauche, le Lion et un saint; au bas,
l'Homme ailé et un évoque. Les figures emblématiques
sont nimbées; elles ont pour attribut un codex ou un
votumen. Cuivre repoussé et émaillé. xiV siècle avancé.
(Descemet. Barbier de Montault, La Bibliothiqtie Vaticatie,
p. 78 à 83, 92 à 95; Rome, 1867. .Comte Grimouard de
Saint-Laurent, Manuel et Guide de l'Art chrétien.)
La part qui revient ici à M. Descemet sera faci-
lement déterminée.
Musée de Naples. Crosse. Saint Michel terrassant le dra-
gon, xin' siècle. Pyjeidb. Cylindre à couvercle conique;
disques et rinceaux; modèle ordinaire, xui' siècle. (Mo-
linier.)
LA TOMBE ÉHAILLÉB DE l'ÉVÊQUE EULGER, DANS
LA CATHÉDRALE d'aNGERS, ET LA PLAQUE
DE GEOFFROY PLANTAGENET,
AU MANS
J'avais écrit précédemment : a L'influence des
artistes lotharingiens, appelés par Suger pour exé-
cuter le pied de croix dont il fit présent à l'abbaye
de Saint-Denys, ne se manifesterait- elle pas sur la
bordure de la plaque d'Eulger? » Une découverte,
publiée en 1877, mais qui ne m'a été révélée qu'en
novembre 1883, prouve que si cette influence n'est
pas entièrement nulle, elle fut du moins très se-
condaire.
J'ai vu de mes propres yeux et j'ai tenu en
lyGoogle
mains les monuments dont il va être parlé; les
décrire me serait donc facile : je préfère néan-
moins reproduire ce qu'en a dit .M. Louis de Farcy
dans son bel ouvrage, malheureusement trop peu
répandu, Recueil d'objets d'art religieux, 3""
année, 2"' livraison. Orfèvrerie, trois planches.
On me saura gré de la substitution ; M. de Farcy
est un érudit sérieux; il n'avance rien qu'à coup
sûr : dés qu'il ignore, il se tait. Vous me remer-
cierez, mon cher ami, de vous avoir mis en rap-
ports intellectuels avec un homme d'aussi haute
valeur scientifique.
a Ëulger, élu en 1125. mort en 1149, fut le premier
évêque d'Angers inhumé dans la cathédrale. Ses dé-
pouilles morlelles furent enfermées dans un cercueil de
pierre, posé sous une arcade ouverte dans le mur de
tlTITl
r*^
IfïlîTTl
rrrrrri
rrrriT!
Cénotapbe d'Eulger, face.
(D'après M. L. de Farcy.)
l'église, de telle sorte qu'une paroi se voyait du côté de
la nef et l'autre du côté du cloître. Devant ce cercueil,
ibyGoeigle
— 80 —
un soubassement de maçonnerie, de trois à quatre pieds
de hauteur, portait un mausolée en bois, figurant une
châsse à un seul veraant, revêtue entièrement de cuivres
étampés et dorés, enrichie de personnages, de rinceaux
et d'inscriptions, or sur vernis brun, genre décoratif
observé à Maestricht, Visé, Ais-la-Chapelle, Cologne,
Troyes, [La châsse de Nesle-Ia-Reposte, au trésor de la
cathédrale de Troyes, est aussi allemande que possible.
Gausseu, Portefeuille Archéologique de la Champagne, Orfè-
vRERtE, pi. VIII. J'en dirai autant de la châsse de saint
Firmin, au trésor de la cathédrale d'Amiens, monument
dont un habile praticien d'Arras, M. Fr. Normand, vient
de m'adresser les photographies in-folio. Celle châsse,
ornée d'inscriptions et d'enroulements vernissés, accuse
une fabrication rhénane ou mosane, tant par sa forme
que par ses émaux champlevés. G. L.) Lea descriptions
du monument d'Eulger et les fragments, peu nombreux
malheureusement, retrouvés en 1871, pourront donner
une juste idée de sa magnificence.
s
-
\
CénoUpbe d'Eulger, profil.
(D'Après H. L, de Farcy.)
« Le mausolée d'Eulger fut-il, comme celui de ceilaina
évoques, exécuté de sou vivant ou seulement après sa
ibyGoo^le
- 8i —
mort? Je ne saurais résoudre cette question. Toujours
est-il que le style de l'ornementation accuse parfaitement
le milieu du xii' siècle.
■ Chaque année, en reconnaissance des bienfaits dont
Eulger les avait comblés, les chanoines chantaient, pour
son anniversaire, les vigiles et un obit solennel près de
son tombeau. En 1487, le chapitre décida de faire ouvrir
le cercueil pour voir s'il ne contenait pas d'écrits impor-
tants; j'ignore si cette délibération fut exécutée. Dès le
commencement du zvn* siècle, le monument d'Eulger
était fort endommagé; les Huguenots, en 1563, et des
curieux avaient peu à peu enlevé les cuivres. Un dessin
de 1633 environ (Bibl. d'Angers, ms. 871, p. 4) nous le
montre presque entièrement dépouillé des statuettes des
arcatures. Quelques années avant la Révolution, le tom-
beau fut ouvert; voici le récit authentique de ce fait
intéressant. »
» Le 20 septembre 1757, un chanoine ayant fait ôter
» ce cercueil de bois revêtu de cuivre doré, on découvrit
B une tombe placée dans le mur à la hauteur d'environ
1 quatre pieds. II y fit faire une ouverture, à la faveur
> de laquelle on put voir en dedans le corps de ce grand
» évoque. On le trouva couvert de ses ornements ponti-
» âcaux. Ses souliers étaient carrés par les extrémités, et
n sans talons; le dessus était découpé à la façon des
B anciens {calcei fenestrati). Son suaire s'était conservé
s encore entier et presque dans sa première blancheur.
- Comme je n'ai vu aucun des restes de sa soutane,
1 j'ignore s'il en avait une. Son rochet était d'une toile
• assez âne; sa chasuble, d'une étoffe de soie à fleurs
> rouges sur fond violet. Sa crosse de bois était dans
> toute sa longueur. La populace, informée de cette dé-
> couverte et poussée par une curiosité funeste, accourut
• en foule à ce tombeau. On l'ouvrit par l'endroit qu'on
» avait inutilement refermé dès le matin (une cassure à
» l'extrémité du couvercle, côté des pieds). Chacun s'em-
0 pressa d'enlever quelques parties des vêtements qui
X. vu. i-tf
ly Google
_ 82 —
n couvraient les restes de ce grand évêque. Rien n'eut
» échappé à ce pillage si on ne se fût empressé de cacher
u ce précieux dépôt à ses regards. On y réussit en cou-
B vrant cette pierre du cercueil ou petit mausolée de bois
» qui y est aujourd'hui. On lit sur ce mausolée, orné
n autrefois des figures des Apôtres en bronze doré, celte
» épitaphe, différente de celle qui est autour de sa figure.
ijf Hic iacbt Evlgbbits qvi prbsvl nouine qtidqtid
DtBA POTBST sors DABE SVSTINVIT.
GaTDU NVLLA DIBS DEDIT ILLt, NEC LOCA PACBU,
SOLAUBNQTB TVLIT NVLLTS AUICT8 El,
POBT RES ABLATAS, PROPRIA DE SEDB FTGrATTB,
HOSPES BRAT MVNDI, CERTA STATIONE CARBBAT.
(Bibl. d'Angers, ms. 628, p. 142). »
1 Le même chanoine s'appropria sans doute la repré-
sentation émaillée d'Eulger, qui occupait le centre du
monument et qui en était la pièce capitale; elle dis-
parut en 1757.
B Le chapitre ayant, en 1783, confié à l'italea Borani
le soin de badigeonner la calhcdrale, fit murer l'arcade
qui abritait le cénotaphe d'Eulger, pour rendre les murs
unis et propres à recevoir l'enduit. La partie saillante de
la base" de la châsse fut brisée à coups de hache; on
éleva contre elle un mur très mince qui, la dérobant à
la vue, la sauva d'une ruine complète pendant la Révo-
lution.
« En 1871, l'architecte diocésain fll démolir ce mur;
on i-etrouva la châsse souillée de chau.x, gravement mu-
tilée, mais n'ayant pas encore perdu toutes ses décora-
tions de cuivre cloué sur le bois. Voilà les restes pré-
cieux que j'ai fidèlement calqués sur le monument
lui-même, aujourd'hui déposé au musée épiscopal.
I) Ce monument consisie en planches de chêne de
O^OS* d'épaisseur, assemblées avec dos chevilles et dans
lesquelles on a élégi lus chanfreins et lus areatui-es;
seuls, les pilastres ont élê rapportés. Long. l'°98°, épais-
lyGoogle
que. Ries n'est
tressé de cacher
■cussi'i es coa-
lusoJée de bois
■ausoiee, oraé
-.( duré, celte
desafiguK-
ir.
repré-
're du
; dis-
■ade
lyGoogle
Motifs du cénotaphe d'Eulger.
(D'après M. L. de Parcy.)
lyGoogle
„Googlc
— 87 —
seur 0"39'; haut, du coffre 0"77", compris un soubasse-
ment de 0"iO*; la pente du toit mesure O^ôô».
» La base comprend un large chanfrein de O^OÔ', et
un boudin sur lequel restent encore quelques débris
étampés, rinceaux courants dont l'éclat métallique alterne
avec des bandeaux bruns.
■ Le parement du coffre est encadré par une baguette
unie, large de 0"08«, jadis couverte de lames étampées et
dorées, sur lesquelles était tracée, au moyen d'un &n
perlé en relief, une série de quatrefeuilles, dont l'inté-
rieur était sans doute égayé d'enroulements végétaux ; il
n'en reste presque plus rien. Un étroit chanfrein, fond
brun, rehaussé d'étoiles d'or à six rais, sert de transition
entre l'encadrement et vingt-quatre arcades, dont les ar-
chivoltes portent chacune, en lettres d'or sur vernis brun,
le nom d'un dignitaire ou d'un chanoine, contemporains
d'Eulger. Ces arcades, en double rangée de six, douze de
chaque côté, flanquent la place où trônait jadis l'efBgie
émaillée du prélat, place qui mesure, en hauteur 0"'48',
en largeur 0"30". Plusieurs archivoltes ont conservé leurs
inscriptions; & savoir : Paoanvs : Enoeia; GAVFnm' Bbivl'
^ Valet' iiagibt. scol'; iî< Noruand' ARCHmo'; Rvahv....;
Gavtriov' Pota; Radvlp' archido'; Hvgo de Sablencia';
if* Gvillel' Pota; ^ Gtido de Prescenia.
B Les tympans ménagés entre les arcs sont garnis de
plaques étampées dont le motif est toujours le niême
(une petite rose abaissée sous un élégant bouquet de
feuUlea). Il en est ainsi des bases et des chapiteaux des
pilastres de séparation : une bande étampée, repliée à
angles droits garnis de .'., en fait tous les frais. Au
contraire, une assez grande variété distingue les pilas-
tres; on y volt des enroulements, des pahnettes et des
fusées.
n Les figures des chanoines, en cuivre repoussé dans la
plaque même, qui occupaient l'iutériour de éhaque arcade,
ont disparu jusqu'à la dernière; c'est une perte irrépa-
rable. Au-dessus des rangs d'arcatures, courait en grandes
lyGoogle
lettres d'or sur fond brun, l'épitaphe métrique repioduite
plus haut; il n'en reste qu'un éeul fragment. Douze
pierres en losange, d'assez faibles dimenaions, étaient
grossiërement serties et axées par des clous dont la
trace persiste sur l'encadrenient de l'émail central.
> Un dessin de Gaignières, reproduit dans mes Notices
tur ta tombeaux des ivtques d'Angers, pi. II, et dans le
DûAionnaire du mobilier français de Viollet-le-Duc, t. II,
pi. XLVI, donne une idée à peu près exacte de ce ma-
gnifique émail, qui pouvait rivaliser avec celui de Geof-
froy Plantagenet, au musée du Mans.
Tète d'Euiger-
(Interprétation du Deaain de Gaignières.)
n Le versant du toit, disposé absolument comme la face
du coffre, montrait au centre la Majestas Domini inscrite
dans une vetica piseis, ayant douze losanges sur le cadre
et cantonnée des quatre symboles évangélistiquea ; à droite
et à gauche, les douze Apôtres, et probablement aussi
douze Prophètes, remplissaient les arcatures. L'artiste
avait sans doute voulu établir un parallèle entre le Christ
au milieu de la cour céleste et i'évèque entouré de son
clergé.
lyGoogle
> Chaque face latérale se compose d'une partie trian-
gulaire et de deux panneaux cintrés, séparés par un ban-
deau étampé ayant pour motif une série de nœuds h cro-
chets. D'autree bandeaux, or et brun, sur lesquels on
remarque des dessine analc^es à certaines bordures de
vitraux ou de carrelages émaiUés, prolongent les côtés.
Des plaques repoussées, dont il ne reste absolument rien,
devaient remplir les baies cintrées et les triangles.
» Enfin, à l'arête du toit, se trouvent encore les ves-
tiges d'un boudin d'amortissement. Était-il sommé d'une
crête ajourée et de pommes d'orfèvrerie? J'en doute fort,
car on n'aperçoit aucune trace de clous ni de ferrures
propres à maintenir ce genre de décorations. ■
Un précédent mémoire de M. de Farcy, Notices
archéologiques sur les tombeatuc des évêques
d'Angers, p. 15, me fournit d'autres documents.
Bnineau de Tartifume, en 1623, décrit ainsi le
cénotaphe d'Eulger :
« En ceste deuxième arcade est la tombe de Eulgerius,
» jointe à la muraille du costé dextre en entrant en l'église
» de S.-Maurice d'Angers, près de la porte du cloistre,
B en laquelle tombe se voient 48 places, sans deux prin-
» cipales qui tiennent le milieu, es quelles places il y a
> eu autant de médailles de cuyvre doré et esmaillé
a comme il se peut reconnaître en ce qui est de reste... <•
(Bibliothèque d'Angers, ms. 871, p. 4.)
On lit dans le ms. 627, fol. 19 V du même
dépôt :
« Sa figure est émaiUée sur du cuivre avec une mitre
> eu forme de bonnet carré. > [Cfa-onologie des iviques
d'Angers.)
Lebrun-Desmarettes se montre beaucoup plus
explicite :
« Vis-Jt-vis, au côté droit, il y a un cercueil de bois
lyGoogle
— 90 —
» avec des ornements et des plaques dessus, enchâssé en
a partie dans la muraille, élevé au-dessug de terre eu-
» viron de trois pieds, dans lequel fut mis l'évêque Kulger
■ représenté dessus en mignature, avec une mitre tournée
» de côté et toute cornue, ce gui est particulier à lui
■ seul. « {Voyages liturgiques par le sieur de Moléon, p. 82,
Paris, 1718.)
Voici d'autres témoignages dans le même sens.
« Épitaphe d'Eulger autour de sa figure d'émail ptau
> qui parait sur un tombeau de bois couvert de feuilles
■ de cuivre doré... » [Cérémonial de Le Horeau, t. II,
p. 148; 1692 à 1717, Bibl. de l'Évèché d'Angers.)
■ Copie de l'épitapbe d'Eulger, autour de sa figure
■ A'imail pkUe qui parait sur un tombeau... s (Chapelles
d'Angers, ms. du xvii* siècle, p. 167, Musée diocésain
d'Angers.)
« La représentation d'Eulger était en émail et plate
peinture... » (Barthélémy Roger, Histoire d'Anjou, ap. Revue
d'Anjou, 1852, p. 144.)
Une lettre que M. de Farcy m'adressait à la
date du 7 novembre 1883, peu de jours après
mon départ d'Angers, renferme ces détails supplé-
mentaires :
1 Un ancien texte de 1630 environ dit aussi que les
niches abritaient des statuettes ou médailles représentant
les Apôtres, etc. Ceci semblerait indiquer des pièces
rapportées sur champs; et pourtant, nulle trace de clous.
Les statuettes devaient être repoussées dans une feuille
de cuivre très-mince, occupant la baie entière de l'ar-
cade; toutes furent malheureusement arrachées. Pour
moi, je suis persuadé que la plaque de l'évêque était
seule émaillée; les autres reliefs, simplement métalliques,
• pouvaient avoir leurs creux remplis de mastic ou de con-
solidateurs analogues. >
lyGoogle
Je vous ai communiqué, mon cher ami, les
divers renseignements empruntés, soit aux livres,
soit à la correspondance de M. de Farcy. Si j'en
ai, çà et là, modifié légèrement les termes, le fond
demeure absolument intact. J'espère que notre ai-
mable confrère acceptera mes écMts de plume avec
son indulgence accoutumée, et que les observa-
tions, à moi toutes personnelles, qui vont suivre,
seront prises par lui du bon côté.
On n'oubliera pas que je me livre ici à une
sorte de plaidoirie en Cour d'assises, gerbe d'ar-
guments sérieux, discutables, ou même faux à
l'occasion ; le Ministère public — M. de Farcy
— avait préalablement fulminé son réquisitoire.
Conformément à une législation morte d'hier, un
Président quelconque devra résumer impartiale-
ment les débats, puis laisser au Jury, c'est-à-dire
à la science désintéressée, le soin de prononcer
son verdict.
L'exécution du cénotaphe d'Eulger doit être pos-
térieure à l'année 1153. Les motifs qui détermi-
nèrent ce sentiment m'avaient d'abord paru si
clairs, que les développer me semblait complète-
ment inutile; un érudit de l'École des Chartes,
à qui j'ai soumis le cas, trouve qu'affirmer et
prouver sont deux : ses justes observations m'obli-
gent à augmenter d'un paragraphe une notice
déjà fort longue.
On a remarqué que des noms conservés, quatre
sont précédés d'une croix : l'écolâtre ValettLs
(Valoy?), l'archidiacre Normand, Guillaume Pota,
Guy de Précigné ou Preasigny; cette caractèris-
lyGoogle
tique manque aux six autres. Le signe * est fré-
quemment usité au Moyen âge; il y précède, ou
il y remplace au besoin, les signatures au bas
des chartes; on le trace en tète des inscriptions
votives, des légendes de cloches, des épitaphes, etc.,
mais il peut marquer aussi les décès sur les dip-
tyques et les nécrologes : In fine canonis missse,
hsec episcoporum Àrelatenaium nomina legun-
tv/r quitus crucicula prasmittitur, sancii
designantur. (Grori, Tkes. vet. diptych., t. H,
p. 198-199. Mabillon, Vet. analecta.) Les * n'ont
pas été distribuées ici d'une façon banale ou arbi-
traire; le champ des archivoltes laissait assez de
place pour en donner à tous si on l'avait jugé
convenable. Nos th n'indiquent certes pas des
saints; distingueraient-elles les dignitaires ou les
simples chanoines élevés au sacerdoce? Gela est
inadmissible : Ruamu{nâus) en manque, et il sera
démontré bientôt que Ruamundus {pour Raumun-
dv^, genre de faute épigraphique commun au
Moyen âge), Romond, Raymond, remplissait de
hautes fonctions qui exigeaient certainement la
prêtrise chez le membre du clergé appelé à les
occuper. La * , telle que nos inscriptions la mon-
trent, ne me semble donc devoir être prise que
dans l'acception de signe obituaire servant à carac-
tériser les défunts ; conséquence : les personnages
dépourvus de ^ existaient encore à l'époque où
le monument fut parachevé, tandis que ceux qui
en sont munis avaient alors cessé de vivre. Or
une iî< accompagne le nom de l'archidiacre Nor-
mand, très vraisemblablement Normand de Doué,
lyGoogle
successeur immédiat d'Ëulger au siège épiscopal
d'Angers, lequel Normand décéda le 27 avril 1153
{Gallia christiana, t. XIV, col. 569).
Le premier terme extrême de 1153 étant ainsi
déterminé, on pourra trouver le second par la
même méthode. En supposant que le cénotaphe
ait été érigé aux frais d'un évoque, auquel l'attri-
buer maintenant après avoir écarté Normand de
Doué? Est-ce à Matthieu de Loudun, auparavant
abbé de Saint-Florent de Saumur, 1156-1162; à
Geoffroy Moschet ou la Mousche, ex-doyen du
chapitre cathédral de Saint-Maurice, 1163-1177; à
Raoul de Beaumont, 1177-1197; à l'angevin Guil-
laume de Chemillé, un instant évoque d'Avran-
ches, 1197-1202 {Gallia christiana, t. cité, col.
570' à 572)? J'avais d'abord penché pour Moschet
qui, plus que tout autre, devait être enclin à
rendre d'éclatants hommages à la mémoire d'un
illustre prédécesseur, mais une date que je pro-
duirai bientôt m'oblige à reporter sur Matthieu de
Loudun, entre 1156 et 1160, l'honneur d'avoir
inauguré notre monument.
Un vandahsme, moins pardonnable assm-ément
que les excès révolutionnaires, n'a épargné que
dix noms : Payen Engelé, Geoffroy Béjule, l'éco-
làtre Valoy (?). l'archidiacre Normand, Romond,...,
Geoffroy Pota, l'archidiacre Raoul, Hugues de Sem-
blancay, Guillaume Pota, Guy de Précigné. La
série des doyens de Saint-Maurice (Gallia chris-
tiana, t. cité, col. 59'2) fournirait un petit sup-
plément à la liste des chanoines contemporaius
d'Eulger : Enjubauld; Hugues; Geoffroy dit Mbe/ut
lyGoogle
— 94 —
solem (Boitsoleil), à identifier avec Moachet — les
mouches bourdonnent au soleil ; — Matthieu, 1 162 ;
Etienne de Ternac, 1177. Dix et cinq font quinze;
avec de nouvelles et patientes recherches, M. de
Farcy finira quelque jour par combler les neuf
lacunes; il me semble être déjà sur la piste.
Je pense, comme mon érudit confrère d'Angers,
que la face du coffre représentait Eulger environné
de ses dignitaires et de ses chanoines rangés sui-
vant l'ordre de préséance qui leur était assigné
dans les stalles du chœur au moment de la mort
du prélat; que les dignitaires sont désignés par
le nom de baptême suivi du titre; les simples
chanoines, par leurs prénoms et surnoms. Toute-
fois, je persiste à maintenir l'assertion émise plus
haut : la croix obituaire ne signale pas les mem-
bres du chapitre défunts en 1149, mais ceuî qui
avaient cessé de vivre au moment où l'on érigea
le cénotaphe. L'exactitude du fait sera bientôt dé-
montrée; une récente communication de M. de
Farcy {Lettre du 20 août 1884), dont je repro-
duis les passages saillants, va me donner gain de
cause.
« D'après la position des légendes, voici, en
supposant la tombe intacte, l'ordre qu'occupaient
les figures dans la rangée des arcades supé-
rieures.
» Eulger devait avoir à sa droite :
» 1° Le doyen, dont le nom n'existe plus {Geof-
froy Moschet?).
» 2" Le grand archidia re, Ruamundus (ou Bua-
mond?) 1145-1160.
lyGoogle
— 95 —
» 3' L'archidiacre d'Outre-Maine, Normandus.
» 4' L'écolâtre Valetus.
» 5' et 6' Deux chanoines : Gaufridus Bejuiua
et Paganus Engela.
» A gauche de l'évéque :
» r Le trésorier (Gaufridus Pota?).
-B 2' Le chantre; nom perdu.
» 3° L'archidiacre d'Outre-Loire, Radulphus
(Raoul de Beaumont?).
» 4" 5" et 6' Trois chanoines : Hugo de Sa-
blenciaeo, Guillelmus Pota, Guido de Prescenia.
» Le chapitre comprenait huit dignités : Doyen,
Trésorier, Grand-Archidiacre, Chantre, Archidia-
cres d'Outre-Maine et d'Outre-Loire, Écolâtre,
Pénitencier ou Chapelain de l'évoque. Je ne sais
à quelle date remonte cette dernière dignité; exis-
tait-elle du temps d'Eulger? Je ne le crois pas,
attendu que, d'après l'ordre suivi, le Pénitencier
devrait être Hugues de Semblancay; auquel cas on
aurait mis Hugo peniten' ou capellan' au lieu
d'inscrire un nom, soit de famille, soit de pays
natal. Hugues de Semhlancay survécut longtemps
à Eulger. On le voit, en 1170, faire exécuter les
verrières du chœur.
» J'ai orthographié Btiamond à côté de Rxia-
TOM(ndus). Il y a en effet un Buamond signalé
comme grand -archidiacre, de 1145 à 1160, époque
où ce dignitaire fut remplacé par Geroni(m)us;
mais on lit cela dans un manuscrit du xvni* siè-
cle, au musée diocésain, et je doute fort que le
nom ait été copié exactement. »
Ainsi donc, nous avons les noms des trois archi-
lyGoogle
— 96 —
diacres en fonctions à la date de 1149 : Romond —
la leçon Buamond est incontestablement fautive,
— Normand, Raoul. Le second est à coup sûr
Normand de Doué, qui ex archiacono post Eul-
gej^i decessum foetus est episcopus {Gallia
chriatiana, loc. cit.); Normand mourut en 1153,
et la croix obituaire viendrait affirmer qu'il n'exis-
tait plus lors de l'érection du cénotaphe. Au con-
traire, Varchidiaconus major, Romond, reçoit de
l'inscription un certificat de vie à l'époque susdite,
et il ne disparait de la scène qu'en 1160. La ques-
tion me semble maintenant résolue d'une manière
complète; la date du monument se trouve cir-
conscrite dans le court laps des quatre années
écoulées entre 1156, où Matthieu de Loudun prit
possession du siège épiscopal d'Angers, resté vacant
de 1153 à 1156 pour des motifs que nous ignorons,
et 1160 qui marqua, selon une probabilité équi-
valente à la certitude, le décès de l'archidiacre
Romond. Néanmoins le terme 1156 pourrait être
légèrement modifié; nous avons déjà vu qu'en
reconnaissance des bienfaits dont Eulger les avait
comblés, les chanoines chantaient, à chaque anni-
versaire de la mort du prélat, les vigiles et un
obit solennel auprès de son tombeau. Ce témoi-
gnage de perpétuelle gratitude porterait à croire
qu'au chapitre, et non à un évéque, reviendrait
l'honneur du monument; alors la première limite
1156 pouvant reculer jusqu'à 1153 ou 1154, nous
étendrions notre période élastique à six ou sept
ans au lieu de quatre; la différence est bien
minime.
lyGoogle
Ce point déterminé, je partage l'avis de M. de
Farcy relativement à la technique des plaques en-
castrées dans les baies des arcatures; comme lui
j'admets des figures repoussées sur une feuille mé-
tallique de peu d'épaisseur; pareil travail carac-
térise la châsse mosane de saint Hadelin, à Visé,
ouvrage également du xu' siècle, et aussi d'an-
ciens reliquaires à Moissat-Bas, Conques, etc.
Le procédé qui consiste à réservei' des dessins
métalliques sur une lame de cuivre vernie en brun,
ou réciproquement, est spécial ans écoles de la
Meuse et du Rhin. Le moine Théophile l'indique
{Diversarum artiwn schedula, I. III, c. 70);
mais, sans m'écarter du lu' siècle, je ne trouve
rien de notablement similaire au système déco-
ratif du cénotaphe d'Eulger, ni sur la couronne
de lumière de Frédéric Barberousse, à Aix-la-
Chapelle (1152-1190), ni même sur la châsse de
Visé. L'ornementation gravée de la première est
généralement lourde ; les enroulements or et brun
manquent un peu d'air (Bock, Der Kronleuckter
Kaisers Friedrich Barbaros&a; estampages : Mé-
langes d'archéologie, t. I et III, gravures et
chromos). Les bandeaux vernis de la seconde —
j'en possède les photographies — offrent bien un
entrelacs continu ayant quelques rapports avec les
palmettes des flancs de la châsse angevine; néan-
moins il est plus rempli, plus cherché au point
de vue du style. Maintenant,, si j'aborde les ver-
nissages du xui* siècle germanique, à Maestricht,
Cologne, Aix-la-Chapelle, le détail se complique
encore davantage et contraste avec la sobriété de
lyGoogle
— 98 —
notre objectif {Mél. d'archéol., t. I, pi. XXXIII à
XXXVII). En définitive, les bandeaux vernissés du
monument d'EuIger — quelques-uns semblent ins-
pirés par des motifs peints sur les anciens vases
helléniques — sont de véritables patrons de bro-
derie, dus probablement au crayon d'un artiste
français; le même procédé, en Allemagne, ne vise,
et il est rationnel, qu'aux effets de la ciselure.
Les effigies canoniales — vingt-quatre, on ignore ce
qu'il y avait sur les flancs — étaient, on n'en sau-
rait guère douter, non des images fantaisistes, mais
des portraits, soit ad vivum, soit d'après des sou-
venirs exacts. Cette circonstance et leur technique
permettent de croire qu'elles avaient été fabriquées
à Angers où habitaient d'habiles orfèvres; natu-
rellement aussi les vingt-cinq figures du toit, les
motifs étampès et, pour demeurer logique, les
vernissages, inscriptions, bordures ou pilastres.
Les eara-tères alphabétiques peuvent être invo-
qués en faveur d'un travail angevin; ils sont de
deux espèces. D'abord le magnifique type carré de
l'èpitaphe, dont nous n'avons que les mots DARE :
SVSTINVIT, fin de la seconde ligne; il tient à ia
fois de l'augustal et du damasîen ; la couronne
d'Aix-la-Chapelle et la châsse de saint Hadelin
n'offrent absolument rien d'analogue. L'alphabet
des archivoltes est un mélange d'oncial et de carré;
les légendes au vernis des bandeaux de Visé sont
du même gf^nre, mais avec de notables différences
dans les D, les G, les H et les M.
Le style des èpitapbes, bien qu'il ait la couleur
lyGoogle
— 99 —
des borda de la Loire, n'entre pas en compte;
l'écriture s'expédie au loin.
La forme et l'ordonnance de notre cénotaphe me
paraissent essentiellement limousines. A ma con-
naissance, aucune châsse du Rhin ou de la Meuse
ne présente la Majestas Domini encadrée d'une
vesica piscis; non pas que Belges et Allemands
n'aient traité aussi ce thème, mais ils l'ont toujours
appliqué d'une manière différente. En revanche,
le décor des feretra ou arculm e écutés à Li-
moges montre fréquemment le Christ dans une
auréole elliptique, accompagnée d'arcatures en
plein-cintre abritant des personnages; telles sont
les châsses de Saint-Viance, de KIosterneuhourg,
de Gerresheim, de Siegbourg, etc., etc. Quant à
la forme, le modèle allemand a un coffre plus
bas, un angle de toit moins aigu que le type
limousin; or, un parement surélevé, un rampant
U"és raide, caractérisent la tombe d'Eulger.
No'.:9 avons analysé tout ce qui reste de la car-
casse originale; passons maintenant à l'émail,
connu par le seul dessin de Gaignières, dessin
empreint de l'inintelligence du xvni' siècle à
l'égard "des œuvres médiévales, mais dont on me
semble avoir trop exagéré la médiocrité.
Autant qu'on peut en juger, la gamme des
émaux était très douce. La figure se détachait
en blanc sur champ bleu ; absence totale de rouge
parfondu. Une gamme aussi tranquille distinguo
la plaque de Geoffroy Plantagenet, an Mans, où
le rouge anime à. peine un motff d'architecture,
et les médaillons du coffre de sainte Foy, à
lyGoeigk
_ 100 -
Conques, où cette couleur ne se montre pas. La
tonalité allemande au xu' siècle est bien plus
énergique.
La bordure, lacis de triangles aux contours mé-
talliques largement épargnés, me parait sui ge-
neris. Néanmoins ces imbrications effilées, les
unes vert- pâle, les autres nuées de bleu, vert-
pâle et turquoise, ne sont pas de style germanique;
le goût français y perce.
Des six documents écrits reproduits plus haut,
les deux premiers mentionnent simplement un
émail quelconque; les derniers spécifient un émail
plat ou en plate peinture; au troisième, le terme
mignature^ employé par Lebrun -Desmarettes, est
surtout caractéristique. Ce savant liturgiste, très
judicieux observateur mais peu versé dans le voca-
bulaire technologique, n'a pas trouvé de meilleur
moyen pom^ exprimer sa pensée que de recourir
à une comparaison avec les tableaux enluminés
des anciens manuscrits. Quatre témoignages affir-
ment donc la présence d'une plaque en émail
champlevé; qu'a-t-on à leur opposer? Le vague
des autres — ils ne sont ni pour ni contre — et
une invention de VioUet-le-Duc.
En effet, le dessin de Gaignières accuse une
légère saillie du côté des ombres, mais diverses
causes peuvent avoir motivé cette façon d'agir.
Un même ton, parfondu dans un grand alvéole,
n'est jamais uniforme; il se jaspe de noircissures,
suivant le degi-é de pureté des matières vitreuses
ou l'inégalité dtf température qui atteint chaque
place à la fusion. Les surfaces polies, exposées à
lyGoogle
— 101 —
la lumière, miroitent toujours plus ou moins de
manière à produire un semblant d'ombre. Le mo-
dèle n'aurait-il pas réellement offert des nues
qu'une copie hâtive a sommairement rendus? La-
quelle de ces raisons guida l'artiste? Je ne saurais
choisir entre les trois; mais à coup sûr il n'eut
jamais l'idée que lui prête VioUet-le-Duc. Dessi-
nateur hors ligne, plein de confiance dans un émi-
nent savoir, l'auteur du Dictionnaire du mobilier
français s'est donné. le tort grave de perfectionner
l'œuvre trop indécise de Gaignières sans prendre la
peine de recourir aux textes qui auraient pu éclai-
rer la situation. Il vit un relief là où n'existait
absolument qu'une ficelle de peintre; alors il en-
fanta la superbe aquarelle qui m'induisit en erreur,
et qui doit tromper encore bien du monde jus-
qu'au jour oiî un nouveau lexicographe lancera ma
rectification dans le domaine public.
L'alphabet de l'épitaphe marginale offre un mé-
lange de carré et d'oncial assez différent des lettres
tracées sur les archivoltes. D'abord la boucle infé-
rieure du G se recourbe en volute très prononcée;
ensuite, détail dont VioUet-le-Duc n'a guère tenu
compte, les jambages de tous les A et de la moitié
des M serpentent plus ou moins. Viollet-le-Duc a
mis des Q, queue extérieure et tournée à droite,
là oiï Gaignières figure une queue à gauche et
pénétrant l'ovale; en outre le seul exemple de
lettres conjointes est interverti : ME dans le livre,
AR chez Gaignières. Quoiqu'il en soit, l'épigra-
phie de l'émaii accuse évidemment un tout antre
DigmzcdbyGoOgle
— 102 —
style que les types employés sur le reste du mo-
nument.
La tête du prélat, telle que Gaignières l'a re-
produite, n'est aucunement fantaisiste — laissons
Viollet-le-Duc à l'écart. — On y voit le portrait
d'un homme entre deux âges, œil azuré, barbe
et chevelure blond-ardent, presque roux. La face
est large; le regard, {)lus bienveillant que sévère,
témoigne d'une grande fermeté jointe à la man-
suétude, qualités dominantes d'Eulger et inscrites
sur le cadre même de l'émail ;
Ffentem solari, nudum vestire, stiperhum
Frangere.
Assurément notre portrait n'est pas une étude
d'après nature, mais on y constate la vigoureuse
interprétation d'une excellente maquette inspirée
par quelque image authentique, contemporaine de
l'original et prise ad vivum.
L'épluchage est clos, mon cher ami; il faut bien
aborder le ten-ible chapitre des conclusions. J'en
frissonne, et pourtant je n'ai sur le terrain de
rématUerie que des adversaires singulièrement
courtois; ne vont-ils pas néanmoins me taxer de
trop de hardiesse? Essayons toujours!
î° Le projet du monunaent incombe à un artiste
de l'Ouest; la carcasse et tous les cuivres repoussés
ou vernissés sont de travail angevin ; le montage
de l'ensemble a été fait à Angers.
2° 11 n'est guère probable que les orfèvres ange-
vins aient appris des èmailleurs lotharingiens, em-
ployés à Saint-Denys, le procédé allemand de la
lyGoogle
réserve métallique sur champ brun. Les Lotliarin-
giens, arrivés à l'abbaye en 1144, n'y travaillèrent
que deux ans pour le compte de Suger ; ils devaient
avoir regagné leur patrie avant la mort d'Eulger,
et à plus forte raison vers 1160. Il ne serait tou-
tefois pas impossible qu'un industriel de l'Anjou
fût allé à Saint-Denys de 1144 à 1147, et que les
émailleurs étrangers lui eussent alors révélé le
secret du vernis brun — les brevets d'invention
étaient inconnus au xn" siècle; — mais ce secret
avait d'autres moyens d'expansion. A supposer que
la Sehedula de Théophile n'eût pas été rédigée
au temps de notre monument, ou que les copies
du livre n'eussent pas alors encore gagné la France,
le fait d'Angevins ayant parcouru les provinces
mosano-rhénanes, comme de touristes allemands
venus sur les bords de la Loire, n'aurait assuré-
ment rien que de très naturel. Soit isolément,
soit à la suite d'une caravane de pèlerins, les
artistes et les gens de métier circulaient beaucoup
au Moyen âge; or Angers est trop voisin de la
Sainte-Larme de Vendôme et de Saint-Martin de
Tours pour n'avoir pas reçu la visite de quelque
praticien liégeois qui, en retour d'un aciueil cor-
dial, aurait enseigné à son hôte la méthode du .
vernis brun.
3' La plaque représentant Eulger fut exécutée à
Limoges, d'après une maquette angevine; on en
confia l'épigraphie à un habile scribe limousin,
qui se servit d'un gracieux caractère approprié aux
exigences^ du cadre. Cette plaque, ensuite expédiée
à Angers, était en émail champlevé dans une
DigmzcdbyGoOgle
— 104 — "
surface plane. Le procédé du relief, dont la
tombe de Philippe de Dreux, évêqiie de Beauvais
(1?17), montrait un des plus anciens spécimens,
ne semble pas antérieur au xin* siècle. Brillants
au début, les industriels qui exploitaient ce genre
passèrent rapidement du chef-d'œuvre à la médio-
crité; de la médiocrité, à la pacotille. Ils inon-
dèrent la France et l'Europe d'informes poupées
sans jambes, à la robe grossièrement incrustée de
couleurs parfondues, poupées que d'honorables ar-
chéologues qualifient, tantôt de divinités gallo-
romaines, tantôt, proh pudor! de statuettes by-
zantines; comme si l'art byzantin s'était jamais
ravalé jusqu'au pétrissage des marmousets de pain
d'épices I
4° La technique des émaux nues, dont on aper-
çoit l'usage sur la bordure et que les vêtemenfa
du personnage offraient peut-être aussi, dut s'in-
troduire en Limousin par les voies qui amenèreùt
épisodiquement le verftis brun en Anjou. Je ne
crois pas que les Lotharingiens de Suger aient &
exercer sur ce point aucune revendication spéciale.
L'antériorité de l'Allemagne dans le procédé du nué
me parait incontestable; on appliqua évidemment
• le nné au pied de croix de Saint- Dënys; mais nous
savons aussi maintenant combien les pérégrina-
tions rhénanes et mosanes à travers la France cen-
trale étaient fréquentes au Moyen âge.
Les conclusions ci-dessus peuvent fournir ma-
tière à controverse, et je ne serais guère surpris
qu'on les discutât; elles m'engagent néanmoins à
revenir sur la plaque de Geoffroy Plantagenet, au
Digilizcdby Google
- 105 —
Mans, question que je n'ai pas traitée en 1883
avec tous les égards mérités.
Les plus antiques échantillons d'émaillerie que ■ •
l'on puisse attribuer sans incertitude, sinon à
Limoges même, du moins à un atelier limitrophe,
sont les disques ornementaux du coÊfre de sainte
Foy, à Conques, lis furent commandés par l'abbé
Boniface {1100-1137), dont le nom est inscrit en
jarretière à l'entour d'un des éléments. Ces pièces
consistent en lames de cuivre doré, dans lesquelles
on a champlevé des silhouettes d'oiseaux, de mons-
tres et de plantes; l'esquisse ainsi obtenue offre
un petit nombre de cuves, séparées les unes des
autres par des réserves métalliques plus ou moins
largement espacées. Chaque alvéole n'a reçu qu'un
ton monochrome; à peine voit-on çà et là des
traces de juxtaposition; elles n'existent qu'aux
étranglements où l'opération devenait facile.
La plaque du Mans, de dimensions supérieures
(haut. 0"63', larg. 0°34') à celle d'Angers, est
une œuvre incontestablement limousine; je vais,
mon cher ami, avec votre permission, la pré-
senter en détail.
Labarte, qui lut beaucoup, vit trop pour exa-
miner à loisir, et se laissa fréquemment entraîner
par l'esprit de système, marche à rencontre des
traditions, à coup su,- très respectables, de VEccle-
sia Cenomaneîisis. D'après le célèbre archéologue,
l'émail du Mans ne figurerait pas Geoffroy Planta-
genet, comte d'Anjou, inhumé dans la cathédrale
de Saint-Julien, mais le fils du même Geoffroy,
Henri IT, roi d'Angleterre, dont le corps vint repo-
lyGoogle
- 106 —
ser à Fontevrault. Cet émail, que Montfaucon nous
montre, en 1730, fixé au deuxième pilier de
l'église, à gauche, pi-oche le jubé, n'aurait jamais
fait partie d'un tombeau ; il formerait un tout
complet, un ex-voto. (Recherches sur la peiip-
ture en émail, p. 199 et sq.; Histoire des arts
indtbstriels, t. III, p. 662 et sq., 1" édit.).
M. Hucher {Bulletin Monumental, t. XXVI,
p. 669 et sq.) soutient l'opinion contraire et, à
l'appui de sa thèse, il cite des faits importants.
Jean de Marmoutiers, moine chroniqueur du xii'
siècle, qui dédia son livre à Guillaume de Passa-
vant, évêque du Mans (1142-1187), s'exprime ainsi
au sujet de Geoffroy : « Humatus est autem in
sancti&sima B. Juliani Cenomanensis ecclesia,
in nobilissim^ mausoleo que ei nobilitati épis-
copus pise recordationis Guillelmus nobiliter
extruxerat. Ibi siquidem effigiati comitis rêve-
renda imago ex auro et lapidibits deeenter im-
pressa, superbis ruiTiam. humilibus gratiam
distribuere videtur. » (Johannes Monachus, His-
toria Gauffredi ducis Normannorum, ap. D.
Bouquet, t. XII, p. 530.)
« Guillaume de Passavant célébra, dans l'année
1151, les obsèques de Geoffroy, qui avait rendu
le dwnier soupir en arrivant à Château-du-Loir.
Ensuite le corps du défunt fut transféré dans
l'église cathédrale et enseveli avec une grande
pompe. » (Gallia christ., t. XIV, col. 229.)
Un procès-verbal, existant aux archives du cha-
pitre catbédral du Mans, constate que le tombeau
de Geoffroy fut détruit en 1562 par les Calvi-
lyGoogle
— 107 —
nistes. « Entre les dicts deux autelz derniers,
contre un pillier, vers ladite nef, y avoit un mo-
nument et sépulture de pierre de taille d'un sei-
gneur anglois fort anticque et magnificque ; amorty
en franc d'espic, sur lequel il y avoit trois testes
fort anticques dont l'une estoit de marbre vallant
huit cens livres tournois. »
Trouillard {Histoire des comtes du Maine, 1643)
dit que « le portrait de Geoffroy e-st gravé dans une
table de cuivre émaillé, et affiché à une des colonnes
de la nef de l'église du Mans. » Le P. Anselme et
ses continuateurs (Histoire généalogique de la
Maison de France, t. VI, p. 19) reproduisent
l'assertion de Trouillard. Enfin, la plaque est per-
cée de cinquante petits trous ronds.
Résumons. Guillaume de Passavant érigea, sur
la sépulture de Geoffroy, un magnifique mausolée,
où brillait une image plate {impressa) àa défunt,
image fabriquée en cuivre et en émail : les écri-
vains du Moyen âge n'y regardaient pas de si prés;
sous leur plume, le cuivre doré devenait de l'or,
et ils nommaient indifféremment lapis toute sub-
stance minérale non métallique, façonnée en tables
polies. Le cénotaphe, adossé contre un pilier de
la nef, fut brisé, en 1562, par les Cdvinistes,
impitoyables destructeurs qu'il ne faut pas con-
fondre avec les Luthériens, auxquels l'Allemagne
doit la conservation de tant de précieuses épaves
liturgiques. Le gros œuvre était en pierres de
taille où l'on avait introduit des fragments anti-
ques. L'effigie, amortie en franc d'espic — ces
termes s'appliquent- ils au travail de la plaque ou
lyGoogle
— 108 —
à l'accoutrement du personnage? Personne n'a su
me le dire, — est alors attribuée à un seigneur
anglais, preuve d'ignorance ou de négligence
dans un moment de troubles. Le chapitre man-
ceau se montra plus tard mieux renseigné, il
restitua au défunt son véritable nom, et il fît
clouer le portrait à un pilier de la nef, en sou-
venir de la place qu'occupait jadis le mausolée.
Les gens les plus difficiles se contenteraient de
ce qui précède; on peut y ajouter encore quelque
chose.
Nous voyons sur l'émail un homme à la fleur
de l'âge; physionomie pleine, dont une certaine
vivacité de regard anime la douceur quelque peu
moutonne ; barbe courte et bouclée ; chevelure lon-
gue et flottante. (Le Moyen âge et la Renaissance,
Émaux. Viollet-le-Duc, Dictionnaire du mobilier
français, t. II, pi. XLI. Hucher, L'Émail de Geof-
froy Plantagenet, in-folio, photochromie). Do pa-
reils traits ne sauraient convenir à Henri II, mort
à cinquante-sept ans, usé de cliagrins et bourrelé
de remords; d'ailleurs Henri, décédé en 1189, sur-
vécut à Guillaume de Passavant qui ne put ainsi
rien consacrer à la mémoire de son prince. Au
rebours, ce faciès juvénile caractérise parfaite-
ment Geoffroy, souverain giierroyeur, mais a com-
patissant, généreux, aimé du populaire pour sa
mine ouverte et avenante. » (Célestin Port, JVom-
velle Biographie générale, t. XX, col. 10.) Geof-
froy termina sa cariiére en 1151, à la suite d'une
imprudence; il avait à peine trente-huit ans.
Comme pièce à l'appui, je signalerai encore un
lyGoogle
véritable sosie de l'émail, illustrant un manuscrit
du xu' siècle de la collection de Kerrick, en An-
gleterre. Alexandre Lenoir, qui l'a publié {Musée
des monuments français, t. Vil, p. 83) y soup-
çonne la pensée originale de notre plaque, et il
y reconnaît Geoffroy; le baron de Roujoux et Alfred
Miingaet (Histoire d'Angleter?'e, t. I, p. 185, fig.,
1844) partagent l'avis de Lenoir quant à la dési-
gnation du personnage.
En concordance remarquable avec le texte de
Jean de Marmoutiers, superbis ruinam, humi-
libus gratiam distribuera videtur, l'inscription
métrique surmontant l'image,
EnSE TUO, PRINCEPS, PREDONUM TUEBA FUGATUB,
ECCLESIISQUE OUIES PAGE VIGENTE DATUR,
me parait être, non une formule ù^ex-voto, mais
une apostrophe adressée à un mort inhumé juste
en dessous, et dont le nom était rappelé dans une
épitaphe indépendante, gravée sur le massif du
sarcophage. Cette épitaphe n'existait plus au xvi'
siècle, et nul écrit n'en a conservé la teneur. Quoi-
qu'il en soit, on n'en saurait aujourd'hui douter,
notre émail est une épave du tombeau érigé par
Guillaume de Passavant à la mémoire de son
maître bien-aimé, épave qu'une main courageuse
et intelligente put soustraire au sac de 1562.
Un coup d'œil jeté sur la- carcasse du cénotaphe
d'Eilger suffît pour faire comprendre l'ordonnance
du mausolée de Geoffroy. Le premier était en bois
revêtu de cuivre; le seconil, en pierre agrémentée
de, débris antiques; mais tous deu'i furent conçus
et exécutés par des artistes indigènes; une effigie
ibyGoogle
— 110 —
émaillée, fabriquée à Limoges sur mesure, les dé-
corait l'un et l'autre. Au Mans, cinquante rivets
fixaient l'émail, vraisemblablement à une planche
encastrée dans la maçonnerie — le pilier de la nef
porte encore les traces visibles des six ou sept
crampons de fer qui y attachèrent la pièce; — à
Angers, ou il n'y avait que de la menuiserie,
l'annexe pénétrait sans doute à frottement, ce qui
peut expliquer la grande facilité qu'on eût de
l'extraire en 1757.
Accusant une complète identité de technique,
sorties peut-être du même atelier, les plaques
d'Eulger et de Geoffroy sont évidemment contem-
poraines. L'évêque Guillaume dut se hâter, et,
quand même il aurait été entravé dans son des-
sein, un retard de dix ans serait déjà foi-t long,
aussi je me refuse à dépasser la limite de 1160.
Le champ et la bordure intérieure de l'émail du
Mans offrent, semblablement aux médaillons de
Conques, de larges cuves, où des rinceaux, un
papelonné, des mouchetures d'hermines (fleurettes)
monochromes, se détachent vigoureusement sur
un fond métallique; aux angles rentrants des vo-
lutes bleu-foncé, surgit une languette blanche jux-
taposée; Limoges accentuait davantage les sépara-
tions à la fln du xn' siècle. Le personnage est
magistralement campé; les broderies et les sym-
boles hèraldiijues témoignent d'une remarquable
entente de l'épargne gravée; les minces filets d'or
qui esquissent les plis des vêtements sont sobre-
ment l'épartis. Le ton de ces vêtements est à peu
près uniforme : cotte d'armes verte, manteau et
lyGoogle-
robe bleu<-lair; néanmoins, un limbe nué de trois
couleurs arrête le bas de la cotte d'armes; le
bleu-clair de la robe, des chapiteaux et des pal-
mettes du cadre est légèrement rechampi de blanc.
Les lettres de l'inscription sont carrées, hormis
deux Ë lunaires contre huit latins.
J'avançais en 1883, mon cher ami, que la Vision
de saint Etienne de Muret et V Adoration des
Mages, au musée de Cluny, étaient contempo-
raines de la plaque du Mans, avec une simple dif-
férence d'ateliers. Les panneaux de Cluny — je ne
puis me résoudre à les séparer malgré des objec-
tions spécieuses — proviennent tous deux de la
châsse majeure de Grandmont fabriquée vers 1 189.
Certaines affinités techniques avec l'émail de Geof-
froy y sont constantes; même emploi de la ré-
serve, même système de rubans, mêmes juxta-
posés, mêmes rechampis. Des analogies passons à
l'énumération des écarts. Au Mans, ampleur de
style, gamme sévère et harmonieuse; à Grand-
mont, dessin moins correct, recherche quelque [«u
maniérée, entassement de détails, massifs de rouge
attirant l'œil. Aujourd'hui la contemporanéité, que
je croyais absolue, devient pour moi relative; si
j'attribue à l'émail de Geoffroy une priorité mini-
mum de trente ans sur les panneaux de Cluny,
c'est qu'un tel laps de temps permet au bien de
se changer en mieux, et le mieux est trop sou-
vent l'ennemi du bien.
L'inflaeni-e allemande se manifeste-t-elle sur la
plaque du Mans? 11 me paraît très vraisemblable
que les tons nues et l'association des réserves au.\
lyGoogle
milieux colorés sont d'importation germanique;
hors de là, l'émail de Geoffroy est, comme celui
d'Eulger, une œuvre parfaitement originale. En
serait-il autrement, que le mérite d'avoir fabriqué
les plus grands champlevés connus resterait tou- '
jours à Limoges; le pied de croix de Saint-Denys
comportait soixante-huit sujets, dont aucun ne
pouvait atteindre les hauteurs de 0"'48' et de 0"63'.
La hardiesse des Limousins en fait de dimensions
éclate encore dans leurs ouvrages de peinture vi-
trifiée ; témoins : . les Apôtres de Saint-Père, à
Chartres, le Crucifix de M. de Montégut, à Paris,
et par dessus tout les énormes plaques de Pierre
Courteys, au musée de Cluny. La taille de ces der-
nières, qui mesurent 1"65' sur i"00, n'a été égalée
que par les céramistes italiens, dont l'excipient
d'argile et la gamme restreinte ne présentaient
pas les difEicultés du métal et de la riche palette
des Limousins.
UNE NOUVELLE FORME DU NOM ALPAIS
M. Louis de Veyrières a bien voulu m'adresser
la lettre suivante, écrite de Beaidieu (Corrèze) le
il décembre 1883 :
« Permettez-moi, Monsieur, de vous envoyer une autre
forme du nom A'Alpais, que vous pensez itevoir êli-e pro-
noncé Alpé. Je l'ai trouvé inscrit différemment sur un acte
de 1461, où il est porté par un notaire de Meymac Ci-
jointe 1 1 copie exacte du signiim flcïii"onné de notre tribel-
lion et dc^ lignes qui accompagnent re seing :
El me Antonio Atpaijs, villx de Meymaco, Lemoviceiists dû)-
eesis.
lyGoogle
- It3 —
L'orthographe Alpays, avec un y, induit à penser que
l'on devait appuyer sur la dernière voyelle et l'articuler ï.
Dans tous les cas, il s'agit d'un nom patronymique assez
commun en Limousin, nom qui, en Langue d'Oc, pourrait
bien signifier au pays ou te pays. »
Je pense que M. Dai'cel, après avoir lu la note
ci-dessus, renoncera comme moi à la prononciation
normande Alpé, pour adopter le sentiment très
rationnel de M. de Veyrières.
PÈLERINAGES
Vous le savez de reste, mon cher ami, il me
serait difficile de parcourir l'hospitalière Belgique
sans y glaner quelques documents de haut intérêt
pour votre terre natale. Ce que Liège m'avait fourni
en 1883, je viens de le rencontrer aussi h Namur,
en Flandre, en Hainaut, mais dans des proportions
beaucoup plus vastes. 11 ne s'agit pas seulement
ici de délits ou de crimes isolés, punis par un
pèlerinage exotique ; les conséquences d'une guerre,
un traité de paix, l'admission dans une confrérie
charitable, envoyent aux pays lointains toutes les
classes sans exception, depuis le souverain lui-
même jusqu'à l'humhle artisan. Chacun pouvait,
il est vrai, s'exempter du voyage moyennant une
compensation pécuniaire, ou bien en se substituait
un procureur; néanmoins la somme à payer étant
généralement très élevée, les remplaçants coûtant
assez cher, les riches seuls avaient la possibilité
de se soustraire à des obligations assurément fort
pénibles. Les vieux parchemins n'accordent que de
rares articles aux pèlerinages de simple dévotion ;
lyGoogle
volontaires, personnels, n'offrant rien qui méritât
un souvenir, ces pèlerinages ont laissé peu de
traces écrites, mais leur fréquence se devine aisé-
ment à côté des voyages imposés. Je reproduis les
documents relatifs à Saint-Jacques de Galice et à
certains usages tournaisiens en rapports Indirects
ave' la question principale; j'ai cru que l'on ne
serait pas fàclié de les connaître en Limousin.
Guère plus que ma récolte de l'an dernier, le
butin de 1884 n'a de prétentions à l'inédit; quatre
articles au juste sont entièrement nouveaux. Le
seul mérite qui m'incombe est d'avoir groupé des
matériaux disséminés à droite et à gauche. La
longueur de quelques citations étonnera peut-être;
elles n'ont pas été condensées, attendu que plu-
sieurs de leurs formes orthographiques me parais-
sent devoir intéresser la philologie aquitaine, et
que les héraWistes sont toujours friands de noms
propres.
Les pièces ci-dessous ne tombèrent pas préci-
. sèment du ciel dans mon portefeuille. Aux amis,
aux confrères qui me les ont généreusement p;o-
curées ou indiquées, j'adresse le meilleur témoi-
gnage d'une cordiale gratitude; on trouvera, dési-
gnée au bas de chaque article, la source où je
l'ai obtenu.
NAMUR
« Vers la fin du xiv' siècle, à la suite d'un
abandon donné à la ville de Huy par Lukin de
Chastelnuev (Casteh)uovo), le Lombard, sur Ru-
phin, pelletier lombard, (les dissensions éclatèrent
lyGoogle
— 115 —
entre les Hutois d'une part, le comte de Namur,
ses officiers et ses sujets d'autre part. Elles ame-
nèrent, comme toujours, des meurtres, des incen-
dies et des ravages de toute nature. La rencontre
la plus sanglante eut lieu entre Meelîe et Was-
seige; cette fois, la victoire resta aux Namnrois
qni tuèrent quatorze de leurs adversaires et ne
perdirent que deux combattants. Néanmoins cet
avantage fut assez durement acheté. En effet, les
parties ne tardèrent pas à se soumettre à l'arbi-
trage d'Arnoul do Homes, évèque de Liège, du
Chapitre de Saint-Lambert, ainsi que des maîtres,
jurés, gouverneurs et conseils des villes de Liège,
Dinant, Tongreset Saint- Trond. Les arbitres s'étant
réunis à Meeffe, y procédèrent à une enquête et
rendirent leur sentence le 29 juillet 1384. Par
cet acte, ils déclarent que bonne paix sera jurée
entre les deux parties, pour tous les faits per-
pétrés jusqu'à ce jour. A cet effet, les prisonniers
seront remis de paît et d'autre, sans rani;on, et
la restitution réciproque sera faite des biens enlevés
pendant la guerre. Le comte de Namur et ses sujets
sont déchargés de toute obligation résultant de
Vabandon fait par le Lombard Lukin; toutefois
les Hutois pourront traduire personnellement ce
dernier en justice, devant Guillaume 1'"' ou ses
tribunaux. Pour la réparation de la mort des
quatorze Hutois, cinquante-six personnes notables
du comté de Namur seront tenues à des pèleri-
nages dans les pays d'Outre-Mer (Chypre et Jéru-
salem), à Saint-Jacques en Galice, à Notre-Dame
de Rocamadoui-, ou à la Sainte-Larme de Ven-
lyGooglc
— 116 —
dôme. Ces personnages s'engagèrent sur l'honneur,
devant l'échevinage de Liège, à accomplir leurs
pèlerinages dans le mois de mars suivant. Quant
aux Hutois, ils sont déclarés absous du chef du
meurtre des deux Namurois et de tous autres cas
de violence.
B Le jour suivant, 30 juillet, les mêmes arbi-
t;es désignèrent les cinquante-si.t personnes qui
devaient s'astreindre aux pèlerinages mentionnés
dans la sentence de la veille. Pour chaque mort,
quatre d'entre elles devaient chacune un voyage :
la première, dans les pays d'Outre-Mer; la seconde,
à Saint-Jacques en Galice; la troisième, à Notre-
Dame de Rocamadour; la quatrième, enfin, à la
Sainte-Larme de Vendôme. Chacune de ces voies
étant respectivement taxée à 40, à 90, à 10, à 5
francs d'or de France, il fut déclaré que les pro-
ches des Hutois occis auraient le droit, avant la
Noël, d'exiger l'accomplissement des voyages ou la
taxe fixée, soit 75 francs pour chaque mort. Mais,
du moment où l'un des intéressés aurait opté pour
l'indemnité pécuniaire, les autres aussi devraient
se contenter de recevoir l'argent.
» Les Hutois préférèrent l'argent. Cela résulte
du document par lequel les échevins de Liège
attestent, sous la date du 25 décembre 1385, que
les amendes en question, à savoir 75 francs pour
chacun des quatorae Hutois tués, ont été payées
par Godefroid de Ville, 'chevalier, Henri des Co-
mognes et Michar de Warisoulx, agissant au nom
des cinquante-six personnes obligées, et que, par-
tant, ces dernières sont entièrement dégagées. »
lyGoogle
— Ii7 —
Nos Arnoul, par la grasce de Dieu, cvesque de Liège et
contes de Los, li doyen, capitle et 11 maistrez, jurelz,
gouverneurs et consel de la cytet de Liège et dez bonncz
viUez de Dynant, de Tongrez, de SaiDlron, nommez et
esleus juges, arbitres, arbltratours et amlablez composi-
tours sur lez debas esmeus entre noble et puissant prinche
le conte de Namur, ses justichez, oâlcîei-s et subges dune
part, et les maistrez, consel et université de la bonne ville
de Huy d'autre, à la cause d'un abandon que Lukin le
Lombart avait donné à la ville de Huy sur Ruphin le
Lombart, de quel débat pluseurs mort dbommes, arsina et
autrez inconveniens sont perpétrez et suscitez de lune par-
tie et de lautre, dezquelz lesdictea partiez ont eu convent
promis et scelle par certain plackart de tenir et accomplir
ce que nous en dirons et sentenceront de bonne foy
Pourquoy nous, veu et diligemment examine tout ce que
li une partie et li autre nos a volu dire et demoslrer, eu
aussi sur ce délibération, consel et avis auz banerez, che-
valiers, autrez bonnez viUez et le remanant de nostte pays,
disons et pronunchons tous dun accord nostre senteuche
arbitrale en la manière que chi après sensieut Item
tant que a quatorse personnez qui sont mors de la partie
de ceulz de Huy, diaoos que lez quatorse mors de la partie
de ceulz de Huy seront amendez en le manière chi desoubz
escripte par chinquante silex personnez souffissantez, tant
officiers comme autrez de la conte de Namur qui furent
sur le fait, et lezqueilez personnez qui dolent faire les
amendez chi desouLz declareez seront denommeez dedens
demain du jour. Et est assavoir que cascun dez mors
dessus dis aura quatre voyagez fais par quatre dez per-
sonnez qui seront denommeez, assavoir une voie doultre-
mer, une voie de Saint Jaqueme en Galisse, une voie de
Rochemadou et une voie de Vendôme ; lez queillez chln-
q\iante siiex personez soy obligeront sur leur honneur
dedens le jour de lassumpcion prochain venant, devant les
maieur et eschevins de Liège, de faire bien et loyalment
lesdis voyagez et de movoir dedens le mois de march
lyGoogle
- 118 —
tantoust ensuivant la daute de nostre présente pronun-
tiation Fait, ordonne, publiiet et pronunchiet ou
palais a Liège lan de grâce mil trois cens quatrevins
et quatre le vint nuevesrae jour du mois de jullet.
(Archives du Royaume : Chartrier de ffamur; Yidimus
sur parchemin.)
Nous Arnoul etc faisons savoir a tous que ci après
sensiet la déclaration de Ivj personnes souffisautez de la
conte de Namur, qui point ne sont ara ne silliez, qui
doient faire les amendez et voyagez des xiiij personnez qui
furent mors au fait entre Meffe et Wasege, ensi que la
senlenche et oi-denanche que nous pronunchamez sur ce
aujourdhiier, contient que faire se devoit. Assavoir pre-
mier, pour le mort Wautekinet de la porte Fretinez fera
Baroteal de Haineche une voie doultremeir; Michart de
Warizoul, maieur de Namur, une voie de Saint Jaque
en Galisse; Andrier ûl Massait Lambotiu, une voie de
Rochemadou ; Wautier fll del seieur messire Waultier de
HymmelineZ; une voie de la Larme a Vendôme. Item
pour la mort Colart d'Aven, fera Jehan fllz A....raut
d'Acoche une voie doultremeir; Jehan fil damoiselle Mar-
gritte d'Outreppe, de Saint Jaque en Galisse; Gilkin de
Vodechial, de Rochemadou; Williaume de Vodechial, de
la Larme. Pour la mort Lambot le Moulnier, arbalestrier,
fera Henrart fll Johan d'Otreppe une voie doutremer;
Henri de Longchampial , de Saint Jaque; Jamolon fll
Ghyselin Bertrand, de Rochemadou; et Wautier Boulhet,
de la Larme. Item pour la mort Phillippe Durosin de
Lanois, ferat Henrart fll Jehan Douchet une voie dou-
tremer; Gerart fil messire Gile de Hymmetinez, de Saint
Jaque; Jehan del Nouvecour de Hymetinez, de Roche-
madou; Kiijorant del Cour de Henreche, de la Larme.
Item pour la mort Jamouton fll Jaquemin d'Aile maingiie
fera Jehan Hanbremal une voie doutremer; Jehan dou
Cellier, de Saint Jaque ; Boudars de Poulhe, de Roche-
madou; Phillippart de Soie, de la Lai-me. Item pour la
lyGoogle
■- 119 —
mort Jehaa Herloiez de Vilers fera Piron le Roy une
voie doutremer; Jehan Homioiez, de Saint Jaque; Jehan
de Bealraina, de Rochemadou; Hellîno de Tilliroulez, de
la Larme. Item pour la mort Lambot Hubarl fera Robert
de Nivocourt une voie doulremere ; Colars des Monchaulz,
de Saint Jaque; Godefrols de Hambrennez, de Roche-
madou; Jehau Hodial de Namur, de la Larme. Item pour
la mort Colin de Liiez fera Girardin de Hingion, fil le
monneresae, une voie doutremere; Jehan Hosdaing, de
Saint Jaque; Jehans fil Lambert de Brancbon, de Roche-
madou; Golart de Raisart, de la Larme. Item pour la
mort Jehan Goffet fera Hanclet d'Ambressenea une voie
doutremere; Jehap de Lile de Hymetinez, de Saint Jaque;
Haokin de Bolinez, de Rochemadou; Godefrois fil Jamart
Jolit, de la Larme. Item pour la mort Machier le plakeur
fera Frankart fil le boleugier une voie doutremere; Wille-
met fil Waultier le poskin, de Saint-Jaque; Balduwin fil
Gilkart de Hanreche, de Rochemadou; Wautier de Weez
escuier, de la Larme. Item pour la mort Reanechon le
banstier fera George fil Henemant de Hymetinnez une
voie doutremere ; Pirat Dierpens, de Saint Jaque ; Henri
fil Godefroit Palhet, de Rochemadou; Jores fil Enjoran de
Wartaîng, de la Larme. Item pour la mort Ywena le
vigneron fera Gérard fll Phillippart del Cour une voie
doutremere; Pirechon li Begbe de Namur, de Saint Jaque;
Francbolez Paque, de Rochemadou ; maistre Jehan de Flo-
reffe, de la Larme. Item pour la mort Biertholeit Galoie
fera Jehan de Hymetinez demourans en Charliers de
Namur une voie doutremer; Renechon le machon, de
Saint Jaque; Colin Bochart, de Rochemadou; Jehan Pla-
car, de la Larme. Et pour le mort Kiney de Halley fera
maistre Gile de Gembloux parmenteura une voie doutre-
mer; Coliu Brohon li fevre, de Saint Jaque; Pirechon
"Ëorart, de Rochemadou; Henri de Houit, de la Laime.
Par ensi que cascune dez voiez doutremer dessus dites
est taiée a xl frans de Franche dor, le voie de Saint
Jaque a xx frans, le voie de Rocltemadou a x frans, le
lyGoogle
— 120 —
voie de la Larme a v francs; par condition teile que li
plus proismez des xiiij personnez dez mora de Huy dessus
nommez pourront et devront eslire, dedens le jour de Noël
prochain venant, lea voyagez ou largent, ensi que tazet
est, en lieu des voiagez, li queii que miech leur plairat.
Ce adjouste se aucuns dez proismez dez mors de Huy
dessus dis prendoit ou voulsist avoir argent daucun ou de
pluseurs dez volage dessus déclarez, dont devront tous 11
autrez prendre pour leur amende argent semblable, selon
la taxation dessus dicte, et nient voiage. Et sil avenoît
que aucun ou pluseurs des Ivj personnez dessus dictes
fuist ou fuissent ou volsist ou volsissent estre rebellez et
nient faire ne entreprendre lez voyagez a 11 ou a yaux
injoins, Il conte de Namur y poroit et devroit, en lieu de
cheli ou de chiaux qui ensi seroit ou seroieat rebellez,
comme dit est, mètre, constUuer et estaublir autrez per-
sonne ou personnez aussi souiQssant de chiaux qui furent
de la conte de Namur sur le fait y naguiere perpetreit
entre Meffe et Waselge, au décret et ordlnanche de nous
lez arbitrez dessus nommez lan de grâce mil trois cens
quatrevins et quatre, le pénultième jour dou mois de
juUet.
(Archives du Royaume : Chartrier de Namur; Vidimus
sur parchemin.)
Quittanches et ensengnemens fais lan mil trois cens
wltante et chinques, le jour du Noeil, maires Frans Hons
de Hollengnoulez, esquevins Hacourt, Rosseaz, Warouz,
Jehans del Colr, Gerars, Jehans et Wilhames de Berses
et Jobans de Frens. Sachent tuit que par le vigeur dune
pais faite entre noble prinche monsaingneur le conte de
Namur dune part, et cheauz de Huy dautre part, chln-
quante siiez personnes délie conîeit de Namur soy obli-
garent singulièrement pardevant nous envers quatorse
hommes de Huy de certaines voiez doutremeir de Saint
Jakeme, de Rochemadut et de Vendôme, assavoir sont li
xiiij hommes envers lesqueils les oblîganches furent fai-
lyGoogle
— 121 —
tes : Lambot li falconiers, Johan délie Porte, Johans
Marnaule de Versey, Hankines de Roseur, PhiUppot de
Lanois, Gilchons de ViUeir, Jakemiens d'AUemangne, Ha-
nekare de Liiez, Wateles li banscellers d'Avennez, Johans
■ Malhe tout ens, Wateles d'Avennez, Lambere Cowe, Ber-
thole Galoie et Godiscal de Tniwegniez. Et laditte pais
contenist que li xiiij hommes devant dis avoyent leur
élection, dedens le jour duy, de prendre les voies ou lar-
gent, assavoir cascung deaux sissante et quinze fraas de
Fraace dor; et furent si conselhiez li xiiij hommes de
Huy devant escripts, ou cheaus az quels donations avoit
esteit faite par les alcoos deauz, enSi quil appert en che
registre, quil choisirent largent; et laditte élection par
eauz faite, ilh furent bien paiiez par Mous. Godefroid de
Ville, chevalier, Henry des Comongnez et Mîchal de Wa-
risoul, chu paians de part les lyj obligiez a caacon des
xiiij devant dit Ixxv frans, teilement quil furent contens
et soy tinrent pour soûls et pour bien paiiez, et quittont et
quittent clamont les Ivj obligiez escripts en che registre
et cascuns deauz par ly singulièrement — Donneit par
copie desoz les seaz monsaingnour Basson de Hacourt,
chevalier, et Gérard délie Hamaide, nous maistres et
comesquevins de Liège, desquels nous usons en semblant
cas, sour lan de grasce mil ccc Ixxxv le jour des saints
Innocens.
(Archives du Royaume : Cbartrier de Namur; copie au-
thentique sur parchemin.)
Jules Borgnet, Documents inédits sur les guerres entre
Namur et Liège, ap. Annales de la Soeiilé arehéologûjue de
Namur, t, VI, p. 432 à 441.
BOUVIGNES
Le zvij jour du mois de mars (1467 ou 1468) pardevant
Piere de Rommignot a la première fois quil estoit maieur
et eschevîn de Bovingnes, presens Pierart Chesneau,
Jacquemen Bachart, Jehan de Glymes dit de Jodoingne
DigmzcdbyGoOgle
— t22 —
et Jehan le Chiane eschevins, sobliga Mathieu Sacreit dua
Toyaige de Rochemadoul envers Massart de Jamaigne, si
hault que loy et usaige du pays de la conte de Namur
porte a paîer aus us et constituez dudit pays en nom et
pour réparation et amendiese faisant audit Massart pour
aucun delictz et ofFence par lui delinquie alencontre dice-
lui Massart.
Le xxj jour dapvril (xiv) IxviiJ pardevant Lienart Po-
cache lieutenant maieur de par Piere de Rommignot
maieur de Bouvignes, presens Pierart Ghesneau et Jac-
quemin Bachart eschevins, sobliga Henrart Darras si
hault que loy et usaiges du pays porte envers Gilechon
de Faing pour certain débat et différent quil avoient eust
hin a lautre de paier ung en nom damendiese faisant
audit Gilechon ung voyaige de Notre Damme de Roche-
madoul et le paier aus usaiges et coustumes du pays et
coDte de Namur.
Le ix" jour de febvrier lan (xiv) Ixix pardevant Jehan
le Chisne lieutenant maieur de mess* Ënglebert Doblet,
chevalier, souverain mayeur de Bouvigne, presens Pierart
Ghesneau, Jacquemen Bachart, Jehan de Glymes dit de
Jodoingne, Jehan de Villefaingne et Lienart Pocache
eschevins sobliga Lambert de Verbois, fil de Paulus de
Verbois, souffissamment si hault que loy et usaige du
pays porte, de paier ung voyaige a Nostre Dame de Ro-
chemadoul a pour mon très redoubte S' Mons' le duc de
Bourgogne conte de Namur pour certain delict et offence
par lui commis delinquîe a lencontre de la haulteur et
seigneurie dicelui S' a la personne de Jehan le Queulletie
tout en lui bûchant de nuict hors de sa maison comme
contre lui monescheant. Icelui voyaige a paier a la se-
monce du maieur de Bouvigne en nom de mondit S'.
(Archives de l'État, à Namur; Anciens greffes scabi-
naux. Bouvignes, Registre aux voyages obligés, 1458 à
1538; n" 1345. Communication de M. D. Van de Gaateele,
Conservateur des archives de l'État, à Namur.)
lyGoogle
- 123 —
ROBERT DE BÉTHUNE, COMTE DE FLANDRE
1" septembre 13i6. Traité de paix conclu entre
Philippe, comte de Poitiers, régent du royaume
de France, et Robert de Béthune, comte de
Flandre. On y trouve, parmi les conditions, un
article ainsi formulé :
Et lidiz mesire de Poitiers raportera et dira que lidiz
cueus Robert de Flandres ira outre mer avec lui ou avec
celui qui sera roys de France quaot generauls passaige
sera, se il est en estât que il K puisse aler; et messire
Robert, ses fuilz, ira dedans un an en pèlerinage a saint
Jaques en Galice, a Nostre Dame de Roichemadoi-, a
Noatre Dame de Vauvert, a saint GiUe en Provance et a
Nostre Dame de Puy.... (Original aux archives du Dépar-
tement du Nord; copie coUationnée et authentiquée aux
archives de la ville de Courtrai. Communication de
M. Jean van Ruymbeke.)
BRUGES ET COURTRAI
19 avril 1326. Lettres patentes du roi de France,
Charles te Bel, ratifiant la paix d'Arqués. Il agrée
les offres que les Flamands révoltés ont faites à
ses commissaires pour rétablir la paix entre le
comte de Flandre et ses sujets de Bruges, d'Ypres,
de Courtrai et du Franc. Au nombre des points
stipulés : « En expiation de l'attentat dirigé contre
leur comte, ceux de Bruges et de Courtrai enver-
ront cent pèlerins à Saint-Jacques en Galice, cent
à Saint-Gilles et à Notre-Dame de Vauvert, et cent
à Notre-Dame de Rochemadour. Les dits pèleri-
nages rachetables moyennant dix mille livres tour-
nois. » {Archives de la ville de Bruges, GroeneJi-
DigmzcdbyGoOgle
bouc C, fol. 52; Inventaire des archives de
Bruges par L. Gilliodts-van Severen, t. I, p. 356.
Communication de M. Jean van Ruymbeke.)
TOURNAI
« En 1431, un ménestrel du bas-jeu, nommé
Denis de la Rivière, fut condamné à faire le pèle-
rinage de Saint-Gilles, en Provence, pour avoir
battu et navré à sang Roger Bernard, ménestrel
du haut-vent. Le même Denis se retrouve de
nouveau, en 1434, emwyé en pèlerinage à Saint-
Hubert pour quelque blessure dans une rixe.
» Pierre Tuscap, tailleur ou graveur de lames
(sépulcrales) se voit, en 1430, infliger un pèleri-
nage à Notre-Dame de Boulogne-sur-mer, pour
avoir battu une femme. En 1433, on le condamne
de nouveau à un pèlerinage aux Trois Rois de
Cologne pour s'être arrogé la qualité de bourgeois
de Tournai, à laquelle il n'avait aucun droit, et
s'être permis de ce chef de faire une arrestation
illégale.
» En 1432, Jean Thomas, tailleur d'images^
est condamné à un pèlerinage de Saint-Gilles, en
Provence, pour avoir navré en péril d'affolurc
Tassart du Tielt sans cause raisonnable, puis
à Cologne, pour avoir blessé d'un pot de pierre
3acqv.e-mart de Thumedes et lui avoir fait une
plaie sur le chef.
j> En 1433, un autre tailleur d'images, Gilles
Brunel, est envoyé à Saint-Jacques en Galice pour
avoir navré en péril de mort Jean Génois,
tailleur de pierres. »
lyGoogle
— 125 —
Nous relevons, en 1428, une condamnation au
pèlerinage de Hocamadour.
Henri le Klen, peintre, a lousjours, pour ce que par
înformacion et autrement est apparu, ledit Lekien estre
coustumier de médire et mesparler sur autruy et meieme-
ment de dire et proférer parolles sêdicieuses et maison-
naiis, contendans a faire tourble et division, et entre
aultres choses davoir, contre vente et sans cause, uotte
et chargie messeigneurs les commis esleus ou nom de la
commuuite, davoir este cause des pugnicions a exécutions
qui se sont fàictes puis nagueres de pluiseurs pour leurs
démérites, en demandant se on vouloit encore i-avoir des
autres commis pour faire copper testes comme on avoit
lait, et les mettre en liodignacion du peuple de la ville,
et autres parolles sentant division, en perturbant et em-
peschant le bien de paix et de justice. Et ne pourra
ravoir la ville que ce ne soit pas le gre, assens et accord
de tout le peuple et communite de la ville pour ce assemble
par collèges et bannières, et fait fine dun ban de deux fois
X livi'es et fait un voyage a Nosire Dame de Rochemadour.
Fait le lundi xxj jour de mars lan mil quatre cens vingt
et huit.
La famille Lekien ne jouissait pas d'une excel-
lente réputation à Tournai, a Jean le Kien, peintre,
dut payer une amende de 10 livres, par sentence
du 5 octobre 1440, pour avoir vendu des marchan-
dises frauduleuses, consistant en feuilles d'étain
imitant l'or et l'argent, lesquelles /ueilles estans
en main de justice furent coTidempnees a ar-
doir devant le belfroy ; et avec ce luy fut in-
terdit et a tous aultres pointres de plus user
de semblables, sur en estre griefvement pugny
a le discrecion de messeigneurs prévôts etjui'ez.
« Il est à noter que l'on n'accomplissait les
lyGoogle
pèlerinages infligés que pour autant' que l'on ne
fut pas en état de les racheter à beaux deniers
comptants, an taux fixé. »
(Archives de Tournai, Registres de la loi. Alex.
Pinchart, Quelques artistes et artisans de Tour-
nai, ap. Bulletin de l'Académie royale de Bel-
gique, t. IV, n° 12, 1882.)
Un établissement charitable, destiné à héberger
les pèlerins de passage, existait à Tournai; il était
desservi par une confrérie qui, non-seulement,
accueillait les pieux voyageurs, mais encore ten-
dait à propager- la dévotion des pèlerinages en
donnant elle-même l'exemple. Comme une fonda-
tion semblable que posséda la ville d'Arras, l'hô-
pital tournaisien avait saint Jacques pour patron,
et la Galice était son objectif spécial. Néanmoins,
ainsi que je l'ai démontré dans ma lettre précé-
dente, les pèlerins belges à destination d'Espagne
ayant dû, soit à l'aller, soit au retour, traverser
forcément Limoges," toute pièce exclusivement re-
lative aux voyages de Compostelle peut, à juste
titre, réclamer sa place dans une publication
limousine.
Donnons la parole à un historien local.
« Les archives de la paroisse (Saint-Jacques) font
mention, au xv* et au xvi' siècles, de la Con-
frérie de Saint-Jacques. Cette confrérie n'avait
pas son siège en l'église de ce nom, mais à l'hô-
pital érigé sous le patronage du même saint, à
l'emplacement de la citadelle, dans l'ancienne pa-
roisse de Sainte-Catherine.
» Il existe encore aux archives de la Commis-
lyGoogle
sion des Hospices un manuscrit très remarquable,
dont la première page est ornée de douze minia-
tures d'un assez beau travail, retraçant les prin-
cipaux épisodes de ia légende de. saint Jacques.
C'est le cartulaire de l'Hôpital Saint-Jacques, écrit
de la main d'un clerc nommé Gossel Maret en
1489. MM. Vandenbroek et Voisin ont fait con-
naître ce document dans les Bulletins de la
Société historique et littéraire de Tournai,
t. IX, p. 297 ; nous y puisons quelques rensei-
gnements.
» L'hôpital, fondé' en 1319 par Jean Wettins
qui y consacra son bien, avait à sa tète une con-
frérie d'hommes et de femmes, dotée de nom-
breuses faveurs spirituelles par les papes Eugène IV
et Sixte IV. » Des anciennes Ordonnances de la
Confrérie^ nous extrayons le curieux passage qui
suit :
Ilem tu accorde en lan mil ccc Ixviij, le jour Baint
Jacques et saint Christofle au malin, quant li confrères
furent venus pour porter le caudielle en le paroice de
Saint Jacques, par toutes les paroices et de commun
assens, que jumes nuls ne peuist eslre des lij qui sont
pris le jour S. Chrislofle pour entendre as besODgnes de
le maison toutes les fois quils en sont requis, se ils noot
fait le voyage au baron de Galisse, dou leur, a piet ou a
cheval. Et chius assens et accors fu demonstre as xij per-
sonnes qui estoient pour le temps, a la requeatre de tous
les confrères, parle bouche syre Pieron le Muysit. »
Ainsi don.: les douze mayeurs, administrateurs
de la Confrérie, ne pouvaient être élus s'ils n'a-
vaient pas fait à leurs détiens, à pied ou à cheval,
lyGoogle
le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Per-
sonnellement obligatoire en 1368, le voyage d'Es-
pagnii semblerait, un siècle plus tard, être devenu
une simple formalité à remplir par procureur ; tel
est du moins le sens que j'attribue à cette phrase
de l'auteur : a. Les douze maîtres ne pouvaient re-
cevoir hommes ni femmes en la dite Confrérie,
s'ils n'avaient fait faire le voyage de Saint-
Jacques en Galice à le%ii's propres dépens et
de leur pure dévotion, selon le contenu de la
bulle de Sixte IV. »
A la même époque, le pèlerinage de Galice était
fréquent; on l'ordonnait aussi en punition d'un
■ crime ou d'un délit.
» tl mai 1380. — Jacquemout Doudin, pour
avoir blessé Alart Cresle, fut condamné à 60 livres
tournois et à faire un pèlerinage en Galice. (F. Hen-
nebert, Bull, de la Soc. etc. de Tournai, t. 1,
p. 157.)
» Le dit pèlerinage est imposé comme amende
à ceux qui enfreignent le règlement concernant le
Joyaxi de Saint-Brice. s
il juin i408. — Comme li parochien de H paroche Saint
Brisce en Tounray eussent nagueres ordonne a donner
certains joyaux a cbeulz des aultres paroches de ladite
ville qui, par isloires, Qgures, imaginations ou expé-
riences par personnages, le jour du Sacrement prochain
venant devent disner, en jeu de parures, au dit lieu de
Saint Brisce, remonstrer et approprier le mistere du Saint
Sacrement de lautel, avoecq plusieurs aultres choses con-
tenues en leur cry, savoir faisons, que uous prevost et
juret, considerans telz grans et souverains materes tou-
chans nostre foy non devoir estre traistees, démenées,
ly Google
— 129 —
appropriee&.Qe pourparlees par gens non lettres, ne devant
gens layB non clercs ne expers, ne estrea jeuees par per-
sonnages en jeux de parure ou lieux publiques, par grani
et meure delilieralion que nous en avons eu a pluiaieurs
graos et notables docteurs, maistres et gradues en théo-
logie, en lois et en décret, avons delFeadu et deffendons a
tous nos subges et autres quil ne soll aucun et aucune
qui, le dit jour ne dores en avant, sentremette en ledite
ville de faire ne jeuer les dis jeux, par contenance ne
par jeux de parures, ne autres en quoy soit aucunement
tralctie du dit mlstere du Saint Sacrement ne dautres
choses touchant nostre foy et qui appartiennent a estre
presches, enseingnes, traities et démenées par théologiens
et aultres en ce expers, sur encourre es paines adce intro-
duites de droit et a estre mis un mois a pain et a liauwe
en prison, et après banis de Ix'l. et envoyés a Saint Jacques
en Galice, et les joyaux ordonnes a donner par ceulx de
ladite paroche avecq toutes les parures estre conQsqueed
au droit de ladite ville : mais se aucuns vuellent par
contenances, tant seulement ledit jour a ledite poilrces-
sion, remonstrer aucunes figures de lanchien testament
ou autres approuvées par leglise, pour louneur de ledite
pourchessioQ et dudit Sacrement que on y portera, selon
le teuxte et le lettre de le bîbele et de Ihistoire, sans
autrement les approprier ne appliquier par contenances,
par signes, par figures, par dictiers, par lettres, par pa-
rolles ou autrement, au mistere dudit Sacrement, et sans
sentremettre de rien remonslrcr dicelui saint mistere ni
dautres materes touchant nostre foy, ou aultrement pai-
bonne manière loer et reverender par belles, humbles et
dévotes manières et contenances ledit Saint Sacrement et
la benoite vierge Marie aussi, et les dis de Saint Brisce
leur v6ellent a ceste ocasion donner aucuns joyaux, faire
le porront sans excéder en aucune 4naniere ce que dit est
sur paines bans et voyages. Rt aussi a l:ipres disner pour
chascuQ jeuer jeux de parures, desbatemeiis et dexemples
et histoires, et appliquier la moralité sans touchier les
1'. VIL 1-e
ibyGoogle
ailes materes par lordonnance des dis de Saint Bi-isce,
dedcDs le cloque du vespre, et non plus avant, sur la paine
devant dite. [Bulletins cités, t. VII, p. 68.) «
(L. Cloquet, Monographie de l'église parois-
siale de Saint-Jacques, à Tournai, p. 170 à 172
et 199 à 200.)
De nouveaux documenta, cher confrère, me
tomberont-ils encore sous la main? Dans ce cas,
le temps de les grouper et de vous les transmettre.
ne mo manquerait -il pas? Je m'en "rapporte à la
Divine Providence. A sa volonté souveraine de per-
mettre ou d'interdire la continuation d'un travail
qui, malgré ses défauts de classement et de mé-
thode, pourra toutefois offrir quelques secours aux
archéologues de l'avenir. Au demeurant, si je
réussis à ajouter le moindre fleuron à la couronne
artistique du Limousin; à laisser un témoignage
indélébile d'affectueux souvenir aux amis de la
onzième heure, dont le cordial accueil sut décu-
pler pour moi les agréments scientifiques et pitto-
resques du merveilleux pays que je ne reverrai
plus, hélas! je croirai avoir rempli une tâche suf-
flsante.^et d'ailleurs proportionnée aux forces d'un
vieillard en train de s'acheminer vers la tombe.
Ch.\rles de Lin'as,
As«oci« de l'Ai-addmic rovalc de ]iihgiquc.
lyGoogle
L'EFFROYABLE DELUGE
ET INNONDATION
ARRIUÉ EN LA VILLE DE BRIUE-LA-GAILLARDE
EN LYMOUSIN
I^ DERNIER DH MAI 1634
A Paris, chez Ican Martin, sur le ponl Sainct-JUichel
à l'Anchre double, MDCCXXXIV
Avec permission (i)
C'est une chose étrange el prodigieuse de ce qu'encore
que nous voyons tous les iours nos vies menacées tantôt
du foudre du Ciel, ores de !a gresle et l'inondation des
eaux, nous ne nous efforçons point d'appaiser l'ire de Dieu
, iustement courroucé en nos péchez. Nos crimes sont venus
à un tel excez qu'il n'est rien de raeschant ni d'abominable
que les hommes n'inuentent pour contenter leurs voluplcz,
et armer le Ciel contr'eux. S'estonuera-t-on si ce puissant
Autheur de la Nature, se voyant si indignement ofTeircé
par des créatures qu'il a rachetées au prix de son propre
(I) Iii-12 de 10 pages, conservé à la Bibliothèque nationale, Mss
Fonds français, t. 25420.
Bien que cet opuscule soit pliitùt un sermon à propos de l'évë-
neraent qu'un récit de l'événement, M. Philippe de Bosredon, qui a
bien voulu nous en envoyer une Oppic, a pensé avec juste raison
qjf'on devait le reproduire dans notre Bulletin, ne tût-ce qu'à titre
de curiosité bibliographique.
Le Comilé de publicalion.
DigmzcdbyGoOgle
— l'32 —
Bang, les veille puDir de leur iog^fititude. Sodome et
Gomorre out péry par le feu à cause de l'éDonue vice
de ses Citoyens, et d'autres villes encore depuis ont été
submergées par vu contraire Elément, dont il n'est que
Dieu seul qui puisse retenir la fureur. Sans aller chercher
des exemples dans l'Antiquité, n'auons-nous pas veu Paris
menacé d'vn embrasement uniuersel, et son Palais déuoré
de ses fiâmes? L'eau dont l'on se sert pour estaindre le
feu n'a pu empescher que sa violence n'ait bruslé iusques
aux fondemens des deux plus beaux et plus riches ponts,
qui seruoient d'ornemet à Paris et à la Seine. Ce superbe
édifice de la Saincte Chappelle où se void du boys de la
vraye Croix, qu'on adore auecque tant d'humilité, et où
un si grand nombre d'ouuriers ont esté employez pour le
reBdre admirable sur tous les autres ouurages de la France,
a perdu son lustre el sa beauté en vne seule ioumée, par
vne incendie qui eust sans doute ruyné tout à fait l'enclos
du Palais, si l'on n'eust prudemment et promptement pour-
veu aux moyens de le conseruer. La Riuière des Gobelios
deabordée à elle pas autrefois pensé faire noyer par son
déluge l'ancienne ville et fauxbourg de sainct Marcel. Qui
voudroit s'en rapporter tous les exemples des estranges
accidens qui sont arriuez de la cognoissance de nos pères,
et de nostre temps, il faudroit en faire vn gros volume.
A quoy deuons nous imputer tous ces tristes euènemens,
sinon à des marques de la colère de Dieu offencé contre
ses créatures à cause de leur desobeyssance. Il est vray
qfie ceux dont il prend soin tombent fort peu souuent en
des infortunes irréparables, sans qu'vne puissance secrète
les en aye aduertiz par quelque signe visible. La nature
et la nécessité permettent bien à lous les hommes de
defTendre leur vie, et de repousser la force par la mesme
foice, quand il ne leur reste plus, pour éuiter le mal,
sinon de recourir aux remèdes, qui sont iustes puisqu'ils
sont nécessaires. Mais louchant les maux dont Dieu nous
menace, et qu'il nous euuoye, le moyen de nous ffa
deffcijdre, s'il nous en veut affliger, puisque la force
lyGoogle
- 133 -
humaine n'agist point contre sa volonté et que tout ce
que nous pouuons faire pour destourner son ire, c'est de
se letter à ses pieds et de luy demander pardon de nos
faut«8 auec autant de larmes que de contrition.
Aux affaires d'importance, il ne faut point du tout
perdre le temps; tcu qu'il ne faut qu'vn moment pour
les ruyner et que bien souuent vn siècle ne suffît pas
pour réparer les fautes qui ont été faites en vn quart
d'heure. Y a-t-it rien au monde qui nous soit plus im-
portant que la conseruation de nostre vie et de nostre
ame; l'vne et l'autre sont menacées tous les iours de
ruyne à cause de nos péchez, nous endonnirons nous
dans les délices, et nous laiesans charmer par Toisineté,
n'employerons nous point le temps à songer à nostre
salut, tandis que le diable veille pour nous le faire perdre?
Voicy de nouueaux exemples que Dieu nous donne
pour nous faire amander, et ne le point contraindre à
la rigueur de ses chastimeos pour punir notre obstination.
Craignons les veines qu'il porte en la main pour nous
chastier, si opiniastres à nostre dommage nous ne pro-
âtons de ses débonnaires menaces.
'Le dernier iour de May de la présente année mil six
cens trente quatre, sur les cinq heures du soir, dans la
ville de Briue la Gaillarde en Lymousin' au plus beau
iour qu'on eust pu souhaiter, il suruint en vn moment
tant de feux et d'esclairs, et vne si effroyable tempeste,
qui faisoit trembler les baatimens du fondement jusques
au feste, que tous les habitans eurent suiet de croire
qu'ils estoient à la fin de leurs iours. Après qu'ils furent
To peu deliurez de l'appréhension qu'ils auoient iustement
eue de périr par le feu et au moment qu'ils se reaiouys-
Boient dantf leurs âmes de cette déliurance, ,en vn instant
l'air vn peu rasséréné se trouble derechef d'vne si es-
trange sorte qu'on eust dit que ce iour esloit une nuit
des plus obscures. Les vents commencent à siffler de tous
costez, et la pluye tombe d'en, haut si abondamment sur
la terre qu'en moins d'vne demi-heure cette ville se vid
lyGoogle
— 134 —
sur le point d'estrc abysmée pat vn déluge, qui se rendit
si fougueux à sa naissance, qu'il iry eust aucune maison
où l'eau ne montast iusques au premier estage. Les cris
et les pleurs de ce pauure peuple affligé sont extrêmes, si
les uns sont plus asseurez que les autres pensent se sauuer
ils se noyent, c'est une chose espouuan table de voir la
mère ne pouuoir secourir son enfant que ce déluge en-
gloulist inhumainement et qui en accroist l'horreur par
les larmes. Le mari hazarde sa vie pour secourir celle de
sa chère moitié, et tous deux la perdent en mesme temps,
esteignant leurs chastes feux et leurs sacrez amours dans
la froide rigueur de ce traiatre Elément. Le récit de ce
spectacle fait hérisser les cheueux et geler le sang aux
veines, comme il fait esuanouyr ceux qui s'estoient relirez
aux lieux plus esleués pour les esuiler le hazard et affoi-
blit si fort ceux qui se trouuent surpris qu'ils n'ont aucun
moment pour rechercher le salut. Tligoureux événement
et toutesfois iuste chastiment d'un Dieu irrité qui veut
que sa miséricorde cède à sa iustice, afin de. nous retirer
du vice et nous faire abandonner les obiets de iiostre
perte; Bon père, mais qui nous chastie doucement afin
que l'habitude du vice ne- nous rende indigne du bien
de sa grice et de nostre bon-heur parmy ces. troubles,
et cet horrible 'accident : Lie meilleur en leur malheur
est de n'espérer rien de bon pour eux que du Ciel, Tout
secours humain leur manquant, ils furent contraints de
s'adresser à celuy qui fait des montagnes d'eaux quand
bon luy semble et qui les resserrent promplemeot dans
leurs profonds abysmes lorsqu'il luy plaist.
lyGoogle
.LIVRES DE RAISON
REGISTRES DE FillLU ET JOnRIlO! DDIflDIIELS
LIMOUSINS ET MARCHOIS
Recneillis et publiés par H. Louis GDIBEBT
Avec le Concours de M. Alfbhd LBHOUX, Archiviste
de !a fite- Vienne, et de M. l'Abbé LËGLER,
Curé de Gompreignac
'histoire s'est longtemps contentée
d'une moisson bien incomplète, en
proposant à ses études, pour objet
presque exclusif, les grands événe-
ments de la vie des nations. L'ori-
gine des peuples, l'organisation politique de ce*
vastes sociétés, leurs luttes, les conquêtes, les
traités, les effondrements des empires, la succes-
sion régulière ou tourmentée des souverains, les
incidents dramatiques de Igir existence, tels sont
à peu près les seuls faits auxquels on croyait
devoir accorder de l'attention et qui fournissaient
le thème ordinaire de l'enseignement. On était
amené, par la force des choses, à s'occuper de
temps en temps des provinces, des vicissitudes
de leur passé et de la condition, à un point de
lyGoogle
_ 136 —
vue général, des diverses classes de la population;
mais on n'allait pas, dans cette voie, au-delà de
données fort sommaires. Quant aux groupes 30-
ciauK i-cels, vivaces, persistants, sur lesquels repo-
sait l'édifice politique artificiel et sans cesse rema-
nié : la famille, la corporation, la commmie, ils
paraissaient placés en dehora du cadre de l'his-
toire. On ne pouvait pas les ignorer absolument
et on en savait, on en enseigaait même quelque
chose; mais on les regardait d'un œil distrait et
on suivait de loin, de très loin, sans y attacher
beaucoup d'importance, le mouvement confus de
cette masse sombre sur laquelle se détachaient en
traits lumineux, en couleurs éclatantes, les événe-
ments dont l'historien s'efforçait de saisir la suite
et enregistrait avec soin les moindres détails. Par
une bizarre inconséquence, l'enseignement le plus
élémentaire comprenait, sur les institutions et les
mœurs des Égyptiens, des Grecs et des Romains,
des notions qu'on ne songeait même pas à donner
aux jeunes gens quand on en venait à leur parler
êe leurs prédécesseurs immédiats, de leurs pères :
les Français du Moyen âge.
Le mouvement des idées nous a peu à peu
amenés à une autre façon d'envisager l'histoire,
et nous restituons aujourd'hui, auprès des faits de
l'ordre politique proprement dits, leur légitime et
grande place aux faits sociaux. Depuis un demi-
siè le, l'organisation municipale (1) de nos an-
(I) Il faut considérer le groupement communal comme un fi
d'ordre social bien plus que comme un fait d'ordre politique.
lyGoo^Ie
ciennes cités a été l'objet des études les plus
attentives, et nous pouvons déjà nous rendre un
compte plus juste du groupement et du fonction-
nement de toutes les activités que la commune
reliait en un puissant faisceau. Il n'existe pas, à
l'heure qu'il est, dans toute l'Europe, un esprit
curieux qui ne s'évertue à démêler la vérité sur
les principes essentiels du régime corporatif, sur
les phases successives qu'a traversées la corpora-
tion de métier et sur l'influence exacte qu'elle a
exercée au point de vue des rapports entre les
diverses catégories de travailleurs. Quant à la
famille, partout, autour de nous, on étudie avec
zélé, avec patience, avec amour, tout ce qui a
trait à sa constitution, à l'action réciproque de ses
membres, à ses mœurs et à son régime intérieur ;
on refait, d'après des documents authentiques,
précis,, émouvants parfois dans leur brièveté et
leur naïveté, l'histoire du foyer de nos ancêtres.
On cherche, dans les exemples que nous a légués
le passé, des leçons pour le présent et pour
l'avenir. Les études monographiques, recomman-
dées avec raison par le maître de la scieoce
sociale à notre époque, Frédéric Le Play, pour
servir de base aux grandes constatations écono-
miques et de contrôle à des théories U-op légè-
rement acceptées, mettent en lumière jusqu'aux
moindres détails de ces tableaux intimes, dont il
faut aller chercher chaque trait aux sources les
plus variées : minutes de notaires, rartulaires
d'églises et de couvents, terriers, lièves, registres
lyGoogle
des paroisses et des municipalités, journaux indi-
viduels, papiers de famille et livres de raison.
C'est à cette dernière catégorie de documents
que nous devons les notions les plus exactes et
les plus intéressantes qu'on possède sur la famille
d'autrefois. Ces livres domestiques sont les dépo-
sitaires des pensées et des sentiments de leurs au-
teurs, les confidents des joies, des tristesses, des
espérances, des projets du père; ils conservent à
la fois et les annales du foyer et des Indications
sur l'état de la fortune du groupe qui constitue
la souche de la famille. La voix des anc-ètres
semble s'en élever quand on les ouvre, et un
étranger même ne peut feuilleter leurs pages jau-
nies, sans éprouver un sentiment de respect mêlé
d'une certaine émotion.
Un livre de raison n'est, en principe, qu'un
livre 3e compte {liber rationis). C'est le registre
des comptes du foyer, le journal de la gestion
du chef de famille. Aux notes relatives à la for-
tune du groupe, à l'accroissement successif du pa-
trimoine, aux pertes, aux achats, aux ventes, aux
prêts, aux emprunts, aux procès, aux rentes à
payer et aux redevances à percevoir, se mêle le
plus souvent la mention des changements sur-
venus dans le personnel même de la maison :
naissances, mariages, décès. Le livre de raison
n'a sa propre et complète physionomie que lors-
qu'il renferme des passages correspondant à ces
deux ordres d'idées. Alors seulement, il nous donne
au vrai l'histoire de la famille. — Parfois le rédac-
teur ajoute à la constatation des faits quelques
ibyGoogle
commentaires, des réflexions personnelles, des con-
seils pour l'avenir, des prières; il consigne dans
son livre, comme Gérald et Jean Massiot, mar-
chands de Saint-Léonard, les leçons qu'il doit à
l'expérience, afin qu'elles puissent profiter à ses
fils; il y insère, comme Etienne Benoist, bour-
geois de Limoges, des vers populaires qui portent
l'âme à de sérieuses pensées ; il indique, comme le
notaire Psauinet Péconnet, certaines particularités
qui nous initient à de curieux usages. U n'est pas
rare, enfin, que son regard franchisse le cercle de
la famille, et çà et là on rencontre avec sur-
prise, dans ces cahiers intimes, un écho des pas-
sions politiques de l'époque ou ia mention d'évé-
nements contemporains, dont le théâtre est par-
fois bien éloigné du foyer paisible où le père
écrit ces pages naïves, destinées à être lues de
ses seuls enfants. C'est ainsi que nous avoils
relevé, dans un de nos registres limousins, un
passage ayant trait à la mort de Charles- le-Témé-
raire sous les murs de Nancy. Ailleurs, ce sont
des détails sur les épidémies, les famines, les
guerres locales, l'apparition de certains phéno-
mènes de l'ordre physique, de certains météore^,
le retour de crises climatériques ou de conjonc-
tions sidérales. Auprès des témoignages répétés de
la foi solide de nos pères, on trouve l'aveu de
leurs naïves superstitions. Leurs comptes nous ré-
vèlent mille traits de mœurs cnjieux, mille inté-
ressantes particularités sur les rapports entre les
maîtres et les domestiques ou les colons des do-
maines ruraux, les habitudes de la vie, l'instruc-
lyGoogle
— 140 —
tion et l'éducation des enfants, l'état de l'indus-
trie, le3 relations commerciales, le prix des denrées,
la valeur de l'argent, etc., etc.
Il s'en faut, assurément, que tous les livres
de raison nous offrent un tableau aussi varié et
se présentent à nous avec une physiononrie aussi
bien caractérisée. Beaucoup ne renferment que des
notes sommaires, des mentions sèches et suc-
cinctes; mais si incomplètes et si incolores que
celles-ci paraissent au premier abord, elles n'en
sont pas moins intéressantes, et, en les rappro-
chant entre elles, en les comparant avec les pas-
sages analogues d'autres documents du même
genre, on en tire plus d'une pré-ieuse infor-
mation.
a Est-il besoin, écrivait il y a quelques mois
notre confrère et ami Alfred Leroux, archiviste du
département de la Haute-Vienne, dans l'Almanac/i
limousin de la Corrèze{i), de faire ressortir le
prix de tels documenta pour la connaissance des
mœurs du passé? n'est-il point évident que, non
destinés à la publicité, ils ont une ^veor de
franchise et de vérité d'autant plus précieuse que
l'homme intérieur est de plus près en jeu? Avec
ces registres de famille, nous nous asseyons véri-"
tablement au foyer de nos ancêtres; nous assis-
tons à leurs joies, à leurs douleurs aussi; nous
connaissons leurs idées, leurs sentiments, leurs
préjugés même; nous mesurons plus exactement
l'horizon de leurs pensées, et il est telle réflexion,
(t) Année 1SS5. Yenve Ducourtieux, éditeur, à Limogei.
lyGoogle
échappée à leui" plume inconsciente, qui nous fait
souvent mieux juger de la différence des temps
que le plus savant traité de psychologie historique. »
Mais quels que soient le cadre du livre de
raison, et la manière dont ce cadre a été rempli,
il reste avant tout et par-dessus tout un compte
matériel et moral; toujours on le trouve ins-
piré par le souci de rendre raison, aux conti-
nuateurs de la famille, de la gestion du chef
actuellement chargé de sa direction et de ses
intérêts. Ajoutons qu'on démêle toujours, chez ce
chef, le sentiment profond de' la solidarité des
générations successives de sa race, et la conscience
énergique d'une haute responsabilité vis-à-vis non-
seulement de ses descendants, mais aussi des an-
cêtres qui, avant lui, ont présidé au foyer. Cette
responsabilité était. le lontre-poids efficace de l'au-
torité presque sans bornes que les mœurs et les
lois -avaient remise aux mains du père.
Nous avions toujoui's pensé que les livres de
raison ne devaient pas être rares dans notre Li-
mousin, dont on citait la famille en exemple pour
sa forte discipline, Tunion de ses membres et la
simplicité de leur vie; on n'avait pas néanmoins,
jusqu'à ces derniers temps, signalé l'existence de
plus de deux ou trois registres de ce genre dans
le pays, et le public n'avait été mis à même d'en
connaître aucun. M. Fernand de Malliavd, le pre-
mier, se fit l'éditeur d'un livre domestique des
plus intéressants, tenu dans sa propre famille du-
rant plusieurs générations successives et embfas-
lyGoogle
sant une période de plus de cent cinquante ans
(1507-1662). Ce précieux registre a été publié dans
le Bulletin de la Société scientifique, historique
et archéologique de Brive, années 1880 et 1881.
Nous donnâmes à notre tour, à la fin de 1881,
le cahier d'Etienne et de Guillaume Benoist, bour-
geois de Limoges (1426-1454). Nous trouvions dans
ce document la mention précise de l'existence, au
foyer qui se révélait ainsi à nous, d'autres a pa-
piers de famille » à une époque antérieure au
XV" siècle, en particulier d'un livre de raison bien
caractérisé, tenu par Jean Benoist vers 1330(1);
de plus une note reproduite dans ce registre, se
rapportant à un partage effectué en 1308, écrite
par Pierre, un des copartageants, et visiblement
extraite d'un recueil de notes personnelles, d'un
mémorial de famille de la même nature que le
précédent (9), nous autorisait à affirmer que les
livres de raison, dans notre province, ont existé
dès le xni* siè 'le.
Plusieurs de nos excellents confrères de la So-
ciété archéologique et historique du Limousin — et
parmi eux il faut nommer en première ligne
M. Leroux et M. l'abbé Lecler, curé de Com-
preignac — ont, depuis lors, prêté à nos recher-
(I) Hun grant papier, cubert de cubertura negra, iiont eys escrich
et sont contengut las chouzas et los fach que nous avem agut a
Tar am plurors et am divcrssas pcrsonas de divers et de plurors
fach que nostreys ancestreys,.. avient agut a far. Et cra csorich
de la madeu senheir Johan Beyneyc, loqual fo payr de mon senlier
Outlio Beyneyc. Et fo fach en viro de Tan miel IlI.XJtX.
(3) El nom de Dieu et de la soa beneyta mayre... Yen, Peyr
Beyneyc et Johan, mos frayres, paitim... nostre heretatge, etc.
ibyGoogle
- 143 -
ches sur la famille limousine d'autrefois un con-
cours qui a amené les plus heureux résultats.
H y a trois mois à peine, VAlmanach que nous
citions tout à l'heure constatait qulen' peu de
temps, nos efforts réunis avaient rendu à la lu-
mière une vingtaine de livres de raison, oubliés,
pour la plupart, dans la poussière des greniers
ou enfouis dans les archives particulières. Ce
chiffre de vingt, que nous n'atteignions pas en-
core à ce moment, est aujourd'hui dépassé. Le
registre des Benoist demeure (après les notes de
famille du notaire Gérald Tarneau, de Pierre-
buffière, recueillies et publiées par M. Leroux)
le plus ancien des livres domestiques qui nous
aient été conservés ; mais il ne doit plus être co'n-
sidéi^, dans notre province, comme un monu-
ment isolé, comme un document d'une espèce
rare. Ce que nous donnions il* y a quatre ans
comme une probabilité, est bien et dûment établi
à présent : les livres de famille furent jadis d'un
usage commun en Limousin.
Voici la liste complète, par ordre chronolo-
gique, des livres de raison, journaux individuels
et registres de famille dont l'existence nous a été
révélée jusqu'à ce jour dans toute l'étendue de
l'ancien diocèse de Limoges (1) :
1° Papier domestique de Pierre Benoist, bour-
geois de Limoges (1308). Perdu.
(I) Noua nous sommes aidé, pour dresser ce relevé, de U liste
que contient l'ouvrage, eu cours do publication, de M. AITred
Leroux : Charles et Chroniques couceruaut l'histoire du Lin
lyGoogle
2° Registre de famille : « Grand papier à cou-
verture noire, » de Jean Benoist, bourgeois de-
Limoges (vers 1330). Perdu.
3° Registre de famille et chronique de Gérald
Tarneau, noUire à Pierrebufiiére (1423 à U38). A
la Bibliothèque communale de Limoges.
4° Livre de raison d'Etienne Benoist, bourgeois
de Limoges, et de Guillaume son fils (6 sep-
tembre 1426 au 26 mai 1454). Cabinet de M. As-
taix, à Limoges.
5° Registre des comptes ruraux, contrats et notes
diverses de Gérald Massiot, bourgeois et mai-chand
de Saint- Léonard , continué par Jean son fils et
par ses petits-fils : Jean, Louis et Antoine (17
février 1431 au 17 novembre 1490, avec deux
notes rapportant des faits de 1494 et 1496). En la
possession de M. le chanoine Arbellot, à Limoges.
6" Gahier-memento de Psaumet Péconnet, no-
taire à Limoges (du 10 avril 1487 au mois d'oc-
tobre 1502). Archives de famille de M. Adolphe
Péconnet du Châtenet, à Limoges.
7" Livre de raison de la famille de Malliard
de Brive (1507-1662). En la possession de M. Fer-
nand de Malliard, à Paria.
8° Registre de famille des Maurat, du Dorât (18
novembre 1556 au 24 juillet 1798). Archives de
famille de M. Maurat- Ballange, ancien conseiller
à la Cour de Limoges.
9* Livre de famille des Lemaistre- Bastide, de
Limoges (22 septembre 1558 au 13 février 1748).
Archives de famille de M. G. La Bastide, au châ-
teau du Lude (Loiret).
lyGoogle
10" Livre de famille des Barbou, de Limoges,
commencé en 1567, continué an xvu' et peut-
être au xvni' siècle : a véritable registre de l'état
civil tenu par les représentants successifs de la
maison Barbou, à Limoges » (Poyet)(l).
11' Livre de famille des Lamy — Lamy de Luret
et Lamy de La Chapelle, — de Limoges (du 2 no-
vembre 1571 à nos jours), avec une note de 1568
écrite par Jean, frère de Franrois Lamy, son pre-
mier rédacteur. Auk mains de M. Théophile Lamy
de La Chapelle, de Limoges.
12° Registre de famille de Jeanne Boyol, dame
de Villelump (1587 à 1594). Archives de famille
de M. le comte àe Villelarae, à L'Aumônerie,
près Aixe (Haute-Vienne).
13' Registre de famille ou jounial, individuel de
Junien de La lirunye, bourgeois de Rochechouart
{lin du XVI* siècle et commencement du xvu').
Perdu.
14" Registre de famille des de La Brunye, de
Rochechouart (5 février 1599 à 1799). Propriété
de M. Émilien de La Brunye, à Rochechouart.
15° Livre de raison des Lachau, d'Argentat
(première moitié du xvu' siècle). A été signalé
comme existant dans les archives de famille de
M'" de Négraval, à Argentat; serait perdu au-
jourd'hui.
16' Livre de famille de Jean Plaze, d'Argentat
(t) Nous recherchons en ce moment co précieux document, qu'a
signalé feu M. Poyel dans sa Notice sur les origines de l'Im-
prlmerie à Limoges.
lyGoogle
tl9 février 1605 au i4 septembre 1634), et d'un
sieQi" Deyma, du même lieu ("21 octobre 1644 au
17 avril 1661), avec notes de 1712 à 1729. En
la possession de M. Eusèbe Bombai, d'Argentat.
17" Grand « papier de raisons » de... Jarrige,
de Saint-Yrieix (1609). Perdu.
18" Livre de raison d'Antoine d'Areilh, bour-
geois et juge de Beaulieu (18 novembre 1611 à
1637), avec notes du xvin' siècle. Cabinet de
M. Louis de Veyrières, à Beaulieu.
19" Journal d'un sieur Gondinet, de Saint-Yrieix
(du 25 mars 1613 au 20 octobre 1630). Propriété
de M. Boavieux, inspecteir des Domaines^ à Auch.
20" Livre de raison d'un sieiïr Jarrige, de Saint-
Yrieix (1617 à 1626). En la possession de M. Boi-
leau, à Saint-Yrieix.
2r Notes personnelles inscrites, de 1627 à 1632,
par L. Pauthut, curé de Saint-Maurice de Limoges,
sur les registres paroissiaux de cette église. Ar-
chives de l'hôtel de ville de Limoges (1).
22' Livre de raison de Jean et Jérôme Texendier,
frères, (9 novembre 1636 à 1662). Archives de
famille de M. le comte de Villelume.
23° Livre de raison de Jean Péconnet, bour-
geois de Limoges (1644 au 23 octobre 1678). Pro-
priété de M. Adolphe Péconnet du Ghâtenet, à
[I] Voir les plus curieuses de ces notes dans notre notice sur
les ItngMrv» deê Paroisxen de Limoges, Bulletin de la Société
archéologique et historique du Limousin, t. XXIX, p. 33, et Aima-
tiacA iimomiii. de 1869
lyGoogle
— U7 —
24' Livre de famille du même. Perdu.
25' Journal de Jean Lafosse, bourgeois de Li-
moges, pendant l'année de soa consulat (1" jan-
vier 1649(1) au 7 décembre 1649}. Copie de Legros
au séminaire de Limoges. Original perdu.
26' Livre de raison de Jean Texandier, de sa
bru, Valérie Du Boys, et de son petit-fils, Jean-
Baptiste (24 septembre 1662 au 18 janvier 1703).
Archives de famille de M. le comte de Villelume,
déjà mentionnées.
27* Journal personnel d'un sieur Avril, de Li-
moges (milieu du svn* siècle). E.^traits reproduits
dans les manuscrits des abbés Nadaud et Legros,
au séminaire de Limoges. Perdu(i).
28° Journal personnel de Jean Moreau, notaire
au Dorât (1666 à 1741). Signalé par M. l'abbé
Lecler(3).
29' Livre de raison du président Chorllon, de
Guéret. Signalé par M. Jean de Cessac, de Guéret
{deuxième moitié du xvii' siècle).
30° Livre de raison de Joseph Péconnet, avocat
à Limoges (30 août 1679 à 1700) (?), avec notes
relatives aux domaines ruraux jusqu'en 1716. Pro-
(0 Ls commencement, du 7 décembre t64S su 1" janvier 1649,
miuique.
(2) Cet Avril ne serait-il pas le médecin Pierre Avril, mort le
13 juin I6T5, à aoiiante.douze ans, et que le curé de Saint-Maurice
de la Cité, en enregistrant sa sépulture, qualifie d'homme o très
acavant et très expérimenté. »
(3) Quelques passages de ce document ont été publiés par H. A.
Leroux {Documenls Itisloriquea relatifs à la ville du Dorât),
Bulletin de la Société archéologique et historique du Lin
l. XXIX. p. 172.
lyGoogle
— 148 —
priété de M. Ad. Péconnet du Châtenet, de Li-
moges.
31° Registre de famille des Romanet du Caillaud
(xvn* et xvin' siècles). Archives de la famille Ro-
manet du Caillaud, château du Caillaud, près Isle
(Haute-Vienne).
3?" Registre de famille d'un sieur du Mas-Genest?
(xvni* siècle). Archives d'une famille de Cieux (Hte-
Vienne).
33'' Registre de famille des Leynia de Chassagne,
près Uzerche (1713-1830). Archives départementales
de la Haute-Vienne, série E.
34° Registre de famille d'Etienne Retouret, de
Limogos (1746 à 1703). Extraits en la possession
de M. l'ahhé Lecler.
35° Livre de raison de N. Laniy de Luret, curé
de La Roche-L'Abeille (1779-1788). Archives dépar-
tementales de la Haute-Vienne, série G.
36° Etat des redevances dues au chanoine J.-B.
Marchandon du Puy-Mirat, à Limoges (1789-1791).
Cabinet de M. R. Chapoulaud, à Limoges.
Cette sorte de documents est aujourd'hui si peu
familière au public, et, dans notre pays en parti-
culier, elle semble si inconnue, ou pour, mieux
dire, si complètement oubliée, que nous avons
cru faire une œuvre utile en copiant, dans les
registres de famille dont qirelques personnes ont
bien voulu nous donner communication, un cer-
tain nombre de passages choisis et eu publiant ces
extraits, accompagnés des nott^s indis|iensables :
ainsi groupés, ils prennent une physionomie mieux
lyGoogle
— U9 —
caractérisée, et acquièrent une signification plus
précise et un plus vif intérêt. On en jugera en
parcourant ces pages, dont quelques-unes ont été
écrites il y a quatre siècles et demi, et on se
rendra aisément compte de tout le fruit qu'un
lecteur attentif peut retirer de l'étude de nos an-
ciens papiers domestiques.
Les registres conservés dans nos vieilles familles
limousines ne diffèrent en rien de ceux dont l'exis-
tence a été signalée dans d'autres contrées. Ce sont,
dans ceux-là comme dans ceux-ti, les mêmes
traits principaux : la même simplicité, le même
ton grave, la môme sollicitude toujours en éveil,
la même robuste piété. Il faut toutefois convenir
que nous n'avons rencontré dans aucun de ces
documents, l'élévation de pensée et la force de
langage dont M. de Ribbe a pu relever de nom-
breux exemples dans les livres de raison des pro-
vinces du sud-est de la France, et qu'il a si jus-
tement proposées à l'admiration de ses lecteurs.
Le manuscrit des La Brunye, de Rochechouart, est
peut-être, de tous nos papiers de famille de la
région, celui dont quelques passages rappelleraient
le mieux le ton et l'allure des registres dont nous
venons de parler; mais l'originalité fait ici presque
absolument défaut, et la sollicitude du père de
famille ne trouve jamais, pour s'exprimer, cette
forme' noble, cette émotion pénétrante, cet accent
d'autorité qui donnent une si haute portée morale
aux enseignements consignés sur certains papiers
domestiques. On peut dire que nos registres de
famille et nos livres de raison donnent assez ftdè-
lyGoogle
lement la note du caractère de nos compatriotes
limousins. On y reconnaît l'empreinte de leurs
qualités, de la simplicité de leurs mœurs, de
leur piété, de leur résignation, de leur courage
au travail. Mais on y retrouve aussi à un haut
degré leur souci excessif des intérêts matériels et
le défaut trop ordinaire d'élévation de leurs pen-
sées, résultat forcé de la prédominance des préoc-
cupations les plus vulgaires de la vie et d'une
indifférence profonde de la culture intellectuelle.
Les extraits qu'on trouvera à la suite de ces
remarques préliminaires sont empruntés à vingt
manuscrits inédits figurant au relevé que noua
avons donné plus haut. Il nous a paru nécessaire
de consacrer à chacun de ces documents une courte
notice, destinée à signaler au lecteur les particu-
larités qui peuvent être de nature à appeler son
attention.
I. — A-près le livre de raison d'Etienne Benoist
et les notes de famille mêlées à la chronique du
notaire Tarneau, il n'existe pas en Limousin, à
notre connaissance, de document de cet ordre plus
ancien que le Registre des comptes ruraux,
contrats et notes diverses des Massiot, actuelle-
ment en la possession de M. le chanoine Arbellot,
président de la Société archéologique et historique
de Limoges. La première mention datée qu'on y
trouve remonte au 17 février 1431; la plus ré-
cente est du 17 novembre 1490. Ajoutons qu'un
petit carré de papier, d'une écriture très posté-
rieure, attaché par une épingle au verso d'un
lyGoogle
feuillet, conserve le souvenir de deux dâcès, sur-
venus l'un le 26 janvier 1494 (nouveau style :
1495), l'autre, le 18 juin 1496.
Malgré le peu de soin qu'ont dû en prendre
pendant de longues années ses détenteurs succes-
sifs, le registre des Massiot n'est point en trop
mauvais état. Quelques feuillets sont rongés sur
les bords; l'encre de quelques pages a pâli; mais
on lirait son contenu sans trop de peine, n'étaient
les abréviations singulières qui arrêtent le curieux
à chaque ligne et le détestable patois dans lequel
s'expriment ses rédacteurs. Quelques actes en fran-
çais, seuls, sont d'une langue remarquablement
correcte; tout le reste du volume est en mauvais
latin ou en roman tout à fait corrompu. Énorme
livre de plus de 800 pages, formé de dix gros
cahiers (1) de papier de chiffon in-4'' (301 milli-
mètres sur 218 à 224) recouverts chacun d'une
feuille de parchemin et reliés ensemble, il offre
des spécimens d'une vingtaine d'écritures, dont
deux surtout méritent d'être signalées pour leur
netteté. Le papier qui le compose est marqué,
dans la pâte, d'un filigrane représentant tantôt
une main bénissant aux doigts allongés et dont
l'avant-bras est terminé par une sorte de man-
chette, tantôt une licorne d'aspect passablement
lourd; le plus souvent une tête d'animal sur-
montée de deux longues cornes — une tête de
chèvre, semble-t-il — ailleurs une vache assez bien
(t) C'est au cinquiëma et au neuvième cahiers qu'on trouve les
articles les plus anciens.
lyGoogle
figurée. On ne trouve, pour ainsi dire, aucune
différence entre l'aspect des feuilles qui portent
ces divers signes, et leur fabrication paraît re-
monter uniformément à la première moitié du
sv' siècle. Nous savons que cent cinquante ans
plus tard, il y avait sur la Vienne, en amont de
Saint- Léonard, des moulins à papier; mais il se-
rait peut-être téméraire d'avancer qu'il en existât
à cette époque. Vers 1360, plusieurs villes de
France, Angoulème et Troyes entre autres, en
possédaient. On peut toutefois supposer, d'après
un passage du registre même, relatif à des mar-
chandises reçues de Genève en 1437, que du papier
de fabrication italienne, expédié par cette voie, a
fourni les cahiers dont se compose le livre en
question. Les marques que nous avons indiquées
plus haut semblent confirmer cette hypothèse.
Singulier recueil en vérité : amas confus d'actes
de tout genre et de renseignements hétérogènes.
On trouve d'ordinaire un peu de tout dans ces
vieux registres de famille; mais celui-ci, dans la
modestie apparente de son cadre, nous ofk-e une
variété de notes faite pour surprendre, même le?
personnes que leurs études ont familiarisées avec
ces sortes de manuscrits. Et tout cela, dans un
pèle-méle de dates et d'objets qui, au premier
abord, est fait pour rebuter le bon vouloir et
décourager la curiosité du lecteur. Voici, par
exemple, entre un contrat de reconnaissance de
cheptel de 1487 et une note de 1477 (par laquelle
Jean Massiot recommande à ses héritiers, si leur
lyGoogle
fortune augmente, d'acheter une vigne du côté de
Champmain ou du Treuil de l'Hôpital, où la gelée
cause moins de dégâts), le passage dont nous
avens déjà parlé, mentionnant la mort du duc de
Bourgogne, le redoutable adversaire de Louis XI.
Dix ou quinze pages plus haut, quelques lignes
confuses, relatives au prix de vente de divers ani-
maux, au milieu desquelles on rencontre des re-
connaissances de 1434 et de 1459, sont suivies
d'une liquidation de société commerciale-, de 1439;
vient ensuite un curieux compte de marchandises
reçues de Genève en 1437, dans lequel se trouvent
intercalées des notes de 1446 relatives à des ventes
de bestiaux ; à la page suivante on lit l'analyse,
fort intéressante, d'un sermon prêché par un bon
religieux dans l'église de Saint-Léonard, le 3 dé-
cembre 1437, et résumé par Gérald, le chef de fa-
mille qui a conunencé le recueil : la main pieuse
des fils a noté, au bas de la page, que celle-ci
est de l'écriture même de leur père. Plus loin ce
sont des recettes de potions, d'emplâtres, une autre
« pour fere borax de roche, » un cantique à la
Sainte Vierge, des remarques sur le retour pério-
dique des calamités publiques : famines, guerres,
épidémies, le souvenir un peu confus des grandes
luttes des xiv" et iv' siècles entre l'Angleterre et
la France : la mention, entre autres, de la descente
sur la côte du sud-ouest, en 1388, des Anglais
commandés par le comte d'Arundel : tout cela
semé sans ordre au milieu d'une multitude d'actes
et de notes de styles très divers, d'objets très
variés. Les contrats sont inscrits de la main même
lyGoogle
— 154 —
du notaire sur le livre de famille. Une douzaine
de tabellions ont pris part à la rédaction du
recueil, et on peut, au bas de chaque acte,
admirer leur signature et leur paraphe. Ce sont :
J. Beaure, Gailliaud, Léonard et Nicolas Ravaud,
Martial Basset, N. de La Vigne, N. de ViroUe,
Giraud de Saint- Yrieix, Etienne Tillourier, Jean
de Convalètes ou de Gombalètes, N. Bordas, N.
Valière, Pierre de Meyrenges, Nicolas Hugonaud,
Antoine Hugonaud. Le coût de chaque acte est
fixé d'avance et on trouve sur un feuillet spécial,
à la date de 1483, les soumissions par lesquelles
plusieurs de ces honorables praticiens prennent,
. vis-à-vis des Massiot, l'engagement de passer pour
leur compte tout contrat d'obligation ou de bail
de cheptel au prix de cinq sols, et tout autre
acte au prix de sept sols six deniers.
Ces Massiot (1) sont de riches bourgeois de Saint-
Léonard de Noblat, petite ville à 21 kilomètres
Est de Limoges. Le premier dont nous rencon-
trions le nom dans notre recueil est Gérald,
marié à Jeanne Clautre, et qui meurt vers 1442
ou 1443. Son fils Jean, marié à Marguerite Faure,
de Saint-Paul, lui succède dans la tenue de son
registre comme dans l'administration de la for-
tune de la famille. Celui-ci a plusieurs enfants :
Antoine, né vers 1442, qui fait accompagner en
1457 sa signature de la qualification de clerc, et
qu'on retrouve en 1478 prieur de Bieulidout, près
Oradour-sur-Glane (Hte- Vienne) ; Jean, qui meurt
(1) Cetta famille eat âteinte depuis longtemps.
lyGoogle
le 18 juin 1496 à l'âge de trente-cinq ans, s'il
faut en croire une note qui nous parait le rajeu-
nir de sept à huit années au moins (t); Louis,
mort le 26 janvier 1494 <r à trente ans » et qui
pourrait bien être le même que Louis, né le
3 janvier 1457; Biaise, né le jour de la Saint-
Biaise de l'an 1463. Les deux premiers ont pris
une part importante à la rédaction du registre;
il semble môme que beaucoup des notes se rap-
portant à la gestion de Jean Massiot, fils de
Gérald, soient écrites de la main d'Antoine.
Les Massiot sont marchands; ils vendent un peu
de tout : des co?iche8 et des poêles; du drap et
des étoffes de toute nature et de toutes prove-
nances : tissus divers, futaines, blanchet, gris,
tanné, mouriquet de Saint-Lô; du grain, du
sel, du cuir, du papier; des épices : poivre,
girofle, et du sucre qu'ils reçoivent, on l'a vu
plus haut, directement de Genève. Ils prêtent
aussi à leurs clients, et, au très intéressant
mémoire des sommes dues par le seigneur
de Royères, pour fournitures faites pendant les
années- 1480, 1481 et 1482, figurent, auprès
d'achats d'étoffes et de marchandises d'épicerie,
plusieurs emprunts d'argent.
La petite ville de Saint-Léonard, avec un chiffre
de population assurément inférieur au nombre ac-
tuel de ses habitants, était peut-être, aux xiv' et
XV' siècles, aussi florissante et aussi riche qu'au-
jourd'hui. Elle n'avait pas encore ses porcelaines
(1) A moioB toutefois qu'il n'ait eu un frère du in£me nom que lui.
ly Google
et ses papiers ; mais son commerce de cuirs était
considérable et ses poêliers et bassiniers jouissaient
d'une très grande réputation. Elle possédait, dès
le temps de saint Louis, des foires et des marchés
oiî l'on se rendait de très loin ; à cette époque,
nous trouvons, en relations d'affaires avec les ha-
bitants de Saint-Léonard, des négociants de Mon-
tauban, du Quercy et de la Bourgogne; au xv"
siècle, le manuscrit dont nous publions des extraits
nous montre Gérald Massiot recevant directement
de Genève des marchandises tirées de l'Italie et
de l'Orient, et ses enfants traitant avec un maître
poêlier originaire de Villedieu, en Normandie,
Gislet Oubelin, qui s'oblige à travailler exclusi-
vement pour eus durant trois années. L'acte, qui
est daté du 14 octobre 1480, nous révèle le nom
d'un autre Normand, établi également à Saint-
Léonard, Lambert de Canville. Le frère de Gislet,
aussi maître poêlier, paraît fixé dans cette ville;
tout au moins y est-il présent en 1490.
Gérald a eu longtemps un associé, Jean de la
Ribière. La société est dissoute le 18 février 1439.
L'acte qui constate cette dissolution et liquide les
droits respectifs des deux associés nous apprend
que Gérald avait versé comme apport 64 royaux
d'or, équivalant à un marc, et que Jean s'était con-
tenté de promettre pareille somme. Aussi ce der-
nier, tous gains et pertes compensés et tous comptes
apurés, reste-t-il débiteur vis-à-vis de Massiot d'une
assez grosse somme : 188 royaux (environ 2,050
francs, 12,300 francs d'aujourd'hui).
lyGoogle
Une note des plus singulières de notre livre,
celle relative à l'éelipse dn 16 mars 1485, sur
laquelle nous reviendrons plus loin, nous apprend
qu'à cette date, Jean Massiot était un des huit
consuls de Saint-Léonard. La commune de cette
ville avait une illustre origine; elle devait son
institution à Richard Cœur-de-Lion, roi d'Angle-
terre (1); au siècle suivant on voit les magistrats
populaires jouir des prérogatives les plus éten-
dues, administrer les intérêts de leurs comitoyens
sans entrave et sans contrôle, réparer les mu-
railles, lever les deniers communs, recevoir le
serment de fidélité des habitants (2), se réunir deux
fois la semaine à la maison de ville, avec leur
conseil, pour juger les causes civiles (3), et pro-
noncer sur les affaires criminelles en plein air,
devant la commune assemblée, sous l'ormeau
planté en face de la porte de l'église Notre-
Dame (4). Toutefois l'évèque, qui était seigneur
(!) Petrus Vclade... audivit dici a pâtre suo quod erat presens
cura reï Ricbardus Anglio dedcrat cis consulalum et communi-
fatem, etc. Potriia do Arfolio... dicit quod liahent consotatuin et
comtnunitatem ex doiio Régis Richardi (Enqufite de 12tJS, carton
n* 2410 du Tonds de l'iîvêchtf, aux arcliives de la Haute-Vienne).
(!) In dicto festo (de la chaire de saint Pierre) oreantur consulcs
in dicta villa, et, ipsis creatis, ipsi aocipiuut sacramentum a corn-
munitatï, etc. (ifjid.),
(3) Leonardus Goudellî dicit quod in civilibus causis, que trac-
tantur in dûmo communi.... Le Tourneur... vidit plures litigare bis
ifl scptimaua in domo commuui, coram coiisulibus (ibid.).
(4) Petrus Tutonia... audivit trompari quod omnis venissct ad
platcnm que est aille eccK'siaiii Heale Marie, sublus quamdam
arborem... et consuleis.\. Jictuin judiduin feucrutit subtus dictain
arbore m, etc. (ibid.).
lyGoogle
de Saint-Léonard, ayant acquis des trois ou quatre
familles de chevaliers qui habitaient le château de
Noblat, tous les droits dont celles-ci étaient en pos-
session depuis un temps immémorial, entreprit
d'enlever aux bourgeois les plus précieuses de
leurs libertés; une longue lutte s'engagea entre
le prélat et les consuls : l'issue en était douteuse
et les officiers royaux montraient des dispositions
assez favorables aux habitants, lorsqu'une sorte
de coup de théâtre mit fin aux incertitudes du
procès et ruina pour toujours les libertés de la
commune. L'évèque consentit à partager avec le
roi la juridiction que les deu*L parties se dis-
putaient et qu'il prétendait exclusivement pos-
séder. A la suite d'un traité conclu en 1307, un
pariage fut établi à Saint -Léonard et les bour-
geois se ti-ouvèrent privés de la justice et de
la police. L'organisation municipale subsista néan-
moins, et les magistrats continuèrent à pourvoir
à l'entretien des murailles et à quelques objets
d'administration.
Au nombre des prérogatives des consuls figu-
rait le droit d'avoir une caisse de charité, le
« coffre des pauvre8(l), » qu'alimentaient soit des
dons volontaires et des legs, soit une taille levée
sur les citoyens. Nous voyons, par deux passages
de notre registre, qu'au xv' siècle les magistrats
de Saint-Léonard avaient gardé ce privilège; il y
est en effet question de legs faits aux a aumônes
(1) Dicti consules babent... sigîllum comimine, arcliam pauperum
el arnuturas commuaes {ibid.).
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— 159 —
du consulat » par Gérald et sa femme, Jeanne
Clautre. Ces distributions officielles étaient en
usage dès une date fort reculée (1), et peut-être
la porte Aumônière, une des principales de la
ville, leur devait-elle son nom. A Limoges, les
distributions étaient faites à Noél en nature, et,
le jour de l'Invention de la Sainte-Croii, en ar-
gent; elles avaient lieu à l'hôtel-de- ville.
Dans la même ville, les registre? de certaines
confréries de charité montrent les consuls inter-
venant dans l'administration des deniers de l'asso-
ciation. Il devait en être ainsi à Saint- Léonard ;
il se pourrait même que la confrérie des Trépassés,
à laquelle Antoine Massiot se fait agréger en 1484
et qui parait avoù? été une « cbarité » analogue
à celle des Suaires de Limoges, eût le caractère
d'une institution municipale; le prieur de Dieu-
lidout lui donne en effet la dénomination assez
remarquable de « confrérie des Trépassés du Con-
.sulat. »
Une autre association pieuse mentionnée au
livre des Massiot, pourrait se rattacber aussi par
un lien étroit à l'bôtel -de- ville : nous voulons
parler de la confrérie de Noire-Dame de sous tes
arbres. N'y aurait-il pas là un souvenir de ces
assemblées de citoyens qui se tenaient devant la
(1) L'usage en remonterait, d'après le chroniqueur Geoffroi de
Vigeois, à la période qui suivit immédiatement la Croisade. Nous
avons traité sommairement cette question des aumônes munici-
pales dans une notice sur les Confréries de dévotion et de chu-
rite en Limouein antérieurement au xv siècle. (Cabinet histo-
rique, année 18B2.}
lyGoogle
— 160 —
vieille église et que mentionnent tant de fois les
documents du xm' siècle; ou bien cette associa-
tion avait-elle été, à St-Léonai-d, ce que fut peut-
être, dans le Château de Limoges, celle de saint
Martial : l'embryon de la commune et le cadre
de sa primitive organisation.
Nous parlions plus haut d'un passage curieux
relatif à l'éclipsé de soleil du 16 mars 1485.
S'il faut en croire Massiot, le roi avait fait crier
par les villes qu'à l'heure où elle devait se pro-
duire, tout le monde se tint renfermé dans les
maisons et demandât miséricorde à Dieu; car tout
ce qui serait par les champs ou par les chemins
à ce moment, hommes et bêtes, devait périr.
L'auteur du livre de raison ajoute que la teneur
de l'ordonnance royale lui fut communiquée, le
matin même du 16 mars, par le prieur de Saint-
Léonard, qui le chargea d'en faire part aux autres
magistrats municipaux. On annonçait également
qu'avant que Pâques fût passé, le peuple aurait
beaucoup à souffrir. Massiot constate avec satis-
faction que l'éclipsé ne dura qu'un quart-d'heure,
et il n'enregistre aucun événement de nature à
nous donner à penser que les terribles prédictions
du matin se soient réalisées. 11 est permis, du
reste, de douter de l'authenticité de l'ordonnance
de Charles VIIl, bien qu'en ces matières tout pa-
raisse possible à qui a lu l'histoire et connaît
tant soit peu notre crédule humanité.
Les Massiot ont un petit mémorial assez ch-
rieux à leur usage. On y apprend que, toutes les
années « cinquante, » il y a famine au royaume
lyGoogle
de France. S'il faut en croire l'expérience du
temps, les grands événements, et spécialement les
calamités publiques, se reproduisent toujours dans
le même ordre. C'est d'abord la guerre, que sui-
vent d'babitude des années de jubilé et d'indul-
gences extraordinaires, puis la famine, et après
la famine, la peste. Nous soupçonnons Antoine
Massiot, le prieur, d'être le rédacteur de ce pas-
sage où nous croyons reconnaître sa belle et ferme
écriture, et où il cite comme autorité un vieillard
de DieuUdout. Ce dernier lui a raconté que l'année
1331 avait, au rapport de son père, été signalée
par une famine, et que la guerre et des divisions
profondes avaient ensuite désolé la contrée ; famine
encore en 1381,- troubles aussi et descente d'un
prince d'Angleterre en Gascogne (il s'agit probar
blement de l'expédition du comte d'Arundel, à
laquelle nos routiers de Chàlucet prêtèrent un si
efficace concours en opérant une diversion en
Berry; cette campagne est toutefois de sept ans
postérieure); troubles et mortalité en 1382; 1463
est appelé l'année des grandes neiges; de 1465
à 1479, terribles guerres; depuis 1472, il y a eu
tant de « pardons » qu'on ne saurait se souvenir
de tous. En 1431, dix setiers de blé coûtent un
écu, ce qui fait ressortir à 1 franc : 6 francs d'au-
jourd'hui, le prix d'un setier. Le setier de Saint-
Léonard équivalait à 6 décalitres 12 et était plus
fort d'un sixième environ que celui de Limogés.
En 1432, pénurie; le setier se vend cinq fois plus
cher; on n'en a que deux pour un écu; il vaut
donc 5 francs, 30 francs d'aujourd'hui ; il faut re-
lyGoogle
marquer toutefois que les forléaux de Limoges(l)
portent cette année-là le setier de seigle à 24 sous
et celui de froment à 30, soit 9 fr. 32 et 11 fr. 65
(56 et 70 francs d'aujourd'hui), et que l'année
d'avant ils les font ressortir l'un et l'autre à la
somme vraiment fabuleuse de neuf royaux {92 fr.
33 : 554 francs!!) 11 y a là quelque erreur énorme'
que nous ne pouvons exactement redresser, mais
contre laquelle nous devons mettre en garde nos
lecteurs. En 1433 le setier se vend, à St-Léonard,
un royal (13 fr. 17 : 79 francs). En 1434, le prix
du setier descend; on le donne à 4 sous (1 fr. 64 :
9 fr. 85) a sans battre ni moudre, » c'est-à-dire
vendu dans la paille. A Limoges il vaut 6 sous,
c'est-à-dire 2 fr. 46 : 14 fr. 75). Ajoutons qu'en
1482, un setier de froment de rente s'acquiert
moyennant cent sous, ce qui — le taux d'acquisition
des redevances perpétuelles se rapprochant en gé-
néral de cinq pour cent — fait ressortir à cinq sous
(1 fr. 50, soit 9 francs) le pri.t du setier. Vers
la même époque, une rente perpétuelle de trois
muids de vin s'achète au prix de trente-trois
livres : ce qui fixerait à 10 sols (15 à 16 francs
d'aujourd hui) le muid, dont nous ne connaissons
pas exactement la contenance (â).
Les nombreux contrats de bail à cheptel que
renferme le registre dont nous poursuivons l'exa-
(1) Voir les Forléaux publies dans le Limousin higtorique, par
MM. A. Leymarie ot H. Arnoul.
(2) Dans quelques contrées il valait 30 ou !1 cartes, fùlleurs
13 seulement.
lyGoogle
— 163 —
men sommaire, ne contiennent malheureusement
que des énonciations très courtes, et toujours à
peu près identiques. Les conditions du métayage
au XV* siècle ne pai-aissent pas, ne peuvent pas
avoir été absolument ce qu'elles sont de nos jours.
En ce qui concerne l'état de la terre, des récoltes,
leur nature, leur affectation, leur partage, notre
manuscrit ne nous apprend rien de précis. Il y
avait une part du maître et une part du métayer;
mais étaient-elles égales? Les fonds étaient alors
grevés de redevances diverses, qui se payaient les
unes en nature : grains, vin, poules, porcs, châ-
taignes, charrois; les autres en argent. Les objets
destinés à acquitter les premières et ceux représen-
tant la valeur des secondes étaient-ils prélevés sur
les produits communs, ou bien le propriétaire, ou,
si l'on veut, le possesseur, les gardait-il à sa charge?
La dîme se payait par moitié. Mais une fois ce pré-
lèvement et celui du grain nécessaire à l'ense-
mencement effectués, les récoltes qui ne se con-
sommaient pas sur le domaine se partageaient-
elles par égale portion entre le maître et le
métayer ? Nous le croyons ; mais il est impossible
de l'affirmer, pour le xv' siècle tout au moins.
Quant aux cheptels vifs, c'est autre chose. Nous
voyons très bien que le produit des ventes du croit
revient pour moitié au propriétaire et pour moitié
au colon. Mais une différence doit être notée
entre cette époque et la nôtre dans la façon de
comprendre la gestion du cheptel; une fois le
cheptel remis au métayer pour le prix de l'esti-
mation, on ne s'occupe plus à présent de savoir si
lyGoogle
les ventes opérées au cours du bail diminuent cette
souche, ou tout au moins la valeur du groupe de
bestiaux qui la représente; le pris de tous les ani-
maux vendus est également partagé entre les deux
associés, sauf au métayer à tenir compte au maître,
à sa sortie, de la diminution que pourra avoir subie
la souche qui lui a été livrée à son entrée. Dans
le registre des Massiot, nous constatons que tes
comptes de ventes d'animaux établissent une dis-
tinction constante entre les animaux de cheptel,
dont le prix parait appartenir en totalité au maître,
et ceux a faits de croit » — fach de creys — ou
« bons de croit » — boè de creys — dont le prix
est partagé par égale portion entre les deux associés.
En dehors des domaines dont le fonds ou la
jouissance leur appartiennent, et qu'ils font cul-
tiver par des métayers dans les conditions nor-
males, c'est-à-dire en mettant à la disposition de
ces derniers le cheptel nécessaire à l'exploitation,
les Massiot fournissent des animaux à de petits
tenanciers cultivant des terres sur lesquelles les
bailleurs du cheptel n'ont aucun droit. Le fait ré-
sulte, avec la dernière évidence, du grand nombre
de métairies dans lesquelles ceux-ci tiennent des
bestiaux. Toutes assurément ne leur appartiennent
pas, ou ne leur sont pas affermées ou engagées
par leurs débiteurs. Souvent, au reste, on les voit
acheter le bétail d'un cultivateur, puis, ce bétail
payé, le lui laisser à titre de cheptel dont ils se
réservent la propriété et partageront le croît. Ce
contrat équivaut, en somme, à un prêt hypothé-
caire dont le bétail est la garantie, et dont les
lyGoogle
intérêts sont représentés par la part du créancier
dans le produit des ventes. Rien, dans les actes
passés à ce sujet, ne nous autorise à penser que
les bailleurs participassent en quoi que ce soit aux
frais de nourriture des animaux; le débiteur,
comme le colon ordinaire, est tenu de « tenir,
garder et nourrir sur son exploitation » — ienere
incurie sua,... custodire et nutrire — le chep-
tel qui lui est laissé. Par contre, il en conserve
la disposition, l'utilise pour sa culture, profite
non-seulement de son travail, mais de ses pro-
duits accessoires. Si une des bétes du cheptel vient
à mourir par la faute ou la négligence du déten-
teur, celui-ci est l'esponsable de sa valeur, et plu-
sieurs reconnaissances de notre registre sont mo-
tivées par la perte d'un animal livré à cheptel,
causa deperdimenti unius jumenti, etc. Une
partie des vente? de bestiaux dits de cheptel
que nous avons signalées plus haut, et qui se
font au profit du propriétaire seul, se rapportent
sans doute à des animaux ainsi vendus ou plutôt
engagés. Les cultivateurs cèdent dans les mêmes
conditions, à des créanciers, des ruches et même
de simples rayons.
La composition du cheptel d'une exploitation
rurale est naturellement très variable, comme l'im-
portance de la métairie elle-même. Il est malheu-
reusement impossible, faute d'indii-ations précises,
d'établir un rapport entre l'étendue du domaine,
ou du moins des terres, champs et herbages, et le
nombre des animaux. A la date du 31 mai 143:2,
le cheptel du domaine de Chauvour, paroisse de
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— 166 —
Saint-Denis des Murs, lequel est évalué à six royaux
d'or {79 fi-ancs environ : 474 francs d'aujourd'hui),
comprend seulement quatre vaches avec leurs
veaux; celui de ViUemonteys, près Bujaleuf, se
compose, à la date du 4 mai 1448, de deux
paires de bœufs de labour — boves arantes, —
deux vaches avec leur suite, deux veaux, une autre
vache et deux, génisses; il est évalué à trente-deux
livres, c'est-à-dire 229 fr. 88 : 1,380 francs d'au-
jourd'hui. Le cheptel de Surzol, estimé dix-huit
livres, comprend, le 27 mai 1457, une paire de
hœufs de labour, trois jeunes taureaux et une
vache avec sa velle ; celui du Chàtenet, près
Ghampnétery, estimé à 27 livres 5 s. 7 d., quatre
bœufs, deux vaches avec leur suite, une génisse
de trois ans, un taureau d'un an, une jument
avec sa pouliche, vingt tètes de brebis et deux
ruches à miel (30 juin 1465); cdui d'un domaine
de la paroisse de Moissannes, évalué à sept royaux,
(92 fr. 20 : 555 francs d'aujourd'hui), quatre hœufs,
une vache et son veau, une génisse de trois ans,
un taureau de deux ans, quatre moutons ou brebis
et quatre agneaux (1472); «elui de Beauvais com-
porte, en 1484, une paire de bœufs, une vache et
deux veaux, l'un d'un an, l'autre de deux, et une
autre vache près de mettre bas : le tout d'une va-
leur de six écus d'or, 2 s. 11 deniers d'une part,
et sif livrer 5 sous de l'autre, — soit en tout 105
francs 95 ; 635 francs d'aujourd'hui.
11 faut se tenir en garde contre les évaluations
ci-dessus; car il arrive parfois que le débiteur,
détenteur du cheptel, a remboursé une partie du
Digilizcdby Google
prétendu prix de vente à l'emprunteur, et dans ce
cas l'estimation du cheptel a dû être diminuée
d'autant. Les prix indiqués ne représentent donc
pas toujours la valeur réelle des cheptels; mais
on peut relever, au registre des Massiot, un très
grand nombre de notes relatives à des achats et
à des ventes de bestiaux, qui fournissent à cet
égard des données plus précises. Voici quelques
prix dont nous avons gardé note :
Un bœuf se vend, en 1448, 3 ^cus (51 fr. 35 :
308 francs d'aujourd'hui) et 4 royaux 45 sous {58
francs 06 : 348 francs); peu après 1448, 3 royaux
10 s. (43 fr. 10 : 258 fr.); entre 1454 et 1460 : 3
royaux 12 s. (43 fr. 82 : 263 fr.), quatre royaux sept
sous (55 fr. 20 : 331 fr.) quatre livres 10 sous (31
francs 54 : 190 fr.); — en 1457 : 3 royaux 5 sols
(41 fr. 30 : 248 francs); en 1459 ou 60 ; 2 royaux
et demi (32 fr. 93 : 198 fr.) et 3 royaux 3 s. 9 d.
(40 fr. 81 : 245 francs); en 1473 : 2 écus (22 fr. 56 :
135 francs); en 1474, 3 Hvres (18 fr. 93 : 114 francs),
et cinquante-deux sous (15 fr. 41 : 92 francs); et
65 sous (20 fr. 51 : 128 francs); en 1477, soixante-
dix-sept sous 6 deniers (23 francs 35 : 140 francs);
en 1478, 6 livres (36 fr. 15 : soit 917 fr. 90 d'au-
jourd'hui).
On paie une vache, en 1448, deux royaux (26 fr.
34 : 131 fr. 70 d'aujourd'hui), deux écus (23 fr. 40 :
140 francs); en 1473, un écu trois quarts (20 fr. 47 :
123 fr.); en 1474, 2 écus (22 fr. 56; 135 fiancs),
cinquante sous (15 fr. 59 : 77 fr. 95); en 1475, 40
sous (12 fr. 47 : 74 fr. 82); en 1484, 4 livres (24 fr.
09 : 145 fr.).
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Une vache avec son veau est payée, en 1456,
soixante sous (21 fr. 04 : 126 francs); en 1472, 3
écus a du c<3in du roi Charles » (35 fr. 12 : 210 fr.);
en 1483, 4 livres 10 sous (27 fr. 10 : 162 francs).
Un taureau se vend, en 1462 et 1475, 1 royal
et demi (19 fr. 76 : 120 francs d'aujourd'hui); en
1478, 50 sous (15 fr. 05 : 90 francs); en 1481, trois
livres (18 fr. 06 : 108 francs); une génisse, en
1461 et 1462, trente, trente-trois et trente-quatre
sous (de 10 fr. 52 à 11 fr. 92 : 63 à 71 francs); en
1473, vingt sous (6 fr. 80 : 41 francs); en 1474,
trente-cinq sous (11 fr. 04 ; 66 francs); en 1475,
trente sous (9 fr. 46 : 57 francs); une jument, en
1452, quatre livres (28 fr. 46 : 171 d'aujourd'hui);
en 1480, six livres (36 fr. 15 : 217 francs); une
pouliche, en 1476, quarante sous (12 fr. 05 : 72
francs); un poulain, entre 1474 et 1480, cinq livres
(30 fr. 12 : 180 francs); deux hrebis, en 1473, cinq
sous, soit deux sous 6 deniers l'une (0,85 c. : 5 fr.
10); en 1484, douze brebis avec leurs agneaux, cin-
quante sous, soit quatre sous 2 deniers (1 fr. 37 :
8 fr. 20).
Pour en finir avec le livre des Massiot, disons
qu'en tête du recueil se trouve une table générale
très soigneusement dressée en 1473 par Jean :
Jhesus Marie filius. — S'ensec la table per tro-
var las notas, contes et originattlx de lectras
en agueys papier escrichas, tant de bestiau
que de rendas et autras acguisicions fâchas
per Giraud Massioth, acqui Dieu pardon/ et
per me, Johan Massioth, sont filh... Cette table
générale est accompagnée d'un relevé spécial des
lyGoogle
cheptels et redevances par paroisses : S'ensec xcne
table per para fias
II. — Il ne nous reste malheureusement que
six feuillets du cahier-memento de maître Psau-
met Péconnet, notaire royal à Limoges, et ce que
nous y trouvons est bien fait pour augmenter
le regret qu'on doit éprouver de la perte de la
dernière partie de cette curieuse pièce ; il est aisé
de constater que six autres feuillets au moins ont
été déchirés. Il y en avait sans doute un plus
grand nombre. Ce registre est un petit carnet de
papier de format in-8° court (212 millimètres sur
150), d'une écriture assez lisible. Il commence au
mardi de la semaine sainte de l'année 1487 (10
avril) et s'arrête au mois d'octobre 1502. Plusieurs
personnes paraissent avoir concouru à l'inscription
des articles qu'il renferme. Tout au moins peut-on
remarquer une différence sensible entre l'écriture
des notes antérieures au 10 mars 1493 (nouveau
style : 1494) et celle des mentions suivantes.
La langue de Psaumet Péconnet est un roman
fort corrompu et très francisé ; à l'exception de
quelques mots, dont nous avons indiqué en note
le sens, le document est aisément intelligible et
peut se passer de commentaires. Nous nous bor-
nerons donc à donner ici un aperçu sommaire de
son contenu et une très rapide esquisse de sa
physionomie.
C'est à une période importante de la vie de
Psaumet Péconnet que se rapportent les notes
inscrites sur son petit cahier. Celui-ci ne débute
lyGoogIc
— 170 —
point par les prières et les pieuses invocations
d'usage; il entre tout de suite en matière : « S'en-
suit le mémento touchant mes noces. » Et voici
l'homme rangé notant avec méthode, avec soin,
tout le détail de ses petites affaires. Il appartient
à une bonne famille de la bourgeoisie limousine,
mais qui, à cette époque, est loin de briller au
premier rang. Les Disnematin, les Benoist, les
Bayard, les Bouillon, les Boyol, les Ruaud, les
Meyze, les Verthamon, les Lamy, les Saleys, les
Rogier, les Du Boys tiennent alors le haut du
pavé. Néanmoins les Péconnet sont déjà alliés à plu-
sieurs de ces vieilles et riches races bourgeoises,
et c'est la fille d'un notable, Mathive Benoist,
qu'épouse le jeune homme. Psaumet, visiblement,
n'est point l'aîné de sa famille. Ce n'est pas lui
qui aura la garde du foyer. 11 a touché, à la mort
de son père, sa pegulhieyra, sa légitime, et se
trouve déjà, à ce qu'il semble, au moment de
son mariage, en possession de son petit avoir, sur
l'importance et la composition duquel il ne nous .
fournit du reste aucune indication. Mathive Benoist
reçoit une dot modeste, 130 livres — quelque qua-
tre mille francs d'aujourd'hui. — De plus la famille
de l'épousée fournit un logement au jeune ménage
et un atelier — obradoi' — (on dirait aujourd'hui
un bureau ou un cabinet) à maître Psaumet.
Nous faisions remarquer, dans J'étude qui accom-
pagne le livre des Benoist (1), qu'il n'y était parlé
(1) Le Livre de raison d'Elienne Benoisl. — Limoges, veuvo
lyGoogle
que de deux bijoux. Le cahier de notre notaire en
mentionne un plus grand nombre; ce luxe relatif
pourrait s'expliquer par la profession des Péconnet,
qui comptent aux xvi' et xvii* siècles parmi les plus
connus de nos orfèvres et qui, dès le siècle pré-
cédent, exercent sans doute l'art si cher à nos
aïeux. Quoi qu'il en soit, Psaumet note avec soin
tous les cadeaux qu'il fait à Mathive, et il ne
manque pas d'en inscrire le prix en regard. C'est
d'abord un signet ou anneau ordinaire, de 32 sols
6 deniers (9 fr. 27, soit 46 francs d'aujourd'hui),
qu'il lui donne loi-s des accords, le mardi avant
Pâques; puis, la veille de la Saint-Jean, une bague
en torsade, de quatre livres (22 fr. 84 : 114 fr. d'au-
jourd'hui), puis l'anneau des flançailles, a ferma-
ditz, » orné de quatre perles (6 liv., 34 fr. 26 : 171
francs), la. ceinture garnie d'argent tout du long
(6 livres aussi), enfin l'anneau de mariée — aneu
esposadiiz — (4 liv. 10 s., 25 fr. 70 : environ 129
francs de nos jours).
Psaumet n'inscrit pas avec moins de ponctualité
les présents reçus que les présents donnés. 11
parait qu'au xv' siècle, un jeune homme, lors de
son mariage, recevait de tous ses parents de petite
cadeaux en argent; l'offrande de chacun était mo- .
deste, et bien des enfants riches reçoivent aujour-
d'hui, le matin d'une première communion ou le
soir d'une distribution de prix, une somme plus
ronde que celle recueillie par le futur notaire au
cours de sa petite tournée de famille, 'à la veille
de la cérémonie du 4 novembre 1487. Peut-être
faut-il voir, dans cette coutume, une façon dé-
lyGoogle
— 172 —
tournée, pour chaque convive, de payer son écot :
la chose serait tout à fait conforme à l'esprit
pratique et économe de nos pères. Quoi qu'il
en soit, les deux florins « au chat » et les trois
livres onze sous quatre deniers qu'avait ramassés
le futur dans ses visites, furent-ils loin de couvrir
les frais des noces, qui s'élevèrent à neuf livres
5 deniers ('290 francs). Psaumet fit bien les choses :
il y eut festin et bal. On mentionne jusqu'aux mé-
nétriers. Il eût été intéressant de savoir au son
de quel instrument se trémoussèrent les invités;
mais le précieux cahier garde le silence sur ce
point.
Les mentions les plus curieuses du livre de
maître Psaumet sont celles qui se rapportent à
une singulière coutume, à laquelle plusieurs pas-
sages de nos vieux registres de l'hôtel -de- ville font
allusion. Quand une femme était accouchée, elle
recevait pendant un certain nombre de jours les
visites de ses parentes et de ses amies. Les « com-
mères » ne se bornaient pas à causer; elles s'atta-
blaient et banquetaient dans la maison ; toutes les
provisions du pauvre ménage y auraient passé si
l'usage ne s'était établi que chacune apportât son
plat. Point de mets friands, de mièvreries, de frian-
dises : des plats copieux, solides, et qui eussent
tous mérité l'estime de l'Harpagon de Molière.
Notons que les bourgeoises n'arrivaient pas tou-
jours seules; les « compères » donnaient souvent
le bras aux « commères, » et la gaieté n'y per-
dait rien : on mangeait, on buvait, on causait, et
lyGoogle
Dieu sait de quels propos et de quelles histoires
on régalait les oreilles de la pauvre malade.
