Skip to main content

Full text of "L'Abbaye de Notre-Dame de Grestain de l'ordre de Saint-Benoit à l'ancien diocèse de Lisieux"

See other formats


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2011  with  funding  from 

University  of  Toronto 


http://www.arcliive.org/details/labbayedenotredaOObr 


L'ABBAYE 


NOTRE-DAME  DE  GRESTAIN 


MAÇON,  PROTAT  FREBES,  IMPRIMEURS. 


L'ABBAYE 


DE 


NOTRE-DAME  DE  GRESTAIN 


DE  L'ORDRE  DE  SAINT-REXOIT 


A  L'AXCIEX  DIOCÈSE  DE  LISIEUX 


PAR 


Charles    BRÉARD 

MEMBRE    DE    LA    SOCIÉTÉ    DES    ANTIQUAIRES    ET    DE    l'iIISTOIRE    DE    NORMANDIE 


ROUEN 

A.    LESTRINGAXT,    LIBRAIRE 
11,   Rie  Jeanne-d'Arc,    11 

1904 


J)C 
■  Llsls 


L'ABBAYE 


DE 


NOTRE-DAME  DE  GRESTAIN 


DE  L'on  DUE  DE   SAINT-BEXOIT 


INTRODUCTION 

L'abbaye  de  Grestain  '  était  un  monastère  qui  a  vécu  sous 
la  règle  de  saint  Benoît  pendant  une  période  sept  fois  sécu- 
laire. Elle  est  désignée  dans  les  textes  latins  par  les  mots  : 
Beata  Maria  de  Grestano  ou  Gresteno,  Sancla  Maria  Grestani  '-. 
Personne  ne  songe  à  contester  l'action  civilisatrice,  l'œuvre 
bienfaisante  que  les  religieux  de  cette  communauté  ont  exer- 
cées au  début  dans  un  pays  qui  avait  été  évangélisé  quatre 
cents  ans  auparavant,  à  l'époque  des  grandes  fondations  monas- 
tiques des  \i^  et  vii^  siècles  \  antérieurement  aux  invasions 
normandes,  par  d'autres  moines,  d'autres  missionnaires  armo- 

1.  Ancien   diocèse    de   Lisioux     Calvados),   archidiaconc   de    Pont-Audemer 
(Eure).  —  A.  Longnon,  Pouillés  de  la  province  de  Rouen,  p.  2o3. 

2.  On  décompose  ce  vocable  en  griez  (grès)  et  en  slein  (pierre). 

3.  FonloiioUe  ou  Saint-Wandrille  (0i9j  ;  Jumièges  (655)  ;  Fécamp  (658). 
Ch.  Bhkahi».  —  L'ubhiiije  de  Xolrs-Dnmc  de  Grestain.  1 


2  L  ABBAYE    DE    NOTRE-DAME   DE    GRESTAIN 

ricains  '.  Mais  nous  sommes  obligés  de  reconnaître  que  Fab- 
baye  de  Grestain,  placée  dans  une  contrée  dun  très  difficile 
accès  jadis,  a  été  un  établissement  peu  considérable,  un  cou- 
vent secondaire  qui  a  subsisté  sans  éclat  et  sans  rayonnement. 
De  ses  abbés,  qui  tous  n'ont  pas  toujours  suivi  les  règles  en 
harmonie  avec  leur  état,  aucun  ne  s'est  vu  appelé  à  des  desti- 
nées qui  aient  éveillé  l'attention.  Peu  d  entre  eux  ont  été  assez 
éclairés  ou  habiles  pour  se  conserver  les  biens  qui  assuraient 
la  perpétuité  de  leur  maison  ;  leur  incurie  d'abord,  la  guerre 
ensuite  l'avaient  appauvrie  dès  le  xiv^  siècle.  De  même  que 
pour  les  monastères  de  Cormeilles  et  de  Préaux,  on  ne  songe- 
rait guère  de  nos  jours  à  l'abbavede  Grestain  si  celle-ci  n'avait 
compté  au  premier  rang  de  ses  fondateurs  des  personnes  qu'une 
alliance  étroite  unissait  aux  ducs  normands,  à  Robert  le  Magni- 
fique, à  son  fils  Guillaume  le  Bâtard,  le  héros  delà  Normandie, 
le  duc-roi.  Elle  a  donc,  comme  toute  autre  abbaye,  son  lot  de 
souvenirs  historiques.  En  effet,  les  mains  qui  ont  soutenu  les 
premiers  pas  des  religieux  de  Grestain,  au  temps  où  l'histoire 
normande  n'a  été  qu'un  drame  de  famille,  avaient  été  celles 
d'Herluin  de  Conteville,  d'Ariette,  sa  femme,  de  Robert  de 
Mortain,  leur  fils  aîné:  Herluin  était  le  beau-père  du  futur 
conquérant  de  l'Angleterre,  Ariette  était  sa  mèra,  Robert  était 
son  frère  utérin.  Derrière  ces  noms,  on  voit  près  d'un  siècle 
de  l'histoire  de  la  Normandie. 

Aujourd'hui  Grestain  n'est  ni  un  village  ni  un  hameau  ni 
l'assemblage  de  quelques  chaumières  ;  l'ancienne  abbaye  a  la 
monotone  vulgarité  d'une  ferme.  Rien  n'égale  sa  désolation  ; 
les  pierres  qu'on  y  voit  encore  disent  peu  de  choses.  Le  sol  a 
perdu  les  traces  de  l'église,  du  cloître  et  des  autres  bâtiments 

1.  Saint  Samson,  ses  compagnons  et  ses  disciples:  Mewen  ou  Meun  que 
nous  appelons  saint  Meen  ;  Maclow  ou  Macut  qui  est  saint  Malo  en  Bretagne  et 
saint  Maclou  en  Normandie.  Samson,  né  vers  l'an  480,  est  mort  vers  Fan  565  ; 
Meen  serait  mort  le  21  juin  617. 


INTRODUCTION  3 

réguliers.  Leur  importance,  d'ailleurs,  étail  médiocre.  Les 
murs  qui  clôturaient  l'enceinte  subsislenl  seuls  en  partie  ;  ils 
répondent  à  la  richesse  de  l'abbaye.  A  l'intérieur,  il  reste  les 
épaisses  murailles  d'une  construction  transformée  en  une  habi- 
tation qui  n'a  rien  de  monastique.  Il  y  apparaît  une  salle  voû- 
tée en  arcs  de  cercle  dont  le  caractère  n'offre  rien  de  particu- 
lier, sinon  une  massive  solidité  et  l'absence  de  fenêtres.  Ce 
bâtiment  s'élevait  en  dehors  de  l'enceinte  des  lieux  réguliers. 
Trois  arcades  y  donnaient  accès;  elles  sont  très  apparentes  et 
bien  conservées.  On  les  attribue  au  xii*^  siècle.  Devant  elles 
une  grande  quantité  de  terre  provenant  des  démolitions  a  été 
accumulée.  A  peu  de  dislance,  vers  l'est,  les  fragments 
informes  d'un  pilier  se  détachent  du  sol.  C'est  là  très  vraisem- 
blablement les  vestis^es  de  léolise  abbatiale. 

Mais  d'autre  part  le  dessein  d'étudier  les  ruines  de  Grestain 
dans  les  écrits  et  non  plus  sur  le  sol  est  rendu  très  difficile. 
De  quels  matériaux,  de  quels  moyens  d'information  peut-on 
disposer?  La  vie  de  l'abbaye  de  Grestain  a  laissé  peu  de  traces 
directes  ou  indirectes.  En  examinant  ce  qui  nous  est  resté,  on 
jugera  peut-être  noire  entreprise  téméraire.  En  effet  nous  ne 
pouvons  présenter  la  série  des  pièces  historiques  qui  permet- 
trait de  raisonner  utilement  de  l'état  de  l'abbaye  au  moyen- 
âge,  de  connaître  son  organisation  intérieure,  ses  rites,  ses 
cérémonies,  ses  usages,  de  suivre  les  vicissitudes  du  monas- 
tère, les  alternatives  diverses  de  ferveur  et  de  décadence,  les 
réformes,  les  rechutes,  de  savoir  la  place  que  l'abbaye  occu- 
pait dans  le  diocèse  et  comment  elle  s'y  était  comportée  à 
l'égard  de  la  population.  Rien  de  cela  ne  nous  sera  permis. 
Cependant  on  a  tenté,  pour  la  première  fois,  de  disputer  à 
l'oubli  des  souvenirs  qui  sont  particulièrement  effacés  du  coin 
de  terre  où  Notre-Dame  de  Grestain  a  été  fondée  dans  les 
vieux  temps. 

Au  milieu  du  xvii^  siècle,  les  religieux  de  Grestain   possé- 


4  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAlxN 

daieni  encore  un  certain  nombre  de  mannscrits  dont  le 
P.  Arthur  du  Monstier  a  tiré  un  i^rand  parti  '  ;  mais  leur 
bibliothèque  devait  être  très  pauvre  car  on  n'a  pas  jugé  à  pro- 
pos d'en  dresser  un  catalogue  ainsi  qu'un  moine  bénédictin  l'a 
fait  pour  l'abbaye  de  Préaux  ~.  Des  manuscrits  de  Grestain, 
il  n'en  est  pas  un  seul  qui  ait  subsisté.  Cependant  rappelons 
que  A.  du  Monslier  en  a  eu  plusieurs  entre  les  mains  et  qu'il 
a  cité  :  Vetera  niss.  ahbaf.  Grestani;  mss.  antiquit.  Grestani ; 
mss.  schedis  ahhatiae  Grestani:  l'obituaire  de  Grestain  [ex 
Obituario  ms.  Grestani)  ;  un  calendrier  ou  nécrologe  de  l'ab- 
baye [Necrologia  Grestani)  ;  un  manuscrit  qui  a  pu  être  le 
recueil  des  droits  et  coutumes  de  l'abbaye  [ex  Codice  ms. 
ahhat .  Grestani).  Auprès  de  ces  manuscrits  d'autres  venaient 
se  ranger  vraisemblablement  sur  les  rayons  et  offraient 
quelques  ressources  pour  les  études. 

En  1664,  l'original  de  la  charte  de  Richard  Cœur  de  Lion 
confirmative  des  donations  existait  encore  dans  l'abbaye  ^. 
En  1696,  D.  Julien  Bellaise,  «  qui  se  livrait  à  la  recherche  des 
monuments  de  l'antiquité^  <>,  vint  consulter  le  chartrier  de 
Grestain;  il  lui  emprunta,  paraît-il,  beaucoup  de  documents''. 
Enfin,  l'abbé  Rêver,  le  premier  savant  qui  dans  le  départe- 
ment de  l'Eure  ait  élevé  la  voix  en  faveur  du  souvenir  des 
temps  anciens,  a  écrit  que  les  titres  de  l'abbaye  et  sa  légende 
peinte  sur  parchemin  s'y  voyaient  avant  la  Révolution  "'.  Tout 
cela  pour  nous  est  perdu. 

D'autres  pertes  aussi  sont   à  déplorer,  sur  lesquelles  on  ne 

1.  Xeualria  pia,  p.  328-334. 

2.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  13073;  Catalogue  dressé  par  D.  Julien  Bellaise. 

3.  On  trouve  aux  Arch.  dép.  de  la  Seine-Inférieure,  une  copie  de  ce  docu- 
ment faite  à  Orbec,  le  26  nov.  1664  (fonds  de  Tancarville,  Eauries). 

4.  Né  au  diocèse  d'Avranches,  D.  Julien  Bellaise  est  mort  dans  Fabbaye  de 
Saint-Ouën  de  Rouen,  le  23  mars  1711.  — Hist.  litt.  de  la  congrégation  de 
Saint-Maui-,  p.  310. 

5.  L.  Dubois,  Recherches  hist.  et  arch.  sur  la  Normandie,  p.  10a- 137. 

6.  Voyage  des  élèves  de  l'Ecole  centrale  de  l'Eure,  p.  158,  note  vin. 


^ 


INTRODUCTION 


possède  d'ailleurs  que  des  notions  incomplètes.  C'est  seule- 
ment vingt-neuf  ans  après  la  suppression  de  l'abbaye  que  les 
anciens  papiers  ont  été  inventoriés,  en  1786,  à  la  mort  de 
l'abbé  de  Boismonl.  On  ne  peut  dire  ce  qu'il  en  subsistait 
alors.  Un  seul  procès-verbal  nous  est  parvenu.  Il  énonce  que 
la  plus  forte  partie  des  titres  avait  été  remise  au  pelit  sémi- 
naire de  Lisieux.  C'étaient  des  contrats  de  propriété,  des 
pièces  de  procédure.  A  défaut  d'autres  documents,  on  accueil- 
lerait volontiers  les  matériaux  que  ces  actes  pourraient  four- 
nir. Mais  les  liasses  inventoriées  étaient  destinées  à  dispa- 
raître. Les  minutes  dun  tabellionage  en  ont  seules  conservé 
les  traces  •. 

On  ne  connaît  plus  ces  papiers  ;  il  a  donc  fallu  en  abordant 
l'histoire  de  l'abbaye  de  Notre-Dame  de  Grestain  porter  ses 
investigations  sur  d'autres  sources,  et  il  reste  pour  terminer 
cet  avant-propos  à  indiquer  les  principales  auxquelles  on  a  puisé. 

1°  Aux  Archives  nationales,  nous  avons  vu  différentes  séries 
de  registres  et  de  recueils  : 

Série  E2b  ,  fol.  6  v». 

Série  G^  1252,  1253. 

Série  JJ.  59,  n«  308;  —JJ.  64,  n^  672;  —  JJ.  79, 

no  32  ;  —  JJ.  87,  lï*'  183  ;  —  JJ.   154,  n«  511  ; 

—  JJ.    180,   n^^    60,   61,    111;    —   JJ.    186, 

n««  89,  90,  92. 
Série  N.  Cartes  et  plans.  P^ure,   3^  cl.,  n^  25. 
Série  P.  205,  n"  202  ;  —  P.  263',  n"^ '398,  471.  — 

P.  264^  no  935;  —  P.  265-,  n'>  1621  ;  —  P. 

271.  n"  4480;  —  P,  305,  n^  227  ;  —  P.  307, 

no  214;  —  P.  1905-,  n"  6636. 
Série  PP.  236',  n^'^  444,  446;  —  PP.  263-,  n«^  458, 

459. 

1.    Foiiquior.   Rrrhercheri  hisf.  aiii-  Boiizfrillp  (I878\  p.  I7S. 


6  L  ABBAYE    DE    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

'2o  Aux  Archives  départementales  du  Calvados,  nous  avons 
emprunté  d'utiles  indications  : 

Série  H.  suppl.  X^'B.  Une  pièce  (1541-1687). 
Série    «     Dix  pièces  (1253-1436)  dont  M.  Lécliaudé- 

d'Anisj  a  donné  Fanalyse  dans  Mém.  soc.  Ant. 

de  Normandie,  t.  VIII,  p.  1-3. 

3*^  Des  Archives  départementales  de  l'Eure,  nous  avons  tiré 
beaucoup  de  documents  : 

Série  C.  n^  290.  Vingtièmes. 

Série  H.  n^s  336-341,  342,  343,  345-348. 

Série  H.    n^    TH.    Cartulaire    de    Saint-Pierre    de 

Préaux,  du  xi^  siècle  à  1494. 
Série   Q.   Domaines  nationaux   (1791-1792),   t.   VIT 

et  VIII. 

40  Enfin  les  dépôts  qui  suivent  nous  ont  fourni  un  grand 
nombre  de  pièces  dont  quelques-unes  sont  importantes  : 
Archives  départementales  de  la  Seine-Inférieure  : 

Série  G.  7930. 

Fonds  du  comté  de  Tancarville.  Eauries  et   Pêches. 
Procédures  contre  Fabbaye  de  Grestain.  2  liasses. 
Fonds  du   comté   de  Tancarville.  Copies  de   pièces. 

We^y.  E  13t^^  fol.  212,  354,  425. 
Cartulaire  de  Jumièges,  n*^*  214,  519,  520,  521,  522, 

541  (actes  relatifs  au   droit  de  pèche;  n*^^  252  et 

543  (échange  de  Conte  ville) . 

5°  Archives  communales  de  Honfleur  : 

Cartons  n^s  20   et  23.  Dix-sept  pièces  relatives  aux 
fiefs  du  Mesnil-Ferry,  Honnaville  et  Maharu. 


INTUdDlCTION 


ii"  Archives  hospitalières  de  Honfleur  : 
Série  B.  Liasses  10,  31  et  32. 
Série  E.  Registre  4,  fol.  47  v"  ;  fol.  59  à  62. 

7^  Bibliothèque  nationale  : 

Mss.   latin,    5218,    f"^  220  à  234  ;    10070,   fol.  G4  ; 

12778,  fol.  244,  246  ;  12884,  2^  partie,  fol.  239. 
Mss.  franc.,  20894,   fol.  123;  20905,   n^-^  149,  150, 

151,  152  ;  26041,  n»  5130  ;  30694,  n«  152. 
Portefeuille  Fontanieu,  vol.  111-112,  fol.  203. 
Cinq  Cents  de  Colbert,  fol.  190,  fol.  1360. 
Dossiers  du  cabinet  des  Titres. 

8^  Bibliothèque  communale  d'Arras  '  : 

Recueil  factice  de  documents  sur  Tabbaye    Notre- 
Dame  de  Grestain  (fonds  Ad  vielle,  n*^  7)  ;   1  vol. 
in-fol. 
9*^  Bibliothèque  mun.  d'Avranches  : 

Ms.   latin,  n'>    147,    fol.     109    (Decretaha  et  varia    ad 
Normanniam  spectanctia). 

iO'^  Collections  privées  : 

Aveux,  quittances  et  autres  actes  des  xvi®  et  xvii'' 
~  siècles  formant  un  lot  de  85  pièces  recueillies  par 
M.  Paul  Bréard,  notaire.  A  la  même  étude,  on 
trouve  dix-neuf  registres  des  minutes  du  tabellio- 
nage  de  Grestain,  savoir  :  1  reg.  de  septembre 
1597  à  juillet  1598;  —  4  reg.  de  septembre  1605 
à  avril  1608  ;  —  1  reg.  des  années  1636  à  1637  ;  — 
6  reg.  de  1653  à  1663  ;  —  7  reg.  de  1732  à  1743. 

1.  Dans  le  même  fonds,  on  conserve  un  autre  vol.  in-fol.  quicontientsoixante- 
cinq  aveux,  relatifs  à  Saint-Samson-de-la-Roquc  (1536-1741)  ;  plus  deux 
volumes  d'actes  notariés  à  Pont-Audemer,  Quillebeuf,  Beuzeville,  Routot, 
MoiilforL,  Orbec,  etc.,  parmi  lesquels  figurent  deux  aveux  rendus  à  l'abbaye 
de  Cormeillcs. 


«  L  ABBAYE    DE    NOTKE-DAME    DE    (iRESTAIN 

La  Société  historicpie  de  Lisieux  possède,  parmi  d'im- 
portants documents,  deux  registres  du  tabellionage 
de  Grestain  des  années  1598-1599;    1605-1606. 
D'autres  registres  ou  minutes  du  même  tabellionage 
de    Grestain    sont    conservés    dans    l'étude   d'un 
notaire  de  Beuzeville  (Eure). 
Nous  nous  abstiendrons  d'indiquer  les  Imprimés  dont  nous 
avons  fait  usage  ;  ils  sont  bien  connus.  Tels  sont  le  Neustria 
pia  (1663),  le  Monaslicon  anglicanum  (édit.  de  1817  à  1830)  ; 
le  Gallia  Chrisliana^  t.   XI;  les  Ac/a  Sanctorum  Bolland.  ; 
les  Annales   SS.    ord.    S.   Benedicii ;  les   chroniqueurs  nor- 
mands :  Wace,  Benoît  de  Sainte-Maure,  Guillaume  de  Jumièges, 
Guillaume  de  Poitiers,  Robert  de  Torigni,  Orderic  Vital,  etc.; 
le  Recueil  des  historiens  des  Gaules  et  de  France  ;  les  Mémoires 
de  la  Société  des  antiquaires  de  Normandie^  surtout  les  tomes 
XV  et  XVI  ;  l'ouvrage  de  M.  Auguste  Le  Prévost,  Mémoires 
et  Notes  pour  servir  à   Vhistoire  du  département  de   l'Eure 
(édit.    Delisle    et  Passy,    1862-1869)  ;    V Histoire  de    l'ancien 
Évêché-Comté  de  Lisieux  par  M.  de  Formeville  (1873),  qui 
contient  les  Mémoires  de  Noël  Deshays,  curé  de  Champigny  ; 
enfin  nombre  d'autres  publications  que  l'on  rencontrera  citées 
dans  les  notes. 

Souhaitons,  en  finissant,  que  les  érudits  et  les  chercheurs 
qui  ont  le  goût  de  l'histoire  particulière  des  provinces  prennent 
quelque  intérêt  à  ce  modeste  ouvrage,  qu'ils  veuillent  bien 
nous  ne  dirons  pas  le  lire,  mais  seulement  au  besoin  le  feuil- 
leter. Quel  qu'il  soit,  peut-être  pourront-ils  y  découvrir 
quelque  chose  de  nouveau  :  comme  les  abeilles  goûtent  de 
toutes  sortes  de  plantes  dans  les  bois. 

Floriferis  ut  apes  in  saltibus  omnia  libant. 


L'ABBAYE 


DE 


NOTRE-DAME   DE    GRESTAIN 


CHAPITRE  PREMIER 

Origine  et  fondation  de  Vabbaye.  —  Premières  donations  en 
Normandie  et  en  Angleterre.  —  Principaux  fondateurs.  — 
Les  abbés  de  1050  à  1197 . 

Dans  le  Lieuvin,  contrée  comprise  entre  trois  rivières  :  la 
Risle,  la  Charentonne  et  la  Touques,  le  mouvement  religieux 
qui  se  manifesta  au  xi^  siècle  a  Honné  naissance  à  quatre 
abbayes:  Saint-Pierre  de  Préaux,  Saint-Léger  de  Préaux, 
Notre-Dame  de  Gormeilles  et  Notre-Dame  de  Grestain.  De 
bonne  heure,  les  moines  bénédictins  s'y  sont  arrêtés,  y  ont 
fondé  des  établissements  fixes  dans  des  campagnes  cultivées 
depuis  de  longs  siècles,  où  les  églises  rurales  ne  manquaient 
pas,  où  l'organisation  paroissiale  s'était  constituée  autour  des 
temples  rustiques  de  populations  déjà  vieilles  et  fidèles  au  sol. 
chez  lesquelles  l'influence  chrétienne  avait  pénétré  depuis 
longtemps.  Des  religieux  s'y  sont  rassemblés  en  nombre  sur 
la    même  terre,    derrière   les    mêmes   murs,   pour   continuer 


10  L  ABP.AVE     DE    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

l'œuvre  d  autres  missionnaires.  Ils  y  ont  trouvé  un  bon  pays, 
un  climat  doux,  un  sol  verdoyant  et  fécond  ;  ils  y  ont  aménagé 
des  cultures  dans  une  enceinte  de  taillis  et  de  bois  et  les  ont 
fait  améliorer.  Des  générations  d'hommes  se  sont  groupées 
autour  d'eux,  elles  y  ont  formé  des  hameaux  puis  des  villages 
qui  ont  conservé  un  caractère  d'ancienneté. 

Préaux  a  été  reconstruit  vers  l'année  1035  ;  Grestain  a  été 
fondé  en  1050  sur  l'emplacement  d'une  chapelle  de  création 
plus  ancienne  et  dédiée  à  la  ^  ierge  ;  Cormeilles  a  été  trans- 
formé en  abbaye  dix  ans  plus  tard,  en  1060  environ'.  Cet 
établissement  de  monastères  se  rapporte  aux  trente  années 
qui  ont  suivi  la  mort  de  Robert  le  Magnifique  ;  le  même  temps 
a  aussi  vu  s'établir  des  religieux  à  Saint-Pierre-sur-Dive  et  à 
Troarn.  Des  seigneurs  détenteurs  de  domaines  plus  ou  moins 
grands,  Onfroi  de  Vieilles,  fils  de  Toroude,  Herluin  de  Gon- 
teville,  Guillaume  Fitz-Obern,  ont  été  les  fondateurs  de 
Préaux,  de  Grestain  et  de  Cormeilles  qu'ils  avaient  doté  libé- 
ralement. Aujourd'hui,  à  l'exception  de  Grestain  où  quelques 
murailles  sont  encore  debout,  les  restes  des  autres  abbayes 
n'existent  plus  même  à  l'état  de  ruines.  Dans  la  même  région 
qui  a  été  évangélisée  aux  temps  mérovingiens,  les  hommes 
n'ont  pas  respecté  plus  que  les  autres  monuments  un  antique 
monastère  bâti  trois  cents  ans  avant  les  invasions  normandes, 
sur  la  rive  droite  de  la  Risle,  à  peu  de  distance  de  Conte  ville, 
à  Saint-Samson-de-la-Roque.  Il  avait  été  élevé  dans  la  pre- 
mière moitié  du  vi^  siècle,  près  de  la  simple  cellule,  ]e  peniti^ 


1.  Voy.  sur  Cormeilles  :  Canel,  Essai  sur  Farr.  de  Ponf-Audemer,  II,  367  ; 
—  Revue  de  Rouen,  II,  194-202  ;  — Rulletin  monumental,  VIII,  188  ;  — Neustria 
pia,  p.  595  ; —  Gallia  christ.,  XI,  847.  Et  sur  Notre-Dame  et  Saint-Michel  de 
Préaux,  Neustria  pia,  p.  oOo  ;  —  Gallia  christ.,  XI,  384;  —  Essai  sur  l'arr.  de 
Pont-Audemer,  I,  308;  Revue  de  Rouen,  année  1833,  p.  227-234. 

2.  M.  de  La  Borderie  a  parlé  de  l'abbaye  de  Pental  ou  Pentalle  dans  son 
Histoire  de  Bretagne  il,  427)  ;  voici  ce  qu'il  en  a  dit  :  «  Childebert  donna  à  saint 
Samson  un  vaste  et  beau  domaine  vers  l'embouchure  de  la  Seine  et  voulut  v 


ORIGINE    ET    FONDATION  H 

OÙ  l'illustre  àbbé  de  Dol  se  relirait  quand  les  affaires  lobli- 
geaient  à  séjourner  chez  les  Francs.  L'humble  habitation  de 
saint  Samson  était  devenue  l'abbaye  de  Pental  dont  les  derniers 
débris  étaient  amoncelés  sur  les  bords  de  la  Risle  en  1828. 

On  a  donc  devant  les  yeux  une  abbaye  al)andonnée  depuis 
cent  cinquante  ans  environ,  un  monastère  déserté,  une  maison 
en  ruines.  Pour  étudier  Grestain,  les  seules  données  qui 
puissent  être  utilisées  .indépendamment  des  textes  manuscrits 
sont  celles  que  le  Neusfria  pia  fournit.  On  y  trouve,  ou  peu 
s'en  faut,  tout  ce  qu'il  est  possible  de  savoir  sur  les  faits  histo- 
riques. L'abbaye  de  Grestain,  il  est  utile  de  l'observer,  incon- 
nue de  nos  jours,  a  jadis  été  profondément  délaissée  par  les 
historiens.  Il  y  a  même  eu  des  omissions  vraiment  curieuses. 
Dans  son  Histoire  ecclésiastique,  très  estimée  et  souvent  citée, 
Orderic  Vital  n'a  pas  une  seule  fois  fait  mention  de  Grestain, 
cependant  plus  qu'aucun  autre  écrivain  il  était  informé  de  la 
fondation  des  abbayes  de  Normandie.  N'a-t-il  pas  parlé  de 
Couches,  Préaux,  Lyre,  Saint-Pierre-sur-Dive,  Troarn,  Cor- 
meilles,  etc.?  Quant  à  Grestain  que  venait  de  fonder  le  beau- 
père  du  Conquérant,  pas  un  mot.  Ce  silence  nous  a  surpris, 
mais  nous  n'avons  pas  de  conjectures  à  avancer.  Au  xii^  siècle, 
on  n'était  d'ailleurs  pas  mieux  informé  du  nom  du  fondateur 
de  Grestain  au  sujet  de  qui  il  ne  semble  pas  avoir  existé  une 
constante  tradition.  Guillaume  de  Jumièges  a  nommé  Robert 
de  Mortain  ^  Ce  seigneur  a  effectivement  fait  d'importantes 

faire  construire  à  ses  frais  un  monastère  à  l'usage  de  Tabbé-évèque  breton. 
Ce  monastère  fut  sans  doute  élevé  à  la  mode  bretonne,  car  Samson  l'appela 
son  Peniti,  ce  que  les  latinistes  du  temps  traduisirent  par  Penilalc  monasterium, 
et  d'autres  ne  comprenant  rien  h  ce  Penitale  en  firent  ensuite  Penilalc  monas- 
terium, ce  dont  on  a  fini  par  faire  en  français  monastère  de  Pental,  prenant 
ce  mot  de  Pental  pour  un  nom  de  lieu,  contresens  de  la  plus  belle  eau,  car  le 
nom  primitif  émanant  de  saint  Samson  signifiait  simplement  que  quand  il 
était  chez  les  F'ranks  cette  maison  était  son  peniti,  c'est-à-dire  le  lieu  où  il  se 
retirait  pour  vaquer  à  ses  austérités.  » 

1.  Ilistor.   de  Fi\,  XI,  46,  340:  «    Monasterium    Gresteni   Robertus  comes 
Moritolii  fccit.  » 


12  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

donations  à  Noire-Dame  de  Grestain,  mais  il  ne  l'avait  pas 
fondée.  D'après  Robert  de  Torigni  ou  du  Mont,  le  fondateur 
de  l'abbaye  a  été  Herluin  de  Conte  ville  '.  Aussi  est-on  assez 
étonné  de  lire  dans  un  autre  écrivain,  Robert  Cenalis  ou 
Cénal,  évêque  d'Avrancbes,  que  Grestain  a  eu  pour  fondateur 
un  baron  de  Harcourt  qu'André  de  la  Roque  a  identifié  avec 
Robert  IP  du  nom,  fils  de  Guillaume  de  Harcourt.  Mais 
en  quel  temps  a  vécu  ce  sire  et  baron  de  Harcourt?  Il  vivait 
encore,  dit  André  de  la  Roque,  en  Tannée  1212.  Or,  Grestain 
a  été  fondée  en  lOoO  environ.  On  relèvera  donc  dans  cette 
information  une  impossibilité  et  un  anachronisme.  Voici  le 
passage  :  «  Il  (Robert)  fonda  l'abbaye  de  Nostre-Dame  de 
Grestain,  ordre  de  saint  Benoist,  dans  la  terre  de  Grestain 
au  diocèse  de  Lisieux,  selon  Robert  Cenalis,  évesque 
d'Avrenches,  de  quoy  quelques-uns  ne  demeurent  pas  d'ac- 
cord pour  la  première  fondation  qu'ils  attribuent  à  Robert, 
comte  de  Mortain,  et  autres  seigneurs  de  ce  temps-là,  de 
laquelle  abbaye  Claude  Robert,  après  le  cardinal  Baronius, 
fait  mention  sur  Tannée  1181  '.  »  Ce  sire  et  baron  de  Har- 
court ne  fut  point  le  fondateur  de  Grestain  ;  au  témoignage  du 
Neusfria  pin,  il  fit  construire  le  cloître  de  l'abbaye  ;  il  en  était 
ainsi  l'un  des  principaux  bienfaiteurs. 

Un  autre  fait  controuvé  est  également  à  redresser.  On  lisait 
sur  le  nécrologe  de  l'abbaye  ces  mots  :  «  Obitus  Bajocensis 
episcopi,  fundatoris  ejus  loci  -^  »  On  s'est  autorisé  de  cette 
mention  pour  faire  d'Odon  de  Conteville  le  fondateur  de  Gres- 
tain ^  sans  doute  en  pensant  que  les  moines  devaient  savoir 
ce  qui  s'était  passé  chez  eux.  Cela  n'est  pas  bien  certain  ;  les 
traditions  sont  le  plus  souvent  défigurées.  Encore  là  il  n'y  a 

1.  Chron.  de  Robert  de  Torigni    éd.  L.  Delisle),   II,  201. 

2.  Hist.  généal.  de  la  maison  d'Harcourt,  I,  309. 

3.  Xeustria  pia,  p.  599. 

4.  Dom  Pommeraye  en  a  fait  le  premier  abbé. 


ORIGINE    ET    FONDATION  13 

point  tradition  car  on  ne  saurait  indiquer  les  dons  faits  par 
Odon  au  monastère  de  (irestain.  D'un  examen  attentif  de  la 
charte  confirmative  de  Richard  Cœur  de  Lion,  il  résulte  que 
le  nom  d'Odon  de  Bayeux  n'y  figure  pas  à  côté  d'Herluin,  son 
père,  ni  de  Robert  de  Mortain,  son  frère,  ni  du  Conquérant, 
son  autre  frère  maternel.  Comment  donc  aurait-il  été  le  fonda- 
teur de  l'abbaye?  Quels  bienfaits  a-t-elle  reçu  de  la  main  de  ce 
prélat  ambitieux  et  cupide,  aux  mœurs  dissolues,  de  ce  comte 
de  Kent  que  Ton  a  appelé  le  fléau  de  l'Angleterre  ?  La  ques- 
tion est  si  obscure  qu'on  n'ose  prononcer  autre  chose  que  le 
doute. 

Si  l'on  doit  s'étonner  que  l'on  ait  mentionné  par  tradition 
trois  fondateurs  de  l'abbaye  de  Grestain,  il  faut  dire  que  la 
critique  a  depuis  longtemps  fait  un  choix.  Herluin  de  Conte- 
ville  est  bien  le  fondateur.  Que  la  maison  ait  eu  des  fonde- 
ments peu  solides  dans  les  premiers  jours,  cela  est  vraisem- 
blable. Qu'après  Herluin,  son  fils  Robert  de  Mortain  ait  achevé 
ce  que  son  père  avait  commencé,  que  d'autres  seigneurs  aient 
largement  contribué  au  développement  du  monastère,  cela 
paraît  certain.  Mais  le  fondateur  primitif  est  Herluin  de  Conte- 
ville  ;  il  était  né  pour  le  moins  dans  les  dernières  années  du 
x^  siècle, 

(]!ependant  nous  aurions  besoin  de  savoir  quel  était  cet  Her- 
luin et  c'est  ce  que  nous  ignorons.  Le  fond  de  sa  notoriété 
historique  est  moins  la  création  de  Grestain  que  son  mariage 
avec  Ariette.  Les  chroniques  font  mention  de  son  nom  deux  ou 
trois  fois,  puis  elles  sont  muettes.  Guillaume  de  Jumièges 
ne  paraît  pas  'e  connaître  ;  il  l'a  désigné  ainsi  :  Herluinus  qui- 
dam probus  miles  ',  un  certain  Herluin  honnête  chevalier. 
Guillaume  de  Malmesbury  '  en  a  fait  un  homme  de  condition 


1.  Du  Moulin,  HIaI.  (j(hi.  de  Xonnnndie  (1631),  p.  229. 

2.  Histnr.  de  Fr.,  XI,  38. 


14  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAlN 

médiocre  '.  Orderic  Vital  s'est  contenté  de  le  désigner  par  son 
nom  :  Herluin  de  Conteville  -.  C'est  tout  ce  que  Ton  trouve. 
Ceux  même  qui  ont  vécu  sinon  de  son  temps  du  moins  du 
temps  de  ses  fils  ont  parlé  d'IIerluin  de  Conteville  sans  le 
connaître.  Sa  biographie  n'appartient  d'ailleurs  à  l'histoire  que 
par  une  assez  courte  période  et  par  deux  faits  seulement  :  son 
union  avec  Ariette  et  la  fondation  de  l'abbaye  de  Grestain. 

Il  paraît  démontré  qu' Herluin  possédait  Conteville-sur-Mer, 
à  l'embouchure  de  la  Risle,  et  que  ses  domaines  dans  ce  quar- 
tier formèrent  ce  qui  fut  appelé  depuis  l'Honneur  de  Sainte- 
Mère-Eglise,  du  nom  d'une  petite  paroisse  qui  est  devenue 
postérieurement  Notre-Dame-du-^  al-sur-Mer  ;  puis,  après  sa 
réunion  avec  Saint-Pierre-du-Châtel,  autre  propriété  d'Her- 
luin,  Xotre-Dame-du-Châtel  \  Mais  à  quel  titre  Herluin, 
mediocrium  opuni  vij\  possédait-il  Conteville,  le  domaine  du 
comte  [Comitisvilla) ,  et  d'où  venait  le  nom  de  ce  domaine? 
«  Nous  croyons  pouvoir  dire,  a  écrit  M.  Aug.  Le  Prévost, 
que  Conteville  était  un  domaine  de  nos  ducs,  très  souvent  qua- 
lifiés de  comtes  dans  l'origine.  Nous  croyons  qu'Herluin  en  fut 
investi  viagèrement  et  qu'après  lui  le  souverain  rentra  en  pos- 
session dudit  domains  ^.  »  Il  est  fort  possible  en  etTet,  mais  la 
preuve  n'en  peut  être  donnée,  qu'après  la  mort  d'Herluin  la 
transmission  héréditaire  ne  se  soit  point  établie,  et  que  Robert 
de  Mortain  n'ait  pas  possédé  le  domaine  rural  de  Conteville. 
Cette  circonscription  territoriale  aurait  alors  été  constituée  en 
une  vicomte  que  des  agents  domaniaux  administraient  ^,  puis 
en  1195,  Richard  Cjeurde  Lion  donna  le  domaine  de  Conte- 
ville aux  moines  de  Jumièges  en  échange  de  Pont-de-l' Arche  ". 

\.  Histor.  de  Fr.,  XI,  189  :  «  Mediocrium  opum  viro  nupserat.   » 

2.  Ord.  Vital,  III,  246  (édit.  Le  Prévost). 

3.  Note  de  M.  Aug.  Le  Prévost  dans  Ord.  Vital,  III,  246.  —  Stapleton, 
Magni  Rotuli,  I,  128,  129,  130,  138. 

4.  Méin.  et  notes  sur  le  dép.  de  l'Eure,  I,  538. 

5.  Mém.  soc.  Ant.  Normandie,  XV.  31,  35,  .37,  73;  XVI,  62,  101,  102. 

6.  Cart.  de  Jumièges,  n°  243.  —  Cart.  normand,  p.  39,  note. 


ORlGtNK    ET    FONDATION  15 

Dans  racle  d'échange,  Conleville  est  désigné  par  ces  termes  : 
((  villam  de  Conlevilla  ».  Dans  les  Rôles  de  rKchiquier,  on 
trouve  le  même  mot:  «  villa  »,  qui  désigne  non  le  centre  de 
populations  rurales  mais  le  domaine  d'un  grand  propriétaire. 

On  a  donc  lieu  de  penser  que  la  terre  de  Conteville  n'a  point 
été  un  fief  héréditaire  dès  l'origine  mais  une  concession  tem- 
poraire puis  viagère  faite  à  Herluin.  Cependant  on  croit  que 
d'autres  lots  de  terre  situés  dans  le  même  quartier  et  consti- 
tuant un  domaine  lui  avaient  été  inféodés  sous  les  seules  con- 
ditions de  la  foi  et  du  service  militaire;  c'étaient  des  terres 
fiscales  qui  avaient  fait  partie  du  patrimoine  de  nos  ducs  dans 
le  diocèse  de  Lisieux.  Ce  bénéfice  devint  un  fief  transmissible 
et  perpétuel  dont  Herluin  put  disposer  et  qui  passa  aux  comtes 
de  Mortain,  ses  fils  et  petits-fils,  lesquels  ne  paraissent  pas  en 
avoir  conservé  longtemps  la  propriété  puisque  l'on  voit 
Robert  III  de  Meulan  donner  à  l'abbaye  de  Grestain  tous  les 
droits  qu'il  possédait  sur  les  églises  de  Saint-Pierre  et  de 
Sainte-Mère-Eglise,  autrement  dit  Notre-Dame-du-Val,  et  sur 
la  chapelle  du  château  '.  Ce  fief  ou  bénéfice  était  V Honneur 
dont  il  a  été  parlé  '. 

La  mémoire  d'Herluin  et  des  comtes  de  Mortain,  le  souvenir 
de  ces  hauts  seigneurs,  se  sont  perdus  même  dans  la  tradition 

1.  Charte  confirmathe  de  Richard  Cœur  de  Lion;  voir  aux  pièces  justit'., 
n»  1. 

2.  Th.  Staplelon,  Mnrj/ii  Roliili,  I,  128,  129  :  .<  L'honneur  de  Sainte-Mère- 
t'Jùjlise  appartenait  au  conilé  de  Mortain,  il  était  venu  aux  possesseurs  de  ce 
comté  par  transmission  d'Ilerluin  de  Conteville  qui,  comme  mari  d'Ariette, 
mère  de  Guillaume  le  Conquérant,  était  le  père  de  Robert,  comte  de  Mortain 
et  d'Odon,  évèque  de  Baveux.  Dans  les  limites  de  sa  seigneurie,  Herluin 
fonda  iahhaye  de  Grestain  dans  laquelle  il  fut  inhumé  avec  son  épouse  ; 
elle  était  située  sur  le  bor  1  de  la  Seine  en  face  d'une  vallée  lit  stood  on  the 
bank  of  the  Seine,  fronting  the  valley)  où  s'élevait  une  église  dédiée  à  Sainte 
Marie,  Notre-Darne-du-Val,  le  voisinage  de  laquelle  avec  l'emplacement  de 
son  château  fit  donner  à  ce  dernier  le  nom  de  château  de  Sainte-Mère-Eglise, 
(the  proximity  of  wich  to  the  site  of  his  castle  gave  il  the  oi Castrum  de  Sanctae 
Maria.'  Ecclesia).   » 


16  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

locale,  et  il  faut  renoncer  avec  les  seules  données  qui  subsis- 
tent à  fixer  les  limites  de  leur  seigneurie  qui  devait  être  assez 
vaste  puisqu'elle  s'étendait,  à  l'ouest,  jusqu'à  la.  rive  droite  du 
cours  d'eau  appelé  la  Claire.  Sur  la  rive  gauche  de  ce  ruisseau 
se  trouvait  Honfleur  et  sa  prévôté  qui  appartenaient  et  ont 
toujours  appartenu  aux  Bertran  de  Briquebec  et  de  Roncbe- 
ville,  quoiqu'on  ait  dit  le  contraire  '. 

C'est  sur  une  parcelle  de  terre  du  fief  ou  honneur  de  Sainte- 
Mère-Eglise  qu'Herluin  accomplit  un  vœu  en  faisant  édifier  un 
humble  monastère  spécialement  chargé  de  prier  pour  le 
salut  de  son  âme  et  de  recevoir  sa  dépouille  mortelle  ainsi  que 
celle  de  ses  descendants.  Il  le  plaça  sous  l'invocation  et  la  pro- 
tection de  Notre-Dame  ou  Sainte-Marie  [Sancta  Maria  Gres- 
tani) . 

L'abbaye  de  Notre-Dame  de  Grestain  n'a  pas  été  fondée 
antérieurement  à  l'année  1050.  Les  anciens  récits  des  hagio- 
graphes  avaient  indiqué  la  date  de  l'an  1040,  mais  on  a  opposé 
à  cette  indication  une  objection  sans  réplique,  c'est  que  ce  fut 
Hugues  d'Eu,  évèque  de  Lisieux  (de  1050  à  1077j,  qui  présida 
à  la  bénédiction  du  terrain  où  devait  s'élever  l'établissement 
monastique  '.  Il  restait  au  nouveau  couvent  à  croître  et  à  pros- 
pérer au  moyen  des  donations  qu'accumulera  la  piété  des  bien- 
faiteurs. Avant  de  les  faire  connaître,  il  est  encore  des  détails 
qui  provoquent  la  curiosité  et  doivent  retenir  un  instant  l'at- 
tention. Nous  voulons  parler  du  mariage  d'Herluin  de  Conte- 
ville,   de  sa   seconde  femme,    et  de  leurs   enfant-s.    Disons  de 


1.  A.  Catherine,  Hist.  de  la  ville  et  du  canton  de  Honfleur,  I,  p.  69  à  77.  Il 
est  faux  de  tous  points  et  ne  repose  sur  rien  qu'Herluin  de  Conteville  et  les 
comtes  de  Mortain  aient  possédé  Honfleur,  ainsi  que  l'assure  l'auteur  d'un 
livre  où  fourmillent  les  méprises  et  les  erreurs  de  tout  genre. 

2.  Dans  le  Xeustria  pia,  p.  o88:  Itaque  anno  lOiO  predictus  cornes  Herluinus 
de  consensu  ejusdem  Guillelmi  ducis,  etc.  —  Dans  le  Gallia  christ.  :  Monasteriuni 
post  annum  1060  concedei^  agressus  est  Herluinus.  —  Cf.  Trigan,  Hist.  ecclés. 
de  la  province  de  Xormandie.  111.  61. 


IlKhLLlN    ET    ARLETTE  17 

suite  après  craulrcs  ce  qui  a  élé  dit  maintes  fois,  à  savoir  que 
la  seconde  femme  dllerluin  élail  ArleLte,  la  jeune  Normande 
qui  a  élé  la  mère  de  (iuillaume  le  Bâtard,  lequel  l'honora  beau- 
coup quoiqu'elle  fût  de  basse  naissance  '. 

Il  y  aurait  des  remarques  à  faire  au  sujet  de  cette  union  ;  les 
uns  la  placent  presque  aussitôt  la  mort  de  Robert  le  Magni- 
fique, en  1035  '  ;  les  autres  avant  cette  date  ',  Mais  sur  ce 
point  d'histoire  on  n'a  aucune  preuve  à  produire  ;  les  témoi- 
gnages que  l'on  invoque  sont  contradictoires,  de  manière  que 
chacun  a  pu  expliquer  selon  ses  points  de  vue  ce  qu  il  y  a 
d'obscur  dans  les  chroniques.  En  réalité  on  ne  sait  sur  quelles 
bases  combiner  les  rapports  chronologiques  d'Herluin,  d'Ar- 
iette et  de  la  naissance  de  leurs  deux  fils,  Roberl  et  Odon.  Le 
premier  a  été  l'un  des  fondateurs  de  l'abbaye  de  Grestain. 
L'âge  du  comte  de  Mortain  et  de  l'évêque  de  Bayeux,  à 
l'époque  de  la  fondation  de  l'abbaye,  ne  peut  être  établi  avec 
certitude  ^.  Ce  détail  est  d'ailleurs  sans  importance  dans  la 
présente  monographie.  Nous  nous  contenterons  des  traits  his- 
toriques qui  ont  été  adoptés  de  confiance  jusqu'à  présent  ;  il 
serait  hors  de  propos  de  les  discuter. 


1.  //(.s7o/\  de  F/'.,  XI,  28."):  »  Quamvis  cssol  iiiferiori  génère  orln  inuUum 
honoravit.  » 

2.  Will.  Gemet.,  Ilislor.  (h-  Fr  ,  XI,  21)8  :  i  Vorum  postquam  Hierosolyini- 
tanus  Diix  obiit,  Ilorliiinus  quidam  probiis  miles  Ilerlevam  uxorem  diixil.  » 

3.  Will.  Malmesbury,  Uixlor.  de  Fr.,  XI,  189:  .'  Matrem,  (juantum  vixit, 
insigni  indulgentia  dignalus  esl  ;  (|uae  ante  palris  ohitum  ciiidam  Ileilowiiu)  de 
Comitisvilla  mediocriiuii  opum  viio  iiupserat.  >> 

4.  Dans  ses  Rechercher  arch.  el  hisloi\  sur  la  Xormandie,  p.  l.'JU-l.{2, 
M.  L.  Dubois  a  signalé  des  faits  qui  se  contrarient  sans  qu'il  en  ail  iirésenté 
aucune  solution.  On  ne  sait  si  l'on  doit  prendre  en  considération  la  citation 
d'un  passage  de  la  cbartc  de  fondation  de  Grestain  :  pro  anima  uxoris  sii.ie 
Ilerlevae  et  filu  siii  Roberli,  et  Matliililis,  uxoris  ejus,  et  /ilioruin  et  /iliariim. 
("ette  charte  nous  est  inconnue,  ma!s  il  semble  qu'on  ne  doit  admettre  ([uavec 
des  réserves  l'extrait  que  M.  L.  Dubois  en  a  donné.  Le  texte  laisse  à  entendre 
que  Robert  de  Mortain  était  déjà  marié  lors  de  la  fondation  de  Grestain,  vers 
li)i)U,  par  son  père  Ilerluin  de  Conteville. 

Cn.  BuK.vRii.  —  LWhbuye  de  Xolrc-Damc  de  Grestain.  2 


18  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

C'est  donc  en  l'année  1035  ou  avant  celte  époque,  dit-on, 
qu'Herluin  de  Gonteville  épousa  Arlelte.  C'était  une  concu- 
bine sans  naissance  de  Robert,  dit  le  Magnifique,  le  Libéral  et 
le  Diable,  à  qui  elle  avait  donné  plusieurs  enfants  avant  qu'il  fût 
duc  de  Normandie.  Les  chroniqueurs  et  après  eux  les  roman- 
ciers ont  puisé  dans  une  aventure,  banale  au  surplus,  —  la 
peinture  de  sentiments  nobles  et  délicats  dont  ils  ont  fait  bien 
gratuitement  honneur  au  duc  Robert.  Mais  le  roman  des 
amours  d'ArlelLe  paraît  avoir  été  emprunté  à  des  traditions 
populaires  qui  ont  été  arrangées  et  développées  longtemps 
après  '  pour  charmer  Henri  II,  roi  d'Angleterre,  à  qui  Wace 
narrait  en  vers  les  hauts  faits  du  roi  Artus  et  racontait  l'ori- 
gine des  rois  anglais  qu'on  faisait  descendre  d'un  Brutus,  fils 
d'Knée,  qui  débarqua  en  la  Grande-Bretagne.  Wace  et  Benoît 
de  Sainte-Maure  se  sont  sans  doule  inspirés  de  ce  qui  se  disait 
de  leur  temps  à  la  cour  ducale,  non  toutefois  sans  y  ajouter 
beaucoup  de  leurs  inventions  et  de  détails  très  naïfs  ;  on  peut 
le  croire  sans  trop  de  hardiesse.  Ils  ont  tiré  quelque  agrément 
d'un  thème  inépuisable  :  celui  du  prince  qui,  amoureux  d'une 
jeune  personne  jolie  et  ingénue,  «  sage  e  corteise  e  proz  e 
bêle  »,  la  reçoit  dans  son  château  et  l'épouse.  A  la  vérité,  il 
arrivait  parfois  dans  les  aventures  des  héros  de  chevalerie  que 
le  prince  n'épousait  pas  la  bergère  bien  que  celle-ci  lui  pré- 
sentât des  gages  vivants  de  leur  union.  La  fille  du  pelletier  de 

1.   Benoit  de  Sainte-Maure  a  fait  le  portrait  d"Arlette  comme  s'il  l'avait  vue  : 

El  s'avoil  la  colnr  plus  fine 

Que  flors  de  rose  ne  d'espine 

Né  bien  séant,  hoche  e  menton  ; 

Riens  n'eut  plus  avenant  façon 

Ne  plus  bel  col,  ne  plus  beaux  braz. 
Ce  serait  s'abuser  que  de  croire  que  le  trouvère  Benoit  avait  vu  la  jeune 
Normande,  mère  du  Conquérant  ;  il  a  composé  sa  chronique  rimée  plus  de 
cent  vingt  ans  après  l'époque  où  Ariette  se  serait  parée  d'une  pelisse  grise  et 
d'une  bandelette  de  fin  argent.  La  tradition  établie  sur  Ariette  nous  semble 
une  pure  illusion. 


IIEHLLIN    ET    AULETTE 


19 


Falaise  a  précisémenl  essuyé  ce  conlrelemps  ;  mais  son  nom, 
comme  juste  compensation,  a  tlotté  dans  Thistoire  et  y  a  sur- 
vécu ' . 

On  a,  néanmoins,  dans  la  suite  peu  entendu  parler  d'Arletle. 
Un  personnage  nommé  Gautier  que  Guillaume  le  Conquérant 
a  appelé  son  oncle,  n  Gunllerio  avuiiculo  meo^  et  dont  on  ne 
connaît  pas  d'autre  mention  dans  l'histoire  a  paru  être  un 
frère  dWrlette  '.  L'origine  de  ce  dernier  comme  celle  de  sa 
sœur  sont  restées  obscures,  parce  que  ce  n'est  qu'avec  le  temps 
que  la  légende  romanesque  d'Ariette  a  fait  des  progrès  et  a 
été  remarquée. 

Quant  à  son  mari,  on  n'a  jamais  clairement  su  ce  qu'était 
Ilerluin  de  Çonteville.  Les  anciennes  annales  sont  peu  instruc- 
tives, tout  y  est  vague,  incertain  et  confus.  Ilerluin  était  veuf, 

1.  Wace,  Roman  de  Boa,  I,  390  (édit.  Pluquet).  —  Benoît  de  Sainte-More, 
Chron.  (les  ducs  de  iXormandie,  II,  oiS-'i'io  (édit.  Fr.  Michel).  —  Philippe 
Mouskes,  Chronique  rinnk',  Introd.,  p.  'id,  el  t.  II,  I  ilO  ((^oll.  des  Chroniques 
BeUjes).  —  Ilislor.  de  Fr.,  X,  284;  XI,  32:i  ;  XXII,  34,  3i).  —  Sur  le  chroniqueur 
Mouskes  ou  Mo.ikel,  voir  Histoire  litfrraire,  XIX,  861-872  ;  Journal  des  Savants, 
novembre  1836. 

Dans  sa  chronirpie,  Philippe  Mouskes  rapporte  qu'Ariette  était  originaire  de 
Florennes,  province  de  Namur,  et  ([ue  son  p>fe  était  venu  à  Caen  : 

Par  Festore,  sui  je  bien  ciers, 
Que  preudoni  fu  cil  dus  liohiers 
De  Xorinendii\  cl  si  n'ol  oir 
Ki  sa  licre  dcuisl  avoir. 
Tant  qu'une  puciele  enania 
A  Kaani,  à  il  soujourna, 
Ki  fille  estoit  d'un  escohier  (pelletier^ 
Par  nom  l'ajjicloient  Sohier. 
De  Florines,  deriers  ïlainnaii. 
Estait  venus,  s'ot  d'à  voir  pau, 
Quar  [aide  (l'exil)  et  povertés  l'avoit 

Tel  mené,  que  petit  avait 

Et  sa  fdle  devint  si  hiele 
K'il  n'ol  dame  ne  damoisiele 
En  la  tière,  de  sa  hiauté, 
iVe  de  valeur  ne  de  bonté. 

2.  Note  de  M.  Au'^  le  Prévost  dahs  Ord.  Vital,  III,  220. 


20  l'abbaye    de    iNOTRE-DAJJE    DE    GRESTAIN 

au  dire  crOrderic  ^'ital.  D'un  premier  mariage  il  avait  eu  un 
fils  nommé  Raoul  '.  Nous  lui  connaissons  un  second  fils 
appelé  Jean  -.  Il  en  est  fait  mention  dans  uii  document  où  est 
citée  une  bienfaitrice  de  Grestain,  Frédégonde,  épouse  d'Her- 
luin  %  et  qui  aurait  été  sa  première  femme.  L'assertion  ne 
nous  paraît  pas  admissible  par  la  raison  que,  si  Herluin  était 
veuf  en  1033,  il  est  bien  difficile  d'expliquer  que  sa  première 
femme  ait  fait  des  donations  à  une  abbaye  fondée  au  plus  tôt 
en  1050  4. 

Gela  demanderait  un  éclaircissement.  Mais  les  chroniques 
normandes  offrent  des  récits  qui  ne  sont  pas  appuyés  par 
d'autres  témoignages,  et  il  faut  avouer  qu'en  quelques  cas 
elles  n'ont  pas  le  droit  de  nous  astreindre  à  les  croire.  Les 
amours  de  Robert  le  Magnifupie  et  d'Ariette,  le  mariage  de 
celle-ci  avec  Herluin,  avant  ou  après  la  mort  du  duc,  restent 
des  questions  incertaines  auxquelles  divers  écrivains  ont  donné 
diverses  solutions. 

Quoi  qu'il  en  soit,  vingt  années,  peut-être  vingt-cinq  se 
passent  depuis  la  naissance  de  Guillaume  le  Bâtard  sans  qu'il 
soit  question  ni  d  Herluin  ni  d  Ariette,  ni  de  leurs  deux  fils 
Robert  de  Mortain  et  Odon  qui  fut  évéque  de  Bayeux.  Enfin, 

1.  Orcl.  Vital,  III,  246. 

2.  Pièces  justif.,  charte  conihmalive  de  1189. 

3.  Est  nommée  dans  la  charte  de  Richard  Cœur  de  Lion  (H89). 

4.  Nous  ferons  remarquer,  à  propos  dHerluin  de  Conteville,  que  M.  Emile 
Réaux  a  rapporté  dans  son  Histoire  de  Meulan  (1  vol.  in-12,  1868;  que  Hugues 
et  Galeran,  comtes  de  Meulan,  avaient  épousé  les  deux  sœurs  dHerluin  de 
Conteville,  nommées  Helvise  et  Ade  p.  86,  88,  94  et  9o).  S'il  est  vrai  que  divers 
actes  font  connaître  que  la  bienheureuse  Helvise,  recluse  à  l'abbaye  de  Cou- 
lombs, au  diocèse  de  Chartres,  était  la  tante  des  deux  fils  d'un  seigneur 
appelé  Herluin,  rien  ne  permet  de  supposer  qu'il  s'agisse  d'Herluin  de  Conte- 
ville [Acta  SS.  ord.  S.  Benedicli,  sec.   VI,  pars  prima,  p.  36"d-367). 

II  est  évident  que  ce  nom  d'Herluin  a  été,  au  xi^  siècle,  le  nom  de  beaucoup 
d'individus.  D'autre  part,  il  semble  impossible  d'accepter  qu'Herluin  de  Con- 
teville ail  été  le  chevalier  (Herluinus  pagensis  eques)  qu'Orderic  Vital  a  voulu 
désigner  comme  s'étant  occupé  de  rendre  les  derniers  devoirs  à  Guillaume  le 
Conquérant    1087;. 


ROBEHT    DE    ^'OUTAlN  21 

Ilerluin,  Robert  et  Odoii  paraissent  sur  la  scène,  le  premier 
à  propos  de  la  fondation  de  Grestain,  les  deux  autres  au  sujet 
de  la  concpiête  de  l'Angleterre.  Mais  ce  serait  se  jeter  dans 
une  digression  inutile  que  de  parler  des  deux  derniers:  ils 
sont  connus  '.  Ce  sont  les  deux  personnages  que  l'on  voit  sur 
la  tapisserie  ou  la  tenture  de  Bayeux  sous  la  légende:  Odo: 
eps  :  Willelm:  Rotherf-.  Le  duc  de  Normandie  tient  conseil 
sur  les  ope^rations  de  la  campagne.  Il  est  assis  entre  ses  deux 
frères  utérins,  l'épée  à  la  main.  Odon  de  Conteville  est  à  sa 
droite,  Robert  de  Mortain  est  à  sa  gauche.  Le  même  comte 
Robert  se  voit  plus  loin,  une  bannière  à  la  main  ;  il  donne  des 
ordres  à  des  ouvriers  qui  fortifient  le  camp,  ce  qui  indique 
qu'il  avait  été  chargé  de  surveiller  la  construction  des  retran- 
chements que  l'armée  normande  élevait  près  de  la  ville  d'Has- 
tings.  Il  est  vrai  que  Robert  P'"  de  Morlain  a  dominé  sur  une 
partie  du  Lieuvin,  pendant  plus  de  trente  ans,  qu'il  a  pris  une 
grande  part  à  l'établissement  de  Grestain  où  des  moines 
avaient  été  mis  en  possession  d'un  domaine  mais  oi^i  il  s'agis- 
sait de  construire  le  monastère  et  l'église.  Ce  soin  ne  dut  pas 
rester  en  dehors  de  l'action  de  Robert  de  Mortain,  c'est  ce  que 
laissent  entendre  ses  biographes  ofïiciels  qui  tous  lui  sont 
favorables  à  l'égard  des  .qualités  guerrières  et  des  actes  de 
générosité.  Mais  on  a  depuis  trop  longtemps  exposé  la  vie  de 
Robert  de  Mortain  pour  qu'il  soit  nécessaire  d'en  parler  plus 
au  long,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit. 

Herluin   de  Conteville  et  Ariette  ont  été   inhumés  à  Gres- 


1.  Roman  de  Ron,  II,  266,  360.  —  Orrl.  Vifnl,  II,  223,  412;  III,  246.  —  And. 
Duchosne,  Hist.  Xorm.  script,  anf.,  p.  1026,  1027.  —  M<'-m.  soc.  Anf.  Xorm., 
IV,  176-179.  — II.  Sauvnge,  Recherches  hisf.  sur  Morlain,  p.  ")'.\,  76,  82,  106. — 
L.  Dubois,  Recherches  arch.  et  hist.  sur  la  \oriu.,  p.  104-133.  —  Revue  catho- 
lirjne  de  la  Normandie,  VII,  392. 

2.  Ducarel,  Ant.  anglo-normandes,  p.  386;  planches  39  ol  40.  —  A  propos 
(le  la  tapisserie  de  Bayeux,  voy.  un  récent  article  de  M.  Lanore  dans  la  Rihlio- 
thiTfuede  l'École  des  Charles,  t.  1,.\1V,   p.  83. 


22  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

tain  '.  On  assnre  aussi  que  Robert  de  Mortain  mourut  dans  ce 
monastère  et  qu'il  y  fut  enterré  auprès  de  Mathilde  de  Mont- 
gommerv  sa  première  épouse  -.  Mathilde  serait  morte,  dit-on, 
en  1085  ou  1087;  Robert  de  Morlain  en  1090,  ou  1093  ou 
J104:  l'époque  précise  est  inconnue  \  Quant  à  l'heure  de  la 
mort  d'Herluin  et  d'Arlelte,  aucun  récit  n'en  fait  mention  :  ce 
silence  témoigne  combien  ces  deux  personnes  ont  tenu  peu  de 
place  dans  les  traditions  des  moines  de  Grestain. 

Tels  ont  été  les  fondateurs  de  Grestain,  telles  sont  à  peu 
près  les  seules  traces  que  son  origine  a  laissées.  On  regarde 
donc  comme  une  chose  très  sûre  que  l'abbaye  a  été  fondée  par 
Herluin  de  Conteville.  Mais  les  auteurs  du  xvii^  siècle,  en 
s'inspirant  des  anciens  manuscrits  de  Grestain  qu'ils  disent 
avoir  eu  sous  les  yeux,  ont  rapporté  une  légende  pieuse,  fait 
mention  du  prodige  qui  s'accomplit  en  faveur  d'Herluin  et 
assura  sa  guérison.  Cependant  il  est  difficile  de  s'imaginer 
que  les  choses  se  sont  passées  de  la  façon  dont  on  les  a  racon- 
tées, et  de  croire  qu'Herluin  était  un  lépreux.  Le  mal  qui  le 
rongeait  n'était  point  la  lèpre  mais  l'erreur  et  le  péché  qui  met- 
taient en  péril  sa  vie  à  venir.  Il  était  atteint  dune  maladie  que 
la  foi  seule  pouvait  guérir.  De  même  le  duc  Rollon  s'était  vu 
en  songe  transporté  sur  une  montagne  et  purifié  de  la  souil- 
lii'iPe  de  la  lèpre  par  l'eau  d'une  fontaine  limpide  ^. 

Dans  le  Xeu.sfriri  pia  se  présente  la  légende  de  la  fondation 
et  des  origines  de  l'abbaye  de  Grestain  ;  c'est  un  récit  tradi- 

1.  Chron.  de  Robert  de  Torigni  (édit.  Delisle),  II,  201.  —  Xeustria  pia, 
p.  b28  :  «  Quod  quidem  omnia  ejusdem  loci  vetera  monumenta  plane  atlestan- 
lur.  »  —  Gallia  christ.,  XI,  col.  842. 

2.  Xeustria  pia,  p.  o29.  —  Sur  Mathilde  de  Montgommery,  voy.  Hist.  de  la 
Congrégation  de  Savigny,  I,  ,39,  43  (édit.  Laveille). 

.3.  Plusieurs  écrivains  ont  admis  de  préférence  la  date  de  H04.  —  Voj'. 
Pavillon,  La  vie  du  br.  Robert  d'Arbrissel  Saumur,  1666  et  1667,  in-4),  p.  5o4  ; 
p.  340  et  341.  —  II.  Sauvage,  Recherches  liist.  sur  Varr.  de  Mortain,  p.  77. 

4.  Voir  dans  Guillaume  de  Jumiêgcs,  <■  D'un  songe  de  Rollon  ;>,  au  livre  II, 
chap.  v  (trad.  Guizoli. 


FONDATION  23 

tionnel  mais  suspect  '.  Ilerluin  de  Conteville  élait  affecté  d'une 
maladie  de  peau,  sorte  de  lèpre  hideuse  qui  ne  lui  permettait 
pas  de  paraître  à  la  cour  du  duc  Guillaume;  elle  tenait,  elle 
s'obstinait  contre  les  remèdes.  Or,  il  arriva  fju'une  nuit  pen- 
dant son  sommeil,  Herluin  de  Conteville  eut  une  vision.  La 
vierge  Marie  lui  apparut  tenant  à  la  main  une  branche  de 
lis  et  elle  lui  dit:  «  Si  lu  veux  recouvrer  la  santé,  tu  iras  en 
un  lieu  nommé  Grestain  près  d'une  fontaine  où  existe  une 
antique  chapelle  qui  m"a  été  jadis  consacrée  mais  que  le  temps 
a  presque  détruite.  Tu  la  rétabliras  et  tu  y  placeras  un  clerc 
qui  en  desservira  l'autel.  A  ce  prix,  je  te  promets  guérison.  » 
C'est  pourquoi  Herluin.  à  peine  éveillé,  se  résolut  à  tenir  la 
promesse  qu'il  avait  pieusement  faite.  Il  restaura  la  chapelle, 
la  nettoya  des  halliers  dont  elle  était  remplie,  l'orna,  lui  ren- 
dit son  premier  éclat.  Herluin  eut  cependant  deux  autres 
visions.  Dans  la  troisième,  la  bienheureuse  Vierge  mère  de 
Dieu  lui  ordonna  d'établir  au  même  endroit  et  à  ses  dépens  un 
couvent  de  religieux  qui  prieraient  Dieu  la  nuit  et  le  jour. 
Cette  fondation  accomplie,  Herluin  fut  délivré  de  son  mal. 
C'est  ainsi  qu'en  l'an  1040  ',  le  comte  Herluin,  du  consente- 
ment du  duc  Guillaume  dont  lui-même  avait  épousé  la  mère, 
choisit  l'emplacement  du  couvent,  le  fit  bénir  par  Hugues, 
évêque  de  Lisieux,  le  consacra  au  culte  divin  et  commença  au 
lieu  dit  Grestain,  qui  était  de  sa  seigneurie,  une  abbaye.  /\près 
l'avoir  dotée  selon  ses  moyens,  il  y  assembla  un  grand  nombre 
de  religieux  '^. 

\.  «  Je  n'ai  guères  vu,  dit  Talibé  Tiigan,  de  ces  sortes  d'rtyjjliscmens  aux- 
quels on  n'ait  présupposé  des  révélations,  ou  quelque  miracle.  La  coulume  des 
grands  de  ce  temps,  le  désir  de  se  procurer  pour  soi  et  pour  sa  famille  des 
intercesseurs,  pouvoit  suffire  à  Herluin  et  à  bien  d'autres.  »  —  Ilisl.  ecclésias- 
lique  de  la  province  de  Xorinandie,  III,  01. 

2.  La  date  de  la  fondation  de  Grestain  ne  peut  être  anlérieuie  à  Tannée  U)oO. 

3.  i\euslria  pin,  p.  528  :  «  Accidit  ut  quadam  nocle,  dum  dorniirel,  sibi  visa 
sit  apparere  virgo  Maria,  manu  geslans  florem  canditlum,  in  moduni  virgae, 
nempe  lilium.  Petens  ab  co  si  vellet  sanari  ;  quo  rcspondenle.   etinm:  Vade 


2i  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

On  peut  contester  la  certitude  de  plusieurs  circonstances  du 
récit  ;  il  y  aurait  eu  un  prodige  fait  pour  produire  l'admiration 
ou  la  crainte.  Mais  ce  qu'il  faut  retenir  et  ce  qui  nous  semble 
peu  contestable,  c'est  qu'il  ait  réellement  existé  à  Grestain 
une  chapelle  votive  tombée  en  ruine  avant  l'époque  oîi  Her- 
luin  songea  à  y  fonder  un  monastère,  vers  le  milieu  du 
xi^  siècle. 

En  outre,  il  faut  noter  que  Du  Monstier  apporte  une  affirma- 
tion douteuse  lorsqu'il  dit  qu'Herluin  avait  réuni  à  Grestain 
un  assez  grand  nombre  de  moines  ' .  Bien  que  les  renseigne- 
ments ne  donnent  pas  une  idée  bien  nette  des  premiers  temps 
de  l'abbaye,  on  ne  croit  point  que  les  choses  aient  été  aussi 
vite  et  aussi  facilement.  Ce  fut  tout  d'abord  un  essai  de  fonda- 
tion où  l'on  se  contenta  de  constructions  légères  :  la  munifi- 
cence de  Robert  et  de  Guillaume  de  Mortain  fit  le  reste,  mais 
ce  fut  peu  à  peu  que  les  moines  sortirent  d'une  installation 
provisoire.  A  l'époque  la  plus  caractéristique,  au  temps  de 
saint  Louis,  les  religieux  de  Grestain  étaient  au  nombre  de 
trente-deux  ~.  On  aurait  pu  souhaiter  qu'un  auteur  qui  n'a 
possédé  aucune  notion  sérieuse  de  l'histoire  de  Grestain  n'eût 
pas  mis  en  avant  la  masse  de  deux  cents  religieux  -,  ce  qui 
n'est  qu'une  fable.  L'abbaye  d'hommes  la  plus  peuplée,  le 
Mont-Saint-Michel,  ne  comprenait  pas  plus  de  quatre-vingts 


(inquit)  ad  locum  cui  nomen  Greslanunt  juxta  fonlem  uhi  primitus  extat  aedes 
mihi  olim  consecrata  sed  mine  praevustate,  penè  collapsa,  quam  restaurabis, 
ciim  uno  clerico  a  te  illic  ponendo  ut  mihi  ibidem  inseiviat,  tum  que  sanaberis. 
Itaque  experge  factus,  facta  coepit  complere  quae  piè  piomiserat  ;  aedem  repa- 
ravit,  spinis  et  dumis  repleiam  muudavit,  ornavit,  pristinum  in  statura  reduxit. 
Postea  vero  ob  vultus  deformationem  fuit  iterum  ac  tertio  in  visu  admonitus  ab 
eadem  S.  Virgine  Deipara  ut  illic  monachos  qui  die  noctuque  Deo  inservirent 
suis  stipendiis  ditaret:  quo  expleto  omnino  sanalus  evasil.  Itaque  anno  1040 
praedictus  comcs  Herluinus,  de  consensu  ejusdem  Guillelmi  ducis,  etc.  » 

1.  Neustria  pia,  p.  528  :  «  Monachos  non  paucos  illic  aggregare.  » 

2.  Reçjesl.  visif.  archiepiscopi  RoUinni    (édit.  Bonnin),  p.  295. 

3.  De  Saint-Amand,  Lettres  d'un  voyarjenr  à  Vemh.  de  la  Seine,  p.  271. 


DONATIONS    EN    NORMANDIE  2o 

moines.  Le  Bec-IIelloiiin  renfermait  à  peu  près  le  même  nombre 
de  religieux.  On  ne  peut  que  regretter  la  complaisance  avec 
laquelle  on  admet  pour  vérités  historiques  les  faits  les  moins 
certains. 

On  assura  Tenlretien  de  la  colonie  monastique  en  formation, 
on  pourvut  aux  besoins  temporels  des  religieux  par  des  dona- 
tions de  terres  ou  de  rentes,  soit  en  Normandie,  soit  en  Angle- 
terre. Les  copies  de  deux  chartes  font  connaître  ces  donations 
dues  à  la  générosité  des  fondateurs  ou  d'autres  seigneurs  qui 
dotèrent  l'abbaye  d'une  partie  de  leurs  biens.  Ces  actes  sont 
reproduits  à  l'appendice  '.  Ils  nous  font  retrouver  l'état  du 
patrimoine  immobilier  de  l'abbaye  de  Grestain  cent  cinquante 
années  après  son  commencement.  Grâce  à  eux  nous  pouvons 
reconstituer  la  liste  des  terres,  dîmes,  droits  et  coutumes, 
prérogatives  dont  avait  joui  l'abba^'e  en  différents  temps. 

Nous  ne  donnerons  pas  le  détail  des  biens  dont  le  monastère 
avait  été  doté,  mais  nous  indiquerons  les  principaux  bienfai- 
teurs. Parmi  ceux-ci,  on  distingue  Guillaume  le  Conquérant 
qui  fit  don  d'un  vilainage  à  Conteville,  et  d'une  chapelle  dite 
de  Saint-Nicolas  ou  saint-Nicol,  siîuée  près  de  Honfleur,  avec 
le  religieux  qui  la  desservait  et  les  droits  d'usage  que  celui-ci 
exerçait  dans  la  forêt  voisine,  c'est-à-dire  la  forêt  de  Touques 
ou  de  Saint-Gatien  qui,  dans  le  principe,  a  dû  s'avancer  jusqu'à 
la  mer  '.  On  remarquera  que  dans  la  charte  de  1189  le  duc 
Guillaume  est  qualifié  rex  Anglorum.  En  conséquence  les 
dons  qu'il  fil  sont  posléiieurs  à  la  conquête  de  l'Angleterre, 
c'est-à-dire  à  l'année  10()(>. 


1.  Piùccs  juslif.,  n""  1  cl  2. 

2.  A.  Maury,  Les  Forêts  de  la  Ganir.  p.  .303.  —  Le  pa\s  d'Aug^e  a  jadis  été 
boisé  sur  presque  toute  sa  suiierficie.  Au  ix«  siècle  de  notre  ère,  il  est  fait  men- 
tion de  la  forêt  d'Au<,e  :  sa/lus  Algiae,  silva  de  Algie,  qui  a  donné  son  nom  à 
la  région.  Saint-Gatien-des-Bois  niarcjue  une  des  éclaircies  qui  y  ont  été 
ouvertes  au  moyen  âge.  Le  village  sest  formé  sur  un  grand  chemin  par  lequel 
on  passait  de  Ronneville  à  Ilébertof  ;  c'était  une  voie  "  de  chastd  à  chasiel  ». 


26  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

Après  son  nom  vient  celui  d'Herluin  de  Conteville.  Herluin, 
fondateur  de  Tabbaye,  donna  trente  acres  de  terre  assises  à 
Grestain  même.  Il  est  vraisemblable  que  ces  acres  de  terre  ont 
formé,  en  partie,  l'enclos  du  couvent.  Puis  il  aumôna  aux 
religieux  les  bordiers  et  les  pêcheurs  qui  dépendaient  de  lui  ; 
ce  sont  ces  hommes  qui  plus  tard  étaient  appelés  les  pêcheurs 
de  la  franche  table  de  Grestain.  Il  donna  les  bois  de  Normare 
et  de  Fiquefleur  ;  le  tiers  des  moulins  de  Sainte-Mère-Église  et 
la  dime  ;  la  moitié  du  moulin  de  Carbec  ;  des  dîmes,  des  bor- 
diers et  cent  trente  acres  de  terre  à  Foulbec,  Vauville, 
Martain  ville,  Bretteville-l'Orgueilleuse,  Muneville-sur-Mer, 
Tilly-sur-Seulle,  Sainte-Scolasse  ;  quinze  acres  de  terre  au 
Marais-Vernier  et  le  droit  de  pâturage  sur  une  plus  grande 
étendue.  Mais  ces  donations  d'Herluin  ne  paraissent  pas  con- 
sidérables ;  on  peut  penser  qu'elles  n'auraient  pu,  à  elles  seules, 
assurer  l'existence  d'un  monastère  de  quelque  importance  et 
il  semble  permis  d'affirmer  que  les  commencements  de  Gres- 
tain ont  été  fort  humbles.  C'est  peut-être  même  par  cette  cir- 
constance que  les  anciens  textes  donnaient  la  qualité  de  prieur 
et  non  dahbé  à  Renaud  de  la  Roque,  ainsi  qu'on  le  verra 
plus  loin.  Pour  que  l'abbaye  s'établît  plus  solidement,  il  était 
nécessaire  qu'aux  donations  d'Herluin  vinssent  s'ajouter  celles 
de  son  fils  Robert  de  Mortain. 

Ce  dernier  fit  don  de  droits  maritimes  de  grande  valeur  '  à 
lever  depuis  le  gord  de  Quillebeuf  jusqu'au  Noirport ':  cou- 
tumes, marées,  varech,  pêche,  la  propriété  de  tous  les  estur- 
geons, du  premier  saumon,  delà  première  lamproie  qui  étaient 
péchés  dans  la  rivière  •'.  Il  donna  aux  religieux  toute  la  terre 

1.  Omnes  consuefudines  et  cusiumas  quas  tenehat  de  dominio  suo  et  frafre 
A^  il/eliuo  rer/e  in  riparia  Secane  a  gardo  de  Quilbef  usque  ad  Nigrum  portuni. 

2.  Au  chapitre  m  nous  aurons  l'occasion  de  parler  du  Noir-Porl.  On  appelle 
gord  un  réservoir  où  l'on  conserve  du  poisson. 

3.  Dedil  etiam  et  cnncessit  priiniiDi  salmonem  et  priinam  alosain  et  priniam 
lampredam  qui  in  retiis  capicntur  et  diniidiuni  niar.'<uini  qui  infra  Quadragesi- 
mam  capietur. 


DONATIONS    EN    NORMANDIE  27 

et  le  galel  que  le  floL  recouvrait  le  loug  du  rivage  à  Jobles, 
Fiquefleur,  Cremanlleur  et  Ilonfleur  ;  des  droits  sur  le  trafic 
(tonlieu)  depuis  l'épine  de  Berville  jusqu  au  port  de  Honfleur  ; 
d'autres  droits'locaux  sur  la  foire  et  le  marché  de  Fiquefleur; 
la  dîme  des  deniers  qui  se  prélevaient  dans  les  foires  entre  la 
Risle  et  la  Touque  '  ;  le  tiers  des  moulins  de  Fiquefleur  ;  trois 
mesures  d'avoine  à  prendre  sur  le  moulin  de  Toutainville  ; 
trente  acres  de  prairies  à  (iraimbouville  ;  un  moulin  à  Gres- 
tain,  ses  dépendances  et  la  moule  de  Conteville  ;  des  terres  et 
des  bordiers  à  Fontaine-Bellenger  et  à  Doux-Marais  ;  les 
églises  de  Saint-Quentin-les-Chardonnets  et  de  Tierceville  ; 
des  dîmes  à  Anglesquevillle  ;  la  terre  de  Barneville  en  Coten- 
tin,  etc. 

D'après  la  charte  que  nous  analysons  nous  donnerons  les 
noms  d'un  certain  nombre  de  bienfaiteurs  de  l'abbaye.  Parmi 
eux:  Guillaume  II  de  Mortain  ;  Robert  de  Meulan,  les  sei- 
gneurs de  l'Aigle,  Ingenouf  et  Richer  ;  puis  les  familles  qui 
habitaient  la  région  voisine  :  Guillaume  de  Carbec,  Guillaume 
de  la  Mare,  Roger  de  Candos.  Tous  ont  contribué  à  accroître 
les  possessions  de  l'abbaye. 

Mais  ce  n'était  pas  seulement  en  terre  normande  que  les 
bienfaiteurs  de  l'abbaye  de  Grestain  lui  avaient  distribué  des 
dons.  Princes,  clievaliers,  hommes  de  guerre,  tous  les  compa- 
gnons du  Conquérant  ou  les  héritiers  de  ces  seigneurs  possé- 
daient en  Angleterre  de  vastes  territoires,  des  châteaux,  des 
domaines,  des  villages.  Guillaume  avait  récompensé  les  sol- 
dats qui  avaient  combattu  à  Hastings  : 

Dona  cliastels,  doua  citez, 
Dona  maneirs,  dona  comtez, 
Doua  terres  as  vavassors 
Dona  alti'cs  rentes  plusors  '^. 

1 .  Nous  n'avons  pu  retrouver,  sauf  pour  Quetteville,  Genneville  et  Fitpirfleur, 
de  quelles  foires  il  s'a{i;it.  La  limite  vers  l'ouest  est  peu  coininélieiisiljlc. 

2.  Roman  de  liou,  II,  387  (édit.  Plu(iuet). 


28  l'aBIîAYE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

La  main  généreuse  du  duc  n'avait  eu  garde  d'oublier  les 
religieux  et  ceux-ci  avaient  songé  à  ne  point  se  laisser  oublier. 
Ce  sont  les  chevaliers  normands  devenus  de  nouveaux  sei- 
gneurs anglais  qui  comblèrent  de  donations  la  plupart  des 
abbayes  de  Normandie  ;  c'est  à  eux  qu'en  particulier  Grestain 
dut  les  bienfaits  dont  l'importance  surpasse  de  beaucoup  les 
autres  dons. 

Guillaume  le  Conquérant  lui  donna  tout  ce  qu'il  possédait 
à  Penitona  '  en  terres,  prés,  bois,  forêts,  toutes  les  coutumes, 
plus  l'église  du  lieu  et  ses  dépendances.  C'était  une  paroisse 
tout  entière, 

Robert  de  Mortain  qui,  à  la  bataille  d'Hastings,  s'était  tenu 
sans  cesse  aux  cotés  du  duc  Guillaume  et  l'avait  secouru  '■^,  le 
comte  de  Mortain,  disons-nous,  avait  été  royalement  récom- 
pensé. C'est  lui  qui,  par  la  libéralité  du  nouveau  monarque, 
avait  eu  la  plus  forte  part  dans  la  distribution  des  conces- 
sions seigneuriales,  savoir  :  neuf  cent  soixante-treize  manoirs 
saxons  dispersés  dans  dix-huit  comtés  ^ .  Il  avait  bâti  quatre 
châteaux  dont  celui  de  Montaigu,  dans  le  Somerset,  était  le  plus 
considérable  Grestain  a  possédé  une  partie  des  dîmes  de  la 
paroisse  de  Montaigu  ^, 

Robert,  comte  de  Mortain  et  de  Cornouailles,  fit  don  aux 

1.  Peniton-Grcxfrin  est  cité  en  1308,  mais  la  situation  de  cette  localité  ne 
nous  est  pas  connue.  Dans  le  Monnsiicon  anglicanuin  (édit.  Londres,  1817-1830), 
on  a  par  erreur  imprimé  Peintonn. 

2.  Li  Quens  Robert  de  Moretoing 
Ne  se  tint  mie  del  Duc  loing  ; 
Frère  ert  li  Dus  par  sa  mère 
Grant  aïe  fist  à  son  frère. 

[Roman  de  Rou,\.  13765.) 

3.  And.  Ducliesne,  Ilist.  Xorm.  sci-ipi .  ani .,  p.  1027.  — Roman  de  Rou,  II, 
2fi6.  —  Mém.  soc.  ant.  Normandie,  IV,  156,  note.  Les  auteurs  ont  varié  sur  le 
nombre  des  manoirs. 

4.  Pièces  justif.  n°  2.  Le  fondateur  de  l'abbaye  de  Montaigu,  au  comté  de 
Somerset,  était  Robert  de  Mortain. 


DONATIONS    EN    ANGLETERRE  29 

relij^ieux  de  Grestain  de  terres  et  de  redevances  dans  ses 
immenses  domaines.  Au  nombre  des  donations,  on  remarque 
deux  manoirs  situés  dans  le  comté  de  SufFoîk  :  Hrelhenhnm  et 
Gretinglunn  ';  cette  dernière  localité  est  aujourd'hui  Cree/m^ 
marqué  sur  les  cartes  anglaises;  ce  nom  est  d'importation 
normande,  nous  y  trouvons  le  souvenir  de  notre  abbaye  de 
Grestain  -.  A  ce  don  était  jointe  une  autre  libéralité,  celle  de 
cinq  cent  quatre-vingt-huit  hectares  de  terre  environ,  situés  en 
un  endroit  nommé  Ferlis^  et  des  droits  d'usage  dans  la  forêt 
de  Pevensey  près  d'Hastings,  au  comté  de  Sussex,  avec  une 
maison  et  ses  dépendances. 

Mathilde  de  Montgommery,  fdle  de  Roger  de  Montgom- 
mery  et  femme  de  Robert  de  Mortain,  fit  pareillement  de 
larges  donations  à  la  communauté  monastique  qu'Herluin, 
son  beau-père,  avait  fondée.  Elle  lui  aumona  l'église  d'un  vil- 
lage, plus  quatre  mille  cent  dix-huit  hectares  de  terres  situées 
en  sept  territoires  différents.  La  charte  de  confirmation  où 
nous  puisons  ces  détails  fournit  de  plus  un  renseignement 
qu'il  est  intéressant  de  noter,  c'est  le  don  fait  à  Grestain  par 
Mathilde  de  Montgommery  d'une  maison  assise  à  Londres  : 
unani  domum  in  London  ciini  omni  cousueludine.  Comment 
à  ce  texte  dont  les  mots  sont  les  plus  simples  est-on  arrivé  à 
attribuer  un  autre  sens?  Il  est  difficile  de  le  dire  ;  mais  on  sait 
que  jusqu'à  présent  dans  divers  ouvrages  on  lit  que  les  reli- 
gieux de  Grestain  ont  possédé  non  point  une  maison  mais  une 
rue  entière  de  Loiuh^es,  laquelle  leur  valait  un  boisseau  d'ar- 
gent chaque  année  ^  La  voix  populaire  grossit  toujours  les 
faits  et  le  plus  souvent  les  dénature. 

i.    Testa  de  Xeicill  seii  liher  feiidormn  ^I.oiulo:\   1807,  p.  28('),  29o,  296. 

2.  Au  xiii-^  siècle,  Creeting  était  dit  être  tenu  «  du  fief  des  moines  de  IBer- 
nay  »,  vers  1230,  par  Gérard,  fils  d'Arnold  de  Stanham,  chapelain.  —  Voy. 
Bibl.  de  VEcole  des  chartes,  XL,  227. 

.3.  De  Sainl-Amand,  Lettres  d'un  vntjarjenr,  etc.  p.  27o.  —  Canol,  Essai  sur 
l'arr.  de  Ponl-Audemer,  II,  -'iC('). 


30  l'abbaye  de  notre-dawe  de  grestain 

De  tous  les  actes  de  générosilé  répHndus  alors  sur  Tabbaye 
de  Greslain,  les  plus  éclatants  ont  été  ceux  du  petit-fils  d'Her- 
luin,  Guillaume  II,  comte  de  Mortain,  Ce  «  jeune  seigneur, 
d'une  grande  activité  et  d'une  capacité  aussi  distinguée  que 
celle  de  son  père  était  obtuse  '  »  se  fit  remarquer  par  le  nombre 
et  l'importance  de  ses  donations.  Grâce  à  ses  libéralités,  Gres- 
tain vit  s'agrandir  son  domaine  en  vingt-neuf  localités  du 
royaume  anglo-saxon,  dans  les  comtés  de  Dorset,  Sussex, 
Worcbester,  Northampton,  Buckingham,  Hertford  et  Gor- 
nouailles.  Nous  nous  contenterons  de  mentionner  le  manoir 
de  Grafton,  un  prieuré,  le  patronage  de  dix  églises  et  les 
droits  y  appartenant,  la  cbapelle  du  château  de  Berkhamps- 
tead,  des  dîmes  sur  onze  paroisses;  une  superficie  de  onze 
cent  vingt-sept  hectares  de  terre, 

La  libéralité  de  Guillaume  de  Mortain  combla  de  donations 
une  infinité  d'autres  communautés  religieuses.  Ni  les  unes  ni 
les  autres  n'en  jouirent  longtemps  en  sécurité.  Des  désordres, 
des  violences  éclatèrent  en  Normandie.  Il  y  eut  des  rivalités, 
des  haines  entre  les  fils  de  Guillaume  le  Conquérant  et  pour 
ainsi  dire  un  état  continu  de  guerre.  L'un  deux,  Henri,  vain- 
queur à  la  journée  de  Tinchebray  (1106),  fit  prisonnier  son 
plus  implacable  adversaire,  Guillaume  II  de  Mortain,  petit- 
fils  d'Herluin  de  Conteville,  Il  tut  jeté  en  prison  ;  on  assure 
qu  il  \  eut  les  yeux  crevés  et  qu'il  mourut  en  l'an  1134  après 
trente  années  d'une  étroite  captivité.  Les  moeurs  publiques  et 
privées  étaient  restées  barbares. 

Nous  ne  citerons  plus  que  les  noms  de  quatre  bienfaiteurs 
de  Grestain  :  Hugues  de  Cahagnes,  fils  de  Guillaume  (de 
Cahainges)  qui  était  propriétaire  de  manoirs  situés  dans  les 
comtés    de   Cambridge   et  de   Northampton  ~,    Guillaume  de 


1.  Ord.    Vital,  IV,  p.  201,  note  ledit.  Le  Prévost). 

2.  Roman  deRou,  II,  2oi,  536. 


DONATIONS    EN    ANGLETERRE  31 

Warenne  qui  possédail  le  toiiiLé  de  Siirrcy  '  mais,  on  ne  peuL 
dire  à  quel  personnage  de  celle  famille  s'applique  le  passage  : 
ex  dono  WiUielmi  comi/i.s  de  \\';i/enn,'i  '.  Knlin  Uicher  de 
l'Aigle,  fils  ou  pelil-iils  dlnguenouf"  de  TAigle  (jui  lui  lue  à  la 
bataille  d'Ilastings,  lil  don  à  Grestain  de  lerres,  de  bruyères, 
de  dîmes,  de  droils  de  pacage  el  d'usage  dans  ses  forêls,  plus 
de  la  dîme  des  deniers  de  sa  chàtellenie  de  Pevensey,  au  comté 
de  Sussex. 

Dans  les  pages  qui  précèdent  el  autant  qu'il  nous  a  été 
possible,  nous  nous  sommes  donné  pour  but  de  relever  la 
nomenclature  des  biens  de  l'abbaye  de  Grestain  disséminés  sur 
le  sol  anglo-saxon.  Nous  les  grouperons  pour  en  donner  une 
idée  plus  nette.  A  la  fin  du  xii*^  siècle,  l'abbaye  possédait 
sept  manoirs  ou  maisons,  douze  églises  pour  le  patronage  et 
les  grosses  dîmes,  un  prieuré,  trois  fiefs  entiers;  de  plus  il  lui 
avait  été  abandonné  des  propriétés  qui  constitueraient  un 
domaine  dont  l'étendue  correspond  à  5830  bectares  de  terre  \ 
situés  dans  vingt-deux  localités.  AXais  il  est  sensible  que  ces 
biens  ont  été  divisés,  aliénés  et  vendus  par  les  abbés  au  cours 
du  même  siècle.  Ce  fait  résulte  avec  évidence  de  ce  qu'au 
xiv^  siècle  les  religieux  de  (irestain  ne  possédaient  plus 
que  sept  manoirs  ou  fermes  en  Angleterre,  à  l'époque  où  ils 
opérèrent  un  échange  avec  Jean  de  Mclun.  La  principale  raison 
de  cette  vente  était  que  l'administration  de  ces  fermes  était 
difficile  et  qu'il  y  avait  plus  de  profit  à  les  aliéner. 

Des  donations  primitives,  quel  revenu  a  en  réalité  tiré  Gres- 
tain ?  Nous  pensons  que  les  ressources  effectives  ont  été  fort 
ordinaires  pendant  longtemps  et  que  l'installation  provisoire 
des  moines  a  duré  plus  de  soixante-dix  ans.  On  ne  bâtit  une 

1.  Onl.  Vil.'tl,  III,  iUT,  Ilote  ic\lU.  Le  Prévost). 

2.  Guillaume  I,  Guillaume  II  ou  Guillaume  III  de  Warenne,  comte  de  Surrov  ; 
aucun  d'eux  n'est  désigné  particulièrement. 

3.  En  comptant  l'hyde  de  terre  pour  120  acres,  mesure  d'Angleterre. 


32  l'aBHAYE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

église  abbatiale  plus  vaste  et  plus  brillante  qu'après  Tannée 

1  122,  épocpie  où  labbave  venait  cVétre  détruite  par  un  incen- 
die '.  Elle  le  fut  entièrement.  Quel  a  pu  être  le  premier  état 
des  bâtiments  originairement  construits?  Les  documents 
semblent  prouver  qu'ils  étaient  en  bois.  Mais  au  xiii*^  siècle, 
à  la  suite  de  pieuses  libéralités,  de  donations  immobilières,  et 
peut-être  aussi  d'une  meilleure  gestion  des  biens  qui  rece- 
vaient des  accroissements  successifs,  le  patrimoine  des  reli- 
gieux de  Grestain  atteignit  son  plus  haut  degré  de  prospérité. 
C'est  alors  que  l'abbé  Guillaume  de  Farnoville  utilisa  les  res- 
sources disponibles  à  élever  une  nouvelle  église.  Quand  le 
célèbre  archevêque  de  Rouen  Eudes  Rigaud  y  fit,  en  1250,  sa 
première  visite  pastorale  le  revenu  de  l'abbaye  était  de  2.000 
livres,  c'est-à-dire  de  40.000  francs  de  notre  monnaie  actuelle 
en  portant  à  20  francs  la  valeur  intrinsèque  de  la  livre  tour- 
nois à  cette  époque  -. 

D'après  ce  que  nous  avons  exposé,  on  a  vu  comment  et  par 
qui  le  monastère  de  Grestain  a  été  fondé,  par  quelles  mains  il 
a  été  généreusement  doté.  Ces  particularités  étant  dès  lors 
connues,  nous  allons  donner  la  liste  chronologique  des  moines 
bénédictins  qui  eurent  la  charge  de  gouverner  l'abbaje  depuis 
l'année  1050  jusqu'à  l'année  1197,  soit  une  période  de  cent 
cinquante  ans  environ.  Nous  exposerons,  autant  qu'il  nous 
sera  possible,  avec  l'état  de  l'abbaye,  les  circonstances  de  l'ad- 
ministration de  chacun  des  abbés. 

Toutefois  avant  d'aborder  celte  première  période,  ajoutons 
aux  faits  déjà  signalés  les  indications  suivantes  :  elles  se  rap- 
portent  à  l'un  des   pkis    généreux   bienfaiteurs    de    Grestain. 

1.  Gallia  christ.,  t.  XI,  col.  8o3.  —  Xeuslria  pia,  p.   529. 

2.  Sous  Philippe  Auguste,  après  120t,  la  livre  du  Mans  valait  40  fr.,   le  sou, 

2  fr.  ;  la  livre  de  Tours,  20  fr.,  le  sou,  1  fr.  (L.  Delisle,  Des  revenus  publics  en 
Xormandie).  Le  pouvoir  de  l'argent  étant  alors  au  moins  quatre  fois  plus  fort 
que  de  nos  jours,  les  49.000  fr.  de  revenu  que  possédait  Gi'estain,  en  1230, 
avaient  pour  l'abbaye  une  valeur  relative  de  160.000  francs. 


j 


GUILLAUME    De    MORÏAIN  33 

Nous  voulons  parler  de  Guillaume  de  Morlain.  Gomme  nous 
l'avons  dit  plus  haut,  il  avait  été  fait  prisonnier  à  la  bataille  de 
Tinehebray  et  condamné  à  une  prison  perpétuelle.  Or,  A.  du 
Monslier  a  cité  un  distique  cpii  laisserait  à  penser  que  ce  sei- 
gneur aurait  reçu  la  sépulture  dans  l'abbaye  de  Grestain  : 

Hic  eal  Guilleliniis  Mathildi  maire  crealus 
Nala  Rogerii  comitis  de  Monkj orner ij. 

Il  semblerait  jusqu'à  un  certain  point  que  ce  renseignement 
n'aurait  point  besoin  d'être  ou  contrôlé  ou  éclairé.  Cependant 
on  remarquera  que  les  historiens  ont  placé  la  mort  de  Guil- 
laume de  Mortain  à  CarditT,  pays  de  Galles  '.  Si  ce  dernier 
fait  est  exact,  il  est  difficile  de  le  concilier  avec  une  inhuma- 
tion dans  l'abbaye  que  son  cruel  ennemi  Henri  P'"  Beau-Clerc 
avait  confisquée  et  réunie  au  domaine  ducal  vers  l'année 
1106. 

On  peut  réussir  à  fixer  exactement  la  date  de  la  fondation 
de  l'abbaye  ;  mais  nous  n'avons  pas  la  même  prétention  en  ce 
qui  concerne  la  liste  des  abbés.  Nous  avons  fait  usage  des 
deux  séries  que  présentent  le  Neustria  pia  et  le  Gallia  chris- 
tiuna^  mais  on  ne  connaît  que  très  rarement  Tannée  de  l'ac- 
cès des  abbés  à  la  dignité  abbatiale  ou  celle  de  leur  mort.  Ces 
deux  listes  sont  d'ailleurs  incomplètes  :  on  ne  possède  ni  car- 
tulaire  ni  nécrologe  pour  en  remplir  les  vides.  Néanmoins 
nous  donnons  les  noms  de  cinq  abbés  que  ne  mentionne  pas 
le  Gallia  christiana. 


1.  C'est  du  moins  à  Cardifï  quil  avait  été  jeté  en  prison,  et  plusieurs  histo- 
riens ont  dit  que  le  duc  Robert  et  lui,  Guillaume  de  Mortain,  sont  morts  en 
captivité  vers  l'année  1134:  «  Eos  in  carcere  fecit  mori.  »  Tiiron.  Chron.  — 
«  Eosquc  in  libéra  custodia  usque  ad  terminum  vitae  eoruni  tenuit.  »  Will. 
Geinet.  — «  Scd,  ut  dixi,  pressus,  squaloris  carcerci  tota  vila  accolalum  acce- 
pit.  ))  Willelm.  Malmesb.  —  Cf.  Dcppinjj,  Ilisluire  de  la  Xormandie,  etc.  (1835), 
t.  1«%  p.  32o  et  338. 

Cii.  nuÉAiii).  —  L'Ahhiiije  de  Xolre-Daine  de  Grestain.  3 


34  L'ABItAVE    DE    -NOTKE-DAMt;    DE    GKESTAIN 


LES    ABBÉS    RÉGULIERS    DE     1050    A     1197 

I.  —  Renaud  de  la^  Roque  a  été  le  premier  moine  à  qui  on 
confia  le  pouvoir  d'organiser,  sous  l'autorité  épiscopale,  l'éta- 
blissement de  Grestain.  Les  rares  documents  de  l'histoire  du 
xi^  siècle  ne  nous  renseignent  point  sur  ce  religieux.  Selon  ce 
que  Ion  peut  savoir,  c'était  un  frère  de  l'abbaye  de  Saint- 
Evroult,  recommandable  par  sa  piété  :  quihus  [monachis) 
prioreni  constituit  i^eJigiosum  virum  Reginaldum  a  Rocqua, 
monachiim  S.  Ebrulfi.  Le  monastère  de  Saint-Evroult  avait 
été  fondé  la  même  année  que  Grestain  sur  les  ruines  d'un  cou- 
vent mérovingien.  Renaud  de  la  Roque  avait  par  conséquent 
été  un  des  disciples  de  Thierry  de  Mathon ville  qui  administra 
l'abbaye  d'Ouche  :  ce  dernier  était  un  moine  de  Jumièges.  Il 
semblerait  que,  par  ces  liens,  la  colonie  des  religieux  de  Gres- 
tain aurait  dû  venir  ou  de  Jumièges  ou  de  Saint-Evroult.  Ce 
ne  fut  pas  là  qu'on  la  choisit.  L'abbaye  de  Grestain  en  forma- 
tion reçut  des  moines  tirés  des  monastères  de  Saint-Wandrille 
(Fontanelle)  et  de  Préaux  '.  Mais  peut-on  en  savoir  le  nombre  ? 
On  ne  possède  aucune  information  à  ce  sujet,  cependant  si 
Ton  veut  bien  remarquer  que  Renaud  de  la  Roque  a  été  qua- 
lifié prieur  et  qu'il  n'est  pas  mis  au  rang  des  abbés  par  le 
Neustria  pia  ^.  en  raisonnant  par  induction  on  conclut  que  le 
fondateur  n'a  d'abord  constitué  qu'un  établissement  qui  com- 
portait un  prieur  et  quatre  moines  dont  un  cellerier,  un  sacriste 

1.  «  Illic  monachi  aliquot  partira  de  Fontenella,  partira  de  Pratellis  congi-e- 
gati.  »  —  Gallia  christ.,  XI,  col.  842. 

'2.  Neustria  pia,  p.  529,  cap.  II:  «  In priniis  sciendum,  etc.  En  premier  lieu, 
il  faut  savoir  qu'au  temps  où  le  comte  Herluin  fondait  et  construisait  l'abbaye 
il  y  établit,  plusieurs  pieux  moines  à  qui  il  donna  pour  prieur  Renaud  de  la  Roque, 
religieux  de  Saint-Evroul,  recommandable  par  sa  piété.  Robert,  comte  de 
Mortain  et  fds  d'Ilerluin,  en  augmentant  les  possessions  et  les  revenus  du 
monastère  y  installa  un  plus  grand  nombre  de  l'eligieux.  Il  leur  choisit  Geof- 
froy pour  premier  abbé.  " 


LKS    AIÎHÉS    RÉGULIERS  33 

et  un  chambrier.  Telle  a  dû  èlre  l'origine  de  Grestain,  mais 
l'acte  destiné  à  perpétuer  le  souvenir  de  sa  fondation  n'exis- 
tant plus  on  n'en  parle  que  par  conjecture. 

II.  —  Geoffroy  est  le  deuxième  abbé  dont  la  liste  du  Gnllia 
christiana  fait  mention  '.  Dans  celle  du  Neusfria,  au  con- 
traire, le  même  religieux  occupe  le  premier  rang  ^.  Il  est  à 
croire  que  l'auteur  du  Neustria  a  suivi  les  traditions  de  l'ab- 
baye, où  il  avait  lu  dans  d'anciens  manuscrits  : 

Andcf/aris  monHchiis^  Gaii f ricins  praesidel  abbas 
Prii)iu.s  Gresleni^  vir  magnae  nobilitatis. 

(Geoffroy  ou  Godefroy,  moine  d'Angers,  est  le  premier 
abbé  de  Grestain.  Il  était  de  haute  noblesse.) 

C'était  un  religieux  de  Saint-Serge  d'Angers,  abbaye  dont 
les  écoles  étaient  alors  florissantes.  Robert  de  Mortain,  fils  du 
fondateur  de  Grestain,  l'appela  àja  tête  de  l'abbaye  à  peine 
formée.  Parmi  les  premières  donations  nous  avons  déjà  remar- 
qué celles  de  Robert  de  Mortain  et  noté  qu'il  augmenta  le 
nombre  des  moines  zélés  et  dévoués  qui  formaient  la  colonie 
établie  dans  des  bois  et  des  terres  en  friche,  La  fondation  fut 
assurée  par  des  ressources  suffisantes.  De  là  est  venue  sans 
doute  la  tradition  d'admettre  le  comte  de  Mortain  comme  le 
véritable  fondateur  de  (irestain  •'^,  quoique  la  circonstance  du 
temps  soit  à  l'encontre  de  cette  tradition  '*. 

L'abbé  Geoffroy  ou  Godefroy  fit  donation  de  ses  biens  per- 
sonnels aux  moines  de  Grestain.  C'est  peut-être  cet  abbé  que 


1.  GalUa  christ.,  XI,  col.  843. 

2.  Xeiistria  pia,  p.  529. 

3.  ((   Monastorium    Gresteni    Robertus  cornes   Moritolii   fecil.    n  Ilislor.   de 
France,  t.  XI,  40. 

4.  Si  l'on  adopte  l'opinion  que  Robert  et  Odon,  fils  ilo  Ilerluin,  sont  nés  de 
iO:5(i  à  1040. 


36  l'aBBAVE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

les  termes  suivants  désignent  :  ex  dono  Goffredi,  capellani 
comitis  Moretis,  quicquid  habeat  a  prefato  comité  in  ecclesiis 
et  decimis  et  terris  in  Xormannia  •.  Mais  Geoffroy,  abbé  de 
Grestain  a-t-il  été  avec  le  B.  Vital,  ermite  qui  bâtit  Tabbaye  de 
Savigny,  un  des  aumôniers  de  Robert  de  Mortain?  Il  est  dif- 
ficile d'en  être  informé. 

Sa  famille,  dit-on,  sur  ses  instances  donna  à  Grestain  le 
prieuré  de  Saint-Astier  avec  ses  dépendances  :  Parentes  ipsius 
abbatis  huic  loco  Grestani  dederunt  prioratum  S.  Asterii 
Vasconiae  cum  pertinentiis  suis.  Si  sommaire  que  soit  cette 
indication,  elle  permet  de  conclure  que  Fabbé  Geoffroy  était 
originaire  dé  FAgenais. 

Le  deuxième  abbé  de  Grestain  est  décédé  en  Fannée  1114. 
On  trouve  la  mention  de  son  nom  sur  le  précieux  Rouleau 
funèbre  de  Saint- Vital  dont  nous  parlons  plus  loin. 

Ce  fut,  à  cette  époque,  comme  on  va  le  voir,  c'est-à-dire 
dans  les  vingt-cinq  premières  années  du  xii^  siècle,  que  Fab- 
baye  fut  anéantie  complètement  par  un  incendie.  Les  bâti- 
ments qui  disparurent  alors  remontaient  à  la  construction 
exécutée  du  temps  des  deux  premiers  fondateurs;  il  y  a  lieu 
de  croire  qu'ils  étaient  construits  en  bois.  Le  sol  n'en  pourrait 
livrer  aucun  débris.  C'étaient  des  bâtiments  couverts  en  bar- 
deau ou  en  aissante  dont  quelques  maisons  sont  encore  revê- 
tues et  qui  forment  la  toiture  de  certains  clochers.  D'autres 
églises  monastiques  étaient  également  couvertes  en  bois.  En 
1234,  les  moines  de  Cormeilles  se  firent  autoriser  à  abattre  et 
à  exploiter  le  nombre  d'arbres  nécessaire  pour  la  concession 
de  douze  cent  mille  aissantes  ou  bardeaux  destinés  à  la  couver- 
ture de  leur  église. 

IIL  —  Foulque,  abbé  de  Grestain  en  l'an  1114,  avait  été 

1.  Pièces  justif.,  n°  l*"''. 


LES    ABBÉS    RÉGULIERS  37 

moine  de  Saint-Martin  de  Sées.  On  a  composé  pour  lui  le 

distique  qui  suit  : 

Ahhas  (iresteni  Gaufridus  fine  quiescit; 
Cedit  Fulconi  regimen,  monacho  Sagiensi. 

(Geoffroy,  abbé  de  Grestain,  meurt.  L'administration  de 
Tabbaye  est  confiée  à  Foulque,  moine  de  Sées.) 

En  Tan  1122,  la  vingt-troisième  année  du  règne  de  Henri  P'*, 

roi  d'Angleterre,  la  neuvième  année  de  l'abbaliat  de  Foulque, 

sous  Tépiscopat  de  Jean,  évêque  de  Lisieux,  on  commença  à 

construire  la  nouvelle  église  de  Grestain  en  l'honneur  de  la 

bienheureuse  Vierge  Marie,  mère  de  Dieu.  C'est  ce  que  disent 

les  vers  suivants  : 

Fundant  ecclesiam  Grestenses  nohiliorem. 
Destrucla  veteri,  titillant  Christi  genetrici. 

(La  vieille  église  de  Grestain  ayant  été  détruite,  les  reli- 
gieux rebâtissent  une  église  plus  magnifique.  Ils  la  dédient  à 
la  Mère  de  Jésus-Christ.) 

Cette  église  fut  consacrée  par  l'évèque  Jean  et  ensuite  par 
Arnoul  également  évêque  de  Lisieux,  puis  de  nouveau  par 
Rotrou,  évêque  d'Kvreux.  Ce  dernier  prélat,  devenu  arche- 
vêque de  Rouen,  consacra  en  l'honneur  de  Saint-Etienne  l'au- 
tel situé  au  nord.  Il  ne  faut  pas  s'étonner  si  l'édifice  a  été  béni 
plusieurs  fois,  car  le  village  et  l'abbaye  de  Grestain  avaient 
été  incendiés  le  dernier  jour  de  mai  1122.  De  là  ces  vers: 

Villani  Grestani  ciun  coenohio  voral  ignis, 
Finis  erat  maii,  de  villa  prodiit  ignis. 

(A  la  fin  du  mois  de  mai,  le  feu  dévore  la  villa  de  Grestain 
et  le  monastère  ;  l'incendie  vient  de  la  villa.) 

Cependant  Foulque  paya  son  tribut  à  la  mort  le  3  des  noues 
de  juin  1139  ',  ou  le  4  des  noues  de  juillet. 

i.   Ce  qui  précède  est  traduil  du  Ncustria  pia. 


38  l'aHBAYE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

La  chronologie  des  événements  est  un  peu  embrouillée.  Ce 
qui  apparaît  le  plus  clairement  c'est  que  cette  période  a  été 
pour  Grestain  un  temps  de  ruine.  On  voit,  d'après  les  infor- 
mations du  Neustria  pia,  qu'un  incendie  anéantit,  en  l'année 
1122,  au  mois  de  mai,  l'église  et  les  bâtiments  du  monastère. 
Ils  étaient  probablement  construits  en  bois.  La  cause  du 
désastre  n'est  pas  indiquée  mais  il  semble  qu'on  doit  l'attribuer 
à  un  accident,  et  non  point  à  quelque  opération  de  guerre. 
L'élément  le  plus  essentiel  dans  la  pratique  de  la  guerre  était 
alors  le  feu  :  l'incendie  en  était  le  bouquet  ^  Ce  ne  fut  pas  le 
cas  cette  fois-ci  pour  Grestain.  L'année  1122  s'écoula  sans 
troubles  et  sans  divisions  en  Normandie.  Les  moines  purent 
donc  commencer  à  reconstruire  leur  église,  événement  mémo- 
rable que  l'on  avait  consigné  dans  les  annales  du  monastère. 
Mais  on  a  des  raisons  de  penser  que  la  construction  de  la  nou- 
velle église  occasionna  des  travaux  prolongés  et  passa  par 
beaucoup  de  vicissitudes. 

L'année  suivante  (1123),  se  rapporte  à  la  révolte  de  Galeran 
de  Meulan,  à  la  campagne  marquée  par  les  sièges  de  Montfort- 
sur-Risle,  de  Pont-Audemer  et  de  Brionne.  En  1123,  au  mois 
d'octobre,  Henri  I*'''  d'Angleterre  brûla  Pont-Audemer  puis 
ravagea  et  incendia  tout  à  plus  de  vingt  milles  à  la  ronde  ~.  A 
en  juger  par  ce  détail  et  ce  témoignage,  Grestain  n'échappa 
pas,  comme  il  est  fort  probable,  à  cette  guerre  sauvage. 

A  ce  même  temps,  le  xii^  siècle,  se  rattachent  les  trois  con- 
sécrations de  l'église  abbatiale.  Il  a  été  d'usage  de  bénir  suc- 
cessivement chaque  partie  des  églises  que  l'on  édifiait,  et  la 
première  partie  qui  s'élevait  étant  le  chœur  c'est  le  chœur  de 
l'abbatiale  qui  reçut  tout  d'abord  la  bénédiction  de  l'évéque 
consécrateur.  Ce  fut  Jean,  évêque  de  Lisieux  (1107-1141),  qui 


i.  Denifle,  La  désolation  des  églises,  II,  p.  I, 
2.  Orderic  Vital,  II,  p.  438-460. 


ROULKALX    DES    MORTS  .'39 

en  fit  la  dédicace  mais  on  ignore  en  quelle  année.  Une  seconde 
dédicace,  —  celle  de  la  nef  probablement,  —  fut  célébrée  en 
1139  par  Rotrou  de  Warwick,  évêque  d'Evreux.  Enfin  une 
troisième  dédicace  fut  présidée  avec  pompe  par  Arnoul,  évêque 
de  Lisieux  de  II  41  à  1181.  Nous  ne  pouvons  indiquer,  faute 
de  documents,  l'époque  de  cette  cérémonie  solennelle.  De 
plus  on  sait  que  Rotrou,  devenu  archevêque  de  Rouen  a  béni 
une  des  chapelles  de  l'abbatiale,  la  chapelle  Saint-Etienne.  Il 
est  impossible  de  reporter  ce  dernier  fait  avant  l'année  1165, 
époque  où  Rotrou  est  passé  d'Evreux  sur  le  siège  archiépisco- 
pal de  Rouen.  La  note  du  Neusiria  qui  en  fait  mention  doit 
être  placée  non  à  l'abbatiat  de  Foulque  mais  aux  années  du 
moine  Herbert,  son  successeur  dans  l'administration  de  Tab- 
baye. 

C'est  du  temps  de  l'abbé  Foulque  (1111-1139)  que  pas- 
sèrent au  monastère  de  Grestaiir  deux  rouleaux  mortuaires  : 
1°  celui  de  Mathilde,  fille  de  Guillaume  le  Conquérant,  pre- 
mière abbesse  de  la  Trinité  de  Caen,  morte  en  1113  ;  2'^  celui 
du  bienheureux  Vital  de  Mortain,  fondateur  de  l'abbaye  de 
Savigny  (1102),  mort  le  16  septembre  1122.  Il  y  avait  donc 
alliance  myslique,  confraternité  d'abbayes  entre  Grestain, 
Savigny  et  la  Trinité  de  Caen. 

Suivant  l'usage,  le  rouleau  destiné  à  annoncer  la  mort  de 
Mathilde  fut  communiqué  de  couvent  en  couvent.  Un  messa- 
ger [rotuliger]  l'apporta  à  Lisieux,  à  Cormeilles,  à  Préaux 
puis  à  Grestain.  A  l'arrivée  du  rouleau  le  chapitre  fut  convo- 
qué et  on  lut  les  noms  qui  s'y  trouvaient  écrits.  Puis  un  moine, 
le  scribe  du  couvent,  inscrivit  sur  le  rouleau  le  nom  du  monas- 
tère visité  et  les  noms  des  morts  dont  le  souvenir  était  cher 
aux  religieux,  pour  lesquels  à  leur  tour  ils  demandaient  des 
prières. 


40  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

Le  titre  (titulus)  ci-dessous  est  consigné  sur  le  rouleau  de 
Mathilde  *  : 

«  Titulus  sanctae  Mariae  Gresteni. 

<(  Anima  ejus  et  animae  omnium  fidelium  defunctorum 
requiescant  in  pace.  Amen.  Orate  pro  nostris,  Herluino  mona- 
cho,  Rotberto  comité,  Mathilda,  Rotberto  monacho,  Ragnulfo 
laico(?i,  Godefrido  monacho,  Dodone  monacho,  Lewino  mona- 
cho, Hunfrido  monacho,  Willelmo  laico,  Leuricio  laico,  et 
pro  aliis  quorum  nomina  Deus  novit,  et  requiem  habeant  sem- 
pilernam.  Amen.  » 

(Titre  de  Notre-Dame  de  Grestain.  Que  l'âme  [de  Mathilde] 
et  les  âmes  de  tous  les  fidèles  défunts  reposent  en  paix.  Ainsi 
soit-il.  Priez  pour  les  nôtres:  Herluin  religieux,  le  comte 
Robert,  Mathilde,  Robert,  religieux,  etc.). 

Nous  signalerons  les  trois  premiers  noms.  En  tête  est  celui 
d'Herluin  de  Conteville,  fondateur  du  couvent.  Ensuite 
\iennent  Robert  de  Mortain  et  sa  femme  Mahaut  ou  Mathilde 
de  Montgomery.  Chacun  de  ces  noms  a  un  intérêt  spécial 
parce  que  leur  inscription  sur  le  rouleau  est  fort  ancienne  ;  elle 
date  des  quinze  premières  années  du  xii^  siècle.  Du  texte  mis 
sous  les  yeux  du  lecteur,  il  importe  de  signaler  ce  détail,  c'est 
que  le  nom  d'Herluin  y  est  suivi  de  la  qualification  moiiachus . 
Y  a-t-il  lieu  de  s'arrêter  à  cette  mention?  Doit-on  penser 
qu'Herluin  de  Conteville  a  pris  l'habit  monastique,  qu'il  a 
((  la  haire  vestue  »  dans  l'abbaye  qu'il  avait  fondée  ?  Ou  bien 
faut-il  comprendre  que,  sentant  sa  fin  prochaine,  Herluin 
s'était  fait  apporter  au  couvent,  qu'il  s'y  était  fait  associer 
comme  confrère^  afin  d'être  inhumé  parmi  les  moines  ?  D'autres 
fondateurs  ou  bienfaiteurs  de  monastères  profitaient  ainsi  de 
ce  qu'on  appelait  la  confraternitas  des  abbayes,  c'est-à-dire  la 

1.  L.  Delisle,  Rouleaux  des  inorls  du  i-Y""  au  A'Ve  s.,  p.  207,  n°  67.  Cf. 
L.  Delisle,  Des  Rouleaux  des  morts,  Bibl.  de  l'École  des  chartes,  t.  VIII,  p.  369- 


ROULEAUX    DES    MORTS 


41 


participation  aux  prières  et  messes  des  religieux,  puis  souvent 
à  la  sépulture  dans  le  cimetière  abbatial  '. 

On  apporta  aux  moines  de  Grestain,  en  l'année  1122,  un 
second  rouleau  mortuaire.-  C'était  le  fameux  rouleau  du  B. 
A'ital  de  Mortain,  fondateur  du  monastère  et  de  la  congréga- 
tion de  Savigny,  d'abord  anachorète,  ermite  vivant  au  milieu 
des  forêts,  comme  le  breton  Robert  d'Arbrissel  qui  a  créé 
l'abbaye  de  Fontevrault,  en  Anjou. 

De  même  que  sur  le  précédent,  les  religieux  y  inscrivent 
leurs  prières.  La  demande  différait  un  peu  de  la  première, 
d'abord  par  les  noms  des  défunts  et  le  rang  qu'ils  occupent, 
ensuite  par  l'insertion  de  deux  pièces  de  vers  dues  sans  doute 
à  la  plume  du  moine  le  plus  lettré  de  Tabbaye.  Le  comte  Robert 
de  Mortain  est  nommé  le  premier.  Viennent  après  Herluin, 
Geoffroy,  deuxième  abbé,  des  religieux  et  des  laïcs.  En  voici 
le  texte  :  ~ 

«  Titulus  sanctae  Mariae  Gresteni. 

«  Anima  ejus  et  animae  omnium  fidelium  defunctorum 
requiescant  in  pace.  Orale  pro  nostris,  Roberto,  comité,  Her- 
luino,  Gaufrido,  abbate,  Godefrido,  monacho,  Dodone,  Amato, 
Sansone,  Mathilde,  comitissa,  Herleva,  Adeleisa,  Tescelina, 
laicis.  » 

A  la  suite,  on  lit  deux  pièces  latines.  La  première  compte 
quinze  vers  qui  commencent  ainsi  : 

Caria  hrevis  sensusc/ue  carnien  breviavit 

Nam  hrevis  est,  et  mens  levis  est,  nec  mulfa  prohavit. 

Per  varias  multasque  vias  est  caria  ferenda... 

I.  Onfroi  de  Vieilles,  fondateur  ou  restaurateur  de  Notre-Dame  de  Préaux, 
mort  en  1074,  Roger  de  Beaumont  décédé  en  1094,  Robert  III  de  Meulan, 
décédé  à  Préaux  en  1118,  avaient  revêtu  l'habit  monastique  et  furent  inhumés 
dans  l'église  de  l'abbaye  de  Préaux. 


42  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GBEST4IN 

La  seconde  est  composée  de  vingWneuf  vers  : 

Non  stupeas  hominem  per  casiim  morlis  inanem 
Ex  se  materiam  dare  paulo  post  lutulentam, 
Quam  veluti  fertar,  vernies  de  tahe  creati 
Diminuant  penitus  '.., 

Deux  noms  inscrits  sur  le  second  rouleau  des  morts  apporté 
à  Grestain  méritent  d'être  notés  :  celui  à' Ariette  (Herleva)  et 
celui  à'Adelise  ou  Adelaïs  (Adeleisa).  Ce  dernier  peut  dési- 
gner une  fille  d'Arletle  que  des  auteurs  appellent  Muriel. 

En  outre  on  remarquera  que  les  deux  rouleaux  font  men- 
tion de  plusieurs  laïcs,  cela  tient  à  ce  que  les  monastères 
avaient  la  prérogative  d'enterrer  les  laïcs  dans  le  cimetière 
abbatial,  droit  qui  était  mal  vu  par  le  clergé  séculier,  mais 
que  des  bulles  papales  avaient  confirmé. 

IV.  —  Herbert  était  moine  de  Grestain  ~  quand  il  fut  élu 
abbé,  au  mois  de  septembre  1139.  Les  vers  qui  suivent  con- 
cernent cet  abbé  : 

Decedil  Fulco,  lu'r  justus,  pacis  amalor. 
Gresteni  monachis  Herherlas  paslor  habelur. 

(Foulque,  homme  vertueux  et  ami  de  la  paix,  étant  décédé, 
Herbert  devient  le  pasteur  des  moines  de  Grestain.) 

Sous  son  gouvernement,  en  l'an  1141-1142,  le  jour  de  la 
fête  des  saints  apôtres  Pierre  et  Paul,  Jean,  évêque  de  Sées, 
fut  envoyé  à  Grestain  par  Jean,  évêque  de  Lisieux.  Ce  prélat 
bénit  le  cimetière,  conféra  aux  frères  les  ordres  jusqu'au  dia- 
conat, consacra  les  autels  de  la  Sainte-Trinité,  de  Saint-Pierre 
et    de    Saint-Nicolas.    Précédemment,    en    l'année    1140,    le 

1.  L.  Delisle,  Rouleaux  des  morts,  p.  289. 

2.  Moine  de  Saint-Martin  de  Sées,  d'après  Robert  de  Torigni  (Chron.  II, 
202).  11  y  a  sans  doute  confusion  avec  le  précédent. 


LES    ABBES    REGULIERS 


43 


même  abbé  avait  agrandi  Téglise  et  l'avait  embellie.  Il  mou- 
rut presque  centenaire,  le  15  janvier  de  l'an  1179.  On  l'in- 
huma dans  l'abbaye  à  côté  dé  ses  prédécesseurs.  Les  vers  qui 
suivent   rappelèrent   sa    mémoire.    Il   faut   lire:    année    1180 

(n.  st.)  : 

Ahhns  Herherlus  decessif,  vir venerandus ; 
Lumen  erut  caeco,  pes  claiido,  parus  egeno  '  ; 
Anno  inilleno,  centeno  septuageno 
Nono,  Nalalis  Domini  januario  mediante. 

(L'abbé  Herbert,  homme  vénérable,  mourut  vers  le  milieu 
du  mois  de  janvier  après  Noël,  l'an  mil  cent  soixante  et  dix- 
neuf.  Il  était  Tœil  de  l'aveugle,  le  pied  du  boiteux,  le  pain 
des  pauvres.) 

L'évêque  d'Avranches  a  emprunté  une  information  à  Robert 
du  Mont  ^  lorsqu'il  ajoute:  le  couvent  de  Grestain  suivit  les 
constitutions  de  Saint-Wandrille  et  de  Préaux  et  il  en  reçut 
des  religieux. 

Le  cinquième  en  rang  parmi  les  supérieurs  de  l'abbaye  a  été 
Guillaume,  religieux  du  Bec,  élu  à  la  dignité  d'abbé  au  mois 
d'avril  1179,  suivant  le  témoignage  des  vers  suivants  : 

Mense  sut  aprili quidam  monachorum 

Nomine  Guillelmus  Gresteni  sede  localur. 

(Au  mois  d'avril un  des  moines  [du  Bec]  nommé  Guil- 
laume est  placé  à  la  tête  de  Tabbaye  de  Grestain.) 

Robert  du  Mont  en  a  fait  mention  dans  le  passage  qui  suit  : 
«  L'abbé  de  Grestain  mourut  et  Guillaume  d'Exeter  lui  suc- 
céda •^.  » 

1.  Dans  loffice  de  S^int-Jean  de  Kenti,  au  20  octobre,  on  lit  ce  (lui  suit  : 

Oculus  fui  caeco  et  pes  claudo  ; 
Pater  eram  pauperuni. 

■2.  Chron.  de  Bohert  de  Torigni,  II,  p.  202  (éd.  Delisle). 

3.  /(/.,  II,  p.  80.  —  Chronique  du  Bec,  ms.  lat.  1288i,  2'-  part.,  fol.  239. 


44  L  ABHAYE    DE    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

Il  y  a  lieu  de  s'arrêter  un  instant  sur  cet  abbé  '. 

Herbert  était  encore  abbé  de  Grestain  quand  Arnoul,  évêque 
de  Lisieux,  apaisa  le  différend  qui  s'était  élevé  entre  les  reli- 
gieux de  Sainte-Barbe-en-Auge,  d'une  part,  et  ceux  de  Gres- 
tain, d'autre  part,  au  sujet  des  dîmes  de  Odonis-Marisco 
(Doux-Marais).  Il  régla  le  partage  égal  de  ces  dîmes  entre  les 
deux  monastères  '-.  ^ 

Le  même  abbé  Herbert  figure  comme  témoin  dans  la  charte 
de  donation  de  Sainte-Mère-Église  (Xotre-Dame-du-A^al)  à 
Eustache,  fils  de  Richard  de  Trege ville  (Trique villej  de  40 
sols  de  rente  à  prendre  sur  le  moulin  appelé  de  l'Evêque  ^. 
L'abbé  de  Grestain  était  présentateur  à  la  cure  de  Triqueville. 

Durant  l'administration  de  l'abbé  Guillaume  qui  suit,  l'ab- 
baye de  Grestain  a  traversé  une  période  difficile.  C'est  ici  le 
lieu  de  rappeler  des  scènes  de  violence  qui  se  produisirent  à 
cette  époque  ;  nous  le  ferons  en  nous  bornant  à  citer  des 
lettres  d'un  évêque  de  Lisieux. 

V.  —  Guillaume  P'"  Huband  ou  d'Exeter.  C'était  un  moine 
de  l'abbaye  du  Bec-Hellouin  qui  fut  nommé  abbé  de  Grestain 
en  l'année  11 80,  au  mois  d'avril^,  puis  il  fut  transféré  au 
gouvernement  de  Saint-Martin  de  Pontoise  en  l'année  1185. 

Cet  abbé,  par  son  genre  de  vie,  apparaît,  dans  les  temps 
reculés  où  l'état  moral  des  établissements  monastiques  lais- 
sait beaucoup  à  désirer,  moins  comme  un  religieux  aux  habi- 
tudes claustrales  que  comme  un  seigneur  châtelain.  Il  n'avait 
pas  été  plutôt  élu  qu'il  passa  en  Angleterre  ;  l'abbaye  de  Gres- 

1.  Les  paragraphes  qui  précèdent  sont  traduits  du  Xeustria  pia;  mais  nous 
assignons  à  Guillaume  d'Exeter  le  cinquième  rang. 

2.  Mém.  soc.  ant.  de  Xormandie,  VII,  p.  9o,  n°  lo  ;  p.  124,  n°  229.  La  paroisse 
de  Douxmarais  a  été  réunie,  en  1836,  à  la  paroisse  de  Saint-Maclou-en-Auge, 
sous  le  nom  de  Sainte-Marie-aux-Anglais    arr.  de  Lisieux). 

3.  Mém.  et  noies  sur  le  dép.  de  l'Eure,  III,  307-308. 

4.  Gallia  christ.,  XI,    256  et  843.  Ou  en  1179  (v.  st.). 


RÉFORMES    biSCIPLlNAlRES  48 

tain  y  possédait  d'importants  domaines.  Il  y  resta  plus  de 
deux  années,  s'y  adonna  à  des  occupations  mondaines  et  y 
traîna  le  temps  en  longueur  '.  Ce  qui  veut  dire  en  termes 
modérés  et  ambigus  que  l'abbé  Guillaume  exploitait  l'abbaye 
comme  un  fief  et  qu'il  vivait  en  liaut  seigneur  dans  le  comté 
d'Exeter,  «  plus  occupé  de  son  plaisir  que  des  intérêts  de  sa 
maison  ».  Une  absence  de  tous  principes  moraux,  les  mœurs 
des  princes  normands,  les  penchants  des  barons  féodaux  chez 
un  moine  font  de  Guillaume  Huband  un  abbé  à  part  et  qui  se 
détache  sur  des  figures  respectables.  Il  suffit  de  jeter  les  yeux 
sur  les  lettres  ci-après  pour  juger  que  la  conduite  de  cet 
abbé  eut  les  suites  les  plus  fâcheuses.  Voici  les  faits,  que  la 
vérité  de  l'histoire  ne  permet  pas  de  supprimer'-.  On  en  trou- 
vera les  détails  dans  la  correspondance  de  l'évêque  Arnoul 
dont  nous  donnons  la  traduction.  En  premier  lieu  ce  prélat 
lui  reprocha  de  s'être  absenté  si  longtemps  de  son  couvent  et 
lui  enjoignit  d'y  revenir  : 

Voilà  le  quntorzième  mois  environ  que  vous  vous  êtes 
éloigné  de  votre  monnstère  sans  la  permission  de  votre  évêque^ 
et  que  vous  résidez  en  un  autre  royaume  dans  des  contrées 
d'outre-mer.  Quels  dommages  le  monastère  na-t-il  point 
éprouvés.,  pendant  ce  temps.,  dans  ses  biens  spirituels  et  tem- 
porels !  Les  religieux  le  savent  et  toute  la  contrée  peut  V attes- 
ter '\  Or  nous  avons  été  informé  que  vous  résidiez  en  Angle- 
terre., que   vous  ny  faisiez  rien  autre  chose  que  de  soulever 

1.  Neustria  pia,  p.  529:  ((  Mox  in  Angliam  trajecit,  ubi  cum  ultra  tempus  et 
vanis  occupationibus  dcditus.  » 

2.  Noël  Dcshays,  Mémoires  sur  les  évèc/ties  de  Lisieiix,  p.  70  (édit.  de  Forme- 
ville). 

3.  «  Quartus  decinuis  mensis  agiliir,  vel  fortassis  exactus  est,  ex  quo  ad 
aliud  regnum  et  transmarinas  regioiies,  a  monasterio  tuo,  sine  episcopi  lui 
benediclione  et  conscientia  discessisti.  Quanta  autem  intérim  idem  monaste- 
rium  in  spiritualibus  et  temporalibus  detrimenta,  perpcssum  sit  :  et  fratres 
sentiunl  et  Iota  rcgio  i)roteslalur.  »  —  Xeiislri»  piu. 


46  l'abbaye    de    iN'OTRE-DAME    DE    GKESTAIN 

des  chicanes  devant  les  tribunaux  aux  dépens  des  revenus  de 
votre  monastère  et  sans  aucune  utilité.  C'est  pourquoi  nous 
vous  commandons  de  revenir  et  nous  vous  ordonnons  de  nous 
obéir.  Vous  devrez  donc  être  de  retour  dans  votre  maison  après 
les  calendes  d'août.,  à  moins  qu  une  maladie  ou  une  tempête 
sur  mer  ne  vous  en  empêche.  Ne  devez-vous  pas  savoir  qu'il 
est  plus  pressant  de  donner  ses  soins  aux  âmes  que  de  s'occu- 
per des  affaires  temporelles  ?  C'est  pour  ce  motif  que.,  si  vous 
n  êtes  pas  revenu  pour  le  terme  indiqué,  nous  serons  obligé  de 
vous  adresser  un  avertissement  plus  sévère. 

L'abbé  Guillaume  obéit  aux  ordres  de  Tévêque,  mais  après 
un  court  séjour  dans  l'abbaye  de  Grestain  il  retourna  en 
Angleterre  sans  la  permission  épiscopale.  Irrité  d'une  telle 
conduite,  l'évêque  Arnoul  lui  écrivit  une  seconde  lettre  par 
laquelle  il  lui  ordonnait,  sous  peine  d'excommunication  de 
rentrer  sans  délai  dans  son  monastère. 

Mon  frère,  vous  n  ignorez  pas  combien  vos  absences  ont 
causé  de  scandales  et  de  dommages  dans  l'abbaye.  Or,  comme 
nous  avons  le  droit  de  connaître  de  ces  choses,  nous  vous 
ordonnons  de  cesser  ces  voyages  inconvenants,  de  donner  vos 
soins  au  troupeau  qui  vous  a  été  confié,  de  ne  point  vous  éloi- 
gner vers  des  pays  étrangers  sans  avoir  auparavant  assuré 
l'ordre  dans  le  couvent,  sans  nous  avoir  désigné  un  religieux 
capable  d'y  apporter  son  attention  et  de  pourvoir  à  ses  besoins 
spirituels  et  temporels  K  Mais  vous,  vous  vous  êtes  éloigné  au 
mépris  de  l'autorité  épiscopale,  sans  avoir  égard  au  salut  de 

1.  w  Quot  scandala,  quae  detrimenta  domui  tuae,  ex  causa  absentiarum  tua- 
rum  provenerint,  tua  fi-aternitas  non  ignorât.  Super  quo  cum  rem  ad  nostram 
certum  sit  diligentiam  pertinere,  praecipimus  te  vagos  prohibere  discursus,  et 
débitas  super  gregem  tibi  commissum  vigilias  vigilare  :  nec  ad  remotas  disce- 
dere  regiones,  nisi  prius  disposita  donao  personas  nobis  assignasses  idoneas, 
quae  curam  domus  intérim  gerere  possent,  etc.  >'. 


RÉFORMES    DISCIPLINAIRES  47 

voire  âme  ni  a  celui  des  âmes  qui  vous  ont  été  confiées,  enfin 
sans  notre  permission  et  sans  laisser  dans  Vahhaye  aucune 
personne  qui  pût  diriger  avec  prudence  ses  intérêts  ou  les  gou- 
verner avec  sagesse.  Nous  pensons  aussi  que  vous  avez  eu  con- 
naissance que  peu  après  il  s'est  commis  des  infamies  dans  la 
maison,  que  ce  monastère  décrié  honteusement  a  été  l'objet 
de  scandale  dans  notre  pags  '.  (Test  pour  ces  motifs  que,  par 
les  présentes,  nous  vous  ordonnons  ceci.  Vous  viendrez,  toute 
affaire  cessante,  le  vingtième  Jour  après  la  réception  de  nos 
lettres,  à  moins  cjue  Vinclémence  de  la  mer  ou  la  maladie  ne 
vous  en  empêche.  S'il  en  était  autrement  vous  vous  tiendrez  à 
compter  de  ce  Jour  pour  suspendu  de  vos  fonctions  à  l'autel 
et  de  l'entrée  de  l'église,  en  vertu  de  l'obéissance  que  vous 
nous  devez  comme  votre  supérieur  ^.    ^ 

Cependant  les  religieux  de  Grestain  prenaient  chaque  jour 
de  plus  grandes  licences;  plusieurs  d'entre  eux  étaient  signa- 
lés pour  leur  dérèglement.  L'homme  laissé  pour  gouverner  en 
l'absence  de  l'abbé  était  si  peu  propre  à  contenir  les  autres  et 
à  entretenir  la  paix,  qu'il  était  le  premier  à  leur  donner 
l'exemple  de  la  débauche  et  à  exciter  le  trouble:  au  point 
qu'étant  ivre,  il  fut  tué  à  coups  de  perche  par  deux  religieux 
de  la  maison  auxquels  il  avait  cherché  querelle,  et  qu'il  pour- 
suivait le  couteau  à  la  main  ^. 

L'évêque  de  Lisieux  s'adressa  au  pape  Alexandre  III  : 

Dans  lévêché  que,  par  la  grâce  de  Dieu,  Je  gouverne  avec 
zèle,  il  est  un  monastère  nommé  Grestain  qui  autrefois  répan- 
dait tout  à  l'enlour  une  odeur  de  sainteté  ;  mais  sous  l'admi- 

1.  i<  Unde,  sicul  ad'tuain  credimus  notitiam  pervenisse,  tôt  in  oodem  loco 
poslmodum  prohra  commissa  sunt,  ut  et  regionem  nostram  scandalizatam  esse 
coiislet,  et  monasterium  Inrpiter  infainatmu.  » 

2.  Migne,  Patrol.  latine,  vol.  201,  p.  81. 

3.  Noël  Deshays,  Mérn.  sui-  les  évéïjues  de  Lisieux,  \t.  70. 


48  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

nistration  de  cet  abbé  le  désordre  y  est  fipparu  depuis  long- 
temps ainsi  qu  en  témoignent  ceux  qui  ont  vu  ou  ceux  qui 
Vont  entendu  dire.  Car  la  conduite  scandaleuse  des  religieux 
n  est  plus  renfermée  dans  les  murs  du  cloître  ;  cest  avec  audace 
quelle  est  offerte  aux  regards  de  tous  et  quelle  est  devenue 
publique,  parce  que  ni  la  crainte  de  Dieu  ni  le  respect  humain 
nont  plus  eu  aucune  action  sur  les  moines  de  cette  maison. 
Leurs  fautes  sont  d'autant  plus  graves  que  la  voix  publique 
les  a  répandues  plus  loin  et  plus  rapidement  ;  qu  elles  ont  pro- 
duit un  plus  grand  mal puisqu  aux  yeux  de  tous  ce  mal  parait 
sortir  du  sanctuaire.  C'est  à  peine  si  une  faible  discipline 
canonique  subsiste  parmi  eux.  Ils  ne  pratiquent  plus  la  cha- 
rité envers  les  autres;  ils  n'exercent  plus  l'hospitalité  et  ne 
font  aucune  aumône,  mais  les  restes  de  la  table  commune  sont 
impudemment  employés  à  satisfaire  leurs  vices  particuliers. 
Ce  n'est  pas  tout.  Leur  folie  est  allée  jusqu'à  verser  le  sang, 
de  sorte  que  leurs  mains  ne  sont  pures  d'aucune  espèce  de 
crime.  Il  est  certain  qu'ils  se  sont  battus  à  coups  de  couteau 
dans  le  cloître  ainsi  que  V  ont  prouvé  des  cicatrices  à  peine  fer- 
mées,  des  blessures  encore  fraîches.  S^d&s.^a.uGiGns  pliM  sages 
ne  les  eussent  désarmés ,  leur  violence  les  aurait  conduits  à  se 
tuer  les  uns  après  les  autres  *.  //  est  mort  dans  leur  monastère 
une  femme  qu'ils  ont  plongée  dans  l'eau  par  un  froid  rigou- 
reux. Car  afin  de  persuader  qu'ils  faisaient  des  miracles  et 
d'attirer  un  concours  de  nombreux  pèlerins  ils  promettaient 
guérison  au  malade  qui  supporterait  d'être  plongé  sept  fois 
dans  une  eau  sur  laquelle  ils  faisaient  je  ne  sais  quelles 
incantations  en  vers.  C'est  ainsi  que  cette  femme  malade  plon- 

\.  «  Parva  sunt  haec,  sed  ad  sanguinein  prorupit  insania,  ut  a  nulla  specie 
criminis  manus  eorum  servarentur  iinmunes.  Constat  eos  in  claustro  strictis 
invicem  concurisse  cultellis,  sicut  cicatrices  vix  obductae,  et  recentia  quoque 
vulnera  protestantur.  Ac  nisi  de  cultellis  eorum  pugionem  provida  sustulisset 
antiquitas,  saepius  usque  ad  alternas  etiam  mortes  intemperentia  desaevis' 
sel.  )) 


REFORMES    DISCIPLINAIRES 


49 


gée  plusieurs  fois  dans  Veau  glacée  ne  put  supporter  le  froid 
et  trépassa  entre  les  mains  des  religieux  qui  la  maintenaient  '. 
Profaner  ainsi  la  religion,  cest  plutôt  conduire  les  âmes  à 
leur  perte  qu'appeler  sur  elles  la  miséricorde  divine  pour 
leur  salut.  Un  des  moines  tua  le  cuisinier  de  Vahhaye  pendant 
quil  était  penché  sur  son  travail,  parce  que  celui-ci  se  plai- 
gnait de  le  voir  trop  assidu  auprès  de  sa  femme.  Il  l  assomma 
du  coup  vigoureux  d'un  lourd  pilon.  Le  sang  de  V innocent 
jaillit  sur  les  mets  qui  avaient  été  préparés  pour  lui  et  pour 
les  frères  -. 

Tai  très  souvent  averti  l'abbé  de  ces  manquements  à  la 
charité,  mais  il  n'agissait  pas  plus  sévèrement.  Il  dissimulait 
les  désordres  plutôt  que  de  les  punir  /  de  sorte  que  la  dissi- 
mulation entraîna  la  hardiesse  et  que  les  religieux  se  crurent 
tout  permis,  sans  que  leur  propre  raison  ni  une  réprimande 
vinssent  refréner  leur  licence.  L'abbé  avait  en  effet  perdu 
toute  autorité,  car  la  discipline  est  méprisée  des  méchants  qui 
repoussent  les  conseils  des  esprits  sages.  Le  manque  dans  le 
cloître  des  choses  nécessaires  augmenta  l'audace  des  religieux  ; 
ils  prirent  plus  librement  la  licence  de  s'écarter  du  couvent 
pour  se  procurer  le  nécessaire  :  car  ces  sortes  de  personnes 
plus  patientes  à  supporter  le  dénuement  que  la  règle  monas- 
tique semblent  acheter  de  leurs  supérieurs,  par  la  pauvreté, 
un  certain  droit  de  mal  faire.    Pour  qu'il  ne  leur  manquât 

1.  ■<  Ut  enim  miracula  facere  credorentur,  et  quihuslibet  commentis  saocii- 
larium  personarum  frequentos  invitaronl  accessus,  sanitatis  remédia  promitte- 
bant  ei  qui  se  iacantatae  ab  eis  nescio  quibus  carminilnis  aquae  septies  susti- 
neret  immeigi.  Aegra  ilaqae  mulier  aquae  glaciali  IVequenler  immersa  iiiter 
manus  comprimentium  monachorum  congelata  decessit,  dum  vim  algoris 
aegritudo  non  sustinet.  » 

2.  <(  Ministrum  coquinae  cum  debitum  pronus  exsequeretur  officium,  qui- 
dam è  monachis  interfecit,  quia  dical)atur  de  nimia  illius  circa  uxorem  suam 
frequentia  murmurasse.  Cervicem  ilaque  ipsius  adacto  lotis  viribus  pistillo 
gran;liore  confregit,  et  innoxio  sanguine  pulmenla,  quae  tam  ipsi  quani  caete- 
ris  fratribus  parabantur,  aspersit.  » 

Ch.  Bkkakk.  —  L'Abbaye  de  Xotre-Daine  de  Greslain.  4 


50  l'aUBAYE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

aucune  occasion  de  quitter  le  cloître,  lahhé,  sous  prétexte  des 
intérêts  de  son  abbaye,  voyageait  en  Angleterre  oii  il  se  lais- 
sait aller  sans  réserve  à  la  bonne  chère,  ne  faisant  rien  autre 
chose  que  de  courir  et  de  plaider  inutilement.  Il  y  est  resté 
dernièrement  presque  deux  années.  Une  injonction  de  son 
évêque  l'obligea  à  levenir.  Il  a  pu  voir  létat  encore  plus 
déplorable  du  monastère  quil  avait  abandonné .  Aussitôt  en 
butte  aux  reproches  des  moines,  il  allait  partir  ;  Je  le  lui  défen- 
dis Jusqu  à  ce  quil  meut  désigné  des  personnes  capables  de 
le  remplacer  et  de  gouverner  l'abbaye.  Mais  oublieux  de 
r obéissance  à  laquelle  le  lient  ses  vœux  professionnels,  au 
mépris  de  mon  autorité  episcopale,  il  est  partisans  ma  permis- 
sion, ne  laissant  personne  à  la  tête  du  couvent  pour  en  prendre 
soin  et  veiller  aux  intérêts  temporels.  La  suite  des  événements 
ne  tarda  pas  à  montrer  les  résultats  déplorables  de  cet  état  de 
choses.  En  effet,  celui  quil  avait  laissé  comme  son  procureur 
s'étant  enivré  après  dîner  dans  le  réfectoire  a  frappé  de  son 
couteau  deux  frères  et  ceux-ci  le  tuèrent  à  l  instant  même 
avec  un  bâton  qui  se  trouva  sous  leur  main.  Ce  nouveau  for- 
fait a  rappelé  les  crimes  passés,  et  la  voix  publique  a  con- 
damné les  î^eligieux  en  les  considérant  tous  sous  le  même  Jour., 
car  ils  sont  tous  coupables  ou  d'avoir  participé  aux  désordres 
ou  de  les  avoir  soufferts.  Aussi  beaucoup  de  personnes  ont 
dit  quil  fallait  chasser  tous  les  religieux  et  les  remplacer 
par  des  frères  d'un  autre  Ordre,  que  cette  expulsion  serait  la 
punition  des  premiers  et  que  la  venue  des  nouveaux  moines 
ferait  refleurir  la  bonne  considération  de  l'Ordre.  Pour  ma 
part,  fai  chassé  les  assassins  :  la  raison  aussi  bien  que  la 
crainte  du  pouvoir  séculier  V  exigeaient.  J'ai  réglé  provisoire- 
ment ce  que  J'ai  cru  nécessaire  de  disposer  car  il  ne  pouvait 
être  rien  établi  de  définitif,  puisqii  aucun  d'eux  ne  présentait 
de  garanties  ni  d'après  sa  réputation  ni  d'après  la  connais- 
sance que  J'en  avais.  J'ai  cependant  fait  ce  que  J'ai  pu  Jus- 


RÉFORMES   DISCII^LINAIRES  SI 

quà  ce  quune  nulorité  plus  forte  pût  arrucher  tout  arbre  qui 
nu  point  été  planté  pur  notre  Père  céleste.  C'est  à  vos  mains 
et  à  votre  pouvoir  de  faire  le  reste:  nos  faibles  mains  ne 
peuvent  rien  contre  un  mal  si  enraciné.  Pour  cela  si  vous 
avez  égard  aux  désirs  de  la  région  presque  entière  il  faut 
séparer  ces  hommes  quune  vie  commune  et  des  excitations 
mutuelles  entretenaient  dans  des  mœurs  dissolues  ;  il  faut  les 
disperser  un  à  un  dans  des  monastères  réguliers  oli  ils  perdent 
auprès  d'inconnus,  chacun  de  son  coté  et  par  des  relations 
différentes,  cette  occasion  de  faire  le  mal  quils  avaient  trou- 
vée dans  l'association  de  leur  habitude  dépravée. 

Le  vœu  de  tous,  conforme  à  celui  du  Prince,  serait  de  trans- 
férer le  monastère  à  des  chanoines  réguliers,  de  manière  à 
changer  d'ordre  religieux,  à  mieux  effacer  toute  trace  du 
passé,  et,  par  la  sévérité  de  cet  exemple,  à  frapper  de  crainte 
les  autres  monastères.  Car  il  en  est  quelques-uns  dans  les- 
quels le  dérèglement  des  mteurs  s'est  si  audacieusement  déve- 
loppé qu'on  ne  s'y  rend  plus  compte  de  la  situation  déplorable 
où  l'on  est  tombé  et  que  d'un  cœur  endurci  on  y  persévère 
dans  le  mal.  Par  là  renaîtrait  ici  un  ordre  religieux  plus 
digne  et  Ion  montrerait  que  la  surveillance  sévère  du  siège 
apostolique  ne  manque  pas  de  s  exercer  en  tous  lieux.  De  plus 
il  est  connu  cfue  notre  province  est  abondamment  remplie  de 
monastères  nombreux  et  renommés.  Elle  ne  possède  que  peu 
de  chanoines  réguliers  lesquels  sont  très  pauvres,  au  point 
que  pour  trouver  quelque  ordre  de  ce  genre  il  faut  le  plus 
souvent  que  mes  religieux  quittent  notre  pays  pour  aller  à 
l'étranger.  Il  paraîtrait  donc  avantageux  en  général  de  dis- 
perser un  petit  nombre  de  moines  pour  augmenter  la  quantité 
des  clercs  réguliers;  et,  après  avoir  déplacé  avec  soin  ceux 
qui  sont  connus  pour  avoir  abandonné  les  règles  de  leur  insti- 
tution première,  de  pouvoir  retenir  les  autres  dans  le  sein 
maternel  de  l'Eglise.  On  évitera  ainsi  que  pareils  à  des  enfants 


52  l'aBBAVE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

sevrés  ils  ne  soient  poussés  à  rechercher  les  soins  moins  doux 
dune  mère  inconnue.  C^est  par  ce  moyen  qu'on  infligera  aux 
coupables  une  punition  profitable  pour  eux,  qui  leur  ôtera  la 
liberté  de  faire  le  mal  et  les  conduira  au  salut  de  leurs  âmes. 
Et  c'est  ainsi  également  que  les  vœux  de  tout  le  peuple  seront 
favorables  à  la  naissance  d'une  nouvelle  vigne  du  Seigneur. 
Voilà  ce  que  dit  l'Evêque  '. 

On  possède  une  troisième  lettre  de  Févêque  de  Lisieux  au 
pape  Alexandre  III  sur  laffaire  des  moines  de  Grestain  et  de 
leur  abbé  qui  lui  suscitèrent  tant  de  tribulations,  vers  la  lin 
de  son  épiscopat.  Le  texte  de  cette  lettre  permet  d'ajouter 
quelques  détails  pittoresques  à  Thistoire  de  cette  rébellion 
monastique,  en  montrant  les  bénédictins  de  Grestain  s'insur- 
geant  sous  prétexte  qu'on  leur  sert  du  vin  trop  faible,  roulant 
dans  la  boue  les  envoyés  de  leur  évêque  et  bravant  l'excom- 
munication prononcée  par  celui-ci.  Nous  en  traduisons  plu- 
sieurs passages  : 

L'abbé  de  notre  monastère  de  Grestain  s'est,  dit-on,  mis  en 
route  pour  aller  vers  vous  ;  c'est  un  homme  dissolu  et  men- 
teur, qui  ne  se  soucie  ni  d'observer  les  règles  monastiques, 
ni  d'y  former  les- autres.  Il  est  étonnant  que  la  conscience  de 
ses  désordres  manifestes  et  de  son  incapacité  ne  suffise  pas  à 
l'arrêter,  mais  son  audace  s'accroît  d'autant  plus  qu'elle  est 
Jusqu'ici  restée  impunie  ~.  Grâce  à   la  faveur  des  puissants 

1.  Migne,  Palrol.  latine,  vol.  201,  p.  79.  Lettre  au  pape  Alexandre  III,  De 
dissolulione  monasterii  Gristanensis,  n°  LI. 

2.  «  Arripuit  iter  eundi  ad  vos,  sicut  dicitur,  abbas  quidam  noster  monas- 
terii scilicet  Gristanensis,  homo  dissolutus  et  mendax,  qui  ordinem  monasti- 
cum  nec  in  persona  sua  nec  unquam  observare  voluerit  nec  ad  ejus  observa- 
tionem  alios  curaverit  informare.  Mirabile  est  in  eo  quod  excedentem  ejus 
audatiam  manifeste  dissolutionis  et  inutilitatis  conscientia  non  refrénai,  sed 
tanto  semper  insurgit  audatior  quanto  sepius  impunitus  evasit.  »  —  Bibl.  de 
l'École  des  chartes,  t.  LXIII,  p.  3o6  ;  Lettres  d'Arnoul  de  Lisieux  publiées  par 
M.  René  Poupardin. 


RÉFORMES    DISCIPLINAIRES  53 

quil  s  est  acquise  pur  son  obstination  hruyante,  par  ses 
plaintes  mensongères  et  d^utres  moyens  encore^  il  élude  la 
main  de  son  supérieur  ;  nous  ne  pouvons  agir  avec  lui  suivant 
les  formes  en  usage  dans  les  Justices  épiscopales  et  nous 
sommes  forcés  de  supporter  des  abus  anciens  et  nouveaux — 
Tai  rappelé  de  nouveau  F  abbé  d'Angleterre  et  Je  l'ai  forcé 
malgré  sa  résistance  à  revenir  pour  s'occuper  désormais  avec 
plus  d'activité  des  intérêts  de  son  monastère  ;  J'ai  fait  appel 
à  cette  fin  au  concours  de  vénérables  et  religieuses  personnes, 
et  sur  leur  conseil  Je  lui  ai  prescrit  la  manière  d'organiser  et 
de  gouverner  sa  maison  selon  la  règle  de  saint  Benoit,  lui 
enjoignant  au  nom  de  l'obéissance  de  ne  pas  retourner  en 
Angleterre  selon  sa  première  intention,  ou  de  s'en  aller  plus 
loin  Jusqu'à  ce  que  les  religieux  dudit  monastère  ou  d'autres 
appelés  du  dehors,  y  eussent  rétabli  l'ordre  par  la  distribu- 
tion des  offices  et  qu'une  surveillance  plus  vigilante  eût  main- 
tenu dans  les  limites  de  leur  profession  ceux  qui  avaient 
l'habitude  d'en  sortir.  N'eût  été  cette  nécessité.  Je  lui  aurais 
par  charité  accordé  la  permission  d'aller  partout  où  l'appelle- 
raient la  nécessité  ou  les  intérêts  du  monastère.  Il  a  reçu 
notre  ordre  avec  plus  d'insolence  que  d'humilité,  et  au  bout 
de  c/uelques  jours  il  est  retourné  en  Angleterre  sans  notre 
aveu,  lai.ssant  de  côté  tout  ce  dont  les  devoirs  de  sa  charge  et 
le  respect  de  nos  ordres  lui  commandaient  de  s'occuper  K 
L'audace  de  ceux  qui  étaient  ainsi  restés  sans  châtiment  s'en 
est  accrue  et  l'occasion  d'une  liberté  plus  grande  leur  ayant 
été  ainsi  offerte,  il  n'y  a  plus  eu  de  discipline  dans  le  chapitre, 
de  silence  dans  le  cloître,  plus  d'assistance  ni  de  respect  aux 
offices  divins.  Les  barrières  du  cloître,  les  portes  /?ewre.s  (novis- 

1.  «  Tpse  autem  mandate  nostro  magis  insolenter  quom  humiliter  accepte 
post  paucos  dies  sine  conscientia  mea  renavigavit  in  Angliam,  postpositis  sci- 
licet  omnibus  que  secundum  debitum  officii  sui  et  mandati  noslri  reverentiam 
priusquam  abscederet  debuerat  ordinasse.  » 


54  L  ABBAYE    DE    ^OTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

sime)  du  monastère  ne  les  arrêtaient  pas.  On  les  voyait  s'as- 
seoir dans  les  carrefours,  faire  bombance  dans  les  tavernes^ 
épier  les  occasions  d'adultères,  se  souiller  de  toutes  sortes  de 
crimes.  Un  Jour  de  fête,  comme  le  réfectoire  ne  leur  offrait 
qu'un  vin  moins  généreux  c/ue  celui  des  tavernes,  fous^  à 
r exception  de  quatre  vieillards,  s'en  allèrent  en  bande  après 
avoir  enlevé  les  cordes  des  cloches  et  fermé  les  portes  du 
monastère,  et  suspendirent  pendant  quelques  Jours  les  divins 
offices  jusqu'à  ce  que  le  cabaretier,  par  pitié  pour  ce  cloître 
silencieux,  leur  eût  donné  le  vin  cju'ils  réclamaient  K  Le  bruit 
public  et  les  rapports  de  nos  officiers  ayant  porté  ces  faits  à 
notre  connaissance.  Je  fis  passer  dans  d'autres  maisons  ceux 
que  Je  savais  être  les  principaux  auteurs  de  ces  désordres, 
J'effrayai  ainsi  le  plus  grand  nombre  et  Je  rendis  la  tranquil- 
lité désirée  aux  bons,  s'il  en  restait 

Sur  ces  entrefaites,  —  et  nous  ne  pouvons  ni  n'osons  passer 
le  fait  sous  silence,  —  un  de  nos  prêtres  et  un  sous-diacre, 
délégués  par  nous  pour  organiser  des  fraternités  ^,  en  vue  de 
la  reconstruction  complète  de  notre  église  ■\  franchirent  un 
Jour,    à    l'heure   du    dîner,  la   dernière  porte   du   monastère 

1.  «  Porro  his  qui  relicti  sunt  de  impunitate  crevit  audatia  et  desiderata  libe- 
rius  effluendi  refulsit  occasio,  jamque  née  in  capitule  disciplina,  nec  intra  claus- 
tradomestica  constituta  silentia  servahantur,  nec  débita  divinisofficiisfrequentia 
vel  reverentia  prestabatur.  Non  eos  hostia  claustri,  non  fores  novissinie  con- 
tinebant,  sed  triviatim  sedere  per  compita,  per  tabernas  commessari,  alienis 
invigilaie  cubilibus  adulteriisque  ceperunt  et  diversorum  generum  criminibus 
infamari.  Die  feslo  cuni  eis  in  refectorio  vinum  debilius  quam  in  taberna 
haurire  consueverant  ofTeretur,  onines  prêter.  IIII'"".  senes  velut  agmine  facto 
pi'otinus  abscesserunt,  et  furibus  quibus  campane  monasterii  trahebantur 
abbatis  clausisque  foribus,  divinis  officiis  per  dies  aliquot  silentium  indixerunt 
donec  eis  caupo  vinum  quod  adeo  affectabant  monasterii  silentis  miseratus 
infudit.   » 

2.  Migne,  Palrol.  latine,  t.  189,  p.  479.  Voy.  une  note  sur  les  confraternités 
entre  abbayes. 

3.  Arnoul,  évêque  de  Lisieux  1 1141-1181),  s'occupa  dès  l'année  1143  à  recons- 
truire le  corps  principal  de  la  cathédrale  :  le  portail,  la  nef,  les  collatéraux  de 
la  nef,  etc. 


RÉFORMES   DISCIPLINAIRES  55 

pour  demander  lu  chari/é  ;  un  des  principaux  religieux^  le 
prieur  et  le  portier  les  assaillirent  violemment,  les  maltrai- 
tèrent, et  [ce  que  Je  ne  puis  dire  sans  rougir  et  sans  ressen- 
tir une  vive  amertume)  les'  couvrirent  de  boue.  Le  moine, 
sommé  de  fournir  une  réparation,  s'y  refusa  et  son  abbé  le 
lui  défendit,  et  il  fut  convaincu  par  une  sentence  d'anathème 

de  contumace  manifeste  ' 

Je  me  rendis  au  monastère  sans  y  avoir  été  invité,  accom- 
pagné d\'ibhés  et  cl  autres  personnes  vénérables.  L'abbé  empê- 
cha un  moment  les  moines  de  paraître  ennotre  présence,  mais 
enfin  Je  pus  exhorter  charitablement  ceux  c/ui  parurent  à 
venir  à  résipiscence...  Je  priai  avec  plus  d'instances  ceux  cjue 
Je  devais  prier  ;  Je  suppliai  ceux  c/ue  je  devais  supplier  de  pré- 
férence et  ils  paraissaient  prêts  à  se  rendre,  mais  l'abbé  ne  le 
permit  à  aucun,  bien  qu'il  n'apportât  l'ombre  d'un  argument  ; 
il  persista  dans  son  obstination  stupide  et  ne  voulut  point 
écouter  les  conseils  de  personnes  vénérables,  refusant  le  béné- 
fice de  l'absolution  qui  leur  était  offerte  pourvu  qu'ils  la 
demandassent  avec  repentir  et  humilité  ^... 

1.  <(  Inlerim,  qnod  silentio  preterire  non  possumus  nec  audemus,  quidam 
sacerdos  noster  et  subdiaconus,  qui  a  noijis  oh  constituendas  fralernitates  ad 
reedificationem  ecclesie  nostre  quam  a  fundamentis  incepimus  mittebantur, 
novissinias  fores  predicte  domus  hora  prandii  causa  requirende  caritatis 
ingressi  sunt  ipsisque  a  monacho  quodam  majore,  scilicet  procuratore  domus, 
et  a  portario  violente  manus  illate  sunt,  g^ravibusque  affecti  injuriis  in  luto 
(quod  sine  rubore  et  amaritudine  diceie  non  possumus)  convoluti.  Vocatus 
igitur  ad  satisfationdum  monachus  nec  venire  voluit  nec  âb  abbate  permissus 
est,  ipsumque  in  anathcmalis  sontenliam  ipso  facto  commississe  contuniatia 
manifesta  convicit.  » 

2.  '<  Acccssi  igitur  ad  monasterium  non  vocatus,  adliibitis  mecum  religiosis 
abbatibus  et  aliis  venerabilibus  personis,  ot  cum  abbas  monachos  aliquandiu 

nostro  conspectui  prohibuisset  offorri Rogavi  diligentius  qui  rogari  debue- 

rant,  supplicavi  cui  potius  fuerat  supplicandum,  jamque  redituri  facile  videban- 
tur,  sed  nullus  ab  abbate  permissus  est,  licet  ipse  penitus  nichil  rationis  afferret 
sed  pernaciter  in  stolida  quadam  obstinatione  consistens  nec  consiliis  venera- 
bilium  personarum  adquiesciere  voluit,  et  ad  beneficium  absolutionis  accipien- 
dum.  quod  quasi  ultro  eis  offerebatur,  scilicet  si  illud  cum  penitentia  et 
humilitate  requircrent,  accedere  recusavit.  » 


56  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

Ajoutez  toute  confiance  à  ce  que  je  vous  écris,  car  j'es- 
time plus  qu'un  sacrilège  le  fait  de  vous  écrire  des  mensonges 
et  circonvenir  astucieusement  Votre  Sainteté,  etc.  ^ 

On  a  mainlenanl  quelque  idée  de  la  manière  étrange  dont 
l'abbé  Guillaume  Huband  ou  d'Exeter  abusait  de  son  pou- 
voir dans  l'abbaje  de  Grestain,  pour  juger  des  malheurs  de 
celte  maison.  La  lâche  de  l'évêque  de  Lisieux  était  difficile: 
conlraindre  les  moines  à  changer  de  vie,  les  dégager  des  biens 
temporels,  ramener  Faustérité,  la  régularité,  la  discipline 
demandait  un  violent  effort.  L'évêque  avait  proposé  la  trans- 
formation complète  de  Grestain,  le  remplacement  des  moines 
bénédictins  par  des  chanoines  réguliers  de  Saint-Augustin  ~. 
Mais  la  lutte  que  depuis  longtemps  entraînait  la  réforme  des 
monastères  était  fort  vive.  L'Ordre  de  Saint-Benoît  aurait  con- 
sidéré ce  remplacement  comme  une  insulte.  Le  changement 
n'eut  pas  lieu.  On  nomma  à  Grestain  un  autre  abbé  et  on  y 
établit  d'autres  religieux  (pii  furent  choisis  dans  les  établisse- 
ments du  même  Ordre. 

Quant  à  l'abbé  Guillaume  il  fut  transféré  ailleurs  par  la 
protection  de  Gautier,  archevêque  de  Rouen,  avec  qui  il  était 
lié  d'amitié.  <(  Le  susdit  archevêque,  dit  un  contemporain, 
transféra  maître  Guillaume  Huband,  qui  était  abbé  de  Gres- 
tain et  moine  du  Bec,  à  l'abbaye  de  Saint-Martin  de  Pontoise, 
quoique  le  monastère  de  Grestain  fût  trois  fois  plus  riche. 
Mais  ce  prélat  désira  l'avoir  plus  près  de  lui  parce  qu'ils  étaient 
compatriotes  et  à  cause  de  leur  liaison  et  de  leur  amitié  -^ 

Guillaume  Huband  quitta  en  effet  l'abbaye  de  Grestain,  dit 
le  Neustria  pia,   au  mois  de  juin  1185,  jour  des  vigiles  des 

1.  Voy.  le  texte  de  la  lettre,  Bihl.  de  l'École  des  chartes,  t.  LXIII,  p.  356. 

2.  Les  chanoines  réguliers  étaient  des  ecclésiastiques  vivant  en  communauté 
et  exerçant  toutes  les  fonctions  du  sacerdoce  pastoral;  c'était  le  point  le  plus 
saillant  par  lequel  ils  différaient  des  religieux  bénédictins  qui  ne  remplissaient 
])as  ce  ministère  par  eux-mêmes. 

