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L'ABBAYE
NOTRE-DAME DE GRESTAIN
MAÇON, PROTAT FREBES, IMPRIMEURS.
L'ABBAYE
DE
NOTRE-DAME DE GRESTAIN
DE L'ORDRE DE SAINT-REXOIT
A L'AXCIEX DIOCÈSE DE LISIEUX
PAR
Charles BRÉARD
MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES ET DE l'iIISTOIRE DE NORMANDIE
ROUEN
A. LESTRINGAXT, LIBRAIRE
11, Rie Jeanne-d'Arc, 11
1904
J)C
■ Llsls
L'ABBAYE
DE
NOTRE-DAME DE GRESTAIN
DE L'on DUE DE SAINT-BEXOIT
INTRODUCTION
L'abbaye de Grestain ' était un monastère qui a vécu sous
la règle de saint Benoît pendant une période sept fois sécu-
laire. Elle est désignée dans les textes latins par les mots :
Beata Maria de Grestano ou Gresteno, Sancla Maria Grestani '-.
Personne ne songe à contester l'action civilisatrice, l'œuvre
bienfaisante que les religieux de cette communauté ont exer-
cées au début dans un pays qui avait été évangélisé quatre
cents ans auparavant, à l'époque des grandes fondations monas-
tiques des \i^ et vii^ siècles \ antérieurement aux invasions
normandes, par d'autres moines, d'autres missionnaires armo-
1. Ancien diocèse de Lisioux Calvados), archidiaconc de Pont-Audemer
(Eure). — A. Longnon, Pouillés de la province de Rouen, p. 2o3.
2. On décompose ce vocable en griez (grès) et en slein (pierre).
3. FonloiioUe ou Saint-Wandrille (0i9j ; Jumièges (655) ; Fécamp (658).
Ch. Bhkahi». — L'ubhiiije de Xolrs-Dnmc de Grestain. 1
2 L ABBAYE DE NOTRE-DAME DE GRESTAIN
ricains '. Mais nous sommes obligés de reconnaître que Fab-
baye de Grestain, placée dans une contrée dun très difficile
accès jadis, a été un établissement peu considérable, un cou-
vent secondaire qui a subsisté sans éclat et sans rayonnement.
De ses abbés, qui tous n'ont pas toujours suivi les règles en
harmonie avec leur état, aucun ne s'est vu appelé à des desti-
nées qui aient éveillé l'attention. Peu d entre eux ont été assez
éclairés ou habiles pour se conserver les biens qui assuraient
la perpétuité de leur maison ; leur incurie d'abord, la guerre
ensuite l'avaient appauvrie dès le xiv^ siècle. De même que
pour les monastères de Cormeilles et de Préaux, on ne songe-
rait guère de nos jours à l'abbavede Grestain si celle-ci n'avait
compté au premier rang de ses fondateurs des personnes qu'une
alliance étroite unissait aux ducs normands, à Robert le Magni-
fique, à son fils Guillaume le Bâtard, le héros delà Normandie,
le duc-roi. Elle a donc, comme toute autre abbaye, son lot de
souvenirs historiques. En effet, les mains qui ont soutenu les
premiers pas des religieux de Grestain, au temps où l'histoire
normande n'a été qu'un drame de famille, avaient été celles
d'Herluin de Conteville, d'Ariette, sa femme, de Robert de
Mortain, leur fils aîné: Herluin était le beau-père du futur
conquérant de l'Angleterre, Ariette était sa mèra, Robert était
son frère utérin. Derrière ces noms, on voit près d'un siècle
de l'histoire de la Normandie.
Aujourd'hui Grestain n'est ni un village ni un hameau ni
l'assemblage de quelques chaumières ; l'ancienne abbaye a la
monotone vulgarité d'une ferme. Rien n'égale sa désolation ;
les pierres qu'on y voit encore disent peu de choses. Le sol a
perdu les traces de l'église, du cloître et des autres bâtiments
1. Saint Samson, ses compagnons et ses disciples: Mewen ou Meun que
nous appelons saint Meen ; Maclow ou Macut qui est saint Malo en Bretagne et
saint Maclou en Normandie. Samson, né vers l'an 480, est mort vers Fan 565 ;
Meen serait mort le 21 juin 617.
INTRODUCTION 3
réguliers. Leur importance, d'ailleurs, étail médiocre. Les
murs qui clôturaient l'enceinte subsislenl seuls en partie ; ils
répondent à la richesse de l'abbaye. A l'intérieur, il reste les
épaisses murailles d'une construction transformée en une habi-
tation qui n'a rien de monastique. Il y apparaît une salle voû-
tée en arcs de cercle dont le caractère n'offre rien de particu-
lier, sinon une massive solidité et l'absence de fenêtres. Ce
bâtiment s'élevait en dehors de l'enceinte des lieux réguliers.
Trois arcades y donnaient accès; elles sont très apparentes et
bien conservées. On les attribue au xii*^ siècle. Devant elles
une grande quantité de terre provenant des démolitions a été
accumulée. A peu de dislance, vers l'est, les fragments
informes d'un pilier se détachent du sol. C'est là très vraisem-
blablement les vestis^es de léolise abbatiale.
Mais d'autre part le dessein d'étudier les ruines de Grestain
dans les écrits et non plus sur le sol est rendu très difficile.
De quels matériaux, de quels moyens d'information peut-on
disposer? La vie de l'abbaye de Grestain a laissé peu de traces
directes ou indirectes. En examinant ce qui nous est resté, on
jugera peut-être noire entreprise téméraire. En effet nous ne
pouvons présenter la série des pièces historiques qui permet-
trait de raisonner utilement de l'état de l'abbaye au moyen-
âge, de connaître son organisation intérieure, ses rites, ses
cérémonies, ses usages, de suivre les vicissitudes du monas-
tère, les alternatives diverses de ferveur et de décadence, les
réformes, les rechutes, de savoir la place que l'abbaye occu-
pait dans le diocèse et comment elle s'y était comportée à
l'égard de la population. Rien de cela ne nous sera permis.
Cependant on a tenté, pour la première fois, de disputer à
l'oubli des souvenirs qui sont particulièrement effacés du coin
de terre où Notre-Dame de Grestain a été fondée dans les
vieux temps.
Au milieu du xvii^ siècle, les religieux de Grestain possé-
4 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAlxN
daieni encore un certain nombre de mannscrits dont le
P. Arthur du Monstier a tiré un i^rand parti ' ; mais leur
bibliothèque devait être très pauvre car on n'a pas jugé à pro-
pos d'en dresser un catalogue ainsi qu'un moine bénédictin l'a
fait pour l'abbaye de Préaux ~. Des manuscrits de Grestain,
il n'en est pas un seul qui ait subsisté. Cependant rappelons
que A. du Monslier en a eu plusieurs entre les mains et qu'il
a cité : Vetera niss. ahbaf. Grestani; mss. antiquit. Grestani ;
mss. schedis ahhatiae Grestani: l'obituaire de Grestain [ex
Obituario ms. Grestani) ; un calendrier ou nécrologe de l'ab-
baye [Necrologia Grestani) ; un manuscrit qui a pu être le
recueil des droits et coutumes de l'abbaye [ex Codice ms.
ahhat . Grestani). Auprès de ces manuscrits d'autres venaient
se ranger vraisemblablement sur les rayons et offraient
quelques ressources pour les études.
En 1664, l'original de la charte de Richard Cœur de Lion
confirmative des donations existait encore dans l'abbaye ^.
En 1696, D. Julien Bellaise, « qui se livrait à la recherche des
monuments de l'antiquité^ <>, vint consulter le chartrier de
Grestain; il lui emprunta, paraît-il, beaucoup de documents''.
Enfin, l'abbé Rêver, le premier savant qui dans le départe-
ment de l'Eure ait élevé la voix en faveur du souvenir des
temps anciens, a écrit que les titres de l'abbaye et sa légende
peinte sur parchemin s'y voyaient avant la Révolution "'. Tout
cela pour nous est perdu.
D'autres pertes aussi sont à déplorer, sur lesquelles on ne
1. Xeualria pia, p. 328-334.
2. Bibl. nat., ms. latin 13073; Catalogue dressé par D. Julien Bellaise.
3. On trouve aux Arch. dép. de la Seine-Inférieure, une copie de ce docu-
ment faite à Orbec, le 26 nov. 1664 (fonds de Tancarville, Eauries).
4. Né au diocèse d'Avranches, D. Julien Bellaise est mort dans Fabbaye de
Saint-Ouën de Rouen, le 23 mars 1711. — Hist. litt. de la congrégation de
Saint-Maui-, p. 310.
5. L. Dubois, Recherches hist. et arch. sur la Normandie, p. 10a- 137.
6. Voyage des élèves de l'Ecole centrale de l'Eure, p. 158, note vin.
^
INTRODUCTION
possède d'ailleurs que des notions incomplètes. C'est seule-
ment vingt-neuf ans après la suppression de l'abbaye que les
anciens papiers ont été inventoriés, en 1786, à la mort de
l'abbé de Boismonl. On ne peut dire ce qu'il en subsistait
alors. Un seul procès-verbal nous est parvenu. Il énonce que
la plus forte partie des titres avait été remise au pelit sémi-
naire de Lisieux. C'étaient des contrats de propriété, des
pièces de procédure. A défaut d'autres documents, on accueil-
lerait volontiers les matériaux que ces actes pourraient four-
nir. Mais les liasses inventoriées étaient destinées à dispa-
raître. Les minutes dun tabellionage en ont seules conservé
les traces •.
On ne connaît plus ces papiers ; il a donc fallu en abordant
l'histoire de l'abbaye de Notre-Dame de Grestain porter ses
investigations sur d'autres sources, et il reste pour terminer
cet avant-propos à indiquer les principales auxquelles on a puisé.
1° Aux Archives nationales, nous avons vu différentes séries
de registres et de recueils :
Série E2b , fol. 6 v».
Série G^ 1252, 1253.
Série JJ. 59, n« 308; —JJ. 64, n^ 672; — JJ. 79,
no 32 ; — JJ. 87, lï*' 183 ; — JJ. 154, n« 511 ;
— JJ. 180, n^^ 60, 61, 111; — JJ. 186,
n«« 89, 90, 92.
Série N. Cartes et plans. P^ure, 3^ cl., n^ 25.
Série P. 205, n" 202 ; — P. 263', n"^ '398, 471. —
P. 264^ no 935; — P. 265-, n'> 1621 ; — P.
271. n" 4480; — P, 305, n^ 227 ; — P. 307,
no 214; — P. 1905-, n" 6636.
Série PP. 236', n^'^ 444, 446; — PP. 263-, n«^ 458,
459.
1. Foiiquior. Rrrhercheri hisf. aiii- Boiizfrillp (I878\ p. I7S.
6 L ABBAYE DE NOTRE-DAME DE GRESTAIN
'2o Aux Archives départementales du Calvados, nous avons
emprunté d'utiles indications :
Série H. suppl. X^'B. Une pièce (1541-1687).
Série « Dix pièces (1253-1436) dont M. Lécliaudé-
d'Anisj a donné Fanalyse dans Mém. soc. Ant.
de Normandie, t. VIII, p. 1-3.
3*^ Des Archives départementales de l'Eure, nous avons tiré
beaucoup de documents :
Série C. n^ 290. Vingtièmes.
Série H. n^s 336-341, 342, 343, 345-348.
Série H. n^ TH. Cartulaire de Saint-Pierre de
Préaux, du xi^ siècle à 1494.
Série Q. Domaines nationaux (1791-1792), t. VIT
et VIII.
40 Enfin les dépôts qui suivent nous ont fourni un grand
nombre de pièces dont quelques-unes sont importantes :
Archives départementales de la Seine-Inférieure :
Série G. 7930.
Fonds du comté de Tancarville. Eauries et Pêches.
Procédures contre Fabbaye de Grestain. 2 liasses.
Fonds du comté de Tancarville. Copies de pièces.
We^y. E 13t^^ fol. 212, 354, 425.
Cartulaire de Jumièges, n*^* 214, 519, 520, 521, 522,
541 (actes relatifs au droit de pèche; n*^^ 252 et
543 (échange de Conte ville) .
5° Archives communales de Honfleur :
Cartons n^s 20 et 23. Dix-sept pièces relatives aux
fiefs du Mesnil-Ferry, Honnaville et Maharu.
INTUdDlCTION
ii" Archives hospitalières de Honfleur :
Série B. Liasses 10, 31 et 32.
Série E. Registre 4, fol. 47 v" ; fol. 59 à 62.
7^ Bibliothèque nationale :
Mss. latin, 5218, f"^ 220 à 234 ; 10070, fol. G4 ;
12778, fol. 244, 246 ; 12884, 2^ partie, fol. 239.
Mss. franc., 20894, fol. 123; 20905, n^-^ 149, 150,
151, 152 ; 26041, n» 5130 ; 30694, n« 152.
Portefeuille Fontanieu, vol. 111-112, fol. 203.
Cinq Cents de Colbert, fol. 190, fol. 1360.
Dossiers du cabinet des Titres.
8^ Bibliothèque communale d'Arras ' :
Recueil factice de documents sur Tabbaye Notre-
Dame de Grestain (fonds Ad vielle, n*^ 7) ; 1 vol.
in-fol.
9*^ Bibliothèque mun. d'Avranches :
Ms. latin, n'> 147, fol. 109 (Decretaha et varia ad
Normanniam spectanctia).
iO'^ Collections privées :
Aveux, quittances et autres actes des xvi® et xvii''
~ siècles formant un lot de 85 pièces recueillies par
M. Paul Bréard, notaire. A la même étude, on
trouve dix-neuf registres des minutes du tabellio-
nage de Grestain, savoir : 1 reg. de septembre
1597 à juillet 1598; — 4 reg. de septembre 1605
à avril 1608 ; — 1 reg. des années 1636 à 1637 ; —
6 reg. de 1653 à 1663 ; — 7 reg. de 1732 à 1743.
1. Dans le même fonds, on conserve un autre vol. in-fol. quicontientsoixante-
cinq aveux, relatifs à Saint-Samson-de-la-Roquc (1536-1741) ; plus deux
volumes d'actes notariés à Pont-Audemer, Quillebeuf, Beuzeville, Routot,
MoiilforL, Orbec, etc., parmi lesquels figurent deux aveux rendus à l'abbaye
de Cormeillcs.
« L ABBAYE DE NOTKE-DAME DE (iRESTAIN
La Société historicpie de Lisieux possède, parmi d'im-
portants documents, deux registres du tabellionage
de Grestain des années 1598-1599; 1605-1606.
D'autres registres ou minutes du même tabellionage
de Grestain sont conservés dans l'étude d'un
notaire de Beuzeville (Eure).
Nous nous abstiendrons d'indiquer les Imprimés dont nous
avons fait usage ; ils sont bien connus. Tels sont le Neustria
pia (1663), le Monaslicon anglicanum (édit. de 1817 à 1830) ;
le Gallia Chrisliana^ t. XI; les Ac/a Sanctorum Bolland. ;
les Annales SS. ord. S. Benedicii ; les chroniqueurs nor-
mands : Wace, Benoît de Sainte-Maure, Guillaume de Jumièges,
Guillaume de Poitiers, Robert de Torigni, Orderic Vital, etc.;
le Recueil des historiens des Gaules et de France ; les Mémoires
de la Société des antiquaires de Normandie^ surtout les tomes
XV et XVI ; l'ouvrage de M. Auguste Le Prévost, Mémoires
et Notes pour servir à Vhistoire du département de l'Eure
(édit. Delisle et Passy, 1862-1869) ; V Histoire de l'ancien
Évêché-Comté de Lisieux par M. de Formeville (1873), qui
contient les Mémoires de Noël Deshays, curé de Champigny ;
enfin nombre d'autres publications que l'on rencontrera citées
dans les notes.
Souhaitons, en finissant, que les érudits et les chercheurs
qui ont le goût de l'histoire particulière des provinces prennent
quelque intérêt à ce modeste ouvrage, qu'ils veuillent bien
nous ne dirons pas le lire, mais seulement au besoin le feuil-
leter. Quel qu'il soit, peut-être pourront-ils y découvrir
quelque chose de nouveau : comme les abeilles goûtent de
toutes sortes de plantes dans les bois.
Floriferis ut apes in saltibus omnia libant.
L'ABBAYE
DE
NOTRE-DAME DE GRESTAIN
CHAPITRE PREMIER
Origine et fondation de Vabbaye. — Premières donations en
Normandie et en Angleterre. — Principaux fondateurs. —
Les abbés de 1050 à 1197 .
Dans le Lieuvin, contrée comprise entre trois rivières : la
Risle, la Charentonne et la Touques, le mouvement religieux
qui se manifesta au xi^ siècle a Honné naissance à quatre
abbayes: Saint-Pierre de Préaux, Saint-Léger de Préaux,
Notre-Dame de Gormeilles et Notre-Dame de Grestain. De
bonne heure, les moines bénédictins s'y sont arrêtés, y ont
fondé des établissements fixes dans des campagnes cultivées
depuis de longs siècles, où les églises rurales ne manquaient
pas, où l'organisation paroissiale s'était constituée autour des
temples rustiques de populations déjà vieilles et fidèles au sol.
chez lesquelles l'influence chrétienne avait pénétré depuis
longtemps. Des religieux s'y sont rassemblés en nombre sur
la même terre, derrière les mêmes murs, pour continuer
10 L ABP.AVE DE NOTRE-DAME DE GRESTAIN
l'œuvre d autres missionnaires. Ils y ont trouvé un bon pays,
un climat doux, un sol verdoyant et fécond ; ils y ont aménagé
des cultures dans une enceinte de taillis et de bois et les ont
fait améliorer. Des générations d'hommes se sont groupées
autour d'eux, elles y ont formé des hameaux puis des villages
qui ont conservé un caractère d'ancienneté.
Préaux a été reconstruit vers l'année 1035 ; Grestain a été
fondé en 1050 sur l'emplacement d'une chapelle de création
plus ancienne et dédiée à la ^ ierge ; Cormeilles a été trans-
formé en abbaye dix ans plus tard, en 1060 environ'. Cet
établissement de monastères se rapporte aux trente années
qui ont suivi la mort de Robert le Magnifique ; le même temps
a aussi vu s'établir des religieux à Saint-Pierre-sur-Dive et à
Troarn. Des seigneurs détenteurs de domaines plus ou moins
grands, Onfroi de Vieilles, fils de Toroude, Herluin de Gon-
teville, Guillaume Fitz-Obern, ont été les fondateurs de
Préaux, de Grestain et de Cormeilles qu'ils avaient doté libé-
ralement. Aujourd'hui, à l'exception de Grestain où quelques
murailles sont encore debout, les restes des autres abbayes
n'existent plus même à l'état de ruines. Dans la même région
qui a été évangélisée aux temps mérovingiens, les hommes
n'ont pas respecté plus que les autres monuments un antique
monastère bâti trois cents ans avant les invasions normandes,
sur la rive droite de la Risle, à peu de distance de Conte ville,
à Saint-Samson-de-la-Roque. Il avait été élevé dans la pre-
mière moitié du vi^ siècle, près de la simple cellule, ]e peniti^
1. Voy. sur Cormeilles : Canel, Essai sur Farr. de Ponf-Audemer, II, 367 ;
— Revue de Rouen, II, 194-202 ; — Rulletin monumental, VIII, 188 ; — Neustria
pia, p. 595 ; — Gallia christ., XI, 847. Et sur Notre-Dame et Saint-Michel de
Préaux, Neustria pia, p. oOo ; — Gallia christ., XI, 384; — Essai sur l'arr. de
Pont-Audemer, I, 308; Revue de Rouen, année 1833, p. 227-234.
2. M. de La Borderie a parlé de l'abbaye de Pental ou Pentalle dans son
Histoire de Bretagne il, 427) ; voici ce qu'il en a dit : « Childebert donna à saint
Samson un vaste et beau domaine vers l'embouchure de la Seine et voulut v
ORIGINE ET FONDATION H
OÙ l'illustre àbbé de Dol se relirait quand les affaires lobli-
geaient à séjourner chez les Francs. L'humble habitation de
saint Samson était devenue l'abbaye de Pental dont les derniers
débris étaient amoncelés sur les bords de la Risle en 1828.
On a donc devant les yeux une abbaye al)andonnée depuis
cent cinquante ans environ, un monastère déserté, une maison
en ruines. Pour étudier Grestain, les seules données qui
puissent être utilisées .indépendamment des textes manuscrits
sont celles que le Neusfria pia fournit. On y trouve, ou peu
s'en faut, tout ce qu'il est possible de savoir sur les faits histo-
riques. L'abbaye de Grestain, il est utile de l'observer, incon-
nue de nos jours, a jadis été profondément délaissée par les
historiens. Il y a même eu des omissions vraiment curieuses.
Dans son Histoire ecclésiastique, très estimée et souvent citée,
Orderic Vital n'a pas une seule fois fait mention de Grestain,
cependant plus qu'aucun autre écrivain il était informé de la
fondation des abbayes de Normandie. N'a-t-il pas parlé de
Couches, Préaux, Lyre, Saint-Pierre-sur-Dive, Troarn, Cor-
meilles, etc.? Quant à Grestain que venait de fonder le beau-
père du Conquérant, pas un mot. Ce silence nous a surpris,
mais nous n'avons pas de conjectures à avancer. Au xii^ siècle,
on n'était d'ailleurs pas mieux informé du nom du fondateur
de Grestain au sujet de qui il ne semble pas avoir existé une
constante tradition. Guillaume de Jumièges a nommé Robert
de Mortain ^ Ce seigneur a effectivement fait d'importantes
faire construire à ses frais un monastère à l'usage de Tabbé-évèque breton.
Ce monastère fut sans doute élevé à la mode bretonne, car Samson l'appela
son Peniti, ce que les latinistes du temps traduisirent par Penilalc monasterium,
et d'autres ne comprenant rien h ce Penitale en firent ensuite Penilalc monas-
terium, ce dont on a fini par faire en français monastère de Pental, prenant
ce mot de Pental pour un nom de lieu, contresens de la plus belle eau, car le
nom primitif émanant de saint Samson signifiait simplement que quand il
était chez les F'ranks cette maison était son peniti, c'est-à-dire le lieu où il se
retirait pour vaquer à ses austérités. »
1. Ilistor. de Fi\, XI, 46, 340: « Monasterium Gresteni Robertus comes
Moritolii fccit. »
12 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
donations à Noire-Dame de Grestain, mais il ne l'avait pas
fondée. D'après Robert de Torigni ou du Mont, le fondateur
de l'abbaye a été Herluin de Conte ville '. Aussi est-on assez
étonné de lire dans un autre écrivain, Robert Cenalis ou
Cénal, évêque d'Avrancbes, que Grestain a eu pour fondateur
un baron de Harcourt qu'André de la Roque a identifié avec
Robert IP du nom, fils de Guillaume de Harcourt. Mais
en quel temps a vécu ce sire et baron de Harcourt? Il vivait
encore, dit André de la Roque, en Tannée 1212. Or, Grestain
a été fondée en lOoO environ. On relèvera donc dans cette
information une impossibilité et un anachronisme. Voici le
passage : « Il (Robert) fonda l'abbaye de Nostre-Dame de
Grestain, ordre de saint Benoist, dans la terre de Grestain
au diocèse de Lisieux, selon Robert Cenalis, évesque
d'Avrenches, de quoy quelques-uns ne demeurent pas d'ac-
cord pour la première fondation qu'ils attribuent à Robert,
comte de Mortain, et autres seigneurs de ce temps-là, de
laquelle abbaye Claude Robert, après le cardinal Baronius,
fait mention sur Tannée 1181 '. » Ce sire et baron de Har-
court ne fut point le fondateur de Grestain ; au témoignage du
Neusfria pin, il fit construire le cloître de l'abbaye ; il en était
ainsi l'un des principaux bienfaiteurs.
Un autre fait controuvé est également à redresser. On lisait
sur le nécrologe de l'abbaye ces mots : « Obitus Bajocensis
episcopi, fundatoris ejus loci -^ » On s'est autorisé de cette
mention pour faire d'Odon de Conteville le fondateur de Gres-
tain ^ sans doute en pensant que les moines devaient savoir
ce qui s'était passé chez eux. Cela n'est pas bien certain ; les
traditions sont le plus souvent défigurées. Encore là il n'y a
1. Chron. de Robert de Torigni éd. L. Delisle), II, 201.
2. Hist. généal. de la maison d'Harcourt, I, 309.
3. Xeustria pia, p. 599.
4. Dom Pommeraye en a fait le premier abbé.
ORIGINE ET FONDATION 13
point tradition car on ne saurait indiquer les dons faits par
Odon au monastère de (irestain. D'un examen attentif de la
charte confirmative de Richard Cœur de Lion, il résulte que
le nom d'Odon de Bayeux n'y figure pas à côté d'Herluin, son
père, ni de Robert de Mortain, son frère, ni du Conquérant,
son autre frère maternel. Comment donc aurait-il été le fonda-
teur de l'abbaye? Quels bienfaits a-t-elle reçu de la main de ce
prélat ambitieux et cupide, aux mœurs dissolues, de ce comte
de Kent que Ton a appelé le fléau de l'Angleterre ? La ques-
tion est si obscure qu'on n'ose prononcer autre chose que le
doute.
Si l'on doit s'étonner que l'on ait mentionné par tradition
trois fondateurs de l'abbaye de Grestain, il faut dire que la
critique a depuis longtemps fait un choix. Herluin de Conte-
ville est bien le fondateur. Que la maison ait eu des fonde-
ments peu solides dans les premiers jours, cela est vraisem-
blable. Qu'après Herluin, son fils Robert de Mortain ait achevé
ce que son père avait commencé, que d'autres seigneurs aient
largement contribué au développement du monastère, cela
paraît certain. Mais le fondateur primitif est Herluin de Conte-
ville ; il était né pour le moins dans les dernières années du
x^ siècle,
(]!ependant nous aurions besoin de savoir quel était cet Her-
luin et c'est ce que nous ignorons. Le fond de sa notoriété
historique est moins la création de Grestain que son mariage
avec Ariette. Les chroniques font mention de son nom deux ou
trois fois, puis elles sont muettes. Guillaume de Jumièges
ne paraît pas 'e connaître ; il l'a désigné ainsi : Herluinus qui-
dam probus miles ', un certain Herluin honnête chevalier.
Guillaume de Malmesbury ' en a fait un homme de condition
1. Du Moulin, HIaI. (j(hi. de Xonnnndie (1631), p. 229.
2. Histnr. de Fr., XI, 38.
14 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAlN
médiocre '. Orderic Vital s'est contenté de le désigner par son
nom : Herluin de Conteville -. C'est tout ce que Ton trouve.
Ceux même qui ont vécu sinon de son temps du moins du
temps de ses fils ont parlé d'IIerluin de Conteville sans le
connaître. Sa biographie n'appartient d'ailleurs à l'histoire que
par une assez courte période et par deux faits seulement : son
union avec Ariette et la fondation de l'abbaye de Grestain.
Il paraît démontré qu' Herluin possédait Conteville-sur-Mer,
à l'embouchure de la Risle, et que ses domaines dans ce quar-
tier formèrent ce qui fut appelé depuis l'Honneur de Sainte-
Mère-Eglise, du nom d'une petite paroisse qui est devenue
postérieurement Notre-Dame-du-^ al-sur-Mer ; puis, après sa
réunion avec Saint-Pierre-du-Châtel, autre propriété d'Her-
luin, Xotre-Dame-du-Châtel \ Mais à quel titre Herluin,
mediocrium opuni vij\ possédait-il Conteville, le domaine du
comte [Comitisvilla) , et d'où venait le nom de ce domaine?
« Nous croyons pouvoir dire, a écrit M. Aug. Le Prévost,
que Conteville était un domaine de nos ducs, très souvent qua-
lifiés de comtes dans l'origine. Nous croyons qu'Herluin en fut
investi viagèrement et qu'après lui le souverain rentra en pos-
session dudit domains ^. » Il est fort possible en etTet, mais la
preuve n'en peut être donnée, qu'après la mort d'Herluin la
transmission héréditaire ne se soit point établie, et que Robert
de Mortain n'ait pas possédé le domaine rural de Conteville.
Cette circonscription territoriale aurait alors été constituée en
une vicomte que des agents domaniaux administraient ^, puis
en 1195, Richard Cjeurde Lion donna le domaine de Conte-
ville aux moines de Jumièges en échange de Pont-de-l' Arche ".
\. Histor. de Fr., XI, 189 : « Mediocrium opum viro nupserat. »
2. Ord. Vital, III, 246 (édit. Le Prévost).
3. Note de M. Aug. Le Prévost dans Ord. Vital, III, 246. — Stapleton,
Magni Rotuli, I, 128, 129, 130, 138.
4. Méin. et notes sur le dép. de l'Eure, I, 538.
5. Mém. soc. Ant. Normandie, XV. 31, 35, .37, 73; XVI, 62, 101, 102.
6. Cart. de Jumièges, n° 243. — Cart. normand, p. 39, note.
ORlGtNK ET FONDATION 15
Dans racle d'échange, Conleville est désigné par ces termes :
(( villam de Conlevilla ». Dans les Rôles de rKchiquier, on
trouve le même mot: « villa », qui désigne non le centre de
populations rurales mais le domaine d'un grand propriétaire.
On a donc lieu de penser que la terre de Conteville n'a point
été un fief héréditaire dès l'origine mais une concession tem-
poraire puis viagère faite à Herluin. Cependant on croit que
d'autres lots de terre situés dans le même quartier et consti-
tuant un domaine lui avaient été inféodés sous les seules con-
ditions de la foi et du service militaire; c'étaient des terres
fiscales qui avaient fait partie du patrimoine de nos ducs dans
le diocèse de Lisieux. Ce bénéfice devint un fief transmissible
et perpétuel dont Herluin put disposer et qui passa aux comtes
de Mortain, ses fils et petits-fils, lesquels ne paraissent pas en
avoir conservé longtemps la propriété puisque l'on voit
Robert III de Meulan donner à l'abbaye de Grestain tous les
droits qu'il possédait sur les églises de Saint-Pierre et de
Sainte-Mère-Eglise, autrement dit Notre-Dame-du-Val, et sur
la chapelle du château '. Ce fief ou bénéfice était V Honneur
dont il a été parlé '.
La mémoire d'Herluin et des comtes de Mortain, le souvenir
de ces hauts seigneurs, se sont perdus même dans la tradition
1. Charte confirmathe de Richard Cœur de Lion; voir aux pièces justit'.,
n» 1.
2. Th. Staplelon, Mnrj/ii Roliili, I, 128, 129 : .< L'honneur de Sainte-Mère-
t'Jùjlise appartenait au conilé de Mortain, il était venu aux possesseurs de ce
comté par transmission d'Ilerluin de Conteville qui, comme mari d'Ariette,
mère de Guillaume le Conquérant, était le père de Robert, comte de Mortain
et d'Odon, évèque de Baveux. Dans les limites de sa seigneurie, Herluin
fonda iahhaye de Grestain dans laquelle il fut inhumé avec son épouse ;
elle était située sur le bor 1 de la Seine en face d'une vallée lit stood on the
bank of the Seine, fronting the valley) où s'élevait une église dédiée à Sainte
Marie, Notre-Darne-du-Val, le voisinage de laquelle avec l'emplacement de
son château fit donner à ce dernier le nom de château de Sainte-Mère-Eglise,
(the proximity of wich to the site of his castle gave il the oi Castrum de Sanctae
Maria.' Ecclesia). »
16 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
locale, et il faut renoncer avec les seules données qui subsis-
tent à fixer les limites de leur seigneurie qui devait être assez
vaste puisqu'elle s'étendait, à l'ouest, jusqu'à la. rive droite du
cours d'eau appelé la Claire. Sur la rive gauche de ce ruisseau
se trouvait Honfleur et sa prévôté qui appartenaient et ont
toujours appartenu aux Bertran de Briquebec et de Roncbe-
ville, quoiqu'on ait dit le contraire '.
C'est sur une parcelle de terre du fief ou honneur de Sainte-
Mère-Eglise qu'Herluin accomplit un vœu en faisant édifier un
humble monastère spécialement chargé de prier pour le
salut de son âme et de recevoir sa dépouille mortelle ainsi que
celle de ses descendants. Il le plaça sous l'invocation et la pro-
tection de Notre-Dame ou Sainte-Marie [Sancta Maria Gres-
tani) .
L'abbaye de Notre-Dame de Grestain n'a pas été fondée
antérieurement à l'année 1050. Les anciens récits des hagio-
graphes avaient indiqué la date de l'an 1040, mais on a opposé
à cette indication une objection sans réplique, c'est que ce fut
Hugues d'Eu, évèque de Lisieux (de 1050 à 1077j, qui présida
à la bénédiction du terrain où devait s'élever l'établissement
monastique '. Il restait au nouveau couvent à croître et à pros-
pérer au moyen des donations qu'accumulera la piété des bien-
faiteurs. Avant de les faire connaître, il est encore des détails
qui provoquent la curiosité et doivent retenir un instant l'at-
tention. Nous voulons parler du mariage d'Herluin de Conte-
ville, de sa seconde femme, et de leurs enfant-s. Disons de
1. A. Catherine, Hist. de la ville et du canton de Honfleur, I, p. 69 à 77. Il
est faux de tous points et ne repose sur rien qu'Herluin de Conteville et les
comtes de Mortain aient possédé Honfleur, ainsi que l'assure l'auteur d'un
livre où fourmillent les méprises et les erreurs de tout genre.
2. Dans le Xeustria pia, p. o88: Itaque anno lOiO predictus cornes Herluinus
de consensu ejusdem Guillelmi ducis, etc. — Dans le Gallia christ. : Monasteriuni
post annum 1060 concedei^ agressus est Herluinus. — Cf. Trigan, Hist. ecclés.
de la province de Xormandie. 111. 61.
IlKhLLlN ET ARLETTE 17
suite après craulrcs ce qui a élé dit maintes fois, à savoir que
la seconde femme dllerluin élail ArleLte, la jeune Normande
qui a élé la mère de (iuillaume le Bâtard, lequel l'honora beau-
coup quoiqu'elle fût de basse naissance '.
Il y aurait des remarques à faire au sujet de cette union ; les
uns la placent presque aussitôt la mort de Robert le Magni-
fique, en 1035 ' ; les autres avant cette date ', Mais sur ce
point d'histoire on n'a aucune preuve à produire ; les témoi-
gnages que l'on invoque sont contradictoires, de manière que
chacun a pu expliquer selon ses points de vue ce qu il y a
d'obscur dans les chroniques. En réalité on ne sait sur quelles
bases combiner les rapports chronologiques d'Herluin, d'Ar-
iette et de la naissance de leurs deux fils, Roberl et Odon. Le
premier a été l'un des fondateurs de l'abbaye de Grestain.
L'âge du comte de Mortain et de l'évêque de Bayeux, à
l'époque de la fondation de l'abbaye, ne peut être établi avec
certitude ^. Ce détail est d'ailleurs sans importance dans la
présente monographie. Nous nous contenterons des traits his-
toriques qui ont été adoptés de confiance jusqu'à présent ; il
serait hors de propos de les discuter.
1. //(.s7o/\ de F/'., XI, 28."): » Quamvis cssol iiiferiori génère orln inuUum
honoravit. »
2. Will. Gemet., Ilislor. (h- Fr , XI, 21)8 : i Vorum postquam Hierosolyini-
tanus Diix obiit, Ilorliiinus quidam probiis miles Ilerlevam uxorem diixil. »
3. Will. Malmesbury, Uixlor. de Fr., XI, 189: .' Matrem, (juantum vixit,
insigni indulgentia dignalus esl ; (|uae ante palris ohitum ciiidam Ileilowiiu) de
Comitisvilla mediocriiuii opum viio iiupserat. >>
4. Dans ses Rechercher arch. el hisloi\ sur la Xormandie, p. l.'JU-l.{2,
M. L. Dubois a signalé des faits qui se contrarient sans qu'il en ail iirésenté
aucune solution. On ne sait si l'on doit prendre en considération la citation
d'un passage de la cbartc de fondation de Grestain : pro anima uxoris sii.ie
Ilerlevae et filu siii Roberli, et Matliililis, uxoris ejus, et /ilioruin et /iliariim.
("ette charte nous est inconnue, ma!s il semble qu'on ne doit admettre ([uavec
des réserves l'extrait que M. L. Dubois en a donné. Le texte laisse à entendre
que Robert de Mortain était déjà marié lors de la fondation de Grestain, vers
li)i)U, par son père Ilerluin de Conteville.
Cn. BuK.vRii. — LWhbuye de Xolrc-Damc de Grestain. 2
18 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
C'est donc en l'année 1035 ou avant celte époque, dit-on,
qu'Herluin de Gonteville épousa Arlelte. C'était une concu-
bine sans naissance de Robert, dit le Magnifique, le Libéral et
le Diable, à qui elle avait donné plusieurs enfants avant qu'il fût
duc de Normandie. Les chroniqueurs et après eux les roman-
ciers ont puisé dans une aventure, banale au surplus, — la
peinture de sentiments nobles et délicats dont ils ont fait bien
gratuitement honneur au duc Robert. Mais le roman des
amours d'ArlelLe paraît avoir été emprunté à des traditions
populaires qui ont été arrangées et développées longtemps
après ' pour charmer Henri II, roi d'Angleterre, à qui Wace
narrait en vers les hauts faits du roi Artus et racontait l'ori-
gine des rois anglais qu'on faisait descendre d'un Brutus, fils
d'Knée, qui débarqua en la Grande-Bretagne. Wace et Benoît
de Sainte-Maure se sont sans doule inspirés de ce qui se disait
de leur temps à la cour ducale, non toutefois sans y ajouter
beaucoup de leurs inventions et de détails très naïfs ; on peut
le croire sans trop de hardiesse. Ils ont tiré quelque agrément
d'un thème inépuisable : celui du prince qui, amoureux d'une
jeune personne jolie et ingénue, « sage e corteise e proz e
bêle », la reçoit dans son château et l'épouse. A la vérité, il
arrivait parfois dans les aventures des héros de chevalerie que
le prince n'épousait pas la bergère bien que celle-ci lui pré-
sentât des gages vivants de leur union. La fille du pelletier de
1. Benoit de Sainte-Maure a fait le portrait d"Arlette comme s'il l'avait vue :
El s'avoil la colnr plus fine
Que flors de rose ne d'espine
Né bien séant, hoche e menton ;
Riens n'eut plus avenant façon
Ne plus bel col, ne plus beaux braz.
Ce serait s'abuser que de croire que le trouvère Benoit avait vu la jeune
Normande, mère du Conquérant ; il a composé sa chronique rimée plus de
cent vingt ans après l'époque où Ariette se serait parée d'une pelisse grise et
d'une bandelette de fin argent. La tradition établie sur Ariette nous semble
une pure illusion.
IIEHLLIN ET AULETTE
19
Falaise a précisémenl essuyé ce conlrelemps ; mais son nom,
comme juste compensation, a tlotté dans Thistoire et y a sur-
vécu ' .
On a, néanmoins, dans la suite peu entendu parler d'Arletle.
Un personnage nommé Gautier que Guillaume le Conquérant
a appelé son oncle, n Gunllerio avuiiculo meo^ et dont on ne
connaît pas d'autre mention dans l'histoire a paru être un
frère dWrlette '. L'origine de ce dernier comme celle de sa
sœur sont restées obscures, parce que ce n'est qu'avec le temps
que la légende romanesque d'Ariette a fait des progrès et a
été remarquée.
Quant à son mari, on n'a jamais clairement su ce qu'était
Ilerluin de Çonteville. Les anciennes annales sont peu instruc-
tives, tout y est vague, incertain et confus. Ilerluin était veuf,
1. Wace, Roman de Boa, I, 390 (édit. Pluquet). — Benoît de Sainte-More,
Chron. (les ducs de iXormandie, II, oiS-'i'io (édit. Fr. Michel). — Philippe
Mouskes, Chronique rinnk', Introd., p. 'id, el t. II, I ilO ((^oll. des Chroniques
BeUjes). — Ilislor. de Fr., X, 284; XI, 32:i ; XXII, 34, 3i). — Sur le chroniqueur
Mouskes ou Mo.ikel, voir Histoire litfrraire, XIX, 861-872 ; Journal des Savants,
novembre 1836.
Dans sa chronirpie, Philippe Mouskes rapporte qu'Ariette était originaire de
Florennes, province de Namur, et ([ue son p>fe était venu à Caen :
Par Festore, sui je bien ciers,
Que preudoni fu cil dus liohiers
De Xorinendii\ cl si n'ol oir
Ki sa licre dcuisl avoir.
Tant qu'une puciele enania
A Kaani, à il soujourna,
Ki fille estoit d'un escohier (pelletier^
Par nom l'ajjicloient Sohier.
De Florines, deriers ïlainnaii.
Estait venus, s'ot d'à voir pau,
Quar [aide (l'exil) et povertés l'avoit
Tel mené, que petit avait
Et sa fdle devint si hiele
K'il n'ol dame ne damoisiele
En la tière, de sa hiauté,
iVe de valeur ne de bonté.
2. Note de M. Au'^ le Prévost dahs Ord. Vital, III, 220.
20 l'abbaye de iNOTRE-DAJJE DE GRESTAIN
au dire crOrderic ^'ital. D'un premier mariage il avait eu un
fils nommé Raoul '. Nous lui connaissons un second fils
appelé Jean -. Il en est fait mention dans uii document où est
citée une bienfaitrice de Grestain, Frédégonde, épouse d'Her-
luin % et qui aurait été sa première femme. L'assertion ne
nous paraît pas admissible par la raison que, si Herluin était
veuf en 1033, il est bien difficile d'expliquer que sa première
femme ait fait des donations à une abbaye fondée au plus tôt
en 1050 4.
Gela demanderait un éclaircissement. Mais les chroniques
normandes offrent des récits qui ne sont pas appuyés par
d'autres témoignages, et il faut avouer qu'en quelques cas
elles n'ont pas le droit de nous astreindre à les croire. Les
amours de Robert le Magnifupie et d'Ariette, le mariage de
celle-ci avec Herluin, avant ou après la mort du duc, restent
des questions incertaines auxquelles divers écrivains ont donné
diverses solutions.
Quoi qu'il en soit, vingt années, peut-être vingt-cinq se
passent depuis la naissance de Guillaume le Bâtard sans qu'il
soit question ni d Herluin ni d Ariette, ni de leurs deux fils
Robert de Mortain et Odon qui fut évéque de Bayeux. Enfin,
1. Orcl. Vital, III, 246.
2. Pièces justif., charte conihmalive de 1189.
3. Est nommée dans la charte de Richard Cœur de Lion (H89).
4. Nous ferons remarquer, à propos dHerluin de Conteville, que M. Emile
Réaux a rapporté dans son Histoire de Meulan (1 vol. in-12, 1868; que Hugues
et Galeran, comtes de Meulan, avaient épousé les deux sœurs dHerluin de
Conteville, nommées Helvise et Ade p. 86, 88, 94 et 9o). S'il est vrai que divers
actes font connaître que la bienheureuse Helvise, recluse à l'abbaye de Cou-
lombs, au diocèse de Chartres, était la tante des deux fils d'un seigneur
appelé Herluin, rien ne permet de supposer qu'il s'agisse d'Herluin de Conte-
ville [Acta SS. ord. S. Benedicli, sec. VI, pars prima, p. 36"d-367).
II est évident que ce nom d'Herluin a été, au xi^ siècle, le nom de beaucoup
d'individus. D'autre part, il semble impossible d'accepter qu'Herluin de Con-
teville ail été le chevalier (Herluinus pagensis eques) qu'Orderic Vital a voulu
désigner comme s'étant occupé de rendre les derniers devoirs à Guillaume le
Conquérant 1087;.
ROBEHT DE ^'OUTAlN 21
Ilerluin, Robert et Odoii paraissent sur la scène, le premier
à propos de la fondation de Grestain, les deux autres au sujet
de la concpiête de l'Angleterre. Mais ce serait se jeter dans
une digression inutile que de parler des deux derniers: ils
sont connus '. Ce sont les deux personnages que l'on voit sur
la tapisserie ou la tenture de Bayeux sous la légende: Odo:
eps : Willelm: Rotherf-. Le duc de Normandie tient conseil
sur les ope^rations de la campagne. Il est assis entre ses deux
frères utérins, l'épée à la main. Odon de Conteville est à sa
droite, Robert de Mortain est à sa gauche. Le même comte
Robert se voit plus loin, une bannière à la main ; il donne des
ordres à des ouvriers qui fortifient le camp, ce qui indique
qu'il avait été chargé de surveiller la construction des retran-
chements que l'armée normande élevait près de la ville d'Has-
tings. Il est vrai que Robert P'" de Morlain a dominé sur une
partie du Lieuvin, pendant plus de trente ans, qu'il a pris une
grande part à l'établissement de Grestain où des moines
avaient été mis en possession d'un domaine mais oi^i il s'agis-
sait de construire le monastère et l'église. Ce soin ne dut pas
rester en dehors de l'action de Robert de Mortain, c'est ce que
laissent entendre ses biographes ofïiciels qui tous lui sont
favorables à l'égard des .qualités guerrières et des actes de
générosité. Mais on a depuis trop longtemps exposé la vie de
Robert de Mortain pour qu'il soit nécessaire d'en parler plus
au long, ainsi que nous l'avons déjà dit.
Herluin de Conteville et Ariette ont été inhumés à Gres-
1. Roman de Ron, II, 266, 360. — Orrl. Vifnl, II, 223, 412; III, 246. — And.
Duchosne, Hist. Xorm. script, anf., p. 1026, 1027. — M<'-m. soc. Anf. Xorm.,
IV, 176-179. — II. Sauvnge, Recherches hisf. sur Morlain, p. ")'.\, 76, 82, 106. —
L. Dubois, Recherches arch. et hist. sur la \oriu., p. 104-133. — Revue catho-
lirjne de la Normandie, VII, 392.
2. Ducarel, Ant. anglo-normandes, p. 386; planches 39 ol 40. — A propos
(le la tapisserie de Bayeux, voy. un récent article de M. Lanore dans la Rihlio-
thiTfuede l'École des Charles, t. 1,.\1V, p. 83.
22 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
tain '. On assnre aussi que Robert de Mortain mourut dans ce
monastère et qu'il y fut enterré auprès de Mathilde de Mont-
gommerv sa première épouse -. Mathilde serait morte, dit-on,
en 1085 ou 1087; Robert de Morlain en 1090, ou 1093 ou
J104: l'époque précise est inconnue \ Quant à l'heure de la
mort d'Herluin et d'Arlelte, aucun récit n'en fait mention : ce
silence témoigne combien ces deux personnes ont tenu peu de
place dans les traditions des moines de Grestain.
Tels ont été les fondateurs de Grestain, telles sont à peu
près les seules traces que son origine a laissées. On regarde
donc comme une chose très sûre que l'abbaye a été fondée par
Herluin de Conteville. Mais les auteurs du xvii^ siècle, en
s'inspirant des anciens manuscrits de Grestain qu'ils disent
avoir eu sous les yeux, ont rapporté une légende pieuse, fait
mention du prodige qui s'accomplit en faveur d'Herluin et
assura sa guérison. Cependant il est difficile de s'imaginer
que les choses se sont passées de la façon dont on les a racon-
tées, et de croire qu'Herluin était un lépreux. Le mal qui le
rongeait n'était point la lèpre mais l'erreur et le péché qui met-
taient en péril sa vie à venir. Il était atteint dune maladie que
la foi seule pouvait guérir. De même le duc Rollon s'était vu
en songe transporté sur une montagne et purifié de la souil-
lii'iPe de la lèpre par l'eau d'une fontaine limpide ^.
Dans le Xeu.sfriri pia se présente la légende de la fondation
et des origines de l'abbaye de Grestain ; c'est un récit tradi-
1. Chron. de Robert de Torigni (édit. Delisle), II, 201. — Xeustria pia,
p. b28 : « Quod quidem omnia ejusdem loci vetera monumenta plane atlestan-
lur. » — Gallia christ., XI, col. 842.
2. Xeustria pia, p. o29. — Sur Mathilde de Montgommery, voy. Hist. de la
Congrégation de Savigny, I, ,39, 43 (édit. Laveille).
.3. Plusieurs écrivains ont admis de préférence la date de H04. — Voj'.
Pavillon, La vie du br. Robert d'Arbrissel Saumur, 1666 et 1667, in-4), p. 5o4 ;
p. 340 et 341. — II. Sauvage, Recherches liist. sur Varr. de Mortain, p. 77.
4. Voir dans Guillaume de Jumiêgcs, <■ D'un songe de Rollon ;>, au livre II,
chap. v (trad. Guizoli.
FONDATION 23
tionnel mais suspect '. Ilerluin de Conteville élait affecté d'une
maladie de peau, sorte de lèpre hideuse qui ne lui permettait
pas de paraître à la cour du duc Guillaume; elle tenait, elle
s'obstinait contre les remèdes. Or, il arriva fju'une nuit pen-
dant son sommeil, Herluin de Conteville eut une vision. La
vierge Marie lui apparut tenant à la main une branche de
lis et elle lui dit: « Si lu veux recouvrer la santé, tu iras en
un lieu nommé Grestain près d'une fontaine où existe une
antique chapelle qui m"a été jadis consacrée mais que le temps
a presque détruite. Tu la rétabliras et tu y placeras un clerc
qui en desservira l'autel. A ce prix, je te promets guérison. »
C'est pourquoi Herluin. à peine éveillé, se résolut à tenir la
promesse qu'il avait pieusement faite. Il restaura la chapelle,
la nettoya des halliers dont elle était remplie, l'orna, lui ren-
dit son premier éclat. Herluin eut cependant deux autres
visions. Dans la troisième, la bienheureuse Vierge mère de
Dieu lui ordonna d'établir au même endroit et à ses dépens un
couvent de religieux qui prieraient Dieu la nuit et le jour.
Cette fondation accomplie, Herluin fut délivré de son mal.
C'est ainsi qu'en l'an 1040 ', le comte Herluin, du consente-
ment du duc Guillaume dont lui-même avait épousé la mère,
choisit l'emplacement du couvent, le fit bénir par Hugues,
évêque de Lisieux, le consacra au culte divin et commença au
lieu dit Grestain, qui était de sa seigneurie, une abbaye. /\près
l'avoir dotée selon ses moyens, il y assembla un grand nombre
de religieux '^.
\. « Je n'ai guères vu, dit Talibé Tiigan, de ces sortes d'rtyjjliscmens aux-
quels on n'ait présupposé des révélations, ou quelque miracle. La coulume des
grands de ce temps, le désir de se procurer pour soi et pour sa famille des
intercesseurs, pouvoit suffire à Herluin et à bien d'autres. » — Ilisl. ecclésias-
lique de la province de Xorinandie, III, 01.
2. La date de la fondation de Grestain ne peut être anlérieuie à Tannée U)oO.
3. i\euslria pin, p. 528 : « Accidit ut quadam nocle, dum dorniirel, sibi visa
sit apparere virgo Maria, manu geslans florem canditlum, in moduni virgae,
nempe lilium. Petens ab co si vellet sanari ; quo rcspondenle. etinm: Vade
2i l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
On peut contester la certitude de plusieurs circonstances du
récit ; il y aurait eu un prodige fait pour produire l'admiration
ou la crainte. Mais ce qu'il faut retenir et ce qui nous semble
peu contestable, c'est qu'il ait réellement existé à Grestain
une chapelle votive tombée en ruine avant l'époque oîi Her-
luin songea à y fonder un monastère, vers le milieu du
xi^ siècle.
En outre, il faut noter que Du Monstier apporte une affirma-
tion douteuse lorsqu'il dit qu'Herluin avait réuni à Grestain
un assez grand nombre de moines ' . Bien que les renseigne-
ments ne donnent pas une idée bien nette des premiers temps
de l'abbaye, on ne croit point que les choses aient été aussi
vite et aussi facilement. Ce fut tout d'abord un essai de fonda-
tion où l'on se contenta de constructions légères : la munifi-
cence de Robert et de Guillaume de Mortain fit le reste, mais
ce fut peu à peu que les moines sortirent d'une installation
provisoire. A l'époque la plus caractéristique, au temps de
saint Louis, les religieux de Grestain étaient au nombre de
trente-deux ~. On aurait pu souhaiter qu'un auteur qui n'a
possédé aucune notion sérieuse de l'histoire de Grestain n'eût
pas mis en avant la masse de deux cents religieux -, ce qui
n'est qu'une fable. L'abbaye d'hommes la plus peuplée, le
Mont-Saint-Michel, ne comprenait pas plus de quatre-vingts
(inquit) ad locum cui nomen Greslanunt juxta fonlem uhi primitus extat aedes
mihi olim consecrata sed mine praevustate, penè collapsa, quam restaurabis,
ciim uno clerico a te illic ponendo ut mihi ibidem inseiviat, tum que sanaberis.
Itaque experge factus, facta coepit complere quae piè piomiserat ; aedem repa-
ravit, spinis et dumis repleiam muudavit, ornavit, pristinum in statura reduxit.
Postea vero ob vultus deformationem fuit iterum ac tertio in visu admonitus ab
eadem S. Virgine Deipara ut illic monachos qui die noctuque Deo inservirent
suis stipendiis ditaret: quo expleto omnino sanalus evasil. Itaque anno 1040
praedictus comcs Herluinus, de consensu ejusdem Guillelmi ducis, etc. »
1. Neustria pia, p. 528 : « Monachos non paucos illic aggregare. »
2. Reçjesl. visif. archiepiscopi RoUinni (édit. Bonnin), p. 295.
3. De Saint-Amand, Lettres d'un voyarjenr à Vemh. de la Seine, p. 271.
DONATIONS EN NORMANDIE 2o
moines. Le Bec-IIelloiiin renfermait à peu près le même nombre
de religieux. On ne peut que regretter la complaisance avec
laquelle on admet pour vérités historiques les faits les moins
certains.
On assura Tenlretien de la colonie monastique en formation,
on pourvut aux besoins temporels des religieux par des dona-
tions de terres ou de rentes, soit en Normandie, soit en Angle-
terre. Les copies de deux chartes font connaître ces donations
dues à la générosité des fondateurs ou d'autres seigneurs qui
dotèrent l'abbaye d'une partie de leurs biens. Ces actes sont
reproduits à l'appendice '. Ils nous font retrouver l'état du
patrimoine immobilier de l'abbaye de Grestain cent cinquante
années après son commencement. Grâce à eux nous pouvons
reconstituer la liste des terres, dîmes, droits et coutumes,
prérogatives dont avait joui l'abba^'e en différents temps.
Nous ne donnerons pas le détail des biens dont le monastère
avait été doté, mais nous indiquerons les principaux bienfai-
teurs. Parmi ceux-ci, on distingue Guillaume le Conquérant
qui fit don d'un vilainage à Conteville, et d'une chapelle dite
de Saint-Nicolas ou saint-Nicol, siîuée près de Honfleur, avec
le religieux qui la desservait et les droits d'usage que celui-ci
exerçait dans la forêt voisine, c'est-à-dire la forêt de Touques
ou de Saint-Gatien qui, dans le principe, a dû s'avancer jusqu'à
la mer '. On remarquera que dans la charte de 1189 le duc
Guillaume est qualifié rex Anglorum. En conséquence les
dons qu'il fil sont posléiieurs à la conquête de l'Angleterre,
c'est-à-dire à l'année 10()(>.
1. Piùccs juslif., n"" 1 cl 2.
2. A. Maury, Les Forêts de la Ganir. p. .303. — Le pa\s d'Aug^e a jadis été
boisé sur presque toute sa suiierficie. Au ix« siècle de notre ère, il est fait men-
tion de la forêt d'Au<,e : sa/lus Algiae, silva de Algie, qui a donné son nom à
la région. Saint-Gatien-des-Bois niarcjue une des éclaircies qui y ont été
ouvertes au moyen âge. Le village sest formé sur un grand chemin par lequel
on passait de Ronneville à Ilébertof ; c'était une voie " de chastd à chasiel ».
26 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
Après son nom vient celui d'Herluin de Conteville. Herluin,
fondateur de Tabbaye, donna trente acres de terre assises à
Grestain même. Il est vraisemblable que ces acres de terre ont
formé, en partie, l'enclos du couvent. Puis il aumôna aux
religieux les bordiers et les pêcheurs qui dépendaient de lui ;
ce sont ces hommes qui plus tard étaient appelés les pêcheurs
de la franche table de Grestain. Il donna les bois de Normare
et de Fiquefleur ; le tiers des moulins de Sainte-Mère-Église et
la dime ; la moitié du moulin de Carbec ; des dîmes, des bor-
diers et cent trente acres de terre à Foulbec, Vauville,
Martain ville, Bretteville-l'Orgueilleuse, Muneville-sur-Mer,
Tilly-sur-Seulle, Sainte-Scolasse ; quinze acres de terre au
Marais-Vernier et le droit de pâturage sur une plus grande
étendue. Mais ces donations d'Herluin ne paraissent pas con-
sidérables ; on peut penser qu'elles n'auraient pu, à elles seules,
assurer l'existence d'un monastère de quelque importance et
il semble permis d'affirmer que les commencements de Gres-
tain ont été fort humbles. C'est peut-être même par cette cir-
constance que les anciens textes donnaient la qualité de prieur
et non dahbé à Renaud de la Roque, ainsi qu'on le verra
plus loin. Pour que l'abbaye s'établît plus solidement, il était
nécessaire qu'aux donations d'Herluin vinssent s'ajouter celles
de son fils Robert de Mortain.
Ce dernier fit don de droits maritimes de grande valeur ' à
lever depuis le gord de Quillebeuf jusqu'au Noirport ': cou-
tumes, marées, varech, pêche, la propriété de tous les estur-
geons, du premier saumon, delà première lamproie qui étaient
péchés dans la rivière •'. Il donna aux religieux toute la terre
1. Omnes consuefudines et cusiumas quas tenehat de dominio suo et frafre
A^ il/eliuo rer/e in riparia Secane a gardo de Quilbef usque ad Nigrum portuni.
2. Au chapitre m nous aurons l'occasion de parler du Noir-Porl. On appelle
gord un réservoir où l'on conserve du poisson.
3. Dedil etiam et cnncessit priiniiDi salmonem et priinam alosain et priniam
lampredam qui in retiis capicntur et diniidiuni niar.'<uini qui infra Quadragesi-
mam capietur.
DONATIONS EN NORMANDIE 27
et le galel que le floL recouvrait le loug du rivage à Jobles,
Fiquefleur, Cremanlleur et Ilonfleur ; des droits sur le trafic
(tonlieu) depuis l'épine de Berville jusqu au port de Honfleur ;
d'autres droits'locaux sur la foire et le marché de Fiquefleur;
la dîme des deniers qui se prélevaient dans les foires entre la
Risle et la Touque ' ; le tiers des moulins de Fiquefleur ; trois
mesures d'avoine à prendre sur le moulin de Toutainville ;
trente acres de prairies à (iraimbouville ; un moulin à Gres-
tain, ses dépendances et la moule de Conteville ; des terres et
des bordiers à Fontaine-Bellenger et à Doux-Marais ; les
églises de Saint-Quentin-les-Chardonnets et de Tierceville ;
des dîmes à Anglesquevillle ; la terre de Barneville en Coten-
tin, etc.
D'après la charte que nous analysons nous donnerons les
noms d'un certain nombre de bienfaiteurs de l'abbaye. Parmi
eux: Guillaume II de Mortain ; Robert de Meulan, les sei-
gneurs de l'Aigle, Ingenouf et Richer ; puis les familles qui
habitaient la région voisine : Guillaume de Carbec, Guillaume
de la Mare, Roger de Candos. Tous ont contribué à accroître
les possessions de l'abbaye.
Mais ce n'était pas seulement en terre normande que les
bienfaiteurs de l'abbaye de Grestain lui avaient distribué des
dons. Princes, clievaliers, hommes de guerre, tous les compa-
gnons du Conquérant ou les héritiers de ces seigneurs possé-
daient en Angleterre de vastes territoires, des châteaux, des
domaines, des villages. Guillaume avait récompensé les sol-
dats qui avaient combattu à Hastings :
Dona cliastels, doua citez,
Dona maneirs, dona comtez,
Doua terres as vavassors
Dona alti'cs rentes plusors '^.
1 . Nous n'avons pu retrouver, sauf pour Quetteville, Genneville et Fitpirfleur,
de quelles foires il s'a{i;it. La limite vers l'ouest est peu coininélieiisiljlc.
2. Roman de liou, II, 387 (édit. Plu(iuet).
28 l'aBIîAYE de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
La main généreuse du duc n'avait eu garde d'oublier les
religieux et ceux-ci avaient songé à ne point se laisser oublier.
Ce sont les chevaliers normands devenus de nouveaux sei-
gneurs anglais qui comblèrent de donations la plupart des
abbayes de Normandie ; c'est à eux qu'en particulier Grestain
dut les bienfaits dont l'importance surpasse de beaucoup les
autres dons.
Guillaume le Conquérant lui donna tout ce qu'il possédait
à Penitona ' en terres, prés, bois, forêts, toutes les coutumes,
plus l'église du lieu et ses dépendances. C'était une paroisse
tout entière,
Robert de Mortain qui, à la bataille d'Hastings, s'était tenu
sans cesse aux cotés du duc Guillaume et l'avait secouru '■^, le
comte de Mortain, disons-nous, avait été royalement récom-
pensé. C'est lui qui, par la libéralité du nouveau monarque,
avait eu la plus forte part dans la distribution des conces-
sions seigneuriales, savoir : neuf cent soixante-treize manoirs
saxons dispersés dans dix-huit comtés ^ . Il avait bâti quatre
châteaux dont celui de Montaigu, dans le Somerset, était le plus
considérable Grestain a possédé une partie des dîmes de la
paroisse de Montaigu ^,
Robert, comte de Mortain et de Cornouailles, fit don aux
1. Peniton-Grcxfrin est cité en 1308, mais la situation de cette localité ne
nous est pas connue. Dans le Monnsiicon anglicanuin (édit. Londres, 1817-1830),
on a par erreur imprimé Peintonn.
2. Li Quens Robert de Moretoing
Ne se tint mie del Duc loing ;
Frère ert li Dus par sa mère
Grant aïe fist à son frère.
[Roman de Rou,\. 13765.)
3. And. Ducliesne, Ilist. Xorm. sci-ipi . ani ., p. 1027. — Roman de Rou, II,
2fi6. — Mém. soc. ant. Normandie, IV, 156, note. Les auteurs ont varié sur le
nombre des manoirs.
4. Pièces justif. n° 2. Le fondateur de l'abbaye de Montaigu, au comté de
Somerset, était Robert de Mortain.
DONATIONS EN ANGLETERRE 29
relij^ieux de Grestain de terres et de redevances dans ses
immenses domaines. Au nombre des donations, on remarque
deux manoirs situés dans le comté de SufFoîk : Hrelhenhnm et
Gretinglunn '; cette dernière localité est aujourd'hui Cree/m^
marqué sur les cartes anglaises; ce nom est d'importation
normande, nous y trouvons le souvenir de notre abbaye de
Grestain -. A ce don était jointe une autre libéralité, celle de
cinq cent quatre-vingt-huit hectares de terre environ, situés en
un endroit nommé Ferlis^ et des droits d'usage dans la forêt
de Pevensey près d'Hastings, au comté de Sussex, avec une
maison et ses dépendances.
Mathilde de Montgommery, fdle de Roger de Montgom-
mery et femme de Robert de Mortain, fit pareillement de
larges donations à la communauté monastique qu'Herluin,
son beau-père, avait fondée. Elle lui aumona l'église d'un vil-
lage, plus quatre mille cent dix-huit hectares de terres situées
en sept territoires différents. La charte de confirmation où
nous puisons ces détails fournit de plus un renseignement
qu'il est intéressant de noter, c'est le don fait à Grestain par
Mathilde de Montgommery d'une maison assise à Londres :
unani domum in London ciini omni cousueludine. Comment
à ce texte dont les mots sont les plus simples est-on arrivé à
attribuer un autre sens? Il est difficile de le dire ; mais on sait
que jusqu'à présent dans divers ouvrages on lit que les reli-
gieux de Grestain ont possédé non point une maison mais une
rue entière de Loiuh^es, laquelle leur valait un boisseau d'ar-
gent chaque année ^ La voix populaire grossit toujours les
faits et le plus souvent les dénature.
i. Testa de Xeicill seii liher feiidormn ^I.oiulo:\ 1807, p. 28('), 29o, 296.
2. Au xiii-^ siècle, Creeting était dit être tenu « du fief des moines de IBer-
nay », vers 1230, par Gérard, fils d'Arnold de Stanham, chapelain. — Voy.
Bibl. de VEcole des chartes, XL, 227.
.3. De Sainl-Amand, Lettres d'un vntjarjenr, etc. p. 27o. — Canol, Essai sur
l'arr. de Ponl-Audemer, II, -'iC(').
30 l'abbaye de notre-dawe de grestain
De tous les actes de générosilé répHndus alors sur Tabbaye
de Greslain, les plus éclatants ont été ceux du petit-fils d'Her-
luin, Guillaume II, comte de Mortain, Ce « jeune seigneur,
d'une grande activité et d'une capacité aussi distinguée que
celle de son père était obtuse ' » se fit remarquer par le nombre
et l'importance de ses donations. Grâce à ses libéralités, Gres-
tain vit s'agrandir son domaine en vingt-neuf localités du
royaume anglo-saxon, dans les comtés de Dorset, Sussex,
Worcbester, Northampton, Buckingham, Hertford et Gor-
nouailles. Nous nous contenterons de mentionner le manoir
de Grafton, un prieuré, le patronage de dix églises et les
droits y appartenant, la cbapelle du château de Berkhamps-
tead, des dîmes sur onze paroisses; une superficie de onze
cent vingt-sept hectares de terre,
La libéralité de Guillaume de Mortain combla de donations
une infinité d'autres communautés religieuses. Ni les unes ni
les autres n'en jouirent longtemps en sécurité. Des désordres,
des violences éclatèrent en Normandie. Il y eut des rivalités,
des haines entre les fils de Guillaume le Conquérant et pour
ainsi dire un état continu de guerre. L'un deux, Henri, vain-
queur à la journée de Tinchebray (1106), fit prisonnier son
plus implacable adversaire, Guillaume II de Mortain, petit-
fils d'Herluin de Conteville, Il tut jeté en prison ; on assure
qu il \ eut les yeux crevés et qu'il mourut en l'an 1134 après
trente années d'une étroite captivité. Les moeurs publiques et
privées étaient restées barbares.
Nous ne citerons plus que les noms de quatre bienfaiteurs
de Grestain : Hugues de Cahagnes, fils de Guillaume (de
Cahainges) qui était propriétaire de manoirs situés dans les
comtés de Cambridge et de Northampton ~, Guillaume de
1. Ord. Vital, IV, p. 201, note ledit. Le Prévost).
2. Roman deRou, II, 2oi, 536.
DONATIONS EN ANGLETERRE 31
Warenne qui possédail le toiiiLé de Siirrcy ' mais, on ne peuL
dire à quel personnage de celle famille s'applique le passage :
ex dono WiUielmi comi/i.s de \\';i/enn,'i '. Knlin Uicher de
l'Aigle, fils ou pelil-iils dlnguenouf" de TAigle (jui lui lue à la
bataille d'Ilastings, lil don à Grestain de lerres, de bruyères,
de dîmes, de droils de pacage el d'usage dans ses forêls, plus
de la dîme des deniers de sa chàtellenie de Pevensey, au comté
de Sussex.
Dans les pages qui précèdent el autant qu'il nous a été
possible, nous nous sommes donné pour but de relever la
nomenclature des biens de l'abbaye de Grestain disséminés sur
le sol anglo-saxon. Nous les grouperons pour en donner une
idée plus nette. A la fin du xii*^ siècle, l'abbaye possédait
sept manoirs ou maisons, douze églises pour le patronage et
les grosses dîmes, un prieuré, trois fiefs entiers; de plus il lui
avait été abandonné des propriétés qui constitueraient un
domaine dont l'étendue correspond à 5830 bectares de terre \
situés dans vingt-deux localités. AXais il est sensible que ces
biens ont été divisés, aliénés et vendus par les abbés au cours
du même siècle. Ce fait résulte avec évidence de ce qu'au
xiv^ siècle les religieux de (irestain ne possédaient plus
que sept manoirs ou fermes en Angleterre, à l'époque où ils
opérèrent un échange avec Jean de Mclun. La principale raison
de cette vente était que l'administration de ces fermes était
difficile et qu'il y avait plus de profit à les aliéner.
Des donations primitives, quel revenu a en réalité tiré Gres-
tain ? Nous pensons que les ressources effectives ont été fort
ordinaires pendant longtemps et que l'installation provisoire
des moines a duré plus de soixante-dix ans. On ne bâtit une
1. Onl. Vil.'tl, III, iUT, Ilote ic\lU. Le Prévost).
2. Guillaume I, Guillaume II ou Guillaume III de Warenne, comte de Surrov ;
aucun d'eux n'est désigné particulièrement.
3. En comptant l'hyde de terre pour 120 acres, mesure d'Angleterre.
32 l'aBHAYE de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
église abbatiale plus vaste et plus brillante qu'après Tannée
1 122, épocpie où labbave venait cVétre détruite par un incen-
die '. Elle le fut entièrement. Quel a pu être le premier état
des bâtiments originairement construits? Les documents
semblent prouver qu'ils étaient en bois. Mais au xiii*^ siècle,
à la suite de pieuses libéralités, de donations immobilières, et
peut-être aussi d'une meilleure gestion des biens qui rece-
vaient des accroissements successifs, le patrimoine des reli-
gieux de Grestain atteignit son plus haut degré de prospérité.
C'est alors que l'abbé Guillaume de Farnoville utilisa les res-
sources disponibles à élever une nouvelle église. Quand le
célèbre archevêque de Rouen Eudes Rigaud y fit, en 1250, sa
première visite pastorale le revenu de l'abbaye était de 2.000
livres, c'est-à-dire de 40.000 francs de notre monnaie actuelle
en portant à 20 francs la valeur intrinsèque de la livre tour-
nois à cette époque -.
D'après ce que nous avons exposé, on a vu comment et par
qui le monastère de Grestain a été fondé, par quelles mains il
a été généreusement doté. Ces particularités étant dès lors
connues, nous allons donner la liste chronologique des moines
bénédictins qui eurent la charge de gouverner l'abbaje depuis
l'année 1050 jusqu'à l'année 1197, soit une période de cent
cinquante ans environ. Nous exposerons, autant qu'il nous
sera possible, avec l'état de l'abbaye, les circonstances de l'ad-
ministration de chacun des abbés.
Toutefois avant d'aborder celte première période, ajoutons
aux faits déjà signalés les indications suivantes : elles se rap-
portent à l'un des pkis généreux bienfaiteurs de Grestain.
1. Gallia christ., t. XI, col. 8o3. — Xeuslria pia, p. 529.
2. Sous Philippe Auguste, après 120t, la livre du Mans valait 40 fr., le sou,
2 fr. ; la livre de Tours, 20 fr., le sou, 1 fr. (L. Delisle, Des revenus publics en
Xormandie). Le pouvoir de l'argent étant alors au moins quatre fois plus fort
que de nos jours, les 49.000 fr. de revenu que possédait Gi'estain, en 1230,
avaient pour l'abbaye une valeur relative de 160.000 francs.
j
GUILLAUME De MORÏAIN 33
Nous voulons parler de Guillaume de Morlain. Gomme nous
l'avons dit plus haut, il avait été fait prisonnier à la bataille de
Tinehebray et condamné à une prison perpétuelle. Or, A. du
Monslier a cité un distique cpii laisserait à penser que ce sei-
gneur aurait reçu la sépulture dans l'abbaye de Grestain :
Hic eal Guilleliniis Mathildi maire crealus
Nala Rogerii comitis de Monkj orner ij.
Il semblerait jusqu'à un certain point que ce renseignement
n'aurait point besoin d'être ou contrôlé ou éclairé. Cependant
on remarquera que les historiens ont placé la mort de Guil-
laume de Mortain à CarditT, pays de Galles '. Si ce dernier
fait est exact, il est difficile de le concilier avec une inhuma-
tion dans l'abbaye que son cruel ennemi Henri P'" Beau-Clerc
avait confisquée et réunie au domaine ducal vers l'année
1106.
On peut réussir à fixer exactement la date de la fondation
de l'abbaye ; mais nous n'avons pas la même prétention en ce
qui concerne la liste des abbés. Nous avons fait usage des
deux séries que présentent le Neustria pia et le Gallia chris-
tiuna^ mais on ne connaît que très rarement Tannée de l'ac-
cès des abbés à la dignité abbatiale ou celle de leur mort. Ces
deux listes sont d'ailleurs incomplètes : on ne possède ni car-
tulaire ni nécrologe pour en remplir les vides. Néanmoins
nous donnons les noms de cinq abbés que ne mentionne pas
le Gallia christiana.
1. C'est du moins à Cardifï quil avait été jeté en prison, et plusieurs histo-
riens ont dit que le duc Robert et lui, Guillaume de Mortain, sont morts en
captivité vers l'année 1134: « Eos in carcere fecit mori. » Tiiron. Chron. —
« Eosquc in libéra custodia usque ad terminum vitae eoruni tenuit. » Will.
Geinet. — « Scd, ut dixi, pressus, squaloris carcerci tota vila accolalum acce-
pit. )) Willelm. Malmesb. — Cf. Dcppinjj, Ilisluire de la Xormandie, etc. (1835),
t. 1«% p. 32o et 338.
Cii. nuÉAiii). — L'Ahhiiije de Xolre-Daine de Grestain. 3
34 L'ABItAVE DE -NOTKE-DAMt; DE GKESTAIN
LES ABBÉS RÉGULIERS DE 1050 A 1197
I. — Renaud de la^ Roque a été le premier moine à qui on
confia le pouvoir d'organiser, sous l'autorité épiscopale, l'éta-
blissement de Grestain. Les rares documents de l'histoire du
xi^ siècle ne nous renseignent point sur ce religieux. Selon ce
que Ion peut savoir, c'était un frère de l'abbaye de Saint-
Evroult, recommandable par sa piété : quihus [monachis)
prioreni constituit i^eJigiosum virum Reginaldum a Rocqua,
monachiim S. Ebrulfi. Le monastère de Saint-Evroult avait
été fondé la même année que Grestain sur les ruines d'un cou-
vent mérovingien. Renaud de la Roque avait par conséquent
été un des disciples de Thierry de Mathon ville qui administra
l'abbaye d'Ouche : ce dernier était un moine de Jumièges. Il
semblerait que, par ces liens, la colonie des religieux de Gres-
tain aurait dû venir ou de Jumièges ou de Saint-Evroult. Ce
ne fut pas là qu'on la choisit. L'abbaye de Grestain en forma-
tion reçut des moines tirés des monastères de Saint-Wandrille
(Fontanelle) et de Préaux '. Mais peut-on en savoir le nombre ?
On ne possède aucune information à ce sujet, cependant si
Ton veut bien remarquer que Renaud de la Roque a été qua-
lifié prieur et qu'il n'est pas mis au rang des abbés par le
Neustria pia ^. en raisonnant par induction on conclut que le
fondateur n'a d'abord constitué qu'un établissement qui com-
portait un prieur et quatre moines dont un cellerier, un sacriste
1. « Illic monachi aliquot partira de Fontenella, partira de Pratellis congi-e-
gati. » — Gallia christ., XI, col. 842.
'2. Neustria pia, p. 529, cap. II: « In priniis sciendum, etc. En premier lieu,
il faut savoir qu'au temps où le comte Herluin fondait et construisait l'abbaye
il y établit, plusieurs pieux moines à qui il donna pour prieur Renaud de la Roque,
religieux de Saint-Evroul, recommandable par sa piété. Robert, comte de
Mortain et fds d'Ilerluin, en augmentant les possessions et les revenus du
monastère y installa un plus grand nombre de l'eligieux. Il leur choisit Geof-
froy pour premier abbé. "
LKS AIÎHÉS RÉGULIERS 33
et un chambrier. Telle a dû èlre l'origine de Grestain, mais
l'acte destiné à perpétuer le souvenir de sa fondation n'exis-
tant plus on n'en parle que par conjecture.
II. — Geoffroy est le deuxième abbé dont la liste du Gnllia
christiana fait mention '. Dans celle du Neusfria, au con-
traire, le même religieux occupe le premier rang ^. Il est à
croire que l'auteur du Neustria a suivi les traditions de l'ab-
baye, où il avait lu dans d'anciens manuscrits :
Andcf/aris monHchiis^ Gaii f ricins praesidel abbas
Prii)iu.s Gresleni^ vir magnae nobilitatis.
(Geoffroy ou Godefroy, moine d'Angers, est le premier
abbé de Grestain. Il était de haute noblesse.)
C'était un religieux de Saint-Serge d'Angers, abbaye dont
les écoles étaient alors florissantes. Robert de Mortain, fils du
fondateur de Grestain, l'appela àja tête de l'abbaye à peine
formée. Parmi les premières donations nous avons déjà remar-
qué celles de Robert de Mortain et noté qu'il augmenta le
nombre des moines zélés et dévoués qui formaient la colonie
établie dans des bois et des terres en friche, La fondation fut
assurée par des ressources suffisantes. De là est venue sans
doute la tradition d'admettre le comte de Mortain comme le
véritable fondateur de (irestain •'^, quoique la circonstance du
temps soit à l'encontre de cette tradition '*.
L'abbé Geoffroy ou Godefroy fit donation de ses biens per-
sonnels aux moines de Grestain. C'est peut-être cet abbé que
1. GalUa christ., XI, col. 843.
2. Xeiistria pia, p. 529.
3. (( Monastorium Gresteni Robertus cornes Moritolii fecil. n Ilislor. de
France, t. XI, 40.
4. Si l'on adopte l'opinion que Robert et Odon, fils ilo Ilerluin, sont nés de
iO:5(i à 1040.
36 l'aBBAVE de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
les termes suivants désignent : ex dono Goffredi, capellani
comitis Moretis, quicquid habeat a prefato comité in ecclesiis
et decimis et terris in Xormannia •. Mais Geoffroy, abbé de
Grestain a-t-il été avec le B. Vital, ermite qui bâtit Tabbaye de
Savigny, un des aumôniers de Robert de Mortain? Il est dif-
ficile d'en être informé.
Sa famille, dit-on, sur ses instances donna à Grestain le
prieuré de Saint-Astier avec ses dépendances : Parentes ipsius
abbatis huic loco Grestani dederunt prioratum S. Asterii
Vasconiae cum pertinentiis suis. Si sommaire que soit cette
indication, elle permet de conclure que Fabbé Geoffroy était
originaire dé FAgenais.
Le deuxième abbé de Grestain est décédé en Fannée 1114.
On trouve la mention de son nom sur le précieux Rouleau
funèbre de Saint- Vital dont nous parlons plus loin.
Ce fut, à cette époque, comme on va le voir, c'est-à-dire
dans les vingt-cinq premières années du xii^ siècle, que Fab-
baye fut anéantie complètement par un incendie. Les bâti-
ments qui disparurent alors remontaient à la construction
exécutée du temps des deux premiers fondateurs; il y a lieu
de croire qu'ils étaient construits en bois. Le sol n'en pourrait
livrer aucun débris. C'étaient des bâtiments couverts en bar-
deau ou en aissante dont quelques maisons sont encore revê-
tues et qui forment la toiture de certains clochers. D'autres
églises monastiques étaient également couvertes en bois. En
1234, les moines de Cormeilles se firent autoriser à abattre et
à exploiter le nombre d'arbres nécessaire pour la concession
de douze cent mille aissantes ou bardeaux destinés à la couver-
ture de leur église.
IIL — Foulque, abbé de Grestain en l'an 1114, avait été
1. Pièces justif., n° l*"''.
LES ABBÉS RÉGULIERS 37
moine de Saint-Martin de Sées. On a composé pour lui le
distique qui suit :
Ahhas (iresteni Gaufridus fine quiescit;
Cedit Fulconi regimen, monacho Sagiensi.
(Geoffroy, abbé de Grestain, meurt. L'administration de
Tabbaye est confiée à Foulque, moine de Sées.)
En Tan 1122, la vingt-troisième année du règne de Henri P'*,
roi d'Angleterre, la neuvième année de l'abbaliat de Foulque,
sous Tépiscopat de Jean, évêque de Lisieux, on commença à
construire la nouvelle église de Grestain en l'honneur de la
bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu. C'est ce que disent
les vers suivants :
Fundant ecclesiam Grestenses nohiliorem.
Destrucla veteri, titillant Christi genetrici.
(La vieille église de Grestain ayant été détruite, les reli-
gieux rebâtissent une église plus magnifique. Ils la dédient à
la Mère de Jésus-Christ.)
Cette église fut consacrée par l'évèque Jean et ensuite par
Arnoul également évêque de Lisieux, puis de nouveau par
Rotrou, évêque d'Kvreux. Ce dernier prélat, devenu arche-
vêque de Rouen, consacra en l'honneur de Saint-Etienne l'au-
tel situé au nord. Il ne faut pas s'étonner si l'édifice a été béni
plusieurs fois, car le village et l'abbaye de Grestain avaient
été incendiés le dernier jour de mai 1122. De là ces vers:
Villani Grestani ciun coenohio voral ignis,
Finis erat maii, de villa prodiit ignis.
(A la fin du mois de mai, le feu dévore la villa de Grestain
et le monastère ; l'incendie vient de la villa.)
Cependant Foulque paya son tribut à la mort le 3 des noues
de juin 1139 ', ou le 4 des noues de juillet.
i. Ce qui précède est traduil du Ncustria pia.
38 l'aHBAYE de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
La chronologie des événements est un peu embrouillée. Ce
qui apparaît le plus clairement c'est que cette période a été
pour Grestain un temps de ruine. On voit, d'après les infor-
mations du Neustria pia, qu'un incendie anéantit, en l'année
1122, au mois de mai, l'église et les bâtiments du monastère.
Ils étaient probablement construits en bois. La cause du
désastre n'est pas indiquée mais il semble qu'on doit l'attribuer
à un accident, et non point à quelque opération de guerre.
L'élément le plus essentiel dans la pratique de la guerre était
alors le feu : l'incendie en était le bouquet ^ Ce ne fut pas le
cas cette fois-ci pour Grestain. L'année 1122 s'écoula sans
troubles et sans divisions en Normandie. Les moines purent
donc commencer à reconstruire leur église, événement mémo-
rable que l'on avait consigné dans les annales du monastère.
Mais on a des raisons de penser que la construction de la nou-
velle église occasionna des travaux prolongés et passa par
beaucoup de vicissitudes.
L'année suivante (1123), se rapporte à la révolte de Galeran
de Meulan, à la campagne marquée par les sièges de Montfort-
sur-Risle, de Pont-Audemer et de Brionne. En 1123, au mois
d'octobre, Henri I*''' d'Angleterre brûla Pont-Audemer puis
ravagea et incendia tout à plus de vingt milles à la ronde ~. A
en juger par ce détail et ce témoignage, Grestain n'échappa
pas, comme il est fort probable, à cette guerre sauvage.
A ce même temps, le xii^ siècle, se rattachent les trois con-
sécrations de l'église abbatiale. Il a été d'usage de bénir suc-
cessivement chaque partie des églises que l'on édifiait, et la
première partie qui s'élevait étant le chœur c'est le chœur de
l'abbatiale qui reçut tout d'abord la bénédiction de l'évéque
consécrateur. Ce fut Jean, évêque de Lisieux (1107-1141), qui
i. Denifle, La désolation des églises, II, p. I,
2. Orderic Vital, II, p. 438-460.
ROULKALX DES MORTS .'39
en fit la dédicace mais on ignore en quelle année. Une seconde
dédicace, — celle de la nef probablement, — fut célébrée en
1139 par Rotrou de Warwick, évêque d'Evreux. Enfin une
troisième dédicace fut présidée avec pompe par Arnoul, évêque
de Lisieux de II 41 à 1181. Nous ne pouvons indiquer, faute
de documents, l'époque de cette cérémonie solennelle. De
plus on sait que Rotrou, devenu archevêque de Rouen a béni
une des chapelles de l'abbatiale, la chapelle Saint-Etienne. Il
est impossible de reporter ce dernier fait avant l'année 1165,
époque où Rotrou est passé d'Evreux sur le siège archiépisco-
pal de Rouen. La note du Neusiria qui en fait mention doit
être placée non à l'abbatiat de Foulque mais aux années du
moine Herbert, son successeur dans l'administration de Tab-
baye.
C'est du temps de l'abbé Foulque (1111-1139) que pas-
sèrent au monastère de Grestaiir deux rouleaux mortuaires :
1° celui de Mathilde, fille de Guillaume le Conquérant, pre-
mière abbesse de la Trinité de Caen, morte en 1113 ; 2'^ celui
du bienheureux Vital de Mortain, fondateur de l'abbaye de
Savigny (1102), mort le 16 septembre 1122. Il y avait donc
alliance myslique, confraternité d'abbayes entre Grestain,
Savigny et la Trinité de Caen.
Suivant l'usage, le rouleau destiné à annoncer la mort de
Mathilde fut communiqué de couvent en couvent. Un messa-
ger [rotuliger] l'apporta à Lisieux, à Cormeilles, à Préaux
puis à Grestain. A l'arrivée du rouleau le chapitre fut convo-
qué et on lut les noms qui s'y trouvaient écrits. Puis un moine,
le scribe du couvent, inscrivit sur le rouleau le nom du monas-
tère visité et les noms des morts dont le souvenir était cher
aux religieux, pour lesquels à leur tour ils demandaient des
prières.
40 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
Le titre (titulus) ci-dessous est consigné sur le rouleau de
Mathilde * :
« Titulus sanctae Mariae Gresteni.
<( Anima ejus et animae omnium fidelium defunctorum
requiescant in pace. Amen. Orate pro nostris, Herluino mona-
cho, Rotberto comité, Mathilda, Rotberto monacho, Ragnulfo
laico(?i, Godefrido monacho, Dodone monacho, Lewino mona-
cho, Hunfrido monacho, Willelmo laico, Leuricio laico, et
pro aliis quorum nomina Deus novit, et requiem habeant sem-
pilernam. Amen. »
(Titre de Notre-Dame de Grestain. Que l'âme [de Mathilde]
et les âmes de tous les fidèles défunts reposent en paix. Ainsi
soit-il. Priez pour les nôtres: Herluin religieux, le comte
Robert, Mathilde, Robert, religieux, etc.).
Nous signalerons les trois premiers noms. En tête est celui
d'Herluin de Conteville, fondateur du couvent. Ensuite
\iennent Robert de Mortain et sa femme Mahaut ou Mathilde
de Montgomery. Chacun de ces noms a un intérêt spécial
parce que leur inscription sur le rouleau est fort ancienne ; elle
date des quinze premières années du xii^ siècle. Du texte mis
sous les yeux du lecteur, il importe de signaler ce détail, c'est
que le nom d'Herluin y est suivi de la qualification moiiachus .
Y a-t-il lieu de s'arrêter à cette mention? Doit-on penser
qu'Herluin de Conteville a pris l'habit monastique, qu'il a
(( la haire vestue » dans l'abbaye qu'il avait fondée ? Ou bien
faut-il comprendre que, sentant sa fin prochaine, Herluin
s'était fait apporter au couvent, qu'il s'y était fait associer
comme confrère^ afin d'être inhumé parmi les moines ? D'autres
fondateurs ou bienfaiteurs de monastères profitaient ainsi de
ce qu'on appelait la confraternitas des abbayes, c'est-à-dire la
1. L. Delisle, Rouleaux des inorls du i-Y"" au A'Ve s., p. 207, n° 67. Cf.
L. Delisle, Des Rouleaux des morts, Bibl. de l'École des chartes, t. VIII, p. 369-
ROULEAUX DES MORTS
41
participation aux prières et messes des religieux, puis souvent
à la sépulture dans le cimetière abbatial '.
On apporta aux moines de Grestain, en l'année 1122, un
second rouleau mortuaire.- C'était le fameux rouleau du B.
A'ital de Mortain, fondateur du monastère et de la congréga-
tion de Savigny, d'abord anachorète, ermite vivant au milieu
des forêts, comme le breton Robert d'Arbrissel qui a créé
l'abbaye de Fontevrault, en Anjou.
De même que sur le précédent, les religieux y inscrivent
leurs prières. La demande différait un peu de la première,
d'abord par les noms des défunts et le rang qu'ils occupent,
ensuite par l'insertion de deux pièces de vers dues sans doute
à la plume du moine le plus lettré de Tabbaye. Le comte Robert
de Mortain est nommé le premier. Viennent après Herluin,
Geoffroy, deuxième abbé, des religieux et des laïcs. En voici
le texte : ~
« Titulus sanctae Mariae Gresteni.
« Anima ejus et animae omnium fidelium defunctorum
requiescant in pace. Orale pro nostris, Roberto, comité, Her-
luino, Gaufrido, abbate, Godefrido, monacho, Dodone, Amato,
Sansone, Mathilde, comitissa, Herleva, Adeleisa, Tescelina,
laicis. »
A la suite, on lit deux pièces latines. La première compte
quinze vers qui commencent ainsi :
Caria hrevis sensusc/ue carnien breviavit
Nam hrevis est, et mens levis est, nec mulfa prohavit.
Per varias multasque vias est caria ferenda...
I. Onfroi de Vieilles, fondateur ou restaurateur de Notre-Dame de Préaux,
mort en 1074, Roger de Beaumont décédé en 1094, Robert III de Meulan,
décédé à Préaux en 1118, avaient revêtu l'habit monastique et furent inhumés
dans l'église de l'abbaye de Préaux.
42 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GBEST4IN
La seconde est composée de vingWneuf vers :
Non stupeas hominem per casiim morlis inanem
Ex se materiam dare paulo post lutulentam,
Quam veluti fertar, vernies de tahe creati
Diminuant penitus '..,
Deux noms inscrits sur le second rouleau des morts apporté
à Grestain méritent d'être notés : celui à' Ariette (Herleva) et
celui à'Adelise ou Adelaïs (Adeleisa). Ce dernier peut dési-
gner une fille d'Arletle que des auteurs appellent Muriel.
En outre on remarquera que les deux rouleaux font men-
tion de plusieurs laïcs, cela tient à ce que les monastères
avaient la prérogative d'enterrer les laïcs dans le cimetière
abbatial, droit qui était mal vu par le clergé séculier, mais
que des bulles papales avaient confirmé.
IV. — Herbert était moine de Grestain ~ quand il fut élu
abbé, au mois de septembre 1139. Les vers qui suivent con-
cernent cet abbé :
Decedil Fulco, lu'r justus, pacis amalor.
Gresteni monachis Herherlas paslor habelur.
(Foulque, homme vertueux et ami de la paix, étant décédé,
Herbert devient le pasteur des moines de Grestain.)
Sous son gouvernement, en l'an 1141-1142, le jour de la
fête des saints apôtres Pierre et Paul, Jean, évêque de Sées,
fut envoyé à Grestain par Jean, évêque de Lisieux. Ce prélat
bénit le cimetière, conféra aux frères les ordres jusqu'au dia-
conat, consacra les autels de la Sainte-Trinité, de Saint-Pierre
et de Saint-Nicolas. Précédemment, en l'année 1140, le
1. L. Delisle, Rouleaux des morts, p. 289.
2. Moine de Saint-Martin de Sées, d'après Robert de Torigni (Chron. II,
202). 11 y a sans doute confusion avec le précédent.
LES ABBES REGULIERS
43
même abbé avait agrandi Téglise et l'avait embellie. Il mou-
rut presque centenaire, le 15 janvier de l'an 1179. On l'in-
huma dans l'abbaye à côté dé ses prédécesseurs. Les vers qui
suivent rappelèrent sa mémoire. Il faut lire: année 1180
(n. st.) :
Ahhns Herherlus decessif, vir venerandus ;
Lumen erut caeco, pes claiido, parus egeno ' ;
Anno inilleno, centeno septuageno
Nono, Nalalis Domini januario mediante.
(L'abbé Herbert, homme vénérable, mourut vers le milieu
du mois de janvier après Noël, l'an mil cent soixante et dix-
neuf. Il était Tœil de l'aveugle, le pied du boiteux, le pain
des pauvres.)
L'évêque d'Avranches a emprunté une information à Robert
du Mont ^ lorsqu'il ajoute: le couvent de Grestain suivit les
constitutions de Saint-Wandrille et de Préaux et il en reçut
des religieux.
Le cinquième en rang parmi les supérieurs de l'abbaye a été
Guillaume, religieux du Bec, élu à la dignité d'abbé au mois
d'avril 1179, suivant le témoignage des vers suivants :
Mense sut aprili quidam monachorum
Nomine Guillelmus Gresteni sede localur.
(Au mois d'avril un des moines [du Bec] nommé Guil-
laume est placé à la tête de Tabbaye de Grestain.)
Robert du Mont en a fait mention dans le passage qui suit :
« L'abbé de Grestain mourut et Guillaume d'Exeter lui suc-
céda •^. »
1. Dans loffice de S^int-Jean de Kenti, au 20 octobre, on lit ce (lui suit :
Oculus fui caeco et pes claudo ;
Pater eram pauperuni.
■2. Chron. de Bohert de Torigni, II, p. 202 (éd. Delisle).
3. /(/., II, p. 80. — Chronique du Bec, ms. lat. 1288i, 2'- part., fol. 239.
44 L ABHAYE DE NOTRE-DAME DE GRESTAIN
Il y a lieu de s'arrêter un instant sur cet abbé '.
Herbert était encore abbé de Grestain quand Arnoul, évêque
de Lisieux, apaisa le différend qui s'était élevé entre les reli-
gieux de Sainte-Barbe-en-Auge, d'une part, et ceux de Gres-
tain, d'autre part, au sujet des dîmes de Odonis-Marisco
(Doux-Marais). Il régla le partage égal de ces dîmes entre les
deux monastères '-. ^
Le même abbé Herbert figure comme témoin dans la charte
de donation de Sainte-Mère-Église (Xotre-Dame-du-A^al) à
Eustache, fils de Richard de Trege ville (Trique villej de 40
sols de rente à prendre sur le moulin appelé de l'Evêque ^.
L'abbé de Grestain était présentateur à la cure de Triqueville.
Durant l'administration de l'abbé Guillaume qui suit, l'ab-
baye de Grestain a traversé une période difficile. C'est ici le
lieu de rappeler des scènes de violence qui se produisirent à
cette époque ; nous le ferons en nous bornant à citer des
lettres d'un évêque de Lisieux.
V. — Guillaume P'" Huband ou d'Exeter. C'était un moine
de l'abbaye du Bec-Hellouin qui fut nommé abbé de Grestain
en l'année 11 80, au mois d'avril^, puis il fut transféré au
gouvernement de Saint-Martin de Pontoise en l'année 1185.
Cet abbé, par son genre de vie, apparaît, dans les temps
reculés où l'état moral des établissements monastiques lais-
sait beaucoup à désirer, moins comme un religieux aux habi-
tudes claustrales que comme un seigneur châtelain. Il n'avait
pas été plutôt élu qu'il passa en Angleterre ; l'abbaye de Gres-
1. Les paragraphes qui précèdent sont traduits du Xeustria pia; mais nous
assignons à Guillaume d'Exeter le cinquième rang.
2. Mém. soc. ant. de Xormandie, VII, p. 9o, n° lo ; p. 124, n° 229. La paroisse
de Douxmarais a été réunie, en 1836, à la paroisse de Saint-Maclou-en-Auge,
sous le nom de Sainte-Marie-aux-Anglais arr. de Lisieux).
3. Mém. et noies sur le dép. de l'Eure, III, 307-308.
4. Gallia christ., XI, 256 et 843. Ou en 1179 (v. st.).
RÉFORMES biSCIPLlNAlRES 48
tain y possédait d'importants domaines. Il y resta plus de
deux années, s'y adonna à des occupations mondaines et y
traîna le temps en longueur '. Ce qui veut dire en termes
modérés et ambigus que l'abbé Guillaume exploitait l'abbaye
comme un fief et qu'il vivait en liaut seigneur dans le comté
d'Exeter, « plus occupé de son plaisir que des intérêts de sa
maison ». Une absence de tous principes moraux, les mœurs
des princes normands, les penchants des barons féodaux chez
un moine font de Guillaume Huband un abbé à part et qui se
détache sur des figures respectables. Il suffit de jeter les yeux
sur les lettres ci-après pour juger que la conduite de cet
abbé eut les suites les plus fâcheuses. Voici les faits, que la
vérité de l'histoire ne permet pas de supprimer'-. On en trou-
vera les détails dans la correspondance de l'évêque Arnoul
dont nous donnons la traduction. En premier lieu ce prélat
lui reprocha de s'être absenté si longtemps de son couvent et
lui enjoignit d'y revenir :
Voilà le quntorzième mois environ que vous vous êtes
éloigné de votre monnstère sans la permission de votre évêque^
et que vous résidez en un autre royaume dans des contrées
d'outre-mer. Quels dommages le monastère na-t-il point
éprouvés., pendant ce temps., dans ses biens spirituels et tem-
porels ! Les religieux le savent et toute la contrée peut V attes-
ter '\ Or nous avons été informé que vous résidiez en Angle-
terre., que vous ny faisiez rien autre chose que de soulever
1. Neustria pia, p. 529: (( Mox in Angliam trajecit, ubi cum ultra tempus et
vanis occupationibus dcditus. »
2. Noël Dcshays, Mémoires sur les évèc/ties de Lisieiix, p. 70 (édit. de Forme-
ville).
3. « Quartus decinuis mensis agiliir, vel fortassis exactus est, ex quo ad
aliud regnum et transmarinas regioiies, a monasterio tuo, sine episcopi lui
benediclione et conscientia discessisti. Quanta autem intérim idem monaste-
rium in spiritualibus et temporalibus detrimenta, perpcssum sit : et fratres
sentiunl et Iota rcgio i)roteslalur. » — Xeiislri» piu.
46 l'abbaye de iN'OTRE-DAME DE GKESTAIN
des chicanes devant les tribunaux aux dépens des revenus de
votre monastère et sans aucune utilité. C'est pourquoi nous
vous commandons de revenir et nous vous ordonnons de nous
obéir. Vous devrez donc être de retour dans votre maison après
les calendes d'août., à moins qu une maladie ou une tempête
sur mer ne vous en empêche. Ne devez-vous pas savoir qu'il
est plus pressant de donner ses soins aux âmes que de s'occu-
per des affaires temporelles ? C'est pour ce motif que., si vous
n êtes pas revenu pour le terme indiqué, nous serons obligé de
vous adresser un avertissement plus sévère.
L'abbé Guillaume obéit aux ordres de Tévêque, mais après
un court séjour dans l'abbaye de Grestain il retourna en
Angleterre sans la permission épiscopale. Irrité d'une telle
conduite, l'évêque Arnoul lui écrivit une seconde lettre par
laquelle il lui ordonnait, sous peine d'excommunication de
rentrer sans délai dans son monastère.
Mon frère, vous n ignorez pas combien vos absences ont
causé de scandales et de dommages dans l'abbaye. Or, comme
nous avons le droit de connaître de ces choses, nous vous
ordonnons de cesser ces voyages inconvenants, de donner vos
soins au troupeau qui vous a été confié, de ne point vous éloi-
gner vers des pays étrangers sans avoir auparavant assuré
l'ordre dans le couvent, sans nous avoir désigné un religieux
capable d'y apporter son attention et de pourvoir à ses besoins
spirituels et temporels K Mais vous, vous vous êtes éloigné au
mépris de l'autorité épiscopale, sans avoir égard au salut de
1. w Quot scandala, quae detrimenta domui tuae, ex causa absentiarum tua-
rum provenerint, tua fi-aternitas non ignorât. Super quo cum rem ad nostram
certum sit diligentiam pertinere, praecipimus te vagos prohibere discursus, et
débitas super gregem tibi commissum vigilias vigilare : nec ad remotas disce-
dere regiones, nisi prius disposita donao personas nobis assignasses idoneas,
quae curam domus intérim gerere possent, etc. >'.
RÉFORMES DISCIPLINAIRES 47
voire âme ni a celui des âmes qui vous ont été confiées, enfin
sans notre permission et sans laisser dans Vahhaye aucune
personne qui pût diriger avec prudence ses intérêts ou les gou-
verner avec sagesse. Nous pensons aussi que vous avez eu con-
naissance que peu après il s'est commis des infamies dans la
maison, que ce monastère décrié honteusement a été l'objet
de scandale dans notre pags '. (Test pour ces motifs que, par
les présentes, nous vous ordonnons ceci. Vous viendrez, toute
affaire cessante, le vingtième Jour après la réception de nos
lettres, à moins cjue Vinclémence de la mer ou la maladie ne
vous en empêche. S'il en était autrement vous vous tiendrez à
compter de ce Jour pour suspendu de vos fonctions à l'autel
et de l'entrée de l'église, en vertu de l'obéissance que vous
nous devez comme votre supérieur ^. ^
Cependant les religieux de Grestain prenaient chaque jour
de plus grandes licences; plusieurs d'entre eux étaient signa-
lés pour leur dérèglement. L'homme laissé pour gouverner en
l'absence de l'abbé était si peu propre à contenir les autres et
à entretenir la paix, qu'il était le premier à leur donner
l'exemple de la débauche et à exciter le trouble: au point
qu'étant ivre, il fut tué à coups de perche par deux religieux
de la maison auxquels il avait cherché querelle, et qu'il pour-
suivait le couteau à la main ^.
L'évêque de Lisieux s'adressa au pape Alexandre III :
Dans lévêché que, par la grâce de Dieu, Je gouverne avec
zèle, il est un monastère nommé Grestain qui autrefois répan-
dait tout à l'enlour une odeur de sainteté ; mais sous l'admi-
1. i< Unde, sicul ad'tuain credimus notitiam pervenisse, tôt in oodem loco
poslmodum prohra commissa sunt, ut et regionem nostram scandalizatam esse
coiislet, et monasterium Inrpiter infainatmu. »
2. Migne, Patrol. latine, vol. 201, p. 81.
3. Noël Deshays, Mérn. sui- les évéïjues de Lisieux, \t. 70.
48 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
nistration de cet abbé le désordre y est fipparu depuis long-
temps ainsi qu en témoignent ceux qui ont vu ou ceux qui
Vont entendu dire. Car la conduite scandaleuse des religieux
n est plus renfermée dans les murs du cloître ; cest avec audace
quelle est offerte aux regards de tous et quelle est devenue
publique, parce que ni la crainte de Dieu ni le respect humain
nont plus eu aucune action sur les moines de cette maison.
Leurs fautes sont d'autant plus graves que la voix publique
les a répandues plus loin et plus rapidement ; qu elles ont pro-
duit un plus grand mal puisqu aux yeux de tous ce mal parait
sortir du sanctuaire. C'est à peine si une faible discipline
canonique subsiste parmi eux. Ils ne pratiquent plus la cha-
rité envers les autres; ils n'exercent plus l'hospitalité et ne
font aucune aumône, mais les restes de la table commune sont
impudemment employés à satisfaire leurs vices particuliers.
Ce n'est pas tout. Leur folie est allée jusqu'à verser le sang,
de sorte que leurs mains ne sont pures d'aucune espèce de
crime. Il est certain qu'ils se sont battus à coups de couteau
dans le cloître ainsi que V ont prouvé des cicatrices à peine fer-
mées, des blessures encore fraîches. S^d&s.^a.uGiGns pliM sages
ne les eussent désarmés , leur violence les aurait conduits à se
tuer les uns après les autres *. // est mort dans leur monastère
une femme qu'ils ont plongée dans l'eau par un froid rigou-
reux. Car afin de persuader qu'ils faisaient des miracles et
d'attirer un concours de nombreux pèlerins ils promettaient
guérison au malade qui supporterait d'être plongé sept fois
dans une eau sur laquelle ils faisaient je ne sais quelles
incantations en vers. C'est ainsi que cette femme malade plon-
\. « Parva sunt haec, sed ad sanguinein prorupit insania, ut a nulla specie
criminis manus eorum servarentur iinmunes. Constat eos in claustro strictis
invicem concurisse cultellis, sicut cicatrices vix obductae, et recentia quoque
vulnera protestantur. Ac nisi de cultellis eorum pugionem provida sustulisset
antiquitas, saepius usque ad alternas etiam mortes intemperentia desaevis'
sel. ))
REFORMES DISCIPLINAIRES
49
gée plusieurs fois dans Veau glacée ne put supporter le froid
et trépassa entre les mains des religieux qui la maintenaient '.
Profaner ainsi la religion, cest plutôt conduire les âmes à
leur perte qu'appeler sur elles la miséricorde divine pour
leur salut. Un des moines tua le cuisinier de Vahhaye pendant
quil était penché sur son travail, parce que celui-ci se plai-
gnait de le voir trop assidu auprès de sa femme. Il l assomma
du coup vigoureux d'un lourd pilon. Le sang de V innocent
jaillit sur les mets qui avaient été préparés pour lui et pour
les frères -.
Tai très souvent averti l'abbé de ces manquements à la
charité, mais il n'agissait pas plus sévèrement. Il dissimulait
les désordres plutôt que de les punir / de sorte que la dissi-
mulation entraîna la hardiesse et que les religieux se crurent
tout permis, sans que leur propre raison ni une réprimande
vinssent refréner leur licence. L'abbé avait en effet perdu
toute autorité, car la discipline est méprisée des méchants qui
repoussent les conseils des esprits sages. Le manque dans le
cloître des choses nécessaires augmenta l'audace des religieux ;
ils prirent plus librement la licence de s'écarter du couvent
pour se procurer le nécessaire : car ces sortes de personnes
plus patientes à supporter le dénuement que la règle monas-
tique semblent acheter de leurs supérieurs, par la pauvreté,
un certain droit de mal faire. Pour qu'il ne leur manquât
1. ■< Ut enim miracula facere credorentur, et quihuslibet commentis saocii-
larium personarum frequentos invitaronl accessus, sanitatis remédia promitte-
bant ei qui se iacantatae ab eis nescio quibus carminilnis aquae septies susti-
neret immeigi. Aegra ilaqae mulier aquae glaciali IVequenler immersa iiiter
manus comprimentium monachorum congelata decessit, dum vim algoris
aegritudo non sustinet. »
2. <( Ministrum coquinae cum debitum pronus exsequeretur officium, qui-
dam è monachis interfecit, quia dical)atur de nimia illius circa uxorem suam
frequentia murmurasse. Cervicem ilaque ipsius adacto lotis viribus pistillo
gran;liore confregit, et innoxio sanguine pulmenla, quae tam ipsi quani caete-
ris fratribus parabantur, aspersit. »
Ch. Bkkakk. — L'Abbaye de Xotre-Daine de Greslain. 4
50 l'aUBAYE de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
aucune occasion de quitter le cloître, lahhé, sous prétexte des
intérêts de son abbaye, voyageait en Angleterre oii il se lais-
sait aller sans réserve à la bonne chère, ne faisant rien autre
chose que de courir et de plaider inutilement. Il y est resté
dernièrement presque deux années. Une injonction de son
évêque l'obligea à levenir. Il a pu voir létat encore plus
déplorable du monastère quil avait abandonné . Aussitôt en
butte aux reproches des moines, il allait partir ; Je le lui défen-
dis Jusqu à ce quil meut désigné des personnes capables de
le remplacer et de gouverner l'abbaye. Mais oublieux de
r obéissance à laquelle le lient ses vœux professionnels, au
mépris de mon autorité episcopale, il est partisans ma permis-
sion, ne laissant personne à la tête du couvent pour en prendre
soin et veiller aux intérêts temporels. La suite des événements
ne tarda pas à montrer les résultats déplorables de cet état de
choses. En effet, celui quil avait laissé comme son procureur
s'étant enivré après dîner dans le réfectoire a frappé de son
couteau deux frères et ceux-ci le tuèrent à l instant même
avec un bâton qui se trouva sous leur main. Ce nouveau for-
fait a rappelé les crimes passés, et la voix publique a con-
damné les î^eligieux en les considérant tous sous le même Jour.,
car ils sont tous coupables ou d'avoir participé aux désordres
ou de les avoir soufferts. Aussi beaucoup de personnes ont
dit quil fallait chasser tous les religieux et les remplacer
par des frères d'un autre Ordre, que cette expulsion serait la
punition des premiers et que la venue des nouveaux moines
ferait refleurir la bonne considération de l'Ordre. Pour ma
part, fai chassé les assassins : la raison aussi bien que la
crainte du pouvoir séculier V exigeaient. J'ai réglé provisoire-
ment ce que J'ai cru nécessaire de disposer car il ne pouvait
être rien établi de définitif, puisqii aucun d'eux ne présentait
de garanties ni d'après sa réputation ni d'après la connais-
sance que J'en avais. J'ai cependant fait ce que J'ai pu Jus-
RÉFORMES DISCII^LINAIRES SI
quà ce quune nulorité plus forte pût arrucher tout arbre qui
nu point été planté pur notre Père céleste. C'est à vos mains
et à votre pouvoir de faire le reste: nos faibles mains ne
peuvent rien contre un mal si enraciné. Pour cela si vous
avez égard aux désirs de la région presque entière il faut
séparer ces hommes quune vie commune et des excitations
mutuelles entretenaient dans des mœurs dissolues ; il faut les
disperser un à un dans des monastères réguliers oli ils perdent
auprès d'inconnus, chacun de son coté et par des relations
différentes, cette occasion de faire le mal quils avaient trou-
vée dans l'association de leur habitude dépravée.
Le vœu de tous, conforme à celui du Prince, serait de trans-
férer le monastère à des chanoines réguliers, de manière à
changer d'ordre religieux, à mieux effacer toute trace du
passé, et, par la sévérité de cet exemple, à frapper de crainte
les autres monastères. Car il en est quelques-uns dans les-
quels le dérèglement des mteurs s'est si audacieusement déve-
loppé qu'on ne s'y rend plus compte de la situation déplorable
où l'on est tombé et que d'un cœur endurci on y persévère
dans le mal. Par là renaîtrait ici un ordre religieux plus
digne et Ion montrerait que la surveillance sévère du siège
apostolique ne manque pas de s exercer en tous lieux. De plus
il est connu cfue notre province est abondamment remplie de
monastères nombreux et renommés. Elle ne possède que peu
de chanoines réguliers lesquels sont très pauvres, au point
que pour trouver quelque ordre de ce genre il faut le plus
souvent que mes religieux quittent notre pays pour aller à
l'étranger. Il paraîtrait donc avantageux en général de dis-
perser un petit nombre de moines pour augmenter la quantité
des clercs réguliers; et, après avoir déplacé avec soin ceux
qui sont connus pour avoir abandonné les règles de leur insti-
tution première, de pouvoir retenir les autres dans le sein
maternel de l'Eglise. On évitera ainsi que pareils à des enfants
52 l'aBBAVE de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
sevrés ils ne soient poussés à rechercher les soins moins doux
dune mère inconnue. C^est par ce moyen qu'on infligera aux
coupables une punition profitable pour eux, qui leur ôtera la
liberté de faire le mal et les conduira au salut de leurs âmes.
Et c'est ainsi également que les vœux de tout le peuple seront
favorables à la naissance d'une nouvelle vigne du Seigneur.
Voilà ce que dit l'Evêque '.
On possède une troisième lettre de Févêque de Lisieux au
pape Alexandre III sur laffaire des moines de Grestain et de
leur abbé qui lui suscitèrent tant de tribulations, vers la lin
de son épiscopat. Le texte de cette lettre permet d'ajouter
quelques détails pittoresques à Thistoire de cette rébellion
monastique, en montrant les bénédictins de Grestain s'insur-
geant sous prétexte qu'on leur sert du vin trop faible, roulant
dans la boue les envoyés de leur évêque et bravant l'excom-
munication prononcée par celui-ci. Nous en traduisons plu-
sieurs passages :
L'abbé de notre monastère de Grestain s'est, dit-on, mis en
route pour aller vers vous ; c'est un homme dissolu et men-
teur, qui ne se soucie ni d'observer les règles monastiques,
ni d'y former les- autres. Il est étonnant que la conscience de
ses désordres manifestes et de son incapacité ne suffise pas à
l'arrêter, mais son audace s'accroît d'autant plus qu'elle est
Jusqu'ici restée impunie ~. Grâce à la faveur des puissants
1. Migne, Palrol. latine, vol. 201, p. 79. Lettre au pape Alexandre III, De
dissolulione monasterii Gristanensis, n° LI.
2. « Arripuit iter eundi ad vos, sicut dicitur, abbas quidam noster monas-
terii scilicet Gristanensis, homo dissolutus et mendax, qui ordinem monasti-
cum nec in persona sua nec unquam observare voluerit nec ad ejus observa-
tionem alios curaverit informare. Mirabile est in eo quod excedentem ejus
audatiam manifeste dissolutionis et inutilitatis conscientia non refrénai, sed
tanto semper insurgit audatior quanto sepius impunitus evasit. » — Bibl. de
l'École des chartes, t. LXIII, p. 3o6 ; Lettres d'Arnoul de Lisieux publiées par
M. René Poupardin.
RÉFORMES DISCIPLINAIRES 53
quil s est acquise pur son obstination hruyante, par ses
plaintes mensongères et d^utres moyens encore^ il élude la
main de son supérieur ; nous ne pouvons agir avec lui suivant
les formes en usage dans les Justices épiscopales et nous
sommes forcés de supporter des abus anciens et nouveaux —
Tai rappelé de nouveau F abbé d'Angleterre et Je l'ai forcé
malgré sa résistance à revenir pour s'occuper désormais avec
plus d'activité des intérêts de son monastère ; J'ai fait appel
à cette fin au concours de vénérables et religieuses personnes,
et sur leur conseil Je lui ai prescrit la manière d'organiser et
de gouverner sa maison selon la règle de saint Benoit, lui
enjoignant au nom de l'obéissance de ne pas retourner en
Angleterre selon sa première intention, ou de s'en aller plus
loin Jusqu'à ce que les religieux dudit monastère ou d'autres
appelés du dehors, y eussent rétabli l'ordre par la distribu-
tion des offices et qu'une surveillance plus vigilante eût main-
tenu dans les limites de leur profession ceux qui avaient
l'habitude d'en sortir. N'eût été cette nécessité. Je lui aurais
par charité accordé la permission d'aller partout où l'appelle-
raient la nécessité ou les intérêts du monastère. Il a reçu
notre ordre avec plus d'insolence que d'humilité, et au bout
de c/uelques jours il est retourné en Angleterre sans notre
aveu, lai.ssant de côté tout ce dont les devoirs de sa charge et
le respect de nos ordres lui commandaient de s'occuper K
L'audace de ceux qui étaient ainsi restés sans châtiment s'en
est accrue et l'occasion d'une liberté plus grande leur ayant
été ainsi offerte, il n'y a plus eu de discipline dans le chapitre,
de silence dans le cloître, plus d'assistance ni de respect aux
offices divins. Les barrières du cloître, les portes /?ewre.s (novis-
1. « Tpse autem mandate nostro magis insolenter quom humiliter accepte
post paucos dies sine conscientia mea renavigavit in Angliam, postpositis sci-
licet omnibus que secundum debitum officii sui et mandati noslri reverentiam
priusquam abscederet debuerat ordinasse. »
54 L ABBAYE DE ^OTRE-DAME DE GRESTAIN
sime) du monastère ne les arrêtaient pas. On les voyait s'as-
seoir dans les carrefours, faire bombance dans les tavernes^
épier les occasions d'adultères, se souiller de toutes sortes de
crimes. Un Jour de fête, comme le réfectoire ne leur offrait
qu'un vin moins généreux c/ue celui des tavernes, fous^ à
r exception de quatre vieillards, s'en allèrent en bande après
avoir enlevé les cordes des cloches et fermé les portes du
monastère, et suspendirent pendant quelques Jours les divins
offices jusqu'à ce que le cabaretier, par pitié pour ce cloître
silencieux, leur eût donné le vin cju'ils réclamaient K Le bruit
public et les rapports de nos officiers ayant porté ces faits à
notre connaissance. Je fis passer dans d'autres maisons ceux
que Je savais être les principaux auteurs de ces désordres,
J'effrayai ainsi le plus grand nombre et Je rendis la tranquil-
lité désirée aux bons, s'il en restait
Sur ces entrefaites, — et nous ne pouvons ni n'osons passer
le fait sous silence, — un de nos prêtres et un sous-diacre,
délégués par nous pour organiser des fraternités ^, en vue de
la reconstruction complète de notre église ■\ franchirent un
Jour, à l'heure du dîner, la dernière porte du monastère
1. « Porro his qui relicti sunt de impunitate crevit audatia et desiderata libe-
rius effluendi refulsit occasio, jamque née in capitule disciplina, nec intra claus-
tradomestica constituta silentia servahantur, nec débita divinisofficiisfrequentia
vel reverentia prestabatur. Non eos hostia claustri, non fores novissinie con-
tinebant, sed triviatim sedere per compita, per tabernas commessari, alienis
invigilaie cubilibus adulteriisque ceperunt et diversorum generum criminibus
infamari. Die feslo cuni eis in refectorio vinum debilius quam in taberna
haurire consueverant ofTeretur, onines prêter. IIII'"". senes velut agmine facto
pi'otinus abscesserunt, et furibus quibus campane monasterii trahebantur
abbatis clausisque foribus, divinis officiis per dies aliquot silentium indixerunt
donec eis caupo vinum quod adeo affectabant monasterii silentis miseratus
infudit. »
2. Migne, Palrol. latine, t. 189, p. 479. Voy. une note sur les confraternités
entre abbayes.
3. Arnoul, évêque de Lisieux 1 1141-1181), s'occupa dès l'année 1143 à recons-
truire le corps principal de la cathédrale : le portail, la nef, les collatéraux de
la nef, etc.
RÉFORMES DISCIPLINAIRES 55
pour demander lu chari/é ; un des principaux religieux^ le
prieur et le portier les assaillirent violemment, les maltrai-
tèrent, et [ce que Je ne puis dire sans rougir et sans ressen-
tir une vive amertume) les' couvrirent de boue. Le moine,
sommé de fournir une réparation, s'y refusa et son abbé le
lui défendit, et il fut convaincu par une sentence d'anathème
de contumace manifeste '
Je me rendis au monastère sans y avoir été invité, accom-
pagné d\'ibhés et cl autres personnes vénérables. L'abbé empê-
cha un moment les moines de paraître ennotre présence, mais
enfin Je pus exhorter charitablement ceux c/ui parurent à
venir à résipiscence... Je priai avec plus d'instances ceux cjue
Je devais prier ; Je suppliai ceux c/ue je devais supplier de pré-
férence et ils paraissaient prêts à se rendre, mais l'abbé ne le
permit à aucun, bien qu'il n'apportât l'ombre d'un argument ;
il persista dans son obstination stupide et ne voulut point
écouter les conseils de personnes vénérables, refusant le béné-
fice de l'absolution qui leur était offerte pourvu qu'ils la
demandassent avec repentir et humilité ^...
1. <( Inlerim, qnod silentio preterire non possumus nec audemus, quidam
sacerdos noster et subdiaconus, qui a noijis oh constituendas fralernitates ad
reedificationem ecclesie nostre quam a fundamentis incepimus mittebantur,
novissinias fores predicte domus hora prandii causa requirende caritatis
ingressi sunt ipsisque a monacho quodam majore, scilicet procuratore domus,
et a portario violente manus illate sunt, g^ravibusque affecti injuriis in luto
(quod sine rubore et amaritudine diceie non possumus) convoluti. Vocatus
igitur ad satisfationdum monachus nec venire voluit nec âb abbate permissus
est, ipsumque in anathcmalis sontenliam ipso facto commississe contuniatia
manifesta convicit. »
2. '< Acccssi igitur ad monasterium non vocatus, adliibitis mecum religiosis
abbatibus et aliis venerabilibus personis, ot cum abbas monachos aliquandiu
nostro conspectui prohibuisset offorri Rogavi diligentius qui rogari debue-
rant, supplicavi cui potius fuerat supplicandum, jamque redituri facile videban-
tur, sed nullus ab abbate permissus est, licet ipse penitus nichil rationis afferret
sed pernaciter in stolida quadam obstinatione consistens nec consiliis venera-
bilium personarum adquiesciere voluit, et ad beneficium absolutionis accipien-
dum. quod quasi ultro eis offerebatur, scilicet si illud cum penitentia et
humilitate requircrent, accedere recusavit. »
56 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
Ajoutez toute confiance à ce que je vous écris, car j'es-
time plus qu'un sacrilège le fait de vous écrire des mensonges
et circonvenir astucieusement Votre Sainteté, etc. ^
On a mainlenanl quelque idée de la manière étrange dont
l'abbé Guillaume Huband ou d'Exeter abusait de son pou-
voir dans l'abbaje de Grestain, pour juger des malheurs de
celte maison. La lâche de l'évêque de Lisieux était difficile:
conlraindre les moines à changer de vie, les dégager des biens
temporels, ramener Faustérité, la régularité, la discipline
demandait un violent effort. L'évêque avait proposé la trans-
formation complète de Grestain, le remplacement des moines
bénédictins par des chanoines réguliers de Saint-Augustin ~.
Mais la lutte que depuis longtemps entraînait la réforme des
monastères était fort vive. L'Ordre de Saint-Benoît aurait con-
sidéré ce remplacement comme une insulte. Le changement
n'eut pas lieu. On nomma à Grestain un autre abbé et on y
établit d'autres religieux (pii furent choisis dans les établisse-
ments du même Ordre.
Quant à l'abbé Guillaume il fut transféré ailleurs par la
protection de Gautier, archevêque de Rouen, avec qui il était
lié d'amitié. <( Le susdit archevêque, dit un contemporain,
transféra maître Guillaume Huband, qui était abbé de Gres-
tain et moine du Bec, à l'abbaye de Saint-Martin de Pontoise,
quoique le monastère de Grestain fût trois fois plus riche.
Mais ce prélat désira l'avoir plus près de lui parce qu'ils étaient
compatriotes et à cause de leur liaison et de leur amitié -^
Guillaume Huband quitta en effet l'abbaye de Grestain, dit
le Neustria pia, au mois de juin 1185, jour des vigiles des
1. Voy. le texte de la lettre, Bihl. de l'École des chartes, t. LXIII, p. 356.
2. Les chanoines réguliers étaient des ecclésiastiques vivant en communauté
et exerçant toutes les fonctions du sacerdoce pastoral; c'était le point le plus
saillant par lequel ils différaient des religieux bénédictins qui ne remplissaient
])as ce ministère par eux-mêmes.
3. Chron. de Robert de Torif/ni, II, 135 (édit. Delisle).
LES ABBÉS RÉGULIERS 57
saints apôtres Pierre et Paul, c'est-à-dire le 28 juin. D après
les vers qui suivent il paraît avoir été installé à Saint-Martin
de Pontoise, le 4 juillet:
Ahhas Gresleni Giii'llehnus, secle relicla,
Transit ad ecclesiam de Ponlisara monachorum
Sancfi Martini, quarlam quintilis arjehat ',
(Guillaume, abbé de Grestain, ayant résigné ses fonctions,
passa au couvent des moines de Saint-Martin de Pontoise ; ce
fut le quatrième jour de juillet.)
Guillaume Huband est mentionné dans une charte, sans
date du cartulaire de Préaux relative à Brucourl -'.
Les rôles de TEchiquier pour les années 1180 et 1184 font
mention de Fabbé de Grestain ^.
