/y y-r
Digitized by the Internet Archive
in 2011 with fùnding from
University of Toronto
http://www.archive.org/details/lafrancmaonneOObord
^ ^ ,nu
L, A
FRANC-MAÇONNERIE
EN FRANCE
FRANC-MAÇONNERIE. — T. I.
BIBLIOTHÈQUE D'HISTOIRE NATIONALE
Période révolutionnaire
GUSTAVE BORD
LA
FRANC-MAÇONNERIE
EN FRANCE
DES ORIGINES A 1815
TOME PREMIER
LES OUVRIERS DE L'IDÉE RÉVOLUTIONNAIRE
(1688-1771)
*ff-
NOUVELLE
LIBRAIRIE NATIONALE
85, RUE DE RENNES, 85
PARIS
^
Il a été tiré de cet ouvrage vingt exemplaires sur papier de
Hollande numérotés de 1 à 20.
HS
éô3
Tous droits de traduction et de reproduction réservés
pour tous pays.
A MADEMOISELLE LOUISE SAZERAT
En te dédiant mon œuvre, ma chère tante, il m* est
doux de me souvenir de la tendresse discrète et profonde
dont tu as entouré mon heureuse enfance et du dévoue-
ment admirable avec lequel tu mas consolé et soutenu
dans les jours de malheur.
Gustave BORD.
Paris, ce 14 octobre 1908.
PRÉFACE
Depuis plus d'un siècle les historiens et les écono-
mistes se demandent comment un pays, foncièrement
monarchique et catholique comme la France, a pu
brusquement changer d'idéal et de foi. Suivant leurs
passions politiques ou religieuses, ils ont donné à ce
phénomène social les causes les plus diverses.
Il est hors de toute discussion que la société fran-
çaise était gravement malade à la fin du xvnie siècle,
puisque de son sein sont sortis les doctrines et les ac-
teurs de la Révolution. Ce qu'il nous paraît important
de savoir, ce n'est donc pas si le corps social était con-
taminé, mais de quel mal il était atteint. Se mourait-il
de vieillesse, avait-il une maladie organique, ou était-il
en proie à une maladie infectieuse résultat d'une
inoculation morbide? Le mal était-il guérissable ou
mortel ?
Aucun historien de bonne foi n'a mis en doute que
l'âme du pays ne fût royaliste et croyante. L'Etat ne
succombait pas faute de l'aliment nécessaire à son fonc-
tionnement régulier; le déficit financier n'eut de gra-
vité que parce que les adversaires de la monarchie
s'en firent une arme. En réalité le mal, superficiel et
passager, n'atteignait pas le gouvernement dans son
VIII LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
essence même ; à l'extérieur, la France était puissante
et respectée.
Aucun pays ne jouissait alors de plus de libertés,
d'esprit de tolérance, que la France. Son gouverne-
ment paternel était d'une douceur extrême, souvent
même débonnaire ; si on le compare au gouverne-
ment anglais qu'on lui oppose sans cesse, il faudra
constater que quarante ans s'étaient à peine écoulés
depuis la répression féroce de Cumberland en Ecosse
et des ministres en Irlande. A la veille de notre Révo-
lution, les catholiques, exclus de toutes les fonctions
publiques, étaient traqués dans les rues de Londres
par le sémeutiers dirigés par le maçon Gordon. Le
moindre attorney distribuait, sous des noms différents,
des lettres de cachet dont les rois de France se ser-
vaient de moins en moins. Le régime barbare des
prisons anglaises, comparé au régime de la Bastille (1),
est tout à l'avantage de la forteresse royale.
La jurisprudence anglaise avait, plus que la nôtre,
envahi et déformé l'esprit des lois. C'est sur ce dernier
point cependant que le gouvernement de la France
était le plus attaquable ; mais les parlements étaient
plus responsables que le roi et son conseil de cet en-
combrement judiciaire.
Dans la Grande Chambre siégeaient officiellement
les adversaires les plus déclarés du pouvoir royal.
Néanmoins, sans la faiblesse incompréhensible du
souverain, la monarchie française, qui avait en maintes
circonstances prouvé sa souplesse et son énergie,
(1) Voir à ce sujet la réponse du solliciter Thomas Evans au
pamphlet de Linguet : Réfutation des Mémoires-.., p. 36, 39 et 54.
PREFACE IX
aurait dominé l'esprit public, mis à la raison les
parlements révoltés et vaincu l'inertie de leur résis-
tance.
Il faut donc qu'un mal plus terrible ait envahi ce
qu'on appelait alors l'opinion publique ; le but de cette
étude est de prouver que le mal, qui devait contaminer
le monde entier, n'était pas seulement la franc-maçon-
nerie, mais surtout l'esprit maçonnique.
C'est bien là qu'il faut chercher les véritables causes
et l'explication logique de la Révolution : identité des
formules et des dogmes de la maçonnerie avec les
principes de 1789; les maçons et les jacobins emploient
les mêmes manœuvres et livrent les mêmes combats.
L'esprit maçonnique enfanta l'esprit révolutionnaire,
voilà ce que nous voulons démontrer.
Je ne puis me dissimuler la difficulté de la tâche que
j'ai entreprise : écrire, au milieu de notre époque de
luttes ardentes et de haines féroces, une histoire im-
partiale de la franc-maçonnerie en France, en un mot
faire œuvre d'historien et non de polémiste, semble
presque impossible.
Cependant j'ai voulu, avec intensité, être juste envers
ceux qui ne pensent pas comme moi ; par réaction,
j'ai peut-être été dur envers mes amis. Je m'en excuse,
mais je ne le regrette pas.
L'étude de la franc-maçonnerie a été l'objet de
nombreux travaux depuis une cinquantaine d'années.
Presque tous sont l'œuvre d'adversaires déclarés de
l'Ordre ; la plupart des auteurs sont plus que des ad-
X LA FRANC- MAÇONNERIE EN FRANCE
versaires, ils sont des ennemis acharnés d'une institu-
tion qui les irrite, les trouble et les déconcerte d'autant
plus que ceux qu'ils attaquent ne répondent jamais,
laissent le débat sommeiller, empêchant ainsi la
discussion sinon de naître, au moins de prendre
corps.
Les francs-maçons, de leur côté, ont publié divers
ouvrages sur l'histoire de leur Ordre ; quelques-uns sont
bien faits, mais leurs auteurs ne disent que ce qu'ils
savent ou peuvent dire : tels ceux de Ragon, Rebold.
Jouaust, Amiable, Daruty, Findel, Gould, etc. La plu-
part de ces ouvrages paraissent même être des œuvres
de bonne foi. En dehors des documents manuscrits,
pour établir ma conviction, j'ai eu souvent recours à
leurs aveux et jamais aux accusations de leurs contra-
dicteurs, lorsque celles-ci n'étaient pas justifiées par des
preuves indiscutables.
Malgré tous ces travaux, par suite de la passion des
adversaires, plus on a écrit sur la matière, plus on
semble avoir fait l'obscurité sur le sujet traité.
A quelles causes peut-on attribuer de semblables
résultats ?
Est-ce à dire, d'après l'exposé ci-dessus, que la franc-
maçonnerie soit injustement attaquée ?
Après avoir étudié la franc-maçonnerie, adversaire
sincère et convaincu de l'idée maçonnique, j'ose le
dire, sans parti pris, je crois que les causes de l'im-
broglio dans lequel les partis se débattent tiennent aux
raisons suivantes :
Les anti-maçons déterminés cherchent d'une pari
ce qui n'existe pas : l'origine juive de l'Ordre, ou
PRÉFACE XI
une direction occulte exclusivement dans les mains de
l'Angleterre.
Les francs-maçons, de leur côté, se taisent sur ces
questions, parce qu'ils n'en savent pas plus long sur
leur Ordre que leurs adversaires ; beaucoup parmi
eux croient même, comme de simples profanes, aux
fameux secrets qu'ils espèrent connaître quand ils
seront plus avancés dans les hauts grades. D'autre
part, les attaques dirigées contre eux ne sont pas
faites pour leur déplaire ; elles leur donnent un
prestige mystérieux dont ils profitent ; le silence des
frères apparaît sousforme de prudence et de discrétion,
alors qu'il a son origine uniquement dans leur igno-
rance qui devient ainsi de l'habileté.
Quelle définition peut-on donner de la franc-maçon-
nerie ?
La franc-maçonnerie est une secte religieuse, qui, après
quelques tâtonnements, s'organisa surtout en Europe,
vers 1725, professa une doctrine humanitaire inter-
nationale et se superposa aux autres religions.
Son but avoué était de faire arriver les hommes à un
état de perfection basé sur leur égalité sous toutes les
formes ; indifférente à toutes les religions, elle devait
conduire ses adeptes à ne croire à aucune. La générali-
sation de l'idée égalitaire devait l'amener rapidement à
combattre même l'hypothèse d'une supériorité divine et
à nier l'existence d'un être supérieur, créateur du monde.
Sa définition d'un Dieu simplement architecte de l'uni-
vers supprime, en effet, le Dieu créateur, base de toutes
les religions révélées. Le Dieu des francs-maçons est
simplement la force qui régit la matière, la loi de l'uni-
XII LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
vers dont les hommes ne peuvent percevoir que les ma-
nifestations sensibles à leurs sens limités ; un Dieu
inconscient du bien et du mal, qui conduit ses adeptes à
admettre qu'il n'y a ni bien ni mal absolus en dehors
des nécessités de leur propre conservation. Pour la
secte, toute autorité est un mal provisoirement néces-
saire, qu'on doit tendre à supprimer pour arriver à l'état
de perfection. Les prêtres de cette religion d'incroyants
sont les initiés actifs ; les fidèles, conscients ou incons-
cients, sont tous les profanes incroyants et tous ceux
imbus des idées égalitaires, car les uns et les autres
collaborent au succès du Grand Œuvre : maçons par-
faits, initiés incomplets ou profanes latomisés (1).
La franc-maçonnerie ne tend donc pas à un perfec-
tionnement des sociétés existantes en tenant compte de
leurs origines, de leur tempérament, de leur situation,
mais à un retour à l'état de nature, à une agglomération
d'êtres humains, satisfaits d'une vie végétative, pourvu
que ses avantages matériels soient également répartis
entre tous les citoyens.
La maçonnerie spéculative, celle qui fera l'objet de
cette étude, a emprunté ses idées et ses formules à la
maçonnerie professionnelle.
Cette première forme de la maçonnerie corporative,
assurément fort ancienne, correspondait à une société
restreinte, à une sélection hiérarchisée dans laquelle
on pouvait appliquer utilement les doctrines d'égalité.
Lorsque la maçonnerie s'est développée, lorsqu'elle a
frappé aux portes de tous les métiers, de toutes les
(1) Par latomisé nous désignons toutes les personnes, initiées
ou profanes, imprégnées de la doctrine maçonnique.
PRÉFACE XIII
professions, elle est devenue nécessairement destruc-
tive de tout ordre social.
Sur elle sont venus se greffer tous les esprits curieux
chimériques. Cette lutte contre tout principe d'autorité
n'était certes pas nouvelle ; au moyen âge, les pas-
sionnés de religion naturelle avaient déjà pris toutes
les formes : métaphysiciens, ils s'étaient jetés dans
la kabbale; savants, dans l'alchimie; médecins, dans
l'empirisme ; astronomes, dans l'astrologie...
Plus tard, ces assoiffés de liberté absolue, d'égalité
chimérique, de libre examen, ont fait la Réforme, le
jansénisme, l'encyclopédisme, la maçonnerie et le
jacobinisme.
Si les jacobins ont été les triomphateurs éphémères
de l'entité égalitaire, les francs-maçons en ont été les
protagonistes ; ce sont eux qui ont mis les combattants
en présence, après avoir préparé le terrain de telle façon,
que l'ancienne France devait fatalement succomber.
La franc-maçonnerie n'est pas née spontanément,
elle n'est pas non plus une société secrète antique,
ayant traversé et dirigé l'humanité depuis des siècles,
et qui ne s'est trahie que lorsque son succès s'est mani-
festé d'une manière indiscutable. Elle est née lente-
ment, poursuivant tour à tour des buts différents. L'or-
ganisation matérielle qui avait présidé à sa constitu-
tion prit, à la longue, la forme d'un dogme, puis celle
d'une idée sociale transformatrice, lorsque les francs-
maçons imaginèrent de réglementer l'humanité sur le
modèle de leur Ordre. C'est à partir de ce moment que
XIV LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
naquit vraiment la franc-maçonnerie telle qu'elle
existe encore de nos jours.
La franc-maçonnerie est, depuis près de deux siècles,
une société secrète dans le sens strict du mot. En effet,
quel que soit le but qu'elle poursuit, en admettant que
ce but soit celui qu'elle proclame, elle fait tous ses
efforts pour tenir cachées aux profanes ses délibérations
et ses décisions. Si toutes les fantasmagories initia-
tiques qu'elle pratique ont un caractère mystérieux
d'apparence puérile, le serment du silence a des consé-
quences beaucoup plus graves, bien que ce serment ait
une tare initiale qui ne devrait pas affecter la cons-
cience de ceux qui l'ont prêté, puisqu'on le leur a fait
faire au sujet d'engagements imprécis, et même non
révélés.
Le caractère secret de la société maçonnique a en-
traîné ses adversaires dans une série de fausses déduc-
tions. Ils ont défini la franc-maçonnerie, sous prétexte
qu'elle cachait ses délibérations : société qui détient un
secret religieux, social et politique, ayant un but caché
criminel, et ils se sont mis à la recherche de ce
secret.
« Faire croire qu'on dispose d'une puissance occulte,
c'est presque la posséder », est un axiome maçon-
nique. La F.-., M.*., en effet, a intérêt à laisser croire
qu'elle a eu et qu'elle a encore une influence occulte lui
permettant d'intervenir dans l'histoire des peuples
chaque fois qu'elle le croit nécessaire. L'affirmation
est facile à faire et impossible à contrôler ; le maçon
mis en mesure de faire la preuve de ses assertions se
retranche toujours derrière son fameux secret. Ceux
PREFACE XV
qui l'attaquent sur ce terrain ou sont ses complices,
ou font naïvement son jeu (1).
Lorsque le dogme maçonnique naquit, ses protago-
nistes entrevirent-ils les résultats sociaux que devait
produire son application? Assurément non. Aucun
esprit n'était assez profond et assez avisé pour prévoir
le cataclysme qu'il devait enfanter. On peut même dire
que ceux qui soulevèrent la tempête étaient à ce point
aveugles qu'ils furent les premières victimes de la tour-
mente. Cela était logique ; cela était juste. N'est-ce pas
ainsi que la Providence, l'Etre suprême comme di-
saient les jacobins, intervient dans les actes collectifs
des hommes et fait marcher l'histoire des peuples ?
Nous aurons donc à prouver, au cours de cet ouvrage,
que, pendant tout le xvme siècle, la propagation de
l'idée maçonnique fut funeste à la société, et que cette
idée, néfaste par essence, entraîna, sans qu'ils s'en
soient doutés, la plupart des francs-maçons beaucoup
plus loin qu'ils ne l'avaient prévu.
Mais encore faut-il distinguer les maçons conscients
isolés dans une vingtaine de loges, des maçons incons-
cients qui furent le plus grand nombre : dans les
tableaux des loges, nous voyons figurer des représen-
tants de toutes les branches de la société française ;
le bataillon serré s'avance, maillets battants, à la con-
(1) Un f.'.-m.*. me disait textuellement il y a quelques jours :
« Une puissance inconnue du vulgaire mène le monde depuis sa créa-
tion ; elle intervient dans l'histoire des peuples chaque fois que
cela est utile ; cette force qui provient de Dieu ou du Diable,
appelez-la comme vous voudrez, moi je l'appelle la f.\-m.\ »
Phénomène curieux produit par la latomisation ; mon interlocu-
teur était sincère.
XVI LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
quête de l'autorité pour la supprimer. Côte à côte
défilent la noblesse authentifiée par d'Hozier et la
noblesse née d'hier, incertaine ou usurpée ; le clergé
janséniste et l'armée ; la magistrature et le barreau ; la
finance et l'administration ; la grande et la petite bour-
geoisie ; l'industrie et le commerce...
Et lorsqu'on commence à entrevoir quelle sera
l'issue du combat, la plupart des metteurs en œuvre se
retirent et regrettent l'ouvrage accompli. Parmi les
maçons, il faut le reconnaître, parce que c'est la vérité
et la justice, il y eut plus de victimes que de bourreaux.
Si nous en rencontrons dans les assemblées électorales
de 1789, à la Bastille le 14 Juillet et à Versailles les
5 et 6 Octobre, nous en trouvons au Dix Août, aux
Tuileries; en Septembre, ils sont foule dans les prisons,
et on en rencontre à Coblentz, à Bruxelles et à Londres
aussi bien qu'à la Force ou à la Conciergerie...
Le dogme nouveau, déformation d'une vérité chré-
tienne, pouvait, il est vrai, séduire des esprits généreux
mais superficiels. Mais aussi il développa outre mesure
la juste fierté humaine et la transforma en orgueil
dégradant et haineux ; transportée du cercle limité
d'une loge à l'humanité entière, l'évolution de ce
dogme devait conduire les peuples à la haine de toutes
les supériorités sur la terre et à la destruction de toute
croyance en un Dieu créateur et maître du monde.
Lorsque le Christ a enseigné l'égalité et l'humilité,
il a dit aux despotes qui gouvernaient le monde :
Devant mon Père, vous n'êtes pas plus que ceux que
PREFACE XVII
vous dominez sur cette terre. Cette idée sublime de
V humble égalité qui régénéra l'humanité, se trans-
forma, sous l'impulsion de la franc-maçonnerie,
en une idée abominable, parce que ceux qui la pilotè-
rent, enseignèrent Yégalité orgueilleuse et qu'ils dirent
aussi bien à la brute qu'à 1 infortuné : Vous êtes les
égaux des plus hautes intelligences, des puissants et
des riches et vous êtes le nombre.
C'est ce dogme, chrétien en apparence, que la franc-
maçonnerie répandit. A défaut d'initiés proprement
dits, la propagande égalitaire fît des latomisés dont le
rôle fut très important : Diderot, d'Alembert, Rousseau,
la Baumelle, Maupertuis, n'étaient probablement pas
maçons ; Voltaire ne fut initié que quelques mois
avant sa mort, alors que son œuvre destructrice
était faite depuis longtemps.
Le latomisé fut, à la vérité, un perturbateur tout
aussi terrible que l'initié, car sa mentalité était la
cause fatale de l'ambiance créée par le dogme égali-
taire. La mentalité maçonnique agissait en effet autant
sur le latomisé que sur l'initié, et la plupart d'entre
eux ne voyaient pas exactement la transformation
que la maçonnerie avait produite sur leur intelli-
gence, sur leur volonté et sur leur conscience. Voilà
précisément où se trouve la force de la franc-maçonne-
rie. Là aussi est le danger qu'elle présente.
Le premier effet de l'initiation est de purifier l'ap-
prenti de toute mentalité chrétienne, s'il en a une ;
puis, le compagnon revenu à l'état dénature, sans pré-
jugés religieux et sociaux, sera capable, en devenant
maître, d'avoir une mentalité nouvelle.
LA FRANOMACONNERJE. — T. I. b
XVIII LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
L'enfant élevé dans la religion chrétienne voit, juge
et agit chrétiennement ; le maçon né à la lumière du
temple verra, jugera et agira maçonniquement.
Point n'est besoin de lui suggérer ses actes. Le Maître
Parfait, en présence d'un jugement à porter, d'une déci-
sion à prendre, jugera et agira d'instinct, suivant les
préceptes de la maçonnerie, pour le bien de l'Ordre; à
la discipline chrétienne aura été substitué l'esclavage
maçonnique, esclavage inconscient et par cela même
plus complet, plus dangereux. L'initié n'a plus le libre
arbitre du chrétien, il est revenu à la fatalité antique.
Il ne doit plus compte de ses actes à un Dieu omni-
scient qui récompense ou punit dans ce monde ou dans
l'autre, mais à lui-même, et seulement sur cette terre,
avant de s'abîmer dans le néant d'une mort définitive
et complète.
La brute et l'homme de génie, le bon et le coupable,
mélangeront leurs poussières semblables pour retourner
à la matière ; sorti du protoplasme, l'homme retournera
à la vibration cosmique. L'âme, simple ferment, s'a-
néantira pour l'éternité. Rien avant, rien après. Dans
un temps indéfini, la terre elle-même retournera au
chaos, roulant d'un même rythme dans l'espace, avec
la matière diffuse, ce qui fut lame humaine.
Tous les initiés ne peuvent aller jusqu à ces dernières
conséquences ; combien s'arrêtent en chemin, doutant
aussi bien du néant que de la vie éternelle, indécis, sans
croyances quelconques, désespérés! Ceux-là ne sont
plus des chrétiens, mais ils ne sont pas des maçons
parfaits. Néanmoins ils feront œuvre de maçons, agi-
ront en maçons.
ii m-: face xix
Je n'ignore pas qu'en attaquant le dogme de l'égalité
je prête le flanc à des accusations de tous genres et
que les moindres sont de me faire dire, sous une forme
plus ou moins dédaigneuse, plus ou moins courtoise,
que je suis né trop tard dans un monde trop jeune ;
que je ne suis pas un homme de progrès; que je suis
paradoxal et peut-être encore plus ou moins que tout
cela, selon qu'on voudra l'entendre moins ou plus.
A ces objections je répondrai par avance, qu'il me
paraît, au contraire, que je suis venu trop tôt dans un
monde déjà vieux ; que je ne crois pas à la pérennité de
ce qu'on appelle l'esprit nouveau ; que tout dogme social
qui a pour base la haine et l'orgueil ne peut avoir
qu'une existence momentanée, que les grandes œuvres
ne peuvent être faites que par des hommes isolés et
non par des collectivités, et que les deux grandes forces
qui doivent conduire les hommes de demain sont la
bonté et l'énergie.
Or, depuis que la franc-maçonnerie a été introduite
en France, on n'a pas cessé, sous prétexte d'égalité, de
conduire le grand troupeau des violents à l'assaut de
toutes les supériorités, sous prétexte qu'elles ne repré-
sentaient pas le plus grand nombre.
Après m'être lu et relu, dans le calme de ma
conscience, je n'ai rien trouvé à changer à mes conclu-
sions, résultat d'un labeur considérable dont le lecteur
pourra apprécier l'étendue.
Mon opinion a été formée et mon jugement rendu en
toute indépendance de conscience ; pour être sincère, je
XX LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
dois reconnaître cependant que ce n'est ni en spectateur
indifférent, ni en citoyen du monde que j'ai vu les
choses et les gens, mais en amant passionné de celle
qui est toujours pour moi la douce France, que j'aime
avec ardeur, de cette généreuse France dont le grand
passé me fait espérer dans son avenir, malgré toutes
les tristesses de l'heure présente.
Les épreuves de la vie et les ans aiguisent ou adou-
cissent les angles ; le temps nous rend impitoyable ou
indulgent. J'ai pensé qu'il était plus habile et plus
particulier d'essayer d'être très indulgent, et je crois
l'avoir été.
Dans mon étude du grand conflit du xvine siècle
entre la maçonnerie et le reste de la France, je n'ai
pas perdu de vue un instant que, quoi qu'ils puissent
dire ou faire, les maçons, vienne le temps de l'épreuve,
sentiront malgré eux le vieux sang des aïeux circuler
avec intensité et annihiler l'éducation artificielle et
provisoire de leur cerveau. Beaucoup, parmi les adver-
saires actuels de l'Ordre, ne sont-ils pas les descen-
dants des initiés du xvme siècle?
Mon travail veut donc être une œuvre d'apaisement et,
quelque paradoxale que ma prétention puisse paraître
dans les circonstances actuelles, je persiste à croire
que l'on peut tenter encore de réconcilier l'ancienne
France avec la France moderne ; non pas que je veuille
faire renaître le passé de toutes pièces : le passé est
mort ; mais la vie d'aujourd hui n'est-elle pas fille des
morts d'hier, des morts d'il y a des siècles? Les fleurs
poussent sur les tombes.
Si je veux emprunter au passé les grandes lignes de sa
PREFACE XXI
tradition pour la direction à imprimer à nos destinées
politiques, à l'intérieur comme à l'extérieur, je n'imagine
pas un instant qu'on puisse prétendre à rétablir notre
ancien état social. Par contre, je ne conçois pas non
plus qu'on puisse ériger en axiome et encore moins en
dogme , que notre état social actuel est une arche
sacrée, renfermant la nouvelle Bible de l'humanité
future.
Si, pour rendre mon récit vivant et sincère, je me
suis attardé dans de menus détails, je n'ai retenu dans
mes conclusions que les grandes lignes de l'ensemble ;
si j'ai décrit des usages et des fêtes ridicules, j'ai aussi
indiqué certaines solennités maçonniques qui n'étaient
pas sans grandeur.
Je considère qu'il faut élever la discussion au-dessus
de ces misères et de ces actes louables, dégager la
thèse maçonnique et montrer résolument, nettement,
son opposition avec la croyance nécessaire à toute
société.
La franc-maçonnerie s'est posée, à ses débuts, en
défenseur de la religion naturelle : croyance à l'au-
delà, à l'existence de Dieu et à l'immortalité de l'âme,
basée sur les seules données de la raison ; mais, peu
à peu, cette religion naturelle s'est transformée en
simple morale sociale, basée sur l'éternité de la ma-
tière, et après avoir passé par le panthéisme, elle a
abouti à la négation de la Divinité.
Ses adversaires croient, au contraire, que la religion
naturelle n'est que l'étape nécessaire pour arriver à la
religion révélée et à toutes ses conséquences : croyance
en l'au-delà, basée sur les lumières surnaturelles de la
XXII LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
S
raison, grâce à une intervention directe de la Divinité,
apportant la vérité aux hommes.
Au fond, toute la lutte religieuse est circonscrite à
l'opposition de cette thèse à cette croyance.
Au point de vue social, l'antagonisme est tout aussi
tranché.
En étudiant le développement des loges et les trans-
formations de leurs doctrines, nous verrons la lutte
s'engager et les résultats sociaux obtenus par le triomphe
des ateliers de la maçonnerie.
Sans prétention électorale, je puis oser dire ce que
de nombreux esprits, cultivés et sincères, n'osent mur-
murer et encore moins écrire.
La doctrine de l'égalité me révolte, parce qu'elle
conduit infailliblement à la négation de toute hiérarchie
indispensable, parce qu'elle nous ramène forcément au
socialisme d'Etat, première forme de toute société qui
sort des limbes de la barbarie, dernier spasme de toute
société qui meurt ; parce qu'elle détruit inévitablement
la famille et l'individualité ; parce qu'elle a pour consé-
quence inéluctable la négation de la supériorité divine
qu'elle remplace par la loi du nombre.
Pour lutter contre de semblables doctrines, le pouvoir
seul peut intervenir utilement. En France, moins
qu'en tout autre pays, il ne peut se former de sociétés
pour défendre purement et simplement le gouverne-
ment constitué. Si, par hasard, des essais sont tentés,
ils aboutiront à un but opposé à celui qu'on voudra
poursuivre. Les défenseurs du pouvoir ne seront pas
PREFACE XXIII
désintéressés. Ils voudront protéger et réclameront des
privilèges ; en cas de refus, ils crieront à l'injustice, à
l'ingratitude et concluront à l'inutilité du dévouement.
Les défenseurs du pouvoir deviendront ses pires
ennemis.
La Révolution accomplie, au nom du dogme maçon-
nique, les loges elles-mêmes n'échapperont pas à cette
loi fatale ; le gouvernement qu'elles auront créé, au
nom même du dogme de l'égalité, se refusera à leur
reconnaître des privilèges de fondateurs ; la Révolution
se retournera contre eux. En ne tenant pas compte de
ces lois sociales, l'historien est désorienté, il ne com-
prend pas, il trouve illogiques toutes les hypothèses
qu'il peut imaginer. Comment expliquer autrement,
en effet, que l'on retrouve presque tous les maçons de
1788 et 1789, soit hors de France, soit sous le couteau
de la guillotine ?
Il faut reconnaître aussi que la royauté fut cou-
pable : non seulement le gouvernement royal ne sup-
prima pas la maçonnerie, mais encore il l'encouragea.
Louis XVI et ses frères étaient maçons-protecteurs.
Depuis longtemps les princes du sang et la noblesse
de cour faisaient partie de l'Ordre. Les premiers, et
avec eux les légitimés, affectaient une soumission
chagrine à la personne du roi. Au pied du trône, au
nom de l'égalité, ils regrettaient de n'être pas assis à
côté ou même à la place du roi. De leur côté, les repré-
sentants des anciennes grandes familles, quasi royales,
n'avaient pas oublié qu'il avait été un temps où elles
marchaient de pair avec la maison de Bourbon et que,
pour les dompter, il avait fallu Louis XI, Richelieu et
XXIV LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Louis XIV. Combien souffraient de ne plus être
appelés qu'à faire partie de la haute domesticité de la
couronne ! Les intrigues de cour ressemblaient à de
véritables complots. On frondait le pouvoir royal à
Chantilly, à Berny et à Sceaux, comme à Brunoy, à
Bagatelle et à Villers-Cotterets. Toutes ces familles prin-
cières furent représentées dans la franc-maçonnerie,
sinon par leur chef, tout au moins par ceux qui lui
tenaient de près. L'exemple fut suivi : Versailles devint
une vaste loge; on coudoyait le maçon aussi bien dans
l'Œil de-Bœuf qu'à l'office et au corps de garde. Hauts
dignitaires de l'armée et de la magistrature, maison
du roi et des princes, maison de la reine, gardes du
corps, chambre du roi...