3.  Chron.  de  Robert  de  Torif/ni,  II,  135  (édit.  Delisle). 


LES    ABBÉS    RÉGULIERS  57 

saints  apôtres  Pierre  et  Paul,  c'est-à-dire  le  28  juin.  D  après 
les  vers  qui  suivent  il  paraît  avoir  été  installé  à  Saint-Martin 
de  Pontoise,  le  4  juillet: 

Ahhas  Gresleni  Giii'llehnus,  secle  relicla, 
Transit  ad  ecclesiam  de  Ponlisara  monachorum 
Sancfi  Martini,  quarlam  quintilis  arjehat  ', 

(Guillaume,  abbé  de  Grestain,  ayant  résigné  ses  fonctions, 
passa  au  couvent  des  moines  de  Saint-Martin  de  Pontoise  ;  ce 
fut  le  quatrième  jour  de  juillet.) 

Guillaume  Huband  est  mentionné  dans  une  charte,  sans 
date  du  cartulaire  de  Préaux  relative  à  Brucourl  -'. 

Les  rôles  de  TEchiquier  pour  les  années  1180  et  1184  font 
mention  de  Fabbé  de  Grestain  ^. 

VI.  —  Raoul,  moine  de  Saint-Julien  de  Tours,  avait  été 
prieur  d'une  communauté  que  le  Gallia  christinna  nomme 
«  Perreriis  ».  La  même  mention  se  rencontre  dans  le  \eu.strm 
pia  :  «  ex  priore  de  Perreriis.  »  Il  est  possible  qu'il  s'agisse 
du  prieuré  de  Perrières,  au  diocèse  de  Sées,  dépendant  de 
l'abbé  de  Marmoutier.  Raoul  fut  élevé  à  la  charge  abbatiale, 
par  ordre  du  roi,  le  14  ou  le  15  mars  1186.  D'où  ces  vers  : 

Mensis  adar  medio  quidem  monachus  Turonensis, 
Nomine  Badiilphiis,  Gresteni  sede  locatur  '' . 

(Au  milieu  du  mois  de  mars,  un  moine  de  Tours  nommé 
Raoul  fut  appelé  au  siège  abbatial  de  (jrestain.) 

De  ce  qui  précède,  il  ressort  que  Richard  Cœur  de  Lion 
imposa  aux  religieux  de  Grestain  le  moine  Raoul  comme  abbé. 

1.  Neiisiria  pia,  p.  532. 

2.  Arch.  dép.  de  l'Eure,  cart.  de  Préaux,  fol.  21  v",  n"  46. 

3.  Mém.  soc.Ant.  Norm.,  XV,  31,  35. 

4.  Neuslria  pia,  p.  o30. 


S8  l'abbaye    de    NOTBE-DAME    de    GRESTAIN  n 

Les   chroniqueurs  atteslent   que   les  ducs  de  Normandie   ont 
exercé  un  pouvoir  absolu  surles  évêques,  les  abbés  et  le  clergé. 

L'abbé  Raoul  figure  sur  les  registres  de  l'abbaye  de 
Fécamp,  au  3  des  ides  de  mai,  la  3^  année  du  pontificat  du 
pape  Célestin  III  (13  mai  1192)  i. 

Le  même  pape,  la  septième  année  de  son  pontificat  qui  cor- 
respond à  l'an  1197,  adressa  à  Raoul,  abbé  de  Grestain,  une 
bulle  portant  confirmation  pour  lui  et  ses  religieux  des  églises 
Saint-Ouën  de  Grestain,  de  Notre-Dame  et  de  Saint-Léonard 
de  Ilonfleur.  Ce  document  est  conservé  aux  archives  départe- 
mentales de  l'Eure  -.  Nous  en  reproduisons  le  texte  plus  loin  'K 

Au  xvii^  siècle,  il  s'est  élevé  une  question  difficile  et  impor- 
tante, c'était  de  savoir  le  degré  de  confiance  qu'on  devait  accor- 
der à  la  bulle  de  Célestin  III,  en  d'autres  termes  le  document 
était-il  authentique?  Nous  mentionnons  le  jugement  qui  a  été 
porté  sur  cette  pièce,  mais  sans  le  prendre  à  notre  compte.  Dans 
une  afîaire  soumise  au  Conseil  du  roi,  vers  1676,  et  relative 
au  patronage  des  églises  Notre-Dame  et  Saint-Léonard  de 
Honfleur,  —  que  Grestain  réclamait  et  que  l'évéque  de  Lisieux 
prétendait  lui  appartenir,  —  les  religieux  produisirent  la  bulle 
papale  ;  leurs  adversaires  en  nièrent  la  valeur.  Pour  justifier 
cet  argument  l'avocat  du  demandeur  fit  valoir  les  raisons  sui- 
vantes: «  L'inspection  de  la  pièce,  celle  du  parchemin,  de 
l'écriture,  des  caractères  modernes  et  du  sceau  qui  était  tout 
neuf  et  nouvellement  fabriqué.  Une  preuve  plus  forte,  ajou- 
tait-il. était  que  le  nom  de  lévêque  n'y  était  pas  déclaré,  or 
c  est  une  maxime  que  le  pape  ne  parle  jamais  d'un  évéque 
sans  le  désigner  '*.  »   On  ne  croit  pas  qu'à  celte  occasion  il  ait 

1.  Gallia  christ.,  XI.  col.  Sti. 

2.  Arch.  dép.  de  TEuie,  H.  336. 

3.  Pièces  justif.,  n°  3. 

4.  Bibl.  liât.,  Recueil  Thoisij,  vol.  284,  fol.  390.  Factum  pour  m''  Philippe  de 
La  Croix,  prêtre,  au  sujet  de  la  collation  du  bénéfice-cure  de  Notre-Dame  et 
Saint-Léonard  de  Ronfleur. 


LES    ABBÉS    RÉGULIEBS  59 

été  tenu  compte  d'une  des  pièces  les  plus  anciennes  qui  nous 
soit  parvenue  des  archives  de  Grestain,  dont  il  reste  si  peu  de 
chose. 

Du  temps  où  a  vécu  Tabbé  Raoul,  on  trouve  dans  Tabbaye 
les  moines  dont  les  noms  suivent:  Robert,  sous-prieur;  l^er- 
nard,  préchantre  ;  Guillaume  <c  de  Boveleio  »  ;  GiraulL,  reli- 
gieux '. 

L'abbé  Raoul  mourut  le  28  juillet  1197.      , 

Les  deux  chartes  de  Richard  Ctrur  de  Lion  qu'on  trouvera 
dans  une  seconde  partie  '  ont  élé  données  à  cet  abbé  Raoul. 
Elles  portaient  confirmation  aux  religieux  de  la  possession  des 
biens  dont  l'abbaye  avait  été  dotée  tant  en  Normandie  qu'en 
Angleterre  et  qui  avaient  constitué  le  premier  fonds  de  ses 
ressources.  Sur  quoi  nous  observons  que  tous  les  événements 
antérieurs  à  l'abbé  Raoul,  venu  d'une  province  éloignée,  et 
l'état  de  l'abbaye  pendant  la  période  de  temps  de  son  prédé- 
cesseur, laquelle  s'était  passée  dans  une  anarchie  orageuse  et 
violente,  nécessitèrent  des  recherches  sur  le  passé  :  on  ne 
trouva  rien  de  mieux  que  de  demander  au  duc  de  Normandie, 
roi  d'Angleterre,  la  protection  spéciale,  la  reconnaissance  et 
la  confirmation  des  dons  qui  avaient  autrefois  été  annoncés. 

1.  Bull.  soc.  Ant.  Nonn.,  XV,  2^2. 

2.  Pièces  jiislif.,  ii°*   1  el  2. 


CHAPITRE  II 

LES    ABBKS    DE    GRESTAIN    DE    1197    A     1481 

Les  années  qui  vont  suivre  forment  une  seconde  époque 
dans  l'histoire  de  Tabbaye  Notre-Dame  de  Grestain.  Ce  fut  le 
temps  où  la  fidélité  de  la  Normandie  aux  Planlagenets 
s'ébranla,  où  la  province  fut  conquise  en  deux  mois  et  qu'elle 
rentra  dans  le  domaine  des  rois  de  France  après  une  sépara- 
tion de  trois  siècles  ^  Ce  grand  événement  eut  lieu  sous  1  ab- 
batial de  Robert,  septième  abbé. 

VII.  —  Robert  était  moine  de  Grestain  lorsqu'il  devint 
abbé  par  élection  le  8  septembre  1197  ^.  On  trouve  l'abbé  de 
Grestain  mentionné  dans  plusieurs  articles  des  rôles  de  l'Echi- 
quier. En  1198,  il  rend  compte  au  trésor  du  roi  de  la  somme 
de  100  marcs  qu'il  avait  promise,  (c  Abbas  de  Grestain  reddit 
compotum  de  100  marc,  de  promisso  suo.  In  thesauro  15  marc. 
Et  débet  85  marc,  de  quibus  reddit  compotum  inferius.  »  Il 
s'agit  évidemment  d'un  don  fait  à  Jean  sans  Terre,  ou  plutôt 
d'une  de  ces  contributions  forcées  que  ce  prince  demanda  aux 
monastères  à  une  époque  où  le  trésor  de  l'Echiquier  était  vide. 
Le  second  article  est  ainsi  conçu  :  «  Abbas  de  Grestain  reddit 
compotum  de  85  marc,  superius  scriplis.  Régi  in  caméra  sua 
50  marc,  per  brève  régis.  Et  del)et  35  marc.  » 

1.  Lisieux  et  le  Lieuvin  firent  partie  du  royaume  de  Paris,  au  vi''  siècle,  sous 
Charibert  comme  sous  Chilpéric  !•'''  ;  le  fils  de  celui-ci,  Clolaire  II,  céda  celte 
région  ainsi  qu'une  partie  du  Roumois  à  Théodoric  II,  duc  do  Bourgogne.  — 
Auç.  Longnon,  Géogr.  de  la  Gaule  au  F/«  s.,  p.  240. 

2.  Gall.  christ.,  XI,  col.  844. 


62  l'aBRAYE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

Au  rôle  de  la  même  année  4198,  l'abbé  de  Grestain  est  ins- 
crit pour  la  somme  de  17  marcs:  <*  Abbas  de  Grestain, 
17  marc,  pro  plegio  episcopi  Lexoviensis  '  ». 

On  connaît  les  courses  désordonnées  que  Jean  sans  Terre 
fit  alors  dans  notre  contrée  et  ses  séjours  à  Bonneville,  Iléber- 
tot  et  Trianon . 

L'abbé  Robert  renonça  entre  les  mains  de  Guillaume  du 
Pont-de-l'Arche,  évêque  de  Lisieux,  à  tout  ce  que  Tabbaye 
possédait  dans  l'église  du  Mesnil-Mauger  et  dans  les  églises  de 
Honfleur,  en  l'an  1233,  le  jour  de  la  fête  de  la  Conception 
(8  décembre)  :  cessil  quidquid  possidebant  monachi.  Quel  a 
été  l'objet  de  la  cession  en  ce  qui  concerne  les  églises  de 
Honfleur,  Notre-Dame  et  Saint-Léonard,  qui  ne  formaient 
qu'un  seul  bénéfice?  En  l'absence  du  cartulaire  de  Grestain,  il 
est  difficile  de  l'indiquer.  Il  s'agissait  peut-être  du  patronage 
et  d'une  partie  des  dîmes,  quoique  beaucoup  plus  tard  l'abbé 
et  les  religieux  de  Grestain  aient  revendiqué  judiciairement  le 
droit  de  nomination  à  la  cure  de  Notre-Dame  et  Saint-Léo- 
nard. Mais  le  peu  de  connaissance  que  l'on  a  de  ces  faits  ne 
permet  pas  de  comprendre  l'état  des  droits  et  des  biens  de 
Grestain,  à  cette  époque,  en  la  ville  de  Honfleur. 

Robert,  abbé  de  Grestain,  et  un  moine  de  son  abbaye 
nommé  Raoul  de  Formoville,  sont  mentionnés  dans  une  dona- 
tion faite  par  Godefroy  du  Val,  chevalier  '.  L'acte  est  sans 
date. 

Sous  l'administration  du  même  abbé,  un  seigneur  normand 
dont  le  nom  se  retrouve  souvent  dans  les  actes  de  ce  temps, 
Hugues  Papion,  fît  don  au  prieuré  de  Sainte-Barbe-en-Auge  J 
et  aux  religieux  de  Grestain  d'une  pièce  de  terre  de  son 
domaine  de  Douxmarais.  Il  reçut  pour  cette  donation  quinze 
livres  d'Anjou  de  la  main  des  moines,    qui  donnèrent  à   sa 

1.  Méin.  soc.  Ant.  Norm.,  XVI,  64,  65,  101. 

2.  Arch.  dép.  de  l'Eure,  H.  34u. 


LES    ABBÉS    RÉGLLIEKS  63 

femme  iiniim  pepluni.  Parmi  les  témoins  qui  attestent  la 
donation  est  le  nom  de  Joiirdaii).  neveu  de  Robert,  abbé  de 
Greslain  ' . 

Cet  abbé  était  présent  aux  assises  tenues  à  Pont-Audemer 
en  l'année  1244  -'  ;  le  prieur  de  Beaumont-en-Auge  y  assistait 
également.  Il  ne  resta  pas  moins  de  quarante-six  ans  à  la  tète 
de  l'abbaye  de  Grestain.  Diverses  donations  pieuses  furent 
faites  sous  Tabbaliat  de  l'abbé  Robert  par  Hugues  d'Ablon, 
chevalier  (1221);  par  Robert  le  Vavasseur  de  Vasouy.  Le 
mardi  9  août  1233,  Galeran  Mauvesin,  fils  d'Hélie  Mauvesin, 
donna  aux  moines  de  Grestain  des  rentes  à  prendre  sur  Thomas 
Thorel,  de  Ilontleur,  plus  une  mine  de  froment  que  Raoul  de 
Villerville  devait  leur  fournir  à  la  mesure  commune  de  Hon- 
fleur  ^.  C'est  à  une  fondation  du  même  genre  que  se  rapporta 
la  vente  par  Nicolas,  fils  Guillaume,  de  rentes  assises  sur  une 
maison  voisine  de  l'Église  Notre-Dame,  à  Honfleur,  et  sur 
deux  pièces  de  terre  situées  dans  la  même  ville,  sur  la  paroisse 
de  Saint-Léonard  ^ . 


1.  Mt'in.  soc.  Anl.  Xorm.,  VII,  99. 

2.  Cartulaire  de  Jumièges,  n"  541. 

3.«  Noverint  universi  quod  ego  Waleraniis  Mauvesin,  filius  Ilelie  Mauve- 
sin, dedi  in  puram  et  perpetuam  elimosinam...  abbati  et  monachis  Sancta 
Marie  de  Gresteno  decem  solides  monete  currentis  ad  festum  sancti  Michaelis 
et  duas  gallinas  et  duos  denarios  ad  Natale,  quos  denarios  et  gallinas  predicti 
abbas  et  monachi  et  successores  eorum  recipiunt  per  manum  Thome  Torel 
de  Iluneflue...  Dedi  eciam  cisdem  unani  minam  fiumenli  rcdditus  annualis  reci- 
piendnm  per  nianum  Radulfi  de  Willerville...  ad  mensuram  de  Hunneflue  com- 
niunem  vendendi  et  emendi.  Et  per  manum  Rogeri  de  Capitepontis  viginti  ova 
et  duos  denarios  ad  Pascha....  Actum,  anno  gracie  m<*  cc°  xxx"  iercio,  in  vigi- 
lia  sancti  Laurentii  martyris.  »  —  Arch.   dép.  de  l'Eure,  H.  343. 

4.  «  In  niea  masura  sita  ante  ecclesiam  sancte  Marie  de  Ilonnef.  pro  pre- 
dicto  seslario  frumenli,  vel  alibi  in  dual)us  pecliieis  terre  quai-um  una  est  sita 
desupcr  Sanctuni  Lconardum  ad  capul  pechie  terre  Slephani  filii,  presbyteri, 
et  alia  sita  est  versus  crucem  Rad.  Malveisin  inlcr  tenam  lohannis  Mathei,  ex 
una  parte,  et  terra  Mich.  le  Mareis,  ex  altéra.  Et  hoc  fuit  faclum,  in  anno 
Domini  m"  ce"  xxx°  quarto,  in  mense  januarii.  Et  ut  hoc,  etc.  »  —  Arch.  dép. 
de  l'Eure,  II.  3i3. 


6i  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

VIII.  —  Guillaume  II  de  Farno ville,  8^  abbé  de  Grestain 
est  seulement  connu  par  la  mention  suivante  :  Le  10  des 
calendes  de  septembre  1254  (23  août),  dit  le  Neustria  pia, 
Foulque  d'Astin,  évêque  de  Lisieux,  fît  la  dédicace  de  l'église 
de  Grestain  '.  Il  s'agit  sans  doute  d'un  nouvel  édifice  et  non 
de  l'église  commencée  en  1122,  comme  on  l'a  vu.  La  construc- 
tion en'  fut  poursuivie  très  longtemps  dans  la  seconde  moitié 
du  xiii^  siècle,  si  l'on  en  juge  par  les  donations  aumônées 
pour  son  achèvement,  ad  opiis  ecclesiae  ~.  L'église  dédiée  alors 
a  subsisté  dans  ses  parties  principales  jusqu'à  la  suppression 
de  l'abbaye.  Voici  l'épitaphe  qui  était  destinée  à  rappeler  la 
consécration  de  l'abbatiale  : 

Mille  (Incenteno  qiiinquageno  fuit  anno 
Quarto,  sacrala  domus  haec  et  sanctificala 
Et  desponsata  Christo  velut  inviolata, 
Praesiile  Fulcone  tune  nostro  Lexoviorum  ; 
Regeque  régnante  Ludovico  Francigenarum  ; 
Mense  suh  aagusli\  festivani  Bartholomaei 
Ante  dieux.,  Domini praeradiante  die; 
Temporis  abbate  tune  Guillelmo,  bonitate 
Ingenti pleno,  trihuente  fréquenter  egeno, 
Moribus  ornato  multis,  vitaque  probato. 
Ad  cujus  festum  communia  quaeque  fuere, 
Sunt  testes  hujus  Cornes,  ii  qui  voluere 
Sumere  vina  bona,  victus,  et  caetera  dona. 
Seniper  in  octavis  a  dicta  Prsesule  dantur 
Quadraginta  dies  veniae ;  grates  referantur. 

(L'an  mil  deux  cent  cinquante-quatre,  cette  église  a  été  consa- 
crée, bénite  et  pour  ainsi  dire  fiancée  inviolablement  à  Jésus- 
Christ  par  Foulque,  évêque  de  Lisieux,  sous  le  règne  de  Louis, 
roi  de  France,  au  mois  d'août,  au  jour  radieux  du  dimanche 


1.  Xeuslria  pia,  p.  ooO. 

2.  Pièces  justif.,  n"*  10,  11  et  19.  A  la  fin  du  xiii'^  siècle,  en  1290,  des  dona- 
tions étaient  encore  faites  ad  edificationem  ecclesiae. 


VISITES    d'eUDES    RIGALD  6S 

avant  la  fête  de  saint  Barthélémy,  sous  l'abbatiatde  Guillaume, 
homme  d'une  grande  bonté,  généreux  envers  les  pauvres,  riche 
en  vertus  eL  d'une  vie  sans  tache.  En  ce  jour  de  fêle,  tout  fut 
mis  en  commun.  Nous  en  avons  eu  pour  témoins  le  Comte 
et  tous  ceux  qui  ont  pris  plaisir  à  se  partager  les  vins  excel- 
lents, les  mets  et  les  autres  offrandes.  L'évêque  a  accordé  qua- 
rante jours  d'indulgence  à  perpétuité  pour  le  jour  de  l'octave 
de  la  fêle.  Que  grâces  lui  en  soient  rendues.) 

Il  est  inutile  d'ajouter  qu'aucune  description,  aucun  plan, 
aucune  vue  ne  nous  ont  été  conservés  de  l'église  de  Grestain, 
que  l'on  consacrait  au  temps  où  saint  Louis  faisait  son  entrée 
dans  Paris  à  son  retour  de  la  Palestine. 

Au  mois  de  janvier  1255,  l'abbé  Guillaume  II  était  encore 
en  fonctions;  il  était  très  âgé  et  aveugle.  C'est  ce  que  vont 
nous  apprendre  les  visites  de  l'archevêque  de  Rouen. 

En  effet,  on  possède  pour  cette  époque  le  précieux  Journal 
d'Eudes  ou  Odon  lligaud,  source  inestimable  de  renseigne- 
ments sur  l'état  de  l'Eglise  séculière  ou  monastique  de  la  Nor- 
mandie ', 

Lespagesde  ce/o«rA?c7/ «  font  connaître  dans  toute  leur  vérité 
l'état  temporel  et  spirituel  des  monastères,  des  églises,  des 
prieurés,  des  chapelles  ;  les  faits  qui  sont  imputés  à  chaque 
moine,  à  chaque  religieux,  leurs  écarts  mêmes  et  leurs  vices 
les  plus  secrets,  aussi  bien  que  ceux  du  clergé  séculier  y  sont 
enregistrés  '  ».  L'archevêque  de  Rouen  a  ainsi  donné  un 
exemple  d'une  rare  résolution  dans  les  desseins  et  de  fermeté 
dans  la  conduite. 

Eudes  Rigaud,  élevé  au  siège  archiépiscopal  de  Rouen  au 
mois  de  mars  1248,  eut  pour  premier  soin  d'entreprendre  la 

1.  Odonis  Rigaudi.  Registrum  visitationuni  archiepiscopi  Rnlhoinagensis  édit. 
Bonnin,  Rouen,  1847,  in-4). 

2.  L.  Delisle,  Le  clergé  normand  au  XIII''  s.  —  Du  Méril,  De  l'état  <lu  clergé 
régulier  en  Xormandie.  —  Ch.  Richard,  Le  clergé  en  Xormandie  au  XIII''  s. 

Ch.  BnÉARii.  —  L'ahhaye  de  Xolre-Dame  de  Grestain.  5 


66  l'aBIîAYE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTALN 

visite  des  doyennés  ruraux  de  son  diocèse.  Ensuite  il  se  donna 
la  mission  d'examiner  les  communautés  non  pas  seulement 
celles  de  révêché  de  Houen  mais  les  abbayes  et  prieurés  de 
toute  sa  province  ecclésiastique.  «  Voici,  dit  M.  L.  Delisle,  en 
quoi  consistait  sa  visite.  Le  prélat  entrait  dans  chaque  abbaye, 
prieuré  ou  chapitre,  il  s'informait  des  mœurs  des  religieux,  de 
la  situation  financière  de  l'établissement,  de  l'état  des  édifices 
et  du  mobilier  et  même  des  approvisionnements,  puis  il  avisait 
à  la  réforme  de  tous  les  abus  qu'il  avait  constatés.  » 

Au  cours  de  ses  visites  canoniques,  l'archevêque  de  Rouen 
parcourait  une  première  fois  le  diocèse  de  Lisieux  durant  le 
mois  de  janvier  1249.  Il  vint  à  Saint-Pierre  de  Préaux,  abbaye 
d'hommes  où  il  trouva  trente  religieux  y  résidant  ;  à  Saint- 
Léger  de  Préaux,  abbaye  de  bénédictins  qui  comptait  qua- 
rante-cinq religieuses.  De  Préaux,  Eudes  Rigaud  se  rendit  à 
Cormeilles.  Ce  monastère  réunissait  vingt-cinq  moines.  Enfin 
l'archevêque  se  transporta  à  Grestain  le  16  des  calendes  de 
février.  Voici  le  passage  qui  concerne  sa  visite  (17  janvier 
1249). 

«  XVI.  Kl.  Februarii.  Apud  Gralein,  cum  expensis  monas- 
terii.  Ibi  sunttriginta  monachi.  Omnes  sunt  sacerdotes,  excep- 
tis  quatuor.  Habent  in  reddilibus  circa  11"^  libras  ;  debent 
circa  llllc  libras,  et  bene  debetur  eis  tantumdem  ;  injunximus 
abbati,  priori  et  aliis  ballivis.  ut  facerent  conscribi  redditus 
suos  in  aliquo  libro  et  facerent  super  hoc  unum  volumen. 
Debent  pensiones  circa  XX  libras.  Commorantes  in  priorati- 
bus  comedunt  carnes,  nec  observant  jejunia;  injunximus 
abbati  ut  premissa  corrigeret  '.  » 

L'état  de  notre  abbaye,  comme  on  le  voit,  était  assez  satis- 
faisant. L'archevêque  ne  trouva  à  blâmer  que  des  abus  sans 
gravité.  L'abbaye  comptait  trente  moines  parmi  lesquels  vingt- 

1.  Regestrum  visit.  archiepiscopi  Rothom,  p.  60. 


VISITES    d"  EU  DES    RIGALD  67 

six  avaient  l'eçii  Tordre  sacerdotal.  Elle  possédait  deux  mille 
livres  de  revenus  ;  elle  était  endettée  de  quatre  cents  livres, 
m:iis  pareille  somme  lui  était  due.  Pour  obtenir  un  contrôle 
financier  et  sa  is  doute  pouvoir  vérifier  Temploi  des  fonds  lors 
de  ses  visites,  l'archevêque  ordonna  de  tenir  des  comptes 
écrits. 

Au  mois  de  janvier  1254,  Tarchevêque  de  Rouen  arriva  une 
seconde  fois  à  Tabbaye  où  il  resta  deux  jours  ;  il  venait  de 
Pont-Audemer. 

((  II.  Non.  Januarii.  Visitavimus  apud  Gratain.  Ibi  sunt 
XXVIII  monachi.  Injunximus  eis  quod  uniis  clamaret  alium, 
quia  hoc  minus  bene  solebat  fieri.  Duo  monachi  jacent  in  eccle- 
sia,  ad  eam  servandam.  Dant  omnibus  venientibus  ad  elemo- 
sinam,  ad  minus  ter  in  ebdomada.  Habent  in  redditibus  II'" 
libras.  Non  debent  XIv^  libras,  plura  tamen  debentur  eis. 
Abbas,  propter  vetustatem,  non  cantat,  quia  parum  videt  ; 
verum  tamen  qualibet  die  dominica  recipit  eucaristiam. 

Eadem  die,  procurati  faimus  ibidem. 

Summa,  GXIII  solidi,  A^  denarii  '.  » 

Les  moines  étaient  au  nombre  de  vingt-huit.  Ils  faisaient 
l'aumône  trois  fois  par  semaine  à  tous  les  pauvres  qui  se  pré- 
sentaient. Leur  abbé,  Guillaume  de  Farnoville,  accablé  de 
vieillesse  et  atteint  de  cécité,  ne  prenait  plus  part  aux  offices 
mais  chaque  dimanche  il  recevait  la  communion. 

L'année  1256  qui  suivit  la  seconde  visite  d'Eudes  Rigaud 
vit  s'élever  une  contestation  entre  l'abbé  et  les  religieux  de 
Grestain  et  Robert  V  Rertran,  baron  de  Briquebec,  vicomte 
de  Roncheville,  connétable  de  Normauilie,  puissant  seigneur, 
chevalier  revêtu  d'un  haut  emploi.  Le  différend  portait  sur  la 
possession  des  ports  de  Fiquefleur  et  de  Gremanfleur.  Il  faut 
donner  au  mot  port  une  signification  très  restreinte.  Robert 

1.  lieyestruin  iv'st/.,  p.  197. 


68  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

Bertran  déclarait  que  ces  ports  lui  appartenaient,  tandis  que 
les  moines  de  Grestain  soutenaient  leur  droit  en  disant  que  ces 
ports  leur  avaient  été  donnés  par  Robert  de  Mortain.  On  verra 
renaître  le  même  débat  trente  années  plus  tard,  en  1286.  A 
l'une  et  à  l'autre  époque,  les  juristes  rejetèrent  les  prétentions 
des  Bertran.  Un  arrêt  en  forme  de  transaction  laissa  à  Tabbaje 
de  Grestain  les  taxes  de  travers  et  de  coutumes  qui  étaient  des 
revenus  locaux,  mais  il  lui  imposa  l'obligation  de  subvenir  à 
l'entretien  des  deux  ports  de  Fiquefleur  et  de  Cremanfleur  et 
de  n'y  apporter  aucun  aménagement  sans  le  consentement  de 
Robert  Bertran  ou  de  ses  successeurs. 

Il  est  permis  de  croire,  d'après  les  textes,  que  ces  deux 
localités  avaient  changé  de  main  et  que  le  droit  des  Bertran  à 
la  possession  de  Fiquefleur  n'était  plus  assez  constant  ni  assez 
généralement  reconnu  au  xm^  siècle.  Cependant  cette  localité, 
si  l'on  se  reporte  au  temps  de  la  division  et  de  l'appropriation 
individuelle  des  propriétés  en  Normandie,  avait  été  comprise 
dans  le  territoire  de  leur  seigneurie.  C'est  Robert  Bertran  dit 
le  Tort  et  Suzanne  sa  femma,  qui  donnèrent  au  prieuré  de 
Beaumont-en-Auge  l'église  de  Saint- Georges  de  Fiquefleur 
avec  toutes  les  redevances  annusUes  qu'ils  percevaient  en  ce 
lieu  ^  Cela  semble  indiquer  que  leurs  domaines  ont  dû  subir 
des  vicissitudes  et  qu'ils  ont  été  démembrés,  en  faveur  de 
Robert  de  Mortain,  par  Guillaume  le  Conquérant.  Mais  il  y 
a,  sur  ce  point,  une  difficulté  historique. 

La  contestation  que  nous  rappelons  brièvement  est  connue 
par  une  charte  conservée  aux  archives  de  l'Eure  ^  et  qui  a  été 
publiée  '^.  La  date  du  document  répond  au  19  février  1256  ^. 

1.  Vidimus  d'une  charte  confirmative  des  biens  du  prieuré  de  Beaumont-en- 
Auge,  datée  de  1254.  —  Bibl.  nat.  ms.  nouveau  fonds  latin,  9209. 

2.  Cart.  nonn.,  n°  o4o,  à  la  note.  —  Le  Prévost,  Mém.  et  notes  sur  le  dép.  de 
l'Eure,  II,  107. 

3.  Arch.  dép.  de  l'Eure,  H.  343. 

4.  Cart.  nonn.,  p.  100,  col.  2. 


VISITES    d'eLDES    RIGALD  69 

Louis  IX  venant  du  Bec  séjournait  à  Pont-Audemer  le  mois 
suivant,  les  2f),  27  et  28  mars.  Le  voyage  de  saint  Louis  était 
prévu  '.  On  croit  que  Tarchevêque  de  Rouen,  Eudes  Rigaud, 
était  à  Pont-Audemer  en  la  compagnie  du  roi.  Dans  ces  cir- 
constances il  est  fort  possible  que  Louis  IX  ait  eu  l'occasion 
de  s'interposer  entre  Robert  Bertran  et  les  religieux  de  Gres- 
tain,  et  qu'il  ait  terminé,  en  obtenant  de  chaque  parti  des  con- 
cessions, la  querelle  qui  s'était  élevée.  Gomme  nous  l'avons 
dit,  elle  se  renouvela  -. 

Nous  placerons  à  l'article  de  Guillaume  de  Farnoville  un 
acte  non  daté  que  fournissent  les  archives  du  Galvados  et  qui  a 
été  analysé  dans  les  termes  suivants:  «  Accord  entre  Daniel, 
prieur  de  Sainte-Barbe-en-Auge,  et  Guillaume,  abbé  de  Gres- 
tain,  au  sujet  de  la  dîme  de  Douxmarais  -^  »  Par  suite  d'une 
donation  de  Robert  de  Mortain,  l'abbaye  possédait  des  terres 
situées  sur  cette  paroisse,  voisine  de  Sainte-Barbe.  La  percep- 
tion des  dîmes  donna  naissance  à  d'interminables  procès. 

On  notera  en  outre,  pour  cette  époque,  la  présence  d'Eudes 
Rigaud  à  l'abbaye  de  Grestain  ;  mais  rien  n'indique  que  le 
fait  doive  être  sig^nalé  sous  l'abbatiat  de  Guillaume  de  Farno- 
ville  plutôt  que  durant  l'administration  de  son  successeur.  On 
manque  de  dates  précises  pour  l'entrée  en  fonctions  des  abbés. 

Eudes  Rigaud  revint  à  l'abbaye  de  Grestain  le  4  des  calendes 
de  janvier  1237.  La  communauté  comptait  trente-deux 
moines  ^.  Quelques-uns  n'assistaient  pas  aux  heures  cano- 
niales. On  donnait  l'aumône  deux  fois  par  semaine,  le  lundi 
et  le  jeudi,  à  tous  ceux  qui  se  présentaient  à  la  porle.  Les 
revenus  s'étaient  amoindris. 


i.  Cnrf.  norin.,  n"  îi45,  à  la  note. 

2.  Voir  aux  pièces  juslif.  la  tiansaclion  de  février  1287  m"  18). 
.3.   Mpm.  HOC.  Anf.  \orni.,  VII,  p    lOi,  n»  81. 

4.   A  la   même  époque,    on  comptait  cinquante-sept   moines  à   Jumièges  et 
quarante  à  Saint-Wandrille. 


70  l'abbaye    de    NOTRE-DAME   DE    GRESTAIN 

((  IIII.  Kl.  Janiiarii.  Yisilavimus  abbaciam  de  Grestain.  Ibi 
siinl  XXXII  monacbi.  Aliqui  aliquando  non  veniiint  ad  com- 
pletorium  ;  injunximus  hoc  emandari.  Elemosina  datiir  bis 
ebdomada,  videlicet  die  lune  et  die  Jovis,  omnibus  venienti- 
bus  ad  eam.  Injunximus  abbati  ut  ipse  injungeret  monachis 
morantibus  in  prioratibus,  ut  ipsi  abstineant  se  ab  esu  carnium, 
etquod  servant  jejunia  régule,  et  si  in  hiis  délinquant  eos  cor- 
rifferet.  Habent  in  redditibus  XVI^  libras.  Habent  satis  estau- 
rameuta  usque  ad  nova.  Debeut  GGCG  libras,  sed  debentur 
eis  circa  VI^  libras. 

«  Eadem  die,  procurati  fuimus  ibidem. 

«  Summa  procurationis,  IX  libre  V  solidi  ^    » 

Pour  terminer  l'article  de  l'abbé  Guillaume  de  Farnoville, 
nous  ajouterons  que  c'est  probablement  l'abbé  de  Grestain 
dont  un  acte  de  vente  du  mois  de  mai  1258  fait  mention  mais 
sans  le  dénommer  ~. 

IX.  —  Thomas.  La  veille  de  la  fêle  des  apôtres  Jacques  et 
Philippe,  en  1259  (30  avril),  dit  le  Gallia,  l'abbé  Thomas  se 
réconcilia  avec  les  moines  de  Jumièges,  mais  les  auteurs  n'ont 
point  indiqué  quel  avait  été  l'objet  de  la  querelle  et  par  suite 
du  raccommodement.  Ln  document  va  nous  l'apprendre  :  il 
s'agissait  de  droits  de  coutume  à  percevoir  depuis  Berville 
jusqu'à  Foulbec  ^.  On  a  même  le  récit  du  différend  dans  l'His- 
toire de  l'abbaye  de  Jumièges  composée  au  xviii^  siècle  par 
un  religieux  bénédictin.  ^  oici  le  passage  :  «  On  n'étoit  pas  sans 
affaires  à  Jumièges.  L'abbé  et  les  religieux  de  Grestain  dispu- 
toient  à  ceux  de  cette  maison  le  droit  de  coutume  sur  les 
marchandises   qui  abordoient  à  terre,  de  la  rivière  de  Risle, 


1.  Regestrum  visif.,  p.  293. 

2.  Pièces  justif.,  n"  14.  —  Arch.  dép.  de  l'Eure,  H.  342. 

3.  Pièces  justif.,  n°  15.  Accord  du  30  avril  1259. 


TRANSACTION    AVEC   JlTMlÈGES  71 

OÙ  est  située  leur  baronnie  de  Conieville'.  La  question 
avoit  été  décidée  en  faveur  des  religieux  de  Jumièges,  par 
leur  contrai  d'échange  avec  Philippe-Auguste  ;  mais  les 
moines  de  Grestain  soulenoient  que,  n'ayant  pas  été  appelés, 
le  contrat  ne  pouvoit  leur  porter  préjudice.  On  plaidoit 
depuis  plusieurs  années,  lorsqu'à  l'avènement  de  Richard  de 
Bolleville  ~,  l'abbé  de  Grestain  la  compromit  entre  ses  mains, 
Richard,  qui  savoit  mieux  que  personne  la  vérité  de  ce 
qu'on  alléguoit  de  part  et  d'autre,  mais  qui  étoit  inca- 
pable de  se  déterminer  par  aucune  vue  d'intérêt,  décida 
en  partie  pour  les  religieux  de  Grestain.  Il  leur  adjugea  le 
droit  de  coutume  de  leur  côté,  à  condition  qu'ils  paieroient 
à  la  recelte  de  l'abbaye  de  Jumièges  cinquante  sols  de  rede- 
vance annuelle  ou  un  esturgeon  de  trois  pieds  et  demi  au 
moins  de  longueur.  La  condition  l'ut  acceptée  par  l'abbé  de 
Grestain  dans  une  assemblée  capitulaire  des  religieux  de 
Jumièges  ;  mais  comme  il  ne  s'étoil  pas  fait  autoriser  par  ses 
moines  avant  que  de  compromettre  entre  les  mains  de 
Richard,  et  qu'on  vouloit  tlnir  la  contestation  d'une  manière 
stable  et  permanente,  on  remit  la  conclusion  à  une  nouvelle 
assemblée,  qui  fut  tenue  le  31  mars  1259  \  Les  religieux 
de  Grestain  y  envoyèrent  leurs  députés  avec  ordre  de  ratifier 
tout  ce  qui  avoit  été  fait  précédemment,  pourvu  qu'on 
voulût  dresser  un  nouvel  acte,  en  forme  de  transaction, 
dans  lequel  on  inséreroit  que  les  religieux  de  Jumièges  ne 
percevroient  le  droit  de  coutume  depuis  que  V épine  de  Berville 
jusqu'à  la  fosse  de  Foulbert.  La  demande  parut  juste  et  l'acte 
en  fut  dressé  le  même  jour  ^.  »  Il  faut  lire  :  la  fosse  de  Foulhec. 

\.  Le  18  janvier  llO'i,  Richard  Cœur  de  Lion  avait  donné  aux  moines  de 
Jumièges,  (^onteville,  en  échange  de  Pont-de-l'Arche.  Cartulaire  norm.,  n°  2bo. 

2.  Abbé  de  Jumièges  de  1258  à  1272. 

.3.  L'acte  capitulaire  donné  h  Grestain  est  du  'M)  avril  12o9.  Voy.  aux  pièces 
justif.,  n"  l.j 

4.  Hist.  de  l'abhfti/e  roijale  de  Jninif'çjes,  IL  22  lédit.  Loth,   Rouen,  1884). 


72  l'abbaye  de  >otre-dame  de  grestain 

On  ne  sait  pas  précisément  si  la  contestation  avait  pris  son 
commencement  sous  l'administration  de  Tabbé  Thomas. 

D'après  un  manuscrit  de  Grestain,  cette  abbé  forma  une  asso- 
ciation de  prières,  en  Tannée  1260,  avec  l'abbaye  de  Saint- 
Pierre  de  Cormeilles  où  siégeait  alors  un  religieux  du  nom  de 
Simon  '.  Nous  verrons  plus  loin  que  le  même  acte  d'associa- 
tion exista  entre  l'abbaye  de  Grestain  et  celle  de  Saint-Martin 
de  Sées.  Il  y  eut  donc  une  élroite  union  entre  ces  trois 
abbayes. 

On  ignore  la  durée  de  Tabbatiat  de  l'abbé  Thomas  et  l'époque 
à  laquelle  il  a  pris  fin.  Aussi  ne  pouvons-nous  dire  si  la  men- 
tion d'un  abbé  de  Grestain  aux  assises  de  Bayeux,  le  5  sep- 
tembre 1265,  désigne  l'abbé  Thomas  ou  son  successeur.  En 
présence  de  douze  chevaliers  et  de  l'abbé  de  Grestain,  Guillaume 
de  Blarre  y  reconnut  que  le  patronage  de  Saint-A'igor  d'Agy  -^ 
appartenait  de  droit  aux  prieur  et  religieux  de  Sainte-Barbe- 
en-Auge  ^.  Mais  ce  fut  de  son  temps  que  deux  habitants  de 
Honfleur,  Osbert  Le  Brun  el  Guillaume  Langlois,  y  vivant  au 
milieu  du  xiii^  siècle,  sur  la  paroisse  de  Notre-Dame,  firent 
aux  moines  de  Grestain  des  donations  assez  importantes  ^. 

X.  —  Guillaume  III.  Sur  la  liste  des  abbés  de  Grestain  du 

1.  Gallia  christ.,  XI,  col.  844. 

2.  Canton  de  Bayeux,  Calvados. 

.3.  Mém.  soc.  Ant.  de  Xnrm.,  XV,  206. 

4.  ('  Ego  Osbeitus  le  Brun  et  Guillelmus  diclus  Englicus  de  Honefluclu  ven- 
didimus...  abbati  et  conventui  de  Gresteno  tota  penikis  herilagia  nostra  que 
tenebamus  et  possidobaniiis  de  feodo  dictoium  abbatis  et  conventus,  videli- 
cet  in  domibus,  in  gardignis,  in  terris,  etc.  »  Mars  12.")8.  —  Arch.  dép.  de 
l'Eure,  H.  343. 

«  Notum  sit  omnibus  tam  presentibus  quam  futuris  quod  ego  Osbertus  le 
Brun  de  parrochia  sancte  Marie  de  Honnefluctu,  vendidi  et  concessi  aljbati  et 
conventui  Bcale  Marie  de  Gresteno  unam  masuram  cum  domo  exislente  quam 
habebam  et  possidebam  apnd  Honnefluctum  in  dicta  parrochia  inter  masuram 
Willermi  dicti  Anglici,  ex  una  parte,  et  masuram  Hugonis  Pelequien,  ex  altéra, 
tenendam  et  habendam,  etc.  Actum,  anno  Domini  M".  CC".  sexagesimo,  mense 
aprilis.  »  —  Arch.  dép.  de  l'Eure,  H.  343. 


VISITES  d'eudes  rigald  73 

Neustria,  pia  figure,  à  la  suite  de  Tabbé  Thomas,  Renaud 
Caruel.  Mais  le  nom  de  Guillaume  III  se  trouve  mentionné 
dans  le  Gallia  chrisliana.  On  ne  sait  Tannée  où  il  prit  le  gou- 
vernement de  Tabbaye  ;  ce  fut  peut-être  avant  1267.  Celait 
un  ancien  moine  de  Grestain, 

Pendant  le  temps  de  l'administration  de  cet  abbé,  Tarche- 
véque  de  Rouen  se  rendit  de  nouveau  dans  le  diocèse  de  Lisieux 
après  avoir  visité  Jumièges.  Eudes  Rigaud  séjourna  à  Pont- 
Audemer,  s'arrêta  à  Préaux  puis  vint  examiner  la  vie  intérieure 
du  monastère  de  Grestain,  la  veille  des  calendes  de  janvier 
1267.  La  situation  était  demeurée  sans  changements  appré- 
ciables depuis  dix  ans.  Le  nombre  des  moines  n'était  plus  que 
de  vingt-six,  mais  il  y  en  avait  six  dans  trois  prieurés.  Laie 
sage  administration  avait  réduit  les  dettes.  Les  ressources  en 
grains  et  en  provisions  étaient  suffisantes  pour  l'année.  L'ar- 
chevêque avait  pour  ainsi  dire  trouvé  tout  en  bon  état,  in  hono 
statu. 

«  II.  kl.  Januarii.  Per  Dei  gratiam,  accessimus  in  monaste- 
rium  de  Grestein,  ubi,  proposito  verbo  Dei,  eodem  adju- 
vante, visitavimus.  Ibi  erant  XX^  I  monachi  commémo- 
rantes; duos  habebant  in  Anglia,  duos  apud  Sanctam  Sco- 
lasticam  '  in  dyocesi  Lexoviensi,  et  duo  in  comitatu  Picta- 
vensi,  in  dyocesi  Agenensi  ^.  Precepimus  abbati  quod 
frequentius  solito  prioratus  forinsecos  visitaret.  Omnes  com- 
morantes  monachi  erant  sacerdotes,  prêter  unum.  Item 
precepimus  priori  quod  archas  monachorum  inspiceret,  ne 
quid  proprietatis  haberent  ;  item,  precepimus  quod  parti- 
culares  compoti  quolibet  mense  fièrent  coram  aliquibu- 
majoribus  de  conventu,  Debebant  c  libras  ;   habebunt  estau- 

1.  Sainte-Scolasse-sur-Sartlio,  iiiiomc'  (U''[)oiirl!uil   de  Grosfain,  dans  le  dio- 
cèse de  Sées,  el  non  de  Lisieux. 

2.  Au  jtrieuré  de  ?^aint-Astier,  au  diocèse  d'Agen. 


74  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

ramenta  satis  ad  annum.  Alia  invenimus,  per  Dei  gratiam,  in 
bono  statu, 

((   Ibi  procura ti  fuimus  ea  die, 

«   Summa  prccurationis,    ^  III  libre  XII  solidi. 

((  —  kl.  Januarii,  Fuimus  ibidem,  in  Girconcisione,  cum 
expensis  nostris  '.   » 

L'abbé  Guillaume  III  paraît  avoir  dirigé  Grestain  pendant 
vingt  ans,  mais  l'bistoire  n'a  conservé  aucun  fait  qui  se  rap- 
porte à  l'administration  de  cet  abbé.  On  l'a  seulement  cité 
au  nombre  des  abbés  de  Normandie  qui  firent  le  serment  de 
subvenir  aux  frais  d'une  croisade  -,  Il  s'agit  sans  doute  de 
l'expédition  de  saint  Louis  à  Tunis  (juillet  1270),  Le  pape 
avait  ordonné  de  lever  pendant  cinq  ans  sur  tous  les  ecclésias- 
tiques de  l'Occident  le  centième  des  revenus  pour  secourir  la 
Terre  Sainte.  Le  clergé  de  France  eut  beaucoup  de  peine  à 
se  soumettre  à  cette  imposition  ;  le  roi  avait  demandé  un 
décime  sur  tous  les  revenus  ecclésiastiques,  Ge  décime  fut 
accordé  pour  trois  ans  '. 

G'est  au  temps  de  l'abbatiat  de  Guillaume  III  qu'il  convieut 
de  rapporter  un  différend  soumis  au  bailli  de  Rouen  et  qui 
s'éleva  au  sujet  des  droits  de  patronage  que  l'abbaye  de 
Grestain  exerçait  sur  la  paroisse  de  Sain t-Grespin-sur- Vie  ^. 
On  a  deux  documents  qui  se  rapportent  à  cette  querelle  '". 
Le  premier  est  une  lettre  du  bailli  de  Rouen  datée  du  lundi 
après  la  Toussaint  de  l'année  1286  *',  par  laquelle  il  informe 
Guillaume,  évêque  de  Lisieux,   que  les  assises  royales  seront 


1.  l^eg.  visit.  archiepiscopi  Rothoin  ,  p.  502. 

2.  G  allia  christ.,  XI,  col.  844. 

3.  Vie  de  saint  Louis  par  Le  Nain  de  Tillemont,  V,  p.   21-41  (édit,  soc.  Hist. 
de  Fr.). 

4.  Gant,  de  Mézidon,  Calvados. 

.^.  Mém.  soc.  Ant.  Noi-m.,  VllI,  2,  n°*  4  et  5. 

6.  Le  4  novembre. 


PROCÈS  ET    CONTESTATIONS  7o 

tenues  à  Saint-Crespin  le  lendemain  de  la  fête  de  saint  André 
(l^""  décembre),  pour  juger  une  contestation  entre  l'abbé  de 
Grestain  et  Huges  Buscarl,  au  sujet  du  patronage  et  de  la 
présentation  à  l'église  du  village.  Le  second  document  est 
une  lettre  de  l'évéque  de  Lisieux  datée  du  dimanche  après  la 
Nativité  de  Tan  1286,  c'est-à-dire  du  22  décembre.  L'évéque 
diocésain  mande  au  doyen  de  Mesnil-Mauger  d'installer  en 
qualité  de  recteur  de  l'église  de  Saint-Crespin-sur-\'ie,  le 
nommé  Richard  Garin,  clerc,  qui  lui  a  été  présenté  par  1  abbé 
et  les  religieux  de  Grestain  auxquels  le  patronage  de  la  dite 
église  appartient. 

Sous  le  même  abbatial,  en  l'année  1282,  un  accord  fut 
conclu  par  Chrétien  le  Chambellan,  chevalier,  bailli  du 
Cotentin,  entre  l'abbaye  de  Grestain  et  le  prieuré  du  Plessis- 
Grimoult  au  sujet  du  patronage  de  l'église  de  Saint-Quentin- 
les-Chardonnets,  près  Tinchebray,  qui  fut  adjugé  au  prieuré 
aux  termes  des  dispositions  de  la  coutume  de  Normandie  '. 

Nous  n'avons  recueilli,  on  le  voit  avec  évidence,  que  de 
menus  faits.  En  résumé,  on  ne  peut  savoir  que  peu  de  chose 
de  l'administration  de  ces  abbés  des  xii^  et  xiii*'  siècles. 

XL  —  Renaud  II  Caruel  était  abbé  de  Grestain  en  l'année 
1287.  A  cette  époque,  son  nom  figure  dans  une  transaction 
intervenue  entre  les  religieux  de  l'abbaye  et  Robert  Bertran, 
seigneur  de  Roncheville  et  de  Honfleur  ^  On  a  rencontré  un 
autre  acte  qui  se  rapporte  à  son  administration.  C'est  la  dona- 
tion faite,  au  mois  d'avril  1291,  par  Robert  le  Nourry  à 
l'abbaye  de  Grestain  d'une  rente  en  froment  afin  de  s'acquitter 
d'un  droit  hérédital  sur  un  hébergement  situé  à  Doux- 
Marais  ^. 


1.  Mém.  soc.  Anl.  Xorm.,  VIII,  108.  a"  780. 

2.  Voy.  pièces  justif.,  n°  18. 

3.  Mém.  ,sor.  .1/;^  .Vo/7/1.,  VIII,  p.  2,  n"  fi. 


76  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

L'abbé  Renaud  II  ne  nous  est  pas  autrement  connu,  Il 
mourut  en  1297,  avant  le  mois  de  mai. 

Il  est  possible  qu'il  ait  appartenu  à  la  famille  Caruel  qui 
vivait  dans  la  vicomte  de  Ponl-Audemer  au  xiv^  siècle.  Elle 
y  était  encore  représentée  deux  cents  ans  plus  tard,  à  l'époque 
oîi  Marguerite  Caruel  épousa  Robert  Osmont,  écuyer,  qui 
possédait  le  fief  de  Siglas  ^ . 

L'année  de  la  mort  de  l'abbé  Renaud,  en  1297,  il  y  eut 
une  enquête  suivie  de  transaction  pour  raison  d'un  litige 
entre  le  Bec  et  Grestain,  au  sujet  de  certaines  terres  situées 
au  hameau  de  Cremanfleur  '.  Les  propriétés  des  abbayes  de 
Jumièges,  du  Bec  et  de  Grestain  se  touchaient  par  bien  des 
points  dans  le  Lieuvin.  De  là  de  nombreuses  contestations 
prirent   naissance. 

XII.  —  Raoul  Vincond  (Vincundus) ,  moine  de  Grestain, 
fut  choisi  par  élection,  le  4  mai  1297,  pour  remplir  la  place 
de  l'abbé  défunt.  Une  destitution  prononcée  en  1302  par 
Jean  de  Samois,  évêque  de  Lisieux,  mit  fin  à  l'exercice  de 
sa  fonction  abbatiale.  La  destitution  d'un  abbé  était  alors 
un  fait  assez  peu  fréquent.  Les  auteurs  du  Gallia  christiana 
ajoutent  que  la  mesure  fut  prise  sur  la  plainte  des  moines  :  ex 
postuhintibus  monachis  ^ 

Le  désordre  moral  le  plus  grand  existait  encore  au  commen- 
cement du  xiv^  siècle  dans  le  clergé  régulier  du  diocèse  de 
Lisieux.  Les  statuts  synodaux  laissent  la  vive  impression  que 
les  maisons  monastiques  réclamaient  de  profondes  réformes  ^. 
Le  concile  provincial  tenu  à  Xotre-Dame-du-Pré  (Bonne-Nou- 
vellej,  près  de  Rouen,  en  1299,  en  a  transmis  la  preuve  dans 

1.  Bibl.  nal.,  ms.  fr.  nouv.  acq.,  llltO. 

2.  Bibl.  nat.,  Cinq  Cents  de  Colbert,  vol.  190,  fol.  1411. 
.3.   Gallia  christ.,  XI,  84i. 

4.  D.  Pommeraye,  Concilia  ac  synodalia,  décréta,  etc.,  p.  11.3,  156,  171,  208, 
271. 


EXPULSION    DES    .MOINES  77 

ses  actes.  Plus  '  qu'auriin  aulre  monastère  bénédictin  du  dio- 
cèse, Grestaiu  élaiL  rol)jeL  depuis  quelques  auuées  des  préoccu- 
pations de  l'autorité  épiscopale.  L'évéque  de  Lisieux,  résolu 
d'y  détruire  des  abus  qui  retombaient  sur  le  sacerdoce  tout 
entier,  sur  la  religion  elle-même,  n'avait  plus  à  compter  sur 
des  remontrances  sévères.  Le  prélat  usa  de  rigueur  et  sus- 
pendit l'abbé  Vincond  en  Tannée  1302.  L'étal  de  l'abbaye 
aurait  autorisé  de  prendre  d'autres  mesures,  mais  il  faudrait 
disposer  de  documents  {)lus  nombreux  et  plus  détaillés  que 
ceux  qui  nous  restent  pour  connaître  les  écarts  que  l'on  repro- 
chait alors  aux  moines  de  Grestaiu.  Quoi  qu'il  en  ait  été,  on 
rapporte  que  ces  religieux  qui  vivaient  d'une  manière  scanda- 
leuse durent  quitter  l'abbaye  et  qu'ils  furent  transférés  ail- 
leurs '^. 

Il  le  faut  remarquer  ;  cette  expulsion  des  moines  de 
Grestain  est  le  second  fait  de  même  nature  qui  se  produisit  au 
cours  d'un  siècle  environ.  Nous  avons  dû  les  faire  connaître 
de  même  que  nous  avons  appelé  l'attention  sur  les  visites 
d'Eudes  Rigaud  à  l'occasion  desquelles  l'archevêque  de  Rouen 
rendait  un  bon  témoignage  de  la  régularité  de  la  conduite  des 
religieux,  de  la  direction  sûre  que  les  abbés  avaient  su  imprimer 
autour  d'eux.  Mais  parmi  ces  derniers,  il  y  en  eut  d'indignes. 
Après  la  déposition  de  Raoul  Vincond,  l'abbatiat  resta 
vacant.  «  Depuis  que  Jean  de  Samois  avait  déposé  l'abbé  de 
Grestain,  dit  l'abbé  Noël  Deshays,  et  qu'il  avait  dispersé  ceux 
des  moines  de  cette  maison  qui  vivaient  d'une  manière  scan- 
daleuse, l'abbaye,  réduite  à  un  trop  petit  nombre  de  religieux, 
était  demeurée  sans  abbé  jusqu'en    1308;  alors  notre  évêque 


1.  D.  Pommei'aye,  p.  281,  art.  VII  :  ■>  Vobis  itaqiio  universis  Christ!  Qdelibus 
in  civitate  et  diocesi  Lexoviensi  constilutis,  atque  vestriim  cuilibct,  in  vir- 
tule  sanctae  ob?dienliae  firmiter  injungimus  atque  mandamus,  etc.  » 

2.  De  Formeville,  Hlst.  de  iancien  Évéché-comté  cleLisimix,  II,  112  ;  —  Méin. 
de  Xoël  Desha-yea. 


/S  L ABBAYE    DE    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

confirma  Télection  que  les  moines  firent  de  Guillaume  Le 
Vavasseur,  originaire  de  Benzeville,  ])our  remplir  cette 
dignité  ;  il  lui  donna  la  bénédiction  abbatiale,  et  informa  le 
roi  Philippe  le  Bel  de  l'ordre  qu  il  avait  mis  dans  la  maison, 
avant  den  confirmer  Tabbé.  Celui-ci  fut  heureusement  un 
homme  de  bien  qui  répara,  par  sa  prudence  et  sa  bonne  con- 
duite, le  tort  qu'avait  iait  à  cette  maison  celui  qui  avait  été 
déposé  '.  » 

Dans  le  temps  où  le  monastère  resta  six  années  sans  supé- 
rieur, la  lutte  commencée  contre  la  Flandre,  entraîna  de 
grands  préparatifs  de  guerre.  Philippe  le  Bel  vint  à  Arras  et 
à  Douai.  Il  convoqua  le  clergé  de  Normandie  pour  Tost  de 
Flandre  :  à  Pon toise,  le  3  mai  1304  ;  à  Arras  le  19  mai  1304. 
L'arriere-ban  était  crié.  Le  prieur  de  Sainte-Barbe-en-Auge, 
l'abbé  de  Saint-Léger  de  Préaux,  l'abbé  de  Gormeilles  et  fabbé 
de  Grestain  s'y  trouvèrent  par  leurs  représentants  ~. 

XIII. — Glillaume  Le  ^^s.vASSELR,  treizième  abbé,  fut  élu  le 
30  avril  1308.  Nous  croyons  inutile,  après  les  observations  ci- 
dessus,  d'expliquer  pourquoi  son  élection  fait  pressentir  un 
changement  dans  la  discipline  et  prévoir  des  efforts  pour  intro- 
duire ou  maintenir  l'ordre  et  la  régularité.  Ce  qu'il  en  a  été  au 
point  de  vue  de  la  règle,  nous  ne  pouvons  le  savoir,  mais 
avec  le  nouvel  abbé  l'esprit  d'ordre  s'étendit  à  la  gestion  des 
intérêts  temporels.  Pour  preuve  qu'il  en  a  été  ainsi,  plusieurs 
faits  peuvent  être  notés  avec  précision.  Aussitôt  élu,  Guillaume 
Le  Vavasseur  se  fit  mettre  en  possession  des  biens  que  Gres- 
tain possédait  encore  en  Angleterre  -K  II  ne  faut  pas  d'ailleurs 
se  représenter  ces  biens  comme  restés  intacts  depuis  cent  cin- 
quante ans  ;  la  majeure  partie  était  perdue.  La  charte  confir- 

1.  Ilialoire  de  Vancien  Évêché-comté  de Lisieux,  II,  lib. 

2.  Ilislor.  de  la  France,  XXIII,  797. 

3.  Mandement  d'Edouard  II,  du  16  juin  1.308;  pièces  justif.,  n"  13. 


DONATIONS  79 

malive  d'Éclouard  II  n'énumère  ni  lesdonalions  de  Robert  de 
Mortain,  ni  les  églises,  ni  les  teiies  situées  dans  les  comtés  de 
Siilfolk  et  de  Siissex  '.  Le  domaine  rural  de  Grestain  est 
réduit  à  des  petites  propriétés.  Au  temps  où  dans  les  comtés 
anglais  il  avait  été  plus  étendu  et  solidement  établi,  les  abbés 
de  Grestain  avaient  été  enclins  à  aller  résider  en  Angleterre, 
à  y  surveiller  Tadministration  d'un  territoire  considérable,  à 
peut-être  y  oublier  les  obligations  de  la  vie  religieuse.  Rappe- 
lés dans  Fenceinte  commune  du  cloître,  ces  abbés  firent  choix 
d'un  agent  qui  était  à  la  fois  juge,  officier  de  police  et  rece- 
veur ^. 

Guillaume  Le  Vavasseur  laissa  le  souvenir  d'un  sage  admi- 
nistrateur. Il  accrut  les  biens  de  l'abbaye  :  industria  sua, 
mulla  acquisivil  suo  monaslerio.  On  a  en  etfet  la  preuve  que 
pendant  le  temps  qu'il  a  exercé  ses  fonctions  un  grand  nombre 
de  donations  en  rentes,  en  dîmes  et  même  en  terres  furent 
faites  à  l'abbaye.  Philippe  le  Bel  lui  abandonna  le  revenu  que 
le  domaine  royal  percevait  sur  le  moulin  dé  Toutain ville  ^ 
On  connaît  le  nom  d'autres  donateurs  de  moindre  qualité  : 
Guillaume  du  Faveril,  Jean  du  Val,  Raoul  du  A^al-Durand, 
Robert  de  Tonnetot,  Geoffroy  Auzout,  Pierre  de  Clarbec, 
Jean  de  Contemoulins,  Henri  de  Clères.  Nous  noterons  une 
donation  d'importance  dont  l'abbaye  s'enrichit,  celle  du  fief 
des  Faulques  faite  par  un  prêtre  nommé  Ldmond  de  Beuze- 
ville^. 

Du  temps  de  cet  abbé,  on  augmenta  les  bâtiments  de  l'ab- 
baye. Guillaume  Le  ^'avasseur  était  encore  en  place  au  milieu 
de    l'année    1330  •'  et   peut-être  même   quelques  années  plus 

1.  Charlc  crivlDiiard  II,   du  2i-  avril,  pièces  justit'.,  n"  20. 

2.  Pièces  justif.,  ii°*  24,  2.1. 

3.  Lettres  du  mois  de  novembre  1319;  pièces  juslif.,  n"  22. 

4.  Lettres  du  8  septembre  1326  ;  pièces  juslif.,  n'^  23. 

5.  On  a  de  lui  une  procuration  du  mois  de  juin  1330.  Arcli.  déjj.  de  l'Kuie, 
II  342. 


80  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

tard.  Son  gouvernement  n'avait  pas  duré  moins  de  trente-cinq 
ans  ;  mais,  de  la  vie  intérieure  de  l'abbaye  pendant  toute  cette 
période,  aucun  document  ne  nous  parle. 

XIV.  —  Jean  P'"  n'est  connu  par  aucun  acte.  On  ne  sait  à 
quelle  époque  il  a  pris  l'administration  de  l'abbaye.  D'après 
les  auteurs  du  Gallia,  son  nom  apparaît  le  24  avril  1346;  ils 
fixent  la  date  de  sa  mort  à  l'année  1362  ' .  L'abbatiat  de  Jean  P'" 
aurait  donc  duré  seize  années  environ.  A  défaut  de  documents, 
on  doit  s'en  tenir  aux  dates  ci-dessus  indiquées. 

Mais  sous  le  gouvernement  de  l'abbé  Jean  il  y  eut  un  fait 
important  qui  mérite  d'être  noté.  C'est  l'opération  financière 
qui  aboutit  à  l'échange  ou  plutôt  à  l'acquisition  de  la  baron- 
nie  de  Mézidon  -.  L'abbé  devint  un  seigneur  féodal,  le  suze- 
rain d'une  trentaine  de  fiefs,  demi-fiefs,  quart  de  fiefs,  et  le 
chef  de  toute  l'échelle  hiérarchique  des  receveurs,  juges,  gref- 
fiers qui  servaient  les  possesseurs  de  fiefs  et  exploitaient  les 
vassaux,  les  ruinant  très  aisément.  Ces  crens  de  finances  et  de 
chicane  devaient  plus  tard,  après  les  guerres  anglaises,  for- 
mer la  classe  la  plus  aisée. 

La  baronnie  de  Mézidon  était  très  divisée.  Elle  s'étendait 
dans  les  bailliages  de  Gaen,  de  Cotentin,  dans  la  vicomte  de 
Falaise,  avec  extension  dans  la  sergenterie  d'Auffay  au  pays 
de  Gaux,  dont  une  portion  était  passée  dans  la  famille  de 
Melun  vers  1316. 

Trente  ans  plus  lard  '^  l'état  prospère  de  l'abbaye  de  Gres- 
tain  permit  à  ses  religieux  d'entrer  en  pourparler  pour  le  paie- 
ment de  la  rançon  de  Jean  de  Melun  que  les  historiens 
appellent  le  chambellan  de  Tancarville,  et  de  traiter  l'affaire 
à  Rome  et  à  Paris. 

1.  Gallia  christ.,  XI,  col.  844.  »  Obiit  anno  primo  Urbani  V.  » 

2.  Mansus  ou  mansio  Odonis,  en  1135  et  1147.  Chef-lieu  de  canton,  arrond. 
de  Lisieux,  Calvados. 

3.  Voy.  aux  pièces  justificatives  l'acte  du  14  avril  1347  \n°  26). 


ÉCHANGE    DE    MÉZIDON  81 

Jean  de  Melun  s'étail  porté  au  secours  de  Caen  menacé  par 
Edouard  III  (juillet  1346).  Le  roi  d'Angleterre  était  venu  vers 
la  ville,  «  là  oii  estoient  capitaines  establis  de  par  le  roy,  mon- 
seigneur Guillaume  Bertran,  évesque  de  Baieux  et  jadis  frère 
de  monseigneur  Robert  Bertran,  chevalier,  le  seigneur  de 
Tournebu,  le  comte  d'Eu  et  de  (luines,  lors  connestable  de 
France,  et  monseigneur  Jehan  de  Meleun,  lors  chambellan  de 
Tanquarville,  Et  quant  les  x\nglois  vindrent  devant  Caen,  si 
assaillirent  la  ville  par  quatre  lieux,  et  traioientsajettes  par 
leurs  archiers  aussi  menus  que  se  ce  fust  grelle.  Et  le  peuple 
se  deffendoit  tant  qu'il  povoit...  Toutes  voies,  pour  ce  que  les 
archiers  avoient  grant  quantité  de  sajettes,  il  firent  le  peuple 
de  soy  retraire  en  la  ville  et  se  combatirent  du  matin  jusques 
aux  vespres.  Lors,  le  connestable  de  France  et  le  chambellan 
de  Tanquarville  issirent  hors  du  chastel  et  du  fort  en  la  ville, 
et  ne  scai  pourquoy  c'estoit,  et  tantost  il  furent  pris  des 
Anglois  et  envoies  en  Angleterre  '   ». 

Jean  de  Melun  se  rendit  à  Thomas  Holland,  chevalier 
anfjlais  ;  il  fut  conduit  en  Angleterre  avec  le  connétable  d'Eu. 
Pour  pouvoir  payer  sa  rançon  il  se  vit  forcé  d'engager  la 
baronnie  de  Mézidon  et  la  terre  d'Auffay  qui  étaient  entrées 
dans  la  maison  de  Tancarville  par  des  alliances. 

((  Etant  repassé  en  France  sur  parole,  au  commencement  de 
l'année  1347,  dans  le  but  de  travailler  à  sa  libération,  et, 
comme  il  s'exprime  lui-même  dans  un  de  ses  actes,  «  pour  la 
<(■  descharge  delà  rançon  en  quoy  j'estois  tenu  àhault  et  puis- 
«  sant  prince  mon  seigneur  Eddouard,  ainsné  filz  du  roy  d'An- 
«  gleterre.  prince  de  Galles  »,  il  persuada  aux  moines  de  Gres- 
tain  de  vendre  sept  manoirs  qu'ils  avaient  en  Angleterre,  les- 
quels leur  étaient,  disait-il,  «  de  nulle  ou  de  petite  value  depuis 
«  vingt  ans  en  çà,  tant  pour  les  guerres  qui  estoient  comme  pour 

1.  Les  grandes  Chroniques  de  France,  V,  453. 
C».  lîuÉAiiM.  —  L'Abbai/e  de  .\olre-D;iine  de  (irestnin.  6 


82  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

«  lespérilz  de  la  mer,  larrons  et  robeurs  desquels  il  estoit  plus 
«  qu'il  ne  soulloit  »,  et  de  lui  remettre  l'argent  du  prix  de  la 
vente  qui  lui  servirait  à  acquitter  sa  rançon.  Il  leur  donnait, 
en  échange,  et  pour  leur  en  tenir  lieu,  sa  baronnie  de  Mézidon, 
et,  s'il  était  nécessaire,  quelques  autres  propriétés,  de  manière 
à  leur  compléter  un  revenu  annuel  sur  le  pied  de  cent  livres 
tournois  pour  chaque  trois  mille  livres  qu'ils  lui  compteraient, 
le  florin  à  l'écu  pris  pour  seize  sous,  huit  deniers.  Jean  de 
Melun  s'engageait  en  outre  à  obtenir,  à  ses  coûts  et  dépens, 
du  Pape  et  du  roi  d'Angleterre,  chacun  en  ce  qui  les  concer- 
nait, leur  assentiment  à  l'aliénation  que  faisait  l'abbaye. 

«  A  la  suite  de  cet  accord,  le  prince  de  Galles  s'étant 
accommodé  des  sept  manoirs  des  moines  de  Grestain  qui  lui 
avaient  été  vendus,  ou,  u  qui  lui  avoient  esté  baillés  à  ferme 
<(  jusques  à  mil  ans,  le  sire  de  Tancarville  bailla,  de  son  côté, 
«  aux  moines  de  Grestain  sa  baronnie  de  Mézidon  et  sa  ferme 
«  des  moulins  d'Auff'ai,  en  pris  de  mille  livres  de  rente  par  an  »  ; 
ce  qui  donnerait  à  entendre,  d'après  les  termes  de  l'arrange- 
ment, que  les  sept  manoirs  de  Grestain  avaient  été  cédés  au 
prince  de  Galles  moyennant  une  somme  de  trente  mille 
livres  K  » 

Du  marché  que  les  religieux  venaient  de  négocier  quel  avait 
été  le  motif?  Cet  incident  domestique  n'est  point  expliqué  par 
l'acte  d'échange,  mais  on  y  peut  suppléer,  La  Normandie  était 
alors  ouverte  aux  armes  victorieuses  des  Anglais.  Il  était  pro- 
bable que  de  nombreuses  abbayes  et  bien  des  églises  allaient 
avoir  à  souffrir  de  la  guerre,  et  d'abord  celles  qui  avaient  été 
dotées  en  Angleterre  et  y  conservaient  encore  de  notables  reve- 
nus :  Grestain  était  de  ce  nombre.  A  l'occasion  delà  lutte 
acharnée  entre  Edouard  III  et  la  France,  les  unes  et  les  autres 
ne  seraient-elles  point  dépouillées?  D'autre  part,  les  revenus 

1.  Deville,  Hist.  du  château  el  des  sires  de  Tancarville,  p.  15S-lo6.  —  Voy. 
aux  pièces  justificatives  les  n°*  26,  27,  28,  29. 


Li:S    ANGLAIS    A    GRESTAIN  83 

de  provenance  anglaise  n'élaieni-ils  pas  devenus  d'une  percep- 
tion onéreuse  et  difficile  ?  Les  moines  usèrent  de  diligence  pour 
ne  pas  laisser  échapper  le  temps  favorable  d'acquérir  des  biens- 
fonds  plus  durables.  Ils  en  avaient  demandé  et  obtenu  la  per- 
mission en  cour  de  Rome,  «  le  pape  avait  été  sollicité  de  char- 
ger l'archevêque  de  Sens  ou  l'archevêque  de  [Rouen]  d'obte- 
nir pour  cette  transaction  le  consentement  des  deux  rois  de 
France  et  d'Angleterre  ^  ». 

D'autres  abbayes  s'étaient  déjà  trouvées  atteintes  ;  les 
monastères  de  Saint-Etienne  de  Caen  et  de  Saint-Evroult 
furent  privés  des  ressources  qu'ils  tiraient  de  leurs  prieurés 
anglais.  En  1349,  l'abbaye  de  Saint-Evroult,  au  diocèse  de 
Lisieux,  passait  pour  presque  ruinée  ;  il  faut  savoir  que  la 
contrée  avait  été  frappée  d'une  terrible  épidémie,  la  peste 
noire,  dont  plus  de  cent  mille  personnes  moururent  à  Rouen  ^. 
Dans  nos  campagnes,  les  populations  rurales  du  Lieuvin,  de 
la  vallée  d'Auge,  les  cultivateurs  de  la  plaine  de  Caen,  avaient 
été  en  grand  nombre  emportés  par  le  fléau  :  les  terres  étaient 
restées  en  friche,  les  propriétés  avaient  perdu  moitié  de  leur 
valeur,  les  fermiers  remettaient  leurs  fiefs,  se  refusant  à 
payer  leurs  redevances.  Aussi,  dit  l'abbé  de  la  Rue,  pendant 
les  huit  années  suivantes,  les  tabellions  de  Caen  commençaient 
la  plupart  de  leurs  contrats  par  ce  triste  protocole  :  «  Comme 
pour  cause  de  la  guerre  des  Anglois,  nos  anciens  ennemis,  et 
de  la  grant  mortalité  que  Dieu  a  envoyées  sur  son  peuple,  les 
maisons,  terres,  rentes  et  autres  héritages,  soient  et  ayent  esté 
de  mendre  value  en  revenu,  que  ils  ne  souloient  \  » 

Il  faut  nous  arrêter  sur  ces  temps  malheureux  ;  ils  prépa- 

1.  P.  Denifle,  La  désolation  des  églises,  monastères,  etc.,  II,  75.  Le  R.  P. 
Deniile  donne  en  note  un  extrait  de  la  supplique  adressée  au  pape  Clément  VI 
par  les  religieux  de  Greslain.  On  en  trouvera  le  texte  aux  pièces  jusliûcatives, 
n»  27. 

2.  Delisle,  Etudes  sur  la  condition  de  la  classe  agricole,  etc.,  p.  640. 

3.  Nouveaux  essais  sur  la  ville  de  Caen,  II,  207. 


84  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

raient  un  grand  désastre.  Dès  le  début  des  hostilités,  bien  que 
les  côtes  de  la  mer,  de  la  Risle  à  la  Touques,  eussent  été 
occupées  par  des  troupes  plus  ou  moins  disciplinées,  l'abbaye 
n'avait  pas  eu  trop  à  souffrir  des  infortunes  de  la  guerre.  Dix 
années  se  passèrent  sans  grands  dommages  (1346-1355).  Mais 
les  religieux  ne  pouvaient  se  sauver  du  danger. 

Pendant  les  six  derniers  mois  de  l'année  1356,  les  gens  de 
guerre  français  et  les  bandes  anglo-navarraises  sont  en  mou- 
vement dans  la  contrée.  Au  mois  de  juin,  Pont-Audemer 
qu'occupe  une  garnison  de  Navarrais  est  assiégée  par  Robert 
de  Ploudetot,  le  sénéchal  d'Eu,  le  sire  de  Villequier,  Robert 
de  Glermont,  l'amiral  Le  Baudrain  de  la  Heuse  et  a  grant 
route  de  gens  d'armes  ».  L'approche  du  duc  de  Lancastre  à 
la  tête  de  dix  mille  hommes  environ  fit  lever  le  siège.  Venant 
des  frontières  de  la  Bretagne,  les  Anglais  avaient  traversé  la 
partie  de  la  Normandie  qui  forme  actuellement  le  département 
du  Calvados  en  ravageant  tout,  en  abattant  les  châteaux, 
détruisant  les  églises  et  les  monastères,  en  affamant  le  pays. 
On  rapporte  que  dans  la  campagne  de  Caen  les  habitants  d'un 
grand  nombre  de  paroisses  abandonnèrent  leurs  foyers  et 
qu'ils  n'y  avaient  pas  encore  reparu  au  bout  de  quinze  à  seize 
ans  '.  Cette  chevauchée  désastreuse  n'avait  pas  duré  plus  de 
vingt  jours  ~. 

Au  mois  d'août  1356,  on  reprit  le  siège  de  Pont-Audemer; 
la  ville  se  rendit  par  traité. 

Enfin  au  mois  de  novembre  les  Anglo-Navarrais  se  jetèrent 
de  nouveau  sur  Pont-Audemer,  prirent  la  ville,  la  pillèrent  et 
y  mirent  le  feu  '^.  Ce  fut  peu  après  le  tour  de  Honfleur.  Six 

1.  De  La  Rue,  Nouveaux  essais,  etc.,  217-219. 

2.  Dupont,  Histoire  du  Cotentin,  etc.,  Il,  348-350. 

3.  «  Les  Anglois  après  avoir  surpris  Pont-Audemer  se  répandirent  dans  tout 
le  pays  le  pillant  et  ravageant,  de  sorte  qu'on  n'apréhendoit  qu'eux  et  on  ne 
croioit  veoir  qu'yeux,  si  bien  que  Jean  de  Boutetorte,  habitant  de  GIos,  ej 
quelques  autres  habitans  ayant  aperceu  deux  hommes  à  cheval  entre  Montfort 


LES    ANGLAIS    A    GRESTAIN  85 

cents  Anglais  se  portèrent  sur  cette  place,  s^en  emparèrent  et 
la  livrèrent  au  pillage  '.  Le  chroniqueur  ajoute  que  peu  d1ia- 
bitanls  purent  s'enfuir  «  en  nefs  et  vaisseaux  ». 

Il  a  paru  indispensable  de  rappeler  brièvement  ces  faits  de 
guerre  afin  de  fixer  en  quelles  circonstances  Fabbaye  de  Gres- 
tain  a  été  ruinée  et  le  nombre  de  fois. 

Pendant  quelque  temps  l'abbaye  avait  été  préservée.  Mais 
quand  les  Anglo-Navarrais  eurent  occupé  militairement  Pont- 
Audemer  qui  commandait  la  vallée  de  la  Hisle,  et  pris  posi- 
tion à  Honfleur  pour  se  ménager  des  débouchés  par  mer,  ils 
tinrent  la  rive  gauche  de  l'embouchure  de  la  Seine  jusqu'à 
Quillebœuf  et  la  plus  grande  partie  du  Lieuvin.  Alors  s'avan- 
çant  dans  les  campagnes  pour  se  mettre  en  mesure  de  vivre 
sur  la  région,  les  détachements  anglais  commencèrent  leurs 
courses  de  pillards  et  rançonnèrent  les  paysans,  les  bour- 
geois, les  ecclésiastiques  sans  défense.  Ces  bandes  destinées, 
croyaient-elles,  à  rester  l'hiver  dans  la  contrée  se  formaient 
ainsi  des  magasins  de  subsistance. 

Il  est  donc  facile  de  comprendre  quel  a  été  en  ces  occasions 
le  sort  des  abbayes.  Les  habitants  du  voisinage  y  mettaient  à 
couvert  leurs  récoltes  et  leurs  bestiaux.  L'ennemi  faisait  halte, 
enlevait  des  chariots  de  fourrages  et  de  grains,  puis  usant  de 
précaution  il  détruisait  les  bâtiments  où  les  gens  du  pays 
auraient  pu  se  retrancher  ou  des  troupes  se  fortifier  pour  s'y 
défendre. 

En  1358,  selon  toute  probabilité,  l'abbaye  de  Grestain  a 
été  pillée  et  détruite   en  partie  par  les  Anglo-Navarrais.   Les 

et  Glos,  allèrent  à  eux,  leur  demandèrent  qui  ils  estoient.  Comme  ils  ne  répon- 
dirent point,  le  supliant  en  tua  un  et  l'autre  se  sauva.  Malheureusement  cet 
homme  tué  estoit  Jean  le  Breton,  valet  de  Jean  de  Bellanguer,  écuier,  qui  con- 
duisoit  un  Anglois  en  prison.  Le  Dauphin,  due  de  Normandie,  pardonna  la 
méprise.  )>  —  Rémission  par  lettres  données  à  Rouen  en  13o9,  confirmées  en 
1381.  —  Arch.  nat.,  JJ.  H9,  n°  403. 

1.  Chronique  des  quatre  premiers  Valois,  p.  38,  40,  45,  61  (édit.  S.  Luce). 


86  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

moines  qui,  comme  d'autres  religieux,  possédaient  une  maison 
de  refuge  à  Rouen  s'y  étaient  retirés.  La  maison  s'élevait  sur  la 
paroisse  de  Saint-Eloi  ;  Charles  V  leur  en  assura  par  pure 
grâce  l'amortissement  en  1359,  «  en  considération  qu'ils 
avoient  eu  leur  abbaïe  et  manoirs  ars  et  dégastez  par  les 
ennemis'  ».  Le  sort  d'un  grand  nombre  de  monastères,  leur 
état,  n'était  pas  moins  déplorable.  A  peu  de  distance  de 
Grestain,  s'élevait  l'abbaye  bénédictine  de  Notre-Dame-de- 
Préaux  que  des  murailles  et  des  tours  défendaient.  Elle  fut 
entièrement  détruite  ;  les  flammes  consumèrent  le  mobilier; 
les  moines  se  dispersèrent^.  L'ancien  Préaux  fut  apparemment 
anéanti  avec  l'abbaye.  A  Gormeilles,  les  religieux  de  Saint- 
Pierre  devinrent  aussi  les  victimes  des  bandes  anglaises, 
navarraises  et  françaises  ;  les  unes  comme  les  autres  se 
livraient  au  pillage^.  Le  pape  Innocent  ^  I,  dans  une  lettre 
du  28  août  1357,  déplorait  les  atrocités  commises  dans  le 
diocèse  et  dans  la  ville  de  Lisieux'.  Un  chroniqueur  écrivait  : 
((  N'omcques,  puis  que  Diex  fu  mis  en  crois,  n'estoit  nul  qui 
omcques  eust  veu,  ni  leu,  en  romanz  ne  en  croniquez,  tel 
temps  comme   il  couroit  en   ce  temps\    » 

Les  documents  présentent  à  nos  yeux  un  sombre  tableau 
pendant  l'abbatiat  de  Jean  F'',  quatorzième  abbé  de  Grestain. 
Les  religieux  n'eurent  pas  plus  la  possibilité  de  vivre  réguliè- 
rement sous  son  successeur,  ni  d'éviter  les  rapines  des  gens 
de  guerre. 

XV,   —  Jean  II  le  Maigre  devint  abbé  en  1362,  d'après  le 

1.  Pièces  justif.,  n°  30.  Lettres  de  Charles  V  données  à  Rouen  en  septembre 
1359.  —  Arch.  nat.,  JJ.  87,  n°  183,  fol.  112  r°. 

2.  D'après  une  chronique  de  ce  monastère,  dans  Hist.  de  la  maison  d'Har- 
court,  III,  20.  —  Cf.  Canel,  Essai  sur  l'arr.  de  Pont-Audemer,  I,  325. 

3.  Chron.  norm.  de  P.  Cochon  (édit.  Beaurepaire),  p.  102. 

4.  Denifle,  La  désolation  des  églises,  II,  p.  182. 

5.  Chron.  norm.,  p.  102  (édit.  Molinier). 


LES    ANGLAIS    A    GRESTAIN  87 

Gallia.  La  guerre  continuait  dans  la  contrée  malgré  les  traités 
de  paix,  malgré  les  mesures  prises  pour  l'évacuation  des  forte- 
resses de  Normandie  tenues  par  les  Anglais.  Jean  Chandos  et 
Louis  de  Harcourl  délivrèrent  notamment  les  places  du  Xeu- 
bourg  et  de  Hon fleur  (136ij.  Mais  Pont-Audemer  restait  en 
la  possession  de  Charles  de  Navarre.  La  garnison  anglo-navar- 
raise  continuait  à  y  vivre  d'incursions  et  de  pillages.  D'autres 
bandes  composées  d'Anglais  et  d'aventuriers  de  tous  pays 
s'étaient  répandues  librement  dans  les  campagnes.  L'une  d'elles 
avait  pris  ses  quartiers  dans  l'abbaye  de  Grestain  et  l'avait 
solidement  réparée.  Un  seigneur  du  pays,  Jean  de  Bailleul, 
était  venu  se  joindre  à  ces  gens  de  toutes  sortes'.  «  Comme 
se  feussent  assemblez  plusieurs  gens  d'armes  de  compagnie  et 
de  plusieurs  nacions  et  eussent  prins  leur  retrait  ou  refuge  en 
l'abbaye  de  Gratain,lesquelz  pour  lors  estoient  moult  craintz 
et  doubtez  ou  pais  et  es  parties  d'environ  pour  les  grans  extor- 
sions, excès  et  maléfices  que  ilz  faisoient,  avec  lesquelz  s'estoit 
mis  et  acompaigné  feu  Jehan  de  Bailleul  qui  estoit  né  du  païs 
de  Gratain.  »  L'existence  du  peuple  rural,  des  habitants  des 
bourgs  et  des  villes  non  fortifiées  d'une  contrée  aoréable,  riche 
en  pâturages  et  en  grains,  était  devenue  misérable. 

Vers  le  17  avril  1362,  James  de  Pippes,  chevalier  anglais, 
après  avoir  ravagé  la  Basse-Normandie,  vint  dans  le  Lieu  vin, 
prit  l'abbaye  de  Cormeilles,  s'y  fortifia,  et  de  là,  rançonna  la 
région  comprise  entre  Lisieux  et  Pont-Audemer'.  Cormeilles 
fut  détruite  en  partie  ;  les  religieux  en  furent  chassés  mais,  de 
même  que  leurs  voisins  de  Grestain,  ils  avaient  acheté  à 
Rouen  une  maison  de  refuge  oîi  ils  se  retirèrent,  rue  Saint- 
Maclou,    paroisse    de    Notre-Dame,    «    pour  là   continuer  à 

1.  Rémission  pour  le  meurtre  de  Jean  de  Bailleul,  pièces  justif.,  n°  33. 

2.  L.  Delisle,  Hht.  du  chileau  et  des  sires  de  Saint-Saaveur-le- Vicomte, 
p.  125.  —  Luce,  Hist.  de  du  Guesc/in,  361,  362,  370,  472.  —  Chron.  norm.  du 
A7V^«s.,p.  160,  164,  329,  331  (édit.  Molinier). 


88  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

célébrer  l'office  divin  comme  ilz  y  estoient  obligez.  »  En  avril 
1366,  le  roi  leur  remit  ramortissement  de  cette  maison*. 
L'abbaye  de  Cormeilles  devait  survivre  à  ces  désastres,  mais  la 
région  du  Lieuvin  ne  cessant  pas  d'être  le  théâtre  de  conti- 
nuelles expéditions,  peu  de  communautés  restèrent  debout.  Le 
prieuré  de  Saint-Gilles  de  Pont-Audemer,  situé  à  l'extrémité 
du  faubourg  de  cette  ville,  tomba,  fut  détruit  par  la  guerre  et 
il  fut  incendié  par  cause  fortuite,  dit  la  chronique  :  casu  for- 
luito  comhustus  extiferit-.  Nous  ne  contestons  pas  ce  fait, 
tant  s'en  faut,  mais  les  incendies  fortuits  qui,  dans  ce  temps, 
consumèrent  les  monastères  nous  laissent  quelques  doutes 
sur  leur  cause.  La  guerre  a  ses  impitoyables  nécessités. 

On  touchait  d'ailleurs  au  temps  où  le  malheureux  pays  de 
Normandie  allait  être  reconquis  pièce  à  pièce,  avec  beaucoup 
de  peine,  par  l'épée  de  du  Guesclin.  Toutefois  les  choses  n'en 
étaient  pas  encore  là  à  l'automne  de  1364,  Le  15  novembre  de 
cette  année-là,  des  troupes  anglo-navarraises,  qui  peut-être 
avaient  pour  objectif  de  reprendre  Honfleur,  assaillirent  et 
prirent  l'abbaye  de  Grestain  ;  elles  l'occupèrent  neuf  mois, 
jusqu'au  10  août  1365  ^  On  ne  saurait  dire  que  les  religieux 
y  résidaient,  ils  s'étaient  enfuis  vers  la  retraite  qu'ils  avaient 
eu  soin  de  se  ménager  à  Rouen.  A  leur  retour  d'une 
émigration  pour  ainsi  dire  périodique,  après  le  départ  des 
gens  de  guerre,  des  routiers  et  des  pillards,  l'abbaye  de  Gres- 
tain était  détruite  en  partie  et,  dit  un  auteur,  presque  rasée  au 
niveau  du  sol  ^.  Le  Neustria  pia  fournit  ce  renseignement  qui, 
selon  toute  vraisemblance,  a  été  puisé  dans  des  archives  dont 
on  ne  connaît  aujourd'hui  que  de  faibles  débris.  Quoique  exa- 


1.  Arch.  nat.,  JJ.  96  «  Amortissatio  religiosis  de  Cormeliis.  >•> 

2.  Denifle,  La  désolation  des  églises,  p.  7o9. 

3.  Gallia  christ.,  XI,  col.  844. 

4.  Neustria  pia,  p.  333  :  «  Destructum  est  moiiasterium  et  fere  solo  aequa- 
tum  ob  ingentium  bellorum  tumultus,  » 


LES    ABBÉS    RÉaULIERS  89 

gérée  l'informalion  esta  noter.  Elle  permet  de  supposer  que  les 
bâtiments  de  Tabbaye,  el  peut-être  Téglisequi  avait  été  réédi- 
fiée au  xiii^  siècle,  comme  nousTavons  vu,  avaient  été  en  partie 
abattus  dans  la  seconde  moitié  du  xiv^  siècle.  Les  constructions 
qui  les  remplacèrent  sont  celles  qui  parvinrent,  non  sans  avoir 
subi  de  nouveaux  désastres,  jusqu'au  temps  où  l'on  en  ordonna 
la  démolition. 

De  ce  qui  précède,  il  ressort  que  l'abbaye  de  Grestain  a 
présenté  durant  la  première  période  de  la  guerre  de  Cent  ans 
un  lamentable  spectacle.  Le  monastère,  que  des  murs  faits  de 
cailloux  protégeaient  seuls,  éprouva  en  moins  de  six  années, 
de  1358  à  1364,  de  très  graves  dommages,  peut-être  des  dégâts 
irréparables. 

XVL  — Jean  III  Reinfroy  fut  élu  abbé  de  Grestain  la  huitième 
année  du  pontificat  d'Urbain  V,  dit  le  Gallia  christiana  '.  Cette 
indication  nous  donne  la  date  de  l'année  1369  pour  l'entrée  en 
fonction  de  Jean  Reinfroy.  Le  Neustria  pia  a  confondu  cet 
abbé  avec  un  de  ses  prédécesseurs  qui  a  aussi  porté  le  nom  de 
Jean  '. 

On  ne  sait  rien  pour  ce  temps,  on  est  réduit  à  transcrire 
sans  détails  d'aucune  sorte,  le  nom  des  abbés  pendant  une 
période  de  quarante  ans  environ. 

XVII.  —  Etienne.  Son  nom  seul  est  connu  ;  il  n'est  accom- 
pagné dans  le  Gallia  d'aucune  indication  chronologique  ^, 
Combien  de  temps  demeura-t-il  à  la  tête  de  l'abbaye  ?  Nous 
l'ignorons, 

XVIII.  —  Jean  IV  Picot  était  abbé  le  9  octobre  1377,  De 
cet  abbé  on  ne  sait  rien. 

1.  T.  XI,  col.  844. 

2.  Xeuatria  pia,  p.  522. 

3.  Gallia  christ.,  XI,  col.  844. 


90  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

XIX.  —  Martin  de  laHoussaye  dirigeait  l'abbaye  en  1388 
et  1390.  C'est  à  peu  près  tout  ce  que  nous  savons  de  lui. 
En  cette  dernière  année,  il  était  présent  à  l'Echiquier  tenu  à 
Rouen,  à  la  Saint-Michel.  Devant  cette  cour,  il  y  avait  procès 
entre  le  comte  de  Tancarville  et  les  religieux  de  Grestain, 
lequel  fut  terminé  par  l'accord  du  7  février  1409  '. 

XX.  —  Jean  V  de  Foussi,  docteur  en  droit  canon,  était 
abbé  de  Grestain  en  1398.  Le  30  janvier  de  cette  année-là, 
il  fut  reçu  à  rendre  la  foi  et  hommage'.  Il  mourut  à  Paris  en 
1407  (n.  st.)  et  fut  inhumé  dans  la  chapelle  du  collège  de 
Cluny.  L'épitaphe  suivante  était  gravée  sur  son  tombeau-^  : 

Hicjacet  reverendus  in  Christo pater  D.  Johannes  de  Foussiaco, 
qiwndam  ahhas  monasterii  B.  MABIAE  de  Grestano,  ordini's 
sancd  Benedicti,  Lexoviensis  diocesis,  et  decretorum  doclor  ;  qui 
ohiit  Parisius^  die  sexla  mensis  januarii  anno  Domini  1406  : 
cujus  anima  in   pace  requiescat.  Amen. 

(Ci-gît  révérend  père  en  Dieu  dom  Jean  de  Foussi  jadis  abbé 
du  monastère  de  Notre-Dame  de  Grestain,  de  l'ordre  de  Saint- 
Benoît,  au  diocèse  de  Lisieux,  docteur  en  droit  canon,  qui 
trépassa  à  Paris,  le  6  janvier  1406. j 

Un  acte  daté  du  5  mai  1398  se  rapporte  à  cet  abbé.  Jean, 
abbé  de  Grestain,  et  ses  religieux  déclarèrent  faire  don  à 
Henri  Mallet  de  Mirebel,  à  titre  de  fief  hérédital,  du  four  à 
ban  de  Quétiéville,  moyennant  vingt  sols  tournois  de  rente  ^. 

Du  temps  de  cet  abbé,  en  1403,  il  y  eut  sentence  par  laquelle 
l'abbaye  du  Bec  fut  maintenue  dans  le  droit  de  percevoir,  dans 
la  «  ville  »  de  F'iquefleur,  la  coutume  du  poisson  frais,  pain  et 
sel  qui  s"y  vendaient,  droit  qui  avait  été  contesté  par  les  reli- 

1.  Voy.  aux  pièces  justif.,  n"  34. 

2.  Pièces  justif.,  n"  32. 

3.  Neustria  pia,  p.  533. 

4.  Méni.  soc.  Ant.  Xorm.,  VIII,  3,  n"  9. 


LES    ABBÉS    RÉGULIERS  91 

gieiix  de  Grestain  ;  la  même  sentence  condamna  ces  derniers 
au  paiement  de  21  livres  10  sols  de  rente  qu'ils  devaient  à 
l'abbaye  du  Bec  à  cause  du  fief  du  Hosc  '. 

XXI.  —  RicuARD  P'*  DE  Thieuville  était  abbé  de  Grestain 
au  mois  de  février  1409.  A  cette  date,  il  était  à  Rouen  avec 
D.  Jean  Vallet,  religieux  et  ancien  bailli  de  l'abbaye,  en  une 
assemblée  où  se  trouvaient  Guillaume  de  Melun,  comte  de 
Tancarville,  Robert  d'Ksneval,  Jean  d'Auricher  et  plusieurs 
autres  chevaliers.  L'abbé  de  Grestain  et  le  comte  de  Tancar- 
ville y  conclurent  une  transaction  dans  le  but  de  terminer  des 
contestations  au  sujet  des  droitures  de  pêche  et  autres  droits 
des  eaux  du  comté  de  Tancarville  en  la  rivière  de  Seine  -. 

Les  18  octobre  1411  et  24  juin  1424,  le  nom  de  Richard  de 
Thieuville  paraît  dans  les  registres  de  la  Chambre  des  comptes 
de  Paris  '^  ;  il  avait  représenté  le  dénombrement  de  son 
abbaye. 

L'abbé  de  Grestain  appartenait  à  la  famille  Thiéville  ou 
Thieuville,  originaire  du  Cotentin,  laquelle  a  donné  au  dio- 
cèse d'Avranches  un  évêque  dans  le  xiii^  siècle,  un  abbé  à 
Lessay  et  un  évêque  à  Coutances  dans  le  xiv*'  siècle,  avec 
deux  abbesses  à  Tabbaye  de  Sainte-Trinité  de  Caen.  Elle  était 
très  considérable  au  temps  de  saint  Louis  ^. 

Sous  le  règne  de  ce  roi,  une  branche  de  la  famille  Thieu- 
ville apparaît  dans  la  vicomte  de  Pont-Audemer.  Un  Richard 
de  Thieuville  était  présent  avec  d'autres  chevaliers  aux  assises 
tenues  dans  cette  ville  par  le  bailli  Jean  de  Livet,  en  1260  ^. 
Un  Renan t  de  Thieuville  résidait  à  Ronfleur  en  1354  ".  A  la  fin 


1.  Bibl.  nat.,  Cinq  Cents  de  Colbert,  vol.  190,  fol.  1414. 

2.  Voy.  aux  pièces  justif.,  n°  34,  l'accord  du  11  février  1409. 

3.  Gallia  christ.,  XI,  col.  845. 

4.  Mém.  soc.  Ant.  de  Norm.,  II,  318,  325-328. 

5.  Ch.  de  Beaui-epaire,  De  la  vicomte  de  VEau  de  Rouen  (1856),  p.  159,  note. 

6.  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  26001,  n°  520. 


92  l'aBUAYE    de    NOTRE-DAME    DE    ORESTAIN 

du  même  siècle  et  au  commencement  du  siècle  suivant,  en 
1388,  1398,  1400  et  1411,  Guy  de  Thieuville  remplissait,  les 
fonctions  de  garde  du  scel  des  obligations  des  vicomtes  de 
Pont-Authou  et  Pont-Audemer  '.  A  partir  de  cette  époque 
jusqu'à  la  Révolution,  on  suit  aisément  la  descendance  de  cette 
branche  des  Thieuville  dans  le  voisinage  des  villes  de  Pont- 
Audemer  et  de  Honfleur.  Ce  sont  les  Thieuville  de  la  Haus- 
sa y  e  % 

L'abbatiat  de  Richard  1^^  de  Thieuville  commença  et  se  con- 
tinua dans  un  temps  d'étranges  misères  :  la  guerre  civile  et  la 
guerre  étrangère;  la  première  était  ouverte  en  1411,  la 
seconde  éclata  peu  après.  Le  13  août  1415,  Henry  V  d'Angle- 
terre arrivait  à  l'embouchure  de  la  Seine,  débarquait  ses 
troupes  le  lendemain  et  mettait  le  siège  devant  Harfleur  qui 
capitulait  le  22  septembre. 

Il  serait  sans  doute  à  propos  d'éliminer  de  l'histoire  de  Gres- 
tain  des  faits  qui  ne  paraîtront  être  que  des  redites.  C'est  une 
évidence  que  l'abbaye  ne  pouvait  vivre  paisiblement  alors  que 
les  Anglais  cantonnés  sur  les  côtes  de  la  partie  basse  de  la 
Seine  avaient  fait  de  ces  côtes  leur  principal  appui.  Dès  que 
l'amiral  Thomas  Beauforl,  comte  de  Dorset,  eut  été  laissé  à 
Harfleur  avec  une  forte  garnison,  il  dut  songer  à  pénétrer  au 
cœur  du  pays  ennemi.  Il  se  hâta,  il  se  précipita  sur  la  rive 
gauche  pour  atteindre  le  port  qui  lui  faisait  face.  Il  envoya 
des  espions  rôder  autour  de  Honfleur.  Ce  fut  sous  la  conduite 

.    1.  Bibl.  nat.,  mss.  fr.  26023,  n"  12220;  26029,  n»  2808. 

2.  Leur  ancien  manoir  delà  Houssaye  existe  encore  sur  la  commune  d'Ablon 
(autrefois  paroisse  de  Cremanville).  C'est  une  très  vieille  maison  cons- 
truite en  pierres  de  tuf  qui  a  été  ruinée,  incendiée  peut-être  dans  la  partie 
supérieure.  Sur  la  façade,  au  sud,  sont  deux  écus,  mais  ils  ne  sont  chargés 
d'aucunes  pièces  héraldiques.  On  remarque  en  outre,  au  rez-de-chaussée,  une 
salle  décorée  d'une  cheminée  à  colonnettes  dont  le  manteau  porte  des  traces 
de  peintures.  Les  poutres  équarries  ont  aussi  été  peintes.  Sur  un  poteau  sont 
sculptées  et  en  bonne  conservation  des  armoiries:  deux  bandes  ou  cotices  et 
neuf  coquilles.  Ce  sont  les  armes  des  de  Thieuville. 


LES    ANGLAIS    A    GRESTALN  93 

de  l'un  d'eux  qu'il  détacha  des  soldais  pour  observer  le  pays 
et  des  marins  pour  opérer  un  débarcpiement  à  Greslain.  On 
n'en  ramena  que  deux  habitants,  ce  qui  laisse  à  penser  que 
l'abbaye  était  déserte  et  que  les  villageois  s'étaient  mis  à  cou- 
vert dans  les  bois.  Le  guide  qui  avait  montré  le  chemin  de 
Grestain  aux  x\nglais  de  liarfleur,  en  lilf),  se  nommait  Guil- 
lebert  Dancre.  Il  reçut  le  châtiment  de  sa  perfidie.  Mené  devant 
la  porte  de  Honlleur  (la  porte  de  Caen),  il  y  fut  mis  à  mort  et 
décapité  ^  L'acte  qui  fait  connaître  cette  exécution  mentionne 
Durant  de  Thieuville,  lieutenant  du  bailli  de  Rouen  en  la 
vicomte  d'Auge.  G'était  le  frère  de  Richard,  abbé  de  Grestain, 
et  le  père  de  Durant  de  Thieuville  le  Jeune  '  dont  le  patrio- 
tisme n'a  pas  survécu  à  la  conquête  anglaise  et  qui  a  été  un 
((  faux  et  renégat  François  ». 

Richard  l^^  de  Thieuville,  abbé  de  Grestain,  se  résigna  de 
même  à  accepter  les  bienfaits  d'un  ennemi  ^  Il  jura  fidélité  à 
Henry  V  et  reconnut  pour  souverain  un  Anglais  '*.  En  échange 
du  serment  demandé,  le  roi  d'Angleterre  lui  garantit  la  conser- 
vation de  ses  biens  personnels.  D'autre  part,  les  religieux 
obtinrent  la  possession  des  leurs  ^  et  reçurent  des  lettres 
patentes  de  protection  comme  Saint-Étienne  de  Caen,  Saint- 
Evroult,  Lire,  Saint-Pierre-sur- Dive,  etc.  ''.  Le  clergé  normand 
eut  moins  que  les  autres  ordres,   les   gentilhommmes  et  les 

1.  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  26041,  n»  5140.  —  Voy.  pièces  justif.,  n»  .38. 

2.  Contrôleur  au  grenier  à  sel  de  Honflcur  en  1422-1424;  conseiller  en  la 
vicomte  d'Auge  en  1426;  lieutenant  particulier  des  vicomtes  d"Auge  et  de 
Pont-Audemer  en  1429;  commis  à  l'exercice  du  bailliage  d'Évreux  en  144S; 
maître  enquêteur  et  général  réformateur  des  eaux  et  forêts  de  Normandie.  On 
remarquera  l'étonnant  cumul  des  fonctions  de  Durant  de  Thieuville. 

3.  Tous  ses  parents  ne  l'imitèrent  pas  ;  l'un  deux,  Henri  de  Thieuville,  sei- 
gneur de  Cremanville,  pour  s'être  montré  bon  Français  fut  déclaré  «  chevalier 
rebelle  ».  —  Vautier,  Extrait  des  reg.  des  dons,  etc.,  p.  133. 

4.  Avant  le  traité  de  Troyes  (1421),  Henri  V  n'était  qu'un  concjuéranl  étran- 
ger. 

5.  Gallia  christ.,  XI,  col.  845. 

6.  Mém.  soc.  Ant.  de  Xorm.,  XVI,  280-283  ;  287-289. 


94  l'aBBAVE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

bourgeois,  à  redouter  les  violences  du  vainqueur.  «  Si,  par 
exception,  Henry  \  montra  parfois  une  grande  dureté  pour 
les  ecclésiastiques  qui  avaient  pris  une  part  ouverte  à  la  résis- 
tance, s'il  frappa  d'énormes  contributions  les  abbayes  du  Bec 
et  de  Fécamp  et  convertit  celle  de  Saint-Gilles  en  caserne,  en 
général  il  eut  pour  le  clergé  des  ménagements  tout  particuliers. 
Tandis  qu'il  expropriait  sans  miséricorde  genlilhomraes  et 
bourgeois,  il  confirma  et  rétablit  presque  partout  les  églises  et 
les  clercs  dans  la  jouissance  de  leur  temporel  '.  »  Les  docu- 
ments montrent  bien  que  le  nouveau  maître  du  pays  n'avait 
aucun  esprit  d'hostilité  contre  le  clergé  normand  séculier  ou 
régulier,  mais  le  témoignage  des  chroniqueurs  de  ce  temps 
prouve  aussi  qu'il  ne  put  lui  assurer  la  sécurité.  Que  l'on 
laisse  s'écouler  quelques  années,  on  n'entendra  parler  que 
d'églises  effrondrées  ou  incendiées,  de  couvents  abandonnés 
par  les  moines,  de  terres  incultes  et  infestées  par  les  loups  ~. 

Quant  à  Richard  de  Thieuville  que  la  saisie  anglaise  ne 
frappa  ni  dans  ses  biens  ni  dans  les  revenus  de  son  abbaye, 
nous  ne  voyons  figurer  son  nom  que  dans  une  pièce  du  18 
juin  1424  K  C'est  l'acte  relatif  à  la  redevance  d'un  esturgeon 
perçu  pour  le  compte  du  suzerain  direct  en  raison  des  droits 
de  pêche  dont  les  moines  de  Grestain  bénéficiaient  dès  les 
premiers  jours  de  leur  établissement. 

Vers  le  même  temps,  Grestain  figure  dans  l'œuvre  déses- 
pérée de  résistance  au  gouvernement  anglais  comme  le  lieu  de 
ralliement  d'obscurs  partisans  et  de  dépôt  de  leurs  armes. 
Vers  1426,  u  un  journalier  des  environs  de  Pont-Audemer 
était  allé  leur  en  chercher  à  Rouen  ;  il  les  cacha  le  long  de  la 
côte  près  de  l'abbaye  de  Grestain,  dans  un  endroit  convenu  ^  ». 

1.  Puiseux,  L'émigration  normande,  p.  26-27. 

2.  Voy.  Denifle,  La  désolation   des  églises,  monastères  et  hôpitaux  en  France 
(3  vol.  Paris,  1897-1899j. 

3.  Pièces  justif.,  n"  40. 

4.  Pièces  justif.,  n"  41.  —  Cf.  Louis  Rioult  de  Neuville,  De  la  résistance  à 


LES    ABHÉS    RÉGULIERS  93 

Alors  sur  le  vaste  plateau  du  Lieuvin,  entre  la  Risle  et  la 
Touques,  s'organisaient  de  confuses  et  poignantes  tentatives 
de  soulèvement  ;  la  fortune  ne  les  servit  utilement  que  plus 
tard. 

Richard  P*"  de  Thieuville  mourut  le  11  février  1436  (n.  st.). 

XXII.  —  Guillaume  V  Poret  lui  succéda  sur  le  siège 
abbatial  ;  on  ignore  en  quelle  année  il  prit  possession  de  l'ab- 
baye. D'après  le  Gallia^  il  mourut  le  17  janvier  1444  (n.  st.). 
La  même  date  est  fournie  par  le  Neustria  pia  ^  Mais  il  n'est 
aucun  acte  à  notre  connaissance  oîi  il  soit  question  de  l'abbé 
Guillaume. 

XXIII.  —  Jean  le  Lièvre  fut  élu  abbé  vers  le  milieu  de 
l'année  1444.  Le  27  juillet  de  cette  année-là,  il  sollicitait  du 
roi  d'/\ngleterre  un  délai  pour  rendre  foi  et  hommage  du  tem- 
porel de  son  abbaye  '.  Il  était  présent  aux  Etats  convoqués  à 
Rouen,  en  1448  '■\  par  le  duc  de  Somerset,  nouvellement 
nommé  gouverneur  de  Normandie,  et  il  assista  selon  toute 
vraisemblance  à  la  magnifique  entrée  du  duc  dans  la  cathé- 
drale où  il  fut  reçu  avec  les  plus  grands  honneurs.  L'assem- 
blée des  États  fixée  d'abord  au  1^'"  mai  eut  lieu  le  10  du  mois 
suivant  ^. 

C'est  ici  le  lieu  de  dire  que  l'abbé  de  Grestain  figurait  parmi 
les  gens  d'église  du  bailliage  de  Rouen  qui  étaient  tenus  de 
comparaître  à  l'Echiquier  de  Normandie.    Il  siégeait  au   10^ 

V occupation  anglaise  clans  le  pays  de  Lisieux  de  1424^  à  1444  (Caen,  1893).  — 
G.  Lefèvre-Pontalis,  La  guerre  de  parlixan^  dans  la  Ilaale-Normandie  [1424- 
1429),  dans  Bibl.  de  l'École  des  Chartes,  t.  LIV  et  LV,  années  1893  et  1894  ; 
t.  LVI,  année  1893. 

1.  Gallia  chrisL,  XI,  col.  84o.  —  Xeuslria  pia,  p.  534. 

2.  Pièces  justif.,  n"  42. 

3.  Gallia  christ.,  XI,  col.  845. 

4.  De  Beaurepaire,  Les  Etats  de  Xormundie  sous  la  domination  anglaise, 
p.  98. 


96  l'aBBAVE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

rang  après  l'abbé  de  Préaux  et  au-dessus  de  celui  de  Cor- 
meilles  K  Dans  les  synodes  diocésains  où  Tabbé  de  Grestain 
devait  comparaître  en  personne,  son  rang  de  préséance  était 
le  cinquième  '.  C  est  cette  place  qu'il  occupa,  au  mois  de  mai 
1448,  au  synode  général  que  Thomas  Basin,  évêque  de  Lisieux, 
tint  dans  sa  ville  épiscopale. 

La  même  année,  visitant  son  diocèse,  Thomas  Basin  vint  à 
l'abbaye  de  Grestain,  le  l*''"  août  ;  il  y  consacra  deux  autels  '^ 
A  cette  visite  qui  semble  indiquer  une  sorte  d'apaisement, 
devait  succéder  un  grand  tumulte  et  une  transformation.  On 
ne  saurait  guère  se  les  imaginer. 

Après  trente-deux  années  d'occupation  étrangère^,  la  Nor- 
mandie allait  voir  la  puissance  des  Anglais  s'écrouler  en  dix- 
huit  mois.  C'est  ici  que  finit,  avec  le  recouvrement  de  la  Nor- 
mandie, la  guerre  de  (^ent  ans,  et  que  s'ouvrira  pour  notre 
province,  avec  la  navigation  et  le  commerce,  une  ère  nou- 
velle. Malgré  l'intérêt  que  nous  prenons  à  ces  événements,  on 
ne  peut  répéter  les  récits  de  la  conquête  de  la  Normandie.  Bor- 
nons-nous à  ne  retenir  que  les  détails  qui  se  rapportent  à 
labbaye  de  Grestain  (1449-1450). 

Dunois  qui  avait  été  institué  lieutenant  général  s'empare  de 
Verneuil  le  20  juillet.  Le  10  du  mois  suivant,  Pierre  de  Brézé 
et  Robert  de  Floques  attaquent  Pont-Audemer.  Un  premier 
assaut  est  repoussé.  Dunois,  les  comtes  d'Eu  et  de  Saint-Pol 
surviennent,  le  12  août.  Les  deux  armées  prennent  position. 
La  ville  est  enlevée  ^.  Dans  ces  circonstances  l'élan  est  donné  ; 
les  Français  grâce  à  leur  rapidité  d'action  vont  aller  de  succès 

en   succès.  Les   comtes  d'Eu  et  de  Saint-Pol  se  23ortent  sur 

) 

1.  Floquet,  Ilist.  du  parlement  de  Normandie,  I,  47. 

2.  D.  Bessin,  Concilia  Rotom.  prov.,  p.  488. 

3.  Neustria  pia,  p.  535. 

4.  Mathieu  d'Escouchy,  I,  191  ;  III,  354.  —  Bohert  Blondel,  II,  73-75;  294- 
297  (éclit.  Héron,  1893).  —  Cronicques  de  Normendie,  p.  110-111  (édit.  Hellot, 
1881). 


CIIAHLKS    VII    A    (iRKSIAI.N  97 

Pont-l'Evêque  que  la  garnison  anglaise  avait  abandonnée  ;  sur 
Lisieux  qui  capilule  le  16  aoùl.  Puis  Mantes,  Vernon,  Har- 
courl,  Chambrais,  Touques  (27  septembre),  Exmes  (30  sep- 
tembre). Argentan  (4  octobre),  Rouen  (20  octobre),  enfin 
Harlleur  clef  de  l'embouchure  de  la  Seine,  ont  fait  leur  red- 
dition '.  Aux  premiers  jours  du  mois  de  janvier  1450,  les 
Anglais  ne  conservaient  que  Ronfleur,  ville  bien  fortifiée  et 
position  importante  qui  fournissait  un  point  favorable  pour 
abriter  un  débarquement  et  fournir  des  communications  par 
mer.  A  l'ouest  donc  du  monastère  de  Grestain,  à  une  distance 
de  deux  lieues,  la  bannière  «  à  champ  blanc  une  croix  rouge 
parmy  »  flottait  encore  sur  la  Tour  Carrée  qui  défendait 
l'étroite  entrée  du  havre  de  Ronfleur  ;  c'était  une  pièce  de 
fortification  que  le  xiv^  siècle  avait  vu  construire  et  qui  était 
bien  connue  des  moines  de  Grestain. 

Le  17  janvier  1430  (n.  st.),  on  investissait  Ronfleur;  la  ville 
bloquée  par  terre  et  par  mer  se  rendit  le  18  février  ^. 

A  cette  époque  se  place  le  séjour  de  Charles  VR  à  l'abbaye 
de  Grestain.  Le  roi  s'était  rapproché  depuis  quelque  temps  du 
théâtre  de  la  guerre.  Il  était  à  Montivilliers  pendant  le  siège 
de  Rarfleur.  De  là  il  s'était  rendu  à  Jumièges  où  Agnès  Sorel 
mourut  le  9  février  1450.  De  Jumièges,  Charles  VR  s'était 
dirigé  vers  Grestain  alors  que  ses  meilleurs  capitaines  tenaient 
encore  le  siège  devant  Ronfleur.  Charles  VII  arriva  à  l'ab- 
baye le  14  février  ou  peut-être  la  veille  •-. 


1.  La  reddUion  de  Harfleur  est  du  i*"'"  janvier  1450;  la  capitulation  avait  été 
conclue  le  25  décembre  1449.  —  Les  Cronicques  de  Xormenclie  (édit.  Hellot), 
p.  308,  note  419. 

2.  Robert  Bloiulel  lédit.  Hérons  II,  166,  168,  344.  —  Les  Cronicques  de 
Xorinendie,  142-143.  —  Thomas  Basin,  Ilist.  de  Charles  Vil,  I,  231  Soc.  Hist. 
de  Fr.). 

3.  Arcii.  nat.  P.  263-,  n"  471.  Voy.  aux  pièces  juslif.,  n"  44.  Charles  VII  était 
à  Grestain  et  non  point  à  l'abbaye  de  Jumièfçes  (de  Beaucourt,  Hist.  de 
Charles  VU,  t.  V,  p.  360,  note  2),  quand  furent  données  les  lettres  de  commis 

Ch.  lÎKKAun.  —  L'AhI);iyii  lie  Xolre-Dame  de  Grestnin.  ^ 


98  l'abbaye  di:  .notke-dame  de  GKESTALN 

Il  a  été  fait  mention  par  les  chroniqueurs  du  passage  du 
roi  de  France  à  Grestain.  «  Parmi  ces  mêmes  jours,  dit  Robert 
Blondel  en  parlant  de  la  reddition  de  Honfleur.  le  roi  quitte 
l'abbaye  de  Grestain  où  il  logeait  à  quatre  milles  de  Honfleur 
et  se  rend  à  Essay  '  ». 

Jean  Chartier  a  rapporté  :  a  Tant  tost  après  que  ladite  ville 
de  Honfleur  eut  esté  réduite,  se  party  le  roy  de  ladite  abbaye 
de  Grestain  et  s'en  alla  à  Bernay,  de  là  à  Essay,  puis  à  Alen- 
çon  ^.  »  Dans  les  Chroniques  de  Normandie,  on  lit:  '(  Ce 
temps  durant,  le  roy  estoit  logié  en  une  abbaye  nommée 
Gretain,  à  deux  lieues  prez  de  Honnefleu  '  ». 

On  ne  connaît  aucun  détail  du  séjour  de  Charles  ^  II  à  l'ab- 
baye de  Grestain.  Le  roi  y  vint  pendant  que  les  troupes  de 
Dunois  entouraient  Honfleur  dont  le  gouverneur  ^  refusait 
d'ouvrir  les  portes  malgré  Tarlicle  de  la  capitulation  du  comte 
de  Somerset  concernant  cette  place.  Toutefois  on  est  porté  à 
croire  que  ses  capitaines  Yj  avaient  précédé  vers  le  milieu  du 
mois  de  janvier,  c'est-à-dire  dès  l'attaque  contre  Honfleur.  A 
ce  moment  il  y  eut  donc  dans  l'abbaye:  Charles  VII  et  autour 
du  roi  quelques-uns  des  hommes  de  guerre  du  groupe 
d'hommes  d'élite  que  vit  surgir  la  période  remarquable  qui 
s'écoula  de  1434  à  1430.  Tels  étaient  Jean  bâtard  d'Orléans, 
comte  de  Dunois;  Charles  d'Artois,  comte  d'Eu,  et  son  neveu 
Jean  de  Bourgogne,  comte  de  Xevers  ;  Charles  de  Culant, 
grand  maître  d'hôtel  du  roi  ;  Jean  d'Estouteville,  seigneur  de 

sion  pour  instruire  la  cause  de  réhabilitation  de  Jeanne  d"Arc,  datées  de  Rouen 
le  13  février  1449  (v.  st.),  c'est-à-dire  1450. 

1.  '<  Diebus  enim  illis  defluentibus,  serenissimus  rex  Karolus  in  abbacia  de 
Gretain  hospes,  a  quatuor  niilliaribus  fortalicio  Honnefluctus  vicina,  recedens 
Essiacum  petit.  »  Robert  Blondel,  II,  169  et  3i'6.  —  J.  Chartier,  Hist.  de 
Charles  VII,  t.  II,  189-190  (édit.  Vallet  de  Virivillei. 

2.  Hist.  de  Charles  F//,  II,  189-190  (édit.  de  1858  . 

3.  Les  Cronicques  de  Norrnendie,  p.  143  (édit.  Hellot,  1881). 

4.  Richard  Cursun,  écuyer,  lieutenant  à  Rouen  (1429-1439),  capitaine  de 
Honfleur  en  1440-1450.   Il  fut  remplacé  par  Rol)ert  de  F"loques,  mort  en  1461. 


C.IIAIU.KS     Nil     A    (illKSTAl.N  \)*.) 

lîlainville  puis  deTorcy,  grand  maître  des  arbalétriers;  Robert 
de  Floques,  bailli  d'Kvreux  ;  Jean  de  Hueil,  amiral  de  France; 
Poton  de  Saintrailles,  premier  ëcuyer  ;  Jacques  Cœur,  argen- 
tier du  roi  '.  On  retrouve  ces  noms  à  chaque  instant  mention- 
nés dans  les  chroniques. 

Un  rôle  de  dépenses  duyl3  novembre  1450  fait  connaître 
le  payement  qui  suit  : 

«  A  l'abbé  de  l'esglise  et  abbaye  de  Grestain  en  Normandie, 
en  laquelle  le  Roy  nostre  sire  a  esté  logié  par  l'espace  d'un 
mois  que  le  siège  a  esté  devant  Honnefleu,  près  de  ladite 
abbaye,  qui  estoit  occuppé  par  les  Anglois,  qui  par  force  a 
esté  mis  en  l'obéissance  du  Roy  nostre  dit  seigneur,  la  somme 
de  II  cents  livres  tournois  à  lui  donnée  par  ledit  seigneur, 
tant  pour  lui  aidier  à  reffaire  et  réédifîer  son  esglise,  que  pour 
aucunement  le  recompenser  des  dommaiges  et  interestz  qu'il 
a  euz  durant  ce  que  ledit  seigneur  a  esté  logié  en  ladicte 
abbaye  ~.  »  Les  deux  cents  livres  du  don  royal  furent  versées 
aussitôt.  L'abbé  Jean  Le  Lièvre  en  donna  quittance  le  2  mars 
1450  \ 

Si  Ton  s'en  tenait  au  sens  littéral  de  l'article  de  comptes 
qui  précède  et  aux  termes  de  la  quittance,  on  pourrait  penser 
que  le  séjour  de  Charles  VII  à  Grestain  a  duré  un  mois.  En 
réalité,  il  fut  beaucoup  plus  court.  Le  roi  était  encore  à 
Jumièges  le  12  février.  Il  était  à  Grestain  le  14;  il  avait  quitté 

1.  Des  lettres  du  21  février  données  à  Grestain  font  mention  comme  témoins 
de:  Dunois,  Torcy,  l'amiral  de  Bueil  et  Jacques  Cœur.  —  Arch.  nat.,  P.  190'ô-, 
n»  6636. 

C'est  le  vidimus  des  lettres  portant  donation  à  Robert  de  Floques  d'un  hôtel 
bâti  à  Honneur  par  John  Talbot  de  Furnival,  comte  de  Shrewsbury,  capitaine 
deCaudebec,  Gisors,  Rouen,  Coutances,  Harfleur,  lieutenant  général  sur  le 
fait  (le  la  guevre  entre  les  rivières  de  Seine,  Marne,  Oise,  Somme  et  la  mer.  — 
Chrnn.  de  Mathieu  d'Encouchy,  II,  ;J6't  (édit.  Soc.  Hist.  de  France). 

2.  Mathieu  d'Excouchy,  II,  38i  (édit.  Soc.  Hist.  de  France). 

3.  Pièces  justif.,  n»  45.  La  quittance  a  conservé  le  sceau  de  l'abbé  Jean  Le 
Lièvre.  —  Bil)l.  nat.  ms..  fr.  2090;i  ,  n°  149. 


100  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    (JRESTAIN 

labbaye  le  24  :  il  séjourna  pendant  les  derniers  jours  du  mois 
à  Pont-Audemer  et  à  Tabbaje  de  Préaux  ',  Le  temps  que 
Charles  VII  s'arrêta  dans  l'abbaye  de  Grestain  n'a  pas  excédé 
dix  jours.  Mais,  comme  nous  l'avons  dit,  ses  officiers  y  ont 
séjourné  un  plus  long  temps. 

Le  séjour  de  Charles  VII  à  Grestain  mentionné  par  les  his- 
toriens a  laissé  d'autres  traces.  Son  souvenir  reste  marqué 
dans  les  registres  de  la  Chancellerie  royale,  où  ont  été  trans- 
crites plusieurs  lettres  émanées  du  roi  et  signées  par  lui  à 
Grestain.  Ces  registres  contiennent:  une  lettre  de  naturalité 
avec  une  autorisation  de  posséder  des  biens  en  France  accor- 
dée à  Jacquelin  Hairolde,  marchand  italien,  «■  lequel  depuis 
longtemps  fait  commerce  en  France  »  ;  deux  lettres  d'anoblis- 
sement, l'une  octroyée  à  Léger  Arnoul,  notaire  et  secrétaire 
du  roi,  l'autre  donnée  à  Pierre  Le  Cerf,  qui  remplissait  alors 
nous  ne  savons  quelles  fonctions  militaires  et  qu'un  peu  plus 
tard  on  qualifie  dans  un  acte  de  «  capitaine  des  costes  de  la 
mer  ».  Ce  Pierre  Le  Cerf  s'était  fixé  aux  environs  de  Ron- 
fleur, à  Equemauville,  paroisse  où  sa  famille  a  résidé  pendant 
plus  d'un  siècle  et  demi.  Nous  avons  encore  une  lettre  de  légi- 
timation accordée  à  llegnaut  de  Grasset,  une  lettre  de  dona- 
tion à  Guillaume  Gouffier,  en  récompense  de  ses  services 
durant  la  campagne  de  Normandie,  de  la  seigneurie  de  Roque- 
cezière  en  Rouergue,  qui  avait  appartenu  à  Agnès  Sorel  2, 
une  lettre  de  rémission  donnée  à  Pons-Guillaume,  seigneur  de 
Clermont-en-Lodève,  conseiller  et  chambellan  du  roi  ;  enfin 
une  autre  lettre  de  donation  signée  à  Grestain,  le  21  février 
1450,  par  laquelle  Robert  de  Floques,  bailli  d'Évreux,  déjà 
pourvu  de  la  capitainerie  de  Honfleur,  reçoit  un  hôtel  situé 
dans  cette  ville   et  qui   avait  été  confisqué   sur  le    comte  de 


1.  Canel,  Hist.  de  Pont-Audemer,  I,  96  à  la  noie. 

2.  De  Beaucourt,  Hist.  de  Charles  VII,  V,  p.  309. 


Li:s  Aintiis  régi  mers      '  101 

Slirewsbury,   John  Talhol.    Les  documenls   mentionnés   plus 
haut  seront  analysés  à  l'appendice  '. 

Après  la  réduction  de  la  Normandie,  à  l'issue  de  la  seconde 
période  de  la  guerre  de  Cent  ans,  les  récits  des  contempo- 
rains mettent  en  lumière  une  triste  vérité.  Chaque  belligérant, 
anglais  ou  français,  par  le  seul  droit  de  la  guerre,  avait  abusé 
de  la  propriété  privée.  Pour  les  religieux  de  Grestain,  toutes 
les  relations  habituelles  de  la  vie  régulière  avaient  été  inter- 
rompues et  brisées;  elles  avaient  cessé  une  à  une.  On  a  la 
preuve  que  le  «  moustier  »  avait  été  longtemps  vacant,  que 
«  durant  le  temps  des  guerres  icelle  abbaye  n'estoit  point  une 
abbaye  et  n'y  avoit  nulz  religieux  qui  ne  feussent  absentz 
pour  le  fait  des  guerres  et  divisions  de  ce  royaulme  ».  A  leur 
retour,  les  moines  avaient  trouvé  leur  église  abattue  '~.  L'édi- 
fice fut  alors  réconstruit  en  partie;  Charles  VII  fit  don  de 
deux  cents  livres  pour  cette  œuvre  \  Quel  était  à  ce  moment 
l'état  des  autres  constructions;  on  ne  saurait  le  dire,  mais  on 
présume  que  les  murs  d'enceinte  vers  le  nord  avaient  été  rui- 
nés et  restèrent  tels  jusqu'au  temps  de  l'abbé  Le  Veneur.  Les 
Anglais,  en  quittant  la  Normandie,  avaient  laissé  les  popula- 
tions épuisées  et  les  campagnes  dévastées.  Grestain  avait  subi 
les  maux  de  la  guerre  dans  toute  leur  rigueur.  Ce  fut  sans 
doute  la  préoccupation  de  l'abbé  Jean  Le  Lièvre  de  recons- 
truire les  bâtiments  de  l'abbaye  au  moins  pour  la  partie  néces- 
saire ;  en  1448,  Thomas  Basin.évéque  de  Lisieux,  y  bénissait 
deux  autels.  Mais  cet  abbé  ne  put  pousser  les  travaux  bien 
loin  ;  il  décéda  le  2(S  juillet  1458. 

1.  Voy.  aux  [)ièces  justif.,  n"  44. 

2.  On  lit  dans  un  aveu  de  1450:  k  Nous  ne  pouvons  savoir  à  plain  la  vraye 
congnoissance  de  toutes  les  appartenances  de  nostre  dit  moustier  pource  qu'il 
a  longtemps  esté  vaccpiant  et  n'y  denieuroit  nulz  religieulz  et  pour  ce  ladite 
esglise  qui  avoit  esté  et  est  toute. déserte  et  ai)atue  pour  le  fait  des  guerres  et 
divisions  de  ce  royaulme.  » 

3.  Quittance  du  2  mars  1450,  aux  pièces  justif.,  n"  4a, 


102  I.'aIÎHAVI-:    de    .NfiTUE-DAMF.    DE    GRESTAIN 

On  possède  plusieurs  pièces  du  temps  de  son  administration. 
Nous  avons  dabord  un  aveu  et  dénombrement  de  la  tempora- 
lité de  l'abbaye  '.  puis  un  accord  fait  avec  les  moines  bénédic- 
tins du  Bec,  en  1454.  A  cette  époque,  l'abbaye  du  Bec  céda 
aux  religieux  de  Grestain  «  toutes  ses  prétentions  et  droits 
sur  les  denrées,  poissons  frais  et  marchandises  qui  se  vendaient 
sur  le  perroi  de  la  mer  entre  le  hamel  de  Jobles  et  le  pont  de 
Gremantleu  ;  et  il  fut  convenu  que  les  relais  de  la  mer  seraient 
partagés  entre  les  deux  abbayes  "'  ».  Cet  acte  se  trouve  en 
analyse  dans  l'Inventaire  des  titres  de  Tabbaye  du  Bec  '^. 

Le  sceau  de  l'abbé  Jean  Le  Lièvre  nous  est  parvenu  ;  il  est 
encore  attaché  à  une  quittance  en  date  du  2  mars  1450  ^. 
L'empreinte,  de  figure  ovale,  porte  la  ^  ierge  au-dessous  de 
laquelle  l'abbé  de  Grestain  est  représenté  à  genoux,  tenant  la 
crosse  abbatiale.  A  droite,  sur  un  écu,  se  voit  un  lièvre  ;  à 
gauche  est  placé  un  autre  écu  portant  les  léopards  normands 
ou  anglais. 

XXR\  —  Jean  VII  Beaudouin,  Le  siège  abbatial  ne  vaqua 
pas.  Les  religieux  s'assemblèrent  et  élurent  tout  d'une  voix 
Jean  Baudouin,  homme  pieux  et  distingué  par  ses  mœurs  ^. 
Il  reçut  la  bénédiction  épiscopale  le  29  septembre  1458  ".  Il 
jura  l'hommage  et  la  fidélité  à  Charles  VIII  le  12  décembre 
1458,  puis  à  Louis  XI  le  4  mars  1462.  après  avoir  obtenu  du 
roi  l'autorisation  de  faire  le  serment  de  «  féaulté  »  devant  le 
bailli  de  Bouen.  «  pour  considération  qu'il  estoit  ancien 
homme  et  détenu  de  maladie  de  fjoutte  ^    ».   Un  des  actes  de 


\.  Pièces  justif.,  n°  46.  Aveu  du  1<""  septembre  14b0. 

2.  Le  Prévost,  Mém    sur  le  clép.  de  l'Eure,  II.  7G. 

3.  Pièces  justif.,  n"  47. 

4.  Pièces  justif.,  n»  4S. 

5.  Neusiria  pia,  p.  53.3  :  «  V'ir  dcvotissiiiius  ac  moribus  insignis 

6.  Gallia  christ.,  XI,  col.  845. 

7.  Pièces  iuslif.,  n"'  49,  IjO. 


LKS    AlilŒS    RliGlLlERS 


103 


son  administration  dont  le  souvenir  ait  été  conservé  est  qu'il 
forma  une  association  de  prières  avec  Tabbaye  de  Saint-Mar- 
lin  de  Sées,  le  13  décembre  1466  ',  malheureux  monastère 
éprouvé  cent  ans  auparavant,  par  une  destruction  complète. 
Ses  moines  disaient  que,  pour  réparer  les  ruines  avec  leurs 
propres  revenus  il  leur  faudrait  cinq  cents  ans  de  paix  ininter- 
rompue ~. 

L'abbé  Jean  Beaudouin  mourut  le  13  ou  le  23  avril  de  l'an 
1468  •^.  Sa  vie  et  ses  actes  ne  nous  sont  pas  connus. 

XXV.  —  Richard  II  de  Thieuville  fut  le  25^  abbé  de  Gres- 
tain.  Il  appartenait  à  la  famille  Thieuville  dont  nous  avons 
déjà  parlé  et  il  était  le  neveu  de  Richard  P'"  '.  Peu  de  temps 
après  avoir  été  confirmé  en  son  élection,  il  sollicita  de  Louis  XI 
la  licence  de  prêter  l'hommage  aux  mains  du  bailli  de  Rouen. 
Le  .roi  acquiesça  à  la  demande  parce  qu'il  n'était  bonnement 
possible  à  l'abbé  de  Grestain  de  venir  faire  en  personne  le 
serment  de  féaulté  u  que  ce  ne  feut  au  grant  préjudice  de  lui 
et  d'icelle  abbaye  parce  que  le  revenu  d'icelle  estoit  de  bien 
petite  valleur  et  qu'il  ne  pourroit  fixer  les  deniers  qui  luy 
seroient  nécessaires  pour  fournir  à  la  despence  »  de  venir 
devers  le  roi.  L'acte  de  fidélité  fut  en  conséquence  reçu  par 
Jean  de  Montespedon,  le  12  juillet  1469,  aux  assises  de  Pont- 
Audemer  ^. 

La  prestation  de  la  foi  et  hommage  entraînait  la  rédaction 
d'un  autre  acte,  d'un  aveu  et  dénombrement  qui  énumérait 
avec  précision  les  propriétés  du  vassal.  Richard  de  Thieuville 
fournit  aux  officiers  du  roi,  le  6  septembre  1469,   la  descrip- 


1.  Gallia  christ.,  XI,  col.  845. 

2.  Denifle,  La  désolation  des  églises,  II,  757. 

3.  Neustria pia,  p.  r)33.  —  Gallia  christ.,  XI,  col.  845. 

4.  Gallia  christ.,  XI,  col.  845. 

5.  Acte  de  réception  d'hommage,  aux  pièces  justif.,  n°  51. 


lOi  l'abbaye  de  notbe-dame  de  grestaln 

tion  détaillée  des  biens  de  son  abbaye  '.  Nous  analyserons  cet 
acte  dans  un  autre  chapitre. 

Le  Gallia  a  rapporté  qu'il  était  fait  mention  de  Fabbé 
Richard  dans  les  chartes  de  M.  de  Gaignières.  En  effet,  on 
trouve  dans  la  collection  Gaignières,  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, les  copies  de  deux  pièces  provenant  de  la  chambre  des 
Comptes  et  qui  Tune  et  l'autre  se  rapportent  à  Grestain  et  à 
son  temporel.  Elles  portent  la  date  des  30  décembre  1476  et 
17  février  1477  '-. 

En  Tannée  1478,  Richard  II  de  Thieuville  forma  une  asso- 
ciation de  prières  avec  l'abbaye  Saint-Pierre  de  Préaux.  Deux 
années  après,  il  résigna  son  abbaye  il481j.  Avec  lui  disparut 
le  dernier  abbé  régulier  de  Grestain.  Il  mourut  le  1^''  octobre 
1495.  Du  temps  de  son  administration,  les  moines  étaient  au 
nombre  de  vingt-trois  ^. 

Nous  rappellerons,  à  propos  de  l'association  pieuse  citée 
plus  haut,  que  Grestain  était  également  en  société  avec  Tab- 
baye  de  Fécamp  '*. 

L'abbatiat  de  Richard  II  de  Thieuville  termine  une  période 
dans  l'histoire  de  l'abbaye  Notre-Dame  de  Grestain. 

1.  Aveu  et  dénombrement,  aux  pièces  justif.,  n°  o3. 

2.  Pièces  justif.,  n»*  j4,  oij. 

3.  Xeustria  pia,  p.  534.  —  Gallia  christ.,  XI,  col.  845.  Selon  le  Gallia,  la 
résignation  de  Richard  de  Thieuville  est  de  Tannée  1478. 

4.  Leroux  de  Lincy,  Essai  hist.  et  litt.  sur  l'abbaye  de  hécainp,  p.  373. 


CHAPITRE  III 

Etal  de  V abbaye  à  la  fin  du  XV^  siècle.  —  Les  possessions. 
Les  prieurés.  —  Droits  et  privilèges  seigneuriaux  sur  les 
marchés,  les  foires.^  la  pêche.  —  Droits  de  justice. 

Un  changement  profond  devait  s'opérer.  L'abbaye  est  jus- 
qu'à ce  moment  restée  en  règle.  Avec  les  temps  qui  vont 
suivre,  une  révolution  s'accomplit  dans  le  gouvernement  inté- 
rieur du  monastère  :  Grestain  tombe  «  en  la  griffe  impieuse  et 
sacrilège  des  commendataires  »  ;  leur  administration  toute 
laïque  sera  un  ferment  de  dissolution.  Des  germes  de  déca- 
dence apparaissent  ;  bientôt  viendront  les  troubles  religieux 
du  xvi^  siècle  qui  porteront  un  coup  presque  irrémédiable  à 
la  vieille  abbaye.  C'est  avant  ces  luttes  et  avant  les  ruines  qui 
en  furent  la  conséquence  qu'on  peut  se  placer  pour  examiner 
quelle  était  la  situation  de  Grestain  au  point  de  vue  temporel, 
le  seul  qui  nous  soit  connu. 

Du  xv<^  siècle,  on  a  deux  documents  qui  donnent  Ténumé- 
ration  des  biens  dont  l'abbaye  s'était  enrichie  grâce  à  des  dona- 
tions, fondations  et  acquisitions  de  toute  sorte.  Si  le  monas- 
tère avait  vu  ses  propriétés  d'Angleterre  disparaître,  il  avait 
par  compensation  accru  ses  biens  de  France  pendant  un  siècle 
et  demi.  Les  documents  dont  nous  allons  faire  usage  sont  des 
déclarations  faites  en  1450  et  1469  '. 

Grestain  était  une  seigneurie  importante,  une  baronnie 
assise  en   la  vicomte  de    Pont-Audemer   avec  extensions   au 

1.  Pièces  justif.,  n"»  46  et  r)3. 


406  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    de    GRESTAIN 

dehors.  Elle  s'étendait  sur  les  paroisses  de  Garbee,  Saint- 
Pierre-du-Châtel,  Boulleville,  Saint-Macloii,  Saint-Sidpice  de 
Graimbouville,  Conteville,  Ablon,  Ableville,  Equainville,  Cre- 
manville,  Honnaville,  La  Rivière  et  les  faubourgs  de  Hon- 
fleur,  avec  toutes  les  droitures  qui  appartenaient  à  basse  jus- 
tice. D'autres  propriétés  étaient  moins  centrales,  tels  que  les 
églises  et  les  fiefs  qui  étaient  situés  dans  le  pays  de  Gaux,  à 
Auffay;  dans  le  Gotentin,  à  Munneville  et  Barneville-sur-Mer; 
dans  la  campagne  de  Gaen,  à  Mézidon,  etc. 

Les  déclarations  de  la  temporalité  de  l'abbaye  faites  en 
1450  et  1469  fournissent  l'indication  des  possessions  qui 
suivent.  On  remarquera  que  le  mot  fief  y  est  constamment 
employé  et  on  voudra  bien  se  rappeler  que  ce  mot  ne  désigne 
pas  exclusivement  une  terre  noble  ou  tenue  noblement,  mais 
des  terres  tenues  en  censive,  des  terres  roturières.  Il  y  avait 
les  fîefs  qui  étaient  des  seigneuries  et  les  fiefs  qui  n'en  étaient 
pas  '.  Gela  dit,  voici  les  propriétés  de  l'abbaye  au  temps  de 
Louis  XI  :  le  fief  de  Rouville^  en  la  sergenterie  de  Bolbec  ;  le 
fief  de  la  Poterie^  à  Berville-sur-Mer  ;  le  fief  de  Sotteville^ 
dans  la  vicomte  d'Arqués  ;  le  fief  de  Fourmetot^  ou  portion 
de  fief;  le  fief  du  Bec,  à  Tourville  ;  le  manoir  et  le  franc-fief 
de  Fonlaine-Bellenger ,  c'est-à-dire  la  Fontaine-de-Bérenger 
[Fontana  Berengerii) ,  près  de  Gaillon  ''  ;  le  fief  des  Faulques 
sur  la  paroisse  de  Beuzeville  ;  le  fief  du  Mor  et  le  moulin  des 
Marais^  à  Equainville  ;  le  fief  du  Bois,  à  Fatouville  ;  à  Genne- 
ville,  le  fef  de  Maharu  et  le  fief  du  Boulley  ;  au  Theil,  le  fief 
à  VEspec,  à  Gonneville,  le  fief  du  Neesf.  —  Dans  le  bailliage 
de  Gaen,  nous  trouvons  le  fief  de  Boutevillain,  assis  à  Sainte- 
Marie-aux-Anglais  ;  le  fief  de  Tierceville    en  la  vicomte   de 


1.  Luchaire,   Manuel  des  Institutions   françaises,  p.   147-183.   —  P.  Viollet, 
Précis  du  droit  français,  p.  545  et  suiv. 

2.  Voy.  aux  Archives  dép.  de  l'Eure,  H.  341,  trois  pièces  des  années  1678- 
1767. 


FIEFS  i:t  kglisks 


107 


Bayeux  ;  le  jief  de  Tilly-sur-Seulle,  tenu  par  Jacques  de 
Gordouan  en  1552;  le  fief  Marelz  assis  à  Doux-Marais.  Dans 
le  bailliage  du  Gotentin,  nous  citerons  le  fief  Saint- Quentin 
près  Tinchebray,  les  fiefs  de  Querque ville  ^  Barneville-sur- 
Mer  ~  et  Munneville  ^. 

Patronages  d'églises.  —  Au  xv'^  siècle,  Tabbaye  de  Gres- 
tain  exerçait  le  droit  de  présentation  sur  seize  églises  et  cba- 
pelles.  Dans  le  diocèse  de  Lisieux  :  Saint-Ouën  de  Grestain, 
Garbec,  ïriqueville,  Saint-Pierre-du-Ghâtel,  Notre-Dame  et 
Saint-Léonard  de  Ronfleur  ^,  Saint-Sauveur,  Saint-Quentin-les- 
Ghardonnets,  Sainl-Grespin-sur-Vie  ;  dans  le  diocèse  de  Baveux  : 
Tierceville  ;  dans  le  diocèse  de  Goutances  :  Querqueville,  Bar- 
neville  et  Munneville  ;  dans  le  diocèse  de  Sées  :  Sainte-Sco- 
lasse-sur-Sarthe  et  Le  Ghalange  ;  dans  le  diocèse  d'Agen  : 
Saint-Astier.  Ajoutons  la  chapelle  de  Saint-Laurent  de  Gres- 
tain ;  et,  pour  le  xiv^  siècle,  Téglise  de  Fiquefleur  d'après  le 
pouillé  de  Lisieux  rédigé  vers  1350  °. 

Mézidon.  —  Nous  arrivons  à  la  baronnie  de  Mézidon  qui 
s'étendait  dans  la  Haute  et  Basse-Normandie.  Gette  seigneurie, 
comme  nous  l'avons  dit,  avait  été  aliénée  en  faveur  de  Gres- 
tain (1347)  ;  il  n'y  a  donc  pas  lieu  d'y  revenir.  Plaisons  seule- 
ment connaître  l'élat  de  ce  fief.  Il  y  avait  eu  château  et  forte- 
resse avec  tous  les  droits  que  conférait  la  propriété  foncière 


1.  ((  Ahbas  de  Grestano  est  patronus  ecclesie  Béate  Marie  de  Quierquevilla, 
etc.  »  —  Longnon,  Pouillés  de  la  province  de  Rouen,  p.  .319. 

2.  «  Al)l)as  Béate  Marie  de  Gresteno,  Lexoviensis  dyocesis,  est  patronus 
ecclesie  Sancti  Germani  de  Barnevilla  supra  Mare  et  percipit,  etc.  )>  —  Lon- 
gnon, Pouillés  de  la  province  de  Pouen,  335. 

3.  «  Jus  patronatus  ecclesie  Beati  Pétri  de  Mulevilla,  pro  majori  parte,  spec- 
tat  ad  al)bateiii  et  conventum  Béate  Marie  de  Grestano,  Lexoviensis  dyocesis, 
et  valet,  etc.  »  —  Longnon,  Pouillés  de  la  province  de  Rouen,  p.  279. 

4.  11  y  eut  de  longs  débats  entre  Grestain  et  l'évêque  de  Lisieux  au  sujet  du 
patronage  de  ce  bénéfice,  dont  les  «  fruits  »  furent  mis  en  séquestre  par  sen- 
tence de  1343.  La  pièce  justif.  n°  4  est  relative  à  ce  droit  de  patronage. 

•').   Longnon,  Pouillés  de  la  province  de  Rouen,  p.  2'>5. 


108  LABI5AYR    DE    NOTRK-DAME    DE    (iHESTAIN 

sur  les  personnes  et  sur  les  terres,  sur  les  marchés  et  sur  les 
marchandises,  sur  les  étangs  et  sur  les  moulins,  etc.  Ces 
droits  étaient  la  propriété  de  Grestain,  mais  ce  n'était  là  que 
des  revenus  domaniaux.  La  baronnie  de  Mézidon  ne  consistait 
plus  qu'en  redevances  et  en  services  et  non  en  terres.  Plu- 
sieurs fiefs,  demi-fiefs,  quarts  de  fiefs  dépendaient  de  Mézidon. 
L'abbaye  eut  de  ce  fait  de  nouveaux  vassaux,  tels  que  les  reli- 
gieux de  Sainte-Barbe,  les  héritiers  de  Jean  de  Carrouges,  de 
Hue  Bouchart,  Hugues  de  Méry,  Robert  de  la  Planque, 
Jacques  Paisnel,  Robert  des  Moustiers,  Pierre  de  Sainte- 
Croix,  Philippe  de  Mirebel,  Jean  d'Estrehan,  Guillaume  de 
Mauny,  les  religieux  de  Montebourg,  Richard  de  ToUevast, 
Raoul  de  Meulan,  etc.,  qui  possédaient  des  terres  mouvant  de 
Mézidon. 

Les  religieux  de  Grestain  administrèrent  cette  baronnie 
pendant  un  siècle  et  demi.  Ils  se  décidèrent,  en  1489,  «  en 
vue  du  profit  et  utilité  de  leur  couvent  »,  à  la  mettre  hors  de 
leurs  mains  et  à  la  céder  au  prieuré  de  Sainte-Barbe-en- 
Auge,  lequel  en  contre-échange  djonnait  à  Grestain  la  terre  et 
seigneurie  du  Mesnil-Ferry  assises  en  la  vicomte  de  Pont- 
Audemer  et  que  le  prieur  de  Sainte-Barbe  avait  nouvellement 
acquise  de  l'abbaye  de  \otre-Danie-de-la-Victoire-lès-Senlis  •. 
L'évêque  diocé^^ain  donna  son  consentement  à  la  convention 
d'échange  par  lettres  du  8  octobre  1489  -. 

1.  Voy.  aux  pièces  justif..  n°  oo.  —  Ce  monastère  fondé  par  Philippe  Auguste 
en  mémoire  de  la  victoire  remportée  à  Bouvines  en  1214,  fut  nommé  la  Vic- 
toire, la  Belle  Victoire,  Notre-Dame-de-la-Victoire.  Louis  XI  }'  vint  plusieurs 
fois  et  lui  obtint  le  titre  d'église  patriarcale;  c'est  le  même  roi  qui  approuva 
l'achat  du  fief  du  Mesnil-Ferry,  en  1477.  Un  décret  rendu  le  27  octobre  1783  par 
l'archevêque  de  Reiras  prononça  la  suppression  de  cette  abbaye.  —  Graves, 
Précis  stat.  sur  le  canton  de  Senlis,  p.  178.  —  Gallia  christ.,  X,  col.  Io03- 
1508. 

2.  Ce  n'est  donc  pas  au  xvii''  siècle  que  le  Mesnil-Ferry  a  passé  à  l'abbaye  de 
Grestain,  ainsi  qu'il  a  été  dit:  Canel,  Essai  sur  Varrond.  de  Pont- Au  de  mer, 
t.  II,  p.  483  ;  Le  Prévost,  Méin.  et  notes,  t.  II,  p.  o04,  et  ainsi  que  d'après  ces 
sources  nous  lavons  à  tort  répété  {Arch.  de  la  ville  de  Ilonfleur,  p.  359). 


l'IEl-S    KT    ÉGIJSES  109 

Le  Mesnil-Ferry  ou  Ferrey  forme  aujourdluii  un  hameau 
de  Notre-Dame-du-A  al,  commune  réunie  en  1835  à  Saint- 
Pierre.  Le  manoir  seigneurial  existe  encore  ;  un  ancien  colom- 
bier indique  le  chef-lieu  du  plein-fief  de  haubert  du  Mesnil- 
Ferry.  Une  chapelle  a  existé  sur  ce  fief;  elle  était  sous  l'invo- 
cation de  Saint-Etienne.  Au  xyiii*^  siècle,  époque  où  les  aspi- 
rants bénéficiers  ont  été  innombrables,  Sainl-Ktienue  du  Mes- 
nil-Ferrv  a  été  donné  à  un  gros  personnage,  à  Louis  du  (]up 
d'Yssel,  chanoine  et  promoleur  du  chapitre  collégial  de  Saint- 
Vincent,  au  diocèse  de  Carcassonne,  en  1704  '.  Le  rôle  des 
liefs  de  la  vicomte  de  Pont-Audemer  fait  connaître  que  la  ser- 
genterie  héréditale  du  Mesnil-Ferry,  dont  Torganisation  devait 
remonter  à  des  temps  très  reculés,  comprenait  plusieurs 
branches  et  s'étendait  sur  soixante  dix-sept  fiefs,  arrière-fiefs 
et  vavassories  '^.  Nous  ne  pouvons  pas,  —  cela  d'ailleurs  serait 
hors  de  propos,  —  établir  la  chronologie  des  sergents  hérédi- 
taux  du  Mesnil-Ferry,  cependant  on  en  peut  citer  deux  :  en 
1343,  Richard  du  Bosc  remplissait  les  fonctions  de  cette  ser- 
genterie  ;  en  1418,  Raoul  du  Feugueray  en  était  titulaire  par 
don  du  roi.  Deux  ans  plus  tard,  le  sergent  fieffé  du  Mesnil- 
Ferry  était  un  officier  anglais.  On  peut  se  demander  à  quelle 
époque  et  par  quelle  inféodation,  le  fief  du  Mesnil-Ferry  tenu 
du  roi  à  cause  du  comté  de  Monfort  a-t-il  été  constitué?  Il 
serait  difficile  de  le  dire  d  une  manière  précise.  Mais  sa 
lenure  féodale  semble  indiquer  que  ce  fief  a  existé  dès  une 
époque  lointaine,  peut-être  du  temps  du  premier  possesseur  de 
Montfort-sur-Risle  qui  est  présenté  par  les  historiens  nor- 
mands comme  la  souche  des  Bertran  de  Briquebec  et  de  Ron- 
cheville.  Quoi  qu'il  en  soit,  sans  donner  de  longs  détails  sur 
les  seigneurs  du  Mesnil-Ferry,  nous  pouvons  rappeler  qu'un 

1.  Son  parent,    Raymond  du  Cup   d'Yssel,  ancien   mous<(uetaire  à  cheval, 
écuyer  de  Mademoiselle,  a  élé  lieutenant  de  roi  à  Ilonfleur,  de  lOSo  à  1713. 

2.  De  Formevilie, //«/.  de  V évèch'-coinlé  de  Lisieiix,  11,  'M''*,  384-. 


110  l'abbaye    de    NÛIKE-bAME    DE    (iRESTAI.N 

Guillaume  «  de  Mesnillo-Ferrici  »  faisait  accord,  au  mois  de 
janvier  1286,  avec  les  religieux  de  Grestain  •.  Au  xiv''  siècle, 
le  Mesnil-Ferrj  était  aux  mains  de  la  famille  Gaillon  dont  une 
branche  résidait  dans  le  pays,  notamment  à  Beuzeville  ^  Les 
noms  de  plusieurs  Gaillon  sont  connus  depuis  le  xii^  siècle  ^. 
Ives  de  Gaillon,  Fromond  de  Gaillon,  Eudes  de  Gaillon  sont 
mentionnés  dans  les  titres  généalogiques  de  la  maison  de 
Montmorency  en  Tan  1145.  On  cite  un  Imbert  de  Gaillon  qui 
a  été  chancelier  de  Philippe  II,  en  Tannée  1192.  Mais  l'ori- 
gine delà  famille  ne  présente  qu'une  parfaite  obscurité  quoique 
les  généalogistes  en  aient  fait  remonter  les  générations  jus- 
qu'aux temps  des  croisades  et  de  la  conquête  de  l'Angleterre. 
Au  mois  de  mai  1390,  Jeanne  de  Tournebu  était  veuve  de 
Jean  Gaillon,  chevalier,  qui  avait  joui  par  don  de  Philippe  V 
le  Long  «  de  la  tierce  partie  du  marché  de  Beuzeville  et  du 
moulin  de  Lachy  »  depuis  Tannée  1317.  Ce  Jean  de  Gaillon 
avait  eu  onze  enfants.  L'aîné  nommé  aussi  Jean  de  Gaillon 
était  au  pays  de  Galles  avec  le  duc  d'Alençon,  au  mois  de 
septembre  1404.  C'est  l'expédition  du  comte  de  la  Marche, 
Jacques  de  Bourbon,  qui  «  accompaignié  de  grandement  de 
grans  seigneurs,  nobles,  grant  quantité  de  jeûnez  gens,  arbe- 
lesliers  et  archiés  »,  mil  à  la  voile  du  port  de  Brest  à  la  Saint- 
Martin  d'hiver  ^.  Il  est  possible  que  ce  soit  le  même  Jean  de 
Gaillon  qui  figure  en  qualité  de  chevalier  bachelier  dans  une 
montre  de  la  garnison  de  Honfleur  reçue  le  6  août  1413  \  A  la 
même  époque,  un  Colart  de  Gaillon,  écuyer,  servait  dans  une 
compagnie    d'hommes  d'armes    avec    Durant    de   Thieuville, 


1.  Arch.  dép.  de  l'Eure,  H.  34o.  Transaction. 

2.  Canel,  Essai  sur  Varr.  de  Pont-Audemer,  II,  417. 

3.  Bibl.  nat.,  pièces  orig.,  vol.  1265,  dossier  28400;  —  Dossiers  l)leus,  vol. 
298. 

4.  Chron.  norm.  de  Pierre  Cochon,  p.  209  f'édit.  de  Beaurepaire). 
o.  Bibl.  nat.,  Titres  scellés,  vol.   14,  fol.  908,  n°  82. 


FIEFS    ET    ÉGLISES  1 1  1 

Giiérin  le  (ir;int,  Thomas  Hay,  Maciot  Féron  '  donl  les  pro- 
priétés étaient  voisines  de  l'abbaye  de  Grestain  -. 

Le  24  juin  1456,  Guillaume  de  Gaillon  fit  la  foi  et  hom- 
mage du  lief  et  de  la  franche  sergenterie  du  Mesnil-Ferry, 
((  à  cause  de  laquelle  j'ay  droit,  ou  ceulx  qui  la  desservent 
soubz  moy,  de  garde  par  quarante  jours  à  l'abbaye  de  Gres- 
tain et  à  la  prieuré  de  Saint-Gille  du  Pont-Audemer  par  vingt 
jours,  touteiFoiz  que  les  abbé  et  prieur  desdits  lieux  vont  de 
vie  à  trespas,  et  en  ce  faisant  et  pendant  ledit  tems  je  doy 
avoir  mes  despens,  ung  varlet  ou  serviteur  avecques  moy  et 
deux  chevaulx  quant  le  cas  s'offre  :  et  oultre  doy  avoir  de 
ladite  abbaye  10  livres  tournois  et  dudit  prieuré  100  solz  t. 
Item  jay  semblablement  droit  à  cause  d'icelle  sergenterie 
prendre  et  avoir  chacun  an  sur  les  revenues  de  la  foire  Saint- 
Elier  séante  à  Beuze ville,  4  s.  t.  ;  sur  la  foire  Saint-Laurent,  à 
Queteville,  2  s.  t.  ;  sur  la  foire  Saint-Ouen,  à  Genneville, 
pareille  somme  de  2  solz  t.,  etc.  '■''.  » 

En  1467  et  1468,  Jean  de  Gaillon,  fils  du  précédent,  seigneur 
de  Massi,  Croissi-sur-Andelle  et  du  Mesnil,  prêta  serment  de 
fidélité  pour  ce  dernier  fief.  C'est  ce  chevalier  qui  en  1477 
céda  aux  religieux  de  Notre-Dame-de-la-^  ictoire  le  plein  fief 
de  haubert  Vlu  Mesnil-Ferry,  lequel  pouvait  valoir  300  livres 
tournois  de  rente  '\ 

On  a  quelques  aveux  rendus  aux  abbé  et  religieux  du  cou- 
vent de  Notre-Dame  de  Grestain  au  sujet  des  fîefs  ou  aînesses: 
le  fief  Amelot  du  Boscage,  à  Gonteville  ;  l'aînesse  appelée  le 
fief  nu  Moyne,  à  Beuzeville;  le  tenement  Avequins,  à  Beuze- 
ville  ;  le  jief  Rochefort,  relevaient  du  Mesnil-Ferry   '. 

1.  \\i\)\.  liai..  Titres  scellés,  vol.  62,  n°  176. 

2.  Va\  1")39,  oa  trouve  Dom  Pierre  de  Gaillon,  bailli,  i)rocurour  et  receveur 
général  de  ral)ljaye  de  Grestain. 

3.  Arch.  nat.,  P.  30o,  n»  87. 

4.  Voy.  aux  pièces  justif.,  n»  55,  l'acte  du  mois  de  mai  1477. 

5.  Arcii.  cDmni.  de  Honlleur,  carton  n°  20.  D  4. 


k 


112  LAliBAVE    DK    NOTRE-DAME    DE    GRESÏAIN 

Les  Prieurés.  —  Les  textes  que  nous  publions  en  appendice 
ont  gardé  le  souvenir  des  prieurés,  médiocres  établissements 
qui  dépendaient  de  Tabbaye  de  Grestain.  Ces  prieurés  étaient 
en  petit  nombre  ;  nous  n'en  connaissons  que  trois  :  Sainf- 
Astier  en  Gascogne,  Sainte-Scolasse  au  Perche  et  Saint-Nicol 
aux  faubourgs  de  Ronfleur.  Etroitement  rattachés  à  Fabbaye, 
ils  étaient  occupés  par  deux  moines  dont  Tun  prenait  le  titre 
de  prieur.  Leur  origine  était  la  même  ;  ces  établissements 
provenaient  de  donations  ;  Saint-Xicol  avait  été  donné  par 
Guillaume  le  Conquérant  ;  Sainte-Scolasse-sur-Sarthe,  par 
Herluin  de  Conteville  ;  Saint- Astier  par  Geoffroy,  deuxième 
abbé,  mort  en  1114. 

Le  prieuré  et  la  rectorie  de  Saint-Astier  '  étaient  situés  au 
diocèse  d'Agen  et  faisaient  partie  de  l'archiprêtré  de  Besaume  -. 
Avant  la  Révolution,  l'évêqué  d'Agen  nommait  au  prieuré, 
mais  ce  prélat  n'a  pu  exercer  le  droit  de  patronage  et  de  nomi- 
nation que  depuis  l'époque  de  la  suppression  de  Fabbaye  de 
Grestain,  c'est-à-dire  dans  la  seconde  moitié  du  xviii^  siècle. 
Avant  ce  temps  et  durant  six  cents  ans,  le  prieur  de  Saint- 
Astier  a  été  un  moine  bénédictin  de  Fabbaye  de  Grestain.  En 
1267,  Eudes  Rigaud  constatait  que  deux  moines  de  Fabbaye 
résidaient  au  prieuré  de  Saint-Astier  :  «  duos  habebant  in 
Anglia,  et  duos  in  comitatu  Pictavensi,  in  dyocesi  Age- 
nensi  ^.  »  Nous  savons  par  un  acte  notarié  trois  cents  ans 
après,  en  1603,  que  Dom  Gabriel  Druel  frère  du  receveur 
général  de  Fabbaye,  était  alors  prieur  de  Saint-Astier  ^.  Deux 
autres  prieurs  nous  sont  connus  :  Dom  Vauquelin,  décédé 
avant  le  27  août  1748,  et  son  successeur  D.  Jean-Baptiste 
Doisnel  de  la  Morie,  religieux  de  Grestain,  Mais  nous  ne 
savons  rien  de  positif  sur  ce  prieuré. 


1.  Lot-et-Garonne,  arr.  Marmande,  cant.  Duras. 

2.  L'abbé  Durengues,  Pouillé  hist.  du  diocèse  d'Agen,  p.  514. 

3.  Reg.  visitât,  archiepiscopi  Bothom.,  p.  392. 
•*.   Pièces  justif.,  n°  68. 


PRIEURÉS  1  I  .'i 

Il  en  esl  de  même  pour  le  prieuré  de  Sainte-Scolasse  ou 
comme  on  disait:  Saint-Nicolas-en-Scolasse  '.  La  donation  de 
ce  prieuré  remontait  aux  premiers  âges  de  l'abbaye  de  Gres- 
tain,  c'est-à-dire  à  la  fm  du  xi^  siècle.  Mais  il  ne  paraît  pas 
qu'il  y  eût  alors  en  ce  lieu  un  prieuré  :  la  donation  primitive 
fait  mention  de  terres,  de  dîmes  et  de  la  moitié  d'une  église  ^ 
On  suppose  que  les  moines  envoyés  pour  administrer  ces 
biens  auront  bâti  un  oratoire,  une  chapelle  sous  rinvocalion 
de  Saint-Nicolas.  Toutefois  il  est  difficile  de  le  savoir,  de 
même  que  de  se  représenter  aujourd'hui  l'importance  du 
prieuré  de  Sainte-Scolasse.  Tout  ce  qu'on  en  sait,  c'est  qu'au 
xvii^  siècle  Jacques-James  de  Bapaume,  prébende  de  la  Pré- 
ceptoriale  de  Sées  %  d'accord  avec  le  chapitre  de  Sées,  inten- 
tait un  procès  en  revendication  des  dîmes  de  Sainte-Scolasse. 
L'abbé  de  Grestain  présenta  au  Conseil  du  roi  deux  titres  pri- 
mitifs, l'un  de  l'an  1050  environ  et  l'autre  de  l'année  1167, 
qui  avaient  attribué  aux  religieux  toutes  les  dîmes  de  Sainte- 
Scolasse.  Le  revenu  du  prieuré  avait  été  pris  à  bail  emphytéo- 
tique par  les  seigneurs  de  Touvoye  dès  l'année  1583,  mais 
dans  la  suite  ces  derniers  avaient  été  obligés  de  se  démettre 
de  ce  bail  et  l'abbé  de  Grestain  s'était  remis  en  possession  des 
dîmes.  Un  arrêt  du  Conseil,  en  date  de  1658,  lui  donna  raison  ''. 

On  a,  pour  le  xv^  siècle,  le  nom  d'un  prieur  de  Sainte-Sco- 
lasse. En  1409,  Dom  Jean  Vallet  se  qualifiait:  <c  religieux  de 
l'abbaïe,  naguères  bailli  en  icelle,  à  présent  prieur  de  Sainte- 
Scolasse  fille  de  ladite  abbaïe  ■'.   »  Charles  \T  avait  pris  sous 


1.  Arr.  d'AIençon,  cant.  Courtemer,  Orne. 

2.  Apud  Sanctam  Scolasticam  triginta  acras  terre  cum  tota  décima  et  medie- 
latem  ipsiiis  cccicsie et  centuin  acras  terre  in  eadein  villa. 

3.  Bénéfice  qui  avait  appartenu  à  l'Ordre  du  Temple. 

4.  Bibl.  nal.,  Recueil  Thoiaij,  t.  XVII,  fol.  404,  405.  Deux  factums,  l'un  pour 
Denis  Sanguin,  abbé  de  Grestain,  l'aulre  [)our  James  de  Bapaume. 

5.  Pièces  justif.,  n"  3i-. 

Ch.  Bréard.  — L'Abhuye  de  .\olre-Dame  de  Grestain.  S 


lli  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

sa  protection  le  prieur  et  le  couvent  de  Sainte-Scolasse,  par 
lettres  patentes  données  en  1417  '. 

Les  deux  prieurés  dont  on  vient  de  parler,  membres  de 
Tabbaye,  ne  sont  pas  rappelés  dans  les  dénombrements  ser- 
vis en  1450  et  1469.  Cette  omission  est  peu  compréhensible, 
d'autant  plus  que  les  mêmes  actes  font  mention  du  prieuré 
suivant. 