A plusieurs reprises, l'autorité consulaire avait
cherché à abolir ce vieil usage, à réprimer tout
au moins les abus et les désordres auxquels il
ne pouvait manquer de donner naissance. C'est
ainsi qu'au mois de mai 1253, une ordonnance
avait interdit toute visite chez l'accouchée jus- *
qu'à son rétablissement : les grand'mères des deux
lignes, la mère, la belle-mère, les sœurs, les filles,
les belles-sœurs étaient seules exceptées; on éten-
dit par la suite ce privilège aux tantes, aus marâtres
et aux nièces. Défense était faite d'envoyer, à l'oc-
casion des couches, des gâteaux, des oublies ou
autres friandises, de faire des repas, de boire et
de manger et de donner aucun cadeau (1). L'accou-
chée pouvait toutefois, lors du baptême, offrir au
parrain et à la marraine le pain et le vin, rien
de plLis(3). En 1436 ces dispositions furent rappe-
lées (3); mais les efforts des magistrats n'eurent
(!) ...E deguna dompna no la deu anar veer tant qant ella jaira,
ei mima, o mair, o sor, o filla [o nepaa], o aerorga, de part li o de
part lo marit non era, [o anda, o marastrc] ; et no deu fogassar ni
fogassas ni obladas, ni aires trametre per ochaizo de jazillas, ni
après far marendus per ochaizo de jazitlas, ni autras dompnas no
la deven anar veer.,. ni adoiic no lai devcn heure ni mengar, ni
trametre degun do. (Ancien registre du Consulat, fol. 13, verso,
i l'Hôtel-de-villc de Limoges.)
('}) La dompna jaira posl aus compars donar et a las comars pan
e vin per aissi cura sol, sez plus [ibïd.).
(S) Que negun home, de quelque coiidicieu que se sia, no ane
comeyrar t>y visitar jazent por hi heure ny mengar, fors de son
hosial; et de las dompnas, que no siaii si ardidas de hy far dea-
extreordenaris. {Ibiii., fol. 149, recto.)
lyGoogle
— 174 —
aucun succès; s'il se produisit quelque améliora-
tion, celle-ci fut de courte durée. Le manuscrit de
maître Psaumet suffirait à le démontrer.
Les « commérages » étaient donc, à la fin du
XV' siècle, aussi en faveur que deux cent cin-
quante ans auparavant. Grâce au cahier du soi-
gneux Péconnet, vous assistez, au lendemain de
la naissance de son premier enfant, Marie, au dé-
filé des commères — des compères aussi. Et de
fait, le premier dont la visite soit notée est le mé-
decin lui-même. Monsieur Maître Martin Bales-
tier, licencié, ami de la famille, lequel arrive,
portant — sous sa robe sans ddute, pour ne pas
déroger aux traditions de la gravité médicale —
un pâté de poulets, une oie, un poulet rôti et
une tercière de vin : la robe devait avoir une cer-
taine ampleur. La marraine de l'enfant vient en-
suite : c'est la femme du notaire chez lequel a
travaillé et travaille vraisemblablement encore à
cette époque le jeune pèi-e. Elle s'enquiert, en
entrant, des nouvelles de l'accouchée, et dépose
sur la table un second pâté de poulets; on la
verra revenir peu après, apportant cette fois un
repas complet et éminemment substantiel : deux
autres pâtés, un de poulets, le se ond de lièvre, .
une oie, un cochon de lait, quatre poulets rôtis
et deux tercières de vin. Son mari n'a pas cru
devoir l'accompagner, et Péconnet note avec soin
cette abstention — où il semble voir un acte d'im-
politesse, — peut-être pour rendre, à l'occasion,
la pareille à maître Etienne Parrot.
Les commères se succèdent, suivies parfois d'un
ibyGoogle
— 175 —
compère : c'est Simonne du Peyrat, femme de
Martial Disnematin; c'est Galiane Benoist, veuve
de Mathieu Doury ; c'est Anne Saleys avec sa sœur
Mathive; c'est Mathive Benoist. Puis voici Pierre
Feydit et sa femme, Jeanne Pradilhon, Nanette
Saleys, etc. Toutes arrivent, l'inévitable pâté de pou-
lets à la main; quelques-unes en offrent deux ou
y joignent un supplément sérieux : oie ou (ochon
de lait. Une commère se distingue par un menu
plus champêtre : deux miches, un fromage blanc
et diverses friandises.
Évidemment, les commères et la famille de
l'accouchée ne consommaient pas sur-le-champ
ces amas de victuailles, et le garde-manger de la
maison restait garni pour longtemps.
Au mois d'octobre 1490, à la naissance du petit
Pierre, la même procession recommence. Cette
fois les pâtés de poulets sont lenforcés de pièces
de bœuf et de queues de mouton.
11 convient de relever, dans le livre de Péconnet,
l'indication de quelques prix de journées ou de
denrées. La journée du maçon est payée, entre
1492 et 1493, vingt-deux deniers (0 fr. 59 c:
2 fr. 95 d'aujourd'hui), sans compter la nourriture,
pain, vin et pitance, ce qui représente un supplé-
ment d'environ sept deniers (0 fr. 18 c. 8 : 0 fr.
94 c): trois deniers pour une livre de pain, un
pour la pitance et trois pour deux pintes de vin.
Il faut noter ce prix : la livre de pain à 0 fr. 0858,
c'est-à-dire à 0 fr. 4"^5; la pinte, qui équivalait à
Limoges à I litre 071, à la moitié, c'est-à-dire à
lyGoogle
un peu plue de 0 fr. 042, soit à 91 centimes d'à
présent.
D'autres maçons reçoivent deux deniers de moins,
mais leur nourriture' est un peu plus forte, et Pé-
connet note qu'il leur a donné « goûter, dîner et
marendet{l). L'aide qui sert les maçons n'a que
18 deniers (0 fr. 4835 : 2 fr. 42 c. d'aujourd'hui);
il est nourri comme eux. De deux vachers qui
conduisent des pierres, l'un reçoit quinze deniers
(0 fr. 4Û29 ; 2 fr. 15 c), l'autre treize seulement
(0 fr. 3492 ; I fr. 75). Même salaire au.ï deux ma-
nœuvres employés à faire des fouilles pour établir
les fondations d'un mur. Notons qu'à ces derniers,
il n'est dû qu'un pain et deux pintes de vin.
L'article « pitance n a disparu du compte en ce
qui les concerne.
A la même époque, la charge de pierre ne vaut
pas plus de 5 deniers (0 fr. 13 c. 43 : 0 fr. 67 c);
celle de terre (2) en coûte 4 seulement (0 fr. 10 c.
74 : 0 fr. 55 c); la charge de chaux, 7 sous 3
deniers (2 fr. 3368 ; Il fr. 70 c). On paie 5 de-
niers une pelle a pour faire le mortier. »
Les autres livres de raison dont on trouvera
plus loin des extraits, réclament moins d'é-lair-
cissements que les deux premiers. L'ancienneté
relative et l'idiome passablement corrompu de ces
documents en rendent l'abord moins attrayant et
(1) On appelle encore de ca nom, aux environs de Limoges, le
repas de midi, qui est le principal de la journée.
(2) Il râsullc du texte qu'il s'agit, pour la terre t<)ut au moins,
de la charge d'un âne.
lyGoogle
— 177 —
l'étude plus difficile; nous avons tenu à montrer
que le peu de peine qu'on se donnerait pour les
lire ne serait pas sans compensation.
m. — Le registre de famille des Maurat, du
Dorât, n'était pas absolument inconnu. Plusieurs
foison l'avait signalé; mais il n'avait pas été l'objet
d'une étude attentive. Petit cahier de vingt-quatre
feuillets de papier assez fin, marqué d'une fleur
de lis et à ce qu'il semble d'une grappe de raisin
encadrée dans un carré, il n'a pas plus de 193
millimétrés de hauteur, sur 135 de largeur. Les
onze dernières pages sont restées en blanc; -elles
ne sont pas destinées à demeurer dans cet état,
puisque quelques notes contemporaines ont été
ajoutées par les représentants actuels de l'hono-
rable famille à laquelle il appartient.
On a utilisé pour la couverture un parchemin
portant un mandat d'amener délivré, le 94 oc-
tobre 1630 ou 1637, contre un nommé Grosgenye.
Au dos on déchiffre à grand peine ce titre : Nais-
aance véritable des enffans de la maison de
céans.
Ce registre n'est pas autre chose, en effet, qu'un
papier de famille, et spécialement un relevé de
naissances, car il ne renferme qu'un petit nombre
de mentions relatives à des décès, et aucune de
ces mentions n'est accompagnée de ces courtes
oraisons funèbres qu'on trouve ordinairement à la
suite des notes de cette nature, dans les livres
dont nous nous occupons ici. En regard de cha-
cun des articles relatifs aux naissances, à partir de
lyGotigIc
1609, on a ajouté la mention de l'époque de la
mort de la personne désignée, du lieu de sa sépul-
ture, et parfois l'indication de sa qualité ou deux
, lignes de biographie sommaire.
Le cahier a été commencé, le 18 novembre
1556, par Simon Maurat et continué par son fils
Pierre *(2 juillet 1588 au 20 octobre 1609), son
arrière petit-fils Jean (7 septembre 1655 au 7 mai
I67I), puis successivement par Pierre (3 décembre
1687 au. 4 avril 1692), autre Pierre, frère du pré-
cédent (10 novembre 1694 au 22 septembre 1709),
Jean (7 mai 1730 au 7 mai 1763), Antoine (1796-
1798), Indépendamment des lacunes qu'offre ce
livre au xvni' siècle, on remarque qu'au xvii* une
génération entière manque : Pierre, fils d'autre
Pierre et petit-lils de Simon, a omis d'enregistrer
la naissance de ses enfants.
Notre manuscrit renferme quelques passages in-
téressants : entre autres, à l'article relatif au bap-
tême de Berthe Maurat, cinq ou six lignes concer-
nant la prise et le sac du Dorât par les Huguenots,
le 31 octobre 1567, jour même de la naissance de
Berthe; un peu plus loin, au 2 juillet 1588, la
mention des a grands troubles et guerre » qui dé-
solaient alors le pays, puis à l'année 1593 (octobre)
celle des ravages faits par la petite véi-ole, surtout
parmi les enfants; enfin, en mai 1742, celle du
passage de Mgr du Coëtlosquet au Dorât. On peut
également relever, en feuilletant ces pages, les
noms de Glande Leband, curé de l'église parois-
siale du Dorât (20 novembre 1566); Louis des
Afïis, chanoine (1599-1605), dit curé du Dorât le
lyGoogle
20 octobre 1609; Jean Jevardat, curé du Dorât
(2 août 1666 et 8 mai 1671); Théobald de Ney-
mond, curé du Dorât {5 décembre 1687, 6 février
1689); Amable Gommetton, cbanoine (26 octobre
1690); Joseph Aubugeois, curé et chanoine du
Dorât (11 mars 1692 et 27 mars 1711); Joseph
Maurat, curé de Dompierre (10 février 1733, décédé
Iç 14 août 1758); François-Xavier Pertat, curé de
Jouac (19 décembre 1736); — de Léonard Vacherie,
chirurgien (5 mai 1591); Simon Faulconnier, mé-
decin au Dota.i (3 avril 1593); Vincent Pertat, chi-
rurgien à Magnac (2 février 1733), etc.
IV. — Le registre des Lemaistre- Bastide, de Li-
moges, est le type le plus parfait et le plus inté-
ressant à la fois, dans l'extrême étroitesse de son
cadre, du simple « papier de famille, n Ce n'est
point, en effet, un livre de raison proprement dit;
on n'y trouve ni comptes, ni détails sur le patri-
moine ou indications quelconques ayant trait aux
affaires d'intérêt. Ses pages sont exclusivement
consacrées à des notes sur les personnes.
Joli in-4'' de 27 centimètres sur 19, ce livre a
été autrefois couvert d'une riche reliure dont il
ne reste que les cartons, portant l'empreinte d'un
losange inscrit dans un cadre de la grandeur du
volume; il est doré sur tranches et en bon état
de consei-vation. On lit, sur une des feuilles de *
garde, les mots : Ew libris Joaephy Bastide. Ce
manuscrit appartient à M. G. La Bastide, proprié-
taire au château du Lude, par -La Ferté Saint-
Aubin (Loiret). Notre excellent confrère, M. l'abbé
Digilizcdby Google
— 180 —
Leclei", à qui il avait été communiqué, a bien
voulu prendre la peine d'en copier tous les pas-
sages qu'il a jugé pouvoir offrir quelque intérêt.
Il faut distinguer deux parties dans ce registre.
Les premières pages ne sont que la reproduction
d'un « papier » écrit par Robert Lemaistre, et
copié par son petit-fils, François Bastide, en tête
de son propre livre de famille. Le reste est le
livre original de Jean Lemaistre, de son gendre
François Bastide et de leurs descendants.
Robert Lemaistre était fils de Pierre, qui, en
1506, avait épousé, à Lyon, Denise Garnier, fille
d'un marchand de cette ville. Pierre avait-il pré-
cédemment habité le Limousin? Y avait-il voyagé
pour ses affaires? Vint-il, après son mariage, se
fixer à Limoges? Il nous est impossible de le
dire. Nous constatons seulement que, vers le mi-
lieu du xvi' siècle, son fils, Robert, habite la capi-
tale du Limousin et appartient au monde du palais.
Il épouse, vers 1557, Françoise Veyrier, fille d'un
orfèvre, Jean H, celui-là même qui fut exproprié
en vertu de lettres royales obtenues par les consuls
en 1555 et dont les terrains fournirent une partie
de l'emplacement sur lequel devait s'élever le
collège. Robert Lemaistre semble être seul de son
nom à Limoges; car de tous les parrains et mar-
raines de ses enfants, pas un seul ne porte ce
'nom. Ce détail suffirait à établir que la famille
Lemaistre n'était pas originaire de notre province.
Il Y a quelque raison de penser qu'elle appartenait
au Maine.
Robert mourut à Limoges le il mars f584, et
ibyGoogle
fut enterré à Saint-Michel des Lions. 11 était alore
investi des fonctions de conseiller au Présidial. Des
huit enfants issus de son mariage avec Françoise
Veyrier, l'alné, Jean, avocat, qui pourrait bien être
l'e même que o Jean Le M", Manceau, » pourvu en
1595 de l'ofiBce de contrôleur des deniers com-
muns, et nommé par nos registres consulaires (1),
épousa une demoiselle appartenant à uçe des plus
riches familles bourgeoises de Limoges, Marguerite
Bouillon. Il en eut quatre fils et cinq filles; deux
de ces enfants naquirent et furent baptisés à Saint-
Léonard (février 1592, septembre 1593). Peut-être
faut-il en "conclure que Jean remplissait alors
quelque emploi public ou quelque mission dans
cette ville? Ou bien, comme la date et le lieu
nous porteraient à le croire, était-il du nombre
des ligueurs expulsés de Limoges et réfugiés à
Saint-Léonard? Quoi qu'il en soit, il semble être
allé, sur la lin de sa vie, s'établir à Paris, oii une
note de son gendre nous fait connaître qu'il mou-
rut, le 14 février 1621. La même note nous
apprend que Jean s'occupait alors des affaires du
« duc de Bourbon (2), b frère du duc de Lorraine.
Son frère Martial Lemaistre, docteur en théologie
et savant distingué à ce qu'il semble, avait été
attaché à la' maison d'un membre de la famille
(I) Registres consulaires de la ville de Limoges, publié:
tes auspices de la Société archéologique et historique du Li
par M. E. Ruben, et continués par M. L. Guibert, tome If, 3'
p. 26 et 37.
(!) II s'agit peu^6t^e de François, comte de Vaudemont. u
deux [rères de Henri II le Bon, alors duc de Lorraine.
DigmzcdbyGoOgle
de Rohan, alors abbé de Saint-Victor, et qui fut
plus lard promu à l'épiscopat; il était mort dans
la même ville en 1610.
Le papier domestique que nous possédons a été
commencé par Jean, qui y a inscrit la mention
de la naissance de ses neuf enfants. Après lui,
c'est le mari de sa fille Antoinette, François Bas-
tide {cette famille occupait un rang honorable dans
la bourgeoisie, et un de ses membres avait fondé
une vicairie à Saint-Martial), qui se charge de la
tenue du registre, et qui y ajoute les notes du
grand-père de sa femme, Robert Lemaistre. Lui-
même y mentionne la naissance, à la date du
9 juillet 1645, de son fils unique Joseph. Celui-ci
continue le papier de famille de 1668 à 1681.
Interrompues durant trente-sept ans, les mentions
sont reprises le 18 mars 1718 par Guillaume, fils
de Joseph, qui tient le registre jusqu'en 1733. Le
3 octobre 1745, Jean Bastide y inscrit à son tour
la naissance de son premier enfant. La dernière
mention, de la main du même, est datée du 13
février 1748.
Pendant cette durée réelle de plus de deux siè-
cles, le livre de famille des Lemaistre- Bastide ne
fournit que des mentions de naissances et des notes
relatives à quelques décès; mais la forme en est
intéressante : beaucoup de ces articles sont accom-
pagnés d'une prière ou d'une invocation. Enfin on
y trouve nommés un très grand nombre de magis-
trats, de fonctionnaires et d'hommes considérables
de la province. Ce texte offre donc, à ce point de
vue, un certain intérêt.
lyGoogle
Un tableau généalogique, dressé 'par François
Bastide, accompagne les pages écrites par son
beau-père. On y trouve quelques indications qui
méritent d'être notées; ce document nous apprend,
par exemple, qu'un des fils de Jean Lemaistre se
fixa à Solignac, où il exerça les fonctions de
notaire et de procureur; plusieurs autres habi-
tèrent Paris : parmi eux Joseph, qualifié d'avocat
au Parlement. Peut-être existait-il quelque lien de ■
parenté entre nos Lemaistre et la famille du grand
orateur du xvn* siècle.
Tout à la fin de ce livre, on relève une note
de dépenses de 1661, qui nous fournit le prix de
quelques objets : sis. chaises de tapisserie ont été
payées 15 1., un tapis 9 1., une table ronde 13 1.,
une armoire 13 1. et un bois de lit en noyer 10 1. "
Nous apprenons également qu'à cette époque, la
maison Jayat est affermée 40 1. par an, et d'une
autre mention sans grand intérêt, en date du 27_
juillet 1681, il résulte qu'un sieur Carquarei'c paie
à Joseph Lemaistre 41 1. 6 s. pour la location
annuelle d'un jardin dans un des faubourgs de
Limoges. Ajoutons que, de trois nourrices prises
de 1676 à 1682 par Joseph Bastide pour ses en-
fants, il doiyie à la première, qu'il garde dans
sa maison, 24 1. par an; à la seconde, qui est la
femme de son fermier de Saint-Martin et chez
laquelle il place l'enfant, 24 1. et une aune de
toile; à la troisième, métayère à Trentalaud, pa-
roisse de Saint-Paul d'Eyjeaux, 25 1. 10 s. Nous
verrons au livre-journal de Jean Péconnet qu'en
lyGoogle
1672, celui-ci paie la nourrice d'un de ses enfanta
30 1., plus une aune de toile.
V. — Seul, de tous les livres de raison que nous
avons eus jusqu'ici entre les maina, le r^istre de
famille des Lamy est encore continué de nos jours,
et le représentant actuel de la branche aînée de
cette vieille et honorable souche limousine y note
les événements importants de l'histoire familiale,
avec le même soin et la même piété qu'ont mis à
les relater ses ancêtres depuis trois siècles, -r- Com-
mencé le 2 novembre 1571 par François Lamy de
L iret, avocat du Roi au siège sénéchal de Limoges,
ce manuscrit renferme quelques articles antérieurs
à, cette date : une page notamment, écrite par
Jean, frère de François, mort en 1569, et que
nous devons peut-être considérer comme le point
de départ de la tenue du registre. Les pre-
miers articles de ce livre, dont les feuilles de
.garde offrent quelques notes assez obscures por-
tant la date de 1530 et 1531, sont de la main
de François. Le magistrat parle un latin facile et
élégant, et c'est d'un style non sans recherche
qu'il mentionne les incidents relatife à la venue
au monde de chacun de ses enfants, donne des
détails sur les personnes désignées , au cours de
son manuscrit, trace le portrait des fils que la
mort lui enlève avant l'âge, et exprime les sen-
timents de joie ou de tristesse qu'excitent tour à
tour dans son cœur les naissances et les décès
survenus autour du foyer.
La dernière mention écrite par lui est du 18
lyGoogle
janvier 1578. Il y a une interruption d'un quart
de siècle dans les annales de la famille. Le 4 mars
1604 seulement, l'avocat Joseph Lamy prend la
plume tombée des mains de son père et la tient
jusqu'à l'année 1626. Les pages qu'il a écrites ne
présentent pas un moindre intérêt que le début
du volume; on y trouve toutefois moins de dé-
tails et moins d'agrément dans le style.
Nouvelle lacune de 1626 à 1643. Au mois de
septembre de cette dernière année, Jacques Lamy
inscrit la naissance de son premier enfant. Du
8 octobre 1683 au 19 septembre 1704, notre re-
gistre n'offre aucune mention : c'est la dernièi'e
lacujie un peu Importante du petit manuscrit.
Trois générations le conduisent jusqu'à la Un du
siècle, et Pierre I^amy de La Chapelle, qui le rédige
depuis le 12 mars 1767, ne cesse de tenir la plume
qu'à sa mort, arrivée en 1807. Jean-Baptiste lui
succède de 1807 à 1842. Depuis cette époque, c'est
à M. Théophile Lamy de La Chapelle qu'est confié
ce précieux dépôt, et c'est à son obligeance que
nous en avons dû la communication.
Très amples au début, les mentions des évène-
flttents qui se produisent dans la famille devien-
nent singulièrement brèves, sèches et décolorées
au xvin* siècle. Les rédacteurs contemporains de
l'intéressant registre qui nous occupe sont reve-
nus, avec raison, à la tradition de leurs ancêtres
et ajoutent à renonciation des faits, soit quelques
détails, une particularité notable, un trait de ca-
ractère, soit un court éloge, un mot d'affectimi,
un souvenir du cœur.
tibyGoogle
Le registre dont nous venons de parler est en
papier, de petit format presque carré, couvert
d'une reliure du xvi* siècle en basane rouge. Il
est écrit en latin jusqu'à 1733; à partir de l'année
suivante, les auteurs l'ont constamment rédigé en
français. L'écriture du premier de ses rédacteurs,
François Lamy, est fort nette et fort soignée. On
ne peut en dire autant de plusieurs de celles qui
suivent.
VI. — Nous devons à l'obligeance de M. le comte
de Villelume, communication du trop court registre
de famille de Jeanne Boyol, dame du Bâtiment,
mariée, le 2 avril 1588, à un des ancêtres du pos-
sesseur actuel de ce curieux manuscrit. Celui-ci
n'embrasse que sept années, de 1587 à 1594; mais
de combien d'événements intéressants, survenus
dans cette courte période, la main qui a tracé ces
pages n'aurait-elle pas pu consigner le souvenir?
Les faits se pressent, durant ces années si agitées
et si pleines. Aucune époque de l'histoire provin-
ciale n'est plus mouvementée, plus troublée, plus
dramatique. Les discordes religieuses ont excité
les passions et déchaîné des haines dont la vio-
lence noua étonne et dont les sauvages explosions
nous terrifient. Jeanne Boyol appartient à une fa-
mille dont plusieurs membres figurent au nombre
des défenseurs les plus déterminés du catholicisme;
un de ses proches parents compte parmi les chefs
du parti de la Ligue à Limoges, et joue un rôle
actif dans les graves événements dont nous avons
essayé d'écrire ailleurs le récit, malheureusement
lyGoogle
bien incomplet (1). La dame de Villelume, elle,
appartient au contraire à la Réforme, et son ma-
nuscrit est le premier en date des quatre ou cinq
de nos registres limousins qui sont l'œuvre de
personnes professant la religion protestante. Sauf
le nom du ministre Joseph Joubert, qui y est
prononcé trois fois, nous n'y rencontrons du reste
aucune note relative à l'histoire des églises réfor-
mées de la région.
Le mari de Jeanne, qui parait avoir été catho-
lique, meurt victime des guerres civiles. Les
ligueurs se présentent, au mois d'avril 1591, sous
"les murs de la ville du Dorât, en Basse-Marche.
Ordre est envoyé à tous les fidèles serviteurs du
Roi de marcher au secours de cette place. Jean
de Villelume de Barmontet, sieur du Bâtiment,
s'empresse d'obéir; mais comme il approche du
lieu de réunion assigné aux royalistes par le gou-
verneur de la province, il tombe, le 5 mai 1591,
dans une embuscade et y périt. U laisse sa veuve
grosse de son troisième enfant, et Jeanne enre-
gistre la naissance, au 20 novembre suivant, d'une
fille qui est baptisée seulement trois ans plus tard.
Le cahier de la .dame du Bâtiment renferme
quelques anagrammes dans le goût du temps;
nous les avons reproduites.
VII. — Nous l'avons dit, le ton de tous nos
papiers domestiques : registres de famille et livres
de raison, est grave; mais, à l'impression sévère
(t) La Ligue â Limoge*. Limoges, veuve Ducourtieux, t8S4.
lyGoogle
que laisse leur lecture dans notre esprit, ne se
mêle aucun gentiment pénible : seul des manus-
crits de ce genre qui nous ont passé sous les
yeux, le livre des La Brunye de Rochechouart
donne une note où domine la tristesse. Écrit pres-
que tout entier par des protestants, au cours d'une
période de troubles et de persécutions, ce confi-
dent intime du foyer, ce muet témoin de tant
d'angoisses, devait porter la trace des préoccupa-
tions, des inquiétudes, des souffrances du petit
groupe dont le chef l'a rédigé. Ces sentiments et
ces épreuves ont en effet un écbo dans notre
manuscrit et communiquent à ses pages quelque
chose de douloureux et de plaintif. Toutes ces
tristesses ont étendu sur ce papier domestique un
voile de mélancolie, comme un ciel orageux assom-
brit de seâ teintes livides les eaux qui le réflé-
chissent. Mais on ne trouve pas, dans le livre
des victimes, une seule impréL'ation contre les
persécuteurs, un seul mot violent à leur adresse.
Peut-être la prudence n'est-elle pas étrangère à
cette réserve; nous aimons mieux croire que les
réformés de Rochechouart pratiquaient le pardon
des injures, et laissaient à la propre conscience
de leurs ennemis le soin de juger lexu's actes et
de les punir.
Grand in-8°, cartonné, d'une cinquantaine de
feuillets, le registre des La Brunye, commencé
vers 1644 par Jean, renferme des notes emprun-
tées à d'autres documents du môme ordre et dont
la première en date se rapporte à la mort du
grand-père du rédacteur, décédé le 5 février 1599.
lyGoogle
Api-èa la mort de Jean, survenue en 1684, son
petit-fils, David, lui succède dans la tenue du pa-
pier de famille; Raymond dé La Brunye tient la
plume à son tour, de i747 à 1788. Enfin quelques
notes insignifiantes sont «joutées par Pierre-Paul,
de 1788 à 1792. Cette dernière date est la plus
récente qu'on relève dans le registre, lequel ne
renferme ni compte ni inventaire, ni mention
quelconque relative à la gestion du patrimoine.
Nous n'insisterons pas sur l'intérêt tout parti-
culier qui s'attache au manuscrit des La Brunye.
M. Alfred Lerouï, archiviste de la Haute- Vienne,
qui prépare en ce moment une histoire de la
Réforme en Limousin, et qui, par conséquent,
se trouve être l'homme du monde le plus capable
d'apprécier la portée de ce document et de la
faire ressortir, a pris la peine de copier lui-même
les eUraits que nous publions et de les annoter
avec un soin, une abondance, une précision qui
en augmentent singulièrement la valeur. Disons
seulement que le livre des Labrunye renferme
toute l'histoire de l'église protestante de Roche-
chouaii pendant un siècle; on y trouve, sur la
situation faite aux réformés, sur les mauvais
traitements "dont ils étaient l'objet, sur. l'attitude
du clergé et de la population à leur égard, sur
leurs rapports avec les intendants et les auto-
rités provinciales, des renseignements précieux et
que vainement on chercherait pilleurs. 11 y est
fait mention de plusieurs des communautés pro-
testantes qui existaient alors dans la région et
d'un assez grand nombre de ministres, dont
lyGoogle
quelques-uns sont nommés à nos Annales ou
dans la grande Histoire de Saint-Martial du
P. Bonaventure de Saint-Amable. Trois ou quatre
de ces notes, celle notamment ayant trait à la
mort, à la date du 26 awil 1653, du célèbre pas-
teur Daniel de Barthe et à son inhumation dans
le temple de Limoges, ne sont pas sans intérêt
pour l'histoire générale de la religion réformée.
Un détail remarquable nous est fourni par ce
document. A la suite d'une émotion populaire cau-
sée à Rochechouart, en 1674, par un nouvel impôt
mis cette aimée-Ià sur les boissons, deux notables
de la communauté protestante sont envoyés à Poi-
tiers, auprès de l'Intendant de la Généralité, M. de
Maiiilac, « pour la estre retenus en forme d'otages »
et « subir les ordres de M. l'Intendant, o A. cette
occasion une garantie, un garde-dommage comme
on disait alors, leur est donnée par un acte pu-
blic signé des consuls et des habitants de la ville.
Cet acte rappelle ces assurances jurées au xin'
siècle par les communes à leurs procureurs ou à
leurs magistrats, et dont le plus ancien registre
de l'Hôtel-de-ville de Limoges nous a conservé
plusieurs curieux spécimens.
VIII. — Pour la troisième fois, c'est le papieD
domestique d'une famille protestante que nous
allons feuilleter, et c'est encore au'c recherches
de M. Leroux que nous sommes redevables de la
connaissance de ce manuscrit. Cahier in-12 de
56 feuillets, recouvert d'une feuille de parchemin
déchirée, le registre de Jean Plaze, d'Ai-gentat,
lyCoogle
est aujourd'hui la propriété de M. Eusèbe Bombai.
Comme la plupart des documents de cette nature,
11 débute par des prières. Ici, le Benedidte et les
Grâces servent d'introduction à une série de men-
tions où l'on peut noter quelques passages ins-
tructifs.
L'auteur de ce livre domestique est membre
de la communauté protestante d'Argentat; les ré-
formés sont nombreux dails la ville, puisque la
maison commune leur sert de lieu d'assemblée.
C'est là qu'en 1609, le ministre François Claude
administre le baptême à Jeanne Plaze.
Ce ne sont pas seulement les naissances des
membres de sa lignée qu'inscrit Jean dans son
registre; il y marque celles des enfants de ses
frères Jacques et François. A la suite de ces notes
de famille se trouvent quelques statuts synodaui
concernant la discipline ecclésiastique et divers
sujets de liturgie. La première mention de la
main de Jean Plaze est du 19 février 1605; la
dernière porte la date du 14 septembre 1634.
Gaspard Deyma, de qui paraissent émaner les
notes de famille comprises entre les dates ex-
trêmes du 21 mars 1644 et du 17 avril 1661,
est le mari d'Antoinette, fille de François Plaze :
il appartient, lui aussi, à la religion réformée.
Son papier domestique n'offre au surplus, fomme
celui de l'oncle de sa femme, qu'un fort médiocre
intérêt.
Aux dernières pages de ce cahier, on trouve
diverses notes relatives à des prêts d'argent et
lyGoogle
dont les i^tes s'échelonnent de 1712 à 1729- Nous
n'avons pas jugé utile de les reproduire.
IX. — C'est encore du Bas-Limousin que nous
vient le neuvième des manuscrits compris dans
notre petite collection. M. Louis de Veyrières nous
a obligeamment communiqué ce livre, beaucoup
plus intéressant à tous égards que celui de Jean
Plaze. Antoine d'Areilh, à qui on doit les pages
dont il s'agit, est un notable bourgeois de Beau-
lieu. 11 y exerce les fonctions de juge seigneurial
pour l'abbaye et on le voit, en 1619, figurer au
nombre des consuls chargés de l'administration
et de la garde de la petite ville. En 1621, il
afferme de la duchesse de Bouillon le produit des
droits dont sont en possession les vicomtes de
Turenne. Beaulîeu compte, à cette époque, une
population calviniste assez nombreuse. D'Areilh
appartient toutefois au groupe catholique, et il
proteste contre l'introduction en majorité, dans le
corps municipal, de bourgeois professant la reli-
gion réformée.
Le livre d'Antoine d'Ai-eilh se compose d'une
centaine de feuillets in-4', protégés à peine au-
jourd'hui par des lambeaux de couverture et sur
lesquels des notes, se rapportant aux objets les
plus variés, ont été inscrites sans aucun ordre.
La première eii date des mentions qu'on y relève
est du 18 novembre 1611 et a trait à une garantie
donnée au juge seigneurial, pour une somme de
15 livres due à raison d'une vente de châtaignes.
Quelques passages signalent des sinistres : le 24
Diçu-izcdbyGoOgle
- 193 —
juin 1619, une violente tempête et de grandes
pluies. amenèrent un débordement de la Dordogne
et causèrent aux récoltes d'importants dégâts; en
1623, un autre orage mêlé de grêle fut suivi d'une
nouvelle inondation ; les eaux emportèrent le pont
de Badiol, que les consuls firent sur-le-champ
rétablir.
Outre ces notes, on relève dans le manuscrit de
d'Areilh la mention de l'abjuration publique de
Jean Chaumeii, bourgeois de Beaulieu, dans l'église
de Notre-Dame de cette ville, le 12 mars 1619;
celle de la réception solennelle, le 16 septembre
1617, du fils aîné du vicomte de Turenne, alors
âgé de douze ans, et l'indication sommaire des
fêtes qui signalèrent son entrée : e représentations
tant par Neptune, cheval-marin, sur la rivière, feu
artificiel à l'entrée de la Grane; » — enfin deux
curieux passages, nous faisant connaître les con-
ditions du louage des domestiques à Beaulieu au
commencement du ivn' siècle. En 1621 d'Areilh
donne à son valet 19 livras, deux paires de sabots
et une «remue» de chapeau; l'année d'après, sa
mère prend un nouveau serviteur, et lui promet,
pour une année, 18 livres de gages, deux chemises,
un vieux chapeau et le bois de ses sabots; « et
» s'il treuve pendant ledit an quelqu'un qui dom-
» maige le bien, s'en ressentira jusques a une
» paire de souliers. »
Les dernières lignes écrites de la main de Fran-
çois d'Areilh se réfèrent à une vente de bestiaux
amenés k la foire de Mauriac, le 6 juin 1637.
Le manuscrit renferme quelques notes d'une autre
ibyGoogle
— 194 —
écriture; cellea-ci s'arrêtent à l'année 1642. La
seconde moitié du registre, pris au rebours, ren-
ferme divers comptes se rapportant particulière-
ment aux années 1748 à 1752 : ces notes, abso-
liunent sans intérêt, couvrent une portion des
marges de la première partie.
X. — Un sieur Gondinet, de Saint-Yrîeix, con-
temporain du chanoine Antoine de Jarrige (dont
M. A. Leroux vient de publier le curieux journal
historique, copié par Auguste Bosvieux sur l'ori-
ginal, alors en la possession de M. Morange), nous
a laissé quelques pages assez intéressantes où se
trouvent racontés les événements survenus au-
tour de lui du 25 mars 1613 au 20 octobre 1630.
On ne trouve mention, dans ce manuscrit, d'aucun
fait intéressant l'histoire générale; mais quelques
passages permettent de constater à quel point les
rivalités locales étaient excitées, les haines vio-
lentes, et combien peu paraissent alors efficaces la
crainte de la répression et la protection des tri-
bunaux. Les Grands Jours tenus k Poitiers, du mois
de septembre 1634 au mois de janvier 1635, pour
les provinces du Poitou, de la Saintonge, du Li-
mousin, de la Marche et provinces circonvoisines,
nous fournissent du reste à cet égard d'assez tristes
révélations.
Le document dont il s'agit et dont nous devons
la communication à M. Alb. Bosvieux, inspecteur
des Domaines à Anch, n'est ni un registre de
famille, ni un livre de raison. C'est un de ces
fragments de journaux, de ces mémoriaux d'his-
lyGoogle
toire locale si communs au svii' siècle, et dont le
plus grand nombre a été malheureusement perdu.
XI. — Avec le livre de raison d'un sieur Jarrige,
nous rentrons dans le cadre de notre étude sans
quitter la ville de Saint- Yrieii. C'est encore à Au-
guste Bosvieui, ancien archiviste de la Creuse,
puis du Lot-et-Garonne, plus tard juge aux Tri-
bunaux de Schelestadt et de Wissembourg, que
nous devons la conservation de ce document, jadis
propriété de M. Boileau; Il est fâcheux que notre
regretté confrère n'en ait pris que des extraits
aussi courts. On y trouve mentionnée, à la date
du 12 septembre 1621, une aurore boréale; aux
12 mai 1609 et 12 mai 1620, des orages qui cau-
sèrent de grands dégâts. L'auteur note cinq mau-
vaises années, de 1617 à 1691. Il raconte, comme
Gondinet, la scène dont l'église collégiale fut le
théâtre le 31 mars 1624 : plusieurs coups de feu
furent tirés et un homme tué dans le sanctuaire.
Les deux registres notent également, au 20 avril
1630, l'arrivée des religieuses de Sainte-Claire à
Saint- Yrieix.
Il est impossible de ne pas relever, dans le livre
de Jarrige, ce vœu énergique, formulé à la suite
de la mention du baptême d'une de ses filleules :
— « Dieu, par sa sainte grâce, la fasse femme de
bien, ou l'oste de ce monde ! » — Voilà une phrase
qui vaut bien, à notre avis, la fameuse parole de
Blanche de Castille.
Nous venons de dire que le manuscrit de Jar-
rige pouvait être classé parmi les livres de raison.
lyGoo^Ie
Son rédacteur ne le considérait pourtant pas comme
tel, ou peut-être le cahier communiqué à Auguste
Bosvieux n'était-il que le complément d'un re-
gistre du même genre, mais d'une bien autre im-
portance; car, en parlant de l'orage du 12 mai
1620, l'auteur renvoie à la page .144 de son « g.(l)
papier de raisons, » où il est parlé d'un autre orage
survenu onze ans plus tôt. Ce « papier de raison »
ne nous a pas été conservé.
XII. — M. le comte de Villelume a bien voulu
nous permettre de prendre copie du livre de raison
de Jean et de Jérôme Texandier, conservé dans ses
archives de famille. Nous avons déjà dit que nous
devions à M. et à M"" de Villelume la connais-
sance de l'intéressant, mais trop bref journal de
Jeanne Boyol; on verra plus loin que leur gra-
cieuse obligeance ne s'est pas bornée à ces deux
communications, et que c'est d'eux encore que
nous tenons le registre de Jean Texandier, de sa
bru et de son petit-fils.
Il est d'aspect élégant et soigné, ce petit volume
in-12 (142 millimètres sur 99) qui nous conserve
les annales de la famille Texandier durant un
quart de siècle; il a gardé sa jolie reliure en
basane dont les fers sont d'un goût exquis. Beau-
coup de ces graves registres de nos pères étaient
ainsi vêtus avec une certaine recherche, parfois
avec une véritable coquetterie. Un livre de raisbn
n'était-il pas un bijou de famille? Et de quel prix!
(1) Grand*
lyGoogle
Il fallait que son apparence extérieure elle-môme
le recommandât à l'attention et aux soins de la
postérité. Le livre a actuellement 25 feuillets; il
en manque un ou deux au moins, se référant aux
années 1637-1642, et qui ont été arrachés entre
le folio 3 et le folio 4. Le manuscrit est, au sur-
plus, dans un état parfait de conservation.
Jean Texandier, riche bourgeois et commerçant
notable de Limoges, commence son registre par
la mention de la mort de son père, Jacques, arri-
vée le 9 novembre 1636. Il indique les clauses dn
testament avec une netteté parfaite et nous met
ainsi tout d'emblée au courant de ses affaires de
famille. Comme c'est la coutume à cette époque,
la mère et le fils aine ont été désignés comme
héritiers universels. Les autres enfants racevront
chacun un legs à l'époque de leur étabU^ement
ou de leur majorité.
Nous avons dit que l'auteur de notre manuscrit
était 'au nombre des principaux négociants de la
ville : on'le voit, en 1653, élu juge au tribunal de
la Bourse. Il ne tenait pas un moindre rang
parmi les paroissiens de Saint-Michel que parmi
les membres du corps du commerce; il nous ap-
prend, en effet, qu'il fut nommé, en 1640, baile
de la confrérie de Saint-Loup; en 1656, baile du
Saint-Sacrement; en 1659, baile des âmes du Pur-
gatoire. En 1654, les consuls le désignèrent pour
remplir les fonctions de baile de l'hôpital; il fut
donc membre de l 'avant-dernière administration
du vieil établissement de St-Gérald ; à leur sortie
de charge, en 1658, Jean et ses collègues furent
iby'Goeigle
remplacés par une administration dont Martial
Maledent de Savignac fut l'âme, et qai décida et
prépara la réorganisation des services hospitaliers
de la ville.
Relevons, dans les pages qui se rapportent aux
affaires de l'hôpital, une curieuse indication tou-
chant la façon dont les administrateurs d'alors
conservaient et géraient le patrimoine des pauvres.
Il n'y avait pas de receveur spécial, de comptable
à gages : les quatre bailes sortants remettaient à
leurs successeurs tout le capital en argent : ceux-ci
se le partageaient par égale portion et le faisaient
valoir comme ils l'entendaient; mais Us devaient
chaque année en payer à l'hôpital l'intérêt à cinq
pour cent, et rembourser intégralement à l'expi-
ration de leur mandat la somme qu'ils avaient
reçue..
Une des filles de Jean Teiandier épouse en 1652
Joseph Limosin, îils de l'émailleur Léonard 111, et
Jean associe son gendre à son commerce. L'apport
du beau-père est de 36,000 livres; celui du jeune
homme de 18,000, et il est convenu que les béné-
fices et les pertes se partageront proportionnelle-
ment aux capitaux versés. De plus, Jean fournit à
la société une valeur de 30,000 livres en mar-
chandises ou en créances,. pour lesquelles il pré-
lèvera chaque année un modeste intérêt de 500
livres. Telles sont les conditions d'une association
qui doit subsister au-delà du terme de l'existence
'du beau-père, et dont un autre livre domestique,
reproduit plus loin, mentionnwa la dissolution
ibyGoogle
— 199 —
SOUS la date du 22 juillet 1689. Le passage le
plus récent de notre livre est du 9 avril 1662.
On trouve, au manuscrit dont nous venons d'es-
quisser à grands traits le contenu, un certain nom-
bre de passages écrits par le frère de Jean, Jérôme
Texandier, et .relatifs à la naissance des enfants de
ce dernier : Marie, Peyronne, Anne, Marie, Fran-
çois, — 28 mai 1646 au 14 juin 1652. Jérôme est,
comme son frère, un notable commerçant et on le
trouve aux Registres consulaires, sur la liste des
Juges de la Bourse élus en 1654.
Le livre de raison de Jean et Jérôme Texandier
nous tient également au courant et des événements
survenus au foyer et des affaires de la famille; il
note même quelques faits locaux. Noua recomman-
dons spécialement ce registre à nos lecteurs ; il
est, parmi ceux compris à notre recueU, un de
ceux qui peuvent donner l'idée la plus simple et
la plus exacte à la fois du « papier domestique »
de nos pères.
XIII. — Le cahier-memento du notaire Psaumet
Péconnet n'est pas le seul « papier de raison » que
nous devions à cette famille. Deux autres journaux
du XTu' siècle, offrant assurément un plus réel et
plus vif intérêt pour nous, sont en la possession
de M. Adolphe Péconnet du Chàtenet, qui a bien
voulu nous les communiquer avec une obligeance
dont nous ne saurions trop lui témoigner notre
gratitude. Le livre de raison de Jean Péconnet
et celui de Joseph, son fils, qui fait suite au
premier, embrassent une période de cinquante ans
ibyGoogle
— too —
environ et nous fournissent les renseignements lea
plus variés, les plus curieux, sur la vie et les
habitudes de nos pères.
Maître Jean Péconnet, l'auteur du premier de
ces registres, nous apprend qu'après avoir fait ses
études au collège des Jésuites de Ijmoges, il fut
placé comme clerc, chez un- notaire d'abord, de
1644 à 1646, puis chez un procureur de «a ville
natale, enfin à Bordeaux, dans l'étude d'un pro-
cureur au Parlement. Rentré dans sa familîfe vers
la fin de l'année 1648, il épousa, trois ans plus
tard, Narde Michel. La future reçut 3,000 livres
pour sa dot et sa part dans la succession de sa
mère, plus 1,100 livres d'un sien oncle, le juge
royal Petiot. La mère de Péconnet, Jeanne de
Verthamond, donna à cette occasion à son fils la
métairie du Châtenet, plus une vigne à Balezis,
mais en se réservant, sa vie durant, l'usufruit de
cette dernière.
Le rédacteur de notre livre est donc un homme
de plume et un homme de loi : ses confrères de
la grande confrérie de Saint-Martial en rendent
témoignage en le choisissant pour secrétaire en
1664. Il ne paraît du reste avoir été ni avocat,
ni notaire, ni procureur : c'est un homme d'af-
faires au sens tout moderne du mot. On le voit
entreprendre d'assez nombreux voyages pour le
compte de tiers qui l'ont chargé du soin de leurs
intérêts, entre autres des Vidaud, seigneurs du Car-
reau et du Carrier, ses principaux clients ; accepter
des procurations, se charger de recouvrements ou
de liquidations contentieuses, suivre des procès. 11
lyGoogle
touche des frères Yidaud, dont l'un est conseiller
au Présidial, l'autre élu, 300 livres d'honoraires
par an. A ses moments perdus, il s'occupe de sa
vigne de Balezis et de sa métairie du Châtenet.
Au cours d'un des voyages dont nous venons de
parler, Jean Péconnet est arrêté à Poitiers* par la
maladie; il y meurt le 30 août 1679, et son fils
aîné, accouru pour recevoir son dernier soupir, le
fait enterrer à Saint-Porchaire « au grand portail,
trois pas au dedans de l'église. »
Les revenus ne rentraient pas autrefois avec la
même régularité qu'aujourd'hui ; la plupart se trou-
vaient constitués par des redevances foncières, et il
est dans la nature des choses que les cultivateurs,
exposés à tous les accidents, à tous les retards et
à tous les mécomptes, soient les moins exacts des
payeurs. Aussi les bourgeois d'une condition mé-
diocre, auxquels aucun commerce n'assurait de re-
venus supplémentaires, étaient-ils souvent gênés.
De là de fréquents emprunts. Les personnes qui
avaient hesoin d'argent en trouvaient sans peine
dans le cercle de la famille : le prêt était souvent
gratuit; souvent aussi le créancier réclamait des
intérêts, déguisés sous le nom de change. Tous
ces emprunts, même ceux entre frères et sœurs,
étaient gagés : l'usage le voulait ainsi, et ce qui
froisse aujourd'hui notre délicatesse semblait tout
naturel à nos ancêtres. La vérité nous oblige à
" confesser que, grâce à cette habitude éminemment
prudente, et pratique, les mauvaises créances, en
dehors des transactions commerciales, paraissent
lyGoogle
avoir été assez rares dans l'actif de nos ancêtres;
du moins n'en est-il presque jamais parlé. Et puis
ce système mettait tout le monde à l'aise, tout en
n'encourageant point les emprunts sans nécessité.
Avait-on besoin d'une petite somme? on prenait
quelques bijous et on les portait chez un parent,
qui, sur leur dépôt, comptait l'argent sans se faire
prier. La gône passée, on remboursait le préteur
et on reprenait ses gages. — Le Journal de Jean
Péconnet offre un grand nombre d'exemples de
prêts de ce genre. Nous avons crti devoir repro-
duire plusieurs articles relatifs à ces emprunts,
à cause des indications qu'on y trouve sur la
nature et l'importance des objets de prix : vais-
selle d'argent, pierreries, chaînes, colliers de per-
les, demi-ceints, croix, reliquaires émaillés, — con-
servés, vers le milieu du xvii* siècle, dans nos
vieilles familles bourgeoises.
Ce qui nous parait le plus digne d'intérêt dans
le livre de Jean Péconnet, ce sont les renseigne-
ments que nous donne son auteur sur l'éducation
et l'instruction de ses enfants. Il en a huit, peut-
être neuf : cinq fils et trois ou quatre filles. Nous
n'avons d'indication que relativement à l'aînée de
celles-ci. Yers sept ou huit ans, on l'envoie chez
les religieuses Bénédictines de l'abbaye de la Règle,
dans la Cité. Le prix de la pension, en 1664, est
fixé à 100 livres par an. Il existe aussi à cette
époque, à Limoges, une pension laïque de demoi-
selles où Jean Péconnet place sa fiUe après qu'elle
a passé quatre ans à la Règle. Cet établissement,
ibyGoogle
snr lequel noua n'avons du reste aucun rensei-
gnement précis, est tenu par des « filles dévotes »
et parait dirigé par une demoiselle Second. Les
élèves paient 80 livres.
Nos ancêtres avaient un moyen commode et peu
coûteux de se procurer un précepteur pour leurs
enfants. Ils recevaient chez eux quelque étudiant
pauvre, qui, moyennant la table et le logiement»
parfois même une simple réduction sur le prix de
. sa nourriture, enseignait aux garçons la lecture,
l'écriture, les rudiments du latin, leur donnait des
répétitions, quand, pins grands, ils allaient au
collège, et était surtout chargé de leur inculquer
de bons sentiments et de bons principes. C'est
ainsi que nous voyons, en 1663, M. de la Piou-
larie entrer comme précepteur dans la maison de
Jean Péconnet, qui se contentera de 35 écus pour
toute pension par an. Au bout d'un an et demi,
nouvelle figure : M. Jean Delaget, de Bénevent-
l'Abbaye, étudiant en philosophie, succède à M. de
la Pioularie. Il s'acquitte sans doute de ses déli-
cates fonctions avec plus de succès que son pré-
décesseur, puisque six mois après, on convient
qu'il demeurera « à condition franche, » c'est-à-
dire- sans payer de pension, — : au pair, comme
disent nos commis de nouveautés aujourd'hui. En
1670, M. Proust le remplace, également à condi-
tion franche. C'est le R. P. Laval, Jésuite du
collège de Limoges, qui l'a désigné au choix du
père de famille, son ancien élève peut-être, ou
simplement son pénitent.
Mais les enfonts du bourgeois grandissent. On
lyGoogIc
— 204 —
les envoie à l'école. Noua sommes frappés du peu
de temps qu'ils passent chez chacun des maîtres
que nous présente successivement le rédacteur de
notre joxu-nal : évidemment on ne brille pas, dans
cette maison, par une très grande fiiité d'idées.
Est-ce la faute du père? est-ce la faute des enfants?
Nous n'osons trop émettre un avis à cet égard;
mais il faut constater que l'éducation de tous les
fils de Jean Péconnet, sans exception, semble avoir
été assez décousue. Suivons par exemple un des .
plus jeunes, Antoine, dans ses pérégrinations suc-
cessives : nous le trouvons d'abord, le 15 septembre
1670, fréquentant la petite école de M. Cibot, vi-
caire de Saint-Pierre; un an plus tard, on l'envoie
chez un Rochelais, M. de Lavie, vraisemblablement
un laïque. C'est sur le conseil du P. Debaye, un
Jésuite sans doute, que le père de famille choisit
cette école; on a vu plus haut le P. Laval désigner
un précepteur qu'on a accepté de sa main : Jean
Péconnet, tout le prouve, avait gardé une très haute
déférence pour ses anciens maîtres. On sait du reste
de quel crédit jouissaient à cette époque les Pères
de la Compagnie de Jésus au sein d'un grand nom-
bre de familles de Limoges. Au mois d'août 1673,
Antoine est placé sous la férule d'un autre prêtre
de Saint-Pierre, M. Dutrueil, qui tient également
école. L'enfant semble suivre déjà -les cours du
collège, et fait sa cinquième. Nouveau changement
le 12 décembre 1675. Le jeune étudiant, qui doit
avoir alors une quinzaine d'années, est envoyé en
pension chez M. Brun, curé de Saint-Martinet, et
y reste jusqu'au 22 février 1677. Il entre alors à
lyGoogle
l'école de M. Maillot, que nous ne connaissons pas
autrement. — Son frère le plus jeune, Martial, est
placé successivement dans une petite école, puis
en pension chez M. Chazaud, prêtre qui habite
au Pont Saint- Martial ; en 1683, on l'envoie chez
M. La Jousselinière fils — un étudiant peut-être —
pour « reppetter des leçons et corriger des thèmes
'deux fois le jour. » En 1687, un a maistre et pré-
cepteur » dont le journal de Joseph Péconnet ne
noua fait pas connaître le nom, vient « corriger »
le jeune homme dans la maison de sa mère et de
son frère aine, où il habite. En 1688, Martial suit
la classe de troisième au collège des Jésuites- A*
cette époque, il cesse ses études et est successive-
ment placé chez un procureur, puis chez le sieur
Mortemard, maître écrivain, a pour apprendre » a
« écrire et à chiffi'er : o exercices qu'il avait sans
doute insuffisamment cultivés jusqu'ici. Mais l'an-
née d'après, la fantaisie lui prend de retourner au
collège; son frère aine y, consent, et, après deux
mois d'étude chez M. Nivet pour le remettre au
latin, l'expédie au petit-séminaire de Magnac-Laval ;
Martial y reste un an et demi, puis revient chez
M. Nivet, et finalement entre chez un marchand
en qualité de commis.
Petit-Jean, la mauvaise tète de la famille, a été
d'abord mis en pension chez le curé de Gorre; il
va, en 1670, à l'école de M. Gibot, avec Antoine,
et, en 1671, à celle de M. de Lavie. Un an n'est
pas écoulé qu'on l'en retire pour le placer à Soli-
gnac, chez M. Martialot, prêtre; il n'y reste pas
longtemps : on le trouve, en 1673, à l'école de
lyGoogle
M. Dutrueil, puia chez M. Bayle, où son père l'a
mis pour apprendre à lire et k chiffrer, minimum
d'instructioa commerciale auquel il faut se ré-
duire, étant donnés ses bonnes dispositions et son
amour du travail. On le met en apprentissage
en 1677; au bout de quelques mois il quitte son
patron; le malheureux mène dès lors une exis-
tence de paresse et de désordres qui fait le déses-
poir de aa famiUe et à laquelle se rapportent
quelques-uns des passages les plus intéressants du
journal de son frère Joseph. On réussit, après plu-
sieurs tentatives infructueuses, à le faire embar-
quer sur un navire à destination de la Guyane.
Nous le perdons de vue à ce moment.
Le futur chef de la famille, Joseph, né en 1656,
le plus raisonnable et le plus laborieux des enfanta
de Jean PéL'onnet, a eu, semble-t-il, une éduca-
tion un peu plus suivie que ses frères : en sortant
des mains de ses précepteurs, on l'envoie à l'école
de M. de Lavie, puis, sous la direction et sans
doute avec les répétitions de son père, il a Huivi
le cours complet des études au collège des Jésuites;
il y fait sa philosophie en 1674, sous le P. Roger,
et comme une maladie lui fait perdre une partie
de l'année 1675, il va pendant six mois, l'année
suivante, chez le vicaire Cibot pour répéter ce
cours, auquel on attache alors, avec raison, une
si grande importance.
En Ï677, ses études classiques terminées, Joseph,
qui a vingt ans, est mis chez un avocat de Limoges,
M. Croizier, pour y apprendre son droit romain.
Quinze mois plus tard, il part pour Poitiers, où
lyGoogle
il est placé dans une femille honorable, moyennant
240 livres de pension, par les soins d'un religieux,
le P. Jacques de Saint-Pierre, à qui ses maîtres de
Limogea l'ont sans doute recommandé. Après six
mois de répétitions, le jeune homme en sait assez
pour prendre ses licences : il revient à Limoges à
la fin do mois de juin 1678 et se fait recevoir
avocat au Présidial; il a alors vingt-deux ans.
Arrêtons-nous un moment pour noter quelques
chiffres instructifs et curieux sur le livre de dé-
penses du père de famille.
Le prix de l'écolage, de 1670 à 1690, est à peu
près le même dans toutes les petites écoles de
Limoges : chez le vicaire Cibot comme chez le
Rochelais de Lavie, chez M. Dutrueil comme chez
M. Maillot, les élèves paient trente sols par mois.
A trente sols aussi est fixé le salaire du a fils du
sieur Lajousselinière » pour un mois de répétitions.
Le « maistre escrivain, » Jean Bayle, dont le mi-
nistère est évidemment moins relevé que celui des
précédents, ne prend que vingt sols. Par contre,
les répétitions de philosophie du vicaire Cibot se
paient 5 livres par mois; les leçons de droit de
l'avocat Croisier, de 5 à 6 livres, et les répétitions
à Poitiers ne reviennent pas à moins de 1 1 livres,
soit 66 livres pour un semestre.
Le prix de la pension pour les jeunes gens ne
diffère pas de celui qu'on paie pour les Jeunes
filles; nous avons vu plus haut qu'il était fixé à
100 livres à l'abbaye de la Règle, et à 80 dans
l'établissement dirigé par M'" Second et autres
lyGoogle
a filles dévotes. » Jean Péconnet paie, en 1671,
100 livres de pension pour Petit-Jean à M. Mar*
tialot, de Solignac; en 1675-76, 80 livres pour An-
toine au curé de Saint-Martinet; Joseph paie 100
livres pour son frère Martial au prêtre Chazaud,
en 1683. Au petit-séminaire de Magnac-Laval, qui
jouit dès lors d'une réputation qu'il a conservée
jusqu'à nos jours, la pension est d'un prix plus
élevé : 36 livres par quartier, soit 144 livres par
an : 120, déduction faite de deux mois de vacances.
Parmi les notes nombreuses qu'on peut signaler
dans le journal de Jean Péconnet, mentionnons le
relevé des visites faites par le médecin Ferrand à
un des enfants, Jean l'alné, au cours d'une ma-
ladie à laquelle le jeune homme ne parait pas
avoir survécu. Le prudent chef de famille se pré-
pare de longue main à contrôler l'exactitude du
mémoire dont la perspective l'inquiète déjà. Tou-
■ tefois une cinquantaine de visites ne sont payées
que 22 livres, plus 30 sols pour une première con-
'eultation. Les visites du chirurgien Vidaud i-evien-
nent à un prix plus élevé : 4 livres lô sofs pour
cinq; elles sont donc comptées 18 sols : celles du
médecin moitié seulement.
Mentionnons encore les achats faits à Paris par
Jean Péconnet, pour son ameublement et son mé-
nage, au cours de deux voyages d'affaires, en 1660
et 1665; c'est d'abord un coffre-bahut du prix de
1 1 livfes ; ensuite un lot d'ustensiles et vaisselle en
étain fin : plat-bassin, salières, grands et petits
flacons, aiguière, vinaigrier, sucrier, moutardier,
ècuelle couverte, trois chandeliers, six tasses, douze
lyGoogle
cuillers, douze fourchettes, une cuiller couveite,
deux égouttoirs, un chauffe-lit, le tout aux armes
des Péconnet, marqué des initiales 1 P et coûtant
70 livres; enfin cinq pièces de tapisserie de Ber-
game achetées 81 livres 10 sols, et revenant, port
compris, à 91 livres 10 sols : Dans trois de ces
pièces, le bourgeois trouve la garniture complète
de trois lits et de dix-huit chaises ou fauteuils,
plus deux tapis. Les deux pièces intactes sont
mises en réserve, et l'une d'elles sert de tenture,
aat jours de procession. Ajoutons, pour les curieux,
que le bois de douze des sièges a coûté seulement
12 livres, et que 23 autres livres ont suffi à solder
la note du tapissier.
Le journal de Jean Péconnet, bien qu'il débute
par quelques paragraphes se rapportant aux années
1644 et suivantes, ne parait avoir été écrit que
beaucoup plus tard; peut-être même est-il un
relevé, fait en 1657 ou 1658, des notes contenues
dans un autre registre. 11 s'arrête au 23 octobre
1678 et au recto du folio 62. Le manuscrit, qui
est en papier assez lin, marqué dans la pâte d'une
épée à large lame, à poignée étroite et à garde
sommairement indiquée, d'un format petit in-folio
— 284 millimétrés sur 190 — avec couverture en
parchemin, renferme 65 feuillets de plus, dont la
plupart sont restés en blanc. On trouve néanmoins,
aux folios 91 et suivants, un relevé des « pièces
justificatives » ayant trait aux affaires des frères
Vidaud, relevé allant du 10 juin 1654 au 5 juillet
1678; aux folios 105 et suivants, des documents
lyGoogle
relatifs à la succeasion de M. de Verthamond, curé
de La Geneytouse, oncle de Jean Péconnet; aux
folios 110 et suivants, le compte de ce dernier
avec Barthélémy, maître boulanger de la Cité, du
12 janvier 1655 a^ 13 décembre 1662; enfin, aux
dernières pages, une table alphabétique très com-
plète des articles du manuscrit. Parmi les pièces
relatives à la succession du curé de la Geneytouse,
on remarque un inventaire assez intéressant du
mobilier qu'on a trouvé chez lui : un calice d'ar-
gent doré, cassé, avec sa patène, estimé 48 1. 15 s.;
six cuillers d'argent a meslé et commung, » esti-
mées 12 1.; deux garnitures de lit « de sarge blefve,
avec passements effranges a demy usées » : 18 1.;
« deux couettes et deux cuissins, garnys de plume,
ung matelatz, deux couvertes, l'une vieille, couleur
blefve, et l'autre petite, couleur blanche, usage de
village 0 : 30 1.; huit « linceulx, quatre chemises
usées, trois neuves, deux nappes usées, vingt-quatre
serviettes usées, deux paires de caleçons, trois paires
de bas de chausses en toile » : 32 1.; deuK « paires
d'hahitz noir, » une soutane, un manteau long, un
manteau court et une robe de iham'bre : 40 1.; deux
bassins d'airain pesant dix-huit livres : 7 1. 6 s.; un
mousqueton ; 10 1.; « ung payre d'armoires » : 81.;
un coffre : 15 1.; une paire de landiers de laiton :
12 1.; une aiguière a rompue, » un vinaigrier
« rompu, B une tarsière, le tout d'étain; enftn une
vieille chasuble de velours rouge, avec un rang de
dentelle d'or et d'argent, et un missel.
Au compte du boulanger, nous apprenons que
maître Barthélémy devait livrer vingt « pains
lyGoogle
— 21i —
d'hôtel » ou huit tourtes au setier, mesure de
Limoges. Il convient d'ajouter qu'il semble n'èti-e
ici question que de seigle.
XIV. — C'est improprement que nous avons, au
relevé placé en tête de ces courtes notit-es, donné
le titre de « Livre de raison du Président Chorllon »
au registre dont nous allons nous occuper. Ce
manuscrit contient en réalité les annales de la
famille pendant près d'un siècle, et trois généra-
tions y ont successivement tracé leur histoire par
la main du chef qui présidait au foyer. Toutefois
le registre original du premier rédacteur, Isaac
Chorllon, sieur des Rioux, greffier en l'Élection de
Guéret, manque à notre recueil, et celui-ci n'en
possède que la copie, faite en 1650 par le fils
d'Isaac, Jean-Baptiste-Alexis, devenu, quatre ans
plus tard. Président au siège Présidial établi dans
sa ville natale. Les notes dues au premier vont du
3 septembre 1628 au 5 août 1642. Jean-Baptiste
Alexis ajoute au mémorial de son père la mention
de la mort de son frère Jean, décédé le 21 o. tobre
1654, et le dernier événement qu'il enregistre est
la naissance de son fils Isaac, à la date du 21 jan-
vier 1673. Les articles écrits par le troisième des
rédacteurs de notre manuscrit, Alexis, qui suc-
céda à son père dans la charge de Président, sont
compris entre les dates extrêmes du 8 novembre
1700 et du 20 juin 1709.
Cette partie du livre des Chorllon ne se com-
pose que d'une série de notes relatives à des nais-
sances, des mariages et des morts. C'est le a papier
lyGoogle
— 212 —
de famille n dans sa conception la plus simple et
la plus étroite. Quelques-uns des passages qu'il
renferme sont cependant relevés par de courts
éloge.î dont le rédacteur fait suivre la mention des
décès, et par l'indication de cei-tains curieux, dé-
tails de mœurs. On remarquera, à la date du
25 Octobre 1664, une note relative à la venue au
monde d'un enfant né « coiffé. » Le grave Prési-
dent donne des renseignements circonstanciés sur
l'aspect et la nature de la membrane qui enve-
loppait la tète de l'enfant, et déclare qu'il l'a
soigneusement recueillie pour « la garder autant
» qu'elle pourra se conserver. » 11 ajoute même
qu'il la_ place entre deux feuillets de son registre :
inutile de dire que nous ne l'y avons pas retrouvée.
Parmi les noms des parrains et des marraines,
nous en relevons deux auxquels la province de la
Marche doit un long et reconnaissant souvenir :
François Le Boyteux, originaire de Paiis, et com-
mis à la recette des Tailles dans l'Élection de
Guéret, qui tient sur les fonts Jeanne Chorllon, en
1642, assura, par ses libéitLlitôs, les soins de
quelques a filles dévotes » aux pauvl-es reçus à
l'hôpital de Guéret; Antonio Laboreys, marraine,
en 1628, d'Antoine Cliorllon, appartenait à une
famille dont un membre, Pierre-Augustin Labo-
reys de Cbàteaufavier, ancien député aux États
générau';, est, ave.- sa femme, le principal fon-
dateur dos Écoles chrétiennes d'Aubusson.
Mais ces notes de famille ne sont que la pre-
mière et la moins intéressante partie de notre
lyGoogle
— 213 —
manuscrit. La seconde, qui offre le double carac-
tère d'un journal personnel et d'un livre de rai-
son, est de beaucoup la plus digne d'intérêt. Son
rédacteur, J.-B. Alexis Chorllon, sieur de Cher-
demont, o le président Chorllon » comme nous
l'appelons encore après deux siècles, a été un des
magistrats les plus distingués que la province ait
vu siéger sous l'ancien régime. Il a laissé des
Mémoires d'un certain intérêt qu'on a souvent
consultés avec fruit, et où l'on trouve de précieux
détails sur les mœurs de la magistrature d'autre-
fois et sur les événements survenus dans la Marche
au cours des cinquante années qui se"5ont écoulées
entre 1635 et 1685, dates extrêmes de l'ouvrage.
Nous avons l'espoir que ces Mémoires seront pro-
chainement donnés au public : on nous assure
que M. Autorde, archiviste du département de la
Creuse, en prépare la publication.
Cette seconde partie du livre domestique des
Chorllon, qui débute par l'éloge du P. Sylvestre
Mage, religieux récollel du couvent de Guéret,
mort le 98 novembre 1662, renferme une notice
assez complète sur les vicissitudes du Présidial de
cette ville; on y peut relever quelques indications
sur les sièges royaux et juridictions secondaires
compris dans son ressort. Bien qu'elle se trouvât
dans les conditions requises, aux termes de fédit
du mois de janvier 1551, pour posséder un siège
présidial, la Marche n'en eut un que quatre-vingt-
quatre ans plus tard. Les appels du sénéchal de
Guéret ressortissaient au Présidial de Moulins;
ceux des sénéchaux de Bellac et du Dorât au
lyGoogle
-214-
Présidial de Poitiers; ceux de Bourganeuf à la
même cour, et peut-être, à un moment donné,
au siège de Limoges; enfin ceux de Bellegarde et
du Franc-Alleu à Riom. Grâce au crédit de M"" de
Combalet, depuis duchesse d'Aiguillon et nièce du
cardinal de Richelieu, la ville de Guéret obtint
le premier janvier 1635, avec l'adhésion des villes
où siégeaient les tribunaux qui devaient relever
de la nouvelle juridiction, l'établissement d'un
siège présidial où vinrent aboutir les appels de
toute la province de la Marche. L'office de Pré-
sident de cette cour fut acquis en i664, par
Chorlion, des héritiers de M. Laboreys de Mas-
tribut, au prix de 12,000 livres.
L'auteur de notre manuscrit fournit sur son
propre compte des renseignements biographiques
dont on peut tirer quelque parti; mais c'est sur-
tout à ses Mémoires qu'il convient de recourir si
on désire connaître les détails de sa vie. Les pages
de soii livre de raison que nous reproduisons se
rapportent surtout à son père, dont il trace minu-
tieusement un très vivant et très honorable por-
trait. Il nous le montre zélé pour le bien' public,
ne marchandant à ses concitoyens ni son temps ni
sa peine, estimé et aimé de tous, cœur dévoué,
seui droit, âme bien trempée et tempérament vi-
goureux : mens sana in corpore sano. — A chaque
page de nos registres de famille, nous passons
auprès de quelqu'une de ces sereines et robustes
figures, réalisant à merveille cet idéal pratique,
nullement inaccessible, mais bien rare aujourd'hui,
ibyGoogle
qu'en cinq mots l'antiquité avait su ai nettement
indiquer.
Si Isaac Chorllon s'est acquis la reconnaissance
des habitants de Guéret en s'occupant de leurs
intérêts et en pourvoyant à leur défense au cours
des années troublées de la Fronde, il n'en a pas
moins rempli sa mission de père de famille de
façon à mériter la gratitude de ses descendants.
Le détail très circonstancié des achats faits par lui
à Cherdemont (où il possédait une petite exploi-
tation dont les étables ne renfermaient que deus
bœufs, et où il crée trois métairies au labourage
de quatre bœufs chacune), de l'arrangement de la
propriété, du soin apporté aux cultures, de la
plantation et de l'aménagement des bois, des nom-
breuses constructions élevées par le père de famille,
fournit assurément les pages les plus caractéris-
tiques et les plus attachantes du manuscrit des
Chorllon. La complaisance que met le Président à
parler des travaux exé -utés à Cherdemont par son
père, atteste l'amour de nos ancêtres pour la vie
des champs et la propriété rurale. Ce goût était
du reste de tradition dans les familles de robe,
et les Mémoires des xvi* et xvn' siècles en four-
nissent des preuves assez nombreuses et assez ca-
ractéristiques, pour que nous n'ayons pas à insister
ici sur ce côté des mœurs de nos pères.
Il est une particularité sur laquelle nous devons
appeler l'attention de nos lecteurs. Isaac Chorllon
ne meurt qu'en 1690. Dès 1654 cependant, il a
laissé à son fils le soin de rédiger le registre do-
mestique. Dans les papiers de famille que nous
lyGoogle
avons examinés, nous avons eu l'occasion de cons-
tater que les enfants tiennent souvent la plume
pour le père; mais c'est toujours ce dernier qui
parle. Ici il n'en est pas de même : Isaac semble
avoir abdiqué cette fonction spéciale de sa charge
de chef de famille entre les mains de son fils.
Une telle anomalie doit s'expliquer sans doute par
les fréquentes absences du père, les longs séjours
qu'il était obligé de faire à Cherdemont pour sur-
veiller ses constructions, diriger ses cultures, et
par la vie plus sédentaire de J.-B. Alexis.
Notons encore qu'lsaac, qui a été avocat avant
de devenir greffier de l'Élection de Guéret, a fait
ses études et pris ses licences à Bourges. J.-B.
Alexis est conduit à douze ans par sa mère au
collège des Jésuites de Moulins; deux ans plus
tard, il va continuer ses humanités à Bourges, où
il commence ses études de droit; il les termine à
Paris, où il se fait recevoir avocat au Parlement
au mois d'avril 1652. Le frère du Président meurt
adolescent, l'année même où il fait sa philosophie
chez les Récollets de Guéret.
Le manuscrit dont nous venons de donner un
court aperçu, est un registre en papier de 245
millimètres sur 185, comprenant soixante-douze
feuillets, et dont la reliure n'a pas été conservée.
Il est aujourd'hui la propriété de M"' Adam, de
Guéret, dont la mère appartenait à la famille
Chorllon et a été, croyons-nous, la dernière du
nom. Nous devons la communication de ce re-
gistre à l'extrême obligeance de M. Pierre de
Gessac, Pi-ésident de la Société des sciences natu-
lyGoogle
— 2t7 —
relies et archéologiques de la Creuse, qui a bien
voulu en copier lui-même une grande partie pour
notre recueil.
XV. — Le second des registres domestiques de
la famille TeKandier(I) nous a été, comme le pre-
mier, communiqué par M. le comte et M"* la
comtesse de Villelume. Nous y retrouvons, au
début, une figure de connaissance : C'est en effet
Jean Texandier, l'auteur du manuscrit dont nous
avons parlé quelques pages plus baut, qui com-
mence aussi ce nouveau livre à la date du 24
septembre 1B62. Moins de six mois se sont donc
écoulés entre la note la plus récente du premier
registre et le préambule du second. L'en-téte de
ce dernier ne fait aucune mention du précédent,
et Jean y annonce l'intention de tenir son papier
domestique a ensuitte de celuy de feu son père » :
ce qui nous avait fait croire, en premier lieu, que
les denx manuscrits n'étaient pas du même auteur;
mais un examen attentif de l'un et de l'autre nous
a convaincu qu'ils émanaient bien d'une seule per-
sonne. Les indications qu'ils fournissent le prou-
vent d'ailleurs d'u^ façon surabondante. Quant an
livre de raison de Jacques Texandier, père de Jean,
c'est sans doute un numéro de plus à ajouter à la
liste des manuscrits de cette catégorie qui ont
disparu. Combien de centaines d'autres doivent
(1] Nous écrivons ici ToiaDdier parce que celte orthographe s
■prévalu. Il convient de remarquer toutefois qu'au leite du premier
registre, ce nom est constamment éci'ît p«r un e.
lyGoogle
avoir eu te même sort, dont il ne nous reste au-
cune trace et dont nous ne connaissons pas même
l'existence !
Nous avons déjà dit que Jean Texandier comp-
tait parmi les principaux négociants de Limoges :
on l'a vu juge au Tribunal de la Bourse en 1653;
on le retrouve dix ans plus tard exerçant les
mêmes fonctions. L'importance des acquisitions
effectuées par son petit-fils et le chiffre élevé des
légitimes payées par ce dernier à ses frères et
sœurs, sont de nature à donner une idée très avan-
tageuse de la prospérité de ses affaires. Le Ciel
l'avait béni dans sa lignée comme il l'avait béni
dans son travail. En 1670, un banquet intime
réunit autour de la table du patriarche quatorze
parents ou amis et a seize petits enfants de la
famille, n Ce jour-là, Jean a offert le pain bénit à
l'église de sa paroisse, Saint-Michel des Lions, et
envoyé quatre cent cinquante petits pains, suivant
l'usage, à « parents, amis et voisins. »
Jean Texandier meurt en 1684 à l'âge de quatre-
vingt-un ans. Sa bru, Valérie Du Boys, nous ap-
prend qu'il avait « travaillé beaucoup pour élever
sa famille » et qu'il était a homme de bien -et
d'honneur. » Dieu nous garde de ne pas souscrire
à ce jugement!
Jérôme, fils du premier rédacteur de notre re-
gistre, ne lui survit pas longtemps; et Valérie J)u
Boys reprend la plume pour consigner, au livre
domestique, un pieux hommage à la mémoire de
son mari ; « G'étoit, écrit-elle, un homme de bien
iby Google
— 219 —
» et de paix, n'ayant jamais rendu de déplaisir à
» personne du monde. »
Par son testament, Jérôme a institué, comme
c'est alors l'usage à Limoges — nous signalons
plus loin un autre exemple de la même dispo-
sition, et nous en avons relevé un grand nombre
dans les testaments de la seconde moitié du xvii*
siècle, — sa femme et son fils atné, Jean-Baptiste,
ses héritiers universels. Les deux chefs de famille
administrent conjointement pendant treize ans la
fortune laissée par Jean et Jérôme. En 1688, ils
achètent ensemble au prix de 75,000 livres la terre
seigneuriale de L'Aumônerie, dont Jean-Baptiste
et ses enfants porteront le nom; un peu plus tard,
le môme Jean-Baptiste, de moitié avec son cousin
Léonard Limousin {1}, et moyennant 46,238 livres,
se rend acquéreur des ofl&ces de greffier ancien et
de greffier alternatif et triennal au bureau des
Finances, et de divers offices secondaires qui s'y
trouvent unis; en 1692 il fait l'acquisition d'une
maison à -Limoges, auprès des Étangs d'Àigon-
lène, et la paie 10,000 livres. Peu après il cède
à ses frères sa part du fonds de commerce, et
ceux-ci ne l'achètent pas moins de 39,000 livres.
On le voit : ce que nous avons dit de l'état flo-
rissant des affaires des Texandier se trouve large-
ment justifié. Il faut se rappeler, au surplus, qu'ils
n'étaient pas seuls à recueillir les bénéfices de ce
commerce. Limousin, que nous avons vu associé,
[I] C'est lunsi que notre m&nuacrit orthographie ce Dom, cons-
tamment écrit Limotin au zvi* siècle et au commencement du xvii*.
DigmzcdbyGoOgle
— 220 —
en 1653, par son beau-père Jean Texandier à son
négoce, avait continué les affaires avec Jérôme et
ses enfants. En 1689 seulement, cette société se
dissout après une durée de plus de trente-sept
années.
Il n'est peut-être pas sans intérôt d'indiquer
ici ce que deviennent les enfants de Jérôme Texan-
dier, et ce que chacun d'eux reçoit tant pour sa
légitime qu'en supplément, à divers titres. Notre
registre nous donne à cet égard des renseignements
qu'on ne rencontre pas aussi clairs et aussi précis
dans tous nos papiers de famille. — Jérôme a laissé
cinq fils et cinq filles. Nous avons dit que l'alné
des premiers, Jean- Baptiste, a été institué héritier
universel avec sa mère, « par moitié, » à la charge
de payer aussi par moitié a les légats et autres
charges d'hérédité. » Il résulte de ses propres in-
dications qu'il a dû se trouver à la tête d'une
maison de commerce florissante et d'une belle for-
tune; outre la moitié des biens patrimoniaux»
l'héritier a reçu par préciput la maison paternelle,
située rue Ferrerie, a avec tous les meubles, gar-
» nitures et vaisselle d'argent et autre. » Valérie
Du Boys, qui meurt en 1697, institue à son tour
Jean-Baptiste pour héritier universel; plusieurs des
frères et des sœurs de ce derniei' font de même.
En 1689, après la dissolution de la société qui
a existé entre les Texandier et Joseph Limousin,
Jean-Baptiste s'associe un de ses frères, Pierre
l'ainé, et, en 1692, les deux héritiers comptent
à ce dernier 10,000' livres, montant du legs fait
en sa faveur par Jérôme dans son testament; lors
lyGoogle
du mariage de Pierre avec Françoise Martin, en
1695, la mère fait en outre don d'une maison à
aon fils. — Pierre Texandier cadet reçoit à sa ma-
jorité, «n 1696, 8,000 livres, dont 6,000 pour son
« légat, » et 2,000 qu'y ajoute sa mère; un an
plus tard, celle-ci, en mourant, lui laisse une
autre somme de 2,000 livres. — Jérôme touche aussi
10,000 livres en 1697 : 6,000, montant du legs de
son père, 2,000 de celui de sa ùière, et 2,000 que
son frère aîné lui donne « gratuitement, par dessus
les susdits légats, » égalisant ainsi sa part avec celle
de ses autres frères. — Antoine prend l'habit reli-
gieux et entre en 1696 à Grandmont, après avoir
fait, la veille, un testament par lequel il dispose de
sa fortune en faveur de son frère aine; il semble
n'avoir été compté à Antoine que 1,300 livres.
Des cinq filles de Jérôme Texandier et de Valérie
Du Boys, deux se marient : Peyronne, qui épouse
en 1687 François Martialot, de Solignan, touche à
ce moment sa légitime : 6,000 1., et reçoit de plus
de sa mère, avec le trousseau d'usage, 1,000 1. en
argent et une maison près de Saint-Martial; à
Barbe, qui se marie en 1692 avec Pierre Vaissière,
on compte 4,000 1. pour ce qui lui revient dans la
fortune de son père, et 2,400 1. données par Valérie
Du Boys. — Les trois autres entrent au couvent
avec des dots variant entre 3 et 4,000 livres : Ca-
therine et Claire prennent l'habit, la première en
1691, la seconde en 1698, aux Filles de Notre-
Dame; Thérèse, en 1694, aux Ursulines.
On voit, par ce qui précède, que l'héritier avait
souvent à supporter des charges considérables.
lyGoogle
Quand la situation laissée par le père de famille
était un peu embarrassée, le fardeau devenait sin-
gulièrement lourd. On trouve d'ailleurs de bien cu-
rieux témoignages et des preuves bien frappantes
de la longue gêne imposée à l'héritier par le paie-
ment des légitimes de ses frères et sœurs, l'ac-
quit des dettes, des charges de la succession, la
liquidation des tutelles, le remboursement des
dots, et plusieurs ■ générations supportent parfois
le poids de ces liquidations laborieuses. Mais ce
n'est pas ici le cas d'insister sur ce point; car
Jean-Baptiste Texandier ne parait pas avoir été le
moins du monde embarrassé pour faire face aux
nécessités de la situation. Du moins son registre
ne le donne-t-il nullement à entendre.
XVI. — Le journal de l'avocat Joseph Péconnet,
commencé peu après le 30 août 1679, date de la
mort de son père, est d'un format peu différent,
mais un peu plus allongé que le manuscrit de
Jean — 290 millimètres sur 188. Le papier a le
même aspect ; mais il porte pour marque une sorte
d'écusson ou de chiffre peu distinct. Le registi-e n'a
que quatre-vingt-trois feuillets, cotés par pages, au
recto et au verso. Le « Journal » proprement dit
s'arrête au 22 novembre 1695; on y trouve tou-
tefois, en marge du dernier article, une note du
29 janvier 1696. A la page suivante, 51, commence
un relevé intitulé ; « l'Etat des depences faittes au
Chastenet et des revenus que j'en ay tirés, puis
le 1" octobre 1679. » Cette partie du manuscrit est
incomplète, les pages 65 et suivantes, jusqu'à 110
lyGoogle
inclusivement, ayant été arrachées. A. la page 111
on trouve les comptes relatifs à l'année 1683 et à
la vigne de Balezis. A la page 136 et après un ar-
ticle du 31 mai 1699, s'arrête l'écriture de Joseph :
une ligne de l'année 1700 semble pourtant avoir
été tracée par sa main ; mais les pages suivantes,
à partir d'une mention du 7 février de cette même
année 1700 sont d'une écriture fort lisible assuré-
ment, mais moins courante et d'une orthographe
des plus incertaines. A la page 140 et à la date du
26 février 1704, s'arrêtent ces comptes. — a L'Etat
» des prises et mises en la vigne du Puy du Pin
dez le 1" octobre 1679 » commence à la page 141.
Ici la dernière note de la main de Joseph porte la
date du 10 novembre 1695. Bien qu'à cet endroit il
ne manque pas un feuillet, le livre saute de 1695 au
12 mai 1704, et offre, jusqu'au 7 mars 1710 {p. 163),
l'écriture plus laborieuse dont nous avons parlé
plus haut. Quelques notes de 1716, écrites d'une
autre main, celle de Barthélémy Péconnet, figurent
aux pages 164 et 165. Le registre renfermait pro-
bablement un plus grand nombre de feuillets; mais
le reste a été arraché, sans doute par la main plus
économe que pieuse de quelque descendant.
Nous avons emprunté au Journal de Joseph Pé-
oonnet un certain nombre d'indications pour com-
pléter l'aperçu que nous donnons plus haut, de la
carrière scolaire de l'avocat et des autres enfants
de Jean Péconnet. Ce registre débute par une auto-
biographie fort intéressante de son rédacteur, qui
nous conduit jusqu'au moment où celui-ci se
lyGoogle
trouve, par la mort de son père, investi du rôle
et de l'autorité de chef de famille. Comme peu
après Jérôme Texandier, Jean a, par son testa-
ment écrit un an environ avant sa mort, institué
pour ses héritiers universels sa femme et son fils
aîné. Notons la date récente de ce testament fait
à la veille d'un départ pour Paris, et qui n'était
certainement pas le premier qu'eût rédigé le pru-
dent homme d'affaires; on se souvient du conseil
donné par Jean Benoist à ses neveux, au xiv' siè-
cle ; « Tenez toujours votre testament prêt et re-
faites-le chaque année. »
Relevons encore, au testament de Jean, un legs
en faveur de la grande confrérie de Saint-Martial,
où son fils le remplace aussitôt : nous avons dit
ailleurs (1) combien ces sortes de libéralités étaient
conformes aux anciennes traditions de notre hour-
geoisie. Nous ven'ons aussi Antoine laisser vingt
livres à la compagnie des Pénitents noirs.
Les difficultés commencent sur-le-champ pour
Joseph. Il a sur les bras son frère Petit-Jean,
rentré à la maison paternelle après plusieurs aven-
tures, et qu'on ne peut décider ni à se bien con-
duire et à travailler, n\ à s'en aller. Un conseil de
famille se tient à ce sujet, et on arrête que
Jean ira à La Rochelle et s'embarquera sur a un
vaisseau de M. de Tourville, » où il sera recom*
mandé à un compatriote, M. de Châteaumorand,
enseigne. Le mauvais garnement part en effet, le
(1) La Famille limousine d'autrefois, d'après les toatamenti et
la Coutume. Limogea, 1883. Ducourtieux et LebUnc.
lyGoogle
10 avril 1680, escorté de deux hommes à cheval.
Arrivé à La Rochelle, il ne peut trouver place sur
le vaisseau, et ses conducteurs le laissent à l'au-
berge des Trois Rois : il est convenu que sa pen-
sion y sei-a payée à raison de 12 scia par jour, jus-
qu'à ce qu'il prenne passage sur un autre navire;
mais Jean s'ennuie au bout de quelque temps à La
Rochelle, revient à Limoges, y commet de nou-
veaui méfaits, obtient des avances de son frère,
puis on le perd de vue pendant quelque temps. Il
reparaît en 1683 ou 1684, racontant qu'il est allé
« aux isles de Cayenne » et s'y est établi et marié.
11 n'en recommence pas moins ses désordres, s'en-
rôle dans le régiment de Normandie, déserte, et
finalement obtient de son frère qu'il lui achètera
une pacotille et paiera son passage pour retourner
à Gayenne; mais, parti pour La Ro.'heile, nippé à
neuf et la poche bien garnie, Jean ne va pas plus
loin qu'Aixe, petite ville à deux lieues de Limoges,
et demeure dans les environs, dépensant tout ce
qu'il possède en débauches. Quelques semaines
après on le retrouve à Bordeaux; puis il se rend
à La Rochelle, revient bientôt à Limoges, repart
ensuite pour La Rochelle. Enfin la famille se dé-
termine à envoyer dans cette ville un fondé de pou-
voirs chargé de traiter avec J'enfant prodigue, de
lui acheter des marchandises et de le décider k
s'embarquer. Ce mandataire reste absent près de
trois mois ; mais il réussit à faire partir le triste
personnage, ddnt on n'entendra plus parler.
Les autres frères de Joseph, s'ils ne lui donnent
pas de- soucis aussi graves, ne semblent pas lui
T. VII. t-$
lyGoogle
procurer beaucoup de consolations t Martial sur-
tout est une assez mauvaise -tète; il abandonne
ses études, puis les reprend et part pour le collège
de Magnac-Laval. Au bout d'un an et demi, on le
voit revenir; mais à la suite de violentes querelles
avec son frère aîné, qui, dans la crainte qu'il ne
suive l'exemple de Jean, ne lui ménage pas les
réprimandes, il quitte la maison, se place chez
un marchand et intente un procès à Joseph. Des
parents interviennent et une transaction met fin
au différend.
Joseph, de son côté, ayant peu auparavant trouvé
mention, sur un bordereau écrit de la main de son
père, d'une somme assez considérable en espèces
dont sa mère était détentrice et qu'elle n'avait pas
déclaré à l'inventaire, s'était vu obligé de recourir
aux tribunaux pour obtenir la restitution de cette
somme à l'hérédité. La -famille avait encore réussi
à étouffer l'affaire.
Le récit de ces divers incidents remplit une par-
tie du Journal de Joseph Péconnet. Il nous a paru
intéressant de relever les faits dont il s'agit à titre
d'exception ; on trouve bien peu de traces de dis-
cordes semblables au sein de la famille d'autrefois :
tout, au contraire, atteste que, dans nos contrées
surtout, l'union était des plus étroites au foyer.
On peut, sans trop s'exposer à commettre un
jugement téméraire, imaginer que le caractère de
Joseph n'était pas absolument étranger à ces que-
relles : nous le voyons en effet avoir maille à
partir avec diverses personnes, entre autres avec
lyGoogle
ses locataires, l'horloger Georges et k femme de
celui-ci, dame Elisabeth Bonneval. .
Il faut relever, au sujet du prix des appar-
tements au XVII' siècle à Limoges, quelques chif-
fres intéressants. En 1681, la location d'une bou-
tique, rue de la Porte-Poulaillère, coûte 24 livres
pour un an; cette même boutique, avec deux
chambres, l'une au second, l'autre au troisième
étages, bûcher et cave, est affermée, dix ans plus
tard, 42 livres; unfe parente de Joseph Péconnet
lui donne, en 1685, vingt livres pour les deux
chambres qu'elle occupe au troisième de la même
maison et pour divers locaux accessoires.
Les comptes des recettes et dépenses du Châ-
tenet et des deux vignes de Balezis et du Puy
du Pin, fournissent un grand nombre d'indications
instructives. Ils permettent de constater que les
rapports entre les propriétaires et les métayers
sont déjà, il y a deux cents ans, fixés par les
usages qui les règlent encore aujourd'hui. Le
maître du sol fournit un cheptel en animaux et
en matériel. Le colon demeure responsable de ce
cheptel et en doit compte au propriétaire à l'expira-
tion de sa baillette; il cultive la terre, soigne les
bestiaux, fournit en un mot toute la main-d'œuvre,
et reçoit pour salaire la moitié des récoltes et la
moitié du prix de la vente des animaux qui cons-
tituent le croît. Si l'un des coeiploitants, le maître
ou le colon, a besoin, au cours du contrat, d'un
animal pour sa consommation, il le prend, après
qu'on l'a fait estimer par experts, et tient compte
ibyGoogle
à son associé de la moitié du montant de l'éva-
luation. Quand les fourrages da domaine ne suffi-
sent pas à nourrir le cheptel et que le proprié-
taire est obligé d'en fournir un supplément sur sa
réservç ou d'en acheter, le métayer en paie la
moitié. Les dépenses que fait celui-ci pour aller
aux foires demeurent à sa charge; il est vrai qu'il
a, pour l'indemniser de ces frais, une petite gi-a-
tification de l'acheteur, le « vin » de la vente.
Par contre il doit tenir compte au propriétaire
des quelques sous que, quand il achète, il re-
çoit du vendeur à titre d'étrenne. Le paiement
de l'étrenne est encore aujourd'hui de tradition
sur nos champs de foire : son importance est
réglée par l'usage, suivant l'espèce de l'animal
vendu; mais le maître la laisse maintenant au
colon.
Les haillettes étaient faites autrefois pour une
durée ordinaire de cinq ans; le contrat se passait
devant un notaire : les frais excessifs dont le fisc
a surchargé ' tous les contrats, ont fait renoncer
depuis longtemps à cette habitude, et les conven-
tions, de nos jours, sont verbales, à peu d'excep-
tions près. — A leur sortie, les métayers devaient
laisser -les champs ensemencés d'une quantité de
grain égale à celle des ensemencements faits
l'année de leur entrée, et dont ils avaient perçu
la récolte.
En 1653, le cheptel du domaine du Châtenet
se compose de bestiaut évalués 355 livres, plus
cinquante têtes de brebis et moutons; de 1658 à
1674, l'estimation ne s'élève qu'à 237 livres; en
lyGoogle
1683 elle remonte à 617 livres, plus 47 brebis ou
moutons. Noua trouvons ici l'usage déjà signalé,
au XV* siècle, de compter les brebis et moutons
par tète, en dehors du cheptel évalué; cette der-
nière estimation est faite, naturellement, à l'entrée
des nouveaux métayers.
Pour se rendre compte de ce que représentait
un cheptel de cette valeur dans la seconde moitié
du ivn* siècle, il faut savoir que, d'après les jour-
naux mêmes qui font l'objet de cette étude, une
paire de bœufs gras se vendait, en 1680 : 203 I.; —
une paire de bœufs ordinaires, en 1660 : 160 et
170 1.; en 1661 : 165 1.; en 1665 : 159 1.; en 1668 :
167 1.; en 1674 : 162 1.; en 1681 : 150 et 178 1.; —
deux jeunes bœufs, en 1660 et en 1668 : 120 1. —
un taureau, en 1664 : 42 1.; en 1666 : 43 et 44 1.
en 1680 : 28 1. 15 s.; — un veau, en 1662 : 29 1.
en 1663 : 25 1.; en 1667 : 15 1. 17 s.; en 1668
24 1.; en 1670 : 24 1. 5 s.; — une vache, en 1661
65 1.(1); en 1666 : 20 et 21 1.; en 166? : 24 1.; en
1670, 1671 et 1676 : 22 à 29 1.; —une vache et sa
suite, en 1661 : 36 1.; en 1667 ; 44 1.; en 1668 :
45 1.; en 1674 : 28 1. 15 s. et 32 1.; — une velle, en
1664 : 16 1.; en 1€66 : 16 1. et 20 1.; en 1674 : 8 1.
et 22 I. A la même époque, les brebis et les mou-
tons ordinaires coûtent 2 1. la pièce; un porc gras,
18 à 20 livres; une porche ordinaire, 20 livres;
im cochon de lait, de 12 à 25 sous.
(t) Gs prix, tout exceptionnel, est donné pour une vacba acquise
' en vue de remonter Tétable, et doit s'appliquer i an animal do
chois. — Au XVII' siècle, l'argent représente le double de sa valeur
actuelle.
lyGoogle
— 230 —
Il n'est pas sans intérêt de rapprocher ces prix
de ceux que nous trouvons, au cours du iv* siècle,
indiqués dans le registfe des Ma^iot. Noua ren-
voyons le lecteur aui pages que nous avons con-
sacrées plus haut à ce document.
Si on désirait avoir le mouvement du cheptel
au ivu* siècle, sur un domaine moyen à ce qu'il
semble, pendant dix ans, durée ordinaire de deux
baiUettes consécutives, on en trouverait un aperçu
au relevé suivant :
Le 6 janvier 1658, le métayer Lemas reconnaît
avoir reçu de Jean Péconnet et tenir à cheptel une
paire de bœufs, poil pie et fauve, une vache pleine
et un veau, pour la somme de 190 livres. Peu
après la vache a un veau : le maître y joint, le
21 septembre 1658, une vache pleine, poil rouge,
achetée 47 livres, soit en tout, sans tenir compte
du veau né après l'entrée en possession des mé-
tayers, une valeur de cheptel de 237 livres (en-
viron 500 francs).
ACHATS FAITS A MOITIÉ
Le 10 juillet 1660, une paire de jeunes bœufs 120 livres.
Le 11 juillet 1661, une vache 65 —
Le 1" juillet 1665, un taureau 43 —
Le 6'juillet 1665, un taureau 44 —
La 1" juillet 1667, une vache avec son veau 41 —
Le 1" juin 1663, deux jeunes bœufs 120 —
Le 15 juillet 1668, une vache et un l'eau 45 —
Total 478 livres.
lyGoogle
— 231 —
VENTES A MOITIÉ
l'&oQt 16S8, nn taureau 40 I.
23 mai 1659, un veau » 1.
23 avril lEGO, une paire de boeufa 160 I.
23 mai 1661, une vacbâ et sa suite 36 L
17 juin 1661, une paire de bœufo 165 1.
16 juiliet 166!, un veau 29 1.
30 mai 1G63, un veau 35 L
ae juin 1661, une veile 16 1.
4 septembre 1664, un taureau 42 1.
26 juin 1665, une paire de bœufs 159 1.
... juillet 1665, une velle 16 1. 10 s.
22 mai 1666, un taureau 36 1.
— une velle 10 I. 15 s.
25 dâcembre 1666, deux vaches 41 t.
23 mai 166T, un veau 16 1. 17 s. 8 d.
15 avril 1668, une paire de bœufs 167 t.
22 mai 1668, un veau 24 1.
22 mai 1669, une Tacbe(l) 24 1-
Total 1.0271. 2 s. 6 d.
Ainsi la valeur totale des achats, pendant dix
ans, représente environ deux fois celle de la
souche de cheptel donnée par le propriétaire au
métayer : celle des ventes, durant la même pé-
riode, quatre fois et demi environ cette môme
valeur.
Pour supputer le revenu d'un métayer du Châ-
tenet à cette époque, il faudrait avoir, pour les
ventes de grains, des comptes analogues à ceux
que nous possédons pour les ventes de hétail;
mais le grain se partageant en nature et le pro-
priétaire n'en vendant qu'une partie, puisqu'il
payait en grain son houlanger, et de plus atten-
(1) On voit, par la date, que la plupart de ces bestiaux sont
vendus 4 la foire, de la Saint-Loup, j> Limoges.
lyGoogle
dant parfois plusieurs années pour réaliser sa ré-
colte, noua ne saurions tenter d'évaluer cette caté-
gorie de produits sans donner une trop grande part
k l'hypothèse, et il nous semble préférable de nous
abstenir.
Nous nous bornerons à noter les prix suivants,
fournis par les mômes registres :
La charge de vin, mesure de Limoges, en 1661
et 1664 : cinq livres 10 sols; en 1668 : 6 1. 10 s.;
en 1670 : 5 1.; en 1674 : 4 1. 10 s.; en 1677 : 6 1.
10 s.; en 1679 (année de grande abondance) : 16
deniers la pinte — et au-dessous; en 1690 : 4 1.
2 s. 6 d.; en 1691 : 20 deniers la pinte.
Le setler de seigle, mesure de Limoges (1), en
1685 : 48 s.; en 1688 : 36 s.; en 1702 : 45 s.; en
1705 : 56 s.; en 1708 : 32 s.; en 1716 : 46 s.
Le setier de sarrasin, mesura de Limoges, en
1685 : 23 et 24 s.; en 1687 : 25 s.; en 1688 : 22 3.;'
en 1702 ; 28 et 30 s.; en 1705 : 40 a.; en 1708
16 s.; en 1716 : 22 a. — Le setier de châtaignes,
en 1680 : 16 s. (vertes) et 14 s. (sèches); en 1685
20 s.; en 1692 : 30 s. (sèches); en 1694 : 24 a.
L'avoine vaut, en 1680, 28. s. le setier; l'orge
40 s. (mesure de Nieul)(2); les pois 3 1. (mesiure de
Nieul). Le quintal de foin se paie 20 aols en 1685.
Le Journal de Joseph Péconnet fait mention de
quelques-unes des grandes gelées qui amenèrent
la disparition -de la vigne, partout cultivée autour
(1) Le setier, mesure de Limoges, représentait 51 litres 20 cen-
tilitres. La pinte équivalait à 1 litre 07 centilitres.
(3) Le setier de.Nieut vklait 91 litr« 60 oentilitrM.
dbyGoogle
de Limoges du vi* au zvin' siècles, entre autres
des gelées des premiers jours de juin 1685 et de
celles de 1693, qui Ai-ent périr une partie des pieds :
aussi ia récolte de 1694, comme celle de 1693, fut-
elle à peu près nulle. Noua avions espéré trouver
dans ce manuscrit quelques notes sur le < grand
hiver > de 1709, et sur la famine qui désola à
cette époque notre province; mais pas une ligne
n'y fait allusion, et on ne trouve même pas à
relever à cette date de prix de denrées offrant
quelque intérêt.
Il convient d'ajouter une remarque, avant de
quitter les manuscrits de Jean et de Joseph Pé-
conoet : leur journal est surtout un livre de
comptes. C'est le « papier de raisons » propre-
ment dit; mais ce n'est pas le c papier de
Camille. > Celui-ci a existé, nous ne saurions en
douter, auprès de celui-là, et nous en trouvons la
preuve à la première page du manuscrit de l'avo-
cat : — « Premièrement, écrit-il, ainsin est mon
octraict baptistaire dans le livre journal de feu
mon père. » Or, au manuscrit de Jean, nous ne
relevons ni Ia mention de la naissance et du bap-
tême de Joseph, ni aucune mention du même
genre concernant ses frères et sœurs. 11 faut en
conclure que ces notes se trouvaient sur un autre
cahier, qui ne nous a pas été conservé.
XVII. — Nous n'avons qu'une page du livre de
famille d'ÉUenne Retouret, bourgeois de Limoges.
H. l'abbé Lecler a copié quelque part ce frag-
ment, qu'il a bien voulu noua communiquer, et
lyGoogle
— 234 —
dont les deux dates extrêmes sont 1746 et 1763.
Il n'y a aucune remarque particulière à faire à
propos de ce document.
XVlll. — Il n'y a pas à insister davantage sur
le contenu du registre de famille des Leynia. C'est
un simple relevé de mentions relatives aux nais-
sances survenues dans cette famille de 1724 à
1804, et le plus sec des livres domestiques de
notre recueil. Les Leynia sont des bourgeois aisés
de Treignac qui résident presque toute l'année
sur leurs propriétés : on voit en effet, par leur
cahier même, qu'ils font baptiser leurs enfants
tantôt à Chamberet ou à Treignac, tantôt à Sou-
danne ou à la Yinadière. La page la plus intéres-
sante de ce manuscrit, qui ne renferme ni une
indication curieuse ou pittoresque, ni une réflexion
propre à ses auteurs, se rapporte à un testament,
en date du 9 août 1792, par lequel N... Leynia,
mari d'Hélène- Gabrielle-Sophie Reynaud, dont il a
eu quatre filles, lègue à sa mère et à sa femme
l'usufruit de tous ses biens, en leur donnant « tout
pouvoir de désigner pour héritière » celle de ses
propres filles « qui bon leup semblera. » Singu-
lière disposition et que nous n'avons relevée sur
aucun autre testament.
Il convient de faire remarquer que le papier
domestique d^ Leynia se poucrsuit durant la pé-
riode révolutionnaire.
Quelques notes* d'un très médiocre intérêt se
rencontrent dans ces pages maussades. On y trouve
plusieurs mentions relatives à la location de do-
lyGoogle
— 235 —
mestiques au commencement de ce siècle, moyen-
nant 110 francs de gages, 6 francs pour acheter
une paire de souliers, plus quatre aunes de grosse
toile. Les notes les plus récentes consignées dans
ce manuscrit sont du mois de juillet 1832. Le re-
gistre présente, d'un côté, des mentions de recettes
et de dépenses qui remontent jusqu'à l'année 1668.
Ce registre appartient aux Archives départemen-
tales de la Haute- Vienne ; il est entré à ce dépôt
par une acquisition récente. — C'est im in-4' de
223 feuillets, couvert en parchemin.
XIX. — Le Journal de N... Lamy de Luret,
curé de La Roche-L'Âbeille, n'est pas un docu-
ment d'une . bien haute valeur. Nous ne l'avons
compris dans notre petite collection que parce
que nous avons tenu à donner des échantillons
de nos anciens livres de raison de toute espèce,
et à montrer qu'on en ti-ouvait non-seulement dans
presque toutes les familles, mais dans presque
toutes les maisons, même chez les ecclésiastiques.
Le manuscrit en question est, comme le précé-
dent, conservé aux Archives départementales de
Limoges. Le curé de La Roche-L'Abeille y a con-
signé ses conventions et ses difficultés avec ses
vicaires, et les faits pouvant l'intéresser ou inté-
resser soit ses successeurs, soit son église, qui se
sont produits autour de lui. Nous' n'avons aucune
particularité instructive à relever dans ces pages,
sinon de nouveaux témoignages, bien superflus,
de la condition précaire de beaucoup de membres
du clOTgé inférieur à la veille de la Révolution.
lyGoogle
Les ressources que l'état ecclésiastique leur four-
nissait étaient absolument dérisoires, et un grand
nombre de vicaires vivaient littéralement de cha-
rités.
Le journal du cnré Lamy est {Hrécédé par des
comptes dont les premiers articles sont de 1768.
Il est souvent question, dans ce manuscrit, du loyer
des servantes : il varie de 36 à 45 livres, et le
maître doit de plus fournir annuellement une ou
plusieurs livres de laine dont la servante tricotera
ses bas. Les domestiques mâles ne coûtent pas
cher : 48 à 72 livres; ils reçoivent de plus une
paire de souliers et un chapeau. — On rencontre
aussi des notes comme celle-ci : a Je suis convenu
avec ma blanchisseuse que je lui donnerois dix
ecus par an, que je lui fournirois le savon, l'in-
digo, les cendres qui se feront dans la maison;
et elle s'est obligée à blanchir tout le linge de la
. maison toutes les fois qu'il sera nécessaire. — I<e
f octobre 1768. »
Notre manuscrit contient quelques notes de
1791, sans intérêt. C'est un cahier de 66 feuillets,
petit in-4°.
XX. — Le livre, de comptes, ou plutôt le relevé
des rentes diverses du chanoine Marchandon de
Puymirat, offre une particularité curieuse ; il a été
imprimé lettre à lettre à l'aide de cuivres décou-
pés, par le procédé tout rudimentaire dont on use
encore pour fabriquer les cartes à jouer et pour
marquer les caisses à l'expédition. Propre, d'une
orthographe irréprochable, ponctué avec le {^us
lyGoogle
— 237 -^
grand soin, il offre à chaque page un encadre-
•ment fort net; les titres sont ornés de vignettes
où dominent les têtes de mort et les os en croiï,
soit que l'auteur du registre ait voulu se remettre
sans cesse devant les yeux des emblèmes le rame*
nant à la salutaire pensée de la mort, soit qu'il
n'eût pas d'autres matrices d'enjolivements à sa
disposition. Le registre, petit in-i" carré, d'une
trentaine de feuillets, est solidement relié et porte
ce titre assez original : l'Intéressant, en lettres
d'or dans un cartel.
Pas n'est besoin de donner d'explications sur le
contenu de ce cahier, où l'on voit les saulnes des-
tinées aux pauvres se mêler aux pralines que le
bon. chanoine distribuait à ses neveux, et les
mottes à brûler et les chandelles alterner avec
les cochons de lait et les hévres qui faisaient
sans doute, à certaines époques, la principale
ressource de sa cuisine. Il est vraisemblable que
la plupart de ces redevances n'étaient autre chose
que des intérêts déguisés. Les rigoureuses lois de
l'Église défendaient le prêt à intérêt; aussi la re-
devance en nature remplaçait-elle parfois la rente
en argent, quand le capital n'était pas aliéné :
façon assez naïve de tourner la difficulté. — Notons
qu'on retrouve, dans le registre du chanoine de
Puymirat, cette sollicitude de l'avenir et ce désir
de a rendre compte » à ses héritiers, que nous
avons signalés comme le trait dominant, carac-
téristique des livres de raison. C'est surtout à ce
titre que nous faisons lîgurer des extraits de Vin-
tereêsant dans notre recueil.
DigmzcdbyGoOgle
Nous n'avons rien à ajouter aux remarques et
auï notices qui précèdent. Il ne nous reste qu'à-
DQettre sous les yeux de nos lecteurs le texte
môme des registres dont nous venons de les en-
tretenir. Il est à peine besoin de faire remarquer
que le numéro placé en tête de chaque livre de
raison correspond à celui que porte, dans notre
introduction, la notice consacrée à ce manuscrit.
ibyGoogle
LIVRES DE RAISON
LIMOUSINS ET MARCHOIS
TTrTTTBS
EOTRAIT DU REQISTaB DES COMPTES DE CHEPTELS, CONTRATS
ET NOTES DIVERSES DES UASSIOT , DE Si-LÉONARD (')
(17 février 1431-17 novembre 1790.— Notea relatives
à des décès de U94 à 1496)
I. — Achat (1) par Gérald Massiot, d'un demî-setier de fro-
ment de rente annuelle et perpétuelle au prix de trois royaux
d'or. — 17 février ik30 (nouveau style ik3i) (2).
i{i Jhus M'
Die décima septima meneis febroarii, anoo DonÛDi
taiilesirao CCCC"' txicesimo, presentibus Leonardo Jun-
(*) Registre papier petit in-4* d'environ 800 pages, propriété de
M. le chanoine Arbellot, i Limoges. Pour tout ce qui a trait Jt
l'état actuel de ce manuscrit, le lecteur est prié de se reporter à la
notice spéciale (n* 1) que nous lui consacrons dans l'introduction
placée en tête de ce recueil. — Les Massiot étaient une fort an-
cienne et honorable famille de Saint-Léonard, qui donna plusieurs
dignitaires aux monastËres des environs, entre autres deui prieurs
k L'Artige, petit chef d'ordre situé à peu do distance de Saint-
Léonard : Etienne (1380-1401) et autre Etienne (UG8). — Auï xvi* et
xvif siècles, les Uassiot ont été officiers des finances et ont occupé
d'asseï hauts emplois. Ils ont longtemps possédé le pittoresque
manoir du Murand, en ftica de L'Artige. D. Léonard Massiot, de la
congrégation de Saint-Maur, a laissé quelques ouvrages. Un Mas-
siot, conseiller au Parlement de Bordeaux, installa en 1553 le siège
préaidial do Limoges, créé en 1551. Cette famille est éteinte au-
jourd'hui. — h. G.
1 acte ou mention daté que ren-
(!) 1431 nouveau style. Depuis 1301, l'année commençait au 25
mars dans toute l'étendue du diocèse de Limoges.
lyGoogle
— 240 —
cho et Petro Peyraudi, testibiis ad hoc Tocatie, specialiter
rogatis, personaliter constitutus Clemenz Ghampo, textor
ville Sancti Leonardi de Nobiliaco (I), non cohactus etc. (2)
omûibufl que vi (sic) etc. sed gratis etc. pro se et suis here-
dibus et successoribua, reodidit perpétue, peûitus et quic-
tavit etc. prudenti viro Geraldo Massiot, mercatori de
Nobiliaco, ejusdem ville, ibidem presenti, ementi et pro
se et suis heredibua sollempniter stipulanti, ad fociendum,
etc. unam eminam (3) frumenti rendualem, anno quolibet
perpetuo, ad mensuram de Nobiliaco vendentem (4), sol-
vendam per ipsutn Clementem Ghampo et suos, in quali-
bet festo AssumpcioniB Béate Marie Virginis (5) si qui-
dem (?) et pro summa trium regalium boni auri, cugni
domini nostri Francie Régis (6), quolibet regale existente
ponderis trium denariorum : que ibidem Geraldus Massiot
realiter et de facto eidem Clementi tradidit et solvit etc. et
quidquid in actionibus etc. et devestivit se dictus Cle-
meos, pro se et suis, de dicta emina frumenti renduali etc.
per tradicionem uolule litterarum investivit et es se
(1) Nobldt est l'ancien nom de la ville do Saint- Léonard, dont le
principal faubourg est encore appelé ■ le Pont de Noblat. ■
(2) Ces etc. sont daos le texte, lia se rapportent k des formules
d'usage, dont le notaire ne donne que le commencement.
(3) L'bémine équivalait à deux coupes et à la moitié du setîer.
Le setter de Saint-Léonard représentait 61 litres 44 centilitres;
celui de Limoges-Chitcau bl litres 20 centilitres.
(4) Uesure de Noblat vendant ; c'est-à-dire à la mesure adoptée
à Noblat pour les ventes.
(5) L'Assomption est un des termes d'échéances les plus fré'
quemment indiqués dans les anciens contrats. Toutefois, en Li-
mousin, les dates habituelles de paiement des redevances et des
rentes sont, dès le xir siècle, et probablement à une époque bien
antérieure, la Noël et la Saint-Jean.
(6) Le royal représente à cette époque 13.17, soit 79 francs d'au-
jourd'hui. Il convient de noter l'usage exclusif, dans la contrée,
des monnaies françaises k un moment où Charles VII est encore
si loin d'avoir reconquis Bon royaume. On peut dire, néanmoins,
qu'à dater de la fin du règne de Charles V, le Lin
plëtemeat et pour toujours regagné & la France,
lyGoogle
— 241 —
constituit etc. Et promisit dictus démens, pro se et suis,
eidem Geraido Massiot predictam eminam frumeiiti sol-
vere et reddere, habendiim, levandamct percipieDd;iQi auuo
quolibet, perpétue, pro se et suis heredibus et siicceaso-
ribus assignavit et assedit dicto Geraido et suis, de et
super omnibus et singulis boais suis mobilibus et immo-
bilibus quibuscumque, et super quolibet eorumdem in
solidum, singulariler in singulis et universalité!- in uni-
versis. Et promisit etc. emeudare elc, omnia dampna.
Renunciavit etc. Obligavit etc. Juravit etc. Et concessit
litteias Pariatgii condominorum de Nobiliaco(I) in me-
liori forma, — Soluta et collata fuit. — Leonardls R\-
vELLi (2), clericus, retulit.
(t) La juridiction du paj-iage royal avait été installée à Noblat
Saint- Léonard, en 1307, on vertu d'une convention conclue à Pon-
totse entre le roi Philippe IV et Raynaud de La Porte, i^vâque de
Limoges. Ce dentier, depuis longtemps en lutte avec li>s bour-
geois de Noblal, qui lui disputaient la justice de la ville, conseutit
à reconnaître le roi comme coscigneur de la ville et à accepter,
potir raffermir son autorité battue en brèche par les chefs do la
commune, l'établissement du condoininium que rappelle la men-
tion ci-dessus. Le même état de choses existait dans la Cité de
Limoges. Le chapitre de Saint-Yrieix partageait également ses
droits de Justice avec leroi de France en vertu d'un traité remen-
tant, comme les précédejils,.au règne de Philippe IV. Outre ces
partages royaux, il existait en Limousin plusieurs petits partages
ecclésiastiques, que nous trouvons mentionnés dès le xvi- siècle;
nous pouvons citer celui de Saint-Jean Ligouie, dont la juridiction
s'exerçait au num du seigneur local el de l'abbé de Solignac.
Les officiers du Pariage de Saint-Léonard, outre le sceau judi-
ciaire— ad causas, — tenaient aussi le sceau civil — nd conlrectus
— destiné à authentiquer les contrats passés soit par les particu-
liers (testaments, conventions privées, etc.), soit par les notaires et
les clercs commissaires du siège dans l'étendue de la juridiction.
(î) Nous avons dit que chacun des contrats insérés au registre
des Hassiot porte la signature du notaire qui l'a rédigé.
T. VIL t-8
lyGoogle
— 2« —
2. — Reeontiaissanee d'une somme de tix royaux d'or reçue
par Jean de Chauvour[l) de Gérald Massiot, pour prix de
vente à ce dernier d'un cheptel dont Jean de Chauvour
restera dépositaire [31 mai 1432) (2).
Die ultima mensis maii aoQO Domiol millesimo CCCG"*
tricesimo secundo, Johannes de Chouvors, parrocbie Saacti
Dionisii, gratis et sponte recognovit se vendidisse Geraldo
Massiot, mercatore de Nobiliaco, ibidem présent!, etc. io
curte sua [3], quatuor vaccas cum suis ritulis, quarum una
est pili rubei et aJia pili bru (sic] et alia pili pic et alia
pili faulvi, precio et pro summa sex regalium boni auri [4},
et quolibet regali esistenti ponderis trium deuariorum et
cugni domini oostri Francie régis; que dictus JobaiiBes
de Chouvors recognovit habuisse et récépissé a predicto
Geraldo Massiot, de quibus dictum G«ralduni quictavit;
necnon et triginta et duas oves , videlicet ad capitale [5)
guÎDque regalium, dictus Johannes recognovit habuisse
et récépissé a predicto Geraldo Massiot, de quibus ipsum
Geraldum quictavit, etc. cum pacto etc. et predicta aoi-
malia promisit dictus Johannes outrire et custodire bene
et Ûdeliter et ad ambarum parcium comodum et utilitatem
etc., de eis eommque ezcrescencia veoire ad booum et
(I) Chauvour, commuae de Saint-Denis les Murs, canton de
Saint-Léonard (Haute-Vienne).
{1) Nous avons parlé, dans l'introduction, de cette opération,
assez commune autrefois semble-t-il.
(3) Le mot curtia na signifie pas seulement cour d'une métairie.
Il doit s'entendre des b&timents, des airages et dépendances, même
des cbamps du domaine. La traduction la meilleure d£S mots in
ctirle sua serait peut-être • sur sou exploitation. ■
(4) Le royal vaut, en mai 1432, 13.17, soit environ 79 francs d'au-
jourd'hui.
(5) A cheptel. Le cheptel est le capital-matériel de l'exploitation
rurale que le propriétaire fournit à la société. Ce mot répond exac-
tement au mot cabal, qui a la même racine, et qu'on trouve sou-
vent craftloyé au Moyen ftge et aui trois derniers siècles pour
signifier mise commune des associés, fonds de commerce.
lyGoogle
— 243 —
légale computum sive eycet(l) cmn predicto Geraldo, et
hoc in villa Sancti Leonardi de Nobiliaco, tociens quociens
per dictum Geraldum seu suos fuerit requisitus, et emen-
daredampna etc. Renunciavitetc. Obligavitetc. Juravitetc.
CoQcessit lilteraa Pariatgîi condominomm de Nobiliaco in
meliori forma, et preseotibus fratri Stephano de Saocto
Ilarito, alias de.... (2), caoonico Sancti Leonardi, et Jo-
hanne deu Molat, testibus ad hec vocatis specialiterque
rogatis, die et anno predictis. Leonardus Ravelli, cleri-
cus, retuUt.
3. — Compte de tnarcluindiset : gingembre, poivre, papier,
futaine, reçues de Genève (1437),
it Jhs Ma. L'an mil CCCCXXXVII ay reseubut de la
marchandia que veoc de 6eDeba(3) :
Premieyrament, xiii 1. de zz (4) blanc.
(1) Le mot eycel est évidemment le même qa'escaeta, escheta,
eacheut&i eicheyula, qui correspondent à des sens assez divers,
mus qui a'appliquent en général à tous droits constatés et échus,
À toute part légitime d'hérédité. — Scepe tumuntur hœ voces pro
legitimi» hereditalibu», quœ quibusvia oboeniunl. [Ducange, Glos-
saire, verb. Ebcaeta.)
{2) Un mot illisible. Au lieu de Harilo, qui peut être une forme
dégénérée d'Aredio — Yrieii, — on pourrait lire Ilarito ou llarico,
peut-être Havito (Saint- Avit).
(3) Il nous semble difficile d'admettre qu'il s'agisse ici de Oénes,
comme l'ont pensé plusieurs des personnes que nous avons con-
sultées. Le mot est écrit plusieurs fois : Geneua ou Geneba, et
Genève. Nous devons ajouter que nous ne connaissons pas d'autre
document faisant mention, antérieurement à l'introduction du pro-
testantisme en Limousin, de relations commerciales directes entre
Genève et nos contrées.
(4) Nous nous sommes demandé si cette abréviation désignait
du sucre ou du gingembre. Comme nous trouvons plus loin la
même marchandise ainsi indiquée : lei, nous pensons, avec la plu-
part des personnes compétentes consultées par nOus à ce sujet,
qu'il s'agit de gingembre, dont on faisait autrefois un plus grand
usage qu'aujourd'hui, et dont nos voisins d'Angleterre se servent
lyGpOgle
-2J4-
Item may zxt de zz columbi.
It«m may xxxvi 1. de pebre(l] eyei ou pey desusdit.
Item may ay reseubut viiti reumas {2) de papier, que
Costa la reuma, an lo port, xxvi sols d'aquesta monede.
Monte las ix reumas : vu r[eaus] et xxiiti s. [3).
Item II" pessas fustonis (4) a xliii s. un d. la pessa, iiii 1.
VI 8. VI d. (5).
Item resta de la marchandla :
Cl. îzblant nz{61.
Ilem resta zxxii 1. t. de zz columbi, nz.
Item resta ii" balas de fuslony, que son xIyi pessas.
encore pour la cuisine. Le zz colombin serait le gingembre gris,
qui tire sur le brun. — M. Blancart, archiviste du département des
Bouches-dU'Rhâne et un des hommes de France les plus compé-
tents en ces matières, nous assure qu'il a trouvé assez Fréquem-
ment mention de gingembre colombin, et que jamais ce dernier
mot n'a servi, à sa coimaissance, & désigner une espèce ou une
qualité de sucre.
(1) Ainsi, à cette époque, les épices, qui nous étaient longtemps
arrivées par Montpellier, entraient en France par l'Italie, dont
Genève était un des entrepôts. La roule des Alpes était jflus
pénible et plus coûteuse, mais plus sûre que la traversée de la
Méditerranée. On sait que dès le xiv* siècle, Montpellier avait
beaucoup perdu de son importance commerciale.
{i) Ces rames de papier viennent aussi de Genève : la disposi-
tion du texte l'indique clairement, la première ligne se rapportant
da toute évidence à t.iut ce qui suit. Il y avait cependant, dès le
siècle prc'cédent, des manufactures de papier en France; nous igno-
rons si le Limousin en possédait dès cette époque r on n'y coustato
leur existence qu'au ïvi* siècle.
(3j Si neuf fois vingt-six sous valent sept royaux 24 sous, il faut
en conclure que lo royal correspond exactement à trente sous.
(I) Les futailles sont des étoffes croisées fit et coton qu'on fabri-
qua d'abord en Egypte. *
(5) H y a ici nue erreur r les deux pièces devaie:il coûter 4 livres
6 s. S d.
(C) Il s'agit du poids nei. Plus bas la lettre c semble se rap-
pijrler k renonciation du poids brut. On remarquera, en effet, que
tous les article^ accompagnés de cette abréviation sont encore en
ballots.
lyGoogle
— 245 —
Item resta l'bala pebrc senhade a; pesa i quintal z [1)
XXVI liv. c(2).
Item resta j' bala pebre senhade 0, pesa i quintal z.
XÏV 1. c.
Item resta j* bala pebre senbade ^, pesa i quintal z.
XI 1. z. c.
Item resta j* pebre senhade ni, pesa i quintal z. xiti 1. z, c.
Item de pebre camarat(3) m quintal lui 1. ta[i-e?] xi 1.
resta net : m quintal xlii livres, ey r* charga de Genève,
c[omptat?] III 1., valen ii 1. n s., que valen a vi g" [4) a un
dfeniers] mealha, monta clk fl. ix g" z.
Item zez(5) blanc, p. iiii" et vu 1,, ou pey de Geneva,
monten xxix fl. — zëz columbin xxii 1. ou pey de Geneva,
aij g« V VI fl. z. go.
Summa tôt ix"" et iv fl. x g*, [mar] d'aur a cxix H., valem
cv reaus (6) c[onipte?] t. f7).
(t) Nous ne savons quel seiia attribuer à l'espèce de z placé ici
après le mot quinfai, comme dans les lignes qui précëdeot et qui
suivent, après le mot (iure. Peut être ce signe est-il destina à dis-
tinguer le quintal et ta livre de Genève du quintal et de ta livre de
Saint-Léonard.
(2) Le signe c paraît, comme nous l'avons dit plus haut, se rap-
porter à l'indication du fbids brut.
(3) Nous n'avons trouvé ce mot dans aucun vocabulaire : s'agit-il
de poivre mêlé ou de poîvro Rn? nous ne saurions le dire. Peut-
être camaral signiRe-t-il : amballé en caisse, et correspond-il à
l'abréviation c signalée plus haut.
(4) Cette abréviation g*, qu'on pourrait également lire g', désignc-
t-elle des gros ou des sous genevois? Le passage est fort obscur.
Il semblerait pointant en résulter que 6 g* équivalaient à 4 de-
niers t/2 tournois. Toutefois le gros avait valu 3 deniers, et à un
certain moment 10 deniers.
(5) On ne peut voir dans ces trois lettres autre chose qu'une
abréviation de zinziber ou zenziber.
(6) Tout compté ?
(7) Cent cinq royaux équivalent Jk 1,383 francs : environ S,?98
francs d'aujourd'hui. — 11 résulte bien clairement de ce passage
que le marc d'or, qui donnait 64 royaux de trois deniers, corres-
pondit exactement à IIQ florins : d'où la valeur du florin ressor-
i/Google
— 246 —
Item zLiiii pessas fustons atizebortf?), monten Lixr eaus
xxiiii s. Ti' d.: — a lzv r. quelaa xLviti pessas de fustony.
Summa clxv reaus nu sols ti deniers, valen a x per c
égal valen zvi reaus. Summa tôt tx" et i reaus xix sous
VI deniers.
Item per lo pourl de vri quintal, monte ix r. et x s.
Item per las doas serpelieyras (1) el per ii corde deu
pebre et pesar et pourtar (?) et tes mecieix (2) xii r[eaus)?
Summa tôt (3) ix" et xi r[eausH4).
lirait k environ 7,083 francs, au pouvoir actuel de 43 fr. 50. .Nous
négligeons, dans ce calcul trËs approximatif, la fraction de florin
qui forme la différence de 195 fl. 10 • g* » à 196, ne sachant pas
ce que représente le « g*, » et nous prenons le chiffre rond de 196
pour poiht de départ de notre calcul.
(i) On appelle encore serpillièree de grossiers tissus de chanvre
servant à envelopper des ballots de marchandises.
{2) Mises, frais.
(3) Il est difficile d'expliquer quelques-unes des indications dou-
nées en abrégé par Gérald Massiot dans ce curieux inventaire;
il est heureusement beaucoup plus aise de reconstituer son corapte
à l'aide de ses éléments principaux. Le marchand constata qu'il
lui reste :
3 quintaux 42 I. de poivre 160 fl. 9 g.
87 livres de gingembre blanc Î9 f]. * g.
39 livres de gingembre colombin. 6 11. 1 g.
Ensemble 195 fl- 10 g. ^ «Broyaux.
À ajouter 48 pièces de futaine 60 r. 4 s. 6 d.(T)
Ï65r. 4a.6d.
10 p. 0/0 pour intérôU ou frws généraux. 16 r. 15(t)
Coût. 181r. 19 s. 6d.
Transport 9 r. 10 s.
Prix de revient total . 191 r. n*» rond.
La dépense du transport est à noter. Il en a coûté à Massiot
9 royaux 10 sols., soit environ 120 fr. 35 d'alors, pour le transport
de Genève à Saint-Léonard (480 & 500 kilomètres à vol d'oiseau) de
sept quintaux de marchandises. Le transport du quintal ressort
donc à n fr. 30, équivalant k 103 francs d'aujourd'hui. On ferait à
présent venir de Genève à Saint-Léonard, on grande vitesse, 100
kilogrammes de marchandises d'épicerie, c'est-à-dire un poids à
peu près double de l'ancien quintal, pour 34 fr. 60.
(4) La première partie de cet iuventwre est de la main de
Gérald Massiot.
>»GoogIe
4. — Atuilyse d'un sermon prêché à Sainl-Lionard
le 3 décembre i437.
Sia memoria quar i bon frayre prediquet lo m* jorn de
desembre, l'an de grassia mil cccçxzzvii, et dis en son
senno quar lot home et tota femna se podian solbar (1)
et anar en paradis, mas que feseys (2) las cbausas que se
Premieyrament, di que l'ome et la femna, quant leba-
ran de liech, que se senhen, en après que avan tota hobra
se aganolbe [sic] dis la chambra, et que devotamen diga lo
Poiter noster et la Ave Maria et lo Credo et poy... (3). Et di
que l'om avia sa meaa (4) devotamen, lo comensamen
et la Q, et que om ne se probche pas deu pestre que di
la messa; et -que a la eyglieya defen que hom no parle
an degu ni de negunaa besonhas, sino de pregar Dieu.
Item di que, lo sanc dieumenc, no fasas deguna hobra
sino pregar Dieu, et que deves ourir la messa de vostre
chapela et los coomiaiidemeDa et vespras et compléta et
tôt lo sanc dieumenc far bona hobra et pregar Dieu.
Item, di que j vet (5) lo meys vos cofesey vostreya
pechat.
Item, di que lo jom de Pasqueya vos, lo plus santamen
que vos poyrey, vos cofeaeys et metes vos en bona orde-
nansa a resebre nostre aenbor Dieu Jhesu Christ, nostre
solvador, que preys mort et passion por nos et la ^ (6).
Et fasen aquestas cbausas desus dichas et fasam olmona
a paubra gen et fesam pregar Dieu por los mors et menar
honesta vida en heure, en mingar, et vieure{7] deu sos
{!] Skuver, de saloare.
(!) A la condition qu'ils fassent.
(3) Ud mot illisible.
(4) Pour ouoia ou aucia «a meaaa .* entende sa messe.
(5) Une fois le mois.
(6) Et la croix. L'écrivain a figura ici le signe de la rédemption,
an lieu d'écrire le mot.
(7) Vivre. Il faudrait : cio&nl, pour la suite régulière de la
phrase.
lyGoogle
— 248 —
prope et no toire re (I) a degu, et setifar si as re de l'ou-
trus 12), en fasen lotas aqueslas chausas et si desus eycri-
chas, di lo frayre desus que entraras en la gloria de
paradis. Kysi sia. — Amen,
Pater noster Geraldut Massiolh scripsil hec sua propria
manu (3).
5..— Bail à cheptel, 7 février ik3S [nouveau style 1439).
Item Die septima raensis febroarii, anno Domini mille-
giiiio CGCC'"' tricesimo octave, presentibus Ademaro Bayle
et Reymoneto Hugo, testibus ad hec vocatïs, persoualîter
consiitutus Peyrau de Savenas{4), faber, habitator de
Nobiliaco, pro se et suis, non cohactus etc. omnibus que vi
etc. ymo gratis, recognovit in veritate, publjce confessus
fuit se bene et légitime teucre et haberc in curte sua duas
vaccas cura uno vilulo femello, unius anni..., videlicetad
capitale sex regalium boni auri, cugni domini noatri
Francio Régis , quoliljet pondère trium deuariorum (51 ,
videlicet ab honesLo viro Geraldo Massiot, mercatore de
Nobiliaco, ibidem presenti; que quidam animalia promisîP
dictus Peyrau nutrire et cuslodire, ad ambanim parcium
comodum et utilitatem, et de eis eorumque excressen-
ciis (6) fenire ad bonum computum siue eycet tociens
(I; Ne rien prondrp. Tolre reproduit le lalin lollere.
(3) Et restituer (getifar, forme vicieuse : satisraire, aalisfact^re),
si vous avez quelque cliose i autrui.
(3) Celte note est de la main de Jean Massiot, ou peut-être d'un
do ses tits.
(4) Savennes, aujourd'hui commune du canton de Guëret (Creuse).
Bernard de Savennes fut évêque de Limoges de 1219 à 1226. Tou-
tefois il s'agit peut-être ici de Savnnas, qui appartient actuellement
il la commune de Saint-Martin Sainte-Catherine, canton de fiour-
ganeuf (Creuse),
(5) Six royaux d'or de 3 deniers chacun représenteraient aujour-
d'hui 47* francs.
(6) Ainsi ie bail à cheptel était dès lors ce qu'il est aujourd'hui;
le propriétaire remettait le capital -bestiaux an métayer : celui-ci
élevai), gardait, soignait les animaux qui lui étaient confiés, et les
deux parties partageaient lo croit, [e métayer restant responsable
de la valeur de la souche.
lyGoogle
— 249 —
quociens per dictum Qeraldum seu buos fuerit requisitus,
et emendatis dampnis etc. Renunciavit etc. Juravit etc.
Obligavit etc. Et concessit litteraa Pariatgii condomiao-
rum de NobUiaco in meliori forma. Lbonahdus Ratslli,
clericus, retuUt.
6. — Dissolvtion et liquidation de la société de commerce exis-
tant entre Gérald Massiol et Jean de la Ribière, i8 février
tli38 {nouveau style ik39).
Die XVIII' mensis febroarii, anno Domiiii M" CCCG"*
XXXVIII", presentibus boneslo viro Leonardo Doyneys,
mercatore, et Michaele Boudrit, eciam mercatore, et Jo-
hanne Picapansa, testibug, personaliter constîtutis honesto
viro Geraldo Massioth, mercatore de Nobiliaco, pro se et
suis, ex una parle, et Johanne de Ripperia ()], mercatore
ejusdem ville, eciam pro se et suis, ex altéra, cum prout
ecdem partes diserunt et recognoverunt diu est ipse inter
se contraxissent certam socielatem, quam inhiendo ipse
Geraldua tradidisset novem viginti et duodecim regalia
auri ponderis pro quolibet trium denarionim, seu sexa-
ginta quatuor regalia auri marcam auri facientia (2),
eidem Jobanne de Ripperia, qui eciam in eadem societate
ponere et tradere promisisset sexaginta quatuor regalia
auri ponderis predicti, ut bec constare dixerunt per litteraa
anpev eadem societate passatas per magistnim Leonardum
Tillourier; eademque societas ex post durasset et liiter se
de lucro et dampno convenisaent ad bonum computum,
(1) Il y a dans la Haute-Vienne et la Crenae un asaez grand
nombre de localités qui portent le nom de La Ribière ou La
lîittiére. Plusieurs se trouvent dans les environs de St-Léonard ;
notamment dans les communes de Bujaleuf, Champnetery, La
Geneytouse, Hoissannea et Saint.Prlest Taurion. (Voir le Diclion-
nsire géographique de (a Havle-Vienne d'Emile Grignard, ma-
nuscrit conservé aui Archives de la Haute- Vienne.)
(!) Les 192 royaux représentent environ 2,iii francs et équivau-
draient à 1S,168 Trancs d'à présent.
ibyGoogle
etc. hinc est quod boddie ipse partes, non cohacte, etc.
ymo gratis etc. omnibus etc. recognovenint se inter se
computasse bene et légitime et pro âne ejusdem computi
idem Jobannes debuit et se debere recognovit eidem Ge-
raldo présent! et reqniîreati, omnibus îllis in quibus unu8
alteri teneri poterat, quoquo modo, quacunque de causa
seu racione, computatis ac eciam lucro et dampno, pre-
cium Tidelicet sive summam novem viginti et octo rega-
lium auri(l|, boni auri ponderis predicti; guam summam
idem Johannes solvere promiait eldem Geraido piesenti
etc. videlicet infra nativitatem Beati Jobannis Babtiste
proxime venturam (2), nec non emendare dampna, etc. Ce-
terum eedem partes remanserunt quicte hinc et inde de
omnibus mutuis, crediLia, obligacionibus, societatibus et
litteris quibuscunque, quas annulaverunt et irritaverunt
perpétue etc. présente in aui efflcacia permanente, etc.
Et super bis renunciaverunt predicte partes hinc inde etc.
Juraverunt, etc. Obligaverunt elc, et conceaserunt litteras
Régis, Pariatgii et domini offlcialis Lemovioensis (3) in
meliori forma. — Bordils r*.
7. — Achat de cent quartes de sel par Jean Massiot (30 juin 1440).
Die ultima junii, anno Domini millesimo GCCC' xlti",
presentibus Joanae de la Gossadieyra (4), mercatore, et
(1) 2,476 francs, soit l*,e*6 francs d'aujourd'hui.
(2) Avant le 24 juin 1439.
(3) On voit que l'intervention de rofflctal était encore considérée,
au milieu du xv* siËcle, comme communiquant k un acte purement
civil, une authenticité et une autorité égales à celles que pouvaient
donner les officiers des sièges royaux. En cas de non-exécution des
engagements, la partie lésée s'adressait souvent à l'ofScial, la pro-
cédure du tribunal ecclésiastique étant probablement moins coû-
teuse que celle des juridictions laïques.
(4) Peut-être les Coiissiëres , hameau de la commune de Mois-
sannea, csjiton de Saint-Léonard.
lyGoogle
— 25Ï —
Petro Berge, testibus, etc. personaliter constitutus Jo-
hannes de Villagolet (1] alias 1o Rodier, de Bello De-
ducto(2}, DOQ coactus etc. ymo gratis etc. omnibus etc.
vendidit Johanoi Massioth, mercatori, presenti etc. cen-
tum quarterias (3) salis ad mensuram de Nobiliaco, ven-
dentem et ementem, precio i^Dquaginta scutorum auri
novonim nunc pro Domino Qostro Rege Francie curren-
tium (4), quod precium dictua Johannes de Villagolet
habuit realiter a dicte Johanne Massioth présente etc. in
bonis Bcutie auri, et non immerito ipsum Massioth et suos
et ejuB bona quittavit perpétue cum pacto etc. Et oicbi-
lominus easdem ceutum carterias salis, ad dictam men-
suram, meusuratas correteriis (5) dicte ville, ipse Johan-
nes, et tam ipse quam Leouardus Danielis, qui ad preces
ejusdem , se constituit âdejussorem et principalem de-
bitorem, et quemlibet ipsorum in solidum, et conducere
ad domum dictl Massioth promiserunt infra majus festum
Beati Leonardi proxime venturum (6) ; necnon emendare
dampna, etc. RenunciaveruQt, juravertint, obligaverunt,
etc. Et concesseruDt litteras Régis, Pariagii et domini offi-
cialis. — BoRD&s r'.
(0 Probablement Villegouleix, commune de Saint- U&rtin-Cba*
teau, canton et arrondissement de Bourganeuf (Creuse).
(3) Boiadéduit ou Beaudéduit, près 8»nt-LéoDard.
(3) La quarte valait le quart du setier, soit, à Saint-Léonard,
tS litres 36 centilitres. Le setier de set se vend ici deux dcus,
c'est-à-dire 23 fr. 66 : 143 francs d'aujourd'hui : es qui fait ressortir
le litre de sel à 3 fr. 35 environ.
(4) Ces écus neufs valaient 11 fr. 83, soit environ 6S francs d'au-
jourd'hui.
(5) Peut-être carleriis, dans le sens de mesure d'une carte ou
ayant pour point de départ ta carte. Corretertia peut aussi dési-
gner dea intermédiaires officiels, des ■ conrtiers-juréa. •
(6) 6 novembre.
DigmzcdbyGoOgle
8. — IVaissance el bapUme de Louis Massîot, jils de Jean,
3 janvier ik56 [nouveau style i457).
Anno Domini miUesimo CCCC" L" sexto, die tercia meas-
sis jenuarii quod mater mea Margarita Fabra, de Saacto
Paulo (I), uxorata cum Johanne Massiot, habuit unum
puerum; et fuit patruus dominus Ludovicus Fabri, capel-
lanus de Vico (2) et canonicus Entimoûesterii (3); et
puer habuit nomen patrui; et dictus patruus erat frater
dicte matris mee, et ut sciremus meliori modo quot habe-
bit annos iu tempore Tenieoti, ego Aathoaius Massioti,
posui iu scriptum illo die met. Sigoatum de manu mea. —
Antmonius Massîot, clericus.
9. — Naissance et baptême de Biaise MassUil, fils de Jean,
3 février lk63 {-nouveau style i464).
Nota que Van mil CCCC LXIII, lo jour Saint Blaisy (4),
que naquet mon frair Biaise, et fut parein Jehan Alesme,
et marine la Katerine, fllle de mon oncle, maistre Jehan
Faure; et fut l'anuee des grans neges (5).
(1) Sana doute Saint-Paul d'Eyjeaui , chef-lieu de commune du
canton de Pierrebuffière, arrondissement de Limogea.
(2) Vicq, chef-lieu de commune, canton de Saînt-Germain-les-
Belles, arrondissement de Saint- Yrieix (Haute -Vienne).
(3) Eymoutiers , chef-lifiu de canton de l'arrondissement de Li-
moges. Il est parlé, dans nos chroniques, de l'ancien monastère
qui existait dans cette ville au xi* siècle. Un chapitre y fut établi
à une époque assez ancienne. L'église collégiale d'Eymoutters pos-
sËde des vitraux du xv* siècle qui comptent parmi les plus beaux
que nous ayons en Limousin. L'ancien nom de cette ville est Ahen-
limonaaterium, qu'on trouve à peu près exactement conservé ici.
(4) 3 février HM.
[5] Nos .Annales manuscrites ne signalent pas ces > grandes
neiges. •
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10. — Convention mire J. Meaâol et Pierre Chabret, son vov-
iin, au sujet d'un toit ou auvent ét(ûiU par ce dernier au-
devant de sa maison [5 août 1^66).
Memoriale est quod die hodierna infrascripta, perso-
naliter constituli honesli viri Johannes Massiot, burgensis
et mercator ville Sancli Leonardi de Nobiliaco, pro se et
suis, ex una parte, et Petro {sk] Ctubret, fabro, eciam pro
se et suis heredibus et successoribus ex parte altéra : cum
dictus Petrus Chabret edifficari faceret quoddam um-
brailh [\) ante domum suam, et pariete [sic] ejusdem ex parte
aate et deversua domum dicti Johannis Massiot, dictua
Pelms Ghabret proniisit, et convenit eidem Johanni Mas-
siot, retrahere diclum umbrailh ad ordinacioûem exper-
torum, tociens quocieus per dictum Johannem et suos
fuerit requisitus, et eclam tociens quociens ipse JohanDes
aut Buos [sic] volueiit [sic) in pariete suo edifflcari facere
UQum umbrailh. De quibus premissis, predictus Johannes
Massiot peciit hoc presens memoriale sibi daii, Datum et
actum coi-am me, Petro de Meyrengas, licenciato, commis-
sario etjurato, pi-esentibus honesto viroAudoynoLobloys,
Leonardo Gostanti, carpentario, et Leobone Rebers, tes-
tibuR ad hec vocatis et rogatis, die quinta mensis au-
gusti, anno Domini millesimo CGCC" LXVI. — P. de Mey-
HINGIS r*.
II. — Reconnaissance souscrite par Charles de Cresancy, prieur
euré de Bujaleuf, pour un prêt de deux écus d'or, et pro-
messe de payer en blé (3 décem^ire....).
Yeu, Charle de Ct'esensy, prieur de Bugaleou (2) c[oii]oys8e
et confesse a deveyr a Johan Massiot, marchean de Saint
(!) Umbrnilh — iiijiftracu/uni — a le sens do couverture, abri,
tonto. 11 s"agit d'un toit Uger, d'un auvent.
(3) Bujaleuf, commune du canton d'Eymouticrs, arrondissement
de liimoges.
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— 254 —
LîeDnard, la soma de dos escus d'aur, losquals dos escus
m'a prestat ben e lealment, contas et velhant (1) per lo preys
que lo blat voudra a la Nostra Dama prochaine venent, que
yeu l'en setifaray sos dos escus en blat (?) per lo preys que
voura. Fach lo m' jour de desembre, l'an fach senheit
de son sencf?) manual sy desoB. — Charles db Crbssanci.
13. — Venu de bétaU {{3 septen^e tkôSl.
Yeu, Ësteve Tillourier, clerc et notari de la ville de
Saint Lieunard, conoisse et confessa aveyr vendut ou
senheirJohan Massioth, boui^eyede lad. ville, ungparel...
beoux et una vache en son vedeu mascle, le quai bestiau
luy ay delieurat et beylhat sur lous teuanciers deu leuc
de Reynarie (3), p' de Saint Estere de Noalhac (3) et ce por
le près et soma de sieys escuts d'aur (4), la qualle somme
be et leaubnent me a beylhat contant, et de la qualle
somme led. Massioth en quite per aqueste présent sedula
signada de mon sign manuel si dessoubz meys en la pré-
sence de sage hom Michel Beudier et Legier de Bru-
gieyra8(5), le xiu* de septembre, l'an mil IIII* LXVIIJ.
— £. TiLLOBRIBR.
13. — Jean Massiot reçoit de l'Éviqiie l'invettUure de plusieurt
fieft, 3 février iklO [nouveau style ik71).
NotLi quod die tercia menssis febroarii anno Domini
(1) Comptés et valant pour, etc. — La stipulation est aases au-
[2] Nous n'avons pu trouver la localité que désigne ce mot. Aucun
nom de lieu dans les environs, sauf Arrènes, chef-lieu d'une com-
mune du canton de BourganeuE (Creuse), ne s'en rapproche.
(3) Une des anciennes paroisses de Noblat-Sunt-Léonard.
(4) Six écus d'or, en 1468, équivalent à 68- fr. M : environ 412
francs aujourd'hui.
(5) Peut-être Brugeraa, hameau de la commune de Moissonnes,
canton de Saint- Léonard.
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— 255 —
millesimo quadringentesimo septuagessimo, preseotatus
fuit pater meus Johan Massiot coram domino Ëpiscopo
Lemoviceusi [1] ex [sic] hommagia faciendo; et primo fuit
investitua de magoo BiUaco(2) et de Rejoaria; et fecit
homagium de Manso Papoulo (3) cum guis perlineusis, et
sollempniter... de Virolo (4) Datum die ipsa io villa
Sancti Léonard!, anao supradictis. — Johamnes Masscoth,
clericu3(5). — Et sapches que ledit lieu de YiroUe estoit
réservât du S'; mas y a veadîciOD.
14. — Délivrance au prieur de l'hôpital des pauvret de Saint-
Léonard, d'un legs de 30 sols fait à l'hôpital par Jeanne
Ctaatre, veuve de Girald Massiot (16 octobre Ikli).
Gum domina Johanna Claustra, relicta'guondam Ge-
raldi [6] Massioth, burgensis ville Sancti Léonard! de
Nobiliaco, in suo ultimo testameoto dederit et donaverît
et legaverît hospitali pauperum (7) dicte ville, xzx* soli-
dos (8), ego, Petrus de Alvernia (9), presbiter et prior dicti
[t] L'évâque de Limogea âtait alors Jean I fiarthon de MontbEis,
qui occupa le siège âpiscopal de 1457 b, I4B6.
{%) Le Grand fiillat, commune de Saint-Lâonard.
(3) Noua n'avona pu identifier cette localité. Il y avait, aux ziii*
et XIV* siècles, un ilfas Papalou dans la banlieue de Limoges;
mais ce ne peut être le Heu dit dont il est ici question.
(4) Probablement Virolle do Champnétery, canton de St-Lâonard :
peut-être Virolle d'Aureil, canton sud de Limoges.
(5) Il semble résulter de là que Jean Uassiot, époux de Margue-
rite Faure, avait deux fils du nom de Jean : l'un marchand et
l'autre clerc.
(6) On avait d'abord écrit Johannit; mais on a corrigé ensuite.
(7) L'hApital de Saint-Léonard fut, dit-on, fondé vera 1191. L'abbé
Legros a constaté son existence en 1263.
(8) Environ 0 fr. 03 : un peu plus de 54 francs d'aujourd'hui.
(9) Les d'Auvergne, une famille de bonne bourgeoisie de Limoges,
ont, du iiv* au ivii* aifecl'-, fourni un grand nombre de dignitaires
ecclésiastiques d'ordre secondaire, de jurisconsultes, de jugea, de
notaires' et de (;refflera.
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prioratus hospîtalis, confateor et recognosco me récépissé
et habuisse a honesto viro Johanni Massioth, burgensi
dicte TÎlle, ut hères (sic) dicte Johanne, matiia sue, ut
pleoius omnia continentur in testaraento dicte Johanne,
dictos Iriginta solidos, et in testimonium veritatis sigoum
jneum manuale apposai presenti quictancie. Factum per
me, dictum de Alrernia, die xvi* mensis octobris, anso
Domiiii millesimo CCCC"" LXXJ". — P. de Alvernu.
15. ;— Prière et cantique à ta Yierge (s. d.)
Saluto te, bealissinia vii-go, Dei genitrix, Maria, auge-
lorum regina et domina, ea salutacione qua te salutavit
angélus Gabriel, dicens : Ave, Maria, gracia plena. Do-
minus tecum. Ipsius sanctuB supeiTeniet in te et rirtus
Altissimi obumbrabil te, etc. (1).
De toy nous vient toute bonté
Ti-es doulce virge précieuse,
, [Qu*]aucun pechie n'a surmonte.
Vueille moy estre gracieuse.
La mort, qui est sy très hideuse^
Me vient aper (2), je ne say l'eure.
Mon ame eu est sy angoîsseusse
Que de peur chascun jour [je] plure,
Plurer me faut mes grans mcffais;
Car je ay vescu toute ma vie
En pechie, par diz et par faiz.
Helas ! Dame, je te suplie
Prie a ton filz, le fruyz de vie.
Que tu alaytas doulcement.
(1) Cette iuvocallou se poursuit pendant dix lignes encore; comme
elle n'a rien d'origioal, il nous a paru inutile de la reproduire.
(2) Happer.
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Que luy pleist par courteBîe (1)
A moy pardoiier kumblement.
Humblement je te fais prîei-e,
Mère de notre Redemptor,
Que ta beuigue grâce acquière
Bq persévérant en ce jor (?).
Tu es le chastel et la tour
Out les pechour se vienent rendre.
Sy te aupli, oy ma amour
Et en mon fait vuelhes entendre (2).
16. — JVoK relative à des travatix de curatje d^aquedua et à
la eonstruelion d'une nouvelle cave (i*' septembre i'i72}.
Die prima mensis septembris, anno Dominj millesimo
CCGG°" LXXTJ», que mon pair [Johan Massiot, flih de
Ger. Massiot] (3) feys curar lo doat (4) de la fon de nostra
laberno, et trebar (5) a doas claux, de que la premieyro
se troubet a l'endrech vix at vix deux premier urceaux de
la pourta de la meyso que fust de Beylenieis, maintenen
estant de Mansaud et Liennard, Ôlhs de Marcialy Doyneys,
cuy Dieu pardon ! — et l'aultre clautx en la pillo d'entre
(1) P&r gr&ce, par condescoodanoe pour toi.
(2) Il faut noter le tour heureux et facile de ce morceau, sa
naïveté et l'en Ire lace ment régulier (sauf & la &a de la première
strophe) dea .rimes masculines et féminines.
(3) Les mots entre croclieta ont été ajoutés d'une écriture très
(4) Le conduit, dactus. On voit que nos ancêtres ont souvent
réalisé, d'une façon très imparfaite il est vrai, et fort incorrecte le
plue souvent, ce grand progrès qui s'est généralisé à notre époque :
l'eau à domicile... A Limoges, il y avait dans un certain nombre de
caves particulières, des pêcheries, des réservoirs dont l'existence
est mentionnée dans des annonces et contrats de vente des deux
derniers siècles.
(5) Nous nous croyons sttrs de notre lecture. Néanmoins trebar
ne donne pas de sens, à moins qu'il ne soit un composé de barrai',
fermer, et que Irebar ne soit mis pour (rebarrar.
T. TH. t-4
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— 258 —
la mevgo de Picapaoso, mainctenen estam de Marsaud
Banhar, aliter Guogaud, et egtre acquello de Claustro
fazen queyrio (1) ; lasqiiaux claux son senhadsis [2] en ser-
tanas grandas peyraa ou peyTat(3). Fach lodîch jour et
an; et l'am r[elatuinî] anno Domiiii 1472. — J. Massiot.
Item, ladite annado luren curatz acquilx de L'Oumo-
Dieyro (4), comenssam a ma meygo et fenizen a la meygo
de Liennard Raveu, tiran a la dicha porta.
Item, en aquello annado fey curar los doatz deypeust
la taverne (5) de chas Clautro jucques avant Partutz (6) ; et
furent fach neufs que jamais (?) nevia vie agUt.
Itéra, eodem anno, fey far la taverno neufve d'à maigo (7)
soubz l'oubradour (8) et ladicha taverno velho enplit d'aiguë
per la font; et fay mon payr curar lo doat tout au long,
jucques a la maijo de Gogau, et trobarent doas claux, l'une
davant la maijo de Marsaud et Lienard Doyneys, et l'autre
davant la maigo dudich Gogaud et de Laclautre.
17, — Bâti à cheptel, iO janvier Vtl'à {nouveau style i475).
Die X* meusis januarii, anno Domini mlllesimo CGCC"
(1) Coin, encoignure.
(2) Marquées.
(3) Pavé. S'applique plus particulièrement aux petites cours et
passages ou corridors pavés qui dépendaient des habitations. 11
signifie aussi amas de pierres, et perron.
(1) La rue AuraOIiière eiisle encore à Saint -Léonard. A l'extré-
mité se trouvait alors une des principales portes de la ville. Cette
porte est souvent mentionnée au xui* siècle. On y exécutait les
malfaiteurs condamnés à la mutilation : amputation des oreilles ou
perte d'un membre.
(5) Taberna se prend en général dans le sens de cave. Les lignes
suivantes prouvent bien que c'est ce que Massiot entend par là.
(G) Est-ce un nom d'homme, ou s'agit-il du lieu dit Mslpartuz —
(7] D'à maigo, d'ici, de chez nous,
lie Malo l'ertusio, — où était la prison du la ville ï
(B) Atelier, do operalorium.
ly Google
— 259 —
LXXIIII", presentibua Anthoûio Rabith, alias Trabau, et
Anthonio Peyraudit, lestibua, etc. Petrus de Podio Fo-
cherii (1),., alias Coaleiia non coactus etc. (cum omnibus)
vi etc. sed gi-atia etc. pro se et suis recognovit se beue
et légitime tenere in çurte sua, a prudente vire Johanne
Massiot, burgensi ac mercatore viUe Sancti Leonardi, ibi-
dem presenti etc. unum bovem pili rubei, unam vaccam
pili rubei piga pregnantem (?) et duas tauras quarum una
est pili rubei et alia piga, et unum jumenctum pili
bayai-di et hoc precio et summa septem scutorum auri
et duodecim deDariorum; que animalia promisit dictus
Petrus servare et nutrire ad ambarum partium comodum
et utilitatem et venire de (?) eisdem ad bonum et légale
compùtum sive eysset io villa Sancti Leonardi tociens etc.
et promisit emendare dampua etc. et renunciavit etc. obli-
gavit etc. concessit litteras Régis et Pariagii in meliori
forma. — Tillourier r.
18. — Reeette d^un préservatif contre le poison et ta peste [s. d.].
Recepte d'une poudre que le medicin a Moss' de Guiene
a ordonne contra pestem : que ou doist prandre toz les
matios une petite routie de pain et la tranper en du vin
viron {sic] une draxme (3), et mecti-e sur la routie de ladite
poudre, et manger ladite routie et boire ledit vin ; et est
bonne contre toute poison et vérin (3). — Pulvis ista im-
perialis dicitur.
Recipe scabioBe (4), radicis tunice (5), ana (6) i (7) I,
(1) Un mot illisibl'?.
(2) Drachme. Ce mot est encore eti usage daiis la langue phar-
maceutique. La drachme équivaut au gros et représente environ
4 grammes.
(3) Venin. Cette forme, vérin, était autrefois très usitée. Une
des sept « Merveilles du Dauphinë » est encore désignée par le
peuple sous le nom de « Tour sans vérin. •
(4) Nom de plante encore usité.
(5) Un des vieux noms de l'/sillet.
(6) Signifie : de chacun; peut-être abréviation pour ambarum.
(7) Une BOrt« de i grec : signe de l'once.
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Radicis dlptamy (I) , radicis tormentîlle (2) aoa t eem. (3).
BoIi*< (4) i i, aeminum (5) actetose [6), semioum citry ,
aiia. 3 (7) ij.
Rasure eleboris (8), margaritarum (pour margaritarum
se prcn la semence des perles) (9), j; cinamomy (10) çlecti
3 sem.; Garioff. (11) 3 sem.;Zucci;hari?] albi [12)quod suffl-
ciat." Fiat pulvia. Massioth,
Oporlet cavere a feniiQa(ï)(i3), a frigore, a fervore, a
fructu, a fetore, a sumo (?1 malo.
(1) Pour dictami.
(2) Nom de plante encore usité,
(3) Demi-once.
(t) Douteux. Les personnes que nous avons consultées sur la
sens de ce mot, notamment M. Astaix, ancien directeur de l'École
de médecine de Limoges, pensent qu'il ne faut lire ici ni Bolici ni
BoUli. Toutefois le Bol d'Armante entrait dans la composition de
plusieurs recettes contre la peste.
(5) Graine.
(6) Pour acetote, oseille.
(7) Sorte de 3, signe du gros ou de la drachme.
(8) Eboria probablement. U. Astaii nous a montré dans d'anciens
livres de médecine plusieurs formules de préservatifs contre la
peste et le venin, où figurent des râclurea d'ivoire.
(n) Les mots entre parenthèses sont en note. On donnait le nom
de Mtnence de perle» i. des perles très petites.
(10) Ciuinetle de CeylEui.
(11) Gariophylli, clous de girofle.
(U) Zucckari ou sacc/iari (ail. Zûckcr), sucre. Le sucre nous
venait d'Orient et des iles de l'Archipel grec. Au temps des Croi-
sades, la France et l'Italie le tiraient surtout de l'ijgypte et da
Tripoli.
(13) Notre lecture peut ne pas être bonne. Toutefois on rencontre
souvent, dans nos vieux livres de médecine, des recommandations
dans le mâme sens. On sait quelles bizarres propriétés de vieilles
superstitions avaient attachées à.certwns éMe de^la femaie.
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19. — NaUi diverses relatlvet attx ivènemenU malheureux :
guerres, famines, épidémies, à leur retour et à leur tueeet-
tion (la dernière partie du pauage au moins est postérieure
àiklS).
Sia memoria pro successoribus Dostris guod, pûst mag-
nas guerras, Teaiunt inâulgeDtie ; post indulgentias renit
famés; post famés venit quandam [tic) generalem pesti-
lentem (?) contagîonem, que quasi impidimie {sic) calide
Tocatur febre pestilencia (?).
Item, BOtetur quod in aonuatis quinquagesimîs com-
muniter est famina in isto regno.
Ay ouvit disre a Johan de Lan, demoran a Dieuluy-
don(1), en l'aage de IIII" et v ans, que son payr dizia,
que era de roesma aige, que l'an mil treys cens XXXI, fu
una grant famina et una grant guerra ampres, et devizon
entre louB senhors; car ne y avîe point de cliap, causa (?)
mortis (2).
Item l'an mil CGC' IIII" et dous, ou enviro, fu grant
mortalitat, et se sauTeren loua senhora en se remudan de
chastel en chastel et de plasse en plasse, et l'an avant fu
grant famina et deysaendit (3), et dizen Ions, ansBias|4)
que deysSendet ung prince d'Anglaterra ^] en Gaaconhe
(1) C'est par erreur qae nous avons dh plus haut qu'il s'agissait
de DieDlidoat d'Oradoar-sur-GlBiie, canton de Saint-Junlen, arron-
dissemeot de Bochechouart (Hle-Vieane). Dieulidont était u:) prieuré
de l'oidre de L'Artige, aituâ dans la paroisse de Benon, en llle
deRA.