VI. — Raoul, moine de Saint-Julien de Tours, avait été
prieur d'une communauté que le Gallia christinna nomme
« Perreriis ». La même mention se rencontre dans le \eu.strm
pia : « ex priore de Perreriis. » Il est possible qu'il s'agisse
du prieuré de Perrières, au diocèse de Sées, dépendant de
l'abbé de Marmoutier. Raoul fut élevé à la charge abbatiale,
par ordre du roi, le 14 ou le 15 mars 1186. D'où ces vers :
Mensis adar medio quidem monachus Turonensis,
Nomine Badiilphiis, Gresteni sede locatur '' .
(Au milieu du mois de mars, un moine de Tours nommé
Raoul fut appelé au siège abbatial de (jrestain.)
De ce qui précède, il ressort que Richard Cœur de Lion
imposa aux religieux de Grestain le moine Raoul comme abbé.
1. Neiisiria pia, p. 532.
2. Arch. dép. de l'Eure, cart. de Préaux, fol. 21 v", n" 46.
3. Mém. soc.Ant. Norm., XV, 31, 35.
4. Neuslria pia, p. o30.
S8 l'abbaye de NOTBE-DAME de GRESTAIN n
Les chroniqueurs atteslent que les ducs de Normandie ont
exercé un pouvoir absolu surles évêques, les abbés et le clergé.
L'abbé Raoul figure sur les registres de l'abbaye de
Fécamp, au 3 des ides de mai, la 3^ année du pontificat du
pape Célestin III (13 mai 1192) i.
Le même pape, la septième année de son pontificat qui cor-
respond à l'an 1197, adressa à Raoul, abbé de Grestain, une
bulle portant confirmation pour lui et ses religieux des églises
Saint-Ouën de Grestain, de Notre-Dame et de Saint-Léonard
de Ilonfleur. Ce document est conservé aux archives départe-
mentales de l'Eure -. Nous en reproduisons le texte plus loin 'K
Au xvii^ siècle, il s'est élevé une question difficile et impor-
tante, c'était de savoir le degré de confiance qu'on devait accor-
der à la bulle de Célestin III, en d'autres termes le document
était-il authentique? Nous mentionnons le jugement qui a été
porté sur cette pièce, mais sans le prendre à notre compte. Dans
une afîaire soumise au Conseil du roi, vers 1676, et relative
au patronage des églises Notre-Dame et Saint-Léonard de
Honfleur, — que Grestain réclamait et que l'évéque de Lisieux
prétendait lui appartenir, — les religieux produisirent la bulle
papale ; leurs adversaires en nièrent la valeur. Pour justifier
cet argument l'avocat du demandeur fit valoir les raisons sui-
vantes: « L'inspection de la pièce, celle du parchemin, de
l'écriture, des caractères modernes et du sceau qui était tout
neuf et nouvellement fabriqué. Une preuve plus forte, ajou-
tait-il. était que le nom de lévêque n'y était pas déclaré, or
c est une maxime que le pape ne parle jamais d'un évéque
sans le désigner '*. » On ne croit pas qu'à celte occasion il ait
1. Gallia christ., XI. col. Sti.
2. Arch. dép. de TEuie, H. 336.
3. Pièces justif., n° 3.
4. Bibl. liât., Recueil Thoisij, vol. 284, fol. 390. Factum pour m'' Philippe de
La Croix, prêtre, au sujet de la collation du bénéfice-cure de Notre-Dame et
Saint-Léonard de Ronfleur.
LES ABBÉS RÉGULIEBS 59
été tenu compte d'une des pièces les plus anciennes qui nous
soit parvenue des archives de Grestain, dont il reste si peu de
chose.
Du temps où a vécu Tabbé Raoul, on trouve dans Tabbaye
les moines dont les noms suivent: Robert, sous-prieur; l^er-
nard, préchantre ; Guillaume <c de Boveleio » ; GiraulL, reli-
gieux '.
L'abbé Raoul mourut le 28 juillet 1197. ,
Les deux chartes de Richard Ctrur de Lion qu'on trouvera
dans une seconde partie ' ont élé données à cet abbé Raoul.
Elles portaient confirmation aux religieux de la possession des
biens dont l'abbaye avait été dotée tant en Normandie qu'en
Angleterre et qui avaient constitué le premier fonds de ses
ressources. Sur quoi nous observons que tous les événements
antérieurs à l'abbé Raoul, venu d'une province éloignée, et
l'état de l'abbaye pendant la période de temps de son prédé-
cesseur, laquelle s'était passée dans une anarchie orageuse et
violente, nécessitèrent des recherches sur le passé : on ne
trouva rien de mieux que de demander au duc de Normandie,
roi d'Angleterre, la protection spéciale, la reconnaissance et
la confirmation des dons qui avaient autrefois été annoncés.
1. Bull. soc. Ant. Nonn., XV, 2^2.
2. Pièces jiislif., ii°* 1 el 2.
CHAPITRE II
LES ABBKS DE GRESTAIN DE 1197 A 1481
Les années qui vont suivre forment une seconde époque
dans l'histoire de Tabbaye Notre-Dame de Grestain. Ce fut le
temps où la fidélité de la Normandie aux Planlagenets
s'ébranla, où la province fut conquise en deux mois et qu'elle
rentra dans le domaine des rois de France après une sépara-
tion de trois siècles ^ Ce grand événement eut lieu sous 1 ab-
batial de Robert, septième abbé.
VII. — Robert était moine de Grestain lorsqu'il devint
abbé par élection le 8 septembre 1197 ^. On trouve l'abbé de
Grestain mentionné dans plusieurs articles des rôles de l'Echi-
quier. En 1198, il rend compte au trésor du roi de la somme
de 100 marcs qu'il avait promise, (c Abbas de Grestain reddit
compotum de 100 marc, de promisso suo. In thesauro 15 marc.
Et débet 85 marc, de quibus reddit compotum inferius. » Il
s'agit évidemment d'un don fait à Jean sans Terre, ou plutôt
d'une de ces contributions forcées que ce prince demanda aux
monastères à une époque où le trésor de l'Echiquier était vide.
Le second article est ainsi conçu : « Abbas de Grestain reddit
compotum de 85 marc, superius scriplis. Régi in caméra sua
50 marc, per brève régis. Et del)et 35 marc. »
1. Lisieux et le Lieuvin firent partie du royaume de Paris, au vi'' siècle, sous
Charibert comme sous Chilpéric !•''' ; le fils de celui-ci, Clolaire II, céda celte
région ainsi qu'une partie du Roumois à Théodoric II, duc do Bourgogne. —
Auç. Longnon, Géogr. de la Gaule au F/« s., p. 240.
2. Gall. christ., XI, col. 844.
62 l'aBRAYE de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
Au rôle de la même année 4198, l'abbé de Grestain est ins-
crit pour la somme de 17 marcs: <* Abbas de Grestain,
17 marc, pro plegio episcopi Lexoviensis ' ».
On connaît les courses désordonnées que Jean sans Terre
fit alors dans notre contrée et ses séjours à Bonneville, Iléber-
tot et Trianon .
L'abbé Robert renonça entre les mains de Guillaume du
Pont-de-l'Arche, évêque de Lisieux, à tout ce que Tabbaye
possédait dans l'église du Mesnil-Mauger et dans les églises de
Honfleur, en l'an 1233, le jour de la fête de la Conception
(8 décembre) : cessil quidquid possidebant monachi. Quel a
été l'objet de la cession en ce qui concerne les églises de
Honfleur, Notre-Dame et Saint-Léonard, qui ne formaient
qu'un seul bénéfice? En l'absence du cartulaire de Grestain, il
est difficile de l'indiquer. Il s'agissait peut-être du patronage
et d'une partie des dîmes, quoique beaucoup plus tard l'abbé
et les religieux de Grestain aient revendiqué judiciairement le
droit de nomination à la cure de Notre-Dame et Saint-Léo-
nard. Mais le peu de connaissance que l'on a de ces faits ne
permet pas de comprendre l'état des droits et des biens de
Grestain, à cette époque, en la ville de Honfleur.
Robert, abbé de Grestain, et un moine de son abbaye
nommé Raoul de Formoville, sont mentionnés dans une dona-
tion faite par Godefroy du Val, chevalier '. L'acte est sans
date.
Sous l'administration du même abbé, un seigneur normand
dont le nom se retrouve souvent dans les actes de ce temps,
Hugues Papion, fît don au prieuré de Sainte-Barbe-en-Auge J
et aux religieux de Grestain d'une pièce de terre de son
domaine de Douxmarais. Il reçut pour cette donation quinze
livres d'Anjou de la main des moines, qui donnèrent à sa
1. Méin. soc. Ant. Norm., XVI, 64, 65, 101.
2. Arch. dép. de l'Eure, H. 34u.
LES ABBÉS RÉGLLIEKS 63
femme iiniim pepluni. Parmi les témoins qui attestent la
donation est le nom de Joiirdaii). neveu de Robert, abbé de
Greslain ' .
Cet abbé était présent aux assises tenues à Pont-Audemer
en l'année 1244 -' ; le prieur de Beaumont-en-Auge y assistait
également. Il ne resta pas moins de quarante-six ans à la tète
de l'abbaye de Grestain. Diverses donations pieuses furent
faites sous Tabbaliat de l'abbé Robert par Hugues d'Ablon,
chevalier (1221); par Robert le Vavasseur de Vasouy. Le
mardi 9 août 1233, Galeran Mauvesin, fils d'Hélie Mauvesin,
donna aux moines de Grestain des rentes à prendre sur Thomas
Thorel, de Ilontleur, plus une mine de froment que Raoul de
Villerville devait leur fournir à la mesure commune de Hon-
fleur ^. C'est à une fondation du même genre que se rapporta
la vente par Nicolas, fils Guillaume, de rentes assises sur une
maison voisine de l'Église Notre-Dame, à Honfleur, et sur
deux pièces de terre situées dans la même ville, sur la paroisse
de Saint-Léonard ^ .
1. Mt'in. soc. Anl. Xorm., VII, 99.
2. Cartulaire de Jumièges, n" 541.
3.« Noverint universi quod ego Waleraniis Mauvesin, filius Ilelie Mauve-
sin, dedi in puram et perpetuam elimosinam... abbati et monachis Sancta
Marie de Gresteno decem solides monete currentis ad festum sancti Michaelis
et duas gallinas et duos denarios ad Natale, quos denarios et gallinas predicti
abbas et monachi et successores eorum recipiunt per manum Thome Torel
de Iluneflue... Dedi eciam cisdem unani minam fiumenli rcdditus annualis reci-
piendnm per nianum Radulfi de Willerville... ad mensuram de Hunneflue com-
niunem vendendi et emendi. Et per manum Rogeri de Capitepontis viginti ova
et duos denarios ad Pascha.... Actum, anno gracie m<* cc° xxx" iercio, in vigi-
lia sancti Laurentii martyris. » — Arch. dép. de l'Eure, H. 343.
4. « In niea masura sita ante ecclesiam sancte Marie de Ilonnef. pro pre-
dicto seslario frumenli, vel alibi in dual)us pecliieis terre quai-um una est sita
desupcr Sanctuni Lconardum ad capul pechie terre Slephani filii, presbyteri,
et alia sita est versus crucem Rad. Malveisin inlcr tenam lohannis Mathei, ex
una parte, et terra Mich. le Mareis, ex altéra. Et hoc fuit faclum, in anno
Domini m" ce" xxx° quarto, in mense januarii. Et ut hoc, etc. » — Arch. dép.
de l'Eure, II. 3i3.
6i l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
VIII. — Guillaume II de Farno ville, 8^ abbé de Grestain
est seulement connu par la mention suivante : Le 10 des
calendes de septembre 1254 (23 août), dit le Neustria pia,
Foulque d'Astin, évêque de Lisieux, fît la dédicace de l'église
de Grestain '. Il s'agit sans doute d'un nouvel édifice et non
de l'église commencée en 1122, comme on l'a vu. La construc-
tion en' fut poursuivie très longtemps dans la seconde moitié
du xiii^ siècle, si l'on en juge par les donations aumônées
pour son achèvement, ad opiis ecclesiae ~. L'église dédiée alors
a subsisté dans ses parties principales jusqu'à la suppression
de l'abbaye. Voici l'épitaphe qui était destinée à rappeler la
consécration de l'abbatiale :
Mille (Incenteno qiiinquageno fuit anno
Quarto, sacrala domus haec et sanctificala
Et desponsata Christo velut inviolata,
Praesiile Fulcone tune nostro Lexoviorum ;
Regeque régnante Ludovico Francigenarum ;
Mense suh aagusli\ festivani Bartholomaei
Ante dieux., Domini praeradiante die;
Temporis abbate tune Guillelmo, bonitate
Ingenti pleno, trihuente fréquenter egeno,
Moribus ornato multis, vitaque probato.
Ad cujus festum communia quaeque fuere,
Sunt testes hujus Cornes, ii qui voluere
Sumere vina bona, victus, et caetera dona.
Seniper in octavis a dicta Prsesule dantur
Quadraginta dies veniae ; grates referantur.
(L'an mil deux cent cinquante-quatre, cette église a été consa-
crée, bénite et pour ainsi dire fiancée inviolablement à Jésus-
Christ par Foulque, évêque de Lisieux, sous le règne de Louis,
roi de France, au mois d'août, au jour radieux du dimanche
1. Xeuslria pia, p. ooO.
2. Pièces justif., n"* 10, 11 et 19. A la fin du xiii'^ siècle, en 1290, des dona-
tions étaient encore faites ad edificationem ecclesiae.
VISITES d'eUDES RIGALD 6S
avant la fête de saint Barthélémy, sous l'abbatiatde Guillaume,
homme d'une grande bonté, généreux envers les pauvres, riche
en vertus eL d'une vie sans tache. En ce jour de fêle, tout fut
mis en commun. Nous en avons eu pour témoins le Comte
et tous ceux qui ont pris plaisir à se partager les vins excel-
lents, les mets et les autres offrandes. L'évêque a accordé qua-
rante jours d'indulgence à perpétuité pour le jour de l'octave
de la fêle. Que grâces lui en soient rendues.)
Il est inutile d'ajouter qu'aucune description, aucun plan,
aucune vue ne nous ont été conservés de l'église de Grestain,
que l'on consacrait au temps où saint Louis faisait son entrée
dans Paris à son retour de la Palestine.
Au mois de janvier 1255, l'abbé Guillaume II était encore
en fonctions; il était très âgé et aveugle. C'est ce que vont
nous apprendre les visites de l'archevêque de Rouen.
En effet, on possède pour cette époque le précieux Journal
d'Eudes ou Odon lligaud, source inestimable de renseigne-
ments sur l'état de l'Eglise séculière ou monastique de la Nor-
mandie ',
Lespagesde ce/o«rA?c7/ « font connaître dans toute leur vérité
l'état temporel et spirituel des monastères, des églises, des
prieurés, des chapelles ; les faits qui sont imputés à chaque
moine, à chaque religieux, leurs écarts mêmes et leurs vices
les plus secrets, aussi bien que ceux du clergé séculier y sont
enregistrés ' ». L'archevêque de Rouen a ainsi donné un
exemple d'une rare résolution dans les desseins et de fermeté
dans la conduite.
Eudes Rigaud, élevé au siège archiépiscopal de Rouen au
mois de mars 1248, eut pour premier soin d'entreprendre la
1. Odonis Rigaudi. Registrum visitationuni archiepiscopi Rnlhoinagensis édit.
Bonnin, Rouen, 1847, in-4).
2. L. Delisle, Le clergé normand au XIII'' s. — Du Méril, De l'état <lu clergé
régulier en Xormandie. — Ch. Richard, Le clergé en Xormandie au XIII'' s.
Ch. BnÉARii. — L'ahhaye de Xolre-Dame de Grestain. 5
66 l'aBIîAYE de NOTRE-DAME DE GRESTALN
visite des doyennés ruraux de son diocèse. Ensuite il se donna
la mission d'examiner les communautés non pas seulement
celles de révêché de Houen mais les abbayes et prieurés de
toute sa province ecclésiastique. « Voici, dit M. L. Delisle, en
quoi consistait sa visite. Le prélat entrait dans chaque abbaye,
prieuré ou chapitre, il s'informait des mœurs des religieux, de
la situation financière de l'établissement, de l'état des édifices
et du mobilier et même des approvisionnements, puis il avisait
à la réforme de tous les abus qu'il avait constatés. »
Au cours de ses visites canoniques, l'archevêque de Rouen
parcourait une première fois le diocèse de Lisieux durant le
mois de janvier 1249. Il vint à Saint-Pierre de Préaux, abbaye
d'hommes où il trouva trente religieux y résidant ; à Saint-
Léger de Préaux, abbaye de bénédictins qui comptait qua-
rante-cinq religieuses. De Préaux, Eudes Rigaud se rendit à
Cormeilles. Ce monastère réunissait vingt-cinq moines. Enfin
l'archevêque se transporta à Grestain le 16 des calendes de
février. Voici le passage qui concerne sa visite (17 janvier
1249).
« XVI. Kl. Februarii. Apud Gralein, cum expensis monas-
terii. Ibi sunttriginta monachi. Omnes sunt sacerdotes, excep-
tis quatuor. Habent in reddilibus circa 11"^ libras ; debent
circa llllc libras, et bene debetur eis tantumdem ; injunximus
abbati, priori et aliis ballivis. ut facerent conscribi redditus
suos in aliquo libro et facerent super hoc unum volumen.
Debent pensiones circa XX libras. Commorantes in priorati-
bus comedunt carnes, nec observant jejunia; injunximus
abbati ut premissa corrigeret '. »
L'état de notre abbaye, comme on le voit, était assez satis-
faisant. L'archevêque ne trouva à blâmer que des abus sans
gravité. L'abbaye comptait trente moines parmi lesquels vingt-
1. Regestrum visit. archiepiscopi Rothom, p. 60.
VISITES d" EU DES RIGALD 67
six avaient l'eçii Tordre sacerdotal. Elle possédait deux mille
livres de revenus ; elle était endettée de quatre cents livres,
m:iis pareille somme lui était due. Pour obtenir un contrôle
financier et sa is doute pouvoir vérifier Temploi des fonds lors
de ses visites, l'archevêque ordonna de tenir des comptes
écrits.
Au mois de janvier 1254, Tarchevêque de Rouen arriva une
seconde fois à Tabbaye où il resta deux jours ; il venait de
Pont-Audemer.
(( II. Non. Januarii. Visitavimus apud Gratain. Ibi sunt
XXVIII monachi. Injunximus eis quod uniis clamaret alium,
quia hoc minus bene solebat fieri. Duo monachi jacent in eccle-
sia, ad eam servandam. Dant omnibus venientibus ad elemo-
sinam, ad minus ter in ebdomada. Habent in redditibus II'"
libras. Non debent XIv^ libras, plura tamen debentur eis.
Abbas, propter vetustatem, non cantat, quia parum videt ;
verum tamen qualibet die dominica recipit eucaristiam.
Eadem die, procurati faimus ibidem.
Summa, GXIII solidi, A^ denarii '. »
Les moines étaient au nombre de vingt-huit. Ils faisaient
l'aumône trois fois par semaine à tous les pauvres qui se pré-
sentaient. Leur abbé, Guillaume de Farnoville, accablé de
vieillesse et atteint de cécité, ne prenait plus part aux offices
mais chaque dimanche il recevait la communion.
L'année 1256 qui suivit la seconde visite d'Eudes Rigaud
vit s'élever une contestation entre l'abbé et les religieux de
Grestain et Robert V Rertran, baron de Briquebec, vicomte
de Roncheville, connétable de Normauilie, puissant seigneur,
chevalier revêtu d'un haut emploi. Le différend portait sur la
possession des ports de Fiquefleur et de Gremanfleur. Il faut
donner au mot port une signification très restreinte. Robert
1. lieyestruin iv'st/., p. 197.
68 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
Bertran déclarait que ces ports lui appartenaient, tandis que
les moines de Grestain soutenaient leur droit en disant que ces
ports leur avaient été donnés par Robert de Mortain. On verra
renaître le même débat trente années plus tard, en 1286. A
l'une et à l'autre époque, les juristes rejetèrent les prétentions
des Bertran. Un arrêt en forme de transaction laissa à Tabbaje
de Grestain les taxes de travers et de coutumes qui étaient des
revenus locaux, mais il lui imposa l'obligation de subvenir à
l'entretien des deux ports de Fiquefleur et de Cremanfleur et
de n'y apporter aucun aménagement sans le consentement de
Robert Bertran ou de ses successeurs.
Il est permis de croire, d'après les textes, que ces deux
localités avaient changé de main et que le droit des Bertran à
la possession de Fiquefleur n'était plus assez constant ni assez
généralement reconnu au xm^ siècle. Cependant cette localité,
si l'on se reporte au temps de la division et de l'appropriation
individuelle des propriétés en Normandie, avait été comprise
dans le territoire de leur seigneurie. C'est Robert Bertran dit
le Tort et Suzanne sa femma, qui donnèrent au prieuré de
Beaumont-en-Auge l'église de Saint- Georges de Fiquefleur
avec toutes les redevances annusUes qu'ils percevaient en ce
lieu ^ Cela semble indiquer que leurs domaines ont dû subir
des vicissitudes et qu'ils ont été démembrés, en faveur de
Robert de Mortain, par Guillaume le Conquérant. Mais il y
a, sur ce point, une difficulté historique.
La contestation que nous rappelons brièvement est connue
par une charte conservée aux archives de l'Eure ^ et qui a été
publiée '^. La date du document répond au 19 février 1256 ^.
1. Vidimus d'une charte confirmative des biens du prieuré de Beaumont-en-
Auge, datée de 1254. — Bibl. nat. ms. nouveau fonds latin, 9209.
2. Cart. nonn., n° o4o, à la note. — Le Prévost, Mém. et notes sur le dép. de
l'Eure, II, 107.
3. Arch. dép. de l'Eure, H. 343.
4. Cart. nonn., p. 100, col. 2.
VISITES d'eLDES RIGALD 69
Louis IX venant du Bec séjournait à Pont-Audemer le mois
suivant, les 2f), 27 et 28 mars. Le voyage de saint Louis était
prévu '. On croit que Tarchevêque de Rouen, Eudes Rigaud,
était à Pont-Audemer en la compagnie du roi. Dans ces cir-
constances il est fort possible que Louis IX ait eu l'occasion
de s'interposer entre Robert Bertran et les religieux de Gres-
tain, et qu'il ait terminé, en obtenant de chaque parti des con-
cessions, la querelle qui s'était élevée. Gomme nous l'avons
dit, elle se renouvela -.
Nous placerons à l'article de Guillaume de Farnoville un
acte non daté que fournissent les archives du Galvados et qui a
été analysé dans les termes suivants: « Accord entre Daniel,
prieur de Sainte-Barbe-en-Auge, et Guillaume, abbé de Gres-
tain, au sujet de la dîme de Douxmarais -^ » Par suite d'une
donation de Robert de Mortain, l'abbaye possédait des terres
situées sur cette paroisse, voisine de Sainte-Barbe. La percep-
tion des dîmes donna naissance à d'interminables procès.
On notera en outre, pour cette époque, la présence d'Eudes
Rigaud à l'abbaye de Grestain ; mais rien n'indique que le
fait doive être sig^nalé sous l'abbatiat de Guillaume de Farno-
ville plutôt que durant l'administration de son successeur. On
manque de dates précises pour l'entrée en fonctions des abbés.
Eudes Rigaud revint à l'abbaye de Grestain le 4 des calendes
de janvier 1237. La communauté comptait trente-deux
moines ^. Quelques-uns n'assistaient pas aux heures cano-
niales. On donnait l'aumône deux fois par semaine, le lundi
et le jeudi, à tous ceux qui se présentaient à la porle. Les
revenus s'étaient amoindris.
i. Cnrf. norin., n" îi45, à la note.
2. Voir aux pièces juslif. la tiansaclion de février 1287 m" 18).
.3. Mpm. HOC. Anf. \orni., VII, p lOi, n» 81.
4. A la même époque, on comptait cinquante-sept moines à Jumièges et
quarante à Saint-Wandrille.
70 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
(( IIII. Kl. Janiiarii. Yisilavimus abbaciam de Grestain. Ibi
siinl XXXII monacbi. Aliqui aliquando non veniiint ad com-
pletorium ; injunximus hoc emandari. Elemosina datiir bis
ebdomada, videlicet die lune et die Jovis, omnibus venienti-
bus ad eam. Injunximus abbati ut ipse injungeret monachis
morantibus in prioratibus, ut ipsi abstineant se ab esu carnium,
etquod servant jejunia régule, et si in hiis délinquant eos cor-
rifferet. Habent in redditibus XVI^ libras. Habent satis estau-
rameuta usque ad nova. Debeut GGCG libras, sed debentur
eis circa VI^ libras.
« Eadem die, procurati fuimus ibidem.
« Summa procurationis, IX libre V solidi ^ »
Pour terminer l'article de l'abbé Guillaume de Farnoville,
nous ajouterons que c'est probablement l'abbé de Grestain
dont un acte de vente du mois de mai 1258 fait mention mais
sans le dénommer ~.
IX. — Thomas. La veille de la fêle des apôtres Jacques et
Philippe, en 1259 (30 avril), dit le Gallia, l'abbé Thomas se
réconcilia avec les moines de Jumièges, mais les auteurs n'ont
point indiqué quel avait été l'objet de la querelle et par suite
du raccommodement. Ln document va nous l'apprendre : il
s'agissait de droits de coutume à percevoir depuis Berville
jusqu'à Foulbec ^. On a même le récit du différend dans l'His-
toire de l'abbaye de Jumièges composée au xviii^ siècle par
un religieux bénédictin. ^ oici le passage : « On n'étoit pas sans
affaires à Jumièges. L'abbé et les religieux de Grestain dispu-
toient à ceux de cette maison le droit de coutume sur les
marchandises qui abordoient à terre, de la rivière de Risle,
1. Regestrum visif., p. 293.
2. Pièces justif., n" 14. — Arch. dép. de l'Eure, H. 342.
3. Pièces justif., n° 15. Accord du 30 avril 1259.
TRANSACTION AVEC JlTMlÈGES 71
OÙ est située leur baronnie de Conieville'. La question
avoit été décidée en faveur des religieux de Jumièges, par
leur contrai d'échange avec Philippe-Auguste ; mais les
moines de Grestain soulenoient que, n'ayant pas été appelés,
le contrat ne pouvoit leur porter préjudice. On plaidoit
depuis plusieurs années, lorsqu'à l'avènement de Richard de
Bolleville ~, l'abbé de Grestain la compromit entre ses mains,
Richard, qui savoit mieux que personne la vérité de ce
qu'on alléguoit de part et d'autre, mais qui étoit inca-
pable de se déterminer par aucune vue d'intérêt, décida
en partie pour les religieux de Grestain. Il leur adjugea le
droit de coutume de leur côté, à condition qu'ils paieroient
à la recelte de l'abbaye de Jumièges cinquante sols de rede-
vance annuelle ou un esturgeon de trois pieds et demi au
moins de longueur. La condition l'ut acceptée par l'abbé de
Grestain dans une assemblée capitulaire des religieux de
Jumièges ; mais comme il ne s'étoil pas fait autoriser par ses
moines avant que de compromettre entre les mains de
Richard, et qu'on vouloit tlnir la contestation d'une manière
stable et permanente, on remit la conclusion à une nouvelle
assemblée, qui fut tenue le 31 mars 1259 \ Les religieux
de Grestain y envoyèrent leurs députés avec ordre de ratifier
tout ce qui avoit été fait précédemment, pourvu qu'on
voulût dresser un nouvel acte, en forme de transaction,
dans lequel on inséreroit que les religieux de Jumièges ne
percevroient le droit de coutume depuis que V épine de Berville
jusqu'à la fosse de Foulbert. La demande parut juste et l'acte
en fut dressé le même jour ^. » Il faut lire : la fosse de Foulhec.
\. Le 18 janvier llO'i, Richard Cœur de Lion avait donné aux moines de
Jumièges, (^onteville, en échange de Pont-de-l'Arche. Cartulaire norm., n° 2bo.
2. Abbé de Jumièges de 1258 à 1272.
.3. L'acte capitulaire donné h Grestain est du 'M) avril 12o9. Voy. aux pièces
justif., n" l.j
4. Hist. de l'abhfti/e roijale de Jninif'çjes, IL 22 lédit. Loth, Rouen, 1884).
72 l'abbaye de >otre-dame de grestain
On ne sait pas précisément si la contestation avait pris son
commencement sous l'administration de Tabbé Thomas.
D'après un manuscrit de Grestain, cette abbé forma une asso-
ciation de prières, en Tannée 1260, avec l'abbaye de Saint-
Pierre de Cormeilles où siégeait alors un religieux du nom de
Simon '. Nous verrons plus loin que le même acte d'associa-
tion exista entre l'abbaye de Grestain et celle de Saint-Martin
de Sées. Il y eut donc une élroite union entre ces trois
abbayes.
On ignore la durée de Tabbatiat de l'abbé Thomas et l'époque
à laquelle il a pris fin. Aussi ne pouvons-nous dire si la men-
tion d'un abbé de Grestain aux assises de Bayeux, le 5 sep-
tembre 1265, désigne l'abbé Thomas ou son successeur. En
présence de douze chevaliers et de l'abbé de Grestain, Guillaume
de Blarre y reconnut que le patronage de Saint-A'igor d'Agy -^
appartenait de droit aux prieur et religieux de Sainte-Barbe-
en-Auge ^. Mais ce fut de son temps que deux habitants de
Honfleur, Osbert Le Brun el Guillaume Langlois, y vivant au
milieu du xiii^ siècle, sur la paroisse de Notre-Dame, firent
aux moines de Grestain des donations assez importantes ^.
X. — Guillaume III. Sur la liste des abbés de Grestain du
1. Gallia christ., XI, col. 844.
2. Canton de Bayeux, Calvados.
.3. Mém. soc. Ant. de Xnrm., XV, 206.
4. (' Ego Osbeitus le Brun et Guillelmus diclus Englicus de Honefluclu ven-
didimus... abbati et conventui de Gresteno tota penikis herilagia nostra que
tenebamus et possidobaniiis de feodo dictoium abbatis et conventus, videli-
cet in domibus, in gardignis, in terris, etc. » Mars 12.")8. — Arch. dép. de
l'Eure, H. 343.
« Notum sit omnibus tam presentibus quam futuris quod ego Osbertus le
Brun de parrochia sancte Marie de Honnefluctu, vendidi et concessi aljbati et
conventui Bcale Marie de Gresteno unam masuram cum domo exislente quam
habebam et possidebam apnd Honnefluctum in dicta parrochia inter masuram
Willermi dicti Anglici, ex una parte, et masuram Hugonis Pelequien, ex altéra,
tenendam et habendam, etc. Actum, anno Domini M". CC". sexagesimo, mense
aprilis. » — Arch. dép. de l'Eure, H. 343.
VISITES d'eudes rigald 73
Neustria, pia figure, à la suite de Tabbé Thomas, Renaud
Caruel. Mais le nom de Guillaume III se trouve mentionné
dans le Gallia chrisliana. On ne sait Tannée où il prit le gou-
vernement de Tabbaye ; ce fut peut-être avant 1267. Celait
un ancien moine de Grestain,
Pendant le temps de l'administration de cet abbé, Tarche-
véque de Rouen se rendit de nouveau dans le diocèse de Lisieux
après avoir visité Jumièges. Eudes Rigaud séjourna à Pont-
Audemer, s'arrêta à Préaux puis vint examiner la vie intérieure
du monastère de Grestain, la veille des calendes de janvier
1267. La situation était demeurée sans changements appré-
ciables depuis dix ans. Le nombre des moines n'était plus que
de vingt-six, mais il y en avait six dans trois prieurés. Laie
sage administration avait réduit les dettes. Les ressources en
grains et en provisions étaient suffisantes pour l'année. L'ar-
chevêque avait pour ainsi dire trouvé tout en bon état, in hono
statu.
« II. kl. Januarii. Per Dei gratiam, accessimus in monaste-
rium de Grestein, ubi, proposito verbo Dei, eodem adju-
vante, visitavimus. Ibi erant XX^ I monachi commémo-
rantes; duos habebant in Anglia, duos apud Sanctam Sco-
lasticam ' in dyocesi Lexoviensi, et duo in comitatu Picta-
vensi, in dyocesi Agenensi ^. Precepimus abbati quod
frequentius solito prioratus forinsecos visitaret. Omnes com-
morantes monachi erant sacerdotes, prêter unum. Item
precepimus priori quod archas monachorum inspiceret, ne
quid proprietatis haberent ; item, precepimus quod parti-
culares compoti quolibet mense fièrent coram aliquibu-
majoribus de conventu, Debebant c libras ; habebunt estau-
1. Sainte-Scolasse-sur-Sartlio, iiiiomc' (U''[)oiirl!uil de Grosfain, dans le dio-
cèse de Sées, el non de Lisieux.
2. Au jtrieuré de ?^aint-Astier, au diocèse d'Agen.
74 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
ramenta satis ad annum. Alia invenimus, per Dei gratiam, in
bono statu,
(( Ibi procura ti fuimus ea die,
« Summa prccurationis, ^ III libre XII solidi.
(( — kl. Januarii, Fuimus ibidem, in Girconcisione, cum
expensis nostris '. »
L'abbé Guillaume III paraît avoir dirigé Grestain pendant
vingt ans, mais l'bistoire n'a conservé aucun fait qui se rap-
porte à l'administration de cet abbé. On l'a seulement cité
au nombre des abbés de Normandie qui firent le serment de
subvenir aux frais d'une croisade -, Il s'agit sans doute de
l'expédition de saint Louis à Tunis (juillet 1270), Le pape
avait ordonné de lever pendant cinq ans sur tous les ecclésias-
tiques de l'Occident le centième des revenus pour secourir la
Terre Sainte. Le clergé de France eut beaucoup de peine à
se soumettre à cette imposition ; le roi avait demandé un
décime sur tous les revenus ecclésiastiques, Ge décime fut
accordé pour trois ans '.
G'est au temps de l'abbatiat de Guillaume III qu'il convieut
de rapporter un différend soumis au bailli de Rouen et qui
s'éleva au sujet des droits de patronage que l'abbaye de
Grestain exerçait sur la paroisse de Sain t-Grespin-sur- Vie ^.
On a deux documents qui se rapportent à cette querelle '".
Le premier est une lettre du bailli de Rouen datée du lundi
après la Toussaint de l'année 1286 *', par laquelle il informe
Guillaume, évêque de Lisieux, que les assises royales seront
1. l^eg. visit. archiepiscopi Rothoin , p. 502.
2. G allia christ., XI, col. 844.
3. Vie de saint Louis par Le Nain de Tillemont, V, p. 21-41 (édit, soc. Hist.
de Fr.).
4. Gant, de Mézidon, Calvados.
.^. Mém. soc. Ant. Noi-m., VllI, 2, n°* 4 et 5.
6. Le 4 novembre.
PROCÈS ET CONTESTATIONS 7o
tenues à Saint-Crespin le lendemain de la fête de saint André
(l^"" décembre), pour juger une contestation entre l'abbé de
Grestain et Huges Buscarl, au sujet du patronage et de la
présentation à l'église du village. Le second document est
une lettre de l'évéque de Lisieux datée du dimanche après la
Nativité de Tan 1286, c'est-à-dire du 22 décembre. L'évéque
diocésain mande au doyen de Mesnil-Mauger d'installer en
qualité de recteur de l'église de Saint-Crespin-sur-\'ie, le
nommé Richard Garin, clerc, qui lui a été présenté par 1 abbé
et les religieux de Grestain auxquels le patronage de la dite
église appartient.
Sous le même abbatial, en l'année 1282, un accord fut
conclu par Chrétien le Chambellan, chevalier, bailli du
Cotentin, entre l'abbaye de Grestain et le prieuré du Plessis-
Grimoult au sujet du patronage de l'église de Saint-Quentin-
les-Chardonnets, près Tinchebray, qui fut adjugé au prieuré
aux termes des dispositions de la coutume de Normandie '.
Nous n'avons recueilli, on le voit avec évidence, que de
menus faits. En résumé, on ne peut savoir que peu de chose
de l'administration de ces abbés des xii^ et xiii*' siècles.
XL — Renaud II Caruel était abbé de Grestain en l'année
1287. A cette époque, son nom figure dans une transaction
intervenue entre les religieux de l'abbaye et Robert Bertran,
seigneur de Roncheville et de Honfleur ^ On a rencontré un
autre acte qui se rapporte à son administration. C'est la dona-
tion faite, au mois d'avril 1291, par Robert le Nourry à
l'abbaye de Grestain d'une rente en froment afin de s'acquitter
d'un droit hérédital sur un hébergement situé à Doux-
Marais ^.
1. Mém. soc. Anl. Xorm., VIII, 108. a" 780.
2. Voy. pièces justif., n° 18.
3. Mém. ,sor. .1/;^ .Vo/7/1., VIII, p. 2, n" fi.
76 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
L'abbé Renaud II ne nous est pas autrement connu, Il
mourut en 1297, avant le mois de mai.
Il est possible qu'il ait appartenu à la famille Caruel qui
vivait dans la vicomte de Ponl-Audemer au xiv^ siècle. Elle
y était encore représentée deux cents ans plus tard, à l'époque
oîi Marguerite Caruel épousa Robert Osmont, écuyer, qui
possédait le fief de Siglas ^ .
L'année de la mort de l'abbé Renaud, en 1297, il y eut
une enquête suivie de transaction pour raison d'un litige
entre le Bec et Grestain, au sujet de certaines terres situées
au hameau de Cremanfleur '. Les propriétés des abbayes de
Jumièges, du Bec et de Grestain se touchaient par bien des
points dans le Lieuvin. De là de nombreuses contestations
prirent naissance.
XII. — Raoul Vincond (Vincundus) , moine de Grestain,
fut choisi par élection, le 4 mai 1297, pour remplir la place
de l'abbé défunt. Une destitution prononcée en 1302 par
Jean de Samois, évêque de Lisieux, mit fin à l'exercice de
sa fonction abbatiale. La destitution d'un abbé était alors
un fait assez peu fréquent. Les auteurs du Gallia christiana
ajoutent que la mesure fut prise sur la plainte des moines : ex
postuhintibus monachis ^
Le désordre moral le plus grand existait encore au commen-
cement du xiv^ siècle dans le clergé régulier du diocèse de
Lisieux. Les statuts synodaux laissent la vive impression que
les maisons monastiques réclamaient de profondes réformes ^.
Le concile provincial tenu à Xotre-Dame-du-Pré (Bonne-Nou-
vellej, près de Rouen, en 1299, en a transmis la preuve dans
1. Bibl. nal., ms. fr. nouv. acq., llltO.
2. Bibl. nat., Cinq Cents de Colbert, vol. 190, fol. 1411.
.3. Gallia christ., XI, 84i.
4. D. Pommeraye, Concilia ac synodalia, décréta, etc., p. 11.3, 156, 171, 208,
271.
EXPULSION DES .MOINES 77
ses actes. Plus ' qu'auriin aulre monastère bénédictin du dio-
cèse, Grestaiu élaiL rol)jeL depuis quelques auuées des préoccu-
pations de l'autorité épiscopale. L'évéque de Lisieux, résolu
d'y détruire des abus qui retombaient sur le sacerdoce tout
entier, sur la religion elle-même, n'avait plus à compter sur
des remontrances sévères. Le prélat usa de rigueur et sus-
pendit l'abbé Vincond en Tannée 1302. L'étal de l'abbaye
aurait autorisé de prendre d'autres mesures, mais il faudrait
disposer de documents {)lus nombreux et plus détaillés que
ceux qui nous restent pour connaître les écarts que l'on repro-
chait alors aux moines de Grestaiu. Quoi qu'il en ait été, on
rapporte que ces religieux qui vivaient d'une manière scanda-
leuse durent quitter l'abbaye et qu'ils furent transférés ail-
leurs '^.
Il le faut remarquer ; cette expulsion des moines de
Grestain est le second fait de même nature qui se produisit au
cours d'un siècle environ. Nous avons dû les faire connaître
de même que nous avons appelé l'attention sur les visites
d'Eudes Rigaud à l'occasion desquelles l'archevêque de Rouen
rendait un bon témoignage de la régularité de la conduite des
religieux, de la direction sûre que les abbés avaient su imprimer
autour d'eux. Mais parmi ces derniers, il y en eut d'indignes.
Après la déposition de Raoul Vincond, l'abbatiat resta
vacant. « Depuis que Jean de Samois avait déposé l'abbé de
Grestain, dit l'abbé Noël Deshays, et qu'il avait dispersé ceux
des moines de cette maison qui vivaient d'une manière scan-
daleuse, l'abbaye, réduite à un trop petit nombre de religieux,
était demeurée sans abbé jusqu'en 1308; alors notre évêque
1. D. Pommei'aye, p. 281, art. VII : ■> Vobis itaqiio universis Christ! Qdelibus
in civitate et diocesi Lexoviensi constilutis, atque vestriim cuilibct, in vir-
tule sanctae ob?dienliae firmiter injungimus atque mandamus, etc. »
2. De Formeville, Hlst. de iancien Évéché-comté cleLisimix, II, 112 ; — Méin.
de Xoël Desha-yea.
/S L ABBAYE DE NOTRE-DAME DE GRESTAIN
confirma Télection que les moines firent de Guillaume Le
Vavasseur, originaire de Benzeville, ])our remplir cette
dignité ; il lui donna la bénédiction abbatiale, et informa le
roi Philippe le Bel de l'ordre qu il avait mis dans la maison,
avant den confirmer Tabbé. Celui-ci fut heureusement un
homme de bien qui répara, par sa prudence et sa bonne con-
duite, le tort qu'avait iait à cette maison celui qui avait été
déposé '. »
Dans le temps où le monastère resta six années sans supé-
rieur, la lutte commencée contre la Flandre, entraîna de
grands préparatifs de guerre. Philippe le Bel vint à Arras et
à Douai. Il convoqua le clergé de Normandie pour Tost de
Flandre : à Pon toise, le 3 mai 1304 ; à Arras le 19 mai 1304.
L'arriere-ban était crié. Le prieur de Sainte-Barbe-en-Auge,
l'abbé de Saint-Léger de Préaux, l'abbé de Gormeilles et fabbé
de Grestain s'y trouvèrent par leurs représentants ~.
XIII. — Glillaume Le ^^s.vASSELR, treizième abbé, fut élu le
30 avril 1308. Nous croyons inutile, après les observations ci-
dessus, d'expliquer pourquoi son élection fait pressentir un
changement dans la discipline et prévoir des efforts pour intro-
duire ou maintenir l'ordre et la régularité. Ce qu'il en a été au
point de vue de la règle, nous ne pouvons le savoir, mais
avec le nouvel abbé l'esprit d'ordre s'étendit à la gestion des
intérêts temporels. Pour preuve qu'il en a été ainsi, plusieurs
faits peuvent être notés avec précision. Aussitôt élu, Guillaume
Le Vavasseur se fit mettre en possession des biens que Gres-
tain possédait encore en Angleterre -K II ne faut pas d'ailleurs
se représenter ces biens comme restés intacts depuis cent cin-
quante ans ; la majeure partie était perdue. La charte confir-
1. Ilialoire de Vancien Évêché-comté de Lisieux, II, lib.
2. Ilislor. de la France, XXIII, 797.
3. Mandement d'Edouard II, du 16 juin 1.308; pièces justif., n" 13.
DONATIONS 79
malive d'Éclouard II n'énumère ni lesdonalions de Robert de
Mortain, ni les églises, ni les teiies situées dans les comtés de
Siilfolk et de Siissex '. Le domaine rural de Grestain est
réduit à des petites propriétés. Au temps où dans les comtés
anglais il avait été plus étendu et solidement établi, les abbés
de Grestain avaient été enclins à aller résider en Angleterre,
à y surveiller Tadministration d'un territoire considérable, à
peut-être y oublier les obligations de la vie religieuse. Rappe-
lés dans Fenceinte commune du cloître, ces abbés firent choix
d'un agent qui était à la fois juge, officier de police et rece-
veur ^.
Guillaume Le Vavasseur laissa le souvenir d'un sage admi-
nistrateur. Il accrut les biens de l'abbaye : industria sua,
mulla acquisivil suo monaslerio. On a en etfet la preuve que
pendant le temps qu'il a exercé ses fonctions un grand nombre
de donations en rentes, en dîmes et même en terres furent
faites à l'abbaye. Philippe le Bel lui abandonna le revenu que
le domaine royal percevait sur le moulin dé Toutain ville ^
On connaît le nom d'autres donateurs de moindre qualité :
Guillaume du Faveril, Jean du Val, Raoul du A^al-Durand,
Robert de Tonnetot, Geoffroy Auzout, Pierre de Clarbec,
Jean de Contemoulins, Henri de Clères. Nous noterons une
donation d'importance dont l'abbaye s'enrichit, celle du fief
des Faulques faite par un prêtre nommé Ldmond de Beuze-
ville^.
Du temps de cet abbé, on augmenta les bâtiments de l'ab-
baye. Guillaume Le ^'avasseur était encore en place au milieu
de l'année 1330 •' et peut-être même quelques années plus
1. Charlc crivlDiiard II, du 2i- avril, pièces justit'., n" 20.
2. Pièces justif., ii°* 24, 2.1.
3. Lettres du mois de novembre 1319; pièces juslif., n" 22.
4. Lettres du 8 septembre 1326 ; pièces juslif., n'^ 23.
5. On a de lui une procuration du mois de juin 1330. Arcli. déjj. de l'Kuie,
II 342.
80 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
tard. Son gouvernement n'avait pas duré moins de trente-cinq
ans ; mais, de la vie intérieure de l'abbaye pendant toute cette
période, aucun document ne nous parle.
XIV. — Jean P'" n'est connu par aucun acte. On ne sait à
quelle époque il a pris l'administration de l'abbaye. D'après
les auteurs du Gallia, son nom apparaît le 24 avril 1346; ils
fixent la date de sa mort à l'année 1362 ' . L'abbatiat de Jean P'"
aurait donc duré seize années environ. A défaut de documents,
on doit s'en tenir aux dates ci-dessus indiquées.
Mais sous le gouvernement de l'abbé Jean il y eut un fait
important qui mérite d'être noté. C'est l'opération financière
qui aboutit à l'échange ou plutôt à l'acquisition de la baron-
nie de Mézidon -. L'abbé devint un seigneur féodal, le suze-
rain d'une trentaine de fiefs, demi-fiefs, quart de fiefs, et le
chef de toute l'échelle hiérarchique des receveurs, juges, gref-
fiers qui servaient les possesseurs de fiefs et exploitaient les
vassaux, les ruinant très aisément. Ces crens de finances et de
chicane devaient plus tard, après les guerres anglaises, for-
mer la classe la plus aisée.
La baronnie de Mézidon était très divisée. Elle s'étendait
dans les bailliages de Gaen, de Cotentin, dans la vicomte de
Falaise, avec extension dans la sergenterie d'Auffay au pays
de Gaux, dont une portion était passée dans la famille de
Melun vers 1316.
Trente ans plus lard '^ l'état prospère de l'abbaye de Gres-
tain permit à ses religieux d'entrer en pourparler pour le paie-
ment de la rançon de Jean de Melun que les historiens
appellent le chambellan de Tancarville, et de traiter l'affaire
à Rome et à Paris.
1. Gallia christ., XI, col. 844. » Obiit anno primo Urbani V. »
2. Mansus ou mansio Odonis, en 1135 et 1147. Chef-lieu de canton, arrond.
de Lisieux, Calvados.
3. Voy. aux pièces justificatives l'acte du 14 avril 1347 \n° 26).
ÉCHANGE DE MÉZIDON 81
Jean de Melun s'étail porté au secours de Caen menacé par
Edouard III (juillet 1346). Le roi d'Angleterre était venu vers
la ville, « là oii estoient capitaines establis de par le roy, mon-
seigneur Guillaume Bertran, évesque de Baieux et jadis frère
de monseigneur Robert Bertran, chevalier, le seigneur de
Tournebu, le comte d'Eu et de (luines, lors connestable de
France, et monseigneur Jehan de Meleun, lors chambellan de
Tanquarville, Et quant les x\nglois vindrent devant Caen, si
assaillirent la ville par quatre lieux, et traioientsajettes par
leurs archiers aussi menus que se ce fust grelle. Et le peuple
se deffendoit tant qu'il povoit... Toutes voies, pour ce que les
archiers avoient grant quantité de sajettes, il firent le peuple
de soy retraire en la ville et se combatirent du matin jusques
aux vespres. Lors, le connestable de France et le chambellan
de Tanquarville issirent hors du chastel et du fort en la ville,
et ne scai pourquoy c'estoit, et tantost il furent pris des
Anglois et envoies en Angleterre ' ».
Jean de Melun se rendit à Thomas Holland, chevalier
anfjlais ; il fut conduit en Angleterre avec le connétable d'Eu.
Pour pouvoir payer sa rançon il se vit forcé d'engager la
baronnie de Mézidon et la terre d'Auffay qui étaient entrées
dans la maison de Tancarville par des alliances.
(( Etant repassé en France sur parole, au commencement de
l'année 1347, dans le but de travailler à sa libération, et,
comme il s'exprime lui-même dans un de ses actes, « pour la
<(■ descharge delà rançon en quoy j'estois tenu àhault et puis-
« sant prince mon seigneur Eddouard, ainsné filz du roy d'An-
« gleterre. prince de Galles », il persuada aux moines de Gres-
tain de vendre sept manoirs qu'ils avaient en Angleterre, les-
quels leur étaient, disait-il, « de nulle ou de petite value depuis
« vingt ans en çà, tant pour les guerres qui estoient comme pour
1. Les grandes Chroniques de France, V, 453.
C». lîuÉAiiM. — L'Abbai/e de .\olre-D;iine de (irestnin. 6
82 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
« lespérilz de la mer, larrons et robeurs desquels il estoit plus
« qu'il ne soulloit », et de lui remettre l'argent du prix de la
vente qui lui servirait à acquitter sa rançon. Il leur donnait,
en échange, et pour leur en tenir lieu, sa baronnie de Mézidon,
et, s'il était nécessaire, quelques autres propriétés, de manière
à leur compléter un revenu annuel sur le pied de cent livres
tournois pour chaque trois mille livres qu'ils lui compteraient,
le florin à l'écu pris pour seize sous, huit deniers. Jean de
Melun s'engageait en outre à obtenir, à ses coûts et dépens,
du Pape et du roi d'Angleterre, chacun en ce qui les concer-
nait, leur assentiment à l'aliénation que faisait l'abbaye.
« A la suite de cet accord, le prince de Galles s'étant
accommodé des sept manoirs des moines de Grestain qui lui
avaient été vendus, ou, u qui lui avoient esté baillés à ferme
<( jusques à mil ans, le sire de Tancarville bailla, de son côté,
« aux moines de Grestain sa baronnie de Mézidon et sa ferme
« des moulins d'Auff'ai, en pris de mille livres de rente par an » ;
ce qui donnerait à entendre, d'après les termes de l'arrange-
ment, que les sept manoirs de Grestain avaient été cédés au
prince de Galles moyennant une somme de trente mille
livres K »
Du marché que les religieux venaient de négocier quel avait
été le motif? Cet incident domestique n'est point expliqué par
l'acte d'échange, mais on y peut suppléer, La Normandie était
alors ouverte aux armes victorieuses des Anglais. Il était pro-
bable que de nombreuses abbayes et bien des églises allaient
avoir à souffrir de la guerre, et d'abord celles qui avaient été
dotées en Angleterre et y conservaient encore de notables reve-
nus : Grestain était de ce nombre. A l'occasion delà lutte
acharnée entre Edouard III et la France, les unes et les autres
ne seraient-elles point dépouillées? D'autre part, les revenus
1. Deville, Hist. du château el des sires de Tancarville, p. 15S-lo6. — Voy.
aux pièces justificatives les n°* 26, 27, 28, 29.
Li:S ANGLAIS A GRESTAIN 83
de provenance anglaise n'élaieni-ils pas devenus d'une percep-
tion onéreuse et difficile ? Les moines usèrent de diligence pour
ne pas laisser échapper le temps favorable d'acquérir des biens-
fonds plus durables. Ils en avaient demandé et obtenu la per-
mission en cour de Rome, « le pape avait été sollicité de char-
ger l'archevêque de Sens ou l'archevêque de [Rouen] d'obte-
nir pour cette transaction le consentement des deux rois de
France et d'Angleterre ^ ».
D'autres abbayes s'étaient déjà trouvées atteintes ; les
monastères de Saint-Etienne de Caen et de Saint-Evroult
furent privés des ressources qu'ils tiraient de leurs prieurés
anglais. En 1349, l'abbaye de Saint-Evroult, au diocèse de
Lisieux, passait pour presque ruinée ; il faut savoir que la
contrée avait été frappée d'une terrible épidémie, la peste
noire, dont plus de cent mille personnes moururent à Rouen ^.
Dans nos campagnes, les populations rurales du Lieuvin, de
la vallée d'Auge, les cultivateurs de la plaine de Caen, avaient
été en grand nombre emportés par le fléau : les terres étaient
restées en friche, les propriétés avaient perdu moitié de leur
valeur, les fermiers remettaient leurs fiefs, se refusant à
payer leurs redevances. Aussi, dit l'abbé de la Rue, pendant
les huit années suivantes, les tabellions de Caen commençaient
la plupart de leurs contrats par ce triste protocole : « Comme
pour cause de la guerre des Anglois, nos anciens ennemis, et
de la grant mortalité que Dieu a envoyées sur son peuple, les
maisons, terres, rentes et autres héritages, soient et ayent esté
de mendre value en revenu, que ils ne souloient \ »
Il faut nous arrêter sur ces temps malheureux ; ils prépa-
1. P. Denifle, La désolation des églises, monastères, etc., II, 75. Le R. P.
Deniile donne en note un extrait de la supplique adressée au pape Clément VI
par les religieux de Greslain. On en trouvera le texte aux pièces jusliûcatives,
n» 27.
2. Delisle, Etudes sur la condition de la classe agricole, etc., p. 640.
3. Nouveaux essais sur la ville de Caen, II, 207.
84 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
raient un grand désastre. Dès le début des hostilités, bien que
les côtes de la mer, de la Risle à la Touques, eussent été
occupées par des troupes plus ou moins disciplinées, l'abbaye
n'avait pas eu trop à souffrir des infortunes de la guerre. Dix
années se passèrent sans grands dommages (1346-1355). Mais
les religieux ne pouvaient se sauver du danger.
Pendant les six derniers mois de l'année 1356, les gens de
guerre français et les bandes anglo-navarraises sont en mou-
vement dans la contrée. Au mois de juin, Pont-Audemer
qu'occupe une garnison de Navarrais est assiégée par Robert
de Ploudetot, le sénéchal d'Eu, le sire de Villequier, Robert
de Glermont, l'amiral Le Baudrain de la Heuse et a grant
route de gens d'armes ». L'approche du duc de Lancastre à
la tête de dix mille hommes environ fit lever le siège. Venant
des frontières de la Bretagne, les Anglais avaient traversé la
partie de la Normandie qui forme actuellement le département
du Calvados en ravageant tout, en abattant les châteaux,
détruisant les églises et les monastères, en affamant le pays.
On rapporte que dans la campagne de Caen les habitants d'un
grand nombre de paroisses abandonnèrent leurs foyers et
qu'ils n'y avaient pas encore reparu au bout de quinze à seize
ans '. Cette chevauchée désastreuse n'avait pas duré plus de
vingt jours ~.
Au mois d'août 1356, on reprit le siège de Pont-Audemer;
la ville se rendit par traité.
Enfin au mois de novembre les Anglo-Navarrais se jetèrent
de nouveau sur Pont-Audemer, prirent la ville, la pillèrent et
y mirent le feu '^. Ce fut peu après le tour de Honfleur. Six
1. De La Rue, Nouveaux essais, etc., 217-219.
2. Dupont, Histoire du Cotentin, etc., Il, 348-350.
3. « Les Anglois après avoir surpris Pont-Audemer se répandirent dans tout
le pays le pillant et ravageant, de sorte qu'on n'apréhendoit qu'eux et on ne
croioit veoir qu'yeux, si bien que Jean de Boutetorte, habitant de GIos, ej
quelques autres habitans ayant aperceu deux hommes à cheval entre Montfort
LES ANGLAIS A GRESTAIN 85
cents Anglais se portèrent sur cette place, s^en emparèrent et
la livrèrent au pillage '. Le chroniqueur ajoute que peu d1ia-
bitanls purent s'enfuir « en nefs et vaisseaux ».
Il a paru indispensable de rappeler brièvement ces faits de
guerre afin de fixer en quelles circonstances Fabbaye de Gres-
tain a été ruinée et le nombre de fois.
Pendant quelque temps l'abbaye avait été préservée. Mais
quand les Anglo-Navarrais eurent occupé militairement Pont-
Audemer qui commandait la vallée de la Hisle, et pris posi-
tion à Honfleur pour se ménager des débouchés par mer, ils
tinrent la rive gauche de l'embouchure de la Seine jusqu'à
Quillebœuf et la plus grande partie du Lieuvin. Alors s'avan-
çant dans les campagnes pour se mettre en mesure de vivre
sur la région, les détachements anglais commencèrent leurs
courses de pillards et rançonnèrent les paysans, les bour-
geois, les ecclésiastiques sans défense. Ces bandes destinées,
croyaient-elles, à rester l'hiver dans la contrée se formaient
ainsi des magasins de subsistance.
Il est donc facile de comprendre quel a été en ces occasions
le sort des abbayes. Les habitants du voisinage y mettaient à
couvert leurs récoltes et leurs bestiaux. L'ennemi faisait halte,
enlevait des chariots de fourrages et de grains, puis usant de
précaution il détruisait les bâtiments où les gens du pays
auraient pu se retrancher ou des troupes se fortifier pour s'y
défendre.
En 1358, selon toute probabilité, l'abbaye de Grestain a
été pillée et détruite en partie par les Anglo-Navarrais. Les
et Glos, allèrent à eux, leur demandèrent qui ils estoient. Comme ils ne répon-
dirent point, le supliant en tua un et l'autre se sauva. Malheureusement cet
homme tué estoit Jean le Breton, valet de Jean de Bellanguer, écuier, qui con-
duisoit un Anglois en prison. Le Dauphin, due de Normandie, pardonna la
méprise. )> — Rémission par lettres données à Rouen en 13o9, confirmées en
1381. — Arch. nat., JJ. H9, n° 403.
1. Chronique des quatre premiers Valois, p. 38, 40, 45, 61 (édit. S. Luce).
86 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
moines qui, comme d'autres religieux, possédaient une maison
de refuge à Rouen s'y étaient retirés. La maison s'élevait sur la
paroisse de Saint-Eloi ; Charles V leur en assura par pure
grâce l'amortissement en 1359, « en considération qu'ils
avoient eu leur abbaïe et manoirs ars et dégastez par les
ennemis' ». Le sort d'un grand nombre de monastères, leur
état, n'était pas moins déplorable. A peu de distance de
Grestain, s'élevait l'abbaye bénédictine de Notre-Dame-de-
Préaux que des murailles et des tours défendaient. Elle fut
entièrement détruite ; les flammes consumèrent le mobilier;
les moines se dispersèrent^. L'ancien Préaux fut apparemment
anéanti avec l'abbaye. A Gormeilles, les religieux de Saint-
Pierre devinrent aussi les victimes des bandes anglaises,
navarraises et françaises ; les unes comme les autres se
livraient au pillage^. Le pape Innocent ^ I, dans une lettre
du 28 août 1357, déplorait les atrocités commises dans le
diocèse et dans la ville de Lisieux'. Un chroniqueur écrivait :
(( N'omcques, puis que Diex fu mis en crois, n'estoit nul qui
omcques eust veu, ni leu, en romanz ne en croniquez, tel
temps comme il couroit en ce temps\ »
Les documents présentent à nos yeux un sombre tableau
pendant l'abbatiat de Jean F'', quatorzième abbé de Grestain.
Les religieux n'eurent pas plus la possibilité de vivre réguliè-
rement sous son successeur, ni d'éviter les rapines des gens
de guerre.
XV, — Jean II le Maigre devint abbé en 1362, d'après le
1. Pièces justif., n° 30. Lettres de Charles V données à Rouen en septembre
1359. — Arch. nat., JJ. 87, n° 183, fol. 112 r°.
2. D'après une chronique de ce monastère, dans Hist. de la maison d'Har-
court, III, 20. — Cf. Canel, Essai sur l'arr. de Pont-Audemer, I, 325.
3. Chron. norm. de P. Cochon (édit. Beaurepaire), p. 102.
4. Denifle, La désolation des églises, II, p. 182.
5. Chron. norm., p. 102 (édit. Molinier).
LES ANGLAIS A GRESTAIN 87
Gallia. La guerre continuait dans la contrée malgré les traités
de paix, malgré les mesures prises pour l'évacuation des forte-
resses de Normandie tenues par les Anglais. Jean Chandos et
Louis de Harcourl délivrèrent notamment les places du Xeu-
bourg et de Hon fleur (136ij. Mais Pont-Audemer restait en
la possession de Charles de Navarre. La garnison anglo-navar-
raise continuait à y vivre d'incursions et de pillages. D'autres
bandes composées d'Anglais et d'aventuriers de tous pays
s'étaient répandues librement dans les campagnes. L'une d'elles
avait pris ses quartiers dans l'abbaye de Grestain et l'avait
solidement réparée. Un seigneur du pays, Jean de Bailleul,
était venu se joindre à ces gens de toutes sortes'. « Comme
se feussent assemblez plusieurs gens d'armes de compagnie et
de plusieurs nacions et eussent prins leur retrait ou refuge en
l'abbaye de Gratain,lesquelz pour lors estoient moult craintz
et doubtez ou pais et es parties d'environ pour les grans extor-
sions, excès et maléfices que ilz faisoient, avec lesquelz s'estoit
mis et acompaigné feu Jehan de Bailleul qui estoit né du païs
de Gratain. » L'existence du peuple rural, des habitants des
bourgs et des villes non fortifiées d'une contrée aoréable, riche
en pâturages et en grains, était devenue misérable.
Vers le 17 avril 1362, James de Pippes, chevalier anglais,
après avoir ravagé la Basse-Normandie, vint dans le Lieu vin,
prit l'abbaye de Cormeilles, s'y fortifia, et de là, rançonna la
région comprise entre Lisieux et Pont-Audemer'. Cormeilles
fut détruite en partie ; les religieux en furent chassés mais, de
même que leurs voisins de Grestain, ils avaient acheté à
Rouen une maison de refuge oîi ils se retirèrent, rue Saint-
Maclou, paroisse de Notre-Dame, « pour là continuer à
1. Rémission pour le meurtre de Jean de Bailleul, pièces justif., n° 33.
2. L. Delisle, Hht. du chileau et des sires de Saint-Saaveur-le- Vicomte,
p. 125. — Luce, Hist. de du Guesc/in, 361, 362, 370, 472. — Chron. norm. du
A7V^«s.,p. 160, 164, 329, 331 (édit. Molinier).
88 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
célébrer l'office divin comme ilz y estoient obligez. » En avril
1366, le roi leur remit ramortissement de cette maison*.
L'abbaye de Cormeilles devait survivre à ces désastres, mais la
région du Lieuvin ne cessant pas d'être le théâtre de conti-
nuelles expéditions, peu de communautés restèrent debout. Le
prieuré de Saint-Gilles de Pont-Audemer, situé à l'extrémité
du faubourg de cette ville, tomba, fut détruit par la guerre et
il fut incendié par cause fortuite, dit la chronique : casu for-
luito comhustus extiferit-. Nous ne contestons pas ce fait,
tant s'en faut, mais les incendies fortuits qui, dans ce temps,
consumèrent les monastères nous laissent quelques doutes
sur leur cause. La guerre a ses impitoyables nécessités.
On touchait d'ailleurs au temps où le malheureux pays de
Normandie allait être reconquis pièce à pièce, avec beaucoup
de peine, par l'épée de du Guesclin. Toutefois les choses n'en
étaient pas encore là à l'automne de 1364, Le 15 novembre de
cette année-là, des troupes anglo-navarraises, qui peut-être
avaient pour objectif de reprendre Honfleur, assaillirent et
prirent l'abbaye de Grestain ; elles l'occupèrent neuf mois,
jusqu'au 10 août 1365 ^ On ne saurait dire que les religieux
y résidaient, ils s'étaient enfuis vers la retraite qu'ils avaient
eu soin de se ménager à Rouen. A leur retour d'une
émigration pour ainsi dire périodique, après le départ des
gens de guerre, des routiers et des pillards, l'abbaye de Gres-
tain était détruite en partie et, dit un auteur, presque rasée au
niveau du sol ^. Le Neustria pia fournit ce renseignement qui,
selon toute vraisemblance, a été puisé dans des archives dont
on ne connaît aujourd'hui que de faibles débris. Quoique exa-
1. Arch. nat., JJ. 96 « Amortissatio religiosis de Cormeliis. >•>
2. Denifle, La désolation des églises, p. 7o9.
3. Gallia christ., XI, col. 844.
4. Neustria pia, p. 333 : « Destructum est moiiasterium et fere solo aequa-
tum ob ingentium bellorum tumultus, »
LES ABBÉS RÉaULIERS 89
gérée l'informalion esta noter. Elle permet de supposer que les
bâtiments de Tabbaye, el peut-être Téglisequi avait été réédi-
fiée au xiii^ siècle, comme nousTavons vu, avaient été en partie
abattus dans la seconde moitié du xiv^ siècle. Les constructions
qui les remplacèrent sont celles qui parvinrent, non sans avoir
subi de nouveaux désastres, jusqu'au temps où l'on en ordonna
la démolition.
De ce qui précède, il ressort que l'abbaye de Grestain a
présenté durant la première période de la guerre de Cent ans
un lamentable spectacle. Le monastère, que des murs faits de
cailloux protégeaient seuls, éprouva en moins de six années,
de 1358 à 1364, de très graves dommages, peut-être des dégâts
irréparables.
XVL — Jean III Reinfroy fut élu abbé de Grestain la huitième
année du pontificat d'Urbain V, dit le Gallia christiana '. Cette
indication nous donne la date de l'année 1369 pour l'entrée en
fonction de Jean Reinfroy. Le Neustria pia a confondu cet
abbé avec un de ses prédécesseurs qui a aussi porté le nom de
Jean '.
On ne sait rien pour ce temps, on est réduit à transcrire
sans détails d'aucune sorte, le nom des abbés pendant une
période de quarante ans environ.
XVII. — Etienne. Son nom seul est connu ; il n'est accom-
pagné dans le Gallia d'aucune indication chronologique ^,
Combien de temps demeura-t-il à la tête de l'abbaye ? Nous
l'ignorons,
XVIII. — Jean IV Picot était abbé le 9 octobre 1377, De
cet abbé on ne sait rien.
1. T. XI, col. 844.
2. Xeuatria pia, p. 522.
3. Gallia christ., XI, col. 844.
90 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
XIX. — Martin de laHoussaye dirigeait l'abbaye en 1388
et 1390. C'est à peu près tout ce que nous savons de lui.
En cette dernière année, il était présent à l'Echiquier tenu à
Rouen, à la Saint-Michel. Devant cette cour, il y avait procès
entre le comte de Tancarville et les religieux de Grestain,
lequel fut terminé par l'accord du 7 février 1409 '.
XX. — Jean V de Foussi, docteur en droit canon, était
abbé de Grestain en 1398. Le 30 janvier de cette année-là,
il fut reçu à rendre la foi et hommage'. Il mourut à Paris en
1407 (n. st.) et fut inhumé dans la chapelle du collège de
Cluny. L'épitaphe suivante était gravée sur son tombeau-^ :
Hicjacet reverendus in Christo pater D. Johannes de Foussiaco,
qiwndam ahhas monasterii B. MABIAE de Grestano, ordini's
sancd Benedicti, Lexoviensis diocesis, et decretorum doclor ; qui
ohiit Parisius^ die sexla mensis januarii anno Domini 1406 :
cujus anima in pace requiescat. Amen.
(Ci-gît révérend père en Dieu dom Jean de Foussi jadis abbé
du monastère de Notre-Dame de Grestain, de l'ordre de Saint-
Benoît, au diocèse de Lisieux, docteur en droit canon, qui
trépassa à Paris, le 6 janvier 1406. j
Un acte daté du 5 mai 1398 se rapporte à cet abbé. Jean,
abbé de Grestain, et ses religieux déclarèrent faire don à
Henri Mallet de Mirebel, à titre de fief hérédital, du four à
ban de Quétiéville, moyennant vingt sols tournois de rente ^.
Du temps de cet abbé, en 1403, il y eut sentence par laquelle
l'abbaye du Bec fut maintenue dans le droit de percevoir, dans
la « ville » de F'iquefleur, la coutume du poisson frais, pain et
sel qui s"y vendaient, droit qui avait été contesté par les reli-
1. Voy. aux pièces justif., n" 34.
2. Pièces justif., n" 32.
3. Neustria pia, p. 533.
4. Méni. soc. Ant. Xorm., VIII, 3, n" 9.
LES ABBÉS RÉGULIERS 91
gieiix de Grestain ; la même sentence condamna ces derniers
au paiement de 21 livres 10 sols de rente qu'ils devaient à
l'abbaye du Bec à cause du fief du Hosc '.
XXI. — RicuARD P'* DE Thieuville était abbé de Grestain
au mois de février 1409. A cette date, il était à Rouen avec
D. Jean Vallet, religieux et ancien bailli de l'abbaye, en une
assemblée où se trouvaient Guillaume de Melun, comte de
Tancarville, Robert d'Ksneval, Jean d'Auricher et plusieurs
autres chevaliers. L'abbé de Grestain et le comte de Tancar-
ville y conclurent une transaction dans le but de terminer des
contestations au sujet des droitures de pêche et autres droits
des eaux du comté de Tancarville en la rivière de Seine -.
Les 18 octobre 1411 et 24 juin 1424, le nom de Richard de
Thieuville paraît dans les registres de la Chambre des comptes
de Paris '^ ; il avait représenté le dénombrement de son
abbaye.
L'abbé de Grestain appartenait à la famille Thiéville ou
Thieuville, originaire du Cotentin, laquelle a donné au dio-
cèse d'Avranches un évêque dans le xiii^ siècle, un abbé à
Lessay et un évêque à Coutances dans le xiv*' siècle, avec
deux abbesses à Tabbaye de Sainte-Trinité de Caen. Elle était
très considérable au temps de saint Louis ^.
Sous le règne de ce roi, une branche de la famille Thieu-
ville apparaît dans la vicomte de Pont-Audemer. Un Richard
de Thieuville était présent avec d'autres chevaliers aux assises
tenues dans cette ville par le bailli Jean de Livet, en 1260 ^.
Un Renan t de Thieuville résidait à Ronfleur en 1354 ". A la fin
1. Bibl. nat., Cinq Cents de Colbert, vol. 190, fol. 1414.
2. Voy. aux pièces justif., n° 34, l'accord du 11 février 1409.
3. Gallia christ., XI, col. 845.
4. Mém. soc. Ant. de Norm., II, 318, 325-328.
5. Ch. de Beaui-epaire, De la vicomte de VEau de Rouen (1856), p. 159, note.
6. Bibl. nat., ms. fr. 26001, n° 520.
92 l'aBUAYE de NOTRE-DAME DE ORESTAIN
du même siècle et au commencement du siècle suivant, en
1388, 1398, 1400 et 1411, Guy de Thieuville remplissait, les
fonctions de garde du scel des obligations des vicomtes de
Pont-Authou et Pont-Audemer '. A partir de cette époque
jusqu'à la Révolution, on suit aisément la descendance de cette
branche des Thieuville dans le voisinage des villes de Pont-
Audemer et de Honfleur. Ce sont les Thieuville de la Haus-
sa y e %
L'abbatiat de Richard 1^^ de Thieuville commença et se con-
tinua dans un temps d'étranges misères : la guerre civile et la
guerre étrangère; la première était ouverte en 1411, la
seconde éclata peu après. Le 13 août 1415, Henry V d'Angle-
terre arrivait à l'embouchure de la Seine, débarquait ses
troupes le lendemain et mettait le siège devant Harfleur qui
capitulait le 22 septembre.
Il serait sans doute à propos d'éliminer de l'histoire de Gres-
tain des faits qui ne paraîtront être que des redites. C'est une
évidence que l'abbaye ne pouvait vivre paisiblement alors que
les Anglais cantonnés sur les côtes de la partie basse de la
Seine avaient fait de ces côtes leur principal appui. Dès que
l'amiral Thomas Beauforl, comte de Dorset, eut été laissé à
Harfleur avec une forte garnison, il dut songer à pénétrer au
cœur du pays ennemi. Il se hâta, il se précipita sur la rive
gauche pour atteindre le port qui lui faisait face. Il envoya
des espions rôder autour de Honfleur. Ce fut sous la conduite
. 1. Bibl. nat., mss. fr. 26023, n" 12220; 26029, n» 2808.
2. Leur ancien manoir delà Houssaye existe encore sur la commune d'Ablon
(autrefois paroisse de Cremanville). C'est une très vieille maison cons-
truite en pierres de tuf qui a été ruinée, incendiée peut-être dans la partie
supérieure. Sur la façade, au sud, sont deux écus, mais ils ne sont chargés
d'aucunes pièces héraldiques. On remarque en outre, au rez-de-chaussée, une
salle décorée d'une cheminée à colonnettes dont le manteau porte des traces
de peintures. Les poutres équarries ont aussi été peintes. Sur un poteau sont
sculptées et en bonne conservation des armoiries: deux bandes ou cotices et
neuf coquilles. Ce sont les armes des de Thieuville.
LES ANGLAIS A GRESTALN 93
de l'un d'eux qu'il détacha des soldais pour observer le pays
et des marins pour opérer un débarcpiement à Greslain. On
n'en ramena que deux habitants, ce qui laisse à penser que
l'abbaye était déserte et que les villageois s'étaient mis à cou-
vert dans les bois. Le guide qui avait montré le chemin de
Grestain aux x\nglais de liarfleur, en lilf), se nommait Guil-
lebert Dancre. Il reçut le châtiment de sa perfidie. Mené devant
la porte de Honlleur (la porte de Caen), il y fut mis à mort et
décapité ^ L'acte qui fait connaître cette exécution mentionne
Durant de Thieuville, lieutenant du bailli de Rouen en la
vicomte d'Auge. G'était le frère de Richard, abbé de Grestain,
et le père de Durant de Thieuville le Jeune ' dont le patrio-
tisme n'a pas survécu à la conquête anglaise et qui a été un
(( faux et renégat François ».
Richard l^^ de Thieuville, abbé de Grestain, se résigna de
même à accepter les bienfaits d'un ennemi ^ Il jura fidélité à
Henry V et reconnut pour souverain un Anglais '*. En échange
du serment demandé, le roi d'Angleterre lui garantit la conser-
vation de ses biens personnels. D'autre part, les religieux
obtinrent la possession des leurs ^ et reçurent des lettres
patentes de protection comme Saint-Étienne de Caen, Saint-
Evroult, Lire, Saint-Pierre-sur- Dive, etc. ''. Le clergé normand
eut moins que les autres ordres, les gentilhommmes et les
1. Bibl. nat., ms. fr. 26041, n» 5140. — Voy. pièces justif., n» .38.
2. Contrôleur au grenier à sel de Honflcur en 1422-1424; conseiller en la
vicomte d'Auge en 1426; lieutenant particulier des vicomtes d"Auge et de
Pont-Audemer en 1429; commis à l'exercice du bailliage d'Évreux en 144S;
maître enquêteur et général réformateur des eaux et forêts de Normandie. On
remarquera l'étonnant cumul des fonctions de Durant de Thieuville.
3. Tous ses parents ne l'imitèrent pas ; l'un deux, Henri de Thieuville, sei-
gneur de Cremanville, pour s'être montré bon Français fut déclaré « chevalier
rebelle ». — Vautier, Extrait des reg. des dons, etc., p. 133.
4. Avant le traité de Troyes (1421), Henri V n'était qu'un concjuéranl étran-
ger.
5. Gallia christ., XI, col. 845.
6. Mém. soc. Ant. de Xorm., XVI, 280-283 ; 287-289.
94 l'aBBAVE de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
bourgeois, à redouter les violences du vainqueur. « Si, par
exception, Henry \ montra parfois une grande dureté pour
les ecclésiastiques qui avaient pris une part ouverte à la résis-
tance, s'il frappa d'énormes contributions les abbayes du Bec
et de Fécamp et convertit celle de Saint-Gilles en caserne, en
général il eut pour le clergé des ménagements tout particuliers.
Tandis qu'il expropriait sans miséricorde genlilhomraes et
bourgeois, il confirma et rétablit presque partout les églises et
les clercs dans la jouissance de leur temporel '. » Les docu-
ments montrent bien que le nouveau maître du pays n'avait
aucun esprit d'hostilité contre le clergé normand séculier ou
régulier, mais le témoignage des chroniqueurs de ce temps
prouve aussi qu'il ne put lui assurer la sécurité. Que l'on
laisse s'écouler quelques années, on n'entendra parler que
d'églises effrondrées ou incendiées, de couvents abandonnés
par les moines, de terres incultes et infestées par les loups ~.
Quant à Richard de Thieuville que la saisie anglaise ne
frappa ni dans ses biens ni dans les revenus de son abbaye,
nous ne voyons figurer son nom que dans une pièce du 18
juin 1424 K C'est l'acte relatif à la redevance d'un esturgeon
perçu pour le compte du suzerain direct en raison des droits
de pêche dont les moines de Grestain bénéficiaient dès les
premiers jours de leur établissement.
Vers le même temps, Grestain figure dans l'œuvre déses-
pérée de résistance au gouvernement anglais comme le lieu de
ralliement d'obscurs partisans et de dépôt de leurs armes.
Vers 1426, u un journalier des environs de Pont-Audemer
était allé leur en chercher à Rouen ; il les cacha le long de la
côte près de l'abbaye de Grestain, dans un endroit convenu ^ ».
1. Puiseux, L'émigration normande, p. 26-27.
2. Voy. Denifle, La désolation des églises, monastères et hôpitaux en France
(3 vol. Paris, 1897-1899j.
3. Pièces justif., n" 40.
4. Pièces justif., n" 41. — Cf. Louis Rioult de Neuville, De la résistance à
LES ABHÉS RÉGULIERS 93
Alors sur le vaste plateau du Lieuvin, entre la Risle et la
Touques, s'organisaient de confuses et poignantes tentatives
de soulèvement ; la fortune ne les servit utilement que plus
tard.
Richard P*" de Thieuville mourut le 11 février 1436 (n. st.).
XXII. — Guillaume V Poret lui succéda sur le siège
abbatial ; on ignore en quelle année il prit possession de l'ab-
baye. D'après le Gallia^ il mourut le 17 janvier 1444 (n. st.).
La même date est fournie par le Neustria pia ^ Mais il n'est
aucun acte à notre connaissance oîi il soit question de l'abbé
Guillaume.
XXIII. — Jean le Lièvre fut élu abbé vers le milieu de
l'année 1444. Le 27 juillet de cette année-là, il sollicitait du
roi d'/\ngleterre un délai pour rendre foi et hommage du tem-
porel de son abbaye '. Il était présent aux Etats convoqués à
Rouen, en 1448 '■\ par le duc de Somerset, nouvellement
nommé gouverneur de Normandie, et il assista selon toute
vraisemblance à la magnifique entrée du duc dans la cathé-
drale où il fut reçu avec les plus grands honneurs. L'assem-
blée des États fixée d'abord au 1^'" mai eut lieu le 10 du mois
suivant ^.
C'est ici le lieu de dire que l'abbé de Grestain figurait parmi
les gens d'église du bailliage de Rouen qui étaient tenus de
comparaître à l'Echiquier de Normandie. Il siégeait au 10^
V occupation anglaise clans le pays de Lisieux de 1424^ à 1444 (Caen, 1893). —
G. Lefèvre-Pontalis, La guerre de parlixan^ dans la Ilaale-Normandie [1424-
1429), dans Bibl. de l'École des Chartes, t. LIV et LV, années 1893 et 1894 ;
t. LVI, année 1893.
1. Gallia chrisL, XI, col. 84o. — Xeuslria pia, p. 534.
2. Pièces justif., n" 42.
3. Gallia christ., XI, col. 845.
4. De Beaurepaire, Les Etats de Xormundie sous la domination anglaise,
p. 98.
96 l'aBBAVE de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
rang après l'abbé de Préaux et au-dessus de celui de Cor-
meilles K Dans les synodes diocésains où Tabbé de Grestain
devait comparaître en personne, son rang de préséance était
le cinquième '. C est cette place qu'il occupa, au mois de mai
1448, au synode général que Thomas Basin, évêque de Lisieux,
tint dans sa ville épiscopale.
La même année, visitant son diocèse, Thomas Basin vint à
l'abbaye de Grestain, le l*''" août ; il y consacra deux autels '^
A cette visite qui semble indiquer une sorte d'apaisement,
devait succéder un grand tumulte et une transformation. On
ne saurait guère se les imaginer.
Après trente-deux années d'occupation étrangère^, la Nor-
mandie allait voir la puissance des Anglais s'écrouler en dix-
huit mois. C'est ici que finit, avec le recouvrement de la Nor-
mandie, la guerre de (^ent ans, et que s'ouvrira pour notre
province, avec la navigation et le commerce, une ère nou-
velle. Malgré l'intérêt que nous prenons à ces événements, on
ne peut répéter les récits de la conquête de la Normandie. Bor-
nons-nous à ne retenir que les détails qui se rapportent à
labbaye de Grestain (1449-1450).
Dunois qui avait été institué lieutenant général s'empare de
Verneuil le 20 juillet. Le 10 du mois suivant, Pierre de Brézé
et Robert de Floques attaquent Pont-Audemer. Un premier
assaut est repoussé. Dunois, les comtes d'Eu et de Saint-Pol
surviennent, le 12 août. Les deux armées prennent position.
La ville est enlevée ^. Dans ces circonstances l'élan est donné ;
les Français grâce à leur rapidité d'action vont aller de succès
en succès. Les comtes d'Eu et de Saint-Pol se 23ortent sur
)
1. Floquet, Ilist. du parlement de Normandie, I, 47.
2. D. Bessin, Concilia Rotom. prov., p. 488.
3. Neustria pia, p. 535.
4. Mathieu d'Escouchy, I, 191 ; III, 354. — Bohert Blondel, II, 73-75; 294-
297 (éclit. Héron, 1893). — Cronicques de Normendie, p. 110-111 (édit. Hellot,
1881).
CIIAHLKS VII A (iRKSIAI.N 97
Pont-l'Evêque que la garnison anglaise avait abandonnée ; sur
Lisieux qui capilule le 16 aoùl. Puis Mantes, Vernon, Har-
courl, Chambrais, Touques (27 septembre), Exmes (30 sep-
tembre). Argentan (4 octobre), Rouen (20 octobre), enfin
Harlleur clef de l'embouchure de la Seine, ont fait leur red-
dition '. Aux premiers jours du mois de janvier 1450, les
Anglais ne conservaient que Ronfleur, ville bien fortifiée et
position importante qui fournissait un point favorable pour
abriter un débarquement et fournir des communications par
mer. A l'ouest donc du monastère de Grestain, à une distance
de deux lieues, la bannière « à champ blanc une croix rouge
parmy » flottait encore sur la Tour Carrée qui défendait
l'étroite entrée du havre de Ronfleur ; c'était une pièce de
fortification que le xiv^ siècle avait vu construire et qui était
bien connue des moines de Grestain.
Le 17 janvier 1430 (n. st.), on investissait Ronfleur; la ville
bloquée par terre et par mer se rendit le 18 février ^.
A cette époque se place le séjour de Charles VR à l'abbaye
de Grestain. Le roi s'était rapproché depuis quelque temps du
théâtre de la guerre. Il était à Montivilliers pendant le siège
de Rarfleur. De là il s'était rendu à Jumièges où Agnès Sorel
mourut le 9 février 1450. De Jumièges, Charles VR s'était
dirigé vers Grestain alors que ses meilleurs capitaines tenaient
encore le siège devant Ronfleur. Charles VII arriva à l'ab-
baye le 14 février ou peut-être la veille •-.
1. La reddUion de Harfleur est du i*"'" janvier 1450; la capitulation avait été
conclue le 25 décembre 1449. — Les Cronicques de Xormenclie (édit. Hellot),
p. 308, note 419.
2. Robert Bloiulel lédit. Hérons II, 166, 168, 344. — Les Cronicques de
Xorinendie, 142-143. — Thomas Basin, Ilist. de Charles Vil, I, 231 Soc. Hist.
de Fr.).
3. Arcii. nat. P. 263-, n" 471. Voy. aux pièces juslif., n" 44. Charles VII était
à Grestain et non point à l'abbaye de Jumièfçes (de Beaucourt, Hist. de
Charles VU, t. V, p. 360, note 2), quand furent données les lettres de commis
Ch. lÎKKAun. — L'AhI);iyii lie Xolre-Dame de Grestnin. ^
98 l'abbaye di: .notke-dame de GKESTALN
Il a été fait mention par les chroniqueurs du passage du
roi de France à Grestain. « Parmi ces mêmes jours, dit Robert
Blondel en parlant de la reddition de Honfleur. le roi quitte
l'abbaye de Grestain où il logeait à quatre milles de Honfleur
et se rend à Essay ' ».
Jean Chartier a rapporté : a Tant tost après que ladite ville
de Honfleur eut esté réduite, se party le roy de ladite abbaye
de Grestain et s'en alla à Bernay, de là à Essay, puis à Alen-
çon ^. » Dans les Chroniques de Normandie, on lit: '( Ce
temps durant, le roy estoit logié en une abbaye nommée
Gretain, à deux lieues prez de Honnefleu ' ».
On ne connaît aucun détail du séjour de Charles ^ II à l'ab-
baye de Grestain. Le roi y vint pendant que les troupes de
Dunois entouraient Honfleur dont le gouverneur ^ refusait
d'ouvrir les portes malgré Tarlicle de la capitulation du comte
de Somerset concernant cette place. Toutefois on est porté à
croire que ses capitaines Yj avaient précédé vers le milieu du
mois de janvier, c'est-à-dire dès l'attaque contre Honfleur. A
ce moment il y eut donc dans l'abbaye: Charles VII et autour
du roi quelques-uns des hommes de guerre du groupe
d'hommes d'élite que vit surgir la période remarquable qui
s'écoula de 1434 à 1430. Tels étaient Jean bâtard d'Orléans,
comte de Dunois; Charles d'Artois, comte d'Eu, et son neveu
Jean de Bourgogne, comte de Xevers ; Charles de Culant,
grand maître d'hôtel du roi ; Jean d'Estouteville, seigneur de
sion pour instruire la cause de réhabilitation de Jeanne d"Arc, datées de Rouen
le 13 février 1449 (v. st.), c'est-à-dire 1450.
1. '< Diebus enim illis defluentibus, serenissimus rex Karolus in abbacia de
Gretain hospes, a quatuor niilliaribus fortalicio Honnefluctus vicina, recedens
Essiacum petit. » Robert Blondel, II, 169 et 3i'6. — J. Chartier, Hist. de
Charles VII, t. II, 189-190 (édit. Vallet de Virivillei.
2. Hist. de Charles F//, II, 189-190 (édit. de 1858 .
3. Les Cronicques de Norrnendie, p. 143 (édit. Hellot, 1881).
4. Richard Cursun, écuyer, lieutenant à Rouen (1429-1439), capitaine de
Honfleur en 1440-1450. Il fut remplacé par Rol)ert de F"loques, mort en 1461.
C.IIAIU.KS Nil A (illKSTAl.N \)*.)
lîlainville puis deTorcy, grand maître des arbalétriers; Robert
de Floques, bailli d'Kvreux ; Jean de Hueil, amiral de France;
Poton de Saintrailles, premier ëcuyer ; Jacques Cœur, argen-
tier du roi '. On retrouve ces noms à chaque instant mention-
nés dans les chroniques.
Un rôle de dépenses duyl3 novembre 1450 fait connaître
le payement qui suit :
« A l'abbé de l'esglise et abbaye de Grestain en Normandie,
en laquelle le Roy nostre sire a esté logié par l'espace d'un
mois que le siège a esté devant Honnefleu, près de ladite
abbaye, qui estoit occuppé par les Anglois, qui par force a
esté mis en l'obéissance du Roy nostre dit seigneur, la somme
de II cents livres tournois à lui donnée par ledit seigneur,
tant pour lui aidier à reffaire et réédifîer son esglise, que pour
aucunement le recompenser des dommaiges et interestz qu'il
a euz durant ce que ledit seigneur a esté logié en ladicte
abbaye ~. » Les deux cents livres du don royal furent versées
aussitôt. L'abbé Jean Le Lièvre en donna quittance le 2 mars
1450 \
Si Ton s'en tenait au sens littéral de l'article de comptes
qui précède et aux termes de la quittance, on pourrait penser
que le séjour de Charles VII à Grestain a duré un mois. En
réalité, il fut beaucoup plus court. Le roi était encore à
Jumièges le 12 février. Il était à Grestain le 14; il avait quitté
1. Des lettres du 21 février données à Grestain font mention comme témoins
de: Dunois, Torcy, l'amiral de Bueil et Jacques Cœur. — Arch. nat., P. 190'ô-,
n» 6636.
C'est le vidimus des lettres portant donation à Robert de Floques d'un hôtel
bâti à Honneur par John Talbot de Furnival, comte de Shrewsbury, capitaine
deCaudebec, Gisors, Rouen, Coutances, Harfleur, lieutenant général sur le
fait (le la guevre entre les rivières de Seine, Marne, Oise, Somme et la mer. —
Chrnn. de Mathieu d'Encouchy, II, ;J6't (édit. Soc. Hist. de France).
2. Mathieu d'Excouchy, II, 38i (édit. Soc. Hist. de France).
3. Pièces justif., n» 45. La quittance a conservé le sceau de l'abbé Jean Le
Lièvre. — Bil)l. nat. ms.. fr. 2090;i , n° 149.
100 l'abbaye de NOTRE-DAME DE (JRESTAIN
labbaye le 24 : il séjourna pendant les derniers jours du mois
à Pont-Audemer et à Tabbaje de Préaux ', Le temps que
Charles VII s'arrêta dans l'abbaye de Grestain n'a pas excédé
dix jours. Mais, comme nous l'avons dit, ses officiers y ont
séjourné un plus long temps.
Le séjour de Charles VII à Grestain mentionné par les his-
toriens a laissé d'autres traces. Son souvenir reste marqué
dans les registres de la Chancellerie royale, où ont été trans-
crites plusieurs lettres émanées du roi et signées par lui à
Grestain. Ces registres contiennent: une lettre de naturalité
avec une autorisation de posséder des biens en France accor-
dée à Jacquelin Hairolde, marchand italien, «■ lequel depuis
longtemps fait commerce en France » ; deux lettres d'anoblis-
sement, l'une octroyée à Léger Arnoul, notaire et secrétaire
du roi, l'autre donnée à Pierre Le Cerf, qui remplissait alors
nous ne savons quelles fonctions militaires et qu'un peu plus
tard on qualifie dans un acte de « capitaine des costes de la
mer ». Ce Pierre Le Cerf s'était fixé aux environs de Ron-
fleur, à Equemauville, paroisse où sa famille a résidé pendant
plus d'un siècle et demi. Nous avons encore une lettre de légi-
timation accordée à llegnaut de Grasset, une lettre de dona-
tion à Guillaume Gouffier, en récompense de ses services
durant la campagne de Normandie, de la seigneurie de Roque-
cezière en Rouergue, qui avait appartenu à Agnès Sorel 2,
une lettre de rémission donnée à Pons-Guillaume, seigneur de
Clermont-en-Lodève, conseiller et chambellan du roi ; enfin
une autre lettre de donation signée à Grestain, le 21 février
1450, par laquelle Robert de Floques, bailli d'Évreux, déjà
pourvu de la capitainerie de Honfleur, reçoit un hôtel situé
dans cette ville et qui avait été confisqué sur le comte de
1. Canel, Hist. de Pont-Audemer, I, 96 à la noie.
2. De Beaucourt, Hist. de Charles VII, V, p. 309.
Li:s Aintiis régi mers ' 101
Slirewsbury, John Talhol. Les documenls mentionnés plus
haut seront analysés à l'appendice '.
Après la réduction de la Normandie, à l'issue de la seconde
période de la guerre de Cent ans, les récits des contempo-
rains mettent en lumière une triste vérité. Chaque belligérant,
anglais ou français, par le seul droit de la guerre, avait abusé
de la propriété privée. Pour les religieux de Grestain, toutes
les relations habituelles de la vie régulière avaient été inter-
rompues et brisées; elles avaient cessé une à une. On a la
preuve que le « moustier » avait été longtemps vacant, que
« durant le temps des guerres icelle abbaye n'estoit point une
abbaye et n'y avoit nulz religieux qui ne feussent absentz
pour le fait des guerres et divisions de ce royaulme ». A leur
retour, les moines avaient trouvé leur église abattue '~. L'édi-
fice fut alors réconstruit en partie; Charles VII fit don de
deux cents livres pour cette œuvre \ Quel était à ce moment
l'état des autres constructions; on ne saurait le dire, mais on
présume que les murs d'enceinte vers le nord avaient été rui-
nés et restèrent tels jusqu'au temps de l'abbé Le Veneur. Les
Anglais, en quittant la Normandie, avaient laissé les popula-
tions épuisées et les campagnes dévastées. Grestain avait subi
les maux de la guerre dans toute leur rigueur. Ce fut sans
doute la préoccupation de l'abbé Jean Le Lièvre de recons-
truire les bâtiments de l'abbaye au moins pour la partie néces-
saire ; en 1448, Thomas Basin.évéque de Lisieux, y bénissait
deux autels. Mais cet abbé ne put pousser les travaux bien
loin ; il décéda le 2(S juillet 1458.
1. Voy. aux [)ièces justif., n" 44.
2. On lit dans un aveu de 1450: k Nous ne pouvons savoir à plain la vraye
congnoissance de toutes les appartenances de nostre dit moustier pource qu'il
a longtemps esté vaccpiant et n'y denieuroit nulz religieulz et pour ce ladite
esglise qui avoit esté et est toute. déserte et ai)atue pour le fait des guerres et
divisions de ce royaulme. »
3. Quittance du 2 mars 1450, aux pièces justif., n" 4a,
102 I.'aIÎHAVI-: de .NfiTUE-DAMF. DE GRESTAIN
On possède plusieurs pièces du temps de son administration.
Nous avons dabord un aveu et dénombrement de la tempora-
lité de l'abbaye '. puis un accord fait avec les moines bénédic-
tins du Bec, en 1454. A cette époque, l'abbaye du Bec céda
aux religieux de Grestain « toutes ses prétentions et droits
sur les denrées, poissons frais et marchandises qui se vendaient
sur le perroi de la mer entre le hamel de Jobles et le pont de
Gremantleu ; et il fut convenu que les relais de la mer seraient
partagés entre les deux abbayes "' ». Cet acte se trouve en
analyse dans l'Inventaire des titres de Tabbaye du Bec '^.
Le sceau de l'abbé Jean Le Lièvre nous est parvenu ; il est
encore attaché à une quittance en date du 2 mars 1450 ^.
L'empreinte, de figure ovale, porte la ^ ierge au-dessous de
laquelle l'abbé de Grestain est représenté à genoux, tenant la
crosse abbatiale. A droite, sur un écu, se voit un lièvre ; à
gauche est placé un autre écu portant les léopards normands
ou anglais.
XXR\ — Jean VII Beaudouin, Le siège abbatial ne vaqua
pas. Les religieux s'assemblèrent et élurent tout d'une voix
Jean Baudouin, homme pieux et distingué par ses mœurs ^.
Il reçut la bénédiction épiscopale le 29 septembre 1458 ". Il
jura l'hommage et la fidélité à Charles VIII le 12 décembre
1458, puis à Louis XI le 4 mars 1462. après avoir obtenu du
roi l'autorisation de faire le serment de « féaulté » devant le
bailli de Bouen. « pour considération qu'il estoit ancien
homme et détenu de maladie de fjoutte ^ ». Un des actes de
\. Pièces justif., n° 46. Aveu du 1<"" septembre 14b0.
2. Le Prévost, Mém sur le clép. de l'Eure, II. 7G.
3. Pièces justif., n" 47.
4. Pièces justif., n» 4S.
5. Neusiria pia, p. 53.3 : « V'ir dcvotissiiiius ac moribus insignis
6. Gallia christ., XI, col. 845.
7. Pièces iuslif., n"' 49, IjO.
LKS AlilŒS RliGlLlERS
103
son administration dont le souvenir ait été conservé est qu'il
forma une association de prières avec Tabbaye de Saint-Mar-
lin de Sées, le 13 décembre 1466 ', malheureux monastère
éprouvé cent ans auparavant, par une destruction complète.
Ses moines disaient que, pour réparer les ruines avec leurs
propres revenus il leur faudrait cinq cents ans de paix ininter-
rompue ~.
L'abbé Jean Beaudouin mourut le 13 ou le 23 avril de l'an
1468 •^. Sa vie et ses actes ne nous sont pas connus.
XXV. — Richard II de Thieuville fut le 25^ abbé de Gres-
tain. Il appartenait à la famille Thieuville dont nous avons
déjà parlé et il était le neveu de Richard P'" '. Peu de temps
après avoir été confirmé en son élection, il sollicita de Louis XI
la licence de prêter l'hommage aux mains du bailli de Rouen.
Le .roi acquiesça à la demande parce qu'il n'était bonnement
possible à l'abbé de Grestain de venir faire en personne le
serment de féaulté u que ce ne feut au grant préjudice de lui
et d'icelle abbaye parce que le revenu d'icelle estoit de bien
petite valleur et qu'il ne pourroit fixer les deniers qui luy
seroient nécessaires pour fournir à la despence » de venir
devers le roi. L'acte de fidélité fut en conséquence reçu par
Jean de Montespedon, le 12 juillet 1469, aux assises de Pont-
Audemer ^.
La prestation de la foi et hommage entraînait la rédaction
d'un autre acte, d'un aveu et dénombrement qui énumérait
avec précision les propriétés du vassal. Richard de Thieuville
fournit aux officiers du roi, le 6 septembre 1469, la descrip-
1. Gallia christ., XI, col. 845.
2. Denifle, La désolation des églises, II, 757.
3. Neustria pia, p. r)33. — Gallia christ., XI, col. 845.
4. Gallia christ., XI, col. 845.
5. Acte de réception d'hommage, aux pièces justif., n° 51.
lOi l'abbaye de notbe-dame de grestaln
tion détaillée des biens de son abbaye '. Nous analyserons cet
acte dans un autre chapitre.
Le Gallia a rapporté qu'il était fait mention de Fabbé
Richard dans les chartes de M. de Gaignières. En effet, on
trouve dans la collection Gaignières, à la Bibliothèque natio-
nale, les copies de deux pièces provenant de la chambre des
Comptes et qui Tune et l'autre se rapportent à Grestain et à
son temporel. Elles portent la date des 30 décembre 1476 et
17 février 1477 '-.
En Tannée 1478, Richard II de Thieuville forma une asso-
ciation de prières avec l'abbaye Saint-Pierre de Préaux. Deux
années après, il résigna son abbaye il481j. Avec lui disparut
le dernier abbé régulier de Grestain. Il mourut le 1^'' octobre
1495. Du temps de son administration, les moines étaient au
nombre de vingt-trois ^.
Nous rappellerons, à propos de l'association pieuse citée
plus haut, que Grestain était également en société avec Tab-
baye de Fécamp '*.
L'abbatiat de Richard II de Thieuville termine une période
dans l'histoire de l'abbaye Notre-Dame de Grestain.
1. Aveu et dénombrement, aux pièces justif., n° o3.
2. Pièces justif., n»* j4, oij.
3. Xeustria pia, p. 534. — Gallia christ., XI, col. 845. Selon le Gallia, la
résignation de Richard de Thieuville est de Tannée 1478.
4. Leroux de Lincy, Essai hist. et litt. sur l'abbaye de hécainp, p. 373.
CHAPITRE III
Etal de V abbaye à la fin du XV^ siècle. — Les possessions.
Les prieurés. — Droits et privilèges seigneuriaux sur les
marchés, les foires.^ la pêche. — Droits de justice.
Un changement profond devait s'opérer. L'abbaye est jus-
qu'à ce moment restée en règle. Avec les temps qui vont
suivre, une révolution s'accomplit dans le gouvernement inté-
rieur du monastère : Grestain tombe « en la griffe impieuse et
sacrilège des commendataires » ; leur administration toute
laïque sera un ferment de dissolution. Des germes de déca-
dence apparaissent ; bientôt viendront les troubles religieux
du xvi^ siècle qui porteront un coup presque irrémédiable à
la vieille abbaye. C'est avant ces luttes et avant les ruines qui
en furent la conséquence qu'on peut se placer pour examiner
quelle était la situation de Grestain au point de vue temporel,
le seul qui nous soit connu.
Du xv<^ siècle, on a deux documents qui donnent Ténumé-
ration des biens dont l'abbaye s'était enrichie grâce à des dona-
tions, fondations et acquisitions de toute sorte. Si le monas-
tère avait vu ses propriétés d'Angleterre disparaître, il avait
par compensation accru ses biens de France pendant un siècle
et demi. Les documents dont nous allons faire usage sont des
déclarations faites en 1450 et 1469 '.
Grestain était une seigneurie importante, une baronnie
assise en la vicomte de Pont-Audemer avec extensions au
1. Pièces justif., n"» 46 et r)3.
406 l'abbaye de NOTRE-DAME de GRESTAIN
dehors. Elle s'étendait sur les paroisses de Garbee, Saint-
Pierre-du-Châtel, Boulleville, Saint-Macloii, Saint-Sidpice de
Graimbouville, Conteville, Ablon, Ableville, Equainville, Cre-
manville, Honnaville, La Rivière et les faubourgs de Hon-
fleur, avec toutes les droitures qui appartenaient à basse jus-
tice. D'autres propriétés étaient moins centrales, tels que les
églises et les fiefs qui étaient situés dans le pays de Gaux, à
Auffay; dans le Gotentin, à Munneville et Barneville-sur-Mer;
dans la campagne de Gaen, à Mézidon, etc.
Les déclarations de la temporalité de l'abbaye faites en
1450 et 1469 fournissent l'indication des possessions qui
suivent. On remarquera que le mot fief y est constamment
employé et on voudra bien se rappeler que ce mot ne désigne
pas exclusivement une terre noble ou tenue noblement, mais
des terres tenues en censive, des terres roturières. Il y avait
les fîefs qui étaient des seigneuries et les fiefs qui n'en étaient
pas '. Gela dit, voici les propriétés de l'abbaye au temps de
Louis XI : le fief de Rouville^ en la sergenterie de Bolbec ; le
fief de la Poterie^ à Berville-sur-Mer ; le fief de Sotteville^
dans la vicomte d'Arqués ; le fief de Fourmetot^ ou portion
de fief; le fief du Bec, à Tourville ; le manoir et le franc-fief
de Fonlaine-Bellenger , c'est-à-dire la Fontaine-de-Bérenger
[Fontana Berengerii) , près de Gaillon '' ; le fief des Faulques
sur la paroisse de Beuzeville ; le fief du Mor et le moulin des
Marais^ à Equainville ; le fief du Bois, à Fatouville ; à Genne-
ville, le fef de Maharu et le fief du Boulley ; au Theil, le fief
à VEspec, à Gonneville, le fief du Neesf. — Dans le bailliage
de Gaen, nous trouvons le fief de Boutevillain, assis à Sainte-
Marie-aux-Anglais ; le fief de Tierceville en la vicomte de
1. Luchaire, Manuel des Institutions françaises, p. 147-183. — P. Viollet,
Précis du droit français, p. 545 et suiv.
2. Voy. aux Archives dép. de l'Eure, H. 341, trois pièces des années 1678-
1767.
FIEFS i:t kglisks
107
Bayeux ; le jief de Tilly-sur-Seulle, tenu par Jacques de
Gordouan en 1552; le fief Marelz assis à Doux-Marais. Dans
le bailliage du Gotentin, nous citerons le fief Saint- Quentin
près Tinchebray, les fiefs de Querque ville ^ Barneville-sur-
Mer ~ et Munneville ^.
Patronages d'églises. — Au xv'^ siècle, Tabbaye de Gres-
tain exerçait le droit de présentation sur seize églises et cba-
pelles. Dans le diocèse de Lisieux : Saint-Ouën de Grestain,
Garbec, ïriqueville, Saint-Pierre-du-Ghâtel, Notre-Dame et
Saint-Léonard de Ronfleur ^, Saint-Sauveur, Saint-Quentin-les-
Ghardonnets, Sainl-Grespin-sur-Vie ; dans le diocèse de Baveux :
Tierceville ; dans le diocèse de Goutances : Querqueville, Bar-
neville et Munneville ; dans le diocèse de Sées : Sainte-Sco-
lasse-sur-Sarthe et Le Ghalange ; dans le diocèse d'Agen :
Saint-Astier. Ajoutons la chapelle de Saint-Laurent de Gres-
tain ; et, pour le xiv^ siècle, Téglise de Fiquefleur d'après le
pouillé de Lisieux rédigé vers 1350 °.
Mézidon. — Nous arrivons à la baronnie de Mézidon qui
s'étendait dans la Haute et Basse-Normandie. Gette seigneurie,
comme nous l'avons dit, avait été aliénée en faveur de Gres-
tain (1347) ; il n'y a donc pas lieu d'y revenir. Plaisons seule-
ment connaître l'élat de ce fief. Il y avait eu château et forte-
resse avec tous les droits que conférait la propriété foncière
1. (( Ahbas de Grestano est patronus ecclesie Béate Marie de Quierquevilla,
etc. » — Longnon, Pouillés de la province de Rouen, p. .319.
2. « Al)l)as Béate Marie de Gresteno, Lexoviensis dyocesis, est patronus
ecclesie Sancti Germani de Barnevilla supra Mare et percipit, etc. )> — Lon-
gnon, Pouillés de la province de Pouen, 335.
3. « Jus patronatus ecclesie Beati Pétri de Mulevilla, pro majori parte, spec-
tat ad al)bateiii et conventum Béate Marie de Grestano, Lexoviensis dyocesis,
et valet, etc. » — Longnon, Pouillés de la province de Rouen, p. 279.
4. 11 y eut de longs débats entre Grestain et l'évêque de Lisieux au sujet du
patronage de ce bénéfice, dont les « fruits » furent mis en séquestre par sen-
tence de 1343. La pièce justif. n° 4 est relative à ce droit de patronage.
•'). Longnon, Pouillés de la province de Rouen, p. 2'>5.
108 LABI5AYR DE NOTRK-DAME DE (iHESTAIN
sur les personnes et sur les terres, sur les marchés et sur les
marchandises, sur les étangs et sur les moulins, etc. Ces
droits étaient la propriété de Grestain, mais ce n'était là que
des revenus domaniaux. La baronnie de Mézidon ne consistait
plus qu'en redevances et en services et non en terres. Plu-
sieurs fiefs, demi-fiefs, quarts de fiefs dépendaient de Mézidon.
L'abbaye eut de ce fait de nouveaux vassaux, tels que les reli-
gieux de Sainte-Barbe, les héritiers de Jean de Carrouges, de
Hue Bouchart, Hugues de Méry, Robert de la Planque,
Jacques Paisnel, Robert des Moustiers, Pierre de Sainte-
Croix, Philippe de Mirebel, Jean d'Estrehan, Guillaume de
Mauny, les religieux de Montebourg, Richard de ToUevast,
Raoul de Meulan, etc., qui possédaient des terres mouvant de
Mézidon.
Les religieux de Grestain administrèrent cette baronnie
pendant un siècle et demi. Ils se décidèrent, en 1489, « en
vue du profit et utilité de leur couvent », à la mettre hors de
leurs mains et à la céder au prieuré de Sainte-Barbe-en-
Auge, lequel en contre-échange djonnait à Grestain la terre et
seigneurie du Mesnil-Ferry assises en la vicomte de Pont-
Audemer et que le prieur de Sainte-Barbe avait nouvellement
acquise de l'abbaye de \otre-Danie-de-la-Victoire-lès-Senlis •.
L'évêque diocé^^ain donna son consentement à la convention
d'échange par lettres du 8 octobre 1489 -.
1. Voy. aux pièces justif.. n° oo. — Ce monastère fondé par Philippe Auguste
en mémoire de la victoire remportée à Bouvines en 1214, fut nommé la Vic-
toire, la Belle Victoire, Notre-Dame-de-la-Victoire. Louis XI }' vint plusieurs
fois et lui obtint le titre d'église patriarcale; c'est le même roi qui approuva
l'achat du fief du Mesnil-Ferry, en 1477. Un décret rendu le 27 octobre 1783 par
l'archevêque de Reiras prononça la suppression de cette abbaye. — Graves,
Précis stat. sur le canton de Senlis, p. 178. — Gallia christ., X, col. Io03-
1508.
2. Ce n'est donc pas au xvii'' siècle que le Mesnil-Ferry a passé à l'abbaye de
Grestain, ainsi qu'il a été dit: Canel, Essai sur Varrond. de Pont- Au de mer,
t. II, p. 483 ; Le Prévost, Méin. et notes, t. II, p. o04, et ainsi que d'après ces
sources nous lavons à tort répété {Arch. de la ville de Ilonfleur, p. 359).
l'IEl-S KT ÉGIJSES 109
Le Mesnil-Ferry ou Ferrey forme aujourdluii un hameau
de Notre-Dame-du-A al, commune réunie en 1835 à Saint-
Pierre. Le manoir seigneurial existe encore ; un ancien colom-
bier indique le chef-lieu du plein-fief de haubert du Mesnil-
Ferry. Une chapelle a existé sur ce fief; elle était sous l'invo-
cation de Saint-Etienne. Au xyiii*^ siècle, époque où les aspi-
rants bénéficiers ont été innombrables, Sainl-Ktienue du Mes-
nil-Ferrv a été donné à un gros personnage, à Louis du (]up
d'Yssel, chanoine et promoleur du chapitre collégial de Saint-
Vincent, au diocèse de Carcassonne, en 1704 '. Le rôle des
liefs de la vicomte de Pont-Audemer fait connaître que la ser-
genterie héréditale du Mesnil-Ferry, dont Torganisation devait
remonter à des temps très reculés, comprenait plusieurs
branches et s'étendait sur soixante dix-sept fiefs, arrière-fiefs
et vavassories '^. Nous ne pouvons pas, — cela d'ailleurs serait
hors de propos, — établir la chronologie des sergents hérédi-
taux du Mesnil-Ferry, cependant on en peut citer deux : en
1343, Richard du Bosc remplissait les fonctions de cette ser-
genterie ; en 1418, Raoul du Feugueray en était titulaire par
don du roi. Deux ans plus tard, le sergent fieffé du Mesnil-
Ferry était un officier anglais. On peut se demander à quelle
époque et par quelle inféodation, le fief du Mesnil-Ferry tenu
du roi à cause du comté de Monfort a-t-il été constitué? Il
serait difficile de le dire d une manière précise. Mais sa
lenure féodale semble indiquer que ce fief a existé dès une
époque lointaine, peut-être du temps du premier possesseur de
Montfort-sur-Risle qui est présenté par les historiens nor-
mands comme la souche des Bertran de Briquebec et de Ron-
cheville. Quoi qu'il en soit, sans donner de longs détails sur
les seigneurs du Mesnil-Ferry, nous pouvons rappeler qu'un
1. Son parent, Raymond du Cup d'Yssel, ancien mous<(uetaire à cheval,
écuyer de Mademoiselle, a élé lieutenant de roi à Ilonfleur, de lOSo à 1713.
2. De Formevilie, //«/. de V évèch'-coinlé de Lisieiix, 11, 'M''*, 384-.
110 l'abbaye de NÛIKE-bAME DE (iRESTAI.N
Guillaume « de Mesnillo-Ferrici » faisait accord, au mois de
janvier 1286, avec les religieux de Grestain •. Au xiv'' siècle,
le Mesnil-Ferrj était aux mains de la famille Gaillon dont une
branche résidait dans le pays, notamment à Beuzeville ^ Les
noms de plusieurs Gaillon sont connus depuis le xii^ siècle ^.
Ives de Gaillon, Fromond de Gaillon, Eudes de Gaillon sont
mentionnés dans les titres généalogiques de la maison de
Montmorency en Tan 1145. On cite un Imbert de Gaillon qui
a été chancelier de Philippe II, en Tannée 1192. Mais l'ori-
gine delà famille ne présente qu'une parfaite obscurité quoique
les généalogistes en aient fait remonter les générations jus-
qu'aux temps des croisades et de la conquête de l'Angleterre.
Au mois de mai 1390, Jeanne de Tournebu était veuve de
Jean Gaillon, chevalier, qui avait joui par don de Philippe V
le Long « de la tierce partie du marché de Beuzeville et du
moulin de Lachy » depuis Tannée 1317. Ce Jean de Gaillon
avait eu onze enfants. L'aîné nommé aussi Jean de Gaillon
était au pays de Galles avec le duc d'Alençon, au mois de
septembre 1404. C'est l'expédition du comte de la Marche,
Jacques de Bourbon, qui « accompaignié de grandement de
grans seigneurs, nobles, grant quantité de jeûnez gens, arbe-
lesliers et archiés », mil à la voile du port de Brest à la Saint-
Martin d'hiver ^. Il est possible que ce soit le même Jean de
Gaillon qui figure en qualité de chevalier bachelier dans une
montre de la garnison de Honfleur reçue le 6 août 1413 \ A la
même époque, un Colart de Gaillon, écuyer, servait dans une
compagnie d'hommes d'armes avec Durant de Thieuville,
1. Arch. dép. de l'Eure, H. 34o. Transaction.
2. Canel, Essai sur Varr. de Pont-Audemer, II, 417.
3. Bibl. nat., pièces orig., vol. 1265, dossier 28400; — Dossiers l)leus, vol.
298.
4. Chron. norm. de Pierre Cochon, p. 209 f'édit. de Beaurepaire).
o. Bibl. nat., Titres scellés, vol. 14, fol. 908, n° 82.
FIEFS ET ÉGLISES 1 1 1
Giiérin le (ir;int, Thomas Hay, Maciot Féron ' donl les pro-
priétés étaient voisines de l'abbaye de Grestain -.
Le 24 juin 1456, Guillaume de Gaillon fit la foi et hom-
mage du lief et de la franche sergenterie du Mesnil-Ferry,
(( à cause de laquelle j'ay droit, ou ceulx qui la desservent
soubz moy, de garde par quarante jours à l'abbaye de Gres-
tain et à la prieuré de Saint-Gille du Pont-Audemer par vingt
jours, touteiFoiz que les abbé et prieur desdits lieux vont de
vie à trespas, et en ce faisant et pendant ledit tems je doy
avoir mes despens, ung varlet ou serviteur avecques moy et
deux chevaulx quant le cas s'offre : et oultre doy avoir de
ladite abbaye 10 livres tournois et dudit prieuré 100 solz t.
Item jay semblablement droit à cause d'icelle sergenterie
prendre et avoir chacun an sur les revenues de la foire Saint-
Elier séante à Beuze ville, 4 s. t. ; sur la foire Saint-Laurent, à
Queteville, 2 s. t. ; sur la foire Saint-Ouen, à Genneville,
pareille somme de 2 solz t., etc. '■''. »
En 1467 et 1468, Jean de Gaillon, fils du précédent, seigneur
de Massi, Croissi-sur-Andelle et du Mesnil, prêta serment de
fidélité pour ce dernier fief. C'est ce chevalier qui en 1477
céda aux religieux de Notre-Dame-de-la-^ ictoire le plein fief
de haubert Vlu Mesnil-Ferry, lequel pouvait valoir 300 livres
tournois de rente '\
On a quelques aveux rendus aux abbé et religieux du cou-
vent de Notre-Dame de Grestain au sujet des fîefs ou aînesses:
le fief Amelot du Boscage, à Gonteville ; l'aînesse appelée le
fief nu Moyne, à Beuzeville; le tenement Avequins, à Beuze-
ville ; le jief Rochefort, relevaient du Mesnil-Ferry '.
1. \\i\)\. liai.. Titres scellés, vol. 62, n° 176.
2. Va\ 1")39, oa trouve Dom Pierre de Gaillon, bailli, i)rocurour et receveur
général de ral)ljaye de Grestain.
3. Arch. nat., P. 30o, n» 87.
4. Voy. aux pièces justif., n» 55, l'acte du mois de mai 1477.
5. Arcii. cDmni. de Honlleur, carton n° 20. D 4.
k
112 LAliBAVE DK NOTRE-DAME DE GRESÏAIN
Les Prieurés. — Les textes que nous publions en appendice
ont gardé le souvenir des prieurés, médiocres établissements
qui dépendaient de Tabbaye de Grestain. Ces prieurés étaient
en petit nombre ; nous n'en connaissons que trois : Sainf-
Astier en Gascogne, Sainte-Scolasse au Perche et Saint-Nicol
aux faubourgs de Ronfleur. Etroitement rattachés à Fabbaye,
ils étaient occupés par deux moines dont Tun prenait le titre
de prieur. Leur origine était la même ; ces établissements
provenaient de donations ; Saint-Xicol avait été donné par
Guillaume le Conquérant ; Sainte-Scolasse-sur-Sarthe, par
Herluin de Conteville ; Saint- Astier par Geoffroy, deuxième
abbé, mort en 1114.
Le prieuré et la rectorie de Saint-Astier ' étaient situés au
diocèse d'Agen et faisaient partie de l'archiprêtré de Besaume -.
Avant la Révolution, l'évêqué d'Agen nommait au prieuré,
mais ce prélat n'a pu exercer le droit de patronage et de nomi-
nation que depuis l'époque de la suppression de Fabbaye de
Grestain, c'est-à-dire dans la seconde moitié du xviii^ siècle.
Avant ce temps et durant six cents ans, le prieur de Saint-
Astier a été un moine bénédictin de Fabbaye de Grestain. En
1267, Eudes Rigaud constatait que deux moines de Fabbaye
résidaient au prieuré de Saint-Astier : « duos habebant in
Anglia, et duos in comitatu Pictavensi, in dyocesi Age-
nensi ^. » Nous savons par un acte notarié trois cents ans
après, en 1603, que Dom Gabriel Druel frère du receveur
général de Fabbaye, était alors prieur de Saint-Astier ^. Deux
autres prieurs nous sont connus : Dom Vauquelin, décédé
avant le 27 août 1748, et son successeur D. Jean-Baptiste
Doisnel de la Morie, religieux de Grestain, Mais nous ne
savons rien de positif sur ce prieuré.
1. Lot-et-Garonne, arr. Marmande, cant. Duras.
2. L'abbé Durengues, Pouillé hist. du diocèse d'Agen, p. 514.
3. Reg. visitât, archiepiscopi Bothom., p. 392.
•*. Pièces justif., n° 68.
PRIEURÉS 1 I .'i
Il en esl de même pour le prieuré de Sainte-Scolasse ou
comme on disait: Saint-Nicolas-en-Scolasse '. La donation de
ce prieuré remontait aux premiers âges de l'abbaye de Gres-
tain, c'est-à-dire à la fm du xi^ siècle. Mais il ne paraît pas
qu'il y eût alors en ce lieu un prieuré : la donation primitive
fait mention de terres, de dîmes et de la moitié d'une église ^
On suppose que les moines envoyés pour administrer ces
biens auront bâti un oratoire, une chapelle sous rinvocalion
de Saint-Nicolas. Toutefois il est difficile de le savoir, de
même que de se représenter aujourd'hui l'importance du
prieuré de Sainte-Scolasse. Tout ce qu'on en sait, c'est qu'au
xvii^ siècle Jacques-James de Bapaume, prébende de la Pré-
ceptoriale de Sées % d'accord avec le chapitre de Sées, inten-
tait un procès en revendication des dîmes de Sainte-Scolasse.
L'abbé de Grestain présenta au Conseil du roi deux titres pri-
mitifs, l'un de l'an 1050 environ et l'autre de l'année 1167,
qui avaient attribué aux religieux toutes les dîmes de Sainte-
Scolasse. Le revenu du prieuré avait été pris à bail emphytéo-
tique par les seigneurs de Touvoye dès l'année 1583, mais
dans la suite ces derniers avaient été obligés de se démettre
de ce bail et l'abbé de Grestain s'était remis en possession des
dîmes. Un arrêt du Conseil, en date de 1658, lui donna raison ''.
On a, pour le xv^ siècle, le nom d'un prieur de Sainte-Sco-
lasse. En 1409, Dom Jean Vallet se qualifiait: <c religieux de
l'abbaïe, naguères bailli en icelle, à présent prieur de Sainte-
Scolasse fille de ladite abbaïe ■'. » Charles \T avait pris sous
1. Arr. d'AIençon, cant. Courtemer, Orne.
2. Apud Sanctam Scolasticam triginta acras terre cum tota décima et medie-
latem ipsiiis cccicsie et centuin acras terre in eadein villa.
3. Bénéfice qui avait appartenu à l'Ordre du Temple.
4. Bibl. nal., Recueil Thoiaij, t. XVII, fol. 404, 405. Deux factums, l'un pour
Denis Sanguin, abbé de Grestain, l'aulre [)our James de Bapaume.
5. Pièces justif., n" 3i-.
Ch. Bréard. — L'Abhuye de .\olre-Dame de Grestain. S
lli l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
sa protection le prieur et le couvent de Sainte-Scolasse, par
lettres patentes données en 1417 '.
Les deux prieurés dont on vient de parler, membres de
Tabbaye, ne sont pas rappelés dans les dénombrements ser-
vis en 1450 et 1469. Cette omission est peu compréhensible,
d'autant plus que les mêmes actes font mention du prieuré
suivant.
Saint-Xicolas-du-Val-de-Claire -, ou Saint-Nicol suivant
l'appellation populaire, était situé au sud-ouest de Honfleur,
à droite et sur le bord d'un chemin par lequel on se rendait de
Honfleur à Pont-rÉvêque. Il y subsiste d'anciennes construc-
tions en bois sur la façade desquelles on distingue l'empreinte
d'un écusson adossé à une crosse posée en pal. Ce sont les
traces des armoiries de Grestain. Une statuette emblématique
de saint Nicolas a été placée sur le pignon sud. Ce ne sont pas
là des restes très précieux, mais le bâtiment qui sert aujour-
d'hui d'habitation rurale s'élève sur un terrain dont le nom
apparaît à une époque lointaine et qui figure dans la donation
faite aux moines de Grestain par Guillaume le Conquérant
vers l'an 1066 -^ Ce don est, à nos yeux, un témoignage qui
fait voir qu'au milieu du xi'- siècle l'emplacement du prieuré
de Saint'Xicol faisait partie du domaine ducal, de même que
le sol boisé où s'élevait l'oratoire de \otre-Dame-de-Grâce. Il
fut constitué plus tard en fief noble avec cour, usage, aides
coutumières et des droits étendus en la forêt de Touques, sui-
vant le dénombrement de 1646.
Mais il est inutile de chercher à réunir sur le petit prieuré
de Saint-Xicol des renseignements plus précis. On ne sait en
1. L'Orne arch. et monum., p. 228.
2. La Claire est un cours d"eau qui tombe dans le port de Honfleur.
3. « Juxta Hunefluctum capellam sancti Xicholai, ita quod monachus qui
ibi Deo serviret » charte confirmative de 1189).
PlilKLHKS
llo
eflcl quel a été son élal pendant le moyen âge. Il est possible
que du xii^ au x\^ siècle des lépreux y aient vécu isolés et que
Sainl-Nicol ait élé avec Saint-Siméon une des deux maladre-
ries ouvertes à proximité du port de Honfleur après l'importa-
tion de la lèpre K Cette destination disparut avec la maladie
qui avait nécessité l'aménagement en hôpitaux de simples ora-
toires monastiques. Le souvenir en a été conservé dans le nom'
d'une mauvaise ruelle que l'on appelle encore la « rue aux
Ladres ».