Saint-Xicolas-du-Val-de-Claire  -,  ou  Saint-Nicol  suivant 
l'appellation  populaire,  était  situé  au  sud-ouest  de  Honfleur, 
à  droite  et  sur  le  bord  d'un  chemin  par  lequel  on  se  rendait  de 
Honfleur  à  Pont-rÉvêque.  Il  y  subsiste  d'anciennes  construc- 
tions en  bois  sur  la  façade  desquelles  on  distingue  l'empreinte 
d'un  écusson  adossé  à  une  crosse  posée  en  pal.  Ce  sont  les 
traces  des  armoiries  de  Grestain.  Une  statuette  emblématique 
de  saint  Nicolas  a  été  placée  sur  le  pignon  sud.  Ce  ne  sont  pas 
là  des  restes  très  précieux,  mais  le  bâtiment  qui  sert  aujour- 
d'hui d'habitation  rurale  s'élève  sur  un  terrain  dont  le  nom 
apparaît  à  une  époque  lointaine  et  qui  figure  dans  la  donation 
faite  aux  moines  de  Grestain  par  Guillaume  le  Conquérant 
vers  l'an  1066  -^  Ce  don  est,  à  nos  yeux,  un  témoignage  qui 
fait  voir  qu'au  milieu  du  xi'-  siècle  l'emplacement  du  prieuré 
de  Saint'Xicol  faisait  partie  du  domaine  ducal,  de  même  que 
le  sol  boisé  où  s'élevait  l'oratoire  de  \otre-Dame-de-Grâce.  Il 
fut  constitué  plus  tard  en  fief  noble  avec  cour,  usage,  aides 
coutumières  et  des  droits  étendus  en  la  forêt  de  Touques,  sui- 
vant le  dénombrement  de  1646. 

Mais  il  est  inutile  de  chercher  à  réunir  sur  le  petit  prieuré 
de  Saint-Xicol  des  renseignements  plus  précis.  On  ne  sait  en 


1.  L'Orne  arch.  et  monum.,  p.  228. 

2.  La  Claire  est  un  cours  d"eau  qui  tombe  dans  le  port  de  Honfleur. 

3.  «  Juxta   Hunefluctum  capellam  sancti  Xicholai,  ita  quod  monachus  qui 
ibi  Deo  serviret  »    charte  confirmative  de  1189). 


PlilKLHKS 


llo 


eflcl  quel  a  été  son  élal  pendant  le  moyen  âge.  Il  est  possible 
que  du  xii^  au  x\^  siècle  des  lépreux  y  aient  vécu  isolés  et  que 
Sainl-Nicol  ait  élé  avec  Saint-Siméon  une  des  deux  maladre- 
ries  ouvertes  à  proximité  du  port  de  Honfleur  après  l'importa- 
tion de  la  lèpre  K  Cette  destination  disparut  avec  la  maladie 
qui  avait  nécessité  l'aménagement  en  hôpitaux  de  simples  ora- 
toires monastiques.  Le  souvenir  en  a  été  conservé  dans  le  nom' 
d'une  mauvaise  ruelle  que  l'on  appelle  encore  la  «  rue  aux 
Ladres  ». 

Au  xvi^  siècle,  Saint-Nicol  avait  perdu  son  nom  de  lépro- 
serie pour  prendre  celui  de  Chapelle  de  Saint-Nicol.  Les 
religieux  de  Grestain  s'y  étaient  établis  de  nouveau  ;  l'un  d'eux 
en  était  titulaire  mais  il  n'y  résidait  pas.  Le  prieur  donnait  à 
bail  le  revenu  total  qui  consistait  en  un  enclos  de  jardins, 
labour  et  bois  taillis,  en  bâtiments,  en  rentes,  droits  et  fran- 
chises. Est-on  curieux  de  savoir  à  quelle  somme  s'élevaient 
les  revenus  du  prieuré  de  Saint-Nicol?  Divers  baux  nous  les 
font  connaître  ^  Pour  le  titulaire,  le  produit  de  ce  modeste 
bénéfice  s'élevait  à  quarante  livres,  en  1611  ;  à  100  livres,  en 
1626;  à  200  livres,  en  1766;  à  300  Hvres,  en  1788.  A  cette 
dernière  date,  époque  où  le  clergé  de  la  paroisse  de  Sainte- 
Catherine  de  Honfleur  venait  encore  en  procession,  le  jour  des 
Rogations,  au  prieuré  de  Saint-Nicol,  voici  de  quels  objets  se 
composait  le  mobilier  de  la  chapelle  :  six  chandeliers  de  bois, 
un  tapis  de  brocatelle,  un  missel  romain,  deux  burettes  de 
verre,  quatre  lavabos,  quatre  purificatoires,  une  chasuble,  une 
patène,  un  calice. 


1.  Sur  les  léproseries  ou  maladreries  qui  existaient  en  Normandie,  voy. 
Mém.  soc.  AnI.  Normandie,  XVII,  p,  149;  et  sur  la  léproserie  de  Grestain, 
XVII,  p.  186. 

2.  Les  re^'.  du  labellionage  d'Aude  fournissent  des  baux  du  S  août  KiOS, 
n  février  lGO(î,  3  septembre  lOil,  29  avril  1626  On  trouvera  deux  de  ces 
actes  aux  pièces  juslif. 


116  LABI5AYE    DE    N0ÏRE-DA3IE    DE    GRESÏAIN 

En  1781,  une  délibération  du  conseil  de  fabrique  de  la 
paroisse  de  Sainte-Catherine  réduisit  les  dépendances  du 
prieuré.  On  prit  une  partie  de  la  cour  pour  faire  le  nouveau 
cimetière,  aux  charges  de  payer  au  titulaire  une  rente  foncière 
de  208  livres  '.  Dix  ans  s'écoulèrent.  Le  17  février  1791,  par 
acte  exercé  au  district  de  Pont-l'Evêque,  le  bénéfice  de  Saint- 
Nieol  fut  vendu  comme  bien  national  à  son  dernier  titulaire, 
Dom  Dalbiac.  Nous  consacrerons  quelques  lignes  à  ce  religieux 
à  la  fin  du  chapitre  qui  suit. 

Terminons  ce  qui  concerne  Sainl-Xicol  par  les  noms  des 
prieurs  que  nous  avons  pu  recueillir  : 

Dom  Toussaint  Le  Berger,  religieux  de  Grestain,  prieur  de 
Saint-Nicolas-du-Val-de-Glaire,  1577-1585-  —  Dom  Jacques 
Le  Garpentier,  prieur  claustral  de  Grestain,  prieur  de  Saint- 
Nicolas,  1598-1613.  —  M^  Alphonse  de  Bretteville,  chanoine 
et  officiai  de  Rouen,  prieur,  avril  1625.  —  M^  Gharles  Roches, 
licencié  en  droit  canon,  prieur  et  chapelain,  avril  1626.  — 
M^  Jean  Leblond,  clerc  tonsuré,  prieur,  1663.  —  Dom 
Jacques  le  Paulmier,  religieux  de  Grestain,  prieur,  1683.  — 
Dom  Gharles  Ghanu,  religieux  de  Grestain,  diacre  en  1668, 
prieur  claustral  et  prieur  de  Saint-Nicol,  1690-1698.  —  Dom 
Gabriel  Le  Grand,  religieux  de  Grestain,  prieur,  août  1698. 
—  Pierre  Descalles,  prieur  de  Saint-Xicol  en  1735,  décédé 
dans  ce  prieuré  le  21  juillet  J738.  —  Dom  Jean-Baptiste 
Gamus,  prieur,  1738-1757,  — M*^  Pierre  Mansel,  prêtre,  curé 
de  Saint-Martin-du-Houlley,  prieur,  1759-1766.  —  Dom  Jean- 
Baptiste  Dalbiac,  religieux  de  Grestain,  prieur,  1773  à  1790. 

Saint-Laurent  ou  la  Madeleine  de  Grestain.  —  Les  docu- 
ments qui  nous  aident  à  reconstituer  les  possessions  de  l'ab- 
baye font  connaître  une  chapelle  du  titre  de  Saint-Laurent  et 
inscrite  dans  le  pouillé  du  diocèse  de  Lisieux.  G'était  un  éta- 

1.  Ârch.  de  l'Hospice  de  Ilonfleur,  B  23. 


SAINT-LAURENT    DE    (iRESTAlN  117 

blissemenl  religieux  et  charitable,  c'était  une  léproserie  dont 
on  voit  encore  remplacement  sur  la  gauche  de  la  route  de 
grande  communication,  n"  47,  entre  Jobles  et  Grestain,  en  un 
lieu  actuellement  nommé  la  «  cour  aux  Ladres  ».  Au  même 
endroit  coule  une  source  connue  communément  sous  la  déno- 
mination de  <(  fontaine  aux  Ladres  ».  Nous  publions  plusieurs 
documents  qui  se  rapportent  à  ce  lieu-dit  K  Saint-Laurent  de 
Grestain  a  en  effet  été  un  asile  de  lépreux  situé  sur  la  paroisse 
de  Saint-Ouën,  bâti  de  simples  logettes  et  de  chaumières  grou- 
pées autour  d'une  chapelle.  L'usage  fît  qu'on  a  nommé  cette 
chapelle  la  Madeleine^  parce  que  sainte  Madeleine  était  la 
patronne  ordinaire  des  maladreries.  Cet  hospice  fondé  à  une 
époque  qui  nous  est  inconnue  avait  été  ouvert  pour  les 
paroisses  du  voisinage  ~,  ainsi  que  nombre  d'autres  petites 
léproseries  qu'on  rencontrait  dans  les  campagnes,  au  moyen 
âge.  Annexé  à  l'abbaye  de  Grestain,  il  était  desservi  par  un 
chapelain  que  les  religieux  avaient  l'obligation  d'y  entrete- 
nir -^ 

En  somme,  la  léproserie  de  Grestain  n'est  connue  que  par 
des  pièces  d'une  époque  oii  elle  n'avait  plus  sa  raison  d'être. 
Ses  revenus  avaient  alors  été  attribués  à  l'infirmerie  de  l'ab- 
baye de  Grestain  ;  plus  tard  ils  appartinrent  à  la  commanderie 
de  Brionne,  plus  tard  encore  la  maladrerie  de  Saint-Laurent 
ou  la  Madeleine  fut  supprimée  en  même  temps  que  celles  de 
Saint-Antoine  de  Honfleur,  de  Saint-Siméon  et  de  la  Gohaigne: 
on  réunit  ces  quatre  établissements  à  «  l'hospital  des  pauvres 


1.  Pièces  juslif.,  n°^  79,  80,  100  et  101. 

2.  Le  fief  des  Champs,  à  Quetteville,  celui  de  la  Pommeraye,  à  Berville, 
étaient  chargés  de  redevances  en  grains  pour  la  maladrerie  de  Grestain. 

'^.  En  15il,  Jean  Fleury,  prêtre,  curé  des  Vaux,  chapelain  de  la  chapelle  de 
la  Madeleine  de  la  léproserie  de  Grestain,  donnait  jtouvoir  à  Guillaume  de 
Tonnelot,  écuyer,  sieur  de  Berville,  de  recevoir  ce  qui  pouirait  lui  être  dû  à 
cause  de  ladite  chapelle.  —  Inventaire  des  Arch.  du  d('-p.  du  Calvados,  H. 
Supplément,  XV  B'. 


118  L'AP-BAYE    DE    NOTUE-DAMR    DE    GRESTAIN 

malades  de  la  ville  de  Honnefleur  »  par  arrêt  du  13  juillet 
1696,  revêtu  de  lettres  patentes  du  mois  d'octobre  de  la  même 
année  '.  La  Madeleine  de  Grestain  n'existait  plus,  d'ailleurs, 
depuis  longtemps.  En  1695,  Joseph  Briet,  prêtre  du  clergé  de 
Pont-Audemer,  obtint  en  cour  de  Rome  des  lettres  de  provi- 
sion de  la  chapelle  de  Saint-Laurent  de  Grestain  ;  il  en  prit 
possession  par  la  prière  faite  «  devant  les  vestiges  d'icelle  ^  ». 
Saint-Ouex  de  Grestain.  —  Outre  les  prieurés  et  la  lépro- 
serie dont  il  vient  d'être  question,  l'abbaye  possédait  une 
église  qui,  comme  la  chapelle  Saint-Laurent,  n'a  laissé  aucune 
trace.  C'était  l'église  de  Saint-Ouën  ;  elle  était  le  siège  d'une 
petite  paroisse  et  son  nom  se  rencontre  dès  l'année  1197. 
Pour  une  époque  relativement  moderne,  son  emplacement  est 
figuré  à  l'ouest  de  l'abbaye  sur  la  carte  de  Cassini  n"  61  et  sur 
le  cadastre  :  la  charrue  passe  maintenant  sur  le  sol  oîi  elle 
s'élevait  au  xviii^  siècle  -^  D'après  une  tradition  qu'aucune 
preuve  ne  fortifie,  l'abbé  Rêver  a  écrit  que  dans  les  grandes 
marées  on  voyait,  à  mer  basse,  les  vestiges  d'un  village  qui 
existait  vis-à-vis  de  l'abbaye.  <(  On  croit  dans  le  pays  qu'il  fut 
détruit  ou  englouti  par  la  mer  ;  c'est  au  contraire  dans  l'incen- 
die du  20  mai  1139  ^,  que  ce  village  périt,  et  il  n'a  pas  été 
rebâti  depuis  ^.  »  M.  l'abbé  Rêver  a  reproduit  (avec  une  date 
inexacte)  la  mention  du  Xeustria  pia:  «  Combusta  sit  Gres- 
tani  villa  cum  toto  coenobio  »,  que  l'on  trouvera  ci-dessus  à 
l'article  de  l'abbé  Foulque.  Mais  doit-on  interpréter  le  mot 
villa  dans  le  sens  de  village  ?  Nous  ne  le  pensons  pas.  Ce  terme 


1.  Arch.  nat.,  V  1167,  pièce  n°  12. 

2.  Abbé  Piel",  Insinuations  ecclésiastiques,  t.  I,  p.  178,  n°  104. 

3.  C'est  à  tort,  suivant  nous,  que  M.  A  Pannier,  de  Lisieux,  a  pensé  «  que 
la  maison  couverte  en  chaume  et  dont  la  façade  fait  face  à  l'entrée  de  l'abbaye 
a  été  bâtie  sur  l'emplacement  de  l'ancienne  église  de  Saint-Ouën  ».  Journal  de 
Ronfleur,  1864. 

4.  Lire  :  «  le  dernier  jour  de  mai  1122.  » 

5.  Rêver,  Voyage  des  élèves  de  l'Ecole  centrale  de  l'Eure,  p.  61. 


SAI.NT-OL'i-iN     Ui:    GHKSIAI.N  119 

n'a  jamais  eu  celte  significalion.  Il  désigne  ici  la  réunion  des 
bâtiments  d'exploitation  contigus  aux  bâtiments  claustraux, 
•  les  uns  et  les  autres  construits  dans  le  même  enclos.  Le  texte 
ajoute  :  de  villa  prodiil  igiiis.  De  la  vilhi,  le  feu  gagna  et  con- 
suma le  couvent,  ce  qui  suppose  des  constructions  très  rap- 
prochées. Mais  on  ne  saurait  se  mettre  trop  en  garde  contre 
les  traditions  locales  et  ne  pas  craindre  d'en  écarter  la  faus- 
seté, quelles  que  soient  les  contradictions  qu'on  pourra  susci- 
ter. A  nos  yeux,  on  s'est  égaré  sur  l'existence  d'un  village 
considérable,  dit  l'un,  d'un  bourg  dit  l'autre,  lequel  aurait  été 
situé  près  des  murs  de  l'abbaye  de  Grestain  au  xii^  siècle  ^ 
Aucun  document  connu  n"a  signalé  ce  village  ou  détruit  par  le 
feu  ou  englouti  par  la  mer.  Pour  notre  part,  nous  ne  croyons 
pas  que  l'abbaye  de  Grestain  ait  jamais  donné  naissance  à  une 
agglomération  d'habitants  de  quelque  imporlance. 

On  a  dit  qu'à  tout  le  moins  une  église  s'élevait  aux  portes 
du  couvent.  Le  fait  est  exact.  On  peut  ajouter  que  quelques 
chaumières  y  avaient  été  également  bâties  par  le  petit  groupe 
d'hommes  de  peine  et  de  cultivateurs  qui  gravitaient  autour 
du  monastère.  Comme  l'accès  de  l'abbaye  ne  leur  était  pas 
permis  pour  les  offices  religieux,  ils  avaient  une  église  ou  plu- 
tôt une  simple  chapelle  que  le  clergé  de  Carbec  desservait. 
Cette  église  sous  le  vocable  de  Saint-Ouën  a  constitué  un 
bénéfice  dont  les  dîmes  n'avaient  jamais  été  affermées  plus  de 
90  livres,  somme  bien  insuffisante  pour  l'entretien  d'un  des- 
servant. Ce  bénéfice  ou  cure  se  retrouve  dans  les  pouillés 
joint  à  la  cure  de  Carbec  :  les  deux  paroisses  ne  réunissaient 
pas  plus  de  quarante-cinq  à  cinquante  personnes  ;  Grestain  en 
fournissait  douze  à  quinze. 

En  1743,   l'église  de  Sainl-Ouën  de  Grestain,  couverte  en 

1.  De  Saiiil-Aniiiiid,  Lollrea  d'un  voijageiir,  p.  275.  —  Canol,  Essai  hist.  sur 
l'arr.  de  Ponl-Aiidenier,  t.  II,  p.  4o8.  —  Le  Prévost,  Méni.  et  noies,  t.  II, 
p.  470.  —  FouquitT,  ncchcrches  sur  le  canton  de  Bcuzeville,  p.  160,  161. 


120  l'aBRAYE    de    NOTHE-DA:\rE    DE    GRESTAIN 

chaume,  non  lambrissée,  mal  pourvue  d'ornements,  était  en 
si  mauvais  état  que  l'on  en  demanda  la  suppression.  Antoine 
de  Malherbe,  abbé  de  Grestain,  y  donna  son  consentement. 
Les  religieux  et  les  paroissiens  tombèrent  d'accord  pour 
approuver  l'extinction.  En  conséquence,  le  9  octobre  1744, 
l'évêque  de  Lisieux  prononça  la  réunion  des  bénéfices  de 
Grestain  et  de  Carbec,  déclarant  en  outre  que  l'église  de  Saint- 
Ouën  serait  incessamment  démolie,  «  et  que  le  lieu  sur  lequel 
elle  est  actuellement  bâtie,  ainsi  que  le  cimetière  ^  seront 
dûment  clos  de  hajes  pour  suppléer  dans  le  besoin  au  cime- 
tière de  Carbec  '^  ». 

Gomme  titulaires  de  cette  cure,  nous  connaissons  François 
Vimont,  en  1665;  Nicolas  Lefebvre,  en  1690,  curé  de  Car- 
bec en  1694.  —  Élie  Commely,  vicaire  de  Genneville,  curé 
de  Grestain  en  1695.  —  Pierre  Laillier,  curé  de  Grestain  en 
1724,  décédé  en  1740.  —  Jean-Antoine  Thibout  d'Anisy, 
curé  de  Grestain  et  de  Carbec  en  1740. 

Droits  et  coutumes.  —  En  outre  des  possessions  qui 
devinrent  inaliénables  comme  les  églises  et  les  chapelles,  il  y 
avait  de  plus  des  biens  d'un  autre  genre.  Nous  voulons  parler 
des  droits  et  produits  de  toutes  sortes  qui  étaient  des  revenus 
seigneuriaux.  Mais  on  ne  trouve  à  citer  que  des  espèces  de 
droits  et  de  coutumes  déjà  connues  :  droit  de  cour  et  usage, 
de  garde,  de  tiers  et  danger,  de  monte  sèche  et  monte  verte, 
ou  des  redevances  comme  la  dîme  que 'l'on  payait  en  nature 
ou  en  argent.  Toutefois,  à  l'origine,  l'abbaje  de  Grestain  avait 
été  dotée  d'un  droit  sur  un  marché,  que  nous  devons  signaler. 

Robert  de  Mortain  avait  donné  aux  religieux  le  marché  de 
Fiquefleur  avec  la  coutume  de  la  foire  du  même  lieu  :  merca- 
tum    de   Fiskefluctu    quietum    et    feriam    ipsius   villae   cuni 

1.  Auquel  Tusage  était  de  donner  le  nom  de  cimetière  des  Xoyés  et  non  pas 
Noyers. 

2.  L'abbé  Piel,  Insinuations  ecclésiast.  du  diocèse  de  Lisieux,  t.  111,  p.  G67. 


DROITS    ET    COUTUMES 


121 


omni  custuma.  La  donation  est  de  la  seconde  moitié  du 
xi^  siècle.  A  première  vue,  il  serait  naturel  de  croire  que  le 
comte  de  Mortain  possédait  Fiquetleur  puisqu'on  le  voit  dis- 
poser libéralement  de  ses  revenus  sur  le  marché  qui  se  tenait 
en  cet  endroit.  Il  n'en  était  rien.  Les  chartes  de  Tabbaye  de 
Saint-Ouën  de  Rouen,  font  connaître  que  Robert  Rertran  le 
Tort  et  Suzanne  sa  femme,  vers  l'année  1060  ou  du  moins 
antérieurement  à  la  conquête  de  l'Angleterre,  fondaient  le 
prieuré  de  Beaumont-en-Auge  ;  qu'en  faveur  de  cette  fonda- 
tion ils  abandonnèrent  aux  bénédictins  de  Saint-Ouën  l'église 
de  Saint-Georges,  la  présentation  à  cette  église,  les  cens  et 
tout  ce  qu'ils  possédaient  à  Fiquefleur  ^  \\  semble  que,  de  là, 
on  peut  conclure  à  la  possession  par  les  Bertran  du  territoire 
et  de  l'église  de  Fiquefleur  ^.  Cependant  il  est  parfaitement 
connu,  que,  vers  la  même  époque,  Robert  de  Mortain  y 
exerça  un  droit  de  propriété  sur  le  marché.  On  voudrait  savoir 
à  quel  titre.  Peut-être  l'explication  s'en  trouve-t-elle  dans  un 
passage  de  la  charte  de  l'an  1189.  Le  donateur  y  déclare  qu'il 
tient  du  roi  Guillaume  tout  le  rivage  et  les  coutumes  qui  s'y 
perçoivent  depuis  l'épine  de  Berville  jusqu'au  Noir-Port  ■'. 
En  vertu  de  ce  don,  le  monopole  seigneurial  sur  les  foires  et 
sur  les  marchés  appartenait  au  comte  de  Mortain  dans  les 
limites  ci-dessus  indiquées.  Mais,  comme  on  le  sait,  les  terres 
qui  bordent  la  côte  n'étaient  point  tenues  de  lui.  Pour  que 
Robert  de  Mortain  ait  pu  disposer  du  marché  de  Fiquefleur 
au  profit  des  moines  de  Grestain,  on  est  porté  à  croire  qu'il  a 


\ .  Charte  confirmative  de  1254  :  «  Ecclesiam  Sancti  Georgii  de  P'iiquedue 
cum  omnibus  suis  pertinenciis  et  presentacionem  ejusdem  ecclesie,  et  in 
villa  census  cum  omnibus  pertinenciis  que  ibidem  possident.  » 

2.  Au  xiv^  siècle,  on  rendait  aveu,  pour  des  terres  situées  à  Fiquefleur,  à 
Jeanne  de  Hais,  héritière  des  Bertran  de  Ronche ville. 

3.  Terrain  et  çjalenin  quantum  fluctua  consuetudinarie  ascendit  cum  omni 
custuma  cujuscumque  antea  certana  terra  fuerit  sicut  dominux  suus  rex  M'il- 
lelmus  ci  donavit. 


122  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

fallu  que  les  étaux  des  pêcheurs  aient  été  placés  sur  le  rivage 
même,  sur  le  «  perroi  o  de  la  mer,  autrement  dit  le  galet  et 
les  atterrissements  qui  ont  de  siècle  en  siècle  comblé  Tanse  de 
Fiquefleur  K 

Si  obscures  que  soient  Torigine  et  la  division  des  posses- 
sions domaniales  dans  la  région  qui  nous  occupe,  il  est  naturel 
cependant  de  croire  que  les  revendications  des  Bertran  de 
Roncheville,  produites  en  i2o6et  relatives  aux  ports  de  Fique- 
fleur et  de  Cremanfleur,  ont  eu  pour  cause  première  l'exercice 
des  droits  seigneuriaux  sur  un  territoire  qui  leur  avait  primi- 
tivement appartenu,  mais  aux  dépens  duquel  le  Conquérant 
avait  constitué  des  seigneuries  pour  sa  parenté  maternelle, 
charge  qui  a  été  pesante. 

he  port  de  Fiquefleur  des  xii^  et  xiii^  siècles  se  trouve  natu- 
rellement indiqué  par  l'embouchure  de  la  petite  rivière  la 
Morelle.  formée  de  trois  sources  dont  deux  sont  situées  dans 
le  canton  de  Beuzeville  et  une  (la  plus  forte)  sur  le  territoire 
de  Quetteville.  Dans  son  premier  état,  ce  «  port  »  était  une 
crique  habitée  par  des  pêcheurs,  comme  celles  de  Jobles,  de 
Berville,  de  Cremanfleur,  qui  placées  dans  des  conditions  peu 
favorables  ont  disparu  sous  les  alluvions.  Toutefois  l'historien 
doit  tenir  pour  vrai  que  jusqu'au  xiv^  siècle  Fiquefleur  a  pos- 
sédé une  population  maritime.  Elle  a  fourni  son  contingent  à 
l'armée  navale  mise  sur  mer  sous  le  commandement  de  l'ami- 
ral Hue  Quiéret  en  l'année  1340.  La  nef  la  Sainte-Catherine^ 


1.  L'abbaye  du  Bec  a  également  possédé  à  Fiquefleur  une  halle  et  certains 
droits  de  coutume,  par  suite  de  l'acquisition  du  manoir  de  Neuilly,  situé  à 
Beuzeville  (1324).  L'abbé  et  le  couvent  du  Bec  rendaient  aveu  au  roi,  le  9  mai 
1419,  à  cause  des  balles  de  «  Fiquefleu  »  (  Arch.  nat.,  P  1922-',  n"  46716).  Ils 
percevaient  cinq  boisseaux  de  sel  à  Cremanfleur  (1232)  ;  ils  avaient  un  droit  de 
coutume  sur  le  poisson  frais  qui  se  vendait  à  Honfleur  et  sur  le  pain  et  le  sel 
qui  se  vendait  dans  la  même  ville,  rue  de  Notre-Dame,  où  Robert  Bertran  les 
avait  exemptés  de  payer  aucun  droit  (1240).  —  Bibl.  nat.,  Cinq  Cents  de  Col- 
bert,  vol.  190,  fol.  d3o2-1414. 


uuoris   K'r  coi.tlaiks 


123 


de   Fiqiiefleur,   capitaine   Pierre   Ilillies,   et   son  équipage  de 
80  liommes,  périrent  à  la  bataille  de  l'Ecluse  '. 

Au  XIII''  siècle,  dit  Aug.  Le  Prévost,  les  pêcheries  de  Fique- 
tleur  avaient  une  certaine  importance  -.  On  lit  dans  le  (Jou- 
tumier  de  la  vicoinlé  de  l Eau  de  Rouen,  art,  71  et  87  :  «  Les 
hoirs  messire  Jehan  des  Vignez  '^  doyvent  à  la  Viconté  de 
Rouen  quatre  livres  chinq  soubz  de  rente,  par  an,  pour  ij  coul- 
lieux  lesquieulx  doyvent  estre  rendus  à  la  Vicomte,  le  jour  de  la 
Candelleur,  pour  la  coustume  des  estaulx  au  poisson  de  Hon- 
nefleu  et  de  Fliquetleu  ;  et  puent  faire  les  sergens  de  la  Vicomte 
de  TEaue  de  Rouen  justice  sur  les  dis  estaux,  se  la  rente 
n'estoit  paiée  au  terme  qu'elle  est  deue  ^  ».  Mais  la  limite  oîi 
se  renferme  notre  travail  ne  nous  permet  pas  de  voir  de  plus 
près  ces  vieux  temps  '". 

Droits  de  pêche.  —  Au  moyen  âge,  les  institutions  seigneu- 
riales qui  ont  régi  la  propriété  foncière  avaient  aussi  déter- 
miné les  conditions  de  la  domanialité  des  cours  d'eau  navi- 
gables. Les  eaux  de  la  Seine,  à  son  embouchure,  étaient  de  la 
suzeraineté  du  comté  de  Tancarville  tant  du  côté  du  nord  que 
du  côté  du  sud.  Elles  étaient  connues  sous  le  nom  AEauries 
de  Trincarville  ''  et  elles  s'étendaient,  du  côté  du  sud,  depuis 
le  gord  ou  rabat  de  Quillebeuf  jusques  au  Noir-Port,  lieu-dit 
qui  a  sa  valeur  historique  et  géographique  ^.  Dans  ce  quartier, 

1.  Bibl.  nat.,  ms.  nouv.  acq.  fr.,  9241,  fol.  17-18.  Cf.  Ch.  de  la  Roncière, 
Ilist.  de  la  marine  française,  I,  439-440. 

2.  Le  Prévost,  Mérn.  et  notes,  II,  107. 

3.  Bailli  de  Rouen  en  1224-1239.  Cart.  norni.,  n"  378,  note. 

4.  (^h.  de  Beaurepaire,  De  la  Vicomte  de  CEau  de  Rouen,  p.  358-371. 

5.  Nous  donnons  aux  pièces  justif.,  n"  66,  un  aveu  relatif  à  Fiquelleur. 

6.  Voyez  aux  Arch.  dép.  de  la  Seine-Inf.  les  liasses  du  Fonds  de  Tancar- 
ville. 

7.  Le  terme  latin  Xiijriun  pnrluni  ou  Xoir-Porl  a  été  l'oijjet  des  conjectures 
les  plus  étranges  (Catherine,  Ilist.  de  Ilon/Ieiir,  p.  0-21).  Ce  serait  vraiment 
perdre  son  encre  et  sa   peine  (jue  de  réfnter  les  billevesées  qui  ont   été  débi- 


124  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

les  religieux  de  Grestain  jouissaient  de  droits  assez  considé- 
rables •.  L'abbaye  de  Grestain  avait  fait  rédiger  une  espèce  de 
tarif  des  droits  de  coutume  sur  ses  eaux  et  marais,  lequel  fut 
présenté  au  parlement  de  Rouen  en  1695.  Ce  tarif  était  inti- 
tulé :  «  Table  de  la  prevosté  et  coutumes  des  eaux  et  marests 
de  Tabbaye  de  Nostre-Dame  de  Grestain.  »  On  évaluait  de 
quatre  à  cinq  cents  livres  de  rente  le  revenu  de  ces  coutumes. 
Elles  consistaient  dans  le  droit  de  marée  sur  les  pêches  qui  se 
faisaient  dans  la  Seine,  à  pied  et  sans  La f eau,  depuis  la  croix 
de  la  Devise  près  Quillebeuf  ^  jusqu'au  lieu  appelé  le  Xoir- 
Port  dont  on  a  parlé  ci-desus.  La  transaction  du  11  février 
1409  m.  st.)  passée  entre  Guillaume,  vicomte  de  Melun,  sei- 
gneur de  Tancarville,  et  les  religieux  de  Grestain,  «  touchant 
un  procès  meu  en  1310  entre  noble  dame  Jeanne  de  Rosny, 
dame  de  Tancarville  et  lesdits  religieux  »,  distinguait  les 
pêches  qui  se  faisaient  dans  les  limites  ci-dessus  indiquées  en 


tées  à  ce  sujet.  Les  mots  Nigrum  portum  se  rencontrent  dans  la  charte  de 
Richard  Cœur  de  Lion  dont  nous  reproduisons  le  texte.  Ils  y  désignent  un 
point  du  littoral  situé  à  l'ouest  de  Grestain,  appartenant  à  l'abbaye  et  si  voisin 
de  Honfleur  que  les  rédacteurs  de  la  charte  ne  savaient  comment  distinguer 
les  lieux.  Tantôt  ils  écrivaient  :  in  riparia  Secane  a  garda  de  Kilehuef  iiaqiie 
ad  Nigi'um  portum  ;  tantôt  a  spina  Berville  usque  ad  portum  de  Hunefluclu  ; 
ou  encore  usque  ad  aquam  de  Hunefluctu.  On  posait  par  ces  désignations  les 
limites  des  coutumes  de  Grestain,  au  xii«  siècle.  Beaucoup  plus  tard,  l'énoncé 
des  actes  judiciaires  a  présenté  plus  de  précision.  L'un  dit:  "  jusques  au  Noir- 
Port  où  est  présentement  assise  la  grosse  tour  de  Honnefleur  »  ;  il  faut  entendre 
la  tour  Frileuse  ou  tour  Ronde.  Dans  l'autre,  on  lit  :  <■  jusques  à  un  lieu  nommé 
Noirport  à  nous  appartenant  »  (1424).  Dans  le  troisième  est  écrit:  «  depuis 
le  gort  de  Quillebeuf  jusques  au  Noirport  près  de  Honnefleu  >>  (1430  et  1469). 
Nous  poui'rions  multiplier  les  citations,  celles  qui  précèdent  paraissent  suffire 
pour  montrer  que  le  terme  Xoirport  a  servi  à  désigner  une  crique  d'échouage 
placée  à  l'est  du  port  de  Honfleur  et  contiguë  à  ce  havre.  Cet  enfoncement  du 
rivage  où  de  petits  bâtiments  pouvaient  se  mettre  à  l'abri  a  été  le  lieu-dit  les 
Vases,  puis  est  devenu  le  Havre-Neuf  où  les  constructeurs  de  navires  éta- 
blirent leurs  chantiers.  —  Voy.  aux  pièces  justif.    la  note  du  n°  17. 

1.  Ch.  de  Beaurepaire,  De  la   Vicomte  de  l'Eau  de  Rouen,  p.  171-174. 

2.  Située  entre  le  Marais-Vernier  et  Saint-Aubin-sur-Quillebeuf.  —  A.  Le 
Prévost,  Mém.  et  Xotes,  111,  p.  6. 


DROITS    ET    COUTUMES  125 

applet  vergant,  c'est-à-dire  avec  haLeaux,  comme  aussi  le 
varech  «  qui  se  l'ail  en  llolLc  o,  d'avec  les  pêches  qui  se  fai- 
saient et  le  varech  qui  se  prenait  à  pied  et  sans  bateau.  La 
pleine  seigneurie  de  tout  Yapplel  vergant  était  attribué  au 
comte  de  Tancarville,  à  la  réserve  de  quatre  bateaux  que  les 
religieux  retenaient  «  outre  et  pardessus  »  les  pêcheurs  de  la 
franche  table  de  Greslain  ' .  Les  religieux  avaient  de  plus  droit 
à  tous  les  varechs  qui  se  trouvaient  le  long  du  rivage  et  qui 
se  pouvaient  enlever  à  bras-le-corps  '  ;  de  plus  ils  avaient  dans 
les  mêmes  bornes  la  pêche  à  pied  et  sans  bateau,  c'est-à- 
dire  à  applet  séant  ;  quand  la  rivière  formait  deux  lits  les 
pêcheurs  de  Grestain  avaient  la  permission  de  s'aider  de 
bateaux  pour  porter  sur  les  bancs  leurs  applets  et  rapporter 
ensemble  leurs  «  filets,  corps  et  pescherie  '  ». 

Il  est  nécessaire  pour  expliquer  l'origine  des  droits  de 
pêche  perçus  par  Grestain  de  remonter  aux  anciens  titres  de 
la  fondation  de  l'abbaye,  aux  dons  d'Herluin  de  Conteville  ^  et 
de  Robert  de  Mortain  ^.  Mais  la  haute  justice  de  Grestain  était 


1.  Par  transaction  du  2o  août  1412,  les  religieux  de  Grestain  fiefîèrent  au 
comte  de  Tancarville  moyennant  une  rente  de  16  livres  les  quatre  bateaux  que 
le  couvent  avait  la  lil^erté  de  faire  pêcher  en  applet  vergant.  La  même  somme 
est  portée  au  compte  des  dépenses  du  comté  de  Tancarville  pour  l'année 
1495.  —  Devillo,  llisl.  du  chnteau  et  des  sires  de  Tancarville,  p.  370.  —  Voy. 
aussi  les  pièces  que  nous  donnons  à  l'appendice,  n°*  36,  37. 

2.  D'après  les  anciens  Coutumiers,  sous  le  mot  varech  et  choses  ijaivcs  était 
compris  tout  ce  (jue  la  mer  jette  à  terre  "  par  tourmente  et  fortune  »,  et  qui 
arrive  si  près  de  terre  qu'un  homme  à  cheval  y  puisse  toucher  avec  sa  lance. 
—  En  1383,  l'abbaye  fit  arrêt  sur  un  navire  chargé  de  marchandises  qui 
s'était  échoué  et  était  tombé  en  varech  sans  flotter  ;  elle  en  donna  mainlevée 
moyennant  182  écus.  En  1637,  les  religieux  de  Grestain  réclamèrent,  à  droit  de 
varech,  une  baleine  de  50  pieds  de  longueur,  mais  leur  procureur  arriva  trop 
tard;  les  riverains  avaient  dépecé  le  cétaec  à  coups  de  hache,  de  couteau  et 
de  scie. 

3.  Autre  transaction  du  25  août  1412. 

4.  Et  hordarios  et  piscatores  quos  Un  habehat. 

5.  Dédit  etiani  totum  werec  quod  invenietur  a  spina  Berville  usque  ad  Xigruin 
portuni  uhicunique  mare  illud  projiciat,  etc. 


126  LABBAVE    DE    iNUTUE-DAME    DE    (iHESTAIN 

assise  entre  le  comlé  de  Tancarville  el  la  baronnie  de  Ron- 
cheville.  Cette  situation  fit  naître  plusieurs  j3rocès  par  la  rai- 
son que  ces  deux  seigneuries  avaient  toujours  été  en  la  main 
de  personnes  puissantes  qui,  dans  les  premiers  temps,  avaient 
tâché  de  se  rendre  maîtres  de  la  Seine  à  1  exclusion  de  tous 
leurs  voisins  '.  Il  s'en  suivit  que  les  religieux  de  Grestain 
furent  contraints  de  réclamer  l'autorité  de  la  justice  pour  se 
maintenir  dans  des  droits  de  pèche  qu'ils  avaient  eus  sur  la 
Seine  depuis  la  fondation  de  leur  abbaye.  Si  l'on  analyse  plus 
à  fond  les  titres  du  comté  de  Tancarville,  on  peut  énumérer 
le  nombre  des  contestations  qui  s'élevèrent  entre  Tancarville 
et  Grestain  «  pour  les  droitures,  pescheries  et  eaues  de  la 
rivière  de  Seine  ».  Les  unes  furent  terminées  par  des  transac- 
tions, les  autres  par  des  jugements.  Du  xiii''  au  xv^  siècle 
(1286-1465),  nous  avons  compté  neuf  transactions  '  et  durant 
la  même  période  on  remarque  un  procès  qui  a  duré  cent  ans, 
de  1310  à  1409.  Pendant  les  siècles  qui  suivirent,  d'autres 
instances  ont  eu  une  durée  de  cent  soixante-dix-huit  ans  (avec 
quelque  repos  pour  les  gens  de  loi  dans  l'intervalle)  de  1517  à 
1695  ^.  Les  religieux,  disait  leur  abbé,  n'auraient  pas  impor- 
tuné la  cour  du  parlement  de  Rouen  s'ils  avaient  eu  la  liberté 
de  porter  leurs  plaintes  directement  aux  comtes  de  Tancar- 
ville ;  mais  cette  liberté  ne  leur  était  pas  ouverte.  Ce  haut 
suzerain  ne  s'occupait  pas  de  l'administration  de  ses  terres. 
L'abbaye  avait  donc  à  se  défendre  contre  les  procédés  d'agents 


1.  Voy.  aux  pièces  justif.,  n»  98,  l'arrêt  de  1672  reportant  la  contestation 
jusqu'à  ses  commencements. 

2.  En  février  1287;  en  1314;  il  février  1409;  25  août  1412;  18  décembre 
1423  ;  7  avril  1424  ;  2  août  1427;  9  mars  1435;  29  septembre  1465.  Quatre  de 
ces  transactions  se  rapportent  au  temps  de  l'occupation  anglaise. 

3.  En  1517  devant  le  bailliage  de  Pont-Audemer  ;  en  1542-1545;  en  1548; 
en  1602-1618  ;  en  1643-1672;  en  1675-1695.  Les  deux  derniers  arrêts  du  parle- 
ment de  Rouen  qui  ont  réglé  la  question  litigieuse  entre  Tancarville  et  Gres- 
tain sont  du  2  avril  1672  et  du  27  août  1695. 


DKons  i-:t  coltl.mes  127 

subalLeiiK's.  De  semblables  plaintes  ont  dû  se  produire  fré- 
quemment chez  les  religieux  et  chez  les  habitants  des  cam- 
pagnes où  l'on  vivait  dans  l'isolement,  à  la  merci  des  rece- 
veurs spéciaux,  des  officiers  de  justice  procéduriers  et  cupides. 
Les  moines  ainsi  que  les  paysans  prenaient  leurs  précautions 
contre  la  force.  De  là,  les  innombrables  procès  portés  devant 
le  parlement  de  Rouen  pour  des  causes  qui  aujourd'hui  nous 
paraissent  de  peu  d'importance. 

Pour  la  conservation  du  droit  de  pêche  d'une  grande  utilité 
pour  l'abbaye,  les  religieux  étaient  tenus  de  payer  par  an  au 
roi  un  esturgeon,  le  premier  que  leurs  pécheurs  prenaient 
dans  la  rivière  '.  «  Et  le  devons  paier  en  sa  recette  du  Pont- 
Audemer,  au  viconte  dudit  lieu,  et  ledil  viconte  doit  paier 
six  sols  à  cellui  qui  le  porte  pour  bailler  à  cellui  qui  l'a  pes- 
chié  *  ».  Du  même  droit  de  pêche,  l'abbé  et  les  religieux  de 
Grestain  rendaient  aveu  en  ces  termes  :  c  Item  à  cause  de 
nostredite  esglise  et  abbaye  nous  appartiennent  les  coustumes, 
marées,  eaues,  eauyes,  varest  et  autres  revenues  en  l'eaue  de 
Seine,  ou  costé  devers  le  su  depuis  le  gort  de  Quillebeuf 
jusques  au  Xoirport  près  de  Honnefieu,  et  es  dittes  mettes 
avons  haulte,  moyenne  et  basse  justice  et  plusieurs  autres 
revenues  toutes  et  quantes  fois  que  le  cas  y  eschiet  ^  » 

L'usage  de  la  pêche  sur  le  rivage  qui  s'étendait  à  l'est  de 
l'abbaye  avait  aussi  attiré  l'attention  des  religieux.  Nous  les 
voyons,  se  fondant  sur  les  donations  de  Robert  de  Mortain, 
s'occuper  de  s'assurer  la  propriété  et  la  surveillance  de  la 
pêche  depuis  Berville  jusqu'à  Foulbec.  La  cour  de  Rome 
paraît  même  être  intervenue  à  ce  sujet.  C'est  que  la  propriété 
des  «  us  et  coutumes  »  sur  ce  rivage  leur  avait  été  contestée 
par  l'abbaye   de   Jumièges   qui  possédait  la  terre  de  Conte- 

1.  Redevance  mentionnée  dans  la  charte  confirniative  de  1189. 

2.  Aveu  du  18  juin  1424  ;   Pièces  justif.,  n°  40. 

3.  Aveu  du  l'^''"  septembre  1450  ;  Pièces  justif.,  n°  46. 


128  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

ville  ^  et  entendait  jouir  de  tous  les  droits  qui  pouvaient  inté- 
resser le  domaine  utile  de  cette  seigneurie.  Ce  débat  à  propos 
des  droits  de  pêche  fait  le  principal  objet  de  la  transaction  du 
30  avril  1259  K 

Enfin,  les  droitures  et  pêcheries  de  Grestain  suscitèrent  des 
procès,  soit  avec  les  usagers,  soit  avec  les  seigneurs  voisins  : 
les  de  Courseulle,  de  Tonnetot,  de  Brèvedent  qui  étaient  en 
possession  du  droit  de  faire  pâturer  sur  les  bancs,  depuis  Ron- 
fleur jusqu'au  delà  de  l'abbaye,  le  nombre  de  2000  bêtes  -K  Les 
contestations  les  plus  vives  s'élevèrent  contre  les  propriétaires 
du  fief  de  la  Pommeraye.  L'une  d'elles  dura  huit  années,  de 
1664  à  1672,  avec  Philippe  de  Houël,  sieur  de  la  Pomme- 
raye et  de  Bervilie  ^.  Les  différends  avec  cette  famille  s'étaient 
d'ailleurs  succédé  de  siècle  en  siècle  depuis  l'époque  où  avait 
vécu  Jean  de  Houël,  «  un  des  plus  adroits,  subtils  et  accorts 
gentilshommes  de  son  temps  »,  au  dire  des  religieux. 

Tout  ce  qui  s'est  agité  à  l'égard  de  ces  droits  d'usage,  de 
ces  droits  seigneuriaux  qui  s'exerçaient  sur  la  Seine  a  été 
savamment  étudié  •'.  Les  documents  qui  s'y  rapportent  sont 
conservés  au  dépôt  départemental  de  la  Seine-Inférieure  ^  ; 
nous  en  avons  extrait  des  pièces  que  l'on  trouvera  plus  loin. 

Droits  de  Justice.  —  Grestain  était  le  siège  d'une  baronnie 
et  d'une  haute  justice  seigneuriale.  L'abbaye  avait  son  bailli 
qui  détenait  en  ses  mains  le  rôle  ou  tableau  de  tous  les  cens 
qui   étaient  dus   par  les    tenanciers  ;    nobles   ou    non   nobles 

1.  Cartulaire  de  Jumièges,  n°  243. 

2.  Pièces  justif.,  n°  15.  Voy.  l'article  de  Thomas,  abbé. 

3.  Pièces  justif.,  n"  85. 

4.  Philippe  de  Houël,  fils  de  Charles  de  Houël  et  de  Charlotte  deToui^nebu, 
épousa  Françoise  de  Préaux,  suivant  contrat  du  mois  d'août  1662. 

j.  Par  M.  Ch.  de  Beaurepaire  dans  son  ouvrage  De  la  Vicomte  de  VEau  de 
Rouen  (Evreux,  1856,  in-8  de  520  p.). 

6.  Fonds  du  comté  de  Tancarville,  liasses  :  Eauries,  Pêches,  Procédures 
contre  Grestain  et  l'amirauté  de  Quillebeuf. 


I.KS    ABHÉS    COMMENDATAIHES  129 

avaienl  à  répondre  aux  assi<^nations  de  cet  officiel-  de  justice. 
Il  était  assisté  d'un  greflier,  d'huissiers  et  de  sergents.  Deux 
sièges  de  tabellionage,  l'un  à  Beuze ville,  l'autre  à  Honfleur, 
dépendaient  de  la  haute  justice  de  Grestain.  On  a  conservé 
plusieurs  de  leurs  registres,  mais  on  n'a  pas  les  minutes  des 
greffiers  en  sorte  qu'on  ne  peut  préciser  les  attributions  du 
bailli  de  Grestain  parce  qu'on  ne  possède  pas  les  procès-ver- 
baux des  audiences  et  les  sentences  rendues  par  le  juge. 
D'autre  part,  il  est  impossible  de  dire  l'étendue  territoriale  de 
sa  juridiction  ;  elle  n'était  point  formée  de  telle  ou  telle 
paroisse  mais  elle  se  composait  de  terres  éparses  çà  et  là, 
nobles  ou  roturières,  qui  relevaient  féodalement  de  la  baron- 
nie  de  Grestain.  Il  n'y  a  guère  moyen  de  se  bien  instruire  de 
l'importance  de  cette  seigneurie  qui  paraît  avoir  été  constituée 
au  xiv^  siècle. 


Ch.  Bréard.  — L'Abbaye  de  Xolre-Daine  de  Grestain. 


CHAPITRE  IV 

L abbaye  de  Grestain  sous  les  abbés  commeiidalaires  de  1481 
à1757 . —  Suppression  de  V abbaye.  —  Les  derniers  abbés .^ 
de  1757  à  1790.  —  Vente  de  l'abbaye, 

L  abbaye  de  GresLain  a  été  mise  en  commende  à  la  lin  du 
xv'^  siècle  ;  elle  a  subi  la  destinée  lamentable  de  beaucoup 
d'autres  anciens  établissements  ({ui  ne  répondaient  plus  aux 
besoins  du  temps.  Des  abbés  le  plus  souvent  étrangers  à  la 
communauté  monastique,  des  chanoines  ou  des  prélats  qui  ne 
résidaient  jamais  en  ont  été  les  supérieurs  pendant  trois  cents 
ans  ;  ses  revenus  sont  devenus  entre  leurs  mains  une  exploi- 
tation plus  ou  moins  avantageuse.  L'abbé  commendataire  en 
gardait  ordinairement  les  deux  tiers,  et  comme  la  méthode 
d'affermer  le  revenu  était  de  toutes  la  plus  économique,  il 
instituait  un  receveur  général,  faisait  bail  avec  ce  fermier,  se 
déchargeait  ainsi  des  difficultés  et  des  risques  de  la  perception  ; 
mais  il  livrait  les  tenanciers  à  toutes  les  avidités  du  receveur. 
De  là  sont  nés  d'interminables  procès  soit  avec  les  religieux 
de  l'abbaye  soit  avec  les  villageois  ou  les  curés  des  paroisses 
rurales.  A  Grestain,  l'activité  des  moines  s'est  consumée  en 
actions  litigieuses  et  en  procédures  pendant  un  siècle  et  demi. 
Durant  cette  période,  ils  ont  défendu  leurs  biens  contre  leur 
abbé  et  l'ont  obligé  de  contribuer  à  certaines  dépenses  dans 
l'intérêt  du  monastère.  Ils  lui  ont  intenté  des  procès  au  sujet 
des  édifices  qui  s'écroulaient,  faute  d'entretien,  au  sujet  de  la 
pauvreté  de  leur  église,  etc.  Le  parlement  de  Rouen  eut  à  se 


132  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    t)E    GRESTAlN 

prononcer  dans  les   longues  contestations  qui   s'ensuivirent  ; 
mais  ce  fut  la  communauté  qui  lemporla. 

Nous  n'avons  pas  à  redire  longuement  ce  qu'était  la  com- 
mende.  Une  abbaye  en  commende  était  une  abbaye  dont  le 
titulaire  au  lieu  d'être  un  prêtre  régulier  se  trouvait,  moyen- 
nant dispense  du  pape  et  redevance  au  roi,  être  nn  séculier. 
un  évêque,  un  chanoine,  un  conseiller  au  parlement,  voire  un 
capitaine.  Le  roi,  en  abolissant  presque  partout  les  élections 
canoniques,  s'était  mis  en  possession  de  disposer  des  abbayes, 
de  trafiquer  d'un  patrimoine  qui  ne  lui  appartenait  pas,  de 
donner  une  sinécure  lucrative  à  des  bénéficiers  étrangers  à  la 
vie  réo-ulière.  C'était  la  confiscation  déguisée  des  biens 
d'Eglise.  L'usage  des  commendes,  qui  prit  de  jour  en  jour  un 
nouvel  accroissement,  fut  la  source  d'une  infinité  d'abus.  Les 
abbés  commendataires  pour  la  plupart  ne  connaissaient  que  de 
nom  l'abbaye  dont  ils  avaient  accepté  le  bénéfice  ;  les  religieux 
ne  savaient  que  par  ouï-dire  —  ou  par  des  actes  judiciaires  — 
qu'ils  avaient  un  abbé.  Pour  l'administration  spirituelle,  les 
abbés  se  substituaient  une  sorte  de  suppléant  ou  vicaire  qui 
souvent  était  le  prieur  claustral,  lequel  obligé  de  prendre  la 
règle  avait  double  juridiction  spirituelle  et  temporelle.  Pour 
prendre  soin  du  temporel,  les  abbés  qui  quelquefois  avaient 
deux  ou  trois  abbayes  en  commende  faisaient  choix  d'un  fondé 
de  procuration  ;  ce  receveur  se  rendait  adjudicataire  du  pro- 
duit des  revenus  du  bé  léiice.  Ln  poursuivant  d'armes  de  la 
grande  écurie,  Nicolas  Druel.  se  transforma  en  financier  et 
devint  le  receveur  général  de  l'abbaye  de  Grestain  pendant 
quinze  ans  environ,  D.  Guillaume  Le  Lièvre,  en  1574,  D.  Jean 
le  Mesnil  en  1632.  D.  Jean  le  Merchier  en  1642.  D.  Jean- 
Baptiste  Thirel  en  1646,  ont  été  des  prieurs  qui  se  sont  quali- 
fiés du  titre  de  grand  vicaire.  Ils  remplissaient  certaines  fonc- 
tions abbatiales.  Le  commendataire  avait  en  eux  un  desservant. 
Par  cette  méthode,    il  jouissait  paisiblement   de  rentes   reli- 


LES    ARBICS    COMMENDATAIRES  133 

gieuscs  que  la  1)1611'  des  donateurs  avait  établies  autrefois,  sur 
des  fonds  du  terre,  pour  le  soulagement  de  la  misère  des 
pauvres.  Aussi,  au  xviii'^  siècle,  la  malignité  publique  disait- 
elle  qu'il  n'y  avait  pas  de  sort  plus  heureux  que  celui  d'un 
riche  prieur  ou  d'un  abbé  commendataire. 

L'abbaye  de  Grestain  est  donc  maintenant  à  la  disposition 
du  roi  de  France.  Le  roi  nomme  au  bénéfice,  le  pape  institue. 
Le  bénéfice  ecclésiastique,  sans  charge  d'Ames,  est  devenu 
une  faveur,  une  sorte  de  pension  que  Ton  obtient  même  sans 
être  enoairé  dans  les  ordres.  La  liste  des  abbés  de  Grestain 
fournit:  deux  prélats  qui  avaient  un  évéché  en  titre,  lun  d'eux 
était  revêtu  de  la  dignité  de  cardinal;  un  chevalier  non  profès 
de  l'ordre  de  Malte  '  ;  le  fils  d'un  ambassadeur  ;  un  poète  épi- 
curien dont  le  nom  est  resté  dans  la  mémoire  des  curieux  ;  un 
conseiller  au  parlement:  deux  chanoines  de  Paris;  un  abbé 
orateur,  bel-esprit  et  académicien.  Les  conciles  provinciaux  ont 
déploré  une  situation  que  Montalembert  a  définie  en  disant 
que  la  commende  a  été  la  lèpre  de  l'ordre  monastique.  Mais 
les  plaintes  étaient  faites  sans  grand  espoir.  «  Nous  pouvons 
beaucoup  plus  souhaiter  qu'espérer  que  les  monastères  de 
nostre  temps  soient  remis  en  leur  ancien  estât.  On  ne  peut 
dire  combien  de  maux  y  sont  commis,  tant  au  spirituel  qu'au 
temporel,  par  ceux  qui  les  tiennent  en  commende.  Supplions 
le  roy  qu'il  luy  plaise  remettre  les  élections  aux  abbayes  selon 
l'ancienne  mode.  Rien  n'est  si  contraire  aux  fondations  de 
monastères  d'hommes,  (|u'hommes  lays  ou  femmes  en  ayent 
la  charge,  et  qu'ils  en  soyent  abbez  ou  abbesses,  ou  qu'ilz  y 
facent  leur  demeure.  »  Ces  doléances  ont  été  formulées  dans 
un  concile  provincial  des  diocèses  de  Normandie  tenu  à  Rouen 
en  1581  par  l'archevêque  Charles  de  Rourbon  ;  les  évêques  de 


1.  Les  chevaliers  de  Saiiil-Lazare   el   cenx   de   Malte,    pouvaient   sans  être 
clercs,  posséder  des  pensions  sur  toute  sorte  de  bénéfices. 


134  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESÏAIN 

Bayeux,  de  Sées,  d'Evrenx,  de  Lisieux  et  les  procureurs  des 
chapitres  d'Avranches  et  de  Coutances  y  assistaient  K  Le 
clergé  de  France  ne  sesl  pas  lassé  de  faire  entendre  ses 
plaintes  à  ce  sujet  jusqu'à  la  Révolution  ~. 

Afin  de  ne  pas  perdre  de  vue  Tabbaye  de  Grestain,  nous 
ajouterons  que  ce  monastère  bénédictin  comptait  six  moines 
en  1615;  quatre  religieux,  en  1744.  y  vivaient  dans  des  bâti- 
ments délabrés.  La  maison  était  déserte  lorsque  lautorité 
épiscopale  en  a  terme  les  portes  en  Tannée  1757.  Le  régime 
de  la  commende  et  ses  abus  n'ont  pas  été  sans  influer  sur  la 
destinée  de  l'abbaye,  en  jetant  le  désordre  dans  la  gestion  des 
intérêts,  la  ruine  sur  les  édifices,  la  discorde  entre  les  moines 
et  leurs  abbés  qui  n'ont  plus  été  que  des  étrangers  les  uns 
pour  les  autres. 

Nous  allons  faire  connaître  les  abbés  commendataires.  On 
voudra  bien  remarquer  qu'il  y  a  cinq  noms  de  plus  que  dans 
la  liste  du  Gallia  chrisliuun  :  ce  sont  les  29^,  30^,  36^  37^  et 
38e  abbés. 

XXYL  —  Guillaume  d'Escalles.  La  liste  donnée  par  le 
Neustria  pia  le  place  au  vingt-deuxième  rang  ;  le  Gallia 
christiana  lui  assigne  le  vingt-sixième.  C'était  un  prêtre  sécu- 
lier mais  il  avait  rang  de  prélat  par  sa  qualité  de  protonotaire 
du  Saint-Siège.  Il  fut  abbé  de  Grestain  de  1481  à  1502,  par 
résignation  de  son  prédécesseur.  Par  suite  de  la  résignation  en 
faveur,  le  bénéficier  déposait  sa  démission  à  la  condition  que 
le  collateur  lui  donnerait  pour  remplaçant  celui  qu'il  dési- 
gnait. Il  faut  bien  dire  que  l'on  usa  souvent  de  ce  moyen 
pour  rendre  les  bénéfices  héréditaires  dans  les  familles.  L'his- 

1.  D.  Dessin,  Concilia  Rotoin.  provinciae,  fol.  197-24îj.  Cf.  Le  Concile  pro- 
inncial  des  diocèses  de  Normandie,  etc.,  par  F.  Claude  de  Sainctes  (Paris, 
1583.  in-8),  p.  96  v°. 

2,  Procès-verbaux  de  l'assemblée  du  clergé  en  1780,  p.  894. 


LES    ABHÉS    CO.MMENDATAIRES  135 

toire  de  l'abbaye  de  Grestain,  nous  le  verrons  plus  loin,  offre 
un  exemple  de  cet  abus.  Elle  en  présente  même  deux  exemples, 
car  il  paraît  bien  que  Richard  II  de  Thieuville  avait  résigné  en 
faveur  d'un  parent.  Cependant  il  ne  nous  est  pas  possible  de 
déterminer  la  proximité  de  parenté  qui  unissait  les  deux  abbés. 
Elle  n'existait  peut-être  qu'en  conséquence  d'une  alliance  par 
mariage.  On  voit,  en  effet,  Catherine  d'Escalles,  fille  de 
Richard  d'Escalles,  écuyer,  sieur  d'Argentelles,  maître  d'hô- 
tel de  Jean  duc  d'Alençon,  et  d'Isabeau  de  Thieuville.  épou- 
ser Georges  Rouxel  de  Médavy,  le  4  août  1458.  De  ce  mariage 
naquit  Isabelle  Rouxel  de  Médavy  qui  est  qualifiée  nièce  de 
messire  Guillaume  dEscalles,  protonotaire  apostolique,  «  com- 
mandeur de  l'abbaye  de  Grestain  »  en  l'année  1482  '.  Notre 
abbé  (Guillaume  d'Escalles  peut  donc  être  mentionné  comme 
frère  de  Richard  d'Escalles  que  certaines  fonctions  attachaient 
à  la  maison  des  ducs  d'Alençon.  Il  serait  nécessaire  néanmoins 
d'aller  plus  loin,  de  déterminer  les  rapports  de  parenté  d'Isa- 
beau  ou  Isabelle  de  Thieuville  et  du  dernier  abbé  régulier  de 
Grestain.  Ce  point  est  resté  obscur.  D'abord  c'est  une  chose 
rare  parmi  nous  qu'une  connaissance  approfondie  de  l'his- 
toire des  familles,  puis  il  faut  reconnaître  que  si  on  la  con- 
naissait on  y  verrait  d'étonnantes  variations  dans  l'espace  d'un 
siècle  au  plus. 

Quoi  qu'il  en  soi(,  on  rencontre  à  sept  cents  ans  en  arrière  les 
Descalles  ou  d'Escalles  domiciliés  dans  le  Roumois  et  le  Lieu- 
vin.  Un  acte  de  l'année  1234  fait  connaître  Geoffroy  et  Guil- 
laume d'Escalles  ^.  L'usufruit  du  fief  du  Mesnil-Cordelier, 
assis  à  Quetteville,  dans  le  canton  de  Honfleur,  appartenait  à 
Richard  d'Escalles  et  à  sa  femme  en  1395  \  Il  est  fait  men- 


1.  V.   des  Diguères,  Lex   Boiirel  de  Médavii-Granceij ,  p.    28-29.  Guillaume 
d'Escalles  rendit  aveu  pour  le  revenu  de  son  abbaye  le  2  avril  1499. 

2.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  .^U24,  fol.  91. 

3.  Ils  le  cédèient  à  Ravet  d'Annebaut,  en  1408. 


136  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

lion  des  d'Escalles  du  Bostenney  dans  diverses  publications 
relatives  au  département  de  IKure  '.  Un  Pierre  d'Escalles, 
écuver,  était  prieur  de  Greslain  en  17tll  :  il  est  décédé  au 
prieuré  de  Sainl-Nicol  près  Hontleur.  le  21  juillet  1738. 

Pour  en  revenir  à  Tabbé  Guillaume  d'Escalles,  commenda- 
taire  perpétuel  de  Notre-Dame  de  (jrestain  à  la  fin  du 
xv^  siècle,  ce  fut  de  son  temps  que  1  abbaye  demanda  et 
obtint  d'écbanger  la  baronnie  de  Mézidon  contre  la  terre  du 
Mesnil-Ferry  qui  appartenait  au  prieuré  de  Sainte-Barbe-en- 
Auge.  Nous  avons  précédemment  expliqué  comment  cette 
baronnie  était  venue  en  la  possession  des  religieux  de  Gres- 
tain  en  1347.  alors  que  le  cbambellan  de  Tancarville  leur 
avait  proposé  le  marché  qui  servit  à  acquitter  sa  rançon. 
Quant  à  la  seigneurie  du  Mesnil-Ferry  ou  Ferrey,  c'était  un 
ancien  plein  fief  de  haubert  assis  en  la  vicomte  de  Pont-Aude- 
mer,  à  peu  de  distance  de  Grestain,  et  duquel  dépendait  une 
franche  sergenterie  nommée  la  sergenterie  du  Mesnil.  A 
cause  de  la  possession  de  ce  fief,  le  seigneur  du  Mesnil-Ferry 
avait  droit  de  garde  à  Tabbaye  de  Grestain  pendant  quarante 
jours  toutes  les  fois  que  l'abbé  allait  de  vie  à  trépas  ou  que  le 
siège  abbatial  était  vacant  par  démission.  Quand  les  moines 
de  Grestain  avaient  à  élire  un  abbé,  leur  premier  devoir  était 
d'en  informer  le  seigneur  du  Mesnil-Ferry  '~. 

Ce  droit  de  protection  ou  de  garde  était  bien  entendu  exercé 
au  nom  du  roi  sous  le  patronage  de  qui  l'abbaye  était  placée. 
Il  datait  de  l'origine  même  de  l'abbaye  ;  il  n'était  que  la  trans- 
mission du  patronage  qui  avait  appartenu  aux  premiers  fon- 
dateurs, puis  aux  ducs  de  Normandie  et  enfin  aux  rois  de 
France.   On  ne  doit  pas  en  effet  perdre  de  vue  qu'Herluin  de 

\.  A.  Le  Prévost,  Mém.  el  Xotea^ur  ledéjt.  de  l'Eure,  III,  282.  — Charpillon. 
Dict.  hist.  de  l'Eure,  II,  212,  493,  960,  962.  —  Fouquier,  Recherches  hist.  sur 
Beuzeville.  p.  147,  233,  236. 

2.   Voyez  plus  haut  des  noies  sur  le  Mesnil-Ferry  et  ses  seigneurs. 


LES    ARBKS    COMMENDATAIRES  137 

Conteville  et  son  fils  Rol)ert  de  Mortain  avaient  été  les  posses- 
seurs (les  domaines  dont  le  Mesnil  faisait  partie  avant  d'être 
aliéné.  Si  des  transformations  avaient  modifié  Tétendue  des 
terres  des  comtes  de  Mortain,  avaient  décomposé  et  désorga- 
nisé les  services  féodaux,  les  seit,meurs  du  Mesnil  n'en  avaient 
pas  moins  conservé  avec  (ireslain  un  lien,  peu  tendu  à  la 
véi'ilé,  mais  (]ui  représentait  le  droit  que  les  ducs  de  Norman- 
die et  les  hauts  barons  prétendaient  exercer  sur  les  églises  et 
sur  les  abbayes  qui  existaient  dans  les  limites  de  leurs  sei- 
gneuries. 

Le  fief  du  Mesnil-Ferry  avait  été  acheté,  en  Tannée  1 477, 
par  la  célèbre  abbaye  de  la  Victoire,  près  de  Sentis,  laquelle 
l'avait  cédé  aux  chanoines  réguliers  du  prieuré  de  Sainte- 
Barbe-en-Auge  K  Ce  fief  pouvait  valoir,  au  milieu  du  xv*'  siècle, 
300  livres  tournois  de  rente. 

Les  religieux  de  Grestain  en  firent  l'acquisition  par  échange  ; 
F^tienne  Blosset,  évêqne  diocésain,  leur  en  accorda  l'autorisa- 
tion, le  8  octobre  1489  '.  L'acte  d'échange  mentionne:  Guil- 
laume d'Escalles,  abbé  ;  Dom  Robert  Emelinne,  prieur  ; 
Robert  Mauvoisin,  religieux  profès. 

L'administration  de  (ruillaume  d'Escalles  dura  vingt  ans 
environ.  Elle  a  laissé  peu  de  traces.  Get  abbé  mourut  au 
mois  de  janvier  1503  (n.  st.). 

Aux  détails  qui  précèdent,  il  convient  de  rattacher  l'indi- 
cation suivante.  Si  elle  est  étrangère  à  la  personne  de  l'abbé 
d'Escalles,  elle  intéresse  cependant  le  monastère  de  Grestain. 

An  mois  d'octobre  1487,  Charles  VIII  séjournait  trois  jours 
au  Mont-Saint-Michel,  les  26,  27  et  28.  Le  roi  était  à  Hon- 
fleur  le  10  novembre  et  à  Pont-Audeiner  les  12  et  13 
novembre  '.  En  tenant  compte  de  ces  dates  et  après  examen 

1.  Lettres  de  Louis  XI  du  mois  de  mai  l'tll.  —  Pièces  juslil'.,  n"  55. 

2.  Pièces  justif.,  n°  îiT. 

3.  Eni.  Petit,  Sôjonrs  <l,>  Chnrh-s  VIII,  p.  22. 


138  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

de    la   route    parcourue,   il    semble    bien    vraisemblable    que 
Charles  VIII  et  sa  suite  se  sont  arrêtés  à  Grestain. 

XXMI.  —  Jean  VIII  de  Fatouville,  27^  abbé,  semble  par 
son  nom  être  originaire  d'une  paroisse  voisine  de  Grestain. 
Ce  qu'il  y  a  de  certain  c'est  qu'il  était  moine  et  peut-être 
prieur  dans  l'abbaye  quand  les  autres  religieux  l'élevèrent, 
par  élection,  à  la  dignité  d'abbé,  le  14  janvier  io03  (n.  st.). 
Entendaient-ils  ainsi  se  soustraire  au  régime  de  la  commende? 
C'est  probable,  mais  les  abbayes  avaient  été  dépossédées  du 
droit  d'élection.  En  conséquence,  Tévêché  adressa  une  com- 
mission au  doyen  de  Pont-Audemer  pour  informer  du  choix 
que  les  moines  avaient  fait.  La  commission  est  du  26  janvier 
1503.  L'enquête  était  de  pure  forme,  nous  n'en  doutons  pas; 
elle  avait  pour  but  et  elle  eut  pour  résultat  de  faire  annuler 
l'élection  de  Jean  de  Fatouville  '.  Dans  une  cause  aussi 
médiocre,  on  aurait  même  fait  intervenir  le  roi  de  France,  au 
désir  de  qui  Jean  de  Fatouville  dut  se  soumettre.  «  Ad  preces 
régis  Franciae  »,  dit  le  Gallia  %  l'abbé  Jean  se  démit  en 
faveur  d'un  neveu  d'Etienne  Blosset,  évêque  de  Lisieux,  qui 
a  évidemment  pris  souci  des  intérêts  temporels  de  sa  famille  ^. 
Ce  neveu,  pourvu  de  Grestain  par  la  volonté  de  Louis  XII,  a 
été  le  cardinal  Le  Veneur  qui  a  cumulé  les  mitres  et  les 
crosses  et  apparaît  comme  un  prélat  de  haute  allure  dans  les 
temps  où  il  a  vécu. 

XXVIII.  —  Jean  IX  Le  Veneur.  28«  abbé  de  Grestain  en 

1.  Noël  Deshays,  Mém.  pour  l'hist.  des  évêques  de  Lisieux  (édit.  de  Forme- 
ville),  p.  204. 

2.  Gallia  christ.,  XI,  col.  846. 

.3.  Etienne  Blosset  de  Carrouges  a  possédé  la  commende  de  deux  abbayes  : 
Saint-Pierre  de  Cannes,  au  diocèse  de  Narbonne  ;  Notre-Dame  de  Cormeilles, 
au  diocèse  de  Lisieux,  et  la  commende  du  prieuré  de  Saint-Barbe-en-Auge. 
C'est  à  tort  que  le  Dict.  Iiist.  de  l'Eure  rapporte  que  cet  évèque  a  été  abbé  de 
Grestain,  t.  1,  p.  844,  col.  2. 


LES    ABBÉS    COMMENDATAIRES  139 

1503,  évêqiie  de  Lisieux  en  1505,  lieutenant  général  au  gou- 
vernement de  Normandie  (1525),  grand  aumônier  du  roi 
(1526),  cardinal-prêtre  du  litre  de  Sainl-Barthélemj-en-risle 
(1533).  Il  était  le  second  fils  de  Philippe  Le  Veneur,  baron 
de  Tillières,  et  de  Marie  Blosset  de  Carrouges.  Ses  deux 
frères,  Ambroise  et  Gabriel,  étaient  de  même  engagés  dans 
la  carrière  ecclésiastique  où  le  crédit  des  protecteurs  leur 
assura  évêché,  prieuré  et  abbaye.  Etienne  Blosset  de  Car- 
rouges était  leur  oncle. 

Jean  Le  Veneur  appartenait  à  une  famille  puissante.  Fort 
jeune  encore  il  fut  pourvu  d'un  canonicat  en  Téglise  de 
Lisieux.  Dans  le  même  temps,  on  voit  qu'en  1489  le  baron  de 
Tillières  avait  présenté  le  futur  cardinal  à  la  cure  de  Saint- 
Hilaire  de  Tillières,  mais  il  n'y  fut  pas  admis  '.  Le  premier 
bénéiice-cure  dont  Jean  Le  A  eneur  a  été  le  titulaire  es'  la 
paroisse  de  Notre-Dame  et  Saint-I^éonard  de  Honfleur  ;  il  en 
reçut  la  collation  en  1497  '.  Agé  de  vingt-quaire  ans.  Jean  le 
Veneur  était  entré  dans  la  partie  active  et  rémunérée  du  con- 
seil épiscopal  en  qualité  d'archidiacre  d'Auge.  La  commende 
de  l'abbaye  de  Grestain  lui  fut  donnée  six  années  plus  tard. 
C'était  un  revenu  bien  assuré.  Il  prit  possession,  le  29  mai 
1503  \  par  procureur  ;  et  plus  tard  par  lui-même.  Puis  Etienne 
Blosset  de  Carrouges,  évêque  de  Lisieux,  vint  visiter  Gres- 
tain, le  24  mai  1504;  il  s'agissait  d'entretenir  et  d'améliorer 
une  situation.  Le  26  mai,  le  nouvel  abbé  faisait  sa  première 
entrée  dans  le  monastère  en  présence  de  son  oncle  qui  possé- 
dait une  abbaye  voisine,  Notre-Dame  de  Gormeilles.  Plus  tard, 
Jean    Le   Veneur   venait    de    nouveau   visiter  son  abbaye  de 


1.  Chan.  Porée,  Ilisl.  de  l'abbaye  <hi  Bec,  t.  II,  p.  267-268. 

2.  Bibl.  nat.,  Recueil  Thois;/,  vol.  284-,  fol.  390  ;  Factiim,  p.  6. 

3.  Date  du  départ  du  navire  VEspoir  armé  par  Binol-Pauliiiier.  Le  second 
pdole  de  ce  navire  se  nommait  \ollet  Espeudri/  et  était  orifjinaire  de  Grestain. 
Le  nom  de  ce  marin  doit  èti'C  lu  :  Lespeudri/  que  donnent  plusieurs  aveux. 


140  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

Grestain,  le  17  décembre  1505  '.  Mais  dans  lintervalle  il 
avait  été  sacré  évêque  dans  l'église  des  Jacobins  de  Lisieux  ; 
ce  fut  donc  l'évêque  diocésain  qui  se  présenta  cette  seconde 
fois  aux  religieux, 

L'Eglise  et  trois  rois  de  France,  Charles  YIII,  Louis  XII  et 
François  P'"  réservaient  à  l'abbé  commendataire  de  Grestain, 
comme  marque  d'amitié  et  de  bienveillance,  des  titres  écla- 
tants, des  faveurs  signalées  '.  Jean  Le  Veneur,  par  l'assiduité, 
la  vigilance,  la  dextérité  qu'il  apporta  au  maniement  des 
grandes  affaires,  fut  estimé  pour  un  des  plus  hal)iles  conseil- 
lers de  François  P'".  Il  faut  croire  qu'il  servit  ce  prince  avec 
fidélité  car  les  bénéfices  lui  furent  prodigués.  Jean  Le  V^eneur 
obtint  la  commende  des  abbayes  de  (irestain  (lo03i.  de  Notre- 
Dame  de  Préaux  (1506),  de  la  célèbre  abbaye  du  Mont- 
Saint-Michel  (1524),  de  Lyre  (1533),  de  Lonlay  au  diocèse  du 
Mans,  de  Saint-Fuscien  au  diocèse  d'Amiens,  enfin  de  la 
riche  abbaye  du  Bec  (1334).  Cet  éminent  prélat,  vêtu  de  la 
pourpre  cardinalice,  comblé  d'honneurs  et  de  richesses,  mou- 
rut à  Marie,  dans  la  Haute-Picardie,  le  7  août  1543  ^ 

Il  nous  est  parvenu  du  cardinal  Le  A  eneur  deux  actes  rela- 
tifs à  son  administration  de  Grestain.  Le  premier  est  une 
reconnaissance  d'hommage,  le  second  est  un  aveu  produit 
aux  officiers  du  duché  de  Longueville  pour  le  fief  de  Beau- 
ney  ^.  D'autres  traces  plus  importantes  subsistent  de  sa  ges- 
tion qui  a  duré  trente-huit  ans.  C'est  durant  ce  laps  de  temps 
que  des  travaux  ont  été  faits  aux  murs  d'enceinte  de  l'abbaye 


i.  Xeustria  pia,  p.  334. 

2.  On  lit  dans  la  Chronique  de  Fr.  Carré  :  "  Ilic,  multa  rei'um  experientia 
prudens,  Carolo  VIII  primum  charus,  Ludovico  deinde  conjunctissimus,  pos- 
tea  Francisco  principi  primo  a  consiliis  et  eleemosinis  familiaris  adstat.  »  — 
Chronique  du  Bec  'édit.  Poi'ée,  Soc.  del'hist.  de  Norm),  p.  244. 

3.  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  30206,  dossier -17578.  —  P.  Anselme,  VIII,  236-262.  — 
Noël  Deshaj's,  Mémoires  (édit.  de  Formeville),  p.  206-216. 

4.  Pièces  justif.,  n°=  39  et  60,  des  29  janvier  1503  et  o  avril  1340. 


LKS    ABBÉS    COMMENDATAIKES  \  41 

de  Grestain,  lesquels  paraissent  avoir  été  consolidés  et  recons- 
truits eu  pai'tie  au  nord  et  au  sud.  De  ce  dernier  côté,  on  dis- 
tingue encore  sur  un  contre  tort  extérieur  Técu  à  la  bande  qui 
formait  les  armoiries  du  cardinal  Jean  Le  A'eneur.  On  peut 
donc  croire  que  les  moines  de  Grestain  trouvèrent  en  lui  un 
protecteur  et  qu'ils  profitèrent  de  ses  dispositions  charitables. 
Plus  tard  ils  n'eurent  que  trop  d'occasions  de  déplorer  l'indif- 
férence et  les  procédés  peu  f,^énéreux  de  leurs  commenda- 
taires,  abbés  sachant  fort  le  monde  et  ses  complaisances. 

En  1513,  Pierre  de  Gillon,  religieux,  était  bailli  de  Gres- 
tain et  procureur  général  de  l'abbaye. 

XXIX.  —  Gabriel  Le  \  eneur,  29''  abbé  commendataire 
de  Grestain.  de  1543  à  1550.  Kvéque  d'Evreux  de  1531  à 
1574. 

Dans  un  registre  du  Parlement  de  Rouen,  on  lit  sous  la 
date  du  26  janvier  1545  (v.  s.)  la  note  qui  suit:  «.  R.  P.  en 
Dieu  Gabriel  Le  Veneur,  abbé  commendataire  de  Notre- 
Dame  de  Grelin,  au  diocèse  de  Lisieux  '.  )>  A  cette  date, 
nous  ne  voyons  que  l'évêque  d'Evreux,  Gabriel  Le  Veneur,  à 
qui  puisse  convenir  cette  dignité.  Il  la  tint  de  son  grand-oncle, 
le  cardinal  Le  Veneur,  qui  lui  laissa  aussi  l'abbaye  de  Notre- 
Dame  de  Lyre;  de  même  un  autre  de  ses  grands-oncles, 
Ambroise  Le  Veneur,  s'était  démis  de  l'épiscopat  en  sa 
faveur  :  il  n'avait  que  quatorze  ans. 

Eu  outre  de  Lyre  et  de  Grestain,  Gabriel  Le  A'eneura  pos- 
sédé plusieurs  autres  abbayes  :  Saint-Taurin  d'Evreux,  Saint- 
Evroult,  Jumièijes  dont  il  a  été  le  69^  abbé.  Il  est  décédé  le 
16  mai  1574.  On  a  consacré  des  notices  à  Gabriel  Le  \'eneur, 
indépendamment  de  celle  du  (iallin  christiana  :  c'est  la  raison 
pour  laquelle  nous  nous  bornons  à  ces  quelques  lignes  '. 

1.  CoiiiinunicatioM  de  M.  Ch.  de  Beaurepaire. 

2.  G.tllia  christ.,  XI,  col.  010.  —  Le  Brasseur,  Ilisf.  civile  et  ecclés.  du  comté 


142  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

Pendant  Tadminislralion  de  Gabriel  Le  Veneur,  Tabbaye 
de  Grestain  recul  une  visite  royale.  François  P""  voyageait 
en  Normandie  aux  mois  de  mars  et  d'avril  1544  '.  Le  roi  était 
à  Brionne  le  10  avril,  à  Montfort-sur-Risle  le  18,  et  à  Gres- 
tain le  20  avril.  Il  y  signa  des  Lettres  de  relief  d'adresse  pour 
l'enregistrement  d'autres  Lettres  de  commission  au  sujet  des 
emprunts  à  faire  en  Normandie  jusqu'à  concurrence  de 
100.000  écus  d'or  soleil  destinés  à  subvenir  aux  affaires  de  la 
guerre  '. 

Après  avoir  quitté  Grestain,  François  P""  était  le  23  avril  à 
Yatteville  oii  existait  un  «  bâtiment  royal  »  approprié  pour  la 
chasse,  et  à  Rouen  le  28  avril  1544. 

XXX.  —  Pierre  de  Pont-Levoy,  30^  abbé  de  Grestain,  est 
resté  pour  nous  inconnu.  Une  pièce,  qui  d'ailleurs  ne  le  con- 
cerne pas  mais  qui  se  rapporte  à  son  vicaire  général,  fournit 
seulement  son  nom.  On  y  lit  qu'Fmile  Mancenet,  prêtre  du 
diocèse  de  Chàlons.  curé  de  Saint-Jacques  de  Dieppe  en  1551, 
de  Saint-Jacques  de  Neufchàtel  en  1554,  de  Munneville-sur- 
Mer  au  diocèse  de  Coutances,  en  1557,  de  Monville  puis  du 
Bois-Guillaume,  grand  vicaire  de  Sainte-Catherine-du-Mont, 
syndic  du  clergé  et  chanoine  de  Rouen,  était  vicaire  général 
de  Pierre  de  Pont-Levoy,  abbé  de  Grestain,  en  1555  et 
1559  3. 

Plusieurs  familles  de  ce  nom  ont  existé  au  pays  chartrain  et 
en  Touraine  ^.  L'abbaye  de  Notre-Dame  de  Pont-Levoy  était 

d'Evreux  Paris  1722).  —  Chassant  et  Sauvage,  Ilisloirr  des  évé'/ues  dEvreux 
(1846  ,  p.  138.  —  Le  Beurier.  Le  Mémorial  hist.  des  évêques  dEvreux  (^1863), 
p.  146-157.  —  Hist.  de  iahhaye  royale  de  Saint-Pierre  de  Jumièges,  II.  p.  281- 
295  (édit.  Julieii  Loth  .  Le  P.  Anselme,  Hist.  des  Gr.  officiers  de  la  couronne, 
VIIL  256-262. 

1.  Catalogue  des  Actes  de  François  l",  VI,  746  à  751. 

2.  Id.,  p.  749,  n°  22803. 

3.  Communication  de  M.  Ch.  de  Beauiepaire. 

4.  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  28820,  dossiers  52609,  52612. 


LKS    ABBÉS    COMMKNDATAIBES  143 

située  dans  révéclié  de  Blois  '.  Aux  xiv*^  et  xvi*^  siècles,  des 
bourgeois  de  Tours  porlaieiil  le  nom  de  Pierre  et  de  Jean  de 
Pont-Levoy  ;  on  connaît  encore  Jeanne  de  Pont-Levoy  et  FI. 
de  Pont-Levoy,  prieures  de  Moncé  '.  Ces  indications  ne  per- 
mettent pas  de  savoir  à  quelle  famille  appartenait  Pierre  de 
Pont-Levoy,  abbé  de  Grestain. 

Du  temps  de  son  administration  (1530  environ  à  1370], 
pour  payer  au  fisc  les  subventions  que  l'on  demanda  aux  com- 
munautés sous  forme  de  décimes  extraordinaires,  l'abbaye 
vendit  les  fiefs  qui  lui  appartenaient  en  Roumois,  à  Lilletot, 
Fourmetot,  Sainte-Opportune  et  Saint-Aubin  ^ 

XXXL  —  Jacques  Marlet,  31^  abbé  de  Grestain,  ne  nous 
est  pas  connu  ;  mais  on  ne  peut  cependant  passer  à  son  suc- 
cesseur sans  lui  consacrer  quelques  lignes.  Cet  abbé  nous 
paraît  être  originaire  de  la  Franche-Comté  et  avoir  été  cha- 
noine de  Paris.  A  quelle  date  et  dans  quelle  occasion  fut-il 
nommé  commendataire  de  Grestain?  Pour  la  date,  si  les  indi- 
cations des  actes  qui  nous  restent  ne  contiennent  pas  d'er- 
reurs, ce  doit  être  en  l'année  1373  :  on  a  de  lui  une  procura- 
tion datée  du  13  septembre  de  cette  année-là  ^.  Quant  aux  cir- 
constances de  sa  nomination,  on  ne  sait  rien  de  précis.  Rem- 
plaça-t-il  directement  Pierre  de  Pont-Levoy,  ou  bien  doit-on 
compter  un  intervalle  de  temps  entre  ces  deux  abbés,  on  ne 
saurait  le  dire.  Ce  que  l'on  peut  signaler,  c'est  qu'il  s'agit 
d'une  époque  où  l'abbaye  n'échappa  pas  aux  désastres  causés 
par  les  guerres  civiles  entre  les  catholiques  et  les  calvinistes. 
Sur  ces  années,  nous  n'avons  rien  pour  nous  renseigner,  pour- 
tant quelques  indices   autorisent  à  croire  que  la  maison   fut 

1.  Gallia  christ.,  VIII,  col.  1348. 

2.  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  28820,  dossier  52609. 

3.  Bihl.  nat.,  lus.  fr.  30694,  fol.  1.^2.  Extrait  de  la  commission  des  francs 
ficfs. 

4.  Rco-.  du  tabeUionaffo  de  Grestain. 


lii  l'abbave  de  notre-dame  de  grestain 

abandonnée  vers  1562,  au  moment  où  Pont-Audemer  et  Hon- 
flenr  tombèrent  au  pouvoir  du  parti  protestant.  Puis  les 
années  se  passèrent;  nous  retrouvons  Jacques  Marlet  en  1576 
et  1585.  On  croit  qu'il  résigna  en  faveur  d'un  aumônier  du 
roi.  En  1579,  Louis  Hrisset,  curé  de  Machedenl,  était  son 
grand  vicaire  '. 

Il  l'était  aussi  à  l'époque  antérieure,  au  temps  oii  la  guerre 
civile  recommençait  en  Languedoc,  en  Guyenne,  en  Sain- 
tonge,  en  Poitou  et  en  Normandie.  Henri  III  demanda  au 
clergé  une  subvention  d'un  million  de  livres,  en  1575.  Une 
déclaration  du  30  juillet  1574  avait,  l'année  précédente,  réglé 
la  levée  de  deux  millions  de  livres  sur  le  clergé.  D  après  les 
contemporains,  de  1560  à  1575,  le  clergé  a  versé  60  millions, 
c'est-à-dire  près  de  4  millions  par  an,  au  trésor  royal  ^. 

Au  mois  d'avril  1575,  l'évêque-comte  de  Lisieux  donna 
avis  aux  curés  dans  les  paroisses  et  aux  abbés  dans  les  monas- 
tères que  son  diocèse  était  taxé  à  la  somme  de  16.000  livres, 
et  qu'il  était  nécessaire  de  faire  sortir  le  payement  de  cette 
taxe  par  le  receveur  des  décimes.  L'abbaye  de  Cormeilles 
était  taxée  à  1.900  livres;  l'abbaye  de  Grestain  devait  payer 
une  somme  beaucoup  moindre,  celle  de  450  livres.  Les  deux 
abbayes  se  refusèrent  à  acquitter  les  décimes  extraordinaires 
qui  n'étaient  pas  sans  quelque  analogie  avec  les  emprunts  for- 
cés. Des  mandements  de  contrainte  furent  décernés  contre 
ces  communautés  ;  on  ordonna  la  saisie  du  temporel  des 
abbés  et  religieux,  la  vente  des  biens  des  receveurs  et  fer- 
miers. L'abbaye  restait  libre,  «  par  après  paiement  »,  de  faire 
vente  de  partie  du  temporel  pour  son  remboursement.  Gres- 
tain paya  comptant  et  sans  délai  par  les  mains  de  Pierre 
Thirel,  commissaire  établi  au  régime  et  gouvernement  de  l'ab- 


1.  Reg.  du  parlement  de  Rouen,  15  janvier  l")78  (v.  st.). 

2.  Clamageran,  Hist.  de  l'impôt  en  France,  II,   139. 


Li;s    AlUtÉS    COMMENDATAIIŒS  1  io 

baye.  Les  emlnirras  des  religieux  apparaissent  très  nellement, 
et  voilà  pourquoi  nous  les  voyons  aliéner  des  terres  à  Lille- 
tot,  Fourmelot  et  Saint-Aubin  pour  acquitter  la  taxe  ',  On 
peut  être  convaincu  qu'une  longue  et  triste  période  de  détresse 
a  pesé  alors  sur  Greslain,  que  les  décimes  exigés  étaient 
devenus  une  charge  de  plus  en  plus  pénible.  En  1376,  l'abbé 
Jacques  Marlet  astreint  à  donner  au  fisc  une  rente  de  12  écus 
se  plaint  de  ne  pouvoir  la  payer  ;  il  se  décide  à  vendre  les 
biens  immobiliers  de  l'abbaye.  «  Le  sieur  abbé  de  Grestain 
pour  satisfaire  à  partie  de  sa  cottization  montant  à  douze  écus 
de  rente  a  faict  vendre  les  fîefz  et  seigneuries  de  Beaulnay  et 
cent  acres  scituez  au  dioceze  de  Rouen,  par  la  somme  de 
730  livres  dont  l'adjudicataire  a  esté  chargé  de  payer  au  rece- 
veur des  décimes  dudit  Rouen  lesd.  xviij  den.  et  vj.  den.  pour 
livre  ^  )) 


1.  Arch.  nal.,  G*^.  1232.  Aliénations  des  biens  d'Église,  au  diocèse  de  Lisieux. 
Au  mois  d'octobre  1503,  les  religieux  de  Grestain  avaient  vendu  d'autres 
biens  :  "  Le  fief,  terre  et  seigneurie  de  Grestain,  assiz  es  parroisses  de  Four- 
niauville  et  de  Triqueville  et  des  envyrons,  deppendans  du  temporel  de  l'ab- 
baye de  Grostaing,  évalué  sur  le  prix  de  dix  liuict  livres  huict  solz  de  rente  et 
revenu  annuel,  a  esté  adjugé  à  maistre  André  Leprévost,  advocat  en  la  court 
de  parlement  de  Rouen,  ad  ce  prix  et  somme  de  quatre  cents  soixante-cinq 
livres  tournois,  pour  une  foys  payée  au  recepveur  général,  etc.  ».  —  «  Le  fief, 
terre  et  seigneurie  de  Saint-Quentin-des-Carderonnettes,  assiz  en  la  paroisse 
dudict  lieu,  vicomte  de  Mortaing,  deppendant  de  ladicte  abbaye  de  Grestain, 
évalué  sur  le  prix  de  quatorze  livres,  deux  sols,  dix  deniers  de  rente  et  levenu 
annuel,  a  esté  adjugé  à  maistre  Robert  le  Maryé,  escuier,  demeurant  à  Tyncbe- 
bray,  au  prix  de  trois  cents  soixante  livres  tournois  une  fois  payée,  etc.  » 

En  liSGO,  Tabbaye  de  Cormcilles  mit  en  vente  les  fiefz  d'Aubermesnil  et 
d'Anneville,  en  la  vicomte  d'Arqués,  mais  en  se  réservant  le  patronage  des 
églises  et  les  dîmes,  «  lesquelz  fiefz  ils  avoient  évalués  à  80  livres  tournoiz 
par  an  sans  y  comprendre  les  choses  réservées.  »  Les  deux  fiefs  furent  acquis 
par  Antoine  Le  Moyne,  bourgeois  de  Dieppe. 

D'autres  ventes  de  biens  ecclésiastiques  furent  prescrites  en  octobre  1574, 
juin  1570,  février  1580,  août  1587,  mais  ces  ventes  devaient  être  opérées  avec 
faculté  de  rachat  des  biens  aliénés. 

2.  Arch.  nat.,  G»  1253  n°  47  f.  État  des  recepte  et  despence  faictes  des 
deniers  provenants  de  l'aliénalion  du  temporel  de  TÉglise  (1576). 

Gh.  MnKAiiii.  —  L'nhhnfic  de  \otn'-l);t)i>c  de  dreslnin.  lO 


146  l"a1!BAVE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

Dans  le  haut  clergé,  les  embarras  n'étaient  pas  moins 
grands.  N'avait-on  pas  vu,  en  1363,  l'évêque-comte  de  Lisieux 
autoriser  la  vente  de  la  baronnie  de  Thiberville  à  Jean  Férey, 
de  la  terre  et  sieurie  de  Mongenouil,  de  la  baronnie  de  Glos, 
de  la  baronnie  de  Nonant  au  diocèse  de  Bayeux,  acquise  par 
Hervé  de  Longaunay.  Imitant  cet  exemple,  le  chapitre  de 
Lisieux  avait  aliéné  les  fiefs  de  Putot-en-Auge,  de  la  Pomme- 
ray  et  de  Saint-Pierre-Azifs  '.  Le  produit  de  ces  ventes  devait 
fournir  «  la  somme  de  2.000  escuz  sol.  de  rente  et  revenu 
annuel  du  quoy  ledit  dyocèse  avoit  esté  taxé  de  cent  mille 
escuz  de  revenu  annuel  ordonnez  estre  venduz  du  temporel  du 
clergé  de  ce  royaulme  ».  Les  terres  qui  avaient  été  vendues 
étaient  estimées  moitié  de  leur  valeur  réelle  ;  elles  furent 
rachetées  en  partie. 

Aux  années  qui  suivirent,  d'autres  taxes  exceptionnelles 
s'appesantirent  sur  l'abbaye  de  Grestain. 

XXXn.  —  Jean  X  le  Breton,  aumônier  du  roi,  abbé 
de  Nisors  au  diocèse  d'Agen,  avait  été  placé  sur  le  siège 
archiépiscopal  de  Bordeaux  en  1592.  Sa  nomination  souleva 
des  difficultés  à  Rome  ;  elle  fut  rejetée  par  le  pape  Clé- 
ment Vin.  Pour  consoler  son  candidat  et  compenser  ce 
fâcheux  déboire,  Henri  IV  pourvut  Jean  le  Breton  de  l'ab- 
baye de  Saint-Jouin  de  Marnes,  en  Poitou,  du  prieuré  de 
Saint-Loup  et  de  la  commende  de  Notre-Dame  de  Grestain. 
Il  était  abbé  de  Grestain  vers  le  mois  de  novembre  1397  ~, 

1.  Arch.  nat.,  G^  12d2.  Biens  immeubles  du  temporel  du  clergé  au  dioceze 
de  Lisieux  vendus  et  allienez  suyvant  l'édit  (1563). 

2  .L'abbaye  resta  en  régale  quelque  temps.  —  Pièces  justif.,  n°  64. 

Nous  avons  recueilli  un  acte  du  12  octobre  de  Tannée  suivante.  En  voici 
quelques  lignes  (année  1598): 

«  De  la  partie  de  noble  homme  et  santicfique  personne  messire  Jehan  le 
Brethon,  abbé  commendataire  de  l'abbaïe  de  Nostre-Dame  de  Grestain,  sli- 
puUé  par  noble  homme  Nicolas  Druel,  son  procureur  et  receveur  général  au 
revenu  de  ladite  abbaïe  de  Grestain,  exposé  et  donné  à  entendre  nous  a  esté 


LLs  AiutKs  commj:.ndaiaiui:;.s  147 

mais  ses  ])iilles,  dil  le  (îcil/ia  clirislinnit^  ne  lui  turent  expé- 
diées que  le  20  juin  1600. 

Au  mois  d'avril  1606,  Jean  le  Breton  était  présent  devant  les 
tabellions  de  Hignac  '  et  donnait  une  procuration  spéciale  à 
iNicolas  Druel,  écuyer,  receveur  et  superintendant  général  de 
la  maison  de  Grestain  '-.  Jean  le  Breton,  ou  M.  de  Xisors  selon 
Tappellation  par  laquelle  on  le  désignait,  mourut  Tannée  sui- 
vante, en  1607. 

XXXIII.  —  François  Petit,  nommé  par  le  roi,  dit  le  Gal- 
lia,  a  été  le  33*^  abbé  de  Grestain,  en  1607.  En  dehors  de  la 
mention  des  Bénédictins,  aucun  document  ne  le  fait  connaître. 
On  est  porté  à  croire  que  son  abbatial  a  duré  un  mois  à  peine, 
attendu  que  le  receveur-fermier  de  Tabbaye  tenait,  dès  le 
4  mai  1607,  la  recette  générale  de  Grestain  pour  le  baron  de 
Termes  dont  le  nom  est  cité  plus  loin  '^  Mais  aucune  des 
pièces  que  nous  avons  recueillies  ne  dit  rien  ni  de  François 
Petit,  ni  de  sa  nomination  au  siège  abbatial  de  Grestain,  ni 
enfin  de  sa  famille.  Les  documents  néanmoins  permettent  de 
conjecturer  certaines  choses  ou  d'en  deviner  d'autres,  et,  tout 
au  moins,  de  croire  que  François  Petit,  abbé  commendataire 
de  Grestain,  appartenait  à  ime  famille  de  traitants  aussi 
riche  que  décriée  qui,  issue  d'un  hôtelier  de  la  rue  Saint- 
Denis,  Y  logeant  à  l'enseigne  des  Trois  Maures,  se  fît  une 
fortune  très  grande  en  servant  utilement  Michel  Parlicelli 
d'Emery,  contrôleur  général  des  finances  '*. 

que  audit  sieur  al)l)é  el  rt'li<;ieul.\  conipetlc  et  appartient  le  droit  de  pescherie 
à  rez,  filletz  et  fourrez  en  la  rivière  de  Saine  sur  l'estendue  de  ses  terres.  » 
—  Arch.  dép.  de  la  Seine-Inf.,  Fonds  de  Tancarville,  liasses  intitulées:  Eau- 
ries,  Pêches. 

1.  Arr.  de  Rodez,  Avoyron. 

2.  Tabell.  do  Grestain,  à  la  date  du  17  avril  1606. 

•'{.  Voy.  aux  pièces  juslil".,  n"  71.  Bail  du  0  juin  1607. 

4.  Bil)I.  nat.,  mss.,  Dossien^  bleus,  vol.  519.  Famille  des  Petit,  seigneurs  de 
l'assy,  de  Ravannes,  de  Villeneuve  et  d'Essigny. 


148  LAB15AYE    DE    NOTKE-DA]\JE    DE    (IRESTAIN 

Si  notre  conjecture  ne  nous  trompe,  nous  croyons  qu'il 
s'agit  de  François  Petit  de  ^  illeneuve,  retenu  secrétaire  de  la 
chambre  du  roi  en  1615,  payeur  des  rentes  à  THôtel  de  ville 
puis  secrétaire  du  roi,  maison  et  couronne  de  France  en  1636, 
décédé  en  1664.  Il  avait  épousé,  en  1627,  Madeleine  de  Lou- 
vencourt,  fille  et  héritière  d'Antoine  de  Louvencourt,  tréso- 
rier de  France  à  Amiens,  et  de  Marguerite  de  Flexelles.  De 
ce  mariage  sortirent  dix-sept  enfants  dont  dix  leur  survé- 
curent. 

XXXIV.  —  Le  baron  de  Termes,  34^  abbé  de  Grestain,  n'a 
pas  été  mieux  traité  que  le  précédent.  Le  Gallia  a  omis  de  le 
désigner  par  son  nom  patronymique.  Il  est  cependant  bien 
improbable  que  le  personnage  ait  été  inconnu  des  auteurs  du 
Gallia  christiana. 

C'était  César-Auguste  de  Saint-Lary,  chevalier  de  Malte  et 
grand  prieur  d'Auvergne  puis  baron  de  Termes  et  de  Mont- 
bar,  fils  de  Jean  de  Saint-Lary,  sieur  de  Bellegarde,  chevalier 
des  ordres  (1584),  gouverneur  de  Metz,  et  d'Anne  de  Ville- 
mur.  Le  baron  de  Termes  fut  grand  écuyer  de  France  par  la 
démission  du  duc  de  Bellegarde  son  frère,  premier  gentil- 
homme de  la  chambre  du  roi,  abbé  de  Grestain,  gouverneur 
de  Dijon,  maréchal  des  camps  et  armées  et  chevalier  de 
l'ordre  du  Saint-Esprit,  le  31  décembre  1619.  Il  mourut  de  la 
blessure  qu'il  reçut  au  bras  au  siège  de  Clérac,  le  22  juillet 
de  l'an  1621,  fort  regretté  de  toute  la  cour  et  fut  inhumé  dans 
l'église  des  Jésuites  de  Dijon.  11  avait  épousé  Catherine  Cha- 
bot de  Mirebeau,  le  25  juillet  1605  '. 

César-Auguste  de  Saint-Lary  était  l'un  des  plus  galants 
hommes  de  la  cour  ;  il  était  des  parties  de  chasse  et  de  table 

1.  l^ibl.  liât.  Pièces  orirj.  1634  et  276;  Généalogies  Chérin,  116;  Dossiers 
hleus,  vol.  38'i,  n°  10319.  —  Le  P.  Anselme,  VIII,  507,  508.  —  La  Chesnai/e-Des- 
hois,  XII,  448.  —  Voir  aux  pièces  justif.,  n"  71,  acte  du  9  juin  1607. 


[,KS    AIUÎKS    COMMRNDATAIRES 


149 


de  Henri  l\  ;  c'est  le  Béarnais  qui  en  fil  le  prébendier  de 
l'abbaye  de  Grestain  vers  le  mois  de  mai  1607.  On  trouve  au 
cabinet  des  Titres  cinq  quittances  de  gages  signées  «  Auguste 
de  Bellegarde  »,  deux  quittances  signées  «  Termes  »  et  rela- 
tives à  sa  pension  K  La  collection  Glairambault  contient  deux 
portraits  du  baron  de  Termes  ^. 

Le  baron  de  Termes  laissa  une  fille,  Anne-Marie  de  Saint- 
Lary  ^ 

XXXV.  —  Pierre  Habert  de  Montmort  a  été  le  35^  abbé 
de  Grestain,  de  1608  à  1621.  G'est  par  erreur  que  le  Gallia 
christiana,  le  nomme  «  Jacques  »  Habert.  Divers  actes  le  font 
connaître  ^.  Il  est  mentionné  pour  la  première  fois  dans  un 
arrêt  du  parlement  de  Rouen  daté  du  30  mai  1 609  ^  ;  il  avait 
été  pourvu  du  bénéfice  de  Grestain,  l'année  précédente,  au 
mois  de  juin  1608. 

Originaire  de  l'Artois  '\  Pierre  Habert  était  le  fils  d'un  tré- 
sorier  ordinaire  des  guerres,  Jean-Louis  Habert,  sieur  du 
Mesnil,  et  de  Marie  de  Rubentel,  fille  d'un  conseiller  au  par- 
lement. Gbanoine  de  Paris,  le  16  février  1599,  prieur  de  Saint- 
Arnoul  de  Grespy-en-A'alois,  abbé  de  Notre-Dame  de  Golombe 
et  de  la  Roche,  abbé  de  Notre-Dame  de  Grestain,  conseiller 
du  roi,  maître  des  requêtes  de  l'hôtel,  le  14  avril  1611,  Pierre 
Habert  résigna  Grestain    en   1621    époque   à   laquelle    il   fut 

1.  Bibl.  nat.  Pii'ces  nrirj.  vol.  276.  Six  quittances  de  César-Auguste  de  Bel- 
legarde. 

2.  Bibl.  nat.,  Clairnmhanll,\o\.  1134,  fol.  3;  1233,  fol.  113. 

3.  Bibl.  nat.,  Doi^siers  Iileus,  vol.  81.  —  Cabinet  de  d'IIozier,  vol.  207. 

4.  Pièces  justif.,  n"  82.  On  a  un  bail  consenti  par  Nicolas  Druel  au  nom  du 
baron  de  Termes  et  daté  du  30  juin  1610.  A  cette  époque  le  baron  de  Termes 
ne  possédait  plus  le  bénéûce  de  Grestain. 

5.  Pièces  justif.,  n"  77. 

6.  A  la  même  famille  appartient  Jean-Louis  Hal)ert  de  Fargis,  cbevalier, 
seigneur  de  Montmort,  comte  du  Mesnil,  intendant  de  la  marine  au  Havre  en 
1684,  intendant  des  armées  navales  en  1710;  mort  le  6  décembre  1720. 


150  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

nommé  évêqiie-comte  de  Cahors  et  grand  aumônier  de  Gas- 
ton d'Orléans.  Il  fut  sacré  en  1627  et  mourut  le  3  mars  1636  ; 
il  fut  inhumé  aux  Chartreux  de  Paris,  où  l'on  voyait  son  épi- 
taphe  ^ . 

Sous  cet  abbé,  l'abbaye  de  Grestain  comptait  huit  religieux. 
De  1613  à  1644,  on  trouve  deux  prieurs,  D.  Jacques  Le  Car- 
pentier  et  D.  Jean  Le  Mercier  ;  les  religieux  :  D.  Jean-Bap- 
tiste Thirel,  D.  Guillaume  Harou,  D.  Guillaume  Lenguigneur, 
D.  Guillaume  Le  Chevallier,  D.  Claude  de  Grosourdy, 
D.  Pierre  Baynel,  D.  Jacques  Thirel,  profès.  En  1644,  une 
transaction  fait  connaître  que  l'abbaye  comptait  sept  religieux 
prêtres,  un  novice  et  un  clerc. 

Le  11  juillet  1640,  les  moines  avaient  fait  bail  à  Jacques 
Pynel  dit  la  Feuillade,  des  dîmes,  deniers,  grains,  œufs, 
oiseaux,  reliefs,  treizièmes,  amendes,  qui  pouvaient  leur 
appartenir  à  cause  de  leurs  chapelles,  moyennant  la  somme 
de  deux  cents  livres  par  an  ~. 

Le  monastère  de  Grestain  aurait  pu  à  ce  moment  être  sou- 
mis à  un  changement  qui  aurait  renouvelé  et  probablement 
prolongé  son  existence.  C'eût  été  d'y  introduire  la  réforme 
naissante  d'une  congrégation  connue  sous  le  nom  de  congré- 
gation de  Saint-Maur  et  qui  avait  été  constituée  par  lettres- 
patentes  du  mois  d'août  1618.  Le  prieur  de  l'abbaye  de  Cluny 
avait  été  le  principal  instigateur  de  cette  réorganisation  qui 
fut  reconnue  en  cour  de  Rome  en  1621.  On  n'entendait  pas 
par  réforme  l'établissement  d'un  joug  nouveau  mais  la  restau- 
ration des  règles  anciennes.  Or,  dans  l'institution  des  réformes 

1.  Bibl.  nat.,  Pièces  orig.  vol.  14(iO,  n°^  81,  88  ot  89;  vol.  1461,  n»^  349,  .3oO  et 
3ol  ;  Dossiers  bleus,  vol.  343,  où  on  ajoute  à  son  nom  patronymique  la  qualifi- 
cation de  Montmnrt  quoique  ce  nom  paraisse  avoir  été  porté  par  son  frère 
Jean  P""  Habert,  trésorier  de  l'Épargne  et  conseiller  d'Etat,  ayant  épousé 
Anne  Hue,  dame  de  la  Brosse. 

2.  Acte  du  27  octobre  16a7,  dans  les  min.  du  tal)ellion.  de  Grestain.  Voy.  un 
autre  acte  de  lfi40,  pièces  justif. ,  n"  91. 


LES    ABBÉS    COMMENDATAIRES  ISi 

on  laissa  les  religieux  maîtres  de  s'y  soumettre  ou  de  s'y  sous- 
traire ;  de  là  sont  venues  les  anciennes  observances  et  les 
nouvelles  ;  de  là  sont  venus  les  monastères  du  grand  ordre  de 
Saint-Benoît  et  ceux  des  congrégations.  Les  religieux  de  Saint- 
Maur  remplacèrent  les  disciples  de  Saint-Bernard  à  Bernay, 
à  Saint-Evroull  et  à  Préaux.  Les  abbayes  de  Grestain  et  de 
Cormeilles  refusèrent  d'adopter  la  nouvelle  règle  ;  elle  aurait 
peut-être  été  un  élément  de  résurrection  pour  ces  cloîtres  qui 
se  dépeuplaient  ".  Mais  aucun  abbé  commendalaire  ne  s'abais- 
sait jusqu'à  venir  sur  place  constater  les  plaies  de  ces  vieilles 
communautés  qui,  faute  de  recrutement,  se  mouraient.  Cepen- 
dant, dans  notre  région,  l'un  de  ces  abbés  se  montra  tout  à 
coup  dans  l'abbaye  dont  il  était  titulaire,  à  Saint-Pierre  de 
Cormeilles.  C'était  jNL  de  Belloy,  évêque  de  Marseille.  Sa 
visite  inopinée  lui  permit  de  constater  que  Tabbaye  était  livrée 
à  peu  près  à  l'abandon.  Il  en  obtint  la  suppression  en  1779. 
Un  peu  plus  de  vingt  années  auparavant,  Notre-Dame  de 
Grestain  avait  été  l'objet  de  la  même  résolution  sur  la 
demande  des  religieux  eux-mêmes. 

XXXA'L  —  Augustin  de  Tnou,  conseiller  et  aumônier  du 
roi,  abbé  de  Manlieu  en  Auvergne,  de  la  Roe  en  Anjou,  fut 
le  36^  abbé  de  Grestain,  par  résignation,  en  1621.  Il  était  fils 
de  Christophe  de  Thou,  président  à  mortier,  et  d'Anne  de 
Neufville-Villeroy.  Le  Gallia  christiana  a  omis  le  nom  d'Au- 
gustin de  Thou  dans  la  liste  des  abbés  de  Grestain. 

Le  6  août  1632,  par-devant  un  notaire  d'Angers,  messire 
Augustin  de  Thou,  abbé  de  Grestain,  constituait  pour  son  pro- 
cureur Guillaume  Charlemaine,  sieur  de  la  Champagne,  con- 


1.  En  i740,  D.  Doisnel  de  la  Morie,  diacre  et  religieux  profès  de  la  congré- 
gation de  Saint-Maur,  obtenait  un  bref  de  Sa  Sainteté  qui  l'autorisait,  pour 
cause  de  santé,  à  passer  en  l'abbaye  de  Grestain.  Les  règles  monastiques  y 
étaient  en  effet  moins  rigoureuses. 


152  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    (IRESTAIN 

seiller  et  élu  pour  le  roi  en  Téleclion  de  Pont-Audemer,  u  pour 
faire  annuler  la  prétendue  aliénation  des  fiefs,  terre  et  sei- 
gneurie de  Mulleville  près  la  mer  \  au  diocèse  de  Goutances, 
appartenant  à  l'abbaye,  ci-devant  faite  par  messire  Pierre 
Habert,  lors  abbé  comniendataire  de  l'abbaye,  devant  les 
notaires  de  Paris,  en  faveur  de  Charles  Belin,  écuyer,  moyen- 
nant 2.500  livres  '  ». 

Augustin  de  Thou  n'était  plus  abbé  de  Grestain  vers  le 
milieu  de  décembre  1643.  Il  s'était  substitué  un  neveu,  fils 
d'Anne  de  Thou,  sa  sœur,  qui  avait  épousé  François  Savary 
de  Brèves,  marquis  de  Maulévrier,  ambassadeur  à  Gonstanti- 
nople  et  à  Rome.  L'abbé  de  Grestain  qui  suit  était  le  troisième 
fils  de  ce  célèbre  diplomate. 

XXXVII.  —  Gaston-Jean-Baptiste  Savary  de  Brèves, 
37^  abbé.  Il  a,  comme  le  précédent,  été  omis  par  le  G  allia  \ 
Gela  vient  sans  doute  qu'il  ne  posséda  l'abbaye  de  Grestain 
que  pendant  quelques  mois  seulement. 

En  1633,  Gaston  Savary,  comte  de  Brèves,  conseiller  et 
aumônier  du  roi,  obtint  du  pape  Urbain  VIII  l'abbaye  de 
Montmajour,  au  diocèse  d'Arles,  dont  était  pourvu  son  frère, 
Gamille  Savary  de  Brèves,  comte  de  Maulévrier,  qui  fut  gou- 
verneur puis  maître  de  la  garde-robe  de  Gaston  d'Orléans. 
Dix  ans  plus  tard,  Gaston  de  Brèves  disposait  de  ce  bénéfice 
par  permutation  avec  le  cardinal  Alexandre  Bichi,  évéque  de 
Garpentras.  Il  reçut  en  échange  l'abbaye  de  Gorneville-sur- 
Risle.  Le  25  août  1643,  il  nommait  sénéchal  de  cette  abbaye 
Antoine    Loynel,   avocat   à  Pont-Audemer^.  Quelques   mois 

1.  Munneville,  arr.  de  Goutances,  cant.  Brehal,  Manche. 

2.  Tabellionage  de  Beuzeville. 

3.  Omission  signalée  par  M.  A.  Bénet,  archiviste  du  Calvados,  dans  Bull,  de 
la  Soc.  ant.  Nortn.,  XV,  249. 

4.  Bibl.  nat.,  mss.,  Pièces  orig.  2649,  dossier  58907,  n°  2S3  ;  provisions  et 
état  des  charges  de  l'abbaye  de  Corneville.  Par  acte  du  25  juin  1643,  Gaston 


LES    AHP.ES    COMBIEN  DATA  IRES 


lo3 


auparavant,  Augustin  de  Thon,  son  oncle,  lui  avait  résigné 
Notre-Dame  de  Grestain.  On  a  de  lui  une  quittance  datée  du 
20  juillet  1643  où  il  prend  la  qualité  d'abbé  de  Grestain  '. 

Mais  lorsqu'il  entra  en  possession  de  l'abbaye,  il  l'avait 
trouvée  dans  un  état  de  délabrement  complet.  La  vie  monas- 
tique, à  en  croire  les  actes  qui  nous  sont  parvenus,  n'y  pro- 
fitait que  d'une  retraite  précaire.  On  en  jugera  par  les  détails 
qui  suivent.  Les  murs  de  l'église,  la  tour  recouverte  d'ais  cote- 
lés,  les  voûtes  de  la  nef,  celles  des  chapelles  de  Notre-Dame 
et  de  Saint-Benoît,  étaient  en  ruine.  On  constatait  la  destruc- 
tion de  huit  piliers  du  cloîlre,  de  la  couverture  qui  recouvrait 
la  charpente  du  dortoir  et  du  réfectoire  :  ces  deux  corps  de 
bâtiment  paraissent  avoir  eu  vingt-trois  toises  de  long.  Dans 
l'église  dépouillée  de  ses  vitraux  et  exposée  aux  vents  de  tous 
côtés,  on  ne  pouvait  conserver  ni  lampes,  ni  cierges  allumés. 
Le  mobilier  liturgique  ne  présentait  pas  un  état  moins  lamen- 
table. On  possédait  bien  quelques  livres  servant  à  célébrer  la 
messe  ou  à  dire  les  heures  canoniales,  mais  ces  missels  et  ces 
antiphonaires  u  dans  lesquels  on  ne  pouvoit  du  tout  lire  à 
raison  de  leur  antiquitté  »  étaient  rompus  et  lacérés.  Les 
aubes,  les  nappes,  les  linges  d'autels,  les  ornements  man- 
quaient pour  les  offices.  A  ce  triste  dénûment,  il  faut  encore 
ajouter  que  le  chœur  de  l'église  était  dégarni  de  sièges  pour 
asseoir  les  moines. 

A  l'extérieur,  si  l'on  portait  ses  regards  sur  les  murailles 
de  l'enclos  qui  présentaient  à  la  vue  trois  cent  soixante  dix- 
huit    toises    de    développement,    sans    compter    une    vieille 

Savary  do  Brèves  fit  bail  de  l'entier  revenu  de  l'abhaye  à  Robert  Piedeliepvre, 
procureur  à  Pont-Audemer,  par  le  prix  de  10.000  livres.  Les  cliarf-es  ordi- 
naires à  déduire  de  ce  revenu  étaient  de  4.043  livres. 

1.  Bibl.  nat.,  Pièces  orig.  26;")0,  dossier  ;)8907,  n"  2b2.  Quittance  de  la  soramo 
de  100  1.  t.  pour  une  année  escheue  le  dernier  jour  de  décembre  1632  à 
tause  de  pareille  somme  de  rente  constituée  à  M'«  Auguste  de  Thou,  le  19  jan- 
vier 1ÎJG8,  sur  le  clergé.  Signature  :  Gaston  Savari/  Brf'ves. 


15i  l'abbaye  de  kotre-dame  de  grestain 

muraille  ruinée  bâtie  anciennement  à  l'est  de  l'abbaye,  du 
côté  de  la  rivière  la  Vilaine  descendant  de  Saint-Pierre-du 
Châtel,  la  maçonnerie  était  à  refaire.  Il  en  était  de  même  pour 
le  pressoir,  pour  le  cellier,  pour  le  colombier,  etc.  Tous  les 
bâtiments,  sans  en  excepter  aucun  et  en  y  comprenant  l'église, 
apparaissaient  à  demi  renversés.  En  examinant  les  requêtes 
des  religieux  et  en  écoutant  leurs  plaintes,  on  dirait  que  dès 
ce  temps  l'abbaye  de  Grestain  était  désignée  à  la  pioche  et  au 
marteau  '. 

Le  moment  n'en  était  pas  encore  arrivé.  On  fit  exécuter  des 
travaux  de  consolidation  et  d'appropriation  tant  aux  bâti- 
ments conventuels  qu'aux  autres  maisons.  Pour  assurer  le 
paiement  des  réparations,  on  avait  saisi  le  revenu  de  l'abbé  et 
les  pensions  des  moines.  Alors  on  plaida.  Une  sentence  du 
lieutenant  de  la  vicomte  de  Pont-x\udemer,  en  date  du 
26  novembre  1641,  rendit  exécutoire  l'arrêt  du  parlement  de 
Normandie  du  5  juin  de  la  même  année,  confirmé  par  un 
autre  arrêt  du  6  novembre  1643  qui  ordonnait  qu'il  serait 
procédé  à  toutes  réparations  nécessaires  ainsi  qu'à  l'achat 
d'ornements,  «  à  laquelle  fin  le  tiers  du  revenu  de  ladicte 
abbaye  y  sera  employé   >k  Le  second  tiers  était  réservé  pour 


1.  Aich.  dép.  de  l'Eure,  H.  347.  Requête  du  24  septembre  1643  et  Procès- 
verbal  du  20  octobre  1643. 

«  A  esté  reconnu  qu'en  ladite  esglise  et  en  la  tour  d'icelle  nécessaire  est  de 
mettre  des  contrevens  et  recouvrir  ladite  tour  d'aiz  costelez  ainsy  qu'elle  a 
esté  par  ci-devant  ;  employer  au  reffectoire  et  dortoir  du  cloistre  trois  dou- 
zaines de  chevrons  ;  réparer  le  pressoir,  la  maison  dessus  la  porte  d'entrée,  la 
grange,  le  colombier,  les  murailles  de  l'enclos,  l'arche  de  la  grande  porte, 
l'autre  voulte  comme  on  entre  à  main  gauche,  la  muraille  dans  l'enclos  joignant 
la  chambre  du  receveur  jusqu'au  réfectoire,  ledit  réfectoire  ayant  23  toises  de 
long,  y  refaire  la  grande  vitre  ;  refaire  huit  piliers  du  cloistre  ;  les  marches 
du  chapitre,  du  dortoir,  du  perron  de  l'esglise  ;  la  voulte  de  l'esglise  où 
estoient  les  orgues  ;  le  rempart  du  pignon  de  l'esglise  qui  est  en  tolalle  ruine  ; 
la  muraille  du  jardin  du  prieur  ;  la  couverture  de  la  nef,  etc. 

La  dépense  montait  à  :  charpenterie,  1800  liv.  ;  massonnerie,  13.5oO  liv.  ; 
plâtrerie,  500  liv.  ;  menuiserie,  1.200  liv.  Total  :  17.050  livres. 


SAINT-PAVIN 


loo 


rentretien  des  religieux  et  le  Iroisième  devait  être  délivré  à 
Tabbé  '. 

Mais  l'abbé  commendataire,  Gaston  de  Brèves,  n'avait  point 
attendu  la  fin  d'un  différend  dans  lequel  il  devait  succomber. 
Il  résigna  labbaye  de  Grestain  avant  le  22  octobre  1643,  en 
faveur  du  plus  extraordinaire  des  conseillers  et  aumôniers  du 
roi.  Ensuite  Gaston  Savary  de  Brèves  fut  pourvu  de  l'abbaye 
de  Gimond,  au  diocèse  d'Auch  ;  il  en  a  été  le  47*^  abbé.  En 
s'en  rapportant  à  une  note  généalogique,  il  aurait  été  nommé 
à  l'évéché  de  Gondom  -.  La  liste  des  prélats  de  ce  siège  que 
Bossuet  a  illustré  ne  porte  point  son  nom  \ 

XXX Vin.  —  Denis  Sanguin  de  Saint-Pavin,  conseiller  et 
aumônier  du  roi,  devint  abbé  de  (irestain  en  1643,  par  rési- 
gnation. Le  Neiisfria  pia,  le  fait  connaître  en  1662  par  ces 
termes  :  «  Dominus  de  S.  Paven,  frater  Dominus  Sanguin, 
nunc  abbas  commendatarius  anno  1662.  »  Le  Gallia  chris- 
iana  placi  un  Denis  Sanguin  au  34*^  rang  des  abbés  de  Gres- 
tain mais  il  lui  a  attribué  la  qualité  d'évêque  de  Senlis,  le  con- 
fondant ainsi  avec  le  suivant  et  en  prenant  l'oncle  pour  le 
neveu.  On  sait  que  dans  l'entreprise  immense  des  Bénédic- 
tins il  y  a  des  inexactitudes  et  des  lacunes,  que  les  listes  du 
Gallia  sont  à  reviser.  Une  re vision  non  moins  utile  serait 
celle  des  dictionnaires  biographiques  même  les  plus  modernes, 
quel  que  soit  d'ailleurs  leur  mérite  intrinsèque.  Les  indica- 
tions qui  suivent  justifieront  ces  remarques. 

L'abbé  de  Grestain  dont  il  est  ici  question  était  fils  de 
Jacques  Sanguin,  seigneur  de  Livry  ;  la  sépulture  de  ce  der- 
nier se  voyait  dans  l'église  Saint-Médéric  ou  Saint-Merry  ;  il 
avait  eu  dix  ou  onze  enfants.  C'était  Saint-Pavin,  l'ami  de  Des 

!.   Pièces  justif.,  n°  92. 

i.  Bibl.  nat.,  Cab.  de  d'Hozier,  vol.  307;  Pièces  oriff.,  vol.  26r>l,  n"  43!j. 

:i.  Gnllin  christ.,  II,  col.  961-974. 


I5() 


L  ABBAYE    DE    NOTRE-DAME    DE    GBESTAIN 


Barreaux,  le  poète  ingénieux  à  l'esprit  plaisant,  le  petit 
homme  bossu  et  laid  qui  se  mêla  aux  grands  seigneurs,  aux 
poètes,  aux  beaux  esprits  et  avec  eux  se  pressa  autour  de 
]\|nie  (]g  Sévigné  :  il  suffira  de  citer  le  prince  de  Conti,  Turenne, 
Fouquet,  Segrais,  Ménage  et  aussi  Denis  Sanguin  de  Saint- 
Pavin,  le  bénéficier  de  notre  abbaye  de  Grestain.  L'agréable 
tournure  d'esprit  du  pauvre  Saint-Pavin  ne  dissimulait  pas 
assez  ses  défauts  corporels.  Que  l'on  en  juge  par  ce  portrait  : 

Ma  mine  est  fort  peu  cavalière 

Mon  visage  est  fait  de  manière 

Qu'il  tient  moins  du  beau  que  du  laid, 

Sans  estre  choquant  tout  a  faict. 

Dans  mes  yeux  deux  noires  prunelles 

Brillent  de  maintes  étincelles. 

J'ay  le  nez  pointu,  je  Tay  long, 

Je  Tay  mal  faict,  mais  je  Tay  bon, 

Et  je  sens  venir  toutes  choses 

De  plus  loin  ({u'on  ne  sent  les  roses; 

Enfin  j'ose  dire  en  un  mot 

Que  je  n'ay  pas  le  ne/  d'un  sot. 


Soit  par  hazard  ou  par  despit 
La  nature  injuste  me  fit 
Court,  entassé,  l'espaule  grosse  ; 
Au  milieu  de  mon  dos  je  hausse 
Certain  amas  dos  et  de  chair 
Faict  en  pointe  comme  un  clocher; 
Mes  bras  d'une  longueur  extresme. 
Et  mes  jambes  presque  de  mesme 
Me  font  prendre  le  plus  souvent 
Pour  un  petit  moulin  à  vent  ^ 


Des  écrivains  que  l'on  peut  croire  bien  informés  disent  que, 
dans  sa  première  satire  commencée  vers  l'année  1660  et  dans 
laquelle  sont  décrites  la  retraite  et  les  plaintes  d'un  poète  qui 

1.   Paulin  Paris.  Les  poihies  de  Saint-Pavin,  p.  93. 


SAI.NT-l'AVIN  \'U 

ne  peut  plus  vivre  à  Paris,  Boileau  a  mis  la  conversion  de 
Saint-Pavin  au  rang  des  impossibilités  morales,  dans  ces  mots: 
Et  Saint  l\ivin  bigot.  Notre  abbé  repoussa  celle  injure  par 
le  sonnet:  Despréaux  grimpé  sur  Parnasse.  A  quoi  Boileau 
répondit  par  Tépigramme  :  Alidor  assis  sur  sa  chaise. 

On  ne  croit  pas  que  les  débuts  de  Tabbé  Denis  Sanguin  de 
Saint-Pavin  dans  la  carrière  ecclésiastique  aient  eu  un  grand 
retentissement.  Ll^^glise  l'avait  accueilli.  Il  tint  d'elle,  d'abord, 
vm  bénéfice  simple.  On  présume  qu'alors  il  a  ajouté  à  son  nom 
patronymique  celui  du  prieuré  donl  il  était  titulaire.  Peut-être 
faut-il  voir  dans  ce  prieuré,  Saint-Pavin-des-Champs,  dans  le 
Maine,  ancienne  maison  qui  a  appartenu  à  l'abbaye  d'Evron  ', 
diocèse  du  Mans. 

Les  biographies  consacrées  à  Saint-Pavin  sont  on  ne  peut 
plus  embrouillées.  Des  écrivains  qui  ont  été  ses  contempo- 
rains, qui  l'ont  connu,  qui  auraient  pu  donner  des  renseigne- 
ments sûrs,  ont  confondu  l'oncle  et  le  neveu  :  Denis  Sanguin 
de  Saint-Pavin  dont  nous  parlons  et  Denis  Sanguin,  évêque 
de  Sentis.  De  là  des  erreurs  demeurées  dans  la  circulation  sur 
deux  personnages  des  mêmes  nom  et  prénom. 

On  en  relèvera  quelques-unes.  Il  était  par  exemple  facile 
de  savoir  que  le  poète  Saint-Pavin  n'avait  jamais  eu  en  com- 
mende  l'abbaye  de  Livry,  en  Seine-et-Oise.  Cette  abbaye,  à 
l'époque  où  il  vivait,  était  en  la  possession  de  Christophe  de 
Coulanges,  oncle  de  M"^*^  de  Sévigné,  homme  dont  la  charité 
était  inépuisable  et  que  sa  nièce  a  immortalisé  sous  le  titre 
charmant  de  Bien  Bon  '.  Après  M.  de  Coulanges  décédé  en 
1687,  l'abbaye  de  Livry  a  été  donnée  à  Jacques  Séguier  de  la 


1.  Lcgeay,  Recherches  hisf.  sur  Saint-Pavin-des-Champs  (Le  Mans  1884). 
Dans  ce  travail,  il  nest  fait  aucune  allusion  à  Denis  Sanguin. 

2.  Voy.  les  Lettres  de  Madame  de  Sévigné.  —  Jal,  Dict.  critique,  p.  435,  436, 
1130-1131.  —  Arch.  dép.  de  Seine-et-Oise,  série  H,  établissements  monas- 
tiques, abbaye  de  Livry,  3«  carton. 


158  L  ABBAYE    DE    .NOTRE-DAME    DE    GKESTAIN 

^  errière,  ancien  évêque  de  Nismes.  Ce  dernier  est  décédé 
le  8  novembre  1689  '.  Après  lui,  labbé  de  Livrv  qui  se  pré- 
sente est  Denis  Sanguin,  évêque  de  Senlis  ~  ;  c'était  le  neveu 
de  Saint-Pavin.  u  M.  de  Senlis  et  tous  les  Sanguins  sont  dans 
la  joie,  écrivait  M'"*^  de  Sévigné,  ils  ont  notre  petite  abbaye  ; 
ils  ont  donné  un  prieuré  pour  se  libérer  de  la  pension.  Cela 
leur  convient  si  fort  qu'il  me  semble  qu'elle  est  plus  près  de 
moi  que  si  elle  était  à  un  autre  ;  ce  sont  tous  nos  anciens  voi- 
sins ^.  » 

A  la  date  de  l'année  1689  citée  plus  haut,  Saint-Pavin, 
autrement  dit  Denis  Sanguin  de  Saint-Pavin,  était  mort  depuis 
dix-neuf  ans.  Il  n'a  donc  jamais  été  pourvu  de  l'abbaye  de 
Livry.  Ne  l'ayant  point  possédée  il  n'a  pu  s'y  livrer  à  son 
goût  pour  le  plaisir  et  pour  les  lettres,  ni  s'y  retirer,  ni  en 
faire  une  sorte  d'abbaye  de  Thélème  ^. 

Les  Sanguin  appartenaient  à  une  famille  bourgeoise  qui 
avait  formé  à  Livry  dont  elle  tenait  la  seigneurie,  une  société 
de  gens  fort  importants.  Les  Sanguin  de  Livry  se  sont  parta- 
gés entre  la  robe  et  l'Église  '.  En  1606,  Jacques  Sanguin  était 
prévôt  des  marchands;  son  frère,  Christophe  Sanguin,  cha- 
noine de  Paris,  est  connu  comme  l'un  des  Seize  de  la  Ligue. 
Deux  Sanguin  ont  été  évêques  de  Senlis  de  1623  à  1702;  l'un 
était  le  frère  et  l'autre  le  neveu  de  Denis  Sanguin  de  Saint- 
Pavin.  aumônier  du  roi  et  abbé  commendataire  de  Grestain. 

1.  Journal  de  Danr/eau,  ["'  nov.  1687.  10  nov.  1689. 

2.  Gallia  christ.,  VII,  col.  828-848.  — Arch.  dép.  de  Seine-el-Oise,  série  II. 
abbaye  de  Livry.  —  Bibl.  iiat.,  Pièces  orig.,  vol.  878.  —  Lettres  de  Madame  de 
Séviffné,  l"^""  mars,  2  juin  et  3  juillet  1672.  —  Gams,  Séries  episcoporiim,  etc., 
p.  189. 

3.  Lettres  du  20  nov.  1689. 

4.  Dict.  univ.  de  Larousse.  —  Godefroy.  Dicl.  hisl.  et  ijéog.  —  Biogr.  univ. 
de  Didot.  —  Lalanne,  Dict.  hist.  de  la  France,  etc.,  etc. 

o.  On  les  disait  issus  de  Pierre  Sanguin,  juge  de  la  noblesse  de  Saint- 
Amand,  en  Flandre,  vivant  vers  1310  \Dossiers  bleus,  vol.  598,i.  —  DHozier  a 
écrit  que  leur  noblesse  avait  pour  principe  la  richesse  des  boutiques  où  ils 
s'étaient  élevés  anciennement  {Cabinet  de  d'Ilozier,  vol.  306j. 


SMNT-PAVI.N  159 

II  ëlail  né  vers  raniiée  1595.  Tilon  du  TilleL  en  a  fait  un 
prévôt  des  marcliands  par  une  confusion  avec  Jacques  San- 
guin, son  père  '.  Moréri  a  rectifié  cette  erreur  ^  De  nos  jours, 
d'autres  biographes  ont  donné  à  Saint-Pavin,  pour  mère, 
Dlle  Isabelle  Séguier,  fille  de  Jean  Séguier,  maître  des 
comptes;  elle  était  sa  belle-sœur  '■''.  Aucun  d'eux  ne  Ta  men- 
tionné comme  abbé  de  (irestain,  de  1643  à  1670  ^. 

On  passera  sous  silence  la  vie  très  profane  de  Saint-Pavin. 
Du  temps  de  son  administration  de  Grestain,  il  ne  subsiste 
que  peu  de  documents  :  une  transaction  du  26  mai  1644,  un 
dénombrement  servi  au  roi  en  1646  ^,  un  bail  du  revenu  de 
l'abbaye  (25  novembre  1657),  deux  factums  datés  de  1658 
dans  lesquels  il  est  fait  mention  de  Denis  Sanguin,  prieur  de 
Sainte-Scolasse  ''  bénéfice  de  la  dépendance  de  l'abbaye  de 
Grestain  ;  différents  arrêts  du  parlement  de  Rouen,  des  18 
juin  1667,  20  décembre  1667,  19  janvier  1668;  des  requêtes, 
assignations,  contredits  et  autres  pièces  " .  Nous  nous  bornons 
à  cette  énumération  sèche  et  rapide;  à  ne  considérer  que  ces 

1.  L('  Parnasse  frnnrois,  p.  297. 

2.  Dict.  hist.,  V,  et  supplément,  II,  27. 

•i.  Bibl.  liai.,  Dossiers  bleus,  vol.  598;  Elisabeth  ou  Isaljelle  Séguier. 

4.  Voici  une  quittance  où  l'on  trouve  son  nom  :  «  Nous,  évesque  de  Senlis 
et  abhécommendalairedeNostre-Dame  de  Grestain,  consentons  que  M.  Suard, 
notaire  et  secrétaire  de  la  cour  du  Parlement  de  Rouen,  remette  es  mains  de 
Doni  Jean  Le  Painteur,  preshe,  prieur  claustral  de  notn;  dite  aljbaye,  la 
somme  de  quatre  cens  livres  qui  a  esté  mise  en  ses  mains  le  traize  de  mars 
mil  six  cens  soixante  et  dix  par  le  sieur  Deshayes  pour  et  au  nom  du  feu  sieur 
lie  Sninl-Pavin,  cy  devant  abbé  de  ladite  abbaye,  pour  les  causes  contenues 
en  son  récépissé. 

Fait  à  Senlis  en  nostre  hostel  épiscopal,  le  22  febvrier  1673. 

Signé  :  Denis  Sanguin,  évesque  de  Senlis. 
(Arch.  du  parlement  de  Rouen.  Requêtes,  année  1675.) 

Nous  devons  la  connaissance  de  cette  pièce  à  l'obligeance  du  savant  arelii- 
visle  de  la  Seine-Inférieure,  M.  Ch.  de  Beaurepaire. 

5.  Voy.  aux  pièces  justif,  le  n°  94. 

6.  Bibl.  nat.,  Herueil  Thois;/,  vol.  XVII,  fol.  404-405. 

7.  Arch.déi>.  de  THure,  II.  347. 


160  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

documents  n'est-il  pas  évident  qu'ils  dévoilent  des  plaies  sur 
lesquelles  il  est  inutile  d'insister  :  elles  se  sont  fait  remarquer 
dans  toutes  les  abbayes.  Pendant  plus  d'un  siècle,  les  religieux 
deGrestain,  dans  leur  asile  tout  en  désordre,  et  leur  abbé  com- 
mendataire  s'agitèrent  en  procès  soutenus  de  part  et  d'autre 
avec  opiniâtreté. 

Pour  en  revenir  à  Saint-Pavin  ',  que  des  pièces  désignent 
par  le  titre  de  «  messire  Denis  Sanguin,  conseiller  et  aumô- 
nier du  roi  »,  il  mourut  au  mois  de  mars  1670.  «  Il  est  ici 
mort  depuis  peu  de  jours,  écrivait  Guy  Patin,  un  grand  ser- 
viteur de  Dieu,  nommé  M.  de  Saint-Pavin,  grand  camarade 
de  Desbarreaux,  qui  est  un  autre  fort  illustre  israélite,  si  cre- 
dere  fas  est...  Le  curé  de  Saint-Nicolas  n'a  pas  voulu  donner 
l'absolution  à  M.  de  Saint-Pavin,  qu'il  n'ait  auparavant  jeté 
dans  le  feu  son  testament,  à  cause  de  la  vie  scandaleuse  qu'il 
a  menée  et  qu'il  n'ait  fait  des  legs  pieux  du  bien  qui  lui  res- 
toit  ~.  » 

La  vie  de  Saint-Pavin  n'avait  pas  été  en  effet  exempte  de 
scandales.  Mais  par  quels  legs  en  exprima- t-il  ses  regrets  ? 
C'est  ce  que  nous  serions  bien  embarrassé  de  dire.  Nous  ne 
savons  qu'une  chose  :  le  bénéfice  de  Grestain  passa  à  son 
neveu,  l'évêque  de  Senlis  ;  et  ainsi  l'abbaye  fut  possédée  par  la 
même  famille  pendant  cinquante-neuf  ans. 

En  1637,  du  temps  de  Denis  Sanguin  de  Saint-Pavin,  on 
trouve  dans  l'abbaye  de  Grestain  les  religieux  dont  les  noms 
suivent:  Claude  de  Grosourdy,  prêtre,  prieur;  Guillaume  Le 


1.  Le  cacliet  de  Denis  Sanguin,  abbé  de  Grestain,  est  mentionné  par  Demay, 
dans  son  ouvrage:  Sceaux  de  la  Normandie,  n"  2800,  p.  311.  —  La  pièce  indi- 
quée par  M.  Demay  figure  au  catalogue  133  de  la  librairie  Dumont  sous  le 
n°  1107.  Elle  est  revêtue  d'un  cachet  armorié,  mitre  et  crosse  ;  c'est  celui  dont 
faisait  usage  Saint-Pavin. 

2.  Lettres  de  Guy  Patin,  III,  740  (éd.  de  1846).  —  Il  est  souvent  parlé  de 
Saint-Pavin  dans  les  Historiettes  de  Tallemant  des  Réaux,  II,  p.  304,  317,  325  ; 
III,  256;  IV,  3. 


I 


LES    ABBÉS    COMMENDATAIRES  1  f)  1 

Chevalier,  piêlre,  cliantre  ;  Louis  Jouas,  prêtre,  infirmier; 
Jean  Le  Painteur,  prêtre,  sacristain  ;  Jacques  de  Ghambourg, 
prêtre,  et  l^ierre  (ion nier,  sous-diacre. 

C'est  aussi  à  la  même  époque  qu'un  curieux  procès  s'éleva 
entre  le  curé  de  Carbec  et  les  moines  de  (irestain  ;  instruit 
devant  roilicialité  de  Lisieux  il  fut  terminé  par  une  transaction 
(5  février  1657).  Dans  ce  différend  il  s'agissait  de  coutumes 
immémoriales  qui  obligeaient  le  titulaire  de  la  cure  de  Car- 
bec  de  venir  en  procession  avec  la  croix  et  la  bannière  à 
l'abbaye  de  Grestain  le  25  avril,  fête  de  Saint- Marc,  et  les 
trois  jours  des  Rogations,  avant  la  fête  de  l'Ascension.  Le 
même  curé  était  en  outre  tenu  de  venir  «  en  habit  décent  » 
pour  aider  à  chanter  la  grand'messe  le  jour  de  certaines  fêtes 
et  le  jour  de  la  dédicace  de  l'église  de  Grestain  '.  La  dernière 
indication  se  rapporte  au  10  des  calendes  de  septembre,  le 
23  août  :  en  analysant  les  documents  qui  nous  restent  sur  Gres- 
tain, on  est  obligé  de  relever  la  moindre  particularité. 

C'est  encore  faire  connaître  de  menus  détails  que  de  men- 
tionner l'incendie  du  18  mars  1665  qui  détruisit  une  partie  du 
cloître  et  une  haute  salle,  «  le  tout  estant  de  80  pieds  de  long 
et  de  28  pieds  de  large  ».  Le  prieur,  Pierre-Louis  Jouas,  âgé 
de  cinquante-deux  ans,  déclara  aux  commissaires-enquêteurs  : 
u  que  viron  neuf  heures  dn  soir,  le  sieur  de  Morseng  -^  ayant 
soupe  avec  luy  et  le  sieur  de  Morseng,  relligieux  en  cette 
abbaye,  il  convoya  ledit  sieur  de  Morseng,  père,  qui  allait  cou- 
cher avec  ledit  sieur  de  Morseng,  relligieux,  son  fils,  au  dor- 
toir, apercent  dedans  la  cour  pardessus  le  dortoir  une  grande 
lumière  de  feu  et  quelque  apparence  de  fumée,  ce  qui  d'abord 
lui  ïi[  croire  que  c'estoit  la  comète,  et  estans  passé  dans  le 
cloistre  aux  fins  de  voir  plus  facillement  la  comète,  apercevant 


1.  Foiiquiei-,  liecherrhcs  hial.  sur  Beuzevillp,  p.  166-170. 

2.  François  de  Morsenu-.  écuyer,  sieur  de  la  Chevalerie. 
Ch.  Hiii'ahd.  —  L'Abbuye  de  Xnlre-Dmne  de  Grestain. 


162  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GBESTAIN 

un  grand  feu  dans  le  celier  qui  est  à  Tentrée  du  cloistre, — 
alla  avec  ledit  sieur  de  Morseng  criant  au  feu  pour  avertir, 
puis  par  le  son  de  la  cloche  '  ».  Le  cellier  aux  provisions,  situé 
au  bout  du  réfectoire,  était  rempli  de  fourrages;  il  fut  incen- 
dié le  premier  par  l'imprudence  du  iils  du  portier. 

Voici  encore  les  noms  de  quelques  religieux  de  Grestain  au 
temjDS  de  la  commende  de  Denis  Sanguin  de  Saint-Pavin  :  ils 
figurent  dans  un  procès-verbal  '  dressé  en  présence  de  Nicolas 
Sanguin,  prieur  du  prieuré  de  Xoinlel,  neveu  de  Tabbé  de 
Grestain,  le  24  février  1668  :  D.  Jean  Le  Painteur,  religieux  et 
sacristain  en  1657,  avait  été  élu  prieur.  Il  avait  auprès  de  lui 
D.  Robert  de  Morseng,  prêtre,  prieur  de  Saint- Antonin,  sacris- 
tain; D.  Charles  Helguier,  diacre;  I).  Charles  Chanu,  diacre, 
lequel  dix  ans  plus  tard  remplira  les  fonctions  de  prieur  claus- 
tral. 

XXXL\.  — ■  Denis  II  Sanguin,  neveu  du  précédent  fut  mis 
en  possession  de  l'abbaye  de  Grestain  au  mois  d'août  1670.  Il 
était  fils  de  Charles  Sanguin,  seigneur  de  Livrj  et  de  Marie 
Dollé.  Étant  chanoine  de  la  Sainte-Chapelle  en  1645,  il  fut 
consacré  évèque  sept  ans  plus  tard,  à  Paris,  le  14  janvier 
1652,  dans  la  maison  professe  des  Jésuites,  et  pourvu  de  l'évê- 
ché  de  Senlis  que  son  oncle,  Nicolas  Sanguin,  venait  de  rési- 
gner en  sa  faveur. 

Denis  II  Sanguin,  dont  le  caractère  et  la  vie  ont  été  très 
favorablement  appréciés  \  gouverna  de  loin  l'abbaye  de  Gres- 
tain pendant  trente-deux  ans.  Il  est  excessivement  probable 
qu'il    n'y    vint  jamais.    Sa   longue    administration    n'a  laissé 

1.  Arch.  dép.  de  l'Eure,  H.  347.  Procès-verbal  du  21  mars  1665.  Voy.  aussi 
Responce  que  fournit  à  la  Cour  Charles  Le  Painteur  (7  mai  1608). 

2.  Arch.  dép.  de  .l'Eure,  H.  347.  Procès-verbal  de  M.  Nicolas  Busquet,  con- 
seiller au  parlement  de  Rouen  (24  février  1668). 

3.  Voy.  sur  les  évoques  de  Senlis,  Nicolas  et  Denis  Sanguin,  les  manuscrits 
d'AtTortv  à  la  biblioth.  de  Senlis,  t.  111,  IX  et  XI. 


LKS    ABBÉS    COMMENDATAlHES  163 

connue  Irtice:^  que  des  pièces  de  procédure  et  quelques  actes 
notiiriés  ou  figure  son  procureur. 

Ce  prélat  est  mort  à  Paris,  doyen  des  évêqiies  de  France, 
le  13  mars  1702,  à  l'âge  de  quatre-vingt-un  ans.  Son  corps  fut 
transporté  à  Senlis  et  inhumé  dans  l'église  de  la  Présentation 
de  Notre-Dame. 

Son  portrait  peint  par  Claude  Lefèvre  a  été  gravé  par  Nico- 
las Pi  tau  en  1065. 

De  son  temps,  en  1701,  on  comptait  cinq  religieux  dans 
l'abbaye:  D.  Pierre  Dcscalles,  prieur;  D.  Gabriel  Le  Grand, 
titulaire  du  prieuré  de  Saint-Nicol  ;  D.  Jacques  de  Tourville  ; 
D.  Charles  de  Ville  et  D.  Jean-Baptiste  Le  Camus.  Il  leur 
était  versé  2.708  livres  en  argent  et  160  boisseaux  de  blé, 
aux  termes  d'un  bail  du  23  mai  1691  dont  voici  les  principales 
dispositions.  Le  bail  du  res^enu  temporel  de  l'abbaye  avait  été 
consenti  à  Pierre  Pinel  moyennant  la  somme  de  3700  livres 
de  fermage  payable  à  Denis  Sanguin,  évéque  de  Senlis,  abbé 
commendataire  de  Grestain  ;  2.708  liv.  6  s.  8  d.  en  argent  et 
160  boisseaux  de  blé  payables  aux  prieur  et  religieux  ;  100 
livres  et  10  boisseaux  de  blé,  au  curé  de  Saint-Ouen  de  Gres- 
tain ;  100  livres  au  moine-lay  ;  32  livres  au  portier  et  douze 
boisseaux  de  blé  ;  13  livres  au  verdier  de  l'abbaye  ;  23  livres 
au  bailli  de  l'abbaye,  plus  le  nourrir  avec  son  greffier  le  jour 
des  plaids  ordinaires  ;  20  livres  au  procureur  fiscal  ;  pour 
l'aumône  journalière  à  la  porte,  86  livres;  baillera  dîner  le 
jour  de  l'Assomption  aux  religieux  de  Préaux  venant  ledit 
jour  en  procession;  au  barbier,  13  livres,  etc.  etc.  ', 

A  la  même  époque  (décembre  1701),  on  trouve  D.  Tho- 
mas Chanu,  religieux  profès,  titulaire  de  l'infirmerie  de  l'ab- 
baye. 

1.  Reg.  du  lahellionage  de  Ronclieville,  à  Honfleur.  —  Ce  sont  là,  daus  le 
1  ail  (le  id'Jl,  les  conventions  spéciales  faites  entre  Pierre  Habert  et  les  reli- 
gieux par  accord  du  lU  septembre  1610. 


1G4  L  ABBAYE    DE    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

XL.  —  Chrysante  de  Lévis,  prêtre  du  diocèse  de  Mirepoix, 
conseiller  du  roi,  aumônier  de  la  duchesse  de  Bourgogne,  fut 
élevé  à  la  dignité  d'abbé  de  Grestain,  le  Jo  avril  1702  '.  Il 
était  âgé  de  trente-huit  ans.  Dans  un  recueil  de  pièces,  on 
trouve  la  mention  suivante  :  «  De  Versailles,  le  21  avril  1702. 
Le  roy  a  donné  Fabbaye  de  Grestain  à  Tabbé  de  Levy,  aumô- 
nier de  M'"^  la  duchesse  de  Bourgogne  '.  » 

Il  prit  possession  par  Guillaume  Pépin  ',  curé  de  Saint- 
Etienne  et  de  Sainte-Catherine  de  Honfleur,  le  13  novembre 
1702  ',  en  présence  de  Raymond  du  Gup,  chevalier,  lieute- 
nant de  roi  à  Honfleur  ',  de  Michel  Turgis,  receveur  de  l'ab- 
baye, Elie  Commely,  curé  de  Carbec,  Edmond  Houël,  écuyer, 
sieur  de  la  Pommeraye  ", 

Né  vers  l'année  1664,  l'abbé  de  Lévis  appartenait  à  la  branche 
des  Lévis-Mirepoix,  ancienne  et  illustre  maison  qui  tire  son 
nom  de  la  terre  de  Lévis  en  Hurepoix,  près  Chevreuse.  Il 
était  le  quatrième  fîls  d'Alexandre-Louis  de  Lévis,  baron  de 
Gaudiez,  et  de  Jeanne-Marguerite  de  Gaumels.  Il  est  décédé 
le  20  décembre  1727  ^ 

XLI.  —  Antoine-Léonor  Le  Bergeur  de  Fontenay'  apparte- 
nait à  une  famille  originaire  de  l'élection  de  Valognes,  ano- 
blie aux  francs  fiefs  (1470).  Prêtre  du  diocèse  de  Goutances, 
aumônier  ordinaire  de  la  reine,  prieur  de  Saint-Jacques  de 
l'IIermitage,  au  diocèse  de  Sées,  vicaire  général  du  diocèse  de 

1.  Gallia  christ.,  XI,  col.  84G. 

2.  Bibl.  nat.,  ms.  IV.  20894,  fol.  123. 

3.  Décédé  en  I73.j. 

4.  Abbé  Piel,  Insinuaiions  écriés,  du  diocèse  de  Lisieux,  I,  o07,  n°  d88. 

5.  Lieutenant  à  Honfleur  par  leUres  du  22  février  1683  ;  décédé  en  1713. 

6.  Les  Houël  étaient  établis  dès  avant  1410  en  la  paroisse  de  Berville,  sur 
le  fief  de  la  Pommeraye  qui  relevait  de  Monlfort-sur-Hisle.  Un  Simon  Houël 
en  rendit  aveu  le  5  août  1410  {Pièces  orig.,  vol  1538,  dossier  35116).  En  1715, 
Edmond  Houël  épousa  à  Rouen  demoiselle  Antoinette  de  Malortie. 

7.  Bibl.  nat..  cabinet  des  Titres,  Dossiers  bleus,  393. 


LES    ABBÉS    C031MENDATAIRES  16 

Lisieux,  il  obtint  l'abbaye  de  Grestain  au  mois  de  juin  1728. 
Député  de  la  province  de  Rouen  à  rassemblée  générale  du 
clergé  en  1723,  il  avait  été  député  de  la  province  de  Reims  à 
l'assemblée  générale  de  1725.  Il  prit  en  personne  possession 
de  son  abbaye,  le  19  août  1728. 

Aucun  acte  important  ne  signale  son  administration.  Il 
mourut  à  Paris,  le  25  février  1735,  à  l'âge  de  quarante-trois 
ans  environ.  On  trouve  aussi  l'année  1734  comme  date  de  sa 
mort.  Deux  de  ses  frères  sont  mentionnés  dans  l'histoire  nor- 
mande :  Henri  Le  Berceur,  chevalier,  marquis  de  Fontenay, 
seigneur  et  patron  de  Saint-Marcouf,  grand  bailli  du  Cotentin 
de  1726  à  1753;  Jacques-François  Le  Berceur,  chevalier,  comte 
de  Fontenay,  capitaine  des  vaisseaux  du  roi  '.  La  bibliothèque 
communale  de  Cherbourg  possède  des  notices  biographiques 
concernant  plusieurs  membres  de  la  famille  Le  Berceur  de 
Fontenay  ^. 

Au  temps  du  gouvernement  de  l'abbé  de  Fontenay,  un  reli- 
gieux de  Grestain  se  lit  connaître  par  la  publication  d'alma- 
nachs  qui  s'adressaient  spécialement  à  la  Normandie.  Il 
rédigea  le  Flctinheuii  ustrnnomiquc  qui  a  paru  de  1712  à 
1745  et  était  imprimé  à  Rouen  \  Il  se  nommait  Henry  Ilal- 
ley  ;  il  finit  ses  jours,  en  1755,  au  monastère  de  Lessay  ^  dont 
il  était  prieur. 

La  famille  de  ce  moine  mathématicien  et  astrologue  ne 
nous  est  pas  inconnue  ;  on  la  retrouve  dans  les  registres  des 
tabellionages  d'Auge  et  de  Grestain.   Les  Halley  sont  origi- 


1.  Bibl.  nat.,  Pièces  orig.,  vol.  20o,  dossier  6301  ;  Dossiers  hieiis,  vol.  85  ; 
Carrés  de  d'IIozier,  vol.  83. 

2.  Ms.  n"  121. 

3.  Le  Flnmheau  aslronoinique  ou  Calendrier  royal  pour  la  connaissance  des 
Irms,  où  Von  trouvera  un  abrégé...  Le  tout  calculé  pour  l'élévalion  sur  le  méri- 
dien de  finuen.  ln-12.  —  Voy.  Frère,  Manuel  du  Bibl.  norm.,  I,  469. 

4.  Au  diocèse  de  Goulances;  et  non  en  l'abbaye  de  n  Lepay  «  qui  n'existe 
pas. 


16(l  l'abbaye    de    NOTBE-DA:\rE    DE    GBI^SIAIN 

naires  de  la  vicomlé  de  Ponl-Aiidemer  el  ils  étaient  très 
répandus  aux  environs  de  Honileur.  Dans  cette  dernière  ville, 
un  Martin  Hallej  était  tabellion  en  14ot)-li64  ;  un  Guillaume 
Halley  y  résidait  en  15 lo;  pendant  plusieurs  générations  les 
Halley  ont  possédé  Toffice  de  «  bailli  vicomtal  »  de  Grestain 
et  Blangy  '.  Quanta  notre  religieux  bénédictin  cpii  étudiait 
l'état  de  l'atmosphère,  il  était  selon  nos  conjectures  l'un  des 
treize  enfants  de  Henry  Halley,  écuyer,  bailli  de  la  haute  jus- 
tice de  Grestain,  de  16(30  à  1684,  et  le  petit-fils  de  Charles 
Halley,  bourgeois  de  Honfleur,  y  demeurant  à  l'enseigne 
Saint-Martin  (1608). 

XLH.  —  Jea\-Baptiste-Antoine  de  Malherbe,  42^  abbé 
de  Grestain.  Né  à  Caen  le  12  janvier  1712,  sous-diacre  du 
diocèse  de  Bayeux,  chanoine  de  Paris  en  1731,  à  dix-neuf 
ans,  bachelier  en  théologie  et  maître-ès-arts,  il  obtint  ses 
bulles  de  nomination  le  11  juillet  1735;  le  H  août  suivant  il 
prit  possession  par  procureur.  Ce  jeune  abbé  commenda- 
taire  de  vingt-trois  ans  faisait  alors  sa  licence  en  la  société  de 
Sorbonne.  Il  était  fils  du  marquis  de  Malherbe-Juvigny  et  de 
Marie-Henriette  Le  Prévost.  Plus  tard,  aumônier  de  la  reine, 
vicaire  général  du  diocèse  de  Rouen,  en  17il,  Antoine  de 
Malherbe  renonça  à  l'abbaye  de  Grestain  en  1743,  pour 
prendre  la  commende  de  la  Sainte-Trinité  de  Tiron,  couvent 
de  bénédictins  de  la  congrégation  de  Saint-Maur  dans  le 
Perche-Gouët,  diocèse  de  Chartres.  Il  est  décédé  le  5  février 
1771. 

Le  Mercure  de  juin  1735  (fol  1244)  a  fait  mention  du 
mariage  d'Augustin-François  de  Malherbe,  frère  de  l'abbé  de 

1.  Tabell.  d'Auge,  29  juin  t:t6S  ;  14  mars  \")Tt  ;  3  déceml)re  1651  ;  10  janvier 
1684.  A  la  même  famille  a,  selon  nous,  appartenu  Guillaume  Halley,  capitaine 
redouté  d'une  compagnie  de  partisans  qui  tenait  campagne  dans  le  Lieuvin, 
en  1425-1426  [Bibl.  de  V École  des  chartes,  t.  LIV,  507.513). 


{ 


LKS    AUBES    CO.M.MKNDATAIRES  107 

Greslnin,  célébré  dans  la  chapelle  du  chàleau  de  Lion-sur- 
Mer,  au  mois  précédent. 

Les  armoiries  d^Antoine  de  Malherbe  sont  mentionnées  dans 
V Inventaire  des  sceaux  de  la  Normandie  ',  avec  la  date  de 
novembre  1744. 

En  1740,  Antoine  de  Malherbe  donna  sa  procuration  à 
Jean-Antoine  d'Agoull,  chanoine  de  Paris,  prieur  dn  prieuré 
Saint-Eugène  de  Deuil,  diocèse  de  Paris,  pour  nommer  à  tous 
les  bénéfices  dépendant  de  Tabbaye  de  Grestain  (Insinuations 
ecclés.^  III,  471). 

XLIII.  —  Jean-François-Philiberï  de  Kent  y,  est  le  43^ 
abbé  de  Fabbaje  de  Grestain.  Il  appartenait  à  une  noble 
lamille  de  l'Artois  qui  avait  essaimé  dans  la  Normandie,  le 
Laonnais  et  le  Soissonnais  '.  Alain,  baron  de  Renty,  menait 
l'arrière-garde  de  Simon  de  Monlforl  à  la  défaite  de  Pierre 
d'Aragon  et  des  Albigeois,  en  1224.  Au  wi*^  siècle,  Jacques 
de  Renty  était  capitaine  d'un  régiment  d'hommes  d'armes  en 
garnison  à  la  Fère  ;  il  y  décéda  en  Io7o.  On  voit  sa  sépulture 
recouverte  d'une  pierre  funéraire  à  Citry-Sainl-Ponce,  en 
Brie,  au  fond  de  la  petile  église  du  village.  C'est  là  également 
que  se  trouve  le  tombeau  de  Gaston-Jean-Baptiste  de  Benty, 
capitaine  de  cavalerie,  qui  fut  un  grand  homme  de  bien  et  qui 
est  mort  en  réputation  de  sainteté,  le  24  avril  1689.  La  fille  de 
ce  dernier  et  d'Isabelle  de  Balzac  avait  épousé  Claude  de  Choi- 
seul,  décédé  doyen  des  maréchaux  de  France,  en  1711, 

Jean-François-Philibert  de  Renty,  clerc  du  diocèse  d'Arras, 
fut  nommé   à  l'abbaye   de   Grestain    au    mois  de    septembre 

1.  Domay,  p.  323,  n"  2888  :  «  Écu  d'hermines  chargé  de  six  roses,  3,  2  et  1, 
couronné  dans  un  cartouche   —  Sans  légende.  » 

2.  Renty  est  une  ancienne  seigneurie  de  l'Artois  qui  a  donné  son  nom  à  une 
maison  ilhistre  (Bibl.  nat. ,  Pièces  or'uj.,  vol,  246i;  Dossiers  hleiis,  562).  Le 
dernier  f|ui  est  cité  dans  ces  recueils  généalogiques  est  le  marquis  Jean- 
Jacques  de  Kenty,  décédé  au  mois  1737. 


168  i/aBRAVF.    de    NOTRE-DAMF.    de    GRESTAIN 

1743  ^  Le  roi  lui  aLtribiiail  ainsi  nn  revenu  de  10.000  livres 
environ  -.  Mais  ce  revenu  n'était  |)as  bien  assuré.  L'abbé  de 
Grestain  et  les  religieux  étaient  engagés  dans  des  procès  qui 
cessaient  et  reprenaient  alternativement.  Les  institutions  qui 
avaient  régi  l'abbaye  pendant  plus  de  sept  cents  ans  étaient 
tombées  en  désuétude  et  avaient  cessé  d'être  observées  depuis 
longtemps;  leur  non-usage  n'avait  pu  en  effacer  absolument 
les  traces  et  faire  disparaître  du  présent  les  fails  accomplis  ;  il 
faisait  naître  des  contestations  de  toute  iiaiure  et  suscitait  des 
•prétentions  opposées  que  les  tribunaux  appréciaient.  La  tâche 
était  laborieuse  ;  elle  était  par-dessus  tout  très  onéreuse  pour 
les  parties.  Celles-ci,  pour  s'affranchir  des  charges  que  les  pro- 
cès sans  fin  occasionnaient,  eurent  recours  à  des  transactions. 
LTn  accord  intervint  entre  l'abbé  de  Renty  et  les  religieux  de 
Grestain  dont  les  noms  suivent  :  D.  Claude-François  Pipard, 
prieur  claustral  ;  D.  Pierre-Benoît  Laurent,  licencié-ès-lois, 
bailli  ;  Jean-Baptiste  Dalbiac,  infirmier;  D.  Aristide  Capon  de 
Minières,  bachelier  en  théologie.  L'acte  est  du  28  octobre  1  752. 
Dans  l'engagement  que  l'abbé  souscrivit,  ou  ne  trouve  qu'une 
disposition  de  quelque  importance  ;  il  s'obligeait  au  payement 
annuel  de  la  somme  de  2.548  livres  et  à  la  fourniture  de  160 
boisseaux  de  blé,  «  pour  tenir  lieu  du  tiers  en  essence  des 
biens  de  l'abbaye  et  en  éviter  le  partage  '  ».  Cette  convention 
principale  avait  déjà  été  stipulée  dans  le  concordat  conclu  en 

1744  '*.  On  y  ajouta  que  la  communauté  n'excéderait  pas  à 
l'avenir  le  nombre  de  trois  religieux. 

1.  A  cette  date,  on  trouve  dans  l'abbaye  quatre  religieux  :  Guillaume-Nico- 
las Desnoyer,  prieur  ;  Jean-Baptiste  Camus,  prieur  de  Saint-Nicol  ;  François- 
Jean-Baptiste  de  la  Morye,  décédé  avant  1732  ;  Jean-Charles  Lesueur,  d'une 
famille  originaire  de  Quillebeuf. 

2.  Le  30  octobre  1743,  l'abbé  de  Benty  donna  à  D.  Louis  Brigault  des 
Brosses,  prieur  en  titre  et  comte  de  Percey,  des  lettres  de  vicaire  général 
pour  nommer  aux  bénéfices  dépendants  de  Grestain. 

3.  Fouquier,  Recherches  hist.  sur  Beuzeville,  p.  172-]7o. 

4.  Le  23  juin  1744,  Louis  Amet  donna  procuration  aux  pi'ocès-verbaux  qui 


LES    ARRKS    COMM  KNOATAIRES 


160 


XL1\\  —  Nicolas  Tiiirel  de  Hoismont,  prêtre,  licencié  en 
théologie  de  la  maison  et  société  de  Navarre,  vicaire  général 
d'Amiens,  prédicateur  ordinaire  du  roi,  prieur  et  seigneur  de 
Lihons-en-Santerre,  chanoine  ordinaire  de  Houen,  l'un  des 
Quarante  de  l'Académie  française  ',  était  nommé  ahbé  com- 
mendataire  et  baron  haul-justicier  de  l'abbaye  de  Grestain  au 
mois  de  février  1757  ;  il  prenait  possession  le  27. 

L'abbé  de  Boismont,  bien  né  sans  être  riche,  eut  pendant 
longtemps  un  rôle  assez  effacé.  Mais  par  le  hasard  ou  l'intrigue 
il  devint  le  protégé  de  personnes  considérables  ;  il  en  tira  natu- 
rellement une  situation  et  les  avantages  qui  en  découlaient  à 
la  cour  de  Versailles.  Toutefois  il  parait  avoir  été  un  peu  sur- 
fait. Issu  d'une  famille  de  rolje  qui  occupait  plusieurs  emplois 
dans  la  vicomte  de  Pont-Audemer,  il  était  né  dans  cette  ville, 
paroisse  Saint-Ouën,  le  10  mai  1708  ^  Il  était  fils  de  Jean 
Thirel,  écuyer,  sieur  de  Boismont,  et  de  Françoise  Carrey  de 
Sain t-Ger vais  ^. 

Une  autre  famille  du  nom  de  Thirel  ou  Tirel  a  très  ancien- 
nement vécu  dans  la  même  région  du  Roumois,  c'était  celle 
dont  les  tombeaux  ont  existé  dans  l'église  de  Notre-Dame- 
du-Pré,  à  Pont-Audemer  '*.  Elle  ne  doit  pas  être  confondue 
avec  les  Thirel  de  Boismont.  Le  généalogiste  d'Hozier  a  écrit 
la   note  qui  suit  :    <«   La   filiation  des  Thirel  de  Boismont  n'est 


devaient  être  dressés  par  Thomas  Petit,  curé  de  Saint-Pierre-du-Châtel  et 
Edouard  Bourlier,  arcliitecte,  experts  nommés,  de  Tétat  des  réparations  à  faire 
aux  bâtiments  et  biens  claustraux  de  rabl:)ayc  de  Grestain.  —  Min.  du  tajjell. 
d'Auge. 

1.  Son  fauteuil  qui  porte  le  n"  '•>  a  été  celui  de  M.  Guizot. 

2.  Canel,  Ilixt.  de  la  ville  de  Ponl-Audemer,  II,  4Io. 

3.  L'abbé  de  Boismont  a  souvent  résidé  au  château  du  Lendin.  L'abbaye  de 
Jumiè}i;es  lui  avait  fieffé  plusieurs  morceaux  de  leri-e  situés  dans  cette  localité. 
Ses  œuvres  ont  été  recueillies  et  publiées  en  1805. 