(3) Cette famine n'est pas signalée ailleurs. S'agit-il ici des troa»
blea qui désolèrent le paya un peu plus lard, dans les premibrea
années de U g«erre arec l'Angleterre?
(3) G« root est rdftété plus loin et mis ici par inadvertance.
(4) Les anciens, les vieillards.
\S) S'agit-il ici de la descente Faite par le duc de Lancastre sur
les cAtes de GttyMne en 1388, et que les garnisons de routiers à
la BoMe de l'Angleterre appuyèrent en opérjnt une diversion en
Barri î
dbyGoeigle
et lousdita senhors furen maDdat a y anar, et y furen
tuatz(i).
It. l'aa mil IIII* XXXI ont avia x sestiera (?) de blal
per ung escu[2).
L'an mil IIII" XXXIJ par ung escu n'avian setiera que
II setiers.
L'an XXXIIJ lo seatiers valia l'de rey (3); l'anXXXIIIJ,
de zzx s. renguet a quatre (4), sens medre et sens batre (5).
Despuys l'an LXV, en acquest reaulme ou circumvicinU
agut grant guerras jusques au LXXVUI a XIX.
Despuey l'an LXXII, en acquest reaulme, agul grans
pardons et perpétuons et îndulgencias de tant d'eyglieyzas
que ne ceys memorious (6).
Item ung (7).
20. — Relevé des rentes de Jean Massiot à ta date
du 15 février iklk {nouveau style ikl5).
Eysso eys l'estapt de las rendas que yeu, Johan Mas-
sioth, ay acquisas, en acquey papier escripchas le xV de
feurier l'an mil CCCC LX et XIIII.
Et primo le leuc de Chouvour (8) d'ostro en la terre de
Chastelneuf (9) et justice, loqual fu de Pranseis et de Peir
(1) Nous n'avons pu trouver de détails sur ce f&it.
(2) Soit ua peu plus d'un frane (six francs d'aujourd'hui) le setier.
(3) 13 fr. 17, soit 79 francs d'aujourd'hui,
(1) Un fr. M (9 fr. 85 d'aujourd'hui).
(5) < Sims battre et sans moudre, s c'est-à-dire le ^rain vendu en
(6) ^ue je n'en ai pas garda mémoire.
(7) Le rédacteur de ces notes s'est arrêté là. Une partie au moins
de ce passage est de la main d'Antoine Massiot, prieurdeDieulidont.
(H) Ghauvour, commune de Smnt-Denis des Murs, canton de
Saint-Ijéonard,
(9) Cliftteau neuf- la-Forêt, chef-lieu de canton de l'arrondissement
de Limoges. Le banvi de GhAteauneuf étut un des seigneurs les
plus puissants du pays.
DigmzcdbyGoOgle
— 263 —
deu Molis, sur loquau yeu ay vi sestiers segle, ij scatiers
froment, ii sestiers aveno et doas galinas, Tj sols de pré-
sent et au quatre cas (1) x s (60 R.)
Item sur toz loz beys maistre Anlhoni Faure, Jehan
Faure, Loys Faure : m sestiers segle et m sestiers froment,
perli doaire de leur 80ur [-2)... _....- (30 R.)
Item, sur la vinhe de Johauet Belarbre, io quai fa de
Forestier, assiaa ou bari de Fonpino (3) : m eminns fromen,
en la seigooria.
Item, sobre Io maigo au faure de Chastendeu (4), assiso
eu la ruo de Malpartut (5], et super omuia bona sua :
I sestier froment rendent.
Item, sobre la maigo Legier Teysier, pousada a Bao-
chereu (6), et sobre toz sos beys : n sestiers fromen rcndeus.
Item, sur la meygo au faure de L'Artîge (7), pousado
(1) On sait que la taille aux quatre cas était due au seigneur
dans quatre éventualités déterminées : le mariage de sa lllle, la
chevalerie de son fila, le paiement de sa rançon et son départ pour
la Croisade.
(2) Il s'agit ici du douaire constitué & Uarguerite Faure, femme
de Jean Hassiot, qui écrit ces lignes.
(3) Faubourg de Font Pinou. La rua de Fontpino est nommée
dans des pièces de 1387 et 1288.
(4) Chatandeau, ou chez Tandeau, commune f^e Saint-Denia les
Mura, canton de Saint- Léonard. Il y a aussi Chatandeau, com-
mune de Boisaeuil, canton de Pierrebuffière (Haute- Vienne).
(5) Cette rue n'existe plus à Saint-Léonard, et on n'en conserve
aucun souveoir. C'est là que se trouvait autrefois la prison de la
commune « in prisione de Mato pertuaio que est consulum. ■
(G) Bancheraud. Un faubourg de Saint-Léonard porte encore ce
nom. On trouve, au xiii* siècle, Boucherieu : m uico vocalo au
Boucheriau.
(7) L'Â.rtige, localité sise dans la commune de Sai ut-Léonard, et
où, vers l'année 1106, deux pieux solitaires, Marc et Sébastien,
originaires de Veniao, fondèrent un prieuré qui devint le chef d'un
petit ordre. Le monastère, d'abord établi à L'Artige- Vieille, fut en-
suite transféré A L'Artige- Grande, au confluent de la Mande avec
la Vienne. Les Protestants le pillèrent en 1587. Il en reste encore
des bfttiments d'une certaine importance, qu'on aperçoit du chemin
DigmzcdbyGoOgle
— 2M —
en la rue de Champiiiainht(l}, que fay qaeyrio, et super
pmaia bona sua : 1 aestier froment rendeuB.
Item, sur la meygo Esteve de la Vinhe, per l'obsent (?)
maistre Peyr Vinhe, son filh, situado en la rue de
Bouzo (2) : ] cmlua de fromen,
Item, sur la meygo au faure de Savenas (3), situado ou
Marchât ou porcs (4), que lut de Savy : 1 sestier froment
rendeut.
Item, sur la meygo Seinpourso Fornler, situado eu
Merchat a las vachas (5), et sobie toz sos beys : i sestier
fromeo leadeut.
Ilem sur la meygo Peir deu Pis, pousado en la rue deu
Pis (6), et sobce toz sos tbeys : i sestier frameu rendeut.
Item, sobre las Rongieras (7) autas et baesas, que le
Çeraud de la Rongieras : vi sestiers segle 8e3ierB(6J.
Ilem, lo loue deu Cheiro (9), que te Johan de laGardo (10),
situât en 4a pai^e de Saint Dennips de Mur (II] : mises-
tiers segle, xz sols et ii galinas.
de Ter, en allant de Saint-Léonard à Symoutiers. Etienne Massiot
etMt prieur de L'Avtige en 1380 et 140t ; autre Etienne en 1468.
(t) Un faubourg de Saint -Lécmard porte ce nom, ainsi que le
cimetière actuel. lies anciens titres mentionnait aourent la porte
de Champmalnh — de campo magno.
(9) I^ rue do Bouzou existe toujours : elle est cojume en 1288 : in
ftco de Bouzo. (archives départementales de la Haute-Vienne,
Ëvfiché, 1. Î440.)
(3) Savenas, commune de S aint'Martin- Château, canton de Bour-
ganeuf (Creuse).
(4) Le Marché aux porcs,' aujourd'hui place du Marché.
(5) Le Marché aux vaches : place Noblat.
(6] Rue du Pis : aujourd'hui rue de la Poste.
(7) Les Hongières, commune et canton de Saint-Léonard.
(S) Censiers, de cens. Los autres redevances sont des rentes, non
des eensives.
{Vj Le Cheiroux de Seiignac, conunune de Sainte-Anne Sûnt-
Priestî
(10) La Garde, de Saint-Denis des Hurs, ou la Basse-Garde, d'Ey-
bouleul.
(11) Saint-Denis des Hurs, commune du canton de Saint-LAtmard.
Il jf existe un tott beao > c&mp de César. >
DigmzcdbyGoOgle
— ,2«5 —
lum loloucde Ma«leu(l], que le U> coslurier, loçoal fu
deu prodome : irt sestiers fromeD reodeut, y sols, doas
galiDas, II chapons.
Item sur lo leuc Liennard deu Masbarelh(2), situât en
la parofle d'fyboleu (3) : iiii sestiers segle, t seetier froraea.
Item sur toz loz beys Giraud Valiero : iiit sestiers emiiia
fromen, et xxviij sols i denier.
Item, lo leuc deu grant Vilhat[4), asituat en la parofle
de ceste ville : xx sestiers de tout blat, un 1. eo argent,
THJ galinas, affar et ve9lir[5), et vi poletr ou u d. (fi)
eux iiii*" jornaux habras {?) et m habra (?|.
Item, lo leuc de Reynario [7) : ztii sestiers de blat et
Ix sols en argent, situât a Las Bongieyras — t gelinas,
II de présent.
Item, lo leuc de Vaux (S), paroSe de Saint Dennips de
Uur : XII sestiers de tout blat, v soU, 'Viji galinas.
Item, sobre lo vergiei- Liennaud Pauli, situât au bari de
FoD ;Pino et sobre tôt sos beys .: 1 eminiL fromen rendent.
Item, sobre la vioha de Coly Hatheuet, situado a Laffon-
taneto : xii deniers en la aeignoria.
Item, sobre lo prat Peir Jornet, situât oupies deux pratz
de la Baya (9) : m eminas fromen rendent.
Item, sc^Ee la meygo de Jt^an Peytier «t âe sa mair,
situado en ruo de Bouzo : xx sols.
Item, sobre la meîgo Johan Molar,. situado (10): 1 ses-
tier fromen rendeut.
(t) Nous ignorons de quel Heu il s'agit : ce ne peut être du bourg
de Masiéon, anciene battide ou a ville franche ■ créée par Phi-
lippe IV.
(2) Le Masbaret : un lieu dit de la commune de Saint-Léonard,
et un hameau d'Bjbouleuf. portmit ca nom.
(3) Ëybouleuf, coiamuQe du caoto* de ^awt-Lécnard.
(4) Le Graud-Billac, près Saint- Léonard.
(5) C'eat-ï-diro la propriété foncière et le droit d'investiture.
(G) Douzaines.
(7) Nous avons dit que nous ne pouvions identifier ce nom.'
(^ Vaux, eomnaoe de Bujaleuf, canton d'Eymontiers.
(EQ ReutcUre de l'Abbaj/a t de l'^bbaire.
(10) Un biaoc.
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Item, sobre tos los beya Peir de Noiirat(l), gendre de
Mori : 1 emina fromeo rendeut.
Item, sur lo leuc de Columbeys, près Vostazac (2) : ung
meut de vy.
Item, sur la plancte Pacquet de Valy, situado ou peuc
la Saue (3) : 1 quarte fromen rendeut.
Item, sur la meygo deudit Paquet de Valy : 1 emina
fromen.
Item, lo I)oytOB(4) Marsat et Micho, por causo de lour
escuras et Tergiers darey lasd. escuras : 1 sestîer fromen.
Item, Guilhem Broau : 1 quarte fromen.
Item, sur lo loue Johan Deu Masbarelh : vu sestîers
segle TU sols ti deniers, — plus ti sestiers segle.
Item sur lo leuc Andrieu deu Masbarelh : lu sestîers
fromen, un sestiers segle, et xx sols eu argent.
Item sur la gareno Peir Jomet, que te lo home deu
Temple (5) : 1 sestier fromen rendeut.
Item sur Andrieu Margolb : iiii 1. ix s. en argent et ii ses-
tiers fromen, plus xxvi s. iz d.
Jehan Veyrier : ixxu s. et m sestiers fromen.
Item, sur toz loz beys Peir Jalin ; 1 emina fromen
rendeut.
Item, sur lo Gontau et super omnia bona : 1 sestier
fromen.
Item, sur Paquet d'Andalay [6) : ii sestiers fromen
rendeu.
Item, sur Dimasiardier (7) : u sestiers fromen.
(1) Noua ne connaissons de localité de ce nom que dans la com-
mune de Saint-Su Ipice-le-Dunois (Creuse).
(3) Voutezac, canton de Juillac, arrondissement de Brive (Corrèze)t
(3} Le Puy-Lassant, hameau de la commune de Saint-Lâonard.
(4) Le bolteuiî
li) Hameau de la commune de Saint-Léonard.
(6) Dandalaia, commune de Saint-Léonard.
(7] DimatUrdier, mot qui dérive de l'ancien nom du mardi gras
^ LardArium, — se trouve quelquefois employé dans un sens inju-
rieux aux XTi* et ZTii* siècles.
lyGoogle
— 267 —
Item, sur la vinhe Micheu Paasareu : i emina fromen
rendeut.
Item, sur la vinhe Jehaone Larmurier : 1 emina fromen.
Item, sur lo leuc Guilhem de Las Saignas (1] : m ses-
tiers segle.
Item, sur lo prat G. Valieiro deu Lavadour (2) : xxviii s.
et I d. en la sennoria; m sestiers emina fromen.
Item, sur lo leuc Colho de Masleu [3) : n sestiers fromen.
Item, sur lo.prat L. Doyneys de la Costa [4) : zzt sols.
Item, ay achaptat de G. Valieyro 1 quarto fromen ren-
deut sur une terre situado au terretorî de la Croix au
compte, que tenet acquilh de la Pailissa{5}.
Item, sobre Theveni de las Montanieyras (6) : m eminas
fromen.
Item, plus sur ledit Thereni : ii sestieis segle.
Item, ay achaptat lo leuc de Praceuz (7), en que ha de
reilSo XII sestiers de tout blat et ls sols, vi galinas.
Item, ay achaptat lo repaire deu Mas (8), en que ha
X sestiers de blat, lx sols, et lo prat, t galinas, et ay
achaptat lo leuc deu Rouveir (9) en que ha iiit sestiers
de blat et xzz sols, m galinas.
(1) Les Ssgnes, village de la commune de Saint- Denis des Murs,
canton de Saint-Lâooard. Ce nom de Sagne, qui indique ud terrain
msrâcdgeux, une joncière, est commun dans nos pays.
(2) Nous n'avons pu identifier ce nom de lien.
(3) Nous ne connaissons d'autre lieu de ce nom que Hssiéon,
commune du canton de Gh&teauneuf, arrondissement de Limoges,
ancienne bastide ou ville franche, érigée en tîS7 par le roi de
(4} Il existe un hameau de La CAte dans la commune mâmc de
Saint-Léonard.
(5) La Palisse, lieu dit de la commune de Saint-Léonard.
(6) Montagnières, près Saint-Léonard.
(T) Prasaeau, commune de Saint'Denis des Murs, canton de Saint-
Léonard.
(S) S'il ne s'agit pas ici du Haa Rouveii, la mention peut se rap-
porter au Mas de Saint-Denis des Hura ou au Haa de Bujaleuf.
(9) Il n'est pas question ici du Rouveii, village de la commune de
Saint-Just, entre Limoges et Saint-Léonard, mais du Has Rouveiz,
commune de Champnétery, dont il est souvent parlé dans le ma-
nuscrit des Hasaiot.
ly Google
Item, ay achaplat La Garde de St Dennix (1), en que ha
XXX sols, IX sestiers de blat, ii galinas, vinade (2).
Item, lo leuc de VeyvialJe (3), que deu c sols, un ses-
tiers emina de tout blat, et vinade.
Item, sur uno terre que tenet aguïlh de la Palisse :
1 quarto segle.
Item, lo leuc de las Bordas (4}, que deu xiii sestiers
emina de blat, xxt sols, m galinas, m pousis (5).
Item, ay achaptat lo repaire de Toubregas (6), que deu
XXXII sestiers de blat et cxn sols, et nu gatiaas.
Item sobre Jobaii de Saint- Yrieys (7) : xxvii sols vi d.
de renda.
21. — Règles à suivre pow la rédaction des contrats
d'obl^ation.
S'en sec la ordonence de passar lettras et notulas tans
de bestial (8) que de debte ; et primo de debte :
Premieyrament lous (9) far obUguar que, si sons soubi
potestaz de payr, que y renuncient; ampres que promec-
tent a pagar dins terme ordenat; ampres que se obliguant
(1) Peut-être la Haute ou la Basse Garde d'E^bouleuf, canton de
Saint- Léonard.
(2) La vinade : redevance payée d'ordinaire «n nature et due au
seigneur «ur le vin réooHé dans ea terre et sur celui qui la
traverse.
(3) Veyviaï*«. commune d'Erbonlenf, canton de Saint- Léonard.
(4) II existe plusieurs localités de ce nom dans les communes de
Saint-Léonard et de Saint-Uartin Terressus.
(5) Poulets.
(6) Taubregeas, commune de La GeneyttRiM, canton de Baint-
Lëonard.
(7] Il y a un assez grand nombre de, localités de ce nom dans les
départements de la Creuse et de la Haute-Vienne ; tnaîs nous n'en
connaissons aucune à proûmité de Saint -Léonard.
(8) On Mnarquera que le rédacteur de la note ci-aprâs ne s'est
pas do tout oecnpé àm contrats de ahept«l.
(9) Les débiteurs.
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— ?69 —
en la melhor lonna; ampres que renuncient l'excepcion
de dréch que dit que aegun no deu estre jutge ea sa
cause et lours far reiiunciar a tout fraut [1), tout barat (1),
lettras dictas quiuquanellas, respiz, aplegamentis, auapen-
cions de meys et dispensacioûs de segrament ; car par la
renumpciacion l'on loue fara anullar quinquanellas, et
respit, et mercy, et segrameut; item ordenar jor et tenue
de payar; item lous far compellir per la Guarde deux ceaux
et de Monssenhor l'ofQcial et per delempcioQS de corps et
retempciona de lors personnas; et ausi per lous previlegis
de petit ceaux de MoQt[pellier?} et per lous previlegis de
las feyrag de Champaiuha (2), quar par Lo seaux de Mont-
[pellierT] seu pot far unas clamors; item si sont mays que
d'ung, lours far renunciar a la plstolla (3} deu dyvydio que
dit que quant sons obliguatz dos ou treys, que cbaascun
n'eys tengut que de payar sa part et pourcion ; et si vous
TOlIes, y far mètre condempuetur (?) infra diem juramento
mediante, et de se lous y far condempnar
(1) DdI, tromperie. Ce vieux mot s'est conservé dans celui de
baraterie, eneore en usage dans la langue du commerce et du droit
maritime.
' (2) Noua avons trouvé la preuve qu'au iiii* siècle, les marchands
de S ai ut- Léonard fréquentent les foires de Champagne, où, dès le
zii*, ceux de Limoges ont leur • maison > spéciale ou entrepât. On
voit, vers 1260, des poursuites exercées contre un marchand de
Noblat pour une dette contractée aux foires de Champagne : —
Audierua fJormanni, armiger, arrealacil Guiflermum Afaument
de dicta villa, ob defectum eolulionis denuriorum guos de6ebaf in
ntindinia Campanie, etc. — Les relations dn Limousin avec Mont-
pellier sont fort anciennes; nos AnnaUg font remonter au x* siècle
l'établissement fondé dans la capitale de la province par les Véni-
^ena du grand comptoir de Montpellier.
(3) Pour eptsfofa. Il s'agit vraisemblablement de la lettre de
l'empereur Adrien sur la non -solidarité des codébiteurs — epistola
dioi Iladriani, — qu'on trouve souvent mentionnée au xv* siècle
dans les contrats d'obligation.
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— 270 —
22. — Rieeption d'Antoine Ruben dans la Conft-irie de tfolre-
Dame-de-sous-les-Àrbres, et don par le nouveau confrère à
fassoeiation d'un setier de p-oment de renu perpétuelle
(Juin...).
Item die veneris ante festum nativitatis Beati Johannis
Babtîste, personaliter constituti Domini Johaunes de Fe-
niers, Marciàlis Chabret, Petrus Genelli, Leonardus Cous-
tet, Leonardus Florandi, Johannes Flori, Leonardus Far-
gaudi, Leonardus Bordas, Leonardus Bordas, Leonardus
Valieyra, Leonardus Mathenet, Guillermus de la Cham-
bra, Stephanus Pont, Petrus lo Veyrier, Guillermus Her-
vet, confratresconfratrie béate Marie d£ sublus Arbores (I),
recepenint in fratrem et corifratrem dominum Anthonium
Rubeptis, presentem, ad pacis osculum, ut est boni moris;
et dictus dominus Anthonius assituavit super omnibus
bonis suis unum sextarium frumenti perpetuo reddendum
ad mensuram de Nobiliaco, vendentem et ementem, et
cavlt per Gatherinam, ejus matrem, et Johannem Mas-
siotb, ibidem présentes, et ad hec se et bona sua in
forma juris obligaverunt, quos ipse dominus Anthonius
promisit servare indempnes. Kt potest assituare in bono
et competenti loco, aut solvere -decem' regalia auri (2) pro
dicto seztario frumenti. Et concessit litteras, presentibns
Leonardo Hervet et Andoyno Lo Bloy, testibus ad bec
(1) Une enquête du ziii* siècle, fuie au cours du procès entré
l'âvôque de Limoges et les habitants de Saint-Léonard, contient
des indications eitrSraement curieuses et précieuses sur les insti-
tutions municipales de cette ville. Plusieurs témoins montrent les
consuls de Noblat rendant la justice criminelle sous un ormeau,
devant le portail de l'église de Notre-Dame. La Confrérie do Notre-
Dame- de -sous -les -Arbres, dont il est parlé ici, n'aurait-elle pas eu,
tout au moins à l'origine, quelque lien avec la commune elle-
même, de mSme qu'à Limoges, dans la ville du Château, la Con-
frérie de Saint-Martial semble avoir été, dans le principe, l'expres-
sion religieuse de la commune et peut-être sa forme ru dim entai re ?
(2) Dix royaui d'or valaient, vers 1475, 112 fr. 80, soit 6TI francs
d'aujourd'hui.
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Tocatis. Sic sîgDatum îd margîne : Hu^onacdi r. — Extrac-
tum a regestris qaondani magistrî Nicholay Hugonaudi.
— Anthonivs Hugonaudi.
23. — Louis Massiot place chez Jean Audier, marchand
de Limoges (4 a»ril J475).
Item le iiii* de abrîeu mil cccc lx et xv, avio moD pair
l(%el(l} Loys chas Jehan Audier, marchan de Limoges,
en la forme et manieire que s'ensec : que lod. Loy deu
servir lod. Jehan Audier eu toutas chaussas licitas et ho-
uestas, lo terme de treys ans ou d'ung ou de dous, tout
eneysi quant pleira a mon pair, et deu premier an deu
bailhur xW et de draps xxv (2) ; et si ley demore treys
ans, deu bailhar mon pair xx' et lo deu teneîr ahilhat et
chausat. Fait l'an et jour que dessus. J. Massioth.
24. — Comptes de cheptel avec Martial de Chauvour
(J475 o 1480).
Lo jour de S' Jehan et de Sent PaH3), l'an mil CCCC
LXXV, feiit compte en Uarsal de Chouvour(4), faure,
deu gros bestial, tout comptât et rebatut, jucques au
jour duoys : que en demorat que lo bestial gnw eys en
X3CVIII reaulx de lxiiii per marc (5), que sont 28 reauU de
chaptal. Item ley ay ostra lo dessus las hovelhas et tous
(1) Loué, mis en apprentissage.
(2) 11 est probable que les 25 sols en drap représentaient Vétrenne
que nous voyons un peu plus tard stipulée, dans les contrats d'ap-
prentissage, au profit de la femme du patron.
(3) Le !G juin.
(i) Chauvour, (Mmmune de Saint-Denis les Murs.
(5) U'est-à-dire de trois deniers l'un. Ces royaux valaient environ
U fr. 28, soit 67 francs d'aujourd'hui : en tout 1876 francs.
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— 272 —
bomate (1) que sont les hoveilles teste per leste, que sont
XXXVI chap, a m' de départ per chascuo a lor part.
L'an LXXVI, an vendut a. Chouvour quatre mostous deu
chaptau xxx', fach de creys : chascun agul sa part (2).
Item an plus vendut, lodit an, quatre mostos deux
meus, ixx*. — Sohit a me.
It. lodit an, dous mostous, l'ung deux meux et l'austre
deu chaptau, fach de creys : chascun agut sa part.
It. ladite acnade ays receubut xxn' m' per deus mos-
tos que aviem vendut, fach de creys; chascun agut sa
part.
It. l'an LXXVII, an vendut ung beou a Peyraud que
s'oy vendut nii' x', dont yeu ay agut loua un'' (3) [sic) et
X' en deducion de chaptau (4).
It. lodit an, an vendut treys mostous xxv», fach de
creys; chascun agut sa part.
It. a vendut lo Faure une vache lodit an a Vignhe et
Joysso, iLvn' i*, et yen ays preys tout l'argent, en deduc-
cion de chaptau.
It. l'an Lixviii a vendut Chouvour m mostos xxvi' vi',
fach de creys : chascun agut sa part.
It. l'an Lxxix, an vendut un mostos xxxvi* dont iU an
preys l'argent.
It. lodit an, an vendut ung beou anolier(5), fach de
creys, dont m'a leysaat xx* n' por so que deu de sa part,
et XX' que a plus leyssat a Jehan por los pourceaulx de
so que deven.
(1) Les brebis el les ruches. Nous avons fait remarquer, dans
notre introduction, que ni les unes ni les autres n'entraient dans
l'évaluation du cheptel, bien qu'elles en fissent partie. Les brebis
étaient comptées par tête.
(2) On voit que, souvent, le partage du prix de l'animal vendu
pour le compte commun se faisait sur-le-champ.
(3) Ce n'est pas le seul passage du muiuscrit où nous ayons
trouva le franc donné pour équivalent de la livre.
(4) 11 résulte de là que peu & peu le métayer acquérait la pro-
priété de sa part de la souche de cheptel.
(5) Agé d'un an.
lyGoogle
— 273 —
It, a vendut ung mosto, l'an lxxik, tim'. SolvU a me.
II. a vendut ung beou xlvi* lodit an^ dont loim ay»
receubut xx* contan, et xx' que bailhet a Johaii per ioa
pors (■/) et VI' que deuren (?) baillar.
Lo xvii* de may, l'an IIII", fezis conte en Vissent de
Chouvour, que lo bestiau que est;iy en la somme de xxu
reaux d'aur de lxiiii per marc et xxvii" vi*, cum îiperl per
las letras, et las hovelhas estant en lesle per teslc xxxvi
chap, a m* de depert per chascun allours part rebatut,
tout lo bestiau que aven preys jucques au jour duoy,
reserval que lodit Vissent nos deu sx" que a may preys
deudit bestiau que nos a nostre pari; que los dcu franc
que lo premier bestiau que se Tace de creya de sa pari,
se deven pagar.
Item, los bornatz que an compte 1' de cbaptau.
Final et comptai.
35. — Acquit de legs faits aux Aumônes du Consulat par
Gératd Massiot et Jeanne Clautre, sa veuoe [t'ilô).
Memorie sero quod y U, argent une veys paiade que
mon senhuer Giraud Massioth, acqui Dieu pardon, aVio
donat a las Oumosnas de Consolât (1) en sont teslamcnt,
que yeu, Johan Massioth, las ay paiadas en ung sestier
de fromen que lour -balheys achaptat sur tous Ions bcys
de Micheu Passareu, et sero memorie de en aveir quix-
tance de Consulat; et coustet vni reaulx (2).
{I] Nous avons dit, dans la notice qui précède ces extraits, qu'on
constate à Saint- Léonard l'existence de ces aumdues municipales
dès le xin' siècle. On voit, par ce passage, que les consuls de
Saint-Léonard ne s'étaient pas dëchai'gés de l'administration do
l'avoir de ces auni6nes sur des bayles ou des commis.
(î) Huit royaulx représenloiit, en 1175, '.Kl fr. 2i, soil ôtl franes,
Lo blé était cher à cette époqup, commo on le constate par Ic's *
forléaux du temps et comme ce passage seul suffirait à l'indiquer;
car le prix d'acquisition des rentes perpétuelles représente en
général, du xui> au xv* siècles, le capital à 5 0/0 ou 5 1/2 de la
T. vu. S_e
lyGoogle
— 274 —
Item la dompna maman Jehane Clautre (I) donnet a
las Ousmonas en Cosulat v lieuras une veys paiadas et
leur ay balhat garent pop l sestier segle de rente et a
passet lectras maistre Audoin Uugonaud, qui me deu
balher quixtance. Fait l'an mil cccc lx et it.
26. — Mention de la mort du duc de Bourgogne, Ckarles-le'
Téméraire, sotis tes murs de Kaney.
Le dimanche, vigile de l'Epiphanie mil cccc lx et xti [2],
que. le duc de Bourgonhne fut tue et desconfi devant
Nansi, ou ilh tenoit le siège en Lauroyne, par le duc de
Louroyne et les Alamans et autres avecque ledit duch de
Louroyne. J. Massioth. *
27. — Jean Massiol recommande à ses descendants cf acquérir
une vigne à Champmain auprès du Treuil de i'Bépitai, de
l'Arbuseau ou des Bongiires [i2 mai 1477).
Memorie sero suecesoribus nostris, si ad ptnguiorem for^
luitam pervenerini, de aveir une vinhe ou be ou fect de
Champmanht (3} ou deu truelh de l'Opictal ou de l'Àr-
buseu (4) ou de las Rongieyras, cumhe que en lasdichas
Rongieras a paubi-e terre, per so que nostre vinhne eys
ti-op l)asse et de la première galado (5) eys pardudo, et
redevance annuelle. Le prii du setier de froment aurait donc été
de 27 francs environ d'aujourd'hui : c'est-à-dire le double de la
moyenne du prix actuel.
(I) On a vu plus haut que Jeanne Clautre ôtait femme de Gérald
Massiot.
(î) 5 janvier U77 nouveau style. La date est exactement indi-
quée ici.
* (.1] Nous avons déjà parlé de es territoire, ou le cimetière se
trouve placé aujourd'hui,'
(I) Ce nom est encore donné à un territoire de la banlieue.
(5) Gelée.
ibyGoogle
— 275 —
heux autres leuc d'eyta villa galado hy fait mal, excput
aquilhs : vidi per experienciatn, que est rerum maghtra,
pluribus annis. Anao Domini millesimo CCGC" LXXVII',
die xit' mensis maii. — J. Massioth.
28. — Prêt à Jacques du Muraud, qui déclare céder et oendre
au prêteur Jean Massiot, en cas de noti'paiement au ternie
fui, le lieu de la Garde et le lieu de Veyoialle avec têtus
dépendances (12 septembre ikll).
Lo XII' jour de septembre, l'an mil IIII' LXXVII, que
prestet mon payr a Jacques deu Muraud (I) vu" escus
d'aur, losquaulx dcu pagar dins la Paiitecoste prochain
venant, et sy dins lod. terme non pagare losd. vu" escus
d'aur de Rey, deysa luy vendet lo luec de la Guardo,
parroffle de S. Denis deu Murs, et lo luec de Veyviallo,
paroffie d'Eyboleu, que te Poullet en loui-s aperte-
neneas et n'a passât las lettias maistre Johan Bonlas, pre-
sens Pauly Beyllot et lo Liennard lo besson (2) Foriiier.
29. — Contrai portant reconnaissaïKe et obligation d'une
somme de i' 5' à titre d'indemnité, pour la perte d'un
cluval et d'un poulain donnés à cheptel {25 mai tk78].
Die xx\* mensis maii, anno Domini millesimo CCCG"*
LXXVriI", presentibus Mareiale Doyneys, mercatorc de
Nobiliaco et Leonardo de Manso ou Rouveyr (3) parrofie
de Campominsterii, testilius, etc. Leonardus Chouvau,
commorans in loco de Peloneys (4) dicte parroQo de Cam-
(1) Le Maraud ou le Hureau, commune de Saint-Denis des Hurs,
cantOD de Saint-Léonard. Les Massiot étuent, au xvii* siËote, sei-
gneurs du Muraud.
(3) Le frère jumeau.
(3) Le Mas Rouveix, commune de Ghampnéterr, canton de Saint-
Léonard.
(4] Peloneix, même commune de Cbampnétery.
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— s;76 —
pomin^terîi, non coactus, etc., omnibus, etc., vi, etc. sed
gialis, etc., pro se et suis, recognovit se bene et légitime
debere et teoeri solvere prudenti viro Johanni Massîoth,
bui^ensi et mei-catori de Nobiliaco, ibidem presenti, etc.
sumniiim quatuor librarum et quinque solidorum (1), mo-
nete régie nunc currentls, causa depperdementi certi capï-
talis(3) : unius jumenti cum une polino; quam summam
promisit dictus Leonardus solvere et reddere eidem credi- ,
tori ad ipsiue voluiitatem, etc. et emendare dampna, etc.
Renunciavît, juravit, obligavit,' et concessit lilteras regias
et Pariagii in meliori forma. Tillouribu.
3U. — Notes rclalives à un compte de cheptel avec un
cultivateur du Mas-Rouveix (i476, i477 et 1478).
En may, an LXXVII, li (3) balhiey xx s. sobre ix chap
de berbialhie, que ereii prezaa pei" la talha de Denis deux
Chansfi).
lleiii le ay en guardo ung toureu que fu d'Eypauha (5),
aiino 76 (tt), que n'eys point au chaptal.
(1) i livres 5 sois représentent environ 26 fr. 50 et équivaudraient
aujourd'hui à 159 francs.
(2) Il serait intéressant de savoir s'il s'agit ici d'un cheptel donné
k un métayer, ou d'un de ces clieptels dont nous avons parlé dans
l'introduction, et qui étaient le gage d'un prêt; le créancier les
laissait entre les mains du propriétaire, qui était devenu son débi-
teur; mais il partageait avec celui-ci les bénéfices du croît.
(3) Li, à lui. Il s'^it du métayer.
(i) Il est fait probablement allusion ici à une saisie pour non-
paiement de la taille.
(-i) 8'agit-il vraiment d'un taureau espaf^noi. ou lo mot à'Eypanhn
désigiie-t-i! Epaigne. village de la commune de Sauviat, canton de
S.iint- Léonard, où l'ordre do Grandmont eut jadis une celle T
(C) Nous avons pu constater, dans notre manuscrit, l'emploi des
chiffres arabes bien antérieurement & la date à laquelle nous
sommes arrivés.
ly Google
— 277 —
Per aquellas deu Teyeîer de Queznt ay codui x s., et
son XXX s. que Lasdichas hovelhas an de chaptal. ostra
lo chaptal de sus.
Fach conte am lod. deu Mas au Roveyr(l), lo xxvu*
jour de gevier an LXXVII, contât de tout lo Ireslial
que avian fach de creys, et deu creys deu mostos, et de
tout quant que me dévia que en vengiit en compte que
m'a degut lod, Liennard la somma de xvii s. mi d. et
lo8 chaptal eytay en son antier, cum apar per las notas (2),
e los sxs 88. per la berbialha.
31. — Arrêté de compte entre deux particuliers, noté
par Jean Massiot (13 août 1479).
Lo xiu' jour d'aoust l'an mil IIII* LXXIX. que Jacme
Darpeys, demorant en BassoUeys (3) et Mossicur Aiithoine
.de Malibast (4), p'" de St Pau, vengueren en final conte
de sertaine somme d'argent que Johan Bancaud de Mari-
bal dévie a Girault de Lestrado (5), p*" de S' Jenlo (G), que
. sont vengut en final conte; que lodit Malibas a l'cstat a
deveyr aud. Jacme Darpey anno? et causa deud. Girault
de Lastrado, en la somma de huech lieuras et diech
soubz(7), et en pagant lad. somme de vni 1. x s., lod.
Jacme sera tengut de luy cansellar ung obligal de xx' (?).
Presens Esteve Furigaud et (81... . — Johan Massioth. ■
0) Noua avons déjà dit que le Uss Rouvcix était aituâ commune
de Cbampnâtery.
(2) Probablement un acte de recollement.
(3) Baa-Soteil, près Saint- Léonard.
(4) Matibaa, paroisse de Saint-Paul d'Ëyjeaux, canton de Picrrc-
bufflëro (Haute-Vienne).
(5) L'Estrade, commune de Sairit-Junieu La UrcKërc, c-inton de
RoyÈre, arrondiBsemeiit de Bourganeuf (Creuse).
(0) La forme populaire Jenio, pour Junio, est encori; lr<''3 usitée
(7) Huit livres dix sous représentent 53 francs ; 313 francs d'au-
jourd'hui.
(8) Deux mots illisibles.
ibyGoeigle
— 378 —
32. — Plainte fitrmie par Jeanne Lavandier, veuve de Léonard
Coussedière, et Mariette Bonenfant, veuve de Louis Coutse'
diere, au sujet de l'obstruction d'un aqueduc; vérification de
l'état des lieux en présence du procureur du Consulat, et
réparations exécutées par detix ouvriers commis par la
ville [iii80}.
Sia perpetuallemen memoria que Van mil IIII cens
quatrevingls , Johane Lavandieyra, reley3ado(l) de feu
Lîennard Gousedieyro, et Mariota Bonenfante, releysado
de feu L., Tilh deudich Liennard, defuns, feyren al la
cour (2) UQO requeste, dizen que aulcuns deu costal devers
las meygoux de meistre Estiene Tillourier et meistre Colau
Raveu, que (?) comeusa volos doatz [3), lousquaulx anliside
et salide deves la porta de Challepa (4) et que avie pas-
saige part dedint une meygo lours ou deux mynors, que
fu de feu maîstre Johan Fort, asslsa au Merchat au
Pors{5), eutre la meygo deux Boyers, d'une part, et -
lo four de Messenhers du Murault d'aultre, et que iceulx
aulcuns avien gictatz cei'tans retrachs hou eysamens [6)
âint lodichs doatz, per que cerem olhatz (7) et n'avieu plus
de cors (8), et falie que s'arestes dins ladicha taverna (9), et
que plagues a y remédier. Lours fu douât congiet de los
ubrîrs, apellat lo procurer de la ville (10) : ont se trobet
(1) C'est l'équivalent du latin relicla.
(!) Probablement auprës du siège du Pariago.
(3) Doal!, de duclua. Les Registres consulaires de Limoges
emploient souvent ce mot.
(4) La porte Ctiamplepot. Une rue porte encore ce nom à Saint-
Lâonard.
(-S) Place actuelle du Marché.
(G) Matières provenant de latrines, de lieux d'aisances — eysamens.
(1) Remplis, bouchés.
(5) Cours, curaug.
(9) La cavoMe la maison des mineurs Coussedière, dont on vient
de parler.
(10) Il serait intéressant de savoir si, au xv> siècle, un des consuls
ou un ofHcier municipal quelconque portait cette qualification offl-
lyGoogle
— 279 —
que veneo de ladicha meygo sayque en drech de aqucllas
doas de Pecou hou sos heretiers, avie ung doat moyeiiant,
et en drech las dichaa meygos. avie et a une grande arche
ont touta materia que avie couduch per acqui, e'arrestavo,
et au milieu de ladite arche, tirant al la porta, avie ung
austre lai^e ung dour (?) en queyrat, ont la clare aygue
de aquella arche avie cours; loquau doat passa davant
nostre meygo en estressan, et passa soulz la pille deu
pourtau devers oostre meygo, et s'en entre dins lo fossat;
ftiren curatz et retournatz en lors esseirs per dos homes
comeys al la TUhe(i).
33, — L'expirienee démontre que les marchands doivent voya-
ger pendant la jeunesse et faire en sorte de pouvoir se reposer
quand ils arrivent à l'âge mur [s. d.).
Nota que selon que (?) dicunt sapientes et divites Aiy'ws
patrie [2], que loz marchans jeunes de ce pais, deven anai-
gainhaar en lour jounesse, et quan venc en la meytat de
lour aige, debent a regardar quanque moyen a ganihar
lour vite et ne plus viadar; car Ion ne fay que perdre et
se deytruîre, et yeu ne ay veheut la esperianse, et ouvit
dire auz riches. Et tuch ou an fach aquilh que sont
riches en Limosin, tant en eyte ville que a Bourga-
neuf (3), que ousi Kymostiei8(4), et jamais n'en fu que
cieile de • procureur de U ville, « ou si celle-ci eat seulement em-
ployée ici d'une manière générale et s'applique à un représentant
quelconque de la ville, k l'officier ou au bourgeois délégué par les
consuls pour présider à cette opération spéciale.
(1) Noua saisissons ici une indication, bien vague malheureu-
Bemeat, de l'existence d'un servie» municipal de voirie.
(2) De celte contrée. Longtemps Palna u'a pas eu d'autre sens
que celui de pays, de province.
(3) Bourganeuf, chef-lieu d'arrondi dément de la Creuse, distant
de 30 kilomètres seulement de Saint- Léonard. Des relations très
actives ont toujours existé entre ces deux villes. Bourganeuf étail
le chef-lieu d'une ancienne commanderie de St-Jean de Jérusalem.
(4) Eymoutiers, chef-lieu de canton Se l'arrondissement de Li-
moges. Saint-Léonard est placé entre Limoges et Eymouliers.
ly Google
ne venguensan en grandie paubretat qui fasiant ou con-
trarie. Massioth.
34. — Traité entre Jean'Masml fils, agissant pour le compte
de son père, et Gillet Obelin, potlier, originaire de Nor-
mandie, par lequel celui-ci s'oblige à travailler exclusi-
vertient, pendant trois ans, pour Massîot, qui lui fournira
le métal à un prix fixé d'avance : conventions diverses
[i'i octobre 1480}.
L'appoinctement ou traicte el accord que a esté fait et
parle enti-e honesle homme el saige Jehan Massioth, mar-
chant de la ville de S' Léonard, el flh de saige homme
Jehan Mnssiolh, bourgeois de lad. ville, auquel sondit père
a ledit Jehan filz jure et promys a faire ratifRer les choses,
pactes et convenances ci après ensuyvans, d'une partie;
cl honesle homme Gîslet Obelin, poeslier, natif de Ville-
dieu (I) en Normandie, a présent demourant en ladite ville
de Sainct Léonard, d'autre partie, s'ensuit cy ampres :
assavoir est que ledit Oislet si promet et sera tenu a'
fornir et bailler audit Massioth tout Tobraige des poyles
ou conches (2) qu'il fera durant le temps de troys ans,
'commençant a la fesle de la Pumficacicn Nostre Damme
en février prouchain venant, et Tmissant de ladite feste
a troys ans, les années révolues; lequel ouvraige ledit
Gislet doit faire bon et marchant, et du poys qu'il doit
estre, et bailler audit Jehan Massiot pour le pris et
(1) Probablement Villedieu-les-PoSleB, chef-lieu <Ie canton de
r&rronilisseinent d'Avranchea (Manche), dont la chaudronnerie &,
depuis plusieurs sîÈcIes, une très grande réputation.
(ï) Le travail des métaux, du cuivre surtout, a été de tout temps
une des principales industries de Saint-Léonard. Beaucoup de nos
anciennes familles possèdent encore des chenets, des plateaux, des
^sins, des ustensiles de ménage sortis des ateliers de cette ville,
et parmi ces objets, il y en a de fort curieux. Les dinandiera de
S^nt-Léonard fabriquaient* même des chSsses pour renfermer les
reliques des saints.
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— 281 —
somme, cliacun cent poys de forge, comme dit est, de
dix neuf livres tournois, parmy (?) ce que ledit Mas-
sioth sera tenu de fornîr ledit Gislet de tous cuyvres,
mytrailles, chalamine (1) et estaing, durant lesdltg troys
ans, jusques a la fasson de deux trous ordinairement;
et si ledit Jehan Massioth veult ou entend a ^re en
temps advenir que ledit Oislet besoigne a troys, quatre
ou cinq Irous ou plus, que toutesfoia et quantes que ledit
G-îslet sera requis par ledit Jehan Massioth ou les siens,
sera ledit Qislet tenu de le servir ausdits troys, quatre
et cinq trous, ou plus. Sera aussi tenu ledit Jehan a
bailher audit Oislet les cuyvres d'icelles (f) pour dix
livres dix sols tournois quintal, poys de ladite ville de
St Léonard, et aussi francs cuyvres batuz pour dix livres
X sois quintal, poys deladite ville, et les mytrailles pour
huit livres dis solz quintal, poys de ladite ville, et les
chaiamines pour cinquante solz quintal aussi poys de
ladite ville (3) ; et Testaing, quintal poys de ceste dite
ville, pour le pris et somme qu'il se vaudra a Limoges
ou en ceste ville. Sera aussi tenu ledit Massioth audit
Gislet luy fornir argent pour le charbon et pour payer
les vasietz (3] que ledit Gislet aura par la forme et ma-
nière qu'il est acoustumé a ce faire aux autres forges
qui sont en ladite ville. Item ne sera tenu ledit Gislet
ne pourra ni devra vendre poésies a autres marchans ne
a autres qu'audit Massioth, pourveu que ledit Massioth
le fomira ainsi que dit est. Item aussi sera tenu ledit
(1) On donDait autrefoia le nom de calamine k l'oxyde de zinc
natif; on trouve souvent mention de cette substance au Moyen
&ge dans nos documents limousins.
(!) Ce qui fait ressortir le prix du quinlaJ de cuivre à G3 fr. M
[379 francs d'aujourd'hui), celui du quintal de calamine à I& fr. 05
(90 francs), et celui du quintal de mitraille k 51 fr. 20 (307 francs).
(3) Nous trouvons ici, comme dans la plupart des règlements des
métiers et des documents relatifs à l'industrie su Moyen &ge, le
mot de valet [servient, roman : sirven) employé dans le aeas
d'ouvrier.
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Gislet et promet et jure de fornir tous obtils, contoirs,
habillemens (t), de gondit mestiei-. Et sera aussi tenu
ledit Obelin faire toutes repparacions neccessaires pour
logier et mectre lesdits obtils, comme foroeau et autres
habillemens neccessaires pour mectre et tenir les dits
obtils; et sera aussi tenu ledit Obelin a payer pour
chacun an, pour le loaige de la maisou ou il besoi-
gnera, laquelle ledit Massioth luy baillera, oudit Mas-
sioth, selon le dit et ordonnance que ledit Jehan Has-
sioth, bourgeois, père dudit Jean Massioth et mestre
Marsault [2] Peytiers, prebgtre, ordonneront. Item aussi
a plus este dit et accorde entre lesdites parties que, pour
ce que ledit Gislet a aucune promesse et pacte a Lam-
bert de Ganville (3), aussi poeslier, avecques lequel il
demoure, de le servir jusques a ung certain temps, que
ou cas que ledit Gislet par droict et justice seroit con-
trainct a tenir ledit pacte, en icelluy cas, ledit Massioth
ne pourra ne sera tenu contraindre ledit Gislet a tenir
et acomplir les choses dessus dites jusques a la fin du
terme de la promesse que ledit Gislet a audit Lambert
de CanTîUe. Mais si autrement ledit Gislet, pour cuyder
(1) Hatériel. Ainsi les conventions principales du marché se
résument k ceci ; Uassiot fournira le matériel, le charbon, les
ouvriers néceassires, et livrera au prix convenu à Gillet Obelia
les matières premières; de son cdté, Obelin paiera le loyer de son
atelier ï Massiot, et fournira son industrie et son temps, moyen-
nant 19 1.: 114 fr. 40 (686 francs) par quintal de cuivre ouvré. Il faut
remarquer ici la différence notée entre le poids employé pour les
matières premières — poids de Saint-Léonard — et celui servant
pour les marchandises fabriquées ; poids de forge. Nous ne sau-
rions préciser la valeur de chacuii.
(2) Peut-être Méricault (pour Mérîgot, diminutif d'Aymerio).
(3) Il existe en Normandie deux localités de ce nom : l'une est
sise canton de La Bave du Puits, arrondissement de Coutances
(Hanche]; l'autre canton de Doudeville, arrondissement d'Yvetot
{Seine -Inférieure). — Lambert de Canville était-il aussi établi à
Saint- Léonard, ou bien Gillet Obelin avut-il travaillé dans son
pays chez Lambert, et était-il nouvellement arrivé de Normandie?
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— 283 —
trouver plus grant prix d'un autre qu'il n'a dudit Mas-
siolh, ou autrement par son dol et sa coulpe, ne vouloit
tenir ne acomplir les choses susdites, sera loysible et
permis audit Massîoth le contraindre a tenir et observer
les choses dessus dites, et ledit Gislet de le servir ainsi
que dit est. Et tout ainsi et par la forme et manière que
dit est, l'ont icellea dites parties loue, ratifBe et approuve
et voulu garder, tenir et observer de poinct en poinct,
sans enfreindre l'une desdites pai-ties envers l'autre. Et
neantmoings en observant et gardant lesdites parties des-
sus mentionnes et déclarez, ont icelles dites parties, l'une
envers l'autre, promys a amender tous damps, dommaiges
et interestz etc. Renuncier etc. par especial les dites par-
ties aui coustumes du susdit mestier etc. jure etc. obligie
etc. et ont octroyé lettres soubz les seelz royal estably aux
contractz a Limoges et du Pariaige de ladite ville de Sainct
Léonard, en la meilleure forme. Presens a ce messire
Martial Peytiers, prebstre(l], et Bernard Daignoles (3) ,
bergier, tesmoings a ce appeliez et priez, le xiiii" jour
d'octobre, l'an mil CCCC* octanle. N. Hugonaud r".
35. — Contrat relatif à la remise et reeonnaissanee d'un
cheptel, et comptes entre Jean Matsiot et Jean de Vaux et
consorts (14 Tiwit f4Si, 3i mars i4â2).
Die XIIII* mensis maii, anno Domini millesimo qua-
dringentesimo octuagesimo primo, Johannes de Vaux et
Marciale, ejus uxor, et Johannes dit Jacque, ejus fllius,
gui -cum licencia ejusdem Johannis, gratis et sponte, non
cohacti, etc. recognoverunt in veritate, publiée [?) con-
(1) Cet ecclésiastique est-il le méine que le Harsault Peytiers
nomma plus haut dans l'acte, et à qui est remis le soin de fixer,
avec Jean Massiot père, le prii du loyer à payer par Gilletï
(!) Ce nom rappelle celui d'Aignelet, le- ïierger madré de la
fameuse farce de Pathelin.
ibyGoogle
— 284 —
fessi fueniDt, et quilibet eorum in solidum, tenere et
habere in curte sua, a prudenti viro Johaoae Massiot,
burgeDsi et mercatori ville Sancti Leooardi de Nobiliaco,
ibidem preseoti et stipulanti, animalia que sequuntur : et
primo, très bores arantes, duas vaccas, duas jungias(l),
UDum tourellum aonolium (2) mascuUum, et unam vac-
cam vielhe, et unum jumentum baye pi-ecio et a capi-
tale sexdecim scutonim auri novorura, cugni domiDi nos-
tri Francie régis, et sex solidorum duorum denariorum (3)
monete currentis, et quod animalia superius declarata
promisserunt ipsi pater, uzor et filius nutrire et custo-
dire ad comodum et utîlitatem ambaram parcium, et de
eisdem venire una cum eorum excrecsensis (4) in ville
(lie) hujusmodi ad bonum et légale compulum, tociens
quociens per dictum burgensem aui suos fuerint requisiti.
Necnon recognoveruat debere, ultra premissa superius de-
clarata, summam septem librarum et novem solidorum et
21 denariorum bone monete et quatuor sexteriorum fru-
menti et duorum sexteriorum et emine siliginis et unum
sexterium avene ad mensuram ville predicle (5) vendentem
et ementem, causa arreyragiorum eorum loci predicti de
Vaulx (6), parrochie Sancti Dionissis (tic) de Mûris, etc.
J. DE Sancto Aredio.
Ay comptât (?) en les* heretiers (?), réservât de les ou-
velhes, que receu (?} Jacques.
Ilem me deven, per ii st. seigle, xviu s. iiii d., que agio
(1) Génisses : c'est le mot jungé (du latin juvenca), oncore en
usage dans nos campagnes.
(2) Nous avons déjà rencontré ce mot sous sa forme française ou
romane : anolier ou annolier.
(3) S'agic-il des écus de la valeur de II fr. 23 ou de ceui de
Il fr. M? Dans ce cas, cette somme représenterait de ISI fr. 30
k ISB francs (1,088 A. I,l!8 francs).
(4) Pour excresiencii» — crestenceya — leur croit.
(Ei) Nous avons déjà dit que le seticr de Saint-Léonard repré-
sentait 61 litres 44 centilitres.
(6) Veaux, hameau ds la commune do Saint-Denis des Murs, can-
ton de Saint-Léonard.
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Tan 81, que los balhieys deu granier et tola l'annada de
l'ao 81, blat et sigle.
Lo darier de mars mil IIII* IlII" et dous eysseguen,
lo bestiau que avian bailhat a Jacque, que avie de chap-
tau XIII 1. XVIII s, un d. (1), dont el n'avie preys 1 taure
que avie tudat, loqual bestlau ay preys per xi', et nous
a restât degut lod; Jacque x' ix a,, per acquel depert
et per la taura et t hoveitlas eu loure agnieux, et deu
perdra cum apert au papier.
Item, contât an lous enffans Jacques Theveiiot et l'auBtre
que demora a Nouvic(2), contât lo debte desus et lo fro-
men meys a crins d'argent, et contât ir que me degiem
far per lo depen, quant lour partis [3] lo bestiau : an degut
xtx I. V s. X d., contât Jacques, au jor duoy.
36. — Remise et reconnaissance de ckeptel {2t mai i481).
Die XXI' mensis maii, anno Domini millésime qua-
drjngentesimo ocluagesimo primo, presentibus Johaniie
Gori (4) d'Byboleou (5) et Pasqueto, fllio Anthonii de Mar-
8aco(6), parrochie S" Stephani de Nobiliaco, testibus ad
bec vocatis et rogatis, personaliter fuenint constituti Jo-
hannes de Lussaco, commorans in Belle de Duco (7) et
(1) Nous ne rappellerons pas ici ce que nous avona dit plus
haut, touchant l'amortissement graduel de la valeur du cheptel
donne au métayer à son eiitriie, amortissement opéré par l'abandon
fût au maitro de la part du colon dans certaines ventes de croit.
(2) Neuvic, aujourd'hui chef-lieu de commune du canton de Châ-
teau neuf-la- Forêt, arrondissement de Limoges (H au te -Vienne).
(3) Quand je fis avec euï la division, le partage du bétail,
(l) Diminutif de Gregori, Grégoire.
(.ï) Eyboulcuf, aujourd'hui chef-lieu de commune du canton de
Saint-Lâonard.
(6) Marsac, village de la cummunc de Saint-Léonard,
(7) Besudéduit ou Boisdédult, commune de SaiDt-Léonard.
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Agnets de VilIegolet(l|, ejus mater, et eorum quîUbet in
solidum, etc. gratis et sponte recognoverunt tenere et
habere in curte sua a prudente viro Johaaae Massîot,
burgensi et mercatore ville Sancti Leonardi de Nobiliaco,
ibidem présent! et stipulanti a capitale et capitalis no-
mine, videlicet uaam vaccam pili faulveta [sic], cum suo
vilullo femello, precio et Domine precii summe (?) quatuor
librarum très {sic} solidos et quatuor denarios monete
régie nunc currentis; quam summam dicti mater et Qlius
tenebuntur, ultra alias summas débitas per dictes de Vil-
lagolet et de Lussaco inter ceteras dicto Massiot causa de-
narïtarum suarum; quam [sic] summam recognovenint etc.
de qua summa remansenint quicti etc. que animalia dicti
mater et filius, nomine quo supra, promiserunt nutrire et
custodire ad ambanim parcium commodum et utilitatem,
et de eisdem cum eonmi excresseociis venire ad bouum,
leguale compotum, sine excet, tocieos quociens per die-
tum Massiot ault [sic] suos fuerint requisiti. Et hoc in villa
Sancti Leonardi etc. Et emendarunl dampna, etc. jura-
verunt, etc. obUgaverunt, etc. renunciavei'uut, etc. cou-
cesseiTiut litteras regii Pariagli, et demmn Officialis
Lemovicensis in meliorî fonna. M. Basseti.
Et advenen lod. jour, leys avian treys oelhas, et u cha-
bras I chabrît, que an plus (?) a chaptau, présent los de
sus signais. M, Bassbti.
It. ay agut lod. chaptau.
37. — Mémoire des fournitures et prêts faiU par Jean Massiot
à Alain de Royères; arrêté' de comptes {20 mars i'i80 à
1" mai ili82).
JkU3
Lo compte de Mossenhor de Royeyra (2) :
(1) Villegouleix, commune de Saint-Martin-Chate&u, canton de
Bourganeuf (Creuse).
(2) 11 s'agit ici d'Alain de Boyëres, seigneur de Brignac, Beau*
déduit et loutres H^ux voisins <te Saint-Monard, aJors marié en
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— 287 —
Item deu Mobs' de Royeyra per ii alaaa rouge (1) de
Na[r]maiid[ie] que empourtet Lansso au nom de mond. S',
lo xxis* de mars an IIII", a xxx s. l'une [2). . . . m'.
It. deu Moss'' per u alnas mouriquet de S' Lo [3) por
Madame, per far una cothe, lo tiu* de may ampres, a xl s*
ralna(4), montes iiu'.
It. deu MosB' per ii alnas et ung cart an mouriquet per
una rauba a Madame, a lxt ss [5) l'aine, montent vu' vi*
lu' que agien lodit jour.
It. deu Moss'', per 3* (6) coubde mouriquet que em-
pourtet Johannes per unas chaussas a Madame, lo iiu* de
may, vni s' ix'.
It. deu Moss^ per une aine (7) 1 cart mouriquet que
empourtet Lansso lo xii' jour d'ouat, an nu" — xxu' ti*.
It. deu Moss' per ung cobde mouriquet que empourtet
Limosi per une aoulssa a Madame (6), per anar au cepte [?}
de Raze3(9), xx".
It, deu Moss' per 3 cobdes blanchet ()0) que empourtet
secondes noces à Catherine de Pompadour. Sa principale résidence
était le chAtean de firignac, aujourd'hui commune de Royères. Cette
famille comptait parmi las plus anciennes du pays.
(l) Le rouge de Normandie est souvent mentionné au xv siËcle :
le ëanguin et Vesearlatte étaient fournis par les fabriques fla-
mandes. La Normandie est, au iiv* siècle et peut-être déjà au lit*,
en possession de la clientèle d'une partie des provinces de la langue
d'oïl, et même de quelques provinces du Centre, pour la fourniture
des draps.
(!) Environ 9 francs, au pouvoir de 54 d'aujourd'hui.
(3) Le mouriquet de Saint-Lé devait probablement ce nom à sa
couleur sombre.
(4) 12 fr. 04 : 72 fr. 2S d'aujourd'hui.
(5) 19 fr. 56 ; 1 18 d'à présent.
(6) Un tiers.
0) Il est probable qu'il faut lire ici cobde au lieu de aine.
(8) Une housse. On appelait lùnsi les capotes, surtouts et man-
teaux de femmes ; on donnait aussi ce nom i certaines robes
('J) Razès, canton de Beasioes (Haute- Vienne).
(10) Ëtoffe blanche commune, qui ne parait pas être du drap pro-
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Brousse, per doublar unas boctinas (I) a Moss', ii' vi d,
It. deu Mos9' per v alnas 1 cart blanchet que at Limossi
per lo commendameu {?) de Moss' Lienuet, per mectre (2)
la filhe Mouga : lv S8.
It. deu Moaa' per vu aines 1 cart gris (3) per lous enffaas,
que agien per nopsses, a xtii s' vi' l'alue (4) : vi' vu' vi*.
It. deu Moss' per une raubo que delieuret a Peyr Bar-
nard de l'Eschalle (5), cum aperl per une lectre missoire,
LX 9*.
It. deu Moss' per ii aines estrange (6) per une raubo a
Mosfi' Liennel, a xxx v s* l'aine (7), m' x s*.
It. deu Moas' per un cobde tauet (8) que delieuret a
ung de l'Ëmbartaria [9] lo jour de S' Liennard, an IIII" :
iz s. Il d.
Iteo deu Moss' per tu alnas estrange que at a zxvni s.
VI d. l'alna [10) ; monteut iiii 1. ii s. vi d.
prement dit. On remarquera quq le blanchet n'est pas cher. On en
faisMt des vêtements de travail. Peut-être a'sgit-il ici de draps de
Montauban, ou même d'étoffes fabrtquéps dans le pays : on sait
que, dès lo temps da saint Louis, il y a des tondeurs de draps à
Limoges.
(1) On doublait autrefois avec de l'étoffe les bottines, bottas et
hou seaux,
(2) Aujourd'hui encore, dans le langage courant, on donne au
mot mellre le sens d'habiller; on dit souvent par exemple : ■ il se
met bien, » « une dame bien mise, o
(3) Le drap gris de laine de Rouen était fort renommé,
(i) 5 fr. 27 : 31 fr. 62 de notre monnaie.
(5) Nous ignorons de quelle tocallité il s'agit ici.
(G) Ce nom a été donné à plusieurs espèces d'étoffes. Bttranh
peut venir d'extraneu», étranger, ou de ëtracia, chiffon.
(7) 10 fr, Ei3, un peu plus de G3 francs d'aujourd'hui.
(8) Il s'agit ici probablement du i drap tanné de Courtral, > dont
les Flamands vendaient des quantités considérables dans tout le
midi de la France dès la fin du xiv* siècle.
(9) L'Emberterie, hameau de la commune de Royëres, canton de
Saint-Léonard,
(tO] 3 fr. 57 : 5t fr. 42 d'à présent. On remarquera que le résultat
de la multiplication n'est paa exact.
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It, deu Moss' per i alua et cart mouriquet que at Moss'
Guischarl lo premier jour de dezeiibre, sxxv s. vi d.; il.
III s. Il d. per la doubladura d'unas chausas que agucs
Guisçbart.
II. deu Moss' per Lansso, xv s. i d. per lavet et fus-
teny (1): xv s. x d,
It. deu Môss' per las pouldrasi2), 8a3tra(3^, girofile,
sucre et austres menus espessis, que at per las iiopsas de
Moss' Liennet, conte fach an mondit s' : vii 1, xv s. ix d.
It, lo II' jour de dezembrc, l'an mil IIII* IIII", fczis
compte an Moss' de Royeira a cause deux draps et poul-
dras, et a preys jucquea aujoui'duoy, que nous a degut la
somme de xlvii 1. xv s. [4).
II. deu Moss' per ii 1. i cart sucre que at Lansso ampres :
XI s, m d. (5),
It. deu Moss' per mouriquet que at Moss' Fraiiceys en
dezenbre : xxxii s. vi d.
It. deu Moss' per ung cobde estrange que at Limosi per
lo comraandament de Moss' Guischard : ix' ii*.
It. deu Moss' per ung cobde et cart rouge (6), que fe
balhat a Genier et per la doblura ; xr s. x d.
It. per lo meistre de l'eacoUe (7), per drap luy delieui-at.
(1) Nous avons vu des futaines figurer au nombre des marchan-
dises reçues do Genève par Gérald Massiot, en 1137.
{1} Beaucoup de documenls de l'ëpoque désignent sous ce nom
de poudres, les épiccs qui sa vendaient moulues.
(3) Le safran est moins employé qu'autrefois pour la cuisine; on
en fait néanmoins un grand usage dans certains pays du Midi, en
Espagne notamment.
(1) Î87 fr. 15 : 1,725 francs environ.
(5> 3 fr. 38, ce qui fait ressortir le prix de la livre de suirro à i>u-
viron 1 fr. 5(1, équivalant à 0 francs d'anjourd'liui,
(G) Nous avons déjà vu plus haut mentionné le rouge de Nor-
mandie.
(7) 8'agit-il ici du maître d'école de Saint-Léonard, dont nous
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— 290 —
It. per VI aln. 1/2 (?) esti-ange per mas domicellas (1),
a SL 8.: xiii 1.
It. I s. que ays balhat a Hoss'' Anthooi per aveyr deu vy
aux eiiirans(2).
It. por 1/2 1. podi-e et por sasfran, vu s. vi d., que at
Lanso, per la veiigude de Mobs' de Perrigueurs (3).
It. deu Moss' per uq cobde tauet que deslieure Moss'
Lieanet a Brosse, lo xxv' de julhet : x s.
It. deu moss. viii s. un d. que deslieuret [5) Moss' Liea-
net a Nycoy.
It. per XI cobdea et ung cart mouriquet de S' Lo, que
at Moss' Franceys, a l sois l'aine (6) : xiiii I. vii s. vi d.
lien deu Moss' que ay bailhat comptant a Cboussade (7),
ont eu era obligat et luy ay faeh Irenchar (8), xx'.
It. deu Moss' treys ducatz que luy ays redut une cen-
tura large, valen v liv. v s.
It. deu Moss' XX ]. que luy ays prestat comptant per
Resnier Trombregas (9) de Lésine (10).
voyons dès le iiu' siècle les consuls revendiquer la désignation,
ou du maître d'écolo de Boy^rea ? S'agit-il (Tun cadeau ou d'un
paiement? La brièveté de cette mention lui ûte tout l'intérêt qu'elle
pourrait offrir.
(1) Le marchand avait d'abord écrit per tas fîlhas; puis il a biffé
ces mots pour leur substituer une formule plus respectueuse.
(2) Probablement lors d'un voyage à Saint-Léonard.
(3) 11 s'agit ici de l'évëque de Périgueux, qui était alors Geoffroi
de Pompadour, frère, ou du moins parent rapproché de la dame de
Royères.
{5) Somme avancée par Massiot.
(6) 20 francs : 120 francs d'aujourd'hui.
{7) Choussade ou Chaussade est vraiseniblablement lo nom du
créancier dont Massiot a acquitté la dette pour lo compte de
M, de Royère.
(8) Couper, déohirer. On déchirait l'obligation quand le montant
eu avait élé payé par le débiteur, et on rayait la minute sur le
rcgislre du notaire. Le mot cancetlar s'appliquait spi^cialement à
cotte dernière opération.
(!)) 136' 12' l<i correspondent à 8!! fr, 35 : aujourd'hui 4,934 francs.
(ID) Nous n'avons pu découvrir dans quelle commune se trouve
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— 291 —
It. deu MosB' per x 1. que luy ays trameis comptant per
lo clert deu Pon (I) per envoyar a Peytiers.
Moote VI" xTi' XII s, I d,
Lo xV jour de dezembre, l'an mil IIIl* IHI" et ung,
fezen compte an Moossenhor de Royeira, a cause deux
draps que a preys de nous, et aussi de l'argent que
luy aven prestat jucques au jouduoy, que nous a degut
la somme de siex vingts seyze lieuras t. et xii s. i d. (2)
que sont vi" ivi 1. xii s. i d.
lien deu Moss' per Nardo Pomier, lxv s. que luy ays
pagat. It. deu Mosa' per i cart pebre molut m s. (3) que at
Lansso lo ix* de jevier an. 81.
It. deu Moss', per i cobde et 3 cart blanchet que at
Lansso por lo comendamen de Moss' : ix s. u d.
It. deu lui s. nu d. que ay balhet a Lansso per aveyr
de la cbar{4}.
It. deu Moss' per i cart pebre g[ranat?l et i cart menus
espessis (5) que at Lansso lo xvii" de Jevier an 82, vu s. vi d,
It. deu per 1 cart pebre granat (?) que at Laosso dissabde
darrier,...
'le lieu qui porte ce nom. Peut-ôtre s'agit-il de Lesme, près d'Au-
riat (Creuse),
(t) Du Pont de Noblat, faubourg de Saint- Léonard.
(2) On voit qu'à la fin de chaque année, le marchand arrête le
compte de son client, d'accord avec lui. Il se garde ainsi contre
des défaillaucea de mémoire, qu'il redoute malgré les indications
très précises notées à propos de chaque achat ou emprunt.
(3) La livre do poivre moulu se vendait donc à Saint- Léonard, en
1481, douze sous ou 3 fr, 60, : 31 fr. 60 d'à présent.
(4) De la viande. Quand les domestiques du seigneur de Royères
n'avaient pas assez d'argent pour acheter les provisions qu'ils ve-
naient sans doute chaque jour chercher à Saint-Léonard, ils en
demandaient k Uassiot.
(5) Menues épices. On appelait ainsi un petit assortiment d'épicr's
pour la table. On donnait également le nom da petite épice au
gingembre en poudre.
lyGoOgIc
— 292 —
It. deu Moss' per ii I. sucre que at lo premier jour
de abrial an IIII" et II, a v sols L: s s.
It. deu Moss'' per ex sestiere emini de seigle que luy
ay balhal deu grenier et xi sestiers d'avena, que sont vi" j
sestiers emina de tout blat cx'(l), que monten tout ii* li'
xui s. VII d.
Lo premier jour de abrial mil IIII* IIII" et dous, fezis
compte an Moss' de Royeyre de so que avie preys de
eein (3), que nous a degut por las chaussas prezas cum
apert en acquest présent compte, la somme de douze
vingtz unze lîeuras xiii s. vi d. Iten me resta a comptar
de la abcense (3) que aven entre nous dous, cum apert
per lettras passadas per Ravelh, que resten a fornir et ase-
tiar et signar une partide. Albn de Rovbre (4).
Iten, lo IX' jour de abrial mil IIII* IIII" et dous,
balheys a Moss'' de Royeira, per pagar Marti de la
VcruhoIIa (5} la somme de quarante et quatre lieuras
tourneys, que eys xliiii 1. que luy balhe. Alen de
ROYEHE.
L'an et jour susdit a signât moudit s' de Royere ledit
compte et me présente Marsau Basset. M. Basset.
Et II* frans comptât per Reyniei-s Laa Agez a Ghoussada
lo jour dessus escript.
Monte tout ini' iiii" xv 1. xiii s. vi d.
Iten nous resta de la sigiiacion [sic] de la abcenssa, comp-
tât lus doas aunadas, xlv lieurus (6), car en la assignacion
(1) Ce comp p t I ta tS 5 f 42 3 f
5Î d'aiijourd'h p f él é
(2) De céans
t3) Do l'acte d 1 r m
(i) La. sigaa 1 l d 1 m d ^ d H ë
Tout le reste d compt é t p J M
(ô) La Vcrg II mm d S hé d i t II y
plusieurs local é d m d I dép t m t d 1 H t
Vienne.
(fi) Soil 5i0 livres i3 a. 6 d. {3,254 fr. 85 : 19,5-20 fr, d'aujourd'hui)
lyGoogle
— 293 —
de las II anoadas passadas, ne monte que per una annade,
comptât lo terme de Nadau passât, et xxx sestiers de blat;
per enssi lasdichas annadas ne vorren (I) que una et ne
seraD contade que per uua, et de tara (2) per lasdichas doas
annadas, ladicha somme de xlt 1. et xxx sestiers de blat
que lodich s' promet affar bona a la fin de la abcenssa :
per enssi resta afTar sept annadas et la tara de sus.
V XL 1. xiti s. VI d. et lo blat que aven quistance, compres
los xLv 1. desus, — fâcha lo jour S' Jacme et Phelip (3) an mil
IIII* 1111° et dous. N. Ratelli.
38. — ConsHlution d'une rente perpétuelle de trois muids de
vin, moyennant trente-trois livres {29 mai 1482).
Lo XXIX* jour de may. l'an mil IIII' IIII" et dous, Jehan
Faure alias Gavdea (?) et Peyr SoHer, alias Chadot, vende-
rent treys menths(4) de vy de rende chascuD an, lo près
et some de xxxm 1-, que agien contant, lettra Ravelh.
39. — Achat par Louis Massiot, pour le compte de Jean,
son père, d'un setter de froment de rente perpétuelle
{t5 jifin 11,82).
Die décima quinta mensis junii, aono Domini mille-
simo CCGC'°'' octuagesimo secundo, presentibus Anlhonio
On verra plus loin ce total de 540 1. mcntioaoé à l'acte du 10 juillet
1482, que nous donnons sous le n> 40 de nos extraits.
(1) Ne vaudront.
(2) De complément ou plutât de supplément.
(3) 1- mai.
(4) Muids. Le muids de vin de Paris équivalait de 280 à 300
pintes, mais la pinte de Paris ne correspondait pas à celle de
Saint-Léonard : celle-ci représentait, i, l'époque de la Révolution,
I litre 22 centilitres. Nous ignorons combien, dans notre pays, le
muids contenut de pintes.
ibyGoogle
- 294 —
de Las Bordas (1), pariochie Sancti Stephaai de Nobi-
liaco, el Marciale de Brugieyras (2), parrochie de Moys-
sanis (3), testibus ad hec vocatis, persocaliter constitutus
providuB vir Ludovicus Massiot, burgensis, pro se et
nomÎDe et vice providi viri Johaonis Massiot, eciam
burgensis, ejus patris, pro ipso burgense, pâtre suo,
absente, stipulanti et suis herediLus et successoribus
universis, ex una parte, et Guillebno (sic) Durandi, cos-
turario dicte ville, et Anna de Noiirato (?) (4), ejus uxore,
videlicet dicta uxor de coussensu, lissencia, jussu et auc-
toritate dicti Guillelmî, mariti aui, quaa {sic) preatitit et
coacessit, et eorum quilibet in solidum, eciam pro se et
suis heredibus et successoribus quibuacumque, ex parte
altéra; dicti vero conjuges, non cohacti, etc. sed gratis
etc. vendiderunt, concesserunt, promiserunt solvere per-
petuo, penitus et quictavenint et se vendidisse recogno-
verunt et juramento prestito (?) confessi fuemnt dicto
Ludovico Massiot, ibidem presenti, pro se el suis et no-
mine quo supra sollempoiter stipulanti, ad ipsorum fa-
ciendam omnimodam voluntatem, in vita pariter et in
morte, videlicet unum seitarium frumenti, ad mensuram
de Nobiliaco, vendentem el ementem, anno quolibet et
perpetuo rendualem, precio sive summa centum soli-
dorum(5) monete régie nunc currentis; quam summam
dicti conjuges venditores habuerunt realiter et de facto,
(1) Les Bordes, hamegiu de la commuas de Saint- Léonard.
(2) Peut-être a'agit-il de Bregeras, commune de Saint- Léonard.
(3) Moissannes, commune du canton de Saint-Léonard.
(4) Les localités du nom de Nouzirat, Noïirat et Nouiières sont
assez communes dans )a Creu^; mais nous n'en connaissons pas
& proiimité de Saint -Léonard, et le Dictionnaire géographique de
ce département dressé par M. Boavjeux, et que nos arcliives de la
Haute-Vienne possèdent en manuscrit, n'en indique aucune.
(5) Cent sous, en 1482, équivalent à 180 francs d'aujourd'hui. En
appliquant à cetto somme le taux ordinaire des placements en
rente perpétuelle à cette époque, 5 4 5 1/2 p. 100, la valeur du
setier de froment (61 1. Ai] ressortirait donc à 9 francs d'à présent.
Nous voilà loin du chiffre donaé plus haut.
ibyGooglc
— 295 —
ic commissarii et jurati ac testium infrascriptorum pre-
sencia, in tribus peciis auri advaluatis ad dictam aum-
mam, et de qua quidem summa dicli conjuges vendilores
dictiun emptorem pro ae et nomine quo supra aollemp-
oiter stipulantem, et suos, et boDa sua quacumque solve-
ruat et perpetuo quictaverunt cum pacto Talido. Quod
quidem sexterium framenli ad dictam mensuram reudua-
lera, dicti conjuges venditores assederunt et asaignaverunt
habendum, levandum et percipiendum per ipsum empto-
rem, Domiae quo supra, in et super quamdam vioeam
ipsorum conjugum, sitam in territorio de Bello Forti inter
vineam (1) et super omnibus aliis bonis, mobilibus
et immobilibus, presentibus et fuluris, etc
40. — Conventions diverses entre Léonnet de Royères et Jean
Massiat, fermier de redevances s'élevant à ÎOÛ livres argent,
et cinq cents setiers blé de rente annuelle {iO juillet iW2).
Die décima julhii anno Domini millesimo GCCG"" octua-
gesîmo secundo, presentibus Guillermo Fornier, fabro, et
Leonardo Hervetî, ectiam fabro, testibus, persoualiter
constitutis nobili viro Leoneto[2) de Roheria, doniicello,
filio [3) uobilis domini Alani de Roheria, milite, pro se
et suis, ex una parte, et provido viro Jobanni Massiot,
burgensi et mercatori de Nobiliaco ex altéra, cum, prout
dicte partes ibidem dixerunt, dictus miles vendidisset seu
assensasset dicto burgensi ad terminum octo aonorum
tune proxime venturorum, videlicet centum libras in de-
nariis et quinque centum sextâriorum bladi (4) precio et
(1) Un blanc au manuscrit.
[3] Jomcl biffé. Léonet de RoyËres étail fila d'Alain et de aa
seconde femme, Cstherine de Pompadour.
(3) Quondam hiffâ. Nous avons vu plus haut {extrait n- 37) Alain
de Royëre régler Bon compte avec Jean Hassiot le 1" mai USÎ.
(4) Cinq cents setiers de blé, au prix énoncé un peu plus haut
pour le froment (cinq sous}, ne représentent pas moins de 125 livres.
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summa undecïm centum librarum monete régie nuoc
currentis et atiis modis et forma contentis in literis
super dicta assensa passatis per juratum infraacriptum,
ipse miles in deductionem dicte assensse habuisse et ré-
cépissé beae et légitime summam quinque centum qua-
draginla librarum (1), ut cosle (sic) per litteras super dic-
tam quictanciam pasatas, et residuum solvi debebat in
fine dicte assense : hlnc est quod dictus nobilis Leonetus,
dicens habere in premissis assensaiis ypotecam pro se et
suis, non cohactus et cum omnibus etc. sed gratis etc.
cercioratus de dicta assensa et de quictancia predicta et
pactis in premissis contentis, ut disit, ipsas litteras et
quictanciam laudavit, approbavit, ratifflcavit et conflr-
mavlt, et promisil ipsas tenere et habere perpetuam robo-
ris firmitalem, de puncto in punctum, ut in ipsis conti-
nelup et cum boc dictus burgensis promissit eidem
Leonelo rehemere, recuperare vilagia de Las Bordas (2) »
parrochie de Nobiliaco, et vilagia de Vaulx (3), parrocbie
Sancti Dionisîi, ingatgiata dicto Massiot pro (4) et yillagia
de Castro (5) et de la Masieyro (6), ingatgiata heredibus
quondam Michalîs Boudrit, pro surama (7) et ponere in ma-
nibus dicti Leoneli dicta villagia(8), et hoc infra très
ce qui, ajouté aui redevances en déniera, 100 livres, porte à 225
livres (8,100 fr. d'aujourd'hui) le total des revenus affermés à Massiot
pour huit ans, moyennant la somme de 1,100 livres (6,600 d'aujour-
d'hui). On pense bien qu'une partie de ces redevances ne ren-
traient pas. Au surplus, Massiot contracte via-à-vis du bailleur
des obligations dont nous ne pouvons guère évaluer les charges.
(1) C'est le total du mémoire reproduit un peu plus baut.
(2) Les Bordes, commune de Saint-Léonard.
(3) Veaux, commune de Saint-Denis des Murs, canton de S^nt-
Léonard.
(4) Un blanc.
(5) 11 y a deuK lieui dits de ce nom dans la commune de Saint-
Léonard : le Gh&tcau-Haut et le Ghftteau-Bas.
(6) La HaziÈre, commune de Satnt.Léoi^d. Il y a d'autres loca-
lités de ce nom dans les communes de Royërcs et de Sauviat.
(7) Un blanc.
(S) Ij est f&cheux que l'acte n'indique pas pour quelle somme
DigmzcdtyGoOgle
annos proiime venturos, in deductionem precii restantis'
et dicte assense, de hoc quod dicta villagia sunl ingat-
giata; et si forte recursaus (?) dictorum locorum (1} de
Castro et de la Masieyro non tantum duret, ipse Massiot
teoebitur îpsas recaptare aut facere eslonguare recurssus,
taliter quod dicta loca recuperentur inira dictes très annos
et quod recurssuB non (3), et cum hoc tamen quod dictus
Leonetus aportabit eisdem Massiot quictaDcia[in] (3)
41. — Yente d'ito/fe et de couches, 18 janvier 1^82
(nouveau style 1^83).
Nota quod die décima octava menais januarii, aono Do-
mini millesimo quadringentesimo octuagesimo secundo....
Ilelias deua Rieux (4), parrochie Sancti Justî,... recognovit
et ia veritate confessus fuit se bene debere.... provido
Viro JohauDÏ Uaasiot.... summam quatuor librarum de-
cem et octo soUdorum.... causa vendicionis et realis tra-
dicionis pauni plurlbus coloribus et duarum conchiarum
aenis (?)....
42, — Note relative à un procès entre Jean Katttot et les
frères ratière (24 avril ii83).
Lo xxnij» jour deu meys d'abriau mil CCCC ini*" et
treys, en la présence Harsau Delaige, paroâe de Moysanas
et Johanet deu Peufouchier (5) paroffle de la Geneytosse,
chacun de ces villages, ou, pour parler plus exactement, les rede-
vances de chacun de ces villag-ea se trouvaient engagées,
(t) Le délai pour le rachat ou le dégagemeat des dits lieux.
(2) Un bloQO.
(3) Les blancs et les surcharges rendent incompréhensible la fin
de cet acte et nous obligent & nous arrêter là.
(4) Les Bieux, hameauHle la commune de Saint-Jnst, canton de
LimogeS'Bud-
(ô) Le Puyf&ucher, hameau de la commune de la Geneytouse,
canton de Baint- Léonard.
lyGoogle
maiatre Jehan Valieyro et Peir Valieyro, frairs, de Saint
Lienard, et heretiers de Giraud Valieyro, lour pair, come
fussant condempnat per maisLre P. Disnamatin et maistre
Jehan Lapino senior, a payar tous interests et despens
fait et a far d'ung certain procès pendant en la court deu
seau de Limoges (1), fait par Jehan Massioth, condempnat
per lad. garde de' ce que avio fait saisir certaine terre que
tenio d'eujL de la Monthanieyra (2) per doux sestiers de
seigle de cens que avien [?] vendut aud. Massioth..., a laqmu
saisiao lod. deux se era (?) oppousat et avio lourat en garî-
doiir(3).... don avio eytat tant procedit que lod. Massioth
ero detorbet.... et ero condempnat in expensis et taxacione
et aliis [rejbus loco et tempore declarandis, lod. Massiot
avio appeltat, et requis et sommât los dit Valieyro que
heu ero contens de lour... et que aguessan a segre l'appel :
don losd. Vaheyro an preys (?) lo ma deud. Massioth et an
promeys et obUgat toz et chascun de lour beys, a gardar
lod. Massioth de reymende et deu despens fait e a far
per lod. Massioth por cause de l'appel interjectat, et en
passar lettras sub gillo {sic) regio, presens los tesmohnst
et lettras paasadas per Maistre Marsau Basset in metiori
forma et ad dictamen procuratorum. — Constat de obmis-
sis : et condempaat losdit Valieyra per la garde deu seau a
teueir lad. sentence et apoinctamen donnât per losd. Dis-
namati et Lapino; quilihet in solidum obligaverunt se et
bona sua. Basseti r.
43. — Note relative à la ferme de Boisverd et à l'usage
des bois en dipmdani {s. d.).
Memorie sero que de avoir aferme deux serviteurs de
(t) La cour du sceau de Limoges ne peut être que la cour du
Bénâchsl, le siège royal, mais exerçant une juridiction spéciale.
(2) Hoatagnières, banlieue de Saint-Léonard.
(3J Garidor, garants.
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Mossieur Delyon lo bénéfice de Bost Vert(l) et l'usaige
ou bost a treyB ou quatre ans veuaD la Saiot Jehaa (2).
44. — Mention d'une condamnation obtenue contre Jacques dit
Bedon, de la Masière, pour k paiement du prix d'étoffes
achetées {29 avHl ilé83).
Nota quod die xxrx mensîs aprilis, auQO Domini mille-
aimo CCCC"" LXXXIIJ" fuit presens condempnatus Jo-
haunea dit Redon, de la Masieyra(3], chadenarius (4) de
Auriaco (5) et de Salviaco (6), ad solvendum et reddendum
honesto viro Jobanni Massiot, burgensi ville Sancti Leo-
nardi de Nobiliaco, ibidem présent! et stipulantl, quadra-
giota unum solidos (7] monete régie uuqc currentis, causa
vendicionis et tradiciouis panni, uua cum expensîs hujus-
modi acti. Valibtra r.
45. — Reconnaissance de cheptel (1" mai 1^83).
Lou premier jour de may, l'an mil IIII' quatre vingt
et treya, preaeua Anthoni de Laa Bordas (8), paroffie de
5' Ëstienne, et Janot, filh a feu Baloumier deu Monte-
Ci) Celle de l'ordre de Grandmont, située dans la commune de
Bujaleuf, canton d'Eymouliera. Au xvir siècle et dès 1» fin du xvi*,
dépendaient de ce petit prieuré, où la conventualilé s'était éteinte
de bonne heure et qui avait été uni à l'abbaye chet-d'otdre en
1317, des moulins à papier établis sur la Vienne.
(!) H juin. La Noèl et la Saint-Jean étaient autrefois les deux
dates d'échéances les plus ordinaires.
(3) Hameau de la commune de Saint-Léonard. On voit que notre
livre écrit tantôt Mazieyro et tantôt Ma^ieyra.
(4) Probablement un forgeron qui fabriquait des chaînes d'attache
pour les bestiaux.
(5) Aurist, commune et canton de Bourganeuf (Creuse).
(S] Sauviat, chef-lieu de commune du canton de Saint-Léonard.
(7) *1 s.: 12 fr, 34, équivalant i 74 francs d'aujourd'hui.
(S) Commune de Saint-Léonard.
lyGoogle
— 300 —
Bault (1), pair, de Cha[ni]p[neter]î, lesmoings etc. LieDnard
deu Mas au Roveyr (2), demorant a VillemoDteis (3), parr*
- de Champneteri, qui gratis etc. recognoys a teneyr en sa
court, de saige honte Jehan Massiot, presenti, doas vacchas
deu pel....(4) en dous vedeux anDoUiers, et vingt et dous
chapd(5) de berbialhe en louxs agnieux, per lou prins et
somme de douze escua et demy d'aur (6) de chaptau,
rebatut et comptât un beou que lod. Nardo avie vendut
darierameut, et auxi sa part de sept lieuras de certain
bestiau que lod. Nardo avia vendut a ung bochier de
Limoges, et austres preys et vendus jusques aujorduoy;
loqual bestiau promet a nusrir et gardar a commun creyt
et de venir a bon et leal compte et eycept en lad. ville,
lantas quantas vetz que per lod. Johan Massiot ou ios
ceux sera requerit. Neangmeins recognoys et confesse
deveyr aud. Massiot la aomme de cinquante cinq souli (7)
momie régie nunc currentis et so acquauso deud. bestiau
vendut per lod. Nardo, oultra austres debtes, lacqualle
somme de lv s. luy promet a pagar a sa voluntat etc.
Juravit, etc. ObligavU, etc. Renunctavit, etc., et concessit lil-
terat Régis et Pariagii et dominî offtcialis LemovieensU in
meliori forma. J, de Convalbtis (8).
(1) Mantazeau, commune de Champnétery, canton de St-Lëonard.
(3) Le Mas Rouveii, même commune.
(3) Villemonteiz appartient aujourd'hui & la commune de Buja-
leuf, canton d'Eymoutiera.
(4) Un blanc au manuscrit,
(5) Vingt-deui têtes de brebis.
(6) 140 fr. 2a : 841 fr. 50 d'à présent.
(7) 16 !t. 55 : 99 francs environ d'aujourd'hui.
(8) Il faut noter que le maître des écoles de la ville de Limoges,
désigné dix ans plus tard par les consuls du Château, porte le
même nom que ce notaire.
DigmzcdbyGoOgle
46. — Sownistion de Giravd de Saint-Yrieix, notaire, paf
ta^uetle il s'oblige à passer tous actes pour le compte de
Jean Massioi et ses fils à des prias déterminés (7 juin ik83},
Lo vu' jour de juin, an mil IIII" IIII" III, yeu, Girault
de Saint Yrieys, notari de la ville de Saint Liennard,
cogQOisae et confeBse aveyr fach merchat an Jolian Mas-
siot, Johan et Loys, sous fllz, de toutas letras qualconques
gue lour passarîe, soy assabeyr letra de debte et chaptau
en 7 s* et toute autre en vu s* vi d. et per mais fermetat,
lour ay signât aqueste présent scedule, en ce c[ue uo seray
tengut de las grou8Bar{I), ny may loua meux, si no que
m'en requeran. Fait le jor et an que dessus. G. de Sbint
Yribys.
47. — Vente à Jean Massiot du village du Mas te Seuve,
par le seigneur du Pallant {12 août 1483).
Le XTi~" jour d'oust. Tan mil quatre cens IIII" el treys,
noble homme Monssieur Anthony de MoQceux, chiva-
lier, sieur deu Pallent(2), vendet a saige home Johan
Massiot, merchant de St Liennard, lo village deu Mas la
Sceauve(3), parroâe de La Genestouie, en sas aparta-
nensas, lo fons et absar et vietir(4), en quinze sestiers
de touz blatz mesura de St Liennard, vendent et com-
prant, soy asabeir (5) et quarante et sincq soulz renduaux
chascun an de renda et (6) gelinas, et sur lou village deu
Verduryer (7), asis en la parofRe d'Eyboleou, cinq sesliers
(1) Le notaire no sera tenu que de rédiger l'acte en minute et
non de l'étendre dans son entier, avec toutes les formules.
(1) Le Palland ou le Paland, commune de Moissanoes, canton de
Saint-Léonard.
(.1) Le Mas le Seuve, commune de la fleneytouse, canton de
Saint-Léonard.
(4) Le fonds, le cens et l'investiture.
(5) Un blanc.
(6j Un blanc.
(7) Le Verdurier, commune d'Eybotileuf, canton de St-Léonard.
lyGoogle
-302-
de [I), mesura vendeût, per lou preys et somme de cent
lieuras (2) que agut comptan en aur; et promûil guarenlire,
etc. El coneaHt lUteras Régis et Pariagii, domini offidalis, etc.
PivsentUtus domino Johanne Arleroi (?) et Mareiale Banchaudi,
teslibus.
48. — Vente de quatorze cuirs de bœuf [10 septembre ik83).
Nota quod die décima mensis aeptembrîs, anno Domini
millesimo quadringentesimo octuagesimo tercio, presen-
tibus Anthonio Rebenes (3), Ugnifabro et Johanne Seaulaa,
âlio Johanni Brossas, dit lou Redon, sartore, testibus,
pereonaliter coostitutus Petrus Lacroux, tanarius (4) ville
Saacti Léonard! de Nobîliaco, pro se et suis, etc. reco-
gDOvit et in veritate publiée confesaua fuit se debere bene
et légitime tenerique solvere provido viro Johanni Mas-
siot, mercatori ville Sancti Leonardi de Nobiliaco, licet
absenti, set Ludovico ejus âlio, pro se et suis stipulanti,
videlicet summam undecim librarum quatuor solidorum (5)
monete régie nunc currentis, et hoc causa vendicionis et
realis tradictionis qualuordecim peciarum corii bovum ;
quam summam idem Petrus promissit solvere inffra car-
Qiprannlum (6) proxime venturum. etc. et emendare
dampna, etc. Renunciavit, etc. Obligavit, etc. Ypothe-
cavit, etc. Juravit, etc. Et concessit litteras Regii {sic)
et Pariagii in meliori forma. M. Basbbti retulit:
(1) Ud blanc.
(!) 602 francs, équivalant à 3,612 d'aujourd'hui.
(3) Ce nom signifie roitelet en patois limousin.
{i) La tannerie et la corrolerle sont, après l'orfâvrerle, les indus-
tries limousines dont on trouve le plus ancienuement mention. Les
cuirs de Limoges et de Saint-Lëonard étaient débités dès le m*
siècle en grandes quantités aux foires de Champagne.
(5) 67 fr. 42 : 405 francs d'aujourd'hui. Le prii do chaque cuir
correspondrait à. 98 fr. 95.
(6) Voir l'article de Du Gange sur CAmiprioium et Camt-
prenium. •
lyGoogle
49. — Engagement et prise en cheptel de seize ruches
d'abeilles (29 septembre 1483).
Die penultima meDsis septembris, anoo predicto(l)....
Matheus de la Roche (3|, parrochie de Campo Mnesteri
gratis et scienler ingatgiavit iu aprario (3j suo sive ru-
chieri?), in dicto loco de La Roche, provido viro Johanoi
Massioti, burgensi et mercatori ville de Nobiliaco... sexde-
cim alvearia sive bomaix (4) bona et mercabilia precio et pro
Bumma septem librarum et decem soUdoruin{5) monete ré-
gie Dunc cun-entis ; quam summara dictus Matheus ibidem a.
dicto burgense recepit... que alvearia dictua Matheus pro-
misil custodire et nutrire et ad flores fabarum proxlmi ve-
ris (?) reddere ad comodum et utilitatem dicti burgensis et de
eiadem cum eonim excressenciis venire ad boaum eysset (6)
cum dicto burgensi, tociens quociens fuerit requîsitus, et
boQum compotuiu de eisdem excresseuciis reddere
J. DE VlLLAFSAMCHIA, retulit.
50. — Éclipse du 16 mars i484 [nouveau style i485).
Lo xvr"' jour de mars, l'an de grâce mil IIII* IIII" et
IIIP", a houra de un boras ampres myjour, la lune estant
Qovelle et au poing iiii°" de auri nombre (7), lo soulleilh
eslan en lo signe [8).,., se aparguet ung eclipsse moult
(1) Un mot en blanc.
(2) La Roche, hameau de la commune de Champnétery, ciuiton
de Sainl-Léonard.
(3) Dans son rucher.
()} C'est le nom de la ruche à miel dans l'idiOme roman de nos
contrées.
(5) 45 fr. 15 : 371 francs d'aujourd'hui.
(6) On voit que la formule de l'acte est exactement celle em-
ployée pour les autres baux à cheptel dont nous avons reproduit
plus haut le texte.
(T; La lune étant au chiffre 4 du nombre d'or. On sait que le
cycle lunaire dit du nombre d'or était composé de dix-neuf ans.
(S) Uq blanc.
lyGoogle
— 304 —
fort espoTentaible et moult terrible; et may que paravant
avie estât preschat par aulcunas boiias villas deu royaulme
de France et Monsaeigneur lo prieur de Seinct Llen-
nard(i}, frair Esteve Texier, lo mati avant prima, me
bailhet lo coutengut que avie estât prêchât de part lo
Reys (2) et que bon agueys a moustrar a mous austres
compaignons les coosiilz (3) de ta ville, que ereo coma
me; et mandaven que a houra que dévia venir, que l'en
se tengueys en sas meygoux be fermadas, que non y
entres [?j de ayre (?) negun et que l'en fus disnat et que ont
preges nostre senhor Jhesus Christ que nous presserves,
et pareilhamen deu bestiau anxi; car tout quan (4) séria
sur les champs morria en breu, et que avant que pas-
sessan Pasques, que ben auria prou a souffrir. Dieu
Tueilhe, par -sa saincte passion et misericordie, nous pres-
servar de se que eys at venir et estenda son bras de
missericordia sur nos, paubres pechadours ! Kscrich am-
pres lodich eclipsse passât, l'an et jour que desus, et ne
duret qiie ung cart de houra ou environ. Johan Massioth.
(1) 8t-Léonard possédait un prieuré de l'ordre de St-Auguslin,
qui avait des dépendances assez considérables.
(2) Nous avona déjà dit que nous n'avions pu trouver trace de
cette ordonnance de Charles VIIl; nos Annales manuscrites, non
plus que la grande Histoire d9 saint Marital, du P. Bonaventure
de Saint-Amable, ne mentionnent ni l'écIipse du 16 mars M8â, ni
les recommandations dont parle ici Massiot. Cette éclipse est tou-
tefois mentionnée à la liste des éclipses de soleil donaée par les
auteurs de l'Arj de vériflor les dales.
(3) L'autorité municipale était exercée à Saint-Léonard par huit
magistrats qui portaient le nom de consuls et qui, au ïiii' siècle,
étaient élus chaque année le jour de la Chaire do la Saint-Pierre
(î! février). Il résulte de ce passage que Jean Massiot remplit les
fonctions de consul de février 1485 à février 1486.
(4) Tout ce qui serait.
lyGoogle
5i. — Antoine Matsiol, prieur de Dieulidonl, donne deux écus
d'or aux aumônes du Consulat de Saint~Lionard (jeudi-saint
i'iSS) et entre dans la Confrérie des Trépassés du dit ConsulM.
Item yeu, Anthoni Massioth, prieur de Dieulyilon (1),
ay donnât le jour deu digeux-la-Cene (2) mil CCGG IIII"
et V, deux escus d'aur (3) a las Houmosiius de Coaolut (4)
de Saint Lienard, por mectre en rendie. Faich led. jour
et an que desua. — A. Massioth.
Et me mezia de la confreyrie do» Traspassat deudit
Consolât (5); lour ay donnât treys escus (6), et sont
T escus que lour ay donnât.
5?. — Achat d'tin missel de Fr. Jean Journet, prieur
du Chdtenet [18 novembre i'i8S).
Nota quod die XVIII" mensis novembris, anno Do-
mini millesimo CCCC"" octuagesimo quinto, presenlibus
Domino Jobanne Servienlis, presbitero, et Geraldo deu
(1) Dieu-li-dout ou Dieu-le-don, était un prieuré de l'ordre de
L'Artige, aitué dans l'ile de Ré, p*" de UeDon, diocÈsc de Saintes.
(3) Le jeudi -sain t.
(3) 22 fr. 50 environ : 135 francs d'aujourd'hui.
(4) Nous constatons l'existence dès une épo<iue fort a^iciennc,
dans nos villes limousines, à Limoges et à Satiit-Léunard notam-
ment, de distributions en nature et en argent faites par l'admi-
nistration municipale aux religieun mendiants et aui pauvres de
la ville. L'usage était établi, dès lu xin* siècle, que tous les dons
de quelque importance faits à cc;s aumônes fussent mis eu rentes.
(5) La Confrérie des Trêpastéi du Consulat. Il y avait sans
doute à Saint-Léonard, comme dans le Château de Limoges et
dans beaucoup d'autres villes de France, une association chari-
table ^ui s'était donné la mission d'assurer aux pauvres une sé-
pulture décente et en faisait les frais. La qualiBcation ajoutée à
cette association mérite d'être remarquée; il faut certainement en
■conclure qu'elle avait son siège k l'hôtel de ville et qu'elle (*lait
dirigée et ses ressources administrées par les ms^^istrats rouni-
(6) 33 fr. 70 : 20! francs environ.
T. VU, E-7
lyGoogle
_ 3oe —
Noau (1), carpenlario, parrochie Sancti Stephani de Nobi-
liaco, testibus ad premissa vocalis etc. personaliter cons-
titutus frater Johannes Jorneli, priorde Gastaneto, or-
dinis Sancti Auguslini (2), gratis et scienter vendidit et
se veudidisse recognovit honesto viro Johanni Massiot,
mercatori predicte ville de Nobiliaco, ibidem présent! et
hujusmodi vendicionem acceptant!, videlicet queindam
librum suum ad opus ecclesie, nuncupatum Messau[Z),
pro precio et summa sexdecim librarum (4) «nonete régie
nunc currentis; quam quidem summam habuit realiter et
deffecto {sic) in presencia jurati et testium înfrascriptonim,
in bono auro, nunc pro domino nostro Francie cursum
habente, et voluit quod dictus Massiot faciat ad volun-
tatem suam de dicto libro, et promisit dictus prier garrire
et garrentire predictum librum ab omnibus et contra
omnes ; et juf avit, etc. pactum que fecit, etc. et concessit
lilteras in meliori forma, etc. Valieyha.
53. — Reconnaissance et obligation de 620 livres tournois par
les frères Oubeiin, pour prix de vente de cuivre et mitrailles
(17 novembre tkdO).
Lou xvii" jour de novembre mil IIII' IIII" et dix, pre-
sens Guillaume Fornier, faure. et Estienne Ghouppin,
Gonchier, tesmoings ad ce appellatz, personnallement
conslituytz Guillaume et Gislet Oubelins(5), frairs, con-
(1) Le Nouhaud, hameau de la commune de Saint- Léonard.
(2) Le Chfttenet en Dognoti (aujourd'hui chef-lieu de c
du canton do Saint-Léonard) était un prieuré-cure à la nomination
du prieur de Saint-Léonard (ordre de Saint-Auguatinj.
(3} MÎBsel.
(4) 06 fr. 32 : 5TS francs, l'rii élevé pour un missel, qui, semble- .
t-il, ne devait pas avoir une valeur extraordinaire.
(y) L'un de ces maîtres poôliers, Gillet, figure di^jà à l'acte que
nous avons donné plus haut sous le n° 31 (14 octobre 11811).
ibyGoogle
— 307 —
joiDg9 ad ce, demorans en la ville de Sainct Liennai-d,
maîstres poelliers, et l'ung poi" l'aultre, l'aultre por sou (?)
tout, an recognoogut et confess'it, recognoissen et coii-
feaseii a deveyr a Jehan et Loy8 Massiot, frairs, presens,
la somme de sieys cens vingt lieuras tourn*, de conte fach
entr'eulï, a cause de vende de coyres et niitralhiis(l);
lacqualle somme deven lesdichs Oubelins fraii-s, presens,
pagar ausdichs Massioth en marchandie contengude au
marchât (2) fach entre eulx et a la voluntat deusdichs
Massioth.
54. — Note relative au décès de Jean et Louis Massiot, frères,
fils de Jean Massiot (Z).
Anno Domini millesimo IIII« IIII" XVI, die décima
octava mensis junii, obiit Johanoes Massiot, burgensis ;
eral eiate triginta quînque annorum (4).
Anno Domini rail' IIII" IIII" XIIIJ (5j, die xïvj* men-
(I) GîO livres tournois (?2,320 francs d'aujourd'hui) représentent,
au prix indiqua dans le traité du U octobre 1480 entre les Massiot
et Gillet Oubelin, 59 quintaux environ de cuivre, ou 73 de mitraille,
et devront être paydes par la livraison de 3! quintaux l/'2 de métal
ouvragé; mais on ne doit pas oublier que ce dernier est compté au
poids de forge, et le mêlai brut évalué au poids de Saint- Léonard.
(?) C'eat-À-dire en marchandises de son industrie, notamment en
poêles à nn ou deux trous, et k un plus grand nombre si Massiot
le requiert.
(3) Ces deux notes se lisent sur une feuille volante attacbdc par
une épingle au verso d'un feuillet, vers le milieu du volume.
(i) Ce Jean Massiot, mort le 18 juin 1496, doit être le Ris aîné
d'autre Jean et de Marguerite Faure, que nous avons vu stipuler
en plusieurs circonstances pour son përe. Cotte note, selon toute
probabilité, le rajeunit de sept ou huit ans.
(5) 1495 nouveau style.
lyGoogle
gis jauuarii, obîit Ludovicua Massiot, etate triginta an-
norum{i).
(1) On n vu plus haut*(cxCrait n* 8) la mcntio:) de la n^ssance
de Luiiis Massiol, né le 3 ja^ivier H57. S'il s'agit ici, ce qui est à
pîu près certain, de la même personne, cVst h trente huit, et non
à Ironie ans, que serait nui't le Bis de Jean Massiot et do Har-
guerite Faure.
lyGoogle
DOCUMENTS
HlUtlIS A LIISWIHI
MAISON DE TURENNE
i
URENNE, Comborn, Ventadour :
l'histoire du Bas-Limousin pen-
I dant le moyen âge est tout en-
tière, ou à peu prés, derrière
ces noms, et, par conséquent,
ce n'est pas faire œuvre étroite
È de généalogiste que de travailler
à mettre en lumière le passé de
ces illustres maisons. On en jugera par les docu-
ments que je réunis ici. Recueillis à droite et à
gauche, en particulier aux Archives nationales, où
sont aujourd'hui conservés les débris de l'ancien
trésor des chartes de la vicomte (1), ces documents
(1) Les archives de U vicomte de Turenne sont classées aux
Archives nationales avec celles de la maison de Bouillon. Elles
forment un fonds considérable qui, raalbeureusement, a éié divisé
et râpArti'dana plusieurs séries.
ib^/Google
parlent tous des Txirenne, et c'est par là seule-
ment qu'ils peuvent se relier entre eux ; quelques-
uns offrent de l'intérêt pour l'histoire générale du
pays, d'autres apportent des faits pour les annales
des localités et pour l'étude des institutions féo-
dales, et comme le bagage des sources publiées de
l'histoire du Limousin est encore peu considérable,
je puis espérer qu'ils seront bien accueillis. Je vais
les passer successivement en revue.
1. — Ce premier acte, qui est une confirmation,
par Raymond III, en 1214, des donations faites à
l'abbaye laïque de Beaulieu par Raymond II, son
père, et par Bernard de Castelnau, son aïeul, a été
publié avec quelques retranchements par Justel(i),
et a été signalée par M. Deloche comme fournissant
une preuve des droits conservés par les héritiers
de Hugues de Castelnau sur ce qu'on appelait
l'abbaye laïque (2), Le Cartulaire de Beaulieu
renferme un accord de 1190, entre Raymond II,
qui était sur le point de partir pour la croisade
avec Philippe Auguste, et Humbert, abbé de Beau-
lieu. Le vicomte reconnut qu'il tenait de l'abbé,
avec obligation d'hommage, tout ce qu'il possé-
dait dans la ville de Beaulieu et in honore gui
vocatur abbatia, le château de Bétut, etc., etc. Il
déclara aussi que, dans le cas où il battrait mon-
naie, son atelier devrait être établi à Beaulieu (3).
(1} Histoire généalogique de ta maison ds Turenne, Paris,
1645, in-fol., preuves, p. 38.
(2) Cart. de Beaulieu, introd. p. xxs.
13) Ibid., charte cxciv, p, 272.; Bib. nat., t. laUn, 9217 (orig.).
Digilizcdby Google
— 311 —
II. — Cette seconde pièce a été également im-
primée parmi les preuves de l'Histoire généalo-
gique de la maison de Turenne (p. 39), mais
avec des erreura et des suppressions qui m'auto-
risent à en donner de nouveau le texte. J'ajou-
terai que Matfre, ou Mainfroid de Castelnau s'en-
gagea, par acte passé dans l'église de Martel le
24 mars 12'2â (n. s.), à rendre au vicomte le
château de Castelnau, cum foris facto et sine
foHs faeto, ad omnem epis sitbmonitionem vel
certi nuntii{\).
III et ÏY. — Sous ces numéros se placent deux
titres fort curieux pour l'histoire du bourg de
Curemonte et de ses châteaux, qui relevaient alors
de l'abbaye de Solignac. Les Turenne, qui renon-
çaient, en 1236, à toutes leurs prétentions sur ce
lieu, ne tardèrent pas, d'ailleurs, à se glisser entre
les abbés et les seigneurs de Curemonte. Je vois,
en effet, que, dans le même temps où ceux-ci
reconnaissaient les droits de l'abbé Pierre eu pré-
sence du lieutenant du sénéchal du roi de France
en Limousin, le vicomte prêtait hommage pour
le château et la châtellenie entre les mains de
Gérard de Montibus, prieur conventuel délégué
par le même abbé, et que, le 22 juin 1280, cet
hommage fut renouvelé avec engagement par le
vicomte d'obliger les seigneurs de Curemonte à
respecter les droits de l'abbé (2).
(1) Jdstbl, Preuves, p. il. Baluzius, Hisl. Tut., p. 160,
(2) Arch. nat. Rt 4S6.
lyGoogle
V. — Baluze cite cet hommage prêté par Rai-
mond IV entre les mains de Raymond VII, comte
de Toulouse, comme une preuve de l'inconsistance
des vicomtes de Turenne(i). Des lettres de saint
Louis, du mois de septembre 1229, les avaient en
effet rendu vassaux immédiats de la couronne (2), et
ils avaient d'ailleurs profité de la guerre contre les
Albigeois pour faire passer, dès 1217, leurs posses-
sions du Quercy dans la mouvance du Roi(3); ils
pouvaient donc se dispenser de reconnaître le comte
de Toulouse comme suzerain, et si Raymond IV
lui rendit des devoirs de vassal, ce fut assurément
parce qu'il y trouvait de sérieux avantages. Ray-
mond VII, comme l'a fait remarquer M. Boutaric,
à la suite du traité du 12 avril 1229, qui attribua à
la royauté une partie du Languedoc, travailla avec
ardeur à étendre son autorité dans les provinces
qui lui avaient été laissées, en particulier dans le
Quercy. II acheta sans doute l'hommage du vicomte
de Turenne. On remarquera le soin avec lequel il
est spécifié que celui-ci et ses prédécesseurs ont
toujours tenu les fiefs mentionnés dans cet acte
du 12 août 1236, des comtes de Toulouse, et sur-
tout qu'ils ne les ont pas reçus de Philippe Auguste
ou d'autres rois de France, ni des comtes de
Montfort.
VI. — Les débuts du vicomte Raymond VI pa-
raissent avoir été fort difficiles. Il discuta d'abord
(1) Hist Tutel., p
(2) JusTEL, Preuves, p. 43.
(3) BoLTTARiu, Saint Louis el Alfonae de Poiliers, p. (
lyGoogle
-313 —
avec les habitants de Martel au sujet du consulat
et de la baillie ou prévôté de la ville, et finit
par leur accorder, à la demande de saint Louis et
de sa mère, au mois d'avril 1247, le droit d'établir
librement les consuls qui les gouverneront (libère
constitîtendi consules. . . per quos gubementur)^
à charge, pour les consuls entrant en fonctions,
de prêter serment entre les mains de son bayle(l).
Quelques mois plus tard, il empruntait d'eux dix
mille sous raymondins de Turenne, et pour ga-
rantir le remboursement de cette somme, leur
donnait en gage la baillie de la ville, ses revenus
et produits et une série de droits seigneuriaux
dont rénumération est intéressante.
L'original de ce document est encore muni du
sceau pendant de Raymond VI ; c'est un fort beau
type de charte de cette époque. M- le contre-amiral
comte de Marquessac, à qui il appartient, a bien
voulu permettre à la Société scientifique, histo-
rique et archéologique de Brive de le faire re-
produire par la photogravure. Le sceau a été des-
siné par M. Hupin.
VII, VIII et IX. — L'emprunt fait à la ville de
Martel, au mois de juillet 1247, par Raymond VI,
avait peut-être pour objet l'équipement et l'entre-
tien des « trente hommes d'armes à cheval » qu'il
fournit à saint Louis pour la croisade. En 1251,
le vicomte se disposait à partir lui-même pour
les pays d'outre-mer; mais il avait sur les bras
(t) JuflTEi., Preuves, p. 53.
lyGoogle
— 314 -
plusieurs affaires délicates qu'il voulut régler avant
de s'éloigner. Aimeric de Malemort, évêque de Li-
moges, qui avait prononcé contre lui, au profit
de l'abbé de Tulle, de Bertrande de Malemort et
d'autres personnages, diverses sentences par dé-
faut, chargea Guillaume, chanoine et chapelain de
Saint-Junien, de l'absoudre de ces sentences après
avoir entendu les intéressés.
C'étaient là toutefois des questions secondaires
auprès des difficultés soulevées par Hélis de Tu-
renne, ftUe unique de Raymond IV et femme
d'Élie Rudel, qui disputait à notre vicomte la pos-
session, même de la vicomte. L'affaire avait été
portée devant la Cour du Roi, c'est-à-dire devant
le Parlement, alors placé sous la direction de la
reine Blanche, régente en l'absence de son fils;
mais comme elle traînait sans doute en longueur,
les parties, qui étaient pressées d'en finir, eiu'ent
recours à des arbitres. Justel a imprimé (1) le
texte du règlement arrêté par ceux-ci et certifié
par la régente avec des réserves au sujet des
droits du Roi; je donne une pièce, rédigée le
même jour, et où Élie Rudel et Hélis de Tu-
renne, traitant directement avec leur cousin, énu-
mèrent les possessions qu'ils lui abandonnent.
Il semble que l'amour- propre de Raymond VI
n'avait pas été complètement ménagé dans le
cours de ce procès. Le détail des faits nous
échappe, et nous en sommes réduits à nous de-
(1) Preuves, p. 52,
ly Google
mander quelles pouvaient être les raisons qui
avaient motivé, vers cette époque, la saisie du
château de Turenne par les gens du Roi. Cette
saisie nous est révélée par une charte du mois de
novembre 1251, publiée sous le n° IX, où le vi-
comte s'engage à faire jurer par ses hommes fidé-
lité au roi de France avant qu'on lui rende le
château de Turenne; elle durait encore deux ans
plus tard, puisque Raymond, par un acte daté
de juillet 1253, du camp devant Sidon, renouvela
cet engagement absolument dans les mêmes ter-
mes (1). Il est à remarquer que Matfre de Cas-
telnau avait dû faire une promesse du même
genre, au mois de décembre 1251, relativement
à son château de Gastelnau (2).
X. — Encouragées par l'exemple d'Hélis de Tu-
renne, qui était parvenue à se faire tailler un
riche héritage dans la vicomte, les deux filles
de Boson III, frère de Raymond IV, réclamèrent
aussi leur part des biens qu'avait possédés leur
père. Elles se nommaient Marguerite et Dauphine
et avaient épousé, la première, Bernard, vicomte
de Gomborn, et la seconde, d'après Justel, Ray-
mond de Roquefeuil. Leurs prétentions pouvaient
paraître mieux fondées que celles d'Hélis si,
comme on l'a prétendu, Boson III était bien le
fils aine de Raymond III. En 1256, époque où
il fut statué sur leur demande, la part d'Hélis
(I) Arch. nat., J. 622, n* 26. Jubtbl, preuves, p. 55.
(!) Ibid., J. 400, n* 46.
lyGoogle
était passée à Marguerite de Bergerac, sa fille,
mariée à Reynaud de Pons, et il semble qu'elles
la réclamaient en entier (quam partent dicte
Margareta et Dalfina dicebant ad se, jure
hereditario, pertiriere).
Comme dans le premier cas, il y eut interven-
tion du pouvoir royal. Justel a publié des lettres
de saint Louis, du mois d'août 1256, réglant la
question ; je donne le texte d'un accord passé
directement entre les parties, à la même date,
accord renfermant plusieurs clauses qui ne ae re-
trouvent pas dans les lettres du Roi.
XI. — 11 s'agit, dans le document publié sous
ce numéro, d'un simple acensement. Dotval, ou
d'Otval, devait être situé dans le voisinage de
Mascheix. Il m'a été impossible de l'identifier avec
un nom de lieu moderne. On remarquera que
Humbert de Dotval avait perdu, en prenant l'habit
monacai, les droits qu'il possédait sur ce manse
lorsqu'il n'était que prêtre.
XII. — Cette promesse du cellérier et du cham-
brier du monastère de Tulle de travailler, dans
la mesure de leurs forces, au bien et profit du
vicomte de Turenne et spécialement de faire en
sorte qu'il n'éprouve aucun dommage au sujet du
château de Gimel, se rattache probablement à
l'expédition dirigée, à cette époque, contre ce
château, par le sénéchal du roi d'Angleterre en
Limousin. J'ai signalé ces faits dans mon étude
DiqmzcdbyGoOgle .
sur Gimel et Sédièresii); il n'y a pas lieu d'in-
sister.
XIII. — Il s'agit encore ici d'un acensement.
Les biens acensés se composent des deux manses
de Narsa, ou de Narsau, et de celui de la Rogerie ;
ils sont situés dans la paroisse de Végennes, sur
le chemin qui conduit de Puy-d'Arnac à Queyssac,
et sont donnés moyennant une redevance annuelle
de six livres moins cinq sols, un droit d'acapte
de cinq sols, dû à chaque changement de sei-
gneur et de tenancier, et un droit d'entrage ou
de prim-acapte de trois cent cinquante sols. Cet
acensement est fait en faveur de deux damoiseaux
se nommant Bernard Beaudoin et Bernard de Saint*
Hilaire.
XIV. — Ces lettres du sénéchal de Périgord et
Quercy au Bayle de Brive se rattachent aux privi-
lèges de ta vicomte de Turenne. Elles avaient été
motivées par d'autres lettres de Philippe le Bel,
du mois de mars 1293, qui ont été publiées par
Justel (2).
XV. — Autier de Jo laissa ses biens, lorsqu'il
mourut, à Béatrix, sa femme, et à Géraud, son
fils. Celui-d se fit moine et, d'accord avec sa
mère lorsqu'elle était aussi sur le point de mou-
rir, il donna à l'abbaye de Saint-Gèraud d'Aurillac
(I) Bull, de la Sociilé scient., hi»l. el arch. de lu Corréze. t. V,
p. 33 et suiv.
(3) Preuves, p. 65.
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— 318 —
et au prieuré d'Auriac, dont il était prieur, tout
son héritage, c'est-à-dire le repaire de Jo et les
domaines et droits en dépendant. Il avait malheu-
reusement oublié de faire hommage au vicomte
de Turenne, et s'était exposé par là aux inconvé-
nients d'une saisie féodale qui entraîna la perte,
pour l'abbaye de Saint-Géraud d'Aurillac, de la
meilleure part des biens donnés. On transigea, et
c'est le texte de cette transaction que j'imprime
sous le n° XIV. Les nombreux témoins figurant
dans ce document contribuent à le rendre très
intéressant pour l'histoire locale.
Jo, aujourd'hui Job, est un village important de
la commune d'Auriac. ■
XVI et XVII. — Les testaments de Raymond
Roger, comte de Beaufort et vicomte de Turenne,
et d'Antoinette, sa fille, femme du maréchal de
■ Boucicaut, sont inédits, car on ne doit pas tenir
compte des très courts extraits que Justel en a
donnés (1). Je les imprime d'après une copie due
à l'obligeance de M, le marquis de Turenne-
d'Aynac et prise sur une expédition faite, au siè-
cle dernier, sur un registre de la Chambre des
comptes. Les originaux; sont perdus depuis long-
temps et le registre lui-même, qui devrait se
trouver aux Archives nationales, a été vainement
recherché par M. de Lasteyrie. Il existe, il est
vrai, dans le fond principal de la vicomte de
Turenne, une copie du xv' siècle du testament
(1) Preuves, p. 134 et 139.
lyGoogle
— 319 —
d'Antoinette; mais, quant au testament de Ray-
mond, on n'en connaît aucune copie autre que
celle de M. le marquis de Turenne.
Ce dernier document est écrit en langue d'oc;
il semble avoir passé deus ou trois fois sous la
plume de copistes ne comprenant pas un mot de
ce qu'ils transcrivaient, aussi a-t-il été défiguré
à un tel point que certains passages sont devenus
absolument inintelligibles.
Je ne pouvais pas, dans les conditions où je
me trouve pla.é et en étant réduit à la seule
copie moderne qui nous reste et aus fragments
imprimés sans beaucoup de soin par Justel, son-
ger à rétablir scrupuleusement le texte primitif.
Il était évident que les copistes avaient modifié
l'orthographe et francisé la forme des mots dont
le sens était facile à saisir. Convenait-il de cher-
cher à rendre au document sa physionomie pre-
mière? je ne l'ai pas cru. Il importait surtout, à
mon avis, de donner un texte à peu près clair, et
c'est là ce que je me suis efforcé de faire, sans
m'inquiéter des altérations grammaticales qui se
rencontraient à chaque ligne. J'ai travaillé pour
l'historien et non pour le pfiilologue. On pouvait
faire beaucoup mieux, je le reconnais volontiers,
car je suis loin d'être satisfait.
Raymond de Beaufort, après les donations et
fondations pieuses qui se rencontrent à cette
époque dans tout testament de grand seigneur,
et parmi lesquelles il suffît de relever l'établis-
sement d'une rommunauti; de prêtres attachés h
la chapelle de l'église Nojre-Dame de Paris où
lyGoogle
devait reposer le corps du défunt à côté de celui
de Guillaume Roger, son père, après le règle-
ment détaillé de la pompe de ses funérailles et
après quelques legs de min e importance faits en
faveur de ses familiera, se hâte d'aborder la grosse
question du transfert sur d'autres têtes de ses
immenses possessions.
Le véritable caractère de son testament apparaît
alors clairement. On se trouve en face d'un acte
de haine violente, implacable, dirigé par un père
contre sa fille unique, Antoinette de Turenne, et
contre son gendre, le maréchal de Boucicaut. Quels
motifs pouvait avoir Raymond de Beaufort pour en
vouloir si vivement aux deux époux? 11 leur re-
proche de l'avoir dépouillé du comté de Beaufort
à l'aide de fausses lettres scellées du sceau de
Guillaume Roger, et les accuse d'avoir fait mou-
rir celui-ci de chagrin et même d'avoir hâté sa
mort par le poison. Il prétend, pour ce qui le
concerne personnellement, que Boucicaut avait
tenté de le faire prendre et assassiner par des
hommes d'armes, au mépris des sauf-conduite du
Roi, lorsqu'il allait prendre possession du comté
de Beaufort. 11 ajoute que son gendre essaya à
plusieurs reprises de le faire empoisonner par les
nommés Petit-Jean de Lissa", Jean de Lonhal et
autres, et après avoir énoncé tous ces griefs, plus
que suffisants, dit-il, pour justifier une e-;héré-
dation, il enjoint à ses héritiers de poursuivre
devant toutes les juridictions du royaume la pu-
nition de ces tentatives criminelles.
Toutes ces accusations étaient-elles justifiées?
lyGoogle
— 3îl -
j'ai peine à le croire. Je préfère supposer que
Raymond avait d'autres raisons qu'il n'avoue pas
pour renier celle qui « se disait » sa fille, et pour
lui refuser toute part dans sa succession. On sait
qu'il s'était fait un peu tirer l'oreille lorsqu'il fut
question de la marier avej Boucicaut, et que le
Roi, qui s'intéressait à ce mariage, avait dû lui
promettre, en retour de son consentement, cer-
tains avantages dans la baronnie de Baux (1).
L'auteur de la chronique de Charles Vl, connue
sous le- nom de Chronique du religieux de
Saint-Denis (2)^ dit que Raymond de Turenne
encouriit, à cette occasion, la disgrâce de la reine
de Naples, duchesse d'Anjou, et telle de Clé-
ment VII, pour avoir disposé, contre leur vœu,
de la main de sa fille, qu'ils lui avaient de-
mandée pour Charles de Tarente, fils de cette
princesse. Boucicaut avait épousé Antoinette pen-
dant les négociations.
Quels que soient d'ailleurs les motifs qui fai-
saient agir ce père irrité, il faut reconnaître qu'il
ne néglige rien pour assurer la satisfaction de ses
rancunes. Il commence par créer à son gendre et
à sa fille un puissant ennemi, en léguant au duc
d'Orléans le comté de Beaufort-en- Vallée, tous ses
biens situés dans les comtés de Provence et de
Forcalquier, et en imposant à celui-ci l'obligation
de soutenir, avec peine de déchéance en cas de
(1) JusTEL, preuves.
(2) Publ. par Bellaguet dans la coll. des Doc, inédits, i
lyGoogle
transaction, toutes les dispositions contenues dans
son testament. Le duc devra faire en sorte que
Bbucicaut et sa femme ne retirent de l'héritage de
leur père ni un denier, ni un seul pied de terre.
Raymond n'oublie pas de rappeler qu'Antoinette
et Boucicaud, lors de leur mariage, ont renoncé à
tous les biens paternels et maternels moyennant
l'abandon qui leur fut fait du comté d'Âlais, des
baronnies d'Ânduze,. de Portes et d'autres sei-
gneuries situées dans la sénéchaussée de Beau-
caire. C'était là, dit-il, le plus beau partage que
jamais femme du royaume de France ait eu en
se mariant, donné que le mari n'était pas de bien
haut lignage et qu'il ne possédait pas deux cents
livres de rente.
Tout ceci est délayé et répété sous plusieurs
formes; mais autant Raymond est dur pour sa
fille légitime, autant il se montre large à l'égard
de ses enfants naturels. Il énumère, dans cet acte
de dernières volontés, quatre fils et deux filles nés
hors de mariage, et il assigne à chacun d'eux une
part plus qu'honnête sur ses biens. Il nomme
aussi une certaine Âliotte Solerande, qui lui tient
par des liens qu'il n'indique pas, et à qui il
accorde la jouissance de deux châteaux, à condi-
tion de vivre chastement sans se marier. Il dé-
signe enfin pour son héritière sa très chère sœur,
Éléonore de Beaufort, et lui substitue ses fils na-
turels en cas de décès.
Je n'essayerai pas, manquant des instruments
de travail les plus indispensables, de résoudre les
questions historiques que soulève ce testament, et
lyGoogle
de rechercher la suite que reçurent les dispo-
sitions qu'il contient. Il est d'ailleurs certain,
contrairement k ce qu'ont dit les auteurs de VArt
de vérifier les dates, que Raymond ne se noya
pas près de Tarascon, en 1400, mais que l'époque
de sa mort doit être, au contraire, retardée de
plusieurs années. 11 survécut même au duc d'Or-
léans, assassiné en 1407.
Le testament d'Antoinette de Turenne, si celui
de son père est un acte de haine, est, par un
contraste curieux, un acte tout rempli de tendres
sentiments. La fille de Raymond de Beaufort n'a-
vait eu, de son mariage avec Boucicaut, qu'un fils
nommé Jean, comme son père, et qui mourut
avant 1413 et fut enterré dans l'église Saint-
Nicolas de Pertuis. Privée de descendance, elle
donne la jouissance de tous ses biens à son mari.
Il est vrai qu'on a prétendu que cette donation
n'était pas complètement volontaire. On est même
allé jusqu'à dire que Boucicaut, qui était d'un
caractère violent (1), dominait complètement sa
femme et ne se gênait pas pour la maltraiter. Il
est, dit-on, des femmes qui aiment à être battues;
Antoinette était peut-être de celles-là. Elle avait
d'ailleurs épousé le maréchal par amour. Ajoutons
que les dispositions prises en faveur de celui-ci
dans ce testament avaient été fixées d'avance par
une donation entre-vifs.
(1) Boucicaut, d'après le religieux de Saint-Dctiia, était un homme
do petite taille, mais fort et robuste; il était réaulu, mais emporté;
actif, maia impétueux, et ne savait garder aucune me^urg daus sa
colère. (Ouv. cité, t. 11, p. 549.)
lyGoogle
La série des legs pieux est intéressante. Antoi-
nette fait élection de sépulture à Saint-Martin de
Tours, dans une chapelle où Boucicaut avait de-
mandé à être lui-même enterré. On sait que le
célèbre homme de guerre, fait prisonnier à la ha-
taille d'Azincourt, mourut en Angleterre en 1421.
XVI. — Antoinette de Turenne, d'après Justel,
ne mourut qu'en 1416. A la fin du mois de
février de l'année précédente, elle était à Brive,
avec son mari, et y recevait l'hommage de Rey-
naud de Lissac, coseigneur dudît Lissac, pour tous
les biens que celui-ci possédait dans les paroisses
de Lissac et de Jugeais, dans la châtellenie de
Coiisage et dans d'autres lieux de la vicomte. Les
formes de cet hommage, longuement rapportées,
sont assez curieuses; mais c'çst surtout dans le
dénombrement, ou nommée, qui fut fourni deux
mois plus tard par le vassal, qu'on recueillera des
renseignements utiles pour l'histoire de plusieurs
localités du voisinage de Brive.
XVII. — On ne sait pas grand'chose, pour ne pas
dire rien, des états de la vicomte de Turenne; sous
ce numéro se place une pièce importante pour leur
histoire. Les députés de ces états s'engagent, au
nom des manants et habitants de ladite vimmté,
au cas où ils seraient déclarés eempts des tailles
et subsides royaux, à payer au vicomte de Turenne
une somme fixe de dix mille écus sol et une con-
tribution annuelle de mille écus.
XVIII. — Je termine par des extraits de la Ga-
lyGoogle
zelte de France se rapportant aux troubles sqscités
par la Fronde dans ce pays. Ces faits étaient peut-
être suffisamment connus; mais ils se présentent
ici sous une forme montrant que l'antagonisme
entre Tulle et Brive remonte bien haut et qu'il a
toujours été profond. Les habitants de Tulle, en
effet, dans des circonstances où les consciences
pouvaient être troublées et hésitantes, ne se con-
tentent pas de protester de leur fidélité envers le
Roi; ils dénoncent la conduite de leurs voisins
de Brive, qui n'avaient pas su fermer leurs portes
au duc de Bouillon.
CONFIRMATION, PAR RAYMOND, VICOMTE DE TURENNE,
DE DONATIONS FAITES A l' ABBAYE LAÏQUE DE BEAU-
LIEU PAR SON PÈRE ET PAR BERNARD DE CA5TELNAU,
SON AÏEUL, ET CONCESSION d'uNE REDEVANCE POUR
LE CAS OU IL SERAIT BATTU MONNAIE A BEAULIEU, OU
AILLEURS.
Noverint présentes el futuri quod dominus R., vice-
cornes Turenne, ad recognitioDem et voluntatem domine
Heliz, vice-comitisse de Turenna, matris sue, in quam
ipse et eccleaia Belliloci super hoc facto se compromi-
serant, voluit et precepit servientibus suis ut annuatim
X (ce chiffre a été surchargé) solidos quos dominus R.,
pater suus, in abbatia laicali ecclesie Belliloci legaverat,
pacîflce et sine omni contradictione persolvant, et unum
modiumvini quem avus suus, B. de C^stro-Novo, in eadem
ibyGoogle
— 326 —
abbatia dicte ecclesie legavit. Preterea voluit et posteris
Buia reddi constiluit, ut ubicumque moneta fleret, in festo
sancti Andrée annuatim xz solidos dominus abbas dicte
domus de jure vicecomitia haberet. Si vero apud Bellum-
locum fleret, decimam juris vicecomitalis possideret. Et
hoc idem pater suus apud Figiacum, Jherosoliiuam profec-
tuniB, Humberto abbati recognovit. El ut flrmius hoc
pactum sive transactio teneatur, banc cartam suo sigillo
fecit premuniri. Testes sunt R., decanus Soliacenaiall);
B. Folcoalz, monacho; W. de Chastraarz, monacbo; W.
Desparro, mouacho; Gui., de Pestel, monacho; V. de Pia-
ula (2), monacho; P. de Besaa; A. de Be83a{3); G, de
Rluhac; G. de Cornill; W. Garia; B. Maeatre; P. Dallac,
monacho; S. Mag..., et plures alii, anno Domini M" CC*
XIIII". Actum hoc in capitule Belliloci.
(Orig. sur parchemin, autrefoia scellé sur double queue.
— Arch. nal. K. 1180.)
II
SENTENCE ARBITRALE RENDUE PAR BERNARD DE VEN-
TADOUR, ABBÉ DE TULLE, ENTRE RAYMOND, VICOMTE
DE TUBENNE, ET MATFRE DE CASTELNAU, AU SUJET
DU CHATEAU DE CASTELNAU.
12 juin 1219.
B. Del gratia, Tulellenais abbas et miniater ecclesie
béate Marie de Rocamador, omnibus ad quoa présentes
littere pei-venerint salutem in vero salutari. Scire volumua
(I) Souillac.
(ï) De Plas.
(3j Raymond, dit le père B. de Saint-Amable, donna à Raoul de
Boase et aux enfanta d'Aimard, son frère, l'honneur et le privilège
de chevalerie, et affranchit leurs terres de toutes tailles et autres
charges [Annales, p. MO). Juste! a imprime le tente de cette con-
cession (Preuves, p. 39X
lyGoogle
— 327 —
UDiversos tjaoA pro guerelis quas babebat nobilis vir
R., Turenne vicecomes, super jure et homagio Castri
Novi adversus Matfredum de Castro Novo, et super redda
^uadem castri, et aliis rébus, de conseasu et voluotate
utriusque partis, controversia in hune modmn per nos
determinata est : videlicet qiiod Matfredus faceret homa-
gium et fidelitatem predicto vicecomiti, ut domiQO, super
illis rébus et eodem modo quo B. de Castro Novo, pater
predictl Matfredi, domino R. booe memorie, pater pre-
dicli vicecomilia, dinoscitur fecisse; quod statim, sub pre-
sentia nostra et multorum aliorum viroruni, factum fuit.
Super redda vero Castri Novi, quam vicecomes asserebat
ad se pertinere (Matfredus vero negabat), dictimi fuit a
nobis quod causa ista in manu nostra et Auslorgii de
Aureliaco (!) remaneret, et vicecomit* redeunte per Dei
gratiam de partibus uUramarinis, per nos vel per alios a
nobis constitutos si aliquid nobis humanitus contingeret,
sine uUo subterfugio determinaretur. Se autem ita prose-
cuturum in manu nostra Matfredus, data ûde, juravit et
decem alios milites iu manu nostra Ûrmatos et ostagia
vicecomitis observaturos, si contra premissa venirel, do-
navit. Nomina eorum sunt bec : P. de Bosco; Guibertus
de Bosco; G. de Cabra; B. de Durban; Hugo de Faia;
Bertrans Garners; B. la Vaicha; n Amels; P. de la
Folbola. Hanc vero pacem et compositionem sicut pre-
dictum est fecimus si domino Ludovico, domini régis
Francorum primogenito, in cujus manu, de mandato
patris sui, causa presens vertebatur, placuerit et volun-
tatem suam prebuerit et [con]seosum. Hoc autem factum
fuit crastina die post festum beati Barnabei, sub pre-
sentia et t«sti&catione R., decaai Soliacensis; P. de Bessa:
P. [Chati]er; B. de Cornilh; GauEfredi Morcel; R. Aimar
W. Amio; Hebl de Curamonta; R. de Curamonta:
(1) Cet AuBlorge d'Aurillac At hommage à Raymond VII, comte
de Toulouse, en 12J6, en même temps que le vicomte Baymond IV
(Voir Doc. n- V).
lyGoogle
Ar. de Gors; Ar. de Bou[villa] Gaus. de Ventedorn;
H. Faidit; Gui. Folcoal; W. Robert Rai. de Doma;
NaiU de Clarens; B. del Castainh; P. Pel [et m]ul-
torum aliorum, anno incarnati Verbi M° CC" XYIIII". [Ad.
majorem] vero supradictorum firmilatem sigillo nostro et
dilectj D03tri R. [Turenne] presentem pagînam fecimus
premuniri,
(Orig., parch,, autrefois scellé de deux sceaux. Uh coin
de la pièce a été enlevé avec l'un des sceaux. — Arch.
nat., K. 1179.)
III et W
RESTITUTION, PAR RAYMOND, VICOMTE DE TURENNE, A
l'abbé de SOLIGNAC ET AUX SEIGNEURS DE CURE-
MONTE, DE LA SEIGNEURIE DU CHATEAU DE CURE-
MONTE ET DE DROITS SUR LEDIT CHATEAU DONT IL
LES AVAIT INJUSTEMENT DÉPOUILLÉS. — DECLARA-
TION DE PIERRE, ABBÉ DE SOLIGNAC, ET DES SEI-
GNEURS DE CUREMONTE, REÇUE PAR LE LIEUTENANT
DU SÉNÉCHAL DU BOl DE FRANCE EN LIMOUSIN, PÉRI-
GORD ET QUERCY, PORTANT QUE LES CHATEAUX DE
CUREMONTE SONT SITUÉS DANS LA TERRE DE l' AB-
BAYE DE SOLIGNAC ET QU'lLS RELEVENT DE LADITE
ABBAYE.
1236 et ik septembre 1258.
Raymundus, vicecomes Turenne. omnibus [Ghristi] âde-
libus présentes litteras inspecturis salutem in Domino.
Cum nos et predecessores nostrl maie et injuste spolia-
veramus abbatem de Soulounhac et predecessores suos, el
, dominos de Curamonto de dominio et jure quod dtcli
abbas et domini de Curamonto habebant vel habere debent
in Castro de Curamonto, honore et districtu, et adhuc
detineamus spoliatos injuste, nos anime nostre saluti
providere voleiit«s, de coDsilio fralrum Predicatorum et
lyGoogle
— 329 —
Hinorum, et jurisperitonim, dîcto abbati et domino de
Guramonto dictum castrum de Curamonto plene resti-
tuimus cum onini jure et dominio, honore et districtu
dicli castri, nihil juris vel dominii nobis vel heredibus
nostris in dîcto caalro relinentes, bonore vel diatrictu
castri supradicti, devestientes nos de predicto Castro et
investientes cum presentibus litteris dictos abbatem et
dominoa de Castro memorato, cum bonore et districtu
castri memorati, ita quod dicti domini de Curamonto
semper tenebunt castrum de Curamonto ab abbate de
Soulounhac cum nos invenïremus et nobis consisteret
dictum castrum esse de fundo abbatis memorati. In
cujus rei testîmonium présentes litteras sigillo nostro
sîgillatas memorato abbati et succes&oribus suis duximus
concedendas. Datum et actum anno Domini millesimo
ducentesimo tricesimo sexto.
Universis présentes litteras inspecturis, Martinus Senho-
ria, Ticegerens domini Aymerici de Danes, ex parte régis
Francie in Lemoviceosi, Caturcensi et Petragorîcensi dio-
cesibus senescalli, salutem in Domino. Noveritis quod cum
P., pro tempore venerabilis abbas Solomniacensis, impe-
teret Lemovicum coram uobis, a voluntate dicti senes-
calli, [contra] Raymundum, Astorgium et Eustorgium de
Curamonto, milites, et Eleliam de Vayrac, archipresbiterum
de Ginhac, et Johannem de Curamonto, domicellum, do-
minos castrorum de Curamonto, super hoc quod petebat
idem abbas ab ipsis dominis coram nobis sibi âeri hom-
magium eo quod dicta castra erant et movebant de feudo
et dominio ipsius abbatis et monasterii Solonhacensis, lite
super hoc contestata et juramento de calomnia hiuc inde
prestito, posuit scindicus dicti domini abbatis juramentum
suum quod dicta castra erant et movebant de feudo et
dominio ipsius abbatis et monasterii Solonhiacensis, et
quod quidquid ipsi domini habebant et tenebant in cas-
tellania dictorum castrorum, quod non habebant de alio
domino, sed debebant habere et tenere ipsi domini in
feudum ab ipsis monasterio et abbate, et facere ei abbati
lyGoogle
— 330 —
hommagium pro premlssis. Dicti vero domini, per jura-
meotum suum singulatim, recogooveruDt coram nobis quod
dicta castra erant sita in terra ipsorum mouasterii et
abbatis et quod beoe credebaot qiiod dicta castra sunt et
movent de feudo et dominio ipaorum monasterii et abba-
tis, et dicta castra et quidquid ipgi domiai habent in
dicta castellania, quod non tenent nec habent ab alio
domino, debent tenere et habere ab ipsis monasterio et
abbate; sed dîxenint quod ipsi nunquam fecerunt -néo
viderunt Seri homagimn dicto abbati, seu suis prcdeces-
soribus, pro premisis, sed bene credunt qiiod ipsi debebant
facere homagium eisdem abbati et predecessoribus pro
premissis et reddere dicta castra. In cujus rei teslimonium
sigillum nostrum presentibus duximus apponendum. Ac-
tiuu octavo decimo kalendas octobris, anno Domini mille-
simo ducentesimo quinquagesimo octavo.
(Copie du xvni' siècle. — Arch. nat. R', 466.)
HOMMAGE DE RAYMOND, VICOMTE DE TURENNE,
A RAIMOND, COMTE DE T0UL0U8E.
12 août 1236.
Noverint univerei, présentes pariler et futuri, quod
ego R., vicecomes Turene, con&teor et in veritate cum
hac scriptura public» recognosco vobis domino R., Dei
gratia comiti Tolosano, marchioni Provencie, quod ante-
cesaores mei tenuerunt in feudum ab antecessoribus ves-
tris, et egomet tenui a pâtre vestro et a vobia in feudum,
castrum quod dicitur Matfredi (1), situm prope Humen
Dordonhe, cum pertinenciis suis, et vicecomitatum de
Brassaco cum pertinentiis suis, et castrum de Salinhaco
(I) Il s'agit là sans doute àa chftteau de Gastelnau, possédé alors
par Matfre de Gastelnau.
lyGoogle
— 331 —
cum pertinentiis suis. Et conflteor la veritate quod pre-
dicta feuda, vel aliquem [sic] de predictiB feudis, non
recepi a rege Phylippo, vel aUia regihus Francie, vel a
comitibus Hontiafortia, nec alb alîquo alio homine; nec
antecesBores mei a rege vel regibus, comité vel comi-
tibus, predicta feuda vel aliqua de predictis in feudum
receperunt, niai ab antecessoribus vestris taotum, aicut
superiuB est notatum. Pro predictis omuibus feudis et pro
aliia de quibus aliquo tempore probare poteritîs, vos vel
successores vestri, vel ego vel successores mei poterimus
reperire, per instrumenta vel per dicta bonorum virorum,
aatecessoi'es meos vel me ipsum in feudum tenuisse a
Tobis vel antecessoribus vestris, facio vobis domino comiti
homagium ligium, et promitto Tobis onmem fldelitatem
quam fldelis vassallus débet suo domino prestare, et gene-
raliter omnia que vassallus suo tenetur domino exhibere;
et juramentum Ûdelitatis et homagii vobis facio per Deum
et per sancta Euvangelia que manibus meie tango, et ad
idem faciendum omnes successores meos vobis et succes-
soribus vestris obligo in eternum.
Et nos Ralmundus, Dei gratia cornes Tolose, marchio
proviucie, recipientes homagium, et Qdelitatem et jura-
mentum a vobis R., vicecomite Turene, sicut superius
est expressum, promittimus vobis, per nos et successores
nostros, quod erimus vobis et successoribue vestris boni
domini et Qdeles, et de hoc in bona Qde nostra vos
recipimus, dato super hoc osculo et a vobis recepto,
super predictis omnibus observandis. Et ut hec universa
et singula perpetuam obtineant ârmitatem, nos R., Dei
gratia comes Tolose, marchio Provincie, et R., vicecomes
Turene, antedicti, présentera cartam sigillomm nostrorum
munimine fecimus roborari, Actum est hoc Tolose, in
condamina comitali, in tentorio domini comiUs predicti,
ir idus augusti, anno Dominice incamationis M' CG*
XXX' sexto, in preseotia nobilîum virorum Rogeril Ber-
nardi, comitis Fuxi, et Bemardi, comitis Gonvenarum,
et Rogerii ConveuanuD, comitis de Palhars, et Bemardi
lyGoogle
— 332 —
Otonis, domini Lauriaci, et Rogerii de Fuxo, et Ber-
trandi, fratris dicti comilis, et Sicardi de Mootealto, et
Poncii de Villanava, seoeschalli Tolosaoi, et Arnaldi Ba-
rasc, et Pétri Martini de Castronovo, et Guillemi de
Barreria, et Poncii Grimoardî, et Bernardi Aimerici,
piibUci Tolose notarii, qui, mandato domini comitis et
vicecomitis, cartam istam scripait et sigillavit.
(Orig., parch., scellé de deux sceaux en cire blanche.
— Arch. nat., J. 316; Layettes du Trésor des chartes, t. II,
p. 323.)
VI
EMPRUNT, PAR RAYMOND VI, VICOMTE DE TURENNE,
DES CONSULS ET DE LA COMMUNAUTÉ DE LA VILLE
DE MABTELj DE DIX MILLE SOUS RAYMONDINS DE
TURENNE, AVEC HYPOTHÈQUE SUR LES DROITS SEI-
GNEURIAUX DUS A MARTEL.
17 juuut im.
Anoo Verbi incarnat! milleaimo ducentesimo quadra-
. gesimo septimo, sexto decimo kalendas augusti. Noverint
univergi présentera paginam inspecturi, quod nos Rai-
muDdus, vicecomea Turenne, non errantes in aliquo, nec
inducti dolo, nec coacti aliqua vi, nec decepti ulla fraude,
set certi de facto, et de jure instructi, scimus veriasime
et soUempniler confltemur nos debere, de bono débite et
legali, conaulibus et universitati seu comunitati ville Mar-
telli decem milia solidorum bonorum marchionuin, seu
raimundensium de Turenna, quam omnem prenominatam
pecuniam ipsi nobis in necessitate nostra amore maximo
mutuo tradiderunt, et nos quîdem habuimus et recepimus'
ab eisdem, nomine mutui ad omnem voluntatem et utill-
tatem nostram maximam, omnem eamdem prenominatam
pecuniam intègre in pecûnia numerata. Qua de causa, ex
noslra certa scientia, renunciamus in hoc facto exceptioiii
lyGoogle
nuiociia >>Ur ejsnclb îtenn <9iha UiC^ bcnu^ i^itti^ l<u TiAmùS br a^
MfboiKTimamacrniiicmiBimicuDcndMtct^.tmir^uttK [(ituiinuf te wniytnfl ai «JM niiiê-Tmmia akéhn ueUtEftstm
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«ha fCjmï tiofc nA i.t'n%< o^ litre- iiTdi^TWwt. fie 6euC «rf fl>M»-c. tr ^ D*^^
(mreuji*«acABm.ïru.w»T6j«n<Sa)tceuiA.t«pw.w>^ûmpw«eî»w^B^
«ct{«nrl^mi.cc-aiuiDU«cHiMctC(a»iiia*§%^^<nir/»ant^aât lnf«tt«ttt«uc1p«cnM.tr(rlTi«iuilQio
«eajinaiiCcanCbav^c>«.«(7âltttn«f &âc ^poakcobicta3tmtflvini«&â.«vw!hol«|ci;Bo«pciâ nsitucl
^di m td^jfonc /ïpttràk mur fif/apcnctC quo «t^^j jmm p»A utaUift ^«âai ucnm. foOtxr ahnVncufe
FAC-SIMILE DE LA CHARTE DE RAYMOND VI
Du 17 juillet IÎ47.
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— 335 —
non numérale et non recepte pecunie, et actioni et excep-
tioni conditionia indebite, sine causa et ob causam, de
dolo et in factum. Pro quibus supradictis decem milibus
solidorum nos obligamus et ipotecamus, seu impiguo-
ramus jure pignoris, pro nobis et pro nostris omnibus,
Dostra mera et spontanea voluntate, eisdem predictis coD-
eulibus et universitati seu comunitati dicte ville Martelli,
et omnibus eorum, voluntariis, omnes secutiones guas
debebant nobis, et etiam bailiam ejusdem predicte ville,
et omnes redditus, et proventus, et exitus, et clamos seu
clamores, et obventiones, et justicias, et quist^s, et tallias,
et omnes petitiones, rationes et acciones reaies et perso-
nales, et investitiones, et acaptamenta, et feodos et do-
minia, consilia, laudunia, et omnia servitia ordinaria et
extraordinaria, et leidas et omnia alia jura quecumque
sint, quos et quas et que habebamus, et poteramus vel
debebamus aut intelligebamus habere per nos vel per
alium, jure, voce, inlelleclu, consuetudine, vel usagio aut
dominio, vel qualibet alia ratiooe in eosdem, seu contra
eosdem predictoa consoles, et burgenses et habitatores uni-
versos aut singulos dicte ville Martelli, et in eadem pre-
dicta villa cum suis pertinenciis, ab hoc scilicet instant!
proximo festo saucti Andrée apostoli in antea, excepta
tantummodo strata, et etiam ipsam stratam cum suis
pertinenciis, a tempore illo in antea quo Geraldo Cassa-
fort et Willelmo Tondut fuerit satisfactum in debilo illo
pro quo eisdem tradidimus dictam stratam, nisi forte
intérim satisfecerimus dictis consulibus et universitati
seu comlinitati dicte ville Martelli in bac omni pecunia
supradicta. Sicque volumus et concedimus, pro nobis et
pro nostris omnibus, eisdem predictis consulibus et uni-
versitati seu comunitati dicte ville Martelli, et omnibus
eorum voluntariis, quod babeant, teneant, possideaot et
explectent ad omnem volunlatem suam hec universa et
singiila supradicta a nobis sibi obligata et ipotecata, ut
diclum est superius, pro dicta pecunia, ab hoc scilicet
predicto proximo instanti festo sancti Andrée in antea,
ibyGoogle
— 336 —
daates et concedentes pro nobis et pro nostris omnibus
eisdem predictis consulibug et universitati seu comunitati
dicte ville Martelli, et cui vel quibus voluerint, plenariam
potestatem et ticentiam percipiendi seu percipere faciendi
per quamcumque seu per quascumque personas voluerint
et mandaverint auclorilate sua propria, nobis et nostris
irrequisitis et non vocatis, a dicto proximo feslo sancti
Andrée instanti in antea, omnes et singulos redditus, et
obveûtiones, et exitus, et prosentus et jura quicumque et
quecumque fUeiint qui et que de hiis supradictis uni-
versis et singulis a nobis sibi obligatis et ipotecatis a
dicto proximo instanti festo sancti Andrée in antea esie-
rint et provenerint, qui et que ad noa deberent spectare,
et pertinere et provenii-e aliqua ratione vel aliquo jure,
ad omnes suas suorumque voluutates plenarie faciendura
quousque sibi reddiderimus intègre omnem banc pecu-
niam supradictam, aut quousque servatis eisdem ab omni
dampno de premissis, secum, ad voluntatem suara, compo-
suerimus in pecunia aupradicta. De predicta vero strala
nichil debenl percipere quousque ait satisfactum dictis
G. Cassafort et WiUelmo Tondut in debito illo pro que
eisdem tradidimus dictam stratam, et illud quod de Mis
supradictis a nobis sibi obligatis et ipotecatis babuerînt,
seu perciperint aut retinuerint, dum eadem ratione vel
nomine dicte ipolece sue seu pignoris tenebunt et habe-
buut, non coniputabitur eisdem in solutione debiti supra-
dictj. Noa enim donamus totum illud quicquid sit. pro
nqbis et pro nostris omnibus, bono animo et libenti doua-
tione inter vivos ticta eiadem predictis consoUbus et
universitati seu communitati dicte ville Martelli, in remu-
nerationem multorum servitiorum que erga nos et boue
memorie dominum Raimundum de Turenna, quondara
patrem nostnim, aiquidem contulerunt, eisdem stipula-
tione interposita promiltentes nos usque modo nichil
fecisse ve) dixisae, nec deinceps nos facturas vel diciuros
aliquod quod eisdem obesse posset in hoc facto. Hec
autem universa et aiugula aupradicta promiltimus, pro
ibyGoogle
Fig, 1 =1 2. ,
SCEAU DE RAYMOND VI
„Googlc
„Googlc
— 339 —
Dobis et pro uostiis omnibus, iterata stipulationc, eisdem
prediclis consulibus, uomîne suo el nomine dicte uuivei'-
sitalis seu comunitatis dicte ville Martelli stipulantibus.
iii viola bililer observare et tenei'e, et contra non venire in
parte vel in totum, per nos vel per alium, aut aliquim
aliam personam Domine nostri vel nosti-orum, aliquo jure
vel aliqua ratioiie, sic Deus nos adjuvet; et hec saci-o-
saiicta Dei Ëvangelia a nobis corporaliter tacta, scienter
et consulte, generaliter et specia-iter renunciautes sub
eodein sacrameiito, ex nosli-a certa scieiitia hiis omnibus
supradictis omni juri seu juribus canonico et civili,
scripto et non scripto, et in integrum restitutiooi, et
compeusalioni, omni ignorantie juris et facti, et omoi
privilegio generali et speciali, et omni foro et con3ue-
tudini et terre usui, litteris comissionis summi pontificis,
et ipsius legali, el cujusiibet judicis oi'dinani super hiis
aut contra predicta inpetratis aut impetrandis, et omni
privilegio et minoris etatis benelicio, et omni juri el facto
quod posset ohici contra instrumentum, et actioni et
exccptioui juris vel facti, rei vel pereone, competentibus
aut unquam competiluris, quo vel quibus contra predlcta,
vel aliquod predictorum, venin posset aliqua ratione ; et
ad majorem reruni predictanim fîi-mitatem habendam,
eoncedimus eisdein prediclis consulibus, et universitati
seu coniunitati dicte ville Martelli, prcsentem paginam
sigilli nostri munimine roboratara. Aclum apud Mar-
tellum, anuo el die quo supra dictum est.
(Orig., parch-, scellé sur tresses de chanvre jaune,
blanc et bleu, d'uD sceau â type équestre en cire blanche
(voir figures 1 et 21. — Appartient à M. le contre-amiral
de Marquessac.)
lyGoogle
vir
LETTRES d'aIMERIC DE MALEMORT, ÉVÉOUE DE Ll-
MOftES, CHARGEANT LE CHAPELAIN DE SAINT-JUNIEN
d'absoudre RAYMOND DE TURENNE, QUI ÉTAIT SUR
LE POINT DE PARTIR POUR LA CROISADE, DE PLU-
SIEURS SENTENCES PRONONCÉES CONTRE LUI, ET
ORDRE, PAR LEDIT CHAPELAIN, DE CONVOQUER
CEUX AU PROFIT DE QUI CES SENTENCES AVAIENT
ÉTÉ PRONONCÉES.
27 mars i25i.
Magister Guillelmus, canonicus et capellanus Sancti-
Juniaiii, dilectis in Chrïsto capellanis de Tuela, de Mala-
mortc, d'Albussac, de Noalhas, de Caichac, saltitcm in
Domino. Noveritis nos taies litleras récépissé : Ayme-
ricus, pei-missione divina LemoviceDcis episcopus, dilecto
guo magistro Guillemo, capellano Sancti-Juniani, salu-
tem. Dilectus noster nobilis vir R., vicecomes de Tu-
reuna, nobis huiniliter supplicavit ut cum sit in punctum
itineris transmarini et propter hoc multipliciter occu-
patus, ad nos et officialem nostnim venire non possit
absolutionis beneflcium petiturus, eidem super hoc pro-
videre misericorditer dignaiemur. Nos ijitur ejus suppli-
calionibus incliuati, diacretioiii vesti-e comittimus et man-
damuB ijuatinus dictum vicecomitem, vocatis partlbus
adversis et refusis expensis que de jure fuerînt per-
solvenda, juxla formam Ëcclesie absolvalis ^ senten-
cils a Dobis, vel oSiciali nostro, pio contumacia latis in
ipsum, assignantes parlibus diem coram offîciali nostro
Lemovicensi, quam videritis expedira, ad procedendum
hinc indc quantum de jure fuerit procedendum. Datum
VI kalendas aprilis, anno Domiui M' GC° L~° primo (I).
Hujus ijitur auctoritate mandati vobis mandamus cilare
(I) 27 mars 12S1.
lyGoogle
— 341 —
apud Nazare coram nobis, ad diem lune post Quasimodo
ante terciam, venerabilcm dominmn abbatem Tutellensem
et nobilem dominara Bertrandam de Malamorte, rcUctam
ut dicitui- domini Gauberti de Malamorte. dominum Ber-
trandum de Sancto-Amancio, templarium, dominam Lu-
ciam, relictam Hugonis de Noalhas, Guillelmum Eapero,
capellanum, ut veniant visuri (?) absolutionem dicti vice-
comitîs quantum ad sententias in eundem latas pro
eisdem, jnxla formam mandati nobis traditi ut supra
dictum est et recepti, alioquin absolvemus euadem. Datum
die Parasceves, anno Domini M* CC* L"° primo.
(Orig., parch., dans l'un des coins duquel ont été
découpées six petites bandes. — Arch. nat., K. 1183.)
VIII
LETTRES d'ÉLIE RUDEL ET d'hÉLIS DE TURENNB BNU-
MÉRANT LES POSSESSIONS QU'iLS ABANDONNENT A
RAYMOND VI, VICOMTE DE TURENNE, ET A SES
HÉRITIERS.
25 juin 125i.
Univerais présentes litteras inspecturis, Helias Rudelli
et Aelyz, ejus ujtor, salutem in Domino. Noverint uni-
vers! quod nos, bono anime et spontanea voluntate nostra,
pro nobis et nostris presentibus et futuris, solvinius in
perpetuum et quitamus nobili viro R,, Turenne yice-
comiti, et omnibus suis heredibus et successorlbus pre-
sentibus et fuluris : ^
Castrum Turenne cum omnibus pertinenciis suis, et
bailiviis et juribus universis ad castellaniam dicli caslri
pertinentibus.
Item, quitamus in perpetuum eidem vicecomiti el suc-
cessoribus et heredibus suis monetam vicecomitaLus Tu-
renne, el jus faciendi et operandi et cudendi eandem.
Item, quitamus eidem et successorïbus suis medietatem
ville Martelll et pertinenciarum ejusdem ville.
lyGoogle
— 342 ■^
Item, quitamus eîâem et successoribus suis et here-
dibus castrum de Montevalenti cum pertinenciis suis et
juribus universis.
Item, quitamus eidem et succesoribus et heredibus
suis porlum de Traetutz, sive de Montcvalenti, cum perti-
Deuciis suis et juribus universis.
Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus
suis castrum de Merindol cum pertinenciis suis et juribus
universis.
Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus
suis castrum Sancti-Sereni cum omni honore, et domi-
nio et districtu, et pertinenciis suis et juribus universis.
Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus
suis caslrum de Garnhac(l) cum pertinentiis suis et ju-
ribus universis.
Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus
suis villam Belli-Loci cum pertinentiis ^uis et juribus
universis.
Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus
suis castrum de Betut cum pertineuciis suis et juribus
universis.
Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus
suis castrum de Belalha cum pertinenciis suis et juri-
bus universis.
Item, quitamus eidem et? guccesBOribus et heredibus
suis totam terram et dominium, et feuda, et homagia
de Brivezio, quam et que habebat et haberc deliebat
ibidem R., quondam Turenne vicecomes(2).
Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus
(I) Gagnac (Loi).
(!) Il semble acquis que les droits des Turenne sur le paya de
Drive [Brioesium) leur furent apportés par le mariage de Ray-
mond V avec Allemande Malemort, mère lie Raymond VI. Il n'y
avait donc pas lieu de parler de ces droits dans cette transaction;
mais si l'on se reporte au titre putiié par Justel, on verra qu'il
s'agit de biens provenant de Raymond IV, père d'Hélis de Turenne
et oncle de Raymond VI,
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-343 —
sois hoDugia, feuda, et dominîa ac esplegia ad dicta
castra et villas pertinencia. *
Item, quitamus eidem et successoribus et heredibus
suis homagia, feuda et dominia a villa Martelli uaque
ad civitatem Caturcensein, et usque ad civitatem Lemo-
vicensem, et usque ad villani de Gloto8(l).