Tout ce monde, pensionné de la liste civile, grouil-
lant, intriguant, quémandant, avait prêté serment tout à
la fois entre les mains du vénérable de sa L.\ et à la
personne du roi.
Combien ne retrouveront leur foi royaliste qu'en
présence du malheur frappant à leur porte ! Avec eux
ils auront entraîné dans l'abîme la monarchie et le
pays tout entier : le roi, l'admirable noblesse de pro-
vince, la bourgeoisie et le peuple.
La F.*. M.*, aurait été impuissante à produire ce
cataclysme, si elle n'avait été conduite et dominée par
son dogme égalitaire.
Dans notre premier volume, nous verrons manœu-
vrer les ouvriers de l'idée, ceux qui préparèrent le
terrain.
PRÉFACE XXV
Dans le second, les ouvriers du fait bouleverseront
de fond en comble le sol de notre pays et seront englou-
tis par l'abîme qu'ils auront creusé.
Dans le troisième enfin, nous verrons les ouvriers
qui auront survécu diriger encore la France vers
le chemin qu'ils lui avaient tracé et continuer en
temps de paix violente la construction du Grand
Œuvre.
Avec la franc-maçonnerie nous aurons vu passer
devant nos yeux l'image de tous les vices, et aussi, il
faut le reconnaître, celle de beaucoup de vertus. Son
recrutement avait été multiple et varié, car elle avait
frappé aussi bien aux portes des sociétés de plaisirs
vulgaires qu'à celles qui avaient des aspirations élevées,
attirant à elle tout ce qui était groupement : telle
société inavouable est venue se fondre avec telle autre
société dont le but était admirable.
Dans quelle mesure faut-il la blâmer et la louer ?
La maçonnerie a été imprégnée de toutes les vertus et
de tous les vices de son temps, et, il faut l'avouer, ceux-
ci étaient les plus nombreux.
Après avoir déroulé devant les yeux du lecteur le
tableau de toutes ces turpitudes, que faudra-t-il con-
clure ?
Que l'humanité est passée une fois de plus avec
toutes ses hontes et toutes ses beautés.
L'humanité est passée, et comme elle a souffert, le
regard de Dieu lui a donné une vie nouvelle.
L'homme, pour être vraiment digne de ce nom, a plus
besoin d'idéal que de pain, et c'est l'idéal commun qui
agrège les nations vivaces et généreuses. Cet idéal, il
XXVI LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
faut que nous le retrouvions et qu'il prenne la place de
la haine qui frappe tout effort de stérilité.
L'ancienne France avait comme idéal la religion
catholique et la royauté traditionnelle. C'est delunion
de ces deux croyances qu'est née la Patrie française;
des doctrines maçonniques ont pu nous la faire ou-
blier momentanément, mais je reste convaincu que la
France de demain reprendra ses anciennes traditions ;
que celles-ci seront d'accord avec les nécessités du
inonde moderne et que notre pays redeviendra la
nation énergique et généreuse qu'elle fut sous ses
rois.
Gustave Bord.
Paris, le 25 août 1903.
AVERTISSEMENT
Les documents auxquels nous avons emprunté les listes
de francs-maçons citées dans cet ouvrage sont trop nom-
breux et trop divers pour que nous en ayons fait mention
dans des séries de noies qui eussent encombré inutilement
presque chaque page.
Pour remédier à cette omission volontaire, nous nous
tenons à la disposition de tout représentant d'un des
noms cités pour lui indiquer les sources auxquelles nous
avons puisé nos renseignements.
Nous tenons à remercier tout particulièrement
MM. de Bessonies, Bon, Paul Fesch et Augustin Cochin
des nombreux documents quils ont bien voulu nous
communiquer.
G. B.
LA FRANC-MAÇONNERIE
EN FRANCE
CHAPITRE PREMIER
LES PRÉCURSEURS
Le problème. — Les sources des doctrines maçonniques. — Les pen-
seurs : les alchimistes. — La pierre philosophale. — L'Alcaest,
la Palingénésie et l'Homunculus. — Les principaux alchimistes ;
leurs protecteurs et leurs adversaires . — Les kabbalistes : Ray-
mond Lulle ; Thomas Morus ; Paracelse ; les Socins ; Andréa ;
Robert Fludd ; le chancelier Bacon ; Pierre Bayle ; Sweden-
borg ; Willermoz.
Qu'est-ce que la franc-maçonnerie ? — Ce problème
a été souvent posé ; presque toujours on y a répondu
de façons différentes, et la multiplicité des solutions a
fait la confusion et le mystère, au profit des maçons
et au plus grand dommage de ceux qui les attaquent.
On a voulu personnifier la maçonnerie dans une
succession de grands maîtres inconnus, connaissant
seuls le secret de l'Ordre et seuls le dirigeant. Cette
société, d'après les uns, aurait eu le même but caché
et la même organisation mystérieuse depuis son ori-
gine; d'après les autres, 1 Ordre n'est qu'une société de
secours mutuels et de bienfaisance.
LA FRANC-MAÇONNERIE. — T. I. 1
À LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Les deux affirmations sont également fausses lors-
qu'on les rapporte à toutes les époques de la maçon-
nerie ; elles sont la source de multiples erreurs.
Pour trouver la solution du problème, essayons
d'abord de le poser.
N'y eut-il qu'une espèce de franc-maçonnerie ? Son
but fut-il toujours le même ? A-t-elle eu successive-
ment un ou quelques chefs connaissant seuls le secret
du but de la société ?
Nous démontrerons que d.cvr: maçonneries se succé-
dèrent : l'une, la plus ancienne, composée de gens de
métier, de constructeurs, et que nous appellerons cor-
porative ; l'autre, celle qui la remplaça, composée
d'amateurs de philosophie et de sciences, que nous
appellerons spéculative (1).
La substitution ne se fît pas brusquement de la pre-
mière à la seconde forme : pendant plusieurs années
des hommes influents s'introduisirent dans la première
pour s'y livrer avec sécurité à leurs études souvent enta-
chées d'hérésies ; d'autres voulurent la dominer pour en
faire profiter leur parti politique, qui fut pendant les
premiers temps celui des Stuarts. Ces maçons, connus
sous le nom de maçons acceptés, lorsque la substitution
de l'ordre à la corporation aura lieu, donneront nais-
sance à deux courants différents : la maçonnerie jacobite
et la maçonnerie anglaise. Ces deux sœurs ennemies,
qui auraient dû représenter des adversaires irréconci-
liables, après avoir poursuivi des buts opposés, se
trouveront confondues, plus tard, par la puissance
du dogme fondamental de la Maçonnerie qui aura sub-
sisté malgré eux, parce qu'une idée est plus forte que
(1) Les Anglais appellent la première opérative. Nous avons
adopté le mot corporative, qui nous paraît plus complet, car il
suffit à exprimer que ces travailleurs opéraient en corporation.
LES PRÉCURSEURS .)
les hommes et les conduit fatalement lorsque cette idée
est vraiment puissante. Or, on ne pourra pas nier que,
si l'idée maçonnique de l'Egalité des hommes est socia-
lement détestable, elle n'en est pas moins forte et que le
maçon lui-même n'a souvent qu'un abri bien précaire
lorsqu'il a déchaîné l'orgueil de l'homme sous pré-
texte d'égalité et que le cyclone passe sur l'humanité
terrifiée.
Aussi bien, à celui qui les attaque, comme au
maçon dont sa propre lumière a brouillé les yeux, je
puis dire, après avoir étudié le problème sans haine
pour les hommes : le dogme maçonnique est une chose
grave, une pensée dangereuse, qui conduit les sociétés
aux pires cataclysmes ; ne cherchez pas dans le maçon,
tantôt un ennemi de caste ou de nationalité, tantôt
un ennemi politique ou religieux, car il renferme en
même temps tous ces dangers. La f.\-m.\ n'est pas
représentée par un homme, ni une classe d'hommes,
mais par une idée néfaste, la plus terrible qu'on puisse
imaginer : l'idée de l'égalité. Tuez l'idée ; tuez-la
d'abord en vous où elle a pénétré, et vous serez surpris
de voir le lendemain que la f.\-m.\ n'existe plus.
Les maçons furent au xvme siècle les prêtres et les
soldats du dogme égalitaire. Sous le souffle de cette
idée ils ont exercé leur sacerdoce et livré leurs com-
bats, pour la plupart inconsciemment. L'idée impla-
cable les a entraînés jusqu'au bord de l'abîme où doivent
succomber les sociétés modernes, car le dogme de
l'égalité est par essence destructeur de toute idée so-
ciale. Leurs adversaires, envahis eux-mêmes par cette
idée, n'ont pas osé jusqu'ici les attaquer sur ce terrain,
qui est le véritable terrain de lutte. Il faut le recon-
naître nettement, franchement, il n'y a plus' aujourd'hui
que deux adversaires en présence : les anarchistes
4 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
égalitaires et ceux qui veulent vivre en société avec les
hiérarchies nécessaires. Envisagée sous ce point de vue,
l'idée égalitaire domine donc l'histoire de la f.\-m.\
comme elle domine les destinées des nations modernes.
La f.*.-m.\, telle qu'elle fonctionna pendant les pre-
mières années du xvine siècle, peut être considérée
comme un équipage de savants, vrais ou faux, d'ab-
stracteurs de quintessence, de kabbalistes et de
spirites, qui, s'étant réfugiés sur un navire dont l'équi-
page ancien ne trouvait plus à s'occuper, se firent ac-
cepter par le capitaine, peu à peu s'emparèrent de la
manœuvre et se substituèrent à l'ancien équipage. Si les
hommes disparurent, leurs usages persistèrent, le nom
du navire ne fut pas changé, et de la sorte une f.\-m.\
de penseurs se substitua à une franc-maçonnerie de
constructeurs maçons.
Au moment du renouvellement de l'équipage, les
nouveaux venus étaient les représentants des libres
penseurs de l'époque, des empiriques, précurseurs des
hommes de science et des kabbalistes précurseurs
des philosophes. Cette catégorie de curieux avait
existé de tous temps, car à toutes les époques il y eut
des hommes qui cherchèrent à expliquer les phéno-
mènes de la nature et à deviner le secret de Dieu.
L'homme, dès son berceau, voulut connaître les causes
de son origine, le but de son existence et sa destinée
après sa mort. Il voulut goûter au fruit de l'arbre de la
science du bien et du mal, entrer en lutte avec la
Divinité, et résoudre un problème dont il ne pouvait
poser l'équation. Si les sciences firent chaque jour des
progrès, et si l'on parvint peu à peu à déchirer le voile
LES PRÉCURSEURS .)
mystérieux qui entourait certains phénomènes naturels,
tels que nous les voyons, on peut dire que les mystères
(lui enveloppent le berceau et la tombe de l'homme,
sont encore aujourd'hui aussi cachés qu'à l'aurore de
l'humanité.
Des hommes luttèrent désespérément, à la recher-
che de la vérité intangible, s'exaspérèrent, blasphémè-
rent et se révoltèrent contre le Grand Inconnu, contre
Celui qui est. Dans tous les temps il y eut des sectes
secrètes, qui prétendirent comprendre les lois qui régis-
sent l'univers ; les uns croyaient véritablement possé-
der le secret ineffable; les autres, les habiles, faisaient
de leurs mystères un appât pour la foule, prétendant
ainsi la dominer et la conduire ; tout au moins avaient-
ils trouvé le moyen de l'utiliser à leur profit.
Cette lutte est, comme nous l'avons dit, vieille
comme le monde ; à travers le temps et à travers les
peuples, elle exista sans discontinuité ; pour nous en
tenir aux temps modernes, au xvie siècle les lutteurs
s'appelèrent les réformés, fils des omniscients du moyen
âge. A ce titre ils furent les précurseurs de la f.*.-m.\
On peut donc dire que la secte des francs-maçons
incarne depuis le xvme siècle les sectes recherchant
le secret éternel de l'humanité, de ces gens qui, ne
pouvant comprendre et définir Dieu, las de le chercher
en vain, trouvèrent plus commode de magnifier la
matière et de déifier l'homme.
Envisagée sous ce point de vue, la f.\-m.\ est une
secte fort ancienne, la plus ancienne même qui fût sur
la terre ; sectaires en lutte acharnée avec l'homme
résigné qui se contente du travail, de l'amour, de la
foi et de la prière, les francs-maçons représentent, au
point de vue chrétien, l'orgueil de l'homme, l'esprit du
mal, la révolte contre Dieu.
6 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Un f.'.-m.*. homme d'esprit, de scienceet de bonne foi,
car je prétends qu'il en existe, avec lequel je discutais
ces problèmes décevants, en matière de conclusions,
me tint le discours suivant :
— Je ne discute ni ne critique vos dogmes et vos
croyances de catholique ; ils me sont indifférents. Que
ceux qui y croient les pratiquent, c'est ce qu'ils ont de
mieux à faire ; ils ne viendront jamais parmi nous ; ils
s'imaginent être avec les bons anges, soumis à la grande
force de l'Architecte de l'Univers que vous appelez Dieu ;
ils sont convaincus que nous sommes les adeptes des
démons, Lucifer, Asmodée ou Belphégor ; soit, je l'ad-
mets et je prendrai les arguments qui vont suivre dans
vos propres croyances, dans vos livres saints. Or
qu'enseignez-vous ? que les démons sont des anges
déchus et qu'au jugement dernier ils seront vaincus
par les bons anges, milice de votre divinité. Ce jour-
là, ils redeviendront de bons anges et votre Dieu, que
vous dites magnifique et plein de miséricorde, leur par-
donnera leurs méfaits passés ; il pardonnera également,
sans cela il serait injuste, à tous ceux qui auront été
entraînés par les démons ; donc le résultat sera le
même pour nous que pour vous ; nous jouirons de la
gloire éternelle et de la contemplation de Dieu ! Seule-
ment vous aurez joué un métier de dupes, et nous
aurons été des gens avisés.
Alors que vos bons anges vous enseignent la rési-
gnation et l'humilité, la sanctification de la bonne
souffrance pour mériter de franchir la porte de votre
Paradis des petits et des humbles, nos démons nous
conduisent au même séjour de délice, par des chemins
jonchés de roses sans épines, la tête haute ; c'est après
une lutte d'égal à égal que nous prenons d'assaut votre
Paradis. Tout au plus serons-nous obligés d'attendre
LES PRECURSEURS 7
pour y entrer le jour du grand jugement; mais d'ici là,
il est à croire que le démon qui nous aura conduits
dans ce monde nous protégera dans l'autre. Et, si la
mort terrestre est l'anéantissement de l'être humain,
comme beaucoup le croient, nous aurons été plus
habiles que vous en évitant des souffrances inutiles.
Aussi, ne cherchons-nous pas à recruter parmi vous
des adeptes ; impassibles, nous attendons que ceux qui
n'ont pas trouvé dans la pratique de vos croyances le
bonheur, la consolation, la paix ou la satisfaction,
viennent à nous. Ceux-là, laissez-les-nous ; ils nous
appartiennent ; nous n'en ferons pas des humbles, mais
des hommes libres, heureux à notre façon qui deviendra
la leur. Quel droit oserez- vous invoquer pour y mettre
obstacle ?
— Je conviens, lui répondis-je, que le problème ainsi
posé peut convaincre ceux qui ne croient pas et les
entraîner dans votre sillage ; mais pour cela il faudrait
nous entendre sur ce que nous appelons Dieu ; pour
vous, c'est un simple Architecte de l'Univers ; pour moi,
c'est le Créateur de toute chose. Votre Dieu, par défi-
nition, est la négation du mien. La puissance du vôtre
est limitée puisqu'il se borne à utiliser la matière qu'il
n'a pas créée, qu'il est même impuissant à créer. Enfin,
puisque vous invoquez les textes des livres saints, ou
avez-vous lu que, après avoir été terrassé, le démon
deviendra un bon ange ? Vous le déduisez par un rai-
sonnement spécieux, en invoquant l'esprit de miséri-
corde d'un Dieu auquel vous ne croyez pas, oubliant
ainsi qu'il est aussi un Dieu de justice. Je préfère
demeurer avec le poète, ce devin de l'au-delà, qui fait
gémir sa lyre en nous enseignant qu'on n'est un homme
que lorsqu'on a souffert et lorsqu'on a pleuré. Pour
concevoir le bonheur il faut pouvoir le comparer à ce
8 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
qui n'est pas le bonheur, et ne le supprimerait-on pas
en supprimant la souffrance ? Enfin, il resterait à prou-
ver qu'il suffît d'être initié pour ne connaître ni les
peines ni les larmes.
Voilà ce que pensent encore de nos jours les f.\-m.\
qui ont gardé les traditions du passé de leur ordre. Je
conviens que le plus grand nombre ne soulève plus le
problème de l'humanité primitive et des destinées
d'outre-tombe, que ses soucis se bornent à assurer le
présent et, en agissant ainsi, il croit faire preuve de la
sagesse d'un homme raisonnable et pratique. La plu-
part voient dans la maçonnerie une société d'admira-
tion mutuelle, susceptible de favoriser avec sécurité
l'épanouissement de leurs ambitions politiques, litté-
raires ou commerciales. En cela ils sont différents de
leurs ancêtres, qui, eux, avaient souvent pour excuse
la sincérité et le désintéressement de leurs convictions.
C'est la mentalité de ces derniers que je me bornerai
à étudier, et l'on pourra comprendre, je l'espère, et
excuser dans une certaine mesure, les hommes de bonne
foi et d'intelligence plus qu'ordinaire qui se passion-
nèrent pour l'Art Royal. En dehors des dupes, il y eut
des coupables, et souvent même en faveur de ces der-
niers on peut invoquer les circonstances atténuantes.
Pour comprendre clairement ce qu'était la secte philo-
sophique des f.\-m.\ à son origine, il nous faudra
remonter quelque peu en arrière, et étudier les divers
savants empiriques qui eurent la faveur des premiers
maçons non constructeurs.
Si l'on examine les discours, les formules, les ada-
ges et les doctrines des initiés du xvmc siècle, on
LES PRÉCURSEURS 9
arrive à déterminer assez facilement à quelles écoles Us
ont façonné leurs mentalités, car, tout au moins au
début, tous n'eurent pas les mômes convictions, très
peu poursuivant le même but.
Suivant leur tournure d'esprit, leurs aptitudes et leurs
aspirations, les uns furent des penseurs, kabbalistes ou
théosophes, les autres des savants, alcbimistes ou
astrologues ; ceux-ci furent des artistes, ceux-là des
politiciens.
En analysant les correspondances maçonniques et
les travaux de loge, voici quels sont les principaux
ancêtres qu'on peut leur attribuer.
Les précurseurs intellectuels directs de la f.*.-m.\
furent les alcbimistes et les kabbalistes, en donnant à
ce premier mot son sens le plus complet. Pendant le
xvme siècle, en effet, le maçon cherche, comme l'alchi-
miste, la pierre philosophaie, la panacée universelle,
et l'arbre de la science du bien et du mal révélant le
mystère de la création : c'est à eux aussi bien qu'à Bacon
qu'il emprunte la légende symbolique du Temple de
Salomon et celle d'Hiram; les allures des plus fameux
d'entre eux, Saint-Germain et Cagliostro, ressemblent
singulièrement à celles du Cosmopolite, du Philalèthe
et de Lascaris.
L'alchimie était, suivant l'alchimiste, une science,
un art ou une supercherie. Son objet était d'o-
pérer la transmutation des métaux vils en métaux
nobles. Lorsque cette science prit naissance, vers le
ive siècle, à Byzance, l'état des connaissances chi-
miques pouvait permettre de poursuivre de sem-
blables recherches. L'alchimiste supposait que les
métaux étaient formés des mêmes éléments, étaient,
comme aurait dit un chimiste du xixe siècle, des corps
10 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
isomères et que, par conséquent, des manipulations
physiques pouvaient changer leur état chimique. La
grande erreur des alchimistes fut d'affirmer que la
chose était possible parce qu'il n'était pas déraisonnable
d'admettre qu'elle pouvait être. C'est ainsi qu'ils empri-
sonnèrent leur science et qu'après avoir donné à la
chimie un essor incontestable, ils la paralysèrent en la
spécialisant. Si, en cherchant une chose, ils en trou-
vèrent une autre et firent en quelque sorte malgré eux
et au hasard progresser la chimie, il n'en est pas moins
vrai qu'ils furent un obstacle sérieux au développe-
ment rapide et méthodique de cette branche des
sciences.
Vers le vu9 siècle, de Grèce l'alchimie fit des adeptes
en Egypte et, de là, les Arabes la transportèrent en
Espagne, où elle fut longtemps en honneur. Peu à peu
cette science avait envahi l'Occident, et au xve siècle
elle était cultivée dans toute la chrétienté. Au xvie et
au xvne, c'était une véritable folie; il y avait des
souffleurs dans toutes les classes de la société, et la
légende de la fortune fantastique de Nicolas Flamel
avait bouleversé toutes les cervelles.
Aux recherches matérielles on avait joint bientôt des
combinaisons métaphysiques, et alors un philosophe était
aussi bien celui qui recherchait la pierre philosophale
que celui qui étudiait l'âme humaine. Le langage de
ces fous qui, par hasard, trouvaient des choses raison-
nables, était composé d'allégories et de paraboles ne
voulant rien dire ou simplement ineptes, ou de logo-
griphes qui ne cachaient pas de mots.
Cependant les plus remarquables d'entre les abstrac-
teurs de quintessence s'expriment plus clairement, tels
Salmon et Philalèthe.
De leurs théories il ressort qu'ils considéraient les
LES PRÉCURSEURS 11
métaux comme des corps composés des mêmes élé-
ments, dans des proportions et des conditions de for-
mation différentes. Ils naissent, disent-ils, comme des
êtres organisés, par la conjonction des semences
mâles et femelles. L'or pur absolu est la semence mâle;
le mercure des philosophes est la semence femelle. L'al-
chimiste réunit ses produits dans un récipient nommé
Athanor, maison du poulet des sages ou œuf philoso-
phique, et au bout de six mois de chauffage intense il
obtient la poudre noire qu'il nomme Saturne, tête de
corbeau, ténèbres cimmériennes... En continuant à
souffler, la poudre devient blanche; c'est avec celle-ci,
qu'on appelle petite pierre philosophale, petit magistère
ou teinture blanche, qu'on obtient l'argent. En chauffant
encore, la matière devient verte et enfin rouge ; c'est la
véritable pierre philosophale, grand magistère ou grand
élixir, transformant immédiatement en or pur, quelque
faible que soit la dose employée, des volumes considé-
rables de tout vil métal en fusion sur lequel on la
projette.
Et il ne faut pas se tromper sur la signification des
mots, sous peine de rencontrer des contradictions inad-
missibles. Ainsi, ces mêmes alchimistes qui donnent la
recette que nous venons de décrire pour faire de l'or,
prétendent d'autre part que tous les métaux sont un
composé de mercure et de soufre, ce qui ne concorde
pas en apparence avec les recettes qu'ils donnent ; il
faut ajouter que le soufre et le mercure des alchimistes
n'ont aucun rapport avec ces corps tels qu'on les définit
vulgairement. Le mercure est la métalléité, l'éclat, la
ductilité des métaux, et le soufre leur élément combus-
tible.
Plus tard les astrologues introduisent leur science
dans l'alchimie, et les principaux métaux se sont trou-
12 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
vés sous des influences planétaires. Les médecins se
mettent aussi de la partie et la pierre philosophale trans-
mute les métaux, dirige les destinées, guérit les mala-
dies et prolonge la vie.
Pour que rien n'y manquât, les alchimistes firent
intervenir la magie blanche ou la magie noire dans
leurs opérations : Dieu ou le Diable.
Pour l'alchimiste cherchant la transmutation des
métaux, la difficulté est de se procurer le mercure des
philosophes, qu'on ne peut avoir que par révélation
divine ; ils l'appellent : mercure double, lion vert, ser-
pent, eau politique, lait de vierge, etc.
Aussi ne l'ont-ils jamais trouvé, et cependant ils
l'ont cherché partout :
Dans les métaux : arsenic, étain, antimoine, mercure
vulgaire, etc.
Arnauld de Villeneuve recommande de triturer trois
parties de limaille de fer avec une partie de mercure et
d'y ajouter du vinaigre et du sel.
Trismosin conseille de sublimer du mercure avec de
l'alun et du salpêtre, puis de distiller le mélange avec de
l'esprit de vin « en mangeant des tartines de beurre
très épaisses ».
L'un et l'autre ne parvinrent qu'à fabriquer du su-
blimé corrosif et à calmer leur appétit.
Puis, sous prétexte que saint Luc avait dit que le sel
était une bonne chose, on abandonna les métaux poul-
ies sels : le sel marin, le salpêtre et surtout le vitriol,
vitriolum, dont les propriétés étaient établies par la
phrase suivante :
<isitando
i— interiora
Herrir,
î3Cectificandoqiie,
LES PRÉCURSEURS 13
i-Hnvenies
Occultum
t^apidem,
Cjeram
^edicinam.
Plus tard on essaya des substances végétales : suc de
cliélidoine, primevère, rhubarbe, lunaria.
Distillations de vers de fumier, de crapauds, de
lézards, de serpents. Produits du corps humain : sang,
salive, poils, semence, menstrues, matières fécales,
organes génitaux.
Terre vierge, vitraux rouges des anciennes églises
et enfin l'esprit du monde, spiritus mundi, matière
qui se rencontrait dans l'air, l'eau de pluie, la neige,
et surtout dans la rosée du mois de mai.
Trois choses sont ainsi recherchées par les alchi-
mistes : l'Alcaest, la Palingénésie et l'Homunculus.
L'Alcaest, Esprit universel (ail Geist), dissolvant de
tous les corps, est l'idéal des menstrues. On le cherche
dans le tartre, l'alcali (alcali est), la potasse, l'acide
mur ia tique.
Kunckel ayant fait remarquer que s'il dissolvait
toutes choses, il devait dissoudre le vase dans lequel on
le renfermait, il n'en fallut pas plus pour discréditer
l'Alcaest.
La Palingénésie était l'art de faire renaître les plantes
de leurs cendres.
L'Homunculus était un homme en miniature fabriqué
par des procédés hermétiques. Il se formait dans
l'urine des enfants. D'abord invisible, il fallait le
nourrir avec du vin et de l'eau de rose.
En dehors de toutes ces folies, certains se livrèrent à
des recherches plus sérieuses, et nombre d'alchimistes
ne furent ni des sots, ni des ignorants, ni des hommes
14 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
de mauvaise foi. Vu l'état de la science, on ne peut
s'étonner que les décompositions chimiques aient été
prises pour des transmutations.
« Si vous projetez sur du cuivre de l'arsenic blanc
sublimé, dit saint Thomas d'Aquin, vous verrez le
cuivre blanchir ; si vous ajoutez alors moitié argent
pur, vous transformerez tout le cuivre en véritable
argent »
Plus tard, par l'expérience, on reconnut que ce chan-
gement de couleur n'était pas une transmutation, mais
une simple superposition.
Comme on ignorait également que les sels liquides
pouvaient contenir des métaux, les précipitations
étaient prises aussi pour des transmutations.
D'autre part, on avait des moyens imparfaits pour
contrôler la présence de l'argent dans un alliage de ce
métal avec l'or (cément royal, sulfure d'antimoine,
eau forte). La chimie analytique n existait pas, on
ne faisait pas d'expériences de densité précises (1).
Mais à toutes ces recherches, la véritable science
trouvait parfois son compte. Si les explications étaient
erronées, les faits étaient réels.
A côté des prestidigitateurs pipant le creuset (2), il y
avait les gens de bonne foi introduisant dans les expé-
riences des éléments aurifères ignorés, tels que le
chlorure d'or.
(1) Voy. Berthelot : Les Origines de V Alchimie.
(2) Dans un remarquable mémoire lu à l'Académie des sciences
de Paris le 15 avril 1722, Geoffroy l'aîné dévoile les supercheries
les plus usitées :
Creusets doublés, garnis dans le fond de chaux gommée, d'or
et d'argent qui sous l'influence de la chaleur se désagrégeaient et
séparaient leurs éléments ;
Parcelles d'or ou d'argent introduites dans des charbons creux ;
Baguettes de bois creusées contenant à leur extrémité le métal
LES PRÉCURSEURS 1 5
Malgré toutes leurs erreurs leurs insanités ou leurs
duperies, les alchimistes n'en ont pas moins préparé
la méthode expérimentale : l'observation et l'induction,
que Galilée, François Bacon et Descartes ont codifiées.
Il faut reconnaître que si les alchimistes n'avaient pas
amoncelé de nombreuses expériences, les créateurs
de la science moderne n'auraient pas pu avoir même
l'idée de chercher règles, formules et lois.
Si les alchimistes furent interdits au xive et au
commencement du xve siècle par le pape Jean XXII à
Avignon, Charles V en France, Henri IV en Angleterre
et le conseil de Venise, du xvie au xvnr2 siècle ils
étaient protégés dans l'Europe entière par les empereurs
Rodolphe II, Ferdinand III et Léopold Ier, par Fré-
déric Ier et Frédéric II de Prusse, par l'électeur Auguste
de Saxe, par Charles IX et Marie de Médicis en France,
par Edouard III, Henri VI et Elisabeth en Angleterre,
par Christian IV et Frédéric III en Danemark et Char-
les XII en Suède.
Si quelques-uns d'entre eux sont pendus de temps en
temps par des princes allemands, c'est comme impos-
teurs, ou parce qu'ils ne veulent pas livrer les secrets
dont on les croit détenteurs.