Au xvi^ siècle, Saint-Nicol avait perdu son nom de lépro-
serie pour prendre celui de Chapelle de Saint-Nicol. Les
religieux de Grestain s'y étaient établis de nouveau ; l'un d'eux
en était titulaire mais il n'y résidait pas. Le prieur donnait à
bail le revenu total qui consistait en un enclos de jardins,
labour et bois taillis, en bâtiments, en rentes, droits et fran-
chises. Est-on curieux de savoir à quelle somme s'élevaient
les revenus du prieuré de Saint-Nicol? Divers baux nous les
font connaître ^ Pour le titulaire, le produit de ce modeste
bénéfice s'élevait à quarante livres, en 1611 ; à 100 livres, en
1626; à 200 livres, en 1766; à 300 Hvres, en 1788. A cette
dernière date, époque où le clergé de la paroisse de Sainte-
Catherine de Honfleur venait encore en procession, le jour des
Rogations, au prieuré de Saint-Nicol, voici de quels objets se
composait le mobilier de la chapelle : six chandeliers de bois,
un tapis de brocatelle, un missel romain, deux burettes de
verre, quatre lavabos, quatre purificatoires, une chasuble, une
patène, un calice.
1. Sur les léproseries ou maladreries qui existaient en Normandie, voy.
Mém. soc. AnI. Normandie, XVII, p, 149; et sur la léproserie de Grestain,
XVII, p. 186.
2. Les re^'. du labellionage d'Aude fournissent des baux du S août KiOS,
n février lGO(î, 3 septembre lOil, 29 avril 1626 On trouvera deux de ces
actes aux pièces juslif.
116 LABI5AYE DE N0ÏRE-DA3IE DE GRESÏAIN
En 1781, une délibération du conseil de fabrique de la
paroisse de Sainte-Catherine réduisit les dépendances du
prieuré. On prit une partie de la cour pour faire le nouveau
cimetière, aux charges de payer au titulaire une rente foncière
de 208 livres '. Dix ans s'écoulèrent. Le 17 février 1791, par
acte exercé au district de Pont-l'Evêque, le bénéfice de Saint-
Nieol fut vendu comme bien national à son dernier titulaire,
Dom Dalbiac. Nous consacrerons quelques lignes à ce religieux
à la fin du chapitre qui suit.
Terminons ce qui concerne Sainl-Xicol par les noms des
prieurs que nous avons pu recueillir :
Dom Toussaint Le Berger, religieux de Grestain, prieur de
Saint-Nicolas-du-Val-de-Glaire, 1577-1585- — Dom Jacques
Le Garpentier, prieur claustral de Grestain, prieur de Saint-
Nicolas, 1598-1613. — M^ Alphonse de Bretteville, chanoine
et officiai de Rouen, prieur, avril 1625. — M^ Gharles Roches,
licencié en droit canon, prieur et chapelain, avril 1626. —
M^ Jean Leblond, clerc tonsuré, prieur, 1663. — Dom
Jacques le Paulmier, religieux de Grestain, prieur, 1683. —
Dom Gharles Ghanu, religieux de Grestain, diacre en 1668,
prieur claustral et prieur de Saint-Nicol, 1690-1698. — Dom
Gabriel Le Grand, religieux de Grestain, prieur, août 1698.
— Pierre Descalles, prieur de Saint-Xicol en 1735, décédé
dans ce prieuré le 21 juillet J738. — Dom Jean-Baptiste
Gamus, prieur, 1738-1757, — M*^ Pierre Mansel, prêtre, curé
de Saint-Martin-du-Houlley, prieur, 1759-1766. — Dom Jean-
Baptiste Dalbiac, religieux de Grestain, prieur, 1773 à 1790.
Saint-Laurent ou la Madeleine de Grestain. — Les docu-
ments qui nous aident à reconstituer les possessions de l'ab-
baye font connaître une chapelle du titre de Saint-Laurent et
inscrite dans le pouillé du diocèse de Lisieux. G'était un éta-
1. Ârch. de l'Hospice de Ilonfleur, B 23.
SAINT-LAURENT DE (iRESTAlN 117
blissemenl religieux et charitable, c'était une léproserie dont
on voit encore remplacement sur la gauche de la route de
grande communication, n" 47, entre Jobles et Grestain, en un
lieu actuellement nommé la « cour aux Ladres ». Au même
endroit coule une source connue communément sous la déno-
mination de <( fontaine aux Ladres ». Nous publions plusieurs
documents qui se rapportent à ce lieu-dit K Saint-Laurent de
Grestain a en effet été un asile de lépreux situé sur la paroisse
de Saint-Ouën, bâti de simples logettes et de chaumières grou-
pées autour d'une chapelle. L'usage fît qu'on a nommé cette
chapelle la Madeleine^ parce que sainte Madeleine était la
patronne ordinaire des maladreries. Cet hospice fondé à une
époque qui nous est inconnue avait été ouvert pour les
paroisses du voisinage ~, ainsi que nombre d'autres petites
léproseries qu'on rencontrait dans les campagnes, au moyen
âge. Annexé à l'abbaye de Grestain, il était desservi par un
chapelain que les religieux avaient l'obligation d'y entrete-
nir -^
En somme, la léproserie de Grestain n'est connue que par
des pièces d'une époque oii elle n'avait plus sa raison d'être.
Ses revenus avaient alors été attribués à l'infirmerie de l'ab-
baye de Grestain ; plus tard ils appartinrent à la commanderie
de Brionne, plus tard encore la maladrerie de Saint-Laurent
ou la Madeleine fut supprimée en même temps que celles de
Saint-Antoine de Honfleur, de Saint-Siméon et de la Gohaigne:
on réunit ces quatre établissements à « l'hospital des pauvres
1. Pièces juslif., n°^ 79, 80, 100 et 101.
2. Le fief des Champs, à Quetteville, celui de la Pommeraye, à Berville,
étaient chargés de redevances en grains pour la maladrerie de Grestain.
'^. En 15il, Jean Fleury, prêtre, curé des Vaux, chapelain de la chapelle de
la Madeleine de la léproserie de Grestain, donnait jtouvoir à Guillaume de
Tonnelot, écuyer, sieur de Berville, de recevoir ce qui pouirait lui être dû à
cause de ladite chapelle. — Inventaire des Arch. du d('-p. du Calvados, H.
Supplément, XV B'.
118 L'AP-BAYE DE NOTUE-DAMR DE GRESTAIN
malades de la ville de Honnefleur » par arrêt du 13 juillet
1696, revêtu de lettres patentes du mois d'octobre de la même
année '. La Madeleine de Grestain n'existait plus, d'ailleurs,
depuis longtemps. En 1695, Joseph Briet, prêtre du clergé de
Pont-Audemer, obtint en cour de Rome des lettres de provi-
sion de la chapelle de Saint-Laurent de Grestain ; il en prit
possession par la prière faite « devant les vestiges d'icelle ^ ».
Saint-Ouex de Grestain. — Outre les prieurés et la lépro-
serie dont il vient d'être question, l'abbaye possédait une
église qui, comme la chapelle Saint-Laurent, n'a laissé aucune
trace. C'était l'église de Saint-Ouën ; elle était le siège d'une
petite paroisse et son nom se rencontre dès l'année 1197.
Pour une époque relativement moderne, son emplacement est
figuré à l'ouest de l'abbaye sur la carte de Cassini n" 61 et sur
le cadastre : la charrue passe maintenant sur le sol oîi elle
s'élevait au xviii^ siècle -^ D'après une tradition qu'aucune
preuve ne fortifie, l'abbé Rêver a écrit que dans les grandes
marées on voyait, à mer basse, les vestiges d'un village qui
existait vis-à-vis de l'abbaye. <( On croit dans le pays qu'il fut
détruit ou englouti par la mer ; c'est au contraire dans l'incen-
die du 20 mai 1139 ^, que ce village périt, et il n'a pas été
rebâti depuis ^. » M. l'abbé Rêver a reproduit (avec une date
inexacte) la mention du Xeustria pia: « Combusta sit Gres-
tani villa cum toto coenobio », que l'on trouvera ci-dessus à
l'article de l'abbé Foulque. Mais doit-on interpréter le mot
villa dans le sens de village ? Nous ne le pensons pas. Ce terme
1. Arch. nat., V 1167, pièce n° 12.
2. Abbé Piel", Insinuations ecclésiastiques, t. I, p. 178, n° 104.
3. C'est à tort, suivant nous, que M. A Pannier, de Lisieux, a pensé « que
la maison couverte en chaume et dont la façade fait face à l'entrée de l'abbaye
a été bâtie sur l'emplacement de l'ancienne église de Saint-Ouën ». Journal de
Ronfleur, 1864.
4. Lire : « le dernier jour de mai 1122. »
5. Rêver, Voyage des élèves de l'Ecole centrale de l'Eure, p. 61.
SAI.NT-OL'i-iN Ui: GHKSIAI.N 119
n'a jamais eu celte significalion. Il désigne ici la réunion des
bâtiments d'exploitation contigus aux bâtiments claustraux,
• les uns et les autres construits dans le même enclos. Le texte
ajoute : de villa prodiil igiiis. De la vilhi, le feu gagna et con-
suma le couvent, ce qui suppose des constructions très rap-
prochées. Mais on ne saurait se mettre trop en garde contre
les traditions locales et ne pas craindre d'en écarter la faus-
seté, quelles que soient les contradictions qu'on pourra susci-
ter. A nos yeux, on s'est égaré sur l'existence d'un village
considérable, dit l'un, d'un bourg dit l'autre, lequel aurait été
situé près des murs de l'abbaye de Grestain au xii^ siècle ^
Aucun document connu n"a signalé ce village ou détruit par le
feu ou englouti par la mer. Pour notre part, nous ne croyons
pas que l'abbaye de Grestain ait jamais donné naissance à une
agglomération d'habitants de quelque imporlance.
On a dit qu'à tout le moins une église s'élevait aux portes
du couvent. Le fait est exact. On peut ajouter que quelques
chaumières y avaient été également bâties par le petit groupe
d'hommes de peine et de cultivateurs qui gravitaient autour
du monastère. Comme l'accès de l'abbaye ne leur était pas
permis pour les offices religieux, ils avaient une église ou plu-
tôt une simple chapelle que le clergé de Carbec desservait.
Cette église sous le vocable de Saint-Ouën a constitué un
bénéfice dont les dîmes n'avaient jamais été affermées plus de
90 livres, somme bien insuffisante pour l'entretien d'un des-
servant. Ce bénéfice ou cure se retrouve dans les pouillés
joint à la cure de Carbec : les deux paroisses ne réunissaient
pas plus de quarante-cinq à cinquante personnes ; Grestain en
fournissait douze à quinze.
En 1743, l'église de Sainl-Ouën de Grestain, couverte en
1. De Saiiil-Aniiiiid, Lollrea d'un voijageiir, p. 275. — Canol, Essai hist. sur
l'arr. de Ponl-Aiidenier, t. II, p. 4o8. — Le Prévost, Méni. et noies, t. II,
p. 470. — FouquitT, ncchcrches sur le canton de Bcuzeville, p. 160, 161.
120 l'aBRAYE de NOTHE-DA:\rE DE GRESTAIN
chaume, non lambrissée, mal pourvue d'ornements, était en
si mauvais état que l'on en demanda la suppression. Antoine
de Malherbe, abbé de Grestain, y donna son consentement.
Les religieux et les paroissiens tombèrent d'accord pour
approuver l'extinction. En conséquence, le 9 octobre 1744,
l'évêque de Lisieux prononça la réunion des bénéfices de
Grestain et de Carbec, déclarant en outre que l'église de Saint-
Ouën serait incessamment démolie, « et que le lieu sur lequel
elle est actuellement bâtie, ainsi que le cimetière ^ seront
dûment clos de hajes pour suppléer dans le besoin au cime-
tière de Carbec '^ ».
Gomme titulaires de cette cure, nous connaissons François
Vimont, en 1665; Nicolas Lefebvre, en 1690, curé de Car-
bec en 1694. — Élie Commely, vicaire de Genneville, curé
de Grestain en 1695. — Pierre Laillier, curé de Grestain en
1724, décédé en 1740. — Jean-Antoine Thibout d'Anisy,
curé de Grestain et de Carbec en 1740.
Droits et coutumes. — En outre des possessions qui
devinrent inaliénables comme les églises et les chapelles, il y
avait de plus des biens d'un autre genre. Nous voulons parler
des droits et produits de toutes sortes qui étaient des revenus
seigneuriaux. Mais on ne trouve à citer que des espèces de
droits et de coutumes déjà connues : droit de cour et usage,
de garde, de tiers et danger, de monte sèche et monte verte,
ou des redevances comme la dîme que 'l'on payait en nature
ou en argent. Toutefois, à l'origine, l'abbaje de Grestain avait
été dotée d'un droit sur un marché, que nous devons signaler.
Robert de Mortain avait donné aux religieux le marché de
Fiquefleur avec la coutume de la foire du même lieu : merca-
tum de Fiskefluctu quietum et feriam ipsius villae cuni
1. Auquel Tusage était de donner le nom de cimetière des Xoyés et non pas
Noyers.
2. L'abbé Piel, Insinuations ecclésiast. du diocèse de Lisieux, t. 111, p. G67.
DROITS ET COUTUMES
121
omni custuma. La donation est de la seconde moitié du
xi^ siècle. A première vue, il serait naturel de croire que le
comte de Mortain possédait Fiquetleur puisqu'on le voit dis-
poser libéralement de ses revenus sur le marché qui se tenait
en cet endroit. Il n'en était rien. Les chartes de Tabbaye de
Saint-Ouën de Rouen, font connaître que Robert Rertran le
Tort et Suzanne sa femme, vers l'année 1060 ou du moins
antérieurement à la conquête de l'Angleterre, fondaient le
prieuré de Beaumont-en-Auge ; qu'en faveur de cette fonda-
tion ils abandonnèrent aux bénédictins de Saint-Ouën l'église
de Saint-Georges, la présentation à cette église, les cens et
tout ce qu'ils possédaient à Fiquefleur ^ \\ semble que, de là,
on peut conclure à la possession par les Bertran du territoire
et de l'église de Fiquefleur ^. Cependant il est parfaitement
connu, que, vers la même époque, Robert de Mortain y
exerça un droit de propriété sur le marché. On voudrait savoir
à quel titre. Peut-être l'explication s'en trouve-t-elle dans un
passage de la charte de l'an 1189. Le donateur y déclare qu'il
tient du roi Guillaume tout le rivage et les coutumes qui s'y
perçoivent depuis l'épine de Berville jusqu'au Noir-Port ■'.
En vertu de ce don, le monopole seigneurial sur les foires et
sur les marchés appartenait au comte de Mortain dans les
limites ci-dessus indiquées. Mais, comme on le sait, les terres
qui bordent la côte n'étaient point tenues de lui. Pour que
Robert de Mortain ait pu disposer du marché de Fiquefleur
au profit des moines de Grestain, on est porté à croire qu'il a
\ . Charte confirmative de 1254 : « Ecclesiam Sancti Georgii de P'iiquedue
cum omnibus suis pertinenciis et presentacionem ejusdem ecclesie, et in
villa census cum omnibus pertinenciis que ibidem possident. »
2. Au xiv^ siècle, on rendait aveu, pour des terres situées à Fiquefleur, à
Jeanne de Hais, héritière des Bertran de Ronche ville.
3. Terrain et çjalenin quantum fluctua consuetudinarie ascendit cum omni
custuma cujuscumque antea certana terra fuerit sicut dominux suus rex M'il-
lelmus ci donavit.
122 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
fallu que les étaux des pêcheurs aient été placés sur le rivage
même, sur le « perroi o de la mer, autrement dit le galet et
les atterrissements qui ont de siècle en siècle comblé Tanse de
Fiquefleur K
Si obscures que soient Torigine et la division des posses-
sions domaniales dans la région qui nous occupe, il est naturel
cependant de croire que les revendications des Bertran de
Roncheville, produites en i2o6et relatives aux ports de Fique-
fleur et de Cremanfleur, ont eu pour cause première l'exercice
des droits seigneuriaux sur un territoire qui leur avait primi-
tivement appartenu, mais aux dépens duquel le Conquérant
avait constitué des seigneuries pour sa parenté maternelle,
charge qui a été pesante.
he port de Fiquefleur des xii^ et xiii^ siècles se trouve natu-
rellement indiqué par l'embouchure de la petite rivière la
Morelle. formée de trois sources dont deux sont situées dans
le canton de Beuzeville et une (la plus forte) sur le territoire
de Quetteville. Dans son premier état, ce « port » était une
crique habitée par des pêcheurs, comme celles de Jobles, de
Berville, de Cremanfleur, qui placées dans des conditions peu
favorables ont disparu sous les alluvions. Toutefois l'historien
doit tenir pour vrai que jusqu'au xiv^ siècle Fiquefleur a pos-
sédé une population maritime. Elle a fourni son contingent à
l'armée navale mise sur mer sous le commandement de l'ami-
ral Hue Quiéret en l'année 1340. La nef la Sainte-Catherine^
1. L'abbaye du Bec a également possédé à Fiquefleur une halle et certains
droits de coutume, par suite de l'acquisition du manoir de Neuilly, situé à
Beuzeville (1324). L'abbé et le couvent du Bec rendaient aveu au roi, le 9 mai
1419, à cause des balles de « Fiquefleu » ( Arch. nat., P 1922-', n" 46716). Ils
percevaient cinq boisseaux de sel à Cremanfleur (1232) ; ils avaient un droit de
coutume sur le poisson frais qui se vendait à Honfleur et sur le pain et le sel
qui se vendait dans la même ville, rue de Notre-Dame, où Robert Bertran les
avait exemptés de payer aucun droit (1240). — Bibl. nat., Cinq Cents de Col-
bert, vol. 190, fol. d3o2-1414.
uuoris K'r coi.tlaiks
123
de Fiqiiefleur, capitaine Pierre Ilillies, et son équipage de
80 liommes, périrent à la bataille de l'Ecluse '.
Au XIII'' siècle, dit Aug. Le Prévost, les pêcheries de Fique-
tleur avaient une certaine importance -. On lit dans le (Jou-
tumier de la vicoinlé de l Eau de Rouen, art, 71 et 87 : « Les
hoirs messire Jehan des Vignez '^ doyvent à la Viconté de
Rouen quatre livres chinq soubz de rente, par an, pour ij coul-
lieux lesquieulx doyvent estre rendus à la Vicomte, le jour de la
Candelleur, pour la coustume des estaulx au poisson de Hon-
nefleu et de Fliquetleu ; et puent faire les sergens de la Vicomte
de TEaue de Rouen justice sur les dis estaux, se la rente
n'estoit paiée au terme qu'elle est deue ^ ». Mais la limite oîi
se renferme notre travail ne nous permet pas de voir de plus
près ces vieux temps '".
Droits de pêche. — Au moyen âge, les institutions seigneu-
riales qui ont régi la propriété foncière avaient aussi déter-
miné les conditions de la domanialité des cours d'eau navi-
gables. Les eaux de la Seine, à son embouchure, étaient de la
suzeraineté du comté de Tancarville tant du côté du nord que
du côté du sud. Elles étaient connues sous le nom AEauries
de Trincarville '' et elles s'étendaient, du côté du sud, depuis
le gord ou rabat de Quillebeuf jusques au Noir-Port, lieu-dit
qui a sa valeur historique et géographique ^. Dans ce quartier,
1. Bibl. nat., ms. nouv. acq. fr., 9241, fol. 17-18. Cf. Ch. de la Roncière,
Ilist. de la marine française, I, 439-440.
2. Le Prévost, Mérn. et notes, II, 107.
3. Bailli de Rouen en 1224-1239. Cart. norni., n" 378, note.
4. (^h. de Beaurepaire, De la Vicomte de CEau de Rouen, p. 358-371.
5. Nous donnons aux pièces justif., n" 66, un aveu relatif à Fiquelleur.
6. Voyez aux Arch. dép. de la Seine-Inf. les liasses du Fonds de Tancar-
ville.
7. Le terme latin Xiijriun pnrluni ou Xoir-Porl a été l'oijjet des conjectures
les plus étranges (Catherine, Ilist. de Ilon/Ieiir, p. 0-21). Ce serait vraiment
perdre son encre et sa peine (jue de réfnter les billevesées qui ont été débi-
124 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
les religieux de Grestain jouissaient de droits assez considé-
rables •. L'abbaye de Grestain avait fait rédiger une espèce de
tarif des droits de coutume sur ses eaux et marais, lequel fut
présenté au parlement de Rouen en 1695. Ce tarif était inti-
tulé : « Table de la prevosté et coutumes des eaux et marests
de Tabbaye de Nostre-Dame de Grestain. » On évaluait de
quatre à cinq cents livres de rente le revenu de ces coutumes.
Elles consistaient dans le droit de marée sur les pêches qui se
faisaient dans la Seine, à pied et sans La f eau, depuis la croix
de la Devise près Quillebeuf ^ jusqu'au lieu appelé le Xoir-
Port dont on a parlé ci-desus. La transaction du 11 février
1409 m. st.) passée entre Guillaume, vicomte de Melun, sei-
gneur de Tancarville, et les religieux de Grestain, « touchant
un procès meu en 1310 entre noble dame Jeanne de Rosny,
dame de Tancarville et lesdits religieux », distinguait les
pêches qui se faisaient dans les limites ci-dessus indiquées en
tées à ce sujet. Les mots Nigrum portum se rencontrent dans la charte de
Richard Cœur de Lion dont nous reproduisons le texte. Ils y désignent un
point du littoral situé à l'ouest de Grestain, appartenant à l'abbaye et si voisin
de Honfleur que les rédacteurs de la charte ne savaient comment distinguer
les lieux. Tantôt ils écrivaient : in riparia Secane a garda de Kilehuef iiaqiie
ad Nigi'um portum ; tantôt a spina Berville usque ad portum de Hunefluclu ;
ou encore usque ad aquam de Hunefluctu. On posait par ces désignations les
limites des coutumes de Grestain, au xii« siècle. Beaucoup plus tard, l'énoncé
des actes judiciaires a présenté plus de précision. L'un dit: " jusques au Noir-
Port où est présentement assise la grosse tour de Honnefleur » ; il faut entendre
la tour Frileuse ou tour Ronde. Dans l'autre, on lit : <■ jusques à un lieu nommé
Noirport à nous appartenant » (1424). Dans le troisième est écrit: « depuis
le gort de Quillebeuf jusques au Noirport près de Honnefleu >> (1430 et 1469).
Nous poui'rions multiplier les citations, celles qui précèdent paraissent suffire
pour montrer que le terme Xoirport a servi à désigner une crique d'échouage
placée à l'est du port de Honfleur et contiguë à ce havre. Cet enfoncement du
rivage où de petits bâtiments pouvaient se mettre à l'abri a été le lieu-dit les
Vases, puis est devenu le Havre-Neuf où les constructeurs de navires éta-
blirent leurs chantiers. — Voy. aux pièces justif. la note du n° 17.
1. Ch. de Beaurepaire, De la Vicomte de l'Eau de Rouen, p. 171-174.
2. Située entre le Marais-Vernier et Saint-Aubin-sur-Quillebeuf. — A. Le
Prévost, Mém. et Xotes, 111, p. 6.
DROITS ET COUTUMES 125
applet vergant, c'est-à-dire avec haLeaux, comme aussi le
varech « qui se l'ail en llolLc o, d'avec les pêches qui se fai-
saient et le varech qui se prenait à pied et sans bateau. La
pleine seigneurie de tout Yapplel vergant était attribué au
comte de Tancarville, à la réserve de quatre bateaux que les
religieux retenaient « outre et pardessus » les pêcheurs de la
franche table de Greslain ' . Les religieux avaient de plus droit
à tous les varechs qui se trouvaient le long du rivage et qui
se pouvaient enlever à bras-le-corps ' ; de plus ils avaient dans
les mêmes bornes la pêche à pied et sans bateau, c'est-à-
dire à applet séant ; quand la rivière formait deux lits les
pêcheurs de Grestain avaient la permission de s'aider de
bateaux pour porter sur les bancs leurs applets et rapporter
ensemble leurs « filets, corps et pescherie ' ».
Il est nécessaire pour expliquer l'origine des droits de
pêche perçus par Grestain de remonter aux anciens titres de
la fondation de l'abbaye, aux dons d'Herluin de Conteville ^ et
de Robert de Mortain ^. Mais la haute justice de Grestain était
1. Par transaction du 2o août 1412, les religieux de Grestain fiefîèrent au
comte de Tancarville moyennant une rente de 16 livres les quatre bateaux que
le couvent avait la lil^erté de faire pêcher en applet vergant. La même somme
est portée au compte des dépenses du comté de Tancarville pour l'année
1495. — Devillo, llisl. du chnteau et des sires de Tancarville, p. 370. — Voy.
aussi les pièces que nous donnons à l'appendice, n°* 36, 37.
2. D'après les anciens Coutumiers, sous le mot varech et choses ijaivcs était
compris tout ce (jue la mer jette à terre " par tourmente et fortune », et qui
arrive si près de terre qu'un homme à cheval y puisse toucher avec sa lance.
— En 1383, l'abbaye fit arrêt sur un navire chargé de marchandises qui
s'était échoué et était tombé en varech sans flotter ; elle en donna mainlevée
moyennant 182 écus. En 1637, les religieux de Grestain réclamèrent, à droit de
varech, une baleine de 50 pieds de longueur, mais leur procureur arriva trop
tard; les riverains avaient dépecé le cétaec à coups de hache, de couteau et
de scie.
3. Autre transaction du 25 août 1412.
4. Et hordarios et piscatores quos Un habehat.
5. Dédit etiani totum werec quod invenietur a spina Berville usque ad Xigruin
portuni uhicunique mare illud projiciat, etc.
126 LABBAVE DE iNUTUE-DAME DE (iHESTAIN
assise entre le comlé de Tancarville el la baronnie de Ron-
cheville. Cette situation fit naître plusieurs j3rocès par la rai-
son que ces deux seigneuries avaient toujours été en la main
de personnes puissantes qui, dans les premiers temps, avaient
tâché de se rendre maîtres de la Seine à 1 exclusion de tous
leurs voisins '. Il s'en suivit que les religieux de Grestain
furent contraints de réclamer l'autorité de la justice pour se
maintenir dans des droits de pèche qu'ils avaient eus sur la
Seine depuis la fondation de leur abbaye. Si l'on analyse plus
à fond les titres du comté de Tancarville, on peut énumérer
le nombre des contestations qui s'élevèrent entre Tancarville
et Grestain « pour les droitures, pescheries et eaues de la
rivière de Seine ». Les unes furent terminées par des transac-
tions, les autres par des jugements. Du xiii'' au xv^ siècle
(1286-1465), nous avons compté neuf transactions ' et durant
la même période on remarque un procès qui a duré cent ans,
de 1310 à 1409. Pendant les siècles qui suivirent, d'autres
instances ont eu une durée de cent soixante-dix-huit ans (avec
quelque repos pour les gens de loi dans l'intervalle) de 1517 à
1695 ^. Les religieux, disait leur abbé, n'auraient pas impor-
tuné la cour du parlement de Rouen s'ils avaient eu la liberté
de porter leurs plaintes directement aux comtes de Tancar-
ville ; mais cette liberté ne leur était pas ouverte. Ce haut
suzerain ne s'occupait pas de l'administration de ses terres.
L'abbaye avait donc à se défendre contre les procédés d'agents
1. Voy. aux pièces justif., n» 98, l'arrêt de 1672 reportant la contestation
jusqu'à ses commencements.
2. En février 1287; en 1314; il février 1409; 25 août 1412; 18 décembre
1423 ; 7 avril 1424 ; 2 août 1427; 9 mars 1435; 29 septembre 1465. Quatre de
ces transactions se rapportent au temps de l'occupation anglaise.
3. En 1517 devant le bailliage de Pont-Audemer ; en 1542-1545; en 1548;
en 1602-1618 ; en 1643-1672; en 1675-1695. Les deux derniers arrêts du parle-
ment de Rouen qui ont réglé la question litigieuse entre Tancarville et Gres-
tain sont du 2 avril 1672 et du 27 août 1695.
DKons i-:t coltl.mes 127
subalLeiiK's. De semblables plaintes ont dû se produire fré-
quemment chez les religieux et chez les habitants des cam-
pagnes où l'on vivait dans l'isolement, à la merci des rece-
veurs spéciaux, des officiers de justice procéduriers et cupides.
Les moines ainsi que les paysans prenaient leurs précautions
contre la force. De là, les innombrables procès portés devant
le parlement de Rouen pour des causes qui aujourd'hui nous
paraissent de peu d'importance.
Pour la conservation du droit de pêche d'une grande utilité
pour l'abbaye, les religieux étaient tenus de payer par an au
roi un esturgeon, le premier que leurs pécheurs prenaient
dans la rivière '. « Et le devons paier en sa recette du Pont-
Audemer, au viconte dudit lieu, et ledil viconte doit paier
six sols à cellui qui le porte pour bailler à cellui qui l'a pes-
chié * ». Du même droit de pêche, l'abbé et les religieux de
Grestain rendaient aveu en ces termes : c Item à cause de
nostredite esglise et abbaye nous appartiennent les coustumes,
marées, eaues, eauyes, varest et autres revenues en l'eaue de
Seine, ou costé devers le su depuis le gort de Quillebeuf
jusques au Xoirport près de Honnefieu, et es dittes mettes
avons haulte, moyenne et basse justice et plusieurs autres
revenues toutes et quantes fois que le cas y eschiet ^ »
L'usage de la pêche sur le rivage qui s'étendait à l'est de
l'abbaye avait aussi attiré l'attention des religieux. Nous les
voyons, se fondant sur les donations de Robert de Mortain,
s'occuper de s'assurer la propriété et la surveillance de la
pêche depuis Berville jusqu'à Foulbec. La cour de Rome
paraît même être intervenue à ce sujet. C'est que la propriété
des « us et coutumes » sur ce rivage leur avait été contestée
par l'abbaye de Jumièges qui possédait la terre de Conte-
1. Redevance mentionnée dans la charte confirniative de 1189.
2. Aveu du 18 juin 1424 ; Pièces justif., n° 40.
3. Aveu du l'^''" septembre 1450 ; Pièces justif., n° 46.
128 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
ville ^ et entendait jouir de tous les droits qui pouvaient inté-
resser le domaine utile de cette seigneurie. Ce débat à propos
des droits de pêche fait le principal objet de la transaction du
30 avril 1259 K
Enfin, les droitures et pêcheries de Grestain suscitèrent des
procès, soit avec les usagers, soit avec les seigneurs voisins :
les de Courseulle, de Tonnetot, de Brèvedent qui étaient en
possession du droit de faire pâturer sur les bancs, depuis Ron-
fleur jusqu'au delà de l'abbaye, le nombre de 2000 bêtes -K Les
contestations les plus vives s'élevèrent contre les propriétaires
du fief de la Pommeraye. L'une d'elles dura huit années, de
1664 à 1672, avec Philippe de Houël, sieur de la Pomme-
raye et de Bervilie ^. Les différends avec cette famille s'étaient
d'ailleurs succédé de siècle en siècle depuis l'époque où avait
vécu Jean de Houël, « un des plus adroits, subtils et accorts
gentilshommes de son temps », au dire des religieux.
Tout ce qui s'est agité à l'égard de ces droits d'usage, de
ces droits seigneuriaux qui s'exerçaient sur la Seine a été
savamment étudié •'. Les documents qui s'y rapportent sont
conservés au dépôt départemental de la Seine-Inférieure ^ ;
nous en avons extrait des pièces que l'on trouvera plus loin.
Droits de Justice. — Grestain était le siège d'une baronnie
et d'une haute justice seigneuriale. L'abbaye avait son bailli
qui détenait en ses mains le rôle ou tableau de tous les cens
qui étaient dus par les tenanciers ; nobles ou non nobles
1. Cartulaire de Jumièges, n° 243.
2. Pièces justif., n° 15. Voy. l'article de Thomas, abbé.
3. Pièces justif., n" 85.
4. Philippe de Houël, fils de Charles de Houël et de Charlotte deToui^nebu,
épousa Françoise de Préaux, suivant contrat du mois d'août 1662.
j. Par M. Ch. de Beaurepaire dans son ouvrage De la Vicomte de VEau de
Rouen (Evreux, 1856, in-8 de 520 p.).
6. Fonds du comté de Tancarville, liasses : Eauries, Pêches, Procédures
contre Grestain et l'amirauté de Quillebeuf.
I.KS ABHÉS COMMENDATAIHES 129
avaienl à répondre aux assi<^nations de cet officiel- de justice.
Il était assisté d'un greflier, d'huissiers et de sergents. Deux
sièges de tabellionage, l'un à Beuze ville, l'autre à Honfleur,
dépendaient de la haute justice de Grestain. On a conservé
plusieurs de leurs registres, mais on n'a pas les minutes des
greffiers en sorte qu'on ne peut préciser les attributions du
bailli de Grestain parce qu'on ne possède pas les procès-ver-
baux des audiences et les sentences rendues par le juge.
D'autre part, il est impossible de dire l'étendue territoriale de
sa juridiction ; elle n'était point formée de telle ou telle
paroisse mais elle se composait de terres éparses çà et là,
nobles ou roturières, qui relevaient féodalement de la baron-
nie de Grestain. Il n'y a guère moyen de se bien instruire de
l'importance de cette seigneurie qui paraît avoir été constituée
au xiv^ siècle.
Ch. Bréard. — L'Abbaye de Xolre-Daine de Grestain.
CHAPITRE IV
L abbaye de Grestain sous les abbés commeiidalaires de 1481
à1757 . — Suppression de V abbaye. — Les derniers abbés .^
de 1757 à 1790. — Vente de l'abbaye,
L abbaye de GresLain a été mise en commende à la lin du
xv'^ siècle ; elle a subi la destinée lamentable de beaucoup
d'autres anciens établissements ({ui ne répondaient plus aux
besoins du temps. Des abbés le plus souvent étrangers à la
communauté monastique, des chanoines ou des prélats qui ne
résidaient jamais en ont été les supérieurs pendant trois cents
ans ; ses revenus sont devenus entre leurs mains une exploi-
tation plus ou moins avantageuse. L'abbé commendataire en
gardait ordinairement les deux tiers, et comme la méthode
d'affermer le revenu était de toutes la plus économique, il
instituait un receveur général, faisait bail avec ce fermier, se
déchargeait ainsi des difficultés et des risques de la perception ;
mais il livrait les tenanciers à toutes les avidités du receveur.
De là sont nés d'interminables procès soit avec les religieux
de l'abbaye soit avec les villageois ou les curés des paroisses
rurales. A Grestain, l'activité des moines s'est consumée en
actions litigieuses et en procédures pendant un siècle et demi.
Durant cette période, ils ont défendu leurs biens contre leur
abbé et l'ont obligé de contribuer à certaines dépenses dans
l'intérêt du monastère. Ils lui ont intenté des procès au sujet
des édifices qui s'écroulaient, faute d'entretien, au sujet de la
pauvreté de leur église, etc. Le parlement de Rouen eut à se
132 l'abbaye de NOTRE-DAME t)E GRESTAlN
prononcer dans les longues contestations qui s'ensuivirent ;
mais ce fut la communauté qui lemporla.
Nous n'avons pas à redire longuement ce qu'était la com-
mende. Une abbaye en commende était une abbaye dont le
titulaire au lieu d'être un prêtre régulier se trouvait, moyen-
nant dispense du pape et redevance au roi, être nn séculier.
un évêque, un chanoine, un conseiller au parlement, voire un
capitaine. Le roi, en abolissant presque partout les élections
canoniques, s'était mis en possession de disposer des abbayes,
de trafiquer d'un patrimoine qui ne lui appartenait pas, de
donner une sinécure lucrative à des bénéficiers étrangers à la
vie réo-ulière. C'était la confiscation déguisée des biens
d'Eglise. L'usage des commendes, qui prit de jour en jour un
nouvel accroissement, fut la source d'une infinité d'abus. Les
abbés commendataires pour la plupart ne connaissaient que de
nom l'abbaye dont ils avaient accepté le bénéfice ; les religieux
ne savaient que par ouï-dire — ou par des actes judiciaires —
qu'ils avaient un abbé. Pour l'administration spirituelle, les
abbés se substituaient une sorte de suppléant ou vicaire qui
souvent était le prieur claustral, lequel obligé de prendre la
règle avait double juridiction spirituelle et temporelle. Pour
prendre soin du temporel, les abbés qui quelquefois avaient
deux ou trois abbayes en commende faisaient choix d'un fondé
de procuration ; ce receveur se rendait adjudicataire du pro-
duit des revenus du bé léiice. Ln poursuivant d'armes de la
grande écurie, Nicolas Druel. se transforma en financier et
devint le receveur général de l'abbaye de Grestain pendant
quinze ans environ, D. Guillaume Le Lièvre, en 1574, D. Jean
le Mesnil en 1632. D. Jean le Merchier en 1642. D. Jean-
Baptiste Thirel en 1646, ont été des prieurs qui se sont quali-
fiés du titre de grand vicaire. Ils remplissaient certaines fonc-
tions abbatiales. Le commendataire avait en eux un desservant.
Par cette méthode, il jouissait paisiblement de rentes reli-
LES ARBICS COMMENDATAIRES 133
gieuscs que la 1)1611' des donateurs avait établies autrefois, sur
des fonds du terre, pour le soulagement de la misère des
pauvres. Aussi, au xviii'^ siècle, la malignité publique disait-
elle qu'il n'y avait pas de sort plus heureux que celui d'un
riche prieur ou d'un abbé commendataire.
L'abbaye de Grestain est donc maintenant à la disposition
du roi de France. Le roi nomme au bénéfice, le pape institue.
Le bénéfice ecclésiastique, sans charge d'Ames, est devenu
une faveur, une sorte de pension que Ton obtient même sans
être enoairé dans les ordres. La liste des abbés de Grestain
fournit: deux prélats qui avaient un évéché en titre, lun d'eux
était revêtu de la dignité de cardinal; un chevalier non profès
de l'ordre de Malte ' ; le fils d'un ambassadeur ; un poète épi-
curien dont le nom est resté dans la mémoire des curieux ; un
conseiller au parlement: deux chanoines de Paris; un abbé
orateur, bel-esprit et académicien. Les conciles provinciaux ont
déploré une situation que Montalembert a définie en disant
que la commende a été la lèpre de l'ordre monastique. Mais
les plaintes étaient faites sans grand espoir. « Nous pouvons
beaucoup plus souhaiter qu'espérer que les monastères de
nostre temps soient remis en leur ancien estât. On ne peut
dire combien de maux y sont commis, tant au spirituel qu'au
temporel, par ceux qui les tiennent en commende. Supplions
le roy qu'il luy plaise remettre les élections aux abbayes selon
l'ancienne mode. Rien n'est si contraire aux fondations de
monastères d'hommes, (|u'hommes lays ou femmes en ayent
la charge, et qu'ils en soyent abbez ou abbesses, ou qu'ilz y
facent leur demeure. » Ces doléances ont été formulées dans
un concile provincial des diocèses de Normandie tenu à Rouen
en 1581 par l'archevêque Charles de Rourbon ; les évêques de
1. Les chevaliers de Saiiil-Lazare el cenx de Malte, pouvaient sans être
clercs, posséder des pensions sur toute sorte de bénéfices.
134 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESÏAIN
Bayeux, de Sées, d'Evrenx, de Lisieux et les procureurs des
chapitres d'Avranches et de Coutances y assistaient K Le
clergé de France ne sesl pas lassé de faire entendre ses
plaintes à ce sujet jusqu'à la Révolution ~.
Afin de ne pas perdre de vue Tabbaye de Grestain, nous
ajouterons que ce monastère bénédictin comptait six moines
en 1615; quatre religieux, en 1744. y vivaient dans des bâti-
ments délabrés. La maison était déserte lorsque lautorité
épiscopale en a terme les portes en Tannée 1757. Le régime
de la commende et ses abus n'ont pas été sans influer sur la
destinée de l'abbaye, en jetant le désordre dans la gestion des
intérêts, la ruine sur les édifices, la discorde entre les moines
et leurs abbés qui n'ont plus été que des étrangers les uns
pour les autres.
Nous allons faire connaître les abbés commendataires. On
voudra bien remarquer qu'il y a cinq noms de plus que dans
la liste du Gallia chrisliuun : ce sont les 29^, 30^, 36^ 37^ et
38e abbés.
XXYL — Guillaume d'Escalles. La liste donnée par le
Neustria pia le place au vingt-deuxième rang ; le Gallia
christiana lui assigne le vingt-sixième. C'était un prêtre sécu-
lier mais il avait rang de prélat par sa qualité de protonotaire
du Saint-Siège. Il fut abbé de Grestain de 1481 à 1502, par
résignation de son prédécesseur. Par suite de la résignation en
faveur, le bénéficier déposait sa démission à la condition que
le collateur lui donnerait pour remplaçant celui qu'il dési-
gnait. Il faut bien dire que l'on usa souvent de ce moyen
pour rendre les bénéfices héréditaires dans les familles. L'his-
1. D. Dessin, Concilia Rotoin. provinciae, fol. 197-24îj. Cf. Le Concile pro-
inncial des diocèses de Normandie, etc., par F. Claude de Sainctes (Paris,
1583. in-8), p. 96 v°.
2, Procès-verbaux de l'assemblée du clergé en 1780, p. 894.
LES ABHÉS CO.MMENDATAIRES 135
toire de l'abbaye de Grestain, nous le verrons plus loin, offre
un exemple de cet abus. Elle en présente même deux exemples,
car il paraît bien que Richard II de Thieuville avait résigné en
faveur d'un parent. Cependant il ne nous est pas possible de
déterminer la proximité de parenté qui unissait les deux abbés.
Elle n'existait peut-être qu'en conséquence d'une alliance par
mariage. On voit, en effet, Catherine d'Escalles, fille de
Richard d'Escalles, écuyer, sieur d'Argentelles, maître d'hô-
tel de Jean duc d'Alençon, et d'Isabeau de Thieuville. épou-
ser Georges Rouxel de Médavy, le 4 août 1458. De ce mariage
naquit Isabelle Rouxel de Médavy qui est qualifiée nièce de
messire Guillaume dEscalles, protonotaire apostolique, « com-
mandeur de l'abbaye de Grestain » en l'année 1482 '. Notre
abbé (Guillaume d'Escalles peut donc être mentionné comme
frère de Richard d'Escalles que certaines fonctions attachaient
à la maison des ducs d'Alençon. Il serait nécessaire néanmoins
d'aller plus loin, de déterminer les rapports de parenté d'Isa-
beau ou Isabelle de Thieuville et du dernier abbé régulier de
Grestain. Ce point est resté obscur. D'abord c'est une chose
rare parmi nous qu'une connaissance approfondie de l'his-
toire des familles, puis il faut reconnaître que si on la con-
naissait on y verrait d'étonnantes variations dans l'espace d'un
siècle au plus.
Quoi qu'il en soi(, on rencontre à sept cents ans en arrière les
Descalles ou d'Escalles domiciliés dans le Roumois et le Lieu-
vin. Un acte de l'année 1234 fait connaître Geoffroy et Guil-
laume d'Escalles ^. L'usufruit du fief du Mesnil-Cordelier,
assis à Quetteville, dans le canton de Honfleur, appartenait à
Richard d'Escalles et à sa femme en 1395 \ Il est fait men-
1. V. des Diguères, Lex Boiirel de Médavii-Granceij , p. 28-29. Guillaume
d'Escalles rendit aveu pour le revenu de son abbaye le 2 avril 1499.
2. Bibl. nat., ms. latin .^U24, fol. 91.
3. Ils le cédèient à Ravet d'Annebaut, en 1408.
136 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
lion des d'Escalles du Bostenney dans diverses publications
relatives au département de IKure '. Un Pierre d'Escalles,
écuver, était prieur de Greslain en 17tll : il est décédé au
prieuré de Sainl-Nicol près Hontleur. le 21 juillet 1738.
Pour en revenir à Tabbé Guillaume d'Escalles, commenda-
taire perpétuel de Notre-Dame de (jrestain à la fin du
xv^ siècle, ce fut de son temps que 1 abbaye demanda et
obtint d'écbanger la baronnie de Mézidon contre la terre du
Mesnil-Ferry qui appartenait au prieuré de Sainte-Barbe-en-
Auge. Nous avons précédemment expliqué comment cette
baronnie était venue en la possession des religieux de Gres-
tain en 1347. alors que le cbambellan de Tancarville leur
avait proposé le marché qui servit à acquitter sa rançon.
Quant à la seigneurie du Mesnil-Ferry ou Ferrey, c'était un
ancien plein fief de haubert assis en la vicomte de Pont-Aude-
mer, à peu de distance de Grestain, et duquel dépendait une
franche sergenterie nommée la sergenterie du Mesnil. A
cause de la possession de ce fief, le seigneur du Mesnil-Ferry
avait droit de garde à Tabbaye de Grestain pendant quarante
jours toutes les fois que l'abbé allait de vie à trépas ou que le
siège abbatial était vacant par démission. Quand les moines
de Grestain avaient à élire un abbé, leur premier devoir était
d'en informer le seigneur du Mesnil-Ferry '~.
Ce droit de protection ou de garde était bien entendu exercé
au nom du roi sous le patronage de qui l'abbaye était placée.
Il datait de l'origine même de l'abbaye ; il n'était que la trans-
mission du patronage qui avait appartenu aux premiers fon-
dateurs, puis aux ducs de Normandie et enfin aux rois de
France. On ne doit pas en effet perdre de vue qu'Herluin de
\. A. Le Prévost, Mém. el Xotea^ur ledéjt. de l'Eure, III, 282. — Charpillon.
Dict. hist. de l'Eure, II, 212, 493, 960, 962. — Fouquier, Recherches hist. sur
Beuzeville. p. 147, 233, 236.
2. Voyez plus haut des noies sur le Mesnil-Ferry et ses seigneurs.
LES ARBKS COMMENDATAIRES 137
Conteville et son fils Rol)ert de Mortain avaient été les posses-
seurs (les domaines dont le Mesnil faisait partie avant d'être
aliéné. Si des transformations avaient modifié Tétendue des
terres des comtes de Mortain, avaient décomposé et désorga-
nisé les services féodaux, les seit,meurs du Mesnil n'en avaient
pas moins conservé avec (ireslain un lien, peu tendu à la
véi'ilé, mais (]ui représentait le droit que les ducs de Norman-
die et les hauts barons prétendaient exercer sur les églises et
sur les abbayes qui existaient dans les limites de leurs sei-
gneuries.
Le fief du Mesnil-Ferry avait été acheté, en Tannée 1 477,
par la célèbre abbaye de la Victoire, près de Sentis, laquelle
l'avait cédé aux chanoines réguliers du prieuré de Sainte-
Barbe-en-Auge K Ce fief pouvait valoir, au milieu du xv*' siècle,
300 livres tournois de rente.
Les religieux de Grestain en firent l'acquisition par échange ;
F^tienne Blosset, évêqne diocésain, leur en accorda l'autorisa-
tion, le 8 octobre 1489 '. L'acte d'échange mentionne: Guil-
laume d'Escalles, abbé ; Dom Robert Emelinne, prieur ;
Robert Mauvoisin, religieux profès.
L'administration de (ruillaume d'Escalles dura vingt ans
environ. Elle a laissé peu de traces. Get abbé mourut au
mois de janvier 1503 (n. st.).
Aux détails qui précèdent, il convient de rattacher l'indi-
cation suivante. Si elle est étrangère à la personne de l'abbé
d'Escalles, elle intéresse cependant le monastère de Grestain.
An mois d'octobre 1487, Charles VIII séjournait trois jours
au Mont-Saint-Michel, les 26, 27 et 28. Le roi était à Hon-
fleur le 10 novembre et à Pont-Audeiner les 12 et 13
novembre '. En tenant compte de ces dates et après examen
1. Lettres de Louis XI du mois de mai l'tll. — Pièces juslil'., n" 55.
2. Pièces justif., n° îiT.
3. Eni. Petit, Sôjonrs <l,> Chnrh-s VIII, p. 22.
138 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
de la route parcourue, il semble bien vraisemblable que
Charles VIII et sa suite se sont arrêtés à Grestain.
XXMI. — Jean VIII de Fatouville, 27^ abbé, semble par
son nom être originaire d'une paroisse voisine de Grestain.
Ce qu'il y a de certain c'est qu'il était moine et peut-être
prieur dans l'abbaye quand les autres religieux l'élevèrent,
par élection, à la dignité d'abbé, le 14 janvier io03 (n. st.).
Entendaient-ils ainsi se soustraire au régime de la commende?
C'est probable, mais les abbayes avaient été dépossédées du
droit d'élection. En conséquence, Tévêché adressa une com-
mission au doyen de Pont-Audemer pour informer du choix
que les moines avaient fait. La commission est du 26 janvier
1503. L'enquête était de pure forme, nous n'en doutons pas;
elle avait pour but et elle eut pour résultat de faire annuler
l'élection de Jean de Fatouville '. Dans une cause aussi
médiocre, on aurait même fait intervenir le roi de France, au
désir de qui Jean de Fatouville dut se soumettre. « Ad preces
régis Franciae », dit le Gallia % l'abbé Jean se démit en
faveur d'un neveu d'Etienne Blosset, évêque de Lisieux, qui
a évidemment pris souci des intérêts temporels de sa famille ^.
Ce neveu, pourvu de Grestain par la volonté de Louis XII, a
été le cardinal Le Veneur qui a cumulé les mitres et les
crosses et apparaît comme un prélat de haute allure dans les
temps où il a vécu.
XXVIII. — Jean IX Le Veneur. 28« abbé de Grestain en
1. Noël Deshays, Mém. pour l'hist. des évêques de Lisieux (édit. de Forme-
ville), p. 204.
2. Gallia christ., XI, col. 846.
.3. Etienne Blosset de Carrouges a possédé la commende de deux abbayes :
Saint-Pierre de Cannes, au diocèse de Narbonne ; Notre-Dame de Cormeilles,
au diocèse de Lisieux, et la commende du prieuré de Saint-Barbe-en-Auge.
C'est à tort que le Dict. Iiist. de l'Eure rapporte que cet évèque a été abbé de
Grestain, t. 1, p. 844, col. 2.
LES ABBÉS COMMENDATAIRES 139
1503, évêqiie de Lisieux en 1505, lieutenant général au gou-
vernement de Normandie (1525), grand aumônier du roi
(1526), cardinal-prêtre du litre de Sainl-Barthélemj-en-risle
(1533). Il était le second fils de Philippe Le Veneur, baron
de Tillières, et de Marie Blosset de Carrouges. Ses deux
frères, Ambroise et Gabriel, étaient de même engagés dans
la carrière ecclésiastique où le crédit des protecteurs leur
assura évêché, prieuré et abbaye. Etienne Blosset de Car-
rouges était leur oncle.
Jean Le Veneur appartenait à une famille puissante. Fort
jeune encore il fut pourvu d'un canonicat en Téglise de
Lisieux. Dans le même temps, on voit qu'en 1489 le baron de
Tillières avait présenté le futur cardinal à la cure de Saint-
Hilaire de Tillières, mais il n'y fut pas admis '. Le premier
bénéiice-cure dont Jean Le A eneur a été le titulaire es' la
paroisse de Notre-Dame et Saint-I^éonard de Honfleur ; il en
reçut la collation en 1497 '. Agé de vingt-quaire ans. Jean le
Veneur était entré dans la partie active et rémunérée du con-
seil épiscopal en qualité d'archidiacre d'Auge. La commende
de l'abbaye de Grestain lui fut donnée six années plus tard.
C'était un revenu bien assuré. Il prit possession, le 29 mai
1503 \ par procureur ; et plus tard par lui-même. Puis Etienne
Blosset de Carrouges, évêque de Lisieux, vint visiter Gres-
tain, le 24 mai 1504; il s'agissait d'entretenir et d'améliorer
une situation. Le 26 mai, le nouvel abbé faisait sa première
entrée dans le monastère en présence de son oncle qui possé-
dait une abbaye voisine, Notre-Dame de Gormeilles. Plus tard,
Jean Le Veneur venait de nouveau visiter son abbaye de
1. Chan. Porée, Ilisl. de l'abbaye <hi Bec, t. II, p. 267-268.
2. Bibl. nat., Recueil Thois;/, vol. 284-, fol. 390 ; Factiim, p. 6.
3. Date du départ du navire VEspoir armé par Binol-Pauliiiier. Le second
pdole de ce navire se nommait \ollet Espeudri/ et était orifjinaire de Grestain.
Le nom de ce marin doit èti'C lu : Lespeudri/ que donnent plusieurs aveux.
140 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
Grestain, le 17 décembre 1505 '. Mais dans lintervalle il
avait été sacré évêque dans l'église des Jacobins de Lisieux ;
ce fut donc l'évêque diocésain qui se présenta cette seconde
fois aux religieux,
L'Eglise et trois rois de France, Charles YIII, Louis XII et
François P'" réservaient à l'abbé commendataire de Grestain,
comme marque d'amitié et de bienveillance, des titres écla-
tants, des faveurs signalées '. Jean Le Veneur, par l'assiduité,
la vigilance, la dextérité qu'il apporta au maniement des
grandes affaires, fut estimé pour un des plus hal)iles conseil-
lers de François P'". Il faut croire qu'il servit ce prince avec
fidélité car les bénéfices lui furent prodigués. Jean Le V^eneur
obtint la commende des abbayes de (irestain (lo03i. de Notre-
Dame de Préaux (1506), de la célèbre abbaye du Mont-
Saint-Michel (1524), de Lyre (1533), de Lonlay au diocèse du
Mans, de Saint-Fuscien au diocèse d'Amiens, enfin de la
riche abbaye du Bec (1334). Cet éminent prélat, vêtu de la
pourpre cardinalice, comblé d'honneurs et de richesses, mou-
rut à Marie, dans la Haute-Picardie, le 7 août 1543 ^
Il nous est parvenu du cardinal Le A eneur deux actes rela-
tifs à son administration de Grestain. Le premier est une
reconnaissance d'hommage, le second est un aveu produit
aux officiers du duché de Longueville pour le fief de Beau-
ney ^. D'autres traces plus importantes subsistent de sa ges-
tion qui a duré trente-huit ans. C'est durant ce laps de temps
que des travaux ont été faits aux murs d'enceinte de l'abbaye
i. Xeustria pia, p. 334.
2. On lit dans la Chronique de Fr. Carré : " Ilic, multa rei'um experientia
prudens, Carolo VIII primum charus, Ludovico deinde conjunctissimus, pos-
tea Francisco principi primo a consiliis et eleemosinis familiaris adstat. » —
Chronique du Bec 'édit. Poi'ée, Soc. del'hist. de Norm), p. 244.
3. Bibl. nat., ms. fr. 30206, dossier -17578. — P. Anselme, VIII, 236-262. —
Noël Deshaj's, Mémoires (édit. de Formeville), p. 206-216.
4. Pièces justif., n°= 39 et 60, des 29 janvier 1503 et o avril 1340.
LKS ABBÉS COMMENDATAIKES \ 41
de Grestain, lesquels paraissent avoir été consolidés et recons-
truits eu pai'tie au nord et au sud. De ce dernier côté, on dis-
tingue encore sur un contre tort extérieur Técu à la bande qui
formait les armoiries du cardinal Jean Le A'eneur. On peut
donc croire que les moines de Grestain trouvèrent en lui un
protecteur et qu'ils profitèrent de ses dispositions charitables.
Plus tard ils n'eurent que trop d'occasions de déplorer l'indif-
férence et les procédés peu f,^énéreux de leurs commenda-
taires, abbés sachant fort le monde et ses complaisances.
En 1513, Pierre de Gillon, religieux, était bailli de Gres-
tain et procureur général de l'abbaye.
XXIX. — Gabriel Le \ eneur, 29'' abbé commendataire
de Grestain. de 1543 à 1550. Kvéque d'Evreux de 1531 à
1574.
Dans un registre du Parlement de Rouen, on lit sous la
date du 26 janvier 1545 (v. s.) la note qui suit: «. R. P. en
Dieu Gabriel Le Veneur, abbé commendataire de Notre-
Dame de Grelin, au diocèse de Lisieux '. )> A cette date,
nous ne voyons que l'évêque d'Evreux, Gabriel Le Veneur, à
qui puisse convenir cette dignité. Il la tint de son grand-oncle,
le cardinal Le Veneur, qui lui laissa aussi l'abbaye de Notre-
Dame de Lyre; de même un autre de ses grands-oncles,
Ambroise Le Veneur, s'était démis de l'épiscopat en sa
faveur : il n'avait que quatorze ans.
Eu outre de Lyre et de Grestain, Gabriel Le A'eneura pos-
sédé plusieurs autres abbayes : Saint-Taurin d'Evreux, Saint-
Evroult, Jumièijes dont il a été le 69^ abbé. Il est décédé le
16 mai 1574. On a consacré des notices à Gabriel Le \'eneur,
indépendamment de celle du (iallin christiana : c'est la raison
pour laquelle nous nous bornons à ces quelques lignes '.
1. CoiiiinunicatioM de M. Ch. de Beaurepaire.
2. G.tllia christ., XI, col. 010. — Le Brasseur, Ilisf. civile et ecclés. du comté
142 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
Pendant Tadminislralion de Gabriel Le Veneur, Tabbaye
de Grestain recul une visite royale. François P"" voyageait
en Normandie aux mois de mars et d'avril 1544 '. Le roi était
à Brionne le 10 avril, à Montfort-sur-Risle le 18, et à Gres-
tain le 20 avril. Il y signa des Lettres de relief d'adresse pour
l'enregistrement d'autres Lettres de commission au sujet des
emprunts à faire en Normandie jusqu'à concurrence de
100.000 écus d'or soleil destinés à subvenir aux affaires de la
guerre '.
Après avoir quitté Grestain, François P"" était le 23 avril à
Yatteville oii existait un « bâtiment royal » approprié pour la
chasse, et à Rouen le 28 avril 1544.
XXX. — Pierre de Pont-Levoy, 30^ abbé de Grestain, est
resté pour nous inconnu. Une pièce, qui d'ailleurs ne le con-
cerne pas mais qui se rapporte à son vicaire général, fournit
seulement son nom. On y lit qu'Fmile Mancenet, prêtre du
diocèse de Chàlons. curé de Saint-Jacques de Dieppe en 1551,
de Saint-Jacques de Neufchàtel en 1554, de Munneville-sur-
Mer au diocèse de Coutances, en 1557, de Monville puis du
Bois-Guillaume, grand vicaire de Sainte-Catherine-du-Mont,
syndic du clergé et chanoine de Rouen, était vicaire général
de Pierre de Pont-Levoy, abbé de Grestain, en 1555 et
1559 3.
Plusieurs familles de ce nom ont existé au pays chartrain et
en Touraine ^. L'abbaye de Notre-Dame de Pont-Levoy était
d'Evreux Paris 1722). — Chassant et Sauvage, Ilisloirr des évé'/ues dEvreux
(1846 , p. 138. — Le Beurier. Le Mémorial hist. des évêques dEvreux (^1863),
p. 146-157. — Hist. de iahhaye royale de Saint-Pierre de Jumièges, II. p. 281-
295 (édit. Julieii Loth . Le P. Anselme, Hist. des Gr. officiers de la couronne,
VIIL 256-262.
1. Catalogue des Actes de François l", VI, 746 à 751.
2. Id., p. 749, n° 22803.
3. Communication de M. Ch. de Beauiepaire.
4. Bibl. nat., ms. fr. 28820, dossiers 52609, 52612.
LKS ABBÉS COMMKNDATAIBES 143
située dans révéclié de Blois '. Aux xiv*^ et xvi*^ siècles, des
bourgeois de Tours porlaieiil le nom de Pierre et de Jean de
Pont-Levoy ; on connaît encore Jeanne de Pont-Levoy et FI.
de Pont-Levoy, prieures de Moncé '. Ces indications ne per-
mettent pas de savoir à quelle famille appartenait Pierre de
Pont-Levoy, abbé de Grestain.
Du temps de son administration (1530 environ à 1370],
pour payer au fisc les subventions que l'on demanda aux com-
munautés sous forme de décimes extraordinaires, l'abbaye
vendit les fiefs qui lui appartenaient en Roumois, à Lilletot,
Fourmetot, Sainte-Opportune et Saint-Aubin ^
XXXL — Jacques Marlet, 31^ abbé de Grestain, ne nous
est pas connu ; mais on ne peut cependant passer à son suc-
cesseur sans lui consacrer quelques lignes. Cet abbé nous
paraît être originaire de la Franche-Comté et avoir été cha-
noine de Paris. A quelle date et dans quelle occasion fut-il
nommé commendataire de Grestain? Pour la date, si les indi-
cations des actes qui nous restent ne contiennent pas d'er-
reurs, ce doit être en l'année 1373 : on a de lui une procura-
tion datée du 13 septembre de cette année-là ^. Quant aux cir-
constances de sa nomination, on ne sait rien de précis. Rem-
plaça-t-il directement Pierre de Pont-Levoy, ou bien doit-on
compter un intervalle de temps entre ces deux abbés, on ne
saurait le dire. Ce que l'on peut signaler, c'est qu'il s'agit
d'une époque où l'abbaye n'échappa pas aux désastres causés
par les guerres civiles entre les catholiques et les calvinistes.
Sur ces années, nous n'avons rien pour nous renseigner, pour-
tant quelques indices autorisent à croire que la maison fut
1. Gallia christ., VIII, col. 1348.
2. Bibl. nat., ms. fr. 28820, dossier 52609.
3. Bihl. nat., lus. fr. 30694, fol. 1.^2. Extrait de la commission des francs
ficfs.
4. Rco-. du tabeUionaffo de Grestain.
lii l'abbave de notre-dame de grestain
abandonnée vers 1562, au moment où Pont-Audemer et Hon-
flenr tombèrent au pouvoir du parti protestant. Puis les
années se passèrent; nous retrouvons Jacques Marlet en 1576
et 1585. On croit qu'il résigna en faveur d'un aumônier du
roi. En 1579, Louis Hrisset, curé de Machedenl, était son
grand vicaire '.
Il l'était aussi à l'époque antérieure, au temps oii la guerre
civile recommençait en Languedoc, en Guyenne, en Sain-
tonge, en Poitou et en Normandie. Henri III demanda au
clergé une subvention d'un million de livres, en 1575. Une
déclaration du 30 juillet 1574 avait, l'année précédente, réglé
la levée de deux millions de livres sur le clergé. D après les
contemporains, de 1560 à 1575, le clergé a versé 60 millions,
c'est-à-dire près de 4 millions par an, au trésor royal ^.
Au mois d'avril 1575, l'évêque-comte de Lisieux donna
avis aux curés dans les paroisses et aux abbés dans les monas-
tères que son diocèse était taxé à la somme de 16.000 livres,
et qu'il était nécessaire de faire sortir le payement de cette
taxe par le receveur des décimes. L'abbaye de Cormeilles
était taxée à 1.900 livres; l'abbaye de Grestain devait payer
une somme beaucoup moindre, celle de 450 livres. Les deux
abbayes se refusèrent à acquitter les décimes extraordinaires
qui n'étaient pas sans quelque analogie avec les emprunts for-
cés. Des mandements de contrainte furent décernés contre
ces communautés ; on ordonna la saisie du temporel des
abbés et religieux, la vente des biens des receveurs et fer-
miers. L'abbaye restait libre, « par après paiement », de faire
vente de partie du temporel pour son remboursement. Gres-
tain paya comptant et sans délai par les mains de Pierre
Thirel, commissaire établi au régime et gouvernement de l'ab-
1. Reg. du parlement de Rouen, 15 janvier l")78 (v. st.).
2. Clamageran, Hist. de l'impôt en France, II, 139.
Li;s AlUtÉS COMMENDATAIIŒS 1 io
baye. Les emlnirras des religieux apparaissent très nellement,
et voilà pourquoi nous les voyons aliéner des terres à Lille-
tot, Fourmelot et Saint-Aubin pour acquitter la taxe ', On
peut être convaincu qu'une longue et triste période de détresse
a pesé alors sur Greslain, que les décimes exigés étaient
devenus une charge de plus en plus pénible. En 1376, l'abbé
Jacques Marlet astreint à donner au fisc une rente de 12 écus
se plaint de ne pouvoir la payer ; il se décide à vendre les
biens immobiliers de l'abbaye. « Le sieur abbé de Grestain
pour satisfaire à partie de sa cottization montant à douze écus
de rente a faict vendre les fîefz et seigneuries de Beaulnay et
cent acres scituez au dioceze de Rouen, par la somme de
730 livres dont l'adjudicataire a esté chargé de payer au rece-
veur des décimes dudit Rouen lesd. xviij den. et vj. den. pour
livre ^ ))
1. Arch. nal., G*^. 1232. Aliénations des biens d'Église, au diocèse de Lisieux.
Au mois d'octobre 1503, les religieux de Grestain avaient vendu d'autres
biens : " Le fief, terre et seigneurie de Grestain, assiz es parroisses de Four-
niauville et de Triqueville et des envyrons, deppendans du temporel de l'ab-
baye de Grostaing, évalué sur le prix de dix liuict livres huict solz de rente et
revenu annuel, a esté adjugé à maistre André Leprévost, advocat en la court
de parlement de Rouen, ad ce prix et somme de quatre cents soixante-cinq
livres tournois, pour une foys payée au recepveur général, etc. ». — « Le fief,
terre et seigneurie de Saint-Quentin-des-Carderonnettes, assiz en la paroisse
dudict lieu, vicomte de Mortaing, deppendant de ladicte abbaye de Grestain,
évalué sur le prix de quatorze livres, deux sols, dix deniers de rente et levenu
annuel, a esté adjugé à maistre Robert le Maryé, escuier, demeurant à Tyncbe-
bray, au prix de trois cents soixante livres tournois une fois payée, etc. »
En liSGO, Tabbaye de Cormcilles mit en vente les fiefz d'Aubermesnil et
d'Anneville, en la vicomte d'Arqués, mais en se réservant le patronage des
églises et les dîmes, « lesquelz fiefz ils avoient évalués à 80 livres tournoiz
par an sans y comprendre les choses réservées. » Les deux fiefs furent acquis
par Antoine Le Moyne, bourgeois de Dieppe.
D'autres ventes de biens ecclésiastiques furent prescrites en octobre 1574,
juin 1570, février 1580, août 1587, mais ces ventes devaient être opérées avec
faculté de rachat des biens aliénés.
2. Arch. nat., G» 1253 n° 47 f. État des recepte et despence faictes des
deniers provenants de l'aliénalion du temporel de TÉglise (1576).
Gh. MnKAiiii. — L'nhhnfic de \otn'-l);t)i>c de dreslnin. lO
146 l"a1!BAVE de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
Dans le haut clergé, les embarras n'étaient pas moins
grands. N'avait-on pas vu, en 1363, l'évêque-comte de Lisieux
autoriser la vente de la baronnie de Thiberville à Jean Férey,
de la terre et sieurie de Mongenouil, de la baronnie de Glos,
de la baronnie de Nonant au diocèse de Bayeux, acquise par
Hervé de Longaunay. Imitant cet exemple, le chapitre de
Lisieux avait aliéné les fiefs de Putot-en-Auge, de la Pomme-
ray et de Saint-Pierre-Azifs '. Le produit de ces ventes devait
fournir « la somme de 2.000 escuz sol. de rente et revenu
annuel du quoy ledit dyocèse avoit esté taxé de cent mille
escuz de revenu annuel ordonnez estre venduz du temporel du
clergé de ce royaulme ». Les terres qui avaient été vendues
étaient estimées moitié de leur valeur réelle ; elles furent
rachetées en partie.
Aux années qui suivirent, d'autres taxes exceptionnelles
s'appesantirent sur l'abbaye de Grestain.
XXXn. — Jean X le Breton, aumônier du roi, abbé
de Nisors au diocèse d'Agen, avait été placé sur le siège
archiépiscopal de Bordeaux en 1592. Sa nomination souleva
des difficultés à Rome ; elle fut rejetée par le pape Clé-
ment Vin. Pour consoler son candidat et compenser ce
fâcheux déboire, Henri IV pourvut Jean le Breton de l'ab-
baye de Saint-Jouin de Marnes, en Poitou, du prieuré de
Saint-Loup et de la commende de Notre-Dame de Grestain.
Il était abbé de Grestain vers le mois de novembre 1397 ~,
1. Arch. nat., G^ 12d2. Biens immeubles du temporel du clergé au dioceze
de Lisieux vendus et allienez suyvant l'édit (1563).
2 .L'abbaye resta en régale quelque temps. — Pièces justif., n° 64.
Nous avons recueilli un acte du 12 octobre de Tannée suivante. En voici
quelques lignes (année 1598):
« De la partie de noble homme et santicfique personne messire Jehan le
Brethon, abbé commendataire de l'abbaïe de Nostre-Dame de Grestain, sli-
puUé par noble homme Nicolas Druel, son procureur et receveur général au
revenu de ladite abbaïe de Grestain, exposé et donné à entendre nous a esté
LLs AiutKs commj:.ndaiaiui:;.s 147
mais ses ])iilles, dil le (îcil/ia clirislinnit^ ne lui turent expé-
diées que le 20 juin 1600.
Au mois d'avril 1606, Jean le Breton était présent devant les
tabellions de Hignac ' et donnait une procuration spéciale à
iNicolas Druel, écuyer, receveur et superintendant général de
la maison de Grestain '-. Jean le Breton, ou M. de Xisors selon
Tappellation par laquelle on le désignait, mourut Tannée sui-
vante, en 1607.
XXXIII. — François Petit, nommé par le roi, dit le Gal-
lia, a été le 33*^ abbé de Grestain, en 1607. En dehors de la
mention des Bénédictins, aucun document ne le fait connaître.
On est porté à croire que son abbatial a duré un mois à peine,
attendu que le receveur-fermier de Tabbaye tenait, dès le
4 mai 1607, la recette générale de Grestain pour le baron de
Termes dont le nom est cité plus loin '^ Mais aucune des
pièces que nous avons recueillies ne dit rien ni de François
Petit, ni de sa nomination au siège abbatial de Grestain, ni
enfin de sa famille. Les documents néanmoins permettent de
conjecturer certaines choses ou d'en deviner d'autres, et, tout
au moins, de croire que François Petit, abbé commendataire
de Grestain, appartenait à ime famille de traitants aussi
riche que décriée qui, issue d'un hôtelier de la rue Saint-
Denis, Y logeant à l'enseigne des Trois Maures, se fît une
fortune très grande en servant utilement Michel Parlicelli
d'Emery, contrôleur général des finances '*.
que audit sieur al)l)é el rt'li<;ieul.\ conipetlc et appartient le droit de pescherie
à rez, filletz et fourrez en la rivière de Saine sur l'estendue de ses terres. »
— Arch. dép. de la Seine-Inf., Fonds de Tancarville, liasses intitulées: Eau-
ries, Pêches.
1. Arr. de Rodez, Avoyron.
2. Tabell. do Grestain, à la date du 17 avril 1606.
•'{. Voy. aux pièces juslil"., n" 71. Bail du 0 juin 1607.
4. Bil)I. nat., mss., Dossien^ bleus, vol. 519. Famille des Petit, seigneurs de
l'assy, de Ravannes, de Villeneuve et d'Essigny.
148 LAB15AYE DE NOTKE-DA]\JE DE (IRESTAIN
Si notre conjecture ne nous trompe, nous croyons qu'il
s'agit de François Petit de ^ illeneuve, retenu secrétaire de la
chambre du roi en 1615, payeur des rentes à THôtel de ville
puis secrétaire du roi, maison et couronne de France en 1636,
décédé en 1664. Il avait épousé, en 1627, Madeleine de Lou-
vencourt, fille et héritière d'Antoine de Louvencourt, tréso-
rier de France à Amiens, et de Marguerite de Flexelles. De
ce mariage sortirent dix-sept enfants dont dix leur survé-
curent.
XXXIV. — Le baron de Termes, 34^ abbé de Grestain, n'a
pas été mieux traité que le précédent. Le Gallia a omis de le
désigner par son nom patronymique. Il est cependant bien
improbable que le personnage ait été inconnu des auteurs du
Gallia christiana.
C'était César-Auguste de Saint-Lary, chevalier de Malte et
grand prieur d'Auvergne puis baron de Termes et de Mont-
bar, fils de Jean de Saint-Lary, sieur de Bellegarde, chevalier
des ordres (1584), gouverneur de Metz, et d'Anne de Ville-
mur. Le baron de Termes fut grand écuyer de France par la
démission du duc de Bellegarde son frère, premier gentil-
homme de la chambre du roi, abbé de Grestain, gouverneur
de Dijon, maréchal des camps et armées et chevalier de
l'ordre du Saint-Esprit, le 31 décembre 1619. Il mourut de la
blessure qu'il reçut au bras au siège de Clérac, le 22 juillet
de l'an 1621, fort regretté de toute la cour et fut inhumé dans
l'église des Jésuites de Dijon. 11 avait épousé Catherine Cha-
bot de Mirebeau, le 25 juillet 1605 '.
César-Auguste de Saint-Lary était l'un des plus galants
hommes de la cour ; il était des parties de chasse et de table
1. l^ibl. liât. Pièces orirj. 1634 et 276; Généalogies Chérin, 116; Dossiers
hleus, vol. 38'i, n° 10319. — Le P. Anselme, VIII, 507, 508. — La Chesnai/e-Des-
hois, XII, 448. — Voir aux pièces justif., n" 71, acte du 9 juin 1607.
[,KS AIUÎKS COMMRNDATAIRES
149
de Henri l\ ; c'est le Béarnais qui en fil le prébendier de
l'abbaye de Grestain vers le mois de mai 1607. On trouve au
cabinet des Titres cinq quittances de gages signées « Auguste
de Bellegarde », deux quittances signées « Termes » et rela-
tives à sa pension K La collection Glairambault contient deux
portraits du baron de Termes ^.
Le baron de Termes laissa une fille, Anne-Marie de Saint-
Lary ^
XXXV. — Pierre Habert de Montmort a été le 35^ abbé
de Grestain, de 1608 à 1621. G'est par erreur que le Gallia
christiana, le nomme « Jacques » Habert. Divers actes le font
connaître ^. Il est mentionné pour la première fois dans un
arrêt du parlement de Rouen daté du 30 mai 1 609 ^ ; il avait
été pourvu du bénéfice de Grestain, l'année précédente, au
mois de juin 1608.
Originaire de l'Artois '\ Pierre Habert était le fils d'un tré-
sorier ordinaire des guerres, Jean-Louis Habert, sieur du
Mesnil, et de Marie de Rubentel, fille d'un conseiller au par-
lement. Gbanoine de Paris, le 16 février 1599, prieur de Saint-
Arnoul de Grespy-en-A'alois, abbé de Notre-Dame de Golombe
et de la Roche, abbé de Notre-Dame de Grestain, conseiller
du roi, maître des requêtes de l'hôtel, le 14 avril 1611, Pierre
Habert résigna Grestain en 1621 époque à laquelle il fut
1. Bibl. nat. Pii'ces nrirj. vol. 276. Six quittances de César-Auguste de Bel-
legarde.
2. Bibl. nat., Clairnmhanll,\o\. 1134, fol. 3; 1233, fol. 113.
3. Bibl. nat., Doi^siers Iileus, vol. 81. — Cabinet de d'IIozier, vol. 207.
4. Pièces justif., n" 82. On a un bail consenti par Nicolas Druel au nom du
baron de Termes et daté du 30 juin 1610. A cette époque le baron de Termes
ne possédait plus le bénéûce de Grestain.
5. Pièces justif., n" 77.
6. A la même famille appartient Jean-Louis Hal)ert de Fargis, cbevalier,
seigneur de Montmort, comte du Mesnil, intendant de la marine au Havre en
1684, intendant des armées navales en 1710; mort le 6 décembre 1720.
150 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
nommé évêqiie-comte de Cahors et grand aumônier de Gas-
ton d'Orléans. Il fut sacré en 1627 et mourut le 3 mars 1636 ;
il fut inhumé aux Chartreux de Paris, où l'on voyait son épi-
taphe ^ .
Sous cet abbé, l'abbaye de Grestain comptait huit religieux.
De 1613 à 1644, on trouve deux prieurs, D. Jacques Le Car-
pentier et D. Jean Le Mercier ; les religieux : D. Jean-Bap-
tiste Thirel, D. Guillaume Harou, D. Guillaume Lenguigneur,
D. Guillaume Le Chevallier, D. Claude de Grosourdy,
D. Pierre Baynel, D. Jacques Thirel, profès. En 1644, une
transaction fait connaître que l'abbaye comptait sept religieux
prêtres, un novice et un clerc.
Le 11 juillet 1640, les moines avaient fait bail à Jacques
Pynel dit la Feuillade, des dîmes, deniers, grains, œufs,
oiseaux, reliefs, treizièmes, amendes, qui pouvaient leur
appartenir à cause de leurs chapelles, moyennant la somme
de deux cents livres par an ~.
Le monastère de Grestain aurait pu à ce moment être sou-
mis à un changement qui aurait renouvelé et probablement
prolongé son existence. C'eût été d'y introduire la réforme
naissante d'une congrégation connue sous le nom de congré-
gation de Saint-Maur et qui avait été constituée par lettres-
patentes du mois d'août 1618. Le prieur de l'abbaye de Cluny
avait été le principal instigateur de cette réorganisation qui
fut reconnue en cour de Rome en 1621. On n'entendait pas
par réforme l'établissement d'un joug nouveau mais la restau-
ration des règles anciennes. Or, dans l'institution des réformes
1. Bibl. nat., Pièces orig. vol. 14(iO, n°^ 81, 88 ot 89; vol. 1461, n»^ 349, .3oO et
3ol ; Dossiers bleus, vol. 343, où on ajoute à son nom patronymique la qualifi-
cation de Montmnrt quoique ce nom paraisse avoir été porté par son frère
Jean P"" Habert, trésorier de l'Épargne et conseiller d'Etat, ayant épousé
Anne Hue, dame de la Brosse.
2. Acte du 27 octobre 16a7, dans les min. du tal)ellion. de Grestain. Voy. un
autre acte de lfi40, pièces justif. , n" 91.
LES ABBÉS COMMENDATAIRES ISi
on laissa les religieux maîtres de s'y soumettre ou de s'y sous-
traire ; de là sont venues les anciennes observances et les
nouvelles ; de là sont venus les monastères du grand ordre de
Saint-Benoît et ceux des congrégations. Les religieux de Saint-
Maur remplacèrent les disciples de Saint-Bernard à Bernay,
à Saint-Evroull et à Préaux. Les abbayes de Grestain et de
Cormeilles refusèrent d'adopter la nouvelle règle ; elle aurait
peut-être été un élément de résurrection pour ces cloîtres qui
se dépeuplaient ". Mais aucun abbé commendalaire ne s'abais-
sait jusqu'à venir sur place constater les plaies de ces vieilles
communautés qui, faute de recrutement, se mouraient. Cepen-
dant, dans notre région, l'un de ces abbés se montra tout à
coup dans l'abbaye dont il était titulaire, à Saint-Pierre de
Cormeilles. C'était jNL de Belloy, évêque de Marseille. Sa
visite inopinée lui permit de constater que Tabbaye était livrée
à peu près à l'abandon. Il en obtint la suppression en 1779.
Un peu plus de vingt années auparavant, Notre-Dame de
Grestain avait été l'objet de la même résolution sur la
demande des religieux eux-mêmes.
XXXA'L — Augustin de Tnou, conseiller et aumônier du
roi, abbé de Manlieu en Auvergne, de la Roe en Anjou, fut
le 36^ abbé de Grestain, par résignation, en 1621. Il était fils
de Christophe de Thou, président à mortier, et d'Anne de
Neufville-Villeroy. Le Gallia christiana a omis le nom d'Au-
gustin de Thou dans la liste des abbés de Grestain.
Le 6 août 1632, par-devant un notaire d'Angers, messire
Augustin de Thou, abbé de Grestain, constituait pour son pro-
cureur Guillaume Charlemaine, sieur de la Champagne, con-
1. En i740, D. Doisnel de la Morie, diacre et religieux profès de la congré-
gation de Saint-Maur, obtenait un bref de Sa Sainteté qui l'autorisait, pour
cause de santé, à passer en l'abbaye de Grestain. Les règles monastiques y
étaient en effet moins rigoureuses.
152 l'abbaye de NOTRE-DAME DE (IRESTAIN
seiller et élu pour le roi en Téleclion de Pont-Audemer, u pour
faire annuler la prétendue aliénation des fiefs, terre et sei-
gneurie de Mulleville près la mer \ au diocèse de Goutances,
appartenant à l'abbaye, ci-devant faite par messire Pierre
Habert, lors abbé comniendataire de l'abbaye, devant les
notaires de Paris, en faveur de Charles Belin, écuyer, moyen-
nant 2.500 livres ' ».
Augustin de Thou n'était plus abbé de Grestain vers le
milieu de décembre 1643. Il s'était substitué un neveu, fils
d'Anne de Thou, sa sœur, qui avait épousé François Savary
de Brèves, marquis de Maulévrier, ambassadeur à Gonstanti-
nople et à Rome. L'abbé de Grestain qui suit était le troisième
fils de ce célèbre diplomate.
XXXVII. — Gaston-Jean-Baptiste Savary de Brèves,
37^ abbé. Il a, comme le précédent, été omis par le G allia \
Gela vient sans doute qu'il ne posséda l'abbaye de Grestain
que pendant quelques mois seulement.
En 1633, Gaston Savary, comte de Brèves, conseiller et
aumônier du roi, obtint du pape Urbain VIII l'abbaye de
Montmajour, au diocèse d'Arles, dont était pourvu son frère,
Gamille Savary de Brèves, comte de Maulévrier, qui fut gou-
verneur puis maître de la garde-robe de Gaston d'Orléans.
Dix ans plus tard, Gaston de Brèves disposait de ce bénéfice
par permutation avec le cardinal Alexandre Bichi, évéque de
Garpentras. Il reçut en échange l'abbaye de Gorneville-sur-
Risle. Le 25 août 1643, il nommait sénéchal de cette abbaye
Antoine Loynel, avocat à Pont-Audemer^. Quelques mois
1. Munneville, arr. de Goutances, cant. Brehal, Manche.
2. Tabellionage de Beuzeville.
3. Omission signalée par M. A. Bénet, archiviste du Calvados, dans Bull, de
la Soc. ant. Nortn., XV, 249.
4. Bibl. nat., mss., Pièces orig. 2649, dossier 58907, n° 2S3 ; provisions et
état des charges de l'abbaye de Corneville. Par acte du 25 juin 1643, Gaston
LES AHP.ES COMBIEN DATA IRES
lo3
auparavant, Augustin de Thon, son oncle, lui avait résigné
Notre-Dame de Grestain. On a de lui une quittance datée du
20 juillet 1643 où il prend la qualité d'abbé de Grestain '.
Mais lorsqu'il entra en possession de l'abbaye, il l'avait
trouvée dans un état de délabrement complet. La vie monas-
tique, à en croire les actes qui nous sont parvenus, n'y pro-
fitait que d'une retraite précaire. On en jugera par les détails
qui suivent. Les murs de l'église, la tour recouverte d'ais cote-
lés, les voûtes de la nef, celles des chapelles de Notre-Dame
et de Saint-Benoît, étaient en ruine. On constatait la destruc-
tion de huit piliers du cloîlre, de la couverture qui recouvrait
la charpente du dortoir et du réfectoire : ces deux corps de
bâtiment paraissent avoir eu vingt-trois toises de long. Dans
l'église dépouillée de ses vitraux et exposée aux vents de tous
côtés, on ne pouvait conserver ni lampes, ni cierges allumés.
Le mobilier liturgique ne présentait pas un état moins lamen-
table. On possédait bien quelques livres servant à célébrer la
messe ou à dire les heures canoniales, mais ces missels et ces
antiphonaires u dans lesquels on ne pouvoit du tout lire à
raison de leur antiquitté » étaient rompus et lacérés. Les
aubes, les nappes, les linges d'autels, les ornements man-
quaient pour les offices. A ce triste dénûment, il faut encore
ajouter que le chœur de l'église était dégarni de sièges pour
asseoir les moines.
A l'extérieur, si l'on portait ses regards sur les murailles
de l'enclos qui présentaient à la vue trois cent soixante dix-
huit toises de développement, sans compter une vieille
Savary do Brèves fit bail de l'entier revenu de l'abhaye à Robert Piedeliepvre,
procureur à Pont-Audemer, par le prix de 10.000 livres. Les cliarf-es ordi-
naires à déduire de ce revenu étaient de 4.043 livres.
1. Bibl. nat., Pièces orig. 26;")0, dossier ;)8907, n" 2b2. Quittance de la soramo
de 100 1. t. pour une année escheue le dernier jour de décembre 1632 à
tause de pareille somme de rente constituée à M'« Auguste de Thou, le 19 jan-
vier 1ÎJG8, sur le clergé. Signature : Gaston Savari/ Brf'ves.
15i l'abbaye de kotre-dame de grestain
muraille ruinée bâtie anciennement à l'est de l'abbaye, du
côté de la rivière la Vilaine descendant de Saint-Pierre-du
Châtel, la maçonnerie était à refaire. Il en était de même pour
le pressoir, pour le cellier, pour le colombier, etc. Tous les
bâtiments, sans en excepter aucun et en y comprenant l'église,
apparaissaient à demi renversés. En examinant les requêtes
des religieux et en écoutant leurs plaintes, on dirait que dès
ce temps l'abbaye de Grestain était désignée à la pioche et au
marteau '.
Le moment n'en était pas encore arrivé. On fit exécuter des
travaux de consolidation et d'appropriation tant aux bâti-
ments conventuels qu'aux autres maisons. Pour assurer le
paiement des réparations, on avait saisi le revenu de l'abbé et
les pensions des moines. Alors on plaida. Une sentence du
lieutenant de la vicomte de Pont-x\udemer, en date du
26 novembre 1641, rendit exécutoire l'arrêt du parlement de
Normandie du 5 juin de la même année, confirmé par un
autre arrêt du 6 novembre 1643 qui ordonnait qu'il serait
procédé à toutes réparations nécessaires ainsi qu'à l'achat
d'ornements, « à laquelle fin le tiers du revenu de ladicte
abbaye y sera employé >k Le second tiers était réservé pour
1. Aich. dép. de l'Eure, H. 347. Requête du 24 septembre 1643 et Procès-
verbal du 20 octobre 1643.
« A esté reconnu qu'en ladite esglise et en la tour d'icelle nécessaire est de
mettre des contrevens et recouvrir ladite tour d'aiz costelez ainsy qu'elle a
esté par ci-devant ; employer au reffectoire et dortoir du cloistre trois dou-
zaines de chevrons ; réparer le pressoir, la maison dessus la porte d'entrée, la
grange, le colombier, les murailles de l'enclos, l'arche de la grande porte,
l'autre voulte comme on entre à main gauche, la muraille dans l'enclos joignant
la chambre du receveur jusqu'au réfectoire, ledit réfectoire ayant 23 toises de
long, y refaire la grande vitre ; refaire huit piliers du cloistre ; les marches
du chapitre, du dortoir, du perron de l'esglise ; la voulte de l'esglise où
estoient les orgues ; le rempart du pignon de l'esglise qui est en tolalle ruine ;
la muraille du jardin du prieur ; la couverture de la nef, etc.
La dépense montait à : charpenterie, 1800 liv. ; massonnerie, 13.5oO liv. ;
plâtrerie, 500 liv. ; menuiserie, 1.200 liv. Total : 17.050 livres.
SAINT-PAVIN
loo
rentretien des religieux et le Iroisième devait être délivré à
Tabbé '.
Mais l'abbé commendataire, Gaston de Brèves, n'avait point
attendu la fin d'un différend dans lequel il devait succomber.
Il résigna labbaye de Grestain avant le 22 octobre 1643, en
faveur du plus extraordinaire des conseillers et aumôniers du
roi. Ensuite Gaston Savary de Brèves fut pourvu de l'abbaye
de Gimond, au diocèse d'Auch ; il en a été le 47*^ abbé. En
s'en rapportant à une note généalogique, il aurait été nommé
à l'évéché de Gondom -. La liste des prélats de ce siège que
Bossuet a illustré ne porte point son nom \
XXX Vin. — Denis Sanguin de Saint-Pavin, conseiller et
aumônier du roi, devint abbé de (irestain en 1643, par rési-
gnation. Le Neiisfria pia, le fait connaître en 1662 par ces
termes : « Dominus de S. Paven, frater Dominus Sanguin,
nunc abbas commendatarius anno 1662. » Le Gallia chris-
iana placi un Denis Sanguin au 34*^ rang des abbés de Gres-
tain mais il lui a attribué la qualité d'évêque de Senlis, le con-
fondant ainsi avec le suivant et en prenant l'oncle pour le
neveu. On sait que dans l'entreprise immense des Bénédic-
tins il y a des inexactitudes et des lacunes, que les listes du
Gallia sont à reviser. Une re vision non moins utile serait
celle des dictionnaires biographiques même les plus modernes,
quel que soit d'ailleurs leur mérite intrinsèque. Les indica-
tions qui suivent justifieront ces remarques.
L'abbé de Grestain dont il est ici question était fils de
Jacques Sanguin, seigneur de Livry ; la sépulture de ce der-
nier se voyait dans l'église Saint-Médéric ou Saint-Merry ; il
avait eu dix ou onze enfants. C'était Saint-Pavin, l'ami de Des
!. Pièces justif., n° 92.
i. Bibl. nat., Cab. de d'Hozier, vol. 307; Pièces oriff., vol. 26r>l, n" 43!j.
:i. Gnllin christ., II, col. 961-974.
I5()
L ABBAYE DE NOTRE-DAME DE GBESTAIN
Barreaux, le poète ingénieux à l'esprit plaisant, le petit
homme bossu et laid qui se mêla aux grands seigneurs, aux
poètes, aux beaux esprits et avec eux se pressa autour de
]\|nie (]g Sévigné : il suffira de citer le prince de Conti, Turenne,
Fouquet, Segrais, Ménage et aussi Denis Sanguin de Saint-
Pavin, le bénéficier de notre abbaye de Grestain. L'agréable
tournure d'esprit du pauvre Saint-Pavin ne dissimulait pas
assez ses défauts corporels. Que l'on en juge par ce portrait :
Ma mine est fort peu cavalière
Mon visage est fait de manière
Qu'il tient moins du beau que du laid,
Sans estre choquant tout a faict.
Dans mes yeux deux noires prunelles
Brillent de maintes étincelles.
J'ay le nez pointu, je Tay long,
Je Tay mal faict, mais je Tay bon,
Et je sens venir toutes choses
De plus loin ({u'on ne sent les roses;
Enfin j'ose dire en un mot
Que je n'ay pas le ne/ d'un sot.
Soit par hazard ou par despit
La nature injuste me fit
Court, entassé, l'espaule grosse ;
Au milieu de mon dos je hausse
Certain amas dos et de chair
Faict en pointe comme un clocher;
Mes bras d'une longueur extresme.
Et mes jambes presque de mesme
Me font prendre le plus souvent
Pour un petit moulin à vent ^
Des écrivains que l'on peut croire bien informés disent que,
dans sa première satire commencée vers l'année 1660 et dans
laquelle sont décrites la retraite et les plaintes d'un poète qui
1. Paulin Paris. Les poihies de Saint-Pavin, p. 93.
SAI.NT-l'AVIN \'U
ne peut plus vivre à Paris, Boileau a mis la conversion de
Saint-Pavin au rang des impossibilités morales, dans ces mots:
Et Saint l\ivin bigot. Notre abbé repoussa celle injure par
le sonnet: Despréaux grimpé sur Parnasse. A quoi Boileau
répondit par Tépigramme : Alidor assis sur sa chaise.
On ne croit pas que les débuts de Tabbé Denis Sanguin de
Saint-Pavin dans la carrière ecclésiastique aient eu un grand
retentissement. Ll^^glise l'avait accueilli. Il tint d'elle, d'abord,
vm bénéfice simple. On présume qu'alors il a ajouté à son nom
patronymique celui du prieuré donl il était titulaire. Peut-être
faut-il voir dans ce prieuré, Saint-Pavin-des-Champs, dans le
Maine, ancienne maison qui a appartenu à l'abbaye d'Evron ',
diocèse du Mans.
Les biographies consacrées à Saint-Pavin sont on ne peut
plus embrouillées. Des écrivains qui ont été ses contempo-
rains, qui l'ont connu, qui auraient pu donner des renseigne-
ments sûrs, ont confondu l'oncle et le neveu : Denis Sanguin
de Saint-Pavin dont nous parlons et Denis Sanguin, évêque
de Sentis. De là des erreurs demeurées dans la circulation sur
deux personnages des mêmes nom et prénom.
On en relèvera quelques-unes. Il était par exemple facile
de savoir que le poète Saint-Pavin n'avait jamais eu en com-
mende l'abbaye de Livry, en Seine-et-Oise. Cette abbaye, à
l'époque où il vivait, était en la possession de Christophe de
Coulanges, oncle de M"^*^ de Sévigné, homme dont la charité
était inépuisable et que sa nièce a immortalisé sous le titre
charmant de Bien Bon '. Après M. de Coulanges décédé en
1687, l'abbaye de Livry a été donnée à Jacques Séguier de la
1. Lcgeay, Recherches hisf. sur Saint-Pavin-des-Champs (Le Mans 1884).
Dans ce travail, il nest fait aucune allusion à Denis Sanguin.
2. Voy. les Lettres de Madame de Sévigné. — Jal, Dict. critique, p. 435, 436,
1130-1131. — Arch. dép. de Seine-et-Oise, série H, établissements monas-
tiques, abbaye de Livry, 3« carton.
158 L ABBAYE DE .NOTRE-DAME DE GKESTAIN
^ errière, ancien évêque de Nismes. Ce dernier est décédé
le 8 novembre 1689 '. Après lui, labbé de Livrv qui se pré-
sente est Denis Sanguin, évêque de Senlis ~ ; c'était le neveu
de Saint-Pavin. u M. de Senlis et tous les Sanguins sont dans
la joie, écrivait M'"*^ de Sévigné, ils ont notre petite abbaye ;
ils ont donné un prieuré pour se libérer de la pension. Cela
leur convient si fort qu'il me semble qu'elle est plus près de
moi que si elle était à un autre ; ce sont tous nos anciens voi-
sins ^. »
A la date de l'année 1689 citée plus haut, Saint-Pavin,
autrement dit Denis Sanguin de Saint-Pavin, était mort depuis
dix-neuf ans. Il n'a donc jamais été pourvu de l'abbaye de
Livry. Ne l'ayant point possédée il n'a pu s'y livrer à son
goût pour le plaisir et pour les lettres, ni s'y retirer, ni en
faire une sorte d'abbaye de Thélème ^.
Les Sanguin appartenaient à une famille bourgeoise qui
avait formé à Livry dont elle tenait la seigneurie, une société
de gens fort importants. Les Sanguin de Livry se sont parta-
gés entre la robe et l'Église '. En 1606, Jacques Sanguin était
prévôt des marchands; son frère, Christophe Sanguin, cha-
noine de Paris, est connu comme l'un des Seize de la Ligue.
Deux Sanguin ont été évêques de Senlis de 1623 à 1702; l'un
était le frère et l'autre le neveu de Denis Sanguin de Saint-
Pavin. aumônier du roi et abbé commendataire de Grestain.
1. Journal de Danr/eau, ["' nov. 1687. 10 nov. 1689.
2. Gallia christ., VII, col. 828-848. — Arch. dép. de Seine-el-Oise, série II.
abbaye de Livry. — Bibl. iiat., Pièces orig., vol. 878. — Lettres de Madame de
Séviffné, l"^"" mars, 2 juin et 3 juillet 1672. — Gams, Séries episcoporiim, etc.,
p. 189.
3. Lettres du 20 nov. 1689.
4. Dict. univ. de Larousse. — Godefroy. Dicl. hisl. et ijéog. — Biogr. univ.
de Didot. — Lalanne, Dict. hist. de la France, etc., etc.
o. On les disait issus de Pierre Sanguin, juge de la noblesse de Saint-
Amand, en Flandre, vivant vers 1310 \Dossiers bleus, vol. 598,i. — DHozier a
écrit que leur noblesse avait pour principe la richesse des boutiques où ils
s'étaient élevés anciennement {Cabinet de d'Ilozier, vol. 306j.
SMNT-PAVI.N 159
II ëlail né vers raniiée 1595. Tilon du TilleL en a fait un
prévôt des marcliands par une confusion avec Jacques San-
guin, son père '. Moréri a rectifié cette erreur ^ De nos jours,
d'autres biographes ont donné à Saint-Pavin, pour mère,
Dlle Isabelle Séguier, fille de Jean Séguier, maître des
comptes; elle était sa belle-sœur '■''. Aucun d'eux ne Ta men-
tionné comme abbé de (irestain, de 1643 à 1670 ^.
On passera sous silence la vie très profane de Saint-Pavin.
Du temps de son administration de Grestain, il ne subsiste
que peu de documents : une transaction du 26 mai 1644, un
dénombrement servi au roi en 1646 ^, un bail du revenu de
l'abbaye (25 novembre 1657), deux factums datés de 1658
dans lesquels il est fait mention de Denis Sanguin, prieur de
Sainte-Scolasse '' bénéfice de la dépendance de l'abbaye de
Grestain ; différents arrêts du parlement de Rouen, des 18
juin 1667, 20 décembre 1667, 19 janvier 1668; des requêtes,
assignations, contredits et autres pièces " . Nous nous bornons
à cette énumération sèche et rapide; à ne considérer que ces
1. L(' Parnasse frnnrois, p. 297.
2. Dict. hist., V, et supplément, II, 27.
•i. Bibl. liai., Dossiers bleus, vol. 598; Elisabeth ou Isaljelle Séguier.
4. Voici une quittance où l'on trouve son nom : « Nous, évesque de Senlis
et abhécommendalairedeNostre-Dame de Grestain, consentons que M. Suard,
notaire et secrétaire de la cour du Parlement de Rouen, remette es mains de
Doni Jean Le Painteur, preshe, prieur claustral de notn; dite aljbaye, la
somme de quatre cens livres qui a esté mise en ses mains le traize de mars
mil six cens soixante et dix par le sieur Deshayes pour et au nom du feu sieur
lie Sninl-Pavin, cy devant abbé de ladite abbaye, pour les causes contenues
en son récépissé.
Fait à Senlis en nostre hostel épiscopal, le 22 febvrier 1673.
Signé : Denis Sanguin, évesque de Senlis.
(Arch. du parlement de Rouen. Requêtes, année 1675.)
Nous devons la connaissance de cette pièce à l'obligeance du savant arelii-
visle de la Seine-Inférieure, M. Ch. de Beaurepaire.
5. Voy. aux pièces justif, le n° 94.
6. Bibl. nat., Herueil Thois;/, vol. XVII, fol. 404-405.
7. Arch.déi>. de THure, II. 347.
160 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
documents n'est-il pas évident qu'ils dévoilent des plaies sur
lesquelles il est inutile d'insister : elles se sont fait remarquer
dans toutes les abbayes. Pendant plus d'un siècle, les religieux
deGrestain, dans leur asile tout en désordre, et leur abbé com-
mendataire s'agitèrent en procès soutenus de part et d'autre
avec opiniâtreté.
Pour en revenir à Saint-Pavin ', que des pièces désignent
par le titre de « messire Denis Sanguin, conseiller et aumô-
nier du roi », il mourut au mois de mars 1670. « Il est ici
mort depuis peu de jours, écrivait Guy Patin, un grand ser-
viteur de Dieu, nommé M. de Saint-Pavin, grand camarade
de Desbarreaux, qui est un autre fort illustre israélite, si cre-
dere fas est... Le curé de Saint-Nicolas n'a pas voulu donner
l'absolution à M. de Saint-Pavin, qu'il n'ait auparavant jeté
dans le feu son testament, à cause de la vie scandaleuse qu'il
a menée et qu'il n'ait fait des legs pieux du bien qui lui res-
toit ~. »
La vie de Saint-Pavin n'avait pas été en effet exempte de
scandales. Mais par quels legs en exprima- t-il ses regrets ?
C'est ce que nous serions bien embarrassé de dire. Nous ne
savons qu'une chose : le bénéfice de Grestain passa à son
neveu, l'évêque de Senlis ; et ainsi l'abbaye fut possédée par la
même famille pendant cinquante-neuf ans.
En 1637, du temps de Denis Sanguin de Saint-Pavin, on
trouve dans l'abbaye de Grestain les religieux dont les noms
suivent: Claude de Grosourdy, prêtre, prieur; Guillaume Le
1. Le cacliet de Denis Sanguin, abbé de Grestain, est mentionné par Demay,
dans son ouvrage: Sceaux de la Normandie, n" 2800, p. 311. — La pièce indi-
quée par M. Demay figure au catalogue 133 de la librairie Dumont sous le
n° 1107. Elle est revêtue d'un cachet armorié, mitre et crosse ; c'est celui dont
faisait usage Saint-Pavin.
2. Lettres de Guy Patin, III, 740 (éd. de 1846). — Il est souvent parlé de
Saint-Pavin dans les Historiettes de Tallemant des Réaux, II, p. 304, 317, 325 ;
III, 256; IV, 3.
I
LES ABBÉS COMMENDATAIRES 1 f) 1
Chevalier, piêlre, cliantre ; Louis Jouas, prêtre, infirmier;
Jean Le Painteur, prêtre, sacristain ; Jacques de Ghambourg,
prêtre, et l^ierre (ion nier, sous-diacre.
C'est aussi à la même époque qu'un curieux procès s'éleva
entre le curé de Carbec et les moines de (irestain ; instruit
devant roilicialité de Lisieux il fut terminé par une transaction
(5 février 1657). Dans ce différend il s'agissait de coutumes
immémoriales qui obligeaient le titulaire de la cure de Car-
bec de venir en procession avec la croix et la bannière à
l'abbaye de Grestain le 25 avril, fête de Saint- Marc, et les
trois jours des Rogations, avant la fête de l'Ascension. Le
même curé était en outre tenu de venir « en habit décent »
pour aider à chanter la grand'messe le jour de certaines fêtes
et le jour de la dédicace de l'église de Grestain '. La dernière
indication se rapporte au 10 des calendes de septembre, le
23 août : en analysant les documents qui nous restent sur Gres-
tain, on est obligé de relever la moindre particularité.
C'est encore faire connaître de menus détails que de men-
tionner l'incendie du 18 mars 1665 qui détruisit une partie du
cloître et une haute salle, « le tout estant de 80 pieds de long
et de 28 pieds de large ». Le prieur, Pierre-Louis Jouas, âgé
de cinquante-deux ans, déclara aux commissaires-enquêteurs :
u que viron neuf heures dn soir, le sieur de Morseng -^ ayant
soupe avec luy et le sieur de Morseng, relligieux en cette
abbaye, il convoya ledit sieur de Morseng, père, qui allait cou-
cher avec ledit sieur de Morseng, relligieux, son fils, au dor-
toir, apercent dedans la cour pardessus le dortoir une grande
lumière de feu et quelque apparence de fumée, ce qui d'abord
lui ïi[ croire que c'estoit la comète, et estans passé dans le
cloistre aux fins de voir plus facillement la comète, apercevant
1. Foiiquiei-, liecherrhcs hial. sur Beuzevillp, p. 166-170.
2. François de Morsenu-. écuyer, sieur de la Chevalerie.
Ch. Hiii'ahd. — L'Abbuye de Xnlre-Dmne de Grestain.
162 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GBESTAIN
un grand feu dans le celier qui est à Tentrée du cloistre, —
alla avec ledit sieur de Morseng criant au feu pour avertir,
puis par le son de la cloche ' ». Le cellier aux provisions, situé
au bout du réfectoire, était rempli de fourrages; il fut incen-
dié le premier par l'imprudence du iils du portier.
Voici encore les noms de quelques religieux de Grestain au
temjDS de la commende de Denis Sanguin de Saint-Pavin : ils
figurent dans un procès-verbal ' dressé en présence de Nicolas
Sanguin, prieur du prieuré de Xoinlel, neveu de Tabbé de
Grestain, le 24 février 1668 : D. Jean Le Painteur, religieux et
sacristain en 1657, avait été élu prieur. Il avait auprès de lui
D. Robert de Morseng, prêtre, prieur de Saint- Antonin, sacris-
tain; D. Charles Helguier, diacre; I). Charles Chanu, diacre,
lequel dix ans plus tard remplira les fonctions de prieur claus-
tral.
XXXL\. — ■ Denis II Sanguin, neveu du précédent fut mis
en possession de l'abbaye de Grestain au mois d'août 1670. Il
était fils de Charles Sanguin, seigneur de Livrj et de Marie
Dollé. Étant chanoine de la Sainte-Chapelle en 1645, il fut
consacré évèque sept ans plus tard, à Paris, le 14 janvier
1652, dans la maison professe des Jésuites, et pourvu de l'évê-
ché de Senlis que son oncle, Nicolas Sanguin, venait de rési-
gner en sa faveur.
Denis II Sanguin, dont le caractère et la vie ont été très
favorablement appréciés \ gouverna de loin l'abbaye de Gres-
tain pendant trente-deux ans. Il est excessivement probable
qu'il n'y vint jamais. Sa longue administration n'a laissé
1. Arch. dép. de l'Eure, H. 347. Procès-verbal du 21 mars 1665. Voy. aussi
Responce que fournit à la Cour Charles Le Painteur (7 mai 1608).
2. Arch. dép. de .l'Eure, H. 347. Procès-verbal de M. Nicolas Busquet, con-
seiller au parlement de Rouen (24 février 1668).
3. Voy. sur les évoques de Senlis, Nicolas et Denis Sanguin, les manuscrits
d'AtTortv à la biblioth. de Senlis, t. 111, IX et XI.
LKS ABBÉS COMMENDATAlHES 163
connue Irtice:^ que des pièces de procédure et quelques actes
notiiriés ou figure son procureur.
Ce prélat est mort à Paris, doyen des évêqiies de France,
le 13 mars 1702, à l'âge de quatre-vingt-un ans. Son corps fut
transporté à Senlis et inhumé dans l'église de la Présentation
de Notre-Dame.
Son portrait peint par Claude Lefèvre a été gravé par Nico-
las Pi tau en 1065.
De son temps, en 1701, on comptait cinq religieux dans
l'abbaye: D. Pierre Dcscalles, prieur; D. Gabriel Le Grand,
titulaire du prieuré de Saint-Nicol ; D. Jacques de Tourville ;
D. Charles de Ville et D. Jean-Baptiste Le Camus. Il leur
était versé 2.708 livres en argent et 160 boisseaux de blé,
aux termes d'un bail du 23 mai 1691 dont voici les principales
dispositions. Le bail du res^enu temporel de l'abbaye avait été
consenti à Pierre Pinel moyennant la somme de 3700 livres
de fermage payable à Denis Sanguin, évéque de Senlis, abbé
commendataire de Grestain ; 2.708 liv. 6 s. 8 d. en argent et
160 boisseaux de blé payables aux prieur et religieux ; 100
livres et 10 boisseaux de blé, au curé de Saint-Ouen de Gres-
tain ; 100 livres au moine-lay ; 32 livres au portier et douze
boisseaux de blé ; 13 livres au verdier de l'abbaye ; 23 livres
au bailli de l'abbaye, plus le nourrir avec son greffier le jour
des plaids ordinaires ; 20 livres au procureur fiscal ; pour
l'aumône journalière à la porte, 86 livres; baillera dîner le
jour de l'Assomption aux religieux de Préaux venant ledit
jour en procession; au barbier, 13 livres, etc. etc. ',
A la même époque (décembre 1701), on trouve D. Tho-
mas Chanu, religieux profès, titulaire de l'infirmerie de l'ab-
baye.
1. Reg. du lahellionage de Ronclieville, à Honfleur. — Ce sont là, daus le
1 ail (le id'Jl, les conventions spéciales faites entre Pierre Habert et les reli-
gieux par accord du lU septembre 1610.
1G4 L ABBAYE DE NOTRE-DAME DE GRESTAIN
XL. — Chrysante de Lévis, prêtre du diocèse de Mirepoix,
conseiller du roi, aumônier de la duchesse de Bourgogne, fut
élevé à la dignité d'abbé de Grestain, le Jo avril 1702 '. Il
était âgé de trente-huit ans. Dans un recueil de pièces, on
trouve la mention suivante : « De Versailles, le 21 avril 1702.
Le roy a donné Fabbaye de Grestain à Tabbé de Levy, aumô-
nier de M'"^ la duchesse de Bourgogne '. »
Il prit possession par Guillaume Pépin ', curé de Saint-
Etienne et de Sainte-Catherine de Honfleur, le 13 novembre
1702 ', en présence de Raymond du Gup, chevalier, lieute-
nant de roi à Honfleur ', de Michel Turgis, receveur de l'ab-
baye, Elie Commely, curé de Carbec, Edmond Houël, écuyer,
sieur de la Pommeraye ",
Né vers l'année 1664, l'abbé de Lévis appartenait à la branche
des Lévis-Mirepoix, ancienne et illustre maison qui tire son
nom de la terre de Lévis en Hurepoix, près Chevreuse. Il
était le quatrième fîls d'Alexandre-Louis de Lévis, baron de
Gaudiez, et de Jeanne-Marguerite de Gaumels. Il est décédé
le 20 décembre 1727 ^
XLI. — Antoine-Léonor Le Bergeur de Fontenay' apparte-
nait à une famille originaire de l'élection de Valognes, ano-
blie aux francs fiefs (1470). Prêtre du diocèse de Goutances,
aumônier ordinaire de la reine, prieur de Saint-Jacques de
l'IIermitage, au diocèse de Sées, vicaire général du diocèse de
1. Gallia christ., XI, col. 84G.
2. Bibl. nat., ms. IV. 20894, fol. 123.
3. Décédé en I73.j.
4. Abbé Piel, Insinuaiions écriés, du diocèse de Lisieux, I, o07, n° d88.
5. Lieutenant à Honfleur par leUres du 22 février 1683 ; décédé en 1713.
6. Les Houël étaient établis dès avant 1410 en la paroisse de Berville, sur
le fief de la Pommeraye qui relevait de Monlfort-sur-Hisle. Un Simon Houël
en rendit aveu le 5 août 1410 {Pièces orig., vol 1538, dossier 35116). En 1715,
Edmond Houël épousa à Rouen demoiselle Antoinette de Malortie.
7. Bibl. nat.. cabinet des Titres, Dossiers bleus, 393.
LES ABBÉS C031MENDATAIRES 16
Lisieux, il obtint l'abbaye de Grestain au mois de juin 1728.
Député de la province de Rouen à rassemblée générale du
clergé en 1723, il avait été député de la province de Reims à
l'assemblée générale de 1725. Il prit en personne possession
de son abbaye, le 19 août 1728.
Aucun acte important ne signale son administration. Il
mourut à Paris, le 25 février 1735, à l'âge de quarante-trois
ans environ. On trouve aussi l'année 1734 comme date de sa
mort. Deux de ses frères sont mentionnés dans l'histoire nor-
mande : Henri Le Berceur, chevalier, marquis de Fontenay,
seigneur et patron de Saint-Marcouf, grand bailli du Cotentin
de 1726 à 1753; Jacques-François Le Berceur, chevalier, comte
de Fontenay, capitaine des vaisseaux du roi '. La bibliothèque
communale de Cherbourg possède des notices biographiques
concernant plusieurs membres de la famille Le Berceur de
Fontenay ^.
Au temps du gouvernement de l'abbé de Fontenay, un reli-
gieux de Grestain se lit connaître par la publication d'alma-
nachs qui s'adressaient spécialement à la Normandie. Il
rédigea le Flctinheuii ustrnnomiquc qui a paru de 1712 à
1745 et était imprimé à Rouen \ Il se nommait Henry Ilal-
ley ; il finit ses jours, en 1755, au monastère de Lessay ^ dont
il était prieur.
La famille de ce moine mathématicien et astrologue ne
nous est pas inconnue ; on la retrouve dans les registres des
tabellionages d'Auge et de Grestain. Les Halley sont origi-
1. Bibl. nat., Pièces orig., vol. 20o, dossier 6301 ; Dossiers hieiis, vol. 85 ;
Carrés de d'IIozier, vol. 83.
2. Ms. n" 121.
3. Le Flnmheau aslronoinique ou Calendrier royal pour la connaissance des
Irms, où Von trouvera un abrégé... Le tout calculé pour l'élévalion sur le méri-
dien de finuen. ln-12. — Voy. Frère, Manuel du Bibl. norm., I, 469.
4. Au diocèse de Goulances; et non en l'abbaye de n Lepay « qui n'existe
pas.
16(l l'abbaye de NOTBE-DA:\rE DE GBI^SIAIN
naires de la vicomlé de Ponl-Aiidemer el ils étaient très
répandus aux environs de Honileur. Dans cette dernière ville,
un Martin Hallej était tabellion en 14ot)-li64 ; un Guillaume
Halley y résidait en 15 lo; pendant plusieurs générations les
Halley ont possédé Toffice de « bailli vicomtal » de Grestain
et Blangy '. Quanta notre religieux bénédictin cpii étudiait
l'état de l'atmosphère, il était selon nos conjectures l'un des
treize enfants de Henry Halley, écuyer, bailli de la haute jus-
tice de Grestain, de 16(30 à 1684, et le petit-fils de Charles
Halley, bourgeois de Honfleur, y demeurant à l'enseigne
Saint-Martin (1608).
XLH. — Jea\-Baptiste-Antoine de Malherbe, 42^ abbé
de Grestain. Né à Caen le 12 janvier 1712, sous-diacre du
diocèse de Bayeux, chanoine de Paris en 1731, à dix-neuf
ans, bachelier en théologie et maître-ès-arts, il obtint ses
bulles de nomination le 11 juillet 1735; le H août suivant il
prit possession par procureur. Ce jeune abbé commenda-
taire de vingt-trois ans faisait alors sa licence en la société de
Sorbonne. Il était fils du marquis de Malherbe-Juvigny et de
Marie-Henriette Le Prévost. Plus tard, aumônier de la reine,
vicaire général du diocèse de Rouen, en 17il, Antoine de
Malherbe renonça à l'abbaye de Grestain en 1743, pour
prendre la commende de la Sainte-Trinité de Tiron, couvent
de bénédictins de la congrégation de Saint-Maur dans le
Perche-Gouët, diocèse de Chartres. Il est décédé le 5 février
1771.
Le Mercure de juin 1735 (fol 1244) a fait mention du
mariage d'Augustin-François de Malherbe, frère de l'abbé de
1. Tabell. d'Auge, 29 juin t:t6S ; 14 mars \")Tt ; 3 déceml)re 1651 ; 10 janvier
1684. A la même famille a, selon nous, appartenu Guillaume Halley, capitaine
redouté d'une compagnie de partisans qui tenait campagne dans le Lieuvin,
en 1425-1426 [Bibl. de V École des chartes, t. LIV, 507.513).
{
LKS AUBES CO.M.MKNDATAIRES 107
Greslnin, célébré dans la chapelle du chàleau de Lion-sur-
Mer, au mois précédent.
Les armoiries d^Antoine de Malherbe sont mentionnées dans
V Inventaire des sceaux de la Normandie ', avec la date de
novembre 1744.
En 1740, Antoine de Malherbe donna sa procuration à
Jean-Antoine d'Agoull, chanoine de Paris, prieur dn prieuré
Saint-Eugène de Deuil, diocèse de Paris, pour nommer à tous
les bénéfices dépendant de Tabbaye de Grestain (Insinuations
ecclés.^ III, 471).
XLIII. — Jean-François-Philiberï de Kent y, est le 43^
abbé de Fabbaje de Grestain. Il appartenait à une noble
lamille de l'Artois qui avait essaimé dans la Normandie, le
Laonnais et le Soissonnais '. Alain, baron de Renty, menait
l'arrière-garde de Simon de Monlforl à la défaite de Pierre
d'Aragon et des Albigeois, en 1224. Au wi*^ siècle, Jacques
de Renty était capitaine d'un régiment d'hommes d'armes en
garnison à la Fère ; il y décéda en Io7o. On voit sa sépulture
recouverte d'une pierre funéraire à Citry-Sainl-Ponce, en
Brie, au fond de la petile église du village. C'est là également
que se trouve le tombeau de Gaston-Jean-Baptiste de Benty,
capitaine de cavalerie, qui fut un grand homme de bien et qui
est mort en réputation de sainteté, le 24 avril 1689. La fille de
ce dernier et d'Isabelle de Balzac avait épousé Claude de Choi-
seul, décédé doyen des maréchaux de France, en 1711,
Jean-François-Philibert de Renty, clerc du diocèse d'Arras,
fut nommé à l'abbaye de Grestain au mois de septembre
1. Domay, p. 323, n" 2888 : « Écu d'hermines chargé de six roses, 3, 2 et 1,
couronné dans un cartouche — Sans légende. »
2. Renty est une ancienne seigneurie de l'Artois qui a donné son nom à une
maison ilhistre (Bibl. nat. , Pièces or'uj., vol, 246i; Dossiers hleiis, 562). Le
dernier f|ui est cité dans ces recueils généalogiques est le marquis Jean-
Jacques de Kenty, décédé au mois 1737.
168 i/aBRAVF. de NOTRE-DAMF. de GRESTAIN
1743 ^ Le roi lui aLtribiiail ainsi nn revenu de 10.000 livres
environ -. Mais ce revenu n'était |)as bien assuré. L'abbé de
Grestain et les religieux étaient engagés dans des procès qui
cessaient et reprenaient alternativement. Les institutions qui
avaient régi l'abbaye pendant plus de sept cents ans étaient
tombées en désuétude et avaient cessé d'être observées depuis
longtemps; leur non-usage n'avait pu en effacer absolument
les traces et faire disparaître du présent les fails accomplis ; il
faisait naître des contestations de toute iiaiure et suscitait des
•prétentions opposées que les tribunaux appréciaient. La tâche
était laborieuse ; elle était par-dessus tout très onéreuse pour
les parties. Celles-ci, pour s'affranchir des charges que les pro-
cès sans fin occasionnaient, eurent recours à des transactions.
LTn accord intervint entre l'abbé de Renty et les religieux de
Grestain dont les noms suivent : D. Claude-François Pipard,
prieur claustral ; D. Pierre-Benoît Laurent, licencié-ès-lois,
bailli ; Jean-Baptiste Dalbiac, infirmier; D. Aristide Capon de
Minières, bachelier en théologie. L'acte est du 28 octobre 1 752.
Dans l'engagement que l'abbé souscrivit, ou ne trouve qu'une
disposition de quelque importance ; il s'obligeait au payement
annuel de la somme de 2.548 livres et à la fourniture de 160
boisseaux de blé, « pour tenir lieu du tiers en essence des
biens de l'abbaye et en éviter le partage ' ». Cette convention
principale avait déjà été stipulée dans le concordat conclu en
1744 '*. On y ajouta que la communauté n'excéderait pas à
l'avenir le nombre de trois religieux.
1. A cette date, on trouve dans l'abbaye quatre religieux : Guillaume-Nico-
las Desnoyer, prieur ; Jean-Baptiste Camus, prieur de Saint-Nicol ; François-
Jean-Baptiste de la Morye, décédé avant 1732 ; Jean-Charles Lesueur, d'une
famille originaire de Quillebeuf.
2. Le 30 octobre 1743, l'abbé de Benty donna à D. Louis Brigault des
Brosses, prieur en titre et comte de Percey, des lettres de vicaire général
pour nommer aux bénéfices dépendants de Grestain.
3. Fouquier, Recherches hist. sur Beuzeville, p. 172-]7o.
4. Le 23 juin 1744, Louis Amet donna procuration aux pi'ocès-verbaux qui
LES ARRKS COMM KNOATAIRES
160
XL1\\ — Nicolas Tiiirel de Hoismont, prêtre, licencié en
théologie de la maison et société de Navarre, vicaire général
d'Amiens, prédicateur ordinaire du roi, prieur et seigneur de
Lihons-en-Santerre, chanoine ordinaire de Houen, l'un des
Quarante de l'Académie française ', était nommé ahbé com-
mendataire et baron haul-justicier de l'abbaye de Grestain au
mois de février 1757 ; il prenait possession le 27.
L'abbé de Boismont, bien né sans être riche, eut pendant
longtemps un rôle assez effacé. Mais par le hasard ou l'intrigue
il devint le protégé de personnes considérables ; il en tira natu-
rellement une situation et les avantages qui en découlaient à
la cour de Versailles. Toutefois il parait avoir été un peu sur-
fait. Issu d'une famille de rolje qui occupait plusieurs emplois
dans la vicomte de Pont-Audemer, il était né dans cette ville,
paroisse Saint-Ouën, le 10 mai 1708 ^ Il était fils de Jean
Thirel, écuyer, sieur de Boismont, et de Françoise Carrey de
Sain t-Ger vais ^.
Une autre famille du nom de Thirel ou Tirel a très ancien-
nement vécu dans la même région du Roumois, c'était celle
dont les tombeaux ont existé dans l'église de Notre-Dame-
du-Pré, à Pont-Audemer '*. Elle ne doit pas être confondue
avec les Thirel de Boismont. Le généalogiste d'Hozier a écrit
la note qui suit : <« La filiation des Thirel de Boismont n'est
devaient être dressés par Thomas Petit, curé de Saint-Pierre-du-Châtel et
Edouard Bourlier, arcliitecte, experts nommés, de Tétat des réparations à faire
aux bâtiments et biens claustraux de rabl:)ayc de Grestain. — Min. du tajjell.
d'Auge.
1. Son fauteuil qui porte le n" '•> a été celui de M. Guizot.
2. Canel, Ilixt. de la ville de Ponl-Audemer, II, 4Io.
3. L'abbé de Boismont a souvent résidé au château du Lendin. L'abbaye de
Jumiè}i;es lui avait fieffé plusieurs morceaux de leri-e situés dans cette localité.
Ses œuvres ont été recueillies et publiées en 1805.
4. On y voyait (rois grands tombeaux avec table de [lierre pour trois
branches de cette famille, ■■ et avec des représentations d'hommes et de
femmes et des inscriptions. ■• C'est l'ancienne église du Sépulcre.
170 LABBAVE DE .NOTRE-DAME DE (iRESTAIN
certaine que depuis M^ Richard Thirel, avocat, sieur de Jou-
vence, qui fit faire en 1562 un procès-verbal du pillage de sa
maison ; dans ce procès-verbal il n'est fait aucune mention de
noblesse. La filiation depuis Richard jusqu'à Charles, son
arrière-petit-fils, ne sert qu'à prouver quatre degrés de roture.
La noblesse de 1 abbé de Boismonl ne date que de ce Charles,
son grand-père, lieutenant général à Pont-Audemer, anobli
par lettres de janvier 1697 moyennant finances. Ces lettres
furent confirmées par autres lettres patentes du mois d'avril
1716 en faveur de Jean et de Jean-Charles Thirel, frères, fils
de Charles, en considération de leurs services dans la deuxième
compagnie des mousquetaires. Il y a beaucoup d'apparence
que MM. Thirel de Boismont ont eu l'idée de s'enter sur une
famille du même nom de Thirel établie ainsi qu'eux dans la
généralité de Rouen où elle a possédé les mêmes terres de
Siglas et de Jouvence '. »
L'abbé de Boismont nous apparaît escorté des commérages
des gazettes, des propos légers des nouvellistes et même des
anecdotes de boudoirs. Il fut un abbé à la mode, le héros
familier de quelques salons. Ce ne serait pas néanmoins aller
à notre but que de nous occuper de la vie privée de M. de
Boismont, bien qu'elle ait fourni un aliment à la malignité des
écrivains du xviii^ siècle ^. Ne cherchons point à nous instruire
de choses qui n'étaient un mystère pour personne; il suffit
que la partie publique de sa vie nous soit connue. Le talent
d'orateur de l'abbé de Boismont, les succès qu'il a obtenus
dans la chaire lui avaient fait un nom que la postérité a
retenu parmi ceux des prédicateurs français. Il a été dans
l'oraison funèbre celui qui s'était fait le plus de réputation.