Item, obligamus nos et uostra ad solvendam et exse-
quendam medletatem teslamenti eive ordlnacionis R.,
quondam Tureoue vicecomilis, ad arbitrîum et volun-
tatem venerabilium patrum, abbatis Obazine, et Helie,
electi monasterii Sar[lateQaia].
Et hec omnia universa et singula aupradicta promi-
timus aos, pro uobis et uostris, eldem vicecomitî et suo
ceasoribus el heredibus suis, perpetuo et inviolabiliter
servaturos, prestito super sancta Dei Euvangelia corpo-
raliter jurameuto. In cujus rei testimoDium sigilla nostra
presentibus dnximus apponeada. Et nos B., Dei gratia
Fraacorum regina, ad precea et instancias nobilis viri
Helie Rudelli et Aeliz, uxoria sue, hec predicta laudamus
et etlam approbamua, et sigilli nostri munimine robora-
mus. Actum apud Melodunum, anno Domiai milleaimo
CC° L"° primo, in craatino beati Johannls-Baptiste.
(Orig., parch., autrefoia scellé de trois sceaux. — Arch.
nat., K. 1180.)
IX
ENGAGEMENT PRIS PAR RAIMOND, VICOMTE DE TU-
RBNNE, DE FAIRE JURER PAR SES HOMMES FIDÉ-
UTÉ AU ROI DE FRANCE AVANT Qu'ON LUI RENDE
LE CHATEAU DE TURENNE.
Novembre 1251.
Ego Raimundus, vicecomes Turenne, notum facio uni-
(1) Ëgletons (Gorrèze). L'acte publié par Juste! (preuves, p. 5Î)
eolre dans plus de détails au sujet des chAteaux compris dajis ces
limites.
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-344 —
vereis presentibus et futuris quod ego promitto quod,
quandocumque excellenlissimus dominus meus rex, vel
domina regina. voluerint michi redilere castrum Tu-
renne, antequam i-eddatur michi castrum, omnes homines
meos vicecODiitatus Turenne, mililes, burgenses et alios,
vigiles eciam et custodes castrorum jurare faciam domino
régi fidelitatera, talem videlicet quod nunquam ei-unl con-
tra ipsunri, vel heredes seu successores suos; et si ego, vel
heredes seu successores moi, per nos, vel per alios face-
remus guerram sibi, vel heredibus seu successoribus suis,
quod ipsi essent contra me, et heredes et successores
meos, cum domino rege, et heredibus et successoribus
suis. Ego eciam, et heredes et successores mei tenebimur
jurare quod, ad magnam vim el parvam, quandocumque
dominus rex, seu heredes vel successores sui mandave-
rint, sibi vel alterius ipsorum mandalo certo, reddemus
castrum Turenne, et castrum Sancti Sereni, el omnes
alias fortericias meas, quas teueo de ipso domino rege.
Voie eciam et coocedo quod hujusmodi juramenlum in
posterum semper flat et renovetur aiinujilim, vel quociens
dominus rex, seu heredes vel successores sui voluerint,
et ad hoc obligo me, heredes et successores meos, ac
totam terram meam vicecomitalua Turenne. Hec autem
omnia facio libéra et spontanea voluntale. In cujus rei
testimonium, sigillum meum duxi presentibus apponen-
' dum. Actum apud Pontisaram, anno Dominl M" CC" quin-
quagesimo primo, mense novembri.
(Orig., parch., scellé en cire brune, sur double queue,
du sceau de Raymond de Turenne (voir figures 3 et 4.) —
Arch. nat.. J. 400, n" 47; Layettes du Trésor des chartes,
l. III, p. 147.)
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SCEAU DE RAIMOND VI
VICOMTE &E T
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— 347 —
X
ACCORD ENTRE RAYMOND VI, VICOMTE DE TURENNE,
d'une PART, ET BERNARD, VICOMTE DE GOMBORN,
MARGUERITE, SA FEMME, ET DAUPHINE DE ROQUE-
FEUIL, d'autre, au SUJET DES DROITS REVENANT
A CES DEUX DERNIÈRES SUR LA VICOMTE DE
TURENNE EN LEUR QUALITÉ DE FILLES DU VI-
COMTE BOSON m.
Août 1256.
Universis présentes litleras inspecturis, Raymundus,
vicecomes Turenne, Bernardus, vicecomes de Combornio,
Margareta, ejus uxor, et Daitlna de Rugefolio, salutem in
Domino. Notum facimus universis quod cum conteiitio
esset inter nos, Raymundum, vicecomitem Turenne, ex
uiia parte, Bemardum, vicecomitem de Combornio, Mar-
garetam, ejus uxorera, et Dalfinam de Rupefolio, fllïas
quondaiii Boasonis, vicecomitis Turenne, ex altéra, super
parte vicecomitatus Turenne, dominiis, feodis et juri-
hua que dictus Raymondus habet et posaidet ratione
dicti vicecomitatus, excepta portione quam Reginaldus de
Ponte, domicellus, et Margareta, ejus uxor, teneot et
possident, quam partem dicte Margareta et Dalflna dice-
bant ad se, jure hereditario, pertinere, ex successione
dicti Bossonig, patris sui, tandem inter nos amicabiliter,
de consensu nostro, fuit compositum in hune modum.
Videlicet quod nos Raymundus, vicecomes Turenne,
damus predicto vicecomiti, uxori ejus et Dalfine centum
quinquaginta libras annui redditus malchionum [sic] vete-
rum currentium nunc in vicecomitatu Turenne, ita lamen
quod vicecomes, uxor ejus el Dalfina predicti, et suc-
cessores eomm debent tenere in feodum dictum redditum
a nobis Raymundo, vicecomite Turenne, et heredibus nos-
tris; non tamen debent propter hoc nobis facere homa-
gium. Ceterum damus predictis vicecomîti, uxoii ejus et
lyGoogle
— 348 —
Dalâne mille libras ejusdem moDel«, Bolvendas unicuique
pro rata sua in hune modum : scilicet, in festo Purifica-
tionia béate Marie virginis proximo instanti, trecentas
libras; et in eodem festo proximo subséquent!, alias tre-
centas libras; et in eodem festo proximo subséquent!, alio
anno revoluto, quadringintas libras. Nos vero vicecomes
de Combornio, Margareta, uxor nostra, Dalflna de Ruper-
folio, âde prestita, quitavimus, pro nobis et omnibus
heredibus et successoribus nostris, dictum Raymundum,
vicecomitem Turenne, et omnes heredea et successores
ejus, ab omni aclione et petitione quam vel quaa habe-
bamus, vel habere poteramus quoquomodo contra dictum
Raymundum, vicecomitem Turenne, ratione partis quam
habet et possidet vicecomitatus predicti, dominiorum, feu-
dOFum et jurium. Sciendum lamen est quod nos, vice-
comes Turenne, debemus assignare in terra plana, sina
fortalicia, dictis vicecomiti de Combornio, M., uiori ejus,
et Dalfine, dictum redditum in terra quam tenemus de
vicecomitatu Turenne, ad arbitrium religiosorum viro-
nim, abbatis Auretiacensis et celerarii ejusdem monas-
terii, ordinis sancti Benedicti, ita quod si ipai duo in
dicta assignatione convenire non possent, abbas Obazine,
Ordinis cislerciensis, débet esse superior, et quidquid
ipse abbas Obazine, de dicta assignatione, cum duobus
predictis, vel altero, faciet, débet habere roboris firmi-
tatem. Sciendum etiam est quod dicli abbates et cele-
rarius debent assignare, prout dictum est superius, dictis
vicecomiti de Combornio, M., uxori ejus, et Dalfine, in
terra ubi erunt redditus assignat!, unum manerium, sive
fortaliciam, jure hereditario perpetuo possidendum, ubi pos-
sint, quando eis placuerit, venire et morari. Item, scien-
dum est quod nos Raymundus, vicecomes Turenne, de
quingentis libris monete p redicte solvendis terminis su-
pradictis, debemus dare fidejussores predicto vicecomiti
de Combornio et M., uxori ejus, ad arbitrium dicti abbatis
Obazine et fratris Guidonis de Gimello, ordinis Fratrum
minorum. Item, debemus dare predicte Dalfine de Rupe-
lyGoogle
— 349 —
folio ûdejussores de quingentiB libris monete predicte
solvendig terminis predictis, ad arbitrium magistri Guil-
lelmi Chaulet et celerarii supradicti. In cujus rei testi-
monium, nos Raymundus, vicecomes Turenne, Bernai--
dus, vicecomes de Gombornio, Margareta, uxor QOBlra,
Dalfina de Rupefolio, sigilta nostra presentibus litteris
duxiinus apponeuda. Actum Parisius, anno DomiQÎ mille-
simo duceotesimo guiuquagesîmo sexto, meose Augusli.
(Orig., parch,, autrefois scellé de quatre sceaux pon-
dant sur doubles queues. — Arch. nat. K. 1180.)
XI
ACENSEMENT, PAR RAYMOND VI, VICOMTE DE TU-
RENNE, EN FAVEUR DE BERNARD DE DOTVAL,
d'une partie du MANSE de DOTVAL.
Février i?63.
Universis présentes lilteras inspecturis, Raymundus,
vicecomes Turenne, salutem et pacem. Notum facimus
universis quod nos acensavimus et ad certum censum
dedimus et concessimus, pro nobis^t nostris, Bernardo
de Dotval, heredibusque suis, pirtem mansi de Dotval
quam Hunibertus de Dotzval, presbiter, tenuerat et pos-
sidcrat, et ad se pertinere dicebat antequam andueret [sic)
habilum monachalem, cum omnibus juribus et pertinenciis
ail nos spectantibus, aut etiam pertinenlibus; ita tameu
([uod diclus Bernardiis dédit nobis pro intra,yrio quatuor
libras monele currenlis, quas ab eodem habuimus et
recepimus in pecuuia numerata. Item, débet nobis dare
singulis annis duodecim sextarios avene ad mensuram
Maschalli (1), et quatuor sextarios fromenti ad mensuram
cum qua levai G. de RolBuhac nostrum fromentum, red-
dc Chenullers-
lyGoogle
— 350 —
dendos apud Tureimam io festo iiaDcti Michaells. Item,
débet nobis dare quinque solidos pro acaptameQto, moncte
curreatis, dura locus se obtulerit oportunum. Et dictum B.
de predicla parte mansi investivimus et in posscssionem
induci fecimus corporalem, promitlentes [contra] aceiisa-
tionem hujus aliquo tempore in parte vel in tolo non
venturos. In cujus rei testimonium sigillum nostrutn pre-
sentibuB duxlmus apponendum, salvo lamen jure nostro.
prout saperius est ejtpressum, similiter et jure alieno.
Datum et actum apud Turennam, mense febmarii, aiino
Domini M" CC LX' secundo.
(Orig., parch., autrefois scellé sur double queue. —
Arch. nat., Q- 137.)
XII
promesse du celléluer et du chambrieb de tulle
de travailler, dans la mesure de leurs forces,
au bien et profit de raymond, vicomte de tu-
renne, et spécialement de faire en sorte qu'll
n'Éprouve aucun dommage au sujet du château
DE OIMEL.
7 juillet i261.
Nos B. de Sanclo Aslerio, cellerarius. et G. de Oistro-
Novo, cameranua Tutellensis, notum facimus univereia
cL singulis présentes litteras inspecturia, quod nos pro-
mittimus, prestitis ad sancta Dei Evangelia jurameutis,
iiobili viro domino Raymundo, vicecomiti Turenne, iu
omnibus honorem et utilitalem suam bona ûde pro viri-
bus in perpeluum procurare, et specialiler quod caslruni
de Gimello non sedeat ad dampnum vel ipslus vice-
comitis, vel suorum, immo ad ulititatem el honorem
ipeius. In cujus rei testimonium presentibus litieris sigilla
uostra duximus apponenda. Datum die jovis in crastina
oclabarum apostolorum Pétri et Pauli, anno Domini
M° CC' LX" seplimo.
(Orig., parch., scellé aur simple queue de deux sceaux
lyGoogle
— 351 —
en cire blanche, dont l'un est complètement détruit, et
dont l'autre est réduit à l'état de fragment. Sur ce frag-
ment se Toit une tour crénelée percée de deux fenêtres.
— Arch. nat.,K. 1180.]
XIII
ACEN9EMENT, PAR RAYMOND, VICOMTE DE TURENNE,
EN FAVEUR DE BERNARD BEAUDOIN ET DE BER-
NARD DE SAINT-HILAIRE, DES DEUX MANSES DE
NARSAU ET DE CELUI DE LA ROGEWE.
18 septembre i2Ti.
Univereis présentes litteras inspecturis, Raymundus,
Turenne vicecomes, salutem et pacem. Tenore presentium
notum facimus universis présentes litteras inspecturis,
quod nos certi de jure et facto nostro, non choacti, non
decepti, non machiuatione aliqua circumventi, dedimus
ad censum, pro nobis et succesaoribus nostris, dileclis
QOtris Bernardo Baudoyni et Bernardo de Sancto Hylario,
domicellis, suisque heredibus et voluntariis, duos mansos
nostros dictos et appellatos de Narsa, et alium tertium
mansum nostrum dictum et appellatum de la Rotgairia,
cum omnibus întroitibus et exitibus, pascuis, nemoribus,
terris cultis et incultis, rippariis, aquis et omnibus aliis
juribus et deveriis predictorum mansorum, — et isti
très mansi, seu faziones, ad invicem sunt conjuncli seu
coQtigui; et isti très mansi predicti ad invicem conjuncti,
seu faïiones predicte, confrontant se cum via publica per
quam itur de Cayssac apud Arnac(l}, ex parte una, et
cum manso de Leunac, et cum manso de Romeyoza, et
(!) Le chemin public de Queysaac à Puy-d'Ârnac Les manaes
dont il est question daus cette ctiane étaient situés dans la com-
mune de Végennes, oii l'on rencontre encore les villages de Nar*
sau, du Breuil, de la Tronche, etc.
lyGoogle
— 352 —
cum mansis de Brolio et LatroBCha, et cum bordaria de
Cbargolas, ex alia, — pro sex libria minus quinque aoli-
dis monete currentis in vicecomitatu nostro Turenne ren-
dualibus, solvendîs nobis et successoribus nostris annua-
tim, videlicel medietatem in festo beati Andrée, apostoli,
et aliam medietatem in festo Rogatioiium , et pro quin-
que aolidis ejusdem monete de acaptamento in mutatione
utriusque domini, et pro trecentis et quinquagenta solidia
ejusdem monete de inlragio; quos trecentos et quinqua-
genta solidos nos r,onfltemui' et recognoscimus noa ha-
buisse et récépissé ab ipsis domicellis in pecunia nume-
rala, renunciantes exceptioni non numérale pecunie, non
habite, non recepte et apei numerationis future; renun-
êiantes etiam, quantum ad dictam acensacionem, exceptioni
doli, fori, loci, et actioni in factum, usui et terre consue-
tudini, et omni exceptioni juris canonici et civilia, et
omnibus aliis exceptionibus, deffensionibus, allegationibus
per quas hujusmodi acensatio posset in posterum anullari
seu etiam retractari. Et promittimus, pro nobis et suc-
cessoribus nostris, quod contra hujus modi acensationem
factam pro nobis et successoribus nostris dictis domicellis
de predictis mansis non veniemus in futurum, licite vel
expresse, in toto vel in parte, aliquo jure seu alîqua
ratione. Hec autem univei-sa et singula, proul superius
sunt expressa, promittimus lenere, et observarc et contra
non venire, prestito ad sancta Dei Evangelia corporaliter
juramento. In cujus rei testimonium et memoriam om-
nium premissoiTim, nos, vicecomes predictus, sigillum nos-
Irum apponi fecinms per manum dilccli c;ipcllani nostri
Ademari Barba; et noa Boïo de Turenna. frater dicti
vicecomitis, premissa confirmantes ac etiam approbantes,
sigillum nostrum duximus presenlibus apponendum in
testimonium et munimen omnium premissorum. Datum
die martis ante festum beati Mathei apostoli, anuo Domini
millesimo CC' LXX' quarto.
(Orig., parch., autrefois scellé de deux sceaux. — Arch.
nat., Q' 136.)
lyGoogle
— 353 —
XIV
OBDRE DU SÉNÉCHAL DE PÉRIOORD ET QUERCY AU
BAYLE DE BRIVE, DE s'aBSTENIB A l'aVENIR d'eN-
TRER DANS LA VICOMTE DE TURBNNE POUR Y
FAIRE DES SAISIES ET DES CITATIONS, SI CE n'eST
DAKS CERTAINS CAS DÉTERMINÉS.
29 mai 1293.
Johaiines de Mabl...., miles illustrissimi principis do-
mini régis Prancie, ejusdemque senescallus Pretragori-
ceosis et Gaturceasis, bajulo nostro de BFiva(l), vel ejus
(1} Lm baylies dfl Brive et d'Userche furent unies à la séné-
chaussée de Limousin par lettres du roi Charles V, du 1 juin
1373; elles avaient été comprises jusqu'à cette date dans la séné-
chaussée de Périgord. Il semble que les dlFBcultés du montent
retardèrent pendant quelque temps les effets de cette mesure. On
lisait en effet ceci dans le compte, pour t3T7-137B, de Pierre Hont-
rivaud, receveur de la sénéchaussée de Limoges sous l'adminis-
tration de Gaucher de Plasssc, sénéchal ; « Receptes. — Des rentes,
droits et revenus du hailliage de Brive et Uzerche néant cette
année, pour ce que les Angles et ennemis du Boyaulme occupent
tout le pays dudît bailliage, et n'y peuvent avoir les officiers du
Roy, nostre sire, aucune obéissance ne n'y osent aller, pour ce
néant; et fut baillée en garde par le seneschal à Pierre de Tuile
(ou Tuelle), de Brive, qui encore n'eo a compté. >
Au bas du feuillet dudit compte était écrit : NotAndum qviod
Rex, per tuu Ullerag d&ta» geplim& junii MCCCLXXIII; ad-
junxil huic genegehallie Lemomcensi baiUivai de Briva et de
Uterchiii, que aolebant esse de aeneschalliis Petragoricensi et
CatuTcenai, proul patet per diclaa litteraa quarum copia acri-
bitur in fine hujus aompoti; et traditum fuit dicto receptoH
tranicriptum dielarum titteraTum collationatum et expeditum
per litteraa dominorum, d<tm xv sept. MCCCLX XVIII. Ca-
veatvr quod de celero reapondeat de emolumenlii dictorum
baillivarum.. Cette dernière phrase est probablement de la main
des gens de la Chambre des comptes, qui Jugeaient bon de sti-
muler le sèle du receveur.
Ces renseignements sont tirés des archives municipales de Brive,
où se trouve une série d'extraits des comptes de la baylie de Brive,
que l'incendie des archives de la Chambre des comptes, en 1T3T, a
rendus fort précieux.
T. VIL %~io
lyGoogle
— 354 —
locum tenenti, salutem et dîlectioQem. Gum robia alias
dederimus in mandatum quod io terra nobilis viri vice-
comitis Turenoe non gatgiaretia, nec adjornarctis, nec
explectaretis aliquid, niai propter defectum geDcium dicti
nobilis, seu propter ressortum pertinentem ad domiauDi
Regem, seu aliam justam causam ad nos pertinentem,
videlicet pro judicatura curie noslre, el vos, ut intel-
leximus, contrarium facitis incessanter, dictam terram
intrando et ibidem explectando, de que, si verum sit,
quamplurimum admiramur, vobis Ûrmiter etdistricte
precipiendo inandamus quatinus dictam terram dicti
nobilis, niai in defectu gencium ejusdem, non intretia,
eamdem explectando, seu dictam terram usurpando, nisi
in casibus supradictis, seu aliis ad juriadictionem dicti
domini nostri Régis pertinentibus et spectantibus, seu
alio expresse mandate per nos vobia faciendo super pre-
miasis. Datum apud Montem Dôme, die veueris post oc-
tabas Penihecostes, anno Domini M" CG° nonagesimo ter-
cio. — Redd. 'lit.
(Orig., parch. — Arch. nat., K 1180.)
XV
TRANSACTION ENTBE l'aBBÉ DE SAINT-GÉEUUD D'aU-
RILLAG ET FBÈHE GÉRAUD DE JO, PRIEUR d'aU-
RIAC, d'une part, et RAYMOND, VICOMTE DE
.TURENNE, d'autre PART, AU SUJET J>U REPAIRE
ET DU DOMAINE DE JO.
27 octobre 1299.
In nomine Domini amen. Noverint universi et singuli
hoc presens publicum instrumentum inspecturi quod cum
controversia verterelur, seu verli speraretur, inler reveren-
dum patrem dominum Pelrum (1), Dei gratia abbatem mo-
nasterii Aureliacenais, et fratrem Guillelmum de Claviers,
(t) Pierre Malafaide, d'une illustre famille limousine.
lyGoogle
— 355 —
priorem de Burgno ac sclndicum conventus moDasteriî
predicti, Domine abbatis, et conventus et monasterii, et
fratrem Geraldum de Jo, priorem de Auriaco, ex parte
una, et nobilem virum Ramundum, vicecomilem Turenne,
domlnum de Cerveria et de Santria, ex alia, super alber-
gamenlo seu repario de Jo, prout ipsum tenebat et possi-
debat quondam Beatrix, relicl.1 quondam Aîterii de Jo,
domini defuncti, et idem Geraldus, ejus filins, et etiam
idem Eoarilus suua tempore quo iidem coujuges vivebant;
et super mansis, capmansis, bordariis, terris, aliis reddi-
tibus juribus-et deveriis, et aliis bonis que dicti cou-
juges coDJuuctim vcl divisim tenebant et possidebaut dum
viverent, vel dicta Beatrix et idem Geraldus, ejus fllius,
tenebant et possidebant tempore mortis dicte Beatricis;
que predicta omuia boua idem abbas dicebat ad se et
dictum mouasterium pertinere ex quadani donatione facta
ipsi abbaii, et conventui, et monasterio et prioraïui de
Auriaco per Beatricem et fratrem Geraldum predictos,
dicto vicecomiti in contrarium asserente et dicenle ipsum,
vel ejus maudatum, predicta cepisse et saizivisse propter
defectum hominii et ut de feudo et dominio suo, et ut
incursa et comissa eidem, et quod predicti abbas et con-
ventus et prior eadem extra manum suam non posuerant
ut debebant; tandem, post multas altercationes et lites
super predictis et predicta tangentibus, inter ipsas partes
amicabilis compositio intervenit talis. Videlicet quod dic-
tum albergamentum seu reparium et homines, et pagesii,
et villa, et orti, et boria de Jo, prout ad predictos Bea-
tricem et ejus Ûlium spectabant et pertinebant, spectaut
in perpeluum ad dictum vicecomitem et ejus heredes et
successotes. Item, quod omnes mansi et capmansi, bor-
darie, appendarie, terre, prata, redditus, census, jura,
servitutes et alia boua immobilia et actiones que spectant
ad predictos matrem et âlitim, iuter dictum abbatem et
ipsum vicecomitem pro equis portionibus communiter
dividantur, solutis tameu prius de predictis bonis com-
munibus, per dictos abbatem et vicecomitem, leguatis et
lyGoogle
— 356 —
âdeicommissis ad pias causas relictis per ipsos matrem
t et fllium, contenus in litterîs confectis super donatione
predicla et teetamento, ut dicitur, confecto per ipsam
Beatricem jam defunctam, ad esgardum et cognitionem
magistrorum Pétri Bniui et Geraldi Majoris, jurisperi-
torum, si vaccare poBSunt; et si vaccare non possuut, ad
esguardum et cognitionem domini Hugoois de Gamburac,
legum professoris, et magistri Stephani Laguardela, juris-
prerili; et si dominus Hugo de Gamburac et magister
Stephanus Laguardela vaccare non possunt, ad esguardum
et cognitionem magistrorum Stephani Bec et Bertrandi
Vitalis, jurisperitorum. Et fuit actum quod omnia bona
que tradita fuerunt pro relictis ad pias causas, leguatorii
seu fideicommissarii ponere debeant eitra manum suam,
prout est de consuetudine, ita quod predicta non rema-
neant amortita, nec dictus vicecomes intendit amortizare;
ita tamen quod si dictus abbas solvere voluerit dicto
vicecomiti infra duos annos ab instanti festo Nativitatis
Bomini computandas, ducentas libras turonnensium par-
vorum tantum, vel viginti denarios turonenses pro quo-
libet deuario renduali pro parte contingente ipsum vice-
comitem de dictis bonis, escepto albergamento predicto,
et hominibus, et pagesiis, domibus et ortis eorum qui in
omni suençu predicto vicecomiti et ejus heredibus debent
remanere; et census et deveria que dicti homines debe-
bant ratione predictorum, quod idem vicecomes omnia alla
bona immobilia que ad ipsum de predictis bonis obve-
uerint, et etiam boriam predictam, exceplo alberguamento
predicto hominibus, pagesiis, domibus et hortis dicto
abbati amortita quantum ad se reddere et dimittere in
perpetuum teneatur, et etiam quod statim amortizet quan-
tum ad se partem quam ad ipsum abbalem proveniet,
oonventum, priorem et monasterium de bonis predictis,
salvo semper et retento dicto vicecomiti et eJus heredibus
auccessoribusque suis in omnibus predictis bonis perti-
nentibus ad dictum abbatem, omnîmoda Jurisdictione,
mero et mixto itnperio; et qUod predicla diclentur per
lyGoogle
-357-
prenominatos magistros ad esgardium predictorum ma-
gistrorum, videlicet si primi duo vaccare poBsunt; et si
vacare non posBUDt, guod dominus Hugo de Gomburac,
legum professor, et magîster Stephanus Laguardela, juris-
peritus dictare possint; et si omnes isti deflcerent et non
poasent vacare nec intéresse, ad esguarâium et cogni-
tionem magistrorum Stephani Bec et Bertrandi Vitalis,
jurisperitonim, possiot dictari et ordinari; et sigillentur
omnia prout ipsi dictaverint sigillis ipsonim abbatis et
coQventus et vicecomitis infra instans featum Nativitatis
Domiai prositne Teaturum. Que predicta omnia idem
sciadicQS, nomine ipsorum abbatis, prions de Auriaco et
conveotus, et idem vicecomes, pro se, juraverunt ad
sancta Dei Evaogelia corporaliter tacta attendere perpetuo
et complere sub pena mille librarum turonnensium a
parte non hobediende parti obedienti conferenda. Kt fuit
actum int«r partes predictas guod predicta sigillentur
infra festum Nativitatis Domiai prozime ventunim, et
illa pars per quam steterit quominus predicta infra dictum
tempus sigillentur sigillo dictarum partium, jus quod
hal>et io dicto affario de Jo et in bonis predictis, ex
compositione predicta, amittat et alteri parti accrescat,
quod absit, et quod intérim dominus Guitbertus Alboy,
miles, dominus de Vergi (?], predicta omnia teneat nomine
et ad opus illius oui accresset, quod absit; et nichilo-
minus quod pena predicta committatur; pro qua pena
solvenda convenerunt et se obligavenint pro utraque parte
domiai Bernardus d'Alboy et Fulco de Merle, milites,
et Ademarus Faydit, domicellus, et eorum quilibet pro
utraque parte. Et pro premissis universis et singulis a
predictis partibus et a qualibet ipsanim tenendia, flrmiter
attendendis, perpetuo complendis et inviolabiliter obser-
vandis, suppoauerunt et submiserunt, videlicet dictus vice-
comes partem suam et omnia bona sua mobilia et
immobilia presentia et futura, et prefati abbas, scindicus •
et prior de Auriaco bona mobilia et Immobilia dicli mo-
nasterii ubicumgue sint et existant, jurisdtctioQi, fora,
lyGoogle
— 358 —
cohertioni, districtui, compulsiosi, cognitionî et ordina-
tioni senescalli domini régis iii Monte Dôme positi et sta-
tuti ; el predicti Ôdejussores, pro predictis partibus, 3ub-
miBerurit, videlicet dominus Fulco de Merle et Ademams
Faydit, domicelli, seîpsos et onmia bona sua, et dominus
Bernardua d'AIboy, miles predictus, tanlum bona sua, ju-
risdictioni, foro, cohertioni et ordinationi sigilli predicti,
volentes omnes predicii et petentes hoc presens publicum
instnimentum eodem sigilto sigiJlari. Acta fuerunt bec
apud Cerverviam, in platea communi contîgua ecclesie
seu capelle de Cerveria, in gi-adibus dicte eccle'Sie coram
ulmis et quadam leonissa de petra, die marlis ante festum
omnium sanctorum, anno Domini millesimo ducenlesimo
nonagesimo nono, régnante serenissimo principe domino
Philippo Dei gratia rege francorum iUiistrissimo, testibus
presentibus ad hec vocatis et rogatis religiosis viris do-
minis Guillelmo Guitartz, priore de Calus, Geraldo de
Salanhac, priore de Glenico, Geraldo de Mauriac, came-
rario ejusdem loci, Guilhelmo de Veyrac, priore de Podio-
Gelso et Geraldo de Marguarida, monachis; el presentibus
dominis Guilhelmo, priore Sancli-Santini et canonico
Brive, Guilhelmo de Guaratz, rectore ecclesie de Orihaco,
Geraldo Vegier, capellano de Glenico; et presentibus ma-
gistris Hugone de Vemolio, Petro Bruni, Guillermo
Moyseti, jurisperiti, Addemaro de Merle, Ramundo de
Piiciis, Petro de Pliciis, Durand de Marc, Johanne Plan-
chier, Petro Verdier, Johanne Labrossa, Stephano Pelhi-
cier, Petro de Manhac et Guilhelmo de Malessec, clericis;
et presentibus dominis Guitberto Alboyni, Savarico Moy-
seti, Aymerico do Peslel, Geraldo de Cabra et Petro de
Murât, militibus; et presentibus Ber. de Pena d'Albiges,
Pontio de Fumel d'Agenes, Geraldo de Claviers, Petro de
Vernolio, Guidone Malafayda, Ber. del Luc, Petro de
Sancto Martino, Stephano de Sancto Baudilo, Hugone
Chartz, Guillelmo Celarier, Geraldo et Ademaro de P.,
Geraldo et Ramundo Guitartz, Guillelm de Valeta, Guit-
berto Delbos et Guidone de Mauriac, domicellis; ac etiam
lyGoogle
preaeDtibus Ber. de Gannac, burgensis Aureliacensis, Ge-
raldo de Verroilh, Giiilhermo de Peset, Ber. de Potz, Ger.
Dajohan, Guilhelmo de Saacto Martino, Matheo Malla-
facha, Petro de Tolosa, Stephano de Bordis, dicto Perrier;
Petro de Gurriaras (?], dicto Ponhat; Greraldo Folchier et
Simone Coutier; et me Petro Popcha, auctoritate dicti
domini nostri régis fraDCorum iii tota seoeschalla Petra-
goricensi et Caturcensi et ejus ressorte publico notarié,
qui reguisituB, vocatus et rogatus hec omnia vidi et
audivi, scripsi et recepi et in fonnam publicam redegi,
signoque meo soUto signavi. Noa vero Hugo de Graodis-
seno, cust09 sigilli predicti regii MoqUs Domme, ipsum,
ad relationem dicti notarii, huic preaenti inetrumento, la
omnibus salvo jure regio, apposuimus. •
(Orig., parch,, autrefois scellé. — Arch. nat., Q' 136.)
XVI
TESTAMENT DE RAYMOND ROGER, COMTE DE BEAUFORT
ET VICOMTE DE TURENNE
5 juillet i399.
In Domine Domini, amen. Notum sit cunclis tam pre-
senttbuB quam fuluris hoc presens publicum instrumen-
lum inspecturis et etiam audituris, quod anno domini[ce]
Incaraatienis milleaimo trecentesimo nonagesimo nono,
et die quinta mensis julii, serenissimo principe domino
Garolo, Déi gratia Franconim rege, régnante, in nostram
notarii et testium infraecriptorum presentiam personaliter
constîtutus magniûcus et potens vir Dominus Raymundus
comes Bellifortia et vicecomes Turenne, sanue mente et
corpore per Dei gratiam, et in sua faona et valida memoria
permanens, attendens et congiderans quod nihil est certius
morte et nihil iacertius liora mortis, et ut extrema nécessitas
que nonnuUos in (1) eum migrare contingerit ab
(t) Cette lacune et les Buivantes existent dans la copie.
lyGoogle
— 360 —
hoc aeculo; ideogue hac coodilioDe motus de se et per-
sonis, ac omnibus et siogulis bonis lam mobilibua quant
immobilibus et se nominibus et debiiis juribus et
actionibus sibi a quibuscumque peraonis competentibus
et competituris, quoquomodo et ex causa quacumgue, ordi-
navit et testamentum suum ultimum nuocupativum, et
ultimam voluntatem suam nuncupativam, licet et inscrip-
tum seu redactum seu redactam fecit, condidit, ordinavit
et dispoBuit uno conteztu et noo divertendo ad alios actus,
signando se penitus Tene[rabili] signo sancle cnicis sic
dîcendo : ^ In nomine patris et Qlii et spiritus sancti,
amen, in modo, et sic prout et quemadmodum continetur
in quadam paperi cedula verbis romands scripta, cujus
quidem paperii cedule ténor talis est :
A tots aqueuz que aquesta présent cedula veyran et
ausiran sia manifest que lo noble et puissant seignor
moss. Raymond, conte de Belfort et vesconte de Torrena,
San de pansa et de son corps per la gracia de Diu, et
considerana que home en concevant que el es nat a
morir, ço comme per pagar son deute a natura et rendre
son corps a la t«rre dont es ital fonnet, quant a son
Creator a playre, volem ordenar et dispeusar de sos bens,
terra et heretalges deraentre que vieu, affin que entre
sos beretiers et successors non puescha après sa mort
alcuna materia de questione naisser, per ço lo dit moss,
le conte fa, ordena, dispansa et son damer testament
et Toluntat per la maneyra que s'en set :
1° Commenda son corps et sa arma a Dieu lo payre,
al ftlly, et al saint Sprat, et a la gloriosa virgis Maria,
mayre de Jesus-Christ nostre Salvador, et a tots los saints
et las sanctas, et a tota la cort celestiel subeyrans di
paradis.
Item, vol, et ordina, et dispausa lodît moss. lo conte
que cant son arma trespassara d'aquest mondi, que son
corps sia sepellit, et translate et portât dedins ung an
après son decee k Nostra-Domna de Paris, en la chapella
ibyGoogle
— 381 —
de moss. son payre, gue Diou absolva, jiuta sa tomba
oat Tol et elegît sepultura a son dit corps (1).
Item, vol, manda et ordena lodit moBs. le conte que eo
la detta cliapella se fassen doaa bêlas et honorables tom-
bas, la una lay ont et sepeli moss. son payre, et l'autre
la ont moss. lo comte sera sepellit près de lo corps de
moss. son payra, anaisse comme s'aparten a conte et a
grands seigneur.
Item, Tol, manda et ordena moss. le conte que S08 here-
ters universalz dessus écrits, lo jorn de son obit, pagent
totas las funeriaa, tota la novena, et vestit tots sos serri-
doFS de , et lo fassent sebellir honorablement en la
plus solempna gleysa que sera en la villa en que moiTa,
car en aqueyla gleysa moss. lo conte se laisse; et com-
menda et vol que tous los capellains et religious de la
detta villa et de viron sien appelais a sa sepultura et a
chacun chapella donat lo jorn de sa sepultura.
Item, vol et ordena lo dit moss. lo conte que sia Ëaita,
lo joni de son obit, sur sa sepultura, una chabana bene
allumada de dobles de sera, come es accoustumat de far
à l'obit de ung grand seigneur, le long de la novena, et
sien offert très chaval cobert de neyi^, am las
moss. lo comte, et sian factas almaynas a tota maneyra
des pauvres, come es acostumat, per amor de Dieu.
Item, laissa per una vetz, tan soliamente, al chappitre
de Nostia-Bona de Paris, per Ëar ardre et tener alumandas
perpetuallamente nuyt et jorn, davant l'autar de Nostra-
Dama de Paris, quatre lampesas, et autre quatre lam-
pesas davant l'autel de la deyta chapella; et per far
chacun an dos aniversaris et remenbransas, perpetuella-
mente, los joms de moss. le conte et de moss, son payre.
(I) Guillauin£.Roger demanda k être enterré • eo l'âglise Nostre-
Dtune de Paris, en la chapelle fondée en icelle > par le pape Clé-
ment VI, son oncle. On verra, par le testament d'Antoinette de
Turcnno, que le corps de Raymond fut probablement déposé dans
une autre église.
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— 362 —
en la delta chapella, so es assaver la soma de dos melîa
franc! per comprar dos cens lievras de renda, que per-
petuallamente aperliDgaat al chapitre, per lo dépens
et services de las ditte lampesas et per los dos anaiver-
saris chacun au dessus dict.
Item, Tol, manda et dispausa lo dit moss. le conte que
la exequtîoQ de son payre et de totas las causas que il
a en son testament et darrîera volontat mandat et ordonat
de far, sioo compUdag de point en point dedans le terme
de dos ans après la mort del dit moss. lo conte, et d'aisso
en sie descharga, et en charge sos hereters du contât de
Belfort et sous exequtourg.
Item, laisse, vol, et ordena, et manda moss. lo conte
que sian baillatz à sous exequtours, dedins dos ans, vint
. melia francs per destribuir et donar. per amor de Dieu,
a paubras fllhas mandas, et affar dire messas per las
armas d'aguele alias quales moss. lo conte, lasquales el
non sap honnament qui son, et autrament per los dis-
tribuer per l'onnor de Dieu, per los torts que moss. lo
conte fest a las gleysas, jouxta la voluntat de sous
exequtours dessoubs nommatz; -ei expressamente vol et
manda lodit moss. lo conte que de la deyta soma sia
baillât per réparation de la gleysa de Chastelnau de
Maseus très cent francs, la quai el fes fondre per def-
fendre lo chatel.
Item, vol, manda et ordena irioss. lo conte que moss.
lo duc d'Orlhianx pague lad. soma et la exeqution de
moss. son payre et totas las autras causas que moss. lo
conte dessus dit a lalssadas et ordonnadas de far dedins
lo terme de un an après sa mort dettes et héritages
que moss. lo conte le laissa et lou fait heretier en aquest
présent testament, et la sepullura, tombas, et obits de
moss. son payre et de luy.
Item, vol, manda, el ordena et dispausa moes. lo comte
que en la gleysa de Nostra-Dama de Paris sia fait, per
son exécuteur dessoubs scripts, une coUegi de douze cha-
pellas et d'un archidiaque et prevoust. qui los
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— 363 —
que chanta perpetuellameate en la deyta gleysa de Nostra-
Dama de Paris, et eo la chapella ont Moss. lo conte sera
et moss. son peyre en seppelliti, chacun jour sex missas
bassas et una granda en nota en rémission del peccata
de moss. lo conte et de sous prédécesseurs, et de tots
aqueU a qui il ten tort; que les dits chapellans sian
tengutz de dire chacun jom, en la deta chapella, totas
las autras horas et servis Dieu, et far las autres causas
que unt lai collège deu far; et que los dits exequtours
ordonnan et que tôt los lue del monde elz canton et
totas las messas autas et bassas de Requiem, et los de-
sap de Nostra-Dama, et los demandies de la Passion.
Item, laissa lodit testador al collegi desdits douze cha-
pellas perpetuellamente, sobre las revenuas et rendas del
comptate de Belfort, a chacun per chacun an, cinquante
lierras, et al prevoust ou commander desdits chapellans,
cent lievras, que montara tota la soma sept cent lievras
de toroes, laquai soma son heretier del ditto comtat de
Belfort payera chacun an en la ottava de la Toussaints
aïs dits collegi, a tant que ledit héritier ajha comprat
et aasetiat en autra part al dito collegi sept vint [sic] lievras
de renda dessus dits; affln que lo dits heretier sîa plus
delievrat de far la compra et la assieta de la soma deita
sept vînt livras et la pagar al dito collegi dedins lo terme
dessus ditto, vol et ordena moss. lo conte que si lo dit
hereter de comptât de Belfort non pagara o non fasia
pagar dedins la cieutat de Paris, al ditto collegi ou a lo
procurador, la deita soma integramente el terme dessus
ditto, ou al meins per tôt lo mes de novembre, que la
deita some de sept vint lievras sia pagada dobla per
los hereters al ditio coUegi encontinente que lo dit mes
de novembre sera passât sans avoir pagat la deta soma
en lodit terme et loc dessus dits.
Item, vol et ordena moss. lo conte dessus ditto que lo
dreyt de patronat et de présentation de los ditos cha-
pellas et de los prevoust sian et appartenan ad aquel que
moss. lo conte en aquest présent testament fara son here-
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— 36* —
tier en bod rescontat de Turenna, et see heretiere et suc-
cessours quales que sioat.
Item, laissa lo dit moss. lo conte al deito collegi, per
comprar uog hostel dedins lo claustra de Noatra-Dama de
Paris, ont tous les dits chapellas et lo dit prevoust de-
morent tous ensems, la soma de mille lievras per una
vêts tan Bolamente, la quel soma paiara son heretier del
ditto comptât de Belfort dedins ung an après la mort del
ditto moss. lo conte.
Item, lega moss. lo dit testador et par droit de lega
a moss. Aymar Robert, chevalier, seigneur de saint Gal-
des, cent lievras de renda perpetuellameote por se et por
loB seus, las qualas monss. lo duc d'Orlheans compte et
las le assia et fassa assire dedens dos ans après la mort
.de mon dit seigneur lo conte, per los agredables services
que lo dit moss. Aymar Robert a fait a moss. lo conte
et fara a moss. d'Orlhiens, car el ensegurant (7) dolz dreitz
que moss. lo conte a sur lo contât et terras a mosa. lo
duc laissadas en aquest présent testament.
Item, lega et par droit de légat laissa moss. lo conte
a moss. Gallard Guis, chanony del Puez, per los bons
et agradables services que a fait a moss. lo testador, cent
lievras de renda de tomes, por se et por los sieus here-
tiere et perpetuellamente, et vol moss. lo conte que mosa
d'Oriians, heretier del contât de Belfort, assise et compte
al dito moss Gallard et al seus heretiers dedins dos ans
aprea la mort del dito moss lo coote.
Item, sembl^lemente lega et par titre de droit et de
légat laissa moss. lo comte a Jombert de Corvilly, per
los bons et agradables services faits per lodit Corvilly,
cent lievras de renda de tornes perpetuahuente, per se
et per los sieus heretiers et successeurs , los quais vol
moss. lo comte que moss. d'Orlheans compte et assisa
al deito Corvilly dedins dos ans après la mort del deito
moss. lo comte.
Item, lega en droit de ligat moss. lo comte testador
deasusdit, al très noble et puissant aeignor, moss. lo duc
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— 365 —
d'Orliens, frayre du roy de Fransa nostre seignor, et a
sous heretiera et successours, les comptatz de Belfort et
de Cluse, de Chaetilbou [Clusiu], et de la Ploit et te lac
de due (1), âQ tous lours droicts, appartenants et arrai-
giaiges de las revenuas des dits comptaz de Cluse, que
se montent una très grant soma, et las successions que
al deto moss. lo comte apparteno et a sus los conlats de
Veli, de Tousa et de Lens, de Valentura et de Lisia,
et de touts los debtes, droits et raisons et actions que
aussy lo dit moss. lo comte a contre moss. lo duc de
Berry et sur l'hôtel de Boullonhe et en la terre de Saint
Just en Champanhe, et sur la terra de Douzeuat, coma
apar par bons instruments, et integraments et autres do-
cuments, los quales moss. a reqieae et entrepris et en
loe a moss. d'Orlians de quant estre baillais [2].
Item légat et per droit de titre et de légat laissa lo
dit testador à moss. lo duc d'Orlians et a ses heretiers
et successours todas las terras que lo dit moss. lo comte
a en las comtas de Prohensa et de Fiiuqualquier, so es
assaber : Partia, Viala, Laura, San-Remi, Aglator et le
Mas-Blanc, Meybeyquas, Sadaron, las Peynas, aussy
peatge, et am lo peatge de Bet Pelissan et Harambois,
Serras et sa terra de Gaudissart et la meytat del ves-
contat de Valerna ont apr Chatelliz (?) am los droiti et
appartenances, meri et mixt jousti et alla juridiction et
lours reguliari et privilégia appelletous et las mial lievras
et tots los autres debtes en que madama la Reyna [de
Cecilia (3)] es obligada a moss. lo comte et tots los droits,
raisons et actions quel a sur lo dit luoc des Vaux, en
las quai tras comptais et héritages, debtes, droits, moss.
lo comte por han dam caucela fuy et justemps moss. le
duc d'Orlians son heretier an tots los chartes et légats
(1) Et de la Plou de Clua (Justel).
(2) Je me contente de reproduire exactement la copie pour c
paragraphe et pour le auivuit.
(3) JusTBL. C'est de la ducbeaae d'Anjou qu'il est question.
lyGoogle
— 386 —
dessus et dessos faiU et laisses en las condiciones des-
soiibs scrithas et aon autrement.
Premieyrament, que moss. lo duc d'Orléans sie tengut
et sera protector et deffeosor, deffendra et soustendra,
coma ses propres heretalges, tots les autres hereteys et
legateriis del dit moss. lo comte que en aguest testa-
ment seron nommalz, et los gardara et los deffendra contra
AnthoDyeta, que se ditz âlba del deito moss. lo comte,
et contra moss. Jehan Le Mengre, dit Bouciqiiaut, son
marito, si en negun cas elz volian aner contra aquest
testament ni doonar molestia, empachament en court,
et defora court, alz dits heretiers et leurs substituts et
autres legatariis del dito moss. lo comte per occasion de
los biens et héritages a lor laissats, en los quais la
deyta Anthoneta non a point de droit, car ella et con-
-tenta de la dot a ella constituda per. moss. lo comte eu
lo contrat del mariatge fait entre ela et lo dit moss.
Bouciquaut, et a renunciat, et promes, et jurât lodit Bou-
ciquaut et plusors autres que ela reounciava a tots autres
biens et successions payternals et mayternals, corne apar
per lo contrat del deito mariatge, loqual es sans et sagellat
de son sagelle. D'autre part, los dits conjux, et par espe-
cial la deyta Anthoneta, non pod ni deu aveir droit en
las successions et heretaiges del deito moss. lo comte,
quar la deyta Anthoueyta et son marito an perchass^t de
far aussire et murtrire moss. lo comte et machinât sa
mort et la deseretation de son corps, et perchassat de ço
far; et la delta Anthoneta en sa propria personna, a près
la possession del contât de Belfort, en despulbant moss.
lo comte, et fait faire falssas lettras et sigillas d'un fais
sagel el nom de moss. lo comte, que Dieu absolva (Ij, per
(1) Ces lettre» de Guillaume de Beaufort, que Raymond déclare
fausses, ont été imprimées en partie par Juatel (preuves, p. 133).
Elles sont du 28 septembre 1394, et comme Justel a placé la mort
de Guillaume au 28 mars 139i, on se trouve obligé de la reporter
DigmzcdbyGoOglc
_ 367 —
aver lo dit contât des que séria morti, par p[ri]sons et
despaot de lo payre de moss. lo comte, et veis corne els
on testimonié en ea mort, per que moss. lo comte la de-
seretara per las trayeions de malvestala que ly on fachat,
et la met foro de lot sos bons coma non digne de venir
a la succession de luy ni de ses heritaig^s, corne plus
ampla poyra apparer en aquest testament de las integra-
titutz que losdits conjunx on comis conjonctament et divi-
giment estra las personas deU dits moss. lo comte, et moss.
son payre et de lors heretaiges.
Item, que mosa. lo duc d'Orléans, per nenguns cas que
puescha avenir, non fara, ni dega ni puescha, per se ni
par autre, en neguna maneyra, composition, testament,
accord, ni transaction an lad. AnthoDeta, ni am Bouci-
quaut, son marit, ni an autres, conjunctament ni divi-
siment, de las teras, droits, hérilages et actions que ald.
moss. lo duc en aquest testament per lo dit testador [son]
laissatz et légats, s lor defTendra en maneyrâ que aïs dits
conjunx non en laissatz ni saufFre que de las ditas teras,
heretatges et actions lor en venha ung denier valhent ny
ung plein pe de tera. Et si per aventura moss. Jehan Le
Mengre, dict Bouciquaut, davant, o al temps de la mort,
0 après, del dito moss. lo comte, et la deita Anthoneta
avian a lor mas las deltas teras et beriladges dessus dits
a moss. lo duc per moss. lo comte laissais, que moss. lo
duc totas aquelas terras que per los dits conjunx, ou per
ung de lor, seran de fait et vioalment las racobie de lor
main coma d'aquels que am traysion et per malvastat
et sans litre las tenon, et on presas fraudulemen, et sans
causa, et sans raison sus moss. lo comte. Et avant que
moss. d'Orléans accepte aquest herilatges ni prenda la
possession de las causas dessus deitas, et jurara sus les
sains Evangiles de Dieu et permetra sur la fe et sagra-
ment de son corps de tenir observar et compter totas las
conditions dessus et dessoubs scrithas, et en baillara ins-
tnunent en letra seuhada aegellada de son segelle als
heretiers dessoubs scripts del dit moss. lo comte.
lyGoogle
— 368 —
Item, vol au387 moss. lo comte que moss d'Orléans aia
tengut de persegre moss. Jehan Le Mengre, dict Bouci-
quaut, en totas las courts de la reaime de Fransa, et autra
part, en via et maneyra gue sla facta justicia de son corps
de las traycloD, murtres, et deseritatons, et injurias, et
dapaatges qu'il a faict et tractât que fossen faictz a moss.
lo comte, tau a Borboa par plusore vetz, quai en fazent
et TOlen lo £ar penre et murtrir en mey del realme de
Fransa, pourtant salcoudutz del Rey. caut moss. lo comte
anava penre la possession de son contât de Belfort, et en
diversas autres partidas del Reaime de Fransa, et aquestas
teras, prega et suplica moss. lo comte a moss. d'Orlaans
gue tes-vuelha far, car els son causa de la mort del peyre
de moss. lo comte et lo feiro morir am grant langor, et
segoQ qu'il manda a moss. lo comte, son fils, Bouciquaut
lo feit espoyeonar; de las quais tralssions, murtres et
autres injurias, rompement del deto salconduts del Rey,
a Paris (I), a moss. lo duc per vener et sequar memorias
iuslructioDS que seraa bailladaa à mon dicl seigneur lo
duc eu luoc et en temps, car en aquestas condicions moss.
comte laissia las deltas terras et heretaytges dessus ex-
pressats a moss. lo duc et l'en fay son hereteys, aytant
que las obserre et les fassa et complissa de point en point,
et non autrament; et en cas que per moss. lo duc las detas
condicions et chacune de lor non serian compUdas et
observandas, et per lo contract, raoss. lo comte revoca
e annula totz losditz légats et heretatges del deito moss.
lo duc, et vol que sian per non scritz ;' et layssa moss.
lo comte dessus dits tots los comptais, teras et here-
tatges, debtes et actions dessus deitas, per la forma que
a moss. d'Orléans eran gestadaa, legadas et laissadas per
luy, en las deitas condicions, al chapitre de Nostra Dama
de Paris et a ses heretiers universels par dessoubs scribs,
et per égals pourtions en tant que le chapitre et los
(1) Il semble qu'il existe ici une I&cuue.
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aultres seu heretiers universals accomplissan el fasseii de
point en point totas las coodicions dessus scriptas, et que
lodit chapitre, protector et deffensor, susteuha et deffenda
los bereters del deito moss. lo comte et tots ses legatarls
contra la delta Aotboneta et son marit Bouciquaut per
la forma dessus expressada, ni non faissetit am l<»i, sus
los deitos beos et heretatges alcune compositioa ny accoi-d,
et recoubient des dits coajunx tolas las teras que per els
ou per l'uD de lor seran estadas occupadas, et persegren
lodit messire Le Meiogre en totas courts per lo far puair
de las traysioQS, murtres et deseretations, poisons et autres
malvaistatz et eujurias peel fâchas à moss. lo comte, et
autrement observant et compUssant totas las condicions
dessus detas, car am las detas condicions moss. lo comte
lor laissa las deltas contatz et heretatges, et non altrament.
Item Tol et manda moss. lo comte que lodit chapitre,
avant qu'el achapte ny prenda la possessions des ditz
biens por la portion que en appartendra. jura et prometta
et se obliga par bon instrument que lodit chapitre obser-
var fara et guardara de point en point todas las condicions
dessus deltas que moss. lo duc d'Orléans era enchargato
de las observar.
Et car la deita Anthoneta, fille que se dit de moss. lo
comte, veut messire Guillaume, de bona memoria, comte
de Beaufort, payre de moss. lo comte testador dessus dit,
per vigor d'alcunas letres falsas, sagelledas d'un sagel
fauk deldit moss. Guillaume, que ung faulx traidor, quels
appellava Carrieyra, avia sagellat, que conteniant com
le dit moss. comte de Belfort avia donat a la deita Antho-
neta el a son marit le contât de Belfort, las quais letras
lo dit moss. Guillaume en son vivant avia impugnat
davant lo Rey coma falsas, a Paris, 80 non obtant, après
la mort deldit moss. Guillaume, comte de Belford, la deita
Anthoneta saben moss. Raymon, son payre, estre tant droit
coma la costuma del parte, heretier de moss. son payre,
et le tal contât de Belfort vaut de fait par la possession
daldit contât, usurpant a se lo tili'e de comtesse et lodit
lyGoogle
— 370 —
comtat, en se parforsant de desheretar, despolîa de fait
lodit moss. lo comte, testador dessus dit, son payre, de'la
contât dessus dita et moss. Lo Mengre, dit Bouciquaut,
son maril, et la sabem ledit moss. lo comte anant à Beau-
fort, am lo salcondutz del Rey, per penre la possession de
son contât, lo fay feyre en gendarmas per lo pendre et
far ausire et muerlrir, en rompent lo salcondutz del Rey.
Item, moy estant moss. lo comte a Borbon, a sos cols
en despens las gens de mos. Bouciquaut arregrent sus a
moss lo comte, loquel volgrent ausire et lots aquels de sa
compania et autres se ledit Bouciquaut donel et promet
de donar del argen a ung que appellavan petit Jehan de
Lissât, per tal aussis et muertris moss. lo comte ; et aussy
ledit Jehan, tant sera a la mort par justiase, o confesset
sus sa mort que justemenient morit.
Item, feit bailliar ou baitlet moss. Jehan Mengre, dict
Bouciquaut, a ung que hom appella Jehan de Lonhal,
que demourava ans vous am moss. lo comte, una quan-
titat de poisons per lo far espoisonar et autre, afin que
[a] la deta Anthonela et al dit Bouciquaut touts loa here-
tatges deldit moss. lo comte poguesson venir; et fu dichz
et révélât a moss. lo comte, per que le fetz penre et
meclrc en la preyson de Borbon, et foron trebados los
poissons; et Rolierl Guy, que per lo temps era capitaine
de Borbon, promes a moss. lo comte que el en faria jus-
ticia, lolas vetz, quant ledit moss. Jehan Le Mengre aunit
que lo dit Johan de Mongal era près per losdits poisson,
el mandet far relasar et non vole que s'en fesses justicia
ni informacion neguna. El tolas aquesliis Iraycions et
deseretations, injurias et vjolcnsias, faladats, ingratîtuls,
et autras causas enormas losdits conjuiix contra la per-
sona et es bens deldit moss. lo comte an fait et comes,
coma es iiolori et public, et n'estant mcmorias ol instruc-
tions, lasquels ses hercliera universals Irobaran el auran
en temps et eu loc. El per aquestas causas dessus delas,
el in.ui-ittiluds per Icd. Anthonela conimisas conira moss.
sou peyre, moss. lo comte, en aquest présent testament,
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— 371 —
la priva de touts sos biens et heretaiges et la metat dé-
feras de touts SOS bens et héritages, et la met defora
de lot en tôt, mandant et commandant a tots sos heretiers
dessus et dessoubs scripts, que a la deita Anthoneta et
a Bouciquaut, son marit, defFendaiit touts les bens et
heritatges de! dit mosa. lo comte, si aucun droit demm-
davaut, et aquels per las causas dessus deitas, las quais
s'espremavant claramûni. Vol. et manda moss. lo comte
que 303 heretiers perseguant lo dit Bouciquaut per lotas
las courts del realrae de Fransa, per far lo punir corpo-
ralment traycions, murtres, injurias dessusd., per la
forma que dessus es déclarât.
Item que, en cas que las iogratituts et las autres
causas dessus deitas et escrithas non seran sufSciens de
desheretar la deita Anthoneta, el la mètre fora de touts
SCS bens et heretatges de moss. lo comte, enaisi coma
es dessus dich que moss. lo comte, en lo contract de
mariatge fait entre la deita Anthoneta et lodit Bouciquaut,
moss. lo comte avia donat et constitut a la deyta Antho-
neta et al dit Bouciquaut, moss. lo conite agha donnât
et constitut ald. Anthoneta, en dot, lo comtat de Alest,
la barania de Portus, la haronia de Andussa, Saint-
Bstéve de Val-Francesia, et plusoi-s autras terras pau-
sadas eu la: senescalcia de Belcayre, et agha promes et
jurât lodit moss. Bouciquaut, et plusors autres chaval-
liers, que la deita Anthoneta renunciava et renunciat a
touts autres bens payrenals et mayrenals, content de la
ditte dot, laquai son le plus bel partaige que jamais feraa
del realrae de Fransa agues en son mariage, considrrant
que Bouciquaut non era de grand lignage, quel non avia
dos cent livras de renda.
Item, la comtessa de Valentines (1), la dama de La Rocha
et de La Tornorie, la dama de La Torn, la dama de
Donsena, amidas de moss. lo comte, que es huy la dama
DigmzcdbyGoOgle
— 372 —
de Chauviguy, que bod dama de Avelin et comtessa de
Baux[l), ni la dama de Beljuoc, ne la dama de Valen-
tines, que es huy, ne la Margaud:!, que fo molhie del ve^
comte de Paumar(2}. sors de moudit seigneur lo comte,
non agi-on tant pei- lor doe et partaiges, comme se monte
solameut la terre que moss. le comte a douât à la deila
Antlioneta; par ce, moss., en lodit cas, la deita Antho-
QCta en lodit comtat et en las autras terras d'Alest en lo
contract de mariage expressadas, et en cent francs los
quais li légua et par droit de institutions sus sa héri-
tage enaysi que plus non puescha rien demandar en touts
los bens et heretatges del deito moss. lo comte. Et en cas
que la deita Anthoneta mourus sans heretier de son corps
legitiement natz, moss. lo comte se constituts a la deita
Anthoneta el contât et terras dessus deltas son hereteyr
universal première et segune dessots scripts et lors here-
liers sans que la deyla Anthoneta mourera sens heretiers
de son corps procreatz puesche retenir dels deits contatz
et terras carta deguda a celle par droit de nature ni Ira-
bellian ou aultrement, et prohibis, et deveda moss. lo
comte à la deila Anthoneta (juc ela non detraha las
qunrlas dessus deltas del deito contât et terras desus ex-
pressadas, mais lod. cas trameta al dit substitut ente-
grament sans de traction de nrguna carta.
Item, lega moss. lo comte, et par droit et tilol de insli-
tulioiis laissa a Galeas de Belfort et de Turenna, son fils
ualural, per amor de Dieu, las chaslellanies et chastelz
de l'ontgibault, de Neyrac, de Nabossa, de Chanona, et
de Mon-Redon, am lots los homalges nobles et non nobles,
niolins, olangs, bosx, juridiction alla el hassa, et am toli
los autres devers, droits, émoluments, appendances et ap-
(I) C'est probabloment de Jeanne, autre sœur du vicomte, qu'il
est question ici. Elle avait épousé en premières noces Raymond
dp Bouy, comte d'Avelin, et s'était remariée k Guy de Chauvigny.
Les noms de lieux ont été complètement défigurés par les copistes.
(î) Marguerite, qui avait épousé Armand, vicomte de Polignac.
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— 373 -
partenanceg de las deitas chaetellaniae, mandant et com^
mandant lo dit moss. lo comte aïs captitains que incon-
tinent metant en possession To deit Galeas des dits chastelz
et chastelleniea dessus dits, et de todas sas appendaiices
et appartenances dessus deites.
Item, légua et par droit de institution laissa a Bron
de Belforl et de Torenna, soq flls natural, per amor de
Dieu, les chastels et chastellenies de Ghaylulz, de Granges
et de Caramant, ams touts homatges nobles et non nobles,
molins, étangs, et jurisdictioo alla et bassa, et ams tots
los autres devers, droits, émoluments, appendances et par-
tenances de las deltas chastellanias, mandant et commen-
dant a Gouget de Sartiges, capllain desditz chastelz de
Chayluts, que incontinent mette en possession lodit Bron
delz chastels dessus dits.
Item, légua et par droit de institution laissa, per amor
de Dieu, lodit moss. lo comte a Hector de Belfoit et de
Torena, son fliz natural, les chastelz et chastellenies de
Sant-Alari, de Ussac, et de Vage, ams tots homatges
nobles et non nobles, molins, estangs, jurisdiction alta
et bassa, et am touls autres droits et émoluments, et am
totas autras appendances et appartenances desdits chastelz
et chastellenies.
Item, légua et par titel de institutions moss. lo comte a
Cludogi (1) de Belfort et de Torena, son tLls natural, et
per amor de Diou, los chatels et chastellanies de de
la Bastida et de Sorsac, ams tots homatges nobles et non
nobles, molins, stemp, jurisdiction altu et bassa, et ams
tots autres apartenances et dépendances d'aquelas.
Item, légua lo dit moss. lo comte, et par droict de insti-
tution laissa a Mariii de Belfort et de Torena, Sii Qlia
naturale, per amor de Dieu, per la maridar, six mille
francs, desquels six mille francs se pagaran a la ditia
Maria quant sera maridada, so es a saber trois mille
francs a l'anel, por mos heretiers universalz desos scripts,
(1) Claude.
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— 374 —
et les autres trois mille francs restant se pagaran par
losdiis hereiiei-s, trois cent francs par an, tu a tant que
la delta soma de six mille fi'âncs sia integrameat pagada
a la delta Maria.
Item, Icga et par droit de institution laissa lo dit moss.
lo comte à Serena de BelforL et do Torena, sa Alla n;itu-
raie, per amor de Dieu, per son maridadge, très milia
francz, dcsquelz Irea milia francz se pagaran quante la
deita Serena sera maridada, so es assaber a l'anel mil et
cinq cent francs, par mes heretiers universals dessus
scripts, et les autres mil et cinq cent francs restants
se pagaran per los dits heretiers deux cent francs par
an, tu a tant que la ditta soma de très milia francs sia
integrament pa.^ada a la deita Serena,
Item, légua et par droict de titre de légat laissa lodil
moss. lo comte a Aliota Soleranda, tant com ela reslara
honestament et castament sans se maridar, a sa vita
tant solamente, los chastels et chaslellenies de Fleyrac
et de Aguda, et tota l'autra terra que Aliot de l'Ëstrada
et son payre tenan cl avan en Limosin, et enquessy que
appartenan a mo^. lo comte, avec tots homatges nobles
et non nobles, et avec jurisdiction alla et bassa, molins,
boscs, paslurages, et avec lots autres devers, appendances
et appartenances. Et ordena lo dit moss. lo comte tes-
tator que tola la deila terra, après la mort de la delà
Aliota, vengubc integramenl parmi et amont als dictz
Gualeas, et deffendant (descendant) de luy, vengeka fiiz de
la deita Aliota ei de mnss. lo comte dessus dit? Parce que
la deila terra de Floyrac et d'Aguda sia conlenciosa en
lo court de Parlement, moss. lo comte vol et ordena que
ela prenda desus lo port de Monvalen chacun an trois
mille francs jusqu'à tant" que la causa sia declarada es
cas dessusdit, et degré prendre l'orgen des lo vendres-
sans jusques a de Pasces, chacun an; et vol et
ordona lo dit moss. lo conte que la deita Aliota Sole-
randa aya en sas mas io chaslel de Mo-Valen per sa
demoransa, et prenda las rendas et revenuas deldit luoc
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— 375 —
outre los trois mille francs que deu prendre sur lodit
port jusqu'à tant que mon heretier desoubscript aya fait
declarar et mettre a fin la causa coiiteiisiosa deldit luoc
de Floyrac et de Aguda, elz qualz luocz moss. de Belfort
afferma que a bon droit.
Item, et per ço que institution de heretier es cap et
fundamenl de touts testaments, moss. lo comte dessus
dit en tots los autres heretatges, terras, bens meubles
et non meubles, actions, droits et raisons, devers et tots
autres beus quel que sian, fa, coustitutz et instituts soz
heretiers universals, so es.assaber, sa très chara sor arra
dama Heliona de Belfort (1), dama de Vengue, asa vita tant
solament, el substitut à la deita madame Heliona, ûaleas
el Biort, sos fils dessus nommatz, so es assaver aquel que
a alla sera ams que plus ablle et a droict en lesdils
heritatges, a laquel vol et manda et pregia ledit moss.
lo comte que la deta madame Ueliones après sa mort
baille, trameta et reslilutha touts sos bens. terras et he-
ritatges dessusdits, sans retenir negun quarta, trabelliona
ni autre quelque sian, lesquelz moss. lo COTile, de sa
propria boucha, so es assaber madama Heliones, Gualeas
et Brorts, nomats sos liereliers per la forma dessus dcila.
Item vol et manda moss. lo comte que la deita madama
Heliones aguessa garde et fassa de bonas maneyras et
costumas dessus deilas Gualeas, et Brorlz, Hector (2) et
Claude et les fassa legitimar et far re[n]drc abiles por
successedir al deilo moss. lo comte en touts sos bens
et heretatges dessus dits; et en cas.... Gueleas cum plus
abile en droit, quai que sia de lor dos cum plus habile,
sera heretier de moss. lo comte après madama Heliones,
et moris en pupiilar état en autrement, sen heretiers de
son corps légitimement procreatz, moss. lo comte substitut
de l'un a l'autre el de l'autre a l'autre, et lors fils de
lors corps; et en cas que lesd, Galeas et Brosz non fossen
(1) Ëléonorc. femme d'Edouard de Beaujeu.
(!) Le mot Hector est cii surcharge sur ta copie.
lyGoogle
— 378 —
heretier de moss. lo comte en fassen héritiers et morissan
sans efTans mascles de leurs corps procreatz, substituts
al daris morant de touts des sous heretiere comme ea
dessus dict.
Premeyrament a Hector, et si Hector moria sens here-
tiers malles de sons corp procreatz, substitut a luy ledit
Claude son frère, fils del deito moss. lo comte, en touts
sous bena et heretages dessusdits.
Item, fay, ordena et créa lodlt moss. lo comte ses
executoura de son présent testament et per compUr et
fir totas las causas pias per moss. lo comte en aquest
présent test iment ordonadas et leti-assadas de far, so es
assaver, très veneralz payre en Dieu mosa. le cardinale
de Peresthia, Maraal et de Aygrafuilha(l), et lo chapitre
de Nostra Dama de Paris, et chacun de lor, aus quais
moss lo comte ballia et donna poissance, pover de vendre
et exécuter de ses bens, tro a la quantitat que ae mon-
taran les causas que per el dessus son estadas ordenadas
de far, que losdits exequutours metan una ordenassa de
far statuts per lo collège que moss. lo comte a laissât de far
en la gleyaa de Nostra-Dama de Paris [per que] se pueschan
degudament governar, de laquel causa moss, en chargea
losdits sieus executours et chacun de lor, et lor dona
plainera poissansa; el vol lo dit moss. lo comte que aqueat
présent testament sia son dtirris testament et sa darrieyra
votontat et ordenansa-, et si lodit testament non val ou
non valia per lo temps ancaur per lo droit de testament,
vol moss. lo comte qu'il valhie per droit de codecilles
ou de donacion per causa de morte, et agha forse et
vlgor de tota autra manieyra, cassant el annulant touts
autres testaments et donacions per lodil mosa. lo comte
(1) Raymond nomme ses exécuteurs testamentaires le cardinail
Guillaume d'Aigre feiiille et un ou deux autres membres du sacré
collège, dont il est assez difficile de déterminer les noms. En par-
courant 1% liste des cardinaux limousins vivant à cette date, je
trouve Hugues de Malcsec, éVêqne do Palestine, et Hugues do
Baint-Hartial ; on peut croire que ce sont eux qui sont désignés ici.
lyGoogle
— 377 —
per Lo temps passai faits, aquest présent testament en sa
fopsa et vigop solamen demorant.
Quaqaidem papiri cedula per nos infra notatos ibidem
in presentia dicti domini comitis et testium infrascrlp-
torum prelecta, idem dominas cornes dictum testamentum
suum fecit, condidit, et ordinavit et disposait ut supra-
dixit, sic prout et quemadmodmn continetur in dicta
papiri cedula superius iuscripta; et etiam voluit et man-
davit, per nos nottarioa iafrascriptos in formam publicam
redigi, et nichilominus rogavit testes inferius nominatos,
quos ad bec omnia et siogula supradicta et in dicta
papiri cedula contenta audienda vocavit et coram quibus
omnia et singula dizit, fecit et disposuit, ac dicit et facit
uno contextu ut de predictis sic per ipsum ordinalis
dictisque et foctis et in dicta papiri cedula contentis
sint testes et prohibeant legitimum veritatis testimonium
loco et tempore opportunis, ac guando super hoc fuerinl
requisiti ; rogavitque etiam nos notarios infrascriptos
coram quibus omnia et singula supradicta dixit et fecit,
disposuit, ac dicit et fiicit uno contextu, quod pro meritis
ut de prediclis sic per ipsum ordinatis, sibi et om-
nibus quorum interrexerit aut loterresse poterit in futu-
rum, conQciamur unum et plura publicum seu publica
instrumentum seu instrumenta et clausula seu clausulis
quibus pertinuerit, subslancia facti non mutata. Acta
fuerunt bec in Castro de Bonsolii, etc., etc.
Cette copie est suivie des certificats de légalisation
suivants :
Je consens le présent extrait être signé et délivré.
Fait au parquet, ce quinze may mil sept cent soixante-
treize.
J. DE MONTHOLON.
Collation du présent, contenant quarante roUes et demi
paraphés, a été faite aux originaux étant au dépôt des
terriers et délivré conformément à l'arrêt de la Chambre
étant au haut d'icetui, par nous conseiller du Roy auditeur
lyGoogle
ordinaire en la dite Chambre soussigné, ce dix-sept mai
mil sept cent soiiante-treize.
Le Bai lu F.
Copie du xviti* siècle appartenant à M. le marquis de
Turenne.
TESTAMENT D ANTOINETTE DE TURENNE
Extrait fait en la Chambre des comptes du Roy notre
sire, au dépôt des terriers étant .en la Chambre des
comptes. Des titres de Turenne étans au dépôt des ter-
riers a été extrait la pièce suivante mentionnée au fol.
30 du premier volume de l'inventaire des titres.
In nomine Domini, amen. Anno ab Incarnatione Do-
mini millésime quadringentesimo tertio decimo, et die
décima mensis aprilis, illustrissimo principe et domino
Garolo, Dei gratia rege Francorum régnante. Quia pre-
sentis vite mlserabilis conditio statum habet iûstabilem,
et ei que visibilem et palpabilem habent essentiam teo-
dunt visibiliter ad non esse; sapientium igitur est consilii
ut, quamdiu ratio régit mentem, conditionis humane ine-
vitabile debilum, videlicet mortem, quantum a Deo per-
mittitur prevenire, morsque certisaima ait, ejua tamen
hora penitua ignoretur juxta verbum prophète dicentis :
de mane usque ad vesperam finies me (Isaïe, 38, 12); hinc
est guod anno et die predictis, in mei notarii publici et
testium infrascriptorum, ad hoc personaliter vocatorum et
rogatorum, preaentia personaliter constitula egregia et po-
tens domina, domina Anthooetta de Turenna,comitegBaBel-
lifortis, Alesti et vicecomilessa Turenne, uxorque egregii
et potentis vin domini Johannis Le Meygre, dicti Boucei-
quaut, marescalli Francie, sana menle et corpore per Dei
gratiam, et in sua bona memoria et dispositioue persis-
tens, Qupiens, ut dixit, diem sue poregrinatJODis extrême
ordinatione testamentaria prevenire et saluti anime sue
lyGoogle
— 379 -
in quantnm desuper sibi concessum fuerit providere, el
de corpore et de bonis suis disponere et ordinare, ul
extrema necessitate cum placuerit Altîssimo ipsam de hoc
seculo vocare, paralam inveniat eamdem; quapropter ipsa
domina Anthonelta suum ultimum teslamentum uuiicu-
pativum et suam ultimam voluntatem ac disposiiionem
testameotariain fecit, condidit et ordinavit prout conti-
netur in quodam papiri quaterno michi diclo nottario
tradito et io romaacia scripto, cujus teuor talis est.
Au nom du Père, et du Fils, et du Sainct-Esprit, la
beDOiste Trinité, la beiioiste vierge Marie, et toute la
benoiste compagnie de Paradis.
Moy Anthonettb de Tuhbnne, femme de très noble et
puissant seigneur messire Jean Le Mengre de Boucic-
quaut, mareschal de France, du consentement et volonté
de mon dit seigneur et espoux, qui m'a sur ce autorisé,
comme il appert par letlres signées de sa main et scellées
de son sceau, desquelles la teneur est insérée en la fia
de ce présent instrument, laquelle auctorisation j'ay prins
agréablement en moy, de ma bonne volonté, estant en
ma bonne santé et vie, fait et ordonne mon testament et
dernière volonté, touchant le fait de mou ame et aussy
des biens que Dieu m'a prestes, en la manière qui s'ensuit.
Et premièrement je recommande mon àme à Dieu, à
la benoiste vierge Marie, à tous les benoists saints et
saintes de Paradis et à toute la benoiste compaignie ce-
lestial, leur supliant qu'il leur plaise la prendre en leur
bcuoiste garde et commende, aussy leur plaise de moy
empêtrer grâce envers Nostre-Seigneur quand viendra au
pas de ta fin et au devant.
Item, je veux et ordonne toutes les dettes avoir appar-
tenues, si aucune en a à qui appert bonnement et juste-
ment, estre dues, et lesquelles auront esté fais par moy-
mesme et autres de quoy je serois tenue, comme héritière
ou autrement, estre payées, et aussy mes tors fais, si
aucuns en y a.
Item, je veux et ordonne que quand sera le plaisir de
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— 380 —
Nostre-Seigneur de moy prendre de ce siècle pour mettre
en l'autre, que mon corps soit mis et enterré en l'egtise
de monsieur saint Martin de Tours, eu la chapelle là
où mon dit seigneur mou espoux a esleu sa sépulture,
en la dite maaiere et où lieu qu'il vouldra ordonner,
et à mon dit enterrement qu'il y ait treize pauvres vestus
tous de neuf pour porter mon corps à l'église, et treize
torches à mon enterrement.
Et encore que je trespasserois en lieu que je ne pusse
pas estre prestement portée et enterrée en l'église de mon-
sieur saint Martin, je veus et ordonne que, en la egflise
où mon corps sera mis jusques à ce qu'il sera translaté
en la ditte église de monsieur saint Martin, soit donné
chascun au la somme de trente livres tournois, et autre
trente livres à ung chapelain, tel comme je vouldray
eslire, qu'il soit tenu de chanter messes et prier Dieu
pour moy jusquee à tems que mon corps sera translaté
en laditte église, comme dessus est dit.
Item, je veux et ordonne que une messe soit fondée
de Toussains perpétuellement, à dire trois fois la semaine
en laditte chapelle où mon dit seigneur et moy seront
enterrés, de quoy je veux que la fondation soit faite
et ordonnée par celuy advis de mon dit seigneur et de
mes autres exécuteurs, et soit laditte messe le mardy,
le jeudy et vendredy.
Item, je veux et ordonne que une messe de Noslre-Dame,
à dire trois fois la semaine en laditte chapelle où mon
dit seigneur et moy serons enterrés, soit fondée à Nostre-
Bame des Carmes, à Paris, le lundy, le mercredy et le
samedy; et ordonne qu'il soit satisfait au dit couvent de
la messe dessus ditte et de la sépulture, tout ainsy que
si mon corps y estoit enterré, ainsy que par mou dit
seigneur sera regardé et par mes autres exécuteurs, et y
soit donné la garnison qui appartient pour l'autel à dire
la messe, d'une chapelle-
Item, je veux [et ordonne] que dessus ma tombe, à
Tours, soient mises mes armes, et aussy que mes dites
lyGoogle
armes soient en la chapelle gui sera fondée au dit conveut
des Carmes, à Paris, laquelle chapelle sera fondée à l'hon-
neur de Noslre-Dame de la Croix.
Item plus, je ordonne et veux avoir dix mille messes
une fois payées du prix de mille francs, de quoy les
trois mille soient dittes en l'église de monsieur saint
Martin de Tours, deux mille en l'église de Nostre-Dame
des Carmes, à Paris, seront de Nostre-Dame, c'est à en-
tendre cent francs pour mille messes.
Item, aux quatre» églises des pauvres mendians de
Tours, pour mille des messes dessus dittes soit baillé
cent francs, c'est à sçavoir à chascun convent vingt et
cinq francs, et soient les dites messes de Saint-Esprit et
des Anges.
Item, je veux et oi-donne que cinq cens des ditt«s
messes soient dictes au convent de Nostre-Dame des
Carmes d'Avignon, du pris dessus dit, desquelles les
trois cens soient de la Croix, et les deux cens soient
de Nostre-Dame et de la Passion.
Item, aux Cordeliers de la ville d'Aix, là où madame
ma grand' mère, que Dieu absoille, est enterrée, soient
dictes cinq cens messes du pris dessus dict, c'est à
si^voir trois cens de requiem et deux cens de la Trinité,
et à iceux soit payé et délivré pour les dittes messes
cinquante francs.
Item, aux quatre églises de Alest, c'est à sçavoir à la
grant église de Sainl-Jeau, aux Prédicateurs, aux Frères-
Mineurs, et aux dames menoretes de Saincte-Claire, soient
dittes mille des dittes messes, et à chascune église soient
donnés et payés vingt et cinq francs, c'est à sçavoir à
la ditte église de Saiiit-Jehan deux cent cinquante de
Tonssains, aux Prédicateurs deux cent cinquante des Mar-
tyrs, aux Gordeliei-s, deux cent cinquante des Confesseurs,
et aux Menorettes, deux cent cinquante des Vierges.
Item, je veulx et oidonne cinq cens messes cstre dictes
là où madame ma mère, que Dieu absoille, est enterrée,
lyGoogle
desquelles les trois cens soient de requiem et les deux cens
de Nostre-Dame.
Item, je veux et ordonne que cinq cens messes de
requiem seront dittes là où eat enterrée ma sœur Cons-
tance de Saluées, que Dieu absoille, jadis femme de ines-
sire Boucciquault, frère de mon dit seigneur et espous.
Item, je veux et ordonne que trois cens messes soient
dictes là où feue ma sœur de Barres fut enterrée, c'est
assavoir, deux cens de requiem et cent de Nostre-Dame.
Item, je veux et ordonne que mille messes soient dictes
à plusieurs sainls et saintes et en plusieurs lieux que
j'ay volonté de faire dire briefvement, à l'aide de Nostre-
Seigneur,
Item, je veux et ordonne que les dittes dix milles
messes soient dictes comme dist est dessus et en la ma-
nière dessus devisée, sans rien enfraindre par mes exé-
cuteurs en cas que en ma vie ne aurois fait dire ne
accomplir.
Item, je laisse et veus estre payé et délivré à l'église
Saint-Jehan de Jérusalem d'AIesl, en réparation de la
dilte église, vingt livres.
Item, semblablemenl je laisse i Teglise de Saint-Au-
thoine d'AIesl, pour réparation d'icelle, vingt francs.
Item, je laisse, pour la reparation de l'hospital des pau-
vres d'Alest, dix francs.
Item, je laisse à l'église de monsieur saint Vincent
d'AIesl, en réparation d'icelle, dix francs; et que les cha-
pelains «et frères des églises dessus dites soient tenus
de prier Dieu pour moy et mes prédécesseurs, et avoir
pour recommandée en leurs prières et croisons.
Item, je veux et ordonne que cent francs soient donnés
pour Dieu en la manière qui s'ensuit, pour les vœux et
promesses que j'ay fais plusieurs [fois] et en plusieurs
guises, de quoy notre seigneur père m'a donné licence
je les puisse convertir en aumosne et en autres choses
charitables.
Et premièrement, d'iceux cent fraucs je ordonne et
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— 383 —
veux vingt-cinq francs estre donnés pour Dieu à pouvres
filles à marier.
Item, vingt-cinq francs pour aider à faire l'egUse des
Carmes d'Àix (1^
Item, les autres cinquante francs soient employés, c'est
à sçavoir douze et demy pour aider à délivrer les pri-
sonniers d'outre-mer.
Item, pour les pouvres orphelins et pouvres honteux,
seiie fraucs et demy.
Item, pour aider un povre escoUier, ainsy copnme sera
regardé par mes exécuteurs, douze francs et demy.
Item, neuf francs pour chanter messe de requiem pour
les âmes du purgatoire qui l'audiance de Nostre-Seigneur
attendent. Et ainsi est Un de l'ordonnance des cent francs
dessus dits.
Item, je ordonne et est ma volonté que au Saint-
Sepulche soient donné et envoyé la somme de vingt-
cinq francs.
Item, je veulx et ordonne que à l'église de Noslre-
Dame du Puy soient envoyées et payées quarante fraucs,
des(]uels les vingt-cinq soient mis et convertis eu ung
calice au service de la ditte église.
It-cm, semblablement je veux et ordonne estre envoyé
et délivré à monsieur Sainl-Anloine-de-Vieuuois, poiir
faire un calice au service de la ditte église, vingt-cinq
fjancs.
Item, je veux et ordonne estre baillé pour envoyer un
I>elerin à Saint-Jacques en Galice, et pour les offrandes
qui seront faites en la dilte église, vingt-cinq francs, et
pour la peine et dépense dudil pelleriu, vingt francs.
Item, je veux, ordonne et laisse la somme de quatorze
cent francs pour reg[u]erdonner mes hauteurs [l] mors et
vifs, et ne les divise pas eiico e pour ce que u'ay encore pas'
avis où el comment je les dislribueray, combien que c'est
(1) Il y a probablement ici uiic erreur de transcription. C'est
de SCS seroiteurs que ta testatrice a voulu parler.
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— 384 —
mon intention de y aviser et montrer l'ordonnance à mon
dit seigneur et à mes autres exécuteurs, pour estre dis-
tribués et payés ainsy que à faire fauldra.
Item, je laisse à Marie de Turenne, ma sœuir bastarde,
et à ses hoirs nés et procréés de son corps en loyal
mariage, mille francs à estre payés pour une fois, et
ou cas que la ditte Marie iroit de vie à trespassement
sans hoirs procréés de son corps en loyal mariage, que
de sept cent francs la ditte Marie puisse faire et ordonner
à sa volonté pour le salut de son &me, ou aultrement;
les trois cens francs retourneront le. où son frère Qaleas
et le mien est enterré, en fondacion de messes, c'est à
sçaroir à l'église des Ckirdeliers des Loges en Touraine {!),
Item, plus outre les messes déclarées, je veux et or-
donne dix mille messes de requiem, de Nostre-Dame, du
Saint-Esprit et de la Trinité estre dittes au pris dessus
dict, c'est à sçavoir mille francs pour lesditles dix mille
messes, en la manière que s'ensuit. C'est à sçavoir : en
l'église où monsieur mon père, que Dieu absoille, est
enterré (2), trois mille messes.
Item, à l'église où madame ma mère, que Dieu par-
doint, est enterrée, deux mille messes.
Item à l'église de Nostre-Dame à Paris, là où monsieur
mon grand père, à qui Dieu pardoint, est enterré, mille
Item, aux églises de Tours, dont il sera regardé par
mon dit seigneur et par mes autres exécuteurs, deux
milles messes.
Ilem, je veux et oivlonne que mille des messes dessus
dittes soient aux quatre ordres mandiants d'Avignon,
desquelles les cinq cens soient dictes en l'église des
Carmes, et les autres cinq cent par les autres trois ordres
dessus dits.
{]) L'e»traU dit Turenne.
(3) Il semble résulter de ceci que Raymond n
dams l'église Notre-Dame de Paris.
lyGoogle
Item, aux Celestins d'Avignon et aux Chartreux de
Villeneuve, à chaacune esglise des dits ordres, cinq cens
des messes dessus dittes de Nostre-Dame et de requiem.
Item, plus je veux et ordonne deux cens francs estre
baillés et délivrés pour dire et célébrer deux mille messes,
desquelles je veux que les cinq cens soient dittes aux
morgues de Saint-Mai-sal d'Avignon, et de requiem.
Item, en l'église de Notre-Dame d'Avignon, c'est à
sçavoir de Domps, soient dittes deux cent cinquante des
messes de Nostre-Dame.
It«m, en l'église des Gelestins du Pont-de-Sorgues ,
deux cent cinquante messes de la Croix, de NostreDame
et de requiem.
Item, cinq cens messes en l'église des Carmes d'Aix,
de Nostre-Dame, de requiem et des Anges.
Item, aux églises des Jacobins et Augustins d'Aiz, à
chascun deux cens cinquante messes de Toussaint.
Item, je veux et ordonne la somme de quatre cent
livres estre donnés pour Dieu, ainsy comme je voudray
en ordonner et deviser.
Item, je veux et ordonne que, outre les choses dessus
dittes, je puisse avoir treize cens francs pour une fois,
et avec deux cens livres tournois de rente sur laquelle
qu'il me plaira de mes terres, pour le sauvement de mon
tme k ma dernière iin, et d'iceux ordonner ainsy que
bon me semblera; et au cas que Iceux treize cens francs,
d'une part, et deux cens livres tournois de rente, d'auti-e
part, ne seroient distribués moy vivant, que après ma
fin mes exécuteurs les puissent distribuer ainsy comme
je vouldroy ordonner.
Item, je veux et ordonne une messe perpétuelle estre
dicte une fois la semaine, c'est à sçavoir le samedy,
de Nosti-e-Dame, et mémoire des morts estre fondé en
l'église de monsieur Saint-Nicolas, à Pertuis, là où Jehan,
mon flls, à qui Dieu pardoint, est enterré, pour l'àme
dudit Jehan, de moy et de nos amés et bienfaiteurs {?),
et y estre faite la sépulture du dit Jehan par l'ordon-
lyGoogle
— 386 —
nance, bon advîs et délibération de mon dit seigneur,
et de ce fais chargé mon dît seigneur.
Item, je veui et ordonne de bon cueur et sans nulle
contrainte, de ma plaine volonté et sans nulle fraude,
que tous mes biens, meubles et immeubles et héritages
presens et avenir, mon testament accompli si comme
dessus est dict et déclaré, pour lequel accomplir je oblige
la comté d'Alest avec ses appartenances à prendre chacun
an la revenue d'icelle entièrement, sans estre convertie en
autres usages quelconques ou cas que ma vie durant ne
seroient accomplis, et à ce faire et entheriner je oblige
la ditte comté à la cour du Châtelet de Paris, du petit
sefel, de Montpellier et à toutes auti-es cours ecclésias-
tiques et temporelles.
Et veut et ordonne, après ledit accomplissement, 'mon
héritier seul et pour le tout de la dite comté, et géné-
ralement de tous mes autres biens meubles et immeubles
quelconques, présents et avenir et à moy pouvants ap-
partenir, mon dit seigneur et espoux, maistre Jehan Le
Meigre, dit Bourciquaut, mareschal de France, pour en
jouir sa vie durant tant seulement, tout ainsy et par la
manière que je ferois si j'estois en vie ainsy et par luy
mesme et en bonne santé en sa compagnie.
Lequel messire Jehan Le Mengre, mon espoux, je fais
et institue mon héritier universel de tous mes biens et
droits dessus dits et de ma propre bouche le nomme,
sa vie durant tant seulement, comme dessus est, non
dérogeant, ne prejudiciani pour ce en aucune manière
à la donnacion entre vifs par moy fail« ce jour d'huy
devant ce présent testament à mon dit seigneur, laquelle
a esté recitée et en notte reçue par M' Jehan Alexandre,
notlaire royal dessous escrit, mais icelle donnation et
louies les choses en icelle contenues par la teneur de
mon présent lestament, je confirme, ratilie, loue et ap-
prouve, tant comme je puis et veux, que la ditte dona-
■ tion ait value et reste en son efficace fermeté et vertu,
et mande et prie à tous mes sujets qui sont ou pour-
lyGoogle
ront estre pour le temg à venir, comme dist est, qu'ils
luy obeïBsent en toutes choges comme ils feraient et de-
vroyent faire à moy mesme, si je estois en ma vie propre
et sanlé.
Item, je veux et ordonne que au cas que nous auriops
enfans de nous deux, que de tous iceux bien meubles
et immeubles mon dit seigneur en fust seigneur et maistre
sans que iceui enfants y puissent contredire sa vie durant,
comme dessus est dit.
Item, je veui et ordonne que au cas que mon dit sei-
gneur et espoux auroit très grand besoin et nécessité,
pour sa personne tant seulement, qu'il pût engager mon
dit héritage sa vie durant, ou à terme convenable
recours après son décès.
Item, je veux que après le deceds de mon dit seigneur
et de moy, tous mes biens et héritages viennent à mes
héritiers prochains, ainsy que raison le veut, lesquels
je substitue mes héritiers après le deceds de mon dit
seigneur mon espoux et héritier dessus dict.
Item, je veux, laisse et ordonne mon exécuteur prin-
cipal, seul et pour le tout, mon dit très redouté sei-
gneur et espoux, auquel je auplie très humblement qu'il
luy plaise d'en vouloir prendre la charge, et avec luy et
en sa compagnie monsieur Jehan de Linieres, à présent
evesque de Viviers; M' Simon de Nanlerre, conseiller
du Roy nostre sire ; maistre NicoUe de Gonesse, maistre
en théologie; Merigo Brenaut, escuyer; maistre Pierre Le
Pingre, prevost de Teglise d'Arras, et mon beau père,
frère Jehan Mobret, lecteur en théologie de l'oi-dre de
Nostre-Dame des Cannes, auxquels je prie et requiers
qu'il leur plaise d'en vouloir prendre la charge de ce
faire et accomplif- api-ès mon trespas, ou cas que en mon
vivant ne seroit accomplie; et ou cas que mou dit sei-
gneur [ne puisse accomplir] les choses dessus dites, je
veux et oi-donne que mes dits exécuteurs ou trois d'iceux,
si les autres ne vouloient vacquer ou pouvoient estre et
lyGoogle
vacquer, puissent donner accomplÎBsement par la ma-
nière que dessua est dicte.
Item, je veux et ordonne que, après mon décès, mon
dit seigneur puisse ordonner en sa &n, pour le salut
et remède de nos âmes, sur la baronnie d'Amduze, de
cent et cinquante livres tournois de rente à sa pleine
volonté, ou cas que nous n'aurions d'enfants de nous
deux, et de tout en la forme et manière qu'il lui plaira
en ordonner.
Item, je veux et ordonne que mon présent testament
soit fait et accomply tout en la meilleure forme et ma-
nière que faire se pourra, et ait value; et suplie très
humblement mon dit très redouté seigneur et espoux,
comme à celuy en qui est toute ma fience, que quand
il plaira à Dieu que le cas adviengne, il luy plaise de
y voulloir mettre bonne paine et diligence de l'accom-
plir, toutes fois que mon dit héritier [ne] puisse eslre
contraint ne compellé à payer et faire les choses dessus
dittes jusqu'à ce que sera passé le terme de cinq ans
après mon décès.
Item, je veux que en tous les biens qui seront faits
pour mon âme, ma vie durant et après ma fin, mon dit
seigneur espoux y ait la moitié, et aussy je veux que
monsieur mon père, madame ma mère, que Dieu absoille,
monsieur le père de mon dit seigneur et espoux et madame
sa mère y soient acco:ii pagnes, et aussi les âmes de
mes dittes deux sœurs, ma sœur Constance de Saluces
et ma sœur de Barres, et tous mes bons amis à qui je
puis estre tenue.
liera, je suplie très humblement mon dît seigneur et
espoux qu'il luy plaise les âmes de mon dit sieur mon
père, madame ma mère, la mienne et toutes celles de
nos amis et bienfaiteui-s, et de qui nous avons et tenons
les biens, avoir pour recommandées, et (Je ce j'en charge
la consiance de mon dit seigneur.
Item, je veux et ordonne que ou cas que les enfants
baslards et hastardes de mon dit sieur mou père, à qui
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Dieu pardoint, c'est à sçavoir les filles, ne seroient ma-
riées, et les fils que mon dit seigneur et héritier des-
sus dict soit tenu de les marier, et chascune bien el con-
Teuablement, selon le bon avis et délibération de mon dit
seigneur, auquel je supUe très humblement de le voloir
faire, et où cas que de son vivant ne seroient mariées,
pe veux) que mes héritiers soient tenus de le faii-e.
Item, je suplie à mou dit seigneur si très humblement
comme je puis que ou cas que madame ma tante de
Beaujeu vivroil après mou trespassemenl, qu'il luy plaise
l'avoir pour recommandée et luy faire comme si elle
esloit sa propre mère ou la mienne.
Hoc totum voluit, jussit, et ordiuavit, et demandavit
dicta domina Anthoueta, testatrix, e^e suum ultimum tes-
tamentum nuncupativum et suam ultimam voluntatem seu
ordiuationem testamentariam, quod et quam voluit et or-
dinavit perpétue valere; et si forte jure testamenti non
valeret, voluit et ordinavit quod valeat jure codicilli seu
codicillorum ; et si jure codicilli vel codicillorum non
valeret, voluit et ordinavit quod valeat jure donationis
inter vivos seu causa mortis, ac jure cujuslibet alterius
ultime voluntatis, et omni eo meliori modo jure et forma
guibus melius valere potest et pol«rit in futurum ; et si
unquam dicta domina lestatrix ordiuaverit seu fecerit
aliud testamentum seu testamenta, codicillum seu codi-
ciUos, donaciones causa mortis aut alias quascumque,
illos, illas et illa revocavit et annulavit ipso presenti tes-
tamento, seu ultima voluntate in sua facultate valitura
et duratura, aalva semper et reservata aupradicta dona-
cione hac die presenti dicto domino marescallo per ipsam
facta, de qua supra sit memoria per ipsam facta contenta
in hoc presenti testamento seu aliis aliquibus derogare
non intendit, ymo eamdem donacionem et omnia in
eadem contenta laudavit, approbavit, ratificavit et cou-
firmavit.
Ténor vero littere, et licentie, et auctorïtatis per dictum
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dominum marescallmn date et atlribute dicte domine tes-
tatrici de faciendo et ordinando :
A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Jehan
Le Mengre, dit Boucicquaut, raareschal de France, comte
de Beaufort, d'Alest, vicomte de Turenne, salut, Nostre
très chère et très amée compaigne, Anthoinette de Tu-
renne, mareachalle de France, nous a exposé qu'elle a
grand desir, volenté et atfection de faire et ordonner
. son testament et disposer de ses biens que Dieu luy a
prestes, pour le salut de son ame et aultrement, laquelle
chose elle ue voudroit faire sans notre bonne volenté,
licence et consentement, nous humblement supliant que
iceux licence et consentement luy voulaissions donner et
ottroyer, sçavoir faisons que nous à la nostre très chère
et très amée compaigne avons donné et octroyé, donnons
et octroyons par ces présentes, si et en tant que besoin
sera, licence et auctorité, consentement, congié, plein pou-
voir et mandement spécial de faire et passer son dit tes-
tament et ordonner de ses biens pour le salut de son âme
et autrement, tout alnsy et dans la forme et manière
qu'elle en vouldra faire et ordonner, et que besoing luy
semblera. En tesmoing de ce, nous avons signé ces pré-
sentes de notre main et à icelles fait mettre nostre scel.
Donné à Montpellier, le deuxiesme jour d'avril l'an mil
quatre cent treize. BotJCicQTjA.uT, mareschal de France.
De quibuB omnibus et singulis supradictis dicta domina
testatrix voluit, pecitt et requisivit sibi et quibus perti-
nebit fieri unum et plura instrumenta per me notarium
publicum infrascriptum, volons et expresse consensciens
quod dictum instrumentum, seu instrumenta, possint et
valeant dictari, reflci, corrigi et emendari semel et plu-
ries. producti in judicio, vel non producti, ad consilium et
intellectum unius vel plurium in jure perilorum, et
fiicti tamen substancia in aliquo non mutata, rogans
dicta testatrix testes infra scriptos, omnes sibl notos, et
de premissis omnibus et singulis, sicut prefertur, per
lyGoogle
— 391 —
eam ordinatis memores esse voluît loco et tempore, si et
guaDdo requisili fuerint testimonium veritalis pertulere.
Acta fueruQt hec in loco de Bupermaura, in domo nobilis
Johannis Varreris, alias de Ramquis, io quadam caméra
prope aulam, presentibus nobilibus viris Johanne de Per-
tuisio, Johanne de Sorberiis, Johaoïie de Luce Petra de
ThoUgny, domino Amico de Mostoziis, legum doctore, fra-
tre Johanne Malerii, oi-diais béate Marie de Monle-
Carmelli, lectore in sacra pagina, Rolando de Ghiny,
familiaribus dicti domini marescalli et dicte testatricis,
dominis Petro de Monte Accto et Johanne de Terra
Rubea, in legibus liceociatis, testibua ad premissa vocatis
et rogatis, et magistro Johanne Alexandro Reneau, clerico
Nemausenais diocesis, nunc habitalore Alesti diocesis,
dicti domini noatri Francorum régis notarié, qui de pre-
missîB omnibus et singulis, dmn, sic ut supra descri-
buntur, agerent et âerent anno et die predictis una cum
supra nominatis testibus presens fuit, eaque sic retinuit,
et publicavit et de ipsis notam reperit rogatus et re-
quisitus.
xvnr
HOMMAGE, SUIVI d'uN DÉNOMBREMENT, PRÊTÉ AU
MARÉCHAL DE BOUCICAUT ET A ANTOINETTE DE
TURENNE PAR RENAUD DE LISSAC, POUR TOUT CE
qu'il POSSÈDE DANS LES PAROISSES DE LISSAC ET
DE JUGEALS, DANS LA CHATELLENIE DE GOUSAGES
ET DANS LA VICOMTE DE TURENNE.
25 février 14i5.
In nomine Domini, amen. Noverint universi hoc pre-
sens publicum iûstrumentum visuri, lecturi et etiam
audituri, quod anno Incarnationis Domini millesimo qua-
dringentesimo quarto decimo, die vero ultima mensis
februarii, régnante excellentissimo principe et domino
nostro, domino Karolo Dei gratia Francorum rege illus-
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trissimo. in preseotia mei notarii publici et nobilium
et potenlum virorum dotninorum lestium Infra scrip-
torum personaliler constitulis magDiflco et potente do-
mino, domino Johanne le Mangre, dicto Bouciquaut,
comité Bellifortis et Alesti, vicecomiteque Turenne ac
marescallo Francie, pro se et suis et pro egregia et
polenti domina, domina Anthonia de Turenna, comitissa
el vicecoruitissa dictorum comitatuum et vicecomitatus,
ejus consorte, ex una parte, et nobile Regînaldo de
Lissac, domino ejusdem loci, pro se et suis heredibus
et Buccessoribus universis, ex parte altéra, prelibatus
nobilis Reginaldus, non inductus, non seductus nec co-
hactus vi, dolo, metu, fraude, nec machinalione aliqua
ab alîquo circumventus, sed bene instructus et consultus
de facto el de jure auo, prout disit et assemit, recognovit
palam el publiée^ ac pure et aimpliciter in verilate con-
fessus fuit se tenere; velleque tenere, et tenere debere a
dictis dominis conjugibus, licet dicta comitissa et vice-
comitissa absenti, sed dicto domino comité et vicecomite,
pro se et suis et dicta domina comitissa et vicecomitissa
una mecum notario publico tanquam publica et autentica
persona ratione mei publici officii pro îpsa domina sti-
pulantibus et recipientibus solempniter, et predecessores
prelibati nobilis ab ;intiquo tenuisse a dictis dominis con-
jugibus et a predecessoribus prelibate comitiase el vice-
comitisse, a quibus causam babet, cum bomatgio, âdeque
et fldelîlatis juramento, videlicet omoia, universa et sln-
gula que ipse nobilis Reginaldus, condominus de Lissaco,
habet, tenet et possidel, et alii lenent ab ipso in loco et
parrochia de Lissaco et in castro et castellania de Go-
satgio, et in parrochia de Jugeais, et alibi in toto vice-
comitatu Turanne et pertiuenciis ejusdem, de quibua
devenil hominem et vassallum dictonim dominorum con-
jugum. Qua recoguitione, sicut premittitur, per dictum
nobilem Reginaldum facta coram dicto comité et vice-
comite, pi-esente ut supra, stipulante et recipiente, preli-
batus dominufi Reginaldus de Lissaco, condominus dictî
ibyGoogle
— 393 —
locî de Lissaco et de Cosatgio, flexis geoibus, caputio
retnoto manibusgue complosis, promisit et juravit auper
sancta Dei quatuor Evangelia, libro aperto ubi dicitur
Te ijitur ctementisiime paler, et per Ipsum ambabus maai-
bus corporaliter tacla, esse bonus, et legititnus, ac Ûâelis
vassallus diclis dominig conjugibus et suorum heredum
et successorum vicecomitum Turenne, necnon peraonas,
res et membra, statum dictonim dominorum conjugum et
cujuslibet ipsonim, et honorem et tota jura ac deveria
ipsorum, ut melius bona fide poterit, illesa obaerrare. et
sécréta sua tenere et nulli cui non debeat revelare, bonum
consilium et juvamen contra omnes personas, si requisitus
fuerit, eis dare, m:ila dampna ac pericula ipsorum domi-
norum conjugum, et suorum heredum et successomm et
subditorum suorum, bona flde observata, pro posse suo
eyitare, et si evitare non poterit, eisdem notiflcare et.
mandare cicius poterit, et omnia alia universa et singula
farere, dicere, tenere, et servare ac custodire que in
quolibet capitule homatgii et fldelituis juramenti, et
eorumdem pertinent sive spectant, oris osculo inter\'e-
niente inter dictum dominum comitem et vicecomitem
et prelibatum nobilem Reginaldum, suum vassallum,
more consueto, et hoc cum re.nunciatione et juramento
ad hec neccssariis, parîter et cauthelis quibuscumque,
volens et concedens dictus nobilis quod hec generalis
renuociatio tantum valeat et possit ad opus dictorum
dominorum conjugum et suorum heredum et successomm
quantum lacèrent si omnea casus legum, decretorum et
decretalium ad hec facienda ibi et in loco debito essent
positi, speciflcati et declarati, non obatante jure dicente
gênerai em renunciationem non valere ni si quathenus
expi-essa fuerit in contractu cum gpeciali; et ^presse (sk) .
renunciavit idem nobilis et omnibus aliis juria et facti
auxiliis , cavillationibus , dilationibus , subtilitatibus et
cauthelis per que contra premissa vel aliquod de pre-
missis in presentibus lilteris con(«ntis, venire poaset ullo
modo in futurum. Et pro premissia omnibus et singuUs
lyGoogle
— 394 —
et aliis in presentibus litteris contentis tenendis, atten-
dendis, complendis et perpetuo ioviolabilitet' observandis,
dictus nobilis Reginaldus, pro se et suis heredibus et
successoribus universis, supposuit et submisit se et omnia
boDa sua, mobilia et imint^ilia, presencia et futura, foro,
juridiction!, cohercitioni, compulsioni et distficLui om-
Ditim curiaruin tam domini noatri Régis, quam ipsorum
dominoruin conjugum, et cujuslibet ipsorum....; voluit et
peciit, ad premissa tenenda, compleoda et perpetuo ob-
servanda, cogi, compelli et distriiigi per quoscumque offl-
ciarios diclarum curiarum et cujuslibet ipsarum Et
ibidem venerabilis et discretus vir Guillermus Boterii,
baccalarius in decretis, procurator et nomine procuralorio
dicti domini comitis el vicecomitls, protestatus fuit de jure
dictorum dominoram conjugum cui renunciare non inten-
debat pro premissis, nec recedere ab ipso, ymo voluit
quod pocius ipsum possit prosequere (sic) et totaliter in
eodem persistere, prout ante. Et nichilominus precepit et
iujunxit, ex parte dicti domiol eidem nobïli, sub pena
juris in talibus consueta, quod declararet ad plénum et
traderet in forma publica ea que tenet a dictis dominis
conjugibus iafra quadraginta dies proxime venluros. Et
dictus Dobîlis dixit et protestatus fuit de facieudo ea que
de jure tenebitur facîendus; de quibua petienint instru-
mentum. Acta enim fuerunt hec apud Brivam, Lemo-
vicensis diocesis , in aula mooasterii Sancti Martini
Brive, anno, die, mense et régnante quibus supra, pre-
sentibus nobilibus et potententibus dominis, dominis
Guilhehnode Meulhone (?), domino de Ponieto; Edduardo
de Thelis, domino de Barie; A de Agrifolia, domino
de Gramato; Durando de Salguia, domino de Lascura;
Jacobo de Vilamur; Johaiine, domino de Marcîlhaco, mi-
litibus; Edduardo de Thelis; Raymundo, domino de Cos-
naco; Petro Focherii, domino Sancte Fortunate, acutiferis,
et pluribus aliis... ad premissa vocatis et rogatis, et me,
Ademaro de Nagela, notario auctoritate ragia pubUco, qui
premissa recepi, notari et grossari.
lyGoogle
Poslque, apud TurenDam, dicte Lemoviceosis dioceais,
iQ presenlia testiuni infra scriptorum, prelibatus nobilis
Reginaldus, dominus de Lissaco, gratis et ejus certa
" scientia et bono atiimo, et libenter recognovit se tenere
a dietia dominis conjugibus, me not irio publîco tanquani
publica et autentica persona pro dictis dominis conjugibus
abBentibus, ratione mei publici officii stipulanti sollemp-
niler et recipienti, videlicet ea que aequuntur. Et primo
locum et fortalicium de Lissaco et de Mauriolis, cum
omolbus juribus et pertinenciis suis unîversis, sive sint
hospicia, domus, turres, menia, paludia, vinee, terre, orti,
nemora, gareae, columbaria, piscaria, pascua, mansi absi
et vesliti, borie et bordarie ad dictum nobilem pertinencia
et espectantia in dicto loco et parrochia dicti loci de
Lissaco; et premissa disit et asseruit idem nobilis Regi-
naldus se tenere et tenere debere a dictis dominis conju-
gibus cum homatgio et fidelitatis juramento. Item, reco-
gnovit et confessus fuit idem nobilis se tenere et tenere
debere a dictis dominis, cum homatgio et fidelitatis jura-
mento, partem suam tocius jurisdictionis alte, medie et
basse in loco et castellania de Cosatgio, et in dicto loco
et parrochia de Lissaco, nec non in iocis et parrochiis de
Sanclo Saturnino, de Castro et de Chartresiis. Item, le-
cognovit amplius idem nobilis se tenere et tenere debere
a dictis dominis conjugibus, cum dicto homatgio et fide-
litatis juramento, omnes mansos, capmansos, borias, bor-
darias, vineas, hortos, terras, prata, nemora, molendina
tam absa quam vestita, et tam vestita quam absa, nec non
nemora et pascua cum omnibus reddJtibus, juribus et
deveriis ac pertinenciis suis universis ad 'dictum nobilem
pertinentibus et espectantibus in dictis Iocis, castellaniis
et parrochiis. Item, recognovit amplius idem nobilis se
tenere et tenere debere a dictis dominio conjugibus, cum
homatgio et fidelitatis juramento, medietalem loci et
fortalicii disrupti de Jutgeals, cum introytibus et esitibus
suis, et cum omnibus mansis, capmansis, boriis, borda-
riis, tenis, vineis, garenis, ortis, pratis, moiieriis, cens-
DigmzcdbyGoOglc
^ 396 —
sibus, redditibus, cunctisque deverîis et pertineDtiis uni-
versis ad dictum nobilem pertinentibus ralione et es
causa dicti loci de Jutgeals. Item nmplius, idem nobilis
recognovit se tenere et tenere debere a dictis dominis
conjugibuB, prout 3upra, hospicium et fortalicium suum
disruptum de Rinhaco (I) cum omnibus ediffîciîs, maasis,
capmansis, boriis, bordariîs, terris, ortis, vineis, pratis,
nemoribus. pascuis, gareDis, censeibus, redditibus, jurî-
buB et pertinenciis unirersis ad dictum uobitem pertl-
neotibus ratîone dicti hospicii et fortalicii de Riahaco.
Et nichilominus geaeraliter prelibatus nobilis Reginaldus
recognovit se tenere et tenere debere a dictis dominis
conjugibus omnes et siogulos maosos, capmansos, boriae,
terras, hospicia, domos, vineas, nemora, prata, pascua,
reddilus, census, jura, deveria quecumque et quocumgue
noniine dici, nuncupari seu appellari possint et debeant,
ad dictum nobilem pertineocia in parrochiis et locis Tu-
renne, de Balayraco (2), de Ginhaco [3], de Nespol (4),
de Briva, de Cusancia(5), de Boresia (6), de Ferreriis{7)
et de Reyrevinha8(8), et alibi in toto vlcecomitatu Turenne
et ejus ressorto, excepta décima, seu sua parte décime de
Valayraco, que teaet, ut asseruit a domino episcopo Catur-
seosi, et excepto manso de Poli de Tras, scitum in paro-
chia de Jutgeals, quod tenet, ut Ipse asseruit, de Sancto
Uartino Brire. Item, dixit et asseruit idem nobilis quod
proprietas, directum domioium, jusque investiendi et de-
vestiendi. et capisolidum recipiendi, percipiendi et levandi
(1) Rigoac. Il existe dans la Corrèie et dans le Lot plusieurs
villages de ce nom. Je pense qu'il est ici question de Rignac, vil-
lage important de la commune de Cuiance (Lot).
(2) Valeyrac, village de la commune de Sarraiac (Lot).
(3) Gignac, arrondissement de Gourdon (Lot).
(4) Nespouls, arrondissement de Brive (Corrfeze).
(5) Cuzance, arrondissement de Gourdon (Lot).
{6) Borrèze, arrondissement de Sarlat (Dordogne).
(T) Perrières, commune de Char triers- Perrière (Corrèie).
(B) Beyrevignes, commune de La Chapelle-Auiac (Lot).
DigilizQdbyLjOOQlC
— 397 —
casibus occurentibus et emergentibua, et aliud quodcum-
gue jus ad directum et pbeudale dominium perlioens et
spectaas rerum et pheudonim predictorum, ad Ipsum no-
bilem pertinent et spectant; que preœissa dictus nobilis
Reginaldus, dominus de Lissaco, declaravit se tenere a
dictis dominîs conjugibus, et ista tradidit mihi notario
publico infrascriplo, ratione mei publie! ofHcii stipulanti
recipienti. pro dictis dominis conjugibus, scilicet pro dicta
Qominata sua, et protestatus fuit idem Qobilis de plus
tradendo, vel de premissis detrahendo casu quo appareret
et ad DOticiam ipgius domicelli perveniret plura vel mi-
nora bona tenere a prefatis dominis conjugibus quam
superius sunt expressala. De quibus omnibus universis
et singulis peciit idem nobilis, pro se et suis heredibus
et successoribus universis, unum, vel plura, publicum et
publica înstrumentum et instrumenta, ad opus dictoiiim
domÎQOrum consortum et ipsius domicelli, âeri per me
notarium publicum infrascriptum. Acta fuenint hec apud-
Turennam, ante porlam vocatam de la Trancbada, die
décima mensis maii, anuo Domloi millésime quadriogen-
tesimo quinto decimo, presentibus riobilibus Johanne Mas-
calhi, Johanne Talhaferri, burgense Martelli, nunc habi-
tatore Turenne, et Hugone Lacosta, alffis Maneschala,
oriundo ville Turenne, testibus ad premissa vocatis et
rogatis, et me Aderaaro de Nagela, oriundo ville Turenne,
Lemovicensis diocesis, publico auctoritate regia notarjo,
qui premissa recepi, notavi et publicavi, et hoc presens
publicum instrumentum in hanc fonnam publicam redi-
gendo grossavi, manuque mea propria scripsi, signoque
meo solito signavi in Qde et testimonio premissorum.
tOrig. parch.. non scellé. — Arch. nat-, Q' 141.)
lyGoogIc
XVIIII
ENGAGEMENT PRIS PAR LES COMMIS DES ÉTATS DB
LA VICOMTE DE TURENNE, POUR LE CAS OU LA-
DITE VICOMTE SERAIT EXEMPTE DE LA TAILLE
ROYALE, DE PAYER AU VICOMTE UNE SOMME DE
DIX MILLE ECUS ET UNE RENTE ANNUELLE DE
MILLE ECUS.
3 avril 1550.
Comme par privilèges octroyés par les roys de France
eC ducz de Guyenne soil entre aultres choses dict que
les seigneurs vicontes de Turenne et ses subgectz inanans
et habitans de ladite vicooté sont exemptz et immunes de
la conlribution des (ailles et aultres subsides, et par arrest
donné en la court des généraux des aydes à Paris soit
ordonné que lesdictz manans et habitans de ladite vicoiité
jouyront par provision de leurs privilèges, et soyent les-
dictz subjelï en voulante de poursuyvre ladite exemption
et en avoir déclaration du Roy, se sont aujouM'huy,
troisiesme jour du moys d'avril mil cinq cens cinquante,
comparus au chasteau de Jouze (?), sçavoir est maislre
Pierre Jouffre, sieur de Chabrignac, prothonotaire du
sainct siège appostolique, archiprebtre de Sarlat, scindic
gênerai de ladite viconté; Anthoine de Cosnac, escuyer,
sieur de Boi-de; Piene Savoye, consul de la ville de
Beaulieu en Limosin, et M' Pierre Jurbert, notaire de
Servieres_en ladite viconté, soy-disans commis et dep-
putés par messieurs des estatz de ladite viconté, comme
de ce ont fait apparoir; lesquels, pour et au nom des
manans et habitans d'icelle viconté...., promectans faire
ratiffler, ont promis et se sont obligés à messire François
de la Tour, chevallier, viconté de Turenne, que là et
quant ledit sieur viconté fera jouyr paisiblement sesdiciz
aubgeclz de l'effect desdictz privilèges, et en ce faisant,
les fera déclarer exemps et immunes de la contribution
iyG(_K>gIe
— 399 —
des tailles et subsides, en ce cas, et non aultremeat, les
manans et habitans de ladite Ticonté donneront, comme
donnent dès à présent audict cas audict seigneur viconte
la somme de dix mil esciu sols payable dans deux ans
et à deux termes, commenceant au jour que ledict sieur
aura déclaration de ladicte exemption et qu'ilz jouyront
de Teffect d'icelle, et l'aultre terme dans l'an prochain
ensuyvant, Et oultre ce luy donneront, comme donnent
dès à présent, audict cas, la somme de mil escuz sol de
rente ou revenu par chascun an, commenceant le pre-
mier payement desdictz mil escuz l'année ensuyvant le
dernier payement desdictz dix mil escuz, l'ung terme
n'empeschant l'exécution de l'aultre. Et le cas advenant
que lesdictz manans cL habiians de ladite viconté se-
rolent ci-après conlraincU de contribuer aux dictes tailles
et subsides, ne seront tenus lesdictz manans et habitans
de payer ny continuer le payement desdictz mil escuz de
revenu annuel.
A. de CosNAc; de Ghabrignac; de Savoye, consul de
Beaulieu; P. Jurbert, notaire.
(Arch. nat., KK 1213.)
XX
NOTES POUR L'HISTOIRE DE LA FRONDE
EN BAS-LIMOUSIN
LA CAPITULATION DES GENS d'aKMES
DE M. LE PBINCE THOMAS
Madame la princesse et M. le duc d'Anguyen ayant
appiis que ces gens d'armes suivoyent celte princesse
et le prince d'Anguyen, ont commandé à M. de Bouillon
de nionlcr à cheval, d'aller suivre ladite compagnie et se
vangcr de lu témérité qu'elle a eue de suivre une prin-
cesse et un prince du sang, et de la traiter suivant le
chastinieat qu'elle mérite. Après avoir sceu qu'ils s'es-
lyGoogle
— 400 —
toieiit réfugiés à Brive, ayant sommé messieurs de Brive
de leur vouloir mettre cette compagnie entre les mains,
après quelques heures qu'ils ont demandées pour parler
à eux, ils ont envoyé des députés de leur ville pour prier
monsieur le duc de Bouillon de sauver la vie auxdits
cavaliers en tout cas, voyant des forces auxquelles ils ne
pouvoient résister.
La bonté de monsieur de Bouillon a esté de laisser
sortir le seigneur comte de Lens avec son meilleur cheval
et son valet aussi à cheval, un mulet avec ses hardes.
Tous les autres chevaux ont esté retenus, et a esté pro-
mis de conduire par un des gens de ladite dame prin-
cesse jusques à Limoges tous ceux qui voudront prendre
parti pour le service du Roy dans l'armée de mons. le duc
d'Anguyen commandée par M. le duc de Bouillon, et de
plus pour quatre officiers et un cavalier à cheval,
à Brive, le 17* jour du mois de may 1650.
Signé : De La Tour d'Auvergne.
LE PASSE-PORT DONNÉ PAR CE DUC POUR LE COMTE
DE LENS, COMMANDANT LESD. GENS d'aBMES
Le duc de Bouillon, prince souverain de Sedan et Rau-
court, vicomte de Turenne et commandant de l'armée du
Roy sous monsieur le duc d'Anguyen, Nous ordonnons à
tous ceux sur qui noslre pouvoir s'estend de laisser libre-
ment passer le comte de Lens avec ses domestiques et
autres officiers de la compagnie de gens d'armes du prince
Thomas, et prions tous autres de luy donner toute sorte
d'assistance, si besoin il en a, offrant en cas pareil faire
réciproque. Fait à Brive, le 17 may 1650.
Signe : Le duc db la Tour d'Auverqne, et plus bas :
Par Monseîgueur, Àndrius.
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- 401 -
LE PROCÈS-VERBAL ET LETrRE DES MAIRE ET COX-
8ULS DE LA VILLE DE TULLES, AVEC CRÉANCE
DE CELUY QUI EN ESTOIT PORTEUR.
Nous avODS d'eu estre obligez de vous informer par
ce courrier exprès des avis qui nous ont esté donnez ce
malin et de la résolulion que nous avons prise en mesme
temps à l'hostel de ville par concert avec les officiei-s du
régiment de Cugnae. Vous jugei-ez mieux que nous com-
bien cette affaire est importante au service drf" Roy ; nous
attendrons avec impatience l'honneur de vous [sic) rom-
mandemens et demeurerons tousjours, Monseigneur, vos
très humbles et obûissans serviteurs. Les maire et con-
suls de Tulle. Signé : Jasse de la Poueiiie, maii-e. Tes-
siKH, consul. A Tulles, ce 18 may 1650,
Au-dessus est escrit : A monseigneur Foulé, conseiller
du Roy en ses conseils, M* des requestes ordinaires de
son hostel et intendant de ses finances. Et au devrièi-e
de ladite lettre est contenue la créance du porteur de
ladite lettre en ces mots :
Ma créance est' qu'hier, 18 may 1650, je fus député des
habitans de Tulles pour me rendre devers M' Foulé sur
l'avis qu'ils ont eu que monsieur de Bouillon partit de
Turenne, le 17 dudit mois de may, avec un grand nombre
de ses amis à cheval, et assisté de quelques compagnies
d'infanterie, pour se rendre aux portes de Brive, afin
d'enlever deux compagnies d'ordonnance du prince Tho-
mas, qui y estoient eu garnison, ce qu'il fit à la faveur
des habilans de ladite ville de Brive, qui luy ouvrirent
une porte lors que lesdîles compagnies sorioyent par
l'autre pour donner sur les troupes de monsieur de
Bouillon; au moyen de quoy les ayant en son pouvoir,
il les démonta, les désarma et prit le re.ste de leur équi-
page, fors de ceux qui se jettèrenl dans son parti. Après
quoy, il envoya dire aux habitans de la ville de Tulles
de chasser le régiment de Gugnac de leur ville, ou
T. va. t^is
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— 402 —
qu'aulremeDl il les vîeadroit chasser avec ses amis, et
qu'il ferait périr avec ledit régiment les habitans. Sur
quoy, les maire et codsoIs de ladite yille ayans assemblé
les bourgeois avec les officiers dudit régiment de Cugnac,
il fut fait un délibératoire signé d'un grand nombre de'
citoyens et desdits officiers de périr plustost que de faire
une action si contraire au service du Roy, et que pour
empescher le dessein que monsieur de Bouillon pourroit
avoir sur leur ville, il seroit tenu conseil de guerre avec
lesdits officiers et qu'il seroit travaillé incessamment aux
réparations nécessaires.
Pail à Dorât, le 19 dudit mois de may 1650, à quatre
heures après midy. Signé : De Matnard, president des
esleus de Tulles, députe.
■fiastUe de Frame.)
lyGoogle
BIBLIOGRAPHIE
Les Pensées de l'Abbé Joseph ROUX. — Intro-
duction par Paul Mariéton. — (Lemerre^
éditeur, — Prix : 4 fr.J.
L'illustre pape lïmousio, Glémeot VI, qui portait six
roses dans ses armes, dit en arrivant au pontificat, ' en
parlant du Limousin et des ecclésiastiques qu'il voulait
appeler aui dignités : i J'y planteray un tel rosier des
■ gens de notre nation, ou pais de Limoân, qu'il ne sera
» de ehi à ehent am qu'il n'en y ait des raehines et des
■ bouton*. ■ Et l'ancien garde des sceaux de Philippe VI
tint parole : partout où il y eut des honneurs à re-
cueillir, des bénéfices à administrer, on rit des gens du
Limousin. Les roses ne poussent plus au pays de Li-
mosin, ou si quelque bouton menace de s'ouvrir, on le
prive d'air, on le met à l'ombre, bien loin du soleil, et
le pauvre bouton s'étiole et meurt.
Au zvi* et au zvii* siècles, le clergé français recher-
chait l'éclat des réputations littéraires; aujourd'hui cer-
tains princes de l'Ilglise ne semblent approuver que la
vie obscure et, pour ainsi parler, végétative; autrefois on
allait chercher au fond de sa cure le pi-étre qui par son
intelligence honorait le clergé, aujourd'hui on Texile au
fond d'un misérable village. Cette manière d'agir a donné
naissance à des suppositions évidemment injustes qu'ont
semblé autoriser certains cas particuliers : ii appartien-
drait à qui de droit de faire taire les mauvaises langues;
ce serait s'honorer soi-même que de savoir honorer ceux
qui le méritent. Je ne suppose pas qu'on ait eu l'intentioD
d'aider à l'éclosion et au développement d'un esprit émi-
nent en le reléguant au fond d'un hameau, sans ami,
sans conseil, loin de toute vie intellectuelle; aut:int vau-
lyGoogle
— 404 —
dr;iit soutenir que le prisonnier doit s'eslimer heureux .lu
fond de sa geôle parce qu'on lui donne le lemps de penser.
Enfin voici que cet exilé de cinquante-deux ans com-
mence à respirer le doux parfum de la célébrité. Mais
quelle lutte acharnée, désespérée, il a fallu soutenir au
milieu des obstacles el des ténèhres! — Un peu de gloire
a pénétré dans sa cure, l'obscurité où il étouffait a été
traversée par un rayon de lumière. <• Épreuve pour
épieuve, mieux vaut soufTrir- à la lumière que dans
l'ombre, car je souffre ici. Et je ne trouve pas vrai
que l'isolement soit du bonheur. » Ce prêtre modèle,
comme le proclamait récemment la Semaine religiejtse,
, aime ses ouailles; il aime son église, sa paroisse, mais
l'isolemejii pèse à son ànie, le froid du tombeau l'effraie.
De la lumière! de la lumière! C'est de ces retours sur
lui-même, sur la douloureuse carrière que des destins
peu propices lui ont faite; c'est de ces réflexions nées
au milieu de cette sombre solitude que sont sorties les
Pensées, livre magistral, d'une saveur singulière et forte,
digne de figurer, a dit Sarcey, sur le rayon réservé
dans notre littérature aux moralistes, à côté des plus
belles œuvres des mnîtres : les Maximes de La Roche-
foucauld, les Caractères de La Bruyère, les Pensées de
Vauvenargues et de Joubert, Je ne crains pas de forcer
la note, ajoute le même aristarque, en affirmant que ce
volume de Pensées décèle un penseur original et un écri-
vain curieux. Les plus illustres critiques ont été d'accord
pour louer dans l'abbé Roux et le penseur et l'écrivain;
l'Académie française sanctionnera bientôt le jugement de
l'opinion publique en couronnant l'œuvre de notre célèbre
compatriote. M. Caro.a dit : a II a bien de l'originalité,
ce curé de campagne, et bien de la saveur dans ses im-
pressions à la fois très littéraires et très morales. Assu-
rément c'est un écrivain, mais c'est un penseur, c'est un
rêveur, c'est un moraliste, c'est un poète. » Et Puvis de
Chavannes : " Je reste stupéfait devant cette prodigieuse
abondance de pensées, de vérités originales J'ai foi en
lyGoogle
— 405 —
soD génie. » M. Renun appelle les Pensées uq livre unique.
M. l'abbé Paul Lallemand, directeur de l'École Missillon,
en a fait un compte-rendu des plus élogieux dans le
journal Le Français du 25 juillet 1885, et le Père D....,
dominicain, dont personne n'ignore la haute compétence,
disait dernièrement en parlant de l'auteur de l'ouvrage
que « depuis longtemps il ne s'était pas produit un génie
pareil, n La presse tout entière a salué d'un cri d'étonue-
ment et d'admiration l'œuvre du prêtre limousin ; le public
a enlevé deux éditions en un mois. Tel est l'accueil fait au
premier ouvrage d'un écrivain hier encore inconnu chez
nous, mois déjà apprécié, pour quelques morceaux déta-
chés, par les délicats de» lettres et par les savants d'oulre-
BMn. C'est l'étranger, c'est la grande voix de la presse
parisienne qui nous a fait connaître ce grand penseur, ce
grand poêle. Qui aurait cru, qui aurait admis qu'un
homme supérieur put naître dans le Limousin, là, à côté
de nous ? Nous l'aurions sacré roi de la poésie provençale,
si le hasard l'avait fait naître à Avignon ou à Toulouse.
Nul n'est prophète en sou pays.
C'est au milieu des paysans, dans un isolement mortel,
qu'il a écrit son œuvre, où l'on trouve tant de pages hu-
mides de mélancolie, tant de pensées qui semblent porter
le deuil d'une douleur inguérissable; et celte tristesse
morbide aggrave une s;iiité précaire, ébranlée par des mé-
comptes sans fin et des illusions tour à tour envolées. Il ■
écrivait naguère à un ami, à propos de son Dictionnaire
Limousin : « Le Dictionnaire ne restera donc pas enterré,
comme moi ! Heureux Dictionnaire! » Aussi a-t-on pu dire
qu'il avait écrit dans un style durable le poème chrétien
des angoisses d'un abandonné. El pourtant ce grand esprit
n'était las né pour chauler les amertumes de la vie. La
grandeur, les sommets semblent particulièrement l'attirer.
La première fois cjuc je le vis, écrit M. Mariéton, il m'ap-
parut semblable au géant limousin de la geste de Char-
lemagne. Mais le malheur a fait sentir sa lourde main,
la victime a lutté héroïquement; elle a succombé el elle a
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— 406 —
exhalé ses plaintes. Le livre des Pensées en est le fidèle
écho, « N'en pouvant plus d'angoisse, il se levail à toute
heure, et il errait dans la maison, faisant crier les vieilles
solives sous son pas fiévreux, buvant les lannes qui rou-
laient le long de ses joues. Parfois, ayant besoin d'air,
il ouvrait une fenêtre et, accoudé sur le rebord, il regai--
dail le ciel, le ciel tout fleuri d'étoiles, o Cet extrait d'un
frais et charmant tableau champêtre ne nous moiitre-l-il
pas la mélancolique silhouette du curé de Saint-Hilaire?
Les Pensées sont « un tableau qui manquait au Musée
des Lettres françaises. " Aprelé des observations, élans
mélancoliques sortis du cœur, angoisses poignantes, déses-
pérance de l'avenir, variété merveilleuse, pittoresque, ta-
bleaux campagnards d'une saveur toute personnelle, ex-
pressions trouvées, mots superbes, images bibliques, ironie
pleine de verve, antithèses puissantes, style vigoureux,
poétique, large, concis, tout se trouve dans cette galerie
des hommes et des choses. J. Roux est plus profond,
moins étudié, plus spontané, plus poète que Joubert; il
est plus près de nous, il nous intéresse plus intimement
que La Bruyère. Le chapitre des paysans est médaillé de
génie. « Je ne crois pas, dit Sarcey, que jamais on ait
peint le paysan de traits plus profonds, plus énergiques
et plus sobres, n II a vu et bien vu, c'est peint d'après
nature. Le style matériel en quelque sorte, pittoresque,
violent, cru, se moule sur des réalités. Le bon sens y
est souvent enveloppé sous des tours fins, de sorte qu'une
seconde lecture en fait mieux sentir toute la délicatesse
ou toute la force. Ses remarques justes, relevées d'im-
prévu, nous frappent, nous surprennent et restent gravées
dans la mémoire.
L'abbé Roux voit enfin la gloire lui sourire, après tant
d'années de souffrances et d'abandon. Les esprits supé-
rieurs, a-t-on dit, sont comme ces étoiles qui peuvent
disparaître de notre horizon avant qu'un rayon de leur
lumière n'en soit parvenue jusqu'à nous. Ainsi a failli
disparaître inconnu un grand écrivain, un grand pen-
lyGoogle
— 407 —
seur, un grand poète, qui sera une des gloires de notre
Limousin, jadis si glorieux. Grâce h vous, Mécène lyon-
nais, atavis édite regibus, l'étoile est découverte, elle brille,
et sa douce lumière nous réjouira longtemps. De tous les
côtés les amis sont accourus : Mistral, Aubanel, Rouma-
nille, Arsène Houssaye, Henri de Bornier, J. Claretie,
Puvis de Chavannes, J.-P. Laurens, Cheoavard, José-
phin Soulary, Renan, Caro, Sarcey, Stéphen Liègeard,
Maxime Gaucher, Massenet el le plus cher de tous,
Paul Marîéton ; j'en passe et des meilleurs.
Les beaux jours sont venus, le soleil luit, et l'œuvre
de J. Roux « s'illumine des premières clartés de la re-
nommée comme de ces lueui-s roses qu'apporte le soleil
levant aux Irises de marbre des palais, n
Joseph Roux a composé sur le modèle des anciennes
chansons de geste un certain nombre de pièces en cou-
plets monorimea, racontant les grands événements de
l'histoire de sa province, une sorte de Légende des siècles
limousine. La plupart sont inédites. Ce qui a paru a
fait comparer le chantre limousin à ses illustres compa-
triotes, les troubadours Bertrand de Bom et Bernard de
Ventadour. La Cansou timousina sera une merveille d'art,
car elle sera illustrée par l'artiste inimitable Puvis de
Chavannes et par le peintre du Panthéon, Chenavard.
Un troisième volume doit _ comprendre des Éludes sur la
campagne et la littérature; le quatrième formera un re-
cueil de poésies franco-limousines. Ensuite paraîtra un
Dictionnaire bas-limousin qui sera un monument de pa-
tience, d'érudition et de curiosité. L'ouvrage est terminé.
lyGoogle
„Googlc
Dictionnaire des Émailteurs depuis le moyen
âge jusqu'à ta fin du xviii* siècle, ouvrage
accompagné de 67 marques et monogrammes,
par Emile Mounier. Paris, Rouam, 1885, petit
Jn-S' de 113 pages.
Les notices de MM. de Laborde et Dai-cel, écrites à
propos des émaux conservés au I^ouvre, sont classiques
en la matière. M. Molînier, attaché au même musée, y
ajoute un Dictionnaire qui, dans sa forme sommaire, les
complète et, au besoin, les remplace. Ce charmant petit
volume, imprimé avec goùl, entre de droit désormais dans
ia bibliothèque de tout archéologue, amateur et collec-
tionoeur. Il évite de longues recherches, et grâce à son
format commode et éminemment pratique, est apte à ren-
dre un véritable service à la science.
Les quatre parties dont il se compose sont : une întro-
duclion, consacrée à l'histoire de l'émaillerie et à ses
transformations diverses ; une nomenclattire des émailteurs,
par ordre alphabétique, avec leurs signatures et des fac-
sîmile de leurs marques; une bibliographie des ouvrages
écrits sur l'émaillerie et une tiile det prineipala collections
et musées où l'on trouve des émaux. J'aurais voulu une
cinquième partie, qui n'eut pas fait plus d'une page, à
savoir la table alphabétique de tous les objets émaillés
dont il est question dans le Dictionnaire, comme croix, paix,
autels, calices, etc.
Dans l'introduction, je signalerai une lacune, à l'occa-
sion des champlevés : les musées Kircher, à Rome, et
Polili, à Milan, ont des émaux d'une forme particulière,
que je qualifierai vénitiens jusqu'à plus ample informé;
cette pratique persévérait encore en Italie au siècle der-
nier, comme on peut le voir par les trésors de Bénévent
et de Saint-Celse de Milan; enfin, l'émail de Saint-Nicolas
de Barî permet de supposer que les princes angevins
lyGoogle
- 4ÎQ-
avaient amené avec eux dans les Deuz-Siciles des émailleurs
limousiiiB qui y avaient fait école.
Les citations sont fréquentes : il les aurait fallu plus
complètes ou n'en pas faire du tout. On aimerait savoir
qui a donné la meilleure et plus récente lecture de l'ins-
cription apposée au paliotto de Monia. Si le nom de Davil-
lier revient sans cesse pour l'orfèvrerie espagnole, pour-
quoi ne pas aussi mentionner ceux qui ont exploré l'Italie
et déjà fait part au public de leurs découvertes?
L'autel de Saint-Ambroise, à Milan, n'a pas été étudié
seulement par Ferrario; de Rossi et Bohault de Fleury
l'ont aussi reproduit et commenté. Pour la bibliographie,
il y a en outre une curieuse brochure allemande du doc-
teur Scheins sur Veteeirum : la question est déSnitivemeut
tranchée, et close la discussion par cette œuvre d'une
■ remarquable érudition. La nomenclature des émailleurs,
donnée dans Patria, n'est pas à dédaigner non plus.
Cuique suum. J'avoue que j'ai été surpris de ne pas voir
une seule de mes publications citées. L'omission est-elle
involontaire ou systématique? En tout cas, elle est répa-
rable, et je me permets de la signaler à l'éditeur. Certes,
j'ai abordé bien des fois l'émaillene d'une manière non-
seulement générale, mais encore spéciale. Qu'on consulte
mes trésors d'Aix-la-Chapelle, de Moutiers, de Bah, d'A-
nagni, de Rome, de Béuévent, et l'on verra que la part
y est large. Dans VÈpigraphie de Maine-et-Loire, j'ai relevé
toutes les signatures que j'ai pu constater dans ce dépar-
tement : dans la Revue Poitevine, j'ai fait les mêmes obser-
vations pour celui de la Vienne. Mes Guides de Rome sont
entre les mains de tous les étrangers : c'est la première
fois qu'on y parle émail. Mieux que cela, je ne me suis
pas contenté de décrire les émaux du Vatican, y compris
ceux d'origine étrusque; aidé de M. Simelli, j'ai publié,
en superbes photographies in-folio, les champlevés du
Musée chrétien et d'Anagni, au nombre de dix, sans
oublier les plaques byzantines. Les émaux de la Renais-
sance m'ont occupé dans le compte-rendu de l'exposition
lyGoogle
_ 411 _
religieuse de Rome, en 1870; maïs surtout, dans le Sut-
lelin Monumental et la Bévue du Musée eucharistique, décri-
vaut le paliotto de Monza et le reliquaire d'Orrieto, j'ai fait
la classlûcation des émaux translucides actuellemeut con-
nus. Cette revendication de droits acquis et incontestables
m'a paru nécessaire.
Il eut été bon aussi de citer l'émail du xui* siècle de
la collection Yves Fesneau, à la Souterraine (Creuse),
dont personne encore n'a parlé et qui me semble porter
une signature. M. Rupin éclaircira ce point.
Page 66, la signature de Baptiste Nouailber est donoée
sans la marque aux initiales. Je la restitue, d'après un
émail qui appartient au chanoine de t'Écochère, à Nantes.
Le médaillon, de forme ovale, représente saint Louis,
costumé eu chevalier et en roi, agenouillé devant la sainte
couroûûe d'épines. La signature du revers est ainsi cou-
çue, moitié en cursive et moitié en majuscules :
Bap" nouailher
a Limoge.
.B.N.
Je ne trouve pas, dans la Uste dressée pat M. Molinier,
cette signature d'un émail représentant une Pieià, que j'ai
signalée dès 1865 dans la Revue de l'Art chrétien, p. 491 :
F . F . PETI..
ni celle d'un cruciSx mentionné par la Revue Poitevine,
1884, p. 108 : .F ., que M. de Lasteyrie lit Pénicaud[i).
Une nouvelle édition améliorera tout cela, j'en suis
pei-auadé.
X. Babbier de Montault.
(1) Bullet. du Com. des Irao. hist., secl. d'arch., 1884, p. 78.
lyGoogle
„Googlc
„Googlc
NOTICE
SUR LA VIE DE
DANIEL DE COSNAC
ÉVËQUE ET COIITE DE VALENCE E
ARCHEVÊQUE D'ATX, COMHANDEUS DE l'oRD)
Le Comte db COSNAC (Gabriel- Jclbs)
RELATION INÉDITE DES OMËQUES DE Cfi PRÉLAT
ANiEL de Gosnac, successivement évêque
et comte de Valence et de Die et arche-
vêque d'Aix, premier gentilhomme de
la cliambre du prince de Conti, frère
du grand Gondé, premier aumônier du
duc d'Oi-Iéans, frère de Louis XIV, com-
mandeur de l'Ordre du Saint-Esprit, a
fixé sur lui l'attention par les qualités exception-
nelles de son esprit et par les événements impor-
tants auxquels il fut mêlé dans le cours de sa
longue vie. Sa vivacité était surprenante, ses ré-
parties n'étaient jamais en défaut; on aimait ses
saillies, on craignait ses boutades; la marquise de
Sévigné, parlant de lui, écrivait à la marquise de
Grignan, sa fille : « L'archevêque d'Aix a de gran-
des pensées, mais plus il est vif, plus il faut appro-
cher de lui comme des chevaux qui ruent, et sur-
tout ne rien ga'i"der sur votre cœ.ir (1). » « Personne,
(0 Lettre datée de Paris, le 19 janvier 1689.
ibyGoogle
— 414 —
dit le duc de Saint-Simon dans ses Mémoires,
n'avait plus d'esprit, ni plus présent, ni plus
d'activité, d'expédients et de ressources, et siu'-le-
champ; avec cela très sensé, très plaisant en tout
ce qu'il disait, sans penser à l'être, et d'excellente
compagnie, d L'abbé de Ghoisy, dans sa Vie de
Daniel de Cosnac{l), insérée dans ses Mémoires,
donne quelques-unes de ses vives réparties, mais
exprime le regret que Montreuil, qui vivait auprès
de lui, n'en ait pas recueilli un plus grand nom-
bre. Bien qu'il ait passé une partie de son exis-
tence dans ce milieu de la cour où l'élégance et
la légèreté s'unissent trop souvent à la souplesse
et à la fausseté, le goût des aiïaires sérieuses, la
fermeté et la franchise furent toujours les côtés
saillants de son caractère. Citons de nouveau les
témoignages de deux contemporains, dont le se-
cond n'est pas suspect de flatter ses portraits.
L'abbé de Ghoisy a dit de lui : « II se jeta tout-
à-fait du côté des affaires, et dans un âge où la
conduite des négociations importantes est, pour
l'ordinaire, incompatible avec la grande jeunesse,
il se rendit si nécessaire que ce fut lui qui fit,
à vingt -deux ans, la paix de Bordeaux. 11 en dressa
les articles dont j'ai vu la minute signée de sa
main, et signée des princes et du duc de Candale
qui signa .pour le roi. » De son coté, dans ses
célèbres Mémoires, le duc de Saint-Simon s'ex-
prime en ces ternies : « Il était haut, hardi et
(0 Cette Vie Je Daniel rfe Cosnat a été a
réduit de Téssé.
ibyGoogle
— 415 —
libre et qui se faisait craindre et compter parmi
les ministres; cet ancien commerce intime avec
Madame (1) dans beaucoup de choses dans les-
quelles le roi était entré avec lui, lui avaient
acquis une liberté et une familiarité avec lui
qu'il sut conserver et s'en avantager toute sa vie. »
Pour Daniel de Cosnac, à une affaire traitée suc-
cédait une auti'e ave;; une telle rapidité qu'à une
époque où les épitaplies malignes étaient fort en
vogue, lorsqu'il mourut, on lui fit celle-ci : Re-
quiscat ut requievit.
Sa physionomie répondait à son esprit et à son
caractère; elle se retrouve dans ses portraits dont
il reste plusieurs; nous reproduisons l'un d'eux en
tète de cette Notice d'après une gravure de 1666,
par Boulanger, graveur célèbre, sur une peinture
de Lefebvre, artiste également célèbre {5).
Nous venons de citer les appréciations de deux
des contemporains de Daniel de Cosnac; mais nous
pouvons citer encore les Mémoires de Gourville,
du marquis de Chouppes, du marquis de la Fare,
de M'" de Montpensier; les Mémoires politiques
(1) Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orlfians, appelée Madame.
(2) Nou8 possédons le portrait original peint par Lefebvre et la.
gravure par Boulanger qui est fort rare; il en existe deux exem-
plaires k la Bibliotitè([ue iiMionalc, l'une au dépôt des estampes;
l'autre au dépût des manuscrits, dans celle des boite» dites du
Saint-Esprit, coiisaorde au dossioc de Daniel de Cosnac. Ce por-
trait et ectte gravure le représentent alors qu'il était évéque de
Valence et do Die; une autre gravure du dépôt des estampes le
représente avec l'Ordre du Saint-Esprit, alors qu'il était arche-
vêque d'Aix ; l'autour est un graveur nommé S. Cundier; son œuvre
est médiocre. Un très beau portrait de l'archevêque, par Rigaud,
est conservé à l'archevêché d'Aix.
lyGoogle
et militaires composés par l'abbé Millot sur les
notes et papiers du maréchal de Noailles; l'His-
toire des grands officiers de la Couronne, par
le P. Anselme; le Nobiliaire de Morèri; et parmi
les ouvrages modernes les œuvres de Sainte-Beuve
et de M. Cuvill'ier-Fleury, les BiographieSj entre
autres celle de Michaud et la Biographie géné-
rale. Lui-même enfin a écrit ses Mémoires; il
les écrivit même deux fois dans son âge mûr et
dans sa vieillesse. Dans la seconde version , il
passe sur bien des faits développés dans la pre-
mière, ceux surtout relatifs à la Fronde qu'il fal-
lait paraître" avoir oubliés lorsque Louis XIV eut
follement constitué son pouvoir absolu (1).
Bien que nous ayons livré pour la première
fois en 1852 les Mémoires de Daniel de Cosnac
à la publicité, leur existence était connue du pu-
blic érudit. Le P. Lelong les avait classés dans
sa Bibliothèque de France au nombre des docu-
ments inédits de notre histoire; Voltaire, en 1756,
en parle dans sa correspondance; le président Hé-
nault leur a emprunté, pour son Abrégé chrono-
logique de l'Histoire de France, le charmant
portrait d'Henriette d'Angleterre ("2). En 1852 seu-
lement, ces Mémoires ont vu le jour, nous les
(1) Nous aïO:is donné un historique des divers manuscrits sur
lesquels nous avons publie si?s Mémoires dans In Sotico dont nous
les avons fait prâci^der.
(2) Cette citation est suivie de cette mention : M. S. de Cosn.
(iiiajtuscrifs de Cosiiai;), qui, pour la plupart des lecteurs, était
demeurée un problème avant la publication que nous avons faite
de ces Mémoires.
lyGoogle
avons publiés en deux volumes dans la Collection
de la Société de l'Histoire de France, et leur
prompt épuisement a témoigné leur succès. De-
puis, la découverte que nous avons faite de nom-
breux documents inédits concernant leur auteur
nous a permis de donner deux suppléments qui
ont paru dans le Bulletin de la Société de l'His-
toire de France des années 1858 et 1876; d'autres
documents, également inédits, nous serviront à
faire paraître une nouvelle édition des Mémoires
que nous préparons de longue main.
Daniel de Cosnac naquit en l'année 1630 au châ-
teau de Cosnac, en Limousin ; il était fils de Fran-
çois, seigneur de Cosnac, et d'Éléonore de Talley-
rand, fîlle de Daniel de Talleyrand, prince de
Chalais, seigneur de Grignols, en Périgord, et de
Françoise de Montluc, marquise d'Excideuil, fille
du célèbre maréchal de. France. Éléonore de Tal-
leyrand, restée veuve à vingt ans de Henri de Beau-
poil, seigneur de St-Aulaire et de la Grénevie (1),
avait épousé en secondes noces François, seigneiur
de Cosnac. Daniel de Cosnac fut le troisième fils qui
naquit de cette union ; sa complexion était délicate,
et, dans un temps où un gentilhomme devait porter
les armes ou se consacrer à Dieu, sa carrière était
tracée, à moins de vocation complètement con-
traire; ses parents dirigèrent en conséquence son
éducation vers l'état ecclésiastique; ses deux frères
aînés furent destinés à la carrière des armes. Ar-
{1} 11 périt étranglé par une arâtc de poisson à a
Gréaerie.
lyGoogle
— 418 —
mand, marquis de Cosnac, fut mestre-de-camp du
régiment de Cosnac qu'il commandait au siège de
Valence, en Italie, en 1657(1); Clément fut en-
seigne des gens d'armes du prince de Conti et
mourut des suites d'une blessure reçue au combat
de Solsonne, en Catalogne; la Gazette du 15 sep-
tembre lui consacra ces lignes : « Le marquis de
Cosnac> entre les gens d'armes du prince de Conti,
fut dangereusement blessé d'un coup de pistolet
dans le col. » Dans son numéro du 30 sep-
tembre, revenant sur ce combat, elle cite comme
s'étant particulièrement distingué : « le marquis
de Cosnac, enseigne des gens d'armes du prince
de Conti, qui eut aussi un cheval tué sous lui. »
Le choiï de la carrière religieuse pour l'un des
enfants de chaque génération, s'était perpétué
comme une pieuse tradition dans la maison de
Cosnac; parmi les femmes, elle avait compté des
religieuses et des abbesses; parmi les hommes,
outre des ecclésiastiques éminents, tels que Ray-
mond de Cosnac, archidiacre d'Aure, dont Baluze
nous a conservé le discours prononcé au Concile
tenu à Paris en 1392, pour la déposition de l'anti-
pape Benoît Xlll (2), nous trouvons le cardinal
Bertrand de Cosnac, évêque de Comminges en
1354, qui accomplit comme légat des missions
(1) Les Archives du Ministère de la guerre renferment plu-
sieurs documents concernant ce rég-iment, Mestre-de-camp et co'
lonel étaient des grades équivalents. Dans les corps qui avaient
un colonel -gêné rai, les chefs des régiments portaient la dénomi<
nation de mes très -de- camp.
(2) Voy. Vllialoire des Papes d'Avignon, par Baluze.
lyGoogle
— 419 —
importantes en Espagne, et ses deux' neveux,
Bertrand de Cosnac, évêque de Tulle, de 1371 à
1376, et Pierre de Gosnac, qui occupa le même
siège de 1376 à 1402. Après Daniel de Cosnac,
qui devint évèque de Valence et archevêque d'Aix,
on compte encore dans Tépiscopat Gabriel de Cos-
nac, évêque de Die, de 1702 à 1734; Gabriel-
Joseph de Cosnac, qui lui succéda de 1734 à 1741;
Jean -Joseph-Marie- Victoire de Gosnac, évêque de
Meaux de 1819 au 19 avril 1830, archevêque de
Sens du 19 avril 1830 au 24 octobre 1843. La
maison de Cosnac avait aussi affirmé sa foi par
l'épèe et par la plume : Élie de Cosnac, chevalier
croisé, était au siège de St- Jean -d'Acre en 1191(1);
Guillaume, seigneur de Cosnac, chevalier, accom-
pagna le roi Louis VIII dans la croisade contre
les Albigeois {2) ; François, seigneur de Cosnac, le
père même de Daniel de Cosnac, écrivit un livre
pour réfuter les doctrines du pasteur protestant de
Turenne, dans lequel il débute dans sa préface en
ces termes : « .Mon cher lecteur, vous trouverez
estrange qu'une personne de ma condition, qui
doit avoir plus de commerce avec les armes
qu'avec les livres, et à qui la plume est mieux
séante au chapeau qu'à la main, oze néantmoins
entreprendre d'escrire des controverses sur le plus
haut et le plus auguste de nos sacrements (3). »
(1) Son nom et aea armes sont placés dans les salles des Croi-
sades, au château de Versailles.
(2) Titres manuscrits sur la maison de Gosnac conservés 4 la
Bibliothèque nationale.
(3) Défense du livre des Vérilée eucharistiques enseignées par
lyGoogle
Après les premières années passées dans le châ-
teau paternel, l'éducation de Daniel de Cosnac fui
commencée à Brive et continuée au collège de
Périgueux, jusqu'à la classe de philosophie. En
1644, ses parents l'envoyèrent à Paris au collège
de Navarre; il avait alors quatorze ans. Ce collège,
qui, de même que tous les collèges de l'époque,
n'avait que des pensionnaires, suivait les cours de
la célèbre Université de Paris. Daniel de Cosnac
parvint successivement aux degrés de maître ès-
arts, c'est-à-dire maître dans les sept arts libéraux,
de bachelier en 1648, de licencié en 1650; il prit
aussi le diplôme de bachelier en Sorbonne. Il
avait obtenu ces divers diplômes avant l'âge ordi-
naire et bien avant de pouvoir entrer dans les
ordres sacrés auxquels il se destinait. Pour l'em-
ploi de ce temps, deux alternatives se présen-
tèrent ; s'attacher à la cour de Rome ou à la
cour de France; dédaignant du reste la perspec-
tive certaine de succéder, s'il l'eût voulu, aux
bénéfices de cinq ou six mille livres de rente de
l'un de ses oncles (1). La cour de Rome paraissait
lui offrir l'avenir le plus conforme à la profession
qu'il avait embrassée, car dès lors il portait le
petit collet et était considéré comme ecclésiastique,
et Langlade (2), son ami, le confirma dans ce sen-
Nolre-Seigneur Jésue-Christ, contre la lettre du sieur Boulin,
ministre de Turenne, par le seigneur de Cosnac, — Imprimé à
Brive, chez A. Alvitre, en tG5tî, avec approbation.
(I) C)ém6nt <ie Cosnac, bachelier en Sorbonne, prieur de Croue,
prévût de Gumont et archîprfitre de Brîve.
(3) Langlade, baron d'Ausmiërcs, né au château de Limcuil, en
lyGoogle
timent. Le duc de Bouillon (1), son parent, lui
parut le meilleur introducteur qu'il put avoir
auprès de cette cour où il avait acquis un grand
crédit, alors qu'il avait été nommé général des
armées du pape Urbain VIII, et il lui en parla.
Contre son attente, le duc de Bouillon le dissuada
de ce projet, l'assurant qu'à Rome la plupart des
cardinaux eux-mêmes cherchent au dehors des
protecteurs, et il opina pour qu'il s'attachât à la
cour de France. Ici une difficulté se présentait;
son père avait été obligé de renoncer à tous
les avantages que la cour aurait pu lui offrir à
cause de la funeste catastrophe du comte de Cha-
lais (2), son beau-frère, décapité pour avoir tâché
de renverser la toute- puissance d'un premier mi-
nistre, le cardinal de Richelieu; le cardinal Ma-
Përigord, secrétaire du duc de Bouillon e^ plus tard du cabiaet du
cardinal Manarin. Voy. sur lui les Mémoireê de Gourville.
(1) Frère aine du maréchal de Turenne. Il appartenait au parti
des princes et avait reçu en I6â0, dans son château de Turenne,
la princesse de Condé allant rejoindre l'insurrection de la Fronde à
Bordeaux. Daniel de Cosnac était son parent du cdté maternel et
du cdté paternel. Hélie, seigneur de Cosnac, et Pierre de Beaufort,
vicomte de Turenne, avaient épousé au iv* siËcle les deux sœurs,
Louise et Blanche de Gimel; et Anne, fille do Pierre de Beaufort
et de Blanche de Gimel, par son mariage avec Agne de la Tour,
seigneur d'Ollergues, lui avait apporté la vicomte de Turenne;
Âgne de la Tour (cotte maison ne s'intitulait pas alors la Tour
d'Auvergne) était l'ancëtrc direct du duc de Bouillon.
(3) Henri de Talleyrand, comte do Chalais, favori de Louis XIII,
s'était distingué aux sièges de Montpellier et de Montauban; mais
ayant trempé avec le duc d'Orléans et la duchesse de Chevreuse
dans une conspiration contre Richelieu, le ministre l'accusa d'avoir
conspiré contre le roi lui-rnSme. Livré à une commission tirée du
parlement de Bretagne, le comte de Chalais eut la tête tranchée à
Nantes la 19 aoQt 1626, & l'Age de vingt-six ans.
DigmzcdbyGoOgle
zarin, qui avait succédé à la même toute- puissance,
ne pouvait pas manquer de trouver dans cette
parenté un souvenir importun et d'envelopper Da-
niel de Cosnac dans cette môme disgrâce. Le duc
de Bouillon trouva un joint qui fut d'attacher
Daniel de Cosnac à Ja personne du prince de
Ck)nti, et par conséquent à cette partie de la cour
qui était en opposition avec le premier ministre.
Daniel de Cosnac y consentit et se trouva incon-
sciemment, pour ainsi dire, entrer de plain-pied
dans la Fronde. On était dans les premiers mois
de l'année 1651 ; après une accalmie la Fronde se
réveillait; ses chefs : le duc d'Orléans, le prince
de Coudé, le prince de Conti, son frère, avaient
décidé une nouvelle prise d'armes; telles furent
les circonstances au milieu desquelles le duc de
Bouillon présenta son jeune parent au prince de
Conti et le fit admettre dans sa maison. Daniel de
Cosnac portait le titre d'ahbé et le petit collet,
comme nous l'avons dit ; le prince de Conti, qui
n'était pas plus engagé que lui dans les ordres,
portait le titre de prince ecclésiastique; il était
titulaire de l'abbaye de Cluny et des plus riches
abbayes de France; le chapeau de cardinal était
pour lui une perspective certaine, il y avait denc
de réciproques convenances de situation.
Au jour convenu, le prince de Condé et le
prince de Conti partent du château de Saint-
Maur, près de Paris, pour aller recommencer la
guerre civile; la duchesse de Longueville, la prin-
cesse de Condé et son jeune fils sont du voyage;
l'on devait se rendre d'abord au château de Mont-
lyGoogle
rond, en Berry. Toutes les personnes attachées
à la maison du prince de Conti avaient reçu des
ordres pour accompagner ou pour suivre; Daniel
de Cosnac n'en reçut aucun. Sans doute il était
devenu suspect, par ce fait que le duc de Bouillon
et le maréchal de Turenne, par un revirement
subit, avaient quitté le parti de la Fronde pour
se rallier au cardinal Mazarin. Aussitôt Daniel de
Cosnac accourut auprès du duc de Bouillon pour
lui manifester son intention d'abandonner le prince
de Conti; mais le duc de Bouillon le désapprouva
en lui observant que l'on pouvait douter encore de
quel côté pencheraient les affaires, qu'il n'était
pas si fort assuré lui-même des bonnes inten-
tions de la reine pour ne pas se réengager peut-
être dans les intérêts des princes ; que dans ce cas
il serait bien aise de l'y retrouver; mais que si
son accommodement avec la cour était définitif,
il lui donnait sa parole de l'y appeler aussitôt que
sa fortune l'aurait mis en état de contribuer à
la sienne. D'après ce conseil, Daniel de Cosnac
partit pour aller rejoindre à Montrond le prince
de Conti; mais il en reçut un si froid accueil
qu'il lui demanda son congé, qui fut accepté.
M"" de Longueville, prévenue, le fit appeler; cette
princesse craignait le mécontentement du duc de
Bouillon et considérait que la guerre civile allait
s'engager dans une province où Daniel de Cosnac
pouvait rendre des services parce qu'il y avait des
parents considérables. Elle lui remit donc une
lettre pour le prince de Conti qui venait de se
rendre à Bourges, et exigea qu'il la lui portât
lyGoogle
sur-le-champ. La princesse exerçait sur son frère
une irrésistible influence; il était plus de minuit
lorsque le prince reçut la lettre; mais, aussitôt
après l'avoir lue, il fit retirer tout le monde,
excepté Daniel de Cosnac, auquel il fit des ins-
tances si affectueuses et si empressées pour qu'il
ne quittât point son service que celui-ci charmé,
sentit se changer en dévouement pour le prince la
répulsion qu'il avait éprouvée jusque-là.