La liste des alchimistes contient, il faut le recon-
précieux qu'on déposait dans le creuset en agitant le métal en
fusion ;
Petites quantités de métal précieux mêlé au métal vif qu'on
travaillait ;
L'or coloré par le mercure, mêlé aux métaux blancs ;
Liquides comme le chlorure d'or et l'azotate d'argent contenant
des métaux en dissolution ;
Métaux précieux dissimulés dans une gangue de métaux vils.
16 LA FRANOMAÇONNERIE EN FRANCE
naître, des noms illustres et vénérés à côté de faux sa-
vants et de filous :
S. Thomas, Arnauld de Villeneuve, Albert le Grand,
Alain de Lisle, Raymond Lulle, Paracelse, Nicolas
Flamel, Talbot, Van Helmont dont le fils convertit
Leibnitz à l'alchimie, Sweitzer (Helvetius) qui compta
Spinosa parmi ses adeptes, le Cosmopolite, le Phila-
lèthe, Lascaris, Botticher, Braun, Martin, Schmolz de
Dierbach, Delisle, Gaetano comte de Ruggiero, Saint-
Germain, Cagliostro, James Price qui en 1783, à Londres,
acculé à une expérience de transmutation, s'empoisonna.
Guyton de Morveau qui, en 1786, confirmant l'assertion
d'un médecin de Cassel, annonça que l'argent fondu
avec l'arsenic se changeait en or.
Voyons maintenant les kabbalistes, qui sont tous
quelque peu alchimistes :
Parmi les meilleurs, les plus sincères, il faut nous
arrêter à Raymond L«//e(l), à cet homme singulier qui
fut canonisé par l'Eglise alors que ses adeptes étaient
déclarés hérétiques. Le maçon lulliste, ainsi que son
chef d'école dans son Grand Art, joue à la roulette avec
les facultés de l'entendement humain ; comme lui, en
faisant tourner trois roues concentriques, il pose des
problèmes et les résoud. Et cependant Raymond
Lulle ne manqua parfois ni d'originalité, ni même de
grandeur dans ses combinaisons naïves et bizarres,
habilement appropriées aux habitudes ergoteuses de la
scolastique. Au xviie siècle, le jésuite Kircher le préco-
nisait encore et Leibnitz en fit l'éloge.
Il est un autre écrivain auquel il est étonnant que
(1) Né à Palma de Majorque en 1235, il fut martyrisé à Bougie
en 1315.
LES PRÉCURSEURS 17
personne n*ait encore songé, c'est Thomas Morus (1 186-
1535). Dans son fameux ouvrage : Utopia, sive de
optimo reipublicœ statu (Î5J8), on a voulu bien à tort ne
voir qu'un badinage, qui aurait servi seulement à créer
le mot utopie. Bien peu, il faut le reconnaître, ont entre-
pris de le lire, car après l'avoir étudié, on ne pourrait
plus donnerai! mot utopie le sens de rêve irréalisable.
En effet, de nos jours, ce rêve a été réalisé presque
complètement. Pour le reste, on le trouve dans les pro-
grammes des partis politiques de l'extrême avant-garde
socialiste et collectiviste.
Thomas Morus, dès le début, se pose en réformateur,
voulant, sauf une exception que nous signalerons plus
loin, supprimer la peine de mort et abolir la propriété
pour constituer le bonheur de l'humanité.
Il expose son programme et le met en pratique dans
l'île imaginaire d'Utopie, dans laquelle les habitants
vivent sou sune forme sociale nouvelle.
Là, le premier souci du gouvernement est de fournir
aux besoins matériels de la consommation publique et
individuelle ; tous les citoyens ont droit au gîte, à la
nourriture et aux vêtements. On laisse à chacun le plus
de temps possible pour s'affranchir de la servitude du
corps, cultiver librement son esprit et développer ses
facultés intellectuelles par l'étude des sciences et des
lettres, qui constitue le vrai bonheur des Utopiens.
Tout vient du peuple, tout y remonte : les magistrats
comme les prêtres sont élus au scrutin secret.
L'organisation civile est républicaine.
Les fonctions sont annuelles, excepté celle du chef
de la nation qui est nommé à vie.
Tout, sauf les femmes, appartient à tous! Le mariage
ne peut se contracter que lorsque les fiancés se sont vus
sans aucun voile ; par contre, il peut être dissous por
LA FRAXC-MACONNERIE. — T. I. 2
18 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
simple consentement mutuel ; aussi l'adultère est-il
puni de mort.
On tolère toutes les religions.
Chacun est tenu de connaître l'agriculture et un
autre métier, mais il n'est pas obligé de travailler plus
de 6 heures par jour.
On mange en commun dans des salles parfumées, au
son de la musique.
Il est un point cependant en désaccord, tout au moins
apparent, avec les programmes modernes : dans la
république d'Utopie, il y a des esclaves !
Un grand nombre de f.\-m.\ se sont aussi inspirés
de la philosophie de Philippe-Aurèle Bombast de
Hohenheim, connu sous le nom de Théophraste Para-
celse (1493-1541), dont la doctrine était puisée à la
kabbale, à la philosophie hermétique et à l'alchimie.
Paracelse a la « prétention de connaître et d'exposer
tout le système des forces mystérieuses qui agissent,
soit dans la nature, soit dans l'homme, et qui échap-
pent à la timidité de la philosophie et aux lenteurs de
la science ».
Entre Dieu, la nature et l'homme, il y a des forces
opératives qui produisent les phénomènes que nous
percevons. Il s'agit pour l'homme de s'unir aux forces
qui conviennent pour produire, soit des phénomènes
physiques, soit des phénomènes intellectuels.
Paracelse admet implicitement l'existence de Dieu,
l'immortalité de l'âme et les principes de la morale
dont il est impie de vouloir faire la preuve.
La création est divisée en macrocosme (l'univers) et
en microcosme (l'homme) qui sont semblables ; au-
LES PRÉCURSEURS 1(.)
dessus trône Dieu, centre et circonférence de tout.
Les germes de toutes choses possèdent en eux une
force qui les rend capables d'agir et de se mouvoir,
secondés par les influences d'agents extérieurs :
lumière, chaleur, air, etc.. Ces germes, il les appelle
astres, aussi bien dans les parties de l'être humain que
dans l'univers, où le vulgaire leur donne le même nom.
Les astres de l'univers sont en rapport avec les astres
de l'homme et ont une influence sur les cerveaux de ces
derniers, sans toutefois paralyser leur volonté. Au con-
traire, l'homme, par l'énergie de son imagination, peut
s'identifier les propriétés des astres.
C'est la puissance magique.
Paracelse développe la théorie des quatre éléments
de la philosophie grecque : le feu, l'air, l'eau et la
terre, qu'il réduit ensuite à trois, attendu que le feu
est un agent donnant naissance aux astres avec sa
propre substance.
C'est, en résumé, la théorie d'Empédocle dont
l'alchimie s'était servie depuis longtemps en substi-
tuant aux éléments le sel, le soufre et le mercure ;
Le sel étant le fondement de la substance des corps ;
Le soufre celui de leur croissance et de leur combus-
tion ;
Le mercure, leur liquidité etl'évaporation.
Mais il ne faut prendre ces corps que comme des
symboles, avec leurs propriétés astrales et non avec
leurs propriétés terrestres.
Le feu est la source de la sagesse et de la sensibilité
des pensées ; c'est à lui que l'homme doit le dévelop-
pement de son intelligence.
Paracelse, malgré tout, est spiritualiste et il admet
le principe de l'antériorité du principe spirituel sur le
principe matériel ; il est même chrétien : « Il y
20 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
a, dit-il, trinité et unité dans l'homme ainsi que dans
Dieu ; l'homme est un en personne, il est triple en
essence : il a le souffle de Dieu ou lame, l'esprit sidéré
et le corps. »
Quelque invraisemblable que cela puisse paraître, ces
questions sont encore agitées, discutées, appréciées et
préconisées par des f.\-m.\ contemporains (1) dans
des formes analogues.
Si Lulle est catholique jusqu'à souffrir le martyre ;
si, avant de mourir pour avoir résisté à Henri VIII,
Thomas Morus, dans Utopia, est indifférent en matière
de religion ; si Paracelse est vaguement chrétien, avec
Socinus nous voyons apparaître le philosophe athée
dont le rôle a une importance capitale, attendu que
les f.\-m.\ le reconnaissent comme leur grand ancêtre,
Adriano Lemmi, l'avant-dernier grand maître du
Grand-Orient d'Italie, n'a-t-il pas affirmé, il y a quelques
années, que « le gouverneur suprême de l'art » d'un
bout du monde à l'autre était Lelio Sozzini, connu en
France sous le nom de Socinus. En effet, le lendemain
de son élection, le 29 septembre 1893, dans une lettre
encyclique, il déclare : « Nous ne pouvons pas oublier
que l'Italie a été le véritable berceau de la f.\-m.\ et
que Sozzini fut son véritable père ; c'est pour cela que
dans la direction des combats décisifs, par lesquels
nous allons assurer notre victoire, il faut rester jus-
qu'à la fin en Italie » (2).
Lelio Sozzini naquit à Sienne en 1525 et mourut à
(1) Oswald Wirth, la Médecine philosophale.
(2) Cowan, The X Ray s.
LES PRÉCURSEURS 21
Zurich le 1G mai 1502 ; il était fils d'un habile juris-
consulte. Mariano Sozzini, dit le jeune. Dès 1545, Lelio
fonda à Vicence une société qui avait pour objet la
destruction du christianisme, qu'il voulait remplacer
par le rationalisme pur. Cette société recruta des adhé-
rents surtout parmi les partisans de l'hérésie
arienne. En 1547 fut tenue, également à Vicence, une
conférence à laquelle assistèrent des délégués venus
de tous les points de l'Europe ; si tous les assistants
n'avaient pas les mêmes croyances, ils étaient tous unis
par leur haine commune du catholicisme et même du
christianisme, car Lelio s'attira la haine des réformés
aussi bien que celle des catholiques. Sa doctrine re-
pousse, en effet, les dogmes de la Trinité (1), de la con-
substantialité du Verbe, de la divinité de Jésus, de la
satisfaction et de l'expiation, qu'il attribue à l'influence
de la philosophie païenne sur l'Eglise chrétienne.
Après sa mort, il trouva un continuateur zélé dans
son neveu Fausto Sozzini (1539-1604). Gomme son
oncle, Fausto reniait la divinité de Jésus-Christ, la
rédemption, le péché originel et la doctrine de la
grâce. Son catéchisme, connu sous le nom de caté-
chisme de Racow, rejette également la résurrection
universelle ; le bon seulement doit revivre, pendant
que le méchant met fin à son existence.
Il ne croyait donc ni au châtiment universel, ni à
l'Enfer.
Sur sa tombe, à Luctavie, on grava ces deux vers :
Tota licet Babylon destmxit tecîa Luiherus,
Muros, Calvinus ; sed fundamenta Socinus.
L'ambition de Sozzini était de construire sur les
(1) Il reconnaissait seulement Dieu le père ; le Fils était sim-
plement un homme cloué particulièrement ; dans le Saint-Esprit, il
ne voyait qu'une force de la divinité.
22 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
ruines de l'Eglise un temple qui aurait renfermé l'exer-
cice de toutes les croyances, depuis la libre pensée
sans dogmes jusqu'au culte de Lucifer.
Tous les précurseurs de la f.\-m.\ n'avaient cepen-
dant pas des théories philosophiques aussi perverses
que celle de Socinus.
Si, dans une certaine mesure, on peut considérer
Paracelse comme le successeur de Lulle, Jacob Bœhm
fut Fhéritier de Paracelse.
Son influence fut considérable en Allemagne, qu'il
imprégna pendant le xvme siècle et une grande partie
du xixe. Le personnage est du reste intéressant. Né près
de Gorlitz en 1575, il était fils de pauvres paysans ;
pendant sa jeunesse il était d'une dévotion exaltée.
Sans instruction générale, il exerça le métier de cor-
donnier pendant toute sa vie.
Connu sous le nom de Philosophe Teutonique, c'était,
au résumé, un mystique, un théosophe et un halluciné.
Il se voyait, par un effet de la grâce, au comble de
toutes les grandeurs. Ce fut sous l'influence de la philo-
sophie de Paracelse qu'il fut entraîné au mysticisme. Il
croyait sincèrement avoir reçu de Dieu la mission de
dévoiler les mystères inconnus av ant lu i . Il eut à diverses
époques trois extases qu'il a racontées. Il se sentait ravi
dans le centre de la nature invisible, ayant une vue
intérieure qui lui permettait de lire dans le cœur de
chaque créature. Il était convaincu qu'il tenait de
Dieu, par grâce spéciale, la science universelle et
absolue, et cette science, il la communiquait à ses lec-
teurs, sans ordre et sans preuves, dans un langage
emprunté à l'Apocalypse et à l'alchimie.
LES PRÉCURSEURS 23
Après avoir déblayé tout ce mysticisme de ses exa-
gérations, on trouve dans Bœhm un vaste système de
métaphysique dont un panthéisme effréné fait le fond.
Dieu est le principe, la substance et la fin de toutes
choses, et voici comment il explique le mystère de la
Trinité :
1° Dieu considéré en lui-même ne peut être défini ;
il n'est ni bon ni méchant ; n'a ni volonté, ni amour, ni
haine. Son sein renferme le mal et le bien ; il est tout
et rien. C'est Dieu le Père.
2° Dieu, tel qu'il se manifeste et tel qu'on peut le
comprendre, est la lumière dans les ténèbres ; il a une
volonté : c'est Dieu le Fils.
3° L'expansion de la lumière, l'expression de la
sagesse par la volonté, l'exercice des facultés divines,
c'est le Saint-Esprit.
Bœhm prend l'âme humaine pour exemple de sa
théorie :
1° L'esprit par où tu penses, cela signifie Dieu le
Père.
2° La lumière qui brille dans ton âme afin que tu
puisses connaître ta puissance et te conduire, cela
signifie Dieu le Fils.
3° La base affective qui est la puissance de la lumière,
l'expansion de cette lumière par laquelle tu régis ton
corps, c'est Dieul'Esprit-Saint.
Il y a deux natures sorties de la même source : lune
éternelle, invisible, directement émanée de Dieu
l'autre, la nature visible et créée, l'univers proprement
dit.
L'homme contient en lui une image et un résumé de
toutes choses ; il tient à Dieu par son âme, dont le prin-
cipe se confond avec l'essence divine. Par l'essence de
son corps, il tient à la nature éternelle, cause et siège de
24 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
toutes les essences ; par son corps proprement dit, il
appartient à la nature visible.
Avec une semblable philosophie, toute morale est
forcément un non-sens : le but de la vie est de ne s'atta-
cher à rien dans ce monde, de dépouiller sa volonté,
s'efforcer de ne pas être et de hâter par la prière con-
templative l'instant où l'âme doit se réunir à Dieu.
Parmi les membres de la Stricte Observance tem-
plière d'Allemagne, nous trouverons de nombreux dis-
ciples de la philosophie de Boehm ; par Strasbourg et
Lyon elle eut aussi de nombreux adeptes en France.
Un autre écrivain, qu'on ne peut à proprement dire
être un véritable philosophe, eut une influence égale-
ment considérable surlaf.\m.\ C'est en effet sur ses
indications que se formèrent des groupements de pen-
seurs qui plus tard s'introduiront dans la f.\ m.\ et
se substitueront à l'organisation corporative.
JeanValentin Andréa (1), abbé d'Adelsberg, fut, sans
le vouloir, le fondateur de l'ordre des Rose-Croix.
En 1610, Andréa publiait une œuvre toute d'imagina-
tion, ayant pour titre : Fama fraternitatis, ou décou-
verte de l'ordre honorable des Rose- Croix Dans celte
fiction, il racontait l'histoire fabuleuse d'un certain
Christian Rose-Croix qui aurait trouvé un secret, enfoui
depuis des siècles, pouvant faire le bonheur de l'huma-
nité. Pour assurer le succès de sa propagande, il aurait
fondé un collège secret (loge) ayant pour but la bien-
faisance, l'internationalisme, l'avancement de la vraie
(1) Né à Herremberg ( Wurtemberg) le 17 août 1580, mort le
27 juin 1G54.
LES PRÉCURSEURS 25
morale et de la vraie religion. Les membres de celle
société devaient s'engager à la plus sévère discré-
tion.
Le livre eut un grand succès et, en Angleterre en par-
ticulier, on crut à l'existence réelle de l'ordre des
Rose-Croix.
Andréa donna des suites à son premier roman. En
1G14, il publiait la Réformation universelle du monde
entier avec la Fama fraternitatis de l'ordre respectable
de la Rose-Croix ; en 1616 paraissait la Noce chimique
de Christian Rose-Croix ; en 1617, Rosa florescens,
contra Menapii cahimnias, dans laquelle il l'ait l'apo-
logie des Rose Croix, sous la signature de Florentinus
de Valentia.
Le clergé catholique aussi bien que le clergé pro-
testant s'émurent du succès de ces ouvrages, qui pou-
vaient entraîner les gens de bonne foi, firent avertir
Andréa d'avoir à cesser ses publications et à les
désavouer.
Andréa se retira à Strasbourg où il fit imprimer en
1619 : Turris Babel, judiciorum de fraternitate Roseae
Crucis chaos. Dans cet ouvrage Andréa proteste contre
l'existence de la société des Rose-Croix, qui s'était réelle-
ment formée pour mettre sa fiction en pratique, déclare
qu'il n'avait écrit qu'une série de romans dans ses
œuvres précédentes et qu'il avait choisi le nom de
Rose-Croix en s'inspirant du cachet de sa famille : une
croix de saint André avec une rose entre chaque
branche ; il se moquait des gens qui avaient cru à la
réalité de son conte, qui avait assez duré, puisqu'il
était parvenu à mystifier ses lecteurs.
Andréa eut beau protester; on ne voulut pas croire
ses affirmations, et des sociétés inspirées de ses ouvrages
se formèrent en Allemagne. Cependant les R.\-C.\ ne
26 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
devaient être ni très nombreux ni très connus, car
Descartes les chercha dans toute l'Allemagne sans
pouvoir les rencontrer.
La France aurait eu aussi sa société de R.'.-C*.
sous Louis XIII.
On ne sait s'il faut prendre au sérieux les affiches que
desR.*. G.', ou des mystificateurs firent placarder, en
1622, dans les rues de Paris :
« Nous, députés du collège principal des frères de
la Rose-Croix, faisons séjour visible et invisible en cette
ville, par la grâce du Très Haut, vers lequel se tourne
le cœur des justes. Nous montrons et enseignons, sans
livres ni marques, à parler toutes sortes de langues des
pays où nous voulons être, pour tirer les hommes, nos
semblables, d'erreur et de mort. »
Après leur échec, la même année, ils auraient fait
placarder de nouvelles convocations :
« S'il prend envie à quelqu'un de nous voir, par
curiosité seulement, il ne communiquera jamais avec
nous ; mais si la volonté le porte réellement et de fait
à s'inscrire sur le registre de notre confraternité, nous
qui jugeons des pensées, lui ferons voir la vérité de nos
promesses ; tellement que nous ne mettons point le
lieu de notre demeure, puisque les pensées, jointes à
la volonté réelle du lecteur, seront capables de nous
faire connaître à lui et lui à nous. »
En Angleterre, Robert Flndd (1) se posa en défen-
seur de l'ordre des Rose-Croix, en le regardant comme
(1) Né à Milgate (Kent) en 1574, mort à Londres le 8 septembre
1637. v
LES PRÉCURSEURS 27
l'antique symbole de la croix teinte du sang de Jésus-
Christ. En 1617, sous le pseudonyme de Robertus de
Fluctibus, il publie successivement à Leyde : Apologia
compendiaria, fralernitatem de Rosea Cvnce, suspicionis
et infanwe maculis aspersam ablucns et Tractatus apo-
logeticus integritatem societatis de Rosea Cruce défendais
contra Libaniiun et alios. Ces ouvrages eurent un
succès considérable ; des sociétés de Rose-Croix se
formèrent à Londres, sous l'influence de Fludd, dont
elles adoptèrent les doctrines philosophiques. L'on
peut même dire que ce furent aussi bien les théories de
Fludd qui furent adoptées par les maçons philosophes,
lors de la réformation de 1717, que la méthode de
Bacon.
Fludd vaut du reste la peine qu'on étudie sa per-
sonne et ses écrits, fort peu connus en France.
D'abord militaire, il abandonna bientôt le métier
des armes pour les sciences, les lettres, l'alchimie et la
théosophie. Après avoir visité l'Allemagne, la France
et l'Italie, il revint en Angleterre et se fit recevoir mé-
decin.
Comme celle de Bœhm, sa philosophie est inspirée de
celle de Paracelse et de Cornélius Agrippa de Nettes-
heim ; c'est un mélange des chimères de l'alchimie,
des idées kabbalistiques et des traditions néo-platoni-
ciennes et hébraïques recueillies dans les prétendus
écrits de Mercure Trismégiste, mêlées aux ambitions et
aux rêveries des Rose-Croix. C'est le panthéisme le
moins déguisé, presque le matérialisme, présenté sous
le masque du mysticisme et avec le secours de l'inter-
prétation allégorique avec laquelle il prétend donner
le véritable sens de la révélation chrétienne.
Dieu est le principe, la fin et la somme de tout ce
qui existe. Tous les êtres et l'univers lui-même sont
28 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
sortis de son sein, (ormes de sa substance et retourne-
ront en lui, quand le temps et le but de leur existence
seront accomplis. A proprement parler, la création n'a
jamais commencé. C'est l'Ensoph de la kabbale, l'unité
ineffable de l'école d'Alexandrie, le Père inconnu du
gnosticisme.
L'être et le non-être, la lumière et les ténèbres,
l'activité et l'inertie, la contraction et l'expansion, le
bien et le mal, sont effacés et anéantis dans la plus
parfaite identité. La volonté et la nolonté par leurs
actions simultanées et leur combinaison ont créé les
éléments et les qualités dont l'univers se compose.
On le voit, son panthéisme incline bien plus vers la
matière que vers l'esprit.
Gomme les philosophes de l'antiquité, il adopte la
théorie des quatre éléments, dont il explique la forma-
tion et la succession. L'air refroidi est devenu l'eau ;
celle-ci, condensée, est devenue la terre, et cette der-
nière, sous l'influence delà lumière, est devenue le feu.
C'est à la kabbale qu'il emprunte le mode de for-
mation des êtres et ses quatre mondes étroitement unis
et subordonnés l'un à l'autre :
1° Le monde archélij pique, où Dieu se révèle à lui-
même et qu'il remplit de sa substance sous la forme la
plus élevée ;
2° Le monde angélique, habité par les anges et les
purs esprits, agents immédiats de sa volonté divine.
3* Le monde stellaire formé par les étoiles, par les
planètes et par tous les grands corps dont l'ensemble
est nommé le ciel ;
4° Le monde sublunaire, c'est-à-dire la terre et les
créations dont elle est peuplée.
En fait, il réduit ses quatre mondes à trois : Dieu,
la nature, l'homme.
LES PRÉCURSEURS 2\)
Il adopte la doctrine de la Trinité ; mais il l'explique
à sa manière.
D'abord Dieu n'existe qu'en puissance dans l'infini
ineffable; c'est la première personne de la Trinité ou
Dieu le Père.
Puis il se révèle à lui-même et se crée tout un monde
intelligible ; il apparaît comme la pensée, la raison
universelle. C'est le Fils.
Enfin il agit et produit ; sa volonté s'exerce et sa
pensée se réalise hors de lui. C'est l'Esprit.
Dieu, passant éternellement par certains états, nous
offre ainsi l'image d'un cercle dont le centre est partout
et la circonférence nulle part.
Ce système, d'après Fludd lui-même, est aussi
ancien que le monde. Miraculeusement enseigné au
premier homme, il s'est transmis par la tradition aux
patriarches, à Moïse, à tous les âges de l'ancien Tes-
tament jusqu'au temps où le Christ jugea nécessaire
de le révéler une seconde fois.
Pythagore, Platon et Mercure Trismégiste sont les
seuls philosophes de l'antiquité dont il fait cas.
Fludd eut une influence déterminante sur un des
principaux organisateurs de la f.\ m.*, de 1717, le
pasteur Désaguliers, sur lequel nous reviendrons plus
loin.
Un autre philosophe anglais contribua également à
la formation de l'esprit maçonnique : le chancelier
François Bacon (1560-1626).
Dans un ouvrage, fort intéressant à beaucoup de
points de vue, M. MaxDoumic(Le secret de la F.\ M.'.)
a cru devoir donner au chancelier de Jacques Ier non
30 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
seulement un rôle prépondérant, mais encore un rôle
exclusif dans l'organisation de la f.\-m.\ Dans la
maison de Salomon de l'île de Bensalem décrite par
Bacon dans la Nouvelle Atlantide, M. Max Doumic
croit voir la première forme de la société maçonnique ;
il serait plus juste de dire qu'il est possible que, dans
une certaine mesure, Bacon s'est probablement inspiré,
pour cette conception romantique, des œuvres de Tho-
mas Morus, de celles d'Andréa et de Robert Fludd,
et qu'il a fait mouvoir ses personnages dans une
société formée à l'instar de l'organisation de la corpora-
tion des maçons travailleurs, très connue et très carac-
téristique.
Le reproche que l'on peut faire à M. Max Doumic est
d'avoir posé une thèse a priori pour établir que la
f.*. -m.*, est un outil exclusivement anglais et d'avoir
cherché tous les documents pouvant confirmer son
hypothèse, alors qu'il eût été préférable de dégager sa
thèse d'un ensemble de faits déterminants, d'une authen-
ticité indiscutable.
Je suis néanmoins en partie de l'avis de M. Doumic
en ce qui concerne l'influence de Bacon sur la mentalité
maçonnique du xvme siècle ; il ne faut cependant pas
faire de Bacon le précurseur, mais un des précurseurs.
La personnalité de Bacon est trop connue pour s'y
arrêter longuement.
Chancelier de Jacques Ier, baron de Vérulam et
vicomte de Saint-Alban, accusé en 1618, devant la
chambre des Lords, de concussion et de vénalité,
il dut humblement s'avouer coupable. Le 3 mai 1621
il fut condamné à se démettre de ses fonctions, à payer
une amende de un million de livres et à être enfermé à
la Tour de Londres.
C'est vraisemblablement entre 1622 et 1626 qu'il
LES PRÉCURSEURS 3J
composa la Nouvelle Atlantide, publiée seulement après
sa mort. Lorsqu'il travailla à cette œuvre d'imagi-
nation, il connaissait certainement les ouvrages
d'Andréa et ceux de Robert Fludd, qui avaient eu un
grand retentissement ; quant à YUtopia de Morus,
c'était un ouvrage en quelque sorte classique.
Gomme dans l'île d'Utopia, dans l'île de Bensalem le
peuple a adopté la forme républicaine ; mais au lieu de
s'occuper, comme Morus, de la vie sociale des habi-
tants de son île imaginaire, Bacon s'occupe exclusive-
ment de leur vie intellectuelle, littéraire et scientifique.
Comme Andréa, il met à la tête une société secrète, un
vaste institut qu'il appelle non pas le Temple, mais la
Maison ou la Société de Salomon. Cette société est
spécialement destinée à l'étude et à la contemplation
des œuvres de la Divinité et de toute la création.
Les affiliés, qui entre eux s'appellent frères, comme
les membres d'une communauté religieuse et comme
les maçons constructeurs, étudient les sciences en
secret et s'engagent sous serment à ne rien révéler.
Pour assurer les destinées de la société, on a installé
un collège pour les novices, nommé collège des six
jours de la création, qui ne doit être connu que des
initiés.
Au lieu de la salle à manger parfumée et égayée par
la musique, dont parle Morus, il y a dans le collège une
salle des prodiges, flanquée de hautes tours et de
grottes profondes destinées à observer les phénomènes
de la nature, des eaux minérales, des appareils de
féeries imitant les météores, le vent, la pluie, le
tonnerre ; autour du collège, des jardins botaniques
et des parcs remplis d'animaux, afin d'observer leurs
mœurs.
Comment fonctionne la société ? — En dehors des
32 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
novices, elle se compose de neuf groupes de trois
membres. Les quatre premiers groupes sont destinés à
voyager à l'étranger, en cachant leurs personnalités. Ils
ont à leur disposition des sommes considérables, pour
acheter les secrets, corrompre les gens et fonder des
succursales.
Voyons si les fonctions attribuées à chacun des
neuf groupes ont quelque rapport avec les grades ma-
çonniques :
1° Les commerçants de lumière doivent rapporter des
machines et des échantillons de toute espèce ;
2° Les plagiaires doivent recueillir dans les livres et
les manuscrits les expériences utiles ;
3° Les collecteurs rassemblent tout ce qui a rapport
aux arts mécaniques ;
4° Les pionniers ou mineurs choisissent, dans les ex-
périences qu'on a pu leur indiquer, celles qui leur ont
paru les plus intéressantes et en rapportent la descrip-
tion ;
5° Les compilateurs ou rédacteurs rangent toutes ces
notes dans des tables méthodiques ;
6° Les éver g êtes ou bienfaiteurs examinent les dossiers
rapportés, les comparent et cherchent à les utiliser.
Après plusieurs assemblées générales où on discute
en commun le résultat de ces enquêtes :
7° Les lampes (et non pas les lumières) tentent des
expériences plus lumineuses ;
8° Les greffiers rédigent les mémoires, analysent les
expériences *,
{)° Les interprètes de la nature les étudient et tachent
d'en tirer des conséquences générales (1).