1. Biljl. nat., Pièces orig., 2820, p. 89 ; Dossiers bleus, vol. 632, dossier
Thirel.
2. Journal de Collé, II, 8i. 120. — Corresp. de Grimin, I, .388. — Journal de
d'Argenson, 26 sept. IToo. — Bibl. nat., ms. fr. 12721, fol. 31.
sri'i'nr.?sioN we f/ahraye 171
Nou^ savons l)ieii que 1 on a dil (|ik' ses ouvrages n oiiL pa^ ce
qu'il faut pour soutenir l'épreuve du temps. Mais il paraîtrait,
d'après d'autres appréciations, qu'on doive en excepter un
sermon pour rétablissement d'un hôpital militaire qui est infi-
niment supérieur à ses oraisons funèbres.
L'abbé de Boismont devait assister fort paisiblement à la
destruction de l'abbaye de (irestain, en voir aliéner les biens
et démolir les bâtiments. Il avait pris à peine possession du
vieux couvent dont le cloître e( l'église s'écroulaient que Dom
Pipard, prieur claustral qui. de lait, était le chef de la maison,
lui mit sous les yeux les signes irrécusables d'une lamentable
décadence, d'une dévastation qui ne datait point d'hier et qui
indiquait la fin très prochaine de l'abbaye. Le prieur proposait
la réunion de la mense conventuelle au petit séminaire de
Lisieux '. Au mois de mai IToT l'abbé de Boismont, approu-
vant celte résolution, donna pouvoir de régler les conditions
de la réunion '. Et un décret — dont nous n'avons pu nous
procurer le texte — prononça la suppression de la conventua-
lité de l'abbaye de (xrestain '1757). Par le même décret, le
séminaire de Lisieux fut chargé d'entretenir à Grestain un
chapelain ^, de lui fournir un logement, un jardin et une pen-
sion annuelle de oUO livres payables par quartier et d'avance.
Le séminaire fit bail des biens claustraux à des cultivateurs de
Carbec '.
L'abbaye Notre-Dame de Grestain n'était plus alors qu'un
1. Et non de l'hospice de Baveux. — Cauel, Essai sur l'arr. (Je Ponl-Aude-
nier, t. II, p. 466. Même page, il faut lire : IJ.'iJ et non /77.Ï.
2. Pièces justif., n° 108. Acte du 9 août 17.57.
•"H. Pièces justif., n" lO'.t. Déclaration du curé de Carbec.
i. Jacques Bouleiller tenait h bail de Jean-François Dayot, prêtre, supérieur
du petit séminaire de Lisieux, en 1790, une pièce de terre enclose de murs et
faisant partie des biens des offices claustraux et petit couvent de l'abbaye de
Grestain. La maison a])l)aliale, celle du chapelain et le jardin y aliénant
n'étaient point compris audit Ijail. Le [irix du fermage était de 220 liv. —
Arch. dép. de l'Eure, Q. lome VIll, fol. oi.
172 l'aFBAYE de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
vaste enclos inhabile. Des trois religieux qu'on y comptait
alors : D. Pipard, prieur, demeurait seul dans l'abbaye,
D, Benoît-Laurent Desplaces n'y avait jamais résidé depuis
sa profession; quant au troisième D. Jean-Baptiste Dalbiac,
il était détenu à Rouen.
Voici la raison de cette mesure. La loi avait réglé la desti-
née des biens de la communauté et décidé qu'ils seraient dévo-
lus à un autre établissement ecclésiastique. L'abbaye dispa-
raissait donc et ne laissait pas d'héritier. Cependant il était
essentiel d'obtenir des moines leur renonciation aux biens et
droits de la mense conventuelle. Chez l'un deux, on avait ren-
contré une vive opposition contre le décret épiscopal. Dom
Dalbiac avait refusé d'abandonner son abbaye. Qu'était-il
arrivé? Une lettre de cachet avait mis en mouvement la maré-
chaussée et on avait offert au religieux profès de Grestain
une autre cellule dans la maison de force de Saint-Yon. Les
gens de justice goûtent peu les vaines discussions ; ils ont des
arguments péremptoires.
Un acte fixa et régla les conditions et les charges de la réu-
nion au petit séminaire de Lisieux. M. de Boismont s'engagea
à pourvoir à l'acquit de l'office et des fondations de l'abbaye
par des chapelains, à payer au prieur une pension viagère de
700 livres, à verser une autre pension aux moines ; en consé-
quence de quoi ceux-ci n'eurent plus rien à prétendre dans
les revenus de leur ancien monastère.
Ainsi finit 1 abbaye de Notre-Dame de Grestain où le relâ-
chement s'était introduit depuis plus d'un siècle et demi, où le
prieur, ami de la régularité, était impuissant à la faire prati-
quer, où la clôture n'était plus gardée, la discipline plus obser-
vée, l'abstinence plus connue, l'office de la nuit abandonné,
où les religieux étaient déchus de l'esprit de leur état.
Après la suppression de (îrestain il ne resta dans le diocèse
de Lisieux qu'une seule abbaye des Bénédictins de l'ancienne
SUPPRESSION DE i/aBBAYE 173
observance : Xotre-Dame de Cormeilles où l'on comptait cinq
religieux à Tépoque de Tédit de 1768. Les autres maisons
bénédictines qui subsistaient : Beaumont-en-Auge, Bernay,
Saint-Evroult, Préaux taisaient parlie de la congrégation de
Saint-Maur.
A dater de cette époque, la ruine de Tabbaye de Grestain
était consommée ; son état la réduisit à n'être plus qu'une cha-
pellenie. On y vit un prêtre séculier y célébrer la messe, un
garde-chasse y servir de portier et y surveiller les vieilles
pierres. L'intérêt de conserver celles-ci diminua de jour en
jour et on commença à prendre l'idée qu'elles étaient inutiles.
Sur la demande de M. de Boismont, le roi permit de démolir
les bâtiments renfermés dans l'enceinte des lieux réguliers
ainsi que l'église, en y réservant seulement un logement con-
venable pour le chapelain et en faisant construire une nou-
velle chapelle '.
Par une étrange singularité, M. de Boismont conserva pen-
dant vingt-neuf ans la commende d'une abbaye qui n'existait
plus. Il profitait de revenus seigneuriaux et de droits qui don-
naient une réelle autorité alors que la cause principale d'où ces
droits tiraient leur origine était réduite à rien '. Certains
effets en étaient étonnants. On sait que les clercs pourvus de
grades en théologie on en droit canon pouvaient obtenir tous
les bénéfices dépendant des collateurs ou patrons ecclésias-
tiques. Or, au mois de septembre 1776, vingt ans après la
suppression de l'abbaye, dix ans après la démolition des bâti-
ments et de l'église, un vicaire de la paroisse de Quettev II
1. Lettres du 12 août 17G8, enregistrées au parlement do Rouen, le 1(5 février
1769. — Arch. dép. de la Seine-Inférieure.
2. L'abbé de Grestain resta en possession d'un bois taillis de 90 arpents,
loué 2100 liv.; de la ferme de Grestain, louée 2120 liv. ; de rentes seigneu-
riales évaluées 4000 liv. ; dune ferme, louée 3000 liv. ; du manoir de l'abbaye ;
de dîmes. — Arch. dép. de l'Eure, Vingtièmes, C. 290.
174
I. AltMAYF DE NO IHC-UAM i: DK (iRESTAIN
faisait signifier ses noms et grades au seigneur abbé de Gres-
tain, avec injonction d avoir à lui conférer le premier bénéfice
qui viendrait à vaquer. Le notaire apostolique se présenta à
l'abbaye, ne trouva personne dans 1 enceinte et remit copie de
la signification à la veuve d'un garde-chasse qui y était gra-
tuitement logée '.
L'extinction de Grestain avait élé rapide et absolue. On
trouve le fait moins étrange quand on connaît les causes
d'ordre moral el d'ordie matériel qui nécessitèrent la réforme
des monastères au milieu du xviii^ siècle -. Ledit du 25 mars
17(^8 prononça la réunion ou la suppression de plus de quinze
cents établissements religieux, la fermeture de toutes les mai-
sons ayant moins de seize religieux dans les villes, moins de
douze dans les campagnes. « Beaucoup d'établissements étaient
réduits à un trop petit nombre de religieux, et, pour d'autres,
par suite de l'abaissement de la valeur relative de l'argent, les
revenus dont ils étaient dotés étaient insuffisants pour faire
vivre les religieux qui les habitaient K »
L'avant-dernier abbé commendataire de Grestain est décédé
le 20 décembre 17(S(i. Après la mort de \L de Boismont, on
dressa un inventaire des titres et papiers de l'abbaye, le 8 jan-
vier 1787 K On considère ces documents comme perdus.
XLA'. — Charles de Tilly-Blauu, 4o'=' abbé, a été le der-
nier des commendataires de l'abbaye de Grestain. Il était issu
de la famille Tilly-Blaru, au bailliage de Caen, et le second
fils de Hilaire de Tilly-Blaru. chevalier non profès de Tordre
de Jérusalem, et de HenrietLe-Marie-Madeleine-Anne Le Roux.
Né à Paris, le 23 janvier 1739, baptisé le lendemain dans
J. Abbé Pïe\, Insinuations ecclésiastiques {IQ92.-1190), t. III.
2. Picot, Méni. pour servir à l'hist. ecclésiast. du XV[II<^ s., t. IV, p. 2! 3.
3. L. Lecestre, Ahbai/es, Prieurés et Couvents cfhoinmes en France, p. viii.
4. Fouquicr, Recherches hist. sur Beuzeville, p. 178.
LK DERNIKI! AUBE 1 7M
Téglise Saint-Jacques-du-Haut-Pas, il fut chanoine de l'église
métropolitaine de Paris, vicaire général du diocèse de Xar-
bonne, en 17()4, puis du diocèse de Langres, et abbé de Gres-
tain '.
L'abbaye était vacante par le décès de M. de Boismont. Le
roi la donna à .\L de Tilly (19 août 1787), à charge d'acquit-
ter G. 430 livres de pensions, savoir: 3.430 livres à Charles-
Marie-Louis Brissarl, vicaire général de Garcassonne, et
3.000 livres à Stanislas-Auguste-Adam de Monnet. Le roi de
France accordait des grâces sur les biens ecclésiastiques ; ses
revenus et ceux de l'État n'y suffisaient plus.
Les bulles de provision obtenues par l'abbé de Tilly portent
la date du 3 des nones de septembre 1787.
Le 5 du mois d'octobre suivant, \L de Tilly-Blaru prenait
possession de l'abbaye de Grestain. Le 11 du même mois, il
donnait sa procuration générale pour la gérance de la mense
abbatiale par acte reçu au tabellionage de Beuzeville. Le
20 juin 1789 — pour la dernière fois — son fondé de pouvoirs
qui était l'abbé Moisy, curé de Garbec, faisait bail d'un trait
de dîmes et de redevances appartenant à l'ancienne abbaye.
Le bail, consenti pour neuf années, devait prendre fin en
1798 ^ Nous n'avons point à nous occuper de ce bail, mais
nous ferons remarquer qu'il n'a pu avoir son effet. Qua-
rante-cinq jours après sa signature, l'Assemblée nationale
votait, dans la célèbre nuit du 4 août 1789, l'abolition du
régime féodal.
L'année suivante, un décret du 17 mai 1790 supprima les
ordres religieux et ordonna qu'une déclaration authentique
serait donnée de tous les revenus que possédait chaque monas-
tère. Pour établir approximativement le revenu particulier de
1. Bibl, nat., Génénlogies Clu'rin, vol. I '.)(!, dossier 3881.
2. Pièces justif., n° 114.
476 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
Grestain, nous possédons deux documents provenant de deux
époques différentes, mais assez voisines Tune de laulre. Le
premier date de 1760 ; il nous est fourni par Tétat dressé et
arrêté en TAssemblée générale du (Clergé '. On lit :
L'abbaye de Notre-Dame de Grestain I L243 liv.
La communauté de ladite abbaye 6.029 liv.
Le second document se compose de la déclaration qui fut
faite au district de Pont-Audemer - par Jean Moisy, curé de
Carbec-Grestain, de la mense abbatiale dont jouissait M. de
Tilly-Blaru. abbé comuiendataire. L'ensemble des revenus en
fermages, rentes foncières, rentes seigneuriales provenant de
propriétés disséminées dans quinze paroisses, s'élevait à la
somme de 20.199 livres, 10 sols. Comme les dépenses dont
l'abbé avait la charge montaient à 9.859 livres, M. de Tilly-
Blaru tirait de son bénéfice un revenu de 10.340 livres -K Si
Ion compare ce dernier chitTre avec le montant précédem-
ment énoncé, on ne trouve qu une différence de l.OOO livres
environ.
Les biens de l'abbaye de Grestain allaient être vendus. Il
nous sera permis de dire que depuis de longues années ils
n'étaient plus administrés conformément à l'intention des
donateurs, a II est révoltant, lit-on dans un des cahiers du
Tiers, que les biens d'Eglise ne servent plus qu'à nourrir des
abbés de cour. » Le 1 1 décembre 1792, une adjudication eut
lieu devant le directoire du district de Ponl-Audemer. Un
négociant de Ilontleur dont on voit la tombe dans le cimetière
1. Histoire du comlé-évécJié de Lisieux, I, o32.
2. D'après les prescriptions de la loi organique sur la Constitution civile du
Clergé (décret du 12 juillet 1790 .
3. Voy. aux pièces justif., n° 113, la déclaration du 1«'' décembre 1790.
L'abbé de Tilly-Blaru jouissait en outre d'un canonicat dans l'église de Paris
évalué 5000 livres, et d'une pension sur labbaye de Mortemer, d'où il résulte
que tous ses bénéfices pouvaient monter à la somme de 28.699 livres, sur quoi
les charges déduites, il lui lestait la somme de 18.840 livres.
DOM DALBIAC 177
de Garbec, M. Jean-François Lallemant ', se rendit acquéreur
du chef-lieu et manoir de Fabbaye moyennant le prix de
19.000 livres '.
A propos de cette acquisition faite par un armateur honfleu-
rais, nous rappellerons que les municipalités avaient été auto-
risées à acquérir les immeubles à leur convenance dans la
grande vente de 400 millions de biens nationaux qui devaient
servir à la garantie d'une émission d'assignats. Le conseil
général de la commune de Hontleur, « pour donner des
preuves de son patriotisme et de son zèle », s'était empressé de
demander la concession de biens importants, ayant appartenu
aux abbayes de Grestain, Préaux, Gormeilles, Royal-Pré, le
Val-Richer, Beaumont-en-Auge, aux prieurés de Saint-Mar-
tin et de Saint-Philibert, jusqu'à concurrence de deux mil-
lions 'K On espérait sans doute trouver de grands bénéfices
dans la revente de ces domaines. L'Etat, de plus, accordait
aux municipalités une prime attrayante : un seizième sur la
revente et un seizième sur les versements qu'elles effectuaient.
Nous n'avons pu savoir si une certaine quantité de domaines
nationaux a été cédée à la municipalité de Honfleur, mais on
pourrait citer telle petite localité de neuf cents habitants qui
achetait, en un seul jour, près de 600.000 francs de biens.
Quant à la vieille maison de Grestain, les portes en étaient
closes à jamais : les Bénédictins en étaient sortis, d'ailleurs,
depuis plus de trente ans. Qu'étaient-ils devenus? Il n'est pas
facile de le savoir.
Il y ajuste un siècle, en 1804, il existait à Hontleur quelques
1. MM. Lallemant, Beauzaiiiy et C'« avaient pris, à Ilonfloiir. la suite des
affaires crarmement de MM. Bcrmon et Rigoult.
2. Arch. dép. de l'Eure; Domaines nationaux, t. VU et VllI.
3. Arch. mun. de Honfleur ; Délibér., 22 mai 1790.
L'assemblée nationale, par des décrets des 9 et 21 juillet 1700, ordonna
laliénation de tous les domaines nationaux à l'achat desquels tous les citoyens,
et non plus seulement les municipalités, furent appelés sans exception.
Ch. Biu'îaui». — Lubhuije de Xotre-Dame de Grer.laiii. 12
178 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRE8TAIN
débris de l'ancienne société française, notamment un ecclésias-
tique alors âgé de quatre-vingts ans et qui, à cette heure,
paraissait avoir oublié qu'il avait été un moine bénédictin.
Cependant on dit qu'il racontait volontiers une suile des
choses d'autrefois. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait revu
son abbaye, néanmoins il évoquait les images d'un passé éva-
noui ; il s'est souvenu jusqu'au dernier moment d'où lui
était venu le toit qui l'abritait. C'était dom Jean Baptiste
Dalbiac, ex-religieux de Grestain, qui parvenait à l'extrême
vieillesse dans son prieuré de Saint-Nicol. ancien bénéfice
dont on a déjà parlé.
Dom Dalbiac avait eu une existence traversée par des
misères et de pénibles épreuves. Né vers l'année 1724, il
appartenait à une famille protestante originaire de Nîmes,
laquelle avait fait son abjuration dans l'église de Saint-Sulpice,
à Paris, en 1728. Vingt ans plus tard, Jean-Baptiste Dalbiac,
clerc tonsuré du diocèse de Tours, s'était fait religieux dans
l'abbaye de Grestain, en 1730, et y avait prononcé ses vœux.
Mais au moment de la suppression de l'abbaye, « il avoit été
vexé, a-t-il dit, par l'ancien régime qui l'avait fait renfermer
à Saint-Yon pour consentir à la fermeture de l'abbaye. »
Les lettres de cachet lui laissèrent un inoubliable souvenir.
Il dut aussi garder la mémoire de ce qui suivit. Dom Dal-
biac s'était installé à Honfleur où, ses rancunes aidant, il se
montra un partisan ardent des idées nouvelles et de la réforme
religieuse. Plusieurs années se passèrent, puis le moment
venu on ne s'étonna point de le trouver dans les réunions élec-
torales, où, d'ailleurs, il était injurié ', ni au nombre des ecclé-
siastiques qui accueillirent la Constitution civile du clergé ~.
i. Pièces justif.. n" 113.
2. Un bénédictin, D. Charles Soulbieu, et Mathias de La Rue, prêtre sous-
diacre en l'église de Sainte-Catherine, firent remise de leur lettre de prêtrise
à la municipalité de Honfleur. — Arch. comm., copie de lettres, I, fol. 466 v*»
et Délibér. municipales, 6 février 1791.
DOM DALBIAC 179
Il se soumit au serment d'adhésion que demanda l'Assemblée
nationale. Il se mêla ensuite aux sociétés populaires, gagna
leur confiance, obtint d'elles une protection spéciale : il reçut
un certificat de civisme. Il leur avait donné des gages en ache-
tant, comme bien national, « son cy-devant bénéfice de Saint-
Nicol », par acte exercé au district de Pont-l'Evêque, le
17 février 1791. Devenu ainsi populaire, D. Dalbiac avait été
nommé l'un des assesseurs de la justice de paix. On ne saurait
dire s'il a été sensible à celte gracieuseté. Mais on sait que
sa popularité n'a pas été de longue durée. A la fin d'octobre
1793, le Conseil de la commune, loin de lui tenir compte
d'avoir renoncé à ses vœux et à son habit, le proscrivait, le met-
tait en état d'arrestation : il avait été dénoncé à la suspicion
publique parce que sa mère était d'origine anglaise. Quinze
jours après, à la suite d'une visite domiciliaire et eu égard à
ses principes républicains, la municipalité consentait à son
élargissement. On la vit bientôt rapporter ses arrêtés et ordon-
ner de nouveau l'arrestation de l'ex-religieux (26 brumaire,
an II), lequel réclama en vain sa liberté en alléguant les ser-
vices rendus. Ses raisons furent repoussées. On l'enferma
dans une maison pour ce mise en réquisition '. On ne se
contenta pas de l'arrêter, on lui fit encore payer les frais de
sa surveillance. Quelque dénonciation anonyme avait suffi
I. Arch. comm. de Ilonflour. Délibor., 22 décembre 1792,3 avril, 23 octobre,
7 novembre, 16 noveml)re 1793.
Pour la même époque, on a recueilli la liste des prêtres de tout rang qui, à
llonlleur, se refusèrent à prêter le serment et émigrèrenl. Nous citerons :
Robert Dulioscq ; Jean-Antoine Bottenluit, morts l'un et l'autre en 1803 ;
Michel-François Gaillard, mort en 1798 ; Adrien Letellier, mort à Winchester
en 1795 ; François-Jacques Advisse ; Thomas Quillet, mort h Dusscldorf en
1798 ; Louis-François Vastel, mort en Pologne, et son frère Pierre Vastel, qui
fut chapelain de Notre-Dame-de-Grâce ; Valérien Pestel, vicaire puis curé de
Srinl-Léonard, émigré en 1792 ; Jean-Baptiste de Thieuville, curé de Barne-
ville, émigré en Angleterre en 1792, y mourut à la fin de 1797 ; Jacques Rebut,
curé d'Ai>lon, émigré en 1792 et mort à Londres.
180 l'aBKAVE de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
pour que l'ex-religieux se fût trouvé en butte à raccusation
absurde de complicité avec l'étranger. L'administration muni-
cipale d'alors, avec ses instincts envieux et son inclination à
nuire, eut, nonobstant cela, une condescendance pour lui; elle
ne l'expulsa point. Ce fut une exception. On citerait peu de
curés ou de religieux que la persécution administrative ait
oubliés dans leur presbytère ou dans leur communauté.
Depuis ce moment Dom Dalbiac disparaît ; les registres
municipaux ne font plus aucune mention de lui jusqu'en 1803.
Il se trouva sans doute heureux de vivre dans la solitude de
Saint-Xicol, d'y oublier l'agitation pour laquelle il s'était pris
d'enthousiasme et qui lavait trompé, D. Dalbiac est décédé à
l'ancien prieuré de Saint-Nicolas du-Val-de-Glaire, le 15 mai
1811, à l'âge de quatre-vingt-sept ans '. Par un testament du
21 août 1803, il avait légué tous les biens immeubles qu'il
possédait à l'hospice civil de Ilonfleur ; de plus il avait
exprimé le désir d'être inhumé dans le cimetière que les ex-
religieuses avaient dans l'enceinte de cet établissement hospi-
talier '.
Arrivés au terme de l'histoire de l'abbave de Grestain, il
est difficile de peindre l'impression singulière que l'on éprouve
à vivre dans le passé de ce monastère, à rapprocher ses com-
mencements, ses étapes successives, sa désorganisation, puis
le fin de son dernier religieux qui termine sa carrière dans les
clubs révolutionnaires et demande, par humilité, à être ense-
veli silencieusement dans un hôpital où aucune dalle ne rap-
pellerait son nom ^.
1. Arch, communales de Ilonfleur, reg. de l'élat civil, année 1811.
2. Minutes de létude de M<= Paul Bréard, année 1803.
3. Ce vœu ne put être exaucé ; l'abbé Dalbiac a été inhumé dans le cime-
tière de la paroisse de Sainte-Catherine. Thomas, Hist. de Honfleur, p. 351.
CHAPITRE V
Les Prieurs clnustraux de Vuhhctye de Gresifùn. — Rites.
Cérémonies. — Usages.
Nous devrions résumer clans ce chapitre le mode d'organi-
sation intérieure de Fabbaye, ses usages, ses coutumes et ses
rites particuliers. Mais rien ne vient nous renseigner à ce
sujet. Nous nous bornerons à dire que, comme dans les autres
monastères qui suivaient la règle de saint Benoît, l'administra-
tion y était répartie en plusieurs offices claustraux : Vaumô-
nier qui distribuait aux pauvres des sommes plus ou moins
importantes ; le chambrier ou camérier à qui revenait le soin
des vêtements et qui présidait à leur distribution ; le préchantre
ou précenteur dont la charge ou fonction était celle du grand-
chantre dans les cathédrales ; le cellerier qui s'occupait de la
nourriture des moines ; le réfectorier ou pitancier placé sous
les ordres du cellerier ; le sacriste ou sacristain ou chevecier
qui veillait à l'entretien de l'église, dirigeait les offices et con-
servait les ornements liturgiques. Il n'est parvenu à notre con-
naissance, aucun document qui permette de faire connaître,
en ce qui concerne Grestain, les prérogatives et les revenus
attachés à chacun de ces offices monastiques.
Il en est de même pour le phis important des dignitaires, le
prieur qui venait immédiatement après l'abbé. Ce fut lui qui,
quand le régime des abbés commendataires fut mis en vigueur,
se trouva de fait appelé à gouverner seul le monastère, à
cause des absences prolongées du titulaire de la commende à
une époque où les fonctions abbatiales ne furent plus sérieu-
sement remplies. Les pièces qui ont passé sous nos veux ont
182 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
fourni les noms de dix-sept prieurs ; la liste n'est pas longue
et elle n'atteint même point le milieu du xv^ siècle. Encore ne
savons-nous pas quels faits rattacher à la plupart de ces reli-
gieux.
Dom Jean Adam était prieur claustral en Tannée 1480.
Dom Robert Emelinne, prieur claustral, était présent devant
les tabellions de Lisieux, au mois d'octobre 1489, en compa-
gnie de l'abbé de Grestain, Guillaume Descalles, et d'un reli-
gieux nommé Robert Mauvoisin.
Dom Michel Thirel, fils de Colin ïhirel et frère de Richard
ïhirel, avocat à Pont-Audemer, prieur claustral en 1563.
Dom Guillaume Le Lièvre, grand vicaire de l'abbaye, était
prieur claustral en 1574. Son nom figure dans un bail du bois
du Maharu (19 juin 1574). Le même religieux, présent devant
les tabellions d'Orbec en 1582, était sénéchal de l'abbaye.
Dom. Jean Le Merchier, en 1593. Etait prieur et receveur.
Dom Jean de Baillehache, prieur en 1596. Il passade l'ab-
baye de Grestain dans l'abbaye de Saint-Etienne de Caen.
Dom Jacques Le Carpentier^ était prieur claustral en 1598
et en 1613. Le prieuré de Saint-Xicol faisait partie de ses
revenus.
Dom Jean Ae Mercier, prieur en 1615 et en 1633.
Dom Jean-Baptiste Thirel, fils de Michel Thirel, lieutenant
général en la vicomte de Pont-Audemer, prieur en 1643. Il
avait été religieux profès en 1611 sous l'abbé Pierre Habert,
puis il avait reçu les offices de sacristain et de chambrier.
L'abbé Sanguin de Saint-Pavin en avait fait son vicaire géné-
ral, en 1646.
Dom Claude de Grosourdy, prieur en 1657, appartenait à
la famille de Grosourdy de Saint-Pierre, alliée aux Thirel,
aux Houël et aux Bois-Lévesque. Les Grosourdy avaient été
anoblis en 1514. Une branche de cette famille était fixée à
Conteville, mais la résidence seigneuriale était à Saint-Pierre-
LES PRIEURS 183
du-Chàtel. Claude de Grosourdy, amené fort jeune au monas-
tère de Grestain, reçu religieux avant l'âge, fut plus tard
pourvu du principal office de Tabbaye.
Dom Louia Jouas, prieur claustral en 1663; infirmier en
1637.
Dom Jean Le Painfeur, prieur claustral en 1667 et 1675.
Un de ses ascendants, Claude Le Painleur, avait été lieutenant
général en la vicomte dllarcourt en 1619. Son frère était
receveur de Fabbaye en 1667.
Dom Charles C/ianu^ prieur claustral en 1686, fils de Tho-
mas Chanu, sieur de Précastel. On a de lui une quittance du
24 décembre 1690.
Dom Pierre (TEscalles, prieur claustral en 1701, fils de
Hélie d'Escalles ou Descalles, écuyer, est décédé au prieuré
de Saijît-Nicol, le 21 juillet 1738; il a été inhumé dans l'église
de l'abbaye. Nous avons parlé de sa famille à l'article de
Guillaume d'Escalles.
Dom Jean-Baptiste-Ignace Barbe, originaire de Berville-
sur-Mer, prieur claustral en 1739-1743. Un inventaire du
14 février 1743, dressé après son décès, décrit des choses
bien disparates dans le mobilier de ce religieux : une grande
quantité de vaisselle et de linge, des vins et des liqueurs, des
fusils, pistolets et couteaux de chasse '. On saisit ce que pou-
vait alors être certaines abbayes et on comprend les plaintes
indignées des évéques.
Dom Guillaume-Nicolas Des Noyer, ancien aumônier de
l'abbaye de Preuilly, prieur de Grestain et de Conflans-Sainte-
Honorine, est mentionné dans deux actes de 1744 et 1746. Il
est décédé à Rouen, chez son frère, le 7 août 1749.
Dom Claude-François Pipard^ dernier prieur de Grestain,
nommé à la mense conventuelle de labbaye, le 3 août 1750;
1. FoiKiiiii'r, lircherrliex hisl. aiir liouzi-villi-, p. 171.
184 l'abbaye de NOTKE-DAME de GRESTAIN
s'était retiré à Rouen après la suppression de l'abbaye. Ce
religieux est décédé dans cette ville, rue du Renard, paroisse
Saint-Gervais, le 29 mai 1773.
Bites. — Cérémonies. — Usages. — Nous n'avons pas à
parler des rites de l'ordre prescrit par la règle de saint Benoît,
Elle fut longtemps observée à Grestain de même que dans les
autres communautés bénédictines. On sait qu'elle comportait
l'office de nuit, les leçons, les offices de Prime et de Tierce,
la réunion au chapitre, les offices de Sexte et de Noue, le
repas, les Vêpres et les Matines, etc., tel était l'emploi du
temps d'un moine de Grestain au xiii*^ siècle. Mais les siècles
suivants virent enfreindre plus d'une' fois les règles monas-
tiques.
Quant aux usages liturgiques, en ce qui concerne Grestain,
nous devrons nous borner à des indications sommaires puis-
qu'aucun Cérémonial de l'abbaye ne nous est parvenu.
Le 21 mars, jour de la fête de saint Benoît, les religieux se
rendaient en procession solennelle, avant la messe, suivis de
tous les serviteurs du monastère, à la fontaine de Saint-Benoit
qui coulait dans l'enclos. Il était procédé par l'abbé à la béné-
diction de cette source, où, la cérémonie accomplie, les assis-
tants laïques étaient autorisés à puiser de l'eau. Lors des séche-
resses persistantes, le clergé des villes voisines venait en pro-
cession à la fontaine Saint-Benoit de Grestain qui reçoit
encore l'eau d'une source abondante.
A peu de distance de l'abbaye, dans le vallon gracieux où
s'élève la petite église romane de Carbec, on rencontre deux
autres sources vénérées. L une était dédiée à saint Méen, abbé
de Gaël. et lautre à saint Chéron, mort au diocèse de
Chartres au v^ siècle. Ces deux fontaines n'ont point cessé
d'attirer des pèlerins qui croient à l'efficacité de ces eaux pour
Sfuérir certaines maladies des enfants. Il existe encore un
RITES ET USAGES
183
usage fort bizarre, une obligation du pèlerinage à la fontaine
Sainl-Méen. Le vœu perdrait tout son effet si Ton ne venait
pas à pied et si les frais de la course n'en étaient acquittés au
moyen d'une quête faite exprès avant le départ. Cette condi-
tion est obligatoire môme pour les personnes les plus riches.
La source Saint-Chéron est située un peu plus bas, au pied
d'un frêne ; on invoque ce saint pour les maux de jambe. Il y
avait, avant la Révolution, à Carbec, un registre de confrérie
sur lequel le nom des pèlerins était inscrit moyennant une
légère rétribution. L'église paroissiale de Carbec avait, du
reste, recueilli une quinzaine de statuettes de saints et de
saintes au pied desquelles les pèlerins se pressaient pour obte-
nir un soulagement à leurs infirmités. C étaient : saint Hellier,
martyrisé au vi^ siècle ; saint Ortaire, abbé de Landelles, au
diocèse de Coulances ; saint Gaud^ deuxième évêque d'Evreux ;
saint Ouën^ évêque de Rouen; saint Chéron, sainte Apolline
et sainte Clotilde, la femme de Clovis, que l'on invoquait
pour les douleurs. Saint Mathurin est représenté sur un vitrail,
au côté droit de l'église.
Le jour de la fête de saint Marc TKvangéliste (25 avril), le
curé de Carbec était tenu de venir en procession avec la croix
et la bannière à Grestain et de retourner en procession, en
chantant, avec le prieur et les religieux, en son église où l'un
des moines célébrait la messe.
Le curé de Carbec venait encore processionnellement à
l'abbaye, les trois jours des Rogations, puis il se rendait avec
les moines aux stations ordinaires ; l'une de ces stations était
la Madeleine de Grestain. Ces jours là, le prieur donnait à
dîner au curé. Le même curé recevait un bonnet carré de la
main des parents des novices, lors de la prise d'habit et de la
profession.
Un détail de la vie du B. Pierre Rerthelot fait connaître que
les paroissiens de Ilontleur allaient avec le clergé en procès-
186 l'abbaye de NOTBE-DAME de GRESTAIN
sion solennelle en récitant des prières et en chantant jusqu'à
Tabbaye de Greslain. Cette marche religieuse eut lieu au
xvii^ siècle « pour obtenir de la pluye • ».
Il ne nous a pas été possible de recueillir d'autres détails
sur les coutumes monastiques de Grestain ni sur les usages
liturgiques, les obits, les services, les fraternités, l'élection des
abbés, le cérémonial à leur mort. Nous ajouterons que le jour
d'une des fêtes les plus importantes de l'année, à l'Assomption,
les religieux de Saint-Pierre de Préaux venaient en proces-
sion à Notre-Dame de Grestain.
Il ne servirait à rien de noter des usages qui étaient com-
muns à toutes les abbayes lors de la prise de possession. Les
abbés ou leur procureur étaient soumis à des cérémonies
immémoriales : entrée libre de la grande porte de l'église
abbatiale, séance au chœur, son des cloches, entrée dans le
chapitre, le réfectoire, les dortoirs, maison abbatiale, autres
bâtiments, enclos et jardins, où le nouvel abbé levait une
bêchée de terre et coupait une branche d'arbre, en présence
du prieur, des religieux et de notables personnes qu'une invi-
tation conviait à la cérémonie, telles que les familles de Mor-
seng, de Grosourdy de Saint-Pierre, Legrix de Berville,
Legrand des Gruaux, Thirel, et d'autres qui comptaient sur
les revenus d'Eglise pour faire vivre leurs cadets.
Nous ne pouvons terminer ce chapitre sans rappeler la
légende que M. Masson de Saint-Amand a répandue après
l'avoir trop légèrement admise ^. Cet auteur a écrit qu'une ving-
taine d'années avant sa destruction l'abbaye de Grestain possé-
dait un garde-manger digne de LucuUus. Il tenait cette infor-
mation d'un témoin oculaire. La communication était de nature à
piquer la curiosité, mais il n'y a pas lieu de douter que le
1. Le Pays Normand, revue mensuelle, nov. 1901, p. 180.
2. Lettres d'un voyageur à V embouchure de la Seine, p. 270.
LES RUINES 187
témoin oculaire (désigné par une initiale) ne se soit plu mali-
cieusement à se jouer de la crédulité d'un jeune auditeur. Les
aménagements qui auraient eu des droits à Taffection du gas-
tronome sont de pure invention. Les moines disposaient d'une
très belle source qui formait un petit bassin, une espèce de
réservoir découvert que Ton voit encore. C'est le garde-man-
ger médiocre dont on a voulu parler; ses productions ne
méritaient pas que Ton ait fabriqué, non sans dessein, le
sobriquet de Grestain-le-Gourmand dont il serait impossible
de citer un exemple '.
On a aussi parlé des « somptueux » bâtiments de Tabbaje.
Personne ne les a vus et il n'en existe pas de plan. Les histo-
riens ont quelquefois le tort d'emprunter à leur imagination.
Enfin nous donnerons un dernier détail. Dans les actes
rédigés au xviii^ siècle, le nom de Grestain est toujours
accompagné de la qualification A'nhbaye royale. On rencontre
dans différents recueils les armoiries de l'abbaye de Grestain :
dazur à trois fleurs de lys d'or, '2 et 1 . C'est le blason que
d'Hozier n'oublia pas de fournir au monastère, moyennant
finance, à la fin du xvii^ siècle.
1. Canel, Blason populaire de la Normandie, I, 258.
CHAPITRE VI
Les Ruines. — L'Étal aclueL
L'histoire monumentale, la description de l'église et des
lieux réguliers de Grestain ne peuvent être l'objet d'aucun
travail. Il n'existe plus aujourd'hui, et, pour le passé, aucun
auteur ne nous a transmis de renseignements sur ce que le
voyageur remarquait encore à Grestain au xvii^ siècle. Il en
résulte qu'il est fort difficile de reconstituer le plan général
des bâtiments et édifices qui ont été détruits vers 1768. L'em-
placement qu'ils occupaient ne peut plus être distingué sous
la verdure du verger qui s'offre k la vue. Les constructions
qui ont subsisté ne sont ni considérables ni intéressantes.
L'enclos de l'abbaye de forme irrégulière, très rétréci au
couchant, a conservé son enceinte de murailles. Les murs
restés debout dans la partie occidentale et construits en cail-
loux avec contreforts plats sont romans ; ils datent de la pre-
mière moitié du xii^ siècle. On observera que tous les contre-
forts sont en travertin, pierre poreuse, calcaire concrétionné
produit par des dépôts que forment les eaux de la contrée.
Quelques parties du mur septentrional, bâti en pierres avec
chaînages en silex noir taillé et consolidé par cinq contreforts
saillants, appartiennent à une époque plus récente. Cette
réparation dans la clôture a été faite au commencement du
xvi^ siècle, sous l'abbatiat du cardinal Le Veneur, ainsi que
l'atteste un écusson très effacé, placé à Fangle sud-est, et qui
porte les armoiries de ce prélat.
190 l'aBBAVE de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
Les murs d'enceinte présentent dans leurs principales
dimensions les mesures suivantes : au midi, 260 mètres envi-
ron ; au couchant, 46 mètres; au nord, 274 mètres; et au
levant, 300 mètres. La superficie du clos de Tabbaye peut être
évaluée à quatre hectares.
Un lierre grimpant s'élève sur ces vieux murs, s'y accroche
et les recouvre de son vert et élégant feuillage. On remarque
notamment deux énormes troncs qui entrelacent leurs bras
tortueux dans les pierres du mur occidental.
Deux portes formaient l'entrée principale de l'abbaye ;
elles sont situées au nord, du côté de la Seine, sur un chemin
à peine tracé et qui nest autre qu'un tronçon de celui qui, au
moyen âge et jusqu'au xviii^ siècle, a conduit de l'embou-
chure de la Risle à Ilonfleur. Les portes ont : la plus grande,
3 mètres d'ouverture ; la plus petite, 1 m. 72. Cette dernière,
affectant seulement à l'intérieur la forme ogivale, accuse la fin
du xii^ siècle.
A propos de ces portes, il est intéressant de rappeler qu'une
ouverture ovale entourée de briques, dit l'archéologue auquel
nous faisons de larges emprunts tout en nous éloignant de lui
sur certains points ', une ouverture était pratiquée dans la
plus grande des deux portes ; c'est le souvenir d'un antique
usage. Tous les ans, le jour du vendredi saint, un moine pas-
sait une miche par cette ouverture et l'offrait à toute personne,
riche ou pauvre, qui se présentait à la porte du couvent. On
rapporte que M™*^ de Grosourdy de Saint-Pierre venait elle-
même en carrosse chercher sa miche.
Le moine chargé de l'office de portier logeait dans une cel-
lule placée à droite de la petite porte réservée pour le passage
des piétons, selon l'usage généralement adopté.
1. M. A. Pannier, de Lisieux, a consacré trois articles à labbaye de Grestain
dans le Journal de Ilonfleur, année 1864.
LES RUINES 191
La grande porte paraît la plus ancienne ; elle est à plein
cintre. Cette porte était surmontée d'un appartement porté par
un bout sur une voûte de pierre. Il avait été affecté au loge-
ment du curé de Saint-Ouën de Grestain. Cet appartement, la
maison du portier et ses dépendances furent détruits par Tin-
cendie du 13 décembre 1662.
Au-delà des portes se présente le gable ou petit pignon d'un
bâtiment encore en bon état, assez bien conservé, qui est con-
tigu aux murs du nord sur lesquels il fait une saillie de
7 mètres. C'est une construction du xvi^ siècle qui dépendait
de l'abbaye bien qu'elle se trouve en dehors des lieux régu-
liers. On y a ouvert une porte extérieure au siècle dernier.
Peut-être faut-il voir dans ce bâtiment la maison nommée \ In-
firmière, et à laquelle un jardin était attenant ; en tout cas il
ne faut pas le considérer comme une ancienne église qui aurait
été construite après la suppression de labbaye, ainsi qu'il a
été dit par M. Pannier. Mais les observations de l'archéologue
bienveillant qui nous acceptait pour compagnon de ses explo-
rations, il y a plus de quarante ans, ne pouvaient être qu'ap-
proximatives ; il tenait ses renseignements de seconde main,
sans pouvoir en vérifier ni la sincérité ni l'exactitude.
Plus loin, un chemin quelque peu sauvage longe le mur de
l'enclos. Le mur est assez élevé ; on y remarque les traces
bien apparentes d'ouvertures, de baies aujourd'hui murées qui
ont du jadis s'ouvrir sur un bâtiment important. Toutes ces
constructions sont ruinées ; on s'en approche à travers des
buissons. L'examen attentif des murailles, lesquelles n'ont pas
été remaniées, porte à croire que là s'élevait parallèlement à
l'église, formant un des côtés d'un carré, un corps de logis de
23 toises (44 m. 83) de longueur qui comprenait quatre tra-
vées voûtées, appuyées sur les murs extérieurs. C'était, selon
nous, le réfectoire qu'une grande fenêtre de vingt-deux pieds
de hauteur et douze de largeur éclairait vers le levant. Les
192 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
cuisines, situées également au nord, occupaient la travée de
Fouest et se reliaient à des salles destinées à d'autres parties
du service. Nous savons fort bien qu'il nous faudrait d'autres
indices pour restaurer le plan primitif de Tabbaye.
En revenant sur nos pas et en pénétrant par la porte prin-
cipale, nous allons essayer de donner, aussi clairement que
possible, un aperçu des bâtiments qui entraient dans l'ensemble
de Tabbaye ; deux procès-verbaux de l'état des maisons claus-
trales établis en 1643 et en 1665 nous y aideront '.
Divers archéologues ont fait remarquer que les plans géné-
raux des monastères semblent avoir été les mêmes pour
toutes les abbayes bénédictines. L'église était le centre; autour
d'elle se groupaient les dépendances de la communauté, les
bâtiments claustraux disposés avec méthode. Mais on ne con-
naît aucun dessin qui puisse donner une idée générale de leur
situation aux temps anciens, de leur aménagement, pas plus
que de la direction des chemins qui conduisaient à l'abbaye
ou des contours des massifs de bois qui longtemps l'envelop-
pèrent '.
On rencontrait une première cour ou cour de la ferme avec
un colombier, une grange, des écuries et autres lieux qui
avaient, à l'origine, renfermé tout ce qui est indispensable à
l'agriculture. Sur la droite de la cour, à l'ouest, s'élevaient les
magasins d'exploitation et les caves. On serait porté à attribuer
cette destination au bâtiment construit en pierre qui subsiste
et présente trois grandes arcades à ogive unique ou de transi-
tion, lesquelles n'ont pour toute décoration qu'un large chan-
frein. Ces arcades dont la partie supérieure est seule appa-
rente reposent sur de grosses colonnes monocylindriques
d. Pièces justif., n» 96. Acte du 9 avril 1663, et Arch. dép. de l'Eure H. 347;
Requête du 24 septembre 1643 et procès-verbal du 20 octobre 1643.
2. Arch. nat., série N. Eure, 3^ cl. n° 23 ; plan des bois dépendant de l'ab-
baye de Grestain.
LES KL INES 193
enfouies dans le sol qui a été surélevé par une grande quan-
tité de terre provenant des démolitions ou apportées avec
intention. Les colonnes ont des chapiteaux garnis de deux-
tores. Sur le mur septentrional, construit en larges pierres de
tuf, subsistent les traces d'une arcade très élevée, à claveaux
extradosés, et d'une arcade à plein cintre plus étroite, mais il
ne paraît pas que le bâtiment s'étendait vers le nord. On y
remarque, ainsi que sur plusieurs des contreforts de Tenceinte,
une particularité intéressante : c'est que le talus des contreforts
déborde sur la face antérieure de façon à former un petit lar-
mier. Ce détail de construction, qui ne frappe pas au premier
regard mais que l'on distingue avec un peu d'attention, peut
être attribué au xii^ siècle. Pour ces constructions, il convient
d'indiquer la date de la fin du xii^ siècle quant aux parties les
plus anciennes. L'autre côté est d'un style tout différent; c'est
un remaniement du xvi^ siècle. On y voit des contreforts sail-
lants et une tête grotesque à l'angle supérieur.
A peu de distance et à l'ouest de cette massive construction,
se trouvent un étang et une source appelée la fontaine Saint-
Benoit ; c'est très probablement la fontaine des temps primi-
tifs de l'abbaye, celle qui avait été recommandée par un songe
à Herluin de Gonteville. « Longtemps en réputation, elle finit
par être tout à fait abandonnée pour les sources, plus ancien-
nement célèbres, de Saint-Méen et de Saint-Geran, voisines
de l'église paroissiale de Carbec et situées sur un terrain com-
munal ' )).
^ ers l'orient, apparaissent les derniers vestiges de l'église
abbatiale. Ils consistent en deux piliers construits en blocage
avec revêtement en tuf; l'un est détruit, l'autre présente des
fragments de deux arcades el de deux chapiteaux romans à
larges volutes qui reçoivent ces arcades. Un chapiteau est par-
1. Canel, Essai sur iarr. de Pont-Ainicnicr, II, 407.
(]h. Uukaiui. — L'Ahbaije de Xolre-Ditine Je (îreslnin. 13
194 LABBAYE DE NOTRE-DAME DE GRESTAIN
faitement conservé et décoré d'entrelacs dessinant par leur
enchevêtrement des losanges. Sur l'autre chapiteau on trouve
comme ornement deux oiseaux affrontés.
Un bâtiment à usage de grange a été élevé sur l'emplace-
ment même de l'église qui s'étendait de l'ouest à l'est, et dont
le mur septentrional bordait un des côtés de la cour du
cloître. Les galeries du cloître formaient un rectangle sur
lequel s'ouvraient, à l'est, diverses salles et la salle capitulaire.
L'étage supérieur servait de dortoir aux religieux : le long
d'un corridor étaient disposées les cellules, au nombre de
seize en l'année 1665. Le dortoir se reliait au transept de
Léglise. Au nord, nous plaçons le réfectoire, parallèlement à
l'église, puis les cuisines. D'autres bâtiments accessoires, cel-
liers, vestiaires, chambres des hôtes, occupaient le côté occi-
dental du cloître
Quant à la maison abbatiale, elle était séparée des autres
édifices de l'abbaye ; un jardin y était annexé. Il se peut faire
qu'elle soit aujourd'hui représentée par l'habitation que l'on
rencontre au delà de l'église, à gauche; la construction n'a
conservé d'ailleurs aucun caractère d'antiquité. Mais il y a, à
ce sujet, une tradition qui n'est pas dépourvue de probabilité.
Il n'est pas possible d'aller plus loin dans les détails du plan
de Grestain sans s'abandonner à des fantaisies. Gomme nous
l'avons dit, on ne possède aucun dessin pour se guider ; les
textes sont insuffisants, et, d'autre part, la destruction a été
complète : on peut dire sans exagération qu'il n'est pas demeuré
pierre sur pierre. Les matériaux sont allés, les uns, servir de
remblai aux chemins ruraux, les autres, échouer dans les
bâtisses du voisinage. On nous a désigné deux maisons de
Ronfleur qui auraient été construites avec les débris des bâti-
ments de Notre-Dame de Grestain.
Suivant d'autres récits, les églises voisines auraient recueilli
quelques épaves du mobilier. On citait à l'appui notamment
LES RUINES 195
l'autel placé dans Téglise paroissiale de Xotre-Dame-du-Val ',
lequel avait pour contre-table un tableau où on lisait une
inscription du xvii*^ siècle. La note qui suit en tait connaître
le texte -.
« 26 juillet 1839. — Je suis allé aujourd'hui à Berville, et,
dans l'après-midi, j'ai fait une visite à mon ami le curé de
Saint-Pierre que j'ai trouvé dînant avec sa mère. Après quoi,
j'ai visité les ruines de l'église de Notre-Dame-du-Val. Les
murs et la toiture du chœur sont les seules parties de l'édifice
qui soient conservées. La toiture du surplus de l'église est
entièrement détruite ; le portail n'existe plus ; les murs adja-
cents sont presque démolis. Mais l'autel est encore debout ; il
est orné d'un tableau représentant Y Annonciation^ au bas
duquel, à droite, est l'inscription ci-dessous:
DoM Jehan-B. TmREL, prieur et
Grand Vicaire en l'abbaye de Grestain
A FAICT PAINDRÉ les DEUX CHAPPELLES
Ex l'honneur dé Dieu, de la Vierge et
De saint Pierre. En 1646. »
Rien dans ces lignes n'indique que, ainsi que M. Canel l'a
cru, ce tableau provenait de l'abbaye. L'inscription consacrait
simplement le souvenir de réparations faites à deux chapelles
de l'église même de Notre-Dame-du-Val, aux frais du prieur
de Grestain qui, en sa qualité de grand vicaire, tenait la place
de l'abbé.
Ajoutons qu'aujourd'hui les murs et la toiture du chœur de
l'église sont en ruines, que l'autel est détruit et que le tableau
n'existe plus.
Pour retrouver quelques autres débris comme sculptures,
1. Canel, Essai sur l'arr. de Pont-Sudeiner, II, 48»-.
2. Noie autographe de M. Mondelot, receveur de renregistrement à Beuze-
ville, de 1823 à 1854.
196 l'abbaye de N0TRE-DA5JE DE GRESTAlN
tombes, carrelage, dalles tumulaires, nos visites à Grestain ont
été infructueuses. Cependant, il y a quarante ans, on j voyait
encore sur le sol des chapiteaux décorés de feuillages, et, près
du mur intérieur qui fait face à Tétang, les fragments d'une
magnifique pierre tombale, gravée au trait, qui datait de la
seconde moitié du xiii^ siècle ou du xiv*'. C'était le seul monu-
ment authentique qui rappelât la mémoire des bienfaiteurs de
l'abbaye. Le bas de cette tombe avait été coupé ; de l'inscrip-
tion on ne pouvait lire que ces mots ' :
Icm GiST Anise de la Mare damé d'Yvetot Laquelle
TRESPASSA l'an DiÉU LES PARDON LI FACHE. AmEN.
Sous nne arcade ogivale et subtrilobée ornée de crochets,
accompagnée de colonnettes, de pieds droits élégants, et de
deux anges balançant des encensoirs dans les angles supé-
rieurs, était représentée la personne que recouvrait cette
pierre. Cette personne, sur laquelle nous n'avons trouvé aucun
renseignement précis, portait une rangée de vair dans ses
armoiries.
Nous terminons ce chapitre en signalant le cercueil en
pierre calcaire que l'on a découvert, il y a quelques années,
en fouillant le sol sur l'emplacement de l'abbatiale. Nous en
avons vu le couvercle, d'un seul morceau, de forme plate,
plus étroit aux pieds qu'à la tête ~, sans aucune figure, aucune
décoration, aucune inscription. Mais l'attention était appelée
par le signe funéraire dont il est orné. Il consiste en une croix
dont le bâton se dessine en relief sur le couvercle. Ce frag-
ment funéraire remonte au xii^ siècle ; il a recouvert la sépul-
ture d'un des premiers abbés de Notre-Dame de Grestain. On
1. Voy. l'article de M. A. Pannier dans le Journal de Ilonfïeur, 18Gi. —
L'inscription paraît concerner la famille qui, au xiv" siècle, a possédé le flef
de la Mare, sur la paroisse de Sainte-Opportune, cant. de QuiUebeuf, Euro.
2. Longueur, 1 m. 59 ; largeur, à la tête, 0 m. 57 ; aux pieds, 0 m. 27.
LES RUINES 197
lui avait donné nn abri sous le larmier d'un bâtiment ; il y est
encore conservé ainsi que nous avons pu nous en assurer tout
dernièrement.
Ce qui reste de l'ancien monastère n'offre, on le voit, qu'un
bien faible intérêt en monuments. Même l'édifice le plus
important, l'église, n'a pas laissé de traces que l'on puisse
indiquer avec précision. On sait qu'elle avait été réédifiée plu-
sieurs fois, mais tout porte à croire que l'incendie du xii^ siècle
qui la détruisit avait trouvé son principal aliment dans les
matériaux, dans l'emploi du bois. Ce mode de construction
s'est prolongé longtemps dans le diocèse de Lisieux. L'abon-
dance du chêne dans les forêts, la rareté de la bonne pierre à
bâtir, la difficulté énorme des communications et des trans-
ports, ont forcé de se servir des matériaux qui se trouvaient
sur place ou à peu de distance. L'église Sainte-Catherine de
Honfleur est là pour l'attester *.
Bois ou pierre, tout a été anéanti sans bruit, sans fracas.
On ne voit point que les contemporains de la destruction de
Grestain s'en soient préoccupés outre mesure, sachant sans
doute que tout périt: palais et abbayes. Toutefois il n'est pas
juste d'accuser (» le torrent révolutionnaire » d'avoir profondé-
ment marqué son passage à Grestain ^. N'est-ce pas mettre en
oubli que la dévastation a été l'œuvre de bien d'autres causes
et que la vie religieuse s'était perdue dans l'abbaye plus de
trente ans avant la Révolution?
1. CoïKjrès archéologique de France, 37^ session, p. 151.
2. Canel, Essai sur r.irr. de Pont-Auderner, II, 466. — Fouquier, Recherches
hist. sur Beuzeville, p. 197.
DOCUMENTS HISTORIQUES
PIÈCES JUSTIFICATIVES
Charte conprmafivc des biens de V ahhaije de Notre-Dame
de Grestain accordée par Richard Cœur de Lion K
1 189, 14 novembre.
Ricardus, Dei gratia rex Anglie, dux Normannie et Acqiiitanie,
cornes Andegavie, archiepiscopis, episcopis, abbatibus, comitibus,
baronibus, justiciariis, vicecomitibus et omnibus ballivis et fideli-
bus suis, salutem. Sciatis nos concessisse et presenti carta nostra
confirmasse omnes subscriptas donationes factas Deo et ecclesie
Sancte Marie de Grestano et monachis ibidem Deo servientibus, etc.
Ex dono Willelmi régis Anglorum et ducis Normannorum unum
plénum villanum in Comtevilla ~ qui manet apud Folemaram 3,
Juxta Ilunefluctum ^ capellam Sancti Nicholai ^ ita quod mona-
1. Nous donnons cette pièce d'après deux copies : l'une, à la Bibl. nat., ms.
lat. 12778, fol. 2't4; l'autre, aux Arch. dép. de la Seine-Inf., fonds de Tancar-
ville.
2. Conteville-sur-Mer, arr. Pont-Audeiner, Eure.
3. Position inconnue.
4. Honfleur, arr. Ponl-rÉvèquc, Calvados.
;i. Saint-Nicolas-du-Val-de-Claire ou Saint-Nicol, ancien prieuré devenu une
léproserie, situé à un kilomètre au sud de Ilonllrur.
200 l'abbaye de JNOTRE-DAME DE GRESTAT^
chus qui ibi Deo serviret de foresta ^ que juxta est acciperet quic-
quid necessarium esset capelle faciende et domorum suarum et
ligna ad ardendum.
Ex dono Herlewini, patris Roberti comitis Moretis, trig-inta
acras terre in Gresteno et bordarios et piscatores quos ibi habebat
et silvam Normare - quae est proxinia monasterio et partem alterius
silve in montem Sancti Georgii 3, et tertiam partem niolendinorum
Sancte Marie Ecclesie ^ cum décima eorumdem ; — apud Bullevil-
lam ^ duos villanos ; — et in Gresteno terram Gundranni et dimi-
dium molendini in Garebec ^ ; — apud Fulebec ^ unum bordarium
cum modico alneto ; apud Martinivillam ^ decimam unius medie-
tarii; — apud Wauvillam -' decimam unius carruce ; — apud Brete-
villam^'^ totam decimam Roberti Affectati ; — apud Mullivillam ^'
medietatem totius ville, id est in ecclesia et in terra et in ag^ris et
in aliis ville pertinentibus ; — apud Tilleum ^' terram unius carruce
et unum equitem et villanos et bordarios ; — apud Sanctam Scolasti-
cam '3 triginta acras terre cum tota décima, et medietatem ipsius
ecclesie cum tertia guerba que pertinet ad ipsam medietatem, et
centum acras terre in eadem villa et totam decimam illarum cen-
tum acrarum terre, et totam decimam de terra Warini fdii
Arnulfî in eadem villa, et totam decimam de terra Turstini Trembl.
in eadem villa ; — et apud mariscum Guarini '^ quinque acras prati
et unum bordarium cum omni consuetudine et décimas equitii (?)
1. La forêt de Bonneville ou de Touques, arr. Pont-l'Évêque, Calvados.
2. Sur la paroisse de Fatouville-Grestain, Eure.
3. Saint-Georges de Fiquefleur, arr. de Pont-Audemer, Eure.
4. Paroisse devenue Notre-Dame-du-Val-sur-Mer, arr. de Pont-Audemer,
Eure.
5. Boulleville, cant. de Beuzeville, Eure.
6. Carbec-Grestain, commune réunie à Fatouville, cant. Beuzeville, Eure.
7. Foulbec, arr. de Pont-Audemer, cant. Beuzeville, Eure.
8. Martainville-en-Lieuvin, cant. Beuzeville, Eure.
9. Peut-être Vauville, arr. Pont-rÉvêque, Calvados.
10. Bretteville-rOrgueilleuse, Calvados, arr. de Caen.
H. Munneville-sur-Mer, Manche, arr. de Coutances.
12. Tilly-sur-SeuUe, Calvados, arr. de Caen.
13. Sainte-Scolasse-sur-Sarthe, arr. d'Alençon, Orne.
14. Le Marais-Vernier, arr. de Pont-Audemer, Eure. — En l'année 1200,
marescum Warneri, Cart. de Jumièges, copie, ms. latin 5424,^fol. 91 v°.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 201
et armenti et poccorum et caseoriim cîomini ojusdem loci. et pas-
turam animalihus monachorum.
Ex dono Roberti comitis Moretis filii Herlewini, fratris Willelmi,
régis Anglorum et ducis Normannorum, omnes consuetudines et
custumas quas tenebat de dominio suo et fratre Willelmo reg-e in
riparia Secane a gardo de Kilebuef ' usque ad Nigrum portum - id
est totam custumam aque saliae, semel in septimana, ad Unumfle-
tum -^ ascendentem et recedentem ([uicquid in retiis inventum fue-
rit de cujuscumcpie terra aut dominatu fuerint omnes qui retia in
aqiiam miserint. — Concessit etiam et dédit omnes sturiones qui in
tota aqua sua capientur, ita quod monachi de primo quem per
annum habuerint servierit domino Normannorum, de ceteris quod
voluerint faciant. — Dédit etiam eis et concessit primum salmonem
et primam alosam et primam lampredam qui in retiis capientur, et
dimidium marsuini qui infra Quadragesimam capietur. — Dédit
etiam totum werec quod invenietur a spina Berville ^ usque ad
Nigrum portum ubicumque mare illud projiciat usque ad certanam
terram ultra galeum, et si infra hanc tenuram accederit ullum sine
[possessorej monachorum sit emendatio et justitia, et si mortuus fue-
lit aliquis in nave tenente per anchorum corpus ejus cum pecunia ad
ecclesiam monachorum deportetur. — Dédit quoque terram et galeum
quantum fluctus consuetudinarie ascendit cum omni custuma cujus-
cumque antea certana terra fuerit sicut dominus suus rex ^^ illel-
mus ei donavit "'. — Dédit etiam in terra sicca quicquid habebat in
riparia, id est bordarios et burgenses quos habebat in Jowlis '' et
1. Quilk'bfpuf, air. de Ponl-Audemer, Eure [Chelihei en 1070, Kilehuf en
1197, Kilehoë en 1238, Quillehoues en 1392, Quillebeuf-sur-Seine en i4lJ0.
Quilbeuf, en 1704, Quidebeuf en 1781. — Dict. top. du dép. de l'Eure, p. 178.
2. Le Noirport, à l'est de Honflcur et à peu de distance de rancienne
enceinte, appaitcnait à l'abbaye de Grestain ; on désignait par ce nom un
petit enfoncement du rivage qui est devenu plus tard le havre-neuf.
3. Ilonfleur, arr. de Pont-l'Évèque, Calvados.
4. Berville-sur-McM-, arr. de Pont-Audemer, Eure. On avait coutume dans
l'ancienne Normandie d'indiquer par des épines les limites des dimages et par
suite les divisions paroissiales. Dès le xi*" siècle, l'épine de Berville servait à
cet usage.
5. Le passage est à noter. Robert de Morlain en précisant les droits de cou-
tui'ie à percevoir depuis Vépine de Berville jusqu'au Noir-Port, nous apprend
que tout le litlora! compris entre ces limites lui avait été donné par son frère
utérin, le duc Guillaume le Con(|uérant.
6. .lobles, hameau du canton (\c Hcu/.eville, Eure.
202
L ABBAYE DE NOTRE-DAME DE GRESTAIX
Fiskefluctu i et Cramanfluctu - et Hunefluctu, et totum theloneum
quod fiet a spina Berville usque ad portum de Hunefluctu sub via
et in via de omnibus alienis, et mercatum de Fiskefluctu quietum
et feriam ipsius ville ^ cum omni custuma, et decimam feriarum
quas habebat inter Rislam et Thocam ^, et tertiam partem molen-
dini de Fiskefluctu, et très modios advene in molendino Turstini-
ville 5, et in Grimbovilla ^ quindecim acras prati, et molendinum de
Grestein cum molta Cunteville consueta sicut uni de molendinis
suis, et omnes acras et totum p^aleum et consuetudines ad acras
pertinentes quietas a spina Berville usque ad aquam de Hunefluctu.
De sale quod portatur per terram domino Normannorum est thelo-
neum, si vero per mare portatur prefatorum monachorum sit. —
Concessit etiam fusilitatem et plumbeam ad opus salinarum per
totam rippariam "... in die autem mercati et die ferie, et Fiskefluctu
quicumque faciet theloneum ad fontanam de Fulebec usque ad
mare et usque ad pontem theloneum monachorum sit, excepto de
pane et sale et frisco pisce ; — et in portu de Hunefluctu medieta-
tem thelonei de hiis que per mare ducuntur aut reducuntur ; — et
quamdem partem bosci sui desuper Karebec a domo Durandi Capra-
rii sicut semita vadit usque ad terram arabilem Berville ; — et
viginti libras terre in Normannia et quindecim in Anglia et terram
Godefri, clerici; — apud ductum Pepini terram unius carruce et
unum villanum et duos censarios et unam salinam ; — apud Fon-
tanam ^ terram unius carruce et unum villanum et duos bordarios ;
— apud Odomariscum '^ terram duarum carrucarum et très équités
1. Fiquefleur-Eqiiainville, déjà cité.
2. Cremanfleur était situé à rembouchure du cours d'eau nommé l'Orange.
C'était une crique d'échouage que les alluvions ont comblée. Sur son emplace-
ment s'est formé un autre centre d'habitations qui est devenu La Rivière-
Saint-Sauveur, canton de Honfleur, Calvados.
3. Le marché et la foire de Fiquefleur, au xi'= siècle.
4. La Touque, rivière qui a son embouchure à Trouville. On ne sait de
quelles foires il s'agit.
5. Toutainville, arr. de Pont-Audemer, Eure. Voir plus loin des Lettres de
Philippe le Long (1319), n» 22.
6. Saint-Sulpice de Graimbouville, arr. de Pont-Audemer, Eure.
7. Plusieurs mots manquent dans les copies.
8. Position inconnue.
9. Doux-Marais, arr. de Lisieux, Calvados.
PIÈCKS JUSTIFICATIVES 203
omnes vero consuotudines et bernag'um que Ren. Wls. habebat
concessit Sancte Marie qiiieta pro... sua '.
Item ex dono praefati eomitis apud Vivarium torram duarum car-
rucarum et ecclesiam Sancti Quintini ^ cum pertinentiis et unum
molendinum et unam silvam et très caballarios ; — apud Tigervil-
lam '^ medietatem totius ville cum ecclesia ; — et decimam Angles-
cheville * cum tribus acris terre et decimam molendinorum Osulfi
Guillelmi et très acras terre; — apud Barnevillam '' in Costentino
terram tiliorum Ansgoti.
Ex dono Fredefeudis ", uxoris Ilerlewini, ({uicquid habebat in
Novo-Burgo " et in Canteleu et in Ilunavilla ^ ; — apud Contevil-
lam quintas acras prati •'.
ExdonoRadulti^'^, filiiHerlewini, decimam suorum molendinorum
de Cornevilla et decimam molendinorum Martenville^' et decimam
pecorum suorum.
Ex dono Radulfi Sancti Heremii, apud Maram '- terram unius
carruce et bordarios et duas salinas.
Ex dono Osulfi Bulleville. unum molendinum apud Triguevil-
lam '•^ et decimam alterius molendini.
Ex dono Gauteri, duas acras terre in eadem villa.
Ex dono Odonis Bosoni fîlii, totam decimam terre quam habebat
in Gillevilla '^ et quinque acras terre arabilis et unam acram prati
et unam salinam.
1. Le texte est très oljscur ; les trois lignes qui précèdent ont été omises
dans la copie du ms. lat. 12778 ; ici, elles sont incomplètes.
2. Saint-Quentin-les-Chai'donnets, arr. de Domfront, Orne.
3. Tierceville, arr. de Bayeux, Calvados.
4. Anglesqueville-les-Murs, arr. de Diep])e, Seine-Inférieure.
5. Barneville-sur-Mer, arr. de Valognes, Manche.
6. Frédégonde, femme dllerluin de Conteville. On remarquera que sa dona-
tion, en partie, concerne des terres voisines de Honfleur.
7. Le hameau de La Rivière, paroisse Saint-Léonard de Honfleur.
8. Canlelou et Ilonnaville, anciens fiefs de la sergenterie de Honfleur.
9. (( Unam acram prati », sur la copie de Rouen.
10. Raoul, fils aîné d'Herluin de Conteville, est cité par Orderic ^'ital iIII,
246).
H. Corneville-sur-Risle, et Martainville-en-Lieu\ in, Eure.
12. Peut-être le fief dç la Mare, au Marais-Vernier.
13. Triqueville, arr. de Pont-Audemer, Eure.
14. Gilleville ou Gedeville, hameau de Bosbénard-Crescy, arr. de Pont-
Audemer.
204 l'aBIÎAYE de iNOTHE-DAME de GRESTAIN
P'x dono Goffredi, capollani comitis Moreti, quicquid habebat a
prefato comité in ecclesiis et decimis et terris in Normannia.
Ex donoOsberni, pincerne comitis, apud Bulevillam ^ in bauterio
duas masuras. Item ex dono prefati comitis unam piscariam in
eadem villa.
Ex dono Eng-enulfi quicquid habebat in BuUevilla de feodo ducis
Normannia et comitis Moretis ipsis concedentibus.
Item ex dono comitis Moretis, très bordarios in Turbervilla ^ et
medietariam suam de Bertevilla -^ ; — apud Sotevillam ^ unum
masa^ium et terram que ad illud pertinet et unam acram prati et
decimam molendini de Fossa.
Ex dono Willelmi de Carbec, decimam terre sue de Hunla villa ^.
Ex dono Rofiferii de Chandos totam decimam quam habebat inter
Secanam et Rislam, scilicet decimam de Brietot '^ et de Fontem-
court '^, et de Haya^ et decimam Radulfi Buteri et de aliis vavas-
soribus suis.
Ex dono Willelmi de Mares, quicquid habebat in ecclesia de
Sancti Georgii -^ cum dimidio acra terre ad eamdem ecclesiam per-
tinente.
Ex dono Willelmi, comitis Moretis, medietatem Hertrouville '"^
et quicquid ad eamdem pertinet quietam ab omni custuma et eccle-
siam ipsius ville.
Ex dono Roberti, comitis de Meullent ", in Ponte- Audomari
i. BouUeville, com. du canton de Beuzevillo, Eure. Même nom cité plus
haut.
2. Saint-Ouën de Thouberville, com. du canton de Routot, Eure.
.3. Bertreville-en-Caux, arr. d'Yvetot, Seine-Inférieure.
4. Sottevillesur-Mer, arr. d'Yvetot, Seine-Inférieure.
5. Honnaville, déjà cité.
6. Brestot, arr. de Pont-Audemor, Eure.
7. Fontainecourt, hameau de Glos-sur-Risle, Eure.
8. La Ilaye-Aubrée, com. du canton de Routot, Eure.
9. Saint-Georges de Fiquefleur, paroisse déjà citée. — Un fief (fes Mares était
situé à Equainviile.
10. Hérouvillo, arr. de Caen, Calvados.
11. Robert III de Meulan qui mourut à Préaux, revêtu de l'habit monastique,
le 5 juin 1118, et fut inhumé dans cette abbaye; son tombeau s'y voyait
encore on 1791 Seigneur de Beaumont-le-Rogor et comte de Leicester, « l'un
des plus puissants personnages et peut-être le politique le plus accompli de
son siècle ». Pont-Audemer faisait partie de ses domaines.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 205
totam custumam sua m quietam de quacumque re ibi ag-eretur, sive
ducerotur sive reduceretur '.
Ex dono Rogeri^ nuig'istri Joaniiis filii Herlewini, quicquid tene-
bat de comité in Fouriiietot et in Lilletot '■' quietum ab omni cus-
tunia et adjutoriis et servitiis.
Item ex dono comitis prefati, in Bullevilla, terram Odoeni ad
faciendum ibi herbagium et totam terram Turstini Efïlanc -^ quie-
tam ; et ecclesias Sancti-Petri ^ et Sancte Marie-Ecclesia ^ cum
capella castri '' cum omnibus pertinentiis suis et viginti solidos
quos habebat annuatim in ecclesia de Barneviila " et insuper quic-
quid in ecclesia possidebat sine aliquo retinemento.
Ex dono Theodori Malemort alodium quod habebat in Sancte-
Marie-Ecclesia et in canceis Meisnillo ^.
Ex dono Willelmi de Sancte-Marie-Ecclesia unum masagium in
boscagio et unam culturam prope masag-ium quietam, concedente
Roberto Bertranno.
Ex dono Roberti '• lilii Ricardi, ecclesiam de Tregevilla cum
omnibus pertinentiis.
Quare volumus et fîrmiter precipimus quod predicta abbatia
Sancte Marie de Grestain et monachi in ea Deo servientes omiiia
hec predicta habeant et teneant bene et in pace, libère et quiète et
honoritice, in bosco et in piano, in pratis et pasturis, in viis et
semitis, in aquis et molendinis, et in omnibus locis ; volumus etiam
et firmiter precipimus quod res prefatorum monachoruin, quas ser-
vientes eorum poterunt alïidare suas esse proprias, sint quiète de
theloneo, et passag"io, et lestag'io, et poiitagio quocumque ducuntur
aut reducuntur per terram nostram et per portus maris. Et prohi-
bemus ne quis eos inde disturbet. Testibus : W. Rothomagensi
1. Droits de circulalion : leloneiini, carr(^a(jiuiu, portagium, etc.
2. Ait. de Pont-Aiidemer, Eure. Ces deux communes ont été réunies,
'i. Famille riche et considérée au xii'' siècle, à Pont-Audemcr.
4. Saint-Pierre-du-Chàtel, arr. de Pont-Audemer, Eure.
5. Sainte-Mère-Église ou Xotre-Dama du Val-sur-Mer. Id.
6. C'est la chapelle du château de SaintPierre-du-Chàtel.
7. Barneville-sur-Seine, arr. de Pont-Audemer, cant. de Routot, Eure.
8. Le Mesnil-Ferry ou Mesnil-Ferrey, hameau de Notre-Dame-de-Vai-sur-
Mer; fief relevant de Monlfort-sur-Risle. — Voy. au chniiitre 111.
9. Un Robert de Sainte-Mère-Église est cité à l'art. T/-i(/iii'rillc dans M<^in.
et Notes sur le dép. de VEure, III, 307,
206 l'abbaye de >otre-dame de gbestain
episcopo, H. Dunelm.. H. Cnvintr., R. Bathon., episcopis ; Wil-
lelmo de Sancto Johanne, Willelmo marescallo, Henrico de Longo
Campo. Datum per manum Willelmi de Longo Campo ', cancella-
rii nostri, Elyensis electi, apud Westnionasterium, quartodecinio
die Novembris, anno primo regni nostri.
II
Charte confirmative des Liens de Vahhaije de Grestain situés en
Angleterre, accordée par Richar^d Cœur de Lion.
1 180, 1 i novembre.
Ricardus Dei gratia rex Angliae, dux Normanniae, etc. Seiatis
nos concessisse et praesenti carta nostra confirmasse omnes subs-
criptas donationes factas Deo et ecclesiae Mariae de Grestein et
monachis ibidem Deo servientibus : — Ex dono Willielmi, régis
Ano-lorum et ducis Normannorum. in Anglia quicquid habebat in
Penitona ', in terra, in pratis, in silvis, in consuetudinibus et aliis
villae pertinentibus, cum tota ecclesia.
Ex dono Roberti, comitis Moreton., fratris Willielmi régis, duo
maneria, Grastinges ^ et Breteham ' in vicecomitatu Suffochiae, et
decimam de Cambis \ et quod habebat in Salsintona in vicecomi-
tatu de Cantebrig. et Wilmiutonam et quicquid ad eam pertinet. Et
in Ferlis vj hidas terrae. Et in Pevenesel *' domum Engelerii et quic-
quid ad eam pertinet. cum omni consuetudine. Et in foresta sua de
Pevenesel pasnagium et herbagium et materiem ad ecclesias suas
et ad proprias domos suas construendas et ad focum suuni.
1. Guillaume de Longchamp. évèque d'Ély, régent d'Angleterre, légat apos-
tolique, célèbre conseiller de Richard Cœur de Lion. Mort à Poitiers, en 1197.
2. Après quelques essais p^^u satisfaisants, il nous a paru presque impos-
sible de localiser les noms de lieu qui sont cités dans cette charte. Quant aux
noms des comtés ils sont faciles à reconnaître. Peniton-Grestein est cité en
1308 (pièces justif., n" 20).
.3. Cretinr/es, Gretingham. Creefinr/ SufTolk .
4. Rretlenham Suiïolk .
:>. Gamhes ou Camb Cambridge).
6. Pevensey près d'Hastings iSussex).
PIÈCES JUSTIFICATIVES 207
Ex doiio Matildis ', comitissae Moreton., Conoc - x hidarum et
quicquid ad eam pertinet. Et in Beding'eham duas hidas terrae et
ecclesiam ipsius villae. Et unum domum in London cum omni
consuetudine. Et xxxlj hidas terrae quae dederat ei pater suus
Roii^erus de Monte-Gomerico, scilicet apud Haxintonam viij hidas,
et apud Mersam xj hidas, et apud Hiteford vj hidas, et apud Lan-
gebergam ij hidas, et apud Tavistone iij hidas et dimidiam, et apud
Clavendon iij virg-itas per concessum régis Williehiii.
Ex dono Radulphi Valletorte, Nortone ^ juxta Monteacutum ^ et
quicquid ad eam pertinet.
Ex dono Roberti, Ivonis lilii, unani carrucam terrae in Fridela-
kestoc, et quinque villanos et servos et ancillas.
Ex dono Willielmi, coniitis Moreton., in Dorsecestrescira quic-
quid habebat in Wynburne. Et in Norhantescira quicquid habebat
in Graftona ■', et apud Pevenesel unam virg-atani terrae, et in Bla-
culvesleg-a monasterium et duas hidas terrae quas tenuit Sagrim
presbiter. Et in Draitona quae est in Bukingehamscira unam hidam
terrae et dimidiam et ecclesiam. Et in Mersetona quae est in Hert-
fordscira dimidiam hidam. In Goningtona quae est in Sussexia
très hidas et dimidiam et decimam. Et in Bibewith unam vir<iatam
terrae et dimidiam. Et in Telletona unam virg-atam in eadem
scira. Et in Hestona ^ très hidas terrae. Et ecclesias de Ber-
chamstede ^ et capellam castri et décimas, et terram quam tenuit
Godrefidus capellanus in eadem villa. Et decimam de Hamela-
mestede et de Kenetone et de Fleteham et de Stamere et de Alde-
beria et de Aldrintona et de Haddona et de Suilla et de Tovistona.
Et ecclesiam de Bradeslewes et unam hidam terrae. Et ecclesiam
de Stokes et decimam et terram quae ecclesiae pertinet. Et eccle-
1. Malhikle ou Mahaul de Monlgoianiei'y, comtesse de Mortain.
2. Connok (Wills .
■i. Xorfnn dans le comté de Somerset. Cette terre est mentionnée dans les
Rôles de l'Echiquier en 1204. Mém. soc. Anl. Xorm., X\'I, i.{2. On trouve sept
localités de ce nom dans le Somerset.
4. Monfagule (Montaigu), au comté de Somerset. D'après les chroni(jueurs,
Robert de Mortain y bâtit un chât(\au et y fonda une abbaye Ihilhonicnsis
diocesis).
îj. Grafton-Hegis ou Grafton-L'nderwood i Xortliani[)ton).
6. Ileston (llertfordj.
7. Berkamested (Ilertford). lïerkhampstead.
208 l'abbaye de notre-dame de grestain
siam de Butebroc et decimam et terrain quae pertinet eccleslae. Et
ecclesiam de Graftoiia. Et ecclesiam de Ilalmeden.
Item e\ doiio praefati eomitis, diniidiam piscinam de Langenega,
et totam decimam ipsius piscinae. Et ecclesiam de Esdena cum
omnibus pertiiientiis suis. Et ecclesiam de Wesdene. Et ecclesiam
de Ferles cum omnibus pertinentiis suis. Et unam hidam terrae
apud Hectone quam Alnodus, presbvter, tenuit.
Ex dono Alvredi pincerniae ', in Cherletone totam decimam in
suo dominio.
Item ex dono praedicti eomitis apud Middelton unam hidam ter-
rae, et dimidium pratum quod dicitur Turide.
Ex dono Theodorici, camerarii. in Cornubia. quoddam manerium
quod vocatur Xortone cum omnibus pertinentiis suis.
Ex dono Rogeri de Fraxineto, iij aéras terrae in Suptona, et
Garam, et totam decimam in suo dominio.
Ex dono Rogeri de Brostone dimidiam virgatam terrae in Tedo-
orda et posturam ad quinquaginta oves super montes et quicquid
habebat de feodo suo in Busselac, quietum et liberum ab omnibus
consuetudinibus et serviciis.
Ex dono Rogerii Marmion - decimam totius dominici sui de
Berewic.
Ex dono Ricardi filii Hammingi, totam decimam de dominio suo
de Essetes et de Ferlée et Sirintone et Clotintone et ires acras
terrae in Harrop, et decimam de omni pecunia sua, de pullis et
agnis et purcellis et caseis et pasturam ad xxx oves et très boves,
cam sua pecunia dominica in Essetes quieta ab omni consuetudine
et servicio.
Ex dono Huaronis de Cihai^-nes decimam de manerio suo de
Witeford in blado et agnis et lana et caseis et porcellis et omnibus
quae ad decimam pertinent. Et unam acram terrae in eadem villa.
Et pasturam xxv ovibus et duobus bovibus et in Pevenesel iiij
acras terrae.
Ex dono Willielmi. filii Alfwreli, iiij acras terrae quas tenuit
Sefredus juxta ecclesiam sanctae Mariae de Pevenesel ex parte occi-
dentis,
1. Alfred le Bouteiller.
2. Voy. la note de M. A. Le Prévost, dans Boman de Bon (édit. Pluquet),
t. II. p. 268.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 209
Ex dono Willielmi, comitis de Warenna, suam consuetudinem
et libertatem in Safordia ex omnibus scilicet et lestagio, et ponta-
gio, et passagio, et de omnibus aliis consuetudinibus.
Ex dono Theodorici de Forhou unam virgatam terrae in Cones-
grave et medietatem decimae suae de Forhou, concessu domini sui
Willielmi quietam ab omni servicio.
Ex dono Richerii de Aquila * terram et nemusquod jacuit mane-
rio de Willendone quod Ricardus de Cultura et dederat. Et deci-
mam molendini in eodem manerio, et herbagium in fo resta sua,
et porcos suos quietos de passagio, et nemus et materiem ad domos
suas proprias et ad sepes et ad ignem eorum in foresta sua per
visum forestariorum suorum ; et bruarium quam hobet apud Bus-
eheiam juxta illam quae illorum erat, scilicet inter viam quae vadit
apud Helesham et illam quae venit apud Buscheiam usque ad fossa-
tum de Norht. Et omnes décimas de dominio suo de castellaria de
Pevenesel in quocumque modo terrae lucratae fuerint. Et borda-
rium de Buscheia liberum et quietum. Et decimam piscatoriae
suae antequam pars inde exeat.
Quare volumus et fîrmiter praecipimus quod praefata abbatia
Sanctae Mariae de Grestein et monachi in ea Deo servientes
habeant et teneant omnes ecclesias et décimas et terras suas et
omnia tenementa sua ecclesiastica et laica, bene et in pace, libéré
et quietè et honorificè et quieta de omni consuetudine et serviciis,
cum socha et sacha, et thof et theam, et infangenetheof. Et habeant
omnes libertates et libéras consuetudines in bosco, et in piano, in
pratis et pasturis, in viis et semitis, in molendinis et in aquis, et in
omnibus locis. Volumus etiam, etc —
Testibus : W., Rothomagensi episcopo, H., Dunelm. et H.,
Covintr. et R., Bathon., episcopis ; Willielmo de Sancto-Johanne,
Willielmo marescallo, Henrico de Longo Campo. Data per manum
Willielmi de Longo Campo, cancellarii nostri, Eliensis electi. apud
Westmonasterium, quarto decimo die Novembris, anno primo
regni nostri.
{Monasficon awjlicanum, t. VI, 2« part., p. 1090-1091, édit. de
1807-1830.)
\ Richcr I*'", troisiùme baron de l'Aigle, et son frère Gilbert avaient reçu
du Conquérant plusieurs domaines, et, entre autres, celui de Pevensey.
Ch. Rréaiu». — Labhaye de Noire-Dame de GresLiin. 1-4
210 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
III
Bulle du pape Célestin III, donnée à Latran la 7® année de son pon-
tificat, par laquelle il confirme à Vabbaye de Grestain la posses-
sion des églises de Saint-Ouen de Grestain, de Notre-Dame et de
Saint-Léonard, de Hon fleur ^
1197, 27 mai.
Gelestinus, Episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiis
Abbati et conventui Sancte Marie Gretenen., salutem et Apostoli-
cam benedictionem. Justis petentium desideriis dignum est nos faci-
lem prebere consensum, et votaque a rationis tramite non discor-
dant effectu prosequente çomplere. Ea propter dilecti in Domino,
filii, vestris justis postulationibus grato concurrentes assensu, eccle-
sias Sancti Audoeni de Grest.,., Sancte Marie et Sancti Leonardi
de Honeflo, vobis intuitu pietatis ab episcopo diocesano concessas,
sicut ipsas juste ac pacifiée vobis et p ecclesie vestre auctoritate
apostolica confîrmamus et presentis scripti palrocinio communi-
nius
Datum Lateran., VI kalend. jun., pontificatus nostri anno sep-
timo.
IV
Acte de cession, par V archidiacre de Lisieux, des églises de
Notre-Dame et Saint-Léonard de Honfleur.
Fin du XII'' siècle.
Guillaume « de Gheraio », archidiacre de Lisieux, déclare que,
sur la présentation de l'abbé et du chapitre de Grestain et par la
collation de l'évêque, il possédait la moitié des églises de Notre-
Dame et de Saint-Léonard de Honfleur. Il cède cette portion aux
abbés et moines de Grestain et il en dépose la résignation entre les
mains du doyen de Lisieux. L'acte est attesté par Raoul, abbé ~.
(Arch. dép. de l'Eure, H 343. Cf. A. Bénet, Bull. soc. Ant. de
Normandie, XV, 2S2.)
1. Bull, de la soc. Ant. de Norni., t. XV, p. 254. — Cf. Arch. dép. de l'Eure,
H. 336.
2. On lit dans le Gallia c/irts/., que Robert, abbé de Grestain, abandonna à
PIÈCES JUSTIFICATIVES 211
Cession de la moitié' du revenu des églises de Notre-Dame
et Saint-Léonard de Ronfleur.
Fin du xii^ siècle.
L'abbé et le chapitre de Grestain étant tenus de donner à
M* Nicolas une prébende de la valeur de dix livres d'Anjou
accordent audit Nicolas la moitié des ég-lises de Notre-Dame et de
Saint-Léonard de Ronfleur.
(Arch. dép. de l'Eure, H. 343. Cf. A. Bénet, Bull. soc. Ant. de
Normandie, XV, 253.)
VI
Confirmation par Crespin d'Ablon., de donations faites
à r abbaye de Grestain.
Fin du xii^ siècle.
Crespin d'Ablon confirme à l'église de Grestain et aux moines
qui y servent Dieu les donations aumônées par Morin, son aïeul, et
Hugues d'Ablon, son père : « scilicet quartam partem in ecclesiis
de Hunefîuctu et duas garbas décime terre sue quam habebant ultra
aquam Cramanflucti et terram de Florifontana quam dédit Hugo
pater meus pro anima Morini, filii sui, qui in eodem monasterio
tumulatus est, in qua monachi edificaverunt molendinum. »
Les témoins sont: Guillaume de Sainte-Mère-Eglise et Olivier,
son fils; Raoul de Manneville ^ et Guillaume son frère, Eustache
de Carbec, etc.
(Arch. dép. de l'Eure, H 343.— Cf. A. Bénet, Bull, de la Soc.
des ant. de Normandie, XV, 254, 255.)
Guillaume de Pont-de-rArche, évêque de Lisieux, tout ce que les moines de
Grestain possédaient dans les églises du Mesnil-Mauger et dans les églises de
HonÛeur(8 décembre 1233).
1. D'où Manneville-la-Raoult, mieux le Raoul d'après M. le Prévost. Com. du
canton de Beuzeville, Eure.
212 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
VII
Confirmation par Robert de Sainte-Mère-Église, de la donation
du fief de la Bruyère, à V abbaye de Grestain.
XIII* siècle.
Sciant tam présentes quam futuri, quod ego Robertus de Sancte-
Marie-Ecclesia i, concessi Domino et Sancte-Marie de Gresteno ter-
ram quam Radulfus, filius Rogerii, dédit predicte ecclesie de
Gresteno in elemosina de feodo ipsius Rogerii, à la Bruere, quando
devenit frater predicti monasterii. Testibus : Hugone de Fastouvilla.
Ricardo de Regevilla et Hugone fdii Ausberti, et multis aliis.
Salvo tamen meo servitio.
(Arch. dép. de l'Eure, H 345.)
VIII
Lettres d'Innocent III au sujet d'une contestation sur les dîmes
novales entre Vabhaye de Grestain et le couvent de Montaiyu, au
comté de Somerset 2.
xiii^ siècle.
Innocentius Episcopus, servus servoram Dei, Episcopo, Decano
[Batoniensis] ^ et magistro H. Nereth, salutem et Apostolicam bene-
dictionem. Gausam que inter filios, abbatem de Gresteun, ex una
parte, et priorem et conventum de Monte Acuto, Bathoniensis dio-
cesis, ex altéra, super quibusdam decimis vertitur quas dilecti fîlii,
1. Ce Robert de Sainte-Mère-Église vivait au commencement du xiii« siècle.
En 1203, il donnait à l'abbaye du Bec le patronage, la dîme et autres rede-
vances d'udit lieu de Sainte-Mère-Église, c'est-à-dire de la paroisse de Notre-
Dame-du-Val (arr. de Pont-Audemer, cant. de Beuzeville). La paroisse de
Notre-Dame-du-'Val-sur-Mer a été réunie à Saint-Pierre-du-Cliâtel en 1835 sous
le nom de Saint-Pierre-du-Val. — Le Prévost, Mém. et notes sur le dép. de
l'Eure, II, p. 503.
2. D. Bessin en a publié le texte dans Concilia rolomag. provinciae, p. 527.
La copie qui suit a été tirée d'un manuscrit d'Avranches, n" 149.
3. Il faut lire : Bathoniensis, Batoniensis, qui désigne un évêché du comté de
Somerset. C'est par une erreur que le texte porte Bajocensis.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 213
abbas et conventus de Grestein ad suam ecclesiam de Northonon de
jure pertinere dicentes, à parte alia exij^ebant, vobis duximus com-
mitendam. Memorati prior et conventus se prescriptione longissimi
temporis tuebantur, illum locum ex quo décime proponebantur
deberi dicentes de novo ad culturam redactum ; unde licet ante xl.
annorum spatium, per quos incultus permanserat, fuisse solutas déci-
mas probaretur ; quia tamen dici novale poterat et debebat, per
indulgentiam sedis Apostolice, de novalibus solvere décimas non
tenentur, ad solutionem ipsarum allegabant se non posse aliquate-
nus conveniri. Verum de signifîcatione hujus vocabuli, novale,
cria scilicet in presentia nosti a non modica questione : aliis dicen-
tibus quod novale sit terra précisa que anno cessavit : aliis quod
silva, que arboribus extirpatis, ad cultum redigitur, fieri novale
dicitur, sicut utraque interpretatione in legibus continetur ; quibus-
dam aliis interpretantibus, super hoc sedem Apostolicam consulere
studuistis. Nos autem inquisitioni vestre taliter respondemus : quod
eam credimus fuisse predecessorum nostrorum intentionem, cum
plis locis de novalibus indulg-entiam concesserunt, ut novale intel-
legeretur ager de novo ad culturam redactus, de quo non exstat
memoria quod aliquando cultus fuisset. Sed nec de quolibet tali
novali credimus eis indulgentiam concessisse, nisi de illo duntaxat
cujus décimas relig-iosus potest conventus absque gravi detrimenlo
parrochialis Ecclesie retinere ; cum talis locus sepe sit incultus, de
quo parrochialis Ecclesia magna percipit decimarum ratione proven-
tus.
(Bibl, mun. d'Avranches, ms. 149, fol. 109.)
IX
Autre confirmation par Hugues d'Ahlon^ chevalier, de donations
faites à f abbaye de Grestain.
1221.
Hugues d'Ablon, chevalier, confirme à l'église Notre-Dame de
Grestain les dons faits par ses aïeux Morin, Hugues d'Ablon et
Crespin, son père, « videlicet quartam partem in ecclesiisde Honeflo
et duas garbas décime terre sue quam habebant ultra aquam Cra-
214 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
manflucti et terram de Floritana in qua monachi edificaverunt
molendinum, et duas acras terre apud Noerios * ». Hugues d'Ablon
ajoute la donation d'une terre que Richard, prêtre de Honfleur,
tenait de lui (( apud Honeflo de subtus via ».
(Arch. dép. de l'Eure, H 343. — Cf. A. Bénet, Bull, de la Soc.
Ant. de Normandie, XV, 255.)
X
Donation, par Guillaume du Bosc, de trois sols de rente,
à Vabhaye de Grestain.
1233.
Sciant omnes présentes et futuri quod ego Willelmus de Bosco,
de Folebec ~, dedi et concessi Deo et sancte Marie Gresteni et
monachis ibidem Deo servientibus ad opus ecclesie, etc. ^.
(Arch. dép. de l'Eure, H 339.)
XI
Donation par Guillaume du Bosc, de Foulhec, de rentes
à Vahhaye de Grestain.
1248, octobre.
Notum sit omnibus, tam presentibus quam futuris, quod ego
Guillermus de Bosco, de Folebec, dedi et concessi Deo et ecclesie
Béate Marie de Grestano... quicquid retinueram in tenemento
Ricardi Susane, videlicet très solidos ad festum beati Johannis Bap-
tiste, unam caponem ad Nathali Domini, quadraginta ova et duos
denarios turon. ad Pascha Domini, anuatim predictis monachis per-
cipiendos, cum omnibus serviciis, auxiliis et relevagiis que ex inde
1. Le Noyer, hameau, comm. d'Ablon, cant. de Honfleur, anciennement sur
la paroisse d'Ableville ; a constitué un petit fief noble dit le fief du Noyer,
assis à Fiquefleur, et qui au xv« siècle, appartenait à Tabbaye du Bec.
2. Foulbec, arr. de Pont-Audemer, cant. Beuzeville, Eure.
3. Voy. le document qui suil. Les derniers mots indiquent que l'église abba-
tiale était alors en construction. On célébra la dédicace de l'édifice en d254.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 215
michi possent accidere predictis monachis penitus aliquando. Scien-
dum est autem quod pro ista concessione michi sexaginta solidos
turonenses caritative contulerunt, quam donationem ego dictus
Guillermus et heredes mei predictis monachis, etc. Quod ut fîr-
mum et ratum habeatur, etc. Actum anno Domini, millésime
ducentesimo quadragesimo octavo, mense octobris.
(Arch. dép. de l'Eure, H 339.)
XII
Donations faites à Vabhaye de Grestain ^
1253 à 1436.
1. Foulques Villon ou Billon, bourgeois de Saint-Pierre-sur-
Dives, donne à l'abbaye de Sainte-Marie-de-Grestain une pièce de
terre située à Doux-Marets ~ et qu'il avait achetée de Hugues
Papion ^ qui confirme également cette donation. La charte, datée
du mois d'avril 1253, était revêtue de leurs sceaux, mais tous les
deux sont brisés.
2. Foulques, dit Billon, de Saint-Pierre-sur-Dives, par une autre
charte, en date du mois de février 1268, donne en pure aumône à
l'abbaye de Grestain, tout le tenement qu'il possédait dans la
paroisse de Sainte-Marie d'Ouville ^, et qui dépendait du fief des
religieux de Grestain (le sceau brisé).
3. Guillaume, dit Haslé, de Doux-Marets, par un acte du mois
d'avril 1279, vend et cède au couvent de Sainte-Marie de Grestain
douze deniers de rente, monnaie courante, qu'il avait à prendre sur
la maison et le jardin de Ranulf, fils de Jourdain, de Doux-Marets.
Cette vente, dont le sceau est brisé, est attestée par Thomas Le
Port ; Robert Gervais ; Jean-Marie ; Guillaume Guernon, clerc, et
antres.
4. Lettre du bailly de Rouen, datée du jour de la lune après la
Toussaint, l'an 1286, par laquelle il annonce à Guillaume, évéque
i. Analyse de dix pièces tirée des Mém. soc. Ant. Norm., VIII, p. 1-3.
2. Doux-Marais, arr. Lisieux, cant. Mézidon, Calvados.
3. Famille qui a donné son nom à la par. Les Authieux-Papion (Calvados).
4. Ouville-la-Bien-Tournée, arr. Lisieux, cant. Saint-Pierre-sur-Dives.
216 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
de Lisieux, que les assises doivent se tenir à Saint-Crespin ^ le
dimanche après la fête de Saint-André ~ pour juger un différend
entre Tabbé de Grestain et Hugues Buscart, au sujet du droit de
patronage et de présentation à l'église de Saint-Crespin (le sceau
brisé).
5. Lettre de Guillaume, évêque de Lisieux, datée du dimanche
avant la Nativité, de l'an 1286 ^, par laquelle il mande au doyen de
Mesnil-Mauger d'installer, en qualité de recteur de l'église de
Saint-Crespin le nommé Richard Garin, clerc, qui lui a été pré-
senté par l'abbé et les religieux de Grestain, auxquels le patronage
de ladite église appartient (le sceau brisé).
6. Robert le Nourry vend et cède, en avril 1291, à l'abbaye de
Sainte-Marie de Grestain, une rente en froment, afin de s'acquitter
d'un droit hérédital sur un hébergement situé à Doux-Marets (le
sceau brisé).
7. Robert de Tremblay et Isabelle, sa femme, reconnaissent
devant le vicomte d'Auge, le mercredi après l'Assomption de l'an
1302 ^, qu'ils ont vendu k l'abbaye de Grestain pour le prix de
80 liv. et 73 s. t. toutes les rentes, franchises et seigneuries qu'ils
possédaient dans les paroisses d'Ouville et de Sainte-Marie, dont
suit le détail au nombre de vingt-cinq articles ; et lesdits Robert et
Isabelle, sa femme, obligent leur corps à prendre et à tenir en pri-
son, ainsi que tous leurs biens nobles présent et à venir, en garan-
tie de ladite vente, etc. etc. (le sceau brisé).
8. Robert du Tremblay, par une charte datée du jeudi après la
décollation de saint Jean-Baptiste, dans le mois d'août 1302 s, con-
firme la vente 'qu'il avait faite à l'abbaye, des rentes, services et
hommages qui lui étaient dus dans les paroisses d'Ouville et de
Sainte-Marie-aux-Anglais, et il donne en outre à cette abbaye un
pré situé près de celui des religieux, à Ouville (le sceau brisé).
9. Jean 6, abbé du moustier de Notre-Dame-de-Grestain, et ses
religieux déclarent que pour le bien dudit moustier ils ont donné, à
1. Saint-Crespin-sur-Vie, arr. Lisieux, cant. Mézidon.
2. 1" décembre 1286.
3. 22 décembre 1286.
4. 22 août 1302.
r>. 30 août 1302.
6. Jean III, abbé en 1369 et 1398.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 217
titre de fief hérédital, le four à ban de Quetteville ' , à Henri Mallet,
de Mirebel ~, à charge de 20 s. t. de rente. Cet acte, daté du 5 mai
1398, était revêtu du sceau de l'abbé et de celui du chapitre de
Fabbaye de Grestain, mais tous les deux sont brisés.
10. Acte passé en la vicomte d'Auge, le 19 avril 1436, par lequel
Thomas le Tourneur donne à l'abbaye de Sainte-Marie-de-Grestain
plusieurs héritages situés à Mézidon, à l'elfet de participer aux
prières de ladite abbaye (le sceau brisé) ^.
Xlll
Accord entre Robert Bertran, chevalier, et les religieux de Grestain
au sujet des droits de coutume perçus à Fiquefleur et à Cre-
manfleur ^.
1236, 19 février (n, st.)
Universis présentes litteras inspecturis, Robertus Bertrannus
miles, dominus de Honefleu, salutem in Domino. Noveritis quod,
cum contentio verteretur internos, ex una parte, et viros religio-
sos abbatem et conventum Béate Marie de Gresteno, ex altéra,
super portus de Fiquefleu '' et Cramefleu ^' cum pertinentiis, in
quibus dicebamus nos jus habere, et dicti religiosi similiter dice-
bant dictos portus elemosinam suam puram esse et liberam, sibi et
ecclesie sue datam et concessam a Roberto, comité Moretonii, sicut
in litteris dicti comitis patentibus super hoc confectis plenius con-
tinetur .
Datum anno Domini M° GC° L"'" quinto apud Parisius, die sab-
bati post dominicam qua csintatuT Circumdederunt me.
(Arch. dép. de l'Eure, 11. 343.)
1. Quétiéville, dans le canton de Mézidon, et non Quetteville.
2. Commune réunie à Quétiéville en 1831.
3. Voy. en outre Mém. soc. Ant. Norm., t. VIT, p. 96, 99, 104 et 124.
4. L'acte relatant cet accord a été plusieurs fois imprimé; nous n'en don-
nons que quelques lignes. On en trouve le texte dans le Cartulaire normand,
p. 100, et dans Mém. et notes sur le dép. de l'Eure, II, p. 107.
5. Fiquefleur, cant. de Beuzeville, Eure.
6. Ancien hameau dont La Rivière-Saint-Sauveur occupe l'emplacement
(cant. Ilonfleur, Calvados).
218 l'abbaye DL NOTRE-DAME DE GRESTAIN
XIV
Donation, par Guillaume Beissiclrc, prêtre, de cinquante sols de
rente à V abbaye de Grestain.
1258, mai.
Noverint univers! présentes et futuri quod ego Guillermus dictus
Beis sidre ^ presbiter, vendidi et concessi.,. abbati et conventui
Béate Marie de Gresteno per quinquaginta solidos turonenses... in
parrochia de Gynnevilla 2, super terram sitam in essartis juxta ter-
ram Michael Le Parrastre, quam feodavi dicto Gaufrido quam
eciam emi a Petro dicto le Maistre, clerico ^, etc. Actum anno
Domini M" CC° L° octavo, mense maii. Testibus hiis: Thoma de
Liveto, Johanne le Braseor, Ricardo la Brebiz, Barthelomeo de
Busco, Stephano Gaisderii, clerico, et pluribus aliis.
(Arch. dép. de l'Eure, H 342.)
XV
Accord conclu entre les religieux de Jumièges et les religieux
de Grestain au sujet des droits de coutumes.
1259, 30 avril.
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, frère Thomas par
la permission divine humble ministre de Saincte-Marie de Grestain,
et le couvent d'ycelluy lieu, salut en Nostre Seigneur. Saches que
comme contention et desbat fut entre les religieux, abbé et couvent
de Jumièges, d'une part, et nous abbé et couvent de Grestain»
d'autre, sur ce que iceulx de Jumièges disoient que les us et cous-
tumes de toutes les choses vendables ou vendues et appliqueez à
1. Willelnius bibens scicerani. On connaît les sobriquets suivants : Johannes
Pointane {pungens asinum); Johannes Pideau [pectus anseris)', Guillelmus
Poilvilain (pillans villanum],
2. Genneville, cant. Honfleur, arr. Pont-1'Evèque, Calvados.
3. Par acte de novembre 1255 (Arch. dép. de l'Eure, H. 342).
I
PIÈCES JUSTIFICATIVES 219
ses terres depuis Vépine de Berville * jusques à la fosse de Foulehec
estoient à eulx et de droit leur appartenoient, seml:)lablement et tout
le "svaresc en icelluy lieu trouvé et prins, et toutes ces choses avoit
jà longstemps qu'il leur avoit esté adjugé par sentence delïinitive par
aucuns juges délég-ués de Nostre-Saint Père de Rome ; et nous abbé
et couvent de Grestain disions icelle chose en partie estre contre
nostre droit et à nostre préjudice et principalement contre la teneur
de nostre chartre. A la parfin, par le conseil des bons, fîsmes paix
et accord avecques eulx en telle manière :
C'est assavoir que nous abbé et couvent de Grestain aurons les
coustumes de toutes les choses vendues et appliqueez au galey et
dedans ledit galey depuis la terre de Clément Langlois jusques k
ladite espine [de Berville] partoult au galey et dedans héréditalle-
ment et pour le temps advenir, semblablement et tout ledit varesc
illec trouvé et sauf à nous tout le droit que nous avions es pesche-
ries de l'eau eu temps passé ; et iceulx abbé et couvent de Jumièges
auront perpétuellement pour le temps advenir partoult à l'autre
part et jusques à la devantdite terre Clément Langlois toutes les
choses devantdites, excepté seulement l'eauye en laquelle ils ne
pourront aucune chose demander ne réclamer. Item et depuis ladite
terre Clément Langlois jusques à ladevant dite espine de Berville
semblablement auront toutes les choses dessusdites oultre ledevant
dit galey seulement; et est assavoir que les droits et franchises de
leurs hommes de Conteville ne sont jooint compris en cette paix.
Et ce d'aventure il advenoit que par aucun temps l'eau se retiroit
en aucun lieu en telle manière que l'on y peult labourer, ladite
terre demeureroit à iceulx abbé et couvent de Jumièges sans aulcune
rumore ou empeschement fait par nous ou de nos successeurs en
tous les lieux dedans lesdites limites totallement et entièrement
leur demourera.
Et par ceste ^i\\^ et accord, nous devantdits abbé et couvent de
Grestain rendrons et paierons pour le temps advenir chascun an
héréditallement dedans la feste de la Toussains ung esturgeon bon
et fraitz à Jumièges, lequel esturgeon sera de trois pies et onces à
paulme ou greigneur, et se nous ne leur baillons ou paionsà iceulx
I. Les limites des dîniages et par suite les divisions paroissiales ont été
très anciennement indiquées par des épines.
220 l'abbaye de notre-da^aie de grestain
abbé et couvent à ycelluy rendrons cinquante sols de commune
monnoje à Noël ensuivant. Et affîn que ceste paix et concorde
demeure toujours ferme et stable et incourusse en perpétuité nous
l'avons tesmoignée et par ces présentes et par le tesmoignage de
nos sceaux. Et ce fut fait à Grestain, l'an de Nostre-Seigneur, mil
deux cent cinquante neuf, le mercredy, veille des apostres Philippe
et Jacques.
(Bibl. nat., ms. latin 12778, fol. 246.)
XVI
Vente, par Robert le Vavasseur, à l abbaye de Grestain d'une rente
de cinq boisseaux de froment.
1273, avril
Noverint universi, quod ego Robertus le Vavassor, de parrochia
Beati Martini Veteris *, vendidi et concessi abbati et conventui
Béate Marie de Grestano et eorum successoribus quinque boisellos
frumenti super unam peciam terre qua pecia terre sita est in
parrochia Beati Audoeni de Guinnovilla ^ inter terram domini
Johannis de Mesnillo -^ militis, ex una parte, et terram Gaufridi le
Vavassor, ex altéra, tenendos et habendos et pacifiée possidendos
dictos quinque boisellos frumenti, etc. Actum anno Domini, m° cc°
septuagesimo tercio, mense aprilis,
(Arch. dép. de l'Eure, H. 342.)
XVII
Arrêt du Parlement déboutant Robert Bertran^ chevalier, qui se
plaignait que le Roi avait fait un port à Grestain au détriment
du port de Honfleur.
1281
Pro rege. Super portum de Grestonio ^ de quo Robertus Ber-
1. Saint-Martin-le-Vieux sur Morelle, ancienne paroisse réunie à Genne-
ville, cant. Honfleur, arr. Pont-rÉvêque, Calvados.
2. Saint-Ouen de Genneville, arr. Ponl-l'Évêque, cant. Honfleur.
3. On croit reconnaître en ce Jean du Mesnil, chevalier, un des propriétaires
du Mesnil-Cordelier, fief situé à Quetteville, cant. de Honfleur.
4. Cet acte nous fournit le seul document historique où il soit question du
PIÈCES JUSTIFICATIVES 221
tran, miles, conquerebatur dicens illum portum futurum esse in
prejudicium juris sui et detrimentum portus sui de Honefleu ; pro-
nunciatum fuit quod dominus rex in saisinâ dicti portus de Gresto-
nio remaneret, salvâ dicto Roberto questione proprietatis.
(Arch. nat., OlimX^^, n'' 2, fol. 55, verso.)
XVIII
Transaction entre les religieux de Grestain et Robert Bertran,
seigneur de Roncheville et de Honfleur^ au sujet des droits de
travers^ coutumes, franchises et seigneuries dans tous les ports
depuis Honfleur jusque l épine de Berville (copie).
1287, février (n. st.).
Envers l'abbé et le couvent de Grestain. A tous ceulx qui ces
présentes lettres verront ou orront, le bailly de Rouen, salut.
Sachez que pardevant nous furent présens honnestes religieulx
l'abbé de Grestain pour soy et procureur pour le couvent de ce
lieu mesme, d'une part, et noble homme monseigneur Robert
Bertran, seigneur de Roncheville et de Honefleu, d'autre. A nous
monstrèrent une ordonnance d'une peiz faicte entre eulx, laquelle
ordonnance eulx obligèrent à venir pardevant nous, c'est assavoir
ledit abbé pour soy et procurateur pour le couvent et pour leurs
successeurs, et ledit Robert pour luy et pour ses hoirs, en la forme
qui s'ensuit :
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront et orront, Regnauld
port de Grestain. Il pourrait sembler, au premier abord, qu'il s'agit du lieu
nommé Grestain où s'élevait l'abbaye. Mais on ne voit pas de quel droit Robert
Bertran se serait opposé au projet royal puisque Grestain était situé à deux
lieues au delà de Ilonfleur et des bornes de la baronnie de Roncheville. Par
conséquent il faut chercher ailleurs. Nous croyons pouvoir dire que le porluni
de Grestonio signalé par les Oliin était la crique d'échouage placée à l'est du
port de Honfleur et que l'on a longtemps désignée par le nom de a Noir-Port ».
L'abbaye de Grestain en possédait le rivage ; l'usage lui donna son nom. C'est
ainsi qu'un maître maçon qui travaillait aux fortifications de Honfleur, en
1425, déclarait avoir construit 31)8 toises de maçonnerie pour la clôture de la
ville vers Grestain. — Bibl. nat., ms. fr. 2612(), n° l',)7; ({uiltance de Ricliirt
Vautier, du 20 juin i i2o. — Voy. la note de la p. 123.
222 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRÉSTAIN
par la g^râce de Dieu, abbé de Grestain, et tout le couvent de ce
lieu, salut en Nostre Seigneur. Comme contens fust meu entre
nous, d'une part, et noble homme maistre Robert Bertran, sei-
g-neur de Roncheville et de Honefleu, d'autre, sur ce qu'il demande
à avoir le travers de Sainne es ports de Fliquefleu et de Craman-
fleu avecq toutes les autres appartenances ausdits ports, nous
disions encontre que toutes les choses dessusdites estoient nostre
droict par le don le conte Robert de Mortain qui fut nostre fondeur
et le confermement du roy Richart, de la lettre ^ que nous avons
de mgr. Robert Bertran, son père, à la parfin par le conseil de pro-
deshommes et de nos amjs paix a esté faicte entre nous en icelle
manière : que ledit seigneur nous quitte et délaisse à nous et à nos
successors por li et por ses hoirs du tout en tout tous les devant-
dictz travers èsdiz ports o toutes coustumes, franchises et seignou-
ries appartenans as diz ports en telle manière que les devantdictz
ports ne pourront estre amendez desrre en avant par main d'homme
par nous ne par nos successeurs ne par autres ne édiffîer en quelle
manière que ce soit parquoy il puissent estre amendez en aucune
manière, fors en lestât où ilz sont se force de mer ou d'eaue ne les
amendent sans maneuvre d'homme, fors tant solement que nous
pourrons les pons desdiz ports refaire et cureir le buy de nostre
moulin si comme le cours de l'eaue le requiert par la raison du
moulin tant seullement que nous ne nos successeurs ne autres pour
nous ne pourrons amenuiser ne apeticier les costumes desdiz ports
fors en la manière que nous avons acoustumé en temps passé à
lever les. Et se il estoit ainsi que nos ne nos successeurs fissions
par aucune aventure aucuns édiffîemens ou amendemens par
maneuvre d'homme esdiz ports ou sus les ports fors en la manière
qui est dessus escripte, tant solement ledit seignour ou ses hoirs
sont tenuz à requerre nos en assisse ou en eschiquier ou en lieu
portant record que ostoit ou fachoit oster les devant dictz maneuvres,
et se nos ne les voulons oster ou faire oster porquoi que nous en
serons requis solisamment si comme il est dessus dict ledict sei-
gneur ou ses hoirs pourront oster et abatre ou faire abatre les
devant dictz maneuvres sans ce que nos ne autre pour nos y
puissent mettre empeschement ne contredict, derechef ledict sei-
1. Voir plus haut Taccord daté du 19 février 1236.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 223
gneur veut et octroie por li et pour ses hoirs que nos et nos succes-
seurs aions et pregnons bien et en pez tout le warec qui escherra
entre l'épine de Berville et la maison qui fut Robert Hachart à
Honefleu, si comme il appert par la bonde mise illecques de nostre
commun acord, et tout le warec qui escherra entre ladicte bonde et
le Nerport demoure bien et en pez audict seignour et à ses hoirs
par ceste pez faisante. Et retient ensurgestion à luy et à ses hoirs
toutes les costumes, les franchises, les seignories, toutes les autres
choses qui adviendront ou pourront advenir entre la croix de Périr
[sic) et le Nerport ^ ainsi que nos et nos successeurs ne porrons
dores en avant riens demander ne reclamer entre lesdictes metez
du Nerport et de la croix du Périr dessusdicte, fors tant seullement
les coustumes des marchandises faictes à sèche terre en ce que
noz avons deu feu le conte de Moretaigne hors de la où flo monte
et retraict et le warec qui nous a délaissé si comme il est dessus
devisé, et veut et octroie ledict seignour que nos et noz successors
aions bien et en pez sans contredict de luy ne de ses hoirs toute
nostre eaue de Sainne entre Tespine de Berville et le Nerport par
tout là où noz l'avons acoustumé avoir, ainsi que noz ne autre pour
nos ne pourrons faire aucune maneuvre parquoy la venue ne le
chemin de son port de Honefleu puisse estre empesché ne destorbé
en aucune manière. Et [pour] que ces choses dessus escriptes aient
perpétuel fermeté nous avons mis à ces présentes le seel de la
"baillie de Roen à la requeste des parties dessusdictes, sauf le
droict, le roy et l'gutruy. Et nos les devantdictz abbé et couvent
por nos et por noz successors avons mis noz seaulx à ces lettres
ensemblement avecq le seel de la baillie. Ce qui fut faict l'an de
grâce mil deux cens et quatre vingtz et six, el mois de février.
{Arch. dép. de la Seine-Inférieure. Fonds du comté de Tancar-
ville, Eauries, Pèches. — Copie dans reg. E 13 ^", fol. 212.)
1. La croix du Poirier et le Noir-Port.
224 l'abbaye de notre-dame de grestain
XIX
Reconnaissance de rente, par Nicolas de Normandie, pour la
construction de V église ^
1290, juin.
...Ego Nicholaus de Normannia, de parrochia Sancti Martini
Veteris, debeo viris religiosis, abbati et conventui monasterii Sancte
Marie de Gresteno, ad edifîcationem supradicte ecclesie, sex solides
turonenses seu monete currentis et sex denarios annuatim reddic-
tus, etc.
(Arch. dép. de l'Eure, H. 342).
XX
Carta régis Edwardi secundi, donatorum concessiones recitans et
confirmans.
1308, 24 avril.
Rex omnibus ad quos, etc. salutem. Donationem, concessionem
et confîrmationem quas Berengarius Tjrel, de Westham, fecit
abbati et conventui beatae Mariae de Gresten, de duabus acris prati
in Bradew^isse, cum pertinentiis. Remissionem etiam et quietam
clamantiam quas Radulphus Alman et Thomas filius Beatricis
Peling et Sarra, quae fuit uxor Willielmi Criket, fecerunt praefa-
tis abbati et conventui de toto jure suo et clamio, quod habuerunt
vel habere potuerunt in omnibus terris et tenementis cum pertinen-
tiis, quae Willielmus fîlius Bruning de Peling, avunculus eorum,
tenuit in Westham. Donationem etiam, concessionem et quietam
clamantiam, quas Thomas de la Cnock fecit eisdem abbati et con-
1. Dans le dossier de Grestain aux Arch. dép. de l'Eure, on conserve
d'autres actes de donations: par Guillaume de Breteville, Godefroy du Val,
chevalier, Raoul dit V Anglais (1265), Michel Petit et Aaliz, sa femme (1287),
Simon Vasquet (1300), Roger des Londes (1313) ; une procuration donnée en
1336 par l'abbé Guillaume, etc.
l'IÈCLS .JLSTIl'lCATIVKS 225
VL'iitui dv IdUi [vvin sua in oadein vilhi cuni j)i rliiu'iiliis. llêniissio-
nein etiani et quietam claniaiitioiiein. cjuas Xioholaus filius Radul-
phi de Firs. fecit praefatis al)l)ati et conventui de loto jure, quod
habuit vel habere potuit, in sex acris terrae cum pertinentiis, quae
Radulphus de Fris, pater secus aliquando tenuit in eadem villa.
Donationem insuper et conlirniationem. quas Uobertus de Hors-
tede fecit eisdem abbati et conventui de omnibus tenenientis c{uae
tenuerunt de feodo suo; scilicet terra de la Hoke, cum pertinentiis
et de omni eo quod tenuerunt in parochiis S. Nicholai de Pevene-
sell et sanctae Mariae de Westhame, tam in burga^^iis quam in ter-
ris arabilibus. Remissionem etiam et quietam clamantiam, quas.
Alanus de Westham et Marg-eria uxor ejus fecerunt praedictis
abbati et conventui de toto jure et clamio, quod habuerunt vel
habere potuerunt, in omnibus terris et tenementis cum pertinentiis,
quae Ricardus de Peling tenuit in Westham ; concessionem insuper
quam Rogerus de Fraxino fecit eisdem abbati et conventui de tri-
bus acris terrae in Sudtona et de tota décima de dominico suo in
eadem villa, et de Gara desuper Sudtonam. Concessionem etiam
quam Pa^anus de Cap. fecit eisdem abbati et conventui de tota
décima sua in Middelton ; donationem etiam quam Richerinus de
Aquila fecit eisdem abbati et conventui de quodam herbergag-io
apud Safort, soluto et quieto ab omni servicio ; donationem etiam
et concessionem quas Jordanus de Sankewill fecit eisdem abbati et
conventui de septem acris terrae cum pertinentiis super Natte wode.
Donationem insuper et concessionem quas Walterus de Ratetun
fecit eisdem abbati et conventui de terra de Diepedena cum perti-
nentiis. Demissionem, concessionem et quietam clamantiam quas
Robertus de Spire de Exeter fecit eisdem abbati et conventui de
quadam domo in Exeter, quam de eo tenuerunt, et de dimidia acra
terrae quae jacet juxta praedictam domum, et de tribus acris ter-
rae cum pastura et omnibus pertinentiis suis in eadem villa : dona-
tionem etiam, concessionem et conlirniationem quas Willielmus
lilius Radulphi Heringaud fecit praefatis abbati et conventui de
decem acris prati, cum fossatis suis in Willindona cum pertinentiis.
Donationem etiam, concessionem et coniîrmationem quas Adam
Cuk fecit eisdem abbati et conventui de redditu duodecim denario-
rum, quem Thomas faber de Heylesham ei reddere solebat pro
tenemento quod de eo tenuit in Heylesham. Donationem etiam et
<'.ii. HitHAiih. — L'Abl)ai/e de .\ulre-l):iine de liresluin. '■>
226 l'aBISAVE de NOTRE-DAME de GRESTAIN
concessioiiem quas idem Adam fecit praefatis abbati et conventui
de quatuor denariis redditus perclpiendis de molemlino de Eylesham
et de toto jure et clamio quod habuit vel habere potuit in eodem
molendino ratione praedictoruni iiij denariorum. Donationem insu-
per, concessionem et contirmationem, quas praefatus Adam fecit
eisdem abbati et conventui ^de viginti denariis redditus, quos AYil-
lielmus Sortharin siln reddere consuevit pro tenemento quod de eo
tenuit in Heylesham. Remissionem etiam et quietam clamantiam,
quas Ricardus iilius Adae le Cuke fecit eisdem abbati et conven-
tui de toto jure et clamio. quod unquam habuit vel quocumque
modo habere potuit, in terra et domibus cum pertinentiis, quas
praedictus Adam, pater suus, tenuit de praedictis abbate et con-
ventu in Heylesham. Concessionem etiam et quietam clamantiam.
quas Radulphus de Colevill fecit eisdem al)bati et conventui de toto
jure et clamio, quod habuit vel habere potuit. in tota terra cum
pertinentiis quam aliquando tenuit in Jewington, excepta dimidia
acra terrae. quae jacet juxta terram Johannis Palmeri. Donationem
etiam, concessionem et contirmationem quas Galfridus, vicarius
eccles'iae de Wylyndon. fecit praefatis abbati et conventui de qua-
tuor acris prati cum pertinentiis in Wylyndon. Donationem etiam,
concessionem et contirmationem. quas (iervasius persona ecclesiae
de Fokenton fecit eisdem abbati et conventui de octo solidatis red-
ditus cum pertinentiis in eadem villa. Donationem etiam, conces-
sionem et contirmationem. quas Hugo filius Ricardi de Willendon
fecit praefatis abbati et conventui de novem acris terrae cum perti-
nentiis in eadem villa. Contirmationem etiam, quam Simon de
Xotengham fecit eisdem abbati et conventui de terra illa cum perti-
nentii-s quam Hugo tilius Ricardi de WiUendone eis dédit in Wil-
lendone. Donationem etiam, concessionem, contirmationem et quie-
tam clamantiam, quam Willielmus de Heyton fecit eisdem abbati
et conventui de una placea terrae cum pertinentiis in Heyton.
Ptemissionem etiam et quietam clamantiam, quas Emma quae fuit
uxor Rikewardi Postel fecit eisdem abbati et conventui de toto
jure et clamio. quod habuit vel habere potuit in toto tenemento
quod fuit in feodo ipsorum abbatis et conventus in Telleton.