. Deux jours après, Daniel de Cosnac reçut une
importante mission qui consistait à aller trouver
en Guyenne le prince de Condé, pour lui rendre
compte de l'état de la province de Berry, et lui
apporter des messages qui venaient d'arriver de
Provence ; il devait, au retour, rapporter des nou-
velles de la Guyenne. 11 n'eut pas le temps d'effec-
tuer ce retour, car les événements se précipitèrent;
le prince de Conti et la duchesse de Longueville
fm-ent chassés du Berry par les troupes royales, et
durent se rendre eux-mêmes en Guyenne, où Da-
niel de Cosnac les rejoignit à Coutras. Sur ces en-
trefaites, la mort inopinée du duc de Bouillon
vint enlever à Daniel de Cosnac tout espoir du
côté de la cour, et il se trouva définitivement
engagé dans le parti des princes.
La guerre civile avait en Guyenne de sérieux
éléments d'organisation : le prince de Condé était
gouverneur de la province, il entraînait avec lui
la noblesse et les troupes; le parlement de Bor-
deaux, frondeur à l'exemple du parlement de Paris,
entraînait avec lui la bourgeoisie ; une factiop ré-
Diçu-izcdbyGoOgle
— 425 —
volutionnaire, VOrmée(i), entraînait avec elle les
classes infimes et remuantes. Une armée, composée
de troupes jeunes et peu solides, il est vrai, avait
pour chefs le prince de Coudé, le prince de Gonti,
le comte de Marsin, lieutenant-général, qui avait
déserté son poste de vice-roi de Catalogne pour la
France, afin de se joindre au prince de Condé;
une flotte espagnole, sous tes ordres du baron de
Watteville, donnait son concours en interceptant
l'embouchure de la Gironde; une garnison espa-
gnole occupait la ville de Bourg. La ducliesse de
Longueville et la princesse de Condé adoptèrent
Bordeaux pour lieu de leur séjour; la première
surtout y fomentait sans relâche l'ardeur fron-
deuse. Une armée royale, sous les ordres du comte
d'Harcourt, opérait pour tâcher de réduire l'insur-
rection. Nous ne pouvons pas nous étendre ici sur
les diverses opérations de la guerre, sur les émeutes
qui ensanglantèrent la ville de Bordeaux sous la
direction sinistre d'un avocat nommé Vilars et d'un
boucher nommé Dure teste (2).
Dans la petite cour du prince de Conti, comme
dans toutes les cours, régnaient des jalousies d'in-
fluence. Daniel de Cosnac s'y trouva en présence de
deux rivaux : le comte de Barbézières-Chémeraut et
(1) Cette faction tirait soii nom d'un lieu planté d'ormes procho
l'églisn de Sainto-Eulalie, qu'cllo avilit assigné à ses réunions.
{Xl <!ràcc aux nombreux documents inédits auxiiucls nous avons
eu recours, nous avons pu consignrr dans noire ouvrage : Souve-
nirs ilit. rùijite de. Loiii^ .\IV, uiic foule de Jaits oubliés ou igno-
rés qui font de notre récit de la Fronde dans la Guyenne, une Uîs-
toire en grande partie nouvelle.
lyGoogle
SaiTasin(l); ils étaient les compagnons des plaisirs
dn prince. Une circonstance fortuite permit à Da-
niel de Cosnac de prendre le pas sur eux : Le prince
de Conti étant tombé gravement malade, Daniel
de Cosnac, par ses exhortations, le ramena à des
sentiments de piété, et l'abbé de Sillei^, premier
gentilhomme de la chambre du prince, ayant pris
l'amnistie afin de sortir de sa captivité dans le
château de Pierre-Ancise, près de Lyon, Daniel de
Cosnac, désigné pour lui succéder, occupa désor-
mais la première place. La manière dont il l'obtint
fut un témoignage flatteur des préférences que le
prince avait conçues pour lui. Il avait un concur-
rent, l'abbé de la Hiiliére, de la maison de Po-
lastron, plus ancien que lui dans la maison; le
prince craignait de se prononcer trop ouvertement,
il fît tirer au sort; mais il avait à l'avance indiqué
à Daniel de Cosnac le moyen de l'emporter infailli-
blement.
La conversion du prince de Conti ne se pro-
longea pas au-delà du terme de sa convalescence;
la santé le ramena à ses plaisirs; cette mobilité
fit place dans l'âge mur à une dévotion outrée,
marquée par les pratiques du jansénisme le plus
rigoureux.
Daniel de Cosnac eut bientôt l'occasion de don-
ner à ce prince, à son insu, une preuve de sa
reconnaissance et de sa fidélité. Par sentiment de
jalousie, le prince de Conti s'était brouillé avec sa
(1) Secrétaire des commandements du prince de Conti et spirituel
auteur de plusieurs ouvrages.
lyGoogle
sœur, pour laquelle il éprouvait un penchant plus
que fraternel; cette princesse, suivant l'expression
de Daniel de Cosnac dans ses Mémoires, « aimant
beaucoup mieux s'exposer aux effets de la haine
de son frère qu'à ceux de son amitié, o Quelques
intrigues, dans le détail desquelles il serait trop
long d'entrer (1), avaient envenimé les choses au
point que le frère et la sœur avaient cessé de se
voir. Une rupture aussi complète dépassait le but
que M"' de Longueville s'était proposé; connais-
sant la mobilité de son frère, elle jugeait qu'il
était nécessaire, pour qu'il n'échappât au parti de
la Fronde, de connaître à chaque instant, pour
ainsi dire, ses impressions, ses sentiments et ses
projets. Dans ce but, elle crut qu'il lui serait
utile de gagner Daniel de Cosnac à ses intérêts,
et que la chose lui serait d'autant plus facile
qu'il lui devait les premiers fondements de sa
faveur. Elle lui dit un jour qu'il pouvait facile-
ment s'apercevoir à quel point l'amitié de son
frère était peu sûre; mais que s'il l'avertissait de
toutes les choses que ce prince lui confierait, elle
pourrait plus facilement le maintenir auprès de
lui par son appui. L'insistance de la princesse,
ac.'ompagnée des paroles les plus insinuantes,
obligea Daniel de Cosnac à lui répondre qu'il la
suppliait de ne pas trouver mauvais qu'il con-
servât son estime, ce qu'il ne pouvait sans doute
faire s'il ne restait fidèle au prince. Alors M°' de
{1} Voy. les Mémoirea de Daniel do Cosnac.
lyGoogle
Longueville lui répondit sèchement : a Non, Mon-
sieur, je ne trouve pas cela mauvais; mais ne
trouvez pas, mauvais aussi que, dans les occasions,
j'appuie d'autres intérêts que les vôtres, et que
je cherche des amis moins scrupuleux et plus
solides. »
Tandis que la duchesse de Longueville, frondeuse
déterminée et brouillée avec son mari, attisait le
feu de la guerre civile, recrutant des partisans à
son frère aîné, le grand Condé, sans regarder de
trop près à l'honneur conjugal, le conseiller fidèle
du prince de Conti nourrissait en secret le projet de
ramener ce prince dans le giron de l'autorité royale.
Ce projet, pour aboutir, demandait une adresse ex-
trême, car il ne prétendait pas détacher le prince
de Conti tout seul du parti de la Fronde, ce prince ,
n'eût reçu dans ce cas qu'un médiocre accueil de
la part de la cour qui l'eût laissé languir à l'écart;
il fallait, pour que ce prince conservât tout son
prestige, qu'il apportât avec lui les clefs de la
ville de Bordeaux et la pacification de la Guyenne.
Par conséquent il était nécessaire que le prince de
Conti ne devint pas suspect à son propre parti,
et qu'il y conservât jusqu'au moment décisif l'au-
torité dont il était investi depuis le départ de son
frère. Le grand Condé, en effet, avait quitté la
Guyenne pour livrer sur un autre terrain, avec
une armée composée de ses vieilles troupes, les
combats de Bléneau et du faubourg Saint-Antoine.
Le prince de Conti était donc demeuré le chef
suprême dans la Guyenne; mais son frère, qui
n'avait en lui qu'une médiocre confiance, avait
lyGoogle
institué sous lui une sorte de triumvirat auquel
était dévolue la direction effective, triumvii-at com-
posé du comte de Marsin, de Lenet, conseiller au
parlement de Bourgogne, et de la duchesse de
Longueville. Pour mieux parvenir à dégoûter le
prince de Conti d'un parti dans lequel son rôle
était ainsi effacé, Daniel de Gosnac ne man-
quait jamais auprès du prince l'occasion de faire
ressortir l'injure de cet amoindrissement. 11 ne
manquait jamais non plus l'occasion de mainte-
nir en ses mains l'autorité qu'on voulait lui dé-
rober. C'est ainsi qu'une révolte des troupes ayant
eu lieu à Périgueux parce que Marsin, d'un ca-
ractère violent, avait frappé un officier, il obli-
gea le prince de Conti à partir avec lui pour
cette ville, où sa présence rétablit l'ordre parmi
les troupes. La partie saine de ta population
de Bordeaux désirait la fin de la guerre civile
et fomentait dans ce but des conspirations con-
tre le parti des princes. Daniel de Cosnac avait
à se prémunir contre les unes, qui eussent livré
le prince de Conti à la merci des vengeances de
la cour, et à favoriser celles qui agissaient secrè-
tement de concert avec lui; mais toutes ces cons-
pirations étaient régulièrement découvertes, et il
eut beaucoup de peine à ne pas être compromis
dans celle du P. Berthod, gardien des cordeliers
de Brioude{l), et du P. Hier, gardien des corde-
liers de Bordeaux. Ce dernier fut arrêté, et sa con-
ti} Le P. Berlhod a laiaaé des Mémoire» qui contiennent la rela-
tion de cette conspiration.
T. vu. 6-S
lyGoogle
damnation à mort commuée en celle de la prison
au pain et à l'eau pendant le reste de ses jours (1).
Le triumvirat avait résolu d'envoyer quelqu'un
à Madrid pour presser l'envoi de nouveaux secours
en hommes et en argent; Daniel de Cosnac fit
adroitement tomber le choix de l'envoyé sur le
marquis de Chouppes (2), son ami, et le prince
de Conti fut exactement informé par lui à son
retour qu'il n'y avait aucun fond à faire sur toutes
les belles promesses qu'il était chargé de rapporter.
Cependant la ville de Bordeaux était de plus en
plus resserrée par deux armées royales, l'une opé-
rant au Nord, sous les ordres du duc de Vendôme,
qui avait succédé au comte d'Harcourt(3), l'autre
opérant au Sud, sous les ordres du duc de Cau-
dale (4). En même temps la flotte royale, dont le
duc de Vendôme avait le commandement supérieur,
remontait la Gironde abandonnée par la flotte es-
pagnole, afln d'éviter le combat. Daniel de Cosnac
obtint alors du prince de Conti l'autorisation d'en-
tamer secrètement des négociations avec le duc de
Caudale; en même temps, il encourageait dans la
ville les manifestations royalistes auxquelles la jeu-
nesse se prêtait avec ardeur. De nombreuses alter-
natives de crainte et d'espérance, des entraves de
diverses sortes signalèrent cette période de trans-
(t) Lapais amena sa délivrance; il fut nommé évêque
(2) Voy. les Mémoires du marquis de Chouppes.
(:t) Le comte d'Harcourt avait inopinément quitté s
auite d'un mécontentemi'nt contre la cour, qui lui a
charge de marée liai -général.
(4) Fils du duc d'Épernoii.
lyGoogle
formation de l'état politique et social de la ville
de Bordeaux (1); enfin le traité de paix fut dressé
et conclu d'après une minute écrite de la main
de Daniel de Cosnac, à la suite d'une entrevue
qu'il eut à Lormont, près' de Bordeaux, avec les
ducs de Vendôme et de Caudale. Ce traité de paix
termina la Fronde et ouvrit l'ère de grandeur du
règne de Louis XIV.
Pendant que la princesse de Condé prenait la
voie de mer pour aller avec son jeune fils, le duc
d'Enghien, rejoindre en Flandre le prince de Condè
et que la duchesse de Longueville gagnait son châ-
teau de Montreuil-Beltay assigné d'abord pour lieu
de son exil, le prince de Conti se rendait à son
château de la Grange, près de Pézenas, en Lan-
guedo-, où il devait attendre que soij sort fût fixé
avec les avantages mérités par l'immense service
qu'il venait de rendre. Pour se distraire pendant
ce séjour, il désira faire jouer la comédie, et deux
troupes se présentèrent, l'une dirigée par Cormier,
et l'autre par Molière. Subissant une influence que
nous ne rapporterons pas, le prince se prononça
pour Cormier et voulut congédier Molière; Daniel
de Cosnac protesta au nom du bon goût et de
l'engagement qu'il avait pris de la part du prince,
lui disant que s'il le renvoyait, il indemniserait
Molière de ses propres deniers. Enfin le premier
gentilhomme de la chambre du prince l'emporta,
et ce fut Cormier qui reçut son congé. Molière était
{I) Voy. les Mémoires de Daniel de Cosnac et nos Souvenirs
du règne de Louia XIV-
lyGoogle
alors à ses débuts, et l'on ne saurait douter que
cette protection n'ait exercé une influence consi-
dérable sur son avenir(l). Le prince de Conti alla
aussi, sur l'iovitation du gouverneur, se livrer à
Montpellier à des divertissements qui furent le
singulier prélude du grand événement qui se pré-
parait pour lui, car il ne s'agissait de rien moins
que de son mariage.
Sarrasin venait de mettre dans la tête de ce
prince qu'un coup de fortune serait pour lui
d'épouser une des nièces du cardinal Mazarin,
qu'un tel mariage le < onduirait à tout ce que
son - ambition pourrait souhaiter. Le prince de
Conti envoya donc à Paris Sarrasin pour négocier
celte affaire, disant liautement que peu lui impor-
tait quelle serait la nièce, parce que c'était le
cardinal qu'il voulait épouser. La réussite de la
négociation auprès du cardinal fut d'autant moins
difficile que l'alliance d'un prince du sang était
l'objet de ses désirs ambitieux, et la nièce qu'il
offrit fut Anne-Marie Martinozzi, déjà promise, il
est vrai, au duc do Candale; mais celui-ci, en
bon courtisan, s'empressa de se désister. Par de
secrètes et habiles entremises, le cardinal Mazarin
avait amené le prince de Conti à souhaiter ce que
lui-même souhaitait ardemment, et Sarrasin était
gagné à ses projets. Un des plus vaillants lieute-
nants-généraux de l'armée royale, tout dévoué au
(1) Lg répertoire des pièocs jouées par Molière au châlcau de la
Grange se composait do VÈIourdi, du Dépil amoureux sC des
Précieuses ridicules.
lyGoogle
- 433 —
cardinal, lui ayait écrit en parlant du prince de
Conti : « Je ne doute point qu'on ne le portasse
à tel mariage que Ton voudroit, voire même que
l'abbé de Cosnac et Sai-rasin, qui sont les deux
qui ont le plus de crédit auprès de lui, feroient
à mon avis une bonne partie de ce que l'on vou-
droit. Le dernier est un de mes amis et je con-
nois un peu rautre(l). » M. de Bougy ne se trom-
. pait pas au sujet du crédit de Daniel de Gosnac
sur le prince de Conti, mais il se faisait illusion
en croyant pouvoir compter sur son concours. Les
historiens de Daniel de Cosnac ont cependant tou3
prétendu qu'il avait donné les mains avec empres-
sement à ce projet; bien loin de là, il déclare dans
ses Mémoires qu'il fit, sans pouvoir réussir, les
plus énergiques efforts auprès du prince de Conti
pour le détourner de ce mariage, lui faisant con-
sidérer à quel point il était au-dessous de sa nais-
sance d'épouser une fille inconnue, et combien il
était peu digne de s'allier au cardinal, persécuteur
acharné de sa maison. Le prince se mit dans une
si violente colère qu'une complète brouillerie fut
imminente; mais, de part et d'autre, on se calma
et le mariage fut définitivement résolu.
Les conditions du mariage étaient négociées à
Paris par Sarrasin et par Langlade. Gomme com-
pensation au sacrifice que faisait le prince de
Conti, son premier gentilhomme de la chambre
voulait faire mettre la condition que ce prince
(1) Lettre inédite datée du camp devant Bordeaux, le 1* août
1653. Archive» naftonaJes, Registre coté K K 1319.
lyGoogle
recevrait l'épée de connétable et le gouvernement
de Brouage(l); mais les deux négociateurs, à son
insu, écartèrent ces deux articles comme pouvant
faire échouer le succès auquel ils tenaient essen-
tiellement. Pendant ce temps, le prince de Conti
avait quitté le Languedoc pour se rapprocher de
Paris, et comme Daniel de Cosnac, voulant persé-
vérer dans la carrière ecclésiastique, ne pouvait
plus conserver ses fonctions auprès de lui dès
qu'il serait marié, le prince écrivit au cardinal
Mazarin pour demander en sa faveur le premier
évèché vacant. En passant à Valence, le prince
de Conti fit la rencontre du marquis de Villars (2),
qui s'était fait une réputation dans le funeste com-
bat entre les ducs de Nemours et de Beaufort. 11
i-ésolut de lui donner celte charge de premier gen-
tilhomme de sa chambre, désirant d'autant plus
l'attacher à sa personne qu'il nourrissait la fan-
tasque idée de se signaler par quelque rencontre,
particulièrement en appelant sur le terrain le duc
d'Yorck (3).
A. Auxerre, Langlade et Sarrasin arrivèrent de
Paris au-devant du prince, lui apportant les arti-
cles du contrat; le prince se retira au bout de la
grande salle de son abbaye de St-Germain d'Auxerre
pour en entendre la lecture; et, comme ils ne
consistaient guère qu'en un don de deux cent
(1) Plikce de guerre maritime de première importance à cette
époque.
(2) Pbre du mardchal de Villars.
(3) Frâre de Charles H. Pendant le protectorat de Cromwell, il
avait paasd en Frauce presque tout le temps de son exil, servant
dans les armées du roi.
lyGoogle
mille écus que le cardinal faisait à sa nièce,
Daniel de Cosnac demanda quels étaient les ar-
ticle secrets; comme il n'y en avait pas, il jeta
le contrat à terre en s'écriant : « Monsieur (1),
vous êtes trahi ! on vous marie au denier deux(2). »
Â. ces mots, le prince sauta à la gorge de Daniel
de Gosnac et le poussa dans sa chambre. Après de
vifs reproches le prince s'apaisa, dans la pensée
qu'en raison de la longueur de la salle, personne
n'avait vu, ni entendu; mais il ne lui parla plus
de le charger de rapporter les articles à Paris,
mialgré la promesse qu'il lui en avait faite anté-
rieurement. Le moment de rapporter ces articles
étant venu, Daniel de Gosnac dit au prince : a Mon-
sieur, vous ne me parlez plus du voyage? » Gelui-
ci lui répondit : « De quoi vous souvenez-vous,
n'êtes- vous pas assuré de mon amitié? » Daniel
de Gosnac répartit : «. Quel cas puis-je faire de
votee amitié si vous me manquez de parole? »
Alors le prince s'écria : a C'est trop souvent des
emportements, ce sera ici le dernier. » Gette fois,
la rupture paraissait complète, lorsque quelques
moments après, le prince le ût appeler et vint à
lui à bras ouverts en lui disant : « Vous êtes un
fou, mais vos folies mêmes me persuadent que
(t) Cette BppelUlion de Monsieur, doaoée & un prince du sang,
surprendrait aujourd'hui; mais les appellations de Monsieur et de
Madame n'étaient pas tombées au niveau actuel. Jadis on n'abusait
pas du titre de Monseigneur, qui ne commença à se vulgariser
que vers le milieu du règne de Louis XIV; les ministres, pour
relever leur origine, furent les plus empressés à le prendre.
{!] Voulant dire que pour deux cent mille écus une fois payés, il
quittait cent mille écus de rente en bénéfices.
lyGoogle
vous m'aimez, il me suffit; mais avez-vous pris
garde à ce coquin de Sarrasin? comme il voulait
profiter de ma colère, lui qui vous a tant d'obli-
gations ! Il n'en aura pas le plaisir, et dès ce soir
je prétends en sa présence vous traiter mieux que
jamais. » En effet, le "soir Sarrasin étant entré
après le souper, le prince dit devant tout le
monde : « L'abbé et moi sommes racconunodés
sans maréchal de France; quiconque ferait fond
sur notre rupture se tromperait; nous sommes
inséparables à la vie et à la mort. »
Peu de jours après le prince de Gonti partit
pour Paris; le cardinal Mazarin vint au-devant
de lui jusqu'à Villejuif; et, après mille démons-
trations d'amitié, l'ayant fait monter dans son car-
rosse, le conduisit au Louvre pour le présenter au
i-oi et à la reine-mère, ainsi qu'à M"* de Mar-
tinozzi. Le prince de Gonti, en présentant Daniel
de Cosnac au roi, lui dit : « Sire, voilà l'abbé
de Cosnac; c'est une personne de qualité, attachée
à moi, pour qui j'ai beaucoup d'amitié, et on ne
le trouvera pas mauvais quand on saura que, si
j'ai l'honneur d'être dans les bonnes grâces de
Votre Majesté, c'est à lui seul à qui j'en ai l'obli-
gation. » M"* de Martinozzi accueillit froidement
Daniel de Cosnac, elle avait sans doute été chari-
tablement informée de l'opposition qu'il avait faite
à son mariage. Le cardinal voulut môme pendant
quelque temps se servir de sa nièce pour détruire
l'influence de Daniel de Cosnac sur le prince de
Gonti, mais il ne tarda pas à s'apercevoir qu'il
avait intérêt à revenir à d'autres sentiments.
lyGoogle
— 437 —
Aussitôt après la célébration du mariage, Daniel
de Gosnac remit sa charge au marquis de Yillars.
11 avait refusfi avec désintéressement une des riches
abbayes que le prince de Gonti voulait résigner
en sa faveur, en lui observant que puisqu'il aban-
donnait ses bénéfices au cardinal, il fallait lui
faire le présent tout entier. Le prince de Conti
obtint pour lui le renouvellement de la promesse
du premier évêché vacant et partit pour aller
prendre le commandement de l'armée de Cata-
logne, laissant à Paris la princesse, sa femme.
Deux évôcbés vinrent bientôt à vaquer : Valence
d'abord et Saint-Fiour ensuite, par la raison d'un
changement de résidence demandé par l'évêque ti-
tulaire. Le cardinal dit à l'abbé de Cosnac : « Vous
n'avez qu'à remercier le roi, il vous a donné
l'évêché de Saint-Flour. » L'abbé répartit qu'il
n'acceptait pas, parce que Valence était le pre-
mier évêché vacant. Le cardinal, surpris, lui fit re-
marquer éombien ce refus pouvait nuire à sa for-
tune; mais Daniel de Cosnac mettait son point
d'honneur à ce qu'une promesse qui lui avait été
faite fût tenue. Le lendemain, le cardinal lui
annonça que l'évêché de Valence lui était donné.
Il l'engagea, à cette occasion, à prêcher devant la
cour, ce qu'il fit avec succès dans l'église des Mi-
nimes, à Retbel, où. la cour s'était rendue. À sa
descente de chaire, le cardinal lui remit le bre-
vet (1) de son évêché en lui disant : « Le roi
vous fait maréchal de France sur la brèche. »
(t) Brevet date de Retfael, le 24 juin 1654.
lyGoogle
Du reste le nouveau prélat, fort instruit sur les
matières ecclésiastiques, avait l'éloquence facile.
Un de ses meilleurs sermons fut celui qu'il
prêcha, le premier jour de l'année 1656, dans
la maison professe des Jésuites, à Paris, en pré-
sence du roi, de la reine-mère, de trois car-
dinaux et de plus de cinquante évoques réunis
pour l'assemblée générale du clergé de France.
Comme il n'avait que les ordres minem^ lorsqu'il
fut nommé évêque, il reçut la prêtrise en même
temps que la consécration épiscopale (1). Moins
d'un mois après sa nomination à l'épiscopat, il
reçut une nouvelle récompense de ses services
pour la paix de Bordeaux : il fut nommé con-
seiller d'État (2). Il n'était encore que dans sa
vingt-quatrième année. Il faisait ^ors agréable-
ment sa cour, étant admis au jeu de la reine,
faveur qu'il conserva jusqu'à la mort de cette
princesse. Il en profita pour mettre fin à certains
petits déplaisirs que la reine donnait à la comtesse
de Noailles, cette princesse étant mécontente de
ce que, par le crédit du cardinal, M™ de Noailles
eût obtenu la charge de dame d'atours auprès
d'elle, au lieu de la marquise de Richelieu, qu'elle
eût préférée.
Bien que le nouvel évoque de Valence n'eût
plus de fonctions dans la maison du prince de
Gonti, une réciproque habitude qui les attachait
(1) L'abbé de Ghoisy, êi propos de bb conadcratioa épiacopale par
l'archevêque de Paris, fait un râcit qui n'est qu'une fable amusante.
(2) Brevet daté de Sedan, le 22 juUlet 16H.
lyGoogle
— 439 —
l'un à l'autre fit que pendant près de deux années
encore, le jeune prélat fut le conseiller et le di-
recteur de toutes les affaires du» prince à la cour
pendant ses absences nécessitées soit pour com-
mander l'armée de Catalogne, soit pour présider
les états de Languedoc, province dont il était gou-
verneur. Dans un bal, le roi ayant montré des
attentions compromettantes pour la princœse de
Conti, le prince, qui en fut informé, manda
aussitôt à l'évêque de Valence de lui conduire
la princesse en Languedoc {!);" ce qu'il fit. A son
retour à Paris, il reçut la mission d'apporlei au
roi une délibération contre les duels de tous les
gentilshommes faisant partie de l'assemblée des
états de Languedoc, délibération qui fut très
agréable au roi, qui écrivit au prince de Gonti
pour l'en féliciter (2).
L'année suivante, l'évêque de Valence alla re-
joindre en Catalogne le prince de Conti, qui
assiégeait la ville de Palamos par terre, pendant
que le duc de Vendôme l'assiégeait par mer. Le
(1) Nous avona trouvé au Ministère dei affaire» élrangèreB, et
publié dans notre deuxième supplâmeot des Mémoirei de Daniel
de Coinae, les correspondances échangées entre le prince de Conti,
le cardinal Mazarin et l'évêque de Valence, tant sur ce fait que sur
les affaires du prince de Conti pendant son séjour en Languedoc et
en Catalogne.
(2) Nous avons tiré ce fait intéressant de la Gazelle du 6 février
1655. 11 est d'autant plus surprenant que Daniel de Cosnac ait omis
de le consigner dans ses Mémoireë, qu'un de ses grands oncles.
Clément de Cosnac, lieutenant du roi au gouvernement de Sois-
sons, avait péri victime, sous Henri III, de cette funeste coutume.
Il avait été tué par Montrevel, sur la place Royale, à Paris. Voy.
Tallbhakt dxb Beaux, Duels célèbres.
lyGoogle
duc de Vendôme ayant "désiré entretenir le pré-
lat sur des difficultés qu'il avait avec le prince
de Conti, Daniel de Cosnac s'embarqua pour aller
joindre sa flotte sur une frégate qui faillit être
coulée au retour par l'artillerie de la place. Entre
autres services, l'évéque de Valence rendit encore
au prince de Conti les suivants ; il lui fit obtenir
le gouvernement de Guyenne à la place de celui
de Languedoc, et la charge de grand-maître de la
maison du roi, en outre cinquante mille écus
de pension comme premier prince du sang de-
puis que le prince de Condé avait passé aux
Espagnols (1).
Sa faveur et ses services excitèrent des envieux;
les ducs de Gandale et de la Rochefoucauld, l'ar-
chevêque de Sens firent si bien qu'ils le brouil-
lèrent avec le prince de Conti. Dans cette rupture,
il eut la consolation d'entendre de la bouche de
la reine, qui se trouvait avec le roi, le cardinal
et la duchesse de Mercosur, le propos suivant :
tt Nous voici quatre de vos amis et qui sommes
pour vous; vraiment M. le prince de Conti se
fait tort d'en user avec vous comme il fait. Nous
sommes témoins que vous l'avez bien servi. »
Le prélat se retira dans son diocèse, où il fut
élu député à l'assemblée du clergé de 1655. Cette
députation le rappela à Paris. Il y fit casser, par
son crédit auprès du conseil du roi, des arrêts qui
(1) Lob Archives du Ministère des affaires étrangères possè-
dent des miDutes des lettres adressées par le cardinal Hazarln à
Daniel de Cosnac, sur les affaires du prince de Conti.
lyGoogle
confirmaient les usurpations commencées sous son
prédécesseur, par lesquelles le présidial de Valence
réduisait à néant la juridiction épiscopale. Il eut
la satisfaction d'être l'instigateur heureux de la
réconciliation du cardinal Mazarin avec M. de
Bellièvre, premier président du parlement. Il apla-
nit aussi auprès du premier ministre les difQ-
cultés que s'était suscité l'intendant Pellot avec
le parlement et la province de Dauphiné. Enfin
le prince de Conti, craignant de ne pas obtenir
le commandement de l'armée d'Italie, qu'il am-
bitionnait, s'adressa h lui en ces termes : a Vous
n'avez plus besoin de moi, mais j'ai besoin de
vous. » Il obtint du cardinal l'emploi désiré. Le
cardinal étant accablé de solliciteurs, lui de-
manda la résignation de deux bénéfices pour leur
être attribués, lui faisant la promesse, qu'il ou-
blia, de les lui rendre avec usure.
La perspective de l'éloignement de Daniel de
Cosnac de la cour n'y faisait l'afTaire de personne;
on y goûtait son agréable société, on y appréciait
son aptitude pour les affaires; la reine l'aimait à
son jeu, et le cardinal avait pris avec lui des
habitudes qu'il désirait ne pas rompre. Le car-
dinal lui persuada d'acheter la charge de pre-
mier aumônier de Monsieur {!), qui lui procure-
(t) Philippe de France, secoiid (ils de Louis XIII; il porta le
titre de duc d'Anjou jusqu'à la mort, en 16G0, de son oncle Gaston,
auquel il succéda dans le titre de duc d'Orléans, Suivant l'usage
observé pour le frëre du roi, on l'appelait Montieur depuis l'avè-
nement de Louis XIV à la c<
DigmzcdbyGoOgle
rait de nombreux avantages et des raisons cano-
niques de non-résidence dans son diocèse.
L'assemblée du clergé s'étant terminée au mois
de novembre 1657, le prélat retourna dans son dio-
cèse, en attendant que la princesse de Chalais, sa
tante, voisine de M. de Bassompierre, évêque de
Saintes, eût traité avec ce prélat des conditions de
la cession de cette charge dont.il était titulaire.
L'arrangement fut conclu ; mais comme Monsieur,
fort jeune encore, n'avait point de maison à part,
l'évêque de Valence n'en demeura pas moins dans
son diocfee jusqu'à la fin du mois de novembre
1658, où il alla à Lyon retrouver la cour qui
s'était rendue dans cette ville pour le mariage
projeté en apparence, du roi avec la princesse de
Savoie. La cour de Savoie s'était aussi rendue
dans cette ville, où des fêtes brillantes furent
données, mais où l'évêque de Valence s'aperçut
des premiers que cette éclatante démonstration
n'était qu'une feinte pour presser l'Espagne d'ac-
corder au roi la main de l'infante. En effet,
l'Espagne envoya immédiatement Pimentel pour
faire des ouvertures; le mariage de Savoie Eut
rompu, et le mariage avec l'infante entra dans
la voie des négociations.
L'évêque de Valence ne suivit pas la cour à
Paris, mais il retourna dans son diocèse fwur en
achever la visite; il ne le quitta qu'en 1660,
appelé auprès de Monsieur, à l'occasion du ma-
riage du roi avec l'infante lors de la conclusion
de la paix des Pyrénées. 11 rejoignit à Aix la cour
qui avait passé l'hiver en Provence, et la suivit
ibyGoogle
— 443 —
à Saint -Jean -de- Luz. Il fut présent à la première
entrevue du roi avec l'infante dans l'Ue de la
Bidassoa, et assista à la célébration du mariage
par i'évèque de Bayonne dans l'église de Saint-
Jean-de-Luz. Suivant l'usage, des sièges avaient
été préparés du côté de l'évangile pour les am-
ba^adeurs, et du côté de l'épitre pour les évo-
ques ; comme on avait oublié de réserver un banc
pour les maréchaux de France, ceux-ci réclamèrent
auprès du cardinal, qui leur accorda d'occuper le
banc des évèques qu'on fit lever de leurs places
avec quelque scandale. Le soir, le cardinal dit aux
personnes qui étaient chez lui qu'un maréchal
s'était vanté que s'il eût trouvé un évoque assis
et qu'il se fût trouvé debout, il l'aurait pris par
la main et se serait mis à sa place. L'èvèque de
Valence était personnellement désintéressé dans la
question parce que, en raison de sa charge, il avait
assisté à la cérémonie auprès de Monsieur; mais
il répliqua brusquement : « A tel évêque ce ma-
réchal se serait adressé, qu'on peut dire que de
sa vie il n'eût vu une occasion si chaude. » Comme
on savait que le propos était du maréchal de Vil-
ieroy, qui ne passait pas pour un foudre de guerre,
cette répartie divertit fort.
En 1661, Monsieur épousa la princesse Henriette
d'Angleterre, fille de . Charles 1" et de Henriette de
France. Une contestation s'éleva entre l'abbé de
Montaigu, premier aumônier de la reine d'Angle-
terre, et l'évêque de Valence, pour savoir lequel
des deux célébrerait le mariage. La question fut
lyGoogle
portée devant le roi qui se prononça en faveur de
l'évêque de Valence (1).
Bien qu'à partir de son mariage, Monsieur ait
eu une maison séparée de œlle du roi, habitant
le Palais-Royal ou le château de St-Cloud, l'évêque
de Valence ne s'en rendait pas moins fréquemment
dans son diocèse. Il y éprouva des difficultés pour
le maintien de la justice épiscopale, qui avait été
usurpée dans la ville de Die par le gouverneur
de la ville, M. de Saint-Fériol, appuyé par le duc
de Lesdiguières, gouverneur de la province, et par
le premier président du parlement de Grenoble.
Le prélat fît évoquer l'affaire à Paris; il obtint
un arrêt du conseil qui lui donna gain de cause.
Au même moment, il remt l'ordre de recevoir à
son passage à Valence le cardinal Chigi, légat,
qui se rendait à Paris pour faire réparation au
roi à l'occasion de l'insulte faite à Rome par la
gai"de corse au duc de Créqui, ambassadeur de
France. Le légat passa plusieurs jours chez l'évê-
que de Valence, attendant l'arrivée du duc de Les-
diguières, envoyé au-devant de lui par le roi. Le
duc de Lesdiguières étant arrivé, l'évêque de Va-
lence, autant par le mécontentement qu'il avait
éprouvé à l'occasion de l'affaire de M. de Saint-
Fériol, que parce qu'il croyait en avoir le droit,
prit le pas sur lui; le duc de Lesdiguières fut
si furieux qu'il fil partir incontinent un couiTier
(1) La Gazette du 30 mars I6£l donne les détails de la cérémonie
qui fut célébrée à Paris, dans la chapelle do l'appartement de la
reine d'Angleterre.
lyGoogle
pour se plaindre au roi. Le prélat, ayant eu à se
rendre à Paria pour les couches de Madame, fut
vivement interpellé par Le Tellier, qui lui dit que
le roi était fort mécontent : « Monsieur, répondit
l'évèque, j'ai vu le roi et il ne m'en a rien té-
moigné. — Il vous le témoignera sans doute, répli-
qua le ministre ; vous savez que le roi veut que les
gouverneurs précèdent tout le monde dans leurs
provinces. — Cela m'est nouveau, repartit l'évèque.
— Je ne m'étonne pas, Monsieur (1), s'écria Le
Tellier, que cela soit nouveau pour vous, ce n'est
pas un point de théologie. — Monsieur, repartit
l'évèque, je crois être de qualité à savoir, non-
seulement la théologie, mais de quelle manière
l'on vit dans le plus grand monde, et j'espère
que Sa Majesté sera satisfaite lorsqu'elle saura
que je n'ai rien fait qui ne soit conforme à ses
déclarations, à. ses règlements et à ses arrêts;
mais comme ce sont des arrêts et des règlements
faits dans un temps où vous n'aviez pas encore
les emplois que vou? avez aujourd'hui, je ne
m'étonne pas si vous me blâmez.- » L'affaire se
termina devant le roi; l'évèque exposa Ses droits
fondés sur de nombreux arrêts; Le Tellier soutint
que M. de Lesdiguières représentait la personne
-du roi. a Monsieur, s'écria l'évèque, on est fort
e.tcusable de s'y méprendre, car jamais copie n'a
(1) On ne donout pas alors aux évéques le titre de Monseigneur;
ce De fut que vers le milieu du règne de Louis XIV que l'usage
commença de le leur donner. (Voy. les Mémoires du duc de Saint-
lyGoogle
moins ressemblé à son original. » Le Tellier fut
déconcerté, le roi se mit à rire et l'affaire finit là.
■ Le cardinal Chigi, en témoignage de bon sou-
venii' de l'accueil de l'évêque de Valence, envoya,
quelques années après, au monastère des reli-
gieuses de la Visitation, les reliques du corps de
Saint-Romain; l'évêque en fît la translation avec
de solennelles cérémonies, et l'abbé de Brissac pro-
nonça le sermon (1).
Le cardinal Mazarin était mort au mois de mars
de l'année 1661, sans avoir rendu à l'évêque de
Valence ses deux bénéfices; sa mort faisait un
grand vide à la cour pour le prélat; il lui restait
toujoure les bontés de la reine-mére; mais cette
princesse mourut à son tour en 1666, et le prince
de Conti la suivit de près. Ces disparitions firent
que l'évêque de Valence se rapprocha davantage
de Monsieur et de Madame; et, à l'un et à l'autre,
il rendit d'éminents services. A.u prince, il traça
par écrit un plan de conduite pour qu'il ne se
laissât pas décboir dans une complète nullité ; il
conçut le projet de placer sur la tête de ce prince
la couronne de Naples; dans la campagne de 1667,
au siège de Toiu-nai, il l'engagea à aller dans la
tranchée et l'y accompagna lui-même. Le roi qui
n'aimait pas, par politique, que son frère se mit
en avant, le railla au retour en lui demandant s'il
avait envie de se faire sac à terre. Un libelle
offensant avait paru sous ce titre : les Amours de
(1) Voy. la GazuUc; arlide sous I» rubrùnie : Valence, 15 ou-
lyGoogle
Madame, faisant allusion à ces rapports innocents
au fond avec le comte de Guiche, mais compro-
mettants néanmoins, que M"" de La Fayette a ra-
contés dans ses Mémoires; Madame en exprima
son chagi'in à son premier aumônier; celui-ci
s'éloigna sans lui répondre. Quelques jouis après,
la princesse le vit reparaître lui apportant l'édition
toute entière qu'il était allé acheter en Hollande,
où elle avait été imprimée. Cependant Monsieur
donnait à la princesse de bien autres chagrins par
sa fâcheuse liaison avec le chevalier de Lorraine,
fait comme on peint les anges; de plus, le che-
valier avait noué une intrigue avec une fille
d'honneur de la princesse. L'union entre les deux
époux en fut profondément altérée. L'évèque de
Valence s'étant rangé du pani de Madame, Mon-
sieur connut aussitôt contre lui l'animosité la plus
vive, et lui envoya l'ordre de se défaire de sa
charge et de se retirer dans son diocèse. Ce der-
nier ordre était un e.il; malgré les supplica-
tions de la reine d'Angleterre et de Madame, le
roi le confirma en disant qu'il ne serait pas con-
venahle de sa part de refuser eette satisfaction à
son frère. En réalité, le monarque n'était pas
fâché de saisir cette occasion d'éloigner du duc
, d'Orléans un homme qui lui donnait des conseils
qui n'étaient pas à son gré.
Cet exil de l'évèque de Valence coïncidait avec
des circonstances politiques d'une haute impor-
tance : le roi méditait une alliance avec Charles 11,
roi d'Angletene, pour entreprendre la guerre con-
tre la Hollande; et, pour mieux réussir, il s'adres-
lyGoogle
sait à l'influence de Madame sur son royal frère;
cette princesse devenait ainsi le pivot des négo-
ciations engagées. Dans une semblable conjoncture,
elle eût été bien aise de s'aider des conseils de
l'évoque de Valence, en qui elle avait placé la
plus grande confiance; d'autant plus que l'une des
clauses du traité à intervenir était que Charles II
se déclarerait catholique, déclaration bien délicate
au point de vue poKtique, en raison du protes-
tantisme qui dominait dans ses états. Madame mé-
nageait même à cette occasion qu'un chapeau de
cardinal, à la nomination du roi d'Angleterre,
serait donné à l'évèque de Valence. Elle écrivit
elle-même au prélat et lui fit écrire par la mar-
quise de Saint-Chaumont, sœur du maréchal de
Gramont, gouvernante de ses enfants, lettres sur
lettres pour qu'il vint secrètement la trouver.
L'évèque, après avoir résisté en raison de son
eïil, finit par céder et partit de son dioièse sous
prétexte d'aller en Limousin en passant par une
dé ses abbayes; en réalité il prit la route de
Paris; le rendez-vous convenu avec la prin-
cesse était à Saint-Denis. A Milly, il fut attaqué
d'un mal si subit que son neveu qui l'accompa-
gnait, Claude de Cosnac de la Marque, tué depuis
à la journée de Saverne étant aide de camp du
maréchal de Turenne, le conduisit en toute hâte
dans Paris pour qu'il fût à la portée des méde-
cins; il le ht descendre, sous un nom supposé,
rue aux Ours, chez un maître tireur d'or. Le mé-
decin appelé trahit son incognito en révélant sa
présence à Louvois, qui partageait conti-e l'évèque
lyGoogle
les rancunes de Le Tellier, son père, et qui se
méfiait qu'il ne se mêlât des négociations avec
l'Angleterre. Comme il y aurait eu scandale à ar-
rêter un évéque, il feignit de le prendre pour un
faux-monnayeur et envoya des archers pour l'ar-
rêter. Le prélat eut beau protester de sa qua-
lité d'évêque, on lui répondit qu'on n'y croyait
pas et on le conduisit au Fort-l'Évêque. Avant,
de quitter son lit, sous prétexte d'un remède, il
avait adroitement fait disparaître les papiers dont
il était porteur (1). Ces papiers concernaient le
chevalier de Lorraine, dont Madame méditait la
disgrâce, et l'affaire d'Angleterre. Il eût été aussi
dangereux pour Madame que pour le prélat que
ses papiers eussent été saisis; en dehors du roi,
de ses ministres el de Madame, en France, de
Charles II, de milord Arlington et du duc de
Buckingbam, en Angleterre, tout le monde igno-
rait la négociation entamée avec l'Angleterre, ex-
cepté pourtant le maréchal de Turenne, qui eut
la faiblesse de confier ce secret à M""* de Coet-
quen. Monsieur était tenu soigneusement à l'écart.
L'évêque de Valence avait été à la mort; la joie
d'avoir fait disparaître ses papiers le rendit à la
vie. Il écrivit pour faire reconnaître sa qualité,
et comme on ne pouvait prolonger une erreur
volontaire, on le remit en liberté, mais avec
ordre de se rendre à l'Isle-Jourdain, en Lan-
(1) Le duc de Saint-Simoa et TabbÔ de Clioiay bo eont plu à
donner plaisamment dans leurs Mémoires les détails les plus cir-
constaociés sur le mode de suppression de ces papiers compro-
mettants.
lyGoogle
guedoc, changeant ainsi en un exil plus sévère
son précédent exil dans son diocèse.
Madame fut désespérée; elle fit vainement in-
tervenir Charles II en faveur de l'évéque de Va-
lence. Enfin elle dut partir pour Douvres, lieu
choisi pour son entrevue avec son royal frère; elle
en revint, rapportant le traité signé entre les deux
couronnes. Peu de jours après une mort suhite
l'enlevait à Saint-Cloud, et il ne restait plus à
Bossuet qu'à proférer ce cri dans son éloquente
oraison funèbre : Madame se meurt ! Madame est
morte!
Après environ deux années d'exil (1), l'évéque
de Valence reçut l'autorisation de retourner dans
son double diocèse où il s'appliqua, avec le zélé
infatigable qui était dans son caractère, aus nom-
breuses affaires ecclésiastiques et à la reconstnic-
tion de la cathédrale de Die. Ses diocèses, celui
de Die surtout, avaient été depuis longtemps envahis
par la religion protestante; des temples y avaient
été élevés de toutes parts, en dépassant de beau-
coup les tolérances de l'édit de Nantes. Le prélat
s'adonna tout entier et avec succès aux conver-
sions et à la destruction des temples (2), en sorte
(1} L'ttbbé de Choisy dit que son exil dura quatorze ans; nous
rectifions celte erreur au moyen d'une lettre de M"* de Sévigné,
datée de Valence le 6 octobre 1673, dans laquelle elle écrit A sa
fille : 0 J'ai âtâ droit chez le prélat, il a bien de l'esprit; nuus avons
causé une heure; ses malheurs et votre mérite ont fait les deux
principaux points de la conversation. «
(2) Il obtenait leur dostruclion par dos arrêts rendus par le con-
seil du roi ; nous possédons la copie d'un grand nombre de ces
lyGoogle
que lorsque l'Mit de Nantes fut révoqué plus tard^,
il ne restait presque plus rien à faire dans les
diocèses de Valence et de Die; sur quatre-vingts
temples il n'en restait plus que dix ou douze,
que la révocation de l'édit de Nantes fit dispa-
raître à leur tour; et les dragonnades, cet affreux
moyen de conversion imaginé par Louvois, furent
presque entièrement évitées. Le diocèse de Valence
comprenait une partie du Vivarais, sur la rive
droite du Rhône; l'évèqûe convertit et sauva la
vie à l'un des principaux ministres de la contrée,
Pineton de Chambrun. Ce ministre, délivré de la
prison où il était renfermé, s'enfuit à Genève,
revint ati protestantisme, et, pour se réhabiliter
parmi ses coreligionnaires, publia un livre dans
lequel il attribue sa conversion aux obsessions du
prélat (1).
Depuis le retour de son exil à l'Isle- Jourdain,
l'évêque de Valence n'avait pas quitté son dio-
cèse, lorsqu'il fut obligé d'accepter la députation
à l'assemblée du clergé de 1682. En se rendant à
Paris, il s'arrêta à Fontainebleau où était le roi,
qui lui dit dans une audience particulière dans
son cabinet : « Monsieur, je vous ai fait savoir
que je n'avais eu aucune part à toutee qui vous
est arrivé de désagréable que de l'avoir souffert,
je vous le dis encore et en suis très fâché. »
Quelque temps après, le roi parlant de lui à l'ar-
(I) Livre intitnié : Les Larmes de Jacquet Pineton de Cham-
brun, paileur de la maison du prince d'Orange, Téédilé on tS54
par M. Schœffer, sur l'édition originale de 1688.
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chevêque de Paris, s'exprima en ces termes : « Il
faut le garder pour un grand poste. » L'évêque
revit Monsieur, qui parut fort embarrassé et qui
le présenta à Charlotte-Elisabeth de Bavière, sa
seconde femme. L'entrevue fut courte; elle ne
pouvait plaire ni à l'un ni aux deux autres.
Daniel de Cosnac, étant évoque de Valence,
avait fait partie comme député de quatre assem-
blées du clergé de France; les procès-verbaux
imprimés de ces assemblées gardent les nom-
breuses preuves de la part active qu'il prit à
leurs travaux; il était toujours nommé membre
des (omûiissions les plus importantes. Il prononça
dans l'assemblée de 1666, un remarquable dis-
cours sur les limites du pouvoir des papes en
matière temporelle, question tout à fait indépen-
dante du dogme de l'infaillibilité en matière spi-
rituelle qui n'a été proclamé que de nos jours;
ce dogme lui-même restait donc, à cette époque,
dans le domaine des discussions permises. On ne
saurait par conséquent, sans commettre une injus-
tice et un anachronisme, infliger aujourd'hui un
blâme rétrospectif à l'épiscopat, au clergé et aux
catholiques de France, qui, dans leur immense
majorité, étaient imbus de la croyance de la supé-
riorité des conciles sur les papes et de l'indé-
pendance des rois en matière temporelle. Il y a
quelque probabilité que ce dernier principe, qui
n'est pas touché du reste par la déclaration d'in-
faillibilité , sauva la France , déchirée par les
guerres de religion, de la victoire du protestan-
tisme, contrairement à ce qui s'est passé en An-
lyGoogle
gleterre et dans une partie de l'Allemagne, qui
n'avaient pas eu pour lui résister la force locale
d'une église nationale respectueuse de la supré-
matie spirituelle du saint-siége, mais faisant corps
avec le souverain dans les questions d'indépen-
dance temporelle. Ces dissentiments étaient loin
d'avoir l'aigreur qu'on a voulu y apporter de nos
jours; de part et d'autre on respectait la sincé-
rité des convictions opposées, et les relations n'en
étaient pas foncièrement altérées. Au plus fort de
ses difficultés avec la cour de Rome, Louis XIV
n'avait jamais cessé d'avoir un jésuite pour con-
fesseur; de même les jésuites, bien que n'igno-
rant pas les opinions gallicanes de ï'évêque de
Valence, plus tard de l'archevêque d'Aix, ne ces-
sèrent jamais de lui témoigner la plus grande
déférence; il prêchait dans leurs églises; le P. Im-
bert, jésuite, lui dédia un poème en neuf cents
vers latins intitulé : Sectœ calvinianœ in Gallia
tota catholica tumulus. (Valent. 1689, in-4°.) Si-
gnalons encore parmi ses apologistes l'auteur d'un
livre qui porte ce titi-e : La Vérité découverte par
le Mercure d'Aix malgré les ténèbres obscures
des médisants sacnléges (1). Notons que toutes
ces apologies sont postérieures à l'assemblée du
clergé de 1682.
Dans cette assemblée de 1682, ï'évêque de Va-
(1) Ce livre, signalé dans U Bibliothèque de France du P. Le-
long, se trouve & Aix, k la Bibliothèque Méjanea; il ne porte-
d'autre nom d'auteur que les initiales suivantes ; Le S. D. S. O.
C. ch. th. D., doat voici la traduction : Le sieur de Sériianis, doc-
teur canonique, chanoine théol<^al d'Aix.
lyGoogle
lence ne prit du reste aucune initiative; elle fut
prise tout entière par Bossuet, qui dressa dans les
célèbres quatre articles une sorte de formulaire des
croyances de l'Église gallicane. Ces articles furent
désavoués, et néanmoins, au su de la cour de
Rome, ils n'ont cessé»d'étre enseignés dans les
séminaires qu'après la Révolution de 1830.
L'assemblée de 1685 eut une célébrité d'un
autre genre par la révocation de l'édit de Nantes;
l'évoque de Valence en fit également partie ; nous
avons vu que son zèle n'avait pas eu besoin de
mesures violentes pour rétablir la foi dans son
double diocèse.
Outre sa mission spirituelle, Daniel de Cosnac
avait encore à exercer certains droits temporels
d'administration seigneuriale et à régir, en qua-
lité de chancelier, l'Université de Valence. Les
diplômes étaient délivrés en son nom (1). Tous
ces soins l'avaient attaché par des liens étroits ji
ses deux diocèses, lorsqu'il fut obligé par le roi
d'accepter, en 1687, sa nomination à l'archevêché
d'Aix. Les diocèses de Valence et de Die, autrefois
distincts, furent de nouveau séparés.
L'arehevê -hé d'Aix, malgré la supériorité de son
(I) Noua possédons trois de ces diplômes. Le plus ancien est
écrit en lettres de couleur sur parchemin; les deux autres sont
imprimés sur parchemin; ils portent un sceau en cira rouge ren-
fermé dans une boite de fer-blanc; l'empreinte représente une
Vierge tenant l'Enfant-Jésus, avec cet exergue : Sigillum almx
Unioeraitatia Valenlinx; au bas, les armoiries du prélat. Ce
sceau, que nous avons communiqué à M. do Bosrcdon, a été re-
produit dans lo Bulletin de la Société scientifique, hiatorique et
archéologique de la Corréze.
lyGoogle
titre, était bien moins important que les évêchés
réunis de Valence et de Die; il avait, il est vrai,
des attributions considérables d'un ordre politique,
mais elles avaient été usui'pées; ses revenus eussent
été insuffisants si Daniel de Cosnac n'eût été titu-
laire de plusieurs abbayes, entre autres de celle
de Saint-Taurin d'Évreax, que le roi lui échangea
plus lard contre l'abbaye, plus importante, de
Saint-Riquier. Il y avait à considérer encore qu'en
raison des difficultés pendantes, la cour de Borne
ajournait l'obtention des bulles, et que tous les
évêques nouvellement promus ne pouvaient admi-
nistrer leurs diocèses qu'au titre d'évêques nom-
més. Il y avait encore à faire entrer en ligne de
compte le caractère des provençaux. Il fallut toute
l'obéissance que l'on avait à cette époque aux
volontés du roi, pour que l'évêque de Valence se
résignât à accepter.
En effet, dès le début, des difficultés de toutes
sortes surgirent sous les pas du nouvel arche- ■
vêque d'Ai-i ; mais il n'était pas d'une nature à
faiblir dans les luttes, et il justifia le mot de
Louis XIV lorsqu'il le mit en présence des pro-
vençaux : « Vous êtes bien homme pour eux. »
Du reste, il sut habilement vaincre tous les
obstacles, faire apprécier par ses diocésains sa
haute valeur, et, au bout de peu d'années, la
paix régnait dans un diocèse qu'il avait trouvé
profondément troublé. Il reçut ses bulles en 1693
et le pallium en 1694.
La première difficulté qu'il eut à surmonter fut
relative à la présidence des états de Provence,
lyGoogle
qui ne s'appelaient plus que l'Assemblée des com-
munautés (1), depuis que Richelieu, pour punir
Ira Provençaux de leur caractère ombrageux, avait
restreint, en 1639, les attributions de ces assem-
blées; cependant ii leur restait encore celle de voter
l'impôt. La présidence appartenait à l'archevêque
d'Ail ; mais, grâce au comte de Grignan, son frère,
lieutenant-général de la province, l'archevêque
d'Arles l'avait usurpée. Le différend fut porté de-
vant le roi, qui donna raison à l'archevêque d'Aix.
M"' de Sévigné, furieuse de l'échec du beau-frère
de sa lille, changea alors singulièrement de lan-
gage sur le compte de l'archevêque d'Aix dans sa
correspondance. Chaque année l'archevêque appor-
tait au roi le cahier des délibérations.
Notons encore des difficultés avec l'Université
d'Aix, dont l'archevêque mit à néant certaines
usurpations par des arrêts obtenus du conseil du
roi; des difficultés peu graves avec le parlement,
qui se plaignit que les gens de la maison de
l'archevêque prissent le pas sur lui, parce qu'il
s'en faisait suivre dans les processions; des diffi-
cultés avec le chapitre, qui se disait l'arbitre sou-
verain du cérémonial, qui voulait s'immiscer, en
dehors des règles admises, dans l'administration
du diocèse, et qui prétendait en référer au vice-
légat d'Avignon; prétentions destructives de l'au-
torité épiscopale qui sut se faire respecter; dif-
ficultés enfin avec quelques couvents, qui se
retranchaient derrière certaines immunités pour
(1) C'est-Mire des communes.
lyGoogle
se croire fondés à refuser de recevoir la visite
de l'archevêque.
Pendant l'un de ses voyages à Paris, l'arche-
vêque d'Aix conclut le mariage de sa petite-nièce
Angélique de Cosnac, fille de son neveu François,
marquis de Cosnac, et de Louise d'Esparbez de
Lussan d'Aubeterre, petite-fille du maréchal de
France de ce nom, avec le comte d'Egmont, duc
de Gueldres, prince du Saint-Empire, grand d'Es-
pagne, de l'une des plus puissantes maisons des
Pays-Bas (1). Angélique avait été élevée par la cé-
lèbre princesse des Ursins, sa tante à la mode de
Bretagne, à laquelle Daniel de Gosnac avait rendu
d'importants services, notamment en lui obtenant
du roi une indemnité considérable pour les dé-
penses qu'elle avait faites dans l'intérêt de la
France, alors qu'elle habitait à Rome {2). Après son
mariage, la comtesse d'Egmont reçut dans son hôtel
de la rue Taranne, à Paris, la princesse des Ursins
revenant de Madrid; l'archevêque d'Aix y logeait
également, et ils avaient ensemble des conférences
sur les affaires d'Espagne, auxquelles le duc de
Saint-Simon attribue une sérieuse importance dans
(1) Voy. sur ce mariage les Mémoires du duc de Saint-Simon; il
signale te tabouret chez la reine qui fut donné à la nouvelle com-
tesse d'Egmont. La Gmelte du 30 mars, et le Mercure galant du
mois de mai ltj97, donnent d'intéressants détails sur ce mariage,
qui fut célébré par l'archevêque d'Aix dans l'église de St-Sulpice,
à Pans. Le comte d'Egmont n'eut jioint d'enfants de son mariage,
et te grand nom d'Egmont passa aux enfants de sa sœur, qui avait
épousé un Pignatelh, duc de fiisaccia.
[3) Voy. la Notice dont noua avons fait précéder les Mémoires
de Daniel de Cosnac, p. 107.
lyGoogle
ses Mémoires. 11 est certain que l'archevêque
d'Aix contribua puissamment à la rentrée en fa-
veur de la princesse, un moment disgraciée par
Louis XIV, et par suite contribua à son retour
à Madrid.
En 1701, Daniel de Coanac reçut du roi la
faveur la plus haute et la plus enviée de la cour,
il fut nommé commandeur de l'Ordre du Saint-
Esprit; il fut re™, le 15 mai, dans la chapelle
de Versailles avec le maréchal de Tallard et Henri-
Charles de Gambout, duc de Coislin, évèque de
Metz, premier aumônier du roi (I). La même
année Gabriel de Cosnar*, son neveu, prévôt de
l'église métropolitaine d'Aix, agent général du
clergé de France à l'assemblée de 1701 , fut nommé
évèque et comte de Die. Cette même année encore
fut marquée par la mort de Monsieur, diic d'Or-
léans, l'auteur de la disgràcej en 1G69, de Daniel
de Gosnac. Par un rapprochement et un contraste
singuliers, l'assemblée du clergé de France char-
gea l'archevêque d'Aix d'adresser au roi, en son
nom, un discours de condoléance sur la perte
qu'il venait de faire (2).
Comme archevêque d'Aix, Daniel de Cosnac fut
(I) Voy. les Mémoires du duc de Saint-Simon et Vfliitaire des
grands ofpcierê de ta Couronne, du P. Anselme; les preuves de
noblesse de Daniel de Cosnac pour l'Ordre du Saint-Esprit, t. II
de ses Mémoire». La Gazette du 20 mai 1700 doutie le récit de
celta cérâmonie,
(î) Ce discours, prononcé à Versailles le 19 juin 1701, est inséré
dans les procès -ver baux imprimés des assemblées du clergé do
Frwice; nous l'avons reproduit à l'appendice du t. II des Mé-
moires de Daniel de Gosnac.
lyGoogle
député à quatre assemblées du clergé de France,
celles de 1690, de 1695, de 1701 et de 1707; il y
fut, comme précédemment, membre des commis-
sions les plus importantes. Depuis que la guerre
de la succession d'Espagne avait jeté la France
dans une phase difficile, des subsides considéra-
bles étaient demandés au clergé, et le patriotisme
de l'archevêque d'Aix, président de la commission
des contrats et moyens, c'est-à-dire des finances,
ne marchanda jamais les sacrifices.
A son retour à Aix, après la clôture de l'assem-
blée de 1707, une grande tristesse lui était ré-
servée; il trouvait la Provence en partie envahie
par le duc de Savoie à la tète d'une armée; le
maréchal de Tessé avait établi à Aix son quartier-
général pour repousser cette invasion.
La dernière heure de la longue vie de Daniel
de Cosnac allait sonner; il termina à Aix, le 21
janvier 1708, une existence laborieusement rem-
plie; il comptait cinquante-trois années d'épis-
copat, qui faisaient de lui le doyen des évèques
de France (1). Il laissa par son testament des legs
au séminaire et aux deux hôpitaux de la ville
d'Aix. Dans le cours de son épiscopat, il s'était
occupé de la solution d'une grave question que
notre époque n'a pas résolue encore, mais à la-
quelle il avait fait faire un grand pas dans son
diocèse; nous voulons parler de l'extinction de la
mendicité et des vagalionds, en réunissant dans
(1) Voy. sur sa mort les articles de février 1708 de la Gazette et
du Nouveau Mercure.
lyGoogle
— 460 —
des maisons créées à cet effet les mendiants inca-
pables de travail, et en obligeant les vagabonds
valides à rentrer dans leurs paroisses (1).
Il avait arrêté la rédaction de ses Mémoires à
l'année 1701, et publié en 1687, comme évèque
de Valence et de Die, des Ordonnances sy-
nodales (2).
Les obsèques de l'archevêque d'Aix fiu'ent célé-
brées avec une grande pompe. Un curieux docu-
ment inédit que nous reproduisons, donne le récit
de sa dernière maladie et des cérémonies de ses
funérailles. Cette relation fait partie de la biblio-
thèque MéjaneSj réunie aujourd'hui à la biblio-
thèque de la ville d'Ais; elîe est insérée dans un
volume coté lïxxhi, portant au dos : Règlement
de Saint-Sauveur, église métropolitaine de la ville
d'Aix. Son auteur est d'autant mieux informé qu'il
remplissait les fonctions de maître de chœur et
qu'il régla lui-même en cette qualité tout le céré-
monial. Il est à regretter qu'il se soit presque
exclusivement renfermé dans une froide consta-
tation des faits, sans faire participer le lecteur aux
impressions qu'ils ont pu produire, pas même à
celle de l'oraison funèbre qui fut prononcée par
le R. P. Saint-Just, ne s'émouvant que pour lui-
(1) Voy. sa lettre datée d'Aiï, le 29 septembre 1708, au marquis
de Crotssy, ministre -secrétaire d'Ëtat, que nous avons acquise dans
une vente d'autographes et publiée dans notre premier Supplément
à ses Mémoires, Bulletin de la Société de l'Histoire de France,
année 1853.
(2) Nous possédons un exemplaire de la quatrième édition de ces
Ordonnances.
ibyGoogle
même, faisant ressortir toute la peine qu'il s'est
donnée et paraissant trouver un peu maigres les
honoraires qui lui furent alloués. Toutefois, les
faits que renferment sa relation sont préférables
au récit de ses impressions; parmi les faits nous
trouvons des détails sur la maladie et sur la
mort édifiante de l'archevêque, le cérémonial
observé après la mort dans le palais de l'arche-
vêché, l'ordonnance du cortège des obsèques qui
parcourut toute la ville d'Aix, les places assignées
à la maison de l'archevêque défunt, aux évêques,
aux paroisses, aux corporations religieuses, au corps
de ville, au parlement qui s'était rendu aux ob-
sèques tandis qu'il s'était abstenu à celles du car-
dinal de Grimaldi(l). L'archevêché d'Aix comptait
cinq évèques sutTragants dont deux assistaient aux
funérailles, l'évêque d'Apt, prélat officiant, et
l'évêque de Riez (2). Un troisième évêque était
présent, Gabriel de Cosnac, évêque de Die, neveu
de l'archevêque défunt.
Parmi les faits que contient cette Helation,
il en est un particulièrement à noter, celui de la
date de la mort de l'archevêque d'Aix, ses divers
biographes et les auteurs de généalogie ayant varié
sur le jour. La nomenclature des archevêques et
(1) Jérânie de Grimaldi, archevêque d'Aix du 30 septembre 1648
au 4 novembre t6Sâ.
(2) Voici les noms des cinq évâques sufFragants vivants à cette
époque : Joseph- Ignace do Foreata, évôquo d'Apt; Jacques Desma-
rets, évêque do Riez; André-Hercule de Fleury, évêque de Fréjus;
François-fierger de Halissol, évêque de Gap; Louis Thomassin,
évêque de Sisteron,
T. Vil. B-*
lyGoogle
évêques de France, insérée dans l'Annuaire de la
Société de l'Histoire de France, d'après le Gal-
tia christiana, donne la date du 8 janvier; le
Nobiliaire de Saint-Alais et la Nouvelle Bio-
graphie générale, donnent la date du 18 janvier
que nous avions également adoptée dans notre
Introduction à ses Mémoires; désormais, sur un
témoignage irrécusable, cette date reste fixée au
21 janvier 1708.
lyGoogle
CÉRÉMONIE DES OBSÈQUES
MONSEIGNEUR DANIEL DE COSNAC
ARCHEVÊQUE DAIX 0)
MALADIE DE HONSBISNECR l'aUCHEVÊQUB
1707.
Mgr l'archevêque Daniel de Cosnac estant tombé malade
au commencement du mois de décembre de l'année 1707,
quelques jours après son mal empirant nous lui poi'tâme.8
le Saint- Viatique ; tout le clergé y assista parce que c'es-
toit au temps de la grande messe. Chacun avoit un flam-
bleau allumé, nous en prîmes plusieurs à la sacristie;
après, avant que de partir, on en apporta de chez Mgr
l'archevêque. Le dais estoit porté par quatre prastrea, et
M. l'abbé de Quillac, prévost et grand-vicaire, le luy
porta, et le resceut avec grande édification ; les flambeaux
fournis par le Sgr archevêque resteront la moitié à la
confrérie de Corpus Domini; l'autre moitié
Quelques jours ensuile, nous exposâmes le très Saint-
Sacrement pour demander au Seigneur le recouvrement
de sa santé, et cela pendant trois jours; on l'exposoit après
quatre heures, ayant dit vespres, à l'ordinaire; et on don-
noit la bénédiction un grand quart d'heure après, y chan-
tant le tantum ergo. Le X et celuy des infirmes Satvum
(I) Nous reproduisons littéralemont ce document avec son ortho-
graphe du temps et son style médiocre et confus; son mérite con-
siste daiis l'exposé des (aits dont son auteur se trouve avoir con-
servé la mémoire.
DigmzcdbyGoOgle
— 464 —
servum luum Danielem infirmum. R/ Deus meus sperantem
in u, et les deux oraisons, et ces mêmes prières suÎToienl
dans toutes les églises de trois en trois.
Comme la maladie a duré presque deux mois, lorsqu'on
avoit fini, nous recommeDcioas, et nous l'avons fait trois
fois, et à la dernière qui fiit après la feste des Rois de
l'année 1708. Comme il y avoit plus de dix jours qu'il
pleuvoit continuellement et que le peuple ii'alloit pas à
la campagne, nous l'exposâmes après le benedicamus Dewn,
que nous disions à l'heure ordinaire,
(Prières pour demander la sérénité 1708.)
HORT DE UONSBIGNEUR L* ARCHEVÊQUE DANIEL DE COSNAC
Monseigneur Daniel de Cosnac est mort le 21 dernier
à dix heures et demy du soir de l'année 1708. Le di-
manche 22 on a commencé de sonner toutes les cloches
à volées, sur les six heures du matin, pendant uoe heure,
faisant un intervalle entre deux d'un quart d'heure, au-
quel temps on sonne même seul. On a fait la même chose
à midy, à quatre heures, et le soir à huit. Ou a gardé
cette règle tous les jours jusques au vendredy 27 du mois,
auquel jour oo l'a ensevely; c'est-à-dire qu'on sonna qua-
tre fois par jour, comme je viens de le marquer. D'alwrd
qu'il fut jour le dimanche, on me fit appeler de la part
de Mgr révéque{I), qui avoit été auparavant prévost de
nostre église; lequel estoit venu avec Mgr l'archevêque,
depuis son dernier voyage de Paris, pour me demander
de quelle manière on devoit se comporter en de sem-
blables occasions, et ce qu'on avoit fait à feu Mgr le
cardinal de Crimaldi, auparavant nostre archevêque. Je
répondis ce qui est marqué dans la suite, et ce que je
fis faire d'aboi-d.
Ou embauma en premier lieu le corps de feu Mgr l'ar-
(I) Gabriel de Cosnac, ôvÉque de Die, neveu de l'archevêque
dâlunt.
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— 465 —
chevesque Daniel de Cosnac. Dans ce temps-là je fis
dresser dans la grande salle un théâtre et par dessus
un lit de parade; à l'enlour, des bancs couverts de napes
et des chandeliers pur dessus au nombre de 16 à 18 des
plus gros de nostre église, des ciergee d'une livre qu'on
changeoit tous les matins; ensuite on dressa deux aulels
fort propres avec leurs gradins, croix, tableaux, quatre
chandeliers à chacun avec leurs cierges d'une livre qu'on
changeoit avec les autres, et bruloient tous les jours; les
autels avoient des ornements noirs. Toute cette grande
décoration esloit entourée de gros bancs de ceux qu'on
est assis aux prédications, qu'on porte dans nostre église
et qu'on couvrit de grands tapis de couleur.
Tout cela estant ainsi disposé, le dimanche au soir
on mît sur le lit de parade le corps de feu Mgr l'arche-
vesque, habillé en soutane et camail violet, le rabat et
le bonnet avec l'Ordre du Roy(l). On y mit le bénitier
d'argent sur un banc et deux ecclésiastiques demeurèrent
toujours, un diacre et sous-diacre, se relevant les uns après
les autres deux à deux, tous les cierges qu'on changeoit
ont esté à eux. Le lundy après la grande messe, le cha-
pitre y fut en -corps faire l'absoute; ayant auparavant
député quatre chanoines pour visiter le corps, et, à leur
retour, procédé à l'élection des grands vicaires. On y
chanta le De profundis en musique et acheva l'ybsoute à
l'accoutumée; je ils ensuite avertir les six paroisses après
murs du séminaire; lequel séminaire y fut d'abord; après
le chapitre. Le môme jour, la paroisse Sainte-Magdeleine ;
le mardy, celle du Saint-Esprit, autrement Saint- Jérôme ;
celle du Faubourg. Ensuite je fis avertir tous les religieux
dedans et dehors la ville, auxquels je marquai le jour et
l'heure pour faire leur absoute. Les cinq compagnies des
pénitents, la charité et le grand hôpital, auxquels je mar-
quai aussi le jour et l'heure, afin d'éviter confusion; de
manière que de celte- façon presque toutes les heures du
(t) C'est-à-dire l'Ordre du Saint-Esprit.
lyGoogle
— 466 —
lundy, mardy, mercredy et jeudy il y eut toujours quelque
communauté auprès du corps du Sgr archevêque, outre
les deux ecclésiastiques qui y estoient jour et nuit. Pen-
dant ces quatre jours, et quelques heures du vendredy, il
y eut toujours des messes aux deux autels; beaucoup des
R. R. P. P. Religieux y furent, mais je ne les avertis pas,
pour y dire la Sainte-Messe.
Le corps ayant demeuré le lundy et mardy exposé en
camail, le mercredy, grand matin, je ûs habiller pontifl-
c-ilement avec des ornements violets qu'on fit faire exprès;
on y mit encore l'Ordre du Roy et le paltium; avec tous
lesquels ornements on l'enterra, — Nota. Tout ce que j'ay
fait jusques à cette heure, ou fait faire, ce n'est pas de '
l'employ du maître du choeur, mais je l'ay fait parce que
Mgr de Die et M. le prévost de Quillac m'en ont prié;
mais pour faire avertir toutes les paroisses, communautés,
compagnies des pénitents et hôpitaux pour l'absoute, c'est
de mon devoir et par conséquent de celuy qui sera maître
du chœur après moy.
DÉCORATION DE L'ÉGLISE POUR LES OBSÈQUES
Depuis le lundy matin on commença à orner le chœur
de tapis noirs, et par dessus les armoiries du Sgr arche-
vesque, aux tribunes des orgues aussi, tout le presbitaîre
jusques au bas avec rangs d'armoiries, au plus haut rang
il y avoit un trelis noir tout autour. On dressa au milan
du chœur une chapelle ardente à laquelle on montoit
par le devant, et il y avoit une balustrade tout à l'entour
de laditle ch;ipelle; il y avoit quantité de cierges par
. dessus et au dcd;ins. Elle étoit ornée d'une pente de
velours tout autour et une auli-e au grand dais du maître
autel sur un trélis. Il y avoit aussi un Uipis noir au
dessous de la grande porte de l'église et de celle du chœur
avec trois armoiries à chacun.
On couvrit tout le maître autel de noir avec les armoi-
ries ou écusson du Sgr archevêque, et on y mit vingt-
quatre chandeliers d'argent avec de grauds cierges et une
lyGoogle
— 467 —
armoirie à chacun. On dressa un thrône pour Mgr de
Foresta, évâijue d'Api; on le couvrit d'un lapis noir, et
le marchepied du maître-autel aussi; on mit le drap iioir
au devant du tombeau du roi Charles; mais point de
dais; on dressa pour la musique un autre théâtre, au
devant de la porte de Notre-Dame d'Espérance, joignant
celuy de Mgr l'évèque d'Api, mais de beaucoup plus bas.
On mit sur le thrône du Sgr évesque un fauteuil et trois
pliants pour l'assistant, le diacre et le sous diacre.
Mgr l'évesque de Riez voulut assister à la cérémonie;
on mit du costé de la crédence un prie-Dieu couvert
d'un tapis violet avec deux carreaus et an fauteuil.
ILUtCHB DE LA PROCESSION LUGUBRE
La croix de Saint-Sauveur, avec la bannière noire,
portée par un sous-diacre, habillé en aube et dalmatique
noire; deux enfants habillés de même portant leurs chan-
deliers et cierges allumés avec deux armoiries. On Ht le
tour des processions, mais au rebours. On commença du '
costé de M, le Président de la Bastide, et on revint par
la grande horloge. Ensuite suivirent M" les recteurs, les
licenciés, avec leurs flambeaux à écussons fournis tous
par Mgr l'évesque de Die.
Messieurs
Les recteurs du Refuge.
du Bon Pasteur,
des Prisonniers,
de la Pureté,
de la Propagande.
La compagnie pour l'accord des procès.
Nota. — Mais parmi eux il 7 eut des contentions, ce
qui me donna bien de l'exercice et beaucoup de fatigue,
et je m'en sentirai longtemps; joint à la peine que me
donna toute la cérémonie à laquelle je fus pourtant aidé
par M. Blanc, bénéficier, mon confrère et bon amy.
Vint ensuite la compagnie des Pénitents gris avec cha-
lyGoogle
— 468 —
cun leurs ciei^es; celle des bleus, de même avec leurs
cierges.
Les trois autres compagnies : celles des Garnies, des
Qoirs, et de l'Observance, auxquels on donna à chacun
huit flambeaux de quatre livres pièce.
Toutes les communautés des religieux, selon l'ordre des
processions, auxquels on donna de grosses chandelles.
Aux funérailles de feu Mgr le cardinal Grimaldy, à
cette place marcha le collège et ses flambeaux, ainsi
qu'il est marqué dans un rôlle que j'ay trouvé escrit
par feu M. Broquier, maître du chœur alors; mais dans
cette cérémonie n'y ont pas esté.
Api-ès les flambeaux de Pierricard, ceux du Puy, ceux
de Jonques. C'est ainsi que je l'ay trouvé marqué dans
le même rolle, et M" de Jonques m'éstant venus voir pour
me demander leur rang, je leur lis ledit rolle, mais
M" du Puy m'ayant dit ensuite -qu'aux funérailles de
feu Mgr le ciirdinal Grimaldy, la chose avoit esté décidée
en leur faveur, et qu'ils estoienl les plus anciens, je leur
répondis que M" dir Parlement qui dévoient assister à la
cérémonie, le règleroîent. En effet, il fut
(Ici un« lacune dans le manuscrit.)
Ensuite les vingt-quatre pauvres de feu Mgr l'arche-
vesque avec leurs flambeaux et armoiries;
Les flambeaux de la ville et écussons;
Ceux du pays, de mesme;
Les trente-six du chapitre et armoiries;
Les flambeaux du diocèse et écussons ;
Ceux de la généralité de Provence, de même avec leurs
écussons.
Jusques icy j'ay suivy l'ordre qu'on garda aux funé-
railles de feu Mgr le cardinal; mais comme M" du
Parlement n'y assistèrent pas, et ont assisté à celles de
feu Mgr de Gosnac, M. de Michaelis commissaire de la
cour pour cette cérémonie, me dit très expressément, et
M' l'abbé de Quillac me l'avoit dit aussi le soir aupa-
ly Google
ravant, que la cour vouloit que ses flambeaux marchas-
sent les derniers, et qu'au lieu que la famille de feu
Mgr le cardinal au nombre de treate quatre, march&t,
avec leurs flambeaux à écussou, après le chapitre immé-
diatement, et avant ceux de la Miséricoi-de, au contraire
il falloit faire mareher celle de Mgr de Cosnac (qui n'estoit
pas si nombreuse de beaucoup) avant les flambeaux du ■
parlement, ce que je fis exécuter.
Après marcha la nouvelle paroisse du Faubourg servie
par les R. R. P. P. de la doctrine chrétienne avec leur
croix ;
Celle du Saint-Esprit ou Saînt-Jérôme ;
Celle de Sainte-Magdeleine, toutes aussi avec leur croix,
et MM. les vicaires avec l'étole;
On donna à tous un cierge;
Ensuite la niasse du chapitre ;
La communauté du Séminaire qui estoit fort nombreuse;
On donna un cierge à chacun ;
Les enfants du chœur; MM. les prestres de chapelle,
bénéficiers et chanoines;
Les seize flambeaux de la Miséricorde portés par MM. les
recteurs ;
La croix de feu Mgr l'archevesque;
Ses deux aumdniers en surplis;
Son valet de chambre en manteau long portoit le cha-
peau veit de feu Mgr l'archevesque.
Il falloit encore un autre domestique en mesme ha-
billage portant un carreau de velours, et par dessus
l'Ordre du Roy. On y manqua, et on a regretté de ne
l'avoir fait.
Suivoit le corps (porté par huit prestres habillés en
aubes et étoles noires se soulageant par intervalle). Dans
la bière, fournie par les pénitents de l'Observance, et cela
par délibération du chapitre faite à l'occasion des funé-
railles de feu Mgr le cardinal Grimaldy, ornée ladite
bière d'un ornement violet fourni par les héritiers de
lyGoogle
— 470 —
feu Mgr de GosDac. Il y avoit tout au devant quatre péni-
tents de la même compagnie de TObserrance pour sou-
lager les huit prestreB, en cas de besoin; il y avoil
guatre commissaires du parlement, deux en devant et
deux par derrière de ladite bière.
Devoit suivre les deux aumôniers de Mgr l'évesque
d'Apt, car c'est là leur place, ainsi qu'ils estoient placés
aux funérailles de feu Mgr de Grimaldi; mais MM. les
commissaires du Parlement ne les voulurent pas à cette
place. Je les fis mettre au devant de la c-roix de Mgr l'ar-
chevesque défunt; suivit ensuite le diacre et sous-diacre,
l'assistant et Mgr l'évesque d'Apt, sans sandales, gants et
bàtoQ pastoral, ayant une mitre de toile d'argent, et son
valet de chambre luy relevant la chape.
Suivent ensuite MM. du Parlement et MM. les procu-
reurs du .pays à leur guise. Je fis partir la procession
lugubre longtemps avant que MM. du parlement fussent
venus à l'archevêché, afin de faire diligence, et je n'avertis
MM. du chapitre pour venir faire la levée du corps que
lorsque tous les religieux eurent passé. Devant que le
clergé fut arrivé on fit l'absoute à l'accoutumée; étant
achevée, les choristes en chapes et bourdon entonnèrent
le psaume Miserere, lequel on continua tout le long de la
marche, la musique répétant toujours le V/ Miserere; j'avois
donné ordre de faire l'absoute devant le palais et à l'hôtel-
de-ville, mais on ne la fit qu'au dernier, MM. les com-
missaires m'ayant dit que le parlement depuis longtemps
avoit réglé qu'on ne faisoit l'absoute devant le palais
que pour MM. les présidents et pour le doyen. J'ay pour-
tant trouvé qu'on la fit pour feu Mgr de Grimaldy et
qu'on chanta le De profundU en musique, et à l'hôtel-de-
ville; mais MM. du parlement n'y assistëreût pas comme
j'ay déjà marqué; je me suis informé de la raison pour-
quoy, on m'a dit que c'estoit parce qu'il n'avoit pas esté
receu conseiller.
Quand on fut arrivé dans l'église, non sans peine, à
cause de la grande foule, on entra dans la cour avec
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— 471 —
encore plus de peine, quoyqu'il y eût depuis le matin
des archers aux portes; on posa le corps dans la chapelle
ardente, et on fit l'absoute à l'accoutumée.
Estant finie, Mgr d'Apt et tous les officiers qui dévoient
l'assister à la grande messe, allèrent sur le thrône, où,
ayant quitté la chape noire, on luy donna à laver les
mains, prit les tunicelles blanches, le manipule; le diacre
et sous diacre les leurs, et nous descendîmes au dernier
■degré de l'autel pour commencer la messe à l'ordinaire.
Quand il monta à l'autel il le baisa et son livre, et
sans faire aucun encensement, l'assistant luy mit la mitre
et monta sur le thrône, où l'assistant luy osta la mttre,
et dit Vlntrolt, estant debout, assisté de ses aumôniers;
lorsqu'il dit l'oraison tous sont à genoux, excepté le
diacre, sous-diacre et l'assistant; quand il est à la an,
le sous-diacre quitte sa place, fait l'inclination à l'êvê-
que, passant du milieu du maître-autel, fait génuflexion
au Saint-Sacrement et va. commencer l'épitre; l'oraison
finie, l'évêque s'assit, l'assistant luy donne la mitre et
Ut tout bas l'épitre, le graduel, la prose et l'évangile;
quand le sous-diacre a achevé l'épitre, monte sur le
thrône, et sans aller baiser la main de l'évêque, il donne
le livre au diacre, en faisant une inclination mutuelle,
le diacre va le mettre sur l'autel, et se mettant à genoux,
dit : Munda cor meun, etc., et lorsque le chœur a achevé
la prose, il commence l'évangile à l'ordinaire ; on ne doit
pas porter de lumière, ny d'encensoir, alors l'évêque se
lève, et on luy oste la mître. L'évangile estant achevé,
on ne porta pas le livre pour le faire baiser à l'évesque,
mais il' dit Dominvs vobiscum, et lit l'offertoire. Il s'assit,
on luy donna la mitre, lave ses mains et tous vout à
l'autel où estant arrivés au bas du second degré, l'assis-
tant luy oste la mître, et continue la messe; après qu'il
a encensé l'autel, l'assistant luy met la mître et est
encensé luy-mesme de trois coups par le diacre (on a
coutume dans Saint-Sauveur d'en donner cinq à Mgr
l'archevesque). L'assistant luy rate la mitre, et l'arche-
lyGoogle
— 472 —
vesque découvert va faire l'offrande que le sous-diacre
resçoit dans un petit bassin; il remonte à l'autel, on luy
donne la mître et d'abord à laver les mains; on la luy
OBte, et continue la messe; il faut donner de TeneenB à
l'élévation du Très-Saint-Sacrement; il n'y a. point de
paix à donner. La messe achevée, tous vont au throne, où
l'évesque quitte la chapelle, la dalmatique et la tunicelle,
le manipule; le diacre et sous-diacre aussi quittent seu-
lement leur manipule et on donne à Mgr l'évesque le
pluvial.
Le R. P. Saint-Just de suite, qui St l'oraison funèbre,
passa du costé de la sacristie n'ayant pu aborder les
portes du chœur; estant arrivé à l'autel, il fit génuflexion
au Saint-Sacrement, et sans demander la bénédiction, car
il n'en faut point donner, il monta par une échelle du
costé du chœur, dans la grande chaire. Mgr l'évesque
d'Apt, MM. l'archidiacre assistant, Lauthier, diacre, et
Castellane, sous-diacre, se placèrent au mitaii du chœur,
et s'assirent sur le^ mesmes chaises qui estoient sur le
throne, et que je fis apporter.
Pour faire en sorte que la cérémonie fut plus tôt ache-
vée, sur la fin de la messe, laquelle fut achevée après
uue heure, je priai MM. les quatre chanoines destinés de
la part du chapitre pour faire les absoutes, de venir
prendre leurs étoles et chape que j'eus soin de faire ap-
porter, et tous ensemble, descendirent au chœur, ceux-ci
ae placèrent sur le théâtre de la chapelle ardente, chacun
à leur place Junior sedet ad sedam dextrum ad humerum
sinistrum ad pedem sinistrum gui erit senior ad humxrum
dextrum (pont. Rom.); scavoir : le plus jeune au coin de
M. le capiscol, le second à celuy de M, l'archidiacre, le
troisième à celuy de M, le prévost, le quatrième qui est
le plus anscien à celuy de M, le sacristain, tous assis sur
un [escabau.
L'oraison funèbre estant achevée. Mgr l'évesque de Riez
{lequel après la messe estoit descendu au chœur, et s'esloit
lyGoogle
— 473 -
placé derrière la chapelle ardente pour entendre l'oraison
assis sur le mesme fauteuil qu'il avoit durant la raesae),
se relira; et on commença la première absoute, ainsi qu'il
est marqué dans le pontifical ; mais auparavant Mgr l'é-
vesque d'Apt dit l'oraison : ffon intres in judicium etc., et
après les choristes entonnèrent la première ahsoute, Sub-
venite Sancti Dei^ etc., en même temps, celuy qui portoit
le bénitier avec l'eau bénite, et le thuriféraire ayant
l'encensoir, s'approchèrent vers le plus ancien chanoine
qui estoit du costê de M. le sacristain, lequel estant debout
mil de l'encens dans l'encensoir, rccevoit des mains du
diacre la navette. Il faut remarquer que le diacre qui
estoit placé au costé droit de l'évesque sur le devant de
la chapelle ardente à la teste de l'évesque, est avec l'assis-
tant et le sous-diacre; qu'il quitte sa place pour se joindre
au plus ancien chanoine qui estoit placé au coin qui re-
gardoit la place de M, le sacristain, pour le servir à
l'accoutumée durant qu'il faisoit son absoute, luy ayant
présenté la navette pour mettre de l'encens dans l'en-
censoir, luy relevant la chape dans le temps qu'il asperge
le corps du défunt, et faisant génuflexion à la crois quand
il y passe, et l'officiant inclination, et tous deux faisant
inclination en passant devant l'évesque officiant et ceux
qui sont aux trois coins destinés pour faire les absoutes;
la luy refait aussi quand il encense. La première absoute
étant Unie, tous s'assient et se couvrent; et le diacre prend
la première place à la droite de l'évêque officiant, le sous-
diacre ne quitte pas sa place; on commence la deuxième
absoute.
Deuxième absoute. — Qui Lazarum, etc. Alors les aco-
lyles s'approchent du chanoine qui estoit du costé de
M. le prévost qui est le second ancien chanoine; le diacre
l'assista comme à la première absoute.
TnoisiÈuE ABSOUTE. — Domine quando vénères, etc. C'est
le troisième ancien chanoine qui fait cette absoute et qui
lyGoogle
est placé au coia du costé de M. l'archidiacre; il est assisté
des mesmes oMciers, comme aux précédentes, etc.
QuATitiÈUE ABSOUTB. — Ne rscortiaris, etc. C'est le plus
jeune chauoine qui doit faire cette absoute, qui est placé
au coin du costé de M, le capiscol, et il est assisté tout
de même qu'aux autres.
Cinquième absoctb. — C'est l'évesque qui fait la cin-
quième et dernière absoute, qui est le grand Libéra me
Domine, etc., et on garde les mesmes cérémonies qu'aux
précédentes.
Quand elle est achevée, les choristes entonnent le R/ In
Paradinim, etc.; le cantique Benedictus; l'oraison; les cho-
ristes le V/ Bequiescal in paee, Amen, et on repose le corps
du défunt archevesque dans la chapelle de Saint-Jean, ou
de Sainte-Mitre qu'on ferme à clef, et on l'ensevelit le soir
pour éviter la foule.
On donna (l)pour l'absoute uonante livres pour la mu-
sique, soixante pour les sonneurs des cloches; la sacristie
prenant sa portion deux cent cinquante livres. Ou a em-
ployé les sonneurs des grandes fêtes, qu'on nomme cam-
paniers de ville, lesquels ont sonné quatre fois par jour
depuis le matin du dimanche jusques au vendredy, le
matin, jusqu'après la cérémonie; on sonna encore le soir,
et le matin du samedy pour le service auquel Mgr l'évesque
de Die assista accompagné de MM. le prévost de Quillac,
et l'abbé de Fargues, chanoine, ses cousins, avec les ofQ-
(1) Ce compte est exposé d'une manière aingutiËremenl confuse;
maîa on le comprend en y rëdéchisasint et en calculcuit la valeur du
louis à 13 livres 5 sols, d'après l'auteur. Celui-ci, en aa qualité do
maître do chœur de l'église métropolitaine de Saint- Sauveur, reçut
pour ses honoraires ; 1' 20 livres; 2* I louis 1/2, c'est-à-dire 19 livres
et IS sols; 2 louis de l'offrande, c'est-à-dire 26 livres 10 sols. En
totalité il reçut 66 livres S sols. La même somme d'argent valant
environ cinq fois plus aujourd'hui, ses honoraires montent approxi-
mativement à la somme de 332 francs.
DigmzcdbyGoOgle
^ 475 —
ciers de feu Mgr l'archevesque et tous ses domestiques.
Ou donna demi louis à chacuu des deux diacres, et deus
sous-diacres qui avoîeat veillé le corps de Mgr l'arche-
vesque, outre les restes de cierges qu'on ostoit tous les
jours, ainsi que j'ay dit. Quant à moy, on me donna vingt
livres pour mes peines, outre un louis et demy, Caisant
en tout vingt livres moins deux sols et demy; que deui de
l'oO^ande. On donna enfin à l'enterre-mort deui louis et
demy, valant chacun treize livres cinq sola.
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„Googlc
DE LA CLASSIFICATION
MONNAIES GAULOISES
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DE LA CLASSIFICATION
MONNAIES GAULOISES
(LECTURE FAITE k U SORBOHNE LE 8 AVRIL 1885)
mALGRÉ les progrès récents qu'elle doit à quel-
qaes savants, l'étude des monnaies gauloises
est assurément celle qui présente encore le plus
de problèmes à résoudi'e; certaines classifications
proposées par les maîtres les plus autorisés ne
sont point admises par tous, et dans nombre de
cas les provenances, qui sont le point capital dans
toute attribution, ne paraissent point avoir été
établies avec toutes les garanties désirables. Tou-
tefois les grandes lignes ont été largement tracées;
quantité de dépôts monétaires, étudiés avec mé-
thode, ont procuré d'utiles renseignements, tandis
qu'une critique éclairée faisait justice d'hypothèses
trop légèrement mises en avant.
Cependant en présence de la répartition, sou-
vent arbitraire, qu'on a cru pouvoir faire des
monnaies entre presque tous les peuples de la
Gaule, il convient, je crois, d'examiner s'il est
réellement possible d'admettre certaines classifica-
tions proposées par des numismatistes dont les
noms font autorité, et par exemple d'accepter que
lyGoogle
chaque cité ait eu un monnayage caractérisé par
un faire spécial, permettant d'attribuer avec cer-
titude ses produits aux différents peuples sur le
territoire desquels on les rencontre plus particu-
lièrement.
Que les découvertes habituelles, dans une même
région, de monnaies à un type bien déterminé
aient entraîné leur attribution au peuple qui y
dominait, rien assurément au premier abord ne
parait plus logique, en l'absence de toute légende
mentionnant une nationalité; mais comme ces
monnaies se retrouvent toujours dans une étendue
de territoire qui ne saurait être circonscrite à une
seule cité, il devient souvent difficile de déterminer
à quel peuple il convient de les attribuer. L'in-
certitude grandit encore quand les découvertes
faites sur le sol de deux cités voisines procurent
des espèces présentant entre elles une grande con-
formité de type.
A cette époque en Gaule, comme dans tous les
temps et chez tous les peuples, l'apparition d'un
type nouveau a fait surgir dans les pays limi-
trophes des imitations directes qui peuvent être
confondues avec les prototypes. De cité à cité voi-
sine, en raison de la loi d'imitation à laquelle
aucun art ne peut se soustraire, les espèces sou-
mises à ce courant prennent un air de famille,
un caractère nettement déterminé qui, s'il en
impose l'attribution aux différentes régions de la
Gaule, augmente en même temps l'incertitude
où l'on se trouve, quand il s'agit de les sous-
répartir entre les nations qui peuvent y prétendre.
lyGopgle
En présence des difficultés sans nombre qu'offre
l'étude des monnaies gauloises, il serait plus pru-
dent, croyons-nous, de ne point tenter de les
attribuer à tel ou tel peuple, mais de les grouper
par grandes régions, en s'appuyant sur le fait de
provenances multiples et bien constatées, et sur
la conformité des types. C'est seulement après
avoir établi les grandes divisions, que comporte
l'ensemble du monnayage gaulois, qu'il deviendra
possible d'entreprendre sérieusement l'étude de
chaque groupe, et d'aborder leur répartition entre
les diverses cités de la région, en tenant compte
des relations politiques, géographiques ou com-
merciales qui existaient entre ces cités.
Déjà une première tentative dans ce sens a été
faite lors de l'exposition de i878. En soumettant
au public sa riche collection de monnaies gau-
loises, M. Ch. Robert avait adopté, pour le clas-
sement des séries, la division en six grandes
régions : la Massaliétide, petite province que
sdn système monétaire et ses types grecs classent
forcément en dehors du monnayage gaulois pro-
prement dit ; la Région méridionale, comprenant
l'ancienne Aquitaine et la Province romaine jus-
qu'à Lyon inclusivement; le Centre, c'est-à-dire
la Celtique de César moins les provinces mari-
times situées entre la Loire et la Seine; VOue»t
de la Celtique, renfermant l'Armorique et les
cités maritimes voisines; le Nord de la Gaule
occupé par les Belges; enfin les Régions trans-
rhénanes et danubiennes situées en dehors de
la Gaule antique.
lyGoogle
Si ces grandes divisions, tracées à un point de
vue purement géographique, sont conformes à
l'état de la Gaule au monaent de la conquête,
facilitent-elles le classement des monnaies? les
espèces de la Région méridionale présentent-
elles des caractères généraux qui permettent d'y
retrouver une origine commune? Celles du Centre
appartiennent-elles à une même famille? et ne
serait-il pas possible, tout en tenant compte da
grand partage territorial indiqué par César, d'adop-
ter, pour l'étude des monnaies, un certain nom-
bre de subdivisions correspondant aux bassins des
grands fleuves, routes naturelles par lesquelles,
comme une marchandise, le numéraire des peu-
ples les plus avancés en civilisation s'introduisit
peu k peu chez leurs voisins?
Sur divers points du littoral de la Méditerranée,
et longtemps avant l'époque de la conquête, exis-
taient plusieurs centres commerciaux très impor-
tants dont les types monétaires, empruntés à la
Grèce, devaient eux-mêmes devenir plus tard les
prototypes du monnayage gaulois dans la région
du Sud. C'est en effet par les gi'ands marchés
d'Emporium, de Rhoda, de Narbonne, de Béziers
et de Marseille que le signe d'échange, destiné
à faciliter les transactions, se répandit dans toute
la région avoisinant la Mer Intérieure, et pénétra
chez les peuples avec lesquels, établies d'abord par
voie d'échange, les relations devenues plus consi-
dérables avaient imposé l'usage du numéraire.
Les grands fleuves étaient alors les seules voies
lyGoogle
— 483 —
par lesquelles le commerce pouvait se répandre
dans l'intérieur des terres, et ce fut par leurs
affluents qu'il devint possible de remonter jus-
qu'aux contre-forts des grands bassins de la Ga-
ronne, du Rhône, de la Loire, de la Seine et
du Rhin, de les francbir sur les points les plus
accessibles aux animaux de charge, et de passer
d'un bassin dans un autre. C'est ainsi qu'en uti-
lisant le cours des fleuves, le commerce faisait
parvenir ses produits et ses marchandises sur les
marchés des cités de la Gaule.
Permettez-moi, Messieurs, de développer ma
pensée sans entrer dans trop de détails.
Prenons d'abord le Rhône, cette grande artère
qui ouvrait au monde antique les terres si long-
temps inconnues du centre et du nord de la
. Gaule. Après avoir remonté le cours de ce fleuve,
dont la navigation était pénible et parfois péril-
leuse, les marchandises, engagées dans les affluents
de la rive droite, atteignaient les Cévennes, les
franchissaient à l'aide de botes de somme, et
gagnaient par le pays des Helvlens le bassin de
l'Allier, ou la Haute-Loire en traversant le terri-
toire des Ségusiaves.
En remontant le cours paisible de la Saône
les produits destinés au commerce pouvaient être
dirigés, par un portage de terre, soit sur les
affluents de la Seine, et arriver dans les ports
de la Manche, soit par le Doubs sur le Haut-
Rhin,' qu'il était facile de gagner par la trouée
de Belfort. Ainsi, du port de Marseille, tous les
produits apportés par le commerce étranger pou-
lyGoogle
yaient être transportés dans tout le nord de la
Gaule, et c'est assurément par la Seine et la Loire
que l'étain dé la Grande-Bretagne, si recherché
par les Phéniciens, devait arriver à Marseille-
Quant an bassin de la Garonrie, il était ouvert
au commerce de !a Mer Intérieure par l'Hérault
et l'Aude; puis par les affluents du grand fleuve
aquitanique on pénétrait facilement, d'un côté,
dans les régions voisines des Pyrénées, de l'autre,
dans les cités du sud-ouest de la Geltâque. C'est
dans cette partie de la Gaule, l'antique Aquitaine,
que nous chercherons une démonstration du sys-
tème des subdivisions que nous proposons, pour
faciliter l'étude et le classement des monnaies
gauloises.
Convaincu que, dans l'état actuel de la science,
l'étude des monnaies gauloises d'une région ne
saurait être entreprise sérieusement, si l'on ne
s'appuie sur la constatation bien établie des pro-
venances, je me suis tout d'abord attaché à rele-
ver, sur une carte du sud-ouest de la Gaule, les
indications signalées par les numismatistes sé-
rieux, et n'ai accordé aucune valeur aux prétendus
renseignements communiqués par certains mar-
chands, trop souvent disposés à n'apprendre à
leurs clients, ni les circonstances, ni le lieu exact
des découvertes. Puisant aux sources officielles,
m'adressant aux archéologues qui ont eu la bonne
fortune d'assister à des trouvailles, mettant 5 pro-
fit les notes consignées dans les travaux, publiés
ou manuacrits, de MM. de Saulcy, Gh. Robert,
lyGoogle
A. de Barthélémy, je crois avoir fait une en-
quête sérieuse sur les découvertes qui ont eu lieu
dans le sud-ouest de la Qaule. Si donc, malgré
mes efforts, quelques trouTailles ne m'ont pas été
signalées, il y a tout lieu d'espérer que leur
composition ne saurait modifier sensiblement les
résultats que je crois avoir obtenus.
En dressant ma carte, j'avais d'abord en vue
de déterminer l'étendue du territoire sur lequel
avaient eu cours les monnaies dites à la croix,
si bien étudiées par M. Gh. Robert; je voulais
aussi recbepeher, par l'examen des différents types
qu'offre ce vaste monnayage, quelles étaient les
régions où quelques-uns d'entre eux se canton-
naient plus habituellement; je pressentais en effet
la possibilité d'attribuer, aux divers peuples de
cette grande région, certains groupes de monnaies
caractérisées soit par leur modo de fabrication,
soit par la présence de symboles, particuliers. Ce
but est-il complètement atteint? Je n'ose le pré-
tendre, mais déjà je puis affirmer en toute con-
fiance que, s'ils adoptent ma méthode et pour-
suivent mon enquête, les numismatistes du Sud-
Ouest arriveront dans peu de temps, je l'espère,
à formuler sur cette question, encore si obscure
des monnaies dites à la croix, des propositions
de classement appuyées de preuves indiscutables.
Déjà, par l'inspection des indications de trou-
vailles portées sur ma carte, on peut, dés à pré-
sent, se rendre compte de l'influence exercée par
le système et le type des Tectosages sur les espèces
des provinces limitrophes. Concentré à son appa-
lyGoogle
rition dans le bassin de la Garonne, ce monnayage
ne tarda pas à se répandre sur tout le territoire
occupé par des races d'origine volke; la croix du
revers, type qui le caractérise, fut, il est vrai,
adoptée par les cités voisines sans avoir subi de
modification dans sa représentation, mais les sym-
boles ou accessoires qui la cantonnent ont varié
d'un pays à un autre, de peuple à peuple, four-
nissant ainsi, pour la classification par l'indication
de provenances, un renseignement précieux qui
seul, à défaut d'autre guide, peut permettre de
■ répartir ces monnaies sans légendes entre les dif-
férentes nations qui les ont émises.
De l'ensemble des observations qui m'ont été
suggérées par l'étude des monnaies dites à la
croix, il se dégage plusieurs remarques qui peu-
vent être ainsi formulées :
Le rayonnement d'un type monétaire est pres-
que toujours proportionnel à l'importance du cen-
tre commercial où il a pris naissance.
Les imitations faites à ce type sont, au point
de vue de leur transformation, en raison directe
de leur éloignement du lieu d'origine, c'est-à-dire
que plus on s'écartera du centre du monnayage
tectosage, plus la transformation du type sera
grande sur les espèces copiées des deniers dits
à la croix.
Le groupement indiqué par la carte des décou-
vertes de monnaies, présentant un type nettement
caractérisé, doit concorder avec la circonscription
des cités soumises à l'influence, commerciale ou
lyGoogle
politique, d'un peuple ayant exercé pendant une
certaine période la suprématie sur ses voisins.
Enfin, dans quelques cas, la ligne extrême in-
diquée par les trouvailles coïncide avec la limite
frontière entre deux races d'origine différente.
Le peuple commerçant qui, le premier, aborda
sur le littoral extrême de la Mer Intérieure, ne
put qu'échanger ses produits avec ceux des nations
sur le ten'itoire desquels il élevait ses comptoirs;
tout numéraire lui était inconnu. Mais quand la'
marine des Hellènes commença à sillonner les
mers, lorsque l'influence grecque eut ruiné sur
les côtes ibériques et ligures l'importance des éta-
blissements phéniciens, l'usage de la monnaie, qui
venait d'être inventée, rayonna dans toutes les
parties du monde hellénique, et, dés le milieu
du vi' siècle, chaque colonie grecque eut des es-
pèces particulières frappées au type de celles de
la mère-patrie. Les monnaies de Khoda, puis les
imitations qui en furent faites, avaient cours sur
le littoral du golfe de Narbonne; sur la côte ligure,
c'était le numéraire de Marseille qui y était le plus
accrédité. Aussi, dès que les Volkes Tectosages,
entrés en relations avec leurs voisins, eurent re-
connu le besoin d'avoir un monnayage qui leur
appartint en propre, ce fut le type le plus répandu
dans la région, celui des imitations de Khoda qui
leur parut le plus convenable à imiter.
Sans doute il y a loin des belles espèces grecques
au revers de la rose, à celles dites à la croix qui
caractérisent la monnaie tectosage; mais il ne faut
lyGoogle
pas oublier qu'après la ruine de cette colonie si
importante, xta. plutôt après son absorption par
celle d'Eraporium, la drachme de Rhoda, acceptée
avec faveur sur les côtes de la Mer Intérieure, de-
vint l'objet d'imitations prolongées. Les nombreuses
altérations qui nous sont parvenues établissent
d'une façon irréfutable qu'inunobïlisé au nord des
Pyrénées, le type de la rose renversée s'était insen-
siblement transformé, au point d'offrir l'image
d'une croix cantonnée de signes sans noms, ves-
tiges des pétales; cette modification du beau type
grec ne saurait surprendre quand on est familiarisé
avec la numismatique ancienne.
Ce fut donc au type altéré du numéraire de
deui grands centres commerciaus, Rhoda et Em-
porium, dont les monnaies étaient le plus répan-
dues sur la côte voisine de leur territoire, que les
Tectosages empruntèrent le type de leurs espèces.
A l'époque de son apparition, le monnayage des
Volkes parait avoir été concentré vers le confluent
de l'Ariège et de la Garonne, dans la région ha-
bitée par les Tolosates, aux environs de Vieille-
Toulouse, leur capitale, mais cette localisation du
type dit à la croix n'a pu être de longue durée.
A mesure que ce monnayage gagne la partie infé-
rieure du bassin du grand fleuve aquitanique, ses
produits subissent de sensibles modifications; en
pénétrant dans les cités voisines le type originel
va sans cesse en se déformant, et il atteint les
limites extrêmes du territoire des Pétrocores, des
Cadurquea et des Ruthènes , en maintenant tou-
jours au revers la croix cantonnée, caractère indé-
lyGoogle
niable de son lieu d'origine. Débarrassés de tout
ce qui pouvait rappeler le souvenir des pétales
de la rose, les cantons reçoivent des accessoires
nouveaux, aux formes les plus bizarres, dont le
plus grand nombre paraît devoir son origine à
la fantaisie des graveurs. Ceux-ci, entraînés par
lem* imagination créatrice, auraient reproduit, en
les agençant sous une forme capricieuse, soit les
symboles qu'ils avaient sous les yeux et que leur
montraient les espèces en circulation, soit le sou-
venir de marques monétaires empreintes sur les
monnaies étrangères.
Essentiellement régional, le type des monnaies
dites à la croix se retrouve dans toute la par-
tie de l'ancienne Aquitaine arrosée par la Garonne
et ses affluents; les transformations qu'il a subies,
en raison de son rayonnement et de la durée des
émissions qui en ont été faites , permettent de
diviser les produits de ce monnayage en plusieurs
groupes, présentantentre eux des diETérences bien
marquées dans les accessoires des cantons, dans
leur mode de fabrication, et enfin dans leur sys-
tème pondéral. Aussi, ne pouvant donner à un
seul peuple, quelle qu'ait été sa prépondérance sur
tous les autres, toutes les monnaies au type de
la croix, s'il faut accorder aux Tolosates plusieurs
de ces groupes, il convient de rechercher non-
seulement la part à. faire aux Lactorates, aux Ni-
tiobriges, aux Vasates, mais encore de déterminer
à quel peuple on doit attribuer les monnaies au
flabellum, aux symboles ornés, qui paraissent ap-
partenir à une période particulière du monnayage
lyGoogle
— 490 —
des Tectosages. Quant aux espèces rencontrées dans
les vallées arrosées par l'Isle, la Dordogne, la Ve-
zère, le Lot, l'Aveyron et le Tarn, elles se divisent
en trois groupes nettement caractérisés qui peuvent
être répartis entre les Petrocores, les Cadurques et
les Rhuténes, sur les territoires desquels les es-
pèces appartenant à chacun de ces groupes se re-
trouvent plus habituellement.
L'examen de la carte dii sud-ouest de la Gaule,
dressée à un point de vue purement numisma-
tique, nous montre l'étendue du rayonnement
qu'avait atteint le type des monnaies dites à la
croix; le groupement des trouvailles nous ren-
seigne sur la partie du bassin où les découvertes
ont été le plus fréquentes, et nous fait voir qu'au
Sud, en dehors de l'arc de cercle qui de l'em-
bouchure de la Gironde atteint le rivage de la
Méditerranée, au-dessus de Narbonne, il n'a pas
été rencontré de produits du monnayage volke.
Si donc, au-delà des contre-foris qui séparent le
bassin de la Garonne de celui de l'Adour, depuis
Ârcachon jusqu'aux environs de Saint-Bertrand de
Comminges, il n'a été fait aucune trouvaille de
monnaies dites à la croix, si dans la région
avoisinant le versant nord des Pyrénées, chez les
Gonvenae, les Gensorani et les Sardonea il n'a pas
été rencontré d'espèces qui, par leur type, puissent
être rattachées à ce monnayage, on est amené à
en conclure que l'influence des Tectosages était
nulle dans l'Aquitaine proprement dite, et qu'elle
n'avait pu se maintenir sur la région pyrénéenne
lyGoogle
- 491 -
comprise entre les sources de la Garonne et la
Mer Intérieure. Que croire alors de la déclaration
de Ptolémée, attribuant aux Volkes la possession
de Ruscino et d'illibéris, ainsi que du témoignage
de Strabon, déclarant que le territoire occupé par
les Volkes tectosages atteignait les promontoires
des Pyrénées « où, dit-il, on les rencontre mêlés
à des populations de nationalité différente? »
11 se peut, en effet, qu'au moment de leur
arrivée dans le bassin de la Garonne, les Volkes
aient cherché à étendre leur domination sur les
pays situés plus au Sud, et tenté de repousser
au-delà des Pyrénées les nations qu'ils avaient
dépossédées de leurs territoires; mais lorsque, de-
venus libres possesseurs du riche pays qu'ils ve-
naient de conquérir par la force des armes, les
envahisseurs se livrèrent aux travaux agricoles, il
est assez probable qu'alors les tribus ibères, réfu-
giées momentanément sur le versant des Pyrénées,
rentrèrent peu à peu en possession des régions
arrosées par les sources de la Garonne, de l'Ariège,
de l'Aude et du Tet, et qu'elles surent y acquérir
sinon une indépendance complète, du moins la
garantie de leur nationalité et de leurs usages.
Ce qui avait pu avoir lieu à l'époque de l'in-
vasion des Volkes, nation essentiellement guer-
rière, avait dû se modifier après leur établissement
dans les plaines fertiles de la Garonne; la force
militaire et l'esprit de conquête s'étaient insensi-
blement affaiblis chez les envahisseurs, qui ne
purent sérieusement s'emparer de toute la région
du littoral, habitée par des peuples d'origines di-
lyGoogle
— 492 —
verses devenus, il est vrai, leurs clients, et dont
l'autonomie parait s'être naaintenue jusqu'à l'épo-
que de la conquête romaine. Il est donc permis
de croire que, en dehors de la ligne indiquée par
les trouvailles, la domination des Volkes sur les
nations du versant nord des Pyrénées n'avait pas
été durable, et que l'influence qu'ils avaient pu
y exercer dans les premiers temps avait fini par
disparaître.
11 nous reste enfin à démontrer que la limite
extrême des découvertes de monnaies dites à la
croix coïncide avec la ligne, frontière des pays
habités par une race d'origine différente.
Selon le rapport de Strabon, « les populations
de l'Aquitaine formaient non-seulement par leur
idiome, mais encore par leurs traits physiques,
beaucoup plus rapprochés du type ibère que du
type galate, un groupe complètement à part des
autres peuples de la Gaule ; » leur descendance est
encore parfaitement reconnaissable dans la région
transgaronnienne. Cantonnées sur le versant nord
des Pyrénées, ces tribus, d'origine ibère — la plus
ancienne race de toutes celles qui se succédèrent
sur le sol de la Gaule, — parlaient non-seulement
une langue étrangère à celles des Volkes, mais
elles avaient des dieux que n'adoraient point leurs
voisins, et dont le culte persista même après la
conquête romaine. Les autels élevés à ces divinités
se rencontrent dans toute la région habitée par la
race ibère; on les retrouve jusqu'à la limite que
nous avons assignée au rayonnement du mon-
nayage des espèces dites à la croix, limite indt-
lyGoogle
quée par le groupement des trouvailles, et qui se
confond avec celle de la région où la langue
gasconne est encore en usage.
Si donc, aujourd'hui, grâce aux progrès de la
philologie, il est permis, par l'étude approfondie
de la formation des noms de lieux, de circons-
crire l'étendue du territoire hahité aux temps
anciens par les peuples de race ibère, la numis-
matique, par l'examen raisonné des trouvailles,
permet à son tour de délimiter l'étendue des pays
soumis à la race volke, et de reconnaître que,
jusqu'au temps de la conquête par César, l'Aqui-
taine, demeurée indépendante, échappa à la do-
mination des Gaulois pour former un peuple
distinct que nous retrouverons plus tard sous les
noms de Vasconi, de Gascons et de Basques.
Soumises un instant par Charles-Martel, nous ren-
controns ces mêmes populations à Roncevaux,
unies aux Sarrasins d'Espagne, et lors des grandes
luttes entre les Francs du Nord et les peuples de
la Septimanie, dont les chansons de gestes nous
ont transmis le souvenir, les trouvères du moyen
âge ne cesseront de célébrer l'énergie indomptable
avec laquelle cette race antique défendit, pendant
des siècles, son territoire et son indépendance.
L. Maxe-Werly,
Correspondant du Ministère.
lyGoogIc
„Googlc
PROVERBES BAS-LIMOUSINS'
Par Jean-Baptiste CHA.MPEVAL
Avocat à Figeac (Lot)
FÉUBRE DE LA. MAINTENANCE D'AQUITAINE
^^'ous garderons toujours beau-
■ coup de reconnaissance pour les
I personnes qui nous aident (2) si
I efficacement à mieux connaître
1 nous-mêmes et à faire apprécier
davantage au dehors cette chère
) patrie, si fidèle à sa noble langue,
uelle brillante portion de l'histoire
lys le limousin n'a-t-il pas comme
Lssée dans son patois? Pourquoi faut-
e ce soit au loin qu'on l'étudié le
savamment, le scalpel à la n^airf, à
la pleine lumière des travaux allemands, dernier
mot de la science philologique?
(1) Ces proverbes ont été recueillis dans tout le département de
la Corrèze; ceux qui sont en patois sont reproduits dans l'idiome
de GorrËze (Corrèze).
(3) Ces lignes ont été écrites en vue de l'bospitalité gracieu<
aement offerte au présent travail par la Revue allemande de phi-
lologie romane, que publient, à l'Université de Hall, des savants
tels que HH. Grober, Hcnnanii Suchier, etc.. Si nous n'avons pas
accepté l'offre qui noua a été faite, c'est (ju'il nous a paru plus
naturel de confier notre manuscrit à la Société historique et ar-
chéologique de U Corrète, qui s'occupe si activement, à Brive,
de l'étude de notre pays.
DigmzcdbyGoOgle
Quoi qu'il en soit des hostilités officielles de
l'école primaire, ou de la guerre sourde de cer-
tains bourgeois fort jaloux de dissimuler par là
leur qualité de parvenus, il se maintient toujours
vivace et tenace... notre patois. Du même culte
qu'ils ont voué à leur châtaignier au doux fruit,
bienfaiteur éternel du Limousin, nos paysans ché-
rissent, en le conservant aussi précieusement que
le feu de foyer en foyer, leur parler antique et
sonore. Espérons qu'il vivra ainsi longtemps, mêlé
aux âpres senteurs de la bruyère violette, faisant
écho au bruissement des plus fraîches eaux, oppo-
sant fièrement, enfin, au torrent de vulgarité et
d'asservissement parisien qui déborde partout, cette
barrière du langage, autrement puissante que la
coquette ceinture de montagnes dont l'horizon se
festonne ici, matin et soir, avec tant de grâce.
En attendant que soient racontées en détail ses
légendes avec son histoire intime, nous avons ci-u
faire œuvre filiale en recueillant quelques proverbes
ou djctons pittoresques' du bas-pays, ceux-là seu-
lement où il s'est peint de plus prés, plus au vif.
Après les travaux de M. l'abbé Joseph Roux,
notre éminent, mais hélas ! unique confrère de
félibrige, nous ne présenterons notre modeste
glane qu'en appendice, évitant de le répéter, sauf
à l'occasion de commentaires tout autres parfois
que les siens, et en nous autorisant de l'intimité
dans laquelle nous avons vécu déjà l'âge d'homme
avec l'idiome limousin.
Pour l'orthographe des mots patois, instrument
savant quoi qu'on fasse de la pensée, plus que
lyGoogle
— 497 —
jamais tenu de retarder sur la pronoDciation,
noua avons suivi celle des troubadours, tout en
cédant presque autant qu'il convenait à la marche
de ce temps de progrès assez débridé.
Nous maintenons, comme dans notre almanach
de propagande catholique : VAnnuari lemouzi,
de 1884, malgré le reproche d« quelques per-
sonnes, l'a final féminin, faute d'une lettre inter-
médiaire entre l'a et l'o, pouvant figiu^r ici notre
son ea. Ex.: chabr-ea, vach-ea, mieux que cha-
bro, vaeho, chèvre, vache. L'a plein et l'o fran-
chement émis ne satisfont pas l'oreille, mais nous
préférons encore noter par a, qui sonne d'ailleurs
nettement dans divers cantons « arriérés » ; Ar-
gentat, Gorréze.
Nous avertissons aussi que au sonne à-où par
une seule émission de voix.
Eu sonne è-où.
G. j. sonne dg, dj, dz.
Ch sonne tch, t», parfois s.
Es (pluriel) sonne eis.
Ti sonne (souvent) thiy.
Nous n'avons ni l'A aspirée, ni l'e muet.
B final infinitif ne sonne pas et s'euphonise
en 8, quand il y a liaison.
Nous recommandons à ce sujet de lire les prin-
cipes émis par M. Ghabaneau dans sa Grammaire
limousine.
Notre mémoire sur les Proverbes limousiTis est
divisé en dii séries. Chaque série se rapporte à un
ordre de faits différents et contient les proverbes
lyGoogle
qui s'y rattachent. Voici dans quel ordre ils sont
I. — Dictons béoionaux. Ils embrassent tout le
Limousin et sont exprimés en français, latin, ou
romano-Umousin; ils ont eu cours à notre sujet,
en tel ou tel pays.
II. — Dictons cantonaux, en français. Us indi-
quent par un seul mot l'industrie ou la produc-
tion dominante de différents cantons de la Gorrëze.
III. — - Dictons couiqubs et pittoresques, en
patois, sur nos principales localités du bas-pays,
a bassa patria, » ou ses personnages typiques.
IV. — Proverbes moraux.
V. — Proverbes relatifs aux saisons, plantes.
VI. — Proverbes se référant aux usaobs,
HÛBURS.
VII. — Proverbes divers.
VIII. — Proverbes touchant la religion.
IX. — Proverbes s'appuouant aux animaux,
oiseaux.
X. — Proverbes concernant l'hygiène.
SÉRIE I"
dictons régionaux
1. Le Limoutin seconde Biotie.
VOLT*IIIB.
Par allusion aux Béotiens, qui passaient pour illettrés parmi les
2. Il faut savoir, MM. de la Cour, qu'en Limousin toute
bicoque est maison, chaque maison est un ekdleau, tout
ce qui est bourg est ville et les efu^ons sont des giUnes.
DigilizcdbyGoOgle
Cet &vis matin aurait été affiché dana la salle des Paa-t'erdus,
au Parlement de Bordeaui, dont nous ressorlissions avaikt 1TS9.
On s'égalait ainsi à nos dépens pour nous punir du dieton or-
gueilleux suivant :
3. Qui a maiton à Vserehe
A chatUl en Limosin.
■ La seconde ville du Bas-Limousiu est Uzerche, belle, gra-
cieuse et tempérée, assise sur le torrent de Vé/ère et presque
imprenable, selon le jugement des hommes. Les eaux la déTendenl
de tous eûtes, et il n'y a que deux avenues, mais si fortes qu'on
dit communément : Qui a maiton >
DuGHEBNE, Anliquitis des villes de France.
4. Limoges la saincte.
On l'appelait ainsi, au loin, au xiv* siècle, parce que ses osten-
tions des reliques de saint Martial, sainte Valérie, saint Aurélien,
saint Loup, etc., y attiruent de nombreux pèlerins.
5. Salle eoum' un Lemouzi.
Sale comme un Limousin.
GuDoz, Recueil de proverbet français.
Nos ëmigrants, fort nombreux et dépenaillés, ont pu justifier
cette épithète. L'on allait beaucoup en Espagne, de Corrèze, et
surtout de Beynat, pour devenir ma^on, portefaix, sans parler de
nos nombreux paysans pèlerins de Saint-Jacques de Compoatelle.
6. La France bosme.
Se dit encore dans le peuple, en Auvergne, pour désigner cette
partie mon(a{fneuse du Haut-Limousin qui est en amont de
Limogea.
7. Lemovix, urbs anliqttx pareimonUe.
Limoges, ville d'uae antique parcimonie.
On voulait désigner par ces mots sa population économe et ran-
gée de longue date.
8. Bon Marchois, maçon ou curé.
La Marche fournit abondamment à ces deux emplois du vie.
Paris en sait quelque chose pour les matons. La Marche venait
prendre chez nous, avant 1789, une bande de terrain partant du
bourg de Bugeat exclus, jusqu'il Eygurande, inclus en partie.
9. Lmirdaud, obtus comme un Limomin.'
A voir nos gens nourris sobrement de cKataignes, de seigle
lyGoogle
— 500 —
émollient, de farineux et d'eau, alourdis non pluB seulemeut par
l'effet d'un tempërament ainsi obtenu, mais encore par l'babitude-
de se sentir les pieds emprisonnés dans d'informes sabots, le corps
entier comme empesa sous une bure avare, mais, en outre, par
l'allure momifiée, endormie, que leur impriment leurs bestiaux
anémiques, à les voir ainsi, disons-nous, un méridional les pren-
drait pour atupidea.
De l'habitant de Corrèze (Corrèze), on a dit, un peu aussi pour
la rime :
EUl d'à Courreza,
Lou lioul y pezatf
11 est de Corrèze,
Le derrière lui pèse.
S'il est lourd, il ne l'est guère que de cela. En affaires, ce sont
« gens dé Châleaudun * (entendant à demi-mot).
10. Le Limousin vous offre un fruit et vous en donne deux.
D'abord il se retiendrait facilement de donner, mais aussi, s'il se
livre, il vous forcera de manger même avec cet argument prover-
bial des paroissiens d'Orliac-la-PauNE : « Monsieur, mangez-en,
de gr&ce, nos animaux (nos pourceaux) n'en ueuIenJ plua! ■
11. Limousinage.
On désigne ainsi toute maçonnerie grossière de moellon brut et
de mortier, opus tumultuarium.
12. Œuvre de Limoges. — Crucifix de Limoges.
Le Rodx de LiNCY, Le Livre de» Prov. franc.
On désignait par là même à l'étranger, au moyen ftge, les
belles pièces sorties de nos ateliers d'orfèvrerie ou bien dues &
nos émailleurs : les Alpays, etc. (nom fort commun à Heymac au
XVI* siècle).
13. Limousin mangeur de raves.
(Dicton poitevin) ■ matche-rabee. • (Rabelais.)
Avant la pomme de terre tes raves étaient la grande ressource
du pays. Le blé noir ne se répandit qu'après le xvi* siècle, surtout
parce qu'il n'était pas sujet à la dlme, en bien des lieux.
14. ftave limovtine.
Se dit d'une femme courtaude, qui no croît qu'en rond. Pour
indiquer pudiquement l'entrée en puberté, d'une jeune fille, ils
usent ici d'une gracieuse métapliore. Rabounat : elle tourne en
rave, c'est-à-dire : ses seins se prennent à gonfler & l'instar d'une
rave.
lyGoogle
15. Les Auvergnats et Limosins
Font leurs affaires, puis celles des voisins.
Papib, M*bbon., Descriplio Francis per ftum.
16. 0 vaÏTiguit sans eonvii
Ine vilaine trolie,
De Limousins affamie;
Mex tote nouire assomblie
Lour dissit que les raves en la ^stdie
îfetiant guère estimie
N'ayant point de pourceaux.
Alors vînt sans invitation (à la crèche, il s'agit d^in Noël).
Une vilaine bande,
De Limousins afTamée;
Mais toute notre assemblée
Leur dit que les raves en la Judée
N'étaient guère estimées
N'ayant point de pourceaus (par interdiction légale].
NoBL POITEVIN. Bulletin des Antiquaires de l'Ouest.
17. Convoi de Limoges.
C'eat-à-dire politesses cérémonieuses, révérences sans Sa.
Les Limougeauda sont si prévenants, si obséquieux, que lors-
qu'ils se visitent, celui qui vient de recevoir reconduit son visiteur
jusque chez lui. Ce dernier, se piquant alors de générosité, ramène
l'autre, et ainsi de suite, o Deux Limosins, dit le baron de Fceneste,
passèrent une nuit à se convoyer. ■ La marchandise rend obsé-
D'AuBioNé, Avent. de Fœneste.
18. Gueux comme un gmtilhomme de Ligoure.
Gueux au sens de misérable, mal accoutré.
■ C'est un pays enclavé dans le Limosin. On dit ce proverbe :
Queux comme un gentilhomme de Ligoure. Ils n'ont qu'un fusil,
un chien' galeux; ils vont à la chasse : ce sont des gentill&tres. «
Lahcblot, Recherches sur les Pagi.
19. Tromperie de Bellac.
t Quoique nous eussions choisi la meilleure hôtellerie, nous y
bûmes du vin à teindre les nappes, et qu'on appelle communément
la tromperie de Bellac. Ce proverbe a cela de bon que Louis XIII
en est l'auteur, a
La Fontaihe, Voyage en Limosin, en 1663.
lyGoogle
20. Toupinier de Duris.
On y fabrique beaucoup da pota. Tupi, (oupi, pol (peut-être venu
de pouti, itain).
21. Li phis roigno m Limotin.
Diction, de l'Aposloile, xiii* siècle.
22. Manger du pain comme un Limosin.
LBBO0X, Diction, comique.
Plus anciennement le proverbe existait en latin : Lemooix panië
helluo. L'on dit encore : Manger la aonpe comme un Limousin (1).
' 23. Papes du Lùnomin,
Clumceliers d'Auvergne,
Maréchaux de Gascogne,
Ligîttes de Bourges.
CAniiHor, Prov. franc.
Le BH-Limousin a donné trois papes à l'Eglise : Clament VI,
Innocent VI et Grégoire XI.
24. Àeadimieien d'Ambaxae.
Pour désigner un ignorant, un sot, un ftne.
Cette commune est au nord et à peu de distance de Limoges.
25. RiAiet lemovica.
Intrigue, brigue limousine.
Dicton en usage à Avignon au xvi* siècle à propos de nos Domr
breuz cardinaux.
26. Jamays lou Lemousi n'hat périt per seeharetta.
Jamais en Limousin la disette n'est venue par sécheresse.
Notre paya est, en effet, fort arrosé, soit par les cours d'eau qui
y abondent, soit par l'effet des vents d'ouest vers lesquels cette
vaste fikcette très boisée du Plateau central n'est que trop tournée.
27. La Coutauz.
Geue des coteaux du Bas- Limousin, ainsi appelés à Saint-Yrieix-
la-Perche, ou ils portent le vin à dos de mulet, dans des outres,
en 1587. {Livre de raison de Jarrige, publié par M. de Montégut.)
(1) Clbheht Simon, auteur d'une abondante collection de pro-
verbes patois corréziens interprétés avec autant de sagacité que
d'érudition.
lyGoeigle
28. C'est vn viteomtam.
Pour dire c'est im pareBseux, ami de la bonne cbère at des
rëunioDS.
Dicton encore Ma en usage à Figeac, à propos d» la bourgeoisie
de Saint-Ceré.
Or, nous retrouvons dans un rapport d'intendant de notre pro-
vince daté de 1T6T, à propos de Bilhac, Meyssac et du caractère
des habitants de la vicomte, en gânéral, * qu'ils ont l'eaprtt
vtcoimH, ami de l'oUiveti. > (Série C, n^ 203. Archives de Is
Préfecture de Limoges.)
29. Gentilshommes lu^niUe de soie.
Les paysans du Limosin appellent gentilshommes les pourceaux,
parce qu'ils sont vêtus de soie comme l'était autrefois la seule
noblesse.
DticalUina, p. U.
Aux environs de Montpellier, on appelle souvent le pourceau :
lou noble.
CLiuKjn SiMOB, ProD.
A Tnlle, on s'insulte en disant nobU porc I
SERIE II"-
DICTONS ftâoiONAUX
AnXOUBLB HOtlS raOPOSBIllONS DB DOHHEB CODBS BK GBTTE FOBHS
COHDKHSriB, QnOIQUB CSUS DB CB1TB BIÎBIE
NB SOrem PAS TODS EM CIKCULlTIOlf
30. Moutardiers de Brive.
firive, chef-lieu d'arrondissement, est renommée, depui
temps, pour la fabrication de la moutarde violette.
Li^ourevrt de Larche.
32. Chaufourniers d'Ayen.
Ayeo, chef-lieu de canton, est situé sur un plateau calcaire qui
fournit de bonnes pierres à cbauz.
lyGoogle
33. Fruitiers de Donzenac.
Le canton de DonzeDac produisait une certaine quantité de fruits
qu'on allait hâbituollement vendre à Tulle pendant l'âtâ.
34. Charbonniers de Juillac.
C'est un pays de ch&taigniers. Or, on dit du châtaignier : bcitn
cMrbounier.
35. Forgerons de Vigeois.
Il y avait beaucoup de forgea au bois donnant des fers doux,
estimés surtout pour la ferrure des chevaux.
36. Maquignons de Lubersac.
Le haras de Pompadour est situé dans le canton de Lubersac,
qui élève beaucoup de chevaux.
37. Huiliers de Meyssac.
Le canton de Ueyssac produit de beaux noyers, dont les fruits
sont utilisés pour la fabrication de l'huile.
38. Vignerons de Beaulieu.
Beaulieu, chef-lieu de canton, est un pays vignoble, dont le raisin
produit un liquide foncé très recherché par les marchands de vin.
39. Chevriert ou Vanniers de Beynat.
En y gardant les chërres on tresse des cabas et des paniers.
'40. Mariniers d'Àrgentat.
Argentat, chef-lieu de canton sur les borda de la Dordogne, fai-
sait autrefois en grand le commerce des merrain et carassonne,
transportés sur des bateaux plata, dont on a gardé la forme à
Bordeaux en les appelant encore des Argentat.
41. Chaudronniers de Mer cœur.
42. Marchands de parapluies de Servières.
De ces deux cantons on émigré beaucoup pour ce double genre
de commerce.
43. Armuriers de Tulle.
L'industrie pour la fabrication des fusils était devenue fort im-
portante it Tulle, par suite de rétablissement de la Manufacture
d'armes, vers 1760.
ly Google
44. Porchers de Seillae.
Les forâts de Lagraulière et de SuDt-JaJ ont toujours favorisé
la production des truies portières.
45. Pelletiers de Treignae.
(La plupart do ces dictons trouveront leur explication et leur
complément dans la série suivante.)
46. Vachers d'Oxerche.
Les vaches qu'on élève k Uzerche se font remarquer par leur
beauté. Elles sont de la race de Limoges. Le scel des commune*
d'Uzerche aurait porté deux bouveaux en 1373. S'il faut en croire
la légende d'une vieille empreinte sur une bande de soie que nous
a montrée H. Ponlier, d'Uzercbe, Uzerche eut trois paroisses
Bimultanémeot.
47. Maçons de Laroche.
Ils font, en Auvergne et dans le reste de la Gorrèze, presque
toute la b&tisse.
48. Savetiers de Lapteau.
On les trouve dans le Lyonnais surtout. U. Treich-Laptène a
écrit un roman de mœurs locales : Lou gourlier.
49. Manœuvres de Corriie.
Bordeaux et Paris attirent bon nombre de nos servantes ou jour-
naliers, • brassiers, » comme on disait autrefois, c'est-à-dire Ira-
vaillant mécaniquement des bras, plus que de U tête.
50. Cochers d'Eygurande.
Le canton d'Eygurande revendique près de trois cents cochers de
flacre ou d'omnibus, k Paris.
51. Chasseurs de Sornac.
52. Apiculteurs de Bugeal.
Le miol de ce canton est renommé par son parfum provenant de
la nourriture excellente que trouvent les abeilles dans les fleurs
des montagnes. Ces plateaux ne produisent que de la bruyâre.
53. Scieurs de long de Meymae.
Ils vont dans la lande bordelaise pour l'hiver, et travaillent une
partie de la nuit aux lueurs d'un foyer de pin.
lyGoogle
— 506 —
54. Jardinier* tPUisel.
Renommé pour ses choux pommés.
55. Moissonneurs de Neuvie.
Peu de pays fournissent, pendant l'été, des moissonneuses en
Misai grand nombre que le canton de Neavic. G'eat auasi la patrie
des Ailes* mères.
56. Chapeiiert de Bort.
Sort, chef-lien de canton, possède de nombreuses fabriques de
diapeaux de feutre.
SÉRIE IIP
DICTONS COMIQUES ET PITTORESQUES SUR NOS PRIN-
CIPALES LOCALITÉS OU SUR NOS PERSONNAGES
TYPIQUES.
57. En quu se prend lou rey, quand s'aceottat en moussu
de Bowiavat?
Le roi ne sait-il pas qu'il a aifaire à forte partie, quand
il se prend de querelle avec M. de Bonneval?
Les de Bonneval, famille noble possédant en Bas-Limousin (1657)
le fief de Blancbefort, canton de Seilhac, et dont on disait aussi
en énumérant les principsdes familles nobles du Limousin :
58. Ventadour vante,
Pompadour pompe,
Turenne règne,
Ghàteauneuf ne les craint pas d'un œuf.
Des Cars richesse,
Bonneval noblesse.
Hbnestribs, Recherches du blaeon, t. II, p. 90.
59. Loungour de Touretia.
Se dit à Figeac, pour signifier lent«ur. Ce mot a-t-it pris son
origine de quelque secours arrivé en retard et promis par un
prince de Turenne aux consuls de Figeac, ou bien de la diffé-
rence des mesures de o la vicomte » avec celles de l'abbé de Saint-
Sauveur de Figeac T
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— 507 —
60. Aquo eisi eotima moussu de Braconnât,
Que mourtt d'avant d'esser nat.
Cest comme M. de Braconnât, qui fut enterré avant
de naître.
On enterra sa mère durant une écUmpsie, (^oi cessa au cime'
tière pour donner le jour à ce magistrat, dont la famille, venue de
Beaulieu, s'éteint dans nne fille, à TuUo.
61. Qu'en dit Braconnac: Quand ealt far festa, eall far fetta.
Gomme le dit justement Braconnac, quand il faut faire
fête, il faut faire fête.
Idée qu'on traduit dans d'autres paya en disant ; Il n'est pas
tous les jours fôte.
62. Far eouma Jehan de Nivella,
Que quand pleut, a^Mirnellat,
Et qu'en veyre vegnir lou bel temps,
S'esiend.
Faire (tout au reboura) comme Jean de Nivelle, qui,
la pluie venue, allume ses fourneaui d'écobuage, et qui,
,1e beau temps revenant, s'étend pour dormir.
63. Coifzinier Lambritla.
8e dit de quelqu'un qui se mêle de cuisiner sans s'y connaître.
En Rouergue, comme à Limoges, on le dit au sens de tracassier.
tracassier de Lambretle.
64. Vier coutna vieillas rodas, pour Yier coutna Heroda.
Vieux comme de vieilles roues, pour Vieux comme
Hérode.
65. L'as croumpat à Bounobiolo!
Tu l'as acheté à Bonneviole !
C'est ainsi qu'un habitant du Quercy apostrophe un passant
monté sur une rosse, parce que le marché de Bonneviole est re-
nommé pour la voûte des mauvais chevaux.
Le Rols ne I.iscv, Pror>.. t. I. p. 3!1.
Bonnevioîle, canton de Bretenoux (T^t), est situé près de Beau-
lieu, sur les limites de la Corrëze.
lyGoogle
66. Lotis coumtes de Las Guinas se levounl à Miezza-nout per
partir à Miedzour.
Les comtea de Lagueone se lèvent à minuit pour partir & midi.
Laguenne, petite ville de !« banlieue de Tulle.
67. N'en prenntr d'à Bon et d'à Saignas.
En prendre de Bort et de Sagnes,
C'est-à-dire un peu de partout, à tort et à travers. Sagnes, chef-
lieu de canton du Cantal, n'était pas, en effet, de la juridiction du
prieur de Borl, chef-lieu de canton de la GorrÈie, et sur la rive
opposée de la Dordogne.
68. Moussu D'er Bost
Vendra tantosl.
Se vous embrassât,
Fasis y plaça,
Se vous dit Te,
Pausas y un boun soufflet.
Monsieur Delbos
(Un vert galant resté célèbre)
Viendra tantôt (veiller),
S'il vous embrasse,
Faites-lui place,
Mais s'il se tait,
Appliquez-lui un bon soufflet.
II faut évidemment le rétablir comme suit ;
Se vous dit re,
Fasés y plaça,
Se vous embrassât,
Tournas y un soufflet.
Ce couplet rappelle le dramatique dialogue du MarijAloux pro-
vençal (et aussi limousin) donné par Daudet :
Ount'as passât la matinada, corbleu, Marioun.
69. A quo eit un Hanric-quatre.
C'est un Henri-quatre,
Se dit d'une chose quelconque, vieille, usée, et d'un débit dif-
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— 509 —
70. Soumblal tous ckes d'Allaneha que s'obturount à la paret
per abazzar.
Il imite les chiens d'Allanche qui s'adossent à un mur
avant d'aboyer.
Allanche, village de St-Boanet-el-Vert, ou Allanche, du Cantal.
71. Far eouma lou sourcier d'à Navoi, que prejavat Dieu
mays panavat. [D'autres disent la femme de Naves.)
Faire comme le sorcier de Naves, qui priait Dieu tout
en volant.
Naves, situé près de Tulle.
72. Credar eown'un Angli.
Crier comme un Anglais.
Crier comme un sourd. Souvenir des invasions. Les gens qui
baragouinent semblent .toujours crier. A Usscl, on s'injurie en
disant encore : CM d'Anglei, chien d'Anglais.
(Communiqua par M. Brunet, wicien mirrtstro, qui parle très
purement le patois lubersacois à ses heures familières}.
73. A Bayounna
Tout leie se dounal.
Leic sets anat.
Tout erat dounat.
A Bayonne
Tout se donne.
J'y suis allé,
Tout était donné.
[Communiqué par H. le chanoine Talin.)
74. Magre couma Pilato.
Maigre come Pi la te.
Pilate vint, dit la tradition provençale, faire pénitence austère
sur les bords du Rhône.
75. Traïte couma Judas.
Traître comme Judas.
76. Sadour couma Toni-Ballassa.
Saoul comme Antoine Ballaase.
Balasse, nom. de guerre tiré de la paillasse gonflée de balle
T. VIL B-?
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— MO —
77. Nigre couma Tartari, eoum'un M&rou.
Noir comme un Tartare, comme un Maure.
78. Sale eoum'un Bouluime.
Sale comme un Bohémien.
Boimé, boimo. Celui, celle qui se mêle de dire l'horoscope, vaga-
bond qui dérobe avec adresse Femme malpropre
.BÉBOsiE, Diction, patoit.
79. Loung couma tras-Dieu.
Loin comme au-delà de Dieu, au diable vert.
Cl. Siuoh, Prou.
80. Aquo n'ai pat iras las poulas.
Cela n'est pas au-delà du vol du chapon.
81. Parlar hiseayen ou gagassi [liégeois).
Parler biscayen ou liégeois, pour dire baragouiner.
Ne se dit qu'à Tulle, où vinrent comme armuriers, vers 18Î0, des
Liégeois surnommés gagaggi.
IfiéKOVfB.)
92. Aquo eisi lou counle {ou lou prouces) de Longonîran.
C'est le conte (ou le procès} Longouiran.
Qui n'en finît pas. Probablement personnage légendaire. Racine,
longtis.
83. Bedfk couma iferloudan.
Raide comme (la statue) d'Aymar le dom.
3 porche de la cathédrale de Tulle,
84. Vier coum'una Minet.
Vieux comme une Minet.
Probablement une vieille chatte. On leur donne souvent ce nom
par cjyolerie.
85. Aveir una mina de Mandrin.
Avoir une mine de Mandrin.
0[i donne ce nom à un homme dont la Hgure, le costume et la
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— 511 —
tenue annoncent un brigand. Mandrin, chef de contrebandiers,
renvoya, en 1763, une trentaine de ses hommes ft Tulie; ils se
rendirent chez le receveur des tailles, prirent l'argent qu'ils vou-
lurent et s'en retournèrent sans opposition.
BÉBONiE, Diction, paloie, p. tM.
86. Afflista, Guilhen,
Que las bragas te vaunt ben!
Courage, Guilleu, remplis tes braies jusqu'en haut. Remonte-les
même, elles te vont biea, au lieu de les jeter bas pour ce qui
s'annonce nécessaire, d'après l'incongruité émise.
M. l'abbé Roui donne & tort le sens de cacai-e au mot afflislar,
qui veut simplement dire entasser jusqu'au f&ile, ei fiel. Ici,
implere siercore. On dit cela & quelqu'un qui a commis une
incongruité.
87. Arri, arri, poittoutou,
Mountarems aus Gleltous.
En d'una gogua et dous lourlous,
DavalareTTis à Varet,
El Uie èeurems d'el vi claret.
£□ avant, mon petit ànoD,
Nous moQterons à Égletons.
Avec uD boudin et deux galettes de sarrasin.
Nous descendrons à Varetz,
Et y boirons du vin clairet.
Le père chante ainsi à son fils à cheval sur son genou et faisant,
sans bourse délier, la tournée des paroisses.
Ëgletons, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Tulle. —
e de Brive.
Madame
bonnes no
Vars, lou jardi d'ei Bas Lemovsi.
Vars, le jardin de la Corrèze.
3si d'Us sac, plus légitimement.
Eyssandou, petita villa, grand renown.
Juliat, pays de chastanhas, lasjuliacas.
de Porapadour, la Poisson, bien entendu, trouva s
chAtaignes blanchies, qu'elle s'indignait de voir se
paysans repus à volonté d'un mets si délicat.
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- 512 —
91. Lota cironeit d'à Lîbersal.
Les glorieux de Lubersac.
92. Lous Mountgibaud
Fanl loua sauts
Couma (faux kbrauis.
Les MoDigibaud
Font les sauts
Comme des levrauts.
Grands, dégingandés, démarche mal assurée.
93. Yigeois, tous gotai-goujeous.
Avaleurs de goujons.
Faisant allusion aux nombreux goujons de la Vénère, qui baigne
le pied de cette bourgade.
94. Troche, merchands de couadas.
Godet en bois muni d'une longue queue {caxida) creusée.
95. Lous loups d'Â estivaux.
Ils ont pour patron saint Loup, et la paroisse s de grands bois.
96. Lous poultissiers our mingat-pouts d'Orgnat.
Mangeurs de bouillie à la fête votive.
97. Te faraunt eivesque d'à Prunha.
On te fera évêque de Pnigne.
Prugae était, en 1771, une paroisse de vingt-six communiants,
près de Brive.
98. Lous peds-tarrous d'à Dounsenal.
Les pieds-poudreux de Donzenac (pays d'argile).
99. Àtlassat, loui piaUU-mounleyrol.
Pèle-raenlon, mangeurs de bouillie trop chaude, mieux
que les raseurs.
100. Désargentât couma lou calice de Saint-Vianee.
Se dit de quelqu'un qui a le diable dans sa bourse, ni croix, ni
pile.
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— 513 —
101. Lous casserions d'à Venarsal.
Les petits seaux de Venarsal.
Probablement on y fait des seau^ légers de bois de ch&t^gnier,
qui y abonde.
102. Lous rasouners d'à Sancta-Ferreola.
Les raisonneurs de Sainte-Féréole, pour dire des rai-
sonneurs insurgés.
On conte qu'il ; a soixante ans, un noble do notre pays, officier
dans un régiment (M. de Griffolet, dit-on), fut chargé de faire en-
sevelir les morts après un combat. Il trouva sur le champ de
bataille beaucoup da blessés qui avaient encore espoir de vivre. Ils
étaient de son pays et ils lui criaient en patois : EA / Moussur, me
foteas pas entera, to-ou se-i de Senio Fértolo; Ëhl Monsieur, ne
me faites pas enterrer, je suis de Sainte-Féréole. Ahl leur répon-
dit-il, s'es d'oque-us rasouners de Sento Fériolo; »e lan voua
escoufauo, lan n'entérorio dëgun; oque-i prou mort per entera;
Ahl vous dtes de ces intolenla de Sainte-Féréole; si l'on vous
écoutait, on n'enterrerait personne; c'est assez mort pour enterrer,
BÉRONIE, Diction, patois, p. 249.
103. Coulounga, la villa rouga.
Collonges, la ville rouge.
Gollonges, commune de Heyssac, a ses maisons b&ties en grès
chargé d'oxyde de fer, qui donne h la pierre une couleur rouge des
plus foncées.
104. Far viva Tourena.
Pousser un vivat, un cri de joie.
Le vivat était obligatoire lors des réjouissances publiques.
105. A qu'eisl pas la mon de Tourena.
Ce n'est pas la mort de Turenne.
Bipreasion employée pour dire qu'il n'est pas arrivé un grand
malheur, comme lors do ce triste événement universellement dé-
106. À Loustanga
Leic vaït degu que ne s'en plangat.
Nul ne rapporta louange
De son séjour à Lostange.
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— 514 —
107. Loung couma Um pount d'à Balloee.
Long comme le pont [suspendu) de Beaulieu.
Ce pont a 150 mètres de loag.
108. Lous esclots, tous pescayres d'à Belloee.
Les sabots, les pécheurs de Beaulieu.
Beaulieu est un port commerçant sur les bords de I& Dordogne
3 sabots et beaucoup de pé-
109. Engola-fegeU d'à Tudetl.
Mangeurs de foie de Tudeils.
Les paysans donnent en outre ce sobriquet à tous les citadins
aussi appelés ; pelaus, pelletiers.
itO, PouUranqua <£ei Puech d'Arnac.
Bouillie au fromage du Puy-d'Arnac.
Chaque paroisse a son plat favori à la ballade.
111. L'anissou d'à Cluinalier.
Le petit ânon de Chenalier.
112. Lous saulses d'à Nounard.
Les amateurs de sauces?
113. Lous poudous d'Astalhat.
Les serpettes, les vignerons.
114. Lous nuutckea-fcUias.
Les mflclieurB de fèves.
115. tous barbelous d'à Brivaxat.
Les barbillons de Brivezac.
Brivezac, commune de Beaulieu, est située sur les bords de la
Dordogne.
116. Beynat, lous pailhassayres.
Les vanniers de Beynat.
117. Aibignac, le grand saladier.
Un Limousin, du nom d'Aubignac ou d'Albignac, s'acquit i Loa-
lyGoogle
_ 515 —
dres une telle réputatioo pour faire la salade, que de tous etttéa on
l'envoyait chercher, et qu'il parvint ainsi k réaliser en peu de temps
une fortune de 80,000 francs.
Brillât- Savarin, Phyaiol. du goût, t. II, ch. iiii.
118. Tous tous axes d'Obazinas crebaiount que n'hetritaias
pas d'una sesq-eoua.
Tous les ânes d'Obazine crèveraient que je n'hériterais
pas d'une croupière. Le diable pourrait mourir que je
n'hériterais pas de ses cornes.
L'abbé avait une nombreuse cavalerie asine pour apporter au
couvent des Granges ou de Brive le vin dans des cotres, le fro-
mage d'Auvergne, les carpes du Poat-Haure (Rosiers d'Ëgletons},
les seiches, etc., venus par Souillac.
119. Touréna,
Réna :
Costelneou
Ti eraigna mas d'un eou.
rurenne, grommelle : Castetnau ne te craint que d'un œuf.
Une tradition locale atteste que les seigneurs de Castelnau {chft-
teau situé dans le Lot sur les limites de la Corrèze) étaient tenus,
& l'égard des puissants seigneurs de Turenne, k l'homniage
d'un œuf. Ledit œuf était traîné audit Turenne à grands renforts
d'hommes et d'animaux. Et, en voyant passer cette pompe gro-
tesque, le paysan qucrcynois décochait son mot au ch&teau limousin.
Cet hommage d'un œuf avait bien pu être imposé comme humi-
liation pour punir un refus de vassalité, — comme pour certune
merdonlade de Gimel (papiers de M. Clément Bimon, au chAteau
de Bach).
120. lout' argeruats, bateau plat.
On désignait ainsi, à Bordeaux, les bateaux plats qui venaient
d'Argentat en descendant la Dordogne.
121. Messiers de Saint-Chamans.
Les beaux Messieurs de Saint-Chamant.
Saint-Chamant, canton d'Argentat, est un pays riche, et les pro-
priétaires sont très orgueilleux de leurs terres fertiles.
122. Miracleis d'à Forzeis.
Miracles de Forgés.
On désigne adnsi des fausses nouvelles par allusion à une vision-
ibyGoogle
naire d'une certaine réputation qui se trouvait à Forges vers (854,
et fnt prddite longtemps d'avance (d'après un livre imprimé de
H. Clément Simon).
123. Lou! poudotis d'à Mounciaux.
Les vignerons de Monceaux.
124. Lous eouquis d'à Saint-Bonnet.
Les coquins de Saint-BoDnet-Elvert,
1^5. Aubussat, sount pas fyableis.
Ceux d'Albussat ne méritent pas la confiance.
126. Lourdauds d'à Saint~Marsau.
Saint- Martial, pays reculé, inaccessible. Mangeurs àc, cliAtaignes.
127. La Chapelle Saint-Giraud, lous capelaus.
128. MerecBur, Gamels d'à Peyriisat.
Nigauds de Peyrissat.
Vill^e près Herooeur.
129. Tioul large coum'un veyrrier d'à Saint-Julio.
Avoir le derrière large comme un verrier de Saint-Julien.
130. D'àpauc à paue, l'argent d'Btpagnat montât à St-Paul.
Petit à petit, l'argent d'Espagnac monte à Saint-Paul.
Bourg voisin plus récent et attirant quelques boni
131. Sens la peza et lou lignai
Leic sieunt tous nobles jusgu'ei col.
Sans la poix et Xe lignetil
Ils y seraient tous nobles jusqu'au col.
Ce proverbe s'applique aux habitants de la ville d'Uierche, où
il y a beaucoup de cordonniers. La finale jusqu'au cou insinue
qu'ils sentaient la hart. Ils firent beaucoup de fournitures de cuir
ouvré pour les armées da la République, en 1793.
132. Menteur comme le Cartutaire d'Uzerehe.
Uzerche fait remonter & Pépin sa fondation première. D'après le
lyGoogle
— 517 —
Gartolaire de cette ville, Turpin. évequo de Limoti:eB, aurait tra-
vaillé de toutes ses forces k la diiniautioci du prestige d'Uierche;
mais Labiche de RoigneTort s'indigne de l'imputation lancée contre
l'évéque et accuse le Cartulaire d'avoir impudemment menti; do
là le proverbe. Les premières pages en sont d'ailleurs trop van-
tardes et apocryphes, touchant les origines d'Uzercbc.
133. A Courreza,
Loti tioul Uur pezat.
Liur manquât re,
Mas ta mostr' ei pouehet,
La i eur dourraunl
Quatid lous maridaraunt.
A Corrèze,
Le derrière leur pèse.
Rien ne leur manquerait,
Si ce n'est la montre au gousset,
■ On la leur donnera
Quand on les mariera.
134. Tom Unis eops que Courreza bourrât,
Lou retardât d'un' houra.
Tous les coupa de battant que [la cloche de) Corrèze donne
Repousse, à une heure de là (le nuage orageux).
Allusion à k croyance encore répandue dans les campagnes que
le mouvement de la cloche a le pouvoir d'éloigner les orages.
135. Miya, donnas me vostra ma que vous menaray bien
Uning, dins tou pays d'aus auzelous, dich un gros
chastel sedtal sur una fount, et çapendent, tant n'ault
que tout ça que veyrés d'ati sîrat pas nostre. At per
l'ayre :
Un courredour faet d'areaneus,
Sur très rengs de pountaneus,
Çatat de charameus.
Que quand pleut, tous sounnount.
Ma mie, laissez-moi prendre votre main, je vous mè-
nerai bien loin [en Limousin), au pays (touffu) des oiseaux,
dans un grand château assis sur une fontaine, et cepen-
lyGoogle
- 518 —
dant si haut que tout ce <^e tous verrez de là ne sera
point nôtre. Il promène dans l'air :
Une galerie d'arceaux,
Sur trois rangées de ponceaux,
Couverte de chalumeaux,
A travers lesquels la pluie elle-même, chante et enchante.
Ces paroles sont attribuées à H. de Vyers faisant sa cour, vers
1730, & M"* de Boubal à Perpignan. Le chftteau auquel il fait allu-
sion est son propre chiiteau qui porte son nom, siluë aujourd'hui
dans le canton de Corrèze et qu'on voit encore avec ses créneaux
et ses poivrières.
(A «uiDre.J
lyGoogle
„Googlc
33
Mi
„Google
COFFRETS ÉMAILLÉS
DU CANTAL
NE vive impulsion a été don-
née, ici môme (1), à un genre
spécial d études, qui consiste
dans le dénombrement et la des-
cription de toutes les pièces
d'émail champlevé limousin ac-
tuellement existantes. Il y a à
jrofit pour l'arcliéologie et l'his-
:ette industrie. Nous saurons à
^ j..„„ ce qui aura été produit, car
combien d'objets ont disparu ! Heureusement, les
textes aident à combler les lacunes (2). Surtout,
nous aurons facilitti pour compléter l'iconographie
du moyen âge. Enfin, par la comparaison, nous
parviendrons à signaler les similitudes et les dif-
férences, de façon à pouvoir reconstituer les anciens
ateliers et les œuvres de certains maîtres.
(1) nuU. de la Soc. arch. de la Cori-ù:e, t. V, p, 105 et suiv.;
l. VII, p. 47 et siiiv.
(2) On Ift vflrra prochain dm mit p.ir li-s invciitairos do la oathé-
drale do Ronhestcr, que va publier dans l.i Rente de l'Art rhré'
tien M, Edmond Bishop. ,
lyGoogle
— 522 —
Continuons donc résolument l'inventaire com-
mencé. Aujourd'hui, il m'est permis d'y ajouter
trois pièces nouvelles, grâce à l'obligeance de
M. Chabau, aumônier de la Visitation, à Aurillac.
Nous ne soilrirons pas du Cantal.
En 1884 et 1885, cet ecclésiastique zélé a inséré,
dans la Hevue eucharistique de Paray-le-Monial,
quelques notes sommaires sur trois « reliquaires »
par lui découverts, les accompagnant de fragments
de dessins (1). Cette publication attira mon atten-
tion, et j'eus l'idée de revenir en détail sur le
sujet, simplement ébauché. J'entrai donc en rela-
tion avec l'auteur, qui me répondit fort gracieu-
sement et me promit son concours pour arriver
au but désiré.
La représentation de deux autels avait motivé
l'impression dans la Remie des châsses du Vigean
et de Salins : celle de sainte Eulalie y a pris
place à la suite, sans que je me rende compte
de la raison. Quand on a un but avoué et une
spécialité bien déterminée, il conviendrait de ne
pas s'en détourner, même accidentellement. Tant
de choses restent à dire ou à révéler sur les mo-
numents eucharistiques !
Il importait de reconstituer les coffrets, dont
nous n'avions pour ainsi dire que des lambeaux,
afin de pouvoir les étudier dans leur ensemble.
Cette vue générale est absolument nécessaire, car
(I) Le Musée eucharistique possède des dessins coloriés de ces
cofFreCs, mais ils ne nous ont pas été communiqués. C'est d'autant
plus regrettable qu'il eût été utile d'Indiquer les couleurs des
émaux, où, comme d'habitude, le bleu doit domioar.
lyGoogle
il y a toujours deux parties dans l'iconographie
des coffrets à reliques : la mort du saint et son
triomphe, c'est-à-dire son admission au ciel. Or
M. Chabau, pour deux coffrets, n'avait figuré que
le martyre sans son complément, et, pour le
troisième, s'était contenté du Christ rémunérateur.
Il nous fallait davantage.
M. Ernest Rupin, avec son aptitude bien coU'
nue, a réduit les dessins de l'intelligent aumô'
nier et présenté les coffrets du Vigean et de Salins
sous leur aspect vrai : face, revers et côté. Ainsi
les scènes se suivent et deviennent intelligibles.
Un autre motif m'engageait à reprendre la ques-
tion, à savoir la détermination de la date et du
sujet. M. Chabau disait xu" siècle où j'inscris xni",
et nommait Martyre de sainte Procule et d'un
a évèque ou même d'un pape, » deux scènes que
je qualifie Passion de sainte Valérie et de saint
Thomas de Cantorbéry. Il y a là en jeu une
question de principes que je tiens à énoncer.
La fabrication limousine travaillait à l'avance ou
sur commande. Les produits s'entassaient dans les
magasins ou se portaient aux foires, et là l'ache-
teur faisait son choix. En conséquence, l'icono-
graphie ne traitait que des sujets tommuns, d'une
compréhension facile et bons à toute circonstance,
comme le Christ, la Vierge, les apôtres, les anges,
et des saints populaires, tels que saint Thomas et
sainte Valérie. C'était de la pacotille, du commerce
courant, que le fabricant était toujours sur de
placer.
La commande, au contraire, imposait un pro-
lyGoogle
gramme, et, comme le public n'aurait pas com-
pris, le sujet s'élucidait par une inscription. Une
légende n'était pas nécessaire pour sainte Valérie,
mais elle eût été indispensable pour sainte Pro-
cule, précisément parce que le même genre de
supplice pouvait amener une confusion.
Ce point de vue a son intérêt pour jugM" sai-
nement les produits limousins, et c'est la pre-
mière fois peut-être qu'il est mis en circulation.
J'en recommande l'application aux archéologues,
persuadé qu'il les aidera dans leurs constatations.
Quoi qu'il en s'oit de nos divergences d'opinion,
je n'en remercie pas moins M. Chabau de sa
complaisance. Si nous étions ainsi aidés partout
par le clergé, notre besogne serait facile. Du reste,
je ne saurais trop louer sa modestie, car il m'écri-
vait, cette année : « Vous avez fait beaucoup d'hon-
neur à mes dessins en les remarquant; vous leur
en ferez un plus grand encore en les reprenant
en sous-œuvre et les expliquant avec votre haute
compétence. »
« Salins est une petite paroisse, située au sud-
est et à "quatre kilomètres de la ville de Mauriac
(Cantal), chef-lieu de canton. Elle doit son nom
à une très belle cascade : l'Auge se précipite d'une
hauteur de trente mètres. L'église, dédiée à saint
Pantaléon, dépendait de l'abbaye de la Chaise-
Dieu : elle n'a pas grand caractère, le portail ne
remonte pas au-delà du xv* siècle. Cependant, sa
fondation est très ancienne, car elle est men-
lyGoogle
— 525 —
tionnée dans la charte de Clovis, dont l'authen-
ticité est contestée, mais qui date au moins du
XI' siècle.