(1) La Nouvelle Atlantide a été traduite en français en 1702 par
l'abbé Gilles-Bernard Raquet (1668-1748) et publiée en un vol. in-12
à Paris, chez J. Musier
LES PRECURSEURS
33
Il ne me paraît pas que celte organisation ait un rap-
port quelconque avec celle de la maçonnerie, à laquelle
elle ressemble beaucoup moins dans son but que celle
de l'île d'Utopie de Thomas Morus.
C'est bien plus aux doctrines philosophiques de
Bacon qu'à celle des sociétaires de l'île de Bensalem
qu'il faut rattacher la f.\-m.\
Dans la Nouvelle Atlantide, il nous semble que Ba-
con a voulu vulgariser son Instauratio magna, donner
une forme palpable de la méthode expérimentale, et
montrer l'application pratique des sciences. Peut-être
aussi dans l'œuvre de ses dernières années a-t-il voulu
faire une moins large part à la méthode d'induction,
qu'il avait trop exclusivement préconisée dans ses
œuvres antérieures.
Sa philosophie, comme nous l'avons dit, était au
contraire faite pour plaire aux f.\-m.\ penseurs, en ce
qu'elle contenait en germe les bases des écoles sensua-
listes et matérialistes modernes. En condamnant les
causes finales, il avait affaibli les preuves de l'existence
de Dieu créateur, ce qui pouvait être considéré par les
f.\-m.\ comme une théorie utile au développement du
dogme égalitaire.
De tous les écrivains, Pierre Bayle fut assurément
celui qui eut le plus d'influence sur les maçons français
(1647-1706) ; calviniste, après une courte excursion
dans le catholicisme, Bayle était revenu à la religion de
ses pères. Nature sceptique, paradoxale et hypocrite, il
n'attaque pas directement ses adversaires ; il procède
par insinuation, expose avec un respect apparent les
dogmes qu'il veut combattre et conclut en renvoyant le
LA FRANC -MAÇONNERIE. — T. I. 3
34 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
lecteur à des ouvrages où ils sont attaqués avec vio-
lence.
« Mon talent est formé de doutes, disait-il ; mais ce
ne sont que des doutes. » Avec ses procédés ambigus,
son esprit terre à terre, il y avait cependant une chose
dont il ne doutait pas, c'est que ses doctrines devaient
accumuler la tempête sur les sociétés existantes ; aussi
se comparait-il volontiers au Jupiter assemble-nuages
d'Homère.
Ses doctrines, en effet, conduisaient immanquable-
ment au matérialisme et à l'athéisme, par le chemin du
doute, si facile à rendre agréable à l'aide de paradoxes
aisément spirituels. Trop prudent pour entrer en lutte
directe avec les autorités civiles et religieuses, Bayle
ne nie pas l'existence de Dieu, mais il déclare qu'elle
ne lui paraît pas d'une évidence incontestable et il
ajoute qu'il ne voit aucune contradiction à ce que la
matière puisse penser.
Il ne glorifie pas les athées, mais il prétend que sou-
vent un athée portera plus loin qu'un croyant la notion
et la pratique du bien, et que, sous ce rapport, l'a-
théisme lui semble infiniment préférable à la supersti-
tion et à l'idolâtrie.
Pour vulgariser ses doctrines, Bayle fonda un jour-
nal qui eut un grand nombre de lecteurs : les Nouvelles
de la République des lettres (1). Mais son œuvre de
propagande la plus considérable fut son Dictionnaire
historique et critique (2), dont le succès fut immense
dès son apparition. La première édition est de 1697.
(1) Ce journal parut de 1684 à 1718, mais Bayle l'abandonna
pour cause de santé en 1687 et le confia à des continuateurs zélés :
La Roque, Barrin, Jacques Bernard et Jean Leclerc
(2) La seconde édition est de 1702. Eu 1740 il y avait déjà
huit éditions, dont une anglaise (1735-1741).
LES PRÉCURSEURS 35
Ce recueil fut, pendant tout le xvme siècle, la véritable
Bible du f.\-m.\ français, et l'on peut dire qu'il fut
aussi la première édition de Y Encyclopédie y dont il a
les tendances philosophiques et la forme matérielle. Il
suffira de lire les articles : David, Pyrrhonisme et Ma-
nichéens, pour se convaincre de la similitude de ses doc-
trines avec celles de la f.\-m.\ C'est de Bayle que
s'inspireront Fontenelle, d'Holbach, LaBaumelle, Mau-
pertuis aussi bien que les collaborateurs de YEncijclo-
pèdic, ce grand bazar de la demi-science.
Il est encore un auteur dont nous devons exposer les
théories philosophiques, tant fut grande son influence
sur toute une catégorie de maçons : les Martinistes
et les Balsamistes. Bien que l'ensemble de ses
œuvres théosophiques soit postérieure à l'intro-
duction de la f. '.-m.*, en France, nous devons nous
arrêter à Emmanuel Svedbord, anobli sous le nom
d'Emmanuel de Swedenborg (1688-1772), qui fut le
dernier théosophe célèbre.
La vie de Swedenborg se divise nettement en deux
parties dissemblables. Dans la première, sa philosophie
a pour but la connaissance de notre monde mécanique,
et il a trois moyens pour y parvenir : l'expérience de
Bacon, la géométrie de Descartes et le raisonnement de
Bayle. D'après lui, si Ton doit renoncer à comprendre
l'infini et l'essence de Dieu, on peut expliquer ses rap-
ports avec le monde. Dieu n'a pas créé l'univers tel
qu'il est, mais il en a créé les causes qui le produisent
géométriquement. Lame est la cause finale de la créa-
tion sur la terre, c'est le terme suprême du mouve-
ment ; elle obéit à des lois géométriques et mécaniques ;
36 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
elle n'est que la partie la plus subtile de notre corps ;
elle est donc matérielle : c'est une membrane, un ap-
pareil vibratoire.
Cette philosophie toute naturaliste est, on le voit, très
éloignée de tout mysticisme. En dehors de ses études
métaphysiques, Swedenborg s'occupait surtout de
sciences pratiques : histoire naturelle, exploitations de
mines, artillerie, etc.
En avril 1745, pendant un séjour qu'il fait à Londres,
Swedenborg est brusquement transformé : il passe
sans transition du naturalisme à la théurgie ; voici
dans quelles circonstances :
Il était à table et achevait son repas, quand tout à
coup il voit autour de lui d'affreux reptiles rampant
dans l'obscurité ; puis apparaît un homme radieux qui
lui dit : Ne mange pas tant. Le lendemain, nouvelle
apparition du même homme qui lui annonce : « Je suis
Dieu, le Seigneur, le Créateur et le Rédempteur ; je t'ai
élu pour interpréter aux hommes le sens des saintes
Écritures. Je te dicterai ce que tu devras écrire 1 »
A partir de ces apparitions, Swedenborg, ainsi que
Boehm, prend ses hallucinations pour des réalités et il
se consacre exclusivement aux fonctions de secrétaire de
la Divinité. Ce n'est pas ses œuvres qu'il publie, mais
les révélations divines qu'il transcrit. C'est sous la dic-
tée du Seigneur qu'il définit et explique le mystère de
la Trinité :
Dieu a une âme qui est le Père ;
Un corps divin-humain qui est le Eils ;
Une force qui opère, réchauffe et éclaire, qui est le
Saint-Esprit.
Il divise le monde spirituel, ou Jérusalem céleste, en
trois cieux :
Le ciel inférieur, dans lequel les habitants reçoivent
LES PRÉCURSEURS 37
médiatement l'influence divine des deux autres cieux.
Ses attributs sont : l'amour et l'intelligence ;
Le ciel spirituel, habité par des anges qui reçoivent
médiatement du troisième ciel l'influence divine. Ils
voient Dieu, mais pas dans toute sa splendeur. Son
emblème est la lune, astre sans rayons ;
Le ciel supérieur, habité par les plus parfaits des
anges, qui reçoivent directement l'influence de Dieu,
qu'ils voient face à face. Son emblème est celui de Dieu,
soleil d'un monde invisible ; il se manifeste par l'a-
mour et la vérité représentés symboliquement par la
chaleur et la lumière.
Dans ces trois royaumes célestes circulent des socié-
tés innombrables d'hommes et de femmes, unis par des
mariages éternels ; chaque couple habite un palais
splendide entouré de jardins merveilleux.
Au-dessous des régions célestes, il place le royaume
des esprits, où se rendent les hommes après leur mort.
Là, ils subissent une transformation angélique, et, sui-
vant leurs mérites, ils vont au paradis ou en enfer.
Les maçonneries allemandes, danoises, suédoises
et russes, furent les premières impressionnées par les
théories swedenborgiennes, qui eurent également un
grand succès dans l'est de la France. Ces doctrines ne
semblent avoir eu d'influence à Paris et à Londres
qu'après la mort de Swedenborg. La même année, en
1783, se formèrent dans ces deux villes des loges dans
lesquelles on pratiqua le système du théosophe suédois.
Parmi les maçons du xvnr9 siècle, un des plus éclai-
rés en science maçonnique est certainement Willermoz
(1730-1824) ; il fut affilié à presque tous les régimes,
38 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
les connut dans leurs grades avancés, et tout en re-
connaissant les divergences d'opinions religieuses qui
séparent les membres influents de son Ordre, depuis le
matérialiste jusqu'au chrétien, il demeure catholique,
mais à sa façon. Il croit à la divinité du Christ et à la
rédemption, mais il n'admet pas l'autorité du Pape ;
c'est un pseudo-janséniste, mélangé de gallican et de
martiniste. Comme Bœhm, Swedenborg et Saint-Martin,
il a des hallucinations pendant une certaine période de
sa vie. C'est, en résumé, un brave homme naïf dont
l'esprit avait été déréglé par des recherches folles qui
n'étaient pas à la portée de ses connaissances scienti-
fiques ; ses études philosophiques ne le mettaient pas
à même d'étudier sans danger un problème dont la
recherche conduit à l'exaltation ou à l'hébétement lors-
qu'on ne sait s'arrêter à temps.
J'ai choisi Willermoz parmi les nombreux maçons
qui précédèrent la Révolution, précisément parce qu'il
fut en rapport avec des membres de tous les rites et que
ce qu'il dit de la maçonnerie est d'un ordre plus géné-
ral que ce qu'en pourrait dire un chef de secte comme
Saint-Martin (1). Willermoz, par sa correspondance in-
cessante, fut en rapport avec les ducs de Brunswick et de
Salni, Charles deHesse, Hund, Haugwitz, St-Germain,
Cagliostro, Martines Pasqually, Saint-Martin, les ducs
de Luxembourg et d'Havre, Bacon de la Chevalerie,
Savalète de Lange, La Peyrouse, le marquis de Chef-
debien, Naselli à Naples, d'Albarey à Turin, Wollner,
Wechter, les maçons suédois et russes aussi bien que
les maçons parisiens avec lesquels il échangeait des
vues continuelles. Par lui on pourra donc constater,
(1) Du reste, Saint-Martin fut un chef de secte théorique : il
n'organisa pas de sociétés; on s'inspira de ses œuvres.
LES PRÉCURSEURS 39
mieux que par tout autre, ce que pensaient les maçons
et ce qu'ils voulaient.
Le 31 janvier 1782, il écrit à Wechter pour lui parler
de l'avenir de la maçonnerie, lui exposer son système
aussi bien que ceux des autres. Dans cette lettre,
destinée au plus grand secret, il met à nu les causes,
les moyens et le but de la maçonnerie en général.
Il ne s'agit pas, dit-il, de créer une institution maçon-
nique qui existe et qui est plus répandue que jamais ;
mais il faut satisfaire le vœu général en la réformant.
Il faut refaire un centre auquel pourront se réunir toutes
les parties delà société générale qui le voudront. Le
moment est bon, la société est dans une période d'effer-
vescence extraordinaire, mais elle n'est qu'un squelette.
Comment reconnaît-il le vrai but fondamental de la
maçonnerie quand les institutions sont si variées? Par
trois moyens :
1° La tradition, bien qu'elle soit très obscurcie ;
2° L'étude de l'esprit actif ; ce qu'on dit et ce qu'on
pense de la maçonnerie ;
3° L'emploi des connaissances personnelles.
Il appelle maçonnerie la science quelconque qui est
le but de l'institution.
Il appelle institution maçonnique l'école dans la-
quelle on apprend à connaître et à pratiquer cette
science.
Or, la science maçonnique faisant partie de la science
universelle est aussi ancienne que le monde, bien que
le terme maçonnerie soit récent et accidentel.
L'institution maçonnique contient diverses écoles
qui se nomment : Symboliques, Théoriques et Prati-
ques.
Cette institution n'a pu être établie qu'après la con-
naissance des principales révélations du Temple de
40 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Jérusalem, qui est le type fondamental de la partie
symbolique préparant aux deux autres (1).
La classe symbolique a voulu expliquer les symboles
au gré de son imagination ; d'où une foule de systèmes,
plus ou moins faux. Entre tous, celui de Hund (Stricte
Observance templière réformée d'Allemagne) est un
des moins mauvais, en limitant au xive siècle l'origine
de l'institution.
Mais comme la maçonnerie a un but unique, l'éclec-
tisme des Allemands est un vice fondamental, car ils
amalgament toutes les connaissances secrètes qui sont
à leur portée pour en faire un tout.
Dans la véritable doctrine maçonnique, explique
Willermoz (2), il y a dans l'homme deux extrémités
(1) Dans une lettre du 20 janvier 1780, Willermoz écrit au duc
de Brunswick : « La f.'.-m.-. fondamentale n'a pas essentiellement
d'autre but que la connaissance de l'homme et de la nature ;
étant fondée sur le Temple de Salomon, elle ne peut pas être étran-
gère à la science de l'homme, puisque tous les sages qui ont existé
depuis sa fondation ont reconnu que ce fameux Temple n'a existé
lui-même dans l'univers que pour être le type universel de
l'homme général dans ses états passés, présents et futurs, et le
tableau figuré de sa propre histoire. » Et, le 30 mai suivant, au
même personnage : « Nous nous fixons sur la base de la maçon-
nerie qui est le Temple de Jérusalem, parce que ce temple fameux
est le type universel de la vraie science de l'homme, substitué, à
cause de sa perfection, à tous les types ou symboles qui l'avaient
précédé .. Ce temple est miraculeux. »
Le Temple de Salomon est le type parfait d'une Loge et Hiram
son architecte en est le maître par excellence. Ce symbolisme ma-
çonnique est emprunté à deux livres de la Bible : les Rois et les
Paralipomènes.
(2) Le 20 mai 1782, Willermoz écrit à Hangwitz : « J'admets
comme vous une union ternaire dans le composé de l'homme
actuel, savoir : esprit, âme et corps matériel terrestre, ainsi que la
grande supériorité du premier et la grande infériorité du troi-
sième... Vous admettez dans la deuxième puissance ou âme une
grande vertu et force magique, dont je ne comprends pas la va-
leur ni même les eflets. »
LES PRÉCURSEURS 11
opposées de son individu : la nature spirituelle-intel-
lectuelle (par laquelle il est image divine) ; la nature
corporelle-élémentaire. Il a, en plus, une nature mixte
ternaire, d'esprit, d'âme et de corps.
Ces trois natures ont donné naissance à trois sciences
maçonniques successives, qu'on appelle aussi ordres
et genres.
Ces trois sciences réunies forment la science univer-
selle de l'homme-général, que seul Jésus-Christ a eue.
Ces sciences étant essentiellement vraies ont des ré-
sultats évidents, chacune dans son genre.
Il n'y a que trois systèmes maçonniques diffé-
rents (1) :
1° Le matérialisme pur, qu'il abhorre ;
2° La Stricte Observance fondée par F apôtre saint
Jean ;
3° Le système suédois fondé par saint Pierre.
Quant à la pratique de la bienfaisance que la ma-
çonnerie prétend avoir pour but de pratiquer, Willer-
moz la réduit à sa juste valeur dans une lettre du
31 décembre 1785, au duc d'Havre : « Le but de la
bienfaisance, dit-il, tout louable qu'il est, n'exigeant par
lui-même ni mystères, ni serments, et n'expliquant rien,
ne peut être le vrai but de l'initiative maçonnique. »
C'est avec ces multiples données métaphysiques que
se forma la mentalité des f.\-m.\ du xvme siècle. On
peut facilement s'imaginer le pathos, les puérilités, les
rêves antireligieux et antisociaux qui résultèrent de la
(1) Lettre du 27 septembre 1780 de Willermoz à Charles de
Hesse.
42 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
mise en œuvre de ces théories, la plupart suran-
nées et obscures, lorsqu'on verra le travail déloge effec-
tué par des gens d'intelligence souvent ordinaire,
d'une instruction insuffisante, jouant à la philosophie
comme au pharaon, à la bouillotte ou au lansquenet.
Combien d'esprits se détraquèrent, combien de braves
gens tournèrent à la monomanie maçonnique, de la
meilleure foi du monde, tels les Martines Pasqually,
les Bacon de la Chevalerie, les Savalète de Lange,
les Luxembourg, les Willermoz, aussi bien que la
duchesse de Brancas, la marquise de Lacroix, Beau-
chaine, Rœttiers de Montaleau, Alliette, Stroganoff,
Chambonas, Moët, le marquis de Thomé, Cagliostro
et la foule des maçons moins célèbres ! Pour les uns
c'était une élégance, pour les autres une religion.
Comment tous ces cerveaux en ébullition furent-ils
menés vers un but commun ? Dans quelle organisation
matérielle les adeptes furent-ils enrégimentés ? Com-
ment furent-ils dirigés ? Par un homme, par un groupe
ou par une idée ?
Y eut-il un seul initié de la première heure, d'un
esprit assez profond, assez perspicace, pour entrevoir,
en 1721, où devait conduire, en 1773 et en 1789, la
mise en pratique des dogmes qu'il pratiquait dans les
loges ?
Quant à nou6, nous croyons que l'idée fut plus forte
que les hommes, qu'elle les entraîna pour la plupart
malgré eux et à leur insu. Combien peu nombreux
furent ceux qui se retirèrent de l'Ordre, à la veille du
cataclysme ! Parmi ceux qui virent clair, combien osè-
rent protesteret brûler ce qu'ils avaient adoré? Com-
bien comprirent que le danger était moins dans ces
doctrines, surannées, dont l'interprétation souvent fan-
taisiste ne pouvait laisser de longues traces, que dans la
LES PHÉCURSEUKS 43
mise en pratique, dans l'ordre social et politique, d'un
usage qui avait eu sa raison d'être dans une corpora-
tion professionnelle : l'égalité pratiquée en loge, expri-
mée par le vote égal de tous les membres à la majorité
des voix ? Cette coutume, simple acte matériel dans une
réunion d'associés discutant des choses et des hommes
de leur métier, mise en pratique par des penseurs
qui voulaient réformer le ciel et la terre, devint
une idée et comme le dogme essentiel de la maçonne-
rie. Après avoir dominé et poussé l'institution tout
entière, après l'avoir mise en opposition avec ceux dont
il niait la supériorité, ce pseudo-dogme la fit s'attaquer
à Dieu même, sous prétexte d'inégalité à supprimer ;
c'est ainsi que la f.\-m.\ fut menée aux doctrines pan-
théistes, pour aboutir au matérialisme religieux et à
l'anarchie sociale.
CHAPITRE II
LA PÉRIODE DE TRANSITION
La f.'.-m.'. corporative. — Les maçons anglais. — Les statuts. —
Les landmarks. — La f.'.-m.". jacobite. — Les Rose-Croix.
— Ahsmole. — Wren. — Desaguliers. — Ramsay. — Les hauts
dignitaires de la f.'.-m.\ jacobite.
Si par franc-maçonnerie on entend désigner les an-
ciennes corporations de maçons travailleurs, on peut
la faire remonter aux époques les plus reculées.
Lorsque les hommes cessèrent la vie nomade, il se
forma des associations de constructeurs pour édifier
des abris durables et des remparts protecteurs. L'ar-
chitecture devint un art, art difficile, demandant des
connaissances spéciales et empiriques avant le dévelop-
pement des sciences exactes. Les constructeurs créèrent,
en quelque sorte, une première aristocratie, exclusive
et jalouse, dont les services étaient indispensables aux
Etats qui s'aggloméraient et se formaient peu à peu.
L'Association s'imposa, parce qu'un individu isolé ne
pouvait faire seul une construction importante et parce
qu'il fallait des connaissances professionnelles. En
construisant des remparts, on formait des centres de
paix, où l'homme pouvait penser avec sécurité. Il est
vraisemblable qu'en dehors du peuple de Dieu, les
premiers constructeurs eurent une religion à eux, basée
sur Tart de bâtir, comme la religion des peuples no-
mades était inspirée par la contemplation des astres.
LA PÉRIODE DE TRANSITION 1")
Les nomades avaient regardé le ciel, les maçons regar-
dèrent la terre (1).
Pour le maçon corporatif, l'univers était un immense
chantier de construction. Son rêve ou mieux son idéal
correspondait, j'imagine, à un travail incessant qui,
n'ayant jamais commencé, ne devait jamais finir, car
la notion de l'infini est instinctive chez l'homme qui
pense ; c'est la première manifestation de l'idée de Dieu
qui germe dans son cerveau : le plus grand que tout,
le plus petitque rien, ont toujours hanté l'âme humaine.
De là l'idée d'un Grand Ouvre, temple idéal, de plus en
plus parfait, immense, universel, infini. Sous la forme
symbolique nous retrouverons les traces de ces rêves
antiques dans les franc-maçonneries qui se sont
superposées à la franc-maçonnerie corporative.
En Egypte et en Syrie, les associations de construc-
teurs furent sacerdotales ;
En Grèce, nous trouvons les architectes dyonisiens ;
A Rome, des collèges de constructeurs.
Lorsque l'Occident commencera à renaître, après
l'absorption des barbares envahisseurs, nous constate-
rons, en Lombardie, la présence de sociétés de maçons
dont le centre fut Corne, d'où le nom consacré, au
xve siècle, de magistri comacini.
De la Lombardie ils essaimèrent dans toute l'Eu-
rope, où ils construisirent cathédrales, palais, routes
et canaux. Un diplôme du pape Nicolas III (1277) con-
firma leurs privilèges, qui furent renouvelés en 1334
par Benoît XII. Ils obtinrent alors des franchises delà
papauté : exemptions d'impôts et de services militaires;
juridictions spéciales, etc., d'où le nom de maçons
affranchis, ou francs-maçons.
(1) Voyez sur ce sujet Oswald Wirth, Manuel de l'apprenti.
46 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Que des novateurs plus ou moins sincères, des kab-
balistes à la recherche des mots magiques formés par
les dernières lettres de versets de la Bible, que des
alchimistes à la recherche de la pierre philosophale,
se soient abrités dans ces corporations comme dans
des lieux d'asile, rien de plus vraisemblable; mais la
franc-maçonnerie corporative n'en était pas moins
exclusivement une société de constructeurs, soumis
aux gouvernements des pays dans lesquels ils travail-
laient, pratiquant avec zèle leurs devoirs religieux.
Pendant le xvie siècle, les guerres de religion, pen-
dant la première moitié du xvne siècle, la guerre de
Trente ans et les guerres civiles anglaises ralentirent
les entreprises de grandes constructions ; au surplus,
cathédrales et palais étaient, pour la plupart, édifiés.
Les gildes, sociétés et corporations de maçons connu-
rent une période de marasme et, pour ne pas mourir,
elles reçurent parmi leurs membres des protecteurs
insignes sous le nom de maçons acceptés.
Il n'y a aucun intérêt, dans la question qui nous
occupe, et au surplus il n'y a aucune certitude, à vou-
loir fixer la date exacte à laquelle les f.-.-m.'. corpo-
ratifs s'organisèrent en Angleterre. Il serait tout aussi
téméraire de vouloir reproduire les statuts des corpo-
rations du moyen âge, dont V authenticité paraît tout au
moins douteuse, comme par exemple « les lois et obli-
gations soumises à ses frères maçons par le prince
Edwin », en 926. Cela du reste importe peu à la for-
mation de la f.-.-m.*. spéculative de 1717.
Ce qui paraît sinon certain, tout au moins vraisem-
blable, c'est qu'il y avait à la fin du xvie et au xvnc siè-
LA PÉRIODE DE TRANSITION 47
cle, en Angleterre et en Ecosse, des corporations de
maçons constructeurs, sous le nom de frcemasons,
et que ces corporations, comme toutes les sociétés
de métiers, avaient des statuts. Il est admissible et
même vraisemblable que ces corporations se mirent
volontiers sous la protection des souverains ou des
personnages influents, et il est possible, comme le dit
Preston (p. 136 et 137), qu'en 1507, après la démission
de sir Tbomas Sackville de sa qualité de g.*, m.*, des
maçons d'York, la confraternité se soit divisée en deux
branches, l'une pour le nord de l'Angleterre, avec le
comte de Bedford comme g.', m.*., et que les mêmes
fonctions aient été remplies pour le sud par sir Tho-
mas Gresham. Ce qui est encore possible, c'est que les
rois Jacques Ier (1603), Charles Ier (1625) et Charles II
(1660) aient figuré parmi les successeurs de sir Gres-
ham ; mais il me paraît certain que sir Christophe
Wren était bien g.*, m.', de la corporation en 1685.
Je ne discuterai pas la réalité de la construction de
la tour et de l'abbaye de Kilwinning en Ecosse par les
f.\-m. *. en 1140 ; mais j'admettrai sans hésiter que,
pendant le xvne siècle, Kilwinning était un centre impor-
tant de maçons constructeurs écossais (1). S'il me paraît
douteux que Edouard Ier Plantagenet, alors qu'il était
prince héritier, ait été initié par Raymond Lulle à la fin
du xme siècle, j'admettrai volontiers qu'au commence-
ment du xvme siècle, depuis de nombreuses années,
les Saint-Clair barons de Rosslyn, comtes de Orkney
et de Caithness, étaient juges et patrons héréditaires
des maçons écossais.
Il me paraît certain également que Guillaume III
(1) Dans le t. II, nous reviendrons longuement sur le rite
d'Hérodom de Kilwinning.
48 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
i
d'Orange fut initié vers 1694, ou mieux que certaines
loges de maçons anglais se mirent à cette époque sous
sa protection, et qu'en cette qualité il présida plusieurs
fois des assemblées à Hampton Court. Je tiens aussi
pour authentiques dans leur ensemble « les anciens
devoirs et statuts, recueillis par ordre de ce souverain
en l'année 1694 », publiés par Krauss et traduits par
Daruty (1). Comme ils me paraissent le seul document
certain relatant l'organisation de la corporation, on
doit attacher une grande importance au texte de ces
statuts, qui sont ceux qui furent adoptés en 1717 par
la franc-maçonnerie spéculative, modifiés et consi-
dérablement augmentés en 1721 par Anderson et
Desaguliers. Ils sont conçus en ces termes :
I. Votre premier devoir est d'être fidèles à Dieu et
d'éviter toutes les hérésies qui le méconnaissent.
IL De plus, vous devez aussi être fidèles sujets de
votre roi et obéir à ceux qu'il a investis de l'autorité.
Vous ne devez vous associer à aucune haute trahison
ou perfidie, mais en donner avis au roi ou à son conseil.
III. De plus, vous devez être sincères vis-à-vis de
tous les hommes et particulièrement à l'égard les uns
des autres, vous instruire et vous aider mutuellement
l'un l'autre, et par-dessus tout faire aux autres ce que
vous voudriez qu'ils fissent pour vous.
IV. De plus, vous devez fréquenter assidûment les
loges afin d'y recevoir constamment l'instruction, pré-
server les anciens usages et garder fidèlement le secret
sur tout ce que vous aurez pu apprendre des choses
concernant la maçonnerie, afin que les étrangers n'y
soient pas initiés d'une façon irrégulière.
(1) Voir aux appendices un texte différent reproduit par
M. Teder dans journal le Hiram (mai-juillet 1908).
LA PÉRIODE DE TRANSITION 19
V. Vous devez aussi ue pas voler ni receler, mais
être fidèles au propriétaire qui vous paie et au maître
pour qui vous travaillez ; veillez aussi aux intérêts du
propriétaire et travaillez à son avantage.
VI. De plus, vous devez aimer tous les maçons, les
traiter de compagnons ou frères et ne jamais les appeler
par d'autres noms.
VII. De plus, vous ne devez pas séduire la femme
de votre frère pour lui faire commettre un adultère, ni
violer sa fille non plus que sa servante, ni lui causer
de la honte d'aucune façon, ni l'exposer à perdre son
travail.
VIII. De plus, vous devez payer honnêtement votre
nourriture et votre boisson, là où vous vous arrêtez.
Vous ne devez commettre aucun crime ni faire aucune
vilenie qui puisse jeter la déconsidération sur la société
des maçons.
Tels sont les devoirs généraux auxquels sont assu-
jettis tout maître maçon et ses frères.
Il ressort de ce document, et cela est d'une impor-
tance capitale, qu'à la fin du xvne siècle il y avait en
Angleterre :
Une corporation de francs-maçons ;
Qui s'appelaient entre eux : frères ;
Qu'il y avait des maîtres, des compagnons et cer-
tainement des apprentis, bien qu'il n'en soit pas fait
mention ;
Que pour entrer dans la corporation il fallait subir
une initiation ;
Qu'on devait fidèlement garder le secret sur tout ce
qu'on pouvait apprendre concernant la maçonnerie.
On sait, de plus, que, dans les loges corporatives, les
maçons anglais votaient par tête pour tout ce qui con -
cernait leur profession.