4.  On  y  voyait  (rois  grands  tombeaux  avec  table  de  [lierre  pour  trois 
branches  de  cette  famille,  ■■  et  avec  des  représentations  d'hommes  et  de 
femmes  et  des  inscriptions.  ■•  C'est  l'ancienne  église  du  Sépulcre. 


170  LABBAVE    DE    .NOTRE-DAME    DE    (iRESTAIN 

certaine  que  depuis  M^  Richard  Thirel,  avocat,  sieur  de  Jou- 
vence, qui  fit  faire  en  1562  un  procès-verbal  du  pillage  de  sa 
maison  ;  dans  ce  procès-verbal  il  n'est  fait  aucune  mention  de 
noblesse.  La  filiation  depuis  Richard  jusqu'à  Charles,  son 
arrière-petit-fils,  ne  sert  qu'à  prouver  quatre  degrés  de  roture. 
La  noblesse  de  1  abbé  de  Boismonl  ne  date  que  de  ce  Charles, 
son  grand-père,  lieutenant  général  à  Pont-Audemer,  anobli 
par  lettres  de  janvier  1697  moyennant  finances.  Ces  lettres 
furent  confirmées  par  autres  lettres  patentes  du  mois  d'avril 
1716  en  faveur  de  Jean  et  de  Jean-Charles  Thirel,  frères,  fils 
de  Charles,  en  considération  de  leurs  services  dans  la  deuxième 
compagnie  des  mousquetaires.  Il  y  a  beaucoup  d'apparence 
que  MM.  Thirel  de  Boismont  ont  eu  l'idée  de  s'enter  sur  une 
famille  du  même  nom  de  Thirel  établie  ainsi  qu'eux  dans  la 
généralité  de  Rouen  où  elle  a  possédé  les  mêmes  terres  de 
Siglas  et  de  Jouvence  '.  » 

L'abbé  de  Boismont  nous  apparaît  escorté  des  commérages 
des  gazettes,  des  propos  légers  des  nouvellistes  et  même  des 
anecdotes  de  boudoirs.  Il  fut  un  abbé  à  la  mode,  le  héros 
familier  de  quelques  salons.  Ce  ne  serait  pas  néanmoins  aller 
à  notre  but  que  de  nous  occuper  de  la  vie  privée  de  M.  de 
Boismont,  bien  qu'elle  ait  fourni  un  aliment  à  la  malignité  des 
écrivains  du  xviii^  siècle  ^.  Ne  cherchons  point  à  nous  instruire 
de  choses  qui  n'étaient  un  mystère  pour  personne;  il  suffit 
que  la  partie  publique  de  sa  vie  nous  soit  connue.  Le  talent 
d'orateur  de  l'abbé  de  Boismont,  les  succès  qu'il  a  obtenus 
dans  la  chaire  lui  avaient  fait  un  nom  que  la  postérité  a 
retenu  parmi  ceux  des  prédicateurs  français.  Il  a  été  dans 
l'oraison  funèbre  celui  qui  s'était   fait   le   plus  de  réputation. 


1.  Biljl.    nat.,   Pièces   orig.,    2820,    p.   89  ;    Dossiers  bleus,   vol.   632,  dossier 
Thirel. 

2.  Journal  de  Collé,  II,  8i.  120.  —  Corresp.  de  Grimin,  I,  .388.  —  Journal  de 
d'Argenson,  26  sept.  IToo.  —  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  12721,  fol.  31. 


sri'i'nr.?sioN   we  f/ahraye  171 

Nou^  savons  l)ieii  que  1  on  a  dil  (|ik'  ses  ouvrages  n  oiiL  pa^  ce 
qu'il  faut  pour  soutenir  l'épreuve  du  temps.  Mais  il  paraîtrait, 
d'après  d'autres  appréciations,  qu'on  doive  en  excepter  un 
sermon  pour  rétablissement  d'un  hôpital  militaire  qui  est  infi- 
niment supérieur  à  ses  oraisons  funèbres. 

L'abbé  de  Boismont  devait  assister  fort  paisiblement  à  la 
destruction  de  l'abbaye  de  (irestain,  en  voir  aliéner  les  biens 
et  démolir  les  bâtiments.  Il  avait  pris  à  peine  possession  du 
vieux  couvent  dont  le  cloître  e(  l'église  s'écroulaient  que  Dom 
Pipard,  prieur  claustral  qui.  de  lait,  était  le  chef  de  la  maison, 
lui  mit  sous  les  yeux  les  signes  irrécusables  d'une  lamentable 
décadence,  d'une  dévastation  qui  ne  datait  point  d'hier  et  qui 
indiquait  la  fin  très  prochaine  de  l'abbaye.  Le  prieur  proposait 
la  réunion  de  la  mense  conventuelle  au  petit  séminaire  de 
Lisieux  '.  Au  mois  de  mai  IToT  l'abbé  de  Boismont,  approu- 
vant celte  résolution,  donna  pouvoir  de  régler  les  conditions 
de  la  réunion  '.  Et  un  décret  —  dont  nous  n'avons  pu  nous 
procurer  le  texte  —  prononça  la  suppression  de  la  conventua- 
lité  de  l'abbaye  de  (xrestain  '1757).  Par  le  même  décret,  le 
séminaire  de  Lisieux  fut  chargé  d'entretenir  à  Grestain  un 
chapelain  ^,  de  lui  fournir  un  logement,  un  jardin  et  une  pen- 
sion annuelle  de  oUO  livres  payables  par  quartier  et  d'avance. 
Le  séminaire  fit  bail  des  biens  claustraux  à  des  cultivateurs  de 
Carbec  '. 

L'abbaye  Notre-Dame  de  Grestain  n'était  plus  alors  qu'un 

1.  Et  non  de  l'hospice  de  Baveux.  —  Cauel,  Essai  sur  l'arr.  (Je  Ponl-Aude- 
nier,  t.  II,  p.  466.  Même  page,  il  faut  lire  :  IJ.'iJ  et  non  /77.Ï. 

2.  Pièces  justif.,  n°  108.  Acte  du  9  août  17.57. 

•"H.   Pièces  justif.,  n"  lO'.t.  Déclaration  du  curé  de  Carbec. 

i.  Jacques  Bouleiller  tenait  h  bail  de  Jean-François  Dayot,  prêtre,  supérieur 
du  petit  séminaire  de  Lisieux,  en  1790,  une  pièce  de  terre  enclose  de  murs  et 
faisant  partie  des  biens  des  offices  claustraux  et  petit  couvent  de  l'abbaye  de 
Grestain.  La  maison  a])l)aliale,  celle  du  chapelain  et  le  jardin  y  aliénant 
n'étaient  point  compris  audit  Ijail.  Le  [irix  du  fermage  était  de  220  liv.  — 
Arch.  dép.  de  l'Eure,  Q.  lome  VIll,  fol.  oi. 


172  l'aFBAYE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

vaste  enclos  inhabile.  Des  trois  religieux  qu'on  y  comptait 
alors  :  D.  Pipard,  prieur,  demeurait  seul  dans  l'abbaye, 
D,  Benoît-Laurent  Desplaces  n'y  avait  jamais  résidé  depuis 
sa  profession;  quant  au  troisième  D.  Jean-Baptiste  Dalbiac, 
il  était  détenu  à  Rouen. 

Voici  la  raison  de  cette  mesure.  La  loi  avait  réglé  la  desti- 
née des  biens  de  la  communauté  et  décidé  qu'ils  seraient  dévo- 
lus à  un  autre  établissement  ecclésiastique.  L'abbaye  dispa- 
raissait donc  et  ne  laissait  pas  d'héritier.  Cependant  il  était 
essentiel  d'obtenir  des  moines  leur  renonciation  aux  biens  et 
droits  de  la  mense  conventuelle.  Chez  l'un  deux,  on  avait  ren- 
contré une  vive  opposition  contre  le  décret  épiscopal.  Dom 
Dalbiac  avait  refusé  d'abandonner  son  abbaye.  Qu'était-il 
arrivé?  Une  lettre  de  cachet  avait  mis  en  mouvement  la  maré- 
chaussée et  on  avait  offert  au  religieux  profès  de  Grestain 
une  autre  cellule  dans  la  maison  de  force  de  Saint-Yon.  Les 
gens  de  justice  goûtent  peu  les  vaines  discussions  ;  ils  ont  des 
arguments  péremptoires. 

Un  acte  fixa  et  régla  les  conditions  et  les  charges  de  la  réu- 
nion au  petit  séminaire  de  Lisieux.  M.  de  Boismont  s'engagea 
à  pourvoir  à  l'acquit  de  l'office  et  des  fondations  de  l'abbaye 
par  des  chapelains,  à  payer  au  prieur  une  pension  viagère  de 
700  livres,  à  verser  une  autre  pension  aux  moines  ;  en  consé- 
quence de  quoi  ceux-ci  n'eurent  plus  rien  à  prétendre  dans 
les  revenus  de  leur  ancien  monastère. 

Ainsi  finit  1  abbaye  de  Notre-Dame  de  Grestain  où  le  relâ- 
chement s'était  introduit  depuis  plus  d'un  siècle  et  demi,  où  le 
prieur,  ami  de  la  régularité,  était  impuissant  à  la  faire  prati- 
quer, où  la  clôture  n'était  plus  gardée,  la  discipline  plus  obser- 
vée, l'abstinence  plus  connue,  l'office  de  la  nuit  abandonné, 
où  les  religieux  étaient  déchus  de  l'esprit  de  leur  état. 

Après  la  suppression  de  (îrestain  il  ne  resta  dans  le  diocèse 
de  Lisieux  qu'une  seule  abbaye  des  Bénédictins  de  l'ancienne 


SUPPRESSION    DE    i/aBBAYE  173 

observance  :  Xotre-Dame  de  Cormeilles  où  l'on  comptait  cinq 
religieux  à  Tépoque  de  Tédit  de  1768.  Les  autres  maisons 
bénédictines  qui  subsistaient  :  Beaumont-en-Auge,  Bernay, 
Saint-Evroult,  Préaux  taisaient  parlie  de  la  congrégation  de 
Saint-Maur. 

A  dater  de  cette  époque,  la  ruine  de  Tabbaye  de  Grestain 
était  consommée  ;  son  état  la  réduisit  à  n'être  plus  qu'une  cha- 
pellenie.  On  y  vit  un  prêtre  séculier  y  célébrer  la  messe,  un 
garde-chasse  y  servir  de  portier  et  y  surveiller  les  vieilles 
pierres.  L'intérêt  de  conserver  celles-ci  diminua  de  jour  en 
jour  et  on  commença  à  prendre  l'idée  qu'elles  étaient  inutiles. 
Sur  la  demande  de  M.  de  Boismont,  le  roi  permit  de  démolir 
les  bâtiments  renfermés  dans  l'enceinte  des  lieux  réguliers 
ainsi  que  l'église,  en  y  réservant  seulement  un  logement  con- 
venable pour  le  chapelain  et  en  faisant  construire  une  nou- 
velle chapelle  '. 

Par  une  étrange  singularité,  M.  de  Boismont  conserva  pen- 
dant vingt-neuf  ans  la  commende  d'une  abbaye  qui  n'existait 
plus.  Il  profitait  de  revenus  seigneuriaux  et  de  droits  qui  don- 
naient une  réelle  autorité  alors  que  la  cause  principale  d'où  ces 
droits  tiraient  leur  origine  était  réduite  à  rien  '.  Certains 
effets  en  étaient  étonnants.  On  sait  que  les  clercs  pourvus  de 
grades  en  théologie  on  en  droit  canon  pouvaient  obtenir  tous 
les  bénéfices  dépendant  des  collateurs  ou  patrons  ecclésias- 
tiques. Or,  au  mois  de  septembre  1776,  vingt  ans  après  la 
suppression  de  l'abbaye,  dix  ans  après  la  démolition  des  bâti- 
ments et  de  l'église,  un  vicaire  de  la  paroisse  de   Quettev    II 


1.  Lettres  du  12  août  17G8,  enregistrées  au  parlement  do  Rouen,  le  1(5  février 
1769.  —  Arch.  dép.  de  la  Seine-Inférieure. 

2.  L'abbé  de  Grestain  resta  en  possession  d'un  bois  taillis  de  90  arpents, 
loué  2100  liv.;  de  la  ferme  de  Grestain,  louée  2120  liv.  ;  de  rentes  seigneu- 
riales évaluées  4000  liv.  ;  dune  ferme,  louée  3000  liv.  ;  du  manoir  de  l'abbaye  ; 
de  dîmes.  —  Arch.  dép.  de  l'Eure,  Vingtièmes,  C.  290. 


174 


I.  AltMAYF    DE    NO  IHC-UAM  i:    DK    (iRESTAIN 


faisait  signifier  ses  noms  et  grades  au  seigneur  abbé  de  Gres- 
tain,  avec  injonction  d  avoir  à  lui  conférer  le  premier  bénéfice 
qui  viendrait  à  vaquer.  Le  notaire  apostolique  se  présenta  à 
l'abbaye,  ne  trouva  personne  dans  1  enceinte  et  remit  copie  de 
la  signification  à  la  veuve  d'un  garde-chasse  qui  y  était  gra- 
tuitement logée  '. 

L'extinction  de  Grestain  avait  élé  rapide  et  absolue.  On 
trouve  le  fait  moins  étrange  quand  on  connaît  les  causes 
d'ordre  moral  el  d'ordie  matériel  qui  nécessitèrent  la  réforme 
des  monastères  au  milieu  du  xviii^  siècle  -.  Ledit  du  25  mars 
17(^8  prononça  la  réunion  ou  la  suppression  de  plus  de  quinze 
cents  établissements  religieux,  la  fermeture  de  toutes  les  mai- 
sons ayant  moins  de  seize  religieux  dans  les  villes,  moins  de 
douze  dans  les  campagnes.  «  Beaucoup  d'établissements  étaient 
réduits  à  un  trop  petit  nombre  de  religieux,  et,  pour  d'autres, 
par  suite  de  l'abaissement  de  la  valeur  relative  de  l'argent,  les 
revenus  dont  ils  étaient  dotés  étaient  insuffisants  pour  faire 
vivre  les  religieux  qui  les  habitaient  K  » 

L'avant-dernier  abbé  commendataire  de  Grestain  est  décédé 
le  20  décembre  17(S(i.  Après  la  mort  de  \L  de  Boismont,  on 
dressa  un  inventaire  des  titres  et  papiers  de  l'abbaye,  le  8  jan- 
vier 1787  K  On  considère  ces  documents  comme  perdus. 

XLA'.  —  Charles  de  Tilly-Blauu,  4o'='  abbé,  a  été  le  der- 
nier des  commendataires  de  l'abbaye  de  Grestain.  Il  était  issu 
de  la  famille  Tilly-Blaru,  au  bailliage  de  Caen,  et  le  second 
fils  de  Hilaire  de  Tilly-Blaru.  chevalier  non  profès  de  Tordre 
de  Jérusalem,  et  de  HenrietLe-Marie-Madeleine-Anne  Le  Roux. 
Né  à  Paris,  le   23  janvier   1739,    baptisé  le   lendemain   dans 

J.   Abbé   Pïe\,  Insinuations  ecclésiastiques  {IQ92.-1190),  t.   III. 

2.  Picot,  Méni.  pour  servir  à  l'hist.  ecclésiast.  du  XV[II<^  s.,  t.  IV,  p.  2! 3. 

3.  L.  Lecestre,  Ahbai/es,  Prieurés  et  Couvents  cfhoinmes  en  France,  p.  viii. 

4.  Fouquicr,  Recherches  hist.  sur  Beuzeville,  p.  178. 


LK    DERNIKI!     AUBE  1 7M 

Téglise  Saint-Jacques-du-Haut-Pas,  il  fut  chanoine  de  l'église 
métropolitaine  de  Paris,  vicaire  général  du  diocèse  de  Xar- 
bonne,  en  17()4,  puis  du  diocèse  de  Langres,  et  abbé  de  Gres- 
tain  '. 

L'abbaye  était  vacante  par  le  décès  de  M.  de  Boismont.  Le 
roi  la  donna  à  .\L  de  Tilly  (19  août  1787),  à  charge  d'acquit- 
ter G. 430  livres  de  pensions,  savoir:  3.430  livres  à  Charles- 
Marie-Louis  Brissarl,  vicaire  général  de  Garcassonne,  et 
3.000  livres  à  Stanislas-Auguste-Adam  de  Monnet.  Le  roi  de 
France  accordait  des  grâces  sur  les  biens  ecclésiastiques  ;  ses 
revenus  et  ceux  de  l'État  n'y  suffisaient  plus. 

Les  bulles  de  provision  obtenues  par  l'abbé  de  Tilly  portent 
la  date  du  3  des  nones  de  septembre  1787. 

Le  5  du  mois  d'octobre  suivant,  \L  de  Tilly-Blaru  prenait 
possession  de  l'abbaye  de  Grestain.  Le  11  du  même  mois,  il 
donnait  sa  procuration  générale  pour  la  gérance  de  la  mense 
abbatiale  par  acte  reçu  au  tabellionage  de  Beuzeville.  Le 
20  juin  1789  —  pour  la  dernière  fois  —  son  fondé  de  pouvoirs 
qui  était  l'abbé  Moisy,  curé  de  Garbec,  faisait  bail  d'un  trait 
de  dîmes  et  de  redevances  appartenant  à  l'ancienne  abbaye. 
Le  bail,  consenti  pour  neuf  années,  devait  prendre  fin  en 
1798  ^  Nous  n'avons  point  à  nous  occuper  de  ce  bail,  mais 
nous  ferons  remarquer  qu'il  n'a  pu  avoir  son  effet.  Qua- 
rante-cinq jours  après  sa  signature,  l'Assemblée  nationale 
votait,  dans  la  célèbre  nuit  du  4  août  1789,  l'abolition  du 
régime  féodal. 

L'année  suivante,  un  décret  du  17  mai  1790  supprima  les 
ordres  religieux  et  ordonna  qu'une  déclaration  authentique 
serait  donnée  de  tous  les  revenus  que  possédait  chaque  monas- 
tère. Pour  établir  approximativement  le  revenu  particulier  de 


1.  Bibl,  nat.,  Génénlogies  Clu'rin,  vol.   I '.)(!,  dossier  3881. 

2.  Pièces  justif.,  n°  114. 


476  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

Grestain,  nous  possédons  deux  documents  provenant  de  deux 
époques  différentes,  mais  assez  voisines  Tune  de  laulre.  Le 
premier  date  de  1760  ;  il  nous  est  fourni  par  Tétat  dressé  et 
arrêté  en  TAssemblée  générale  du  (Clergé  '.  On  lit  : 

L'abbaye  de  Notre-Dame  de  Grestain  I  L243  liv. 

La  communauté  de  ladite  abbaye  6.029  liv. 

Le  second  document  se  compose  de  la  déclaration  qui  fut 
faite  au  district  de  Pont-Audemer  -  par  Jean  Moisy,  curé  de 
Carbec-Grestain,  de  la  mense  abbatiale  dont  jouissait  M.  de 
Tilly-Blaru.  abbé  comuiendataire.  L'ensemble  des  revenus  en 
fermages,  rentes  foncières,  rentes  seigneuriales  provenant  de 
propriétés  disséminées  dans  quinze  paroisses,  s'élevait  à  la 
somme  de  20.199  livres,  10  sols.  Comme  les  dépenses  dont 
l'abbé  avait  la  charge  montaient  à  9.859  livres,  M.  de  Tilly- 
Blaru  tirait  de  son  bénéfice  un  revenu  de  10.340  livres  -K  Si 
Ion  compare  ce  dernier  chitTre  avec  le  montant  précédem- 
ment énoncé,  on  ne  trouve  qu  une  différence  de  l.OOO  livres 
environ. 

Les  biens  de  l'abbaye  de  Grestain  allaient  être  vendus.  Il 
nous  sera  permis  de  dire  que  depuis  de  longues  années  ils 
n'étaient  plus  administrés  conformément  à  l'intention  des 
donateurs,  a  II  est  révoltant,  lit-on  dans  un  des  cahiers  du 
Tiers,  que  les  biens  d'Eglise  ne  servent  plus  qu'à  nourrir  des 
abbés  de  cour.  »  Le  1 1  décembre  1792,  une  adjudication  eut 
lieu  devant  le  directoire  du  district  de  Ponl-Audemer.  Un 
négociant  de  Ilontleur  dont  on  voit  la  tombe  dans  le  cimetière 

1.  Histoire  du  comlé-évécJié  de  Lisieux,  I,  o32. 

2.  D'après  les  prescriptions  de  la  loi  organique  sur  la  Constitution  civile  du 
Clergé  (décret  du  12  juillet  1790  . 

3.  Voy.  aux  pièces  justif.,  n°  113,  la  déclaration  du  1«''  décembre  1790. 
L'abbé  de  Tilly-Blaru  jouissait  en  outre  d'un  canonicat  dans  l'église  de  Paris 
évalué  5000  livres,  et  d'une  pension  sur  labbaye  de  Mortemer,  d'où  il  résulte 
que  tous  ses  bénéfices  pouvaient  monter  à  la  somme  de  28.699  livres,  sur  quoi 
les  charges  déduites,  il  lui  lestait  la  somme  de  18.840  livres. 


DOM    DALBIAC  177 

de  Garbec,  M.  Jean-François  Lallemant  ',  se  rendit  acquéreur 
du  chef-lieu  et  manoir  de  Fabbaye  moyennant  le  prix  de 
19.000  livres  '. 

A  propos  de  cette  acquisition  faite  par  un  armateur  honfleu- 
rais,  nous  rappellerons  que  les  municipalités  avaient  été  auto- 
risées à  acquérir  les  immeubles  à  leur  convenance  dans  la 
grande  vente  de  400  millions  de  biens  nationaux  qui  devaient 
servir  à  la  garantie  d'une  émission  d'assignats.  Le  conseil 
général  de  la  commune  de  Hontleur,  «  pour  donner  des 
preuves  de  son  patriotisme  et  de  son  zèle  »,  s'était  empressé  de 
demander  la  concession  de  biens  importants,  ayant  appartenu 
aux  abbayes  de  Grestain,  Préaux,  Gormeilles,  Royal-Pré,  le 
Val-Richer,  Beaumont-en-Auge,  aux  prieurés  de  Saint-Mar- 
tin et  de  Saint-Philibert,  jusqu'à  concurrence  de  deux  mil- 
lions 'K  On  espérait  sans  doute  trouver  de  grands  bénéfices 
dans  la  revente  de  ces  domaines.  L'Etat,  de  plus,  accordait 
aux  municipalités  une  prime  attrayante  :  un  seizième  sur  la 
revente  et  un  seizième  sur  les  versements  qu'elles  effectuaient. 
Nous  n'avons  pu  savoir  si  une  certaine  quantité  de  domaines 
nationaux  a  été  cédée  à  la  municipalité  de  Honfleur,  mais  on 
pourrait  citer  telle  petite  localité  de  neuf  cents  habitants  qui 
achetait,  en  un  seul  jour,  près  de  600.000  francs  de  biens. 

Quant  à  la  vieille  maison  de  Grestain,  les  portes  en  étaient 
closes  à  jamais  :  les  Bénédictins  en  étaient  sortis,  d'ailleurs, 
depuis  plus  de  trente  ans.  Qu'étaient-ils  devenus?  Il  n'est  pas 
facile  de  le  savoir. 

Il  y  ajuste  un  siècle,  en  1804,  il  existait  à  Hontleur  quelques 

1.  MM.  Lallemant,  Beauzaiiiy  et  C'«  avaient  pris,  à  Ilonfloiir.  la  suite  des 
affaires  crarmement  de  MM.  Bcrmon  et  Rigoult. 

2.  Arch.  dép.  de  l'Eure;  Domaines  nationaux,  t.  VU  et  VllI. 

3.  Arch.  mun.  de  Honfleur  ;  Délibér.,  22  mai  1790. 

L'assemblée  nationale,  par  des  décrets  des  9  et  21  juillet  1700,  ordonna 
laliénation  de  tous  les  domaines  nationaux  à  l'achat  desquels  tous  les  citoyens, 
et  non  plus  seulement  les  municipalités,  furent  appelés  sans  exception. 

Ch.  Biu'îaui».  —  Lubhuije  de  Xotre-Dame  de  Grer.laiii.  12 


178  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRE8TAIN 

débris  de  l'ancienne  société  française,  notamment  un  ecclésias- 
tique alors  âgé  de  quatre-vingts  ans  et  qui,  à  cette  heure, 
paraissait  avoir  oublié  qu'il  avait  été  un  moine  bénédictin. 
Cependant  on  dit  qu'il  racontait  volontiers  une  suile  des 
choses  d'autrefois.  Il  y  avait  bien  longtemps  qu'il  n'avait  revu 
son  abbaye,  néanmoins  il  évoquait  les  images  d'un  passé  éva- 
noui ;  il  s'est  souvenu  jusqu'au  dernier  moment  d'où  lui 
était  venu  le  toit  qui  l'abritait.  C'était  dom  Jean  Baptiste 
Dalbiac,  ex-religieux  de  Grestain,  qui  parvenait  à  l'extrême 
vieillesse  dans  son  prieuré  de  Saint-Nicol.  ancien  bénéfice 
dont  on  a  déjà  parlé. 

Dom  Dalbiac  avait  eu  une  existence  traversée  par  des 
misères  et  de  pénibles  épreuves.  Né  vers  l'année  1724,  il 
appartenait  à  une  famille  protestante  originaire  de  Nîmes, 
laquelle  avait  fait  son  abjuration  dans  l'église  de  Saint-Sulpice, 
à  Paris,  en  1728.  Vingt  ans  plus  tard,  Jean-Baptiste  Dalbiac, 
clerc  tonsuré  du  diocèse  de  Tours,  s'était  fait  religieux  dans 
l'abbaye  de  Grestain,  en  1730,  et  y  avait  prononcé  ses  vœux. 
Mais  au  moment  de  la  suppression  de  l'abbaye,  «  il  avoit  été 
vexé,  a-t-il  dit,  par  l'ancien  régime  qui  l'avait  fait  renfermer 
à  Saint-Yon  pour  consentir  à  la  fermeture  de  l'abbaye.  » 
Les  lettres  de  cachet  lui  laissèrent  un  inoubliable  souvenir. 

Il  dut  aussi  garder  la  mémoire  de  ce  qui  suivit.  Dom  Dal- 
biac s'était  installé  à  Honfleur  où,  ses  rancunes  aidant,  il  se 
montra  un  partisan  ardent  des  idées  nouvelles  et  de  la  réforme 
religieuse.  Plusieurs  années  se  passèrent,  puis  le  moment 
venu  on  ne  s'étonna  point  de  le  trouver  dans  les  réunions  élec- 
torales, où,  d'ailleurs,  il  était  injurié  ',  ni  au  nombre  des  ecclé- 
siastiques qui  accueillirent  la  Constitution  civile  du  clergé  ~. 

i.  Pièces  justif..  n"  113. 

2.  Un  bénédictin,  D.  Charles  Soulbieu,  et  Mathias  de  La  Rue,  prêtre  sous- 
diacre  en  l'église  de  Sainte-Catherine,  firent  remise  de  leur  lettre  de  prêtrise 
à  la  municipalité  de  Honfleur.  —  Arch.  comm.,  copie  de  lettres,  I,  fol.  466  v*» 
et  Délibér.  municipales,  6  février  1791. 


DOM    DALBIAC  179 

Il  se  soumit  au  serment  d'adhésion  que  demanda  l'Assemblée 
nationale.   Il  se  mêla  ensuite   aux  sociétés  populaires,  gagna 
leur  confiance,  obtint  d'elles  une  protection  spéciale  :  il  reçut 
un  certificat  de  civisme.  Il  leur  avait  donné  des  gages  en  ache- 
tant, comme  bien  national,  «  son  cy-devant  bénéfice  de  Saint- 
Nicol    »,    par   acte    exercé    au   district   de  Pont-l'Evêque,    le 
17  février  1791.  Devenu  ainsi  populaire,  D.  Dalbiac  avait  été 
nommé  l'un  des  assesseurs  de  la  justice  de  paix.  On  ne  saurait 
dire  s'il  a   été  sensible  à  celte  gracieuseté.  Mais  on  sait  que 
sa  popularité  n'a  pas  été  de  longue  durée.  A  la  fin  d'octobre 
1793,   le   Conseil  de   la  commune,  loin  de  lui    tenir  compte 
d'avoir  renoncé  à  ses  vœux  et  à  son  habit,  le  proscrivait,  le  met- 
tait en  état  d'arrestation  :  il  avait  été  dénoncé  à  la  suspicion 
publique  parce  que  sa  mère   était  d'origine  anglaise.   Quinze 
jours  après,  à  la  suite  d'une  visite  domiciliaire   et  eu  égard  à 
ses  principes   républicains,  la  municipalité    consentait  à  son 
élargissement.  On  la  vit  bientôt  rapporter  ses  arrêtés  et  ordon- 
ner de  nouveau   l'arrestation  de  l'ex-religieux  (26  brumaire, 
an  II),  lequel  réclama  en  vain  sa  liberté  en  alléguant  les  ser- 
vices rendus.    Ses   raisons   furent  repoussées.    On   l'enferma 
dans  une  maison    pour   ce   mise   en   réquisition  '.   On  ne   se 
contenta  pas  de  l'arrêter,   on  lui  fit  encore  payer  les   frais  de 
sa    surveillance.    Quelque  dénonciation   anonyme    avait   suffi 


I.  Arch.  comm.  de  Ilonflour.  Délibor.,  22  décembre  1792,3  avril,  23  octobre, 
7  novembre,  16  noveml)re  1793. 

Pour  la  même  époque,  on  a  recueilli  la  liste  des  prêtres  de  tout  rang  qui,  à 
llonlleur,  se  refusèrent  à  prêter  le  serment  et  émigrèrenl.  Nous  citerons  : 
Robert  Dulioscq  ;  Jean-Antoine  Bottenluit,  morts  l'un  et  l'autre  en  1803  ; 
Michel-François  Gaillard,  mort  en  1798  ;  Adrien  Letellier,  mort  à  Winchester 
en  1795  ;  François-Jacques  Advisse  ;  Thomas  Quillet,  mort  h  Dusscldorf  en 
1798  ;  Louis-François  Vastel,  mort  en  Pologne,  et  son  frère  Pierre  Vastel,  qui 
fut  chapelain  de  Notre-Dame-de-Grâce  ;  Valérien  Pestel,  vicaire  puis  curé  de 
Srinl-Léonard,  émigré  en  1792  ;  Jean-Baptiste  de  Thieuville,  curé  de  Barne- 
ville,  émigré  en  Angleterre  en  1792,  y  mourut  à  la  fin  de  1797  ;  Jacques  Rebut, 
curé  d'Ai>lon,  émigré  en  1792  et  mort  à  Londres. 


180  l'aBKAVE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

pour  que  l'ex-religieux  se  fût  trouvé  en  butte  à  raccusation 
absurde  de  complicité  avec  l'étranger.  L'administration  muni- 
cipale d'alors,  avec  ses  instincts  envieux  et  son  inclination  à 
nuire,  eut,  nonobstant  cela,  une  condescendance  pour  lui;  elle 
ne  l'expulsa  point.  Ce  fut  une  exception.  On  citerait  peu  de 
curés  ou  de  religieux  que  la  persécution  administrative  ait 
oubliés  dans  leur  presbytère  ou  dans  leur  communauté. 

Depuis  ce  moment  Dom  Dalbiac  disparaît  ;  les  registres 
municipaux  ne  font  plus  aucune  mention  de  lui  jusqu'en  1803. 
Il  se  trouva  sans  doute  heureux  de  vivre  dans  la  solitude  de 
Saint-Xicol,  d'y  oublier  l'agitation  pour  laquelle  il  s'était  pris 
d'enthousiasme  et  qui  lavait  trompé,  D.  Dalbiac  est  décédé  à 
l'ancien  prieuré  de  Saint-Nicolas  du-Val-de-Glaire,  le  15  mai 
1811,  à  l'âge  de  quatre-vingt-sept  ans  '.  Par  un  testament  du 
21  août  1803,  il  avait  légué  tous  les  biens  immeubles  qu'il 
possédait  à  l'hospice  civil  de  Ilonfleur  ;  de  plus  il  avait 
exprimé  le  désir  d'être  inhumé  dans  le  cimetière  que  les  ex- 
religieuses avaient  dans  l'enceinte  de  cet  établissement  hospi- 
talier '. 

Arrivés  au  terme  de  l'histoire  de  l'abbave  de  Grestain,  il 
est  difficile  de  peindre  l'impression  singulière  que  l'on  éprouve 
à  vivre  dans  le  passé  de  ce  monastère,  à  rapprocher  ses  com- 
mencements, ses  étapes  successives,  sa  désorganisation,  puis 
le  fin  de  son  dernier  religieux  qui  termine  sa  carrière  dans  les 
clubs  révolutionnaires  et  demande,  par  humilité,  à  être  ense- 
veli silencieusement  dans  un  hôpital  où  aucune  dalle  ne  rap- 
pellerait son  nom  ^. 

1.  Arch,  communales  de  Ilonfleur,  reg.  de  l'élat  civil,  année  1811. 

2.  Minutes  de  létude  de  M<=  Paul  Bréard,  année  1803. 

3.  Ce  vœu  ne  put  être  exaucé  ;  l'abbé  Dalbiac  a  été  inhumé  dans  le  cime- 
tière de  la  paroisse  de  Sainte-Catherine.  Thomas,  Hist.  de  Honfleur,  p.  351. 


CHAPITRE  V 

Les    Prieurs  clnustraux  de  Vuhhctye  de  Gresifùn.   —   Rites. 
Cérémonies.  —  Usages. 

Nous  devrions  résumer  clans  ce  chapitre  le  mode  d'organi- 
sation intérieure  de  Fabbaye,  ses  usages,  ses  coutumes  et  ses 
rites   particuliers.   Mais  rien  ne   vient   nous  renseigner   à   ce 
sujet.  Nous  nous  bornerons  à  dire  que,  comme  dans  les  autres 
monastères  qui  suivaient  la  règle  de  saint  Benoît,  l'administra- 
tion y  était  répartie  en   plusieurs  offices  claustraux  :    Vaumô- 
nier  qui  distribuait  aux  pauvres  des  sommes  plus  ou  moins 
importantes  ;  le  chambrier  ou  camérier  à  qui  revenait  le  soin 
des  vêtements  et  qui  présidait  à  leur  distribution  ;  le  préchantre 
ou  précenteur  dont  la  charge  ou  fonction  était  celle  du  grand- 
chantre  dans  les  cathédrales  ;  le  cellerier  qui  s'occupait  de  la 
nourriture  des  moines  ;  le  réfectorier  ou  pitancier  placé  sous 
les  ordres  du  cellerier  ;  le  sacriste  ou  sacristain  ou  chevecier 
qui  veillait  à  l'entretien  de  l'église,  dirigeait  les  offices  et  con- 
servait les  ornements  liturgiques.  Il  n'est  parvenu  à  notre  con- 
naissance, aucun  document  qui  permette  de  faire  connaître, 
en  ce  qui   concerne  Grestain,   les  prérogatives  et  les  revenus 
attachés  à  chacun  de  ces  offices  monastiques. 

Il  en  est  de  même  pour  le  phis  important  des  dignitaires,  le 
prieur  qui  venait  immédiatement  après  l'abbé.  Ce  fut  lui  qui, 
quand  le  régime  des  abbés  commendataires  fut  mis  en  vigueur, 
se  trouva  de  fait  appelé  à  gouverner  seul  le  monastère,  à 
cause  des  absences  prolongées  du  titulaire  de  la  commende  à 
une  époque  où  les  fonctions  abbatiales  ne  furent  plus  sérieu- 
sement remplies.  Les  pièces  qui  ont  passé  sous  nos  veux  ont 


182  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

fourni  les  noms  de  dix-sept  prieurs  ;  la  liste  n'est  pas  longue 
et  elle  n'atteint  même  point  le  milieu  du  xv^  siècle.  Encore  ne 
savons-nous  pas  quels  faits  rattacher  à  la  plupart  de  ces  reli- 
gieux. 

Dom  Jean  Adam  était  prieur  claustral  en  Tannée  1480. 

Dom  Robert  Emelinne,  prieur  claustral,  était  présent  devant 
les  tabellions  de  Lisieux,  au  mois  d'octobre  1489,  en  compa- 
gnie de  l'abbé  de  Grestain,  Guillaume  Descalles,  et  d'un  reli- 
gieux nommé  Robert  Mauvoisin. 

Dom  Michel  Thirel,  fils  de  Colin  ïhirel  et  frère  de  Richard 
ïhirel,  avocat  à  Pont-Audemer,  prieur  claustral  en  1563. 

Dom  Guillaume  Le  Lièvre,  grand  vicaire  de  l'abbaye,  était 
prieur  claustral  en  1574.  Son  nom  figure  dans  un  bail  du  bois 
du  Maharu  (19  juin  1574).  Le  même  religieux,  présent  devant 
les  tabellions  d'Orbec  en  1582,  était  sénéchal  de  l'abbaye. 

Dom.  Jean  Le  Merchier,  en  1593.  Etait  prieur  et  receveur. 

Dom  Jean  de  Baillehache,  prieur  en  1596.  Il  passade  l'ab- 
baye de  Grestain  dans  l'abbaye  de  Saint-Etienne  de  Caen. 

Dom  Jacques  Le  Carpentier^  était  prieur  claustral  en  1598 
et  en  1613.  Le  prieuré  de  Saint-Xicol  faisait  partie  de  ses 
revenus. 

Dom  Jean  Ae  Mercier,  prieur  en  1615  et  en   1633. 

Dom  Jean-Baptiste  Thirel,  fils  de  Michel  Thirel,  lieutenant 
général  en  la  vicomte  de  Pont-Audemer,  prieur  en  1643.  Il 
avait  été  religieux  profès  en  1611  sous  l'abbé  Pierre  Habert, 
puis  il  avait  reçu  les  offices  de  sacristain  et  de  chambrier. 
L'abbé  Sanguin  de  Saint-Pavin  en  avait  fait  son  vicaire  géné- 
ral, en  1646. 

Dom  Claude  de  Grosourdy,  prieur  en  1657,  appartenait  à 
la  famille  de  Grosourdy  de  Saint-Pierre,  alliée  aux  Thirel, 
aux  Houël  et  aux  Bois-Lévesque.  Les  Grosourdy  avaient  été 
anoblis  en  1514.  Une  branche  de  cette  famille  était  fixée  à 
Conteville,  mais  la  résidence  seigneuriale  était  à  Saint-Pierre- 


LES    PRIEURS  183 

du-Chàtel.  Claude  de  Grosourdy,  amené  fort  jeune  au  monas- 
tère de  Grestain,  reçu  religieux  avant  l'âge,  fut  plus  tard 
pourvu  du  principal  office  de  Tabbaye. 

Dom  Louia  Jouas,  prieur  claustral  en  1663;  infirmier  en 
1637. 

Dom  Jean  Le  Painfeur,  prieur  claustral  en  1667  et  1675. 
Un  de  ses  ascendants,  Claude  Le  Painleur,  avait  été  lieutenant 
général  en  la  vicomte  dllarcourt  en  1619.  Son  frère  était 
receveur  de  Fabbaye  en  1667. 

Dom  Charles  C/ianu^  prieur  claustral  en  1686,  fils  de  Tho- 
mas Chanu,  sieur  de  Précastel.  On  a  de  lui  une  quittance  du 
24  décembre  1690. 

Dom  Pierre  (TEscalles,  prieur  claustral  en  1701,  fils  de 
Hélie  d'Escalles  ou  Descalles,  écuyer,  est  décédé  au  prieuré 
de  Saijît-Nicol,  le  21  juillet  1738;  il  a  été  inhumé  dans  l'église 
de  l'abbaye.  Nous  avons  parlé  de  sa  famille  à  l'article  de 
Guillaume  d'Escalles. 

Dom  Jean-Baptiste-Ignace  Barbe,  originaire  de  Berville- 
sur-Mer,  prieur  claustral  en  1739-1743.  Un  inventaire  du 
14  février  1743,  dressé  après  son  décès,  décrit  des  choses 
bien  disparates  dans  le  mobilier  de  ce  religieux  :  une  grande 
quantité  de  vaisselle  et  de  linge,  des  vins  et  des  liqueurs,  des 
fusils,  pistolets  et  couteaux  de  chasse  '.  On  saisit  ce  que  pou- 
vait alors  être  certaines  abbayes  et  on  comprend  les  plaintes 
indignées  des  évéques. 

Dom  Guillaume-Nicolas  Des  Noyer,  ancien  aumônier  de 
l'abbaye  de  Preuilly,  prieur  de  Grestain  et  de  Conflans-Sainte- 
Honorine,  est  mentionné  dans  deux  actes  de  1744  et  1746.  Il 
est  décédé  à  Rouen,  chez  son  frère,  le  7  août  1749. 

Dom  Claude-François  Pipard^  dernier  prieur  de  Grestain, 
nommé  à  la  mense  conventuelle  de  labbaye,  le  3  août  1750; 

1.    FoiKiiiii'r,  lircherrliex  hisl.  aiir  liouzi-villi-,  p.   171. 


184  l'abbaye    de    NOTKE-DAME    de    GRESTAIN 

s'était  retiré  à  Rouen  après  la  suppression  de  l'abbaye.  Ce 
religieux  est  décédé  dans  cette  ville,  rue  du  Renard,  paroisse 
Saint-Gervais,  le  29  mai  1773. 

Bites.  —  Cérémonies.  —  Usages.  —  Nous  n'avons  pas  à 
parler  des  rites  de  l'ordre  prescrit  par  la  règle  de  saint  Benoît, 
Elle  fut  longtemps  observée  à  Grestain  de  même  que  dans  les 
autres  communautés  bénédictines.  On  sait  qu'elle  comportait 
l'office  de  nuit,  les  leçons,  les  offices  de  Prime  et  de  Tierce, 
la  réunion  au  chapitre,  les  offices  de  Sexte  et  de  Noue,  le 
repas,  les  Vêpres  et  les  Matines,  etc.,  tel  était  l'emploi  du 
temps  d'un  moine  de  Grestain  au  xiii*^  siècle.  Mais  les  siècles 
suivants  virent  enfreindre  plus  d'une'  fois  les  règles  monas- 
tiques. 

Quant  aux  usages  liturgiques,  en  ce  qui  concerne  Grestain, 
nous  devrons  nous  borner  à  des  indications  sommaires  puis- 
qu'aucun  Cérémonial  de  l'abbaye  ne  nous  est  parvenu. 

Le  21  mars,  jour  de  la  fête  de  saint  Benoît,  les  religieux  se 
rendaient  en  procession  solennelle,  avant  la  messe,  suivis  de 
tous  les  serviteurs  du  monastère,  à  la  fontaine  de  Saint-Benoit 
qui  coulait  dans  l'enclos.  Il  était  procédé  par  l'abbé  à  la  béné- 
diction de  cette  source,  où,  la  cérémonie  accomplie,  les  assis- 
tants laïques  étaient  autorisés  à  puiser  de  l'eau.  Lors  des  séche- 
resses persistantes,  le  clergé  des  villes  voisines  venait  en  pro- 
cession à  la  fontaine  Saint-Benoit  de  Grestain  qui  reçoit 
encore  l'eau  d'une  source  abondante. 

A  peu  de  distance  de  l'abbaye,  dans  le  vallon  gracieux  où 
s'élève  la  petite  église  romane  de  Carbec,  on  rencontre  deux 
autres  sources  vénérées.  L  une  était  dédiée  à  saint  Méen,  abbé 
de  Gaël.  et  lautre  à  saint  Chéron,  mort  au  diocèse  de 
Chartres  au  v^  siècle.  Ces  deux  fontaines  n'ont  point  cessé 
d'attirer  des  pèlerins  qui  croient  à  l'efficacité  de  ces  eaux  pour 
Sfuérir   certaines    maladies   des  enfants.    Il    existe   encore   un 


RITES    ET    USAGES 


183 


usage  fort  bizarre,  une  obligation  du  pèlerinage  à  la  fontaine 
Sainl-Méen.  Le  vœu  perdrait  tout  son  effet  si  Ton  ne  venait 
pas  à  pied  et  si  les  frais  de  la  course  n'en  étaient  acquittés  au 
moyen  d'une  quête  faite  exprès  avant  le  départ.  Cette  condi- 
tion est  obligatoire  môme  pour  les  personnes  les  plus  riches. 
La  source  Saint-Chéron  est  située  un  peu  plus  bas,  au  pied 
d'un  frêne  ;  on  invoque  ce  saint  pour  les  maux  de  jambe.  Il  y 
avait,  avant  la  Révolution,  à  Carbec,  un  registre  de  confrérie 
sur  lequel  le  nom  des  pèlerins  était  inscrit  moyennant  une 
légère  rétribution.  L'église  paroissiale  de  Carbec  avait,  du 
reste,  recueilli  une  quinzaine  de  statuettes  de  saints  et  de 
saintes  au  pied  desquelles  les  pèlerins  se  pressaient  pour  obte- 
nir un  soulagement  à  leurs  infirmités.  C  étaient  :  saint  Hellier, 
martyrisé  au  vi^  siècle  ;  saint  Ortaire,  abbé  de  Landelles,  au 
diocèse  de  Coulances  ;  saint  Gaud^  deuxième  évêque  d'Evreux  ; 
saint  Ouën^  évêque  de  Rouen;  saint  Chéron,  sainte  Apolline 
et  sainte  Clotilde,  la  femme  de  Clovis,  que  l'on  invoquait 
pour  les  douleurs.  Saint  Mathurin  est  représenté  sur  un  vitrail, 
au  côté  droit  de  l'église. 

Le  jour  de  la  fête  de  saint  Marc  TKvangéliste  (25  avril),  le 
curé  de  Carbec  était  tenu  de  venir  en  procession  avec  la  croix 
et  la  bannière  à  Grestain  et  de  retourner  en  procession,  en 
chantant,  avec  le  prieur  et  les  religieux,  en  son  église  où  l'un 
des  moines  célébrait  la  messe. 

Le  curé  de  Carbec  venait  encore  processionnellement  à 
l'abbaye,  les  trois  jours  des  Rogations,  puis  il  se  rendait  avec 
les  moines  aux  stations  ordinaires  ;  l'une  de  ces  stations  était 
la  Madeleine  de  Grestain.  Ces  jours  là,  le  prieur  donnait  à 
dîner  au  curé.  Le  même  curé  recevait  un  bonnet  carré  de  la 
main  des  parents  des  novices,  lors  de  la  prise  d'habit  et  de  la 
profession. 

Un  détail  de  la  vie  du  B.  Pierre  Rerthelot  fait  connaître  que 
les  paroissiens  de  Ilontleur  allaient  avec  le  clergé  en  procès- 


186  l'abbaye    de    NOTBE-DAME    de    GRESTAIN 

sion  solennelle  en  récitant  des  prières  et  en  chantant  jusqu'à 
Tabbaye  de  Greslain.  Cette  marche  religieuse  eut  lieu  au 
xvii^  siècle  «  pour  obtenir  de  la  pluye  •  ». 

Il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  recueillir  d'autres  détails 
sur  les  coutumes  monastiques  de  Grestain  ni  sur  les  usages 
liturgiques,  les  obits,  les  services,  les  fraternités,  l'élection  des 
abbés,  le  cérémonial  à  leur  mort.  Nous  ajouterons  que  le  jour 
d'une  des  fêtes  les  plus  importantes  de  l'année,  à  l'Assomption, 
les  religieux  de  Saint-Pierre  de  Préaux  venaient  en  proces- 
sion à  Notre-Dame  de  Grestain. 

Il  ne  servirait  à  rien  de  noter  des  usages  qui  étaient  com- 
muns à  toutes  les  abbayes  lors  de  la  prise  de  possession.  Les 
abbés  ou  leur  procureur  étaient  soumis  à  des  cérémonies 
immémoriales  :  entrée  libre  de  la  grande  porte  de  l'église 
abbatiale,  séance  au  chœur,  son  des  cloches,  entrée  dans  le 
chapitre,  le  réfectoire,  les  dortoirs,  maison  abbatiale,  autres 
bâtiments,  enclos  et  jardins,  où  le  nouvel  abbé  levait  une 
bêchée  de  terre  et  coupait  une  branche  d'arbre,  en  présence 
du  prieur,  des  religieux  et  de  notables  personnes  qu'une  invi- 
tation conviait  à  la  cérémonie,  telles  que  les  familles  de  Mor- 
seng,  de  Grosourdy  de  Saint-Pierre,  Legrix  de  Berville, 
Legrand  des  Gruaux,  Thirel,  et  d'autres  qui  comptaient  sur 
les  revenus  d'Eglise  pour  faire  vivre  leurs  cadets. 

Nous  ne  pouvons  terminer  ce  chapitre  sans  rappeler  la 
légende  que  M.  Masson  de  Saint-Amand  a  répandue  après 
l'avoir  trop  légèrement  admise  ^.  Cet  auteur  a  écrit  qu'une  ving- 
taine d'années  avant  sa  destruction  l'abbaye  de  Grestain  possé- 
dait un  garde-manger  digne  de  LucuUus.  Il  tenait  cette  infor- 
mation d'un  témoin  oculaire.  La  communication  était  de  nature  à 
piquer  la  curiosité,  mais  il  n'y  a  pas   lieu  de  douter  que  le 


1.  Le  Pays  Normand,  revue  mensuelle,  nov.  1901,  p.  180. 

2.  Lettres  d'un  voyageur  à  V embouchure  de  la  Seine,  p.  270. 


LES    RUINES  187 

témoin  oculaire  (désigné  par  une  initiale)  ne  se  soit  plu  mali- 
cieusement à  se  jouer  de  la  crédulité  d'un  jeune  auditeur.  Les 
aménagements  qui  auraient  eu  des  droits  à  Taffection  du  gas- 
tronome sont  de  pure  invention.  Les  moines  disposaient  d'une 
très  belle  source  qui  formait  un  petit  bassin,  une  espèce  de 
réservoir  découvert  que  Ton  voit  encore.  C'est  le  garde-man- 
ger médiocre  dont  on  a  voulu  parler;  ses  productions  ne 
méritaient  pas  que  Ton  ait  fabriqué,  non  sans  dessein,  le 
sobriquet  de  Grestain-le-Gourmand  dont  il  serait  impossible 
de  citer  un  exemple  '. 

On  a  aussi  parlé  des  «  somptueux  »  bâtiments  de  Tabbaje. 
Personne  ne  les  a  vus  et  il  n'en  existe  pas  de  plan.  Les  histo- 
riens ont  quelquefois  le  tort  d'emprunter  à  leur  imagination. 

Enfin  nous  donnerons  un  dernier  détail.  Dans  les  actes 
rédigés  au  xviii^  siècle,  le  nom  de  Grestain  est  toujours 
accompagné  de  la  qualification  A'nhbaye  royale.  On  rencontre 
dans  différents  recueils  les  armoiries  de  l'abbaye  de  Grestain  : 
dazur  à  trois  fleurs  de  lys  d'or,  '2  et  1 .  C'est  le  blason  que 
d'Hozier  n'oublia  pas  de  fournir  au  monastère,  moyennant 
finance,  à  la  fin  du  xvii^  siècle. 

1.  Canel,  Blason  populaire  de  la  Normandie,  I,  258. 


CHAPITRE  VI 

Les  Ruines.  —  L'Étal  aclueL 

L'histoire  monumentale,  la  description  de  l'église  et  des 
lieux  réguliers  de  Grestain  ne  peuvent  être  l'objet  d'aucun 
travail.  Il  n'existe  plus  aujourd'hui,  et,  pour  le  passé,  aucun 
auteur  ne  nous  a  transmis  de  renseignements  sur  ce  que  le 
voyageur  remarquait  encore  à  Grestain  au  xvii^  siècle.  Il  en 
résulte  qu'il  est  fort  difficile  de  reconstituer  le  plan  général 
des  bâtiments  et  édifices  qui  ont  été  détruits  vers  1768.  L'em- 
placement qu'ils  occupaient  ne  peut  plus  être  distingué  sous 
la  verdure  du  verger  qui  s'offre  k  la  vue.  Les  constructions 
qui  ont  subsisté  ne  sont  ni  considérables  ni  intéressantes. 

L'enclos  de    l'abbaye  de  forme  irrégulière,  très  rétréci  au 
couchant,    a   conservé  son  enceinte  de  murailles.    Les  murs 
restés  debout  dans  la  partie  occidentale  et  construits  en  cail- 
loux avec  contreforts  plats  sont  romans  ;  ils  datent  de  la  pre- 
mière moitié  du  xii^  siècle.  On  observera  que  tous  les  contre- 
forts sont  en  travertin,  pierre  poreuse,  calcaire  concrétionné 
produit  par  des  dépôts  que  forment  les  eaux   de   la  contrée. 
Quelques  parties  du  mur  septentrional,  bâti  en   pierres  avec 
chaînages  en  silex  noir  taillé  et  consolidé  par  cinq  contreforts 
saillants,    appartiennent    à    une   époque   plus  récente.    Cette 
réparation  dans  la  clôture  a  été  faite   au  commencement   du 
xvi^  siècle,  sous  l'abbatiat  du  cardinal  Le  Veneur,  ainsi  que 
l'atteste  un  écusson  très  effacé,  placé  à  Fangle  sud-est,  et  qui 
porte  les  armoiries  de  ce  prélat. 


190  l'aBBAVE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

Les  murs  d'enceinte  présentent  dans  leurs  principales 
dimensions  les  mesures  suivantes  :  au  midi,  260  mètres  envi- 
ron ;  au  couchant,  46  mètres;  au  nord,  274  mètres;  et  au 
levant,  300  mètres.  La  superficie  du  clos  de  Tabbaye  peut  être 
évaluée  à  quatre  hectares. 

Un  lierre  grimpant  s'élève  sur  ces  vieux  murs,  s'y  accroche 
et  les  recouvre  de  son  vert  et  élégant  feuillage.  On  remarque 
notamment  deux  énormes  troncs  qui  entrelacent  leurs  bras 
tortueux  dans  les  pierres  du  mur  occidental. 

Deux  portes  formaient  l'entrée  principale  de  l'abbaye  ; 
elles  sont  situées  au  nord,  du  côté  de  la  Seine,  sur  un  chemin 
à  peine  tracé  et  qui  nest  autre  qu'un  tronçon  de  celui  qui,  au 
moyen  âge  et  jusqu'au  xviii^  siècle,  a  conduit  de  l'embou- 
chure de  la  Risle  à  Ilonfleur.  Les  portes  ont  :  la  plus  grande, 
3  mètres  d'ouverture  ;  la  plus  petite,  1  m.  72.  Cette  dernière, 
affectant  seulement  à  l'intérieur  la  forme  ogivale,  accuse  la  fin 
du  xii^  siècle. 

A  propos  de  ces  portes,  il  est  intéressant  de  rappeler  qu'une 
ouverture  ovale  entourée  de  briques,  dit  l'archéologue  auquel 
nous  faisons  de  larges  emprunts  tout  en  nous  éloignant  de  lui 
sur  certains  points  ',  une  ouverture  était  pratiquée  dans  la 
plus  grande  des  deux  portes  ;  c'est  le  souvenir  d'un  antique 
usage.  Tous  les  ans,  le  jour  du  vendredi  saint,  un  moine  pas- 
sait une  miche  par  cette  ouverture  et  l'offrait  à  toute  personne, 
riche  ou  pauvre,  qui  se  présentait  à  la  porte  du  couvent.  On 
rapporte  que  M™*^  de  Grosourdy  de  Saint-Pierre  venait  elle- 
même  en  carrosse  chercher  sa  miche. 

Le  moine  chargé  de  l'office  de  portier  logeait  dans  une  cel- 
lule placée  à  droite  de  la  petite  porte  réservée  pour  le  passage 
des  piétons,  selon  l'usage  généralement  adopté. 


1.  M.  A.  Pannier,  de  Lisieux,  a  consacré  trois  articles  à  labbaye  de  Grestain 
dans  le  Journal  de  Ilonfleur,  année  1864. 


LES    RUINES  191 

La  grande  porte  paraît  la  plus  ancienne  ;  elle  est  à  plein 
cintre.  Cette  porte  était  surmontée  d'un  appartement  porté  par 
un  bout  sur  une  voûte  de  pierre.  Il  avait  été  affecté  au  loge- 
ment du  curé  de  Saint-Ouën  de  Grestain.  Cet  appartement,  la 
maison  du  portier  et  ses  dépendances  furent  détruits  par  Tin- 
cendie  du  13  décembre  1662. 

Au-delà  des  portes  se  présente  le  gable  ou  petit  pignon  d'un 
bâtiment  encore  en  bon  état,  assez  bien  conservé,  qui  est  con- 
tigu  aux  murs  du  nord  sur  lesquels  il  fait  une  saillie  de 
7  mètres.  C'est  une  construction  du  xvi^  siècle  qui  dépendait 
de  l'abbaye  bien  qu'elle  se  trouve  en  dehors  des  lieux  régu- 
liers. On  y  a  ouvert  une  porte  extérieure  au  siècle  dernier. 
Peut-être  faut-il  voir  dans  ce  bâtiment  la  maison  nommée  \  In- 
firmière, et  à  laquelle  un  jardin  était  attenant  ;  en  tout  cas  il 
ne  faut  pas  le  considérer  comme  une  ancienne  église  qui  aurait 
été  construite  après  la  suppression  de  labbaye,  ainsi  qu'il  a 
été  dit  par  M.  Pannier.  Mais  les  observations  de  l'archéologue 
bienveillant  qui  nous  acceptait  pour  compagnon  de  ses  explo- 
rations, il  y  a  plus  de  quarante  ans,  ne  pouvaient  être  qu'ap- 
proximatives ;  il  tenait  ses  renseignements  de  seconde  main, 
sans  pouvoir  en  vérifier  ni  la  sincérité  ni  l'exactitude. 

Plus  loin,  un  chemin  quelque  peu  sauvage  longe  le  mur  de 
l'enclos.  Le  mur  est  assez  élevé  ;  on  y  remarque  les  traces 
bien  apparentes  d'ouvertures,  de  baies  aujourd'hui  murées  qui 
ont  du  jadis  s'ouvrir  sur  un  bâtiment  important.  Toutes  ces 
constructions  sont  ruinées  ;  on  s'en  approche  à  travers  des 
buissons.  L'examen  attentif  des  murailles,  lesquelles  n'ont  pas 
été  remaniées,  porte  à  croire  que  là  s'élevait  parallèlement  à 
l'église,  formant  un  des  côtés  d'un  carré,  un  corps  de  logis  de 
23  toises  (44  m.  83)  de  longueur  qui  comprenait  quatre  tra- 
vées voûtées,  appuyées  sur  les  murs  extérieurs.  C'était,  selon 
nous,  le  réfectoire  qu'une  grande  fenêtre  de  vingt-deux  pieds 
de  hauteur  et  douze  de  largeur  éclairait  vers  le   levant.  Les 


192  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

cuisines,  situées  également  au  nord,  occupaient  la  travée  de 
Fouest  et  se  reliaient  à  des  salles  destinées  à  d'autres  parties 
du  service.  Nous  savons  fort  bien  qu'il  nous  faudrait  d'autres 
indices  pour  restaurer  le  plan  primitif  de  Tabbaye. 

En  revenant  sur  nos  pas  et  en  pénétrant  par  la  porte  prin- 
cipale, nous  allons  essayer  de  donner,  aussi  clairement  que 
possible,  un  aperçu  des  bâtiments  qui  entraient  dans  l'ensemble 
de  Tabbaye  ;  deux  procès-verbaux  de  l'état  des  maisons  claus- 
trales établis  en  1643  et  en  1665  nous  y  aideront  '. 

Divers  archéologues  ont  fait  remarquer  que  les  plans  géné- 
raux des  monastères  semblent  avoir  été  les  mêmes  pour 
toutes  les  abbayes  bénédictines.  L'église  était  le  centre;  autour 
d'elle  se  groupaient  les  dépendances  de  la  communauté,  les 
bâtiments  claustraux  disposés  avec  méthode.  Mais  on  ne  con- 
naît aucun  dessin  qui  puisse  donner  une  idée  générale  de  leur 
situation  aux  temps  anciens,  de  leur  aménagement,  pas  plus 
que  de  la  direction  des  chemins  qui  conduisaient  à  l'abbaye 
ou  des  contours  des  massifs  de  bois  qui  longtemps  l'envelop- 
pèrent '. 

On  rencontrait  une  première  cour  ou  cour  de  la  ferme  avec 
un  colombier,  une  grange,  des  écuries  et  autres  lieux  qui 
avaient,  à  l'origine,  renfermé  tout  ce  qui  est  indispensable  à 
l'agriculture.  Sur  la  droite  de  la  cour,  à  l'ouest,  s'élevaient  les 
magasins  d'exploitation  et  les  caves.  On  serait  porté  à  attribuer 
cette  destination  au  bâtiment  construit  en  pierre  qui  subsiste 
et  présente  trois  grandes  arcades  à  ogive  unique  ou  de  transi- 
tion, lesquelles  n'ont  pour  toute  décoration  qu'un  large  chan- 
frein. Ces  arcades  dont  la  partie  supérieure  est  seule  appa- 
rente   reposent    sur   de    grosses    colonnes    monocylindriques 

d.  Pièces  justif.,  n»  96.  Acte  du  9  avril  1663,  et  Arch.  dép.  de  l'Eure  H.  347; 
Requête  du  24  septembre  1643  et  procès-verbal  du  20  octobre  1643. 

2.  Arch.  nat.,  série  N.  Eure,  3^  cl.  n°  23  ;  plan  des  bois  dépendant  de  l'ab- 
baye de  Grestain. 


LES    KL  INES  193 

enfouies  dans  le  sol  qui  a  été  surélevé  par  une  grande  quan- 
tité de  terre  provenant  des  démolitions  ou  apportées  avec 
intention.  Les  colonnes  ont  des  chapiteaux  garnis  de  deux- 
tores.  Sur  le  mur  septentrional,  construit  en  larges  pierres  de 
tuf,  subsistent  les  traces  d'une  arcade  très  élevée,  à  claveaux 
extradosés,  et  d'une  arcade  à  plein  cintre  plus  étroite,  mais  il 
ne  paraît  pas  que  le  bâtiment  s'étendait  vers  le  nord.  On  y 
remarque,  ainsi  que  sur  plusieurs  des  contreforts  de  Tenceinte, 
une  particularité  intéressante  :  c'est  que  le  talus  des  contreforts 
déborde  sur  la  face  antérieure  de  façon  à  former  un  petit  lar- 
mier. Ce  détail  de  construction,  qui  ne  frappe  pas  au  premier 
regard  mais  que  l'on  distingue  avec  un  peu  d'attention,  peut 
être  attribué  au  xii^  siècle.  Pour  ces  constructions,  il  convient 
d'indiquer  la  date  de  la  fin  du  xii^  siècle  quant  aux  parties  les 
plus  anciennes.  L'autre  côté  est  d'un  style  tout  différent;  c'est 
un  remaniement  du  xvi^  siècle.  On  y  voit  des  contreforts  sail- 
lants et  une  tête  grotesque  à  l'angle  supérieur. 

A  peu  de  distance  et  à  l'ouest  de  cette  massive  construction, 
se  trouvent  un  étang  et  une  source  appelée  la  fontaine  Saint- 
Benoit  ;  c'est  très  probablement  la  fontaine  des  temps  primi- 
tifs de  l'abbaye,  celle  qui  avait  été  recommandée  par  un  songe 
à  Herluin  de  Gonteville.  «  Longtemps  en  réputation,  elle  finit 
par  être  tout  à  fait  abandonnée  pour  les  sources,  plus  ancien- 
nement célèbres,  de  Saint-Méen  et  de  Saint-Geran,  voisines 
de  l'église  paroissiale  de  Carbec  et  situées  sur  un  terrain  com- 
munal '  )). 

^  ers  l'orient,  apparaissent  les  derniers  vestiges  de  l'église 
abbatiale.  Ils  consistent  en  deux  piliers  construits  en  blocage 
avec  revêtement  en  tuf;  l'un  est  détruit,  l'autre  présente  des 
fragments  de  deux  arcades  el  de  deux  chapiteaux  romans  à 
larges  volutes  qui  reçoivent  ces  arcades.  Un  chapiteau  est  par- 

1.  Canel,  Essai  sur  iarr.  de  Pont-Ainicnicr,  II,  407. 
(]h.  Uukaiui.  —  L'Ahbaije  de  Xolre-Ditine  Je  (îreslnin.  13 


194  LABBAYE    DE    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

faitement  conservé  et  décoré  d'entrelacs  dessinant  par  leur 
enchevêtrement  des  losanges.  Sur  l'autre  chapiteau  on  trouve 
comme  ornement  deux  oiseaux  affrontés. 

Un  bâtiment  à  usage  de  grange  a  été  élevé  sur  l'emplace- 
ment même  de  l'église  qui  s'étendait  de  l'ouest  à  l'est,  et  dont 
le  mur  septentrional  bordait  un  des  côtés  de  la  cour  du 
cloître.  Les  galeries  du  cloître  formaient  un  rectangle  sur 
lequel  s'ouvraient,  à  l'est,  diverses  salles  et  la  salle  capitulaire. 
L'étage  supérieur  servait  de  dortoir  aux  religieux  :  le  long 
d'un  corridor  étaient  disposées  les  cellules,  au  nombre  de 
seize  en  l'année  1665.  Le  dortoir  se  reliait  au  transept  de 
Léglise.  Au  nord,  nous  plaçons  le  réfectoire,  parallèlement  à 
l'église,  puis  les  cuisines.  D'autres  bâtiments  accessoires,  cel- 
liers, vestiaires,  chambres  des  hôtes,  occupaient  le  côté  occi- 
dental du  cloître 

Quant  à  la  maison  abbatiale,  elle  était  séparée  des  autres 
édifices  de  l'abbaye  ;  un  jardin  y  était  annexé.  Il  se  peut  faire 
qu'elle  soit  aujourd'hui  représentée  par  l'habitation  que  l'on 
rencontre  au  delà  de  l'église,  à  gauche;  la  construction  n'a 
conservé  d'ailleurs  aucun  caractère  d'antiquité.  Mais  il  y  a,  à 
ce  sujet,  une  tradition  qui  n'est  pas  dépourvue  de  probabilité. 

Il  n'est  pas  possible  d'aller  plus  loin  dans  les  détails  du  plan 
de  Grestain  sans  s'abandonner  à  des  fantaisies.  Gomme  nous 
l'avons  dit,  on  ne  possède  aucun  dessin  pour  se  guider  ;  les 
textes  sont  insuffisants,  et,  d'autre  part,  la  destruction  a  été 
complète  :  on  peut  dire  sans  exagération  qu'il  n'est  pas  demeuré 
pierre  sur  pierre.  Les  matériaux  sont  allés,  les  uns,  servir  de 
remblai  aux  chemins  ruraux,  les  autres,  échouer  dans  les 
bâtisses  du  voisinage.  On  nous  a  désigné  deux  maisons  de 
Ronfleur  qui  auraient  été  construites  avec  les  débris  des  bâti- 
ments de  Notre-Dame  de  Grestain. 

Suivant  d'autres  récits,  les  églises  voisines  auraient  recueilli 
quelques  épaves  du  mobilier.   On  citait  à  l'appui  notamment 


LES    RUINES  195 

l'autel  placé  dans  Téglise  paroissiale  de  Xotre-Dame-du-Val  ', 
lequel  avait  pour  contre-table  un  tableau  où  on  lisait  une 
inscription  du  xvii*^  siècle.  La  note  qui  suit  en  tait  connaître 
le  texte  -. 

«  26  juillet  1839.  —  Je  suis  allé  aujourd'hui  à  Berville,  et, 
dans  l'après-midi,  j'ai  fait  une  visite  à  mon  ami  le  curé  de 
Saint-Pierre  que  j'ai  trouvé  dînant  avec  sa  mère.  Après  quoi, 
j'ai  visité  les  ruines  de  l'église  de  Notre-Dame-du-Val.  Les 
murs  et  la  toiture  du  chœur  sont  les  seules  parties  de  l'édifice 
qui  soient  conservées.  La  toiture  du  surplus  de  l'église  est 
entièrement  détruite  ;  le  portail  n'existe  plus  ;  les  murs  adja- 
cents sont  presque  démolis.  Mais  l'autel  est  encore  debout  ;  il 
est  orné  d'un  tableau  représentant  Y  Annonciation^  au  bas 
duquel,  à  droite,  est  l'inscription  ci-dessous: 

DoM  Jehan-B.  TmREL,  prieur  et 
Grand  Vicaire  en  l'abbaye  de  Grestain 

A  FAICT  PAINDRÉ  les   DEUX  CHAPPELLES 

Ex  l'honneur  dé  Dieu,  de  la  Vierge  et 
De  saint  Pierre.  En  1646.  » 

Rien  dans  ces  lignes  n'indique  que,  ainsi  que  M.  Canel  l'a 
cru,  ce  tableau  provenait  de  l'abbaye.  L'inscription  consacrait 
simplement  le  souvenir  de  réparations  faites  à  deux  chapelles 
de  l'église  même  de  Notre-Dame-du-Val,  aux  frais  du  prieur 
de  Grestain  qui,  en  sa  qualité  de  grand  vicaire,  tenait  la  place 
de  l'abbé. 

Ajoutons  qu'aujourd'hui  les  murs  et  la  toiture  du  chœur  de 
l'église  sont  en  ruines,  que  l'autel  est  détruit  et  que  le  tableau 
n'existe  plus. 

Pour  retrouver  quelques  autres  débris  comme  sculptures, 

1.  Canel,  Essai  sur  l'arr.  de  Pont-Sudeiner,  II,  48»-. 

2.  Noie  autographe  de  M.  Mondelot,  receveur  de  renregistrement  à  Beuze- 
ville,  de  1823  à  1854. 


196  l'abbaye    de    N0TRE-DA5JE    DE    GRESTAlN 

tombes,  carrelage,  dalles  tumulaires,  nos  visites  à  Grestain  ont 
été  infructueuses.  Cependant,  il  y  a  quarante  ans,  on  j  voyait 
encore  sur  le  sol  des  chapiteaux  décorés  de  feuillages,  et,  près 
du  mur  intérieur  qui  fait  face  à  Tétang,  les  fragments  d'une 
magnifique  pierre  tombale,  gravée  au  trait,  qui  datait  de  la 
seconde  moitié  du  xiii^  siècle  ou  du  xiv*'.  C'était  le  seul  monu- 
ment authentique  qui  rappelât  la  mémoire  des  bienfaiteurs  de 
l'abbaye.  Le  bas  de  cette  tombe  avait  été  coupé  ;  de  l'inscrip- 
tion on  ne  pouvait  lire  que  ces  mots  '  : 

Icm  GiST Anise  de  la  Mare  damé  d'Yvetot Laquelle 

TRESPASSA  l'an DiÉU    LES  PARDON  LI  FACHE.    AmEN. 

Sous  nne  arcade  ogivale  et  subtrilobée  ornée  de  crochets, 
accompagnée  de  colonnettes,  de  pieds  droits  élégants,  et  de 
deux  anges  balançant  des  encensoirs  dans  les  angles  supé- 
rieurs, était  représentée  la  personne  que  recouvrait  cette 
pierre.  Cette  personne,  sur  laquelle  nous  n'avons  trouvé  aucun 
renseignement  précis,  portait  une  rangée  de  vair  dans  ses 
armoiries. 

Nous  terminons  ce  chapitre  en  signalant  le  cercueil  en 
pierre  calcaire  que  l'on  a  découvert,  il  y  a  quelques  années, 
en  fouillant  le  sol  sur  l'emplacement  de  l'abbatiale.  Nous  en 
avons  vu  le  couvercle,  d'un  seul  morceau,  de  forme  plate, 
plus  étroit  aux  pieds  qu'à  la  tête  ~,  sans  aucune  figure,  aucune 
décoration,  aucune  inscription.  Mais  l'attention  était  appelée 
par  le  signe  funéraire  dont  il  est  orné.  Il  consiste  en  une  croix 
dont  le  bâton  se  dessine  en  relief  sur  le  couvercle.  Ce  frag- 
ment funéraire  remonte  au  xii^  siècle  ;  il  a  recouvert  la  sépul- 
ture d'un  des  premiers  abbés  de  Notre-Dame  de  Grestain.  On 

1.  Voy.  l'article  de  M.  A.  Pannier  dans  le  Journal  de  Ilonfïeur,  18Gi.  — 
L'inscription  paraît  concerner  la  famille  qui,  au  xiv"  siècle,  a  possédé  le  flef 
de  la  Mare,  sur  la  paroisse  de  Sainte-Opportune,  cant.  de  QuiUebeuf,  Euro. 

2.  Longueur,  1  m.  59  ;  largeur,  à  la  tête,  0  m.  57  ;  aux  pieds,  0  m.  27. 


LES    RUINES  197 

lui  avait  donné  nn  abri  sous  le  larmier  d'un  bâtiment  ;  il  y  est 
encore  conservé  ainsi  que  nous  avons  pu  nous  en  assurer  tout 
dernièrement. 

Ce  qui  reste  de  l'ancien  monastère  n'offre,  on  le  voit,  qu'un 
bien  faible  intérêt  en  monuments.  Même  l'édifice  le  plus 
important,  l'église,  n'a  pas  laissé  de  traces  que  l'on  puisse 
indiquer  avec  précision.  On  sait  qu'elle  avait  été  réédifiée  plu- 
sieurs fois,  mais  tout  porte  à  croire  que  l'incendie  du  xii^  siècle 
qui  la  détruisit  avait  trouvé  son  principal  aliment  dans  les 
matériaux,  dans  l'emploi  du  bois.  Ce  mode  de  construction 
s'est  prolongé  longtemps  dans  le  diocèse  de  Lisieux.  L'abon- 
dance du  chêne  dans  les  forêts,  la  rareté  de  la  bonne  pierre  à 
bâtir,  la  difficulté  énorme  des  communications  et  des  trans- 
ports, ont  forcé  de  se  servir  des  matériaux  qui  se  trouvaient 
sur  place  ou  à  peu  de  distance.  L'église  Sainte-Catherine  de 
Honfleur  est  là  pour  l'attester  *. 

Bois  ou  pierre,  tout  a  été  anéanti  sans  bruit,  sans  fracas. 
On  ne  voit  point  que  les  contemporains  de  la  destruction  de 
Grestain  s'en  soient  préoccupés  outre  mesure,  sachant  sans 
doute  que  tout  périt:  palais  et  abbayes.  Toutefois  il  n'est  pas 
juste  d'accuser  (»  le  torrent  révolutionnaire  »  d'avoir  profondé- 
ment marqué  son  passage  à  Grestain  ^.  N'est-ce  pas  mettre  en 
oubli  que  la  dévastation  a  été  l'œuvre  de  bien  d'autres  causes 
et  que  la  vie  religieuse  s'était  perdue  dans  l'abbaye  plus  de 
trente  ans  avant  la  Révolution? 

1.  CoïKjrès  archéologique  de  France,  37^  session,  p.  151. 

2.  Canel,  Essai  sur  r.irr.  de  Pont-Auderner,  II,  466.  —  Fouquier,  Recherches 
hist.  sur  Beuzeville,  p.  197. 


DOCUMENTS   HISTORIQUES 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES 


Charte  conprmafivc  des  biens  de  V ahhaije  de  Notre-Dame 
de  Grestain  accordée  par  Richard  Cœur  de  Lion  K 

1 189,  14  novembre. 

Ricardus,  Dei  gratia  rex  Anglie,  dux  Normannie  et  Acqiiitanie, 
cornes  Andegavie,  archiepiscopis,  episcopis,  abbatibus,  comitibus, 
baronibus,  justiciariis,  vicecomitibus  et  omnibus  ballivis  et  fideli- 
bus  suis,  salutem.  Sciatis  nos  concessisse  et  presenti  carta  nostra 
confirmasse  omnes  subscriptas  donationes  factas  Deo  et  ecclesie 
Sancte  Marie  de  Grestano  et  monachis  ibidem  Deo  servientibus,  etc. 

Ex  dono  Willelmi  régis  Anglorum  et  ducis  Normannorum  unum 
plénum  villanum  in  Comtevilla  ~  qui  manet  apud  Folemaram  3, 
Juxta  Ilunefluctum  ^   capellam  Sancti  Nicholai  ^   ita  quod  mona- 

1.  Nous  donnons  cette  pièce  d'après  deux  copies  :  l'une,  à  la  Bibl.  nat.,  ms. 
lat.  12778,  fol.  2't4;  l'autre,  aux  Arch.  dép.  de  la  Seine-Inf.,  fonds  de  Tancar- 
ville. 

2.  Conteville-sur-Mer,  arr.  Pont-Audeiner,  Eure. 

3.  Position  inconnue. 

4.  Honfleur,  arr.  Ponl-rÉvèquc,  Calvados. 

;i.  Saint-Nicolas-du-Val-de-Claire  ou  Saint-Nicol,  ancien  prieuré  devenu  une 
léproserie,  situé  à  un  kilomètre  au  sud  de  Ilonllrur. 


200  l'abbaye    de    JNOTRE-DAME    DE    GRESTAT^ 

chus  qui  ibi  Deo  serviret  de  foresta  ^  que  juxta  est  acciperet  quic- 

quid  necessarium  esset  capelle  faciende  et domorum  suarum  et 

ligna  ad  ardendum. 

Ex  dono  Herlewini,  patris  Roberti  comitis  Moretis,  trig-inta 
acras  terre  in  Gresteno  et  bordarios  et  piscatores  quos  ibi  habebat 
et  silvam  Normare  -  quae  est  proxinia  monasterio  et  partem  alterius 
silve  in  montem  Sancti  Georgii  3,  et  tertiam  partem  niolendinorum 
Sancte  Marie  Ecclesie  ^  cum  décima  eorumdem  ;  —  apud  Bullevil- 
lam  ^  duos  villanos  ;  —  et  in  Gresteno  terram  Gundranni  et  dimi- 
dium  molendini  in  Garebec  ^  ;  —  apud  Fulebec  ^  unum  bordarium 
cum  modico  alneto  ;  apud  Martinivillam  ^  decimam  unius  medie- 
tarii;  —  apud  Wauvillam  -'  decimam  unius  carruce  ;  —  apud  Brete- 
villam^'^  totam  decimam  Roberti  Affectati  ;  —  apud  Mullivillam  ^' 
medietatem  totius  ville,  id  est  in  ecclesia  et  in  terra  et  in  ag^ris  et 
in  aliis  ville  pertinentibus  ;  —  apud  Tilleum  ^'  terram  unius  carruce 
et  unum  equitem  et  villanos  et  bordarios  ;  —  apud  Sanctam  Scolasti- 
cam  '3  triginta  acras  terre  cum  tota  décima,  et  medietatem  ipsius 
ecclesie  cum  tertia  guerba  que  pertinet  ad  ipsam  medietatem,  et 
centum  acras  terre  in  eadem  villa  et  totam  decimam  illarum  cen- 
tum  acrarum  terre,  et  totam  decimam  de  terra  Warini  fdii 
Arnulfî  in  eadem  villa,  et  totam  decimam  de  terra  Turstini  Trembl. 
in  eadem  villa  ;  —  et  apud  mariscum  Guarini  '^  quinque  acras  prati 
et  unum  bordarium  cum  omni  consuetudine  et  décimas  equitii  (?) 


1.  La  forêt  de  Bonneville  ou  de  Touques,  arr.  Pont-l'Évêque,  Calvados. 

2.  Sur  la  paroisse  de  Fatouville-Grestain,  Eure. 

3.  Saint-Georges  de  Fiquefleur,  arr.  de  Pont-Audemer,  Eure. 

4.  Paroisse   devenue  Notre-Dame-du-Val-sur-Mer,   arr.    de    Pont-Audemer, 
Eure. 

5.  Boulleville,  cant.  de  Beuzeville,  Eure. 

6.  Carbec-Grestain,  commune  réunie  à  Fatouville,  cant.   Beuzeville,  Eure. 

7.  Foulbec,  arr.  de  Pont-Audemer,  cant.  Beuzeville,  Eure. 

8.  Martainville-en-Lieuvin,  cant.  Beuzeville,  Eure. 

9.  Peut-être  Vauville,  arr.  Pont-rÉvêque,  Calvados. 

10.  Bretteville-rOrgueilleuse,  Calvados,  arr.  de  Caen. 
H.  Munneville-sur-Mer,  Manche,  arr.  de  Coutances. 

12.  Tilly-sur-SeuUe,  Calvados,  arr.  de  Caen. 

13.  Sainte-Scolasse-sur-Sarthe,  arr.  d'Alençon,  Orne. 

14.  Le  Marais-Vernier,   arr.   de    Pont-Audemer,  Eure.  —  En  l'année  1200, 
marescum  Warneri,  Cart.  de  Jumièges,  copie,  ms.  latin  5424,^fol.  91  v°. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  201 

et  armenti  et  poccorum  et  caseoriim   cîomini  ojusdem    loci.  et  pas- 
turam  animalihus  monachorum. 

Ex  dono  Roberti  comitis  Moretis  filii  Herlewini,  fratris  Willelmi, 
régis  Anglorum  et  ducis  Normannorum,  omnes  consuetudines  et 
custumas  quas  tenebat  de  dominio  suo  et  fratre  Willelmo  reg-e  in 
riparia  Secane  a  gardo  de  Kilebuef  '  usque  ad  Nigrum  portum  -  id 
est  totam  custumam  aque  saliae,  semel  in  septimana,  ad  Unumfle- 
tum  -^  ascendentem  et  recedentem  ([uicquid  in  retiis  inventum  fue- 
rit  de  cujuscumcpie  terra  aut  dominatu  fuerint  omnes  qui  retia  in 
aqiiam  miserint.  —  Concessit  etiam  et  dédit  omnes  sturiones  qui  in 
tota  aqua  sua  capientur,  ita  quod  monachi  de  primo  quem  per 
annum  habuerint  servierit  domino  Normannorum,  de  ceteris  quod 
voluerint  faciant.  —  Dédit  etiam  eis  et  concessit  primum  salmonem 
et  primam  alosam  et  primam  lampredam  qui  in  retiis  capientur,  et 
dimidium  marsuini  qui  infra  Quadragesimam  capietur.  —  Dédit 
etiam  totum  werec  quod  invenietur  a  spina  Berville  ^  usque  ad 
Nigrum  portum  ubicumque  mare  illud  projiciat  usque  ad  certanam 
terram  ultra  galeum,  et  si  infra  hanc  tenuram  accederit  ullum  sine 
[possessorej  monachorum  sit  emendatio  et  justitia,  et  si  mortuus  fue- 
lit  aliquis  in  nave  tenente  per  anchorum  corpus  ejus  cum  pecunia  ad 
ecclesiam  monachorum  deportetur.  —  Dédit  quoque  terram  et  galeum 
quantum  fluctus  consuetudinarie  ascendit  cum  omni  custuma  cujus- 
cumque  antea  certana  terra  fuerit  sicut  dominus  suus  rex  ^^  illel- 
mus  ei  donavit  "'.  —  Dédit  etiam  in  terra  sicca  quicquid  habebat  in 
riparia,   id  est  bordarios  et  burgenses  quos  habebat  in  Jowlis  ''  et 

1.  Quilk'bfpuf,  air.  de  Ponl-Audemer,  Eure  [Chelihei  en  1070,  Kilehuf  en 
1197,  Kilehoë  en  1238,  Quillehoues  en  1392,  Quillebeuf-sur-Seine  en  i4lJ0. 
Quilbeuf,  en  1704,  Quidebeuf  en  1781.  —  Dict.  top.  du  dép.  de  l'Eure,  p.  178. 

2.  Le  Noirport,  à  l'est  de  Honflcur  et  à  peu  de  distance  de  rancienne 
enceinte,  appaitcnait  à  l'abbaye  de  Grestain  ;  on  désignait  par  ce  nom  un 
petit  enfoncement  du  rivage  qui  est  devenu  plus  tard  le  havre-neuf. 

3.  Ilonfleur,  arr.  de  Pont-l'Évèque,  Calvados. 

4.  Berville-sur-McM-,  arr.  de  Pont-Audemer,  Eure.  On  avait  coutume  dans 
l'ancienne  Normandie  d'indiquer  par  des  épines  les  limites  des  dimages  et  par 
suite  les  divisions  paroissiales.  Dès  le  xi*"  siècle,  l'épine  de  Berville  servait  à 
cet  usage. 

5.  Le  passage  est  à  noter.  Robert  de  Morlain  en  précisant  les  droits  de  cou- 
tui'ie  à  percevoir  depuis  Vépine  de  Berville  jusqu'au  Noir-Port,  nous  apprend 
que  tout  le  litlora!  compris  entre  ces  limites  lui  avait  été  donné  par  son  frère 
utérin,  le  duc  Guillaume  le  Con(|uérant. 

6.  .lobles,  hameau  du  canton  (\c  Hcu/.eville,  Eure. 


202 


L  ABBAYE    DE    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIX 


Fiskefluctu  i  et  Cramanfluctu  -  et  Hunefluctu,  et  totum  theloneum 
quod  fiet  a  spina  Berville  usque  ad  portum  de  Hunefluctu  sub  via 
et  in  via  de  omnibus  alienis,  et  mercatum  de  Fiskefluctu  quietum 
et  feriam  ipsius  ville  ^  cum  omni  custuma,  et  decimam  feriarum 
quas  habebat  inter  Rislam  et  Thocam  ^,  et  tertiam  partem  molen- 
dini  de  Fiskefluctu,  et  très  modios  advene  in  molendino  Turstini- 
ville  5,  et  in  Grimbovilla  ^  quindecim  acras  prati,  et  molendinum  de 
Grestein  cum  molta  Cunteville  consueta  sicut  uni  de  molendinis 
suis,  et  omnes  acras  et  totum  p^aleum  et  consuetudines  ad  acras 
pertinentes  quietas  a  spina  Berville  usque  ad  aquam  de  Hunefluctu. 
De  sale  quod  portatur  per  terram  domino  Normannorum  est  thelo- 
neum, si  vero  per  mare  portatur  prefatorum  monachorum  sit.  — 
Concessit  etiam  fusilitatem  et  plumbeam  ad  opus  salinarum  per 
totam  rippariam  "...  in  die  autem  mercati  et  die  ferie,  et  Fiskefluctu 
quicumque  faciet  theloneum  ad  fontanam  de  Fulebec  usque  ad 
mare  et  usque  ad  pontem  theloneum  monachorum  sit,  excepto  de 
pane  et  sale  et  frisco  pisce  ;  —  et  in  portu  de  Hunefluctu  medieta- 
tem  thelonei  de  hiis  que  per  mare  ducuntur  aut  reducuntur  ;  —  et 
quamdem  partem  bosci  sui  desuper  Karebec  a  domo  Durandi  Capra- 
rii  sicut  semita  vadit  usque  ad  terram  arabilem  Berville  ;  —  et 
viginti  libras  terre  in  Normannia  et  quindecim  in  Anglia  et  terram 
Godefri,  clerici;  —  apud  ductum  Pepini  terram  unius  carruce  et 
unum  villanum  et  duos  censarios  et  unam  salinam  ;  —  apud  Fon- 
tanam ^  terram  unius  carruce  et  unum  villanum  et  duos  bordarios  ; 
—  apud  Odomariscum  '^  terram  duarum  carrucarum  et  très  équités 


1.  Fiquefleur-Eqiiainville,  déjà  cité. 

2.  Cremanfleur  était  situé  à  rembouchure  du  cours  d'eau  nommé  l'Orange. 
C'était  une  crique  d'échouage  que  les  alluvions  ont  comblée.  Sur  son  emplace- 
ment s'est  formé  un  autre  centre  d'habitations  qui  est  devenu  La  Rivière- 
Saint-Sauveur,  canton  de  Honfleur,  Calvados. 

3.  Le  marché  et  la  foire  de  Fiquefleur,  au  xi'=  siècle. 

4.  La  Touque,  rivière  qui  a  son  embouchure  à  Trouville.  On  ne  sait  de 
quelles  foires  il  s'agit. 

5.  Toutainville,  arr.  de  Pont-Audemer,  Eure.  Voir  plus  loin  des  Lettres  de 
Philippe  le  Long  (1319),  n»  22. 

6.  Saint-Sulpice  de  Graimbouville,  arr.  de  Pont-Audemer,  Eure. 

7.  Plusieurs  mots  manquent  dans  les  copies. 

8.  Position  inconnue. 

9.  Doux-Marais,  arr.  de  Lisieux,  Calvados. 


PIÈCKS    JUSTIFICATIVES  203 

omnes  vero  consuotudines  et  bernag'um  que  Ren.  Wls.  habebat 
concessit  Sancte  Marie  qiiieta  pro...  sua  '. 

Item  ex  dono  praefati  eomitis  apud  Vivarium  torram  duarum  car- 
rucarum  et  ecclesiam  Sancti  Quintini  ^  cum  pertinentiis  et  unum 
molendinum  et  unam  silvam  et  très  caballarios  ;  —  apud  Tigervil- 
lam  '^  medietatem  totius  ville  cum  ecclesia  ;  —  et  decimam  Angles- 
cheville  *  cum  tribus  acris  terre  et  decimam  molendinorum  Osulfi 
Guillelmi  et  très  acras  terre;  —  apud  Barnevillam  ''  in  Costentino 
terram  tiliorum  Ansgoti. 

Ex  dono  Fredefeudis  ",  uxoris  Ilerlewini,  ({uicquid  habebat  in 
Novo-Burgo  "  et  in  Canteleu  et  in  Ilunavilla  ^  ;  —  apud  Contevil- 
lam  quintas  acras  prati  •'. 

ExdonoRadulti^'^,  filiiHerlewini,  decimam  suorum  molendinorum 
de  Cornevilla  et  decimam  molendinorum  Martenville^'  et  decimam 
pecorum  suorum. 

Ex  dono  Radulfi  Sancti  Heremii,  apud  Maram  '-  terram  unius 
carruce  et  bordarios  et  duas  salinas. 

Ex  dono  Osulfi  Bulleville.  unum  molendinum  apud  Triguevil- 
lam  '•^  et  decimam  alterius  molendini. 

Ex  dono  Gauteri,  duas  acras  terre  in  eadem  villa. 

Ex  dono  Odonis  Bosoni  fîlii,  totam  decimam  terre  quam  habebat 
in  Gillevilla  '^  et  quinque  acras  terre  arabilis  et  unam  acram  prati 
et  unam  salinam. 

1.  Le  texte  est  très  oljscur  ;  les  trois  lignes  qui  précèdent  ont  été  omises 
dans  la  copie  du  ms.  lat.  12778  ;  ici,  elles  sont  incomplètes. 

2.  Saint-Quentin-les-Chai'donnets,  arr.  de  Domfront,  Orne. 

3.  Tierceville,  arr.  de  Bayeux,  Calvados. 

4.  Anglesqueville-les-Murs,  arr.  de  Diep])e,  Seine-Inférieure. 

5.  Barneville-sur-Mer,  arr.  de  Valognes,  Manche. 

6.  Frédégonde,  femme  dllerluin  de  Conteville.  On  remarquera  que  sa  dona- 
tion, en  partie,  concerne  des  terres  voisines  de  Honfleur. 

7.  Le  hameau  de  La  Rivière,  paroisse  Saint-Léonard  de  Honfleur. 

8.  Canlelou  et  Ilonnaville,  anciens  fiefs  de  la  sergenterie  de  Honfleur. 

9.  ((   Unam  acram  prati   »,  sur  la  copie  de  Rouen. 

10.  Raoul,  fils  aîné  d'Herluin  de  Conteville,  est  cité  par  Orderic  ^'ital  iIII, 
246). 

H.  Corneville-sur-Risle,  et  Martainville-en-Lieu\  in,  Eure. 

12.  Peut-être  le  fief  dç  la  Mare,  au  Marais-Vernier. 

13.  Triqueville,  arr.  de  Pont-Audemer,  Eure. 

14.  Gilleville  ou  Gedeville,  hameau  de  Bosbénard-Crescy,  arr.  de  Pont- 
Audemer. 


204  l'aBIÎAYE    de    iNOTHE-DAME    de    GRESTAIN 

P'x  dono  Goffredi,  capollani  comitis  Moreti,  quicquid  habebat  a 
prefato  comité  in  ecclesiis  et  decimis  et  terris  in  Normannia. 

Ex  donoOsberni,  pincerne  comitis,  apud  Bulevillam  ^  in  bauterio 
duas  masuras.  Item  ex  dono  prefati  comitis  unam  piscariam  in 
eadem  villa. 

Ex  dono  Eng-enulfi  quicquid  habebat  in  BuUevilla  de  feodo  ducis 
Normannia  et  comitis  Moretis  ipsis  concedentibus. 

Item  ex  dono  comitis  Moretis,  très  bordarios  in  Turbervilla  ^  et 
medietariam  suam  de  Bertevilla  -^  ;  —  apud  Sotevillam  ^  unum 
masa^ium  et  terram  que  ad  illud  pertinet  et  unam  acram  prati  et 
decimam  molendini  de  Fossa. 

Ex  dono  Willelmi  de  Carbec,  decimam  terre  sue  de  Hunla villa  ^. 

Ex  dono  Rofiferii  de  Chandos  totam  decimam  quam  habebat  inter 
Secanam  et  Rislam,  scilicet  decimam  de  Brietot  '^  et  de  Fontem- 
court  '^,  et  de  Haya^  et  decimam  Radulfi  Buteri  et  de  aliis  vavas- 
soribus  suis. 

Ex  dono  Willelmi  de  Mares,  quicquid  habebat  in  ecclesia  de 
Sancti  Georgii  -^  cum  dimidio  acra  terre  ad  eamdem  ecclesiam  per- 
tinente. 

Ex  dono  Willelmi,  comitis  Moretis,  medietatem  Hertrouville '"^ 
et  quicquid  ad  eamdem  pertinet  quietam  ab  omni  custuma  et  eccle- 
siam ipsius  ville. 

Ex    dono    Roberti,    comitis   de  Meullent  ",   in  Ponte- Audomari 

i.  BouUeville,  com.  du  canton  de  Beuzevillo,  Eure.  Même  nom  cité  plus 
haut. 

2.  Saint-Ouën  de  Thouberville,  com.  du  canton  de  Routot,  Eure. 
.3.  Bertreville-en-Caux,  arr.  d'Yvetot,  Seine-Inférieure. 

4.  Sottevillesur-Mer,  arr.  d'Yvetot,  Seine-Inférieure. 

5.  Honnaville,  déjà  cité. 

6.  Brestot,  arr.  de  Pont-Audemor,  Eure. 

7.  Fontainecourt,  hameau  de  Glos-sur-Risle,  Eure. 

8.  La  Ilaye-Aubrée,  com.  du  canton  de  Routot,  Eure. 

9.  Saint-Georges  de  Fiquefleur,  paroisse  déjà  citée.  —  Un  fief  (fes  Mares  était 
situé  à  Equainviile. 

10.  Hérouvillo,  arr.  de  Caen,  Calvados. 

11.  Robert  III  de  Meulan  qui  mourut  à  Préaux, revêtu  de  l'habit  monastique, 
le  5  juin  1118,  et  fut  inhumé  dans  cette  abbaye;  son  tombeau  s'y  voyait 
encore  on  1791  Seigneur  de  Beaumont-le-Rogor  et  comte  de  Leicester,  «  l'un 
des  plus  puissants  personnages  et  peut-être  le  politique  le  plus  accompli  de 
son  siècle  ».  Pont-Audemer  faisait  partie  de  ses  domaines. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  205 

totam  custumam  sua  m  quietam  de  quacumque  re  ibi  ag-eretur,  sive 
ducerotur  sive  reduceretur  '. 

Ex  dono  Rogeri^  nuig'istri  Joaniiis  filii  Herlewini,  quicquid  tene- 
bat  de  comité  in  Fouriiietot  et  in  Lilletot  '■'  quietum  ab  omni  cus- 
tunia  et  adjutoriis  et  servitiis. 

Item  ex  dono  comitis  prefati,  in  Bullevilla,  terram  Odoeni  ad 
faciendum  ibi  herbagium  et  totam  terram  Turstini  Efïlanc  -^  quie- 
tam ;  et  ecclesias  Sancti-Petri  ^  et  Sancte  Marie-Ecclesia  ^  cum 
capella  castri  ''  cum  omnibus  pertinentiis  suis  et  viginti  solidos 
quos  habebat  annuatim  in  ecclesia  de  Barneviila  "  et  insuper  quic- 
quid in  ecclesia  possidebat  sine  aliquo  retinemento. 

Ex  dono  Theodori  Malemort  alodium  quod  habebat  in  Sancte- 
Marie-Ecclesia  et  in  canceis  Meisnillo  ^. 

Ex  dono  Willelmi  de  Sancte-Marie-Ecclesia  unum  masagium  in 
boscagio  et  unam  culturam  prope  masag-ium  quietam,  concedente 
Roberto  Bertranno. 

Ex  dono  Roberti  '•  lilii  Ricardi,  ecclesiam  de  Tregevilla  cum 
omnibus  pertinentiis. 

Quare  volumus  et  fîrmiter  precipimus  quod  predicta  abbatia 
Sancte  Marie  de  Grestain  et  monachi  in  ea  Deo  servientes  omiiia 
hec  predicta  habeant  et  teneant  bene  et  in  pace,  libère  et  quiète  et 
honoritice,  in  bosco  et  in  piano,  in  pratis  et  pasturis,  in  viis  et 
semitis,  in  aquis  et  molendinis,  et  in  omnibus  locis  ;  volumus  etiam 
et  firmiter  precipimus  quod  res  prefatorum  monachoruin,  quas  ser- 
vientes eorum  poterunt  alïidare  suas  esse  proprias,  sint  quiète  de 
theloneo,  et  passag"io,  et  lestag'io,  et  poiitagio  quocumque  ducuntur 
aut  reducuntur  per  terram  nostram  et  per  portus  maris.  Et  prohi- 
bemus    ne   quis   eos   inde   disturbet.    Testibus  :    W.    Rothomagensi 

1.  Droits  de  circulalion  :  leloneiini,  carr(^a(jiuiu,  portagium,  etc. 

2.  Ait.  de  Pont-Aiidemer,  Eure.  Ces  deux  communes  ont  été  réunies, 
'i.  Famille  riche  et  considérée  au  xii''  siècle,  à  Pont-Audemcr. 

4.  Saint-Pierre-du-Chàtel,  arr.  de  Pont-Audemer,  Eure. 

5.  Sainte-Mère-Église  ou  Xotre-Dama  du  Val-sur-Mer.  Id. 

6.  C'est  la  chapelle  du  château  de  SaintPierre-du-Chàtel. 

7.  Barneville-sur-Seine,  arr.  de  Pont-Audemer,  cant.  de  Routot,  Eure. 

8.  Le  Mesnil-Ferry  ou  Mesnil-Ferrey,  hameau  de  Notre-Dame-de-Vai-sur- 
Mer;  fief  relevant  de  Monlfort-sur-Risle.  —  Voy.  au  chniiitre  111. 

9.  Un  Robert  de  Sainte-Mère-Église  est  cité  à  l'art.  T/-i(/iii'rillc  dans  M<^in. 
et  Notes  sur  le  dép.  de  VEure,  III,  307, 


206  l'abbaye  de  >otre-dame  de  gbestain 

episcopo,  H.  Dunelm..  H.  Cnvintr.,  R.  Bathon.,  episcopis  ;  Wil- 
lelmo  de  Sancto  Johanne,  Willelmo  marescallo,  Henrico  de  Longo 
Campo.  Datum  per  manum  Willelmi  de  Longo  Campo  ',  cancella- 
rii  nostri,  Elyensis  electi,  apud  Westnionasterium,  quartodecinio 
die  Novembris,  anno  primo  regni  nostri. 


II 

Charte  confirmative  des  Liens  de  Vahhaije  de  Grestain  situés  en 
Angleterre,  accordée  par  Richar^d  Cœur  de  Lion. 

1 180,  1  i  novembre. 

Ricardus  Dei  gratia  rex  Angliae,  dux  Normanniae,  etc.  Seiatis 
nos  concessisse  et  praesenti  carta  nostra  confirmasse  omnes  subs- 
criptas  donationes  factas  Deo  et  ecclesiae  Mariae  de  Grestein  et 
monachis  ibidem  Deo  servientibus  :  —  Ex  dono  Willielmi,  régis 
Ano-lorum  et  ducis  Normannorum.  in  Anglia  quicquid  habebat  in 
Penitona  ',  in  terra,  in  pratis,  in  silvis,  in  consuetudinibus  et  aliis 
villae  pertinentibus,  cum  tota  ecclesia. 

Ex  dono  Roberti,  comitis  Moreton.,  fratris  Willielmi  régis,  duo 
maneria,  Grastinges  ^  et  Breteham  '  in  vicecomitatu  Suffochiae,  et 
decimam  de  Cambis  \  et  quod  habebat  in  Salsintona  in  vicecomi- 
tatu de  Cantebrig.  et  Wilmiutonam  et  quicquid  ad  eam  pertinet.  Et 
in  Ferlis  vj  hidas  terrae.  Et  in  Pevenesel  *'  domum  Engelerii  et  quic- 
quid ad  eam  pertinet.  cum  omni  consuetudine.  Et  in  foresta  sua  de 
Pevenesel  pasnagium  et  herbagium  et  materiem  ad  ecclesias  suas 
et  ad  proprias  domos  suas  construendas  et  ad  focum  suuni. 

1.  Guillaume  de  Longchamp.  évèque  d'Ély,  régent  d'Angleterre,  légat  apos- 
tolique, célèbre  conseiller  de  Richard  Cœur  de  Lion.  Mort  à  Poitiers,  en  1197. 

2.  Après  quelques  essais  p^^u  satisfaisants,  il  nous  a  paru  presque  impos- 
sible de  localiser  les  noms  de  lieu  qui  sont  cités  dans  cette  charte.  Quant  aux 
noms  des  comtés  ils  sont  faciles  à  reconnaître.  Peniton-Grestein  est  cité  en 
1308  (pièces  justif.,  n"  20). 

.3.   Cretinr/es,  Gretingham.  Creefinr/    SufTolk  . 

4.   Rretlenham    Suiïolk  . 

:>.   Gamhes  ou  Camb    Cambridge). 

6.  Pevensey  près  d'Hastings  iSussex). 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  207 

Ex  doiio  Matildis  ',  comitissae  Moreton.,  Conoc  -  x  hidarum  et 
quicquid  ad  eam  pertinet.  Et  in  Beding'eham  duas  hidas  terrae  et 
ecclesiam  ipsius  villae.  Et  unum  domum  in  London  cum  omni 
consuetudine.  Et  xxxlj  hidas  terrae  quae  dederat  ei  pater  suus 
Roii^erus  de  Monte-Gomerico,  scilicet  apud  Haxintonam  viij  hidas, 
et  apud  Mersam  xj  hidas,  et  apud  Hiteford  vj  hidas,  et  apud  Lan- 
gebergam  ij  hidas,  et  apud  Tavistone  iij  hidas  et  dimidiam,  et  apud 
Clavendon  iij  virg-itas  per  concessum  régis  Williehiii. 

Ex  dono  Radulphi  Valletorte,  Nortone  ^  juxta  Monteacutum  ^  et 
quicquid  ad  eam  pertinet. 

Ex  dono  Roberti,  Ivonis  lilii,  unani  carrucam  terrae  in  Fridela- 
kestoc,  et  quinque  villanos  et  servos  et  ancillas. 

Ex  dono  Willielmi,  coniitis  Moreton.,  in  Dorsecestrescira  quic- 
quid habebat  in  Wynburne.  Et  in  Norhantescira  quicquid  habebat 
in  Graftona  ■',  et  apud  Pevenesel  unam  virg-atani  terrae,  et  in  Bla- 
culvesleg-a  monasterium  et  duas  hidas  terrae  quas  tenuit  Sagrim 
presbiter.  Et  in  Draitona  quae  est  in  Bukingehamscira  unam  hidam 
terrae  et  dimidiam  et  ecclesiam.  Et  in  Mersetona  quae  est  in  Hert- 
fordscira  dimidiam  hidam.  In  Goningtona  quae  est  in  Sussexia 
très  hidas  et  dimidiam  et  decimam.  Et  in  Bibewith  unam  vir<iatam 
terrae  et  dimidiam.  Et  in  Telletona  unam  virg-atam  in  eadem 
scira.  Et  in  Hestona  ^  très  hidas  terrae.  Et  ecclesias  de  Ber- 
chamstede  ^  et  capellam  castri  et  décimas,  et  terram  quam  tenuit 
Godrefidus  capellanus  in  eadem  villa.  Et  decimam  de  Hamela- 
mestede  et  de  Kenetone  et  de  Fleteham  et  de  Stamere  et  de  Alde- 
beria  et  de  Aldrintona  et  de  Haddona  et  de  Suilla  et  de  Tovistona. 
Et  ecclesiam  de  Bradeslewes  et  unam  hidam  terrae.  Et  ecclesiam 
de  Stokes  et  decimam  et  terram  quae  ecclesiae  pertinet.  Et  eccle- 

1.  Malhikle  ou  Mahaul  de  Monlgoianiei'y,  comtesse  de  Mortain. 

2.  Connok  (Wills  . 

■i.  Xorfnn  dans  le  comté  de  Somerset.  Cette  terre  est  mentionnée  dans  les 
Rôles  de  l'Echiquier  en  1204.  Mém.  soc.  Anl.  Xorm.,  X\'I,  i.{2.  On  trouve  sept 
localités  de  ce  nom  dans  le  Somerset. 

4.  Monfagule  (Montaigu),  au  comté  de  Somerset.  D'après  les  chroni(jueurs, 
Robert  de  Mortain  y  bâtit  un  chât(\au  et  y  fonda  une  abbaye  Ihilhonicnsis 
diocesis). 

îj.  Grafton-Hegis  ou  Grafton-L'nderwood  i  Xortliani[)ton). 

6.  Ileston  (llertfordj. 

7.  Berkamested  (Ilertford).  lïerkhampstead. 


208  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

siam  de  Butebroc  et  decimam  et  terrain  quae  pertinet  eccleslae.  Et 
ecclesiam  de  Graftoiia.  Et  ecclesiam  de  Ilalmeden. 

Item  e\  doiio  praefati  eomitis,  diniidiam  piscinam  de  Langenega, 
et  totam  decimam  ipsius  piscinae.  Et  ecclesiam  de  Esdena  cum 
omnibus  pertiiientiis  suis.  Et  ecclesiam  de  Wesdene.  Et  ecclesiam 
de  Ferles  cum  omnibus  pertinentiis  suis.  Et  unam  hidam  terrae 
apud  Hectone  quam  Alnodus,  presbvter,  tenuit. 

Ex  dono  Alvredi  pincerniae  ',  in  Cherletone  totam  decimam  in 
suo  dominio. 

Item  ex  dono  praedicti  eomitis  apud  Middelton  unam  hidam  ter- 
rae, et  dimidium  pratum  quod  dicitur  Turide. 

Ex  dono  Theodorici,  camerarii.  in  Cornubia.  quoddam  manerium 
quod  vocatur  Xortone  cum  omnibus  pertinentiis  suis. 

Ex  dono  Rogeri  de  Fraxineto,  iij  aéras  terrae  in  Suptona,  et 
Garam,  et  totam  decimam  in  suo  dominio. 

Ex  dono  Rogeri  de  Brostone  dimidiam  virgatam  terrae  in  Tedo- 
orda  et  posturam  ad  quinquaginta  oves  super  montes  et  quicquid 
habebat  de  feodo  suo  in  Busselac,  quietum  et  liberum  ab  omnibus 
consuetudinibus  et  serviciis. 

Ex  dono  Rogerii  Marmion  -  decimam  totius  dominici  sui  de 
Berewic. 

Ex  dono  Ricardi  filii  Hammingi,  totam  decimam  de  dominio  suo 
de  Essetes  et  de  Ferlée  et  Sirintone  et  Clotintone  et  ires  acras 
terrae  in  Harrop,  et  decimam  de  omni  pecunia  sua,  de  pullis  et 
agnis  et  purcellis  et  caseis  et  pasturam  ad  xxx  oves  et  très  boves, 
cam  sua  pecunia  dominica  in  Essetes  quieta  ab  omni  consuetudine 
et  servicio. 

Ex  dono  Huaronis  de  Cihai^-nes  decimam  de  manerio  suo  de 
Witeford  in  blado  et  agnis  et  lana  et  caseis  et  porcellis  et  omnibus 
quae  ad  decimam  pertinent.  Et  unam  acram  terrae  in  eadem  villa. 
Et  pasturam  xxv  ovibus  et  duobus  bovibus  et  in  Pevenesel  iiij 
acras  terrae. 

Ex  dono  Willielmi.  filii  Alfwreli,  iiij  acras  terrae  quas  tenuit 
Sefredus  juxta  ecclesiam  sanctae  Mariae  de  Pevenesel  ex  parte  occi- 
dentis, 

1.  Alfred  le  Bouteiller. 

2.  Voy.  la  note  de  M.  A.  Le  Prévost,  dans  Boman  de  Bon  (édit.  Pluquet), 
t.  II.  p.  268. 


PIÈCES   JUSTIFICATIVES  209 

Ex  dono  Willielmi,  comitis  de  Warenna,  suam  consuetudinem 
et  libertatem  in  Safordia  ex  omnibus  scilicet  et  lestagio,  et  ponta- 
gio,  et  passagio,  et  de  omnibus  aliis  consuetudinibus. 

Ex  dono  Theodorici  de  Forhou  unam  virgatam  terrae  in  Cones- 
grave  et  medietatem  decimae  suae  de  Forhou,  concessu  domini  sui 
Willielmi  quietam  ab  omni  servicio. 

Ex  dono  Richerii  de  Aquila  *  terram  et  nemusquod  jacuit  mane- 
rio  de  Willendone  quod  Ricardus  de  Cultura  et  dederat.  Et  deci- 
mam  molendini  in  eodem  manerio,  et  herbagium  in  fo resta  sua, 
et  porcos  suos  quietos  de  passagio,  et  nemus  et  materiem  ad  domos 
suas  proprias  et  ad  sepes  et  ad  ignem  eorum  in  foresta  sua  per 
visum  forestariorum  suorum  ;  et  bruarium  quam  hobet  apud  Bus- 
eheiam  juxta  illam  quae  illorum  erat,  scilicet  inter  viam  quae  vadit 
apud  Helesham  et  illam  quae  venit  apud  Buscheiam  usque  ad  fossa- 
tum  de  Norht.  Et  omnes  décimas  de  dominio  suo  de  castellaria  de 
Pevenesel  in  quocumque  modo  terrae  lucratae  fuerint.  Et  borda- 
rium  de  Buscheia  liberum  et  quietum.  Et  decimam  piscatoriae 
suae  antequam  pars  inde  exeat. 

Quare  volumus  et  fîrmiter  praecipimus  quod  praefata  abbatia 
Sanctae  Mariae  de  Grestein  et  monachi  in  ea  Deo  servientes 
habeant  et  teneant  omnes  ecclesias  et  décimas  et  terras  suas  et 
omnia  tenementa  sua  ecclesiastica  et  laica,  bene  et  in  pace,  libéré 
et  quietè  et  honorificè  et  quieta  de  omni  consuetudine  et  serviciis, 
cum  socha  et  sacha,  et  thof  et  theam,  et  infangenetheof.  Et  habeant 
omnes  libertates  et  libéras  consuetudines  in  bosco,  et  in  piano,  in 
pratis  et  pasturis,  in  viis  et  semitis,  in  molendinis  et  in  aquis,  et  in 
omnibus  locis.  Volumus  etiam,  etc — 

Testibus  :  W.,  Rothomagensi  episcopo,  H.,  Dunelm.  et  H., 
Covintr.  et  R.,  Bathon.,  episcopis  ;  Willielmo  de  Sancto-Johanne, 
Willielmo  marescallo,  Henrico  de  Longo  Campo.  Data  per  manum 
Willielmi  de  Longo  Campo,  cancellarii  nostri,  Eliensis  electi.  apud 
Westmonasterium,  quarto  decimo  die  Novembris,  anno  primo 
regni  nostri. 

{Monasficon  awjlicanum,  t.  VI,  2«  part.,  p.  1090-1091,  édit.  de 
1807-1830.) 


\     Richcr  I*'",  troisiùme  baron  de  l'Aigle,  et  son  frère  Gilbert  avaient  reçu 
du  Conquérant  plusieurs  domaines,  et,  entre  autres,  celui  de  Pevensey. 
Ch.  Rréaiu».  —  Labhaye  de  Noire-Dame  de  GresLiin.  1-4 


210  l'abbaye   de    NOTRE-DAME   DE   GRESTAIN 


III 

Bulle  du  pape  Célestin  III,  donnée  à  Latran  la  7®  année  de  son  pon- 
tificat, par  laquelle  il  confirme  à  Vabbaye  de  Grestain  la  posses- 
sion des  églises  de  Saint-Ouen  de  Grestain,  de  Notre-Dame  et  de 
Saint-Léonard,  de  Hon fleur  ^ 

1197,  27  mai. 

Gelestinus,    Episcopus,  servus  servorum  Dei,    dilectis   filiis 

Abbati  et  conventui  Sancte  Marie  Gretenen.,  salutem  et  Apostoli- 
cam  benedictionem.  Justis  petentium  desideriis  dignum  est  nos  faci- 
lem  prebere  consensum,  et  votaque  a  rationis  tramite  non  discor- 
dant effectu  prosequente  çomplere.  Ea  propter  dilecti  in  Domino, 
filii,  vestris  justis  postulationibus  grato  concurrentes  assensu,  eccle- 
sias  Sancti  Audoeni  de  Grest.,.,  Sancte  Marie  et  Sancti  Leonardi 
de  Honeflo,  vobis  intuitu  pietatis  ab  episcopo  diocesano  concessas, 

sicut  ipsas  juste  ac  pacifiée  vobis  et  p ecclesie  vestre  auctoritate 

apostolica  confîrmamus  et  presentis  scripti  palrocinio  communi- 
nius 

Datum  Lateran.,  VI  kalend.  jun.,  pontificatus  nostri  anno  sep- 
timo. 

IV 

Acte  de  cession,  par  V archidiacre  de  Lisieux,  des  églises  de 
Notre-Dame  et  Saint-Léonard  de  Honfleur. 

Fin  du  XII''  siècle. 

Guillaume  «  de  Gheraio  »,  archidiacre  de  Lisieux,  déclare  que, 
sur  la  présentation  de  l'abbé  et  du  chapitre  de  Grestain  et  par  la 
collation  de  l'évêque,  il  possédait  la  moitié  des  églises  de  Notre- 
Dame  et  de  Saint-Léonard  de  Honfleur.  Il  cède  cette  portion  aux 
abbés  et  moines  de  Grestain  et  il  en  dépose  la  résignation  entre  les 
mains  du  doyen  de  Lisieux.  L'acte  est  attesté  par  Raoul,  abbé  ~. 

(Arch.  dép.  de  l'Eure,  H  343.  Cf.  A.  Bénet,  Bull.  soc.  Ant.  de 
Normandie,  XV,  2S2.) 

1.  Bull,  de  la  soc.  Ant.  de  Norni.,  t.  XV,  p.  254.  —  Cf.  Arch.  dép.  de  l'Eure, 
H.  336. 

2.  On  lit  dans  le  Gallia  c/irts/.,  que  Robert,  abbé  de  Grestain,  abandonna  à 


PIÈCES   JUSTIFICATIVES  211 


Cession  de  la  moitié'  du  revenu  des  églises  de  Notre-Dame 
et  Saint-Léonard  de  Ronfleur. 

Fin  du  xii^  siècle. 

L'abbé  et  le  chapitre  de  Grestain  étant  tenus  de  donner  à 
M*  Nicolas  une  prébende  de  la  valeur  de  dix  livres  d'Anjou 
accordent  audit  Nicolas  la  moitié  des  ég-lises  de  Notre-Dame  et  de 
Saint-Léonard  de  Ronfleur. 

(Arch.  dép.  de  l'Eure,  H.  343.  Cf.  A.  Bénet,  Bull.  soc.  Ant.  de 
Normandie,  XV,  253.) 

VI 

Confirmation  par  Crespin  d'Ablon.,  de  donations  faites 
à  r abbaye  de  Grestain. 

Fin  du  xii^  siècle. 

Crespin  d'Ablon  confirme  à  l'église  de  Grestain  et  aux  moines 
qui  y  servent  Dieu  les  donations  aumônées  par  Morin,  son  aïeul,  et 
Hugues  d'Ablon,  son  père  :  «  scilicet  quartam  partem  in  ecclesiis 
de  Hunefîuctu  et  duas  garbas  décime  terre  sue  quam  habebant  ultra 
aquam  Cramanflucti  et  terram  de  Florifontana  quam  dédit  Hugo 
pater  meus  pro  anima  Morini,  filii  sui,  qui  in  eodem  monasterio 
tumulatus  est,  in  qua  monachi  edificaverunt  molendinum.  » 

Les  témoins  sont:  Guillaume  de  Sainte-Mère-Eglise  et  Olivier, 
son  fils;  Raoul  de  Manneville  ^  et  Guillaume  son  frère,  Eustache 
de  Carbec,  etc. 

(Arch.  dép.  de  l'Eure,  H  343.—  Cf.  A.  Bénet,  Bull,  de  la  Soc. 
des  ant.  de  Normandie,    XV,  254,  255.) 

Guillaume  de  Pont-de-rArche,  évêque  de  Lisieux,  tout  ce  que  les  moines  de 
Grestain  possédaient  dans  les  églises  du  Mesnil-Mauger  et  dans  les  églises  de 
HonÛeur(8  décembre  1233). 

1.  D'où  Manneville-la-Raoult,  mieux  le  Raoul  d'après  M.  le  Prévost.  Com.  du 
canton  de  Beuzeville,  Eure. 


212  l'abbaye   de   NOTRE-DAME   DE   GRESTAIN 


VII 

Confirmation  par  Robert  de  Sainte-Mère-Église,    de   la    donation 
du  fief  de  la  Bruyère,  à  V abbaye  de  Grestain. 

XIII*  siècle. 

Sciant  tam  présentes  quam  futuri,  quod  ego  Robertus  de  Sancte- 
Marie-Ecclesia  i,  concessi  Domino  et  Sancte-Marie  de  Gresteno  ter- 
ram  quam  Radulfus,  filius  Rogerii,  dédit  predicte  ecclesie  de 
Gresteno  in  elemosina  de  feodo  ipsius  Rogerii,  à  la  Bruere,  quando 
devenit  frater  predicti  monasterii.  Testibus  :  Hugone  de  Fastouvilla. 
Ricardo  de  Regevilla  et  Hugone  fdii  Ausberti,  et  multis  aliis. 
Salvo  tamen  meo  servitio. 

(Arch.  dép.  de  l'Eure,  H  345.) 


VIII 

Lettres  d'Innocent  III  au  sujet  d'une  contestation  sur  les  dîmes 
novales  entre  Vabhaye  de  Grestain  et  le  couvent  de  Montaiyu,  au 
comté  de  Somerset  2. 

xiii^  siècle. 

Innocentius  Episcopus,  servus  servoram  Dei,  Episcopo,  Decano 
[Batoniensis]  ^  et  magistro  H.  Nereth,  salutem  et  Apostolicam  bene- 
dictionem.  Gausam  que  inter  filios,  abbatem  de  Gresteun,  ex  una 
parte,  et  priorem  et  conventum  de  Monte  Acuto,  Bathoniensis  dio- 
cesis,  ex  altéra,  super  quibusdam  decimis  vertitur  quas  dilecti  fîlii, 

1.  Ce  Robert  de  Sainte-Mère-Église  vivait  au  commencement  du  xiii«  siècle. 
En  1203,  il  donnait  à  l'abbaye  du  Bec  le  patronage,  la  dîme  et  autres  rede- 
vances d'udit  lieu  de  Sainte-Mère-Église,  c'est-à-dire  de  la  paroisse  de  Notre- 
Dame-du-Val  (arr.  de  Pont-Audemer,  cant.  de  Beuzeville).  La  paroisse  de 
Notre-Dame-du-'Val-sur-Mer  a  été  réunie  à  Saint-Pierre-du-Cliâtel  en  1835  sous 
le  nom  de  Saint-Pierre-du-Val.  —  Le  Prévost,  Mém.  et  notes  sur  le  dép.  de 
l'Eure,  II,  p.  503. 

2.  D.  Bessin  en  a  publié  le  texte  dans  Concilia  rolomag.  provinciae,  p.  527. 
La  copie  qui  suit  a  été  tirée  d'un  manuscrit  d'Avranches,  n"  149. 

3.  Il  faut  lire  :  Bathoniensis,  Batoniensis,  qui  désigne  un  évêché  du  comté  de 
Somerset.  C'est  par  une  erreur  que  le  texte  porte  Bajocensis. 


PIÈCES   JUSTIFICATIVES  213 

abbas  et  conventus  de  Grestein  ad  suam  ecclesiam  de  Northonon  de 
jure  pertinere  dicentes,  à  parte  alia  exij^ebant,  vobis  duximus  com- 
mitendam.  Memorati  prior  et  conventus  se  prescriptione  longissimi 
temporis  tuebantur,  illum  locum  ex  quo  décime  proponebantur 
deberi  dicentes  de  novo  ad  culturam  redactum  ;  unde  licet  ante  xl. 
annorum  spatium,  per  quos  incultus  permanserat,  fuisse  solutas  déci- 
mas probaretur  ;  quia  tamen  dici  novale  poterat  et  debebat,  per 
indulgentiam  sedis  Apostolice,  de  novalibus  solvere  décimas  non 
tenentur,  ad  solutionem  ipsarum  allegabant  se  non  posse  aliquate- 
nus  conveniri.  Verum  de  signifîcatione  hujus  vocabuli,  novale, 
cria  scilicet  in  presentia  nosti  a  non  modica  questione  :  aliis  dicen- 
tibus  quod  novale  sit  terra  précisa  que  anno  cessavit  :  aliis  quod 
silva,  que  arboribus  extirpatis,  ad  cultum  redigitur,  fieri  novale 
dicitur,  sicut  utraque  interpretatione  in  legibus  continetur  ;  quibus- 
dam  aliis  interpretantibus,  super  hoc  sedem  Apostolicam  consulere 
studuistis.  Nos  autem  inquisitioni  vestre  taliter  respondemus  :  quod 
eam  credimus  fuisse  predecessorum  nostrorum  intentionem,  cum 
plis  locis  de  novalibus  indulg-entiam  concesserunt,  ut  novale  intel- 
legeretur  ager  de  novo  ad  culturam  redactus,  de  quo  non  exstat 
memoria  quod  aliquando  cultus  fuisset.  Sed  nec  de  quolibet  tali 
novali  credimus  eis  indulgentiam  concessisse,  nisi  de  illo  duntaxat 
cujus  décimas  relig-iosus  potest  conventus  absque  gravi  detrimenlo 
parrochialis  Ecclesie  retinere  ;  cum  talis  locus  sepe  sit  incultus,  de 
quo  parrochialis  Ecclesia  magna  percipit  decimarum  ratione  proven- 
tus. 

(Bibl,  mun.  d'Avranches,  ms.  149,  fol.  109.) 


IX 

Autre  confirmation  par  Hugues   d'Ahlon^  chevalier,  de    donations 
faites  à  f  abbaye  de  Grestain. 

1221. 

Hugues  d'Ablon,  chevalier,  confirme  à  l'église  Notre-Dame  de 
Grestain  les  dons  faits  par  ses  aïeux  Morin,  Hugues  d'Ablon  et 
Crespin,  son  père,  «  videlicet  quartam  partem  in  ecclesiisde  Honeflo 
et  duas  garbas  décime  terre  sue  quam  habebant  ultra  aquam  Cra- 


214  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

manflucti  et  terram  de  Floritana  in  qua  monachi  edificaverunt 
molendinum,  et  duas  acras  terre  apud  Noerios  *  ».  Hugues  d'Ablon 
ajoute  la  donation  d'une  terre  que  Richard,  prêtre  de  Honfleur, 
tenait  de  lui  ((  apud  Honeflo  de  subtus  via  ». 

(Arch.  dép.  de  l'Eure,  H  343.  —  Cf.  A.  Bénet,  Bull,  de  la  Soc. 
Ant.  de  Normandie,  XV,  255.) 

X 

Donation,  par  Guillaume  du  Bosc,  de  trois  sols  de  rente, 
à  Vabhaye  de  Grestain. 

1233. 

Sciant  omnes  présentes  et  futuri  quod  ego  Willelmus  de  Bosco, 
de  Folebec  ~,  dedi  et  concessi  Deo  et  sancte  Marie  Gresteni  et 
monachis  ibidem  Deo  servientibus  ad  opus  ecclesie,  etc.  ^. 

(Arch.  dép.  de  l'Eure,  H  339.) 

XI 

Donation  par  Guillaume  du  Bosc,  de  Foulhec,  de  rentes 
à  Vahhaye  de  Grestain. 

1248,  octobre. 

Notum  sit  omnibus,  tam  presentibus  quam  futuris,  quod  ego 
Guillermus  de  Bosco,  de  Folebec,  dedi  et  concessi  Deo  et  ecclesie 
Béate  Marie  de  Grestano...  quicquid  retinueram  in  tenemento 
Ricardi  Susane,  videlicet  très  solidos  ad  festum  beati  Johannis  Bap- 
tiste, unam  caponem  ad  Nathali  Domini,  quadraginta  ova  et  duos 
denarios  turon.  ad  Pascha  Domini,  anuatim  predictis  monachis  per- 
cipiendos,  cum  omnibus  serviciis,  auxiliis  et  relevagiis  que  ex  inde 

1.  Le  Noyer,  hameau,  comm.  d'Ablon,  cant.  de  Honfleur,  anciennement  sur 
la  paroisse  d'Ableville  ;  a  constitué  un  petit  fief  noble  dit  le  fief  du  Noyer, 
assis  à  Fiquefleur,  et  qui  au  xv«  siècle,  appartenait  à  Tabbaye  du  Bec. 

2.  Foulbec,  arr.  de  Pont-Audemer,  cant.  Beuzeville,  Eure. 

3.  Voy.  le  document  qui  suil.  Les  derniers  mots  indiquent  que  l'église  abba- 
tiale était  alors  en  construction.  On  célébra  la  dédicace  de  l'édifice  en  d254. 


PIÈCES   JUSTIFICATIVES  215 

michi  possent  accidere  predictis  monachis  penitus  aliquando.  Scien- 
dum  est  autem  quod  pro  ista  concessione  michi  sexaginta  solidos 
turonenses  caritative  contulerunt,  quam  donationem  ego  dictus 
Guillermus  et  heredes  mei  predictis  monachis,  etc.  Quod  ut  fîr- 
mum  et  ratum  habeatur,  etc.  Actum  anno  Domini,  millésime 
ducentesimo  quadragesimo  octavo,  mense  octobris. 
(Arch.  dép.  de  l'Eure,  H  339.) 


XII 

Donations  faites  à  Vabhaye  de  Grestain  ^ 
1253  à  1436. 

1.  Foulques  Villon  ou  Billon,  bourgeois  de  Saint-Pierre-sur- 
Dives,  donne  à  l'abbaye  de  Sainte-Marie-de-Grestain  une  pièce  de 
terre  située  à  Doux-Marets  ~  et  qu'il  avait  achetée  de  Hugues 
Papion  ^  qui  confirme  également  cette  donation.  La  charte,  datée 
du  mois  d'avril  1253,  était  revêtue  de  leurs  sceaux,  mais  tous  les 
deux  sont  brisés. 

2.  Foulques,  dit  Billon,  de  Saint-Pierre-sur-Dives,  par  une  autre 
charte,  en  date  du  mois  de  février  1268,  donne  en  pure  aumône  à 
l'abbaye  de  Grestain,  tout  le  tenement  qu'il  possédait  dans  la 
paroisse  de  Sainte-Marie  d'Ouville  ^,  et  qui  dépendait  du  fief  des 
religieux  de  Grestain  (le  sceau  brisé). 

3.  Guillaume,  dit  Haslé,  de  Doux-Marets,  par  un  acte  du  mois 
d'avril  1279,  vend  et  cède  au  couvent  de  Sainte-Marie  de  Grestain 
douze  deniers  de  rente,  monnaie  courante,  qu'il  avait  à  prendre  sur 
la  maison  et  le  jardin  de  Ranulf,  fils  de  Jourdain,  de  Doux-Marets. 
Cette  vente,  dont  le  sceau  est  brisé,  est  attestée  par  Thomas  Le 
Port  ;  Robert  Gervais  ;  Jean-Marie  ;  Guillaume  Guernon,  clerc,  et 
antres. 

4.  Lettre  du  bailly  de  Rouen,  datée  du  jour  de  la  lune  après  la 
Toussaint,   l'an  1286,  par  laquelle  il  annonce  à  Guillaume,  évéque 

i.  Analyse  de  dix  pièces  tirée  des  Mém.  soc.  Ant.  Norm.,  VIII,  p.  1-3. 

2.  Doux-Marais,  arr.  Lisieux,  cant.  Mézidon,  Calvados. 

3.  Famille  qui  a  donné  son  nom  à  la  par.  Les  Authieux-Papion  (Calvados). 

4.  Ouville-la-Bien-Tournée,  arr.  Lisieux,  cant.  Saint-Pierre-sur-Dives. 


216  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

de  Lisieux,  que  les  assises  doivent  se  tenir  à  Saint-Crespin  ^  le 
dimanche  après  la  fête  de  Saint-André  ~  pour  juger  un  différend 
entre  Tabbé  de  Grestain  et  Hugues  Buscart,  au  sujet  du  droit  de 
patronage  et  de  présentation  à  l'église  de  Saint-Crespin  (le  sceau 
brisé). 

5.  Lettre  de  Guillaume,  évêque  de  Lisieux,  datée  du  dimanche 
avant  la  Nativité,  de  l'an  1286  ^,  par  laquelle  il  mande  au  doyen  de 
Mesnil-Mauger  d'installer,  en  qualité  de  recteur  de  l'église  de 
Saint-Crespin  le  nommé  Richard  Garin,  clerc,  qui  lui  a  été  pré- 
senté par  l'abbé  et  les  religieux  de  Grestain,  auxquels  le  patronage 
de  ladite  église  appartient  (le  sceau  brisé). 

6.  Robert  le  Nourry  vend  et  cède,  en  avril  1291,  à  l'abbaye  de 
Sainte-Marie  de  Grestain,  une  rente  en  froment,  afin  de  s'acquitter 
d'un  droit  hérédital  sur  un  hébergement  situé  à  Doux-Marets  (le 
sceau  brisé). 

7.  Robert  de  Tremblay  et  Isabelle,  sa  femme,  reconnaissent 
devant  le  vicomte  d'Auge,  le  mercredi  après  l'Assomption  de  l'an 
1302  ^,  qu'ils  ont  vendu  k  l'abbaye  de  Grestain  pour  le  prix  de 
80  liv.  et  73  s.  t.  toutes  les  rentes,  franchises  et  seigneuries  qu'ils 
possédaient  dans  les  paroisses  d'Ouville  et  de  Sainte-Marie,  dont 
suit  le  détail  au  nombre  de  vingt-cinq  articles  ;  et  lesdits  Robert  et 
Isabelle,  sa  femme,  obligent  leur  corps  à  prendre  et  à  tenir  en  pri- 
son, ainsi  que  tous  leurs  biens  nobles  présent  et  à  venir,  en  garan- 
tie de  ladite  vente,  etc.  etc.  (le  sceau  brisé). 

8.  Robert  du  Tremblay,  par  une  charte  datée  du  jeudi  après  la 
décollation  de  saint  Jean-Baptiste,  dans  le  mois  d'août  1302  s,  con- 
firme la  vente 'qu'il  avait  faite  à  l'abbaye,  des  rentes,  services  et 
hommages  qui  lui  étaient  dus  dans  les  paroisses  d'Ouville  et  de 
Sainte-Marie-aux-Anglais,  et  il  donne  en  outre  à  cette  abbaye  un 
pré  situé  près  de  celui  des  religieux,  à  Ouville  (le  sceau  brisé). 

9.  Jean  6,  abbé  du  moustier  de  Notre-Dame-de-Grestain,  et  ses 
religieux  déclarent  que  pour  le  bien  dudit  moustier  ils  ont  donné,  à 

1.  Saint-Crespin-sur-Vie,  arr.  Lisieux,  cant.  Mézidon. 

2.  1"  décembre  1286. 

3.  22  décembre  1286. 

4.  22  août  1302. 
r>.  30  août  1302. 

6.  Jean  III,  abbé  en  1369  et  1398. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  217 

titre  de  fief  hérédital,  le  four  à  ban  de  Quetteville  ' ,  à  Henri  Mallet, 
de  Mirebel  ~,  à  charge  de  20  s.  t.  de  rente.  Cet  acte,  daté  du  5  mai 
1398,  était  revêtu  du  sceau  de  l'abbé  et  de  celui  du  chapitre  de 
Fabbaye  de  Grestain,  mais  tous  les  deux  sont  brisés. 

10.  Acte  passé  en  la  vicomte  d'Auge,  le  19  avril  1436,  par  lequel 
Thomas  le  Tourneur  donne  à  l'abbaye  de  Sainte-Marie-de-Grestain 
plusieurs  héritages  situés  à  Mézidon,  à  l'elfet  de  participer  aux 
prières  de  ladite  abbaye  (le  sceau  brisé)  ^. 


Xlll 

Accord  entre  Robert  Bertran,  chevalier,  et  les  religieux  de  Grestain 
au  sujet  des  droits  de  coutume  perçus  à  Fiquefleur  et  à  Cre- 
manfleur  ^. 

1236,  19  février  (n,  st.) 

Universis  présentes  litteras  inspecturis,  Robertus  Bertrannus 
miles,  dominus  de  Honefleu,  salutem  in  Domino.  Noveritis  quod, 
cum  contentio  verteretur  internos,  ex  una  parte,  et  viros  religio- 
sos  abbatem  et  conventum  Béate  Marie  de  Gresteno,  ex  altéra, 
super  portus  de  Fiquefleu  ''  et  Cramefleu  ^'  cum  pertinentiis,  in 
quibus  dicebamus  nos  jus  habere,  et  dicti  religiosi  similiter  dice- 
bant  dictos  portus  elemosinam  suam  puram  esse  et  liberam,  sibi  et 
ecclesie  sue  datam  et  concessam  a  Roberto,  comité  Moretonii,  sicut 
in  litteris  dicti  comitis  patentibus  super  hoc  confectis  plenius  con- 
tinetur . 

Datum  anno  Domini  M°  GC°  L"'"  quinto  apud  Parisius,  die  sab- 
bati  post  dominicam  qua  csintatuT  Circumdederunt  me. 

(Arch.  dép.  de  l'Eure,  11.  343.) 

1.  Quétiéville,  dans  le  canton  de  Mézidon,  et  non  Quetteville. 

2.  Commune  réunie  à  Quétiéville  en  1831. 

3.  Voy.  en  outre  Mém.  soc.  Ant.  Norm.,  t.  VIT,  p.  96,  99,  104  et  124. 

4.  L'acte  relatant  cet  accord  a  été  plusieurs  fois  imprimé;  nous  n'en  don- 
nons que  quelques  lignes.  On  en  trouve  le  texte  dans  le  Cartulaire  normand, 
p.  100,  et  dans  Mém.  et  notes  sur  le  dép.  de  l'Eure,  II,  p.  107. 

5.  Fiquefleur,  cant.  de  Beuzeville,  Eure. 

6.  Ancien  hameau  dont  La  Rivière-Saint-Sauveur  occupe  l'emplacement 
(cant.  Ilonfleur,  Calvados). 


218  l'abbaye    DL    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 


XIV 

Donation,  par    Guillaume  Beissiclrc,  prêtre,   de  cinquante  sols  de 
rente  à  V abbaye  de  Grestain. 

1258,  mai. 

Noverint  univers!  présentes  et  futuri  quod  ego  Guillermus  dictus 
Beis  sidre  ^  presbiter,  vendidi  et  concessi.,.  abbati  et  conventui 
Béate  Marie  de  Gresteno  per  quinquaginta  solidos  turonenses...  in 
parrochia  de  Gynnevilla  2,  super  terram  sitam  in  essartis  juxta  ter- 
ram  Michael  Le  Parrastre,  quam  feodavi  dicto  Gaufrido  quam 
eciam  emi  a  Petro  dicto  le  Maistre,  clerico  ^,  etc.  Actum  anno 
Domini  M"  CC°  L°  octavo,  mense  maii.  Testibus  hiis:  Thoma  de 
Liveto,  Johanne  le  Braseor,  Ricardo  la  Brebiz,  Barthelomeo  de 
Busco,  Stephano  Gaisderii,  clerico,  et  pluribus  aliis. 

(Arch.  dép.  de  l'Eure,  H  342.) 


XV 

Accord  conclu  entre  les  religieux  de  Jumièges  et  les  religieux 
de  Grestain  au  sujet  des  droits  de  coutumes. 

1259,  30  avril. 

A  tous  ceulx  qui  ces  présentes  lettres  verront,  frère  Thomas  par 
la  permission  divine  humble  ministre  de  Saincte-Marie  de  Grestain, 
et  le  couvent  d'ycelluy  lieu,  salut  en  Nostre  Seigneur.  Saches  que 
comme  contention  et  desbat  fut  entre  les  religieux,  abbé  et  couvent 
de  Jumièges,  d'une  part,  et  nous  abbé  et  couvent  de  Grestain» 
d'autre,  sur  ce  que  iceulx  de  Jumièges  disoient  que  les  us  et  cous- 
tumes  de  toutes  les  choses  vendables  ou  vendues  et  appliqueez  à 

1.  Willelnius  bibens  scicerani.  On  connaît  les  sobriquets  suivants  :  Johannes 
Pointane  {pungens  asinum);  Johannes  Pideau  [pectus  anseris)',  Guillelmus 
Poilvilain  (pillans  villanum], 

2.  Genneville,  cant.  Honfleur,  arr.  Pont-1'Evèque,  Calvados. 

3.  Par  acte  de  novembre  1255  (Arch.  dép.  de  l'Eure,  H.  342). 


I 


PIÈCES   JUSTIFICATIVES  219 

ses  terres  depuis  Vépine  de  Berville  *  jusques  à  la  fosse  de  Foulehec 
estoient  à  eulx  et  de  droit  leur  appartenoient,  seml:)lablement  et  tout 
le  "svaresc  en  icelluy  lieu  trouvé  et  prins,  et  toutes  ces  choses  avoit 
jà  longstemps  qu'il  leur  avoit  esté  adjugé  par  sentence  delïinitive  par 
aucuns  juges  délég-ués  de  Nostre-Saint  Père  de  Rome  ;  et  nous  abbé 
et  couvent  de  Grestain  disions  icelle  chose  en  partie  estre  contre 
nostre  droit  et  à  nostre  préjudice  et  principalement  contre  la  teneur 
de  nostre  chartre.  A  la  parfin,  par  le  conseil  des  bons,  fîsmes  paix 
et  accord  avecques  eulx  en  telle  manière  : 

C'est  assavoir  que  nous  abbé  et  couvent  de  Grestain  aurons  les 
coustumes  de  toutes  les  choses  vendues  et  appliqueez  au  galey  et 
dedans  ledit  galey  depuis  la  terre  de  Clément  Langlois  jusques  k 
ladite  espine  [de  Berville]  partoult  au  galey  et  dedans  héréditalle- 
ment  et  pour  le  temps  advenir,  semblablement  et  tout  ledit  varesc 
illec  trouvé  et  sauf  à  nous  tout  le  droit  que  nous  avions  es  pesche- 
ries  de  l'eau  eu  temps  passé  ;  et  iceulx  abbé  et  couvent  de  Jumièges 
auront  perpétuellement  pour  le  temps  advenir  partoult  à  l'autre 
part  et  jusques  à  la  devantdite  terre  Clément  Langlois  toutes  les 
choses  devantdites,  excepté  seulement  l'eauye  en  laquelle  ils  ne 
pourront  aucune  chose  demander  ne  réclamer.  Item  et  depuis  ladite 
terre  Clément  Langlois  jusques  à  ladevant  dite  espine  de  Berville 
semblablement  auront  toutes  les  choses  dessusdites  oultre  ledevant 
dit  galey  seulement;  et  est  assavoir  que  les  droits  et  franchises  de 
leurs  hommes  de  Conteville  ne  sont  jooint  compris  en  cette  paix. 

Et  ce  d'aventure  il  advenoit  que  par  aucun  temps  l'eau  se  retiroit 
en  aucun  lieu  en  telle  manière  que  l'on  y  peult  labourer,  ladite 
terre  demeureroit  à  iceulx  abbé  et  couvent  de  Jumièges  sans  aulcune 
rumore  ou  empeschement  fait  par  nous  ou  de  nos  successeurs  en 
tous  les  lieux  dedans  lesdites  limites  totallement  et  entièrement 
leur  demourera. 

Et  par  ceste  ^i\\^  et  accord,  nous  devantdits  abbé  et  couvent  de 
Grestain  rendrons  et  paierons  pour  le  temps  advenir  chascun  an 
héréditallement  dedans  la  feste  de  la  Toussains  ung  esturgeon  bon 
et  fraitz  à  Jumièges,  lequel  esturgeon  sera  de  trois  pies  et  onces  à 
paulme  ou  greigneur,  et  se  nous  ne  leur  baillons  ou  paionsà  iceulx 


I.  Les  limites  des  dîniages   et  par  suite  les  divisions  paroissiales  ont  été 
très  anciennement  indiquées  par  des  épines. 


220  l'abbaye  de  notre-da^aie  de  grestain 

abbé  et  couvent  à  ycelluy  rendrons  cinquante  sols  de  commune 
monnoje  à  Noël  ensuivant.  Et  affîn  que  ceste  paix  et  concorde 
demeure  toujours  ferme  et  stable  et  incourusse  en  perpétuité  nous 
l'avons  tesmoignée  et  par  ces  présentes  et  par  le  tesmoignage  de 
nos  sceaux.  Et  ce  fut  fait  à  Grestain,  l'an  de  Nostre-Seigneur,  mil 
deux  cent  cinquante  neuf,  le  mercredy,  veille  des  apostres  Philippe 
et  Jacques. 

(Bibl.  nat.,  ms.  latin  12778,  fol.  246.) 

XVI 

Vente,  par  Robert  le  Vavasseur,  à  l abbaye  de  Grestain  d'une  rente 
de  cinq  boisseaux  de  froment. 

1273,  avril 

Noverint  universi,  quod  ego  Robertus  le  Vavassor,  de  parrochia 
Beati  Martini  Veteris  *,  vendidi  et  concessi  abbati  et  conventui 
Béate  Marie  de  Grestano  et  eorum  successoribus  quinque  boisellos 

frumenti super  unam  peciam  terre   qua  pecia  terre  sita  est  in 

parrochia  Beati  Audoeni  de  Guinnovilla  ^  inter  terram  domini 
Johannis  de  Mesnillo  -^  militis,  ex  una  parte,  et  terram  Gaufridi  le 
Vavassor,  ex  altéra,  tenendos  et  habendos  et  pacifiée  possidendos 
dictos  quinque  boisellos  frumenti,  etc.  Actum  anno  Domini,  m°  cc° 
septuagesimo  tercio,  mense  aprilis, 

(Arch.  dép.  de  l'Eure,  H.  342.) 

XVII 

Arrêt  du  Parlement  déboutant  Robert  Bertran^  chevalier,  qui  se 
plaignait  que  le  Roi  avait  fait  un  port  à  Grestain  au  détriment 
du  port  de  Honfleur. 

1281 

Pro   rege.  Super  portum  de    Grestonio  ^   de  quo  Robertus  Ber- 

1.  Saint-Martin-le-Vieux  sur  Morelle,  ancienne  paroisse  réunie  à  Genne- 
ville,  cant.  Honfleur,  arr.  Pont-rÉvêque,  Calvados. 

2.  Saint-Ouen  de  Genneville,  arr.  Ponl-l'Évêque,  cant.  Honfleur. 

3.  On  croit  reconnaître  en  ce  Jean  du  Mesnil,  chevalier,  un  des  propriétaires 
du  Mesnil-Cordelier,  fief  situé  à  Quetteville,  cant.  de  Honfleur. 

4.  Cet  acte  nous  fournit  le  seul  document  historique  où  il  soit  question  du 


PIÈCES   JUSTIFICATIVES  221 

tran,    miles,  conquerebatur  dicens  illum  portum  futurum  esse  in 
prejudicium  juris  sui  et  detrimentum  portus  sui  de  Honefleu  ;  pro- 
nunciatum  fuit  quod  dominus  rex  in  saisinâ  dicti  portus  de  Gresto- 
nio  remaneret,  salvâ  dicto  Roberto  questione  proprietatis. 
(Arch.  nat.,  OlimX^^,  n'' 2,  fol.  55,  verso.) 


XVIII 

Transaction  entre  les  religieux  de  Grestain  et  Robert  Bertran, 
seigneur  de  Roncheville  et  de  Honfleur^  au  sujet  des  droits  de 
travers^  coutumes,  franchises  et  seigneuries  dans  tous  les  ports 
depuis  Honfleur  jusque  l  épine  de  Berville  (copie). 

1287,  février  (n.  st.). 

Envers  l'abbé  et  le  couvent  de  Grestain.  A  tous  ceulx  qui  ces 
présentes  lettres  verront  ou  orront,  le  bailly  de  Rouen,  salut. 
Sachez  que  pardevant  nous  furent  présens  honnestes  religieulx 
l'abbé  de  Grestain  pour  soy  et  procureur  pour  le  couvent  de  ce 
lieu  mesme,  d'une  part,  et  noble  homme  monseigneur  Robert 
Bertran,  seigneur  de  Roncheville  et  de  Honefleu,  d'autre.  A  nous 
monstrèrent  une  ordonnance  d'une  peiz  faicte  entre  eulx,  laquelle 
ordonnance  eulx  obligèrent  à  venir  pardevant  nous,  c'est  assavoir 
ledit  abbé  pour  soy  et  procurateur  pour  le  couvent  et  pour  leurs 
successeurs,  et  ledit  Robert  pour  luy  et  pour  ses  hoirs,  en  la  forme 
qui  s'ensuit  : 

A  tous  ceulx  qui  ces  présentes  lettres  verront  et  orront,  Regnauld 

port  de  Grestain.  Il  pourrait  sembler,  au  premier  abord,  qu'il  s'agit  du  lieu 
nommé  Grestain  où  s'élevait  l'abbaye.  Mais  on  ne  voit  pas  de  quel  droit  Robert 
Bertran  se  serait  opposé  au  projet  royal  puisque  Grestain  était  situé  à  deux 
lieues  au  delà  de  Ilonfleur  et  des  bornes  de  la  baronnie  de  Roncheville.  Par 
conséquent  il  faut  chercher  ailleurs.  Nous  croyons  pouvoir  dire  que  le  porluni 
de  Grestonio  signalé  par  les  Oliin  était  la  crique  d'échouage  placée  à  l'est  du 
port  de  Honfleur  et  que  l'on  a  longtemps  désignée  par  le  nom  de  a  Noir-Port  ». 
L'abbaye  de  Grestain  en  possédait  le  rivage  ;  l'usage  lui  donna  son  nom.  C'est 
ainsi  qu'un  maître  maçon  qui  travaillait  aux  fortifications  de  Honfleur,  en 
1425,  déclarait  avoir  construit  31)8  toises  de  maçonnerie  pour  la  clôture  de  la 
ville  vers  Grestain.  —  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  2612(),  n°  l',)7;  ({uiltance  de  Ricliirt 
Vautier,  du  20  juin  i  i2o.  —  Voy.  la  note  de  la  p.  123. 


222  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRÉSTAIN 

par  la  g^râce  de  Dieu,  abbé  de  Grestain,  et  tout  le  couvent  de  ce 
lieu,  salut  en  Nostre  Seigneur.  Comme  contens  fust  meu  entre 
nous,  d'une  part,  et  noble  homme  maistre  Robert  Bertran,  sei- 
g-neur  de  Roncheville  et  de  Honefleu,  d'autre,  sur  ce  qu'il  demande 
à  avoir  le  travers  de  Sainne  es  ports  de  Fliquefleu  et  de  Craman- 
fleu  avecq  toutes  les  autres  appartenances  ausdits  ports,  nous 
disions  encontre  que  toutes  les  choses  dessusdites  estoient  nostre 
droict  par  le  don  le  conte  Robert  de  Mortain  qui  fut  nostre  fondeur 
et  le  confermement  du  roy  Richart,  de  la  lettre  ^  que  nous  avons 
de  mgr.  Robert  Bertran,  son  père,  à  la  parfin  par  le  conseil  de  pro- 
deshommes  et  de  nos  amjs  paix  a  esté  faicte  entre  nous  en  icelle 
manière  :  que  ledit  seigneur  nous  quitte  et  délaisse  à  nous  et  à  nos 
successors  por  li  et  por  ses  hoirs  du  tout  en  tout  tous  les  devant- 
dictz  travers  èsdiz  ports  o  toutes  coustumes,  franchises  et  seignou- 
ries  appartenans  as  diz  ports  en  telle  manière  que  les  devantdictz 
ports  ne  pourront  estre  amendez  desrre  en  avant  par  main  d'homme 
par  nous  ne  par  nos  successeurs  ne  par  autres  ne  édiffîer  en  quelle 
manière  que  ce  soit  parquoy  il  puissent  estre  amendez  en  aucune 
manière,  fors  en  lestât  où  ilz  sont  se  force  de  mer  ou  d'eaue  ne  les 
amendent  sans  maneuvre  d'homme,  fors  tant  solement  que  nous 
pourrons  les  pons  desdiz  ports  refaire  et  cureir  le  buy  de  nostre 
moulin  si  comme  le  cours  de  l'eaue  le  requiert  par  la  raison  du 
moulin  tant  seullement  que  nous  ne  nos  successeurs  ne  autres  pour 
nous  ne  pourrons  amenuiser  ne  apeticier  les  costumes  desdiz  ports 
fors  en  la  manière  que  nous  avons  acoustumé  en  temps  passé  à 
lever  les.  Et  se  il  estoit  ainsi  que  nos  ne  nos  successeurs  fissions 
par  aucune  aventure  aucuns  édiffîemens  ou  amendemens  par 
maneuvre  d'homme  esdiz  ports  ou  sus  les  ports  fors  en  la  manière 
qui  est  dessus  escripte,  tant  solement  ledit  seignour  ou  ses  hoirs 
sont  tenuz  à  requerre  nos  en  assisse  ou  en  eschiquier  ou  en  lieu 
portant  record  que  ostoit  ou  fachoit  oster  les  devant  dictz  maneuvres, 
et  se  nos  ne  les  voulons  oster  ou  faire  oster  porquoi  que  nous  en 
serons  requis  solisamment  si  comme  il  est  dessus  dict  ledict  sei- 
gneur ou  ses  hoirs  pourront  oster  et  abatre  ou  faire  abatre  les 
devant  dictz  maneuvres  sans  ce  que  nos  ne  autre  pour  nos  y 
puissent  mettre  empeschement  ne  contredict,  derechef  ledict  sei- 

1.  Voir  plus  haut  Taccord  daté  du  19  février  1236. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  223 

gneur  veut  et  octroie  por  li  et  pour  ses  hoirs  que  nos  et  nos  succes- 
seurs aions  et  pregnons  bien  et  en  pez  tout  le  warec  qui  escherra 
entre  l'épine  de  Berville  et  la  maison  qui  fut  Robert  Hachart  à 
Honefleu,  si  comme  il  appert  par  la  bonde  mise  illecques  de  nostre 
commun  acord,  et  tout  le  warec  qui  escherra  entre  ladicte  bonde  et 
le  Nerport  demoure  bien  et  en  pez  audict  seignour  et  à  ses  hoirs 
par  ceste  pez  faisante.  Et  retient  ensurgestion  à  luy  et  à  ses  hoirs 
toutes  les  costumes,  les  franchises,  les  seignories,  toutes  les  autres 
choses  qui  adviendront  ou  pourront  advenir  entre  la  croix  de  Périr 
[sic)  et  le  Nerport  ^  ainsi  que  nos  et  nos  successeurs  ne  porrons 
dores  en  avant  riens  demander  ne  reclamer  entre  lesdictes  metez 
du  Nerport  et  de  la  croix  du  Périr  dessusdicte,  fors  tant  seullement 
les  coustumes  des  marchandises  faictes  à  sèche  terre  en  ce  que 
noz  avons  deu  feu  le  conte  de  Moretaigne  hors  de  la  où  flo  monte 
et  retraict  et  le  warec  qui  nous  a  délaissé  si  comme  il  est  dessus 
devisé,  et  veut  et  octroie  ledict  seignour  que  nos  et  noz  successors 
aions  bien  et  en  pez  sans  contredict  de  luy  ne  de  ses  hoirs  toute 
nostre  eaue  de  Sainne  entre  Tespine  de  Berville  et  le  Nerport  par 
tout  là  où  noz  l'avons  acoustumé  avoir,  ainsi  que  noz  ne  autre  pour 
nos  ne  pourrons  faire  aucune  maneuvre  parquoy  la  venue  ne  le 
chemin  de  son  port  de  Honefleu  puisse  estre  empesché  ne  destorbé 
en  aucune  manière.  Et  [pour]  que  ces  choses  dessus  escriptes  aient 
perpétuel  fermeté  nous  avons  mis  à  ces  présentes  le  seel  de  la 
"baillie  de  Roen  à  la  requeste  des  parties  dessusdictes,  sauf  le 
droict,  le  roy  et  l'gutruy.  Et  nos  les  devantdictz  abbé  et  couvent 
por  nos  et  por  noz  successors  avons  mis  noz  seaulx  à  ces  lettres 
ensemblement  avecq  le  seel  de  la  baillie.  Ce  qui  fut  faict  l'an  de 
grâce  mil  deux  cens  et  quatre  vingtz  et  six,  el  mois  de  février. 

{Arch.  dép.  de  la  Seine-Inférieure.  Fonds  du  comté  de  Tancar- 
ville,  Eauries,  Pèches.  —  Copie  dans  reg.  E  13  ^",  fol.  212.) 

1.  La  croix  du  Poirier  et  le  Noir-Port. 


224  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 


XIX 

Reconnaissance  de  rente,  par  Nicolas  de  Normandie,  pour  la 
construction  de  V église  ^ 

1290,  juin. 

...Ego  Nicholaus  de  Normannia,  de  parrochia  Sancti  Martini 
Veteris,  debeo  viris  religiosis,  abbati  et  conventui  monasterii  Sancte 
Marie  de  Gresteno,  ad  edifîcationem  supradicte  ecclesie,  sex  solides 
turonenses  seu  monete  currentis  et  sex  denarios  annuatim  reddic- 
tus,  etc. 

(Arch.  dép.  de  l'Eure,  H.  342). 


XX 

Carta  régis  Edwardi  secundi,   donatorum   concessiones  recitans  et 

confirmans. 

1308,  24  avril. 

Rex  omnibus  ad  quos,  etc.  salutem.  Donationem,  concessionem 
et  confîrmationem  quas  Berengarius  Tjrel,  de  Westham,  fecit 
abbati  et  conventui  beatae  Mariae  de  Gresten,  de  duabus  acris  prati 
in  Bradew^isse,  cum  pertinentiis.  Remissionem  etiam  et  quietam 
clamantiam  quas  Radulphus  Alman  et  Thomas  filius  Beatricis 
Peling  et  Sarra,  quae  fuit  uxor  Willielmi  Criket,  fecerunt  praefa- 
tis  abbati  et  conventui  de  toto  jure  suo  et  clamio,  quod  habuerunt 
vel  habere  potuerunt  in  omnibus  terris  et  tenementis  cum  pertinen- 
tiis, quae  Willielmus  fîlius  Bruning  de  Peling,  avunculus  eorum, 
tenuit  in  Westham.  Donationem  etiam,  concessionem  et  quietam 
clamantiam,  quas  Thomas  de  la  Cnock  fecit  eisdem  abbati  et  con- 

1.  Dans  le  dossier  de  Grestain  aux  Arch.  dép.  de  l'Eure,  on  conserve 
d'autres  actes  de  donations:  par  Guillaume  de  Breteville,  Godefroy  du  Val, 
chevalier,  Raoul  dit  V Anglais  (1265),  Michel  Petit  et  Aaliz,  sa  femme  (1287), 
Simon  Vasquet  (1300),  Roger  des  Londes  (1313)  ;  une  procuration  donnée  en 
1336  par  l'abbé  Guillaume,  etc. 


l'IÈCLS    .JLSTIl'lCATIVKS  225 

VL'iitui  dv  IdUi  [vvin  sua  in  oadein  vilhi  cuni  j)i  rliiu'iiliis.  llêniissio- 
nein  etiani  et  quietam  claniaiitioiiein.  cjuas  Xioholaus  filius  Radul- 
phi  de  Firs.  fecit  praefatis  al)l)ati  et  conventui  de  loto  jure,  quod 
habuit  vel  habere  potuit,  in  sex  acris  terrae  cum  pertinentiis,  quae 
Radulphus  de  Fris,  pater  secus  aliquando  tenuit  in  eadem  villa. 
Donationem  insuper  et  conlirniationem.  quas  Uobertus  de  Hors- 
tede  fecit  eisdem  abbati  et  conventui  de  omnibus  tenenientis  c{uae 
tenuerunt  de  feodo  suo;  scilicet  terra  de  la  Hoke,  cum  pertinentiis 
et  de  omni  eo  quod  tenuerunt  in  parochiis  S.  Nicholai  de  Pevene- 
sell  et  sanctae  Mariae  de  Westhame,  tam  in  burga^^iis  quam  in  ter- 
ris arabilibus.  Remissionem  etiam  et  quietam  clamantiam,  quas. 
Alanus  de  Westham  et  Marg-eria  uxor  ejus  fecerunt  praedictis 
abbati  et  conventui  de  toto  jure  et  clamio,  quod  habuerunt  vel 
habere  potuerunt,  in  omnibus  terris  et  tenementis  cum  pertinentiis, 
quae  Ricardus  de  Peling  tenuit  in  Westham  ;  concessionem  insuper 
quam  Rogerus  de  Fraxino  fecit  eisdem  abbati  et  conventui  de  tri- 
bus acris  terrae  in  Sudtona  et  de  tota  décima  de  dominico  suo  in 
eadem  villa,  et  de  Gara  desuper  Sudtonam.  Concessionem  etiam 
quam  Pa^anus  de  Cap.  fecit  eisdem  abbati  et  conventui  de  tota 
décima  sua  in  Middelton  ;  donationem  etiam  quam  Richerinus  de 
Aquila  fecit  eisdem  abbati  et  conventui  de  quodam  herbergag-io 
apud  Safort,  soluto  et  quieto  ab  omni  servicio  ;  donationem  etiam 
et  concessionem  quas  Jordanus  de  Sankewill  fecit  eisdem  abbati  et 
conventui  de  septem  acris  terrae  cum  pertinentiis  super  Natte wode. 
Donationem  insuper  et  concessionem  quas  Walterus  de  Ratetun 
fecit  eisdem  abbati  et  conventui  de  terra  de  Diepedena  cum  perti- 
nentiis. Demissionem,  concessionem  et  quietam  clamantiam  quas 
Robertus  de  Spire  de  Exeter  fecit  eisdem  abbati  et  conventui  de 
quadam  domo  in  Exeter,  quam  de  eo  tenuerunt,  et  de  dimidia  acra 
terrae  quae  jacet  juxta  praedictam  domum,  et  de  tribus  acris  ter- 
rae cum  pastura  et  omnibus  pertinentiis  suis  in  eadem  villa  :  dona- 
tionem etiam,  concessionem  et  conlirniationem  quas  Willielmus 
lilius  Radulphi  Heringaud  fecit  praefatis  abbati  et  conventui  de 
decem  acris  prati,  cum  fossatis  suis  in  Willindona  cum  pertinentiis. 
Donationem  etiam,  concessionem  et  coniîrmationem  quas  Adam 
Cuk  fecit  eisdem  abbati  et  conventui  de  redditu  duodecim  denario- 
rum,  quem  Thomas  faber  de  Heylesham  ei  reddere  solebat  pro 
tenemento  quod  de  eo  tenuit  in  Heylesham.  Donationem  etiam  et 
<'.ii.  HitHAiih.  —  L'Abl)ai/e  de  .\ulre-l):iine  de  liresluin.  '■> 


226  l'aBISAVE    de    NOTRE-DAME    de    GRESTAIN 

concessioiiem  quas  idem  Adam  fecit  praefatis  abbati  et  conventui 
de  quatuor  denariis  redditus  perclpiendis  de  molemlino  de  Eylesham 
et  de  toto  jure  et  clamio  quod  habuit  vel  habere   potuit  in  eodem 
molendino  ratione  praedictoruni  iiij  denariorum.  Donationem  insu- 
per, concessionem  et    contirmationem,  quas   praefatus  Adam  fecit 
eisdem  abbati  et  conventui ^de  viginti  denariis  redditus,  quos  AYil- 
lielmus  Sortharin  siln  reddere  consuevit  pro  tenemento  quod  de  eo 
tenuit  in   Heylesham.    Remissionem  etiam  et  quietam  clamantiam, 
quas  Ricardus  iilius  Adae  le  Cuke  fecit  eisdem  abbati  et  conven- 
tui de  toto  jure  et  clamio.    quod  unquam  habuit  vel   quocumque 
modo   habere  potuit,   in   terra   et   domibus  cum  pertinentiis,  quas 
praedictus  Adam,  pater  suus,  tenuit    de  praedictis  abbate  et  con- 
ventu  in  Heylesham.  Concessionem  etiam  et  quietam  clamantiam. 
quas  Radulphus  de  Colevill  fecit  eisdem  al)bati  et  conventui  de  toto 
jure  et  clamio,   quod  habuit  vel   habere  potuit.   in  tota  terra  cum 
pertinentiis   quam   aliquando  tenuit  in  Jewington,  excepta  dimidia 
acra  terrae.  quae  jacet  juxta  terram  Johannis  Palmeri.  Donationem 
etiam,    concessionem   et   contirmationem    quas   Galfridus,    vicarius 
eccles'iae  de  Wylyndon.  fecit  praefatis  abbati  et  conventui  de  qua- 
tuor acris  prati  cum  pertinentiis  in  Wylyndon.  Donationem  etiam, 
concessionem  et  contirmationem.  quas  (iervasius  persona  ecclesiae 
de  Fokenton  fecit  eisdem  abbati  et  conventui  de  octo  solidatis  red- 
ditus cum   pertinentiis  in  eadem  villa.  Donationem  etiam,   conces- 
sionem et  contirmationem.  quas  Hugo  filius  Ricardi  de  Willendon 
fecit  praefatis  abbati  et  conventui  de  novem  acris  terrae  cum  perti- 
nentiis  in   eadem   villa.    Contirmationem   etiam,    quam   Simon   de 
Xotengham  fecit  eisdem  abbati  et  conventui  de  terra  illa  cum  perti- 
nentii-s  quam  Hugo  tilius  Ricardi  de  WiUendone  eis  dédit  in  Wil- 
lendone.  Donationem  etiam,  concessionem,  contirmationem  et  quie- 
tam clamantiam,  quam  Willielmus  de   Heyton  fecit  eisdem  abbati 
et  conventui    de    una    placea  terrae   cum    pertinentiis    in    Heyton. 
Ptemissionem  etiam  et  quietam  clamantiam,  quas  Emma  quae  fuit 
uxor   Rikewardi   Postel   fecit  eisdem  abbati   et  conventui  de  toto 
jure  et  clamio.  quod  habuit  vel   habere   potuit  in   toto  tenemento 
quod  fuit  in  feodo  ipsorum  abbatis  et  conventus  in  Telleton. 