» La châsse ne renferme que dos reliques ré-
comment données par révôché de Saint-Flour.
» D'anciens inventaires constatent son existence
aux deux derniers sioi-Ies et désignent les reliques :
a Un petit cofret de bois, avei; des bandes de loton,
B où a esté attesté estre les reliques de saint Pan-
» taléon, saint Biaise, saint Léobon et aultres. »
{Inventaire de 1664.) Ce reliquaire était alors con-
servé dans le tabernacle, ave.: le ciboire.
« Un petit coffret, couvert de cuivre émaillé, où
» sont plusieurs petites partielles de reliques de
» plusieurs saints, ledit coffret sans clef et for-
B mant avec un ruban ou cordon. » {Inventaire
de 1743.) Ce reliquaire était alors à la sacristie.
Aujourd'hui, il se conserve dans une petite ar-
moire pratiquée dans la muraille du côté de
l'évangile. » {Lettre de M. Chabau.)
La forme générale est celle que l'on connaît,
parce qu'elle est la plus commune : une maison (1),
à quatre côtés inégaux, exhaussée aux angles par
quatre pieds carrés, coiffée d'une toiture à double
versant et terminée par une crête (2). La crête
(1) ■ In omnibus domunculis, in quibus eleclra ponenda sunt, u
dit le moine Théophile, au xii* siècle, dans sa Dieersarum artium
schedula, tib. III, cap. 5î. '
(!) Il y aurait lieu de fixer, une fois pour toutes, la terminologie.
ChAsae devrait se dire exclusivement dus meubles de grande di-
mension, oii repose un corps aaînt ou notable partie des osse-
ments. Reliquaire convient aux parcelles. Coffre ou coffret semble
T. VIL ^-S
DigmzcdbyGoOgle
ondule et est ornée, sur trois sommets, de trois
boules, celle da milieu surmontée d'une croix. Ces
boules sont nommées pemmes par les anciens
textes : elles représentent le fruit de l'arbre de
vie, par lequel s'opéra la rédemption du genre
humain, et deviennent ainsi le symbole expressif
de la béatitude céleste, dont jouissent les martyrs
comme récompense de leur foi et de leur courage (I).
La hauteur totale est de 180 millimètres, la
largeur de 185.
L'âme est en bois. Des plaques de cuivre, doré
et émaillé, y sont fixées par de petits clous à tête
ronde.
Les pieds sont striés en losange, pour rompre
la monotonie de la surface, mais de façon aussi
à ne pas arrêter le regard.
La face seule a de l'importance, car c'était elle
qui se trouvait en vue lors de l'exposition des
reliques.
Le revers est très simple : toutefois sa nudité
est dissimulée par des motifs géométriques, égayés
de fleurons. Les montants sont quadrillés. Le pan-
neau de l'auge, entouré d'une bordure lisse bleu-
clair, est coupé par une ligne horizontale et deux
verticales d'émail blanc, avec disques aux points
de rencontre. Le pourtour du médaillon est rouge
ejt le fleuron blanc. Ces fleurettes indiquent les
ici le mot propre ; >> Goffros Lemovicenses, > comme parla le Gallia
ckristiana, h la date de 121S; « coffre de opère Lemoviccnsi, »
selon l'inventaire de Saînt-Paul de Londres, ea 1298.
(I) Bull, de la Soc. arch. de la Corrèze, t. VI, p. 485-187.
lyGoogle
joies célestes; en sorte que celui qui repose dans
le coffret voit réalisée la prophétie biblique : « Fui-
cite me floribus, stipate me malis. » {Cant. Cant.,
II," 5.) Le champ est quadrillé en treillis, de même
qu'au toit, où des bandes bleu-clair dessinent des
losanges, remplis de fleurons blancs à longs pétales.
Lors de la restauration du coffret, la plaque
du toit a été reportée en avant, et celle de la pai-tie
antérieure est venue se fixer au revers. M. Rupin
a, dans sa gravure, remis chaque chose à sa place
première : la corrélation existe, en effet, entre
toutes les parties, et on ne peut méconnaître que
Vhistoire convient à la face, parce que c'est elle
qu'on regarde et la simple décoration au revers,
qui n'est pas en évidence sur l'autel. On ne sau-
rait prendre U'op de précautions dans ces arran-
gements, où la logique doit guider principalement.
La plaque antérieure de l'auge a été reproduite,
dans la Revue eibchaHstique, de grandeur natu-
relle. Une seule observation renverse la thèse de
M. Chabau : sainte Procule porte sa tète « aux
pieds d'un prêtre qui célébrait la messe » (1884,
p. 283). Or, ici nous avons incontestablement un
évoque, d'où il conclut que « l'artiste a commis
une légère erreur. » N'attribuons pas ainsi aux
autres nos propres distra'jtions.
A l'angle droit, une main, l'index tendu, sort
des nuages. C'est la main de Dieu, dextera Dei,
disent les inscriptions du temps, qui ordonne à .
l'évêque d'interrompre le saint sacrifice pour aller
au-devant de la jeune martyre; elle montre, in-
lyGooglc
dique, mais ne bénit pas. Ce geste, dans la cir-
constance, est très significatifs
La main divine surmonte l'autel, chargé d'un
calice et d'un cierge unique (1), planté sur un
chandelier conique dont une houle forme la ho-
bèche. L'autel, de forme cuhique, est muni d'un
parement à orfrois verticaux, qui n'empochent pas
les plis à l'entre-deux, et à orfroi horizontal, plus
connu sous le nom de frontal {2).
A. la voix de -Dieu, l'évêque s'est détourné; il
tend les hras pour recevoir l'offrande de la vic-
time. Sa tête est couverte de la mitre unie, à
fanons flottants, et son ample chasuble, mise sur
l'aube, est relevée sur les bras.
Une motte de terre ondulée est là pour que
sainte Valérie s'y agenouille. Vêtue d'une longue
robe, ceinte à la taille et les pieds chaussés, elle
(I) X. Babbieh t}B MoNTAULT. Le miraclô de Bolaéne el le saint
corporal d'Orvielo, p. 104-105.
(!) « Item una casula et una capa, cum duabiis tuniculis, de nîgro
velvett de auro bcsentato, cum duobus frontinellis ejusdom secte. »
[Inv. deLichfield. 1317.)
a Item, due froiitinelle pro magno allari de eadom secla (de albo
samito).
■ Item, due frontinelle prccioslasime cum imaginilius pro magno
altari, quarum una est lata et alia magna (magis?) strii^la.
u Item, una frontinetla cetcrls stricCior, que adjungitur uno pallo
pro magno aJtarj et ista frontiiiella est exceltenter preciosa, quia
est per totuin margaritis nobilibus ornata cum centum duobus
bâtons de perlei. Et hec omnia de donoWalteri de Langedon epis-
copi. » {Inv. de Lichfield, 1315, n" 87. 88, 89.)
B Item duo paiHii, de doiio magistri Thome de Cantilupo (1265-
1275), videlicet una froiitinella cum yniagiiiilm.'!, ad pnidendum
coram altari et alius strictus ad peudendum supra altare. » [Ihid,,
n- 110.)
lyGoogle
s'incline respectueusement, les bras tendus en
avant, tenant à deux mains sa tête, quasi sou-
riante, les cheveux tombants. Du haut du ciel,
exprimé par des nuages, descend à mi-corps un
ange, dont la mission est de soutenir, au cou,
la sainte qui vient d'être décapitée. L'assistance
divine est donc évidente. Suit un jeune homme,
le prétendant peut-être, en jaquette comte et
ceinture, jambes et bras nua, qui par son geste
semble vouloir apporter une assistance humaine à
la défunte. Le dernier personnage est une jeune
fille, reconnaissable à sa figure, sa chevelure et
sa robe; elle saute gaiement, les bras en l'air.
Cette attitude s'explique par la joie qu'elle éprouve
d'être témoin d'un miracle inattendu; ce doit être
une compagne de la martyre, peut-être même sa
mère (1).
Le fond du panneau est semé de roses; la rose,
par sa couleur, est le symbole du sang répandu.
Ici il y a encore une raison technique de pi-océ-
der de la sorte. Les émailleurs limousins n'étaient
pas assez sûrs d'eux pour couvrir d'un seul jet
une surface plus ou moins grande; ils épargnaient
donc dans le métal quelques endroits, qu'ils avi-
vaient ensuite en couleur, et de la sorte l'émail
était moins susceptible de se briser. Les roses
sont inégales en dimension, suivant l'espace à
remplir. Trois fois, on leur substitue des losanges.
(1) Siunt CalHope de Gilicie ayant âtd crucifié, sa mëre mourut
de joie en baisant le cadavre du martyr dont le bonheur éternel
était ainsi assuré (Cahier, Caractér. deê tainlB, p. 40SJ.
ibyGoogle
Le premier archéologue venu du Limousin con-
clura, comme moi, que le sujet appartient à la
vie de sainte Valérie, sujet qui avait en soi un
attrait particulier pour la ville de Limoges. S'il
restait encore quelque hésitation, elle serait faci-
lement dissipée par la comparaison avec la grande
châsse d'argent de Saint-Vaulry (Creuse), qui est
du un' siècle et que je compte puhlier bientôt,
et un bas-relief du tombeau de Bernard Brun, à-
la cathédrale de Limoges, que l'abbé Texier a fait
graver en 1842 dans les Mémoires de la Société
des Antiquaires de l'Ouest, et qui remonte au
xiv" siècle. Voilà donc deux autres monuments
afB.rmïnt la même tradition iconographique dans
un espace de cent ans (1).
Dans une châsse, l'auge représente, d'ordinaire,
la vie terrestre, et le tûit la vie céleste où, le saint
entre par sa mort. Il en est ainsi sur le coffret
de Salins. Sur un fond constellé de roses, deux
(1) Le cardinal Hug^ues Roger, TrÈro de Clément VI, mort en
1363, âtwt représenté sur sa tombe en habits ipontiftcaui. • L'amict
est chargé, du costé droit, de la figure de saint Uartial disant la
messe, et sainte Valérie à ses pieds tenant sa teste en sa main, et
au-dessus un ange soustenant son corps Dans l'autre milieu (du
tombeau), l'on voit saint Martial à l'autel et sainte Valérie & ses
pieds dans la posture cy dessus cottée, fors qu'il y est en bosse et
Fautel dans sa fermette • (Faob. Le Tombeau du cardinal de
Tulle, p. 11-12). — En 1645 fut exécutée, en argent, la ch&sse de
swnt Martial, pour la ville de Limoges, par deux orfèvres de Paria.
Parmi les bas-reliefs, Legros cite ■ le miracle de sainte Valérie
décapitée, posant sa tête devant le saint apôtre, qui célébroit alors
les saints mystères ■ {Bull, de la Soc. arch. du Limousin, tome
XXXII, p. 84). — Sur une toile du ivii* siècle est peint le même
sujet, au retable de l'autel de sainte Valérie, dans la sacristie de
Ja basilique de Saint-Pierre, à Rome.
lyGooglc
anges agenouillés, en tunique collante ceinte à la
taille, tiennent d'une main une nappe déployée;
leurs ailes abaissées, et par conséquent au rep03,
indiquent qu'ils sont arrivés au ciel; de l'autre
main, ils sonnent de l'oliphant en signe de
triomphe.
Sûr la nappe, émergeant des nuages et plon-
geant la tête dans une autre couche de nuages,
car c'est ainsi que le xin* siècle a représenté le
firmament {i), l'âme de sainte Valérie, nue comme
il convient aux esprits glorieux, se présente de face
et à mi-corps, les bras étendus, pour témoigner de
sa joie (2).
Il est à remarquer que l'artiste a omis les
nimbes à sainte Valérie, à saint Martial et aux
anges, pur oubli ou caprice d'artiste dont on
trouve mais rarement des exemples, car les règles
siu* la matière étaient généralement observées avec
scrupule.
II
« Saint-Laurent du Vigean, situé à deux kilo-
mètres de Mauriac, est un ancien prieuré dépen-
dant du monastère ou dovenné de Saint-Pierre
(1) Sculpture de la cathédrale de Chartres {Ann&l. archéol.,
t. IX, p. 101.)
(3) On a nomma orant, dans l'iconographie latine, le person-
nage figuré sur une tombe, les bras en croix. C'est bien k tort,
selon moi, car ici on n'a pas voulu représenter un vivant en
priëre, mais son âme, comme l'a expliqué H. de Roasi. Or, une
ame au ciel ne prie pas. L'extension des bras doit donc avoir, dans
la circonstance, un sens différent, et je propose d'y voir l'allé-
gresse qu'éprouve le défunt en prenant possession du ciel.
ibyGoogle
„Googlc
de Mauriac, fondé au vi* siècle par sainte Théo-
dechilde, fille de Clovis l", comme je l'ai raconte
dans la vie de cette sainte.
j> L'église est romane, sauf la nef, qui a été
reconstruite au sv' siècle parce qu'elle s'était
écroulée. Deux chapelles latérales ont éte ajoutees
à la même époque et une troisième plus tard.
On y conserve une côte de saint Laurent, à la
fois titulaire de l'édifice et -patron du lieu; elle
n'a ni authentique ni sceau. Elle est déposée dans
le socle d'une statuette de saint Lauj^ent, qui me
paraît dater du xviii' siècle.
» La châsse ne renferme qu'un médaillon mo-
derne, plein de reliques. » {Lettre de M. Cfiabau.)
.Sa hauteur est de 15 centimètres, sa largeur
de il ; elle a la forme d'une maison sans crête
et sort d'une autje main que le coffret précédent.
Son style est meilleur et' son exécution plus soi-
gnée. Les supports sont striés en treillis. La face
antérieure de l'auge, bordée d'une ondulation à
deux teintes, ^t consacrée au martyre, le teit à
l'introduction au ciel, le rampant de la partie
postérieure à l'ensevelissement, et, au-dessous, un
cheval galope entre deux arbres. 11 est fâcheux
que le dessin ait négligé ce quatrième panneau,
qui tient probablement à la légende et sur lequel
je n'ose me prononcer, car je ne puis, vu l'époque,
lui attribuer le sens de la course de la vie qui
nous reporterait trop haut, à l'ère latine (1). Mais,
à mon sens, il y a eu une interversion : à la pas-
(1) Bull, darch. chréL. 1S73, pi. XI.
lyGoogle
sion doit correspondre la sépulture, et l'entrée au
ciel dominera alors la scène du cheval, qui relate
peut-être un miracle opéré au tombeau.
Le champ du premier panneau est coupé de
roses; un chevalier, tête nue, en jaquette à orfrois,
le pied gauche posé sur un monticule à trois co-
teaux (copeaux, comme disent les héraldistes),
enfonce son épée droite dans le cou de la victime,
et de la gauche, tendue, fait un geste d'allocution.
Le saint, debout devant l'autel, les mains ouvertes
et suppliantes, est habillé d'une riche dalmatique,
que recouvre une casula à double orfroi perlé. Sa
tête barbue est coiffée d'une espèce de couronne
à crête ondulée, formée d'un bandeau gemmé, que
complète une coiffe d'étoffe avec cornes saillantes,
Bien qu'avec l'aspect d'une couronne royale, qui
à cette place n'a pas sa raison d'être, nous voyons
là certainement une mitre(l), puisqu'il s'agit d'un
évéque ofBciant. L'autel, exhaussé sur un sol à
deux rangs de coteaux, est muni d'un parement
chevronné, à l'instar du point de Hongrie, et
chargé d'un calice bas et à coupe évasée, derrière
lequel est mise en perspective une hostie (2), tra-
versée par une croix cantonnée de quatre points (3).
Dans l'angle supérieur, la main de Dieu, issant
des nuages, bénit à trois doigts, le pouce légère-
(1) Revue de VAH chrét., t. V, planche à la page 281.
(2) La chasuble, le calice et l'hostie supposent la cela b ration du
saint Eacrilîce; cependant, il est certain historiquement que l'assas-
sinat eut lieu • pendant les vgprcs g [Bull, de la Soc. arch. de la
Corrèze, t. V, p. 255).
(3) X. Basbibr ne Hontault. Le Marlyrium de Poitiers, p. 33.
lyGoogle
— 535 —
ment infléchi, ce qui constitue la bénédiction
latine. M. Chabau a tort de dire : « Ici la main
bénit à la manière grecque, un des caractères
byzantins de cet émail s (p. 384), car l'émail est
essentiellement français, sans aucune influence
byzantine, même indirecte.
Ce panneau est reproduit en simili-gravure dans
la Revue euchœristique, pi. XXX.
Je passe au second panneau, que je prends au
toit du revers. Deux clercs, en aube et nu-tête,
déposent dans un sarcophage rectangulaire, veiné
pour imiter le marbre, le corps du défunt, enve-
loppé entièrement d'un suaire en tissu treillissé et
pointillé. A l'endroit de la tête est un nimbe cir-
culaire, car par sa passion le martyr a acquis offi-
ciellement la sainteté. Dans la scène précédente,
il en était intentionnellement dépourvu, le mar-
tyre n'étant pas encore consommé. Le corps est
étendu sur un linceul, rejeté, aux extrémités, sur
les épaules des clercs. En arrière, un évêque,
tête nue, en chasuble orfrayée, la crosse dans la
main gauche, donne une dernière bénédiction, au
nom de la Sainte-Trinité, à l'illustre martyr.
La bordure forme comme une guirlande de
fleurons crucifères; au-dessous, l'ornement con-
siste dans une succession de carrés se rejoignant
et marqués d'une croisette, puis de fleurons cru-
cifères, avec seconde bordure ondulée à Untérieur.
L'entrée de la serrure, posée horizontalement,
dénote le système de fermeture du coffret, au
dernier panneau.
Au troisième panneau reparaît la bordure on-
ibyGoogle
dulée^ encadrant la scène de l'enlèvement au ciel.
Deux anges nimbés, ailes baissées, issant de nuages
à mi-corps, habillés d'une robe et d'un manteau,
soulèvent d'une maiu l'auréole elliptique, à con-
tour zigzagué, dans laquelle est l'âme du martyr (1).
Elle émerge des nuages, est vêtue d'une robe à
ceinture et orfrois au cou et aux manches; sa
tête porte le double signe de l'honneur, la cou-
ronne et le nimbe; ses bras sont tendus, comme
fait sainte Valérie, en signe de joie : « Exultent
justi in conspectu Dei et delectentur in lœtitia »
[Comm. des martyrs).
L'àme est plus souvent nue; cependant elle
est aussi parfois vôtue, surtout en Italie (2), car
de la sorte on exprime le vêtement de gloire et
d'allégresse dont Dieu pare ses élus : i Àmavit
eum Dominus et ornavit eum, stolam glorise
induit eum, » dit l'office des confesseurs pontifes
au bréviaire romain; a stola jucunditatis induit
eum Dominus, n ajoute celui d'un martyr (3). La
(1) Voir sur ce rûle des anges ma brochure : Le Vilrail de Saint'
Laurent à la cathédrale de Poitiers, p. U. — <• L'Ame du bien-
heureux montaal au ciel dans une auréole que soutiennent deux
anges, s est signalée par l'abbâ Teiier [Argentiers, pi. IV} sur
un coffret qui était alors sa propriâtâ.
(2) Voir, à Sainte-Croix de Florence, les funârailles de saint
François : fresque de Giotto (xiv* siècle) et baS'Telief de Benedetto
da Haiano (xv siëcle), dans la Vie de saint François (Paris, Pion,
1885). p. 261 et pi. XXUI.
(3) La sixième leçon de l'office de saint Benott, au bréviaire
romain, parle de son âme, qui fait son entrée au ciel, parée d'un
manteau très précieux, aiusi que l'ont attesté deux de ses moines :
■ Sublatis in cœlum oculis, orans, iuter manus discipulorum eSlavit
animam : quam duo monachi euntem iu ctelum vidernnt paiiio
lyGoogle
robe a remplacé le costume épiscopal, comme la
couronne la mitre, pai'ce que, d'après le commun
des martyrs, au même bréviaire, Dieu, en mettant
la couronne précieuse sur la tète de l'élu, se donne
lui-même : « Domine, prœvenisti eum in bene-
dictionibus dulcedinis » (nous avons vu cette béné-
diction au moment décisif), « posuisti in capite
ejus coronam de lapide pretioso; corona aurea
super caput ejus, expressa signo sanctitatis, gloria
honoris et opus fortitudinis. »
I Deas, tuoritm militum
Sors et corona, priemium. ■
Le nimbe s'explique par ce texte du bréviaire
que lui applique aussi Guillaume Durant dans son
Rationai : a Scuto bonœ voluntatis coronaati eum,
Domine » {Off". du comm. d'un martyr).
Les coffrets analogues ne manquent pas pour
déterminer le sujet, qui n'offre pas de notables
variantes, mais se réduit babituellement aux s::ènes
de la mort et de l'ensevelissement. Je citerai ceux
de la cathédrale d'Anagni (1), du musée de Cler-
mont-Ferrand, de la collection de M. de Glan-
ville {Revue de l'Art chrét., 1885, p. TZ), du
musée de Berlin {Bulletin de la Soc. archéol.
omatam pretiosissimo, circum eam fulgenlibus lampadibus et
elarissima et gravissima apecie virum stantem supra caput ipsius
dicentem audieruDt : Hwc est via qxut dilectus Domini Benediclus
in cmlum aecendil. »
(I) X. Barbier de Montault. La Cathédrate d'Anagni, p. E2;
j'en ai fait faire une photographie par M. Simelli pour ma oollec-
tioii des Anliquiléa de Rome. Los viiriantcs sont : le calici) posé
sur l'autel devant une croix à trois pieds, deux meurtriers, saint
Pierre avec sa croix et saint Paul aux petits côtés.
cibyGoogle
de la Corrèze, t. VII, p. 51), de la coUection
de M. Doire, à Évreux [ibid., p. 52), du musée
Thvulzio, à Milan (1) [ibid., t. V, p. 519), les
trois de l'Angleterre {ibid.j p. 256) (2), et celui de
la basilique de Latran, que j'ai signalé deux fois
dans la Hevue de l'Art chrétien. Sur ce der-
nier, les meurtriers sont au nombre de deux,
et l'évëque, à la mise au tombeau, est assisté
d'un acolyte tenant le l'ituel (3). Tout cela ne con- .
vient qu'à saint Thomas Becket, archevêque de
Cantorbéry, assassiné pour la foi dans sa cathé-
drale, le 29 décembre 1170(4).
Les petits côtés offrent, dans une bordure à
fleurons, un apôtre abrité par une arcade cintrée,
dont la retombée se fait sur une double colonne,
(1) » Au loit, le Cbrist et deux anges; auge, le martyre; flancs,
deui bienheureux. »
(2) ' Auge, la martyr debout au pied de l'autel, trois chevaliers;
toit, la déposition du cadavre dans un riche sarcophage. '
'{3} ■ Sur la chftsse d'Uereford, en face de l'évëque préaidant aux
tunérailles, se tient un diacre chargé d'un diptyque ' [BvU. de ta
Soc. arch. de la Corré^e, t. V, p. 256).
(4) 11 fut canonisé par Alexandre III deux ans après sa mort. Ce
fut le premier pour lequel le pape se réserva la canonisation par
le 8aint-Siége (Benedict. XIV, De serv. Dei beat, et beat, canoniz.,
lib. I, cap. 0, n. !).
Le corps ayant été levé de terre en 1Î20, son culte s'accrut
d'autant. L'exécution des coffrets limousins correspond k cette date.
Les reliques déposées dans ces coffrets purent être alors des
ossements ou parcelles d'os; mais, antérieurement, on avait dis-
tribué de ses vêtements, de sa cervelle et de son sang, ce qui
répond au doute émis dans le Bull, de la Soc. arch. de la Cor-
rèze, t. V, p, 355, sur l'impossibilité d'avoir des reliques partielles
d'un homme dont le corps fut inhumé on entier. Voir ma brochure
Inventaire de ta basilique de Sainte-Marie Majeure, à Rome,
p. 23, 27.30; j'y cite une inscription du xiii' siècle. Cet opuscule
est extrait de la Heoue de l'Art chrétien, t. XVI, 1873.
lyGoogle
à base et chapiteau feuillages; une tourelle sur-
monte le cintre. On reconnaît l'apôtre à son
double vêtement {tunique à orfroi et manteau),
à ses pieds nus posés sur une montagne à cinq
coteaux, et à l'emploi de ses mains : de l'une,
il fait le geste de la prédication, et dans l'autre
il tient un rouleau qui renferme la doctrine évan-
gélique. La figure est imberbe et la tète entourée
d'un nimbe. Des bandeaux pointillés, en taille
d'épargne, coupent horizontalement le fond, alter-
nant avec des bandeaux plus larges, émaillés et
fleuronnés.
Quels sont ces apôtres? Rien ne le révèle, faute
d'inscription et d'altribuls. SLirement, ce n'est ni
saint Pierre ni saint Paul, au caractère typique.
lyGoogle
Parmi les apôtres, les uns sont barbus, les autres
imberbes. Saint Jean est imberbe en France, au
xiu* siècle, saint Thomas aussi; mais, je le répète,
il est impossible de les nommer.
Le symbolisme, au contraire, est bien mieux
fixé. Nous l'apprenons de saint Augustin, dans son
Exposition sur les Psaumes et du Bréviaire romain,
qui lui emprunte les leçons du second nocturne
du commun des apôtres. Les apôtres sont le fon-
dement de la cité sainte, établie sur les mon-
tagnes éternelles. Ils portent notre infirmité et
sont les portes par lesquelles nous entrons dans
le royaume de Dieu, grâce à leur prédication.
« Fundamenta ejus in montibus sanctis, diligit
Dominus portas Sion. Quare sunt fundamenta apos-
toli et prophetae? Quia eorum auctoritas portât
infirmitatem nostram. Quare sunt portœ? Quia per
ipsos intramus ad regnum Dei. Prœdicant enim
nobis et cum per ipsos intramus, per Christum
intramus : ipse est enim janua. »
Les apôtres gardent donc les reliques^u martyr
et les recommandent à la vénération des fidèles.
Ils proclament aussi sa foi, son courage, sa vic-
toire; en sorte qu'on peut cbanter avec l'Église
dans une de ses hymnes triomphales :
■ « Invicte martyr, unicum
Palris seculus Filium,
Victis triumphas hoslibus,
Victor p-uens cxlestibus. »
C'est jouir du ciel que d'habiter avec les apôtres
dans les tabernacles éternels : « Dabo sanctis meis
lyGoogle
locum nominatum in regno Patris mei, dicit Do-
minus » {Comm. des martyrs).
III
M. Chabau écrit dan? la Revue eiœharistigtie
{1885, p. 59) : « Châsse de sainte Eulalie, canton
de Pleaux (Cantal). Le Christ, assis et bénissant à
la manière latine, avec trois doigts. Il tient de la
main gauche le livre des évangiles. La tête est
en relief (1) et couronnée. Les fleurons de la cou-
ronne ont disparu. Le nimhe est croisé comme il
convient, et le personnage entier est entouré d'une
auréole elliptique. C'est la gloire complète. A sa
droite et à sa gauche, deu^ autres personnages qui
ne sont point caractérisés. Cet émail peut être
du xiu" siècle. La royauté de Jésus-Christ y est
parfaitement indiquée par la pose, le geste et sur-
tout la couronne. »
De ce coffret, dont" la description est très
incomplète puisqu'un panneau seul est signalé,
nous n'avons, dans le dessin de la planche XXXVl,
que le Christ-roi, sans son escorte de saints. Je
suppose, d'après le principe exposé, que la plaque
forme toiture. Si nous avions la plaque inférieure,
nous saurions à qui Jésus décerne la récompense
céleste, car ceux qui l'entourent composent en
abi-égé sa cour (2).
(tj a Les têtes en relief sur des bustes gravés sont ci
Limousin ; on n'en connaît pour ainsi dire pas d'exemple en Alle-
magne s {Btill. de la Soc. arch. du Limouain, i. XXXII, p. 53).
(!) Si je cherche des similaires à cet âmail, j'en rencontre deux
dans le beau livre de H. dé Roddaz : L'Art ancien & l'Expoeition
T. Vn. 5-fi
lyGoogle
La couronne ressemble, par sa coiffe à cornes,
à celle du coffret de saint Thomas. La figure
est barbue et la chevelure longue. La robe est
bordée, au col, d'un orfroi, et le manteau, jeté
sur l'épaule gauche, se ramène en avant. Le livre
est fermé, car lui seul peut l'ouvrir (1), et appuyé
sur son genou gauche. Les pieds nus posent sur
un escabeau, insigne de dignité suprême. On ne
voit pas de siège; la barre transversale ne peut
en tenir lieu, se trouvant à hauteur des reins.
Quatre disques à couches concentriques égaient le
fond. Quatre autres disques, rehaussés de margue-
rites à six pétales arrondis, saillissent aux pointes
et au milieu de l'auréole.
La date d'exécution est certainement le xiii* siè-
cle, plutôt vers le règne de saint Louis.
X. Barbier de Mon"tault,
Pré)at de la Haisoa de Sa Sainlelé.
nationale belge (Bruxelles, 1882), p. 15, 32, Le cofffet de la collec-
tion Vermeersch présente : à l'auge, le Cbrist-roi, assis entre deui
apOtres, également assis, par allusion au jugement dernier qui
attribue aux saints leur récompense éternelle; au toit, trois anges
à mi-corps, issant des nuages et ailes au repos. Tout ici parle
donc du ciel. Le revers n'est pas figuré sur la planche.
Au cofTret de la collection Desmottes, l'auge met en scène la
Crucifixion avec la Vierge, saint Jean et deui apôtres debout; au
toit, la Majesté entre deux anges semblables aux précédents. Le
symbolisme ici est manifeste, et le Christ lui-même l'a expliqué
aux disciples d'Emmails : < Nonne hsec oportuit pati Christum et ila
intrare in gloriam suam! » (Saint Luc, XXIV, 26). On voit par là
combien il est utile à la science de ne pas morcHcr les sujets
pour n'en donner qu'un détail, qui laisse dans l'embarras sur son
complément.
(l) Apoc, V, 5.
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LIVRES DE RAISON
LIMOUSINS ET MARCHOIS
(Suite. — Voir t. vii, 2* livraison.)
CAHIBR-MBMET4T0 DE PSAUMET PÉCONNET,
NOTAIRE A LIM0ÛB8 (1487-1002) (1)
Livre de M. Psaumet Pieonnet, no" royal, dans lequel est la
datte de son conlrael de mariage et les noms de ses enfans;
ted. livre en première datte du mardy devant Pasques de
l'an ikSl (2}.
Ea sec sen (3) la memoria tochan mas nopsas :
Et premieyrament, yeu, Psalme Peconet, fermiet [4) la
Mathîre Beynesche (5) , ftlhe de feu Johan BeyQeys, au
temps que vivie, bourgeys et marchant de Limoges, et de
Mathive Salessa, lo dimars davant Pasqueys, en lan mil
quatre cens quatre vings et sept (6|, et luy donîey ung
aneu d'aur appellet signet (7), que costave. xxzii ss. ti d. (8).
(1) Voir la notice consacrée à ce manuscrit dans notre intro-
duciion, L. G.
(2) Ce titre paraît Stre d'une mûn du xvii* siècle. Il est écrit sur
lA feuille formant couverture,
(3) S'ensuit.
(4) De fermar ou firm&r, qui équivaut à accorder, mais avec le
sens actif. On trouve constamment dans le livre d'Etienne Benoist
et dans d'autres documents des iiv* et xv* siècles, fermalhAS, signi-
fiant accordaillea.
(5) Benoist, nom d'une riche famille de bourgeoisie qui a joué un
rfile considérable k Limoges du xiv au xvm' siècle. On sait que
nos pères avaient l'habitude de donner, en parlant d'une femme,
une désinence féminine au nom de famille; de là Beyneache,
Sftleasa.
(6) Le 8 avril UST.
{7} De aignttm. C'est l'anneau des accords. Les accords n'étaient
pas exactement les (jançailles; ils consistaient surtout dans le rè-
glement des questions d'intérêt et dans l'adhésion donnée par les
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— 544 —
Item, luy doniey may, la velhe de la S' Johan, une
redorte (i) d'aur que costave un 11. (2).
Item, furen fâchas las Dopsas et solempiiisadas en S"
mayr esglieyga a Limoges, a S' Peyr au Queyroy (3),
lo quarleyme jour de novembre l'an mil iiu' quatre vings
et sept, et me fust promeys en doayre (4) per Mathieu
Beyney, moss' Jamme et Johan Beyneys, frayra, la
somme de sex vingz et dietz 11. mon. coireo [5j, et la
demorance en leur meygo a la Porte Polalieyra (6), en
laqualle y deven balhar une chanbre et l'obradour (7) en
deux fEiniilles à un projet de mariage. Les fiançailles avaient un
caractère religieux et comportaient l'intervention et le consente-
ment des deux futurs épou;t, entre lesquels elles créaient, parfois
cinq ou six années avant le mariage, un véritable lien. On a aussi
appelé aigtiet l'anneau à scel.
(8) Soit 10 fr. 46, qui équivaudraient à 52 francs d'aujourd'hui.
(1) Torsade. Il s'agit ici d'un bracelet ou d'un collier, peut-être
d'une ceinture ou d'un ornement de tftte. Le mot de redorto —
réorte, en français corrompu — sert encore de nos jours i, désigner
un objet rond et tordu, tout particulièrement une couronne de pain
ou de brioche.
(ï) 22 fr. ai, environ 115 francs d'aujourd'hui.
(3) Saint Pierre du Queyroix, une des plus anciennes églises
paroissiales de Limoges. Cette église était une prévôté dépendant
de l'abbaye de Saint-Martial avant la transformation des anciens
chanoines ou clercs en religieux, sous Charles-le-Chauve (848).
(4) Le mot douaire ne signifie pas autre chose ici que dot, et
c'est le sens qu'il a le plus souvent dans les contrats dos xcv et
XV* siècles. On voit ici un exemple de la constitution d'une dot
i. une fille par ses frères, à défaut du père de famille. C'était tou-
jours le chef de famille qui avait la charge de payer les dots et
qui les constituait : la fortune, on ne saurait trop le rappeler,
appartenait à la famille, au groupe et non k ses membres indi-
viduellement. Le patrimoine passait directement d'un chef de fa-
mille à un autre chef de famille, qui en distribuait une partie
conformément aux coutumes de la famille, et aussi aux intérêts
actuels du groupe.
(5) Soit 742 francs, 3.710 environ d'à présent.
(6) On appelait rue de la Porte Poulaillëre, ou plus brièvement
rue de la Porte, la rue PoulaiUère d'aujourd'iiui, qui conserve à
une de ses extrémités, du cûl^ de l'ancienne « barrière de ia
Porte, t une mi^nifique maison du xiv* siècle. Ce nom lui avait
été donné à cause d'un très ancien marché aux volailles qui
s'était tenu à cet endroit.
(7) Atelier, operalorhim.
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— 545 —
e7ci, corne ;^ar per las lectras passadas permestre Micheu
de Lespine, notari de Limoges, la qualle lettre yeu ay
devers me toute grossade, signade et expedide.
Item, pagiey per la despeace de lasd. nopsas, tant ea
polalhe, po, vy, char, mestriers (]), e autras chausas, la
some de nou lieuras v d. monede corent (2), , ix 11. v d.
Item, bailliey plus a lad. Mathive, a las nossas, l'aoeu
fermaditz (3), en quatre perlas, d'aur, que costet. vi 11, (4).
Item, plus une senture ferrade deu long d'argen(5),
que costet vi 11.
Item, luy doniey plus ung aneu esposaditz que costave
la some de un 11. x d. [6].
ËDseguen sen los preseiia que me fureu donatz a mas
Qopsaa :
Et premieramenl, mon mestre (7), mestre Estienne Par-
rot, notari de Limoges xv ss. (8).
Item, moncugi(9), PeyrFeydit. . Ungfloriouchat(lO).
■ Item, mon cugi, frayr Jolian Peconet, . . v 33. (il).
Item, mon cugi, moss' mestre Pierre Pradelho, licen-
ciât eu leys xv ss. x d. (12).
Item, mos dos cugis, frayr Guillem de Mathieu et
Glrau, son frayr xvii ss. vi d, (13).
(1) Il faut probablement lire menealriert, bien qu'il n'y ait au-
cune trace d'abréviation.
(2) 51 fr. 45, 255 francs au pouvoir de l'argent aujourd'hui.
(3) Anneau fermaditz, anneau d'accordée, do fiancée; anneau ei-
posadiU, anneau de mariée.
(i) 3i fr. 26, 171 francs environ.
(5) Ferrée ou garnie d'argent tout du long.
(6) 23 fr. 35, qui en vaudrwent environ 117.
(7) Son patron, le notaire chez lequel il travaille au moment de
son mariage.
(8) 4 fr. 29, 21 fr. 50.
(9) Cousin.
(10) Florent ad calum, monnaie souvent mentionnée au iv siècle.
(11) 1 fr. 43, plus de 7 francs.
(12) ^ fr. 05 environ, ayant la valeur de 24 francs d'aujourd'hui.
(13) 4 fr. 98, 25 fr. environ.
lyGoogle
Item, mon oncle Moss' Jamme Peconet. 1 flori ou chat.
Item, mon cugi Psalme Peconet, fllh de meslre Lien-
nard Peconet, de Ahen Mostiers (1). . . . xtiii ss. [2).
Item, et deu quau maridatge furen procreatz et engen-
drât! loa enfans que senseguen :
Et premierament, une Ûlhe appelade per son nom
Mariota, ma première filhe engendrade, laquale nasquet
lo dimecreys empres la feste de la Assumplion Nostre
Dame, que l'on contave per date lo xx* jour d'oust, lan
mil quatre cens quatre vings et hueutz; et fu son peyry (3)
mon frayr Mathieu Beyneya, et comayr (4) ma mes-
tresse (5), Mariote Rogieyra, fenne de mestre Estene
Parrot, ootari de Limoges; et fu baptisade a S' Peyr au
Queyroy, et pourtet lo nom de sad. meyrine.
Item en seguen se los comeyraditz (6) fatz en las jacillas
de lad. filhe :
Et premierament, raoss' mestre Marti Balestier, licen-
ciât en medicioe, venc comeyrar en (7) ung paslitz de
poleU, une auche (8) et un poletz routiz, une tercieyra (9)
de vy.
(1) Eymoutiers, chef-lieu de canton de l'arrond. de Limoges.
(2) 5 fr. 13 : 25 fr. 60.
(3) ParraÎQ. Pëconnet donne ici le nom de frère & un de ses
beaux-frërea.
{4) Marraine.
[5} La femme du maître notaire chez qui Psaumel Péconnet a
travaillé ou môme travaille encore.
(6) Comeyraditz signifie, à proprement parler, qui meni dei
commères, ou qui ett donné à ioccaêion de» commérages. Ce
mot s'appliquait aux dons offerts à l'accouchée par ses visiteuses
et visiteurs.
(8) Une oie.
(9) On appelait ainsi une mesure rcprésontant U troisième partie
de U pinte.
lyGoogk'
— 547 —
Item, venc comeyrar lad, Mariote Rogiere, comayr, ea
uDg pastilz de poletz, ung viage (I), et ung autre viage
en dos paatitz, ung de poletz et l'autre de lebre(2), une
auche, ung gorret (3), quatre poleti routiz et doas ter-
cieyras de vy. Kt son marit no volguet pas venir.
Item, la dompne[4) Symona deu Peyrat(5), fenne deu
seigneyr Marsau Disnemandi (6), venguet comeyrar per
doas vetz f7} : une vetz, en ung pastitz de poletz, et une
quarte (8) de vy, et l'autre vetz, en ung autre pastitz de
poletz et une autre quarte de ry.
Item, massor [sic] la Galiane Beynesche, relicte (9) de feu
Mathieu Doury, venc en dos pastitz de poletz, une quarte
de vy.
' Item, ma d[ompn]e l'Anne Salessa, relicte de feu Fran-
ceys Lamic (lOj, venc en ung pastitz de poletz et une
quarte de vy.
Item, ma d[ompn]e Hadiive Salessa, relicte de feu
mestre Johan Feydit, venc en doas michas (M), ung fro-
mage blanc et dietz leoalx (12) et une quarte de vy.
Item, ma d[ompn]e Mathive Beynesche, femme deu sei-
gneyr Franceys Saleys (13), todc ung viage en ung pastitz
(I) A une visite.
{5) Lièvre.
(3) Ud cochon de Uit,
(4) Dame.
(5) Dès le XIII* siècle, les du Peyr&t figurent au premier rftng
des familles de la bourgeoisie de Limoges.
(6) Les Dianemandi, dont le nom a'est francisé et transformé en
celui de Disnematin, complent au xv siècle parmi les plus riches
bourgeois de Limoges. Daurat, le poeta regiui, était nn Disne-
(7) Par deux fois.
(S) La quatrième partie du setier, parfois de la pinte.
(9) Veuve, du latin relicU.
(10) De Amici, forme latine du nom d'une très ancienne famille
de notre ville.
(II) Deux miches de pain. Le mot s'est conservé.
(12) Nous ne pouvons traduire ce mot.
(13) Les Saleys paraissent être, après lea Meyze, les plus grands
négociants de Limoges au xv siècle.
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— 5*8 —
de poletE et ung autre viage en uDg gorret et lu polelz
routiï et une quarte et terciere de vy, et venc lo seigueyr
Franceys, son marit, quant hac sopat (1).
Item Peyr Feydit et sa feniie vengren en ung pastitz
de poleu, ung gorret, une auche et dos poletz routiz et
doaa tertieyraa de vy el treys pas choyney8(2).
Item, la Johane Pradelhona, relicte de feu Penot Buat,
venc en ung pastitz de poletz et une quarte de vy el
treys pas choyneys.
Item, la Noanete Salesse, fenne de Peyrardit, venc en
ung pastitz de poletz et une terciere de vy.
Item, lo iiu""(3) jour deu meys d'octobre, que era lo
jour de moss' S' Franceya, l'an mil CCCC IIII" el dietz,'
nasquet Peyr, mon âlh, mon segon engendrât, et fu
batizat a S' Peyr au Queyroy de Limogea, et fu son
peyry Moss' mestre Pierre Pradelho, licenciât en leys et
prebre (41 ; et portet lo nom de son peyry ; et sa meyrine
fu Noanete (5) Salessa, feane de Peyrardit (6).
Item, venc veyre la jasen (7) lad. comayr, en ung pas-
titz de quatre poletz et une terciere de vy.
(IJ Le mari ne vieat qu'après le souper. Il était en effet défendu
à tout autre homme qu'au parrain ou aux plus proches parents,
d'aller commérer chez l'accouchée. Nous avons dit qu'on enfrei-
gnit souvent cette interdiction.
(2) Le pain choyneys — la forme exacte était, parait-il, cha-
noyneys, pain de chanoine — était un pain de luxe qu'on trouve
souvent mentionné. V. De Canob ; partis canonicus.
(3) On avait d'abord écrit xiiu'*.
(4) Prêtre.
(5) Pour Nanette, de Jeannette, Johanela.
(6) Suit un nota, ainsi conçu : pt Ip rpfpdpt gplppnp bpy-
npychp. Ce qui veut dire évidemment .* et lo refudet ûatJane
Beyneyche. L'auteur du Livre de raison a voulu noter pour lui
seul ce souvenir : sa belle-sceur avait refusé d'être marraine du
petit Pierre.
(7) La malade, l'accouchée, de jacenlem. Le verbe ;a«er pourrait
bien venir des caquetages des commères qui visitaient la jasen, et
non de la pie, jasso.
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- H9 —
Item, venc ma comayr, la Mariote Rogiere, fenne de
mestre Ësleoe Pan-ot, en ung pastitz de quatre poletz et
de une coha de mosto (1), et une quarte de vy.
Item, venc la Johane Pradelhona, eor deud. compayr,
Tcyre lad. jasen, en ung pastis de quatre poletz et doas
tercieyras de vy et Ireys pas.
Item, veoc ung autre viage lo compayr, en un grant
preseo ires honestemen.
Item, lad. Noanete Salessa, comayr, venc en lo grant
presen, très honestemen.
Item, ma sor (2), la Guischarde Beynesche, fenne de
inestre Anthoni Tibort, licentiat en médecine, venc co-
meyrar en ung pastitz de quatre poletz et de ung lopi
de buou(3} entrennasi?) (4), treys pas choyneya et une
tercière de vy noveu et une pinte de vy vielh.
Item, venc la doropne Symona deu Peyrat, fenne deu
Sr Marsau Disnemandi, en ung pastitz de quatre poletz
et une quarte de vy.
Item, venc frayr Johan Peconet (5), mon cugi, en ung
pastitz de lebre et une quarte de vy.
Item lo xxvij* jour d'oust, l'an mil CCGC IIU" et unze,
morit lod. mon fllz E*eyr, a Tore de prime — a qui Dieu
absolhe ! (6) — et fu ensebelit au grand tombeau de la
dompne Paulie Auàiere(7), davan l'esglieyge de S' Peyr
au Queyroy, davan lo grand pourtau.
(1) Une queue de mouton.
(!) Ici, comme plus haut, Psaumet donne k ses belles-SOBurs !&
qualification de aœurs.
(3) Une pièce de bosuf,
(l) S'il n'y avait un jambage de trop au manuscrit, nous serions
. tenté de lire : entre mas, dans les mains.
{h) On voit que les religieux èui-mémea prenaient part aux com-
mérages. (Je n'était peut-être pas Fort décent; mais su i bon vieux
temps, ■ on n'y regardait pas de si près...
(6) Que Dieu absolve !
(7) Paule Audier, femme de Mathieu Bsnoist, a laissé une mé-
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- 550 —
Item, lo noveyme jour deu meys de julhet, l'an mil
quatre cens quatre vings et douge, nasquet Estene, mon
fllz, tiers engendrât, et fu batizat a S' Peyr au Queyroy
de Limogea ; et fu son peyry mon mestre, mestre Estene
Parrot, notari de Limoges, et sa meyrine ma sor, la
Galiane Beynesche, relicte de feu Ma^ivot de Julie (1),
dit Douri; et pourtet lo nom de son peyry.
Item, lo Ti' jor de mars, l'an mil IIII' IIII" efXIUS),
Mathieu Beyney reymet (3) la viohe deu Torondeu (4) et
paget, tant per las garentes per que era engacgade, que,
per las reparacieus, xlii U. x bs. (5). Et en passet la quis-
tance mestre Estene de Campis (6), notari de Limoges, en
la présence deu s' Franceys Saleys et Johan de Lagerîa
et Peyrardit.
Item, lo dietzeym,e jour de mars, l'an mil IIIJ* IIIJ" et
trecge (7), nasquet mon filz Jamme, quart engendrât, et
moire longtemps vivante. Elle avait, en 14ït, au retour d'un pèle-
rinage k Jérusalem, fait exécuter dans l'église de Saint'Pierre, par
un sculpteur vénitien, le sépulcre qu'on y voyait encore & l'époque
de la RévolutioD. Il semble, par ce passage, que Paule Audier,
morte en 1433, n'avait pas été inhumée dans la chapeJle des Be-
noitt, construite en 1326 par un membre de cette famille À l'intë-
rieur de l'église, mais dans un tombeau spécial, hors de l'édifice.
(1) La ricbe famille des de Julien était originaire de la Cité de
Limoges; deux de ses membres furent les premiers trésoriers de
la Généralité.
(2) 1493. L'année commençait au 25 mars dans le diocèse.
(3} Racbeta, ivdetnit.
(4) Territoire situé près des fossés du Château de Limoges, entre
les Grands-Carmes et Saint-Gérald. Il y existait une fontaine men-
tionnée par plusieurs documents du xuj* siëcle, et pour le rachat
de laquelle un marchand, Gérald firunaud, fait un legs en 1270. ,
(Arch. de la Haute- Vienne, liasse 8,372.)
(5) 275 fr. 71, qui équivaudraient à 1,379 frwics d'à présent,
(S) Etienne Descbamps. Peut-être y a-t-il quelque rapport entre
ce notaire et la famille nommée au Livra de r&ison des Ualliard.
(7) Vieux style. 11 s'agit du 10 mars 1494.
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— 551 —
fu batiza a S' Peyr au Queyroy de Limoges; el nasquet
entre dietz et onze horas de neutz; et fil son peyri Jamme
de Julie lo jouae, mon nebout(l), et sa meyrine la Cibille
SalesBa, filhe de feu Liennard Saleys; et portet lo nom
de son peyri.
Item, lo viij' jour de septembre, l'an mil IIIJ' IIIJ" et
quatorze, anet de vite a trespas mon fils Estene. et fu
sebelit au grand tombeau de la Dompne Paulie Audieyre,
davant lo grant portau de S' Peyr au Queyroy,
Item, ma filhe, l'Anna, nasquet lo (2) jour deu meys
de (3) l'an mil quatre cens quatrevings et quinze; et fu
son peyri Johan Beney, espiDlier(?) (4), et Anne Beynesche,
filhe de Mathieu Beyneyt.
Item, ma filhe, la Valérie, nasquet lo jour deux Ynno-
cens, xxTiij* jour de décembre, l'an mil CCCG IIIJ" et
secge, et furen peyry et meyrine Charles JoUboys, mon
nebout, et sa meyrine la Marie Lapine, molhier (5) de mon
nebout Jamme de Julie, dit Douri, lo joune.
Item, ma filhe, la Narde, nasquet lo (6) jour d'aoust,
l'an mil IIIJ* IIU" XVIII; et furen son peyry moss'
Jamme Beyneyc, et meyrine la Lienarde, filhe de Peyr
Feydit.
Lo ivj* octobre, jour dlenmenc (7), l'an mil cinq cens
et deux, nasquet Psalme, et fut baptisât à S. Peyr au
Queyroy, et fu peyry Marsau Beyney, mon nebot, et fu
meyrine la Margot Rogiere, ma selorge(8).
(I) Neveu.
(3) Un mot laîaaâ en blanc.
(3) Va blanc.
|f) Lecture bien doutenae.
(5) Femme.
(6) Un blanc.
(T) Jour de dimanche.
(S) Belle-sœur. On trouve en général serorge. — Ce dernier para-
graphe paraît ne pu dtre de la même main que le reste du ma-
nuscrit. On lit au bas de la page : Donet (!) per comandamen de
ta Matkive.
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— 552 —
Ptwieun feuillets — troit au moiru — arraehit.
Item, per dos massos i^e agues, lo xiu* et lo xiiu* Jour
deu meys de julhet, l'ung dos jornaxilx(i), et l'autre ung;
psemierament, per chasque jornau, po et vi et pistanse,
et may xxu d, (2), monte, a treya deniers de po per
jour (3), j d. de pistance et lu pîntas de vi per jour et
zzij d. per uue, monte vru s. tx à. (4).
Item plus, per ce que n'avie pas prou (5) peyra per fumir
losd. dos massos, lod. xiiii' de Julhet, balhiey a Grougo per
hueutz chargas qiiem'en portet prontameu. i» s. m d. (6).
...Ung... m'en donet a v d. la charge (7).
Item plus, per doas chargas de chau, que aguis, l'une
de Reymon lo masso et l'autre de ung homme de de-
f6re(8) xm; s. vi d. (9).
Item per cinq (10) jornaulx de Vachier que serve los
massouk, lo xi*, xii', xm* et quatorzesme jou" de julhet,
per chasque jour xviij d., po, vi et pistance, et en ce sa
fenne ly eydet, et may sa fllhe, a pourtar de la chau de
meygoî(Il) usques en la vigne et de l'aygue de la fou (12),
(1) Journées.
(2) 58 c. 96, 2 fr. 95 d'aujourd'hui.
(3) Soit 8 c. 04, un peu plus de 40 centimes d'aujourd'hui. On
peut lire un peu ce qu'on veut ici : jour, livre ou l'un. Si Psalmet
ne donne qu'une livre de pain à ses maçous, il résulterait de ce
passage que le pain était cher à cette époque; mais il s'agit ici
de deux livres, selon toute probabilité.
(4) 2 fr. 81, au pouvoir de 14 fr. d'à présent. La journée, argent
et nourriture, ressort à 35 deniers, soit 0 fr. 937 : 4 fr. 69 d'à présont.
(5) Assez.
(6) 1 fr. 04, correspondant i. 5 fr. 20. La charge ressort donc à
65 centimes.
(7) 13 c. 4, équivalant à 67 centimes d'à présent.
(8) Du dehors.
(9) 4 fr. 66, plus de 23 francs : soit plus de 11 fr. 50 la charge.
(10} Vu les corrections faites plus loin, il faut lire ici quatre ou
lieu de cinq.
(11) De la maison, de chez moi.
(12) L'eau de la fontaine.
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— 553 —
moDten losd. quatres jornaulx, lo logier tan solemen, sey
po, vi oy pistance vi s. (1).
Item, plus en vi per losd. quatre journaiilx, dotge piiitas
a treys deniers la piota, monlfi m s. [2).
En po et pistance per losd. quatre jours ; per chascun
iKj d., monte xti d.
Item, doniez a Moss' lo probost que m'es (3).
Item, plus per ung aultre jomau que Vachier no podie pas
servir lo dissapte, xnu* de Julhet : vi, treys pintaa. ix d,
ËD po et pistance nu d.
Item, plus aguis de chas Jehan Vidau une tenilhade de
chau en cailho, de que pj^gieys u s. tj d. (4).
Item, lo ix* jour de feurier, l'an mil IIIJ* IIIJ " XII (5),
aguis ung homme que demore en las meygos de Colon près
* Porquet et se appelle Johan, per charier de la peyra, que
me costet xiu d. per jour, et po et vy; et Vachier feys lo
merchat ; monte, contet lo vi, a uj d., la pitance (et en ce
doas} et lo po lu d xij d. (6).
Item, lo dilus xi de feurier, l'an susd., aguis ung homme
dessus nommât per menar la peyra et per charro ; costet
XV d., po et vy : monte xinj d. (7).
Item, per apourtar lo pic (8) j d. (9).
Item, lo dimars, xii' de feurier, l'an susdit, aguis ung
homme, lod. dessus uomat, que me costet xv d., 1 po,
Il piiitas de vy, monte zzii) d. (10).
(i) 1 fr. 93, 9 fr. 65 c; la journée ressort donc à 2 fr. 41 c.
(2) 96 c. 65, équivalant à 4 fr. 83. Ou voit que le prix de la pinte
représente un peu plus de 40 c; la pinte valant 1 litre 071, le litre
de vin est ici porté à un peu plus de 37 centimes.
(3j La fin de ce paragraphe est illisible.
(4] SO centimes, soit 4 francs.
(5) Le 3 février 1493, nouveau style.
(6) 21 deniers valent un peu plus do 67 centimes : 3 fr. 36 ou 37
d'aujourd'hui.
(7) Moins de 62 centimes, 3 fr. 06 ou 7.
(8) S'agit-il du pic pour extraire la pierre?
(9) 2 c. 63, équivalant à 13 ou 14 centimes d'aujourd'hui.
(10) Moins de 62 centimes, 3 fr. 06 ou 7.
lyGoogle
— 554 —
Item lo dimecreys, xii* deud. meys, achaptiey une pale [1]
per far lo mortier; costet v d. (2).
Item, lod. jour, aguîs dos massos, Estene de Mas Bas-
tent (3) et Peyr, de la paroffla deu Palays (4) ; costeren
XX d, et loure despens, gostar et disner et marendet, treys
deniers de po chasque repas et doas pintas de vy, m d.
per pitance, per chascun, monte. . . . v s. m d. (5).
Item, lod. jour, aguis doas manobras per far los fonda-
mens et los chavar (6) deud. mur, et per servir los mas-
soux et per chavar lad. peyra : coBte[re]n chascun xv d.,
ung po et doas pintas vy, monte. , . . m s. x d. (7).
Item, lod. jour, aguis ung asuier, que menet la terre,
loqual deguet aveyr itij d. (8) de la charge, et chasque
jour pinte de vy, et en menet lod. jour ,x chargas,
monte ni s. vu d. (9).
(te reste manque.) ,
(1) Pelle.
(3) Un peu plus de 13 centimes, 70 centimes d'aujourd'hui environ.
(3) Lo Masbatin, village de la commune de Limogea.
(4) Le Palais, aujourd'hui chef-lieu de commune du canton nord
de Limoges, à 7 kilomètres est de Limof^es. C'est là que doit être
placé le palais de Jocundiac ou Jogenciac, mentionné par plusieurs
&ctes et par les chroniques, au temps des rois de la seconde race.
[i] i fr. 69, 8 fr. 45 d'aujourd'hui. Les deux pintes de vin ne sont
comptées que 5 deniers, soit 0,134 ; 68 ou 70 centimes d'aujourd'hui.
La pinte ne vaut donc plus que 34 à 35 centimes, 31 à 32 centimes
le litre.
(6) Fouilles.
(7) l fr. Î3, 6 fr. 15 d'aujourd'hui, soit 3 fr. 07 pour chacun.
(8) tO c. 7, un peu plus de 50 centimes.
(9] 1 fr. 15, 5 fr. 75 c. La pinte est ici portée de i
3 deniers.
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III
REGISTRE DE FAMILLE DES KAURAT, DU DORAT [1556-1798) (1)
Papier cootenant la date [de la Daissance] de mes
enffans, faict le dix huictiesme jour de novemhre mil
cinq centî cinquante six. — S. Maurrat.
JHS MA
Continué (2) pour les enffana qui sont sortis de Anne
Gagery, ma femme, et moy, filz de feu M" Simon Maurat,
mon père, cy dessus signé. Commencé en l'an mil V
un- VIII. — Maurat app".
Continué (3) pour les enfans quy sont sortis du mariage
de Jean, fils de Pierre et de dame Margueritte Aubu-
geois : ledit Pierre Maurat estant nay le 13 avril 1605,
ainsy qu'il est cy après refferé; lequel Pierre deceda le
12 septambre 1631, est enterré au Gué Rossignol. Icelluy
Jean, raary de Marie Junyen. — J. Maurat, marchand.
Continué pour les enfans qui sont sortis du mariage
de Pierre, fllz de Jean et de dame Marie Junyen, icelluy
Pierre, mary de Marie Michellet. — P. Maurat, mar-
chand.
(1) Nous renvoyons encore à l'introduction pour les renseigne-
ments relatifs k ce manuscrit. L. G.
(2) Cette mention et les suiva itcs ont été écrites sur la première
page de notre manuscrit, par plusieurs descendants de Simon
Maurat, i, la date où ils se sont trouvas successivement charges,
ea qualité de chefs de famille, de la continuation du registre.
(3) Nous rétablissons partout l'accent sur l'e Hnal, pour faciliter
la lecture.
lyGoogIc
_ 556 —
Le dix huictiesme jour de novembre, l'an mil cloq
cenlz cinquante six, nasquîct Jehan, mon &h, et fut
baptizé a S' Mychel de Lauriere{l), le jeudy, dix-ueuf-
viesme dudit moys; et fut son parrin, mon frère, messire
Jeban Maurat, et sa marine Berthe de Volundat, sa tante,
sœur de Narde de Volundat, ma femme.
Claude nasquit le vingt ungnesme jour de juillet, l'an
mil cinq centz cinquante huict, et fut baptizé en l'esglize
Monsieur St Pierre du Dorât (2), et fut son perrin hono-
rable homme M' Claude..., lieutenant en la Basse Marche,
et sa marrine damoyzelle Jehanne de Razes, femme de
honorable M' Jacques de Volundat, greffier de Lauriere ;
et ledit Claude fut baptizé le sabmedy après, xziii* jour du
mois de juilhet audit an.
Le jour Saint Roch, nasquicl Catherine, ma fllhe, de
M' Simon Maurrat et de Catherine Teytaud, ma femme,
et fust son perrin Georges Milet [7j et marine Catherine
de Razes, femme a Francoy (?) Teytaud, et fut baptizee
ledit jour S' Roch de l'an mil cinq centz soixante et ung.
Le dernier jour d'octobre, l'an de grâce mil cinq cenlz
soixante sept, nasquict Berthe Maurrat, fllhe dudit M' Si-
mon et de ladite Catherine Teytaud, environ six heures
du matin; auquel jour la ville du Dorât fust prinze par
les Hugueneaulx, qui estoient eslevés tant par le pays de
Poictou que Guascongne (3J ; et estoyent pres dix huict
ou vingt mille; et estoit couronal le sieur de St Sire lequel
heust de rançon troys mil six centz livres [4), et fut l'es-
glise de céans pilhee et sacagee, ensemble les orgues
(1) Aujourd'hui chef-lieu de canton de l'arrond. ii Limoges.
(2} La grande église du Dorât, dont on peut admirer du chemin
de fer la pittoresque et majestueuse silhouette.
(3) Pierre Robert a laissé dans ses Mémoires un récit intéressant
de ces événements. Voir ['Histoire du Dorai, de H. Âubugeois do
la Ville du Bost. Poitiers, Oudin, IBSO, p. 77 à 80.
(4) Neuf à dix mille francs d'aujourd'hui.
lyGopgle
— 557 —
rompuz (I) et ymages d'îcelle, et plusieurs habithans de
la présent ville ruynés (2) ; et fut baptiiée le mardy, qua-
triesme jour de novembre ecsuyvant ; et fut aou perrin
Jacques Teytaud, son oncle, et sa merrine Berthe Pas-
quet, femme de Jacques Goyet,
Je, Jean Maurat, app", filz de feu M' Simon, qui a
escript et signé de sa main les précédentes dattes de ses
eoffans, qui deceda le lundy, 10' aoust 1598. moy estant
Consul de ceste ville ceste dite année (3), — ay mis la datte
des enffans qui sont sortis de Anne Gaston, ma femme et
moy, qui fusmes mariés le 20 janvier 1587 :
Jean Maurat nasquit le sabmedy, 2* jullet 1588, entre
une et deux heures de matin, et fut baptizé le luudy 4
ensuyvant, par M" Pierre de Tourry, vicaire en l'egliie
de ceste ville i et fut son parrin sire Jean Gaston, mou
beau père et son grand père, et sa marriue dame Mathive
Dimet, femme de sire René Chesne. — Je n'estois a ce
jour en ville, et fut baplizé en mon absence, les troubles
et guerres estans fort grands en ce pays pour lors (4).
...Léonard Maurat nasquit le dimenche, 5" jour de may
1591, environs les deux heures après mydy, et fut baptizé
promptemeut pour cause de sa maladie, par M" Pierre
de Tourry, vicaire, et fut porté sur les foQS de baptesme
par M* Léonard Vacherie, chirurgien, et damoizele Marie
du Rieu, vefve feu Gulllem de Fonsreaux, s' de Beaumont.
Il est decedé le 21* jour d'octobre 1593, de la petite
(1) Ces argues furent remplacées en 1&98 aux frais du chanoine
Jeso dea Forges.
(2) Quelques lignes de ce paragraphe ont déjà été imprimées par
M. Leroui daos ses Recherches sur les tîegislres paroissiaux du
Dorai.
(3) Le Dorât n'a une organisation communale qu'à partir de 1566.
(i) Au commencement de juillet 1588, en effet, toute la province
était troublée. Les ligueurs avaient failli s'emparer de Limoges au
mois de juin, et le roi avait dû envoyer l'intendant Turquant pour
révoquer les pouvoirs du lieutenant-général, M. d'Hautefort.
T. vn. t-îo
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— 558 —
vérole; en ladite aDnée, les petis enfTans en furent fort
persécutez (1),
...Guillem Maurat nasguit le mardy, SO* jour d'octobre
1609, environ les deux heures après minuit, et fut batizé
sua les huict heures de matin, ce mesme jour, par Mes-
sire Loys des Affis[2), chanoine et curé de cesLe ville,
et fut tenu sus les fons ha,ptismales par Jean Rampion,
ûls de feuz M" Michel Rampion et Jehane Guacon, pour
et au nom de M' Guillem Guacon, chanoine, qui estoit
party le dimenche auparavant pour aler a Paris; sa mar-
rine fut Marie La, Motte, femme en secondes nopces de
sire Jean Dïmet.
...Joseph, ...nasquit le vingt neuf septembre 1656.^.
/i(3) est decedé le 18 awii 1717 au bourg de Moulûmes [i],
en revenant de Poitiers, et a esté conduit au bourg de Dar-
nac[b) ou ii estoit curé, et enleré dans l'esglize dudit Darnae.
Anne Maurat nasquit le seiziesme jour de décembre
1664... Elle est decedée le mardy, 13 septembre 1707, environ
les neuf heures du soir : a esté enlerée dans les j"" (?) des
riligieuses de celte ville.
Jean Maurat nasquit le second jour d'aoust 1666... Ledit
Jean Saurai s'est rendu religieux bénédictin et a fait sa pro-
fession dans le couvent des Bertedietins de Limoges {&), lesixiesme
aoust 1686^ luy 4''*, avec' Jean Vaeheiie, son coutin, Pierre
Fayaud et un autre, du Puys en Auvergne... Ledit Jean est
(1) On trouva ailleurs mention des favages da la variole à cette
époque.
(!) Cot ecclésiastique appartenait sans doute à la famille qui a
fourni plusieurs magistrats au Parlement de Bordeaux et à celui
de Toulouse.
(3) Note d'une écriture du siècle suivant.
(4) Hounismcs, aujourd'hui commune de Saint-Ouen, canton du
Dorât (Haute -Vienne).
(5) Darnae, chef- lieu de commune, canton du Dorât.
(6) A l'abbaye de S ai nt-Aug us tin -las- Limoges, de la réforme de
Saiat-Haur.
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deeedi au bentdictent de Bolieu(i) en Bas Lîmouzent, le 20
feorier f 751, âgé de quatre vingt quatre années et guelle (sic)
moy.
Le 4' avril 1692, jour de Vendredy Saint, environ les
deux heures âpres midy, Marie Michellet, mon espouse,
est decedée et a estée enterrée le lendemain dans les tum-
beaux de mes parens, par vénérable M" Joseph Aubu-
geois, curé de cette ville, dans le simetiere de Lauzane (2).
Jean Baptiste Maurat nasquit le 7™ octobre 1699... Le
ik feorier i7i9, il est decedé a Limoges, ou il estudioit en
/ilozo/ie; il est enterré dans l'esglize des Penilens gris (3).
...Jeanne Maurat est née le 15* aoust l'année 1731...
Le 14 may 1742, elle a esté confirmée par Monsenieur de
Limoges.
Anthoine Maurat est nait le sixiesme septambre mil
sept cens trante cinq... Le 27 avril lTi9, Antoine llaurat
a esté confirmet pare Monsenieur de Limoges, Monsenieur de
Colosquet (4).
François Annie Maurat est nait le lundy, dix sept dé-
cembre mille sept cents trente six.,., a esté con^nnel par
Monsenieur de Limoges, M. de Colosquet. Ledit François Mau-
rat el more le (5), estan au service du roy de Hanovre (?).
Le 9 may 1742 ; Monsenieur l'Evesque de Limoj;e est
venu au Dorât, ledit jour, 9 may; i a oftciet, le 13 may,
dant la grande esglige du Dorât, une grande messe el
(1) Ghef-lieii de canton de l'arrondissement de Drive. On sait
qu'il existait dans cette petite ville une célèbre abbaye, dont le
cartulaire a. été publié par notre compatriote, H. Maximin De-
loche, de l'Institut.
(2) Lozanna. C'est le nom d'un des anciens cimetiËres du Dorât,
(3) La chapelle de Saint-Antoine, au cimctièro des Arènes (au-
jourd'hui le Champ de toire).
(4) Jean Gilles de Coëtlosquet, qui, en 17^, fut charge de l'édu-
cation du duc de Bourgogne, entra plus tard à l'Académie fran-
çaise et mourut le 21 mars 1784.
(5) Un blanc.
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vespres. Le 14 may, il a donné la confirmation dan
l'egUge de St Pierre du Dorât, son not (sic) est Jean
Giles, senieur du Goetlosquet, Evesque de Limoge.
...Jean Baptiste Maurat... Dé le 13 mars 1796, avocat,
député, représentant à l'Assemblée Constituante, ancien
commissaire de la République, ancien membre du Con-
seil général'de la Haute- Vienne, est décédé au Repaire,
commune de Vaulry(l), (Haute- Vienne), le 21 juin 1868,
âgé de 72 ans (2).
{I) Cuiton de Nautial, arrondissement de Bcllac.
(î) Celte noie est d'une écriture conletaporaine.
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— 561 —
IV
LIVRE DE FAUILLB DES LBUAISTBB-BASTrDE nB LIKOr.BS
(1558-1748) [I}.
J'ay mis icy les natÎTilés suivantes, que j'ay trouvées
dans un vieux manuscript de feu mon grand père, escript
tout de B& main ; et sont très véritables.
« Les [2) nativitéB de mes enfans et de Françoise Vey-
» rier, fille Jean Veyrier, marchant orfèvre de Limoges (3) ,
* ma femme :
» Le premier, appelé Jean Lemaistre, oasguit le jeudi
« vingt deuiième de septembre 1558, entre six et sept
■ heures du matin, et a été porté sur les fons baptis-
■ maies par le sieur Jean Veyrier, mon beau père, et par
• la femme du sieur Martial Vertamon (4j, marchand et
» bourgeois de Lymoges, Laudetur Deus!
Il mourut à Paris, le 14* février 1621, d'une apoptesie
qui le priot dans le petit S' Anthoine, oyant messe, et fut
porté chez M' Petit, rue de Cécile (5), où il fut mort dans
quatre heures, et fut enseveli à S' Paul, audit Paris,
comme est feu mon oncle Martial Lemaistre, son frère,
(1) Noua devons à M. l'abbé Lecler la communication du texte
de ce livre. On trouvera à l'introduction quelques ddtails sur le
manuscrit.
H. Lecler a râlabli l'accentuation pour faeili^r la lecture.
(2) Noua mettons des guillemets aux extraits du papier de famille
de Robert Lemaistre.
(3) Nous avona dit que cet orfèvre fut un des propriétaires dont
!a ville acquit remplacement du collège.
(4) Lea Vertamon, marchanda de Limoges, connus dès le xtii*
siècle, sont la souche de l'illustre famille de robe dont un membra
est ai glorieusement tombé & Patay.
(5) De Sicile.
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— 562 —
gui est une maison proche l'hostel de Lorraine ou des-
pandant d'icelui ; et faisoit lors les affaires de Monseigneur
le duc de Veiidosme, frère du duc de Lorraine, qui estoit
lors h Paris audit hostcl et qui l'allavoir; et son intendant,
trésorier, médecin et apoticaire esloil aussy logé en ladite
maison et y Tut porté pour..., a quel prix qui cousta audit
prince. — Sed numerus mensium g'us apud te est : consli-
luisli terminas ejus, gui prxteriri non potuerunt.
» Le deuxième enfant que Dieu m'a envoyé c'est appelle
B Françoys Lemaistre , qui nasquit le ■ dimanche , qua-
» triesme aoust 1560, entre six et sept heures du soir;
> et a esté compère M' Jean Hugon, Lieutenant criminel
n dudit Lymoges, et commère Françoise Ardent, ma belle-
B mère. Et à cause que j'avois le susdit premier fllz
» nommé Jean Lemaistre, ledit aieur Lieutenant lui im-
0 posa le nom de la dite commère, appellée Françoise
« Ardent, femme dudit sire Jean Veyrier, mon beau père,
D et par ainsi mondit second ftls s'appelle François. —
» S»li Deo honor.
» Le 3» enfant que Dieu m'a envoyé en moudit mariage,
" c'est appelle Pierre Lemaistre, qui nasquit le dimanche,
B 21 de juing 1562, entre cinq et six heures du matin.
B M' M' Pierre Ardent, procureur pour le Roi à Limoges,
e a este compère; La dame Gilberte veufve de feu le
» sieur Penicaille, en son vivant marchand banquier dudit
n Lymoges, a esté commère. — Sit nomem Domini bene-
B diclum!
» Le samedy, sixième febvrier 1563, à heure de trois
» heures du matin, mondii flls Pierre Lemaistre est allé
» à Dieu.
n Le quatriesme enfant que madite femme a enfanté, le
B dimanche, jour de Saint Hilaire et 13' jour de janvier
» 1566, environ huict heures du soir, a esté une fille qui
" s'est appellée Marguerite Lemaistre, de laquelle M' M*
B Suduyrault, conseiller au siège présidial de Lymoges (1)
(1) Le siëge préaidjal de Limoges avait élé ét&bli en 155t.
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— 563 —
I et Marguerite Ardent, sœur dudit procureur Ardeot,
> fureat parrain et marraine. La dite fille [mourut] le
I lendemain quatorsiesme dudit janvier, entre une et
1 deux heures après le midy. — Deus dédit, Deus abstuUt,
> sit nomen Domini bemdictum !
» Le cinquiesrae enfant qnie Dieu m'a donné, le sa-
> medy dixième janvier 1568, environ l'heure de cinq ou
» six heures du matin, est appelle Anthoyne ou Thoine
» Maistresse (I). de laquelle mon beaufrère, Jean Veyrier,
» ÛIs dudit feu Jean Veyrier, mon beaupère, et Thoyne
» Veyriere, ma belle sœur, femme de feu Mathieu du
» Johaunaud, ont estes compères. — Deu* prosperet natfut-
• tMtm et vitam iiliut !
1 Le sixième enfant qu'il a plu à Dieu de m'envoyer
> en mon mariage susdit, et fut un mardy, jour S' An-
I thoine, dixseptième jour de janvier 1570(2), à heure
» d'enti* quatre et cinq heures du soir dudit jour; et fut
> compère M' M* Gaultier Bermondet, président et lieu-
t tenant général en la sénéchaussée de Lymosin, et com-
» mère la dame Jeannette Foresta, femme de M' M' Pierre
0 Ardent, procureur du roy en la dite sénéchaussée. —
> Laudetur Deus in omnibus donis suis!
» Le septième enfant que Dieu m'a envoyé, le xxiiij
1 décembre, jour de dimanche, veille de Noél 1570, heure
• de six heures du matin, fut appelle Guillaume Le-
I maistre, causant que M' Guillaume de Julien (3), recep-
» veur d'Agen et mary de Marguerite Ardent, le porta
• sur les fonts avec Jeannette Dubois, sa marrine, femme
• de Jean Veyrier, mon beaufrère, et mourat le septiesme
(1) On retrouve ici l'habitude de donner une désinence féminine
aux noms propres de femmes.
(2) On voit, par l'acte qui suit, que le millésime de 1570 est bien
exact. L'édit de Rossillon était donc appliqué k LimogeB.
(3} Ce Guillaume de Julien, originaire sans doute de Limoges,
était membre d'une de nos plus vieilles et de nos plus riches
familles. Les de Julien tiraient leur origine de la Cilé.
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— 564 —
» de janvier en suivant M V* LXXJ, qui estoit un jour
n de dimaDche et le leDâemaia des Roys, et fut à l'article
B de la mort sept jours : mourut ledit jour, vu janvier
D 1571, à heure de deux heures après minuit.
» Le huitième enfant que Bleu m'a donné, le samedy
» Mvj* d'avril, entre deux et trois heures après midy mil
» V' soixante douie, a esté appelé et nommé Martial Le-
» maistre, causant (1) qiie M' Martial Baignol, chanoine -
D de S* Martial (2) de Lymoges, qui l'a porté de sur les fonts
» avec Veyrier, veufve de feu M' le Conseiller Gran-
9 chault. ■
Notés qu'il fut docteur en théologie, grammaire, grec et
hébreu, et mourut (estant à la suite de l'abbé de S' Vic-
tor (3) à présent archevêque de Rohan] à;Paris, dans
Thostel de Lorraine, le dernier de octobre 1610, comme
appert par son testament; et fut enterré dans S' Paul,
audit Paris, comme feu son frère, feu mon père, que
Dieu absolve!
Notés que feu mon grand père, Robert Lemaistre, mou-
rut le mercredy saint, vingt-septième mars 1584, et fut
enterré dans la chnpelle de la Sainte Trinité qui est dans
Saint Michel des Lyons (4) ; et aie tiré cecy d'un mémoire
escript de la main de Pierre Cercleir (?) (5) qui était gen-
dre de mon grand père, pour avoir espousé Antboinette
Lemaistre, ma tante.
(1) A cause que.
(2) Très ancien monastère, sécularisé en 1537.
(3) 8'agil-ii de Saint-Viclor de Paria ou de Saint-Victor de
Marseille ?
(1) Une des plus anciennes églises de Limoges, appelée par Ift
chronique de Vigeois, au su' siècle : Archangeti eccleeia aupemor.
Elle tire son nom des lions de pierre placés au-devant de sa porie
à la même époque, et peut-être dès le xi* siècle.
(5) Peut-Stre Taudrait-il lire ici : Croister.
ibyGoogle
tfativiti de met enfiau.
1. L'an mil V* quatrevios et sept, et le vendredy, un-
ziesme jour du mois de septembre, entre trois et quatre
heure après midy précisément, est né Jan le Maistre,
mon fils aisné, lequel fut baptisé le dimanche au soir
ensuyvant, treiziesme dudit moys, en l'église de Saint
Michel des Lyons, en la presant ville de Lymoges. Mes-
sire Jehan de Puyzillon, doyen de l'eagliae cathédrale,
fut parrain, et dame Jannete Boulbon, ma belle sœur,
marrine.
Lau$ Deoî
Mondit fllz est décédé, le sammedy septiesme jur du
moya de may mil V quatrevlds huict, entre six et sept
heures du matin.
Dominus dédit, Dominas abatulit : SU nomen Domini bene*
dictum!
2. Lan mil V quatrevins et neuf, et le vendredy sei-
ziesme jour de juin, Dieu m'a donné une fille, Françoise Le
Maistre, laquelle ma femme a enfanté entre quatre et cinq
heures du matin, moy absent en la ville de Bourdeauz (1).
Messire Jehan de Mauple, conseiller du roy et trésorier
général de France, fut parrain, et dame Françoise Ardent,
veufve de feu M' l'Eslu Douhet, ma grand mère, fut
marrine.
Loué soit Dieu!
Obiit ma ditte sœur, le 16* de apvril mix six cents vingt
neuf, à SouUognac [2).
3. Le dixiesme jour de febvrier mil V* quatrevins et
douze, nasquit en la ville de S* Léonard (3|, sur les dnq
(1) Limoges était du ressort du Parlement de Bordeaux.
(2) Solignac, bourg à 9 kilomètres de Limoges, possédait une
célèbre abbaye bénédictine.
(3) CheMieu de canton de l'arrondissement de Limoges. Nous
avons dit que beaucoup do ligueurs de Limoges étaient alors ré-
fugiés dans cette ville, et que l'auteur de notre manuscrit était
peut-être de ce nombre.
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— 566 —
à six heures du matlD, Barbe le Haistre, ma âUe, et fut
parrain le sieur Jehan Masbaret, marchant bourgeoiz de
la dite ville, et marrine Dame Barbe De Cordée, femme
du sieur Marcial Decordes dit le Coullaud, marchant bour-
geois de Lymoges.
4. Le mercredy, vint et neufviesme jour de septembre,
feste de 5' Uichel, mil V* nouante et troys, en la mesme
ville de S' Léonard, entre huict et neuf heures du matin,
nasquit François le Maiatre, mon fils et fut son parrain
noble François de Royère (1), écuyer, seigneur de Bri-
gnac et de Beaudeaduit, et damoyselle Jane de Douhet,
femme de Messire Marcial Benoist(2), trésorier général de
France audit Lymoges.
Il mourut à Paris trois ou qiutre jours (3) l'année
162... et fut enterré à S' Paul, dans le cimetière, proche
son père.
5. Le xxv* jour de juillet mil V* quatrevints et seize,
jour de S" Anne, Marguerite Boulbon, ma femme, s'ac-
coucha d'un Qls qui mourut tout à l'instant, après avoir
été baptisé des femmes. A Limoges.
6. Le jeudi, ixvi» mars mil V quatrevins et dix-huict,
nasguit ma allé Gallianne Le Maistre, entre sept et huict
heures du soir. Et fut parrain Monsieur M' Simon Ardent,
procureur du Roy à Lymoges, et marrine honeste QUe
Galliane Mosnier, Slle au feu Pierre Mosnier el damo
Françoise Decordes. A Lymoges.
SU nomem Domini bmedietum!
J. LEtlAISTRB.
0) Nous retrouvouB ici la famille de Royère, dont il a été ques*
tion au Livre des Massiot.
(2) Martial Bonoist, après avoir été un des chefs les plus ardents
du parti de la Ligue, obtiat la confiance de Henri IV, k ce point
que le roi lui adressait souvent des lettres sur les objets les plus
importants et que plusieurs assemblées publiques se tinrent dans
la maison de Benoist. Plusieurs couvents durent leur fondation ou
leur agrandissement aux libéralités du ■ général « Benoist et de
sa femme.
(3) Un blanc.
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— 567 —
Ma âlle est décédée au mois de may 1600.
7. Le Tandredy vintecloquiesaie jour de juin mil V*
quatrevinh et dix et neuf, entre neuf et dix heures du
matin, nasquit eu la ville de Lymoges mon fils Joseph
le Maistre. Et fu son parrain le s' Joseph Decordea,
sieur de la Grange et Mayeras, et marrine dame Mar-
guerite Ardent, ma taute. Loui soit Dieu!
J. Lbhaistrb.
8. Le lendemain des Roys, septiesme jour du mois de
janvier, en l'an mil six cent et deux, entre quatre et cinq
heures du matin, est née ma fille Anthoinette le Maistre,
de laquelle a esté parrain M' Jehan du Pin, procureur
au siège présidial, mon beaufrère, et marrine ma sœur,
Anthoinette Le Maistre, veufve de feu M' Pierre Cer-
clier, vivant huyssier au bureau de Lymoges.
Loui soit Dieul
J. Lbvaistrb.
Ma mère, Antoinette Lemaistre, décéda le 7* jour du
moix de may, un dimanche matin, — Dieu soit loué eo
elle ! — et fut anterrée à s' Michel, dans la chapelle de
la s" Trinité.
9. Le neufviesme jour du mois d'aoust mil six cent et
huict, entre six et sept heures du matin, jour de sam-
medy, vigile de S' Laurent, nacquit ma fille Marciale Le-
maistre ; de laquelle a esté parrin M* Estienne Ardent,
advocat au siège de Lymoges, et marrine honeste fille
Marciale Decordes, fille de feu Marcial Decordes, s' de la
Grange. Loui soit Dieul
J. Lbuaibtrr.
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Extrait du enfans que Dieu nom a donné entre ma femme,
Anthoinette Lemaistre et François Bastide.
Le 9 juillet 1643, le dlmaDche matlD, à l'heure de six
heures, Dieu nous a doDué nostre eufan, lequel je faict
surplouberfl), en atendan le s' sacremeut de bathéme.
Le^el a esté batizé le jour de nostre dame de décembre
l'année 1646. A esté son parin mon beaufrëre a' Joseph
Lemaistre, et sa marine ma mère, Anne Peyrac, à s' Michel.
Bastidb, père,
+
Ma tante Marie Proment feust enlerée, le vingtqua-
triesme juin mil six cent£ septante cinq, dans mes tom-
beaux {2) à S' Pierre (3).
+
Ma tante Anne Bastide, fille dévoste, dessedat le 25°"
juillet 1676, et feust enterrée à S* Michel, dans la cha-
pelle de La Sainte Trinité, dans mes tombeaux.
Extrait des enfants que Dieu nous a donnés, entre ma femme,
Yalerie Origet et Joseph Bastide.
Au nom de Dieu.
Dieu nous a donné un flls, le mardy, entre six et 7
heures du matin, le vingtesisiesme jour du raoix de ce-
(1) Ondoyer. Ce passage montre bien cl&irement le sens de ce
mot, qu'on trouve sous sa forme romane au Livre de raison
d'Etienne Benoist (ïiv siècie).
(!) Nous avons dâjà dit que toutes les familles un peu aisées
avaient UJie sépu,lture spéciale, aoit dans l'église paroissiale, soit
dans le cimetière qui l'entourait. Un assez grand nombre faisaient
enterrer leurs membres dans uuc chapelle spéciale de l'église, cha-
pelle fondée par leurs ancêtres et entretenue et desservie à leurs
(3) Saint-Pierre du Qneyroix, une des plus anciennes églises de
Limoges, et encore aujourd'hui la première paroisse du diocèse.
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— 570 —
tembre de l'année mil six cents coixante huit, doDt feus
paria S' François Bastide, mon père, et marine Madame
Catherine Origet ma belle mère. Dieu soit béni de tout
et de toutes choses ! amen. A S' Michel fust baptisé.
J. Bastide père.
Il fut baptisé par le prêtre Leschosie, riquaire.
François Bastide est décédé le 39° jour de janvier.
SU nomen Domini benedietum !
Le 20 février 1670, Dieu m'a donné une fille, le jeudi
au soir, entre cept et huit heures, et feust parin S' Jehan
Origet mon beaufrère, et marine Antoinette Lemaitre, ma
mère : dont elle fust baptisée le lendemain, vendredi, du
mesme moix, vingtunième février 1670, k S' Michel.
J. Bastide père.
Obiit ma fille Antoinette Bastide : feust enterrée le 39
mai 1674, dans l'église de S' Michel, devant la Sainte
Trinité, dans nos tombos.
Loué soit le Saint nom de Dieu et la Sainte Vierge Marie !
Dieu nous a donné un fils, le vingtesixième février
mil six cents septante et un, le jeudi, à trois heures après
mynuit ; et feust parin André L'Origé, mon beaufrère, et
marine ma maire, Antoinette Lemaistre : à S' Michel feust
baptisé par le sieur Garât, prestre de ladite Eglise de
S' Michel des Lions.
J. BASTmE père.
Décéda André Bastide le 15' août 1704, et fut enterré
dans nos tombos à S' Michel, dans la chapelle de la
Trinité.
Le Saint nom de Dieu et de la glorieuse Vierge Marie
soit loué à jamais !
Le 31"" d'octobre de l'année mil six cents septante et
deux, Dieu nous a donné une fille, le lundy au soir,
entre six et sept heures du soir, et feust baptisée le pre-
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- 571 —
mier novembre, jour et feete de Tous Saints, et feust
paris François Bastide, mou frère, et mariDe Marie Origé,
ma belle sœur : à S' Michel feust baptisée par le viquère
Gadaud. J. Bastide, père.
Le 3* décembre 1676, ma fille Marie Bastide desseda,
et elle fut enterrée dans notre chapelle de la Trinité, à
S' Michel, dans nos tumbos.
Le Saint nom de Dieu et de la glorieuse Vierge Marie
soit loué à jamais !
Le 28* jour du moix décembre mil six cents septante
et trois, la nuy des lonosans, entre une et deux heures
d'après mynui, Dieu m'a donné un enfan, et feut baptisé
le landemain 29™ du mesme moix et an que deceus; et
feust parin Françoix Bastide, mou perre, et marine Anne
Duroux, ma belle sœur : à S' Michel feust baptisé par le
sieur Colusson, vicaire. J. Bastidb père.
Dieu m'a retiré de ce monde mon fils Françoix, qu'il
lui avoit pleu9t me donner, à ma charge (I), le 10"* se-
tembre 1679 — Dieu soit loué en tout et partout! — et
enterré à S' Michel, dans la chapelle de la S" Trinité.
Le Saint nom de Dieu et de la glorieuse Vierge Marie
soit loué à jamais!
Le 29' Jehanvier mil six cents septante sinq, un mes-
credy, entre huit et neuf heures du matin, Dieu m'a donné
une flgle ; et feust baptisée le mesme jour à S' Michel, par
le sieur Bardonneaux ; et feust parin Françoix Bastide, et
marine Marguerite Origé, ma belle-sœur, J, Bastidb père.
Le Saint nom de Dieu et de la glorieuse Vierge Marie
soit loué a jamaix!
Le IS" setembre mil six cents septante six. Dieu m'a
donné une iille, le vendredy au soir, entre sept et huit
heures; et feust parin Fransoix Bastide, mon père, et
(t) Charge a ici le sens de douleur.
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— 572 —
marine Anne Duroux, ma belle sœur; et feust baptisée le
lendemain, dîxneufvieme du mesme raoix, par le s' Co-
luBSOE, vicaire de S' Michel. J. Bastide père.
Obiii, et anterée dans nostre chapelle de la Triolté, à
S' Michel.
La oourise de ma fille Anne est entrée dans chez nous
le 20"' cetembre 1676; et lui donnons par année 24 livres
pour la nourir.
Plus elle en est sortie le i7"' de juin 1678.
Le Saint nom de Dieu et de ia glorieitse Vierge Marie
soit loué à jamais I
Le 28"' décembre 1678, Dieu m'a donné une fille, le
mescredy au soir, à 3 heures; et feust baptisée le len-
demain à S' Michel, dont a esté parin le s' Segon, mon
beaufraire, et marine Anne Origet, ma belle sœur; et feust
baptisée par le s' Colusson, vicaiie. J. Bastidb père.
Ma fille décéda le 9*°* mars 1685, et fut enterée dans
nostre chapelle de la Trinité, à S' Michel.
La femme de mon afermier de S' Martin a prias ma
fille à nourisse le 37*" décembre 1678, li raison de 24 1.
pour année, et une aune de toile.
Le Saint nom de Dieu et de la glorieuse Vierge
soit loué à jamaix !
Le 5™ Février 1682
Dieu m'a donné un enfan, un jeudy, à troiz heures
du matin, et feust baptisé le mesme jour, à S' Michel, par
Rousaud, vicaire, et feust parin Jan Duroux, et mareine
Catherine Origet. J. Bastme père.
Mon enfant décéda le 14* février 1684, et fut enterré à
S' Michel, dans nostre chapelle de la Trinité.
J'ai donné mon enfan à la nourise à la mestayëre de
la damoiseUe Sanson, à Trente-Laux(l), paroisse de S' Pol,
pour 25 1. 10 s. pour année, le 8"" mars 1682,
(1) Trenlalaud, hameau de la commune de Saint-Paul d'Eyjeaux,
canton de Pierrebuffibre, arroudissament de Limoges.
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Payé le premier moix : 2 1., 2 s. 6 d.
Paye le segon moix : 2 L, 2 s. 6 d.
Le Saint nom de Dieu soit loué à jamaU.
Dieu m'a donoé un eofan le 27°" juin 1683, à deux
heures du soir, un jeudy, jour de la Fesle Dieu; et feu&t
baptisé a S' Michel le mesme jour, eutre 7 et 8 heures
de soir; et feust paria Guillaume Duroux, mon neveuf,
et mareine ma belle sœur, Marguerite Segon, par le s'
Tessier, vicquaire de S' Michel. J. Bastide père.
Le 27" juliet 1681.
Je pasé afferme à Jean Carquarei, de mon jardin de
S* Martin (1) pour sept années à commenser puis le huic-
tiéme décembre 1687, à raison de 41 I. 10 s. pour chas-
cune année, payable de six en six moix par avance, à la
réserve de deux journal de auziere (2) et tous les arbres
gui sont autour de la dite auzière à la réserve d'un gran
arbre siriger (3) qui [est] dans la dite auziere, que je luy
donne.
Le jardinier m'a resté 15 s., en ce que (4) je le quite
jusques au 8* décembre 1687.
Reçu de Jean Carquarés 10 1., sur les premiei-s six
moix de l'afferme.
Le (h) ^ nom de Dieu soil biny a jamais! Dieu m'a donné
unt fll, le mercredi ce 18*"" mars, à 10 heures le ma-
teint, de l'anné 1718; fut balisé à S' Michel des Lions :
fut pareint François Bastide et mareine Françoise La
(1) Il s'agit probablement du territoire situé aux portes du ch&>
teau de Limoges, et qui tirait son nom d'une abbaye fondde par
saint Ëloi et ses parents, et occupée plus tard par les Feuillants.
(2) Oser aie.
(3) Cerisier.
(4) Moyennant quoi.
(5) On voit qu'ici commence le détwl d'une nouvelle génération.
T VIL 6-11
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— 574 —
Judice, ma belle maire : batisé par les melns du 6' Piqué,
viquaire.
GuiLOMB Bastidb peire.
François deseda le 15 setanbre 1734, et fui auteré dans
l'église de S' Micbel, dans uostre chapelle de la sainte
Trinité, à S' Michel.
Le S* nom de Dieu soy biny a jamais! Dieut m*a doué
une fille, ce 5"" oct" 1719. Fu paireint Jan La Judice
et maireine Valérie Bastide : à S* Michel, par le sieur
Reculet, vicaire.
GuiLOHs Bastide peire.
Valérie décéda le 10 setembre 1719, et fut enteré dans
nostre chapelle de la S** Trinité, à S' Michel.
Le S* nom de Dieu soy bény à jamais! Dieu m'a doué unt
m le mardi, ce 8°" octobre l'KO. Fus batisé à S' Michel
des lions; fut paireins Jan Marandé et maireine Cathe-
rine Arno, ma belle sœur : batisé par les meins du
S' Piqué, viquere.
GuiLLOUB Bastidk peire.
Le S* nom de Dieu Soy bény a jamis ! Dieu m'a donné unt
fil, le 14"* décembre de l'aune 172., , à 3 heures après
midit; et fut batisé à S' Michel des Lions; pareinl, Mar-
cial Arnaud, et marene, ma belle sœur La Judle : balisé
par Monsieur Lamote, riqueire de S' Michel.
GuiLOUB Bastide peire.
Le petit est mort le 24 février 1725; et fut entéré dans
nostre chapelle de la 8" Trinité, à S' Michel.
Le S* nom de Dieu soy bény a jamais! Dieu m'a donné
un fli, ce 8"» juUé de l'année 1725, entre onze heures
et 11 h. et demy; et fut balisé a. S' Michel des Lions:
fut pareint François Bastide et marene Cateriiie Lajoudie,
famé de Marandé. Batisé par monsieur Petiniaud, vi-
queire de S' Michel,
GuiLOMB Bastide peire.
Le S" Nom de Dieu soy bény à jamés ! Dieu m'a donné
lyGoogle
— 575 —
UQ fll, ce 13 mar de l'année 1727, entre [sic] a deux heures
demy; et fut batisé à S' Michel des Lions; et fui pareint
Bamit, et marene Viilerie Bastide; el fut balisé par Mon-
sieur La Gardele, vicaire de S* Michel.
ûuiLOUB Bastide père.
Le Saint nom de Dieu soit béni! Dieu m'a doué une file,
le 27" octobre 1728; fut pareint Jan Arnos et mareiue
Valérie Bastide; et fut batisé par Monsieur LaGardaille,
vicaire de S* Michel.
GuiLOHS Bastide père.
Le Saint non de Dieu soit béni! Dieu m'a donné deux
filles, ce 10" janvier 1730 : fut [sic] batisé à S' Michel.
Fut pareint Marcial Arnaud et marene Valérie Bastide
l'enné. Et fut pareint de l'autre fille Jan Bastide, et ma-
rene Caterine, famé de Marandé : par les mains du S' Pe-
tiniaud, vicaire de S' Michel.
GiLiOMB Bastide peire.
Caterine est morte le 15 janvier 1730; et fut enterrée
à S' Michel, dans nostre chapelle de la S" Trinité.
Le 5' nom de Dieu soy bény ! Dieu m'a donné unt fil, le
jeadit, à 4 heures du matin, et 26°" de février de l'année
1733 : Et fut batisé le mesme jour h 5* Michel par les
mains du S' ; et fut pareint S' François Bas-
tide, et marene ma belle sœur, famé du S' S' Pol.
François Bastide est décédé le 26"" septembre 173... et
enterré dans nostre chapelle de S" Trinité.
Est décédée ma mère, Catherine La Judice, épouse de
Guillaume Bastide. Juin 1750.
Le 5* nom de Dieu soy biny ! Dieu m'a doné un fils le
dimanche, à deux heures et demi après midy, le 3™
d'octobre de l'ennée 1745. Fut balisé le même jour à
S' Michel par les mains du sieur Dupuy; et fut parain
mon père, sieur Guillaume Bastide; la marene, ma belle
mère Rose Guérin.
Jean Bastide père.
DigmzcdbyGoOgle
— &7« —
Guillaume est décédé le 25 ceptembre 1747, à deux
heures et demi du matin, et il a été antéré dans notre
chapelle de la Trinité, à S' Michel.
Le Saint nom de Dieu soil béni ! Dieu m'a donné un &a
le vandredil à 10 heures du soir, ce 3 féviier 1747. Fut
baptisé le landemain, à S' Michel des lions, par les mens
du S' Dupuit : fut paren le S' Franais Guerain, curait de
Couse ou Petit-Limoge(l) et marene Quaterine Lajudie,
ma merre.
Jean Bastide père.
Le S^ nom de DUu soit bénit! Dieu m'a donné une fille
le mardit, à huit heures du soire, le 13 février 1748. Fut
parain Fransois Michelon, mou beau frère, et Valérie
Bastide, ma sœur, marene; fut baptisé le lendemain, à
S' Michel des lions, par les malus du sieur Dupuit, vi-
quère.
Jean Bastide, père.
Le 12 juillet 1661, je marié mon flls Joseph Bastide
avec dam"» Origet : l'acte reçu par monsieur Rougier,
not" royal.
Je donné à Mandillon pour le desjuner, le jour qu'il
ont espousé 4 1,
Plus pour le dîner 4 1.
Je afferme la maison de mons' Jayat. . , 40 1.
pour une année.
Je acheté 6 cheses tapisiers 15 1.
Plus un tapit 9 1.
Plus je achetté une table ronde du S'
Senamaud, du Clocher (2) 131.
(1) Couzeix, bourg i sept kitoniètres de Limoges, caatoD de
Limoges -nord.
(3) La rue du Clocher éliût ainsi nppelëe parce qu'elle «i>outisaait
eii face du clocher de ta basilique de Saint-Mariial. Bile est encore
la rue U plus commerçante de Limoges.
lyGoogle
— 577 —
Plus je achesté 25 esse (?), à 3 s. 3 d 4 1. 1 s. 6 d.
Plus je achesté une armoire ]3 1.
Plus je achesté un chaîy de ûoier 101,
he 20 julier, je donné ma Lestrade 171.
pour la fason du dessut et piesses d".
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LK LITRE DB FAUILLE DBS LAHY DE LA CHAPELLE, DE LIMMES
(1571 à nos jours) (1).
(extraits)
In nomine Domini nostri Jesu
Ghriati et aanctissim» ejus genitricis,
anno D. MDLXXI.
Ego Francàeui Lamieus, Regius Patronus ^] in Senes-
chatia Lemovieenti, hxc mea manu exaravi.
un" nonas novembris, aeu die secunda ejus mensis, qua
defuDctonim ferias de more agimu9{3), poat octavam ho-
ram, e mane, natus est mihi fliîus, meus primogenitua, ex
conjuge amantissima ; et quoniam primo obstelricibus in-
firmas admodum videretur, ac de ejus salute dubitarent,
eo nondum oculos aperiente, illanim hortatu, confestim
liquida aqua baptizatuB est a Domino Cantore Rupefo-
caudi (4), qui superioribus annis, imminentibus bellorum
civilium contentionibuB, bue recesserat, ac metu bere-
ticomm ejus patriam occupantium, uunc domî regredi
et ad suos se reclpere non audebat. Post, nutricum ope
refocillatus , puer Qrmior appaniit. Idcirco, ad horam
quartam pomeridianam, lu diyi Uichaelis sede sacra (5)
nostri Leinovicorum oppidi, a Domino Johanne Vouielle,
vicario, adhibita sunt solita sacrameuti baptismi solem-
Dia[6). Àdfuit spiritalis [sic) paler socer meus, Dominus
(t) Nous avons donné à l'introduction quelques indications sur
l'état et l'intérêt de ce manuscrit. Nous ne pouvons qu'y renvoyer
le lecteur. L. G.
(2) Avocat du Roi.
(3) Le jour de la Fdte des Horis.
(4) Le chantre de La Rochefoucauld.
(5) Saint-Hichel des Lions. Nous avons déjà parlé de cette église.
(6) François Lomy demeurait sur la paroisse de Saint-Michel,
dans la maison immédiatement au-dessus du Portail Imbert, où
il a existé autrefois une statue du patriarche Lamy.
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— 579 —
Petiot, patroDorum disertiBsimus et aculissimus, judex -
ordJDarius Lemovicis, a qao Ûlio meo Joannis Domen
jnditum est. Mater spiritalis fuit geaitrîx mea obser-
vantisaima, DomiDa Haria LapÎDe. Hoc summo beneûcio
cuolulatus, immortaleg DoroiDO ago gratias. 1571. F. Laut.
xTi* calendas februarii , die sabbati , aano Domiai
HisLzxiii, circa tertiam pomeridiaDam, uxor gravi par-
las dolore subito correpta est, in matris auLa seu cubi-
culo. Inde cum nostrum triclinium coascendiseet, ope et
auxilio fere destituta, prsterquain nutricis et anclllœ,
quarum altéra ad obstetricem convolât, imminente partu,
sudore toto corpore corripitur (1} ....ut, de matris et pueri
vita diu dubitaretur. Ego vero, accito statim Domino
Ouillenno Gervesio, Axiensi presbytero (2), încola hujus
urbis, adhuc anhelantem puerum et labiola moventem,
baptizandmn curavi, in eodem Dostro triclinio, adetan-
tibus viciais quibusdam mulieribus. Deiode socrus con-
aUio, obstetrices balneum vini aromatites {sic] tepidi,
additis speciehus et pipere trito, in pelvim conûciunt;
eo puerum mergunt et abluunt, cum refocîUandarum
virium, tum explorandi causa an corpuscule vitse aliquid
superesset. At postea cognitum est vitam cum morte com-
mutasse. Dominus ejus animam suo paradiso iuferat, et
sanctis adscribat! Porro nullam rem gravius aut moles-
tius unquam tuli, nec majori luctus acerbitate eo casu
et pueri jactura, cui uxorem etiamuum causam dédisse
susurratum est : nempe diutius, quam par erat, dissi-
mulato dolore, nec vocato tempestive auxilio. Erat autem
speciosus valde, porrecta et lata fronte, décora facie,
latis humerîs, teretibus artubus, pinguibus et muscu-
losis, proceras velut semestris, tibiis oblongis, totus ni-
veus et candiduB patrisque mei optimi (ut observatum est)
p\]lchritudinem referens. Sepulturx mandavimus in aede
(t) Nous supprimons ici quelques dâtaila par trop prdeis sur
l'accoucbement.
(2) Pr«tre d'Aize, petits ville à I! kilomètres de Limoges.
lyGoogle
Dîvi Michaelis, die subsequenti, post noDam de mane, îb
fiepulchro familiari.
un" idu8 junii(f), die jovÎB, anno Domioi «iiauxini',
quo die featum sacratissimum corporis Domini nostri JcBc
Christi coIebaUir, ozor mea amaatissima puenim mihi
in lucem edidit, primis, inquam, pedibus, ut Agrippa vere
dici possit; hune paululum poet octavatn vespertioam
peperit. Sequenti die, divo Baniabse dicato, circa deci-
mam de mane, cœlesti lavacro puriflcatus est a DomiDO
Gerardo Fogerac(2}, vicario in Divi Uidiaelis »de sacift
hujus urbis Lemoviceosis : epiritales parentes adfuere op-
timus frater meus Dominua Joannes Lamicns, Kurilii (3)
curatus et Sancti Amandi (4), et mea socrus, Domina
Uaria Mercier. Puero, mei jussu, Fraocisci nomen iadi-
tum eat, in optitni patris mei memoriam. Quod mihi beiM
vertat! — F. Lamy.
XT calendaa januarii (5), die dominica, anno Domiaî
CIO 13 LXXT, circa septimam serotinam, natus eat mihi
puer Poatero die, frater meus, DominUB Josephus
Lamy, subpnefectoa aeu assessor regius hujus prorin-
cis, et Uaria Petiot, uxorïs aoror oatu major, nupta
domino de Beaufort Nobiliaco (6), post terliam pomeri-
dianam, eum e aacra fonte levaverunt, in «de sacra divi
Michaelis : puero Jo&ephi nomen inditum est.
XT calendas februarîi (7) , die sabbati , anno Doraini
(t) 10 juin 1574.
(2) Cet eccléaiastiqne jona un rôle actif dans la tentative hite
par les ligueurs, le \b octobre 1589, pour a'etnparer de la ville.
(Voir notre ouvrage : La Ligue à Limoges. Limoges, veuve Du-
courtieux, 1384.)
(3) Nieul, chef-lieu de canton, arrondissement de Limoges. Jean
Lamy fut plus tard chanoine de la cathédrale.
(4) Saint-Âmand. Il y avait, i, cette époque, quatre paroissea au
moins de ce nom dans le diocèse.
(5) 18 décembre 1^75.
(6) A Saint -Léonard de Noblat, aujourd'hui chef-lieu de canton
de la Haute-Vienne, à une vingtaine de kilomètres de Limog«8.
(7) 18 jaQvier 1578.
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- 58t —
cf3 D Lxxrm, Qxor amantissimafl) Bufa non&m ■pat'
mm parluriit. adhuc pulpitantem (rie); ac breTi post
exaDimis inventus est. Brat cœteris pulchrior, lato Bto-
macho, latîs humeris, corpore procenis et picguis srtu-
bus. Eo casu et pulcbemmi pueri jactura gravi sam
dotore affectua. Deus banc suis cslestibus adscribat (2) 1
Uxor, post editum partum, lam maie se babutt, ut parum
^foerit quin supiemum [sic] cum puero clauserit diem (3).
IHS HA
Quod Seo gratum, mihi feliz fortunatumgue famîUx
sit! — Tertio Qonas martii(4), venerisque die, aano
Domini millesimo eexcentesimo quarto, circa horam sex-
tam matutinam, natus est mihi Ûlius primogenitus, ex
prxdilecta conjuge, Marguerita de Mastribut, quem hoao-
randus frater meus, Domluug Joannes Lamy, canonicus
ecclesis Lemovicensis eL Niolii rector, una cum socni,
domina Gabriella Decubes, de sacro fonte suscepenint
Joannisque nomen iodiderunt, nonis iiiartii{5}, in œde
divo Micbaeli sacra, idque ministerio Domini Jacobi de
Villars, vicarii. — Lamy, advocatus. Laus Dto virgitiique
matri!
■ Omne masculinum quod aperit rulvam sanctum Do-
mino Tocabitur • (Luc, 2). — Decimo tertio kaleodas aprilis,
et 15 a natali die, circa horam quintam serotinam, di-
lectus meus primogenitus, ejulatu seu aM cruciatibus, ut
credo, multum debilitatus, cum ubera outricis mious
pûBset suggère, puram exalavit animam, quam Deus bea-
(1) Ici des ddtaila techniques sur l'occoachement.
(!) L'enfant avait été baptisé.
(3) Il y a évidemment une lacune entre ce paragraphe et le
flnivant.
(4) 5 mars.
(&) 7 mus.
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— 582 —
torum choro adscivit. Id familiaribus sepulcria (I) fuit
inhumatus. Caodidus erat facie et toto corpore fonuosus.
Ejufi obitu3 me famîliamque nostram gravi doiore coa-
fecit. Et fertur Sapientia, cap. 4" : ■ Placita erat Deo
anima illius; propter hoc properavit educere illum de
medio iDiquitatum. Raptus est oe malitîa mutaret Intel
lectum ejus, aut ne deciperet animam illius. » — « Do-
minus dédit; Dominus abstulit. Sit nomen Domîni beae-
dictuml • Amen.
Idibus 8eptembris(2], anno Domini 1605, circa horam
secundam pomeridianam , dilectissima conjuz peperît
mihi âlium, quem honorandue socer meus, Dominus
Joannes de Mastribus, (qui opportune, duabus poBt par-
tum boris una cum altéra illius filia, Francisca, uiore
Domini Dusolier, hue advenerat), et colenda matre mea,
Domina Quiterîa Petiot, ad sacnun baptisma detulerunt,
et Joannig oomine doaanint. Laus Deo !
Kalendis aprilis (3), anno Domini 1606, nata est mihl
filia ex dilecta conjuge : quam Dominus Dusolier, qui
sororem luoris meœ duxit in matrimonium, et Quiteria
de Petiot, mea matertera, domicella, uxor Domini de La
Malharte (4), ad sacrum ecclesiœ lavacmm detulerunt
eamque Quiteriam nuncuparunt. Laus Deo I
NoDo kalendae decembris, id est die 21' (5) menais novem-
bris, Domino sacra 1610, peperit uxor mihi filium, circa
boram quintam matutinam, quem Dominus Jacobus de
Petiot, avunculus meus, prœfectus urbis (6), et Fran-
cisca de Mastribus, uzoris soror, ad regenerationîs lava-
(1) La sépulture de famille des Ltmy, on l'a vu, ét&it à Saint- .
Uichel.
(!) 13 septembre tGOS.
(3) 1" avril 1608.
(4) La Haliartre, commune de Verneuil, canton d'Aiio, arrondis*
sèment de Limoges.
(g) C'est le 23 et non le 21 novembre, qui correspond au 9 des
calendes de décembre.
(6} Lieutenant -général.
lyGoogle
cnim detulenint et Franciscum nuncupaverunt, Laui
^ Manus Domini tetigit me : dimitte ergo me, Domine,
at plangam paululum dolorem meum! Dilectissimus âlius
meus, Joannes, secundo geoitus, 13 kalendas febmarii |*2),
amio Domini 1633, die Sancti Pétri cathedra dedicata,
tmnTentrisprofluvio, tumvomitu, tum aMdolore, perduo-
decim dies diacniciatus, viam universœ carnis iDgressua
est : ejus obitum moleste ferrem, Qisi me sisteret Domini
Toluntae; quœ, cum eum mihi dedisset, anferre libère
potuit — Ërat enîm omnibus corporis, animi et morum
virtutibus oroatus ; agebat in Jesuistarum primo ordlne
auDum secundiun, setatls vero decimum octavum. Del et
religiouis fuit cultor âdissimus. Idcirco idem Dominus
nisi ecclesisB suie sacrameatis confessionis, eucharistlœ et
eztremie unctionis munitum ad se venire non permisit.
Matrî suœ, sororibus, omnibus domesticis, mihique fuit
charîssimus. Feretrum ad eccleaiam scolastici primi ordi-
Difl (3) detulenint, uua cum congregationis (4) DiTse Marise
Bodalibus. Eum setema requie fnii existimo : qiîod ita
fazit Deus, qui pro nobis intercédât, ut cum illo vîtam
valeamus conseiiui xternam. Sit aomen Domini béni-
dictum !
(1) NouB Jugeons ioutile de doaaer des articles qui, aux noms
près, reproduisent les préoédenta.
(2) Le jour de la Pâte de la Chaire de Saint-Pierre & AuUoche,
te 22 février.
(3) Les élèves de la première classe du coHëge des Jésuites. Il
était d'usSige, en effet, que les camarades d'un écolier dâfunt por-
tassent son corps. A la fin du xvitr siècle, les écoliers de philo-
sophie du collège des Jacobins portaieat l'épée aux funérailles de
leurs camarades (Lboros. Cont. des Annale» du Limousin, p. 127.
Han. du Séminaire).
(4) La congrégation de la Sainte- Vierge, instituée au collège des
Jésuites.
ibyGoogle
— 584 —
# Qaod gTfttam Deo, fselii, faustnm mihi, fortQoa-
tumqiie familife sitl
Die vigesima quîota septembris, anno Domiiii 1643,
hora post mediam Doctem secunda, nata est mihi Ûlia
primogenila ex dilectissima conjuge, Leonarda Bogier;
qaam quidem Dominus Aothonius Rogier, uzoris avun»
culus, AlTemise Lenumcisque carsorum prsefectas (1), una
cum honorabili Domina matre mea Mai^iuarita de Mas-
tribut ad sacium baptisma, die undeclma octcdnis, aouo
sapradicto, detuleruat in ffide divi Michaelis, Hai^uaritœ
nomen indidenmt, idque roinisterio DcHnini SimeoDis
Guitard, TÏcarii, 1643. J. Lurr. Lam Deo Virginiqtte
matri!
Die décima meosls novembris, anao DomiDi 1653, circa
boram undecimam serotioam, uzor mea, Leonarda Rogier,
mihi muXtum dilectissima, per decem dies febrî maligna
cruciata, viam uoiversEe camis ingressa est, et seguenti
die, qua iestum divi Martini celebratur, in aede divi Mi-
chaelis fuit sepulta, Ëam iii sanctonim cœtum coUocatam
existimo; erat eoim piiesima, FaB sit ea pro me et familia
perpetuo intercédât !
Die Qona mensis februarii, aano Domini 1657, mater
mea Marguarita de Mastribut, circa boram post mediam
noctem secundam, viam universse camis iDgressa est,
fuitque in sedibus divi MichaSlis et ante altare div»
Magdalenee dicatum sepulta, Bam Deo in Beatorum caetum
collocare placuerit, ut pro me familiaque perpetuo inter-
cédât. J. Laut.
« J. M. J.
Sit nomai Domini beneUctum!
Visitavit Dominus uxorem meam dilectissimam, Ha-
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riam Petiniaud, quae peperil flliam primogeoitam circa
faoram quintam serotinam, quam Domiaiis Lamy de Luret,
pater meus, una cum Doniioa Anna Maynard, uxoris
mes avia, ad sacrum baplisma detulertint in jedeni divi
Michaelis Leonum, et nomea Annse iodiderunt; qus nata
est prima die augusti, et baptizata fuît secunda die au-
gusti, ministerio Dominî de La Chassaigne, ecclesiœ Le-
movicensis canonici, et baccalaorei SorboDÎci, aaoo Do-
raini mîllesimo septingeDtesîmo trigesimo tertio. — Lauy
DB liACHAPBLLE (1).
L'aD de notre seigneur mil sept cent trente quatre, et
le quatrième novembre, mon épouse, Marie Petiniaud
s'est accouchée d'une fille, laquelle a ete baptisée par
M' Pierre Romanet, théologal de S' Martial (2) ; son parain
et mareine ont été M' de Lachassagne, chanoine de l'église
de Limoges, et damoisselle Anne Romanet, veuve de S'
Joseph Petiniaud, ma belle-mère. Laky db Lachapbllb.
Le 12* mars 1767 — mon épouse, Anne Magdelaine Des-
champs, a mis au monde un garçon, baptisé le même jour
dans l'église paroissiale de 8' Pierre, après l'avoir été par
preccaution au sortir du sein de sa mère, par M' Cra-
mouzaud; son parrein a été mon beau père, Jeaa Baptiste
Deschamps, dont il porte le nom de baptême; sa mareine ;
Thérèse de Lachassagne, ma grand mère. — Lamt de La
GHAPBLLB.
Le 30* avril 1767. Mon fils est mort a La Chapelle (3),
ou il a été enterré, le 32* du même mois.
Le 26 juin 1782, mon épouse a acouché d'une fille
nommée Magdeleine sur les fonds de baptême, ou elt' a
.(1) C'est la dernière mention en latin de notre manuscrit.
(t) Du Chapitre qui avait succédé, en 1537, à la communauté
régulière de Clunistes.
(3) La Chapelle, petite propriété prèa Saint -Léonard, d'où una
des branches de la famille Lamy a tiré son nom.
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été portée par J. B" Lamy, mon fils aîné, et Magdeléne
Gramagnac, et baptisée par M. Dejaias (?)(1), vicaire de
S' Pierre.
Le 10 septembre 1793, Marîe Petiniaud, ma mère, morte
la veille, a l'âge de 80 aDS, au lieu de Luret(2), a été
enterrée au lieu et commune de S' Jean Ligoure. -
Le 8 octobre 1793, Anne Lamy, veuve Belut, notre sœur
ainée, est morte, maison de S' Gérald (3), et a été inhumée
le lendemain a S' Thomas d'Aquin (4), âgée de 59 ans.
Lahy Lachapellb.
Le 16 juin 1798, s'est fait a l'église, et le 18* juin, —
30 prairial — an 6, devant la comunne de Limoges, s'est
fait le mariage de Joseph Yi-ieix Lamy de Luret, mon
fils, avec !)•"• Valérie Ce'este Baillot, en présence des
parents communs. — Laht La Chapelle.
Le S6* du mois d'aoust 1805, mon cher Sis, Jean Bap-
tiste Lamy, a épousé dans l'église de S* Pierre, à Limoges,
d""' Catherine Roulhac, âgée de 19 ans, fille de M' Rou-
Ihac, procureur g"' du tribunal civil et représentant na-
tional, et [de] dame Roulhac de Faugeras, son épouse.
Puisse ce mariage continuer le nom et l'honneur de la
famille ! Laht La Chapelle.
Notes à la fin du registre.
Mémoire que le dernier jour de joing 1568, jour de
Monsieur S' Martial, je fianceis a femme Narde Mandat,
filhe de sire Jehan Mandat; et me tat promis en mariage
la somme de deulz mil livres l'; delaqueUe somme re-
ceumes cinq cens livres t' comptant, que mon frère, Mon-
(1) Probablement de Jayat, nom d'une ancieDDe famille de Limoges.
(2) Luret, hameau de la commune de Saint-Jean Ligoure, canton
de Pierrebuffiëre.
(ï) Il s'agit probablement d'une hospitalière de Saint-Alexis.
(4) Ancienne église des Dominicains, aujourd'hui église parois-
siale de Sainte-Uarie.
lyGoogle
— 587 —
sieur de Nieilh(l}, receust, comme appert par sedulles
sur ce receues eutre nous.
Et oultre ce qae dessus, me feust promis la somme de
mil livres, que je receuz deulx jours après la solempoi-
sation de mes nopcea, comme appert par une quitance
que j'en ay faict a moodict sieur beau père.
Et le jour de S' Alpiniea ensuivant, 19" jour d'aust,
an susdit, espousamea en la ville d'Aixe, en l'esglise S**
Croix (2) ; et nous espousa messire Pierre Panguet (?)
vicaire d'Aixe, et mon Trère, monsieur de Nieilh, célébra
la messe.
Le vingt uniesme jour de febvrier 1569, je receus de
mondit sieur beau père cent cinquante escus sol et cent
pistoletz (fù)(3), en déduction de ce que dessus, comme
appert par la 'quittance que je luy en ay faict (4). . .
Obiit frater charissimus, anno pcœt infaustum hoc et
ominosum conjugium, nempe 6" idus augusti (5), in ipso
diei crepusculo, anno Domini 1569. Ëjus animam Domi-
nus faciat perpétua frui régule et lu Beatorum sede col-
locet! F. Lahy
m DOnas aprilis (6), anno Domini 1570, hora 5* de
mane, (quo die Annunciationis festum virginis Marine
celebrabatur in hac diœcesi ecclesia&ticorum authoritate.
(1) Il s'agit probaJilemeQt du curé de Nieul, dont il a été parla
plusieurs fois.
(2) Église paroissiale d'Aiie* sur- Vienne. On la répare en ce
moment.
(3) L'écu sol pesait 2 deniers 15 grains. C'était une aorte de
monnaie-type dont on faisait usage pour les constitutions de
rente, ete. On a donné le nom de pistoleta à certaines monnaies
d'or étrangères.
(1) Ici finissent les notes de la main de Jean Lamy. C'est Fran-
çois Lamy, rédacteur des premiers articles du livre de famille, qui
ajoute ce qui suit.
(5) 8 août.
(6) 3 avril.
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. a vigilia Pasch» in hune diem relegatum], Leonarda
Mandat, olim &atris Joan&is uxor, et ab eo, cum e vivia
escederet, gravida reUcta, in hoc Lemovicorum oppido,
et maternis sedibus, parturiit et in lucem edidit âliam,
quEe eodem die, sub horam 8" et crepusculum vespâr-
tinum, in parrochia nostra, sacra (?) Divi Michaelia aede,
cœlesti lavacro purificata fuit, patris spiritalis vicem et
muauB obtinente (?) fratre natu majore, Domino Joanne
Lamico, Nuellii curato; matri6(ij, item socrus defuncti
fratris, Joanna, vidua Joaaois Mandati. Dominus Joannes
Vouzelle, TicariuB parrochiae Dostr%, sacro baptismate
puellam abtuit, eique Mai^aretse nomen inditum est. Id
nobis bene vertat!
Observavi puellam banc eodem die, nempe lunœ, et
eadem hora, scilicet 5* matutina, in lucem editam, qua
obiit ejug pater. Item eadem hora sacro baptismo reuatam,
qua ejus pater sepultune mandatas est.
Tutebe oqus neplie uostrEe Marguarits, fratris Joannîs
defuncti Ûlise, hodie decretum est parentum omnimn
suffragiis et commun! consensu, fratri amantissimo, Do-
mino Joanni Lamico, Nuellii curato, nempe die Jovis,
pridie nonas julii, anno Domini 1570 (2).
Ëadem Leonarda Mandat secundo nupsit vu iduB au-
gusti (3) anno Domini 1575, MichaÇli Rogier, procura-
toris Bogerii fllio, hujus oppidi, elapeis sex annis post
fratris obitum, postridieque ejus diei et eodem menée
quo frater meus, cum quo prius nupserat, ultimum vitœ
diem clausit
L. GUIBERT.
(A suivre.)
(1) 11 faut entendre ; malria apiritalia oicem, etc.
(2) 6 juillet 1570.
(3) 7 août.
lyGoogle
REGISTRE I)B FAHILLE DE JEANNE BOYOL, COMTESSE
DE VILLELtalE (1587-1594) (Ij
Salut par Jésus Chrîst.
Dieu, par sa grâce et bénédiction, a donné a Jean de
Villelume de Barmontet {2] et a moy Jeanne Boyol de
Moatcoqu(3}. sa femme, nosLre premier fils. Et nasquit
l'an de grâce 1589, le 24" d'avril, ung lundy, heure de
midy; fuat batizé par M' Jouberl de Rochoar, miuigti-e (4),
au chasteau de Touront (5). Son parrain fust M' de Moûl-
coqu, mon père, et marraine Madamoiselle de S' (Jer-
maint qui pria ma sœur, Marie de Montcogu, le présenter
au sainct balesme. El s'apelle Pierre de Villelume. Paict
a Touront, l'année 1590, le jour des roys.
Anagrame de Pierre de Villelume :
Dieu i'élu[t] premUi:
Anagrames de Jean de Villelume et Jeanne Boyol :
L'élu de Dieu ayme la bonne joie.
Salut par Jésus Christ.
Dieu nous a donné nostre seguonde filie après noslre fils.
(1) Communiqué par H. Alf. Leroux. Voir l'introduction.
{i) Jean de Villelume, second Ris de Marien Guillaume, seigneur
de Barraontel en Âuverg[ie, et de Louise de Saint -M arceau, a fundiï
la branche du Limousin par son mariage avec Jeanne Boyol, la-
quelle était Aile dû Pierre Boyol, écuycr, seigneur do Moulcocu.
[Note de M. de Villelume, possM^eur du registre.) — Jean de
Villelume éiait catholique; Jeanne Boyol protestante. Leur château
du Bâtiment [aujourd'hui commune de Chamborct. Haute- Vienne)
avait deux chapelles alTectées à chacun des deux cultes.
(3) Montcocu, aujourd'hui commune d'Ambazac, arrondissement
de Limoges.
(4) J. -Joseph Joubert était encore ministre de Rochechouart en
1603. Il desservit ensuite l'église du Bouscheron, sise au voisinage
de Rochechouart. On ignore la date de sa mort.
(5) Arrondissement de Bellac (Haute- Vienne).
T. VIL *— i
lyGoo^e
- 590 —
El oaquist le 16° jour de juin 1590, uq mercredy, heure
de 8 heures de matin; et fusl batiïée a Touront par le
dit Mr. Jouberl, ministre de la parolle de Dieu. Et fust
parrain Mons. du Reperre de Perds, et marraine Mada-
moiselle de Montcoqu, ma mère. Et s'apelle Marie de
Villelume. Faict a Touront le 17" février 1591.
Au nom de Dieu.
Nous flanceames le 19' février 1587 et espousames le
2° d'avril 1588, nng jeudy. Et Dieu i-etira a soy Mons.
du Bastimant mon mary, le 5" de may 1591, ung di-
manche, heure de vespres, alaut secourir la ville du
Dorât (1) pour le sei-vice du roy Henri III, roy de France
et de Navarre. Fut tué près la foret de Renquon (2), d'une
embuscade des ennemis et rebelles au roy, par Tei-zane et
Gezar, le 5" may 1591.
Dieu nous a donné nostre dernière âlie qui unsquit
l'iinnée 1591, le 20" novembre, a 7 heures du jour de
samedy matin. Et tous trois nés a Touront (3).
Et fust bastizée au dit Touront par M' Joubert. A esté
parrain mestre Marcial de Champs', et ma sœur et filieule
Jeanne de Montcoqu [a esté marraine], le mesci-edy en
may 1594.
Loué en soit Dieu par son S' fils Jésus Christ.
W. H. G. Villelume.
(Commun ic-a/to?i rie fou M. le comle de Villetume, possesseur
du registre île Jeanne BoijoL)
(1) Assiégée par les ligueurs.
(2) Bancon, arrondissement de Bcllat; {Haute- Vienne).
(3) Il ï a dans le texte à cei endroil ces mots : mmedij 1591, qui
no peuvent être autre chose qu'une répétition par inadvertance de
•:e qui est dit plus haut.
DigmzcdbyGoOgle
LIVRE DE FAMILLE DBS SIEURS DE L\ BHUNVE,
DE fiOCHBCHOUART (1599-1788)
Ce Livre de famille est aujourd'hui la pro-
priété de M. Émilien de la Brunye, sous-préfet de
Rochechouart, qui a bien voulu nous le commu-
niquer et nous autoriser en môme temps à en
publier les parties les plus intéressantes. Nous
témoignons ici de nouveau à M. de la Brunye
toute notre reconnaissance.
Ce Licre de famille fut commencé vers 1644
par Jean de la Brunye, alors âgé de 'ii ans en-
viron, et continué par lui jusqu'à sa mort surve-
nue en octobre 1G84. Mais le rédacteur y inséra à
diverses reprises des mentions antérieures, puisées
sans doute dans la tradition domestique et dont la
plus ancienne remonte à 1599. Après lui le Livre
fut continué par David de la Brunye, son petit-
iils, qui n'avait alore que 10 ans. Mais jusqu'à
1697 celui-ci n'enregistra pour ainsi dire rien.
Celte lacune est d'autant plus regrettable qu'elle
correspond à la période la plus troublée de l'his-
toire de Rochechouart.
Quand David mourut en 1747, son fils Raymond
continua le Livre de famille par quelques men-
tions sans grande valeur. Après lui, c'est-à-dire
de 1788 à 179'2, la plume fut tenue par Pierro
Paul de la Brunye, mais sans grand profit pour
l'histoire.
Jean de la Brunye était protestant, comme la
plupart de ses concitoyens à cette époque, et il
lyGoogle
— 592 —
nous donne sur los événements d'ordre ecclésias-
tique dont Rochechouart fut alors le théâtre, des
renseignements d'autant plus précieux que le re-
gistre du consistoire (dont nous avons donné
ailleurs des extraits) s'arrête à l'année 1635. Ce
Livre de famille prend dés lors une grande im-
portance historique; aussi n'avons-nous point hé-
sité à le traiter comme un document de premier
ordre en multipliant les notes et les rappro-
chements.
Les mentions de ce Livre, au lieu d'être enre-
gistrées les unes à la suite des autres, l'ont été
le plus souvent au hasard, sur la première page
blanche qui se présentait au rédacteur. 11 en ré-
sulte une certaine confusion que nous avons cru
bon de faire disparaître en classant nos extraits
dans un ordre chronologique rîgoui-eux. L'indica-
tion marginale des folios du manuscrit permettra
toujours de se reporter facilement à l'original.
L'orthographe du nom de la famille n'est point
fixe puisqu'on trouve de la Brunye, de Labrunye,
Delabrunye. Nous en avons toujours scmpuleu-
sement respecté les variations.
Des mentions de baptêmes et mariages de ce
Livre de famille résulte, sauf erreur, le tableau
généalogique suivant :
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s £
- a-S E s g ^
■< «'s"« S g S
Sfii
agi "^ -1
Q^ as
e -« s S I s 5 .
i'P
«Se
~si
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13 i».
Le 5* jour de febvrier 1599, jour de sâmedy, environ
5 heures apprès midy, décéda Arnaulhon de Labninye
mon grand père, et fut eusevely le lendemain en l'esglise
de St Sauveur de Rochouard, aux tombes de ses prédé-
cesseurs. M. Lalieste, prieur des Cordeliers de St Juiiien,
fisl l'oraison funèbi-e, assisté de ses i-eligieux pour faire
les funérailles.
!) r".
Le 27' jour d'octobre 1613, nasquit Suzanne Boulesteys,
fllle naturelle el légitime de Benjamin Boulesteys et de
Anne Soury, femme du dict Jean de Labrunye alors
demeurant au village de la Doradière. Elle a esté baptisée
à Rochouard par M. Fourgeaud, ministre de la parolle
de Dieu au dict Iieu[l}, le 17* jour de mars 1614. A esté
parrin maistre Jean de la Chaumelte avocat; marrine
Suzanne Soury, sœur de la dicte dame. La présente datte
a esté extraicte du papier d'Abraham Aymery (2).
13 v°.
Le 22* jour de febvrier 1629, jour de jeudy, environ
9 heures du matin, trespassa Françoise Soury, femme de
Arnaulthon de Lahrunye (3), en la maison de maistre
Pierre de la Chaulmette. Et fut le dict jour la première
ensevelie au cimetière neuf de Bonmousson que Monsieur
(le vicomte de Rochouartj marqua et borna à ceux de la
religion réformée le 4' jour de février 1629 (4), Cela se
(!) De 1605 à 1G1T. Il desservait ikuparavant l'âgliso de Villemur.
(!) Ce papier d'Abraham Aymery était sans doute quelque livre
de famille, analogue à celui des La Brunye. En tout cas ce baptême
ne figure pas sur le registre du consistoire de Rochechouart con-
servé BUT Archives départementales de la Haute- Vienne.
(3) Décédé lui-même en février 1599. Voy. ci-dessus.
(4) Mention importante par sa précision, car il est assez malaisé
de voir clair dans cette question, petite j> nos yeux, mais fort
grande sans doute aux yeux des contemporains. L'abbé Duléry
DigmzcdbyGoOgle
— 595 —
troure estre laissé escript de la main de Junien de
Labrunye [1).
14 r».
Le disiesme jour de novembre 1636, jour de lundi,
M heures du soir, mourut Juuien de la Brunye, mon
père, d'une apoplexie qui ne lui dura que deux heures.
Et toutes les paroles qu'il proféra furent disans, Anne
Fontaneau sa femme le tenant entre ses bras et Abraham
Soury lui appliquant les ventouses : « Seigneur Jésus,
reçoys mou esprit entre tes mains miséricordieuses ! >
Laquelle apoplexie l'emporta. Et fut enseveli le jour sui-
vant, mardy 11 au dict an, deux heures apprès midy,
dans l'église de S. Sauveur au dict Rochouard, aux tom-
beaux de ses ancêtres et prédécesseurs qui l'avoient de-
vancé par leurs morts, apprès avoir vescu en ceste vallée
de mort 55 ans.
prétend bien, dans son Histoire de Rockechouarl (page 201), que les
' protest&nts du lieu avaient un cimetière à eux avant que celui de
Beaumousson leur fût attribué par moitié. Hais cette assertion,
rendue vague par l'absence de toute date, n'est qu'à moitié vraie.
Pendant tout le xvi- siècle, les protestants de Rocheohouart
n'eurent pas de cimetière particulier et n'usèrent que par tolé-
rance, à défaut de tolérance par usurpation, do celui de la paroisse
catholique. Mais il résulte pour nous d'un document postérieur
{Paclum pour les habilantg de Rochechouart, Catal. Hist. de
France, 4 d it* n' 186, art. 3) qu'une moitié du cimetière calholique
leur fut attribuée par tra^nsaction en 160â. Toutefois, l'usage leur en
ayant été retiré au bout de quelques années, ils en établirent un
autre au voisinage de la maison de ville qui leur servait de temple.
Ce choix leur suscita des tracasseries dont le souvenir se trouve
consigné dans le Registre du consistoire (délibér. du 19 mai 1630,
dans nos Documents histor., II, 113). On s'explique dès lors qu'en
1629, comme il est dit ici, le vicomte de Rochechouart, nous igno-
rons à quelle suggestion, leur ait accordé de nouveau une por*
tien du cimetière paroissial pour y enterrer leurs morts. Voy. plus
loin la mention de l'année I68t et la note.
(1) Ce Junien de la Brunye {f 1636] était le père de Jean de la
firunye, le premier rédacteur du présent Livre. Son journal est
malheureusement perdu pour nous.
lyGoogle
14 r.
Le 4' jour de septembre 1641, Juaien de Labmuye, fils
d'autre Juniea et de Anne Fontatieau et nostre frèi'e, s'en
voulant aller à l'armée et dans le régiment des gardes,
fit testament en faveur de la dicte Anne Fontaneau sa
mère, receu par J. Boulesteys et P. de la Chaulmetle,
notaires. Le dict Junien de Labrunye, apprès avoir de-
meuré quelque temps au dict régiment, fut commandé
pour s'en aller en Allemagne [1); auquel voyage faisant
il mourut, lors cheminant, sans effort ('/). de guerre ains
de mort naturelle, le 26' jour de novembre 1643, ainsin
qu'[ont] affirmé des soldats du dict régiment par leurs
attestations d'eux signées. .
12 r-.
Le jour du Seigneur dimanche, deux heures apprès
midy, 23 du mois de janvier 1644, Anne Fontaneau (2),
ma mère, quitta ceste vye pénible et langoureuse par la
Toye naturelle, attaquée d'une maladie qui luy dura huit
joui-s. Durant iceux elle i-ediaoil souvent qu'il falloit que,
à ce coup, qu'elle quittât cesle vallée de misères, estant
lasse de vivre, désirant tant et plus desloger pour estre
avec Clirist son Sauveur, endurant patiemment cette Visi-
tation envoyée pour marque et flétrissure de ses péchés,
qui Tentrainoit à la mort et luy faisoit passer volon-
tiers condamnation, comparaissant vestue de ses œuvres
et justices qui ne coûtent que foin. et paille pour allumer
l'embrasement de la haute et souveraine justice de Dieu,
(I) La maréclial de Guëbrianl opérait alors contre lea impériaux
dans la fameuso guerre do Trente ans.
{2) Elle était calviniste comme le prouve la suite du récit, et
mariée ii Junien de la Brunye, catholique, mort en novembre 1636.
Voy. ci-dessus. 11 est question plus loin (octobre 16^) d'une autre
Anne Fontaneau, mariée à Daniel de Barthe et sans doute ftile de
celle-ci, -^ Il est souvent fait mention des Fontaneau dans le Beg.
consist. de Rochechouart, en particulier de Louis Fontaneau, qui
était juge de Saint-Laurent en 1617.
lyGoogIt:
qui D'excuse en nous les fautes gui s'y Lreuvent et plus
abondantes en moy que tout bien, disant : <> J'en cherche
aux mérites de J. G. qu'il m'a acquis par les souffrances
de lii croix, mon unique espérance. » Ce fut l'entretien
de celte pieuse femme durant sa maladie, et autres bonnes
peneées et méditations que elle avoit apprinses dans les
livres sacrés par fréquent usage, s'estant munie de toutes
les ainnures de justice pour repousser les dards enflammés
du malin décochés à cette heure. Car sa confiance et sa
générosité faisoit dire à tous les assistants qu'elle estoit
preste à moissonner la bonne semence que Dieu avait
semée dans le champ de l'église pure et reformée qu'elle
avait professée, après m'y avoir exhorté à la suivre [1]
et m'avoir donné sa bénédiction. Ses dernières pai-oles
furent : a Seigneur, si tu veux, je sais que tu peux me
tirer d'icy et que à cette heure, si tu veux que je meure,
je le veux aussy. » Le sieur Barthe (2), ministre de la
(1) Il semble bien résulter de ce passage que le fils d'Anne Fon-
taneau, Jesut de la Brunye, le rédacteur du récit, n'était point en-
core protestant
(2) D'abord pasteur d'une église de l'Agenais, puis de Limoges,
à partir de 1619, puis de Rochechouart et Limoges 4 partir de
1620, comme il ressort d'une délibération du M octobre 1621 du
Registre coneittûrial ras., non reproduite dans nos extraits de ce
registre : « A esté conté avec M. François Reynaud des fraiti et
dépenses par lui Taits es allées et venues de M. Barthe pour son
ministËre en ceste église dès le 18 janvier 1620.... » L'abbé Legros,
dans son Abrégé des Annales (1, 561) et de nouveau dans la Feuille
hebdomadaire de Limoges (M mars 1777), avance que le consistoire
des huguenots de Rochechouart nomma Daniel de la Barthe {ëic) mi-
nistre le 19 octobre ICin. Vérification faite, la délibération du 19
octobre ICIO insérée au Registre contistoriat de Rochechouart (par-
tie ms.) ne parle que de la célébration de la Cène. C'est seulement
dans celle du 2t décembre suivant qu'il est question pour la pre-
mière fois de réclamer le ministère de Daniel de Barthe. Il résulte
de ce même Registre (partie ms., 1620, 1624 paasim] que Barthe
commença son ministère à Rochechouart dès le 18 janvier 1620 et
le continua plus ou moins régulièrement jusqu'à la fin de 1624. date
à laquelle, pour échapper aux dangers qui le menaçaient à Limoges,
ly Google
— 598 —
parolle de Dieu, fut appelle pour faire la prière. Sur la
un elle rendit l'esprit, et fut son corps le lendemain
enterré au cimetière de Beaumoussoa de Rochouard et
dans le tombeau de Jacob de la Chaulmette, son oocle.
34 v\
Ëxtraict des registres consistoriaux, baptesmes, mariages
et mortuaires de MM. de la religion prétendue et réformée
de l'esglise de Rochechouarl [1).
Suzanne Soury, fille de Isaac et de Marthe Loumeaud,
fut baptisée le dimanche 3 juillet 1644 par M. Jérémie
de Barthe, ministre de la parolle de Dieu (2).
il quitta cette ville, vint faire sa résidence à Rochechouart et ne
desservit plus Limoges qu'à intervalles plus ou moina éloignés. II
mourut en avril 1653, comme il est dit plus loin. Nous reviendrons
plus BU long sur ce pasteur dans notre Histoire de la Réforme
dans Ui Marche et le LimoTÀSin. — 11 ne faut pas confondre Daniel
avec Jârëmie, son frère puîné mentionné ci-dessous, pasteur i Lisle
en Périgord en 1637 (Âymon, Synodes), et jusqu'en 1642, puis à
Montignac-le-Comte et Laforce. On a de celui-ci un Ser-mon sur
ta naissance du Sauveur, prononcé à Lisle le 33 décembre 1640
(Copie dans les papiers de M. Le Savoureux à la Bibliothèque
protestante de Paris), et un Papier-Journal sur lequel il av^t
inscrit les quartiers de traitement reçus des églises de Honti*
gnac, Guabilhon et Lardymalye entre 1612 et 1651. (Copie ibid. .
Publication d'un fragment relatif au duc de La Force dans le Bull.
Soc. hist. du prot., 1859, p. IIS.) Jârémie de Bartbe mourut après
1654. — Le troisième des frères de Barthe était Ambert, meu-
tionné plusieurs fois ci-dessous, qui mourut en mars 1653, comme
il est dit plus loin. Il était, dès 1626 au moins, pasteur de Cha-
teauneuMa-Forèt, et concurremment de Meillars et Treignac (au-
jourd'hui département de la Corrèze). Un quatrième frère, dont
le prénom nous est inconnu, fut aussi pasteur, nous ne savons
où, et abandonna la communion réformée vers 1647. (Voy. notre
Hist. de la Réforme... ch. n.) — La Biograp. des hommes illus-
tres du Lim., par MM. l'abbé Arbeilot et Aug. Duboys, confond
ces quatre pasteurs en un seul et attribue k Daniel de Barthe les
faits et les écrits de ses trois frères.
(1) Ces registres, aujourd'hui pfîdus, faisaient évidemment suite
à celui que nous avons publié dana nos Documents Historiques,
tome II, et qui s'arrête à 1635.
(3) Voir ci-dessus la note 2.
lyGoogle
2 V".
Le mardy presmier jour du mois de novembre 1644,
par coQlracl receu par D. Reyiiâud et Jeau Auniilhon,
fiança le dict Jean de la Bmnye (1} la dicte Suzanne
Boulesteys eu la maison de defîunt Benjamin Boulesteys
et de Anne Soury, ses père et mère de la dicte Suzanne,
assistés de leurs parents de part et d'autre. Et le mer-
credy seizième du dict mois et an, ils espousèrent en
l'église prétendue réformée de Rochouart par les mains
de M. Barthe, pasteur en icelle, gui a bény leur mariage
pour demeurer conjoins ensemble.
Dieu par sa bonté veuille mestre une telle union
entre eux, que, pendant le temps qu'il lui plaira les
faire demeurer au monde, qu'ils s'entretiennent en paix
et amitié ensemble, sans jamais décliner aucunement et
conformer leurs desseins en s'augmentans de plus [en
plusj en foy, croisans en biens, demeurans en paix et
prospérité. Ainsi l'Éternel par sa toute puissance en
veuille ordonner comme il verra et jugera estre néces-
sère et expédians pour le salut de leurs âmes et édi-
fication du prochain, au repos de leurs conscieuces.
Ainsi au nom du Tout puissant en soit-îl faict! Amen.
Plaise le Seigneur les vouloir bénir de ses plus rares
bénédictions, eux et leurs familles, s'il luy plait leur
donner lignée et les accroisire et eslever en la loy du
Seigneur, unique législateur, pour cheminer tous les'jours
de leur vie en ses sentiers et statuts. A nostre Dieu la
(t) Ce Jean de la Brunye, catholique, était frëre de Junien de
la Brunye, mort en 1013, et par conséquent lils d'autre Junien de
la Brunye et de Anne Pontaneau. Quoique rédacteur du registre,
il parle de lui-même d'une manière impersonnelle. La suite du
récit indique déjà qu'il était bien prêt de céder au vœu da sa mère,
exprimé plus haut, puisqu'il épouse une protestante el accepte de
faire bénir son mariage par le pasteur. Les faits rapportés plus
loin, S0Q8 la date de 1G49, confirment d'ailleurs directement notre
assertion.
lyGoogle
conduite en nous comblans de sapieuce el doctrine pour
eux et leurs affaires gouverner sagement à sa gloire et
bien de paix, en les réslgnans et tout ce que nous avonsi
receu de luy entre ses mains pour en estre le garant
et le soutien. Bénis nous. Seigneur, et les biens que
nous avons receus de ta main. Fais que nous ne met-
tions jamais eu oubly et ne perdions la mémoire de sy
grandes bcnefflces que tu nous as faictes de nous avoir
créés et tirés de rien, nous ayans faict créatures raison-
nables formées à ton image, l'ayant pcrdeue en nous par
nostre perversité et rebélion, au manger du fniict de
l'arble [sic] que tu avois défendeu n'en manger soubs
peine de mort, juste jugement que nous ne pouvions,
apprès avoir vioUé ta loy divine, esviter la peine deue
à nostre faute ny expier nostre péché faict contre l'inflny,
ayans tombé eu la rigueur de sa justice pour endeurer
les peines esternelles d'enfer. Mais par tes grandes com-
passions tu nous as faict miséricorde, nous recevans à
mercy en envoyant Ion fils, ton unique, ton bien aymé,
au monde pour vestir là nostre chair humaine en pre-
nant la forme d'homme et en icelle endui-er la mort
ignominieuse de la croix qui estait deue à nos péchés,
les ayans effacés et âché l'obligation qui estait contre
nous à la croix en satisfaisant pour nous à la justice
du Père, en punissant son fils qui a esté baillé pour
nostre rançon (1j. 0 profondeur de miséricorde en ce que
luy qui n'avait point connu de péché a esté faict pécheur
pour nous ! La cré;iture a commis la faute ; le créateur
en est puny (2), 0 Seigneur Dieu, créateur du ciel et de
la terre, rédempteur du genre humain, donnaleur et dis-
pensateur de toutes choses, conservateur et conducteur
(1) Réminiscences des Ëpitres de suntpaul. Cf. particuliërement
Goloss. if, 14.
(2) Cf. II, Cor. V, 21 : < Car celui qui n'avait point connu le péché,
il l'a traité k cause de nous comme un pécheur, afiu que nous deve-
niona justes devant Dieu par lui. «
lyGoogle
— 60! —
d'icelles, à toy seul de qui je confeiise tenir toutes choses,
qui m'as prései-vé jusques à présent, je te supplie du
plus profond de mon cœur par tes grandes bontés me
constinuer ces mesmea faveurs jusques à la fin, bien que
j'en sois iadigae à cause de la multitude de mes péchés
gui m'accableroit sans le secours de toy, mon Dieu,
mon Père, en qui j'espère grâce par ta mercy et d'estre
sauf par ta seule miséricorde, m'ayant esleu à salut dès
la fondation du monde. Je te supplie ne rejeter ton
humble serviteur qui te faict reconnaissance avecque
humilité, honneur et révérance et par icelle confesse
qu'a toy seul soit reodeu el appartient gloire, honneur,
empire et magnificence es siècles des siècles à tout
jamais ! Amen. Appres avoir constamment attendeu de
l'Éternel la volonté, il se tourne de nosire costé.
Du mariage contracté entre Jean de Labrunye et Su-
zanne Boulesteys marriée, est descendeu par voye natu-
relle et légitime nostre bien aymé fils Amber de La-
bi-unye, que Dieu fît jouir de la lumière du monde
en le faisant sortir de la matrice par sou heureuse nais-
sance qui fut le vcndredy 16" jour du mois d'avril 1649,
3 heures appres midy. Et fut baptisé en l'église réfor-
mée de la ville de Rochouart le merci-edy suivant, vingt
uniesme du mois et an. Fut son parrin maistre Amber
de Bai-the(i), ministre de la parole de Dieu en l'esglise
de Meillars en Limousin et alors y demeurant; et fut
présenté par David Soury eu l'absence du dict sieur de
Barthe; sa marrine dame Anne Soury, vesve de feu
Benjamin Boulesteys, oncle et grand mère du dict Amber '
de Ijabrunye.
0 Seigneur Dieu tout puissant, tout bon et tout sage,
fais luy miséricorde par les mérites de J. C, ton cher
lils, et le i-empUs de sapience, doctrine el sagesse pour
lyGoogle
— 602 -
vivre en la crainte, demeurer eu ton amour, faire ta
sainte volonté soubs la persévérance de la profession de
ses parents à radvancement, grand Dieu! de Ion règne,
bien el salut de sa pauvre ànie infectée de corruption
originelle par la désobéissance du premier homme. Sei-
gneur, ne lui veuille imputer ceste faut« et plusieurs
autres dont sont coupables ses père et mère, pour en luy
visiter leurs iniquités en luy faisant porter la peine de
leurs maux. Veuille, bon Dieu, les regarder en tes bon-
nes compassions, destoumer ton coun-ouï de dessus eux;
arreste tes indignations; sois, mon Dieu, appaisé par le
sang précieux que ton bien aynié t'a offert en la croix
pour rançon de tes pauvres créatures qui altérées de tes
grâces, désirent tant et plus d'estre consolées par l'espé-
rance de la vye éternelle qui leur a esté acquise par J.-C,
qui en l'unité et trinité de toy, Dieu, Père et Saint-
Esprit, vit éternellement. Amen.
J, Bhunye.
15 v*.
Le 17* jour d'avril 1650, jour de jeudy', mourut Jeanne
de la Brunye(l), vesve de feu Louys Boulesteys, en reve-
nant du mariage de Pierre Pallier. Elle rendit l'esprit
par les chemins, attaquée d'une apoplexie. Elle fut en-
terrée le jour suivant, 24 heures apprès sa mort, dans
le cimetière de Boumousson à Rochouart.
15 V.
Le jeudy 22' jour du mois d'aoust 1652, Ësticnne Bou-
daud âgé de huit ans, fils unique de Pierre Boudaud
(!) Cette Jeanne' de la Brunye est vraisemblablement une sœur
de Jean de la Brunye, dont il a été question plus haut, et par
consëquent une nile d'Anne Fontaneau.
(2) Il ne faut pas confondre cette Françoise de Labruwye, mariée
à Etienne Boudaud. el tous deux callioliques, à ce qu'il semble,
avec une autre Françoise de Labrunye, mariée au pasteur Ambcrt
de Barthe, et dont il est question plus loin.
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— 603 —
sieur de la Boiasière. et de Françoise de Labrunye (2|,
mourut de morl violente et se aoya dans un petit puits
cave de six pieds, à la porte de l;i métairie de la belle
Monie (1) en la paroisse de S, Auvent, là où la dicte
Labrunye l'avait envoyé avec sa servante pour faire van-
ter (?) les bleds de la dicte mestairie; dans laquelle noua
fusmesle mcsmejour les sieurs Dumaisel. Joubert, Simon
et Pierre Folle, Labruaye, Lagardeste et moy pour trans-
porter le corps, apprès que la justice de S. Auvent eut
faict leur (sic) visite et procès-verhal ; et avons aporté le
corpa dans nostre maison qu'avons trouvé accompagné de
Mad'" de la Paye, des cousines Sénéchal, de Marsillic,
de Moiron, et autres du dict S. Auvent. Il a esté enterré
le vendredy jour suivant, dans l'esglise de Rochouard,
dans le tombeau de ses prédécesseurs par les mains des
preslres et autres ses parents et amys l'accompagnans à
leurs grands regret et desplaiair. Dieu par sa grâce luy
veuille avoir faict miséricorde en luy pardonnant ses
péchés et ne lui imputant les. fautes de ses parents!
Adieu, mon nepveu, à mon grand desplaisir 1
Le vendredy 31' jour du mois de mai-s 1653, onze
heures du matin, mourut dans la mort des lidelles
M. Amber Debarthe, ministre du Sainct Esvaugile{"2), et
fut eiisevely le jour suivant au cimetière de Bonmousson
dans une fosse qui joint celle de défunte ma mère, sous
un tombeau neuf qui fut admené le même jour.
Le samedy 26* jour du mois d'avril 1653, deux heures
apprès minuit, mourut M' Daniel Debarthe, ministre du
Saint Esvangile en rcsgliKC de Limoges et Rochouart(3}.
(1) On Écrit aujourd'hui Bellemânie, .commune de Saint-Auvent,
arrondissemcnl de Rocheehouart.
(2) Auprès des églises de Ch&teauacuMa-ForËt, Hcîllars et Trei-
gnsc. Voy. plus haut.
(3) Voy. ci-dessas.
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— 604 —
11 mourut d'une colique yliaque au dict Limoges, dans
la maison de M, David, et fut enterré dans le temple du
dict Limoges (I), le jour suivant, deux heures apprès
minuit (2), accompagné de sa femme, gendre, fllle, avec
Mad'" de Meillac (3} , le sieur Boulesteya , Jean de la
Ghaulmette, Jean de Labranye, M. David, M. Mourest.
Adieu, nostre bon pasteur!
17 V.
Le lundy, trois heures apprès midy, 28' jour d'avril
1653, deux jours apprès la mort de M. Barthe, les reli-
gionnaii-es de la ville de Rochouart envoyèrent quérir
M. Férant, pasteur au bourg de S. Glaud (4), pour bénir
le mariage des sieurs Daniel et Pierre de Lachaulmetle,
frèi-es, et de Claude de la Ghaulmette; pour lesquels
mariages faire, le peuple s'assembla au temple de la dicte
ville (5), à l'heure de trois, pour là ouirle presche. Mad.
(1) Le teraple de Limoges était alors situé à la Croix Matidonaud,
près Beauséjour.
(2) Cette inhumation nocturne s'explique par ce fait qu'eu 1648
et de nouveau quelques années plus tard, le temple de la Croix
Mandonaud avait été détruit par lea élèves du collège des Jacobins
de Limoges, La commuiiautâ réTormée était donc environnée du
périls. (Voy. pour plus de détails notre Histoire de la Réforme
dans U Marche et le Limousin... ch. vu.)
(3) Apparentée aux Lescours de Savignac, calvinistes, et par
suite k la branche des Haleden, qui s'intitulaient seigneurs de
Heillac et de Savignac.
(Il St-Claud-sur-le-Son, arrondissement do Confoiens (Cliarente).
(5) C'est la première fois que nous trouvons mentionné le temple
de Rochechouart, Jusque vers 1630, les protestants s'assemblaient
dans la maison de ville. L'abbé Nadaud prétend {Mémoires ma-
nuscrits, 1, 58) que ce temple fui commencé eu avril 1637. Cette
date est douteuse si l'on se souvient que les protestants do Roche-
chouart, condamnés par les Grands-Jours de Poitiers en 1634, n'ob-
tinrent la reconnaissance de leur droit que par arrêt du Conseil
du 10 mai 1639. Avril 1631 doit sans doute être corrigé en
août 1639.
DigmzcdbyGoOgle
— 605 —
la marquise [de Rochechouarl] (1) advertie de cela, à l'ab-
sence de M. de Pompadour, son mary, lors en cour, en-
voie quérir les anciens de la dicte religion, leur défendit
de s'assembler le jour extraordinaire et d'avoir eu un
pasteur nouveau sans sa permission, qu'elle n'entendait
que cela fut. De la pari des anciens fut respondu qu'ils
le pouvoient en vertu de l'esdict du roy. Sur cela ils se
retirèrent; et venue au dict temple l'assemblée entière, fut
chanté par maistre Daniel Boulesteys, ancien, le psaume
35 (2). Dans ce temps la dicte dame fait sonner le tocsin
el battre un tambour par les rues, à la diligence des
consuls de la ville, estant lors maistre Jean Simon pi-o-
cureur fiscal, Pierre Simon, son frère, Jean Desvergues
el François Reys , tous catholiques romains. Pendant
l'action, lorsque le dict Boulesteys faisait la lecture du
segond chapitre de l'Apocalypse ou révélation de S. Jean (3j,
la dicte dame arrive au temple accompagnée des dicts
consuls, curé et autres habitans de la dicte ville et ses
serviteurs armés d'espées et fusils, ayant trois cors de
chasse qui jouaient dans la porte el fenestre du dict
temple, avec les cris el voi-\ du peuple, ce qui empescba
l'office divin, ne pouvant glorifier Dieu parmi ce tinta-
marre. Il fallut cesser et parler à la dicte dame; et luy
fut accoi-dé que le prêche ne se faîrait iiy les mariages (4).
(I) Haric do Rochechouarl était Rlle do Jean II, vicomte de
Rochechouarl (f 1617), et avait épousé en 16i0 le marquis de Pom-
padour. Elle-mérae mourut en 16C5.
{2) t Ëtcrncl, débats coDtrc crux qui débattent contre moi, etc.. *
(3) > Écris à l'ange de l'Ëglise d'Éphëse etc. "
(4) Sur ce singulier épisode, roy. aussi Ëtio Dcnoit, Jliat. de
l'Édit de Nanteê, III, IG6. L'exacte concordance de quelques dé-
tails est à remarquer. — Voici comment l'abbé Nadaud (Mémoirea
mss, I, 58) raconte les événements : ■ Vers ICll (sic, d'après notre
copie), Harie de Rochcchouart, marquise de Pompadour, fut au
lieu où ils [les huguenots do Rochechouarl) Taisaiont leurs exer-
cices et empêcha que le ministre Ferran ne prêchât. Ayant exhorté
les huguenots à so convertir, elle voulut exposer sa vie et soti
sang pour leur conversion (!). » — L'abbé Logros rapporte les faits
T. VIL 4~S
lyGoogle
Ils furent faicts [le presche] le jour suivant par le même
pasteur au lieu de la Stidrie (1), les dicts mariages le
mercredy suivant. Il fut délibéré entre le dicl corps dans
le temple de ce que l'on avait à faire pour ce sujet. Il fut
résolu que l'on envoyerait homme exprès à Paris pour
porter la plainte au roy. Il fut choisi maistre Daniel de
la Cbaulmette, advocat, et pour ce faire il fallut lever
argent sur le troupeau. Jean bailla 12 11.
18 I*.
Le mercredy, 27' jour du mois de may 1653, nous
avons sceu les nouvelles de Paris de l'affaire de ceux de
la religion réformée, à la diligence de M. Ghomette à
ce sujet envoyé au dict Paris, dont il a faict tenir un
d'une manière un peu moins ioexacte dans ses Anna.leê manus-
crites (p. 597) : a Mario de Roohechouart, dame de Pompadour, vint
à Rochcchouart avec des giens armés, en 1654, pour empêcher les
protestants de faire leur exercice dans leur temple. Elle At battre
la cloche sur eux tellement que tous se retirèrent. 'Ils disent
qu'elle porta perte à la ville de cent mille livres, apparemment
par leur transmigration dans d'autres lieux et par Les mouveraenta
qu'ils se donnèrent pour être rétablis. Quoi qu'il on soit, cette
église prétendue réformée s'assembla au château de Champniers
dont H. Dulau, calviniste, était seigneur, le 12 Juillet de cette
année, & cauqo des poursuites de cette dame qu'ils qualilient de
persécutions. > A ne considérer que les faits, ce récit renferme
une erreur de date (1654 pour 1653) et une confusion de lieui
(Champniers pour la Sudrie). — Le Champniers dont M. Dulaux,
déjà seigneur de Gellettes et Cliambon, était baron, est situé dans
l'arrondissement d'Angoulêmc, ft neuf lieues au moins de Rocbe-
cliouart, ce qui permet déjà de suspecter l'exactitude du rensei-
gnement donné. (Voy. Bugeaud, Chron. prot. de iAngoumoïs,
96 et 352.) Nous n'avons pu retrouver à quelle source Legros avait
puisé ces renseignements circonstanciés. Nous ferons remarquer
seulement que ce baron de Champniers est colui-là même à qui
Daniel de Bartlie avait dédié, en 1631, sa conférence avec le capucin
Philippe. (Voy. notre Hist. de la Réforme... ch. vi.)