LA FRANC-MAÇONNERIE. — T. I. 4
50 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Tout porte à croire que ces anciens devoirs consti-
tuent les Landmarks (1), sur le texte desquels les
maçons ne sont pas encore d'accord et qui sont les
articles essentiels de la constitution de leur Ordre,
ceux auxquels ils se sont engagés, lors de la fondation,
à ne jamais rien changer, même du consentement una-
nime de tous les maçons de toutes les loges (2). Aussi
ces Landmarks ont -ils disparu, et les écrivains maçon-
niques les plus érudits ne sont d'accord ni sur leurs
termes ni sur leur nombre. Alors que Paton en compte
vingt-cinq, Findel n'en admet que neuf (3).
Il paraît certain qu'ainsi qu'on l'a vu pratiquer en
Allemagne, lorsqu'il s'est agi de l'élection des empe-
reurs, ou de prendre un parti dans les guerres de reli-
gion, aussi bien que dans les Flandres sous Louis XI,
lorsqu'on voulait soulever un pays, on s'adressait aux
gildes et aux corporations qui présentaient des grou-
pements, riches, puissants, organisés et armés. De
même en Angleterre, lorsque la lutte s'engagea entre la
royauté des Stuarts et le Parlement, et plus tard entre
(1) Les Landmarks (bornes des propriétés).
(2) L'opinion personnelle de Chabriaud est qu'on peut les résumer
en trois articles :
1° Croyance en l'existence de Dieu et à l'immortalité de l'âme ;
2° Adoption de la légende d'Hiram et de toutes ses conséquences
relatives aux cérémonies et aux détails du rituel ;
3° Application du régime démocratique au gouvernement des
simples atel.V et des GG.\ LL.\
(3) D'après le Dr Albert Mackey, G.'. Secret.*, du Sup.\ Cons.'.
de Charleston, 25 ; d'après le Dr Olivier, 8 ; d'après John W. Si-
mons, 15 ; d'après Robert Morris, 17 ; d'après Lockwood, 19 ;
d'après la Constitution de la G.'. L.\ de New- York, 31. (Chaîne
d'union III. 197.309.403.)
LA PÉRIODE DE TRANSITION 51
les Stuarts et la maison d'Orange ou celle de Hanovre,
les partis politiques durent grouper autour d'eux les
corporations. C'était le moyen le plus pratiquera solu-
tion la plus élégante, comme nous dirions aujourd'hui.
Les actes de rébellion ou de guerre civile prenaient
ainsi l'allure de mouvements populaires, de manifes-
tations nationales. Il est certain que les Stuarts, depuis
Jacques Ier jusqu'à Charles III, usèrent de ces moyens,
tout au moins à l'égard des francs-maçons. Il est cer-
tain aussi qu'ils copièrent l'organisation maçonnique
pour l'introduire dans les régiments et en faire des
partis politiques. En 1689, nous verrons les régiments
écossais et irlandais débarquer en France, avec leurs
cadres militaires et leurs cadres maçonniques. Les
premiers étaient les agents exécutifs et les seconds le
pouvoir directeur.
Mais en même temps, ou à peu près, s'était introduit
dans la f.\-m.\ corporative un élément philosophique
qui plus tard devait faire naître et cimenter la fusion
de la f.\-m.\ jacobite avec la f.\-m.\ orangiste sur le
terrain égalitaire.
Dans les loges militaires, en effet, comme dans les
loges civiles, en franchissant la porte du temple le
maçon perdait ses grades militaires et civils pour avoir
des droits égaux à ceux de son frère et n'obéissait qu'à
la hiérarchie maçonnique, établie par le vote de tous
les maçons. En loge, le colonel apprenti était présidé
par le capitaine maître, comme le rose-croix non
officier de loge obéissait au vénérable maître. Sous ce
rapport la f.\-m.\ jacobite était donc aussi dangereuse
que la f.\-m.\ spéculative.
Lorsque le temps consacra le loyalisme des parti-
sans de la maison de Hanovre, lorsque les Stuarts per-
dirent tout crédit et ne furent plus représentés que par
52 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
des collatéraux éloignés, les régimes séparés eurent
intérêt l'un et l'autre à signer une trêve et à vivre paral-
lèlement, d'accord sur la doctrine générale, sinon sur
les manifestations extérieures du culte.
Un premier rapprochement sérieux se fit après la
défaite du prétendant à Culloden, sans parler des dé-
fections individuelles qui précédèrent ce combat déci-
sif. Après des luttes temporaires, provoquées par des
questions d'intérêt matériel ou de préséance et les con-
cordats provisoires, en 1772, 1784, 1799, 1807 et 1821,
il s'établit un modus vivendi qui dure encore. Les
Écossais ont oublié les causes premières de leur fon-
dation, comme les membres du Grand Orient ont
oublié leur origine au point d'ignorer complètement des
faits qui leur sont devenus indifférents.
Un groupement spéculatif s'était introduit dans la
f.\-m.\ en même temps que la politique jacobite : la
société des Rose-Croix.
Nous avons raconté, au chapitre précédent, comment,
à la suite d'une équivoque, créée de toutes pièces par
l'imagination d'Andréa, des sociétés réelles de Rose-
Croix s'étaient formées en Allemagne et en Angleterre,
sur le modèle soi-disant inventé par Christian Rose-
Croix.
La société, d'abord composée de quatre membres,
s'était accrue bientôt de quatre membres nouveaux, et
d'Allemagne s'était répandue en Europe.
En 1623 il fut constaté à Paris que l'ordre entier
était alors composé de trente-six membres : six à
Paris ; autant en Italie et en Espagne ; douze en Alle-
magne ; quatre en Suède et deux en Suisse.
LA PÉRIODE DE TRANSITION 53
Vers 1630, elle était puissamment organisée à Lon-
dres. Un des membres les plus actifs de celte société,
en Angleterre, fut Elias Àshmole (né à Lilchfield le
23 mai 1617, mort a Londres le 18 mai 1692). Il était
connu sous le nom de Mercuriophile anglais.
Après avoir fait de bonnes études, grâce à la protec-
tion du baron Pagett, Ashmole avait été nommé solli-
citor en 1638, et avait épousé la même année Eleanor
Mainwarieg de Smollwood (Cheshire), qui mourut en
1641 (1).
Ashmole, qui était antiquaire, se retira alors dans son
pays natal, embrassa avec ardeur le parti des Stuarts
et en 1644 fut nommé commissaire du roi à Litchfield.
A ceux qui prétendent que Ashmole était israélite, on
peut objecter qu'en octobre 1646, il était un des
membres les plus actifs du cercle catholique de Londres
avec Lilly et Booker et qu'il fut enterré dans l'Eglise
catholique de South Lambeth.
Ashmole aurait été introduit dans la société des
Rose-Croix par William Backhouse, puis, le 16 octobre
1646, aurait été admis comme maçon accepté dans la
corporation des maçons de Warrington, en même temps
que son beau-frère le colonel Henri Mainwarieg de
Kerthingham, sous le patronage de Richard Penkett,
Warden des Fellow-Crafts.
Il devait se retrouver dans la maçonnerie avec les
frères Thomas et Georges Warton, le mathématicien
William Oughteed, les docteurs en théologie John
Herwitt et John Prarson et l'astrologue William Lilly.
Avec eux il fonda une société qui avait pour but de
bâtir la maison de Salomon, temple idéal des sciences,
(1) Le ler mars 1647, Ashmole épousa une femme de vingt ans
plus âgée que lui, veuve pour la troisième fois.
54 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
imité de ceux imaginés par Morus dans Utopia et par
Bacon dans la Nouvelle Atlantide. Il obtint des maçons
de se réunir dans leur local : Masons'Hall, in Mason
Alley, Basing Hall street. C'est certainement par cette
association de Rose-Croix que la légende symbolique
du Temple de Salomon et probablement celle d'Hiram,
empruntées aux alchimistes, furent introduites dans la
maçonnerie. Certes Ashmole ne se doutait guère alors
du parti que la maçonnerie spéculative tirerait, soixante-
dix ans plus tard, de cette légende fantastique.
La société formée par Ashmole, comme celles de
Morus et de Bacon, devait rester secrète ; on devait
s'y occuper, sous formes allégoriques, des sciences
naturelles.
Au moment de l'entrée d' Ashmole dans la corporation
des maçons, on ne procédait à aucune cérémonie pour
la réception d'un apprenti. L'apprentissage terminé,
on passait compagnon, sans initiation, et lorsqu'on
était chargé de la surveillance des travaux, on était reçu
maître, après avoir présidé une loge ; ces divers grades
étaient conférés à la suite du vote des membres de la-
Loge.
Les secrets du métier, sous l'influence de la société
mystérieuse d'Ashmole, devinrent l'origine de la légende
des secrets de la maçonnerie spéculative ; c'est vers
la même époque qu'on inventa les cérémonies initiati-
ques, imitées de celles de l'antiquité ou imaginées par
des cerveaux enclins au mysticisme (1). Avec les mys-
térieux et obscurs symboles introduits dans les rituels,
suivant les besoins de la cause, le grand maître ma-
çon assassiné peut indifféremment être Hiram, Jacques
(1) Le grade d'apprenti aurait été inventé en 1646, celui de
compagnon en 1648 et celui de maître en 1652.
LA PÉRIODE 1>K TRANSITION .>■>
Molay ou Charles Ier. Le temple qu'on veut construire
peut être celui de Salomon, comme la restauration des
Stuarts. Entré dans cette voie symbolique, il n'y avait
plus de raison pour s'arrêter, et chaque année on inven-
tait de nouveaux grades. En Angleterre, le Puissant
Maître Irlandais succédait au Maître Irlandais et au
Parlait Maître Irlandais ; en Ecosse, le Royal Arch se
superposait au Chevalier du Temple, au Novice et au
Maître Ecossais. C'est certainement le grade de Cheva-
lier du Temple (de Salomon) qui donna plus tard l'idée
d'inventer la Légende des Templiers.
C'est ainsi que la f.\-m.\, pendant le xvne siècle,
devint l'Art Royal auquel on pouvait aussi bien
donner la signification d'étude suprême de la nature,
que d'étude des moyens à employer pour rétablir les
Stuarts sur le trône d'Angleterre.
Lorsque Charles II monta sur le trône, la f.\-m.\
perdait sa raison d'être politique. Aussi, comme elle
languissait, les maçons acceptés imaginèrent de greffer
sur leur corporation une société de bienfaisance et
d'humanité ; sous prétexte de rétablir la paix entre les
catholiques, les épiscopaux et les presbytériens, ils
déclarèrent que leurs membres pourraient appartenir
indifféremment à toutes les religions, et c'est après cette
adjonction à leurs statuts que, le 27 décembre 1663,
Henry Jermyn, comte de Saint-Alban, fut nommé
G.*. M.', dans une séance présidée, dit la légende, par
le roi Charles IL
La f.'.-m.*. sous sa nouvelle forme commence alors
à prendre corps. D'après Paton, en effet, c'est sous la
grande maîtrise du comte de Saint-Alban qu'on adopta
les articles suivants des ordonnances (1) :
(1) La preuve de l'authenticité de ces articles reste à établir.
56 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
I. Nul, quel que soit son rang, ne sera reçu free-
mason, si ce n'est dans une loge composée d'au moins
cinq freemasons.
II. Nul ne sera reçu s'il n'est sain de corps, de nais-
sance honorable, de bonne réputation et fidèle observa-
teur des lois du pays.
III. Nul freemason ne sera admis dans une loge
s'il n'est muni d'un certificat du maître de la loge dans
laquelle il a été reçu ; ce certificat, écrit sur parche-
min, constatera l'époque et le lieu de la réception...
V. A l'avenir la Fraternité sera administrée par un
G.*. M.', et par autant de surveillants qu'il sera
nécessaire.
VI. Nul ne sera reçu freemason avant l'âge de
vingt et un ans.
Cependant la corporation des maçons professionnels
n'était pas encore morte, car en 1666, après l'incendie
considérable qui dévora tout un quartier de Londres,
la corporation, sous les ordres de l'architecte Christophe
Wren, s'engagea à reconstruire rapidement le quartier
détruit. Sept ans plus tard, sous la direction du même
architecte, elle commença la construction de Saint-
Paul, dont le roi Charles II posa la première pierre.
Le comte d'Arlington était alors G.'. M.'. (1); à sa
mort, en 1685, Wren fut nommé à sa place.
(1) L'extrait suivant du Journal cTAshmole, reproduit par
William Preston, The origin of framasonry (1871), note p. 139,
établit très nettement qu'il y avait en 1682 de nombreux maçons
acceptés dans les loges corporatives :
<( Le 10 mars 1682, vers cinq heures de l'après-midi, je reçus
une convocation à me rendre à une loge qui devait se tenir le len-
demain 11 mars, à Londres, à Masons'Hall. J 'y fus, et vers midi
LA PÉRIODE DE TRANSITION 57
En 1688 Jacques II fut détrôné. Wren, qui était
jacobite ardent, occupa cependant ses fonctions jus-
qu'en 1005, dale à laquelle il fut remplacé par Charles
Lennox, duc de Richmond, maître de la loge de Chi-
chester, fils naturel de Charles II et de Louise de
Keroual, Dsse de Portsmouth. La f.\-m.\ reprenait
donc sa tradition jacobite. En 1698, Wren était de
nouveau nommé G.*. -M.*, et occupa ces fonctions
jusqu'en 1702. A l'avènement de la reine Anne, il fut
destitué de ses fonctions d'architecte de Saint-Paul. Il
se démit alors de la G.\ M.\se ; il mourut à 91 ans,
dans la plus profonde retraite (1).
En 1702, la f.\-m.\ était encore à ce point jacobite,
que les maçons refusèrent de continuer les travaux
on admit dans la société des freemasons sir William Wilson,
chevalier ; le capitaine Richard Barthwick ; William Woodman ;
William Gray ; Samuel Taylor et William Wyse. Admis depuis
35 ans, j'étais le plus vieux compagnon. Avec moi il y avait les
compagnons : Thomas Wyse, maître de la société des freema-
sons pour l'année présente, Thomas Shorthose et sept freema-
sons plus anciens Tous nous prîmes part, à Half Moon Tavern
Cheapside, à un dîner remarquable, donné aux frais des nouveaux
maçons acceptés. »
(1) Christopher Wren était né à East Knoyle, près Tirbury
(Wiltshire), le 20 octobre 1632. Il était fils d'un recteur et petit-fils
de François Wren, mercier à Londres. Sa mère Mary, fille de
Robert Gox de Fontill Abbay, mourut pendant qu'il était encore
enfant et il fut élevé par sa sœur. Il avait 11 ans quand celle-ci
épousa le mathématicien William Holder. A l'âge de 25 ans, Wren
succéda à Lawrence Rooke dans sa chaire d'astronomie du collège
de Gresham. En 1660, il remplit les mêmes fonctions à Oxford. C'est
en 1673 seulement qu'il abandonna les sciences pour s'occuper
d'architecture. A la fin de sa vie, il habita Hampton Court et
Piccadilly, Saint-James Street. Il vivait dans l'intimité de Halley,
Newton, IsaacBarrowet Flamstead. Wren épousa en premières noces
une fille de sir John Coghill et en secondes noces une fille de lord
Fitz William. Il mourut à Londres le 25 janvier 1723, dans son
fauteuil, après dîner.
58 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
de la cathédrale sous les ordres de William Benson,
inspecteur des bâtiments du roi Georges Ier (1)
En 1703, la loge Saint-Paul prend une décision qui
montre comment la f.\-m.\ se transformait peu à peu.
« Les privilèges de la maçonnerie, dit cette décision,
ne seront plus désormais réservés seulement aux
ouvriers constructeurs, mais, ainsi que cela se pra-
tique déjà, ils seront étendus aux personnes de tous les
états qui voudront y prendre part, pourvu qu'elles
soient dûment présentées, que leur admission soit
autorisée et qu'elles soient initiées d'une manière régu-
lière. »
Bien que Wren n'ait pas été remplacé dans ses fonc-
tions de G.*. M.'., les maçons n'avaient pas déserté leurs
loges jusqu'à l'achèvement de la cathédrale. Ce travail
terminé, on ne peut suivre leurs traces, car ils n'ont
plus de G.*. M.*. Cependant quatre loges de Londres se
réunirent encore dans diverses tavernes dont elles
prirent les noms : « L'Oie et le Gril o ; « La Cou-
ronne » ; « le Pommier» et « Le Gobelet et les Raisins ».
Les Stuarts ayant été défaits en 1715, d'une façon
qui semblait définitive, malgré l'impopularité dont
la maison de Hanovre était entourée dans la personne
de Georges Ier, qui savait à peine l'anglais et séjournait
le plus longtemps possible sur le continent, un Français
émigré à la suite de la révocation de l'édit de Nantes,
et devenu ennemi féroce de son ancienne patrie, le
Dr Désaguliers, songea à utiliser la maçonnerie en
(1) La cathédrale fut achevée en 1710, sous la direction de son
fils et de Robert Mylne.
LA PÉRIODE DE TRANSITION 59
complète décadence pour en faire, avec l'approbation
du roi Georges II, une corporation qui échapperait à
t'influence des Stuarts.
Jean-Théophile, devenu JohnTheophilusDcsaguliers,
était fils de Jean Désaguliers, pasteur protestant de
la congrégation d'Aitré ; il était né à la Rochelle, le
13 mars 1(583. Après la révocation de l'édit de Nantes,
son père s'enfuit sur un navire et, pour soustraire son
fils aux recherches, le cacha dans un tonneau. Après
un court séjour à Guernesey, il se rendit à Londres, où
son père exerça les fonctions de ministre de la chapelle
française protestante de Smallow Street, puis établit
une école à Islington.
Dès l'âge de 17 ans, Theophilus partagea avec son
père la direction de cette école. A la mort de celui-ci
il abandonna l'enseignement et entra à l'université,
d'Oxford, où il prit, en 1709, le grade de bachelo. En
1710, il entra dans les Deacons Orders, remplaça le
Dr Keil comme professeur de philosophie expérimen-
tale à Hart Hall, se rendit à Londres le 3 mars 1712,
et, en juillet 1714, fut élu membre de la Royal Society.
Le prince de Galles, depuis Georges II, et sa femme
la princesse Caroline, assistaient régulièrement à ses
cours. Malgré les faveurs dont il était comblé, Désagu-
liers quitta l'Angleterre ; il parcourut la Hollande, où il
fit des cours qui eurent beaucoup de succès ; il y con-
nut l'astronome Huyghens; l'anatomiste Ruysch et le
médecin Roerhave ; il comptait le philosophe S'Grave-
send parmi ses auditeurs.
De retour en Angleterre, il seconda Newton devenu
vieux dans ses expériences et ses démonstrations, et
vulgarisa son système sur les mouvements célestes.
Au milieu de ses travaux sérieux, son esprit singu-
lier l'entraîna à publier un ouvrage sur la construction
GO LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
des cheminées avec le moyen de les empêcher de fumer
(1716). L'année suivante il publia : A System of expéri-
mental philosophy proved by mechanics, as shown at the
public lectures, in a course of expérimentai philosophy,
et en 1728 un poème sur le système de Newton.
En 1742, nous le trouvons à Bordeaux, où il publie
une dissertation sur l'électricité des corps et fait des
prosélytes à la franc-maçonnerie, dans cette ville où
un groupe de commerçants anglais avait déjà installé
en 1732 la loge connue plus tard sous le nom de An-
glaise n° 204. Desaguliers mourut le 29 février 1744.
Son fils Thomas (1725-1780), officier d'artillerie dans
l'armée anglaise, combattit constamment contre la
France. Il était à Fontenoy, en 1745, et au siège de
Belle-Isle en 1761.
Le rôle de Desaguliers dans la fondation de la f.\ m.',
spéculative fut considérable. Il s'entoura des maîtres
et surveillants des quatre loges de Londres : Anthony
Sayer, Georges Payne, Jacob Lamball, maître char-
pentier, du capitaine Joseph Elliott, Goston, Cordwell,
Calvert, Lumley, Ware, Madden, King, Joshua
Timson et du Dr James Anderson, ministre presby-
térien. C'est avec le concours de ces maçons profes-
sionnels et de ces maçons acceptés, qu'en juin 1717
il fonda les premières bases de la maçonnerie spécu-
lative, sous la forme qui devait triompher.
Néanmoins la f.\-m.\ jacobite n'était pas morte ; elle
continuait à fonctionner sur le continent, et particu-
lièrement en France, où les Stuarts avaient trouvé un
refuge. C'est cette maçonnerie qui constitua presque
toutes les loges de notre pays et particulièrement celles
de Paris. Les régiments écossais et irlandais furent le
germe d'où sortirent toutes les loges des régiments fran-
çais, et leur nombre fut considérable. Toutes les loges
LA PÉRIODE DE TRANSITION (il
d'origine jacobite furent, par suite dune confusion
facilement explicable, étant donnée l'origine des Stuarts,
qualifiées d'écossaises, alors qu'elles n'avaient rien de
commun avec le régime écossais tel qu'on l'entend de
nos jours ; aussi persisterons-nous à les qualifier de
jacobites, même longtemps après la disparition des
Stuarts, parce que les régimes vraiment écossais ne s'in-
troduisirent que fort tard en France. Ainsi, c'est en 1788
seulement que la G*. L.\ d'Ecosse, fondée depuis 1736,
constitua sa première grande loge provinciale : l'Ardente
amitié, à l'0.\ de Rouen, alors qu'elle en avait cons-
titué dans le monde entier. C'est en 1786 seulement que
le G.". Chap.*. de l'ordre royal d'Ecosse fonda des
grandes loges provinciales à Rouen et à Paris, et en
1787 à Strasbourg, Laval, Aix et Château-Thierry, en
1788 à la Martinique, à Saint-Domingue et à Brest.
Quant aux quatre directoires écossais qui furent fondés
à Bordeaux, Lyon, Strasbourg (1776) et Montpellier
(1781), ils n'ont aucun rapport avec les loges d'Ecosse,
attendu qu'ils furent installés par la Stricte Observance
templière réformée d'Allemagne, qui reconnaissait dans
Charles III Stuart le G.*. M.', secret de leur Ordre avant
1771. Quant à la mère loge écossaise de Marseille d'où
sont sorties en 1766 la grande mère loge écossaise du
Comtat-Venaissin et en 17761a grande mère loge du rite
écossais philosophique du Contrat social, elle dérive si
peu des loges d'Ecosse qu'elle fut fondée en 1751 par
Georges de Walnon, gentilhomme écossais rentré en
France à la suite de Jacques III.
Avant 1771, il n'y avait donc pas de loges écossaises
en France, mais bien des loges jacobites. En confon-
dant des origines aussi différentes, tous les historiens,
y compris Daruty, ont fait une erreur telle qu'ils n'ont
pu comprendre le mouvement maçonnique dont ils
62 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
avaient entrepris de raconter l'histoire. Nous verrons,
dans un prochain chapitre, comment cette maçonnerie
jacobite s'introduisit en France, avec Charles Radclyffe.
Un autre personnage, d'esprit plus distingué et de
science plus vaste, Andrew Michael Ramsay, fit aussi
tous ses efforts pour propager la maçonnerie jacobite
sur le continent et même en Angleterre et en Ecosse.
Fils d'un boulanger d'Ayr, il naquit dans cette ville le
9 juillet 1686. Après y avoir commencé ses études, il les
termina à l'Université d'Edimbourg, puis accepta les
fonctions de précepteur des fils du comte de Wemyss
jusqu'en 1706. Son esprit curieux et mystique n'ayant
pas trouvé une satisfaction suffisante dans la pratique
de la religion anglicane, il se jeta dans le socinianisme,
qui le dégoûta promptement. Après une période d'in-
différence complète, Ramsay adopta les doctrines du
pyrrhonisme universel. Dune activité dévorante et
d'une bonne foi indiscutable, il s'adressait à tous les
docteurs renommés de son entourage pour se faire
éclairer. Vers 1706, il passa en Hollande où il vit
beaucoup Pierre Poiret, le philosophe mystique, qui
ne parvint pas à dissiper ses doutes ; ce fut Fénelon,
qu'il connut en 1709 à Cambrai, qui le fixa dans une
voie qui devait être définitive : Ramsay se fit catho-
lique, d'un catholicisme tendre et mièvre, exagération
de la foi du Cygne de Cambrai ; mis en rapport avec
le duc de Rouillon, il fut chargé de l'éducation de
ses fils ; en 1724, Jacques III l'appela à Rome pour
remplir les mêmes fonctions ; l'éducation d'enfants
aussi jeunes ne pouvait lui convenir ; malgré la grande
affection qu'il avait pour les Stuarts, il quitta bientôt
LA PÉRIODE DE TRANSITION 63
Rome et, ayant obtenu un sauf-conduit pour se rendre
en Ecosse, il résida quelques années chez le duc d'Ar-
gyle. Il fut reçu docteur à l'Université d'Oxford en
17IU), malgré sa qualité de catholique. Rentré en
France, il séjourna tantôt à Paris, tantôt à Navarre
ou à Sedan chez son ancien élève, le prince de
Turenne, devenu duc de Bouillon. Il entretenait des
relations constantes avec Jean-Baptiste Rousseau et
Louis Racine. Ramsay n'avait pas abandonné le parti
des Stuarts et il travaillait avec ardeur à leur restaura-
tion. C'est pour servir leur cause qu'il s'occupa de franc-
maçonnerie. En 1728, il aurait, paraît-il, essayé de
pénétrer dans laG.'.L.'. d'Angleterre pour y introduire
les grades écossais (novice et chevalier du Temple),
qui se pratiquaient depuis longtemps dans la loge de
Saint- André d'Ecosse. Econduit en sa qualité de
catholique jacobite, il vint à Paris, où il obtint un
grand succès, et où il développa le système des hauts
grades qui, avant lui, n'étaient connus en France
que par les grades irlandais.
Suivant Ramsay, la f.*. m.*, aurait été instituée par
Godefroy de Bouillon à l'époque des Croisades, et cet
ordre aurait été introduit à la loge Saint- André d'Edim-
bourg par des chevaliers du Temple à leur retour de la
Terre Sainte.
Il est possible, comme l'insinuent Kloss et Findel,
que Ramsay ait été sinon le fondateur, peut-être le
propagateur de la société connue sous le nom de Gor-
mogones, qui se forma vers 1724, [et contre laquelle la
G.'. L.\ d'Angleterre fulmina des décrets Tannée sui-
vante. On sait du reste peu de chose de l'organisation
des Gormogones, si ce n'est que, sur leurs tableaux, leurs
noms et demeures étaient inscrits en chiffres ; que
l'ordre avait été importé de Chine par un mandarin et
64 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
qu'il possédait, comme la f.\-m.\ un secret d'une
« valeur extraordinaire ». Il était interdit aux Gor-
mogones de parler de la politique du pays où ils
résidaient (1).
Dans le mandarin et la Chine, les ff.\ Kloss et
Findel voient un jésuite et Rome. Cette société fut
dissoute entre 1730 et 1738. Elle aurait eu un chapitre
à Londres, dans Castle Tavern, sous la direction du
Subœcumenical Volgi de Rome ou de Paris. Il est
certain qu'en 1737 Ramsay s'occupait de réglementer
et de prendre la direction de la maçonnerie. Les
Gormogones, qui n'en sont qu'une variété, ont pu fixer
son attention ; il est possible que ce soit à cette
maçonnerie qu'il fasse allusion dans ses lettres au
cardinal de Fleury, datées des 20 et 22 mars 1737 :
« Daignez, Monseigneur, soutenir la société des
Free-Masons dans les grandes vues qu'ils se propo-
sent et V. E. rendra son nom bien plus glorieux par
cette protection que Richelieu ne fit le sien par la fon-
dation de l'Académie française.
« L'objet de l'un est bien plus vaste que celui de l'au-
tre. Encourager une société qui ne tend qu'à réunir
toutes les nations par l'amour de la vérité et des beaux-
arts est une action digne d'un grand ministre, d'un
père de l'Eglise et d'un saint pontife. Comme je dois
lire mon discours demain dans une assemblée géné-
rale de l'Ordre et le donner lundi matin aux examina-
teurs de la Chancellerie, je supplie V. E. de me le
renvoyer demain avant midi par un exprès. »
Le cardinal voyait la maçonnerie d'un mauvais œil,
et dut le faire savoir à Ramsay qui s'empressa de lui
(1) Sur les Gormogones, voy. Gould : Historg of free-masonry ,
III, 482.
LA PÉRIODE DE TRANSITION ()5
répondre : « J'apprends que les assemblées de frec-
masons déplaisent à V. E. Je ne les al jamais fréquentées
que dans la vue d'y répandre les maximes qui auraient
peu à peu rendu l'incrédulité ridicule, le vice odieux et
l'ignorance honteuse. Je suis persuadé que si on glissait
à la tête de ces assemblées des gens sages et choisis
par V. E., elles pourraient devenir très utiles à la reli-
gion, à l'Etat et aux lettres. C'est ce dontje crois pouvoir
convaincre V. E., si elle daigne m'accorder une courte
audience à Issy. En attendant ce moment heureux, je
la supplie de vouloir bien me mander si je dois retour-
ner à ces assemblées, et je me conformerai aux volon-
tés de V. E. avec une docilité sans bornes. »
Il semble ressortir de cette lettre que Ramsay
n'avait pas en très haute estime des gens auxquels il
reproche « une incrédulité ridicule, un vice odieux
et une ignorance honteuse (1) ».
Fleury répondit que le roi ne permettait pas les
réunions.
Tous les historiens sont d'accord pour attribuer à
Ramsay l'introduction des hauts grades écossais et la
légende des Templiers. Nous croyons qu'il faut rectifier
ces affirmations dans une certaine mesure.
Les grades irlandais existaient depuis le xvne siècle,
et ce sont eux que pratiquaient les régiments irlandais
et écossais qui vinrent en France à la suite de Jac-
ques II. Ramsay se borna à modifier leur appellation
en remplaçant partout le mot irlandais par le mot
écossais, pour en faire une institution jacobite. Quant
à la création de l'ordre des Templiers, nous ne croyons
(1) Ces documents intéressants se trouvaient perdus dans l'His-
toire de la Régence et de la minorité de Louis XV de Lemontey.