Remissionem etiam et quietam clamantiam, quas Walterus films
Henrici de Wolkcsted et Matildis uxor ejus fecerunt praefatis
abbati et conventui de toto jure et clamio. quod habuerunt vel
l'IÈCKS JL'STIFICATIVKS 227
habere poluerunt in toto tenemento qiiod fuit de feodo praodicto-
rum abbatis et conventus in eadem villa. Donationeni etiam, quam
Ho^erus de Borstana fecit eisdeni abbati et conventui de septem
acris terrae et de pastura ad tjuinquii^inta oves in Tedeurda. Dona-
tionem etiam, concessionem et confirmationem, quas Ho^. de Bors-
tana et Matildis uxor ejus fecerunt eisdem abbati et conventui, de
diniidia virg^ata terrae, et pastura ad quinquaginta oves super mon-
tes in eadem villa. Donationem etiam et confirmationem, quas
Willielmus de Burtune fecit eisdem abbati et conventui, de una
virg-ata terrae, cum pertinentiis in Burtuna et Rislake. Concessio-
nem etiam quam Henricus Maltravers fecit eisdem abbati et con-
ventui de omnibus decimis et terris, quas habuerunt de Willielmo
filio Alvredi, et de terra Leffi, cum pertinentiis in \Vilmynton
Donationem etiam, concessionem et confirmationem, quas Johan-
nes de Monte-Acuto fecit praefatis abbati et conventui de manerio
de Merse, cum pertinentiis, in comitatu Buking-hamiae, et advoca-
tione ecclesiae ejusdem manerii, et de una hida terrae cum pertinen-
tiis in eadem villa. Concessionem etiam, remissionem, et confirma-
tionem, quas Balde\vinus filius Thomae de Haldeham, et Isabella
de Monte Acuto fecerunt praedictis abbati et conventui de manerio
de Merse, et de decimis feôdi sui in Ikeford, et de capella manerii
sui de Parva Preston. Donationem etiam, concessionem, confirma-
tionem. et quietam clamantiam, quas Galfridus filius Berneri de
Maj^na Hore^vode fecit eisdem abbati et conventui de toto tene-
mento quod habuit in Salden et Morsell ; et de reddita quem habuit
de una virg-ata terrae, quam Radulphus Payn de eo tenuit in Sal-
den ; et de una virgata terrae, quam Robertus filius ^Yillielmi de
eo tenuit in Morsel, una cum homagiis et aliis serviciis pra'dicto-
runi Radulphi et Roberti et haeredum suorum. Concessionem etiam
et confirmationem, quas Rannulphus comes Cestriae fecit praedictis
abbati et conventui de ecclesia de Bucchebrok, et de quatuor vir-
gatis terrae cum pertinentiis in eadem villa. Donationem etiam,
quam Teodoricus de Forho fecit eisdem abbati et conventui de dua-
bus virg-atis terrae cum pertinentiis in Fortho, et de medietate deci-
mae de Fortho. Donationem etiam et concessionem, ([uas Adam de
Polebic fecit eisdem abbati et conventui de viginti solidatis terrae
cum pertinentiis in Aignelintona. Remissionem etiam et quietam
clamantiam, quas Johannes, filius Walteri de Widevil de Grafton,
228 l'abbaye de notre-dame de grestain
fecit praedictis abbati et conventui, pro se et tenentibus suis de
Grafton, de secta hundiedi de Cleyle. Remissionem etiam, conces-
sionem, relaxationem et quietam clamanciara, quas Thomas lîlius
Alani tîlii Xicholai atte Melre de Darneford fecit eisdem abbati et
conventui de toto jure et clamio, quod habuit vel habere potuit in
uno mesnagio, quod vocatur Darneford; et in quinque acris terrae,
cum pertinentiis in Sauston. Donationem etiam. concessionem et
confirmationem quas Willielmus de Mersse fecit praedictus abbati et
conventui de tota terra illa cum pertinentiis, quae aliquando fuit
Randulphi de la Huile et Aliciae uxoris ejus in Peniton-Gresteyn
et Clanefeld, ratas habentes et gratas, eas pro nobis et haeredibus
nostris, quantum in nobis est, praefatis abljati et conventui et
eorum successoribus concedimus et confirmamus, prout cartae et
scripta donatorum suorum praedictorum, quae inde habent, rationa-
biliter testantur. In cujus. etc. T. rege apud Westmonast. xxiiii
die Aprilis.
[Monasiicon anglicanuni. t. VI. 2'- partie, p. 1001-1 0ÎI2; nouv.
éd. 1817-1830. in-fol.)
XXI
Ordre de rcnietlre à l'abbé de Grestain les revenus de son abbaye.
1308, 16 juin.
To Walter de Gloucester, escheator on this side Trent. Order
to deliver to the abbot of Grestain (de Grestano) the temporalities
of the abbey, to be held by him until the feast of the Assumption,
the aljbot not having brought to the king the letters of the bishop
of Lisieux, his diocesan, confirming his élection, as is the custom,
but he has taken an oath of fealtv for ail his lands in En^-land and
has found suffîcient security to bring the letter of confirmation
before the feast of the Assumption. June 16, 1308. — Langley.
[Calendar of the Close Rolls, Edward II \1S07-1S13), p. 40.)
PIÈCES JisT)|.ic\Tivi:s 22ÎI
XXII
Lettres de Pliilippe V, données au mois de novemhre 1S19, portant
cession à iahhat/e de Grestain, par bail perpétuel^ de la part qui
appartenait au roi sur le moulin de Toutainvillc,
1310, novembre.
Philippus, Dei gratia Francorum et Navarre rex, notum facimus
universis tam presentibus quam futuris quod, factis preconizationi-
bus et adhibitis solempnitatibiis consuetis in fîrniis et censivis nos-
tris perpetuo tradendis, ac tani nostra quam siiccessorum nostrorum
utilitate pensata, relig-iosis viris, abbati et conventui de Grestano
ordinis sancti Benedicti tradidimus et ad firmam perpetuam con-
cessimus illam totam et talem portionem seu partem quam habe-
mus in molendino de Tostainvilla ^, ballivia Rothomagensi, cum
moltis siccis et madidis et omnibus aliis ad ipsas moltas siccas et
madidas pertinentibus que nobis competunt in dicto molendino
ratione partis seu portionis prediete tenendis pacifiée et perpetuo
possidendis a religiosis predictis et eorum successoribus medianti-
bus triginta octo libr. turon. parv. annui et perpetui redditus nobis
et nostris successoribus ab eisdem religiosis vel eorum successori-
bus singulis annis medietate videlicet in scacario Pasche et alia
medietate in scacario sancti Michaelis de cetero persolvendis, reten-
tisque nobis curia et usagio omnimode justitie premissorum ; pro-
viso nichilominus quod si inter dictos religiosos aut eorum succes-
sores et homines bannarios seu moltarios ipsius molendini ratione
moltarum vel pertinentiarum ejusdem contingat oriri querelam,
volumus quod ad primas assisias vel placita loci illius absque def-
fectu vel exonio, querela hujusmodi terminetur, et si diclum molen-
dinum alicui vel aliquibus in aliquo teneatur seu aliqualiter obliga-
tum existât, predicti religiosi et successores sui omnia et singula
lacère, reddere et solvere tenebuntur et eos volumus teneri ad que
dictum molendinum erat antca obligatum, ipsumque molendinum
1. Toutainvillc, comniuiu' du canl. do Poul-Aiidomor, Euro,
230 l'aiîbaye de notre-dame de grestain
de et quolibet alterius materie cujuslibet generis suis propriis
sumptibus sustinere ; et omnia alia ipsius molendini onera suppor-
tare tenebuntur ad que supportanda ante concessionem firme hujus-
modi tenebamur. Et pro dicto redditu nobis et nostris successori-
bus solvendo perpetuo ac pro contraplegio redditus ejusdem, dicti
religiosi decem lib. turon. annui et perpetui redditus in et super
illam aliam partem seu portionem quem habent et habebunt in
dicto molendino ante concessionem dicte firme in contraplegium
assigna runt nobis et nostris successoribus processu temporis in per-
ceptione dicti redditus nos vel successores nostros impediri contin-
geret una cum portione sive parte dicti molendini quam sic ad lir-
mam tradidimus perpetuo remansuras si dictos religiosos vel cau-
sam habituris ab ipsi a hujusmodi contractu resilire contingeret vel
molendinum dimittere supradictum. Quod ut firmum, etc. Salvo,
etc. Actum Parisius, anno Domini millesimo trecentesimo decimo
nono, mense novembris.
(Arch. nat. JJ, 59, n« 308, fol. 146 V.)
XXIII
Lettres de Charles le Bel portant amortissement pour Vabho et les
religieux de Notre-Dame de Grestain de leurs nouveaux acquêts.
1326, 8 septembre.
Karolus, etc. — Notum facimus universis presentibus et futuris
nos infra scriptas vidisse litteras formam que sequitur continentes :
Universis présentes litteras inspecturis Petrus Dioconis, domini
Régis clericus, et Petrus de Hangeto, baillivus Rothomagensis,
commissarii deputati super fînanciis acquestuum in dicta baillivia
factorum, salutem. Cum religiosi viri, abbas et conventus monas-
terii Béate Marie de Gresteno, Lexoviensis dyocesis, juxta tenorem
ordinacionis domini régis de acquisitis perpetuo retinendis per
ipsos vel per alios, eorum nomine factis, nobis cum finaverint de
hiis que sequuntur : videlicet de feodis de Spineto ex vendicione
Guillelmi de Faveril, armigeri, quod feodum habuerat per scambium
a Michaele de Gourchon, armigeri, videlicet in parrochia de Esque-
IMECI'.S .11 SIIFir.ATlVKS
•2:\
villa ', quaclr;i!4inla solidos, ([uos lîicai-dus Renaut et sui parti-
cipes, debent; — Item, de triginta et sex boissellatis avene, de
tribus caponibus, tribus denariis, viginti ovis, duobiis denariis, que
debent heredes Hicardi Ilelct et heredes Heberti et Nicholai et Gau-
fredi Erembeurs, et eorum participes cum usu et curia unius homi-
nis in feodo predicto siio in })arrochia Sancti-Petri-de-Castello - ex
venditione dicti Guillelnii de Faveril. Item de trii,ànta et tribus
solidis et quatuor denariis ex venditione dicti Guillelmi sitis in par-
rochia Sancti-Petri-de-Castro et de Gontisvilla "' percipiendis anno
quolibet ;i Guillelmo Godefrai et suis particibus ; Item ex vendi-
tione ejusdem de una auca, decem et octo denariis et obolis in par-
rochia de Carbecco^, que reddmit heredes Roberti Gurbi et ejus
participes. Item de duobus sextariis frumenti super tenentes de
feodo ex venditione ejusdem. Item de novem acris terre de feodo
de et de Carbecco, in parrochia de Carbecco, ex dono Johannis
de Valle, armigeri. Item de una acra terre in eadem parrochia, ex
venditione Johannis de Contemoulin "'. Item de tribus bucellis fru-
menti ex venditione Ricardi Le Barbier de feodo Hugonis Pommier
super campum Varin situm in parrochia de Bervilla ^. Item de duo-
bus acris terre sitis juxta terram Gaufridi de Plasseyo, armigeri, in
eadem parrochia de Bervilla, ex dono Radulphi de Valle Durandi,
presbiteri. Item ex venditione Colivi Legrant in eadem parrochia
de quatuor solidis, quos débet Johannes Gentils. Item de duobus
solidis et sex denariis quos débet Johannes Moullart, ex venditione
ejusdem Colini. Item de uno capone et uno denario et quindecim
ovis cum tribus obolis, quos débet item Johannes. Item de quinde-
cim ovis cum tribus obolis, quas débet Warneus Grimot. Item de
duodecim denariis, (juos de])et Guillelmus Cherisier, in eadem par-
rochia, ex venditione ejusdem. Item de uno denario, quem débet
Robertus Lalbe cum una libra communi. Item de una libra com-
muni, quam débet Iiobertus de Tornetot *, ex venditione ejusdem.
i. Equainville, arr. de Pont-Audemrr, cant. Bciizovillc, Euro.
2. Sainl-Pierre-du-Châtel, cant. de Rou/.cviUc, Kure.
'.\. Conteville, cant. Beuzeville, Euro.
4. Carboc-Grostain, cant. Beuzevillo.
^). Jean de Comtomoulins d'une faniillo très ancionnc (jui a possédé ^n^ par-
tie la seigneurie de Beu/.eville, Euri'.
(). Berville-sur-Mer, cant. Beuzevillo, Eure,
7. Tonnetot.
232
L AltliAYE DE NOTlil-DAMi: DE GRESTAIN
Item de duobus gallonis vini quos débet relicta Guillelmi Emen-
gart, ex venditione ejusdem. Item de yiginti solidis, quos débet
Guillelmus Valerani in parrochia de Beusevilla ' ex dono Ricardi
de Monte Morelli. Item de viginti solidis quos débet Radulfus
Mauvoisin ex dono Matildis condam uxoris Johannis Grimaut,
matris sue, in dicta parrochia. Item de tribus acris terre quarum
una sita est juxta terram heredum Malhei de Valle Durandi. ex uno
latere, et juxta terram Pétri de Culturo, exaltero ; alia sita est juxta
terram Roberti Mausson in parrochia de Boulevilla -, ex dono Gau-
fridi Ausout. Item de decem et octo solidis in parrochia de Abelon ■'
sitis, ex dono domini Pétri de Clerbec, militis, de feodo suo. Item
de quatuor solidis. sex denariis et uno sextario aveue ad parvam
mensuram in parrochia de Esquevilla ex dono Alberede, relicte Gal-
teri Hylaire. Item de viginti solidis in eadem parrochia ex dono
Johannis Rebouis, presbiteri, de quibus Guillelmus Sampsonis
débet decem et septem solidos et Guillelmus de Insula débet alios
très solidos. Item de triginta solidis in parrochia de Fliquefluctu ^
ex dono Guillelmi et Colini dictorum Le Bous, de quibus triginta
solidis Petrus Luce reddit duodecim solidos, et relicta Guillelmi
Bouillon reddit decem et octo solidos. Item de quator libris et
decem solidis in parrochia Sancti Quiriani ', ex dono domine
Aminé quondam uxoris domini Johannis Duretot, militis. Item de
quatuor acris prati ex vendicione Johannis Galteri dictorum lez
Despenssiers. Item de duobus acris prati in parrochia de Foule-
becco ** ex dono domini Henrici de Cleres, militis, et domine
Johanne, uxoris sue. Item de viginti solidis sitis super unam masu-
ram quam tenet Ricardus Le Plastrier, racione uxoris sue in paro-
chia Sancti Aniani de Ponte Audomari ^, ex dono Ysabelle de
Mellymont, quondam uxoris Gaufredi de Mara. Item de quadra-
ginta solidis sitis super molendinum de Cresanvilla *^ ex vendi-
1. Beuzeville, clief-lieu de canton, arr. Pont-Andenier, Eure.
2. Roulleville, arr. Pont-Audemer, cant. Beuzeville.
3. Ablon, arr. Pont-l'Évêque, cant. Hônfleur, Calvados,
i. FiqueÛeur, arr. Pont-Audemer, cant. Beuzeville.
5. Nom de lieu défiguré ; peut-être Saint-Thurien, cant. de Quillebeuf.
6. Foulbec, arr. Pont-Audemer, cant. Beuzeville.
7. Saint-Aignan-de-Pont-Audemer, ancienne paroisse.
8. Cressanville, hameau à Manneville-la-RaouU, Eure.
I
PIKCRS JCSTIFICA'IIVKS
233
tione Guillc'lmi de Colombiers et Jaque te, uxoris sue. Item de tri-
bus caponibus et tribus denariis cum obolo quos redduunt Estique-
nart, Johannes Beren<^ier et Robertus de Bellovisu, de quinque acris
terre cum domino dictarum quinque accrarum terre ex venditione
Roberti Lalbe in parrochia de Formoville '. Rem de domo que fuit
({uondam Odonis Canterel et ejus uxoris, sita in villa Pontis
Audomari - inter hereditagia dictorum abbatis et conventus, ex
uno latere, et queminum domini reg-is ex altero. Rem de quodam
feodo nobili, vooato feodo des Fauques •^, in parochia de Beuse-
villa sito, ex dono Eymondi de BeuseviRa. presbiteri, eisdem reli-
giosis facto, videlicet de vig-inti et duabus acris terre et quodam
manerio continente très accras terre vel circiter, et unam acram
nemoris minuti mortui, et de sex libris turonensium annui redditus
et de quatuor Anginti et sex decim boissellis ordei ad minimam men-
suram et sexdecim viginti avene ad eamdem mensuram, et de qua-
tuor boissellis frumenti, et de quatuordecim anseribus et novem g'al-
linis et quadraginta tribus caponibus, quing-entis ovis et de quibus-
dem [sic] corveis et precariis et de curia domini et usagio dicti feodi
pro qua financia solverunt vicecomiti Pontis Audomari ducentas
ibras turonensium. Hinc estquod nos commissarii predicti, nomine
ipsius domini reg-is, banc financiam ratam habemus et gratam, ita
tanien quod ipsi abbas et conventus predicti vel eorum successores
possint dicta acquisita tenere ac etiam pacificè possidere sine aliqua
coactione vendendi, seu extra manum suam ponendi. Salvo tamen
jure ipsius domini régis in aliis et jure in omnibus alieno. In cujus
rei testimonium, nos Petrus Droconis predictus sig'illum nostrum,
et nos baillivus predictus sig-illum baillivie predicte Rothomag-ensis,
presentibus litteris duximus apponendum. Datum die Lune in festo
Nativitatis Béate Marie, anno Domini Millesimo. CGC. Vicesimo
sexto.
Nos autem omnia et singula in suprascriptis litteris contenta
rata habentes et g-rata ea volumus, laudamus, approbamus et ténor
(sic) presentium auctoritaté nostra regia confîrmamus, volentes et
diclis abbati i-t conventui concodentes, quod ipsi et successores
1. Korlinauvillo, coiumunc «lu eanl. de Heu/.ovillo el fiel" relovant do Pont-
Aiuloinor.
2. Poiil-Au(U"iiier, cliof-lioii trari-. et de canton. Eure.
•'{. Les l'aulipies, hani. du cant. de I5eu/.evilIo et huitième do fief.
234 l'abhaye df: notiœ-dame dk grfstain
eorum premissa tenere possint, absque coactione vendendi, vel
extra manuni suam ponendi, vel prestandi nobis aut nostris succes-
soribus aliam financiam pro eisdem, salvo in aliis jure nostro et in
omnibus quolibet alieno. Quod ut firmum et stabile permaneat in
futurum. presentibus litteris nostrum fecimus apponi sigillum.
Actuni Parisiis, anno Domini M.CGGXXVII", mense septembri.
Facta est colla tio.
Per cameram compotorum.
JULIANUS.
Arch. \at. — Trésor des Chartes, JJ. 64, fol, 392, n« 672.
XXIV
Acte par lequel Guillaume, ahhé de Grestain, nomme ses
procureurs en Angleterre.
1330, 16 octobre, Nottingham.
AVilliam, abbot of Grestain in Xormandv. staying beyond seas,
bas letters nominating- Richard le Mileward and Roger Halebourse
his attorneys in England for three years.
[Calendar of the patent /?o//.s, Edward III, p. 10.)
XXV
Autre acte par lequel Guillaume, ahhé de Grestain, nomme
ses procureurs en Angleterre.
1335, 18 april, Ramsey.
^^'illiam. abbot ofGrestein, staying beyond the seas, bas letters
nominating Roger Alebourse and Richard le MuleAvard his attor-
neys in England for four years.
[Calendar of the pjatent Rolls, Edward III, p. 538.)
PIÈCES .IISTIFICATIVES 23o
XXVI
Accord cnfrc Jean de Melu/i, sire de TancHruillc, el les religieux,
iihhé et couvent de (irestain au sujet de l'échange de la baronnie
de Mézidon contre sept uiunnirs que les religieux possédaient en
Angleterre (copie).
niT, 14 avril.
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, Jehan de Meleun,
sire de Tancarville, chambellanc et conestable de Normendie, che-
valier, salut. Sachent 'tous' que comme li relligieux, abbé et cou-
vent de Nostre-Dame de Grestain de l'ordre sainct Benoist, de la
diocèse de Lisieux, assemblé en leur chapitre, d'un commun assente-
ment aient pour bonnes et justes causes délibéré en conseil avec
les sages pour le proflît de leur église que tous les fruictz, rentes et
revenues que il et leur dicte église ont en Angleterre leur sont de
nulle ou de petite value et ont esté depuis vingt ans en çà et encore
n'ont mys espérance de en avoir prolïit si grant comme ils souloient
dores en avant, tant pour les guerres qui sont et ont esté et que il
espoirent longuement durer comme pour les périlz de la mer, lar-
rons et robeurs desquelz il est plus qu'il ne soulloict ; et desquelz
fruictz et revenus il souloient avoir la greigneur partie de leurs
vivres et leur soustenement, et par deffault de ce conviendra que le
couvent se départe (?) et le divin service se dépensse ont regardé et
avons promis et encommancié que il supplieront à nostre très
sainct père le pape que il leur veuille donner licence de vendre
leurs dictz biens. iVuiclz, yssues et revenues, laquelle licence nous
leur avons promis procurer et pourchassier, faire bailler, délivrer
et donner audit nostre très sainct père à noz propres coustz et des-
pens et en oultre Tassentement du rov d'Angleterre et de tous
autres desquelz convient avoir lassentement et leur en pourchasse-
rons lettres soubz seaulx autentiques à noz desppns, comme dit est.
Et ce fait par nous il nous ont promis que les dictes choses il ven-
dront si tost coninie il trouveront ou pourront trouver bonnement
acheteurs à ce, et icelluy prix nous bailleront par enterin en la
manière qui s'ensuit : C'est assavoir que pour chacunes troys mille
livres florin à lescu prix pour seize solz huit deniers tournoiz ou
236 l'abbave de .notre-dame de (;restain
antres monnoies à la vallue, nous lenr baillerons et deslivrerons
perpétuellement cent livres tournoiz de annuel rente des fruictz,
yssues et revenues de plusieurs églises parrochiaulx qui sont de
nostre patronage jusques à pleine satisfîaction de tout ce qu'il nous
bailleront selon ce que dit est et du plus plus et du moins moins, et
icelles églises ferons et pourchasserons à noz coustz et despens unir
et evesser par nostre sainct père le pape à leurdite abbaye jusques
à la vallue et somme de l'argent qu'il nous bailleront, et pour ce
que lesdites églises ne vacquent mie à présent nous leur avons pro-
mis et promettons bailler et livrer pour chacune trois mille livres
tournoiz que il nous bailleront eu prix dessusdit cent livres tour-
nois de rente ou plus ou moins à la quantité de l'argent qu'il nous
bailleront de la vente des biens dessusditz et leurs assignations de
nostre terre de Mesydon au plus prez de leur abbaye en lieu plus
prollitable à eulx et moins dommageux à nous en la duchié de Nor-
mendie, franches, quictes et exemptes de toutes charges, servitudes
et chevauchiees et sans faire gens d'armes par telle manière et con-
dition que selon ce que lesdites églises ou aucunes d'icelles vacque-
ront de tant de rentes, revenus et émolumens comme il pourront
avoir d'une chacune église comme elle vacquera de tant et autant il
nous restitueront et rendront de nostredite terre que nous leur bail-
lions, et à ce les pourrons faire contraindre par le juge ordinaire du
lieu, et en oultre leur avons promis que combien que nos seigneurs
le roy de France et le duc de Xormendie ne amortissent lesdites
choses que il voudront et assentiront au transport et bail que nous
faisons auxdits religieux et à leur église comme dit est, sans ce que
lesdits religieux ne leurs successeurs par quelque temps que il le
tiengent. et feust ores jusques à quarante ans ou plus il ne seront
tenus de faire finance aucune ne chevauchiee ne gens d'armes, mais
les tendront lesdits religieux et leurs successeurs quittement, fran-
chement, paisiblement en la manière que dit est, et de ce baille-
rons et pourchasserons ausdits religieux lettres soufïîsans des
princes dessusdits à noz coustz et despens; et à ce tenir et garder et
nous venir encontre lesdits religieux ont voulu et aussi le promet-
tons nous et voulons estre contraintz par les juges ordinaires du
lieu. Et se il advenoict que contend ou descord feust entre nous
et eulx ou eulx et nous pour cause des choses dessusdites ou d'au-
cunes d'icelles le bailly du lieu quant au temporel, et le juge de
PIÈCES JUSTIFICATIVES 237
léji^lise ([uanl ;i lespirituel pourront contraindre et lesdits religieux
il faire tenii-, garder et acomplir les choses dessusdites et chacune
<ricelles et en oultre tous en la manière et fourme que lesdits reli-
gieux se sont obligez par devers nous à nous payer, rendre et res-
taurer tous coustz, fraiz, missions et despens que nous aurons ou
pourrons avoir en la poursuite desdites choses se il estoient deffail-
lans de acomplir ce que promis nous ont à faire, tout en semblable
manière nous leur promettons rendre et restorer tous despens,
coustz et missions que il auront et encourront par deffault de nous
se nous estions delfaillans de leur entériner et acomplir les choses
dessusdictes par nous, promises ou aucunes d'icelles. Et en oultre
est accordé entre nous et eulx que se nous n'avons pourchassé
dedens deux ans et faictes les choses que promises avons, cest pré-
sent contract sera nul et de nulle valleur, promettant en bonne foy
toutes les choses dessusdites par nous promises et chacune d'icelles
tenir et garder et non venir encontre, et à ce obligons nous, noz
hoirs, noz biens et les biens de noz hoirs, meubles et non meubles
présens et advenir. En tesmoing de laquelle chose nous avons
scellé ces lettres de nostre propre seel. Donné à Paris, le xiiij'^' jour
dapvril, l'an de grâce mil. ccc. quarante et sept.
Rafi/icatioii par ledit seigneur de Meliin dudit accord.
A tous ceulx qui ces lettres verront Guillaume Germont, cheva-
lier et garde de la prevosté de Paris, salut. Savoir faisons que parde-
vant nous vint en jugement noble et puissant homme monseigneur
Jehan de Meleun, sires de Tancarville, chambellanc et connestable
de Normendie, lef[uel de son bon gré et certaine science voult, loa,
gréa, ratelia, approuva et accorda toutes choses et chascune en ces
lettres parmy lesquelles ces présentes sont annexées, especefîées et
escriptes et icelles choses promist ledit sires entériner et acomplir
de point en point sur l'obligation de tous ses biens et de ses hoirs
à justice par nous et par noz successeurs prevostz de Paris et par
toutes autres justices pour ces lettres entériner en alTermant icelles
lettre cy annexées estre scellées de son propre seel duquel il use.
En tesmoing de ce nous avons mys en ces lettres le seel de la pre-
vosté de la Paris lan de grâce mil ccc. xl et sept, le lundi quator-
ziesme jour dapvril. Signé: Michel le Ferren.
238 l'aBBAVE de ^OTKE-DAME DE GtlESTAlN
Collation faicte par Nicolas Lallier et Jehan Chardon, tabellions
royaulx à Lisieux, le xxiij*^ jour d'avril après Pasques Tan mil cinq
cens et vingt.
Laillier. Chardon.
(Arch. dép. de la Seine-Inférieure. P'onds du comté de Tancar-
ville ; liasse Eauries, Pèches, Procédures contre 1 abbaye de Gres-
tain.)
XXVII
Bequêle des ahhé et religieux de Xofre-Dame de Grestain au pape
Clément W, au sujet de la vente des biens de l'abbarje assis en
Angleterre (extrait).
I3i8. 1i juillet.
...Cum in regno Anglie habeant unam domum... et census, red-
ditus et proventus ad summam 90 lib. sterling'... ascendentes, et
plurium duodecim ecclesiarum parochialium patronatus... nichil
omnino inter Francie et Anglie reges guerris durantibus gaudere
potuerunt a longo tempore... Nec ipsi supplicantes ob hanc causam
alios habeant unde possint commode sustentari... quinimo nisi a
S. V, eisdem religiosis celeriter succuratur de remedio oportuno,
necesse erit in brevi eos ab invicem segregari suumque dictum
monasterium desolari ; ipsique supplicantes in regno Anglie inve-
nerint nobilem et potentem virum dominum Johannem de Molen-
dino *, dominum de Tanquarvilla, cambellanum ac conestabularium
Normannie, prisonarium Anglicorum propter factum guerrarum pre-
dictarum, qui dictos census, redditus et proventus et jura patrona-
tus mediante precio pecunie competenti... vendere vellet, etc. 2.
(Suppl. Clem. VI, n« lo, fol. 163.)
Cf. Denifle, La désolation des églises, t. Il, p. 75, note 1.
4. Jean de Melun.
2. Voy. p. 83.
PIÈCES JUSIIFICATIVES 239
XXVIII
Accord fait entre Jean de Mcliin. sei;/neur de Tancarvi/lc. et les
reli(/ieux de (irestnin, jinr lequel il promet les (jnrantir de fous
troubles à cause de Câcliamje de la baronnie de Mézidon contre
sept manoirs que les religieux possédaient en Angleterre (copie).
i:jkS, 13 octobre.
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, nous Jehan de
Melun, chevalier, seigneur de Tanquarville et chambellan de Nor-
mendie, salut. Comme pour la descharg-e de la raençon en quoy
nous estions tenus à hault et puissant prince monseigneur Eddouart,
aisné fîlz du rov d'Angleterre, prince de Galles, nous d'une part
et noz amés en Dieu l'abbé et couvent de Nostre-Dame de Gres-
tain, d'autre part, ayons fait li un avecques l'autre, par la délibé-
ration du conseil de nous d'eulx permutation et eschange de nostre
baronnie de Mesedon, de la ferme de noz moulins d'Auffay et
autres chozes que baillées leur avons en pris de mil livres de rente
par an, à avoir et tenir par iceulx religieux et leurs successeurs
perpétuellement, pour et encontre sept manoirs et leurs apparte-
nances que iceulx religieux a voient en Angleterre, lesquelz ilz ont
baillié à ferme audit prince jusques à mil ans sur certaines condi-
cions, accords, réservations par nous et par eulx faiz plus à plain est
contenu es lettres sur ce faictes entre nous et eulx lesquelles nous
avons fait confermer par monseigneur le duc de Normendie et par
madame la royne de Navarre par leurs lettres scellées de leurs
seaulx en las de soye et cire verte. Et pour ce que iceulz religieux
faisoient doubte que ou temps advenir aucuns empeschemens ne
leur feussent mis es choses dessus dictes par nous et eulx baillées
tant par delïault de la confirmation du i-oy nostre seigneur comme
de la licence de nostre saint Père le pape, lesquelles confirmation et
licence nous ne leur avons pas baillées si comme promis leur avions
en pourpallant ledit eschange pour ce que faire ne l'avions peu ; et
aussi pour cause du... que faire debvoict nostre amé compaigne
Jehanne Crespin, lequel nous leur avions promis à bailler, ce que
pas n'avons encores fait. Nous qui ne vouldrions lesdits religieux
estre deceuz ne en aucune manière par nostre coulpe estre domma-
240 l'abbaye de NUTRE-DAME de GKESTAIN
g-iez mais voulons user envers eulx de bonne foy, promettons pour
nous et pour noz hoirs loyalement à garantir, délivrer et delfendre
à nos propres coustz lesdits religieux et leurs successeurs de tous
les dommages que ilz auroient ou encourroient par deffault des
choses dessusdites ou aucunes dicelles, et aussi pour ce que con-
tenu est en dit eschange que quant nous pourrons nous leur vau-
drons en gros fruictz d'église à une foys ou à plusieurs en la duchié
de Normendie jusques à la vallue des mil livres de rente ou partie
dicelles, lesquelz fruictz et dismes que nous leur vaudrions ne
pourroient par aventure estre hébergiez au prouffît desdits religieux
sans nostre volonté et licence, nous dès maintenant voulons pour
nous et pour noz hoirs que lesdits religieux leurs successeurs ou cas
que lesditcz fruictz à eulx Ijaillez ne pourroient estre hébergés
comme dit est puissent acquerre en noz fiefs ou arrerefîefz certaine
pièce de terre pour faire édifice à hébergier lesdits fruictz et dismes
desdites églises tant seullement. et que icelluy acquest leur demeure
à tousiours sans ce que nous ou noz hoirs les puissions jamaiz con-
traindre à mettre hors de leurs mains ne réclamer y aucune sei-
gneurie, lesquelles choses toutes et chacune dicelles nous promet-
tons pour nous et pour noz hoirs tenir à acomplir loyalement et en
bonne fov sur Toblio^ation de tous noz biens et les biens de noz hoirs
meubles et non meubles présens et advenir, à estre justicez, con-
traintz et exploitiez par quelconque juridicion soubz que ilz seront
trouvez pour ces lettres de tout entériner. En tesmoing de ce nous
avons fait sceller ces lettres de nostre grant seel le jeudi après la
sainct Martin d'yver treizième jour du moys d'octobre, l'an de grâce
mil trois cens quarante et huit.
(Arch. dép. de la Seine-Inférieure. Fonds du comté de Tancar-
ville, Eauries, Pèches.)
XXIX
Lettres de Jean, duc de Xormandie (Jean II le Bon), confirmatives
de l'échange conclu entre Jean 11^ vicomte de Melun, cham-
bellan de France et de Xormandie, seigneur de Tancarville, et
les Ahhé et Religieux de l'abbaye de Notre-Dame de Grestain.
1348, 25 octobre.
Jehan, aisné fils du rov de France, duc de Xormandie et de
PIÈCES JUSTIFICATIVES 241
Guyenne, comte de Poitou, d'Anjou et du Maine, h tous ceulz qui
ces lettres verront, salut. Nous avons veu les lettres seellées du
seel de nostre amé et féal chevalier Jehan de Melun, seigneur de
Tancarville et chambellant de Normandie, desquelles la teneur
s'ensuit :
A touz ceulx qui ces présentes lettres verront, Jehan de Melun,
chevalier, seigneur de Tancarville, chambellant de Normandie,
salut. Sachent tous que pour ce que pour nous et à nostre requeste
en nous deschargant de la raençon en quoy nous estions tenus à
haut et puissant prince monseigneur Odoart, aisné fils du roy d'An-
gleterre, prince de Galles, religieux hommes et honestes labbé et
le convent du moustier de Nostre-Dame de Grestain en Normendie
eu diocèse de Lisieux, si comme il puet apparoir par lettres desdiz
abbé et convent contenant que de nostre consentement, comme leur
advocat et leur fondeur, jasoit ce que se ilz ne voulsissent nostre
consentement ny feust nécessaire que nous ne sommes leur fon-
deur, ont baillé, transporté, delessié à ycellui prince à ferme
jusques à mil ans, c'est assavoir sept manoirs avecques toutes leurs
appartenances assis au royaulme d'Angleterre, l'un appelé Nor-
tonne ' en la contée de Sumesestre, l'autre appelé Courlz en la con-
tée de Vilers -, le tiers appelé Rammeraggen en la contée de Supe-
limpton 3, le quart appelé Merfez ^ en la contée de Buckingham, le
quint appelé Graftona ^ en la contée de Norhantescira '', le sis
appelé Gretings " et Mikefeld en la contée de SulTolk, lesquels
manoirs avecques toutes leurs appartenances par les gens desdiz
religieux dune part et nous d'autre bien et loyaument ont esté
estimez, avaluez et apresagiez à trente mille livres tournois du prix
du fleurin à l'escu du coiner du rov de France, de bon or et de bon
pois de seize sous et huit deniers tournois, desquelles choses des-
d. On trouve, dans le Somerset, sept localités du nom de Norton.
2. Wilt-shire.
3. Peut-être Iluntuiyton-shire.
4. Manoir de Merse donné à l'abbaye par Jean de Monlai^^u, d'après l'acte
de 1308. Voy. pièces juslif., n" 20.
0. Cette localité est mentionnée dans la charte d'Edouard 11. Voy. pièces
justif., n" 20.
6. Nortliampton-shire.
7. Creliiiges, CrecLinr/, Grelinr/ham (SuCfolk).
Cii. Hitiiviu». — Lahbatje de Nolrc-Dame de Grestain. 16
242 l'aBIîAYE de NOTRE-DAME DE GRESTAIX
susdites nous nous tenons plainement pour bien contens, paiez et
asTSfréez. Nous, en échano-e des choses dessus dites, avons baillié,
quittié et délaissié, et par la teneur de ces présentes, baillons, quit-
tons et delessons ausdiz relig'ieux et à leurs successeurs mille
livres de terres assises et à asseoir es lieux et en la manière qui
s'ensuit ; c'est assavoir nostre baronnie de Mezedon ^ en Normandie
dont le chief en la ville de Mezedon ou baillage de Caen, avecques
toutes ses appartenances tant en manoirs, villes, maisons, jardins,
terres labourables et non labourables, closag-es, pasturages, bois,
vignes, prez, rivières, pescheries, moulins, moultes seiches et mou-
liées, rentes de bledz, de deniers, d'œufs, d'oiseaux et de toutes
autres choses, court, usage, hommes et hommages tant de nobles
tenemens que de non nobles, feaultez, seigneuries, justices, reliefs,
treziesmes, gardes, forfaitures, franchises, libertez, foires, marchiez,
travers et destrois, coutumes, patronnages d'esglises, garennes,
tentes à oyseaux, et en toutes autres seignouries et choses quelles
et de quelle condicion que il soient ne comment que il puissent
estre dictes ne nommées sanz rien excepter ne retenir, laquelle
baronnie avecques ses appartenances comme dict est nous leur avons
baillié et baillions pour six cens livres de rente annuel en commune
assiette ; et avecques ce leur avons baillié et baillions tout le droit
que nous avons es moulins et en la ferme appellée la ferme des
moulins de Auffay-en-Caux -, en moultes seiches et mouliées, avec
toutes leurs appartenances quelles et de quelle condicion que il
soient, et aussi la court et l'usage des choses que nous leur baillions,
et les domaines, rentes et autres choses en la manière commune et
accoustamée à estre à baillier en ladite ferme, lesquels moulins et
appartenances nous leur baillions pour quatre cens livres de rente
annuelle en commune assiette, lesquelles choses nous leur avons
baillié et baillions à tenir et poursuir franches et exemptes de touz
services de toutes chevauchées et de toutes aides d'ost et de toutes
exactions séculières quelconques sauf tant que ils paieront les aus-
mosnes et charges accoustumées et les tiendront et poursuivront
lesdiz religieux, eux et leurs successeurs par les condicions que
ensuivent, c'est assavoir que toutes foiz que nouz, noz hoirs ou
1. Mézidon, chef-lieu de canton, arr. de Lisieux, Calvados.
2. Arr. de Dieppe, cant. de Tôtes, Seine-Inférieure.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 243
aucuns aianz cause de nous avons procuré par devers nostre saint
Père le pape qui à présent est ou pour le temps à venir sera que
nous puissions ausdiz religieux bailler revenus d'esglises en gros
fruiz qui soient annexées, unies et incorporées à leur dite esglize
perpétuellement comme leur franche et perpétuel aumosne, premiè-
rement se par nous à nos coutz et dépens procuré, et de notre saint
Père le pape octroyé se nous voulons bailler auxdiz religieux gros
fruiz d'esglise en la duchié de Normandie par une fois ou par plu-
sieurs jusques à la somme ou value de mille livres ou de partie faire
le pourrions ; et lesdiz religieux seront tenuz au prendre en telle
manière que nous ne leur pourrons baillier nulle esglise fors tant
seulement par le prix qu'elle vaudra au regart et estimacion de
bonnes gens sanz soupeçon, en communes années, sur ce première-
ment rabatu la vicairie du curé qui demourra pour ladite esglise
desservir telle et de telle plus value comme il sera ordonné par les
prélaz ou les depputez à ce, et avecques ce toutes autres charges
rabatues et de tant et de telle somme comme nous baillerons en
gros fruitz d'esglise ausdiz religieux eux premièrement saisiz du
lever nous ferons par leur main, par chacun an, autant de rente es
termes de Pasques et de Saint-Michiel par portion égaux jusques à
tant que nous leur aurons baillé jusques à la somme et value de
qnatre cens livres de rente et lors par nous, par noz hoirs et aians
cause de nous ladite somme de quatre cens livres de rente en groz
fruiz d'esglise comme dit est baillée auxdiz religieux ou à leurs suc-
cesseurs, eux nous serons tenus délessier tout le droit desdiz mou-
lins, ferme et appartenance ; et par après quant nous leur aurons
baillé deux cens livres de rente en gros fruiz d'esglise comme dit
est, lesdiz religieux nous seront tenus délessier nostredite baronnie
de Mézidon avec toutes les appartenances premièrement par nous à
eulx baillée et délivrée, la possession de ladite ferme appellée la
ferme des moulins et ses appartenances pour les quatre cens livres
qui demourront; et par après quant nous leur aurons baillé jusques
à la somme de quatre cens livres de rente en gros fruiz d'esglise,
comme dessus est dit, lesdiz religieux nous seront tenus de lessier
ladite ferme et appartenances, desquels héritages dessusdiz tant de
ladite baronnie que de ladite ferme à toutes leurs appartenances
nous, par la teneur de ces présentes lettres, les saisissons et voulons
que de fait et de droit ilz en preignent saisine et possession toutes-
244 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIX
foiz qu'il leur plaira nous présent ou absent, et ensuite que ces
lettres soient levées et publiées et que la lecture d'icelle et la sai-
sine prise soient d'aussi grande valeur en nostre absence comme en
nostre présence, et deiïendons à toutes nos gens tant à noz séné-
chaux, prévoz, sergens, forestiers, gardes de garenne et à tous noz
autres officiers quelconques l'administration et gouvernement des
choses dessus dictes que il ne s'en entremettent en aucune
manière, mais voulons que les rolles leur en soient baillez en rece-
vant copie d'iceulx, et par ces présentes mandons à noz fermiers des
lieux dessusdiz que durant leur temps de leurs fermes ilz paient
auxdiz religieux les sommes qu'ils nous doivent pour les termes à
venir en la propre fourme et manière qu'ils feroient à nous ; et jDour
ce à cause des héritages que nous baillons nous avons ou pouvons
avoir eu aucunes plaidoiries ou procès nous voulons que tous les
procez leur soient baillez et leur prometons à bailler ou faire bail-
ler afin que par eulx à leur conseil et à leurs couz et dépens les
causes et querelles soient démenées et pour ce faire promettons à
faire attourné ou attournez un ou plusieurs toutesfoiz que mestier
en sera et requis en seront ; et aussy se par accomplissement des
qualitez dessusdites lesdiz héritages nous revenoient ou aucun
d'iceulx, lesdiz religieux nous seront tenus à rendre les procès et
nous à recueillir et recevoir. Et se pendent leur possession ils com-
mençoient aucuns nouveaux procez nécessaires et proffîtables ou
cas dessusdiz ils nous seroient tenuz de délessier les procez et faire
atournez ou procureur à nos coutz et despens toutesfoiz que mes-
tier en sera et que requis en seroient, et si par leur deffaut, meffait,
négligence ou autrement ils perdoient aucunes dites causes es héri-
tages dessuz nommez par quoy se nous accomplissons les condi-
tions dessusdites ilz ne nous peussent rendre leurs héritages telz et
en aussy bon état comme ilz sont à présent lesdiz religieux nous
en seroient tenuz à dédommagier et les restaurer, et si durant leur
possession ilz y faisoient aucuns édifices nécessaires, convenables
ou proffital^les jusques à la value de cent livres et non plus se ilz
ne le faisoient de nostre congié et licence nous leur serions tenuz
à rendre la value que ilz feroient prisiez par regart et estimation
de bonnes gens au temps que les héritages nous reviendroient et
promettons à faire c'est contract conserver par très noble et très
puissant prince mon très cher et très redoubté seigneur le duc de
PIÈCES JUSTIFICATIVES 24S
Normandie et ensievent par haute et puissante dame Madame la
revne de Navarre, pour tout comme à elle puet toucher et à le faire
rattifier par messieurs ses enfans quand ilz seront agiez. Et pour ce
que lesditz reli<i^ieux à cause de tous leurs biens d'Angleterre faisoient
audict roy certaine pension par an qu'il prenoit sur eulx laquelle ne
doit pas estre si grand pour ce qui leur demeure comme elle estoit
pour le tout, nous leur promettons loyaument à faire nostre pouvoir
de empêtrer lettres dudit roj d'Angleterre bonnes et souiïisantes
par lesquelles il leur rabattra de ladite pension selon la valeur des
manoirs dessusdiz et appartenances que pour nous et en nostre des-
charge ont baillié au prince de Galles, lesquelles lettres par nous
empêtrées et procurées se nous povons, nous les rendrons ausdiz
religieux pour valoir en descharge de ladite pension et pour ce que
après ce que il auroit plu à Dieu que nous finissons nos jours, se il
plaisoit à Dieu que nostre très chière et amée compaigne Jehanne
Grespin, dame de Tancarville, nous survivroit, elle par la coustume
de Normandie pourroit avoir doaire si elle ne l'avoit fornie nous nous
obligeons à la faire ratifier cest contract et confirmer par bonnes
lettres et convenables lesquelz à nos coutz et despens nous baille-
rons et rendrons ausditz religieux tel qu'il devroit suffire selon
Tusage et la coustume du pais.
Tous lesquelz héritages dessusdiz ou lesdites esglises ou gros
fruiz d'icelles qui par nous au temps à venir seroient ou pourroient
estre baillez ausdiz religieux jouxte les condicions et manières sus-
dites, nous promettons vers tous et par foy et par serment sur
l'obligation de nous et de nos biens meubles et héritages présens et
à venir, contre tous garantir, acquittier, délivrer et defîendre de
tous encombremens et empeschemens promettant par foy et par
serment sur l'obligation de nous et de noz biens et de tous noz
biens meubles et héritages, présens et à venir toutes les choses des-
susdictes et chacune d'icelles tenir et fermement garder ou temps à
venir sans aler à l'encontre en aucune manière ; et à rendre tous
coutz, intéretz, dommages et despens qui par delfaut des choses
dessusdictes ou chacune d'icelles non entretenues seroient faiz ou
soustenuz renonçant expressément à toutes lettres d'estat et à
toutes autres grâces données et à donner jasoit ce que elles feissent
expresse et espécialle mencion de ces présentes à toutes déceptions
et à toutes autres choses quelconques tant de fait que de droit par
246 l'abbaye dl notre-dame de grestain
quoy le contenu de ces lettres pourroit estre empeschié en tout ou
en partie. En tesmoing de ce, nous avons scellées ces lettres de
nostre grant seel. Donné à Estrepaignv, xxv" jour du moys d'oc-
tobre, Tan de grâce mil. ccc. quarante et huit. Présens : monsei-
gneur Fauvel Beauvillain, chevalier ; maistre Thomas de Lodit,
chanoine de Reims ; Guillaume Broisset, baillif de Mante ; Jacques
Landry et Perrot de Laistre.
Lesquelles lettres et toutes les choses en icelles contenues, nous,
à la requeste et pour contemplation de nostre dit chevalier et pour
les bons et agréables services qu'il a fait à nostre très cher seigneur
et père en ses guerres et ailleurs et fait de jour en jour et espérons
qu'il face ou temps à venir, louons, gréons, ratifiions et approuvons
de certaine science et de grâce especialle, confermons et voulons
que lesdiz religieux et leurs successeurs tiengnent toutes les choses
esdites lettres contenues jouxte la forme et manière contenue en
icelle sans ce que ilz soient coutrains à les mettre hors de leurs
mains autrement que dessus est dit ne pour se faire finance. Man-
dons à tous noz justiciers et subgiez que contre le contenu esdites
lettres ne les contraignent ne molestent mais les laissent joir et
user paisiblement de nostre présente grâce sauf nostre droit en
autres choses et l'autrui en toutes. Donné à Saint-Christofle-en-
Halate, le xxviij" jour de décembre, l'an de grâce mil. ccc. qua-
rante et huit.
Par monsieur le duc,
ROUGEMONT.
Collation est faite à l'original par moy : Formauz.
(Arch. nat. JJ. 79, fol. 22 v», n° 32.)
XXX
Lettres de Charles^ duc de Normandie, régent, par lesquelles il
amortit au profit des religieux de Grestain une maison sise à
Rouen.
1359, septembre.
Charles, ainsné filz du roy de France, régent le royaume, duc de
Normandie et dalphin de Viennois. Savoir faisons à tous presens
et à venir que comme noz amez les religieux abbé et convent de
PIECES JUSTIFICATIVES
247
Nostre-Danie de Grestain aient prias nagaires en (îeu et à héritaig-e
pour eulx et les successeurs de leur abbaye, h touziours. de Robin
et Martin diz de Tail et de Agnès jadis femme de Philippe de Tail,
leur père, pour leur demouret résidence une maison assise en noslre
ville de Rouen, en la parroisse de saint-Eloy, en paiant chacun an
par lesdiz religieux aux dessusdiz quarante et quatre livres par an.
Et pour ce nous aient humblement supplié lesdiz religieux que
ladicte maison leur veuillons amortir et ad ce nous consentir. Pour
ce est-il (|ue nous, eue considération ad ce que il ont eu leur abbaie
et manoirs ars et dégastez par les ennemis, et qu'ils ont esté pilliez
de plusieurs de leurs biens et n'ont où demourer ne faire le
divin service, si comme de ce nous nous tenons souffisement infor-
mez ; icelle maison ou manoir auxdis religieux en accroissement
d'eulx et de leur dicte abbaie leur avons amorti et amortissons par
ces présentes de grâce espécial et de lauctorité royal dont nous
usons, et qu'ils puissent joir, tenjr, posséder et exploicter d'icelle
comme le propre de leur moustier et abbaie. Et en ampliant nostre-
dite grâce avons voulu, octroie et accordé auxdiz religieux et
encores Avouions et accordons que iceulz ne soient contrains par
nous, nos gens ou aucuns de nos successeurs ou temps présent et à
venir, mettre icelle maison ou manoir ou partie d'icelle hors de leur
main ne en paier pour ce aucune finance à nous ou à noz amez et
féauls les gens des Comptes ou autres nos officiers en quelconques
manières que ce soit mais ycelle finance ou autre chose qui nous
pourroit estre deue à cause de ce que dit est, considéré ce que des-
sus est dit leur avons donné, remis à touziours et quictié tout à
plain par la teneur de ces présentes. Et afin que ce soit chose ferme
et estable à touziours mais, nous avons fait mettre nostre scel à
ces présentes lettres sauf nostre droit en autres choses et l'autrui en
toutes. Donné à Rouen, l'an de grâce mil trois cens cinquante nuef
ou mois de septembre. Signées : Par monseigneur le régent,
J. Dai BY,
Arch. nat., JJ. 87, n« 183, fol. 112 r°.)
248 l'abbaye de >otre-dame de grestain
XXXI
Aveu (lu fief (lu Val, assis à Fiquefleur.
1393, 12 septembre.
De noble et puissante dame madame Johanne, dame de Raez et
de Roncheville, tient Johan Gonnor et avoue à tenir par moien des
hers Ferry des Camps un fieu nommé le fieu du Val pour luy et
pour cheus qui de luy tiennent, assis en la paroisse de Fiquefleu,
en franc bourg-age et en la viconté du Pontaudemer, dont ledit
Johan tient vj pièchez : la première jouxte le quemin du roy nostre
seigneur d'un costé, et d'autre la quemine des nions, et haboute à
la terre au recteur de Fiquefleu, et contient iiij acrez ou environ et
une maison dessus séante ; la seconde contenant iij acrez ou environ
assis jouxte les hers Ricart de Montere d'un costé, et d'autre Guil-
laume Byas et Symon Hasley, haboute à la terre Ricart Viart de
par sa famé ; la tierche jouxte lez religieux de Grestain d'un costé,
haboute au quemin du roy nostre seigneur dun bout, et d'autre à
Robert du Noueir ; la quarte jouxte le quemin du roy nostre sei-
gneur d'un costé, et d'autre la rue de la Valoure et haboute à ladite
rue ; la cinquiesme jouxte les hers Johan le Bas d'un costé, et
d'autre... Passart et haboute à Simon Hasle}' ; la sixiesme jouxte
l'eaue de Mouret ' d'un costé, et d'autre au deitour de Fiquefleu et
haboute sus Thomas du Val ; et en doit ledit Johan pour li et
pour cheus qui de luy tiennent soulx parisis et maaille parisis
en avril et xxvj de tournez et maaille tournez en septembre par
chasun an à poier asdevantdis hers Ferry dez Camps, et les doivent
venir querre sur ledit fieu et faire en poier ledit Johan par leur
prest si ledit Johan leur requiert pour toutes chosez Item ledit
Johan tient de madite dame à cause de sa famé la plache d'un mou-
lin avec les appartenanchez dudit moulin assis en ladite paroisse
en bourgage, sus laquelle plache de moulin dessusdit ledit Johan à
quatorre soulx de rente par chascun an à cause de Anele, seure de
sa mère, [par] lettres sur ce faitez ; et endoit ledit Johan aler à Hon-
1. La Morelle, cours d'eau.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 249
nefleu es plès de madicte dame as jugemens par chascun an ij fois
se l'en luy fait asavoir. En tesmoing de che, je ay seellé cheste
escroe de mon seel, qui fu faite le xij^ jour do septembre, l'an mil.
ccc. iiij-^-"^ et treze.
(Bibl. nat., ms. nouv. acq. fr. 9G09, n» 20.)
XXXII
Reconnaissance cVhommage délivrée par Charles VI à Jean,
abbé de Grestain.
1398, 30 janvier (n. st.).
Karolus, Dei gratia Francorum rex, dilectis et fidelibus gentibus
compotorum nostrorum et thesaurariis nostris Parisiis, necnon
baillivis Rothomagi, Caleti, Constentini et Cadomi, earumdemque
bailliviarum, vicecomitibus ceterisque ad quos pervenerit, salutem
et dilectionem. Notum vobis facimus quod dilecto nostro Johannes,
abbas de Grestano, ordinis Benedieti, Lexoviensis diocesis, hodie
nobis prestitit et fecit juramentum fidelitatis, quod nobis facere
tenebitur ratione temporalitatis de sue abbatie ad quod ipsûm
recepimus, nostro in aliis et alieno in omnibus jure salvoque circa.
Vobis et vestrum cuilibet prout ad eum pertinuerit precepimus et
mandamus quatenus dictum abbatem ratione dicti juramenti nobis
non prestitit nullatenus molestetis seu molestare permittatis. Sed
si quod temporalitatis predicte abbatie vel aliud de suo proprio
propter hoc juramentum fuerit impeditum vel in manu nostra posi-
tum, ad plénum visis presentibus deliberetis, etc.
Datum Parisius, die penultima januarii, anno Domini millesimo
trecentesimo nonagesimo septimo, regnique nostri decimo octavo.
(Arch. nat. P. 271', n° 4480.)
XXXIII
Rémission par Charles VI à Guillaume le Harccoux, au sujet du
meurtre de Jean de Bailleul, natif de Grestain, qui, en compagnie
de son paç/e aussi mis à mort, avait pillé une maison sise à Gon-
neville-sur-IIon fleur.
1399, janvier.
Charles, etc. Savoir faisons à tous présens et avenir. Nous avons
250 l'abbaye de notre-dame de grestain
receu lumble supplicacion des amis charnelz de Guillaume le Hare-
coux, contenant :
Comme trente-six ans a ou environ, que les guerres estoient lors
en j)lusieurs parties de nostre royaume se feussent assemblez plu-
sieurs gens d'armes de compaigne et de plusieurs nacions et eussent
prins leur retrait ou reffuge en l'abbave de Gratain ^, lesquelx pour
lors [estoient] moult crains et doubtez ou pois et es parties d'envi-
ron pour les grans extorsions, excès et maléfices que ilz faisoient.
Avec lesquelz se mist et accompaigna feu Jehan de Bailleul qui
estoit né dudit pays de Gratain. En icellui temps fust venu ycellui
de Bailleul accompaigné d'un sien page en la paroisse de Gonne-
ville, en l'ostel d'une femme vesve qui avoit esté femme dun seur-
nommé le Dadiant. Et de fait, icellui de Bailleul prist des biens de
ladicte femme pour le vivre et substentacion de lui et de sondit
page, prist aussi en l'ostel d'icelle femme deux paelles d'arain -,
lesquelles de fait, et oultre la volenté de elle il emporta ou fist
emporter par sondit page, combien que ce feust une grande partie
du meuble d'icelle femme. Et pour ravoir icelles paelles, y celle
femme poursuit ledit de Bailleul et sondit page. En faisant laquelle
poursuite, ladicte femme trouva ledit Guillaume Harecoux duquel
estoit marrayne, et luy dist ces paroles ou semblables: « Alon filleul,
Jehan de Bailleul vient de mon hostel et y a pris sa réfection ou
repast, et non obstant a pris à mon hostel et robe deux paelles
d'arain qu'il emporte. Si te prie, se tu peus, que tu y mectes
remède. » Et lors ledit de Harecoux voulant faire plaisir à sadicte
marasme, comme tenus estoit de faire, ala pardevers ledit Bailleul,
et lui dist qu'il voulsist rendre et restituer, et il feroit bien et
aumôsne, et se il ne le faisoit, l'en en feroit plainte telle qu'il en
auroit jDunicion. Lequel de Bailleul, non content d'icelles paroles,
respondi audit de Harecoux, qu'il n'en feroit riens pour lui et que
c'estoit un faulx et desloyal villain. Et de faict, icellui de Bailleul,
meu de félon courage, frappa ledit de Harecoux d'une fourche
fierre •', tellement et si fort que ledit Harecoux fust tout estourdi.
Et lors icellui Harecoux, courroucié et esmeu dudit cop que ledit de
Bailleul luy avoit donné, et aussi de ce que indeuement et sans
1. Grestain, Eure, arr. de Pont-Audemer.
2. Deux poêles de cuivre.
3. Fourche de fer.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 251
cause il emportoit ou faisoit porter les paelles de sadicte marajne
se saisit d'un pel de haye, pour obvier à la mort ; doubtant que
ledit de Bailleul, qui estoit homme d'armes ou brigant, le frappa
dudit pel un cop par la teste tant seulement. Duquel cop mort s'en
ensuj tantost après à la personnnc dudit Bailleul, si comme l'en
dist. Et à icellui fait vinrent et se assemblèrent plusieurs gens du
païs, qui doubtoient ledit de Bailleul et les autres gens d'armes
dudit lieu de Gratain, avec lesquelx il s'est accompaignié comme dit
est, et afin que icelluy page n'en portast les nouvelles à iceulx gens
d'armes ou autrement, fut icellui page, par lesdictes gens, pris et
mis à mort. Lequel page estoit mal renommé et pour punicions
d'aucuns maléfices qu'il avoit commis avoit eu une oreille coppée,
comme l'en dist...
[Suit la rémission adressée au hailli de Rouen.)
{Choix de pièces inédites relatives au règne de Charles V/, t. II,
p. 93. — Cf. Arch. nat. JJ, 154, pièce 511.)
XXXIV
Transaction entre Guillaume de Tancarville, vicomte de Melun, et
les religieux de Grestain sur leurs contestations au sujet des
limites et bornes où se perçoivent les droits de pêche et de
varech.
1409, 7 février (n. st.).
A tous ceulx qui ces lettres verront ou orront Jehan le Yavas-
seur, garde du seel des obligacions de la viconté de Monstiervillier,
salut. Savoir faisons que l'an de grâce mil quatre cens et douze, le
dimanche viij'' jour de may, par Jehan Badin, clerc tabellion juré
en ladite viconté ou siège dudict lieu de MonstiervilHer, nous fu
tesmoingné lui avoir veu et tenu unes lettres saines et entierrez en
seel et escripture desquelles la teneur ensuit :
A tous ceulx qui ces lettres verront ou orront Guillaume Blanc-
baston, garde du seel des obligacions de la viconté de Rouen, salut.
Comme en l'an mil trois cens et dix ou environ procez se fust meu
et pendenct entre noble dame Madame Jehanne de Roony, dame
de Tancarville, ou nom et au drois de Guillaume de Tancarville,
252 l'abbaye de notre-dame de grestain
son fîlz, lors estans en la garde du roy pour sa minorité duquel
elle aAoit et tenoit le bail par justice, d'une part, et religieux hom-
mez et honnestez Tabbé et couvent de Nostre-Dame de Grestain,
d'autre part, à cause et par raison de certaines justicez, exploiz et
adjournemens ou arrestz faiz sur lez hommez desdiz religieux par
les gens et offîcierz de laditte dame au droist et à cause de la sei-
gneurie, haulte justice propriétaire et hérédital appartenant à la
seigneurie dudit lieu de Tancarville es eauez d'icelle tant comme le
flo de la mer ceuvre et desceuvre, desquelles justices, exploix et
arrestz lesdiz religieux estoient lors complaignons en l'Eschiquier de
Pasques tenu à Rouen l'an de grâce mil trois cens et dix, disans
que iceulx exploix avoient esté faiz à leurs liommez prins en leaue
de Saine en lieu où la justice leur appartenait et dont ilz se disoient
estre saisiz à cause de la haulte justice que ilz ont es eaues appar-
tenant à laditte esglize. Sur quoy desdittes partiez fondeez comme
il puet appairoir par lettres de transcript cy annexeez se misrent
en l'ordonnance de feu monseigneur Enguerran, sire de Margni,
chevallier et chambellan du roy ou de deux des amis dudit Guil-
laume telz comme ledit seigneur de Margni vouldroit nommer,
lequel seigneur de Margni eust nommé mgr, Henry de Bricourt et
mgr. Raoul Martel, chevalliers, qui s'en chargèrent et depuis aprez
enqueste et information sur ce faictes sur ledit descort eussent
donné et prononcié leur sentence selon ce que il peult appairoir par
ledit transcript annexé, rattifié et approuvé es assisez royaulx de
Monstiervillier devant le bailly de Caux, qui lors estoit 1 an de
grâce mil trois cens et dix, le jeudi devant la Nativité de Nostre-
Dame selon ce que ensement puet appairoir par ledit transcript
annexé.
Et depuis se fust renouvelle et fourme procez sur les choses des-
sus dittes, circonstances et deppendences d'icelles entre noble et
poissant seigneur mgr. Jehan conte de Tancarville duquel noble
seio-neur mgr. Guillaume lors viconte de Mellun, son frère, avoict
pour aulcunes causes la garde et administration et gouvernement
dune part, et lesdiz religieux, abbé et couvent d'autre part, ouquel
procez ait eu plusieurs travaulx dune partie et d'autre tant que en
l'Echiquier tenu à Rouen à la Saint-Michiel, lan mil troys cens
quatre vingtz et dix, lesdiz religieux comparans par abbé en per-
sonne et procureur sufïisamment fondé par leur couvent se fussent
PIÈCES JUSTIFICATIVES 253
miz et coiidessciKlu/. dudit descort en l'ordonnance et volcnté dudit
mgr. Guillaume lors viconte de IVIelleun lequel par vertu du pou-
voir à lui donné et moienient enquestez et informations par lui
faictez faire eust donné sentence corrobora tifve des sentences don-
nées por lesdiz messire Raoul Martel et messire Henry de Bricourt
selon ce que il puet appairoir par la sentence dudit mgr. lors
viconte de Meleun enscment cy annexée en transcript ; de laquelle
sentence dudit mgr. le viconte de Meleun lesdiz religieux se fussent
dolus et par ce moien la cause venue en FEschiquier, et depuiz par
impétiation desdiz religieux mise et advoquié devant le roy nostre
sire en son grant conseil et aussi entre lesditez partiez fussent
autres procès pour autres exploiz, justicez, contrainctez, arrestz,
faiz d'une partie et d'autre sur les hommez de Tune partie et de
l'autre, tous lesquelz procès par l'impétration desdiz religieux
eussent esté advoquiez devant le roy nostredit sire en son grant
conseil, lesquelz procez eussent esté ouverts et les matières plai-
doieez devant mons. le chancelier et le grant conseil et les escrip-
tures d'une partie et d autre misez devers la court pour entendre
l'ordonnance et apointement d'icelle court, par c|uoy iceux trans-
cripz dessus touchez sont en deux rouliez de parchemin signez en
la lin de m'' Jehan Milet, greffier de parlement, eut esté recouvrés
par le commandement de mons. Ernault de Corbie, chancelier de
France, coUationnez aux originaulx car pour la cause dessuzditte
l'en ne pouvoit bonnement et présentement recouvrer les origi-
naulx qui estoient devers la court comme dit est. Aprez lesquelles
plaidoiriez, procez encommenciez et démenez lesdittes causez et
procez fussent venuez et descenduez fourmement en la personne
dudit mgr. lors viconte de Meleun et à présent compte de Tancar-
ville ou lieu dudit feu mgr. Jehan son frère, d'une part, et lesdiz
religieux, abbé et couvent ensement renouvelez de nouvel abbé
d'autre part, lesquellez partiez ayans considération à longueur du
temps comme iceulx procez avoient esté encommenchiez et démenés
des grants frais, travaulx, empeschemens d'autres besongnez pro-
fittables qui pour ce avoient esté faiz et soustenuz pour laditte
cause tant d'entre eulx que entre les hommez advenans et fréquen-
tans èsdittes eaues qui sont grant peuple vivans du mestier de pes-
cherie lequel redonde en auiinistration de vivre en bien commun,
considérans aussi que la sentence et ordonnance de laditte court sur
254 l'abbaye de notre-dame de grestain
le plaidoié dessus touchiée dont ilz estoient expectans et ne savoient
selon les mémoires par eux bailliez devers la court de leurdit plai-
doié ilz seroient appointiez en faiz contraire en fourme d'enquestez
qui seroit chose de très g-rant frest et excessif à soustenir et plus
périlleux à attendre en sentence deffînitifve, pour lesquelz incon-
véniens et plusieurs autres qui pourroient advenir eschiver et pour
paix et tranquillité mettre entre les partiez et les subg-iez vivans
comme dit est et le bien commun augmenter icellez partiez se
soient assemblez en la présence de plusieurs de leurs amys et con-
seulx à Rouen, c'est assavoir ledict mgr. le conte accompaigné de
mons. Robert Desneval dict Percheval, seigneur Desneval, mons.
Jehan, sire Daurichier, mons. Robert Desneval, seigneur de Saint-
Maclou, chevaliers, Philippes Poupart, bailli dudit lieu de Tancar-
ville, Guillaume Taillefer, viconte desdites eauez et plusieurs
autres, et révérend père en Dieu Richart, par la permission divine
à présent abbé de ladite abbaïe, accompaigné de domp Jehan Vallet,
religieux de ladite abbaïe, naguères bailli en icelle à présent prieur
de Saincte Scollasse, fille de ladite abbaïe, et procureur du couvent
de ladite abbaïe si comme joar procuration eincorporée dedans ces
présentes, collationnée, peult appairoir qui fut trouvée saine et
entière en seel et en escripture, Robert Descaliez, seneschal desdiz
religieux et garde de leur justice tant haulte, moyenne que basse.
Durant de Thieville, frère naturel de père et de mère légitime dudit
abbé, sous-seneschal de ladite abbaïe, viconte de Roncheville, et
plusieurs autres, lesquellez partiez meuz de leurs bonnes volontez
tant pour les considérations dessusdittes comme pour leurs con-
sciencez infourmées par enquestez de rechief et nouvellement faictez
sur les troublez et chosez dessuzdittez, voulans pourveoir à leur
pouvoir aux obscuritez qui estoient advenuez es dites besongnes
dont pour lesdiz procez ils estoient plusieurs aucuns tant de l'un
costé que de l'autre, voulans aussy à leur pouvoir rédiger et rame-
ner en bonne déclaration et congnoissance la manière comme pour
le temps advenir l'en se devra régler et gouverner èsdittes eauez
tant de l'un costé que de l'autre ayent advisé sur ce concorde comme
ilz disoient : Savoir faisons que pardevant Robert le Vigneron,
clerc tabellion en la compaignie de Henry le Vigneron, tabellion
juré en laditte viconte, furent présens lesdittes partiez comparans,
fondez et accompaignez comme cy dessus est narré, lesquelz de
PIÈCES JUSTIFICATIVES 255
leur/, bonnes volentez congnurent et confessèrent de bonne foy avoir
fait appointement, traictié et déclaration en la manière qui cy-après
ensuict en plusieurs articlez :
Premièrement lesdiz religieux consentent et acordent que mon-
dit seig-neur le conte, ses hoirs et aians cause ont et auront drf)it-
ture, seigneurie et auctorité de justice, contraindre, arrester, pug-nir
et corrig-er tous les délinquans et malfaiteurs es eauez dudit mgr.
le conte qui sont entre ,1e gort de Quillebeuf et le figuier d'Aure-
cliier pour déliz, maléfices, malaquis et tous autrez malfaiz, de
pug-nir et corriger les hommez desdiz religieux se ilz y meffont ou
malacquitent et prendre homme pour homme et voisin pour voisin
ainsi que contenu es sentences de mons. Raoul Martel et mons.
Henry de Bricourt et dudit mons. le conte, et renonchèrent à leurs
doléances et procez prins pour icelle sentence et à toult le débat
que mys y ont.
Item audit mons. le conte, ses hoirs ou aians cause, demeure la
seigneurie plaine de applett toult varguant entre lesdittes mettes du
gort de Quillebeuf et le figuier Daurechier tant du costé de Tancar-
ville que de Grestain, sauf que les hommez de la france table de
Grestain qui est à entendre les hommez de leur fondation antienne '
seront et demeureront francz audit aplett varguant et en toutez
autrez pescheries pourveu toutesvoiez que iceulz hommez de la
france table de Grestain soient à icelle pescherie seulz et singuliers
à leur prouffîst sans adjonction d'aultrui, car s'il y avoict à leur
compaignie aucune personne ilz paieroient eulx et leurs perçonniers
audict mons. le conte comme les autres non frans. Et aussi est
assavoir que se les hommez de ladite france table peschoient ou
prenoient aucun franc poisson es eauez dudit mons. le conte, iceulx
religieux en auroient la congnoissance pourveu qu'ilz feussent seulz
et singuliers de perçonniers comme dict est.
Item aura ledict mons. le conte ses hoirs et aians cause tout le
vvarest, seigneurie, justice et jurisdiction, coustumes, acquis, allèges
et aultrement qui escherront et pourront escheoir en flote. Et sur
ce est assavoir (pie s'il y avoict warest qui alast ferir à terre en
1. Cette désignation se rap])orle à la donation primitive faite par Herluin
de Contoville dont voici les termes : u Ex dono Herlewini, patris Roberti comi-
tis Mordis, triginta acras terre in Gresleno et borclurios et piscalores qiio^ ibi
hahchat. »
256 l'abbaye de notre-dame de gbestain
costé dudit lieu de Grestain entre les bournes, c'est assavoir la
croix de la Devise et le Noirport et lesdiz relig-ieux ou leurs gens
les pouroient prendre et sauver k pié et sans batel et non autre-
ment, ilz en auroient la congnoissance. Sur quoi encore est à
entendre que s'il y avoict aucun Avarest en flote ouquel lesdiz reli-
gieux ou leurs gens puissent venir ou attaindre à pié et sans batel
néantnioins il ne seroit pas absolutement auxdiz religieux mais
seroit et appartiendroit à celui qui premier y mettroit la main fust
des gens ou officiers dudit nions, le conte ou desdiz religieux, car
toute flotte à quoy mondit seigneur le conte, ses gens ou officiers
pourroient toucher premier lui appartendra pour ce que flotte dep-
pend de pleine mer et de la rivière dont mondit seigneur le conte a
la souveraineté, seigneurie et justice et de applett warguant comme
dit est, et lesdiz religieux ont et prendent d'aplett séant et à pié
sanz batel comme dit est entre leurs bournes comme dit est tant
seullement.
Item ausdiz religieux appartient et appartenoit le droit, seigneu-
rie et justice haulte, basse et moyenne des pescheriez et eauyez qui
se feront entre leurs bournes de la croix de la Devise et le Noir-
port, c'est assavoir à aplett séant et autrement de leur costé excepté
tousiours à aplett warguant autant comme icellez pescheriez, eauez
et eauyez se pourroient faire à pié et sans batel tant de leurs hommes
que des hommes et habitans du territoire de leur costé de quelque
seigneurie que ilz soient et non de plus, car les hommes de mondit
seigneur le conte et de tout le territoire de son costé de quelque
seigneurie que ilz soient y pourront aler et pescher, et de ce mon-
dit seigneur le conte aura seul le droitture, seigneurie, acquiz, jus-
tice et jurisdiction et frans poissons sauf que se aucun débat se
mouvoit en la pescherie desdiz religieux dedans icellez bournez de
la croix de la Devise et le Noirport tant comme l'en pourroit aler à
pié et sans batel comme dit est entre un des hommez dudit nions, le
conte ou du territoire devers ledit lieu de Tancarville et un des
hommez desdiz religieux ou des hommez du territoire de devers
ledit lieu de Grestain lesdiz religieux en auront la congnoissance,
justice et jurisdiction et avec ce par les hommez dudit nions, le
conte et des habitans du territoire devers ledit lieu de Tancarville
estoit trouvé aucun poisson sans peschier comme aucune fois l'en
en treuve de demourez par deffaulte deauez lesdiz religieux en
PiÈr.F:s jrsiincATivES 2.j7
auront le droit et se les hominez desdiz reli<^ieux et les habilans du
territoire du costé de ladite abbaïe ne faisoient leur debvoir de bien
balizer leur puis et estaliers audit costé de Grestain icellui qui pre-
mier les approuchcra soit des officiers de Tancarville ou des offi-
ciers de Grestain en aura la congnoissance et se les officiers ou gens
de chascun costé venoient ensemble, lesdiz religieux en auront la
congnoissance pour ce que c est leur costé. Et oultre est assavoir
que des poissons qui seront peschiës es eauez dudit nions, le conte
supposé qu'ilz fussent portez vendre liors des mettes de la seigneu-
rie de mondit seigneur en la seigneurie desdiz religieux ou ailleurs
mondit seigneur le conte aura la congnoissance des procez qui en
ysti'ont et pourront estre faiz les adjournemens sous pleine mer ou
costé devers Grestain.
Item auront lesdiz religieux les drois, acquiz, justice, jurisdiction,
contraintes, correction et pugnition de tous leurs hommez et
subiectz, des maléfices, défis et malacquis qui se feront es eauyes à
eulx laisseez qui se feront à pié et sans batel en leur territoire
d'entre les bournes dessus devisées, c'est assavoir la croix de la
Devise et le Noirport comme dit est, et pourront pugnir et corriger
les maufauteurs qui y vendront peschier ou mal faire tant leurs
hommez comme dit est que touz autres manans et habitans ou ter-
ritoire de ladite abbaïe et non plus, car comme dit est dessus géné-
rallement tous manans et habitans audit costé et territoire de Tan-
carville de quelque seigneurie qu'ilz soient tout au long de la
rivière depuiz aval jusques en amont seront et appartendront audit
mons. le conte en acquis, eauyes, correction et pugnition de tous
maléfices et pourront aler peschier es pescheries du costé de devers
lesdiz religieux sans pour ce leur payer aucune chose mais paieront
audit monseigneur le conte sauf que s'il y avoit descort sur les
mettes desdiz religieux entre un des hommez du territoire de Tan-
carville et un des hommez du territoire dudit Grestain à cause des
pescheriez faictes entre les bournes desdiz religieux iceulx religieux
en auront la congnoissance comme dit est en l'article précédent.
Item se oudit costé de Grestain entre lesdites bournes de la croix
de la Devise et le Noirport les hommez desdiz religieux ou autres
manans et habitans en costé de ladite abbaye prenoient es pesche-
riez desdiz religieux à pié sans batel aucun franc poisson comme
Gh. Bréard. — L'Abbaye Je Nolre-Dume de Grestain. 1"
258 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
esturgeon ou autres lesdiz religieux en auront la droitture et cong-
noissance.
Item auront aussi lesdiz religieux le warest entre lesdites bournes
de la croix de la Devise et le Xoirport en costé devers Grestain en
tant comme il pourra recouvrer à pié et sans batel comme dit est.
Item est s'il advenoict que par la vertu du flo de la mer ou des
innundations des eauez damont ou d'aval se fissent deux bras
d'eauez et entre iceulx deux bras se feist pescherie à aplett séant
ausquelles pescheriez on ne peust aler sans batel, il est assavoir
que de touttes les pescheriez qui là se feroient par les hommez
dudit mons, le conte et générallement par les manans et habitans
ou costé ou territoire de devers Tancarville de quelque seigneurie
qu'ilz soient mondit seigneur le conte en aura la droitture, seigneu-
rie et congnoissance seul et pour le tout mais des autres pescheriez
qui se feront à pié et à aplett séant comme guideaux, veues, fou-
rès, hairenes ou autrement sans batel et sans applett ^varguant par
les hommez desdiz religieux et par les manans et habitans du terri-
toire du costé de devers ladite abbaye de quelque seigneurie qu'ilz
soient il se partiront égaument, c'est assavoir moitié audit mons. le
conte et l'autre moitié ausdiz religieux sauf que les hommez de
ladite france table de Grestain seront frans comme dit est et
demourront ausdiz religieux seuUement ; et si aucun débat, délit et
maléfice ou mal acquit ou autrement se formoit entre iceulx deux
bras d'eaue entre quelquez personnez que ce fut mondit seigneur le
conte auroit la congnoissance et aussi s'il y escheoit aucun warest
de corps d'homme, deniers, marchandises ou biens que l'on voul-
droit dire avoir esté appropriez à homme, mondit seigneur le conte
en auroit la droitture, seigneurie et congnoissance et avec ce se il
venoit aucun franc poisson comme esturgeon, balayne, cauderon,
oye de mer, louf (loup) marin ou autre mondit seigneur en auroit la
seigneurie, droitture et congnoissance et pareillement se il y auroit
treuvé aucun poisson sans peschier comme aucuneffoiz l'en en
treuve de demourez par deffaulte d'eauez mondit seigneur le conte
en auroit la congnoissance et droitture de quelque personne que
treuvé soit.
Item et s'il advenoit que l'un diceulx deux bras apetichast ou
diminuast tellement que l'en peust aler à la pescherie à pié et sans
batel entre iceulx deux bras cil ouquel costé ledit bras se diminue-
PIKCES JUSTIFICATIVES 259
roit soroit tenu de le l'aire savoir à l'autre afïîn qu'il eust cong-nois-
sance (ricelle diminution et sera la luanière dit (sic) faire faire savoir
aux fermiers lun de 1 autre qui trouver les pourra sinon à la porte
du chastel de Tancarville et à la porte de ladite abbaje et la raison
si est car se ladite diminution se faisoit du costé de devers Tancar-
ville mondit seig^neur le conte auroit tout et n'y prendroient riens
iceulx relig-ieux excepté que leurs hommez de leur dite france table
sont et seront frans comme dit est et ce cestoit ou costé desdiz
relig"ieux ilz retourneroient à leur droitture et seig'neurie cy dessus
devisée ou quatriesme article, c'est assavoir qu'ilz auroient la droit-
ture, acquiz, seigneurie, justice et jurisdiction des pécheriez que
leurs hommez et habitans du territoire du costé dudit lieu de Gres-
tain feroient à pié sans batel à appleit séant ou autrement entre les-
dites bournez de la croix de la Devise et le Noirport ainsi que oudit
quatriesme article est contenu et mondit seigneur le conte auroit
tous les autres du territoire du costé de Tancarville jouxte ledit
article.
Item jasoit ce que par le second article cy-dessuz touchant tout
l'appleit warguant soit consentu et acordé par lesdiz religieux
audit nions, le conte, ses hoirs et aïans cause néanmoins icelui
mon s. le conte pour aucunez considérations tant pour lui que pour
ses hoirs ou aians cause veult, consent et acorde que lesdiz reli-
gieux et leurs successeurs aient par chacun an le proutïict et revenu
de quatre bateaulx d'appleit warguant oultre et pardessuz lez
hommez de la france table dudit lieu de Grestain à tourner iceulx
quatre bateaulx les deux au proufïit, honneur et pourveance de la
chambre de l'abbé et lez autrez deux à tourner au proulTit et vivre
du couvent, lesquieulx quatre bateaulx seront prins et entenduz
premièrement et advant tout dez pescheurs du territoire de devers
ladite abbaïe de Grestain, lesquelz quatre bateaulx iceulx religieux
pourront bailler èi louage soit à argent ou à poisson ou portion de
l'un ou de l'autre à leur proulïist ainsi que bon leur semblera,
réservé pour mondit seigneur le conte la congnoissance, justice,
jurisdiction, pugnition et correction des malfaitteurs et maleticez
qui pourroient advenir et niouveoir d'iceulx bateaulx et dez hommez
et pescheurs qui le gouverneroient en exploictant dicelle pescherie
et s'il advenoit que par obstinité ou autrement lesdiz religieux ne
trouvassent aucun pescheur de leur costé qui voulsist prendre
260 LAliliAVE DE NOTRE-DAME DE GRESTAlN
d'eulx à louage iceulx quatre bateaulx ou portion diceulx mondit
seigneur le conte qui veult sa volenté ou ceste partie estre acomplie
veult et acorde que ses ofticiers baillent et délivrent ausdiz religieux
bateaulx en ce qui se deffauldroit au second pris et second degré
aprez le plus hault pris.
Et promisrent lesdis abbé et procureur et chacun d'eulx faire,
ratifïîer et acorder au couvent de ladite abbaye et avoir agréable
tout le contenu en cez présentes les circonstancez et deppendances
dicelles et de ce faire avoir lettre à mondit seigneur le conte ou à
ses hoirs toute iTois que sommez et requiz en seroient par ledit
mons. le conte, ses hoirs ou aians cause ou par le porteur de ces
lettres.
Toutes lesquelles choses dessusdites lesdites partiez, c'est assa-
voir ledit mons. le conte, meu de dévotion, en la révérence de Dieu
et de Xostre-Dame dont ladite esglize est fondée, et lesdiz religieux
comparans et fondez comme dit est, meuz de bonne recongnois-
sance de 1 honneur, révérence et seigneurie dudit mons. le conte et
de ses devanchiers dont ilz auroient eu des proufïiz et augmenta-
tions promistrent de bonne foy pour eulx et leurs successeurs tenir
de point en point sans jamais en contrevenir ne faire venir en
aucune manière sur l'obligation des biens meubles et héritages
dudit mons. le conte et de ses hoirs et des biens meublez et héri-
tages de ladite esglize présens et advenir à prendre et advendre par
tous lieux et justices soubz quelle jurisdiction que ilz soient etpour-
roient estre trouvez et si jureroient chacun de soi par especial les-
diz abbé et procureur en parolle et conscience de prebtre aux sainttes
envangilles de Dieu à non venir ne faire venir par eulx ne par
aultres en manière nulle quelle que elle soit ou puist estre en
aucune manière et si renonceroient quand faict, à toutes excep-
tions, déceptions, fraudez, tintes, cautelles,. malices, baraz et cai-
rella lions à tout droit escript et non escript canon et civil à toutez
lettres de grâces donneez ou à donner impetreez ou à impétrer soit
de Xostre Saint Père le Pappe, du roy nostre sire ou d'autres aians
pouvoir à ce, k ce que eulx ou l'un d'eulx peust dire, alléguer ou
proposer en ces présentes estre plus escript que passé et accordé r
ne fu ou passé et accordé que escript et générallement à toutes 1
autres choses quelconquez f[ui tant de fait comme de droit, stille,
coustume ou usaige aidier et valoir leur pourroient à venir ou faire
PIÈCES JUSTIFICATIVES 261
venir contre la teneur cl ol)lig'ation de ces présentes et par espécial
au droit disant général renonciation non valoir et déclarans que
cestoit leur volenté que par leurs officiers, hommez et suboez et
par tous ceulx qui habiteront et fréquenteront esdites eauez soient
tenuez et acomplies.
Cy ensuit la teneur de ladite procuration :
A tous ceulx qui ces lettres veyront ou orront, Richart, par la
permission divine humble abbé de Nostre-Dame de Grestain et tout
le couvent d'icellui lieu, salut en Nostre Seig-neur. Savoir faisons
que en usant de nostre droit commun nous avons fait et estably,
faisons, ordonnons et establissons nostre procureur, nostre bien
amé frère et compaignon dampt Jehan Valet, religieux de ladite
abbaye, prieur de Saincte Scolace, fille de ladicte abbaïe, en toutes
nos causez et querelles meues et à mouvoir et par espécial nous
couvent dessusdit l'establissons à soy transporter à Rouen en la
compaignie de nousdit abbé devers noble et puissant seigneur le
conte de Tancarville pour essaier et acorder et appointer avecquez
mondit seigneur le conte des procez que nous avons vers lui à cause
des eauez dudit lieu de Tancarville et des nostres, dont plusieurs
procez sont pendens par entre nous devant le roy nostre sire ou
son grant conseil, et voulions que il ait auctorité et puissance par
ces présentes d'accorder et passer lettres d'appointement de tel
traictié comme advisé et acordé sera par nostredit maistre, par
nostredit procureur en leur compaignie Robert Descalles, nostredit
senescal, et Durant de Treuville (Thieuville) nostredit sous-senes-
cal et frère naturel de nostredit maistre l'abbé, tout ainsi que nous
ferions et faire pourrions si presens y estions ; promettans tenir
ferme et estable tout ce que par nostredit procureur sera fait, passé
et acordé et que jamais encontre ne irons ne aler ne ferons comme
que ce soit et paier le juge et amende se mestier et si en eschiet, et
outre promettons rattitïier de rechef icellui acord et appointement
se mestier est et il plaist à mondit seigneur le conte touttefois que
il lui plaira. En tesmoing de ce nous abbé et couvent dessusdiz
avons scellé ces présentes de nos propres sceaulx, l'an de grâce
mil IIII'' et huit, le jeudi vij'jour de febvrier.
En tesmoing de ce nous, à la relation dudit tabellion, avons mis
à ces lettres le seel desdites obli<;ations. Ce fu fait l'an do i;ràce mil
262 LABBAYE DE NOTRE-DAME DE GRESTAIN
Ilir et huit, le lundi xj^ jour de felîvrier. Ainsi signé, II. Vigneron.
R. Vigneron.
Badin.
Coll. faicte.
(Arch. dép. de la Saine-Inférieure. Fonds du comté de Tancar-
ville, liasse Eauries. Pèches, 1 [)ièce parchemin.)
XXXV
Richard de Thicuvillc, ahhé de Grestain, reconnaît devoir au roi
la redevance d'un esturrjcon '.
1411, 27 octobre.
A tous ceulx qui ces présentes lettres A^erront ou orront, frère
Richart, humble abbé du moustier de Xostre-Dame de Grestain, de
l'ordre de saint Benoist ou diocèse de Lisieux, et tout le couvent
d icelui lieu. Savoir faisons que du roy nostre sire advouons à tenir
tout le temporel de ladite abbaye avecques toutes ses appartenances
tant en chief que en mambres par une seulle feaulté, laquelle nous
frère Richart, abbé dessusdit, avons faicte au roy nostredit sei-
gneur. Et pour ce nous, abbé et couvent dudit lieu de Grestain,
sommes tenuz faire pour le roy nostredit seigneur adveu, prières et
oraison ; et avec ce, pour cause de la moitié de la rivière de Sainne,
au costé depuis le gort de Quillebeuf jusques à ung lieu nommé le
Noir-Port, devons au roy nostredit seigneur ung esturgeon de rente
par chascun an le premier peschié de l'année en ladite rivière, et le
devons paier à la recepte du Pontaudemer au viconte dudit lieu, et
ledit viconte doit bailler cinq solz tournois à celui qui le porte. Et
s'il advenoit qu'il ne fust point peschié d'esturgeon en laditte
rivière oudit an, nous ne serions tenuz de paier ledit esturgeon. Et
obbéissons à bailler plus à plain ce dont nous aurions congnoissance
se aucune y a voit à bailler ou à desclarier plus à plain. En tesmoing
1. Redevance exigée, par les ducs de Normandie, des moines de Grestain
au xi« siècle.
À
PIÈCES JUSTIFICATIVES 263
de ce, nous avons scellée ceste présente cédulle de noz propres
seaulx, le xviij'' j<^ur d'octobre, l'an mil quatre cens et onze.
(Arch, nat,, P. 305, n" 202. Dénombrement de la viconté de Pont-
Audemer.)
XXXVI
Transaction entre le comte de Tancarville et les religieux de
Grestain au sujet de la pêche.
1412, 20 août,
Transaction entre Guillaume, comte de Tancarville, viconte de
Melun, connétable et chambellan de Normendie et les religieux de
Grestain, par laquelle ledit seigneur accorde aux religieux « seize
livres de rente par an sur le revenu de l'applet vergant du comté de
Tancarville et sur un moulin que nous avons à Montivilliers
nommé le moulin à Piquet ». La rente de seize livres sera faite
pour et au lieu des quatre bateaux que les religieux avaient la
liberté de faire pêcher en aplet vergant par les hommes de la
franche table de l'abbé, suivant l'article X du traité et apointement
du 14 février 1408.
(Arch. dép. de la Seine-Inférieure. Fonds du comté de Tancar-
ville ; Eauries. Pêches.)
XXXVII
Accord entre le comte de Tancarville et les religieux de Grestain au
sujet des pêcheurs de la franche table de Vabbé.
1412, 25 août.
Copie d'une transaction entre Guillaume, comte de Tancarville,
viconte de Melun, connétable de Normandie, et les religieux abbé
et couvent de Grestain par laquelle en dérogeant à l'article IX du
traité et apointement du 11 février 1408, ledit seigneur permet aux
religieux de s'aider de bateaux pour porter et rapporter leurs applets,
rets et filets, ensemble leurs corps et pêcheries seulement :
264 l'abbaye de inotre-dajje de grestain
(( Item et pour ce c[ue l'obscurité poroit estre en l'entendement
de ceulx que 1 en porroit dire frans à noz eauez de ladite franche
table de l'abbé, et que pour le temps advenir aucuns procès se por-
roient mouver sur l'eslargissement que voudroient faire lesdicts reli-
gieux ou leurs successeurs ou sur la restrinction que noz succes-
seurs ou ofiîcierz y porroient ou voudroient mettre, lesdicts religieux
nous ont baillié par déclaration les lieux et mettes où ils entendent
que les pesqueurs d'icelle franche table sont et sy doibvent entendre,
c'est assavoir les paroisses de Berville, Grestain, Carbec, Fastou-
ville, Fiquefïeu et Honnetleu, non pas que tous les habitans d'icelles
villes, hommes desdicts religieux soient d'icelle franche table mais
en tant qu'il y en a qui d'ancienneté sont tenus et réputez d'icelle
franche table de l'abbé. Toutes lesquelles choses, etc. — Ce fut
faict l'an de grâce mil. cccc. et douze, le xxv® jour d'aoust. »
(Arch. de la Seine-Inférieure. — Fonds du comté de Tancarville,
Eauries et Pêches.)
XXXVIII
Attestation de Raoul de Saint-Morisse, lieutenant r/e'néral du bailli
de Rouen, qui reconnaît que Guillehert Dancre, exécuté à Hon-
flcur pour avoir amené les Anglais à Grestain, na laissé aucuns
biens.
1416, 29 octobre.
A tous ceulx qui ces lettres verront ou orront Richart de Saint-
Morisse, lieutenant général de noble homme Raoul de Gaucourt,
chevalier, seigneur des Maisons-sur-Saine, chambellan du roy
nostre sire et son bailli de Rouen, salut. Savoir faisons que aujour-
dui par devant nous furent présens Durant de Thieuville, lieute-
nant commis de monsieur le bailli de Rouen en la viconté d'Auge,
et Régnant Mauvoisin, substitut du procureur du roy nostre sire en
icelle viconté, lesquelx nous tesmoignèrent et afermèrent que feu
Guillebert Dancre fut prins prisonnier au moys de février derrain
passé en la viconté d'Auge par Lois Despassain, tabellion du roy,
et Richart de Reus, escuier, et amené es prisons du Pontlevesque
pour plusieurs cas crimineulx et illecques fu son procez fait par le
viconté d'Auge et les conseulx du roy, par lequel procez par sa
PIÈCES JUSTIFICATIVES 263
et pour ses démérites il fu mené devant la porte de Honnefleu et
illecques fu décapité et exécuté pour ce qu'il confessa avoir amenez
et gidés les Eng-loiz de Harefleu par la rivière de Saine et fait des-
cendre devant l'abbaye de Grestain, où ilz prindrent Pierres Bias et
son fils avec tous leurs biens meublez et lui amenèrent et renchon-
nèrent en la ville de Harefleu, et aussi confessa ledit exécuté que
lui et autres ses complices estoient venus espier la ville de Honne-
fleu et la g-arnison qui dedans estoit. Et semblablement nous tes-
moignèrent et relatèrent lesdessusdits de Thieuville et Régnant
Mauvoisin que icellui Guillebert Dancre estoit ung povre vallet ;
serviteur et vacabont, lequel n'avoit en toute la viconté d'Auge ne
ailleurs dont ilz eussent congnoissance aucuns biens meubles ne
héritages ne chose qui vaulsist dix solz en sa despouille ne autre
chose. Desquelles choses Jehan Tardif, viconte d'Auge, nous requist
ces lettres certifficatives pour lui valloir en Testât de ses comptez
ce que de raison, etc. Donné soubz nostre scel au Pontlevesque, les
assises d'Auge illecques scéans, le xxjx" jour d'ottobre, l'an mil. cccc.
et seize.
Barin.
(Bibl. nat. ms. fr. 26041, n" 5130.)
XXXIX
Droit de tiers et danger perçu sur une vente de bois faicte par les
religieux de Grestain '.
1420, 12 mars (n. st.).
Guiot de la Villette, lieutenant de noble et puissant seigneur
messire Louis de Hobessart -, chevalier, seigneur de Graville et de
1. Voy. sur l'origine du droit de tiers et danger, Recherches sur divers
services publics du XIII" au A'V7/<' siècle, par Borrelli de Serres (Paris, 1895),
p. 393-464.
2. Louis de Robessart reçut en don d'Henry V d'Angleterre le cliàteau et
la baronnie de Thury, en 1418 ; à la même époque, il fut nommé maître réfor-
mateur des eaux et forêts de Normandie {Mém. soc. Ant. Xorm., XVI, 252,
253). On le trouve capitaine de Caudebee en 1419 et 1420. 11 était décédé en
1423 et remplacé dans la capitainerie de Caudebee et la charge de souverain
266
L ABRAYE DE NOTRE-DAME DE GRESTAIN
Thury, général maistre enquesteur des eaux et forests du roy nostre
sire par tout le duchié de Normendie, au vicomte de Falaise ou à
son lieutenant, salut. Savoir vous faisons que de nostre confié et
licence les relig-ieux, abbé et couvent de Nostre-Dame de Grestain
ont vendu à Fralin de Caourches, Jehan de Campoy et Guillaume
Thiévenin, marchans de bois, c'est assavoir les droits que lesdits
relligieux avoient pour une fois seullement en la tonsure d'une tasse
de bois à tiers et dang-er ainsi comme elle comporte en long et en
large assise en Mont-de-Caron et ilec environ, contenant vingt sept
acres ou environ, laquelle vendition a esté faite pour le prix de
soixante sept livres dix sous tournois, francs et quittes, à la main
desdits religieux outre et pardessus le tiers et danger du roy nostre
seigneur, et auxdits marchans lesdits religieux ont donné terme de
coupe et vuidenge de quatre ans et demy ensuitte de la dabte des
présentes lettres de ladite vente lesquelles furent faites sous les
sceaux desdits religieux le premier jour du mois de juillet dernière-
ment passé, ainsi que par icelles lettres il nous est apparu. De
laquelle tasse de bois le tiers et danger a esté mis à prix devant
nous de premier denier à enchière par Guillaume Duval, marchant
de bois, à la somme de 32 livres tournois, laquelle somme il vous
sera tenu de payer à quatre paiemens égaulx de Pasques et de la
Saint-Michel, le premier paiement commençant à Pasques prou-
chain venant et le second à la Saint-Michiel ensuivant et le demou-
rant de terme en terme jusques en fin de paiement ; et ne pourra
ledit marchant accompagnier à cest présent marchié qu'un seul
compagnon recevable à tenir marchiés roiauls selon les ordon-
nances des forests sur peine de forfaire sondit marchié ou amende
arbitraire, lequel il vous sera tenu nommer en vous présentant ces
présentes qu'il vous sera tenu présenter dedens huit jours ou païer
une enchière accoustumée sur sondit marchié, et sera tenu telle-
ment vuider et couper sondit marchié que la recrue d'icellui n'en
puisse estraindre ni empirier en aucune manière, terme de couppe
et de vuidange durant, de la dabte de ces présentes jusques à trois
ans et demy ensuivant après le premier jour de juillet prouchain
venant. Si vous mandons et commettons que caution par vous
enquêteur el réformateur par Jean de Robessart. — (Bibl. nat., ms. fr. 28983,
dossier 36184.) Ce Jean de Robessart est le capitaine dont il est parlé dans la
Chron. de Mathieu d'Escouchy.
PIECES JUSTIFICATIVES
267
t
^ reçue et prise dudit marchant de bois et loyalement pour le roy
^Biostre sire en termes que dessus est dit faire, accomplir les choses
^^yessus dites pour lui délivrer sondit marchié, et le pourvoiez ou
faites pourvoir do merq ou martel pour en jouir ainsi qu'il appar-
tiendra sauf le terme des enchères que nous avons ordonnées
faillir devant nous à l'Ascension prouchain, et cependant en faites
faire les criées où il appartiendra et garder que défaut n'y ait.
Donné à Faloise, le xij'= jour de mars, l'an mil.cccc. dix-neuf.
(Bibl. nat., mss. portef. Fontanieu, vol. 111-112, fol. 203.)
XL
Reconnaissance par Richard de Thicuville, ahhc de Grestain, de la
rente due au roi du premier esturgeon péché dans la Seine^
142i-, 18 juin.
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront ou orront, frère
Richart par la permission divine humble abbé du monastère de
Xostre-Dame de Grestain, de l'ordre de saint Benoît ou dyocèse
de Lisieux, et tout le convent d'icelluy lieu, savoir faisons que du
roy nostre sire advouons à tenir tout le temporel de ladite abbaye
avec toutes ses appartenences tant en chief que en membres par
une seule feauté laquelle nous frère Richart, abbé dessusdit, avons
fecte au roy nostredit seig-neur et pour ce nous abbé et convent
dud. lieu de Grestain, sommes tenuz faire pour le roy nostredit
seigneur adveu, prières et orisons ; et avec ce pour cause de la
moytié de la rivière de Seyne eu costé devers l'abbeye depuis le
gord de Quillebeuf jusques à un lieu nommé le Noir-Port à nous
appartenant, devons au roy nostredit seigneur im esturgeon de
rente par chacun an, le premier peschié de l'année en ladite rivière,
et le devcms paier en sa recette du Pont-Audemer au viconte dudit
lieu et ledit viconte doit bailler six solz à cellui qui le porte pour
bailler à cellui qui la peschié ; et s'il avenoit qu'il ne fust point
peschié d'esturgeon en ladite rivière audit an nous ne serions tenu
de paier ledit esturgeon, et obéissant à bailler plus à plain ce dont
nous aurions congnoissance, se aucune chose y avoit à Ijailler ou
^"^ l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
dédarer plus à plain. En tesmoing^ de ce, nous, abbé et couvent
dessusdit, avons scellé ces lettres de nos propres seaulx, qui furent
faites l'an dé grâce mil. cccc. xxiiij, le xviij« jour de juino-.
(Arch. nat. P. 307, n° 214.) ^
XLI
Rémission octroyée par Henri VI à Guillaume de la Haye, pauvre
laboureur, détenu dans les prisons de Rouen pour avoir acheté
des armes r/ui avaient été cachées à Grestain.
1426, mars (n. st.).
Henrv par la grâce de Dieu roy de France et d'x\ngleterre, etc.
Scavoir faisons... Nous avons receu lumble supplicacion de Guil-
laume de la Haye, povre jeune laboureur de bras chargié de femme
et d'enfans, de Taag-e de xviij ans ou environ, demeurant en la
viconté du Pontaudemer et à présent prisonnier en noz prisons de
Rouen, contenant comme puis nagaires un brigant nommé Guil-
laume Hallay accompagnié de deux ou trois ses complices eust
mandé audit suppliant qu'il alla parler à luy en l'hostel de Colin
Boutery demeurant en un village près la Chapelle Bayvel », et à la
derrenière foys l'eust, icelluy brigant, mandé et envoyé quérir par
Huet du Quesnay dudit de la Chapelle lequel lui eust dit que ledit
brigant lui mandoit que s'il ne venoit bientost parler à luy il le cour-
rouceroit du corps et ardroit son hostel ; pour doubte des quelles
menaces ledit suppliant, qui est ung simple jeune homme labou-
reur comme dit est, feust aie oudist hostel dudit Boutery, où il
eust trouvé ledit brigant et sesdits complices lesquels luy eussent
demandé s'il avoit esté piéça à Rouen et quant il yroit, qui leur
eust respondu que aucunes foys luy estoit nécessaire de y aler
pour acheter des choses nécessaires à luy et à sondit hostel..^. et y
pensoit encore aller dedans brief. Après laquelle responce ledit
brigant eust dist oudit suppliant qu'il le prenoit son prisonnier, en
renyant Dieu qu'il luy copperoit la teste se il ne apportoit ou fai-
1. La Chapelle-Bayvel, arr. Pont-Audemer, cant. Cormeilles, Eure.
MÈCES JLSTIFICATIVKS 269
soit apporter dudit lieu de Rouen deux lances pour luy... et que si
ainsi le faisoit il seroit quitte de sa raençon, etc.
Et après estre aie audit lieu de Rouen et fait acheter lesdites
deux lances lesquelles en son absence furent portées à Grestain et
en ycellui lieu sont demeurées sans ce que ledit brigant ne susdite
complices ne les aient aucunement eues...
Donné à Paris, ou mois de mars, l'an de grâce mil. cccc. et vingt
cinq, de nostre règne le quart, avant Pasques.
(Arch. nat. JJ. 173, n» 379.)
XLII
Lettres de Henri VI d'' Angleterre accordant à Jean le Lièvre, ahbé
de Notre-Dame de Grestain, un délai d'un an pour rendre aveu
du temporel de l'abbaye.
1444, 27 juillet.
Henry par la grâce de Dieu roy de France et d'Angleterre, à
noz amez et feaulx les gens de nos comptes à Rouen et les tréso-
riers et generaulx gouverneurs de toutes nos finances en France et
Normendie, au bailly de Rouen, vicontes dudit bailliage et à touz
noz autres justiciers et officiers ou à leurs lieuxtenans, salut et
dilection. Receu avons humble supplication de nostre bien amé
Jehan, abbé de Grestain, contenant comme à cause et par raison
de la temporalité de ladite abbaïe il nous soit tenu bailler adveu et
dénombrement laquelle chose il ne nous ait peu et ne pourroit
encores bonnement faire de présent obstant le temps de la guerre
et autrement, et se doubte icelui suppliant que à cause de ce lui
vouUiez mettre, destourbier ou empeschement en ses terres et sei-
gneuries qui seroit en son grant préjudice et dommaige si comme
il dit, requérant sur ce nostre grâce et provision. Pourquoy, nous,
ces choses considéi^ées, oudit supliant oudit cas avons donné et
octroyé, donnons et octroyons de grâce especial par ces présentes
terme, respit et soulTrance de bailler par escript sondit adveu et
dénombrement jusques à ung an à compter de la dabte de ces pré-
sentes en faisant et paiant par ledit abbé les chargez, droiz et
270 l'abbaye de >'otre-damë de grestain
devoirs pour ce deubz et accoustumez, pourveu qu'il fera le sei'-
ment de fidélité ez mains de vous bailly ou de vostre lieutenant se
fait ne Ta. Si vous mandons et enjoig'nons expressément et à cha-
cun de vous si comme à lui appartiendra que de notre présente
grâce, terme, respitet soull'rance vous faietes, souffrez et laissiez ledit
suppléant joyr et user plainement et paisiblement sans pour ce lui
fairei ou donner en sesdites terres et seigneuries ne ez fruictz, profiz
et revenus d'icelles dcstourbier ou empescliement en aucune
manière au contraire ledit au durant. Car ainsi nous plaist-il estre
fait nonobstant quelxconques lettres subreptices à ce contraires.
Donné à Rouen, soubz nostre scel en l'absence du grand, le vingt
septiesme jour de juillet, l'an de grâce mil. cccc. quarante et quatre
et de nostre règne le vingt-deuxiesme.
Par le conseil :
(Bibl. nat. cab. des titres, pièces orig. 1718, dossier 39.903,
n« 3.)
XLIII
Reconnaissance d'hommage délivrée par Charles VU
à Jean Le Lièvre, ahhé de Grestain.
1450 14 février (n. st.).
Charles, par la grâce de Dieu, roy de France, à noz am€z et
féaulx gens de noz comptes et trésoriers, aux bailliz de Rouen,
d'Évreux, de Constantin, de Caen et de Caux et à noz procureurs
et vicontes desdits baillages ou à leurs lieutenans et commis, salut
et dilection. Savoir vous faisons que aujourd'huy nostre bien amé
Jehan, abbé de l'église et monastaire de Gratain, ou diocèse de
Lisieux, nous a fait le serement de feaulté que à cause du temporel
de ladite église il estoit tenu nous faire auquel serement de feaulté
nous l'avons receu sauf nostre droit et l'autrui. Si vous mandons
et expressément enjoignons que à cause dudit serement de feaulté
non fait vous ne donnez audit abbé aucun empeschement ou dcs-
tourbier. Ains sondit temporel ou autre ses biens se par deffault
dudit serement non fait en estoient prins, arrcsté ou mis en nostre
PIÈCES JUSTIFICATIVES 271
main luj mectez incontinent et sans délay à pleine délivrance, car
ainsi nous ploist estre fait pourveu qu'il baille son dénombrement
dedens le temps accoustumé. Donné à Grestain, le y-ùVf jour de
febvrier l'an de grâce mil (quatre cens quarante neuf, et de nostre
règ^ne le xxviij''. — Par le roy, le sire de Pruilly et autres présens.
(Arch. nat. F 263^' n»471.)
XLIV
Actes divers de Charles VII, roi de France, donnés en Vabbaye
de Grestain.
1450, février (n. st.).
Lettres de Charles VII accordant le droit de naturalité à Jacque-
lin Hairolde, né à Milan, lequel depuis longtemps fait commerce
en France. Donné en l'abbaye de Grestain, au mois de février 1449
(1430, n. st.).
{Arch. nat. Trésor des chartes, JJ. 180, n° 111.)
Lettres portant légitimation de Reynaud de Grassay, fils naturel
de Jean de Grassay, écuyer ; la mère n'est point nommée. Donné
en l'abbaye de Grestain près Honfleur, au mois de février 1449
(1450, n.'st.).
(Arch. nat. Trésor des chartes, JJ. 186, n" 89.)
Lettres portant anoblissennent de Pierre Le Cerf ' pour récom-
pense de services. Donné en l'abbaye de Grestain, au mois de février
1449 (1450, n. st.)
(Arch. nat. Trésor des chartes, JJ. 186, n'' 90.)
Lettres de Charles VII portant anoblissement de M*" Léger
Arnould, notaire et secrétaire du roi. Donné en l'abbaye de Gres-
tain près Honfleur, au mois de février 1449 (1450, n. st.).
(Arch. nat. Trésor des chartes, JJ. 186, n" 92.)
i. Dans (juolqucs actes, Pierre Le Cerf est qualifié <■ capitaine des côtes de
la mer ». Il résidait à Equemauville près de Honfleur, en liO;}. Son fils prit à
fieffé de ral)baye du Bec, en 1494, la terre et seigneurie d'Equemauville que
ses héritiers vendirent plus tard au président Le Jumel de Lisores. La famille
Le Cerf a formé plusieurs branches.
272 l'abhave 1)E Notre-Dame de grestain
Lettres par lesquelles Charles Vil fait don à Jean, sire de Lucé,
chevalier, de la haute justice de Pimbo, sise en la sénéchaussée de
Lannes ^ Donné en l'abbaye de Grestain, le 20 février 1449,
(1450, n. st.).
(Arch, nat. Trésor des chartes, JJ. 180, fol. 60.)
Vidimus par Rosier de Mery -, écuyer, garde du scel des obliga-
tions de la vicomte d'Auge, de Lettres de Charles Vil portant dona-
tion à Robert de Floques, bailli d'Evreux et capitaine de Honfleur,
d'un hôtel bâti dans cette dernière ville par le sire de Talbot.
Datées de Grestain, le 21 février 1449 (1450. n. st.).
(Arch. nat. P 1905 2, n" 6636.)
Lettres d'abolition octroyées par Charles Vil à Pons-Guillaume,
seigneur de Clermont-Lodève, qui a très bien servi et fidèlement,
et est présentement poursuivi par Guéraud-Jourdain, de Lodève,
que des gens du suppliant prirent prisonnier. Le roi fait rémission
audit suppliant de tous les excès qu'il a pu commettre pendant
qu'il était dans le service. Donné à l'abbaye de Grestain, au mois
de février 1449 (1450, n. st.).
(Arch. nat. Trésor des chartes, JJ. 180, n° 63.)
XLV
Quittance de Jean Le Lièvre, abhé de Notre-Dame de Grestain,
d'une somme de !200 liv. t. donnée par le roi pour réédifier Véglise
de lahbaye.
1450, 2 mars (n. st.)
Nous Jehan par la permission divine abbé de l'esglise et abbaye
de Nostre-Dame de Grestain ou diocèse de Lysieux, congnoissons
et confessons avoir eu et reçeu de maistre Jacques Charrier, chan-
geur du trésor du roy nostre sire et receveur général de son
demaine et fortifications de Normandie, la somme de deux cents
1. Le sire de Lucé était chambellan du roi. Lannes, aujourd'hui dans le
dép. des Landes, formait deux sièges : Saint-Sever et Dax.
2. La famille Mery était, dès avant 1387, en possession du fief de Criquebeuf-
sur-mer. En 1450 et 1453, vivait Michel Mery, prêtre, seigneur de Criquebeuf
et curé du Breuil, arr. de Pont-rÉvêque, dép. du Calvados.
PIECES JUSTIFICATIVES
273
livres tournois laquelle le roy nostre dit seig-neur nous a donnée
pour nous aider à refaire et réediffier nostre esglise, et pour aucu-
nement nous récompenser des dommaig-es et interestz que pouvons
avoir euz durant le temps que ledit seigneur a esté logié en nostre-
dite aldjaye où il a esté par l'espace d'un mois pendant que le
sièg-e a esté devant Honnefleu près ladite abbaye. De laquelle
somme de ij*^ livres tournois nous nous tenons pour contens et en
avons quitté et quittons ledit changeur et tous autres. En tesmoing
de ce, nous avons scellé ces présentes du scel de nostredite abbave
et signé de nostre main le seg-ond jour de mars mil. cccc. quarante
et neuf.
.1. abbé de Grestain.
(Bibl. nat. ms. fr. 20905, n« 149.) (Sceau).
XL VI
Aveu el cl c no m h re ment des biens de f abbaye de Noire-Dame
de Grestain.
1450, l'^'' septembre.
Du roy nostre sire, nous humble abbé et couvent de resglise et
abbaye de Nostre-Dame de Grestain fondée en et sur la baronnie
Ch. BuKAnr». — L'Abbaye de Xolre-Dame de Grestain. IS
274 l'abbave de notre-dame de grestain
dudit lieu de Grestain, ou diocèse de Lisieux. en la viconté du
Pont-Audemer et ou bailliasre de Rouen, advouons à tenir nostre-
dite esg'lise et abbaye en chief et en membres en tant que touche la
temporalité dont nous faisons décleration cv-après en la manière
qui s'ensuit :
Et premièrement ladite baronnie de Grestain assise en la viconté
du Pont-Audemer audit lieu de Grestain et s'estent en plusieurs
paroisses, en laquelle ladite esglise de Grestain est assise et en
laquelle a court et usaige et toutes droictures appartenantes à basse
justice. — Item ung franc fief ou membre de fief avecques ses
appartenances et dépendances nommé le fief de Rouville tenu fran-
chement, auquel a court et usaige, et en sont les revenues en
deniers, g-rains, œufs, oyseaulx et a plusieurs hommages, et si
porte ledit fief reliefs, treizièmes et autres revenues telles comme
il appartient à noble fief franchement tenu. — Item en la paroisse
de Berville ung fief ou membre de fief nommé le fief de Grestain
auquel a court et usaige et en sont les revenues en deniers, g-rains,
œufs, oyseaulx, reliefs, treizièmes, aides coustumiers et autres
devoirs appartenans à fief noble franchement tenu. — Item en la
paroisse de Soteville nng franc fief ou membre de fief avec ses
appartenances nommé le fief de Soteville auquel a court et usaige,
et en sont les revenues en deniers, grains, œufs, oyseaulx. prez,
pasturaiges et autres revenues appartenans à fief franchement tenu.
— Item ung manoir et franc fief ou membre de fief avecques ses
appartenances nommé la Fontaine-Bérenfjier où il a court et usaige,
et en sont les revenues en terres labourables, jardins, prez, pastu-
rages, vignes, deniers, œufs, oyseaulx, reliefs, treizièmes et autres
revenues appartenans à fief noble franchement tenu. — Item en la
parroisse de Beuzeville ung fief nommé le fief des Fauques avecques
ses appartenances où il a court et usaige, et en sont les revenues
en terres labourables, jardins, boys, deniers, grains, œufs et
oyseaulx, services, reliefs, treizièmes, aides coustumiers et autres
revenues appartenans à fief noble franchement tenu. — Item en la
parroisse de Esquenville et de Xostre-Dame-du-Val ung fief ou
membre de fîef avec ses appartenances appelle le fief du Mor où il
a court et usaige, et en sont les revenues en deniers, œufs, oyseaulx,
grains, et a moulin et moutiers et montes seiches et moillées,
reliefs, treizième et aides coustumiers et autres devoirs de fief
PIECES JUSTIFICATIVES
275
appartcnans h noble fief franchement tenu. — Item en ladite par-
roisse de Esquenville ung moulin nommé le moulin des Mares, et a
moustiers et moultes seiches et moilliées et autres droiz apparte-
nans à moulin. — Item ung fief noble ou membre de fief assis en
la paroisse d'Anglesqueville-la-Martel ou baillia^^e de Gaux, et a
court et usaige, et sont les rentes et revenues en deniers, grains,
œufs, prez, pasturages et terres labourables, reliefs, treizièmes,
aides coustumiers et autres revenues appartenans à fief noble et
franchement tenu. — Item en la parroisse de Blonville ung- fief
noble ou membre de fief, et a court et usaige, et en sont les rentes
et revenues en deniers, (eufz, oyseaulx, sel, prez, pasturages. reliefs,
treizièmes et aides coustumiers et autres devoirs de fief apparte-
nans à fief noble et franchement tenu. — Item en la paroisse de
Guyneville [Genneville) ung manoir et franc fief appelle le fief de
Maharu dont les revenues sont en terres labourables, manoir, jar-
dins, boys, prez, pasturaiges, deniers, grains, œufz oyseaulx, ser-
vices, moulins, moultes seiches et moillées, reliefs, treizièmes et
autres revenues appartenans à fief noble et franchement tenu. —
item en ladite parroisse de Guyneville ung membre de fief deppen-
dant dudit fief de Maharu nommé le fef du Bouffey avec ses appar-
tenances, et a court et usaige, et sont les rentes et revenues en
deniers, grains, œufz, oyseaulx, reliefs, treizièmes et autres
devoirs appartenans à fief noble et franchement tenu. — Item en la
paroisse de Queteville et es mettes d'environ ung huictiesme de
fief nommé le fief nu Fairon, dont les rentes et revenues en sont
en terres labourables, pasturaiges, grains, œufz, oyseaulx, fers à
cheval, reliefs, treizièmes, aides et coustumes. — Item en la par-
roisse du Teil ung fief ou membre de fief nommé le fief à VEspec,
et a court et usaige et sont les rentes en deniers, grains, œufz,
oyseaulx, reliefs, treizièmes et aides coustumiers, minaige et
autres droits appartenans à fief noiile et franchement tenu. — Item
en la parroisse de Gonnouville (Gonneville-sur-IIonfleur) ung hui-
tiesme de fief avecques ses appartenances où il a court et usaige.
Item en ladite parroisse ung contrefief ou membre de fief nommé
le fief du Nest avecques ses appartenances où il a court et usaige,
descpiieulx deux fiefs les revenues en sont en terres labourables,
grains, deniers, œufz, oyseaulx, reliefs, treizièmes et autres devoirs
de fief appartenans à fief noble et franchement tenu. — Item en
276 l'aiîiîaye de nothe-dâme de grestain
la parroisse de Triqueville une vavassorie nommée la vavassorie
des Haies avecques ses appartenances et en sont les revenues en
deniers, œufz, oyseaulx, reliefs et treizièmes. — Item en la par-
roisse dé Garbec ung fief nommé le fief Danet avecques ses appar-
tenances où il a court et usaig-e, et en sont les revenues en terres
labourables et y a ung- manoir ainsi qu'il se comporte jardins, boys,
prez, pasturages, moulins, moultes, champars, services, reliefs, trei-
zièmes et aides coustumiers et autres devoirs appartenans à fief
noble et franchement tenu.
Item à cause de nostredite esg^lise et abbaye nous appartiennent
ks coustumes, marées, eaues, eauyes, varest et autres revenues en
l'eaue de Seine ou costé devers le su, depuis le g'ort de (^uillebeuf
jusques au Noirport près de Honnefleu ; et èsdites mettes avons
haulte, moyenne et basse justice et plusieurs autres revenues toutes
et quantes foiz que le cas y eschiet. Et à cause de ce, toutes et
quantes fois que èsdites eaues on pesche aucuns esturg-eons, ilz
nous doivent estre apportez, et nous sommes tenuz d'envoier le
premier qui est peschié, et k nous apporté, au viconte dudit
viconté du Pont-Audemer pour et ou nom du Roy nostredit sei-
gneur, pour ce ledit viconte nous doit paier cinq solz tournois.
Item la prieuré de Sainct-Nicollas ^ estant ou diocèse de Lisieux
près de la forest de Toucque, laquelle est des membres et deppen-
dances de nostredite esg-lise et abbaye, et à cause dudit prieuré et
des droiz à nous appartenans le prieur d'icelui prieuré, demourant
et résidant illec, a en la forest de Toucque son ardoir, maisonner
et jjasturag-es pour toutes bestes comme pourceaulx, beufs, vaches
et autres bestes sans nombre, sauf et réservé les tailles d'icelle
forest se aucunes en y a.
Item ou bailliag-e de Gaen ung- franc fief ou membre de fief avec
ses appartenances nommé le fief Boutevillain dont le chief est assis
en la paroisse de Saincte-Marie-ès-Angloiz, et s'estent en plusieurs
parroisses et es mettes d'illec environ, et a court et usaige, et sont
les revenues en terres labourables, boys, prez, grains, deniers,
œufz, oyseaulx, moulins, reliefs, treizièmes, aides, reddevances
appartenantes à fief noble franchement tenu. — Item en la parroisse
1. Sainl-Xicolas-du-Val-de-Claire ou Saiat-Nicol, aux faubourgs de Ilon-
fleur.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 277
(le Tiercheville (Tiercevil/c) f)udit bailliage de Caen ung manoir
et franc lîef nommé le fief de TicrclioiùUe avec ses appartenances,
et a court et usaig-e, et en sont les revenues en terres labourables,
jardins, prez, deniers, j^rains, œufz, oyseaulx, reliefs, treizièmes et
autres devoirs de fief appartenans à fief appartenant à fief noble
franchement tenu. — Item ung autre fief ou membre de fief avec
ses appartenances nommé le fief de Tilli/ [Tilh/sur-Seulle), et a
court et usai^e, et sont les revenues en «crains, deniers, (rufz,
oyseaulx, reliefz, treizièmes et autres devoirs de fief appartenans à
fief noble et franchement tenu. — Item au Doulx-Marest ung^ fief
ou membre de fief avec ses appartenances nommé le fief Marest où
il a court et usaig-e, et en sont les revenues en terres labourables,
boys, prez, grains, deniers, œufz, oyseaulx, reliefs, treizièmes et
autres redevances appartenantes à fief noble franchement tenu.
Item au bailliaf^e du Coustentin ung- franc fief ou membre de
fief avec ses appartenances nommé le fief de Saint-Quentin ouquel
a court et usaige, assis et situé en la parroisse de Saint-Quenlin
[Saint-Quentin-les-Chardonnefs) près Tintebré (Tinchebrai), dont
les revenues sont en deniers, terres labourables, moulin, reliefs,
treizièmes et autres revenues à icelui fief appartenans. — Item en
la parroisse de Quierqueville ung- franc fief avec ses appartenances
oîi il a manoir ainsi comme il se comporte, auquel fief appar-
tiennent court et usaige, et en sont les revenues en terres labou-
rables, prez, moulin, moultes, deniers, grains, œufz, oyseaulx,
varest, reliefs, treizièmes, services et autres devoirs appartenans
à fief nol)le et franchement tenu. — Item en la parroisse de Barne-
ville-sur-la-mer ung franc fief avec ses appartenances nommé le
fief de Barneville oîi il a court et usaige, dont les revenues sont en
terres labourables, deniers, grains, jardins, pasturages, œufz,
oyseaulx, reliefs, treizièmes, aides coustumiers et autres droiz appar-
tenans à fief noble et franchement tenu, et y a ung moulin. — ^
Item en la parroisse de Mulleville (Muaneville-sur-Mer) ung franc
fief avec ses appartenances à court etusaige, dont la revenue est en
terres labourables, deniers, grains, jardins, pasturages, a>ufs,
oyseaulx, reliefs, treizièmes, aides coustumiers et autres droiz
appartenans à fief noble franchement tenu.
Item la })aronnie et terre de Mésidon dont le chief est assis ou
bailliage de Caen es mettes de la viconté de Faloize, et s'estent
278 l'apuaye de notre-dame de grestain
icelle baronnie es bailliages de Rouen, Caen et Coustentin, et la
tenons par les moyens, formes et condicions qui s'ensuivent. C'est
assavoir que icelle baronnie avec ses appartenances et appendances
quieulxconques avec autres héritages nous furent baillées et trans-
portées par manière d'eschange et transport jusques à mille ans par
monseigneur Jehan de Melung, chevalier, seigneur de Tanquar-
ville et chambellan de Normandie, pour certains héritages que lui
baillasmes ou royaume d'Angleterre ouquel païs d'Angleterre ledit
chevalier estant prisonnier et pour son corps délivrer de prison fut
fait ledit eschange et transport selon ce qu'il est porté par lettres
confermées par le roi Jehan à qui Dieu pardonne lors duc de
Normandie, si comme par lesdites lettres peult apparoir qui furent
faictes l'an mil trois cens quarante ung ', et en tant comme à nous
peult et doit appartenir baillons et advouons tenir en la manière
qui s'ensuit : c'est assavoir que le chief d'icelle baronnie est assis
en la parroisse de Mésidon es mettes de la viconté de Faloize et y
souloit avecques chastel et forteresse, et avons droit d'avoir foire
au jour Saint-Martin d'hiver et marchié une foiz la sepmaine au
jour de sabmedi, et droit d'avoir coustumes, forfaitures, et droit d'y
avoir trespas tant au jour du dimanche que autres jours de ceulx
qui passent par le destroiz de la prevosté, et droit d'avoir congnois-
sance et jurisdiction de mesures tant de grains que de voyes, et
droit d'avoir moulins k ban tant à blé, à ten qu'à foulleries, et
droit d'avoir festaiges, moultes et autres devoirs appartenans à
moulin et pour à ban, rentes en deniers en blez tant de forment,
orge que avoine, et en outre œufz, oyseaulx et autres rentes et
dignitez appartenans à ladite baronnie, et avons prez et services de
prez, droit d'avoir prevost ou prevozt et boys assis en icelle baron-
nie et doivent iceulx boys au roy nostre seigneur tiers et dangier
quant ilz sont venduz, et se peuvent bien monter iceulx boys
quatre-vingt-saize acres ou environ et un acre ou environ en disme.
Et avons droit en rivières, estangs, garennes tant en terres que en
eaues de poissons, de bestes et d'oyseaulx, et en icelle ville de Mési-
don et ailleurs en ladicte baronnie en tant comme le trespas et tra-
vers s'estent, et aussi avons plusieurs rentes de deniers et autres
i. La date de 1341 est erronée; Jean de Melun n'était pas prisonnier en
Angleterre à cette époque. L'acte d'échange fait à Paris porte la date du
14 avril 1347.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 279
choses es mettes d'Auge et ailleurs où ladicte baronnie s'estent.
Et avons droit d'avoir reliefs, treizièmes, hommes, hommaiges et
autres aides coustumiers quand ils écheent et droit d'avoir garde
tant sur les nobles et francs tenans qui tiennent que sur les autres
tenans d'icelle baronnie, et par nostre séneschal, gens ou autres noz
officiers avons droit d'avoir les amendes, jurisdictions et toutes
autres congnoissances appartenans à baronnie en la forme et
manière que les y avoit ledit chevalier et selon ce que contenu est
es lettres et transport sur ce faictes.