(I) La Sudrie (aujourd'hui commune du Lindois, arrondissement
de Confolens, Charente), à quelques lieues au sud-ouest de Roche-
chouart, possédait alors une église de fief.
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— 607 —
paquet par le courrier de Limoges, dans lequel estoit une
lettre d'icelluy contenant son arrivée, la diligence qu'il
avoit faite, autre lettre de M. Drelincourt (I) pasteur, don-
nant assurance de travailler pour cette affaire et toute
l'esglise de Paris avec, un arrest donné au Conseil ie
13* jour du mois de may 1653 par lequel est défendu
à ceux qui font profession de la religion réformée en la
ville de Rochouard de s'assembler extraordlnairement, ne
faire fonctions publiques jusque [à ce] qu'il en soit dict
plus amplement.
Nous nous assemblâmes le vendredy suivant dans le
temple. Le samedy suivant, 30' de may, Madame la mar-
quise [de Rochechouart] flct signitler le dict arrest par
Perigord, sergent royal, donné à Abraham Soury, un des
membres de l'esgliiîe. Landemain jour de dimanche, fegte
de Pentecoste, nous cessâmes de nous assembler |2). Dieu,
par sa grâce, nous veuille bicntost restablir et nous con-
soler en une telle afHiction.
18 V.
Le dimanche 21* Jour de septembre 1653, environ 10
heures du soir, est née la ûlle naturelle et légitime de
maistre Amber Debarthe, pasteur (3), et de Françoise de
Labrunye, sa femme. Elle a estée baptisée le dimanche
douzième d'octobre 1G53 en l'esglise de la Sudric, paroisse
et juridiction du Lindois, par les mains de M. Declave,
pasteur du sainct Ësvangille en l'esglise de la Rochefou-
caud et la dicte Sudrie, son anne.<ie. A esté son parrin
Jean de Ghesadour (4), escuyer, sieur des Champs, cousin
(1) Il s'agit ëvidemment du célèbrn pasteur de l'église de Paris,
f 1669,
(2) Cette interruption du culte réforme à Rochechouart dura jus-
qu'en décembre 1655. Voy. plus loin b. cette date.
(3) Voy. ci-dessus à la date du 21 mars 1653.
(4) Plus ordinairement Esghizaikiuii. Les soigneurs de ce tiom,
calvinistes déclarés, habitaient au voisinage de Chàteauneuf-la-
For£t, où leur chAteau de Bëthe (paroisse de Susaac) avait donné
naissance à une égliae de fief. (Voy. notre Hist. de la Réforme...
lyGoogle
germain de la fille; sa marrine, Suzanne Boulesteys,
femme de Jean de Labrunye, sa tante, absente, mais
Elisabeth de la Chaulmette, vesve de feu Louys Desvaud,
présentant pour elle. La dicte fille posthume, qui porte le
nom de Suzanne, est née six mois apprès la mort de feu
maistre Ambert de Barthei-^on père.
L'on a laissé l'acte baptistaire entre les mains des an-
ciens de la dicte esglise à Abraham Chazaud, scribe,
signé F. DE Labrunye, Jean de Chesadouh, Ysabeau(I) de
LA Chaulmette. L'on a prins copie de celluy donné à la
dict« de Labrunye signé Declave, pasteur, Dueoullb, an-
cien de la dicte esglise.
19 1-.
Le jeudy 16* jour du mois d'octobre 1653, mourut Anne
Fontaneau (2), femme de maistre Daniel Debarthe, mi-
nistre quand vivoyt du Sainct Ësvangille en Teaglise de
Limoges et Rochouard(3). Elle fut enterrée au cimetière
du dicL lieu-, le mesme Jour.
Le dimanche 19* jour d'octobre 1653, ceux de la relli-
gion refformée s'assamblérent dans leur temple pour faire
la prière en vertu de l'arrêt donné au Conseil, le 8* jour
d'aoust 1653, qui renvoya les parties à la Chambre de
l'Esdit de Paris pour juger en deffinitive et sans que
l'arrest donné sur requeste, le 13* jour de may 1653, tire
à conséquence. Le soir, apprès la sortie do la prière,
M. de Pompadour revenu de la chasse, accompagné de
ses serviteurs, fut en la maison de feu Jean de la Chaul-
mette, là où il i-encontra maistre Théodore de la Chaul-
ch. IX.) Jean d'Eschizadour avait épousa an 16t^ Marie de Barthe,
fille du pasteur Daniel de Barthe. 11 était donc en effet cousin par
alliaiico de la baptisée. (Cf. le Nobit. de la GénératHé, II, 91, et
lus extraits du Registre bapl. de Rochechovarl que nous comptons
publier dans l'appendice de notre Hiêl. de la Réforme...]
(I) Appelée plus haut Élisabelh.
(3) Cf. plus haut la mention de janvier 1644 el la noie.
{i) Voy. ci-dessus à la date du H6 avril lGâ3.
lyGoogle
mette, misistre de la parolle de Dieu (i), auquel il b&illa
trois coups d'espée, sans autres coups qu'il receut de ses
serviteurs; et n'eut esté qu'il se sauvait à la fuicte, on
l'eut laissé mort dessus la place à force de coups. En
mesme temps, le dict seigneur de Pompadour fut en la
maison de maistre Jean Fourgeaud, adTocat, lequel fut
prius sur sa maison se voullaut sauver, où il receut plu-
sieurs coups et sa femme aussy. L'on l'amena au châ-
teau dans la prison, là où l'on luy fit endurer divers
tormens endurés jusques au mardy d'auprès, qu'il fut
rnia hors la dicte prison. Il se fit diverses menaces.
mesme d'envoyer gens de guerre dans les maisons de
ceux qui avoient assisté à la dicte prière. Geste crainte
et peur fit diviser les membres de ce corps, [ce] qui causa
la discontinuation de s'assembler (2).
(9 V".
Le mercredy, septiesme jour du mois de janvier 1654,
neuf heures du matiu, mourut Suzanne de Barthe, fille
légitime de maistre Amber de Barthe et de Françoise de
■LabruHye (3). Elle fut enterrée le mesme jour dans le
(I) Ce Théodore de la Chaulmette appartient évidemment à la
famille du merae nom qui comptait alors tant de représentants à
Roehecbou»rt, £lie Beoott le déclare d'ailleurs expressément dans
son Hiat. de VÈdit de Nantes, III, IGS. Le pasteur Etienne de la
Chaumette, dont la veuve habitait RochechouarL en 1604 (d'après
le Beg. de» délibérationg du Conêistoire , 16 acrif i60i), eat
peut-être un de ses ancêtres en ligne directe. Théodore de la
Chaumette avait d'abord desservi une église du Poitou dont le
nom ne nous a pas été conservé. En 1G4B il passa ii Maringues,
en Auvergne, où il resta jusqu'à la Révocation. (Voy. les Actet
du synode de Bourgogne tenu à Is sur-Tille, et i'IIisloire des
guerre» de religion en Autsergne par Imberdia, II, 545.) On ne
peut donc conclure de sa présence à Rochechouart en 1653 qu'il y
ait rempli les fonctions pastorales autrement que par occasion.
(2} Cf. sur oe nouvel épisode Ëlie Benoît, Hialoire de t'Èdit de
Nanle», III, 168.
(3) Voy. ci-desaus à la date du 21 septembre 1^51
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— 610 —
cimetière de la présente ville, auprès le tombeau de feu
le dict Amber, son père. Elle estoit âgée de trois mois
et deniy.
20 V.
Le lundy de Tannée 1653, au quinziesme jour du mois
de décembre, environ 10 heures du soir, Dieu de sa grâce
a envoyé et mis au monde une fille du mariage légitime
d'entre Jean de la Brunye et Suzanne Boulesteys, ses
père et mère, lesquels font humble requeste au Créateur
de tout le monde, sauveur et rédempteur de toutes les
humaines créatures qui icy sont, il lui plaise faire grâce
et miséricorde à la présente née en luy remettant ses
corruptions naturelles comme à l'un de ses chers enfants
qui deminde la bénédiction de son Dieu, la faveur et
bonté de son père céleste. Au lieu de la Sudrie, juri-
diction du Lindois, le dimanche 25' jour de janvier 1654,
a esté baptisée par les mains de M. Declave(i), ministre
du Sainct Ësvangille en resglize de la Rochefoucaud et la
Sudrie, sou annexe, Françoise de la Brunye, flile de Jean
de la Brunye et Suzanne Boulesteys, habilaus de la ville
de Rochouard. Son parrin est Jean Boulesteys, sieur de
la Doradie ; sa marrine Françoise de Labrunye, vesve
de feu maistre Amber Debarthe, vivant ministre de Cha-
teauneuf en Limousin (2), aussy habitans du dict Ro-
chouard oii l'exercice de la religion n'est à présent permis-
La dicte Françoise est née dès le 15* jour du mois de
décembre de l'année 1653. Le présent acte a esté dellivré
en la mesme forme à Abraham Chasaud. ancien et diacre
en la dicte esglise de la Sudrie, où sont les signés : J. de
lA Brunye, J. Boulesteys, Françoise de Labrunye.
20 V.
Le mercredy unziesme jour du mois de febvrier 1654,
(1) Déjà mentionné ft la date du 21 septembre 16U.
(2)' Cf. ci-dessus SI mars 1653 et 16 avril 1649, oi
Bartbe est dit ministre de Meillars.
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— 611 —
UDie heures du Boir, décéda la dicte Françoise de la
Bruuye (1) et fut enlerrée le jour suivant au cimetière
de BoDmoussoD auprès de la âUe de feu maistre Amber
Debarthe. Dieu par sa grâce luy veuille avoir faict misé-
ricorde, n'imputant point en elle le péché de ses père et
mère et encore [2) grandement entachée.
Apprës avoir constamment attendeu de l'Éternel la vol-
lonté, il se tourne de nostre costé et apprès longtemps
avoir esté affligés, il nous a consolés et relevés. Le 29* jour
du mois de may 1654, nostre roy débonnaire a remis en
l'exercice de la religion ceux qui en font profession dans
. la ville de Rochouard, dans leur temple accoutumé, leur
permettant par arrest de son Conseil d'Estait en la fonne .
qui suit : Apprës [examen] de toutes choses rapportées
dans la requeste des supplians, le roy estant en son Con-
seil, conformément à l'arresl de son dict Conseil du
8 d'aoust 1653, a renvoyé et renvoyé la dicte requeste
en la Chambre de l'Ëdlct du Parlement de Paris, pour
estre pourveu aux parties ainsi qi^'îl appartiendra par
raison ; cependant en interprétant le dict arrest, sa dicte
Majesté par provision a ordonné et ordonne que les habi-
tans de la ville de Rochouard faisans profession de la
religion prétendue réformée fairont l'exercice publique de
la dicte religion dans la dicte ville de Rochouard au
mesme lieu et ainsin qu'ilz faisoyent avant l'arresl de son
dict Conseil du 13 may 1653, jusques à ce qu'autrement
par ta dicte chambre de l'Esdict (3) en aye esté ordonné
(1) Fille en bas-ftge de Jeui de la Brunye. Ne point la confondre
avec Françoise de la Brunye, mariée k Etienne Boudaud vers ]Mt,
d'après une mention d'août 165!, ni avec une autre Françoise de
la Brunye, mariée à Â.mbert de Barthe en premiËres noces, à Jean
d'Eschizadour, aieur des Champs, en secondes noces, et morte le
1% oelobre 1659. Voy. aux dates.
12) Ce et encore semble équivaloir & notre encore que.
(3) L'abbé Nadaud, dans ses Mémoires manugcritë [I, 58), parle
d'un ■ arrêt de défense contre les huguenots de Rochechouart, »
rendu le 11 août 1654 par la chambre de l'Ëdit. Ce ne serait en
tout cas qu'un arrêt provisoire, l'arrêt définitif n'ayant été rendu
qu'en février 1661, comme il est dit plus loin.
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et sans que le présent arrcst puisse nuire ny préjudicier
au droit des parties, au principal. Faict au Conseil d'Estat
du roy, sa M;ijesté y estant, tenu à Paria le 29' jour de
inay 1654. Ainsin signé : Letellieh. Avec la commission
du mesme jour pour faire mettre le présent arrest en exé-
cution. Signé : Louis. Par le roy : Lktellieb.
21 v°.
Autre arrest du Conseil d'État du roy, daté du dixième
jour d'octobre 1604 (I), par lequel sa Majesté ordonne que
les habitans de Rochouard faisans profession de la reli-
gion prétendue réformée, rentreront incontinent sans délay
en l'exercice public de leur religion dans la ville et au
mesme lieu qu'ils faisoient leur dict exercice avant arrest
du Conseil du 13 niay 1653, signé et scellé du grand sceau :
Letbllier ; et la commission y attachée. Lequel arrest fiil
signifié par L. Laprade, sergent royal, le septiesme jour
de novembre 1654. Le jour suivant (2), les dicts habitans
faisans profession de la religion voulant faire leur exer-
cice, le sénéchal fit fermer les portes de la ville. Contre
le dict empêchement il fallut se pourvoir au Conseil et
y fut envoyé le sieur de Couturele, député, qui obtient
du Conseil par la faveur de noslre bon roy commission
adressante à M. de Champini, départi par sa Majesté
pour faire la visite dans la Généralité de Limoges [3), avec
Jettre de cachet du 3 décembre 1654. Le 15* jour du mois
de décembre 1655, jour de vendredy, le dict sieur de
Champini se porte en la ville de Rochotiard et en vertu
de sa commission il a restably et remis les dicts habi-
tans faisans profession de la religion en l'exercice d'icelle,
dans leur temple accoutumé, pour faire l'exercice public
(1) Le texte porte Ifill en toutes letlros. La suite montre qu'il
faut lire IG54.
(2) Qui 80 trouvait être un dimanche.
(3) Bocliard de Ghampigny Tut intendant do la Généralité de Li-
moges jusqu'en 1658.
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— 613 —
en iceluy jusques à ce que autrement en ayt esté ordonné
par la Chambre de l'Édict du Parlement de Paris, parties
coiitradictoirement appellées. Le presche, à l'ouverture du
temple, le dict jour, a esté faîct par M. Ferant, pasteur de
Champagne-Mouton (I), l'ordonnance, deffenses et procès-
verbal faicts par le dict sieur commissaire, apprès la lec-
ture du dicl arrest, commission et lettre de cachet faicte
à l'ouverture du temple.
Le trentiesme Jour du mois d'octobre 1656, les soubz
signés anciens et autres de l'église réformée de Ro-
chouard, T^ouis Reynaud, médecin, Jean Fourgeaud, Da-
niel Botilesleys, advocats, Abraham Soury, Pierre Dela-
chaulmette, appothicaires, Jean de Lachaulmette, Louis
, Boudaud, marchands, David Soury et Jean de Labrunye,
bourgeois, se sont tous obligés à haut et puissant Fran-
çois de Roy de Larochefoucaud, comte de Rousiers et
autres places, absent, mais M. de la Simonie, advocat de
Champagne [-Mouton], présent pour luy, pour la somme
de 1,000 II. au terme de Noël prochain, [l'obtigationj
signée des susdits débiteurs obligés solidairement, biens
et personnes, receue par P. Marron et J. de La Chaul-
mette, notlaires. La dicte somme de 1,000 11. a esté em-
pruntée pour servir aux affaires et nécessités de l'esglise
réformée du dict Rochouard et en particulier pour la
commission de maislre François de Crest, conseiller or-
donné par arrest donné à la Chambre de l'Esdict, le
7 septembre 1656, pour faire enqueste de la possession,
temps et lieu de l'exercice de la dicte religion (3|. Pour
0) Arrondissement de Gonfolens, Charente. — Férsnt était déjà
venu à Roc h ce hou art en avril 1653; il était alors pasteur de Saint-
Ci aud- sur -le- Son. (Voy. à la date.) A partir de 1659, il fut pasteur
titulaire de Bochechouarl.
(2) Ce passage et tout ce qui suit prouve' que l'ordonnance de
1055, mentionnée plus haut, n'était déjà plus respectée. L'inter-
ruption du culte réformé ii Bochechouart dura jusqu'en 1661.
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— 614 —
7 travailler, s'est le dict sieur de Grest, commissaire,
transporté en la ville de Rochouard, le mardy 24 d'oc-
tobre 1656, assisté du sieur Martin, commis du greffier
du Parlement, du procureur du roy de Poitiers, substitut
du procureur général, et du sieur Bëslit, procureur à
Poitiers, son adjoint, qui estoit de la religion; et ont
logé à-chez (1) Jean-Simon dict Lamy. Le dict sieur
commissaire estoit venu en carrosse où estoit sa femme
et autres [personnes]. Il commença à travailler le mer-
credy apprës son arrivée. Nous le fumes voir en corps,
de ceux de la religion, et avions esté au devant de luy
jusgues à Chabannais. Il donna son ordonnance qui fut
signifiée le dict jour par Ghomette, sergent de nostre
corps. Poiir voire convient d'adjouter [2) qu'il fut de la
personne du dict sieur Beslit où il fut longtemps ver-
baliste de la part de M. de Pompadour qui lors estoit
à Rochouard avec Madame, le sieur président de Limoges,
le syndic du clergé du dict lieu intervenant au procès.
Ceux qui verbalisoient pour le dict seigneur de Pompa-
dour estoient le sieur Rempnoux, son procureur de Paris,
l'advocat Maisoudieu et le lieutenant de Pompadour; et
de la part du corps de ceux de la religioEP, les sieurs
Fourgeaud et Boulesteys, membres du dict corps. Le
jeudy suivant, il fut donné assignation à ceux de la
religion pour voir produire et jurer tesmoîngs de la part
du dict seigneur et à la requeste du procureur général,
là où se présenta grand partie du dict corps, où fut
prins le serment de 10 tesmoings pour estre ouys sur
les faicts qu'ils ouyroient cy apprès. Pierre Laborie, un
des membres du dict corps, qui avoit compareu à la
signification, fut demandé pour des affaires particulières
et sortit seul le premier de la maison du dict Simon,
où il fut suivy par un laquais du seigneur de Pom-
(1) Cette locution se retrouve un peu plus loin.
(2) Les quatre mots qui précèdent sont d'une lecture douteuse
Pour voire signifierait ; pour vrai, en réalité.
lyGbôgle
— 615 —
padoiir, jusques au devant la maison de feu Louys Des-
vergnes, et là sans nul sujet fut battu par le dict laquais
à grands coups de baston en luy disant : « Tu sais bien
ce que tu as faict. n Le dict Laborie (1) print telle crainte
qu'il s'en courut à-chez luy monter à cheval et s'en alla
coucher aux Vergues, paroisse de S. Laurans. Ne sachant
où il estoit, nous fumea nous plaindre d'une telle vio-
lence au sieur commissaire qui nous fit response qu'il
falloit avoir le plaintif ('2), auquel mandasmes de se rendre
landemain à Rochouard, jour de vendredy, où comparut
le dict Laborie devant le commissaire pour luy faire sa
plainte, assisté de tout le" corps. Lequel dict sieur com-
missaii-e ne rendit justice sur sa plainte. Le landemain,
luy fut présenté requesle du dict Laborie et aulres au
nom du corps, où fui appointé par le dicl sieur que
nous nous pourvoirons devant nos juges ordinaires.
Le dicl jolir mourut Esther Boudaud, vesve de Jean
Fresslnet, el fui enterrée de jour, suivant la coustume,
ce qui fut trouvé mauvais par le dicl Bampnoux (3] et
remontré au dict sieur commissaire el mis dans les
cahiers. Le reste du jour, ils travaillèrent à l'enquesle
et landemain, jour de dimanche, ils furent se promener
à Cromiëres sans travailler à l'enquesle. Landemain, il
fui ouy Jean Debarthe (4} sieur des Arsis , qui avait
quilté la religion quelques jours avant, et ordonné par
le dict sieur commissaire que visite seroit faicte du tem-
(0 Celui-là m£me suis doute que le vicomte de Rochechouart
avait spolié de ses biens et emprisonna arbitrairement en 1651.
Voy. Ëlie Benoit, loc. cit.
(2) G'est-i-dirc le plaignant.
(3) Procureur du seigneur de Rochechouart, comme il est dil
plus haut.
(!) Évidemment uli parent de Daniel et d'Ambert de Barthe,
mentionnés plus haut. Nous ne croyons pas qu'on puisse i'ideo-
tificr avec un autre Barthe qui avait également quitté le protes-
tantisme déa 164S. (Voy. plus haut, à la date de janvier 1644, la
note relative aux frères De Barthe.)
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— 616 —
pie et autres lieux que [sic] l'exercice de la religion avoit
calé faict, ce qui fut exécuté. Le dict seigneur de Pom-
padour demandoit exécutoire de la moitié des despens de
la commission. Il fut respondu par le dict corps qu'ils
ne debvoient eslre tenus à aucuns frais, n'ayans requis
l'enquesle aîns le dict seigneur de Pompadour, mesme
qu'ils avoyent faict protestation de ne plus procéder de-
vant le dict sieur commissaire, d'autant qu'ils n'estoyent
en lieu d'assurance, demandant une place royale et libre
pour faire leurs informations des excès qui leur avoyent
esté faicts, ce qui ne fut accordé par l'appointement du
sieur commissaire; que seullement nous ne serons tenus
qu'à la moitié des frais fornis à fins de procès; et nous
mist soubz la protection et sauvegarde du roy et de la
cour, tant que besoin seroit. Le dict sieur commissaire
ayant achevé son enqueste partit pour aller à Limoges
avec ceux de sa compagnie, le mardy 31 octobre 1656;
et ont demeuré les seigneur et dame de Pompadour au
dict Rochouard.
24 V.
Le 15* jour du mois de décembre 1656, j'ay esté reccu
ancien en l'esglise réformée de Rochouard avec les sieurs
Dasnières, Laborîe et de Lachaulmette, appothicaires, par
M. Courant, pasteur de l'esglise de Marcillac(l), Ce mesme
jour la mie de Jean de Chesadour, escuyer, sieur des
Champs, et de damoiselle Françoise de Labrunye (2) a
esté baptis'ée. Son parrin, mou fils Amber de Labrunye,
et marrine Elisabeth de la Chaulmette, portant son nom,
un jour de vendredy, les dicts jour, mois et an. Sa nais-
sance précédoit de 18 jours le baptesme.
(I) U y a trois localités de ce Dom dans la Charente, dont deux
dans l'arrondiagement de Confolens, — On a vu précédemment que
les réformas de Rocheehouart avaient à plusieurs reprises tiré de
cette régioa, toute voisine, des pasteurs intérimaires.
(!) Cette Françoise de Labrunye est la veuve du pasteur Ambert
de Batthe, mort en 1G53. Voy. 4 U date des 7 et 25 janvier I6H.
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— 617 —
Le 12* jour de janvier 1657, il fut donné à Poitiers
ordonnance par le Présidial à la requeste de M. le pro-
cureur du roy du dict lieu et de M. Jean Chasaud, curé
de Rochouard, portant la dicte ordonnance que les habi-
tans de Rochouard faisans profession de la religion ré-
formée et [les] voisins d'icelle [ville] de mesœe religion
ne fissent les enterrements de leurs morts de jour ny avec
pompe, n'excédant le nombre de 30 personnes, et en cas
de contravention permis d'en informer et à peine de 100 11.
d'amende. La dicte sentence et ordonnance fut signifiée
aux parties par Robichon, sergent royal; et [à] la foire de
la my-caréme de la dicte année (1) fut publié par le
sergent-trompette à son de trompe et aux cris par tous
les carrefoui-s du dict Rochouard. Pendant ce temps, pour
obéir et ne donner lieu aux dépenses pour nous molester
jusques à ce que la cour y eut remédié, [quand] mourut
Madeleine de la Chaulmette, fille de David, et Marie
Pallier, femme de Jacob de la Ghomette, et un enfant
masle d'iceux, lesquels trois furent enterrés avant soleil
levé et apprès son coucher. M, Boulesteys estant à Paris
pour les afTaires de l'esglise réformée présenta requeste à
la Chambre de l'Esdict, sur laquelle fut donné arrest par
la dicte Chambre recevant les requérans appellana, avec
deffense aux dicts sieurs procureur et curé de les pour-
suivre ailleurs qu'en la dicte cour, leur fesans defi'ense
sur peine de 6,000 11. de les troubler en leurs enleri-e-
menls; permis à eux de les faire à toutes les heures du
jour comme avant, suivant les esdicts. Le dict arrest est
en datte du 3 mars 1657, signé Dutillet. Il fut signifié
au curé de Rochouard, le 31 mars du dict au, par Martin,
sergent royal.
24 V.
Le mardy 23' jour de janvier Ib.')?, 8 lieures dn soir,
(1) C'est-à-dire seulement le 8 mars. Pourquoi ce retard de deux
mois? En tout cas l'ordonnance fut appliquée im média* emctit puis-
qu'il est dit plus loin que l'arrêt di* la chambre de l'Édit cassant
cette ordoRiianco est du 3 mars 1657.
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mourut à la Bclletnenie damoiselle ÉHzabelh de Chesa-
dour(l); et a esté eoterrée au cimetière de Bonmousson
à Rochouurd, le jour suivaot, dans la fosse du fils de
la Desvode.
{Sur la couverture du registre) :
Le 30 mars 1657, le sieur du Chalenet, gendre de M, Fer-
rand (2), apporta 100 11. que l'église de Vantée (3) avoît
doonéea de charité à uostre église (4). Le sieur Reynaud
les print. Nous en donnâmes acquit au dict sieur du
Chatenet.
25 V.
Le dix-septiesme jour du mois de décembre 1658, nous
M' Louys Reynaud, docteur en médecine, Jean de la
Chaumelte, marchand tondeur, et Jean Delabrunye, filmes
à Su Junien (5) pour chercher de l'argent à emprunter, ce
que nous finies de M* François Tardieu, docteur en méde-
cine (G) demeurant au dict S. Junien
Et de luy nous empruntâmes la somme de 500 11. t.
payables de là à un an du dict jour par obligation
receue par Cousder, notaire, et deux tesmoings. Le dict
prest estoit faict à cause des affaires de nostre esglise
pour souslenir les procès de l'exercice intervenant et
charges des conseils à la Chambre de l'Esdict, et pour
(1) Voy. plus h&ut à la date du 15 dâcerabre 1656.
(2) Pasteur de Champagne- Mouton, mentionné plus haut à la
date de décembre 1G55.
(3) Co nom est douteux, étant & peu près illisible.
(4) Cette mention confirme ce que dit M. Lièvre dans son His-
toire det proleglanle du Poitou (11, 53) : • Les églises furent oblî-
> gées (vers I65S) de venir en aide, par des souscriptions, à celle
> de Hochechouart, également pauvre, et que le seigneur ne pou-
■ vait non plus se résigner à laisser en paiï. s
(5) Nous savions déjà par le Registre coneistorial de Roche-
chouarl (délibératiou du 10 mai 1020) qu'il y avait des protestants
A Saint-Junien au ivu« siècle. Nous en trouvons ici la confirmation.
[C) Les mots qui suivent et ceux que nous avons remplacés par
des points, comme insignifiants, se trouvent à la fin de l'acte,
avec un signe de renvoi.
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— 619 ^
la charge des collecteurs, réduction et liquidation des
surtaxes à la cour des Aydes et autres procès particuliers
rendus communs, pour lesquels soutenir le consistoire
nous nomma par acte exprès inséré dans le livre consis-
torial (1), portant que les autres anciens et chefs de famille
de l'esglise nous indemniseroient et donneroient des obli-
gations de chacune 100 II. au montant des sommes que
nous aurions empruntées pour faire subsister M. Boules-
teys à Paris et fournir aux grands frais qu'il faut faire,
ainsin que doibt estre employée la dicte somme de 500 11.
prlDse par le dict Chomette pour la distribuer et faire
tenir à Paris au dict sieur Boulestçys nostre député.
Le dernier jour du mois de décembre 1658, nous nous
sommes obligés les nommés M' Louys Reynaud, docteur
en médecine, Jean de la Chaulmette, tondeur, et Jean
de Labrunye pour les affaires de l'esglise, comme dessus,
de la somme de douze vingts 11. tz. [2] au nommé la Hoche,
chirurgien du bourg de Massignac (3); passée la dicte
obligation à Rochouard devant J. Boudaud et J. Des-
vergnes, notaires solidairement obligés, le terme de la
datte d'icelle en un an. Le dict Reynaud a receu l'ar-
gent pour l'envoyer à Paris et fournir à auti-es affaires
de l'église (4).
Le lundy vingt uniesme jour du mois de juillet 1659,
(1) Hention précieuse qui prouve, comine déjà plus haut (juillet
1G14], la continuation du premior Registre conaistorial de Roche-
chouart,
(!) Plus haut déjà, aux dates du 30 octobre 1656 et 17 décembre
1658, nous avons vu les protestants de Rochechouart emprunter
une somme do 1,000 11. et une autre somme de 500 11. pour payer
les frais du procès qu'on leur intentait.
(3) Arr. d'Angoulême. — Il y avait dans cette localité une église
de fief dont les origines remontent au xvi* siècle. (Voy. notre HUl.
de la Réforme ch. xt.)
(4) Voy. plus haut, à la date du la janvier 1656.
DigmzcdbyGoOgle
— 620 —
à 3 heures ai)près midy, naquit une fille légitime de
Jean de Ghesadour, escuyer, sieur des Champs, et de
damoiselle Françoise de Labmnye (1) sa femme. Elle fut
baptisée le lundy quatriesme jour d'aoust de la meeme
année dans le temple de Rochouart par M. Ferant, pas-
teur d'icelle [ville] (2). Fui son parrin Jean de la Brunye,
son oncle maternel, et marriuc damoiselle Jeanne de Ghe-
sadour, sa tante paternelle; et porte le nom d'icelle.
Le mercredy 22' jour d'octobre 1659, euviron sept
heures du matin, décéda damoiselle Françoise de La-
brunye, femme de Jean de Chesidour, escuyer, sieur
des Ghamps, dans leur maison au village de Bellemenie,
paroisse de S. Auvant, où ils faisoient alors leur de-
meure. Elle fust enterrée le jour suivant, environ uuze
heures du matin, au cimetière de Boumousson de Ro-
chouard et fust mise dans la fosse où estoit M" Anil)er
de Barthe, son premier {3) mary, sans pompe. Adieu, ma
sœur! à mon grand regret morte le 14* jour de sa maladie.
Le 12' jour d'aoust [1660 ?], un jeudy, trois heures apprès
midy, mourut Jean Boulesteys. sieur de la Doradière, et
fut enterré le Jour suivant dans le cimetière de ses frères
de la religion réformée, dans le tombeau du sieur Dunias
son grand père.
26 V.
Le 20" jour du mois d'aoust 1660, il s'est donné arrest
d'expédient à la cour des Aydes (4) entre les catholiques
(1) Voy. plus haut à la date du 23 janvier IGïT.
(!) Précédemment pasteur à Champagne- Mouton. C'est en cette
qualité qu'il était venu à Rochechouart en décembre I6jr>, pour y
remplir par intérim les foiictions pastorales. Voy. à la date.
(3) Le texte porto segond, ce qui est une erreur. Cf. ci-deasjs
à la date du 22 janvier 1654.
(4) Sans doute celle de Clermonl-Ferrand, k laquelle ressortiasait
la Généralité de Limoges. Il est vrai que Rochecliouart dépeiidait
de la Généralité de Poitiers. Hais nous avons déjà vu plus haut
(1iij4) que l'Intendant de Limoges était directement chargé des
affaires do la religion dans la vicomte de Rochechouart.
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— 6->l —
r[oinains] de Rochouard, paroisses de Biennac et Vayres,
et ceux de la religiou prétendue réformée, portant que de
la somme des commissions des tailles, il seroit prins en
commun par les catholiques 300 11. et le reste partagé,
ce qui seroit gardé à l'avenir
les collecteurs ca-
tholiques despuis 1653 jusques à 1658 deschargés de tous
ahus, concussions, malversations et surtaxes, adjugés par
arrest du 13 avril 1658.
Apprès avoir constamment attendu de l'Éternel la vol-
lonté, il s'est tourné de mou costé et a mon cri au besoin
entendu (l). Dieu par sa bonté nous a donné un arrest
favorable prononcé à la Chambre de l'Édict du Parlement
de Paris, le 26™ février 1661 [2), portant la maintenue de
l'exercice de la r[eIigion], sy mieux M. de Pompadour
n'aimoit donner un lieu pour le temple et cimetière dans
la ville ou fauxbourgs, à la commodité des parties qui en
conviendront devant M. le séneschal du Poitou ou M. son
lieutenant général et sans défaut, toutes accusations et
reproches mis au néant. Ce pi-ocès avoyt commencé en
l'année 1634 (3) par divers arrests du Conseil d'Estat main-
tenus par provision et au fond (?) renvoyés à la Chambre
de l'Édict, Loué soit Dieu d'une sy grande délivrance! (4)
(1) Remarquer la Fornie versifiée de cette phrase, où pourtant la
mesure fait défaut. Il y a là une réminiscence imparfaite du psau-
tier de^Marot. Le psaume XL cjmmence ainsi : • J'ai patiemment
atlendit à l'Èlemel et il s'est lowné vers mot et il a ont mon
cri. I (Cf. ci-dcssua, sous la date de novembre IG44, ad pnom,
et sous celle du 29 mai 1G54.)
(3) Cet arrêt est mentionné dans le CataL de t'Hial. de France,
sous la cote L du* n- 186.
(3) Oui, mais de 1639 à 1653. le droit des protestants avait été
Jt peu près respecté.
(4) Cet arrêt de février 1661 n'avait déjà plus force en 1665, puis-
que les protestants de Rochechouart en dejnandèrent alors confir-
mation. Voy. Lièvre, Histoire des protestants du Poitou, II, TS.
Pour le détail du long procès soutenu depuis lGâ3 par les pro-
T. VIL 4-*
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27 r.
Le dimanche guinziesme jour du mois de janvier 1668,
dans la maison de feu Isaac Soury sieur du Pré, Ambert
de Labrunye, mon fils, fiança Suzanne Soury, fîlle du dict
feu et de Marthe I^umeau. leurs parens assemblés. En la
compagnie d'iceux fucent au temple de ceux de la religion
réformée, au dedans l'enclos de la ville de Rochouard, où
ils receurent la bénédiction par les mains de M. Ferand,
pasteur d'icelle [ville]; le contract signé des parens et
receu par de la Couder et P. Perigord notaires.
27 V.
Le 6~* février 1668, devant les dicts notaires, j'ay prins
act]uit des meubles que je devois donner à mon dict fils,
montant 300 II., comme est porté par le dict contract,
iceus donnés en extrait à chacun leur prix et délivrés
le dict jour, portés dans la chambre qu'ils couchent; des
parties signé et à chacun donné copie du dict extrait.
Aussi j'ai baillé nostre jument à mon dict fils pour l'ha-
bit que je luy avois promis.
Le mercredy 24' d'octobre 1668, 9 heures du soir, est
né du dict mariage d'enti-e les dicts Ambert de la Brunye
et Suzanne Soury un enfant masle. baptisé le dimanche
au soir dans le temple à Rochouard par M. Jean Fer-
rand, pasteur au dict lieu; par lui donné le nom de
David. Son parrin a esté M' David Liège, son oncle ma-
ternel comme mary de Marthe Soury; sa marraine Su-
zanne Boulesteys, sa grand mère. Le présent baptesme a
esté enregistré par M' Daniel Reynaud, médecin, dans le
livre de l'église réformée [I], ensuite du mariage aussy
rapporté au temps qu'il fut faict, le dict acte signé des
dicls pasteur, père, parrain et scribe,
testants de Rocliechouart, voy. les truïs factiiins conservés à la
Bibliothèque nationale sous la cote L d>T> n* 186 du Catalogue de
l'Hisloire de France. Nous les analysons d'ailleurs dans noIrG
Hial. de la Réforme ch. ïi.
fi) Cr. ci-dessus juillet I6U et décembre I65S.
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•28 V.
Le samedy premier jour du mois de mars 1670, à sept
heures du malin, est née une fiile du mariage de Ai^ibert
de la Brunye el Suzanne Soury, biiplisée le jour suivant
dimanche, second du dict mois, dans le temple de Ro-
cliouard par M, Fcrrand (I), ministre au dict lieu, quy
luy a administré le saint sacrement du bjptesme et im-
posé le nom de Suzanne. A esté son parrin Jean de la
Bmuye, son ayeul, et marraine Smanne Soury, sa lanle
grande; femme de Jean de la Chomeite, marchand tondeur.
Le mardy dixsepticsme jour du mois de novembre 1671,
neuf heures du soir, est née une fille naturelle et légi-
time du mariage de Ambert Delabrunye et Suzanne Soury.
A esté baptisée le jour suivant mercredy, 18 des dicts mois
el an. A esté son parrin François Boulesteys, sieur de bi
Doradière, son cousin germain ; sa marraiue Marthe Soury,
sa tante, femme du sieur David Liège. Le dict baptesme
administré dans le temple, au dedans l'enclos de la ville
de Rochouard, par M. Souchet, pasteur {2), lors au dict
lieu, quy luy a imposé nom Marthe, celuy de sa marraine.
29 f.
Le dimanche 24* jour du mois de septembre 1673,
environ minuit^ est née une fille du mariage contracté,
béni et consommé entre Ambeit Delabniuye et Suzanne
Soury, le 24 octobre 1668; ieelle baptisée, son nom im-
posé Eslher par M. Souchel, ministre à Rochouard, dans
le temple au dict lieu, dedans l'enc'os de la ville, le
vendredy sixième jour du mois d'octobre 1673. A es\é sou
parrin Isaac Soury, son oncle maternel; sa marraine
Esther Boulesteys, femme du sieur Delaborie, sa cousine
germaine.
(I) C'est la (leniifere mention que nous rencontrons de U pré-
sence du ministre Ferrand k Rochechouart. ]| desservait cette
Ëgifae régulièrement depuis 16ô9, mais y avait éié appelé à di-
verses occasions h partir df; IfiôX
(3) Voy. les articles suivants.
ibyGoogle
Le lundy huictiesme jour du mois d'jsctobre 1674, en-
viron mynuit, est née une fille du mariage d'Ambert De-
labrunye et Suzanne Soury; icelle heureusement accou-
chée, luy resla la difficulté de ne se pouvoir délivrer de
l'arrière-fais. Dans cet estât, dans des convulsions, avec
tout le secours quy luy fut donné, sa vye ne se conserva
que jusques au mardy suivant, à neuf heures du matin
qu'elle rendit l'esprit au regret de tous ses proches. Le
jour suivant, mercredy, à'8 heures du matin, elle fut
enterrée au cimetière de Bonmousson à Rochouard dans
le tombeau de Perier, sa mère.
Le vendredy suivant, 12» du dict mois, sa fille fut
baptisée dans le temple de Rochouard par M, Souchet,
ministre (t), qui lui donna le nom de Anne. Fut son
parrain sieur François Soury, son oncle maternel; sa
marraine Anne BoulesteyS: fille de sieur Jean Boulea-
teys, sa cousine germaine.
30 r.
Le jeudy sixième décembre 1674, à Rochouard, en mai-
son de ville, la plus prant part des habitants assemblés
ont nommé Amhert de la Brunye avec M' Jean Simon,
advocat, pour suivre M. l'intendant de Poitou (2) à Poi-
tiers, pour là estre retenus en forme d'otages à raison de
l'émotion émue par quelques habitons du commun peuple
à rencontre d'un commis au.t aydes porteur d'un arrest
du Conseil d'Estat du 8 novembre dernier pour impo-
sition nouvelle sur le vin. eau-de-vye. bière, breuvage
et vinaigre, qualifiée drajt de gage, pour estre publié le
dimanche 18* novembre dernier que ta dicte émotion fut
faicte (3). A cause d'icelle ont esté nommés les Otages
(1) Souchet l'csta à Rochcuhouart Jusqu'en 1G7R; mais notre Livre
n'en fait plus mention après cette daitc d'octobre lû74.
(2) René de Marillac.
(ï) Ce fait est cunflriiiiî par les Lellres dt> CnUiert (II, SG7).
l'areils (roubles se produisirent, pour les m^ui'-s raisons, à Coii-
fulens et Angniiléme.
ibv Google
— fi25 —
amenés pour subir les ordres de mon dict sieur l'inlen-
dant; lesquels assurés, leur a esté passé acle consulaire
signé des consuls collègues du dict Simon et habitans,
portant toute garantie; copie duquel leur a eslé envoyée
à Poitiers, le 10"" du dict mois, avec une requeste pour
présenter à mou dict seigneur l'intendant quy les con-
gédia favorablement; et ont arrivé heureusement à Ro~
chouard le lundy 24™ du dict mois, exems de toute peine
pécuniaire. Dieu en soit loué !
37 v°.
Le vendredy environ minuit et le 5* avril 1680, est
né du mariage de Pierre Tillarf sieur de Pougaudin
et de Marie Pascaud, sa femme, un Qls. Le 11"* du
dict mois il a esté baptisé en cette esglise par M. Jou-
naud (?), pasteur (1), et présenté par moy Pougaudin et
Judith Pascaud, ma belle-sœur. On luy a donné le nom
de Pierre.
35 r».
Ce papier est faict par moy David de la Brunye, en
l'année 1B84, au mois d'octobre. D. de la Bbunyk (2).
Le 14* octobi-e 1684, aujourd'huy samedy, entre trois
et quatre heures du soir, est décédé Jean de la Brunye (3)
([) C'est k seule mention que aoua connaiasionB de ce pasteur
à Rochechouart. Ea raison dea relations plusieurs fois constatées
dans ce Livre de famille entre Rocheohouart ot Barbezieux, nous
conjecturons qu'il s'agit de ce Jouneau qui figure au Rôle dea
ministres mtorigés à quitter Bordeatix pour passer en Angle-
terre en 1685, avec cette mention : " Pliilippo Jouneau, cy-devant
ministre de Barbezieux, avec sa femme et un enfant ftgâ de 18
mois. « Archives historique» de fa Gironde, XV, 519. Cf. la Chro-
niqve protestante de l'Angoumoii par V. Bujeaud, année 16S4,
p. 220. Si le rapprochement est exact, il faut consldârer Jouneau
comme pasteur intérimaire de Bochechouart.
(2) Fils d'Ambert de la Brunye et de Suzanne Soury, né en
octobre 1668, par conséquent &gé de 16 ans.
(3) Le premier rédacteur de ce Livre de famille.
lyGoogle
mon grand père, âgé de 62 ans on environ, et fut ense-
veli le lendemain dans iiostre jardin (1).
Le 11* aoust 1697, il fut passé le contrat de mariage
entre Pierre Tillard, sieur de Pougodein, de la viUe de
Barbezieux en Xaintonge, et Suzanne Delabrunye, ma
soeur. Ils receurent la bénédiction par les mains de M. Des-
bordes, curé de la ville de fiarbezieux, le mardy 22"" oc-
tobre 1697, dans la chapelle du chasteau de Barbezieux
Le 6' m:iy 1698, par arrest du Conseil, le prévost de la
ville de Montmotillon est venu dans nostre maison accom-
pagné de M. nostre séneschal et M. nostre procureur
d'office et de quatre archers pour faire la visite chez tes
gens de la religion, sy nous avions des armes et des livres
touchant la religiou. Ils en ont trouvé la quantité de 30
ou 35; ils en ont faict inventaire; ils les ont mis entre
les mains de Jean Goursaud, maire du dîct Rochouard.
Le 8" novembre 1698, par une requeste présentée à M. le
maréchal d'Estrées portant que l'on ferait la visite chez les
gens de la religion [pour voir] s'ils n'avaient point d'armes
et [exiger] qu'ils donnassent leurs déclarations de l'année
qu'ils avoient faict leurs abjurations, c'est M. de Langa-
lerie (2), lieutenant du prévost de Montmorillon, accom-
pagné de quatre de ses archers, qui a faict la visite.
37 r*.
Le 27 novembre 1698, M. de Langalerie, lieutenant du
prévost de Montmorillon, accompagné d'un archer ont
(I) Ces inhumations en lieu privé se retrouvent, à partir de cette
date, toutes les fois qu'il s'agit de réformés. Preuve qu'on leur
avait enlevé l'usage du cimetière de Bonmousson concédé en I6!0.
(Voy. ci-dcaaus à cette date.)
(î) Très vraisemblablement un parent du célèbre marquis de
Langallertc, originaire de Lamottc- Charente, né en 1G56 el mort
en 1717.
lyGoogle
— 627 —
faict la viBîle chez les catholiques (sic) et inventaii'e des
armes qu'ils avoient dans leui-g maisoos. et aussy de la
campagne, par ordre de M. le mareschal d'Estrées.
40 r.
Le vendredy et le 22' décembre 1719, entre 9 et 10
heures du soir, sortit de sa maison pour aller eu ville
Pierre Tillard, sieur de Pougaudin, mon beau frère; et
avons demeuré sans scavoir de ses nouvelles jusque au
mercredy eosuivant, 27* du présent mois, qu'un homme
en se promenant le descouvrit dans la rivière, entre un
lieu appelé la Balangerie et le moulin de MonvlUe, dis-
tant de derai-lieue de Barbezieux. Cet homme vint advertir
les messieui-s de la justice du dict Barbezieux qui s'y
transportèrent sur le lieu avecque un médecin et un chi-
rurgien qui tirent la visite du corps. On luy trouva un
coup de baston sur le bras droit, la cravatte qui avoit
deux nœuds et fort serrés et que l'on luy avoit tordu
le cou. On n'a point encore peu trouver aucune preuve
jusque à présent de ses meurtriers.
40 r.
Le dict registre (1) est entre les mains de Pierre de
Lachaumette qui a les registres. Le 26* aoust 1737.
41 r*.
Ce papier est tenu par moy, Raymond de la Brunye
en l'année 1747. De la Brunte.
Le 19 mars 1747, dimanche de la Passion, David de
la Brunye, mon père (2), eut une grosse enrhumure jus-
qu'au jeudy 23* suivant qu'il envoya chercher M. Buis-
son,'curé de St. Auvent, pour le confesser et luy admi-
nistrer la sainte communion le même jour. Le dimanche
des Rameaux, il luy prit une lièvre qui ne le quitta
(1) Celui des délibérations du Consistoire* et des actes baptis-
taires, matrimoniaux et mortuaires, mentionné plus haut sous ta
date du 3 juillet 1644.
(!) Le second rédacteur du présent Livre. Il était né en 1668.
lyGoogle
— 628 —
point, avec des redoubloments toutes les douze heures.
Le mardy 28, M. Buisson viut le voir pour le maintenir
dans sa nouvelle religion, et luy proposa de recevoir le
sacrement de l'extrême-onction qu'il reçut avec toute sa
connaissance. Le jeudy, 5 avril, à li heures du soir,
!sa fièvre augmenta avec des redoublemens à tous les
quars d'heure jusqu'à 10 heures du soir, qu'il me donna
sa bénédiction et mourut le vendredy 7 avril, à il heures
du soir, avec les sentimcns d'un 1)oû chresticn, âgé de
78 ans cinq mois et quatorze jours. Il fut enterré dans
l'église de Rochechouait, sous le banc de la confrérie du
St. Sacrement, par M. Marcillat, prêtre, curé de la pa-
roisse, le 9 avril 1747, jour de la Quasimodo, entre 8 et
9 heures du matin.
46 V».
Ce livre est tenu par moy Pierrp Paul Delabruiiye en
l'année 1788.
(Suivent quelques mentions insignifiantes jusqu'en 1792.)
DigmzçdbyGoOgle
NUMISMATIQUE
MONNAIES TROUVÉES DANS LA CORRÈZE
lOII&IE El M k L'EFFICIE DE VESPASIEI
TROUVÉE PRÈS DE SAINT-BONN ET-L'ENFANT1EB
CANTON DE VIOEOIS
D./. IMP.OESAR.VESPASIANVS.AVG.TR.P.
Tète de Vespasien lauré, regardaot à droite.
R./. COS.IM.FORT.RED. {pour fortuna re-
dux.) La Fortune debout, regardant à gauche, te-
nant un globe et un caducée.
An 71 de notre ère.
Cette monnaie, bien conservée, a deux centi-
mètres de diamètre. Je l'ai vue entre les mains
df^ M"" Renaudie, à Brive, et nous en- aurions
volontiers fait l'acquisition pour le musée de la
ville; mais le villageois qui l'a trouvée s'en
exagère la valeur réelle.
Ph. Lalande.
IIIMIE El DR D'ÉDOUAIO 111, 101 D'AKLETERIE II857I
TROUVÉE AU VILLAGE DE SAULIAC
COMMUNE DE SARROUX
Droit. — E DWARD d Dm GRA d REX £3
ANGL ^ FRANC.
Le roi debout et de face dans un navire; il
DigmzcdbyGoOgle
est couronné et porte de la main droite une épée,
et de la gauche un bouclier aux armes de
France et d'Angleterre.
Revers. — IHE d AVTEM t^ TRANSIENS ^.
PER S MEDIV ^ ILLORVM ^ IBAT.
(S. Luc, c. iv-r, 30.)
Croix feuillue et cantonnée de quatre léopards
couronnés. Sur la droite du navire flotte un pa-
villon qui poi-te en cœur la lettre E.
Or noble de 0,024 de diamètre. B. Fillon, Let-
tres, page 177, a décrit une monnaie du prince
de Galles (prince Noir) entièrement semblable à
la monnaie trouvée au village de Sauliac, moins
la légende du droit.
La collection Avril de Lavergnée, à Niort, pos-
sède aussi cette monnaie du prince Noir qui est
une remarquable exception dans le monnayage de
l'Aquitaine.
Poey. d'Avant, tome II, page 120, n" 3076, pi.
LXIV, n- i5.
Ce noble en or, trouvé à Sauliac et frappé hors
de France, est la propriété de la famille de Tour-
nemire de Pierrefitte.
L'abbé J.-A. Pau.
La Cascade, le 35 juin ISB5.
DigmzcdbyGoOgle
„Googlc
RUINES a, TINTICNAC // ,
lyGoogle
RUINES ROMAINES
TINTIGNAC
(corréze)
P]B.ëj^lk^BXJL£]
oiKs favorisé sous ce rap-
port que d'autres départe-
ments, celui de la Corrèze
n'est pas riche en monu-
ments de l'époque romaine ;
on n'y rencontre point de
ruines majestueuses, com-
me dans quelques contrées
de l'ancienne Gaule. Et pourtant les conquérants
de race latine ont laissé en Bas-Limousin de nom-
breuses traces de leur séjour ! On y retrouve leurs
cendres dans des urnes funéraires exhumées en
maints endroits où existaient par conséquent d'an-
tiques demeures dont il ne reste plus pierre sur
pierre(l); des monnaies romaines sont parfois re-
(l) Uultetin de la Société scienli/iquc. hisloi-iquc et arckêo-
Ui.fuiue de la Corrèze, tomp III, p. 127 i 157, et lomo IV, p. 355
k ^m, fiîg h twi et r83 à tm.
lyGoogle
cueillies çà et là; quelques substructions, celles de
Laroche près de Larche, par exemple» ont été l'ob-
jet d'un commencement de foui!les(i); il en sub-
siste encoi-e près d'Eygurande, près d'Argentat et
dans la commune de Saint-Julien-Maumont{2).
Plus importantes et mieux étudiées, les ruines
romaines dites de Tintignae, ont depuis longtemps
été signalées à l'attention des archéologues; elles
sont situées à huit ou neuf kilomètres de Tulle,
dans la commune de Naves, et aux abords de la
route nationale n" 120. J'ai pensé qu'il pouvait
être bon de condenser dans le bulletin d'une
Société corrézienne la substance des divers tra-
vaux publiés sur Tintignac; mais si cette oeuvre
de compilation est appelée à ofîrir quelque in-
térêt, elle le devra surtout aux gravures qui
l'accompagnent et à l'exposé de faits nouveaux
résultant de fouilles entreprises récemment par
l'obligeant propriétaire du tènement, M. Guillot,
notre collègue. Je passerai tout d'abord en revue,
en les commentant quelque peu, les divers auteurs
qui ont plus ou moins parlé de Tintignac; puis
viendra la nomenclature détaillée des trouvailles
qu'on y a faites à diverses époques, et en dernier
lieu je m'occuperai plus spécialement des sub-
structions et de la destination donnée probable-
ment jadis à ce grouire de monuments. Le plan,
dressé par MM. Guillot et Perrière, qui est en
regard de la première page, devra être consulté
(1) Bulletin de ta SaciiHê, tomo VI, par 573 h âOO.
(2) Bulhlin de la Hociélé {loc. cit.), tome III. p. lî'J, itS et 157.
lyGoogle
— 635 —
quand on lira cette dernière partie de mon mé-
moire; à côté de substructions fouillées en 1842,
1846 et 1847(1), on y trouve celles que M. Guillot
a exhumées en 1884 de sa propre initiative, et
dans le seul but d'attirer de nouveau sur Tinti-
gnac l'attention du monde savant. Le travail
qu'on va lire est écrit dans le but de seconder
cette louable entreprise, tout autant du moins
que le permettent les faibles connaissances de
son auteur. Mais s'il avait voulu s'en charger,
M. Guillot se serait certainement a quitté bien
mieux que moi de cette tâche.
PREMIÈRE PARTIE
COMMENT DIVERS AUTEURS OMT PARLÉ DE TIN'TIGNAC
11 en est fait mention pour la première fois
dans un ouvrage de Bertrand de Latour, doyen
de l'église de Tulle : « Ce qui prouve l'importance
» que les Romains attachaient à la possession de
n cette cité (Tulle), c'est que non-seulement leurs
» gouverneurs y faisaient leur résidence, mais en-
» core qu'ils avaient, à deux milles de Tulle, un
» cirque propre au combat des gladiateurs, et qui
» conserve encore le nom d'arènes. Le laboureur
» y déterre chaque jour des monnaies à l'etrigie
» des empereurs romains et grand nombre d'au-
(1) Les plans des fouilles de 18», IHiC, 184T, dri?ss<is par M. Re-
bière, agent-voyer en chef, figuraioiit à l'exposition de Tulle en 1880.
lyGoogle
— 63ti —
» très objets qui viennent à l'appui de notre
» assertion (1). »
A la fin du premier chapitre de son Histoire
de Tulle, Baluze entre dans de plus grands dé-
tails; il dit qu'une ville existait à quatre mille
pas de Tulle, dans la paroisse de Naves et sur
le territoire de Tintignac; qu'il en reste encore
de nombreux vestiges, notamment un amphi-
théâtre ayant deux cents pas de longueur et cent
cinquante de largeur, et il affirme en avoir vu
dans sa jeunesse des ruines existant encore à
l'époque où il écrit {2}. Il parle de la trouvaille
de nombreuses monnaies, d'urnes en pierre, en
brique et en verre ; de têtes d'hommes et de
femmes en marbre; des cond'iits en brique de
quelque aqueduc; d'un puits d'une telle profon-
deur qu'on n'a jamais pu ^e sonder I 11 ajoute
qu'il n'est cependant fait mention de cette cité
dans aucune Géographie ancienne, dans aucun ou-
vrage historique, ni dans les vieilles chroniques
des églises ou des monastères. Le lieu où sont
(1) înstitutio ecciesiie Ttitetlenstg. — Toulouse, 1636. (Traduc-
tion de F. Bonnélye, p. 15. Tullo, imprimerie vouve Drappeau.)
(î) Oti pourrait i, bon droit être fitoiiné de ce qiio lo Tulliste
Baluze prétende avoir vu, dans na jeunesse, iea ruinea de Tin-
tignac. Comment ne les a-t-il point visitées du nouveau pendant
qu'il écrivait son Histoire de Tulte I Baluze venait rarement dans
aa ville natale; nul n'est prophète dans son pays, et celui dont le
mérite comme historien n'est aujourd'hui contesté par personne,
était surnommé par ses concitoyens le petit FrUon; allusion déri-
soire à son premier ouvrage, Anli-Frisonius. Ne voit-on pas en-
core aujourd'hui parmi nous des gens dont la valeur est méconnue
par leurs compatriotes? (Voir abbé Paobs, Petit Essai sur lee
historiens du diocèse de Tulle, p. 16. —Tulle, imprimerie Ma-
zeyrie, 1885.)
lyGoogle
les ruines de l'amphithéâtre est appelé vulgaire-
ment les Arènes de Tintignae, de même que
les habitants de Nimes et d'Arles donnent à leurs
amphithéâtres le nom d'arènes. On pourrait donc,
dit-il, conjecturer que le nom antique de cette
ville fut Tintignae, à moins qu'il ne s'agisse ici
du Ratiatum de Ptol^mée(l).
Sur deux planches gravées en regard de ce
texte on voit : deux tètes d'hommes et une tète
de femraë en marbre blanc (2) et en pierre cal-
caire, deux vases en verre dont un épais de deux
doigts, une grande urne en brique « crassitudinis
quatuor pedum, » le puits en maçonnerie « puteus
prœaltus, » un cube sans légende explicative, des
tuyaux en brique et les ruines de V amphithéâtre.
On verra plus loin que le monument désigné
(I) Voici, au surplus, le texto même dn Baluze :
In extrema parle iatiua eapilin adnolabo exiilisse olim IV. M. P.
à Tulela nobîle oppidum in parrochiit Navenst el a'jyo Tinti-
niacensi, rujus malla adhuc oeaCi(iia supersunt, in priinii vero
amphithealnim habens CC.P. in longiludine, CL, in laliludine,
cujus caveas el rudera, quie eliamitum tuperêunt, ego vidi in
juoenlute mea. Illic inoeniuntur mxtlla nvmismala Impera-
lorum Romanoi'um, etiam aurea, velerea urna; lapideœ, late-
ritia:, vilreiE, uaM «acriflciorum, capila mannorea cirorum et
viulierum, unum ex hig taureatum, quod videtuf ease alicujua
IiiiperatoriÊ. Reperti sunl eliam ibi velerea tubi iatcrilii cujua-
dam aquiBduclus, puteua tanlis profundHalia ut nunquam de-
prehendi poluerit quanta iil. et alla muUa monumcnta anti-
qua. Et lamen nulla oppidi illiva menlio extat in antiquia
geograpUis aul acriploribua liiatoriarum, neqiie in veleribue
monumentia Ecctesiarum el monaaleriorum. Eliam liodie locua
ubi sunl rudera amphitheatri uocalur Arenai Tinliniacenaee,
vutgo les Ai-eues de Tinliiiiac, eo modo quo cicea Coloma: Ne-
mausensia et ArelalenKea ainphitheatra aua oocanl Arenas. For-
tasaia avlein hinr. capi conjectura poaaet oppidum illud antiqui-
tua vocatum fuiaae Tintiniacum. Niai ait Ratiaatum Ptolemmi.
Hiiloria! Tutelenaia, 1717, eh, i, p. 0.
(■!) La lÉte de reiiime est un Jjas-reliet en alhâlrc.
lyGoogle
de la sorte par Baluze était un théâtre; le plan
dressé après les fouilles ne permet pas d'en dou-
ter un seul instant.
Les objets figurés par Baluze ont-ils été trouvés
fortuitement ou bien provenaient-ils de fouilles
faites? Cet auteur reste muet à cet égard, et on
peut le regretter. Quel intérêt n'eût pas présenté
pour les archéologues un procés-verbal de fouilles
exécutées à une époque où l'on "interrogeait les
anciens textes bien plus volontiers que les monu-
ments eux-mêmes !
Montfaucon à son tour, peu de temps après
la mort de Baluze, fait mention des prétendues
arènes : « Quant aux arènes ou amphithéâtre
» de Tintiniac, nous n'en savons que ce que l'il-
» lustre M. Baluze, que nous venons de perdre,
» nous apprend dans son Histoire de Tulle^ sa
» patrie... » Le savant bénédictin se borne ensuite
à donner le texte qu'on a trouvé transcrit ci-
dessus (1).
Un ancien prieur de Brive, l'abbé de Lubersac(2),
s'inspire également de Baluze et de Montfaucon
pour dire quelques mots de Tintignac; il en fait
mention dans sa nomenclature des localités où
(1) Quanlum ad arenss seu amphithcatrum Tintiniacense, non
aliud proforre possumus, quam quod vir celeberrimus Baluzius,
cujus obitum lugemus, edidit : ait igitur ille in hîstoria Tutelensi,
p. 6 : ■ extilisse olini... etc. Dom Bebnard de Muntfaucon, ['Anti-
quité expliquée (1719), tome III. seconde partie, pages 261-26Î,
eu** planche.
(2) Ditcours sur les monument» public» de tous les dgeê et de
tout let peuples connut. Paris, impr. Royale, 1775.
lyGoogle
l'on retrouve des restes d'amphithéâtre {i); un
peu plus loin (2), il dit qu' « on voit à Tintignac,
» prèd de Tulle en Bas-Limousin, les restes d'un
» amphithéâtre et ceux d'un aqueduc qui y con-
» duit des eaux. L'arène de celui-ci avait 200
» pieds de longueur sur 150 de largeur. On l'ap-
» pelle encore aujourd'hui les arènes de Tinti-
B gnac. Les vestiges qui en restent attestent sa
» magnificence passée et prouvent que les Ro-
» mains ont aimé ce séjour. » Constatons une
fois de plus la regrettable facihté avec laquelle
ceilains auteurs copient leurs devanciers, sans se
donner la peine de contrôler leurs assertions !
On peut encore citer par ordre chronologique
le Hecueil d'antiqtùtés de Caylusj une notice
de M. Reynaud, insérée dans V Almanach histo-
rique du Bas-Limousin pour l'année 1772;
Essai historique stir la Sénatoreric de Li-
moges, par Duroux, 1810; les Annuaires de la
Corrèze pour IS3Ô et i828 ; la France pitto-
resque {/.S,y.*), par Abel Hugo, tome I, p. 265;
l'Historique ?nonumental de l'anciimne pro-
vince du Limoitsin (JS37), par Tripon (3); Notes
d'un voyage en Auvergne [1838), par P. Méri-
mée; le tome V de la 2"" série des Mémoire»
de la Société des Antiquaires de France (tome
XV de la collection), 1840; VHistoire du Bas-
(E) Lùr.. cit., p. t».
(2) Loc. cit.. p. 130.
(3) Imprimerie Martial Darde, àt Limoges. Ouvrage rwe aujour-
d'hui; au point de vue arcliéologiijue son mérite est 1res contes-
table !
lyGoogle
Limousin, de Marvaud, 1842; l'Essai sur l'His-
toire de Tulle, par F. Bonnélye, chap. vi, repro-
duit dans ï Annuaire de 1851(1); les Études sur
la Géographie historique de la Gaule, par
M. Deloche, 1861 ; les Études historiques et
critiques sur le Bas- Limousin, publiées de 1860
à 1864 par M. de La Kouverade.
M. Duroux {loc. cit.) (2), après avoir cité les
ouvrages de Bertrand de Latour et de Baluze,
suppose que Tintignac doit son origine aux deux
légions envoyées par César dans le pays des Le-
movices. Je me bornerai à mentionner cet auteur,
sans vouloir relever les assertions plus que hasar-
dées dont ce chapitre fourmille.
Les notices publiées, par M. Bardon, expert-
géomètre à Tulle, dans les Annuaires de 1895
et 1828 (3), sont fort intéressantes, surtout la no-
tice qu'on lit dans VÀnnuaire de 1828 : « Cet
» historien (Baluze) a accompagné ce récit de
» deux planches bien gravées qui nous donnent
» la vue des différents monuments dont il vient .
» de parler. Je puis attester la pai-faite resseni-
» blance des trois tètes antiques ; elles étaient dé-
» posées jadis dans le cabinet de l'ancienne fa-
» mille de Fénis de Laprade. Plusieurs antiquaires
» qui ont vu des médailles portant l'efFigie de
» l'empereur Adrien, ont trouvé une parfaite res-
(1) L'EMai sur l'Hitloire de Tulle a été publié par fascici
aujourd'hui presque introuvables, et l'ouvrage n'a niûiiie pas
terminé.
(2) Pages 228-Î37.
(a) ISÎâ, p. I3(i; 18-.'H, p. iîl à Via.
lyGoogle
» semblanre avec la première de ces têtes vue âe
fi profil; et la tète de femme parait avoir fourni
» à Guillaume Reuilhe, de Lyon, en 1553, le por^
» trait de Sabine, épouse de cet empereul*. Ces
» monuments sont vraisemblablement déposés auJt
» archives de la Préfecture, où il est facile àe
» s'assurer de la fidélité du graveur (1). Je n'ai
fi jamais vu aucune des urnes que ces plancbefl
» représentent. Les tuyaux en brique n'ont pas
» été mieux conservés (2). Mais quand on ouvrit
» la nouvelle route de Tulle à Limoges, route qui
fi traverse le local où a dû exister la ville de Tin-
fi tignac, j'ai vu de pareils tuyaux dans le talus
» du chemin et à l'endroit où commence là des-
» cente de Soleilhavoup; ces tuyaux se dirigeaient
» vers les arènes (3).
(1) J'ai le regret d'avoir à contredire ici M. Bardon au sujet de
< la parfaite ressemblance des traie tête» antiques / ■ M. Bard<»i
n'avait sans doute pas vu les originaux, puisqu'il dit que n ces
monuments sont VRAiseMBLABLBXEMT déposés aui archives de la
Préfecture; » eh bien, ce n'est pas là que devront aller • les per-
sonnes qui voudro[Lt s'assurer de la fidélité du graveur ! • La t€te
en ronde-boase appartenait en 1828, corarae aujourd'hui, & H. de
Pénis de Laprade; sur mes instances, il nous a permis d'en prendre
un moulage pour le musée de Brive, Les deui autres sont chez
M~* veuve Boudrye, à Tulle, et... il faut lui savoir gré d'avoir
consenti à nous les confier pour quelques heures I On n'a qu'à
comparer les gravures de Baluze (ou de Hontfaucon, ce sont les
mêmes) avec celles qu'on trouvera plus loin (voir la 2"* partie); les
têtes en bas-relief ont été dessinées d'après des photographies de
M. Rupin et la troisième d'après le moulage. Je me fais un devoir
de remercier ici notre collègue, M. le commandant fiorie, d'avoir
bien voulu se charger de ce travail.
(2) Montfaucon en fait mention {loc. cit., p. 206) et les ligure
d'aprfes Baluze. pi. cïxv.
(3) En 1866, le marquis Marcy de Seilhac m'a montré, non loin
de Seilhac, de faibles traces d'un aqueduc sous le talus d'un
chemin. Bullelin de In Société, t. 111, p. 139.
lyGoogle
» Depuis ce temps, les fouilles successives que
» l'intérêt seul de l'agriculture a détei-minées, ont
> lait ressortir d'autres monuments dont la dé-
» couverte coïncide avec celles dont parle l'his-
» toîre. Je n'en indiquerai que deux dont je me
> suis assuré : il y a environ 'iO ans qu'un labou-
» reur trouva dans son sillon un anneau en or
» pâle qui fut trouvé du poids de 18 francs; le
» chaton représentait une figure romaine frappée
* au marteau. M. Milet-Mureau, alors préfet, le
» (»aya 100 francs. Postérieurement, et depuis peu
» d'années, M. Vidalin, propriétaire à Gharazenc,
» village limitrophe de Tintignac, cherchant la
» source d'une fontaine, trouva et la soui-ce, et
» un aqueduc composé de tuyaux pareils à celui
■ qu'on trouve gravé dans Baluze.
» Les vestiges de ramphithéâtie sont aujour-
» d'hni presque entièrement méconnaissables ;
» mais puisque Baluze les dépeint tels qu'il les
» a vus dans sa jeunesse, ce qui remonte à 150
» ans, il est juste de croire qu'il nous les a re-
» tracés aussi fidèlement que les autres monu-
» ments que nous avons sous les yeux(l) »
L'auteur de la notice ajoute que l'existence et les
dimensions de ces arènes permettent d'attester
que Tintignac fut jadis une ville dont la popu-
lation devait être considérable. Puis il dit que
« M. Renaud, originaire de Nlraes, mais depuis
» longtemps contrôleur des actes à Tulle, frappé
(i) On verra plua loin que d'autres auteurs n'ont pas accepté
avec la m^me facilité la version de Baluze!
dbyGoo^le
» de ces différentes circonstances, crut pouvoir
» hasarder, sur l'étendue de la ville de Tintignac,
» un système qui parut dans le Calendrier de
T> Tulle, imprimé en 1772. Trouvant les arènes
» de Tintignac entourées par les villages de Bach,
» de Cerou, de La Geneste, de Léoune, de So-
9 leilhavoup, de Temporietix, ces hameaux lui
» parurent avoir conservé les noms des dieux du
» paganisme qui y étaient adorés : ainsi, Bach lui
» parut avoir été le temple de Bacchus; Cerou,
» celui de Cérès; La Geneste, celui de Janus;
» Léoune, celui de la Lune; Soleilhavoup, celui
» du Soleil; Temporieux, celui du Temps (1).
» Cette analogie, au premier coup d'œil, ne parait
» qu'ingénieuse; mais la presque certitude d'une
> grande population réunie sur ce local peut la
s faire considérer comme frappante (2).
» Je présenterai bientôt quelques lueurs sur la
» manière dont la ville de Tintignac a pu être
» détruite; mais pour ne pas interrompre mon
0 propos, je dois rechercher les rapports qu'elle
» avait avec le fort de Tulle. Ces rapports ne
s sont pas douteux : ils sont principalement cons-
s tatés par un monument dont ni l'un ni l'autre
(1) Lea archéologues d'autrefois se plaisaient k tourmenter les
étymologies pour en tirer des conclusions favorables à un sys-
tème; le progrËs des âtudes philologiques a discrédité cette Ca-
thode.
(2) Passe encore si l'on pouvait prouver que les hameaux de
Bach, Cerou, etc., existent et portent ces noms depuis le com-
mencement de la période du moyen-âge. Nous verrons plus loin
qu'à la Rn du xiii* siècle il y avait la manse de Solella Vuolph.
Ce nom ne semble pas avoir une origine latine.
lyGoogle
» de DOS historiens n'a parlé, mais que M. Renaud
» emploie bien à l'appui de son opinion et dont
» quelques traces existent encore; j'entends par-
» 1er du pavé, indubitablement construit par les
B Romains, qui consolidait ie chemin qui, du
B château de Tulle, se dirigeait vers les arènes
B de Tintignac, et qui a ensuite formé l'ancien
B chemin de Tulle à Naves (1). On en trouve
» plusieui-s dans le département construits de la
» même manière; mais aucun ne peut avoir une
B destination plus certaine, et il me parait d'une
B conséquence irrésistible que les Romains aient
» habité les deux endroits entre lesquels ils avaient
» fondé cette communication, b
Se basant sur un passage du VllI' livre des
Commentaires : Legiones.... duas reliqiiaa in
Lemovicum finibtis non longé ab Arvernis,
ne qua pars Gallise vacua ab exercitu esset,
M. Bardon suppose que le fort de Tulle était
une position militaire romaine destinée à sur-
veiller et à contenir les populations conquises.
Cette hypothèse est un peu hasardée! elle re-
pose en partie sur l'attribution à l'époque ro-
maine d'une tour dite la tour de Maïsse, figurée
d'après Beaumesnil dans l'ouvrage de Tripon, et
dont il ne reste aujourd'hui à Tulle que le nom
d'une rue. On assignait à ce monument une trop
haute antiquité (-2}.
(I) Ce passage est reproduit  titre de simple renseignement,
car l'origine gallo-romainR do ce pavé n'est pas démontrée; on peut
en dire autant du chAleau de Tuile.
(!) BoHNÉLVE, Essai sur l'Hialoire de Tulle, chap. iv.
lyGoogle
Quelques mots sur Tintignac ont tout naturel-
lement leur place dans l'Historique monumental
do Tripon. V amphithéâtre de Baluze est repro-
duit par la lithographie en regard de la page 3
du dernier fascicule; vient ensuite un j9/a« géo-
métrique des arènes de Tintignac en 1697, évi-
demment inspiré par la gravure, et qui n'existe
point dans le livre de Baluze. Ce plan, de pure
fantaisie, a été trouvé, avec le texte à l'appui,
dans les cartons du dessinateur Beaumesnil (1).
Plus loin (pages 34 à 36) sont décrites et figurées
les têtes dont il a été déjà question et »ix vases,
trois de plus que n'en donne Baluze! Où Beau-
mesnil les a-t-il vus? Il n'a pas jugé à propos,
en revanche, de reproduire les gravures repré-
sentant le puits et les tuyaux de conduite d'eau.
Mérimée profite d'un voyage dans la Corrèze, en
1837, pour visiter les ruines de Tintignac. Voici
ce qu'il en dit dans un de ses ouvrages (2) :
« Baluze donne en peu de mots la description
» d'un amphithéâtre antique existant dans cettfi
» localité, et l'accompagne d'une gravure dont
» l'auteur, à ce qu'il me semble, n'avait non-
» seulement jamais visité Tintignac, mais n'avait
» MÊME JAMAIS VU DE CIROUES ROMAINS. En CO-
» piant Baluze, Beaumesnil (manuscrits de Li-
(1) Mort à Limoges en 1787. Il faut lire dans les Annsles ar-
chéologiques (tome V, p. Gl) et dans le Bitlletin de (a Soc. hist.
et arch. du Limousin (tome XIX, p. 27 à 30} ce que pen-ïent do
SOS oeuvres Didron et l'abbé Leclor !
{i) Notes d'un voyage en Aurergne, par Prosper Mérimée,
pages 127 à 129. Paris, librairie de H. Pournler, 1838.
ibyGoogle
B moges), n'ajoute aucun détail, et vraisembla-
» blement ne s'est pas donné la peine de vérifier
» son auteur, car son dessin n'est que la répé-
» tition de la gravure publiée par Baluze. Or,
» en admettant que du temps de ce dernier, le
» plan de l'amphithéâtre fût exact, il serait bien
» surprenant qu'aucun changement n'y fût sur-
B venu dans l'espace de près d'un siècle. Aujour-
» d'hui ce cirque, connu dans le pays sous le
» nom des Arènes (dénomination qui parait avoir
T> été générale au moyen-âge), ne se distingue
» plus au milieu des champs cultivés que par
» une élévation régulière qui en accuse le péri-
» mètre, et par quelques massifs à'opus incertum
» qui percent la terre çà et là. Il se trouve à
» droite, et non loin de la route qui mène à
» Tulle. Son plan est un ovale arrondi dont le
» grand ate s'étend du Nord au Sud. ■ Il me sem-
» ble que Baluze s'est mépris sur ses dimensions
» quand il lui donne 200 pieds pour le grand
» axe et 150 pour le petit; et je m'explique son
» erreur en supposant qu'il a mesuré le premier
B sans compter les gradins, et le second en les
» comptant. J'ai trouvé environ 60 mètres du
» Nord au Sud et 55 de l'Est à l'Ouest. On voit
» que, dans la construction du cirque, on a pro-
» fité d'un mouvement de terrain, qui dispensait
» d'élever partout des murs d'une hauteur égale.
» Il est impossible de remuer la terre sans ren-
» contrer des substructions ; mais nulle part on
» n'a trouvé de parement, et, chose étrange, on
» n'aperçoit aux environs ni grandes ni petites
DigmzcdbyGoOgle
» pierres taillées, qui ailleurs se présentent de
» tous côtés à l'entour des monuments romains.
B Une tradition, que rien ne justifie, prétend que
» ce parement était en pierres de taille ; mais ce
» luxe pour une localité aussi inconnue ne me
» parait nullement vraisemblable. Si, comme on
» le prétend, on avait transporté à Tulle les
» pierres taillées de Tîntignac, on en trouverait
» quelques vestiges, et je n'en ai rencontré nulle
» pai't. Je ne doute point que ces pierres de taille
» ne soient une invention du graveur de Baluze. »
Après avoir dit qu'il serait intéressant de faire
des fouilles à Tîntignac, Mérimée termine en ces
termes : « A peu de distance des arènes, on voit,
» dans un champ en friche, d'autres substruc-
» tiens qui m'ont paru celles d'une maison de
» quelque importance; car on y trouve des frag-
» ments de marbre et les débris d'un pavé en
» mosaïque, ou plntùt d'un composta fort sem-
B blable à une brèche naturelle. J'ai trouvé moi-
» même, en me promenant en ce lieu (on le
» nomme les Baraques), un fragment d'une cor-
» niche en marbre, et la moitié d'un disque en
» granit poli, qui a toute l'apparence d'une meule;
» mais la nature de la pierre ne permet guère
» de supposer qu'il ait eu cet usage (1). »
Tout en n'acceptant pas sans contrôle les .des-
criptions de Baluze et surtout l'exactitude de son
(I) Signalons, en passant, une jotie coquille d'imprimerie dans
le litre et dans le texte de ce chapitre; on a imprimé Navel au
lieu de Navesl
lyGoogle
dessin des arènes, Mérimée croyait, lui aussi, à
un amphithéâtre ! Trois ans après, en 1840, M. Er-
nest Breton, entrevoyant le premier la vérité, éta-
blissait dans une note publiée par la Société des
Antiquaires de France (tome V, 2"' série de ses
Mémoires) que ces ruines sont celles d'un théâtre;
les fouilles l'ont démontré sept ans plus tard(l}.
M. E. Breton dit tout d'abord qu'il vient com-
battre une erreur accréditée par les plus célèbres
antiquaires du siècle dernier, et qui se perpétue
de nos jours encore par suite d'une confiance trop
aveugle en leurs écrits, et faute d'examen des
lieux. Puis, après avoir traduit le passage de
Baluze concernant plus spécialement le prétendu
amphithéâtre, M. Breton ajoute ce qui suit (2) :
« Lorsqu'on 1717, Baluze écrivait ces lignes, il
» était déjà âgé de 86 ans (3), étant né en 1631,
» et il avoue n'avoir vu les arènes de Tintignac
» que dans sa jeunesse. Ses souvenirs pouvaient
» donc être assez confus; et sans parler du laps
B de temps considérable qui s'était écoulé, les
» yeux du jeune homme n'avaient pu voir comme
» eussent vu ceux du docte Baluze; il n'est donc
» point étonnant que quelques fautes se soient
(1) M. A. de Barthi^lcmy a eu l'extrâme obligeance de m'cnvoyer
une copie de la note de M. E. Breton, et je dois l'en remercier ici.
(ï) Relevons un petit lapsus de géographie locale dans le préam-
bule; M. Breton y écrit ces mots : « entre les communes de Tinti-
j) gnac et de La Génesto; " or, Tintignac et La Genestc sont deuï
hameaux de la commune de Navos.
(3) Je ferai remarquer que Historim Tulellensis a été imprima
en 1717; le premier chapitre devait être écrit depuis un certain
aotnbre d'années.
lyGoogle
j) glissées dans sa description. Quant au dessin
» qu'il a donné, il paraît être entièrement d'ima-
» gination ; et d'ailleurs, quelle confiance peut-on
» avoir en un graveur qui, sur cette même plan-
» che, ayant à reproduire uns urne en terre cuite
j> et une tuile à rebords, a indiqué des assises
» comme si cette urne, cette tuile étaient cons-
» truites en pierres de taille !
« Montfaucon avoue ne connaître les arènes que
» par le rapport de Baluze, dont il reproduit le
» passage et le dessin. Il en est de même de
» Caylus, qui a répété en outre deux tètes lau-
» rées et un buste de femme, publiés par Baluze
» et trouvés en cet endroit.
» Une première, erreur est dans la distance de
» 4,000 pas de Tulle, distance qui n'est pas
» moindre de 10 kilomètres.
» Mais une faute bien plus importante, bien
B plus grave, consiste dans la désignation des
» Arènes de Tintignac sous le nom (Vamphi-
» théâtre. Après en avoir avec soin visité les
» vestiges, je me suis convaincu qu'ils n'ont ja-
» mais appartenu qu'à un tbéâtre. J'ai suivi faci-
» lement la demi -circonférence des gradins, cou-
B verts aujourd'hui de moissons; puis aux deux
B extrémités de cet hémicycle, tout disparaissait,
« et dans la partie qui eiU di\ compléter l'ani-
» phitbéàtre, je ne trouvai aucune indication de
» constructions quelconques.
» Au contraire, lorstjue j'examinai avec atten-
B tion le sol qui ei\t occu[)é le milieu de l'arène,
» lors(|tie je suivis la corde de l'arc formé par
lyGoogle
— 650 —
» les ruines, je reconnus quelques traces d'une
» muraille que je découvris avec peine au milieu
» des herbes et des ronces, mais qui, évidem-
» ment, ne pouvait avoir appartenu qu'au pul-
» pitum, à ce soubassement qui soutenait le plan-
» cher de l'orchestre. Je n'avais déjà plus aucun
» doute; cependant je consultai les plus anciens
» cultivateurs du pays, et surtout un riche pro-
B priétaire, M. Vidalin, dont la complaisance égale
» le savoir. Tous me confirmèrent dans ma pen-
» sée; tous me dirent que dans le lieu où j'avais
» remarqué ce pan de muraille, le soc heurtait
B sans cesse contre des restes de constructions,
» tandis qu'il fendait sans obstacle tout le terrain
» opposé à l'hémicycle. Après, des témoignages
» aussi décisifs, il est presque superflu d'observer
» que l'édifice était assis sur un sol incliné, et
» que, comme au théâtre d'Orauf^e et à tant
B d'autres, on avait profité de cette inclinaison
» pour soutenir les gradins et éviter des frais de
» constructions. Il est vrai que cette disposition
» n'est pas sans exemple dans les amphithéâtres,
» puisqu'elle se retrouve dans celui de Fréjus;
0 mais enfin celui-ci n'est qu'une exception, tan-
D dis que les théâtres de ce genre sont presque
» en majorité. »
M. Breton rectifie ensuite les mesures données
par Baluze; le plan annexé à c^; travail nous
donnera les dimensions exactes. 11 termine en
émettant le vœu de voir fouiller ce tènement.
Dans son Histoire du Bas- Limousin,- Marvaud
lyGoogle
parle assez succinctement de Tintignac; aussi,
n'en fais-je mention que pour mémoire.
Enfm, en 1842, l'on se décide à entreprendre
des fouilles ! En voici le compte-rendu, d'après
F. Bonnélye ;
« Les dessins de ces monuments, publiés
» dans VHistoire de Baluze, copiés par Beau-
» mesnil et reproduits par le typographe Tripon,
» étaient loin de satisfaire l'impatiente curiosité
B des amis des arts. Leurs justes réclamations
» furent enfin comprises par un administrateur
» éclairé, M. Meunier, préfet de la Corrèze, et
» des fonds furent affectés à des recherches si
» ardemment désirées.
» Notre historien n'avait fait aucune mention
» des restes d'un vaste monument situé à peu
» de distance du cirque, dans une châtaigneraie
» qui se trouve à gauche de la route qui conduit
» à Tulle. La richesse des marbres qu'on y a
» trouvés prouve que cet édifice surpassait en
» magnificence toutes les constructions anciennes
» et modernes de notre contrée. M. Prosper Mé-
» rimée, qui en explora les décombres en 1837,
> y trouva des fragments de corniche en marbre
» et la moitié d'un disque en granit poli qui
» avait l'apparence d'une meule. Je les ai moi-
» même souvent visitées depuis 1830, et j'en ai
» rapporté chaque fois de nombreux fragments
» de marbre de diverses espèces, une grande
» quantité de clous qui avaient sans doute servi
» à fixer à la toiture de l'édifice ces briques
lyGoogle
— 652 —
B bigarrées dont les cannelures figuraient des des-
» sins bizarres et variés.
» Ce lieu, qui est appelé par les habitants du
» pays les Baraques, et par d'autres les Bou-
» tiques (l), fut fouillé au mois d'août 1842,
» sous la direction de M. Daniel Rostkouski, olfi-
» cier polonais. Le savant et modeste M. Rebière,
» agent-voyer principal, fit connaître dans VIndi-
» cateur corrézien les résultats de ces fouilles
» que nous reproduisons ici :
j> Lorsque ces substriictions furent mises à dé-
» couvert, elles présentèrent la forme d'un rec-
» tangle long de 44"50 de longueur sur 22"'90 de
B largeur. L'épaisseur des murs était de O^Sd pour
» les trois côtés du Nord, de l'Est et de l'Ouest,
» de l^OO du côté du Midi, où se trouvait l'en-
» trée principale (2). Au milieu étaient deus carrés
» placés sur l'axe longitudinal et distants de près
» de T"00 de l'axe transversal. On a trouvé dans
B leur intérieur, qui est de ô^OO, deux moulins
» à bras en pierre de taille.
» Autour de l'édifice, excepté du côté du Midi,
» on a déblavé les murs de fondation d'une
(1) C'uat le nom qu'il porte sur le cadastre.
{'!] Jjo plan ci-joint est produit à Tappui des descriptions don-
nées par l'article que je transcris ici.
Le rectangle A B C D, fuuillé eu I8i'^, comprend les substruc-
tions d<?3ig:iées plus spcïciaicment sjus le nom de les Boutiques.
Ou a trouvé dans le carré de droite des caveaux de deux et trois
mètres de profondeur où l'on descendait au moyeu de plans incli-
nés. Les parements extérieurs (Slaiont en petit appareil; la pre-
iiiii!n> assise repose sur uu rang de larges briques.
lyGoogle
a " ~~'f
PLAN DES BOUTIQUES.
Fouilles de 1842 et de 1846.
lyGoogle
— 654 —
» deuxième enceinte parallèle à la première, dont
B elle est séparée par une distance de 3"20(1).
1) Tous les angles saillants du bâtiment ont été
» démolis dans leurs fondations, ce qui a fait
» supposer que les auteurs de ces dégradations
» étaient poussés par la pensée d'y découvrir de
» l'argent ou des médailles. On pourrait croire
\ aussi que c'était pour en arracher les pierres
» angulaires, communément plus grandes que les
» autres.
» L'aire circonscrite par l'édifice était revêtue
» d'un béton composé de ciment et de sable. On
n a trouvé sous cette aire les fondations de murs
» qui n'ont aucun rapport avec ceux du bâti-
j> ment dont nous parlons, ce qui fait croire qu'il
s a été construit sur l'emplacement d'un autre
» édifice (2).
» Les murs d'enceinte du grand carré, ainsi
» que le pourtour intérieur des petits carrés,
» étaient revêtus, à la hauteur de O^SO au-dessus
» du sol, d'un ciment très épais recouvert de
» marbre; les parements supérieurs des murs et
» des lambris étaient peints à fresque (3), comme
» l'indiquent les fragments d'enduits trouvés dans
B les décombres- Les marbres calcinés et la grande
9 quantité de charbons qu'on y a trouvés prou-
(I) Voir le plan d'ensemble.
ii) Ces Ton dations, qui ne s'Iiarmotiisaieiit pas avec celles des
autres murs, ont été observées près de l'angle inférieur gauche du
petit carré de gaucho compris dans le rectangle A B C D.
(3) Ce sont des peintures murales ordinaires, philô) que des
ibyGoogle
» vent que ce beau monument a été détruit par
» les flammes. »
M. Bonnélye donne ici le détail des objets inté-
ressants découverts en faisant les fouilles. Mais,
pour éviter d'inutiles répétitions, je prierai le lec-
teur de vouloir bien se reporter à la seconde
partie de ce travail : Inventaire des inscrip-
tions, médailles, objets d'art, débris divers
trouvés à Tintignac.
FOUILLES DE 1846
« Les fouilles commencées en 1842 furent con-
» tinuées le 20 juillet 1846. Cette fols, le docteur
» Vidalin, qui, dans les premières recherches,
» avait été empêché par une maladie d'assister à
» la première exhumation de la ville romaine,
» publia exaiîtement, et pour ainsi dire jour par
» jour, le compte- rendu des fouilles exécutées dans
» notre humble Herculanum (I).
» Nous reproduirons ici un e;trait de ces iu-
» téressants détails, en regrettant de ne point
» donner à notre style les vives couleurs sous
» lesquelles la fraîche imagination du savant
» archéologue a fait revivre la ville antique :
» On ouvrit à cùtè du grand carré fouillé en
» 1842, une tranchée reitrésentant un carré long
B de 44"80 et large de 4"50 seulement. Il était
» enfoui de S^OO au-dessous du sol. Le long de
» ses murailles, recrépies en chaux, régnait une
(1) Je ne sais où trouver le journal publié par H. Vidalin, et je
le regrette.
lyGoogle
— 656 —
» ligne régulière de piles de pierre à demi encas-
j> ti-ées dans le mur; elles étaient sans doute
» destinées à supporter des statues en forme de
» cariatides (1).
» Un grand amas de cendres et de charbons
» annonçait que cet édifice avait été détruit par
s les flammes. »
Suit le détail de divers objets trouvés au milieu
de ces substructions(2). Indépendamment de frag-
ments d'inscriptions, médailles, etc., on retira de
ces tranchées une grande quantité de marbres de
toutes variétés, des débris de vases en porphyre
et en terre cuite.
DÉCOUVERTE DU PUITS CITÉ PAR BALUZE
* En continuant les fouilles près du grand cax'ré
» n" 2, on trouva d'abord, à une profondeur de
M) Ces piles (long. O'âO, larg. 0-40, haut. 0-40} sont indiquées
par Q dans le rectangle 0 P H T, lequel étût pavé en béton. Les
murs qui en forment le périmètre étaient revétua en marbre j>
l'intérieur; on a trouvé une plaque de revêtement encore adhé-
rente au mur A câté de la porte V, — S S désigne des construc-
tions qtie l'on suppose être des cheminées. On y a trouvé des
cendres et du charbon; l'àtre était en larges briques. M désigne
un petit mur transversal qu'o;) a trouvé couronné en pierres de
taille calcaires. L'eapaco compris entre ce mur et le mur K P qui
lui Tait Face, était pavé en petites pierres, au moins dans la partie
qui s éié fouillée; le rectangle compris entre les numéros t5, 16,
17, 18, n'a pas été fouillé; il en est de même de 11, 12, 13, 14.
L'espace circonscrit par un pointillé (entre les numéros I, 2, 3, 4,
5, 6, 7, S, B, 10) B seul été fouillé à fond; on n'y a pas trouvé de
Le terrain est ea pente douce en allant de CD vers RT. {D'aprèê
la légende tignée Ilebière fil* aîné et O. Laeombe, et qui accom-
pagne le plan reproduit ici.)
(î) Voir la seconde partie de ce travail.
lyGoogle
» deux mètres, de grandes pierres grafiitiques, sur
» l'une desquelles était une tête de mort qui se
» réduisit en poussière au premier contact. On
» parvint ensuite à d'énormes pierres de taille
» échancrées sur un de leurs bords et formant
» les éléments d'un cercle. On ne douta plus de
» la destination de cette construction; c'était le
» puteus prsealtua de Baluze(l). Quelques pierres
» étaient longues de l''65. Les matériaux qui for-
» maient le revêtement de la tranchée circulaire,
X pratiquée par les Romains, étaient tous dépla-
» ces. Du côté du Midi, une énorme brèche, s'éten-
* dant depuis l'orifice jusqu'au fond du puits,
» était tout obstruée de pierres rapportées dans
i> lesquelles figuraient des briques, de la chaux et
» quelques pierres de taille confusément placées.
» Enfin on arriva au fond de ce puits dont,
» selon Baluze, on ne pouvait atteindre la pro-
» fondeur; elle n'était cependant que de IS'Sô,
» et la muraille de revêtement, qu'on n'a trouvée
B existante que dans le fond, n'avait que 0"69
» de diamètre (2).
(1) Ce puits est désigné de la aorte, non dans le texte que j'ai
reproduit déjà, mais sur la planche où il est figuré.
(2) Ce puita (voir sur le plan le cercle en X dans l'espace cir-
conscrit par le pointillé daus le grand carré F D K H) est creusé
dans le tuf; il était muré en maçonnerie ft pierre sèche. Ce revê-
tement n'a été trouvé existant qu'au fond, sur une hauteur de 0"^,
comme il est dit dans le texte. Une tranchée, dont la direction
n'a pas été reconnue, aboutissait au fond du puits, du côté indiqué
en X; on peut supposer qu'elle a été pratiquée pour faire écouler
les eaux. On a trouvé dans ce puits 3Î médulles; huit étaient au
fond.
(Uéme source que colle indiquée k la note précédente.)
lyGoogle
» Parmi les objets retirés de cette excavation
» figuraient divers débris en pierre calcaire, tels
» que : une tète de femme, un pied d'enfant,
» des grappes de raisin, des fragments de cor-
» niche, etc., plusieurs médailles frustes. On
» trouva au fond du puits une vingtaine de mé-
» dailles (1).
» Les fouilles, exécutées à une portée de fusil
» des monuments dont nous venons de parler,
» mirent à découvert les restes d'une salle de
» bains, dont les eaux s'écoulaient par un con-
» duit formé de briques superposées (2).
FOUILLES DES ARENES (1847)
B Nous arrivons enfin à ce monument dont les
» restes avaient si vivement frappé l'imagination
D du peuple, qu'il désigne encore dans son idiome
» le lieu où fut la ville romaine par le nom de
» Las Orénas de Tintiniac.
» La gravure que nous a laissée Baluze reprè-
B sente la surface de l'amphithéâtre et un étage
» composé de cinq courbes de gradins »
M. Bonnélye résume ici la description donnée
par Baluze et le rapport de Mérimée.
« Mais depuis 1837, les fouilles qu'on a pra-
» tiquées dans cet endroit ont mis à découvert
(I) Voir la seconde partie de ce travtùl.
(}) Les vestiges mis à découvert ne permettaient pas de se pra-
nonccr d'une façon aussi affirmative.
lyGoogle
» une grande partie de ce qui restait de cet édi-
B fîce. Il a la forme d'un hémicycle, et non d'un
B ovale, comme l'avait publié Baluze. Il était
B adossé à une grande muraille large de 1"66.
a Elle lui faisait tangente, et, après lui avoir
» fourni 31'"80 d'enceinte, elle est rencontrée obli-
» quement par deux murailles de moindre épais-
» seur qui complétaient la partie curviligne de
» l'amphithéâtre. »
Qu'il me soit permis d'ouvrir ici une paren-
thèse, pour manifester mon étonnement de voir
un érudit comme l'auteur de ce travail appeler
quand même ce monument un amphithéâtre,
après avoir dit que l'édifice avait la forme d'un
hémicycle ! M. Bonnèlye ne connaissait évidem-
ment pas la notice publiée par M. Breton et que
j'ai reproduite presque en entier.
Ceci dit, rendons la parole à M. Bonnèlye :
« Du côté de l'Ouest apparaissent des courbes
» ovalaires, coupées de distance en distance par
» des intersections droites qui sont comme autant
» de murs de refend destinés à assurer la solidité
» de l'édifice.
» Du côté du Nord, à l'angle formé par la ligne
» circulaire des gradins et la ligne droite qui for-
» mait l'hémicycle, est une pièce carrée, parfai-
» tement close par des murailles d'une grande
» épaisseur. De chaque côté de la porte du Nord
» sont deux ouvertures d'une moindre grandeur.
» 11 y avait là trois ouvertures : une principale,
» deux secondaires; c'est ce que les Romains
» appelaient des vomitoires, qui devaient vomir
DigmzcdbyGoOglc
» la foule. On a trouvé un autre vomitoire sur
» la crête du monument.
» Du côté de l'Est, sur le front de l'édifice,
» on a déblayé de petits compartiments latéra-
» lement placés à un couloir qui formait l'entrée
» principale de ce côté; ils étaient probablement
» destinés à renfermer les bêtes fauves (1). »
Vient ensuite l'énumération de plusieurs mon-
naies et de divers objets antiques trouvés dans
les déblais; comme ceux qui ont été recueillis
en fouillant les Boutiques, ils sont décrits dans
la seconde partie de mon mémoire.
Avant de terminer, M. Bonnélye dit que c'est
en ces lieux qu'il faut placer le campement des
deuK légions casernées par César dans le pays
des Lemovices; puis il ajoute ;
« Ce serait en vain qu'on demanderait à l'his-
» toire et à la géographie .le nom de la ville
» romaine. On pourrait, dit Baluze, conjecturer
s qu'elle fut nommée Tintiniacum, k moins que
B ce ne soit le Rastiaium de Ptolémée; mais ce
» dernier nom désigne la ville de Limoges (2).
(I) L'idée préconçue que ces ruines étaient celles d'un amphi-
théâtre est cause que H. Bonnélye n'a pas reconnu dans les aubs-
tructions du côté Eat, celles de la gaëne du théâtre, divisée en
trois parties ; le proscenium on putpitum (avant -scène), la scena
et le poslcenium, local où les acteurs se préparaient. Los com-
partiments que M. Bonnélye présume être destinés à renfermer
les betes féroces {toujours avec l'hypothèse d'un amphithéâtre) sont
tout bonnement les substruclions des dessous de la scène.
(!) La ville de Limoges a porté, jusqu'au iv* siècle, la nom d'Au-
gvstorilum. La pensée que Ralialiim était chez les Lemovices de
l'intérieur n'avait d'autre base, dit M. Deloche, que deux éditions
vicieuses de la géographie de Ptolémée, L'abbé Belley et H. Léon
ibyGoogle
» Quant à l'étymologie de Tintiniae, on pourrait
ï !a retrouver dans la langue celtique, car elle
» doit être la même que celle de Tinteniac,
» dans le voisinage de Saint-Malo.
s Raynaud, de Nîmes, présume, sans aucun
» fondement, « que cette ville subsistait long-
» temps avant César, et que les druides y avaient
» un temple en l'honneur de Thot ou Thoit. »
M. Bonnélye réfute victorieusement cette sup-
position de M. Haynaud, et termine en disant que
ïa ville de Tintignac fut probablement détruite par
les Vandales au commencement du v* siècle, opi-
nion déjà émise par le comte de Gaylus {Recueil
d'Antiquités, t. VI, p. 356).
Longtemps avant M. Bonnélye, M. Delmas de
La Rebière (1), après avoir écrit qu'une des deux
légions fut établie aux environs d'Ussel et l'autre
sur le plateau de Tintignac, s'exprimait en ces
termes : « Quant à l'établissement des légions à
» Tintignac, rien n'est plus incontestablement éta-
» bîi par les commentaires de César, quoique au-
B cun des lieux où elles furent dispersées n'y soit
» dénommé : . . . duas legiones in Lemovicum, etc.
» Les monuments qui existent encore en ces
» divers lieux du Limousin, indiquent du reste
s ceux où les légions furent établies. Tintignac et
» Ussel sont précisément les mieux désignés par
Renier placent celte ville chez les Pictones, et M. Deloche fixe aa
position à Rézé, sur la rive gauche de la Loire, presque en fsce
de Nantes.
(I) Fragments d'biitoire de la ville d'Uaael, par M. Delmas de
La Rebière. Glermont-Ferrand, impr. Jacques Veyaset, 1809,
lyGoogle
» leur position, non longé ab Arveimis, puis-
» qu'il n'est aucun endroit de ce canton plus
» près de l'Auvergne où l'on trouve autant de mo-
» nuraents romains indicatifs de cette vérité (1). »
Le texte des commentaires semble de nature à
contredire cette conjecture en ce qui concerne
Tintignac, car il suffit de jeter un coup d'œil
sur une carte de la Corrèze pour juger de la dis-
tance qui sépare ce lieu du pays des Ârvernes.
Mais M. Deloche, dans une étude raisonnée sur
Tintignac, non-seulement adopte à son tour cette
hypothèse, mais encore interprète en sa faveur
le texte même dont on pourrait se servir pour
' la combattre.
« Faut-il, comme l'ont fait quelques auteura,
» entendre par les mots in finibus Lemovicum,
» la frontière du pays des Lémovices? Nous ne
B le pensons pas. Quand ces mots, in fi/nibus,
» se rencontrent dans les Commentaires de César,
» et ils y sont fréquemment employés, ils veulent
» dire presque toujours : dans le pays, dans le
» territoire, dans le iinage, comme plus tard, in
» termino, intra ou infra fines, et à. une épo-
» que plus récente, in finagio (2). »
Après avoir cité à l'appui de cette interprétation
plusieurs passages des Commentaires, M. Deloche
dit que « le texte même qui nous occupe prouve
(1) On a déjà vu qu'en 1810, M. Duroux, à son tour, a émis une
hypothèse presque analogue.
(2) Éludes aur la géographie hiêloriqtte de la Gaule, par
H. Deloche, p. 489.
lyGoogle
» bien que l'auteur a voulu parler du territoire,
» et non de la frontière des Lémovicea; car, après
» avoir énoncé que deux légions furent placées
» in p/nibus Lemovicum, il ajoute non longé ab
» ArvemiSj ce qu'il n'eût pas écrit s'il avait
» entendu parler des limites mêmes des detuv
» peuples{\). j>
Nous lisons plus loin ; « ...Le point sur lequel
» se fit le campement des douze mille hommes
D dont se composaient les deux légions, et près
X duquel vint s'agglomérer bientôt la population
» d'industriels qui s'attache toujours aux pas d'un
» corps de troupes, ce point, disons-nous, dut
■a acquérir promptement de l'importance, et, par
» suite, la ville romaine à laquelle il donna nais-
» sance dut élever de bonne heure des monu-
» ments qui marquent le haut empire (2). »
M. Deloche ajoute que Tintignac est le lieu du
Limousin qui lui parait remplir le mieux ces
conditions, et se propose : 1° de démontrer l'im-
portance de cette ville dès les premiers siècles
chrétiens; 2" de prouver l'établissement à Tinti-
gnac du campement dont il s'agit, par sa situa-
tion topographique et la force de son assiette;
3" de faire connaître le nom latin que Tintignac
porta au moyen-âge; 4° de déterminer l'époque
probable de sa destruction. Je me bornerai à ré-
sumer brièvement cette dissertation écrite avec le
(1) ibid., 491.
(î) Et d'abord, y a-Lil eu réellement une ville en ces lieux? C'est
une question que nous examinerons plus loin.
lyGoogle
profond saroir qui a ouvert à son auteur les portes
de l'Institut.
1" L'importance de Tintignac est suffisamment
attestée par les sabstractions mises à découvert,
notamment par celles du théâtre, par les objets
qu'on y a trouvés, et notamment par les mon-
naies qui embrassent tout le haut-empire et <ies-
cendent, dans le bas-empire, jusqu'à l'année 337.
Tintignac était en outre placé sur une voie
romaine {dont il ne reste plus traces), qui mettait
en communication plusieurs cités importantes de
la Gaule.
M. Deloche semble vouloir adopter ici l'hypo-
thèse déjà formulée en 1772 par Raynaud :
a Noua devons mentionner aussi une circons-
» tance qui ne manque pas d'intérêt : plusieurs
» collines et villages situés autour du Puy-de-
ï l'Aiguille, où était évidemment le centre de l'an-
» cienne ville, portent le nom de divinités. Ainsi
» il y a le Puy Temporioux (Tempori*) et les
» villages de Mont-Jauge ou Mont-Jauve {Mon»
B Jovia), de Bach {Bacchus), Gérons {Cérèg){\). »
Cette manière de voir n'est pas la mienne, je
dois le répéter; pour ce qui est du Puy-de-
l'Aiguîlle, < (rà était évidemment le centre de
» l'ancienne ville, » je regrette d'avoir à dire
que cette assertion ne repose sur aucun fait 1
J'ai minutieusement exploré ce sommet en com-
pagnie de M. Guillot; on n'y voit aucun vestige
de substructions et on n'y en a jamais trouvé.
(I) Loc. cil., p. 495.
lyGoogle
_ 665 —
Les ruines du corps de bâtiment appelées — les
Boutiques — sont encore à 250 mètres du Puy-
de-l'Aiguille (1).
2° Situé à peu près à égale distance des Âr-
vernes, des Cadurkea, des Pôtrocores et de la ca-
pitale des Lémovices, sur un plateau que plusieurs
cours d'eau entourent comme des fossés naturels,
Tintignac était admirablement placé pour sur-
veiller, et au besoin contenir les divers peuples
qui viennent d'être nommés.
M. Deloche présume en outre que diverses for-
teresses mentionnées au moyen-âge, telles que le
castrum Ussaliaia vn' siècle (Uasel), le castrum
Vserca du v' siècle (Uzerche), Roc-de-Vic(2), le caS'
trum Torinna du viii* siècle (Turenne), le cas-
trum Issando du vi' siècle (Issandon),le castrum
Tutela ou Tutelense du i' siècle (Tuile), le cas-
trum Barrum du vin* siècle (Bar), étaient déjà
debout au temps de la domination romaine et
formaient autour de Tintignac une ceinture de
fortifications. Mais, avec une louable prudence,
notre savant compatriote ajoute que le lecteur est
averti, par les termes dans lesquels il en parle,
des seules dates qu'il entende affirmer.
Au surplus, me pôrmettrai-je d'ajouter ici, M. De-
loche ne peut invoquer à l'appui de son système
que des preuves purement morales et non des faits
(1) Puy-de-l'É|rufIte, sur ta cxUstre.
(!) Bien (tes assertions erronées ont étâ émises au sujet de I&
prétendue forteresse gauloise de Roc-de-Vic! J'en ferai justice
dans un travail qui est en préparation.
lyGoogle
incontestables; on n'a effectivement trouvé à Tin-
tignac aucune tface d'ouvrages de castiamétra-
lion. M. Deloche en convient (p. 524), tout en
faisant remarquer que le sol a été très impar-
faitement fouillé; on peut dire que les derniers
vestiges du campement des légions de César ont
dû disparaître par suite des agrandissements suc-
cessifs de la ville gallo-romaine, lorsque l'asser-
vissement définitif de la Gaule eut rendu inutile
la présence de nombreuses troupes dans les pro-
vinces du Centre.
3° L'ancien nom de Tintignac a fait l'objet de
grands doutes; Baluze se demande si ce ne serait
pas le Ratiatum de Ptolémée. Nous avons déjà
vu que cette supposition n'était pas soutenable
aujourd'hui! M. Deloche dit que le vocable mo-
derne de Tintignac provient évidemment, dans sa
dernière forme, de Tintiniacum; et, remarquant
dans l'appendice de VHistoire de Tulle, de Ba-
luze, le titre d'une charte de 1104 portant dona- ■
tion d'un lieu nommé Quintiniac, il pense que
c'était là une première forme du nom de Tinti-
niac ou Tintignac; d'autant mieux que la lettre
q est souvent remplacée par un t dans le langage
corrompu du vulgaire. D'après un titre daté du
5 mai 1297, ajoute M. Deloche, Pierre de Chanac,
d'Allassac, damoiseau, vend à un bourgeois de
Tulle ses propriétés de Quintinhac, de la Val et
du Puy, situées dans la paroisse de Naves, ce
qui est pour nous un indice important; plus loin
est mentionné la manse des arènes a ...juxta
» mansos de Solella Vuolph et de las Aresas,
lyGoogle
— 667 —
» et de Chazarenc...(l). » Sur une seconde charte
de 1301, le vendeur reconnaît avoir reçu le prix
stipulé; on y retrouve le ténement de Quintinhac;
et, au dos de ce titre, se trouve une note écrite
au xviii' siècle ainsi conçue : Quintinhac est
nommé Tintignac dans une reconnaissance de
1497.
Donc, le lieu qui nous occupe s'appelait, en
1194, Quintiniac, en 1297. et en 1301, Quin-
tinhac, et en 1497, de son nom actuel de Tin-
tignac.
Ce nom, dans sa forme la plus ancienne, ne
serait, d'après M. Deloche, que le vocable de
Quintinus adjectivé, suivant l'usage des Gaulois,
qui distinguaient les noms de lieux, soit par
l'emploi d'un nom de personne, soit au moyen
d'un substantif significatif. Or, de même que nous
pouvons induire l'origine gauloise de certaines loca-
lités des noms qu'elles portaient au moyen-âge
et qui n'ont aucun rapport avec le latin, nous
sommes autorisés à penser que les lieux qui por-
tent un nom dérivé du latin sont, au contraire,
de création postérieure à la conquête, ou, tout au
plus, contemporains.
Tintignac, ou plus anciennement Quintinïa-
cum, devrait donc, d'après ce système, son nom
à un personnage appelé Quintinus, d'origine
latine évidemment, mais sur les fonctions duquel
(1) Oïl a eu grand tort, dit H. D(?loche, de déHgurer ce nom de
lieu en Tappetant du nom de Césarin, qu'il n'a jamais porté; il
est fait mention de Cazarenc au ii* siècle.
lyGoogle
on est réduit à de pures conjectures. Il n'est eu
tout cas pas possible d'admettre, avec M. Bon-
nélye {Essai sur l'Histoire de Tulle), que Tin-
tignac pouvait être la résidence d'un vicaire du
Préfet des Gaules; ce haut fonctionnaire résida
à Lyon d'abord, puis à Arles, trop loin, par con-
séquent, de notre Limousin pour y avoir môme
une demeure temporaire.
4° Poux ce qui est de l'époque de la destruc-
tion de la ville de Tintignac, M. Deloche, après
avoir examiné et discuté les diverses hypothèses
émises à ce sujet, pense qu'on peut la faire re-
monter au commencement de la dernière moitié
du IV* siècle. En effet, les médailles de la date
la plus récente trouvées à Tintignac sont celles
de Constantin-le-Grand (306-337) et de son fils,
Conatantin-le- Jeune, gouverneur des Gaules du
vivant de son père; il est bon de faire remar-
quer que cette dernière pièce a été frappée anté-
rieurement à l'avènement de ce prince, puisqu'il
y reçoit encore le titre de nobilissimiis et de
Caesar.
Or, quinze ans après la mort du grand Cons-
tantin, la Gaule fut ravagée par des hordes d'Ala- "
mans, appelés par l'empereur Constance (1). Une
de ces bandes était commandée par un chef du
nom de Khrok ou Krosch {Chrocus, Croscus),
renommé par sa férocité, nous dit Grégoire-de-
(1) On sait qu'après la mort de Constantin, et jusqu'en 350, il
y eut trois empereurs : Constantin 11, qui eut les Gaules, Constant
l'Italie et l'Afrique, ot Coostance l'Orient et Copstantinople.
lyGoogle
Tours. Il dévasta le pays des An-ernes, et M. De-
loche en conclut que le pays des Lémovîces eut
à son tour à subir ses fureurs; le torrent tra-
versa la Gaule dans toute sa longueur pour ne
s'arrêter que devant les mui-s d'Arles, où Khrok
fut vaincu et mis à mort. M. Deloche appelle
l'attention sur le fait suivant : les monnaies ro-
maines recueillies à Ussel s'arrêtent, elles aussi,
au règne de Gonstantin-le-Grand, et ce castrvjtn,
situé sur la route de Lyon à Bordeaux, d;it con-
séquemment être saccagé par les mêmes bandes
qui se dirigeaient sur Tintignac après avoir pillé
Clermont.
Tintignac fut donc détruit en 352 ou en 353,
d'après M. Deloche; rien ne vient contredire cette
assertion, que pourrait seulement inflrmer la trou-
vaille en ces lieux de monnaies postérieures à la
date indiquée. Or, nous le verrons, on n'en a
point recueilli jusqu'à présent.
M. Deloche consacre un dernier chapitre à la
description des ruines, des inscriptions, des mé-
dailles, etc. Mais ceci rentre dans le cadre de la
deuxième et de la troisième partie de ce mé-
moire. 11 faut dire, toutefois, que M. Deloche se
garde bien, comme l'a fait M. Bonnélye malgré
les fouilles de 1847, de prendre les ruines d'un
théâtre pour celles d'un amphithéâtre ! M. de Cau-
mont n'avait sans doute pas pris connaissance de
la note publiée en 1840 par M. Breton (v. supra),
du moment où il fait mention dans son Abécé-
daire d'archéologie galh-î'omaine (édition de
lyGoogle
— 670 —
1862, p. 301) de l'amphithéâtre « de Tintiniac,
près de Tulle, figuré dans Montfaacon. »
Les derniers auteurs qui ont parlé de Tintignac
sont : M. de La Rouverade{l), M. l'abbé Niel(2)
et M. René Fage(3). M. de La Rouverade cherche
à établir un rapprochement entre le Tintignac des
Lémovices et le Tintignac armoricain, celui-ci étant
peut-être une colonie de celui-là. L'abbé Niel dit,
non sans raison, que l'existence de cette station en
l'an 42 de notre ère n'est pas mieux assurée que
celle de la ville de Tulle. M. Page voit dans le
castrum Tutela un simple boulevard, une dé-
fense pour la ville de Tintignac.
J'ai voulu dire à mon tour quelques mots des
trouvailles faites sur cet emplacement (4) ; mais
je n'avais pas encore sur Tintignac (on a pu
s'en apercevoir), les notions que je possède au-
jourd'hui. Ajoutons, pour terminer ce chapitre,
que la désignation fautive ^''arènes romaines se
trouve sur VAtlas topographique, agricole et
géologique du département de la Corrèze {carte
des cantons de Tulle Nord et Sud) publié de
1873 à 1875. Et comme de longues pages sont
souvent impuissantes à détruire . l'effet produit
par une erreur de quelques lignes, surtout lors-
(1) Éludes hiatoriques et critiques sur le Bas- Limousin, pu-
bliées de 1860 à 18Gi. (Étude !-, p. G5 à 109, et notamment p. 89.)
(2) Voir notre Biillelin, t. VI, p. 500.
(3) Le* Origines .de Tvlle. N' i, le Vieux-Tulle. Imprimerie
UraufTon, 1385.
(1) V, le Butlelin. tome III [Sépultures gnito-romnines de la
Corréze) et tome IV (Urnes cinéraires trowéea au /ie« dit La
(JomboUe, commune de Chameyrat.)
lyGoogle
— 671 —
qu'elle est propagée par des recueils comme la
France pittoresque qui s'adressent à la masse
des lecteurs, il est probable que le vulgaire par-
lera longtemps encore des arènes de Tintignac.
La dénomination exacte de ces restes d'un autre
âge n'est pourtant pas indifférente, môme en de-
hors du point de vue archéologique. Ne juge-t-on
pas des goûts et du caractère d'un peuple d'après
ses monuments? En ce cas, si l'on a érigé à
Tintignac un théâtre au lieu d'un amphithéâtre,
comme dans les grandes villes de la Gaule plus
directement soumises à l'influence romaine, n'est-
il pas permis de présumer qu'aux jeux sanglants
dont se délectait la race latine, nos pères les
Lemovices préféraient, à l'instar des (irecs, les
■jeux de la scène, l'interprétation des œuvres in-
tellectuelles? S'il en est ainsi, honneur à eux!
Et les conquérants de la Gaule étaient trop bons
politiques pour ne pas étudier et chercher à
flatter les goûts prédominants des populations
soumises ! (I)
DEUXIÈME PARTIE
INSCRIPTIONS, MÉDAILLES, OBJETS d'aRT, DÉBRTS
DIVERS TROUVÉS A TIXTIONAG
Les rares fragments d'inscriptions furent trou-
vés en 1842 et 1846, et ils ont tout d'abord été
(I) M. de Caumont nous dit {Abécédaire d'archéologie romaine)
que les thsatres de la Gaule furent construits ojDinmunément soua
lea règnes d'Adrien etd'Antonin-le-Pieux; c'était la bonne époqitel
lyGoogle
signalés par M. Bonnélye. Pour les décrire, ainsi
que les monnaies trouvées aux mêmes dates et
en 1847, j'ai recours au livre de M. Deloche,
n'ayant point vu ces objets.
1° Inscriptions et médailles.
« Les fouilles opérées à Tlntignac n'ont fait
» découvrir jusqu'ici que trois fragments d'une
» inscription gravée sur marbre. Ces fragments,
9 qui malheureusement sont insuffisants pour don-
» ner Heu à des essais d'interprétation, provien-
» nent de l'édiflce appelé les Boutiques. L'un
» contient une seule ligne sur laquelle on lit
» MAR; l'autre deux lignes : sur la première on
» lit SFI; sur la deuxième, la lettre S- Le der-
» nier fragment porte deux lignes : sur la pre-
» mière, V; sur la deuxième, les deux lettres AV.
B Ces lettres, gravées en beaux caractères, parais-
» sent appartenir à la même inscription (1).
» Dans le même édifice, au milieu d'un amas
» de charbons et de cendre, on a découvert, ainsi
» qu'il a été dit plus haut, des débris de fresques,
» sur l'un desquels on lisait OCTA....TVLLIA....
» BVDARACI..-. Sur le même point, on a trouvé
I des débris d'une statue de femme (2). »
Que sont devenus les fragments de marbre et
(t) Fouilles de 1S4!, d'après le compte'rendii de M. Bonnélyo.
(Annuaire de 1851.) M. Bonnélyo dit que ces IcUies ont cinq oeii-
timëtrcs de haulcur.
{î) Fouilles de I34G. Le débris sur lequel on lisait ce lambeau
d'inscription (OCTA-.-lVLLIA--. BVDARACI....) a été recueilli dans le
petit rectHUgle I J P T. (Voir le pian des i(oiiii'/i««.)
lyGoogle
— 673 —
le débris de peinture murale où l'on a relevé
cea lambeaux d'inscriptions? M. Deloche ne le
dit pas!
Voici la nomenclature des médailles :
« 1" Médaille en argent.
Buste de César. Inscription : M. G.I.
R/. Victoire ailée. Inscription : VICTRlX(l).
2° Médaille en bronze.
Deux bustes adossés. Inscription en dessus :
IMP. Au-dessous : DIVIF.
R/. Un crocodile (emblème de la Colonie nl-
moise). Inscription : C0L.NEM(2).
3' Médaille en bronze.
Kfflgie. Légende : HADRIANVS AVGVSTVS.
R/. Victoire avec les lettres P. P. P. M. TR. CL.
(Ann. 117-138.) (3).
4° Médaille en argent.
Effigie. Légende : DIVVS ANTONINVS
R/. Aigle aux ailes éployées. Inscription ; CON-
SECRATIO.
(Ann. 138-161.) (4).
5° Médaille en bronze.
AVRELIANVS ANTONINVS.
R/. Effigie de Marc-Aurèle.
(Ann. 161-180.) (5).
(1) Fouillea de 1846 {toc. cit.). M, Bonnélye interprète lea trois
lettres M. G.I. comme il suit : Marcua Caltgula imperalor. Or
Cali^ula s'appelEiit Gains et non Harcus.
(2) Fouillea de 1846 {loc. cit.).
(3) Fouilles de 1842 [loc. cit.).
(4) Fouilles de 1843 (toc. cit.).
(5) Fouilles du puits, 1846 {toc. cit.).
lyGoogle
— 074 —
6° Médaille en bronze.
' Effigie d'une jeune femme. Légende : LVGILLA.
AVGVSTA.
(Ann. 161-169.) (1).
7° Médaille en bronze. .
Buste d'empereur. ALEXANDER.PIVS.ÂVGVS-
■TVS.
R/. Une figure de femme. Inscription : SPES
PVBLIGA.
(Ann. 2-22-235.) (2).
8" Médaille en bronze, très petit module.
Tète ceinte d'une couronne radiée. Légende :
TETRICVS.AVG.
R/. Une femme tenant une lance; à côté, dans
le champ, une étoile. PAX.AVG.
(Ann. ,268-274.) (3).
9° Médaille en bronze.
Téta ceinte d'une couronne radiée. Légende :
IMP.CARINVS.P.F.AVG.
R/. Une Victoire tenant d'une main une patène,
.de l'autre une couronne. Légende : VICTORIA. AVG.
(Ann. 284-285.) (4).
10" Médaille en bronze.
Légende : IMPERATOR.CONSTANTINVS.PIVS.
FELIX.
R/. Autel cylindrique, surmonté d'un trophée
circulaire; dans le corps de l'autel, une croix;
(I) Fouilles du puits, 1846 {loc. cil.).
(!) Fouilles de 1S46 (loo. cil.).
(3) Fouilles du théAtre en 1847 {toc. cil.).
(4J Fouillea du théâtre en 1S4T [loc. cit.).
lyGoogle
— ft75 —
de chaque côté, deui anges. (Inscription illisible.)
(A-nn. 312-337.) {1).
11' Médaille en bronze.
CONSTANTINVS.AVG.
R/. Une bannière à laquelle sont adossées deux
petites figures accroupies. Inscription : VIRTVS.
EXERCIT. Sur la flamme de la bannière, deux
croisettes et l'inscription VOTA.
(Ann. 312-337.) (2).
12° Médaille en bronze.
Effigie. CONSTANTINVS.AVG.
R/. Une couronne entourant l'inscription VOTA,
accostée de deux croix et d'un croissant.
(Ann. 312-337.) (3).
C'est en 312, dit en note M. Deloche, que Cons-
tantin remporta une victoire célèbre sur Maxence ;
c'est à partir de cette époque qu'il accorda sa
protection à la religion chrétienne et que paru-
rent sur ses médailles le signe et le nom de la
croix. C'est donc entre 312 et 337 qu'il faut pla-
cer les trois médailles de Constantin trouvées à
Tintignac. M. Deloche ajoute qu'il existe au « mu-
sée de la Préfecture » une médaille de bronze
sur laquelle on lit : au droit, CONSTANTINVS;
et au revers, H0C.SIGN0.VINCES(4). Mais cette
dernière légende lui parait tellement suspecte
qu'il se borne à la mentionner en note.
(I) Fouilles du théJtre en 1847 {loc. cit.).
{2) Fouilles du thé&tre eu tS47 {toc. cit.).
(3) Fouilles du Uiéatr6 en 1847 {loc. cit.).
(4) Fouilles du thé&tre en 1847 (Bonnélye).
lyGoogle
— 676 —
13' Médaille en bronze.
Tète laurée. Légende : CONSTANT IN VS.IVN.
NOB.C.
R/. Une couronne entourant rinscription VOT.
Légende : CAESARVM.NOSTRORVM.
(Ann. 332-337.) (1).
14° Médaille en bronze.
Tête d'homme à longue chevelme, couronnée.
Inscription : ANTONINVS. » (Fouilles de 1846). (2).
M. Deloche ne décrit que les quinze monnaies
dont avait déjà fait mention Bonnélye (voir Arir-
nuaire de 1851), et en formulant un doute au
sujet de l'une d'elles, dont la légende lui semble
suspecte. On en a trouvé bien davantage ! Le puits
seul, nous l'avons déjà vu, en a fourni trente-
deux (3), sans compter les monnaies dont parle
ti'op succinctement Baluze : a ilUc inveniuntur
» multa numismata Imperatorum Homano-
» rum, ETiAM AUREA. » Que sont devenus ces
(1) PouilJea du théâtre eu IM7 [loc. cit.).
(2) Deloche, Géographie hist. de la Gaule, p. 534 à 527.
Je ne sais ce qu'était le musée de la Préfecture en 1861, lorsque
H. Deloche a publia son livre; en tout cas, je demandai vainement
à le visiter en 18G5! Je puis seulement affirmer qu'aujourd'hui il
consiste en une vitrine plate, placée dans un coin du cabinet de
H. le Préfet; elle contient quelques menus objets antiques et un
certain nombre de monnaies ou médailles de différentes époques,
ntais sans indications de provenance. M. Maurice Ardant a décrit
trente-trois de ces monnaies en 1811 (Description des médailles et
monnaies précieuses du musée de Tuile, imprimerie Chapaulaud
frères, à Limoges); cette date est antérieure aux fouilles faites
à Tintignac (commencées en 1842), et en effet aucune des monnaies
décrites par M. Deloche ne iigure dans cet opuscule.
(3) Deux seulement de celles-ci [un UarcÂurèle et la monnaie
à l'effigie de Lucilie) sont décrites par MH. Bonnélye et Deloche.
lyGoogle
petits monuments, plus pi-écJeux pour l'histoire
de Tintignac que les sculptures et autres objets
d'art plus ou moins authentiques !
Oui, on am'ait pu créer une fort intéressante
collection en recueillant avec soin et en réunis-
sant dans un même local tout le produit des
fouilles de Tintignac ! Mais on ne l'a pas fait et
il n'est plus temps.
Voici maintenant la nomenclature des monnaies
trouvées par M. GuiUot; elles ont été soumises,
sauf une, à M. Anatole de Barthélémy notre col-
lègue, dont la parfaite obligeance ne me fait
jamais défaut. Personne ne pourra donc contes-
ter l'exactitude de la détermination de ces mon-
naies.
1° Un moyen bronze d'Hadrien, très fruste.
2' Un magnifique aureiis; diamètre : 0°0182.
D/. Tête laurée d'A.ntonin-le-Pieux k droite; lé-
gende : ANTONINVS.AVG.PIVS.P.P.TR.P.XXIII.
R/. La Piété debout à gauche, entre deux en-
fants; elle tient un globe de la main droite et
un enfant sur le gras gauche. Légende : PIETATI.
AVG.COS.IIII. ,
(Frappé l'an 160.)
Le type du revers se rapporte à l'institution
des puellas Faustinianas, à laquelle Antonin atta-
lyGooglc
cha le nom de Faustine, sa femme. Des jeunes
filles, dont la fortune, ne répondait pas à la nais-
sance, étaient élevées dans cet établissement, aux
frais de l'État et sous la protection de l'Impé-
ratrice (1).
3" Moyen bronze.
D/. Effigie de l'empereur Commode.
R/. MIRT . PACAT . P . M . TR . P . XIIX . IMRVUl .
COSV.P.P.
(Ann. 189.)
4° Petit bronze de Gallien.
Légende : DIANAE CONS.AVG.
(Ann. 260-268.)
5' Autre petit bronze de Gallien, très fruste.
6" à 16° Onze petits bronzes plus ou moins
frustes de Tétricus 1" {très petit module).
Têtes ceintes d'une couronne radiée.
17° Petit bronze (Tétricus fils).
Légende : PRINC.IVVENT(2).
18° Petit bronze saussé.
(1) Cette belle monnaie, dont le dessin a été exécuté par notre
collègue U. Soulié, a été trouvée, avant les fouilles de 1S84,
aux abords du théâtre. La détermination qu'on vient de lire est
empruntée i une lettre de notre collègue, M. Léon Lacroix, à qui
j'avais envoyé une bonne empreinte. Toutes les autres monnaies
de M. Guillot ont été trouvées en faisant les fouilles et ont passé
en nature sous les yeux de M. de Barthélémy.
(2) 11 ne faut pas être étonné si les monnaies de Tétricus sont
& Tiutignac plus nombreuses que les autres. Ce personnage fut
un des trente tyr&ns (en réalité il y en eut une vingtaine) qui se
taillèrent des souverainetés sous le règne du faible Gallien et de
Claude, son successeur (360-268, et !6^270); or, Tétricus eut les
Gaules! Il trahit ses soldats et se livra, en 273, à l'empereur
Au ré lien.
ibyGoogle
— 679 -
D/. Buste de Grispus lauré, à droite; légende :
catispvs...
R/. Légende : C^SARVM NOSTRORVM; dans
VO
le champ, TIS
V
(Année probable : 391, d'après l'expression, dans
le champ de la pièce, des vœux quinquennaux (1).
Après lés quatorze monnaies décrites par M. De-
loche et les dix-huit de M. Guillot, il est bon d'in-
diquer ;
1° Un moyen bronze d'Hadrien (117-138).
D/. Tôte laurée d'Hadrien, à droite. (Légende
presque entièrement effacée.)
R/. Le Nil, représenté sous la forme d'un fleuve
assis. (Ma collection.)
2° Un denier en argent.
D/. Buste d'Antonin à gauche; légende : DIVVS
ANTONINVS.
R/. Un aigle sur un autel; légende : CONSE-
CRATIO.
(Ann. 138-161.)
(I) Grispus, flls de Constantin I" et de Hinervine, créé César
en 317 et gouverneur des Gaules avant son frère Gonatantin-le-
Jcune, fut mis à mort en 326 par les ordres de son père; il eut la
tet'e tranchée & Pola, en Istrie. L'irapâratrice Fausta, secoade
femme do Constantin, l'avait faussement accusa du crime dont
Phèdre accusait Hippolyte. Constantin, désabusé plus tard par sa
mère, ordonna la mort de Fausta, qu'on étouffa dans un bain
chaud.
/V.-B.— Les empereurs romains donnaient i leurs fils, mères, etc.,
le privilège d'effigie monétaire pour les faire participer à la sain-
teté religieuse de la dignité impériale.
Digilizcdby Google
(Collection de M. Borie, phai'macieti k Tulle) (1).
Nous pouvons donc signaler comme trouvés à
Tintignac : un César; une monnaie de la Colonie
de Nimes (Auguste et Agrippa); trois Hadrien;
trois ou quatre Antonin (dont un en or); un
Marc-Aurèle; une Lucille(2); un Commode; un
Alexandre-Sévère; deux Gallien; douze Tétricus
père; un Tétricus fils; un Carin; trois Constan-
tin !"■; un Crispus; un Constantin II. Les nu-
mismates ne trouveront sans doute dans cette
nomenclature aucun de ces types rares si appré-
ciés par eux; c'est au point de vue des recher-
ches historiques que ces monnaies offrent de l'in-
térêt. Ainsi, rien jusqu'à présent ne vient infirmer
l'hypothèse émise par M. Deloehe au sujet de la
date probable de la destruction de Tintignac; on
n'a pas signalé de monnaies postérieures à Cons-
tantin II.
OBJETS d'art; débris divers
Décrivons tout d'abord les trois têtes publiées
en gravures par Baluze et Montfaucon, et plus
tard en lithographies par Tripon, d'après les des-
sins de Beauraesnil (3).
1° Bas-relief en albâtre, haut de 0"95, appliqué
sur une plaque de marbre noir ayant 0"'29 sur
(1) Une monnaie exactement semblable est décrite (voy. suprà)
par MM. Bonnélye et Deloohe; c'est peut-être celle-ci que j'ai vue
chez M, Borie.
(2) Épouse de Lucius ^tiua Verus, qui régna avec Marc-Âurèle
de ran 161 à 169.
(3) Ces lëtcs ont figuré à t'Eiposition de Tulle, en 1880.
lyGoogle
0"29. C'est un buste iKibillé, d'une toute jeune
femme tournée de profil et regardant à droite;
la prunelle a été creusée.
M. Deloche dit que des objets recueillis à Tin-
tignac, ce buste est celui qui annonce l'époque
la plus ancienne; « il a subi des altérations,
» ajoute-t-il, car on remarque que le bout du
» nez a été restauré et qu'on y a ajouté un mor-
B ceau de marbre, tandis que le buste est en
B albâtre; on l'a (peut-être à la même époque)
» appliqué sur une trancbe de marbre noir qui
» lui sert de fond; et cette circonstance, jointe
» il la grossièreté de la restauration, indique bien
» que ce dernier travail eut lieu aux temps du
» bas-empire. »
lyGoogle
N'oublions pas que M. Deloche écrivait en 1861;
lorsque à mon tour j'ai vu ce buste, le nez était
mutilé, tel que nous le figurons ici, et nous
avons tenu à donner une reproduction fidèle.
Quant à la plaque de marbre servant de fond,
elle pourrait bien être moderne! Elle ne présente
point l'aspect terne des marbres qui ont long-
temps séjourné dans le sol, et au surplus, il n'a
pas été trouvé un seul morceau de viarhre noir
parmi les nombreux débris recueillis par M. Guillot
ou gisant encore sur place. Il est bon d'ajouter
que le graveur de Baluze n'a pas figuré cette
tranche de marbre; on la trouve au contraire,
sur la lithographie de ïripon, entourée d'un
biseau qui n'existe pas.
On pourra m'objecter, il est vrai, que le très
faible relief de cette sculpture ne permet pas de
supposer qu'on ait pu l'utiliser comme décoration
sans la fixer sur un fonds quelconque, et que,
d'autre part, sans le secours de ce fonds, elle
n'aurait pas été retrouvée entière. Mais j'ai re-
marqué précisément une fracture au col, et c'est
probablement pour consolider après coup ce bas-
relief qu'on l'aura fixé sur une tranche de mai-
bre noir. Ce marbre, répétons-le, est trop brillant
pour avoir subi un long séjour dans le sol.
Les uns ont conjecturé que ce buste était celui
de Sabine, femme d'Adrien et petite-nièce de Tra-
jan, d'après une ressemblance entre la figure de
cette impératrice gravée dans une ancienne col-
lyGoogle
lection d'effigies et le bas-relief dont il- s'agit (1);
d'autres ont voulu y voir le portrait de Lucille,
femme de Lucius ^lius Verus (2). M. Deloche com-
bat ces hypothèses; à l'égard des ressemblances,
il s'est assuré qu'il n'en existait ici ni avec Sabine,
ni avec Lucille, et d'ailleurs, ajoute-t:iI, la coiffure
de ces deux princesses n'était pas celle que re-
préséhte le bas-relief. « Cette dernière coiffure,
» qui fut principalement en usage sous le règne
» de Marc-Aurèle, est, à peu de chose près, celle
» que portait Faustine- la -Jeune, femme de cet
» empereur, fille d'Antonin-le-Pieux(3).
» De plus, le profil droit, le col allongé et
» même l'ajustement des draperies rappellent les
» effigies de cette impératrice. J'ajoute que Faus-
j> tine-la-Jeune est un des personnages dont les
B médailles se rencontrent très fréquemment et
» même à profusion dans le Limousin. On peut
» donc, avec assez de vraisemblance, voir une
» reproduction de ses traits dans le bas-relief qui
» nous occupe (4). »
A quoi bon toutes ces conjectures qui ne pré-
(1) Reynaud, notice insérée dans VAlmsn»ch kittorique du Bas-
Limousin pour l'année 1771.
(2) M. Bonnélye, Essai sur l'Histoire de Tulle, p. 36. Avant
Bonnclye, Tripon d'après Beaumesiiil (ancienne province du Li-
mousiji, 1837, 3" partie, p. 3b).
(3) M. Deioche cite en note l'Iconographie romaine, de Hongez;
on trouve également dans Montraucon les portraits de Sabine, de
Lucille et de Faustine {loc. cil., 3- volume, pL XVJI et XVIII).
Seulement cette dernière est de f-.ice, et un pan do son manteau
encadre son visage.
(4) Dcloclie, (oc. cit., p. 518-520.
lyGoogle
sentent, au surplus, qu'un intérêt secondaire!
Pourquoi le sculpteur se serait-il attaché à faire
le portrait d'une impératrice plutôt que tout
autre? Sommes-nous en présence d'un produit
de l'art ancien? si oui, c'est l'essentiel, mais je
dois dire que de savants archéologues n'en sont
pas convaincus.
L'e;pression de la tète est juvénile; le profil
gracieux encore, malgré la mutilation qui le dé-
pare aujourd'hui. Le front est droit, le menton
bien modelé, la bouche fine. La partie supérieure
de l'oreille est cachée par une tresse de cheveux
qui part du sommet du front pour aller rejoindre
une sorte de chignon disposé sur le derrière de
la tète; cette coiffure laisse à nu un cou un peu
long mais non sans grâce. Ce qu'on voit du cos-
tume consiste en un manteau dont un pli est
rejelé sur l'épaule, par dessus une tunique ou
robe dont le haut de la manche pUssée est serré
par un cordon plat, muni vers le milieu d'un
bouton.
La coiffure, et surtout le costume de cette jeune
femme, sont infidèlement figurés dans Baluze;
c'est d'autant plus regrettable que Montfaucon (qui
n'a jamais vu les originaux) reproduit les gra-
vures de Baluze à l'appui d'un texte où il est
traité des habits des Gaulois (1). Les lithographies
de Tripon ne sont pas plus exactes.
Ce bas-relief est chez M™ veuve Boudrie, à Tulle.
(1) Antiquité expliquée, vol. III, 1" partie, chapitre x
planche hl.
lyGoogle
2" Tète d'homme traitée en ronde-bosse et vue
de face. La bouche, entr'ou verte, laisse entrevoir
les dents de la mâchoire supérieure; couronne de
feuillage au sommet de la tête; visage encadré
par une chevelure abondante et une barbe frisée.
Cette tête est en pierre oolithique(!); elle a
0"''ii de hauteur. Son exécution, dit M. Deloche,
(1) L'oolithe des environs de Ncspouls ou de Nazareth; fa môme
dont on s'est servi au moyen-âge pour édifier le splendido tom-
beau de saint Etienne, à Obazine,
T. VIL i-7
lyGoogle
— 686 —
est inférieure à celle de la tète de femme déjà
décrite et parait remonter à une époque moins
ancienne.
« L'expression contemplative et religieuse, la
» barbe, les cheveux abondants, et la couronne
» très élevée sur le derrière de la tête et placée
» d'une manière qui n'est pas ordinaire, semble-
» raient annoncer une divinité; et pourtant on
» n'y reconnaît le caractère distinctif ni de Ju-
» piter{l), ni de Mars, ni de Neptune, ni de
» Mercure, ni de Faune (2). »
Les uns (Reynaud, loc. cit.) ont voulu y voir
un Antonin-le-Pieux; d'autres (Tripon et Bonnélye)
un Adrien. Ces deux attributions sont inadmis-
sibles, dit M. Deloche; il n'y a aucune ressem-
blanfe entre les traits d'Adrien ou d'Antonin et
la figure trouvée à Tintignac qui ne peut être
contemporaine du buste de la jeune femme, du
moment où il date d'une moins bonne époque.
» Il est plus vraisemblable que l'artiste n'a
» voulu reproduire les traits d'aucun personnage
» historique, et que cette pièce était simplement
B destinée à la décoration. On remarque en effet,
B au sommet de la tête, un trou de O"!! de pro-
» fondeur et de 0"i5 environ de diamètre{3). "Tout
» porte à croire que cette ouverture a existé dès
(I) Un Italien paraissant connaisseur, ayant vu celle tâte ches
M. Gasperi pendant qu'on la moulait, no cloutait pas que ce no fût
une image de Jupiter.
(ï) Deloche, ioc. cit., p. 520.
(3) Cette dernière mesure n'a pas été bien prise; ce trou n'a que
0-035 à l'orifice.
lyGoogle
» le principe et qu'elle rentrait, par la compo-
» sition et le travail de l'œuvre, dans les des-
» seins de l'artiste. Or elle ne pouvait servir qu'à
s deux objets : ou bien à soutenir une inscrip-
» tion, un emblème, une corbeille ou quelque
» autre ornement, ou bien à permettre de fixer
» cette tête aux parois extérieures ou intérieures
» d'un monument, et probablement d'un édifice
» consacré au culte religieux (1). »
Les gravures de Baïuze et de Tripon ne sont
pas fidèles. Le dessinateur de Baluze n'a point
saisi la ressemblance; en outre, il a cru devoir
ajouter aux yeux les prunelles qui manquent, et
la couronne de feuilles n'est pas exactement posée.
Tripon, lui (ou plutôt Beaumesnil), n'a pas copié
les prunelles de la tète donnée par Baluze, mais,
de son autorité privée, il a ajouté à cette tète
un cou et un commencement d'épaules !
M. Borie a dessiné le moulage accroché à un
panneau; la tète est donc vue en retrait de haut
en bas, et cette disposition laisse apercevoir le trou
pratiqué au sommet.
Cet intéressant objet d'art appartient à M. de
Fénis de Laprade, domicilié à Brive depuis quel-
ques années.
3' Tôle d'homme couronnée regardant à gauche.
Profil en bas-relief se rapprochant d'un trois-
quarts; barbe en pointe; couronne de laurier à
triple rang offrant encore des traces de dorure;
(1) Deloche, loc. cil,, p. bil.
ibyGoogle
cette tête est posée sur le haut du buste, muni
d'une bordure de vêtement également dorée.
Ce sujet, en marbre blanc. {et non en albâtre
comme l'a cru M. Delocbe), a 0*"36 de hauteur.
Il est d'une trè^ mauvaise exécution ; l'oreille est
placée de travers, les yeux mal dessinés (1), le
nez gros> le cou court et mal tourné. Au sur-
plus, le dessin de M. Borie, calqué sur une pho-
tographie, fait bien ressortir les imperfections de
cette œuvre. Le graveur de Baluze, au contraire,
a pris sur lui de les rectifier; comme dans le
(1) Pour photographier cette tête, il a fallu la tourner de proRl;
notre ilessiti ne peut donc montrer les deui yeux.
lyGoogle
bas-relief de la jeune femme, ce qui parait- du
vêtement n'est pas exactement figuré et la cou-
ronne n'a qu'un double rang de feuilles. La plan-
che de Tripon représente ce personnage appliqué
« sur un marbre noir carré, entouré d'un
biseau qui a pu servir à son encadrement b (1),
et Beaumesnil y voyait un portrait de Lucius
Aurelius Veriis, le mari de Lucille, dont [tov^
jours d'après Beaumesnil) le buste de la jeune
femme (v. supra) est l'image. Tout en constatant
une certaine ressemblance entre une médaille de
cet empereur et le bas-relief trouvé à Tintignae,
M. Deloche dit que sa mauvaise exécution ne
permet pas de l'attribuer au haut-empire. Il pré-
sume que l'on a voulu reproduire les traits d'un
de ces nombreux empereurs qui furent acclamés
en Gaule au temps de la décadence (2).
Cette sculpture est chez M°" veuve Boudrye, à
Tulle. M. Deloche a été mal renseigné puisqu'il
dit en note : « Les trois objets d'art que nous
» venons de décrire ont passé successivement du
» cabinet de M. Fénis de la Feuillade, où ils
» étaient en 1772, dans les mains de M. Bou-
» drye, puis de M. Joseph Boudrye fils, décédé
» à Tulle, et enfin, grâce à la libéralité de
» M" veuve Boudrye, sa mère, ils ont été remis
» au musée de la Préfecture où ils sont aujour-
» d'hui déposés. »
(1) Loc. cit., p. 34. Il vaut mieux ne pas figurer. dos objets, i
l'on doit en donner des dessins Inexacts.
(2) Loc. cit.. p. 5Î2.
lyGoogle
La tête en ronde-bosse, je le répète, appar-
tient à M. de Fônis de Laprade; les deux autres
sont chez M"* veuve Boudrye, preuve qu'elle n'en
a pas fait abandon au « musée de la Préfec-
ture (1). » Le seul objet provenant de Tïntignac
existant à la Préfecture consiste en une main en
calcaire oolitbique, de dimensions au-dessus de
l'ordinaire; elle est dans le bureau de M. l'ar-
chiviste, et ne présente aucun intérêt.
Il y a peut-être lieu de revenir sur les appré-
ciations des auteurs que j'ai cités en parlant des
trois têtes (2); aucun d'eux, on l'a vu, n'a songé
à douter un seul instant de leur antiquité, et....
le moyen de contrôler leurs assertions, faute de
dessins fidèles! Mais M. de Lasteyrie, qui a va
les moulages et les photographies, ne croit pas
qu'on puisse attribuer ces sculptures à l'art an-
tique, surtout la tète de femme et la tête d'homme
en marbre, a œuvre d'un mauvais ouvrier du
s XVII* siècle, » m'a-t-il dit! Il est moins affir-
matif au sujet de la tète en ronde-bosse. M. de
Barthélémy, à qui j'ai envoyé les gravures, m'écrit
ce qui suit : « Je vous avoue que les trois têtes
» dont vous m'envoyez le dessin ne me parais-
» sent pas antiques. Je les attribuerais plutôt à
(1) Et, tout en remerciant M" Boudrye de son obligeance, je
crois bien que sans l'intervention de M. Guillot, il ne nous aurait
probablement pas été possible de voir et de photographier ces
sculptures.
(2) J'ai tenu à citer un peu longuement pour mettre le lecteur en
meaure d'apprécier & son tour.
lyGoogle
» l'époque de la Renaissance; cela provient-il
» vraiment de Tintignac?(l). »
Dame! Baluze l'a dit! Mais après tout, ne peut-
il avoir été trompé? 11 n'entre au surplus, je l'ai
déjà fait remarquer, dans aucun détail au sujet de
la trouvaille de ces objets.
Mentionnons à présent pour mémoire les urnes
en verre et le singulier récipient construit en bri-
ques publiés en premier lieu par Baluze; M. Rupin
les a dessinés tels que les figure cet auteur. Mont-
faucon a reproduit ces vases (2) en faisant quel-
Uma vitrea Urna vitrea c
eleganttssima. duorum djgitot
ques réserves au sujet de celui que Beaumesnil
(1) Je dois ajouter, au sujet de la tête en ronde-bosse, que
M. GuJIIol a trouva pas mal de dâbrîa en ooiilhe, comme elle.
(2) Anliquilé expliquée, t. Ht, 1" partie, planche LXXX, à la
page 146, et même tome, 2— partie, planche CXXV, à la pa^e 207.
Il se borne, pour ainsi dire, à indiquer les provenances.
lyGodgIe
a qualifié plus tard de a cinéraire de bâtisse (1). »
Urna lateritia craseitudinis
quatuor pedum.
Je n'ai jamais vu, pour ma part, de vases romains
fabriqués de la sorte. On a lu précédemment, en
consultant le texte de M. E. Breton {loc. cit.),
ce que cet archéologue pense du dessinateur de .
Baluze; voici maintenant l'appréciation de Mont-
faucon :
a L'urne suivante est d'une façon si singulière
» que jje ne sai si on en a jamais vu de sem-
y> blable; elle est bâtie proprement de briques
» quarrées longues; elle a quatre pieds de lar-
» geur et pourroit avoir servi pour des bains;
B elle fut trouvée... etc. (2). »
Et pourtant, comme l'indique la légende de
(1) Tripin. loc. fil,, 3"' partie, p. 36. Nous n'avons pas jugé ik
propos de reproduire ici, même pour mémoire, les trois autres
vases que Tripon figure, d'âpre Beaumesnit, à cùté de ceun-ci.
(î) Loc. cit.. t. m, 2" partie, p. 207.
lyGoogle
Baluze, transcrite ici> cet auteur a bien voulu
indiquer une urne en briques, « urna lateri-
Ha. » En ajoutant : a cra&sittidinis quatuor
pedum, » il veut évidemment donner le diamètre
de la panse et non l'épaisseur des parois; il
s'agit au contraire de cette épaisseur lorsqu'il
écrit au-dessous du plus petit des pots en verre :
a. cra&sititdinis duorwm digitorum. »
M. Bardon {Annuaire de i828j v. 1" partie)
nous a appris qu'on ne savait ce qu'étaient de-
venus ces trois vases, ainsi que les tuyaux de
conduite d'eau a tubi lateritii. »
Il faut encore recourir à MM. Bonnélye et De-
loche pour décrire d'autres objets, trouvés en 1849,
1846 et 1847, mais qui sont aujourd'hui... je ne
sais ofi !
En voici la nomenclature : 1° Une statuette en
argent de cinq centimètres et demi de hauteur,
représentant un guerrier armé d'une épée, d'un
bouclier, la tête couverte d'un casque. « Cet objet
» d'art, dit M. Deloche, est remarquable par le
» style ; le personnage est solidement et fièrement
» posé, et l'on peut croire que le travail est
» d'une bonne époque. »
Cette statuette provient des fouilles de 1842.
2' Un fragment de statue en pierre calcaire
représentant le bas du visage et deux portions
de bras assez soigneusement modelés; les pierres
d'un moulin à bras, un stylet en cuivre, le cimier
d'un petit casque, des ferrements de diverses sor-
tes, du cuivre fondu incrusté dans une brique de
lyGoogle
la toiture, et de nombreux débris de vases en po-
terie, dont quelques-uns offrent des bas-reliefs (1).
3' Des cornes de cerfs, de daims, de chamois,
des os de différents animaux, des débris de pein-
tures murales, les débris d'une statue de femme,
ceux d'un grand pilastre de deux pieds de dia-
mètre, diverses lames de couteau, dont une longue
de 28 centimètres (2).
4° Une tête de femme, un pied d'enfant, des
grappes de raisin, des fragments de comicbe, le
tout en pierre calcaire (très probablement de ï'oo-
lithe){3).
5' Un magnifique pilastre en granit de i^-iO
de longueur sur l'°00 de largeur, avec belles cise-
lures; un petit glaive, un stylet, des fragments
d'airain et de poterie de diverses couleurs (4).
6° La bague en or pâle, « du poids de 18
francs, » dont parle M. Bardon dans l'Annuaire
de 1828 (v. suprà), et qui fut achetée par M. Milet-
Mureau, alors préfet de la Corréze.
J'ai vu en 1865 chez M. Vidalin, au village de
Tintignac, situé à une petite distance des ruines,
divers tessons de vases et un fragment de mo-
saïque en cubes de verre. Enfin l'on m'a donné
un fragment de bracelet en bronze doré, deux
portions de bois de cerf, un débris de sculpture
(1) Fouilles de 1842. Bonnélye, loc. cil.
(2) Fouillea des Boutiques eu 1846. BoDDélye, loc. cit.
(3) Fouilles de 1S46. Trouvailles faites au fond du puits. Bon-
iiôlye, loc. cit.
(i) Fouilles du théâtre en 1847. Bonnélye, loc. cil.
lyGoogle
en oolithe représentait une grappe de raisin, le
moyen bronze d'Adrien précédemment décrit et
un fond de petit vase en terre rouge lustrée
(olim ; terre de samos) où on lit bien nette-
ment le nom de CVNISSA.
Ce sigle figulin, fort rare en tout cas, était
peut-être inédit avant la publication de mon petit
mémoire sur les sépultures gallo-romai7ie8{i);
il ne figure en effet ni sur les listes de Schuer-
mans, savant belge qui a colligé plus de six
mille noms de potiers romains, ni dans la no-
menclature du musée de Saint-Germain-en-Laye.
En 1884, M. Guillot a recueilli : les monnaies
précédemment décrites; des clous et autres débris
de fer, dont une clef assez bien conservée; un
fragment de vase en bronze doré et divers débris
de bronze; une fibule en bronze, où manque
l'ardillon; des fragments de vases en verre et en
terre cuite, dont une anse en verre bleu et des
tessons en terre rouge lustrée; une tête d'épingle
en Ivoire; le torse mutilé et fendu dans sa lon-
gueur d'une statuette en calcaire oolithique, repré-
sentée nue et assise (on voit encore le commen-
cement de la cuisse) (3); une tête d'enfant (égale-
ment en oolitbe), dont la joue droite e^t appuyée
(1) V. le Bulletin, t. III, p. 138.
(3) Hauteur : 0-lS ceatim6tr«i.
lyGoogle
sur la main(l); un fût de colonne en granit de
l^OO de hauteur et O^ôS de diamètre, portant la
moulure de l'astragale du chapiteau; enfin, comme
dans les anciennes fouilles, beaucoup de cendres
et de ciiarbon, des briques et des tuiles à rebords
en abondance, de minces plaquettes de porphyre
et de serpentine, des débris de peintures miirales
et de grandes quantités de marbres de différentes
couleurs, plusieurs fragments avec moulures et
ornements en bas-relief(2).
TROISIÈME PARTIE
LES SUBSTRUCTIONS DE TINTIGNAC ;
DESTINATION PROBABLE DE CE GROUPE DE MONUMENTS
1' Position topographique.
Les ruines qui nous occupent sont situées vers
la cote 483, sur un plateau granitique assez ma-
melonné et que ne sillonne aucun cours d'eau (3).
Les sources de la Céronne au Nord-Nord-Ouest;
(1) Ce fragment de statuette mesure D'OS sur 0"09.
(2) Les marbres blancs sont incontestablement dea marbres de
Saint-Béat; les autres paraissent provenir également des Pyré-
nées. J'ai recueilli dans la four de Vésone des fragments de
marbres olTrant beaucoup d'analogie avec des échantillons trouvés
à Tintignac.
(3) La cote du Pny-de-1'Éguille est de ^14 mètres ; en face du
théâtre, la cote sur la route est de 487 mètres. On peut donc
admettre que la cote 4S3, indiquée par M. Deloche, se rapporte
au bas de l'hémicycle du théâtre, en contre-bas de la route d'en-
viron 4 mètres. Les différences de niveau portées sur les coupes
ci-jointes donnent l'altitude des Boutique».
lyGoogle
au Sud celles de la Solane et de ta Vigne (son
affluent de gauche) se trouvent» il est vrai, à une
faible distance, mais le volume d'eau qu'elles dé-
bitent est peu de chose. 11 faut parcourir 4 kilo-
mètres en suivant les chemins, ou 2 kilomètres
500 environ à vol d'oiseau pour arriver à la Cor-
rèze qui coule vers l'Est, dans la profonde vallée
des Angles. Au Nord-Est un de ses affluents de
droite, la Vimbelle, est à une distance un peu
moindre (1).
La châtaigneraie où l'on voit les substructions
dites les Botitiqîies figure au plan cadastral de
la commune de Naves, section G, sous le n" 33!)
et partie n° 340. Le Champ des arènes (tel est
son nom sur le cadastre), qui comprend les subs-
tructions du théâtre et celles que M. Giiillot a dé-
couvertes en 1884, est entièrement compris dans
la parcelle n" 340; l'ensemble des ruines couvre
en somme, le plan l'indique, un espace assez
restreint.
2° Les substructions.
11 serait bien inutile de revenir -sur 'des des-
criptions déjà données par la relation annotée des
fouilles de 1842, 1846 et 1847, si M. Guillot n'avait
entrepris celles de 1884(2). Elles ont eu pour but
(I) Il "^sl bon de noter ici que la Corrèze, près de son confluent
avec la Vimbelle et à 4 kilomètres environ de Tintignac, est tra-
versée à gué par un chemin dé!<igné sous le nom de Voie ro-
maine; il vient de la direction de TAuvergna et va vers Tintignac,
{1) U est juste de dire que M. Guillot a été secondé dans son
travail par son ami M. Ferriërp, membre, lui aussi, de notre
Société,
lyGoogle
de déterminer les plans généraux du théâtre et
des constructions voisines; les murs rais à décou-
vert sont indiqués {voir le plan d'ensemble) par
de simples hachures, pour les distinguer de ceui
qu'on a observés précédemment et qui sont en
noir (1).
M. Guillot a donc exhumé, non-seulement le
reste des substructions du théâtre, mais encore,
dans l'axe de cet édifice, celles du corps de hâti-
J.f ao
RUINES J. TINTICNAC.
J
C CoMtf ju.€. C^iCé ^ea ^oiUc^w ç.
1 — i»'"^^
ment dont faisait partie le mur droit, tangent à
la partie curviligne supérieure du théâtre (2) ; puis,
dans l'axe de» Boutiques, d'autres fondations en
(I) Mais après avoir relevé le plan d'ensemble, il a bien fallu
recouvrir ces fondations pour rendre à la culture le champ où
elles se trouvent.
(3) Voir, au sujet de ce mur, la relation extraite de l'Annuaire
de 1851 (l- partie).
lyGoogle
fi ' I ' ' ' ■ ' • " '^ •^'ilSt"
NOTA. — Pour éviter au lecteur la peine de recourir au plan par terre déjà donna en
tête de ce mémoire, je crois devoir le rétablir ici, en ngàrd des coupes.
ly Google
— 700 —
contre-bas et dont on ne connaissait que deux
petits murs droits parallèles (voir le plan)(l).
Tous les parements des murs qui se trouvent
au-dessus du sol sont en pierre de taille de petit
appareil, notamment les angles, pilastres et con-
tre-forts du théâtre, les pieds-droits des baies des
vomitoires.
1' Les Boutiques. — Cet édifice est situé à 250
mètres environ du sommet du Piuj-de-l'ÉguUle,
sur le versant Est-Nord-Est. Un plan spécial
(1" partie) nous a déjà fait connaître ses dimen-
sions et sa disposition. Les débris de marbres
multicolores et de peintures murales attestent
que les appartements étaient richement décorés.
Les ruines des deux édicules carrées placées sur
l'axe longitudinal du rectangle A B G D sont en-
core très apparentes; mais le reste des substruc-
tions est presque entièrement recouvert.
Un mur horizontal sépare ce corps-de-logis
d'une grande cour bordée de bâtiments; dans
cette cour était creusé le puits signalé par Ba-
luze (2). Aux deux extrémités . de ce riiur de
(I) Ce sont ces deux murs que M. Bonnélye, et apr&s lui M, De-
loche, ont pris pour les restes d'un balndaire. On voit que rien,
dans le plan de M. Guillot, ne rappelle une construction pouvant
avoir eu cette affectation. L'erreur commise est probablement due
à la présence de caniveaux en pierre de laille destinés à recueillir
les eaui pluviales qui, faute de chéneaux, auraient endommagé la
base des murs. Ils devaient donc suivre le contour extérieur de ce
corps de bâtiment.
(3) Un simple affaissement du sol indiqua aujourd'hui l'empla-
cement de ce puits, qui s'écoulait probablement à ciel ouvert par
la tranchée dont on a découvert des traces du côté sud en 1846;
il devait être alimenté par la nappe d'eau qui donne naissance à la
lyGoogle
- 701 —
séparation, il a été trouvé à S^SO en contre-bas
du sol des massifs en gros blocs de pierre de
taille (grès et calcaire), qui avaient •2"'0Ù sur '2"'â0
et environ l^OÛ de hauteur en trois assises; ces
blocs, dont les lits et joints sont très bien dressés,
étaient posés h. sec, sans mortier, sauf sous l'assise
inférieure; ils portent sur leurs lits supérieurs
des trous destinés à recevoir l'instrument qui a
servi à leur pose.
On avait reconnu, en 184-2, quelques tronrons
d'un mur parallèle au rectangle A B G D (voir le
plan partiel et le plan général), et séparé de lui
par un intervalle de 3"'20; M. Guillot a dégagé
ce mur sur presque toute la face méridionale,
sur une partie de la face septentrionale, et l'on
peut présumer qu'il s'agit d'une enceinte exté-
rieure se développant sur trois faces de la tota-
lité de l'édifice, dont la destination, nous dit
M. Deloche{l), n'a pas encore été déterminée.
2" Corps de bâtiment en contre-bas, dans
l'axe des Boutiques. — Il a presque entièrement
été découvert par M. Guillot. Sa longueur — extra-
muros — est de 74 mètres, et il se compose d'une
longue salle rectangulaire de 47 mètres, sur laquelle
s'ouvrent un pavillon carré et deux absides. Cette
salle est flanquée à ses deux extrémités par deux
Vigne, affluent do la Solane. Les premières sources bo trouvent
dMis les prés contigus au champ de seigle où est le théâtre, cl ces
préa portaient autrefois le nom de La Font des Arènes. S'il y a
eu un balnéaire, il devait être dans ces prés ou au bas do la terre
dite des arènes.
lyGoogle
pavillons de 13 mètres sur 7 mètres à l'intérieur;
l'on devait y accéder au moyen d'un large ves-
tibule, ou salle d'attepte, qu'indiquent les deux
lignes de murs découverts en 1846. Des cani-
veaux en pierre de taille étaient disposés autour
de cet édifice. MM. Bonnélye et Deloche parlent
d'un conduit en briques par lequel les eaux
s'écoulaient; on ne pouvait guère invoquer la
seule présence de ce conduit pour conclure à la
trouvaille d'un établissement de bains! Les tuyaux
en briques servaient probablement à dégorger les
caniveaux.