C'est Daruty qui le premier les a exhumés.
LA FRANC-MAÇONNERIE. — T. I. 5
66 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
pas qu'elle soit l'œuvre de Ramsay , qui, ainsi
que celui qui forma les hauts grades irlandais, ne
parle que des Chevaliers du Temple (de Salomon)
et non des Templiers sur lesquels, d'après Fin-
del, il s'exprimait souvent d'une façon désavanta-
geuse.
D'après une conversation que Ramsay aurait eue
avec Gensau, en modifiant les hauts grades il aurait
eu pour but de rendre les admissions plus difficiles et
plus éclairées et de recueillir des fonds pour les
Stuarts.
Il est également probable que ce fut Ramsay qui fit
naître le conflit qui eut lieu entre le duc de Montagu et
le duc de Wharton en 1722, lorsque ce dernier sup-
planta le premier dans les fonctions de G.'. M.*, de la
G. • . L. • . d'Angleterre, le duc de Wharton ayant des sym-
pathies pour les Stuarts. En 1728, Ramsay lui ménagea
une entrevue à Parme avec Jacques III, et Wharton,
qui plus tard se retira de la f.\ -m.*, pour entrer dans un
couvent en Espagne, essaya, de concert avec le roi, de
faire pénétrer la maçonnerie dans les loges d'Ecosse ;
mais il ne put réussir, Desaguliers s'étant emparé de
ces loges dès 1723. C'est probablement à la suite de
l'échec de ces projets que Ramsay imagina de do-
miner la f.\-m.\ par les hauts grades, dans lesquels
il n'aurait admis que les partisans des Stuarts. Les
hauts grades se répandirent rapidement en France et
passèrent en Allemagne avec de Hund, le fondateur
de la Stricte Observance, qui était venu puiser ses
doctrines maçonniques dans le chapitre de Cler-
mont, qui était de tendances jacobites. C'est de
Hund qui imagina de fondre le grade de Chevalier du
Temple (de Salomon) avec la légende des chevaliers
croisés et d'inventer la fable des Templiers, grands mai-
LA PÉRIODE DE TRANSITION 67
tre« de la franc-maçonnerie (1). Cette doctrine avaitaussi
une application pratique : elle permettait de se procurer
des fonds, du moins de Hund l'espérait. Si lesff.'.mm.*.,
en effet, étaient des descendants des Templiers, peut-être
pourraient-ils revendiquer les biens qui avaient été
confisqués à cet ordre sous Philippe le Bel ? Les Jaco-
bites adoptèrent l'idée, et tentèrent de se procurer ainsi
des sommes immenses qui leur permettraient de réta-
blir les Stuarts sur les trônes d'Angleterre, d'Ecosse et
d'Irlande. Malheureusement pour eux, ce grand œuvre
n'était pas plus réalisable que la fabrication de la pierre
philosophale, ou la découverte du mystère de la créa-
tion. L'ordre de Malte, qui avait en partie hérité des
(1) Les Templiers passaient, au surplus, pour avoir eu des
mœurs inavouables, et Ion disait qu'à la fin du xvne siècle il y
avait eu, sous la grande maîtrise de Jacques-Henri de Durfort, duc
de Duras, « une petite résurrection des Templiers ». Il convient
d'ajouter que c'était cette mauvaise langue de Bussy-Rabutin qui
avait tenu ces vilains propos dans Y Histoire amoureuse des Gaules.
Il se serait donc formé, en 16S2, à Versailles, une société secrète
dont les femmes étaient rigoureusement exclues, et afin que les
membres de la confrérie ne fussent pas tentés de l'oublier, ils
portaient sur leur chemise une décoration en forme de croix,
imitée de la croix de Saint-Michel, représentant un homme foulant
une femme aux pieds. Beaucoup de personnages de la cour
auraient fait partie de la corporation : Manicamp, le chevalier de
Tilladet, le duc de Grammont, le comte de Tallard, le marquis
de Biron, etc. ; ce dernier fut le parrain du duc de Vermandois
qui aurait subi les derniers outrages de l'initiation. Le Dauphin
aurait été admis, mais sans épreuves. Instruit de ces infamies,
Louis XIV fit fustiger le duc de Vermandois par un laquais, et
envoya en exil les membres de la société qui se seraient cepen-
dant réunis de nouveau, en 1705, sous la présidence de Philippe
d'Orléans, pour former une société politique dont le but semblait
inconnu. Sans insister sur ces médisances, le caractère de Ramsay
doit d'autant moins subir de semblables promiscuités que la
légende de la maçonnerie templière est l'œuvre de Hund et qu'elle
ne fut acceptée officiellement que le 25 décembre 1763 au convent
d'Iéna.
68 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Templiers, aurait certes mis obstacle à la réussite de
ce projet s'il avait été réalisable.
Dans tous les cas, ainsi que nous le verrons dans
l'historique des loges, ce fut cette maçonnerie jacobite
qui essaima par toute la France, formant presque
toutes les mères loges, à Marseille, Avignon, Montpel-
lier, Arras, Strasbourg, Lyon, Toulouse, Orléans,
Paris, etc. (1).
Ramsay, qui avait hérité des papiers de Fénelon, fut
son éditeur après sa mort, et mourut lui-même en bon
catholique à Saint-Germain-en-Laye, le 6 mai 1743 ;
son acte de décès fut signé par Charles Radclyffe,
lord Darwentwater et par lord Eglentoun (2).
(1) Avant de terminer cette biographie, je dois mentionner
l'opinion de M. Teder sur le rôle de Ramsay ; d'après ce savant
historien qui a compulsé les papiers de Charles-Edouard, Ramsay,
intime ami de Desaguliers, aurait trahi les Stuarts au profit de la
maison de Hanovre.
(2) « Le mardy septième may mil sept cent quarante trois, le
corps de Messire André Michel de Ramsay, chevalier de Saint-
Lazare et chevalier Baronet d'Ecosse, époux de Dame Marie de
Nairne, mort le jour précédent, âgé d'environ 58 ans, a été inhumé
dans l'église, vespres chantées, en présence du clergé dont les
sieurs Maurice Morphy et Louis Guillon, prêtres, qui ont signé
avec les parents et amis du défunt. »
CHAPITRE III
L'ORGANISATION PRIMITIVE : SON ÉVOLUTION
Les obligations d'un f.\-m.'. — Les ordonnances de 1720. —
L'égalité dans les loges. — L'égalité philosophique et sociale. —
Le vote. — La définition de la f.*.-m.*. d'après les initiés :
Findel, Ragon, Jouaust, Darut}', Oswald Wirth.
Lorsque la f.\-m.\ spéculative s'établit en Angle-
terre, elle a eu évidemment le souci de ne pas alarmer
les pouvoirs publics ; elle avait intérêt à laisser croire
qu'elle était la continuation normale d'une associa-
tion existant depuis un temps immémorial, toujours
protégée par les chefs d'Etats .
C'est pour cela qu'avec un soin jaloux elle conserva
tout ce qui pouvait avoir rapport à l'ancienne corpora-
tion des maçons travailleurs.
Elle eut l'habileté de tromper les autorités.
En réalité, il n'y avait pas eu continuation, mais
substitution.
Le procédé employé pour se faire tolérer et recon-
naître fut ingénieux; il est essentiellement maçonnique.
En apparence, les devoirs qui furent publiés étaient
ceux d[une corporation de maçons travailleurs ; cer-
tains mots professionnels avaient été laissés à dessein ;
tout en publiant de nouveaux statuts, ceux qui les rédi-
gèrent les déclaraient fort anciens, et prétendaient avoir
simplement réuni et condensé de vieux textes, alors
qu'il est évident que les statuts dans leur ensemble
70 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
visaient bien plus la f.\-m.*. spéculative que la
f.\-m.\ corporative.
Cette nécessité de la première heure explique pour-
quoi la f.'.-m.'. spéculative tint tant à prouver son
antiquité et à établir qu'elle n'était que la continuation
d'une corporation de travailleurs.
Cette organisation primitive eut une telle consé-
quence sur l'avenir de la maçonnerie que nous croyons
devoir, malgré leur longueur, entrer dans tous les dé-
tails, car jusqu'ici, ceux qui ont étudié les origines
de la f.'.-m. \ ont négligé de compulser et de tirer
parti des règlements qui contribuèrent à sa forma-
tion.
Nous empruntons le texte des anciens devoirs à
l'Histoire de la f.'.-m.'. de la Tierce, qui, en 1745, en a
donné une traduction (I, 177), semblable, à part quel-
ques mots, à la traduction donnée par Daruty (p. 36),
d'après le texte anglais d'Anderson (62).
LES ORL1GATIONS d'un F.'.-M.*.
I. — Touchant Dieu et la religion.
Un maçon est obligé, en vertu de son titre, d'obéir à la
loi morale ; et s'il entend bien l'art, il ne sera jamais un
athée stupide, ni un libertin sans religion. Dans les anciens
temps, les maçons étaient obligés, dans chaque pays, de
professer la religion de leur patrie ou nation quelle qu'elle
fût ; mais aujourd'hui, laissant à eux-mêmes leurs opinions
particulières, on trouve plus à propos de les obliger seule-
ment à suivre la religion sur laquelle tous les hommes
sont d'accord. Elle consiste à être bons, sincères, modestes
et gens d'honneur, par quelque dénomination ou croyance
particulière qu'on puisse être distingué : d'où il suit que
la maçonnerie est le centre de l'union et le moyen de con-
cilier une sincère amitié parmi des personnes qui n'auraient
jamais pu sans cela se rendre familières entre elles.
l'organisation primitive ; SON ÉVOLUTION 71
II. — Touchant le magistral civil, suprême ou subordonné.
Un maçon est un paisible sujet des puissances civiles,
en quelque endroit qu'il réside ou travaille. Il ne trempe
jamais dans les complots et conspirations contraires à la
paix et au bien d'une nation. Il est obéissant aux magistrats
inférieurs. Comme la guerre, l'effusion du sang et la con-
fusion ont toujours fait tort à la maçonnerie, les anciens
rois et princes en ont été d'autant plus disposés à encou-
rager ceux de cette profession, à cause de leur humeur pai-
sible et de leur fidélité. C'est ainsi qu'ils répondent par
leurs actions aux pointillés (sic) de leurs adversaires, et
qu'ils accroissent chaque jour l'honneur de la fraternité, qui
a toujours fleuri pendant la paix.
C'est pourquoi, s'il arrivait à un frère d'être rebelle à
l'Etat, il ne devrait pas être soutenu dans sa rébellion.
Cependant on pourrait en avoir pitié, comme d'un homme
malheureux ; et quoique la fidèle fraternité doive désavouer
sa rébellion et ne donner pour l'avenir ni ombrage ni le
moindre sujet de jalousie politique au gouvernement, néan-
moins s'il n'était point convaincu d'aucun autre crime, il ne
pourrait point être exclu de la loge et son rapport avec
elle ne pourrait être annulé.
III. — Touchant les loges.
Une loge est un endroit où les maçons s'assemblent et
travaillent ; de là vient qu'une assemblée ou société de
maçons dûment organisée est appelée loge. Chaque frère
doit absolument dépendre d'une telle loge, et être sujet à
ses propres statuts et aux règlements généraux. Elle est,
ou particulière, ou générale, ce qui se comprendra mieux
en la fréquentant, et par les règlements de la grande loge
ci-après annexés. Anciennement aucun maître ou compa-
gnon ne pouvait s'absenter de sa loge particulière, quand
il était averti d'y comparaître, sans encourir une sévère
censure, à moins qu'il ne parût au maître et aux surveil-
lants qu'il en avait été empêché par la pure nécessité.
Ceux qui sont admis à être membres dune loge doivent
être des gens d'une bonne réputation, pleins d'honneur et
de droiture, nés libres et d'un âge mûr et discret. Ils ne
72 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
doivent être ni esclaves, ni femmes, ni des hommes qui
vivent sans morale, ou d'une manière scandaleuse.
IV. — Touchant les maîtres, surveillants, compagnons
et apprentis.
Toute promotion parmi les maçons est fondée unique-
ment sur la valeur réelle et le mérite personnel, afin que
les seigneurs puissent être bien servis, que les frères ne
soient point exposés à aucune confusion et que l'Art royal
ne tombe point dans le mépris. Il est impossible de pouvoir
donner par écrit une description de ces choses-là ; mais
chaque frère doit être attentif dans sa place, et les appren-
dre d'une manière qui est toute particulière à cette frater-
nité. Les candidats peuvent seulement savoir qu'aucun
maître ne doit prendre un apprenti, à moins qu'il n'ait
suffisamment de quoi l'employer et que ce ne soit véritable-
ment un jeune garçon n'ayant ni mutilation ni défaut en son
corps qui puisse le rendre incapable d'apprendre l'Art, de
servir le seigneur de son maître, d'être fait frère et ensuite
compagnon, quand il en sera temps, c'est-à-dire après
avoir servi un nombre d'années conforme à la coutume du
pays. Il faut, déplus, qu'il soit descendu d'honnêtes parents,
afin que, lorsqu'il a d'ailleurs les qualités requises, il puisse
parvenir à l'honneur d'être surveillant, ensuite maître d une
loge, grand surveillant et enfin grand maître de toutes les
loges, en conséquence de son mérite.
Aucun frère ne peut être surveillant sans avoir passé
par le degré du compagnon, ni maître à moins qu il n'ait été
surveillant, ni grand surveillant à moins qu'il n'ait été
maître d'une loge, ni grand maître à moins qu'il n'ait été
compagnon avant son élection, qu'il ne soit d'une noble
naissance, ou un gentilhomme de la meilleure sorte, ou
quelque savant du premier ordre, ou quelque fameux archi-
tecte, ou quelque autre artiste, descendu d'honnêtes parents
et qui, selon l'opinion de toutes les loges, est d'un mérite
particulier.
Le G.'. M.*., pour pouvoir mieux s'acquitter de son office
et d'une manière plus facile et plus honorable, a le pouvoir
de choisir lui-même son député G.*. M.'., qui doit alors
avoir été auparavant le maître d'une loge particulière. Il a
l'organisation primitive ; son évolution 73
le privilège de faire tout ce que le G.*. M.*, son Principal
pourrait faire lui-même, à moins que ledit Principal ne soit
présent, ou qu'il n'interpose son autorité par une lettre.
Les conducteurs ou gouverneurs suprêmes et subordon-
nés de l'ancienne loge doivent, conformément aux ancien-
nes obligations et règlements, être obéis par tous les frères
dans leurs postes respectifs avec toute sorte d'humilité, de
révérence, d'amour et de plaisir.
V. — Touchant la conduite de Vart en travaillant.
Tous les maçons travailleront honnêtement les jours
ouvriers (sic), afin qu'ils puissent vivre honorablement les
dimanches et les jours de fêtes, et on observera le temps
marqué par les lois du pays ou confirmé par l'usage.
Le plus expert d'entre les compagnons sera choisi et
établi maître ou inspecteur des travaux du seigneur, et il
doit être appelé maître par ceux qui travaillent sous lui. Les
compagnons doivent éviter les mauvais discours et ne
point donner les uns aux autres des noms désobligeants ;
ils doivent s'appeler frère ou compagnon et se conduire
avec politesse dedans et hors la loge.
Le maître se sentant lui-même capable et adroit, entre-
prendra l'ouvrage du seigneur aussi raisonnablement qu'il
se pourra ; il emploiera ses biens avec autant de bonne foi
que s'ils étaient les siens propres et il ne donnera pas à un
frère ou à un apprenti plus de gages qu'il n'en mérite
réellement.
Tant le maître que les maçons qui reçoivent leurs gages
avec justice seront fidèles au seigneur et finiront leur
ouvrage honnêtement, soit que ce soit à la tâche ou à la
journée, et ils ne feront point à la tâche l'ouvrage qui a cou-
tume d'être fait à la journée.
Personne ne fera paraître de l'envie lorsqu'il verra pros-
pérer un frère ; il ne le supplantera point et il ne le mettra
pas hors de son ouvrage, s'il est capable de le finir lui-
même, d'autant plus que qui que ce soit ne peut finir un
ouvrage, autant au profit du seigneur, que celui qui l'a
d'abord entrepris, à moins qu'il n'ait une parfaite connais-
sance du dessein et du plan de celui qui l'a commencé.
Quand un compagnon sera choisi surveillant du travail
74 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
i
au-dessous du maître, il sera fidèle tant au maître qu'aux
compagnons, il visitera soigneusement l'ouvrage pendant
l'absence du maître pour le profit du seigneur, et les frères
lui obéiront.
Tous les maçons employés recevront toutes les semaines
leurs gages sans murmurer et sans se mutiner, et ils ne
quitteront point le maître jusqu'à ce que l'ouvrage soit
fini.
Un nouveau frère sera instruit dans la manière de tra-
vailler, afin d'empêcher qu'il ne perde les matériaux par
faute de jugement et pour augmenter et continuer l'amour
fraternel.
Tous les outils dont on se servira pour travailler seront
approuvés parla G.'. L.'.
Aucun laboureur ne sera employé dans ce qui concerne
proprement la maçonnerie et les F.'.-M.". ne travailleront
point avec ceux qui ne le sont pas sans une pressante néces-
sité ; de plus, ils n'enseigneront point les laboureurs et les
maçons qui ne sont point acceptés, de même qu'un frère
ou compagnon.
VI. — Touchant la manière de se conduire.
1° Dans la loge pendant qu'elle est constituée.
Vous ne ferez point de compagnies particulières ou de
conversations séparées, sans la permission du maître ; vous
ne parlerez d'aucune chose impertinente ou indécente ; vous
n'interromprez ni le maître, ni les surveillants, ni aucun
frère, pendant qu'il parle au maître. Vous ne vous com-
porterez pas d'une manière burlesque ou bouffonne pendant
que la loge est occupée à ce qui est sérieux ou solennel et
vous ne vous servirez d'aucun terme malséant, sous quelque
prétexte que ce soit. Au contraire, vous aurez pour le
maître, les surveillants et les compagnons, toute la révé-
rence qui leur est due et vous les comblerez d'honneur.
S'il y a quelque plainte faite, le frère trouvé coupable
s'en tiendra au jugement et à la détermination de la loge,
où sont les juges compétents de telles disputes, à moins
qu'il n'en appelle à la G.\ L.*. C'est là qu'elles doivent être
renvoyées, à moins que l'ouvrage du seigneur ne soit en
même temps retardé ; auquel cas on peut nommer des arbi-
L ORGANISATION PRIMITIVE; SON ÉVOLUTION 75
très particuliers ; mais il ne faut jamais se porter partie
contre qui que ce soit pour ce qui concerne la maçonnerie,
sinon lorsque la loge le juge d'une nécessité absolue.
2° Après que la loge est finie et lorsque les frères ne sont pas encore
retirés.
Vous pouvez vous réjouir dune manière innocente, vous
traiter les uns les autres selon votre capacité, mais en
évitant tout excès et en ne forçant aucun frère à manger ou
à boire plus qu'il ne veut. Vous ne l'empêcherez point de se
retirer, lorsque les affaires le demanderont, et vous ne ferez
ou ne direz aucune chose qui puisse offenser ou empêcher
la facilité et la liberté de la conversation. Autrement, cette
belle harmonie, qui doit être entre nous, perdrait une partie
de son éclat, et le but louable que nous nous proposons
s'en irait en ruine. Il ne doit point être question d'aucune
pique ou querelle particulière dans l'endroit où se tient la
loge, encore moins de disputes touchant la religion, les
nations ou la politique de l'Etat, parce qu'en qualité de
maçons, nous sommes tous de la religion universelle dont
il a été parlé ; comme aussi de toutes les nations, de toutes
les langues et de toutes les familles. De plus, nous sommes
opposés à tous ceux qui parlent de la politique, parce que
c'est une chose qui ne s'accorde et qui ne s'accordera jamais
avec la prospérité d'une loge. Cette obligation a toujours
été étroitement enjointe et observée, mais particulièrement
depuis la réformation dans la Grande-Bretagne, ou pour le
dire autrement, depuis que cette nation est d'un sentiment
contraire à la communion de Rome et qu'elle s'en est
séparée.
3° Lorsque les frères se trouvent ensemble sans aucun étranger,
quoique ce ne soit pas dans une loge.
Vous devez vous saluer d'une manière civile, ainsi qu'on
vous l'enseignera, en vous traitant l'un l'autre de frère, et
vous vous donnerez des instructions mutuelles, quand il
sera trouvé à propos. Mais cela se doit faire sans être vu ni
entendu, sans empiéter l'un sur l'autre et sans perdre le
respect qui serait naturellement dû à un frère, quand même
il ne serait pas maçon ; car, quoique tous les maçons soient
frères sous le même niveau, cependant la maçonnerie ne
prive point un homme des honneurs dont il jouissait aupa-
76 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
ravant ; au contraire, elle en est un accroissement, particu-
lièrement s'il a obligé la fraternité, qui doit faire honneur
à qui il est dû et fuir les mauvaises manières.
4° En présence des étrangers qui ne sont pas maçons.
Vous serez circonspect dans vos paroles et dans vos
démarches, en sorte que l'étranger le plus pénétrant ne
puisse découvrir ou trouver ce qu'il n'est pas propre de
donner à entendre, et quelquefois vous changerez de propos,
ménageant cela pour l'honneur de la vénérable société.
5° A la maison et dans le voisinage.
Vous devez vous comporter en hommes de bonnes mœurs,
en gens sages et surtout ne point faire connaître à vos
familles, à vos amis et à vos voisins ce qui concerne la loge,
etc.. Tout au contraire, vous devez sagement consulter
votre propre honneur et celui de l'ancienne fraternité pour
raisons dont on ne doit point faire mention. Vous devez
aussi prendre soin de votre santé, en ne demeurant point
trop tard ensemble, ni trop loin de vos logis, après que les
heures de la loge sont passées, et en évitant la gloutonnerie
et l'ivresse, en sorte que vous ne fassiez point tort à vos
familles par négligence et en vous rendant incapables de
travailler.
6° Envers un frère étranger.
Vous l'examinerez avec précaution et suivrez en ceci la
méthode que la prudence vous indiquera, afin de ne point
vous en laisser imposer par un faux prétendant plein d'igno-
rance que vous devez rejeter avec mépris et dérision en
vous donnant de garde de lui communiquer le moindre
rayon de lumière. Mais si vous découvrez que c'est un bon
et véritable frère, vous devez en conséquence de cela le
respecter et, s'il est dans la nécessité, vous devez l'aider si
vous pouvez, ou bien lui dire comment il peut être secouru :
vous devez encore lui donner de l'occupation pendant
quelques jours, ou bien le recommander pour lui en faire
trouver. Au surplus, vous n'êtes pas obligé de faire plus
que vous ne pouvez, mais seulement de préférer un pauvre
frère, qui est bon et honnête homme, à toute autre pauvre
personne qui se trouverait dans les mêmes circonstances.
Enfin, non seulement vous observerez ces obligations,
l'organisation primitive ; SON ÉVOLUTION 77
comme aussi celles qui vous seront communiquées par une
autre voie, mais de plus vous cultiverez l'amour fraternel,
qui est le fondement et la maîtresse pierre, de même que le
ciment et la gloire de cette ancienne fraternité. Vous évi-
terez les disputes, les querelles, la médisance et la calomnie,
et vous ne souffrirez jamais que les autres médisent d'au-
cun honnête frère; au contraire, vous défendrez sa réputa-
tion et lui rendrez toute sorte de bons offices autant que
votre honneur et votre sûreté vous le permettront, mais non
plus loin. Et, si quelqu'un de vos frères vous fait tort,
vous devez vous adresser à votre loge un des jours de la
communication du quartier ; ensuite de quoi vous êtes en
droit d'en rappeler à la G. ' . L. • . annuelle, conformément à la
louable pratique de nos pères dans chaque pays, lesquels ne
poursuivaient jamais personne en justice, à moins que le
cas ne pût être décidé autrement, mais qui écoutaient
patiemment l'avis sincère et aimable du maître et des com-
pagnons, quand ils voulaient les empêcher de prendre des
étrangers à partie et les engager, au contraire, à mettre
promptement fin à toute procédure, afin qu'ils pussent s'ap-
pliquer à l'affaire de la maçonnerie avec plus de plaisir et
de succès. Mais, pour en revenir aux frères et compagnons
qui sont en procès, le maître et les frères doivent obligeam-
ment offrir leur médiation, à laquelle les frères qui sont
en contestation devraient se soumettre d'une manière pleine
de reconnaissance. Mais, s'ils trouvaient cette soumission
impraticable, ils pourront continuer leur procès, non avec
indignation l'un contre l'autre, comme il se pratique ordi-
nairement, mais sans colère, sans rancune, en ne disant et
ne faisant rien qui puisse empêcher l'amour fraternel et en
continuant à se rendre de bons offices. En un mot, il faut
qu'on reconnaisse en tout la bénigne influence de la maçon-
nerie, qui a été cause que tous les vrais maçons en ont agi
ainsi, depuis le commencement du monde et en agiront de
même jusqu'à la fin des temps.
En dehors des Obligations d'un f.\-m.\, la Tierce
publia également les Statuts ou Règlements généraux de
78 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
la confrérie des f.\-m.*. compilés en l'année 1720 par
Georges Payne, alors G.*. M.*, et approuvés le jour de la
St-Jean-Baptiste 1721 par le très noble frère Jean duc
de Montagu et par la grande loge qui le choisit comme
grand maître (I, 195). Ces statuts ne comprennent
que 39 articles .
Au lieu de reproduire ce texte, déjà imprimé à plu-
sieurs reprises, nous utiliserons un manuscrit contem-
porain (vers 1739), que nous avons sous les yeux, pro-
venant probablement du G.*. 0.*. et qu'une note ajoutée
sur la couverture indique avoir appartenu au prince
Murât, qui fut grand maître du G.\ 0.'. de France de
1848 à 1860.
Ce document, qui comprend 70 articles au lieu de 39,
est beaucoup plus complet que les statuts publiés par
la Tierce et a l'avantage d'être expliqué par des com-
mentaires.
Il a pour titre :
Ordonnances générales des f.\-m.\ tirées des archi-
ves de l'ordre et rédigées en 1720 par ordre du G.*. M.*,
le frère George Payne, écuyer, et lues le 21 juin de la
même année dans l'assemblée de Stationers Hall, les-
quelles pour la conformité avec les usages des plus
anciennes loges ont ensuite été constatées {sic) avec les
anciens documents de la fraternité ; auxquelles le
G.'. M.*, frère très éclairé Jean duc de Montaigu a fait
ajouter des notes et des éclaircissements qui ont été
reçus d'un consentement unanime et confirmés par tous
les frères de la G.*. L.\ le 25 mars 1722 et sont com-
muniquées en conséquence et mises depuis en pratique
par toutes les loges légales (1).
(1) Ce manuscrit, traduit manifestement de l'anglais, n'est pas
toujours écrit en très bon français. Nous l'avons corrigé en plu-
sieurs endroits afin d'en rendre la lecture plus facile. Nous avons
L'ORGANISATION PRIMITIVE ; SON ÉVOLUTION 70
I. — Le G.'. M.-, ou son député a droit et autorité d'être
non seulement présenta quelque loge que ce soit, mais aussi,
s'il le juge à propos, de la gouverner en faisant placer à sa
gauche le maître de la loge et en admettant les frères grands
surveillants pour exécuter ses ordres ; néanmoins, les
frères grands surveillants ne peuvent exercer leurs fonctions
dans aucune loge particulière, ou y être regardés comme
revêtus de quelque autorité sans la présence et le comman-
dement exprès du G.'. M.*., celui-ci pouvant enjoindre aux
frères surveillants ordinaires de la loge ou même à d'autres
frères de faire le service pro tempore (1).
II. — Le G.\ M*, d'une loge particulière a droit et auto-
rité de convoquer ses membres aussi souvent qu'il le juge à
propos et de fixer le temps et le lieu de l'assemblée ; en cas
de mort, de maladie ou d'absence du G.*. M.., ou de son
député, le frère 1er surveillant prend sa place et en exerce
les fonctions.
III. — Chaque loge doit avoir un livre qui renferme les
décisions et tout ce qui mérite d'être noté, avec une liste
des frères et des loges du même lieu. La préséance des loges
se fonde sur leur ancienneté.
IV. — Nulle loge ne doit sans une permission expresse
du G*. M.', ou de son député recevoir au delà de cinq
frères dans un même jour, ni en admettre aucun qui n'ait
vingt-cinq ans accomplis et qui ne soit son propre maître.
V. — Aucun frère ne saurait dans le même circuit être
membre de plus que d'une loge ; il est permis, à la vérité,
de l'adopter dans d'autres et de l'inviter aux différentes
cependant laissé plusieurs incorrections trop difficiles à corriger
sans altérer le sens.
(1) Dans l'article présent et les suivants, les G*. M., des loges
particulières sont simplement nommés maîtres de loges, pour les
distinguer du G.*. M.-, de la G.-. L.\ du pays ou de la province,
laquelle est formée de tous les maîtres des loges et de leurs surveil-
lants qui ne s'assemblent que pour régler les assemblées générales
et pour délibérer sur des cas uniquement relatifs à la f.'.-m.'., le
G.*. M.", n'ouvrant jamais ladite loge pour une réception qui ne
peut avoir lieu que dans une loge ordinaire (note du manuscrit).
80 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
loges de réception et d'instruction, mais il peut être admis à
aucune assemblée économique que hormis celle de la loge
dont il est membre et de laquelle il a reçu l'habit.