Et d'icelle baronnie de Mésidon tiennent franchement et noble-
ment plusieurs personnes, leurs terres et fiefs nobles avec leurs
appartenances cy après nommées et desclarées :
Et premièrement les religieux, prieur et couvent de Saincte-
Barbe [Sainfe-Barhe-en-Auffe) tiennent un fîef nommé le fîef
Hérault avecques toutes ses appartenances et appendances qui-
eulxconques et avons droit d'avoir la garde et gouvernement dudit
lieu de Saincte-Barbe toutesfoiz c[ue le cas s'y olfre et que Tostel est
sans prieur. — Item lesdits prieur et couvent de Saincte-Barbe en
tiennent un autre membre de fîef es parroisses du Brueil [le Breuil
près Mézidon) et de Mesières [Maizières). — Item les héritiers
monseigneur Jehan de Garouges, chevalier, en tiennent par hom-
mage et par ung fîef entier et est nommé le fief de BreuiUe. Et
sont toutes les choses dessusdites assises es mettes de la viconté
dudit Falloise. — Item ung autre fîef C[ue souloit tenir messire
Hue Buchart en la parroisse de la Caude [Lécaiide] avec ses appar-
tenances. — Item demy fîef dont le chief est assis à Serqueux (Cer-
queux-la-Campagne) et s'estent en icelle viconté et en celle de Fal-
loize que tient à présent Hugues de Merry. — Item en icelle
viconté d'Auge ung fief que souloit tenir messire Robert de la
Planque nommé le fief de la Plancque. — Item en icelle viconté
d'Auge et du Pont-Audemcr ung tîef à Lespinay et à Beaumouchel
que souloit tenir icelui messire Robert de la Planque. — Item en
icelle viconté d'Auge ung fîef à Crèvecœur et à Livaye que souloit
tenir messire Jehan de Brucourt et que tient à présent messire
Jacques Paisnel, chevalier, k cause de madame sa femme. — Item
en ladite viconté de Falloise, messire Hue Bouchart en tient ung
quart de fief k Gondé-sur-Leson (ou Condé-la-Campagne) que sou-
loit tenir Denis Vieil. — Item ung ([uart de fief en ladite viconté
280 l'abdaye de notre-dame de grestain
de Falloise que souloit tenir Robert Bonnel. — Item en ladite
viconté de Falloise à Buyville (Abbeville) demi fief que souloit
tenir Piichart Labbé, et y a ung- autre fief en ladite parroisse de
Abuyville qui est en la main du roy nostre sire et baillé à fief ferme
au seigneur de Buyville. — Item en ladite viconté de Falloise ung
demi fief au But et Rouvres que souloit tenir Jehan Viel. Item en
icelle viconté demi-fief que souloit tenir messire Robert des Mous-
tiers. — Item en icelle viconté ung- fief que souloit tenir Guillaume
de Betheville à cause de sa femme. — Item en icelle viconté ung
quart de fief à Mesières [Maizières] que tient à présent Louis
Aumont. — Item en icelle viconté demy fief à Brou (?) et à Palain-
ville [Plainville) que tient à présent les hoirs Pierre de Saincte-
Croix. — Item en icelle viconté ung fief à Vaux [Vaux-la-Cam-
pagne) que tiennent les hoirs de Pelain ville. — Item en icelle
vicomte à Quieuteville [Qiiiétiéville] ung plain fîef que tiennent les
hoirs Robert Bonenfîant. — Item en icelle viconté deux fiefs à
Vaulx, à Condey et à Magny que souloit tenir Guillaume de Magny.
— Item ung fief à Canon et à Mirebel en icelle viconté que souloit
tenir Philippe de Mirebel. — Item en icelle viconté, à Quetieuville
[Quiétiéville] est assis ung demi fief que souloit estre tenu de ladite
baronnie et pour le présent nous appartient à cause de forfaicture,
et par raison de ladite tenance. — Item à Coulump [Coulombs] en
la viconté de Caen ung quart de fief en ladicte baronnie que souloit
tenir messire Richard de Rennensestre. — Item en icelle viconté
de Caen ung quart de fief à Estrehan-le-Sec que souloit tenir Jehan
d'Estrehan. — Item en icelle viconté jouxte [Cagny] demy fîef que
souloit tenir messire Guillaume de Mauny. — Item en icelle
viconté demy fief au Manoir que souloit tenir messire Pierre Marie.
— Item en ladite viconté d'Auge ung fief à Corbon que souloit
tenir messire Hanry de Hotot. — Item en la viconté de Bayeux ung
fîef et demi à Estrehan et entour que souloit tenir messire Roger
Bacon. — Item en icelle viconté de Bayeux ung fief et demi que
souloit tenir messire Regnault de Villiers. — Item en champlieu (?)
à Burcy en la viconté de Vire demy fief que souloit tenir messire
Guillaume de Burcy. — Item à Montebort [Montebourg) au bailliage
de Coustentin demy fief que tiennent les religieux, abbé et couvent
de Montebort. — Item en icelui bailliage ung fieg à Saint-Flocel
[Floxel], à Montebort, à Fréville et à Fauville (?), que souloit
PIKCliS JUSTIFICATIVES
281
tenir messire Jehan de Vaulx. — Item en icelui bailliage ung fief à
Hvmherville {Iluhcrville) jouxte Montebort que souloit tenir mes-
sire Uicharl de Tollevaast et est en la main du roy nostredit sei-
f^neur pour cause de sa l'orfaiture. — Item une vavassorie franche
séante à Cambrisses [Cambrjj) ({ue souloit tenir messire Richart de
Montgommeril. — Item une vavassorie franche séante à Lin-
guièvres que souloit tenir Guillaume de Belleville. — Item une
vavassorie franche à Estrehan que souloit tenir messire de Colle-
ville. — Item une vavassorie franche à Bernières-sur-la-mer que
souloit tenir messire Raoul de Meullent. — Item une vavassorie
franche à Burcy en la rue du chastel de Vire que souloit tenir
Guillaume de Burcy. — Item une vavassorie franche à Colleville
que souloit tenir Roger Brocart. — Item une vavassorie franche
nommée la Mahebergerie jouxte le pont de Dromme que souloit
tenir Nevelon de Planes. — Item Lucas de Caen souloit tenir ung
fief à cause duquel il estoit sergent de tous les fiefs de Besin. —
Item à Vienne ung siège de moulin que souloit tenir Guillaume de
Vienne. — Item une vavassorie franche à Mirebel que tiennent à
présent les hoirs Pierre le Conte. — Item une vavassorie franche
qui est à Bigot et est en la main du roy iiostre sire, laquelle vavas-
sorie et terres sont assises en plusieurs et divers bailliages et
vicontez.
Et de tous les fiefs nobles tenuz dicelle baronnie nous appar-
tiennent les hommaiges, reliefs, treizièmes et gardes, quant le cas
s'y offre, droit de présenter es chappelles et es esglises qui vacque-
ront le temps des gardes durant. Et semblablement, avons droit
d'avoir forfaictures en la manière qui est acoustumée à faire ou pays
de Normandie, et sont tenuz ung et chacun desdicts tenans de soy
droict... en la court et jurisdiction dudit lieu de Mésidon devant
nos gens et olTiciers des choses qui appartiennent à ladicte baronnie.
Item ou bailliage de Caux avons et nous appartient une fieuferme
avecques ses appartenances appellée la fieuferme de Auffay qui se
estent en plusieurs parroisses d'illec environ où il a court et usage,
et sont les revenues en terres labourables, pasturages, grains,
deniers, coustumes, forfaictures. puez, moulins, treizièmes, reliefs
et autres redevances appartenantes à noble fief et franchement
tenu ; laquelle fieullerme avec ses appartenances nous fut bailliée
282 l'abbaye de kotre-da3ie de grestain
par eschange et transport avec ladite baronnie de Mésidon et par
ledit sieur de Tancarville jusques au terme de mille ans dessusdict.
Item en la viconté du Pont-Audemer, en la ville de Fiquefleu, a
marchié au jour du sabmedi duquel nous appartiennent toutes les
coustumes, forfaictures, congnoissance de poix et de mesures et
autres droiz, et la jurisdiction et amendes des cas qui escheent
oudict marchié.
Lesquieulx nobles fiefz et membres de fiefz et autres choses
dessus desclerées par la manière que deue est, nous tenons et
advouons à tenir nuement du roy nostredit seigneur à cause de sa
duchié de Normendie par lui faisant de ce une foiz seuUement
toutesfois qu'il y a création de nouvel abbé foy et serment de
feaulté, avec prières et oraisons, sans aucune redevance quieulx-
conques excepté ledit esturgeon ou cas toutesfois que aucun en
auroit pris et peschié es mettes de nostredicte seigneui'ie et juris-
diction de la rivière de Saine dont cy devant est faicte mention et
non autrement. Et pour ce que de présent nous ne pouvons avoir
à plain vraye congnoissance de toutes les appartenances de nostre-
dit moustier pour ce qu'il a long temps esté vacquant et n'y demeu-
roit nulz religieux et pour ce ladicte esglise qui avoit esté et est
toute déserte et abatue pour le fait des guerres et divisions de ce
royaume et les fondations, chartes et privillèges où la greigneur
partie dicelles perdues que nous ne povons recouvrer ; nous fai-
sons retenue que se plus y a que ce qui est descleré en ce présent
adveu ou dénombrement nous protestons que ce ne vient de
fraude, barat ou malengin par quoy ne nous porte ou doye porter
aucun préjudice, mais sommes prests et appareillez de le corriger
toutesfoiz qu'il vendra à nostre congnoissance. En tesmoing de ce
nous avons mis à ce présent adveu les seaulx de nous abbé et cou-
vent dessusdict le premier jour de septembre, l'an mil quatre cens
cinquante '.
(Arch. nat., P. 305, n» 227.)
1. Voy. aux Arch. nat., P. 30o, n" 288, un autre dénonibi'ement des posses-
sions de labbaye de Grestain, du 30 novembre 1459.
PIECES JUSTIFICATIVES
XLVII
283
Accord conclu entre Vabbayc du Bec-Hellouin ei les religieux de
Notre-Dame de Grestain.
14S4.
Traité entre Tabbaye du Bec et celle de Grestain, par lequel il
est dit que ladicte abbaye du Bec quitte à celle dudict Grestain
tout le droit de coustume qu'elle prétendoit sur les denrées, pois-
son frais et marchandises qui se vendent sur le perroy de la mer
entre le hamel de Jobles et le pont de Gremafleu ' ; et arrivant que
par la retraite de la mer il croisse de l'herbe aux environs dudict
hamel de Jobles elle appartiendra auxdictes abbayes par ég-ales
portions, moyennant quoy et sans préjudice du droit de basse jus-
tice que ladite abbaye du Bec a sur son fief nommé le fief [du]
Noyer ', ladicte abbaye de Grestain abandonne à celle du Bec le
tiers de la dixme qu'elle avoit droict de prendre sur plusieurs
terres y désignées scises dans la paroisse de Beuzeville, avec tout
le trait du fief Quesney ^ assis en ladicte paroisse ; et par ainsy
lesdicts de Grestain demeureront deschargez des réparations qu'il
conviendra faire au chancel de l'esglise de Beuzeville. En l'an 1454.
(Inventaire des titres de l'abbaye N.-D. du Bec-Hellouin. Bibl.
nat. Cinq Cents de Colbert, vol. 190, fol. 1360.)
XLYIII
Reconnaissance d'honimaf/e délivrée par Charles VIF
à Jean Baudouin, ahhé de Grestain.
14S8, 12 décembre.
Charles par la g-râce de Dieu roy de France, etc. Savoir faisons
que comme nostre amé et féal Jehan Baudin, abbé de l'abbaye de
1. C'est, croyons-nous, le pont sur l'Orange, situé au village de La Rivière
Saint-Sauveur. — Jobles est un hameau situé entre Grestain et Fiquelleur-
Equainville.
2. Commune d'AJjlon, canton de Ilontleur.
3. Ou Quesnay, hameau de Heuzeville, vavassorie franche.
284 L "abbaye de notre-dame de grestain
Xoslre-Dame de Grestain de l'ordre de saint Benoist, au diocèse de
Lisieux, nous a aujourdhuy fait à la personne de nostre amé et féal
chancelier le serment de féaulté quil nous estoit tenu faire à cause
de la temporalité de ladite abbaye de Grestain, etc. Donné à Tours,
le douziesme jour de décembre l'an de grâce mil quatre cens cin-
quante et huit, et de nostre règ-ne le xxxvij''. — Par le roy, à
vostre relaçion. Rolant.
(Arch. nat., P 264-, n« 933.)
XLIX
Lettres de Louis XI portant autorisation à Jean, abbé de Grestain,
de faire son acte de foi et hommage devant le bailli de Rouen.
1462, 13 janvier (n. st.)
Loys, par la grâce de Dieu roy de France, au bailly de Rouen
ou à son lieutenant, salut. Savoir vous faisons que pour considéra-
tion de ce que frère Jehan, abbé de l'abbaye de Grestain, qui est
ancien homme et sourprins et détenu de maladie de goutte en
manière qu'il ne porroit bonnement venir par devers nous nous
faire le serment de féaulté de la temporalité de ladite abbaye ainsi
que tenu est. Nous à icellui avons octroyé et octroyons que sondit
serment de féaulté il puisse faire en voz mains, lequel y ainsi fait
voulons estre d un tel elfet que ce fait avoit esté à nostre personne
ou es mains de nostre amé et féal chancelier. Si vous mandons,
etc. Donné à Tours, le xiij* jour de janvier Tan de grâce mil quatre
cens soixante et ung, de nostre règne le premier.
(Arch. nat., PP 236^, n« 446.)
Reconnaissance d'hommage délivrée à Jean, abbé de Grestain.
1462, 4 mars (n. st.)
Gauvain Mauniel, écuyer, lieutenant général de Jean de Montes-
pedon, seigneur de Beauvoir, bailli de Rouen a reçu le serment de
fidélité de Jean, abbé de l'abbaye et monastère de Grestain.
PIÈCES .IL'STIFICATIVES 285
Donné à Rouen, le jeudi quatriesme jour de mars, l'an de g-râce
mil quatre cens soixante et ung'.
(Arch. nat., PP 230^ n« 444.)
LI
Lettres (le Louis XI autorisant Richard de T/iieuville, ahhé de
Grcsiain, de faire le serment de /idélite devant le bailli de Rouen,
U(i9, 25 mai.
Loys, par la grâce de Dieu roy de France, au bailly de Rouen
ou à son lieutenant, salut. Receue avons l'umble supplicacion de
nostre cher et bien amé frère Richart de Thieuville, abbé de l'ab-
baye et monastère de Grestain, en vostre bailliag-e, contenant que
pour raison de ladite abbaye qui est de fondacion royale et de
laquelle il a puis nag-uères esté pourveu par nostre Saint-Père le
pape il est tenu de nous faire le serement de leaulté en tel cas
accoustumé, lequel serement il ne lui a été ne seroit bonnement
possible de nous venir faire en personne c|ue ce ne feut ou grant
préjudice de lui et d'icelle abbaye parce que la reveneue d'icelle est
de bien petite valeur et ne pourroit icelluy suppliant bonnement
fixer les deniers qui luy seroient nécessaires pour fornir à la des-
pence que faire luy conviendroit k venir par devers nous, avons
donné congié et licence de faire en voz mains ledit serement de
féaulté.
Donné à Beaugé, le xxv" jour de may, l'an de grâce mil quatre
cens soixante et neuf et de nostre règne le huitiesme.
(Arch. nat., PP 263^ n° 458.)
LU
Reconnaissance d' hommaije délivrée à Richart de Thieuville,
ahhé de Grestain.
1469, 12 juillet.
A tous ceulx, etc., Jehan Theroulde, lieutenant et commis de
noble homme Jehan de Montespedon, seigneur de Beauvoir et de
Bazoches, bailly de Rouen...
28(l l'aIUîAVE UI:; NOTKE-DAME de (iRESlAIN
Icellui abbé fut receu par nous à faire ledit serement de féaulté
lequel il fîst entre nos mains.
Donné es assises du Pontaudenier séantes et par nous tenues, le
mercredy douziesme jour de juillet, lan de grâce mil quatre cens
soixante neuf.
(Arch. nat., PP 2632, n" 459.)
LUI
Hommage fait à Louis XI par Richard de Thieuville, abhé de
Xolrc-de-Dame de Grestain, pour la haronnie de Grestain et les
fiefs du temporel de lahhaye.
1460, 6 septembre.
Du roy nostre sire. Nous liichart par la permission divine humble
abbé de l'ég-lise et abbaye de Nostre-Dame de Grestain ou diocèse
de Lisieux, en la viconté du Pontaudemer, en bailliage de Rouen,
advouons â tenir nostre dicte église et abbaye de Grestain en chief
et membres en tant ([ue touche la temporalité dont faisons décla-
racion cy après en la manière qui ensuit :
Et premièrement la baronnie de Grestain assise en la dicte
viconté du Pontaudemer audict lieu de Grestain, et s'estent en
plusieurs parroisses, en laquelle ladite église de Grestain est assise
et en laquelle a court et usage et toutes droictures appartenant à
basse justice. Item un franc fîef ou membre de fief avec ses appar-
tenances ou deppendances nommé le fîef de Rouville tenu franche-
ment autjuel a court et usaige et en sont les rentes en deniers,
grains, œufz, oyseaulx et plusieurs hommaiges.et si porte ledit
lief reliefz, traiziesmes et autres revenues telles comme il appartient
à noble fief franchement tenu. Item en la parroisse de Berville ung
autre fief ou membre de fief nommé le fief de la Poterie^ et a court
et usaige et en sont les revenues en deniers, grains, œufz, oyseaulx,
reliefs, traiziesmes, aides coustumiers et autres devoirs appartenans
à fief noble franchement tenu. Item en la parroisse de Sotteville un
franc fief ou membre de fief avec ses appartenances nommé le fief
deSoteville ouquel a court et usaige et en sont les rentes et revenues
en deniers, grains, œufz, oyseaulx, prez, pasturaiges et autres rêve-
PIÈCES JUSÏIFlCATiVKS 287
nues appartenans à iief franchement tenu. Item en la paroisse de Four-
metotun franc fief ou membre de fief avec ses appartenances nommé
le fief de Founnetot ouquel a court et usagée et en sont les rentes en
deniers, grains, œufz, oyseaulx, reliefz, traiziesmeset autres revenues
appartenans à fief noble et franchement tenu. Item en la parroisse
de Tourville un franc fief ou membre de fief nommé le fief du Bec
ouquel a court, usaige et en sont les rentes et revenues en deniers,
grains, oyseaulx, reliefz traiziesmes et autres revenues appartenans
à noble fief franchement tenu. Item un manoir et franc fief ou
membre de fief avec ses appartenances nommé la Fontaine-Bcrenç/ier
où il a court et usage et en sont les revenues en terres labourables
jardins, prez, pasturaiges vignes, deniers, œufz, oyseaulx, reliefz,
traiziesmes et autres revenus, appartenans à fief noble et franchement
tenu. Item en la paroisse de Beuzeville un fief nommé le fief des
Fauques avec ses appartenances oîi il a court et usaige et en sont
les revenues en terres labourables, jardins, bois, deniers, grains,
œufz, oyseaulx, services, reliefz, traiziesmes, aides constumiers.et
autres revenues appartenans à fief noble et franchement tenu. Item
en la parroisse d'Esquainville et de Nostre Dame du Val, ung fief
ou membre de fief avec ses appartenances appelle le fcf du Mor, où
il a court et usaige et en sont les rentes et revenues en deniers,
grains, œufz, oyseaulx, reliefz, traiziesmes et autres redevances
appartenans à franc fief et noblement tenu. Item ung fief ou
membre de fief assis en la parroisse de Fastouville et Esquainville
nommé le pef du Boys, et a court et usaige et en sont les rentes
et revenues en denrées, œufs, oyseaulx, grains, et a moulin
et moultiers à moultes seiches et mouillyes, reliefz, traiziesmes,
aides coustumiers et autres devoirs de fief appartenant à fief noble
et franchement tenu. Item en la dicte parroisse d'Esquainville ung
moulin nommé le moulin des Mareis et a moutiers et montes seiches
et moullyés et autres droiz appartenans à moulin. Item ung fef
noble ou membre de fief assis en la parroisse d"Englesqueville-la-
Martel ou bailliage de Caux, et a court et usaige, et en sont les
rentes et revenues en deniers, grains, œufz, prez, pasturaiges et
terres labourables, reliefz, ti'aiziesmes et aides coustumiers et autres
revenues appartenans à fief noble et franchement tenu. Item en la
parroisse de Blonville ung fief noble ou membre de fief et a court et
usage, et en sont les rentes et revenues en deniers, œufz, oyseaulx,
288 l'abhave de ^otre-dame de grestain
sel, prays, pasturaiges, reliefz, traiziesmes, aides coustumiers et
autres devoirs de fief appartenant à lief noble franchement tenu.
Item en la parroisse de Gyneville ung manoir en franc fief nommé
le fief deMaharu, dont les rentes sont en terres labourables, manoir,
jardins, bois, prais, pasturaiges, deniers, grains, œufz, oyseaulx,
services, moulins, moultes seiches et mouilles, reliefz, traiziesmes,
et autres revemues appartenans à iîef noble et franchemeut tenu
Item en ladite parroisse de Gyneville ung membre de fief deppendant
dudit fief de Maharu nommé le fef du Bouffeij avec ses apparte-
nances et a court et usalge, et en sont les rentes et revenues en
deniers, grains, œufz, oyseaulx, reliefz, traiziesmes et autres devoirs
appartenans à fief nobli et franchement tenu. Item en la parroisse
de Fiquefleu deux pièces de bois contenant une acre ou environ et
dolbvent iceulx bois au roy nostre sire tiers et dangier quant Hz
sont vendus. Item en la parroisse de QuetteviUe et es mettes d'envi-
ron ung huitiesme de lief nommé le fief Féron dont les rentes et
revenues en sont en terres labourables, grains, œufz, oyseaulx, fers
à cheval, reliefz, traiziesmes, aides et coustumes.Item en la parroisse
du Tell ung fief ou membre de fief nommé le fief à VEspec. et a
court et usaige et en sont les rentes en deniers, grains, œufz,
oyseaulx, reliefz, traiziesmes, et aides coustumiers, quemmaige (?)
et autres droiz appartenant à fief noble et franchement tenu. Item
en la parroisse de GonneviUe ung hulctlème de fief avec ses appar-
tenances où il a court et usaige. Item en la dite parroisse ung autre
fief ou membre de fiel nommé le fief du Neest avec ses apparte-
nances où il a court et usaige, desquelz deux fiefs les revenues en
sont en terres labourables, deniers, grains, œufz, oyseaulx, reliefz,
traiziesmes et autres devoirs de fief appartenant à fief noble et
franchement tenu. Item en la parroisse de Triqueville une vavas-
sorie nommé la vavassorie Deshaj/ez avec ses appartenances, et en
sont les revenues en deniers, œufz, oyseaulx, reliefz, traiziesmes.
Item en la parroisse de Garbec ung fief nommé le fief Deniiet avec
ses appartenances où il a court et usaige et en sont les revenues
en terres labourables, et y a ung manoir ainsy qu'il se comporte,
jardins, bois, prais, pasturalges, moulins, moultes, campars, ser-
vices, reliefz, traiziesmes, aides coustumiers et autres devoirs de
fief appartenans à fief noble et franchement tenu.
Item à cause de nostre dite église et abbaye nous appartiennent
PIECES JUSTIFICATIVES
289
k's coustumcs, marées, euues, eauryes, varest et autres revenues en
l'eaue de Seyne eu costé devers le su depuis le gort de Quillebeuf
jusques au Noir Port près Ilonnefleu, et es dictes mettes avons
haulte, moyenne et basse justice et plusieurs autres revenues, toutes
et quantesfoiz que le cas y eschet. Et à cause de ce, toutes et quan-
tesfois que esdictes eaues on pesche aucuns esturgeons ilz nous
doivent estre apportez et nous sommes tenuz d'envoier le premier
qui est pesché et à nous apporté au viconte dudit lieu de Pontau-
demer et eu nom du roy nostre seigneur parceque ledit viconte
nous doit payer cinq solz tournois.
Item la prieuré de Saint-Nicolas^ estan eu diocèse de Lisieux
près la forest de Touque, laquelle est des membres et deppendances
de nostredicte église et abbaye, à cause dudit prieuré et des drois
à nous appartenans le prieur dicelui prieuré, demourant et rési-
dant illec, a en la forest de Touque son ardoir, maisonner et pastu-
raiges pour toutes bestes comme pourceaulx, bœufz, vaches et
autres bestes, sans nombre, sauf et réservé les tailles d'icelle
forest saucuns en y a.
Item ou bailliage de Caen ung franc fief ou membre de fief avec
ses appartenances nommé le fief Boutevillain dont le chief est
assis en la parroisse Sainte-Marie-ès-Anglois et s'estent en plusieurs
es mectes d'illec environ, et a court et usaige et en sont les reve-
nues en terres labourables, bois, prez, grains, deniers, œufz,
oyseaulx, moulins, reliefz, traiziesmes et autres redevances appar-
tenans à fief noble et franchement tenu. Item en la parroisse de
Tierceville oudict bailliage de Caen ung manoir et franc fief nommé
le fcf de Tierceville avec ses appartenances et a court et usaige,
et en sont les revenues en terres labourables, jardins, prez, deniers,
grains, œufz, oyseaulx, reliefz, traiziesmes et autres devoirs de
iief appartenans à iief noble et franchement tenu. Item ung autre
lief ou membre de fief avec ses appartenances nommé le fief de
Tilly , et a court et usaige et en sont les revenues en grains,
deniers, œufz, oj^seaux, reliefz, traiziesmes et autres redevances
appartenans à fief noble et franchement tenu. Item au Doulx-Marest,
ung fief ou membre de fief avec ses appartenances, nommé le fef
Marest où il a court et usaige et en sont les revenues en terres
labourables, bois, prez, grains, œufz, oyseaulx, reliefz, traiziesmes
et autres redevances appartenans à fief noble et franchement tenu,
(^11. Hhkmui. — L'AhlinjH' de Xnire-Duine de Gresl;iin. 19
290 l'abbaye de >otre-dame de grestain
et en sommes tenus faire rendre et payer, par chacun an au roy
nostre seigneur au terme Saint-Michel xx s. t. de vicontaige ren-
dus au compteur du viconte de Falaize. Item audit terme Saint-
Michel vint boisseaulx d'avoyne d'ivernaige, mesure de Saint-
Pierre-sur-Dy ve .
Item ou bailliage de Costentin ung franc tief ou membre de fief
avec ses appartenances nommé le fief Saint-Quentin eu quel a
court et usaige, assis et situé en la parroisse Saint-Quentin près
Tinchebré, dont les rentes 5ont en deniers, terres labourables,
moulin, reliefz, traiziesmes et autres revenues à icellui fief appar-
tenant. Item en la parroisse de Quierqueville. un franc fief avec
ses appartenances où il a ung manoir ainsi qu'il se comporte, auquel
fief appartient court et usaige, et en sont les revenues en terres
labourables, prez, moulin, moultes, deniers, grains, œufz, oyseaulx,
varest, reliefz, traiziesmes, séances et autres devoirs appartenans à
fief noble et franchement tenu. Item en la parroisse de Barneville-
sur-la-mer ung franc fief avec ses appartenances nommé le fief de
Barnoville, où il a court et usaige, dont les revenues sont en terres
labourables, deniers, grains, jardins, pasturaiges, œufz, oyseaulx,
reliefz, traiziesmes, aides coustumiers et autres devoirs appartenans
à fief noble et franchement tenu. Et y a ung molin, parroisse de
Barneville-sur-la mer. Item en la parroisse de Milleville ung franc-
fief avec ses appartenances, a court et usaige, et en sont les reve-
nues en terres labourables, deniers, grains, jardins, pasturaiges,
œufz, ovseaulx, reliefz, traiziesmes, aides coustumiers et autres
droiz appartenans à fief noble et franchement tenu.
Item la haronnie et terre de Mésidon, dont le chief est assis eu
bailliage de Caen et es mettes de la viconté de Falaize, et s'estent
icelle baronnie es bailliages de Rouen, Caen et Costentin, et la
tenons par les moyens, fourmes et condiccions qui s'ensuivent :
C'est assavoir que icelle baronnie avec ses appartenances et appen-
dances quelconques avec autres héritaiges nous furent baillées et
transportées par manière d'eschange et transport jusqu'à mille ans
par monseigneur Jehan de Melun, chevalier, seigneur de Tancar-
ville et chambellan de Normandie, pour certains héritaiges que lui
baillasmes au royaulme d'Angleterre euquel pais d'Angleterre ledit
chevalier estoit prisonnier et pour son corps délivrer de prison,
faisant ledit eschange et transport selon qu'il est porté par lettres
PIÈCES JUSTIFICATIVES 291
confirmées par le roy Jehan, à qui Dieu paidoint lors duc de Nor-
mandie, si comme par lesdites lettres puet apparoir qui furent
iaictes Tan mil iij quarante et ung ^ ; et en tant comme à nous peult
ou doit appartenir baillons et advouons en la manière (jui ensuit ;
C'est assavoir (|ue le cliief dicelle baronnie est assis en la parroisse
de Mésidon es mettes de la viconté de Falaize, et y souloit avoir
chastel et forteresse, et avons droit d'avoir foire au jour de Saint-
Martin d'iver et marchié une fois la sepmaine au jour de samedi,
et droit d'avoir coustumes, forlfaictures et droit d'y avoir trespas,
tant au jour de dimanche que autres jours, de ceulx qui passent
par les destroitz de la parroisse, et droit d'avoir congnoissance et
jurisdiction de mesures tant de grains que de boires, et droit d'avoir
moulins à ban tant à blé, à tan que fouleur, et droit d'avoir fes-
taiges, moultes et autres devoirs appartenans à moulin et four à
ban, rentes en deniers, en blés, tant de fourment, orge, que
avoyne, et en œufz, oyseaulx et autres rentes et dignitez apparte-
nans à ladite baronnie. et avons plais et séance de plais, droit
d'avoir prevost ou prevostz es bois assis en icelle baronnie, et
doyvent iceulx bois au roy nostredit seigneur tiers et dangier quand
ilz sont venduz, et se peuvent bien monter iceulx bois quatre vins
et seize acres ou environ et une acre en demie ; et avons droit en
rivières, estangs, garennes, tant en terre que en eaue, de poissons,
de bestes et d'oyseaulx ; et en icelle ville de Mesidon et ailleurs en
ladite baronnie en tant comme le trespas et travers s'estent ; et
aussi avons plusieurs rentes de deniers et autres choses es mettes
d'Auge et ailleurs où ladite baronnie s'estent ; et avons droit
d'avoir reliefz, traiziesmes, hommes, hommages et autres aides
coustumiers quand ilz escheent, et droit d'avoir garde sur tous les
nobles et frans tenans qui en tiennent et sur les autres travers
dicelle baronnie ; et par nostre seiieschal, gens ou autres officiers
avons droit d'avoir les amendes, jurisdiction et tous autres congnois-
sances appartenans à baronnie en la fourme et manière que les y
a voit ledit chevalier et selon ce qui est contenu es lettres et trans-
port sur ce faictes.
Et dicelle baronnie de Mésidon tiennent franchement et noble-
ment plusieurs personnes, leurs terres et fiefz nobles avecques leurs
apj)artenances cy après nommées et declairées.
I. L'aclc d'échanue est du 14 avril 1347.
292 l'abbaye de notre-dame de grestain
Et premièrement, les relig^ieulx, prieur et couvent de Sainte-
Barbe en tiennent ung fief nommé le fief Hérault avec toutes ses
appartenances et appendances quelconques ; et avons droit d'avoir
la garde et g-ouvernement dudit lieu de Sainte-Barbe toutesfois que
le cas si offre, que lostel est sans prieur ; item ledit prieur et
couvent de Sainte-Barbe en tient ung autre membre de fîef es par-
roisses de Breul et de Maisières. Item les héritiers de messire
Jehan de la Carrouges, chevalier, en tiennent par hommaige ung
fîef entier et est nommé le fef de Breuille ; et sont toutes les
choses dessus dites assises es mettes de la viconté de Falaize. Item
ung autre fief que souloit tenir messire Hue Bouchart en la par-
roisse de la Gaude avec ses appartenances. Item ung quart de fîef
que souloit tenir Colin Pellevillain. Item demi fief de chevalier à
Moyaulx que souloit tenir messire Jehan de Tillye, chevalier, à
cause de sa femme. Item ung fief en la viconté dWuge nommé le
[ief de la Caude que souloit tenir messire Robert Dys. Item demi
fief dont le chief est assis à Sarqueulx et s'estent en icelle viconté
et celle de Falaize que tient à présent Rog-ier de Mery. Item en
icelle viconté d'Auge ung fîef que souloit tenir messire Robert de
Laplancque nommé le fief de La Plancque. Item en icelle viconté
d'Auge et du Pontaudemer un fîef à Lespinejj et Beauinoiichel que
souloit tenir icellui messire Robert de La Plancque. Item en la
viconté d'Auge ung fîef à Crèuecœiir et à Lyvet que souloit tenir
messire Jehan de Brucourt, que tient à présent messire Jaques
Paynel, chevalier, à cause de sa femme. Item en ladite viconté de
Falaize, messire Hue Bouchart en tient ung quart de fîef à Condé-
sur-Leson que souloit tenir Denys Vyel. Item ung quart de fief en
ladite viconté de Falaize audit lieu de Condé que souloit tenir
Robert Bouvet. Item en ladite viconté de Falaize à Buijville demi
fîef que souloit tenir Richart Labbé. Et y a ung autre fîef en ladite
parroisse de Buyville qui est en la main du roy nostre sire et bailli
à fietferme au seigneur de Buyville. Item en ladite viconté de
Falaize un demi fîef au Buret Roviers que souloit tenir Jehan Viel.
Item en icelle viconté demi fief à Condé que souloit tenir Raoul
Téson. Item en icelle viconté demi fîef que souloit tenir messire
Robert de Moustiers. Item en icelle viconté ung fief que souloit
tenir Guillaume de- Bette ville à cause de sa femme. Item en icelle
viconté ung quart de fîef k Mesières que tient k présent Loys
IMECES JUSTIFICATIVES
2ÎI3
Osmont. Item en icelle viconté demy lief à Bron et à Pellanville que
tiennent à présent les hoirs Pierre de Sainte-Croix. Item en icelle
viconté ung" fief à Vaulx que tiennent les hoirs de Pellanville. Item
en icelle viconté à Quieuteville unsj;- plaiu fief que tiennent les hoirs
Robert Bonenffant. Item en icelle viconté deux fiefz entiers à Vaulx,
à Condé et Maigny, que souloit tenir Guillaume de Maig-ny. Item
ung^ lief à Canon et à Mirebel en icelle viconté que souloit tenir
Philippe de Mirebel. Item en icelle viconté à Quietreville est assis
ung demi fief que souloit estre tenu de ladite baronnie et pour
presant nous appartient à cause de forfaicture et par raison de
ladite tenance. Item à Coulump en la viconté de Caen ung quart
de fief de ladite baronnie que souloit tenir messire Richart de Rou-
vousestre. Item en icelle viconté de Caen, un quart de fief à
Estrehan le Sec que souloit tenir Jehan d'Estrehan. Item en icelle
viconté jouxte [Cagny] demi fief que souloit tenir messire Guillaume
de Mauny. Item en icelle viconté demi fief ou manoir que souloit
tenir messire Pierres Marie. Item en ladicte viconté d'Auge ung-
fief à Corbon que souloit tenir messire Henry de Hautot. Item en la
viconté de Baveux ung fief et demi, à Estrehan, et entour que
souloit tenir messire Rogier de Baion. Item en icelle viconté de
Bayeux ung lief et demi que souloit tenir Regnault de Villiers.
Item en champplieu, à Burcy, en la viconté de Vire demi fief que
souloit tenir messire Jehan de Vaulx, Guillaume de Burcy. Item à
Montebourg, eu bailliage de Costentin demi fief que tiennent les
religieulx, abbé et couvent de Monstebourg. Item en icellui bailliage
ung fief à Saint-Flocel, à Montebourg, à Fréville et à Fauville que
souloit tenir messire Jehan de Vaulx. Item en icellui bailliage ung
fief à Ilumberville jouxte Montebourg que souloit tenir messire
Richart de Tolevast, et est en la main du roy nostredit seigneur
pour cause de forsfaicture. Item une vavassorie franche, séante à
Cambours que souloit tenir messire Richart de Montgommereil.
Item une vavasssorie franche séante à Hugeance que souloit tenir
Guillaume de Betteville. Item une vavassorie franche à Estrehan
que souloit tenir Patrice de Colleville. Item une vavassorie franche
à Besnières-sur-la-mer que souloit tenir messire Raoul de Meulent.
Item une vavassorie franche à Burcy, en la rue du chastel de Vire,
que souloit tenir Guillaume de Burcy. Item une vavassorie franche
k Colleville que souloit tenir Roger Bloquart. Item une vavassorie
29 i l'abbaye de notbe-dajie de grestain
franche nommée la Malheberg-erie jouxte le pont de Dromme que
souloit tenir Nevélon de Plaines. Item Lucas de Caen souloit tenir
un iief à cause duquel il estoit sergent de tous les fiefz de Bessin.
Item à Vienne ung sièg-e de moulin que souloit tenir Guillaume de
Vienne. Item une vavassorie franche à Mirebel que tiennent à pré-
sent les hoirs Pierres Le Conte. Item une vavassorie franche qui est
à Bigot et est en la main du roy nostre sire, laquelle vavassorie et
terres sont assises en plusieurs et divers bailliages et vicontez. Et
de tous les fiefz nobles tenuz d'icelle baronnie nous appartiennent
les hommaiges, reliefz, traiziesmes et gardes, quant le cas s'offre,
droit de présenter es chappelles et églises qui vacqueront le temps
des gardes durant, et semblablement avoir droit d'avoir forsfaictures
en la manière qu'il est acoustumié faire en pays de Normandie. Et
sont tenuz ung et chascun desdits tenans de soy droict. . . en la court
et juridiction dudit lieu de Mésidon devant nos gens et officiers des
choses qui appartiennent à ladite baronnie.
Item ou lîailliage de Caux avons et nous appartient une fîefîerme
avecques ses appartenances appellée la fiefferme de Auffay qui
s'estent en plusieurs parroisses dillec environ où il a court et
usaige et en sont les revenues en terres labourables, pasturaiges,
grains, deniers, coustumes, forsfaictures, plais, moulins, reliefz,
traiziesmes et autres redevances appartenans à noble fieu et franche-
ment tenu, laquelle fiefferme avec ses appartenances nous fut
baillée par eschange et transport avecques ladite baronnie de Mési-
don et par ledit seigneur de Tancarville jusques au terme de mil
ans dessusdits.
Item en la viconté du Pontaudemer, en la ville de Fiquefleu, a
marchié au jour de samedi duquel nous appartiennent toutes les
coustumes, forfaictures, congnoissance de poix et de mesures et
autres droiz et la jurisdiction des amendes des cas qui escheent
audit marcliié.
Item en la parroisse de Gyne ville une pièce de bois contenant
cinq acres de bois ou environ et doit tiers et dangier icelui bois au
roy nostre sire quant il est vendu.
Lesquelz nobles fiefz et membres de fiefz et autres choses déclai-
rées par la manière (jue deue est nous tenons et advouons à tenir
neuement du rov nostredit souverain sei2:neur à cause de sa duchié
de Normendie par lui faisant de ce, une fois seulement toutesfois
PIÈCES JUSTIFICATIVES 295
qu'il y a vacation de nouvel abbé foy et serement ae feaulté avec
prières et oraisons sans aucune autre redevance quelzconque,
excepté ledit esturgeon ou cas toutesfois que aucun en seroit pesché
ou prins èl mettes de nostredite jurisdiction et seigneurie de la
rivière de Seyne dont cydevant est fait mention et non autrement
avecques iceulx xx s. t. de vicontaige et vint boisseaulx d'avoine de
bernaige comme cy dessus est dit et déclairé. Et pour ce que de
présent nous ne pouvons avoir vraye congnoissance de toutes les
appartenances ne nostredit moustier pource qu'il a esté vacquant
longtemps et n'y demeuroit nulz religieulx et pour ce ladite
esglise qui avoit esté et est toute déserte et abatue pour le fait des
guerres et divisions de ce royaulme, et les fundacions, Chartres et
previlèges ou la greigneur partie d'icelles perdues que nous ne
pouvons recouvrer, nous faisons retenue que se plus y a que ce qui
est déclairé en ce présent adveu ou dénombrement nous protestons
que ce ne vient point de fraude, barat ou malengin, par quoy ne
nous porte ou doys porter aucun préjudice mais sommes prestz et
appareillez de le corriger toutesfoiz qu'il vendra à notre congnois-
sance. En tesmoin de ce nous avons mis à ce présent les seaulx de
nous abbé et couvent dessusdit, le sixiesme de septembre, l'an
mil. cccc. et soixante neuf.
Colla tio presentis copie cum originali documento in caméra
compotorum domini nostri régis, Parisius, retento. Fit in eadem
caméra, die quindecima mensis septembris, anno Domini M° CGGC°
LXIX", per me.
De Mauregart.
(Bibl. nat, ms. fr. 2090:5, n« 150.)
LIV
Approbation cVun aveu et (lénoml)rement du temporel de l'abbaye
de Notre-Dame de Grestain.
4476, 30 décembre.
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, Melaigne Hainlïray,
lieutenant en la viconté de Pontautou et Pontaudemer de noble
homme Jehan de Montospedon, escuier, seigneur de Beauvoir et de
29fi l'aHIîAYE de NOTRK-DAME de (iRESTAIN
Bazoches, conseiller, chambellan du roi nostre sire et son bailly de
Rouen, et commissaire en ceste partie de nosseigneurs les gens
des comptes et trésoriers du roy nostredict seigneur à Paris, salut.
Savoir faisons que aujourdhuy par révérend père en Dieu damp
Richart de Thieuville, abbé de l'église de Nostre-Dame de Grestain,
nous a esté présenté le mandement de nosdiz seigneurs les gens
des comptes et trésoriers du roy nostredict seigneur à Paris, donné
audict lieu de Paris le derrain jour de mars, l'an mil cccc. soixante
traize, attaché à la copie de l'adveu et dénombrement baillé par
ledict abbé du tamporel de ladicte abbaye et receu en la chambre
des comptes du roy nostredict seigneur à Paris le quinziesme jour
de septembre, l'an mil cccc, soixante-neuf, par vertu duquel man-
dement nous, en la présence de Pierre Poitevin, lieutenant général,
de noble homme Ricart de Poix, escuier, viconte de ladite viconté,
et Guillaume Chuffès, promoteur substitut en icelle de Guillaume
le Picart, escuier, promoteur général du roy nostredict seigneur
oudict bailliage, à nous jurés et examinés Loys Osmont, Guillaume
XoUent, Robert de Fatouville, Hamon Faroult, Nicolas Droulin,
Jehan Legrant, Robert de Beaumouchel, Jehan de Quetteville,
Guillaume de Quetteville, Jehan Toussaige, escuiers. Robin Revel,
Guillaume Le Caillié et Colin Jehan, vavasseurs, Guillaume
Legrant. Guillaume Marest, Guillaume Deuve, Jehan BouUenc,
Jehan Hesbert et Jehan Marion, tous prouchains voisins et demou-
rans auprès de ladicte abbaye venus par la semonce de Robin
Millon, sergent ordinaire de la querelle, comme par luy fu recordé
sur savoir et requérir se ledict adveu et dénombrement jouxte
ladicte coppie à eulx leue, signée et collasionée : de Mauregart,
estoit bien et deuement baillée et sans qu'une chose y avoit esté
mis par ledict abbé ni obmis à moictié qui estre ne deust et en
quoy le roy nostredict seigneur feust préjudicié ; lesquelz tous d'un
acord ensemble, après ladicte lecture notoirement faicte et qu'ilz
eurent eu délibération et advis ensembles, nous dirent et rappor-
tèrent que à leurs advis et consiences ledict adveu et dénombre-
ment jouxte icelle coppie estoient bien et deuement baillé et que
aucune chose n'y avoit esté mis ne obmis à moictié eu préjudice
dicelluy seigneur et qui estre n'y deust. En tesmoing de ce^ nous
avons scellées ces dictes présentes audict Pontaudemer, le lundi
PIKCKS .ILSIlKlCA'IIVIiS
2!I7
pénultiesme jour de ck''ceml)re. l'an de jj-ràce mil. cccc. soixante-
saize. Li;MKP.f:nrR.
iBi])l. lia t. nis. iV, 2OUO0, n« loi.)
LV
Acquisition pur ItihJutj/c do Xotrc-})nnic-(lc-l;i-]'ic(oirc-l('S-'^cnlis,
de la soi;/ non rie du Mosnil-Forrj/ .
1477, mai.
Louis, par la <^ràce de Dieu, roy de France K Scavoir faisons ;i
tous présents et advenir que, comme puis aulcun temps en ça pour
la grande et sing-uUière allection que nous avons eu et toujours
avons à la glorieuse Vierg-e Marye en laquelle nous avons tt)ut
nostre refuge et l'espérance de la prospérité de nous et de nostre
eniïant et de nostre royaulme, considérant aussy que eu la con-
duitte de nos plus grandz affaires tant au faict de nos guerres que
aultrement ladicte Dame nous a toujours imparty son intercession
envers Dieu nostre créateur tellement que par son moyen et ayde
nostredicte personne a esté préservée et gardée de nos ennemis,
quelque machination ne conspiration qui ait esté contre nous faicte.
Désirant de tout nostre cœur en recongnoissance et de voulloir
augmenter en proffictz et revenus l'églize de Nostre-Dame-de-la-
Victoire-lès-Senlis, de l'ordre de saint Augustin, en laquelle de
tous temps avons une singullière et parfaicte dévotion ; et à ce
que le divin service y soit mieux et plus sollempiiellement célébré
et continué à toujours continuellement et perpétuellement, à la
louange de ladicte benoite et glorieuse Vierge Marye ; et aussy
affin que feussions particippantz es prières, oraisons et bienfaictz, en
celle églize, eussions donné et aumosné à ladicte églize et aux reli-
gieux, abbé et couvent d'icelle, la somme de trois cent quarante
livres tournois pour estre convertye et employée en rentte, revenus
et hérittages au proffict de ladicte églize, et depuis notre amé et
féal conseiller et grand omosnier Jehan, abbé de ladicte abbaye de
1. On sait que Louis XI avait donné à X.-l). de la Victoii'o la vicomte d'Or-
bec et fait d'autres larçresses en arp:ent.
298 l'abhaye de notre-dame de grestaix
Nostre-Dame-de-la-Victoire aict... acquit et achapté pour et au
nom de ladicte églize de Jehan de Gaillon, chevallier, seig-neur de
Massy, le fîef, terre et seig-neurye du Mesnil-Ferry, plain fief de
haubert assis en nostre viconté du Pontaudemer en Normandye
dont le chef est assis en la paroisse Nostre-Dame-du-Val, et s'es-
tend es paroisses sainct Pierre-du-Castel, Conteville, Boulleville,
Beuzeville, Quethe ville et ailleurs illec environ. Auquel fief entre
autres choses appartient un manoir et plusieurs édifices de mas-
sonnerye assis sur une motte laquelle les hommes dudict fief sont
subjectz le réparer de sept ans en sept ans ; item un moullin à eau
assis en la paroisse de Quetheville ; item une franche sergenterye
nommée la sergenterie du Mesnil à cause de laquelle le sei-
gneur dudict lief ou ceux qui exercent ladicte sergenterye ont droit
de garde par quarante jours à l'abbaye de Grestain, au prieuré de
Saint-Gilles du Ponteaudemer par vingt jours touttesfois que les
abbé et prieur desdicts lieux vont de vye à trespas et pendant
ledict temps doibt avoir ses despens et un varlet ou serviteur et a
deux chevaux quand le cas s'olTre. Et oultre ce doibt avoir de
ladicte abbaye dix livres tournois et dudict prieuré cent sols tour-
nois. Et à cause de ladicte sergenterye a droict de prendre et avoir
par chascun an sur les revenus de la foere sainct Hellié scéant à
Beuzeville, le jour de ladicte foere, quatre sols tournois ; sur la
foere sainct Martin scéant audict lieu, quatre sols tournois ; sur le
revenu de la foere scéant à Quetheville le jour sainct Laurent, deux
sols tournois ; sur la foere scéant à Genne ville le jour et feste sainct
Ouen, pareille somme de deux sols tournois ; sur la revenue de la foere
scéant à la Gohaigne le jour et feste saincte Marye-Magdallaigne,
deux sols tournois ; et sur la foere scéant k sainct Gilles près ledict
Ponteaudemer, quatre sols tournois. Item à cause dudict fief appar-
tient la présentation et provision touttesfois que le cas s'offre de
deux chappelles, l'une assize devant la porte dudict manoir fondée
de Nostre-Dame et l'aultre assize au boult des terres labourables
d'icelluy manoir, nommée la chapelle du lieu Helley. Et dudict
fief est tenu et mouvant, etc.
Et combien que ladicte acquisition ait esté faicte et achaptée au
proffict de ladicte abbaye et églize de Nostre-Dame-de-la-Victoire.
moyennant et parmy le prix et somme de cinq mille cinq centz
livres tournois des deniers que y avons pour ladicte cause donnez
PIÈCES JUSTIFICATIVES ^99
ainsv que dessus est dicl nous toutes choses considérées
avons de nostre plaine science... admorti... et adniortissons... les-
dicts fiefz. hommages, justice, sergenterie, etc. Sy donnons eu
mandement par ces dictes présentes aux gens de noz comptes et
trésoriers, etc.
Donné à Nostre-Dame-de-la-Victoire, au mois de may, l'an de
grâce mil quatre cent/, soixante et dix-sept, et de nostre règne le
saizeiesme. Signé, Louis, et scellé en lacs de soye sur double queue
d'un sceau en cire. Et sur le reply, par le roy, Picquof, un
paraphe. Et sur ledict reply est aultre escrit : « Expedita in caméra
compotorum, etc. )>
Collation faicte sur l'original en parchemin dont la coppie est
cy-dessus transcripte, à Honnefleur, en l'escriptoire, par moy
Guillaume Tilloy, nottaire et tabellion royal, à Honnefleur, viconté
du Fonteaudemer, pour le siège de la haute justice de Grestain,....
ceujourd'huy avant midy cinquiesme jour de juillet mil six cents
soixante quatre.
(Bibl. comm. d'Arras, Fonds Advielle, n° 7. Recueil factice de
pièces sur l'abbaye de Grestain, fol. 2-5 •.)
LVl
Approbation cFun aveu et dénombrement du temporel de Vabbaye
de Notre-Dame de Grestain.
1478, 17 février (n. st.)
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront ou orront, Rogier
Simon, lieutenant de monseigneur le bailli de Costantin, commis-
saire en ceste partie de nosseigneurs les gens des comptes et tréso-
riers du roy nostredit seigneur à Paris, salut. Savoir faisons que la
partie de révérend père en Dieu Richart de Thieuville, abbé de
Grestain et du couvent d'icelui lieu, nous a esté présenté le man-
dement de nosdits seigneurs des comptes donné audit lieu de
Paris le derrain jour de novembre l'an mil iiij"" Ixxvij atachié à la
1. Voy. Catalogue des mua. du Fonds Victor Advielle de la hihliollièque dWr-
ras, Paris, 1901, 1 vol. in-8.
300 l'aRIîAYE de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
coppie de Tadveu et dénombrement baillié par ledict abbé du tem-
porel de ladite abbaye receu en ladite chambre le quinziesme jour
de septembre l'an mil iHj*" Ixjx en requérant lefTet et enterignement
dudit mandement de nosdits seigneurs des comptes a la marg-ue
duquel cest présent est atachié soubz nostre scel, par vertu duquel
avoient esté jurez et examinez en la paroisse de MuUeville
près Coustances. en la viconté de Granville, par Pierres Yauquelin.
lieutenant commis audit lieu de monseigneur le bailli, en la pré-
sence de Jehan de Gonsaleur, lieutenant général dudit viconte
dudit lieu de Granville et Jehan Lamy, substitu en ladite viconté
de noble homme maistre Nicolle, Déniante, procureur du roy nostre-
dit seigneur audit bailliage, les paroissiens cy après déclairés...
tous de lad. paroisse de MuUeville par lesquels après que le double
dudit dénombrement leur eult esté leu lut raporté quà leur advis
et consciences ledit dénombrement estoit bien et deument baillié et
n'y avoient iceulx religieux mis ne obmis chose préjudiciable au
roy nostredit seigneur ne aucune chose qui y estre n'y doyt tou-
chant le lieu que lesdits religieux ont en ladite paroisse de MuUe-
ville. Et aujourdhuy xv)"^ jour de février audit an iiij^" Ixxvij à
Vallonges, les assises séantes et par nous tenues se comparurent
maistre Guillaume Lemoigne. prestre, maistre Philippe Josset,
escuier, sieur de Grymoville, Guillaume Letellier, escuier, sieur de
la Haye, Guillaume de Caretot, escuier, sieur du lieu^ etc., parlés-
quels... fut raporté après qu'ilz ont veu icelle coppie de dénombre-
ment et que .sur icelui ils se furent consultés à part que ledit abbé
n'a voit mis ne obmis eudit dénombrement chose qui estre n'y deust
en quoy le roy nostredit seigneur feust en rien prejudicié touchant
ung fîeu que lesdits religieux ont en la paroisse de Barneville et
ung aultre fîeu noble quilz ont en la paroisse de Quierqueville en la
Hague Le tout fait par le conseil et délibération desdits procu-
reur et advocat du roy nostredit seigneur et aultres officiers dice-
lui... soubz nostre scel cy mis ledit xvij*" jour de février mil. IlIIP.
LXXVII.
(Bibl. nat. ms. fr. 2090o. n° lo2.)
PIÈCES JUSTIFICATIVES 'iO l
LVII
Conlral cfcchan;/c fait entre les religieux de (ircstaiii et les rcli-
fjieux de Sainte-Barbe de la baronnie de Mézidon contre la terre
et seigneurie du Mcsnil-Ferri/.
1189, 8 octobre.
A tous ceulx qui ces lettres verront ou orront Jehan le Sueur,
escuier, «j^arde du seel des oblig-ations de la viconté d'Orbec, salut.
Scavoir faisons cjue pardevant NicoUas Toustain et Jehan Coronnel,
clercs tabellions jurez pour le roy nostre sire, à Lizieux, furent
présens noble homme et discrette personne maistre Guillaume Des-
calles, commandataire perpétuel de l'abbaye et monastère de
Nostre-Dame de Grestain, et relig-ieux hommes et honnestes daomps
Robert Emelinne, prieur, et Robert Mauvoizin, receveur, tous reli-
gieux et profez dicelle abbaye pour eulx et establissans et faisans
fors pour tous les autres relig-ieux et couvent de leur dicte abbaye
et aians le pouvoir qui ensuit porté par lettres patentes faictes et
passez soubz les sceaulx dez prieur et couvent dudit lieu dont la
teneur ensuit :
A tous ceulx qui ces lettres verront, Robert Emelinne, prebstre,
prieur du cloistre de res<^lise ou monastère de Nostre-Dame de
Grestain es diocèze de Lizieux et couvent du lieu, salut. Scavoir
faisons que pour le profiît et utilité de ladicte esg-lise avons conclud
et acordé de mettre hors de nos mains et permulter la baronnie de
Mesidon appartenant à ladicte esglise avecques toutes ses apparte-
nances et mesmes ung" aultre fief ou membre de fief assis au Doux-
Marescq et illec environ avecques la tierce partie des dismes des
grains dicelle paroisse et touttes aultres et chacunne les aparte-
nances dudict fief, sans du tout riens réserver ne retenir, avecques
religieuses personnes et honnestes révérend père en Dieu maistre
Jehan Yiiger ', prieur, et le couvent de Saincte-Barbe pour et
1. Inp^or ou Iii^ier claprôî le Neusfria pia, p. 730, où Ton trouve son épi-
taphc. On lit: Jean Jugier, dans les Méin. soc. Ant. Normandie, XV, p. 128,
n» ;{3().
302 L ABBAYE DE NOTRE-DAME DE GRESTAlS
contre-eschange de la terre et seigneurie du Mesnil-Ferry ' assis en
la viconté du Pontaudemer eu dioceze de Lizieux qu'ilz avoient de
nouvel acquise des abbé et couvent de Nostre-Dame-de-la-Victoire,
et pour ces causes avons fait et ordonné nostre procureur, c'est
assavoir religieux homme daomp Robert Mauvoizin, presbtre, reli-
g-ieux de nostredict monastère en la présence de révérend père en
Dieu monseig-neur maistre Guillaume Descalles, nostre commenda-
taire et de nostredict prieur, ausquelz prieur et Mauvoizin et chas-
cun de eulx avons donné et donnons puissance et mandement de
eschanger lesdictes terres et de en passer lettre ou lettres d'eschange
telles que mestier sera, et remettre, garantir les faictz, promesses
et obligations de nous et de nostredicte esglise et pour touttes
aultres garanties, bailler les lettres des acquisitions et admortisse-
ment avecques aultres lettres que avons et portons et générallement
en tout ce que dit est et la despendance comme sera requis et
comme se estions présens et à ce obliger tous les biens et temporel
de nostredit monastère, promettant sur l'obligation de noz biens
meubles et immeubles à ce que sera et est faict et passé et faire
rattifîer au chapitre général se mestier est. En tesmoing- de ce,
avons scellé ces présentes du scel dudit couvent, l'an mil. cccc.
quatre vingt et neuf, le vj"^ jour d'octobre.
Lesquelz par eulx et en vertu de ladicte procuration saine et
entière en scel et escripture et promettans faire rattitier le contenu
en ces présentes ausdits aultres religieux de ladicte abbaye soubz
les sceaulx d'icelle de leurs bonnes et libéralles vollontez, propres
mouvemens et certainne science pour le cler et esvident prouffict
d'eulx et de tous lesdictz aultres religieulx et couvent et de leurs
successeurs en ladicte abbaye et par délibération de ce faire entre
eulx deuement assemblez en leur chapitre pour leur dommage
eschever et leur prouffict accroistre et augmenter ilz sur ce bien
advisez, conseillez pour voir et délibérer comme ilz disoient recong-
neurent et confessèrent que par les congié, licence, permission et
consentement du révérend père en Dieu monseigneur l'évesque de
Lizieux, leur diocésain ou de ses viquaires, ausdictz de Grestain
données par lettres patentes deuement auctorisées desquelles la
teneur ensuit :
1. Plein fief de hauLert, air. de Pont-Audemer, canton Beuzevillc, Eure.
PIECES JUSTIFICATIVES
303
Universis présentes litteras inspecturis, Vicarius in spiritualibus
et temporalihus generalis reverendi in Christo patris et Domini
Domini, Stephani Blosset, miseratione divina Lexoviensis episcopi,
eternani in Domino saluteni. Ciim nuper pro parte venerabilis et
circonspecti viri magistri Guillelnii Descalles, presbyteri, sancte
sedis apostolice prothonotarii, commendatarii perpetui monasterii
Béate Marie de Grestano et conventus ejusdem loci ordinis sancti
Benedicti, ac venerabilium et relig-iosorum viroruni prioris et con-
ventus ejusdem loci ordinis sancti Benedicti, ac venerabilium et
religiosorum virorum prioris et conventus monasterii sancte Bar-
bare ordinis sancti Aug-ustini, Lexoviensis diocesis, nobis fuerit
expositum quod commodo et utilitate monasterium predictorum
ecclesiarumque, locorum et religiosorum ac successorum suorum
actente in dominio pensatis baronniam de Mesidone et feudum seu
membrum feudi de Dulci-Maresco, ac tertiam partem decimarum
granorum parochie dicti loci eisdeni de Grestano tune spectantem
et pertinentem, cum feudo seu terra de Mesnillo- Ferry sito in vice-
comitatu de Ponteaudemari et ad feudum seu terram ac dominium
predictis prefatis religiosis de Sancta-Barbara spectantem et perti-
nentem et per eos Je novo acquisitum, et relig-iosis viris abbate et
conventu monasterii Beate-Marie-de-Victoria, Silvanetensis dioce-
sis, hujusmodique feudum seu terram de Mesnillo cum dicta baron-
nia et feudo de Dulci-Maresco cum omnibus et singulis juribus et
dig-nitatibus, libertatibus, deppendiciis connexis et annexis baron-
nie, et feudorum ac terrarum predictorum invicem hermutaverint
seu permutare intenderint, nobis propterea humiliter supplicando
prout supplicarunt prefati commendatarius et conventus de Gres-
tano ac prior et conventus sancte Barbare quatinus hujusmodi per-
mutationem faciendi sibi licentiam concedere eaque facta ipsam
laudare^ approbare et rattifficare auctoritatemque nostram ordina-
riam ac decretum nostrum in hiis interponere dignaremus et velle-
mus. Notum ig-itur facimus quod, nos eorum auditu et supplicatione
et eidem velut juste et juri consone annuere capientes, volentes
tamen indempnitate ecclesiorum et monasteriorum predictorum
consulere de et super valore et situatione baronnie et feudorum seu
terre et dominii de Mesnillo hujusmodi et aliis super hoc inquiren-
dis noticiam habentes fîeri fecimus. Quia vero tam per eamdem
informationem nobis repportatam et per nos visam quantum aliis
80 i l'abbaye de NOTRE-IJAME DE GRESTAIN
nobis légitime constitit et constat baronniani predictam, intra et
juxta terras et dominia. ac prope monasterium Sancte Barbare situa-
tam, et terra seu feudum de Mesnillo in quo sunt pulcbra domma-
nia prope monasterium de Grestano situm fore et esse et eidem
monasterio parva habent dommania valde proprium et utile plures-
que discordias. processus et lites inter monasteria predicta occa-
sione dicte baronnie antea motas et moveri speratas, eadem per-
muta tione mediante perpetuo sopiri et quiescere, ac permuta tionem
hujusniodi quantum plurimum utilem esse monasteriis predictis
nullumque incommodum seu prejudicium sibi afFerre eadem
monasteria utilitates et commodo non modica actenta maxime
situatione baronnie et terre seu feudi de Mesnillo predictis habere
et posse consequi in futurum. ex hiis igitur et aliis justis et rationa-
bilibus causis nos et animam nostram moventibus. Eisdem com-
mendatario et religiosis permutationem antedictam faciendi licentiam
concessimus, eamdemque permutationem cum inde secundum
formam et tenorem litterarum super hoc per ipsos commendatarium
et religiosos monasteriorum sepedictorum, hinc inde factarum et
passatarum ac nobis exhibitarum auctoritatem dicti reverendi
patris nobis commissa et qua fungumur in hac parte de jurisperito-
rum consilio laudavimus. approbavimus et ratilicavimus ac presen-
tium tenore laudamus, aprobamus et ratifficamus auctoritatem
ordinariam nostrumque decretum. In et super premissis interponen-
dum prout interponimus per présentes delVectus si quantum in
hujusmodi permutatione intervenerint quantum in domino et de
jure possimus suplentes. Datum Lexoviis sub sigillo camere nostre,
die octava mensis octobris, anno Domini millesimo, GCCC*"". octo-
gesimo nono. Ainsi signé au bas, sur le replv, R. Rothon.
Hz avoient baillé, transjDorté et délaissé et par la teneur de ces
présentes baillent, transportent et délaissent en pur et loial eschange
pour eulx et leurs successeurs à héritage perpétuel à toujours à
religieulx hommes et honnestes les prieur et couvent de Saincte
Barbe audit diocèze et à leurs successeurs, c'est assavoir : la terre,
baronnie ou membre de baronnie et seigneurie de Mesidon avecques
toutes ses apartenances et deppendences quelconques tant en
hommes, hommages, droictz de teneures tant de tenemens nobles
que aultres, en fiefz, arrière fiefz, gardes, feaultez, justice, seigneu-
rie et jurisdictions, motte, coulombier, guet, garde, preis, boys,
PIÈCES JUSTIFICATIVES 305
paslures, rivière, pescheries, g-arennes, terres labourables et non
labourables, rentes en deniers, grains, oefz, oyseaulx, reliefz, trai-
ziesmes, aides coustuinières, prières, corvées, services, faisances et
redevances, ville, marchez, foires, coustumes, travers, payâmes,
passages, acquitz, moulins, moultes vertes et sesches, forfaictures,
choses gaives et adventures, patronnages, libertez, dignitez et fran-
chises et générallemenl touttes les appartenances et deppendences
quelzconques d'icelle baronnie et seigneurie, sans aucune chose en
excepter, réserver ne retenir en aucune manière quelle que elle
soit ou puisse estre ; pour par lesditz religieulx, prieur et couvent
de Sainte- Barbe et leurs successeurs et aians cause en ladite prieu-
rez en joyr, posséder et exploicter paisiblement comme de leur
propre héritage ainsi et en la manière que lesditz commendataire et
religieulx, prieur et couvent de laditte abbaie de Grestain eussent
peu et pourroient faire en temps advenir en suyvant le bail, trans-
port et délais qui leur en avoit esté faict par noble et puissant sei-
gneur, monseigneur Jehan de Melun, lors chevalier, conte de Tan-
carville, pour les causes et pour les termes, moiens et conditions
bien à plain déclarez es lettres de ce portez sainnes et entières en
sceau et escripture dont la teneur ensuyt ' :
A tous ceulx qui ces lettres verront, Jehan de Meleun, chevalier,
seigneur de Tancarville et chambellant de Normandie. Sachent tous
que, etc.. Donné à Estrepaigny, le xxv'' jour de octobre. Tan de
grâce mil. ccc. quarante et huict. Présence, etc.
Et desquelles lesditz commendataire et religieulx baillèrent pré-
sentement le vidimus deuement approuvé et se promisrent aider
de l'original touttes et qualités foys que mestier sera et requis en
seront de révérend père en Dieu monseigneur Jehan, prieur dudit
lieu de Saincte-Barbe, ses religieux et leurs successeurs en baillant
récépissé et seuretté d'icelluy rendre pour estre et demeurer ledit
vidimus es mains de luy et de sesditz religieulx et leurs dictz suc-
cesseurs eudict prieurey de telle force, vertu et etfect comme ledict
original estoit avant ce présent contract es mains desditz commen-
dataire, religieulx et couvent de Grestain en tant que touche ladicte
baronnye et à la charge des conditions contenues en icelles lettres
et de tous et telz procès que de présent sont meuz tout en deman-
1. Nous n'en donnons que les premières et les dernières lignes; voyez le
texte :\ux pièces juslif., n" 28. — Il est inutile de le reproduire ici.
C,u. lîitKvnn. — JSnhhnjie rlc Xnlre-Dnmp rie Grestain. 20
306 l'abbaye de notre-dame de grestain
dant comme en deffendant pour et k cause de ladicte baronnie vers
et contre quelconques personnes que ce soit et desquielz iceulx de
Grestain seront tenuz bailler auxdictz de Saincte-Barbe toutes les
escriptures, actes, mémoriaulx et enseig-nemens quilz en ont et
portent et aussy touttes aultres lettres obligatoires, fieffés, pappiers,
adveux et enseignemens quelzconques qu'ilz ont et portent tou-
chant les droictz, libertez, franchises, revenues, admortissementz,
possession, saisine et jovssance d'icelle baronnie de Mésidon, ses
appartenances et deppendances quelzconques et des procez qui sont
en icelles parties tant en lEschiquier que aultrement touchant
ladicte baronnie, lesdictz de Saincte-Barbe vuideront la court et
acquiteront d'amende lesdictz de Grestain.
Et oultre et avecques icelle baronnye lesditz commendataire et
relligieux baillèrent, transportèrent et délaissèrent à héritage perpé-
tuel à tousiours mais pour eulx et leurs successeurs en pur et loyal
eschange en la manière que dessus auxdictz religieulx, prieur et
couvent de Saincte-Barbe pour eulx et leurs successeurs en icelluy
prieurey nng fief ou membre de fief noble, tant noblement que fran-
chement, à court et usage et dig-nité de gage-plèg-e dont le chief est
assis en la paroisse de Doulx-Marescq ' et s'estend en plusieurs
parroisses illec environ avecques toutes les appartenances et appen-
dances d'icelluy fief ou membre de fief, tant en hommes, hom-
mages, dommaines, rentes, relUefs. traiziesmes, aides coustu-
mières, services, libertez, dig-nitez et franchises sans aucune chose
en réserver, retenir ne excepter en quelque manière que ce soit ou
peut estre et tout ainsy qu'il est de présent en leur main, en ce
comprins la tierce partie de toutes les dixmes des grains d'icelles
parroisses ou tel droict de dixme quilz y ont. Lesquielz fief ou
membre de fief et dixmes et leurs appartenances sont et estoient de
la mesme fondation, dotation et augmentation de ladicte abbaye de
Grestain et non de ladicte baronnye, comme lesdictz commenda-
taire et relig-ieulx dicelluy Grestain disoient estre porté par les
Chartres et enseig'nemens de leurdicte fondation, dontilz promisrent
bailler auxdictz de Saincte-Barbe vidiinus approuvé. Et desquielz
fief et dixme dudit lieu du Doulx-Marescq et mesme de ladicte
baronnye, terre et seig-neurie de Mesidon, leurs appartenances et
I. Doux-Marais, cant. de Mézidon, arr de Lisieiix, Calvados.
PIÈCES JUST1F[CATIVES 307
appendencos quelzcoïKpies icoulx commendataire et religieulx de
Grestain èsdictz noms so dessaisirent et en saisirent par la teneur
de ces présentes lesditz prieur et couvent de Saincte-Barbe à les
avoir, tenir et posséder paisiblement par eulx et leurs successeurs
dudit prieurey doresnavant sans débat, contredit, reclamance ne
empeschement que lesditz commendataire et religieulx de Grestain
et leurs successeurs ou aians cause puissent mettre désormais sur
ce. Et se accordèrent iceulx de Grestain que se ilz ont aucune
chose fieffé ou aliéné desdictz baronnie, fief et seigneurie que faire
ne peussent ou deuessent et que se pourroit par la condition des
lettres de leurs droictz ou aultrement, judiciairement révocquer et
réunir avecques lesditz fief et baronnye que lesditz de Sainte-Barbe
aient telle et semblable faculté, pouvoir et auctorité de ce faire,
comme auroient lesditz religieulx de Grestain sans que lesditz de
Grestain en soient aulcunement garans.
Et en échange ou contreschange et rescompensation de ce, révé-
rend père en Dieu monseigneur Jehan Ynger, à présent prieur de
Saincte-Barbe, pour luy et révérend père en Dieu monseigneur
Guillaume Cheuron, évesque de Porphire et prieur de Sainct-Sir-
de-Friardel ^ religieux et prophès dudit lieu, procureur deuement
fondé des aultres religieulx et couvent par lettres de procuration
faictes et passées soubz le sceel du couvent d'icelluy prieurey et
dont la teneur ensuyt :
A tous ceulx qui ces lettres verront, Jean de Raigny, supprieur
du cloaistre de l'église et prieurey de Saincte-Barbe, Richart du
Ilamel, prieur de Montfort ^, Michel Vattier, prieur de la Caulde •',
Jehan le Mesle, curé de la Roche ^, Guillaume de la Penne, prieur
de Ernes ^, Raoul Méritte, prieur de Dosuley'', Thomas Touloupe,
prieur de Bray ", Raoul le Mestrel, curé de Mésidon, Nicole Cou-
sin^ prieur de Gouvis ^, Richart Herbet, prieur de la Gochère ^,
1. Saint-Cyr-de-Friardel, prieuré, arr. Lisieux, cant. Orbec, Calvados.
2. Saint-Evroult-de-Montfort, arr. d'Argentan, cant. de Gacé, Orne.
3. Sainte-Marie-de-Lecaude, arr. Lisieux, cant. Mézidon, Calvados.
4. La Roche-Nonant, arr. d'Argentan, cant. d'Eymes, Orne.
5. Ernes, arr. Falaise, cant. de Coulibœuf, Calvados.
6. Dozulé, chef-lieu de cant.. Calvados.
7. Bray-en-Cinglais, arr. Falaise, cant. de Bretteville, Calvados.
8. Gouvix, arr. Falaise, cant. de Bretteville, Calvados.
9. Arr. d'Argentan, cant. d'Exmes, Orne. Cochera.
308 l'abbaye de notre-da.aie de grestain
Pierre Le Boucher, prieur de Mag^neville i, Pierre le Boulleng-er,
prieur de Gesseville ~, Nicolle Montelle, curé du Breuil ^ Georges
Darques, curé de Perrcy 4, Jehan Grenon, bailly, Marin Iluet, pitan-
cier, Estienne le Mercié, segrestain, Philippes de Gourmacel,
Richart Durant, Philippes Estoufouppe, Jehan Boyvin, prieur de
Gray ^ Jehan le Feure, prieur de la Motte s, Jehan le Quen, curé
de la Gochière ^, Pierre Moselt, curé des Mouceaulx 8, Jehan Vin-
cent, Guillaume le Melle, Robert Pelluel, Roger Regnoult, prestres,
et Jehan Cousin, dyacre, tous religieux et prophès dudict prieurey
de Saincte-Barbe, de Tordre de Sainct-Augustin, ou diocèse de
Lizieux, salut en Nostre Seigneur. Scavoir faisons que nous dessus
nommez en la présence de révérend père en Dieu, monseigneur
Jehan, par la permission divine, nostre maistre et prieur dudit
prieurey et par son adveu, congié, charge et auctorité pour le très
grant prouffit, utilité et augmentation de nostredicte église faire,
avons conclud et accordé les ungs avec les aultres et délibéré avec
nostredict prieur de permutter, eschanger et mettre hors de noz
mains, la terre et seigneurie du Mesnil-Ferry, assis en la viconté
du Pontaudemer dudit diocèze de Lizieux, laquelle terre et seigneu-
rie nous avons de nouveau acquize des religieux, abbé et couvent
de Nostre-Dame de la Victore-lez-Senliz par le prix et somme de
deniers montans à huit mil deux cens livres tournois en or comp-
tans par les mains dudit révérend père en Dieu, monseigneur nostre
prieur, de frère Jehan de Raigny, nostredit supérieur et frère Jehan
Grenon, nostredict bailly, et de Martin le Mestre, nostre procu-
reur, francs deniers es mains desditz de la Victore ainsy et selon
que tout à plain il est contenu es lettres de nostre acquisition faictes
et passeez devant Jacques AUaire et Robert Allaire, notaires du roy
nostre sire en Ghastelet, à Paris, le vingt sixiesme jour de sep-
tembre dernier passé ; et de icelle terre bailler en eschange aux
religieux hommes et honnestes les abbé commendataire, prieur et
1. On ne sait de quelle localité il s'agit.
2. Cant. du Neubourg, Eure. Sessevilla, Sescevilla.
.3. Paroisse réunie à Mézidon, arr. Lisieux, Calvados.
4. Percy, arr. Lisieux, cant. Mézidon, Calvados.
5. Graye-sur-Mer, arr. Bayeux, Calvados.
6. La Motte-en-Auge, arr. de Lisieux, Calvados.
7. Sans doute La Cochère, Orne. Nom de localité déjà cité.
8. Les Monceaux-en-Auge, arr. et cant. Lisieux, Calvados.
PIÈCES .TLSTIFICATIYES 309
couvent de Nostre-Dame de Grestain pour et lieu et en contres-
chanf^e de la baronnie, terre et seigneurie de Mésidon, ausditz reli-
gieux de Grestain appartenant et de touttes les appartenances et
deppendances d'icelle, et mesmes de ung aultre fief ou membre de
fiei" assis aux Doux-Marescq et illec environ avecques la tierce par-
tie des dixmes des grains d'icelle parroisse et touttes aultres et
chacunnes les apartenances dudit fief sans du tout riens réserver,
excepter ne retenir. A ceste cause et pour icelle permutation ou
eschange avecques ledict révérend père en Dieu, nostre prieur, et
pour en passer lettres avecques iceulx de Grestain avons faict,
ordonné et estably et par la teneur de ces présentes faisons,
ordonnons, constituons et establissons nostre procureur général et
certain messager espécial, c'est assavoir révérend père en Dieu
monseigneur Guillaume Cheuron, évesque de Porphire, prieur com-
mendataire de l'église et monastère de Saint-Sir-de-Friardel et
nostre confrère, religieux et prophez de nostredict mouslier auquel
seul* et singulier pour le tout portant ces présentes nous avons
donné et donnons plain pouvoir, auctorité et mandement espécial
de icelle terre du Mesnil avecques touttes ses appartenances, eschan-
ger, mettre hors de nos mains et icelle bailler auxditz de Grestain
par la manière dessusdicte, comme convenu et accordé a esté
avecques lesditz abbé et religieux de Grestain et de en passer
avecques ledict révérend père en Dieu monseigneur nostre prieur
lettres d'eschangement ou contract telles que mestier sera, de la
promettre, garantir des fais, promesse et obligation de nous et
nostredict prieurej tant seullement et pour toutte aultre garantie
bailler les lettres des acquisitions et admortissements avecques
touttes et telles lettres que nous en avons et portons de soy en des-
saisir pour et au nom d'iceulx abbé et couvent et consentir la sai-
sine et joissance leur en estre baillée, de prendre et recuillir lettres
de contreschange et garantie desdictz de Grestain, telles qu'il
appartiendra et générallement en tout ce que dict est et les dep-
pendances, faire passer, consentir et accorder tout ce qu'il plaira
faire passer et accorder par nostredict révérend père et prieur et en
bailler et passer telles lettres une ou plusieurs et soubz telz sceaulx
qu'il appartiendra ou mestier sera lesquelles nous voulions estre
d'un tel elfect et vertu comme se nous mesmes en nostre chappitre
les avions passez et accordez ; et à tout ce obliger tous les biens et
310 l'abbaye de jNOTRE-DAME de GRESTAIN
temporel de nostredict prieurey sans ce que jamais puissions aller
au contraire. Lesquelles choses ainsy faictes, passez et accordez par
nostredict procureur nous promettons tenir, entretenir, g-arder et
acomplir sans jamais aller au contraire ; renonçons à tout ce par
quoy nous y pourrions aller, et tout ce que dict est ratiffier à noz
aultres frères et religieux lesquelz ne sont pas présentz pour iceulx,
nous faisans fort et leur faire avoir ag-réable et avecques nous ratif-
fier en nostre grant chappitre général se mestier est et requis en
sommes. En tesmoing de ce nous avons seellé ces présentes du
propre seel de nostre couvent, le sixiesme jour d'octobre l'an mil.
cccc. iiijxx et neuf.
Et faisans fort pour iceulx religieux promettons par semblable
qu'ilz auront le contenu en ces présentes ag-réable et leur faire rat-
tifîer soubz ledict seel dudict prieurey ilz sur ce bien advisez, con-
seillez, pourveuz et délibérez en leur chappitre pour le bien et aug-
mentation de leurdict prieurey comme ilz disoient et par le congié,
licence, commission et consentement de révérend père en Dieu
monseigneur l'évesque de Lizieux, leur diocézain ou de ses officiers
par luy à eulx donné par ses lettres patentes dont la teneur ensuit:
Universis présentes litteras inspecturis vicarius in spiritualibus et
temporalibus generalis reverendi in Ghristo patris et domini domini
Stephani Blosset, miseratione divina Lexoviensis episcopi, eter-
nam in Domino salutem '
Baillèrent, transportèrent et délaissèrent à fin d'héritage perpé-
tuel auxditz commendataire et relig-ieux de Grestain pour eulx et
leurs successeurs en icelle abbaye le fief et hostel, fort, terre et
seigneurie du Mesnil-Ferry en la viconté du Pontaudemer, ensemble
les domainnes, rentes en deniers, grains, oefz, oyeseaulx, hom-
mages, droitz de teneures tant nobles que aultrement, reliefz, trai-
ziesmes, mottages, aides coustumières, justices, jurisdiction, droit
de patronnages, sergenterie, fîefz et arrière-fiefz et générallement
toutes les appartenances et ajapendences quelconques dudict fief du
Mesnil-Ferry sans aucune chose en excepter, réserver ne retenir
aucunement ainsi et en la manière que lesditz prieur et religieux
de Saincte Barbe l'avoienl naguère eu et acquis des religieux, abbé
et couvent de Nostre-Dame de la Victoire par le congié des officiers
1. Le texte de ces lettres a déjà été donné plus haut.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 311
du roy nostredict seif^neur et de révérend père en Dieu monseigneur
Tévesque de Senlis, diocésain desditz de la Victoire, comme toutes
les choses sont portez bien à plain par lettres patentes faictes et
passez, celles dudict cong-ié le iiij" et celles dudict achapt le xxvj"
jour du moys de septembre derrenier passé, toutes lesquelles lesditz
prieur et religieux de Saincte-Barbe baillèrent présentement auxditz
commendataire et religieux de Grestain, mesmes les lettres de Fac-
quisition que avoient faicte lesditz de la Victoire dudict fief du
Mesnil-Ferry et celles de Tadmortissement d icelluy fief pour estre
et demourer en leurs mains de tel force, vertu et effect qu'elles
estoient es mains desditz de Saincte-Barbe, de tout desquelles lettres
tant de admortissement que aultres lesditz de Grestain promistrent
bailler vidinius deuement aprouvé auxditz de Saincte Barbe et
aider de l'original d'icelluy toutes et (plantes foys que mestier en
sera et ilz en auront à besoingner par baillant récépissé dicelles, et
lesquelz de Saincte Barbe èsditz noms se dessaisirent dudit fief du
Mesnil-Ferry et ses apartenances quelzconques et en saisirent par
la teneur de ces présentes lesditz commendataire et religieux de
Grestain pour eulx et leurs successeurs à icelluy avoir et tenir et
posséder paisiblement par eulx et leursditz successeurs en ladicte
abbaye doresenavant sans débat, contredit, réclamance ne empes-
chement quelzconques que lesditz prieur et couvent de Saincte-
Barbe et leurs suscesseurs puissent mettre désormais sur ce et
retindrent lesdictes parties à joyr, c'est assavoir lesditz de Saincte
Barbe de l'année du fermage de ladicte terre du Mesnil qui est
eschue au terme de Sainct Michel derrenier passé et lesditz de
Grestain des termes qui escherront desditz fiefz et baronnie par
eulx baillez aux termes de la Chandeleur et sainct Jehan prochai-
nement venant; et avecques ce retinrient lesditz de Grestain que
leurs fermiers jouiront du bail à eulx fait desdictes terre et baron-
nie ainsi que baillez les auroient en précédent de cedict conti^act,
et pareillement lesditz de Saincte Barbe retindrent que le fermier
qui tient ledict Mesnil jouira et tendra le temps de sa dicte ferme
ainsi qu'elle luy avoit esté baillée par lesditz de la Victoire comme
ilz disoient estre porté par les lettres d'icelluy fermage recours à
icelles, lequel fermage dudict Mesnil pour le temps advenir lesditz
de Grestain recueuleront à leur proflit et lesditz de Saincte Barbe
de ladicte baronnie et fief dudict Doulx-Marescq avecques la dixme
312 ' l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRËSTAIN
dont ilz baillèrent l'un à l'aultre les lettres d'iceulx fermages. Et
s'il advenoit que aucunes desdictes parties feussent contrevenantz
de vuider leurs m uns des choses dessusdictes baillez par quelque
voye que ce feust après toutes deffences deues devant justice et
portez par escript sans fraulde, chacune d'icelles parties seroit tenue
retourner à son eschang-e et contreschang-e comme ilz sont et
estoient au précédent de cedict con tract sans aulcune chose infir-
mer, aliéner ou innover aultrement qu'il est de présent. Aussi se
les officiers du roy nostre seigneur voUoient dire ou soustenir que
l'admortissement faict auxd. de la Victoire de ladite seig-neurie du
Mesnil ne feust suffisant pour icelle terre tenir es mains desditz de
Grestain et que pour ce aucun empeschement leur feust donné en
tout ou partie, lesditz de Saincte Barbe leur seroient tenus vuider et
defîendre ledict empeschement et faire vallider ledit admortissement
et à ce présent contract d'échang-e tenir irrévocablement et garan-
tir chascun de son faict et empeschement ce qu'il baille. Et pour
rendre et restorer tous les coustz et frais que en ce pourchassant
seroient faitz et soustenus dont le porteur de ces lettres seroit creu
par son serment sans aultre preuve faire oit regard de justice, les-
dites parties en obligèrent l'un k l'aultre pour eulx et èsditz noms
chascun de sa part et pour son faict et regard tous les biens meubles,
immeubles, rentes et revenues desdictz abbaye et prieurez le tous
présentz et advenir à estre pour ce prins et venduz par justice sans
procez.
En tesmoing de ce, nous, à la relation desditz jurez, avons scellé
ces présentes du seel dessusdict saouf autruy droict. Ce fut faict et
passé pour lesditz de Grestain le huictiesme jour d'octobre, l'an mil
cccc. iiij^^ et neuf. Présens : vénérables personnes maistre Nicolle
Périer, Guillaume Adoubart, advocatz de cour d'église audit Lizieux,
Frasles le Clerc, messire Jehan Mallart, tous presbtres ; maistre
Guillaume de Thieuville, curé de Barneville, et autres tesmoingz.
Ainsi signé : N. Toustain et J. Coronnel, chascun ung paraphe. Et
en marge sont faictz trois paraphes sans nom ; et au bas est escript :
Collation faicte. Et sur le dos est escript ce qui ensuit :
Ces présentes furent levez et publiez es pieds du fief, terre et
seigneurie du Mesnil-Ferry pour les religieux, commendataire de
Nostre -Dame de Grestain tenuz au manoir dudict fief par moy
Robert Lefort, seneschal dudict fief, le mardy douziesme jour de
I
PIÈCi:S JUSTIFICATIVES 313
janvier l'an mil quatre centz quatre vin^tz et neuf, en la présence
de vénérable et discrète personne maistre Guillaume Descalles, pro-
thonotaire du saint siège apostolique et commendataire de ladicte
ég-lise et abbaye de Grestain, Jehan Pinchon, procureur et receveur
dicelle terre et abbave, Jehan Houël, Pierre Lefebvre, maistre
Guillaume Ponart, presl^tre, curé de Nostre-Dame-du-Val, Jehan
Robert et Robin Bourdon, serj^i-eans, et plusieurs aultres, tesmoingz.
Ainsi signé : Lefort, Le Chevallier, Le Mercher, Bourdon, Robert
le Carpentier, Le Harestier, chascun ung paraphe, etc.
(Bibl. munie. d'Arras. Recueil factice de documents sur l'abbaye
de Grestain, copie aux foL 6-26. — Autre copie aux Arcli. dép.
de la Seine-Inférieure, Fonds du comté de Tancarville, liasse Eau-
ries. Pèches, datée du 7 avril 1510.)
LVIII
Reconnaissance d' hommage délivrée par Louis XII
à Guillaume Descalles, ahbc de Grestain.
U99, 2 avril.
Loys, par la grâce de Dieu roy de France, à noz amez et féaulx
gens de noz comptes et trésoriers à Paris, aux baillis de Rouen,
Evreux, Gisors, Gaux, Gaen et Costentin, vicontes et receveurs
ordinaires desdits lieux, et à nos procureurs esditz baillages ou à
leurs lieuxtenans ou commis, salut et dilection. Savoir vous faisons
que nostre amé et féal conseiller maistre Guillaume Descallez,
prothonotaire de nostre Saint Père le pape, abbé commendataire de
l'église et abbaye de Grestain, nous a cejourd'huy fait en la per-
sonne de nostre très cher cousin et féal amy le cardinal d'Am-
boise, archevesque de Rouen et nostre lieutenant général en noz
pais et duchié de Normandie ayant de nous pouvoir à ce, le ser-
ment de fidélité qu'il nous estoit tenu faire pour la temporalité de
ladite abbaye, auquel serment l'avons receu, etc..
Donné à Gaillon, le second jour d'avril, l'an de grâce mil quatre
cens quatre vings et dix neuf après Pasques, et de nostre règne le
premier.
(Arch. nat. P. 263'^ n» 39cS.)
314 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
LIX
Reconnaissance dliommage délivrée par Louis XII
à Jean Le Veneur, ahhé de Grestain.
1503, 29 janvier (n. st.)
Loys, par la grâce de Dieu roy de France, à noz amez et féaulx
les gens de noz comptes et trésoriers à Paris, aux bailly de Rouen
et viconte du Pontaudemer, k noz procureur et receveur audit bail-
liage et à tous noz autres justiciers et officiers ou k leurs lieuxte-
nans, salut et dilection. Savoir faisons que nostre cher et bien amé
maistre Jehan le Veneur, religieux abbé de Nostre-Dame de Gres-
tain ou diocèse de Lisieux, a aujourd'huy fait en noz mains le ser-
ment de fidélité qu'il nous estoit tenu faire du temporel de ladite
abbaye, auquel serment de fidélité nous l'avons receu, etc.
Donné à Paris, le xxjx"= jour de janvier, Tan de grâce mil cinq
cens et quatre, de nostre règne le septiesme.
Par le roy, TEvêque de Bayeux et autres présens. De Sauzay.
(Arch. nat. P 263^ nM62i.)
LX
Copie d\in aveu pour le fief de Beaunay.
1S40, .3 avril.
Aveu rendu par le cardinal le Veneur, évéque et comte de
Lisieux, abbé commendataire de Notre-Dame de Grestain, lequel
déclare tenir « en la vicomte d'Arqués, à cause de ladite abbaye »,
deux parties de fiefs nobles l'un nommé le fief de Beaunav assis en
ladite paroisse, et l'autre nommé le fief des Cent Acres, tenus du
duché de Longue ville...
« Lesquelz fiefs ont de long temps esté vendus et engagez par le
conte de Tancarville avec quatre fiefs et héritages à ladite abbaye
de Grestain k condition de les pouvoir rémérer dedans le temps de
mil et un an après la cellébration d'icelle vendue. A raison duquel
PIÈCES JUSTIFICATIVES 313
fief, ledict sieur cardinal a droict d'avoir et emporter la moitié du
droit de la foire de Beaunay qui siet le jour de Saint-Michel, etc. ».
(Arch. dép. de la Seine-Inférieure. Fonds du comté de Tancar-
ville, liasse intitulée : Eauries, Pèches.)
LXI
Mandement de contrainte pour l'abbaye de Grestain ^
1375, 27 avril.
Veu par nous le procès- verbal de Germain Becquet, sergent royal
et hérédital en la banlieue dudict Lizieux, de la saizie par luy
faicte le 29'' jour de mars dernier passé, du temporel de l'abbaye de
Grestain pour assubjectir l'abbé et les religieux dudict lieu à payer
la somme de 430 livres, en quoy ladicte abbaye a esté taxée pour sa
cotte de 16.000 livres en quoy ledict dioceze a esté taxé pour sa part
d'un million de livres concédées au roy nostre sire par Nostre
Sainct Père le Pappe sur le clergé de cedict royaulme. Nous avons
ordonné pour la recouvrance du payement de ladicte somme que
lesdicts abbé et relligieulx, leur receveur et fermiers, mesmes les
recepveurs et fermiers de ladicte abbaye, seront contrainctz assca-
voir : lesdicts abbé et relligieulx par la saisie de leur temporel et
lesdicts recepveurs et fermiers par la vendue et exploictation de
leurs biens, arrest et emprisonnement de leurs personnes et par
toultes aultres contrainctes pour les propres affaires du roy, à
payer et avancer comptant et sans délay es mains du recepveur des
décimes de ce dioceze ladicte somme de quatre cents cinquante
livres sauf la recompensation desdicts recepveurs et fermiers sur
lesdicts abbé et relligieulx, et ausdicts relligieulx et abbé à faire
vente par après de partye du temporel de ladicte abbaye pour leur
remboursement sy faire le veullent. Et sy avons ordonné par
m'^ Pierre Thirel - commissaire estably au régime [et gouvernement]
1. D'autres mandomonts fuient adressés, h la môme époque, notamment à
l'abbaye de Cormeilles (22 avril io75), et au prieuré de Saint-Martin-du-Bosc,
paroisse de Daubeuf, pour le non paiement de la somme de 60 livres (mai 1575).
2. Nous avons précédemment parlé de cette famille, à l'article de Nicolas
Thirel de Boismont, abbé de Grestain. Pierre Thirel, sieur de Jouvence, est de
nouveau cité dans les pièces n"' 62 et 64, à la note.
316 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
du temporel de ladicte abbaye, sera convenu à brief jour à compa-
roir pardes'ant nous pour a telle fin que de droict et rendre raison
de lexécution de sadicte commission, pour ce faict, ordonner que
apartiendra.
(Arch. nat., G», 1252, cahier 34 D.)
LXII
Pouvoir donne par un religieux de V abbaye de Grestain.
1595, 14 octobre.
Dom Nicolas Bunel, prestre, religieux de l'abbaye de Nostre-
Dame de Grestain, a constitué ses procureurs généraux dom
Jacques Le Carpentier aussi religieux de ladite abbaye, de pour-
suivre à son nom honorable homme Pierre Thirel, controlleur pour
le roi au magasin à sel de Pont-Audemer, receveur général de
ladite abbaye, de ne bailler ne délivrer les deniers et choses députez
et ordonnez pour son vivre, pension et '< vestueure » es mains de
dom Jehan Le Mercier, prieur d'icelle abbaye.
(Minutes du tabel. d'Auge, siège de Ronfleur, reg. 1595.)
LXIII
Aveu du fief Amelot du Boscage rendu aux abbé et religieux de
V abbaye de Nostre-Dame de Gresfain (Extrait).
1596.
De messieurs les abbé et religieux du couvent de Xostre-Dame
de Grestain, seigneurs du fief, terre et seigneurie du Mesnil-Ferry,
plain lief de haubert, assis tant es parroisses de Nostre-Dame du
Val, Sainct-Pierre du Chastel^ Queteville, Boulleville, Fastouville,
Beuzeville, Conteville que es parties d'environ, je Jacques Desilles
es nom que comme tuteur des enffans soubsaages de deffunct Guil-
laume Desilles, tiens et advoue à tenir par foy et hommaige de
mesdits seigneurs en leur terre et seigneurye du Mesnil-Ferry tant
pour moy que pour mes puisnez cy-après nommez, c'est asavoir :
PIÈCES JUSTIFICATIVES 317
un^ fief ou aisnesse nomnu' le fief AmeloL du Boscaij^'-e assis en la
parroisse de Gonteville contenant six acres de terre ou envyron
dont lesd. soubsaages Guillaume Desilles sont tenuz et subgectz faire
rassemblement dicelle aisnesse comme tenans d'une pièce de
terre à ce subg-ecte, etc.
A cause duquel lief et aisnesse moydict aisnê, tuteur et puisnez
sommes tenuz et subg-ectz faire et payer de rente seij^-neurialle en
ladicte sieurie, asavoir : au terme de Sainct-Michel dix boisseaux
de bled fourment, mesure de Beuzeville, cinq solz ; au terme de
Noël quatre chappons, quatre denyers ; au terme de la Sainct-Jehan
cinq solz, quarante œufz, quatre deniers, etc.
(Arch. munie, de Ronfleur, carton n" 20. Orig-.)
LXIV
Assignation devant le bailli de Caiix, délivrée au receveur (jénéral
de V abbaye de Grestain '.
1598, 29 mai.
Je Robert Bonjens, sergent royal en la ville et merye du Pont-
Audemer, certifïie que ce jourd'huy vendredy vingt neufîesme jour
de may mil cinq cens quatre-vingt-dix-huict, à la requeste de
maistre Guillaume Mauconduict, prestre, vicaire de la parroisse
d'Eng-lesqueville, stipuUé par Jehan Sanson, son serviteur, et en
vertu de certain acte par luy porté, donné de maistre Robert le
Maigre, licentié es loix, tenant la jurisdiction de monsieur le bailly
de Caux pour son absence et de monsieur son lieutenant général et
récusation de son lieutenant particullier de Cany, dabté du xiij" jour
de ce présent moys et an, et de certaine attache donnée de maistre
Jacques Cavellier, escuier, conseiller du roy et lieutenant général
civil au bailliage de Rouen dabtée du vingt troisiesme jour de ce
raoys et an, ai signifïié le contenu auxdicts acte et attache à noble
homme maistre Pierre Thirel, sieur de Jouvens 2 recepveur général
{. Pour mettre ou faire mettre en dû état de réparation le presbytère d'An-
glcsqueville-la-Braslong, arr. d'Yvetot, Seine-Inférieure.
2. Pierre Thirel, sieur de Jouvence, né en 1542, mort on 1624. Avait épousé
Marie Gosselin de la Vacherie. Le fief delà Vacherie, situé près de la Bouille
avait appartenu aux religieux de Grandmont qui l'aliénèrent en 1509. — Essai
liisl. sur Mniilincniix el le ch;llcau de RobrrI Ir Diable (1896t, p. 88.
318 l' ABBAYE DE NOTRE-DAME DE GRESTAIN
de l'abbaje de Grestain, en parlant à sa personne trouvé sur le
pavej du Pont-Audemer affin qu'il n'en prétende cause d'ig-norance,
et icelluy adjourné en parlant comme dessus à comparoir au lundy
prochain venant pardevant monsieur le bailly de Caux ou monsieur
son lieutenant audit lieu de Cany pour respondre jouxte et aux fins
contenus auxdits acte et attache cy-dessus dablés, dont desquelles
acte et attache je liaillé coppie au sieur Thirel suyvant l'ordon-
nance, etc.
Ledit Thirel a respondu que ce n'est à luy à qui ledit Maucon-
duict se doibt adresser de telle poursuitte, n'estant subiect par son
bail d'entendre à telles réparations soutenues par ledict Maucon-
duict et aussi que depuis six mois en çà ladite abbaye a esté per-
muttée à autre que ce duquel ledit Thirel a le bail ' estant [^ladite
abbaye] maintenant en rég-alle ; et que ledit sieur Mauconduict aye
s'il voyt que bon soit à s'adresser à monsieur de Nisores^ lequel a
la résig^nation à présent de ladite abbaye, etc. Fait, présenté, etc.
Signé, Bon/' eus.
GoUationné par moy premier huissier aux requestes du pal-
lais, à Rouen, soubzsigné, ce dix huiliesme jour de may, mil six
cens deux, etc.
De Lannoy.
(Arch. dép. de la Seine-Inférieure, G. 7930.)
LXV
Arrêt du Conseil d'Etat qui décharge Vahhaye de Grestain de la
contribution aux décimes du don gratuit.
IGOO, 8 janvier.
Veu le susdit arrest, l'extraict collationné du compte du taillon de
Ponteaudemer et des décymes de Rouen et de Lisieux, rendu en la
chambre des comptes dudict Rouen par maistre Loys de la Marti-
nière, clos le vingt sixiesme jour de juing mil cinq cens quatre vingt
quinze, auquel compte est faict recepte en deux partyes soubs le
1. C'est-à-dire que Jacques Marlet n'était plus abbé.
2. Jean le Bi'eton, abbé de Xisors, au diocèse d'Agen, a été le 32"" abbé de
Grestain.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 319
nom (lu receveur de ral)l)aye de Grestain de la somme de six vingt/,
escus soleil, et desponce desdits deniers soubs le nom de maistre
Martin Regnard, commis h la recepte généralle des (înances de
Rouen ;
Le Boi/ en son (Jonsell, en conséquence de la descharge généralle
accordée au clergé de Normandye a ordonné et ordonne que l'abbé
et religieux de l'abbaye de Grestain demeureront quictes et des-
chargez de ladicte somme de six vingtz escus sur les décymes par
eulx deues des années mil v^ ïnj^^ treize et iiij^"^ quatorze.
(Arch. nat., E 2'', fol. 6 verso.)
LXVI
Aveu rendu aux religieux de Grestain pour le jardin du Scellier
assis à Fiquefleur.
1602, mars.
Des relligieulx et hommes et honneste personne Messieurs les
relligieulx, abbé et couvent de Nostre-Dame de Grestain, je
Philippes Graverel, archer de la garde de la ville de Honnefleur,
tutteur des soubzaagés, Nicollas Galloix, tiens, C!)nfesses et advoues
à tenir de nosdictz sieurs, pour et au nom desdictz soubzaagés, en
leur baronnye de Grestain ung tenement neuement tout en une
pièce contenant une acre ou la pièce ainsy qu'elle se contient, en
labour et plant avec la haie dessus estant et croissant, assis en la
paroisse de Ficquefleu, nommé d'antienneté le Jardin du Scellier,
qui borne d'ung costé Pierre de Normandie ' et Thomas Grente,
d'aultre costé et d'un boult ledict de Normandie et Guillaume
Eulde par leurs femmes et d'aultre boult le chemin tendant à
Esquainville. A cause duquel tenement, je suis tenu, pour et au
nom desdictz soubzaagés, faire et paier de rente seigneurialle par
chacun an à nosdictz sieurs quarante solz tournois de rente payable
en deulx termes, scavoir est sainct Michel et Pasques par moictié,
1. Ce nom propre se i-enconlro à Ficiueneur et à Saint-Martiii-le-Vicil, dès
128:i et 12U0.
320 l'abbaye de notue-dame de grestain
au terme de Noël deulx chappons. deulx deniers, foy. hommage,
relliefz, etc. — Ainsy, Graverel, ung paraphe.
Orig.
LXVIl
Bail des dîmes de Barncville-sur-Mer.
1603, 21 février.
Nicolas Druel •, procureur et receveur g-énéral de messire Jehan
le Breton, conseiller et aumônier du roi, abbé commenda taire de
l'abbaye de Grestain, fait bail à ferme suivant procuration à lui
donnée le 20 août 1598 de tous les droits de dîmes appartenant et
dépendant de ladite abbaye de Grestain qui se cueillent en la
paroisse de Barneville sur la mer '-, moyennant le prix et somme de
six vingts livres tournois par an.
Le bail est consenti à honorable homme Richard du Pont demeu-
rant en la paroisse de Saint-Maurice ■* vicomte de Valognes.
Par un autre acte du même jour, Thomas du Saulcé \ sieur de
Barneville, vicomte de Carentan, pleige et cautionne ledit Richard
du Pont.
(Min. du tabell. d'Auge, à Ronfleur ; reg. 1602-1603.)
LXVIII
Pouvoir donné à Nicolas Druel, par Doni Gabriel Druel son frère,
pour prendre possession du prieure de Saint- Astier.
1603, 26 mai.
Dom Gabriel Druel, à présent prieur de Saint-Astier •'', en Gas-
cogne, membre dépendant de l'abbaye de Grestain en la vicomte
1. Poursuivant d'armes de la grande écurie du roi.
2. Arr. de Valognes, Manche, ou Barneville-sur-Gére fleur .
3. Saint-Maurice-sur-Gris, arr. Valognes.
4. Du Saussey ou Saussay, Saulcey, fixés dans les élections de Coutances
et de Valognes, au xvi" siècle ; une branche de cette famille s'établit dans le
pays d'Auge à la fin du même siècle.
0. Lot-et-Garonne, arr. Marmande, cant. Duras; diocèse d'Agen.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 32 1
du Pont-Audemer, lecjuel Druel est prieur dudit prieuré par rési-
gnation de dom Jehan Le Merchier, prieur claustral de ladite abbaye
Notre-Dame de Grestain, a passé procuration ad liles devant les
tabellions de la vicomte d'Auge, au siège de Honfleur, sur le nom
de Nicolas Druel, son frère, recepveur général de ladite abbaye de
Grestain, portant pouvoir de se transporter audit pays de Gascogne
et, là, prendre possession et jouissance dudit prieuré de Saint-
Astier, dépendant de ladite abbaye de Grestain soubz l'évesché
d'Agen, pour après ce faict bailler à ferme, à prix de deniers ou
aultrement, les revenus dudict prieuré.
(Min. du tabell. d'Auge, avril-sept. 1603.)
LXIX
Baux de dîmes sur les paroisses de Beuzeville, Saint-Pierre-du-
Chàtel^ Boulleville et Goiineville-sur-Hon fleur.
1607, juin-août,
1607, '23 juin. — Nicolas Druel, poursuivant d'armes de la grande
écurie du roy, a fait bail à Jehan Desson et à Jehan Charlemaine,
demeurant à Beuzeville, d'ung traict de dixme nommé le traict
Sac(/uet-Sacquet, à ladite abbaye appartenant, situé en ladite
paroisse de Beuzeville ; ensemblement a ledit Druel baillé audit
Desson et audit Charlemaine le droict de la coustume des halles de
Ficquefleur pour semblable temps de six ans. Et fut ledit bail faict
par le prix de six vingts quinze livres de ferme par chacun an
(fol. 105).
1607, 7 juillel. — Nicolas Druel, etc., a faict bail d'ung traie
de dixme situé et assis en la paroisse de Saint-Pierre-du-Chastel,
nommé le traict de la Ballie, despendant de ladite abbaye, moyen-
nant la somme de cinquante livres tournois (129 v°).
1607, 18 juillet. — NicoUas Druel, etc., a faict bail à Raoullin
Picquot demeurant erï la paroisse de Beuzeville, d'un traict de
dixme despendant du revenu d'icelle abbaye appelle vulgairement le
traict de Louis Trot lin., scitué et assis en la paroisse de Beuzeville,
lequel traict consiste aux deux tiers des grosses gerbes et verdages,
Gh. IJuKAuri. — L Abbaye de Notre-Dame de Grestain. 21
322 l'abbaye de notrf>dame de grestain
des lins et chanvres... ledict présent bail ainsy faict oultre les
charg-es et subiections cv-dessus déclarées moyennant cent cin-
quante livres pour chacun an des six ans, et payables à la feste de
Pasques, (fol. 184 v°).
1607, '21 juillet. — • Bail par Nicolas Druel d'un droit de dîme
appartenant à l'abbaye de Grestain. assis à Genneville et appelé la
Gerbe Nostre-Dame... moyennant trente livres tournois pour cha-
cun des six ans (fol. 136 v°).
1607 , '28 juillet. — Bail par Nicolas Druel, à Pierre Carrey,
d'un trait de dîme, situé en la paroisse de Gonneville-lez-Honne-
lleur appelé le traict de Honaville et le Bucquet, moyennant la
somme de soixante livres (fol. 107).
1607, 28 juillet. — Bail par Nicolas Druel, à Michel de La
Haye et à Philippes Cousturier, demeurant k Boulleville, d'un trait
de dîme appelé le trait du Val-Durand, moyennant la somme de
trente-six livres (fol. 168).
1607 , 28 juillet. — Bail par Nicolas Druel, à Guillaume et
Mathieu Sellier, demeurant en la paroisse de Saint-Pierre-du-Ghas-
tel, dung traict de dixine appelé le traict du Grand Boscher, situé
sur ladite paroisse moyennant la somme de quatre-yin*i^t dix livres
(fol. 169 y).
1607, 4 août. — Bail par Nicolas Druel, d'ung traict de dixme
nommé le traict de Hamhleville, situé en la paroisse de Saint-
Pierre-du-Ghastel, moyennanl la somme de vingt-huit livres (fol.
188).
(Min. du tabell. de Grestain, à Honfleur, mai-sept. 1607.)
LXX
Bail par les religieux de Grestain d'un trait de dîme assis
à Gonneville-sur-Honfleur et à Genneville .
1607, 7 juin.
Dudict jeudy avant midy. septiesme jour de juing, en l'an mil
six centz sept, à Honnefleur, en l'escriptoire, parroisse Sainct Léo-
nard, devant lesd. Boudard et Bourgeot, notaires et tabellions
royaux.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 323
Fut présent maistre Nicollas Druel, poursuyvant d'armes de la
grande escurie du roy, recepveur général de l'abbaye de Nostre-
Danie de Grestain, de présent demeurant audict Honnelleur, lequel
voluntairement a confessé avoir baillé à tiltre de ferme pour le
temps et terme de six ans, six levez et despouilles... à Loys Hobbey
et Guillaume Heremboult, fils Durant, de la parroisse de Gonne-
ville-sur-ledict-Honnefleur, présentz et acceptantz... c'est asscavoir
ung traict de dixme au sieur abbé et religieux dudict lieu de Gres-
tain apartenant situé et assis en ladicte parroisse de Gonneville et
en aultre partie d'héritage assis sur la parroisse de Genneville,
lequel traict de dixme consiste en deux tiers des grosses gerbes des
levez qui chacun an sont excroissantz sur les héritages d'icelluy
traict de dixme appelle la Couelte ^ de Genneville pour par iceux
preneurs, etc.
(Min. dutabell. de Grestain à Honfleur, mai-sept. 1")87, fol. 61.)
LXXI
Bail par les religieux de Grestain de droits de pêche sur la Seine.
1607, 9 juin.
Dudict samedy advant midy, neufîesme jour de juing en icelluy
an mil six centz sept, à Honnefleur, en Fescriptoire, parroisse Sainct
Léonard, devant nous Germain Boudard et Robert Pinchon,
notaires et tabellions royaux jurez en la viconté du Pontaudemer,
siège de la haulte justice de Grestain, à Honnefleur.
Fut présent m'' Nicollas Druel, demeurant en la parroisse de
Sainct Léonard dudict Honnefleur, ayant prins afferme de hault et
puissant seigneur messire César- Auguste de Bellegarde, baron de
Termes, gentilhomme ordinaire de la chambre du roy, premier
escuyer commandant en la grande escurye de sadite Majesté, la
ferme et recepte généralle de l'abbaye de Notre-Dame de Grestain
par les prix, termes et moyens contenus au bail de ce faict, passé
devant Simon Moufle et Nicollas Sevestre, notaires garde-nottes
du roy en son Chastellet de Paris, le quatriesme de may dernier
1. La cueillette, récolte, levée de fruits dus comme redevance.
324 L'AlUiAYE DE NOTRE-DAME DE GRESTAIN
passé, duquel bail est apparu et présentement rendu audict sieur
Druel, lequel a recongneu et confessé avoir faict bail à prix de
deniers, pour le temps et terme de cinq ans commancants au jour
saint Jehan-Baptiste prochain venant et finissant, à Denys Hoc et
Jehan Caresnie demeurantz en ladicte parroisse Sainct Léonard, en
lieu dict la Ryvière ^ à ce présentz acceptantz pour ledict temps :
c'est asscavoir le commendaige et marédi/e de ladicte Ryvière, con-
cistant en rez, fiUetz, quideaux, et fourreez du depuis la Tour Car-
rée dudict Honnefleur jusqu'au Xoirport près Quillebeuf ^ autant
qu'il en peult competter et appartenir à ladicte abbaye en la forme
et manière que lesdits preneurs en ont cydevant jouy et d'aultant
que l'on peult aller à pied, sans touttefoys que lesdits preneurs
puissent empescher ny avoir aulcun droict que sur les habitants et
résidents audict lieu de la Ryvière ; pour dudict droict de comman-
daige et marédye à la représentation que dessus jouir et posséder
par lesdicts preneurs et en faire leur proflîct, à la réservation touttes-
foys faicte par ledict sieur Druel de tous et chacuun les poisons
royaux et d'acquis qui seront prins et peschez durant leurdict bail,
iceux preneurs n'y prétendent aulcune chose, et seront tenus iceux
apporter au logis dudict sieur Druel en cedict lieu. Et oultre ledict
sieur Druel a délaissé auxdicts sieurs preneurs, pour ledict temps,
la coustume de ladicte Ryvière des marchandises arrivantz et en
allantz en escale, pour en jouir et posséder aulx droictz acoustumez
estre levez sur lesdictes marchandises et ainsy que l'on a faict par
le passé et sans y déroguer. et sans comprendre au présent la
coustume dudict Honnefleur que ledict sieur Druel a réservée. Eux
submettantz, iceux preneurs, maintenir et conserver les droictz et
possessions de ladicte abbaye a auxdicts marédye, commendaige et
coustume... Et fut ledict bail faict, oultre les charges et contribut-
tions cydessus, moyennant la somme de dix huict livres tournoiz
par an payables audict jour sainct Jehan-Baptiste, etc. Présents,
Guillaume Caresme. cappitaine pour le roy en la marine, bourgeois
demeurant audit Honnefleur, et Nicolas Allexandre, demeurant
1. Hameau situé à l'est de Ilonfleur. Anciennement la Rivière du Xeuf-
bourg.
2. Cette indication a été prise dans un acte plus ancien qui a été mal lu ; il
manque peut-être plusieurs mots. Voy. au cliapitre m ce que l'on a dit du
Noir-Port.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 32o
à Manneville-la-Raoult, témoins, qui ont signé avec les parties au
présent.
(Min. du tabell. de Grestain à Honfleur, mai-sept., 1607,
fol. 69.)
LXXII
Bail de la sieurie de Saint-Quenfin-les-Chardonnets.
1607, 13 juin.
Nicolas Druel, poursuivant d'armes de la grande escurie du roy,
demeurant en la paroisse de Sainct-Léonard de Honnefleur, etc.,
a fait bail à Pierre Cailley, de la paroisse de Bernières-le-Patry \
vicomte de Mortaine:, évesché de Baveux, de la terre et sieurie de
Sainct-Quentin-des-Garderonnettes - en ladite vicomte de Mortaing-,
avec les dixmes en gerbes d'icelle paroisse lesquelles consistent en
deux tiers des grosses gerbes en Testendue de ladite sieurie desdits
sieurs abbé et relligieux et au tiers des aultres héritaiges d'icelle
paroisse... Et fut ledit bail faict moyennant la somme de cent
livres tournois de ferme, etc.
(Min. du tabell. de Grestain, siège de Honfleur, mai-sept. 1607,
fol. 75 verso.)
LXXIII
Bail par les religieux de Grestain de droits de pêche sur la Seine.
1607, 23 juin.
Dudict samedy advant midy, vingt troisiesme jour de juing en
icelle année mil six centz sept, à Honnefleur, en lescriptoire, par-
roisse Sainct Léonard, devant nous Germain Boudard et Robert
Pinchon, notaires et tabellions royaux en la viconté du Pont-
Audemer, siège de la liaulte justice de Grestain à Honnefleur.
1. Calvados air. de Vire, raiit. de Vassy.
-. Sainl-Quoiiliii-les-Cliardoniiels, Orne, arr. de Doinfronl, cant. de Tinche-
brav.
326 l'abbaye de ^otre-dame de grestain
Fut présent m*' Nicolas Druel, pousuvvant d'armes de la grande
escurye du Roy, de présent demeurant en la parroisse de Sainct-
Léonard de Honnefleur, aiant prins afferme de haut et puissant
seigneur messire Gézar-Auguste de Bellegarde, baron de Termes,
^gentilhomme ordinaire de la chambre du roy, premier escuyer com-
mandant en la grande escurie de Sadite Majesté, la ferme et recepte
généralle de l'abbaye de Nostre-Dame de Grestain par les prix,
termes et moiens contenus au bail de ce faict et passé devant Simon
Moufle et Xicollas Sevestre, notaires garde-nottes du roy en son
Chastellet de Paris, le quatriesme de may dernier passé ; duquel
bail est aparu et présentement rendu audit sieur Druel lequel volun-
tairement a faict bail afferme muable pour le temps et terme de
cinq ans commencantz le jour et feste Sainct Jehan-Baptiste pro-
chain venant et finissant à même jour, lesdicts cinq ans accomplis
et révolus, k Jacques Courel et Philippes Vigneron, de la parroisse
de Fastouville-sur-la-mer, présentz et acceptantz pour ledict temps,
au filtre que dessus, scavoir est le commandaige et marédie de la
mer k reetz, fiUetz et fourrez deppendant des parroisses d'Esquain-
ville, Fastouville et Ficquefleur, en tant qu'il en apartient et com-
pète à ladicte abbaye de Grestain et Ik où l'on peult aller k pied,
pour en jouir par les preneurs en la manière accoustumée et toult
ainsy que les précédentz fermiers, k la charge par lesdicts preneurs
de garder et conserver les droictz et possessions dudict sieur abbé
k la réservation faicte par lesdicts sieurs bailleurs de tous et chas-
cuns les poissons royaux du marqué d'acquit, desquelz lesdicts pre-
neurs se submettent en advertir lesdicts sieurs bailleurs sy aucuns
en viennent k sa congnoissance.
Et fut ledict bail ainsy faict par douze livres de ferme par chas-
cun des cinq ans, etc.
(Min. du tabell, de Grestain k Honfleur, mai-sept. 1607, fol. 101.)
LXXIV
Transaction relative au prieuré de Saint-Nicol.
1607, 15 septembre.
Dom Jacques Le Carpentier, prieur claustral en l'abbaye de
Nostre-Dame de Grestain, aussy prieur de Sainct-XicoUas-du-Val-
PIÈCES JISTIFICATIVES 327
de-Claire ^ scitué au faubourg- de Ilonnefleur, paroisse de Saincte-
Gatlierine, au lieu-dit Saiiict-Nicol, d'une part, et Ollivier LeFebvre,
bourgeois demeurant en ladicte paroisse de Saincte-Catherine,
d'autre part, ont transig-é de certain procès au sujet des réparations
à faire tant à la chapelle dudit prieuré qu'aux maisons y scituez,
ainsi que ledict Le Fehvre y estoit subject par le bail qui faict luy
avoit esté dudict prieuré par ledict Le Carpentier passé devant les
tabellions de ce lieu, vicomte d'Aug-e, le huicliesme d'aoust 1398.
(Min. du tabell. de Grestain, siège de Honfleur, reg. sept. 1607
à avril 1608.)
LXXV
Baux de terres sises sur les paroisses de Carhec,
Saint-Pierre-du-Chàtel , Xoire-Dame-du- Val, etc.
1607, septembre-décembre.
1607 , 30 septembre. — Nicolas Druel, poursuivant d'armes de la
g-rande écurie du roi, receveur général de l'abbaye de Notre-Dame
de Grestain, fait bail à NicoUas-Ollivier Bristot, prestre, de la
paroisse de Carbec-Grestain, de deux pièces en labour scituez audit
lieu de Carbec, deppendant du revenu d'icelle abbaye, moyennant
la somme de quatre-vingt livres. Les deux pièces d'une contenance
de 10 acres.
1607 , 30 septembre. — Bail par Nicolas Druel d'un trait de
dixme nommé la Croix Aline^ scitué en la paroisse de Saint-Pierre-
du-Ghâtel, moyennant la somme de soixante-trois livres.
1607 , 30 septembre. — Bail par Nicolas Druel de deux pièces de
terre d'une contenance de deux acres, tenues de la sieurie du Mes-
nil-Ferry, situées en la paroisse de Nostre-Dame-du-Val, moyen-
nant le prix de seize livres.
1607 , 30 septembre. — Bail par Nicolas Druel de deux pièces de
terre d'une contenance de 12 acres, scituées en la paroisse de
Nostre-Dame-du-Val, moyennant la somme de cent huit livres.
1607, 30 septembre. — Trois autres baux par Nicolas Druel de
1. Voy. au cliap. m, rtu'ticle relatif à co prieuré.
328 l'abbaye de notre-dame de grestain
pièces de terre situées à Saint-Pierre-du-Chastel, Carbec et Nostre-
Dame-du-Val, consentis moyennant la somme de 68 livres pour
huit acres ; 2o livres pour trois acres, et 36 livres pour six acres.
i607, 6 octobre. — Nicolas Druel, etc., a fait bail à Jehan Jour-
dain, de la paroisse de Genneville. du total re^^enu du manoir,
terre et sieurie de Maharii en domaine non fielTé tant de jardins,
preys que terres labourables et non labourables avec les- fruits, et
non comprins les rentes sieurialles et droits sieuriaux... Le présent
bail faict oultre les charges moyennant la somme de deux cent
vingt livres tournois.
i607, S6 novembre. — Bail par Nicolas Druel de cinq acres de
terre en labour, scitués en la paroisse de Beuzeville, moyennant la
somme de 36 livres tournois par chacun an.
i607., S décembre. — Bail par Nicolas Druel à Nicolas Goullain,
de la paroisse de Manneville-la-Raoult^ d'une pièce de terre en
labour contenant quatre acres et demi, scituée à Nostre-Dame-du-
Val, moyennant 32 livres 10 sols.
/6Y)7, S décembre. — Autre bail par Nicolas Druel, d'une pièce
de terre en labour, dune contenance de deux acres et demi, scituée
à Nostre-Dame-du-Val, moyennant la somme de 15 livres tournois.
1607 , 8 décembre. — Autre bail par Nicolas Druel à Pierre Le
Cerf, de cinq acres de terre situées à Nostre-Dame-du-Val, moyen-
nant la somme de 40 livres tournois.
(Min. du tabell. de Grestain, siège de Honfleur, reg. sept. 1607
à avril 1608.)
LXXVI
Bail du moulin de Carbec.
1608, 2 février.
Nicolas Druel, poursuivant d'armes de la grande écurie du roy,
recepveur général de l'abbaye de Nostre-Dame de Grestain, fait
bail du moulin à bled auxdicts abbé et religieux appartenant, scitué
à Carbec, vulgairement appelé le moulin Vicguen (ou Vigan ^j, à
1. Situé à peu de dislance du château de la Pommeraye. La charrif-re Vigan,
les bois du Vigan sont dénommés dans d'anciens actes. Le moulin du ^ igan
était un moulin banal de l'abbave de Grestain.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 329
la charge d'entretenir les eaux dudict moulin en leur cours, etc., k
la réservation faite par le bailleur du mouldre des sieurs abbé,
prieur et relligieux dudict lieu de Grestain, ensemble du mouldre du
sieur de la Pommeraye ^ ; le bail consenti moyennant le prix de six-
vingt six livres de ferme.
(Min. du tabell. de Grestain, siège de Honfleur, reg. sept. 1607
à avril 1608).
LXXVII
Ar'rêt du parlement de Rouen qui autoï'ise la recherche en justice^
par audition de témoins, des tenanciers de l'abbaye de Grestain.
1609, 30 mai.
Henry, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, au
premier des huissiers de nostre court de parlement ou autre nostre
huissier ou sergent sur ce requis, salut. Sur la requçste présentée
à nostredicte court par nostre amé et féal conseiller en nostre par-
lement de Paris, maistre Pierre Habert, chanoine en l'église cathé-
drale dudict lieu, et abbé commendataire de labbaye Nostre-Dame
de Grestain, et les religieux de ladicte abbaye, narrative que à rai-
son des troubles et guerres civiles qui ont eu cours en ce royaulme
et principalement au Pontaudemer, Honnefleur et es environ depuis
l'an mil cinq centz soixante ung, les lettres, tiltres et enseigne-
mentz concernantz les droictures, rentes, possessions et redevances
de ladicte abbaye ont esté à la pluspart perduz et esgarez, les autres
rompuz, cassez et lacérez par les gents de guerre, ce que n'igno-
rantz les redevables et tenantz biens et héritages dépendantz de
ladicte abbaye ils denyent et ne veulent payer ny recongnoistre les-
dictes rentes et arrérages d'icelles, droictz et debvoirs dont les pré-
décesseurs abbez et religieux d'icelle abbaye de Grestain jouis-
soient auparavant lesdictz troubles, tellement que la plupart
desdictes rentes sur lesquelles lesdictz abbé et religieux ont à
supporter de grandes charges se trouvent mises en contredict et
1. Jean Ilouël, écuyer, sieur de la Pommeraye et de Berville, marié à Marie
de Toniielol, vivait en 1")98.