Remissionem  etiam  et  quietam  clamantiam,  quas  Walterus  films 
Henrici  de  Wolkcsted  et  Matildis  uxor  ejus  fecerunt  praefatis 
abbati  et    conventui  de   toto   jure  et   clamio.    quod  habuerunt  vel 


l'IÈCKS    JL'STIFICATIVKS  227 

habere  poluerunt  in  toto  tenemento  qiiod  fuit  de  feodo  praodicto- 
rum  abbatis  et  conventus  in  eadem  villa.  Donationeni  etiam,  quam 
Ho^erus  de  Borstana  fecit  eisdeni  abbati  et  conventui  de  septem 
acris  terrae  et  de  pastura  ad  tjuinquii^inta  oves  in  Tedeurda.  Dona- 
tionem  etiam,  concessionem  et  confirmationem,  quas  Ho^.  de  Bors- 
tana et  Matildis  uxor  ejus  fecerunt  eisdem  abbati  et  conventui,  de 
diniidia  virg^ata  terrae,  et  pastura  ad  quinquaginta  oves  super  mon- 
tes in  eadem  villa.  Donationem  etiam  et  confirmationem,  quas 
Willielmus  de  Burtune  fecit  eisdem  abbati  et  conventui,  de  una 
virg-ata  terrae,  cum  pertinentiis  in  Burtuna  et  Rislake.  Concessio- 
nem etiam  quam  Henricus  Maltravers  fecit  eisdem  abbati  et  con- 
ventui de  omnibus  decimis  et  terris,  quas  habuerunt  de  Willielmo 
filio  Alvredi,  et  de  terra  Leffi,  cum  pertinentiis  in  \Vilmynton 
Donationem  etiam,  concessionem  et  confirmationem,  quas  Johan- 
nes  de  Monte-Acuto  fecit  praefatis  abbati  et  conventui  de  manerio 
de  Merse,  cum  pertinentiis,  in  comitatu  Buking-hamiae,  et  advoca- 
tione  ecclesiae  ejusdem  manerii,  et  de  una  hida  terrae  cum  pertinen- 
tiis in  eadem  villa.  Concessionem  etiam,  remissionem,  et  confirma- 
tionem, quas  Balde\vinus  filius  Thomae  de  Haldeham,  et  Isabella 
de  Monte  Acuto  fecerunt  praedictis  abbati  et  conventui  de  manerio 
de  Merse,  et  de  decimis  feôdi  sui  in  Ikeford,  et  de  capella  manerii 
sui  de  Parva  Preston.  Donationem  etiam,  concessionem,  confirma- 
tionem. et  quietam  clamantiam,  quas  Galfridus  filius  Berneri  de 
Maj^na  Hore^vode  fecit  eisdem  abbati  et  conventui  de  toto  tene- 
mento quod  habuit  in  Salden  et  Morsell  ;  et  de  reddita  quem  habuit 
de  una  virg-ata  terrae,  quam  Radulphus  Payn  de  eo  tenuit  in  Sal- 
den ;  et  de  una  virgata  terrae,  quam  Robertus  filius  ^Yillielmi  de 
eo  tenuit  in  Morsel,  una  cum  homagiis  et  aliis  serviciis  pra'dicto- 
runi  Radulphi  et  Roberti  et  haeredum  suorum.  Concessionem  etiam 
et  confirmationem,  quas  Rannulphus  comes  Cestriae  fecit  praedictis 
abbati  et  conventui  de  ecclesia  de  Bucchebrok,  et  de  quatuor  vir- 
gatis  terrae  cum  pertinentiis  in  eadem  villa.  Donationem  etiam, 
quam  Teodoricus  de  Forho  fecit  eisdem  abbati  et  conventui  de  dua- 
bus  virg-atis  terrae  cum  pertinentiis  in  Fortho,  et  de  medietate  deci- 
mae  de  Fortho.  Donationem  etiam  et  concessionem,  ([uas  Adam  de 
Polebic  fecit  eisdem  abbati  et  conventui  de  viginti  solidatis  terrae 
cum  pertinentiis  in  Aignelintona.  Remissionem  etiam  et  quietam 
clamantiam,  quas  Johannes,  filius  Walteri  de  Widevil  de  Grafton, 


228  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

fecit  praedictis  abbati  et  conventui,  pro  se  et  tenentibus  suis  de 
Grafton,  de  secta  hundiedi  de  Cleyle.  Remissionem  etiam,  conces- 
sionem,  relaxationem  et  quietam  clamanciara,  quas  Thomas  lîlius 
Alani  tîlii  Xicholai  atte  Melre  de  Darneford  fecit  eisdem  abbati  et 
conventui  de  toto  jure  et  clamio,  quod  habuit  vel  habere  potuit  in 
uno  mesnagio,  quod  vocatur  Darneford;  et  in  quinque  acris  terrae, 
cum  pertinentiis  in  Sauston.  Donationem  etiam.  concessionem  et 
confirmationem  quas  Willielmus  de  Mersse  fecit  praedictus  abbati  et 
conventui  de  tota  terra  illa  cum  pertinentiis,  quae  aliquando  fuit 
Randulphi  de  la  Huile  et  Aliciae  uxoris  ejus  in  Peniton-Gresteyn 
et  Clanefeld,  ratas  habentes  et  gratas,  eas  pro  nobis  et  haeredibus 
nostris,  quantum  in  nobis  est,  praefatis  abljati  et  conventui  et 
eorum  successoribus  concedimus  et  confirmamus,  prout  cartae  et 
scripta  donatorum  suorum  praedictorum,  quae  inde  habent,  rationa- 
biliter  testantur.  In  cujus.  etc.  T.  rege  apud  Westmonast.  xxiiii 
die  Aprilis. 

[Monasiicon  anglicanuni.   t.  VI.  2'-  partie,   p.   1001-1 0ÎI2;  nouv. 
éd.  1817-1830.  in-fol.) 


XXI 

Ordre  de  rcnietlre  à  l'abbé  de  Grestain  les  revenus  de  son  abbaye. 

1308,  16  juin. 

To  Walter  de  Gloucester,  escheator  on  this  side  Trent.  Order 
to  deliver  to  the  abbot  of  Grestain  (de  Grestano)  the  temporalities 
of  the  abbey,  to  be  held  by  him  until  the  feast  of  the  Assumption, 
the  aljbot  not  having  brought  to  the  king  the  letters  of  the  bishop 
of  Lisieux,  his  diocesan,  confirming  his  élection,  as  is  the  custom, 
but  he  has  taken  an  oath  of  fealtv  for  ail  his  lands  in  En^-land  and 
has  found  suffîcient  security  to  bring  the  letter  of  confirmation 
before  the  feast  of  the  Assumption.  June  16,  1308. —  Langley. 

[Calendar  of  the  Close  Rolls,  Edward  II  \1S07-1S13),  p.  40.) 


PIÈCES  JisT)|.ic\Tivi:s  22ÎI 


XXII 

Lettres  de  Pliilippe  V,  données  au  mois  de  novemhre  1S19,  portant 
cession  à  iahhat/e  de  Grestain,  par  bail  perpétuel^  de  la  part  qui 
appartenait  au  roi  sur  le  moulin  de  Toutainvillc, 

1310,  novembre. 

Philippus,  Dei  gratia  Francorum  et  Navarre  rex,  notum  facimus 
universis  tam  presentibus  quam  futuris  quod,  factis  preconizationi- 
bus  et  adhibitis  solempnitatibiis  consuetis  in  fîrniis  et  censivis  nos- 
tris  perpetuo  tradendis,  ac  tani  nostra  quam  siiccessorum  nostrorum 
utilitate  pensata,  relig-iosis  viris,  abbati  et  conventui  de  Grestano 
ordinis  sancti  Benedicti  tradidimus  et  ad  firmam  perpetuam  con- 
cessimus  illam  totam  et  talem  portionem  seu  partem  quam  habe- 
mus  in  molendino  de  Tostainvilla  ^,  ballivia  Rothomagensi,  cum 
moltis  siccis  et  madidis  et  omnibus  aliis  ad  ipsas  moltas  siccas  et 
madidas  pertinentibus  que  nobis  competunt  in  dicto  molendino 
ratione  partis  seu  portionis  prediete  tenendis  pacifiée  et  perpetuo 
possidendis  a  religiosis  predictis  et  eorum  successoribus  medianti- 
bus  triginta  octo  libr.  turon.  parv.  annui  et  perpetui  redditus  nobis 
et  nostris  successoribus  ab  eisdem  religiosis  vel  eorum  successori- 
bus singulis  annis  medietate  videlicet  in  scacario  Pasche  et  alia 
medietate  in  scacario  sancti  Michaelis  de  cetero  persolvendis,  reten- 
tisque  nobis  curia  et  usagio  omnimode  justitie  premissorum  ;  pro- 
viso  nichilominus  quod  si  inter  dictos  religiosos  aut  eorum  succes- 
sores  et  homines  bannarios  seu  moltarios  ipsius  molendini  ratione 
moltarum  vel  pertinentiarum  ejusdem  contingat  oriri  querelam, 
volumus  quod  ad  primas  assisias  vel  placita  loci  illius  absque  def- 
fectu  vel  exonio,  querela  hujusmodi  terminetur,  et  si  diclum  molen- 
dinum  alicui  vel  aliquibus  in  aliquo  teneatur  seu  aliqualiter  obliga- 
tum  existât,  predicti  religiosi  et  successores  sui  omnia  et  singula 
lacère,  reddere  et  solvere  tenebuntur  et  eos  volumus  teneri  ad  que 
dictum  molendinum  erat  antca  obligatum,   ipsumque  molendinum 

1.   Toutainvillc,  comniuiu'  du  canl.  do  Poul-Aiidomor,  Euro, 


230  l'aiîbaye  de  notre-dame  de  grestain 

de  et  quolibet  alterius  materie  cujuslibet  generis  suis  propriis 
sumptibus  sustinere  ;  et  omnia  alia  ipsius  molendini  onera  suppor- 
tare  tenebuntur  ad  que  supportanda  ante  concessionem  firme  hujus- 
modi  tenebamur.  Et  pro  dicto  redditu  nobis  et  nostris  successori- 
bus  solvendo  perpetuo  ac  pro  contraplegio  redditus  ejusdem,  dicti 
religiosi  decem  lib.  turon.  annui  et  perpetui  redditus  in  et  super 
illam  aliam  partem  seu  portionem  quem  habent  et  habebunt  in 
dicto  molendino  ante  concessionem  dicte  firme  in  contraplegium 
assigna runt  nobis  et  nostris  successoribus  processu  temporis  in  per- 
ceptione  dicti  redditus  nos  vel  successores  nostros  impediri  contin- 
geret  una  cum  portione  sive  parte  dicti  molendini  quam  sic  ad  lir- 
mam  tradidimus  perpetuo  remansuras  si  dictos  religiosos  vel  cau- 
sam  habituris  ab  ipsi  a  hujusmodi  contractu  resilire  contingeret  vel 
molendinum  dimittere  supradictum.  Quod  ut  firmum,  etc.  Salvo, 
etc.  Actum  Parisius,  anno  Domini  millesimo  trecentesimo  decimo 
nono,  mense  novembris. 

(Arch.  nat.  JJ,  59,  n«  308,  fol.  146  V.) 


XXIII 

Lettres  de  Charles  le  Bel  portant  amortissement  pour  Vabho  et  les 
religieux  de  Notre-Dame  de  Grestain  de  leurs  nouveaux  acquêts. 

1326,  8  septembre. 

Karolus,  etc.  —  Notum  facimus  universis  presentibus  et  futuris 
nos  infra  scriptas  vidisse  litteras  formam  que  sequitur  continentes  : 
Universis  présentes  litteras  inspecturis  Petrus  Dioconis,  domini 
Régis  clericus,  et  Petrus  de  Hangeto,  baillivus  Rothomagensis, 
commissarii  deputati  super  fînanciis  acquestuum  in  dicta  baillivia 
factorum,  salutem.  Cum  religiosi  viri,  abbas  et  conventus  monas- 
terii  Béate  Marie  de  Gresteno,  Lexoviensis  dyocesis,  juxta  tenorem 
ordinacionis  domini  régis  de  acquisitis  perpetuo  retinendis  per 
ipsos  vel  per  alios,  eorum  nomine  factis,  nobis  cum  finaverint  de 
hiis  que  sequuntur  :  videlicet  de  feodis  de  Spineto  ex  vendicione 
Guillelmi  de  Faveril,  armigeri,  quod  feodum  habuerat  per  scambium 
a  Michaele  de  Gourchon,  armigeri,  videlicet  in  parrochia  de  Esque- 


IMECI'.S    .11  SIIFir.ATlVKS 


•2:\ 


villa  ',  quaclr;i!4inla  solidos,  ([uos  lîicai-dus  Renaut  et  sui  parti- 
cipes, debent;  —  Item,  de  triginta  et  sex  boissellatis  avene,  de 
tribus  caponibus,  tribus  denariis,  viginti  ovis,  duobiis  denariis,  que 
debent  heredes  Hicardi  Ilelct  et  heredes  Heberti  et  Nicholai  et  Gau- 
fredi  Erembeurs,  et  eorum  participes  cum  usu  et  curia  unius  homi- 
nis  in  feodo  predicto  siio  in  })arrochia  Sancti-Petri-de-Castello  -  ex 
venditione  dicti  Guillelnii  de  Faveril.  Item  de  trii,ànta  et  tribus 
solidis  et  quatuor  denariis  ex  venditione  dicti  Guillelmi  sitis  in  par- 
rochia  Sancti-Petri-de-Castro  et  de  Gontisvilla  "'  percipiendis  anno 
quolibet  ;i  Guillelmo  Godefrai  et  suis  particibus  ;  Item  ex  vendi- 
tione ejusdem  de  una  auca,  decem  et  octo  denariis  et  obolis  in  par- 
rochia  de  Carbecco^,  que  reddmit  heredes  Roberti  Gurbi  et  ejus 
participes.  Item  de  duobus  sextariis  frumenti  super  tenentes  de 
feodo  ex  venditione  ejusdem.   Item  de  novem  acris  terre  de  feodo 

de et  de  Carbecco,  in  parrochia  de  Carbecco,  ex  dono  Johannis 

de  Valle,  armigeri.  Item  de  una  acra  terre  in  eadem  parrochia,  ex 
venditione  Johannis  de  Contemoulin  "'.  Item  de  tribus  bucellis  fru- 
menti ex  venditione  Ricardi  Le  Barbier  de  feodo  Hugonis  Pommier 
super  campum  Varin  situm  in  parrochia  de  Bervilla  ^.  Item  de  duo- 
bus  acris  terre  sitis  juxta  terram  Gaufridi  de  Plasseyo,  armigeri,  in 
eadem  parrochia  de  Bervilla,  ex  dono  Radulphi  de  Valle  Durandi, 
presbiteri.  Item  ex  venditione  Colivi  Legrant  in  eadem  parrochia 
de  quatuor  solidis,  quos  débet  Johannes  Gentils.  Item  de  duobus 
solidis  et  sex  denariis  quos  débet  Johannes  Moullart,  ex  venditione 
ejusdem  Colini.  Item  de  uno  capone  et  uno  denario  et  quindecim 
ovis  cum  tribus  obolis,  quos  débet  item  Johannes.  Item  de  quinde- 
cim ovis  cum  tribus  obolis,  quas  débet  Warneus  Grimot.  Item  de 
duodecim  denariis,  (juos  de])et  Guillelmus  Cherisier,  in  eadem  par- 
rochia, ex  venditione  ejusdem.  Item  de  uno  denario,  quem  débet 
Robertus  Lalbe  cum  una  libra  communi.  Item  de  una  libra  com- 
muni,  quam  débet  Iiobertus  de  Tornetot  *,  ex  venditione  ejusdem. 

i.  Equainville,  arr.  de   Pont-Audemrr,  cant.  Bciizovillc,  Euro. 
2.  Sainl-Pierre-du-Châtel,  cant.  de  Rou/.cviUc,  Kure. 
'.\.  Conteville,  cant.  Beuzeville,  Euro. 
4.  Carboc-Grostain,  cant.  Beuzevillo. 

^).  Jean  de  Comtomoulins  d'une  faniillo  très  ancionnc  (jui  a   possédé  ^n^  par- 
tie la  seigneurie  de  Beu/.eville,  Euri'. 

().   Berville-sur-Mer,  cant.  Beuzevillo,  Eure, 
7.  Tonnetot. 


232 


L  AltliAYE    DE    NOTlil-DAMi:    DE    GRESTAIN 


Item  de  duobus  gallonis  vini  quos  débet  relicta  Guillelmi  Emen- 
gart,  ex  venditione  ejusdem.  Item  de  yiginti  solidis,  quos  débet 
Guillelmus  Valerani  in  parrochia  de  Beusevilla  '  ex  dono  Ricardi 
de  Monte  Morelli.  Item  de  viginti  solidis  quos  débet  Radulfus 
Mauvoisin  ex  dono  Matildis  condam  uxoris  Johannis  Grimaut, 
matris  sue,  in  dicta  parrochia.  Item  de  tribus  acris  terre  quarum 
una  sita  est  juxta  terram  heredum  Malhei  de  Valle  Durandi.  ex  uno 
latere,  et  juxta  terram  Pétri  de  Culturo,  exaltero  ;  alia  sita  est  juxta 
terram  Roberti  Mausson  in  parrochia  de  Boulevilla  -,  ex  dono  Gau- 
fridi  Ausout.  Item  de  decem  et  octo  solidis  in  parrochia  de  Abelon  ■' 
sitis,  ex  dono  domini  Pétri  de  Clerbec,  militis,  de  feodo  suo.  Item 
de  quatuor  solidis.  sex  denariis  et  uno  sextario  aveue  ad  parvam 
mensuram  in  parrochia  de  Esquevilla  ex  dono  Alberede,  relicte  Gal- 
teri  Hylaire.  Item  de  viginti  solidis  in  eadem  parrochia  ex  dono 
Johannis  Rebouis,  presbiteri,  de  quibus  Guillelmus  Sampsonis 
débet  decem  et  septem  solidos  et  Guillelmus  de  Insula  débet  alios 
très  solidos.  Item  de  triginta  solidis  in  parrochia  de  Fliquefluctu  ^ 
ex  dono  Guillelmi  et  Colini  dictorum  Le  Bous,  de  quibus  triginta 
solidis  Petrus  Luce  reddit  duodecim  solidos,  et  relicta  Guillelmi 
Bouillon  reddit  decem  et  octo  solidos.  Item  de  quator  libris  et 
decem  solidis  in  parrochia  Sancti  Quiriani  ',  ex  dono  domine 
Aminé  quondam  uxoris  domini  Johannis  Duretot,  militis.  Item  de 
quatuor  acris  prati  ex  vendicione  Johannis  Galteri  dictorum  lez 
Despenssiers.  Item  de  duobus  acris  prati  in  parrochia  de  Foule- 
becco  **  ex  dono  domini  Henrici  de  Cleres,  militis,  et  domine 
Johanne,  uxoris  sue.  Item  de  viginti  solidis  sitis  super  unam  masu- 
ram  quam  tenet  Ricardus  Le  Plastrier,  racione  uxoris  sue  in  paro- 
chia  Sancti  Aniani  de  Ponte  Audomari  ^,  ex  dono  Ysabelle  de 
Mellymont,  quondam  uxoris  Gaufredi  de  Mara.  Item  de  quadra- 
ginta   solidis    sitis   super    molendinum   de   Cresanvilla  *^  ex  vendi- 


1.  Beuzeville,  clief-lieu  de  canton,  arr.  Pont-Andenier,  Eure. 

2.  Roulleville,  arr.  Pont-Audemer,  cant.  Beuzeville. 

3.  Ablon,  arr.  Pont-l'Évêque,  cant.  Hônfleur,  Calvados, 
i.  FiqueÛeur,  arr.  Pont-Audemer,  cant.  Beuzeville. 

5.  Nom  de  lieu  défiguré  ;  peut-être  Saint-Thurien,  cant.  de  Quillebeuf. 

6.  Foulbec,  arr.  Pont-Audemer,  cant.  Beuzeville. 

7.  Saint-Aignan-de-Pont-Audemer,  ancienne  paroisse. 

8.  Cressanville,  hameau  à  Manneville-la-RaouU,  Eure. 


I 


PIKCRS    JCSTIFICA'IIVKS 


233 


tione  Guillc'lmi  de  Colombiers  et  Jaque  te,  uxoris  sue.  Item  de  tri- 
bus caponibus  et  tribus  denariis  cum  obolo  quos  redduunt  Estique- 
nart,  Johannes  Beren<^ier  et  Robertus  de  Bellovisu,  de  quinque  acris 
terre  cum  domino  dictarum  quinque  accrarum  terre  ex  venditione 
Roberti  Lalbe  in  parrochia  de  Formoville  '.  Rem  de  domo  que  fuit 
({uondam  Odonis  Canterel  et  ejus  uxoris,  sita  in  villa  Pontis 
Audomari  -  inter  hereditagia  dictorum  abbatis  et  conventus,  ex 
uno  latere,  et  queminum  domini  reg-is  ex  altero.  Rem  de  quodam 
feodo  nobili,  vooato  feodo  des  Fauques  •^,  in  parochia  de  Beuse- 
villa  sito,  ex  dono  Eymondi  de  BeuseviRa.  presbiteri,  eisdem  reli- 
giosis  facto,  videlicet  de  vig-inti  et  duabus  acris  terre  et  quodam 
manerio  continente  très  accras  terre  vel  circiter,  et  unam  acram 
nemoris  minuti  mortui,  et  de  sex  libris  turonensium  annui  redditus 
et  de  quatuor  Anginti  et  sex  decim  boissellis  ordei  ad  minimam  men- 
suram  et  sexdecim  viginti  avene  ad  eamdem  mensuram,  et  de  qua- 
tuor boissellis  frumenti,  et  de  quatuordecim  anseribus  et  novem  g'al- 
linis  et  quadraginta  tribus  caponibus,  quing-entis  ovis  et  de  quibus- 
dem  [sic]  corveis  et  precariis  et  de  curia  domini  et  usagio  dicti  feodi 
pro  qua  financia  solverunt  vicecomiti  Pontis  Audomari  ducentas 
ibras  turonensium.  Hinc  estquod  nos  commissarii  predicti,  nomine 
ipsius  domini  reg-is,  banc  financiam  ratam  habemus  et  gratam,  ita 
tanien  quod  ipsi  abbas  et  conventus  predicti  vel  eorum  successores 
possint  dicta  acquisita  tenere  ac  etiam  pacificè  possidere  sine  aliqua 
coactione  vendendi,  seu  extra  manum  suam  ponendi.  Salvo  tamen 
jure  ipsius  domini  régis  in  aliis  et  jure  in  omnibus  alieno.  In  cujus 
rei  testimonium,  nos  Petrus  Droconis  predictus  sig'illum  nostrum, 
et  nos  baillivus  predictus  sig-illum  baillivie  predicte  Rothomag-ensis, 
presentibus  litteris  duximus  apponendum.  Datum  die  Lune  in  festo 
Nativitatis  Béate  Marie,  anno  Domini  Millesimo.  CGC.  Vicesimo 
sexto. 

Nos  autem  omnia  et  singula  in  suprascriptis  litteris  contenta 
rata  habentes  et  g-rata  ea  volumus,  laudamus,  approbamus  et  ténor 
(sic)  presentium  auctoritaté  nostra  regia  confîrmamus,  volentes  et 
diclis  abbati    i-t  conventui    concodentes,    quod   ipsi  et    successores 

1.  Korlinauvillo,  coiumunc  «lu  eanl.  de  Heu/.ovillo  el  fiel"  relovant  do  Pont- 
Aiuloinor. 

2.  Poiil-Au(U"iiier,  cliof-lioii  trari-.  et  de  canton.  Eure. 

•'{.   Les  l'aulipies,  hani.  du  cant.  de  I5eu/.evilIo  et  huitième  do  fief. 


234  l'abhaye  df:  notiœ-dame  dk  grfstain 

eorum  premissa  tenere  possint,  absque  coactione  vendendi,  vel 
extra  manuni  suam  ponendi,  vel  prestandi  nobis  aut  nostris  succes- 
soribus  aliam  financiam  pro  eisdem,  salvo  in  aliis  jure  nostro  et  in 
omnibus  quolibet  alieno.  Quod  ut  firmum  et  stabile  permaneat  in 
futurum.  presentibus  litteris  nostrum  fecimus  apponi  sigillum. 
Actuni  Parisiis,  anno  Domini  M.CGGXXVII",  mense  septembri. 

Facta  est  colla tio. 

Per  cameram  compotorum. 

JULIANUS. 

Arch.  \at.  —  Trésor  des  Chartes,  JJ.  64,  fol,  392,  n«  672. 


XXIV 

Acte  par  lequel  Guillaume,  ahhé  de  Grestain,  nomme  ses 
procureurs  en  Angleterre. 

1330,  16  octobre,  Nottingham. 

AVilliam,  abbot  of  Grestain  in  Xormandv.  staying  beyond  seas, 
bas  letters  nominating-  Richard  le  Mileward  and  Roger  Halebourse 
his  attorneys  in  England  for  three  years. 

[Calendar  of  the  patent  /?o//.s,  Edward  III,  p.  10.) 


XXV 

Autre  acte  par  lequel  Guillaume,  ahhé  de  Grestain,  nomme 
ses  procureurs  en  Angleterre. 

1335,  18  april,  Ramsey. 

^^'illiam.  abbot  ofGrestein,  staying  beyond  the  seas,  bas  letters 
nominating  Roger  Alebourse  and  Richard  le  MuleAvard  his  attor- 
neys in  England  for  four  years. 

[Calendar  of  the  pjatent  Rolls,  Edward  III,  p.  538.) 


PIÈCES    .IISTIFICATIVES  23o 


XXVI 

Accord  cnfrc  Jean  de  Melu/i,  sire  de  TancHruillc,  el  les  religieux, 
iihhé  et  couvent  de  (irestain  au  sujet  de  l'échange  de  la  baronnie 
de  Mézidon  contre  sept  uiunnirs  que  les  religieux  possédaient  en 
Angleterre  (copie). 

niT,   14  avril. 

A  tous  ceulx  qui  ces  présentes  lettres  verront,  Jehan  de  Meleun, 
sire  de  Tancarville,  chambellanc  et  conestable  de  Normendie,  che- 
valier, salut.  Sachent  'tous'  que  comme  li  relligieux,  abbé  et  cou- 
vent de  Nostre-Dame  de  Grestain  de  l'ordre  sainct  Benoist,  de  la 
diocèse  de  Lisieux,  assemblé  en  leur  chapitre,  d'un  commun  assente- 
ment  aient  pour  bonnes  et  justes  causes  délibéré  en  conseil  avec 
les  sages  pour  le  proflît  de  leur  église  que  tous  les  fruictz,  rentes  et 
revenues  que  il  et  leur  dicte  église  ont  en  Angleterre  leur  sont  de 
nulle  ou  de  petite  value  et  ont  esté  depuis  vingt  ans  en  çà  et  encore 
n'ont  mys  espérance  de  en  avoir  prolïit  si  grant  comme  ils  souloient 
dores  en  avant,  tant  pour  les  guerres  qui  sont  et  ont  esté  et  que  il 
espoirent  longuement  durer  comme  pour  les  périlz  de  la  mer,  lar- 
rons et  robeurs  desquelz  il  est  plus  qu'il  ne  soulloict  ;  et  desquelz 
fruictz  et  revenus  il  souloient  avoir  la  greigneur  partie  de  leurs 
vivres  et  leur  soustenement,  et  par  deffault  de  ce  conviendra  que  le 
couvent  se  départe  (?)  et  le  divin  service  se  dépensse  ont  regardé  et 
avons  promis  et  encommancié  que  il  supplieront  à  nostre  très 
sainct  père  le  pape  que  il  leur  veuille  donner  licence  de  vendre 
leurs  dictz  biens.  iVuiclz,  yssues  et  revenues,  laquelle  licence  nous 
leur  avons  promis  procurer  et  pourchassier,  faire  bailler,  délivrer 
et  donner  audit  nostre  très  sainct  père  à  noz  propres  coustz  et  des- 
pens  et  en  oultre  Tassentement  du  rov  d'Angleterre  et  de  tous 
autres  desquelz  convient  avoir  lassentement  et  leur  en  pourchasse- 
rons lettres  soubz  seaulx  autentiques  à  noz  desppns,  comme  dit  est. 
Et  ce  fait  par  nous  il  nous  ont  promis  que  les  dictes  choses  il  ven- 
dront si  tost  coninie  il  trouveront  ou  pourront  trouver  bonnement 
acheteurs  à  ce,  et  icelluy  prix  nous  bailleront  par  enterin  en  la 
manière  qui  s'ensuit  :  C'est  assavoir  que  pour  chacunes  troys  mille 
livres  florin  à  lescu  prix  pour  seize  solz  huit  deniers  tournoiz  ou 


236  l'abbave  de  .notre-dame  de  (;restain 

antres  monnoies  à  la  vallue,  nous  lenr  baillerons  et  deslivrerons 
perpétuellement  cent  livres  tournoiz  de  annuel  rente  des  fruictz, 
yssues  et  revenues  de  plusieurs  églises  parrochiaulx  qui  sont  de 
nostre  patronage  jusques  à  pleine  satisfîaction  de  tout  ce  qu'il  nous 
bailleront  selon  ce  que  dit  est  et  du  plus  plus  et  du  moins  moins,  et 
icelles  églises  ferons  et  pourchasserons  à  noz  coustz  et  despens  unir 
et  evesser  par  nostre  sainct  père  le  pape  à  leurdite  abbaye  jusques 
à  la  vallue  et  somme  de  l'argent  qu'il  nous  bailleront,  et  pour  ce 
que  lesdites  églises  ne  vacquent  mie  à  présent  nous  leur  avons  pro- 
mis et  promettons  bailler  et  livrer  pour  chacune  trois  mille  livres 
tournoiz  que  il  nous  bailleront  eu  prix  dessusdit  cent  livres  tour- 
nois de  rente  ou  plus  ou  moins  à  la  quantité  de  l'argent  qu'il  nous 
bailleront  de  la  vente  des  biens  dessusditz  et  leurs  assignations  de 
nostre  terre  de  Mesydon  au  plus  prez  de  leur  abbaye  en  lieu  plus 
prollitable  à  eulx  et  moins  dommageux  à  nous  en  la  duchié  de  Nor- 
mendie,  franches,  quictes  et  exemptes  de  toutes  charges,  servitudes 
et  chevauchiees  et  sans  faire  gens  d'armes  par  telle  manière  et  con- 
dition que  selon  ce  que  lesdites  églises  ou  aucunes  d'icelles  vacque- 
ront  de  tant  de  rentes,  revenus  et  émolumens  comme  il  pourront 
avoir  d'une  chacune  église  comme  elle  vacquera  de  tant  et  autant  il 
nous  restitueront  et  rendront  de  nostredite  terre  que  nous  leur  bail- 
lions, et  à  ce  les  pourrons  faire  contraindre  par  le  juge  ordinaire  du 
lieu,  et  en  oultre  leur  avons  promis  que  combien  que  nos  seigneurs 
le  roy  de  France  et  le  duc  de  Xormendie  ne  amortissent  lesdites 
choses  que  il  voudront  et  assentiront  au  transport  et  bail  que  nous 
faisons  auxdits  religieux  et  à  leur  église  comme  dit  est,  sans  ce  que 
lesdits  religieux  ne  leurs  successeurs  par  quelque  temps  que  il  le 
tiengent.  et  feust  ores  jusques  à  quarante  ans  ou  plus  il  ne  seront 
tenus  de  faire  finance  aucune  ne  chevauchiee  ne  gens  d'armes,  mais 
les  tendront  lesdits  religieux  et  leurs  successeurs  quittement,  fran- 
chement, paisiblement  en  la  manière  que  dit  est,  et  de  ce  baille- 
rons et  pourchasserons  ausdits  religieux  lettres  soufïîsans  des 
princes  dessusdits  à  noz  coustz  et  despens;  et  à  ce  tenir  et  garder  et 
nous  venir  encontre  lesdits  religieux  ont  voulu  et  aussi  le  promet- 
tons nous  et  voulons  estre  contraintz  par  les  juges  ordinaires  du 
lieu.  Et  se  il  advenoict  que  contend  ou  descord  feust  entre  nous 
et  eulx  ou  eulx  et  nous  pour  cause  des  choses  dessusdites  ou  d'au- 
cunes d'icelles  le  bailly  du  lieu  quant  au  temporel,  et  le  juge  de 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  237 

léji^lise  ([uanl  ;i  lespirituel  pourront  contraindre  et  lesdits  religieux 
il  faire  tenii-,  garder  et  acomplir  les  choses  dessusdites  et  chacune 
<ricelles  et  en  oultre  tous  en  la  manière  et  fourme  que  lesdits  reli- 
gieux se  sont  obligez  par  devers  nous  à  nous  payer,  rendre  et  res- 
taurer tous  coustz,  fraiz,  missions  et  despens  que  nous  aurons  ou 
pourrons  avoir  en  la  poursuite  desdites  choses  se  il  estoient  deffail- 
lans  de  acomplir  ce  que  promis  nous  ont  à  faire,  tout  en  semblable 
manière  nous  leur  promettons  rendre  et  restorer  tous  despens, 
coustz  et  missions  que  il  auront  et  encourront  par  deffault  de  nous 
se  nous  estions  delfaillans  de  leur  entériner  et  acomplir  les  choses 
dessusdictes  par  nous,  promises  ou  aucunes  d'icelles.  Et  en  oultre 
est  accordé  entre  nous  et  eulx  que  se  nous  n'avons  pourchassé 
dedens  deux  ans  et  faictes  les  choses  que  promises  avons,  cest  pré- 
sent contract  sera  nul  et  de  nulle  valleur,  promettant  en  bonne  foy 
toutes  les  choses  dessusdites  par  nous  promises  et  chacune  d'icelles 
tenir  et  garder  et  non  venir  encontre,  et  à  ce  obligons  nous,  noz 
hoirs,  noz  biens  et  les  biens  de  noz  hoirs,  meubles  et  non  meubles 
présens  et  advenir.  En  tesmoing  de  laquelle  chose  nous  avons 
scellé  ces  lettres  de  nostre  propre  seel.  Donné  à  Paris,  le  xiiij'^'  jour 
dapvril,  l'an  de  grâce  mil.  ccc.  quarante  et  sept. 

Rafi/icatioii  par  ledit  seigneur  de  Meliin  dudit  accord. 

A  tous  ceulx  qui  ces  lettres  verront  Guillaume  Germont,  cheva- 
lier et  garde  de  la  prevosté  de  Paris,  salut.  Savoir  faisons  que  parde- 
vant  nous  vint  en  jugement  noble  et  puissant  homme  monseigneur 
Jehan  de  Meleun,  sires  de  Tancarville,  chambellanc  et  connestable 
de  Normendie,  lef[uel  de  son  bon  gré  et  certaine  science  voult,  loa, 
gréa,  ratelia,  approuva  et  accorda  toutes  choses  et  chascune  en  ces 
lettres  parmy  lesquelles  ces  présentes  sont  annexées,  especefîées  et 
escriptes  et  icelles  choses  promist  ledit  sires  entériner  et  acomplir 
de  point  en  point  sur  l'obligation  de  tous  ses  biens  et  de  ses  hoirs 
à  justice  par  nous  et  par  noz  successeurs  prevostz  de  Paris  et  par 
toutes  autres  justices  pour  ces  lettres  entériner  en  alTermant  icelles 
lettre  cy  annexées  estre  scellées  de  son  propre  seel  duquel  il  use. 
En  tesmoing  de  ce  nous  avons  mys  en  ces  lettres  le  seel  de  la  pre- 
vosté de  la  Paris  lan  de  grâce  mil  ccc.  xl  et  sept,  le  lundi  quator- 
ziesme  jour  dapvril.  Signé:  Michel  le  Ferren. 


238  l'aBBAVE    de    ^OTKE-DAME    DE    GtlESTAlN 

Collation  faicte  par  Nicolas  Lallier  et  Jehan  Chardon,  tabellions 
royaulx  à  Lisieux,  le  xxiij*^  jour  d'avril  après  Pasques  Tan  mil  cinq 
cens  et  vingt. 

Laillier.  Chardon. 

(Arch.  dép.  de  la  Seine-Inférieure.  P'onds  du  comté  de  Tancar- 
ville  ;  liasse  Eauries,  Pèches,  Procédures  contre  1  abbaye  de  Gres- 
tain.) 


XXVII 

Bequêle  des  ahhé  et  religieux  de  Xofre-Dame  de  Grestain  au  pape 
Clément  W,  au  sujet  de  la  vente  des  biens  de  l'abbarje  assis  en 
Angleterre  (extrait). 

I3i8.  1i  juillet. 

...Cum  in  regno  Anglie  habeant  unam  domum...  et  census,  red- 
ditus  et  proventus  ad  summam  90  lib.  sterling'...  ascendentes,  et 
plurium  duodecim  ecclesiarum  parochialium  patronatus...  nichil 
omnino  inter  Francie  et  Anglie  reges  guerris  durantibus  gaudere 
potuerunt  a  longo  tempore...  Nec  ipsi  supplicantes  ob  hanc  causam 
alios  habeant  unde  possint  commode  sustentari...  quinimo  nisi  a 
S.  V,  eisdem  religiosis  celeriter  succuratur  de  remedio  oportuno, 
necesse  erit  in  brevi  eos  ab  invicem  segregari  suumque  dictum 
monasterium  desolari  ;  ipsique  supplicantes  in  regno  Anglie  inve- 
nerint  nobilem  et  potentem  virum  dominum  Johannem  de  Molen- 
dino  *,  dominum  de  Tanquarvilla,  cambellanum  ac  conestabularium 
Normannie,  prisonarium  Anglicorum  propter  factum  guerrarum  pre- 
dictarum,  qui  dictos  census,  redditus  et  proventus  et  jura  patrona- 
tus mediante  precio  pecunie  competenti...  vendere  vellet,  etc.  2. 

(Suppl.  Clem.  VI,  n«  lo,  fol.  163.) 

Cf.  Denifle,  La  désolation  des  églises,  t.  Il,  p.  75,  note  1. 

4.  Jean  de  Melun. 
2.   Voy.  p.  83. 


PIÈCES    JUSIIFICATIVES  239 


XXVIII 

Accord  fait  entre  Jean  de  Mcliin.  sei;/neur  de  Tancarvi/lc.  et  les 
reli(/ieux  de  (irestnin,  jinr  lequel  il  promet  les  (jnrantir  de  fous 
troubles  à  cause  de  Câcliamje  de  la  baronnie  de  Mézidon  contre 
sept  manoirs  que  les  religieux  possédaient  en  Angleterre  (copie). 

i:jkS,   13  octobre. 

A  tous  ceulx  qui  ces   présentes  lettres  verront,    nous  Jehan  de 
Melun,  chevalier,  seigneur  de  Tanquarville  et  chambellan  de  Nor- 
mendie,   salut.    Comme   pour   la  descharg-e  de  la  raençon   en   quoy 
nous  estions  tenus  à  hault  et  puissant  prince  monseigneur  Eddouart, 
aisné   fîlz   du  rov  d'Angleterre,  prince  de  Galles,   nous  d'une  part 
et  noz  amés  en   Dieu  l'abbé  et  couvent  de   Nostre-Dame  de   Gres- 
tain,  d'autre  part,  ayons  fait  li  un  avecques  l'autre,  par  la  délibé- 
ration du  conseil  de  nous  d'eulx  permutation  et  eschange  de  nostre 
baronnie   de  Mesedon,   de  la   ferme    de    noz    moulins   d'Auffay   et 
autres  chozes  que  baillées  leur  avons  en  pris  de  mil  livres  de  rente 
par  an,  à  avoir  et   tenir  par  iceulx  religieux   et   leurs   successeurs 
perpétuellement,    pour  et  encontre  sept  manoirs  et  leurs  apparte- 
nances que  iceulx   religieux  a  voient  en  Angleterre,  lesquelz  ilz  ont 
baillié  à  ferme  audit  prince  jusques  à  mil  ans  sur  certaines  condi- 
cions,  accords,  réservations  par  nous  et  par  eulx  faiz  plus  à  plain  est 
contenu  es  lettres  sur  ce  faictes  entre  nous  et  eulx  lesquelles  nous 
avons  fait  confermer  par  monseigneur  le  duc  de  Normendie  et  par 
madame   la  royne  de   Navarre  par  leurs  lettres   scellées   de  leurs 
seaulx  en  las  de  soye  et  cire  verte.  Et  pour  ce  que  iceulz  religieux 
faisoient   doubte  que  ou  temps  advenir  aucuns  empeschemens  ne 
leur  feussent  mis  es  choses  dessus  dictes  par  nous  et  eulx  baillées 
tant  par  delïault  de  la  confirmation  du  i-oy  nostre  seigneur  comme 
de  la  licence  de  nostre  saint  Père  le  pape,  lesquelles  confirmation  et 
licence  nous  ne  leur  avons  pas  baillées  si  comme  promis  leur  avions 
en  pourpallant  ledit  eschange  pour  ce  que  faire  ne  l'avions  peu  ;  et 
aussi   pour   cause   du...  que  faire  debvoict  nostre   amé  compaigne 
Jehanne  Crespin,  lequel  nous  leur  avions  promis  à  bailler,  ce  que 
pas  n'avons  encores  fait.   Nous  qui  ne  vouldrions  lesdits  religieux 
estre  deceuz  ne  en  aucune  manière  par  nostre  coulpe  estre  domma- 


240  l'abbaye    de    NUTRE-DAME    de    GKESTAIN 

g-iez  mais  voulons  user  envers  eulx  de  bonne  foy,  promettons  pour 
nous  et  pour  noz  hoirs  loyalement  à  garantir,  délivrer  et  delfendre 
à  nos  propres  coustz  lesdits  religieux  et  leurs  successeurs  de  tous 
les  dommages  que  ilz  auroient  ou  encourroient  par  deffault  des 
choses  dessusdites  ou  aucunes  dicelles,  et  aussi  pour  ce  que  con- 
tenu est  en  dit  eschange  que  quant  nous  pourrons  nous  leur  vau- 
drons en  gros  fruictz  d'église  à  une  foys  ou  à  plusieurs  en  la  duchié 
de  Normendie  jusques  à  la  vallue  des  mil  livres  de  rente  ou  partie 
dicelles,  lesquelz  fruictz  et  dismes  que  nous  leur  vaudrions  ne 
pourroient  par  aventure  estre  hébergiez  au  prouffît  desdits  religieux 
sans  nostre  volonté  et  licence,  nous  dès  maintenant  voulons  pour 
nous  et  pour  noz  hoirs  que  lesdits  religieux  leurs  successeurs  ou  cas 
que  lesditcz  fruictz  à  eulx  Ijaillez  ne  pourroient  estre  hébergés 
comme  dit  est  puissent  acquerre  en  noz  fiefs  ou  arrerefîefz  certaine 
pièce  de  terre  pour  faire  édifice  à  hébergier  lesdits  fruictz  et  dismes 
desdites  églises  tant  seullement.  et  que  icelluy  acquest  leur  demeure 
à  tousiours  sans  ce  que  nous  ou  noz  hoirs  les  puissions  jamaiz  con- 
traindre à  mettre  hors  de  leurs  mains  ne  réclamer  y  aucune  sei- 
gneurie, lesquelles  choses  toutes  et  chacune  dicelles  nous  promet- 
tons pour  nous  et  pour  noz  hoirs  tenir  à  acomplir  loyalement  et  en 
bonne  fov  sur  Toblio^ation  de  tous  noz  biens  et  les  biens  de  noz  hoirs 
meubles  et  non  meubles  présens  et  advenir,  à  estre  justicez,  con- 
traintz  et  exploitiez  par  quelconque  juridicion  soubz  que  ilz  seront 
trouvez  pour  ces  lettres  de  tout  entériner.  En  tesmoing  de  ce  nous 
avons  fait  sceller  ces  lettres  de  nostre  grant  seel  le  jeudi  après  la 
sainct  Martin  d'yver  treizième  jour  du  moys  d'octobre,  l'an  de  grâce 
mil  trois  cens  quarante  et  huit. 

(Arch.  dép.  de  la  Seine-Inférieure.   Fonds   du  comté  de  Tancar- 
ville,  Eauries,   Pèches.) 

XXIX 

Lettres  de  Jean,  duc  de  Xormandie  (Jean  II  le  Bon),  confirmatives 
de  l'échange  conclu  entre  Jean  11^  vicomte  de  Melun,  cham- 
bellan de  France  et  de  Xormandie,  seigneur  de  Tancarville,  et 
les  Ahhé  et  Religieux  de  l'abbaye  de  Notre-Dame  de  Grestain. 

1348,  25  octobre. 
Jehan,   aisné  fils   du  rov  de   France,    duc   de    Xormandie   et  de 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  241 

Guyenne,  comte  de  Poitou,  d'Anjou  et  du  Maine,  h  tous  ceulz  qui 
ces  lettres  verront,  salut.  Nous  avons  veu  les  lettres  seellées  du 
seel  de  nostre  amé  et  féal  chevalier  Jehan  de  Melun,  seigneur  de 
Tancarville  et  chambellant  de  Normandie,  desquelles  la  teneur 
s'ensuit  : 

A  touz  ceulx  qui  ces  présentes  lettres  verront,  Jehan  de  Melun, 
chevalier,  seigneur  de  Tancarville,  chambellant  de  Normandie, 
salut.  Sachent  tous  que  pour  ce  que  pour  nous  et  à  nostre  requeste 
en  nous  deschargant  de  la  raençon  en  quoy  nous  estions  tenus  à 
haut  et  puissant  prince  monseigneur  Odoart,  aisné  fils  du  roy  d'An- 
gleterre, prince  de  Galles,  religieux  hommes  et  honestes  labbé  et 
le  convent  du  moustier  de  Nostre-Dame  de  Grestain  en  Normendie 
eu  diocèse  de  Lisieux,  si  comme  il  puet  apparoir  par  lettres  desdiz 
abbé  et  convent  contenant  que  de  nostre  consentement,  comme  leur 
advocat  et  leur  fondeur,  jasoit  ce  que  se  ilz  ne  voulsissent  nostre 
consentement  ny  feust  nécessaire  que  nous  ne  sommes  leur  fon- 
deur, ont  baillé,  transporté,  delessié  à  ycellui  prince  à  ferme 
jusques  à  mil  ans,  c'est  assavoir  sept  manoirs  avecques  toutes  leurs 
appartenances  assis  au  royaulme  d'Angleterre,  l'un  appelé  Nor- 
tonne  '  en  la  contée  de  Sumesestre,  l'autre  appelé  Courlz  en  la  con- 
tée de  Vilers  -,  le  tiers  appelé  Rammeraggen  en  la  contée  de  Supe- 
limpton  3,  le  quart  appelé  Merfez  ^  en  la  contée  de  Buckingham,  le 
quint  appelé  Graftona  ^  en  la  contée  de  Norhantescira  '',  le  sis 
appelé  Gretings  "  et  Mikefeld  en  la  contée  de  SulTolk,  lesquels 
manoirs  avecques  toutes  leurs  appartenances  par  les  gens  desdiz 
religieux  dune  part  et  nous  d'autre  bien  et  loyaument  ont  esté 
estimez,  avaluez  et  apresagiez  à  trente  mille  livres  tournois  du  prix 
du  fleurin  à  l'escu  du  coiner  du  rov  de  France,  de  bon  or  et  de  bon 
pois  de  seize  sous  et  huit  deniers  tournois,  desquelles  choses  des- 


d.  On  trouve,  dans  le  Somerset,  sept  localités  du  nom  de  Norton. 

2.  Wilt-shire. 

3.  Peut-être  Iluntuiyton-shire. 

4.  Manoir  de  Merse  donné  à  l'abbaye  par  Jean  de  Monlai^^u,    d'après  l'acte 
de  1308.  Voy.  pièces  juslif.,  n"  20. 

0.  Cette  localité  est  mentionnée  dans  la  charte  d'Edouard   11.  Voy.    pièces 
justif.,  n"  20. 

6.  Nortliampton-shire. 

7.  Creliiiges,  CrecLinr/,  Grelinr/ham  (SuCfolk). 

Cii.  Hitiiviu».  —  Lahbatje  de  Nolrc-Dame  de  Grestain.  16 


242  l'aBIîAYE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIX 

susdites  nous  nous  tenons  plainement  pour  bien  contens,  paiez  et 
asTSfréez.  Nous,  en  échano-e  des  choses  dessus  dites,  avons  baillié, 
quittié  et  délaissié,  et  par  la  teneur  de  ces  présentes,  baillons,  quit- 
tons et  delessons  ausdiz  relig'ieux  et  à  leurs  successeurs  mille 
livres  de  terres  assises  et  à  asseoir  es  lieux  et  en  la  manière  qui 
s'ensuit  ;  c'est  assavoir  nostre  baronnie  de  Mezedon  ^  en  Normandie 
dont  le  chief  en  la  ville  de  Mezedon  ou  baillage  de  Caen,  avecques 
toutes  ses  appartenances  tant  en  manoirs,  villes,  maisons,  jardins, 
terres  labourables  et  non  labourables,  closag-es,  pasturages,  bois, 
vignes,  prez,  rivières,  pescheries,  moulins,  moultes  seiches  et  mou- 
liées,  rentes  de  bledz,  de  deniers,  d'œufs,  d'oiseaux  et  de  toutes 
autres  choses,  court,  usage,  hommes  et  hommages  tant  de  nobles 
tenemens  que  de  non  nobles,  feaultez,  seigneuries,  justices,  reliefs, 
treziesmes,  gardes,  forfaitures,  franchises,  libertez,  foires,  marchiez, 
travers  et  destrois,  coutumes,  patronnages  d'esglises,  garennes, 
tentes  à  oyseaux,  et  en  toutes  autres  seignouries  et  choses  quelles 
et  de  quelle  condicion  que  il  soient  ne  comment  que  il  puissent 
estre  dictes  ne  nommées  sanz  rien  excepter  ne  retenir,  laquelle 
baronnie  avecques  ses  appartenances  comme  dict  est  nous  leur  avons 
baillié  et  baillions  pour  six  cens  livres  de  rente  annuel  en  commune 
assiette  ;  et  avecques  ce  leur  avons  baillié  et  baillions  tout  le  droit 
que  nous  avons  es  moulins  et  en  la  ferme  appellée  la  ferme  des 
moulins  de  Auffay-en-Caux  -,  en  moultes  seiches  et  mouliées,  avec 
toutes  leurs  appartenances  quelles  et  de  quelle  condicion  que  il 
soient,  et  aussi  la  court  et  l'usage  des  choses  que  nous  leur  baillions, 
et  les  domaines,  rentes  et  autres  choses  en  la  manière  commune  et 
accoustamée  à  estre  à  baillier  en  ladite  ferme,  lesquels  moulins  et 
appartenances  nous  leur  baillions  pour  quatre  cens  livres  de  rente 
annuelle  en  commune  assiette,  lesquelles  choses  nous  leur  avons 
baillié  et  baillions  à  tenir  et  poursuir  franches  et  exemptes  de  touz 
services  de  toutes  chevauchées  et  de  toutes  aides  d'ost  et  de  toutes 
exactions  séculières  quelconques  sauf  tant  que  ils  paieront  les  aus- 
mosnes  et  charges  accoustumées  et  les  tiendront  et  poursuivront 
lesdiz  religieux,  eux  et  leurs  successeurs  par  les  condicions  que 
ensuivent,   c'est  assavoir  que   toutes  foiz  que  nouz,  noz  hoirs  ou 


1.  Mézidon,  chef-lieu  de  canton,  arr.  de  Lisieux,  Calvados. 

2.  Arr.  de  Dieppe,  cant.  de  Tôtes,  Seine-Inférieure. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  243 

aucuns  aianz  cause  de  nous  avons  procuré  par  devers  nostre  saint 
Père  le  pape  qui  à  présent  est  ou  pour  le  temps  à  venir  sera  que 
nous  puissions  ausdiz  religieux  bailler  revenus  d'esglises  en  gros 
fruiz  qui  soient  annexées,  unies  et  incorporées  à  leur  dite  esglize 
perpétuellement  comme  leur  franche  et  perpétuel  aumosne,  premiè- 
rement se  par  nous  à  nos  coutz  et  dépens  procuré,  et  de  notre  saint 
Père  le  pape  octroyé  se  nous  voulons  bailler  auxdiz  religieux  gros 
fruiz  d'esglise  en  la  duchié  de  Normandie  par  une  fois  ou  par  plu- 
sieurs jusques  à  la  somme  ou  value  de  mille  livres  ou  de  partie  faire 
le  pourrions  ;  et  lesdiz  religieux  seront  tenuz  au  prendre  en  telle 
manière  que  nous  ne  leur  pourrons  baillier  nulle  esglise  fors  tant 
seulement  par  le  prix  qu'elle  vaudra  au  regart  et  estimacion  de 
bonnes  gens  sanz  soupeçon,  en  communes  années,  sur  ce  première- 
ment rabatu  la  vicairie  du  curé  qui  demourra  pour  ladite  esglise 
desservir  telle  et  de  telle  plus  value  comme  il  sera  ordonné  par  les 
prélaz  ou  les  depputez  à  ce,  et  avecques  ce  toutes  autres  charges 
rabatues  et  de  tant  et  de  telle  somme  comme  nous  baillerons  en 
gros  fruitz  d'esglise  ausdiz  religieux  eux  premièrement  saisiz  du 
lever  nous  ferons  par  leur  main,  par  chacun  an,  autant  de  rente  es 
termes  de  Pasques  et  de  Saint-Michiel  par  portion  égaux  jusques  à 
tant  que  nous  leur  aurons  baillé  jusques  à  la  somme  et  value  de 
qnatre  cens  livres  de  rente  et  lors  par  nous,  par  noz  hoirs  et  aians 
cause  de  nous  ladite  somme  de  quatre  cens  livres  de  rente  en  groz 
fruiz  d'esglise  comme  dit  est  baillée  auxdiz  religieux  ou  à  leurs  suc- 
cesseurs, eux  nous  serons  tenus  délessier  tout  le  droit  desdiz  mou- 
lins, ferme  et  appartenance  ;  et  par  après  quant  nous  leur  aurons 
baillé  deux  cens  livres  de  rente  en  gros  fruiz  d'esglise  comme  dit 
est,  lesdiz  religieux  nous  seront  tenus  délessier  nostredite  baronnie 
de  Mézidon  avec  toutes  les  appartenances  premièrement  par  nous  à 
eulx  baillée  et  délivrée,  la  possession  de  ladite  ferme  appellée  la 
ferme  des  moulins  et  ses  appartenances  pour  les  quatre  cens  livres 
qui  demourront;  et  par  après  quant  nous  leur  aurons  baillé  jusques 
à  la  somme  de  quatre  cens  livres  de  rente  en  gros  fruiz  d'esglise, 
comme  dessus  est  dit,  lesdiz  religieux  nous  seront  tenus  de  lessier 
ladite  ferme  et  appartenances,  desquels  héritages  dessusdiz  tant  de 
ladite  baronnie  que  de  ladite  ferme  à  toutes  leurs  appartenances 
nous,  par  la  teneur  de  ces  présentes  lettres,  les  saisissons  et  voulons 
que  de  fait  et  de  droit  ilz  en  preignent  saisine  et  possession  toutes- 


244  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIX 

foiz  qu'il  leur  plaira  nous  présent  ou  absent,  et  ensuite  que  ces 
lettres  soient  levées  et  publiées  et  que  la  lecture  d'icelle  et  la  sai- 
sine prise  soient  d'aussi  grande  valeur  en  nostre  absence  comme  en 
nostre  présence,  et  deiïendons  à  toutes  nos  gens  tant  à  noz  séné- 
chaux, prévoz,  sergens,  forestiers,  gardes  de  garenne  et  à  tous  noz 
autres  officiers  quelconques  l'administration  et  gouvernement  des 
choses  dessus  dictes  que  il  ne  s'en  entremettent  en  aucune 
manière,  mais  voulons  que  les  rolles  leur  en  soient  baillez  en  rece- 
vant copie  d'iceulx,  et  par  ces  présentes  mandons  à  noz  fermiers  des 
lieux  dessusdiz  que  durant  leur  temps  de  leurs  fermes  ilz  paient 
auxdiz  religieux  les  sommes  qu'ils  nous  doivent  pour  les  termes  à 
venir  en  la  propre  fourme  et  manière  qu'ils  feroient  à  nous  ;  et  jDour 
ce  à  cause  des  héritages  que  nous  baillons  nous  avons  ou  pouvons 
avoir  eu  aucunes  plaidoiries  ou  procès  nous  voulons  que  tous  les 
procez  leur  soient  baillez  et  leur  prometons  à  bailler  ou  faire  bail- 
ler afin  que  par  eulx  à  leur  conseil  et  à  leurs  couz  et  dépens  les 
causes  et  querelles  soient  démenées  et  pour  ce  faire  promettons  à 
faire  attourné  ou  attournez  un  ou  plusieurs  toutesfoiz  que  mestier 
en  sera  et  requis  en  seront  ;  et  aussy  se  par  accomplissement  des 
qualitez  dessusdites  lesdiz  héritages  nous  revenoient  ou  aucun 
d'iceulx,  lesdiz  religieux  nous  seront  tenus  à  rendre  les  procès  et 
nous  à  recueillir  et  recevoir.  Et  se  pendent  leur  possession  ils  com- 
mençoient  aucuns  nouveaux  procez  nécessaires  et  proffîtables  ou 
cas  dessusdiz  ils  nous  seroient  tenuz  de  délessier  les  procez  et  faire 
atournez  ou  procureur  à  nos  coutz  et  despens  toutesfoiz  que  mes- 
tier en  sera  et  que  requis  en  seroient,  et  si  par  leur  deffaut,  meffait, 
négligence  ou  autrement  ils  perdoient  aucunes  dites  causes  es  héri- 
tages dessuz  nommez  par  quoy  se  nous  accomplissons  les  condi- 
tions dessusdites  ilz  ne  nous  peussent  rendre  leurs  héritages  telz  et 
en  aussy  bon  état  comme  ilz  sont  à  présent  lesdiz  religieux  nous 
en  seroient  tenuz  à  dédommagier  et  les  restaurer,  et  si  durant  leur 
possession  ilz  y  faisoient  aucuns  édifices  nécessaires,  convenables 
ou  proffital^les  jusques  à  la  value  de  cent  livres  et  non  plus  se  ilz 
ne  le  faisoient  de  nostre  congié  et  licence  nous  leur  serions  tenuz 
à  rendre  la  value  que  ilz  feroient  prisiez  par  regart  et  estimation 
de  bonnes  gens  au  temps  que  les  héritages  nous  reviendroient  et 
promettons  à  faire  c'est  contract  conserver  par  très  noble  et  très 
puissant  prince  mon  très  cher  et  très  redoubté  seigneur  le  duc  de 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  24S 

Normandie  et  ensievent  par  haute  et  puissante  dame  Madame  la 
revne  de  Navarre,  pour  tout  comme  à  elle  puet  toucher  et  à  le  faire 
rattifier  par  messieurs  ses  enfans  quand  ilz  seront  agiez.  Et  pour  ce 
que  lesditz  reli<i^ieux  à  cause  de  tous  leurs  biens  d'Angleterre  faisoient 
audict  roy  certaine  pension  par  an  qu'il  prenoit  sur  eulx  laquelle  ne 
doit  pas  estre  si  grand  pour  ce  qui  leur  demeure  comme  elle  estoit 
pour  le  tout,  nous  leur  promettons  loyaument  à  faire  nostre  pouvoir 
de  empêtrer  lettres  dudit  roj  d'Angleterre  bonnes  et  souiïisantes 
par  lesquelles  il  leur  rabattra  de  ladite  pension  selon  la  valeur  des 
manoirs  dessusdiz  et  appartenances  que  pour  nous  et  en  nostre  des- 
charge ont  baillié  au  prince  de  Galles,  lesquelles  lettres  par  nous 
empêtrées  et  procurées  se  nous  povons,  nous  les  rendrons  ausdiz 
religieux  pour  valoir  en  descharge  de  ladite  pension  et  pour  ce  que 
après  ce  que  il  auroit  plu  à  Dieu  que  nous  finissons  nos  jours,  se  il 
plaisoit  à  Dieu  que  nostre  très  chière  et  amée  compaigne  Jehanne 
Grespin,  dame  de  Tancarville,  nous  survivroit,  elle  par  la  coustume 
de  Normandie  pourroit  avoir  doaire  si  elle  ne  l'avoit  fornie  nous  nous 
obligeons  à  la  faire  ratifier  cest  contract  et  confirmer  par  bonnes 
lettres  et  convenables  lesquelz  à  nos  coutz  et  despens  nous  baille- 
rons et  rendrons  ausditz  religieux  tel  qu'il  devroit  suffire  selon 
Tusage  et  la  coustume  du  pais. 

Tous  lesquelz  héritages  dessusdiz  ou  lesdites  esglises  ou  gros 
fruiz  d'icelles  qui  par  nous  au  temps  à  venir  seroient  ou  pourroient 
estre  baillez  ausdiz  religieux  jouxte  les  condicions  et  manières  sus- 
dites, nous  promettons  vers  tous  et  par  foy  et  par  serment  sur 
l'obligation  de  nous  et  de  nos  biens  meubles  et  héritages  présens  et 
à  venir,  contre  tous  garantir,  acquittier,  délivrer  et  defîendre  de 
tous  encombremens  et  empeschemens  promettant  par  foy  et  par 
serment  sur  l'obligation  de  nous  et  de  noz  biens  et  de  tous  noz 
biens  meubles  et  héritages,  présens  et  à  venir  toutes  les  choses  des- 
susdictes  et  chacune  d'icelles  tenir  et  fermement  garder  ou  temps  à 
venir  sans  aler  à  l'encontre  en  aucune  manière  ;  et  à  rendre  tous 
coutz,  intéretz,  dommages  et  despens  qui  par  delfaut  des  choses 
dessusdictes  ou  chacune  d'icelles  non  entretenues  seroient  faiz  ou 
soustenuz  renonçant  expressément  à  toutes  lettres  d'estat  et  à 
toutes  autres  grâces  données  et  à  donner  jasoit  ce  que  elles  feissent 
expresse  et  espécialle  mencion  de  ces  présentes  à  toutes  déceptions 
et  à  toutes  autres  choses  quelconques  tant  de  fait  que  de  droit  par 


246  l'abbaye  dl  notre-dame  de  grestain 

quoy  le  contenu  de  ces  lettres  pourroit  estre  empeschié  en  tout  ou 
en  partie.  En  tesmoing  de  ce,  nous  avons  scellées  ces  lettres  de 
nostre  grant  seel.  Donné  à  Estrepaignv,  xxv"  jour  du  moys  d'oc- 
tobre, Tan  de  grâce  mil.  ccc.  quarante  et  huit.  Présens  :  monsei- 
gneur Fauvel  Beauvillain,  chevalier  ;  maistre  Thomas  de  Lodit, 
chanoine  de  Reims  ;  Guillaume  Broisset,  baillif  de  Mante  ;  Jacques 
Landry  et  Perrot  de  Laistre. 

Lesquelles  lettres  et  toutes  les  choses  en  icelles  contenues,  nous, 
à  la  requeste  et  pour  contemplation  de  nostre  dit  chevalier  et  pour 
les  bons  et  agréables  services  qu'il  a  fait  à  nostre  très  cher  seigneur 
et  père  en  ses  guerres  et  ailleurs  et  fait  de  jour  en  jour  et  espérons 
qu'il  face  ou  temps  à  venir,  louons,  gréons,  ratifiions  et  approuvons 
de  certaine  science  et  de  grâce  especialle,  confermons  et  voulons 
que  lesdiz  religieux  et  leurs  successeurs  tiengnent  toutes  les  choses 
esdites  lettres  contenues  jouxte  la  forme  et  manière  contenue  en 
icelle  sans  ce  que  ilz  soient  coutrains  à  les  mettre  hors  de  leurs 
mains  autrement  que  dessus  est  dit  ne  pour  se  faire  finance.  Man- 
dons à  tous  noz  justiciers  et  subgiez  que  contre  le  contenu  esdites 
lettres  ne  les  contraignent  ne  molestent  mais  les  laissent  joir  et 
user  paisiblement  de  nostre  présente  grâce  sauf  nostre  droit  en 
autres  choses  et  l'autrui  en  toutes.  Donné  à  Saint-Christofle-en- 
Halate,  le  xxviij"  jour  de  décembre,  l'an  de  grâce  mil.  ccc.  qua- 
rante et  huit. 

Par  monsieur  le  duc, 

ROUGEMONT. 

Collation  est  faite  à  l'original  par  moy  :  Formauz. 
(Arch.  nat.  JJ.  79,  fol.  22  v»,  n°  32.) 


XXX 

Lettres  de  Charles^  duc  de  Normandie,  régent,  par  lesquelles  il 
amortit  au  profit  des  religieux  de  Grestain  une  maison  sise  à 
Rouen. 

1359,  septembre. 

Charles,  ainsné  filz  du  roy  de  France,  régent  le  royaume,  duc  de 
Normandie  et  dalphin  de  Viennois.  Savoir  faisons  à  tous  presens 
et  à  venir  que  comme  noz  amez  les  religieux  abbé  et  convent  de 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


247 


Nostre-Danie  de  Grestain  aient  prias  nagaires  en  (îeu  et  à  héritaig-e 
pour  eulx  et  les  successeurs  de  leur  abbaye,  h  touziours.  de  Robin 
et  Martin  diz  de  Tail  et  de  Agnès  jadis  femme  de  Philippe  de  Tail, 
leur  père,  pour  leur  demouret  résidence  une  maison  assise  en  noslre 
ville  de  Rouen,  en  la  parroisse  de  saint-Eloy,  en  paiant  chacun  an 
par  lesdiz  religieux  aux  dessusdiz  quarante  et  quatre  livres  par  an. 
Et  pour  ce  nous  aient  humblement  supplié  lesdiz  religieux  que 
ladicte  maison  leur  veuillons  amortir  et  ad  ce  nous  consentir.  Pour 
ce  est-il  (|ue  nous,  eue  considération  ad  ce  que  il  ont  eu  leur  abbaie 
et  manoirs  ars  et  dégastez  par  les  ennemis,  et  qu'ils  ont  esté  pilliez 

de  plusieurs  de   leurs   biens et  n'ont  où  demourer   ne  faire  le 

divin  service,  si  comme  de  ce  nous  nous  tenons  souffisement  infor- 
mez ;  icelle  maison  ou  manoir  auxdis  religieux  en  accroissement 
d'eulx  et  de  leur  dicte  abbaie  leur  avons  amorti  et  amortissons  par 
ces  présentes  de  grâce  espécial  et  de  lauctorité  royal  dont  nous 
usons,  et  qu'ils  puissent  joir,  tenjr,  posséder  et  exploicter  d'icelle 
comme  le  propre  de  leur  moustier  et  abbaie.  Et  en  ampliant  nostre- 
dite  grâce  avons  voulu,  octroie  et  accordé  auxdiz  religieux  et 
encores  Avouions  et  accordons  que  iceulz  ne  soient  contrains  par 
nous,  nos  gens  ou  aucuns  de  nos  successeurs  ou  temps  présent  et  à 
venir,  mettre  icelle  maison  ou  manoir  ou  partie  d'icelle  hors  de  leur 
main  ne  en  paier  pour  ce  aucune  finance  à  nous  ou  à  noz  amez  et 
féauls  les  gens  des  Comptes  ou  autres  nos  officiers  en  quelconques 
manières  que  ce  soit  mais  ycelle  finance  ou  autre  chose  qui  nous 
pourroit  estre  deue  à  cause  de  ce  que  dit  est,  considéré  ce  que  des- 
sus est  dit  leur  avons  donné,  remis  à  touziours  et  quictié  tout  à 
plain  par  la  teneur  de  ces  présentes.  Et  afin  que  ce  soit  chose  ferme 
et  estable  à  touziours  mais,  nous  avons  fait  mettre  nostre  scel  à 
ces  présentes  lettres  sauf  nostre  droit  en  autres  choses  et  l'autrui  en 
toutes.  Donné  à  Rouen,  l'an  de  grâce  mil  trois  cens  cinquante  nuef 
ou  mois  de  septembre.  Signées  :  Par  monseigneur  le  régent, 
J.  Dai  BY, 

Arch.  nat.,  JJ.  87,  n«  183,  fol.  112  r°.) 


248  l'abbaye  de  >otre-dame  de  grestain 


XXXI 

Aveu  (lu  fief  (lu  Val,  assis  à  Fiquefleur. 
1393,  12  septembre. 

De  noble  et  puissante  dame  madame  Johanne,  dame  de  Raez  et 
de  Roncheville,  tient  Johan  Gonnor  et  avoue  à  tenir  par  moien  des 
hers  Ferry  des  Camps  un  fieu  nommé  le  fieu  du  Val  pour  luy  et 
pour  cheus  qui  de  luy  tiennent,  assis  en  la  paroisse  de  Fiquefleu, 
en  franc  bourg-age  et  en  la  viconté  du  Pontaudemer,  dont  ledit 
Johan  tient  vj  pièchez  :  la  première  jouxte  le  quemin  du  roy  nostre 
seigneur  d'un  costé,  et  d'autre  la  quemine  des  nions,  et  haboute  à 
la  terre  au  recteur  de  Fiquefleu,  et  contient  iiij  acrez  ou  environ  et 
une  maison  dessus  séante  ;  la  seconde  contenant  iij  acrez  ou  environ 
assis  jouxte  les  hers  Ricart  de  Montere  d'un  costé,  et  d'autre  Guil- 
laume Byas  et  Symon  Hasley,  haboute  à  la  terre  Ricart  Viart  de 
par  sa  famé  ;  la  tierche  jouxte  lez  religieux  de  Grestain  d'un  costé, 
haboute  au  quemin  du  roy  nostre  seigneur  dun  bout,  et  d'autre  à 
Robert  du  Noueir  ;  la  quarte  jouxte  le  quemin  du  roy  nostre  sei- 
gneur d'un  costé,  et  d'autre  la  rue  de  la  Valoure  et  haboute  à  ladite 
rue  ;  la  cinquiesme  jouxte  les  hers  Johan  le  Bas  d'un  costé,  et 
d'autre...  Passart  et  haboute  à  Simon  Hasle}' ;  la  sixiesme  jouxte 
l'eaue  de  Mouret  '  d'un  costé,  et  d'autre  au  deitour  de  Fiquefleu  et 
haboute   sus   Thomas   du   Val  ;   et   en    doit  ledit  Johan  pour    li  et 

pour  cheus  qui  de  luy  tiennent soulx  parisis  et  maaille  parisis 

en  avril  et  xxvj  de  tournez  et  maaille  tournez  en  septembre  par 
chasun  an  à  poier  asdevantdis  hers  Ferry  dez  Camps,  et  les  doivent 
venir  querre  sur  ledit  fieu  et  faire  en  poier  ledit  Johan  par  leur 

prest  si  ledit  Johan  leur  requiert  pour  toutes  chosez Item  ledit 

Johan  tient  de  madite  dame  à  cause  de  sa  famé  la  plache  d'un  mou- 
lin avec  les  appartenanchez  dudit  moulin  assis  en  ladite  paroisse 
en  bourgage,  sus  laquelle  plache  de  moulin  dessusdit  ledit  Johan  à 
quatorre  soulx  de  rente  par  chascun  an  à  cause  de  Anele,  seure  de 
sa  mère,  [par]  lettres  sur  ce  faitez  ;  et  endoit  ledit  Johan  aler  à  Hon- 

1.  La  Morelle,  cours  d'eau. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  249 

nefleu  es  plès  de  madicte  dame  as  jugemens  par  chascun  an  ij  fois 
se  l'en  luy  fait  asavoir.  En  tesmoing  de  che,  je  ay  seellé  cheste 
escroe  de  mon  seel,  qui  fu  faite  le  xij^  jour  do  septembre,  l'an  mil. 
ccc.  iiij-^-"^  et  treze. 

(Bibl.  nat.,  ms.  nouv.  acq.  fr.  9G09,  n»  20.) 

XXXII 

Reconnaissance  cVhommage  délivrée  par  Charles  VI  à  Jean, 
abbé  de  Grestain. 

1398,  30  janvier  (n.  st.). 

Karolus,  Dei  gratia  Francorum  rex,  dilectis  et  fidelibus  gentibus 
compotorum  nostrorum  et  thesaurariis  nostris  Parisiis,  necnon 
baillivis  Rothomagi,  Caleti,  Constentini  et  Cadomi,  earumdemque 
bailliviarum,  vicecomitibus  ceterisque  ad  quos  pervenerit,  salutem 
et  dilectionem.  Notum  vobis  facimus  quod  dilecto  nostro  Johannes, 
abbas  de  Grestano,  ordinis  Benedieti,  Lexoviensis  diocesis,  hodie 
nobis  prestitit  et  fecit  juramentum  fidelitatis,  quod  nobis  facere 
tenebitur  ratione  temporalitatis  de  sue  abbatie  ad  quod  ipsûm 
recepimus,  nostro  in  aliis  et  alieno  in  omnibus  jure  salvoque  circa. 
Vobis  et  vestrum  cuilibet  prout  ad  eum  pertinuerit  precepimus  et 
mandamus  quatenus  dictum  abbatem  ratione  dicti  juramenti  nobis 
non  prestitit  nullatenus  molestetis  seu  molestare  permittatis.  Sed 
si  quod  temporalitatis  predicte  abbatie  vel  aliud  de  suo  proprio 
propter  hoc  juramentum  fuerit  impeditum  vel  in  manu  nostra  posi- 
tum,  ad  plénum  visis  presentibus  deliberetis,  etc. 

Datum  Parisius,  die  penultima  januarii,  anno  Domini  millesimo 
trecentesimo  nonagesimo  septimo,  regnique  nostri  decimo  octavo. 

(Arch.  nat.  P.  271',  n°  4480.) 

XXXIII 

Rémission  par  Charles  VI  à  Guillaume  le  Harccoux,  au  sujet  du 
meurtre  de  Jean  de  Bailleul,  natif  de  Grestain,  qui,  en  compagnie 
de  son  paç/e  aussi  mis  à  mort,  avait  pillé  une  maison  sise  à  Gon- 
neville-sur-IIon  fleur. 

1399,  janvier. 

Charles,  etc.  Savoir  faisons  à  tous  présens  et  avenir.  Nous  avons 


250  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

receu  lumble  supplicacion  des  amis  charnelz  de  Guillaume  le  Hare- 
coux,  contenant  : 

Comme  trente-six  ans  a  ou  environ,  que  les  guerres  estoient  lors 
en  j)lusieurs  parties  de  nostre  royaume  se  feussent  assemblez  plu- 
sieurs gens  d'armes  de  compaigne  et  de  plusieurs  nacions  et  eussent 
prins  leur  retrait  ou  reffuge  en  l'abbave  de  Gratain  ^,  lesquelx  pour 
lors  [estoient]  moult  crains  et  doubtez  ou  pois  et  es  parties  d'envi- 
ron pour  les  grans  extorsions,  excès  et  maléfices  que  ilz  faisoient. 
Avec  lesquelz  se  mist  et  accompaigna  feu  Jehan  de  Bailleul  qui 
estoit  né  dudit  pays  de  Gratain.  En  icellui  temps  fust  venu  ycellui 
de  Bailleul  accompaigné  d'un  sien  page  en  la  paroisse  de  Gonne- 
ville,  en  l'ostel  d'une  femme  vesve  qui  avoit  esté  femme  dun  seur- 
nommé  le  Dadiant.  Et  de  fait,  icellui  de  Bailleul  prist  des  biens  de 
ladicte  femme  pour  le  vivre  et  substentacion  de  lui  et  de  sondit 
page,  prist  aussi  en  l'ostel  d'icelle  femme  deux  paelles  d'arain  -, 
lesquelles  de  fait,  et  oultre  la  volenté  de  elle  il  emporta  ou  fist 
emporter  par  sondit  page,  combien  que  ce  feust  une  grande  partie 
du  meuble  d'icelle  femme.  Et  pour  ravoir  icelles  paelles,  y  celle 
femme  poursuit  ledit  de  Bailleul  et  sondit  page.  En  faisant  laquelle 
poursuite,  ladicte  femme  trouva  ledit  Guillaume  Harecoux  duquel 
estoit  marrayne,  et  luy  dist  ces  paroles  ou  semblables:  «  Alon  filleul, 
Jehan  de  Bailleul  vient  de  mon  hostel  et  y  a  pris  sa  réfection  ou 
repast,  et  non  obstant  a  pris  à  mon  hostel  et  robe  deux  paelles 
d'arain  qu'il  emporte.  Si  te  prie,  se  tu  peus,  que  tu  y  mectes 
remède.  »  Et  lors  ledit  de  Harecoux  voulant  faire  plaisir  à  sadicte 
marasme,  comme  tenus  estoit  de  faire,  ala  pardevers  ledit  Bailleul, 
et  lui  dist  qu'il  voulsist  rendre  et  restituer,  et  il  feroit  bien  et 
aumôsne,  et  se  il  ne  le  faisoit,  l'en  en  feroit  plainte  telle  qu'il  en 
auroit  jDunicion.  Lequel  de  Bailleul,  non  content  d'icelles  paroles, 
respondi  audit  de  Harecoux,  qu'il  n'en  feroit  riens  pour  lui  et  que 
c'estoit  un  faulx  et  desloyal  villain.  Et  de  faict,  icellui  de  Bailleul, 
meu  de  félon  courage,  frappa  ledit  de  Harecoux  d'une  fourche 
fierre  •',  tellement  et  si  fort  que  ledit  Harecoux  fust  tout  estourdi. 
Et  lors  icellui  Harecoux,  courroucié  et  esmeu  dudit  cop  que  ledit  de 
Bailleul  luy  avoit  donné,  et  aussi  de  ce  que  indeuement  et  sans 

1.  Grestain,  Eure,  arr.  de  Pont-Audemer. 

2.  Deux  poêles  de  cuivre. 

3.  Fourche  de  fer. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  251 

cause  il  emportoit  ou  faisoit  porter  les  paelles  de  sadicte  marajne 
se  saisit  d'un  pel  de  haye,  pour  obvier  à  la  mort  ;  doubtant  que 
ledit  de  Bailleul,  qui  estoit  homme  d'armes  ou  brigant,  le  frappa 
dudit  pel  un  cop  par  la  teste  tant  seulement.  Duquel  cop  mort  s'en 
ensuj  tantost  après  à  la  personnnc  dudit  Bailleul,  si  comme  l'en 
dist.  Et  à  icellui  fait  vinrent  et  se  assemblèrent  plusieurs  gens  du 
païs,  qui  doubtoient  ledit  de  Bailleul  et  les  autres  gens  d'armes 
dudit  lieu  de  Gratain,  avec  lesquelx  il  s'est  accompaignié  comme  dit 
est,  et  afin  que  icelluy  page  n'en  portast  les  nouvelles  à  iceulx  gens 
d'armes  ou  autrement,  fut  icellui  page,  par  lesdictes  gens,  pris  et 
mis  à  mort.  Lequel  page  estoit  mal  renommé  et  pour  punicions 
d'aucuns  maléfices  qu'il  avoit  commis  avoit  eu  une  oreille  coppée, 
comme  l'en  dist... 

[Suit  la  rémission  adressée  au  hailli  de  Rouen.) 

{Choix  de  pièces  inédites  relatives  au  règne  de  Charles  V/,  t.  II, 
p.  93.  —  Cf.  Arch.  nat.  JJ,  154,  pièce  511.) 


XXXIV 

Transaction  entre  Guillaume  de  Tancarville,  vicomte  de  Melun,  et 
les  religieux  de  Grestain  sur  leurs  contestations  au  sujet  des 
limites  et  bornes  où  se  perçoivent  les  droits  de  pêche  et  de 
varech. 

1409,  7  février  (n.  st.). 

A  tous  ceulx  qui  ces  lettres  verront  ou  orront  Jehan  le  Yavas- 
seur,  garde  du  seel  des  obligacions  de  la  viconté  de  Monstiervillier, 
salut.  Savoir  faisons  que  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens  et  douze,  le 
dimanche  viij''  jour  de  may,  par  Jehan  Badin,  clerc  tabellion  juré 
en  ladite  viconté  ou  siège  dudict  lieu  de  MonstiervilHer,  nous  fu 
tesmoingné  lui  avoir  veu  et  tenu  unes  lettres  saines  et  entierrez  en 
seel  et  escripture  desquelles  la  teneur  ensuit  : 

A  tous  ceulx  qui  ces  lettres  verront  ou  orront  Guillaume  Blanc- 
baston,  garde  du  seel  des  obligacions  de  la  viconté  de  Rouen,  salut. 
Comme  en  l'an  mil  trois  cens  et  dix  ou  environ  procez  se  fust  meu 
et  pendenct  entre  noble  dame  Madame  Jehanne  de  Roony,  dame 
de  Tancarville,   ou  nom  et  au  drois  de  Guillaume  de  Tancarville, 


252  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

son  fîlz,  lors  estans  en  la  garde  du  roy  pour  sa  minorité  duquel 
elle  aAoit  et  tenoit  le  bail  par  justice,  d'une  part,  et  religieux  hom- 
mez  et  honnestez  Tabbé  et  couvent  de  Nostre-Dame  de  Grestain, 
d'autre  part,  à  cause  et  par  raison  de  certaines  justicez,  exploiz  et 
adjournemens  ou  arrestz  faiz  sur  lez  hommez  desdiz  religieux  par 
les  gens  et  offîcierz  de  laditte  dame  au  droist  et  à  cause  de  la  sei- 
gneurie, haulte  justice  propriétaire  et  hérédital  appartenant  à  la 
seigneurie  dudit  lieu  de  Tancarville  es  eauez  d'icelle  tant  comme  le 
flo  de  la  mer  ceuvre  et  desceuvre,  desquelles  justices,  exploix  et 
arrestz  lesdiz  religieux  estoient  lors  complaignons  en  l'Eschiquier  de 
Pasques  tenu  à  Rouen  l'an  de  grâce  mil  trois  cens  et  dix,  disans 
que  iceulx  exploix  avoient  esté  faiz  à  leurs  liommez  prins  en  leaue 
de  Saine  en  lieu  où  la  justice  leur  appartenait  et  dont  ilz  se  disoient 
estre  saisiz  à  cause  de  la  haulte  justice  que  ilz  ont  es  eaues  appar- 
tenant à  laditte  esglize.  Sur  quoy  desdittes  partiez  fondeez  comme 
il  puet  appairoir  par  lettres  de  transcript  cy  annexeez  se  misrent 
en  l'ordonnance  de  feu  monseigneur  Enguerran,  sire  de  Margni, 
chevallier  et  chambellan  du  roy  ou  de  deux  des  amis  dudit  Guil- 
laume telz  comme  ledit  seigneur  de  Margni  vouldroit  nommer, 
lequel  seigneur  de  Margni  eust  nommé  mgr,  Henry  de  Bricourt  et 
mgr.  Raoul  Martel,  chevalliers,  qui  s'en  chargèrent  et  depuis  aprez 
enqueste  et  information  sur  ce  faictes  sur  ledit  descort  eussent 
donné  et  prononcié  leur  sentence  selon  ce  que  il  peult  appairoir  par 
ledit  transcript  annexé,  rattifié  et  approuvé  es  assisez  royaulx  de 
Monstiervillier  devant  le  bailly  de  Caux,  qui  lors  estoit  1  an  de 
grâce  mil  trois  cens  et  dix,  le  jeudi  devant  la  Nativité  de  Nostre- 
Dame  selon  ce  que  ensement  puet  appairoir  par  ledit  transcript 
annexé. 

Et  depuis  se  fust  renouvelle  et  fourme  procez  sur  les  choses  des- 
sus dittes,  circonstances  et  deppendences  d'icelles  entre  noble  et 
poissant  seigneur  mgr.  Jehan  conte  de  Tancarville  duquel  noble 
seio-neur  mgr.  Guillaume  lors  viconte  de  Mellun,  son  frère,  avoict 
pour  aulcunes  causes  la  garde  et  administration  et  gouvernement 
dune  part,  et  lesdiz  religieux,  abbé  et  couvent  d'autre  part,  ouquel 
procez  ait  eu  plusieurs  travaulx  dune  partie  et  d'autre  tant  que  en 
l'Echiquier  tenu  à  Rouen  à  la  Saint-Michiel,  lan  mil  troys  cens 
quatre  vingtz  et  dix,  lesdiz  religieux  comparans  par  abbé  en  per- 
sonne et  procureur  sufïisamment  fondé  par  leur  couvent  se  fussent 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  253 

miz  et  coiidessciKlu/.  dudit  descort  en  l'ordonnance  et  volcnté  dudit 
mgr.  Guillaume  lors  viconte  de  IVIelleun  lequel  par  vertu  du  pou- 
voir à  lui  donné  et  moienient  enquestez  et  informations  par  lui 
faictez  faire  eust  donné  sentence  corrobora tifve  des  sentences  don- 
nées por  lesdiz  messire  Raoul  Martel  et  messire  Henry  de  Bricourt 
selon  ce  que  il  puet  appairoir  par  la  sentence  dudit  mgr.  lors 
viconte  de  Meleun  enscment  cy  annexée  en  transcript  ;  de  laquelle 
sentence  dudit  mgr.  le  viconte  de  Meleun  lesdiz  religieux  se  fussent 
dolus  et  par  ce  moien  la  cause  venue  en  FEschiquier,  et  depuiz  par 
impétiation  desdiz  religieux  mise  et  advoquié  devant  le  roy  nostre 
sire  en  son  grant  conseil  et  aussi  entre  lesditez  partiez  fussent 
autres  procès  pour  autres  exploiz,  justicez,  contrainctez,  arrestz, 
faiz  d'une  partie  et  d'autre  sur  les  hommez  de  Tune  partie  et  de 
l'autre,  tous  lesquelz  procès  par  l'impétration  desdiz  religieux 
eussent  esté  advoquiez  devant  le  roy  nostredit  sire  en  son  grant 
conseil,  lesquelz  procez  eussent  esté  ouverts  et  les  matières  plai- 
doieez  devant  mons.  le  chancelier  et  le  grant  conseil  et  les  escrip- 
tures  d'une  partie  et  d  autre  misez  devers  la  court  pour  entendre 
l'ordonnance  et  apointement  d'icelle  court,  par  c|uoy  iceux  trans- 
cripz  dessus  touchez  sont  en  deux  rouliez  de  parchemin  signez  en 
la  lin  de  m''  Jehan  Milet,  greffier  de  parlement,  eut  esté  recouvrés 
par  le  commandement  de  mons.  Ernault  de  Corbie,  chancelier  de 
France,  coUationnez  aux  originaulx  car  pour  la  cause  dessuzditte 
l'en  ne  pouvoit  bonnement  et  présentement  recouvrer  les  origi- 
naulx qui  estoient  devers  la  court  comme  dit  est.  Aprez  lesquelles 
plaidoiriez,  procez  encommenciez  et  démenez  lesdittes  causez  et 
procez  fussent  venuez  et  descenduez  fourmement  en  la  personne 
dudit  mgr.  lors  viconte  de  Meleun  et  à  présent  compte  de  Tancar- 
ville  ou  lieu  dudit  feu  mgr.  Jehan  son  frère,  d'une  part,  et  lesdiz 
religieux,  abbé  et  couvent  ensement  renouvelez  de  nouvel  abbé 
d'autre  part,  lesquellez  partiez  ayans  considération  à  longueur  du 
temps  comme  iceulx  procez  avoient  esté  encommenchiez  et  démenés 
des  grants  frais,  travaulx,  empeschemens  d'autres  besongnez  pro- 
fittables  qui  pour  ce  avoient  esté  faiz  et  soustenuz  pour  laditte 
cause  tant  d'entre  eulx  que  entre  les  hommez  advenans  et  fréquen- 
tans  èsdittes  eaues  qui  sont  grant  peuple  vivans  du  mestier  de  pes- 
cherie  lequel  redonde  en  auiinistration  de  vivre  en  bien  commun, 
considérans  aussi  que  la  sentence  et  ordonnance  de  laditte  court  sur 


254  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

le  plaidoié  dessus  touchiée  dont  ilz  estoient  expectans  et  ne  savoient 
selon  les  mémoires  par  eux  bailliez  devers  la  court  de  leurdit  plai- 
doié ilz  seroient  appointiez  en  faiz  contraire  en  fourme  d'enquestez 
qui  seroit  chose  de  très  g-rant  frest  et  excessif  à  soustenir  et  plus 
périlleux  à  attendre  en  sentence  deffînitifve,  pour  lesquelz  incon- 
véniens  et  plusieurs  autres  qui  pourroient  advenir  eschiver  et  pour 
paix  et  tranquillité  mettre  entre  les  partiez  et  les  subg-iez  vivans 
comme  dit  est  et  le  bien  commun  augmenter  icellez  partiez  se 
soient  assemblez  en  la  présence  de  plusieurs  de  leurs  amys  et  con- 
seulx  à  Rouen,  c'est  assavoir  ledict  mgr.  le  conte  accompaigné  de 
mons.  Robert  Desneval  dict  Percheval,  seigneur  Desneval,  mons. 
Jehan,  sire  Daurichier,  mons.  Robert  Desneval,  seigneur  de  Saint- 
Maclou,  chevaliers,  Philippes  Poupart,  bailli  dudit  lieu  de  Tancar- 
ville,  Guillaume  Taillefer,  viconte  desdites  eauez  et  plusieurs 
autres,  et  révérend  père  en  Dieu  Richart,  par  la  permission  divine 
à  présent  abbé  de  ladite  abbaïe,  accompaigné  de  domp  Jehan  Vallet, 
religieux  de  ladite  abbaïe,  naguères  bailli  en  icelle  à  présent  prieur 
de  Saincte  Scollasse,  fille  de  ladite  abbaïe,  et  procureur  du  couvent 
de  ladite  abbaïe  si  comme  joar  procuration  eincorporée  dedans  ces 
présentes,  collationnée,  peult  appairoir  qui  fut  trouvée  saine  et 
entière  en  seel  et  en  escripture,  Robert  Descaliez,  seneschal  desdiz 
religieux  et  garde  de  leur  justice  tant  haulte,  moyenne  que  basse. 
Durant  de  Thieville,  frère  naturel  de  père  et  de  mère  légitime  dudit 
abbé,  sous-seneschal  de  ladite  abbaïe,  viconte  de  Roncheville,  et 
plusieurs  autres,  lesquellez  partiez  meuz  de  leurs  bonnes  volontez 
tant  pour  les  considérations  dessusdittes  comme  pour  leurs  con- 
sciencez  infourmées  par  enquestez  de  rechief  et  nouvellement  faictez 
sur  les  troublez  et  chosez  dessuzdittez,  voulans  pourveoir  à  leur 
pouvoir  aux  obscuritez  qui  estoient  advenuez  es  dites  besongnes 
dont  pour  lesdiz  procez  ils  estoient  plusieurs  aucuns  tant  de  l'un 
costé  que  de  l'autre,  voulans  aussy  à  leur  pouvoir  rédiger  et  rame- 
ner en  bonne  déclaration  et  congnoissance  la  manière  comme  pour 
le  temps  advenir  l'en  se  devra  régler  et  gouverner  èsdittes  eauez 
tant  de  l'un  costé  que  de  l'autre  ayent  advisé  sur  ce  concorde  comme 
ilz  disoient  :  Savoir  faisons  que  pardevant  Robert  le  Vigneron, 
clerc  tabellion  en  la  compaignie  de  Henry  le  Vigneron,  tabellion 
juré  en  laditte  viconte,  furent  présens  lesdittes  partiez  comparans, 
fondez  et  accompaignez  comme  cy   dessus  est  narré,  lesquelz  de 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  255 

leur/,  bonnes  volentez  congnurent  et  confessèrent  de  bonne  foy  avoir 
fait  appointement,  traictié  et  déclaration  en  la  manière  qui  cy-après 
ensuict  en  plusieurs  articlez  : 

Premièrement  lesdiz  religieux  consentent  et  acordent  que  mon- 
dit  seig-neur  le  conte,  ses  hoirs  et  aians  cause  ont  et  auront  drf)it- 
ture,  seigneurie  et  auctorité  de  justice,  contraindre,  arrester,  pug-nir 
et  corrig-er  tous  les  délinquans  et  malfaiteurs  es  eauez  dudit  mgr. 
le  conte  qui  sont  entre  ,1e  gort  de  Quillebeuf  et  le  figuier  d'Aure- 
cliier  pour  déliz,  maléfices,  malaquis  et  tous  autrez  malfaiz,  de 
pug-nir  et  corriger  les  hommez  desdiz  religieux  se  ilz  y  meffont  ou 
malacquitent  et  prendre  homme  pour  homme  et  voisin  pour  voisin 
ainsi  que  contenu  es  sentences  de  mons.  Raoul  Martel  et  mons. 
Henry  de  Bricourt  et  dudit  mons.  le  conte,  et  renonchèrent  à  leurs 
doléances  et  procez  prins  pour  icelle  sentence  et  à  toult  le  débat 
que  mys  y  ont. 

Item  audit  mons.  le  conte,  ses  hoirs  ou  aians  cause,  demeure  la 
seigneurie  plaine  de  applett  toult  varguant  entre  lesdittes  mettes  du 
gort  de  Quillebeuf  et  le  figuier  Daurechier  tant  du  costé  de  Tancar- 
ville  que  de  Grestain,  sauf  que  les  hommez  de  la  france  table  de 
Grestain  qui  est  à  entendre  les  hommez  de  leur  fondation  antienne  ' 
seront  et  demeureront  francz  audit  aplett  varguant  et  en  toutez 
autrez  pescheries  pourveu  toutesvoiez  que  iceulz  hommez  de  la 
france  table  de  Grestain  soient  à  icelle  pescherie  seulz  et  singuliers 
à  leur  prouffîst  sans  adjonction  d'aultrui,  car  s'il  y  avoict  à  leur 
compaignie  aucune  personne  ilz  paieroient  eulx  et  leurs  perçonniers 
audict  mons.  le  conte  comme  les  autres  non  frans.  Et  aussi  est 
assavoir  que  se  les  hommez  de  ladite  france  table  peschoient  ou 
prenoient  aucun  franc  poisson  es  eauez  dudit  mons.  le  conte,  iceulx 
religieux  en  auroient  la  congnoissance  pourveu  qu'ilz  feussent  seulz 
et  singuliers  de  perçonniers  comme  dict  est. 

Item  aura  ledict  mons.  le  conte  ses  hoirs  et  aians  cause  tout  le 
vvarest,  seigneurie,  justice  et  jurisdiction,  coustumes,  acquis,  allèges 
et  aultrement  qui  escherront  et  pourront  escheoir  en  flote.  Et  sur 
ce  est  assavoir  (pie  s'il  y  avoict  warest  qui  alast  ferir  à  terre  en 

1.  Cette  désignation  se  rap])orle  à  la  donation  primitive  faite  par  Herluin 
de  Contoville  dont  voici  les  termes  :  u  Ex  dono  Herlewini,  patris  Roberti  comi- 
tis  Mordis,  triginta  acras  terre  in  Gresleno  et  borclurios  et  piscalores  qiio^  ibi 
hahchat.  » 


256  l'abbaye  de  notre-dame  de  gbestain 

costé  dudit  lieu  de  Grestain  entre  les  bournes,  c'est  assavoir  la 
croix  de  la  Devise  et  le  Noirport  et  lesdiz  relig-ieux  ou  leurs  gens 
les  pouroient  prendre  et  sauver  k  pié  et  sans  batel  et  non  autre- 
ment, ilz  en  auroient  la  congnoissance.  Sur  quoi  encore  est  à 
entendre  que  s'il  y  avoict  aucun  Avarest  en  flote  ouquel  lesdiz  reli- 
gieux ou  leurs  gens  puissent  venir  ou  attaindre  à  pié  et  sans  batel 
néantnioins  il  ne  seroit  pas  absolutement  auxdiz  religieux  mais 
seroit  et  appartiendroit  à  celui  qui  premier  y  mettroit  la  main  fust 
des  gens  ou  officiers  dudit  nions,  le  conte  ou  desdiz  religieux,  car 
toute  flotte  à  quoy  mondit  seigneur  le  conte,  ses  gens  ou  officiers 
pourroient  toucher  premier  lui  appartendra  pour  ce  que  flotte  dep- 
pend  de  pleine  mer  et  de  la  rivière  dont  mondit  seigneur  le  conte  a 
la  souveraineté,  seigneurie  et  justice  et  de  applett  warguant  comme 
dit  est,  et  lesdiz  religieux  ont  et  prendent  d'aplett  séant  et  à  pié 
sanz  batel  comme  dit  est  entre  leurs  bournes  comme  dit  est  tant 
seullement. 

Item  ausdiz  religieux  appartient  et  appartenoit  le  droit,  seigneu- 
rie et  justice  haulte,  basse  et  moyenne  des  pescheriez  et  eauyez  qui 
se  feront  entre  leurs  bournes  de  la  croix  de  la  Devise  et  le  Noir- 
port,  c'est  assavoir  à  aplett  séant  et  autrement  de  leur  costé  excepté 
tousiours  à  aplett  warguant  autant  comme  icellez  pescheriez,  eauez 
et  eauyez  se  pourroient  faire  à  pié  et  sans  batel  tant  de  leurs  hommes 
que  des  hommes  et  habitans  du  territoire  de  leur  costé  de  quelque 
seigneurie  que  ilz  soient  et  non  de  plus,  car  les  hommes  de  mondit 
seigneur  le  conte  et  de  tout  le  territoire  de  son  costé  de  quelque 
seigneurie  que  ilz  soient  y  pourront  aler  et  pescher,  et  de  ce  mon- 
dit seigneur  le  conte  aura  seul  le  droitture,  seigneurie,  acquiz,  jus- 
tice et  jurisdiction  et  frans  poissons  sauf  que  se  aucun  débat  se 
mouvoit  en  la  pescherie  desdiz  religieux  dedans  icellez  bournez  de 
la  croix  de  la  Devise  et  le  Noirport  tant  comme  l'en  pourroit  aler  à 
pié  et  sans  batel  comme  dit  est  entre  un  des  hommez  dudit  nions,  le 
conte  ou  du  territoire  devers  ledit  lieu  de  Tancarville  et  un  des 
hommez  desdiz  religieux  ou  des  hommez  du  territoire  de  devers 
ledit  lieu  de  Grestain  lesdiz  religieux  en  auront  la  congnoissance, 
justice  et  jurisdiction  et  avec  ce  par  les  hommez  dudit  nions,  le 
conte  et  des  habitans  du  territoire  devers  ledit  lieu  de  Tancarville 
estoit  trouvé  aucun  poisson  sans  peschier  comme  aucune  fois  l'en 
en  treuve   de  demourez  par  deffaulte   deauez  lesdiz   religieux    en 


PiÈr.F:s  jrsiincATivES  2.j7 

auront  le  droit  et  se  les  hominez  desdiz  reli<^ieux  et  les  habilans  du 
territoire  du  costé  de  ladite  abbaïe  ne  faisoient  leur  debvoir  de  bien 
balizer  leur  puis  et  estaliers  audit  costé  de  Grestain  icellui  qui  pre- 
mier les  approuchcra  soit  des  officiers  de  Tancarville  ou  des  offi- 
ciers de  Grestain  en  aura  la  congnoissance  et  se  les  officiers  ou  gens 
de  chascun  costé  venoient  ensemble,  lesdiz  religieux  en  auront  la 
congnoissance  pour  ce  que  c  est  leur  costé.  Et  oultre  est  assavoir 
que  des  poissons  qui  seront  peschiës  es  eauez  dudit  nions,  le  conte 
supposé  qu'ilz  fussent  portez  vendre  liors  des  mettes  de  la  seigneu- 
rie de  mondit  seigneur  en  la  seigneurie  desdiz  religieux  ou  ailleurs 
mondit  seigneur  le  conte  aura  la  congnoissance  des  procez  qui  en 
ysti'ont  et  pourront  estre  faiz  les  adjournemens  sous  pleine  mer  ou 
costé  devers  Grestain. 

Item  auront  lesdiz  religieux  les  drois,  acquiz,  justice,  jurisdiction, 
contraintes,  correction  et  pugnition  de  tous  leurs  hommez  et 
subiectz,  des  maléfices,  défis  et  malacquis  qui  se  feront  es  eauyes  à 
eulx  laisseez  qui  se  feront  à  pié  et  sans  batel  en  leur  territoire 
d'entre  les  bournes  dessus  devisées,  c'est  assavoir  la  croix  de  la 
Devise  et  le  Noirport  comme  dit  est,  et  pourront  pugnir  et  corriger 
les  maufauteurs  qui  y  vendront  peschier  ou  mal  faire  tant  leurs 
hommez  comme  dit  est  que  touz  autres  manans  et  habitans  ou  ter- 
ritoire de  ladite  abbaïe  et  non  plus,  car  comme  dit  est  dessus  géné- 
rallement  tous  manans  et  habitans  audit  costé  et  territoire  de  Tan- 
carville de  quelque  seigneurie  qu'ilz  soient  tout  au  long  de  la 
rivière  depuiz  aval  jusques  en  amont  seront  et  appartendront  audit 
mons.  le  conte  en  acquis,  eauyes,  correction  et  pugnition  de  tous 
maléfices  et  pourront  aler  peschier  es  pescheries  du  costé  de  devers 
lesdiz  religieux  sans  pour  ce  leur  payer  aucune  chose  mais  paieront 
audit  monseigneur  le  conte  sauf  que  s'il  y  avoit  descort  sur  les 
mettes  desdiz  religieux  entre  un  des  hommez  du  territoire  de  Tan- 
carville et  un  des  hommez  du  territoire  dudit  Grestain  à  cause  des 
pescheriez  faictes  entre  les  bournes  desdiz  religieux  iceulx  religieux 
en  auront  la  congnoissance  comme  dit  est  en  l'article  précédent. 

Item  se  oudit  costé  de  Grestain  entre  lesdites  bournes  de  la  croix 
de  la  Devise  et  le  Noirport  les  hommez  desdiz  religieux  ou  autres 
manans  et  habitans  en  costé  de  ladite  abbaye  prenoient  es  pesche- 
riez desdiz  religieux  à  pié   sans  batel  aucun   franc  poisson  comme 

Gh.  Bréard.  —  L'Abbaye  Je  Nolre-Dume  de  Grestain.  1" 


258  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

esturgeon  ou  autres  lesdiz  religieux  en  auront  la  droitture  et  cong- 
noissance. 

Item  auront  aussi  lesdiz  religieux  le  warest  entre  lesdites  bournes 
de  la  croix  de  la  Devise  et  le  Xoirport  en  costé  devers  Grestain  en 
tant  comme  il  pourra  recouvrer  à  pié  et  sans  batel  comme  dit  est. 

Item  est  s'il  advenoict  que  par  la  vertu  du  flo  de  la  mer  ou  des 
innundations  des  eauez  damont  ou  d'aval  se  fissent  deux  bras 
d'eauez  et  entre  iceulx  deux  bras  se  feist  pescherie  à  aplett  séant 
ausquelles  pescheriez  on  ne  peust  aler  sans  batel,  il  est  assavoir 
que  de  touttes  les  pescheriez  qui  là  se  feroient  par  les  hommez 
dudit  mons,  le  conte  et  générallement  par  les  manans  et  habitans 
ou  costé  ou  territoire  de  devers  Tancarville  de  quelque  seigneurie 
qu'ilz  soient  mondit  seigneur  le  conte  en  aura  la  droitture,  seigneu- 
rie et  congnoissance  seul  et  pour  le  tout  mais  des  autres  pescheriez 
qui  se  feront  à  pié  et  à  aplett  séant  comme  guideaux,  veues,  fou- 
rès,  hairenes  ou  autrement  sans  batel  et  sans  applett  ^varguant  par 
les  hommez  desdiz  religieux  et  par  les  manans  et  habitans  du  terri- 
toire du  costé  de  devers  ladite  abbaye  de  quelque  seigneurie  qu'ilz 
soient  il  se  partiront  égaument,  c'est  assavoir  moitié  audit  mons.  le 
conte  et  l'autre  moitié  ausdiz  religieux  sauf  que  les  hommez  de 
ladite  france  table  de  Grestain  seront  frans  comme  dit  est  et 
demourront  ausdiz  religieux  seuUement  ;  et  si  aucun  débat,  délit  et 
maléfice  ou  mal  acquit  ou  autrement  se  formoit  entre  iceulx  deux 
bras  d'eaue  entre  quelquez  personnez  que  ce  fut  mondit  seigneur  le 
conte  auroit  la  congnoissance  et  aussi  s'il  y  escheoit  aucun  warest 
de  corps  d'homme,  deniers,  marchandises  ou  biens  que  l'on  voul- 
droit  dire  avoir  esté  appropriez  à  homme,  mondit  seigneur  le  conte 
en  auroit  la  droitture,  seigneurie  et  congnoissance  et  avec  ce  se  il 
venoit  aucun  franc  poisson  comme  esturgeon,  balayne,  cauderon, 
oye  de  mer,  louf  (loup)  marin  ou  autre  mondit  seigneur  en  auroit  la 
seigneurie,  droitture  et  congnoissance  et  pareillement  se  il  y  auroit 
treuvé  aucun  poisson  sans  peschier  comme  aucuneffoiz  l'en  en 
treuve  de  demourez  par  deffaulte  d'eauez  mondit  seigneur  le  conte 
en  auroit  la  congnoissance  et  droitture  de  quelque  personne  que 
treuvé  soit. 

Item  et  s'il  advenoit  que  l'un  diceulx  deux  bras  apetichast  ou 
diminuast  tellement  que  l'en  peust  aler  à  la  pescherie  à  pié  et  sans 
batel  entre  iceulx  deux  bras  cil  ouquel  costé  ledit  bras  se  diminue- 


PIKCES    JUSTIFICATIVES  259 

roit  soroit  tenu  de  le  l'aire  savoir  à  l'autre  afïîn  qu'il  eust  cong-nois- 
sance  (ricelle  diminution  et  sera  la  luanière  dit  (sic)  faire  faire  savoir 
aux  fermiers  lun  de  1  autre  qui  trouver  les  pourra  sinon  à  la  porte 
du  chastel  de  Tancarville  et  à  la  porte  de  ladite  abbaje  et  la  raison 
si  est  car  se  ladite  diminution  se  faisoit  du  costé  de  devers  Tancar- 
ville mondit  seig^neur  le  conte  auroit  tout  et  n'y  prendroient  riens 
iceulx  relig-ieux  excepté  que  leurs  hommez  de  leur  dite  france  table 
sont  et  seront  frans  comme  dit  est  et  ce  cestoit  ou  costé  desdiz 
relig"ieux  ilz  retourneroient  à  leur  droitture  et  seig'neurie  cy  dessus 
devisée  ou  quatriesme  article,  c'est  assavoir  qu'ilz  auroient  la  droit- 
ture, acquiz,  seigneurie,  justice  et  jurisdiction  des  pécheriez  que 
leurs  hommez  et  habitans  du  territoire  du  costé  dudit  lieu  de  Gres- 
tain  feroient  à  pié  sans  batel  à  appleit  séant  ou  autrement  entre  les- 
dites  bournez  de  la  croix  de  la  Devise  et  le  Noirport  ainsi  que  oudit 
quatriesme  article  est  contenu  et  mondit  seigneur  le  conte  auroit 
tous  les  autres  du  territoire  du  costé  de  Tancarville  jouxte  ledit 
article. 

Item  jasoit  ce  que  par  le  second  article  cy-dessuz  touchant  tout 
l'appleit  warguant  soit  consentu  et  acordé  par  lesdiz  religieux 
audit  nions,  le  conte,  ses  hoirs  et  aïans  cause  néanmoins  icelui 
mon  s.  le  conte  pour  aucunez  considérations  tant  pour  lui  que  pour 
ses  hoirs  ou  aians  cause  veult,  consent  et  acorde  que  lesdiz  reli- 
gieux et  leurs  successeurs  aient  par  chacun  an  le  proutïict  et  revenu 
de  quatre  bateaulx  d'appleit  warguant  oultre  et  pardessuz  lez 
hommez  de  la  france  table  dudit  lieu  de  Grestain  à  tourner  iceulx 
quatre  bateaulx  les  deux  au  proufïit,  honneur  et  pourveance  de  la 
chambre  de  l'abbé  et  lez  autrez  deux  à  tourner  au  proulTit  et  vivre 
du  couvent,  lesquieulx  quatre  bateaulx  seront  prins  et  entenduz 
premièrement  et  advant  tout  dez  pescheurs  du  territoire  de  devers 
ladite  abbaïe  de  Grestain,  lesquelz  quatre  bateaulx  iceulx  religieux 
pourront  bailler  èi  louage  soit  à  argent  ou  à  poisson  ou  portion  de 
l'un  ou  de  l'autre  à  leur  proulïist  ainsi  que  bon  leur  semblera, 
réservé  pour  mondit  seigneur  le  conte  la  congnoissance,  justice, 
jurisdiction,  pugnition  et  correction  des  malfaitteurs  et  maleticez 
qui  pourroient  advenir  et  niouveoir  d'iceulx  bateaulx  et  dez  hommez 
et  pescheurs  qui  le  gouverneroient  en  exploictant  dicelle  pescherie 
et  s'il  advenoit  que  par  obstinité  ou  autrement  lesdiz  religieux  ne 
trouvassent    aucun   pescheur    de   leur  costé    qui  voulsist    prendre 


260  LAliliAVE    DE    NOTRE-DAME    DE    GRESTAlN 

d'eulx  à  louage  iceulx  quatre  bateaulx  ou  portion  diceulx  mondit 
seigneur  le  conte  qui  veult  sa  volenté  ou  ceste  partie  estre  acomplie 
veult  et  acorde  que  ses  ofticiers  baillent  et  délivrent  ausdiz  religieux 
bateaulx  en  ce  qui  se  deffauldroit  au  second  pris  et  second  degré 
aprez  le  plus  hault  pris. 

Et  promisrent  lesdis  abbé  et  procureur  et  chacun  d'eulx  faire, 
ratifïîer  et  acorder  au  couvent  de  ladite  abbaye  et  avoir  agréable 
tout  le  contenu  en  cez  présentes  les  circonstancez  et  deppendances 
dicelles  et  de  ce  faire  avoir  lettre  à  mondit  seigneur  le  conte  ou  à 
ses  hoirs  toute iTois  que  sommez  et  requiz  en  seroient  par  ledit 
mons.  le  conte,  ses  hoirs  ou  aians  cause  ou  par  le  porteur  de  ces 
lettres. 

Toutes  lesquelles  choses  dessusdites  lesdites  partiez,  c'est  assa- 
voir ledit  mons.  le  conte,  meu  de  dévotion,  en  la  révérence  de  Dieu 
et  de  Xostre-Dame  dont  ladite  esglize  est  fondée,  et  lesdiz  religieux 
comparans  et  fondez  comme  dit  est,  meuz  de  bonne  recongnois- 
sance  de  1  honneur,  révérence  et  seigneurie  dudit  mons.  le  conte  et 
de  ses  devanchiers  dont  ilz  auroient  eu  des  proufïiz  et  augmenta- 
tions promistrent  de  bonne  foy  pour  eulx  et  leurs  successeurs  tenir 
de  point  en  point  sans  jamais  en  contrevenir  ne  faire  venir  en 
aucune  manière  sur  l'obligation  des  biens  meubles  et  héritages 
dudit  mons.  le  conte  et  de  ses  hoirs  et  des  biens  meublez  et  héri- 
tages de  ladite  esglize  présens  et  advenir  à  prendre  et  advendre  par 
tous  lieux  et  justices  soubz  quelle  jurisdiction  que  ilz  soient  etpour- 
roient  estre  trouvez  et  si  jureroient  chacun  de  soi  par  especial  les- 
diz abbé  et  procureur  en  parolle  et  conscience  de  prebtre  aux  sainttes 
envangilles  de  Dieu  à  non  venir  ne  faire  venir  par  eulx  ne  par 
aultres  en  manière  nulle  quelle  que  elle  soit  ou  puist  estre  en 
aucune  manière  et  si  renonceroient  quand faict,  à  toutes  excep- 
tions, déceptions,  fraudez,  tintes,  cautelles,.  malices,  baraz  et  cai- 
rella lions  à  tout  droit  escript  et  non  escript  canon  et  civil  à  toutez 
lettres  de  grâces  donneez  ou  à  donner  impetreez  ou  à  impétrer  soit 
de  Xostre  Saint  Père  le  Pappe,  du  roy  nostre  sire  ou  d'autres  aians 
pouvoir  à  ce,  k  ce  que  eulx  ou  l'un  d'eulx  peust  dire,  alléguer  ou 
proposer  en  ces  présentes  estre  plus  escript  que  passé    et  accordé  r 

ne  fu  ou  passé  et  accordé   que  escript  et   générallement   à  toutes  1 

autres  choses  quelconquez  f[ui  tant  de  fait  comme  de  droit,  stille, 
coustume  ou  usaige  aidier  et  valoir  leur  pourroient  à  venir  ou  faire 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  261 

venir  contre  la  teneur  cl  ol)lig'ation  de  ces  présentes  et  par  espécial 
au  droit  disant  général  renonciation  non  valoir  et  déclarans  que 
cestoit  leur  volenté  que  par  leurs  officiers,  hommez  et  suboez  et 
par  tous  ceulx  qui  habiteront  et  fréquenteront  esdites  eauez  soient 
tenuez  et  acomplies. 

Cy  ensuit  la  teneur  de  ladite  procuration  : 

A  tous  ceulx  qui  ces  lettres  veyront  ou  orront,  Richart,  par  la 
permission  divine  humble  abbé  de  Nostre-Dame  de  Grestain  et  tout 
le  couvent  d'icellui  lieu,  salut  en  Nostre  Seig-neur.  Savoir  faisons 
que  en  usant  de  nostre  droit  commun  nous  avons  fait  et  estably, 
faisons,  ordonnons  et  establissons  nostre  procureur,  nostre  bien 
amé  frère  et  compaignon  dampt  Jehan  Valet,  religieux  de  ladite 
abbaye,  prieur  de  Saincte  Scolace,  fille  de  ladicte  abbaïe,  en  toutes 
nos  causez  et  querelles  meues  et  à  mouvoir  et  par  espécial  nous 
couvent  dessusdit  l'establissons  à  soy  transporter  à  Rouen  en  la 
compaignie  de  nousdit  abbé  devers  noble  et  puissant  seigneur  le 
conte  de  Tancarville  pour  essaier  et  acorder  et  appointer  avecquez 
mondit  seigneur  le  conte  des  procez  que  nous  avons  vers  lui  à  cause 
des  eauez  dudit  lieu  de  Tancarville  et  des  nostres,  dont  plusieurs 
procez  sont  pendens  par  entre  nous  devant  le  roy  nostre  sire  ou 
son  grant  conseil,  et  voulions  que  il  ait  auctorité  et  puissance  par 
ces  présentes  d'accorder  et  passer  lettres  d'appointement  de  tel 
traictié  comme  advisé  et  acordé  sera  par  nostredit  maistre,  par 
nostredit  procureur  en  leur  compaignie  Robert  Descalles,  nostredit 
senescal,  et  Durant  de  Treuville  (Thieuville)  nostredit  sous-senes- 
cal  et  frère  naturel  de  nostredit  maistre  l'abbé,  tout  ainsi  que  nous 
ferions  et  faire  pourrions  si  presens  y  estions  ;  promettans  tenir 
ferme  et  estable  tout  ce  que  par  nostredit  procureur  sera  fait,  passé 
et  acordé  et  que  jamais  encontre  ne  irons  ne  aler  ne  ferons  comme 
que  ce  soit  et  paier  le  juge  et  amende  se  mestier  et  si  en  eschiet,  et 
outre  promettons  rattitïier  de  rechef  icellui  acord  et  appointement 
se  mestier  est  et  il  plaist  à  mondit  seigneur  le  conte  touttefois  que 
il  lui  plaira.  En  tesmoing  de  ce  nous  abbé  et  couvent  dessusdiz 
avons  scellé  ces  présentes  de  nos  propres  sceaulx,  l'an  de  grâce 
mil  IIII''  et  huit,  le  jeudi  vij'jour  de  febvrier. 

En  tesmoing  de  ce  nous,  à  la  relation  dudit  tabellion,  avons  mis 
à  ces  lettres  le  seel  desdites  obli<;ations.  Ce  fu  fait  l'an  do  i;ràce  mil 


262  LABBAYE    DE    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

Ilir  et  huit,  le  lundi  xj^  jour  de  felîvrier.  Ainsi  signé,  II.  Vigneron. 
R.  Vigneron. 

Badin. 

Coll.  faicte. 

(Arch.   dép.  de  la  Saine-Inférieure.   Fonds   du  comté  de  Tancar- 
ville,  liasse  Eauries.  Pèches,  1  [)ièce  parchemin.) 


XXXV 

Richard  de   Thicuvillc,  ahhé  de  Grestain,  reconnaît  devoir  au  roi 
la  redevance  d'un  esturrjcon  '. 

1411,  27  octobre. 

A  tous  ceulx  qui  ces  présentes  lettres  A^erront  ou  orront,  frère 
Richart,  humble  abbé  du  moustier  de  Xostre-Dame  de  Grestain,  de 
l'ordre  de  saint  Benoist  ou  diocèse  de  Lisieux,  et  tout  le  couvent 
d  icelui  lieu.  Savoir  faisons  que  du  roy  nostre  sire  advouons  à  tenir 
tout  le  temporel  de  ladite  abbaye  avecques  toutes  ses  appartenances 
tant  en  chief  que  en  mambres  par  une  seulle  feaulté,  laquelle  nous 
frère  Richart,  abbé  dessusdit,  avons  faicte  au  roy  nostredit  sei- 
gneur. Et  pour  ce  nous,  abbé  et  couvent  dudit  lieu  de  Grestain, 
sommes  tenuz  faire  pour  le  roy  nostredit  seigneur  adveu,  prières  et 
oraison  ;  et  avec  ce,  pour  cause  de  la  moitié  de  la  rivière  de  Sainne, 
au  costé  depuis  le  gort  de  Quillebeuf  jusques  à  ung  lieu  nommé  le 
Noir-Port,  devons  au  roy  nostredit  seigneur  ung  esturgeon  de  rente 
par  chascun  an  le  premier  peschié  de  l'année  en  ladite  rivière,  et  le 
devons  paier  à  la  recepte  du  Pontaudemer  au  viconte  dudit  lieu,  et 
ledit  viconte  doit  bailler  cinq  solz  tournois  à  celui  qui  le  porte.  Et 
s'il  advenoit  qu'il  ne  fust  point  peschié  d'esturgeon  en  laditte 
rivière  oudit  an,  nous  ne  serions  tenuz  de  paier  ledit  esturgeon.  Et 
obbéissons  à  bailler  plus  à  plain  ce  dont  nous  aurions  congnoissance 
se  aucune  y  a  voit  à  bailler  ou  à  desclarier  plus  à  plain.  En  tesmoing 

1.  Redevance  exigée,  par  les  ducs  de  Normandie,  des  moines  de  Grestain 
au  xi«  siècle. 


À 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  263 

de  ce,  nous   avons  scellée  ceste  présente  cédulle  de   noz   propres 
seaulx,  le  xviij''  j<^ur  d'octobre,  l'an  mil  quatre  cens  et  onze. 
(Arch,  nat,,  P.  305,  n"  202.  Dénombrement  de  la  viconté  de  Pont- 
Audemer.) 


XXXVI 

Transaction  entre  le  comte  de  Tancarville  et  les  religieux  de 
Grestain  au  sujet  de  la  pêche. 

1412,  20  août, 

Transaction  entre  Guillaume,  comte  de  Tancarville,  viconte  de 
Melun,  connétable  et  chambellan  de  Normendie  et  les  religieux  de 
Grestain,  par  laquelle  ledit  seigneur  accorde  aux  religieux  «  seize 
livres  de  rente  par  an  sur  le  revenu  de  l'applet  vergant  du  comté  de 
Tancarville  et  sur  un  moulin  que  nous  avons  à  Montivilliers 
nommé  le  moulin  à  Piquet  ».  La  rente  de  seize  livres  sera  faite 
pour  et  au  lieu  des  quatre  bateaux  que  les  religieux  avaient  la 
liberté  de  faire  pêcher  en  aplet  vergant  par  les  hommes  de  la 
franche  table  de  l'abbé,  suivant  l'article  X  du  traité  et  apointement 
du  14  février  1408. 

(Arch.  dép.  de  la  Seine-Inférieure.  Fonds  du  comté  de  Tancar- 
ville ;  Eauries.  Pêches.) 

XXXVII 

Accord  entre  le  comte  de  Tancarville  et  les  religieux  de  Grestain  au 
sujet  des  pêcheurs  de  la  franche  table  de  Vabbé. 

1412,  25  août. 

Copie  d'une  transaction  entre  Guillaume,  comte  de  Tancarville, 
viconte  de  Melun,  connétable  de  Normandie,  et  les  religieux  abbé 
et  couvent  de  Grestain  par  laquelle  en  dérogeant  à  l'article  IX  du 
traité  et  apointement  du  11  février  1408,  ledit  seigneur  permet  aux 
religieux  de  s'aider  de  bateaux  pour  porter  et  rapporter  leurs  applets, 
rets  et  filets,  ensemble  leurs  corps  et  pêcheries  seulement  : 


264  l'abbaye  de  inotre-dajje  de  grestain 

((  Item  et  pour  ce  c[ue  l'obscurité  poroit  estre  en  l'entendement 
de  ceulx  que  1  en  porroit  dire  frans  à  noz  eauez  de  ladite  franche 
table  de  l'abbé,  et  que  pour  le  temps  advenir  aucuns  procès  se  por- 
roient  mouver  sur  l'eslargissement  que  voudroient  faire  lesdicts  reli- 
gieux ou  leurs  successeurs  ou  sur  la  restrinction  que  noz  succes- 
seurs ou  ofiîcierz  y  porroient  ou  voudroient  mettre,  lesdicts  religieux 
nous  ont  baillié  par  déclaration  les  lieux  et  mettes  où  ils  entendent 
que  les  pesqueurs  d'icelle  franche  table  sont  et  sy  doibvent  entendre, 
c'est  assavoir  les  paroisses  de  Berville,  Grestain,  Carbec,  Fastou- 
ville,  Fiquefïeu  et  Honnetleu,  non  pas  que  tous  les  habitans  d'icelles 
villes,  hommes  desdicts  religieux  soient  d'icelle  franche  table  mais 
en  tant  qu'il  y  en  a  qui  d'ancienneté  sont  tenus  et  réputez  d'icelle 
franche  table  de  l'abbé.  Toutes  lesquelles  choses,  etc.  —  Ce  fut 
faict  l'an  de  grâce  mil.  cccc.  et  douze,  le  xxv®  jour  d'aoust.  » 

(Arch.  de  la  Seine-Inférieure.  —  Fonds  du  comté  de  Tancarville, 
Eauries  et  Pêches.) 

XXXVIII 

Attestation  de  Raoul  de  Saint-Morisse,  lieutenant  r/e'néral  du  bailli 
de  Rouen,  qui  reconnaît  que  Guillehert  Dancre,  exécuté  à  Hon- 
flcur  pour  avoir  amené  les  Anglais  à  Grestain,  na  laissé  aucuns 
biens. 

1416,  29  octobre. 

A  tous  ceulx  qui  ces  lettres  verront  ou  orront  Richart  de  Saint- 
Morisse,  lieutenant  général  de  noble  homme  Raoul  de  Gaucourt, 
chevalier,  seigneur  des  Maisons-sur-Saine,  chambellan  du  roy 
nostre  sire  et  son  bailli  de  Rouen,  salut.  Savoir  faisons  que  aujour- 
dui  par  devant  nous  furent  présens  Durant  de  Thieuville,  lieute- 
nant commis  de  monsieur  le  bailli  de  Rouen  en  la  viconté  d'Auge, 
et  Régnant  Mauvoisin,  substitut  du  procureur  du  roy  nostre  sire  en 
icelle  viconté,  lesquelx  nous  tesmoignèrent  et  afermèrent  que  feu 
Guillebert  Dancre  fut  prins  prisonnier  au  moys  de  février  derrain 
passé  en  la  viconté  d'Auge  par  Lois  Despassain,  tabellion  du  roy, 
et  Richart  de  Reus,  escuier,  et  amené  es  prisons  du  Pontlevesque 
pour  plusieurs  cas  crimineulx  et  illecques  fu  son  procez  fait  par  le 
viconté  d'Auge  et  les  conseulx  du  roy,  par  lequel  procez  par  sa 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  263 

et  pour  ses  démérites  il  fu  mené  devant  la  porte  de  Honnefleu  et 
illecques  fu  décapité  et  exécuté  pour  ce  qu'il  confessa  avoir  amenez 
et  gidés  les  Eng-loiz  de  Harefleu  par  la  rivière  de  Saine  et  fait  des- 
cendre devant  l'abbaye  de  Grestain,  où  ilz  prindrent  Pierres  Bias  et 
son  fils  avec  tous  leurs  biens  meublez  et  lui  amenèrent  et  renchon- 
nèrent  en  la  ville  de  Harefleu,  et  aussi  confessa  ledit  exécuté  que 
lui  et  autres  ses  complices  estoient  venus  espier  la  ville  de  Honne- 
fleu et  la  g-arnison  qui  dedans  estoit.  Et  semblablement  nous  tes- 
moignèrent  et  relatèrent  lesdessusdits  de  Thieuville  et  Régnant 
Mauvoisin  que  icellui  Guillebert  Dancre  estoit  ung  povre  vallet  ; 
serviteur  et  vacabont,  lequel  n'avoit  en  toute  la  viconté  d'Auge  ne 
ailleurs  dont  ilz  eussent  congnoissance  aucuns  biens  meubles  ne 
héritages  ne  chose  qui  vaulsist  dix  solz  en  sa  despouille  ne  autre 
chose.  Desquelles  choses  Jehan  Tardif,  viconte  d'Auge,  nous  requist 
ces  lettres  certifficatives  pour  lui  valloir  en  Testât  de  ses  comptez 
ce  que  de  raison,  etc.  Donné  soubz  nostre  scel  au  Pontlevesque,  les 
assises  d'Auge  illecques  scéans,  le  xxjx"  jour  d'ottobre,  l'an  mil.  cccc. 
et  seize. 

Barin. 

(Bibl.  nat.  ms.  fr.  26041,  n"  5130.) 


XXXIX 

Droit  de  tiers  et  danger  perçu  sur  une  vente  de  bois  faicte  par  les 
religieux  de  Grestain  '. 

1420,  12  mars  (n.  st.). 

Guiot  de  la  Villette,  lieutenant  de  noble  et  puissant  seigneur 
messire  Louis  de  Hobessart  -,  chevalier,  seigneur  de  Graville  et  de 

1.  Voy.  sur  l'origine  du  droit  de  tiers  et  danger,  Recherches  sur  divers 
services  publics  du  XIII"  au  A'V7/<'  siècle,  par  Borrelli  de  Serres  (Paris,  1895), 
p.  393-464. 

2.  Louis  de  Robessart  reçut  en  don  d'Henry  V  d'Angleterre  le  cliàteau  et 
la  baronnie  de  Thury,  en  1418  ;  à  la  même  époque,  il  fut  nommé  maître  réfor- 
mateur des  eaux  et  forêts  de  Normandie  {Mém.  soc.  Ant.  Xorm.,  XVI,  252, 
253).  On  le  trouve  capitaine  de  Caudebee  en  1419  et  1420.  11  était  décédé  en 
1423  et  remplacé  dans  la  capitainerie  de  Caudebee  et  la  charge  de  souverain 


266 


L  ABRAYE    DE    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 


Thury,  général  maistre  enquesteur  des  eaux  et  forests  du  roy  nostre 
sire  par  tout  le  duchié  de  Normendie,  au  vicomte  de  Falaise  ou  à 
son  lieutenant,  salut.  Savoir  vous  faisons  que  de  nostre  confié  et 
licence  les  relig-ieux,  abbé  et  couvent  de  Nostre-Dame  de  Grestain 
ont  vendu  à  Fralin  de  Caourches,  Jehan  de  Campoy  et  Guillaume 
Thiévenin,  marchans  de  bois,  c'est  assavoir  les  droits  que  lesdits 
relligieux  avoient  pour  une  fois  seullement  en  la  tonsure  d'une  tasse 
de  bois  à  tiers  et  dang-er  ainsi  comme  elle  comporte  en  long  et  en 
large  assise  en  Mont-de-Caron  et  ilec  environ,  contenant  vingt  sept 
acres  ou  environ,  laquelle  vendition  a  esté  faite  pour  le  prix  de 
soixante  sept  livres  dix  sous  tournois,  francs  et  quittes,  à  la  main 
desdits  religieux  outre  et  pardessus  le  tiers  et  danger  du  roy  nostre 
seigneur,  et  auxdits  marchans  lesdits  religieux  ont  donné  terme  de 
coupe  et  vuidenge  de  quatre  ans  et  demy  ensuitte  de  la  dabte  des 
présentes  lettres  de  ladite  vente  lesquelles  furent  faites  sous  les 
sceaux  desdits  religieux  le  premier  jour  du  mois  de  juillet  dernière- 
ment passé,  ainsi  que  par  icelles  lettres  il  nous  est  apparu.  De 
laquelle  tasse  de  bois  le  tiers  et  danger  a  esté  mis  à  prix  devant 
nous  de  premier  denier  à  enchière  par  Guillaume  Duval,  marchant 
de  bois,  à  la  somme  de  32  livres  tournois,  laquelle  somme  il  vous 
sera  tenu  de  payer  à  quatre  paiemens  égaulx  de  Pasques  et  de  la 
Saint-Michel,  le  premier  paiement  commençant  à  Pasques  prou- 
chain  venant  et  le  second  à  la  Saint-Michiel  ensuivant  et  le  demou- 
rant  de  terme  en  terme  jusques  en  fin  de  paiement  ;  et  ne  pourra 
ledit  marchant  accompagnier  à  cest  présent  marchié  qu'un  seul 
compagnon  recevable  à  tenir  marchiés  roiauls  selon  les  ordon- 
nances des  forests  sur  peine  de  forfaire  sondit  marchié  ou  amende 
arbitraire,  lequel  il  vous  sera  tenu  nommer  en  vous  présentant  ces 
présentes  qu'il  vous  sera  tenu  présenter  dedens  huit  jours  ou  païer 
une  enchière  accoustumée  sur  sondit  marchié,  et  sera  tenu  telle- 
ment vuider  et  couper  sondit  marchié  que  la  recrue  d'icellui  n'en 
puisse  estraindre  ni  empirier  en  aucune  manière,  terme  de  couppe 
et  de  vuidange  durant,  de  la  dabte  de  ces  présentes  jusques  à  trois 
ans  et  demy  ensuivant  après  le  premier  jour  de  juillet  prouchain 
venant.    Si  vous  mandons   et   commettons    que   caution  par    vous 

enquêteur  el  réformateur  par  Jean  de  Robessart.  —  (Bibl.  nat.,  ms.  fr.  28983, 
dossier  36184.)  Ce  Jean  de  Robessart  est  le  capitaine  dont  il  est  parlé  dans  la 
Chron.  de  Mathieu  d'Escouchy. 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


267 


t 

^  reçue  et  prise  dudit  marchant  de   bois  et  loyalement  pour  le  roy 
^Biostre  sire  en  termes  que  dessus  est  dit  faire,  accomplir  les  choses 
^^yessus  dites  pour  lui  délivrer  sondit  marchié,   et   le  pourvoiez  ou 
faites   pourvoir  do  merq  ou  martel  pour  en  jouir  ainsi  qu'il  appar- 
tiendra   sauf   le    terme    des    enchères   que    nous   avons   ordonnées 
faillir  devant  nous  à  l'Ascension  prouchain,  et  cependant  en  faites 
faire  les   criées  où  il    appartiendra    et   garder   que  défaut  n'y   ait. 
Donné  à  Faloise,  le  xij'=  jour  de  mars,  l'an  mil.cccc.  dix-neuf. 
(Bibl.  nat.,  mss.  portef.  Fontanieu,  vol.   111-112,  fol.  203.) 


XL 

Reconnaissance  par  Richard  de   Thicuville,  ahhc  de  Grestain,  de  la 
rente  due  au  roi  du  premier  esturgeon  péché  dans  la  Seine^ 

142i-,  18  juin. 

A  tous  ceulx  qui  ces  présentes  lettres  verront  ou  orront,  frère 
Richart  par  la  permission  divine  humble  abbé  du  monastère  de 
Xostre-Dame  de  Grestain,  de  l'ordre  de  saint  Benoît  ou  dyocèse 
de  Lisieux,  et  tout  le  convent  d'icelluy  lieu,  savoir  faisons  que  du 
roy  nostre  sire  advouons  à  tenir  tout  le  temporel  de  ladite  abbaye 
avec  toutes  ses  appartenences  tant  en  chief  que  en  membres  par 
une  seule  feauté  laquelle  nous  frère  Richart,  abbé  dessusdit,  avons 
fecte  au  roy  nostredit  seig-neur  et  pour  ce  nous  abbé  et  convent 
dud.  lieu  de  Grestain,  sommes  tenuz  faire  pour  le  roy  nostredit 
seigneur  adveu,  prières  et  orisons  ;  et  avec  ce  pour  cause  de  la 
moytié  de  la  rivière  de  Seyne  eu  costé  devers  l'abbeye  depuis  le 
gord  de  Quillebeuf  jusques  à  un  lieu  nommé  le  Noir-Port  à  nous 
appartenant,  devons  au  roy  nostredit  seigneur  im  esturgeon  de 
rente  par  chacun  an,  le  premier  peschié  de  l'année  en  ladite  rivière, 
et  le  devcms  paier  en  sa  recette  du  Pont-Audemer  au  viconte  dudit 
lieu  et  ledit  viconte  doit  bailler  six  solz  à  cellui  qui  le  porte  pour 
bailler  à  cellui  qui  la  peschié  ;  et  s'il  avenoit  qu'il  ne  fust  point 
peschié  d'esturgeon  en  ladite  rivière  audit  an  nous  ne  serions  tenu 
de  paier  ledit  esturgeon,  et  obéissant  à  bailler  plus  à  plain  ce  dont 
nous  aurions  congnoissance,  se  aucune  chose  y  avoit  à  Ijailler  ou 


^"^  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

dédarer  plus  à  plain.  En  tesmoing^  de  ce,  nous,  abbé  et  couvent 
dessusdit,  avons  scellé  ces  lettres  de  nos  propres  seaulx,  qui  furent 
faites  l'an  dé  grâce  mil.  cccc.  xxiiij,  le  xviij«  jour  de  juino-. 
(Arch.  nat.  P.  307,  n°  214.)  ^ 


XLI 

Rémission  octroyée  par  Henri  VI  à  Guillaume  de  la  Haye,  pauvre 
laboureur,  détenu  dans  les  prisons  de  Rouen  pour  avoir  acheté 
des  armes  r/ui  avaient  été  cachées  à  Grestain. 

1426,  mars  (n.  st.). 

Henrv  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France  et  d'x\ngleterre,  etc. 
Scavoir  faisons...  Nous  avons  receu  lumble  supplicacion  de  Guil- 
laume de  la  Haye,  povre  jeune  laboureur  de  bras  chargié  de  femme 
et  d'enfans,  de  Taag-e  de  xviij  ans  ou  environ,  demeurant  en  la 
viconté  du  Pontaudemer  et  à  présent  prisonnier  en  noz  prisons  de 
Rouen,  contenant  comme  puis  nagaires  un  brigant  nommé  Guil- 
laume Hallay  accompagnié  de  deux  ou  trois  ses  complices  eust 
mandé  audit  suppliant  qu'il  alla  parler  à  luy  en  l'hostel  de  Colin 
Boutery  demeurant  en  un  village  près  la  Chapelle  Bayvel  »,  et  à  la 
derrenière  foys  l'eust,  icelluy  brigant,  mandé  et  envoyé  quérir  par 
Huet  du  Quesnay  dudit  de  la  Chapelle  lequel  lui  eust  dit  que  ledit 
brigant  lui  mandoit  que  s'il  ne  venoit  bientost  parler  à  luy  il  le  cour- 
rouceroit  du  corps  et  ardroit  son  hostel  ;  pour  doubte  des  quelles 
menaces  ledit  suppliant,  qui  est  ung  simple  jeune  homme  labou- 
reur comme  dit  est,  feust  aie  oudist  hostel  dudit  Boutery,  où  il 
eust  trouvé  ledit  brigant  et  sesdits  complices  lesquels  luy  eussent 
demandé  s'il  avoit  esté  piéça  à  Rouen  et  quant  il  yroit,  qui  leur 
eust  respondu  que  aucunes  foys  luy  estoit  nécessaire  de  y  aler 
pour  acheter  des  choses  nécessaires  à  luy  et  à  sondit  hostel..^.  et  y 
pensoit  encore  aller  dedans  brief.  Après  laquelle  responce  ledit 
brigant  eust  dist  oudit  suppliant  qu'il  le  prenoit  son  prisonnier,  en 
renyant  Dieu  qu'il  luy  copperoit  la  teste  se  il  ne  apportoit  ou  fai- 

1.   La  Chapelle-Bayvel,  arr.  Pont-Audemer,  cant.  Cormeilles,  Eure. 


MÈCES    JLSTIFICATIVKS  269 

soit  apporter  dudit  lieu  de  Rouen  deux  lances  pour  luy...  et  que  si 
ainsi  le  faisoit  il  seroit  quitte  de  sa  raençon,  etc. 

Et  après  estre  aie  audit  lieu  de  Rouen  et  fait  acheter  lesdites 
deux  lances  lesquelles  en  son  absence  furent  portées  à  Grestain  et 
en  ycellui  lieu  sont  demeurées  sans  ce  que  ledit  brigant  ne  susdite 
complices  ne  les  aient  aucunement  eues... 

Donné  à  Paris,  ou  mois  de  mars,  l'an  de  grâce  mil.  cccc.  et  vingt 
cinq,  de  nostre  règne  le  quart,  avant  Pasques. 

(Arch.  nat.  JJ.  173,  n»  379.) 


XLII 


Lettres  de  Henri  VI  d'' Angleterre  accordant  à  Jean  le  Lièvre,  ahbé 
de  Notre-Dame  de  Grestain,  un  délai  d'un  an  pour  rendre  aveu 
du  temporel  de  l'abbaye. 

1444,  27  juillet. 

Henry  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France  et  d'Angleterre,  à 
noz  amez  et  feaulx  les  gens  de  nos  comptes  à  Rouen  et  les  tréso- 
riers et  generaulx  gouverneurs  de  toutes  nos  finances  en  France  et 
Normendie,  au  bailly  de  Rouen,  vicontes  dudit  bailliage  et  à  touz 
noz  autres  justiciers  et  officiers  ou  à  leurs  lieuxtenans,  salut  et 
dilection.  Receu  avons  humble  supplication  de  nostre  bien  amé 
Jehan,  abbé  de  Grestain,  contenant  comme  à  cause  et  par  raison 
de  la  temporalité  de  ladite  abbaïe  il  nous  soit  tenu  bailler  adveu  et 
dénombrement  laquelle  chose  il  ne  nous  ait  peu  et  ne  pourroit 
encores  bonnement  faire  de  présent  obstant  le  temps  de  la  guerre 
et  autrement,  et  se  doubte  icelui  suppliant  que  à  cause  de  ce  lui 
vouUiez  mettre,  destourbier  ou  empeschement  en  ses  terres  et  sei- 
gneuries qui  seroit  en  son  grant  préjudice  et  dommaige  si  comme 
il  dit,  requérant  sur  ce  nostre  grâce  et  provision.  Pourquoy,  nous, 
ces  choses  considéi^ées,  oudit  supliant  oudit  cas  avons  donné  et 
octroyé,  donnons  et  octroyons  de  grâce  especial  par  ces  présentes 
terme,  respit  et  soulTrance  de  bailler  par  escript  sondit  adveu  et 
dénombrement  jusques  à  ung  an  à  compter  de  la  dabte  de  ces  pré- 
sentes   en   faisant  et  paiant   par    ledit    abbé   les  chargez,   droiz   et 


270  l'abbaye  de  >'otre-damë  de  grestain 

devoirs  pour  ce  deubz  et  accoustumez,  pourveu  qu'il  fera  le  sei'- 
ment  de  fidélité  ez  mains  de  vous  bailly  ou  de  vostre  lieutenant  se 
fait  ne  Ta.  Si  vous  mandons  et  enjoig'nons  expressément  et  à  cha- 
cun de  vous  si  comme  à  lui  appartiendra  que  de  notre  présente 
grâce,  terme,  respitet  soull'rance  vous  faietes,  souffrez  et  laissiez  ledit 
suppléant  joyr  et  user  plainement  et  paisiblement  sans  pour  ce  lui 
fairei  ou  donner  en  sesdites  terres  et  seigneuries  ne  ez  fruictz,  profiz 
et  revenus  d'icelles  dcstourbier  ou  empescliement  en  aucune 
manière  au  contraire  ledit  au  durant.  Car  ainsi  nous  plaist-il  estre 
fait  nonobstant  quelxconques  lettres  subreptices  à  ce  contraires. 
Donné  à  Rouen,  soubz  nostre  scel  en  l'absence  du  grand,  le  vingt 
septiesme  jour  de  juillet,  l'an  de  grâce  mil.  cccc.  quarante  et  quatre 
et  de  nostre  règne  le  vingt-deuxiesme. 

Par  le  conseil  : 

(Bibl.  nat.   cab.  des  titres,   pièces   orig.    1718,    dossier    39.903, 

n«  3.) 

XLIII 

Reconnaissance  d'hommage  délivrée  par  Charles  VU 
à  Jean  Le  Lièvre,  ahhé  de  Grestain. 

1450  14  février  (n.  st.). 

Charles,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  France,  à  noz  am€z  et 
féaulx  gens  de  noz  comptes  et  trésoriers,  aux  bailliz  de  Rouen, 
d'Évreux,  de  Constantin,  de  Caen  et  de  Caux  et  à  noz  procureurs 
et  vicontes  desdits  baillages  ou  à  leurs  lieutenans  et  commis,  salut 
et  dilection.  Savoir  vous  faisons  que  aujourd'huy  nostre  bien  amé 
Jehan,  abbé  de  l'église  et  monastaire  de  Gratain,  ou  diocèse  de 
Lisieux,  nous  a  fait  le  serement  de  feaulté  que  à  cause  du  temporel 
de  ladite  église  il  estoit  tenu  nous  faire  auquel  serement  de  feaulté 
nous  l'avons  receu  sauf  nostre  droit  et  l'autrui.  Si  vous  mandons 
et  expressément  enjoignons  que  à  cause  dudit  serement  de  feaulté 
non  fait  vous  ne  donnez  audit  abbé  aucun  empeschement  ou  dcs- 
tourbier. Ains  sondit  temporel  ou  autre  ses  biens  se  par  deffault 
dudit  serement  non  fait  en  estoient  prins,  arrcsté  ou  mis  en  nostre 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  271 

main  luj  mectez  incontinent  et  sans  délay  à  pleine  délivrance,  car 
ainsi  nous  ploist  estre  fait  pourveu  qu'il  baille  son  dénombrement 
dedens  le  temps  accoustumé.  Donné  à  Grestain,  le  y-ùVf  jour  de 
febvrier  l'an  de  grâce  mil  (quatre  cens  quarante  neuf,  et  de  nostre 
règ^ne  le  xxviij''.  —  Par  le  roy,  le  sire  de  Pruilly  et  autres  présens. 
(Arch.  nat.  F  263^'  n»471.) 


XLIV 

Actes  divers  de  Charles    VII,   roi  de  France,   donnés   en  Vabbaye 

de  Grestain. 

1450,  février  (n.  st.). 

Lettres  de  Charles  VII  accordant  le  droit  de  naturalité  à  Jacque- 
lin  Hairolde,  né  à  Milan,  lequel  depuis  longtemps  fait  commerce 
en  France.  Donné  en  l'abbaye  de  Grestain,  au  mois  de  février  1449 
(1430,  n.  st.). 

{Arch.  nat.  Trésor  des  chartes,  JJ.  180,  n°  111.) 

Lettres  portant  légitimation  de  Reynaud  de  Grassay,  fils  naturel 
de  Jean  de  Grassay,  écuyer  ;  la  mère  n'est  point  nommée.  Donné 
en  l'abbaye  de  Grestain  près  Honfleur,  au  mois  de  février  1449 
(1450,  n.'st.). 

(Arch.  nat.  Trésor  des  chartes,  JJ.  186,  n"  89.) 

Lettres  portant  anoblissennent  de  Pierre  Le  Cerf  '  pour  récom- 
pense de  services.  Donné  en  l'abbaye  de  Grestain,  au  mois  de  février 
1449  (1450,  n.  st.) 

(Arch.  nat.  Trésor  des  chartes,  JJ.  186,  n''  90.) 

Lettres  de  Charles  VII  portant  anoblissement  de  M*"  Léger 
Arnould,  notaire  et  secrétaire  du  roi.  Donné  en  l'abbaye  de  Gres- 
tain près  Honfleur,  au  mois  de  février  1449  (1450,  n.  st.). 

(Arch.  nat.  Trésor  des  chartes,  JJ.  186,  n"  92.) 

i.  Dans  (juolqucs  actes,  Pierre  Le  Cerf  est  qualifié  <■  capitaine  des  côtes  de 
la  mer  ».  Il  résidait  à  Equemauville  près  de  Honfleur,  en  liO;}.  Son  fils  prit  à 
fieffé  de  ral)baye  du  Bec,  en  1494,  la  terre  et  seigneurie  d'Equemauville  que 
ses  héritiers  vendirent  plus  tard  au  président  Le  Jumel  de  Lisores.  La  famille 
Le  Cerf  a  formé  plusieurs  branches. 


272  l'abhave  1)E  Notre-Dame  de  grestain 

Lettres  par  lesquelles  Charles  Vil  fait  don  à  Jean,  sire  de  Lucé, 
chevalier,  de  la  haute  justice  de  Pimbo,  sise  en  la  sénéchaussée  de 
Lannes  ^  Donné  en  l'abbaye  de  Grestain,  le  20  février  1449, 
(1450,  n.  st.). 

(Arch,  nat.  Trésor  des  chartes,  JJ.  180,  fol.  60.) 

Vidimus  par  Rosier  de  Mery  -,  écuyer,  garde  du  scel  des  obliga- 
tions de  la  vicomte  d'Auge,  de  Lettres  de  Charles  Vil  portant  dona- 
tion à  Robert  de  Floques,  bailli  d'Evreux  et  capitaine  de  Honfleur, 
d'un  hôtel  bâti  dans  cette  dernière  ville  par  le  sire  de  Talbot. 
Datées  de  Grestain,  le  21  février  1449  (1450.  n.  st.). 

(Arch.  nat.  P  1905  2,  n"  6636.) 

Lettres  d'abolition  octroyées  par  Charles  Vil  à  Pons-Guillaume, 
seigneur  de  Clermont-Lodève,  qui  a  très  bien  servi  et  fidèlement, 
et  est  présentement  poursuivi  par  Guéraud-Jourdain,  de  Lodève, 
que  des  gens  du  suppliant  prirent  prisonnier.  Le  roi  fait  rémission 
audit  suppliant  de  tous  les  excès  qu'il  a  pu  commettre  pendant 
qu'il  était  dans  le  service.  Donné  à  l'abbaye  de  Grestain,  au  mois 
de  février  1449  (1450,  n.  st.). 

(Arch.  nat.  Trésor  des  chartes,  JJ.  180,  n°  63.) 


XLV 

Quittance  de  Jean  Le  Lièvre,  abhé  de  Notre-Dame  de  Grestain, 
d'une  somme  de  !200  liv.  t.  donnée  par  le  roi  pour  réédifier  Véglise 
de  lahbaye. 

1450,  2  mars  (n.  st.) 

Nous  Jehan  par  la  permission  divine  abbé  de  l'esglise  et  abbaye 
de  Nostre-Dame  de  Grestain  ou  diocèse  de  Lysieux,  congnoissons 
et  confessons  avoir  eu  et  reçeu  de  maistre  Jacques  Charrier,  chan- 
geur du  trésor  du  roy  nostre  sire  et  receveur  général  de  son 
demaine  et  fortifications  de  Normandie,   la  somme  de  deux  cents 

1.  Le  sire  de  Lucé  était  chambellan  du  roi.  Lannes,  aujourd'hui  dans  le 
dép.  des  Landes,  formait  deux  sièges  :  Saint-Sever  et  Dax. 

2.  La  famille  Mery  était,  dès  avant  1387,  en  possession  du  fief  de  Criquebeuf- 
sur-mer.  En  1450  et  1453,  vivait  Michel  Mery,  prêtre,  seigneur  de  Criquebeuf 
et  curé  du  Breuil,  arr.  de  Pont-rÉvêque,  dép.  du  Calvados. 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


273 


livres  tournois  laquelle  le  roy  nostre  dit  seig-neur  nous  a  donnée 
pour  nous  aider  à  refaire  et  réediffier  nostre  esglise,  et  pour  aucu- 
nement nous  récompenser  des  dommaig-es  et  interestz  que  pouvons 
avoir  euz  durant  le  temps  que  ledit  seigneur  a  esté  logié  en  nostre- 
dite  aldjaye  où  il  a  esté  par  l'espace  d'un  mois  pendant  que  le 
sièg-e  a  esté  devant  Honnefleu  près  ladite  abbaye.  De  laquelle 
somme  de  ij*^  livres  tournois  nous  nous  tenons  pour  contens  et  en 
avons  quitté  et  quittons  ledit  changeur  et  tous  autres.  En  tesmoing 
de  ce,  nous  avons  scellé  ces  présentes  du  scel  de  nostredite  abbave 
et  signé  de  nostre  main  le  seg-ond  jour  de  mars  mil.  cccc.  quarante 
et  neuf. 

.1.  abbé  de  Grestain. 
(Bibl.  nat.  ms.  fr.  20905,  n«  149.)  (Sceau). 


XL  VI 


Aveu  el  cl  c  no  m  h  re  ment  des  biens  de  f  abbaye  de  Noire-Dame 

de  Grestain. 

1450,  l'^''  septembre. 

Du  roy  nostre  sire,   nous  humble  abbé  et  couvent  de  resglise  et 
abbaye  de  Nostre-Dame  de  Grestain  fondée  en  et  sur  la  baronnie 
Ch.  BuKAnr».  —  L'Abbaye  de  Xolre-Dame  de  Grestain.  IS 


274  l'abbave  de  notre-dame  de  grestain 

dudit  lieu  de  Grestain,  ou  diocèse  de  Lisieux.  en  la  viconté  du 
Pont-Audemer  et  ou  bailliasre  de  Rouen,  advouons  à  tenir  nostre- 
dite  esg'lise  et  abbaye  en  chief  et  en  membres  en  tant  que  touche  la 
temporalité  dont  nous  faisons  décleration  cv-après  en  la  manière 
qui  s'ensuit  : 

Et  premièrement  ladite  baronnie  de  Grestain  assise  en  la  viconté 
du  Pont-Audemer  audit  lieu  de  Grestain  et  s'estent  en  plusieurs 
paroisses,  en  laquelle  ladite  esglise  de  Grestain  est  assise  et  en 
laquelle  a  court  et  usaige  et  toutes  droictures  appartenantes  à  basse 
justice.  —  Item  ung  franc  fief  ou  membre  de  fief  avecques  ses 
appartenances  et  dépendances  nommé  le  fief  de  Rouville  tenu  fran- 
chement, auquel  a  court  et  usaige,  et  en  sont  les  revenues  en 
deniers,  g-rains,  œufs,  oyseaulx  et  a  plusieurs  hommages,  et  si 
porte  ledit  fief  reliefs,  treizièmes  et  autres  revenues  telles  comme 
il  appartient  à  noble  fief  franchement  tenu.  —  Item  en  la  paroisse 
de  Berville  ung  fief  ou  membre  de  fief  nommé  le  fief  de  Grestain 
auquel  a  court  et  usaige  et  en  sont  les  revenues  en  deniers,  g-rains, 
œufs,  oyseaulx,  reliefs,  treizièmes,  aides  coustumiers  et  autres 
devoirs  appartenans  à  fief  noble  franchement  tenu.  —  Item  en  la 
paroisse  de  Soteville  nng  franc  fief  ou  membre  de  fief  avec  ses 
appartenances  nommé  le  fief  de  Soteville  auquel  a  court  et  usaige, 
et  en  sont  les  revenues  en  deniers,  grains,  œufs,  oyseaulx.  prez, 
pasturaiges  et  autres  revenues  appartenans  à  fief  franchement  tenu. 
—  Item  ung  manoir  et  franc  fief  ou  membre  de  fief  avecques  ses 
appartenances  nommé  la  Fontaine-Bérenfjier  où  il  a  court  et  usaige, 
et  en  sont  les  revenues  en  terres  labourables,  jardins,  prez,  pastu- 
rages,  vignes,  deniers,  œufs,  oyseaulx,  reliefs,  treizièmes  et  autres 
revenues  appartenans  à  fief  noble  franchement  tenu.  —  Item  en  la 
parroisse  de  Beuzeville  ung  fief  nommé  le  fief  des  Fauques  avecques 
ses  appartenances  où  il  a  court  et  usaige,  et  en  sont  les  revenues 
en  terres  labourables,  jardins,  boys,  deniers,  grains,  œufs  et 
oyseaulx,  services,  reliefs,  treizièmes,  aides  coustumiers  et  autres 
revenues  appartenans  à  fief  noble  franchement  tenu.  —  Item  en  la 
parroisse  de  Esquenville  et  de  Xostre-Dame-du-Val  ung  fief  ou 
membre  de  fîef  avec  ses  appartenances  appelle  le  fief  du  Mor  où  il 
a  court  et  usaige,  et  en  sont  les  revenues  en  deniers,  œufs,  oyseaulx, 
grains,  et  a  moulin  et  moutiers  et  montes  seiches  et  moillées, 
reliefs,    treizième  et   aides   coustumiers   et  autres   devoirs  de   fief 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


275 


appartcnans  h  noble  fief  franchement  tenu.  —  Item  en  ladite  par- 
roisse  de  Esquenville  ung  moulin  nommé  le  moulin  des  Mares,  et  a 
moustiers  et  moultes  seiches  et  moilliées  et  autres  droiz  apparte- 
nans  à  moulin.  —  Item  ung  fief  noble  ou  membre  de  fief  assis  en 
la  paroisse  d'Anglesqueville-la-Martel  ou  baillia^^e  de  Gaux,  et  a 
court  et  usaige,  et  sont  les  rentes  et  revenues  en  deniers,  grains, 
œufs,  prez,  pasturages  et  terres  labourables,  reliefs,  treizièmes, 
aides  coustumiers  et  autres  revenues  appartenans  à  fief  noble  et 
franchement  tenu.  —  Item  en  la  parroisse  de  Blonville  ung-  fief 
noble  ou  membre  de  fief,  et  a  court  et  usaige,  et  en  sont  les  rentes 
et  revenues  en  deniers,  (eufz,  oyseaulx,  sel,  prez,  pasturages.  reliefs, 
treizièmes  et  aides  coustumiers  et  autres  devoirs  de  fief  apparte- 
nans à  fief  noble  et  franchement  tenu.  —  Item  en  la  paroisse  de 
Guyneville  [Genneville)  ung  manoir  et  franc  fief  appelle  le  fief  de 
Maharu  dont  les  revenues  sont  en  terres  labourables,  manoir,  jar- 
dins, boys,  prez,  pasturaiges,  deniers,  grains,  œufz  oyseaulx,  ser- 
vices, moulins,  moultes  seiches  et  moillées,  reliefs,  treizièmes  et 
autres  revenues  appartenans  à  fief  noble  et  franchement  tenu.  — 
item  en  ladite  parroisse  de  Guyneville  ung  membre  de  fief  deppen- 
dant  dudit  fief  de  Maharu  nommé  le  fef  du  Bouffey  avec  ses  appar- 
tenances, et  a  court  et  usaige,  et  sont  les  rentes  et  revenues  en 
deniers,  grains,  œufz,  oyseaulx,  reliefs,  treizièmes  et  autres 
devoirs  appartenans  à  fief  noble  et  franchement  tenu.  —  Item  en  la 
paroisse  de  Queteville  et  es  mettes  d'environ  ung  huictiesme  de 
fief  nommé  le  fief  nu  Fairon,  dont  les  rentes  et  revenues  en  sont 
en  terres  labourables,  pasturaiges,  grains,  œufz,  oyseaulx,  fers  à 
cheval,  reliefs,  treizièmes,  aides  et  coustumes.  —  Item  en  la  par- 
roisse du  Teil  ung  fief  ou  membre  de  fief  nommé  le  fief  à  VEspec, 
et  a  court  et  usaige  et  sont  les  rentes  en  deniers,  grains,  œufz, 
oyseaulx,  reliefs,  treizièmes  et  aides  coustumiers,  minaige  et 
autres  droits  appartenans  à  fief  noiile  et  franchement  tenu.  —  Item 
en  la  parroisse  de  Gonnouville  (Gonneville-sur-IIonfleur)  ung  hui- 
tiesme  de  fief  avecques  ses  appartenances  où  il  a  court  et  usaige. 
Item  en  ladite  parroisse  ung  contrefief  ou  membre  de  fief  nommé 
le  fief  du  Nest  avecques  ses  appartenances  où  il  a  court  et  usaige, 
descpiieulx  deux  fiefs  les  revenues  en  sont  en  terres  labourables, 
grains,  deniers,  œufz,  oyseaulx,  reliefs,  treizièmes  et  autres  devoirs 
de  fief  appartenans  à  fief  noble  et  franchement  tenu.  —  Item  en 


276  l'aiîiîaye  de  nothe-dâme  de  grestain 

la  parroisse  de  Triqueville  une  vavassorie  nommée  la  vavassorie 
des  Haies  avecques  ses  appartenances  et  en  sont  les  revenues  en 
deniers,  œufz,  oyseaulx,  reliefs  et  treizièmes.  —  Item  en  la  par- 
roisse dé  Garbec  ung  fief  nommé  le  fief  Danet  avecques  ses  appar- 
tenances où  il  a  court  et  usaig-e,  et  en  sont  les  revenues  en  terres 
labourables  et  y  a  ung-  manoir  ainsi  qu'il  se  comporte  jardins,  boys, 
prez,  pasturages,  moulins,  moultes,  champars,  services,  reliefs,  trei- 
zièmes et  aides  coustumiers  et  autres  devoirs  appartenans  à  fief 
noble  et  franchement  tenu. 

Item  à  cause  de  nostredite  esg^lise  et  abbaye  nous  appartiennent 
ks  coustumes,  marées,  eaues,  eauyes,  varest  et  autres  revenues  en 
l'eaue  de  Seine  ou  costé  devers  le  su,  depuis  le  g'ort  de  (^uillebeuf 
jusques  au  Noirport  près  de  Honnefleu  ;  et  èsdites  mettes  avons 
haulte,  moyenne  et  basse  justice  et  plusieurs  autres  revenues  toutes 
et  quantes  foiz  que  le  cas  y  eschiet.  Et  à  cause  de  ce,  toutes  et 
quantes  fois  que  èsdites  eaues  on  pesche  aucuns  esturg-eons,  ilz 
nous  doivent  estre  apportez,  et  nous  sommes  tenuz  d'envoier  le 
premier  qui  est  peschié,  et  k  nous  apporté,  au  viconte  dudit 
viconté  du  Pont-Audemer  pour  et  ou  nom  du  Roy  nostredit  sei- 
gneur, pour  ce  ledit  viconte  nous  doit  paier  cinq  solz  tournois. 

Item  la  prieuré  de  Sainct-Nicollas  ^  estant  ou  diocèse  de  Lisieux 
près  de  la  forest  de  Toucque,  laquelle  est  des  membres  et  deppen- 
dances  de  nostredite  esg-lise  et  abbaye,  et  à  cause  dudit  prieuré  et 
des  droiz  à  nous  appartenans  le  prieur  d'icelui  prieuré,  demourant 
et  résidant  illec,  a  en  la  forest  de  Toucque  son  ardoir,  maisonner 
et  jjasturag-es  pour  toutes  bestes  comme  pourceaulx,  beufs,  vaches 
et  autres  bestes  sans  nombre,  sauf  et  réservé  les  tailles  d'icelle 
forest  se  aucunes  en  y  a. 

Item  ou  bailliag-e  de  Gaen  ung-  franc  fief  ou  membre  de  fief  avec 
ses  appartenances  nommé  le  fief  Boutevillain  dont  le  chief  est  assis 
en  la  paroisse  de  Saincte-Marie-ès-Angloiz,  et  s'estent  en  plusieurs 
parroisses  et  es  mettes  d'illec  environ,  et  a  court  et  usaige,  et  sont 
les  revenues  en  terres  labourables,  boys,  prez,  grains,  deniers, 
œufz,  oyseaulx,  moulins,  reliefs,  treizièmes,  aides,  reddevances 
appartenantes  à  fief  noble  franchement  tenu.  —  Item  en  la  parroisse 

1.  Sainl-Xicolas-du-Val-de-Claire  ou  Saiat-Nicol,  aux  faubourgs  de  Ilon- 
fleur. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  277 

(le  Tiercheville  (Tiercevil/c)  f)udit  bailliage  de  Caen  ung  manoir 
et  franc  lîef  nommé  le  fief  de  TicrclioiùUe  avec  ses  appartenances, 
et  a  court  et  usaig-e,  et  en  sont  les  revenues  en  terres  labourables, 
jardins,  prez,  deniers,  j^rains,  œufz,  oyseaulx,  reliefs,  treizièmes  et 
autres  devoirs  de  fief  appartenans  à  fief  appartenant  à  fief  noble 
franchement  tenu.  —  Item  ung  autre  fief  ou  membre  de  fief  avec 
ses  appartenances  nommé  le  fief  de  Tilli/  [Tilh/sur-Seulle),  et  a 
court  et  usai^e,  et  sont  les  revenues  en  «crains,  deniers,  (rufz, 
oyseaulx,  reliefz,  treizièmes  et  autres  devoirs  de  fief  appartenans  à 
fief  noble  et  franchement  tenu.  —  Item  au  Doulx-Marest  ung^  fief 
ou  membre  de  fief  avec  ses  appartenances  nommé  le  fief  Marest  où 
il  a  court  et  usaig-e,  et  en  sont  les  revenues  en  terres  labourables, 
boys,  prez,  grains,  deniers,  œufz,  oyseaulx,  reliefs,  treizièmes  et 
autres  redevances  appartenantes  à  fief  noble  franchement  tenu. 

Item  au  bailliaf^e  du  Coustentin  ung-  franc  fief  ou  membre  de 
fief  avec  ses  appartenances  nommé  le  fief  de  Saint-Quentin  ouquel 
a  court  et  usaige,  assis  et  situé  en  la  parroisse  de  Saint-Quenlin 
[Saint-Quentin-les-Chardonnefs)  près  Tintebré  (Tinchebrai),  dont 
les  revenues  sont  en  deniers,  terres  labourables,  moulin,  reliefs, 
treizièmes  et  autres  revenues  à  icelui  fief  appartenans.  —  Item  en 
la  parroisse  de  Quierqueville  ung-  franc  fief  avec  ses  appartenances 
oîi  il  a  manoir  ainsi  comme  il  se  comporte,  auquel  fief  appar- 
tiennent court  et  usaige,  et  en  sont  les  revenues  en  terres  labou- 
rables, prez,  moulin,  moultes,  deniers,  grains,  œufz,  oyseaulx, 
varest,  reliefs,  treizièmes,  services  et  autres  devoirs  appartenans 
à  fief  nol)le  et  franchement  tenu.  —  Item  en  la  parroisse  de  Barne- 
ville-sur-la-mer  ung  franc  fief  avec  ses  appartenances  nommé  le 
fief  de  Barneville  oîi  il  a  court  et  usaige,  dont  les  revenues  sont  en 
terres  labourables,  deniers,  grains,  jardins,  pasturages,  œufz, 
oyseaulx,  reliefs,  treizièmes,  aides  coustumiers  et  autres  droiz  appar- 
tenans à  fief  noble  et  franchement  tenu,  et  y  a  ung  moulin.  — ^ 
Item  en  la  parroisse  de  Mulleville  (Muaneville-sur-Mer)  ung  franc 
fief  avec  ses  appartenances  à  court  etusaige,  dont  la  revenue  est  en 
terres  labourables,  deniers,  grains,  jardins,  pasturages,  a>ufs, 
oyseaulx,  reliefs,  treizièmes,  aides  coustumiers  et  autres  droiz 
appartenans  à  fief  noble  franchement  tenu. 