VI. — Personne ne saurait être adopté en qualité de
membre d'une loge s'il n'a été annoncé un mois d'avance,
de façon qu'on ait eu tout le temps nécessaire de prendre
des informations de son caractère moral ; le G.\ M.\ peut
seul néanmoins dispenser de cette règle.
Les loges ont coutume pour procurer une telle dispense
à un frère qui voyage dans les pays étrangers de le munir,
à sa réquisition, d'une lettre de recommandation.
VII. — Nul ne peut être reçu membre d'une loge sans le
consentement unanime de tous les frères qui sont présents
lorsqu'on le propose. C'est un droit qui n'admet aucune
dispense, et le maître de la loge ne saurait déclarer une
élection pour valable, tant qu'un frère refuse d'y donner sa
voix et en allègue de bonnes raisons ; car, si l'on forçait une
loge de recevoir en qualité de membre quelqu'un qui ne fût
pas généralement agréé de tous, le mécontentement qui en
résulterait préjudicierait à l'union et à la liberté si néces-
saires aux frères ouvriers, et pourrait ainsi causer la des-
truction de la loge, ce que tout bon frère doit soigneusement
prévenir.
VIII. — On ne doit jamais accorder l'entrée de la loge à
un frère visiteur, quand même il serait instruit de Fart de
la maçonnerie, si, préalablement, il n'est reconnu comme
véritable maçon ou recommandé de sa loge, ou de quelque
frère.
IX. — Tout frère qui a été reçu maçon ou qui a obtenu le
droit de bourgeoisie dans une loge, est tenu de la vêtir,
c'est-à-dire qu'il doit, à proportion de ses facultés et selon
l'exigence des cas, fournir quelque chose aux besoins et à
l'entretien de la loge, et s'engager de plus à se conformer
aux usages et aux statuts de la loge qui lui seront communi-
qués en temps et lieu.
X. — Aucune société de maçons ni aucun frère en parti-
culier ne doit se séparer de sa loge, à moins qu'elle ne soit
trop nombreuse, et, alors, la dispense duG.\ M.*, ou de son
l'organisation primitive ; son évolution 81
député est pourtant requise ; mais si, après l'avoir obtenue,
ils se séparent, il faut qu'ils entrent dans une loge légale,
ou qu'en se réunissant ils en forment une nouvelle avec la
permission du G.'. M.'.
XI. — Lorsqu'une société de maçons se réunit pour for-
mer une loge, sans en avoir le droit ou la permission du
G.*. M.'., les autres loges ne sont nullement obligées de les
reconnaître pour de vrais f.\ -m.*., encore moins d'approuver
leurs ouvrages et leurs décisions ; ils doivent, au contraire,
les regarder comme des séditieux jusqu'à ce qu'ils se soient
soumis à la vraie loge et aux ordonnances du G.'. M.'., et
que celui-ci, après avoir donné son approbation à leur
ouvrage, en ait fait part à toutes les loges légales.
XII. — Tout frère qui, sans y être autorisé, a donné à
d'autres le grade de maçon, ne doit être admis dans aucune
loge, ni comme membre, ni comme visiteur, jusqu'à ce
qu'il ait expié sa faute ; néanmoins, un frère qui a été reçu
de cette façon peut obtenir l'entrée de la loge pour qu'elle
l'en juge digne et que tous les frères y donnent leur consen-
tement.
XIII. — Ceux qui ont érigé sans permission une loge ne
doivent point être reçus dans aucune loge légale, à moins
qu'ils n'aient reconnu avec soumission leur faute et qu'ils
n'en aient obtenu le pardon.
XIV. — Si une loge n'a pas travaillé ou qu'elle ne se soit
point assemblée pendant douze mois, elle est censée être
supprimée, et si elle veut être comptée de nouveau au
nombre des loges régulières, elle perd pourtant son ancien-
neté, qui ne court que du moment qu'elle a recommencé
à travailler.
XV. — Comme on a appris que des loges ont été établies
en différents endroits très illégalement, sans autorité, ni le
consentement d'aucun G.*. M.'., il a été conclu que ceux qui
déshonorent l'art de cette façon, ne pourront jamais avoir
aucun office, soit dans les grandes ou particulières loges, et
qu'ils ne doivent point s'attendre d'obtenir des secours, dans
le besoin, d'aucune loge dûment constituée.
LA FRANC MAÇONNERIE. — T. I. 6
82 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
XVI. — Si un frère s'oublie au point que la loge ait sujet
d'être mécontente de lui, le maître et les frères surveillants
sont tenus de l'exhorter par deux fois en pleine loge de
rentrer en son devoir ; mais, au cas qu'il refuse d'obéir et
de se soumettre à la volonté des frères, la loge est en droit
d'agir avec lui conformément aux lois, ou, si le maître et les
frères le jugent à propos, de renvoyer l'affaire à la G.". L.\
XVII. — Quand une loge particulière renvoie une affaire à
la G.*. L.\, on en dresse l'instruction par écrit à la pluralité
des voix, en présence du maître et des surveillants de la loge,
et on y donne l'approbation, à moins que la loge ne charge
ceux-ci d'en faire le rapport de bouche.
XVIII. — Les loges ouvrières doivent être, autant qu'il
est possible, uniformes dans leurs ouvrages ; dans cette
vue, il faut invoquer souvent des frères experts en qualité
de visiteurs, afin d'avoir l'œil que l'on travaille partout sur
les mêmes modèles.
XIX. — La G.*. L.\ est composée de tous les maîtres et
des frères surveillants des loges particulières; elle a, de plus,
son G.'. M.*., son député et ses grands surveillants ; aucun
frère ne saurait y être admis, à moins qu'il ne soit membre
de ladite loge. Dans tout ce qui s'y décide, chaque mem-
bre a sa voix et le G.*. M.\ en a deux, excepté dans le cas
où l'affaire est entièrement remise à sa décision.
XX. — Outre les assemblées extraordinaires, qui peuvent
avoir lieu de temps à autre, la G.'. L.\ s'assemble réguliè-
rement sept fois par an, savoir : tous les quartiers, et trois
fois aux grandes fêtes de l'ordre.
XXI. — Aucune nouvelle loge n'est reconnue et on n'ad-
met point ses trois officiers à la grande loge, si, première-
ment, elle n'a été légalement constituée en présence de la
G.*. L.\ et après qu'on en a fait part aux autres loges.
XXII. — Généralement tous ceux qui ont été ou qui sont
encore grands maîtres, députés ou surveillants, sont tou-
jours membres de la G.1. L.*. et y ont leur voix.
XXIII. — Les maîtres des loges particulières et leurs
surveillants se rendent toujours à la G.*. L.\ avec leurs
l'organisation primitive ; son évolution 83
ornements au cou. On accorda cependant en 1728, le 26 no-
vembre, l'entrée à un des trois officiers, quoiqu'il ne fût pas
décoré de son ornement, qu'il avait remis en garde à un
frère qui était absent Lorsqu'un de ces officiers a quelque
raison qui l'empêche de se rendre à la G.*. L.\, il lui est
permis de s'y faire représenter par un frère maître qu'il
charge de son ornement, mais il faut que le frère qu'il choi-
sit ait été antérieurement officier qualifié pour être membre
de la G.'. L.\
XXIV. — Il faut qu'aux assemblées de la G.'. L.\, qui se
tiennent tous les trois mois, toutes les affaires qui regardent
la fraternité ou l'ordre en général, de même que celles qui
concernent les loges particulières, ou quelques frères en
particulier, y soient traitées et décidées avec beaucoup de
réflexion, d'union et d'amitié. On y termine ces différends
que l'on n'a pas pu finir dans les loges particulières, et si
un frère n'est pas content de ce qu'on y décide, il est le
maître d'en appeler à la première assemblée du quartier,
ou trimestre suivant, et d'y faire remettre son appel par écrit.
XXV. — Aux grands jours de fête, on ne reçoit ni deman-
des, ni appels, ni quoi que ce soit qui paraisse troubler la
concorde ou le plaisir de ces jours.
XXVI. — Le G.'. M.*, nomme tous les ans le secrétaire,
le trésorier, l'orateur et le maître des cérémonies, ou bien
il confirme à son introduction les précédents en leur remet-
tant à cette occasion les livres et les marques de leurs
dignités.
XXVII. — Quoique le trésorier ait sa voix en toutes occa-
sions, il ne peut cependant la donner à l'élection d'un
G.\ M.*, et des surveillants.
XXVIII. — Quand un G.*. M.*., un maître de loge et le
député sont absents, alors un ci-devant G.*. M.*, ou député
prend le marteau. En absence d'un plus ancien G.\ M.*., il
est représenté par le grand surveillant, à son défaut par le
second, et au cas que celui-ci manque encore, par un ci-
devant grand surveillant ; mais si tous ceux-ci manquaient,
le plus ancien maître de la loge prendrait sa place, et dans
une loge particulière le plus ancien maître.
84 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
XXIX. — Dans l'absence des grands surveillants ou des
surveillants ordinaires, les ci-devant grands surveillants ou
surveillants ordinaires prennent leurs places, et lorsqu'ils
n'y sont pas, le G.'. M.*, ou le député nomment quelque
frère pour exercer leurs fonctions pro tempore.
XXX. — Tant pour la commodité du G.*. M.*, et des
maîtres des loges que pour le maintien de l'honneur et de la
dignité des députés, on a trouvé bon que les surveillants (à
moins que l'affaire ne soit de conséquence), quand ils auront
quelque chose à annoncer, s'adressent aux députés, et que
ce ne sera que sur le refus de ceux-ci de proposer le cas,
que les surveillants s'adresseront au G.'. M.'.
XXXI. — Quand il survient quelque différend entre le
député et les surveillants ou d'autres frères, il faut que les
deux parties, après en être convenues, aillent au G.'. M.', qui
aplanit les difficultés ; ceci n'est encore jamais arrivé et le
G.*. M.', a exercé de tous temps des droits, plus par amitié
générale qu'en vertu de son autorité.
XXXII. - Le G.\ M.-, ni les officiers de la G.'. L.\ ne
peuvent exercer en même temps les fonctions de maître ou
d'officiers d'une loge particulière ; mais dès qu'ils se démet-
tent de celles qu'ils exercent dans la grande, ils reprennent
de nouveau, dans les loges auxquelles ils sont attachés, les
fonctions qu'ils exerçaient précédemment.
XXXIII. — Un grand officier, lorsqu'il est officier d'une
loge particulière, n'est point privé des droits attachés à la
place qu'il occupe dans la loge particulière et, en consé-
quence, il charge un des frères qualifiés (quand il est absent)
de le représenter pro tempore à la G.'. L.'. si la nécessité
l'exige.
XXXIV. — Si un G.*. M.*, abusait de ses droits et qu'il se
rendît indigne de l'obéissance et du dévouement de la loge,
il faudrait alors procéder contre lui, selon les nouvelles
ordonnances que l'on ferait en pareil cas, car jusqu'ici elles
n'ont pas été nécessaires. L'ancienne société des f.*. -m.', est
aussi fermement et pleinement persuadée qu'il ne sera
jamais question de faire une telle ordonnance.
XXXV. — Il faut que le G.*. M.', avec ses confrères fasse,
l'organisation primitive ; son évolution 85
pendant qu'il est en charge, au moins une fois, la visite de
toutes les loges particulières qui sont de son ressort.
XXXVI. — Cet ancien et très louable usage rend un
député indispensablement nécessaire au G.". M.*., qui peut
de temps en temps lui céder sa place et lui confier son
autorité lorsqu'on érige une nouvelle loge.
XXXVII. — Les frères de toutes les loges et tous les vrais
maçons dispersés sont tenus de s'assembler chacun en son
lieu pour la célébration générale d'un jour dont on a fait
choix, qui est celui de la fête de St Jean-Baptiste.
XXXVIII. — Si des empêchements ne permettent pas de
célébrer ce jour, il faudra pourtant s'assembler afin de pro-
céder à la nomination du G.*. M.*, de la G. . L.\
XXXIX. — Chaque loge doit avoir son jour de fête parti-
culière ; mais il ne faut pas prendre celui de la fête générale,
auquel les frères de toutes les loges se rassemblent.
XL. — Lorsque le G.'. M.*, et la loge jugent à propos de
célébrer la grande fête selon l'ancien usage maçonnique, les
grands surveillants font distribuer des billets d'invitation
avec le sceau du G.*. M.*, et ont soin, conjointement avec
ceux que les loges ont nommés pour cet effet, de faire
acheter et préparer tout ce qui est nécessaire pour la célé-
bration de ce jour.
XLI. — On ne doit point tirer de vin ce jour-là avant que
le repas ne soit prêt ; après 8 heures du soir on ne donne
plus de vin ni aucune liqueur forte.
XLII. — Les entrées des appartements destinés au travail
sont couverts et gardés par des bons frères tuileurs et ser-
vants dont on a éprouvé la fidélité, ils ont l'œil à tout afin de
prévenir le désordre.
XLIII. — On doit prendre de bons frères pour le service
parce qu'il n'est pas permis de se servir ce jour de personne
qui ne soit vrai maçon, afin de jouir de toute la liberté
possible.
XLIV. — On nomme des frères de toutes les loges pour
recevoir ceux qui arrivent, prendre les billets, faire les
86 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
honneurs, introduire, ou refuser l'entrée, selon que les cir-
constances l'exigent ; il ne leur est cependant point permis
de renvoyer quelqu'un sans en exposer les motifs à tous les
frères de la loge, afin de prévenir tout mécontentement et
qu'un vrai frère ne soit exclu et qu'un faux frère ou un trom-
peur ne soit admis. Ceux qui sont chargés de ce soin se
rendent de bonne heure à l'endroit de l'assignation avant
ceux qui ont des billets et avant les visiteurs.
XLV. — Les membres de la G. • . L. * . se rendent avant le
repas, de bonne heure, à la place assignée et se séparent
avec le G.". M.*, des autres frères pour délibérer pendant
quelque temps sur les points suivants :
1° Pour recevoir les appels, et après avoir pesé les raisons
alléguées de part et d'autre, de chercher s'il est possible de
réconcilier encore avant le repas les frères qui sont en diffé-
rend, ou de renvoyer l'affaire à un temps plus convenable.
2° De prévenir les disputes et les désordres qui pour-
raient avoir lieu ce jour-là et de régler en général tout de
façon que rien ne trouble l'union et le plaisir de la société.
3° De tenir conseil sur ce qui est relatif au décorum, afin
que rien ne se passe dans une aussi nombreuse assemblée
qui soit contre les mœurs et la bienséance.
XLVI. — Il n'y a pas fort longtemps, le 25 novembre
1723, qu'il fut décidé de ne point recevoir d'appel le jour de
la grande fête. Anciennement les frères s'assemblaient le
jour de la St-Jean, au lever du soleil, dans un couvent, ou
sur une haute montagne dans le voisinage, et après y avoir
élu les grands officiers, ils se rendaient au lieu de la fête qui
était ordinairement aussi dans un couvent ou dans la maison
d'un maçon distingué, ou bien dans une auberge spacieuse
et bien construite. Quelquefois les maîtres des loges et les
surveillants des loges particulières y attendaient à l'entrée
le G.\ M.*, et sa suite, pour le recevoir, le complimenter et
l'introduire dans la loge. Mais, souvent aussi, le G.'. M.', y
précédait les frères et députait ses surveillants pour les
inviter à entrer. On peut faire l'un et l'autre, il faut seule-
ment que la loge soit en ordre avant le repas.
XLVII. — Quand ceci est fait, le G.*. M.'., les grands sur-
veillants et grands officiers se retirent pour peu de temps et
l'organisation primitive ; son évolution 87
laissent les maîtres et les surveillants des loges particulières
en liberté d'élire un nouveau G.*. M.*, ou de confirmer le pré-
cédent (s'entend, si l'élection n'est pas déjà faite). Si, par un
consentement unanime, le précédent est confirmé, on l'in-
vite de rentrer et on le prie, avec les témoignages de respect
qui lui sont dus, de faire l'honneur à la société d'exercer
encore, pendant un an, les fonctions de sa charge et, après
le repas, on fait savoir qu'il a repris ou refusé le gouverne-
ment, car ce n'est qu'alors qu'un des ci-devant G.'. M.\ le
déclare à l'assemblée.
Il fut conclu en 1720, le 27 décembre, que l'on élirait à
l'avenir le G.'. M.*, quelques jours avant la grande fête et
que le nouveau G.*. M.*., ayant celui qui sort de charge à sa
gauche, se rendrait à la fête, de façon que l'élection dont on
vient de parler ne serait simplement qu'une nouvelle con-
firmation ou une simple cérémonie.
XLVIII. — On se met ensuite à table et, après s'être
levé, on ouvre la G.'. L.\ en présence de tous les frères
assemblés.
XLIX. — Quand le précédent G.*. M.*, a été requis avant
le repas de rester en charge pour l'année suivante et qu'il
a accepté, un frère nommé à cet effet expose à l'assemblée
les avantages dont on a joui sous le gouvernement dudit
G.'. M.*, et, en s'adressantà lui-même, il le prie, au nom de
la G.'.L.'., de faire l'honneur aux frères d'être encore leur
G.'. M.', pour l'année suivante, et, après qu'il a donné son
consentement par le signe d'approbation, celui qui en a le
droit, le déclare à haute voix G.'. M.\ ; tous les frères le
saluent selon l'usage et vont à lui séparément lui témoigner
leur joie ; après quoi chacun se rend à sa place.
L. — Mais, au cas que les maîtres des loges et les frèrôs
surveillants n'eussentpas requis ce jour-là ou antérieurement
le G*. M.', de garder sa place ou qu'il eût refusé de la
garder, alors celui-ci déclare le frère qui lui succède par
élection, et dès que la loge y a donné son consentement
unanime, on procède de la même manière que l'on vient
de dire dans l'article précédent.
LI. — Si l'élection d'un G.'. M.'.n'estpas unanimement
approuvée, les maîtres des loges et les surveillants y pro-
88 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
cèdent une seconde fois, et si on rejette encore celle-ci, il
faut prier instamment pour la troisième fois le G.'. M.', de
l'année précédente de garder le marteau, ce qu'il ne saurait
refuser alors.
LII. — La susdite élection se fait par le sort de la
manière suivante : chaque maître déloge, député ou surveil-
lant, écrit le nom de son candidat sur un papier et celui qui
est le G.'. M.', pour Tannée suivante (sic).
LUI. — Dès que le G.*. M.*, a été confirmé ou que le nou-
veau a été installé et assis dans la chaise de Salomon, il
nomme d'abord son député, qui est aussitôt proclamé, salué
et installé par l'autre. Ensuite il nomme les frères grands
surveillants qui doivent également être unanimement
approuvés parla G.'.L.'.et installés par le sort, au cas que
la susmentionnée élection n'ait pas été confirmée. Il nomme
de plus ses autres officiers qui prennent leurs places. Pour
conclusion, les maîtres de loges présentent leurs frères
surveillants nommés dans leurs loges, ou élus par le sort,
lesquels, en qualité de membres de la G.'. L.\, sont reçus
et félicités de la façon ordinaire.
LIV. — Si le frère que le G.'. M.*, nomme son succes-
seur ne peut être présent à l'assemblée, soit pour cause de
maladie, ou par d'autres raisons, il ne saurait être proclamé
G.*. M.*, à moins que l'ancien G.*. M.*, ou quelque autre
maître de loge n'assure, sur sa parole de maçon, que le
susdit, nommé ou élu, accepte la charge en question et,
dans ce cas, le précédent G.'. M.*, nomme en qualité de
plénipotentiaire, le député et les frères grands surveillants,
ainsi que les autres grands officiers, car les places ne peu-
vent demeurer vacantes; il reçoit aussi, au nom du G.'. M.',
en charge les hommages des frères de la façon usitée. Le
précédent G.'. M.\ ou un des anciens G.'. M.', est plénipo-
tentiaire du nouveau, jusqu'à ce que celui-ci ait occupé la
chaise, car le député ou les grands surveillants ne sauraient
occuper sa place, à moins que ce ne soit par son ordre ex-
près. Au reste, il remet en personne entre les mains du
nouveau G.*. M.\ l'ornement et les outils.
LV. — A la suite de ceci, le G.'. M.\ permet aux frères
l'organisation primitive ; SON évolution 89
qui sont présents de proposer quelque chose pour le bien
de l'ordre, et Ion décide en conséquence ou l'on renvoie les
affaires à la première assemblée ordinaire ou extraordinaire
de la G.*. L.*.
LVI. — Ensuite, le G.\ M.*., son député ou un autre
qui en est chargé, adresse aux frères des exhortations con-
venables.
LVII. — Après cela, on peut porter les santés ordinaires
et entonner les chansons des f.\-m.\ avec l'accompagne-
ment de la musique, et, lorsque tout ce qui est relatif aux
devoirs et aux obligations du G.". M.*, et des surveillants
a été mis sur le tapis, et qu'on a délibéré sur ces objets, il
est libre à chaque frère de se retirer, ou de demeurer,
pourvu seulement que la loge se ferme de bonne heure.
LVIII . — Le maître d'une loge particulière est constam-
ment maître de la loge qu'il a créée, soit en vertu de son
droit, ou par permission de la G.'. L.'., ou parce qu'il a été
appelé. Lorsqu'il en résigne le gouvernement, il peut le
remettre à qui il veut, à moins qu'il nepréfère que les frères
élisent son successeur par le sort. Il nomme ou confirme
tous les ans son député, ses surveillants, après le consente-
ment préalable de la loge, ou, en cas qu'il soit refusé, par
le sort. Au reste, ces ordonnances générales ont lieu pour
les loges particulières dans tous les cas.
LIX. — Lorsqu'une loge particulière étant trop nom-
breuse prend le parti de se séparer (car la séparation ne
peut avoir lieu dans la G.'. L.*.) elle doit en faire part au
maître de la loge, qui demande en conséquence le signe
d'approbation de sa loge, lequel doit être unanime pour
cet effet ; il communique ensuite sa décision à la G. *. L.'.,
en requiert le consentement et la prie de créer une nouvelle
loge quand les frères qui se séparent ont élu préalable-
ment leur maître et que celui-ci a été agréé par la loge
mère ou par le G.v M.*, du pays.
LX. — Aussitôt que la séparation est faite et qu'une nou-
velle loge a été établie, l'ancienne ne peut demander aucun
privilège à la nouvelle, ni celle-ci à l'autre, et un membre de
l'une ne saurait être membre de l'autre en même temps.
90 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
LXI. — Quand le G.'. M.*, frappe le troisième coup de
marteau, tout doit être dans un profond silence dans la
loge, et quiconque y manque est puni sur-le-champ.
LXII. — Nul frère ne peut être admis à la G.". L.\ sans
en être membre, à moins qu'il ne fût obligé de comparaître
pour quelque affaire, comme suppléant ou comme témoin,
ou qu'on eût été forcé de le faire appeler pour donner des
explications et des éclaircissements dans un cas particu-
lier.
LXIII. — Personne, excepté ceux qui ont quelque office,
n'ose changer de place pendant les délibérations et l'ou-
vrage (sic).
LXIV. — Il n'est pas permis à un frère de parler plus
d'une fois, sur le même objet, si ce n'est pour donner des
éclaircissements et après avoir obtenu la permission du
maître de la loge.
LXV. — Nul ne doit parler sans permission et qu'après
s'être levé et tourné du côté de la chaise ; personne n'ose
interrompre un frère qui parle ; mais lorsqu'il s'écarte de
son sujet, le maître est en droit de le redresser, sur quoi il
s'assied jusqu'à ce qu'il ait obtenu de nouveau la permission
de poursuivre son discours.
LXVI. — Si quelqu'un contrevient deux fois aux ordon-
nances dans un même jour et qu'il récidive pour la troisième,
on lui ordonne sérieusement de s'absenter ce jour-là de la
loge.
LXVII. — Si quelqu'un se moque d'un frère ou qu'il
tourne en ridicule ce qu'il propose, il doit être exclu de la
société des frères et déclaré indigne de devenir jamais
membre de la G.'. L.\, à moins qu'il ne reconnaisse sa faute
et qu'il n'en ait obtenu le pardon.
LXVIII. — On ne doit traiter aucun sujet dans la loge
qui n'ait déjà été communiqué panécrit au G.'. M.\, et après
qu'il y a réfléchi les frères peuvent en porter leur jugement
et le G.'. M.', propose le pour et le contre.
LXIX. — Le 26 novembre 1728, l'office d'intendant ou
l'organisation primitive ; SON ÉVOLUTION 91
de steward, qui pendant quelques années avait été hors
d'usage, fut rétabli et a été conservé depuis à cause de
son utilité : car c'est sur lui que roule particulièrement le
soin de faire les préparatifs et les arrangements nécessaires
pour les grandes fêtes. Vu donc le pénible de cette charge
et l'avantage que les frères en retirent, il fut conclu que, pour
éviter à l'avenir toutes disputes et altercations assez fré-
quentes dans de pareilles occasions, on confierait entière-
ment aux susdits frères stewards le soin de régler en géné-
ral tout ce qui concerne les fêtes et de plus on leur donna
par reconnaissance, le 24juin 1735, le droit de former et
d'établir une loge particulière (1), et on statua :
1° Que cette loge serait inscrite dans tous les livres et
dans toutes les listes de la G.'. L.\ sous le nom de Loge
intendante ou de stewards.
2° On leur accorda le privilège d'envoyer douze frères à
la G.*. L.\ en qualité de syndics, savoir : le maître, les
deux surveillants de leur loge, avec neuf frères dont cha-
cun aurait sa voix.
3° On les décora d'un cordon rouge, en ajoutant la per-
mission d'avoir une doublure de soie rouge à leurs tabliers,
avec défense à toute autre loge de porter le même habit.
4° Les frères de la loge de stewards (à l'exception du
maître et des frères surveillants) n'ont point de voix dans
la G.*. L.\, hormis dans les cas économiques.
5° Cette loge reçoit l'argent pour les jours de fêtes et
prend soin des arrangements ; mais si les frais ne suffisent
pas, leur loge est aussi obligée d'y suppléer, sans que
cela retombe à la charge des autres loges. Depuis que cette
loge est établie, elle s'est toujours chargée seule du soin
de régler ce qu'il faut pour le jour de la grande fête.
LXX. — Toute G.*. L.\ a pleinement droit et autorité
de faire pour le soutien de l'ancienne société maçonnique
de nouvelles ordonnances et de changer celles-ci, de façon
pourtant que les anciennes ordonnances ne soient point
lésées et que les nouveaux statuts que l'on pourrait établir
soient présentés par écrit dans une des premières assem-
(1)A la Corne d'abondance; cette loge figure sous le tableau de
Steele.
92 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
blées à la délibération des frères, et cela avant le jour de
la grande fête, car le consentement unanime de tous les
frères est indispensablement nécessaire pour donner aux
susdites ordonnances force de loi ; dans cette vue, on doit
demander solennellement ce consentement d'abord après
le repas : au reste, il n'est permis à qui que ce soit, ni à au-
cune société, de faire de sa propre autorité une innovation
quelconque dans la rue.
LXXI. — En conséquence d'une décision et déclaration
donnée en bonne forme le 25 novembre 1723, toute loge
légalement assemblée a droit de perfectionner ou d'adapter
aux circonstances particulières les ordonnances contenues
dans le livre imprimé des constitutions, qui a paru par
ordre de la G.*. L.\ d'Angleterre ; mais rien dans ce livre
n'ose être altéré sans l'aveu de la plus ancienne loge ; et l'on
ne doit point reconnaître dans aucune loge légale tel livre
des constitutions qui aurait été ainsi réimprimé avec des
changements.
C'est avec cette organisation matérielle que s'installa
la f.\-m.\ spéculative entre les années 1717 et 1723.
Essayons maintenant de dégager de ces documents
les parties essentielles qui peuvent faire comprendre
les tendances et le but des fondateurs.
Quelles étaient les bases de l'association maçonni-
que? Quelle était sa portée pratique? Quelles pou-
vaient être les conséquences philosophiques et sociales
d'une semblable organisation ?
Pour bien comprendre la portée de ces documents,
il faut d'abord en dégager le sens symbolique qui
cache le sens véritable.
Les nouveaux maçons ne construisent plus pour des
propriétaires, particuliers, collectivités ou Etats. Lors-
qu'ils parlent des intérêts des propriétaires ou des
seigneurs qui ont commandé le travail, il s'agit des
chefs de l'ordre, ou mieux de l'ordre lui-même.
l'organisation primitive ; son évolution 93
Lorsqu'ils font allusion au payement du travail, cela
veut dire l'avancement de grade donné en récompense
du zèle des initiés. Enfin il faut rapporter tous les con-
seils, les approbations ou les désaveux à la f. *.-m.\
Le travail à faire, c'est l'organisation et le développe-
ment de l'ordre ; la construction du temple à édifier,
la suppression par la mort de ceux qui y mettent
obstacle, c'est le but philosophique et social de la
maçonnerie à réaliser, en supprimant tout ce qui para-
lyse les moyens d'y parvenir.
Le maçon est obligé d'obéir à la loi morale, et ne pas
être un athée stupide ou un libertin sans religion, veut
dire qu'on doit obéir aux règlements maçonniques et
croire à la religion de l'ordre. En ne prenant parti
pour aucune des religions pratiquées ni pour aucune
nation, cela veut dire que ces religions et ces nationa-
lités doivent être indifférentes.
On engage le maçon à n'entrer dans aucun complot
contre les gouvernements existants quels qu'ils soient ;
c'est leur enseigner l'indifférence en matière de sociétés
civiles.