330 l'abbaye de >otre-dame de grestain
totalement clénvées, au moyen de quoy plusieurs des églises et
maisons d'icelle abbaye sont tombez et tombent de jour en jour en
ruyne, et n"y a moyen de satisfaire aux charges d'icelle ny de pou-
voir faire célébrer et continuer le service divin s'il ne leur est sur
ce pourvueu ; tendant lesdictz abbé et religieux de Grestain par
leur dicte requeste à ce qu'il leur soit permis de faire exécuter les
tenantz et redevables de ladicte abbaye pour tous les arrérages des
rentes qui se trouveront y estre deubz et escheuz du passé jusques
à présent en vertu des lettres, adveuz, gaiges-plèges, comptes,
papiers, journaulx, et autres enseignementz demeurez ausdictz abbé
et religieux aprez toutefîois les avoir sommez en général aux
prosnes des messes paroissialles que besoing sera, ou en particulier
par les prevostz de ladicte abbaye, huissiers et sergentz royaulx,
de venir à 1 amyable compter et représenter les acquitz de ce qu'ilz
auront payé et sans que lesdictz redevables après ceste interpella-
tion et faulte d'y avoir satisfaict puissent prétendre aucuns dom-
mages ny interestz desdictes exécutions et sans aussy qu'ilz se
puissent ayder de prescription pour le temps desdictz troubles et
guerres civiles. Veu par nostredicte court ladicte requeste, arrest
d'icelle intervenu sur pareille requeste présentée par les abbé et
religieux de Sainct Pierre de Préaux, le quatreiesme mars mil six
centz trois, et oy le conseiller commissaire : nostre dicte court ayant
esgard à ladicte requeste a permis et permet ausdictz abbé et reli-
gieux de Nostre-Dame de Grestain de faire fournir et interpeller
par le premier huissier ou sergent royal sur ce requis toutes les
personnes qui se trouveront redevables ausdictz demandeurs à cause
de ladicte abbaye par les registres, papiers, journaulx, lettres,
tiltres et enseignementz qui leur sont demeurez, d'exhiber ausdictz
demandeurs, leurs receveurs, fermiers et préposez leurs acquitz et
descharges si aucunes en ont et de comparoir à ladicte abbaye si
faire le peuvent dans certain compétent jour de l'interpellation qui
leur sera faicte pour amiablement compter et arrester au certain les
sommes deues par lesdictz redevables, autrement à faulte de ce faire
et ledict temps de l'assignation escheu et passé, nostre dicte court a
dès à présent permis et permet ausdictz demandeurs, leurs fer-
miers et receveurs faire exécuter par le premier huissier ou sergent
sur ce requis les tenantz et subiectz des fiefz et terres appartenantz
à iceulx demandeurs à cause de ladicte abbave, en vertu des lettres.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 331
comptes, p.ipiers, journaulx, titres et enseig-nementz qui leur seront
demeurez, pour les sommes qui se trouveront estre deubz à ladicte
abbaye, sans que lesdictz redevables ayantz esté refusant/ ou
delayantz d'exhiber leursdictz acquitz et descharges et de venir
compter puissent prétendre aucuns despens, dommages et interestz
à cause desdictes exécutions, et ne pourront lesdictz redevables eulz
ayder de prescription ou possession alencontre desdictz demandeurs
pour le temps desdictz troubles et guerres civiles sinon à commen-
cer depuis Tannée mil cinq centz quatre vingtz quatorze. Pour ce
est-il que nous te mandons ce présent arrest et ordonnance de
nostre dicte court mettre à deue et entière exécution en tant qu'il
en sera par toy k exécuter et que requis seras de la part desdicts
abbé et religieux de Nostre-Dame de Grestain, contraignant à ce
faire, souffrir et y obéyr tous ceulx qu'il appartiendra et qui pour
ce seront k contraindre par toutes vo^^es deues et raisonnables ; de
ce faire te donnons pouvoir et auctorité, mandons et commandons
k tous noz justiciers, officiers et subiectz que k toy en ce faisant ilz
obéissent. Donné k Rouen en nostre dicte court de parlement, le
trentiesme jour de may, l'an de grâce mil six centz et neuf, et de
nostre règne le vingtiesme.
Par la cour :
(Arch. munie, de Honfleur, carton 23.)
LXXVIIl
Bail des dîmes de Munneville-sur-Mer '.
1610, 30 juin.
Noble homme Nicolas Druel, poursuivant d'armes de la grande
écurie du roy, ayant bail passé devant Moufle et Sylvestre, notaires
royaux au Chastelet de Paris, le 2G'' de may 1607, pris k ferme de
messire Gezar-Auguste de Bellegarde, baron de Termes -, gentil-
homme ordinaire de la chambre du roy, premier escuyer de la
grande escurie de S. Majesté,... tout le revenu temporel de l'abbaye
1. Manche, arr. de Coulaiices, cant.de Brehal.
2. Le baron de Termes ne possédait plus rahliaye de Grestain en 1010, date
du présent acte.
332 L ABBAYE DE iNOTKE-DAME DE GKESTAIN
de Nostre-Dame de Grestain, lequel sieur Druel a recongneu avoir
faict bail des dismes en grains de la paroisse de MeuUeuville-sur-
la-mer avec les rentes en deniers, g-rains, œufz, oyseauly, reliefs,
traiziesmes et domeyne non fieffé et terre ainsy que les revenus,
droictz et devoirs seig-neuriaux,... moyennant la somme et prix de
200 livres tournois, etc.
(Min. du tabell. d'Auge, siège de Honfleur, reg. mai à sept.
1610.)
LXXIX
Quittance d'une redevance due à la léproserie de Saint-Laurent
de Grestain.
1610, 4 décembre.
Du samedy advant midy, quatriesme jour de décembre audit an
mil six centz dix, à Honnefleur, en l'escriptoire, devant les, etc..
Fut présent domp relligieuse personne Jehan Le Mercher, infir-
mier claustral de Tabbaye de Nostre-Dame de Grestain et chappel-
lain de la léproserie de Sainct-Laurent dudict lieu de Grestain,
lequel confessa avoir eu et receu de Laurent Le Tailleur i, filz
Jehan - bourgeois demeurant en la jDarroisse de Saincte-Catherine
dudict Honnefleur, présent, le nombre de deux boisseaux de bled
forment, mesure de Beuzeville, pour une année d'arréragé de sem-
blable nombre de rente fondière ou seigneurialle que Le Taillois a
dict et recongneu estre tenu et subject faire chacun an audict sieur
infirmier, les jour et feste de sainct-Michel en ladicte chappelle et
léproserie de Sainct-Laurens de Grestain, etc.
(Min. du tabell. d'Auge, siège de Honfleur, années 1610-1611,
foL 206 Y\)
4. Lire: Le Taillois.
2. Jean Le Taillois était le fils de Rauliii Le Taillois dit Secalart, pilote
royal, connu pour ses relations avec Jean Alfonse.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 333
LXXX
lieilevance duc à la léproserie de Saint-LaurenI de Grestain.
1610, 18 décembre.
Du samedi advant midy, dixhuitiesme jour de décembre audict
an mil six centz dix, etc.
Fut présent domp relligieuse personne m"" Jehan Le Mercher,
infirmier claustral de Tabbaye de Nostre-Dame de Grestain et
chappellain de la léproserie dudict lieu de Grestain, lequel con-
fessa avoir eu et receu de Laurens Le Tailleur, filz Jehan ^, bour-
geois demeurant en la parroisse de Saincte-Catherine dudict Hon-
nefleur, présent, le nombre de trois boisseaulx de bled forment,
mesure de Beuzeville, pour leur année darrérage de semblable
nombre d'une rente fondière et seigneurialle que ledict Le Taillois
a dict et recongneu estre tenu et subject faire chacun an audict
sieur infirmier lesd, jour et feste de sainct-Michel en ladite chap-
pelle et léproserie de Sainct- Laurens de Grestain, à cause d'une
pièce de terre en labour et plus avec les hayes des costé et boult
dessus estant/, scituée et assise en la paroisse de Berville-sur-la-
mer, etc.
(Min. du tabell. d'Auge, siège de Honfleur, années lGiO-1611,
fol. 247 V".)
LXXXI
Arrêt du parlement de Rouen en faveur de Vahhaye de Grestain
au sujet des droits de varech. Du mois de septembre U)1*2 -.
1. Voyez plus haut, ii"^ 79.
2. Pour ordre. L'arrêt fut rendu à ta suite d'un procès jugé en première
instance par l'amirauté de Honfleur. La pièce ci-après (n" 82) en fait mention.
Mais nous n'en avons pas trouvé le texte aux Arcli. dép. de la Seine-Inférieure
reg. n° 280 des mois de septembre-octobre 1612.
334 l'abbaye de notre-dame de grestain
LXXXII
Accord conclu entre Vahhé de Grestain et Raoullin Goulley,
maître de navire, au sujet des droits de varech.
1612, 1 1 novembre.
Raoullin GouUev, maistre de navire, demeurant a Caen, a tenu
quitte m*" Nicollas Druel, poursuivant d'armes de la grande escurie
du roy, demeurant à Honnefleur, pour et au nom de mgr. m® Pierre
Habert, conseiller du roy en sa cour de parlement à Paris, cha-
noine de Tesglise cathédrale de Nostre-Dame dudict Paris, abbé de
l'abbaye de Grestain en Normandie, par procuration passée à Paris
le lo" de mai 1609... de tous intherests et despens taxez ou à taxer,
à quoy ledit sieur Druel auroit esté condempné en sa qualité de
procureur par arrest donné au parlement de Normandie au mois de
septembre dernier, à cause de certain procez meu en la jurisdiction
de Famirauté en ce lieu [de Honnefleur] sur une poursuite faite par
ledit Goulley contre Jacques Bertin dit Lefebvre pour le sauvetage
de plusieurs agretz d'un navire périclité en mer appartenant
audit Goulley, desquels led. sieur Druel, au nom d'icellui abbé
s'estoit ensaisiné pour la conservation des droits de ladite abbaye
comme étant un droit de varest... Pour éviter de plus grands frais,
au moyen du présent acquit ledit sieur abbé demeure quitte moien-
nant la somme de six vingt dix livres tournois présentement paiez
par led. sieur Druel audit sieur Goulley. etc.
(Min. du tabell. d'Auge, siège de Honfleur, reg. sept. 1612 à
janv. 1613.)
LXXXIII
Marche' pour le pavement du pont de Saint-Sauveur.
1612, 8 décembre.
Nicolas Bernon et Jean Pouchin, maistres du métier de ma(,'on,
demeurant à Honnefleur, se sont submis et obligez m* Nicolas Druel,
poursuivant d'armes de la grande escurie du roy, et recepveur du
sieur abbé de Grestain, scavoir est de paver bien et deument de
PIECES JUSTIFICATIVES
335
cailloux le pont de Saint-Saubveur ^ ayant de longueur soixante et
quatre pieds... moyennant la somme de 80 livres tournois.
(Min. du tabell. dAuge, ii Honfleur, reg-. sept. Il)l2 à janv.
1613.)
LXXXIV
Qui/lances de divers reliijleux de Grestain pour
leur pension annuelle.
1613.
16iS, ÎS avril. — Dom Jacques Le Garpentier, prestre, prieur
claustral de 1 abbaye Nostre-Danie de Grestain, a receu de Nicolas
Druel, poursuivant d'armes de la maison du roy, recepveur général
de ladite abbaye de Grestain, la somme de 200 liv. oultre deux
boisseaux de bled pour une année de sa pension, nourriture et entre-
tenement dudit sieur prieur.
iHI3, ^20 avril. — Dom Guillaume Lenguigneur, religieux de
lad. abbaye, a receu de Nicolas Druel la somme de 200 liv. et
seize boisseaux de bled pour une année de sa pension.
iÔiS, 20 avril. — Doin Nicolas Bunel, religieux, aumosnier en
l'abbaye de Nostre-Dame de Grestain, a receu de Nicolas Druel la
somme de 200 liv. et seize boisseaux de bled, le tout pour une
année de sa pension.
16UJ, 27 avril. — Dom Guillaume Le Chevallier, religieux en
l'abbaye de Nostre-Dame de Grestain, a receu de Nicolas Druel la
somme de 200 livr. et seize boisseaux de bled, pour une année de
sa pension.
i6iS, 27 avril. — Dom Guillaume Harou, prestre, religieux en
l'abbaye de Nostre-Dame de Grestain, a receu de Nicolas Druel la
somme de 200 liv. et seize boisseaux de bled.
(Min. du tabell. d'Auge, siège de Hontleur, reg. janvier-avril
1613.)
1. La Rivièrc-Sainl-Sauveur, canl. de Honfleur, Calvados. Le pont désigné
ici était étal)li sur l'Orange, ruisseau (jui tomijait dans Testuaire de la Seine,
en amont de Hondeur et dont le cours a été changé. (Test l'ancien pont du
hameau de » (armanfleu » ou « Crematleu » dont il est fait mention en
14oi, et c'est le lieu où se trouvait le petit port de <( Crameflcu », CremanfJour,
cité en 12:i2, M^y.], 1283, 1297.
336 l'abbaye de notre-dame de grestain
LXXXV
Accord au sujet du droit de pâturage sur les bancs de la Seine,
1615, 8 août.
Furent présents Jacques de Gourseulle, escujer, sieur d'Ailly,
Gonneville, Saint-Christophe, La Haye-Bertrand et Cremanville
demeurant en son manoir seigneurial dudit lieu de Gonneville,
Jacques de Gallais, escuyer, seigneur de Manneville-la-Raoult et y
demeurant et Michel de Thonnetot aussy escuyer, seigneur de la
terre du Faveril et de Berville-Thonnetot, demeurant en la paroisse
d'Esquainville ; lesquels, présence, instance et requeste de messire
Charles de Brèvedent aussi escuier, sieur du Valbrun, demeurant à
présent au Pontlevesque, ont volontairement agréé, ratiffîé et eu pour
agréable certain contract en forme de transaction faite par ledit
sieur de Valbrun tant en son nom soy faisant fort desdits sieurs que
de noble homme messire Jean de Brèvedent, escuier, sieur du Bos-
cage, Saint-Nicol, Manneville et Daubeuf, conseiller du roy en sa
cour de parlement de ceste province, messire Georges de Brèvedent,
escuier, sieur de Mont-Chaudet, et de NicoUas de Brèvedent aussy
escuier, seigneur de Mont-Rabut, avec messire Pierre Habert, abbé
de la Roche et de Nostre-Dame de Grestain, conseiller du roy en
ses privé conseil et d'Estat et maistre des requestes ordinaires de
son hostel, demeurant en la ville de Paris, rue de Bracque, parroisse
de Saint-Nicollas-des-Champs, passé devant Jehan Le Normand et
Laurent Haultdesens, notaires et gardes nottes du roy nostredit sei-
gneur en son Chastelet de Paris, le vendredy dixiesme juillet der-
gier, contenant comme lesdits sieurs de Cremanville, Manneville-la-
Raoult et Berville-Thonnetot ' avoient droict de pasturer et herbager
annuellement sur les bancs et bastures estants depuis Honnefleur
jusques par delà ladite abbaye de Grestain au rivage de la mer,
chacun le nombre de cinq cents bestes, eux et leurs successeurs,
sans pour ce estre aucunement troublez ny empeschez jusqu'à la
conséquence et quantité de deux mil bestes tant moutons, brebis,
vaches, bestes quevallines, et sans que pour ce lesdits sieurs ny
1. Ou Berville-sur-Mer,
PlECtS JLSIIKICATIVLS
337
leurs successeurs desdiles sieuries, eux ou autres ayant pouvoir
d'eux, leurs recepveurs ou fermiers seroient tenus de payer audit
sieur abbé et ses successeurs abbez dudit Grestain, leurs recepveurs
ou fermiers, aulcun droict ou redebvance ny recongnoissance quel-
conque jouxte et ainsy que plus à plain est refferé audit contract
prédabté, duquel lecture mot après autre a esté présentement
faicte, etc.
(Min. du tabell. d'Auge, siège de llonfleur, reg. mai-sept.1015,
fol. 203.1
LXXXVI
Aveu rendu aux religieux de Grestain pour un tenernent
sis à Fique fleur.
1630, 2 mai.
De nobles et relligieuses pers-onnes nos sieurs les abbé, relligieulx
et couvent de l'abbaye de Grestain, nous André et Jehan dictz Gal-
lois, frères, confessons et advouons à tenir de nosdictz sieurs en
leur haulte justice par tenernent neuement vme pièce de terre en
court et plant avec les maisons sus séantes contenant une vergée
assisse en la paroisse de Ficquefleur, bornée d'un costé les héritiers
de detTunct Thomas Regnoult, d'autre costé la sente ou chemin
tendant du galley de la mer au marché de Ficquefleur ^ d'un bout
nousdictz Gallois à la réputation des héritiers de Louis Pitaut, et
d'autre bout Geufîray Vivien k cause de sa femme, laquelle pièce
de terre nous appartient au droict de la succession de deffunct
Nicollas Gallois, notre père. A cause duquel tenement, nous
sommes tenus et subjectz faire et paier de rente seigneurialle, par
chacun an, au terme de la sainct-Michel, six solz, foy, hommage,
etc. Signé : Gallois, ung paraphe.
(Copie.)
i. Marché au poisson qui avait une certaine importance au xiii'* siècle.
Beaucoup plus tard, en 1480, il est encore signalé et un procès-verbal do bor-
nage fait connaître que ce marché était alors compris dans la banlieue de llon-
fleur.
Ch. H»û vui>. — L'ahhnye de .\utrc-Dnme de Grestain. 22
338 l'aUBAYE de NOTKE-D.VME de GRESTAIiN
LXXXVII
Procuration donnée par Augustin de Thou, abbc comniendataire
de Nostre-Dame de Greslain.
1632, (') août.
Pardevant nous Jullien Deille, notaire royal k Angers, fut pré-
sent, estabW et duement soubmis, messire Augustin de Thou, con-
seiller et omosnier du roy, abbé de l'abbaye de la Roe, en Anjou,
et de Grestain, évesché de Lizieux, païs de Normandie, logé en
l'enclos de labbaye Saint-Aulîin d'Angers, lequel de son bon gré a,
par ces présentes, nommé et constitué, nomme et constitue Guil-
laume Charlemaine, sieur de la Champaigne, pour son procureur
général et spécial,... de faire toute et chacune les poursuites néces-
saires en toute court et jurisdiction que besoing sera jusques à
sentence et arrest définitif pour clamer et réclamer au nom de laditte
abbaye de Grestain la nulle et prétendue alliénation du fief, terre
et seigneurie de MuUeville près la mer ', au diocèse de Constances,
dépendant et appartenant à laditte abbaA'e, icelle alliénation faite par
messire Pierre Habert, lors abbé comniendataire d'icelle abbaye de
Grestain, pardevant les notaires de Paris en faveur et au proflit de
Claude Belin ~, escuier, et pour cest eifect rendre où besoing sera
soit audit Belin soit à autres fondés de ses droicts et possesseurs
dudit fief, terre et seigueneurie en tout ou en partie le prix de laditte
prétendue alliénation montant k la somme de deux mille quatre
cents livres mesmes ou plus grande somme k quoy ledict consti-
tuant pourroit et seroit trouvé tenu faire ou les consigner si faire se
doibt... Faict audict Angers, maison dudict sieur abbé, présents
m''* Jacques Bernard, sieur du Breuil, et Jacques Baudin demeurans
audict Angers, tesmoings requis et appelés le vendredi avant midy,
sixiesme jour d'aoust, l'an mil six cent trente deux, signés au
registre : Augustin de Thou ; J. Bernard ; J. Baudin, et nous
notaire signé au bas d'icelle, un paraphe.
1. Munneville-sur-Mer, arr. de Coutances, cant. de Bi'élial.
2. Famille anoblie en 1610, d'après la Becherchn de la noblesse de 1666.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 339
Et plus bas est escript ce qui ensuict :
L'an mil six cent trente trois, le sixiesme jour de juing, au clia-
pittre et csuvent de l'abbaye de Nostre-Dame de Grestain assemblé
au son de la cloche capitullaire dudict lieu, où se sont trouvez domp
Jean Le Mercier, prieur claustral et grand vicaire de laditte abbaye,
domp Jean-Baptiste Thirel, domp Guillaume Harou, domp Guil-
laume Lengeigneur, domp Guillaume Le Chevallier, domp Claude
de Grosourd}^ et domp Pierre Bainel, prestres, relligieux et profès
de laditte abbaye, fondant ledict chapittre pour eux et les absents,
lecture et délibération faicte de la procuration cy-dessus, le cha-
pittre de laditte abbaye a de sa part par espécial donné pouvoir à
m*" Guillaume Charlemaine, sieur de la Champaigne, desnommé en
icelle... de faire toutes les poursuites nécessaires pour le contenu
en ladicte procuration. En foy de quoy le présent acte a été
signé, etc.
(Reg. du tabellionage de Beuzeville ; étude de m"' Paul Bréard à
Honfleur.)
LXXXVIII
Aveu rendu aux relujieux de Grestain pour un tenenient
sis à Honfleur.
1633, 7 mai.
De nobles et relligieuses personnes nos sieurs les abbé et relli-
gieulx de l'abbaie de Nostre-Dame de Grestain, je Ollivier Mathière,
bourgeois de Honnefleur, tiens, confesse et advoue à tenir de nos-
dictz sieurs en leur haulte justice dudict Grestain par tenement
neuement une pièce de terre contenant une perche et le cart d'une
perche sur laquelle il y a une maison à uzage de demeure, consis-
tant en une salle, chambre et grenier avec un jardin à poreu assis
en la paroisse de sainct Léonard dudict Honnefleur, qui borne d'un
costé et d'un boult Jacques Hobey à cause de sa femme, d'aultre
costé Michel Bourgeot, filz Jeuffin, et une allée commune entre
ledict Bourgeot et ledict Mathière, et d'aultre boult le pavement de
la grande rue dudict sainct Léonard, laquelle pièce de terre et mai-
son m'apartient au droict d'acquisition que j'en ay faicte de Charles
340 l'abuave di: notre-dame de grestain
Jourdain, à cause duquel tenement je suis tenu et subject faire et
paier de rente seigneurialle, par chacun an, à nosdicts sieurs, au
terme de sainct-Michel, douze deniers avec foy, hommage, reliefs,
traiziesmes, comparence de gaiges-plèges, obéissance de court et
jurisdiction et droictz sieuriaulx.
Mathière,
(Orig.)
LXXXIX
Consentement donné par les religieux de Grestain à la nomination
d'un procureur de V abbaye.
1633, 6 juin.
Les pères et relij^ieux profès de Tabbaye de \otre-Dame de Gres-
tain : dom Jehan Le Mercier, prieur claustral et grand vicaire de
lad. abbaye, dom Jehan-Baptiste Thirel, dom Guillaume Harou,
dom Guillaume Lengeig-neur, dom Guillaume Le Chevallier, dom
Claude de Grosourdy et dom Pierre Baynel (ou Bynel) assemblez
au son de la cloche en une délibération capitulaire, ont confirmé
Guillaume Charlemaine, sieur de la Champagne, conseiller esleu
pour le roy en l'élection du Pont-Audemer, aux fonctions et qua-
lité de procureur de messire Augustin de Thou, conseiller et aumô-
nier du roy, abbé commendataire de Tabbaye de Grestain.
(Min. du tabell. de Beuzeville, année 1633.)
XC
Aveu relatif à une pièce de terre située à La Rivière du Xeubourg,
paroisse Saint-Léonard à Honfleur '.
1634, 3 juillet.
De messieurs les prieur et relligieulx de l'abbaye et monastère
de Nostre-Dame de Grestain, seigneurs des fîefz, terres et seigneu-
1. L'intérêt de ce document réside dans renonciation du lieu dit la Rivière
du Xeufhourff, dénomination que l'on rencontre très rarement employée pour
désigner le hameau de La Rivière. Elle est néanmoins fort ancienne, car les
termes « in Novo Burgo v se trouvent dans la charte de 1189 que nous donnons
sous le n° l''»" des pièces justif.
PIECES JUSTIFICATIVES
341
ries des Faulques, assise en lu parroisse de Beuzeville, la Posterie,
la Goste et La Rivière du Neuf bourg, scituez et assizes aux par-
roisses de Berville-sur-la-mer et sainct-Léonard de Honnefleur,
fondées en lesglise de leurdicte abbaye à cause des chappelles de
leurdicte esglize, j'ay Thomas Goubard, bourgeois dudict Honne-
lleur, tiens et confesse et advoue à tenir de mesdicts sieurs en leur-
dicte sieurie de La Rivière par tenement nuement une pièce de
terre en labour et plant contenant demie acre, assize en ladicte par-
roisse dudict sainct Léonard, bornée des deulx costés et d'un
boult moidict Goubard et d'aultre boult le chemin de Cantelou,
laquelle pièce m'apartient à la représentation des hérittiers de Jean
le Cordier ; à cause duquel tenement je suis tenu, subiect faire et
paier de rente seigneurialle, par chacun an, à nosdicts sieurs à
cause de leurs chapelles, au terme de la sainct-Michel douze sols,
six deniers ; au terme de Pasques, douze sols, six deniers, foy,
hommage, relliefs, traiziesmes, comparence de plès et gaiges-plès,
et droictz seigneuriaux, le cas offrant, etc.
(Orig.)
XCI
Bail par les religieux de Grestain du revenu de leurs chapelles
ou bénéfices.
1640, 11 juillet.
Nous soubzsignés dom Jehan Le Merchier, prieur claustral et
grand vicaire de Grestain, dom Jehan-Baptiste Thirel, sacristain,
dom Guillaume Ilarou, chantre, dom Guillaume Lenguigneur,
aumônier, dom Guillaume Le Chevallier, réfecturier, dom Claude
de Grosourdy, dom Pierre Bynel, dom Jacques Thirel, tous reli-
gieux profès en lad. abbaye, confessons avoir baillé à tiltre de
ferme pour six ans à NicoUas et Jacques Pynel dit La Feuillade,
bourgeois de Hontleur, tout ce qui peut nous competter et appar-
tenir à cause de noz chapelles, tant en dismes, deniers, grains,
œufz, oyseaulx, reliefs, traiziesmes, amendes ([ue autres choses par
le prix et somme de 200 livres tournois.
(Acte annexé aux min. du tabell. de Grestain, siège de Honfleur,
reg. avril 1(157 à avril KJ^jS, fol. 14i.)
342 l'abbaye de notre-dame de CtRestain
XCII
Lettres patentes sur arrêt du parlement de Rouen qui ordonne de
procéder aux réparations des bâtiments de V abbaye de Notre-
Dame de Grestain et prescrit d'y employer le tiers du revenu.
1643, 6 novembre.
Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous
ceulx qui ces lettres verront, salut. Veu par nostre cour de parle-
ment larrest dicelle du sixiesme jour d'octobre dernier, rendu entre
messire Gaston-Jean-Baptiste Savary de Brèves, abbé comnienda-
taire de l'abbaye Xostre-Dame de Grestain, ordre de Saint-Benoist,
d'une part, et les prieur, relig-ieux et couvent de ladicte abbaye de
Grestain, d'autre, par lequel auroit esté ordonné que les parties
viendroient sur l'appel dudit de Brèves au prochain jour, et ayant
esgard à la requeste desdicts prieur et religieux, ordonné que pro-
cès-verbal seroit dressé du lestât des bastiments de lad. abbaye par
le jug-e royal des lieux, permis à cet etfect auxdicts prieur et reli-
gieux de faire saisir et arrester la quatrième partie du revenu de
lad, abbaye saouf à augmenter si faire ce debvoit exploictz de signi-
fication dudit arrest tant audit abbé que au receveur de hdicte
abbaye des treize et quinziesme dudict mois ; acte de la nomination
d'experts faicte par maistre François Legras, lieutenant du bailly
de Rouen au siège de Ponteaudemer, du saiziesme du même mois ;
exploictz d'assignations tant auxdicts experts que audict de Brèves,
abbé des dix-sept et dix-huitiesme ; autre acte de jurande desdictz
experts pardevant ledict juge, du dix-neuviesme dudict mois ; pro-
cès-verbal dressé par ledict Legras, lieutenant, présence desdictz
experts des réparations nécessaires à faire en ladicte abbaye et
sommes qu'ilz y convient employer, du vingtiesme dudit mois d'oc-
tobre ; requeste présentée à nostredicte cour par lesdictz prieur et
religieux, le vingt-neuviesme dudict mois d'octobre dernier à ce
que la somme de quatre mille livres présentement deue par Le Pain-
teur, fermier général de ladicte abbaye, demeure saisie pour estre
employée auxdictes réparations sur icelle préalablement pris deux
cens-vingt livres deues pour ornements nouvellement fournis en
l'esglise dicelle abbaye, ensemble les fraiz qu'il convient faire par
PIÈCES .IISIIFIC.ATIYKS
.343
lesdicts religieux à la poursuite de ladicte instance ; acte exercé
entre les parties devant le conseiller commissaire le dernier jour
dudit mois ; conclusions de nostre procureur général et oiiy le rap-
port du conseiller commissaire, soict considéré nostredicte cour par
son arrest ce requérant nostredict procureur général, et ayant
es"-ard à ladicte requeste, a ordonné et ordonne qu'il sera procédé
incessamment aux réparations des édiffices de ladicte abbaye et
faict achapt d'ornementz et choses nécessaires pour la célébration
du service divin en icelle, à laquelle iin le tiers du revenu de ladicte
abbaye y sera enployé sur icelle, tiers pris par privilège la somme
ordinaire pour les décimes à quoy ladicte abbaye est taxée annuel-
lement et le surplus sera employé aux réparations et achapt d'orne-
ments faict par le devis et direction de Domp Félix Pasquier,
prieur de l'abbaye du Bec, es mains duquel les deniers provenantz
dudict tiers seront déposez à la charge d'en rendre compte, l'autre
tiers dudict revenu demeurant réservé pour les traitementz et nour-
riture desdits religieux, et le troisiesme sera délivré audict abbé, la
saisie faicte sur ladite somme de quatre mille livres à ceste iin
tenante ; enjoinct au substitut de nostredict procureur général tenir
la main à l'exécution du présent arrest, et advertir nostredict procu-
reur o-énéral de mois en mois des dilligences qu'il y aura apportées,
et ordonné que sur ladicte somme de quatre mille livres Charles
Dupins, chasublier, sera payé de la somme de deux cent vingt livres
pour ornementz par luy fournis auxdicts religieux auxquels nostre-
dicte cour a adjugé et adjuge les fraiz et despens par eux faictz à
la poursuitte de la présente instance privilégement sur lesditz
deniers arrestez.
Sy donnons en mandement au premier des huissiers de nostre-
dicte cour ou autre nostre huissier ou sergeant sur ce requis ce pré-
sent arrest deuement exécuter, de ce faire luy donnons pouvoir et
authorité, mandons et commandons à tous noz justiciers, officiers
et subjectz cjue à luy en ce faisant ilz obéissent. En tesmoing de
quoy, nous y avons faict mettre nostre seel. Donné à Rouen, en
nostredicte cour de parlement, le sixiesme jour de novembre, l'an
de grâce mil six cens quarante trois, et de nostre règne le premier K
1. Nous mentionnons un pivcédent arrèl <Ui parlement de Rouen, du M juin
1643, dont nous n'avons pas trouvé le texte dans le registre de mai-juillet
1643.
344 l'abbaye de notbe-dame de grestain
Par la cour :
(Arch. dép. de l'Eure, H. 347. — Copie de l'arrêt aux reg-. du
parlement de Rouen, octobre-décembre 1643.)
XCIII
Transaction entre Denis Sanguin^ abhé de Grestain, et les religieux
de Vahhaye (Extrait.)
1644, 20 mai.
Fut présent... Fran^^ois-Grégoire sieur des Forges, demeurant à
Paris, rue de Saint-Anathase, paroisse de Saint-Gervais, procureur
général et spécial de messire Denis Sanguin, abbé commendataire
de l'abbaye de Nostre-Dame de Grestain, diocèse de Lisieulx, par
procuration spécialle passée devant Huard et Bellin, nottaires du
roy en son Chastelet de Paris, le 26 avril dernier passé,... et
daomp Jean-Baptiste Thirel, prieur, daomp Guillaume Harou,
aumosnier, daomp Guillaume Le Chevallier, chantre, daomp Claude
de Grosourdv, sacrestain, daomp Pierre Baynel, infirmier, daomp
Jacques Thirel, refîacturier, daomp Louys Jouas, chappellain de la
Magdalaigne-ledict-Grestain, tous prestres, relligieulx protTez en
ladicte abbaye de Grestain, assemblez dans le chappittre d'icelle
abbaye au son de la cloche, lesquelz disant qu'en exécution de cer-
tain arrest du parlement de Rouen, donné entre Gaston Savary de
Brefves cy-devant abbé de ladicte abbaye, le 6® novembre dernier ^,
lesdits sieurs relligieulx prétendent le tiers de tous les revenus
d'icelle, francs et exempts de toutes charges pour leur nouritture,
vesture et entretien, les deulx aultres tiers estant l'un pour ledict
sieur abbé et l'aultre pour les repparations nécessaires à faire en
ladicte abbaye et édifïices en dépendant, ornements d'esglise et
décymes ; — et au contraire ledict sieur Sanguin prétend que ledict
arrest ne pouvoit lui préjudicier ayant esté rendu contre ledict
sieur de Brefves au temps où il n'avoit plus de droit en ladicte
abbaye attendu que la résignation qu'il en avoit faite audict sieur
Sanguin avoit esté agréée par le roy dès le 22'' octobre précédent,
1. Voir la pièce justif. n° 92.
IMKCKS .irsilFICATI VES 'iï'i
sousteiiant ledict sieur al)bé que lesdicts prieur et rellig^ieux avoient
plus que suffisantes pensions par les transactions faites entre eux
et les prédécesseurs abbez qui se montoient, pour sept rellij^ieulx
prestres comprins ledict prieur, pour un novice et un clerc de cou-
vent, à huict vingtz boisseaulx de bled avecq la somme de seize
cents livres en deniers, et encor cent livres pour ledict sieur prieur,
et la jouissance du petit prey joig-nant le prey Canu,.,. suivant acte
du 1 i mars 1618 entre lesdicts religieux et Pierre Habert, conseil-
ler et aumosnifr du roy, lors abbé dudict Grestain... revenus dont
ils dévoient se contenter. Quant aux réparations, son intention estoit
de les faire faire au plus tôt de ses deniers pour mettre les lieux en
lestât;... laquelle transaction ou accord faite par la raison que les-
dicts relligieulx se sont désistez et renoncent à l'exécution desdicts
arretz et consentent que ledict Sanguin jouisse entièrement du
revenu de sadicte abbaye, faisant payer annuellemennt deux mille
deux cent soixante livres en deniers, huict-vingt boisseaulx de blé
froment, etc. etc.
(Arch. dép. de l'Eure, H. 347.)
XCIV
Dônomhrcment srrvi au roi pour la haronnie de Grestain
et les autri's fiefs tenus du domaine Extrait).
1646, o juin.
Du rov nostre sire nous humble aljbé de rés:lize et abbave de
Nostre-Dame de Grestain fondée sur la baronnye dudict lieu de
Grestain, au diocèse de Lisieux, en la vicomte du Pont-Audemer,
au bailliag-e de Rouen, advouons à tenir nostredicte abbaye et églize
de Nostre-Dame de Grestain en chef et en membres, en tant que
touche la temporalité dont nous faisons déclaration cy-après en la
manière ([ui ensuit :
Premièrement ladicte baronnye de Grestain assize en la viconté
du Pont-Audemer, audict lieu de Grestain et s'estend es paroisses
de Carbec, Grestain, Saint-Pierre-du-Chastel, Boulleville, Saint-
Maclou, Saint-Suplix, Conteville, A])lon. Ableville, Esquainville,
Cremanville, llonnaville, la Rivière du Xeuf-Bourg. parties des
346 l'abbaye de notre-dame de grestaix
faulbourgs de Honnefleur et es parties circonvoisines, en laquelle
y a court et usage et touttes droictures appartenant à basse justice,
et qui consiste en terres labourables et non labourables, bois,
bruyères et pasturaiges, herbages, prairies, jardins, maisons et
domaine fieffé et non fieffé, rentes en deniers, grains, œufz, oiseaulx,
moullin, collombier, justice, jurisdiction, reliefs, traiziesmes,
regards de mariage, service de prévosté, forfaictures, et tous autres
droicts es telles baronnyes appartenants.
Item à cause de nostre églize et abbaye nous appartient les cou-
tumes et droictz, commandages de pescher un jour de la semaine
tel qu'il nous plaira commander par nous de Grestain à nos hommes
peschantz sur nostre territoire varrest,... poisson d'acquit et autres
revenus dépendans de la mer et levée de Seyne du costé devers le
sud, depuis le gord de Quillebœuf jusques au Noir-Port qui seroit
de présent la grosse tour de Honnetleur, et es dictes mettes avons
haute, moyenne et basse justice et plusieurs autres revenus toutes-
fois et quantes que ledict cas y eschet ; et à cause de ce toutesfois
et quantes que èsdictes eaux se peschent aucuns esturgeons ils
nous doibvent estre apportez et sommes tenuz d'envoyer le premier
qui est pesché et apporté au viconte dudict lieu du Pontaudemer et
au nom du roy nostre sire parce que ledict viconte nous doibt
payer cincq solz tournois à la charge par nous d'aller quérir, inhu-
mer, ensevelir les corps morts treuvez sur ledict territoire et ès-
dictes mettes audict cemitière appelé le cemitière des Noyers ^
Item un franc fief ou membre de fief avec ses appartenances et
dépendances nommé le fief de Rouville tenu franchement auquel a
cour et uzage, et en sont les rentes en deniers, en grains, œufz et
oiseaulx, plusieurs hommages et s'y porte ledict fief, reliefs, trai-
ziesmes et autres revenus telz comme il appartient à noble fief
franchement tenu.
Item un lief noble ou membre de fief assis es parroisses de Fatou-
ville et Esquainville nommé le fief du Bois, et a cour et uzage, et
en sont les rentes en deniers, œufz, oiseaux, grains, et a moulin
et mouture et moulte seiche et mouillée, relliefz, treiziesmes, aides
coustusmières et autres debvoirs de fîef appartenantz à fief noble-
ment, franchement tenu.
1. Ou de préférence 'e cimetière des Xoyés.
PIECES JUSTIFICATIVES
347
Item en la parroisse de Carbec, un fief nommé le fief Dennet
avec ses appartenances où il y a cour et uzag-e, et en sont les reve-
nus en terres labourables et il y a un manoir ainsy qu'il se com-
porte, jardins, bois, prez, pasturaig'es, moulins, moultes, campars,
services, reliofz, traiziesmes et autres debvoirs de fief appartenants
à fief noble et franchement tenu.
Item en la parroisse de Berville un fief ou membre de fief nommé
le fief de Grestain auquel a cour et uzage, et en sont les rentes et
revenus en deniers, grains, œufz, oiseaux, relliefz, traiziesmes, ser-
vice de moulin et avec autres revenus appartenans à fief noble fran-
chement tenu.
Item en ladicte parroisse de Berville un aultre fief ou membre de
fief nommé le fief de la Pofterie, et a court et uzage, et en sont les
rentes et revenus en deniers, grains, œulz, oiseaux, relliefz, trai-
ziesmes, aides coustumières et autres debvoirs appartenants à fie
noble et franchement tenu.
Item un manoir en franc fief ou membre de fief avec ses appar-
tenances nommé Funtaine-BeIlen(/er, où il y a cour et uzage, et en
sont les revenus en terres labourables, jardins, prairies, pasturages,
vignes, deniers, œufz, oiseaux, relliefz, traiziesmes et autres reve-
nus appartenants à fief noble, coUombier à pied, moulin à vent,
manoirs, maisons, qui s'estend es paroisses de
Item en la parroisse de Beuzeville un fief nommé de Paniques
avec les appartenances, oà il y a cour et uzage, et en sont les reve-
nus en terres labourables, jardins, bois, deniers, grains, œufz,
oiseaux, services, relliefz, traiziesmes, aides coustumières et autres
appartenans à fief noble et franchement tenu.
Item en la parroisse d'Esquainville et de Notre-Dame-du-Yal un
fief ou membre de fief avec les appartenances appelle le fief du Mor
où il y a cour et uzage, et en sont les rentes et revenus en deniers,
grains, œufz, oiseaux, relliefz, traiziesmes et autres redebvances
appartenans à franc fief franchement et noblement tenu.
Item en la parroisse de Genneville un manoir et franc fief appelle
le fief de Maliaru dont les revenus sont de terres labourables,
manoir, jardins, prez, pnsturages, deniers, grains, œufz, oiseaux,
services, relliefz, traiziesmes et autres revenus appartenans à fief
noble et franchement tenu.
Item en ladicte parroisse de Genneville une pièce de bois conte-
348 l'aiîmaye de notre-dame de grestain
nant cinq acres ou environ dont le tiers et danger d'icelluy est deub
au roy nostre sire quand il est vendu.
Item en ladicte parroisse de Genneville un membre de fief dep-
pendant dudit fief de Maharu nommé le fief de Boufey avec ses
appartenances, et a cour et uzage, et sont les rentes et revenus en
deniers, grains, œufz, oiseaux, relliefz, traiziesmes et autres deb-
voirs appartenans à fief noble et franchement tenu.
Item en la parroisse de Ficquefleur deux pièces de bois conte-
nant une acre, et doibvent iceux bois au roy nostre sire tiers et
danger quand ils sont venduz.
Item en la parroisse de Quetteville et es mettes d'environ un
huictiesme de fîef nommé le fief Féron dont les rentes et revenus
sont en terres labourables, grains, œufz, oiseaux, fers à cheval, rel-
liefz, traiziesmes et aides coustumières.
Item en la parroisse du Theil un fîef ou membre de fief nommé
le fief à l'Espec, et a cour et uzage, et en sont les revenus en deniers,
grains, œufz, oiseaux, relliefz, traiziesmes, aides coustumières,
quemiage (?) et autres droicts appartenans à fief noble et franche-
ment tenu.
Item en la parroisse de Gonneville un huictiesme de fief avec les
appartenances où il y a cour et uzage.
Item en ladicte parroisse un autre fîef ou membre de fief nommé
le fief du Neest avec ses appartenances où il y a court et uzage,
desquelz deux fiefz les revenus en sont en terres labourables, grains,
œufz, oiseaux, relliefz, traiziesmes et autres debvoirs de fief appar-
tenans à fief noble et franchement tenu.
Item en la parroisse de Tricqueville une vavassorie nommée la
vavassorie Deshayes avec les appartenances, et en sont les rentes
en deniers, œufz, oiseaux, relliefz, traiziesmes.
Item le prieuré de Sainct-Nicollas estant au diocèze de Lisieux
près la forest de Toucque, lequel est des membres et despendances
de nostre église et abbaye, à cause dudict prieuré et des droictz à
nous appartenans le prieur d'icelluy prieuré demeurant illec a, en
la forest de Toucque, son ardoir, paissonner et pasturage pour
toutes bestes comme pourceaux, bœufz, vaches et autres bestes sans
nombre, saouf et réservé les tailles d'icelle forest, et a court,
hommes, hommages, domaine fieffé et non fieffé, revenus en deniers,
œufz, oiseaux et autres aides coustumières à fief noble appartenant
et franchement tenu.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 349
Item un Vwï noble ou membre de fief assis en la parroisse d'An-
î^desqueville, au bailliage de Caux, et a cour et uzag-e et en sont les
rentes et revenus en deniers, g-rains, œufz, prez, pasturaj^es et
terres labourables, rellietz, traiziesmes, aides coustumières et autres
revenus appartenans à fief noble et franchement tenu.
Item au bailliage de Costentin un franc fief ou membre de fief
avec ses appartenances nommé le fief de Sainct-Quentin, auquel a
cour et uzage, assis et scituë en la parroisse de Sainct-Quentin près
Tinchebray, dont les revenus sont en deniers, terres labourables,
moulin, relliefz, traiziesmes et autres revenus à icelluy fief appar-
tenant.
Item en la parroisse de Barneville-sur-la-mer un fief noble où y
a cour et uzage dont les revenus sont en terres labourables, jardins,
pasturages, deniers, grains, œufz et oiseaux, relliefz, traiziesmes et
aides coustumières et autres droits appartenant à fief noble et fran-
chement tenu. Item le sieur de la Mare... est subjet nous faire
seize livres de rente foncière et perpétuelle. Item aux herbages du
Marais appartenant audict sieur lesdictz de Grestain ont droict d'en-
voyer paistre leurs bestes chevalinnes, bœufs, vaches, moutons,
pourceaux et ouays pour l'entretenement de leur nourriture et de
leur maison. Item sur la seigneurie de BerLhaulle (?) près Caen un
septier de bled forment, quatre septiers d'orge, cinq septiers d'ad-
voine, une oyerostye... Item le curé de Manneville-le-Haux nous
faict de rente dix-huict boesseaux de bled forment, quarante-sept
boessaux d'orge et quarante et ung boesseaux d'advoine, le tout
mesure de Beuzeville, par chacun an, laquelle rente sapelle les
maisons du curé de Manneville-le-Raux. Item le prieur de saint-
Phillebert-sur-Risle nous faict quarante-huict boesseaux d'orge,
mesure de Montfort, k cause d'un droit de dixme nommé les Essarts
seize en la paroisse d'Appeville, de présent possédé par ledict prieur.
Item en la viconté du Ponteaudemer, en la ville de Ficquefleur,
marché au jour de samedy auquel nous appartient toutes les cou-
tumes, forfaictures et congnoissance de poids et mesures et autres
droicts... Item avons droict de présenter aux bénéfices de Saint-
Ouen de Grestain, Garbec, Trique ville, Saint-Pierre-du-Chastel,
Saint-Léonard de Honnefleur, la chapelle Saint-Laurent-lès-Gres-
tain, chapelle Saint-Saulveur-des-Vases, bénéfice de Tierceville,
évesché de Bayeux, bénéfice de Querqueville, bénéfice de Barne-
330 LABI5AYE DE NOTRE-DAME DE GKESTAIN
ville-sur-la-mer et Munneville, évesché de Coustances, Saint-Quen-
tin-des-Cardonnettes, Sainct-Crespin, dioceze de Lizieux ; la prieuré
de Saincle-Scholasse, dioceze de Séez avec ses appartenances, à
cause de laquelle prieuré avons droict de présenter au bénéfice du
lieu et de Chalenge et autre dépendant du prieuré en Gascongne
nommé Saint-Astier.
Et outre nous avons de Vostre Majesté, k cause de vostre comté
de Montfort, un fief de haubert nommé le Mesnil-Ferry dont le
chef est assis en la parroisse de Notre-Dame-du-Val et s'estend es
parroisses de Saint-Pierre-du-Chastel, Conteville, BouUeville, Beu-
zeville, Quetteville et ailleurs et les environs, et lequel nous a esté
baillé, etc.
En témoin de quoy nous avons signé ce que dessus et apposé le
cachet de nos armes, cejourdhuy cinquiesme jour du mois de juin,
mil six cens quarante six. Signé, Sanguin et scellé.
Louis, par la grâce de Dieu, etc. Scavoir faisons que nostre bien
amé m*^ Denis Sanguin, sieur de Saint-Pavin. abbé commenda taire
de l'abbaye Nostre-Dame de Grestain, dioceze de Lizieux, nous a
cejourdhuy faict et preste es mains de nostre (blanc), chancelier
de France, les foy et hommage et serment de fidélité qu'il est tenu
de nous faire k cause de la sergenterye noble et héréditaire du Mes-
nil-Ferry, rellevant de nous k cause de nostre viconté du Pont-
Audemer, despendante de ladicte abbaye de Grestain, auquel foy
et hommage nous l'avons receu et recevons saouf nostre droict et
l'autruy en toutes autres choses. Sy vous mandons, etc. Donné k
Paris, ce traiziesme jour de febvrier, l'an de grâce mil six cent qua-
rante six, et de nostre règne le troisiesme.
(Bibliothèque comm. d'Arras. Fonds Advielle, n° 7. Recueil fac-
tice de pièces sur l'abbaye de Grestain, fol. 30.)
XCV
Aveu rendu aux ahhé^ religieux et couvent de Vahhaye
de Notre-Dame de Grestain pour le fief Courage.
16o0, 8 mars.
De nobles et religieuses personnes nos sieurs les abbé, religieux
et couvent de Tabbave de Nostre-Dame de Grestain, nous Pierre
PIÈCES JUSTIFICATIVES 3ol
et Mathurin Villey, frères, bourgeois de Honnefleur, enfïantz et
héritiers de defîunct Louis Villey et à ce droict aisnez et assembleurs
du fief ou ainesse nommé le fief Courage, et en ceste qualitté tenons,
confessons et advouons tenir de nosdits sieurs, en leur sieurie de
Honnaville,... ledit lief Courage contenant ensemblement le nombre
de dix acres de terre • assis en la paroisse de Gonneville, etc.
A cause duquel fief ou aisnesse Courage nousdictz aisnez et puis-
nez sus-nommez sommes tenus et subiectz faire et payer |de rente
sieurialle par chacun an à nosd. sieurs, ascavoir : au terme de Sainct-
Michel douze deniers de rente censive, audict terme dix-sept bois-
seaux et deniy d'advoyne, mesure d'Aubigny, un petit boisseau
forment à lad. mesure ; au ternie de Noël deux chappons, deux
deniers ; au terme de Pasques vingt œufs, deux deniers, foy, hom-
mage, relliefz, etc.
(Arch. munie, de Honfleur, carton 23.)
XCVI
Procès-verbal de télal des bâtiments de t abbaye
de Notre-Dame de Grès tain.
166.J, 9 avril.
Du jeudy neuviesme jour d'avril mil six cens soixante cinq, nous
Charles Legras, escuier, seigneur du Réel, conseiller du roy, lieu-
tenant général, civil et criminel et lieutenant criminel de M. le
bailly de Rouen es vicontez da Pont-Autou et du Pont-Audemer,
sommes, en présence du procureur du roy en ceste viconté, assis-
tez de m'' Philippe d'Espaigne, greffier de ce siège, transportez en
l'abbaye de Grestain suivant nostre ordonnance donnée sur la réqui-
sition dudict procureur du roy, aux fins de dresser un devis de
Testât auquel sont les maisons de laditte abbaie, où estant avons
trouvé Dom Louis Jouas qui en est prieur, et M. François Vimont,
prestre, curé de Saint-Ouin de Grestain, qui nous ont dit que sur
la grande porte par où l'on entre dans laditte abbaye il y avoit une
maison de huit ou neuf espaces- de long et quatre de large portée
1. Environ finit fiectares. Les dix acres de terre étaient aux mains de seize
cultivateurs dont l'un ne possédait (ju'une parcelle de 30 perches.
2. Peut-être faut-il lire le vieux mot cspane, mesure de longueur.
352 l'aumave de .notre-dami: de grestai.n
par un bout sur laditte porte et par l'autre sur une voutte de pierre,
qui estoit occupée par ledit sieur curé avant Fincendie qui y arriva
le traiziesme décembre mil six cens soixante deux ; et nous a esté
dit par lesditz sieurs prieur et curé et par le sieur Le Painteur, cy
devant receveur de ceste ditte abbaie. que laditte maison consistoit
en une chambre, un cabinet, une autre petite chambre et les gre-
niers dessus, le tout couvert de thuille et que les murailles servoient
de parois à ladite maison, et que la maison du portier qui est à l'en-
trée de la porte, à main droitte, fut pareillement bruUée, laquelle
maison du portier est présentement recouverte de paille à la hau-
teur de la massonnerie qui reste sur laditte porte remassonnée de
neuf, à laquelle il y a une petitte porte neufve pour la maison de
dessus la porte : il ne nous a paru que la muraille qui est sur icelle
de cinq ou six pieds de hauteur aiant remarqué que les degrés et
parois de la maison qui est joignante ladite porte sont pareillement
en ruine, laquelle maison consiste en deuxescuries de quinze espaces
de long et six de large, sur lesquelles escuries y a une chambre et
un grenier, au droit de laquelle porte par dedans la cour de laditte
abbaye est une autre forme de petitte maison sans comble, n'y aiant
que les murailles de viron neuf pieds de hauteur et une cheminée
encor existante, sur laquelle muraille 1 on a depuis peu commencé à
faire mettre quelque charpente pour rédiffîer laditte maison à laquelle
on travaille encor. et nous a esté dit quelle sera occupée par ledit
sieur curé au lieu de celle qui a esté bruslée, laquelle maison sera
de quinze espaces de long et six de large. Et estant allez derrière le
collonibier de laditte abbaie y avons veu une autre maison que Ton
nous a dit servir de grande et que le sieur de Chambour, relligieux.
aumosnier de laditte abbaye, y lit reposter des dixmes, de laquelle
grange les murailles et parois sont en ruine, au bout de laquelle y
a aparence dun aistre de maison de viron quinze pieds de large et
dix huit pieds de long autour duquel y a seullement un peu de
massonnerie : aiant en outre remarqué qu il y a apparence d'avoir
eu antérieurement au coing du mur un bastiment de viron vingt
espaces de long et dix de large. Puis revenant vers Tabbaïe avons
veu contre les murailles qui en font l'enclos une autre maison
de viron vingt pieds de long et douze de large que l'on nous
a dit servir de cellier et grange pour ledit sieur curé, laquelle
maison et celle-cy devant énoncée sont couvertes de glane. De là
PIKCKS JLSIIKICATIVES 3o3
avons passé le lonj^^ d un des réservoirs dont la paroi qui 1 environne
est ruiné à la pluspart. Et sommes allez au cloistre auquel et aux
maisons qui 1 environnent avons remarqué les choses contenues en
nostre procès verbal du vinj^t uniesme jour de mars dernier. Après
quoy sommes transportez à la cour du sieur abbé qui est séparée
de la basse court dun mur de pierre de douze ou quinze pieds de
hauteur qui est beaucoup endommagé, lequel mur prend du réfec-
toire et va joindre un corps de log-is que l'on nous a dit s'appeller
la maison neiifvc, de laquelle muraille en par toit autrefois une
autre qui venoit joindre la maison dudit sieur abbé le([uel mur qui
pouvoit estre de vingt espaces de long- est en totalle ruine. Puis
sommes entrez au dessoubs du dortoir à un lieu que Ion nous a
dit s'appeller antiennement le bûcher qui est présentement en
plusieurs usages y en aiant viron la moitié partagée qui sert tant
d'escurie-bûcher que à mettre du foin et des fourages, en aiant veu
viron les deux tiers pleins de fagotz, ce surplus dudit bûcher ser-
vant de passage de communication de la court dudit sieur abbé à
l'enclos des relligieux, sans aucunes portes ; aiant veu outre ledit
passage encor trois autres réduitz servant d'estables et escuries,
l'une de huit ou neuf pieds de hauteur et les deux autres de sept,
sur lesquelles est un plancher servant à mettre des fourages, y en
aiant veu ; et estant allez au dortoir qui est de quarante cinq
espaces de long depuis la porte de la chambre dudit sieur abbé à
aller à celle de l'esglise qui est au bout dudit dortoir et dix de lar-
geur, avons veu seize chambres qui sont tant dessus ledit bûcher
que sur le chapitre^ et qu'il y a quelques trous au plancher de l'al-
lée dudit dortoir.
Après quoy sommes passez par la porte de la voutelle et entrez
dans la court desdits sieurs relligieux où avons veu une muraille
de pierre et caillou de pareille hauteur que celle qui ferme la cour
dudit sieur abbé lesquelles toutes deux fermaient le jardin dudit
sieur abbé qu'on appelle le jardin de Monsieur, laquelle muraille
part de la maison dudit sieur abbé va à celle qui ferme l'enclos de
ladite abbaïe et à viron vingt cinq espaces de long, à présent rui-
née à la réserve d'un bout qui part des latrines à venir vers l'infir-
merie et est de viron huit espaces, le reste des murailles qui faisoit
la cour desditz sieurs relligieux estant ruiné, les fondemensy parois-
sant ; aiant aussi veu un mur de bauge qui fait la closture d'un Jar-
Cai. Huii.viu». — L'Ahhuije de \otre-D:iine de Greslain. 23
334 l'aBBAVE de NOTRE-DAME de GRESTAIN
din qui est à main droite comme Ton entre de la partie du cloistre
dans la cour desditz sieurs rellig-ieux et va jusques à un esiany
plein de terre et est de viron cent espaces de long- en totalle ruine
ainsy que la maison qui est dans icelluj que Ion nous a dit ester
occupée par ledit sieur prieur. Nous aiant esté aussi dit par ledit
sieur Le Painteur que ledit sieur abbé n'est obligé à l'entretien de
laditte maison ny à la closture des murs que les sieurs relligieux
ont fait faire, pour leur satisfaction, à des jardins dont ils ont les
fruitz. Avons aussy remarqué que au derrière de la maison nom-
mée V Infirmière y a un jardin clos d'une muraille de pierre,
a quelle muraille et celle qui enclôt l'abbaïe sont de viron mille
espaces de long dont il y en a viron le quart en ruine. Desquelles
choses avons dressé nostre procès-verbal, et oiiy les experts faictz
comparoir par ledit procureur du roy pour dire ce qu'il esconvient
pour rédifïîer les choses devant dictes, lesquels experts ont esté par
nous nommez sur la liste que ledict procureur du roy a baillée, et
ont en nostre présence et dudit procureur du roy fait la visitte des-
dittes maisons et édiffices, après quoy leurs déclarations ont esté
rédigées par escript comme il ensuit :
Simon Thierry, maistre charpentier, demeurant au fauxbourg^
Saint-Aignen du Pontaudemer, aag-é de cinquante-trois ans ou
environ, juré de dire vérité, purgé de saon coustumier ;
Thomas le Noble aussy charpentier, demeurant audit Pontau-
demer, paroisse de Saint-Ouen, aag'é de trente-six ans ou environ,
juré de dire véritté, purgé de saon coustumier ;
Ont uniformément dit, lecture faitte de nostre ordonnance, qu'ils
ont visitté lesdites maisons et édiffices de ceste abbaye et remarqué
pour la porte et logis y tenant et aiant tenu, le tout de longueur de
viron cent pieds et dix-huit de larg-eur dont il y en avoit trente
pieds en apentis, au bout, à main droitte en entrant, lesquels sont
entièrement consommez, que pour les rédiffier de charpente il faut
cinq cens livres pour le dessus de la porte sur laquelle l'on a dit
qu'il y avoit deux chambres et un grenier de longueur de viron
vingt-trois pieds et dix-huit de large ; qu'il faut encore pour la
charpente cinq cens livres pour réparer de charpente la maison qui
reste existante à main gauche comme Ton entre dans la cour de
laditte abbaïe, laquelle maison est de trente-huit pieds de long et
dix-huit pieds de large et toutte la montée qui est en ruine il escon-
PIÈCES JUSTJFICATIVES 353
vient quatre cents livres, plus pour réparer le comble du réffccloirc
de la salle qui est au bout par où Ton entre de la cour de l'abbaïe
dont la porte est sur l'allée par où Ton va au cloislre disent qu'il
faut pour la charpente deux mille cinq cens livres ; plus esconvient
pour réparer le pressoir par lequel on entre de dedans laditte allée
et (jui est soubs la chambre du feu sieur prieur, laditte chambre du
feu sieur prieur, celle qui est derrière, celle qui est sur la salle où
le feu a commencé, mettre un parois pour en faire la séparation
d'avec la grande chambre et le comble de dessus, touttes lesdittes
chambres deux mil cinq cens livres ; pour la charpente du cloistre
estiment qu'il convient quatre cents cinquante livres, le tout oultre
les vieils matériaux dont l'on en pouroit faire servir encor quelques-
uns de ceux qui sont mentionnez au procès-verbal par nous dressé
le ving-t uniesme de mars dernier, qui vallent viron cent cinquante
livres, ce qu'ils afferment véritable, et qu ils ne voudroient faire
lesdittes réparations à moindre prix, et ont signé, lecture faitte,
après avoir dit qu'ils voudroient, outre les sommes cy dessus, ce
qui reste encor de bois à leur proffit, et ont signé, lecture faitte.
Signé : un merc sous lequel est escript le fait dudict le Noble, avec
Thierry, un paraphe.
Jacques Saffrey, menuisier, demeurant au faubourg Saint-Aignen
du Pontaudemer, aagé de quarante ans ou environ, juré de dire
véritté, purgé de saon coustumier ;
Robert Deville, menuisier, demeurant audict Pontaudemer,
paroisse Saint-Ouen, aagé de trente-huit ans ou environ, juré de
dire véritté ;
Marguerin Deville aussy menuisier, frère dudit Robert, demeu-
rant en la mesme parroisse, aagé de trente-six ans ou environ,
juré de dire véritté, purgé de saon coustumier ;
Ont uniformément dit, lecture k eux faitte, de nostreditte ordon-
nance, qu'après avoir veu les bastiments de ceste abbaïe ils ont
remarqué qu'il esconvient pour réparer la grande et petitte porte de
laditte abbaye en ce qui est de la menuiserie tant pour le bois, le
clou que l'emploi, trente livres pour mettre trois portes neufves à
la maison qui est joignante laditte porte à main gauche comme l'on
entre ; quatorze livres pour trois fenestres ; à laditte maison six
livres. Plus pour mettre deux fenestres quand il y aura une
chambre rebastie sur laditte porte, comme l'on a dit qu'il y en
336 l'abbaye de notre-dame de grestain
avoit deux à celle qui fut bruslée il y a deux ans, avec deux demi-
croisée du costé de laditte cour et deux portes Tune pour la chambre
et Tautre pour le grenier, vingt-cinq livres. Disent aussy que au
bout de l'allée qui part de la première court de labbaïe à aller au
cloistre il faut une porte, à Fentrée, à une allée par où Ton va à
une salle antiennement appellée le massaie et une autre pour le
passage qui va de laditte salle dans la cour vers la maison du sieur
abbé, plus une autre porte entre ledit massaie et la grande cuisine
et deux autres petittes portes dont l'une servira à fermer la salle
qui est le long de laditte allée où Ton a dit que le feu a commencé
et l'autre au bout du cloistre, pour lesquelles comprins le clou et le
fer estiment qu'il apartient soixante et dix livres ; et sy il faut
encor une autre porte à une grande salle que l'on appelle le bûcher^
une qui sert à sortir de laditte salle à aller dans la basse cour et une
autre servant d'entrée à la cour de la maison dudit sieur abbé
voient que pour les trois portes il appartient cent livres. Comme
aussy esconvient à l'entrée de la cave réparer la porte, pour quoy
faute soixante sols, deux autres portes aux deux boutz du cloistre
et une autre au bout du réfectoire pour lesquelles apartient trente
et une livres ; et sy esconvient pour le dortoir six fenestres de dix
huit livres ; pour réparer touttes les vieilles portes de laditte abbaïe
esconvient aussy cent cinquante livres; au bout de la maison de
Vinfirmcric faire un auvent de trente livres; au collomhier faut une
double croisée de brin avec la croisée et deux fenestres coullantes,
le tout estimé à quinze livres, et au cloistre pour le lambris disent
que comprins le clou et la paine de ceux qui en feront l'employ il
apartient six cens cinquante livres, jurant qu'ils ne voudroient faire
œuvres cy-dessus pour moins ; disent aussy que n'y aiant aucunes
portes au lieu que l'on appelle le bûcher sous le dortoir à présent
à autre usage, il appartient pour en mettre aux deux places qui y
sont trente quatre livres, et pour deux portes et quatre demies croi-
sées qui ont autrefois esté à une aparence de maison où présente-
ment l'on travaille à rétablir le comble faut trente huit livres outre
tout ce que dessus, pour une porte qui a deub estre à une chambre
qui fut sur le lieu où le feu a prins, à laquelle y a aparence qu'il
n^ avoit qu'une croisée, et à la chambre servant au feu sieur prieur
joignante à ceste première encor une autre porte, les deux avec
laditte croisée vallant vingt-sept livres ; et à la chambre qui estoit
PIÈCES JUSTIFICATIVES 357
sur le massalo entre le relîectoire et une autre maison k présent
occupée par le sieur ele Chambourji^, rcUigieux, pour une porte et
les trois croisées que Ion a dit qui y estoient faut soixante et trois
livres, ce qu'ils ont afiirmé vérittable et signé, lecture faitte. Signé:
Robert Deville, J. Sasfrey, Marguerin Deville, Legras et d'Espaigne,
chacun un paraphe.
Et d'autant que l'heure est tard avons ordonné aux vitriers et
plastreurs-couvreurs de se représenter samedi prochain, dix heures
du mattin par devant nous au Pontaudemer, aux fins d'estre leurs
dépositions rédigées par escript. Signé : Legras et d'Espaigne, cha-
cun un paraphe.
Du samedi, onziesme jour d'avril mil six cens soixante et cinq,
au Pontaudemer, devant nousdit sieur du Réel, lieutenant général,
assisté dudit d'Espaigne, greffier.
Se sont présentez lesdits vitriers et couvreurs, lesquels ont esté
ouïs sur les réparations qui sont nécessaires à faire de leur mestier
aux bastimens de Grestain ; les dépositions desquels s'ensuivent :
Claude de la Fontaine, vitrier, demeurant en ceste ville, paroisse
de Saint-Ouen, aagé de soixante ans ou environ, et
Charles Lepelletier, aussi vitrier, demeurant en ladicte paroisse,
aagé de quarante quatre ans ou environ, jurez de dire véritté, pur-
gez de saon coustumier ;
Ont dit, lecture faitte de nostre ordonnance que ilz firent jeudy
dernier la visitte en nostre présence des lieux qui furent monstrez
par le sieur prieur de Grestain et le sieur Le Painteur, cy-devant
receveur, ausquels est nécessaire de faille rédiffication et à autre
des réparations, et remarquèrent que il esconvient aux chambres du
dortoi7\ du costé de l'infirmerie y comprins la chambre du sieur
curé de Saint-Ouen de Grestain le nombre de traize paneaux de
verre et en réparer huit autres, pourquoi faut vingt cinq livres ; de
l'autre costé dudit dortoir il esconvient aux autres chambres du
costé du cloistre dix-huit paneaux de Acrre et en réparer quinze
qu'ils ne voudroient faire pour moins de quarante livres ; au bout
de l'allée dudit dortoir vers le cloistre faut une grande vitre ainsy
qu'il paroist y en avoir eu une qu'ils estiment à douze livres ; plus
au réfectoire du costé de la chaire du lecteur il convient quinze
vitres de dix pieds de hauteur et un demy de largeur ; plus audit
réfectoire, du costé du cloisti'e, il esconvient fnire huit 0 portant
3o8 l'a BRAVE DE NOTRE-DAME DE GRESTAIN
de diamettre quatre pieds, disant qu'il esconvient pour lesdittes
vitres deux cens livres ; au bout dudit réfectoire du costé du levant
il faut une g-rande vitre de vingt-deux pieds de hauteur et douze de
large, celle qui y estoit estant portée de maineaux et archetz qui
sont rompus, à cause de quoy en faut faire d'autres et quand il x
en aura de mis et qu'elle sera refaitte de massonnerie il faudra le
nombre de quarante paneaux de verre et vingt archetz, ce qu'ils
estiment à cent cinquante livres ; disent qu'ils faut aussi à la
chambre du feu sieur prieur laquelle a esté bruslée par un bout
ainsy que le comble d'icelle six 0 portant trois pieds de diamettre
et une croisée de quatre paneaux ; et du costé de la basse court deux
croisées et réparer celle de ladite chambre, le tout estimé soixante
livres ; comme aussy cju'il faut à la chambre du seigneur abbé
occupée par le sieur Le Painteur quatre paneaux en verre de douze
livres, jurant qu'ils ne voudroient faire lesdittes réparations de
vitres à moins, ce qu'ils ont signé, lecture faitte, après avoir esté
dit par ledit Le Pelletier que à la maison qui estoit sur la porte
par laquelle on entre à laditte abbaïe qui estoit occupée par ledit
sieur curé il y a voit une autre croisée du costé de la cour où il y
avoit deux paneaux de verre et une demie du costé de la mer, et
que pour en mettre d'autres il faudroit six livres, ce qu'ils ont
signé, lecture faitte. Signé : C. de la Fontaine et C. Le Pelletier,
chacun un paraphe.
Cristophe Réaux, plastreur-couvreur, demeurant en ceste ville,
parroisse de Saint-Oûen. aagé de cinquante-cinq ans ou environ ;
Jean Réaux aussy plastreur-couvreur. demeurant en laditte par-
roisse, aagé de vingt-quatre ans ou environ, jurez de dire véritté,
purgez de saon coustumier ;
Ont uniformément dit qu'il esconviendroit pour couvrir une mai-
son semblable à celle qui estoit sur la porte de laditte abbaïe huit
mille de thuille, cinq mille de latte, vingt mille de clou à latte, dix
montz de piastre pour dix livres de chaux, sept livres de saisie pour
les maisons du feu sieur prieur, réfectoire bruslé en partie, les bas-
timens qui sont au bout qui ont esté bruslés et pour le cloistre
disent qu'il faut cinquante mille de thuile. douze mille de latte,
soixante et dix mille de clou à latte, quarante montz de piastre,
cent cinquante boisseaux de chaux et pour quatre vingtz livres de
sable, et qu'il esconvient pour recouvrir l'esglise deux mille d'ar-
PIÈCES .IISTIFICATIVKS 359
doise et quatre mille de clou h ardoise, desclarant qu'ils ne vou-
droicnt fournir lesd. matériaux et les emploier pour moins de trois
mille cinq cens livres, sans comprendre environ quatre mille de
tliuille qui sont encor sur ledit réfectoire et dans icelluy, ce qu'ils
affirment véritable et ont signé, lecture faitte. Signé un merc sous
lequel est escript : le fait dudict Christophe Réaux avec Jean Réaux ;
Legras et d'Espaigne, chacun un paraphe. Collationné : Legras,
Despaigne.
(Arch. dép. de l'Eure, H. 347.)
XCVII
Arrct du parlement de Rouen accordant mainlevée des deux tiers
de ses deniers à Denis Sanguin, abbé commendataire de Gres-
tain.
1667, 18 juin.
Sur la requeste présentée par M. Denis Sanguin, conseiller et
aumosnier du roy, abbé commendataire de l'abbaye de Nostre-
Dame de Grestain, au dioceze de Lisieux, à ce qu'attendu que le
nommé Chanu ou plustôt le sieur Le Painteur, son piège, qui est en
effet le véritable receveur de ladite abbaye, voyant que son bail est
prest à expirer et que le demandeur en auroit disposé en faveur
d'un autre, picqué de ce qu'on ne le continuoit pas à la recepte de
l'abbaye pour s'en venger et afm d'avoir un prétexte de ne rien
payer du prix de son bail, auroit à la diligence de dom Jehan Le
Painteur, prieur de ladite abbaye, son frère, faict donner une sen-
tence par le lieutenant du bailly de Rouen au siège du Pont-
Audemer, soubz le nom du procureur du roy audit siège, le dix-
huictiesme avril dernier portant deffenses à lui faictes de se dessai-
sir des deniers par luy deubs audit demandeur soubz prétexte de
réparations et réditlications qui sont à faire aux bastiments de
ladite abbaye qur estoient aucunement utiles et lesquelz ont esté
consommez par l'incendie qui y seroit arrivée au mois de febvrier
mil six cent soixante-cinq ' par la mauvoise conduitte des domes-
ti([ues dudit receveur qui y alloient et venoient, des actions des-
\. Une autre pièce donne la date du 18 mars 166^.
^^^ L AliHAYE DE i\0ïRE-DA5JE DE GRESTAIN
quels icelluy receveur doibt respondre ; il plaise à la Cour recevoir
ledit demandeur appelant de ladite sentence cv-dessus dabtée, etc
Veu par la Cour ladite requeste et ladicte sentence dont est
appel.... La Cour du consentement du procureur g-énéral a octroie
et octroie mandement audit Sanguin aux fins de sa requeste et
cependant luj a accordé main-levée des deux tiers de ses deniers
arrestez seullement sy mieux il n'ayme bailler bonne et suffisante
caution.
^^^OT. D^. HOULLEY.
(Arch. dép. de la Seine-Inférieure. Reg. du parlement de Rouen
mai-juin 1667.) '
XCVIII
Arrêt (lu parlement de Boue,! entre J/"- de Longueville, Vahhaye
de Grestain et raniiraiité de Quilleheuf, touchant les droits de
pêche et de varech.
1672, 2 avril.
Extrait des registres de la cour de parlement de Rouen. Entre
dame Anne de Bourbon, princesse du sang, veuve de messire
Henry d'Orléans, duc de Longueville et d'Estouteville, pair de
France et gouverneur de Normandie, tutrice et ayant la garde
royalle des sieurs ducs de Longueville et comte de Saint-Pauî, ses
enfans, laquelle aurait repris les procès en l'état que les a laissés
ledit feu sieur duc de Longueville, vivant impétrant du mandement
de la cour, du troisième décembre 1643, et apelant de sentence
rendue par le juge de l'admirauté de Quillebeuf le 23'^ aoust 1661,
ensemble d'autre sentence donnée au siège général de l'admirauté
de France à la table de marbre du palais à Rouen, le l"'' jour de
septembre audit an, et autrement adjourné en vertu du mandement
de laditte cour du 28'' jour de septembre mil six cent cinquante, et
laditte dame de Bourbon comme prenant le faict^de ses receveurs
au comté de Tancarville adjournée en vertu d'autres mandemens de
laditte cour des 9-^ février et 13" octobre 166i, d'une part.
Les abbé et religieux de Grestain prenant le fait de leurs rece-
veurs et procureur fiscal de leur baronnie et haute justice de Gres-
tam, adjournés en vertu dudit mandement du 3"^ décembre 1643 et
PIÈCES IISTIFICATIVES 3()1
de ccluy du 13'' octobre 166i et demandeurs suivant ledit mande-
ment du 28" septembre iOoO, d'autre ; François le Breton, François
Vig^neron et leurs joincts demandeurs suivant ledit mandement de
la cour du 13'' octobre 1064 et apelants de sentence rendue par le
vicomte de l'Eau dudit comté de Tancarville, le 11'" septemijre
audit an 1664, d'autre part; Philippes de Houël, sieur de la Pom-
meraye et de Berville, adjourné en vertu dudit mandement du
13" octobre 1664, d'autre ; m" Jean Collas, procureur du roy en
ladite admirauté de Quillebeuf ayant repris le procès en l'état que
l'avoit laissé feu m"... Collas, son père, aussy procureur du roy en
ladite admirauté intimé ausdittes appellations et adjourné en vertu
dudit mandement du neufiesme jour de février mil six cens
soixante quatre, d'autre ; Jean Heudriesen, maistre de navire
flament, aussi intimé, d'autre ; et Deric France, aussy maistre de
navire flament, demandeur suivant ledit mandement du 9" jour de
février 1664.
Veu par la cour les arrests d'ycelle des 4" aoust et 4" jour de
décembre 1665 par lesquels les parties auroient été appointées au
conseil sur toutes leurs instances ; autre arrest de ladite cour du
I 3° janvier 1668 portant acte accordé de la reprise dudit Collas, fils,
en sa dicte qualité de procureur du roy en l'admirauté de Quille-
beuf; ledit mandement de la cour obtenu par ledit feu sieur duc de
Longueville, le 3 décembre 1643, aux fins d'y faire assigner Charles
le Painteur, receveur de ladite abbaye de Grestain, le procureur
d'ofTice de la haute-justice dudit lieu ou autres qui voudroient con-
tredire le droit de pèche k luy appartenant à cause dudit comté de
Tancarville pour être rég'lez ainsy qu'il appartiendroit ; exploit du
20" janvier mil six cens quarante quattre de signifFication faicte
dudit mandement ausdits receveur et procureur d'olTice de Gres-
tain ; coppie d'exploict du 22" septembre 1650, d'assignation faicte à
la requeste de Charles Masse, receveur dudit comté de Tancarville,
à Charles de France et autres pêcheurs y dénommés, à comparoir
devant le vicomte de l'Eau dudit Tancarville pour se voir condam-
ner et par corps à restituer un bateau, du port de vingt cpiatre
tonneaux, qu'il disoit avoir esté par eux sauvé sur les eaux et
terres dudit comté et se voir multé d'amende faute par eux d'avoir
emmené ledit batteau au bourg dudit Tancarville ; ledit mandement
de la cour du 28" dudit mois de septembre obtenu par lesdits abbé
k
362 l'abbaye de notrk-dame de CiREstain
et religieux de Grestain pour y faire assigner ledit sieur duc de
Longueville prenant le faict de ses receveurs audit comté de Tan-
carville, aux fins de faire dire que l'instance touchant ledit batteau
qu'ils prétendoient avoir esté sauvé sur le territoire de ladite haute-
justice de Grestain seroit joincte à la cause principalle appointée au
conseil ; exploict du 8" octobre audit an de signification faicte dudit
mandement audit sieur duc de Longueville ; sentence rendue par
ledit vicomte de l'Eau de Tancarville le 21*^ aoust 1661 par laquelle
Jean Heudriesen, maistre de navire flament, auroit esté condamné
payer soixante quinze livres à Robert Hamel, Roger Dumont,
Michel Rideau et leurs joincts thoueurs et lamannœurs de Quille-
beuf pour leurs peines et salaires d'avoir travaillé à sondit navire
après sa déclaration qu'il se raportoit à justice d'en ordonner ladite
sentence du juge de l'admirauté de Quillebeuf du 23*^ jour dudit
mois d aoust 1661, par laquelle sur la réquisition de m'" Jean Colas
procureur du roy audit lieu, lesdits Hamel, Dumont, Rideau et
leurs joincts, auroient été condamnés chacun en six livres d'amende
pour avoir procédé devant ledit vicomte de l'Eau de Tancarville
sur la demande desdits sallaires avec delFenses à eux faictes et à
tous autres du mestier de la mer de recoguoistre autre juridiction
que celle de l'admirai, à peine de cinq cens livres d'amende et de
mettre ladite sentence à exécution, ladite sentence du vicomte de
l'Eau de Tancarville comme donnée par juge incompétent ; relief
d'appel de ladite sentence obtenu par ledit feu sieur duc de Lon-
gueville comme prenant le faict desdits Hamel, Rideau et joincts le
dernier du mesme mois d'aoust, et exploict dudit jour d'assignation
faicte à la requeste dudit Heudriesen audit Hamel pour luy et ses
associés à comparoir audit siège général de l'admirauté de France,
à la table de marbre du palais, à Rouen, pour voir régler leurs
salaires ; autres exploits du I'''' septembre ensuivant de signilïica-
tions faictes dudit relief audit Heudriesen et à son interprette avec
assignation en la cour, ladite sentence rendue audit siège général de
l'admirauté, ledit jour premier septembre, portant que le salaire
dudit Hamel et associés seroit réglé par personnes à ce congnois-
santes, et jusques à ce deffenses à luy faictes de mettre à exécution
l'obligation du faict dudit Heudriesen dont il disoit estre porteur ;
relief d'appel de ladite sentence obtenu par ledit feu duc de Lon-
gueville le 2" dudit mois de septembre, et exploict des 3 et 6 du
PIECRS jrSTlFlCATIVES
303
mosme mois dos si^niffîcotions faites d'iceluy tant audit Ileudriese.n
et son inlerpreltc qu'audit Collas, procureur du roy en Tadmirauté
de Quillebeuf, mandement de la cour obtenu par Icsdits abé et reli-
gieux de Grestain, le l'''' février IGGi. aux lins de faire assigner en
icelle ladite veuve et héritiers dudit sieur duc de Longucville pour
reprendre ou délaisser ledit procès sur ledit mandement du
S** décembre I0i3, et exploict de signiffication à eux faicte d'iceluy
le 28^ jour dudit mois de février ; acte de reprise par ladite de Bour-
bon du 29'' novembre 1663, exploict du 8'^ janvier 1664 d'assigna-
tion donnée à Nicolas Pinel ayant avec Jean Bourdel et autres bat-
toliers déchargé et allégé un vaisseau chargé de hareng échoué en
la parroisse de Uadicastel à comparoir devant ledit vicomte de l'Eau
de Tancarville pour se voir condamner en son nom privé au paye-
ment des droits deus audit sieur duc de Longueville à cause de
l'allège dudit hareng ; sentence rendue par ledit juge de l'admirauté
de Quillebeuf, le 6" février audit an, portant deffenses audit Bour-
del et autres de comparoir sur le faict en question devant ledit
vicomte de l'Eau de Tancarville à peine de cent livres d'amende ;
autre sentence rendue par contumace en ladite vicomte de l'Eau de
Tancarville. le 1" dudit mois de février, par laquelle ledit Pinel
auroit été condamné à payer à Pierre Pouchet et Pierre Godeffroy,
receveurs dudit comté de Tancarville, la somme de quatre-vingt-
une livres par eux demandées pour les droits de ce qui avoit été
déchargé et enlevé dudit vaisseau appartenant à Deric France,
maistre de navire flament, tant pour luy Pinel qu'autres batteliers
avec dépens ; coppie dudit mandement de la cour du 9'' dudit mois
de février obtenu par ledit Deric France pour y faire assigner les-
dits receveurs du comté de Tancarville, ledit procureur du roy de
l'admirauté de ( Knllebeuf et ceux qui avoient faict la descharge et
recharge dudit hareng pour procéder sur leurs prétentions et
demandes; exploit du 19" dudit mois de février de signifhcation
faicte d'iceluy audit receveur du comté de Tancarville ; vidimus
d'arrest du conseil privé du roy du 10" juin audit an 16()4 obtenu
par ladite dame de Longueville portant que les parties procéde-
roient en ce parlement sur leurs difierens, circonstances et dépen-
dances ; ladite sentence rendue en la vicomte de l'Eau de Tancar-
ville le 11'" septendire ensuivant par laquelle sur l'action desdits
receveurs diulit comté, lesdits François le Breton. François Vigne-
364 l'abraye de notre-dame de grestain
ron et autres pêcheurs leurs associés y dénommés auroient été con-
damnés et par corps à représenter les hareng et autres choses par
eux sauvées dune gribanne péréclitée sur les eaux dudit comté à la
pointe de Grestain, et dont ils auroient recog-nu être saisis sur le
quay dudit Tancarville et pour la contravention par eux faite aux
ordonnances et rég-lemens de ladite vicomte condamnés solidaire-
ment en vingt livres d'amende, ledit mandement du 14^ octobre
1664 obtenu par ledit le Breton, Vigneron et joincts ayant sauvé
partie des harengs et marchandises qui étaient dans une gribanne
chargée de bois appartenant à Jean Depas et Pierre Durand, bour-
geois de Rouen, laquelle avait faict naufrage proche de ladite abbaye
de Grestain, aux fins d'y faire assigner les seigneur et prétendans
les droits de warech leur en appartenir, obéissant rendre les harengs
et marchandises sauvées à ceux qu'il seroit ordonné par la cour en
payant le droit de sauvetage et gardes, frais et dépens faicts en
conséquence ; exploits des 21 et 30 dudit mois doctobre de signif-
fications faictes dudit mandement tant ausdits receveurs du conté
de Tancarville et Philippes de Houël qu'aux receveurs de ladite
abbaye de Grestain avec assignation à eux donnée en la cour ; cop-
pies de transaction faicte entre le comte de Tancarville et les abé
et religieux de ladite abbaye de Grestain, les 11^ février 1408, 20
et 22 aoust 1412, touchant les différens qu'ils avoient pour raison
des droits de justice, pêcherie et varrech à eux appartenant ; extrait
du registre des expéditions dudit comté de Tancarville du 20 mars
1 497 : autre extraict du registre plumitif du greffe de la jurisdic-
tion dudit comté, du 13 mars 1627, faisant mention comme les
pêcheurs en la rivière de Seine du costé du sud y dénommés auroient
été appelles aux pieds et pour n'avoir comparu condamnés en
amende ; coppie de mandement de débat de tenure obtenu par les-
dits abbé et religieux de Grestain en la chancellerie de Rouen, le
24 avril 1602, pour le faict des pêches par eux prétendues ; acte
exercé au siège du bailliage du Ponteaudemer, le o aoust audit an,
entre lesdits abbé et religieux de Grestain et le procureur fiscal
dudit comté de Tancarville ; autres actes exercés en ladite haute
justice de Grestain, les 20 may, 4 juin, 9 juillet, 24 septembre,
14 et 29 octobre 1643, entre ledit Charles le Painteur, receveur de
ladite abbaye de Grestain, et plusieurs pêcheurs en ladite rivière
de Seine du costé du sud auxquels il auroit baillé à ferme ladite
PIÈCES JUSTIFICATIVES 365
pêche ; coppie craveu et dénombrement rendu au roy par dame
Marie de Bourbon, duchesse de Long-ueville, ayant la garde royalle
du sieur duc de Long'ueville, son fils, dudit comté de Longueville
suivant l'érection d'iceluy de l'an mil trois cent cinquante un,
vériffié au parlement de Paris en 16r)2; coppie approuvée de l'ex-
traict d'un article d un ancien registre touchant les droits de ladite
vicomte de l'Eau de Tancarville ; autre coppie d'un autre registre
de 1469 contenant les coutumes et droitures appartenant audit
comté de Tancarville; coppies de lettres de clameur de gages pièges
obtenues par le sieur duc de Longueville, comte de Tancarville, en
la chancellerie à Rouen le 28 décembre 1610 ; cahier de coppies de
plusieurs arrests et réglemens de la cour touchant la compettence et
jurisdiction du vicomte de l'Eau de cette ville de Rouen ; autres
arrests de ladite cour des 18 juillet 1628, 23 aoust 1659 et 18 juin
1663; coppie en latin de la charte de Richard, roy d'Angleterre et
duc de Normandie, donnée le premier de son règne, portant con-
firmation des donations qui avoient été faictes à ladite abbaye de
Grestain par Robert, comte de Mortain, et autres fondateurs d'icelle ;
coppie de la pancarte de la prévosté, coutume et droits appartenans
à ladite abbaye de Grestain ; coppie de transaction faicte entre les-
dits abé et religieux de Grestain et les y dénommés : la première
du mois de février 1286, la seconde de 1314 et la troisième du
mois de juillet 1322 ; coppie de sentence du vicomte de Ponteaude-
mer du 8 octobre 13")3; coppie de permission donnée par le capi-
taine de llonnetleur auxdits sieur abl)é et religieux de Grestain, le
5 février 1424, de jouir de leurs droits de coustume, pêcheries,
charges et décharges, batel ou batteau en leurdite haute justice
ainsy qu'ils avoient faict par le passé ; coppie de sentence rendue
en ladite haute justice de Grestain, le 29 avril 1623 ; coppie d'aveu
et dénombrement rendu au roy en la chambre des comptes de
Paris par Tabbé de ladite abbaye de Grestain, le 6° septembre
1469, du temporel d'icelle abbaye ; coppie d'information faicte par
m° Guillaume du Fay, lieutenant du bailly de Rouen, le 6° février
1484 ; instance desdits religieux de Grestain aux fins d'avoir Testât
du varrech et herbage décordable entre eux et le sieur de Marès-
Varnier ; coppie du procès-verbal dudit jour par m'^ Jean Mogé,
lieutenant général dudit bailly de Rouen, le 28*" jour d'avril 16i3,
des choses y contenues décordables entre lesdits abbé et religieux
366 LABBAVE DE NOTKE-DAME DE GKESTAIN
de Grestaiii et la dame duchesse douairière de Longueville ayant
la g'arde royalle dudict sieur duc de Long^ueville ; coppie d'autre
procès-verbal dressé par le lieutenant du sénéchal de ladite baronie
et haute-justice de Grestain. le 2^ juillet 1583. de létat d'un navire
tombé Avarech proche l'ég-lise de Berville avec la main levée par
luy accordée des marchandises qui étoient dans ledit navire à ceux
qui les auroient réclamées ; extraict de sentence rendue aux pieds
de la haute-justice de Grestain. le 29 octobre 1643 ; coppie d'ar-
rest de la cour du 3 mars 1633 ; aveu rendu au roy en la chambre
des comptes de Normandie du fief et sieurie de la Pommeraye jiar
Jean de Houël ; commission addressée par ladite chambre des
comptes au bailly de Rouen ou son lieutenant au siège du Ponteau-
demer, le 10" jour de may 1601, pour procéder à la vériffication
dudit aveu ; information faicte en conséquence par ledit juge le
22 juin audit an ; sentence de vérification dudit aveu rendu par
ledit juge de Ponteaudemer le dernier dudit mois de juin ; coppies
d'autres aveus rendus à ladite sieurie de la Pommeraye les 12 juil-
let 1606 et 18 juillet 1618 ; autre aveu rendu au roy en ladite
chambre des comptes de Normandie par Philippes de Houël dudit
fief et sieurie de la Pommeraye, le 12 may 1653 ; commission
adressée par ladite chambre au juge du Ponteaudemer, le 16*^ dudit
mois de may, pour procéder à la vériffication dudit aveu ; informa-
tion faicte en conséquence par ledit juge le 19 septembre audit an ;
coppie de sentence de A'ériffication dudit aveu rendu par ledit juge
le 9 décembre ensuivant ; arrest de ladite chambre des comptes du
6*^ février 1654 portant main-levée deftinitive dudit fief de la Pom-
meraye ; coppie de sentence rendue en ladite haute justice de Gres-
tain le 4*^ octobre 1664 ; vidimus d'arrest du conseil d'Etat du roy,
du 23*^ janvier 1662, obtenu par le sieur duc de Vendosme, grand
maistre, chef et surintendant général de la navigation et commerce
de France ; autres arrests dudit conseil des 14 octobre 1650 et
quatre mars 1654 ; inventaire de clausion de ladite dame de Lon-
gue ville, desdits abbé et religieux de Grestain, des Houël, le Bre-
ton, Vigneron et joincts, et des juges et officiers de ladite admirante
de Quil])euf. attestés de leurs procureurs : conclusions du procureur
général du roy et tout ce que les parties ont mis par devers la
cour.
Ouy le conseiller commissaire en son rapport, tout considéré, la
PIECES JLSTIFICATIVKS
367
Cour a mis les appellations et ce dont a été appelle au néant,
émendant les jug'emens a déchargé lesdits le Breton, Vigneron et
joincts des 20 livres d'amende contre eux jugée par ladite sentence
du vicomte de l'Eau de Tancarville du 11 septembre 1604, a con-
damné lesdits Pouchet et GodelTroy solidairement à leur en faire
restitution avec despens, comme aussy a déchargé lesdits Hamel,
Roger, Dumont, Rideau et joincts des amendes ausquelles ils ont
été condamnées par ladite sentence de l'admirauté de Quillebeuf
du 23'' aoust 1661, et leur a permis d'exécuter ledit Heudriesen
jusqu'à la somme de soixante quinze livres pour leurs sallaires en
question. Et faisant droict sur les conclusions des parties a main-
tenu le duc de Longueville, comte de Tancarville, aux droits et
possessions de toutes sortes de pêcheries tant à pied qu'avec bat-
teau et de Avarech dans toute l'étendue des eaux dudit comté, et
lesdits abbé et religieux de Grestain aux droits de pèche à pied seu-
lement et sans batteau sur le rivage de la rivière de Seine entre le
Noir-port et la Croix de la Devise du costé de Grestain, et de
warech qui se trouve à terre et qui se peut enlever à bras de corps.
Et pour faire droict sur le trouble prétendu apporté à la jouissance
et perception desdits droicts par le passé mesme des aggrès de la
gribanne dudit Depas, ordonné que les parties bailleront leurs
mémoires de part et d'autre dans lesquels ils articulleront tels faicts
qu'ils aviseront bien être pour être respectivement contestés. A
évincé ledit Houël du droit de warech par luy prétendu à cause de
son fief de la Pommeraye, intérests et despens compensés entre luy
et lesdits religieux et receveurs de Grestain. A maintenu les juges
de l'admirauté de Quillebeuf au préjudice dudit vicomte de l'Eau
de Tancarville en la congnoissance des affaires de la marine, nau-
frage et bris des vaisseaux, allèges et sauvetage des marchandises
estans en iceux. Faict deffenses audict viconte de l'Eau, receveurs
et autres otRciers dudit comté de Tancarville, d'enlever ny faire
enlever aucunes choses trouvées en warrech avant que d'en avoir
donnné avis auxdits juges de l'admirauté, lesquels dresseront pro-
cès-verbal de ce qui en appartiendra au roy et le feront mettre en
main seurre : la congnoissance du surplus desdites choses trouvées
en warrech demeurans audit comté de Tancarville et à ses oiïiciers.
Payei-a ledit Houël la cinquiesme partie du raport et coust du pré-
sent arrest, et sera le surplus avancé par ladite de Bourbon en la
368 l'abbaye de notre-dame de grestaiîn
qualité qu'elle procède et par lesdits Pouchet et Godreffoy. Donné
à Rouen en parlement, le deux avril, mil six cens soixante et douze.
CoUationné, Thierry, un paraphe. Signé, Bréant avec paraphe.
Collationné sur l'expédition en parchemin à l'instant rendue par
nous conseiller du roy, greffier en chef civil et criminel du parle-
ment de Normandie.
Auzanet.
( Arch. dép. de la Seine-Inférieure. Comté de Tancarville, liasse
Eauries et Pèches.)
XCIX
Bail du revenu temporel de t abbaye de Greslain.
1691, 2:3 mai.
Du mercredy avant midy, vingt troisiesme jour de may mil six
cens quatre-vingt onze, audit Honfleur, devant ledit sieur Le Court,
le jeune, tabellion commis et m'' Guillaume Bourgeot cy devant
tabellions prins pour adjoint.
Fut présente discrepte personne m^ Nicolas de Saint-Leu, prestre,
archidiacre et chanoine en l'église cathédralle de Senlis et vicaire
général de mgr. l'évesque de Senlis, estant de présent en ce lieu
comme stipullant le faict de l'illustrissime et révérendissime père
en Dieu messire Denis Sanguin, conseiller du roy en ses conseils,
évesque dudit Senlis, abbé commendataire de l'abbaye Nostre-Dame
de Grestaindiocèze de Lisieux, vicomte du Pont-Audemer, baillage
de Rouen, demeurant à Paris, rue des Francs Bourgeois, paroisse
de Saint-Gervais, lequel en ceste qualité et pour l'exécution du
traicté faict entre ledict sieur de St Leu audit nom, d'une part,
a confessé avoir faict bail à prix d'argent, pour neuf ans,.... aux
sieurs Pinel, Le Court et Delannoy scavoir est le revenu tempo-
rel de lad. abbaye de Nostre Dame de Grestain, ses circonstances,
deppendances et appartenances assizes en la vicomte du Pont-
Audemer et autres lieux, consistant en fermes compris celle de
Maharu assise à Genne ville, maison manable, pressoir, cour, jar-
dins, terres labourables ou non labourables, prairies, et compris
aussy l'exercice du greffe de la baronnye et haute justice de Grès-
PIECES JLSilFlCATlVES
:m
tain, les vingt-dtaix acres ou environ de terres assises en la paroisse
de Saint-Sulpice, Toustainville et Saint-Maclou, bois taillis,
dixmes, cens, rentes, traiziesmes, amendes, droits seigneuriaux,
féodaux, confiscations, aubaines, espaves, deshérances et droits de
chasse, ensemble les trois sergenteries du Mesnil-Ferry despen-
dantes de lad. abbaye, celle de Fontaine-Bellenger proche Gaillon
aussy avec leurs appartenances à la réserve faite par ledict seigneur
du thrézor de l'église de ladite abbaye, des collations, présentations
et provisions, des bénéfices et offices dicelle abbaye venant à
vaquer, de la maison abbatialle lorsque ledit seigneur évesque yra
et séjournera et ses gens, et outre moyennant la somme de 5700 11.
de fermage par chacun an desd. neuf années,... comme aussy seront
tenus lesdits preneurs faire et acomplir les clauses et conditions
suivantes sans diminution de ladite ferme et prix cy dessus : de
bailler et fournir par chacun an à la communauté desd. sieurs
prieur et relligieux de lad. abbaye la somme de 270iS 11. 6 s. 8 d.
en argent, y comprins 100 11. pour le sacristain, et huit vingt bois-
seaux de bled froment mesure de Honfleur suivant et conformé-
ment à la transaction faite entre led. seigneur bailleur et lesdits
prieur et relligieux présents devant Costard, notaire tabellion au
siège de Beuzeville, le 20'^ septembre 1610...
Item payeront lesd. preneurs au sieur curé de Saint-Ouën, clerc
du couvent de lad. abbaye, la somme de 100 liv. et dix boisseaux
de bled.
Item au moine-lay de lad. abbaye 100 liv. par an ; au portier
dicelle pour ses gaiges et nourritures, 32 liv. et 12 boisseaux de bled.
Item au verdier de la même abbaye, IS liv. pour les gaiges,
10 liv. pour le loyer de sa maison et 7 boisseaux de bled, et luy
laisser la jouissance des terres en prey dont les verdiers ont cy
devant jouy en qualité de verdier.
Item au bailly de lad. abbaye ses gaiges ordinaires de 2o liv. par
ans, plus le nourrir avec le greffier et autres officiers de justice de
lad. abbaye le jour des plés ordinaires et gaiges pleiges.
Item pour les (lécinies ordinaires montant à huit vingt dix-neuf
livres quinze sols, six deniers et les extraordinaires jusqu'à 80 11.
l)ar an.
Item payera à l'archidiacre pour la visite de lad. abbaye la somme
de 10 liv. par an.
(^n. BuHAitii. — L AhhAijc de Xalre-Duinc de dresUtin. 24
370 l'abbaye de ^OTRE-DAME DE GRESTAIN
Item payera pour lomosne du [comte] par chacun jour, un pot
de sildre et 12 deniers.
Item au procureur fiscal ses gaiges ordinaires de 20 11. par an.
Item pour l'omosne journallière à la porte, 86 11. par an.
Et seront les preneurs tenus de payer moittié de l'omosne du
jeudi absolu suivant la coustume ; fournir le pain à chanter aux
curés des paroisses voisines qui viennent en procession à lad.
abbaye ledit jour ; fournir auxd. sieurs prieur et relligieux le pain
à chanter et vin qu'il conviendra pour célébrer leurs messes ; bailler
à disner une fois par chacun an, le jour et feste de l'Assomption
de la Sainte- Vierge, quinziesme jour d'aoust, aux relligieux de
Préaux venant ledit jour en procession et aux sieurs relligieux de
lad. abbaye.
Item au barbier de lad. abbaye 15 liv. pour ses gaiges.
Item à S. A. R. Mademoiselle à cause de sa baronnye de Ron-
cheville, 100 sols par an.
Item payeront lesd. preneurs par chacun an, le jour du jeudy
absolu, deux pots de vin et l'argent nécessaire pour le service auxd.
sieurs relligieux.
Tous lesquels deniers et choses cy dessus seront payez par an en
la manière acoustumée et du tout en tirer bonnes quittances k lad.
descharge dudit seigneur bailleur, sans pour ce que dessus pré-
tendre par lesd. preneurs aucune diminution de lad. ferme et prix
de cinq mille sept cents livres ny mesmes pour la non jouissance
des pescheries causez par le litige pendant au parlement de Rouen
entre mgr. le duc de Longueville et le seigneur bailleur ; et en cas
de guain de cause la moitié de lad. pescherie appartiendra auxd.
religieux et l'autre moittié pour lesdits preneurs qui seront tenus
fournir audit seigneur bailleur à la fin du présent bail un papier
coeuilloir ou de recepte des revenus de lad. abbaye signé dudit
bailly, etc. etc.
(Min. du tabell. de Roncheville, siège de Honfleur, reg. janv.
1691 à déc. 1692.)
PIÈCES JUSTIFICATIVES 371
Bail de la maladrerie de Sainl-Laurent de Grcslain.
1691, 30 juillet.
Je soubzigné, commandeur de la commanderie de Briosne ' et
maladrerie en despendant, reconnois avoir baillé à titre de ferme et
prix d'argent pour trois années qui commenceront le jour de Saint-
Michel prochain,... à honneste homme Guillaume Boulan, labou-
reur, demeurant en la paroisse de Saint-Ouën de Grestain, c'est
asscavoir une pièce de terre assize en ladite parroisse joingnant la
chapelle de la maladrerie de Saint-Laurens dudit Grestin, les bornes,
costez et continence ledit preneur a dit les biens scavoir connoistre,
ladite maladrerie faisant partie de la commanderie dudit Briosne,
à la charge par ledit preneur de paver les rentes seigneurialles, etc.,
outre et moyennant le prix et somme de six livres de ferme par
chacun an, etc.
Faict double et arresté, le trentiesme jour de juillet mil six cent
quatre vingt unze.
Le commandeur de Reclesne des Regarts ^.
(Arch. de l'hospice de Ronfleur, B 31.)
CI
Bail de la chapelle des Ladres, située à Saint-Ouën de Grestain,
1716, 26 novembre.
J'ay soussigné Guillaume Papillon, demeurant en la parroisse de
Garbec-Grestain, reconnois par le présent avoir pris à ferme pour
1. Il y avait à Brionne, au xiii'' siôcle, une léproserie dont il ne restait au
commencement du xvi'= qu'une chapelle en titre sous le nom de Saint-Michel.
2. Reclesne ou Reclaine, famille originaire d'Auvergne en possession des sei-
gneuries de Lyonne et Lunelle dans le Bourbonnais. Le domaine des Begards,
mouvant du duché de Mont[)ensier, était situé dans la généralité de Moulins.
(Bibl. nat., pièces orig. 2446; cairés de d'Ilozier, 529.)
372 l'abbaye de notre-dame de grestain
neuf ans commencez au jour de Saint-Michel dernier, de MM. les
administrateurs de l'hôpital général de Honfleur stipulez par maître
Guillaume Villey, conseiller et avocat du roy aux gabelles de Hon-
fleur, demeurant paroisse de Saint-Léonard, sindic dudit hôpital,
vertu de la délibération passée au bureau dudit hospital le dimanche
dix-huictiesme jour d'octobre dernier, scavoir est l'enclos de la
chapelle des Ladres, situé en la parroisse de Saint-Ouën de Gres-
tain, en circonstances et dépendances avec le bois et hayes d'allen-
tour et tout autant qu'en cet endroit il en appartient audit hôpital
sur le prix de dix livres de fermage payable par chacun an entre
les mains du sieur receveur dudit hôpital en cette ville à la charge
par moy dit Papillon de conserver la possession dudit enclos de
l'entretenir de closture et le rendre en état comparoir aux plès et
gage-pleiges des sieuries dont il relève sy on l'y apèle, parce que
j'auray pendant ledit bail une coupe dudit bois et des hayes à
charge de laisser une année de recreu ; à quoy j'oblige mes biens
et mon corps promettant reconnoistre le présent touttesfois et
quantes et en délivrer à mes frais une expédition exécutoire auxdits
sieurs administrateurs. Fait double à Honfleur, le vins six jour de
novembre mJl sept cents saize.
Guillaume Papillon.
G, Villey.
(Arch. de l'hospice de Honfleur, B 10.)
en
Procuration donnée par Chrrjsanthe de Lévis, ahhé de Grestain.
1723, 1" mai.
Pardevant les conseillers du roy notaires à Paris soussignés, fut
présent messire Grisante de Levy, prestre, demeurant grande rue
du faubourg et parroisse Saint-Jacques-du-Haut-Pas, en la maison
de Saint-Magloire, lequel a fait et constitué son procureur et spé-
cial m® Vacquet, fils, avocat à Honfleur, auquel il donne pouvoir de
pour luy et en son nom recevoir du sieur Grandin, fermier de l'ab-
baye de Notre-Dame de Grestain, de laquelle ledit sieur constituant
est paisible possesseur, les fermages escheus et qui escheront à
PIÈCES JUSTIFICAllVES 373
l'avenir, de recevoir et donner toutes quittances et décharges valla-
blement, etc. Fait et passé à Paris, en Festude de Meunier, notaire,
l'an mil sept cent vingt cinq, le premier may. Et a signé :
Grisante de Levi.
(Orig,, étude de m'' Paul Bréard, à Ilonfleur.)
cm
Procuration donnée par M. de Renty, ahbé comme ndat aire
de lahbaye de Notre-Dame de Grestain.
1744, 8 mai.
Pardevant les conseillers du roy, notaires à Paris, soussignez,
fut présent Jean-François Philbert de Renty, clerc tonsuré du dio-
cèse d'Arras, ahbé commendataire de l'abbaye royalle de Notre-
Dame de Grestain, diocèse de Lizieux, demeurant en la commu-
nauté Saint-Nicolas du Ghardonnet, paroisse Saint-Estienne du
Mont, lequel en conséquence de l'exploit d'assignation à luy donné
par Jacques Vauclin, sergent royal, le vingt-quatre d'avril dernier,
à la requeste de Jean-Antoine Thiboust d'Anisy, prestre, curé des
paroisses de Saint-Ouën de Grestain et de Saint-Martin de Garbec,
et après avoir pris communication de la requeste présentée par le
sieur Danisy à monseigneur l'évesque et comte de Lizieux en datte
du vingt-sept avril, mil sept cents quarante-trois, tendante à l'extinc-
tion et supression à perpétuité du titre de bénéfice cure de Saint-
Ouën de Grestain, doyenné du Ponteaudemer, diocèze de Lizieux,
dont la présentation appartient audit seigneur abbé, et de l'union
aussy à perpétuité des fruits, biens et revenus en deppendans au
bénéfice cure de Saint-Martin de Garbec dudit diocèse, dont ledit
seigneur abbé est aussy présentateur, à la charge par le sieur curé
de Garbec du soin des âmes des habitans de lad. paroisse de Saint-
Ouën de Grestain, de l'ordonnance dudit seigneur évesque en con-
séquence en datte dudit jour vingt-sept avril, de celle du sieur
commissaire nommé à l'effet desdites exstinction et union dattée du
premier may. mil sept cent quarante-trois, de la requeste présentée
par le sieur Danisy le quinziesme avril dernier, de l'ordonnance du
374 l'abiîaye de nothk-dame de (irestain
sieur Gérard, commissaire, étant au pied de Iti requeste, en datte
du même jour, et des autres actes contenus auxdites requestes, a
fait et constitué son procureur général et spécial la personne du
sieur Louis Amet, demeurant en la ville d'Honfleur, auquel il donne
pouvoir de le représenter où besoin sera, etc. Passé à Paris, en
Tétude, le huit may mil sept cent quarante-quatre. Et ont signé :
L'abbé de Renty.
GeRVAIS. DlPRÉ.
(Min. du tabell. d'Auge, à Honfleur, années 1743-1744.)
CIV
Acte capitulairo des religieux de Vabhaye de Notre-Dame
de Grestain.
1744, 13 mai.
Ce jourd'hui quinze de mai, mil sept cent quarante-quatre, les
religieux composant la communauté de l'abbaye de Grestain, sca-
voir : Dom Guillaume-Nicolas Desnoyers, prieur claustral, Dom
Jean-Baptiste Camus, prieur de Saint-Nicolas et Dom François-
Jean-Baptiste de Lamorye, infirmier, assemblez en chapitre au son
de la cloche en la manière accoutumée pour délibérer s'ils conti-
nueront avec messire Jean-François Philibert de Renty, abbé com-
mendataire de nostredite abbaye, la transaction passée entre
messieurs de Fontenai et de Malherbe, ses prédécesseurs, ou s'ils
demanderont leur tiers en essence, sont convenus de s'en tenir à
ladite transaction aux conditions suivantes, scavoir : 1° qu'elle
n'aura lieu et ne pourra valoir que pour l'espace de six années seu-
lement, ledit seigneur abbé et les religieux demeurant réservez à
tous leurs droits en essence et demander partage, sans que ladite
transaction puisse préjudicier ny à eux ny à leurs successeurs après
lesdites six années ; 2° que si ledit seigneur abbé et lesdits sieurs
relligieux ne veulent continuer plus longtemps l'exécution de ladite
transaction, ils seront tenus de s'avertir réciproquement un an ou
deux avant l'expiration dudit terme, et que ledit seigneur abbé
fera donner alors auxdits sieurs prieur et relligieux un estât des
PIÈCES .lUSTlFICATlVKS 375
revenus de lad. abbaye avec copie des soubaux des fermes, terres
et rentes dépendantes de l'abbaye et les papiers nécessaires pour
pouvoir entrer en partagée ; 3° que la susdite transaction sera exé-
cutée selon sa forme et teneur et que les pensions telles qu'elles y
sont réj:^lées leur seront payées exemptes de toutes charges, en
sorte qu'ils n'ajent de décimes et autres impositions à payer (ju'au-
tant qu'ils en doivent à cause de leurs offices claustraux et autres
biens dont ils jouissent à titre de prières, et que ledit abbé se char-
gera de payer les décimes et autres impositions qu'on pourroit
mettre sur leurs pensions. Ce qu'ils ont signé ce jour et an que
dessus. Et en conséquence ont donné plein pouvoir à la personne
dudit sieur prieur pour en passer acte pour eux et enlever leur nom
devant notaire avec le porteur de procuration dudit seigneur abbé
toutesfois et quantes, à l'effet de quoy la présente délibération vau-
dra de pouvoir et d'authorisation. Fait et signé le jour et an que
dessus : G.-N. Desnoyers ; Camus ; François-Jean-Baptiste Dela-
morije, tous avec paraphe,
J'ay le présent acte délivré audit sieur prieur, tiré sur le registre
du chapitre, pour servir ainsi que de raison, cejourd'huy quin-
ziesme jour de may, mil sept cent quarante-quatre. Approuvé
quatre mots en rature de l'autre part.
François-Jeak-Baptiste Delamorye,
Secrétaire du chapitre.
(Min. du tabell. d'Auge, à Honfleur, années 1743-1744.)
CV
Accord conclu entre M. de Benty, ahhc' commendataire de Vahbaye
de Notre-Dame de Grestain et les religieux de Vahbaye.
1744, 15 mai.
Pu vendredy après midy, quinze de may, audit an mil sept cens
quarante quatre, à Honfleur, en l'étude, devant ledit Le Roy,
tabellion.
Pour éviter les contestations qui pourroient naistre entre messire
Jean-François-Philibert de Rentv, abbé commendataire de l'abbave
376 l'abbaye de >otre-dame de grestain
royale de Notre-Dame de Graistain, diocèze de Lisieux, demeu-
rant à Paris, d'une part, et messieurs les prieur et religieux de
ladite abbaye, d'autre part, au sujet du partage des biens et reve-
nus de ladite abbaye et du tiers qui en est deub auxdits prieur et
religieux, a esté fait l'accord irrévocable qui suit : à scavoir que
ledit seigneur abbé, stipulé et représenté par le sieur Louis Amet,
demeurant en cette ville, porteur de sa procuration passée et non
registrée devant Gervais et Dupré, notaires à Paris, le huit de ce
mois et an, deument signée et scellée, déposée au présent registre
après avoir esté contremarquée ne varietur dudit Amet et de nous-
dit Le Roy pour sûreté de la présente transaction estre transcritte
à la fin des grosses dicelle et luy en estre délivré des expéditions
quand besoin sera, s'est soumis envers lesd. sieurs prieur et reli-
gieux stipulés par dom Guillaume-Nicolas Desnoyers, prieur
claustral de ladite abbaye, demeurant ordinairement en icelle,
maintenant estant en cette ville, présent, ce acceptant tant en son
nom privé qu'en vertu du pouvoir à luy expédié par les autres reli-
gieux de lad. abbaye par acte arresté capitula irement entre eux, le
quinze de ce mesme mois et an, controllé en ce lieu cejourd'huy
aussy demeuré attaché au présent registre pour estre également
inséré à la fin des grosses qui en seront délivrées après avoir esté
de luy et de nous contremarque ne varietur, leur faire fournir, val-
loir et payer par chacun an et de quartier en quartier à commencer
au premier jour de juillet de la présente année mil sept cent qua-
rante-quatre et par avance le premier du mois par chaque quartier
la somme de deux mille cinq cent quarante-huit livres, six sols,
huit deniers, compris la double rétribution du sous-prleur, les cent
livres pour le sacristin et les cinquante livres du clerc ; comme
aussy sera livré auxdits sieurs religieux en outre par chacun an et
auxdits quartiers d'avance comme devant est dit cent soixante
boisseaux de bled froment, mesure d'Honfleur, dans le boisseau
estant de présent au grenier de lad. abbaye qui sera marqué et
garny de fer, avec leur chauffage ainsy qu'ils ont toujours jouy cy-
devant. Et aura aussy ledit prieur la jouissance du pré dont ses
prédécesseurs ont toujours jouy par le passé ; et au regard du
colombier de ladite abbaye il a esté aussy quitté auxdits sieurs
prieur et religieux parce qu'en outre ledit seigneur abbé demeurera
sujet à touttes les réparations grosses et menues de lad. abbaye et
PIECES JUSTIFICATIVES
377
fermes en dépendantes, les choses cy-dessus tenantes franches et
quittes ausdits sieurs prieur et reli<i^ieux, s'oblig^eant ledit seigneur
abbé, stipulé comme dessus, de faire mention dans le bail général
qu'il fera du revenu de ladite abbaye que le preneur sera tenu de
payer touttes les sommes et charges cy-dessus aux termes et ainsy
qu'il est expliqué dans les précédentes transactions faittes entre les
prédécesseurs dudit seigneur abbé et lesdits sieurs religieux notam-
ment en celle... en ce tabellionage le vingt huitiesme aoust mil
sept cent vingt-huit, le tout en diminution de son bail, à laquelle
fin ledit seigneur abbé donnera copie d'iceluy bail audit sieur prieur
et religieux touttesfois et quantes ; le présent accord ainsy fait pour
six années seulement, ledit seigneur abbé et sieurs religieux
demeurants réservés à tous leurs droits en essence et demander
partage sans que ladite transaction puisse les préjudicier ny leur...
après lesdittes six années expirées, convenu que sy ledit seigneur
abbé et lesdits sieurs religieur ne veulent continuer plus longtemps
l'exécution de ladite transaction ils seront tenus de s'avertir réci-
proquement un an ou deux avant l'expiration des présentes et ledit
seigneur abbé leur fera donner alors un estât des revenus de ladite
abbaye avec copie des sous-baux des fermes, terres, rentes dépen-
dantes de ladite abbaye et les papiers nécessaires pour entrer en
partage ; comme aussy que s'il arrive le deceds de quelqu'un des-
dits sieurs religieux ou qu'ils se fussent agréger à quelqu'autre
abbaye, le revenu à eux ainsy quitté par la présente revertira en
entier au proiïit de ceux qui y resteront jusqu'à ce que les places
ayant esté remplies par ledit seigneur abbé jusqu'au nombre de sept
dont leur communauté doit être composée ; que la susdite transac-
tion sera exécutée selon la forme et teneur, et que leurs pensions
telles qu'elles y sont réglées leur seront payées exemptes de touttes
charges en sorte qu'ils n'ayent de décimes et autres impositions à
payer qu'autant qu'ils en doivent à cause de leurs offices claustraux
et autres biens dont ils jouissent à titre de prières : ledit seigneur
abbé demeurant chargé de payer les décimes et autres impositions
qu'on pourroit mettre sur les portions desdits sieurs religieux. Et
au moyen de tout ce que dessus, ils ont renoncé au droit de partage
pour ledit temps de six années car ainsy les parties sont convenues et
demeurées d'accord, à la sûreté et entretien de quoy elles ont obligé
378
L ABBAYE DE NOTHE-DAME DE GRESTAIN
par lesdits porteurs de pouvoirs tous leurs biens réciproquement et
ont sig-né après lecture faite, etc.
Amet.
G.-N. DES Noyer,
prieur de Grestain.
(Minutes du tabell. d'Auge, à Ronfleur, années 1743-1744,
fol. 179 v°.)
CVI
Bail du revenu temporel de l'abbaye de Xofre-Dame de Grestain,
(Extrait.)
1744, 28 mai.
S'est présenté, etc lequel a confessé avoir donné à ferme,
pour neuf ans, aux sieurs Pierre-Antoine Gaultier, marchand bon-
netier à Caen, y demeurant paroisse Saint-Sauveur, rue de la
Chaisne, et Alexandre Vassol, marchand drappier à Caen, y demeu-
rant rue et paroisse Saint-Pierre : c'est à scavoir tout le revenu
temporel de l'abbaye de Nostre-Dame de Grestain, consistant en
fermes, compris celle de Maharu, à Genneville, maisons manables^
pressoirs, cours, jardins, terres labourables et non labourables, etc.,
prairies, bois, taillis, dixmes,. cens, rentes, treiziesmes, amendes,
droits seigneuriaux et féodaux, confiscations, forfaitures, aubaines,
épaves, deshérances, droits de chasse, les trois sergenteries du
Mesnil-Ferry, la pesche de la rivière de Seine dont il appartient la
moitié aux sieurs religieux de Grestain, en outre l'exercice du greffe
de la jurisdiction, la ferme de Fontaine-Bellenger, la dixme et les
rentes seigneuriales de Barneville-en-Cotentin, la dixme de Mun-
neville-sur-mer, etc. etc.
Le présent bail fait tant par le prix de 7.600 livres de fermage
par an qu'en outre... payer à la communauté 2.o48 liv. 6 s. 8 den.
en argent, fournir cent soixante boisseaux de bled, payer au curé
de Saint-Oûen, clerc du couvent de ladite abbaye, 100 livres en
argent et dix boisseaux de bled, au moine-lay de ladite abbaye,
100 livres ; au portier pour ses gages et nourriture, 32 livres et
douze boisseaux de bled ; au verdier de ladite abbaye 15 livres pour
PIÈCES JUSTIFICATIVES 379
SCS gog-os, 10 livres pour le loyer de sa maison et sept boisse.iux
de bled ; au bailly de ladite abbaye pour ses honoraires ordinaires
2o livres par an ; payer les décimes ordinaires montant à 179 livres
15 s. 6 den. et les extraordinaires à 80 livres ; à Tarchidiacre [du
Pont-Audemer] pour sa visite, 10 livres ; payer pour Taumône du
comte, par chacun an, un pot de cidre et 12 deniers ; au procureur
fiscal, 20 livres par an ; pour Taumône journalière à la porte de
ladite abbaye, 86 livres par an ; payer la moitié de l'aumône du
jeudi absolu ; fournir le pain à chanter aux sieurs curés des paroisses
voisines qui viennent en procession ledit jour ; fournir auxdits
sieurs prieur et religieux le pain à chanter et le vin ; bailler à dîner
une fois par an, le jour de l'Assomption de la Sainte-Vierge aux
sieurs religieux de Préaux venant ledit jour en procession et aux
sieurs religieux de ladite abbaye ; au barbier de ladite abbaye,
15 livres ; à S. A. R. k cause de la baronnie de Roncheville,
100 sols ; payer le jour du jeudi absolu deux pots de vin et l'argent
nécessaire pour la Cène.
Toutes lesquelles choses, etc. ^
(Min. du tabell. d'Auge, siège de Honfleur, reg. 1743-1744.)
CVII
Plaids de gago-plègc et de recelte de la baronnie de Grestain tenus
pour les fiefs de la branche de Saint-Pierre-du-Chàtel , Notre-
Dame-du-Val, Boulleville, Saint-Maclou, Saint-Sulpice, Saint-
Germain de Pont-Audemer. (Extrait).
1747, 20 juin.
Gage-piège de la baronnie et haute-justice de Grestain pour les
fiefs, terres et seigneurie de la branche de Saint- Pierre-du-Ghastel,
Notre-Dame-du-Val, Boulleville. Saint-Maclou, Saint-Sulpice et
Saint-Germain du Pont-Audemer, appartenant à messire Jean-
François-Philbert de Renty, abbé commendataire tle l'abbaye
royalle de Notre-Dame de Grestain, seigneur des nobles fiefs, terres
et seigneurie qui en dépendent, tenus par nous Ollivier Vaquet,
1. Voy. lin autre l>ail de l'année 1691, pièces jiistif., n" 99.
380 l'abbaye de notre-dame de orestain
conseiller et procureur du rov en l'amirauté de France, au siège de
Toucque, bailly de la haute justice de Grestain et sénéchal des fiefs
qui en dépendent, assisté de maistre Jacques Liétout, greffier en
l'amirauté d'Honfleur pris pour greffier, ce jourd'huy mardy ving-
tiesme jour de juin, mil sept cent quarante sept, neuf à dix heures
du matin, sous la grande porte de la maison vulgairement apelée
Maison Mauger, paroisse de Saint-Pierre, suivant les tenements
faits par Nicolas Vallée, sergent royal au Pontaudemer, aux par-
aisses de Boulleville, Saint-Maclou, Saint-Sulpice et Saint-Ger-
main, le dimenche, quatre décembre, controUé à Beuzeville par
Fécherouille et par Pierre Cardon, sergent royal à Beuzeville, aux
parroisses d'Equainville, Beuzeville, Genneville et Quetteville, datte
du vingt huit may dernier, controllé à Beuzeville par Fécherouille
le trente dudit mois, ce requérant ledit seigneur abbé stipuUé et
représenté par le sieur Jacques Ballière, porteur de procuration des
sieurs Vassol et Gautier, fermiers généraux de ladite abbaye, passée
et registrée devant les nottaires de Caen, le vingt six mars mil sept
cent quarante cinq, qui a requis appel estre fait des aisnez et
puisnez tenant héritages auxdites seigneuries, ce qui fait a esté
ainsy qu'il ensuit :
1- — Grand fief Rault Morel, contenant vingt-huit acres, assis à
Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 2i. — Redevances, fro-
ment, 4 setiers ; orge, 4 setiers ; avoine, o setiers, à la petite
mesure d'Aubigny. — Une oie ; 4 cliapons et 4 deniers ; 40 œufs
et 4 deniers ; un demi-mouton ou 5 sols ; prière de charrue deux
fois l'an ; trois journées pour le blé, l'avoine et le foin. M
2. — Le demi-fief Rault Morel, contenant quatorze acres de terre,
assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsomiiers, 19. — Redevances,
froment. 2 setiers ; orge, 2 setiers ; avoine, 35 setiers, le tout
mesure d'Aubigny. — Demi-oie, deux chapons, deux deniers ;
20 œufs, deux deniers ; un quart de mouton, deux sols, etc.
3. — Le fief Gallet-Gonnier, contenant treize acres de terre, assis
à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 18. — Redevances, fro-
ment, 2 setiers ; orge, 2 setiers ; avoine, 2 setiers et demi ; le tout
petite mesure d'Aubigny. — Demi-oie, deux chapons, deux deniers;
20 œufs, deux deniers; le quart d'un mouton, deux sols; deux
prières de charrue à la saison des blés et avoines ; service de pré-
vosté, etc.
I
PIÈCES JUSTIFICATIVES 381
4, — Le fief Beauvais, contenant quatorze acres de terre, assis
à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 16. — Redevances, fro-
ment, 1 setier ; orge, deux setiers ; avoine, 9 setiers, le tout mesure
d'Aubigny. Douze deniers de cens à l'office du bailli ; une géline,
deux chapons ; trente œufs, trois deniers, etc.
ri. — Le fief au Bout, contenant neuf acres, dix perches de
terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 18. — Rede-
vances, orge, 28 boisseaux ; avoine, 98 boisseaux. Trois chapons,
3 deniers ; 40 œufs, 4 deniers, etc.
6. — Le fief Guénier, contenant cinq acres et une vergée, assis
à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 16. — Redevances, avoine,
30 boisseaux, mesure d'Aubigny et 3 petits boisseaux d'orge, etc.
7. — Le tenement d'Avallon, contenant huit acres, trois vergées
et vingt-sept perches de terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. —
Parsonniers, 13. — Redevances, blé, 27 boisseaux ; orge, 27 bois-
seaux ; avoine, 27 boisseaux, le tout mesure d'x\ubigny, etc.
8. — Le fief aux Vaquets, contenant douze acres de terre, assis
à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 10. — Redevances,
5 sols, 1 1 deniers obole, service de prévosté, etc.
9. — Le fief aux Louvets, contenant sept acres de terre, assis à
Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 5. — Redevances, 40 sols
à la saint-Michel ; à Noël, 2 chapons, 2 deniers ; à Pâques, 40 sols,
30 œufs, 3 deniers, etc.
10. — Le fief Poisson, contenant 30 acres, 1 vergée de terre,
assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 11. — Redevances,
avoine, 5 setiers ; froment, 5 boisseaux, mesure de Beuzeville. Une
oie ; deux sols de cens à l'office du bailli ; dix sols à l'office de la
recette ; 4 chapons, 40 œufs avec six sols, etc.