Item  la  })aronnie  et  terre  de  Mésidon  dont  le  chief  est  assis  ou 
bailliage   de   Caen  es  mettes  de   la   viconté   de  Faloize,  et  s'estent 


278  l'apuaye  de  notre-dame  de  grestain 

icelle  baronnie  es  bailliages  de  Rouen,  Caen  et  Coustentin,  et  la 
tenons  par  les  moyens,  formes  et  condicions  qui  s'ensuivent.  C'est 
assavoir  que  icelle  baronnie  avec  ses  appartenances  et  appendances 
quieulxconques  avec  autres  héritages  nous  furent  baillées  et  trans- 
portées par  manière  d'eschange  et  transport  jusques  à  mille  ans  par 
monseigneur  Jehan  de  Melung,  chevalier,  seigneur  de  Tanquar- 
ville  et  chambellan  de  Normandie,  pour  certains  héritages  que  lui 
baillasmes  ou  royaume  d'Angleterre  ouquel  païs  d'Angleterre  ledit 
chevalier  estant  prisonnier  et  pour  son  corps  délivrer  de  prison  fut 
fait  ledit  eschange  et  transport  selon  ce  qu'il  est  porté  par  lettres 
confermées  par  le  roi  Jehan  à  qui  Dieu  pardonne  lors  duc  de 
Normandie,  si  comme  par  lesdites  lettres  peult  apparoir  qui  furent 
faictes  l'an  mil  trois  cens  quarante  ung  ',  et  en  tant  comme  à  nous 
peult  et  doit  appartenir  baillons  et  advouons  tenir  en  la  manière 
qui  s'ensuit  :  c'est  assavoir  que  le  chief  d'icelle  baronnie  est  assis 
en  la  parroisse  de  Mésidon  es  mettes  de  la  viconté  de  Faloize  et  y 
souloit  avecques  chastel  et  forteresse,  et  avons  droit  d'avoir  foire 
au  jour  Saint-Martin  d'hiver  et  marchié  une  foiz  la  sepmaine  au 
jour  de  sabmedi,  et  droit  d'avoir  coustumes,  forfaitures,  et  droit  d'y 
avoir  trespas  tant  au  jour  du  dimanche  que  autres  jours  de  ceulx 
qui  passent  par  le  destroiz  de  la  prevosté,  et  droit  d'avoir  congnois- 
sance  et  jurisdiction  de  mesures  tant  de  grains  que  de  voyes,  et 
droit  d'avoir  moulins  k  ban  tant  à  blé,  à  ten  qu'à  foulleries,  et 
droit  d'avoir  festaiges,  moultes  et  autres  devoirs  appartenans  à 
moulin  et  pour  à  ban,  rentes  en  deniers  en  blez  tant  de  forment, 
orge  que  avoine,  et  en  outre  œufz,  oyseaulx  et  autres  rentes  et 
dignitez  appartenans  à  ladite  baronnie,  et  avons  prez  et  services  de 
prez,  droit  d'avoir  prevost  ou  prevozt  et  boys  assis  en  icelle  baron- 
nie et  doivent  iceulx  boys  au  roy  nostre  seigneur  tiers  et  dangier 
quant  ilz  sont  venduz,  et  se  peuvent  bien  monter  iceulx  boys 
quatre-vingt-saize  acres  ou  environ  et  un  acre  ou  environ  en  disme. 
Et  avons  droit  en  rivières,  estangs,  garennes  tant  en  terres  que  en 
eaues  de  poissons,  de  bestes  et  d'oyseaulx,  et  en  icelle  ville  de  Mési- 
don et  ailleurs  en  ladicte  baronnie  en  tant  comme  le  trespas  et  tra- 
vers s'estent,   et  aussi  avons  plusieurs  rentes  de  deniers  et  autres 

i.  La  date  de  1341  est  erronée;  Jean  de  Melun  n'était  pas  prisonnier  en 
Angleterre  à  cette  époque.  L'acte  d'échange  fait  à  Paris  porte  la  date  du 
14  avril  1347. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  279 

choses  es  mettes  d'Auge  et  ailleurs  où  ladicte  baronnie  s'estent. 
Et  avons  droit  d'avoir  reliefs,  treizièmes,  hommes,  hommaiges  et 
autres  aides  coustumiers  quand  ils  écheent  et  droit  d'avoir  garde 
tant  sur  les  nobles  et  francs  tenans  qui  tiennent  que  sur  les  autres 
tenans  d'icelle  baronnie,  et  par  nostre  séneschal,  gens  ou  autres  noz 
officiers  avons  droit  d'avoir  les  amendes,  jurisdictions  et  toutes 
autres  congnoissances  appartenans  à  baronnie  en  la  forme  et 
manière  que  les  y  avoit  ledit  chevalier  et  selon  ce  que  contenu  est 
es  lettres  et  transport  sur  ce  faictes. 

Et  d'icelle  baronnie  de  Mésidon  tiennent  franchement  et  noble- 
ment plusieurs  personnes,  leurs  terres  et  fiefs  nobles  avec  leurs 
appartenances  cy  après  nommées  et  desclarées  : 

Et  premièrement  les  religieux,  prieur  et  couvent  de  Saincte- 
Barbe  [Sainfe-Barhe-en-Auffe)  tiennent  un  fîef  nommé  le  fîef 
Hérault  avecques  toutes  ses  appartenances  et  appendances  qui- 
eulxconques  et  avons  droit  d'avoir  la  garde  et  gouvernement  dudit 
lieu  de  Saincte-Barbe  toutesfoiz  c[ue  le  cas  s'y  olfre  et  que  Tostel  est 
sans  prieur.  —  Item  lesdits  prieur  et  couvent  de  Saincte-Barbe  en 
tiennent  un  autre  membre  de  fîef  es  parroisses  du  Brueil  [le  Breuil 
près  Mézidon)  et  de  Mesières  [Maizières).  —  Item  les  héritiers 
monseigneur  Jehan  de  Garouges,  chevalier,  en  tiennent  par  hom- 
mage et  par  ung  fîef  entier  et  est  nommé  le  fief  de  BreuiUe.  Et 
sont  toutes  les  choses  dessusdites  assises  es  mettes  de  la  viconté 
dudit  Falloise.  —  Item  ung  autre  fîef  C[ue  souloit  tenir  messire 
Hue  Buchart  en  la  parroisse  de  la  Caude  [Lécaiide]  avec  ses  appar- 
tenances. —  Item  demy  fîef  dont  le  chief  est  assis  à  Serqueux  (Cer- 
queux-la-Campagne)  et  s'estent  en  icelle  viconté  et  en  celle  de  Fal- 
loize  que  tient  à  présent  Hugues  de  Merry.  —  Item  en  icelle 
viconté  d'Auge  ung  fief  que  souloit  tenir  messire  Robert  de  la 
Planque  nommé  le  fief  de  la  Plancque.  —  Item  en  icelle  viconté 
d'Auge  et  du  Pont-Audemcr  ung  tîef  à  Lespinay  et  à  Beaumouchel 
que  souloit  tenir  icelui  messire  Robert  de  la  Planque.  —  Item  en 
icelle  viconté  d'Auge  ung  fîef  à  Crèvecœur  et  à  Livaye  que  souloit 
tenir  messire  Jehan  de  Brucourt  et  que  tient  à  présent  messire 
Jacques  Paisnel,  chevalier,  k  cause  de  madame  sa  femme.  —  Item 
en  ladite  viconté  de  Falloise,  messire  Hue  Bouchart  en  tient  ung 
quart  de  fief  k  Gondé-sur-Leson  (ou  Condé-la-Campagne)  que  sou- 
loit tenir  Denis  Vieil.   —  Item  ung  ([uart  de   fief  en  ladite  viconté 


280  l'abdaye  de  notre-dame  de  grestain 

de  Falloise  que  souloit  tenir  Robert  Bonnel.  —  Item  en  ladite 
viconté  de  Falloise  à  Buyville  (Abbeville)  demi  fief  que  souloit 
tenir  Piichart  Labbé,  et  y  a  ung-  autre  fief  en  ladite  parroisse  de 
Abuyville  qui  est  en  la  main  du  roy  nostre  sire  et  baillé  à  fief  ferme 
au  seigneur  de  Buyville.  —  Item  en  ladite  viconté  de  Falloise  ung 
demi  fief  au  But  et  Rouvres  que  souloit  tenir  Jehan  Viel.  Item  en 
icelle  viconté  demi-fief  que  souloit  tenir  messire  Robert  des  Mous- 
tiers.  —  Item  en  icelle  viconté  ung-  fief  que  souloit  tenir  Guillaume 
de  Betheville  à  cause  de  sa  femme.  —  Item  en  icelle  viconté  ung 
quart  de  fief  à  Mesières  [Maizières]  que  tient  à  présent  Louis 
Aumont.  —  Item  en  icelle  viconté  demy  fief  à  Brou  (?)  et  à  Palain- 
ville  [Plainville)  que  tient  à  présent  les  hoirs  Pierre  de  Saincte- 
Croix.  —  Item  en  icelle  viconté  ung  fief  à  Vaux  [Vaux-la-Cam- 
pagne)  que  tiennent  les  hoirs  de  Pelain ville.  —  Item  en  icelle 
vicomte  à  Quieuteville  [Qiiiétiéville]  ung  plain  fîef  que  tiennent  les 
hoirs  Robert  Bonenfîant.  —  Item  en  icelle  viconté  deux  fiefs  à 
Vaulx,  à  Condey  et  à  Magny  que  souloit  tenir  Guillaume  de  Magny. 

—  Item  ung  fief  à  Canon  et  à  Mirebel  en  icelle  viconté  que  souloit 
tenir  Philippe  de  Mirebel.  —  Item  en  icelle  viconté,  à  Quetieuville 
[Quiétiéville]  est  assis  ung  demi  fief  que  souloit  estre  tenu  de  ladite 
baronnie  et  pour  le  présent  nous  appartient  à  cause  de  forfaicture, 
et  par  raison  de  ladite  tenance.  —  Item  à  Coulump  [Coulombs]  en 
la  viconté  de  Caen  ung  quart  de  fief  en  ladicte  baronnie  que  souloit 
tenir  messire  Richard  de  Rennensestre.  —  Item  en  icelle  viconté 
de  Caen  ung  quart  de  fief  à  Estrehan-le-Sec  que  souloit  tenir  Jehan 
d'Estrehan.  —  Item  en  icelle  viconté  jouxte  [Cagny]  demy  fîef  que 
souloit  tenir  messire  Guillaume  de  Mauny.  —  Item  en  icelle 
viconté  demy  fief  au  Manoir  que  souloit  tenir  messire  Pierre  Marie. 

—  Item  en  ladite  viconté  d'Auge  ung  fief  à  Corbon  que  souloit 
tenir  messire  Hanry  de  Hotot.  —  Item  en  la  viconté  de  Bayeux  ung 
fîef  et  demi  à  Estrehan  et  entour  que  souloit  tenir  messire  Roger 
Bacon.  —  Item  en  icelle  viconté  de  Bayeux  ung  fief  et  demi  que 
souloit  tenir  messire  Regnault  de  Villiers.  —  Item  en  champlieu  (?) 
à  Burcy  en  la  viconté  de  Vire  demy  fief  que  souloit  tenir  messire 
Guillaume  de  Burcy.  —  Item  à  Montebort  [Montebourg)  au  bailliage 
de  Coustentin  demy  fief  que  tiennent  les  religieux,  abbé  et  couvent 
de  Montebort.  —  Item  en  icelui  bailliage  ung  fieg  à  Saint-Flocel 
[Floxel],    à    Montebort,   à   Fréville   et  à    Fauville   (?),    que    souloit 


PIKCliS    JUSTIFICATIVES 


281 


tenir  messire  Jehan  de  Vaulx.  —  Item  en  icelui  bailliage  ung  fief  à 
Hvmherville  {Iluhcrville)  jouxte  Montebort  que  souloit  tenir  mes- 
sire Uicharl  de  Tollevaast  et  est  en  la  main  du  roy  nostredit  sei- 
f^neur  pour  cause  de  sa  l'orfaiture.  —  Item  une  vavassorie  franche 
séante  à  Cambrisses  [Cambrjj)  ({ue  souloit  tenir  messire  Richart  de 
Montgommeril.  —  Item  une  vavassorie  franche  séante  à  Lin- 
guièvres  que  souloit  tenir  Guillaume  de  Belleville.  —  Item  une 
vavassorie  franche  à  Estrehan  que  souloit  tenir  messire  de  Colle- 
ville.  —  Item  une  vavassorie  franche  à  Bernières-sur-la-mer  que 
souloit  tenir  messire  Raoul  de  Meullent.  —  Item  une  vavassorie 
franche  à  Burcy  en  la  rue  du  chastel  de  Vire  que  souloit  tenir 
Guillaume  de  Burcy.  —  Item  une  vavassorie  franche  à  Colleville 
que  souloit  tenir  Roger  Brocart.  —  Item  une  vavassorie  franche 
nommée  la  Mahebergerie  jouxte  le  pont  de  Dromme  que  souloit 
tenir  Nevelon  de  Planes.  —  Item  Lucas  de  Caen  souloit  tenir  ung 
fief  à  cause  duquel  il  estoit  sergent  de  tous  les  fiefs  de  Besin.  — 
Item  à  Vienne  ung  siège  de  moulin  que  souloit  tenir  Guillaume  de 
Vienne.  —  Item  une  vavassorie  franche  à  Mirebel  que  tiennent  à 
présent  les  hoirs  Pierre  le  Conte.  —  Item  une  vavassorie  franche 
qui  est  à  Bigot  et  est  en  la  main  du  roy  iiostre  sire,  laquelle  vavas- 
sorie et  terres  sont  assises  en  plusieurs  et  divers  bailliages  et 
vicontez. 

Et  de  tous  les  fiefs  nobles  tenuz  dicelle  baronnie  nous  appar- 
tiennent les  hommaiges,  reliefs,  treizièmes  et  gardes,  quant  le  cas 
s'y  offre,  droit  de  présenter  es  chappelles  et  es  esglises  qui  vacque- 
ront  le  temps  des  gardes  durant.  Et  semblablement,  avons  droit 
d'avoir  forfaictures  en  la  manière  qui  est  acoustumée  à  faire  ou  pays 
de  Normandie,  et  sont  tenuz  ung  et  chacun  desdicts  tenans  de  soy 
droict...  en  la  court  et  jurisdiction  dudit  lieu  de  Mésidon  devant 
nos  gens  et  olTiciers  des  choses  qui  appartiennent  à  ladicte  baronnie. 

Item  ou  bailliage  de  Caux  avons  et  nous  appartient  une  fieuferme 
avecques  ses  appartenances  appellée  la  fieuferme  de  Auffay  qui  se 
estent  en  plusieurs  parroisses  d'illec  environ  où  il  a  court  et  usage, 
et  sont  les  revenues  en  terres  labourables,  pasturages,  grains, 
deniers,  coustumes,  forfaictures.  puez,  moulins,  treizièmes,  reliefs 
et  autres  redevances  appartenantes  à  noble  fief  et  franchement 
tenu  ;   laquelle  fieullerme  avec  ses  appartenances  nous  fut  bailliée 


282  l'abbaye  de  kotre-da3ie  de  grestain 

par  eschange  et  transport  avec  ladite  baronnie  de  Mésidon  et  par 
ledit  sieur  de  Tancarville  jusques  au  terme  de  mille  ans  dessusdict. 

Item  en  la  viconté  du  Pont-Audemer,  en  la  ville  de  Fiquefleu,  a 
marchié  au  jour  du  sabmedi  duquel  nous  appartiennent  toutes  les 
coustumes,  forfaictures,  congnoissance  de  poix  et  de  mesures  et 
autres  droiz,  et  la  jurisdiction  et  amendes  des  cas  qui  escheent 
oudict  marchié. 

Lesquieulx  nobles  fiefz  et  membres  de  fiefz  et  autres  choses 
dessus  desclerées  par  la  manière  que  deue  est,  nous  tenons  et 
advouons  à  tenir  nuement  du  roy  nostredit  seigneur  à  cause  de  sa 
duchié  de  Normendie  par  lui  faisant  de  ce  une  foiz  seuUement 
toutesfois  qu'il  y  a  création  de  nouvel  abbé  foy  et  serment  de 
feaulté,  avec  prières  et  oraisons,  sans  aucune  redevance  quieulx- 
conques  excepté  ledit  esturgeon  ou  cas  toutesfois  que  aucun  en 
auroit  pris  et  peschié  es  mettes  de  nostredicte  seigneui'ie  et  juris- 
diction de  la  rivière  de  Saine  dont  cy  devant  est  faicte  mention  et 
non  autrement.  Et  pour  ce  que  de  présent  nous  ne  pouvons  avoir 
à  plain  vraye  congnoissance  de  toutes  les  appartenances  de  nostre- 
dit moustier  pour  ce  qu'il  a  long  temps  esté  vacquant  et  n'y  demeu- 
roit  nulz  religieux  et  pour  ce  ladicte  esglise  qui  avoit  esté  et  est 
toute  déserte  et  abatue  pour  le  fait  des  guerres  et  divisions  de  ce 
royaume  et  les  fondations,  chartes  et  privillèges  où  la  greigneur 
partie  dicelles  perdues  que  nous  ne  povons  recouvrer  ;  nous  fai- 
sons retenue  que  se  plus  y  a  que  ce  qui  est  descleré  en  ce  présent 
adveu  ou  dénombrement  nous  protestons  que  ce  ne  vient  de 
fraude,  barat  ou  malengin  par  quoy  ne  nous  porte  ou  doye  porter 
aucun  préjudice,  mais  sommes  prests  et  appareillez  de  le  corriger 
toutesfoiz  qu'il  vendra  à  nostre  congnoissance.  En  tesmoing  de  ce 
nous  avons  mis  à  ce  présent  adveu  les  seaulx  de  nous  abbé  et  cou- 
vent dessusdict  le  premier  jour  de  septembre,  l'an  mil  quatre  cens 
cinquante  '. 

(Arch.  nat.,  P.  305,  n»  227.) 


1.  Voy.  aux  Arch.  nat.,  P.  30o,  n"  288,  un  autre  dénonibi'ement  des  posses- 
sions de  labbaye  de  Grestain,  du  30  novembre  1459. 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


XLVII 


283 


Accord  conclu  entre  Vabbayc  du   Bec-Hellouin  ei  les  religieux  de 
Notre-Dame  de  Grestain. 

14S4. 

Traité  entre  Tabbaye  du  Bec  et  celle  de  Grestain,  par  lequel  il 
est  dit  que  ladicte  abbaye  du  Bec  quitte  à  celle  dudict  Grestain 
tout  le  droit  de  coustume  qu'elle  prétendoit  sur  les  denrées,  pois- 
son frais  et  marchandises  qui  se  vendent  sur  le  perroy  de  la  mer 
entre  le  hamel  de  Jobles  et  le  pont  de  Gremafleu  '  ;  et  arrivant  que 
par  la  retraite  de  la  mer  il  croisse  de  l'herbe  aux  environs  dudict 
hamel  de  Jobles  elle  appartiendra  auxdictes  abbayes  par  ég-ales 
portions,  moyennant  quoy  et  sans  préjudice  du  droit  de  basse  jus- 
tice que  ladite  abbaye  du  Bec  a  sur  son  fief  nommé  le  fief  [du] 
Noyer  ',  ladicte  abbaye  de  Grestain  abandonne  à  celle  du  Bec  le 
tiers  de  la  dixme  qu'elle  avoit  droict  de  prendre  sur  plusieurs 
terres  y  désignées  scises  dans  la  paroisse  de  Beuzeville,  avec  tout 
le  trait  du  fief  Quesney  ^  assis  en  ladicte  paroisse  ;  et  par  ainsy 
lesdicts  de  Grestain  demeureront  deschargez  des  réparations  qu'il 
conviendra  faire  au  chancel  de  l'esglise  de  Beuzeville.  En  l'an  1454. 

(Inventaire  des  titres  de  l'abbaye  N.-D.  du  Bec-Hellouin.  Bibl. 
nat.  Cinq  Cents  de  Colbert,  vol.  190,  fol.  1360.) 

XLYIII 

Reconnaissance  d'honimaf/e  délivrée  par  Charles    VIF 
à  Jean  Baudouin,  ahhé  de  Grestain. 

14S8,  12  décembre. 

Charles  par  la  g-râce  de  Dieu  roy  de  France,  etc.  Savoir  faisons 
que  comme  nostre  amé  et  féal  Jehan  Baudin,  abbé  de  l'abbaye  de 

1.  C'est,  croyons-nous,  le  pont  sur  l'Orange,  situé  au  village  de  La  Rivière 
Saint-Sauveur.  —  Jobles  est  un  hameau  situé  entre  Grestain  et  Fiquelleur- 
Equainville. 

2.  Commune  d'AJjlon,  canton  de  Ilontleur. 

3.  Ou  Quesnay,  hameau  de  Heuzeville,  vavassorie  franche. 


284  L "abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

Xoslre-Dame  de  Grestain  de  l'ordre  de  saint  Benoist,  au  diocèse  de 
Lisieux,  nous  a  aujourdhuy  fait  à  la  personne  de  nostre  amé  et  féal 
chancelier  le  serment  de  féaulté  quil  nous  estoit  tenu  faire  à  cause 
de  la  temporalité  de  ladite  abbaye  de  Grestain,  etc.  Donné  à  Tours, 
le  douziesme  jour  de  décembre  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens  cin- 
quante et  huit,  et  de  nostre  règ-ne  le  xxxvij''.  —  Par  le  roy,  à 
vostre  relaçion.  Rolant. 

(Arch.  nat.,  P  264-,  n«  933.) 


XLIX 

Lettres  de  Louis  XI  portant  autorisation  à  Jean,  abbé  de  Grestain, 
de  faire  son  acte  de  foi  et  hommage  devant  le  bailli  de  Rouen. 

1462,   13  janvier  (n.  st.) 

Loys,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France,  au  bailly  de  Rouen 
ou  à  son  lieutenant,  salut.  Savoir  vous  faisons  que  pour  considéra- 
tion de  ce  que  frère  Jehan,  abbé  de  l'abbaye  de  Grestain,  qui  est 
ancien  homme  et  sourprins  et  détenu  de  maladie  de  goutte  en 
manière  qu'il  ne  porroit  bonnement  venir  par  devers  nous  nous 
faire  le  serment  de  féaulté  de  la  temporalité  de  ladite  abbaye  ainsi 
que  tenu  est.  Nous  à  icellui  avons  octroyé  et  octroyons  que  sondit 
serment  de  féaulté  il  puisse  faire  en  voz  mains,  lequel  y  ainsi  fait 
voulons  estre  d  un  tel  elfet  que  ce  fait  avoit  esté  à  nostre  personne 
ou  es  mains  de  nostre  amé  et  féal  chancelier.  Si  vous  mandons, 
etc.  Donné  à  Tours,  le  xiij*  jour  de  janvier  Tan  de  grâce  mil  quatre 
cens  soixante  et  ung,  de  nostre  règne  le  premier. 

(Arch.  nat.,  PP  236^,  n«  446.) 


Reconnaissance  d'hommage  délivrée  à  Jean,  abbé  de  Grestain. 
1462,  4  mars  (n.  st.) 

Gauvain  Mauniel,  écuyer,  lieutenant  général  de  Jean  de  Montes- 
pedon,  seigneur  de  Beauvoir,  bailli  de  Rouen  a  reçu  le  serment  de 
fidélité  de  Jean,  abbé  de  l'abbaye  et  monastère  de  Grestain. 


PIÈCES    .IL'STIFICATIVES  285 

Donné  à  Rouen,  le  jeudi  quatriesme  jour  de  mars,  l'an  de  g-râce 
mil  quatre  cens  soixante  et  ung'. 
(Arch.  nat.,  PP  230^  n«  444.) 

LI 

Lettres  (le  Louis    XI  autorisant    Richard  de    T/iieuville,    ahhé  de 
Grcsiain,  de  faire  le  serment  de  /idélite  devant  le  bailli  de  Rouen, 

U(i9,  25  mai. 

Loys,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France,  au  bailly  de  Rouen 
ou  à  son  lieutenant,  salut.  Receue  avons  l'umble  supplicacion  de 
nostre  cher  et  bien  amé  frère  Richart  de  Thieuville,  abbé  de  l'ab- 
baye et  monastère  de  Grestain,  en  vostre  bailliag-e,  contenant  que 
pour  raison  de  ladite  abbaye  qui  est  de  fondacion  royale  et  de 
laquelle  il  a  puis  nag-uères  esté  pourveu  par  nostre  Saint-Père  le 
pape  il  est  tenu  de  nous  faire  le  serement  de  leaulté  en  tel  cas 
accoustumé,  lequel  serement  il  ne  lui  a  été  ne  seroit  bonnement 
possible  de  nous  venir  faire  en  personne  c|ue  ce  ne  feut  ou  grant 
préjudice  de  lui  et  d'icelle  abbaye  parce  que  la  reveneue  d'icelle  est 
de  bien  petite  valeur  et  ne  pourroit  icelluy  suppliant  bonnement 
fixer  les  deniers  qui  luy  seroient  nécessaires  pour  fornir  à  la  des- 
pence que  faire  luy  conviendroit  k  venir  par  devers  nous, avons 

donné  congié  et  licence  de  faire  en  voz  mains  ledit  serement  de 
féaulté. 

Donné  à  Beaugé,  le  xxv"  jour  de  may,  l'an  de  grâce  mil  quatre 
cens  soixante  et  neuf  et  de  nostre  règne  le  huitiesme. 

(Arch.  nat.,  PP  263^  n°  458.) 


LU 

Reconnaissance    d' hommaije    délivrée  à   Richart   de    Thieuville, 
ahhé  de  Grestain. 

1469,  12  juillet. 

A  tous  ceulx,  etc.,  Jehan  Theroulde,  lieutenant  et  commis  de 
noble  homme  Jehan  de  Montespedon,  seigneur  de  Beauvoir  et  de 
Bazoches,  bailly  de  Rouen... 


28(l  l'aIUîAVE    UI:;    NOTKE-DAME    de    (iRESlAIN 

Icellui  abbé  fut  receu  par  nous  à  faire  ledit  serement  de  féaulté 
lequel  il  fîst  entre  nos  mains. 

Donné  es  assises  du  Pontaudenier  séantes  et  par  nous  tenues,  le 
mercredy  douziesme  jour  de  juillet,  lan  de  grâce  mil  quatre  cens 
soixante  neuf. 

(Arch.  nat.,  PP  2632,  n"  459.) 


LUI 

Hommage  fait  à  Louis  XI  par  Richard  de  Thieuville,  abhé  de 
Xolrc-de-Dame  de  Grestain,  pour  la  haronnie  de  Grestain  et  les 
fiefs  du  temporel  de  lahhaye. 

1460,  6  septembre. 

Du  roy  nostre  sire.  Nous  liichart  par  la  permission  divine  humble 
abbé  de  l'ég-lise  et  abbaye  de  Nostre-Dame  de  Grestain  ou  diocèse 
de  Lisieux,  en  la  viconté  du  Pontaudemer,  en  bailliage  de  Rouen, 
advouons  â  tenir  nostre  dicte  église  et  abbaye  de  Grestain  en  chief 
et  membres  en  tant  ([ue  touche  la  temporalité  dont  faisons  décla- 
racion  cy  après  en  la  manière  qui  ensuit  : 

Et  premièrement  la  baronnie  de  Grestain  assise  en  la  dicte 
viconté  du  Pontaudemer  audict  lieu  de  Grestain,  et  s'estent  en 
plusieurs  parroisses,  en  laquelle  ladite  église  de  Grestain  est  assise 
et  en  laquelle  a  court  et  usage  et  toutes  droictures  appartenant  à 
basse  justice.  Item  un  franc  fîef  ou  membre  de  fief  avec  ses  appar- 
tenances ou  deppendances  nommé  le  fîef  de  Rouville  tenu  franche- 
ment autjuel  a  court  et  usaige  et  en  sont  les  rentes  en  deniers, 
grains,  œufz,  oyseaulx  et  plusieurs  hommaiges.et  si  porte  ledit 
lief  reliefz,  traiziesmes  et  autres  revenues  telles  comme  il  appartient 
à  noble  fief  franchement  tenu.  Item  en  la  parroisse  de  Berville  ung 
autre  fief  ou  membre  de  fief  nommé  le  fief  de  la  Poterie^  et  a  court 
et  usaige  et  en  sont  les  revenues  en  deniers,  grains,  œufz,  oyseaulx, 
reliefs,  traiziesmes,  aides  coustumiers  et  autres  devoirs  appartenans 
à  fief  noble  franchement  tenu.  Item  en  la  parroisse  de  Sotteville  un 
franc  fief  ou  membre  de  fief  avec  ses  appartenances  nommé  le  fief 
deSoteville  ouquel  a  court  et  usaige  et  en  sont  les  rentes  et  revenues 
en  deniers,  grains,  œufz,  oyseaulx,  prez,  pasturaiges  et  autres  rêve- 


PIÈCES    JUSÏIFlCATiVKS  287 

nues  appartenans  à  iief  franchement  tenu.  Item  en  la  paroisse  de  Four- 
metotun  franc  fief  ou  membre  de  fief  avec  ses  appartenances  nommé 
le  fief  de  Founnetot  ouquel  a  court  et  usagée  et  en  sont  les  rentes  en 
deniers,  grains,  œufz,  oyseaulx,  reliefz,  traiziesmeset  autres  revenues 
appartenans  à  fief  noble  et  franchement  tenu.  Item  en  la  parroisse 
de  Tourville  un  franc  fief  ou  membre  de  fief  nommé  le  fief  du  Bec 
ouquel  a  court,  usaige  et  en  sont  les  rentes  et  revenues  en  deniers, 
grains,  oyseaulx,  reliefz  traiziesmes  et  autres  revenues  appartenans 
à  noble  fief  franchement  tenu.  Item  un  manoir  et  franc  fief  ou 
membre  de  fief  avec  ses  appartenances  nommé  la  Fontaine-Bcrenç/ier 
où  il  a  court  et  usage  et  en  sont  les  revenues  en  terres  labourables 
jardins,  prez,  pasturaiges  vignes,  deniers,  œufz,  oyseaulx,  reliefz, 
traiziesmes  et  autres  revenus,  appartenans  à  fief  noble  et  franchement 
tenu.  Item  en  la  paroisse  de  Beuzeville  un  fief  nommé  le  fief  des 
Fauques  avec  ses  appartenances  oîi  il  a  court  et  usaige  et  en  sont 
les  revenues  en  terres  labourables,  jardins,  bois,  deniers,  grains, 
œufz,  oyseaulx,  services,  reliefz,  traiziesmes,  aides  constumiers.et 
autres  revenues  appartenans  à  fief  noble  et  franchement  tenu.  Item 
en  la  parroisse  d'Esquainville  et  de  Nostre  Dame  du  Val,  ung  fief 
ou  membre  de  fief  avec  ses  appartenances  appelle  le  fcf  du  Mor,  où 
il  a  court  et  usaige  et  en  sont  les  rentes  et  revenues  en  deniers, 
grains,  œufz,  oyseaulx,  reliefz,  traiziesmes  et  autres  redevances 
appartenans  à  franc  fief  et  noblement  tenu.  Item  ung  fief  ou 
membre  de  fief  assis  en  la  parroisse  de  Fastouville  et  Esquainville 
nommé  le  pef  du  Boys,  et  a  court  et  usaige  et  en  sont  les  rentes 
et  revenues  en  denrées,  œufs,  oyseaulx,  grains,  et  a  moulin 
et  moultiers  à  moultes  seiches  et  mouillyes,  reliefz,  traiziesmes, 
aides  coustumiers  et  autres  devoirs  de  fief  appartenant  à  fief  noble 
et  franchement  tenu.  Item  en  la  dicte  parroisse  d'Esquainville  ung 
moulin  nommé  le  moulin  des  Mareis  et  a  moutiers  et  montes  seiches 
et  moullyés  et  autres  droiz  appartenans  à  moulin.  Item  ung  fef 
noble  ou  membre  de  fief  assis  en  la  parroisse  d"Englesqueville-la- 
Martel  ou  bailliage  de  Caux,  et  a  court  et  usaige,  et  en  sont  les 
rentes  et  revenues  en  deniers,  grains,  œufz,  prez,  pasturaiges  et 
terres  labourables,  reliefz,  ti'aiziesmes  et  aides  coustumiers  et  autres 
revenues  appartenans  à  fief  noble  et  franchement  tenu.  Item  en  la 
parroisse  de  Blonville  ung  fief  noble  ou  membre  de  fief  et  a  court  et 
usage,  et  en  sont  les  rentes  et  revenues  en  deniers,  œufz,  oyseaulx, 


288  l'abhave  de  ^otre-dame  de  grestain 

sel,   prays,   pasturaiges,   reliefz,   traiziesmes,   aides    coustumiers  et 
autres  devoirs  de  fief  appartenant  à  lief  noble  franchement  tenu. 
Item  en  la  parroisse  de  Gyneville  ung  manoir  en  franc  fief  nommé 
le  fief  deMaharu,  dont  les  rentes  sont  en  terres  labourables,  manoir, 
jardins,  bois,   prais,  pasturaiges,   deniers,   grains,   œufz,  oyseaulx, 
services,  moulins,  moultes  seiches  et  mouilles,  reliefz,  traiziesmes, 
et  autres  revemues  appartenans  à  iîef  noble  et  franchemeut  tenu 
Item  en  ladite  parroisse  de  Gyneville  ung  membre  de  fief  deppendant 
dudit  fief  de  Maharu  nommé  le  fef  du  Bouffeij   avec  ses  apparte- 
nances et  a  court  et  usalge,  et  en  sont  les  rentes  et  revenues  en 
deniers,  grains,  œufz,  oyseaulx,  reliefz,  traiziesmes  et  autres  devoirs 
appartenans  à  fief  nobli  et  franchement  tenu.  Item  en   la  parroisse 
de  Fiquefleu  deux  pièces  de  bois  contenant  une  acre  ou  environ  et 
dolbvent  iceulx  bois  au  roy  nostre  sire  tiers  et  dangier  quant  Hz 
sont  vendus.  Item  en  la  parroisse  de  QuetteviUe  et  es  mettes  d'envi- 
ron ung  huitiesme  de  lief  nommé  le  fief  Féron  dont  les   rentes  et 
revenues  en  sont  en  terres  labourables,  grains,  œufz,  oyseaulx,  fers 
à  cheval,  reliefz,  traiziesmes,  aides  et  coustumes.Item  en  la  parroisse 
du  Tell  ung  fief  ou  membre  de  fief  nommé  le  fief  à  VEspec.  et  a 
court   et  usaige  et  en    sont  les    rentes   en   deniers,    grains,    œufz, 
oyseaulx,  reliefz,  traiziesmes,  et  aides  coustumiers,  quemmaige  (?) 
et  autres  droiz  appartenant  à  fief  noble  et  franchement  tenu.  Item 
en  la  parroisse  de  GonneviUe  ung  hulctlème  de  fief  avec  ses  appar- 
tenances où  il  a  court  et  usaige.  Item  en  la  dite  parroisse  ung  autre 
fief  ou  membre   de  fiel  nommé  le  fief  du  Neest  avec  ses  apparte- 
nances où  il  a  court  et  usaige,  desquelz  deux  fiefs  les  revenues  en 
sont  en  terres  labourables,  deniers,  grains,  œufz,  oyseaulx,  reliefz, 
traiziesmes  et  autres    devoirs   de  fief   appartenant  à  fief  noble   et 
franchement  tenu.  Item   en  la  parroisse  de  Triqueville  une  vavas- 
sorie  nommé  la  vavassorie  Deshaj/ez  avec  ses  appartenances,  et  en 
sont  les  revenues  en  deniers,  œufz,  oyseaulx,  reliefz,  traiziesmes. 
Item  en  la  parroisse  de  Garbec  ung  fief  nommé  le  fief  Deniiet  avec 
ses  appartenances  où  il  a  court  et  usaige  et  en  sont  les  revenues 
en  terres  labourables,  et  y  a  ung  manoir  ainsy  qu'il  se  comporte, 
jardins,  bois,   prais,  pasturalges,    moulins,   moultes,  campars,   ser- 
vices,  reliefz,   traiziesmes,  aides  coustumiers   et  autres  devoirs  de 
fief  appartenans  à  fief  noble  et  franchement  tenu. 

Item  à  cause  de  nostre  dite  église  et  abbaye  nous  appartiennent 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


289 


k's  coustumcs,  marées,  euues,  eauryes,  varest  et  autres  revenues  en 
l'eaue  de  Seyne  eu  costé  devers  le  su  depuis  le  gort  de  Quillebeuf 
jusques  au  Noir  Port  près  Ilonnefleu,  et  es  dictes  mettes  avons 
haulte,  moyenne  et  basse  justice  et  plusieurs  autres  revenues,  toutes 
et  quantesfoiz  que  le  cas  y  eschet.  Et  à  cause  de  ce,  toutes  et  quan- 
tesfois  que  esdictes  eaues  on  pesche  aucuns  esturgeons  ilz  nous 
doivent  estre  apportez  et  nous  sommes  tenuz  d'envoier  le  premier 
qui  est  pesché  et  à  nous  apporté  au  viconte  dudit  lieu  de  Pontau- 
demer  et  eu  nom  du  roy  nostre  seigneur  parceque  ledit  viconte 
nous  doit  payer  cinq  solz  tournois. 

Item  la  prieuré  de  Saint-Nicolas^  estan  eu  diocèse  de  Lisieux 
près  la  forest  de  Touque,  laquelle  est  des  membres  et  deppendances 
de  nostredicte  église  et  abbaye,  à  cause  dudit  prieuré  et  des  drois 
à  nous  appartenans  le  prieur  dicelui  prieuré,  demourant  et  rési- 
dant illec,  a  en  la  forest  de  Touque  son  ardoir,  maisonner  et  pastu- 
raiges  pour  toutes  bestes  comme  pourceaulx,  bœufz,  vaches  et 
autres  bestes,  sans  nombre,  sauf  et  réservé  les  tailles  d'icelle 
forest  saucuns  en  y  a. 

Item  ou  bailliage  de  Caen  ung  franc  fief  ou  membre  de  fief  avec 
ses  appartenances  nommé  le  fief  Boutevillain  dont  le  chief  est 
assis  en  la  parroisse  Sainte-Marie-ès-Anglois  et  s'estent  en  plusieurs 
es  mectes  d'illec  environ,  et  a  court  et  usaige  et  en  sont  les  reve- 
nues en  terres  labourables,  bois,  prez,  grains,  deniers,  œufz, 
oyseaulx,  moulins,  reliefz,  traiziesmes  et  autres  redevances  appar- 
tenans à  fief  noble  et  franchement  tenu.  Item  en  la  parroisse  de 
Tierceville  oudict  bailliage  de  Caen  ung  manoir  et  franc  fief  nommé 
le  fcf  de  Tierceville  avec  ses  appartenances  et  a  court  et  usaige, 
et  en  sont  les  revenues  en  terres  labourables,  jardins,  prez,  deniers, 
grains,  œufz,  oyseaulx,  reliefz,  traiziesmes  et  autres  devoirs  de 
iief  appartenans  à  iief  noble  et  franchement  tenu.  Item  ung  autre 
lief  ou  membre  de  fief  avec  ses  appartenances  nommé  le  fief  de 
Tilly  ,  et  a  court  et  usaige  et  en  sont  les  revenues  en  grains, 
deniers,  œufz,  oj^seaux,  reliefz,  traiziesmes  et  autres  redevances 
appartenans  à  fief  noble  et  franchement  tenu.  Item  au  Doulx-Marest, 
ung  fief  ou  membre  de  fief  avec  ses  appartenances,  nommé  le  fef 
Marest  où  il  a  court  et  usaige  et  en  sont  les  revenues  en  terres 
labourables,  bois,  prez,  grains,  œufz,  oyseaulx,  reliefz,  traiziesmes 
et  autres  redevances  appartenans  à  fief  noble  et  franchement  tenu, 

(^11.  Hhkmui.  —  L'AhlinjH'  de  Xnire-Duine  de  Gresl;iin.  19 


290  l'abbaye  de  >otre-dame  de  grestain 

et  en  sommes  tenus  faire  rendre  et  payer,  par  chacun  an  au  roy 
nostre  seigneur  au  terme  Saint-Michel  xx  s.  t.  de  vicontaige  ren- 
dus au  compteur  du  viconte  de  Falaize.  Item  audit  terme  Saint- 
Michel  vint  boisseaulx  d'avoyne  d'ivernaige,  mesure  de  Saint- 
Pierre-sur-Dy  ve . 

Item  ou  bailliage  de  Costentin  ung  franc  tief  ou  membre  de  fief 
avec  ses  appartenances  nommé  le  fief  Saint-Quentin  eu  quel  a 
court  et  usaige,  assis  et  situé  en  la  parroisse  Saint-Quentin  près 
Tinchebré,  dont  les  rentes  5ont  en  deniers,  terres  labourables, 
moulin,  reliefz,  traiziesmes  et  autres  revenues  à  icellui  fief  appar- 
tenant. Item  en  la  parroisse  de  Quierqueville.  un  franc  fief  avec 
ses  appartenances  où  il  a  ung  manoir  ainsi  qu'il  se  comporte,  auquel 
fief  appartient  court  et  usaige,  et  en  sont  les  revenues  en  terres 
labourables,  prez,  moulin,  moultes,  deniers,  grains,  œufz,  oyseaulx, 
varest,  reliefz,  traiziesmes,  séances  et  autres  devoirs  appartenans  à 
fief  noble  et  franchement  tenu.  Item  en  la  parroisse  de  Barneville- 
sur-la-mer  ung  franc  fief  avec  ses  appartenances  nommé  le  fief  de 
Barnoville,  où  il  a  court  et  usaige,  dont  les  revenues  sont  en  terres 
labourables,  deniers,  grains,  jardins,  pasturaiges,  œufz,  oyseaulx, 
reliefz,  traiziesmes,  aides  coustumiers  et  autres  devoirs  appartenans 
à  fief  noble  et  franchement  tenu.  Et  y  a  ung  molin,  parroisse  de 
Barneville-sur-la  mer.  Item  en  la  parroisse  de  Milleville  ung  franc- 
fief  avec  ses  appartenances,  a  court  et  usaige,  et  en  sont  les  reve- 
nues en  terres  labourables,  deniers,  grains,  jardins,  pasturaiges, 
œufz,  ovseaulx,  reliefz,  traiziesmes,  aides  coustumiers  et  autres 
droiz  appartenans  à  fief  noble  et  franchement  tenu. 

Item  la  haronnie  et  terre  de  Mésidon,  dont  le  chief  est  assis  eu 
bailliage  de  Caen  et  es  mettes  de  la  viconté  de  Falaize,  et  s'estent 
icelle  baronnie  es  bailliages  de  Rouen,  Caen  et  Costentin,  et  la 
tenons  par  les  moyens,  fourmes  et  condiccions  qui  s'ensuivent  : 
C'est  assavoir  que  icelle  baronnie  avec  ses  appartenances  et  appen- 
dances  quelconques  avec  autres  héritaiges  nous  furent  baillées  et 
transportées  par  manière  d'eschange  et  transport  jusqu'à  mille  ans 
par  monseigneur  Jehan  de  Melun,  chevalier,  seigneur  de  Tancar- 
ville  et  chambellan  de  Normandie,  pour  certains  héritaiges  que  lui 
baillasmes  au  royaulme  d'Angleterre  euquel  pais  d'Angleterre  ledit 
chevalier  estoit  prisonnier  et  pour  son  corps  délivrer  de  prison, 
faisant  ledit  eschange  et  transport  selon  qu'il  est  porté  par  lettres 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  291 

confirmées  par  le  roy  Jehan,  à  qui  Dieu  paidoint  lors  duc  de  Nor- 
mandie, si  comme  par  lesdites  lettres  puet  apparoir  qui  furent 
iaictes  Tan  mil  iij  quarante  et  ung  ^  ;  et  en  tant  comme  à  nous  peult 
ou  doit  appartenir  baillons  et  advouons  en  la  manière  (jui  ensuit  ; 
C'est  assavoir  (|ue  le  cliief  dicelle  baronnie  est  assis  en  la  parroisse 
de  Mésidon  es  mettes  de  la  viconté  de  Falaize,  et  y  souloit  avoir 
chastel  et  forteresse,  et  avons  droit  d'avoir  foire  au  jour  de  Saint- 
Martin  d'iver  et  marchié  une  fois  la  sepmaine  au  jour  de  samedi, 
et  droit  d'avoir  coustumes,  forlfaictures  et  droit  d'y  avoir  trespas, 
tant  au  jour  de  dimanche  que  autres  jours,  de  ceulx  qui  passent 
par  les  destroitz  de  la  parroisse,  et  droit  d'avoir  congnoissance  et 
jurisdiction  de  mesures  tant  de  grains  que  de  boires,  et  droit  d'avoir 
moulins  à  ban  tant  à  blé,  à  tan  que  fouleur,  et  droit  d'avoir  fes- 
taiges,  moultes  et  autres  devoirs  appartenans  à  moulin  et  four  à 
ban,  rentes  en  deniers,  en  blés,  tant  de  fourment,  orge,  que 
avoyne,  et  en  œufz,  oyseaulx  et  autres  rentes  et  dignitez  apparte- 
nans à  ladite  baronnie.  et  avons  plais  et  séance  de  plais,  droit 
d'avoir  prevost  ou  prevostz  es  bois  assis  en  icelle  baronnie,  et 
doyvent  iceulx  bois  au  roy  nostredit  seigneur  tiers  et  dangier  quand 
ilz  sont  venduz,  et  se  peuvent  bien  monter  iceulx  bois  quatre  vins 
et  seize  acres  ou  environ  et  une  acre  en  demie  ;  et  avons  droit  en 
rivières,  estangs,  garennes,  tant  en  terre  que  en  eaue,  de  poissons, 
de  bestes  et  d'oyseaulx  ;  et  en  icelle  ville  de  Mesidon  et  ailleurs  en 
ladite  baronnie  en  tant  comme  le  trespas  et  travers  s'estent  ;  et 
aussi  avons  plusieurs  rentes  de  deniers  et  autres  choses  es  mettes 
d'Auge  et  ailleurs  où  ladite  baronnie  s'estent  ;  et  avons  droit 
d'avoir  reliefz,  traiziesmes,  hommes,  hommages  et  autres  aides 
coustumiers  quand  ilz  escheent,  et  droit  d'avoir  garde  sur  tous  les 
nobles  et  frans  tenans  qui  en  tiennent  et  sur  les  autres  travers 
dicelle  baronnie  ;  et  par  nostre  seiieschal,  gens  ou  autres  officiers 
avons  droit  d'avoir  les  amendes,  jurisdiction  et  tous  autres  congnois- 
sances  appartenans  à  baronnie  en  la  fourme  et  manière  que  les  y 
a  voit  ledit  chevalier  et  selon  ce  qui  est  contenu  es  lettres  et  trans- 
port sur  ce  faictes. 

Et  dicelle  baronnie  de  Mésidon  tiennent  franchement  et  noble- 
ment plusieurs  personnes,  leurs  terres  et  fiefz  nobles  avecques  leurs 
apj)artenances  cy  après  nommées  et  declairées. 

I.   L'aclc  d'échanue  est  du   14  avril  1347. 


292  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

Et  premièrement,  les  relig^ieulx,  prieur  et  couvent  de  Sainte- 
Barbe  en  tiennent  ung  fief  nommé  le  fief  Hérault  avec  toutes  ses 
appartenances  et  appendances  quelconques  ;  et  avons  droit  d'avoir 
la  garde  et  g-ouvernement  dudit  lieu  de  Sainte-Barbe  toutesfois  que 
le  cas  si  offre,  que  lostel  est  sans  prieur  ;  item  ledit  prieur  et 
couvent  de  Sainte-Barbe  en  tient  ung  autre  membre  de  fîef  es  par- 
roisses  de  Breul  et  de  Maisières.  Item  les  héritiers  de  messire 
Jehan  de  la  Carrouges,  chevalier,  en  tiennent  par  hommaige  ung 
fîef  entier  et  est  nommé  le  fef  de  Breuille  ;  et  sont  toutes  les 
choses  dessus  dites  assises  es  mettes  de  la  viconté  de  Falaize.  Item 
ung  autre  fief  que  souloit  tenir  messire  Hue  Bouchart  en  la  par- 
roisse  de  la  Gaude  avec  ses  appartenances.  Item  ung  quart  de  fîef 
que  souloit  tenir  Colin  Pellevillain.  Item  demi  fief  de  chevalier  à 
Moyaulx  que  souloit  tenir  messire  Jehan  de  Tillye,  chevalier,  à 
cause  de  sa  femme.  Item  ung  fief  en  la  viconté  dWuge  nommé  le 
[ief  de  la  Caude  que  souloit  tenir  messire  Robert  Dys.  Item  demi 
fief  dont  le  chief  est  assis  à  Sarqueulx  et  s'estent  en  icelle  viconté 
et  celle  de  Falaize  que  tient  à  présent  Rog-ier  de  Mery.  Item  en 
icelle  viconté  d'Auge  ung  fîef  que  souloit  tenir  messire  Robert  de 
Laplancque  nommé  le  fief  de  La  Plancque.  Item  en  icelle  viconté 
d'Auge  et  du  Pontaudemer  un  fîef  à  Lespinejj  et  Beauinoiichel  que 
souloit  tenir  icellui  messire  Robert  de  La  Plancque.  Item  en  la 
viconté  d'Auge  ung  fîef  à  Crèuecœiir  et  à  Lyvet  que  souloit  tenir 
messire  Jehan  de  Brucourt,  que  tient  à  présent  messire  Jaques 
Paynel,  chevalier,  à  cause  de  sa  femme.  Item  en  ladite  viconté  de 
Falaize,  messire  Hue  Bouchart  en  tient  ung  quart  de  fîef  à  Condé- 
sur-Leson  que  souloit  tenir  Denys  Vyel.  Item  ung  quart  de  fief  en 
ladite  viconté  de  Falaize  audit  lieu  de  Condé  que  souloit  tenir 
Robert  Bouvet.  Item  en  ladite  viconté  de  Falaize  à  Buijville  demi 
fîef  que  souloit  tenir  Richart  Labbé.  Et  y  a  ung  autre  fîef  en  ladite 
parroisse  de  Buyville  qui  est  en  la  main  du  roy  nostre  sire  et  bailli 
à  fietferme  au  seigneur  de  Buyville.  Item  en  ladite  viconté  de 
Falaize  un  demi  fîef  au  Buret  Roviers  que  souloit  tenir  Jehan  Viel. 
Item  en  icelle  viconté  demi  fief  à  Condé  que  souloit  tenir  Raoul 
Téson.  Item  en  icelle  viconté  demi  fîef  que  souloit  tenir  messire 
Robert  de  Moustiers.  Item  en  icelle  viconté  ung  fief  que  souloit 
tenir  Guillaume  de- Bette  ville  à  cause  de  sa  femme.  Item  en  icelle 
viconté    ung   quart   de    fîef  k    Mesières    que   tient  k  présent    Loys 


IMECES    JUSTIFICATIVES 


2ÎI3 


Osmont.  Item  en  icelle  viconté  demy  lief  à  Bron  et  à  Pellanville  que 
tiennent  à  présent  les  hoirs  Pierre  de  Sainte-Croix.  Item  en  icelle 
viconté  ung"  fief  à  Vaulx  que  tiennent  les  hoirs  de  Pellanville.  Item 
en  icelle  viconté  à  Quieuteville  unsj;-  plaiu  fief  que  tiennent  les  hoirs 
Robert  Bonenffant.  Item  en  icelle  viconté  deux  fiefz  entiers  à  Vaulx, 
à  Condé  et  Maigny,  que  souloit  tenir  Guillaume  de  Maig-ny.  Item 
ung^  lief  à  Canon  et  à  Mirebel  en  icelle  viconté  que  souloit  tenir 
Philippe  de  Mirebel.  Item  en  icelle  viconté  à  Quietreville  est  assis 
ung  demi  fief  que  souloit  estre  tenu  de  ladite  baronnie  et  pour 
presant  nous  appartient  à  cause  de  forfaicture  et  par  raison  de 
ladite  tenance.  Item  à  Coulump  en  la  viconté  de  Caen  ung  quart 
de  fief  de  ladite  baronnie  que  souloit  tenir  messire  Richart  de  Rou- 
vousestre.  Item  en  icelle  viconté  de  Caen,  un  quart  de  fief  à 
Estrehan  le  Sec  que  souloit  tenir  Jehan  d'Estrehan.  Item  en  icelle 
viconté  jouxte  [Cagny]  demi  fief  que  souloit  tenir  messire  Guillaume 
de  Mauny.  Item  en  icelle  viconté  demi  fief  ou  manoir  que  souloit 
tenir  messire  Pierres  Marie.  Item  en  ladicte  viconté  d'Auge  ung- 
fief  à  Corbon  que  souloit  tenir  messire  Henry  de  Hautot.  Item  en  la 
viconté  de  Baveux  ung  fief  et  demi,  à  Estrehan,  et  entour  que 
souloit  tenir  messire  Rogier  de  Baion.  Item  en  icelle  viconté  de 
Bayeux  ung  lief  et  demi  que  souloit  tenir  Regnault  de  Villiers. 
Item  en  champplieu,  à  Burcy,  en  la  viconté  de  Vire  demi  fief  que 
souloit  tenir  messire  Jehan  de  Vaulx,  Guillaume  de  Burcy.  Item  à 
Montebourg,  eu  bailliage  de  Costentin  demi  fief  que  tiennent  les 
religieulx,  abbé  et  couvent  de  Monstebourg.  Item  en  icellui  bailliage 
ung  fief  à  Saint-Flocel,  à  Montebourg,  à  Fréville  et  à  Fauville  que 
souloit  tenir  messire  Jehan  de  Vaulx.  Item  en  icellui  bailliage  ung 
fief  à  Ilumberville  jouxte  Montebourg  que  souloit  tenir  messire 
Richart  de  Tolevast,  et  est  en  la  main  du  roy  nostredit  seigneur 
pour  cause  de  forsfaicture.  Item  une  vavassorie  franche,  séante  à 
Cambours  que  souloit  tenir  messire  Richart  de  Montgommereil. 
Item  une  vavasssorie  franche  séante  à  Hugeance  que  souloit  tenir 
Guillaume  de  Betteville.  Item  une  vavassorie  franche  à  Estrehan 
que  souloit  tenir  Patrice  de  Colleville.  Item  une  vavassorie  franche 
à  Besnières-sur-la-mer  que  souloit  tenir  messire  Raoul  de  Meulent. 
Item  une  vavassorie  franche  à  Burcy,  en  la  rue  du  chastel  de  Vire, 
que  souloit  tenir  Guillaume  de  Burcy.  Item  une  vavassorie  franche 
k  Colleville  que  souloit  tenir  Roger  Bloquart.  Item  une  vavassorie 


29 i  l'abbaye  de  notbe-dajie  de  grestain 

franche  nommée  la  Malheberg-erie  jouxte  le  pont  de  Dromme  que 
souloit  tenir  Nevélon  de  Plaines.  Item  Lucas  de  Caen  souloit  tenir 
un  iief  à  cause  duquel  il  estoit  sergent  de  tous  les  fiefz  de  Bessin. 
Item  à  Vienne  ung  sièg-e  de  moulin  que  souloit  tenir  Guillaume  de 
Vienne.  Item  une  vavassorie  franche  à  Mirebel  que  tiennent  à  pré- 
sent les  hoirs  Pierres  Le  Conte.  Item  une  vavassorie  franche  qui  est 
à  Bigot  et  est  en  la  main  du  roy  nostre  sire,  laquelle  vavassorie  et 
terres  sont  assises  en  plusieurs  et  divers  bailliages  et  vicontez.  Et 
de  tous  les  fiefz  nobles  tenuz  d'icelle  baronnie  nous  appartiennent 
les  hommaiges,  reliefz,  traiziesmes  et  gardes,  quant  le  cas  s'offre, 
droit  de  présenter  es  chappelles  et  églises  qui  vacqueront  le  temps 
des  gardes  durant,  et  semblablement  avoir  droit  d'avoir  forsfaictures 
en  la  manière  qu'il  est  acoustumié  faire  en  pays  de  Normandie.  Et 
sont  tenuz  ung  et  chascun  desdits  tenans  de  soy  droict. . .  en  la  court 
et  juridiction  dudit  lieu  de  Mésidon  devant  nos  gens  et  officiers  des 
choses  qui  appartiennent  à  ladite  baronnie. 

Item  ou  lîailliage  de  Caux  avons  et  nous  appartient  une  fîefîerme 
avecques  ses  appartenances  appellée  la  fiefferme  de  Auffay  qui 
s'estent  en  plusieurs  parroisses  dillec  environ  où  il  a  court  et 
usaige  et  en  sont  les  revenues  en  terres  labourables,  pasturaiges, 
grains,  deniers,  coustumes,  forsfaictures,  plais,  moulins,  reliefz, 
traiziesmes  et  autres  redevances  appartenans  à  noble  fieu  et  franche- 
ment tenu,  laquelle  fiefferme  avec  ses  appartenances  nous  fut 
baillée  par  eschange  et  transport  avecques  ladite  baronnie  de  Mési- 
don et  par  ledit  seigneur  de  Tancarville  jusques  au  terme  de  mil 
ans  dessusdits. 

Item  en  la  viconté  du  Pontaudemer,  en  la  ville  de  Fiquefleu,  a 
marchié  au  jour  de  samedi  duquel  nous  appartiennent  toutes  les 
coustumes,  forfaictures,  congnoissance  de  poix  et  de  mesures  et 
autres  droiz  et  la  jurisdiction  des  amendes  des  cas  qui  escheent 
audit  marcliié. 

Item  en  la  parroisse  de  Gyne ville  une  pièce  de  bois  contenant 
cinq  acres  de  bois  ou  environ  et  doit  tiers  et  dangier  icelui  bois  au 
roy  nostre  sire  quant  il  est  vendu. 

Lesquelz  nobles  fiefz  et  membres  de  fiefz  et  autres  choses  déclai- 
rées  par  la  manière  (jue  deue  est  nous  tenons  et  advouons  à  tenir 
neuement  du  rov  nostredit  souverain  sei2:neur  à  cause  de  sa  duchié 
de  Normendie  par  lui  faisant  de  ce,  une  fois  seulement  toutesfois 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  295 

qu'il  y  a  vacation  de  nouvel  abbé  foy  et  serement  ae  feaulté  avec 
prières  et  oraisons  sans  aucune  autre  redevance  quelzconque, 
excepté  ledit  esturgeon  ou  cas  toutesfois  que  aucun  en  seroit  pesché 
ou  prins  èl  mettes  de  nostredite  jurisdiction  et  seigneurie  de  la 
rivière  de  Seyne  dont  cydevant  est  fait  mention  et  non  autrement 
avecques  iceulx  xx  s. t.  de  vicontaige  et  vint  boisseaulx  d'avoine  de 
bernaige  comme  cy  dessus  est  dit  et  déclairé.  Et  pour  ce  que  de 
présent  nous  ne  pouvons  avoir  vraye  congnoissance  de  toutes  les 
appartenances  ne  nostredit  moustier  pource  qu'il  a  esté  vacquant 
longtemps  et  n'y  demeuroit  nulz  religieulx  et  pour  ce  ladite 
esglise  qui  avoit  esté  et  est  toute  déserte  et  abatue  pour  le  fait  des 
guerres  et  divisions  de  ce  royaulme,  et  les  fundacions,  Chartres  et 
previlèges  ou  la  greigneur  partie  d'icelles  perdues  que  nous  ne 
pouvons  recouvrer,  nous  faisons  retenue  que  se  plus  y  a  que  ce  qui 
est  déclairé  en  ce  présent  adveu  ou  dénombrement  nous  protestons 
que  ce  ne  vient  point  de  fraude,  barat  ou  malengin,  par  quoy  ne 
nous  porte  ou  doys  porter  aucun  préjudice  mais  sommes  prestz  et 
appareillez  de  le  corriger  toutesfoiz  qu'il  vendra  à  notre  congnois- 
sance. En  tesmoin  de  ce  nous  avons  mis  à  ce  présent  les  seaulx  de 
nous  abbé  et  couvent  dessusdit,  le  sixiesme  de  septembre,  l'an 
mil.  cccc.  et  soixante  neuf. 

Colla tio  presentis  copie  cum  originali  documento  in  caméra 
compotorum  domini  nostri  régis,  Parisius,  retento.  Fit  in  eadem 
caméra,  die  quindecima  mensis  septembris,  anno  Domini  M°  CGGC° 
LXIX",  per  me. 

De  Mauregart. 

(Bibl.  nat,  ms.  fr.  2090:5,  n«  150.) 


LIV 

Approbation  cVun  aveu  et  (lénoml)rement  du  temporel  de  l'abbaye 
de  Notre-Dame  de  Grestain. 

4476,  30  décembre. 

A  tous  ceulx  qui  ces  présentes  lettres  verront,  Melaigne  Hainlïray, 
lieutenant  en  la  viconté  de  Pontautou  et  Pontaudemer  de  noble 
homme  Jehan  de  Montospedon,  escuier,  seigneur  de  Beauvoir  et  de 


29fi  l'aHIîAYE    de    NOTRK-DAME    de    (iRESTAIN 

Bazoches,  conseiller,  chambellan  du  roi  nostre  sire  et  son  bailly  de 
Rouen,  et  commissaire  en  ceste  partie  de  nosseigneurs  les  gens 
des  comptes  et  trésoriers  du  roy  nostredict  seigneur  à  Paris,  salut. 
Savoir  faisons  que  aujourdhuy  par  révérend  père  en  Dieu  damp 
Richart  de  Thieuville,  abbé  de  l'église  de  Nostre-Dame  de  Grestain, 
nous  a  esté  présenté  le  mandement  de  nosdiz  seigneurs  les  gens 
des  comptes  et  trésoriers  du  roy  nostredict  seigneur  à  Paris,  donné 
audict  lieu  de  Paris  le  derrain  jour  de  mars,  l'an  mil  cccc.  soixante 
traize,  attaché  à  la  copie  de  l'adveu  et  dénombrement  baillé  par 
ledict  abbé  du  tamporel  de  ladicte  abbaye  et  receu  en  la  chambre 
des  comptes  du  roy  nostredict  seigneur  à  Paris  le  quinziesme  jour 
de  septembre,  l'an  mil  cccc,  soixante-neuf,  par  vertu  duquel  man- 
dement nous,  en  la  présence  de  Pierre  Poitevin,  lieutenant  général, 
de  noble  homme  Ricart  de  Poix,  escuier,  viconte  de  ladite  viconté, 
et  Guillaume  Chuffès,  promoteur  substitut  en  icelle  de  Guillaume 
le  Picart,  escuier,  promoteur  général  du  roy  nostredict  seigneur 
oudict  bailliage,  à  nous  jurés  et  examinés  Loys  Osmont,  Guillaume 
XoUent,  Robert  de  Fatouville,  Hamon  Faroult,  Nicolas  Droulin, 
Jehan  Legrant,  Robert  de  Beaumouchel,  Jehan  de  Quetteville, 
Guillaume  de  Quetteville,  Jehan  Toussaige,  escuiers.  Robin  Revel, 
Guillaume  Le  Caillié  et  Colin  Jehan,  vavasseurs,  Guillaume 
Legrant.  Guillaume  Marest,  Guillaume  Deuve,  Jehan  BouUenc, 
Jehan  Hesbert  et  Jehan  Marion,  tous  prouchains  voisins  et  demou- 
rans  auprès  de  ladicte  abbaye  venus  par  la  semonce  de  Robin 
Millon,  sergent  ordinaire  de  la  querelle,  comme  par  luy  fu  recordé 
sur  savoir  et  requérir  se  ledict  adveu  et  dénombrement  jouxte 
ladicte  coppie  à  eulx  leue,  signée  et  collasionée  :  de  Mauregart, 
estoit  bien  et  deuement  baillée  et  sans  qu'une  chose  y  avoit  esté 
mis  par  ledict  abbé  ni  obmis  à  moictié  qui  estre  ne  deust  et  en 
quoy  le  roy  nostredict  seigneur  feust  préjudicié  ;  lesquelz  tous  d'un 
acord  ensemble,  après  ladicte  lecture  notoirement  faicte  et  qu'ilz 
eurent  eu  délibération  et  advis  ensembles,  nous  dirent  et  rappor- 
tèrent que  à  leurs  advis  et  consiences  ledict  adveu  et  dénombre- 
ment jouxte  icelle  coppie  estoient  bien  et  deuement  baillé  et  que 
aucune  chose  n'y  avoit  esté  mis  ne  obmis  à  moictié  eu  préjudice 
dicelluy  seigneur  et  qui  estre  n'y  deust.  En  tesmoing  de  ce^  nous 
avons  scellées  ces  dictes  présentes  audict  Pontaudemer,   le   lundi 


PIKCKS    .ILSIlKlCA'IIVIiS 


2!I7 


pénultiesme  jour  de   ck''ceml)re.  l'an  de  jj-ràce  mil.   cccc.    soixante- 
saize.  Li;MKP.f:nrR. 

iBi])l.  lia  t.  nis.  iV,  2OUO0,  n«  loi.) 


LV 

Acquisition  pur  ItihJutj/c  do  Xotrc-})nnic-(lc-l;i-]'ic(oirc-l('S-'^cnlis, 
de  la  soi;/ non  rie  du  Mosnil-Forrj/ . 

1477,  mai. 

Louis,  par  la  <^ràce  de  Dieu,  roy  de  France  K  Scavoir  faisons  ;i 
tous  présents  et  advenir  que,  comme  puis  aulcun  temps  en  ça  pour 
la  grande  et  sing-uUière  allection  que  nous  avons  eu  et  toujours 
avons  à  la  glorieuse  Vierg-e  Marye  en  laquelle  nous  avons  tt)ut 
nostre  refuge  et  l'espérance  de  la  prospérité  de  nous  et  de  nostre 
eniïant  et  de  nostre  royaulme,  considérant  aussy  que  eu  la  con- 
duitte  de  nos  plus  grandz  affaires  tant  au  faict  de  nos  guerres  que 
aultrement  ladicte  Dame  nous  a  toujours  imparty  son  intercession 
envers  Dieu  nostre  créateur  tellement  que  par  son  moyen  et  ayde 
nostredicte  personne  a  esté  préservée  et  gardée  de  nos  ennemis, 
quelque  machination  ne  conspiration  qui  ait  esté  contre  nous  faicte. 
Désirant  de  tout  nostre  cœur  en  recongnoissance  et  de  voulloir 
augmenter  en  proffictz  et  revenus  l'églize  de  Nostre-Dame-de-la- 
Victoire-lès-Senlis,  de  l'ordre  de  saint  Augustin,  en  laquelle  de 
tous  temps  avons  une  singullière  et  parfaicte  dévotion  ;  et  à  ce 
que  le  divin  service  y  soit  mieux  et  plus  sollempiiellement  célébré 
et  continué  à  toujours  continuellement  et  perpétuellement,  à  la 
louange  de  ladicte  benoite  et  glorieuse  Vierge  Marye  ;  et  aussy 
affin  que  feussions  particippantz  es  prières,  oraisons  et  bienfaictz,  en 
celle  églize,  eussions  donné  et  aumosné  à  ladicte  églize  et  aux  reli- 
gieux, abbé  et  couvent  d'icelle,  la  somme  de  trois  cent  quarante 
livres  tournois  pour  estre  convertye  et  employée  en  rentte,  revenus 
et  hérittages  au  proffict  de  ladicte  églize,  et  depuis  notre  amé  et 
féal  conseiller  et  grand  omosnier  Jehan,  abbé  de  ladicte  abbaye  de 

1.   On  sait  que  Louis  XI   avait  donné  à  X.-l).  de  la  Victoii'o  la  vicomte  d'Or- 
bec  et  fait  d'autres  larçresses  en  arp:ent. 


298  l'abhaye  de  notre-dame  de  grestaix 

Nostre-Dame-de-la-Victoire  aict...  acquit  et  achapté  pour  et  au 
nom  de  ladicte  églize  de  Jehan  de  Gaillon,  chevallier,  seig-neur  de 
Massy,  le  fîef,  terre  et  seig-neurye   du  Mesnil-Ferry,   plain  fief  de 

haubert  assis  en  nostre  viconté  du  Pontaudemer  en  Normandye 

dont  le  chef  est  assis  en  la  paroisse  Nostre-Dame-du-Val,  et  s'es- 
tend  es  paroisses  sainct  Pierre-du-Castel,  Conteville,  Boulleville, 
Beuzeville,   Quethe ville  et  ailleurs  illec  environ.  Auquel  fief  entre 

autres  choses  appartient un  manoir  et  plusieurs  édifices  de  mas- 

sonnerye  assis  sur  une  motte  laquelle  les  hommes  dudict  fief  sont 
subjectz  le  réparer  de  sept  ans  en  sept  ans  ;  item  un  moullin  à  eau 

assis  en  la  paroisse  de  Quetheville  ; item  une  franche  sergenterye 

nommée  la  sergenterie  du  Mesnil à  cause  de  laquelle  le  sei- 
gneur dudict  lief  ou  ceux  qui  exercent  ladicte  sergenterye  ont  droit 
de  garde  par  quarante  jours  à  l'abbaye  de  Grestain,  au  prieuré  de 
Saint-Gilles  du  Ponteaudemer  par  vingt  jours  touttesfois  que  les 
abbé  et  prieur  desdicts  lieux  vont  de  vye  à  trespas  et  pendant 
ledict  temps  doibt  avoir  ses  despens  et  un  varlet  ou  serviteur  et  a 
deux  chevaux  quand  le  cas  s'olTre.  Et  oultre  ce  doibt  avoir  de 
ladicte  abbaye  dix  livres  tournois  et  dudict  prieuré  cent  sols  tour- 
nois. Et  à  cause  de  ladicte  sergenterye  a  droict  de  prendre  et  avoir 
par  chascun  an  sur  les  revenus  de  la  foere  sainct  Hellié  scéant  à 
Beuzeville,  le  jour  de  ladicte  foere,  quatre  sols  tournois  ;  sur  la 
foere  sainct  Martin  scéant  audict  lieu,  quatre  sols  tournois  ;  sur  le 
revenu  de  la  foere  scéant  à  Quetheville  le  jour  sainct  Laurent,  deux 
sols  tournois  ;  sur  la  foere  scéant  à  Genne ville  le  jour  et  feste  sainct 
Ouen,  pareille  somme  de  deux  sols  tournois  ;  sur  la  revenue  de  la  foere 
scéant  à  la  Gohaigne  le  jour  et  feste  saincte  Marye-Magdallaigne, 
deux  sols  tournois  ;  et  sur  la  foere  scéant  k  sainct  Gilles  près  ledict 
Ponteaudemer,  quatre  sols  tournois.  Item  à  cause  dudict  fief  appar- 
tient la  présentation  et  provision  touttesfois  que  le  cas  s'offre  de 
deux  chappelles,  l'une  assize  devant  la  porte  dudict  manoir  fondée 
de  Nostre-Dame  et  l'aultre  assize  au  boult  des  terres  labourables 
d'icelluy  manoir,  nommée  la  chapelle  du  lieu  Helley.  Et  dudict 
fief  est  tenu  et  mouvant,  etc. 

Et  combien  que  ladicte  acquisition  ait  esté  faicte  et  achaptée  au 
proffict  de  ladicte  abbaye  et  églize  de  Nostre-Dame-de-la-Victoire. 
moyennant  et  parmy  le  prix  et  somme  de  cinq  mille  cinq  centz 
livres  tournois  des  deniers  que  y  avons  pour  ladicte  cause  donnez 


PIÈCES   JUSTIFICATIVES  ^99 

ainsv  que  dessus  est  dicl nous   toutes   choses    considérées 

avons  de  nostre  plaine  science...  admorti...  et  adniortissons...  les- 
dicts  fiefz.  hommages,  justice,  sergenterie,  etc.  Sy  donnons  eu 
mandement  par  ces  dictes  présentes  aux  gens  de  noz  comptes  et 
trésoriers,  etc. 

Donné  à  Nostre-Dame-de-la-Victoire,  au  mois  de  may,  l'an  de 
grâce  mil  quatre  cent/,  soixante  et  dix-sept,  et  de  nostre  règne  le 
saizeiesme.  Signé,  Louis,  et  scellé  en  lacs  de  soye  sur  double  queue 
d'un  sceau  en  cire.  Et  sur  le  reply,  par  le  roy,  Picquof,  un 
paraphe.  Et  sur  ledict  reply  est  aultre  escrit  :  «  Expedita  in  caméra 
compotorum,  etc.   )> 

Collation  faicte  sur  l'original  en  parchemin  dont  la  coppie  est 
cy-dessus  transcripte,  à  Honnefleur,  en  l'escriptoire,  par  moy 
Guillaume  Tilloy,  nottaire  et  tabellion  royal,  à  Honnefleur,  viconté 
du  Fonteaudemer,  pour  le  siège  de  la  haute  justice  de  Grestain,.... 
ceujourd'huy  avant  midy  cinquiesme  jour  de  juillet  mil  six  cents 
soixante  quatre. 

(Bibl.  comm.  d'Arras,  Fonds  Advielle,  n°  7.  Recueil  factice  de 
pièces  sur  l'abbaye  de  Grestain,  fol.  2-5  •.) 


LVl 

Approbation  cFun  aveu  et  dénombrement  du  temporel  de  Vabbaye 
de  Notre-Dame  de  Grestain. 

1478,  17  février  (n.  st.) 

A  tous  ceulx  qui  ces  présentes  lettres  verront  ou  orront,  Rogier 
Simon,  lieutenant  de  monseigneur  le  bailli  de  Costantin,  commis- 
saire en  ceste  partie  de  nosseigneurs  les  gens  des  comptes  et  tréso- 
riers du  roy  nostredit  seigneur  à  Paris,  salut.  Savoir  faisons  que  la 
partie  de  révérend  père  en  Dieu  Richart  de  Thieuville,  abbé  de 
Grestain  et  du  couvent  d'icelui  lieu,  nous  a  esté  présenté  le  man- 
dement de  nosdits  seigneurs  des  comptes  donné  audit  lieu  de 
Paris  le  derrain  jour  de  novembre  l'an  mil  iiij""  Ixxvij   atachié  à  la 

1.  Voy.  Catalogue  des  mua.  du  Fonds  Victor  Advielle  de  la  hihliollièque  dWr- 
ras,  Paris,  1901,  1  vol.  in-8. 


300  l'aRIîAYE    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

coppie  de  Tadveu  et  dénombrement  baillié  par  ledict  abbé  du  tem- 
porel de  ladite  abbaye  receu  en  ladite  chambre  le  quinziesme  jour 
de  septembre  l'an  mil  iHj*"  Ixjx  en  requérant  lefTet  et  enterignement 
dudit  mandement  de  nosdits  seigneurs  des  comptes  a  la  marg-ue 
duquel  cest  présent  est  atachié  soubz  nostre  scel,  par  vertu  duquel 
avoient  esté  jurez  et  examinez  en  la  paroisse  de  MuUeville 
près  Coustances.  en  la  viconté  de  Granville,  par  Pierres  Yauquelin. 
lieutenant  commis  audit  lieu  de  monseigneur  le  bailli,  en  la  pré- 
sence de  Jehan  de  Gonsaleur,  lieutenant  général  dudit  viconte 
dudit  lieu  de  Granville  et  Jehan  Lamy,  substitu  en  ladite  viconté 
de  noble  homme  maistre  Nicolle,  Déniante,  procureur  du  roy  nostre- 
dit  seigneur  audit  bailliage,  les  paroissiens  cy  après  déclairés... 
tous  de  lad.  paroisse  de  MuUeville  par  lesquels  après  que  le  double 
dudit  dénombrement  leur  eult  esté  leu  lut  raporté  quà  leur  advis 
et  consciences  ledit  dénombrement  estoit  bien  et  deument  baillié  et 
n'y  avoient  iceulx  religieux  mis  ne  obmis  chose  préjudiciable  au 
roy  nostredit  seigneur  ne  aucune  chose  qui  y  estre  n'y  doyt  tou- 
chant le  lieu  que  lesdits  religieux  ont  en  ladite  paroisse  de  MuUe- 
ville. Et  aujourdhuy  xv)"^  jour  de  février  audit  an  iiij^"  Ixxvij  à 
Vallonges,  les  assises  séantes  et  par  nous  tenues  se  comparurent 
maistre  Guillaume  Lemoigne.  prestre,  maistre  Philippe  Josset, 
escuier,  sieur  de  Grymoville,  Guillaume  Letellier,  escuier,  sieur  de 
la  Haye,  Guillaume  de  Caretot,  escuier,  sieur  du  lieu^  etc.,  parlés- 
quels...  fut  raporté  après  qu'ilz  ont  veu  icelle  coppie  de  dénombre- 
ment et  que  .sur  icelui  ils  se  furent  consultés  à  part  que  ledit  abbé 
n'a  voit  mis  ne  obmis  eudit  dénombrement  chose  qui  estre  n'y  deust 
en  quoy  le  roy  nostredit  seigneur  feust  en  rien  prejudicié  touchant 
ung  fîeu  que  lesdits  religieux  ont  en  la  paroisse  de  Barneville  et 
ung  aultre  fîeu  noble  quilz  ont  en  la  paroisse  de  Quierqueville  en  la 
Hague Le  tout  fait  par  le  conseil  et  délibération  desdits  procu- 
reur et  advocat  du  roy  nostredit  seigneur  et  aultres  officiers  dice- 
lui...  soubz  nostre  scel  cy  mis  ledit  xvij*"  jour  de  février  mil.  IlIIP. 
LXXVII. 

(Bibl.  nat.  ms.  fr.  2090o.  n°  lo2.) 


PIÈCES   JUSTIFICATIVES  'iO  l 


LVII 


Conlral  cfcchan;/c  fait  entre  les  religieux  de  (ircstaiii  et  les  rcli- 
fjieux  de  Sainte-Barbe  de  la  baronnie  de  Mézidon  contre  la  terre 
et  seigneurie  du  Mcsnil-Ferri/. 

1189,  8  octobre. 

A  tous  ceulx  qui  ces  lettres  verront  ou  orront  Jehan  le  Sueur, 
escuier,  «j^arde  du  seel  des  oblig-ations  de  la  viconté  d'Orbec,  salut. 
Scavoir  faisons  cjue  pardevant  NicoUas  Toustain  et  Jehan  Coronnel, 
clercs  tabellions  jurez  pour  le  roy  nostre  sire,  à  Lizieux,  furent 
présens  noble  homme  et  discrette  personne  maistre  Guillaume  Des- 
calles,  commandataire  perpétuel  de  l'abbaye  et  monastère  de 
Nostre-Dame  de  Grestain,  et  relig-ieux  hommes  et  honnestes  daomps 
Robert  Emelinne,  prieur,  et  Robert  Mauvoizin,  receveur,  tous  reli- 
gieux et  profez  dicelle  abbaye  pour  eulx  et  establissans  et  faisans 
fors  pour  tous  les  autres  relig-ieux  et  couvent  de  leur  dicte  abbaye 
et  aians  le  pouvoir  qui  ensuit  porté  par  lettres  patentes  faictes  et 
passez  soubz  les  sceaulx  dez  prieur  et  couvent  dudit  lieu  dont  la 
teneur  ensuit  : 

A  tous  ceulx  qui  ces  lettres  verront,  Robert  Emelinne,  prebstre, 
prieur  du  cloistre  de  res<^lise  ou  monastère  de  Nostre-Dame  de 
Grestain  es  diocèze  de  Lizieux  et  couvent  du  lieu,  salut.  Scavoir 
faisons  que  pour  le  profiît  et  utilité  de  ladicte  esg-lise  avons  conclud 
et  acordé  de  mettre  hors  de  nos  mains  et  permulter  la  baronnie  de 
Mesidon  appartenant  à  ladicte  esglise  avecques  toutes  ses  apparte- 
nances et  mesmes  ung"  aultre  fief  ou  membre  de  fief  assis  au  Doux- 
Marescq  et  illec  environ  avecques  la  tierce  partie  des  dismes  des 
grains  dicelle  paroisse  et  touttes  aultres  et  chacunne  les  aparte- 
nances  dudict  fief,  sans  du  tout  riens  réserver  ne  retenir,  avecques 
religieuses  personnes  et  honnestes  révérend  père  en  Dieu  maistre 
Jehan   Yiiger  ',    prieur,    et  le    couvent    de  Saincte-Barbe    pour   et 


1.  Inp^or  ou  Iii^ier  claprôî  le  Neusfria  pia,  p.  730,  où  Ton  trouve  son  épi- 
taphc.  On  lit:  Jean  Jugier,  dans  les  Méin.  soc.  Ant.  Normandie,  XV,  p.  128, 
n»  ;{3(). 


302  L  ABBAYE    DE    NOTRE-DAME    DE    GRESTAlS 

contre-eschange  de  la  terre  et  seigneurie  du  Mesnil-Ferry  '  assis  en 
la  viconté  du  Pontaudemer  eu  dioceze  de  Lizieux  qu'ilz  avoient  de 
nouvel  acquise  des  abbé  et  couvent  de  Nostre-Dame-de-la-Victoire, 
et  pour  ces  causes  avons  fait  et  ordonné  nostre  procureur,  c'est 
assavoir  religieux  homme  daomp  Robert  Mauvoizin,  presbtre,  reli- 
g-ieux  de  nostredict  monastère  en  la  présence  de  révérend  père  en 
Dieu  monseig-neur  maistre  Guillaume  Descalles,  nostre  commenda- 
taire  et  de  nostredict  prieur,  ausquelz  prieur  et  Mauvoizin  et  chas- 
cun  de  eulx  avons  donné  et  donnons  puissance  et  mandement  de 
eschanger  lesdictes  terres  et  de  en  passer  lettre  ou  lettres  d'eschange 
telles  que  mestier  sera,  et  remettre,  garantir  les  faictz,  promesses 
et  obligations  de  nous  et  de  nostredicte  esglise  et  pour  touttes 
aultres  garanties,  bailler  les  lettres  des  acquisitions  et  admortisse- 
ment  avecques  aultres  lettres  que  avons  et  portons  et  générallement 
en  tout  ce  que  dit  est  et  la  despendance  comme  sera  requis  et 
comme  se  estions  présens  et  à  ce  obliger  tous  les  biens  et  temporel 
de  nostredit  monastère,  promettant  sur  l'obligation  de  noz  biens 
meubles  et  immeubles  à  ce  que  sera  et  est  faict  et  passé  et  faire 
rattifîer  au  chapitre  général  se  mestier  est.  En  tesmoing-  de  ce, 
avons  scellé  ces  présentes  du  scel  dudit  couvent,  l'an  mil.  cccc. 
quatre  vingt  et  neuf,  le  vj"^  jour  d'octobre. 

Lesquelz  par  eulx  et  en  vertu  de  ladicte  procuration  saine  et 
entière  en  scel  et  escripture  et  promettans  faire  rattitier  le  contenu 
en  ces  présentes  ausdits  aultres  religieux  de  ladicte  abbaye  soubz 
les  sceaulx  d'icelle  de  leurs  bonnes  et  libéralles  vollontez,  propres 
mouvemens  et  certainne  science  pour  le  cler  et  esvident  prouffict 
d'eulx  et  de  tous  lesdictz  aultres  religieulx  et  couvent  et  de  leurs 
successeurs  en  ladicte  abbaye  et  par  délibération  de  ce  faire  entre 
eulx  deuement  assemblez  en  leur  chapitre  pour  leur  dommage 
eschever  et  leur  prouffict  accroistre  et  augmenter  ilz  sur  ce  bien 
advisez,  conseillez  pour  voir  et  délibérer  comme  ilz  disoient  recong- 
neurent  et  confessèrent  que  par  les  congié,  licence,  permission  et 
consentement  du  révérend  père  en  Dieu  monseigneur  l'évesque  de 
Lizieux,  leur  diocésain  ou  de  ses  viquaires,  ausdictz  de  Grestain 
données  par  lettres  patentes  deuement  auctorisées  desquelles  la 
teneur  ensuit  : 

1.   Plein  fief  de  hauLert,  air.  de  Pont-Audemer,  canton  Beuzevillc,  Eure. 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


303 


Universis  présentes  litteras  inspecturis,   Vicarius  in  spiritualibus 
et  temporalihus    generalis  reverendi   in  Christo  patris   et  Domini 
Domini,  Stephani  Blosset,  miseratione  divina  Lexoviensis  episcopi, 
eternani   in  Domino   saluteni.   Ciim  nuper  pro  parte  venerabilis  et 
circonspecti   viri    magistri   Guillelnii  Descalles,  presbyteri,   sancte 
sedis  apostolice   prothonotarii,  commendatarii  perpetui  monasterii 
Béate  Marie  de  Grestano  et    conventus  ejusdem  loci  ordinis  sancti 
Benedicti,  ac  venerabilium  et  relig-iosorum  viroruni  prioris  et  con- 
ventus ejusdem    loci  ordinis  sancti  Benedicti,  ac  venerabilium   et 
religiosorum  virorum  prioris  et   conventus  monasterii  sancte  Bar- 
bare  ordinis   sancti   Aug-ustini,   Lexoviensis   diocesis,    nobis   fuerit 
expositum    quod  commodo    et  utilitate   monasterium   predictorum 
ecclesiarumque,    locorum  et  religiosorum  ac   successorum  suorum 
actente  in  dominio  pensatis  baronniam  de  Mesidone  et  feudum  seu 
membrum  feudi   de  Dulci-Maresco,  ac  tertiam   partem  decimarum 
granorum  parochie  dicti  loci    eisdeni  de  Grestano  tune  spectantem 
et  pertinentem,  cum  feudo  seu  terra  de  Mesnillo- Ferry  sito  in  vice- 
comitatu  de  Ponteaudemari  et  ad  feudum  seu  terram  ac  dominium 
predictis  prefatis  religiosis  de  Sancta-Barbara  spectantem  et  perti- 
nentem et  per  eos   Je  novo  acquisitum,  et  relig-iosis  viris  abbate  et 
conventu  monasterii  Beate-Marie-de-Victoria,    Silvanetensis  dioce- 
sis, hujusmodique  feudum  seu  terram  de  Mesnillo  cum  dicta  baron- 
nia  et  feudo  de  Dulci-Maresco   cum  omnibus  et  singulis  juribus  et 
dig-nitatibus,  libertatibus,  deppendiciis  connexis  et  annexis  baron- 
nie,   et  feudorum  ac  terrarum  predictorum  invicem  hermutaverint 
seu  permutare  intenderint,   nobis   propterea  humiliter  supplicando 
prout  supplicarunt  prefati   commendatarius  et  conventus  de  Gres- 
tano ac  prior  et  conventus  sancte  Barbare  quatinus  hujusmodi  per- 
mutationem  faciendi   sibi   licentiam   concedere   eaque  facta  ipsam 
laudare^    approbare  et  rattifficare  auctoritatemque  nostram  ordina- 
riam  ac  decretum  nostrum  in  hiis  interponere  dignaremus  et  velle- 
mus.  Notum  ig-itur  facimus  quod,  nos  eorum  auditu  et  supplicatione 
et  eidem  velut  juste  et  juri  consone   annuere  capientes,  volentes 
tamen    indempnitate    ecclesiorum    et   monasteriorum   predictorum 
consulere  de  et  super  valore  et  situatione  baronnie  et  feudorum  seu 
terre  et  dominii  de  Mesnillo  hujusmodi  et  aliis  super  hoc  inquiren- 
dis  noticiam  habentes  fîeri  fecimus.  Quia    vero  tam  per  eamdem 
informationem  nobis  repportatam  et  per  nos  visam  quantum  aliis 


80  i  l'abbaye    de    NOTRE-IJAME    DE    GRESTAIN 

nobis  légitime  constitit  et  constat  baronniani  predictam,  intra  et 
juxta  terras  et  dominia.  ac  prope  monasterium  Sancte  Barbare  situa- 
tam,  et  terra  seu  feudum  de  Mesnillo  in  quo  sunt  pulcbra  domma- 
nia  prope  monasterium  de  Grestano  situm  fore  et  esse  et  eidem 
monasterio  parva  habent  dommania  valde  proprium  et  utile  plures- 
que  discordias.  processus  et  lites  inter  monasteria  predicta  occa- 
sione  dicte  baronnie  antea  motas  et  moveri  speratas,  eadem  per- 
muta tione  mediante  perpetuo  sopiri  et  quiescere,  ac  permuta tionem 
hujusniodi  quantum  plurimum   utilem    esse    monasteriis    predictis 

nullumque    incommodum   seu  prejudicium  sibi  afFerre eadem 

monasteria  utilitates  et  commodo  non  modica  actenta  maxime 
situatione  baronnie  et  terre  seu  feudi  de  Mesnillo  predictis  habere 
et  posse  consequi  in  futurum.  ex  hiis  igitur  et  aliis  justis  et  rationa- 
bilibus  causis  nos  et  animam  nostram  moventibus.  Eisdem  com- 
mendatario  et  religiosis  permutationem  antedictam  faciendi  licentiam 

concessimus,  eamdemque  permutationem  cum  inde secundum 

formam  et  tenorem  litterarum  super  hoc  per  ipsos  commendatarium 
et  religiosos  monasteriorum  sepedictorum,  hinc  inde  factarum  et 
passatarum  ac  nobis  exhibitarum  auctoritatem  dicti  reverendi 
patris  nobis  commissa  et  qua  fungumur  in  hac  parte  de  jurisperito- 
rum  consilio  laudavimus.  approbavimus  et  ratilicavimus  ac  presen- 
tium  tenore  laudamus,  aprobamus  et  ratifficamus  auctoritatem 
ordinariam  nostrumque  decretum.  In  et  super  premissis  interponen- 
dum  prout  interponimus  per  présentes  delVectus  si  quantum  in 
hujusmodi  permutatione  intervenerint  quantum  in  domino  et  de 
jure  possimus  suplentes.  Datum  Lexoviis  sub  sigillo  camere  nostre, 
die  octava  mensis  octobris,  anno  Domini  millesimo,  GCCC*"".  octo- 
gesimo  nono.  Ainsi  signé  au  bas,  sur  le  replv,  R.  Rothon. 

Hz  avoient  baillé,  transjDorté  et  délaissé  et  par  la  teneur  de  ces 
présentes  baillent,  transportent  et  délaissent  en  pur  et  loial  eschange 
pour  eulx  et  leurs  successeurs  à  héritage  perpétuel  à  toujours  à 
religieulx  hommes  et  honnestes  les  prieur  et  couvent  de  Saincte 
Barbe  audit  diocèze  et  à  leurs  successeurs,  c'est  assavoir  :  la  terre, 
baronnie  ou  membre  de  baronnie  et  seigneurie  de  Mesidon  avecques 
toutes  ses  apartenances  et  deppendences  quelconques  tant  en 
hommes,  hommages,  droictz  de  teneures  tant  de  tenemens  nobles 
que  aultres,  en  fiefz,  arrière  fiefz,  gardes,  feaultez,  justice,  seigneu- 
rie et  jurisdictions,   motte,  coulombier,  guet,  garde,    preis,    boys, 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  305 

paslures,  rivière,  pescheries,  g-arennes,  terres  labourables  et  non 
labourables,  rentes  en  deniers,  grains,  oefz,  oyseaulx,  reliefz,  trai- 
ziesmes,  aides  coustuinières,  prières,  corvées,  services,  faisances  et 
redevances,  ville,  marchez,  foires,  coustumes,  travers,  payâmes, 
passages,  acquitz,  moulins,  moultes  vertes  et  sesches,  forfaictures, 
choses  gaives  et  adventures,  patronnages,  libertez,  dignitez  et  fran- 
chises et  générallemenl  touttes  les  appartenances  et  deppendences 
quelzconques  d'icelle  baronnie  et  seigneurie,  sans  aucune  chose  en 
excepter,  réserver  ne  retenir  en  aucune  manière  quelle  que  elle 
soit  ou  puisse  estre  ;  pour  par  lesditz  religieulx,  prieur  et  couvent 
de  Sainte-  Barbe  et  leurs  successeurs  et  aians  cause  en  ladite  prieu- 
rez  en  joyr,  posséder  et  exploicter  paisiblement  comme  de  leur 
propre  héritage  ainsi  et  en  la  manière  que  lesditz  commendataire  et 
religieulx,  prieur  et  couvent  de  laditte  abbaie  de  Grestain  eussent 
peu  et  pourroient  faire  en  temps  advenir  en  suyvant  le  bail,  trans- 
port et  délais  qui  leur  en  avoit  esté  faict  par  noble  et  puissant  sei- 
gneur, monseigneur  Jehan  de  Melun,  lors  chevalier,  conte  de  Tan- 
carville,  pour  les  causes  et  pour  les  termes,  moiens  et  conditions 
bien  à  plain  déclarez  es  lettres  de  ce  portez  sainnes  et  entières  en 
sceau  et  escripture  dont  la  teneur  ensuyt  '  : 

A  tous  ceulx  qui  ces  lettres  verront,  Jehan  de  Meleun,  chevalier, 
seigneur  de  Tancarville  et  chambellant  de  Normandie.  Sachent  tous 
que,  etc..  Donné  à  Estrepaigny,  le  xxv''  jour  de  octobre.  Tan  de 
grâce  mil.  ccc.  quarante  et  huict.  Présence,  etc. 

Et  desquelles  lesditz  commendataire  et  religieulx  baillèrent  pré- 
sentement le  vidimus  deuement  approuvé  et  se  promisrent  aider 
de  l'original  touttes  et  qualités  foys  que  mestier  sera  et  requis  en 
seront  de  révérend  père  en  Dieu  monseigneur  Jehan,  prieur  dudit 
lieu  de  Saincte-Barbe,  ses  religieux  et  leurs  successeurs  en  baillant 
récépissé  et  seuretté  d'icelluy  rendre  pour  estre  et  demeurer  ledit 
vidimus  es  mains  de  luy  et  de  sesditz  religieulx  et  leurs  dictz  suc- 
cesseurs eudict  prieurey  de  telle  force,  vertu  et  etfect  comme  ledict 
original  estoit  avant  ce  présent  contract  es  mains  desditz  commen- 
dataire, religieulx  et  couvent  de  Grestain  en  tant  que  touche  ladicte 
baronnye  et  à  la  charge  des  conditions  contenues  en  icelles  lettres 
et  de  tous  et  telz  procès  que  de  présent  sont  meuz  tout  en  deman- 

1.  Nous  n'en  donnons  que  les   premières  et  les  dernières  lignes;  voyez  le 
texte  :\ux  pièces  juslif.,  n"  28.  —  Il  est  inutile  de  le  reproduire  ici. 

C,u.  lîitKvnn.  —  JSnhhnjie  rlc  Xnlre-Dnmp  rie  Grestain.  20 


306  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

dant  comme  en  deffendant  pour  et  k  cause  de  ladicte  baronnie  vers 
et  contre  quelconques  personnes  que  ce  soit  et  desquielz  iceulx  de 
Grestain  seront  tenuz  bailler  auxdictz  de  Saincte-Barbe  toutes  les 
escriptures,  actes,  mémoriaulx  et  enseig-nemens  quilz  en  ont  et 
portent  et  aussy  touttes  aultres  lettres  obligatoires,  fieffés,  pappiers, 
adveux  et  enseignemens  quelzconques  qu'ilz  ont  et  portent  tou- 
chant les  droictz,  libertez,  franchises,  revenues,  admortissementz, 
possession,  saisine  et  jovssance  d'icelle  baronnie  de  Mésidon,  ses 
appartenances  et  deppendances  quelzconques  et  des  procez  qui  sont 
en  icelles  parties  tant  en  lEschiquier  que  aultrement  touchant 
ladicte  baronnie,  lesdictz  de  Saincte-Barbe  vuideront  la  court  et 
acquiteront  d'amende  lesdictz  de  Grestain. 

Et  oultre  et  avecques  icelle  baronnye  lesditz  commendataire  et 
relligieux  baillèrent,  transportèrent  et  délaissèrent  à  héritage  perpé- 
tuel à  tousiours  mais  pour  eulx  et  leurs  successeurs  en  pur  et  loyal 
eschange  en  la  manière  que  dessus  auxdictz  religieulx,  prieur  et 
couvent  de  Saincte-Barbe  pour  eulx  et  leurs  successeurs  en  icelluy 
prieurey  nng  fief  ou  membre  de  fief  noble,  tant  noblement  que  fran- 
chement, à  court  et  usage  et  dig-nité  de  gage-plèg-e  dont  le  chief  est 
assis  en  la  paroisse  de  Doulx-Marescq  '  et  s'estend  en  plusieurs 
parroisses  illec  environ  avecques  toutes  les  appartenances  et  appen- 
dances  d'icelluy  fief  ou  membre  de  fief,  tant  en  hommes,  hom- 
mages, dommaines,  rentes,  relUefs.  traiziesmes,  aides  coustu- 
mières,  services,  libertez,  dig-nitez  et  franchises  sans  aucune  chose 
en  réserver,  retenir  ne  excepter  en  quelque  manière  que  ce  soit  ou 
peut  estre  et  tout  ainsy  qu'il  est  de  présent  en  leur  main,  en  ce 
comprins  la  tierce  partie  de  toutes  les  dixmes  des  grains  d'icelles 
parroisses  ou  tel  droict  de  dixme  quilz  y  ont.  Lesquielz  fief  ou 
membre  de  fief  et  dixmes  et  leurs  appartenances  sont  et  estoient  de 
la  mesme  fondation,  dotation  et  augmentation  de  ladicte  abbaye  de 
Grestain  et  non  de  ladicte  baronnye,  comme  lesdictz  commenda- 
taire et  relig-ieulx  dicelluy  Grestain  disoient  estre  porté  par  les 
Chartres  et  enseig'nemens  de  leurdicte  fondation,  dontilz  promisrent 
bailler  auxdictz  de  Saincte-Barbe  vidiinus  approuvé.  Et  desquielz 
fief  et  dixme  dudit  lieu  du  Doulx-Marescq  et  mesme  de  ladicte 
baronnye,   terre  et  seig-neurie  de  Mesidon,  leurs  appartenances  et 

I.   Doux-Marais,  cant.  de  Mézidon,  arr    de  Lisieiix,  Calvados. 


PIÈCES    JUST1F[CATIVES  307 

appendencos  quelzcoïKpies  icoulx  commendataire  et  religieulx  de 
Grestain  èsdictz  noms  so  dessaisirent  et  en  saisirent  par  la  teneur 
de  ces  présentes  lesditz  prieur  et  couvent  de  Saincte-Barbe  à  les 
avoir,  tenir  et  posséder  paisiblement  par  eulx  et  leurs  successeurs 
dudit  prieurey  doresnavant  sans  débat,  contredit,  reclamance  ne 
empeschement  que  lesditz  commendataire  et  religieulx  de  Grestain 
et  leurs  successeurs  ou  aians  cause  puissent  mettre  désormais  sur 
ce.  Et  se  accordèrent  iceulx  de  Grestain  que  se  ilz  ont  aucune 
chose  fieffé  ou  aliéné  desdictz  baronnie,  fief  et  seigneurie  que  faire 
ne  peussent  ou  deuessent  et  que  se  pourroit  par  la  condition  des 
lettres  de  leurs  droictz  ou  aultrement,  judiciairement  révocquer  et 
réunir  avecques  lesditz  fief  et  baronnye  que  lesditz  de  Sainte-Barbe 
aient  telle  et  semblable  faculté,  pouvoir  et  auctorité  de  ce  faire, 
comme  auroient  lesditz  religieulx  de  Grestain  sans  que  lesditz  de 
Grestain  en  soient  aulcunement  garans. 

Et  en  échange  ou  contreschange  et  rescompensation  de  ce,  révé- 
rend père  en  Dieu  monseigneur  Jehan  Ynger,  à  présent  prieur  de 
Saincte-Barbe,  pour  luy  et  révérend  père  en  Dieu  monseigneur 
Guillaume  Cheuron,  évesque  de  Porphire  et  prieur  de  Sainct-Sir- 
de-Friardel  ^  religieux  et  prophès  dudit  lieu,  procureur  deuement 
fondé  des  aultres  religieulx  et  couvent  par  lettres  de  procuration 
faictes  et  passées  soubz  le  sceel  du  couvent  d'icelluy  prieurey  et 
dont  la  teneur  ensuyt  : 

A  tous  ceulx  qui  ces  lettres  verront,  Jean  de  Raigny,  supprieur 
du  cloaistre  de  l'église  et  prieurey  de  Saincte-Barbe,  Richart  du 
Ilamel,  prieur  de  Montfort  ^,  Michel  Vattier,  prieur  de  la  Caulde  •', 
Jehan  le  Mesle,  curé  de  la  Roche  ^,  Guillaume  de  la  Penne,  prieur 
de  Ernes  ^,  Raoul  Méritte,  prieur  de  Dosuley'',  Thomas  Touloupe, 
prieur  de  Bray  ",  Raoul  le  Mestrel,  curé  de  Mésidon,  Nicole  Cou- 
sin^ prieur  de  Gouvis  ^,   Richart   Herbet,    prieur  de   la   Gochère  ^, 

1.  Saint-Cyr-de-Friardel,  prieuré,  arr.  Lisieux,  cant.  Orbec,  Calvados. 

2.  Saint-Evroult-de-Montfort,  arr.  d'Argentan,  cant.  de  Gacé,  Orne. 

3.  Sainte-Marie-de-Lecaude,  arr.  Lisieux,  cant.  Mézidon,  Calvados. 

4.  La  Roche-Nonant,  arr.  d'Argentan,  cant.  d'Eymes,  Orne. 

5.  Ernes,  arr.  Falaise,  cant.  de  Coulibœuf,  Calvados. 

6.  Dozulé,  chef-lieu  de  cant..  Calvados. 

7.  Bray-en-Cinglais,  arr.  Falaise,  cant.  de  Bretteville,  Calvados. 

8.  Gouvix,  arr.  Falaise,  cant.  de  Bretteville,  Calvados. 

9.  Arr.  d'Argentan,  cant.  d'Exmes,  Orne.  Cochera. 


308  l'abbaye  de  notre-da.aie  de  grestain 

Pierre  Le  Boucher,  prieur  de  Mag^neville  i,  Pierre  le  Boulleng-er, 
prieur  de  Gesseville  ~,  Nicolle  Montelle,  curé  du  Breuil  ^  Georges 
Darques,  curé  de  Perrcy  4,  Jehan  Grenon,  bailly,  Marin  Iluet,  pitan- 
cier,  Estienne  le  Mercié,  segrestain,  Philippes  de  Gourmacel, 
Richart  Durant,  Philippes  Estoufouppe,  Jehan  Boyvin,  prieur  de 
Gray  ^  Jehan  le  Feure,  prieur  de  la  Motte  s,  Jehan  le  Quen,  curé 
de  la  Gochière  ^,  Pierre  Moselt,  curé  des  Mouceaulx  8,  Jehan  Vin- 
cent, Guillaume  le  Melle,  Robert  Pelluel,  Roger  Regnoult,  prestres, 
et  Jehan  Cousin,  dyacre,  tous  religieux  et  prophès  dudict  prieurey 
de  Saincte-Barbe,  de  Tordre  de  Sainct-Augustin,  ou  diocèse  de 
Lizieux,  salut  en  Nostre  Seigneur.  Scavoir  faisons  que  nous  dessus 
nommez  en  la  présence  de  révérend  père  en  Dieu,  monseigneur 
Jehan,  par  la  permission  divine,  nostre  maistre  et  prieur  dudit 
prieurey  et  par  son  adveu,  congié,  charge  et  auctorité  pour  le  très 
grant  prouffit,  utilité  et  augmentation  de  nostredicte  église  faire, 
avons  conclud  et  accordé  les  ungs  avec  les  aultres  et  délibéré  avec 
nostredict  prieur  de  permutter,  eschanger  et  mettre  hors  de  noz 
mains,  la  terre  et  seigneurie  du  Mesnil-Ferry,  assis  en  la  viconté 
du  Pontaudemer  dudit  diocèze  de  Lizieux,  laquelle  terre  et  seigneu- 
rie nous  avons  de  nouveau  acquize  des  religieux,  abbé  et  couvent 
de  Nostre-Dame  de  la  Victore-lez-Senliz  par  le  prix  et  somme  de 
deniers  montans  à  huit  mil  deux  cens  livres  tournois  en  or  comp- 
tans  par  les  mains  dudit  révérend  père  en  Dieu,  monseigneur  nostre 
prieur,  de  frère  Jehan  de  Raigny,  nostredit  supérieur  et  frère  Jehan 
Grenon,  nostredict  bailly,  et  de  Martin  le  Mestre,  nostre  procu- 
reur, francs  deniers  es  mains  desditz  de  la  Victore  ainsy  et  selon 
que  tout  à  plain  il  est  contenu  es  lettres  de  nostre  acquisition  faictes 
et  passeez  devant  Jacques  AUaire  et  Robert  Allaire,  notaires  du  roy 
nostre  sire  en  Ghastelet,  à  Paris,  le  vingt  sixiesme  jour  de  sep- 
tembre dernier  passé  ;  et  de  icelle  terre  bailler  en  eschange  aux 
religieux  hommes  et  honnestes  les  abbé  commendataire,  prieur  et 

1.  On  ne  sait  de  quelle  localité  il  s'agit. 

2.  Cant.  du  Neubourg,  Eure.  Sessevilla,  Sescevilla. 

.3.  Paroisse  réunie  à  Mézidon,  arr.  Lisieux,  Calvados. 

4.  Percy,  arr.  Lisieux,  cant.  Mézidon,  Calvados. 

5.  Graye-sur-Mer,  arr.  Bayeux,  Calvados. 

6.  La  Motte-en-Auge,  arr.  de  Lisieux,  Calvados. 

7.  Sans  doute  La  Cochère,  Orne.  Nom  de  localité  déjà  cité. 

8.  Les  Monceaux-en-Auge,  arr.  et  cant.  Lisieux,  Calvados. 


PIÈCES    .TLSTIFICATIYES  309 

couvent  de  Nostre-Dame  de  Grestain  pour  et  lieu  et  en  contres- 
chanf^e  de  la  baronnie,  terre  et  seigneurie  de  Mésidon,  ausditz  reli- 
gieux de  Grestain  appartenant  et  de  touttes  les  appartenances  et 
deppendances  d'icelle,  et  mesmes  de  ung  aultre  fief  ou  membre  de 
fiei"  assis  aux  Doux-Marescq  et  illec  environ  avecques  la  tierce  par- 
tie des  dixmes  des  grains  d'icelle  parroisse  et  touttes  aultres  et 
chacunnes  les  apartenances  dudit  fief  sans  du  tout  riens  réserver, 
excepter  ne  retenir.  A  ceste  cause  et  pour  icelle  permutation  ou 
eschange  avecques  ledict  révérend  père  en  Dieu,  nostre  prieur,  et 
pour  en  passer  lettres  avecques  iceulx  de  Grestain  avons  faict, 
ordonné  et  estably  et  par  la  teneur  de  ces  présentes  faisons, 
ordonnons,  constituons  et  establissons  nostre  procureur  général  et 
certain  messager  espécial,  c'est  assavoir  révérend  père  en  Dieu 
monseigneur  Guillaume  Cheuron,  évesque  de  Porphire,  prieur  com- 
mendataire  de  l'église  et  monastère  de  Saint-Sir-de-Friardel  et 
nostre  confrère,  religieux  et  prophez  de  nostredict  mouslier  auquel 
seul*  et  singulier  pour  le  tout  portant  ces  présentes  nous  avons 
donné  et  donnons  plain  pouvoir,  auctorité  et  mandement  espécial 
de  icelle  terre  du  Mesnil  avecques  touttes  ses  appartenances,  eschan- 
ger,  mettre  hors  de  nos  mains  et  icelle  bailler  auxditz  de  Grestain 
par  la  manière  dessusdicte,  comme  convenu  et  accordé  a  esté 
avecques  lesditz  abbé  et  religieux  de  Grestain  et  de  en  passer 
avecques  ledict  révérend  père  en  Dieu  monseigneur  nostre  prieur 
lettres  d'eschangement  ou  contract  telles  que  mestier  sera,  de  la 
promettre,  garantir  des  fais,  promesse  et  obligation  de  nous  et 
nostredict  prieurej  tant  seullement  et  pour  toutte  aultre  garantie 
bailler  les  lettres  des  acquisitions  et  admortissements  avecques 
touttes  et  telles  lettres  que  nous  en  avons  et  portons  de  soy  en  des- 
saisir pour  et  au  nom  d'iceulx  abbé  et  couvent  et  consentir  la  sai- 
sine et  joissance  leur  en  estre  baillée,  de  prendre  et  recuillir  lettres 
de  contreschange  et  garantie  desdictz  de  Grestain,  telles  qu'il 
appartiendra  et  générallement  en  tout  ce  que  dict  est  et  les  dep- 
pendances, faire  passer,  consentir  et  accorder  tout  ce  qu'il  plaira 
faire  passer  et  accorder  par  nostredict  révérend  père  et  prieur  et  en 
bailler  et  passer  telles  lettres  une  ou  plusieurs  et  soubz  telz  sceaulx 
qu'il  appartiendra  ou  mestier  sera  lesquelles  nous  voulions  estre 
d'un  tel  elfect  et  vertu  comme  se  nous  mesmes  en  nostre  chappitre 
les  avions  passez  et  accordez  ;  et  à  tout  ce  obliger  tous  les  biens  et 


310  l'abbaye    de    jNOTRE-DAME    de    GRESTAIN 

temporel  de  nostredict  prieurey  sans  ce  que  jamais  puissions  aller 
au  contraire.  Lesquelles  choses  ainsy  faictes,  passez  et  accordez  par 
nostredict  procureur  nous  promettons  tenir,  entretenir,  g-arder  et 
acomplir  sans  jamais  aller  au  contraire  ;  renonçons  à  tout  ce  par 
quoy  nous  y  pourrions  aller,  et  tout  ce  que  dict  est  ratiffier  à  noz 
aultres  frères  et  religieux  lesquelz  ne  sont  pas  présentz  pour  iceulx, 
nous  faisans  fort  et  leur  faire  avoir  ag-réable  et  avecques  nous  ratif- 
fier en  nostre  grant  chappitre  général  se  mestier  est  et  requis  en 
sommes.  En  tesmoing  de  ce  nous  avons  seellé  ces  présentes  du 
propre  seel  de  nostre  couvent,  le  sixiesme  jour  d'octobre  l'an  mil. 
cccc.  iiijxx  et  neuf. 

Et  faisans  fort  pour  iceulx  religieux  promettons  par  semblable 
qu'ilz  auront  le  contenu  en  ces  présentes  ag-réable  et  leur  faire  rat- 
tifîer  soubz  ledict  seel  dudict  prieurey  ilz  sur  ce  bien  advisez,  con- 
seillez, pourveuz  et  délibérez  en  leur  chappitre  pour  le  bien  et  aug- 
mentation de  leurdict  prieurey  comme  ilz  disoient  et  par  le  congié, 
licence,  commission  et  consentement  de  révérend  père  en  Dieu 
monseigneur  l'évesque  de  Lizieux,  leur  diocézain  ou  de  ses  officiers 
par  luy  à  eulx  donné  par  ses  lettres  patentes  dont  la  teneur  ensuit: 

Universis  présentes  litteras  inspecturis  vicarius  in  spiritualibus  et 
temporalibus  generalis  reverendi  in  Ghristo  patris  et  domini  domini 
Stephani  Blosset,  miseratione  divina  Lexoviensis  episcopi,  eter- 
nam  in  Domino  salutem  ' 

Baillèrent,  transportèrent  et  délaissèrent  à  fin  d'héritage  perpé- 
tuel auxditz  commendataire  et  relig-ieux  de  Grestain  pour  eulx  et 
leurs  successeurs  en  icelle  abbaye  le  fief  et  hostel,  fort,  terre  et 
seigneurie  du  Mesnil-Ferry  en  la  viconté  du  Pontaudemer,  ensemble 
les  domainnes,  rentes  en  deniers,  grains,  oefz,  oyeseaulx,  hom- 
mages, droitz  de  teneures  tant  nobles  que  aultrement,  reliefz,  trai- 
ziesmes,  mottages,  aides  coustumières,  justices,  jurisdiction,  droit 
de  patronnages,  sergenterie,  fîefz  et  arrière-fiefz  et  générallement 
toutes  les  appartenances  et  ajapendences  quelconques  dudict  fief  du 
Mesnil-Ferry  sans  aucune  chose  en  excepter,  réserver  ne  retenir 
aucunement  ainsi  et  en  la  manière  que  lesditz  prieur  et  religieux 
de  Saincte  Barbe  l'avoienl  naguère  eu  et  acquis  des  religieux,  abbé 
et  couvent  de  Nostre-Dame  de  la  Victoire  par  le  congié  des  officiers 

1.  Le  texte  de  ces  lettres  a  déjà  été  donné  plus  haut. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  311 

du  roy  nostredict  seif^neur  et  de  révérend  père  en  Dieu  monseigneur 
Tévesque  de  Senlis,  diocésain  desditz  de  la  Victoire,  comme  toutes 
les  choses  sont  portez  bien  à  plain  par  lettres  patentes  faictes  et 
passez,  celles  dudict  cong-ié  le  iiij"  et  celles  dudict  achapt  le  xxvj" 
jour  du  moys  de  septembre  derrenier  passé,  toutes  lesquelles  lesditz 
prieur  et  religieux  de  Saincte-Barbe  baillèrent  présentement  auxditz 
commendataire  et  religieux  de  Grestain,  mesmes  les  lettres  de  Fac- 
quisition  que  avoient  faicte  lesditz  de  la  Victoire  dudict  fief  du 
Mesnil-Ferry  et  celles  de  Tadmortissement  d  icelluy  fief  pour  estre 
et  demourer  en  leurs  mains  de  tel  force,  vertu  et  effect  qu'elles 
estoient  es  mains  desditz  de  Saincte-Barbe,  de  tout  desquelles  lettres 
tant  de  admortissement  que  aultres  lesditz  de  Grestain  promistrent 
bailler  vidinius  deuement  aprouvé  auxditz  de  Saincte  Barbe  et 
aider  de  l'original  d'icelluy  toutes  et  (plantes  foys  que  mestier  en 
sera  et  ilz  en  auront  à  besoingner  par  baillant  récépissé  dicelles,  et 
lesquelz  de  Saincte  Barbe  èsditz  noms  se  dessaisirent  dudit  fief  du 
Mesnil-Ferry  et  ses  apartenances  quelzconques  et  en  saisirent  par 
la  teneur  de  ces  présentes  lesditz  commendataire  et  religieux  de 
Grestain  pour  eulx  et  leurs  successeurs  à  icelluy  avoir  et  tenir  et 
posséder  paisiblement  par  eulx  et  leursditz  successeurs  en  ladicte 
abbaye  doresenavant  sans  débat,  contredit,  réclamance  ne  empes- 
chement  quelzconques  que  lesditz  prieur  et  couvent  de  Saincte- 
Barbe  et  leurs  suscesseurs  puissent  mettre  désormais  sur  ce  et 
retindrent  lesdictes  parties  à  joyr,  c'est  assavoir  lesditz  de  Saincte 
Barbe  de  l'année  du  fermage  de  ladicte  terre  du  Mesnil  qui  est 
eschue  au  terme  de  Sainct  Michel  derrenier  passé  et  lesditz  de 
Grestain  des  termes  qui  escherront  desditz  fiefz  et  baronnie  par 
eulx  baillez  aux  termes  de  la  Chandeleur  et  sainct  Jehan  prochai- 
nement venant;  et  avecques  ce  retinrient  lesditz  de  Grestain  que 
leurs  fermiers  jouiront  du  bail  à  eulx  fait  desdictes  terre  et  baron- 
nie ainsi  que  baillez  les  auroient  en  précédent  de  cedict  conti^act, 
et  pareillement  lesditz  de  Saincte  Barbe  retindrent  que  le  fermier 
qui  tient  ledict  Mesnil  jouira  et  tendra  le  temps  de  sa  dicte  ferme 
ainsi  qu'elle  luy  avoit  esté  baillée  par  lesditz  de  la  Victoire  comme 
ilz  disoient  estre  porté  par  les  lettres  d'icelluy  fermage  recours  à 
icelles,  lequel  fermage  dudict  Mesnil  pour  le  temps  advenir  lesditz 
de  Grestain  recueuleront  à  leur  proflit  et  lesditz  de  Saincte  Barbe 
de  ladicte  baronnie  et  fief  dudict  Doulx-Marescq  avecques  la  dixme 


312  '  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRËSTAIN 

dont  ilz  baillèrent  l'un  à  l'aultre  les  lettres  d'iceulx  fermages.  Et 
s'il  advenoit  que  aucunes  desdictes  parties  feussent  contrevenantz 
de  vuider  leurs  m  uns  des  choses  dessusdictes  baillez  par  quelque 
voye  que  ce  feust  après  toutes  deffences  deues  devant  justice  et 
portez  par  escript  sans  fraulde,  chacune  d'icelles  parties  seroit  tenue 
retourner  à  son  eschang-e  et  contreschang-e  comme  ilz  sont  et 
estoient  au  précédent  de  cedict  con tract  sans  aulcune  chose  infir- 
mer, aliéner  ou  innover  aultrement  qu'il  est  de  présent.  Aussi  se 
les  officiers  du  roy  nostre  seigneur  voUoient  dire  ou  soustenir  que 
l'admortissement  faict  auxd.  de  la  Victoire  de  ladite  seig-neurie  du 
Mesnil  ne  feust  suffisant  pour  icelle  terre  tenir  es  mains  desditz  de 
Grestain  et  que  pour  ce  aucun  empeschement  leur  feust  donné  en 
tout  ou  partie,  lesditz  de  Saincte  Barbe  leur  seroient  tenus  vuider  et 
defîendre  ledict  empeschement  et  faire  vallider  ledit  admortissement 
et  à  ce  présent  contract  d'échang-e  tenir  irrévocablement  et  garan- 
tir chascun  de  son  faict  et  empeschement  ce  qu'il  baille.  Et  pour 
rendre  et  restorer  tous  les  coustz  et  frais  que  en  ce  pourchassant 
seroient  faitz  et  soustenus  dont  le  porteur  de  ces  lettres  seroit  creu 
par  son  serment  sans  aultre  preuve  faire  oit  regard  de  justice,  les- 
dites  parties  en  obligèrent  l'un  k  l'aultre  pour  eulx  et  èsditz  noms 
chascun  de  sa  part  et  pour  son  faict  et  regard  tous  les  biens  meubles, 
immeubles,  rentes  et  revenues  desdictz  abbaye  et  prieurez  le  tous 
présentz  et  advenir  à  estre  pour  ce  prins  et  venduz  par  justice  sans 
procez. 

En  tesmoing  de  ce,  nous,  à  la  relation  desditz  jurez,  avons  scellé 
ces  présentes  du  seel  dessusdict  saouf  autruy  droict.  Ce  fut  faict  et 
passé  pour  lesditz  de  Grestain  le  huictiesme  jour  d'octobre,  l'an  mil 
cccc.  iiij^^  et  neuf.  Présens  :  vénérables  personnes  maistre  Nicolle 
Périer,  Guillaume  Adoubart,  advocatz  de  cour  d'église  audit  Lizieux, 
Frasles  le  Clerc,  messire  Jehan  Mallart,  tous  presbtres  ;  maistre 
Guillaume  de  Thieuville,  curé  de  Barneville,  et  autres  tesmoingz. 
Ainsi  signé  :  N.  Toustain  et  J.  Coronnel,  chascun  ung  paraphe.  Et 
en  marge  sont  faictz  trois  paraphes  sans  nom  ;  et  au  bas  est  escript  : 
Collation  faicte.  Et  sur  le  dos  est  escript  ce  qui  ensuit  : 

Ces  présentes  furent  levez  et  publiez  es  pieds  du  fief,  terre  et 
seigneurie  du  Mesnil-Ferry  pour  les  religieux,  commendataire  de 
Nostre -Dame  de  Grestain  tenuz  au  manoir  dudict  fief  par  moy 
Robert   Lefort,    seneschal  dudict  fief,  le  mardy  douziesme  jour  de 


I 


PIÈCi:S    JUSTIFICATIVES  313 

janvier  l'an  mil  quatre  centz  quatre  vin^tz  et  neuf,  en  la  présence 
de  vénérable  et  discrète  personne  maistre  Guillaume  Descalles,  pro- 
thonotaire  du  saint  siège  apostolique  et  commendataire  de  ladicte 
ég-lise  et  abbaye  de  Grestain,  Jehan  Pinchon,  procureur  et  receveur 
dicelle  terre  et  abbave,  Jehan  Houël,  Pierre  Lefebvre,  maistre 
Guillaume  Ponart,  presl^tre,  curé  de  Nostre-Dame-du-Val,  Jehan 
Robert  et  Robin  Bourdon,  serj^i-eans,  et  plusieurs  aultres,  tesmoingz. 
Ainsi  signé  :  Lefort,  Le  Chevallier,  Le  Mercher,  Bourdon,  Robert 
le  Carpentier,  Le  Harestier,  chascun  ung  paraphe,  etc. 

(Bibl.  munie.  d'Arras.  Recueil  factice  de  documents  sur  l'abbaye 
de  Grestain,  copie  aux  foL  6-26.  —  Autre  copie  aux  Arcli.  dép. 
de  la  Seine-Inférieure,  Fonds  du  comté  de  Tancarville,  liasse  Eau- 
ries.  Pèches,  datée  du  7  avril  1510.) 


LVIII 

Reconnaissance  d' hommage  délivrée  par  Louis  XII 
à  Guillaume  Descalles,  ahbc  de  Grestain. 

U99,  2  avril. 

Loys,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France,  à  noz  amez  et  féaulx 
gens  de  noz  comptes  et  trésoriers  à  Paris,  aux  baillis  de  Rouen, 
Evreux,  Gisors,  Gaux,  Gaen  et  Costentin,  vicontes  et  receveurs 
ordinaires  desdits  lieux,  et  à  nos  procureurs  esditz  baillages  ou  à 
leurs  lieuxtenans  ou  commis,  salut  et  dilection.  Savoir  vous  faisons 
que  nostre  amé  et  féal  conseiller  maistre  Guillaume  Descallez, 
prothonotaire  de  nostre  Saint  Père  le  pape,  abbé  commendataire  de 
l'église  et  abbaye  de  Grestain,  nous  a  cejourd'huy  fait  en  la  per- 
sonne de  nostre  très  cher  cousin  et  féal  amy  le  cardinal  d'Am- 
boise,  archevesque  de  Rouen  et  nostre  lieutenant  général  en  noz 
pais  et  duchié  de  Normandie  ayant  de  nous  pouvoir  à  ce,  le  ser- 
ment de  fidélité  qu'il  nous  estoit  tenu  faire  pour  la  temporalité  de 
ladite  abbaye,  auquel  serment  l'avons  receu,  etc.. 

Donné  à  Gaillon,  le  second  jour  d'avril,  l'an  de  grâce  mil  quatre 
cens  quatre  vings  et  dix  neuf  après  Pasques,  et  de  nostre  règne  le 
premier. 

(Arch.  nat.  P.  263'^  n»  39cS.) 


314  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 


LIX 

Reconnaissance  dliommage  délivrée  par  Louis  XII 
à  Jean  Le  Veneur,  ahhé  de  Grestain. 

1503,  29  janvier  (n.  st.) 

Loys,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France,  à  noz  amez  et  féaulx 
les  gens  de  noz  comptes  et  trésoriers  à  Paris,  aux  bailly  de  Rouen 
et  viconte  du  Pontaudemer,  k  noz  procureur  et  receveur  audit  bail- 
liage et  à  tous  noz  autres  justiciers  et  officiers  ou  k  leurs  lieuxte- 
nans,  salut  et  dilection.  Savoir  faisons  que  nostre  cher  et  bien  amé 
maistre  Jehan  le  Veneur,  religieux  abbé  de  Nostre-Dame  de  Gres- 
tain ou  diocèse  de  Lisieux,  a  aujourd'huy  fait  en  noz  mains  le  ser- 
ment de  fidélité  qu'il  nous  estoit  tenu  faire  du  temporel  de  ladite 
abbaye,  auquel  serment  de  fidélité  nous  l'avons  receu,  etc. 

Donné  à  Paris,  le  xxjx"=  jour  de  janvier,  Tan  de  grâce  mil  cinq 
cens  et  quatre,  de  nostre  règne  le  septiesme. 

Par  le  roy,  TEvêque  de  Bayeux  et  autres  présens.  De  Sauzay. 

(Arch.  nat.  P  263^  nM62i.) 


LX 

Copie  d\in  aveu  pour  le  fief  de  Beaunay. 
1S40,  .3  avril. 

Aveu  rendu  par  le  cardinal  le  Veneur,  évéque  et  comte  de 
Lisieux,  abbé  commendataire  de  Notre-Dame  de  Grestain,  lequel 
déclare  tenir  «  en  la  vicomte  d'Arqués,  à  cause  de  ladite  abbaye  », 
deux  parties  de  fiefs  nobles  l'un  nommé  le  fief  de  Beaunav  assis  en 
ladite  paroisse,  et  l'autre  nommé  le  fief  des  Cent  Acres,  tenus  du 
duché  de  Longue  ville... 

«  Lesquelz  fiefs  ont  de  long  temps  esté  vendus  et  engagez  par  le 
conte  de  Tancarville  avec  quatre  fiefs  et  héritages  à  ladite  abbaye 
de  Grestain  k  condition  de  les  pouvoir  rémérer  dedans  le  temps  de 
mil  et  un  an  après  la  cellébration  d'icelle  vendue.  A  raison  duquel 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  313 

fief,    ledict  sieur  cardinal  a  droict  d'avoir  et  emporter  la  moitié  du 
droit  de  la  foire  de  Beaunay  qui  siet  le  jour  de  Saint-Michel,  etc.  ». 
(Arch.  dép.  de  la  Seine-Inférieure.  Fonds  du  comté  de  Tancar- 
ville,  liasse  intitulée  :  Eauries,  Pèches.) 


LXI 

Mandement  de  contrainte  pour  l'abbaye  de  Grestain  ^ 
1375,  27  avril. 

Veu  par  nous  le  procès- verbal  de  Germain  Becquet,  sergent  royal 
et  hérédital  en  la  banlieue  dudict  Lizieux,  de  la  saizie  par  luy 
faicte  le  29''  jour  de  mars  dernier  passé,  du  temporel  de  l'abbaye  de 
Grestain  pour  assubjectir  l'abbé  et  les  religieux  dudict  lieu  à  payer 
la  somme  de  430  livres,  en  quoy  ladicte  abbaye  a  esté  taxée  pour  sa 
cotte  de  16.000  livres  en  quoy  ledict  dioceze  a  esté  taxé  pour  sa  part 
d'un  million  de  livres  concédées  au  roy  nostre  sire  par  Nostre 
Sainct  Père  le  Pappe  sur  le  clergé  de  cedict  royaulme.  Nous  avons 
ordonné  pour  la  recouvrance  du  payement  de  ladicte  somme  que 
lesdicts  abbé  et  relligieulx,  leur  receveur  et  fermiers,  mesmes  les 
recepveurs  et  fermiers  de  ladicte  abbaye,  seront  contrainctz  assca- 
voir  :  lesdicts  abbé  et  relligieulx  par  la  saisie  de  leur  temporel  et 
lesdicts  recepveurs  et  fermiers  par  la  vendue  et  exploictation  de 
leurs  biens,  arrest  et  emprisonnement  de  leurs  personnes  et  par 
toultes  aultres  contrainctes  pour  les  propres  affaires  du  roy,  à 
payer  et  avancer  comptant  et  sans  délay  es  mains  du  recepveur  des 
décimes  de  ce  dioceze  ladicte  somme  de  quatre  cents  cinquante 
livres  sauf  la  recompensation  desdicts  recepveurs  et  fermiers  sur 
lesdicts  abbé  et  relligieulx,  et  ausdicts  relligieulx  et  abbé  à  faire 
vente  par  après  de  partye  du  temporel  de  ladicte  abbaye  pour  leur 
remboursement  sy  faire  le  veullent.  Et  sy  avons  ordonné  par 
m'^  Pierre  Thirel  -  commissaire  estably  au  régime  [et  gouvernement] 

1.  D'autres  mandomonts  fuient  adressés,  h  la  môme  époque,  notamment  à 
l'abbaye  de  Cormeilles  (22  avril  io75),  et  au  prieuré  de  Saint-Martin-du-Bosc, 
paroisse  de  Daubeuf,  pour  le  non  paiement  de  la  somme  de  60  livres  (mai  1575). 

2.  Nous  avons  précédemment  parlé  de  cette  famille,  à  l'article  de  Nicolas 
Thirel  de  Boismont,  abbé  de  Grestain.  Pierre  Thirel,  sieur  de  Jouvence,  est  de 
nouveau  cité  dans  les  pièces  n"'  62  et  64,  à  la  note. 


316  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

du  temporel  de  ladicte  abbaye,  sera  convenu  à  brief  jour  à  compa- 
roir pardes'ant  nous  pour  a  telle  fin  que  de  droict  et  rendre  raison 
de  lexécution  de  sadicte  commission,  pour  ce  faict,  ordonner  que 
apartiendra. 

(Arch.  nat.,  G»,  1252,  cahier  34  D.) 


LXII 

Pouvoir  donne  par  un  religieux  de  V abbaye  de  Grestain. 
1595,  14  octobre. 

Dom  Nicolas  Bunel,  prestre,  religieux  de  l'abbaye  de  Nostre- 
Dame  de  Grestain,  a  constitué  ses  procureurs  généraux  dom 
Jacques  Le  Carpentier  aussi  religieux  de  ladite  abbaye,  de  pour- 
suivre à  son  nom  honorable  homme  Pierre  Thirel,  controlleur  pour 
le  roi  au  magasin  à  sel  de  Pont-Audemer,  receveur  général  de 
ladite  abbaye,  de  ne  bailler  ne  délivrer  les  deniers  et  choses  députez 
et  ordonnez  pour  son  vivre,  pension  et  '<  vestueure  »  es  mains  de 
dom  Jehan  Le  Mercier,  prieur  d'icelle  abbaye. 

(Minutes  du  tabel.  d'Auge,  siège  de  Ronfleur,  reg.  1595.) 


LXIII 

Aveu  du  fief  Amelot  du  Boscage  rendu  aux  abbé  et  religieux  de 
V abbaye  de  Nostre-Dame  de  Gresfain  (Extrait). 

1596. 

De  messieurs  les  abbé  et  religieux  du  couvent  de  Xostre-Dame 
de  Grestain,  seigneurs  du  fief,  terre  et  seigneurie  du  Mesnil-Ferry, 
plain  lief  de  haubert,  assis  tant  es  parroisses  de  Nostre-Dame  du 
Val,  Sainct-Pierre  du  Chastel^  Queteville,  Boulleville,  Fastouville, 
Beuzeville,  Conteville  que  es  parties  d'environ,  je  Jacques  Desilles 
es  nom  que  comme  tuteur  des  enffans  soubsaages  de  deffunct  Guil- 
laume Desilles,  tiens  et  advoue  à  tenir  par  foy  et  hommaige  de 
mesdits  seigneurs  en  leur  terre  et  seigneurye  du  Mesnil-Ferry  tant 
pour  moy   que  pour  mes  puisnez  cy-après  nommez,   c'est  asavoir  : 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  317 

un^  fief  ou  aisnesse  nomnu'  le  fief  AmeloL  du  Boscaij^'-e  assis  en  la 
parroisse  de  Gonteville  contenant  six  acres  de  terre  ou  envyron 
dont  lesd.  soubsaages  Guillaume  Desilles  sont  tenuz  et  subgectz  faire 
rassemblement  dicelle  aisnesse  comme  tenans  d'une  pièce  de 
terre  à  ce  subg-ecte,  etc. 

A  cause  duquel  lief  et  aisnesse  moydict  aisnê,  tuteur  et  puisnez 
sommes  tenuz  et  subg-ectz  faire  et  payer  de  rente  seij^-neurialle  en 
ladicte  sieurie,  asavoir  :  au  terme  de  Sainct-Michel  dix  boisseaux 
de  bled  fourment,  mesure  de  Beuzeville,  cinq  solz  ;  au  terme  de 
Noël  quatre  chappons,  quatre  denyers  ;  au  terme  de  la  Sainct-Jehan 
cinq  solz,  quarante  œufz,  quatre  deniers,  etc. 

(Arch.  munie,  de  Ronfleur,  carton  n"  20.  Orig-.) 

LXIV 

Assignation  devant  le  bailli  de  Caiix,  délivrée  au  receveur  (jénéral 
de  V abbaye  de  Grestain  '. 

1598,  29  mai. 

Je  Robert  Bonjens,  sergent  royal  en  la  ville  et  merye  du  Pont- 
Audemer,  certifïie  que  ce  jourd'huy  vendredy  vingt  neufîesme  jour 
de  may  mil  cinq  cens  quatre-vingt-dix-huict,  à  la  requeste  de 
maistre  Guillaume  Mauconduict,  prestre,  vicaire  de  la  parroisse 
d'Eng-lesqueville,  stipuUé  par  Jehan  Sanson,  son  serviteur,  et  en 
vertu  de  certain  acte  par  luy  porté,  donné  de  maistre  Robert  le 
Maigre,  licentié  es  loix,  tenant  la  jurisdiction  de  monsieur  le  bailly 
de  Caux  pour  son  absence  et  de  monsieur  son  lieutenant  général  et 
récusation  de  son  lieutenant  particullier  de  Cany,  dabté  du  xiij"  jour 
de  ce  présent  moys  et  an,  et  de  certaine  attache  donnée  de  maistre 
Jacques  Cavellier,  escuier,  conseiller  du  roy  et  lieutenant  général 
civil  au  bailliage  de  Rouen  dabtée  du  vingt  troisiesme  jour  de  ce 
raoys  et  an,  ai  signifïié  le  contenu  auxdicts  acte  et  attache  à  noble 
homme  maistre  Pierre  Thirel,  sieur  de  Jouvens  2  recepveur  général 

{.  Pour  mettre  ou  faire  mettre  en  dû  état  de  réparation  le  presbytère  d'An- 
glcsqueville-la-Braslong,  arr.  d'Yvetot,  Seine-Inférieure. 

2.  Pierre  Thirel,  sieur  de  Jouvence,  né  en  1542,  mort  on  1624.  Avait  épousé 
Marie  Gosselin  de  la  Vacherie.  Le  fief  delà  Vacherie,  situé  près  de  la  Bouille 
avait  appartenu  aux  religieux  de  Grandmont  qui  l'aliénèrent  en  1509.  —  Essai 
liisl.  sur  Mniilincniix  el  le  ch;llcau  de  RobrrI  Ir  Diable  (1896t,  p.  88. 


318  l' ABBAYE    DE    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

de  l'abbaje  de  Grestain,  en  parlant  à  sa  personne  trouvé  sur  le 
pavej  du  Pont-Audemer  affin  qu'il  n'en  prétende  cause  d'ig-norance, 
et  icelluy  adjourné  en  parlant  comme  dessus  à  comparoir  au  lundy 
prochain  venant  pardevant  monsieur  le  bailly  de  Caux  ou  monsieur 
son  lieutenant  audit  lieu  de  Cany  pour  respondre  jouxte  et  aux  fins 
contenus  auxdits  acte  et  attache  cy-dessus  dablés,  dont  desquelles 
acte  et  attache  je  liaillé  coppie  au  sieur  Thirel  suyvant  l'ordon- 
nance, etc. 

Ledit  Thirel  a  respondu  que  ce  n'est  à  luy  à  qui  ledit  Maucon- 
duict  se  doibt  adresser  de  telle  poursuitte,  n'estant  subiect  par  son 
bail  d'entendre  à  telles  réparations  soutenues  par  ledict  Maucon- 
duict  et  aussi  que  depuis  six  mois  en  çà  ladite  abbaye  a  esté  per- 
muttée  à  autre  que  ce  duquel  ledit  Thirel  a  le  bail  '  estant  [^ladite 
abbaye]  maintenant  en  rég-alle  ;  et  que  ledit  sieur  Mauconduict  aye 
s'il  voyt  que  bon  soit  à  s'adresser  à  monsieur  de  Nisores^  lequel  a 
la  résig^nation  à  présent  de  ladite  abbaye,  etc.  Fait,  présenté,  etc. 
Signé,  Bon/' eus. 

GoUationné par  moy  premier  huissier  aux  requestes  du  pal- 
lais,  à  Rouen,  soubzsigné,  ce  dix  huiliesme  jour  de  may,  mil  six 
cens  deux,  etc. 

De  Lannoy. 

(Arch.  dép.  de  la  Seine-Inférieure,  G.  7930.) 

LXV 

Arrêt  du  Conseil  d'Etat  qui  décharge  Vahhaye  de  Grestain  de  la 
contribution  aux  décimes  du  don  gratuit. 

IGOO,  8  janvier. 

Veu  le  susdit  arrest,  l'extraict  collationné  du  compte  du  taillon  de 
Ponteaudemer  et  des  décymes  de  Rouen  et  de  Lisieux,  rendu  en  la 
chambre  des  comptes  dudict  Rouen  par  maistre  Loys  de  la  Marti- 
nière,  clos  le  vingt  sixiesme  jour  de  juing  mil  cinq  cens  quatre  vingt 
quinze,  auquel  compte  est  faict  recepte  en  deux  partyes  soubs  le 

1.  C'est-à-dire  que  Jacques  Marlet  n'était  plus  abbé. 

2.  Jean  le  Bi'eton,  abbé  de  Xisors,  au  diocèse  d'Agen,  a  été  le  32""  abbé  de 
Grestain. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  319 

nom  (lu  receveur  de  ral)l)aye  de  Grestain  de  la  somme  de  six  vingt/, 
escus  soleil,  et  desponce  desdits  deniers  soubs  le  nom  de  maistre 
Martin  Regnard,  commis  h  la  recepte  généralle  des  (înances  de 
Rouen  ; 

Le  Boi/  en  son  (Jonsell,  en  conséquence  de  la  descharge  généralle 
accordée  au  clergé  de  Normandye  a  ordonné  et  ordonne  que  l'abbé 
et  religieux  de  l'abbaye  de  Grestain  demeureront  quictes  et  des- 
chargez de  ladicte  somme  de  six  vingtz  escus  sur  les  décymes  par 
eulx  deues  des  années  mil  v^  ïnj^^  treize  et  iiij^"^  quatorze. 

(Arch.  nat.,  E  2'',    fol.  6  verso.) 


LXVI 

Aveu   rendu   aux  religieux  de  Grestain  pour  le  jardin  du  Scellier 

assis  à  Fiquefleur. 

1602,  mars. 

Des  relligieulx  et  hommes  et  honneste  personne  Messieurs  les 
relligieulx,  abbé  et  couvent  de  Nostre-Dame  de  Grestain,  je 
Philippes  Graverel,  archer  de  la  garde  de  la  ville  de  Honnefleur, 
tutteur  des  soubzaagés,  Nicollas  Galloix,  tiens,  C!)nfesses  et  advoues 
à  tenir  de  nosdictz  sieurs,  pour  et  au  nom  desdictz  soubzaagés,  en 
leur  baronnye  de  Grestain  ung  tenement  neuement  tout  en  une 
pièce  contenant  une  acre  ou  la  pièce  ainsy  qu'elle  se  contient,  en 
labour  et  plant  avec  la  haie  dessus  estant  et  croissant,  assis  en  la 
paroisse  de  Ficquefleu,  nommé  d'antienneté  le  Jardin  du  Scellier, 
qui  borne  d'ung  costé  Pierre  de  Normandie  '  et  Thomas  Grente, 
d'aultre  costé  et  d'un  boult  ledict  de  Normandie  et  Guillaume 
Eulde  par  leurs  femmes  et  d'aultre  boult  le  chemin  tendant  à 
Esquainville.  A  cause  duquel  tenement,  je  suis  tenu,  pour  et  au 
nom  desdictz  soubzaagés,  faire  et  paier  de  rente  seigneurialle  par 
chacun  an  à  nosdictz  sieurs  quarante  solz  tournois  de  rente  payable 
en  deulx  termes,  scavoir  est  sainct  Michel  et  Pasques  par  moictié, 

1.  Ce  nom  propre  se  i-enconlro  à  Ficiueneur  et  à  Saint-Martiii-le-Vicil,  dès 
128:i   et  12U0. 


320  l'abbaye  de  notue-dame  de  grestain 

au  terme  de   Noël  deulx  chappons.   deulx  deniers,  foy.  hommage, 
relliefz,  etc.  —  Ainsy,  Graverel,  ung  paraphe. 
Orig. 

LXVIl 

Bail  des  dîmes  de  Barncville-sur-Mer. 
1603,  21  février. 

Nicolas  Druel  •,  procureur  et  receveur  g-énéral  de  messire  Jehan 
le  Breton,  conseiller  et  aumônier  du  roi,  abbé  commenda taire  de 
l'abbaye  de  Grestain,  fait  bail  à  ferme  suivant  procuration  à  lui 
donnée  le  20  août  1598  de  tous  les  droits  de  dîmes  appartenant  et 
dépendant  de  ladite  abbaye  de  Grestain  qui  se  cueillent  en  la 
paroisse  de  Barneville  sur  la  mer  '-,  moyennant  le  prix  et  somme  de 
six  vingts  livres  tournois  par  an. 

Le  bail  est  consenti  à  honorable  homme  Richard  du  Pont  demeu- 
rant en  la  paroisse  de  Saint-Maurice  ■*  vicomte  de  Valognes. 

Par  un  autre  acte  du  même  jour,  Thomas  du  Saulcé  \  sieur  de 
Barneville,  vicomte  de  Carentan,  pleige  et  cautionne  ledit  Richard 
du  Pont. 

(Min.  du  tabell.  d'Auge,  à  Ronfleur  ;  reg.  1602-1603.) 

LXVIII 

Pouvoir  donné  à  Nicolas  Druel,  par  Doni  Gabriel  Druel  son  frère, 
pour  prendre  possession  du  prieure  de  Saint- Astier. 

1603,  26  mai. 

Dom  Gabriel  Druel,  à  présent  prieur  de  Saint-Astier  •'',  en  Gas- 
cogne, membre  dépendant  de  l'abbaye  de  Grestain  en  la  vicomte 

1.  Poursuivant  d'armes  de  la  grande  écurie  du  roi. 

2.  Arr.  de  Valognes,  Manche,  ou  Barneville-sur-Gére fleur . 

3.  Saint-Maurice-sur-Gris,  arr.  Valognes. 

4.  Du  Saussey  ou  Saussay,  Saulcey,  fixés  dans  les  élections  de  Coutances 
et  de  Valognes,  au  xvi"  siècle  ;  une  branche  de  cette  famille  s'établit  dans  le 
pays  d'Auge  à  la  fin  du  même  siècle. 

0.  Lot-et-Garonne,  arr.  Marmande,  cant.  Duras;  diocèse  d'Agen. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  32 1 

du  Pont-Audemer,  lecjuel  Druel  est  prieur  dudit  prieuré  par  rési- 
gnation de  dom  Jehan  Le  Merchier,  prieur  claustral  de  ladite  abbaye 
Notre-Dame  de  Grestain,  a  passé  procuration  ad  liles  devant  les 
tabellions  de  la  vicomte  d'Auge,  au  siège  de  Honfleur,  sur  le  nom 
de  Nicolas  Druel,  son  frère,  recepveur  général  de  ladite  abbaye  de 
Grestain,  portant  pouvoir  de  se  transporter  audit  pays  de  Gascogne 
et,  là,  prendre  possession  et  jouissance  dudit  prieuré  de  Saint- 
Astier,  dépendant  de  ladite  abbaye  de  Grestain  soubz  l'évesché 
d'Agen,  pour  après  ce  faict  bailler  à  ferme,  à  prix  de  deniers  ou 
aultrement,  les  revenus  dudict  prieuré. 

(Min.  du  tabell.  d'Auge,  avril-sept.  1603.) 


LXIX 

Baux  de  dîmes   sur  les  paroisses   de  Beuzeville,    Saint-Pierre-du- 
Chàtel^  Boulleville  et  Goiineville-sur-Hon fleur. 

1607,  juin-août, 

1607,  '23  juin.  —  Nicolas  Druel,  poursuivant  d'armes  de  la  grande 
écurie  du  roy,  a  fait  bail  à  Jehan  Desson  et  à  Jehan  Charlemaine, 
demeurant  à  Beuzeville,  d'ung  traict  de  dixme  nommé  le  traict 
Sac(/uet-Sacquet,  à  ladite  abbaye  appartenant,  situé  en  ladite 
paroisse  de  Beuzeville  ;  ensemblement  a  ledit  Druel  baillé  audit 
Desson  et  audit  Charlemaine  le  droict  de  la  coustume  des  halles  de 
Ficquefleur  pour  semblable  temps  de  six  ans.  Et  fut  ledit  bail  faict 
par  le  prix  de  six  vingts  quinze  livres  de  ferme  par  chacun  an 
(fol.  105). 

1607,  7  juillel.  —  Nicolas  Druel,  etc.,  a  faict  bail  d'ung  traie 
de  dixme  situé  et  assis  en  la  paroisse  de  Saint-Pierre-du-Chastel, 
nommé  le  traict  de  la  Ballie,  despendant  de  ladite  abbaye,  moyen- 
nant la  somme  de  cinquante  livres  tournois  (129  v°). 

1607,  18  juillet.  —  NicoUas  Druel,  etc.,  a  faict  bail  à  Raoullin 
Picquot  demeurant  erï  la  paroisse  de  Beuzeville,  d'un  traict  de 
dixme  despendant  du  revenu  d'icelle  abbaye  appelle  vulgairement  le 
traict  de  Louis  Trot  lin.,  scitué  et  assis  en  la  paroisse  de  Beuzeville, 
lequel  traict  consiste  aux  deux  tiers  des  grosses  gerbes  et  verdages, 
Gh.  IJuKAuri.  — L Abbaye  de  Notre-Dame  de  Grestain.  21 


322  l'abbaye  de  notrf>dame  de  grestain 

des  lins  et  chanvres...  ledict  présent  bail  ainsy  faict  oultre  les 
charg-es  et  subiections  cv-dessus  déclarées  moyennant  cent  cin- 
quante  livres  pour  chacun  an  des  six  ans,  et  payables  à  la  feste  de 
Pasques,  (fol.  184  v°). 

1607,  '21  juillet.  — •  Bail  par  Nicolas  Druel  d'un  droit  de  dîme 
appartenant  à  l'abbaye  de  Grestain.  assis  à  Genneville  et  appelé  la 
Gerbe  Nostre-Dame...  moyennant  trente  livres  tournois  pour  cha- 
cun des  six  ans  (fol.  136  v°). 

1607 ,  '28  juillet.  —  Bail  par  Nicolas  Druel,  à  Pierre  Carrey, 
d'un  trait  de  dîme,  situé  en  la  paroisse  de  Gonneville-lez-Honne- 
lleur  appelé  le  traict  de  Honaville  et  le  Bucquet,  moyennant  la 
somme  de  soixante  livres  (fol.  107). 

1607,  28  juillet.  —  Bail  par  Nicolas  Druel,  à  Michel  de  La 
Haye  et  à  Philippes  Cousturier,  demeurant  k  Boulleville,  d'un  trait 
de  dîme  appelé  le  trait  du  Val-Durand,  moyennant  la  somme  de 
trente-six  livres  (fol.  168). 

1607 ,  28  juillet.  —  Bail  par  Nicolas  Druel,  à  Guillaume  et 
Mathieu  Sellier,  demeurant  en  la  paroisse  de  Saint-Pierre-du-Ghas- 
tel,  dung  traict  de  dixine  appelé  le  traict  du  Grand  Boscher,  situé 
sur  ladite  paroisse  moyennant  la  somme  de  quatre-yin*i^t  dix  livres 
(fol.  169  y). 

1607,  4  août. —  Bail  par  Nicolas  Druel,  d'ung  traict  de  dixme 
nommé  le  traict  de  Hamhleville,  situé  en  la  paroisse  de  Saint- 
Pierre-du-Ghastel,  moyennanl  la  somme  de  vingt-huit  livres  (fol. 
188). 

(Min.  du  tabell.  de  Grestain,  à  Honfleur,  mai-sept.  1607.) 


LXX 

Bail  par  les  religieux  de  Grestain  d'un  trait  de  dîme  assis 
à  Gonneville-sur-Honfleur  et  à  Genneville . 

1607,  7  juin. 

Dudict  jeudy  avant  midy.  septiesme  jour  de  juing,  en  l'an  mil 
six  centz  sept,  à  Honnefleur,  en  l'escriptoire,  parroisse  Sainct  Léo- 
nard, devant  lesd.  Boudard  et  Bourgeot,  notaires  et  tabellions 
royaux. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  323 

Fut  présent  maistre  Nicollas  Druel,  poursuyvant  d'armes  de  la 
grande  escurie  du  roy,  recepveur  général  de  l'abbaye  de  Nostre- 
Danie  de  Grestain,  de  présent  demeurant  audict  Honnelleur,  lequel 
voluntairement  a  confessé  avoir  baillé  à  tiltre  de  ferme  pour  le 
temps  et  terme  de  six  ans,  six  levez  et  despouilles...  à  Loys  Hobbey 
et  Guillaume  Heremboult,  fils  Durant,  de  la  parroisse  de  Gonne- 
ville-sur-ledict-Honnefleur,  présentz  et  acceptantz...  c'est  asscavoir 
ung  traict  de  dixme  au  sieur  abbé  et  religieux  dudict  lieu  de  Gres- 
tain apartenant  situé  et  assis  en  ladicte  parroisse  de  Gonneville  et 
en  aultre  partie  d'héritage  assis  sur  la  parroisse  de  Genneville, 
lequel  traict  de  dixme  consiste  en  deux  tiers  des  grosses  gerbes  des 
levez  qui  chacun  an  sont  excroissantz  sur  les  héritages  d'icelluy 
traict  de  dixme  appelle  la  Couelte  ^  de  Genneville  pour  par  iceux 
preneurs,  etc. 

(Min.  dutabell.  de  Grestain  à  Honfleur,  mai-sept.  1")87,  fol.  61.) 


LXXI 

Bail  par  les  religieux  de  Grestain  de  droits  de  pêche  sur  la  Seine. 

1607,  9  juin. 

Dudict  samedy  advant  midy,  neufîesme  jour  de  juing  en  icelluy 
an  mil  six  centz  sept,  à  Honnefleur,  en  Fescriptoire,  parroisse  Sainct 
Léonard,  devant  nous  Germain  Boudard  et  Robert  Pinchon, 
notaires  et  tabellions  royaux  jurez  en  la  viconté  du  Pontaudemer, 
siège  de  la  haulte  justice  de  Grestain,  à  Honnefleur. 

Fut  présent  m''  Nicollas  Druel,  demeurant  en  la  parroisse  de 
Sainct  Léonard  dudict  Honnefleur,  ayant  prins  afferme  de  hault  et 
puissant  seigneur  messire  César- Auguste  de  Bellegarde,  baron  de 
Termes,  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre  du  roy,  premier 
escuyer  commandant  en  la  grande  escurye  de  sadite  Majesté,  la 
ferme  et  recepte  généralle  de  l'abbaye  de  Notre-Dame  de  Grestain 
par  les  prix,  termes  et  moyens  contenus  au  bail  de  ce  faict,  passé 
devant  Simon  Moufle  et  Nicollas  Sevestre,  notaires  garde-nottes 
du  roy  en  son  Chastellet  de   Paris,  le  quatriesme  de  may  dernier 

1.  La  cueillette,  récolte,  levée  de  fruits  dus  comme  redevance. 


324  L'AlUiAYE    DE    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

passé,  duquel  bail  est  apparu  et  présentement  rendu  audict  sieur 
Druel,  lequel  a  recongneu  et  confessé  avoir  faict  bail  à  prix  de 
deniers,  pour  le  temps  et  terme  de  cinq  ans  commancants  au  jour 
saint  Jehan-Baptiste  prochain  venant  et  finissant,  à  Denys  Hoc  et 
Jehan  Caresnie  demeurantz  en  ladicte  parroisse  Sainct  Léonard,  en 
lieu  dict  la  Ryvière  ^  à  ce  présentz  acceptantz  pour  ledict  temps  : 
c'est  asscavoir  le  commendaige  et  marédi/e  de  ladicte  Ryvière,  con- 
cistant  en  rez,  fiUetz,  quideaux,  et  fourreez  du  depuis  la  Tour  Car- 
rée dudict  Honnefleur  jusqu'au  Xoirport  près  Quillebeuf  ^  autant 
qu'il  en  peult  competter  et  appartenir  à  ladicte  abbaye  en  la  forme 
et  manière  que  lesdits  preneurs  en  ont  cydevant  jouy  et  d'aultant 
que  l'on  peult  aller  à  pied,  sans  touttefoys  que  lesdits  preneurs 
puissent  empescher  ny  avoir  aulcun  droict  que  sur  les  habitants  et 
résidents  audict  lieu  de  la  Ryvière  ;  pour  dudict  droict  de  comman- 
daige  et  marédye  à  la  représentation  que  dessus  jouir  et  posséder 
par  lesdicts  preneurs  et  en  faire  leur  proflîct,  à  la  réservation  touttes- 
foys  faicte  par  ledict  sieur  Druel  de  tous  et  chacuun  les  poisons 
royaux  et  d'acquis  qui  seront  prins  et  peschez  durant  leurdict  bail, 
iceux  preneurs  n'y  prétendent  aulcune  chose,  et  seront  tenus  iceux 
apporter  au  logis  dudict  sieur  Druel  en  cedict  lieu.  Et  oultre  ledict 
sieur  Druel  a  délaissé  auxdicts  sieurs  preneurs,  pour  ledict  temps, 
la  coustume  de  ladicte  Ryvière  des  marchandises  arrivantz  et  en 
allantz  en  escale,  pour  en  jouir  et  posséder  aulx  droictz  acoustumez 
estre  levez  sur  lesdictes  marchandises  et  ainsy  que  l'on  a  faict  par 
le  passé  et  sans  y  déroguer.  et  sans  comprendre  au  présent  la 
coustume  dudict  Honnefleur  que  ledict  sieur  Druel  a  réservée.  Eux 
submettantz,  iceux  preneurs,  maintenir  et  conserver  les  droictz  et 
possessions  de  ladicte  abbaye  a  auxdicts  marédye,  commendaige  et 
coustume...  Et  fut  ledict  bail  faict,  oultre  les  charges  et  contribut- 
tions  cydessus,  moyennant  la  somme  de  dix  huict  livres  tournoiz 
par  an  payables  audict  jour  sainct  Jehan-Baptiste,  etc.  Présents, 
Guillaume  Caresme.  cappitaine  pour  le  roy  en  la  marine,  bourgeois 
demeurant    audit    Honnefleur,    et    Nicolas   Allexandre,    demeurant 

1.  Hameau  situé  à  l'est  de  Ilonfleur.  Anciennement  la  Rivière  du  Xeuf- 
bourg. 

2.  Cette  indication  a  été  prise  dans  un  acte  plus  ancien  qui  a  été  mal  lu  ;  il 
manque  peut-être  plusieurs  mots.  Voy.  au  cliapitre  m  ce  que  l'on  a  dit  du 
Noir-Port. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  32o 

à  Manneville-la-Raoult,  témoins,  qui  ont  signé  avec  les  parties  au 
présent. 

(Min.    du    tabell.    de    Grestain    à    Honfleur,    mai-sept.,     1607, 
fol.  69.) 


LXXII 

Bail  de  la  sieurie  de  Saint-Quenfin-les-Chardonnets. 
1607,  13  juin. 

Nicolas  Druel,  poursuivant  d'armes  de  la  grande  escurie  du  roy, 
demeurant  en  la  paroisse  de  Sainct-Léonard  de  Honnefleur,  etc., 
a  fait  bail  à  Pierre  Cailley,  de  la  paroisse  de  Bernières-le-Patry  \ 
vicomte  de  Mortaine:,  évesché  de  Baveux,  de  la  terre  et  sieurie  de 
Sainct-Quentin-des-Garderonnettes  -  en  ladite  vicomte  de  Mortaing-, 
avec  les  dixmes  en  gerbes  d'icelle  paroisse  lesquelles  consistent  en 
deux  tiers  des  grosses  gerbes  en  Testendue  de  ladite  sieurie  desdits 
sieurs  abbé  et  relligieux  et  au  tiers  des  aultres  héritaiges  d'icelle 
paroisse...  Et  fut  ledit  bail  faict  moyennant  la  somme  de  cent 
livres  tournois  de  ferme,  etc. 

(Min.  du  tabell.  de  Grestain,  siège  de  Honfleur,  mai-sept.  1607, 
fol.  75  verso.) 

LXXIII 

Bail  par  les  religieux  de  Grestain  de  droits  de  pêche  sur  la  Seine. 

1607,  23  juin. 

Dudict  samedy  advant  midy,  vingt  troisiesme  jour  de  juing  en 
icelle  année  mil  six  centz  sept,  à  Honnefleur,  en  lescriptoire,  par- 
roisse  Sainct  Léonard,  devant  nous  Germain  Boudard  et  Robert 
Pinchon,  notaires  et  tabellions  royaux  en  la  viconté  du  Pont- 
Audemer,  siège  de  la  liaulte  justice  de  Grestain  à  Honnefleur. 

1.  Calvados  air.  de  Vire,  raiit.  de  Vassy. 

-.  Sainl-Quoiiliii-les-Cliardoniiels,  Orne,  arr.  de  Doinfronl,  cant.  de  Tinche- 
brav. 


326  l'abbaye  de  ^otre-dame  de  grestain 

Fut  présent  m*'  Nicolas  Druel,  pousuvvant  d'armes  de  la  grande 
escurye  du  Roy,  de  présent  demeurant  en  la  parroisse  de  Sainct- 
Léonard  de  Honnefleur,  aiant  prins  afferme  de  haut  et  puissant 
seigneur  messire  Gézar-Auguste  de  Bellegarde,  baron  de  Termes, 
^gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre  du  roy,  premier  escuyer  com- 
mandant en  la  grande  escurie  de  Sadite  Majesté,  la  ferme  et  recepte 
généralle  de  l'abbaye  de  Nostre-Dame  de  Grestain  par  les  prix, 
termes  et  moiens  contenus  au  bail  de  ce  faict  et  passé  devant  Simon 
Moufle  et  Xicollas  Sevestre,  notaires  garde-nottes  du  roy  en  son 
Chastellet  de  Paris,  le  quatriesme  de  may  dernier  passé  ;  duquel 
bail  est  aparu  et  présentement  rendu  audit  sieur  Druel  lequel  volun- 
tairement  a  faict  bail  afferme  muable  pour  le  temps  et  terme  de 
cinq  ans  commencantz  le  jour  et  feste  Sainct  Jehan-Baptiste  pro- 
chain venant  et  finissant  à  même  jour,  lesdicts  cinq  ans  accomplis 
et  révolus,  k  Jacques  Courel  et  Philippes  Vigneron,  de  la  parroisse 
de  Fastouville-sur-la-mer,  présentz  et  acceptantz  pour  ledict  temps, 
au  filtre  que  dessus,  scavoir  est  le  commandaige  et  marédie  de  la 
mer  k  reetz,  fiUetz  et  fourrez  deppendant  des  parroisses  d'Esquain- 
ville,  Fastouville  et  Ficquefleur,  en  tant  qu'il  en  apartient  et  com- 
pète  à  ladicte  abbaye  de  Grestain  et  Ik  où  l'on  peult  aller  k  pied, 
pour  en  jouir  par  les  preneurs  en  la  manière  accoustumée  et  toult 
ainsy  que  les  précédentz  fermiers,  k  la  charge  par  lesdicts  preneurs 
de  garder  et  conserver  les  droictz  et  possessions  dudict  sieur  abbé 
k  la  réservation  faicte  par  lesdicts  sieurs  bailleurs  de  tous  et  chas- 
cuns  les  poissons  royaux  du  marqué  d'acquit,  desquelz  lesdicts  pre- 
neurs se  submettent  en  advertir  lesdicts  sieurs  bailleurs  sy  aucuns 
en  viennent  k  sa  congnoissance. 

Et  fut  ledict  bail  ainsy  faict  par  douze  livres  de  ferme  par  chas- 
cun  des  cinq  ans,  etc. 

(Min.  du  tabell,  de  Grestain  k  Honfleur,  mai-sept.  1607,  fol.  101.) 


LXXIV 

Transaction  relative  au  prieuré  de  Saint-Nicol. 
1607,  15  septembre. 

Dom   Jacques    Le    Carpentier,    prieur   claustral   en    l'abbaye   de 
Nostre-Dame  de   Grestain,  aussy  prieur  de  Sainct-XicoUas-du-Val- 


PIÈCES    JISTIFICATIVES  327 

de-Claire  ^  scitué  au  faubourg-  de  Ilonnefleur,  paroisse  de  Saincte- 
Gatlierine,  au  lieu-dit  Saiiict-Nicol,  d'une  part,  et  Ollivier  LeFebvre, 
bourgeois  demeurant  en  ladicte  paroisse  de  Saincte-Catherine, 
d'autre  part,  ont  transig-é  de  certain  procès  au  sujet  des  réparations 
à  faire  tant  à  la  chapelle  dudit  prieuré  qu'aux  maisons  y  scituez, 
ainsi  que  ledict  Le  Fehvre  y  estoit  subject  par  le  bail  qui  faict  luy 
avoit  esté  dudict  prieuré  par  ledict  Le  Carpentier  passé  devant  les 
tabellions  de  ce  lieu,  vicomte  d'Aug-e,  le  huicliesme  d'aoust  1398. 
(Min.  du  tabell.  de  Grestain,  siège  de  Honfleur,  reg.  sept.  1607 
à  avril  1608.) 


LXXV 

Baux   de    terres   sises    sur    les  paroisses    de    Carhec, 
Saint-Pierre-du-Chàtel ,  Xoire-Dame-du-  Val,  etc. 

1607,  septembre-décembre. 

1607 ,  30  septembre.  —  Nicolas  Druel,  poursuivant  d'armes  de  la 
g-rande  écurie  du  roi,  receveur  général  de  l'abbaye  de  Notre-Dame 
de  Grestain,  fait  bail  à  NicoUas-Ollivier  Bristot,  prestre,  de  la 
paroisse  de  Carbec-Grestain,  de  deux  pièces  en  labour  scituez  audit 
lieu  de  Carbec,  deppendant  du  revenu  d'icelle  abbaye,  moyennant 
la  somme  de  quatre-vingt  livres.  Les  deux  pièces  d'une  contenance 
de  10  acres. 

1607 ,  30  septembre.  —  Bail  par  Nicolas  Druel  d'un  trait  de 
dixme  nommé  la  Croix  Aline^  scitué  en  la  paroisse  de  Saint-Pierre- 
du-Ghâtel,  moyennant  la  somme  de  soixante-trois  livres. 

1607 ,  30  septembre.  —  Bail  par  Nicolas  Druel  de  deux  pièces  de 
terre  d'une  contenance  de  deux  acres,  tenues  de  la  sieurie  du  Mes- 
nil-Ferry,  situées  en  la  paroisse  de  Nostre-Dame-du-Val,  moyen- 
nant le  prix  de  seize  livres. 

1607 ,  30  septembre.  —  Bail  par  Nicolas  Druel  de  deux  pièces  de 
terre  d'une  contenance  de  12  acres,  scituées  en  la  paroisse  de 
Nostre-Dame-du-Val,  moyennant  la  somme  de  cent  huit  livres. 

1607,  30  septembre.  —  Trois  autres  baux  par  Nicolas  Druel  de 

1.  Voy.  au  cliap.  m,  rtu'ticle  relatif  à  co  prieuré. 


328  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

pièces  de  terre  situées  à  Saint-Pierre-du-Chastel,  Carbec  et  Nostre- 
Dame-du-Val,  consentis  moyennant  la  somme  de  68  livres  pour 
huit  acres  ;  2o  livres  pour  trois  acres,  et  36  livres  pour  six  acres. 

i607,  6  octobre.  —  Nicolas  Druel,  etc.,  a  fait  bail  à  Jehan  Jour- 
dain, de  la  paroisse  de  Genneville.  du  total  re^^enu  du  manoir, 
terre  et  sieurie  de  Maharii  en  domaine  non  fielTé  tant  de  jardins, 
preys  que  terres  labourables  et  non  labourables  avec  les- fruits,  et 
non  comprins  les  rentes  sieurialles  et  droits  sieuriaux...  Le  présent 
bail  faict  oultre  les  charges  moyennant  la  somme  de  deux  cent 
vingt  livres  tournois. 

i607,  S6  novembre.  —  Bail  par  Nicolas  Druel  de  cinq  acres  de 
terre  en  labour,  scitués  en  la  paroisse  de  Beuzeville,  moyennant  la 
somme  de  36  livres  tournois  par  chacun  an. 

i607.,  S  décembre.  —  Bail  par  Nicolas  Druel  à  Nicolas  Goullain, 
de  la  paroisse  de  Manneville-la-Raoult^  d'une  pièce  de  terre  en 
labour  contenant  quatre  acres  et  demi,  scituée  à  Nostre-Dame-du- 
Val,  moyennant  32  livres  10  sols. 

/6Y)7,  S  décembre.  —  Autre  bail  par  Nicolas  Druel,  d'une  pièce 
de  terre  en  labour,  dune  contenance  de  deux  acres  et  demi,  scituée 
à  Nostre-Dame-du-Val,  moyennant  la  somme  de  15  livres  tournois. 

1607 ,  8  décembre.  —  Autre  bail  par  Nicolas  Druel  à  Pierre  Le 
Cerf,  de  cinq  acres  de  terre  situées  à  Nostre-Dame-du-Val,  moyen- 
nant la  somme  de  40  livres  tournois. 