Le sol de ce corps de bâtiment était dallé en
béton ou ciment.
3° Le Théâtre. — Cet édifice est certainement le
plus intéressant du groupe, et jusqu'à présent on
n'en connaît pas d'autre de ce genre dans notre
région. Le monument, orienté vers l'Est, était assis
sur un sol incliné; comme dans d'autres théâtres
(celui d'Orange en particulier), on avait profité de
cette disposition naturelle du terrain pour sou-
tenir les gradins et économiser des frais de cons-
truction (1).
(1) L'ensemble d'un thé&tre antique prâsentait d'un cdtâ ïa. forme
semi-circulaire el de l'autre celle d'un carré long. Les spectateurs
s'asseyaient principalement sur les gradins de l'hémicycle — cauea
— partagé on doui ou trois divisions principales, indiquées par
des séparaticDS nommées précincUons et parallËles aux rangs de
sièges. Ces divisions étaient désignées sous le nom de cavea
prima, cavea média, cavca tillima ou niajcinia, suivant qu'elles
se trouvaient plus ou moins rapprochées de Vorchesire. La partie
ainsi dénommée formait une de mi -circonférence exacte au bas des
— caticas; — elle contenait, dans les thé&tres romains, des sièges
lyGoogle
L'ane total du théâtre, depuis le mur droit tan-
gent à la — cavea maxima — jusqu'au mur ex-
térieur de ia scène, a 67"50 de longueur; la ligne
droite, ou corde de l'arc formé par les trois pré-
cinctions qu'on remarque sur le plan, mesure
85 mètres extra-muros.
Cette ligne est le mur de soutènement du pul-
pitum ou proscenii pulpitum, sorte de plate-
forme avançant sur l'orchestre et qui formait le
devant de la scène (1). A droite et à gauche sont
les coulisses. Puis vient la ?,cène (2). En arrière
est le post-scenium, lieu où les acteurs s'ha-
billaient et où l'on préparait tout ce qui était
nécessaire aux représentations. M. Deloche estime
que ce théâtre pouvait contepir environ 1,500
spectateurs.
deatinéa aux personnes de distinction, mais chez las Grecs elle
était réservée aux chœurs. L'orchestre était établi sur un terrain
plat; on installait au contraire les gradins des — cawat — sur la
pente d'un coteau lorsque la disposition du terrain le permettait,
surtout lorsqu'on adoptait le inodâlo dos thé&tres grecs. On accé-
dait aux gradins au moyen d'escaliers se dirigeant de la circon-
férence vers le centre, et partageant la caoea en divisions cunéi-
formes ou cunei. 11 y avait aussi des corridors voûtés pratiqués
BOUS les gradins et permettant de se rendre auit sidges sans être
obligé de monter de i'orchestre ou de descendre de la cavée supé-
rieure. Les ouvertures correspondant & ces corridors s'appelaient
oomiloria.
Les théâtres de ta Gaule ont été élevés, à ce que l'on croil, sons
les régnes d'Hadrien et des Antonins.
(1) Ce serait,' chez nous, l'espace compris entre le rideau et la
(î) La scène proprement dite correspondait à notre toile de fond,
avec cette différence que c'était une construction solide. Sa lar-
geur était double de celle de l'orchestre et elle présentait trois
portes; celle du milieu s'appelait la porte royale.
BïGpogk-
— 704 —
Avait-il une toiture? Les théâtres romains n'en
possédaient point; les théâtre grecs quelquefois,
mais rarement. Il est fort probable que le nôtre
se trouvait dans les conditions ordinaires (1).
Il reste aujourd'hui peu de vestiges apparents
du théâtre de Tintignacl Se trouvait-il en meilleur
état lorsque Baluze était jeune? Si oui, regrettons
qu'on n'ait pas su mieux le conserver ! (2)..
4' Corps de bâtiment en contre-haut du
Théâtre. — Hémicycle formé par le mur droit
tangent à la — cavea maxima, — deux pavillons
presque carrés situés aux deux extrémités de ce
mur et une galerie semi-circulaire avec dix niches,
elles-mêmes en demi-cercle, disposées de chaque
côté d'un pavillon carré, construit au centre, et
s'ouvrant sur la galerie.
La face intérieure des murs de la galerie et
des niches était revêtue de marbres appliqués sur
une couche de ciment, marbres dont M. Guillot
a trouvé les débris; la salle rectangulaire cen-
trale (9 mètres sur 7 mètres) avait la môme dé-
coration, mais le marbre en était plus riche.
(1) Les ihéàtres antiques étaient le plus souvent couverts au
moyen de tentures en toilo, comme nos cirques forains.
(!) Nous aurions voulu pouvoir donner un dessin de ce qu'on
voit encore au-dessus du soi; mais ces ruines sont trop informes.
Les substructions seules prouvent qu'il y a eu là un théâtre. Dans
la gravure de Baluze et qui représenta un amphithéâtre, comme
on le sait, l'édiHce est entièrement construit sur un terrain hohi-
zii.tTAL; les gradins se trouvent par conséqucut adossés à des
mure extérieurs. Si Baluze n'a vu les ruines de Tintigna: que
dans sa jeunesse, son dessinateur no les a pas vues du tout. Et
Montfaucon reproduit cet amphitliéàtre imaginaire entre ceux de
Niraes cl d'Autun!
lyGoogle
Le sol de cette salle est dallé en marbre appli-
qué sur une couche de ciment; celui de la par-
tie droite de la galerie faisant face à cette salie
était aussi dallé en marbre. Le surplus de la
galerie et les niches étaient dallés en béton.
L'inspection du plan d'ensemble permet de juger
des dimensions de ce singulier édifice.
Doit-on voir dans ce groupe de monuments les
restes d'une antique cité? je ne le pense pas;
à mon humble avis {qui est aussi celui de
MM. Guillot et Ferriére), Tintignac a été, comme
Sansay, un lieu d'assemblées et non une ville.
Mais cette question sera examinée en dernier
lieu; il convient, auparavant, de dire quelle a
pu être l'affeclation probable des Boutiques et
des deux autres édifices dont M. Guillot a re-
trouvé les fondations. Me trouvant très embar-
rassé (et d'autres, plus forts que moi, l'ont été
également), j'ai encore eu recours à l'inépuisable
obligeance "de M. A. de Barthélémy, en lui en-
voyant plans et coupes; M. de Barthélémy en
a référé à un de ses collègues, et voici copie de
la note qu'il a bien voulu m'adresser :
« Extrait d'une lettre de M. Guillaume, ar-
B ehitecte du GouverTiement et membre de la
» Société des Antiquaires de France.
j> Les fouilles n'ont donc fourni aucun frag-
» ment d'architecture ou de sculpture?
» Prenant les choses comme elles nous sont
» données, je ne puis voir là deux théâtres. Il
lyGoogle
» en existe juxtaposés latéralement; mais dans le
» sens de l'axe, je n'en connais pas. La seule
» hypothèse admissible pour moi serait que la
j> partie supérieure, avec ses douze niches (1) et
B un petit temple central, aurait pu' être une
» sorte de Panthéon des douze dieux plus une
» divinité principale, et que ce Panthéon aurait
» été relié au théâtre par un escalier droit, ceo'
» tral, qui aurait disparu (2). Une disposition ana-
» logue existait à Rome au théâtre de Pompéej
» où un escalier droit s'élevait, suivant l'axe, jus-
B qu'au petit temple dédié à Vénus, je croiS;
» situé au sommet de la eavea.
» L'édifice situé au nord du Panthéon semble
» présenter la disposition de deux basiliques ou
n tribunaux, avec un large portique à exèdres
B qui les relie, et peut-être un sanctuaire au
» milieu; il y a là quelque chose qui me rap-
» pelle la disposition des basiliques de Palestrine
» (antique Prfeneste).
B Le 4"" édifice est appelé Les Boutiques,
» pourquoi? a-t-on trouvé des objets qui justi-
B fient cette dénomination? La disposition géné-
» raie des fondations du portique en avant n'a
B rien qui s'oppose à l'idée d'une agora{S). Cette
(1) Dix niches en hémicycle et deui en carré, ces dernières à
droite et k gauche de l'édicule centrale.
(2) Je prie le Icclcur de se reporter à ce fait que les inarbrea
employas à la décoration de l'édicule centrale étaient plus riches
que ceux dont on avait revêtu les niches j cette circonstance est
toute en faveur de la conjecture qui en fait un sanctuaire,
(3) Agora. Nom donné à ta place publique dans les villes de
3 Grèce. L'agora était, pour les Grecs, ce que te forum
lyGoogle
» sorte de mur, d'échiffre en équerre, à gauche,
» serait-il la trace d'un escalier? c'est possible,
» soit pour monter à des portiques supérieurs,
» soit pour descendre dans les caves.
» Enfin, est-ce là une sorte de caravansérail?
» c'est possible aussi. Les deux édicules carrées,
» qui. semblent être dans une cour au fond, rap-
» pellent celles du temple d'Isis à Pompéï{1).
B L'idée de caravansérail conviendrait assez à
» un groupe de monuments destinés, comme ceux
j> de Sanxay, à des réunions de frairies, de fêtes,
» surtout si rien, dans les environs, n'indique
» l'existence d'une ville antique (2). b
Tel est bien le casi
Et, en effet, qu'est-ce qui peut servir à prou-
ver l'existence d'une ville antique sur le plateau
de Tintignac? l'établissement préalable d'un camp
(celui des deux légions installées par César chez
les Lémovices) auquel aurait succédé une cité?
était pour les Romains. En général, l'agora était de forme carrée
ou quadrangulaire. Autour de la place régnaient des portiques à
un ou deui rangs de colonnes, couronnés par des terrasses; s'ils
étaient ornés de peintures, on les nommait Paicile». L'agora ser-
vait aux assemblées du peuple (mais seulement des hommes libres) ;
à Élis, suivant Pausanios, on y donnait des courses de chevaux;
ailleurs, on y vendail des denrées. Dans l'enceinte s'élevaient bou.
vent des temples, des autels, des statues. [Dicl. général de H. Th.
Bachelet, Paris, 1S62, et Dict. général de l'Archéologie, par Er-
nest Bosc, Paris, 1881.)
(1) A Pompéi, le temple d'Isis est situé derrière les gradins du
grand thé&tre. (Pompéfa décrite et dessinée, par Ernest Breton.
1855, p. 41-42.)
(2) Un puits a mieux sa place dans la cour d'une vaste batellerie
qu'au centre d'une agora, et j'opinerais volontiers pour la seconde
conjecture de M. Guillaume.
ibyGoogle
— 708 —
Cette hypothèse, émise tout d'abord en 1810 par
M. Uuioux, est soutenue avec un (aient incon-
testable par M. Deloche, mais aucun fait matériel
ne vient la justifier, M. Deloche lui-même en
convient (1). Voudra-t-on évoquer le système de
M. Raynaud de Nîmes, uniquement basé sur les
noms que portent certains villages groupés au-
tour de Tintignac? J'ai déjà dit ce qu'il convient
aujourd'hui d'en penser (2). A-t-on trouvé un cime-
tière, un de ces champs d'urnes comme on en
(l) Géoijr. hial. de la Gaule {loc. cit.). p, 533-3Î4. « ...On voit
> qu'il n'est fait, dans notre description, aucune mention de traces
> de fortifîcalians. fosscis, murs ou parapets indiquant le périmètre
■ du camp qui servit, dans le principe, de quartier d'hiver à deui
I des légions de César; c'est qu'il n'en a point été encore observé.
> Hais, à cet égard, il faut remarquer qu'il n'a pas été opéré de
' fouilles dirigées, comme il le faudrait, autour du Puy-de-l'Ai-
• guille, par traiichdea perpendiculaires à la base de cette colline,
■ qui représente le point culminant de la position; ces tranchées
» amfeneraienl peul-Ctre à constater l'enislence d'anciens retron-
• chcmeuts. D'autre part, il convient de rappeler qu'autour du
■ Puy-de-l'Aignille le sol a été très remué et parait avoir été cou-
• vert, dans des Ages postérieurs à l'époque césarienne, de coub-
B tructions qui ont dû faire disparaître les vestiges du campement
> primitif. •
Ou sont donc, jusqu'à présent, les preuves iiatÉrieli,es de l'éta-
blissement d'un camp sur ce plateau? On ne peut raisonnablement
objecter la trouvaille d'une monnaie de César; les pièces à son
efBgie ont circulé longtemps après sa mort (comme circulent en-
core de nos jours, par exemple, les pièces de cinq francs de
Napoléon I-).
(!) Voir la première partie de ce travail. Les villages en ques-
tion les plus éloignés de nos ruines sont :_Soleilliavoup, k onze
on douze cents mètres au Nord (à vol d'oiseau); Céron, près des
sources de la Céronnn, à deui kilomètres environ au Nord-Ouest
(toujours à vol d'oiseau); Temporieux, à quatre bons kilomètres au
Sud. Entre le temple du Soleil et celui du Temps, la ville an-
tique aurait eu un diamètre de cinq ou six kiiloTnètrcs ! qnelle
belle ville!! Et aucun auteur ancien n'en aurait fait mention?
lyGoogle
a tant fouillés sur bien des points de notre terri-
toire? pas le moins du monde jusqu'à présent,
et conçoit-on une ville sans nécropole? (1). Peut-
on invoquer la présence des restes d'aqueduc?
mais on sait quelle consommation d'eau faisaient
les anciens, et le puits ne devait pas suffire,
non plus que la Font des Arènes, aux besoins
de la foule, lorsqu'il y avait agglomération en ce
lieu. Les voies antiques dont on a relevé la direc-
tion? mais leur présence est aussi bien en faveur
de mes conjectures que de celles de mes devan-
ciers; comment, en effet, se rendre sans rotUes
à un lieu d'assemblées? Et le théâtre, me dira-
t-on? mais à Sanxay aussi, il y a un théâtre, un
théâtre qui pouvait contenir 8,000 spectateurs, et
les ruines de Sanxay ne sont pas celles d'une
ville.
Si je mets en doute la croyance des auteurs
qui ont accepté et soutenu la version de Baluze,
ce n'est point par esprit de contradiction; j'avoue
même qu'il m'en coûte un peu de renoncer à
voir au centre de notre Bas-Limousin les restes
d'une ville antique, et l'on me trouvera tout dis-
posé à faire amende honorable si de nouvelles
découvertes sont en faveur de la première idée.
Mais, puisque je reviens encore à l'auteur de
l'Histoire de Tulle, on voudra bien se souvenir
(I) Le champ des terres grasses, au-delà de Seilhac, où ont 4U
trouvées quelques urnea cioéraires (voir Bulletin, t. III, p. 140),
est trop éloigné de Tintignac pour qu'on puisse y voir son cime-
tière.
lyGoogle
— 710 —
qu'il témoigne un certain étonnement de ne trou-
ver nulle part le nom de cette cité!(l). Et en
effet, rien n'affirme qu'elle ait existé. On peut
dire, si l'on veut, qu'un personnage d'importance,
un fonctionnaire peut-être, a fait construire une
maison de campagne, une villa, sur le terrain
où se tenaient, du temps de l'indépendance, les
assemblées politiques des Lémovices, et a donné
son nom à ce lieu{2). La conquête achevée, ces
assemblées perdirent leur caractère primitif; elles
se transformèrent en réunions joyeuses. Lorsqu'un
peuple s'est résigné à la servitude, certains de
ses usages persistent quant à la forme; mais le
nouvel état de choses en dénature bien vite l'es-
prit! Si les Romains se sont rendus maîtres des
Gaules grâce aux divisions intestines, c'est en
sachant modifier la rudesse primitive des mœurs
gauloises qu'ils ont assuré leur conquête 1
Il fallait, en effet, enlever leur caractère me-
naçant à ces assemblées en honneur chez nos
pères I (3). On les transforma en fratries, en fêtes
(1) El lamen nulla oppidi iUius mentio exlsl in anliquis geo'
graphis sut scriptoribus hUtoriarum...
(2) Noua avons déjà vu, par l'analyse du travail de U. Deloche
(voir 1" partie], que d'après cet auteur Tintignac pourrait devoir
son nom & uo personnage nomma Quintinua, sur les fonctions
duquel on est râduit à de pures conjectures. N'oublions paa que
l'édifice dit — les Boutiques — a été érigé sur les /ondations d'une
construction plus ancienne.
(3) L'usage des assemblées était très répandu cbez les Gaulois;
l'on sait que la réunion annuelle des délégués de toutes les tribus
de la Gaule avait lieu dans le paya des Carnutes. [Hiêt. nationale
des Gaufois sous Vercingétorix, par E. Base at L. Bonnemère,
1882, p. 47.)
lyGoogle
votives; on amusa les vaincus et ils s'étourdirent
sur leur nouvelle condition. Tintignae, placé pres-
que au centre du Bas-Limousin, a bien pu être
le lieu des assemblées des Lémovices, comme
Sanxay a été celui des assemblées des Pictons(l);
et si Sanxay avait été connu lorsque M. Deloche
a écrit sur Tintignac, notre savant compatriote au-
rait probablement soutenu une thèse différente de
celle qu'il a défendue (2).
Nous avons à Sanxay : un théâtre, un temple,
des hôtelleries, un balnéaire (3) ; à Tintignac : un
théâtre, un temple, une basilique et probablement
un grand corps-de-logis destiné à recevoir des
hôtes. Le théâtre, pour amuser la foule; le tem-
ple, pour les cérémonies religieuses dont ne se
passaient pas volontiers les hommes de ce temps-
là; la basilique, pour le règlement des affaires
d'intérêt privé (4); la villa, transformée en cara-
vansérail, pour le logement des hôtes de distinc-
tion; on trouvera peut-être un jour le balnéaire.
La multitude campait sans doute sous des tentes
ou sous des abris provisoires.
(1) Les — Pardon» — de la fiasse-Bretagne peuvent encore nous
donner une idée de ce que devaient être ces réunions.
(2) C'est d'après l'auloritë de M. (Juicher&t, notamment, que le
Père de la Croix a émis sa théorie sur la véritable destination des
monuments de Sanxay. J'aurais été bien aiso d'avoir l'appréciation
du Père de ta Croix sur les monuments de Tintignac; mais une
lettre que je lui adressai, en y joignant une épreuve du plan
général, est restée sans réponse.
(3) Antiquités de Sanxay {Vienne), par Ferd. Delaunay, IS82.
(4) Les basiliques des anciens servaient à la fois de tribunaux et
de bourses de commerce; les premières églises chrétiennes ont été
calquées sur ces basiliques et en ont pris le nom.
lyGoogle
La somptueuse décoration des Boutiques serait
une objection à la destination que je donne —
sous toutes réserves — à cet édifice, si nous ne
savions quel luxe déployaient les riches Romains,
même pour leurs installations temporaires. Il faut
lire, si l'on veut s'en faire une idée, la descrip-
tion de la maison de plaisance que Plîne-le-Jeune
possédait près d'Ostie ! {!).
Au surplus, si au lieu de considérer les ruines
des Boutiques comme étant celles d'un caravan-
sérail, on préfère y voir l'emplacement d'une agora,
il n'y a rien d'incompatible avec le système que
j'ai présenté; n'avons-nous pas vu que l'agora
servait aux assemblées du peuple, mais seulement
des hommes libres?
La destruction des monuments de Tintignac est
vraisemblablement due à une cause violente; les
amas de cendres et de charbons trouvés au cours
des fouilles prouvent en faveur de cette conjec-
ture. Quant à la date probable de cet événe-
ment, rien ne vient à l'encontre de l'hypothèse
(1) HoHTFAUCon, Anliqtiiti expliquée, tome III, l** partie, p. lîS
et suivEuites.
ife citerai encore ce passage de VAbêcéd&ire de H. de Gaumont,
car il nous concerne plus spécialement : e Le laie s'étendit des
■ monuments publics aux constructions privées, et les maisons de
t la ville et de la campagne furent décorées de peintures, de
■ mosaïques d'un travail exquis, de marbres étrangers de diffé-
* rente nature, etc. Les plus petites villas furent remarquables
> par la richesse de leurs enduits, et de simples cabanes cachè-
■ rent, sous une couche de peinture, la pauvreté de leurs mu-
* railles en torchis. « (Édition de 186!, p. 457.) H en était ainsi au
temps d'Hadrien et des Antonina; la Gaulo ne souffrait alors quo
de la perte de son indépendance.
lyGoogle
-713-
de M. Deloc^; et, bizarre coïncidence qu'il est
peut-être bon de signaler ici, on n'a pas recueilli
à Sanxay de monnaies postérieures au règne de
Constantin (1).
J'ai parlé bien longuement de ruines qui sont,
en somme, peu de ebose au point de vue archéo-
logique, puisque d'informes superstructures seules
apparaissent aux regards. Mais si les ruines de
Sanxay, où j'ai cherebé des termes de compa-
raison, méritent davantage l'intérêt des visiteurs,
celles de Tintignac, connues depuis plus long-
temps et sous un jour bien faux, ne doivent
pas être dédaignées; elles ont leur importance,
au point de vue de l'histoire de notre province.
Qu'il me soit permis de terminer ce travail eli
formulant un vœu : celui de voir prendre des
mesures {et M. Guitlot n'y fera certes pas oppo-
sition) pour assmrer la conservation des derniers
vestiges du théâtre de Tintignac.
Ph. Lalasde.
i|) Anti'iuités du Sanxaij {lac
lyGoogle
„Googlc
PROVERBES BAS-LIMOUSINS
Par Jean-Baptiste CHA.MPEVAX
Avocat à Fjgeac (Lot)
FÈLTBRE DE LA MAINTENANCE D'AQUITAINS
Suite (O
136. Daulin! dauian!...
D'à Courreza, d'à Sarran.
Daulin !
Dauian !
Ce dicton rappelle les sonneries des belles cloches que possé-
daient autrefois Corrfeie (aujourd'hui chef-lieu de canton) et Sarran
(commune du canton de Corrèze); ces sonneries faisaient le juste
orgueil des habitants.
137. Sarran, lom alands. ■
Sarran, les complîmeateurs.
138. Eyren,
Lous bravas gens.
Eyren, les braves gens.
En 1793, les habitants d'Eyren aidèrent les paroissiens de Vîtrac
à délivrer leur curé, l'abbé Talin, confesseur de la foi.
139. Meschent couma moussu de Chaleys.
Méchant comme M. de Chaleys.
Les seigneurs de Chaleys, qui habitaient le ch&teau de ce nom
situé dans la commune de Vîtrac, avaient cette réputation malheu-
reusement trop justifiée. L'un d'eux, au xvii* siècle, aida au meurtre
nocturne de M* de Hartret, sur le perron du ch&teau de Bétut
(Cbenaliers), et esquiva la décapitation à laquelle on le. condamna
A Brive. Son petit-lils, au xviii' siècle, était un ferrailleur
fini. Il couchait tout éperonné avec sa femme, qui, à la fin, le fit
assassiner et porter dans la Corrèze par un domestique. Il tua eu
duel un Leynia de la Chassagne. bourgeois de Corrëze, et vit sa
(1) Voir Bulletin de ta Société, tome VII, p. 495.
lyGoogle
— 716 —
plus haute tour rasée pour ce fait. On signale un autre duel avec
If. de Vyers à la sortie de la messe, sur la place de Gorrëze. Un
jour, le pistolet à la main, il obligea dit-on un passant à manger
une tourte arrosée d'un seau d'eau. L'exagération de cet on-dil
n'en montre que mieux combien était redouté ce triste sire, assez
habile, d'ailleurs, pour éteindre à tout coup de son pistolet une
chandelle à vingt pas.
140. Fadars d'en Bar.
Triples fous de Bar.
Bar, canton de Corrëze. M. Melon de Pradou, président de la
Société archéologique de Tulle, a justement remarqué, ce qui jus-
tifie notre dicton, que le parler, dans cette commune, a quelque
chose d'inarticulé, surtout dans l'interjection affirmative aoith!
{auht) terminant la plupart des phrases.
141. Sspelhals d'Orlial.
Dépenaillés d'Orliac (-de-Bar).
142. Orliat-la-Pruna.
Orliac-la-Prune.
Cette commune, dépendant du canton de Corrëze, est ainsi appe-
lée parce qu'on y récolte beaucoup de prunes. Les habitants sont
ouverts et hospitaliers, et vous offrent de leurs prunes jusqu'à
dire : Mangez-en, nos pourceaux eux-mêmes n'en veulent plut.
C'est que le Limousin, très façonnier, veut être encouragé à la
table d'autrui.
143. Saint-Agusti, lous mau vestits.
Saint- Augustin les mal vêtus.
Mal vêtus, dans le sens de mal en train. Les habitants de Saint-
Augustin (canton de Corrèze) avaient la réputation de s'adonner au
vin. On voyait encore, en 1S40, bon nombre de bourgeois rester
d'un dimanche à l'autre au cabaret, le verre et les cartes à la
main.
144. Lous Jiimeus, lous agneui.
Les gens de Gimel, des agneaux.
Girael, canton de Tulle.
145. Las femnas d'à Jumel,
La chaminja Uur passât lou gounel.
Aux femmes de Gimel,
La chemise dépasse le jupon.
Idée que nous trouvons exprimée dans le Dictionnaire de Leroux
lyGoogle
de Lincy, à propos des femmes de Cambroa : At ersane à chài
femmes ed' Cambron, (eu kémise al dép&ste /eu cotron, pour
indiquer une femme mal accoutrée.
14t>. Jfouisur, que y hat de nouvel f
-^ Las chabras haunt pris Jumel,
Et lotis bons Sarran,
Se ieu me trobe dins Las Champs!
Monsieur, quoi de nouveau?
— Les chèvres ont pris Gîme],
Et les boucB (prenaient aussi) Sarrau
Si je me fusse trouvé dans les Champs (-de-Brach) !
Ce dialogue proverbial entre un paysan et un seigneur Fait
allusion aux coups de main des calvinistes (qualifiés suppdts du
Cornu) sur ces deux baronnies des seigneurs de Gîmel, dont la
première, perchée sur un isthme rocheux, ne semblait accessibl»
qu'à des chèvres possédées. Le plateau marécageux des Champs-
de-firach les sépare à bonne distance.
Voici l'un de ces épisodes que nous trouvons daDs le Livre de
raison de M* Terrade, notaire en 1600, à Chaumeil :
• 1593 et le 20 décembre, populassc de ChamboHve, Oulonzac,
Saint-Aulaire {Sainte-Eiilalie, faubourg d'Uzcrche), Bcaumont el!
Saint-Salvadour, etc., coniandés pz.r messieurs de BufSères, de
Ghamboiive et La Planche d'Oulonzac, bâtirent messieurs de Oimel
comandés par M. de Puymaret, du cousté de Gimel. En mourut
12 ou 13, »t des autres personne.
Les dits de Gimel étaient assistés des villaiges du tourn (des
environs), mesmes de ceulx de la paroisse de Bar et Naves estant'
tous en nombre de 200 hommes, et les autres environ 2,S0O. Le
couroonel Bousquet s'en retourna de Tulle, etc. s — Ex meii.
147. Gagnar eouma à Chameyrat, quand bouriount.
Gagner comme à Chameyrat quand il brûle.
Tout le bourg de Chameyrat (commune de l'arrondissement de-
Tulle) se' brûla, il y a bien longtemps, et l'antiphrase a persisté
pour exprimer une grosse perte subie.
148. Moun efûunt est malaùde de la naùjà d'à Sainct-Muîsitnt.
Mon enfant est malade de la maladie de Saint-Mexant.
Nauja (étym. noxa) signiRe : maladie, infirmité des enfants. —
Selon telle ou telle maladie, et pour en obtenir la guérison, on
T. ViL 4-S
lyGoogle
— 718 —
fait dire des prières à l'égliae de Cosnac, de Saint-Robert, de
Treignac, de Favars, da Saint-MexaDt; de là l'eipression nau/a
de Cosnac, de Seri'Rouberl, de Treinhae, de Favars, de Sen-
Mexant ■ Quan ud efaa tomba malaude, lou faa veire a la
sourciera. La sourciera dis ; ■ A la nauja de tat sente. • Adounch
se quiata pel drôle, ou puleu pela paurea morts que sodreisson
aital al malaude per aver de las pregerias. E lous efans son ma-
laudes eatrusca tan que lan recoumandat al sente, e que las messas
se dizon. Lout Tot dura nau jours, per lourdinari. Apres Ion vot
finit, lou quera toucbat de la nauja vai miels ou mort. >
Joseph Roux, Diction, inédit.
149. A Coumir. se grattount i'umbounir.
A Corail, ils se grattent le nombril.
Voulant désigner par là qu'ils sont paresseux et indolents au
travul. — [Oornil, commune du canton de Tulle.)
150. Beslia coum' un paysan d'à Coumir.
Béte comme un paysan de Corail.
B quittaient guère leurs ro<
151. Atiar à Coumir.
Aller à Corail.
Au figuré, devenir fou, être emprisonné comme des mendianta. —
Allusion au dépM de mendicité de Rabès situé tout près de Cornil.
152. L'académie de Botibeau.
C'est un village qui touche à Laguenue. Baubau, en vieux
roman, signille nigaud. Dans la Somme on trouve les Baubaua
de Rue. Hais ici nous ne voyons guère d'explication à ce dicton
moderne et probablement de pure fantaisie. En 1531 et 1209, la
forme latine de ce nom est Bobals. (Baluze.)
153. Las Aguenaudasi las michayras.
Les revendeuses de miche de Laguenne.
LagueuHe, ««nton de Tulle. Nous soupçonnons fort l'évéque de
Tulle, seigneur de ces deux endroits, d'avoir concédé aux pauvres
femmes de Laguenne le privilège de vendre le pain sur le pont qui
prit leur nom, aux abords de la cathédrale, probablement i c&té
des caves ou il faisait vendre aussi son vin aigrelet de Laguenne.
lyGoo^Ie
154. Lom tàous d'à Las Guinas.
Les taont (les fanfarons, les mouches du coche) de La-
gueuue.
155. Tony d'à Lot Guina$.
Sot (Antoine) de LagueDoe.
156. B de paysan d'à Navas.
B de paysan de Naves,
Ce terme injurieui dâsigne un vrai cuseur d'assiettes. En 93,
les habitants de Nares descendirent à Tulle pour faire la petite
guerre à leurs voisins, qui disent lors d'un événement heureux :
0ht anué, tems d'à N^vas. < Certes, aujourd'hui, nous sommes
de Naves, ■ c'eat-À-dire, les maîtres.
157. Pandrigna, twtat'boutsa.
Voici Pandrigue qui frappe sur un panier.
Pandrigne, commune du canton de Tulle. — On voulait faire allu-
sion k la sonnerie sourde de leurs cloches fêlées.
158. Moun efittint pwat... que lou disele y faiet rt.
Mon enfant est si pleurard que j'ai eu beau lui f^re
toucher le disque, rien n'y a fait.
On désignait par le mot disque un reliquaire ayant cette forme
et qui se trouvait dans l'église de Saint-Bonnet- Avalouze; ce même
terme prête en outre à un jeu de mots, en signifiant glapissement,
comme saint Ealropi est redevable en partie à l'assonance des
invocations d'ailleurs légitimes des eslropiéa, et saint Clair, pa-
tron de ceux qui ne voient plus cl^r ou qui demandent du temps
clair pour les biens de la terre. (Voir Baluse.)
159. Leyrat, Mercier,
Stms pariers.
la Jarriga
Nous Barregat.
Leyrat, Mercier,
Noua sommes d'égale force.
La Jarrige
Nous tient presque en échec.
Trois petites juridictitms dont les castels rivalisaient, en la pa-
roisse de Naves, arrondissement de Tulle.
ibyGoogle
— .720 —
160. ChaïUl de Marentta,
Paya me ma renia!
Chastel de Peyrafort,
Ti te drecht et té te fort!
Chastel de Peyraficha, etc.
Château de Merande,
Paye-moi ma reate!
Château ^e Peyrafort,
Tiens-toi droit et tiena-toi fort!
Château de Pierrefitte, etc.
Les en^nts prononcent ces paroles en jouant aux ch&teaux da
noix. Ils tes débitent avec la fol d'un sorcier à ses syllabes caba-
listiques. — S'agit-il du ch&teau de Hirande qui existait autrefois
près Has de Page, dans la commune de Sainte-Portunade ? ^usnt A
PeyraFort, c'était ua caste! près de Tulle appartenaat aux de Féais
on 1673.
Las poumas de l'Estre.
Les pommes de l'Eatre.
On désigne ainsi la pomme coujoune de Brive, appelée auss'
pomme Saint-Germain(-les-Vergnes). Une femnie de cette dernière
localité en aurait conservé dans l'eëlro (petite croisée murée) de sa
maison d'habitation et en aurait offert à Turgot qui visitait sa
Généralité. L'intendant du Limousin les trouva si bonnes, au dire
de M. Brunet, sénateur, que depuis lors il les désignait sous le
nom de pommes de l'estro, d'où les mots pommes lestret sous
lesquels elles sont encore connues i. Paris.
162. D'à Ban à Chaumely,
¥ hat l'affanada d'un cotiqui :
D'à Chaumely à Ban,
ta jonmada d'un poenlant.
De Ban à Chaumely,
Il y a [Vahannie], littéralement le salaire d'un coquin :
De Chaumely à Ban,
Il y a la journée d'un paresseux.
Ces deux villages bornent au Nord-Est la commune d'Orliac-de-
fiar, et sont presque contigus. Le second est réputé pour sc^ ma-
raudeurs et tous deux pour fournir des journaliers peu diligents.
ibyGoogle
— 721 —
t63. Saga couma lot poulbu d'à La Marqtta
que vaunt poundre à t'Autelou.
Sage comme les poules de La Marque
qui vont pondre à L'Auielou,
Ce furent deux repaires nobles sépsrëa par la CorrJize. I] est peu
aimable de voir sps poules passer l'eau et porter leurs caurs chez
le voisin. — Sage couma laa pouKaa d'à Lacar que poundùunt à
Charva». Bage comme celles de Laval qui pondent à Charves. Les
deux villages sont d'Églelons et eoutigus. Se prend eu bonne part.
164. Se n'as pas toun coumpte, vaU lou far H Gravier.
Si tu n'as pas ton compte (de linge, disaient les blanchis-
seuses de Tulle), va le faire au Oravîer (dans le lit de la
Corrèze).
C'est ainsi qna s'exprûnant les blanchisseuses de Tulle quand
elles se disputent, et désignent le Gravier, qui est un ancien port
au bois flotté où les cailloui ne manquent pas et oii elles peuvent
se mettre d'accord.
165. Sn Gaffat-Vaxe.
A l'endroit où l'on mord l'&ne.
C'eat-tdire à un endroit si sauvage qu'il ne pe«t (dus se d^
fendre, et qu'il est exposé k la dent des loups (à tous les diables).
166. S'anar perdre dins la Lavattra.
S'aller perdre dans la Lavastre.
Hâroe signification que le numéro précédent. C'est une steppe
marécageuse et inhabitée de la commune de Saint-Yrieix-le-DAjalat,
où était le eh&teau baronial de Montamar (Uons-Ademaris), qui
appartenait aux de Sédières en 1600.
167. Quand cireygount à Sainet-Yreyt,
à Bellet vindiniount.
Quand on cueille les cerises à Saint- Yrieix,
on vendange à Beaulieu.
Les récoltes sont de beaucoup plus précoces k Beaulieu, qui est
situé sur 1m bords de la Dordogae dans une vallée fertile, qu'à
Saint-Yrieix'le-DéjaJat, qui est placé sur le haut d'une montagne
il une altitude de près de 700 mètres.
lyGoogle
— 722 —
ÀuUilous,
Peiiia villa, grandi laîrrouns.
La villa, d'ei couslat que pend,
t mm/t de eouquis que de brava gent!
Petite Tille, grands larrons.
La Tille, du côté où. elle penche,
A plus de coquins que de braves gens.
figletODS, chef-lieu de c&nton de l'arrondisse ment de Tulle, est
situâe sur un mamelon pointu, et il est à remarquer qu'elle est ea
déclivité de toutes parts. En sorte qu'il n'y fait jamais bon pour
les dames. Ni plme, ni soleil, ni vent, vrai lempi de demoiaelle!
169. AuUitous deubt péri pii fœc,
TuUa per l'aygua.
Et Courreza per la m
Égletons doit périr par le feu,
Tulle par l'eau,
Et Conèze par la m
(ce qu'on appelle en Quercy le miel de Gourdon 1]
Ëgletons doit pdrir par le feu parce que cette ville étant située
sur un point élevé, il y fait beaucoup de vent, ce qui rend les
incendies terribles. Tulle par l'eau, parce que souvent on y a cons-
taté de grands désastres provoqués par les débordements de la
Solane et de la Corrëse. <Juant à la ville de Corrëze, bien qu'elle
ait de bonnes fontaines pour laver ses rues, l'on y a souvent & souf-
frir de l'éloignement do la rivière qui porte son nom.
170. Lout mowtics d'à Clergoux.
Les moustiques (ou moucherons} de Glei^oux.
171. Gwnound, las engranouilhas.
Gumond, les grenouilles.
Allusion A son site marécageux.
173. Lout graulards d'à Marcillat.
Les corbeaux de Harcillac (la-Groizille).
Marcillac-la-Croizille est situé sur un plateau élevé, dénudé,
battu des bises neigeuses, et les habitants émigrent en hiver, au
rebours du corbeau.
lyGoogle
— 723 —
173. Lout desputatx de Lyoun et de Rovanna.
Les députés de Lyon et de Roanne.
Od appelle luDsi les savetiers (grouillera) de Baiat-Hitaire-
Foisau, dont l'émigration a lieu de ce côté.
174. lou$ azet d'à Samt-P(axU>ux.
Les ânes de Saint-Pardoux-la-Croizille.
t75. Lous Rouehetous, eanmlta.
Gens de Laroche-Canillac, vauriens.
AllusioD k C&nillac, qui n'est pas ancien ici. On disait St<Haur
de Laroche.
176. De Chanteix, ne vét touvent
Ny boun vent, ny brava gent,
Ny argent.
De Chaateiz il ne vient guère
Ni bon vent, ni braves gens,
Ni argent.
On veut dire par là que les habitants de Chanteix sont sussî
mauvais que l'air marécageux qu'ils respirent. Se dit aussi de Bé-
né^ent {Creuse}.
177. Las ehdbras d'à Saint-Clament.
Les chèvres de Saint-Clément.
Allusion aux nombreuses chèvres que l'on voit dans ses p&tu-
ragea.
178. Soint-Sauvadour, lous sadourt.
Les saoùlards de Saint-Salvadour.
179. Lous SeWiat, las bragas largas, lou gillet court.
Les SeiUtacois, braies larges et gilet court.
Est-ce pour paraître encore plus petits à la conscription, où ce
climat d'étangs les fait presque tous refuser f
180. La pnktia d'à Bermount.
Lout in^edlles.
Lout rousiet.
lyGoogle
- 72t -
Sems d'à Bernount, auvez z'ou,
ça que disems un cop disems pas dous!
Le sol graveleux de Beaumont.
Les nigauds.
Les rousseauï.
Nous sommes de Beaumont, entendez-vous,
ce 4jue nous disons une fois est assez dit !
C'eat-à-dire letus comme des ânes rouges, sujets à chercher la
petite béte, Ja difticulté dans ce qu'on leur dit.
181. Un bûcheron de Saint-Jal.
Au sens de mauvais coucheur.
Saint-Jal, commune du canton de Seilhac; ses habitants avaient
une assez mauvaise réputation, parce que c'est un endroit boisé
oii il y a eu de nombreuses arrestations. On cite le colloque sui-
vant entre un bbcheron de cette localitâ et son voisin de La-
grauliëre :
« Quo voit bin, tu ses un ftmie, te bourraraî nias de la têlà,
autrament, te bourrarias pias d'au taii! »
C'est bon, tu es un ami, je ne te frapperai que de la
tête (aou9-entendu, de mon hachereau), sans cela, je t'au-
rais servi avec plaisir du taillant.
L'autre, non moins batailleur, riposte ;
« Te pararaï de mon billard. •
Je parerai de mon bâton.
■ En Saint'Jal, est loup-garou 1 sur T, et ce pendant vu ans, et
doibt tous les 7 jours parcourir iiiiiir paroisses ou manger vu
chiens, tant le nombre 7 est magique et sabbatier. » (Croyances
populaires. Jban des Hohts, par H. O.'Lacombe.)
183. Couqui couma Chambotiliva,
Coquin comme Chamboulive.
Léonard Leyniat, dit Chamboulive, était un de ces audacieux
voleurs qui jetait la terreur dans tous les environs de Tulle, et
dont on eut la plus grande peine à se rendre maître. On montre
encore avec effroi, au-dessus de la gar« de Tulle, l'arbre auquel
il fut pendu et qui a conservé le nom légendaire d'arbre de Cham-
boulive.
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183. A Chamboulyva, re Inc manquai.
A dambûulive rien ne manque.
L'abbé Clédat, de Gourdoa, qui avait vers 1780 le ch&teau de
Gourdon (Chamboulive), ae trouvant à Paris, envoya chercher du
fil de soie de la couleur de son haut-dc- chausses pour le raccom-
moder. Son valet de chambre, après avoir couru presque tout
Paris, rentra bredouille et dit à son maître d'un ton demi dépita,
demi gouailleur : « Vous votu croyiez donc encore à Chambou-
lioe, où rien ne manque ? s Alors l'abbé répondit tout naïvement :
B C'est vrai, je me oroystis à ChambouKve. »
184. Tieulayres d'Argentat.
, Couvreurs en tuiles de schiste, ou carriers caveurs de
tuiles d'Argentat.
185. A FargeU, rUqttos re.
A Forgée, tu ne risques rien.
Pour exprimer que dans cette localité il y a beaucoup de braves
186. EnOre La Rouehetta et Lavau,
y hat un plm eoer de vedel d'àu[r].
Entre La Bochette et Lavaur,
il y a de l'or de quoi remplir la peau d'un veau.
La Rochette fut une baronnie de la commune de Pandrigne, et
Lavaur une seigneurie de celle d'Ëspagnac. On dit de mâme A
Bar. L'imagination populaire voit des trésors cachés sous chaque
marche de château :
187. Entre Champeval et Menau[r],
y hat vna plena barriqua d'àtt[r].
Entre Champeval et Menau (Bar),
il y a une pleine barrique d'or!
188. Deigourgeat, goulosiis, pelauds, gola-feiges
eoum'un Tioutaû.
Mal embouché, gourmand, pelletier, mangeur de foies
comme un Tulliste.
Gorgeas, littéralement, signifio criards. — Goulosiis, gaur-
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mandé, parce qu'oD a remarqué que les ouvriers de U Uanu-
facture d'armes ne ae refusaient rien au marché : ni le gibier,
ni les poissons, ni les primeurs.
189. Pantoufles de Judas.
Revenant à perfides, plus vils encore que sa chaussure. Les
paysans les appellent ^nsi et en reçoivent le sobriquet de pec-
caU, que H. l'abbâ Roux traduit dans une pensée énergique le
péché incamé, d'origine, alors qu'il est peut-éCte STnonyme seu-
lement de piccalar, pivert, Sylvain, bOte sauvage des bois.
190. Mingat-chabras.
Maogeurs de chèvres.
Les Brivistes donnent ce sobriquet à leurs voisins pour se mo-
quer du site de Tulle, tout en rochers à peine recouverts d'arbustes
rabougris.
191. Lous eseunlous d'ei Treeh.
Les buveurs du quartier du Trech.
Bscufilou.diminutifd'eacuefo, petite écuelle.— Quelques hommes
Joyeux du quartier du Trech (Tulle) avaient formé une société ba-
chique dans laquelle, au lieu de verres, on se servait de petites
écuelles. On les appela fous Egcunlotii - ils prirent si bien la
plaisanterie que le jour de la télé votive du quartier, qui était la
Saint-Pierre, ils attachèrent trois écuelles au mai qu'on était dans
l'usage de planter. On appelle encore à Tulle les habitants de ce
quartier loua Eacuntous. Ils boivent toujours bien mais dans des
verres.
BéaoKiB. Diction, du pafois Bas-Limoustn, p. 90.
192. Loui lûnayres d'à la Barrieyra.
Les buveurs de la Barrière.
Vivo lo Borrieyro, mayre I
Vioo ta Bori-eiro I
Sounl de bous lunaf-res;
itfayre.
Sourit de bous lunaires.
Vive la Barrière, mère, ses habitants sont de francs buveurs.
BJBûsiB. Diction, patoi», p. S35.
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— 727 —
193. Sàuia^andaus, (f« barry d'Auberge.
Maraudeurs (sauteurs de haies) du quartier d'Alverge.
Le quartier d'Alverge est un des faubourgs de Tulle.
194. La banda nigra d'à ta Barrieyra,
La bande noire de la Barrière.
Par alluaion aux habitants de ce quartier qui étaient presque
tous des Foreziens, armuriers venus du Forei à Tulle, vers 1820.
Nous disons encore : un coûter de Fourez, au sens de couteau de
pacotille.
195. A Tulle, en Tullois,
Les femmes ne portent que six mois.
Mais seulement la première fbis.
Un paysan de Tulle était venu consulter Bédoch au sujet de
malheurs conjugaux qui lui étaient arrivés. Le célèbre avocat,
pour éviter un scandale, ouvrit le Gode d'un air sérieux, en Taisant
semblant da lire, sous un numéro supposé, les phrases di-dessus.
Vous le voyez, lui dit-il, vous n'avez aucune crainte à avoir, la loi,
dans sa sagesse, a tout prévu. — La paysan s'en retourna satisfait.
196. Passar lou Riou-Bel, ou Rieu-Bayli.
Passer le Ruisseau-Grand ou le Ruisseau-Bailli.
C'était, pour les filles-mères de la sénéchaussée de Veutadour,
échapper à cette juridiction pour les non-déclarations de grossesse,
et se rendre justiciables de la cour de Tulle, qui pouvwt être
moins sévère. Cela équivalait à être notée d'inramie. Ce ruisseau
traversa un quartier de Tulle et aurait servi de limite de juridic-
tions sénéchal] es.
197. Lous élus d'à Tulla.
Polissons de Tulle, vrais gamins de Paris.
198. Seis couma moussu d'Arlue,
Après ma souppa re pus.
Je suis comme M. d'Arlue,
Après ma soupe, rien de plus.
Abbé Roox.
Les d'Arlue, famille de robe, eurent notamment, au xviii* siècle,
le fief de La Praderie (Tulle).
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199. Cresa que tous tous madis manque matinas!
Crois-tu donc que tous les matins je manque matines I
La tradition rapporte que le chanoine de Pénis de La Combe
ayant été trouvé plusieurs fois par trop en retard pour l'office de
matines, qui se disait à trois heures siprës minuit, fut condamné
par le doyen à ]'auni6ne d'un écu par manquement. Un pauvre eut
vont de la chose, se posta au bon endroit, fit ainsi deux ou trois
recettes, et prit si bien goût au stationnement que le chanoine,
bientât corrigé, lui criait dès qu'il l'apercevait sous le porche de la
cathédrale : < Mangue pas toujours m&tinat ! >
Ici le racontar se trouve parfaitement confirmé par une pièce des
archives de la Préfecture de Tulle, série G, n* 2, portant en 1786
la liste des chapelks, et au pied ceci : Fénit de La Feuillade,
chanoine in minoribue, peu assidu à l'office.
200. L'ivégue de la Solatte.
On désignait ainsi l'évèque qui fut nommé en 1731. Comme le
gouvernement le qualifiait d'évèque de la Corrëze, on trouva que
ce ruisseau d'égout suffisait à le baptiser. Il mourut misérablement
près de Favars, obligé de mendier chacun de ses repas de châ-
taignes et de tour loua (g&tettes de sarrasin).
201. Le point de Tulle.
M. Bené Page a eu l'heureuse idée de rechercher si la dentelle
connue sous le nom de point de Tulle ne se rattachait pas & notre
ville, et il est parvenu à l'étabhr.
Nous avons relevé de notre cOté les indications suivantes ; 1714,
contrat passé à Tuile pour la fabrication de dentelles qu'on nomme
point de Tulle. (Archives de la Préfecture du dit.)
Un manuscrit tiré des papiers de la famille de BraqnillangeB,
du Bech, contenant des notes sur Tulle ainsi souscrites : Par wn
ci-deoant jéêuite, voyageur exilé à Tulle, vers 1763, porte :
« Le point de Tulle est renommé. C'est une dentelle faite à
» l'éguilie; nombre d'ouvrières y travaillent, et leur ouvrage eat
> prisé. Elles font un grand débit de coeffures et de manchettes, t
M. Laveis a signalé un Annuaire contenant, vers 1775, la raen-
tion d'une fabrique de dentelles en fil de Plandre connue sous le
nom de poini de Tuile, dirigée à Tulle par M"* Gouttes, et jadis
florissante.
Nous avons perdu une bonne grand'mëre à Tulle qui fusait de
cette dentelle sur un métier maintenant introuvable.
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202. Boumba de OtteuUta.
Grosse Boix de Cueille.
Une sorte de noix royale, rebondie, abondante autour du cbftteau
de Cueille (Tulle), t780.
203. Ras de Tulle.
La fabrication de cette aorte d'étoffe avait acquis une certaine
réputation dès le xvii* siècle, ii Tulle et à Corrëze. Le ras servait
de doublure; on le faisait avec la fine laine quercynoise (lana clar-
cyna) des terres de notre évèque.
204. Les Brivistes.
Un document de 179! (Bulletin de Tulle, 1884) dit que les Bri-
vistes ont toujours été réputés pour leur urbsmitÉ, moeurs douces,
caractère Dexible, et une aimable tendance vers la communication
des sentiments et des idées. — Nous nous faisons un plaisir de
reconnaître la vérité de ce tableau.
205. BRtvE'la-GaUlarde.
De Bbiva riilarj, Briva juounda, au moins dès 1300 (1). — Serait-
ce cette épithète qui aurait fait dire à Marvaud, historien trop peu
etact d'habitude, qu'on y adorait spécialement Priape à la venue
de saint Martin. Nous avons cependant lu, dans les Éphémérideê
de Limogea de 1765, ce détail qu'il faut abriter d'un lambeau do
latiu : Ctrca 1680, praeaul Laecaris Durfé in maitalione sua Bri-
vensi mutare juttil turpem panis figuram, in piatrini» obti-
nendo unîus taltem lealicuti ablationem, super pane» merca-
bilea{2).
206. Lou* eof^ous.
Les potiroDs.
Les Brivistes sont ainsi appelés de ce que duruit un siège assez
long, on les vit, dit>on, cultiver des citrouilles sur leurs remparts,
s'en nourrir et mflme s'en faire une arme d'un nouveau genre
(1) Ordonnance de» roia de France, tome VI, p. 35. — 155Î,
Brive-la-Gailharde a un pont de 14 arceaux sur la Coureze, étroit
pour une charette seulement, sans parapet. [Archives nationales,
et GaigniËres, 22,4W.)
(2) De pane el vino turpatia à Maligno, vide Mgr Gaume :
Traité du. Saint-Eaprit.
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— 730 —
contre les Martelais, qu'un fou rire laissait sans défense ft la vue
lie ces grenades de Gascogne.
Certaine coupole rappelait si bien cette forme sur le transsept de
l'église Sunt-Martin (1740), qu'un loustic du crû, un Tulliste, cela
va sans dire, lui dédia l'apostrophe :
Prolegil inaanoa immensa cucurbiUi cioea.
Non est in loto corpore mica salis l
VoilA certes, au service de ces écervelés citoyens, une bien assez
grosse tâte de citrouille, mfus c'est aussi dans tout le corps que
voue chercheriez vainement l'indispensable grain de sel !
Un autre malin mit bientôt après en circulation le bruit que les
BrivÎBtes avaient écrit sur le pont en pierre situé sur la Corrëze :
PoTtI fait ici. Une façon d'épiloguer sur le hic.
207. Eignounnayres.
Marchands (mieux que mangeurs} d'oignons.
A Tulle on désigne ainsi les Brivistes, parce qu'ils en vendent
le plant aux environs. Leur terrain sablonneux et leur sous-sol
humide favorise toutes les productions maraîchères.
208. Briva, luzent pourtal d'el Uiezour.
Brive, brillant portique du Midi.
Épithète donnés & firive par le célèbre Jasmin, qui voulait dési-
gner ainsi la situation topographi<lue de cette charmante localité.
Nous ne pouvons résister au désir de citer, avec leur orthographe,
les vers du poète sgenus :
Villo al mantèl dé flous, Bribo, la tan graciouso,
Toun froun rizèn, hardit, et tous rocs en belours,
Sooun per ma muso, anèy que s'entorno jouyouzo,
Lou pourta! luzen del Metjour.
Laysso tas portos alaudados.
Senti de moun pays las douços halén&dos.
Toun brès semble lou meou; tout y flato moun èl,
Et semblo que l'intràdo agrandis lou castèl ;
Ohl me paouzi chez tu; reyno, per ma bengûdo.
Ha muso canto et Ce saludo.
Escouto moun refrin; sarès lier, se te play,
Car on aymo de co qui semble nostro may.
209. Foire grillonne, foire fitnienelle.
On désigne ainsi, à Brive, tes foires des IS mars et IS avril_
Est-ce en raison de la venue du printemps et des pluies douces?
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210. Las menettas de samct Goundou,
Les dévotes de saint GoDdulte.
SEÛnt GoDdon était tété aux portea de Brive le 15 mai i67i.
On voit encore des restes de sa chapelle près de la gratte des
Uorts, dans la vallée de Planchetorte.
211. Lous Roumiiut.
Les pèlerine de Rome.
On désigne ainsi les nombreux pèlerins qui vont prier it la
grotte de sùnt Antoine-de-Padoue, près de Brive, et qui s'y pré-
seatent surtout dn 15 août au 15 septembre.
Abbé BONKÏLYE.
212. Lous ven^eis-rouases.
Los gens de Noailtes désignent ainsi ceux de Brive, leur repro-
chant par là un vieux levain d'avarice qui leur fut mettre du blé
d'Espagne (mais) dans le pain.
213. Quu at nora en Couyroux al gendre Obasinas.
Qui a bru à C!oîroux a gendre à Obasine.
Obaaine, commune du canton de fieynat, possédait une abbaye
de l'ordre de saint Benoit, fondée au xir siècle par saint Etienne.
Le même Fondateur établit un monastère de femmes à environ
deux kilomètres de son abbaye, à l'entrée des gorges de Goiroux.
Les touristes grivois ont voulu expliquer le proverbe cité en sup-
posant qu'un souterrain, dont les religieux connaissaient seuls les
détours, reliait entre eux les deux monastères. 11 suffit de rappeler
que dans ces temps de ferveur il n'était point rare de trouver,
dans tes familles, des ménages dont le mari et la femme entraient
d'un commun accord dans les ordres religieux. On disait de même
en Haut-Limousin ; Quu a gendre a Aureil a fiila à Boat las
Moumae. Qui a gendre à Aureil a fille A Bois-les-Honges.
214. Quo eût lou secret de Boussaguet,
Que tout lou mounde iou sauguei.
C'est le secret de Bouesaguet, qui fut couQu de tout
le monde.
Il y a un village de ce nom en la commune de Seilhac. H. l'abbé
Roux dit : Lou secret de Jehan Pouchou, qu'est t&ugut de par-
tout. Jean Pouchou, personnage légendaire.
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— 732 —
215. Esser un heigounau, un pabo, junu- eoum'un paAo.
Être un huguenot, un païen, jurer comme un païen.
C'est âlre un impie, n'avoir ni foi, ni loi.
216. Anar velhar à las Fourchas d'à Seithat.
Aller veiller aux Fourches de Seilhac.
Ce village, de 1& commune de Seilhac, est fort éloigné, quoique
très en vue du CEinton da Gorrëze, oii on dit cela au sens de aller
veiller très loin; mais nous croyons qu'il s eu celui de : mériter
ef y être pendu, d'y passer la veillâe flottant au vent, accroché aux
fourches patibulaires qui y étaient dressées sur le bord du grand
chemin de Treignac à Brive et à Tulle.
Il faut savoir que tes jeunes paysans, après châtaignes pelées,
emploient leurs veillées d'hiver à courir de compagnie d'un foyer à
l'autre les filles à marier. Le chef de Rie, porteur d'un brandon, le
dissimule parfois brusquement devant un tossé plein d'eau et ob-
tient une culbute générale,
217. Far tou guindé d'ei Tramount.
Imiter le coq d'Inde du Tramout.
Un riche paysan du village du Tramont, commune ,de Naves,
avait un gros dindon qu'il réservait pour son carnaval. Un mon-
sieur de ses voisins, possesseur d'un perroquet qui parlait, dit au
cultivateur pour l'humilier : <■ Moun aousel parlât et lou /eu ne
dit re; >> mon oiseau parle et le tien ne dit rien. — Oh! répondit
la paysan : ■ Se lou meu ne dit re, n'en pensai pas mina; ■ si le
mien ne dit riea, il n'en pense pas moins.
Aujourd'hui, on appliqua ce dicton à quelqu'un qui se tait dans
une conversation à laquelle il pourrait prendre part; pour exprimer
qu'il n'en pense pas moins, on dit r F&i lou guindé d'ei Tramount.
BânoNiE, Diction, patois, p. 133.
218. Naz de Daniztai, naz de l'Artiga.
Ne2 de Danizart, nez de l'Artige.
Danizart et l'Artige, deux buveurs de profession, dont les nez
démesurés commençaient à se colorer et à bourgeonner.
219. Ifa de quid haslas.
Cette expression désigne un nez excessivement long et recourbé,
tel qu'on en suppose un au démon. Le choeur de la calhédr^e de
Tulle, autrefois dédié à saint Martin, était orné d'anciennes tapis-
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— 733 -
séries qui représentaient différents traits de l'histoire de ce saint.
Dans un des pans, il était représenté luttant avec le démon qui
voulait le tenter. Ce démon avait un nez diabolique, et de ia bouche
du saint sortait un écrit sur lequel on lisait : Quid hastas beslin
cruenta? Les personnes qui ne savaient pas ce que cela signifiait ;
que tenle»-lu, bête cruetle? ne s'arrêtaient qu'à ce nez énorme.
D'oCi les grands nez furent appelés na de quid Aaïtea. On appe-
lait aussi bestiBi cruenta toute personne qui avait une figure sin-
gulière.
DÉsONiE. Diction, patois, p. 159.
220. Tratar eoum'un nigre.
Maltraiter quelqu'un comme uu nègre.
221. Bestia coum'vn Nicodèmu.
Grand imbécile comme Nicodème.
Ce mot quij en grec, n'a rien de bas, présente, en patois comme
en frangaîs, une idée défavorable. On sait quel est le r61e de
l'avocat Nicodème dans le lioman bourgeois de Furetière.
222. Lou ehé de Jehan de Nivella,
Qtie fug qitand l'an l'apettat.
Il ressemble au chien de Jean de Nivelle,
Qui fuit quand on l'appelle.
On donne & ce proverbe deux origines, qui ont de la conformité
«ur un point, le refus d'obéir.
D'après la première, un duc de Montmorency, somma inutilement
son dis, seigneur de Nivelle, qui avait en Flandre des biens consi-
dérables, de quitter ce pays pour venir servir Louis XI contre le
duc de Bourgogne, et le père, irrité, le traita de chien.
Suivant la seconde version, ce fils, cité au parlement pour avoir
donné un soufflet à son père, refusa de comparaître. Son forfait
ayant acquis de la publicité, on n'en parla qu'avec un Cïtréme
mépris, et ce fut, dans la bouche du peuple, le chien de Jean de
Nivette.
ha. Fontaine avait en vue la première origine, lorsqu'il disait au
commencement de sa fable intituliie le Faucon et le Chapon :
Une traîtresse voix bien souvent vous appelle.
Ne vous pressez donc nullement.
Ce n'était pas un sot, non, non, et croyez-m'en,
Que le chien de Jean de Nivelle.
Diclion7taire des Procerbes français.
T. VB. 4— iO
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fS. Tout hu parlament fugwl pat à Bourdeta.
Tout le parlement [la discussion] oe fut pas à Bordeaux.
On fait ce jeu de mots k propos d'une altercation, surtout de
femmes, csr tout le monde sait que : doux femmes font un mu-
ché, trois um foire, et quatre une bataille.
Nos trois sénéchaussées ressortissaient k la cour de Bordeaux
au xvii* siècle.
224. Pleut, pleut,
Viva las ehabrat d'à Bourdeut.
Il pleut, il pleut,
Vive les chèvres de Bordeaux.
Ainsi chantent les enfants en se jetant d'une jamibe sur l'autre,
quand ils voient tomber au soleil de ces grosses gouttes de pluie^
qui font dans l'air le sillage des crevettes. Ici, on prend Bordeaux
pour la mer, et on appelle chèvre oa insecte qui semble patiner
sur les étangs.
225. Triste eouma Barrabas à la Passieu.
Triste comme l'élait BairabaB à la Passion;
C'est-à-dire fort content.
226. Testard couma laincl Peyri.
Katëté comme saint Pierre.
peyri est la vraie forme romane; aujourd'hui, on la francise ea
Pierre à Tulle, Pitfrre à Ussel. — La conduite de cet apûtre, qui
s'entêta à renier son m^tre trois fois, a donné lieu à ce proverbe.
227. Fier couma sainet JeorâA dins soun burel.
Fier [beau cavalier) comme saint Georges en son man-
teau de bure.
Fier signifle surtout endimanché. On représente toujours saint
Georges comme un cavalier bien monté et bien armé.
228. Ueserent eouma sainet Thoumas.
Mécréant (incrédule) à la façon de saint Thomas.
229. Aoeir passât à Obazinas.
Avoir passé à Obasine.
C'est-à-dire avoir bk'jiii, avoir blanchi & la suite d'une maladie
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ou ftutremeQt. Les eaux d'Obaaine ont la juste réputation d'être
souveraines pour bieo blanchir la toile.
230. Dounzemt tt Saincta Farriota aunt gardai ta fesla, et
Visat la rtlliqua.
DoDzecac et Sainte-Féréole ont gai-dé la Kle, et Ussac
la relique.
Il s'agit de saint Jean -Baptiste, patron du prieuré de la Sau-
lière, qui était d'abord à cheva! sur ces Iroia paroisses, puis insen-
siblement fut attribué au territoire paroissial d'Ussac, dont les
babitanta. Jaloux de faire acte pieux de propriétaires, ont pris
en 93 le reliquaire et la clocbe de la SauliËre.
Abbd Marche et ex mets.
23t. Lotts eournichous d'à Yigeois.
Les cornichons de Vigeois,
Les babitants de Vigeois et d'ailleurs le disent aussi de ceux
d'Uiercbe. Pâtisserie à trois cornes, symbole de ta Trinité, et dis-
tribuée aux Rameaux en ces deux abbayes.
332. Pastil d'Usercha, paslU d'dnhsou.
Pâté d'Uzerche, pâté d'ilnon.
Dans le fait, le veau très gras qu'on y emploie les rend estimés.
Les Trcignacois surnomment : mingeayres de saumas (mangeurs
d'&nesses) les gens d'Uzerche, qui disent ingénument : sine la
glma, eiam» tout nobleê; sans la crotte, la poix, nous serions
tous nobles. (Voir le numéro 131.)
233. Faits timoun d'Eyburia et d'à Melhars.
Faux témoins d'Eyburie et de Meilhars.
C'est un pays de foréta et de sangliers.
234. La terra iaincta, la palkassaria.
La terre-sainte, les vanniers.
On fait allusion ici à une partie de la commune de Corrèze, près
du Soulier, peuplée de pauvres, ds malandrins, s'occupant de tres-
ser des paniers à pain : paiftassous. Le mot paihMsaria vise à
rappeler le mot guenilles, pethaa. Le premier dicloti est moderne.
235. Flamand, flamandezar.
Faire le flandrin, le Flamand.
C'est-à-dire quémander, emmieller de compliments.
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— 736 —
336. Moussu de Saint Marsaull at la pus bella Umr, lou pus
bel prat, lou pus bel estang, ta pus bella fenna Sel Litiutuzi.
M. de Saint-Marsaut a la plus belle tour, le plus beau
pré, le plus bel étang, la plus belle femme du Limousin.
Elle traversait l'élEuig, à cheval, derrière la meule des sangliers.
Le roi voulut la voir. Mais le mari, plus sage que le roi, se montra
dur d'oreilles.
237. Escoundut couma lou fieyrau d'à Masserè.
Caché comme le foirail de Masseret.
Masaeret, canton d'Uierche, est situé sur un point culminant
d'où la vue s'ëtend & quinze lieues à la ronde, et dont on voit, par
contre, de très loin les maisons blanches d'une tagon distincte.
238. Couqui coum'un Treignazou.
Coquin comme un petit coquin de Treignac (1).
239. Treignazou, eseorgal-cl\^a, mingat-bouc.
Habitants de Treignac, écorcheurs de chèvres, man-
geurs de boucs.
240. Lous peouillous d'à Treignat.
Les pouilleux de Treignac.
C'est-à-dire commerçants sujets à la faillite, pauvres.
241. Lauvat sial Dieu! ay auvit ma saincta me-ssa, ay miu'
gai ma bouna sou-pà, ay fach passar moun escut faus !
Loué soit Dieu! j'ai oui ma sainte messe, puis j'ai
mangé ma bonne soupe chaude, et je viens de faire pas-
ser mon écu faux.
On prête ces paroles aux femmes de Treignac.
242. Â tous piaus, lovs piaus, las bravas fennas!
Les habitants de Treignac font en grand le commerce des che-
(1) Par le quinzième article de leur charte de franchises munici-
pales, les gens do Treignac se seraient réservi^s la permission de
se donner mutuellement des soufflets et des coups de poing, et
d'exercer tous sévices sans èire inquiétés ni poursuivis de ce chef.
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— 737 —
veux de femraes. Aux foires d'été, elles les troquent contre une
pièce d'indienne, ne réservant que deux mèches en avant des
oreilles. Malheur au marchand qui coupe aussi ce maigre rideau
tenu à pleines dents par la patiente. La place n'aurait plus assez
de cailloux.
243. Un boun Treignat, quand pezal km sal (bouïde) de la
eera, se manquât pas ie pourlar tou ped sus la vitta.
Vu boD Treignacois, quand il pèse le sac (vide) de la
cire (achetée], D'oublié pas de mettre le pied sur la ficelle.
244. Tê, petit, tu siras euré d'à Chameyroi.
Tiens, petit, tu seras curé de Chameyrot.
Cbameyrot, petit village de la paroisse de Treign&c, où nous
n'avons trouvé cependant ni trace ni mention de chapelle.
245. Passants, bonjour affectueux
Rivireneieux,
À messer Jehan d'Affieux,
Propriétaire en Lémosin.
D'un castel et trois moulins,
M. d'Affleux avait flnî par se rendre souverainement ridicule &
Paris en parlant continuellement de aes propriétés en Limousin.
Un de ses amis eut un jour la malicieuse idée de lui coller sur le
dos un écriteau oii l'on avait tracé les vers ci-dessus. Ce fut pen-
dant longtemps un sujet de risée pour la ville et pour la Cour.
246. Vendredi chair ne mangeras.
Ni le samedi mimement.
Lors même qu'il serait /bire au Lonzac ou à Chamberet.
Addition qu'un vénérable curé de Chamheret, l'ahhé Cramou-
leaud, ne manquait jamais de faire au prOne, tous les dimanches,
en récitant à ses paroissiens les commandements de l'Ëglise, vers
1820.
247. 5e n'erat Cantal et Mount d'aur,
Lous bouyers d'à flocAa-i'à-Vwî,
Âmays tout aqueus d'à Neoufoie,
Pourtariaura Faigulhada d'aur.
N'était Cautal et Mont-Dore,
Les bouviers de Roche-de-Vic,
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Et même tous ceux de Neuvic,
Porteraient un pique-bœufs en op.
On fait ici allusion 4 l'<itude coosidér&ble du Hont-Dore et <le
Roche-de-Vic (arrondissement de Tulle), qui amène des gelëea tar-
dives sur ces deux plateaux élevés.
248. Cela est entier comme le corps de taint Amadour.
Les calvinistes s'étant emparés de Roc-Amadour, célèbre pèle-
rinage, aitué aujourd'hui 'dans le département du Lot, mais qui
dépendait autrefois des évoques de Tulle, proranèrent le tombeau
de saint Âmadour, et au lieu de trouver un trésor cacbé et de«
ossements rongés par le temps, n'aperçurent qu'un «orps dans
toute son intégrité et sa fraîcheur. De \k le proverbe : cela est
entier comme le corps de saint Amadour, ou bien : il est «n chair
et en os comme saint Amadour.
Ono iiE GissBï, Hisl. de N.-D. de Roc-Amadour, p. U.
249. De pus fort en pus fort,
Couma chas Nicoulet d'à Bon.
De plus fort en plus fort,
Gomme chez NicoUet de Bort,
Les Nicollet, de Bort, commencèrent i. y exercer des professions
modestes, pour devenir plus tard de gros commerçants.
250. Les bombarets de Bort.
Bambariaux. Sobriquet encore inexplicable que leur donnent lea
Ussellois (I).
251. Lous heigounaus d'à Bort.
Lea huguenots de Bort.
L'invasion protestante se fit par la Dordogne, ea remontant de
Bergerac
252. Lous azes Sa Bort sûount deijà, re mas de veyre vegnir
la baitina.
La simple vue du bât met en sueur les 4nes de Bort.
(1) Peut-être bons barriaulx, bons tonneaux, gros buveurs. C'était
un port commerçant, par conséquent entrepôt de vins.
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— 739 —
253. Prou fadar per intrar à la CelUUa.
Assez fou pour entrer à la Cellette.
La Gallette, asile de fous, jadis et encore aux maiDS d'un ordre
religieux.
254. Vrai comme si un béat Père l'avait dit.
6e dit lï-haut, à Herlioes, en guise de serment.
255. Las serirr^las d'à la Rocha.
Les audouilles de la Roche, près Feyt,
256. Low Rouehous, ni peoulhous ni gaUius, car se z'erent,
n'iyent se frettar dins las frondes.
Les habitants de la Boche, ni pouilleux, ni galeux, car
s'ils l'étaient, ils iraient bien se frotter dans leurs taillis.
fîouchotu (1) doit faire ^lusion à saint Roch ni sa jambe ulcérée,
patron de tant de maladreries rurales, el encore si fêté comme
patron aecondaira. Il y eut même une léproserie par là,
257. Eygurande : Unis ilarehois.
Une partie était en effet de la Marche limousine. Lous heigou-
naudfl, les incroyants, de ce qu'ils se montrent moins fidèles à la
Sainte- Vierge que les étrangers qui y viennent de loin en dévotion,
témoin l'invocation suivante qu'on met dans leur bouche :
258. Sairuta bouna yardza d'Engttranda,
Quand ieu t'qjat panât, Dieu t'ou lou randat.
Sainte bonne viei^ d'Eygurande,
T'eu3sé-je volée, que Dieu te le rende.
C'est'ii-dire : restitue à ma place et exauce-moi, tout scélérat que
j'aie été. — N'est'ce pas ravissant!
259. Lous scieitayres d'à Meymat.
Las ehabras d'à Meymat.
Les scieurs de long de Meymac.
Les chèvres de Meymac.
(1) Communiqué par M. Henri Gbastaigner, du chftteau de Ma-
reilles.
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Voudrait-on désigner par le mot chèvre les chevalets des scieurs
de long?
260. Lous bialayres, las chabras d'à Peret.
Les bêlants, les chèvres (ou musettes?) de Pérel.
Serait-ce pour cela qu'on appellerait ces plateaux la Blanche,
la Montagne blanche, déboisée? De Clédat & Davignac. Ils ne l'ont
pas toujours été, témoin ce dicton auquel nous avons simplement
donné la tournure de vers :
36 i. D'à Maymat, sins quittar la brancha,
Et d'à Treignat lous eicurôui.
Se venieuni saludà s'a Perdus,
Sens batelou, ny pounl, ny plancha.
Autrefois (I), sans quitter la branche,
Sans batelet, ni pont, ni planche.
Les écureuils de Meymac et de Treignac
Se donnaient rendez-vous à PéroU.
Aujourd'hui le mouton, uiimal féroce, el l'Instabilité de la pro-
priétâ, ont rais ces vastes étendues au rang agricole des steppes
russes.
262. Lous bourquèttoiis d'à Darnet.
Bourquellous signifiant semence, clous à sabots, on fait allusion
aux sabots qui s'y font.
263. Las sàumas, Us ânesses d'à SoudHlhas.
264. Maussac, lous eschalat-botc.
Les grimpeurs, les hannetoQS de Uaussac.
Paya boisé.
265. Lous grapauds d'à Coumbrossou.
Les crapauds de Gombressol.
On fait ici allusion aux marais de cette localité.
366. Las siarps d'à Davignat.
Les serpenta de Davignac.
(I) On dit que l'écureuil pouvait aller aussi de Murât & Tulle
sans quitter la branche, par Corrëze et Bar.
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267. Vegnir d'à Souamat.
Signifie avoir faiL de mauvaises affaires, eu malechance, dispute. '
Oq dit aussi fat rabas d'à Souamat : les raves de Sornac, à cause
de leur abondance dans ce pays, mais aussi pour désigner les bra-
vades des voisina, leur reprochant de la couardise. Sang de raba,
avoir du sang blanc. On les appelle aussi chaminog, terrassiers
de chemins de fer.
268. Aqu'o eût un joouni home d'Escïayre, n'en faiet valeir
sous picassous lou pus souvent sens eimoulaire.
C'est un jeune homme d'Eaclayre [Saint-Germain-la-
Volpsil), il fait travailler ses coins {de bûcheroo) le plus
souvent sans rémouleur.
*269. La Mounianha-lfigra, tou granier d'ei Bas-Lemouzi.
La Montagne-Noire, grenier du Bas-Lîmousîn.
On désigne ainsi la contrée comprise entre Peyrelevade et Les-
tards. La comparaison avec un grenier est au moins juste pour la
hauteur, si ce n'est un grenier d'abondance.
270. Entre La Jasse et Pigeyroàri,
Jamays n'a chantât lou ressignàu.
Entre La Jasse (Saint-Sextier) et Pigeyrol (Creuse),
Jamais le rossignol n'a chanté.
La Jasse et Pigeyrol sont des points fort élevés à la source de la
Vienne, de la Vezère et de la Creuse. — Il y a en outre ici un jeu
de mets. I^ Jatte désigne, en patois, la pie, qui est en général
peu endurante et dont te babil n'a rien d'harmonieux.
271 . Lous dîsnal tard d'à Perdu.
Les dine-tard de Perols.
Pour indiquer des pauvres, des paresseux.
272. Far eouma Badatbte d'en Chadaàeeh.
Faire comme Nicaise de Chadebcch.
F^re le niais, b&iller aiA corneilles. Badar, béer.
(1) La Volpa, nom iù à aes forêts. Volps, renard, d'où ce nom
fréquent des clairières dans la plupart de noa forfits : solelha-volp,
l'endroit oii le renard t'ensoleille.
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273. Lout mounutniert d'à Buçtat.
Les montagnards de Bugeat.
C'est là proprement la montagne, la fine montagne, our les Bri-
viates y comprennent Corrbze et même Tulle.
274. Lotu ligno'sàuma i'à Saint-Estephe.
Les signeurs d'&oesse de Saint-ÉtienDe-auz-Glos.
Invités à la f£te votive {k la vote) de la Roche, près Feyt, un
louatic du lieu leur fit, dit-on, faire 4 tous le signe de 1« et^ii aur
le cadavre d'une Auesse recouverte d'un linceul et entourée de
quatre chandelles.
275. laus Limouxit n'aunt bt la barha fina,
Lom Auvergnats la ieur fiOams teru poena,
La ieur fdiams sens touailUni, stna sablou,
Sens aygua, ny ratou[r].
liCB Limousins ont bien la barbe âne (avisés), mais
nous, Auvergnats (plus fins et plus forts}, nous la leur
ferions sans serviette, sans savon, et, au besoin, sans eau,
Toîre sans ras<àr.
Bourrée auvergnate.
276. Entre lou Turlo ei lou mount Anti
Aves lou trésor d'el Lemouxi.
Entre le Turlo et le mont Antin
Est le trésor du Limousin.
Turisud est de la commune de Végennes, et le mont Aot; est
situé en celle de Guremonte, chftteau considérable auquel on ttât
ici allusion et qui appartenait aux de Plas, en majeure partie.
277. Balle couma la gresla ei Pech-d'Amat.
Rare comme la grêle au Puy-d'Arnac.
Expression ironique pour dire que la grêle tombe souvent. Puy-
d'Arnac est situé dans te canton de Beaulieu, sur un point cul-
minant qui eat vieité ttba souvent par lés orages.
278. Se lou Petît-Yenladour erat sur lou Grand-Ventadour,
et (ou Grand-Yentadour sur lou Peueh-de-Douma, l'an veîot
tegur lot portas de Rouma.
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Si le Petit-VentadouT était snr le châteiui de Veota-
dour, et Ventadour au Puy-de-Dôme, on verrait sûre-
ment les portes de Rome.
Le Petit-Ventadour âtait nn caatel, aujourd'hui t»b6, non loin
du célèbre cb&tesu de Venladour, eo ta commune de Houstiers-
VsDtailouf, près d'Ëgletona. C'est maiotsuat uu terre, dite Se-
rilbac, qui appartient à H'*' la barouiie de I^a Mazière.
379. Pouneha de Paris.
Pointe de "Paris.
380. Ne pot tuer anta à Paris,
Ne pas être allé à Paris. . ■
Ne pas «avoir former la porte derrière aoî après Mre entré ebez
quelqu'un (précaution plus nécessaire en effet i, Paris qn'aiHeurs, ft
causa des voleurs).
381. Paris s'est pas fait tout per un eop.
Paris n'a pas été b&ti tout à la fois.
On dit dans d'autres pays : Rome ne fut pas faite en un jour.
Gabr. Mbdribb, Trdsor des sentences, ivi" siècle.
283. Riche coian'un juffe.
Riche comme un juif.
Se dit à une personne très intéressée.
283. Fort eoum'vn Boréale.
Fort comme un Hercule.
Poor désigner un taomma doué d'une grande forée pbysiqae.
284. 5e la mayre d'er blad te perHat, la tnuliatat
à Couturat.
Si la mère du blé (la source) se perdait, vous la trou*
veriez à Gouturas (à Saint-Hilaire-les-CourbeB).
Cette localité produit en abondance un seigle qui ae fait remar'
quer par sa qualité.
385. Las ckambas-lounjat d'à Jfurot.
Les grandes jambes, les échassiers de Uurat.
Hurat est situé dans le coaton de fingeat,
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— 744 —
386. Credayres d'à Giaux, criards de Gioux. — Lanternas
d'à CliampseU, lambins de Gliainpseix. — PaUr-
lands d'à Mounciaus, imbéciles? de MoDceaus. —
Postaux d'à Maurierai, englués de p&te de blé noir
de Mauriéras. — Salles d'à Bexeaus, malpropres de
Bezeaux. — Cour d'à Bugeat, coc... de Bugeat.
— L'hort-Iienoum, l'estron, l'hort-Renou l'é.. [ster-
eus humanum) ; évidemment on a voulu jouer sur
le vieux mot Vord renom, le renom sale, Yhorre
noum.
Tous ces vill&gea sont de U commune de Bugeat, sauf Uonceaux,
Bezeaux et l'Ornon, qui sont de celle de Viam.
Bugeat, naguère encore, était fort petit et n'était composé que
d'auberges.
287. Lous creaque d'à Chambaret{l).
On dénomme ainsi les habitants de Ghamberet, parce qu'ils répè-
tent souvent cette locution : créa que, craque ou croyez bien que.
On dit fugitifs d'Affieux, probablement de ce que dans quelque
expédition des guerres calvinistes, où les milices étaient groupées
par paroisse, iis auront lAché pied avec ensemble.
288. Aquo eist lou ehami de Bigarra,
Ou pàt pas segre, demorat.
C'est comme au chemin de Bigorre,
Qui ne peut suivre, demeure.
En 1406 Robert de Chabaones, seigneur de Gbarlus-le'Pailloux,
commune de Saint-Exupéry, alla guerroyer avec plusieurs gentils
compagnons, et assiégea et prit Lourde en Bigorre, d'ob probable-
ment le dicton, car Jl dut emmener bien des Limousins qui, ayant
eu à souffrir en cette expédition, en perpétuèrent ainsi le souvenir.
Il 7 a bien un bameau de Bigorre dans ta commune de Sainte-
Fortunade, mais la première explication a plus de vraisemblance.
289. Couma lou chirurgien Vedrena,
Quand at sannat, trobat la vena.
(1) Craque signifie certainement en Haut-Limousin et Marche,
et ne se dit dans la Gorrèie qu'il Salons et & Ghamberet.
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Faire comme le chirurgien Vedrenne, qui, seulement
après qu'il a saigné, trouve la veine.
Ffure tout k contre-temps ; idée que l'on exprime encore en
disant : fermer la porte de l'écurie quand le cheval s'eat échappé,
290. Dounzenal per argentar, Sainct-Viance per dtsargenlar,
A Donzenac on s'earichit, à Saînt-Viance l'on se ruine.
Les marchés de Donzenac sont très suivis et procurent de gros
bénéfices. — On se ruine à Saint-Viance 7 probablement à cause des
offrandes que l'on se croit obligé de faire aux reliques renfermées
dans la belle cb&sae émaillée du xiii* sîËcle, une de nos plus belles
œuvres limousineë que ses habitants conservent avec la plus
grande vénération. Peut-être fait-on encore allusion aux aumônes
faites pour rendre le patron de la localité favorable aux nombreux
mendiants et infirmes qui y accourent de tous cdtéa.
39 i. Lom gamataw.
Les goitreux de Donzenac.
2^. Las pyras dounzenazas.
Les poires de Donzenac.
Une variété de gros beurrés verdàtrea connue À Corrèze.
293. Brave homme couma Juge.
Honnête comme (défunt) M. Juge.
H. Jugo était du canton de Donzenac.
294. Pierre d'antan,
Pierre d'huzan!
Gros-Jean j'étais hier, 31 décembre, Gros-Jean suis-je encore au
1" janvier.
Tel est le sens donné à Corrèie à la batterie cadencée du tam-
bour (qu'on imite en le prononçant) lors de l'aubade nocturne du
1" de l'an faite aux gros bonnets de l'endroit en vue dn l'étrenne;
car le tambour, par do légers roulements, y simulait assez bien la
danse des écua de l'année sur uji crible.
295. Soursat, lou petit Lejiumzi.
Soursac, le petit LimouBiu.
Les Auvergnats, de nos jours encore, désignent par cette exprès-
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— 746 —
sion le territoire enserra entre la Liizège et la Dordogne, depuis le
confluent jusqu'à la hauteur de Latronche. L'Auvergne regardait
donc cette partie comme un peu sienne.
Un excellent vieui prÊtre, M. l'abbé Bazetou, dans ses Notei
paroissiales inédites, nous aide de ses conjectures puisqu'il a
écrit : La LuzËge semblait attribuer Soursac à l'Auvergne.
Le fonds Bouillon des Archives nationales nous apprend que
Souraac était partie en la vicomte de Tureane, partie en l'ancien
taillable.
Noua savons, par le Gartniaire de Saint-Pierre-le-Vit (Yonne),
que Théotechilde donna au vi* siècle, k cette abbaye de Sens, le
bourg de Mauriac, et dans le paguë lemovicinut, la villa do 5au-
ricUco, Souraac et environs, qui formèrent plus tard des membres
du prieuré de Mauriac.
296. Chanlar foi vetpras d'à Chavanat\
Ghaoter les vêpres de Chavanat.
Psalmodier à tout hasard des termes de latin baroque, à l'tnetar
des habitants de Milleyaches, qui le faisaient pour se moquer de
la paroisse de Cbavanac, devenue l'annexe de leur église à une
époque peu éloignée. En ITSO, les deux paroisses ne forratùent
qu'une collecte au point de vue fiscal, aussi Cbavanac priait-il
l'intendant de les désunir. (Arohiues de la Préfecture de Limoges.)
A Sainte-Fortunade, on ridiculise de mdme les vêpres de La-
guenne.
297. Madré comme un Limosin.
Rusé comme un Limousin.
298. Lous micatets d'à Serendou.
Les micalets de Seraodon.
Cette épithète, dont noua ne connaissons pas la signification,
s'applique à tous les habitants de la paroisse, dans une acception
méprisante.
299. Bortenses eives tunam piscantur m undisH).
Les Bortois pèchent la lune daus les ondes.
Veut-oa dire qu'ils sont gens à prendre la lune avec les denta?
Au collège d'Ussel, cet hexamètre a cours pour peindre leur soif
(1) Variante : Slulti bordenses etc.
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du gaia et leur bdtise, opposée & la causticité des Ussebis réputés
spirituels. La ville da fiort (arrondi ssement d'Ussel], à cause d«
sa rivibte, porte : d'azur, à trois bandeê ondées d'or. (D'Hozier.)
300. Tiala d'à Borl.
La toile de Bort.
Cotte toile (ut renommée auprès des marchands languedociens.
301 . VisiU de M. de Romsillon.
Au sens de visite très longue, duruit même plusieurs jours.
H. de Fénis de Roussillon (BoussJllon, seigneurie de la commune
da Bort) étant allé voir en passant un da ses parents à Égletons, y
resta un an sans bouger de Ik, d'aucuns disent trente ans.
302. Lous azis de Vant~Bas.
Les Anes de Vent-Bas.
Venl-Baa et Vent-Haut sont deux petits villages de la commune
de Neuvic. Les habitants de Venl-fias répondent à la provocation
ci-dessus par les phrases suivantes : Lous Vant-Naut, la testa
bassa, lou quieou naut. Ceux de Vent-Haut savent aussi saluer,
i, tAte baissée et à cul levé.
303. Oùif comme l'aumdnier de l'Empereur, ou comme te
cuisinier de M. de Giraudèt.
Parce lue l'un et l'autre avaient peu à faire. Ce dernier passait
pour avare, ft ce jioint qu'ayant reçu le préfet il ne put se retenir
de répondre à ses remerciements de congé par un :
Oh I la peine, ce n'est rien, monsieur le préfet, mais la coû-
tance, monsieur le préfet !
Giraudbs était un tènement (noble?), encore village de Saint*
Pantaléon-de-Lapleau. Famille éteinte.
304. La peyra de las hurlât d'Ayent.
La pierre des hurlements d'Ayec.
Certain rocher ensorcelé qui passait pour guérir si on allait y
gémir de son mal.
305. La peyra d'el ptehat tPel boun Diou.
La pierre du péché du bon Dieu.
Ou désigne unsi à Louignac, prës du village de la Fournerte,
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— 748 —
un rocher très dur offrant une dépression en forme d'empreinte de
pied, profonde de dix centimètres, objet d'un culte immémorial,
auquel les bergers eax-mSmes ne manquent pas. {BuUelin ai'chéo-
logique de (a Dordogne.) Pechat, peut-être pour pezat, piada, ped-
306. Lous ehanta-elar d'à Ladignat.
Les Ladigiiacois à la vois grêle.
A cause de leur sonnerie trop claire, trop argentine et ne tenant
pas au vent. On le dit encore de Laval.
307. A Lagarda,
Prmds-te garda.
A Lagarde,
Sois sur tes gardes.
C'étwt un lieu très passager, un relais de poste pour deux
grandes routes solitaires bordées de forets.
308. A Sainl-Priest,
Mays quo i'avêt.
Las filhas d'à Jumel
Leic mounlount à grand troupel.
Ijes filles de Gimel montent par bandes serrées à Saint-
Priest.
Où 36 dit la seconde messe. Elles ont la dévotion d'assister aux
deux, un peu pour se faire voir endimanchées.
309. Saincl Caprays maridat qu vêt.
Saint Caprais marie qui se présente.
Ce proverbe se dit à Saint-Hi faire- Foi ssac, à la fête de Saint-
Caprais, te 30 octobre, pour encourager les savetiers ambulants
(,groulHers) à retarder leur départ pour se marier, et à profiter
de ce deuxième carnaval d'autrefois de la Saint-Martin. Carnaval,
parce que l'avent de Noâl, période de Jeûnes rigoureux, était natu-
rellement précédé de réjouissances, et saison de mariages, comme
en témoignent les proverbes, notamment le suivant :
310. Per Saint'Marti, tua toun porc fi, couvida toun vezi.
A la Saiut-Marliu, occis ton porc fin, convie ton voisin.
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31 1. Àveir la poula nigra couma moussu Dufàure,
Avoir la poule noire comme M. Dufaurc (d'AUassac).
Qui gardait sca vignes de son lit, passait pQur avoir 4^3 secrets
d'alcb irais te. — Aux noces de village, on porte une poule noire,
souhait magique de richesse en miinagc.
312. Veïre tous anges couma moussu Mirai.
Voir les anges comme M. Mirât.
Un viéuK Noôl malin raconte que H. Dumyrat de la Tour, gou-
verneur de Tulle, eut la visite des anges piour lui annoncer ta
venue du Sauveur en ce monde :
Lou mel Myrat se permenavat
Dins soun Bo»l-Moungier tout soutel.
Le vieux Mirât se promenait en son Bois-Hongier tout seul,
quand, etc.
313. 1' sems dounc!
Un loustic prétend que le bourg d'Yssandon a tiré son nom
d'une exclamation do ce genre répétée par chacun des gens obli-
gés de gravir co haut piton calcaire.
314. La pelada de Juglard.
La canonnade de Juglard.
Voici l'anecdote racontée par Anne Vialle au Dictionnaire patoit
de Béronio :
B Dans un repas où se trouvaient plusieurs personnes très spi-
rituelles et très gaies, et notamment deux magistrats auxquels
cette épithète convient parfaitement, on voulut égayer la conver-
sation en dzugan o las Tnesaoundzas, en jouant aux mensonges;
chacun fit de son mieux, et on rit beaucoup. M. Juolar, de Lan-
teuil, avait ri avec les autres, mais n'avait pas encore mis son
enjeu. Pressé par la bande joyeuse, il dit : — « Vous savez, mes
a amis, que j'étais fournisseur de vivres à l'armée navale que nous
u avions devant Gibraltar, et, en cette qualité, j'étais a bord du
D vaisseau -ami rai (tout cela est vrai]. Dans le fameux combat qui
" eut lieu entre notre flotte et celle de l'amiral Nei.sun, il fut un
» moment où M. La motte -Piquet perdit la léte, juaqu'à en jeter
u sa perruque. Amiral, lui dis-je, il ne faut désespérer do rien.
B Eh bienl dit-il, mon ami Juglas, fais comme tu voudras. Alors
" je pris le commandement, et je fis lâcher deux bordées terribles
i à bâbord et & tribord contre le vgjsseau de l'amiral NEUiOn. Ma
1'. vn, i-21
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— 750 —
■ muiceurre eut un tel effet, qu'au bout de quelques miautes un
B porte-voix nous transmit ces paroles très distinctes de Nelson ;
Ahl b de Dzuglar, oquei plo lu qve m'a f...u oquelo pelado.
■ Ahl b de Juglar, c'est bien toi qui m'a flanqué cette ca-
* Donnade. >
On sent bien que U. Juolak fiit reconnu rainqueur à t^le,
comme il l'avait été par l'amiral anglais. Depuis ce temps, notre
langue s'est enrichie de lo pelado de Dztiglar.
Un des magistrats joyeux dont il est ici question était H. Bedoch,
qui devint plus tard député de la Gorrèze.
315. Marrouns d'à la Piala.
Grosse espèce de marrons originaires du village de la Pialle,
commune des Angles. Tout bon Limousin est grand mangeur de
eh&taignes. Chaque matin un bon paysan, se tenant aussi bien à
table qu'à la charrue, en mange sans boire jusqu'à trois cents,
pesant deux livres et demie. Aussi cela tient le corps.... et l'&me
ensemble.
Au bon Normand la pomme est chère.
Comme au Bourguignon le raisin;
Hais à tous ces fruits, je préfère
Hes ch&taignes du Limousin.
316. Le géant d'en Ganette.
Le géant de Ladignac.
Ud pied posé sur le Puy-Pinçon et l'autre sur le Puy-des-
Écholles, comblait presque le vide toutes les fois qu'il le faisait
chez lui.
JbaR DBS HORTS.
317. Qu eist mort? '
— Jehan d'aus Bortt. '
Qàu fat ttiat?
— Aquo eitt un rat.
Ound l'auM boutât?
— Dkh' vn vailat, etc.
Qui donc eat mort?
— Jehan des Horta.
Qui l'a tué?
— C'est un rai.
Où l'a-t-on mis?
— Soua le pourpris, etc.
Les Horts, seigneurie de la paroisse de Naves.
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318. Lout tieytayres d'à Saint'Soulpice.
Les scieurs de long de Saint-Sulpice-le-Peylet ou les-
319. Las chàbras cfA Maymal.
Les chèvres de Meymac.
Les babit&Dls de Bellegarde avaient le monopole d'approvisionner
de chèvres le marcha d'Aubusson, parce que pour la conaerration
des foreta d'Âubusaon, les chartes qui permettaient à toutes gens
de leurs abords d'y mener leurs bestiaux, interdisaient les chèvres.
On n'en tenait donc qu'à Bellegarde, d'où le sobriquet de chéoret
décerné aui habitants de Bellegarde. [Bullelin de la Creuse.)
A Péret, en la région de La Blanche (déboiaéeT), et à Heymac,
les Ventadour et les bénédictins avuent pu concéder le droit d'avoir
des chèvres. (Voir les numéros 2S9 et 2S0.)
320. Dieu adjudant,
fTy aurai a[[]ter tant,
Anuey, hujan,
Aygua boulant,
Que per ant'an.
Dieu aidant,
Il y en aura autant,
Anuy, cet an.
En eau mettant,
Que tut antan.
Ce couplet fait allusion & un petit vin que l'on récolte ft Sainl-
Silvaitt et à Laguenne.
321. La miezza-àulna de Pechabelier.
Le sieur Heynard, bourgeois de Tutle, ancien marchand de grains,
qui avut acquis la Jarrige (Naves), se moquait un jour de ia fagon .
dont Puyhabilier, wcien drapier à Tulle, acquéreur du flef minus-
enle auBSi de Leyrat {Nares}, et en voie de s'anoblir par une charge
de secrétaire du roi prËs un parlement, vers 1760, faisait le gen-
tilhomme l'épée au côté ^sta-limae, brochette à limaçons), plai-
samment qualifiée de miezza-auna, demi'aune. Puyhabilier l'apprit
et lui envoya aussitCt, dûment ornée de la petite oie, une ëpée de
bois toute neuve en forme de longue radoîre, razouïra, 4 poignée
de garrot de lieur.
lyGoogle
322. D'aus Jacques.
Nous appelons ainsi des châtaignes d'abord desséchées à U fumâo,
puis passées à l'eau bouillante dans laquelle on plonge la pelle
rougie, ce qui les fait rider ea cottes de Jacques et les rend plus
sucrées.
323. A Saincta-Fourlunada,
Cftaïtiva niada! •
A Sainte-Fortunade, chélive nichéel
C'est-à-dire vilaine engeance. On joue sur fourtuna et nads.
324. lûjis mouzxos-truffa d'à Saincta-Fourtunada.
Les déterreurs de pommes de terre de Saiole-Foilunade.
Mouzzar s'applique aux cochons et aui taupes qui fouillent la
terre. Quand on sent un besoin naturel, une âpreinte, on dit :
La taûpa mozzat. Truffa signifie communément la pomme de
terre, qui est cultivée abondEunment dans cette commune riche
335. Lous pirolas.
Ce terme, équivalant peut-être à oison, dindon, pira, pirou,
est usité sur la rive droite de la Gorrëze pour désigner les pa-
roissiens de Saint-Germain-ies-Vergnes, Chameyrat, Saint-Hilaire
et Sainte-Féréole. Les gens de cette derniëro bourgade passent
pour si mal famés qu'on dit communément qu'ils portent leur
hache même à la messe.
326. La chaslanha et la rabiota aant manquât,
Lou paya est rmiinat.
La châtaigne et la rare ont manqué,
Le paya est ruiné.
C'était aulreFoLS la grande ressource. Il n'y a pas encore trente
ans, on fusait déjeuner les faucheurs avec des ch&taignes sèches.
Aujourd'hui celte nourriture cesse & Pftqucs et passe pour donner
le Fer chaud, par excès de tannin. La tannada salée engraisserait
fort bien nos bestiaux ot ne devrait plus être jetée.
327. Lous plaqiios.
Ce sobriquet désigne nous ne savons encore quels habitants, vers
Chanac.
lyGoogle
328. Low chabrûrs d'à Jumer.
Les chevriere de Gimel.
Se dit à Laguenne.
329. Lous Sainct-Bounnet
Barrounl lou dyable dins liur bounet,
Lou portount ey mouli,
Lou vous bolount couma Sei fanfouri,
Ou s'amas mays couma d'ex chaulât.
Et faunt ereyre ei boun Diou qu'aquo eist de la farina de blad.
Les geQs de Saint-Bonnet-fAvalouze) sont gens si ma-
drés qu'ils enferment le diable dans leur bonnet, le por-
tent au moulin, le mettent en poussière (furfitr), ou si
TOUS le préférez, comme de la graine de choux sauvages,
et font croire à Dieu que c'est là de la bonne farine
de blé.
(Ai
lyGoogle
„Googlc
DROITS DE PÉAGE ET DE PONTOKAGE
son u Tmst et sus le pont do saiunt
bïGooglc
„Googlc
DROITS DE PÉAGE ET DE PONTONAGE
SUR LA TERRE ET SUR LE FONT DU S&U,UNT
'est encore dans un recueil de
vieiuc procès que nous avons
trouvé :
Arresl
du Conseil d'Estat
du Roy,
qui maintient le seigneur du Saillant dans un
âroit de péage dans la Terre du Saillant, et dans
un droit de pontona^ sur le pont situé sur la
rivière de Vezère, au Village du Saillant en
Liniosin(l).
(1) Ce village est très ancien. M. Deloche, dans te CartuUire de
l'abbaye de Beaulicu, l'indique comine ayant été cédé, sous le nom
du Saillant, à Protairc, archevêque de Bourges, et comme ayant
porté avant et depuis une époque indéterminée le nom û'Orba-
La Géographie du dipuriement de la Corrèze, d'Adolphe Joanne,
donne sur le Saillant les renseignements suivants :
Le hameau du Saillant, canton de Juillac, commune de Voutezao,
occupe un des sites les plus pittoresques du Limousin, au bord de
la Veière, qui coule en écumant sur des rocs graiiitiques formant
de jolies Iles, près d'un vieux manoir où séjourna Mirabeau.
Une cascade appelée Saut du Saumon est une des curiosités de
ce pays, où l'on admire encore la gorge profonde et sauvage de la
Vezère, sous Comborn et au Saillant.
ibyGoogle
Du 15 Mars 1799.
Extrait des Registres du Conseil d'Estat.
Les divers procès qui se trouvent mentionnés
dans cet arrêt nous ayant paru assez inté-
ressants pour prendre place à côté de cewa;
déjà publiés dans les Bulletins de notre So-
ciété et pour leur servir de supplément^ nous
en avons fait ce compte-rendu. Nous y avons
ajouté la copie de quelques anciens docu-
ments concernant la famille de Lasteyrie du
Saillant.
Nous transcrirons ici quelques considéra-
tions géTiérales qvs nous trouvons dans un
article inséré, par M. le baron de Girardot,
dans les Annales archéologiques, t. VII, p. 23 :
Il était pourvu à l'entretien des ponts au
moyen des péages appelés pontage, pontonage,
pontenage, pontonatge, enfin billette ou bran-
chiette, à cause du billot ou de la branche
d'arbre où l'on attachait la pancarte indi-
cative des droits à payer. Le péage se per-
cevait pour le passage en-dessus ou pour le
passage en-dessous.... Les péages sur les ponts
très anciens avaient été établis de l'autorité
des seigneurs; mais lorsque le pouvoir royal
eut avancé son ceuvre de centralisation^ le roi
seul put en établir à son profit ou à celui des
engagistes du domaine. Les seigneurs hauts-
justiciers ne furent maintenus dans leur droit,
à cet égard, qu'en justifiant d'une très an^
cienne possession.
ibyGoogle
Le seigneur était tenu, moyennant le péage,
d'entretenir les ponts, et, dans l'origine, il
avait l'obligation d'assurer mix voyageurs la
sàreté de leurs personnes et de leurs effets;
en cas de vol ou de meurtre, le seigneur était
tenu d'indemniser la victÏTne ou ses ayant-
droit.
Le pont du Saillant, objet des droits de
péage et de pontonage dont il va être gîtes-
tion dans les documents que nous allons re-
produire, existe encore; nous en donnoiu le
dessin. Les arches, au nombre de six, sont
en ogive. En amont, contre le torrent des flots
et le choc des glanons, on a opposé des épe^
Tons qui divisent les vagues et brisent les
glaces. Comme cette disposition était inutile en
aval, les piles sont droites. Les éperons sont
aigus, en forme de triangle, et s'élèvent jus-
qu'au tablier pour former des gares très
utiles. Tous ces détails ont leur raison d'être,
mais aujourd'hui, avec la manie de la symé-
trie qui nous gouverne, nos architectes font
les piles des ponts aiguss ou plates en aval
comme en amont, ayant l'air de ne point vou-
loir se rendre compte des motifs qui néces-
sitent leur construction.
Cahors, le 18 février 1885.
L0U13 &RBIL.
DigmzcdbyGoOgle
— 760 —
I
ti AR contrat du 15 septembre 1372, Archam-
^^_^ baud, seigneur de Comborn, fit à Guy de
Lasteyrie, seigneur du Saillant, une vente où
étaient compris, entre autres privilèges, le droit
de péage (1) qui se percevait sur les bétes char-
gées de sel ou autres choses, qui passaient dans
la seigneurie du Saillant, avec le droit de pon-
tonage (2) qui se levait sur le pont situé sur la
Vezére dans ladite seigneurie.
Quelque temps après, ce pont ayant eu besoin
d'être réparé, et les réparations ayant occasionné
des dépenses au seigneur du Saillant, à qui elles
incombaient, il augmenta le nombre des choses
sujettes au droit de pontonage.
Il fit agréer l'extension de son privilège à Louis,
fils de France (3) qui, par des lettres patentes du
4 février 1374, lui permit, tant pour le dédom-
mager des frais par lui faits que de ceux qui
(I) Péage ; droit de passage ou d'entrée, tribut que l'on payait
à des seigneurs pour le passage d'un pont de certains chemins ou
de certaines villes : de pedagium. Chacun sait que saint Louis
exempta les jongleurs du droit de pâage, aux conditions qu'ils
chanteraient ou feraient jouer leurs animaux devant le receveur.
(Roquefort. Glossaire de la langue romane.) D'après le Diction-
naiTe eatiriquc, critique et proverbial de Leroux, ce serait de
cette obligation que serait venu le proverbe ; Payer en monnaie
de singe .' en gambades.
(!) Pontonage : péage, droit qu'on paie pour passer sur un pont;
en bas-latin : pontonagiam (mâme source).
(3) C'était le duc d'Anjou, frère du roi Charles V et second fila
du roi Jean-le-Bon, qui avait érigé l'Anjou en duché ea 1360 et le
lui avait donné en apanage. Ce duc devint le chef de la seconde
race des rois ^e Naples de la maison d'Anjou.
lyGoogle
seraient à faire pour l'entretien et la réparation
du pont du Saillant, de lever sur ledit pont les
droits de péage spécifiés dans ces lettres pa-
tentes (1).
Environ un siècle après, la levée de ces droits
fut contestée; la saisie en fut faite et le seigneur
du Saillant y fit opposition.
Pour ce procès, le roi Charles Vil, par lettres
patentes datées du 9 janvier 1461, donna aux
sénéchaux de Limousin et de Périgord, et au
bailli des montagnes d'Auvergne, attribution de
juridiction pour connaître de l'opposition formée
par le seigneur du Saillant à la saisie desdits
droits, et ce fut sans doute d'après l'avis de
ces juges que, le 2 juillet 1463, Louis XI donna
des lettres patentes en forme de commission, en-
joignant au sénéchal du Limousin et à ses lieu-
tenants au bailliage de Brive et d'Uzerche, de
maintenir le seigneur de Lasteyrie dans la jouis-
sance des droits qu'il prétendait avoir dans la
seigneurie du Saillant, à condition qu'il justi-
fierait de leur possession immémoriale.
Cette justification dut être faite, car, en con-
séquence desdites lettres, le lieutenant-général au
bailliage de Brive et d'Uzerche, sur les conclu-
sions du procureur du roi audit bailliage, rendit
une sentence le 20 février 1464, ordonnant que
(1) peut-être le duc d'Anjou voulait-il aussi récompenser Guy de
Lasteyrie des services qu'il pouvait avoir rendus pendant la temps
où, d'aprts ses ordres, il avait parcouru le Bas-Limousin pour y
recevoir le serment de fidélité des villes restées au pouvoir des
Français.
lyGoogle
ledit seigneur de Lasteyrie jouirait desdits droits
conformément aux pancartes qui y étaient insé-
rées, jusqu'à ce que autrement il en eût été or-
donné par sa Majesté.
Nous ignorons si le ivi' siècle se passa sans
contestations de ces droits; mais au xvn", il y
eut un nouveau procès à leur sujet.
Les titres fournis pour le gain des premiers
n'avaient pas été nombreux, du moins on en cite
peu; mais pour celui-ci ils sont plus longuement
détaillés, et outre les pièces des deux anciens
procès, le seigneur du Saillant produisit :
Expédition d'un bail fait le 14 juillet 1617
par le seigneur Jean du Saillant, au profit de
Jacques Malperse et autres,' de tous les revenus
de la seigneurie du Saillant, consistant, entre
autres choses, aux droits de péage qui se per-
cevaient dans ladite seigneurie.
Copie d'un acte de foy et hommage, contenant
aussi aveu de la seigneurie du Saillant, fourni
par ledit seigneur du Saillant au seigneur évoque
de Limoges le 10 février 1624, dans lequel ledit
droit de péage est énoncé.
Copie de deux baux dudit droit faits par le
seigneur Raymond du Saillant, au profit de Ber-
trand Bonnel, les 7 septembre 1656 et 24 juillet
1661, moyennant la somme de soixante-dix livres
par an, et en outre la charge d'entretenir le pont
du village du Saillant.
Copie d'un autre bail fait par ledit seigneur
du Saillant, au profit de Jean Deymerie et Pierre
lyGoogle
— 763 —
Marty, entre autres choses dudit droit de péage,
le 2 décembre 1665.
Ck>pie d'un autre bail dudit droit de péage, fait
par ledit seigneur du Saillant, au profit du nommé
d'Erval, le 25 décembre 1665, moyennant qua-
rante livres par an (1).
Expédition d'un marcbé fait par-devant notaire
le dernier février 1668, par le seigneur Antoine
du Saillant, seigneur dudit lieu, avec Bertrand
Treuilh et Pierre Chambert, charpentier et maçon,
pour la reconstruction du pont du Saillant, ensuite
duquel est la quittance du payement fait par ledit
seigneur du Saillant des ouvrages concernant ledit
pont.
Copie d'un bail fait par Marie de La Morelie,
dame du Saillant, le 21 octobre 1670, au profit
de Jean Lausanne, du droit de péage de la sei-
gneurie du Saillant et autres en dépendant.
A la suite de la remise de ces titres, le sieur
de Ribeyre, pour lors intendant à Limoges, rendit
une ordonnance le 23 octobre 1671, par laquelle
il a été ordonné que les droits dS péage et de
pontonage perçus par le seigneur du Saillant dans
ladite seigneurie, continueraient de l'être par pro-
vision.
Enfin, au siècle dernier, le seigneur du Saillant
eut à soutenir un autre procès. Pour celui-là, un
arrêt du 29 août 1724 nomma des commissaires
(I) Les dates ei rapprochées de ces deux baux font supposer que
l'un était celui du péage, l'autre celui du pontonage.
lyGoogle
chargés de vérifier les titres dudit seigneur, et un
arrêt du 8 avril 1727 ordonna qu'il justifierait de
la possession, depuis 1569, des droits contestés,
ensemble de l'acquit des charges.
Ledit seigneur n'eut pas été embarrassé de faire
cette preuve, puisque ses aïeux l'avaient faite déjà
et que ces droits remontaient au iiv" siècle, date
de leur achat; mais les titres concernant les sei-
gneuries de Comborn et du Saillant, avaient été
détruits par un incendie en 1683; néanmoins il
put encore produire :
Une copie coUationnée et légalisée du contrat
d'achat de 1372.
Copie d'un bail des droits de péage et de pon-
tonage fait par le seigneur Noël du Saillant, au
profit de Jean de Lachese et autres le 1" juin
1670, moyennant cinquante livres par an.
Copie de trois baux desdifs droits, le premier
fait au profit d'Heliot Bonnelle le "25 octobre 1672,
moyennant cinquante-huit livres par an ; le second
au profit de Claude Seguy, le 23 mars 1677,
moyennant soixante livres par an; le troisième
au profit de Jean Mousour, le 11 décembre 1681,
moyennant cent dix livres aussi par an.
Expédition d'un procès-verbal du juge de la vi-
comte de Comborn du 20 avril 1683, duquel il
appert que la tour du château de Comborn et les
titres concernant les seigneuries de Comborn et du
Saillant ont été incendiés dans la môme année.
Autre expédition d'une enquête concernant les
droits de péage et pontonage, faite pïir le lieute-
lyGoogle
nant-général en la sénéchaussée d'Uzerche le 18
mars 1699.
Arrêt du parlement de Bordeaux du 23 août
1717, par lequel les nommés Garignon, Langlade
et autres, ont été condamnés à payer audit sei-
gneur du Saillant la somme de cinq livres, pour
le droit de péage de cinquante charretées de mer-
rain qu'ils avaient fait passer dans ladite seigneurie
du Saillant.
Acte passé par-devant notaire le 18 juillet 1727,
dans lequel plusieurs habitants du village du
Saillant et des environs ont attesté qu'ils avaient
toujours vu lever lesdits droits de péage et pon-
tonage, suivant un tarif apposé sur une pile du
pont dudit lieu.
Autre acte aussi passé devant notaire, le 20
juillet 1727, dans lequel plusieurs habitants des
paroisses de Voutezac et Estivaux ont pareillement
attesté qu'ils avaient toujours vu percevoir lesdits
droits, et en outre que ledit seigneur du Saillant
entretenait à ses frais les ponts, chemins et chaus-
sées dans l'étendue de ladite seigneurie du Saillant.
Ces nouveaux titres furent trouvés suffisants, et
le conseil d'Etat en 1729, sur les conclusions du
sieur Mailhard de Balofre, maître des requêtes,
procureur-général de sa Majesté- en cette partie;
vu aussi l'avis des sieurs commissaires nommés
par l'arrêt du 29 août 1724 ; ouï le rapport du
siem- le Peletier, conseiller d'État ordinaire et du
conseil royal, contrôleur-général des finances, ren-
dit l'arrêt suivant :
DigmzcdbyGoOgle
— 766 —
« Le Roy estaot en son Conseil, conformément à l'avis
deedits commissaires, a maintenu et maintient le seigneur
marquis àjx Saillant dans le droit de péage qu'il perçoit
dans l'étendue de la seigneurie du Saillant, et encore
dans le droit de pontonage sur le pont situé sur la rivière
de Vezèra dans le village du Saillant, pour en jouir sui-
vant les tarifs cy-après. Sçavoir :
POCB LE bBOIT DE F£a(iE
I. — Pour chacune charge de safran, cire, gaude(i),
fromage, châtaignes et autres, épicerie : quatre deniers.
II. — Pour chacune charge de drap, toile, futaine, laine,
plumes, peignes et autres, mercerie : quatre deniers.
XII. — Pour chacune charge de sel et de poisson frais
ou salé ; dix déniera.
IV. — Pour chacune charge de chaui, meules de pierre,
fer ou acier, sabots et pelles : quatre deniers.
V. — Pour chacune charge de verres, de pots de terre
ou d'oignons : un denier.
VI. — Pour chacune charrette chargée des susdites mar-
chandises : un sol.
VII. — Pour chacune charretée de vin : cinq sols.
VIII. — Pour chacune charretée de foin : deux sols.
IX. — Pour un cheval ou asne : quatre deniers.
X. — Pour un bœuf, pourceau, mouton et autre teste
masle : un denier.
.XI. — Pour beste femelle : une maille.
XII. — Pour un cuir de bœuf ou vache : un denier.
POUR LE OaOlT DE PONTONAOE
I. — Par personne à pied : un denier.
II. — Par béate chargée : deux deniers.
III. — Par beste non chargée : une obole.
Sa Majesté fait defTenses audit seigneur marquis du
(1) Gaude, plante qui fournit une teinture jaune. Dans certains
pays on donne ce nom k la farine et aun g&teaui de mais.
lyGoo^le
— 767 —
Saillant de percevoir d'autres ni plus grands droits que
ceux cy-dessus, ni de les exiger plus d'une fois sur ee
qui passera et repassera le même jour.
Ordonne en outre, sa Majesté, que ce qui aura acquitté
l'un desdits droits sera exempt de l'autre, et que les ecclé-
siastiques et autres privilégiez ne seront sujels audit droit
de pontonage.
Enjoint audit seigneur du Saillant d'entretenir à ses
frais les ponte, chemins et chaussées qui sont dans l'ea-
tendue de la seigneurie du Saillant en bon estât pour la
commodité publique, et de se conformer aux Édita et
Réglemens concernant les droits de péages, sous les pei-
nes portées par les ordonnances.
Fait au Conseil d'Estat du Roy, sa Majesté y estant,
tenu à Versailles le 15 mars mil sept cens viugt-neuf.
Signé : Phelypeaus.
Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France et de
Navarre : Au premier nostre Huissier ou Sergent sur ce
requis. Nous le mandons et commandons par ces pré-
sentes signées de nostre main, que l'Arrest-cy-attaché
sous le Contrc-sccl de nostre Chancellerie, donné cejour-
dhuy en nostre Conseil d'Estat, Nous y estant, pour les
causes y connues, tu signifies au seigneur marquis du
Saillant y dénomma, et tous autres qu'il appartiendra,
à ce que personne n'en ignore; et fais en outre pour
l'entière exécution d'iceluy, à la Requestc de nostre amé
et féal le Sieur Mailhard de Balofre nostre Conseiller en
nos Conseils, Malstre des Requesle ordinaire de nostre
Hostel, et nostre Procureur général en la commission
establie par l'An-est de nostre Conseil du 29 Aoust 1724.
pour l'examen et vérification des Titres des droits de
péages, bacs et autres droits de cette nature daus l'es-
tendûe de nostre Royaume, tous Gommandemens, Som-
mations et autres Actes et Exploits requis et nécessaires,
sans autre permission. Car tel est nostre plaisir. »
Donné à Versailles le quinziesme jour de mars, l'an
de grâce mil sept cens vingt-neuf, et de nostre Règne
DigmzcdbyGoOgle
le quatornesme. Signé : Louis. Et plus bas : Par le Roy,
signé : Publypbaux.
ICollationné aux Originaux par Nous,
Ëcuyer, Conseiller' Secrétaire du Roy,
Maiaou-GouronDa de France et de ses
C'est le dernier procès au sujet des droits de
péage et de pontonage de la seigneurie du Saillant
dont nous ayons connaissance, et nous supposons
qu'il n'en a pas été intenté d'autres. Un traité de
Société passé le 31 mai 1774, entre MM. Raymond
Leblanc de Lalouisière, prêtre, demeurant à Paris,
rue des Escouffes, paroisse Saint-(iervais,
Denis Dulyon, intéressé dans les affaires du
roy, demeurant à Paris, rue de la Sourdière, pa-
roisse Saint-Roch,
Louis Métivier de Malzard, distributeur général
des postes, demeurant à Paris, rue de Grenelle-
Saint-Hoaoré, paroisse Saint- Eustache,
Joseph-Marie Gandin, avocat en parlement, an-
cien receveur des fermes du roy, demeurant à
Feurs en Forest,
pour prendre à ferme le marquisat du Saillant,
vicomte de Comborn et ses dépendances situés
dans la province du Limousin, vient à l'appui
de notre supposition, parce qu'il mentionne les
redevances au nombre des principaux revenus
dudit marquisat, et qu'il nous parait inadmis-
sible que ces associés aient affermé des droits
contestés.
Ce bail fut consenti par M. Cbarles-Louis-Gas-
pard de Lasterie, vicomte do Comborn, marquis
lyGoogle
du Saillant, pour neuf années, par acte devant
notaire, et pour autres neuf années par acte sous
signatures privées, moyennant le pris principal
de 28,000 livres par année, au profit de Joseph
Pilley, qui fît la déclaration qu'il traitait pour la
Société susdite.
II
tRàiTÉ (1) en langue latine, passé en la ville
d'Avignon devant georges brazadel pons du
pont et thibauld georges, notaires publics, en pré-
sence de revérendissime père en jesus christ mes-
sire guillaume Cardinal prêtre du titre de Saint-
Vital, et de pierre villani camerier du pape, et
auditeur général de la chambre apostolique, le
10 février 1382 entre noble regnauld de Lasteyrie
■ damoiseau, frère de feu noble homme et égrége
chevalier M" guy de Lasteyrie, comme tuteur
designé par le testament dud. chevalier reçu par
gaillard matieu notaire royal le 29 janvier 1378
(1379 nouveau style) de noble amanîou, fils et
héritier dudit feu ch", et de jehan et Margueritte
aussi fils 'et fille du même chevalier, et de dame
et honneste dame jehanne d'Ornhac, son épouse,
et comme procureur fondé, par acte passé devant
Aymery de Montrabiou, clerc du diocèse de Li-
moges le 2 May 1380, de noble et honnête dame
(1) Copié mot à mot au degré de Guy de L&stayrie, inséré dans
lea preuves du chapitre de Hetz, signé Cberin, en date du 26
janvier 1768, lea dites preuves données pour la familJe d'Angélique
de Lasteyrie reçue audit chapitre.
ibyGoogle
Margueritte de peyrefumade, mère dudit feu guy
de Lasteyrie, aussi designée par le même testa-
ment tutrice avec lad. D' jehanne d'Ornhac, desd.
Amaniou, jehan et Margueritte et encore comme
procureur de tous les frères, parents paternels et
maternels, alliés, familiers et domestiques dud.
feu Sg' d'une part et vénérables hommes maîtres
bernard englese, bachelier en loii, et pierre pelle-
grin sergent darmes de notre Saint père le pape,
sindics et procureurs des Consuls et de la ville de
Montpellier, d'autre part, sur les procès et dis-
cordes mus entre lesd. dames, lesd. Amaniou,
jehan et Margueritte, et les consuls de la ville
susdits, au sujet de la mort du dit feu chevalier
tué en la ville de montpellier par des' habitans
dicelle (1) et de la spoliation faitte par les mêmes
habitans de son argent, et de ses autres effets
montant à plus de 6,000 francs et encore au sujet
des depands et domages que led. damoiseau a
souffert pendant deux ans en divers voyages qui!
a fait a paris et ailleurs, tant vers le roy que vers
le duc danjou, par lequel traité lesd. sindics et
procureurs, pour éteindre laction formée par lesd.
dames et lesd. amaniou, jehan et Margueritte con-
tre lesd. Consuls et ville, s'engagent de payer aud.
damoiseau aux d. noms la somme de 8,000 francs
bons d'or pur, du coing du Roy. Ce traité signé
E. Gr. expédition délivrée le 12 janvier 1683, sur
(1) Le 25 octobre 1379, dans une sédition populaire provoquée par
les subsides exorbitants et aucceasifs que le duc d'Anjou faisait
lever. Quelque temps avant, il y avait eu aussi à Nîmes une ré-
bellion pour la mâme cause.
lyGooglt:
— m —
un Roulleau de parchemin en dépôt aux archives
de l'hôtel de ville de montpellier, armoire f. cas-
sette 4, par Jean bonies notaire royal, greffier et
secrétaire de l'hôtel de ville, et gardien desd.
archives, signé bonies, et légalisé le même jour
par pierre Eustacbe Chevalier, président juge mage
et lieutenant-général-né en la sénéchaussée, gou-
vernement et siège presidial de la même ville.
Sentence en la même langue, prononcée en la
ville de Montpellier le 24 février 1379 (1380 nou-
veau style) par Louis fils du roy des Français,
frère du roy(l) et son lieutenant en Languedoc,
duc danjou et de Turenne («mî)(2), et comte du
Maine par la quelle, le prince condamne à divers
genres de mort 600 hahitans de la viile-de Mont-
pellier (3) qui le 25 octobre précédent se sont jettes
sur M" guillaume permufel, son chancelier et guy
de Lestarie sénéchal de Rouergue (4) chevalier et
docteur es loix et sur plusieurs autres commis-
saires du roy, envoyés en Languedoc par Sa Ma-
jesté à la sollicitation du d. duc, les ont tués
et on jettes leurs corps dans des puits, affin quils
soient privés de la Sépulture. Cette sentence, dont
l'acte fut écrit par Jean d'alenche, notaire royal,
insérée dans des lettres du même duc du 27 du
même mois portant rémission de la peine de mort,
(1) C'est celui qui avait confirmé les privilèges de péages à Guy
de LMteyrifl «n 13^4.
(2) 11 faut lire : duo de Touraine.
(3) 200 au feu, 200 au gibet, et le reste à la décapitation.
(4) En I3T8, il fut, comme sénéchal, chargé de lever des subsides
contre les routiers.
lyGoogle
— 772 —
et une partie des autres qui y avoient été pronon-
cées, et les lettres insérées dans d'autres lettres
du roy dattées de paris le 12 décembre suivant,
par lesquelles Sa Majesté remet aux habitans de
Montpellier, toute peine criminelle et civile par
eus encourue pour les excès susdits. Sauf le droit
civil des parties intéressées. Ces dernières lettres
signées par le roy, ii la relation des duc danjou,
de bourgogne et de bourbonnais. J. Tabasi, et
scellées du scel royal en cire verte. Expédition
délivrée sur l'original en parchemin déposé aux
archives de l'botel de ville de Montpellier ar-
moire f. cassette 4. Comme celle dû traité du
10 février 1382.
Note du copiste.
Lettres en langue latine données à Sauveterre le
18 septembre 1377 par guy de Lasteyrie, chevalier,
seigneur du Sailhens(l) sénéchal de rouergue, et
capitaine général pour le roy dans lad. Séné-
chaussée sous son propre sceau, portant que ne
pouvant vaquer par luy même à des affaires
importantes touchaiit le fait de la guerre il a
nommé Bernard Coulon trésorier du Roy à Rho-
des, pour retirer des mains des ennemis de sa
majesté les lieux de belchastel, de balaguier etc.
quil a vaqué à cette occupation pendant 87 jours
à raison d'un franc d'or par jour etc.
Ces lettres scellées en cire rouge où les armes
ne paroissent plus.
Quittance donnée au même lieu, et le même
(I) Du Saillant.
lyGoogle
— 773 —
jour par guy lesterie, sénéchal de rouergue sous
son signet, à Ambroise beth, trésorier de Carcas-
sonne, et général de toutes les finances royaux en
languedoc de 100 francs d'or, à luy mandés payer
par lettres du duc danjou frère du roy, pour re-
compensation de deux chevaux qu'il a perdus en
la Compagnie de ce prince.
Cette quittance scellée sur simple queue de par-
chemin d'un sceau en cire rouge représentant un
écartelè au 1 et 4 d'un aigle éployé et au 2 et 3
d'un lambel de 3 pendants ayant pour supports
S lions (il n'en reste qu'un l'autre est emporté de
vétusté) cimier un casque posé de profil, et sur-
monté d'une touffe de plume de paon (original) (1).
Le 25 Mars 1434 à Colonges, noble François de
Noailhes seigneur de Noailhes reconnoit avoir reçu
20 écus d'or de noble Amanieu de La Etayria sei-
gneur du Saillant à compte de la dot de noble
Marguerite de Lastayrie mère de François, en pré-
sence des Témoins, noble Pierre de Moleon sei-
gneur de Marcillac et de noble Bernard de La-
vergne, seigneur de Meyssac.
L'original de cette dernière pièce se trouvait
dans les registres de la famille de Touchebœuf-
' (I) M.deBosredon, tome IV de notre Buf^cf in, pages lOG et 107, a
di^çrit un sceau semblable, sauf une légère variante dans les sup-
ports ; 2 Idopards tiennes au lieu de 3 lions. Il a dû voir une em-
preinte mieui conservée que celle dont il est parlé dans notre quit-
tance, laquelle empreinte le traducteur déclare Ctre en mauvais état.
M. de Bosredon, pages 717 et 718 du m6me tome IV, a indiqué
complètement les émaux de ces armoiries, dans sa description du
cachet de Jean-Baptiste de Lasteyrie.
lyGoogle
Clermont. II y avait dans le môme registre une
enquête de l'année 1440, où figurait noble Jean
de Lastayrie, fils de Bertrand, seigneur de Cure-
monte, paroisse de Meyssac, et d'autres nobles
Limousins que nous aurons peut-être l'occasion
de faire connaître plus tard.
ly'Gôeigle
SOURCES FERRUGINEUSES
DES SAULIÈRES
Près DONZENAC (Corrèze)
Il n'est pas un chasseur de Brive et de Don-
zenac qui n'ait battu dans tous les sens les sau-
vages gorges des Saulières, entre Donzenac, Tra-
vassac, Ste-Féréole et St-Antoine des Plantades,
et qui ne se soit désaltéré aux sources dont nous
allons parler.
Dès la fondation de notre Société, nous pen-
sâmes qu'il serait bon de faire analyser les eaux
de ces sources (1); nous eùnaes recours, pour cela,
à notre collègue le docteur Marc Laffont. Deux bou-
teilles, remplies aux sources mêmes et soigneu-
sement cachetées sur place, lui furent adressées;
M. Lafîont fit analyser ces eaux par M. Muntz,
professeur de chimie à l'Institut agronomique et
directeur du laboratoire de M. Boussingault , et
voici ce que répondit M. Muntz, le 18 juillet 1879 :
« Les eaux ferrugineuses des deux sources parais-
» sent identiques. Dans chacune d'elles on a dosé :
» fer (à l'état métallique), 0 gr. 0,037 par litre, ce
K Tome II du But-
lyGoogle
B qui équivaut à 0 gr. 0,053 d'oxyde de fer (F' 0').
» C'est donc une eau bien faiblement ferru-
gineuse. »
Il serait, au surplus, difficile de tirer parti de
cette eau; on ne peut guère l'utiliser que sur
place, car le fer se précipite rapidement au bout
de quelques journées de séjour dans une bouteille.
Ce ne sont donc pas les sources des Sauliéres
qui peuvent faire la fortune de leur possesseur!
Les grès des Sauliéres ont été étudiés par
M. Mouret(i). Ce sont des grès « d'un gris jau-
» nàtre, tirant sur le blanc, sans stratification dis-
j> tincte, incohérents ou passant à un grès à gros
> grains, siliceux, conglomératiques et très durs. »
Ils forment la base du permien et sont super-
posés aux schistes anciens.
Ph. Lalakde.
(1) Etquisse géologique de» environ» de Brive. Bulletin, 1. 1",
p. 430.
lyGoogle
MM Sdenlpe, istoriqiie et Mologiqne
DE LA CORHÈZE
PROCÈS-VERBAUX DBS SÉANCES
SÉANCE DU !5 AVRIL IBK
ORDRE DU JODR
1' Lecture du procès -verbal,
2* DoDs et correspondance.
3* Présentation de nouveaux Membres.
4- Comptes de 1884 et nomination d'un Trésorier.
LECTURES
5* Note de M. Léon Lacroix sur un triens trouvé près de Char-
6* Roc-de-Vio et les enceintes antiques de la Corrèie, par M. Ph.
Lalande.
Présidetice de M, Rupin, Président.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté,
M. E. Borie demande la parole au sujet de la dîstinclioQ
dont deux Membres de notre Société viennent d'être l'objet
pendant la séance générale des délégués à la Sorbonne,
le 11 du présent mois; M. E. Rupin, notre Président, et
M, René Page, un de nos collaborateurs les plus dévoués,
y onl été proclamés officiers d'Académie par M. le Mi-
nistre de l'Instruction publique. M. Borie ajoute que la
Société doit se réjouir, avec les amis personnels de
MM. Rupin et Page, de cette distinction bien méritée.
La Société, s'associant aux sentiments exprimés par
M. Borie, dit que ce fait sera mentionné au procès-
verbal de la présente séance.
lyGoogle
M. Rupin remercie ses collègues de la sympathie qu'ils
lui témoigoeot en toute circonstance.
DONS AU UUSIÊB
i° Nombreux objets de l'industrie des temps pré-histo-
riques (originaux et moulages); poteries gallo-romaines.
— Don de M. Élie Massénat.
2" Bracelet en bronze, tessons de poterie, moulage d'une
épée en bronze provenant d'un tumulus près d'Alvignac
(Lot). — Dons de MM. Élie Massénat et Rupin.
3° Bracelet en fer (type Halstattien) et tessons de po-
terie trouvés dans un tumulus près de Souillac (Lot). —
Don de M. Rupiu.
4° Bois de renne incisés et gravés provenant de Lau-
gerie-Basse. — Don de M. Gaston de Lépinay.
5° Squale pris à Saint-Jean-de-Luz ; zoophytes genre
Gorgonia. — Don de M. Eugène Borie.
6° Moulages d'une tète de felis spelœa et d'un vase gallo-
romain trouvé à Lubersac (1). — Don de M. Ph. Lalande.
7° Lampe en terre et monnaies romaines; fragment de
meule en grès nummulithique trouvé dans un tombeau;
oflrea fossile de grande dimension (le tout recueilli en
Algérie) ; boîte à parfums en peau d'autruche des femmes
Touareg. — Don de M. Tachard, médecin-major au 14'" ré-
giment d'infanterie, à Brive.
8° Portrait de Turenne (gravure), — Don de M. Phi-
lippe de Bosredon,
9' Hache en jade océanien ; deux sagaies avec un
doigtier servant à les lancer; un casse-tête; une fronde
avec une balle en pierre; un peigne en bois de sandal;
un collier d'enfant en coquillage et perles de jade; un
bracelet en coquillage; divers minéraux; le tout prove-
nant de la Nouvelle-Calédonie. — Don de M. Joseph Sou-
lingeas.
(1) Voir le Bulletin, t. 111, p. 154. L'original est au Husëe de
Saiiit-GermEkin>eQ-Laye. -
lyGoogle
DONS A. LA BIBLIOTHÈQUE
1« Numismatique gauloise (de la transfoi'matioii des
types moaélaires et des résultats auxquels elle cooduit) ;
2" Trouvaille d'Autreville (Vosges), monnaies inédites
d'Adhémar de Monteil, évéque de Metz, et de Henri IV,
comte de Bar; 3° Fibule et collier en or trouvés à Totain-
viUe (Vosges), par M. Maxe-Werly. — Dons de l'auteur.
4° Deux lettres de Mascaron; 5' Notes sur un pontifical
de Clément VI, et sur un missel, dit de Clément VI, par
M. René Fage. — Dons de l'auteur.
Divers bulletins d'échange.
La Société remercie tous les donateurs.
M. Soulingeas montre à l'assistance quelques haches eu
pierre rapportées par lui de la Nouvelle-Calédonie; leurs
formes difTërent suivant leur emploi ; les unes sont des
armes et les autres des outils (herminettes et ràcloirs).
En examinant celles qui sont emmanchées, ou peut se
rendre compte des procédés, évidemment analogues, mis
en œuvre par nos ancâtres de l'âge de la pierre pour
utiliser leurs haches. M. Soulingeas donne en outre de
fort curieux détails sur l'industrie et les mœurs des Ca-
naques, au milieu desquels il a, pour ainsi dire, vécu
pendant deux ans et demi.
Cette attrayante conférence est écoutée avec un vif
intérêt.
Le Secrétaire-Général donne communication d'une lettre
par laquelle un numismate distingué, M. Maxe-Werly,
demande si la Société serait disposée à publier dans son
Bulletin un travail sur un système de classification des
monnaies gauloises; cette note a fait le sujet d'une lec-
ture à la Sorbonne.
Ii'offre de M. Maxe-Werly est acceptée avec empres-
sement.
PRÉSENTATION DE NOUVEAUX UBMBRES
M. l'abbé Chabau, aumônier de la Visitatiou, à Au-
lyGoogle
rillac, et M. l'abbé Brandely, curé de Sornac, présentés
par MM. Rupiu et Ph. Lalaiide, sont admis.
COMPTES DE 1884 ET NOMINATION d'uN TRËSORIBH
Les comples de 1884 sont présentés par M. Guimbellot,
qui exprime en môme temps son regret d'avoir à se
démettre de ses fonctions de Trésorier pour des raisons
de santé. La Société lui donne décharge de sa gestion ;
elle le remercie en outre du zèle avec lequel il s'est
constamment acquitté de sa tâche. C'est avec peine, ajoute
M. le Président, que la Société se voit obligée de renoncer
aux services de M, Guimbellot.
M. Jean-Baptiste Bosredon est nommé Trésorier en
remplacement de M. Guimbellot, dont la démission est
acceptée.
M, le Président demande ensuite à la Société de vou-
loir bien contribuer par un crédit de 150 francs à l'ins-
tallation du Musée.
Cette proposition est adoptée.
LECTURES
M. Léon Lacroix a envoyé une note sur un tiei-s de
sou d'or mérovingien trouvé au lieu dit Le Cimelière,
commune do Chartriers, et M. Ph. Lalande résume une
notice sur Roc-de-Vic; pendant que les assistants e.\a-
minent un plan topographiq'ie et une vue panoramique
de celte enceinte antique, dûs au travail de M. E. Borie,
M. Ph. Lalande expose que plusieurs auteurS estimables,
mais qui ont parlé de Roc-de-Vic sans l'avoir jamais vu,
se sont laissé égarer par un article fantaisiste, beaucoup
plus romantique qu'archéologique, publié dans VAnnuaire
de 1831. Roc-de-Vic ne se trouve point dans les condi-
tions requises pour une place de guerre ; ce n'est donc
pas un antique oppidum. Si l'on veut lui assigner une
destination militaire, ce sommet a pu servir de redoute;
c'est une bonne position de combat. Mais il vaut peut-
lyGoogle
— 781 —
être nùeux "y voir, avec Hérlmée qui l'a visité, une etf-
ceinte consacrée au culte d'un peuple encore sauvage.
D'autres puys, signalés également comme forteresses de
l'époque anté-romaine, n'offrent en réalité à l'explorateur
que des masses granitiques imposantes mais informes.
Après Mb communications, la séance est levée.
Le SecritaircÛinéral,
Pb. liAÏAMDS.
Le Prisidmt,
SâANGE DU ti JUILLET 1885
ORDHB DU JOUR
!• Lecture du procës- verbal.
2* Correspondance.
3> Présentation d'un nouveau Membre.
LBCTURB
A' Les coffrets émaillâB du Cantal, par Hgr Barbier de Uontault.
Présidence de M. Rdpin, Président.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
COnSBSPOKDANCB
U. le Président donne communication de l'offi-e faite
par M. Gnibert, à Limoges, d'un travail sur une série
de Livres de raison de familles limousines; ce mémoire est
rédigé avec la collaboration de M. Leroux, archiviste de
la Haute-Vienne, et celle de H. l'abbé Lecler. La Société
accepte avec empressement la proposition de M. Guibert
et le remercie de la préférence qu'il veut bien lui donner.
M. Vayssière, archiviste de la Corrèse, aononce l'envoi
T. vn. 4-J«
lyGoogle
— 782 —
d'une série de documents relatifs à l'histoire de la Maison
de Turenne; l'étude de ces documents fait la matière d'un
important travail dans lequel se trouveront compris le
testament de Raymond Roger, vicomte de Turenoe (du
5 juillet 1399), et celui de sa Qlle Antoinette; le marquis
de Turenne d'Aynac nous a envoyé des copies de ces
actes depuis. assez longtemps déjà, et M, Vayssière a bien
voulu se charger de les étudier.
PRÉSENTATION d'cN NOUVEAU KSKBnE
M. Louis Guibert, agent principal de la C* d'assu-
rances générales, à Limoges, présenté par MM. Rupin
et Ph. Lalande, est admis.
M. le Président fait ensuite part à l'assistance de la
mort de deui de nos collègues, M. François- Léon Lalande,
receveur municipal de Brive, et M. de Laurens de Puy-
lagarde, ancien inspecteur des Postes, retraité à Saint-
Chamans.
La Société s'associe aux sentiments de regrets exprimés
par son Président.
Il s'agit d'un travail plein d'érudition archéologique,
écrit par Mgr Barbier de Montault, sur trois châsses
limousines conservées dans les églises de Salins, de Saint-
Laurent du Vigeao et de Sainte-Eulalie [Cantal) ; les deus
premières ont été dessinées par notre collègue M. l'abbé
Chabau, aumônier de la Visitation à Aurillac, qui a bien
voulu, en outre, fournir au savant prélat tous les ren-
seignements dont il pouvait avoir besoin pour la rédac-
tion de sa notice. Ckimme le dit avec raison Mgr Barbier
de Montault, une vive impulsion a été donnée par notre
Bullelin au genre d'études qui consiste dans le dénom-
brement et la description de toutes les pièces d'émail
champlevé limousin actuellement e^iistantes; l'initiative
lyGoogle
— 783 —
prise par notre Société doit être encouragée, au grand
proût de la science archéologique.
Cette lecture tennioée, la séance est levée.
Le Seeriiaire-Géniral, ■
Ph. Lalandb.
Le Président,
E. Rupw.
SÉANCE DU 15 OCTOBRE 1885
1' Lecture du procès -verb&l.
î* Correspondance.
LECTURE
3' Notice sur Daniel de Gosnac, archevâque d'Aix, par le comte
Jules do Cosnac.
Présidenee de M. Rupin, Président.
Le procès- verbal de la dernière séance est lu et adopté.
CORBESPONDANCB
M. le Président a reçu une circulaire de M. le Ministre
de l'Instruction publique, en date du 7 septembre, et le
programme du Congrès des Sociétés savantes pour 1886.
M. le Ministre exprimant le désir que toute la publicité
possible soit donnée à ce programme, il est décidé qu'il
sera reproduit au Bulletin dans le corps de ce procés-
verbal.
PROGRAtrilB DU CONGflÈS DES &0C1£t£s BAVANTES
A LA SORBONNE, EN 1886
I, — Section d'histoire et de philologie.
1° Mode d'élection et étendue des pouvoirs des députés
aux États provinciaux.
lyGoogle
— 784 —
2° Les esclaves sur les bords de la Méditerranée au
moyen-ige.
3° Recherche des documents d'après lesquels ou peut
déterminer les modiScations successives du servage.
4° Origioe et organisation des ancieDues corporations
d'arts et métiers.
5° Origine, importance et durée des anciennes foires.
6° Anciens livres de raison et de comptes et journaux
de famille.
7° Liturgies locales antérieures au xvii* siècle.
8» Origine et règlements des confréries et charités an-
térieurs au zvu* siècle.
9° Étude des anciens calendriers.
10* Indiquer les modifications que les recherches les
plus récentes permettent d'introduire dans le tableau des
constitutions communales tracé par M. Augustin Thierry.
H* Des livres qui ont servi à l'enseignement du grec
en France, depuis la Renaissance jusqu'au xviii* siècle.
12° Les exercices publics dans les collèges (distributions
de prix, académies, représentations théâtrales, etc.), avant
la Révolution.
13' Anciennes démarcations des diocèses et des cités
de la Gaule, servant encore aujourd'hui de limites aux
départements et aux diocèses.
14' Étude des documenta antérieurs à la Révolution,
pouvant fournir des renseignements sur le chiffre de la
population dans une ancienne circonscription civile ou
ecclésiastique.
IS" L'histoire des mines en France avant le xvii* siècle.
16" De la signification des préfixes EN et NA devant
les noms propres dans les chartes et les inscriptions
en langue romane.
17" Objet, division et plan d'une bibliographie dépar-
tementale.
IL — Section d'archéologie.
1* Quelles sont les contrées de la Gaule où ont été
signalés des cimetières à incinération remontant à une
lyGoogle
— 785 —
époque antérieure à la ço&quête romaine? — Quels 30Dt
les caractères distinctifs de ces cimetières?
2" Dresser la liste, faire la description et rechercher
l'origine des œuvres d'art hellénique, des inscriptions et
des marbres grecs qui existent dans les collections pu-
bliques ou privées des divers départements. Diatioguer
ceux de ces monuments qui sont de provenance locale
de ceux qui ont été importés dans les temps modernes.
3' Dresser la liste des sarcophages païens sculptés de
la Graule. En étudier les sujets, rechercher les dosnées
historiques et les légendes qui s'y rattachent et indiquer
leav provenance.
4* Signaler les nouvelles découvertes de bornes mili-
taires ou les constatations de chaussées antiques qui peu-
vent servir à déterminer le tracé des voies romaines en
Gaule ou en Afrique.
5° Grouper les renseignements que les noms de lieux-
dits peuvent fournir à l'archéologie et à la géographie
antique.
6° Signaler dans une région déterminée les édifices an-
tiques de l'Afrique tels que : arcs de triomphe, temples,
théâtres, cirques, portes de ville, tombeaux monumentaux,
aqueducs, ponts, etc., et dresser le plan des ruines ro-
maines les plus intéressantes.
7" Étudier les caractères qui distinguent les diverses
écoles" d'architecture religieuse à l'époque romane en
a'attachant à mettre eu relief les éléments constitutifs des
monuments (plans, voûtes, etc.}.
S' Rechercher, dans chaque département ou arrondis-
sement, les monuments de l'architecture ' militaire en
France aux différents siècles du moyen-&ge. En donner
des statistiques, signaler les documents historiques qui
peuvent servir à en déterminer la date.
9" Signaler les constructions rurales élevées par les
abbayes, telles que granges, moulins, étables, colombiers.
Bn donner, auUmt que possible, les coupes et plans.
Kf Étudier les tissus anciens, les upisseries et les'
lyGoogle
broderies qui existent dana les trésors des églises, dans
les anciens hôpitaux, dans les musées et dans les collec-
tions particulières.
il" Signaler les actes notariés du xiv* au xti* siècle,
contenant des renseignements sur la biographie des ar-
tistes et particulièrement les marchés relatifs aux pein-
tures, sculptures et autres œuvres d'art commandées soit
par des particuliers, soit par des municipalités ou des
communautés.
li" Étudier les produits des principaux centres de fabri-
cation de l'orfèvrerie en France pendant le mo7en-&ge et
signaler les caractères qui permettent de les distinguer.
13" Quelles mesures pourraient être prises pour amé-
liorer l'organisation des musées archéol(^ques de pro-
vince, leur installation, leur mode de classement, et pour
en faire dresser ou perfectionner les catalogues?
Le comte Jules de Gosnac nous a envoyé une fort in-
téressante biographie de l'archevêque d'Aix, Daniel de
Cosnac, né eo 1630 près de Brive, au château de Cosnac,
et mort à Aix le 21 janvier 1708; cette notice, rédigée
de main de maître, est suivie d'une relation inédite des
obsèques du vénérable prélat. Ce document, trouvé par
le comte de Ctosnac à la bibliothèque de la ville d'Aix,
nous donne, entre autres curieux renseignements, la date
précise de la mort de l'archevêque Daniel, ses divers
biographes et les auteurs de généalogie ayant varié sur
le jour.
Le comte de Cosnac possédant une gravure de Bou-
langer qui représente Daniel de Cosnac lorsqu'il était
évëque de Valence et de Die, a bien voulu consentir à
ce qu'elle soit clicKée, et cette reproduction figurera en tête
de sa notice. L'assistance, après avoir examiné l'épreuve
que montre M. le Président, dit qu'il y a lieu de remer-
cier M. de Cosnac de la preuve de sympathie qu'il donne
à notre Société.
DigmzcdbyGoOgle
— 787 —
L'ordre du jour étant épuisé et personoe ne demandant
la parole, la séance est levée.
Le Sterétaire-Ginéral,
pH. Lalande.
Le Président,
E. Rupin.
SËANCE DU 18 DÉCEMBRE 18S5
ORDRE DU JOUR
1* Lecture du procfea-verbal.
a* Dons et correapondance.
3* Ruines romaines de Tiotignac, par H. Ph. Lalande.
4* Proverbes bas-limousins recueillia par H. Cbanipeval.
Présidence de M. Rdpin, Président.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
DONS au UCSÉB
Un débris de sculpture (tête humaine en oolithe] trouvé
dans la commune d'Astaillac, et pouvant être attribué à
l'épogue gallo-romaine. — Don de M. Louis Greil.
DONS A LA BISLIOTHÈQUB
]* AU)um Caranda (suite) ; les fouilles d'Aiguisy. — Don
de H. Frédéric Moreau père.
2* Mémoire de Jean du Bouchot sur la charge de
maréchal-général, par M. le comte de Cosnac. — Don de
l'auteur.
3' Le combat de Bléneau (guerre de la Fronde), par
M. le comte de Cosnac. — Don de l'auteur.
lyGoogle
4° Les. ori^ea de XuUe (i" partia), par ï(. Baaét Bage.
— Don de l'auleur.
Bulletins d'échanga.
La Société remercie les donateurs.
COnnESPONDAMCE
M. le Président fait part h ses collègues d'une lettre
de M. Lacroix, notaire à l^y^aç; il, s,'^^de substruc-
tions romaines observées dans la commune de Saint-
Julien Maumont, et qu'il serait bon d'étudier, H. le Pré-
sident demande à cet, QfEjpt ui^ qr^dit d'une centaine de
francs, qui est immédiatement alloué.
M. le Président annonce ensuite J\_ l'assistance^ qup, la
Société d'horticulture de France vient de décerner à
notre sympathique collègue, M-; Gaston de Lépinay, un
deusième pT;ix. (raédajlle, d'argent g^a^d mfljlyjpj pj;ix
Lavallée).,au sJAJet d'ufte^lîtfi^.paitQiflfti ijflUA%!J<ll;^t!^ïié-
ficiera de ce travail en temps et lieu.
Cette bonne nouvelle est accueillie avec satisfaction.
M. Ph. Lalande donne un résum^ d'un travail sur. les
ruines romaines de Tintignac situées à huit ou neuf kilo-
mètres de Tulle ; elle^ sii^gt çûaouçs depuis longtemps,
mais leur propriétaire, notre collègue M. J.-B. GuiUot,
vient d'y faire de nouveUes fouilles qui-en- ont augmenté
l'importance. Après avoir passé en revue les divers au-
teurs gui ont parlé de 'Eiatignac, M« PI». LaUode décnt
les objets trouvés, les substructions exhumées, et cherche
quelle a dû être la destination véritable de ce groupe de
moQumouts oi) rou.a, jusqu'à p^é^eiitj vjm, l^s.t;est^ d'i^e
ville antique.
M. Lalande fait clrcul£r les dçssios. dç^ ol^içjis l^ plus
intéressants et les plans, dress^^ par M^ ^P^F> ^
Perrière.
M. Hupin présente un fort iuté^sa^t rçpuej4 de i^
verbes bas-limousius, la ph^part eji P^K*^* ^7fi^^ P^^
lyGoogle
— 789 —
H. GhampoTal; l'auteur, notre collègue, à qui ce travail
avait été demandé par une Société savante d'Allemagne,
préfère le donner à une Société corrézienne, et il a droit
à DOS remerciements.
L'ordre du jour étant terminé, H. le Président entre-
tient l'assistance de fouilles faites tout récemment dans
l'église d'Obazine, sous le tombeau de saint Etienne, en
présence de Ugr l'évéque et de bon nombre de per-
sonnes. M. le Président a été témoin des fouilles; elles
ont tait découvrir un coffre en plomb contenant des osse-
ments, reliques du fondateur de la vieille abbaye.
La description du tombeau, une des œuvres remar-
quables du ziu* siècle, trouvera sans trop tarder sa place
dans notre Bulletin.
Après cette communicatioD, la séance est levée.
Le Seerétaire^Giniral,
Pu. Lalandb.
Le Pritident,
E. RcpiN.
lyGoogle
„Googlc
TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES
Pign
Alp&is<Uiie nouvelle forme du nom à.') 11!
Boyol (Livre de raison de Jeanne) 589
Brive (Effroyable déluge arrivé en IGM &) 131
Brunie (Livre de raison de La) 591
Bulle du pape Siite IV pour Jean de Maraau 38
Cantal (Coffres émùlléa du] 521
Chartrier-Ferriëre (Tiers de sol d'or troQTé à) 43
Combora (Accord, en 1256, entre le vicomte de) M7
Gosnac (Vie de Daniel de) *13
Cousages (Pièces concernant) 391
Curemonte (Pièces relatives &] 338
Déluge et inondation à Brive en 1634 131
DoïBc (Claude de), abbé de Valette 35
Baui minérales des Saulières 775
Ëmaillerie limousine 25, 47, 409, 521
Ëmaillerie limousine conservée & l'étranger 47
Eulger (Cénotaphe d") 78
Fronde (Notes pour l'histoire de la) en Bas<LimoasiD 399
Gimel (Pièce datée de 1267 concernant) 350
Hommage, en 1236, de Raymond, vicomte de Turenne 930
Hommage, en 141&, par Renaud de Lissac 391
Lamy de Lach&pelle (Livre de raison de) 578
Lemaistre Bastide (Livre de raison de) 661
Limoges (Émaux de) 25, 47, 409, 521
Limoges (Livres de raison des familles de) 135, 543
Lissac (Hommage, en 1415, par Renaud de) 391
Livres de raison limousins et marchois 135, 543
Maie mort (Lettre, en 1251, d'Aimeric de) 340 ,
Marche (Livres de raison du Limousin et de la) 135, 543
Marsau (Jean) abbé de Valette 36
Maiaiot (Livre de raison de) 239
Maurat (Livre de raison de la famille) 555
Monnaies gauloises (Claasiflcation des) 479
Monnaies gauloises trouvées dans la Corrèze 43, 62S
Numismatique 43, 479, 629, 673
Obsèques de Daniel de Gosnac 463
Peconn et (Livre de raison de) 543
Pèlerinages ft Roc- Amadour 114
Pensées de Joseph Roux 409
Pleaux (Châflfle émaillée à} 541
lyGoogle
— 792 —
PoDtdu ^bfrt (DT(ùts,(lBpi«tig4^t I^)( 755
Procèe-sâriwuLdesïéaoM* 777
Proverbes bâs-limousing 495, 715
Raymond III, vicomte de Turenne (Acte de 12(4} 325
{(fÔinond IV, vicomte de Tu renne gommage de 1236) 330
H»#iiipnd VIj.TiçQnte de Tiueiiita.{EiBpiaat, an.lîfif. pK) 332
Bmnnond VI, viçomtç dç Tureape ({li^t^aawt) ou USl. pu;).- 348
Raymond VI, Tiççmtç dç Tufenp? (Accord, en USfii, 343
Raymond VI, viçomt« de Tuçegna. (AfiflWWMPt, en 1363)4 349.
Raymond Pierre, âmatllaur 35
BftF-Amadour (PèleriaageB &], U4
¥«er (TeaUment, ta,ii^,^^xsmfuiit • S»
B(Njuefeui1 (Accord, qn W6^ «Qlta DiwlpM 4^ M%
Ri^dei (LettreVén 1251, d'Élie de), 3iO-
Buines rom&inea à Tintignaç 63X
Staillant (Drotta de péage sur Iç ppF^t <l^)t ^^
^Rjina (Coffre émaitiâ du], SU
S«uliac (Monnaie trouvée à) S»
8>af liârea (Eaux minâralea des), 7i5i
'^eUlaïKpçnVdç^R&ymoad Rog:eT, TÎç4iot<d«T.uïenD«i 3W
TçBtàment d'Antoinette dB^l^im^çae 39A
'Eintignaç (Ruines romaines à) 37S
XujLle (Proçès-v^irliaL, ea l.&W, d^. maireA de) tti
Tufeone (Documenta relatifs. ^ 1» Ibj^OD de) 3W
Xufeime (Lettre, w 1^1, d'Hâlia d«> a4L
Valette (Les malheurs d'uji, aljbé de)i 3b
Vaimier (Louia),' abbé de Valel^, 35
V«|Otadour (Sentence arbitraire, ejLt^O, dâ-3eKaud de}„ 33ft
Vigeaû(Çp!ffr#émaillâ'du|. 532
Vige.i;ii& (Ûonnaie trouvée.^ &&
TABJrÇ OÇS, GRftyUBES
1 Plat émaillô de Pierre Reymond 2&
' 2 Aiguière de Pierre Raymond 31
3 à 4 Tiers de sol d'or trouvé k Gbartriera. par M. E. Rdpih.. 44
5 Flacon émaillé du Huaée de Berlin, par M- E. Rupim. 53
6 Sncenaoir émaillé du Uusée germanique, par Meissbbacb.. 57'
7, Ciboire dn Musée germanique, par Meisehbach 5S
8 Coffret du Musée germanique, par Falkeieeh 59
9 Panneau de ch&sse au Vatican 71
lyGoogle
- 793 —
10 Panneau de ch&sse à Cluny 74
11 à 14 GénoUphe d'Eulger, par H. de Liras 79, 80, S3, 84
15 Tête d'Eulger, par M. da Limas 88
16 FaC'Simile de la charte de Uaymond VI 333
17 à 18 Sceau de Raymond VI, vicomte de Turenoa, par M. E.
Rupin 337
19 A 20 Sceau de Raymond VII, vicomte de Turenne, par M. E.
Rupin 34S
3t Portrait de Daniel de Gosnac 413
3! Garts relative A la classîQcation des monnaies gauloises, par
M. Maxb-Wbrly 480
23 à 24 GoSre émaillé de Salins, par H. l'abbd Chauh SW
25 & 2B Goffre émaillé du Vigean, par M. l'abbé Chabad. .. 532, 639
29 6 31 Plan des ruines de Tintignac, pai H. E. Bobib, d'E^irès
iea dasslDa de HM. Guillot et Fbkuéiizs... 653, 698, 699
32 & 33 Monnaie trouvée à Tintignac, dessinée par H. Sonui.. 617
34 & 36 Tdtea trouvées A Tintignac, desaintfsB par H. B.
BOBIE 681,' 685, 668
37 &39 Vases trouves A Tintignac par H. E. Rufih «91, 692
40 Nom de potier trouvé A Tintignac 695
41 Le pont du Saillant, par H. E. Rupin 756
tABLE IviÉTHODtQUE
SCIENCES
Les eaux minérales des Saulières, par H. Pb. Lalamde 775
BtSTOIKB
Les malbfiurs d'un abbé de Valette, par U. A. VIyshiêbb 35
L'effroyable déluge et inondation arrivé k Brive en 1634, pièce
communiquée par M. Pb. de Bobredon 131
Livres de raison limousins et marchois, publiés par MH. Gui-
BBBT. Leboui et l'abbé Lecleb 135, 543
Documents relatifs A rbistoire de la Maison de Tarenne, par
M. A. VAYB0TÈRB 309
Articles bibliographiques : Les Pensée» de l's^bé Josepb Roux,
par M. L. Decbos. — Le DicHonnairt des Émailteura de
E. Holinibh, par Mgr Baiibikb de Mohtault. 409
lyGoogle
— 794 —
Notice sur la vie de Daniel de Cosnac, par H. le comte de
COBNAC 413
Proverbes bas -limousins, recueillis par M. Jean-Baptiste Cham-
PBVAL : 405, 715
Droits de péage et de pontonage sur le pont du Saillant, par
H. Louis Gbbil 755
ARCHÉOLOGIB
Pierre Reyinoad, dmaïUenr i Limoges, par H. E. RtPni 25
Note snr on tiers de sol d'or trouvé & Chartriers, par M. Léon
Lacroix 43
Œuvres de Limoges conservées à l'étranger, et documents re-
latif k l'émaillerie limousine, par M. Gh. de Linas 47
De la classification des monnaies gauloises, par M. Maie-Werly. 480
Les coffres émaillés du Gantai, par Mgr BABBtBK de Hontault, 5!1
Honoaie trouvée à Vigeois, par M. Ph. Lalandg 628
Honnùe trouvée à Sauliac, par H. l'abbé Pad 628
Ruines romaines à Ttntignac, par H. Pb. Lalahdb 633
TABLE ALPHABÉTIQUE
FAR NOMS d'auteurs
BosREDON (Philippe de). L'effroyable déluge arrivé à Brive en
1634, 131.
Champeval (Jean-Baptiste). Proverbes bas- limousins, 495, 715.
Goshac (Gabriel-Jules de]. Notice sur la vie de Daniel de Cosnac,
suivie d'une relation inédite des obsèques de ce prélat, 413.
Decrob [Léopold). Les Pensée» de Josepb Roux, 403.
Gbbil (Louis). Droits de péage et de pontonage établis sur le pont
du Saillant,
GuiBBST (Louis). Livres de raison, registres de famille et joarnaui
individuels limousins et marchois, 134.
Lacbou (Léon). Note sur un tiers de sol d'or trouvé dans la com-
mune de Chartriers -Perrière (Gorrèze). 43.
Lalande (Philibert). Monnaie trouvée à Sai nt- Bon net-l'En fan lier,
628. — Ruines romaines à Tintignac, 631. — Eaui minérales des
Saulières, 775. — Pocès-verbaux des séances, 777.
Lbcler (Abbé). Livres de raison limousins et marchois, 134.
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