11. — Le tenement Rault Deuve, contenant une acre de terre,
assis à Saint-Pierre-du-Châtel . — Parsonniers, 1. — Redevances,
2 chapons, 2 deniers.
12. — Le fief des Nicolles, contenant vingt-deux acres de terre,
assis à Saint-Pierre-du-Châtel. — Parsonniers, 20. — Redevances,
blé-froment, 3 setiers ; avoine, 10 setiers, le tout mesure d'Au-
bigny ; une oie ; 3 chapons, 3 deniers ; 30 œufs, 3 deniers ; deux
sommages ; prière de cliarrue et de herche, deux fois l'an, service
de prévosté, etc.
13. — Le fief Véron, contenant treize acres de terre, assis à
382 l'abbaye de jnotke-dame de gkestain
Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 12, — Redevances^ avoine,
60 boisseaux, mesure de Beuzeville ; une oie et sept sols pour l'of-
fice en bailli ; 3 chapons, 3 deniers ; 20 œufs, 2 deniers ; service de
prevosté, etc.
14. — Le fief Millet, contenant trois acres de terre, assis à Saint-
Pierre-du-Ghastel. — Parsonniers, 5. — Redevances, avoine,
7 boisseaux et 2 sols 6 deniers ; 2 chapons, 2 deniers ; 20 œufs,
2 deniers ; 2 sols 9 deniers tournois ; service de prevosté, etc.
15. — Le fief Ozanne, contenant cinq acres de terre, assis à Saint-
Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 8. — Redevances, avoine,
5 setiers ; 16 deniers à 1 office du bailli ; une oie ; 2 chapons, deux
deniers ; 20 œufs, 2 deniers ; prière de charrue et de herche deux
fois l'an, foy, hommag-e, etc.
16. — Le fief Voisin, contenant sept acres, deux vergées, quinze
perches, assis à Saint-Pierre-du-Ghastel ou Nostre-Dame-du-Val. —
Parsonniers, 19. — Redevances, avoine, 3 setiers; 17 deniers à
l'office du bailli ; 1 chapon, 1 denier ; foy, hommage, etc.
17. — Le fief Mahon, contenant cinq acres, deux verg-ées de
terre, assis à Saint-Pierre-du-Ghastel. — Parsonniers, 9. — Rede-
vances, blé, 2 boisseaux, mesure de Beuzeville ; une oie; 3 cha-
pons, quatre deniers ; 30 œufs, 3 deniers ; foy, hommage, etc.
18. — Le fief des Gardons, contenant quinze acres, assis à Saint-
Pierre-du-Ghastel. — Parsonniers, 7. — Redevances, blé, 32 bois-
seaux ; orge, 24 boisseaux ; avoine, 40 boisseaux, le tout mesure
d'Aubigny ; une oie ; deux chapons ; 30 œufs, etc.
19. — Les Pittances aux Vaquets, contenant deux acres, trois
vergées de terre, assis à Saint-Pierre-du-Ghastel. — Parsonniers,
8. — Redevances, avoine, 22 boisseaux, mesure d'Aubigny ; 2 cha-
pons et autres droits seigneuriaux.
20. — Les Pittances Dufour, contenant quatre acres de terre,
assis à Saint-Pierre-du-Ghastel. — Parsonniers, 9. — Redevances,
blé-froment, 7 boisseaux ; avoine, 26 boisseaux, le tout mesure
d'Aubigny ; 2 chapons, et autres droits seigneuriaux.
21. — Le fief Hobey, contenant trois acres de terre assis à Saint-
Pierre-du-Ghastel. — Parsonniers, 9. — Redevances, orge, 27 bois-
seaux ; 2 chapons, 2 deniers.
22. — Le fief de lEpine, contenant neuf acres de terre, assis à
Equainville. — Parsonniers, 12. — Redevances, 44 sols en argent.
k
PIÈCES JUSTIFICATIVES 383
23. — Le fief du Fond-du-Val, contenant cinq acres, deux ver-
gées, vingt perches, assis k Saint-Pie rre-du-Chastel. — Parson-
niers, 8. — Bedevances^ orge, 4 boisseaux; 3 sols en argent; 3 cha-
pons, 3 deniers.
2i. — La vavassorie au Bigre, contenant vingt-deux acres de
terre assis à Saint-Pierre-du-ChasteL — Parsonniers, 20. — Rede-
vances, 33 sols en argent ; 4 chapons, 4 deniers ; 40 œufs, 4 deniers ;
2 sols à l'office du sacristain.
25. — Le tenement Robert Bigre, contenant deux acres de terre,
assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 6. — Redevances,
5 sols à l'office de sacristain ; 5 sols et autres droits seigneuriaux.
2fi. — Le tenement Vendanger, contenant deux vergées de terre,
assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 2. — Redevances,
blé-froment, 2 boisseaux mesure d'Aubigny.
27. — Le tenement Pierre Corps, contenant cinq vergées de
terre, assis à Notre-Dame-du-Val. — Parsonniers, o. — Redevances,
5 sols 6 deniers en argent ; 1 géline, 1 denier.
28. — Le tenement des Fosses-de-l" Abbaye, contenant deux acres
de terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 3. —
Redevances, 8 sols à la Saint-Michel ; un chapon, 1 denier ; 8 sols
à Pâques, etc.
29. — Le tenement Quetteville, contenant une vergée de terre,
assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 1. — Redevances,
1 géline, 1 denier.
30. — Le tenement de TAumosne du curé du Val, contenant
deux acres de terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parson-
niers, 4. — Redevances, 26 sols 8 deniers.
31. — Le tenement de TEcallier, contenant une acre de terre,
ssis k Saint-Pierre ou Notre-Dame-du-Val. — Parsonniers, 1. —
Redevances, 11 sols en argent.
32. — Le tenement aux Boullens, contenant sept vergées de
terre, assis k Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 3. — Rede-
vances, blé, 5 boisseaux, mesure de Beuzeville.
33. — Le tenement Deuve ou Camp-Guérot, contenant trois
vergées de terre, assis k Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers,
3. — Redevances, blé-froment, 6 boisseaux
34. — Le fief Perrin-Cardon, contenant une acre de terre, assis k
Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, l. — Redevances, 12 sols
en arsrent.
384 l'auuave de notre-dame de gkestain
3o. — Le tenement du Bout-des-Monts, contenant vingt perches
de terre, assis à Saint-Pierre-du-Ghastel, — Parso?iniers, 1 . —
Redevances, 10 deniers.
36. — Le tenement Riboult- Vallée, contenant trois verg-ées de
terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 3. — Rede-
vances, 18 deniers.
37. — Le tenement du Clos-Fleury, contenant deux acres de terre,
assis à Saint-Pierre-du-Chaslel. — Parsonniers, 5. — Redevances
7 sols 6 deniers ; 1 chapon, 1 denier ; à Pâques, autres 7 sols
6 deniers,
38. — Le tenement du Camp à la Grange, contenant deux acres
de terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel, — Parsonniers, 4. —
Redevances, 12 sols ; 2 chapons, 2 deniers ; à Pâques, autres 12
sols.
39. — Le tenement des Longs-Champs, contenant deux vergées
deux perches de terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parson-
niers, 3, — Redevances, blé, 3 boisseaux, mesure de Beuzeville.
40. — /Vutre tenement des Longs-Champs, contenant deux acres,
deux vergées de terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parson-
niers, 3. — Redevances, 18 sols 6 deniers,
41. — Le tenement du Camp-au-Foin, contenant trois vergées
de terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 2. — Rede-
vances, 6 deniers.
42. — Autre tenement du Camp-au-Foin, contenant deux ver-
gées de terre, assis k Saint-Pierre-du Chastel. — Parsonniers, 3. —
Redevances, 10 deniers k la Saint-Michel.
43. — Le tenement aux Boullens, contenant une vergée, vingt
perches de terre, assis k Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsoiiîiiers,
1. — Redevances, blé, 2 boisseaux k la mesure d'Aubigny.
44. — Le tenement Gringuant, contenant une acre de terre,
assis k Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 2. — Redevances,
5 sols en argent; 1 chapon, 1 denier.
45. — Le fief d'Avallon, contenant seize acres de terre, deux
vergées, vingt-sept perches, assis k Saint-Pierre-du-Chastel. —
Parsonniers, 15. — Redevances, 75 sols en argent; 3 gélines,
3 deniers.
46. — Le fief aux Casteaux, contenant quatre acres de terre,
assis k Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 4, — Redevances,
4 sols en argent.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 38o
47. — Le tellement au Suret, contenant deux acres, deux ver-
gées de terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonnicrs^ 3. —
Redevances, 2 sols en argent.
48. — La fielFe du Camp au Febvre, contenant une acre, une
vergée, assis à Saint-Pierre-du-ChasteL — Parsonniers, \. — Rede-
vances, 12 sols en argent; 1 chapon, 1 denier.
49. — Le tenement Jean Boudin, contenant deux vergées de
terre, assis à Nostre-Dame-du-^"al. — Parsonnicrs, 1. — Rede-
vances, 6 deniers en argent.
50. — Le tenement de Clos Hûard, contenant une acre, deux
vergées de terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers,
o. — Redevances, 24 sols en argent.
51. — La vavassorie Sainte-Marie, contenant..., assise à Saint-
Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 1. — Redevances, 40 sols en
argent.
52. — Le tenement Guévillon, contenant une acre, trois vergées,
dix perches de terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parson-
niers, 3. — Redevances, orge, 4 boisseaux, à la mesure de Beuze-
ville.
53. — Le tenement Brunet-de-la-Mare, contenant trois vergées,
vingt perches de terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parson-
niers, 1. — Redevances, avoine, 9 boisseaux à la mesure d'Aubigny.
54. — Le tenement aux Casteaux, contenant trois vergées, douze
perches, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 4. —
Redevances, avoine, 14 boisseaux à la mesure d'Aubigny.
55. — Le tenement Hartel, contenant deux vergées de terre,,
assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 1. — Redevances,
avoine, 2 boisseaux, mesure de Beuzeville, l'un comble et l'autre
rasant.
56. — Le tenement du Petit-Pré, contenant trente perçues de
terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 2. — Rede-
vances, 20 deniers en argent.
57. — Le tenement de la Fosse-Oûin, contenant huit acres de
terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniei^s, 5. — Rede-
vances, 30 sols ; 1 chapon, 1 denier ; à Pâques, 30 sols.
58. — Le fief aux Iliiard, contenant trois acres, trois vergées de
terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 8. — Rede-
vances, 30 sols en argent ; 2 sols à l'office de sacristain.
Ch. Bhéaki". — L'Abbaye de .Voire-Dame de Greslain. 25
386
L ABBAYE DE NOTRE-DAME DE GRESTAIN
59. — Le tenenient Béquet, contenant trois acres, une vergée de
terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 6. — Rede-
vances, 20 sols en argent ; 2 chapons, 2 deniers.
60. — Le fîef du Val-Jouan, contenant cinquante-huit acres ;
trente-six perches de terre, assis en la vicomte de Pont-Audemer!
paroisse de Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 5. — Rede-
vances, 8 livres en argent.
61. — Le tenement Auger-Boudin, contenant trois vergées de
terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 3. — Rede-
vances, 6 sols en argent.
62- — Le tenement Harencour, contenant deux vergées, vingt
perches de terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers,
3- — Redevances, 5 sols en argent ; 1 géline, i denier.
63. — Le tenement aux Louvets, contenant une acre de terre,
assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 4. — Redevances,
7 sols en argent.
64. — Le tenement au Mojne, contenant sept vergées, vingt
perches de terre, assis à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers,
5. — Redevances, 12 sols.
65. — Un tenement, contenant six acres de terre, assis à Saint-
Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 5. — Redevances, 50 sols en
argent ; 2 chapons.
66. — Un tenement, nùment, contenant une acre de terre; assis
à Saint-Pierre-du-Chastel. — Parsonniers, 2. — Redevances,
10 sols ; 1 chapon, 1 denier à l'office de sacristain.
67. — Les héritiers de Jean de Ville, Marguerite Durand, Jean
Piquot doivent de rente seigneurialle par an 20 sols.
68. — La vavassorie du Hamelet, contenant dix acres de terre,
assise à Boulleville. —Parsonniers, 14. — Redevances, 60 sols,'
foy, hommage, etc.
69. — Le fief Robin Blotte, contenant vingt-sept acres de terre,
assis à Boulleville. —Parsonniers, 40. —Redevances, 14 livres en
argent.
70. — Le fief au Clerc, contenant vingt-huit acres de terre, assis
h Boulleville. — Parsonniers, 22. — Redevances, blé-froment,
3^ setiers ; orge, 2 setiers ; avoine, 2 setiers, le tout à la mesure
d'Aubigny.
rJ. — Le tenement Jean Varin, contenant six vergées de terre,
PIÈCES JUSTIFICATIVES 387
assis à Boulleville. — Parsonniers, 5. — Redevances^ 17 sols en
arf^ent.
72. — Le fief de Tailleville, contenant vin^^t-sept acres de terre,
assis à Boulleville. — Parsonniers, 20. — Redevances, 6 liv. et ser-
vice de prevosté.
73. — Le tenement Poisson, contenant dix acres de terre, assis
à Boulleville. — Parsonniers, 10. — Redevances, 100 sols en argent
et service de prevosté.
74. — Le tenement Triboûin, contenant deux acres, neuf perches
de terre, assis à Boulleville. — Parsonniers, 1. — Redevances,
15 sols en arj^^ent.
7;}. — Le fief Colin Mare, contenant dix acres de terre, assis à
Boulleville. — Parson?iiers, 10. — Redevances, orge, 10 boisseaux;
avoine 6 setiers revenant à 84 boisseaux, le tout à la mesure du
grenier; 2 chapons, 2 deniers; 1 géline, 1 denier; 33 œufs,
3 deniers.
76. — Le tenement aux Manchons, contenant..., assis à Boulle-
ville. — Parsonniers, 8. — Redevances, (en blanc).
77. — Le second tenement aux Manchons, contenant six ver-
gées, assis à Boulleville. — Parsonniers, 1. — Redevances, (en
blanc).
78. — Le troisième tenement aux Manchons, contenant une acre,
trois vergées, vingt perches de terre, assis k Boulleville. — Parson-
niers, 2. — Redevances, 7 sols en argent allant à Toffice d'aumô-
nier.
79. — Le fîef de la Vente, contenant sept acres de terre et vingt
perches, assis à Boulleville. — Parsonniers, 3. — Redevances, (en
blanc).
80. — Le fîef Bachelot, contenant six vergées, vingt perches de
terre, assis k Saint-Sulpice-de-Graimbouville. — Parsonniers, 1 . —
Redevances, 32 sols en argent ; orge, 12 boisseaux, mesure de Beu-
zeville ; deux oies ; 3 chapons, 3 deniers ; 30 œufs, 3 deniers ;
20 sols.
81. — Le fief Hébert Laigle, contenant... — Pai'sonniers, 2. —
Redevances, (en blanc).
82. — Le fief Guesnon, contenant six acres de terre, assis de
Saint-Maclou. — Parsonniers, 7. — Redevances, orge, 14 bois-
seaux ; avoine, 21 boisseaux; 3 chapons, 3 deniers; et 30 sols
6 deniers k Pâques ; 20 œufs, 2 deniers ; service de prevosté.
388 l'abbaye de notre-dame de grestain
83. — Le fief au Prévost, contenant quatorze acres de terre
assis à Boulleville. — Parsonniers, 8. — Redevances, 4 livres,
1 chapon ; à l'office de pénitenciers 7 sols 6 deniers ; à l'office de
bailly, 12 deniers; 1 chapon à l'office de chancelier; et 71 sols
6 deniers en deux termes ; service de prevosté.
84. — Le fief Martel, contenant quatorze acres de terre, assis à
Boulleville. — Parsonniers, 4. — Redevances, 32 sols 6 deniers au
terme Saint-Michel ; autres 32 sols 6 deniers à Pâques.
83. — Le fief du Jardinet, contenant trois acres, deux vergées,
trois perches, assis à Saint-Sulpice. — Parsonniers, 16. — Rede-
vances, blé-froment, 8 boisseaux ; 3 sols à l'office de bailly ; 2 cha-
pons, 2 deniers; 20 œufs, 2 deniers.
86. — Le fîef Binet-Marie^ contenant onze acres de terre, assis
à Boulleville et Saint-^Iaclou. — Parsonniers, 12. — Redevances,
12 deniers de cens allant à l'office de bailly ; 9 sols allant à la
recette ordinaire ; 2 chapons, 2 deniers allant à l'office d'infirmier.
87. — Le fîef au Thioux, contenant sept acres de terre, assis à
Saint-Sulpice. — Parsonniers, 8. — Redevances, 4 sols allant à
l'office de bailly ; 2 chapons, 2 deniers ; 20 œufs, 2 deniers; ser-
vice de prevosté.
88. — Le fief Maurepas, contenant dix-sept acres de terre, assis
à Saint-Maclou. — Parsonniers, 13. — Redevances, blé, .o bois-
seaux ; 4 chapons, 4 deniers à l'office de bailly ; 40 œufs, 4 deniers ;
16 sols ; service de prevosté.
89. — Le fief de l'Anerie, contenant vingt-sept acres, deux ver-
gées de terre, assis à Boulleville. — Parsonniers, 11. — Rede-
vances, 6 livres en argent.
90. — Le fief de la Fresnée, contenant huit acres de terre, assis
à Saint-Maclou. — Parsonniers, 8. — Redevances, avoine, 32 bois-
seaux ; 2 chapons, 2 deniers ; 20 œufs, 2 deniers ; pour laumônier,
12 sols, 12 deniers; service de prevosté.
91. — Le fief Assour, contenant vingt-six acres de terre, assis à
Saint-Sulpice et à Saint-Maclou-la-Campagne. — Parsonniers, 20.
— Redevances, froment, 3 setiers 6 boisseaux ; orge, 3 setiers
6 boisseaux ; avoine, 3 setiers, le tout mesure d'x\ubigny à seize
boisseaux par setier tant pour le froment que pour l'orge, et à qua-
torze boisseaux pour setier pour l'avoine ; a sols de cens ; 4 cha-
pons, 4 deniers ; 40 œufs, 4 deniers ; service de prevosté.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 389
92. — Le fief Martin Gosse, contenant quatre acres, une vergée
de terre, assis à Boulleville. — Parsonniers, 3. — Redevances^
50 sols en deux termes.
93. — Le fief Dezir Janne, contenant deux acres de terre, assis
à Boulleville. — Parsonniers, 5. — Redevances, 30 sols en deux
termes.
94. — Le fief du Val-Durand, contenant seize acres, assis à
Boulleville. — Parsonniers, 13. — Redevances, 120 sols en trois
termes ; service de prevosté.
9o. — Le fief Chillant, contenant vingt-sept acres de terre, assis
à Saint-^SIaclou et Foulbec. — Parsonniers, 18. — Redevances^
12 liA'res.
96. — Le tenement Hartel, contenant trois vergées de terre, assis
à Boulleville. — Parsonniers, \. — Redevances, orge, 7 boisseaux à
la mesure de Beuzeville.
97. — Le tenement du Berrurier, contenant (en blanc). — Par-
sonniers. — Redevances (en blanc).
98. — Le tenement du Jardin Perrin, contenant cinquante
perches de terre, assis à Boulleville et Saint-Maclou. — Parsonniers,
1. — Redevances, 1 géline, 1 denier; 2 sols 6 deniers.
99. — Le tenement Sanel, contenant trois acres, une vergée de
terre, assis à Boulleville. — Parsonniers, 1. — Redevances, (en
blanc).
100. — La fieffé du Fond-du-Val, contenant deux acres de terre,
assis à Boulleville, — Parsonniers, 3. — Redevances, 10 sols en
argent.
101. — Le grand fief Chignault, contenant trois acres de terre,
assis à Boulleville. — Parsonniers, 6. — Redevances, 37 sols en
deux termes.
102. — Le fief des Maquaire, contenant sept acres de terre,
assis à Boulleville. — Parsonniers, 8. — Redevances, 76 sols.
103. — Le fief des Coutures, contenant sept acres de terre,
assis à Boulleville. — Parsonniers, 8. — Redevances, 42 sols.
104. — Le tene ment Louis Mauger, contenant cinquante perches
de terre, assis à Boulleville. — Parsonniers, 2. — Redevances,
20 sols.
lOo. — Le tenement des Costis-Mauger, contenant deux vergées
de terre, assis k Boulleville. — Parsonniers, 4. — Redevances,
20 sols.
ï
390 l'arbaye de notre-dame de gbestain
106. — Le tenement Chérisier, contenant trois vergées de terre,
assis à BouUeville. — Parsonniers, 4. — Redevances, 12 sols.
107. — Le tenement Aonfrev, contenant deux verorées, vinart
perches de terre, assis à BouUeville. — Parsonniers, 3. — Rede-
vances, 5 sols.
108. — Le tenement au Blond, contenant deux acres, deux ver-
gées de terre, assis à BouUeville. — Parsonniers, 5. — Redevances,
7 sols 6 deniers,
109. — Le fief Tougard, contenant une acre, deux vergées de
terre, assis à BouUeville. — Pa7\'ionniers, 3. — Redevances, 7 sols
6 deniers.
110. — Le tenement Mouttier, contenant cinq vergées de terre,
assis à Saint-Maclou. — Parsonniers, 2. — Redevances, 38 sols.
111. — Le tenement Pierre Platel, contenant trois vergées de
terre, assis à BouUeville. — Parsonniers, 1 . — Redevances, (en
blanc).
112. — Un tenement contenant deux vergées, dix perches de
terre, assis à BouUeville. — Parsonniers, 10. — Redevances, (en
blanc),
113. — Le tenement du Pré-de-la-Haye, contenant, (en blanc),
assis à, (en blanc). — Parsonniers, 2. — Redevances, 20 sols.
114. — Le tenement du Pré-de-Lambinière, contenant (en
blanc), assis à (en blanc). — Parsonniers, 4. — Redevances,
(en blanc).
115. — Le tenement Jean Ruaux, contenant (en blanc), assis à
(en blanc). — Parsonniers, 2. — Redevances, 20 sols.
116. — Le tenement du Pré-du-Gruchet, contenant deux acres,
deux vergées de terre, assis à Saint-Germain du Pont-Audemer. —
Parsonniers, 1. — Redevances, 60 sols.
117. — Le fief Voisin, contenant (en blanc), assis à (en blanc).
— Parsonniers, 2. — Redevances, (en blanc).
118. — Le fief Pestel. — Parsonniers, 4.
119. — Les Pittances de BouUeville, contenant neuf acres, une
vergée, six perches de terre, assis à BouUeville. — Parsonniers,
10. — Redevances, blé, 4 boisseaux, mesure de Beuzeville, par
chaque acre de terre.
120. — Le tenement Pierre Roger et Guillaume Le Sueur, con-
tenant cinq acres deux vergées de terre, assis à BouUeville. —
PIÈCES JUSTIFICATIVES 391
Parsonniers, o. — Redevances, 37 sols 10 deniers et le quart d'un
chapon ; o deniers allant à l'office d'aumônier de ladite abbaye.
121. — Le tenement Jacques VoUet, contenant trente perches
de terre, assis à BouUeville. — Parsonniers, \ . — Redevances,
11 sols.
122. — Deuxième tenement Jacques Vollet, contenant trois ver-
gées de terre, assis à BouUeville. — Parsonniers, 3. — Redevances,
orge, 7 boisseaux, mesure de Beuzeville.
123. — Le tenement Déliez, contenant six vergées de terre,
assis à BouUeville. — Parsonniers, 4. — Redevances, 7 sols
6 deniers,
12i. — Le tenement Jacques Safîrey, contenant une vergée de
terre, assis à BouUeville. — Parsonniers, 1. — Redevances, (en
blanc).
125. — Un tenement, contenant (en blanc). — Parsonniers^
8. — Redevances, (suivant les anciens aveux).
Tous les défaillants non excusez condamnez en chacun cinq sols
d'amende et de la réquisition dudit seigneur représenté comme des-
sus, etc.
Ballière. Liétout. Waquet.
(Orig., étude de m^ Paul Bréard, k Honfleur.)
Le résumé de cette pièce fournit le nombre de 730 acres de terre
environ que se partageaient 840 petits propriétaires ruraux, dont
plusieurs possédaient des parcelles d'une contenance inférieure à
10 ares.
Pour apprécier la superficie que les 7S0 acres de Normandie
représentent, il est indispensable de se rappeler que l'ancienne
mesure agraire de la vicomte de Pont-Audemer équivaut à 68 ares
67 centiares ; c'est l'acre dite petite mesure. Le calcul donne donc
une superficie de 501 hectares.
Quant aux redevances réelles auxquelles les tenanciers étaient
assujettis, on a vu qu'elles se payaient en argent pour la plus grande
partie : l'acre, 8, 10 et PJ sous ; la vergée, 4 deniers; la perche,
1 denier. Ces chiffres sont une quantité moyenne. Les rcdevatices
en nature s'acquittaient en blé, avoine, orge, etc. On faisait usage ])Our
les évaluer de la mesure d'Aubigny, soit le sctier de 16 boisseaux
pour le blé et l'orge, et de 14 boisseaux pour l'avoine. L'unité de
392 l'abbaye de notre-dame de grestain
poids changeait d ailleurs suivant les cantons où les grains s éva-
luaient à la mesure de Beuzeville, à la mesure Bertran, à la mesure
de Bonneville. Des aveux font connaître que lahhaye de Grestain a
eu aussi ses mesures pour les matières sèches, telles que les grains
et les le'gumes, ou les liquides, tels que le vin, le cidre et V huile.
Bien ne présentait plus de variété, plus de bizarrerie, que les
anciennes mesures. Leur nombre est si considérable qu'il est diffi-
cile d'en faire lénumération.
CVIII
Demande de réunion à l'hôpital de Ronfleur de la mense
conventuelle de Grestain^.
1757, 9 août.
Du mardy neufiesme aoust mil sept cent cinquante sept, le bureau
assemblé au lieu et en la manière ordinaire, il a esté représenté
que M. de Boismont, abbé de Grestain, sollicita auprès de
Mgr. l'évesque et comte de Lisieux Tenthérinement d'un brevet par
luy obtenu de Sa Majesté pour l'union de la mense monachale de
son abbaye à quelque maison religieuse et pour causes pies ; et
comme il nest pas de maison plus digne de commisération que notre
hôpital puisque pour la subsistence de plus de cent pauvres et
entretien de ses bâtiments et autres charges il n'a pas au-dessus de
deux mil livres de rente et qu'en outre il sert d'hôpital militaire
sans estre couché sur l'état du roy ; que d'ailleurs c'est la maison
la plus proche de l'abbaye puisqu'elle n'est éloignée que d'une
lieue ; que Sa Majesté en unissant les maladreries aux hôpitaux les
plus proches semble avoir manifesté son intention pour les cas de
l'avenir pour les causes pieuses comme en cette occasion.
Il a esté arresté qu'il sera fait de très humbles remontrances à
Mgr. l'évesque sur le triste et fâcheux état de cet hôpital et qu'en
1. Pour la même époque, on trouve aux Arch. dép. du Calvados (F. 749) les
pièces suivantes : Quittances à Duquesne de Cabeaumont pour rentes du fief
Assourd. Conventions avec les abbés Antoine de Malherbe et Philibert.de
Renty.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 393
étant le premier administrateur né il connoit l'étendue de ses pres-
sants besoins, il sera suplié d'accorder sa protection à cette mai-
son pour luy faire la distribution de tout ou partie du revenu de la
mense monachalle de l'abbaye de Grestain pour la subsistence des
pauvres comme de cause pieuse la plus essentielle, aux obéissances
à ce conformes à ce que Sa Grandeur jug'era à propos de leur impo-
ser pour charges, étant persuadez que M. l'Abbé ne se refusera pas
à ce que Sa Grandeur aura agréable de déterminer. Le sieur sindic
joindra à sa requête un [authentique] de la présente. Ce qui a esté
arresté et signé.
(Arch. de l'hospice de Ronfleur, E 4, fol. 47 v".)
GIX
Concordat j'cladf au projet de réunion de la niense conventuelle de
Vahbaye de Grestain, de celle de Royal-Pré et de la communauté
des Dominicaines de Pont-VEvêque, en faveur du petit séminaire
de Lisieux et des hôpitaux de Honfleur et de Pont-iEvêque.
17o8, 12 mai.
Pardevant le conseiller du roy notaire à Paris, soussigné, furent
présents m'"'' Joseph-Dominique de Cheylus, prestre, docteur de
Sorbonne, haut doyen de l'église cathédralle de Lisieux, vicaire
général du diocèse dudit lieu et abbé commendataire de l'abbaye
de Notre-Dame de Cormeilles, demeurant ordinairement à Lisieux
et de présent en cette ville de Paris, logé rue Jacob, parroisse
Saint-Sulpice, au nom et comme procureur d'illustrissime et révé-
rendissime seigneur Mgr. Henry-Ignace de Brancas, conseiller du
roy en ses conseils, évesque et comte de Lisieux, supérieur né et
seul administrateur du petit séminaire de Notre-Dame de Lisieux,
suivant la procuration de mondit seigneur en laditte qualité passée
devant Daufresne, notaire royal à Lisieux, le 12 avril de la présente
année, contrôlée le 13 en la ditte ville de Lisieux, la ditte procuration
cy-annexée au brevet original après avoir esté certifiée A'éritable
par ledit sieur abbé de Cheylus, de luy signée et paraphée en pré-
sence des notaires soussignez, et promet ledit sieur abbé de Chey-
394 l'abbaye de notre-dame de grestain
lus audit nom faire ratifier ces présentes par mondit seigneur
l'évesque de Lisieux dans le délay d'un mois d'une part;
Messire Nicolas Thyrel de Boismont, abbé commendataire de
l'abbaye royale de Grestain, l'un des Quarante de l'Académie fran-
çoise, demeurant à Paris à l'hostel de Chaulne, rue d'Enfer, par-
roisse Saint Severin, d'autre part ;
Et m*' Jean-Baptiste Le Moyne de Bellisle, seigneur de Ville-
tartre et autres lieux, conseiller du roy, maistre ordinaire en sa
chambre des comptes, aydes et finances de Normandie et inten-
dant des maison, domaines et finances de très haut, très puissant
et très excellent prince Mgr. Louis-Philippe d'Orléans, duc d'Or-
léans, de Vallois, de Chartres, de Nemours et Montpensier, vicomte
d'Auge, premier prince du sang, demeurant ledit sieur de Bellisle
au Palais-Royal, parroisse Saint-Eustache, au nom et à la charge
de faire ratifier ces présentes par mondit seigneur le duc d'Orléans
dans le même délay d'un mois, encore d'autre part ;
Lesquelles parties ont dit, scavoir ledit abbé de Cheylus que
mondit seigneur évesque de Lisieux, dans la vue de soutenir, d'af-
fermir et d'étendre dans son diocèse les avantages que la religion
retire de l'établissement du petit séminaire de Lisieux, en auroit
examiné la situation, qu'il a vu avec douleur que cette maison
(dans laquelle ceux qui se destinent à l'état ecclésiastique et qui ne
pourroient y parvenir par le deffaut de fortune trouvent les secours
spirituels et temporels dont ils ont besoin pour seconder leur voca~
tion et les mettre en état d'instruire les peuples qui doivent leur
estre confiez des saines maximes de l'Evangile par les lumières qu'ils
y acquèrent et de les déterminer à la pratique de toutes les vertus
chrétiennes parleurs bons exemples) était sur le point de s'anéantir
par les pertes qu'elle a souffertes par la diminution des rentes qui
en font le revenu le plus considérable et par l'augmentation qui se
fait d'année en année sur le prix des denrées ; que dans cette
extrémité après avoir cherché tous les moyens d'y remédier il n'en
a pas trouvé de plus propre que de suplier le roy de vouloir bien
permettre l'extinction de la communauté des religieux de l'abbaye
de Grestain pour en réunir les fruits et revenuts de la mense con-
ventuelle au petit séminaire de Lisieux ; qu'il a eu la satisfaction de
voir ledit sieur abbé de Boismont, abbé commendataire de cette
abbaye, concourir à l'exécution de ce dessein par le consentement
PIÈCES Ji;STIFICAT[VF,S 395
qu'il en a donné et qu'il espère que S. A. S. niondit seigneur le
duc d'Orléans étant en partie aux droits des fondateurs de cette
abbaye voudra bien mettre à ce projet le sceau de son approbation
avec d'autant plus de raison que les vassaux du vicomte d'Auge qui
se destinent à l'état ecclésiastique sont reçus dans le petit séminaire
et que S. A. S. a par conséquent intérêt de l'honorer de sa protec-
tion.
Par ledit sieur de Bellisle a esté dit que S. A. S. Mgr. l'évesque
le duc d'Orléans comme vicomte d'Auge et baron de Roncheville
représente en partie les fondateurs de l'abbaye de Grestain, que les
vues de Mgr. l'évesque de Lisieux ne peuvent estre plus louables et
plus pures et que S. A. S. concourrerait volontiers à l'affermisse-
ment du petit séminaire de Lisieux par son consentement k Textinc-
tion des religieux de cette abbaye et à la réunion de leur mense à
cette maison, mais que la protection qu'il doit à ses vassaux le
met dans la nécessité de faire voir que si l'extinction et la réunion
de quelques biens ecclésiastiques dans la vicomte d'Auge peut estre
faitte, elle le doit estre par préférence au profit d'établissements qui
sont d'ancieneté dans son domaine et dont l'utilité est plus directe
et plus pressante et plus étendue soit pour le bien de l'Etat en géné-
ral soit pour le bien de ses vassaux en particulier ; que si la mai-
son du petit séminaire de Lisieux est chère à M. l'évesque de
Lisieux, ses soins paternels ne doivent pas moins s'étendre sur les
besoins extrêmes où se trouvent réduits les hôpitaux d'Honfleur et
de Pontlevesque qui sont dans son diocèse et destinez au soulage-
ment des malades, à la retraite des vieillards et à l'éducation des
enfans ; que le premier situé dans un port de mer est principale-
ment l'asile des matelots malades et des soldats de la garnison,
qu'il ne se soutient en temps de paix que par les charités des
fidèles et le travail des mains, que dans le temps de la guerre les
aumônes diminuent par la cessation du commerce maritime en sorte
que les secours ne sont plus proportionnez au grand nombre de
pauvres dont cette ville abonde dans des temps où la misère se
multiplie davantage ; qu'à l'égard de l'hôpital de Pontlevesque
outre que les revenus sont trop peu considérables pour y entretenir
le nombre des enfans, des malades et des vieillards que cette ville
fournit les bâtiments sont si resserez qu'il n'est pas possible de
faire un établissement commode, que mesme lors du passage des
396 l'abbaye de notre-dame de grestain
troupes on a esté souvent dans la dure nécessité de laisser des sol-
dats malades chez leurs hostes faute de place dans l'hôpital ; que
ces motifs aussi intéressants ne détermineront S. A. S. à donner
son consentement à la réunion de la mense conventuelle de Gres-
tain au petit séminaire de Lisieux que autant qu'en même temps
on trouveroit le moyen de procurer des avantages aux hôpitaux
d'Honfleur et de Pontlevesque ; que S. A. S. par le compte qu'elle
s'est fait rendre des maisons religieuses dans son domaine qui
eroient dans le cas de l'extinction prochaine il se trouve celles de
Royalpré et des religieuses dominiquaines de Pontlevesque dont on
pourroit réunir les biens en partie à l'hôpital d'Honfleur et en
partie à celuy de Pontlevesque ; que par cet arrangement S. A. S.
se presteroit aux désirs de M. l'évesque de Lisieux et consentiroit
la réunion de la mense conventuelle de Grestain au petit séminaire
de Lisieux qui a aussy un objet d'utilité pour les vassaux de son
domaine ; qu'en adoptant ce parti on feroit subsister ces trois éta-
blissements d'une manière solide en en détruisant d'autres dont
Texistence n'est pas utile à la religion et à l'Etat ; que l'on trou-
vera dans la réunion de la mense conA^entuelle de Grestain au petit
séminaire de Lisieux un secours pour remplir à perpétuité l'objet
de son établissement, dans celle de la mense de Royalpré k l'hôpi-
tal d'Honfleur ou dans une rente qui la représenteroit une ressource
pour le soulagement des pauvres et des matelots, qu'il seroît même
à propos d'y adjouter la réunion de toutes les parties de rentes
hipotèques dues à la communauté des Dominiquaines de Pontle-
vesque, que l'on sépareroit commodément et sans inconvénient du
surplus des biens de cette maison, et enfin que Ion voit dans l'apli-
cation à l'hôpital de Pontlevesque des bâtiments et des revenus en
fonds de terre et rente foncières des religieuses dominicaines de
Pontlevesque un logement commode et étendu pour y transférer les
pauvres et des ressources suffisantes pour les y entretenir, que
l'exécution de ce projet parroissoit d'autant plus facile que d'un
côté les religieuses dominiquaines de Pontlevesque ne pouvoient
pas en conséquence des ordres du roy reccA'oir des novices, et que
par la décision du bureau ecclésiastique établi pour l'extinction et
la réunion des biens des communautez religieuses cette maison
était au nombre de celles qui dévoient estre éteintes, et que d'un
autre costé il y avoit toute apparence que M. l'abbé d'Anfréville,
PIECES JUSTIFICATIVES
397
prieur commendataire de Royalpré, si il ne consentoit pas k Textinc-
tion et à la réunion de la mense conventuelle en faveur de l'hôpi-
tal d'IIonfleur, ce (jui n'étoit pas encore décidé, consentoit au moins
que cette mense fût réunie à celle du prieuré sous la condition
d'une rente foncière de quinze cents livres au profit dudit hôpital
en exemption de toutes charges ; que au surplus dans le cas où
des événements que Ton ne peut prévoir cette réunion n'auroit pas
lieu on pouroit trouver dans l'extinction et la réunion des prieurés
de Saint-Astier et de Saint-Nicolas à l'hôpital d'Honfleur quelques
ressources, en y adjoutant les parties de rentes hypotèques dues à
la communauté des religieuses dominiquaines du Pontlevesque.
Et à l'égard du sieur abbé de Boismont a esté dit qu'il a contri-
bué autant qu'il est en luy à l'exécution du projet de M. de Lisieux,
évesque, par le consentement qu'il a cy-devant donné à l'extinction
et à la réunion de la mense conventuelle de Grestain au ^^etit sémi-
naire de Lisieux par les motifs cydessus énoncez ; qu'il n'est pas
moins touché du triste état dans lequel est i^éduit l'hôpital d'Hon-
fleur qui est dans le voisinage de Grestain et où les vassaux de
cette abbaye ont souvent trouvé des soulagements ; que la réunion
proposée de la part de S. A. S. à l'hôpital d'Honfleur de la mense
conventuelle de Royalpré ou d'une rente sur cette mense avec les
rentes hipotèques dues aux Dominiquaines du Pontlevesque ne
peut estre mieux apliquée ; que comme l'événement de cette réu-
nion dépend de plusieurs circonstances qui pourroient en empes-
cher le succez, il se prêtera volontiers dans le cas où cette mense
ne pourroit y estre réunie ou que la rente substituée à la place n^au-
roit pas lieu au proffit dudit hôpital à renoncer en faveur des
pauvres de cette maison à la collation des prieurés de Saint-Astier
et de Saint-Nicolas en consentant k leur extinction k condition que
les biens qui en dépendent seront réunis k l'hôpital d'Honfleur aux
charges de droit.
Toutes lesquelles propositions ayant esté mûrement examinées
les parties, sous le bon plaisir de Sa Majesté et moyennant que Sa
Majesté ait agréable d'accorder sur le présent acte ses lettres
patentes lesquelles soient bien et duement vérifiées en la forme
requise, sont convenues de ce qui suit :
C'est k savoir, ledit sieur abbé de Cheylus audit nom et ledit
sieur abbé de Boismont en sa qualité d'abbé commendataire de
398 l'abbaye de notre-dame de grestain
Grestain et de collateur des prieurés de Saint-Astier et de Saint-
Nicolas, et ledit sieur de Bellisle audit nom, que la mense conven-
tuelle de l'abbave de Grestain soit réunie à la maison du petit
séminaire de Lisieux.
Conviennent pareillement ledit sieur abbé de Cheylus et ledit
sieur de Bellisle que la mense conventuelle de Royalpré soit réunie
à l'hôpital d'Honfleur ; que mesme dans le cas où on ne pouroit
parvenir à cette réunion et qu'elle ne pût s'exécuter autrement
qu'en faisant la réunion de cette mense au prieuré commendataire
dudit Royalpré, à la charge d'une rente foncière sur ce prieuré au
profit de cet hôpital, que cette mense seroit réunie audit prieuré
commendataire, et s'il arrivoit que dans tous les deux cas qui con-
cernent Royalpré il n'y eut point de réunion, mondit seigneur
l'évesque de Lisieux et ledit sieur abbé de Boismont donnent dès à
présent leur consentement pour que les titres du prieuré de Saint-
Nicolas, dans le diocèse dé Lisieux, et entant que besoin celuy du
prieuré de Saint-Astier, dans le diocèse d'Agen, tous deux dépen-
dans de ladite abbaye de Grestain soient éteints et les revenus
appliqués audit hôpital d'Honfleur. Comme aussy ledit sieur abbé
de Cheylus audit nom qu'après l'extinction de la maison des reli-
gieuses dominiquaines de Pontlevesque qui sera réalisée aussitost
qu'il sera possible de la faire, les rentes hipotèques deues à cette
cominunauté soient également réunies à l'hôpital d'Honfleur, que
\e surplus des biens en soit appliqué à 1 hôpital de Pontlevesque
lequel sera alors transféré dans la maison et lieux clostraux desdittes
religieuses. Touttes lesquelles extinction et réunion seront faittes
aux charges de droit et n'ont esté consenties respectivement que
sous les conditions cy dessus, et promettent lesdittes parties faire
et fournir chacun pour ce qui les concerne tous les actes de forma-
lités nécessaires pour parvenir à leur exécution, aux frais néan-
moins de chaque communauté auxquels lesdits biens seront réunis
relativement aux objets qui leur seront appliqués chacun à droit
soy. Et sera le présent acte envoyé par ledit sieur de Bellisle aux
administrateurs des hôpitaux d'Honfleur et Pontlevesque pour y
estre ratifié et accepté dans le délay d'un mois, etc.
Fait et passé es demeures des parties, le 12 may 1758, avant
midy, et ont signé la minute des présentes demeurée à m® Doyen,
notaire.
(Arch. de l'hospice de Honfleur, E 4, fol. 59-62.)
PIÈCES JUSTIFICATIVES 399
ex
Bail du prieuré de Sainl-Nicolas-du- Val-de-Claire.
1766, 26 février.
Pardevaiit nous Charles-Guillaume Dufer, nottaire, tabellion
royal au bailliage de la ville d'Honfleur et dépendances, soussignés.
Fut présent maître Pierre Mausel, prêtre prieur du prieuré de
Saint-Nicolas-du- Val-de-Claire, scitué paroisse Sainte-Catherine
d'Honfleur, diocèze de Lisieux, curé de la paroisse de Saint-Mar-
du Houllev, V demeurant, lequel a reconnu avoir donné à ferme
en saditte qualité de prieur, pour neuf années et neuf dépouilles
commencées du jour de Noël dernier et finir à pareil jour ledit
temps accomply, au sieur Pierre Le Vasseur, demeurant audit
Honfleur, paroisse de Sainte-Catherine, présent preneur ce accep-
tant pour ledit temps, scavoir est : une pièce de terre en lieu, cour,
plant, bàtimens, jardins, hayes et arbres en dépendants, sur
laquelle est scituée la chapelle de Saint-Nicolas-du-Val-de-Claire,
sans par le sieur bailleur en rien retenir, réserver et excepter,
excepté lécurie au cas que ledit sieur bailleur en eût besoin aura la
liberté de mettre son cheval dans laditte écurie tant que ledit sieur
bailleur sera sur les lieux aux charges par ledit sieur preneur
de mettre un hoste ou hostesse dans la masure ou bàtimens...
dont il demeurera personnellement garant et responsable, etc.
Et fut le présent bail ainsy fait, outre ce que dessus moyennant
le prix et somme de deux cents livres de fermages par an, payables
en deux termes de payemens égaux, etc.
Ce fut fait et passé à Honfleur, en l'étude, le mercredy après
midy vingt-six février mil sept cent soixante-six '.
(Arch. de l'hospice de Honfleur, B 32.)
1. On trouve dans les reg. du tabcUionage d'Auge, siège de Honfleur, plu-
sieurs baux du prieuré de Saint-Nicol, aux dates qui suivent: 6 février 1606 ;
3 septembre 1611 ; 29 avril 1626; 9 février 1773.
400 l'abbaye de ^OTRE-DAME DE GRESTAIN
CXI
Aveu du manoir de la Berquerie ren du à Nicolas Thirel de Boismont
abbé commendataire de Xotre-Dame de Grestain.
MU, 8 avril.
De messire Nicolas Thirel de Boismont, prêtre, licencié en théo-
logie de la faculté de Paris, de la maison et société de Navarre,
chanoine honoraire de lég-lise métropolitaine de Rouen, vicaire
général du diocèse d'Amiens, prédicateur ordinaire du roy, l'un
des Quarante de l'Académie françoise, prieur commendataire et
seigneur spirituel et temporel du bourg et prieuré de Lyhons-en-
Santerre, abbé commendataire de l'abbaïe royale de Nostre-Dame
de Grestain, ordre de Saint-Benoist, diocèse de Lisieux, en cette
qualité baron haut justicier dudit lieu de Grestain. seigneur du
plein fief de haubert du Mesnil-Ferry, du fief du Mor, de la terre
et seigneurie de Maharu, du fief du Bouffey, de la seigneurie des
Fauques et des fiefs de la Poterie et de la Côte.
Je Louis Alexandre Delamare, garde des chasses, eaux et bois
de mondit seigneur abbé de Grestain, demeurant en la paroisse de
Fatouville-sur-la-mer, tiens et avoue tenir sous la directe et cen-
sive de sa baronnie et haute justice de Grestain, branche de Fatou-
ville, un morceau de terrain et bruière et pâturage assis en ladite
paroisse de Fatouville nommé de toute ancienneté le manoir de la
Berquerie, contenant environ quatre acres, borné d'un côté vers le
midi et des deux bouts vers l'orient et l'occident la bruière dudit
lieu de Fatouville, d'autre côté vers le nord et encore du bout vers
l'occident les bois de la côte de Normare * appartenant à ladite
abbaïe de Grestain.
A cause duquel fonds, je reconnais devoir à mondit seigneur en
sadite abbaïe de Gstain vingt-quatre livres de rente foncière et
seigneuriale, pavable tous les ans en deux termes, savoir : moitié
au jour de Pâques et l'autre moitié au jour de Saint-Michel, avec
1. Les bois de Normare sonl mentionnés dans la charte de Richard Cœur de
Lion, confirmative des biens de l'abbaye de Grestain (1189): Ex dono Her-
lewini... silvam Xorniare quae est proxima monasterio.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 401
en outre foy, lioninia'^e, reliefs, treizièmes, comparence de plaids et
gage-pleig'es, obéissience de cour et juridiction, et tous autres
droits et devoirs seiî^neuriaux le cas échéant. Ce que j'ai si^mé ce
huit avril mil sept cent quatre-vingt-quatre.
L. Delà M ARE.
(Orig. Papiers de m'" Paul Bréard, à Ilonfleur.)
CXII
Bail du prieuré de Sainl-Nicol par Dont Jean-Baptiste Dalbiac.
1788, 20 novembre.
Pardevant Guillaume Noël Mallet, notaire tabellion roïal en la
ville et baillag-e dHonfleur, soussigné, en présence des témoins ci-
après nommés.
Fut présent Dom Jean-Baptiste Dalbiac, titulaire du prieuré régu-
lier de Saint-Nicolas-du-Val-de-Claire, demeurant en la paroisse
Sainte-Catherine de cette ville, quartier de Saint-Nicol, dans les
deux chambres qu'il se réserve d'occuper sur le pressoir dedans la
cour dudit prieuré par le bail qu'il fit d'icelle cour et de ses dépen-
dances à demoiselle Marie-Sophie-Henriette Davers, sa nièce, devant
le notaire soussigné qui en garde minute et m'' Potier, son confrère,
l'unze novembre mil sept cent quatre-vingt-deux, contrôlé le
dix-huit du même mois.
Lequel a reconnu avoir de nouveau affermé à ladite demoiselle
Davers, sa nièce, demeurante en ladite paroisse Sainte-Catherine de
cette ville, même quartier de Saint-Nicol, dans la maison à demeu-
rer de dessus ladite cour, à ce présente et acceptante, pour le tems
de neuf ans qui commenceront au jour de Noël prochain et Uniront
à pareil jour iceux expirés.
C'est à savoir, la cour dudit prieuré de Saint-Nicol, plantée et
bâtie ainsi qu'elle est, avec les jardins et terreins nouvellement
défrichés, y compris les enq)lacements des pépinières, ainsi que les
hayes et arbres dépendants d'icelle cour située en ladite paroisse
Sainte-Catherine de cette ville, lesquels objets affermés sont bien
connus par ladite demoiselle Davers qui n'en a voulu autre désigna-
tion, ledit Dom Dalbiac lui affermant tant et autant à plus à moins
V.n. Hhkaiu». — L\ibhaye de Noire-Dame de Grestain. 26
402 l'abbaye de notre-dame de grestain
d'objets qu'il en appartient audit prieuré en cet endroit (sauf les
exceptions ci-après) ; pour par elle en jouir en tous fruits, profits
et revenus pendant lesdits neuf ans, aux charges par elle de conti-
nuer d"y faire sa demeure et tenir ménage, de nantir la cour de
bestiaux en nombre suffisant pour son aménagement, de continuer
aussi le nantissement des bâtimenset meubles pour sûreté du recou-
vrement des fermages, de rendre en bon état les ustenciles du pres-
soir qui sont au belleron ; deux pelles de bois, un entonnoir, un
petit baquet, une jatte^ un couteau à marc et les pièces de bois ou
clés qui servent audit pressoir, lequel pressoir et son tour seront
entretenus par ledit Dom Dalbiac qui entretiendra pareillement les
autres bàtimens de toutes réparations grosses et menues, le tout à
ses dépens : ladite demoiselle Davers n'ayant pris les objets ci-des-
sus à ferme que sous la condition expresse qu'elle ne sera tenue à
aucunes réparations quelconques, pour(|uoy ledit Dom Dalbiac
demeure chargé d'y veiller et satisfaire par lui-même.
S'est ledit Dom Dalbiac expressément réservé : 1° la jouissance
des deux chambres de dessus le pressoir donnant sur lancien che-
min tendant d'Honfieur à Pont-l'Evèque, ensemble du cabinet pra-
tiqué dans une desdites chambres, pour par lui continuer d'y
demeurer et rejîoster tous ses meubles et effets mobiliers, sans pou-
voir les faire occuper par autre que lui ; 2" la liberté de faire à ses
dépens tels changements, augmentations, améliorations et enjoli-
vemens qu il jugera à propos aux bàtimens, cour et jardins affer-
més sans qu'en aucun cas ladite demoiselle Davers s'en puisse
plaindre et qu'en puisse prétendre de dédommagement ny diminu-
tion sur ses fermages ; 3° les arbres fruitiers qui pourront tomber
ou sécher, et la liberté de les remplacer k sa volonté ; 4" et enfin
les émondes des hayes et arbres des objets affermés parce qu'il
entretiendra à ses frais lesdites haies en bon état.
Le présent bail a été fait aux conditions, réserves et exceptions
ci-dessus et en outre moyennant trois cents livres de fermage par
an, dont le payement se fera par ladite demoiselle Davers audit
Dom Dalbiac en deux termes et payemens égaux fixés aux jours de
Saint Jean-Baptiste et Noël de chaque année...
[Ledit Dom Dalbiac ne pourra prétendre qu'aux objets mobiliers]
de son apartenance repostés dans lesdites deux chambres et cabi-
net de dessus le pressoir, consistant selon la déclaration et affii ma-
PIÈCES JLSIIFICATIVLS 403
tion (liidil Dom Dalhiac, en ce qui suit, savoir: dans la chambre
d'entrée où est une cheminée, une pelle et une pince à feu, deux
chenets antiques en fer, avec pommes de cuivre, une table de bois
de sap sur son tréteau, quatre mauvaises chaises à fond de paille,
deux établis dont un pour serrurier et affiché à la fenêtre et l'autre
pour menuiserie non affiché, et divers mauvais outils de menuisier
et serrurier.
Dans l'autre petite chand^re à coucher, sans cheminée, un bois
de lit en chêne avec ses roulettes à piveau et sa fonça ille, une
paillasse, deux matelas j^arnis de laine, un traversin et un oreiller
emplumés, une couverture de laine blanche, une courte pointe d'in-
dienne à fond rouge et blanc, un tour de lit avec ses fonds, pentes,
sous pentes, dossier et bonnes grâces d'indienne pareille à celle de
la courte pointe, les verges de fer tournant à la croisée dudit lit,
deux porte-manteaux de bois servant à crocher des habits, une
demie armoire à deux panneaux de bois de chêne fermant à clé,
dans laquelle sont deux paii'es de draps marqués D, douze ser-
viettes unies, même marque, quatre essuis-mains, pareille marque,
ving;t-quatre chemises garnies à l'usage dudit Dom Dalbiac, vingt
cols à boucle, trente-six mouchoirs de poche dé différentes espèces
la plupart bleus, douze paires de chaussons de toile, le tout même
marque que devant, cpielques paires de chaussons en laine, deux
mouchoirs de col en soie noire, six paires de bas de fil blanc mar-
quées comme dessus, trois paires de bas de laine noire, quatre
paires de bas en soie noire, deux dito gris, douze coefTes à bonet
en toile marquées comme dessus, un bonet de laine, deux autres
bonets de coton, et tous les habits, vestes, culottes et nippes à
l'usage personnel dudit Dom Dalbiac,
Plus un pot de chambre et un pot à l'eau avec sa cuvette de
fayance, deux gobelets, un petit miroir, deux chaises et un fauteuil,
deux petits rideaux bleus aux fenêtres, et plusieurs estampes
clouées et colées pour tapisseries aux parrois.
Dans le cabinet fermant à clef: un fauteuil, une chaise, une
petite table de bois de sap à deux tiroirs, un porte-manteau en
bois, deux tablettes ou planches sur lesquelles sont plusieurs livres
de peu de conséquence et divers papiers en partie étiquetés par
ledit Dom Dalbiac ([ui affirme n'avoir et ne posséder autres meubles
de son appartenance ; et il ajoute que les effets qui dépendent de la
404 l'abbaye de notre-dame de grestain
chapelle et appartiennent au bénéfice sont repostés tant dans les-
dits appartemens par lui réservés que dans ladite chapelle et enfin
qu'ils consistent en un calice et une platine d'argent doré, une cha-
suble fond blanc, une étole et manipule, deux aubes, deux napes
d'autel, deux amis, quatre purificatoires, quatre lavabaut, deux
burettes de verre, un missel romain, un tapis de brogatelle pour
couvrir l'autel et six chandeliers de bois.
Comme ledit Dom Dalliiac est dans l'usag-e de prendre ses nou-
riture et alliments chez ladite demoiselle Davers, et qu'il désire
continuer de les y prendre pendant le cours du bail ci- dessus,
ladite demoiselle comparante en cédant à la demande du même
Dom Dalbiac lui promet par ces présentes de le nourir, blanchir,
éclairer, soigner et faire soigner sain et malade tant que durera le
susdit bail ou que leurs humeurs pourront compatir ensemble, et
ce, moyennant six cents livres de pension annuelle sans qu'il
puisse être rien induit de ce que dessus pour opérer communauté
de biens entre les parties qui y renoncent réciproquement et
entendent vivre quoiqu'en même table comme gens distincts et
séparés... Fait et passé à Ronfleur, en l'étude, l'an mil sept cent
quatre-vingt-huit, le vingt novembre avant midi, etc.
Dalbiac. Davers.
(Minutes du tabellionage d'Auge, reg. 1788-1789, n" 20, étude
de m*= Paul Bréard.)
CXIII
Procès-verbal par lequel Dom Dalhiac proteste contre une délibé-
ration des officiers municipaux de Honfleur, relative à la tenue
des Etats (généraux.
1789, 21 février.
Cejourd'hui vingt-un février mil sept cent quatre-vingt-neuf,
neuf heures et demie de matin, à Honfleur, en l'étude, devant
Guillaume Noël Mallet, notaire, tabellion royal en la ville et
bailliage dudit lieu, soussigné, en présence de François Héroult,
aboureur, demeurant en la paroisse Saint-Michel dingouville, de
la ville du Havre de Grâce, témoins aussi soussignés ;
A comparu Dom Jean-Baptiste Dalbiac, titulaire du bénéfice de
PIÈCES JUSTIFICATIVES 40o
Saint-Nicolas-du- Val-de-Claire dont la chapelle et la majeure par-
tie des fonds sont assis en la paroisse Sainte-Catherine de cette
ville, où il demeure.
Lequel a dit : \° qu'en conséquence de l'invitation à lui faite par
billet de la part de MM. les officiers municipaux de cette ville, il
se rendit le jour d hier deux heures après midy en l'hôtel commun
de cette ville où il se trouve une assemblée très nombreuse de
citoyens de tous les ordres, aftîn de délibérer sur les objets qui y
dévoient être mis en délibération ;
2° Qu'à la même heure Messieurs les officiers du bailliage se présen-
tèrent à ladite assemblée et y prirent séance ; que M. Quillet de
Fourneville comme juf^e dudit bailliage prétendit présider l'assem-
blée exclusivement à M. Delacroix-Saint-Michel, maire, qui de son
côté prétendit la présider à l'exclusion dudit sieur de Fourneville,
et qu'à cet égard il fut fait différens soutiens entre eux et M, Ques-
ney, procureur du roi, et que le tems emploie à ces soutiens respec-
tifs dura depuis deux heures jusqu'à plus de neuf heures du soir, ce
qui empêcha la délibération d'avoir lieu, malgré les réclamations
nombreuses de la majeure partie de tous les ordres ;
3° Que lui Dom Dalbiac fut un de ceux qui manifestèrent leur
désir de voir les magistrats respectifs s'accorder sur la présidence
afin que la délibération convoquée eut lieu, que lors M. Quesney,
procureur du roi, adressa la paroUe à lui Dom Dalbiac et lui dit
« Vous êtes mort, mais non pas dans toutes vos parties, et vous
n'avez le droit de voter ici. »
Ajoute ledit Dom Dalbiac qu'il demanda acte au bureau assem-
blé de l'injure qui venait de lui être faite publiquement par M. le
procureur du roy et qu'il rapela alors les dispositions du règlement
fait par Sa Majesté pour la tenue des Etats généraux, d'où il résul-
tait que les citoyens de l'ordre de lui, Dom Dalbiac, devaient être
appelés à délibérer et qu'il fit valoir par une conséquence juste
que si lui, Dom Dalbiac, avoit le droit de délibérer à l'égard des
Etats généraux il l'avoit à plus forte raison dans le cas dont il
s'agissait hier d'autant plus qu'il est possédant fonds en ladite
paroisse Sainte-Catherine et qu'il était un de ceux qui, avec plu-
sieurs membres du clergé, de la noblesse et du tiers-Etat, avaient
provoqué la délibération qui devait se tenir ledit jour d'hier ;
4" Que mondit sieur le procureur du roy du bailliage lui fit
406 l'aIîIîAVE DL NOTIŒ-DAMI: DK GUliSIAlN
pareille injure que celle indiquée au précédent article dans une
assemblée très nombreuse qui se fît pour une délibération générale
audit hôtel-de-ville au mois d'août dernier;
5" Que le même sieur procureur du rov s'exprima dans l'assemblée
du jour d'hier en termes injurieux et, en un mot, capables d'affecter
les citoyens de tous les ordres au point que la majeure partie
d'entre eux en manifesta son mécontentement et se retira sans rien
délibérer.
0° Et enfin que lui, Dom Dalbiac, en son nom personnel et pour
le corps du clergé, entend aujourd'hui protester contre la conduite
tenue par mondit sieur le procureur du rov et contre les termes
injurieux dont il s'est servi capables d'affecter les différens ordres,
comme aussi il proteste contre tout ce qui est en outre à protester,
aux réserves, expresses de lui, Dom Dalbiac, pour toutes ses
actions et à se pourvoir vers, contre, et ainsi qu'il appartiendra.
Dont du tout ainsi rédigé sur l'expresse réquisition de Dom
Dalbiac et sous sa diction, nous lui avons accordé acte, etc.
Mallet. Dom Dalbiac,
(Minutes du tabellionage d'Auge, reg. 1788-1789, n" 20.)
CXIV
Bail des dîmes de la paroisse de Saint-Pierre-du-Châtel.
1789. 20 juin.
Pardevant Guillaume-Xoël Mallet, notaire, etc., fut présent
m'' Jean Moisy, prèti'e chapelain de l'abbaye de Grestain où il
demeure, paroisse de Carbec, fondé de la procuration générale de
messire Charles de Tilly-Blaru, abbé commendataire de l'aba'ie
rovale de Notre-Dame de Grestain. chanoine de l'és^lise de Paris,
vicaire général du diocèse de Lans^res. demeurant à Paris en son
hôtel, cloître Notre-Dame, paroisse Saint-Jean-Baptiste, passée
devant m*" Bunel, notaire à Beuzeville qui en garde minute, le
unze octobre mil sept cent quatre-vingt-sept, contrôlée à Pontau-
demer le vingt-trois du même mois, ainsi qu'il appert par la grosse
dicelle restée audit sieur abbé Moisy, lequel a reconnu avoir, au
nom dudit seigneur abbé de Grestain comme fondé de ses pouvoirs,
l'IKCKS JIS'IIFICATIVES
407
allermé [)()vir le lenis de neul' ans à compter d'aujourdhui pour finir
;i pareil jour en mil sept cent quatre-ving-t-dix-huit ;
à Jean Piquot, Jean Goullain et Philippes Big-re, laboureurs, etc.
les deux tiers audit seig'neur abbé appartenant des grosses dîmes,
seulement ([ui se perçoivent en ladite paroisse de Saint-Pierre-du-
Chàtel, pour desdits deux tiers ailermés jouir par les preneurs
pendant lesdits neuf ans et percevoir ces deux tiers des grosses
dîmes ainsi (jue l'eut fait ou pu faire ledit seigneur abbé de Grestain
aux droits duc[uel ils demeureront pour cela subrogés pendant les
neuf années de ce bail, etc.
Le trait de dîme vulgairement appelé le trait de Saint-Pierre-du-
Châtel dont les preneurs connaissent l'étendue en ladite paroisse
Saint-Pierre-du-Chàtel où il est assis, n'est point compris en ce
bail dont il est au contraire excepté. Toutes dîmes novales ne sont
point non plus comprises en ce bail dont elles sont pareillement
exceptées.
Le présent bail a été fait aux exceptions ci-dessus, et en outre
moyennant la somme de seize cent cinquante livres de fermage par
an dont les preneurs seront solidairement tenus par corps et biens
et chaque d'eux seul pour le tout sans division de faire apport et
payement tous les ans audit seigneur abbé de Grestain ou à son
receveur ou préposé au lieu de la recette ordinaire de ladite abbaye,
paroisse de Carbec, en deux termes et payemens égaux fixés aux
jours de Noël et Pâques d'après chaque récolte, etc.
Indépendamment des fermages en argent ci-dessus convenus, les
preneurs seront encore solidairement tenus de fournir, porter et
livrer gratuitement tous les ans audit seigneur abbé de Grestain
dans la cour de ladite abbaye cent cinquante gleux de feures ou
pailles de bled ici estimés sur le pied de quinze livres le cent sans
que cette estimation puisse préjudicier le seigneur bailleur ni le
priver de les exiger en nature.
C'est ainsi que le tout a été convenu. Fait et passé à Honfleur,
en l'étude, l'an mil sept cent quatre-vingt-neuf, le vingt juin, avant
midi, en présence des sieurs Denis Gilles, François Jean et Pierre-
Jouîn Hauvel, demeurans audit Honfleur, paroisse Sainte-Catherine,
témoins, qui ont avec les sieurs comparans et nous notaire, après
lecture faite, signé.
Moissv, c. de Grestain. Mallet.
(Minutes du tabellionage Auge, reg. 1788-1789, n" 20.)
40S l'aMMAVE de NOThE-DA.ME DE GKESTAIN
cxv
Revenus de la. inense abbatiale de Grestain.
1790, l'"' décembre.
Déclaration des biens, ventes, fruits, revenus dont jouissait
M'''' Charles de Tilly à raison de l'abbaye de Grestain, faite à
MM. du directoire du district de Ponteaudemer par Jean Moisy,
prestre. porteur de sa présentation.
M. Tabbé de Tilly, àg-é d'environ cinquante ans, jouissait en
outre d'un canonicat dans l'église de Paris et d'une pension de
3.0OO liv. sur labbaye de Mortemer près Lyons, conformément à
la déclaration ci-annexée.
Les revenus de ladite abbaye consistent en terres, prés, bois,
rentes, moulin, dîmes situées en plusieurs paroisses et détaillées
comme suit, savoir :
Dans la parroisse de (Jarbec, chef-lieu de ladite abbaye, en qua-
rante-cinq acres environ de terre labourables affermées à différents
particuliers parce qu'il n'existe point de corps de ferme.
Jacques Auber et Robert le François, de Fatouville, en tiennent
environ huit acres et demie pour le prix annuel de deux cent cin-
quante livres, ci 250 liv.
Louis Pitale. de Fatouuille, trois acres, pour 7o
Louis Hastel. de Fatouville, trois vergées 30
Jean et François Morin, de Fatouville (je diminue sur
leur bains liv. pour une petite jDièce réclamée par le petit
séminaire de Lisieux comme biens claustraux), environ
cinq acres, pour la somme de loO
Je déduis sur son bail qui est de 400 liv., cinquante
livres pour objets réclamés par le séminaire.
François Gervais, de Garbec, deux clos dits le clos
de la Vigne et le clos Simon, pour 200
Le même pour le même bail un petit pré dit la petite
Acre, pour 150
La veuve Vannier, de Fatouville, environ trois acres
et demie, pour la somme de 141
l'IKCKS .il"stifii;atives
409
(Tous les biens mit été afTermés pour neuf ans par
baux passés devant le notaire de Beuze ville les 8, 9 et 10
octobre 1787, et la jouissance commençait à la Saint-
Michel précédente.)
Guillaume Brière, de Fatouville, sept acres pour deux
ceiit({uarante livres, plussixlivrespourmoitiéd"unegran^-e liO
Jacques Bouteille, de Garbec, cinq acres pour deux
cent vingt livres, plus six livres pour moitié d'une fi^rang'e. 226
Jac({ues Iléber, de Garbec, environ deux: acres pour. . 9o
André Mallilàtre, trois acres, pour. , 120
Robert Moissy, de Fatouville, trois acres pour 110
Le même une demie-acre de prairie allermée par le
même hn'û ([uatre-vingt livres, ci 80
Guillaume Aubin, de Garbec, une demie acre 80
Jean et François Morin, de Fatouville, une demie acre. 80
Jacques Auzerais, de Fatouville, demie acre 80
Jacques Bouteille, deux acres, vingt perches 300
Jean Moisy a exploité un petit pré dit le Pré-Briet
pour bail valant cinquante livres, ci 30
Bois.
Dans la même parroisse (Garbec) environ quatre-ving-t-
dix arpents de bois taillis qui, réunis avec trois autres situés
dans les parroisses de Berville et de Fatouville, sont
affermés, y compris un fourneau à chaux au sieur \'alon,
de Barneville, pour la somme de deux mille cent livres et
environ cent livres de retenues, par bail passé devant le
notaire de Beuzeville pour neuf ans à commencer de Noël
1787, ci 2.200
Berville.
Dans la parroisse de Berville environ trente-six arpents
de bois en réserve »
Dans la paroisse de Fatouville, au lieu dit la Berquerie,
tenu par M. de la Mare, garde, pour vingt-quatre livres,
ci ^. 2i
Genneville.
Dans la parroisse de Genneville, canton d'Hontleur,
district de Pont-FEvèque, une ferme dite le Maharu con-
410 l'abbaye de NOTRE-DAME DE GRESTAIN
sistante en une masure d'environ quatre acres avec tous
les bâtiments à usag-e de ferme, soixante- sept ou huit
acres de terre labourable, un herbage sec et un pré, le
tout affermé pour neuf ans à commencer de la Saint-
Michel 1787, à Antoine Duboc par bail passé devant le
notaire de Beuzeville pour la somme de deux mille deux
cent livres, ci 2 . 200
(Son bail ne porte que 1.500 liv., le fermier a fait la
déclaration du vrai prix au directoire de Pont-l'Evêque.)
Fontaine-Bellenger.
Dans la parroisse de Fontaine-Bellenger près Gaillon,
une ferme dite le Petit-Grestain, consistante en masure,
bâtiments, herbage, terre et labour, moulin à vent situé
sur une friche d'environ dix-huit acres et un petit trait
de dîme sis dans la parroisse de Saint-Etienne du Vau-
vrai, le tout affermé pour neuf ans à commencer de la
Saint-Michel 1 787 par bail passé devant le notaire de
Gaillon à François Douté pour la somme de quinze cents
livres, ci 1 . 500
Prairies à Toutain ville et à Saint-Sulpice.
Un iDré dit le pré Hérou contenant sept vergées, affer-
mé à M. le curé de BouUeville 220
Une acre et demie à Henri Picquot, de Beuzeville, pour. 14240^
Une acre de Nicolas Grente, de Beuzeville, pour 92.10
Une acre et demie à Nicolas Meulan et autres preneurs
indivis 1 40
Une demie acre à Robert Quesnel, de Farnoville 45
Une demie acre à Jacques Gharlemaine, de Beuzeville. 45
Deux acres à Héliers Carrez, de Toutainville 180
Une acre à Pierre Haptoie, de Selles 90
Une demie acre à Jean Chusses, de Selles 45
Une demi acre à Jean Hoptoie, de Selles 45
Acre à Antoine Lécuyer, de Toutainville 90
Trois acres à Jacques-Elie Deshayes, de Saint-Sulpice. 270
Une acre et treize jjerches à Abraham Goran, de Saint-
Maclou 97 . 10
Gaspart Prévost, de Toutninville, une demie acre. ... 42
PIECKS .JLSTIKiCATIVKS
411
Une demie ocre à Pierre Eurieult,du Torpt 42
Une acre à Robert Marais, de Toutainville 80
Une demie acre à Guillaume Bertois, de Saint-Maclou. 42
Une acre à Richard Jardin, de Toutainville, par bail
passé devant le notaire de Beuzeville, pour 88
Nota que ledit Jardin ne jouit point de la pièce telle
est désig-née dans son bail par le partage qui fut fait de
la prairie après la passation des baux, et pour placer des
bornes entre chacjue portion ; il s'en trouva deux acres
et demie de plus dont on vendit la récolte.
Les acquéreurs ont joui cette année aux mêmes condi-
tions savoir, ledit jardin, une acre, pour 118
Robe Voisin, de Toutainville, une acre dont il a acheté
pareillement la récolte et dont il a continué de jouir cette
année pour la somme de quatre ving-ts livres 80
Gonteville .
Dans la parroisse de Gonteville et celle de Foulbec
environ deuz acres de terre labourable et un pré le tout
affermé pour neuf ans à commencer de la Saint-Michel
1787, par bail passé devant le notaire de Beuzeville pour
la somme de deux cents livres à Robert de la Mare 200
Saint-Pierre-du-Ghàtel.
Dans la parroisse de Saint-Pierre-du-Ghâtel, les deux
tiers des g^rosses dîmes affermées à Jean Piquot, Jean
Goulain et Philippe Bigre, par bail passé devant le notaire
de Ronfleur pour seize cents cinquante livre et loO bottes
de pailles l'ctenues par an, ci 1 . 650
Trique ville.
Deux traits de dîme affermés à Pierre Hindier, de
Formoville pour la somme de seize cents livres, quoique
son bail passé devant le notaire de Beuzeville n'en porte
que neuf cents 1 . 600
Deux autres traits affermés dans la même parroisse à
Adrien Vachet et Philippe le Loup, par bail passé devant
le notaire de Beuzeville, ci 900
112
L ABBAYE DE NOTRE-DAME DE GRESÏAIN
Brestot.
Un petit trait de dîme dans la parroisse de Brestot
affermé à François Godin, par bail passé devant M. le
Normand, pour oO
Genne ville.
Un trait de dime dans la parroisse de Genne ville
affermé au sieur curé de ladite paroisse, par bail passé
devant le notaire d'Honfleur, pour la somme de 100
Munneville.
Autre trait de dîme dans la paroisse de Munneville près
Coutances, affermé au sieur curé de la parroisse par bail
passé devant le notaire de Beuzeville avec une portion de
grang^e décimale 250
Ben tes foncières.
Sur M. d'Houël, de Berville 233
Pour le moulin dit de Vigan iieffé au profit d'un sieur
le Courtois par, je crois, un M. de Lévi, ancien abbé de
Grestain, parroisse de Garbec 140
Sur M. d'Angerville ', d'Honfleur 10
Sur M. d'Harcourt, soixante-dix livres 70
Sur M. de Vielmaison - 23
SurM.de Forel, M. Hébé, avocat à Rouen, payant
cette rente 70
Sur M. de Triqueville 33
Sur Jean Farou, de Saint-Pierre 3
Sur le curé de Manneville-la-Raout, canton de Beuze-
ville, une rente en g-rains évaluée 180
Sur le prieuré de Saint-Philbert-sur-Risle 140
Nota. M. l'abbé de Tilly observe qu ayant joui très
peu de temps de l'abbaye de Grestain et le chartrier lui
ayant toujours été fermé, il ne connaît ces rentes que par
d'anciens cueilloirs que le hazard lui a procurés et qu'il
1. Le Clerc d'Angerville a dirigé une maison de commerce au Havre.
2. Jean-Jacques-Philippe de Yielzmaisons, vidame de Châlons, seigneur de
Quetteville.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 413
ne peut prononcer ni sur leur nature, leur époque et leur
activité.
Ser<i^enterie de Toutainville alFermée au sieur Capelle
par bail passé devant le notaire de Gormeilles pour la
somme de 200
Rente de quarante livres à prendre sur l'hôtel-de-ville
de Paris provenante d'un remboursement fait par
M. d'Houël, et sur l'abbé de Boismont, ci 40
Rentes ci-devant seig-neurialles consistant en g-rains,
volailles, œufs, etc.
M. l'abbé de Tilly n'a sur ces objets que des aperçus
vagues et imparfaits. Le peu de temps qu'il a joui et le
défaut de titres l'ont empêché d'acquérir des connaissances
sûres et pense que les rentes peuvent se monter, année
commune y comprises les casualités à la somme de quatre
mille à quatre mille cin(| cents livres 4.000
Total, sauf erreurs 20. lOO' 10^
Char^/cs de ladite ahhaye.
Décimes 2.504' 13* 10''
Taille des prés de Saint-Sulpice 202 »
Pension à M. l'abbé Monet 2 . 000 »
A M. l'abbé Brissart 2 . 401 »
A Lamare, garde, 3"30 liv. de fixe, plus un loge-
ment, un jardin, un petit pré et les profits de
son fusil 400 »
Réparations annuelles, au moins 1 .200 »
Frais de régie, tenue du chartrier 1 .000 »
Au bailli 25 »
Aumône journalière 52 »
Aumône du Jeudi Saint 72 »
Rente à M. le duc d'Orléans 5 ^
9.859' 13« 10<'
M. l'Abbé jouissait en outre d'un canonicat évalué 5.000 livres
et d'une pension sur l'abbaye de Mortemer dont il a fait la décla-
ration détaillée à la municipalité de Paris suivant une lettre de sa
part ci annexée, d'où il résulte que tous ses bénéfices pouvaient se
414 l'abbaye de -NOTRE-DAME DE GRESTAIN
monter, année commune, à la somme de 28.G9*Jliv., sur quoi les
charges ci à côté déduites restait nette la somme de 18.830 livres.
Je soussij^né porteur de procuration de M. l'abbé de Tilly certifie
la présente déclaration véritable. En foi de quoi je la signe, le pre-
mier décembre, mil sept cent quatre-vingt-dix.
Signé : J. MoisY ', prestre de Grestain.
(Arch. dép. de l'Eure, j
CXVI
Revenu du desservant de la chapelle de Grestain.
1790, 11 décembre.
Cette chapelle existe en vertu dun décret qui supprima, il y a
environ trente ans, la conventualité de l'abbaye de Grestain et
qui en réunit les biens au petit séminaire de Lisieux.
Conséquemment à cette réunion, ledit séminaire fut chargé par
le même décret d'entretenir un chapelain à Grestain, de lui four-
nir un logement, un jardin et cinq cents livres de pension annuelle
payables par quartier et d'avance.
Revenu: un logement, un jardin et oOO livres spécialement alï"<-c-
tées sur les biens claustraux de l'abbaye ; charges déduites, envi-
ron 400 livres.
Je soussigné certifie, etc.
J. MoisY'-.
A Pontaudemer,
le 11 décembre 1790.
(Arch. dép. de l'Eure, série Q.)
1. Jean Moisy fut professeur de belles-lettres à Paris. On voit encore sa
pierre tombale dans le cimetière de Carbec : Ci-gît Jean Moisy, prêtre, qui fut
bon parent et bon ami. Xé le 22 avril 1752, mort le 18 septembre 1821.
2. Jean Moisy. Voy. la note précédente.
ADDITIONS
AUX PIÈCES JUSTIFICATIVES i
CXVII
Fieffenno aux rclifjicu.r de Grestain des moulins et du four
de Sainte-Scolassc-sur-Sarthe.
1324, 4 décembre.
Donné par copie souz le seel de la \iconté de Pontaudemer.
Copie. A tous cens qui ces lettres verrant ou orrant, le baillif de
Caen, salut. Nous faisons savoir que après cen que frère Estienne
de Cormeilles -, prieur de Sainte Escolasse, eu non de religieux
homme l'abbé et le convent de Grestain eut prins à fieu et à ser-
vice perpétuel par cinquante livres tournois de rente chascun an
également à deux eschiquiers frans et quites venans à la main le
Roy, c'est à savoir les trois moulins et le four de Sainte-Escolasse
ovec les appartenances, franchises et seigneuries à cen appartenans
ensenble ovec le contreplege que Gervaise Pilon y avoit mis qui
eu temps passé les avoit prins et tenoit en fîeu et perpétuel ser-
vice qui les avoit delessiez par delfaut de paiement revenu à la
1. Los deux pièces qui suiveut out été recueillies trop tard pour qu'on ait
pu les placer à leur ordre chroiiologi(|ue.
2. Plusieurs membres de cette famille sont connus, tels que : Richard de
Cormeilles, panetier du roi (1364-1370) ; Etienne de Cormeilles, huissier
d'armes du roi (1368); Louis de Cormeilles, vicomte de l'eau de Rouen (14411-
1460); Bureau de Conncilles, prêtre, conseiller au parlement (1431); Jean de
Cormeilles , écuyer, seij^neiir de Mallemains (au Vieux-Bourg), enl48.j;
Jeanne de Cormeilles, pvicum des Dames de Saint-Dominique, dites Les Emmu-
rées, en lo40, etc. — (Bibl. nat., ms. fr. 273 iO, dossier 19213.)
416 l'abbaye de NOTUE-DAME de GRESTAIN
main du Roy et aussi ovec le contreplege dessusdit lesqueux reli-
g"ieux avoient mis en contrepleg-e certaines choses sy comme il
apparoissoit par lettre sur cen faite. Et après cen Jehan de la Vil-
lere, de Saint-Germain-le-Viel, eust enchéri ledit fieffementet mis le
à sexante livres tournois d'anuel rente, et ledit prieur eu non desdis
religieux se fust offert à enchérir sus ledit Jehan ledit fieuffement
et mis lay à sexante et cinq livres tournois d'anael rente et paier
également à deulx eschiquiers duquel encherissement ledit Jehan
proposoit que ledit prieur n'estoit à recevoir, et oy le del at que
ledit Jehan y metoit devant nos seigneurs tant pour cen que il ne
povoit souflisamment à contrepleger que pour plusieurs autres
causes et considérant le proufit dudit seigneur ledit prieur fut receu
eu non dessusdit audit encherissement einsi que ledit prieur eu non
desdis religieux puist à baillier contreplege ovec les choses qu'il
avoit autrefois bailliez à la value et à la quantité de quinze livres
tournois de rente. A tenir et à avoir par droit, héritage à pourseer
asdis religieux et à leurs successeurs ou à qui aura cause deulx
les moulins et four dessus dis avec les appartenances et seigneu-
ries [ ] bien et enpès, franchement et quitement en rendant audit
monseigneur le Roy et à ses successeurs ou à qui aura cause deulx
les sexante et cinq livres dessus dis, frans et quites venans à main
comme dessus est dit, lequel fieulTement nous et nos successeurs
baillif de Gaen comme justice sommes et serons tenus garantir et
defîendre, delivi-er et oster de touz emjjeschemens qui y pourroient
estre mis de plain et d'office et les couz et contrecouz par la rente
dessusdite ; et tanportasmes du povoir d'office esdis religieux et à
leurs successeurs perpetuelement faut le drait, la seignourie et la
justice que ledit monseigneur le Ro}^ y avoit ou avoir povoit et
devoit en payant les sexante et cinq livres tournois de rente dessus-
dis en la manière que dessus est devisé, tant pour ce que nul ne
s'estoit opposé à enchérir jasoit que les baus et les procuracions
avoient esté fais souffisamment par Robert de Burbertre, serjant du
lieu, sy comme il tesmoigna par san serment auquel nous adjous-
ton foy que pour cen que lesdis religieux avoient ja fait le premier
paiement à la saint Michel qui derrain passa. En tesmoing de cen
nous avons mis à ses lettres le seel de ladite baillie. Cen fu fait l'an
de grâce mil trois cens vinc et quatre, le diemenche après la Tauz-
sains.
(Bibl. nat., ms. fr. 20914, fol. 25, n° 209.)
PIÈCES JUSTIFICATIVES 417
CXVIII
Arrêt donnant décharrje de 1^20 ccus aux religieux
de Vabbarje de Grestain.
1600, 8 janvier.
Veu le susdit arrest ', l'extraict collationné du compte des tailles
de Pontaudemer et des décvmes de Rouen et Lisieux rendu en la
chambre des comptes dudit Rouen par m'' Loys de la Martinière,
cloz le vingt sixiesme jour de juing- Tan mil v'^ IIIP'' quinze, auquel
compte est faict recepte en deux parties soubz le nom du receveur
de l'abbaye de Grestain de la somme de six ving-tz escus sol et
despenses desdits deniers soubz le nom de m*^ Martin Reynard, com-
mis à la recepte généralle des finances, à Rouen, le Roy en son
Conseil en conséquence de la descharge généralle accordée au
clergé de Normandye a ordonné et ordonne que l'abbé et religieux
de l'abbaye de Grestain demeureront quittes et deschargez de ladite
somme de six vingt escus sur les décymes par eulx deues des
années mil v'' 1111'"^ treze et quatorze.
(Arch. nat., E'^'^ ; fol. 6 v°.)
1. Arrest du Conseil du 26 avril 1596 ordonnant que tous les deniers dus
par le clergé à cause d'un million de livres payables en dix ans, qui seront
intervertis par aucuns gouverneurs ou officiers de S, M., le clergé en demeu-
rera quitte et déchargé.
Ch. BnÉAHD. — LAbbaye de Notre-Dame de Grestain. 27
418 l'abbaye de i\OTRE-DAME DE GRESTAIN
CXIX
LISTE DES ABBÉS DE GRESTAIN
*Les noms en italiques ont été omis dans le
Gallia chrisliana.
I. Renaud de la Roque, abbé vers 1050.
II. Geoffroy, mort en 1414.
III. Foulque, de l'année 1114 environ à juillet 1139.
IV. Herbert, de septembre 1139 à janvier 1180 (n. st.).
^'. Guillaume Huband ou d'Exeter, avril 1180 à 1185.
VI. Raoul, de mars 1186 à juillet 1197.
MI. Robert, de septembre 1197 à 1:245.
VIII. Guillaume II de Farnoville, en août 1254.
IX. Thomas, en 1259 et 12G0.
X. Guillaume III, en 1267 et 1287.
XI. Renaud II Caruel, de 1287 à 1297.
XII. Raoul II Vincond, de mai 1297 h 1302.
XIII. Guillaume IV Le Vavasseur, davril 1308 à 1346.
XIV. Jean I«% d'avril 1346 à 1362.
XV. Jean II le Maigre, de 1362 à 1369.
XVI. Jean III Reinfroy, en 1369.
XVII. Etienne.
XVIII. Jean IV Picot, en octobre 1377.
XIX. Martin de la Houssaye, en 1388 et 1390.
XX. Jean \' de Foussi, en 1398 et janvier 1407 (n. st.).
XXI. Richard I" de Thieuville, en 1409 et février 1436.
XXII. Guillaume V Poret, de 1436 à janvier 1444.
XXIII. Jean VI Le Lièvre, de 1444 à juillet 1458.
XXIV. Jean VII Baudouin, de 1458 à avril 1468.
XXV. Richard II de Thieuville, de juillet 1467 à 1481.
XX\'I. Guillaume dEscalles, de 1481 à janvier 1503.
XXVII. Jean VIII de Fatouville, en 1503.
XXVIII. Jean IX Le Veneur, de mai 1503 à août 1543.
XXIX. Gabriel Le Veneur, de 1543 à 1550 environ.
XXX. Pierre de Pont-Levoy, en 1555 et 1559.
XXXI. Jacques Marlet, en 1573 et 1585.
PIÈCES JUSTIFICATIVES 419
XXXII. Jean X Le Breton, en 1597 et avril 1607.
XXXIII. François Petit, en 1607.
XXXIV. Auguste de Saint-Lary, baron de Termes, en mai 1607.
XXXV. Pierre Ilabert, de juin 1608 à 1621.
XXXVI. Auç/uslin de Thou, de 1621 à 1643,
XXXVII. Gaston Savary de Brèves, juillet-octobre 1643.
XXX\'III. Denis Sanguin de Sainl-Pavin, de 16i3àmars 1670.
XXXIX. Denis Sanguin, de 1670 à mars 1702.
XL. Chrysanthe de Lévis, d'avril 1702 à décembre 1727.
XLI. Antoine Le Berceur de Fontenay, de 1728 à 1735.
XLII. Antoine de Mallierbe, de mai 1735 à 1743.
XLIII. Philibert de Renty, de juin 1743 à 1757.
XLIW Nicolas Thirel de Boismout, de 1757 à 1786.
XLV. Charles de TiUy-Blaru, d'août 1787 à 1790.
TABLE ALPHABÉTIQUE
A
Abloville, 106.
Ablon, i06.
— (Crespind'), 211, 213.
— (Hugues d'), 63, 211, 213, 214.
— (Morind'), 211, 213.
Adam (Jean), prieur, 182.
Advisse (Jacques), prêtre, 179.
Agoult (Jean d'), chanoine, 107.
Aigle (L'). Voy. Laigle.
Angerville (Le Clerc d'), 412.
Anglesques'ille, 27, 103.
Anneville, fief, 145.
Ariette, 2, 13, 17 et suiv., 41, 42.
Arnoul, évêque, 37, 44, 46, 52.
Arnould (Léger), 100, 271.
Aubermesnil, fief, 145.
AufTay-en-Caux, 81, 100, 242, 281,
294.
B
Baillehache (Jean de), prieur, 182.
Bailleul (Jean de), 87, 249.
Barbe (Ignace), prieur, 183.
Barneville-sur-Mer, 27, 106, 107, 203,
277, 290, 320.
Basin (Thomas), évêque, 96, 101.
Beaudouin(Jean), abbé, 102,283, 284.
Beaumont-en-Auge, 03, 08, 121.
Beaunay, fief, 314.
Bec, fief, 100.
Bec-Hellouin, abbaye, 44, 102, 283.
Beissidre (Guillaume), prêtre, 218.
Bellaise (D. Julien), 4.
Belloy (De), évêque, 151.
Berkamested (Angleterre), 207.
Bei'nières-sur-Mer, 293.
Berthelot(B. Pierre), 185.
Bertran (Robert), 67,75, 121, 205.
— (de Briquebec), 10.
Bertreville-en-Caux, 204.
Berville-sur-Mer, 27, 71, 121, 201,
202.
— (Epine de), 219, 221.
— (Paroisse de), 231, 336.
Beuzeville (Eure), 110,232.
— (Emond de), 233.
Boisniont (Thirel de), abbé, 5, 169.
Bottentuit (Jean), prêtre, 179.
Bouffev, fief, 275, 288, 348.
Boulleville, 100, 200, 232, 380 et suiv.
BouIIey, fief, 100.
Boutevillain, fief, 106.
Brancas (Henri de), évoque,
Bray-en-Cinglais, 307.
Brethenham (Angleterre), 29, 206.
Bretteville-rOrgueilleuse, 20, 20<>.
Breuil (Le), 279, 292.
Brèvedent (De), 330.
Brèves (Savary de), abbé, 152, 342,
344.
Bricourt (Henri de), 252.
Brisset (Louis), prêtre, 144.
Brolonne (Roger de), 207, 208.
Brucourt, 57.
Cal)eaumont (Duquesne de), 392.
Cahagnes (Hugues de), 30, 307, 308.
Callais (Jacques de), 330,
422
TABLE ALPHABÉTIQUE
Gambrv, 28i.
Candos (Roger de), 27, 204.
Canlelou, 203.
Carbec, 26, 106, 107, 161, 200, 202,
231, 327,328.
— (Eustache de), 211,
— (Guillaume de), 27, 204.
Carrey de Sainl-Gervais, 169.
Carrouges (Etienne Blosset de), 138.
— (Marie Blosset de), 139.
Carrouges (Jean de), 108.
Carruel (Renaud), abbé, 75.
— -Marguerite), 76.
Cesseville, .308.
Chambourg (Jacques de), 161.
Chanu (Charles), prieur, 182.
Charlemaine (Guillaume), 338.
Charles V, 86.
Charles VII, 97 et suiv.
Cheylus (Joseph de), 393.
Clarbec (Pierre de), 79,232.
Clères (Henri de), 79, 232.
Condé-la-Campagne, 279, 292.
Conesgrave (Angleterre), 209.
Connok (Angleterre), 207.
Contemoulins (Jean de), 79, 231.
Conteville-sur-Mer, 14, 15,25, 27, 71,
106, 199, 203.
Conteville (Ilerluin de). Voy. Herluin.
— -(Eudes ou Odon de), évêque, 12,
13, 17, 20, 21.
Cormeilles, abbaye, 2, 7, 9, 36, 66,
72, 86, 144, 173.
— (Etienne de), prieur, 115.
Corneville-sur-Risle, 203.
Coulanges (Christophe de), 157.
Coulombs, 280.
Courseules (Jacques de), 326.
Creeting (Angleterre), 241.
Crémanfleur, 27, 67, 76, 122, 202,
211, 217.
Crémanville, 106.
Cressanville, 232.
Croix de la Devise (La), 256,257, 258,
259.
D
Dalbiac (Dom),116, 168, 172, 178, 180.
Dancre (Guillebert), 93, 264.
Delacroix-Saint-Michel, 405.
Descalles. Voy. Escalles.
Des Noyer, prieur, 183.
Dieppe, 145.
Doux-Marais, 27, 44, 62, 69, 75, 202,
277, .306, 309.
Dozulé, 307.
Druel (Gabriel), prieur, 320.
— (Nicolas), 132, 147, 320, 331, 334.
Du Rose (Guillaume), 79.
— (Richard), 109.
— (Robert), prêtre, 179.
Du Cup (Louis), 109.
— (Raymond), 164.
Du Faveril (Guillaume). 79, 230.
Du Feugueray (Raoul), 109.
DuSaulcey (Thomas), 320.
Du Val (Godefroy), 62.
— (Jean), 79.
Du Val-Durand (Raoul), 79.
E
Edouard m, 81, 82.
Efflanc (Turstin), 205.
Emelinne (Robert), prieur, 182.
Equainville, 106, 231, 232.
Ernes, 307.
Escalles (Guillaume d'), abbé, 134
313.
— (Pierre d"), prieur, 136, 183.
— (Richard d'), 135.
Esneval (Robert d'), 254.
Espec, fief, 106.
Etienne, abbé, 89.
Eu (Hugues d'), 16.
Farnoville (Guillaume de), abbé, 264.
Falouville (Hugues de), 212.
— (Jean de), abbé, 138.
Faulques (Les), fief, 106, 274, 347.
Fécamp, abbaye, 58, 104.
Férey (Jean), 146.
Ferlis (Angleterre), 27, 206.
Féron (Maciot), 111.
Figuefieur, 26, 67, 90, 120, 122, 200,
202, 217.
TABLE ALPHABÉTIQUE
423
— (Paroisse de), 107, 232.
— (Halles et marché de); 294, 389,
321, 337.
Floques (Robert de), 96,99, 100.
Florifontana, 211, 214.
Floxel, 280, 293.
Fontaine-Bérenger, fief, 27, lOfi, 274,
287.
Fonlenay(Le Berceur de), abbé, 164.
Forel ^De), 412.
Forhou (Théodoric de), 209.
For tmau ville, 233.
Foulbec, 26,71, 214,219, 232.
Foulque, évoque, 64.
Foulque, abbé, 36.
Fourmetot, fief, 106, 145, 20b, 287.
Foussi (Jean de), abbé, 90.
Fi'édégonde, femme d'Herluin, 20,
203.
Fresnoi (Roger de), 207.
G
Gaillard (Michel), prêtre,
Gaillon (Colart de), 110.
— (Eudes de), 110.
— (Fromond dei, 110.
— (Guillaume de), 111.
— (Imbert de), 110.
— (Ivesde), 110.
— (Jean de), 110, 111.
Gambes (Angleterre), 206.
Genne ville, 219, 220, 294, 322, 328.
Geoffroy, chapelain, 204.
Geoffroy, abbé, 35.
Gilleville, 203.
Gonneville-sur-IIonlk'ur, 249, 250,
275, 322.
Gouffier (Guillaume), 100.
Gouvix, 307.
Graflon (Angleterre), 207, 241.
Graimbonville, 27, 100.
Grassay (Renaud de), 271.
Graye-sur-Mer, 308.
Grestain (Port de), 220, 221.
Grestain-le-Gourmand, 187.
Grelingham (Angleterre), 29, 206.
Grosourdy de Saint-Pierre, 186.
— (Claude de), 160. 182.
— (M""» de), 190.
Guillaume, abbé, 72.
Guillaume le Conquérant, 2, 19, 21,
25, 30, 199, 201, 206.
Il
Ilaberl (Pierre), abbé, 149, 329, 334.
Hairolde (Jacquelin), 100, 271.
Halley (Charles), 166.
— (Guillaume), 166.
— (D. Henry), religieux, 166.
— (Henry), 166.
Ilangest (Pierre de), 230.
Harcourt (Guillaume de), 12.
— (Louis de), 87.
Harfleur, 92.
Hay (Thomas), 111.
Henri I", duc de Normandie, 33.
Henri IV, 146, 149.
Henri V d'Angleterre, 92.
Herljert, abbé, 42.
Herluin de Conteville, 2, 10, 12, 13,
14, 16, 18. 26, 40, 41, 112, 200.
Ilérouville, 204.
Ileston Angleterre), 207.
Honneur, 16, 2b, 27, 88, 92, 93, 97,
98, 110, 199, 201, 202, 220, 221.
Honnaville, 106, 203, 204.
Ilouël (Edmond), 16i.
— (Jean), 128.
— (Philippe), 128.
Iluband (Guillaume), abbé, 42.
Iluberville, 281.
J
Jean, al)bé, 80.
— (évè.[ue de Lisieux), 38, 38, 42.
— (fils d'Herluin), 20, 205.
Jobles, 27, 122, 201, 283.
Jouas (Louis), prieur, 183.
Jouvence, fief, 170.
Jumièges, aljbaye, 71, 97, 99.
La Berquerie, îOO.
La Bruvère, fief, 212.
424
TABLE ALPHABÉTIQUE
Lachy (Moulin de), 110.
La Cochère, 307.
Ladres (Chapelle des), 371.
La Gohaigne, 117.
La Haye-Aubrée, 204.
Laigle'fGilbert de), 209.
— (Richer de), 27, 31, 209.
Lallemant (Jean), 177.
La Madeleine de Grestain, 117, 118.
La Mare, fief, 303.
La Mare (Anise de), 196.
— 'Geoffroy de), 232.
— (Guillaume de), 27.
La Motte-en-Auge, 308.
La Poterie, 106, 286.
La Rivière, 106, 203, 324.
La Rivière du Xeufijourg-, 340.
La Roche-Nonant, 307.
La Roque (Renaud de), abbé, 26, 34.
La Rue (Mathias de), 178.
Le Berceur (Henri), 165.
— (Jacques), 16o. Voy. Fontenay.
Le Breton 'Jean), abbé, 146, 318.
Le Carpentier fJacques', prieur, 182.
Lécaude, 279, 292.
Le Cerf (Pierre), 100,271.
Le Chalange, 107.
Le Chambellarj (Chrétien), 75.
Le Chevrier (Durand), 202.
Le Grant (Guérini, 111.
Le Lièvre (Guillaume), prieur, 182.
— (Jean), abbé, 95, 269, 207, 272.
Le Maigre (Jean), abbé, 86.
Le Maryé (Robert), 145.
Le Merchier Jean), prieur, 182.
Le Mercier (Jean), prieur, 182, 316,
340, 341.
Le Moyne (Antoine), 145.
Le Moyne de Bellisle,
Le Painteur iJeanj, prieur, 161, 183.
Le Parrastre (Michel), 218.
Le Prévost (André), 145.
Le ïellier (Adrien), 179.
Le Vavasseur (Guillaume), abbé, 78.
Le Vavasseur de Vasouy, 63.
Le Veneur (Jean), cardinal, 138, 314.
— Gabriel), abbé, 141.
Lévis (Chrysanthe de), abbé, 164, 372.
Lilletot, 145, 205.
Lisieux, 97.
Londres, 29.
Longaunay (Hervé de), 146.
Louis IX, 69, 74.
Lucé (Jean de), 272.
M
Maharu, fief, 106, 275, 288, 328,
347.
Maizières, 279, 280.
Malemort (Théodore), 205.
Malherbe (Antoine de), abbé, 166,
392.
— (Augustin de), 166.
Manneville (Raoul de), 211.
— (Guillaume de), 211.
Marais-Vernier, 26, 200.
Maretz, fief, 107.
Marlet (Jacques), abbé, 143.
Marmion (Roger), 207.
Martainville-en-Lieuvin, 26, 200,
203.
Martel (Raoul), chevalier, 252.
Maucourt (Emile), chanoine, 142.
Mauny (Guillaume de), 280.
Mauvesin (Galeran), 63.
Melun (Guillaume de), 91, 124.
— (Jean de), 31, 80, 81, 233, 238,
241, 305.
Merse (Angleterre), 241.
Méi'y 1 Hugues dej, 108.
— (Roger de), 272.
Mesnil-Cordelier, fief, 135.
Mesnil-Ferry, fief, 108, 109, 110, 111,
136, 205, 297, .308, 310, 3.50.
— (Jean du), 220.
Mesnil-Mauger, 62, 75.
Meulan (Galeran de), 20, 38.
— (Helvise de), 20, note.
— (Hugues de), 20.
-- (Robert de), 15, 27, 41, 204.
Mézidon, 80, 81, 106, 235, 239, 242,
277, 290,301, 306.
Miribel Henry de;, 90.
MoisyiJean , prêtre, 176.
Monceaux-en-Auge, 308.
TABLE ALPHABÉTIQUE
425
Montaigu, abbaye, 28, 207, 212.
Montebourg, 280, 293.
Montfort-sur-Risle, 189.
Monlgommery (Mathilde de), 22, 29,
40,41, 407.
— (Richard de), 281.
Mor, fief, lOG.
Morseng (François de), 161,
Mortain (Guillaume de), 24, 27, 30, 33,
204, 207.
— (Robert de), 2, H, 17, 20, 21, 22,
24, 28, 35, 40, 69, 120, 121, 125, 201,
206.
Mortemer, abbaye,
Munneville-sur-Mer, 26, 106, 107, 200,
331.
N
Neest, fief, 106.
Noir-Port, 26, 123, 127, 201, 223, 257,
262, 267, 276.
Normare, 26, 200, 400.
Norton (Angleterre), 207, 241.
Notre-Dame de Grâce, 114.
Notre-Dame de Rondeur, 58, 62, 63,
107, 210, 211.
Notre-Dame de la Victoire, 108, 111,
137, 297.
Notre-Dame du Val, 14, 15, 195, 327.
0
Odon, Voy. Conteville et Rigaud.
Osbern (Guillaume), 10, 204.
Osmont (Robert), 76.
Paisnel (Jacques), 108.
Papion (Hugues), 62, 215.
Perey, 308.
Perricres, prieuré, 57.
Penitona (Angleterre), 28, 206.
Peniton-Grestain, 206.
Pestel (Valérien), prcirc, 179.
Petit (François), abbé, 147.
Pevensey (Angleterre , 206, 207, 209,
Picot (Jean), abbé, 89.
Pipard (François), prieur, 183.
Pippes (James de), 87.
Plainville, 280.
Planes (Nivelon de), 281.
Plessis-Grimoult, 7b.
Pont-Audemer, 84, 87, 88, 96, 232.
Pont-l'Évêque, 97.
Pont-Levoy, abl)aye, 143.
Pont-Levoy (Jean de), 143.
— (Jeanne de), 143.
— (Pierre de), abbé, 142.
Poret (Guillaume), abbé, 95.
Préaux, abbaye, 2, 9, 10, 39, 43, 66,
86,96, 104, 151, 330.
Putot-en-Auge, 146.
Q
Quétiéville, 90, 280, 293.
Quetteville, 111, 173, 217, 275.
Quillebeuf, 26, 123, 124, 201.
Quillet de P'ourneville, 405.
Quillet (Thomas), 179.
Querquevillo, fief, 107.
Quesnay, fief, 283.
R
Raoul, abbé, 57.
Raoul, fils d'Herluin, 20, 203.
Rebut (Jacques), 179.
Reinfroy (Jean), al)l)é, 89.
Renty (Philibert de), abbé, 167, 373,
375, 379, 392.
Richard Cœur de Lion, 4, 14, 57, 59,
199, 206.
Rigaud (Eudes ou Odon), archevê-
que, 32, 65, 67, 69, 73.
Roljert, ablx>, 61.
Robert !«'•, duc 'de Normandie, 2, 10,
20.
Robessart (Louis de), 265.
Rochefort, fief, Hl.
Rosny (Jeanne de), 251.
Rotrou, évLHjue, 37.
Rouen, 246.
Rouville, fief, 106, 274, 346.
Royal-Pré, prieuré, 396.
426
TABLE ALPHABÉTIQUE
Saint-Aignan de Pont-Audemer, 232.
Saint-Astier, prieuré, 36, 107, H2,
232.
Saint-Aubin, 145.
Saint-Benoît (Fontaine de), 184, 193.
Saint-Chéron, 184, 185, 193.
Saint-Crespin-sur-Vie, 74, 75, 107,
216.
Saint-Cyr de Friardel, 307, 309.
Saint-Evroult, abbaye, 34, 83.
Saint-Evroult de Montfort, 307.
Saint-Gatien (forêt de), 25, 200.
Saint-Germain-le-Vieil.
Saint-Gilles de Pontaudemer, 88.
Saint-IIélier (Foire de), 111.
Satnt-Jouin de Marne, abbaye, 146.
Saint-Lary (Auguste de). Voy. Ter-
mes.
Saint-Laurent de Grestain, 116, 117,
118, 332, 333, 371.
— de Quetteville, 111.
Saint-Léonard de Honfleur, 58, 62,
63, 107, 210, 211.
Saint-Maclou, 106, 380 et suiv.
Saint-Martin-de-Pontoise, 4'», 56, 57.
— de Sées, 72, 103.
Saint-Martin-sur-Gris, 320.
Saint-Méen, 2, 184, 185, 193.
Saint-Nicol, prieuré, 25, 112, 114,
115, 180, 199, 276, 289, 326, 348.
Saint-Quentin-les-Chardonnets, 27,
75, 107, 203, 277, 290, 325.
Saint-Pierre-du-Châtel, 14, 15, 106,
107, 205, 231.
Saint-Pierre-sur-Dives, 10, 11.
Saint-Ouen de Genneville, 111.
Saint-Ouen de Grestain, 107, 118,
119, 120, 369, 371, 373.
Saint-Ouen-de-Thouberville, 204.
Saint-Samson, évêque, 7, 10, 11.
Saint-Sulpice de Graimbouville, 380
et suiv.
Saint-Siméon, léproserie, 115, 117.
Saint-Thurien, 232.
Saint- Victor d'Agy, 72.
Saint-Wandriile, 43.
Sainte-Barbe-en-Auge, prieuré, 44,
62, 69, 72, 108, 137, 279, 301, 306.
Sainte-Marie-aux-Anglais, 44.
Sainte-Marie de Lécaude, 307.
Sainte-Mère-Église, 14, 15, 26, 44,
200, 205, 211.
— (Olivier de), 211.
— (Robert de), 212.
Sainte-Scolasse, prieuré, 26, 107,
112, 113, 415.
Samois (Jean de), évêque, 76, 77.
Sanguin de Livry, 158.
— (Denis), abbé, 162.
— (Jacques), 155, 158.
— (Nicolas), prieur, 162.
Sanguin de Saint-Pavin, abbé, 155,
162, 344,350, 359.
Senlis, 108, 111, 137,297.
Siglas, fief, 170.
Soulbieu (D. Charles), 178.
Sotteville-sur-Mer, 106, 204.
Tancarville (Guillaume de), 251, 263.
Termes (Le baron de), abbé, 148, 323,
331.
Thieuville (Durant de), 93, 110,254^
251, 264.
— (Guillaume de), 312.
— (Guy de), 92.
— (Jean-Baptiste de), 179.
— (Isabelle de), 135.
— (Renault de), 91.
— (Richard I de), abbé, 61, 254, 262,
267, 285,296.
— (Richard II de), abbé, 103.
Thiboust d'Anisy, 373.
Thirel, 169, 170, 195.
— (Jean-Baptiste), prieur, 182,195.
— (Michel), prieur, 182.
— (Pierre), 170, 315, 317.
Thirel de Boismont, abbé, 5, 169.
Thou (Augustin de), abbé, 151, 338.
Thomas, abbé, 70.
Tierceville, fief, 27, 106, 107, 277,
289.
Tilly-BIaru (de), abbé, 174.
TABLE ALPHABETIQUE
427
Tilly-sur-Sculle, 2(i, 107, 277, 289.
Tollovast (Richard de), 108.
Tonnetot (Michel de), 336.
— (Robert de), 79, 231.
Tournebu (Jeanne de), 110.
Tourville fJacques de), 163.
Toutainville, 27, 79, 202, 229.
Treml)lay (Robertdu), 216.
Triquoviile, 44, 107, 1413, 203.
Troarn, 10, 11.
V
Val (Le), fief, 248.
Vasouy, 63.
Vaslel (Louis), 179.
— (Pierre), 179.
Vauville, 26.
Vieilles (Onfroi de) 10. 41.
Vieilzmaisons (de), 412.
Villerville (Raoul de), 63.
Vincond (Raoul), abbé, 76.
Vire, 281.
Vital de Mortain (le B.), 39, 41.
w
Warenne (Guillaume de), 31, 209.
Y
Ynger (Jean), prieur, 307.
TABLE DES CHAPITRES
PAGES
Introduction 1
CHAPITRE I"
Origine et fondation de l'ahljaye. — Ilerluin et Ariette. — Premières
donations en Normandie et eu Angleterre. — Principaux bienfaiteurs:
Robert de Mortain, Matbdde de Montgommery et Guillaume, leur fils.
— Les abbés réguliers de 1050 à 1197. — Rouleaux des morts. —
Réformes disciplinaires. — Expulsion des moines 9
CHAPITRE II
Les abbés réguliers de 1197 à 1481. — Visites d'Eudes Rigaud. — Trans-
action entre les religieux de Grestain et l'abbaye de Jumièges. —
Procès et contestations. — Nouveau renvoi des moines. — Donations. —
Échange de la baronnie de Mézidon. — Jean de Melun. — Les Anglais
occupent l'abbaye. — Le roi Charles VII séjourne à Grestain 61
CHAPITRE 111
État de l'abbaye à la fin du xv siècle. — Les possessions. — Fiefs et
Églises. — Prieurés de Saint-Astier, Sainte-Scolasse, Saint-Nicol. —
Léproserie de Saint-Laurent de Grestain. — Saint-Oiien de Grestain.
— Droits de pêche et Coutumes 105
CHAPITRE IV
L'abbaye mise en commende. — Les abbés commendataires de 1481 à
1757. — L'abbé Denis Sanguin de Sainl-Pavin (1643 à 1670). — Procès
entre les moines et les abbés au sujet de la pension. — Suppression
de l'abbaye et son dernier abbé. — La Révolution et la vente des biens
de Grestain. — Inventaire des revenus. — Dom Dalbiac, l'cligieux,
survit seul à la ruine définitive de l'abbaye 131
CHAPITRE V
Les prieurs claustraux, de 1480 à 1757. — Rites, Cérémonies, Usages.
— Eglise de Carbec 181
CHAPITRE VI
Les Ruines. — L'Etat actuel 189
Documents historiques. — Pièces justificatives 199
TABLE CHHOXOLOGIQUE
DES PIÈCES JUSTIFICATIVES
DATES PAGES
H89. Confirmation, par Richard Cœur de Lion, des dons faits à l'abbaye
de Grestain, en Normandie 199
1189. Confirmation, par Ricliard Cœur de Lion, des dons faits à raljl)aye
de Grestain, en Angleterre 206
1197. Bulle du pape Célestin III, concernant les églises de Saint-Ouen
de Grestain, Notre-Dame et Saint-Léonard de Honfleur 210
xii" s. Cession, par l'archidiacre de Lisieux, des églises de Notre-Dame
et de Saint-Léonard 210
xii« s. Cession de la moitié du revenu des églises de Notre-Dame et de
Saint-Léonard 211
xii"^ s. Confirmation faite à labbaye par Crespin d'Ablon des dons de
ses prédécesseurs 211
XIII'' s. Confirmation, par Robert de Sainte-Mère-Église, de la donation
du fief de la Bruyère 212
xiii'^ s. Lettres d'Innocent III au sujet d'une contestation sur les dimes
navales entre l'abbaye de Grestain et le couvent de Montaigu,
au comté de Somerset 212
1221. Confirmation, par Hugues d'Ablon, chevalier, des donations faites
à l'abbaye 213
1233. Donation, par Guillaume du Bosc, de trois sols de rente à l'abbaye.. 214
1248. Donation, par Guillaume du Bosc, de Foulbec, de rentes à l'abbaye 214
1253. Donations faites à l'abbaye 215
125G. Accord entre Robert Bertran, chevalier, et les religieux au sujet
des droits de coutume perçus à Fiquefleur et à Crémanfleur 217
1258. Donation, par Guillaume Beissidre, prêtre, de cinquante sols de
rente à l'abbaye 218
1259. Accord conclu entre les religieux de Jumièges et les religieux de
Grestain au sujet des droits de coutumes 218
1273. Vente, par Robert le Vavasscur, à l'abbaye d'une rente de cinq
boisseaux de froment 220
1281. Arrêt du Parlement de Paris déboutant Robert Bertran, chevalier,
(|ui se plaignait (jue le roi avait fait un port à Grestain au détri-
ment du port de llonileur , 220
1287. Transaction entre les religieux de Grestain et Robert Bertran, sei-
432 TABLE CHRONOLOGIQUE
DATES PAGES
gneur de Roncheville et de Honfleur, au sujet des droits de tra-
vers, coutumes, franchises et seigneuries dans tous les ports
depuis Honfleur jusqu'à l'épine de Berville 221
1290. Reconnaissance de rente, par Nicolas de Normandie, pour la con-
struction de l'église 224
1308. Carta régis Edwardi secundi, donatorum concessiones recitans et
confirmans 224
1308. Ordre de remettre à l'abbé de Grestain les revenus de son abbaye. 228
1319. Lettres de Philippe V, portant cession à l'abbaye, par bail
perpétuel, de la part qui appartenait au roi sur le moulin de
Toutainville 229
1320, Lettres de Charles le Bel, portant amortissement pour l'abbé et
les religieux de leurs nouveaux acquêts 230
1330. Acte par lequel Guillaume, abbé, nomme ses procureurs en Angle-
terre 234
1333. Autre acte par lequel Guillaume, abbé, nomme ses procureurs en
Angleterre 234
1347. Accord entre Jean de Melun, sire de Tancarville, et les religieux
au sujet de l'échange de la baronnie de Mézidon contre sept
manoirs que les religieux possédaient en Angleterre) 235
1348. Requête des abbé et religieux au pape Clément VI, au sujet de la
vente des biens de l'abbaye situés en Angleterre 238
1348. Accord fait entre Jean de Melun, seigneur de Tancarville et les
religieux, par lequel il promet les garantir de tous troubles à
cause de l'échange de la baronnie de Mézidon contre
sept manoirs que les religieux possédaient en Angleterre. 239
1348. Lettresde Jean, duc de Normandie, confirmatives de l'échange con-
clu entre Jean de Melun, chambellan de France, seigneur de
Tancarville, Tabbé et les religieux 240
1359. Lettres de Charles, duc de Normandie, par lesquelles il amortit
au profit des religieux une maison sise à Rouen 240
1393. Aveu du fief du Val, assis à Fiquetleur, rendu aux religieux 248
1398. Reconnaissance d'hommage délivrée par Charles VI à Jean, abbé
de Grestain 249
1399. Rémission par Charles VI à Guillaume le Harecoux, au sujet du
meurtre de Jean de Bailleul, natif de Grestain, qui, en compa-
gnie de son page aussi mis à mort, avait pillé une maison
située à Gonneville-sur-Honfleur 249
1409. Transaction entre Guillaume de Tancarville, vicomte de Melun,
et les religieux sur leurs contestations au sujet des limites et
bornes où se percevaient les droits de pêche et de varech. . . . 251
1411. Richard de Thieuville, abbé, reconnaît devoir au roi la redevance
d'un esturgeon 262
1412. Transaction entre le comte de Tancarville et h s religieux au sujet
des droits de pêche 263
TABLE CIIUONOLOGIQUE 433
DATES PAGES
1412. Accord cuire le comte de Tancarville et les religieux au sujet des
pêcheurs de la franche table de l'abbé 263
1416. Aticstalion par Raoul de Saiul-Morisse, lieutenant général du bailli
de Rouen, qui reconnaît que Guillebert Dancre, exécuté à Hon-
fleur pour avoir amené les Anglais à Grestain, n'a laissé aucuns
biens 264
1420. Droit de tiers et danger perçu sur une vente de bois faite par les
religieux 265
1424. Reconnaissance, par Richard de Thieuvillc, abbé, de la rente due
au roi du premier esturgeon péché dans la Seine 26"
d 'f26. Rémission octroyée par Henri VI, roi d'Angleterre, à Guillaume
de la Haye, pauvre laboureur, détenu dans les prisons de
Rouen, pour l'achat d'armes qui avaient été cachées à Grestain.. 268
1444. Lettres de Henri VI, roi de France et d'Angleterre, accordant à
Jean Le Lièvre, abbé, un délai d'un an pour rendre aveu du
temporel de l'abbaye 269
14îi0. Reconnaissance d'hommage délivrée par Charles VII, roi de France,
à Jean Le Lièvre, abbé. 270
1450. Actes divers de Charles VII, roi de France, donnés en l'abbaye de
Grestain 271
1450. Quittance de Jean Le Lièvre, abbé, d'une somme de 200 livres tour-
nois donnée par le roi pour réédifier l'église de l'abbaye. {Sceau.) 272
1430. Aveu et dénombrement des biens de l'abbaye 273
1454. Accord conclu entre l'abbaye de Jumièges et les religieux de Gres-
tain 283
1458. Reconnaissance d'hommage délivrée par Charles VII à Jean Bau-
douin, abbé 283
1462. Lettres de Louis XI, portant autorisation à Jean, abbé, de faire
son acte de foi et hommage devant le bailli de Rouen 284
1462. Reconnaissance d'hommage délivrée à Jean, abbé 284
1469. Lettres de Louis XI autorisant Richard de Thieuville, abbé, de
faire le serment de fidélité devant le bailli de Rouen 283
1469. Reconnaissance d'hommage délivrée à Richard de Thieuville, abbé. 285
1469. Hommage fait à Louis XI par Richard de Thieuville, abbé, pour la
baronnie de Grestain et autres fiefs du temporel de l'abbaye. .. 286
1476. Approbation d'un aveu et dénombrement du temporel de l'abbaye.. 295
1477. Acquisition, par l'abbaye de Nolre-Dame-de-la-Victoire-lès-Senlis,
de la terre et seigneurie du Mesnil- Ferry 297
1478. Approbation d'un aveu et dénombrement du temporel de l'abbaye. 299
1489. Contrat d'échange, entre les religieux de Grestain et les religieux
de Sainte-Barbe-en-Auge, de la baronnie de Mézidon conti-e
la terre et seigneurie du Mesnil-P'erry 301
1499. Reconnaissance d'hommage délivrée par Louis XII à Guillaume
d'Escalles, abbé 313
1505. Reconnaissance d'hommage délivrée à Jean Le Veneur, abbé 314
1540 Copie d'un aveu concernant le fief de Beaunay 314
434 TABLE CHRONOLOGIQUE
DATES PAGES
15i5. Mandement de contrainte pour l'abbaye 315
1393. Pouvoir donné par un religieux de Grestain 316
1596. Aveu du fief Amelot du Boscage 316
1598. Assignation devant le bailli de Caux, délivrée au receveur général
de l'abbaye 317
1600. Arrêt du Conseil d'Etat qui décharge l'abbaye de la contribution
aux décimes du don gratuit 318
1602. Aveu rendu à l'abbaye de Grestain pour le Jardin du Scellier, assis
à Fiquefleur 319
1603. Bail des dîmes de Barneville-sur-Mer 320
1603. Pouvoir donné pour prendre possession du prieuré de Saint-Astier. 320
1607. Baux de dîmes sur les paroisses de Beuzeville, Saint-Pierre-du-
Chàtel, HouUeville et Gonneville-sur-Honfleur 321
1!107. Bail d'un trait de dîmes à Gonneville-sur-Honlleur et à Genneville. 322
1697. Bail des droits de pêche sur la Seine 323
1607. Bail de la sieurie de Saint-Quentiii-les-Chardonnets 325
1607. Bail des droits de pêche sur la Seine 325
1607. Transaction relative au prieuré de Saint-Nicol, à Honfleur 326
1607. Baux de terres assises sur les paroisses de Carbec, Saint-Pierre-
du-Châtel, etc 327
1608. Bail du moulin de Carbec 328
1609. Arrêt du Parlement de Rouen qui autorise la recherche en justice,
par audition de témoins, des tenanciers de l'abbaye 329
1610. Bail des dîmes de Munneville-sur-Mer 331
1610. Quittance d'une redevance due à la léproserie de Saint-Laurent
de Grestain 332
1610. Redevance due à la léproserie de Saint-Laurent de Grestain. . . . 333
1612. Arrêt du Parlement de Rouen, rendu en faveur de l'abbaye au
sujet des droits de varech 333
1612. Accord conclu entre l'abbé de Grestain et Raoullin Goulley,
maître de navire, au sujet des droits de varech 334
1612. Marché pour le pavement du pont de Saint-Sauveur 334
1013. Quittances de divers religieux de Grestain pour leur pension
annuelle 335
1615. Accord au sujet du droit de pâturage sur les bancs de la Seine 336
1630. Aveu rendu aux religieux de Grestain pour un tèneraent sis à
Fiquefleur 337
1632. Procuration donnée par Augustin de Thou, abbé 338
1633. Aveu rendu aux religieux de Grestain pour un tènement sis à
Honfleur 339
1633. Consentement donné par les religieux à la nomination d'un
procureur de l'abbaye 340
1634. Aveu relatif à une pièce de terre située à La Rivière du Neufbourg. 340
1640. Bail par les religieux du revenu de leurs chapelles ou bénéfices.. 341
1643. Lettres patentes sur arrêt du Parlement de Rouen qui ordonne de
procéder aux réparations des bâtiments de l'abbaye et prescrit
d'y employer le tiers du revenu 342
TABLE CHRONOLOGIQUE 433
DATES PAGES
lGi4. Transaction entre Denis Sanguin, abbé, elles religieux de l'abbaye. 344
1646. Dénombrement servi au roi pour la baronnie de Grestain et les
autres fiefs tenus du domaine 34a
16o0. Aveu rendu aux abbé, religieux et couvent de Grestain pour le
fief Courage 3^0
1663. Procès-verbal de l'étal des bâtiments de l'abbaye 331
1667. Arrêt du Parlement de Rouen accordant main-levée des deux tiers
de ses deniers à Denis Sanguin, abbé 339
1672. Arrêt du parlement de Rouen entre M"'- de Longue ville, l'aijbaye
de Grestain et ramiraulé de Quillebeuf, loucbanl les droits de
pêche et de varech 360
1691. Bail du revenu temporel de l'abbaye 368
1691. Bail de la maladrerie de Saint-Laurent 371
1716. Bail de la chapelle des Ladres 371
1725. Procuralion donnée par Chrysanthe de Lévis, abbé 372
1744. Procuration donnée par M. de Renty, abbé 373
1744. Acte capilulaire des religieux 3/4
1744. Accord conclu entre M. de Renty, abbé, et les religieux 373
1744. Bail du revenu temporel de labljaye 378
1747. Plaids de gage-piège et de recette de la baronnie de Grestain 379
1737. Demande de réunion à riiôpilal de Honfleur de la mense conven-
tuelle 392
1738. Concordat relatif au projet de réunion de la mense conventuelle
de l'abbaye de Grestain, de celle de Royal-Pré et de la commu-
nauté des Dominicaines de Pont-l'Évèque, en faveur du petit
séminaire de Lisieux et des hôpitaux de Honfieur et de Pont-
l'Évêque 393
1766. Bail du prieuré de Saint-Nicolas -du-Val-de-Claire 399
1784. Aveu du manoir de la Berquerie 400
1788. Bail du prieuré de Saint-Nicol 401
1789. Procès-verbal par lequel Dom Dalbiac proteste contre la délibéra-
tion des officiers municipaux de Honfleur relative aux Etats
généraux 404
1789, Bail des dîmes de la paroisse de Xotre-Dame-du-Chàtel 406
1790. Revenus de la mense abbatiale 408
1790. Revenu du desservant de la chapelle de Grestain 414
ADDITIONS AUX PIECES JUSTIFICATIVES
1324. Fiefferme aux religieux de Grestain des moulins et du four de
Sainte-Scolasse-sur-Sarthe 413
1600. Arrêt donnant décharge de 120 écus aux religieux de l'abbaye de
Grestain 417
MAC(i>\ l'uoTAT Fiii;iu;s. iMi'iuMi:iiis.
La Bibliothlq'ae
Université d'Ottawa
Echéfioice
The Library
University of Ottawa
Date due
a39003 002733508b
CF ce oeoi
.L75B3 1904
CGC 6REAR0»
ACC# 1072235
CHAR ABBAYE DE NC