(Min.  du  tabell.  de  Grestain,  siège  de  Honfleur,  reg.  sept.  1607 
à  avril  1608.) 

LXXVI 

Bail  du  moulin  de  Carbec. 

1608,  2  février. 

Nicolas  Druel,  poursuivant  d'armes  de  la  grande  écurie  du  roy, 
recepveur  général  de  l'abbaye  de  Nostre-Dame  de  Grestain,  fait 
bail  du  moulin  à  bled  auxdicts  abbé  et  religieux  appartenant,  scitué 
à  Carbec,  vulgairement  appelé  le  moulin  Vicguen  (ou  Vigan  ^j,  à 

1.  Situé  à  peu  de  dislance  du  château  de  la  Pommeraye.  La  charrif-re  Vigan, 
les  bois  du  Vigan  sont  dénommés  dans  d'anciens  actes.  Le  moulin  du  ^  igan 
était  un  moulin  banal  de  l'abbave  de  Grestain. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  329 

la  charge  d'entretenir  les  eaux  dudict  moulin  en  leur  cours,  etc.,  k 
la  réservation  faite  par  le  bailleur  du  mouldre  des  sieurs  abbé, 
prieur  et  relligieux  dudict  lieu  de  Grestain,  ensemble  du  mouldre  du 
sieur  de  la  Pommeraye  ^  ;  le  bail  consenti  moyennant  le  prix  de  six- 
vingt  six  livres  de  ferme. 

(Min.  du  tabell.  de  Grestain,  siège  de  Honfleur,  reg.  sept.  1607 
à  avril  1608). 


LXXVII 

Ar'rêt  du  parlement  de  Rouen  qui  autoï'ise  la  recherche  en  justice^ 
par  audition  de  témoins,  des  tenanciers  de  l'abbaye  de  Grestain. 

1609,  30  mai. 

Henry,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  France  et  de  Navarre,  au 
premier  des  huissiers  de  nostre  court  de  parlement  ou  autre  nostre 
huissier  ou  sergent  sur  ce  requis,  salut.  Sur  la  requçste  présentée 
à  nostredicte  court  par  nostre  amé  et  féal  conseiller  en  nostre  par- 
lement de  Paris,  maistre  Pierre  Habert,  chanoine  en  l'église  cathé- 
drale dudict  lieu,  et  abbé  commendataire  de  labbaye  Nostre-Dame 
de  Grestain,  et  les  religieux  de  ladicte  abbaye,  narrative  que  à  rai- 
son des  troubles  et  guerres  civiles  qui  ont  eu  cours  en  ce  royaulme 
et  principalement  au  Pontaudemer,  Honnefleur  et  es  environ  depuis 
l'an  mil  cinq  centz  soixante  ung,  les  lettres,  tiltres  et  enseigne- 
mentz  concernantz  les  droictures,  rentes,  possessions  et  redevances 
de  ladicte  abbaye  ont  esté  à  la  pluspart  perduz  et  esgarez,  les  autres 
rompuz,  cassez  et  lacérez  par  les  gents  de  guerre,  ce  que  n'igno- 
rantz  les  redevables  et  tenantz  biens  et  héritages  dépendantz  de 
ladicte  abbaye  ils  denyent  et  ne  veulent  payer  ny  recongnoistre  les- 
dictes  rentes  et  arrérages  d'icelles,  droictz  et  debvoirs  dont  les  pré- 
décesseurs abbez  et  religieux  d'icelle  abbaye  de  Grestain  jouis- 
soient  auparavant  lesdictz  troubles,  tellement  que  la  plupart 
desdictes  rentes  sur  lesquelles  lesdictz  abbé  et  religieux  ont  à 
supporter  de  grandes  charges   se  trouvent  mises  en    contredict  et 

1.  Jean  Ilouël,  écuyer,  sieur  de  la  Pommeraye  et  de  Berville,  marié  à  Marie 
de  Toniielol,  vivait  en  1")98. 


330  l'abbaye  de  >otre-dame  de  grestain 

totalement  clénvées,  au  moyen  de  quoy  plusieurs  des  églises  et 
maisons  d'icelle  abbaye  sont  tombez  et  tombent  de  jour  en  jour  en 
ruyne,  et  n"y  a  moyen  de  satisfaire  aux  charges  d'icelle  ny  de  pou- 
voir faire  célébrer  et  continuer  le  service  divin  s'il  ne  leur  est  sur 
ce  pourvueu  ;  tendant  lesdictz  abbé  et  religieux  de  Grestain  par 
leur  dicte  requeste  à  ce  qu'il  leur  soit  permis  de  faire  exécuter  les 
tenantz  et  redevables  de  ladicte  abbaye  pour  tous  les  arrérages  des 
rentes  qui  se  trouveront  y  estre  deubz  et  escheuz  du  passé  jusques 
à  présent  en  vertu  des  lettres,  adveuz,  gaiges-plèges,  comptes, 
papiers,  journaulx,  et  autres  enseignementz  demeurez  ausdictz  abbé 
et  religieux  aprez  toutefîois  les  avoir  sommez  en  général  aux 
prosnes  des  messes  paroissialles  que  besoing  sera,  ou  en  particulier 
par  les  prevostz  de  ladicte  abbaye,  huissiers  et  sergentz  royaulx, 
de  venir  à  1  amyable  compter  et  représenter  les  acquitz  de  ce  qu'ilz 
auront  payé  et  sans  que  lesdictz  redevables  après  ceste  interpella- 
tion et  faulte  d'y  avoir  satisfaict  puissent  prétendre  aucuns  dom- 
mages ny  interestz  desdictes  exécutions  et  sans  aussy  qu'ilz  se 
puissent  ayder  de  prescription  pour  le  temps  desdictz  troubles  et 
guerres  civiles.  Veu  par  nostredicte  court  ladicte  requeste,  arrest 
d'icelle  intervenu  sur  pareille  requeste  présentée  par  les  abbé  et 
religieux  de  Sainct  Pierre  de  Préaux,  le  quatreiesme  mars  mil  six 
centz  trois,  et  oy  le  conseiller  commissaire  :  nostre  dicte  court  ayant 
esgard  à  ladicte  requeste  a  permis  et  permet  ausdictz  abbé  et  reli- 
gieux de  Nostre-Dame  de  Grestain  de  faire  fournir  et  interpeller 
par  le  premier  huissier  ou  sergent  royal  sur  ce  requis  toutes  les 
personnes  qui  se  trouveront  redevables  ausdictz  demandeurs  à  cause 
de  ladicte  abbaye  par  les  registres,  papiers,  journaulx,  lettres, 
tiltres  et  enseignementz  qui  leur  sont  demeurez,  d'exhiber  ausdictz 
demandeurs,  leurs  receveurs,  fermiers  et  préposez  leurs  acquitz  et 
descharges  si  aucunes  en  ont  et  de  comparoir  à  ladicte  abbaye  si 
faire  le  peuvent  dans  certain  compétent  jour  de  l'interpellation  qui 
leur  sera  faicte  pour  amiablement  compter  et  arrester  au  certain  les 
sommes  deues  par  lesdictz  redevables,  autrement  à  faulte  de  ce  faire 
et  ledict  temps  de  l'assignation  escheu  et  passé,  nostre  dicte  court  a 
dès  à  présent  permis  et  permet  ausdictz  demandeurs,  leurs  fer- 
miers et  receveurs  faire  exécuter  par  le  premier  huissier  ou  sergent 
sur  ce  requis  les  tenantz  et  subiectz  des  fiefz  et  terres  appartenantz 
à  iceulx  demandeurs  à  cause  de  ladicte  abbave,  en  vertu  des  lettres. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  331 

comptes,  p.ipiers,  journaulx,  titres  et  enseig-nementz  qui  leur  seront 
demeurez,  pour  les  sommes  qui  se  trouveront  estre  deubz  à  ladicte 
abbaye,  sans  que  lesdictz  redevables  ayantz  esté  refusant/  ou 
delayantz  d'exhiber  leursdictz  acquitz  et  descharges  et  de  venir 
compter  puissent  prétendre  aucuns  despens,  dommages  et  interestz 
à  cause  desdictes  exécutions,  et  ne  pourront  lesdictz  redevables  eulz 
ayder  de  prescription  ou  possession  alencontre  desdictz  demandeurs 
pour  le  temps  desdictz  troubles  et  guerres  civiles  sinon  à  commen- 
cer depuis  Tannée  mil  cinq  centz  quatre  vingtz  quatorze.  Pour  ce 
est-il  que  nous  te  mandons  ce  présent  arrest  et  ordonnance  de 
nostre  dicte  court  mettre  à  deue  et  entière  exécution  en  tant  qu'il 
en  sera  par  toy  k  exécuter  et  que  requis  seras  de  la  part  desdicts 
abbé  et  religieux  de  Nostre-Dame  de  Grestain,  contraignant  à  ce 
faire,  souffrir  et  y  obéyr  tous  ceulx  qu'il  appartiendra  et  qui  pour 
ce  seront  k  contraindre  par  toutes  vo^^es  deues  et  raisonnables  ;  de 
ce  faire  te  donnons  pouvoir  et  auctorité,  mandons  et  commandons 
k  tous  noz  justiciers,  officiers  et  subiectz  que  k  toy  en  ce  faisant  ilz 
obéissent.  Donné  k  Rouen  en  nostre  dicte  court  de  parlement,  le 
trentiesme  jour  de  may,  l'an  de  grâce  mil  six  centz  et  neuf,  et  de 
nostre  règne  le  vingtiesme. 

Par  la  cour  : 
(Arch.  munie,  de  Honfleur,  carton  23.) 


LXXVIIl 

Bail  des  dîmes  de  Munneville-sur-Mer  '. 

1610,  30  juin. 

Noble  homme  Nicolas  Druel,  poursuivant  d'armes  de  la  grande 
écurie  du  roy,  ayant  bail  passé  devant  Moufle  et  Sylvestre,  notaires 
royaux  au  Chastelet  de  Paris,  le  2G''  de  may  1607,  pris  k  ferme  de 
messire  Gezar-Auguste  de  Bellegarde,  baron  de  Termes  -,  gentil- 
homme ordinaire  de  la  chambre  du  roy,  premier  escuyer  de  la 
grande  escurie  de  S.  Majesté,...  tout  le  revenu  temporel  de  l'abbaye 

1.  Manche,  arr.  de  Coulaiices,  cant.de  Brehal. 

2.  Le  baron  de  Termes  ne  possédait  plus  rahliaye  de  Grestain  en  1010,  date 
du  présent  acte. 


332  L  ABBAYE    DE    iNOTKE-DAME    DE    GKESTAIN 

de  Nostre-Dame  de  Grestain,  lequel  sieur  Druel  a  recongneu  avoir 
faict  bail  des  dismes  en  grains  de  la  paroisse  de  MeuUeuville-sur- 
la-mer  avec  les  rentes  en  deniers,  g-rains,  œufz,  oyseauly,  reliefs, 
traiziesmes  et  domeyne  non  fieffé  et  terre  ainsy  que  les  revenus, 
droictz  et  devoirs  seig-neuriaux,...  moyennant  la  somme  et  prix  de 
200  livres  tournois,  etc. 

(Min.   du  tabell.    d'Auge,  siège  de    Honfleur,  reg.  mai   à  sept. 
1610.) 


LXXIX 

Quittance  d'une  redevance  due  à  la  léproserie  de  Saint-Laurent 

de  Grestain. 

1610,  4  décembre. 

Du  samedy  advant  midy,  quatriesme  jour  de  décembre  audit  an 
mil  six  centz  dix,  à  Honnefleur,  en  l'escriptoire,  devant  les,  etc.. 

Fut  présent  domp  relligieuse  personne  Jehan  Le  Mercher,  infir- 
mier claustral  de  Tabbaye  de  Nostre-Dame  de  Grestain  et  chappel- 
lain  de  la  léproserie  de  Sainct-Laurent  dudict  lieu  de  Grestain, 
lequel  confessa  avoir  eu  et  receu  de  Laurent  Le  Tailleur  i,  filz 
Jehan  -  bourgeois  demeurant  en  la  jDarroisse  de  Saincte-Catherine 
dudict  Honnefleur,  présent,  le  nombre  de  deux  boisseaux  de  bled 
forment,  mesure  de  Beuzeville,  pour  une  année  d'arréragé  de  sem- 
blable nombre  de  rente  fondière  ou  seigneurialle  que  Le  Taillois  a 
dict  et  recongneu  estre  tenu  et  subject  faire  chacun  an  audict  sieur 
infirmier,  les  jour  et  feste  de  sainct-Michel  en  ladicte  chappelle  et 
léproserie  de  Sainct-Laurens  de  Grestain,  etc. 

(Min.  du  tabell.  d'Auge,  siège  de  Honfleur,  années  1610-1611, 
foL  206  Y\) 


4.   Lire:  Le  Taillois. 

2.  Jean    Le  Taillois  était   le  fils  de   Rauliii   Le  Taillois  dit  Secalart,  pilote 
royal,  connu  pour  ses  relations  avec  Jean  Alfonse. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  333 

LXXX 

lieilevance  duc  à  la  léproserie  de  Saint-LaurenI  de  Grestain. 
1610,  18  décembre. 

Du  samedi  advant  midy,  dixhuitiesme  jour  de  décembre  audict 
an  mil  six  centz  dix,  etc. 

Fut  présent  domp  relligieuse  personne  m""  Jehan  Le  Mercher, 
infirmier  claustral  de  Tabbaye  de  Nostre-Dame  de  Grestain  et 
chappellain  de  la  léproserie  dudict  lieu  de  Grestain,  lequel  con- 
fessa avoir  eu  et  receu  de  Laurens  Le  Tailleur,  filz  Jehan  ^,  bour- 
geois demeurant  en  la  parroisse  de  Saincte-Catherine  dudict  Hon- 
nefleur,  présent,  le  nombre  de  trois  boisseaulx  de  bled  forment, 
mesure  de  Beuzeville,  pour  leur  année  darrérage  de  semblable 
nombre  d'une  rente  fondière  et  seigneurialle  que  ledict  Le  Taillois 
a  dict  et  recongneu  estre  tenu  et  subject  faire  chacun  an  audict 
sieur  infirmier  lesd,  jour  et  feste  de  sainct-Michel  en  ladite  chap- 
pelle  et  léproserie  de  Sainct- Laurens  de  Grestain,  à  cause  d'une 
pièce  de  terre  en  labour  et  plus  avec  les  hayes  des  costé  et  boult 
dessus  estant/,  scituée  et  assise  en  la  paroisse  de  Berville-sur-la- 
mer,  etc. 

(Min.  du  tabell.  d'Auge,  siège  de  Honfleur,  années  lGiO-1611, 
fol.  247  V".) 


LXXXI 

Arrêt    du  parlement  de  Rouen  en  faveur  de  Vahhaye  de  Grestain 
au  sujet  des  droits  de  varech.  Du  mois  de  septembre  U)1*2  -. 


1.  Voyez  plus  haut,  ii"^  79. 

2.  Pour  ordre.  L'arrêt  fut  rendu  à  ta  suite  d'un  procès  jugé  en  première 
instance  par  l'amirauté  de  Honfleur.  La  pièce  ci-après  (n"  82)  en  fait  mention. 
Mais  nous  n'en  avons  pas  trouvé  le  texte  aux  Arcli.  dép.  de  la  Seine-Inférieure 
reg.  n°  280  des  mois  de  septembre-octobre  1612. 


334  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

LXXXII 

Accord    conclu   entre    Vahhé    de    Grestain    et    Raoullin    Goulley, 
maître  de  navire,  au  sujet  des  droits  de  varech. 

1612,  1 1  novembre. 

Raoullin  GouUev,  maistre  de  navire,  demeurant  a  Caen,  a  tenu 
quitte  m*"  Nicollas  Druel,  poursuivant  d'armes  de  la  grande  escurie 
du  roy,  demeurant  à  Honnefleur,  pour  et  au  nom  de  mgr.  m®  Pierre 
Habert,  conseiller  du  roy  en  sa  cour  de  parlement  à  Paris,  cha- 
noine de  Tesglise  cathédrale  de  Nostre-Dame  dudict  Paris,  abbé  de 
l'abbaye  de  Grestain  en  Normandie,  par  procuration  passée  à  Paris 
le  lo"  de  mai  1609...  de  tous  intherests  et  despens  taxez  ou  à  taxer, 
à  quoy  ledit  sieur  Druel  auroit  esté  condempné  en  sa  qualité  de 
procureur  par  arrest  donné  au  parlement  de  Normandie  au  mois  de 
septembre  dernier,  à  cause  de  certain  procez  meu  en  la  jurisdiction 
de  Famirauté  en  ce  lieu  [de  Honnefleur]  sur  une  poursuite  faite  par 
ledit  Goulley  contre  Jacques  Bertin  dit  Lefebvre  pour  le  sauvetage 
de  plusieurs  agretz  d'un  navire  périclité  en  mer  appartenant 
audit  Goulley,  desquels  led.  sieur  Druel,  au  nom  d'icellui  abbé 
s'estoit  ensaisiné  pour  la  conservation  des  droits  de  ladite  abbaye 
comme  étant  un  droit  de  varest...  Pour  éviter  de  plus  grands  frais, 
au  moyen  du  présent  acquit  ledit  sieur  abbé  demeure  quitte  moien- 
nant  la  somme  de  six  vingt  dix  livres  tournois  présentement  paiez 
par  led.  sieur  Druel  audit  sieur  Goulley.  etc. 

(Min.  du  tabell.  d'Auge,  siège  de  Honfleur,  reg.  sept.  1612  à 
janv.  1613.) 

LXXXIII 

Marche' pour  le  pavement  du  pont  de  Saint-Sauveur. 
1612,  8  décembre. 

Nicolas  Bernon  et  Jean  Pouchin,  maistres  du  métier  de  ma(,'on, 
demeurant  à  Honnefleur,  se  sont  submis  et  obligez  m*  Nicolas  Druel, 
poursuivant  d'armes  de  la  grande  escurie  du  roy,  et  recepveur  du 
sieur  abbé  de  Grestain,  scavoir  est  de  paver  bien  et  deument  de 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


335 


cailloux  le  pont  de  Saint-Saubveur  ^  ayant  de  longueur  soixante  et 
quatre  pieds...  moyennant  la  somme  de  80  livres  tournois. 

(Min.  du  tabell.  dAuge,  ii  Honfleur,  reg-.  sept.  Il)l2  à  janv. 
1613.) 

LXXXIV 

Qui/lances   de   divers    reliijleux   de   Grestain  pour 
leur  pension  annuelle. 

1613. 

16iS,  ÎS  avril.  —  Dom  Jacques  Le  Garpentier,  prestre,  prieur 
claustral  de  1  abbaye  Nostre-Danie  de  Grestain,  a  receu  de  Nicolas 
Druel,  poursuivant  d'armes  de  la  maison  du  roy,  recepveur  général 
de  ladite  abbaye  de  Grestain,  la  somme  de  200  liv.  oultre  deux 
boisseaux  de  bled  pour  une  année  de  sa  pension,  nourriture  et  entre- 
tenement  dudit  sieur  prieur. 

iHI3,  ^20  avril.  —  Dom  Guillaume  Lenguigneur,  religieux  de 
lad.  abbaye,  a  receu  de  Nicolas  Druel  la  somme  de  200  liv.  et 
seize  boisseaux  de  bled  pour  une  année  de  sa  pension. 

iÔiS,  20  avril.  —  Doin  Nicolas  Bunel,  religieux,  aumosnier  en 
l'abbaye  de  Nostre-Dame  de  Grestain,  a  receu  de  Nicolas  Druel  la 
somme  de  200  liv.  et  seize  boisseaux  de  bled,  le  tout  pour  une 
année  de  sa  pension. 

16UJ,  27  avril.  —  Dom  Guillaume  Le  Chevallier,  religieux  en 
l'abbaye  de  Nostre-Dame  de  Grestain,  a  receu  de  Nicolas  Druel  la 
somme  de  200  livr.  et  seize  boisseaux  de  bled,  pour  une  année  de 
sa  pension. 

i6iS,  27  avril.  —  Dom  Guillaume  Harou,  prestre,  religieux  en 
l'abbaye  de  Nostre-Dame  de  Grestain,  a  receu  de  Nicolas  Druel  la 
somme  de  200  liv.  et  seize  boisseaux  de  bled. 

(Min.  du  tabell.  d'Auge,  siège  de  Hontleur,  reg.  janvier-avril 
1613.) 

1.  La  Rivièrc-Sainl-Sauveur,  canl.  de  Honfleur,  Calvados.  Le  pont  désigné 
ici  était  étal)li  sur  l'Orange,  ruisseau  (jui  tomijait  dans  Testuaire  de  la  Seine, 
en  amont  de  Hondeur  et  dont  le  cours  a  été  changé.  (Test  l'ancien  pont  du 
hameau  de  »  (armanfleu  »  ou  «  Crematleu  »  dont  il  est  fait  mention  en 
14oi,  et  c'est  le  lieu  où  se  trouvait  le  petit  port  de  <(  Crameflcu  »,  CremanfJour, 
cité  en  12:i2,  M^y.],  1283,  1297. 


336  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

LXXXV 

Accord  au  sujet  du  droit  de  pâturage  sur   les  bancs  de  la  Seine, 

1615,  8  août. 

Furent  présents  Jacques  de  Gourseulle,  escujer,  sieur  d'Ailly, 
Gonneville,  Saint-Christophe,  La  Haye-Bertrand  et  Cremanville 
demeurant  en  son  manoir  seigneurial  dudit  lieu  de  Gonneville, 
Jacques  de  Gallais,  escuyer,  seigneur  de  Manneville-la-Raoult  et  y 
demeurant  et  Michel  de  Thonnetot  aussy  escuyer,  seigneur  de  la 
terre  du  Faveril  et  de  Berville-Thonnetot,  demeurant  en  la  paroisse 
d'Esquainville  ;  lesquels,  présence,  instance  et  requeste  de  messire 
Charles  de  Brèvedent  aussi  escuier,  sieur  du  Valbrun,  demeurant  à 
présent  au  Pontlevesque,  ont  volontairement  agréé,  ratiffîé  et  eu  pour 
agréable  certain  contract  en  forme  de  transaction  faite  par  ledit 
sieur  de  Valbrun  tant  en  son  nom  soy  faisant  fort  desdits  sieurs  que 
de  noble  homme  messire  Jean  de  Brèvedent,  escuier,  sieur  du  Bos- 
cage,  Saint-Nicol,  Manneville  et  Daubeuf,  conseiller  du  roy  en  sa 
cour  de  parlement  de  ceste  province,  messire  Georges  de  Brèvedent, 
escuier,  sieur  de  Mont-Chaudet,  et  de  NicoUas  de  Brèvedent  aussy 
escuier,  seigneur  de  Mont-Rabut,  avec  messire  Pierre  Habert,  abbé 
de  la  Roche  et  de  Nostre-Dame  de  Grestain,  conseiller  du  roy  en 
ses  privé  conseil  et  d'Estat  et  maistre  des  requestes  ordinaires  de 
son  hostel,  demeurant  en  la  ville  de  Paris,  rue  de  Bracque,  parroisse 
de  Saint-Nicollas-des-Champs,  passé  devant  Jehan  Le  Normand  et 
Laurent  Haultdesens,  notaires  et  gardes  nottes  du  roy  nostredit  sei- 
gneur en  son  Chastelet  de  Paris,  le  vendredy  dixiesme  juillet  der- 
gier,  contenant  comme  lesdits  sieurs  de  Cremanville,  Manneville-la- 
Raoult  et  Berville-Thonnetot  '  avoient  droict  de  pasturer  et  herbager 
annuellement  sur  les  bancs  et  bastures  estants  depuis  Honnefleur 
jusques  par  delà  ladite  abbaye  de  Grestain  au  rivage  de  la  mer, 
chacun  le  nombre  de  cinq  cents  bestes,  eux  et  leurs  successeurs, 
sans  pour  ce  estre  aucunement  troublez  ny  empeschez  jusqu'à  la 
conséquence  et  quantité  de  deux  mil  bestes  tant  moutons,  brebis, 
vaches,    bestes  quevallines,    et  sans  que  pour  ce   lesdits  sieurs  ny 

1.  Ou  Berville-sur-Mer, 


PlECtS    JLSIIKICATIVLS 


337 


leurs  successeurs  desdiles  sieuries,  eux  ou  autres  ayant  pouvoir 
d'eux,  leurs  recepveurs  ou  fermiers  seroient  tenus  de  payer  audit 
sieur  abbé  et  ses  successeurs  abbez  dudit  Grestain,  leurs  recepveurs 
ou  fermiers,  aulcun  droict  ou  redebvance  ny  recongnoissance  quel- 
conque jouxte  et  ainsy  que  plus  à  plain  est  refferé  audit  contract 
prédabté,  duquel  lecture  mot  après  autre  a  esté  présentement 
faicte,  etc. 

(Min.  du  tabell.  d'Auge,  siège  de  llonfleur,  reg.  mai-sept.1015, 
fol.  203.1 


LXXXVI 

Aveu  rendu  aux  religieux  de  Grestain  pour  un  tenernent 
sis  à  Fique fleur. 

1630,  2  mai. 

De  nobles  et  relligieuses  pers-onnes  nos  sieurs  les  abbé,  relligieulx 
et  couvent  de  l'abbaye  de  Grestain,  nous  André  et  Jehan  dictz  Gal- 
lois, frères,  confessons  et  advouons  à  tenir  de  nosdictz  sieurs  en 
leur  haulte  justice  par  tenernent  neuement  vme  pièce  de  terre  en 
court  et  plant  avec  les  maisons  sus  séantes  contenant  une  vergée 
assisse  en  la  paroisse  de  Ficquefleur,  bornée  d'un  costé  les  héritiers 
de  detTunct  Thomas  Regnoult,  d'autre  costé  la  sente  ou  chemin 
tendant  du  galley  de  la  mer  au  marché  de  Ficquefleur  ^  d'un  bout 
nousdictz  Gallois  à  la  réputation  des  héritiers  de  Louis  Pitaut,  et 
d'autre  bout  Geufîray  Vivien  k  cause  de  sa  femme,  laquelle  pièce 
de  terre  nous  appartient  au  droict  de  la  succession  de  deffunct 
Nicollas  Gallois,  notre  père.  A  cause  duquel  tenement,  nous 
sommes  tenus  et  subjectz  faire  et  paier  de  rente  seigneurialle,  par 
chacun  an,  au  terme  de  la  sainct-Michel,  six  solz,  foy,  hommage, 
etc.  Signé  :  Gallois,  ung  paraphe. 
(Copie.) 

i.  Marché  au  poisson  qui  avait  une  certaine  importance  au  xiii'*  siècle. 
Beaucoup  plus  tard,  en  1480,  il  est  encore  signalé  et  un  procès-verbal  do  bor- 
nage fait  connaître  que  ce  marché  était  alors  compris  dans  la  banlieue  de  llon- 
fleur. 

Ch.  H»û  vui>.  —  L'ahhnye  de  .\utrc-Dnme  de  Grestain.  22 


338  l'aUBAYE    de    NOTKE-D.VME    de    GRESTAIiN 


LXXXVII 

Procuration  donnée  par  Augustin   de    Thou,    abbc  comniendataire 
de  Nostre-Dame  de  Greslain. 

1632,  (')  août. 

Pardevant  nous  Jullien  Deille,   notaire  royal  k  Angers,  fut  pré- 
sent, estabW  et  duement  soubmis,  messire  Augustin  de  Thou,  con- 
seiller et  omosnier  du  roy,  abbé  de  l'abbaye  de  la  Roe,  en  Anjou, 
et  de  Grestain,   évesché  de  Lizieux,   païs   de  Normandie,   logé  en 
l'enclos  de  labbaye  Saint-Aulîin  d'Angers,  lequel  de  son  bon  gré  a, 
par  ces  présentes,  nommé   et  constitué,  nomme  et  constitue  Guil- 
laume  Charlemaine,  sieur  de  la  Champaigne,   pour  son  procureur 
général  et  spécial,...  de  faire  toute  et  chacune  les  poursuites  néces- 
saires en  toute   court  et  jurisdiction  que  besoing   sera  jusques    à 
sentence  et  arrest  définitif  pour  clamer  et  réclamer  au  nom  de  laditte 
abbaye  de  Grestain  la  nulle  et  prétendue  alliénation  du  fief,  terre 
et  seigneurie  de  MuUeville  près  la  mer  ',  au  diocèse  de  Constances, 
dépendant  et  appartenant  à  laditte  abbaA'e,  icelle  alliénation  faite  par 
messire  Pierre  Habert,  lors  abbé  comniendataire  d'icelle  abbaye  de 
Grestain,  pardevant  les  notaires  de  Paris  en  faveur  et  au  proflit  de 
Claude  Belin  ~,  escuier,  et  pour  cest  eifect  rendre  où  besoing  sera 
soit  audit  Belin  soit  à  autres  fondés   de  ses  droicts  et  possesseurs 
dudit  fief,  terre  et  seigueneurie  en  tout  ou  en  partie  le  prix  de  laditte 
prétendue   alliénation    montant  k  la   somme  de  deux  mille  quatre 
cents   livres  mesmes  ou  plus  grande  somme  k  quoy  ledict  consti- 
tuant pourroit  et  seroit  trouvé  tenu  faire  ou  les  consigner  si  faire  se 
doibt...   Faict    audict  Angers,  maison  dudict  sieur  abbé,  présents 
m''*  Jacques  Bernard,  sieur  du  Breuil,  et  Jacques  Baudin  demeurans 
audict  Angers,  tesmoings  requis  et  appelés  le  vendredi  avant  midy, 
sixiesme  jour   d'aoust,    l'an  mil   six   cent   trente   deux,    signés  au 
registre  :    Augustin    de    Thou  ;    J.    Bernard  ;   J.    Baudin,    et  nous 
notaire  signé  au  bas  d'icelle,  un  paraphe. 

1.  Munneville-sur-Mer,  arr.  de  Coutances,  cant.  de  Bi'élial. 

2.  Famille  anoblie  en  1610,  d'après  la  Becherchn  de  la  noblesse  de  1666. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  339 

Et  plus  bas  est  escript  ce  qui  ensuict  : 

L'an  mil  six  cent  trente  trois,  le  sixiesme  jour  de  juing,  au  clia- 
pittre  et  csuvent  de  l'abbaye  de  Nostre-Dame  de  Grestain  assemblé 
au  son  de  la  cloche  capitullaire  dudict  lieu,  où  se  sont  trouvez  domp 
Jean  Le  Mercier,  prieur  claustral  et  grand  vicaire  de  laditte  abbaye, 
domp  Jean-Baptiste  Thirel,  domp  Guillaume  Harou,  domp  Guil- 
laume Lengeigneur,  domp  Guillaume  Le  Chevallier,  domp  Claude 
de  Grosourd}^  et  domp  Pierre  Bainel,  prestres,  relligieux  et  profès 
de  laditte  abbaye,  fondant  ledict  chapittre  pour  eux  et  les  absents, 
lecture  et  délibération  faicte  de  la  procuration  cy-dessus,  le  cha- 
pittre de  laditte  abbaye  a  de  sa  part  par  espécial  donné  pouvoir  à 
m*"  Guillaume  Charlemaine,  sieur  de  la  Champaigne,  desnommé  en 
icelle...  de  faire  toutes  les  poursuites  nécessaires  pour  le  contenu 
en  ladicte  procuration.  En  foy  de  quoy  le  présent  acte  a  été 
signé,  etc. 

(Reg.  du  tabellionage  de  Beuzeville  ;  étude  de  m"'  Paul  Bréard  à 
Honfleur.) 

LXXXVIII 

Aveu  rendu  aux  relujieux  de  Grestain  pour  un  tenenient 
sis  à  Honfleur. 

1633,  7  mai. 

De  nobles  et  relligieuses  personnes  nos  sieurs  les  abbé  et  relli- 
gieulx  de  l'abbaie  de  Nostre-Dame  de  Grestain,  je  Ollivier  Mathière, 
bourgeois  de  Honnefleur,  tiens,  confesse  et  advoue  à  tenir  de  nos- 
dictz  sieurs  en  leur  haulte  justice  dudict  Grestain  par  tenement 
neuement  une  pièce  de  terre  contenant  une  perche  et  le  cart  d'une 
perche  sur  laquelle  il  y  a  une  maison  à  uzage  de  demeure,  consis- 
tant en  une  salle,  chambre  et  grenier  avec  un  jardin  à  poreu  assis 
en  la  paroisse  de  sainct  Léonard  dudict  Honnefleur,  qui  borne  d'un 
costé  et  d'un  boult  Jacques  Hobey  à  cause  de  sa  femme,  d'aultre 
costé  Michel  Bourgeot,  filz  Jeuffin,  et  une  allée  commune  entre 
ledict  Bourgeot  et  ledict  Mathière,  et  d'aultre  boult  le  pavement  de 
la  grande  rue  dudict  sainct  Léonard,  laquelle  pièce  de  terre  et  mai- 
son m'apartient  au  droict  d'acquisition  que  j'en  ay  faicte  de  Charles 


340  l'abuave  di:  notre-dame  de  grestain 

Jourdain,  à  cause  duquel  tenement  je  suis  tenu  et  subject  faire  et 
paier  de  rente  seigneurialle,  par  chacun  an,  à  nosdicts  sieurs,  au 
terme  de  sainct-Michel,  douze  deniers  avec  foy,  hommage,  reliefs, 
traiziesmes,  comparence  de  gaiges-plèges,  obéissance  de  court  et 
jurisdiction  et  droictz  sieuriaulx. 

Mathière, 

(Orig.) 

LXXXIX 

Consentement  donné  par  les  religieux  de  Grestain  à  la  nomination 
d'un  procureur  de  V abbaye. 

1633,  6  juin. 

Les  pères  et  relij^ieux  profès  de  Tabbaye  de  \otre-Dame  de  Gres- 
tain :  dom  Jehan  Le  Mercier,  prieur  claustral  et  grand  vicaire  de 
lad.  abbaye,  dom  Jehan-Baptiste  Thirel,  dom  Guillaume  Harou, 
dom  Guillaume  Lengeig-neur,  dom  Guillaume  Le  Chevallier,  dom 
Claude  de  Grosourdy  et  dom  Pierre  Baynel  (ou  Bynel)  assemblez 
au  son  de  la  cloche  en  une  délibération  capitulaire,  ont  confirmé 
Guillaume  Charlemaine,  sieur  de  la  Champagne,  conseiller  esleu 
pour  le  roy  en  l'élection  du  Pont-Audemer,  aux  fonctions  et  qua- 
lité de  procureur  de  messire  Augustin  de  Thou,  conseiller  et  aumô- 
nier du  roy,  abbé  commendataire  de  Tabbaye  de  Grestain. 

(Min.  du  tabell.  de  Beuzeville,  année  1633.) 


XC 

Aveu  relatif  à  une  pièce  de  terre  située  à  La  Rivière  du  Xeubourg, 
paroisse  Saint-Léonard  à  Honfleur  '. 

1634,  3  juillet. 

De  messieurs  les  prieur  et  relligieulx  de  l'abbaye  et  monastère 
de  Nostre-Dame  de  Grestain,  seigneurs  des  fîefz,  terres  et  seigneu- 

1.  L'intérêt  de  ce  document  réside  dans  renonciation  du  lieu  dit  la  Rivière 
du  Xeufhourff,  dénomination  que  l'on  rencontre  très  rarement  employée  pour 
désigner  le  hameau  de  La  Rivière.  Elle  est  néanmoins  fort  ancienne,  car  les 
termes  «  in  Novo  Burgo  v  se  trouvent  dans  la  charte  de  1189  que  nous  donnons 
sous  le  n°  l''»"  des  pièces  justif. 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


341 


ries  des  Faulques,  assise  en  lu  parroisse  de  Beuzeville,  la  Posterie, 
la  Goste  et  La  Rivière  du  Neuf  bourg,  scituez  et  assizes  aux  par- 
roisses  de  Berville-sur-la-mer  et  sainct-Léonard  de  Honnefleur, 
fondées  en  lesglise  de  leurdicte  abbaye  à  cause  des  chappelles  de 
leurdicte  esglize,  j'ay  Thomas  Goubard,  bourgeois  dudict  Honne- 
lleur,  tiens  et  confesse  et  advoue  à  tenir  de  mesdicts  sieurs  en  leur- 
dicte sieurie  de  La  Rivière  par  tenement  nuement  une  pièce  de 
terre  en  labour  et  plant  contenant  demie  acre,  assize  en  ladicte  par- 
roisse dudict  sainct  Léonard,  bornée  des  deulx  costés  et  d'un 
boult  moidict  Goubard  et  d'aultre  boult  le  chemin  de  Cantelou, 
laquelle  pièce  m'apartient  à  la  représentation  des  hérittiers  de  Jean 
le  Cordier  ;  à  cause  duquel  tenement  je  suis  tenu,  subiect  faire  et 
paier  de  rente  seigneurialle,  par  chacun  an,  à  nosdicts  sieurs  à 
cause  de  leurs  chapelles,  au  terme  de  la  sainct-Michel  douze  sols, 
six  deniers  ;  au  terme  de  Pasques,  douze  sols,  six  deniers,  foy, 
hommage,  relliefs,  traiziesmes,  comparence  de  plès  et  gaiges-plès, 
et  droictz  seigneuriaux,  le  cas  offrant,  etc. 
(Orig.) 

XCI 

Bail  par  les    religieux  de  Grestain   du   revenu   de    leurs  chapelles 

ou  bénéfices. 

1640,  11  juillet. 

Nous  soubzsignés  dom  Jehan  Le  Merchier,  prieur  claustral  et 
grand  vicaire  de  Grestain,  dom  Jehan-Baptiste  Thirel,  sacristain, 
dom  Guillaume  Ilarou,  chantre,  dom  Guillaume  Lenguigneur, 
aumônier,  dom  Guillaume  Le  Chevallier,  réfecturier,  dom  Claude 
de  Grosourdy,  dom  Pierre  Bynel,  dom  Jacques  Thirel,  tous  reli- 
gieux profès  en  lad.  abbaye,  confessons  avoir  baillé  à  tiltre  de 
ferme  pour  six  ans  à  NicoUas  et  Jacques  Pynel  dit  La  Feuillade, 
bourgeois  de  Hontleur,  tout  ce  qui  peut  nous  competter  et  appar- 
tenir à  cause  de  noz  chapelles,  tant  en  dismes,  deniers,  grains, 
œufz,  oyseaulx,  reliefs,  traiziesmes,  amendes  ([ue  autres  choses  par 
le  prix  et  somme  de  200  livres  tournois. 

(Acte  annexé  aux  min.  du  tabell.  de  Grestain,  siège  de  Honfleur, 
reg.  avril  1(157  à  avril  KJ^jS,  fol.  14i.) 


342  l'abbaye  de  notre-dame  de  CtRestain 


XCII 

Lettres  patentes  sur  arrêt  du  parlement  de  Rouen  qui  ordonne  de 
procéder  aux  réparations  des  bâtiments  de  V abbaye  de  Notre- 
Dame  de  Grestain  et  prescrit  d'y  employer  le  tiers  du  revenu. 

1643,  6  novembre. 

Louis,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  France  et  de  Navarre,  à  tous 
ceulx  qui  ces  lettres  verront,  salut.  Veu  par  nostre  cour  de  parle- 
ment larrest  dicelle  du  sixiesme  jour  d'octobre  dernier,  rendu  entre 
messire  Gaston-Jean-Baptiste  Savary  de  Brèves,  abbé  comnienda- 
taire  de  l'abbaye  Xostre-Dame  de  Grestain,  ordre  de  Saint-Benoist, 
d'une  part,  et  les  prieur,  relig-ieux  et  couvent  de  ladicte  abbaye  de 
Grestain,  d'autre,  par  lequel  auroit  esté  ordonné  que  les  parties 
viendroient  sur  l'appel  dudit  de  Brèves  au  prochain  jour,  et  ayant 
esgard  à  la  requeste  desdicts  prieur  et  religieux,  ordonné  que  pro- 
cès-verbal seroit  dressé  du  lestât  des  bastiments  de  lad.  abbaye  par 
le  jug-e  royal  des  lieux,  permis  à  cet  etfect  auxdicts  prieur  et  reli- 
gieux de  faire  saisir  et  arrester  la  quatrième  partie  du  revenu  de 
lad,  abbaye  saouf  à  augmenter  si  faire  ce  debvoit  exploictz  de  signi- 
fication dudit  arrest  tant  audit  abbé  que  au  receveur  de  hdicte 
abbaye  des  treize  et  quinziesme  dudict  mois  ;  acte  de  la  nomination 
d'experts  faicte  par  maistre  François  Legras,  lieutenant  du  bailly 
de  Rouen  au  siège  de  Ponteaudemer,  du  saiziesme  du  même  mois  ; 
exploictz  d'assignations  tant  auxdicts  experts  que  audict  de  Brèves, 
abbé  des  dix-sept  et  dix-huitiesme  ;  autre  acte  de  jurande  desdictz 
experts  pardevant  ledict  juge,  du  dix-neuviesme  dudict  mois  ;  pro- 
cès-verbal dressé  par  ledict  Legras,  lieutenant,  présence  desdictz 
experts  des  réparations  nécessaires  à  faire  en  ladicte  abbaye  et 
sommes  qu'ilz  y  convient  employer,  du  vingtiesme  dudit  mois  d'oc- 
tobre ;  requeste  présentée  à  nostredicte  cour  par  lesdictz  prieur  et 
religieux,  le  vingt-neuviesme  dudict  mois  d'octobre  dernier  à  ce 
que  la  somme  de  quatre  mille  livres  présentement  deue  par  Le  Pain- 
teur,  fermier  général  de  ladicte  abbaye,  demeure  saisie  pour  estre 
employée  auxdictes  réparations  sur  icelle  préalablement  pris  deux 
cens-vingt  livres  deues  pour  ornements  nouvellement  fournis  en 
l'esglise  dicelle  abbaye,  ensemble   les  fraiz  qu'il  convient  faire  par 


PIÈCES    .IISIIFIC.ATIYKS 


.343 


lesdicts  religieux  à  la  poursuite  de  ladicte  instance  ;  acte  exercé 
entre  les  parties  devant  le  conseiller  commissaire  le  dernier  jour 
dudit  mois  ;  conclusions  de  nostre  procureur  général  et  oiiy  le  rap- 
port du  conseiller  commissaire,  soict  considéré  nostredicte  cour  par 
son  arrest  ce  requérant  nostredict  procureur  général,  et  ayant 
es"-ard  à  ladicte  requeste,  a  ordonné  et  ordonne  qu'il  sera  procédé 
incessamment  aux  réparations  des  édiffices  de  ladicte  abbaye  et 
faict  achapt  d'ornementz  et  choses  nécessaires  pour  la  célébration 
du  service  divin  en  icelle,  à  laquelle  iin  le  tiers  du  revenu  de  ladicte 
abbaye  y  sera  enployé  sur  icelle,  tiers  pris  par  privilège  la  somme 
ordinaire  pour  les  décimes  à  quoy  ladicte  abbaye  est  taxée  annuel- 
lement et  le  surplus  sera  employé  aux  réparations  et  achapt  d'orne- 
ments faict  par  le  devis  et  direction  de  Domp  Félix  Pasquier, 
prieur  de  l'abbaye  du  Bec,  es  mains  duquel  les  deniers  provenantz 
dudict  tiers  seront  déposez  à  la  charge  d'en  rendre  compte,  l'autre 
tiers  dudict  revenu  demeurant  réservé  pour  les  traitementz  et  nour- 
riture desdits  religieux,  et  le  troisiesme  sera  délivré  audict  abbé,  la 
saisie  faicte  sur  ladite  somme  de  quatre  mille  livres  à  ceste  iin 
tenante  ;  enjoinct  au  substitut  de  nostredict  procureur  général  tenir 
la  main  à  l'exécution  du  présent  arrest,  et  advertir  nostredict  procu- 
reur o-énéral  de  mois  en  mois  des  dilligences  qu'il  y  aura  apportées, 
et  ordonné  que  sur  ladicte  somme  de  quatre  mille  livres  Charles 
Dupins,  chasublier,  sera  payé  de  la  somme  de  deux  cent  vingt  livres 
pour  ornementz  par  luy  fournis  auxdicts  religieux  auxquels  nostre- 
dicte cour  a  adjugé  et  adjuge  les  fraiz  et  despens  par  eux  faictz  à 
la  poursuitte  de  la  présente  instance  privilégement  sur  lesditz 
deniers  arrestez. 

Sy  donnons  en  mandement  au  premier  des  huissiers  de  nostre- 
dicte cour  ou  autre  nostre  huissier  ou  sergeant  sur  ce  requis  ce  pré- 
sent arrest  deuement  exécuter,  de  ce  faire  luy  donnons  pouvoir  et 
authorité,  mandons  et  commandons  à  tous  noz  justiciers,  officiers 
et  subjectz  cjue  à  luy  en  ce  faisant  ilz  obéissent.  En  tesmoing  de 
quoy,  nous  y  avons  faict  mettre  nostre  seel.  Donné  à  Rouen,  en 
nostredicte  cour  de  parlement,  le  sixiesme  jour  de  novembre,  l'an 
de  grâce  mil  six  cens  quarante  trois,  et  de  nostre  règne  le  premier  K 

1.  Nous  mentionnons  un  pivcédent  arrèl  <Ui  parlement  de  Rouen,  du  M  juin 
1643,  dont  nous  n'avons  pas  trouvé  le  texte  dans  le  registre  de  mai-juillet 
1643. 


344  l'abbaye  de  notbe-dame  de  grestain 

Par  la  cour  : 
(Arch.  dép.  de  l'Eure,   H.  347.  —  Copie  de  l'arrêt  aux  reg-.  du 
parlement  de  Rouen,  octobre-décembre  1643.) 


XCIII 

Transaction  entre  Denis  Sanguin^  abhé  de  Grestain,  et  les  religieux 
de  Vahhaye  (Extrait.) 

1644,  20  mai. 

Fut  présent...  Fran^^ois-Grégoire  sieur  des  Forges,  demeurant  à 
Paris,  rue  de  Saint-Anathase,  paroisse  de  Saint-Gervais,  procureur 
général  et  spécial  de  messire  Denis  Sanguin,  abbé  commendataire 
de  l'abbaye  de  Nostre-Dame  de  Grestain,  diocèse  de  Lisieulx,  par 
procuration  spécialle  passée  devant  Huard  et  Bellin,  nottaires  du 
roy  en  son  Chastelet  de  Paris,  le  26  avril  dernier  passé,...  et 
daomp  Jean-Baptiste  Thirel,  prieur,  daomp  Guillaume  Harou, 
aumosnier,  daomp  Guillaume  Le  Chevallier,  chantre,  daomp  Claude 
de  Grosourdv,  sacrestain,  daomp  Pierre  Baynel,  infirmier,  daomp 
Jacques  Thirel,  refîacturier,  daomp  Louys  Jouas,  chappellain  de  la 
Magdalaigne-ledict-Grestain,  tous  prestres,  relligieulx  protTez  en 
ladicte  abbaye  de  Grestain,  assemblez  dans  le  chappittre  d'icelle 
abbaye  au  son  de  la  cloche,  lesquelz  disant  qu'en  exécution  de  cer- 
tain arrest  du  parlement  de  Rouen,  donné  entre  Gaston  Savary  de 
Brefves  cy-devant  abbé  de  ladicte  abbaye,  le  6®  novembre  dernier  ^, 
lesdits  sieurs  relligieulx  prétendent  le  tiers  de  tous  les  revenus 
d'icelle,  francs  et  exempts  de  toutes  charges  pour  leur  nouritture, 
vesture  et  entretien,  les  deulx  aultres  tiers  estant  l'un  pour  ledict 
sieur  abbé  et  l'aultre  pour  les  repparations  nécessaires  à  faire  en 
ladicte  abbaye  et  édifïices  en  dépendant,  ornements  d'esglise  et 
décymes  ;  —  et  au  contraire  ledict  sieur  Sanguin  prétend  que  ledict 
arrest  ne  pouvoit  lui  préjudicier  ayant  esté  rendu  contre  ledict 
sieur  de  Brefves  au  temps  où  il  n'avoit  plus  de  droit  en  ladicte 
abbaye  attendu  que  la  résignation  qu'il  en  avoit  faite  audict  sieur 
Sanguin  avoit  esté  agréée  par  le  roy  dès  le  22''  octobre  précédent, 

1.  Voir  la  pièce  justif.  n°  92. 


IMKCKS    .irsilFICATI  VES  'iï'i 

sousteiiant  ledict  sieur  al)bé  que  lesdicts  prieur  et  rellig^ieux  avoient 
plus  que  suffisantes  pensions  par  les  transactions  faites  entre  eux 
et  les  prédécesseurs  abbez  qui  se  montoient,  pour  sept  rellij^ieulx 
prestres  comprins  ledict  prieur,  pour  un  novice  et  un  clerc  de  cou- 
vent, à  huict  vingtz  boisseaulx  de  bled  avecq  la  somme  de  seize 
cents  livres  en  deniers,  et  encor  cent  livres  pour  ledict  sieur  prieur, 
et  la  jouissance  du  petit  prey  joig-nant  le  prey  Canu,.,.  suivant  acte 
du  1  i  mars  1618  entre  lesdicts  religieux  et  Pierre  Habert,  conseil- 
ler et  aumosnifr  du  roy,  lors  abbé  dudict  Grestain...  revenus  dont 
ils  dévoient  se  contenter.  Quant  aux  réparations,  son  intention  estoit 
de  les  faire  faire  au  plus  tôt  de  ses  deniers  pour  mettre  les  lieux  en 
lestât;...  laquelle  transaction  ou  accord  faite  par  la  raison  que  les- 
dicts relligieulx  se  sont  désistez  et  renoncent  à  l'exécution  desdicts 
arretz  et  consentent  que  ledict  Sanguin  jouisse  entièrement  du 
revenu  de  sadicte  abbaye,  faisant  payer  annuellemennt  deux  mille 
deux  cent  soixante  livres  en  deniers,  huict-vingt  boisseaulx  de  blé 
froment,  etc.  etc. 

(Arch.  dép.  de  l'Eure,  H.  347.) 


XCIV 

Dônomhrcment  srrvi  au  roi  pour  la  haronnie  de  Grestain 
et  les  autri's  fiefs  tenus  du  domaine   Extrait). 

1646,  o  juin. 

Du  rov  nostre  sire  nous  humble  aljbé  de  rés:lize  et  abbave  de 
Nostre-Dame  de  Grestain  fondée  sur  la  baronnye  dudict  lieu  de 
Grestain,  au  diocèse  de  Lisieux,  en  la  vicomte  du  Pont-Audemer, 
au  bailliag-e  de  Rouen,  advouons  à  tenir  nostredicte  abbaye  et  églize 
de  Nostre-Dame  de  Grestain  en  chef  et  en  membres,  en  tant  que 
touche  la  temporalité  dont  nous  faisons  déclaration  cy-après  en  la 
manière  ([ui  ensuit  : 

Premièrement  ladicte  baronnye  de  Grestain  assize  en  la  viconté 
du  Pont-Audemer,  audict  lieu  de  Grestain  et  s'estend  es  paroisses 
de  Carbec,  Grestain,  Saint-Pierre-du-Chastel,  Boulleville,  Saint- 
Maclou,  Saint-Suplix,  Conteville,  A])lon.  Ableville,  Esquainville, 
Cremanville,    llonnaville,   la    Rivière    du   Xeuf-Bourg.    parties   des 


346  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestaix 

faulbourgs  de  Honnefleur  et  es  parties  circonvoisines,  en  laquelle 
y  a  court  et  usage  et  touttes  droictures  appartenant  à  basse  justice, 
et  qui  consiste  en  terres  labourables  et  non  labourables,  bois, 
bruyères  et  pasturaiges,  herbages,  prairies,  jardins,  maisons  et 
domaine  fieffé  et  non  fieffé,  rentes  en  deniers,  grains,  œufz,  oiseaulx, 
moullin,  collombier,  justice,  jurisdiction,  reliefs,  traiziesmes, 
regards  de  mariage,  service  de  prévosté,  forfaictures,  et  tous  autres 
droicts  es  telles  baronnyes  appartenants. 

Item  à  cause  de  nostre  églize  et  abbaye  nous  appartient  les  cou- 
tumes et  droictz,  commandages  de  pescher  un  jour  de  la  semaine 
tel  qu'il  nous  plaira  commander  par  nous  de  Grestain  à  nos  hommes 
peschantz  sur  nostre  territoire  varrest,...  poisson  d'acquit  et  autres 
revenus  dépendans  de  la  mer  et  levée  de  Seyne  du  costé  devers  le 
sud,  depuis  le  gord  de  Quillebœuf  jusques  au  Noir-Port  qui  seroit 
de  présent  la  grosse  tour  de  Honnetleur,  et  es  dictes  mettes  avons 
haute,  moyenne  et  basse  justice  et  plusieurs  autres  revenus  toutes- 
fois  et  quantes  que  ledict  cas  y  eschet  ;  et  à  cause  de  ce  toutesfois 
et  quantes  que  èsdictes  eaux  se  peschent  aucuns  esturgeons  ils 
nous  doibvent  estre  apportez  et  sommes  tenuz  d'envoyer  le  premier 
qui  est  pesché  et  apporté  au  viconte  dudict  lieu  du  Pontaudemer  et 
au  nom  du  roy  nostre  sire  parce  que  ledict  viconte  nous  doibt 
payer  cincq  solz  tournois  à  la  charge  par  nous  d'aller  quérir,  inhu- 
mer, ensevelir  les  corps  morts  treuvez  sur  ledict  territoire  et  ès- 
dictes mettes  audict  cemitière  appelé  le  cemitière  des  Noyers  ^ 

Item  un  franc  fief  ou  membre  de  fief  avec  ses  appartenances  et 
dépendances  nommé  le  fief  de  Rouville  tenu  franchement  auquel  a 
cour  et  uzage,  et  en  sont  les  rentes  en  deniers,  en  grains,  œufz  et 
oiseaulx,  plusieurs  hommages  et  s'y  porte  ledict  fief,  reliefs,  trai- 
ziesmes et  autres  revenus  telz  comme  il  appartient  à  noble  fief 
franchement  tenu. 

Item  un  lief  noble  ou  membre  de  fief  assis  es  parroisses  de  Fatou- 
ville  et  Esquainville  nommé  le  fief  du  Bois,  et  a  cour  et  uzage,  et 
en  sont  les  rentes  en  deniers,  œufz,  oiseaux,  grains,  et  a  moulin 
et  mouture  et  moulte  seiche  et  mouillée,  relliefz,  treiziesmes,  aides 
coustusmières  et  autres  debvoirs  de  fîef  appartenantz  à  fief  noble- 
ment, franchement  tenu. 

1.  Ou  de  préférence  'e  cimetière  des  Xoyés. 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


347 


Item  en  la  parroisse  de  Carbec,  un  fief  nommé  le  fief  Dennet 
avec  ses  appartenances  où  il  y  a  cour  et  uzag-e,  et  en  sont  les  reve- 
nus en  terres  labourables  et  il  y  a  un  manoir  ainsy  qu'il  se  com- 
porte, jardins,  bois,  prez,  pasturaig'es,  moulins,  moultes,  campars, 
services,  reliofz,  traiziesmes  et  autres  debvoirs  de  fief  appartenants 
à  fief  noble  et  franchement  tenu. 

Item  en  la  parroisse  de  Berville  un  fief  ou  membre  de  fief  nommé 
le  fief  de  Grestain  auquel  a  cour  et  uzage,  et  en  sont  les  rentes  et 
revenus  en  deniers,  grains,  œufz,  oiseaux,  relliefz,  traiziesmes,  ser- 
vice de  moulin  et  avec  autres  revenus  appartenans  à  fief  noble  fran- 
chement tenu. 

Item  en  ladicte  parroisse  de  Berville  un  aultre  fief  ou  membre  de 
fief  nommé  le  fief  de  la  Pofterie,  et  a  court  et  uzage,  et  en  sont  les 
rentes  et  revenus  en   deniers,  grains,  œulz,  oiseaux,  relliefz,  trai- 
ziesmes, aides  coustumières  et  autres  debvoirs  appartenants   à  fie 
noble  et  franchement  tenu. 

Item  un  manoir  en  franc  fief  ou  membre  de  fief  avec  ses  appar- 
tenances nommé  Funtaine-BeIlen(/er,  où  il  y  a  cour  et  uzage,  et  en 
sont  les  revenus  en  terres  labourables,  jardins,  prairies,  pasturages, 
vignes,  deniers,  œufz,  oiseaux,  relliefz,  traiziesmes  et  autres  reve- 
nus appartenants  à  fief  noble,  coUombier  à  pied,  moulin  à  vent, 
manoirs,  maisons,  qui  s'estend  es  paroisses  de 

Item  en  la  parroisse  de  Beuzeville  un  fief  nommé  de  Paniques 
avec  les  appartenances,  oà  il  y  a  cour  et  uzage,  et  en  sont  les  reve- 
nus en  terres  labourables,  jardins,  bois,  deniers,  grains,  œufz, 
oiseaux,  services,  relliefz,  traiziesmes,  aides  coustumières  et  autres 
appartenans  à  fief  noble  et  franchement  tenu. 

Item  en  la  parroisse  d'Esquainville  et  de  Notre-Dame-du-Yal  un 
fief  ou  membre  de  fief  avec  les  appartenances  appelle  le  fief  du  Mor 
où  il  y  a  cour  et  uzage,  et  en  sont  les  rentes  et  revenus  en  deniers, 
grains,  œufz,  oiseaux,  relliefz,  traiziesmes  et  autres  redebvances 
appartenans  à  franc  fief  franchement  et  noblement  tenu. 

Item  en  la  parroisse  de  Genneville  un  manoir  et  franc  fief  appelle 
le  fief  de  Maliaru  dont  les  revenus  sont  de  terres  labourables, 
manoir,  jardins,  prez,  pnsturages,  deniers,  grains,  œufz,  oiseaux, 
services,  relliefz,  traiziesmes  et  autres  revenus  appartenans  à  fief 
noble  et  franchement  tenu. 

Item  en  ladicte  parroisse  de  Genneville  une  pièce  de  bois  conte- 


348  l'aiîmaye  de  notre-dame  de  grestain 

nant  cinq  acres  ou  environ  dont  le  tiers  et  danger  d'icelluy  est  deub 
au  roy  nostre  sire  quand  il  est  vendu. 

Item  en  ladicte  parroisse  de  Genneville  un  membre  de  fief  dep- 
pendant  dudit  fief  de  Maharu  nommé  le  fief  de  Boufey  avec  ses 
appartenances,  et  a  cour  et  uzage,  et  sont  les  rentes  et  revenus  en 
deniers,  grains,  œufz,  oiseaux,  relliefz,  traiziesmes  et  autres  deb- 
voirs  appartenans  à  fief  noble  et  franchement  tenu. 

Item  en  la  parroisse  de  Ficquefleur  deux  pièces  de  bois  conte- 
nant une  acre,  et  doibvent  iceux  bois  au  roy  nostre  sire  tiers  et 
danger  quand  ils  sont  venduz. 

Item  en  la  parroisse  de  Quetteville  et  es  mettes  d'environ  un 
huictiesme  de  fîef  nommé  le  fief  Féron  dont  les  rentes  et  revenus 
sont  en  terres  labourables,  grains,  œufz,  oiseaux,  fers  à  cheval,  rel- 
liefz, traiziesmes  et  aides  coustumières. 

Item  en  la  parroisse  du  Theil  un  fîef  ou  membre  de  fief  nommé 
le  fief  à  l'Espec,  et  a  cour  et  uzage,  et  en  sont  les  revenus  en  deniers, 
grains,  œufz,  oiseaux,  relliefz,  traiziesmes,  aides  coustumières, 
quemiage  (?)  et  autres  droicts  appartenans  à  fief  noble  et  franche- 
ment tenu. 

Item  en  la  parroisse  de  Gonneville  un  huictiesme  de  fief  avec  les 
appartenances  où  il  y  a  cour  et  uzage. 

Item  en  ladicte  parroisse  un  autre  fîef  ou  membre  de  fief  nommé 
le  fief  du  Neest  avec  ses  appartenances  où  il  y  a  court  et  uzage, 
desquelz  deux  fiefz  les  revenus  en  sont  en  terres  labourables,  grains, 
œufz,  oiseaux,  relliefz,  traiziesmes  et  autres  debvoirs  de  fief  appar- 
tenans à  fief  noble  et  franchement  tenu. 

Item  en  la  parroisse  de  Tricqueville  une  vavassorie  nommée  la 
vavassorie  Deshayes  avec  les  appartenances,  et  en  sont  les  rentes 
en  deniers,  œufz,  oiseaux,  relliefz,  traiziesmes. 

Item  le  prieuré  de  Sainct-Nicollas  estant  au  diocèze  de  Lisieux 
près  la  forest  de  Toucque,  lequel  est  des  membres  et  despendances 
de  nostre  église  et  abbaye,  à  cause  dudict  prieuré  et  des  droictz  à 
nous  appartenans  le  prieur  d'icelluy  prieuré  demeurant  illec  a,  en 
la  forest  de  Toucque,  son  ardoir,  paissonner  et  pasturage  pour 
toutes  bestes  comme  pourceaux,  bœufz,  vaches  et  autres  bestes  sans 
nombre,  saouf  et  réservé  les  tailles  d'icelle  forest,  et  a  court, 
hommes,  hommages,  domaine  fieffé  et  non  fieffé,  revenus  en  deniers, 
œufz,  oiseaux  et  autres  aides  coustumières  à  fief  noble  appartenant 
et  franchement  tenu. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  349 

Item  un  Vwï  noble  ou  membre  de  fief  assis  en  la  parroisse  d'An- 
î^desqueville,  au  bailliage  de  Caux,  et  a  cour  et  uzag-e  et  en  sont  les 
rentes  et  revenus  en  deniers,  g-rains,  œufz,  prez,  pasturaj^es  et 
terres  labourables,  rellietz,  traiziesmes,  aides  coustumières  et  autres 
revenus  appartenans  à  fief  noble  et  franchement  tenu. 

Item  au  bailliage  de  Costentin  un  franc  fief  ou  membre  de  fief 
avec  ses  appartenances  nommé  le  fief  de  Sainct-Quentin,  auquel  a 
cour  et  uzage,  assis  et  scituë  en  la  parroisse  de  Sainct-Quentin  près 
Tinchebray,  dont  les  revenus  sont  en  deniers,  terres  labourables, 
moulin,  relliefz,  traiziesmes  et  autres  revenus  à  icelluy  fief  appar- 
tenant. 

Item  en  la  parroisse  de  Barneville-sur-la-mer  un  fief  noble  où  y 
a  cour  et  uzage  dont  les  revenus  sont  en  terres  labourables,  jardins, 
pasturages,  deniers,  grains,  œufz  et  oiseaux,  relliefz,  traiziesmes  et 
aides  coustumières  et  autres  droits  appartenant  à  fief  noble  et  fran- 
chement tenu.  Item  le  sieur  de  la  Mare...  est  subjet  nous  faire 
seize  livres  de  rente  foncière  et  perpétuelle.  Item  aux  herbages  du 
Marais  appartenant  audict  sieur  lesdictz  de  Grestain  ont  droict  d'en- 
voyer paistre  leurs  bestes  chevalinnes,  bœufs,  vaches,  moutons, 
pourceaux  et  ouays  pour  l'entretenement  de  leur  nourriture  et  de 
leur  maison.  Item  sur  la  seigneurie  de  BerLhaulle  (?)  près  Caen  un 
septier  de  bled  forment,  quatre  septiers  d'orge,  cinq  septiers  d'ad- 
voine,  une  oyerostye...  Item  le  curé  de  Manneville-le-Haux  nous 
faict  de  rente  dix-huict  boesseaux  de  bled  forment,  quarante-sept 
boessaux  d'orge  et  quarante  et  ung  boesseaux  d'advoine,  le  tout 
mesure  de  Beuzeville,  par  chacun  an,  laquelle  rente  sapelle  les 
maisons  du  curé  de  Manneville-le-Raux.  Item  le  prieur  de  saint- 
Phillebert-sur-Risle  nous  faict  quarante-huict  boesseaux  d'orge, 
mesure  de  Montfort,  k  cause  d'un  droit  de  dixme  nommé  les  Essarts 
seize  en  la  paroisse  d'Appeville,  de  présent  possédé  par  ledict  prieur. 
Item  en  la  viconté  du  Ponteaudemer,  en  la  ville  de  Ficquefleur, 
marché  au  jour  de  samedy  auquel  nous  appartient  toutes  les  cou- 
tumes, forfaictures  et  congnoissance  de  poids  et  mesures  et  autres 
droicts...  Item  avons  droict  de  présenter  aux  bénéfices  de  Saint- 
Ouen  de  Grestain,  Garbec,  Trique  ville,  Saint-Pierre-du-Chastel, 
Saint-Léonard  de  Honnefleur,  la  chapelle  Saint-Laurent-lès-Gres- 
tain,  chapelle  Saint-Saulveur-des-Vases,  bénéfice  de  Tierceville, 
évesché  de  Bayeux,   bénéfice  de  Querqueville,   bénéfice  de  Barne- 


330  LABI5AYE    DE    NOTRE-DAME    DE    GKESTAIN 

ville-sur-la-mer  et  Munneville,  évesché  de  Coustances,  Saint-Quen- 
tin-des-Cardonnettes,  Sainct-Crespin,  dioceze  de  Lizieux  ;  la  prieuré 
de  Saincle-Scholasse,  dioceze  de  Séez  avec  ses  appartenances,  à 
cause  de  laquelle  prieuré  avons  droict  de  présenter  au  bénéfice  du 
lieu  et  de  Chalenge  et  autre  dépendant  du  prieuré  en  Gascongne 
nommé  Saint-Astier. 

Et  outre  nous  avons  de  Vostre  Majesté,  k  cause  de  vostre  comté 
de  Montfort,  un  fief  de  haubert  nommé  le  Mesnil-Ferry  dont  le 
chef  est  assis  en  la  parroisse  de  Notre-Dame-du-Val  et  s'estend  es 
parroisses  de  Saint-Pierre-du-Chastel,  Conteville,  BouUeville,  Beu- 
zeville,  Quetteville  et  ailleurs  et  les  environs,  et  lequel  nous  a  esté 
baillé,  etc. 

En  témoin  de  quoy  nous  avons  signé  ce  que  dessus  et  apposé  le 
cachet  de  nos  armes,  cejourdhuy  cinquiesme  jour  du  mois  de  juin, 
mil  six  cens  quarante  six.  Signé,  Sanguin  et  scellé. 

Louis,  par  la  grâce  de  Dieu,  etc.  Scavoir  faisons  que  nostre  bien 
amé  m*^  Denis  Sanguin,  sieur  de  Saint-Pavin.  abbé  commenda taire 
de  l'abbaye  Nostre-Dame  de  Grestain,  dioceze  de  Lizieux,  nous  a 
cejourdhuy  faict  et  preste  es  mains  de  nostre  (blanc),  chancelier 
de  France,  les  foy  et  hommage  et  serment  de  fidélité  qu'il  est  tenu 
de  nous  faire  k  cause  de  la  sergenterye  noble  et  héréditaire  du  Mes- 
nil-Ferry, rellevant  de  nous  k  cause  de  nostre  viconté  du  Pont- 
Audemer,  despendante  de  ladicte  abbaye  de  Grestain,  auquel  foy 
et  hommage  nous  l'avons  receu  et  recevons  saouf  nostre  droict  et 
l'autruy  en  toutes  autres  choses.  Sy  vous  mandons,  etc.  Donné  k 
Paris,  ce  traiziesme  jour  de  febvrier,  l'an  de  grâce  mil  six  cent  qua- 
rante six,  et  de  nostre  règne  le  troisiesme. 

(Bibliothèque  comm.  d'Arras.  Fonds  Advielle,  n°  7.  Recueil  fac- 
tice de  pièces  sur  l'abbaye  de  Grestain,  fol.  30.) 


XCV 

Aveu  rendu  aux  ahhé^  religieux  et  couvent  de  Vahhaye 
de  Notre-Dame  de  Grestain  pour  le  fief  Courage. 

16o0,  8  mars. 

De  nobles  et  religieuses  personnes  nos  sieurs  les  abbé,  religieux 
et  couvent  de  Tabbave  de  Nostre-Dame  de  Grestain,  nous  Pierre 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  3ol 

et  Mathurin  Villey,  frères,  bourgeois  de  Honnefleur,  enfïantz  et 
héritiers  de  defîunct  Louis  Villey  et  à  ce  droict  aisnez  et  assembleurs 
du  fief  ou  ainesse  nommé  le  fief  Courage,  et  en  ceste  qualitté  tenons, 
confessons  et  advouons  tenir  de  nosdits  sieurs,  en  leur  sieurie  de 
Honnaville,...  ledit  lief  Courage  contenant  ensemblement  le  nombre 
de  dix  acres  de  terre  •  assis  en  la  paroisse  de  Gonneville,  etc. 

A  cause  duquel  fief  ou  aisnesse  Courage  nousdictz  aisnez  et  puis- 
nez  sus-nommez  sommes  tenus  et  subiectz  faire  et  payer  |de  rente 
sieurialle  par  chacun  an  à  nosd.  sieurs,  ascavoir  :  au  terme  de  Sainct- 
Michel  douze  deniers  de  rente  censive,  audict  terme  dix-sept  bois- 
seaux et  deniy  d'advoyne,  mesure  d'Aubigny,  un  petit  boisseau 
forment  à  lad.  mesure  ;  au  ternie  de  Noël  deux  chappons,  deux 
deniers  ;  au  terme  de  Pasques  vingt  œufs,  deux  deniers,  foy,  hom- 
mage, relliefz,  etc. 

(Arch.  munie,  de  Honfleur,  carton  23.) 

XCVI 

Procès-verbal  de  télal  des  bâtiments  de  t abbaye 
de  Notre-Dame  de  Grès  tain. 

166.J,  9  avril. 

Du  jeudy  neuviesme  jour  d'avril  mil  six  cens  soixante  cinq,  nous 
Charles  Legras,  escuier,  seigneur  du  Réel,  conseiller  du  roy,  lieu- 
tenant général,  civil  et  criminel  et  lieutenant  criminel  de  M.  le 
bailly  de  Rouen  es  vicontez  da  Pont-Autou  et  du  Pont-Audemer, 
sommes,  en  présence  du  procureur  du  roy  en  ceste  viconté,  assis- 
tez de  m''  Philippe  d'Espaigne,  greffier  de  ce  siège,  transportez  en 
l'abbaye  de  Grestain  suivant  nostre  ordonnance  donnée  sur  la  réqui- 
sition dudict  procureur  du  roy,  aux  fins  de  dresser  un  devis  de 
Testât  auquel  sont  les  maisons  de  laditte  abbaie,  où  estant  avons 
trouvé  Dom  Louis  Jouas  qui  en  est  prieur,  et  M.  François  Vimont, 
prestre,  curé  de  Saint-Ouin  de  Grestain,  qui  nous  ont  dit  que  sur 
la  grande  porte  par  où  l'on  entre  dans  laditte  abbaye  il  y  avoit  une 
maison  de  huit  ou  neuf  espaces-  de  long  et  quatre  de  large  portée 

1.  Environ  finit  fiectares.  Les  dix  acres  de  terre  étaient  aux  mains  de  seize 
cultivateurs  dont  l'un  ne  possédait  (ju'une  parcelle  de  30  perches. 

2.  Peut-être  faut-il  lire  le  vieux  mot  cspane,  mesure  de  longueur. 


352  l'aumave  de  .notre-dami:  de  grestai.n 

par  un  bout  sur  laditte  porte  et  par  l'autre  sur  une  voutte  de  pierre, 
qui  estoit  occupée  par  ledit  sieur  curé  avant  Fincendie  qui  y  arriva 
le  traiziesme  décembre  mil  six  cens  soixante  deux  ;  et  nous  a  esté 
dit  par  lesditz  sieurs  prieur  et  curé  et  par  le  sieur  Le  Painteur,  cy 
devant  receveur  de  ceste  ditte  abbaie.  que  laditte  maison  consistoit 
en  une  chambre,  un  cabinet,  une  autre  petite  chambre  et  les  gre- 
niers dessus,  le  tout  couvert  de  thuille  et  que  les  murailles  servoient 
de  parois  à  ladite  maison,  et  que  la  maison  du  portier  qui  est  à  l'en- 
trée de  la  porte,  à  main  droitte,  fut  pareillement  bruUée,  laquelle 
maison  du  portier  est  présentement  recouverte  de  paille  à  la  hau- 
teur de  la  massonnerie  qui  reste  sur  laditte  porte  remassonnée  de 
neuf,  à  laquelle  il  y  a  une  petitte  porte  neufve  pour  la  maison  de 
dessus  la  porte  :  il  ne  nous  a  paru  que  la  muraille  qui  est  sur  icelle 
de  cinq  ou  six  pieds  de  hauteur  aiant  remarqué  que  les  degrés  et 
parois  de  la  maison  qui  est  joignante  ladite  porte  sont  pareillement 
en  ruine,  laquelle  maison  consiste  en  deuxescuries  de  quinze  espaces 
de  long  et  six  de  large,  sur  lesquelles  escuries  y  a  une  chambre  et 
un  grenier,  au  droit  de  laquelle  porte  par  dedans  la  cour  de  laditte 
abbaye  est  une  autre  forme  de  petitte  maison  sans  comble,  n'y  aiant 
que  les  murailles  de  viron  neuf  pieds  de  hauteur  et  une  cheminée 
encor  existante,  sur  laquelle  muraille  1  on  a  depuis  peu  commencé  à 
faire  mettre  quelque  charpente  pour  rédiffîer  laditte  maison  à  laquelle 
on  travaille  encor.  et  nous  a  esté  dit  quelle  sera  occupée  par  ledit 
sieur  curé  au  lieu  de  celle  qui  a  esté  bruslée,  laquelle  maison  sera 
de  quinze  espaces  de  long  et  six  de  large.  Et  estant  allez  derrière  le 
collonibier  de  laditte  abbaie  y  avons  veu  une  autre  maison  que  Ton 
nous  a  dit  servir  de  grande  et  que  le  sieur  de  Chambour,  relligieux. 
aumosnier  de  laditte  abbaye,  y  lit  reposter  des  dixmes,  de  laquelle 
grange  les  murailles  et  parois  sont  en  ruine,  au  bout  de  laquelle  y 
a  aparence  dun  aistre  de  maison  de  viron  quinze  pieds  de  large  et 
dix  huit  pieds  de  long  autour  duquel  y  a  seullement  un  peu  de 
massonnerie  :  aiant  en  outre  remarqué  qu  il  y  a  apparence  d'avoir 
eu  antérieurement  au  coing  du  mur  un  bastiment  de  viron  vingt 
espaces  de  long  et  dix  de  large.  Puis  revenant  vers  Tabbaïe  avons 
veu  contre  les  murailles  qui  en  font  l'enclos  une  autre  maison 
de  viron  vingt  pieds  de  long  et  douze  de  large  que  l'on  nous 
a  dit  servir  de  cellier  et  grange  pour  ledit  sieur  curé,  laquelle 
maison  et  celle-cy  devant  énoncée  sont  couvertes  de  glane.   De  là 


PIKCKS    JLSIIKICATIVES  3o3 

avons  passé  le  lonj^^  d  un  des  réservoirs  dont  la  paroi  qui  1  environne 
est  ruiné  à  la  pluspart.  Et  sommes  allez  au  cloistre  auquel  et  aux 
maisons  qui  1  environnent  avons  remarqué  les  choses  contenues  en 
nostre  procès  verbal  du  vinj^t  uniesme  jour  de  mars  dernier.  Après 
quoy  sommes  transportez  à  la  cour  du  sieur  abbé  qui  est  séparée 
de  la  basse  court  dun  mur  de  pierre  de  douze  ou  quinze  pieds  de 
hauteur  qui  est  beaucoup  endommagé,  lequel  mur  prend  du  réfec- 
toire et  va  joindre  un  corps  de  log-is  que  l'on  nous  a  dit  s'appeller 
la  maison  neiifvc,  de  laquelle  muraille  en  par  toit  autrefois  une 
autre  qui  venoit  joindre  la  maison  dudit  sieur  abbé  le([uel  mur  qui 
pouvoit  estre  de  vingt  espaces  de  long-  est  en  totalle  ruine.  Puis 
sommes  entrez  au  dessoubs  du  dortoir  à  un  lieu  que  Ion  nous  a 
dit  s'appeller  antiennement  le  bûcher  qui  est  présentement  en 
plusieurs  usages  y  en  aiant  viron  la  moitié  partagée  qui  sert  tant 
d'escurie-bûcher  que  à  mettre  du  foin  et  des  fourages,  en  aiant  veu 
viron  les  deux  tiers  pleins  de  fagotz,  ce  surplus  dudit  bûcher  ser- 
vant de  passage  de  communication  de  la  court  dudit  sieur  abbé  à 
l'enclos  des  relligieux,  sans  aucunes  portes  ;  aiant  veu  outre  ledit 
passage  encor  trois  autres  réduitz  servant  d'estables  et  escuries, 
l'une  de  huit  ou  neuf  pieds  de  hauteur  et  les  deux  autres  de  sept, 
sur  lesquelles  est  un  plancher  servant  à  mettre  des  fourages,  y  en 
aiant  veu  ;  et  estant  allez  au  dortoir  qui  est  de  quarante  cinq 
espaces  de  long  depuis  la  porte  de  la  chambre  dudit  sieur  abbé  à 
aller  à  celle  de  l'esglise  qui  est  au  bout  dudit  dortoir  et  dix  de  lar- 
geur, avons  veu  seize  chambres  qui  sont  tant  dessus  ledit  bûcher 
que  sur  le  chapitre^  et  qu'il  y  a  quelques  trous  au  plancher  de  l'al- 
lée dudit  dortoir. 

Après  quoy  sommes  passez  par  la  porte  de  la  voutelle  et  entrez 
dans  la  court  desdits  sieurs  relligieux  où  avons  veu  une  muraille 
de  pierre  et  caillou  de  pareille  hauteur  que  celle  qui  ferme  la  cour 
dudit  sieur  abbé  lesquelles  toutes  deux  fermaient  le  jardin  dudit 
sieur  abbé  qu'on  appelle  le  jardin  de  Monsieur,  laquelle  muraille 
part  de  la  maison  dudit  sieur  abbé  va  à  celle  qui  ferme  l'enclos  de 
ladite  abbaïe  et  à  viron  vingt  cinq  espaces  de  long,  à  présent  rui- 
née à  la  réserve  d'un  bout  qui  part  des  latrines  à  venir  vers  l'infir- 
merie et  est  de  viron  huit  espaces,  le  reste  des  murailles  qui  faisoit 
la  cour  desditz  sieurs  relligieux  estant  ruiné,  les  fondemensy  parois- 
sant  ;  aiant  aussi  veu  un  mur  de  bauge  qui  fait  la  closture  d'un  Jar- 

Cai.  Huii.viu».  —  L'Ahhuije  de  \otre-D:iine  de  Greslain.  23 


334  l'aBBAVE    de    NOTRE-DAME    de    GRESTAIN 

din  qui  est  à  main  droite  comme  Ton  entre  de  la  partie  du  cloistre 
dans  la  cour  desditz  sieurs  rellig-ieux  et  va  jusques  à  un  esiany 
plein  de  terre  et  est  de  viron  cent  espaces  de  long-  en  totalle  ruine 
ainsy  que  la  maison  qui  est  dans  icelluj  que  Ion  nous  a  dit  ester 
occupée  par  ledit  sieur  prieur.  Nous  aiant  esté  aussi  dit  par  ledit 
sieur  Le  Painteur  que  ledit  sieur  abbé  n'est  obligé  à  l'entretien  de 
laditte  maison  ny  à  la  closture  des  murs  que  les  sieurs  relligieux 
ont  fait  faire,  pour  leur  satisfaction,  à  des  jardins  dont  ils  ont  les 
fruitz.  Avons  aussy  remarqué  que  au  derrière  de  la  maison  nom- 
mée V Infirmière  y  a  un  jardin  clos  d'une  muraille  de  pierre, 
a  quelle  muraille  et  celle  qui  enclôt  l'abbaïe  sont  de  viron  mille 
espaces  de  long  dont  il  y  en  a  viron  le  quart  en  ruine.  Desquelles 
choses  avons  dressé  nostre  procès-verbal,  et  oiiy  les  experts  faictz 
comparoir  par  ledit  procureur  du  roy  pour  dire  ce  qu'il  esconvient 
pour  rédifïîer  les  choses  devant  dictes,  lesquels  experts  ont  esté  par 
nous  nommez  sur  la  liste  que  ledict  procureur  du  roy  a  baillée,  et 
ont  en  nostre  présence  et  dudit  procureur  du  roy  fait  la  visitte  des- 
dittes  maisons  et  édiffices,  après  quoy  leurs  déclarations  ont  esté 
rédigées  par  escript  comme  il  ensuit  : 

Simon  Thierry,  maistre  charpentier,  demeurant  au  fauxbourg^ 
Saint-Aignen  du  Pontaudemer,  aag-é  de  cinquante-trois  ans  ou 
environ,  juré  de  dire  vérité,  purgé  de  saon  coustumier  ; 

Thomas  le  Noble  aussy  charpentier,  demeurant  audit  Pontau- 
demer, paroisse  de  Saint-Ouen,  aag'é  de  trente-six  ans  ou  environ, 
juré  de  dire  véritté,  purgé  de  saon  coustumier  ; 

Ont  uniformément  dit,  lecture  faitte  de  nostre  ordonnance,  qu'ils 
ont  visitté  lesdites  maisons  et  édiffices  de  ceste  abbaye  et  remarqué 
pour  la  porte  et  logis  y  tenant  et  aiant  tenu,  le  tout  de  longueur  de 
viron  cent  pieds  et  dix-huit  de  larg-eur  dont  il  y  en  avoit  trente 
pieds  en  apentis,  au  bout,  à  main  droitte  en  entrant,  lesquels  sont 
entièrement  consommez,  que  pour  les  rédiffier  de  charpente  il  faut 
cinq  cens  livres  pour  le  dessus  de  la  porte  sur  laquelle  l'on  a  dit 
qu'il  y  avoit  deux  chambres  et  un  grenier  de  longueur  de  viron 
vingt-trois  pieds  et  dix-huit  de  large  ;  qu'il  faut  encore  pour  la 
charpente  cinq  cens  livres  pour  réparer  de  charpente  la  maison  qui 
reste  existante  à  main  gauche  comme  Ton  entre  dans  la  cour  de 
laditte  abbaïe,  laquelle  maison  est  de  trente-huit  pieds  de  long  et 
dix-huit  pieds  de  large  et  toutte  la  montée  qui  est  en  ruine  il  escon- 


PIÈCES    JUSTJFICATIVES  353 

vient  quatre  cents  livres,  plus  pour  réparer  le  comble  du  réffccloirc 
de  la  salle  qui  est  au  bout  par  où  Ton  entre  de  la  cour  de  l'abbaïe 
dont  la  porte  est  sur  l'allée  par  où  Ton  va  au  cloislre  disent  qu'il 
faut  pour  la  charpente  deux  mille  cinq  cens  livres  ;  plus  esconvient 
pour  réparer  le  pressoir  par  lequel  on  entre  de  dedans  laditte  allée 
et  (jui  est  soubs  la  chambre  du  feu  sieur  prieur,  laditte  chambre  du 
feu  sieur  prieur,  celle  qui  est  derrière,  celle  qui  est  sur  la  salle  où 
le  feu  a  commencé,  mettre  un  parois  pour  en  faire  la  séparation 
d'avec  la  grande  chambre  et  le  comble  de  dessus,  touttes  lesdittes 
chambres  deux  mil  cinq  cens  livres  ;  pour  la  charpente  du  cloistre 
estiment  qu'il  convient  quatre  cents  cinquante  livres,  le  tout  oultre 
les  vieils  matériaux  dont  l'on  en  pouroit  faire  servir  encor  quelques- 
uns  de  ceux  qui  sont  mentionnez  au  procès-verbal  par  nous  dressé 
le  ving-t  uniesme  de  mars  dernier,  qui  vallent  viron  cent  cinquante 
livres,  ce  qu'ils  afferment  véritable,  et  qu  ils  ne  voudroient  faire 
lesdittes  réparations  à  moindre  prix,  et  ont  signé,  lecture  faitte, 
après  avoir  dit  qu'ils  voudroient,  outre  les  sommes  cy  dessus,  ce 
qui  reste  encor  de  bois  à  leur  proffit,  et  ont  signé,  lecture  faitte. 
Signé  :  un  merc  sous  lequel  est  escript  le  fait  dudict  le  Noble,  avec 
Thierry,  un  paraphe. 

Jacques  Saffrey,  menuisier,  demeurant  au  faubourg  Saint-Aignen 
du  Pontaudemer,  aagé  de  quarante  ans  ou  environ,  juré  de  dire 
véritté,  purgé  de  saon  coustumier  ; 

Robert  Deville,  menuisier,  demeurant  audict  Pontaudemer, 
paroisse  Saint-Ouen,  aagé  de  trente-huit  ans  ou  environ,  juré  de 
dire  véritté  ; 

Marguerin  Deville  aussy  menuisier,  frère  dudit  Robert,  demeu- 
rant en  la  mesme  parroisse,  aagé  de  trente-six  ans  ou  environ, 
juré  de  dire  véritté,  purgé  de  saon  coustumier  ; 

Ont  uniformément  dit,  lecture  k  eux  faitte,  de  nostreditte  ordon- 
nance, qu'après  avoir  veu  les  bastiments  de  ceste  abbaïe  ils  ont 
remarqué  qu'il  esconvient  pour  réparer  la  grande  et  petitte porte  de 
laditte  abbaye  en  ce  qui  est  de  la  menuiserie  tant  pour  le  bois,  le 
clou  que  l'emploi,  trente  livres  pour  mettre  trois  portes  neufves  à 
la  maison  qui  est  joignante  laditte  porte  à  main  gauche  comme  l'on 
entre  ;  quatorze  livres  pour  trois  fenestres  ;  à  laditte  maison  six 
livres.  Plus  pour  mettre  deux  fenestres  quand  il  y  aura  une 
chambre    rebastie  sur  laditte   porte,  comme  l'on  a  dit  qu'il  y   en 


336  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

avoit  deux  à  celle  qui  fut  bruslée  il  y  a  deux  ans,  avec  deux  demi- 
croisée  du  costé  de  laditte  cour  et  deux  portes  Tune  pour  la  chambre 
et  Tautre  pour  le  grenier,  vingt-cinq  livres.  Disent  aussy  que  au 
bout  de  l'allée  qui  part  de  la  première  court  de  labbaïe  à  aller  au 
cloistre  il  faut  une  porte,  à  Fentrée,  à  une  allée  par  où  Ton  va  à 
une  salle  antiennement  appellée  le  massaie  et  une  autre  pour  le 
passage  qui  va  de  laditte  salle  dans  la  cour  vers  la  maison  du  sieur 
abbé,  plus  une  autre  porte  entre  ledit  massaie  et  la  grande  cuisine 
et  deux  autres  petittes  portes  dont  l'une  servira  à  fermer  la  salle 
qui  est  le  long  de  laditte  allée  où  Ton  a  dit  que  le  feu  a  commencé 
et  l'autre  au  bout  du  cloistre,  pour  lesquelles  comprins  le  clou  et  le 
fer  estiment  qu'il  apartient  soixante  et  dix  livres  ;  et  sy  il  faut 
encor  une  autre  porte  à  une  grande  salle  que  l'on  appelle  le  bûcher^ 
une  qui  sert  à  sortir  de  laditte  salle  à  aller  dans  la  basse  cour  et  une 
autre  servant  d'entrée  à  la  cour  de  la  maison  dudit  sieur  abbé 
voient  que  pour  les  trois  portes  il  appartient  cent  livres.  Comme 
aussy  esconvient  à  l'entrée  de  la  cave  réparer  la  porte,  pour  quoy 
faute  soixante  sols,  deux  autres  portes  aux  deux  boutz  du  cloistre 
et  une  autre  au  bout  du  réfectoire  pour  lesquelles  apartient  trente 
et  une  livres  ;  et  sy  esconvient  pour  le  dortoir  six  fenestres  de  dix 
huit  livres  ;  pour  réparer  touttes  les  vieilles  portes  de  laditte  abbaïe 
esconvient  aussy  cent  cinquante  livres;  au  bout  de  la  maison  de 
Vinfirmcric  faire  un  auvent  de  trente  livres;  au  collomhier  faut  une 
double  croisée  de  brin  avec  la  croisée  et  deux  fenestres  coullantes, 
le  tout  estimé  à  quinze  livres,  et  au  cloistre  pour  le  lambris  disent 
que  comprins  le  clou  et  la  paine  de  ceux  qui  en  feront  l'employ  il 
apartient  six  cens  cinquante  livres,  jurant  qu'ils  ne  voudroient  faire 
œuvres  cy-dessus  pour  moins  ;  disent  aussy  que  n'y  aiant  aucunes 
portes  au  lieu  que  l'on  appelle  le  bûcher  sous  le  dortoir  à  présent 
à  autre  usage,  il  appartient  pour  en  mettre  aux  deux  places  qui  y 
sont  trente  quatre  livres,  et  pour  deux  portes  et  quatre  demies  croi- 
sées qui  ont  autrefois  esté  à  une  aparence  de  maison  où  présente- 
ment l'on  travaille  à  rétablir  le  comble  faut  trente  huit  livres  outre 
tout  ce  que  dessus,  pour  une  porte  qui  a  deub  estre  à  une  chambre 
qui  fut  sur  le  lieu  où  le  feu  a  prins,  à  laquelle  y  a  aparence  qu'il 
n^  avoit  qu'une  croisée,  et  à  la  chambre  servant  au  feu  sieur  prieur 
joignante  à  ceste  première  encor  une  autre  porte,  les  deux  avec 
laditte  croisée  vallant  vingt-sept  livres  ;  et  à  la  chambre  qui  estoit 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  357 

sur  le  massalo  entre  le  relîectoire  et  une  autre  maison  k  présent 
occupée  par  le  sieur  ele  Chambourji^,  rcUigieux,  pour  une  porte  et 
les  trois  croisées  que  Ion  a  dit  qui  y  estoient  faut  soixante  et  trois 
livres,  ce  qu'ils  ont  afiirmé  vérittable  et  signé,  lecture  faitte.  Signé: 
Robert  Deville,  J.  Sasfrey,  Marguerin  Deville,  Legras  et  d'Espaigne, 
chacun  un  paraphe. 

Et  d'autant  que  l'heure  est  tard  avons  ordonné  aux  vitriers  et 
plastreurs-couvreurs  de  se  représenter  samedi  prochain,  dix  heures 
du  mattin  par  devant  nous  au  Pontaudemer,  aux  fins  d'estre  leurs 
dépositions  rédigées  par  escript.  Signé  :  Legras  et  d'Espaigne,  cha- 
cun un  paraphe. 

Du  samedi,  onziesme  jour  d'avril  mil  six  cens  soixante  et  cinq, 
au  Pontaudemer,  devant  nousdit  sieur  du  Réel,  lieutenant  général, 
assisté  dudit  d'Espaigne,  greffier. 

Se  sont  présentez  lesdits  vitriers  et  couvreurs,  lesquels  ont  esté 
ouïs  sur  les  réparations  qui  sont  nécessaires  à  faire  de  leur  mestier 
aux  bastimens  de  Grestain  ;  les  dépositions  desquels  s'ensuivent  : 

Claude  de  la  Fontaine,  vitrier,  demeurant  en  ceste  ville,  paroisse 
de  Saint-Ouen,  aagé  de  soixante  ans  ou  environ,  et 

Charles  Lepelletier,  aussi  vitrier,  demeurant  en  ladicte  paroisse, 
aagé  de  quarante  quatre  ans  ou  environ,  jurez  de  dire  véritté,  pur- 
gez de  saon  coustumier  ; 

Ont  dit,  lecture  faitte  de  nostre  ordonnance  que  ilz  firent  jeudy 
dernier  la  visitte  en  nostre  présence  des  lieux  qui  furent  monstrez 
par  le  sieur  prieur  de  Grestain  et  le  sieur  Le  Painteur,  cy-devant 
receveur,  ausquels  est  nécessaire  de  faille  rédiffication  et  à  autre 
des  réparations,  et  remarquèrent  que  il  esconvient  aux  chambres  du 
dortoi7\  du  costé  de  l'infirmerie  y  comprins  la  chambre  du  sieur 
curé  de  Saint-Ouen  de  Grestain  le  nombre  de  traize  paneaux  de 
verre  et  en  réparer  huit  autres,  pourquoi  faut  vingt  cinq  livres  ;  de 
l'autre  costé  dudit  dortoir  il  esconvient  aux  autres  chambres  du 
costé  du  cloistre  dix-huit  paneaux  de  Acrre  et  en  réparer  quinze 
qu'ils  ne  voudroient  faire  pour  moins  de  quarante  livres  ;  au  bout 
de  l'allée  dudit  dortoir  vers  le  cloistre  faut  une  grande  vitre  ainsy 
qu'il  paroist  y  en  avoir  eu  une  qu'ils  estiment  à  douze  livres  ;  plus 
au  réfectoire  du  costé  de  la  chaire  du  lecteur  il  convient  quinze 
vitres  de  dix  pieds  de  hauteur  et  un  demy  de  largeur  ;  plus  audit 
réfectoire,  du  costé  du  cloisti'e,  il  esconvient  fnire  huit  0   portant 


3o8  l'a  BRAVE    DE    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

de  diamettre  quatre  pieds,  disant  qu'il  esconvient  pour  lesdittes 
vitres  deux  cens  livres  ;  au  bout  dudit  réfectoire  du  costé  du  levant 
il  faut  une  g-rande  vitre  de  vingt-deux  pieds  de  hauteur  et  douze  de 
large,  celle  qui  y  estoit  estant  portée  de  maineaux  et  archetz  qui 
sont  rompus,  à  cause  de  quoy  en  faut  faire  d'autres  et  quand  il  x 
en  aura  de  mis  et  qu'elle  sera  refaitte  de  massonnerie  il  faudra  le 
nombre  de  quarante  paneaux  de  verre  et  vingt  archetz,  ce  qu'ils 
estiment  à  cent  cinquante  livres  ;  disent  qu'ils  faut  aussi  à  la 
chambre  du  feu  sieur  prieur  laquelle  a  esté  bruslée  par  un  bout 
ainsy  que  le  comble  d'icelle  six  0  portant  trois  pieds  de  diamettre 
et  une  croisée  de  quatre  paneaux  ;  et  du  costé  de  la  basse  court  deux 
croisées  et  réparer  celle  de  ladite  chambre,  le  tout  estimé  soixante 
livres  ;  comme  aussy  cju'il  faut  à  la  chambre  du  seigneur  abbé 
occupée  par  le  sieur  Le  Painteur  quatre  paneaux  en  verre  de  douze 
livres,  jurant  qu'ils  ne  voudroient  faire  lesdittes  réparations  de 
vitres  à  moins,  ce  qu'ils  ont  signé,  lecture  faitte,  après  avoir  esté 
dit  par  ledit  Le  Pelletier  que  à  la  maison  qui  estoit  sur  la  porte 
par  laquelle  on  entre  à  laditte  abbaïe  qui  estoit  occupée  par  ledit 
sieur  curé  il  y  a  voit  une  autre  croisée  du  costé  de  la  cour  où  il  y 
avoit  deux  paneaux  de  verre  et  une  demie  du  costé  de  la  mer,  et 
que  pour  en  mettre  d'autres  il  faudroit  six  livres,  ce  qu'ils  ont 
signé,  lecture  faitte.  Signé  :  C.  de  la  Fontaine  et  C.  Le  Pelletier, 
chacun  un  paraphe. 

Cristophe  Réaux,  plastreur-couvreur,  demeurant  en  ceste  ville, 
parroisse  de  Saint-Oûen.  aagé  de   cinquante-cinq  ans  ou  environ  ; 

Jean  Réaux  aussy  plastreur-couvreur.  demeurant  en  laditte  par- 
roisse, aagé  de  vingt-quatre  ans  ou  environ,  jurez  de  dire  véritté, 
purgez  de  saon  coustumier  ; 

Ont  uniformément  dit  qu'il  esconviendroit  pour  couvrir  une  mai- 
son semblable  à  celle  qui  estoit  sur  la  porte  de  laditte  abbaïe  huit 
mille  de  thuille,  cinq  mille  de  latte,  vingt  mille  de  clou  à  latte,  dix 
montz  de  piastre  pour  dix  livres  de  chaux,  sept  livres  de  saisie  pour 
les  maisons  du  feu  sieur  prieur,  réfectoire  bruslé  en  partie,  les  bas- 
timens  qui  sont  au  bout  qui  ont  esté  bruslés  et  pour  le  cloistre 
disent  qu'il  faut  cinquante  mille  de  thuile.  douze  mille  de  latte, 
soixante  et  dix  mille  de  clou  à  latte,  quarante  montz  de  piastre, 
cent  cinquante  boisseaux  de  chaux  et  pour  quatre  vingtz  livres  de 
sable,  et  qu'il  esconvient  pour  recouvrir  l'esglise  deux  mille  d'ar- 


PIÈCES    .IISTIFICATIVKS  359 

doise  et  quatre  mille  de  clou  h  ardoise,  desclarant  qu'ils  ne  vou- 
droicnt  fournir  lesd.  matériaux  et  les  emploier  pour  moins  de  trois 
mille  cinq  cens  livres,  sans  comprendre  environ  quatre  mille  de 
tliuille  qui  sont  encor  sur  ledit  réfectoire  et  dans  icelluy,  ce  qu'ils 
affirment  véritable  et  ont  signé,  lecture  faitte.  Signé  un  merc  sous 
lequel  est  escript  :  le  fait  dudict  Christophe  Réaux  avec  Jean  Réaux  ; 
Legras  et  d'Espaigne,  chacun  un  paraphe.  Collationné  :  Legras, 
Despaigne. 

(Arch.  dép.  de  l'Eure,  H.  347.) 


XCVII 

Arrct  du  parlement  de  Rouen  accordant  mainlevée  des  deux  tiers 
de  ses  deniers  à  Denis  Sanguin,  abbé  commendataire  de  Gres- 
tain. 

1667,  18  juin. 

Sur  la  requeste  présentée  par  M.  Denis  Sanguin,  conseiller  et 
aumosnier  du  roy,  abbé  commendataire  de  l'abbaye  de  Nostre- 
Dame  de  Grestain,  au  dioceze  de  Lisieux,  à  ce  qu'attendu  que  le 
nommé  Chanu  ou  plustôt  le  sieur  Le  Painteur,  son  piège,  qui  est  en 
effet  le  véritable  receveur  de  ladite  abbaye,  voyant  que  son  bail  est 
prest  à  expirer  et  que  le  demandeur  en  auroit  disposé  en  faveur 
d'un  autre,  picqué  de  ce  qu'on  ne  le  continuoit  pas  à  la  recepte  de 
l'abbaye  pour  s'en  venger  et  afm  d'avoir  un  prétexte  de  ne  rien 
payer  du  prix  de  son  bail,  auroit  à  la  diligence  de  dom  Jehan  Le 
Painteur,  prieur  de  ladite  abbaye,  son  frère,  faict  donner  une  sen- 
tence par  le  lieutenant  du  bailly  de  Rouen  au  siège  du  Pont- 
Audemer,  soubz  le  nom  du  procureur  du  roy  audit  siège,  le  dix- 
huictiesme  avril  dernier  portant  deffenses  à  lui  faictes  de  se  dessai- 
sir des  deniers  par  luy  deubs  audit  demandeur  soubz  prétexte  de 
réparations  et  réditlications  qui  sont  à  faire  aux  bastiments  de 
ladite  abbaye  qur  estoient  aucunement  utiles  et  lesquelz  ont  esté 
consommez  par  l'incendie  qui  y  seroit  arrivée  au  mois  de  febvrier 
mil  six  cent  soixante-cinq  '  par  la  mauvoise  conduitte  des  domes- 
ti([ues  dudit  receveur  qui  y  alloient  et  venoient,   des  actions  des- 

\.  Une  autre  pièce  donne  la  date  du  18  mars  166^. 


^^^  L  AliHAYE    DE    i\0ïRE-DA5JE    DE    GRESTAIN 

quels  icelluy  receveur  doibt  respondre  ;  il  plaise  à  la  Cour  recevoir 
ledit  demandeur  appelant  de  ladite  sentence  cv-dessus  dabtée,  etc 
Veu  par  la  Cour  ladite  requeste  et  ladicte  sentence  dont  est 
appel....  La  Cour  du  consentement  du  procureur  g-énéral  a  octroie 
et  octroie  mandement  audit  Sanguin  aux  fins  de  sa  requeste  et 
cependant  luj  a  accordé  main-levée  des  deux  tiers  de  ses  deniers 
arrestez  seullement  sy  mieux  il  n'ayme  bailler  bonne  et  suffisante 
caution. 

^^^OT.  D^.  HOULLEY. 

(Arch.  dép.  de  la  Seine-Inférieure.  Reg.  du  parlement  de  Rouen 
mai-juin  1667.)  ' 

XCVIII 

Arrêt  (lu  parlement  de  Boue,!  entre  J/"-  de  Longueville,  Vahhaye 
de  Grestain  et  raniiraiité  de  Quilleheuf,  touchant  les  droits  de 
pêche  et  de  varech. 

1672,  2  avril. 

Extrait  des  registres  de  la  cour  de  parlement  de  Rouen.  Entre 
dame  Anne  de  Bourbon,  princesse  du  sang,  veuve  de  messire 
Henry  d'Orléans,  duc  de  Longueville  et  d'Estouteville,  pair  de 
France  et  gouverneur  de  Normandie,  tutrice  et  ayant  la  garde 
royalle  des  sieurs  ducs  de  Longueville  et  comte  de  Saint-Pauî,  ses 
enfans,  laquelle  aurait  repris  les  procès  en  l'état  que  les  a  laissés 
ledit  feu  sieur  duc  de  Longueville,  vivant  impétrant  du  mandement 
de  la  cour,  du  troisième  décembre  1643,  et  apelant  de  sentence 
rendue  par  le  juge  de  l'admirauté  de  Quillebeuf  le  23'^  aoust  1661, 
ensemble  d'autre  sentence  donnée  au  siège  général  de  l'admirauté 
de  France  à  la  table  de  marbre  du  palais  à  Rouen,  le  l"''  jour  de 
septembre  audit  an,  et  autrement  adjourné  en  vertu  du  mandement 
de  laditte  cour  du  28''  jour  de  septembre  mil  six  cent  cinquante,  et 
laditte  dame  de  Bourbon  comme  prenant  le  faict^de  ses  receveurs 
au  comté  de  Tancarville  adjournée  en  vertu  d'autres  mandemens  de 
laditte  cour  des  9-^  février  et  13"  octobre  166i,  d'une  part. 

Les  abbé  et  religieux  de  Grestain  prenant  le  fait  de  leurs  rece- 
veurs et  procureur  fiscal  de  leur  baronnie  et  haute  justice  de  Gres- 
tam,  adjournés  en  vertu  dudit  mandement  du  3"^  décembre  1643  et 


PIÈCES     IISTIFICATIVES  3()1 

de  ccluy  du  13''  octobre  166i  et  demandeurs  suivant  ledit  mande- 
ment du  28"  septembre  iOoO,  d'autre  ;  François  le  Breton,  François 
Vig^neron  et  leurs  joincts  demandeurs  suivant  ledit  mandement  de 
la  cour  du  13''  octobre  1064  et  apelants  de  sentence  rendue  par  le 
vicomte  de  l'Eau  dudit  comté  de  Tancarville,  le  11'"  septemijre 
audit  an  1664,  d'autre  part;  Philippes  de  Houël,  sieur  de  la  Pom- 
meraye  et  de  Berville,  adjourné  en  vertu  dudit  mandement  du 
13"  octobre  1664,  d'autre  ;  m"  Jean  Collas,  procureur  du  roy  en 
ladite  admirauté  de  Quillebeuf  ayant  repris  le  procès  en  l'état  que 
l'avoit  laissé  feu  m"...  Collas,  son  père,  aussy  procureur  du  roy  en 
ladite  admirauté  intimé  ausdittes  appellations  et  adjourné  en  vertu 
dudit  mandement  du  neufiesme  jour  de  février  mil  six  cens 
soixante  quatre,  d'autre  ;  Jean  Heudriesen,  maistre  de  navire 
flament,  aussi  intimé,  d'autre  ;  et  Deric  France,  aussy  maistre  de 
navire  flament,  demandeur  suivant  ledit  mandement  du  9"  jour  de 
février  1664. 

Veu  par  la  cour  les  arrests  d'ycelle  des  4"  aoust  et  4"  jour  de 
décembre  1665  par  lesquels  les  parties  auroient  été  appointées  au 
conseil  sur  toutes  leurs  instances  ;  autre  arrest  de  ladite  cour  du 
I  3°  janvier  1668  portant  acte  accordé  de  la  reprise  dudit  Collas,  fils, 
en  sa  dicte  qualité  de  procureur  du  roy  en  l'admirauté  de  Quille- 
beuf; ledit  mandement  de  la  cour  obtenu  par  ledit  feu  sieur  duc  de 
Longueville,  le  3  décembre  1643,  aux  fins  d'y  faire  assigner  Charles 
le  Painteur,  receveur  de  ladite  abbaye  de  Grestain,  le  procureur 
d'ofTice  de  la  haute-justice  dudit  lieu  ou  autres  qui  voudroient  con- 
tredire le  droit  de  pèche  k  luy  appartenant  à  cause  dudit  comté  de 
Tancarville  pour  être  rég'lez  ainsy  qu'il  appartiendroit  ;  exploit  du 
20"  janvier  mil  six  cens  quarante  quattre  de  signifFication  faicte 
dudit  mandement  ausdits  receveur  et  procureur  d'olTice  de  Gres- 
tain ;  coppie  d'exploict  du  22"  septembre  1650,  d'assignation  faicte  à 
la  requeste  de  Charles  Masse,  receveur  dudit  comté  de  Tancarville, 
à  Charles  de  France  et  autres  pêcheurs  y  dénommés,  à  comparoir 
devant  le  vicomte  de  l'Eau  dudit  Tancarville  pour  se  voir  condam- 
ner et  par  corps  à  restituer  un  bateau,  du  port  de  vingt  cpiatre 
tonneaux,  qu'il  disoit  avoir  esté  par  eux  sauvé  sur  les  eaux  et 
terres  dudit  comté  et  se  voir  multé  d'amende  faute  par  eux  d'avoir 
emmené  ledit  batteau  au  bourg  dudit  Tancarville  ;  ledit  mandement 
de  la  cour  du  28"  dudit  mois  de  septembre  obtenu  par  lesdits  abbé 


k 


362  l'abbaye  de  notrk-dame  de  CiREstain 

et  religieux  de  Grestain  pour  y  faire  assigner  ledit  sieur  duc  de 
Longueville  prenant  le  faict  de  ses  receveurs  audit  comté  de  Tan- 
carville,  aux  fins  de  faire  dire  que  l'instance  touchant  ledit  batteau 
qu'ils  prétendoient  avoir  esté  sauvé  sur  le  territoire  de  ladite  haute- 
justice  de  Grestain  seroit  joincte  à  la  cause  principalle  appointée  au 
conseil  ;  exploict  du  8"  octobre  audit  an  de  signification  faicte  dudit 
mandement  audit  sieur  duc  de  Longueville  ;  sentence  rendue  par 
ledit  vicomte  de  l'Eau  de  Tancarville  le  21*^  aoust  1661  par  laquelle 
Jean  Heudriesen,  maistre  de  navire  flament,  auroit  esté  condamné 
payer  soixante  quinze  livres  à  Robert  Hamel,  Roger  Dumont, 
Michel  Rideau  et  leurs  joincts  thoueurs  et  lamannœurs  de  Quille- 
beuf  pour  leurs  peines  et  salaires  d'avoir  travaillé  à  sondit  navire 
après  sa  déclaration  qu'il  se  raportoit  à  justice  d'en  ordonner  ladite 
sentence  du  juge  de  l'admirauté  de  Quillebeuf  du  23*^  jour  dudit 
mois  d  aoust  1661,  par  laquelle  sur  la  réquisition  de  m'"  Jean  Colas 
procureur  du  roy  audit  lieu,  lesdits  Hamel,  Dumont,  Rideau  et 
leurs  joincts,  auroient  été  condamnés  chacun  en  six  livres  d'amende 
pour  avoir  procédé  devant  ledit  vicomte  de  l'Eau  de  Tancarville 
sur  la  demande  desdits  sallaires  avec  delFenses  à  eux  faictes  et  à 
tous  autres  du  mestier  de  la  mer  de  recoguoistre  autre  juridiction 
que  celle  de  l'admirai,  à  peine  de  cinq  cens  livres  d'amende  et  de 
mettre  ladite  sentence  à  exécution,  ladite  sentence  du  vicomte  de 
l'Eau  de  Tancarville  comme  donnée  par  juge  incompétent  ;  relief 
d'appel  de  ladite  sentence  obtenu  par  ledit  feu  sieur  duc  de  Lon- 
gueville  comme  prenant  le  faict  desdits  Hamel,  Rideau  et  joincts  le 
dernier  du  mesme  mois  d'aoust,  et  exploict  dudit  jour  d'assignation 
faicte  à  la  requeste  dudit  Heudriesen  audit  Hamel  pour  luy  et  ses 
associés  à  comparoir  audit  siège  général  de  l'admirauté  de  France, 
à  la  table  de  marbre  du  palais,  à  Rouen,  pour  voir  régler  leurs 
salaires  ;  autres  exploits  du  I''''  septembre  ensuivant  de  signilïica- 
tions  faictes  dudit  relief  audit  Heudriesen  et  à  son  interprette  avec 
assignation  en  la  cour,  ladite  sentence  rendue  audit  siège  général  de 
l'admirauté,  ledit  jour  premier  septembre,  portant  que  le  salaire 
dudit  Hamel  et  associés  seroit  réglé  par  personnes  à  ce  congnois- 
santes,  et  jusques  à  ce  deffenses  à  luy  faictes  de  mettre  à  exécution 
l'obligation  du  faict  dudit  Heudriesen  dont  il  disoit  estre  porteur  ; 
relief  d'appel  de  ladite  sentence  obtenu  par  ledit  feu  duc  de  Lon- 
gueville  le  2"  dudit  mois  de  septembre,  et  exploict  des  3  et  6  du 


PIECRS    jrSTlFlCATIVES 


303 


mosme  mois  dos  si^niffîcotions  faites  d'iceluy  tant  audit  Ileudriese.n 
et  son  inlerpreltc  qu'audit  Collas,  procureur  du  roy  en  Tadmirauté 
de  Quillebeuf,  mandement  de  la  cour  obtenu  par  Icsdits  abé  et  reli- 
gieux de  Grestain,  le  l''''  février  IGGi.  aux  lins  de  faire  assigner  en 
icelle  ladite  veuve  et  héritiers  dudit  sieur  duc  de  Longucville  pour 
reprendre  ou  délaisser  ledit  procès  sur  ledit  mandement  du 
S**  décembre  I0i3,  et  exploict  de  signiffication  à  eux  faicte  d'iceluy 
le  28^  jour  dudit  mois  de  février  ;  acte  de  reprise  par  ladite  de  Bour- 
bon du  29''  novembre  1663,  exploict  du  8'^  janvier  1664  d'assigna- 
tion donnée  à  Nicolas  Pinel  ayant  avec  Jean  Bourdel  et  autres  bat- 
toliers  déchargé  et  allégé  un  vaisseau  chargé  de  hareng  échoué  en 
la  parroisse  de  Uadicastel  à  comparoir  devant  ledit  vicomte  de  l'Eau 
de  Tancarville  pour  se  voir  condamner  en  son  nom  privé  au  paye- 
ment des  droits  deus  audit  sieur  duc  de  Longueville  à  cause  de 
l'allège  dudit  hareng  ;  sentence  rendue  par  ledit  juge  de  l'admirauté 
de  Quillebeuf,  le  6"  février  audit  an,  portant  deffenses  audit  Bour- 
del et  autres  de  comparoir  sur  le  faict  en  question  devant  ledit 
vicomte  de  l'Eau  de  Tancarville  à  peine  de  cent  livres  d'amende  ; 
autre  sentence  rendue  par  contumace  en  ladite  vicomte  de  l'Eau  de 
Tancarville.  le  1"  dudit  mois  de  février,  par  laquelle  ledit  Pinel 
auroit  été  condamné  à  payer  à  Pierre  Pouchet  et  Pierre  Godeffroy, 
receveurs  dudit  comté  de  Tancarville,  la  somme  de  quatre-vingt- 
une  livres  par  eux  demandées  pour  les  droits  de  ce  qui  avoit  été 
déchargé  et  enlevé  dudit  vaisseau  appartenant  à  Deric  France, 
maistre  de  navire  flament,  tant  pour  luy  Pinel  qu'autres  batteliers 
avec  dépens  ;  coppie  dudit  mandement  de  la  cour  du  9''  dudit  mois 
de  février  obtenu  par  ledit  Deric  France  pour  y  faire  assigner  les- 
dits  receveurs  du  comté  de  Tancarville,  ledit  procureur  du  roy  de 
l'admirauté  de  (  Knllebeuf  et  ceux  qui  avoient  faict  la  descharge  et 
recharge  dudit  hareng  pour  procéder  sur  leurs  prétentions  et 
demandes;  exploit  du  19"  dudit  mois  de  février  de  signifhcation 
faicte  d'iceluy  audit  receveur  du  comté  de  Tancarville  ;  vidimus 
d'arrest  du  conseil  privé  du  roy  du  10"  juin  audit  an  16()4  obtenu 
par  ladite  dame  de  Longueville  portant  que  les  parties  procéde- 
roient  en  ce  parlement  sur  leurs  difierens,  circonstances  et  dépen- 
dances ;  ladite  sentence  rendue  en  la  vicomte  de  l'Eau  de  Tancar- 
ville le  11'"  septendire  ensuivant  par  laquelle  sur  l'action  desdits 
receveurs  diulit  comté,  lesdits  François  le  Breton.  François  Vigne- 


364  l'abraye  de  notre-dame  de  grestain 

ron  et  autres  pêcheurs  leurs  associés  y  dénommés  auroient  été  con- 
damnés et  par  corps  à  représenter  les  hareng  et  autres  choses  par 
eux  sauvées  dune  gribanne  péréclitée  sur  les  eaux  dudit  comté  à  la 
pointe  de  Grestain,  et  dont  ils  auroient  recog-nu  être  saisis  sur  le 
quay  dudit  Tancarville  et  pour  la  contravention  par  eux  faite  aux 
ordonnances  et  rég-lemens  de  ladite  vicomte  condamnés  solidaire- 
ment en  vingt  livres  d'amende,  ledit  mandement  du  14^  octobre 
1664  obtenu  par  ledit  le  Breton,  Vigneron  et  joincts  ayant  sauvé 
partie  des  harengs  et  marchandises  qui  étaient  dans  une  gribanne 
chargée  de  bois  appartenant  à  Jean  Depas  et  Pierre  Durand,  bour- 
geois de  Rouen,  laquelle  avait  faict  naufrage  proche  de  ladite  abbaye 
de  Grestain,  aux  fins  d'y  faire  assigner  les  seigneur  et  prétendans 
les  droits  de  warech  leur  en  appartenir,  obéissant  rendre  les  harengs 
et  marchandises  sauvées  à  ceux  qu'il  seroit  ordonné  par  la  cour  en 
payant  le  droit  de  sauvetage  et  gardes,  frais  et  dépens  faicts  en 
conséquence  ;  exploits  des  21  et  30  dudit  mois  doctobre  de  signif- 
fications  faictes  dudit  mandement  tant  ausdits  receveurs  du  conté 
de  Tancarville  et  Philippes  de  Houël  qu'aux  receveurs  de  ladite 
abbaye  de  Grestain  avec  assignation  à  eux  donnée  en  la  cour  ;  cop- 
pies  de  transaction  faicte  entre  le  comte  de  Tancarville  et  les  abé 
et  religieux  de  ladite  abbaye  de  Grestain,  les  11^  février  1408,  20 
et  22  aoust  1412,  touchant  les  différens  qu'ils  avoient  pour  raison 
des  droits  de  justice,  pêcherie  et  varrech  à  eux  appartenant  ;  extrait 
du  registre  des  expéditions  dudit  comté  de  Tancarville  du  20  mars 
1  497  :  autre  extraict  du  registre  plumitif  du  greffe  de  la  jurisdic- 
tion  dudit  comté,  du  13  mars  1627,  faisant  mention  comme  les 
pêcheurs  en  la  rivière  de  Seine  du  costé  du  sud  y  dénommés  auroient 
été  appelles  aux  pieds  et  pour  n'avoir  comparu  condamnés  en 
amende  ;  coppie  de  mandement  de  débat  de  tenure  obtenu  par  les- 
dits  abbé  et  religieux  de  Grestain  en  la  chancellerie  de  Rouen,  le 
24  avril  1602,  pour  le  faict  des  pêches  par  eux  prétendues  ;  acte 
exercé  au  siège  du  bailliage  du  Ponteaudemer,  le  o  aoust  audit  an, 
entre  lesdits  abbé  et  religieux  de  Grestain  et  le  procureur  fiscal 
dudit  comté  de  Tancarville  ;  autres  actes  exercés  en  ladite  haute 
justice  de  Grestain,  les  20  may,  4  juin,  9  juillet,  24  septembre, 
14  et  29  octobre  1643,  entre  ledit  Charles  le  Painteur,  receveur  de 
ladite  abbaye  de  Grestain,  et  plusieurs  pêcheurs  en  ladite  rivière 
de  Seine  du  costé  du  sud  auxquels  il  auroit  baillé  à  ferme  ladite 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  365 

pêche  ;    coppie   craveu   et  dénombrement   rendu  au   roy   par  dame 
Marie  de  Bourbon,  duchesse  de  Long-ueville,  ayant  la  garde  royalle 
du  sieur  duc  de  Long'ueville,  son  fils,  dudit  comté  de  Longueville 
suivant   l'érection    d'iceluy  de    l'an   mil  trois    cent   cinquante  un, 
vériffié  au  parlement  de  Paris  en  16r)2;  coppie  approuvée  de  l'ex- 
traict  d'un  article  d  un  ancien  registre  touchant  les  droits  de  ladite 
vicomte  de  l'Eau  de  Tancarville  ;  autre  coppie  d'un  autre  registre 
de    1469    contenant   les  coutumes    et   droitures   appartenant  audit 
comté  de  Tancarville;  coppies  de  lettres  de  clameur  de  gages  pièges 
obtenues  par  le  sieur  duc  de  Longueville,  comte  de  Tancarville,  en 
la  chancellerie  à  Rouen  le  28  décembre  1610  ;  cahier  de  coppies  de 
plusieurs  arrests  et  réglemens  de  la  cour  touchant  la  compettence  et 
jurisdiction  du  vicomte  de  l'Eau  de  cette  ville  de   Rouen  ;  autres 
arrests  de  ladite  cour  des  18  juillet  1628,  23  aoust  1659  et  18  juin 
1663;  coppie  en  latin  de  la  charte  de  Richard,  roy  d'Angleterre  et 
duc  de  Normandie,  donnée  le  premier  de  son  règne,  portant  con- 
firmation des  donations  qui  avoient  été  faictes  à  ladite  abbaye  de 
Grestain  par  Robert,  comte  de  Mortain,  et  autres  fondateurs  d'icelle  ; 
coppie  de  la  pancarte  de  la  prévosté,  coutume  et  droits  appartenans 
à  ladite  abbaye  de  Grestain  ;  coppie  de  transaction  faicte  entre  les- 
dits  abé  et  religieux  de   Grestain  et  les  y  dénommés  :  la  première 
du   mois  de  février   1286,  la  seconde  de   1314   et  la  troisième   du 
mois  de  juillet  1322  ;  coppie  de  sentence  du  vicomte  de  Ponteaude- 
mer  du  8  octobre  13")3;  coppie  de  permission  donnée  par  le  capi- 
taine de  llonnetleur  auxdits  sieur  abl)é  et  religieux  de  Grestain,  le 
5  février  1424,   de  jouir  de  leurs  droits  de  coustume,    pêcheries, 
charges  et  décharges,   batel  ou  batteau    en   leurdite  haute  justice 
ainsy  qu'ils  avoient  faict  par  le  passé  ;  coppie  de  sentence  rendue 
en  ladite  haute  justice  de  Grestain,  le  29  avril  1623  ;  coppie  d'aveu 
et  dénombrement    rendu   au  roy    en  la  chambre  des  comptes  de 
Paris   par  Tabbé  de  ladite   abbaye  de    Grestain,    le   6°  septembre 
1469,  du  temporel  d'icelle  abbaye  ;  coppie  d'information  faicte  par 
m°  Guillaume  du  Fay,  lieutenant  du  bailly  de  Rouen,  le  6°  février 
1484  ;  instance  desdits  religieux  de  Grestain  aux  fins  d'avoir  Testât 
du  varrech  et  herbage  décordable  entre  eux  et  le  sieur  de  Marès- 
Varnier  ;   coppie   du  procès-verbal  dudit  jour  par  m'^  Jean  Mogé, 
lieutenant  général  dudit  bailly  de  Rouen,  le  28*"  jour  d'avril  16i3, 
des  choses  y  contenues  décordables  entre  lesdits  abbé  et  religieux 


366  LABBAVE    DE    NOTKE-DAME    DE    GKESTAIN 

de  Grestaiii  et  la  dame  duchesse  douairière  de  Longueville  ayant 
la  g'arde  royalle  dudict  sieur  duc  de  Long^ueville  ;  coppie  d'autre 
procès-verbal  dressé  par  le  lieutenant  du  sénéchal  de  ladite  baronie 
et  haute-justice  de  Grestain.  le  2^  juillet  1583.  de  létat  d'un  navire 
tombé  Avarech  proche  l'ég-lise  de  Berville  avec  la  main  levée  par 
luy  accordée  des  marchandises  qui  étoient  dans  ledit  navire  à  ceux 
qui  les  auroient  réclamées  ;  extraict  de  sentence  rendue  aux  pieds 
de  la  haute-justice  de  Grestain.  le  29  octobre  1643  ;  coppie  d'ar- 
rest  de  la  cour  du  3  mars  1633  ;  aveu  rendu  au  roy  en  la  chambre 
des  comptes  de  Normandie  du  fief  et  sieurie  de  la  Pommeraye  jiar 
Jean  de  Houël  ;  commission  addressée  par  ladite  chambre  des 
comptes  au  bailly  de  Rouen  ou  son  lieutenant  au  siège  du  Ponteau- 
demer,  le  10"  jour  de  may  1601,  pour  procéder  à  la  vériffication 
dudit  aveu  ;  information  faicte  en  conséquence  par  ledit  juge  le 
22  juin  audit  an  ;  sentence  de  vérification  dudit  aveu  rendu  par 
ledit  juge  de  Ponteaudemer  le  dernier  dudit  mois  de  juin  ;  coppies 
d'autres  aveus  rendus  à  ladite  sieurie  de  la  Pommeraye  les  12  juil- 
let 1606  et  18  juillet  1618  ;  autre  aveu  rendu  au  roy  en  ladite 
chambre  des  comptes  de  Normandie  par  Philippes  de  Houël  dudit 
fief  et  sieurie  de  la  Pommeraye,  le  12  may  1653  ;  commission 
adressée  par  ladite  chambre  au  juge  du  Ponteaudemer,  le  16*^  dudit 
mois  de  may,  pour  procéder  à  la  vériffication  dudit  aveu  ;  informa- 
tion faicte  en  conséquence  par  ledit  juge  le  19  septembre  audit  an  ; 
coppie  de  sentence  de  A'ériffication  dudit  aveu  rendu  par  ledit  juge 
le  9  décembre  ensuivant  ;  arrest  de  ladite  chambre  des  comptes  du 
6*^  février  1654  portant  main-levée  deftinitive  dudit  fief  de  la  Pom- 
meraye ;  coppie  de  sentence  rendue  en  ladite  haute  justice  de  Gres- 
tain  le  4*^  octobre  1664  ;  vidimus  d'arrest  du  conseil  d'Etat  du  roy, 
du  23*^  janvier  1662,  obtenu  par  le  sieur  duc  de  Vendosme,  grand 
maistre,  chef  et  surintendant  général  de  la  navigation  et  commerce 
de  France  ;  autres  arrests  dudit  conseil  des  14  octobre  1650  et 
quatre  mars  1654  ;  inventaire  de  clausion  de  ladite  dame  de  Lon- 
gue ville,  desdits  abbé  et  religieux  de  Grestain,  des  Houël,  le  Bre- 
ton, Vigneron  et  joincts,  et  des  juges  et  officiers  de  ladite  admirante 
de  Quil])euf.  attestés  de  leurs  procureurs  :  conclusions  du  procureur 
général  du  roy  et  tout  ce  que  les  parties  ont  mis  par  devers  la 
cour. 

Ouy  le  conseiller  commissaire  en  son  rapport,  tout  considéré,  la 


PIECES    JLSTIFICATIVKS 


367 


Cour  a  mis  les  appellations  et  ce  dont  a  été  appelle  au  néant, 
émendant  les  jug'emens  a  déchargé  lesdits  le  Breton,  Vigneron  et 
joincts  des  20  livres  d'amende  contre  eux  jugée  par  ladite  sentence 
du  vicomte  de  l'Eau  de  Tancarville  du  11  septembre  1604,  a  con- 
damné lesdits  Pouchet  et  GodelTroy  solidairement  à  leur  en  faire 
restitution  avec  despens,  comme  aussy  a  déchargé  lesdits  Hamel, 
Roger,  Dumont,  Rideau  et  joincts  des  amendes  ausquelles  ils  ont 
été  condamnées  par  ladite  sentence  de  l'admirauté  de  Quillebeuf 
du  23''  aoust  1661,  et  leur  a  permis  d'exécuter  ledit  Heudriesen 
jusqu'à  la  somme  de  soixante  quinze  livres  pour  leurs  sallaires  en 
question.  Et  faisant  droict  sur  les  conclusions  des  parties  a  main- 
tenu le  duc  de  Longueville,  comte  de  Tancarville,  aux  droits  et 
possessions  de  toutes  sortes  de  pêcheries  tant  à  pied  qu'avec  bat- 
teau  et  de  Avarech  dans  toute  l'étendue  des  eaux  dudit  comté,  et 
lesdits  abbé  et  religieux  de  Grestain  aux  droits  de  pèche  à  pied  seu- 
lement et  sans  batteau  sur  le  rivage  de  la  rivière  de  Seine  entre  le 
Noir-port  et  la  Croix  de  la  Devise  du  costé  de  Grestain,  et  de 
warech  qui  se  trouve  à  terre  et  qui  se  peut  enlever  à  bras  de  corps. 
Et  pour  faire  droict  sur  le  trouble  prétendu  apporté  à  la  jouissance 
et  perception  desdits  droicts  par  le  passé  mesme  des  aggrès  de  la 
gribanne  dudit  Depas,  ordonné  que  les  parties  bailleront  leurs 
mémoires  de  part  et  d'autre  dans  lesquels  ils  articulleront  tels  faicts 
qu'ils  aviseront  bien  être  pour  être  respectivement  contestés.  A 
évincé  ledit  Houël  du  droit  de  warech  par  luy  prétendu  à  cause  de 
son  fief  de  la  Pommeraye,  intérests  et  despens  compensés  entre  luy 
et  lesdits  religieux  et  receveurs  de  Grestain.  A  maintenu  les  juges 
de  l'admirauté  de  Quillebeuf  au  préjudice  dudit  vicomte  de  l'Eau 
de  Tancarville  en  la  congnoissance  des  affaires  de  la  marine,  nau- 
frage et  bris  des  vaisseaux,  allèges  et  sauvetage  des  marchandises 
estans  en  iceux.  Faict  deffenses  audict  viconte  de  l'Eau,  receveurs 
et  autres  otRciers  dudit  comté  de  Tancarville,  d'enlever  ny  faire 
enlever  aucunes  choses  trouvées  en  warrech  avant  que  d'en  avoir 
donnné  avis  auxdits  juges  de  l'admirauté,  lesquels  dresseront  pro- 
cès-verbal de  ce  qui  en  appartiendra  au  roy  et  le  feront  mettre  en 
main  seurre  :  la  congnoissance  du  surplus  desdites  choses  trouvées 
en  warrech  demeurans  audit  comté  de  Tancarville  et  à  ses  oiïiciers. 
Payei-a  ledit  Houël  la  cinquiesme  partie  du  raport  et  coust  du  pré- 
sent arrest,  et  sera  le  surplus  avancé  par  ladite  de  Bourbon  en  la 


368  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestaiîn 

qualité  qu'elle  procède  et  par  lesdits  Pouchet  et  Godreffoy.  Donné 
à  Rouen  en  parlement,  le  deux  avril,  mil  six  cens  soixante  et  douze. 
CoUationné,  Thierry,  un  paraphe.  Signé,  Bréant  avec  paraphe. 

Collationné  sur  l'expédition  en  parchemin  à  l'instant  rendue  par 
nous  conseiller  du  roy,  greffier  en  chef  civil  et  criminel  du  parle- 
ment de  Normandie. 

Auzanet. 

(  Arch.  dép.  de  la  Seine-Inférieure.  Comté  de  Tancarville,  liasse 
Eauries  et  Pèches.) 


XCIX 

Bail  du  revenu  temporel  de  t abbaye  de  Greslain. 
1691,  2:3  mai. 

Du  mercredy  avant  midy,  vingt  troisiesme  jour  de  may  mil  six 
cens  quatre-vingt  onze,  audit  Honfleur,  devant  ledit  sieur  Le  Court, 
le  jeune,  tabellion  commis  et  m''  Guillaume  Bourgeot  cy  devant 
tabellions  prins  pour  adjoint. 

Fut  présente  discrepte  personne  m^  Nicolas  de  Saint-Leu,  prestre, 
archidiacre  et  chanoine  en  l'église  cathédralle  de  Senlis  et  vicaire 
général  de  mgr.  l'évesque  de  Senlis,  estant  de  présent  en  ce  lieu 
comme  stipullant  le  faict  de  l'illustrissime  et  révérendissime  père 
en  Dieu  messire  Denis  Sanguin,  conseiller  du  roy  en  ses  conseils, 
évesque  dudit  Senlis,  abbé  commendataire  de  l'abbaye  Nostre-Dame 
de  Grestaindiocèze  de  Lisieux,  vicomte  du  Pont-Audemer,  baillage 
de  Rouen,  demeurant  à  Paris,  rue  des  Francs  Bourgeois,  paroisse 
de   Saint-Gervais,    lequel  en  ceste   qualité   et  pour  l'exécution  du 

traicté  faict  entre  ledict  sieur  de  St  Leu  audit  nom,  d'une  part, 

a  confessé  avoir  faict  bail  à  prix  d'argent,  pour  neuf  ans,....  aux 
sieurs  Pinel,  Le  Court  et  Delannoy scavoir  est  le  revenu  tempo- 
rel de  lad.  abbaye  de  Nostre  Dame  de  Grestain,  ses  circonstances, 
deppendances  et  appartenances  assizes  en  la  vicomte  du  Pont- 
Audemer  et  autres  lieux,  consistant  en  fermes  compris  celle  de 
Maharu  assise  à  Genne ville,  maison  manable,  pressoir,  cour,  jar- 
dins, terres  labourables  ou  non  labourables,  prairies,  et  compris 
aussy  l'exercice  du  greffe  de  la  baronnye  et  haute  justice  de  Grès- 


PIECES    JLSilFlCATlVES 


:m 


tain,  les  vingt-dtaix  acres  ou  environ  de  terres  assises  en  la  paroisse 
de  Saint-Sulpice,  Toustainville  et  Saint-Maclou,  bois  taillis, 
dixmes,  cens,  rentes,  traiziesmes,  amendes,  droits  seigneuriaux, 
féodaux,  confiscations,  aubaines,  espaves,  deshérances  et  droits  de 
chasse,  ensemble  les  trois  sergenteries  du  Mesnil-Ferry  despen- 
dantes de  lad.  abbaye,  celle  de  Fontaine-Bellenger  proche  Gaillon 
aussy  avec  leurs  appartenances  à  la  réserve  faite  par  ledict  seigneur 
du  thrézor  de  l'église  de  ladite  abbaye,  des  collations,  présentations 
et  provisions,  des  bénéfices  et  offices  dicelle  abbaye  venant  à 
vaquer,  de  la  maison  abbatialle  lorsque  ledit  seigneur  évesque  yra 
et  séjournera  et  ses  gens,  et  outre  moyennant  la  somme  de  5700  11. 
de  fermage  par  chacun  an  desd.  neuf  années,...  comme  aussy  seront 
tenus  lesdits  preneurs  faire  et  acomplir  les  clauses  et  conditions 
suivantes  sans  diminution  de  ladite  ferme  et  prix  cy  dessus  :  de 
bailler  et  fournir  par  chacun  an  à  la  communauté  desd.  sieurs 
prieur  et  relligieux  de  lad.  abbaye  la  somme  de  270iS  11.  6  s.  8  d. 
en  argent,  y  comprins  100  11.  pour  le  sacristain,  et  huit  vingt  bois- 
seaux de  bled  froment  mesure  de  Honfleur suivant  et  conformé- 
ment à  la  transaction  faite  entre  led.  seigneur  bailleur  et  lesdits 
prieur  et  relligieux  présents  devant  Costard,  notaire  tabellion  au 
siège  de  Beuzeville,  le  20'^  septembre  1610... 

Item  payeront  lesd.  preneurs  au  sieur  curé  de  Saint-Ouën,  clerc 
du  couvent  de  lad.  abbaye,  la  somme  de  100  liv.  et  dix  boisseaux 
de  bled. 

Item  au  moine-lay  de  lad.  abbaye  100  liv.  par  an  ;  au  portier 
dicelle  pour  ses  gaiges  et  nourritures,  32  liv.  et  12  boisseaux  de  bled. 

Item  au  verdier  de  la  même  abbaye,  IS  liv.  pour  les  gaiges, 
10  liv.  pour  le  loyer  de  sa  maison  et  7  boisseaux  de  bled,  et  luy 
laisser  la  jouissance  des  terres  en  prey  dont  les  verdiers  ont  cy 
devant  jouy  en  qualité  de  verdier. 

Item  au  bailly  de  lad.  abbaye  ses  gaiges  ordinaires  de  2o  liv.  par 
ans,  plus  le  nourrir  avec  le  greffier  et  autres  officiers  de  justice  de 
lad.  abbaye  le  jour  des  plés  ordinaires  et  gaiges  pleiges. 

Item  pour  les  (lécinies  ordinaires  montant  à  huit  vingt  dix-neuf 
livres  quinze  sols,  six  deniers  et  les  extraordinaires  jusqu'à  80  11. 
l)ar  an. 

Item  payera  à  l'archidiacre  pour  la  visite  de  lad.  abbaye  la  somme 
de  10  liv.  par  an. 

(^n.   BuHAitii.  —  L  AhhAijc  de  Xalre-Duinc  de  dresUtin.  24 


370  l'abbaye    de    ^OTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

Item  payera  pour  lomosne  du  [comte]  par  chacun  jour,  un  pot 
de  sildre  et  12  deniers. 

Item  au  procureur  fiscal  ses  gaiges  ordinaires  de  20  11.  par  an. 

Item  pour  l'omosne  journallière  à  la  porte,  86  11.  par  an. 

Et  seront  les  preneurs  tenus  de  payer  moittié  de  l'omosne  du 
jeudi  absolu  suivant  la  coustume  ;  fournir  le  pain  à  chanter  aux 
curés  des  paroisses  voisines  qui  viennent  en  procession  à  lad. 
abbaye  ledit  jour  ;  fournir  auxd.  sieurs  prieur  et  relligieux  le  pain 
à  chanter  et  vin  qu'il  conviendra  pour  célébrer  leurs  messes  ;  bailler 
à  disner  une  fois  par  chacun  an,  le  jour  et  feste  de  l'Assomption 
de  la  Sainte- Vierge,  quinziesme  jour  d'aoust,  aux  relligieux  de 
Préaux  venant  ledit  jour  en  procession  et  aux  sieurs  relligieux  de 
lad.  abbaye. 

Item  au  barbier  de  lad.  abbaye  15  liv.  pour  ses  gaiges. 

Item  à  S.  A.  R.  Mademoiselle  à  cause  de  sa  baronnye  de  Ron- 
cheville,  100  sols  par  an. 

Item  payeront  lesd.  preneurs  par  chacun  an,  le  jour  du  jeudy 
absolu,  deux  pots  de  vin  et  l'argent  nécessaire  pour  le  service  auxd. 
sieurs  relligieux. 

Tous  lesquels  deniers  et  choses  cy  dessus  seront  payez  par  an  en 
la  manière  acoustumée  et  du  tout  en  tirer  bonnes  quittances  k  lad. 
descharge  dudit  seigneur  bailleur,  sans  pour  ce  que  dessus  pré- 
tendre par  lesd.  preneurs  aucune  diminution  de  lad.  ferme  et  prix 
de  cinq  mille  sept  cents  livres  ny  mesmes  pour  la  non  jouissance 
des  pescheries  causez  par  le  litige  pendant  au  parlement  de  Rouen 
entre  mgr.  le  duc  de  Longueville  et  le  seigneur  bailleur  ;  et  en  cas 
de  guain  de  cause  la  moitié  de  lad.  pescherie  appartiendra  auxd. 
religieux  et  l'autre  moittié  pour  lesdits  preneurs  qui  seront  tenus 
fournir  audit  seigneur  bailleur  à  la  fin  du  présent  bail  un  papier 
coeuilloir  ou  de  recepte  des  revenus  de  lad.  abbaye  signé  dudit 
bailly,  etc.  etc. 

(Min.  du  tabell.  de  Roncheville,  siège  de  Honfleur,  reg.  janv. 
1691  à  déc.  1692.) 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  371 


Bail  de  la  maladrerie  de  Sainl-Laurent  de  Grcslain. 
1691,  30  juillet. 

Je  soubzigné,  commandeur  de  la  commanderie  de  Briosne  '  et 
maladrerie  en  despendant,  reconnois  avoir  baillé  à  titre  de  ferme  et 
prix  d'argent  pour  trois  années  qui  commenceront  le  jour  de  Saint- 
Michel  prochain,...  à  honneste  homme  Guillaume  Boulan,  labou- 
reur, demeurant  en  la  paroisse  de  Saint-Ouën  de  Grestain,  c'est 
asscavoir  une  pièce  de  terre  assize  en  ladite  parroisse  joingnant  la 
chapelle  de  la  maladrerie  de  Saint-Laurens  dudit  Grestin,  les  bornes, 
costez  et  continence  ledit  preneur  a  dit  les  biens  scavoir  connoistre, 
ladite  maladrerie  faisant  partie  de  la  commanderie  dudit  Briosne, 
à  la  charge  par  ledit  preneur  de  paver  les  rentes  seigneurialles,  etc., 
outre  et  moyennant  le  prix  et  somme  de  six  livres  de  ferme  par 
chacun  an,  etc. 

Faict  double  et  arresté,  le  trentiesme  jour  de  juillet  mil  six  cent 
quatre  vingt  unze. 

Le  commandeur  de  Reclesne  des  Regarts  ^. 

(Arch.  de  l'hospice  de  Ronfleur,  B  31.) 

CI 

Bail  de  la  chapelle  des  Ladres,  située  à  Saint-Ouën  de  Grestain, 

1716,  26  novembre. 

J'ay  soussigné  Guillaume  Papillon,  demeurant  en  la  parroisse  de 
Garbec-Grestain,  reconnois  par  le  présent  avoir  pris  à  ferme  pour 

1.  Il  y  avait  à  Brionne,  au  xiii''  siôcle,  une  léproserie  dont  il  ne  restait  au 
commencement  du  xvi'=  qu'une  chapelle  en  titre  sous  le  nom  de  Saint-Michel. 

2.  Reclesne  ou  Reclaine,  famille  originaire  d'Auvergne  en  possession  des  sei- 
gneuries de  Lyonne  et  Lunelle  dans  le  Bourbonnais.  Le  domaine  des  Begards, 
mouvant  du  duché  de  Mont[)ensier,  était  situé  dans  la  généralité  de  Moulins. 
(Bibl.  nat.,  pièces  orig.  2446;  cairés  de  d'Ilozier,  529.) 


372  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

neuf  ans  commencez  au  jour  de  Saint-Michel  dernier,  de  MM.  les 
administrateurs  de  l'hôpital  général  de  Honfleur  stipulez  par  maître 
Guillaume  Villey,  conseiller  et  avocat  du  roy  aux  gabelles  de  Hon- 
fleur, demeurant  paroisse  de  Saint-Léonard,  sindic  dudit  hôpital, 
vertu  de  la  délibération  passée  au  bureau  dudit  hospital  le  dimanche 
dix-huictiesme  jour  d'octobre  dernier,  scavoir  est  l'enclos  de  la 
chapelle  des  Ladres,  situé  en  la  parroisse  de  Saint-Ouën  de  Gres- 
tain, en  circonstances  et  dépendances  avec  le  bois  et  hayes  d'allen- 
tour  et  tout  autant  qu'en  cet  endroit  il  en  appartient  audit  hôpital 
sur  le  prix  de  dix  livres  de  fermage  payable  par  chacun  an  entre 
les  mains  du  sieur  receveur  dudit  hôpital  en  cette  ville  à  la  charge 
par  moy  dit  Papillon  de  conserver  la  possession  dudit  enclos  de 
l'entretenir  de  closture  et  le  rendre  en  état  comparoir  aux  plès  et 
gage-pleiges  des  sieuries  dont  il  relève  sy  on  l'y  apèle,  parce  que 
j'auray  pendant  ledit  bail  une  coupe  dudit  bois  et  des  hayes  à 
charge  de  laisser  une  année  de  recreu  ;  à  quoy  j'oblige  mes  biens 
et  mon  corps  promettant  reconnoistre  le  présent  touttesfois  et 
quantes  et  en  délivrer  à  mes  frais  une  expédition  exécutoire  auxdits 
sieurs  administrateurs.  Fait  double  à  Honfleur,  le  vins  six  jour  de 
novembre  mJl  sept  cents  saize. 

Guillaume  Papillon. 

G,  Villey. 
(Arch.  de  l'hospice  de  Honfleur,  B  10.) 


en 

Procuration  donnée  par  Chrrjsanthe  de  Lévis,   ahhé  de   Grestain. 

1723,  1"  mai. 

Pardevant  les  conseillers  du  roy  notaires  à  Paris  soussignés,  fut 
présent  messire  Grisante  de  Levy,  prestre,  demeurant  grande  rue 
du  faubourg  et  parroisse  Saint-Jacques-du-Haut-Pas,  en  la  maison 
de  Saint-Magloire,  lequel  a  fait  et  constitué  son  procureur  et  spé- 
cial m®  Vacquet,  fils,  avocat  à  Honfleur,  auquel  il  donne  pouvoir  de 
pour  luy  et  en  son  nom  recevoir  du  sieur  Grandin,  fermier  de  l'ab- 
baye de  Notre-Dame  de  Grestain,  de  laquelle  ledit  sieur  constituant 
est   paisible  possesseur,    les  fermages  escheus  et  qui  escheront  à 


PIÈCES    JUSTIFICAllVES  373 

l'avenir,  de  recevoir  et  donner  toutes  quittances  et  décharges  valla- 
blement,  etc.  Fait  et  passé  à  Paris,  en  Festude  de  Meunier,  notaire, 
l'an  mil  sept  cent  vingt  cinq,  le  premier  may.  Et  a  signé  : 

Grisante  de  Levi. 

(Orig,,  étude  de  m''  Paul  Bréard,  à  Ilonfleur.) 


cm 

Procuration  donnée  par  M.  de  Renty,  ahbé  comme ndat aire 
de  lahbaye  de  Notre-Dame  de  Grestain. 

1744,  8  mai. 

Pardevant  les  conseillers  du  roy,  notaires  à  Paris,  soussignez, 
fut  présent  Jean-François  Philbert  de  Renty,  clerc  tonsuré  du  dio- 
cèse d'Arras,  ahbé  commendataire  de  l'abbaye  royalle  de  Notre- 
Dame  de  Grestain,  diocèse  de  Lizieux,  demeurant  en  la  commu- 
nauté Saint-Nicolas  du  Ghardonnet,  paroisse  Saint-Estienne  du 
Mont,  lequel  en  conséquence  de  l'exploit  d'assignation  à  luy  donné 
par  Jacques  Vauclin,  sergent  royal,  le  vingt-quatre  d'avril  dernier, 
à  la  requeste  de  Jean-Antoine  Thiboust  d'Anisy,  prestre,  curé  des 
paroisses  de  Saint-Ouën  de  Grestain  et  de  Saint-Martin  de  Garbec, 
et  après  avoir  pris  communication  de  la  requeste  présentée  par  le 
sieur  Danisy  à  monseigneur  l'évesque  et  comte  de  Lizieux  en  datte 
du  vingt-sept  avril,  mil  sept  cents  quarante-trois,  tendante  à  l'extinc- 
tion et  supression  à  perpétuité  du  titre  de  bénéfice  cure  de  Saint- 
Ouën  de  Grestain,  doyenné  du  Ponteaudemer,  diocèze  de  Lizieux, 
dont  la  présentation  appartient  audit  seigneur  abbé,  et  de  l'union 
aussy  à  perpétuité  des  fruits,  biens  et  revenus  en  deppendans  au 
bénéfice  cure  de  Saint-Martin  de  Garbec  dudit  diocèse,  dont  ledit 
seigneur  abbé  est  aussy  présentateur,  à  la  charge  par  le  sieur  curé 
de  Garbec  du  soin  des  âmes  des  habitans  de  lad.  paroisse  de  Saint- 
Ouën  de  Grestain,  de  l'ordonnance  dudit  seigneur  évesque  en  con- 
séquence en  datte  dudit  jour  vingt-sept  avril,  de  celle  du  sieur 
commissaire  nommé  à  l'effet  desdites  exstinction  et  union  dattée  du 
premier  may.  mil  sept  cent  quarante-trois,  de  la  requeste  présentée 
par  le  sieur  Danisy  le  quinziesme  avril  dernier,  de  l'ordonnance  du 


374  l'abiîaye  de  nothk-dame  de  (irestain 

sieur  Gérard,  commissaire,  étant  au  pied  de  Iti  requeste,  en  datte 
du  même  jour,  et  des  autres  actes  contenus  auxdites  requestes,  a 
fait  et  constitué  son  procureur  général  et  spécial  la  personne  du 
sieur  Louis  Amet,  demeurant  en  la  ville  d'Honfleur,  auquel  il  donne 
pouvoir  de  le  représenter  où  besoin  sera,  etc.  Passé  à  Paris,  en 
Tétude,  le  huit  may  mil  sept  cent  quarante-quatre.  Et  ont  signé  : 

L'abbé  de  Renty. 

GeRVAIS.    DlPRÉ. 

(Min.  du  tabell.  d'Auge,  à  Honfleur,  années  1743-1744.) 


CIV 

Acte  capitulairo  des  religieux  de  Vabhaye  de  Notre-Dame 
de  Grestain. 

1744,  13  mai. 

Ce  jourd'hui  quinze  de  mai,  mil  sept  cent  quarante-quatre,  les 
religieux  composant  la  communauté  de  l'abbaye  de  Grestain,  sca- 
voir  :  Dom  Guillaume-Nicolas  Desnoyers,  prieur  claustral,  Dom 
Jean-Baptiste  Camus,  prieur  de  Saint-Nicolas  et  Dom  François- 
Jean-Baptiste  de  Lamorye,  infirmier,  assemblez  en  chapitre  au  son 
de  la  cloche  en  la  manière  accoutumée  pour  délibérer  s'ils  conti- 
nueront avec  messire  Jean-François  Philibert  de  Renty,  abbé  com- 
mendataire  de  nostredite  abbaye,  la  transaction  passée  entre 
messieurs  de  Fontenai  et  de  Malherbe,  ses  prédécesseurs,  ou  s'ils 
demanderont  leur  tiers  en  essence,  sont  convenus  de  s'en  tenir  à 
ladite  transaction  aux  conditions  suivantes,  scavoir  :  1°  qu'elle 
n'aura  lieu  et  ne  pourra  valoir  que  pour  l'espace  de  six  années  seu- 
lement, ledit  seigneur  abbé  et  les  religieux  demeurant  réservez  à 
tous  leurs  droits  en  essence  et  demander  partage,  sans  que  ladite 
transaction  puisse  préjudicier  ny  à  eux  ny  à  leurs  successeurs  après 
lesdites  six  années  ;  2°  que  si  ledit  seigneur  abbé  et  lesdits  sieurs 
relligieux  ne  veulent  continuer  plus  longtemps  l'exécution  de  ladite 
transaction,  ils  seront  tenus  de  s'avertir  réciproquement  un  an  ou 
deux  avant  l'expiration  dudit  terme,  et  que  ledit  seigneur  abbé 
fera  donner  alors  auxdits  sieurs  prieur  et  relligieux  un  estât   des 


PIÈCES    .lUSTlFICATlVKS  375 

revenus  de  lad.  abbaye  avec  copie  des  soubaux  des  fermes,  terres 
et  rentes  dépendantes  de  l'abbaye  et  les  papiers  nécessaires  pour 
pouvoir  entrer  en  partagée  ;  3°  que  la  susdite  transaction  sera  exé- 
cutée selon  sa  forme  et  teneur  et  que  les  pensions  telles  qu'elles  y 
sont  réj:^lées  leur  seront  payées  exemptes  de  toutes  charges,  en 
sorte  qu'ils  n'ajent  de  décimes  et  autres  impositions  à  payer  (ju'au- 
tant  qu'ils  en  doivent  à  cause  de  leurs  offices  claustraux  et  autres 
biens  dont  ils  jouissent  à  titre  de  prières,  et  que  ledit  abbé  se  char- 
gera de  payer  les  décimes  et  autres  impositions  qu'on  pourroit 
mettre  sur  leurs  pensions.  Ce  qu'ils  ont  signé  ce  jour  et  an  que 
dessus.  Et  en  conséquence  ont  donné  plein  pouvoir  à  la  personne 
dudit  sieur  prieur  pour  en  passer  acte  pour  eux  et  enlever  leur  nom 
devant  notaire  avec  le  porteur  de  procuration  dudit  seigneur  abbé 
toutesfois  et  quantes,  à  l'effet  de  quoy  la  présente  délibération  vau- 
dra de  pouvoir  et  d'authorisation.  Fait  et  signé  le  jour  et  an  que 
dessus  :  G.-N.  Desnoyers  ;  Camus  ;  François-Jean-Baptiste  Dela- 
morije,  tous  avec  paraphe, 

J'ay  le  présent  acte  délivré  audit  sieur  prieur,  tiré  sur  le  registre 
du  chapitre,  pour  servir  ainsi  que  de  raison,  cejourd'huy  quin- 
ziesme  jour  de  may,  mil  sept  cent  quarante-quatre.  Approuvé 
quatre  mots  en  rature  de  l'autre  part. 

François-Jeak-Baptiste  Delamorye, 
Secrétaire  du  chapitre. 

(Min.  du  tabell.  d'Auge,  à  Honfleur,  années  1743-1744.) 


CV 

Accord  conclu  entre  M.  de  Benty,  ahhc'  commendataire  de  Vahbaye 
de  Notre-Dame  de  Grestain  et  les  religieux  de  Vahbaye. 

1744,  15  mai. 

Pu  vendredy  après  midy,  quinze  de  may,  audit  an  mil  sept  cens 
quarante  quatre,  à  Honfleur,  en  l'étude,  devant  ledit  Le  Roy, 
tabellion. 

Pour  éviter  les  contestations  qui  pourroient  naistre  entre  messire 
Jean-François-Philibert  de  Rentv,  abbé  commendataire  de  l'abbave 


376  l'abbaye  de  >otre-dame  de  grestain 

royale  de  Notre-Dame  de  Graistain,  diocèze  de  Lisieux,  demeu- 
rant à  Paris,  d'une  part,  et  messieurs  les  prieur  et  religieux  de 
ladite  abbaye,  d'autre  part,  au  sujet  du  partage  des  biens  et  reve- 
nus de  ladite  abbaye  et  du  tiers  qui  en  est  deub  auxdits  prieur  et 
religieux,  a  esté  fait  l'accord  irrévocable  qui  suit  :  à  scavoir  que 
ledit  seigneur  abbé,  stipulé  et  représenté  par  le  sieur  Louis  Amet, 
demeurant  en  cette  ville,  porteur  de  sa  procuration  passée  et  non 
registrée  devant  Gervais  et  Dupré,  notaires  à  Paris,  le  huit  de  ce 
mois  et  an,  deument  signée  et  scellée,  déposée  au  présent  registre 
après  avoir  esté  contremarquée  ne  varietur  dudit  Amet  et  de  nous- 
dit  Le  Roy  pour  sûreté  de  la  présente  transaction  estre  transcritte 
à  la  fin  des  grosses  dicelle  et  luy  en  estre  délivré  des  expéditions 
quand  besoin  sera,  s'est  soumis  envers  lesd.  sieurs  prieur  et  reli- 
gieux stipulés  par  dom  Guillaume-Nicolas  Desnoyers,  prieur 
claustral  de  ladite  abbaye,  demeurant  ordinairement  en  icelle, 
maintenant  estant  en  cette  ville,  présent,  ce  acceptant  tant  en  son 
nom  privé  qu'en  vertu  du  pouvoir  à  luy  expédié  par  les  autres  reli- 
gieux de  lad.  abbaye  par  acte  arresté  capitula irement  entre  eux,  le 
quinze  de  ce  mesme  mois  et  an,  controllé  en  ce  lieu  cejourd'huy 
aussy  demeuré  attaché  au  présent  registre  pour  estre  également 
inséré  à  la  fin  des  grosses  qui  en  seront  délivrées  après  avoir  esté 
de  luy  et  de  nous  contremarque  ne  varietur,  leur  faire  fournir,  val- 
loir  et  payer  par  chacun  an  et  de  quartier  en  quartier  à  commencer 
au  premier  jour  de  juillet  de  la  présente  année  mil  sept  cent  qua- 
rante-quatre et  par  avance  le  premier  du  mois  par  chaque  quartier 
la  somme  de  deux  mille  cinq  cent  quarante-huit  livres,  six  sols, 
huit  deniers,  compris  la  double  rétribution  du  sous-prleur,  les  cent 
livres  pour  le  sacristin  et  les  cinquante  livres  du  clerc  ;  comme 
aussy  sera  livré  auxdits  sieurs  religieux  en  outre  par  chacun  an  et 
auxdits  quartiers  d'avance  comme  devant  est  dit  cent  soixante 
boisseaux  de  bled  froment,  mesure  d'Honfleur,  dans  le  boisseau 
estant  de  présent  au  grenier  de  lad.  abbaye  qui  sera  marqué  et 
garny  de  fer,  avec  leur  chauffage  ainsy  qu'ils  ont  toujours  jouy  cy- 
devant.  Et  aura  aussy  ledit  prieur  la  jouissance  du  pré  dont  ses 
prédécesseurs  ont  toujours  jouy  par  le  passé  ;  et  au  regard  du 
colombier  de  ladite  abbaye  il  a  esté  aussy  quitté  auxdits  sieurs 
prieur  et  religieux  parce  qu'en  outre  ledit  seigneur  abbé  demeurera 
sujet  à  touttes  les  réparations  grosses  et  menues  de  lad.   abbaye  et 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


377 


fermes  en  dépendantes,  les  choses  cy-dessus  tenantes  franches  et 
quittes  ausdits  sieurs  prieur  et  reli<i^ieux,  s'oblig^eant  ledit  seigneur 
abbé,  stipulé  comme  dessus,  de  faire  mention  dans  le  bail  général 
qu'il  fera  du  revenu  de  ladite  abbaye  que  le  preneur  sera  tenu  de 
payer  touttes  les  sommes  et  charges  cy-dessus  aux  termes  et  ainsy 
qu'il  est  expliqué  dans  les  précédentes  transactions  faittes  entre  les 
prédécesseurs  dudit  seigneur  abbé  et  lesdits  sieurs  religieux  notam- 
ment en  celle...  en  ce  tabellionage  le  vingt  huitiesme  aoust  mil 
sept  cent  vingt-huit,  le  tout  en  diminution  de  son  bail,  à  laquelle 
fin  ledit  seigneur  abbé  donnera  copie  d'iceluy  bail  audit  sieur  prieur 
et  religieux  touttesfois  et  quantes  ;  le  présent  accord  ainsy  fait  pour 
six  années  seulement,  ledit  seigneur  abbé  et  sieurs  religieux 
demeurants  réservés  à  tous  leurs  droits  en  essence  et  demander 
partage  sans  que  ladite  transaction  puisse  les  préjudicier  ny  leur... 
après  lesdittes  six  années  expirées,  convenu  que  sy  ledit  seigneur 
abbé  et  lesdits  sieurs  religieur  ne  veulent  continuer  plus  longtemps 
l'exécution  de  ladite  transaction  ils  seront  tenus  de  s'avertir  réci- 
proquement un  an  ou  deux  avant  l'expiration  des  présentes  et  ledit 
seigneur  abbé  leur  fera  donner  alors  un  estât  des  revenus  de  ladite 
abbaye  avec  copie  des  sous-baux  des  fermes,  terres,  rentes  dépen- 
dantes de  ladite  abbaye  et  les  papiers  nécessaires  pour  entrer  en 
partage  ;  comme  aussy  que  s'il  arrive  le  deceds  de  quelqu'un  des- 
dits sieurs  religieux  ou  qu'ils  se  fussent  agréger  à  quelqu'autre 
abbaye,  le  revenu  à  eux  ainsy  quitté  par  la  présente  revertira  en 
entier  au  proiïit  de  ceux  qui  y  resteront  jusqu'à  ce  que  les  places 
ayant  esté  remplies  par  ledit  seigneur  abbé  jusqu'au  nombre  de  sept 
dont  leur  communauté  doit  être  composée  ;  que  la  susdite  transac- 
tion sera  exécutée  selon  la  forme  et  teneur,  et  que  leurs  pensions 
telles  qu'elles  y  sont  réglées  leur  seront  payées  exemptes  de  touttes 
charges  en  sorte  qu'ils  n'ayent  de  décimes  et  autres  impositions  à 
payer  qu'autant  qu'ils  en  doivent  à  cause  de  leurs  offices  claustraux 
et  autres  biens  dont  ils  jouissent  à  titre  de  prières  :  ledit  seigneur 
abbé  demeurant  chargé  de  payer  les  décimes  et  autres  impositions 
qu'on  pourroit  mettre  sur  les  portions  desdits  sieurs  religieux.  Et 
au  moyen  de  tout  ce  que  dessus,  ils  ont  renoncé  au  droit  de  partage 
pour  ledit  temps  de  six  années  car  ainsy  les  parties  sont  convenues  et 
demeurées  d'accord,  à  la  sûreté  et  entretien  de  quoy  elles  ont  obligé 


378 


L  ABBAYE    DE    NOTHE-DAME    DE    GRESTAIN 


par  lesdits  porteurs  de  pouvoirs  tous  leurs  biens  réciproquement  et 
ont  sig-né  après  lecture  faite,  etc. 


Amet. 


G.-N.  DES  Noyer, 
prieur  de  Grestain. 


(Minutes    du   tabell.    d'Auge,    à   Ronfleur,    années    1743-1744, 
fol.  179  v°.) 


CVI 

Bail  du  revenu  temporel  de  l'abbaye  de  Xofre-Dame  de  Grestain, 

(Extrait.) 

1744,  28  mai. 

S'est  présenté,   etc lequel  a  confessé  avoir  donné   à   ferme, 

pour  neuf  ans,  aux  sieurs  Pierre-Antoine  Gaultier,  marchand  bon- 
netier à  Caen,  y  demeurant  paroisse  Saint-Sauveur,  rue  de  la 
Chaisne,  et  Alexandre  Vassol,  marchand  drappier  à  Caen,  y  demeu- 
rant rue  et  paroisse  Saint-Pierre  :  c'est  à  scavoir  tout  le  revenu 
temporel  de  l'abbaye  de  Nostre-Dame  de  Grestain,  consistant  en 
fermes,  compris  celle  de  Maharu,  à  Genneville,  maisons  manables^ 
pressoirs,  cours,  jardins,  terres  labourables  et  non  labourables,  etc., 
prairies,  bois,  taillis,  dixmes,.  cens,  rentes,  treiziesmes,  amendes, 
droits  seigneuriaux  et  féodaux,  confiscations,  forfaitures,  aubaines, 
épaves,  deshérances,  droits  de  chasse,  les  trois  sergenteries  du 
Mesnil-Ferry,  la  pesche  de  la  rivière  de  Seine  dont  il  appartient  la 
moitié  aux  sieurs  religieux  de  Grestain,  en  outre  l'exercice  du  greffe 
de  la  jurisdiction,  la  ferme  de  Fontaine-Bellenger,  la  dixme  et  les 
rentes  seigneuriales  de  Barneville-en-Cotentin,  la  dixme  de  Mun- 
neville-sur-mer,  etc.  etc. 

Le  présent  bail  fait  tant  par  le  prix  de  7.600  livres  de  fermage 
par  an  qu'en  outre...  payer  à  la  communauté  2.o48  liv.  6  s.  8  den. 
en  argent,  fournir  cent  soixante  boisseaux  de  bled,  payer  au  curé 
de  Saint-Oûen,  clerc  du  couvent  de  ladite  abbaye,  100  livres  en 
argent  et  dix  boisseaux  de  bled,  au  moine-lay  de  ladite  abbaye, 
100  livres  ;  au  portier  pour  ses  gages  et  nourriture,  32  livres  et 
douze  boisseaux  de  bled  ;  au  verdier  de  ladite  abbaye  15  livres  pour 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  379 

SCS  gog-os,  10  livres  pour  le  loyer  de  sa  maison  et  sept  boisse.iux 
de  bled  ;  au  bailly  de  ladite  abbaye  pour  ses  honoraires  ordinaires 
2o  livres  par  an  ;  payer  les  décimes  ordinaires  montant  à  179  livres 
15  s.  6  den.  et  les  extraordinaires  à  80  livres  ;  à  Tarchidiacre  [du 
Pont-Audemer]  pour  sa  visite,  10  livres  ;  payer  pour  Taumône  du 
comte,  par  chacun  an,  un  pot  de  cidre  et  12  deniers  ;  au  procureur 
fiscal,  20  livres  par  an  ;  pour  Taumône  journalière  à  la  porte  de 
ladite  abbaye,  86  livres  par  an  ;  payer  la  moitié  de  l'aumône  du 
jeudi  absolu  ;  fournir  le  pain  à  chanter  aux  sieurs  curés  des  paroisses 
voisines  qui  viennent  en  procession  ledit  jour  ;  fournir  auxdits 
sieurs  prieur  et  religieux  le  pain  à  chanter  et  le  vin  ;  bailler  à  dîner 
une  fois  par  an,  le  jour  de  l'Assomption  de  la  Sainte-Vierge  aux 
sieurs  religieux  de  Préaux  venant  ledit  jour  en  procession  et  aux 
sieurs  religieux  de  ladite  abbaye  ;  au  barbier  de  ladite  abbaye, 
15  livres  ;  à  S.  A.  R.  k  cause  de  la  baronnie  de  Roncheville, 
100  sols  ;  payer  le  jour  du  jeudi  absolu  deux  pots  de  vin  et  l'argent 
nécessaire  pour  la  Cène. 

Toutes  lesquelles  choses,  etc.  ^ 

(Min.  du  tabell.  d'Auge,  siège  de  Honfleur,  reg.  1743-1744.) 


CVII 

Plaids  de  gago-plègc  et  de  recelte  de  la  baronnie  de  Grestain  tenus 
pour  les  fiefs  de  la  branche  de  Saint-Pierre-du-Chàtel ,  Notre- 
Dame-du-Val,  Boulleville,  Saint-Maclou,  Saint-Sulpice,  Saint- 
Germain  de  Pont-Audemer.  (Extrait). 

1747,  20  juin. 

Gage-piège  de  la  baronnie  et  haute-justice  de  Grestain  pour  les 
fiefs,  terres  et  seigneurie  de  la  branche  de  Saint- Pierre-du-Ghastel, 
Notre-Dame-du-Val,  Boulleville.  Saint-Maclou,  Saint-Sulpice  et 
Saint-Germain  du  Pont-Audemer,  appartenant  à  messire  Jean- 
François-Philbert  de  Renty,  abbé  commendataire  tle  l'abbaye 
royalle  de  Notre-Dame  de  Grestain,  seigneur  des  nobles  fiefs,  terres 
et  seigneurie    qui  en  dépendent,  tenus  par  nous  Ollivier  Vaquet, 

1.  Voy.  lin  autre  l>ail  de  l'année  1691,   pièces  jiistif.,  n"  99. 


380  l'abbaye  de  notre-dame  de  orestain 

conseiller  et  procureur  du  rov  en  l'amirauté  de  France,  au  siège  de 
Toucque,  bailly  de  la  haute  justice  de  Grestain  et  sénéchal  des  fiefs 
qui  en  dépendent,  assisté  de  maistre  Jacques  Liétout,  greffier  en 
l'amirauté  d'Honfleur  pris  pour  greffier,  ce  jourd'huy  mardy  ving- 
tiesme  jour  de  juin,  mil  sept  cent  quarante  sept,  neuf  à  dix  heures 
du  matin,  sous  la  grande  porte  de  la  maison  vulgairement  apelée 
Maison  Mauger,  paroisse  de  Saint-Pierre,  suivant  les  tenements 
faits  par  Nicolas  Vallée,  sergent  royal  au  Pontaudemer,  aux  par- 
aisses de  Boulleville,  Saint-Maclou,  Saint-Sulpice  et  Saint-Ger- 
main, le  dimenche,  quatre  décembre,  controUé  à  Beuzeville  par 
Fécherouille  et  par  Pierre  Cardon,  sergent  royal  à  Beuzeville,  aux 
parroisses  d'Equainville,  Beuzeville,  Genneville  et  Quetteville,  datte 
du  vingt  huit  may  dernier,  controllé  à  Beuzeville  par  Fécherouille 
le  trente  dudit  mois,  ce  requérant  ledit  seigneur  abbé  stipuUé  et 
représenté  par  le  sieur  Jacques  Ballière,  porteur  de  procuration  des 
sieurs  Vassol  et  Gautier,  fermiers  généraux  de  ladite  abbaye,  passée 
et  registrée  devant  les  nottaires  de  Caen,  le  vingt  six  mars  mil  sept 
cent  quarante  cinq,  qui  a  requis  appel  estre  fait  des  aisnez  et 
puisnez  tenant  héritages  auxdites  seigneuries,  ce  qui  fait  a  esté 
ainsy  qu'il  ensuit  : 

1-  —  Grand  fief  Rault  Morel,  contenant  vingt-huit  acres,  assis  à 
Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  2i.  —  Redevances,  fro- 
ment, 4  setiers  ;  orge,  4  setiers  ;  avoine,  o  setiers,  à  la  petite 
mesure  d'Aubigny.  —  Une  oie  ;  4  cliapons  et  4  deniers  ;  40  œufs 
et  4  deniers  ;  un  demi-mouton  ou  5  sols  ;  prière  de  charrue  deux 
fois  l'an  ;  trois  journées  pour  le  blé,  l'avoine  et  le  foin.  M 

2.  —  Le  demi-fief  Rault  Morel,  contenant  quatorze  acres  de  terre, 
assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsomiiers,  19.  —  Redevances, 
froment.  2  setiers  ;  orge,  2  setiers  ;  avoine,  35  setiers,  le  tout 
mesure  d'Aubigny.  —  Demi-oie,  deux  chapons,  deux  deniers  ; 
20  œufs,  deux  deniers  ;  un  quart  de  mouton,  deux  sols,  etc. 

3.  —  Le  fief  Gallet-Gonnier,  contenant  treize  acres  de  terre,  assis 
à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  18.  — Redevances,  fro- 
ment, 2  setiers  ;  orge,  2  setiers  ;  avoine,  2  setiers  et  demi  ;  le  tout 
petite  mesure  d'Aubigny.  —  Demi-oie,  deux  chapons,  deux  deniers; 
20  œufs,  deux  deniers;  le  quart  d'un  mouton,  deux  sols;  deux 
prières  de  charrue  à  la  saison  des  blés  et  avoines  ;  service  de  pré- 
vosté,  etc. 


I 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  381 

4,  —  Le  fief  Beauvais,  contenant  quatorze  acres  de  terre,  assis 
à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  16.  —  Redevances,  fro- 
ment, 1  setier  ;  orge,  deux  setiers  ;  avoine,  9  setiers,  le  tout  mesure 
d'Aubigny.  Douze  deniers  de  cens  à  l'office  du  bailli  ;  une  géline, 
deux  chapons  ;  trente  œufs,  trois  deniers,  etc. 

ri.  —  Le  fief  au  Bout,  contenant  neuf  acres,  dix  perches  de 
terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  18.  —  Rede- 
vances, orge,  28  boisseaux  ;  avoine,  98  boisseaux.  Trois  chapons, 
3  deniers  ;  40  œufs,  4  deniers,  etc. 

6.  —  Le  fief  Guénier,  contenant  cinq  acres  et  une  vergée,  assis 
à  Saint-Pierre-du-Chastel.  — Parsonniers,  16.  — Redevances,  avoine, 
30  boisseaux,  mesure  d'Aubigny  et  3  petits  boisseaux  d'orge,  etc. 

7.  —  Le  tenement  d'Avallon,  contenant  huit  acres,  trois  vergées 
et  vingt-sept  perches  de  terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  — 
Parsonniers,  13.  —  Redevances,  blé,  27  boisseaux  ;  orge,  27  bois- 
seaux ;  avoine,  27  boisseaux,  le  tout  mesure  d'x\ubigny,  etc. 

8.  —  Le  fief  aux  Vaquets,  contenant  douze  acres  de  terre,  assis 
à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  10.  —  Redevances, 
5  sols,  1 1  deniers  obole,  service  de  prévosté,  etc. 

9.  —  Le  fief  aux  Louvets,  contenant  sept  acres  de  terre,  assis  à 
Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  5.  —  Redevances,  40  sols 
à  la  saint-Michel  ;  à  Noël,  2  chapons,  2  deniers  ;  à  Pâques,  40  sols, 
30  œufs,  3  deniers,  etc. 

10.  —  Le  fief  Poisson,  contenant  30  acres,  1  vergée  de  terre, 
assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  11.  —  Redevances, 
avoine,  5  setiers  ;  froment,  5  boisseaux,  mesure  de  Beuzeville.  Une 
oie  ;  deux  sols  de  cens  à  l'office  du  bailli  ;  dix  sols  à  l'office  de  la 
recette  ;  4  chapons,  40  œufs  avec  six  sols,  etc. 

11.  —  Le  tenement  Rault  Deuve,  contenant  une  acre  de  terre, 
assis  à  Saint-Pierre-du-Châtel .  —  Parsonniers,  1.  —  Redevances, 
2  chapons,  2  deniers. 

12.  —  Le  fief  des  Nicolles,  contenant  vingt-deux  acres  de  terre, 
assis  à  Saint-Pierre-du-Châtel.  —  Parsonniers,  20.  —  Redevances, 
blé-froment,  3  setiers  ;  avoine,  10  setiers,  le  tout  mesure  d'Au- 
bigny ;  une  oie  ;  3  chapons,  3  deniers  ;  30  œufs,  3  deniers  ;  deux 
sommages  ;  prière  de  cliarrue  et  de  herche,  deux  fois  l'an,  service 
de  prévosté,  etc. 

13.  —   Le   fief  Véron,   contenant  treize    acres   de   terre,   assis  à 


382  l'abbaye  de  jnotke-dame  de  gkestain 

Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  12,  — Redevances^  avoine, 
60  boisseaux,  mesure  de  Beuzeville  ;  une  oie  et  sept  sols  pour  l'of- 
fice en  bailli  ;  3  chapons,  3  deniers  ;  20  œufs,  2  deniers  ;  service  de 
prevosté,  etc. 

14.  —  Le  fief  Millet,  contenant  trois  acres  de  terre,  assis  à  Saint- 
Pierre-du-Ghastel.  —  Parsonniers,  5.  —  Redevances,  avoine, 
7  boisseaux  et  2  sols  6  deniers  ;  2  chapons,  2  deniers  ;  20  œufs, 
2  deniers  ;  2  sols  9  deniers  tournois  ;  service  de  prevosté,  etc. 

15.  —  Le  fief  Ozanne,  contenant  cinq  acres  de  terre,  assis  à  Saint- 
Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  8.  —  Redevances,  avoine, 
5  setiers  ;  16  deniers  à  1  office  du  bailli  ;  une  oie  ;  2  chapons,  deux 
deniers  ;  20  œufs,  2  deniers  ;  prière  de  charrue  et  de  herche  deux 
fois  l'an,  foy,  hommag-e,  etc. 

16.  —  Le  fief  Voisin,  contenant  sept  acres,  deux  vergées,  quinze 
perches,  assis  à  Saint-Pierre-du-Ghastel  ou  Nostre-Dame-du-Val.  — 
Parsonniers,  19.  —  Redevances,  avoine,  3  setiers;  17  deniers  à 
l'office  du  bailli  ;  1  chapon,  1  denier  ;  foy,  hommage,  etc. 

17.  —  Le  fief  Mahon,  contenant  cinq  acres,  deux  verg-ées  de 
terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Ghastel.  —  Parsonniers,  9.  —  Rede- 
vances, blé,  2  boisseaux,  mesure  de  Beuzeville  ;  une  oie;  3  cha- 
pons, quatre  deniers  ;  30  œufs,  3  deniers  ;  foy,  hommage,  etc. 

18.  —  Le  fief  des  Gardons,  contenant  quinze  acres,  assis  à  Saint- 
Pierre-du-Ghastel.  —  Parsonniers,  7.  —  Redevances,  blé,  32  bois- 
seaux ;  orge,  24  boisseaux  ;  avoine,  40  boisseaux,  le  tout  mesure 
d'Aubigny  ;  une  oie  ;  deux  chapons  ;  30  œufs,  etc. 

19.  —  Les  Pittances  aux  Vaquets,  contenant  deux  acres,  trois 
vergées  de  terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Ghastel.  —  Parsonniers, 
8.  —  Redevances,  avoine,  22  boisseaux,  mesure  d'Aubigny  ;  2  cha- 
pons et  autres  droits  seigneuriaux. 

20.  —  Les  Pittances  Dufour,  contenant  quatre  acres  de  terre, 
assis  à  Saint-Pierre-du-Ghastel.  —  Parsonniers,  9.  —  Redevances, 
blé-froment,  7  boisseaux  ;  avoine,  26  boisseaux,  le  tout  mesure 
d'Aubigny  ;  2  chapons,  et  autres  droits  seigneuriaux. 

21.  —  Le  fief  Hobey,  contenant  trois  acres  de  terre  assis  à  Saint- 
Pierre-du-Ghastel.  —  Parsonniers,  9.  —  Redevances,  orge,  27  bois- 
seaux ;  2  chapons,  2  deniers. 

22.  —  Le  fief  de  lEpine,  contenant  neuf  acres  de  terre,  assis  à 
Equainville.  — Parsonniers,  12.  —  Redevances,  44  sols  en  argent. 


k 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  383 

23.  —  Le  fief  du  Fond-du-Val,  contenant  cinq  acres,  deux  ver- 
gées, vingt  perches,  assis  k  Saint-Pie rre-du-Chastel.  —  Parson- 
niers,  8.  —  Bedevances^  orge,  4  boisseaux;  3  sols  en  argent;  3  cha- 
pons, 3  deniers. 

2i.  —  La  vavassorie  au  Bigre,  contenant  vingt-deux  acres  de 
terre  assis  à  Saint-Pierre-du-ChasteL  —  Parsonniers,  20.  —  Rede- 
vances, 33  sols  en  argent  ;  4  chapons,  4  deniers  ;  40  œufs,  4  deniers  ; 
2  sols  à  l'office  du  sacristain. 

25.  —  Le  tenement  Robert  Bigre,  contenant  deux  acres  de  terre, 
assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  6.  —  Redevances, 
5  sols  à  l'office  de  sacristain  ;  5  sols  et  autres  droits  seigneuriaux. 

2fi.  —  Le  tenement  Vendanger,  contenant  deux  vergées  de  terre, 
assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  2.  —  Redevances, 
blé-froment,  2  boisseaux  mesure  d'Aubigny. 

27.  —  Le  tenement  Pierre  Corps,  contenant  cinq  vergées  de 
terre,  assis  à  Notre-Dame-du-Val.  —  Parsonniers,  o.  — Redevances, 
5  sols  6  deniers  en  argent  ;  1  géline,  1  denier. 

28.  —  Le  tenement  des  Fosses-de-l" Abbaye,  contenant  deux  acres 
de  terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  3.  — 
Redevances,  8  sols  à  la  Saint-Michel  ;  un  chapon,  1  denier  ;  8  sols 
à  Pâques,  etc. 

29.  —  Le  tenement  Quetteville,  contenant  une  vergée  de  terre, 
assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  — Parsonniers,  1. — Redevances, 
1  géline,  1  denier. 

30.  —  Le  tenement  de  TAumosne  du  curé  du  Val,  contenant 
deux  acres  de  terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parson- 
niers, 4.  —  Redevances,  26  sols  8  deniers. 

31.  —  Le  tenement  de   TEcallier,   contenant  une   acre  de   terre, 
ssis  k  Saint-Pierre  ou  Notre-Dame-du-Val.  —  Parsonniers,  1.  — 

Redevances,  11  sols  en  argent. 

32.  —  Le  tenement  aux  Boullens,  contenant  sept  vergées  de 
terre,  assis  k  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  3.  —  Rede- 
vances, blé,  5  boisseaux,  mesure  de  Beuzeville. 

33.  —  Le  tenement  Deuve  ou  Camp-Guérot,  contenant  trois 
vergées  de  terre,  assis  k  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers, 
3.  — Redevances,  blé-froment,  6  boisseaux 

34.  —  Le  fief  Perrin-Cardon,  contenant  une  acre  de  terre,  assis  k 
Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  l.  — Redevances,  12  sols 
en  arsrent. 


384  l'auuave  de  notre-dame  de  gkestain 

3o.  —  Le  tenement  du  Bout-des-Monts,  contenant  vingt  perches 
de  terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Ghastel,  —  Parso?iniers,  1 .  — 
Redevances,  10  deniers. 

36.  —  Le  tenement  Riboult- Vallée,  contenant  trois  verg-ées  de 
terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  3.  —  Rede- 
vances, 18  deniers. 

37.  —  Le  tenement  du  Clos-Fleury,  contenant  deux  acres  de  terre, 
assis  à  Saint-Pierre-du-Chaslel.  —  Parsonniers,  5.  —  Redevances 
7  sols  6  deniers  ;  1  chapon,  1  denier  ;  à  Pâques,  autres  7  sols 
6  deniers, 

38.  —  Le  tenement  du  Camp  à  la  Grange,  contenant  deux  acres 
de  terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel,  —  Parsonniers,  4.  — 
Redevances,  12  sols  ;  2  chapons,  2  deniers  ;  à  Pâques,  autres  12 
sols. 

39.  —  Le  tenement  des  Longs-Champs,  contenant  deux  vergées 
deux  perches  de  terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parson- 
niers, 3,  —  Redevances,  blé,  3  boisseaux,  mesure  de  Beuzeville. 

40.  —  /Vutre  tenement  des  Longs-Champs,  contenant  deux  acres, 
deux  vergées  de  terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parson- 
niers, 3.  —  Redevances,  18  sols  6  deniers, 

41.  —  Le  tenement  du  Camp-au-Foin,  contenant  trois  vergées 
de  terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  2.  —  Rede- 
vances, 6  deniers. 

42.  —  Autre  tenement  du  Camp-au-Foin,  contenant  deux  ver- 
gées de  terre,  assis  k  Saint-Pierre-du  Chastel.  —  Parsonniers,  3.  — 
Redevances,  10  deniers  k  la  Saint-Michel. 

43.  —  Le  tenement  aux  Boullens,  contenant  une  vergée,  vingt 
perches  de  terre,  assis  k  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsoiiîiiers, 
1.  —  Redevances,  blé,  2  boisseaux  k  la  mesure  d'Aubigny. 

44.  —  Le  tenement  Gringuant,  contenant  une  acre  de  terre, 
assis  k  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  2.  —  Redevances, 
5  sols   en  argent;  1  chapon,  1  denier. 

45.  —  Le  fief  d'Avallon,  contenant  seize  acres  de  terre,  deux 
vergées,  vingt-sept  perches,  assis  k  Saint-Pierre-du-Chastel.  — 
Parsonniers,    15.   —  Redevances,    75    sols  en    argent;    3    gélines, 

3  deniers. 

46.  —  Le  fief  aux  Casteaux,  contenant  quatre  acres  de  terre, 
assis  k  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  4,  —  Redevances, 

4  sols  en  argent. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  38o 

47.  —  Le  tellement  au  Suret,  contenant  deux  acres,  deux  ver- 
gées de  terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonnicrs^  3.  — 
Redevances,  2  sols  en  argent. 

48.  —  La  fielFe  du  Camp  au  Febvre,  contenant  une  acre,  une 
vergée,  assis  à  Saint-Pierre-du-ChasteL  —  Parsonniers,  \.  —  Rede- 
vances, 12  sols  en  argent;  1  chapon,  1  denier. 

49.  —  Le  tenement  Jean  Boudin,  contenant  deux  vergées  de 
terre,  assis  à  Nostre-Dame-du-^"al.  —  Parsonnicrs,  1.  —  Rede- 
vances, 6  deniers  en  argent. 

50.  —  Le  tenement  de  Clos  Hûard,  contenant  une  acre,  deux 
vergées  de  terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers, 
o.  —  Redevances,  24  sols  en  argent. 

51.  —  La  vavassorie  Sainte-Marie,  contenant...,  assise  à  Saint- 
Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  1.  —  Redevances,  40  sols  en 
argent. 

52.  —  Le  tenement  Guévillon,  contenant  une  acre,  trois  vergées, 
dix  perches  de  terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parson- 
niers, 3.  —  Redevances,  orge,  4  boisseaux,  à  la  mesure  de  Beuze- 
ville. 

53.  —  Le  tenement  Brunet-de-la-Mare,  contenant  trois  vergées, 
vingt  perches  de  terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parson- 
niers, 1.  —  Redevances,  avoine,  9  boisseaux  à  la  mesure  d'Aubigny. 

54.  —  Le  tenement  aux  Casteaux,  contenant  trois  vergées,  douze 
perches,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  4.  — 
Redevances,   avoine,  14  boisseaux  à  la  mesure  d'Aubigny. 

55.  —  Le  tenement  Hartel,  contenant  deux  vergées  de  terre,, 
assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  1.  —  Redevances, 
avoine,  2  boisseaux,  mesure  de  Beuzeville,  l'un  comble  et  l'autre 
rasant. 

56.  —  Le  tenement  du  Petit-Pré,  contenant  trente  perçues  de 
terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  2.  —  Rede- 
vances, 20  deniers  en  argent. 

57.  —  Le  tenement  de  la  Fosse-Oûin,  contenant  huit  acres  de 
terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniei^s,  5.  —  Rede- 
vances, 30  sols  ;  1  chapon,  1  denier  ;  à  Pâques,  30  sols. 

58.  —  Le  fief  aux  Iliiard,  contenant  trois  acres,  trois  vergées  de 
terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  8.  —  Rede- 
vances, 30  sols  en  argent  ;  2  sols  à  l'office  de  sacristain. 

Ch.  Bhéaki".  —  L'Abbaye  de  .Voire-Dame  de  Greslain.  25 


386 


L  ABBAYE  DE    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 


59.  —  Le  tenenient  Béquet,  contenant  trois  acres,  une  vergée  de 
terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  6.  —  Rede- 
vances, 20  sols  en  argent  ;  2  chapons,  2  deniers. 

60.  —  Le  fîef  du  Val-Jouan,  contenant  cinquante-huit  acres  ; 
trente-six  perches  de  terre,  assis  en  la  vicomte  de  Pont-Audemer! 
paroisse  de  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  5.  —  Rede- 
vances, 8  livres  en  argent. 

61.  —  Le  tenement  Auger-Boudin,  contenant  trois  vergées  de 
terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  3.  —  Rede- 
vances, 6  sols  en  argent. 

62-  —  Le  tenement  Harencour,  contenant  deux  vergées,  vingt 
perches  de  terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers, 
3-  —  Redevances,  5  sols  en  argent  ;  1  géline,  i  denier. 

63.  —  Le  tenement  aux  Louvets,  contenant  une  acre  de  terre, 
assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  4.  —  Redevances, 
7  sols  en  argent. 

64.  —  Le  tenement  au  Mojne,  contenant  sept  vergées,  vingt 
perches  de  terre,  assis  à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers, 
5.  —  Redevances,  12  sols. 

65.  —  Un  tenement,  contenant  six  acres  de  terre,  assis  à  Saint- 
Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  5.  —  Redevances,  50  sols  en 
argent  ;  2  chapons. 

66.  —  Un  tenement,  nùment,  contenant  une  acre  de  terre;  assis 
à  Saint-Pierre-du-Chastel.  —  Parsonniers,  2.  —  Redevances, 
10  sols  ;  1  chapon,  1  denier  à  l'office  de  sacristain. 

67.  —  Les  héritiers  de  Jean  de  Ville,  Marguerite  Durand,  Jean 
Piquot  doivent  de  rente  seigneurialle  par  an  20  sols. 

68.  —  La  vavassorie  du  Hamelet,  contenant  dix  acres  de  terre, 
assise  à  Boulleville.  —Parsonniers,  14.  —  Redevances,  60  sols,' 
foy,  hommage,  etc. 

69.  —  Le  fief  Robin  Blotte,  contenant  vingt-sept  acres  de  terre, 
assis  à  Boulleville.  —Parsonniers,  40.  —Redevances,  14  livres  en 
argent. 

70.  —  Le  fief  au  Clerc,  contenant  vingt-huit  acres  de  terre,  assis 
h  Boulleville.  —  Parsonniers,  22.  —  Redevances,  blé-froment, 
3^  setiers  ;  orge,  2  setiers  ;  avoine,  2  setiers,  le  tout  à  la  mesure 
d'Aubigny. 

rJ.  —  Le  tenement  Jean  Varin,  contenant  six  vergées  de  terre, 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  387 

assis  à  Boulleville.  —  Parsonniers,  5.  —  Redevances^  17  sols  en 
arf^ent. 

72.  —  Le  fief  de  Tailleville,  contenant  vin^^t-sept  acres  de  terre, 
assis  à  Boulleville.  —  Parsonniers,  20.  —  Redevances,  6  liv.  et  ser- 
vice de  prevosté. 

73.  —  Le  tenement  Poisson,  contenant  dix  acres  de  terre,  assis 
à  Boulleville.  —  Parsonniers,  10.  — Redevances,  100  sols  en  argent 
et  service  de  prevosté. 

74.  —  Le  tenement  Triboûin,  contenant  deux  acres,  neuf  perches 
de  terre,  assis  à  Boulleville.  —  Parsonniers,  1.  —  Redevances, 
15  sols  en  arj^^ent. 

7;}.  —  Le  fief  Colin  Mare,  contenant  dix  acres  de  terre,  assis  à 
Boulleville.  — Parson?iiers,  10.  —  Redevances,  orge,  10  boisseaux; 
avoine  6  setiers  revenant  à  84  boisseaux,  le  tout  à  la  mesure  du 
grenier;  2  chapons,  2  deniers;  1  géline,  1  denier;  33  œufs, 
3  deniers. 

76.  —  Le  tenement  aux  Manchons,  contenant...,  assis  à  Boulle- 
ville. —  Parsonniers,  8.  —  Redevances,  (en  blanc). 

77.  —  Le  second  tenement  aux  Manchons,  contenant  six  ver- 
gées, assis  à  Boulleville.  —  Parsonniers,  1.  —  Redevances,  (en 
blanc). 

78.  —  Le  troisième  tenement  aux  Manchons,  contenant  une  acre, 
trois  vergées,  vingt  perches  de  terre,  assis  k  Boulleville.  — Parson- 
niers, 2.  —  Redevances,  7  sols  en  argent  allant  à  Toffice  d'aumô- 
nier. 

79.  —  Le  fîef  de  la  Vente,  contenant  sept  acres  de  terre  et  vingt 
perches,  assis  à  Boulleville.  —  Parsonniers,  3.  —  Redevances,  (en 
blanc). 

80.  —  Le  fîef  Bachelot,  contenant  six  vergées,  vingt  perches  de 
terre,  assis  k  Saint-Sulpice-de-Graimbouville.  —  Parsonniers,  1 .  — 
Redevances,  32  sols  en  argent  ;  orge,  12  boisseaux,  mesure  de  Beu- 
zeville  ;  deux  oies  ;  3  chapons,  3  deniers  ;  30  œufs,  3  deniers  ; 
20  sols. 

81.  —  Le  fief  Hébert  Laigle,  contenant...  —  Pai'sonniers,  2.  — 
Redevances,  (en  blanc). 

82.  —  Le  fief  Guesnon,  contenant  six  acres  de  terre,  assis  de 
Saint-Maclou.  —  Parsonniers,  7.  —  Redevances,  orge,  14  bois- 
seaux ;  avoine,  21  boisseaux;  3  chapons,  3  deniers;  et  30  sols 
6  deniers  k  Pâques  ;  20  œufs,  2  deniers  ;  service  de  prevosté. 


388  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

83.  —  Le  fief  au  Prévost,  contenant  quatorze  acres  de  terre 
assis  à  Boulleville.  —  Parsonniers,  8.  —  Redevances,  4  livres, 
1  chapon  ;  à  l'office  de  pénitenciers  7  sols  6  deniers  ;  à  l'office  de 
bailly,  12  deniers;  1  chapon  à  l'office  de  chancelier;  et  71  sols 
6  deniers  en  deux  termes  ;  service  de  prevosté. 

84.  —  Le  fief  Martel,  contenant  quatorze  acres  de  terre,  assis  à 
Boulleville.  —  Parsonniers,  4.  —  Redevances,  32  sols  6  deniers  au 
terme  Saint-Michel  ;  autres  32  sols  6  deniers  à  Pâques. 

83.  —  Le  fief  du  Jardinet,  contenant  trois  acres,  deux  vergées, 
trois  perches,  assis  à  Saint-Sulpice.  —  Parsonniers,  16.  —  Rede- 
vances, blé-froment,  8  boisseaux  ;  3  sols  à  l'office  de  bailly  ;  2  cha- 
pons, 2  deniers;  20  œufs,  2  deniers. 

86.  —  Le  fîef  Binet-Marie^  contenant  onze  acres  de  terre,  assis 
à  Boulleville  et  Saint-^Iaclou.  —  Parsonniers,  12.  —  Redevances, 
12  deniers  de  cens  allant  à  l'office  de  bailly  ;  9  sols  allant  à  la 
recette  ordinaire  ;  2  chapons,  2  deniers  allant  à  l'office  d'infirmier. 

87.  —  Le  fîef  au  Thioux,  contenant  sept  acres  de  terre,  assis  à 
Saint-Sulpice.  —  Parsonniers,  8.  —  Redevances,  4  sols  allant  à 
l'office  de  bailly  ;  2  chapons,  2  deniers  ;  20  œufs,  2  deniers;  ser- 
vice de  prevosté. 

88.  —  Le  fief  Maurepas,  contenant  dix-sept  acres  de  terre,  assis 
à  Saint-Maclou.  —  Parsonniers,  13.  —  Redevances,  blé,  .o  bois- 
seaux ;  4  chapons,  4  deniers  à  l'office  de  bailly  ;  40  œufs,  4  deniers  ; 
16  sols  ;  service  de  prevosté. 

89.  —  Le  fief  de  l'Anerie,  contenant  vingt-sept  acres,  deux  ver- 
gées de  terre,  assis  à  Boulleville.  —  Parsonniers,  11.  —  Rede- 
vances, 6  livres  en  argent. 

90.  —  Le  fief  de  la  Fresnée,  contenant  huit  acres  de  terre,  assis 
à  Saint-Maclou.  —  Parsonniers,  8.  —  Redevances,  avoine,  32  bois- 
seaux ;  2  chapons,  2  deniers  ;  20  œufs,  2  deniers  ;  pour  laumônier, 
12  sols,  12  deniers;   service  de  prevosté. 

91.  —  Le  fief  Assour,  contenant  vingt-six  acres  de  terre,  assis  à 
Saint-Sulpice  et  à  Saint-Maclou-la-Campagne.  —  Parsonniers,  20. 
—  Redevances,  froment,  3  setiers  6  boisseaux  ;  orge,  3  setiers 
6  boisseaux  ;  avoine,  3  setiers,  le  tout  mesure  d'x\ubigny  à  seize 
boisseaux  par  setier  tant  pour  le  froment  que  pour  l'orge,  et  à  qua- 
torze boisseaux  pour  setier  pour  l'avoine  ;  a  sols  de  cens  ;  4  cha- 
pons, 4  deniers  ;  40  œufs,  4  deniers  ;  service  de  prevosté. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  389 

92.  —  Le  fief  Martin  Gosse,  contenant  quatre  acres,  une  vergée 
de  terre,  assis  à  Boulleville.  —  Parsonniers,  3.  —  Redevances^ 
50  sols  en  deux  termes. 

93.  —  Le  fief  Dezir  Janne,  contenant  deux  acres  de  terre,  assis 
à  Boulleville.  —  Parsonniers,  5.  —  Redevances,  30  sols  en  deux 
termes. 

94.  —  Le  fief  du  Val-Durand,  contenant  seize  acres,  assis  à 
Boulleville.  —  Parsonniers,  13.  —  Redevances,  120  sols  en  trois 
termes  ;  service  de  prevosté. 

9o.  —  Le  fief  Chillant,  contenant  vingt-sept  acres  de  terre,  assis 
à  Saint-^SIaclou  et  Foulbec.  —  Parsonniers,  18.  —  Redevances^ 
12  liA'res. 

96.  —  Le  tenement  Hartel,  contenant  trois  vergées  de  terre,  assis 
à  Boulleville.  —  Parsonniers,  \.  — Redevances,  orge,  7  boisseaux  à 
la  mesure  de  Beuzeville. 

97.  —  Le  tenement  du  Berrurier,  contenant  (en  blanc).  —  Par- 
sonniers. —  Redevances  (en  blanc). 

98.  —  Le  tenement  du  Jardin  Perrin,  contenant  cinquante 
perches  de  terre,  assis  à  Boulleville  et  Saint-Maclou. —  Parsonniers, 
1.  — Redevances,  1  géline,  1  denier;  2  sols  6  deniers. 

99.  —  Le  tenement  Sanel,  contenant  trois  acres,  une  vergée  de 
terre,  assis  à  Boulleville.  —  Parsonniers,  1.  —  Redevances,  (en 
blanc). 

100.  —  La  fieffé  du  Fond-du-Val,  contenant  deux  acres  de  terre, 
assis  à  Boulleville,  —  Parsonniers,  3.  —  Redevances,  10  sols  en 
argent. 

101.  —  Le  grand  fief  Chignault,  contenant  trois  acres  de  terre, 
assis  à  Boulleville.  —  Parsonniers,  6.  —  Redevances,  37  sols  en 
deux  termes. 

102.  —  Le  fief  des  Maquaire,  contenant  sept  acres  de  terre, 
assis  à  Boulleville.  —  Parsonniers,  8.  —  Redevances,  76  sols. 

103.  —  Le  fief  des  Coutures,  contenant  sept  acres  de  terre, 
assis  à  Boulleville.  —  Parsonniers,  8.  —  Redevances,  42  sols. 

104. —  Le  tene  ment  Louis  Mauger,  contenant  cinquante  perches 
de  terre,  assis  à  Boulleville.  —  Parsonniers,  2.  —  Redevances, 
20  sols. 

lOo.  —  Le  tenement  des  Costis-Mauger,  contenant  deux  vergées 
de  terre,  assis  k  Boulleville.  —  Parsonniers,  4.  —  Redevances, 
20  sols. 


ï 


390  l'arbaye  de  notre-dame    de  gbestain 

106.  —  Le  tenement  Chérisier,  contenant  trois  vergées  de  terre, 
assis  à  BouUeville.  —  Parsonniers,  4.  —  Redevances,  12  sols. 

107.  —  Le  tenement  Aonfrev,  contenant  deux  verorées,  vinart 
perches  de  terre,  assis  à  BouUeville.  —  Parsonniers,  3.  —  Rede- 
vances, 5  sols. 

108.  —  Le  tenement  au  Blond,  contenant  deux  acres,  deux  ver- 
gées de  terre,  assis  à  BouUeville.  —  Parsonniers,  5.  —  Redevances, 
7  sols  6  deniers, 

109.  —  Le  fief  Tougard,  contenant  une  acre,  deux  vergées  de 
terre,  assis  à  BouUeville.  —  Pa7\'ionniers,  3.  —  Redevances,  7  sols 
6  deniers. 

110.  —  Le  tenement  Mouttier,  contenant  cinq  vergées  de  terre, 
assis  à  Saint-Maclou.  —  Parsonniers,  2.  —  Redevances,  38  sols. 

111.  —  Le  tenement  Pierre  Platel,  contenant  trois  vergées  de 
terre,  assis  à  BouUeville.  —  Parsonniers,  1 .  —  Redevances,  (en 
blanc). 

112.  —  Un  tenement  contenant  deux  vergées,  dix  perches  de 
terre,  assis  à  BouUeville.  —  Parsonniers,  10.  —  Redevances,  (en 
blanc), 

113.  —  Le  tenement  du  Pré-de-la-Haye,  contenant,  (en  blanc), 
assis  à,  (en  blanc).  —  Parsonniers,  2.  —  Redevances,  20  sols. 

114.  —  Le  tenement  du  Pré-de-Lambinière,  contenant  (en 
blanc),  assis  à  (en  blanc).  —  Parsonniers,  4.  —  Redevances, 
(en  blanc). 

115.  —  Le  tenement  Jean  Ruaux,  contenant  (en  blanc),  assis  à 
(en  blanc).  —  Parsonniers,  2.  —  Redevances,  20  sols. 

116.  —  Le  tenement  du  Pré-du-Gruchet,  contenant  deux  acres, 
deux  vergées  de  terre,  assis  à  Saint-Germain  du  Pont-Audemer.  — 
Parsonniers,  1.  —  Redevances,  60  sols. 

117.  —  Le  fief  Voisin,  contenant  (en  blanc),  assis  à  (en  blanc). 
—  Parsonniers,  2.  —  Redevances,  (en  blanc). 

118.  —  Le  fief  Pestel.  —  Parsonniers,  4. 

119.  —  Les  Pittances  de  BouUeville,  contenant  neuf  acres,  une 
vergée,  six  perches  de  terre,  assis  à  BouUeville.  —  Parsonniers, 
10.  —  Redevances,  blé,  4  boisseaux,  mesure  de  Beuzeville,  par 
chaque  acre  de  terre. 

120.  —  Le  tenement  Pierre  Roger  et  Guillaume  Le  Sueur,  con- 
tenant cinq   acres  deux  vergées   de  terre,   assis   à    BouUeville.  — 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  391 

Parsonniers,  o.   —  Redevances,  37   sols  10  deniers  et  le  quart  d'un 
chapon  ;  o  deniers  allant  à  l'office  d'aumônier  de  ladite  abbaye. 

121. —  Le  tenement  Jacques  VoUet,  contenant  trente  perches 
de  terre,  assis  à  BouUeville.  —  Parsonniers,  \ .  —  Redevances, 
11  sols. 

122.  —  Deuxième  tenement  Jacques  Vollet,  contenant  trois  ver- 
gées de  terre,  assis  à  BouUeville.  —  Parsonniers,  3.  — Redevances, 
orge,  7  boisseaux,  mesure  de  Beuzeville. 

123.  —  Le  tenement  Déliez,  contenant  six  vergées  de  terre, 
assis  à  BouUeville.  —  Parsonniers,  4.  —  Redevances,  7  sols 
6  deniers, 

12i.  —  Le  tenement  Jacques  Safîrey,  contenant  une  vergée  de 
terre,  assis  à  BouUeville.  —  Parsonniers,  1.  —  Redevances,  (en 
blanc). 

125.  —  Un  tenement,  contenant  (en  blanc).  —  Parsonniers^ 
8.  —  Redevances,  (suivant  les  anciens  aveux). 

Tous  les  défaillants  non  excusez  condamnez  en  chacun  cinq  sols 
d'amende  et  de  la  réquisition  dudit  seigneur  représenté  comme  des- 
sus, etc. 

Ballière.  Liétout.  Waquet. 

(Orig.,  étude  de  m^  Paul  Bréard,  k  Honfleur.) 

Le  résumé  de  cette  pièce  fournit  le  nombre  de  730  acres  de  terre 
environ  que  se  partageaient  840  petits  propriétaires  ruraux,  dont 
plusieurs  possédaient  des  parcelles  d'une  contenance  inférieure  à 
10  ares. 

Pour  apprécier  la  superficie  que  les  7S0  acres  de  Normandie 
représentent,  il  est  indispensable  de  se  rappeler  que  l'ancienne 
mesure  agraire  de  la  vicomte  de  Pont-Audemer  équivaut  à  68  ares 
67  centiares  ;  c'est  l'acre  dite  petite  mesure.  Le  calcul  donne  donc 
une  superficie  de  501  hectares. 

Quant  aux  redevances  réelles  auxquelles  les  tenanciers  étaient 
assujettis,  on  a  vu  qu'elles  se  payaient  en  argent  pour  la  plus  grande 
partie  :  l'acre,  8,  10  et  PJ  sous  ;  la  vergée,  4  deniers;  la  perche, 
1  denier.  Ces  chiffres  sont  une  quantité  moyenne.  Les  rcdevatices 
en  nature  s'acquittaient  en  blé,  avoine,  orge,  etc.  On  faisait  usage ])Our 
les  évaluer  de  la  mesure  d'Aubigny,  soit  le  sctier  de  16  boisseaux 
pour  le  blé  et  l'orge,  et  de  14  boisseaux  pour  l'avoine.  L'unité  de 


392  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

poids  changeait  d  ailleurs  suivant  les  cantons  où  les  grains  s  éva- 
luaient à  la  mesure  de  Beuzeville,  à  la  mesure  Bertran,  à  la  mesure 
de  Bonneville.  Des  aveux  font  connaître  que  lahhaye  de  Grestain  a 
eu  aussi  ses  mesures  pour  les  matières  sèches,  telles  que  les  grains 
et  les  le'gumes,  ou  les  liquides,  tels  que  le  vin,  le  cidre  et  V huile. 
Bien  ne  présentait  plus  de  variété,  plus  de  bizarrerie,  que  les 
anciennes  mesures.  Leur  nombre  est  si  considérable  qu'il  est  diffi- 
cile d'en  faire  lénumération. 


CVIII 

Demande  de  réunion  à  l'hôpital  de  Ronfleur  de  la  mense 
conventuelle  de  Grestain^. 

1757,  9  août. 

Du  mardy  neufiesme  aoust  mil  sept  cent  cinquante  sept,  le  bureau 
assemblé  au  lieu  et  en  la  manière  ordinaire,  il  a  esté  représenté 
que  M.  de  Boismont,  abbé  de  Grestain,  sollicita  auprès  de 
Mgr.  l'évesque  et  comte  de  Lisieux  Tenthérinement  d'un  brevet  par 
luy  obtenu  de  Sa  Majesté  pour  l'union  de  la  mense  monachale  de 
son  abbaye  à  quelque  maison  religieuse  et  pour  causes  pies  ;  et 
comme  il  nest  pas  de  maison  plus  digne  de  commisération  que  notre 
hôpital  puisque  pour  la  subsistence  de  plus  de  cent  pauvres  et 
entretien  de  ses  bâtiments  et  autres  charges  il  n'a  pas  au-dessus  de 
deux  mil  livres  de  rente  et  qu'en  outre  il  sert  d'hôpital  militaire 
sans  estre  couché  sur  l'état  du  roy  ;  que  d'ailleurs  c'est  la  maison 
la  plus  proche  de  l'abbaye  puisqu'elle  n'est  éloignée  que  d'une 
lieue  ;  que  Sa  Majesté  en  unissant  les  maladreries  aux  hôpitaux  les 
plus  proches  semble  avoir  manifesté  son  intention  pour  les  cas  de 
l'avenir  pour  les  causes  pieuses  comme  en  cette  occasion. 

Il  a  esté  arresté  qu'il  sera  fait  de  très  humbles  remontrances  à 
Mgr.  l'évesque  sur  le  triste  et  fâcheux  état  de  cet  hôpital  et  qu'en 

1.  Pour  la  même  époque,  on  trouve  aux  Arch.  dép.  du  Calvados  (F.  749)  les 
pièces  suivantes  :  Quittances  à  Duquesne  de  Cabeaumont  pour  rentes  du  fief 
Assourd.  Conventions  avec  les  abbés  Antoine  de  Malherbe  et  Philibert.de 
Renty. 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES  393 

étant  le  premier  administrateur  né  il  connoit  l'étendue  de  ses  pres- 
sants besoins,  il  sera  suplié  d'accorder  sa  protection  à  cette  mai- 
son pour  luy  faire  la  distribution  de  tout  ou  partie  du  revenu  de  la 
mense  monachalle  de  l'abbaye  de  Grestain  pour  la  subsistence  des 
pauvres  comme  de  cause  pieuse  la  plus  essentielle,  aux  obéissances 
à  ce  conformes  à  ce  que  Sa  Grandeur  jug'era  à  propos  de  leur  impo- 
ser pour  charges,  étant  persuadez  que  M.  l'Abbé  ne  se  refusera  pas 
à  ce  que  Sa  Grandeur  aura  agréable  de  déterminer.  Le  sieur  sindic 
joindra  à  sa  requête  un  [authentique]  de  la  présente.  Ce  qui  a  esté 
arresté  et  signé. 

(Arch.  de  l'hospice  de  Ronfleur,  E  4,  fol.  47  v".) 


GIX 

Concordat  j'cladf  au  projet  de  réunion  de  la  niense  conventuelle  de 
Vahbaye  de  Grestain,  de  celle  de  Royal-Pré  et  de  la  communauté 
des  Dominicaines  de  Pont-VEvêque,  en  faveur  du  petit  séminaire 
de  Lisieux  et  des  hôpitaux  de  Honfleur  et  de  Pont-iEvêque. 

17o8,  12  mai. 

Pardevant  le  conseiller  du  roy  notaire  à  Paris,  soussigné,  furent 
présents  m'"''  Joseph-Dominique  de  Cheylus,  prestre,  docteur  de 
Sorbonne,  haut  doyen  de  l'église  cathédralle  de  Lisieux,  vicaire 
général  du  diocèse  dudit  lieu  et  abbé  commendataire  de  l'abbaye 
de  Notre-Dame  de  Cormeilles,  demeurant  ordinairement  à  Lisieux 
et  de  présent  en  cette  ville  de  Paris,  logé  rue  Jacob,  parroisse 
Saint-Sulpice,  au  nom  et  comme  procureur  d'illustrissime  et  révé- 
rendissime  seigneur  Mgr.  Henry-Ignace  de  Brancas,  conseiller  du 
roy  en  ses  conseils,  évesque  et  comte  de  Lisieux,  supérieur  né  et 
seul  administrateur  du  petit  séminaire  de  Notre-Dame  de  Lisieux, 
suivant  la  procuration  de  mondit  seigneur  en  laditte  qualité  passée 
devant  Daufresne,  notaire  royal  à  Lisieux,  le  12  avril  de  la  présente 
année,  contrôlée  le  13  en  la  ditte  ville  de  Lisieux,  la  ditte  procuration 
cy-annexée  au  brevet  original  après  avoir  esté  certifiée  A'éritable 
par  ledit  sieur  abbé  de  Cheylus,  de  luy  signée  et  paraphée  en  pré- 
sence des  notaires  soussignez,  et  promet  ledit  sieur  abbé  de  Chey- 


394  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

lus  audit  nom  faire  ratifier  ces  présentes  par  mondit  seigneur 
l'évesque  de  Lisieux  dans  le  délay  d'un  mois  d'une  part; 

Messire  Nicolas  Thyrel  de  Boismont,  abbé  commendataire  de 
l'abbaye  royale  de  Grestain,  l'un  des  Quarante  de  l'Académie  fran- 
çoise,  demeurant  à  Paris  à  l'hostel  de  Chaulne,  rue  d'Enfer,  par- 
roisse  Saint  Severin,  d'autre  part  ; 

Et  m*'  Jean-Baptiste  Le  Moyne  de  Bellisle,  seigneur  de  Ville- 
tartre  et  autres  lieux,  conseiller  du  roy,  maistre  ordinaire  en  sa 
chambre  des  comptes,  aydes  et  finances  de  Normandie  et  inten- 
dant des  maison,  domaines  et  finances  de  très  haut,  très  puissant 
et  très  excellent  prince  Mgr.  Louis-Philippe  d'Orléans,  duc  d'Or- 
léans, de  Vallois,  de  Chartres,  de  Nemours  et  Montpensier,  vicomte 
d'Auge,  premier  prince  du  sang,  demeurant  ledit  sieur  de  Bellisle 
au  Palais-Royal,  parroisse  Saint-Eustache,  au  nom  et  à  la  charge 
de  faire  ratifier  ces  présentes  par  mondit  seigneur  le  duc  d'Orléans 
dans  le  même  délay  d'un  mois,  encore  d'autre  part  ; 

Lesquelles  parties  ont  dit,  scavoir  ledit  abbé  de  Cheylus  que 
mondit  seigneur  évesque  de  Lisieux,  dans  la  vue  de  soutenir,  d'af- 
fermir et  d'étendre  dans  son  diocèse  les  avantages  que  la  religion 
retire  de  l'établissement  du  petit  séminaire  de  Lisieux,  en  auroit 
examiné  la  situation,  qu'il  a  vu  avec  douleur  que  cette  maison 
(dans  laquelle  ceux  qui  se  destinent  à  l'état  ecclésiastique  et  qui  ne 
pourroient  y  parvenir  par  le  deffaut  de  fortune  trouvent  les  secours 
spirituels  et  temporels  dont  ils  ont  besoin  pour  seconder  leur  voca~ 
tion  et  les  mettre  en  état  d'instruire  les  peuples  qui  doivent  leur 
estre  confiez  des  saines  maximes  de  l'Evangile  par  les  lumières  qu'ils 
y  acquèrent  et  de  les  déterminer  à  la  pratique  de  toutes  les  vertus 
chrétiennes  parleurs  bons  exemples)  était  sur  le  point  de  s'anéantir 
par  les  pertes  qu'elle  a  souffertes  par  la  diminution  des  rentes  qui 
en  font  le  revenu  le  plus  considérable  et  par  l'augmentation  qui  se 
fait  d'année  en  année  sur  le  prix  des  denrées  ;  que  dans  cette 
extrémité  après  avoir  cherché  tous  les  moyens  d'y  remédier  il  n'en 
a  pas  trouvé  de  plus  propre  que  de  suplier  le  roy  de  vouloir  bien 
permettre  l'extinction  de  la  communauté  des  religieux  de  l'abbaye 
de  Grestain  pour  en  réunir  les  fruits  et  revenuts  de  la  mense  con- 
ventuelle au  petit  séminaire  de  Lisieux  ;  qu'il  a  eu  la  satisfaction  de 
voir  ledit  sieur  abbé  de  Boismont,  abbé  commendataire  de  cette 
abbaye,   concourir  à  l'exécution  de  ce  dessein  par  le  consentement 


PIÈCES    Ji;STIFICAT[VF,S  395 

qu'il  en  a  donné  et  qu'il  espère  que  S.  A.  S.  niondit  seigneur  le 
duc  d'Orléans  étant  en  partie  aux  droits  des  fondateurs  de  cette 
abbaye  voudra  bien  mettre  à  ce  projet  le  sceau  de  son  approbation 
avec  d'autant  plus  de  raison  que  les  vassaux  du  vicomte  d'Auge  qui 
se  destinent  à  l'état  ecclésiastique  sont  reçus  dans  le  petit  séminaire 
et  que  S.  A.  S.  a  par  conséquent  intérêt  de  l'honorer  de  sa  protec- 
tion. 

Par  ledit  sieur  de  Bellisle  a  esté  dit  que  S.  A.  S.  Mgr.  l'évesque 
le  duc  d'Orléans  comme  vicomte  d'Auge  et  baron  de  Roncheville 
représente  en  partie  les  fondateurs  de  l'abbaye  de  Grestain,  que  les 
vues  de  Mgr.  l'évesque  de  Lisieux  ne  peuvent  estre  plus  louables  et 
plus  pures  et  que  S.  A.  S.  concourrerait  volontiers  à  l'affermisse- 
ment du  petit  séminaire  de  Lisieux  par  son  consentement  k  Textinc- 
tion  des  religieux  de  cette  abbaye  et  à  la  réunion  de  leur  mense  à 
cette  maison,  mais  que  la  protection  qu'il  doit  à  ses  vassaux  le 
met  dans  la  nécessité  de  faire  voir  que  si  l'extinction  et  la  réunion 
de  quelques  biens  ecclésiastiques  dans  la  vicomte  d'Auge  peut  estre 
faitte,  elle  le  doit  estre  par  préférence  au  profit  d'établissements  qui 
sont  d'ancieneté  dans  son  domaine  et  dont  l'utilité  est  plus  directe 
et  plus  pressante  et  plus  étendue  soit  pour  le  bien  de  l'Etat  en  géné- 
ral soit  pour  le  bien  de  ses  vassaux  en  particulier  ;  que  si  la  mai- 
son du  petit  séminaire  de  Lisieux  est  chère  à  M.  l'évesque  de 
Lisieux,  ses  soins  paternels  ne  doivent  pas  moins  s'étendre  sur  les 
besoins  extrêmes  où  se  trouvent  réduits  les  hôpitaux  d'Honfleur  et 
de  Pontlevesque  qui  sont  dans  son  diocèse  et  destinez  au  soulage- 
ment des  malades,  à  la  retraite  des  vieillards  et  à  l'éducation  des 
enfans  ;  que  le  premier  situé  dans  un  port  de  mer  est  principale- 
ment l'asile  des  matelots  malades  et  des  soldats  de  la  garnison, 
qu'il  ne  se  soutient  en  temps  de  paix  que  par  les  charités  des 
fidèles  et  le  travail  des  mains,  que  dans  le  temps  de  la  guerre  les 
aumônes  diminuent  par  la  cessation  du  commerce  maritime  en  sorte 
que  les  secours  ne  sont  plus  proportionnez  au  grand  nombre  de 
pauvres  dont  cette  ville  abonde  dans  des  temps  où  la  misère  se 
multiplie  davantage  ;  qu'à  l'égard  de  l'hôpital  de  Pontlevesque 
outre  que  les  revenus  sont  trop  peu  considérables  pour  y  entretenir 
le  nombre  des  enfans,  des  malades  et  des  vieillards  que  cette  ville 
fournit  les  bâtiments  sont  si  resserez  qu'il  n'est  pas  possible  de 
faire  un  établissement  commode,  que  mesme  lors  du  passage  des 


396  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

troupes  on  a  esté  souvent  dans  la  dure  nécessité  de  laisser  des  sol- 
dats malades  chez  leurs  hostes  faute  de  place  dans  l'hôpital  ;  que 
ces  motifs  aussi  intéressants  ne  détermineront  S.  A.  S.  à  donner 
son  consentement  à  la  réunion  de  la  mense  conventuelle  de  Gres- 
tain  au  petit  séminaire  de  Lisieux  que  autant  qu'en  même  temps 
on  trouveroit  le  moyen  de  procurer  des  avantages  aux  hôpitaux 
d'Honfleur  et  de  Pontlevesque  ;  que  S.  A.  S.  par  le  compte  qu'elle 
s'est  fait  rendre  des  maisons  religieuses  dans  son  domaine  qui 
eroient  dans  le  cas  de  l'extinction  prochaine  il  se  trouve  celles  de 
Royalpré  et  des  religieuses  dominiquaines  de  Pontlevesque  dont  on 
pourroit  réunir  les  biens  en  partie  à  l'hôpital  d'Honfleur  et  en 
partie  à  celuy  de  Pontlevesque  ;  que  par  cet  arrangement  S.  A.  S. 
se  presteroit  aux  désirs  de  M.  l'évesque  de  Lisieux  et  consentiroit 
la  réunion  de  la  mense  conventuelle  de  Grestain  au  petit  séminaire 
de  Lisieux  qui  a  aussy  un  objet  d'utilité  pour  les  vassaux  de  son 
domaine  ;  qu'en  adoptant  ce  parti  on  feroit  subsister  ces  trois  éta- 
blissements d'une  manière  solide  en  en  détruisant  d'autres  dont 
Texistence  n'est  pas  utile  à  la  religion  et  à  l'Etat  ;  que  l'on  trou- 
vera dans  la  réunion  de  la  mense  conA^entuelle  de  Grestain  au  petit 
séminaire  de  Lisieux  un  secours  pour  remplir  à  perpétuité  l'objet 
de  son  établissement,  dans  celle  de  la  mense  de  Royalpré  k  l'hôpi- 
tal d'Honfleur  ou  dans  une  rente  qui  la  représenteroit  une  ressource 
pour  le  soulagement  des  pauvres  et  des  matelots,  qu'il  seroît  même 
à  propos  d'y  adjouter  la  réunion  de  toutes  les  parties  de  rentes 
hipotèques  dues  à  la  communauté  des  Dominiquaines  de  Pontle- 
vesque, que  l'on  sépareroit  commodément  et  sans  inconvénient  du 
surplus  des  biens  de  cette  maison,  et  enfin  que  Ion  voit  dans  l'apli- 
cation  à  l'hôpital  de  Pontlevesque  des  bâtiments  et  des  revenus  en 
fonds  de  terre  et  rente  foncières  des  religieuses  dominicaines  de 
Pontlevesque  un  logement  commode  et  étendu  pour  y  transférer  les 
pauvres  et  des  ressources  suffisantes  pour  les  y  entretenir,  que 
l'exécution  de  ce  projet  parroissoit  d'autant  plus  facile  que  d'un 
côté  les  religieuses  dominiquaines  de  Pontlevesque  ne  pouvoient 
pas  en  conséquence  des  ordres  du  roy  reccA'oir  des  novices,  et  que 
par  la  décision  du  bureau  ecclésiastique  établi  pour  l'extinction  et 
la  réunion  des  biens  des  communautez  religieuses  cette  maison 
était  au  nombre  de  celles  qui  dévoient  estre  éteintes,  et  que  d'un 
autre  costé  il  y  avoit  toute  apparence  que  M.  l'abbé  d'Anfréville, 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


397 


prieur  commendataire  de  Royalpré,  si  il  ne  consentoit  pas  k  Textinc- 
tion  et  à  la  réunion  de  la  mense  conventuelle  en  faveur  de  l'hôpi- 
tal d'IIonfleur,  ce  (jui  n'étoit  pas  encore  décidé,  consentoit  au  moins 
que  cette  mense  fût  réunie  à  celle  du  prieuré  sous  la  condition 
d'une  rente  foncière  de  quinze  cents  livres  au  profit  dudit  hôpital 
en  exemption  de  toutes  charges  ;  que  au  surplus  dans  le  cas  où 
des  événements  que  Ton  ne  peut  prévoir  cette  réunion  n'auroit  pas 
lieu  on  pouroit  trouver  dans  l'extinction  et  la  réunion  des  prieurés 
de  Saint-Astier  et  de  Saint-Nicolas  à  l'hôpital  d'Honfleur  quelques 
ressources,  en  y  adjoutant  les  parties  de  rentes  hypotèques  dues  à 
la  communauté  des  religieuses  dominiquaines  du  Pontlevesque. 

Et  à  l'égard  du  sieur  abbé  de  Boismont  a  esté  dit  qu'il  a  contri- 
bué autant  qu'il  est  en  luy  à  l'exécution  du  projet  de  M.  de  Lisieux, 
évesque,  par  le  consentement  qu'il  a  cy-devant  donné  à  l'extinction 
et  à  la  réunion  de  la  mense  conventuelle  de  Grestain  au  ^^etit  sémi- 
naire de  Lisieux  par  les  motifs  cydessus  énoncez  ;  qu'il  n'est  pas 
moins  touché  du  triste  état  dans  lequel  est  i^éduit  l'hôpital  d'Hon- 
fleur qui  est  dans  le  voisinage  de  Grestain  et  où  les  vassaux  de 
cette  abbaye  ont  souvent  trouvé  des  soulagements  ;  que  la  réunion 
proposée  de  la  part  de  S.  A.  S.  à  l'hôpital  d'Honfleur  de  la  mense 
conventuelle  de  Royalpré  ou  d'une  rente  sur  cette  mense  avec  les 
rentes  hipotèques  dues  aux  Dominiquaines  du  Pontlevesque  ne 
peut  estre  mieux  apliquée  ;  que  comme  l'événement  de  cette  réu- 
nion dépend  de  plusieurs  circonstances  qui  pourroient  en  empes- 
cher  le  succez,  il  se  prêtera  volontiers  dans  le  cas  où  cette  mense 
ne  pourroit  y  estre  réunie  ou  que  la  rente  substituée  à  la  place  n^au- 
roit  pas  lieu  au  proffit  dudit  hôpital  à  renoncer  en  faveur  des 
pauvres  de  cette  maison  à  la  collation  des  prieurés  de  Saint-Astier 
et  de  Saint-Nicolas  en  consentant  k  leur  extinction  k  condition  que 
les  biens  qui  en  dépendent  seront  réunis  k  l'hôpital  d'Honfleur  aux 
charges  de  droit. 

Toutes  lesquelles  propositions  ayant  esté  mûrement  examinées 
les  parties,  sous  le  bon  plaisir  de  Sa  Majesté  et  moyennant  que  Sa 
Majesté  ait  agréable  d'accorder  sur  le  présent  acte  ses  lettres 
patentes  lesquelles  soient  bien  et  duement  vérifiées  en  la  forme 
requise,  sont  convenues  de  ce  qui  suit  : 

C'est  k  savoir,  ledit  sieur  abbé  de  Cheylus  audit  nom  et  ledit 
sieur  abbé  de   Boismont   en  sa   qualité   d'abbé   commendataire  de 


398  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

Grestain  et  de  collateur  des  prieurés  de  Saint-Astier  et  de  Saint- 
Nicolas,  et  ledit  sieur  de  Bellisle  audit  nom,  que  la  mense  conven- 
tuelle de  l'abbave  de  Grestain  soit  réunie  à  la  maison  du  petit 
séminaire  de  Lisieux. 

Conviennent  pareillement  ledit  sieur  abbé  de  Cheylus  et  ledit 
sieur  de  Bellisle  que  la  mense  conventuelle  de  Royalpré  soit  réunie 
à  l'hôpital  d'Honfleur  ;  que  mesme  dans  le  cas  où  on  ne  pouroit 
parvenir  à  cette  réunion  et  qu'elle  ne  pût  s'exécuter  autrement 
qu'en  faisant  la  réunion  de  cette  mense  au  prieuré  commendataire 
dudit  Royalpré,  à  la  charge  d'une  rente  foncière  sur  ce  prieuré  au 
profit  de  cet  hôpital,  que  cette  mense  seroit  réunie  audit  prieuré 
commendataire,  et  s'il  arrivoit  que  dans  tous  les  deux  cas  qui  con- 
cernent Royalpré  il  n'y  eut  point  de  réunion,  mondit  seigneur 
l'évesque  de  Lisieux  et  ledit  sieur  abbé  de  Boismont  donnent  dès  à 
présent  leur  consentement  pour  que  les  titres  du  prieuré  de  Saint- 
Nicolas,  dans  le  diocèse  dé  Lisieux,  et  entant  que  besoin  celuy  du 
prieuré  de  Saint-Astier,  dans  le  diocèse  d'Agen,  tous  deux  dépen- 
dans  de  ladite  abbaye  de  Grestain  soient  éteints  et  les  revenus 
appliqués  audit  hôpital  d'Honfleur.  Comme  aussy  ledit  sieur  abbé 
de  Cheylus  audit  nom  qu'après  l'extinction  de  la  maison  des  reli- 
gieuses dominiquaines  de  Pontlevesque  qui  sera  réalisée  aussitost 
qu'il  sera  possible  de  la  faire,  les  rentes  hipotèques  deues  à  cette 
cominunauté  soient  également  réunies  à  l'hôpital  d'Honfleur,  que 
\e  surplus  des  biens  en  soit  appliqué  à  1  hôpital  de  Pontlevesque 
lequel  sera  alors  transféré  dans  la  maison  et  lieux  clostraux  desdittes 
religieuses.  Touttes  lesquelles  extinction  et  réunion  seront  faittes 
aux  charges  de  droit  et  n'ont  esté  consenties  respectivement  que 
sous  les  conditions  cy  dessus,  et  promettent  lesdittes  parties  faire 
et  fournir  chacun  pour  ce  qui  les  concerne  tous  les  actes  de  forma- 
lités nécessaires  pour  parvenir  à  leur  exécution,  aux  frais  néan- 
moins de  chaque  communauté  auxquels  lesdits  biens  seront  réunis 
relativement  aux  objets  qui  leur  seront  appliqués  chacun  à  droit 
soy.  Et  sera  le  présent  acte  envoyé  par  ledit  sieur  de  Bellisle  aux 
administrateurs  des  hôpitaux  d'Honfleur  et  Pontlevesque  pour  y 
estre  ratifié  et  accepté  dans  le  délay  d'un  mois,  etc. 

Fait  et  passé  es  demeures  des  parties,  le  12  may  1758,  avant 
midy,  et  ont  signé  la  minute  des  présentes  demeurée  à  m®  Doyen, 
notaire. 

(Arch.  de  l'hospice  de  Honfleur,  E  4,  fol.  59-62.) 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  399 

ex 

Bail  du  prieuré  de  Sainl-Nicolas-du- Val-de-Claire. 
1766,  26  février. 

Pardevaiit  nous  Charles-Guillaume  Dufer,  nottaire,  tabellion 
royal  au  bailliage  de  la  ville  d'Honfleur  et  dépendances,  soussignés. 

Fut  présent  maître  Pierre  Mausel,  prêtre  prieur  du  prieuré  de 
Saint-Nicolas-du- Val-de-Claire,  scitué  paroisse  Sainte-Catherine 
d'Honfleur,  diocèze  de  Lisieux,  curé  de  la  paroisse  de  Saint-Mar- 
du  Houllev,  V  demeurant,  lequel  a  reconnu  avoir  donné  à  ferme 
en  saditte  qualité  de  prieur,  pour  neuf  années  et  neuf  dépouilles 
commencées  du  jour  de  Noël  dernier  et  finir  à  pareil  jour  ledit 
temps  accomply,  au  sieur  Pierre  Le  Vasseur,  demeurant  audit 
Honfleur,  paroisse  de  Sainte-Catherine,  présent  preneur  ce  accep- 
tant pour  ledit  temps,  scavoir  est  :  une  pièce  de  terre  en  lieu,  cour, 
plant,  bàtimens,  jardins,  hayes  et  arbres  en  dépendants,  sur 
laquelle  est  scituée  la  chapelle  de  Saint-Nicolas-du-Val-de-Claire, 
sans  par  le  sieur  bailleur  en  rien  retenir,  réserver  et  excepter, 
excepté  lécurie  au  cas  que  ledit  sieur  bailleur  en  eût  besoin  aura  la 
liberté  de  mettre  son  cheval  dans  laditte  écurie  tant  que  ledit  sieur 

bailleur  sera  sur  les  lieux aux    charges  par    ledit    sieur  preneur 

de  mettre  un  hoste  ou  hostesse  dans  la  masure  ou  bàtimens... 
dont  il  demeurera     personnellement   garant    et  responsable,    etc. 

Et  fut  le  présent  bail  ainsy  fait,  outre  ce  que  dessus  moyennant 
le  prix  et  somme  de  deux  cents  livres  de  fermages  par  an,  payables 
en  deux  termes  de  payemens  égaux,  etc. 

Ce  fut  fait  et  passé  à  Honfleur,  en  l'étude,  le  mercredy  après 
midy  vingt-six  février  mil  sept  cent  soixante-six  '. 

(Arch.  de  l'hospice  de  Honfleur,  B  32.) 

1.  On  trouve  dans  les  reg.  du  tabcUionage  d'Auge,  siège  de  Honfleur,  plu- 
sieurs baux  du  prieuré  de  Saint-Nicol,  aux  dates  qui  suivent:  6  février  1606  ; 
3  septembre  1611  ;  29  avril  1626;  9  février  1773. 


400  l'abbaye    de    ^OTRE-DAME   DE    GRESTAIN 


CXI 

Aveu  du  manoir  de  la  Berquerie  ren  du  à  Nicolas  Thirel  de  Boismont 
abbé  commendataire  de  Xotre-Dame  de  Grestain. 

MU,  8  avril. 

De  messire  Nicolas  Thirel  de  Boismont,  prêtre,  licencié  en  théo- 
logie de  la  faculté  de  Paris,  de  la  maison  et  société  de  Navarre, 
chanoine  honoraire  de  lég-lise  métropolitaine  de  Rouen,  vicaire 
général  du  diocèse  d'Amiens,  prédicateur  ordinaire  du  roy,  l'un 
des  Quarante  de  l'Académie  françoise,  prieur  commendataire  et 
seigneur  spirituel  et  temporel  du  bourg  et  prieuré  de  Lyhons-en- 
Santerre,  abbé  commendataire  de  l'abbaïe  royale  de  Nostre-Dame 
de  Grestain,  ordre  de  Saint-Benoist,  diocèse  de  Lisieux,  en  cette 
qualité  baron  haut  justicier  dudit  lieu  de  Grestain.  seigneur  du 
plein  fief  de  haubert  du  Mesnil-Ferry,  du  fief  du  Mor,  de  la  terre 
et  seigneurie  de  Maharu,  du  fief  du  Bouffey,  de  la  seigneurie  des 
Fauques  et  des  fiefs  de  la  Poterie  et  de  la  Côte. 

Je  Louis  Alexandre  Delamare,  garde  des  chasses,  eaux  et  bois 
de  mondit  seigneur  abbé  de  Grestain,  demeurant  en  la  paroisse  de 
Fatouville-sur-la-mer,  tiens  et  avoue  tenir  sous  la  directe  et  cen- 
sive  de  sa  baronnie  et  haute  justice  de  Grestain,  branche  de  Fatou- 
ville,  un  morceau  de  terrain  et  bruière  et  pâturage  assis  en  ladite 
paroisse  de  Fatouville  nommé  de  toute  ancienneté  le  manoir  de  la 
Berquerie,  contenant  environ  quatre  acres,  borné  d'un  côté  vers  le 
midi  et  des  deux  bouts  vers  l'orient  et  l'occident  la  bruière  dudit 
lieu  de  Fatouville,  d'autre  côté  vers  le  nord  et  encore  du  bout  vers 
l'occident  les  bois  de  la  côte  de  Normare  *  appartenant  à  ladite 
abbaïe  de  Grestain. 

A  cause  duquel  fonds,  je  reconnais  devoir  à  mondit  seigneur  en 
sadite  abbaïe  de  Gstain  vingt-quatre  livres  de  rente  foncière  et 
seigneuriale,  pavable  tous  les  ans  en  deux  termes,  savoir  :  moitié 
au  jour  de  Pâques  et  l'autre  moitié  au  jour  de  Saint-Michel,   avec 

1.  Les  bois  de  Normare  sonl  mentionnés  dans  la  charte  de  Richard  Cœur  de 
Lion,  confirmative  des  biens  de  l'abbaye  de  Grestain  (1189):  Ex  dono  Her- 
lewini...  silvam  Xorniare  quae  est  proxima  monasterio. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  401 

en  outre  foy,  lioninia'^e,  reliefs,  treizièmes,  comparence  de  plaids  et 
gage-pleig'es,  obéissience  de  cour  et  juridiction,  et  tous  autres 
droits  et  devoirs  seiî^neuriaux  le  cas  échéant.  Ce  que  j'ai  si^mé  ce 
huit  avril  mil  sept  cent  quatre-vingt-quatre. 

L.  Delà  M  ARE. 
(Orig.  Papiers  de  m'"  Paul  Bréard,  à  Ilonfleur.) 


CXII 

Bail  du  prieuré  de   Sainl-Nicol  par   Dont  Jean-Baptiste  Dalbiac. 

1788,  20  novembre. 

Pardevant  Guillaume  Noël  Mallet,  notaire  tabellion  roïal  en  la 
ville  et  baillag-e  dHonfleur,  soussigné,  en  présence  des  témoins  ci- 
après  nommés. 

Fut  présent  Dom  Jean-Baptiste  Dalbiac,  titulaire  du  prieuré  régu- 
lier de  Saint-Nicolas-du-Val-de-Claire,  demeurant  en  la  paroisse 
Sainte-Catherine  de  cette  ville,  quartier  de  Saint-Nicol,  dans  les 
deux  chambres  qu'il  se  réserve  d'occuper  sur  le  pressoir  dedans  la 
cour  dudit  prieuré  par  le  bail  qu'il  fit  d'icelle  cour  et  de  ses  dépen- 
dances à  demoiselle  Marie-Sophie-Henriette  Davers,  sa  nièce,  devant 
le  notaire  soussigné  qui  en  garde  minute  et  m''  Potier,  son  confrère, 
l'unze  novembre  mil  sept  cent  quatre-vingt-deux,  contrôlé  le 
dix-huit  du  même  mois. 

Lequel  a  reconnu  avoir  de  nouveau  affermé  à  ladite  demoiselle 
Davers,  sa  nièce,  demeurante  en  ladite  paroisse  Sainte-Catherine  de 
cette  ville,  même  quartier  de  Saint-Nicol,  dans  la  maison  à  demeu- 
rer de  dessus  ladite  cour,  à  ce  présente  et  acceptante,  pour  le  tems 
de  neuf  ans  qui  commenceront  au  jour  de  Noël  prochain  et  Uniront 
à  pareil  jour  iceux  expirés. 

C'est  à  savoir,  la  cour  dudit  prieuré  de  Saint-Nicol,  plantée  et 
bâtie  ainsi  qu'elle  est,  avec  les  jardins  et  terreins  nouvellement 
défrichés,  y  compris  les  enq)lacements  des  pépinières,  ainsi  que  les 
hayes  et  arbres  dépendants  d'icelle  cour  située  en  ladite  paroisse 
Sainte-Catherine  de  cette  ville,  lesquels  objets  affermés  sont  bien 
connus  par  ladite  demoiselle  Davers  qui  n'en  a  voulu  autre  désigna- 
tion, ledit  Dom  Dalbiac  lui  affermant  tant  et  autant  à  plus  à  moins 
V.n.  Hhkaiu».  —  L\ibhaye  de  Noire-Dame  de  Grestain.  26 


402  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

d'objets  qu'il  en  appartient  audit  prieuré  en  cet  endroit  (sauf  les 
exceptions  ci-après)  ;  pour  par  elle  en  jouir  en  tous  fruits,  profits 
et  revenus  pendant  lesdits  neuf  ans,  aux  charges  par  elle  de  conti- 
nuer d"y  faire  sa  demeure  et  tenir  ménage,  de  nantir  la  cour  de 
bestiaux  en  nombre  suffisant  pour  son  aménagement,  de  continuer 
aussi  le  nantissement  des  bâtimenset  meubles  pour  sûreté  du  recou- 
vrement des  fermages,  de  rendre  en  bon  état  les  ustenciles  du  pres- 
soir qui  sont  au  belleron  ;  deux  pelles  de  bois,  un  entonnoir,  un 
petit  baquet,  une  jatte^  un  couteau  à  marc  et  les  pièces  de  bois  ou 
clés  qui  servent  audit  pressoir,  lequel  pressoir  et  son  tour  seront 
entretenus  par  ledit  Dom  Dalbiac  qui  entretiendra  pareillement  les 
autres  bàtimens  de  toutes  réparations  grosses  et  menues,  le  tout  à 
ses  dépens  :  ladite  demoiselle  Davers  n'ayant  pris  les  objets  ci-des- 
sus à  ferme  que  sous  la  condition  expresse  qu'elle  ne  sera  tenue  à 
aucunes  réparations  quelconques,  pour(|uoy  ledit  Dom  Dalbiac 
demeure  chargé  d'y  veiller  et  satisfaire  par  lui-même. 

S'est  ledit  Dom  Dalbiac  expressément  réservé  :  1°  la  jouissance 
des  deux  chambres  de  dessus  le  pressoir  donnant  sur  lancien  che- 
min tendant  d'Honfieur  à  Pont-l'Evèque,  ensemble  du  cabinet  pra- 
tiqué dans  une  desdites  chambres,  pour  par  lui  continuer  d'y 
demeurer  et  rejîoster  tous  ses  meubles  et  effets  mobiliers,  sans  pou- 
voir les  faire  occuper  par  autre  que  lui  ;  2"  la  liberté  de  faire  à  ses 
dépens  tels  changements,  augmentations,  améliorations  et  enjoli- 
vemens  qu  il  jugera  à  propos  aux  bàtimens,  cour  et  jardins  affer- 
més sans  qu'en  aucun  cas  ladite  demoiselle  Davers  s'en  puisse 
plaindre  et  qu'en  puisse  prétendre  de  dédommagement  ny  diminu- 
tion sur  ses  fermages  ;  3°  les  arbres  fruitiers  qui  pourront  tomber 
ou  sécher,  et  la  liberté  de  les  remplacer  k  sa  volonté  ;  4"  et  enfin 
les  émondes  des  hayes  et  arbres  des  objets  affermés  parce  qu'il 
entretiendra  à  ses  frais  lesdites  haies  en  bon  état. 

Le  présent  bail  a  été  fait  aux  conditions,  réserves  et  exceptions 
ci-dessus  et  en  outre  moyennant  trois  cents  livres  de  fermage  par 
an,  dont  le  payement  se  fera  par  ladite  demoiselle  Davers  audit 
Dom  Dalbiac  en  deux  termes  et  payemens  égaux  fixés  aux  jours  de 
Saint  Jean-Baptiste  et  Noël  de  chaque  année... 

[Ledit  Dom  Dalbiac  ne  pourra  prétendre  qu'aux  objets  mobiliers] 
de  son  apartenance  repostés  dans  lesdites  deux  chambres  et  cabi- 
net de  dessus  le  pressoir,  consistant  selon  la  déclaration  et  affii  ma- 


PIÈCES    JLSIIFICATIVLS  403 

tion  (liidil  Dom  Dalhiac,  en  ce  qui  suit,  savoir:  dans  la  chambre 
d'entrée  où  est  une  cheminée,  une  pelle  et  une  pince  à  feu,  deux 
chenets  antiques  en  fer,  avec  pommes  de  cuivre,  une  table  de  bois 
de  sap  sur  son  tréteau,  quatre  mauvaises  chaises  à  fond  de  paille, 
deux  établis  dont  un  pour  serrurier  et  affiché  à  la  fenêtre  et  l'autre 
pour  menuiserie  non  affiché,  et  divers  mauvais  outils  de  menuisier 
et  serrurier. 

Dans  l'autre  petite  chand^re  à  coucher,  sans  cheminée,  un  bois 
de  lit  en  chêne  avec  ses  roulettes  à  piveau  et  sa  fonça ille,  une 
paillasse,  deux  matelas  j^arnis  de  laine,  un  traversin  et  un  oreiller 
emplumés,  une  couverture  de  laine  blanche,  une  courte  pointe  d'in- 
dienne à  fond  rouge  et  blanc,  un  tour  de  lit  avec  ses  fonds,  pentes, 
sous  pentes,  dossier  et  bonnes  grâces  d'indienne  pareille  à  celle  de 
la  courte  pointe,  les  verges  de  fer  tournant  à  la  croisée  dudit  lit, 
deux  porte-manteaux  de  bois  servant  à  crocher  des  habits,  une 
demie  armoire  à  deux  panneaux  de  bois  de  chêne  fermant  à  clé, 
dans  laquelle  sont  deux  paii'es  de  draps  marqués  D,  douze  ser- 
viettes unies,  même  marque,  quatre  essuis-mains,  pareille  marque, 
ving;t-quatre  chemises  garnies  à  l'usage  dudit  Dom  Dalbiac,  vingt 
cols  à  boucle,  trente-six  mouchoirs  de  poche  dé  différentes  espèces 
la  plupart  bleus,  douze  paires  de  chaussons  de  toile,  le  tout  même 
marque  que  devant,  cpielques  paires  de  chaussons  en  laine,  deux 
mouchoirs  de  col  en  soie  noire,  six  paires  de  bas  de  fil  blanc  mar- 
quées comme  dessus,  trois  paires  de  bas  de  laine  noire,  quatre 
paires  de  bas  en  soie  noire,  deux  dito  gris,  douze  coefTes  à  bonet 
en  toile  marquées  comme  dessus,  un  bonet  de  laine,  deux  autres 
bonets  de  coton,  et  tous  les  habits,  vestes,  culottes  et  nippes  à 
l'usage  personnel  dudit  Dom  Dalbiac, 

Plus  un  pot  de  chambre  et  un  pot  à  l'eau  avec  sa  cuvette  de 
fayance,  deux  gobelets,  un  petit  miroir,  deux  chaises  et  un  fauteuil, 
deux  petits  rideaux  bleus  aux  fenêtres,  et  plusieurs  estampes 
clouées  et  colées  pour  tapisseries  aux  parrois. 

Dans  le  cabinet  fermant  à  clef:  un  fauteuil,  une  chaise,  une 
petite  table  de  bois  de  sap  à  deux  tiroirs,  un  porte-manteau  en 
bois,  deux  tablettes  ou  planches  sur  lesquelles  sont  plusieurs  livres 
de  peu  de  conséquence  et  divers  papiers  en  partie  étiquetés  par 
ledit  Dom  Dalbiac  ([ui  affirme  n'avoir  et  ne  posséder  autres  meubles 
de  son  appartenance  ;  et  il  ajoute  que  les  effets  qui  dépendent  de  la 


404  l'abbaye  de  notre-dame  de  grestain 

chapelle  et  appartiennent  au  bénéfice  sont  repostés  tant  dans  les- 
dits  appartemens  par  lui  réservés  que  dans  ladite  chapelle  et  enfin 
qu'ils  consistent  en  un  calice  et  une  platine  d'argent  doré,  une  cha- 
suble fond  blanc,  une  étole  et  manipule,  deux  aubes,  deux  napes 
d'autel,  deux  amis,  quatre  purificatoires,  quatre  lavabaut,  deux 
burettes  de  verre,  un  missel  romain,  un  tapis  de  brogatelle  pour 
couvrir  l'autel  et  six  chandeliers  de  bois. 

Comme  ledit  Dom  Dalliiac  est  dans  l'usag-e  de  prendre  ses  nou- 
riture  et  alliments  chez  ladite  demoiselle  Davers,  et  qu'il  désire 
continuer  de  les  y  prendre  pendant  le  cours  du  bail  ci- dessus, 
ladite  demoiselle  comparante  en  cédant  à  la  demande  du  même 
Dom  Dalbiac  lui  promet  par  ces  présentes  de  le  nourir,  blanchir, 
éclairer,  soigner  et  faire  soigner  sain  et  malade  tant  que  durera  le 
susdit  bail  ou   que  leurs  humeurs  pourront  compatir  ensemble,  et 

ce,   moyennant  six  cents  livres  de  pension   annuelle sans  qu'il 

puisse  être  rien  induit  de  ce  que  dessus  pour  opérer  communauté 
de  biens  entre  les  parties  qui  y  renoncent  réciproquement  et 
entendent  vivre  quoiqu'en  même  table  comme  gens  distincts  et 
séparés...  Fait  et  passé  à  Ronfleur,  en  l'étude,  l'an  mil  sept  cent 
quatre-vingt-huit,  le  vingt  novembre  avant  midi,  etc. 
Dalbiac.  Davers. 

(Minutes  du  tabellionage  d'Auge,  reg.  1788-1789,  n"  20,  étude 
de  m*=  Paul  Bréard.) 


CXIII 

Procès-verbal  par  lequel  Dom  Dalhiac  proteste  contre  une  délibé- 
ration des  officiers  municipaux  de  Honfleur,  relative  à  la  tenue 
des  Etats  (généraux. 

1789,  21  février. 

Cejourd'hui  vingt-un  février  mil  sept  cent  quatre-vingt-neuf, 
neuf  heures  et  demie  de  matin,  à  Honfleur,  en  l'étude,  devant 
Guillaume  Noël  Mallet,  notaire,  tabellion  royal  en  la  ville  et 
bailliage  dudit  lieu,  soussigné,  en  présence  de  François  Héroult, 
aboureur,  demeurant  en  la  paroisse  Saint-Michel  dingouville,  de 
la  ville  du  Havre  de  Grâce,  témoins  aussi  soussignés  ; 

A  comparu  Dom  Jean-Baptiste  Dalbiac,  titulaire  du  bénéfice  de 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  40o 

Saint-Nicolas-du- Val-de-Claire  dont  la  chapelle  et  la  majeure  par- 
tie des  fonds  sont  assis  en  la  paroisse  Sainte-Catherine  de  cette 
ville,  où  il  demeure. 

Lequel  a  dit  :  \°  qu'en  conséquence  de  l'invitation  à  lui  faite  par 
billet  de  la  part  de  MM.  les  officiers  municipaux  de  cette  ville,  il 
se  rendit  le  jour  d  hier  deux  heures  après  midy  en  l'hôtel  commun 
de  cette  ville  où  il  se  trouve  une  assemblée  très  nombreuse  de 
citoyens  de  tous  les  ordres,  aftîn  de  délibérer  sur  les  objets  qui  y 
dévoient  être  mis  en  délibération  ; 

2°  Qu'à  la  même  heure  Messieurs  les  officiers  du  bailliage  se  présen- 
tèrent à  ladite  assemblée  et  y  prirent  séance  ;  que  M.  Quillet  de 
Fourneville  comme  juf^e  dudit  bailliage  prétendit  présider  l'assem- 
blée exclusivement  à  M.  Delacroix-Saint-Michel,  maire,  qui  de  son 
côté  prétendit  la  présider  à  l'exclusion  dudit  sieur  de  Fourneville, 
et  qu'à  cet  égard  il  fut  fait  différens  soutiens  entre  eux  et  M,  Ques- 
ney,  procureur  du  roi,  et  que  le  tems  emploie  à  ces  soutiens  respec- 
tifs dura  depuis  deux  heures  jusqu'à  plus  de  neuf  heures  du  soir,  ce 
qui  empêcha  la  délibération  d'avoir  lieu,  malgré  les  réclamations 
nombreuses  de  la  majeure  partie  de  tous  les  ordres  ; 

3°  Que  lui  Dom  Dalbiac  fut  un  de  ceux  qui  manifestèrent  leur 
désir  de  voir  les  magistrats  respectifs  s'accorder  sur  la  présidence 
afin  que  la  délibération  convoquée  eut  lieu,  que  lors  M.  Quesney, 
procureur  du  roi,  adressa  la  paroUe  à  lui  Dom  Dalbiac  et  lui  dit 
«  Vous  êtes  mort,  mais  non  pas  dans  toutes  vos  parties,  et  vous 
n'avez  le  droit  de  voter  ici.  » 

Ajoute  ledit  Dom  Dalbiac  qu'il  demanda  acte  au  bureau  assem- 
blé de  l'injure  qui  venait  de  lui  être  faite  publiquement  par  M.  le 
procureur  du  roy  et  qu'il  rapela  alors  les  dispositions  du  règlement 
fait  par  Sa  Majesté  pour  la  tenue  des  Etats  généraux,  d'où  il  résul- 
tait que  les  citoyens  de  l'ordre  de  lui,  Dom  Dalbiac,  devaient  être 
appelés  à  délibérer  et  qu'il  fit  valoir  par  une  conséquence  juste 
que  si  lui,  Dom  Dalbiac,  avoit  le  droit  de  délibérer  à  l'égard  des 
Etats  généraux  il  l'avoit  à  plus  forte  raison  dans  le  cas  dont  il 
s'agissait  hier  d'autant  plus  qu'il  est  possédant  fonds  en  ladite 
paroisse  Sainte-Catherine  et  qu'il  était  un  de  ceux  qui,  avec  plu- 
sieurs membres  du  clergé,  de  la  noblesse  et  du  tiers-Etat,  avaient 
provoqué  la  délibération  qui  devait  se  tenir  ledit  jour  d'hier  ; 

4"  Que  mondit    sieur   le    procureur    du  roy   du  bailliage   lui   fit 


406  l'aIîIîAVE    DL    NOTIŒ-DAMI:    DK    GUliSIAlN 

pareille  injure  que  celle  indiquée  au  précédent  article  dans  une 
assemblée  très  nombreuse  qui  se  fît  pour  une  délibération  générale 
audit  hôtel-de-ville  au  mois  d'août  dernier; 

5"  Que  le  même  sieur  procureur  du  rov  s'exprima  dans  l'assemblée 
du  jour  d'hier  en  termes  injurieux  et,  en  un  mot,  capables  d'affecter 
les  citoyens  de  tous  les  ordres  au  point  que  la  majeure  partie 
d'entre  eux  en  manifesta  son  mécontentement  et  se  retira  sans  rien 
délibérer. 

0°  Et  enfin  que  lui,  Dom  Dalbiac,  en  son  nom  personnel  et  pour 
le  corps  du  clergé,  entend  aujourd'hui  protester  contre  la  conduite 
tenue  par  mondit  sieur  le  procureur  du  rov  et  contre  les  termes 
injurieux  dont  il  s'est  servi  capables  d'affecter  les  différens  ordres, 
comme  aussi  il  proteste  contre  tout  ce  qui  est  en  outre  à  protester, 
aux  réserves,  expresses  de  lui,  Dom  Dalbiac,  pour  toutes  ses 
actions  et  à  se   pourvoir  vers,  contre,  et  ainsi  qu'il  appartiendra. 

Dont  du    tout    ainsi    rédigé  sur   l'expresse    réquisition   de   Dom 
Dalbiac  et  sous  sa  diction,  nous  lui  avons  accordé  acte,  etc. 
Mallet.  Dom  Dalbiac, 

(Minutes  du  tabellionage  d'Auge,  reg.  1788-1789,  n"  20.) 


CXIV 

Bail  des  dîmes  de  la  paroisse  de  Saint-Pierre-du-Châtel. 

1789.  20  juin. 

Pardevant  Guillaume-Xoël  Mallet,  notaire,  etc.,  fut  présent 
m''  Jean  Moisy,  prèti'e  chapelain  de  l'abbaye  de  Grestain  où  il 
demeure,  paroisse  de  Carbec,  fondé  de  la  procuration  générale  de 
messire  Charles  de  Tilly-Blaru,  abbé  commendataire  de  l'aba'ie 
rovale  de  Notre-Dame  de  Grestain.  chanoine  de  l'és^lise  de  Paris, 
vicaire  général  du  diocèse  de  Lans^res.  demeurant  à  Paris  en  son 
hôtel,  cloître  Notre-Dame,  paroisse  Saint-Jean-Baptiste,  passée 
devant  m*"  Bunel,  notaire  à  Beuzeville  qui  en  garde  minute,  le 
unze  octobre  mil  sept  cent  quatre-vingt-sept,  contrôlée  à  Pontau- 
demer  le  vingt-trois  du  même  mois,  ainsi  qu'il  appert  par  la  grosse 
dicelle  restée  audit  sieur  abbé  Moisy,  lequel  a  reconnu  avoir,  au 
nom  dudit  seigneur  abbé  de  Grestain  comme  fondé  de  ses  pouvoirs, 


l'IKCKS    JIS'IIFICATIVES 


407 


allermé  [)()vir  le  lenis  de  neul'  ans  à  compter  d'aujourdhui  pour  finir 
;i  pareil  jour  en  mil  sept  cent  quatre-ving-t-dix-huit  ; 

à  Jean  Piquot,  Jean  Goullain  et  Philippes  Big-re,  laboureurs,  etc. 
les  deux  tiers  audit  seig'neur  abbé  appartenant  des  grosses  dîmes, 
seulement  ([ui  se  perçoivent  en  ladite  paroisse  de  Saint-Pierre-du- 
Chàtel,  pour  desdits  deux  tiers  ailermés  jouir  par  les  preneurs 
pendant  lesdits  neuf  ans  et  percevoir  ces  deux  tiers  des  grosses 
dîmes  ainsi  (jue  l'eut  fait  ou  pu  faire  ledit  seigneur  abbé  de  Grestain 
aux  droits  duc[uel  ils  demeureront  pour  cela  subrogés  pendant  les 
neuf  années  de  ce  bail,  etc. 

Le  trait  de  dîme  vulgairement  appelé  le  trait  de  Saint-Pierre-du- 
Châtel  dont  les  preneurs  connaissent  l'étendue  en  ladite  paroisse 
Saint-Pierre-du-Chàtel  où  il  est  assis,  n'est  point  compris  en  ce 
bail  dont  il  est  au  contraire  excepté.  Toutes  dîmes  novales  ne  sont 
point  non  plus  comprises  en  ce  bail  dont  elles  sont  pareillement 
exceptées. 

Le  présent  bail  a  été  fait  aux  exceptions  ci-dessus,  et  en  outre 
moyennant  la  somme  de  seize  cent  cinquante  livres  de  fermage  par 
an  dont  les  preneurs  seront  solidairement  tenus  par  corps  et  biens 
et  chaque  d'eux  seul  pour  le  tout  sans  division  de  faire  apport  et 
payement  tous  les  ans  audit  seigneur  abbé  de  Grestain  ou  à  son 
receveur  ou  préposé  au  lieu  de  la  recette  ordinaire  de  ladite  abbaye, 
paroisse  de  Carbec,  en  deux  termes  et  payemens  égaux  fixés  aux 
jours  de  Noël  et  Pâques  d'après  chaque  récolte,  etc. 

Indépendamment  des  fermages  en  argent  ci-dessus  convenus,  les 
preneurs  seront  encore  solidairement  tenus  de  fournir,  porter  et 
livrer  gratuitement  tous  les  ans  audit  seigneur  abbé  de  Grestain 
dans  la  cour  de  ladite  abbaye  cent  cinquante  gleux  de  feures  ou 
pailles  de  bled  ici  estimés  sur  le  pied  de  quinze  livres  le  cent  sans 
que  cette  estimation  puisse  préjudicier  le  seigneur  bailleur  ni  le 
priver  de  les  exiger  en  nature. 

C'est  ainsi  que  le  tout  a  été  convenu.  Fait  et  passé  à  Honfleur, 
en  l'étude,  l'an  mil  sept  cent  quatre-vingt-neuf,  le  vingt  juin,  avant 
midi,  en  présence  des  sieurs  Denis  Gilles,  François  Jean  et  Pierre- 
Jouîn  Hauvel,  demeurans  audit  Honfleur,  paroisse  Sainte-Catherine, 
témoins,  qui  ont  avec  les  sieurs  comparans  et  nous  notaire,  après 
lecture  faite,  signé. 

Moissv,  c.  de  Grestain.  Mallet. 

(Minutes  du  tabellionage  Auge,  reg.  1788-1789,  n"  20.) 


40S  l'aMMAVE    de    NOThE-DA.ME    DE    GKESTAIN 

cxv 

Revenus  de  la.  inense  abbatiale  de  Grestain. 
1790,  l'"'  décembre. 

Déclaration  des  biens,  ventes,  fruits,  revenus  dont  jouissait 
M''''  Charles  de  Tilly  à  raison  de  l'abbaye  de  Grestain,  faite  à 
MM.  du  directoire  du  district  de  Ponteaudemer  par  Jean  Moisy, 
prestre.  porteur  de  sa  présentation. 

M.  Tabbé  de  Tilly,  àg-é  d'environ  cinquante  ans,  jouissait  en 
outre  d'un  canonicat  dans  l'église  de  Paris  et  d'une  pension  de 
3.0OO  liv.  sur  labbaye  de  Mortemer  près  Lyons,  conformément  à 
la  déclaration  ci-annexée. 

Les  revenus  de  ladite  abbaye  consistent  en  terres,  prés,  bois, 
rentes,  moulin,  dîmes  situées  en  plusieurs  paroisses  et  détaillées 
comme  suit,  savoir  : 

Dans  la  parroisse  de  (Jarbec,  chef-lieu  de  ladite  abbaye,  en  qua- 
rante-cinq acres  environ  de  terre  labourables  affermées  à  différents 
particuliers  parce  qu'il  n'existe  point  de  corps  de  ferme. 

Jacques  Auber  et  Robert  le  François,  de  Fatouville,  en  tiennent 
environ  huit  acres  et  demie  pour  le  prix  annuel  de  deux  cent  cin- 
quante   livres,  ci 250  liv. 

Louis  Pitale.  de  Fatouuille,  trois  acres,  pour 7o 

Louis  Hastel.  de  Fatouville,  trois  vergées 30 

Jean  et  François  Morin,  de  Fatouville  (je  diminue  sur 
leur  bains  liv.  pour  une  petite  jDièce  réclamée  par  le  petit 
séminaire  de  Lisieux  comme  biens  claustraux),  environ 
cinq  acres,  pour  la  somme  de loO 

Je  déduis  sur  son  bail  qui  est  de  400  liv.,  cinquante 
livres  pour  objets  réclamés  par  le   séminaire. 

François  Gervais,  de  Garbec,  deux  clos  dits  le  clos 
de  la  Vigne  et   le  clos  Simon,   pour 200 

Le  même  pour  le  même  bail  un  petit  pré  dit  la  petite 
Acre,  pour 150 

La  veuve  Vannier,  de  Fatouville,  environ  trois  acres 
et  demie,  pour  la  somme  de 141 


l'IKCKS   .il"stifii;atives 


409 


(Tous  les  biens  mit  été  afTermés  pour  neuf  ans  par 
baux  passés  devant  le  notaire  de  Beuze ville  les  8,  9  et  10 
octobre  1787,  et  la  jouissance  commençait  à  la  Saint- 
Michel    précédente.) 

Guillaume  Brière,  de  Fatouville,  sept  acres  pour  deux 
ceiit({uarante  livres,  plussixlivrespourmoitiéd"unegran^-e        liO 

Jacques  Bouteille,    de    Garbec,  cinq  acres  pour  deux 
cent  vingt  livres,  plus  six  livres  pour  moitié  d'une  fi^rang'e.        226 
Jac({ues  Iléber,  de  Garbec,  environ  deux:  acres  pour.  .  9o 

André  Mallilàtre,  trois  acres,   pour.  , 120 

Robert  Moissy,  de  Fatouville,  trois  acres  pour 110 

Le   même    une  demie-acre   de   prairie   allermée  par  le 

même  hn'û  ([uatre-vingt  livres,  ci 80 

Guillaume  Aubin,  de  Garbec,  une  demie    acre 80 

Jean  et  François  Morin,  de  Fatouville,  une  demie  acre.  80 

Jacques  Auzerais,  de  Fatouville,  demie  acre 80 

Jacques  Bouteille,  deux  acres,  vingt  perches 300 

Jean  Moisy  a  exploité  un  petit  pré  dit  le  Pré-Briet 
pour  bail  valant  cinquante  livres,   ci 30 

Bois. 
Dans  la  même  parroisse  (Garbec)  environ  quatre-ving-t- 
dix  arpents  de  bois  taillis  qui,  réunis  avec  trois  autres  situés 
dans  les  parroisses  de  Berville  et  de  Fatouville,  sont 
affermés,  y  compris  un  fourneau  à  chaux  au  sieur  \'alon, 
de  Barneville,  pour  la  somme  de  deux  mille  cent  livres  et 
environ  cent  livres  de  retenues,  par  bail  passé  devant  le 
notaire  de  Beuzeville  pour  neuf  ans  à  commencer  de  Noël 
1787,  ci 2.200 

Berville. 

Dans  la  parroisse  de  Berville  environ  trente-six  arpents 
de  bois  en  réserve » 

Dans  la  paroisse  de  Fatouville,  au  lieu  dit  la  Berquerie, 
tenu  par  M.  de  la  Mare,  garde,  pour  vingt-quatre  livres, 
ci ^. 2i 

Genneville. 
Dans  la  parroisse  de   Genneville,  canton   d'Hontleur, 
district  de  Pont-FEvèque,  une  ferme  dite  le  Maharu  con- 


410  l'abbaye    de    NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

sistante  en  une  masure  d'environ  quatre  acres  avec  tous 
les  bâtiments  à  usag-e  de  ferme,  soixante- sept  ou  huit 
acres  de  terre  labourable,  un  herbage  sec  et  un  pré,  le 
tout  affermé  pour  neuf  ans  à  commencer  de  la  Saint- 
Michel  1787,  à  Antoine  Duboc  par  bail  passé  devant  le 
notaire  de  Beuzeville  pour  la  somme  de  deux  mille  deux 

cent  livres,  ci 2 .  200 

(Son  bail  ne  porte  que  1.500  liv.,  le  fermier  a  fait  la 
déclaration  du  vrai  prix  au  directoire  de  Pont-l'Evêque.) 

Fontaine-Bellenger. 

Dans  la  parroisse  de  Fontaine-Bellenger  près  Gaillon, 
une  ferme  dite  le  Petit-Grestain,  consistante  en  masure, 
bâtiments,  herbage,  terre  et  labour,  moulin  à  vent  situé 
sur  une  friche  d'environ  dix-huit  acres  et  un  petit  trait 
de  dîme  sis  dans  la  parroisse  de  Saint-Etienne  du  Vau- 
vrai,  le  tout  affermé  pour  neuf  ans  à  commencer  de  la 
Saint-Michel  1 787  par  bail  passé  devant  le  notaire  de 
Gaillon  à  François  Douté  pour  la  somme  de  quinze  cents 
livres,  ci 1 . 500 

Prairies  à  Toutain ville  et  à  Saint-Sulpice. 

Un  iDré  dit  le  pré  Hérou  contenant  sept  vergées,  affer- 
mé à  M.  le  curé  de  BouUeville 220 

Une  acre  et  demie  à  Henri  Picquot,  de  Beuzeville,  pour.  14240^ 

Une  acre  de  Nicolas  Grente,  de  Beuzeville,  pour 92.10 

Une  acre  et  demie  à  Nicolas  Meulan  et  autres  preneurs 

indivis 1 40 

Une  demie  acre  à  Robert  Quesnel,  de  Farnoville 45 

Une  demie  acre  à  Jacques  Gharlemaine,  de  Beuzeville.  45 

Deux  acres  à  Héliers  Carrez,  de  Toutainville 180 

Une  acre  à  Pierre  Haptoie,  de  Selles 90 

Une  demie  acre  à  Jean  Chusses,  de  Selles 45 

Une  demi  acre  à  Jean  Hoptoie,  de  Selles 45 

Acre  à  Antoine  Lécuyer,  de  Toutainville 90 

Trois  acres  à  Jacques-Elie  Deshayes,  de  Saint-Sulpice.  270 
Une  acre  et  treize  jjerches  à  Abraham  Goran,  de  Saint- 

Maclou 97 .  10 

Gaspart  Prévost,  de  Toutninville,  une  demie  acre.  ...  42 


PIECKS    .JLSTIKiCATIVKS 


411 


Une  demie  ocre  à  Pierre  Eurieult,du  Torpt 42 

Une  acre  à  Robert  Marais,  de  Toutainville 80 

Une  demie  acre  à  Guillaume  Bertois,  de  Saint-Maclou.  42 

Une  acre  à  Richard  Jardin,  de  Toutainville,  par   bail 

passé  devant  le  notaire  de  Beuzeville,  pour 88 

Nota  que  ledit  Jardin  ne  jouit  point  de  la  pièce  telle 
est  désig-née  dans  son  bail  par  le  partage  qui  fut  fait  de 
la  prairie  après  la  passation  des  baux,  et  pour  placer  des 
bornes  entre  chacjue  portion  ;  il  s'en  trouva  deux  acres 
et  demie  de  plus  dont  on  vendit  la  récolte. 

Les  acquéreurs  ont  joui  cette  année  aux  mêmes  condi- 
tions savoir,  ledit  jardin,  une  acre,  pour 118 

Robe  Voisin,  de  Toutainville,  une  acre  dont  il  a  acheté 
pareillement  la  récolte  et  dont  il  a  continué  de  jouir  cette 
année  pour  la  somme  de  quatre  ving-ts  livres 80 

Gonteville . 

Dans  la  parroisse  de  Gonteville  et  celle  de  Foulbec 
environ  deuz  acres  de  terre  labourable  et  un  pré  le  tout 
affermé  pour  neuf  ans  à  commencer  de  la  Saint-Michel 
1787,  par  bail  passé  devant  le  notaire  de  Beuzeville  pour 
la  somme  de  deux  cents  livres  à  Robert  de  la  Mare 200 

Saint-Pierre-du-Ghàtel. 

Dans  la  parroisse  de  Saint-Pierre-du-Ghâtel,  les  deux 
tiers  des  g^rosses  dîmes  affermées  à  Jean  Piquot,  Jean 
Goulain  et  Philippe  Bigre,  par  bail  passé  devant  le  notaire 
de  Ronfleur  pour  seize  cents  cinquante  livre  et  loO  bottes 
de  pailles  l'ctenues  par  an,  ci 1 .  650 

Trique  ville. 

Deux  traits  de  dîme  affermés  à  Pierre  Hindier,  de 
Formoville  pour  la  somme  de  seize  cents  livres,  quoique 
son  bail  passé  devant  le  notaire  de  Beuzeville  n'en  porte 
que  neuf  cents 1  .  600 

Deux  autres  traits  affermés  dans  la  même  parroisse  à 
Adrien  Vachet  et  Philippe  le  Loup,  par  bail  passé  devant 
le  notaire  de  Beuzeville,  ci 900 


112 


L  ABBAYE    DE    NOTRE-DAME    DE    GRESÏAIN 


Brestot. 
Un   petit  trait  de  dîme   dans  la  parroisse  de   Brestot 
affermé  à    François  Godin,  par  bail   passé  devant  M.  le 
Normand,    pour oO 

Genne  ville. 
Un    trait    de   dime    dans   la    parroisse  de   Genne  ville 
affermé  au  sieur  curé  de  ladite  paroisse,  par  bail  passé 
devant  le  notaire  d'Honfleur,  pour  la  somme  de 100 

Munneville. 
Autre  trait  de  dîme  dans  la  paroisse  de  Munneville  près 
Coutances,  affermé  au  sieur  curé  de  la  parroisse  par  bail 
passé  devant  le  notaire  de  Beuzeville  avec  une  portion  de 
grang^e  décimale 250 

Ben  tes  foncières. 

Sur  M.  d'Houël,  de  Berville 233 

Pour  le  moulin  dit  de  Vigan  iieffé  au  profit  d'un  sieur 
le  Courtois  par,  je  crois,  un  M.  de  Lévi,  ancien  abbé  de 

Grestain,  parroisse  de  Garbec 140 

Sur  M.  d'Angerville  ',  d'Honfleur 10 

Sur  M.   d'Harcourt,  soixante-dix  livres 70 

Sur  M.  de  Vielmaison  - 23 

SurM.de    Forel,    M.    Hébé,   avocat  à  Rouen,  payant 

cette  rente 70 

Sur  M.  de  Triqueville 33 

Sur  Jean  Farou,  de  Saint-Pierre 3 

Sur  le  curé  de  Manneville-la-Raout,  canton  de  Beuze- 
ville, une  rente  en  g-rains  évaluée 180 

Sur  le  prieuré  de  Saint-Philbert-sur-Risle 140 

Nota.  M.  l'abbé  de  Tilly  observe  qu  ayant  joui  très 
peu  de  temps  de  l'abbaye  de  Grestain  et  le  chartrier  lui 
ayant  toujours  été  fermé,  il  ne  connaît  ces  rentes  que  par 
d'anciens  cueilloirs  que  le  hazard  lui  a  procurés  et  qu'il 

1.  Le  Clerc  d'Angerville  a   dirigé  une  maison  de  commerce  au  Havre. 

2.  Jean-Jacques-Philippe  de  Yielzmaisons,  vidame  de  Châlons,  seigneur  de 
Quetteville. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  413 

ne  peut  prononcer  ni  sur  leur  nature,  leur  époque  et  leur 
activité. 

Ser<i^enterie  de  Toutainville  alFermée  au  sieur  Capelle 
par  bail  passé  devant  le  notaire  de  Gormeilles  pour  la 
somme  de 200 

Rente  de  quarante  livres  à  prendre  sur  l'hôtel-de-ville 
de  Paris  provenante  d'un  remboursement  fait  par 
M.  d'Houël,  et  sur  l'abbé  de  Boismont,  ci 40 

Rentes  ci-devant  seig-neurialles  consistant  en  g-rains, 
volailles,  œufs,  etc. 

M.  l'abbé  de  Tilly  n'a  sur  ces  objets  que  des  aperçus 
vagues  et  imparfaits.  Le  peu  de  temps  qu'il  a  joui  et  le 
défaut  de  titres  l'ont  empêché  d'acquérir  des  connaissances 
sûres  et  pense  que  les  rentes  peuvent  se  monter,  année 
commune  y  comprises  les  casualités  à  la  somme  de  quatre 
mille  à  quatre  mille  cin(|  cents  livres 4.000 

Total,  sauf  erreurs 20.  lOO'  10^ 

Char^/cs  de  ladite  ahhaye. 

Décimes 2.504'  13*    10'' 

Taille  des  prés  de  Saint-Sulpice 202  » 

Pension  à  M.  l'abbé  Monet 2  .  000  » 

A  M.  l'abbé  Brissart 2 .  401  » 

A  Lamare,  garde,  3"30  liv.  de  fixe,  plus  un  loge- 
ment,  un  jardin,  un    petit  pré   et  les  profits   de 

son  fusil 400  » 

Réparations  annuelles,    au  moins 1  .200  » 

Frais  de  régie,   tenue  du  chartrier 1 .000  » 

Au  bailli 25  » 

Aumône  journalière 52  » 

Aumône  du  Jeudi  Saint 72  » 

Rente  à  M.  le  duc  d'Orléans 5  ^ 

9.859'  13«  10<' 

M.  l'Abbé  jouissait  en  outre  d'un  canonicat  évalué  5.000  livres 
et  d'une  pension  sur  l'abbaye  de  Mortemer  dont  il  a  fait  la  décla- 
ration détaillée  à  la  municipalité  de  Paris  suivant  une  lettre  de  sa 
part  ci  annexée,  d'où  il  résulte  que  tous  ses  bénéfices  pouvaient  se 


414  l'abbaye    de    -NOTRE-DAME    DE    GRESTAIN 

monter,  année   commune,  à  la   somme  de  28.G9*Jliv.,  sur  quoi  les 
charges  ci  à  côté  déduites  restait  nette  la  somme  de  18.830  livres. 

Je  soussij^né  porteur  de  procuration  de  M.  l'abbé  de  Tilly  certifie 
la  présente  déclaration  véritable.  En  foi  de  quoi  je  la  signe,  le  pre- 
mier décembre,  mil  sept  cent  quatre-vingt-dix. 

Signé  :   J.  MoisY  ',  prestre  de  Grestain. 

(Arch.  dép.  de  l'Eure,  j 


CXVI 

Revenu  du  desservant  de  la  chapelle  de  Grestain. 
1790,  11  décembre. 

Cette  chapelle  existe  en  vertu  dun  décret  qui  supprima,  il  y  a 
environ  trente  ans,  la  conventualité  de  l'abbaye  de  Grestain  et 
qui  en  réunit  les  biens  au  petit  séminaire  de  Lisieux. 

Conséquemment  à  cette  réunion,  ledit  séminaire  fut  chargé  par 
le  même  décret  d'entretenir  un  chapelain  à  Grestain,  de  lui  four- 
nir un  logement,  un  jardin  et  cinq  cents  livres  de  pension  annuelle 
payables  par  quartier  et  d'avance. 

Revenu:  un  logement,  un  jardin  et  oOO  livres  spécialement  alï"<-c- 
tées  sur  les  biens  claustraux  de  l'abbaye  ;  charges  déduites,  envi- 
ron 400  livres. 

Je  soussigné  certifie,  etc. 

J.  MoisY'-. 
A  Pontaudemer, 

le  11  décembre  1790. 

(Arch.  dép.  de  l'Eure,  série  Q.) 

1.  Jean  Moisy  fut  professeur  de  belles-lettres  à  Paris.  On  voit  encore  sa 
pierre  tombale  dans  le  cimetière  de  Carbec  :  Ci-gît  Jean  Moisy,  prêtre,  qui  fut 
bon  parent  et  bon  ami.  Xé  le  22  avril  1752,  mort  le   18  septembre  1821. 

2.  Jean  Moisy.  Voy.  la  note  précédente. 


ADDITIONS 
AUX  PIÈCES  JUSTIFICATIVES  i 


CXVII 


Fieffenno  aux  rclifjicu.r  de  Grestain  des  moulins  et  du  four 
de  Sainte-Scolassc-sur-Sarthe. 

1324,  4  décembre. 

Donné  par  copie  souz  le  seel  de  la  \iconté  de  Pontaudemer. 
Copie.  A  tous  cens  qui  ces  lettres  verrant  ou  orrant,  le  baillif  de 
Caen,  salut.  Nous  faisons  savoir  que  après  cen  que  frère  Estienne 
de  Cormeilles  -,  prieur  de  Sainte  Escolasse,  eu  non  de  religieux 
homme  l'abbé  et  le  convent  de  Grestain  eut  prins  à  fieu  et  à  ser- 
vice perpétuel  par  cinquante  livres  tournois  de  rente  chascun  an 
également  à  deux  eschiquiers  frans  et  quites  venans  à  la  main  le 
Roy,  c'est  à  savoir  les  trois  moulins  et  le  four  de  Sainte-Escolasse 
ovec  les  appartenances,  franchises  et  seigneuries  à  cen  appartenans 
ensenble  ovec  le  contreplege  que  Gervaise  Pilon  y  avoit  mis  qui 
eu  temps  passé  les  avoit  prins  et  tenoit  en  fîeu  et  perpétuel  ser- 
vice qui  les  avoit  delessiez   par  delfaut  de  paiement  revenu  à  la 

1.  Los  deux  pièces  qui  suiveut  out  été  recueillies  trop  tard  pour  qu'on  ait 
pu  les  placer  à  leur  ordre  chroiiologi(|ue. 

2.  Plusieurs  membres  de  cette  famille  sont  connus,  tels  que  :  Richard  de 
Cormeilles,  panetier  du  roi  (1364-1370)  ;  Etienne  de  Cormeilles,  huissier 
d'armes  du  roi  (1368);  Louis  de  Cormeilles,  vicomte  de  l'eau  de  Rouen  (14411- 
1460);  Bureau  de  Conncilles,  prêtre,  conseiller  au  parlement  (1431);  Jean  de 
Cormeilles  ,  écuyer,  seij^neiir  de  Mallemains  (au  Vieux-Bourg),  enl48.j; 
Jeanne  de  Cormeilles,  pvicum  des  Dames  de  Saint-Dominique,  dites  Les  Emmu- 
rées, en  lo40,  etc.  —  (Bibl.  nat.,  ms.  fr.  273 iO,  dossier  19213.) 


416  l'abbaye    de    NOTUE-DAME    de    GRESTAIN 

main  du  Roy  et  aussi  ovec  le  contreplege  dessusdit  lesqueux  reli- 
g"ieux  avoient  mis  en  contrepleg-e  certaines  choses  sy  comme  il 
apparoissoit  par  lettre  sur  cen  faite.  Et  après  cen  Jehan  de  la  Vil- 
lere,  de  Saint-Germain-le-Viel,  eust  enchéri  ledit  fieffementet  mis  le 
à  sexante  livres  tournois  d'anuel  rente,  et  ledit  prieur  eu  non  desdis 
religieux  se  fust  offert  à  enchérir  sus  ledit  Jehan  ledit  fieuffement 
et  mis  lay  à  sexante  et  cinq  livres  tournois  d'anael  rente  et  paier 
également  à  deulx  eschiquiers  duquel  encherissement  ledit  Jehan 
proposoit  que  ledit  prieur  n'estoit  à  recevoir,  et  oy  le  del  at  que 
ledit  Jehan  y  metoit  devant  nos  seigneurs  tant  pour  cen  que  il  ne 
povoit  souflisamment  à  contrepleger  que  pour  plusieurs  autres 
causes  et  considérant  le  proufit  dudit  seigneur  ledit  prieur  fut  receu 
eu  non  dessusdit  audit  encherissement  einsi  que  ledit  prieur  eu  non 
desdis  religieux  puist  à  baillier  contreplege  ovec  les  choses  qu'il 
avoit  autrefois  bailliez  à  la  value  et  à  la  quantité  de  quinze  livres 
tournois  de  rente.  A  tenir  et  à  avoir  par  droit,  héritage  à  pourseer 
asdis  religieux  et  à  leurs  successeurs  ou  à  qui  aura  cause  deulx 
les  moulins  et  four  dessus  dis  avec  les  appartenances  et  seigneu- 
ries [ ]  bien  et  enpès,  franchement  et  quitement  en  rendant  audit 

monseigneur  le  Roy  et  à  ses  successeurs  ou  à  qui  aura  cause  deulx 
les  sexante  et  cinq  livres  dessus  dis,  frans  et  quites  venans  à  main 
comme  dessus  est  dit,  lequel  fieulTement  nous  et  nos  successeurs 
baillif  de  Gaen  comme  justice  sommes  et  serons  tenus  garantir  et 
defîendre,  delivi-er  et  oster  de  touz  emjjeschemens  qui  y  pourroient 
estre  mis  de  plain  et  d'office  et  les  couz  et  contrecouz  par  la  rente 
dessusdite  ;  et  tanportasmes  du  povoir  d'office  esdis  religieux  et  à 
leurs  successeurs  perpetuelement  faut  le  drait,  la  seignourie  et  la 
justice  que  ledit  monseigneur  le  Ro}^  y  avoit  ou  avoir  povoit  et 
devoit  en  payant  les  sexante  et  cinq  livres  tournois  de  rente  dessus- 
dis  en  la  manière  que  dessus  est  devisé,  tant  pour  ce  que  nul  ne 
s'estoit  opposé  à  enchérir  jasoit  que  les  baus  et  les  procuracions 
avoient  esté  fais  souffisamment  par  Robert  de  Burbertre,  serjant  du 
lieu,  sy  comme  il  tesmoigna  par  san  serment  auquel  nous  adjous- 
ton  foy  que  pour  cen  que  lesdis  religieux  avoient  ja  fait  le  premier 
paiement  à  la  saint  Michel  qui  derrain  passa.  En  tesmoing  de  cen 
nous  avons  mis  à  ses  lettres  le  seel  de  ladite  baillie.  Cen  fu  fait  l'an 
de  grâce  mil  trois  cens  vinc  et  quatre,  le  diemenche  après  la  Tauz- 
sains. 

(Bibl.  nat.,  ms.  fr.  20914,  fol.  25,  n°  209.) 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  417 


CXVIII 


Arrêt  donnant  décharrje  de  1^20  ccus  aux  religieux 
de   Vabbarje  de  Grestain. 

1600,  8  janvier. 

Veu  le  susdit  arrest  ',  l'extraict  collationné  du  compte  des  tailles 
de  Pontaudemer  et  des  décvmes  de  Rouen  et  Lisieux  rendu  en  la 
chambre  des  comptes  dudit  Rouen  par  m''  Loys  de  la  Martinière, 
cloz  le  vingt  sixiesme  jour  de  juing-  Tan  mil  v'^  IIIP''  quinze,  auquel 
compte  est  faict  recepte  en  deux  parties  soubz  le  nom  du  receveur 
de  l'abbaye  de  Grestain  de  la  somme  de  six  ving-tz  escus  sol  et 
despenses  desdits  deniers  soubz  le  nom  de  m*^  Martin  Reynard,  com- 
mis à  la  recepte  généralle  des  finances,  à  Rouen,  le  Roy  en  son 
Conseil  en  conséquence  de  la  descharge  généralle  accordée  au 
clergé  de  Normandye  a  ordonné  et  ordonne  que  l'abbé  et  religieux 
de  l'abbaye  de  Grestain  demeureront  quittes  et  deschargez  de  ladite 
somme  de  six  vingt  escus  sur  les  décymes  par  eulx  deues  des 
années  mil  v''  1111'"^  treze  et  quatorze. 

(Arch.  nat.,  E'^'^  ;  fol.  6  v°.) 

1.  Arrest  du  Conseil  du  26  avril  1596  ordonnant  que  tous  les  deniers  dus 
par  le  clergé  à  cause  d'un  million  de  livres  payables  en  dix  ans,  qui  seront 
intervertis  par  aucuns  gouverneurs  ou  officiers  de  S,  M.,  le  clergé  en  demeu- 
rera quitte  et  déchargé. 


Ch.  BnÉAHD.  —  LAbbaye  de  Notre-Dame  de  Grestain.  27 


418  l'abbaye    de    i\OTRE-DAME    DE    GRESTAIN 


CXIX 
LISTE  DES  ABBÉS  DE  GRESTAIN 

*Les  noms  en  italiques  ont  été  omis  dans  le 
Gallia  chrisliana. 

I.  Renaud  de  la  Roque,  abbé  vers  1050. 

II.  Geoffroy,  mort  en   1414. 

III.  Foulque,  de  l'année  1114  environ  à  juillet  1139. 

IV.  Herbert,  de  septembre  1139  à  janvier  1180  (n.  st.). 
^'.  Guillaume  Huband  ou  d'Exeter,  avril  1180  à  1185. 

VI.  Raoul,  de  mars  1186  à  juillet  1197. 
MI.  Robert,  de  septembre  1197  à  1:245. 
VIII.  Guillaume  II  de  Farnoville,  en  août  1254. 

IX.  Thomas,  en  1259  et  12G0. 

X.  Guillaume  III,  en  1267  et  1287. 

XI.  Renaud  II  Caruel,  de  1287  à  1297. 
XII.  Raoul  II  Vincond,  de  mai  1297  h  1302. 

XIII.  Guillaume  IV  Le  Vavasseur,  davril  1308  à  1346. 

XIV.  Jean  I«%  d'avril  1346  à  1362. 
XV.  Jean  II  le  Maigre,  de  1362  à  1369. 

XVI.  Jean  III  Reinfroy,  en  1369. 

XVII.  Etienne. 

XVIII.  Jean  IV  Picot,  en  octobre    1377. 
XIX.  Martin  de  la  Houssaye,  en  1388  et  1390. 

XX.  Jean  \'  de  Foussi,  en  1398  et  janvier  1407  (n.  st.). 
XXI.  Richard  I"  de  Thieuville,  en  1409  et  février  1436. 
XXII.   Guillaume  V  Poret,  de  1436  à  janvier  1444. 

XXIII.  Jean  VI  Le  Lièvre,  de  1444  à  juillet  1458. 

XXIV.  Jean  VII  Baudouin,  de  1458  à  avril  1468. 

XXV.  Richard  II  de  Thieuville,  de  juillet  1467  à  1481. 
XX\'I.  Guillaume  dEscalles,  de  1481   à  janvier  1503. 

XXVII.  Jean  VIII  de  Fatouville,  en  1503. 
XXVIII.  Jean  IX  Le  Veneur,  de  mai  1503  à  août  1543. 
XXIX.   Gabriel  Le  Veneur,  de  1543  à  1550  environ. 
XXX.  Pierre  de  Pont-Levoy,  en  1555  et  1559. 
XXXI.  Jacques  Marlet,  en  1573  et  1585. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  419 

XXXII.  Jean  X  Le  Breton,  en  1597  et  avril  1607. 

XXXIII.  François  Petit,  en  1607. 

XXXIV.  Auguste  de  Saint-Lary,  baron  de  Termes,  en  mai  1607. 
XXXV.  Pierre  Ilabert,  de  juin  1608  à  1621. 

XXXVI.  Auç/uslin  de  Thou,  de  1621  à  1643, 
XXXVII.  Gaston  Savary  de  Brèves,  juillet-octobre  1643. 
XXX\'III.  Denis  Sanguin  de  Sainl-Pavin,  de  16i3àmars  1670. 
XXXIX.   Denis  Sanguin,  de  1670  à  mars  1702. 

XL.   Chrysanthe  de  Lévis,  d'avril  1702  à  décembre   1727. 
XLI.  Antoine  Le  Berceur  de  Fontenay,  de  1728  à  1735. 
XLII.   Antoine  de  Mallierbe,  de  mai  1735  à  1743. 
XLIII.   Philibert  de  Renty,  de  juin  1743  à  1757. 
XLIW  Nicolas  Thirel  de  Boismout,  de  1757  à  1786. 
XLV.  Charles  de  TiUy-Blaru,  d'août  1787  à  1790. 


TABLE    ALPHABÉTIQUE 


A 

Abloville,  106. 
Ablon,  i06. 

—  (Crespind'),  211,  213. 

—  (Hugues  d'),  63,  211,  213,  214. 

—  (Morind'),  211,  213. 
Adam  (Jean),  prieur,  182. 
Advisse  (Jacques),  prêtre,  179. 
Agoult  (Jean  d'),  chanoine,  107. 
Aigle  (L').  Voy.  Laigle. 
Angerville  (Le  Clerc  d'),  412. 
Anglesques'ille,  27,  103. 
Anneville,  fief,  145. 

Ariette,  2,  13,  17  et  suiv.,  41,  42. 
Arnoul,  évêque,  37,  44,  46,  52. 
Arnould  (Léger),  100,  271. 
Aubermesnil,  fief,  145. 
AufTay-en-Caux,    81,    100,     242,    281, 
294. 

B 

Baillehache  (Jean  de),  prieur,  182. 
Bailleul  (Jean  de),  87,  249. 
Barbe  (Ignace),  prieur,  183. 
Barneville-sur-Mer,  27,  106,  107,  203, 

277,  290,  320. 
Basin  (Thomas),  évêque,  96,  101. 
Beaudouin(Jean),  abbé,  102,283,  284. 
Beaumont-en-Auge,  03,  08,  121. 
Beaunay,  fief,  314. 
Bec,  fief,  100. 

Bec-Hellouin,  abbaye,  44,  102,  283. 
Beissidre  (Guillaume),  prêtre,  218. 
Bellaise  (D.  Julien),  4. 
Belloy  (De),  évêque,  151. 


Berkamested  (Angleterre),  207. 
Bei'nières-sur-Mer,  293. 
Berthelot(B.  Pierre),  185. 
Bertran  (Robert),  67,75,  121,  205. 

—  (de  Briquebec),  10. 
Bertreville-en-Caux,  204. 
Berville-sur-Mer,    27,    71,    121,     201, 

202. 

—  (Epine  de),  219,  221. 

—  (Paroisse  de),  231,  336. 
Beuzeville  (Eure),  110,232. 

—  (Emond  de),  233. 

Boisniont  (Thirel  de),  abbé,  5,  169. 
Bottentuit  (Jean),  prêtre,  179. 
Bouffev,  fief,  275,  288,  348. 
Boulleville,  100,  200,  232,  380  et  suiv. 
BouIIey,  fief,  100. 
Boutevillain,  fief,  106. 
Brancas  (Henri  de),  évoque, 
Bray-en-Cinglais,  307. 
Brethenham  (Angleterre),  29,  206. 
Bretteville-rOrgueilleuse,  20,  20<>. 
Breuil  (Le),  279,  292. 
Brèvedent  (De),  330. 
Brèves  (Savary  de),   abbé,    152,  342, 

344. 
Bricourt  (Henri  de),  252. 
Brisset  (Louis),  prêtre,  144. 
Brolonne  (Roger  de),  207,  208. 
Brucourt,  57. 


Cal)eaumont  (Duquesne  de),  392. 
Cahagnes  (Hugues  de),    30,  307,    308. 
Callais  (Jacques  de),  330, 


422 


TABLE    ALPHABÉTIQUE 


Gambrv,  28i. 

Candos  (Roger  de),  27,  204. 
Canlelou,  203. 

Carbec,    26,    106,    107,  161,  200,   202, 
231,  327,328. 

—  (Eustache  de),  211, 

—  (Guillaume  de),  27,  204. 
Carrey  de  Sainl-Gervais,  169. 
Carrouges  (Etienne    Blosset  de),  138. 

—  (Marie  Blosset  de),  139. 
Carrouges  (Jean  de),  108. 
Carruel  (Renaud),  abbé,  75. 

—  -Marguerite),  76. 
Cesseville,  .308. 
Chambourg  (Jacques  de),  161. 
Chanu  (Charles),  prieur,  182. 
Charlemaine  (Guillaume),  338. 
Charles  V,  86. 

Charles  VII,  97  et  suiv. 
Cheylus  (Joseph  de),  393. 
Clarbec  (Pierre  de),  79,232. 
Clères  (Henri  de),  79,  232. 
Condé-la-Campagne,  279,  292. 
Conesgrave  (Angleterre),  209. 
Connok  (Angleterre),  207. 
Contemoulins  (Jean  de),  79,  231. 
Conteville-sur-Mer,  14,  15,25,  27,  71, 

106,  199,  203. 
Conteville  (Ilerluin  de).  Voy.  Herluin. 
— -(Eudes   ou    Odon  de),  évêque,    12, 

13,  17,  20,  21. 
Cormeilles,  abbaye,    2,    7,  9,    36,   66, 

72,  86,  144,  173. 

—  (Etienne  de),  prieur,  115. 
Corneville-sur-Risle,  203. 
Coulanges  (Christophe  de),  157. 
Coulombs,  280. 

Courseules  (Jacques  de),  326. 
Creeting  (Angleterre),  241. 
Crémanfleur,    27,    67,    76,    122,    202, 

211,  217. 
Crémanville,  106. 
Cressanville,  232. 
Croix  de  la  Devise  (La),  256,257,  258, 

259. 

D 

Dalbiac  (Dom),116,  168,  172,  178,  180. 


Dancre  (Guillebert),  93,  264. 

Delacroix-Saint-Michel,  405. 

Descalles.  Voy.  Escalles. 

Des  Noyer,  prieur,  183. 

Dieppe,  145. 

Doux-Marais,    27,  44,  62,  69,  75,  202, 

277,  .306,  309. 
Dozulé,  307. 
Druel  (Gabriel),  prieur,  320. 

—  (Nicolas),  132,   147,  320,  331,  334. 
Du  Rose  (Guillaume),  79. 

—  (Richard),  109. 

—  (Robert),  prêtre,  179. 
Du  Cup  (Louis),  109. 

—  (Raymond),  164. 

Du  Faveril  (Guillaume).  79,  230. 
Du  Feugueray  (Raoul),  109. 
DuSaulcey  (Thomas),  320. 
Du  Val  (Godefroy),  62. 

—  (Jean),  79. 

Du  Val-Durand  (Raoul),  79. 

E 

Edouard  m,  81,  82. 
Efflanc  (Turstin),  205. 
Emelinne  (Robert),  prieur,  182. 
Equainville,  106,  231,  232. 
Ernes,  307. 

Escalles   (Guillaume    d'),    abbé,    134 
313. 

—  (Pierre  d"),  prieur,   136,  183. 

—  (Richard  d'),  135. 
Esneval  (Robert  d'),  254. 
Espec,  fief,  106. 
Etienne,  abbé,  89. 

Eu  (Hugues  d'),  16. 


Farnoville  (Guillaume  de),  abbé,  264. 
Falouville  (Hugues  de),  212. 
—  (Jean  de),  abbé,  138. 
Faulques  (Les),  fief,  106,  274,  347. 
Fécamp,  abbaye,  58,  104. 
Férey  (Jean),  146. 
Ferlis  (Angleterre),  27,  206. 
Féron  (Maciot),  111. 
Figuefieur,  26,  67,    90,    120,  122,  200, 
202,  217. 


TABLE    ALPHABÉTIQUE 


423 


—  (Paroisse  de),  107,  232. 

—  (Halles  et  marché  de);   294,  389, 
321,  337. 

Floques  (Robert  de),  96,99,  100. 
Florifontana,  211,  214. 
Floxel,  280,  293. 
Fontaine-Bérenger,  fief,  27,  lOfi,  274, 

287. 
Fonlenay(Le  Berceur  de),  abbé,  164. 
Forel  ^De),  412. 
Forhou  (Théodoric  de),  209. 
For tmau ville,  233. 
Foulbec,  26,71,  214,219,  232. 
Foulque, évoque,  64. 
Foulque,  abbé,  36. 
Fourmetot,  fief,  106,  145,  20b,  287. 
Foussi  (Jean  de),  abbé,  90. 
Fi'édégonde,    femme    d'Herluin,    20, 

203. 
Fresnoi  (Roger  de),  207. 


G 


Gaillard  (Michel),  prêtre, 
Gaillon  (Colart  de),  110. 

—  (Eudes  de),  110. 

—  (Fromond  dei,  110. 

—  (Guillaume  de),  111. 

—  (Imbert  de),  110. 

—  (Ivesde),  110. 

—  (Jean  de),  110,  111. 
Gambes  (Angleterre),  206. 
Genne ville,  219,  220,  294,  322,  328. 
Geoffroy,  chapelain,  204. 
Geoffroy,  abbé,  35. 

Gilleville,  203. 
Gonneville-sur-IIonlk'ur,    249,      250, 

275,  322. 
Gouffier  (Guillaume),  100. 
Gouvix,  307. 

Graflon  (Angleterre),  207,  241. 
Graimbonville,  27,  100. 
Grassay  (Renaud  de),  271. 
Graye-sur-Mer,  308. 
Grestain  (Port  de),  220,  221. 
Grestain-le-Gourmand,  187. 
Grelingham  (Angleterre),  29,  206. 
Grosourdy  de  Saint-Pierre,  186. 


—  (Claude  de),  160.  182. 

—  (M""»  de),  190. 
Guillaume,  abbé,  72. 

Guillaume  le  Conquérant,  2,    19,   21, 
25,  30,   199,  201,  206. 

Il 

Ilaberl  (Pierre),  abbé,  149,  329,  334. 
Hairolde  (Jacquelin),  100,  271. 
Halley  (Charles),  166. 

—  (Guillaume),  166. 

—  (D.  Henry),  religieux,  166. 

—  (Henry),  166. 
Ilangest  (Pierre  de),  230. 
Harcourt  (Guillaume  de),  12. 

—  (Louis  de),  87. 
Harfleur,  92. 

Hay  (Thomas),  111. 

Henri  I",  duc  de  Normandie,  33. 

Henri  IV,  146,  149. 

Henri  V  d'Angleterre,  92. 

Herljert,  abbé,  42. 

Herluin  de  Conteville,  2,  10,    12,    13, 

14,  16,  18.  26,  40,  41,  112,  200. 
Ilérouville,  204. 
Ileston   Angleterre),  207. 
Honneur,  16,  2b,  27,  88,  92,    93,  97, 

98,  110,  199,  201,  202,  220,  221. 
Honnaville,  106,  203,  204. 
Ilouël  (Edmond),  16i. 

—  (Jean),  128. 

—  (Philippe),  128. 

Iluband  (Guillaume),  abbé,  42. 
Iluberville,  281. 

J 

Jean,  al)bé,  80. 

—  (évè.[ue  de  Lisieux),  38,  38,  42. 

—  (fils  d'Herluin),  20,  205. 
Jobles,  27,  122,  201,  283. 
Jouas  (Louis),  prieur,  183. 
Jouvence,  fief,  170. 
Jumièges,  aljbaye,  71,  97,  99. 


La  Berquerie,  îOO. 
La  Bruvère,  fief,   212. 


424 


TABLE    ALPHABÉTIQUE 


Lachy  (Moulin  de),  110. 
La  Cochère,  307. 
Ladres  (Chapelle  des),  371. 
La  Gohaigne,  117. 
La  Haye-Aubrée,  204. 
Laigle'fGilbert  de),  209. 

—  (Richer  de),  27,  31,  209. 
Lallemant  (Jean),  177. 

La  Madeleine   de  Grestain,  117,    118. 

La  Mare,  fief,   303. 

La  Mare  (Anise  de),  196. 

—  'Geoffroy  de),  232. 

—  (Guillaume  de),  27. 
La  Motte-en-Auge,  308. 
La  Poterie,  106,  286. 

La  Rivière,  106,  203,  324. 

La  Rivière  du  Xeufijourg-,  340. 

La  Roche-Nonant,  307. 

La  Roque  (Renaud  de),  abbé,    26,  34. 

La  Rue  (Mathias  de),  178. 

Le  Berceur  (Henri),  165. 

—  (Jacques),  16o.  Voy.  Fontenay. 
Le  Breton  'Jean),  abbé,  146,  318. 

Le  Carpentier  fJacques',  prieur,  182. 

Lécaude,  279,  292. 

Le  Cerf  (Pierre),  100,271. 

Le  Chalange,  107. 

Le  Chambellarj  (Chrétien),  75. 

Le  Chevrier  (Durand),  202. 

Le  Grant  (Guérini,  111. 

Le  Lièvre  (Guillaume),  prieur,  182. 

—  (Jean),  abbé,  95,  269,  207,  272. 
Le  Maigre  (Jean),  abbé,  86. 

Le  Maryé  (Robert),  145. 

Le  Merchier   Jean),  prieur,  182. 

Le  Mercier    (Jean),    prieur,   182,  316, 

340,  341. 
Le  Moyne  (Antoine),  145. 
Le  Moyne  de  Bellisle, 
Le  Painteur  iJeanj,    prieur,  161,  183. 
Le  Parrastre  (Michel),  218. 
Le  Prévost  (André),  145. 
Le  ïellier  (Adrien),  179. 
Le  Vavasseur  (Guillaume),  abbé,    78. 
Le  Vavasseur  de  Vasouy,  63. 
Le  Veneur  (Jean),  cardinal,  138,    314. 

—  Gabriel),  abbé,  141. 

Lévis  (Chrysanthe  de),  abbé,  164,  372. 


Lilletot,  145,  205. 

Lisieux,  97. 

Londres,  29. 

Longaunay  (Hervé  de),  146. 

Louis  IX,  69,  74. 

Lucé  (Jean  de),  272. 

M 

Maharu,    fief,     106,    275,     288,    328, 

347. 
Maizières,  279,  280. 
Malemort  (Théodore),  205. 
Malherbe   (Antoine    de),    abbé,    166, 

392. 

—  (Augustin  de),  166. 
Manneville  (Raoul  de),  211. 

—  (Guillaume  de),  211. 
Marais-Vernier,  26,  200. 
Maretz,  fief,  107. 

Marlet  (Jacques),  abbé,  143. 
Marmion  (Roger),  207. 
Martainville-en-Lieuvin,      26,       200, 

203. 
Martel  (Raoul),  chevalier,  252. 
Maucourt  (Emile),  chanoine,  142. 
Mauny  (Guillaume  de),  280. 
Mauvesin  (Galeran),  63. 
Melun  (Guillaume  de),  91,  124. 

—  (Jean    de),    31,    80,   81,   233,  238, 
241,  305. 

Merse  (Angleterre),  241. 
Méi'y  1  Hugues  dej,  108. 

—  (Roger  de),  272. 
Mesnil-Cordelier,  fief,  135. 
Mesnil-Ferry,  fief,  108,  109,  110,  111, 

136,  205,  297,  .308,  310,  3.50. 

—  (Jean  du),    220. 
Mesnil-Mauger,  62,  75. 
Meulan  (Galeran  de),  20,  38. 

—  (Helvise  de),  20,  note. 

—  (Hugues  de),  20. 

--  (Robert  de),  15,  27,  41,  204. 
Mézidon,  80,  81,  106,    235,    239,  242, 

277,  290,301,  306. 
Miribel    Henry  de;,  90. 
MoisyiJean  ,  prêtre,  176. 
Monceaux-en-Auge,  308. 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


425 


Montaigu,  abbaye,  28,  207,  212. 
Montebourg,  280,  293. 
Montfort-sur-Risle,  189. 
Monlgommery  (Mathilde  de),    22,  29, 
40,41,  407. 

—  (Richard  de),  281. 
Mor,  fief,  lOG. 

Morseng  (François  de),  161, 
Mortain  (Guillaume  de),  24,  27,  30,  33, 
204,  207. 

—  (Robert  de),  2,  H,  17,  20,  21,  22, 
24,  28,  35,  40,  69,  120,  121, 125,  201, 
206. 

Mortemer,  abbaye, 
Munneville-sur-Mer,  26,  106, 107,  200, 
331. 

N 

Neest,  fief,  106. 

Noir-Port,  26,  123,  127,  201,  223,  257, 

262,  267,  276. 
Normare,  26,  200,  400. 
Norton  (Angleterre),  207,  241. 
Notre-Dame  de  Grâce,  114. 
Notre-Dame  de  Rondeur,  58,  62,    63, 

107,  210,  211. 
Notre-Dame  de  la  Victoire,    108,  111, 

137,  297. 
Notre-Dame  du  Val,  14,  15,  195,  327. 


0 


Odon,  Voy.  Conteville  et  Rigaud. 
Osbern  (Guillaume),  10,  204. 
Osmont  (Robert),  76. 


Paisnel  (Jacques),  108. 
Papion  (Hugues),  62,  215. 
Perey,  308. 
Perricres,  prieuré,  57. 
Penitona  (Angleterre),  28,  206. 
Peniton-Grestain,  206. 
Pestel  (Valérien),  prcirc,  179. 
Petit  (François),  abbé,  147. 
Pevensey  (Angleterre  ,  206,   207,  209, 
Picot  (Jean),  abbé,  89. 


Pipard  (François),  prieur,  183. 
Pippes  (James  de),  87. 
Plainville,  280. 
Planes  (Nivelon  de),  281. 
Plessis-Grimoult,  7b. 
Pont-Audemer,  84,  87,  88,  96,  232. 
Pont-l'Évêque,  97. 
Pont-Levoy,  abl)aye,  143. 
Pont-Levoy  (Jean  de),  143. 

—  (Jeanne  de),  143. 

—  (Pierre  de),  abbé,  142. 
Poret  (Guillaume),  abbé,  95. 
Préaux,  abbaye,  2,  9,  10,  39,    43,    66, 

86,96,  104,  151,  330. 
Putot-en-Auge,  146. 

Q 

Quétiéville,  90,  280,  293. 
Quetteville,  111,  173,  217,  275. 
Quillebeuf,  26,  123,  124,  201. 
Quillet  de  P'ourneville,  405. 
Quillet  (Thomas),  179. 
Querquevillo,  fief,  107. 
Quesnay,  fief,  283. 


R 


Raoul,  abbé,  57. 

Raoul,  fils  d'Herluin,  20,  203. 

Rebut  (Jacques),  179. 

Reinfroy  (Jean),  al)l)é,  89. 

Renty  (Philibert  de),  abbé,  167,  373, 
375,  379,  392. 

Richard  Cœur  de  Lion,  4,  14,  57,  59, 
199,  206. 

Rigaud  (Eudes  ou  Odon),  archevê- 
que, 32,  65,  67,  69,  73. 

Roljert,  ablx>,  61. 

Robert  !«'•,  duc 'de  Normandie,  2,  10, 
20. 

Robessart  (Louis  de),  265. 

Rochefort,  fief,  Hl. 

Rosny  (Jeanne de),  251. 

Rotrou,  évLHjue,  37. 

Rouen,  246. 

Rouville,  fief,  106,  274,  346. 

Royal-Pré,  prieuré,  396. 


426 


TABLE    ALPHABÉTIQUE 


Saint-Aignan  de  Pont-Audemer,  232. 

Saint-Astier,  prieuré,  36,  107,  H2, 
232. 

Saint-Aubin,  145. 

Saint-Benoît  (Fontaine  de),    184,  193. 

Saint-Chéron,  184,  185,  193. 

Saint-Crespin-sur-Vie,  74,  75,  107, 
216. 

Saint-Cyr  de  Friardel,  307,  309. 

Saint-Evroult,  abbaye,  34,  83. 

Saint-Evroult  de  Montfort,  307. 

Saint-Gatien  (forêt  de),  25,  200. 

Saint-Germain-le-Vieil. 

Saint-Gilles  de  Pontaudemer,  88. 

Saint-IIélier  (Foire  de),  111. 

Satnt-Jouin  de  Marne,  abbaye,  146. 

Saint-Lary  (Auguste  de).  Voy.  Ter- 
mes. 

Saint-Laurent  de  Grestain,  116,    117, 

118,  332,  333,  371. 

—  de  Quetteville,  111. 
Saint-Léonard    de  Honfleur,    58,   62, 

63,  107,  210,  211. 
Saint-Maclou,  106,  380  et  suiv. 
Saint-Martin-de-Pontoise,  4'»,  56,  57. 

—  de  Sées,  72,  103. 
Saint-Martin-sur-Gris,  320. 
Saint-Méen,  2,  184,  185,  193. 
Saint-Nicol,  prieuré,    25,     112,     114, 

115,  180,  199,  276,  289,  326,  348. 
Saint-Quentin-les-Chardonnets,      27, 

75,  107,  203,  277,  290,  325. 
Saint-Pierre-du-Châtel,    14,    15,  106, 

107,  205,  231. 
Saint-Pierre-sur-Dives,  10,  11. 
Saint-Ouen  de  Genneville,  111. 
Saint-Ouen  de    Grestain,      107,    118, 

119,  120,  369,  371,  373. 
Saint-Ouen-de-Thouberville,  204. 
Saint-Samson,  évêque,  7,  10,  11. 
Saint-Sulpice  de   Graimbouville,    380 

et  suiv. 
Saint-Siméon,   léproserie,     115,    117. 
Saint-Thurien,  232. 
Saint- Victor  d'Agy,  72. 
Saint-Wandriile,  43. 


Sainte-Barbe-en-Auge,  prieuré,  44, 
62,  69,    72,  108,   137,  279,  301,  306. 

Sainte-Marie-aux-Anglais,  44. 

Sainte-Marie  de  Lécaude,  307. 

Sainte-Mère-Église,  14,  15,  26,  44, 
200,  205,  211. 

—  (Olivier  de),  211. 

—  (Robert  de),  212. 
Sainte-Scolasse,      prieuré,     26,     107, 

112,  113,  415. 
Samois  (Jean  de),  évêque,  76,  77. 
Sanguin  de  Livry,  158. 

—  (Denis),  abbé,  162. 

—  (Jacques),  155,  158. 

—  (Nicolas),  prieur,  162. 

Sanguin  de  Saint-Pavin,     abbé,    155, 

162,  344,350,  359. 
Senlis,  108,  111,  137,297. 
Siglas,  fief,  170. 
Soulbieu  (D.  Charles),  178. 
Sotteville-sur-Mer,  106,  204. 


Tancarville  (Guillaume  de),   251,    263. 
Termes  (Le  baron  de),  abbé,  148,  323, 

331. 
Thieuville  (Durant  de),    93,    110,254^ 

251,  264. 

—  (Guillaume  de),  312. 

—  (Guy  de),  92. 

—  (Jean-Baptiste  de),  179. 

—  (Isabelle  de),  135. 

—  (Renault  de),  91. 

—  (Richard  I  de),  abbé,  61,  254,   262, 
267,  285,296. 

—  (Richard  II  de),  abbé,  103. 
Thiboust  d'Anisy,  373. 
Thirel,  169,  170,  195. 

—  (Jean-Baptiste),  prieur,  182,195. 

—  (Michel),  prieur,  182. 

—  (Pierre),  170,  315,  317. 
Thirel  de  Boismont,  abbé,  5,   169. 
Thou  (Augustin  de),  abbé,    151,    338. 
Thomas,  abbé,  70. 

Tierceville,    fief,    27,    106,    107,    277, 

289. 
Tilly-BIaru  (de),  abbé,  174. 


TABLE    ALPHABETIQUE 


427 


Tilly-sur-Sculle,  2(i,  107,  277,  289. 
Tollovast  (Richard  de),  108. 
Tonnetot  (Michel  de),  336. 
—  (Robert  de),  79,  231. 
Tournebu  (Jeanne  de),  110. 
Tourville  fJacques  de),  163. 
Toutainville,  27,  79,  202,  229. 
Treml)lay  (Robertdu),  216. 
Triquoviile,  44,  107,  1413,  203. 
Troarn,  10,  11. 


V 


Val  (Le),  fief,  248. 
Vasouy,  63. 
Vaslel  (Louis),  179. 


—  (Pierre),  179. 

Vauville,  26. 

Vieilles  (Onfroi  de)  10.  41. 

Vieilzmaisons  (de),  412. 

Villerville  (Raoul de),  63. 

Vincond  (Raoul),  abbé,  76. 

Vire, 281. 

Vital  de  Mortain  (le  B.),  39,  41. 

w 

Warenne  (Guillaume  de),  31,  209. 

Y 

Ynger  (Jean),  prieur,  307. 


TABLE  DES  CHAPITRES 


PAGES 

Introduction 1 

CHAPITRE  I" 
Origine  et  fondation   de   l'ahljaye.   —   Ilerluin  et  Ariette.  —  Premières 
donations  en  Normandie  et  eu  Angleterre.  —  Principaux  bienfaiteurs: 
Robert  de  Mortain,  Matbdde  de  Montgommery  et  Guillaume,  leur  fils. 

—  Les  abbés  réguliers  de  1050  à  1197.   —  Rouleaux  des    morts.   — 
Réformes  disciplinaires.  —  Expulsion    des  moines 9 

CHAPITRE  II 
Les  abbés  réguliers  de  1197  à  1481.  —  Visites  d'Eudes  Rigaud.  —  Trans- 
action entre  les  religieux  de  Grestain  et  l'abbaye  de  Jumièges.  — 
Procès  et  contestations.  —  Nouveau  renvoi  des  moines.  —  Donations.  — 
Échange  de  la  baronnie  de  Mézidon.  —  Jean  de  Melun.  —  Les  Anglais 
occupent  l'abbaye.  —  Le  roi  Charles  VII  séjourne  à  Grestain 61 

CHAPITRE  111 
État  de  l'abbaye  à  la  fin  du  xv  siècle.  —  Les  possessions.  —  Fiefs  et 
Églises.  —  Prieurés  de  Saint-Astier,  Sainte-Scolasse,  Saint-Nicol.  — 
Léproserie  de  Saint-Laurent  de  Grestain.  —  Saint-Oiien  de  Grestain. 

—  Droits  de  pêche  et  Coutumes 105 

CHAPITRE  IV 
L'abbaye  mise  en  commende.  —  Les  abbés  commendataires  de  1481  à 
1757.  —  L'abbé  Denis  Sanguin  de  Sainl-Pavin  (1643  à  1670).  —  Procès 
entre  les  moines  et  les  abbés  au  sujet  de  la  pension.  —  Suppression 
de  l'abbaye  et  son  dernier  abbé.  —  La  Révolution  et  la  vente  des  biens 
de  Grestain.  —  Inventaire  des  revenus.  —  Dom  Dalbiac,  l'cligieux, 
survit  seul  à  la  ruine  définitive  de  l'abbaye 131 

CHAPITRE  V 
Les  prieurs  claustraux,    de  1480  à   1757.  —  Rites,  Cérémonies,  Usages. 

—  Eglise  de  Carbec 181 

CHAPITRE  VI 

Les  Ruines.  —    L'Etat  actuel 189 

Documents  historiques.  —  Pièces  justificatives 199 


TABLE    CHHOXOLOGIQUE 

DES  PIÈCES  JUSTIFICATIVES 


DATES  PAGES 

H89.  Confirmation,  par  Richard  Cœur  de  Lion,  des  dons  faits  à  l'abbaye 

de  Grestain,  en  Normandie 199 

1189.  Confirmation,  par  Ricliard  Cœur  de  Lion,  des  dons    faits  à  raljl)aye 

de  Grestain,  en   Angleterre 206 

1197.  Bulle  du  pape  Célestin  III,  concernant  les  églises  de  Saint-Ouen 

de  Grestain,  Notre-Dame  et  Saint-Léonard  de  Honfleur 210 

xii"  s.  Cession,  par  l'archidiacre  de  Lisieux,  des  églises  de  Notre-Dame 

et  de  Saint-Léonard 210 

xii«  s.  Cession  de  la  moitié  du  revenu  des  églises  de  Notre-Dame  et  de 

Saint-Léonard 211 

xii"^  s.  Confirmation  faite  à   labbaye  par    Crespin  d'Ablon  des  dons    de 

ses  prédécesseurs 211 

XIII'' s.  Confirmation,  par  Robert  de   Sainte-Mère-Église,  de  la  donation 

du  fief  de  la  Bruyère 212 

xiii'^  s.   Lettres  d'Innocent  III  au  sujet  d'une  contestation  sur  les  dimes 
navales  entre  l'abbaye  de  Grestain  et  le  couvent  de  Montaigu, 

au  comté  de  Somerset 212 

1221.  Confirmation,  par  Hugues  d'Ablon,  chevalier,  des  donations  faites 

à  l'abbaye 213 

1233.  Donation,  par  Guillaume  du  Bosc,  de  trois  sols  de  rente  à  l'abbaye..     214 
1248.  Donation,  par  Guillaume  du  Bosc,  de  Foulbec,  de  rentes  à  l'abbaye     214 

1253.  Donations  faites  à  l'abbaye 215 

125G.  Accord  entre  Robert  Bertran,  chevalier,  et  les  religieux  au  sujet 

des  droits  de  coutume  perçus  à  Fiquefleur  et  à  Crémanfleur 217 

1258.  Donation,  par  Guillaume  Beissidre,  prêtre,   de  cinquante  sols  de 

rente  à  l'abbaye 218 

1259.  Accord  conclu  entre  les  religieux  de  Jumièges  et  les  religieux  de 

Grestain  au  sujet  des  droits  de  coutumes 218 

1273.  Vente,  par  Robert  le  Vavasscur,  à  l'abbaye  d'une  rente    de  cinq 

boisseaux  de  froment 220 

1281.  Arrêt  du  Parlement  de  Paris  déboutant  Robert  Bertran,  chevalier, 
(|ui  se  plaignait  (jue  le  roi  avait  fait  un  port  à  Grestain  au  détri- 
ment du  port  de  llonileur , 220 

1287.  Transaction  entre  les  religieux  de  Grestain  et  Robert  Bertran,  sei- 


432  TABLE    CHRONOLOGIQUE 

DATES  PAGES 

gneur  de  Roncheville  et  de  Honfleur,  au  sujet  des  droits  de  tra- 
vers, coutumes,  franchises  et  seigneuries  dans  tous  les  ports 
depuis  Honfleur  jusqu'à  l'épine  de  Berville 221 

1290.  Reconnaissance  de  rente,  par  Nicolas  de  Normandie,  pour  la  con- 
struction de  l'église 224 

1308.  Carta  régis  Edwardi  secundi,  donatorum  concessiones  recitans  et 

confirmans 224 

1308.  Ordre  de  remettre  à  l'abbé  de  Grestain  les   revenus  de  son  abbaye.     228 

1319.  Lettres   de   Philippe    V,    portant    cession    à    l'abbaye,    par     bail 

perpétuel,  de  la  part  qui  appartenait  au  roi  sur  le  moulin  de 
Toutainville 229 

1320,  Lettres  de  Charles    le  Bel,  portant  amortissement    pour  l'abbé   et 

les  religieux  de  leurs  nouveaux  acquêts 230 

1330.  Acte  par  lequel  Guillaume,  abbé,  nomme  ses  procureurs  en  Angle- 
terre        234 

1333.  Autre  acte  par  lequel  Guillaume,  abbé,  nomme  ses  procureurs  en 

Angleterre 234 

1347.  Accord  entre  Jean  de  Melun,  sire  de  Tancarville,  et  les  religieux 

au  sujet  de  l'échange  de  la  baronnie  de  Mézidon  contre  sept 
manoirs  que  les  religieux  possédaient  en  Angleterre) 235 

1348.  Requête  des  abbé  et  religieux  au  pape  Clément  VI,  au  sujet  de  la 

vente  des  biens  de  l'abbaye  situés  en  Angleterre 238 

1348.  Accord  fait  entre  Jean  de  Melun,   seigneur  de  Tancarville  et  les 
religieux,   par  lequel  il  promet  les  garantir  de   tous  troubles  à 
cause    de     l'échange    de      la    baronnie    de     Mézidon     contre 
sept  manoirs   que     les  religieux   possédaient    en   Angleterre.     239 
1348.  Lettresde  Jean,  duc  de  Normandie,  confirmatives  de  l'échange  con- 
clu entre  Jean  de  Melun,  chambellan  de  France,    seigneur  de 

Tancarville,  Tabbé  et  les  religieux 240 

1359.  Lettres  de   Charles,    duc  de  Normandie,  par  lesquelles  il  amortit 

au  profit  des  religieux  une  maison  sise  à  Rouen 240 

1393.  Aveu  du  fief  du  Val,  assis  à  Fiquetleur,  rendu  aux  religieux 248 

1398.  Reconnaissance  d'hommage  délivrée  par  Charles  VI  à  Jean,  abbé 

de  Grestain 249 

1399.  Rémission    par  Charles  VI  à  Guillaume  le  Harecoux,    au  sujet  du 

meurtre  de  Jean  de  Bailleul,  natif  de  Grestain,  qui,  en  compa- 
gnie   de  son   page  aussi  mis  à    mort,  avait  pillé    une   maison 

située  à  Gonneville-sur-Honfleur 249 

1409.  Transaction  entre  Guillaume  de  Tancarville,  vicomte  de  Melun, 
et  les  religieux  sur  leurs  contestations  au  sujet  des  limites  et 
bornes  où  se  percevaient  les  droits  de  pêche  et  de  varech.  .  .  .     251 

1411.  Richard  de  Thieuville,  abbé,  reconnaît  devoir  au  roi  la  redevance 

d'un  esturgeon 262 

1412.  Transaction  entre  le  comte  de  Tancarville  et  h  s  religieux  au  sujet 

des  droits  de  pêche 263 


TABLE   CIIUONOLOGIQUE  433 

DATES  PAGES 

1412.  Accord  cuire  le  comte  de  Tancarville  et  les  religieux  au  sujet  des 

pêcheurs  de  la  franche  table  de  l'abbé 263 

1416.  Aticstalion  par  Raoul  de  Saiul-Morisse,  lieutenant  général  du  bailli 
de  Rouen,  qui  reconnaît  que  Guillebert  Dancre,  exécuté  à  Hon- 
fleur  pour  avoir  amené  les  Anglais  à  Grestain,  n'a  laissé  aucuns 
biens 264 

1420.  Droit  de  tiers  et  danger  perçu  sur    une  vente  de  bois  faite  par  les 

religieux 265 

1424.  Reconnaissance,  par  Richard  de  Thieuvillc,   abbé,  de  la  rente  due 

au  roi  du  premier  esturgeon  péché  dans  la  Seine 26" 

d 'f26.  Rémission  octroyée  par  Henri  VI,  roi  d'Angleterre,  à  Guillaume 
de  la  Haye,  pauvre  laboureur,  détenu  dans  les  prisons  de 
Rouen,  pour  l'achat  d'armes  qui  avaient  été  cachées  à  Grestain..     268 

1444.  Lettres  de  Henri  VI,  roi  de  France  et  d'Angleterre,  accordant  à 
Jean  Le  Lièvre,  abbé,  un  délai  d'un  an  pour  rendre  aveu  du 
temporel  de  l'abbaye 269 

14îi0.  Reconnaissance  d'hommage  délivrée  par  Charles  VII,  roi  de  France, 

à  Jean  Le  Lièvre,  abbé. 270 

1450.  Actes  divers  de  Charles  VII,  roi  de  France,   donnés  en  l'abbaye  de 

Grestain 271 

1450.  Quittance  de  Jean  Le  Lièvre,  abbé,  d'une  somme  de  200  livres  tour- 
nois donnée  par  le  roi  pour  réédifier  l'église  de  l'abbaye.  {Sceau.)     272 

1430.  Aveu  et  dénombrement  des  biens  de   l'abbaye 273 

1454.  Accord  conclu  entre  l'abbaye  de  Jumièges  et  les  religieux  de  Gres- 
tain      283 

1458.  Reconnaissance  d'hommage  délivrée  par  Charles  VII  à  Jean  Bau- 
douin, abbé 283 

1462.  Lettres  de  Louis  XI,  portant  autorisation  à  Jean,   abbé,  de   faire 

son  acte  de  foi  et  hommage  devant  le  bailli  de  Rouen 284 

1462.  Reconnaissance  d'hommage  délivrée  à  Jean,  abbé 284 

1469.   Lettres  de    Louis  XI  autorisant  Richard  de  Thieuville,  abbé,   de 

faire  le  serment  de  fidélité  devant  le  bailli  de  Rouen 283 

1469.  Reconnaissance  d'hommage  délivrée  à  Richard  de  Thieuville,  abbé.     285 

1469.  Hommage  fait  à  Louis  XI  par  Richard  de  Thieuville,  abbé,  pour  la 

baronnie  de  Grestain  et  autres  fiefs  du  temporel  de  l'abbaye. ..     286 

1476.  Approbation  d'un  aveu  et  dénombrement  du  temporel  de  l'abbaye..     295 

1477.  Acquisition,  par  l'abbaye  de  Nolre-Dame-de-la-Victoire-lès-Senlis, 

de  la  terre  et  seigneurie  du  Mesnil- Ferry 297 

1478.  Approbation  d'un  aveu  et  dénombrement  du  temporel  de  l'abbaye.     299 
1489.  Contrat  d'échange,  entre  les  religieux  de  Grestain  et  les  religieux 

de   Sainte-Barbe-en-Auge,   de    la  baronnie    de   Mézidon   conti-e 

la  terre  et  seigneurie  du  Mesnil-P'erry 301 

1499.   Reconnaissance  d'hommage    délivrée  par   Louis  XII   à  Guillaume 

d'Escalles,  abbé 313 

1505.  Reconnaissance  d'hommage  délivrée  à  Jean  Le  Veneur,  abbé 314 

1540    Copie  d'un  aveu  concernant  le  fief  de  Beaunay 314 


434  TABLE    CHRONOLOGIQUE 

DATES  PAGES 

15i5.  Mandement  de  contrainte  pour  l'abbaye 315 

1393.  Pouvoir  donné  par  un  religieux  de   Grestain 316 

1596.  Aveu  du  fief  Amelot  du  Boscage 316 

1598.  Assignation  devant  le  bailli  de  Caux,  délivrée  au  receveur  général 

de  l'abbaye 317 

1600.  Arrêt  du  Conseil  d'Etat  qui  décharge  l'abbaye  de  la  contribution 

aux  décimes  du  don  gratuit 318 

1602.  Aveu  rendu  à  l'abbaye  de  Grestain  pour  le  Jardin  du  Scellier,  assis 

à  Fiquefleur 319 

1603.  Bail  des  dîmes  de  Barneville-sur-Mer 320 

1603.  Pouvoir  donné  pour  prendre  possession  du  prieuré  de  Saint-Astier.  320 
1607.  Baux  de  dîmes  sur  les  paroisses  de   Beuzeville,  Saint-Pierre-du- 

Chàtel,  HouUeville  et  Gonneville-sur-Honfleur 321 

1!107.  Bail  d'un  trait  de  dîmes  à  Gonneville-sur-Honlleur  et  à  Genneville.  322 

1697.   Bail  des  droits  de  pêche  sur  la  Seine 323 

1607.  Bail  de  la  sieurie  de  Saint-Quentiii-les-Chardonnets 325 

1607.  Bail  des  droits  de  pêche  sur  la  Seine 325 

1607.  Transaction  relative  au  prieuré  de  Saint-Nicol,  à  Honfleur 326 

1607.  Baux  de  terres  assises  sur  les  paroisses  de  Carbec,  Saint-Pierre- 

du-Châtel,  etc 327 

1608.  Bail  du  moulin  de  Carbec 328 

1609.  Arrêt  du  Parlement  de  Rouen  qui  autorise  la  recherche  en  justice, 

par  audition  de  témoins,  des  tenanciers  de  l'abbaye 329 

1610.  Bail  des  dîmes  de  Munneville-sur-Mer 331 

1610.  Quittance    d'une  redevance  due  à  la  léproserie  de  Saint-Laurent 

de   Grestain 332 

1610.  Redevance  due  à  la  léproserie  de  Saint-Laurent  de  Grestain. . .  .  333 
1612.   Arrêt  du  Parlement   de   Rouen,  rendu    en  faveur    de   l'abbaye    au 

sujet  des  droits  de  varech 333 

1612.  Accord    conclu   entre    l'abbé    de    Grestain    et    Raoullin    Goulley, 

maître  de  navire,  au  sujet  des  droits  de  varech 334 

1612.  Marché  pour  le  pavement  du  pont  de  Saint-Sauveur 334 

1013.  Quittances   de    divers    religieux    de    Grestain    pour  leur    pension 

annuelle 335 

1615.  Accord  au  sujet  du  droit  de  pâturage  sur  les  bancs  de  la  Seine 336 

1630.  Aveu   rendu  aux    religieux   de   Grestain  pour  un  tèneraent  sis  à 

Fiquefleur 337 

1632.  Procuration  donnée  par  Augustin  de  Thou,  abbé 338 

1633.  Aveu    rendu    aux  religieux    de  Grestain  pour  un  tènement   sis  à 

Honfleur 339 

1633.  Consentement    donné    par    les    religieux    à    la  nomination    d'un 

procureur  de  l'abbaye 340 

1634.  Aveu  relatif  à  une  pièce  de  terre  située  à  La  Rivière  du  Neufbourg.  340 
1640.  Bail  par  les  religieux  du  revenu  de  leurs  chapelles  ou  bénéfices..  341 
1643.  Lettres  patentes  sur  arrêt  du  Parlement  de  Rouen  qui  ordonne  de 

procéder  aux  réparations  des  bâtiments  de  l'abbaye  et  prescrit 

d'y  employer  le  tiers  du  revenu 342 


TABLE    CHRONOLOGIQUE  433 

DATES  PAGES 

lGi4.  Transaction  entre  Denis  Sanguin,  abbé,  elles  religieux  de  l'abbaye.  344 
1646.  Dénombrement  servi  au  roi   pour  la  baronnie  de   Grestain  et  les 

autres  fiefs  tenus  du  domaine 34a 

16o0.  Aveu  rendu  aux  abbé,  religieux  et  couvent  de  Grestain  pour  le 

fief  Courage 3^0 

1663.  Procès-verbal  de  l'étal  des  bâtiments  de  l'abbaye 331 

1667.  Arrêt  du  Parlement  de  Rouen  accordant  main-levée  des  deux  tiers 

de  ses  deniers  à  Denis  Sanguin,  abbé 339 

1672.  Arrêt  du  parlement  de  Rouen  entre  M"'-  de   Longue  ville,  l'aijbaye 

de  Grestain  et  ramiraulé  de  Quillebeuf,  loucbanl  les  droits  de 

pêche  et  de  varech 360 

1691.  Bail  du  revenu  temporel  de  l'abbaye 368 

1691.  Bail  de  la  maladrerie  de  Saint-Laurent 371 

1716.  Bail  de  la  chapelle  des  Ladres 371 

1725.  Procuralion  donnée  par  Chrysanthe  de  Lévis,  abbé 372 

1744.  Procuration  donnée  par  M.  de  Renty,  abbé 373 

1744.  Acte  capilulaire  des  religieux 3/4 

1744.  Accord  conclu  entre  M.  de  Renty,  abbé,  et  les  religieux 373 

1744.  Bail  du  revenu  temporel  de  labljaye 378 

1747.  Plaids  de  gage-piège  et  de  recette  de  la  baronnie  de  Grestain 379 

1737.  Demande  de  réunion  à  riiôpilal  de  Honfleur  de  la  mense  conven- 

tuelle      392 

1738.  Concordat  relatif  au  projet  de  réunion  de  la  mense  conventuelle 

de  l'abbaye  de  Grestain,  de  celle  de  Royal-Pré  et  de  la  commu- 
nauté des  Dominicaines  de  Pont-l'Évèque,  en  faveur  du  petit 
séminaire  de  Lisieux  et  des   hôpitaux  de  Honfieur  et  de  Pont- 

l'Évêque 393 

1766.  Bail  du  prieuré  de  Saint-Nicolas -du-Val-de-Claire 399 

1784.  Aveu  du  manoir  de  la  Berquerie 400 

1788.  Bail  du  prieuré  de  Saint-Nicol 401 

1789.  Procès-verbal  par  lequel  Dom  Dalbiac  proteste  contre  la  délibéra- 

tion des  officiers   municipaux  de    Honfleur  relative    aux    Etats 

généraux 404 

1789,  Bail  des  dîmes  de  la  paroisse  de  Xotre-Dame-du-Chàtel 406 

1790.  Revenus  de  la  mense  abbatiale 408 

1790.  Revenu  du  desservant  de  la  chapelle  de  Grestain 414 

ADDITIONS    AUX    PIECES    JUSTIFICATIVES 

1324.  Fiefferme   aux   religieux   de   Grestain  des  moulins  et  du  four    de 

Sainte-Scolasse-sur-Sarthe 413 

1600.   Arrêt  donnant  décharge  de   120  écus  aux  religieux  de  l'abbaye  de 

Grestain 417 


MAC(i>\  l'uoTAT  Fiii;iu;s.  iMi'iuMi:iiis. 


La  Bibliothlq'ae 
Université  d'Ottawa 
Echéfioice 


The  Library 
University  of  Ottawa 
Date  due 


a39003     002733508b 


CF  ce  oeoi 

.L75B3  1904 
CGC   6REAR0» 
ACC#  1072235 


CHAR  ABBAYE  DE  NC