Néanmoins, si un frère était rebelle à l'État, on ne
pourrait l'exclure de la loge, c'est-à-dire qu'on devrait
lui venir en aide.
On ne doit initier aucune personne ayant une muti-
lation pouvant l'empêcher d'apprendre l'art, et servir le
seigneur de son maître: ceci veut dire qu'on ne peut
recevoir aucun individu ayant des idées contraires
aux dogmes maçonniques.
Travailler honnêtement les jours ouvriers (sic) et
vivre honorablement les dimanches et jours de fêtes
veut dire : participer avec zèle aux travaux de l'ordre
et s'abstenir les autres jours, même d'en parler.
Tous les outils dont on se servira pour travailler
94 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
seront approuvés par la G.'. L.\ veut dire que tous les
arguments dont on se servira, tous les dogmes qu'on in-
voquera, devront être conformes à la doctrine de l'ordre.
Vous devrez être circonspects dans vos paroles et
dans vos démarches, en sorte que l'étranger le plus
pénétrant ne puisse découvrir ou trouver ce qu'il n'est
pas propre à entendre, et ne point faire connaître à vos
parents et à vos amis ce qui concerne la loge veut
dire : ne divulguez pas les secrets de l'ordre, même à vos
parents et à vos amis.
Les disputes entre f.\-m.\ doivent être jugées par le
tribunal de la loge.
Les maçons sont donc des sectateurs de la religion
universelle, et ils sont en même temps de toutes les
nations.
Quant au procédé matériel à employer pour consti-
tuer les chefs et les officiers de l'ordre, recevoir les
initiés, les juger, les chasser ; quant aux décisions
d'ordre général ou particulier à prendre pour la propa-
gation ou la sécurité de l'ordre, tout cela est expliqué
très en détail dans un document qui fait suite aux
ordonnances générales et qui fait partie du manuscrit
provenant du G.'. M.*, le prince Murât.
Ce document a pour titre : Lois du Ballottage, qui
doit s'interpréter, probablement à la suite d'une tra-
duction insuffisante, par : règles du scrutin. Il se com-
pose de 22 articles :
I. — Quand un étranger aspirant a obtenu le ballottage et
qu'il est affirmatif en sa faveur, il est dès lors même en
droit d'être reçu dans l'ordre.
II. — Dans une loge d'élection et de ballottage, tous les
frères doivent rester tranquillement assis à leurs places, et
personne n'ose quitter la sienne, sous peine de l'amende
ordonnée.
l'organisation primitive ; son évolution 95
III. — Tout aspirant accusé publiquement en justice
d'adhérer à des opinions contraires à la vraie doctrine apos-
tolique, ou chargé de vices honteux et de crimes contre na-
ture, est exclu de Tordre par une seule balle noire.
IV. — Si quelqu'un, après qu'on a ballotté en sa faveur,
laisse écouler trois ans sans demander sa réception, on doit
effacer son nom et il faut qu'il s'annonce de nouveau pour
obtenir le ballottage.
V. — Le fils d'un f.\-m.'. a le droit d'être reçupréféra-
blement à des princes et à des rois et d'obtenir par consé-
quent avant eux le ballottage, bien entendu s'il est doué des
qualités requises à tout frère de l'ordre.
VI. — Un étranger peut obtenir leballottage dans savingt-
quatrième année, et le fils d'un f. '.-m.', dans sa vingt et
unième ; on peut même, si sa conduite est décente et d'un
homme fait, fixer un terme à vingt et un pour le premier et
à dix-huit pour le dernier ; mais jamais au-dessous, et Ton
ne doit avoir que fort rarement une telle condescendance.
VII. — Un frère ne doit jamais proposer quelqu'un pour
frère servant, à moins que celui-ci n'ait été pour le moins
trois ans à son service, de façon qu'il soit bien assuré de sa
capacité et qu'il puisse en conséquence après le ballottage
être son premier parrain.
VIII. — Après avoir ballotté pour un étranger et lorsque
la réception s'est trouvée en sa faveur, on nomme trois
parrains, entre lesquels celui qui Ta proposé doit toujours
être le premier.
IX. — Tous les frères f.'. -m.', en général peuvent pro-
poser des étrangers aspirants, pourvu néanmoins que celui
qui propose soit en état de s'acquitter des fonctions de
premier parrain et qu'il ait assez de capacité et des lumières
suffisantes pour instruire de ses devoirs et de ses obliga-
tions celui qui doit être reçu ; c'est ici qu'un frère encore
novice doit prendre garde de ne pas user de son droit avant
qu'il se soit bien mis au fait de toutes les parties relatives
aux instituts et travaux de notre ordre.
X. — Quand toutes les voix ont été reconnues favorables,
96 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
c'est-à-dire que tous les cailloux se trouvent blancs, on
félicite alors, selon la forme ordinaire, celui en faveur du-
quel le ballottage s'est fait, en s'adressant pour cela à celui
qui l'a proposé.
XI. — Lorsqu'il se trouve une seule balle noire, le
G.*. M.*, déclare que la réception aura lieu sans qu'il soit
nécessaire de s'informer qui est le frère qui a mis la balle
noire.
XII. — Deux balles noires n'empêchent pas que la récep-
tion ne soit également déclarée bonne ; il faut seulement
alors que la loge en reconnaisse une, et le G.*. M.', selon son
droit, l'autre pour bonne ; dans ce cas on ne demande pas
de savoir pourquoi on a mis les balles noires.
XIII. — Trouve-t-on trois balles noires, la réception est
remise jusqu'à la première assemblée, afin que, dans cet
intervalle, ceux qui ont mis les balles noires puissent allé-
guer au G.'. M*, les motifs qui les y ont déterminés. Celui-
ci indique ensuite à la loge le jour qu'elle doit s'assembler
de nouveau.
XIV. — Dans le cas de 4 ou 5 balles noires, la réception
est retardée de six semaines, si avant la première assemblée
on déclare au G.'. M.', les raisons qui les ont fait mettre.
XV. — Lorsqu'il se trouve 6 ou 7 balles noires et que
l'on indique les motifs avant le premier jour de loge, la
réception est renvoyée à trois mois .
XVI. — Y a t-il plus de 7 balles noires et se trouve-t-il
sept frères qui en donnent des raisons valables, alors l'as-
pirant est exclu pour toujours, ce dont alors on fait part à
toutes les loges.
XVII. — Quand il y a plus de 7 balles noires, mais que
sept frères n'allèguent aucun motif pourquoi on les y a mises
et que d'ailleurs ces balles n'excèdent pas le tiers des frères
qui sont présents, alors la réception peut néanmoins être
déclarée favorable après trois mois.
XVIII. — Si aucun des frères qui ont mis les balles
noires ne s'annonce dans le terme prescrit et suivant le
l'organisation primitive ; SON ÉVOLUTION 97
nombre que les § 13, 14, 15, 16 et 17 déterminent, la loge
déclare alors la réception pour bonne, pourvu néanmoins
que le nombre des balles noires n'excède pas le tiers des
frères présents dans la loge .
XIX. Nul G.*. M.*, n'ose, sans manquera sa foi et à sa fidé-
lité de f.\-m.\, nommer un frère qui a mis une balle noire,
si celui-ci ne le souhaite lui-même dans la loge, et cela,
sous peine de perdre sa place de G.'. M.', et d'être exclu
pour trois ans des loges de f.'.-m.*.
XX. — On ne refuse jamais le ballottage à un étranger as-
pirant, à moins qu'il n'ait été déjà annoncé dans une autre
loge et qu'il en soit protégé ; c'est pourquoi les secrétaires
des loges doivent s'informer mutuellement des ballottages ;
mais si, par erreur, on avait ballotté en deux endroits diffé-
rents, alors la loge qui la première a accordé le scrutin à
un aspirant, a exclusivement le droit de le recevoir.
XXI. — Si, par méprise, on avait mis une ou plusieurs
balles noires, les frères qui se sont trompés peuvent, après
une permission préalable, le dire et déclarer alors ainsi leur
balle blanche.
XXII. — Le G.'. M.'., avec ses six officiers, ont droit de
renvoyer le ballottage de quelqu'un à un autre temps, afin
de ne pas l'exposer, lorsqu'ils peuvent prévoir que les voix
ne seraient pas favorables.
Il faut le reconnaître, tous ces statuts, devoirs,
règlements, sont rédigés avec le plus grand soin, étu-
diés avec la plus profonde habileté, pour assurer la
continuité de l'Ordre, son expansion, sa régularité et la
conservation de son secret des premiers jours. Alors
que le but dissimulé était d'étudier, en dehors de toute
confession régulière, les rapports de l'homme avec la
création, ainsi que nous l'avons dit, cette question
devint secondaire, épuisée, lorsque la maçonnerie en
LA FRANC MAÇONNERIE. — T. I. 7
98 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
arriva au panthéisme et au naturalisme ; mais les prin-
cipes qui avaient présidé à son organisation maté-
rielle se développèrent rapidement et prirent, à l'insu
même des maçons, une importance prépondérante ;
avant même que l'idée de Dieu ait été bannie de leurs
doctrines, les idées d'égalité sociale imprégnèrent leurs
mentalités, à tel point qu'elles se manifestèrent avant
leurs idées antireligieuses , qui triomphèrent à leur
tour, non pas comme unique but de la maçonnerie,
mais comme conséquence de l'application de leurs
théories d'égalité à l'au-delà, après les avoir appli-
quées dans la vie sociale et politique ; non seulement
ils s'imprégnèrent, mais encore ils rirent adopter leurs
doctrines à la France et à l'Europe entière, à ce point
que, de nos jours, il faut n'avoir aucune aspiration
politique en vue pour oser attaquer de front ce qu'on
est convenu, bien à tort, d'appeler le secret de la
f.\ -m.'., devenu la raison d'être des sociétés nouvelles.
Comment cette idée d'égalité se développa-t-elle au
point de devenir le fondement essentiel de la doctrine
maçonnique? Cette évolution peut s'expliquer par
l'habitude et l'abus constant, ainsi que par les dis-
cussions continuelles dont l'application de ces prin-
cipes d'égalité fut le prétexte lorsqu'on introduisit,
pour des besoins financiers ou pour la propagande, des
nouveaux adeptes recrutés dans un monde de gens
d'intelligence et d'éducation plus vulgaires que les
maçons primitifs. Les plus humbles tenaient avec
férocité à être traités sur le même pied que les hommes
de plus haut rang par la naissance, par le savoir ou
par la fortune. Les luttes de loge à loge pour avoir
la préséance en raison de leur ancienneté n'y furent
pas non plus étrangères. Ne suffît-il pas aussi qu'une
idée flatte les mauvais instincts de l'homme, sou
l'organisation primitive ; son évolution 99
orgueil, son envie ou sa haine pourqu'elle soit accueillie
avec faveur?
Les mots de liberté, égalité, fraternité sont bien en
eiïet des étiquettes maçonniques. Ce sont bien les
vertus que les maçons doivent pratiquer entre eux,
mais entre eux seulement.
Le profane, en effet, celui qui est dans les ténèbres,
fait partie dune humanité différente du monde ma-
çonnique ; lui n'est pas un égal ; c'est à peine si le
maçon le considère comme une plante de la vaste pépi-
nière dans laquelle il sélectionne ses rejetons ; mais,
afin de déterminer les vocations, il contamine la pépi-
nière entière, en la développant en vue des doctrines
qui doivent dominer en lui ; en faisant naître chez le
profane des doutes au sujet de ses croyances reli-
gieuses, il le conduit ainsi à la religion maçonnique.
Le maçon est organisé pour agir, le profane ne l'est
pas ; le premier, quoique insignifiant comme nombre,
doit triompher du second ! C'est fatal. Tous les initiés
concourent au même but, les autres suivent des voies
différentes et sont isolées ; autre source de succès pour
l'Ordre.
Mais aussi combien parfaite est son organisation !
Avec quel soin jaloux tous les éléments de discorde
ont été prévus ; avec quelle habileté ils sont paralysés !
Quelle connaissance du cœur humain, de ses faiblesses
et de ses vices ! Combien les profanes devraient lire et
méditer l'organisation matérielle delà maçonnerie ! C'est
sa seule force et c'est ce qu'on peut appeler son secret.
Aussi quel travail ont accompli les fils d'Hiram depuis
deux siècles qu'ils sont fortement organisés ! Pendant
que leurs adversaires effarés s'attardent à se moquer
de leurs outils, de leurs atours, de leurs cérémonies
initiatiques, qui ne sont que la parade du mystère
m&LIQTHECA
100 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
social qui se joue derrière leurs tréteaux, pendant qu'ils
s'épuisent à la recherche d'un secret qu'ils ne peuvent
imaginer, le maçon construit son Temple ; au moindre
danger il interrompt ses travaux, il disparaît ; on le
croit dompté, il s'organise pour un nouveau combat ;
on le croit mort, il sommeille. Le maçon a tout prévu,
tout, sauf le Dieu créateur, sauf le grain de sable lancé
par la Providence, a Lomé de l'univers, plus puissant
que l'humanité. Aussi, comme il le craint ce Dieu de
miséricorde et de justice, comme il l'attaque ! Seul
obstacle à son triomphe final et définitif, il ne faut
pas que ce Dieu soit ; c'est avec rage qu'il nie son exis-
tence. Sous sa férule impitoyable, comme l'humanité
qui croyait a été précipitée dans le Temple du Néant !
Nassistons-nous pas, en réalité et non au figuré, à
la réalisation du rêve de Thomas Morus ? A côté des
théories philosophiques modernes, celles des kabbalis-
tes, des théosophes, des cacomages, ne sont-elles pa6
plus voisines de celles des Pères de l'Eglise, que celles
de ceux qui, sous prétexte de sagesse pratique, se
posent en défenseurs du rationalisme ou du natura-
lisme pur? Tout en invoquant la possibilité d'avoir
une solution dans le sens chrétien et même catholique,
certaines doctrines modernistes sont-elles moins dange-
reuses que celles de Saint-Martin, de Swedenborg ou
de Willermoz ?
Sont-elles moins dangereuses surtout que celles que
préconisent les plus modérés d'entre les f.\-m.\ de la
fin du xixe siècle, ignorants peut-être de certaines
choses de leur art, mais d'une mentalité suffisamment
maçonnique pour ne pas être en contradiction avec les
doctrines de leur ordre, parmi lequel ils ont des adeptes
complètement convaincus ?
Nous voulons parler des ff.\ Findel, Ragon et
L'ORGANISATION PRIMITIVE ; SON ÉVOLUTION 101
Jouausl, qui passent dans le monde du Grand Orient
pour les seuls véritables auteurs maçonniques, et des
ff.\ Daruty et Oswald Wirth, qui ont le même crédit
auprès des loges écossaises.
Voyons ce que disent les uns et les autres.
Findel (1) se fait l'écho d'un autre écrivain maçon-
nique dont il adopte les définitions. A certains égards,
c'est du Raymond Lulle et du Paracelse.
D'après Seydel, dit-il, la maçonnerie, en tant que dis-
position de lame, peut être assimilée au sentiment
religieux ; la dévotion, la ferveur dans la prière, est une
disposition toute maçonnique. La prière est l'acte du
renoncement, de l'abandon, de l'abnégation complète
de soi en présence du Dieu saint et éternel.
Dans l'àme humaine il y a deux tendances qui se
combattent ou se concilient : le sentiment de la person-
nalité ou égoïsme et le sentiment idéal ou religieux.
Or, le sentiment religieux est hors de soi, car ce qui
constitue le bien est la négation du moi devant une
puissance idéale que la religion appelle Dieu, et le mal
consiste dans l'empire absolu du moi : « La f.\-m.\ est
donc cette disposition de l'âme pour laquelle la tendance
idéale, ou vers le bien, domine sur le penchant contraire,
et cette domination de la tendance idéale, obtenue à un
degré quelconque, est la seule condition nécessaire
pour faire partie de la f.\-m.\ »
La société maçonnique n'est pas la réalisation d'un,
plan déterminé, c'est une institution en voie de dévelop-
pement et d'extension.
(1) Histoire de la F.'.-M.\, I, p. 13 et suiv.
102 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
L'idéal poursuivi, c'est la situation par laquelle la
volonté de Dieu est devenue la volonté de tous. Comme
la f.\-m.\ travaille à faire de ses adeptes des hommes
de bien, elle les forme également et nécessairement à
devenir des membres fervents de leurs religions res-
pectives. Il proteste donc contre le reproche fait à la
f.\-m.\ de favoriser Tin différence en matière de reli-
gion.
Et il explique que les loges régulièrementconstituées
portent le nom de loges de Saint-Jean, parce qu'elles
honorent le saint précurseur comme leur patron dans
les trois grades d'élèves, d'ouvriers et de maîtres.
Les principaux emblèmes de la f.\-m.\ sont ceux
de la profession de véritables maçons, dont le but est de
construire le temple de Salomon ; chaque maçon doit
tendre vers la lumière, la vérité et la vertu ; d'autres
emblèmes sont tirés de la Bible, des mystères anciens
et des écrits des Rose-Croix.
Dans les œuvres du frère Ragon (1), la f.\-m.\ a
pour caractère fondamental l'universalité. Ce caractère
est indispensable à son essence. Elle est une, et tout
rite ou toute nation qui s'écarte de ce principe s'égare
et sort de la voie maçonnique.
On a dit : la fraternité universelle engendrera l'unité.
Qu'est-ce réellement que la fraternité universelle, si
ce n'est la maçonnerie, dont les membres épars chez
tous les peuples du globe tendent à n'en faire un jour
qu'une seule famille de frères, pour arriver à l'unité
de l'humanité ?
(1) Orthodoxie maçonnique, p. 354, 463 et suiv.
l'organisation primitive ; son évolution 103
Ragon souhaite que la maçonnerie n'ait qu'un centre
unique d'où elle rayonnera sur toutes les nations, afin
de pouvoir créer l'unité nominale.
Ragon est un panthéiste, très voisin du matéria-
lisme. Selon lui, le soleil est l'auteur de la substance
universelle, et cependant il n'est point Dieu ; serait-il la
résidence d'où Dieu anime l'univers ? Dieu est tout et
tout est Dieu, ou tous dans un et un dans tous.
Dieu ne pouvant faire le néant, ni cesser d'être,
deux barrières sont élevées contre sa toute-puissance.
L'homme peut, en quelque sorte, franchir cette der-
nière, car il peut se détruire, cesser d'être homme;
il devient quelque chose, mais il n'est plus homme.
Le néant ne peut donc avoir lieu tant que Dieu sera.
Dieu ne peut le faire. Le néant limiterait son infini,
Dieu deviendrait fini ; il ne serait plus Dieu, ce qui ne
peut pas être ; car rien, dans l'univers, ne se renouvel-
lerait plus.
Donc, Dieu ne peut faire ni souffrir le néant, parce
que Dieu ne peut cesser d'être. Il est tout : il est la toute-
puissance, l'intelligence universelle, qui crée, anime
tout. L'univers visible, dont il est le génie conducteur
et conservateur, est Dieu manifesté.
Puis sans se proclamer matérialiste, Ragon prend la
défense de cette doctrine qu'on ne peut confondre, dit-il,
avec l'athéisme qui n'existe pas. La seule division qui
existe, parmi les hommes de bonne foi, est dans la
question de savoir si la cause de toute existence est
spirituelle ou matérielle, c'est-à-dire isolée ou dépen-
dante delà matière, ou bien inhérente à la matière et en
faisant partie intégrante.
104 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Pour le f.\ Jouaust (1), la f.\-m.\ a pour but l'amé-
lioration morale et matérielle de l'homme, pour principe
la loi du progrès de l'humanité, les idées philosophiques
de tolérance, de fraternité, d'égalité, de liberté, abstrac-
tion faite de la loi religieuse, des nationalités et des dis-
tinctions sociales. Ce n'est pas une société secrète,
parce que dans les pays où elle n'est pas persécutée
« elle publie, dit-il, ses lois, règlements, tendances et
travaux..., la liste de ses membres, leurs lieux et dates
de réunions », et il adopte les conclusions de la cons-
titution de la G.*. L.\ de Hambourg, en reconnaissant
que « les symboles et leur explication pour atteindre le
but proposé sont les seuls secrets de la f.\-m.*. »
Le f.\ Emile Daruty est certainement, de tous les
écrivains maçonniques contemporains, celui qui a fait
l'œuvre la plus documentée sur l'histoire de son
Ordre (2) ; son livre, malheureusement incomplet, est
écrit de bonne foi, et si Ton ne peut le suivre dans ses
querelles avec le Grand Orient de France, car c'est
un fervent adepte du rite écossais, les documents qu'il
reproduit sont loyalement présentés et peuvent être uti-
lisés avec sécurité par tous les historiens.
La f.\ -m.*., selon Daruty, est une alliance humani-
taire, philanthropique et progressive, qui a pour bases
et pour principes l'amour de la vérité et de la justice,
la loi du progrès de l'humanité et les idées philoso-
phiques de liberté, d'égalité, de fraternité, de respect
et de solidarité... elle a pour objet l'exercice de la bien-
faisance, la recherche de la vérité, l'étude de la morale
(1) Hist. du Grand-Orient, p. 5 et suiv.
(2) Recherches sur le rite écossais ancien accepte.
l'organisation primitive ; SON ÉVOLUTION 105
universelle, des sciences et des arts, et pour but, par
l'instruction qu'elle recommande à ses adeptes d'acqué-
rir et de propager, la vulgarisation du vrai, du beau et
du bien, et, par suite, l'amélioration intellectuelle et
morale de l'homme et de la société. Elle considère la
liberté de conscience comme un droit absolu, propre à
chaque individu... elle fait abstraction de la foi reli-
gieuse ou politique des membres, de leurs nationa-
lités et des distinctions sociales, elle interdit toutes dé-
libérations concernant des matières politiques et reli-
gieuses. Aussi quoiqu'elle proclame, sous le nom de
« Grand Architecte de l'univers », la reconnaissance
d'un principe originaire, laisse-t-elle à chacun, sur la
nature même de ce principe, ses vues particulières et
s'abstient-elle de tout acte confessionnel (1).
Nous terminerons ces énoncés de doctrines maçon-
niques par celles de M. Oswald Wirth (2), un des ma-
çons écossais les plus intéressants de notre époque ;
il connaît son art, il est partisan des traditions et les
a étudiées, et, ce qui est plus rare, il les divulgue
sans crainte de s'attirer ainsi les foudres du Grand
Orient (3). Il n'a pas fait acte de trahison ; mais, ce qui
est plus grave, il a parlé en enfant terrible, faisant re-
marquer qu'il pouvait parler après Ragon et Glavel. Il
(1) On sait que depuis plusieurs années le G.". 0.'. a supprimé
le G*. A.'. del'Univ. de ses rituels. Quant à la politique, c'est la
préoccupation constante de ses tenues.
(2) Le livre de l'apprenti.
Si Rapport confidentiel au grand collège des rites {novembre
1895) parle f. *. Amiable. Dans ce rapport, M. O.Wild est malmené
de la façon la plus discourtoise en même temps qu'un autre f.*.
d'Orléans, le f.'. Doinel.
106 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
a donc dit ce qu'il savait. Comme M. 0. Wirth est
le descendant des alchimistes et des kabbalistes, il
nous montre le lien qui les rattache aux f.\-m.\ du
xvin* siècle et à ceux des FF.', nos contemporains
qui ont conservé les traditions.
Les auteurs, dit-il, qui ont étudié la f.\-m.\ dans
son ésotérisme, c'est-à-dire dans son enseignement caché,
ont beaucoup insisté sur l'importance de la question
que le vénérable dune loge pose au visiteur : D'où ve-
nez-vous ?
Elle doit être prise par le penseur dans son sens le
plus élevé et conduire ainsi au problème de l'origine
des choses. L'apprenti doit chercher d'où nous ve-
nons, le compagnon ce que nous sommes, et le maître
où nous allons. Ces trois questions formulent l'éternelle
énigme que toute science et toute philosophie tendent
continuellement à résoudre.
En toute association il faut, dit-il plus loin, distin-
guer l'idée de la forme : l'idée ou l'esprit agit en tant
que générateur abstrait ; c'est le père de la collectivité,
dont la mère est représentée par le principe plastique
qui lui donne sa forme. Ces deux éléments de généra-
tion et d'organisation sont représentés en maçonnerie
par deux colonnes, dont la première (masculine active)
fait allusion à ce qui établit et fonde, tandis que la se-
conde (féminine passive) se rapporte à ce qui consolide
et maintient.
C'est dans ce but que la f.\-m.\ est l'alliance uni-
verselle de tous les hommes de cœur qui éprouvent le
besoin de s'unir pour travailler en commun au perfec-
tionnement intellectuel et moral de l'humanité. M. 0.
Wirth développe ensuite le but de laf.\-m.\ en déve-
loppant à peu près les mêmes idées que le f.\ Jouaust.
Puis, dans l'explication des phases de l'initiation,
l'organisation primitive ; son évolution 107
M. 0. Wirth nous fait voir comment la f.\-m.\ est
encore demeurée en contact avec les idées des anciens
alchimistes, en plaçant le récipiendaire entre deux vases
contenant l'un du sel et l'autre du soufre.
Le soufre correspond à l'énergie expansive qui part
du centre de tout être (colonne J) ; son action s'oppose
à celle du mercure qui pénètre toutes choses par une
influence venant de l'extérieur (colonne B). Ces deux
forces antagonistes s'équilibrent par le sel, principe
de cristallisation, qui représente la partie stable de
l'être.
Lorsqu'on demande, dans la chambre de réflexion,
au récipiendaire quels sont ses devoirs envers Dieu,
envers lui-même et envers ses semblables, voici ce
que M. 0. Wirth répond :
Cette division ternaire de toutes nos obligations mo-
rales est basée sur les trois principes alchimiques.
Dieu est ici l'idéal que l'homme porte en lui-même ;
c'est la conception qu'il peut avoir du vrai, du juste et
du beau, c'est le guide suprême de ses actions, l'archi-
tecte qui préside à la construction de son être moral (il
ne s'agit point là de l'idole monstrueuse que la supers-
tition se forge sur le modèle des despotes terrestres). La
Divinité est représentée par l'homme, par ce qu'il y a
en lui de plus noble, de plus généreux et de plus pur.
Nous portons en nous un Dieu qui est notre principe
pensant. De lui émanent la raison et l'intelligence,
choses intérieures, que les hermétistes rapportaient au
soufre. (Le soleil occulte qui brille dans le séjour des
morts ; Osiris ; Sérapis ; Pluton ; la colonne J, centre
d'initiative et d'action expansive.) Les devoirs envers
soi-même sont relatifs au sel, essence de la person-
nalité, et les devoirs envers ses semblables au mer-
cure, qui figure l'influence pénétrante du milieu
108 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
ambiant. Or, tout est nécessairement compris dans
la réunion du contenu (soufre), du contenant (sel) et
de l'ambiance (mercure).
Sous des formules plus techniques, d'apparences plus
scientifiques, on le voit, il est encore parmi les maçons
des adeptes zélés qui remontent à l'alchimie et à la
kabbale, aux combinaisons de nombres auxquels ils
attribuent des propriétés intrinsèques ; les maçons
spéculatifs se complaisent encore dans la science de
ce qui n'est pas visible, science qui ne se révèle qu'à
celui qui sait regarder au dedans de soi, science de la
vérité intégrale aussi certaine que les mathématiques.
Ceux qui voudront étudier les arcanes de l'hermé-
tisme et les propriétés des nombres depuis l'unitéjus-
qu'au quaternaire pourront lire avec intérêt le Livre
de l'apprenti aussi bien que la Médecine philosophale
de M. 0. Wirth. Cette lecture sera d'autant plus utile
à la compréhension de l'ésotérisme maçonnique que
si l'auteur a des hypothèses que nous ne croyons pas
exactes et que, de plus, nous estimons dangereuses à
agiter pour la pauvre cervelle humaine, a utilisé dans
sa discussion l'a fait avec compétence et sincérité.
CHAPITRE IV
CHARLES RADCLYFFE, COMTE DE DERWENTWATER;
LE PRÉTENDANT CHARLES EDOUARD
Les ancêtres. — Les deux frères. — Les premières loges en
France. — Le Grand Maître. — Charles -Edouard Stuart. —
Culloden. — Le chapitre d'Arras. — Vincennes. — La fin d'une
race. — Les persécuteurs et les martyrs. — L'échafaud de
Tower-Hill. — Les descendants.
Tous les historiens qui ont étudié les origines de la
f.'.-m.*. française, à quelque parti qu'ils appartien-
nent, désignent Charles Radclyffe, lord Derwentwater,
comme le premier grand maître de la franc-maçon-
nerie française en 1725, et la plupart lord Harnouester
comme ayant été son successeur de 1732 à 1738.
Charles Radclyffe fut, en effet, le premier grand maître
de la f.\-m.'. jacobite en France, mais il ne le fut qu'à
partir de 1732 ; quant à lord Harnouester, il n'a
jamais existé (1).
Le premier grand maître de la franc- maçonnerie fran-
çaise ne fut pas lord Derwentwater, mais le duc d'Antin
(1738-1743).
Pour étudier ce problème obscur et embrouillé de
l'introduction de la f.\ m.*, en France, nous devrons
(1) M. Teder croit que lord Harnouester était le duc de Riche-
mond, parce que ce petit-fils de la duchesse de Portsmouth aurait
reçu de la G.*. L.\ de Londres une patente l'autorisant à consti-
tuer des Loges en France.
110 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
entrer dans quelques détails sur la formation des
premières loges et sur le rôle considérable joué par
Charles Radclyffe et surtout par le prétendant Charles-
Edouard à partir de 1744.
Cette étude fera comprendre comment, dans la pre-
mière moitié du xvme siècle, beaucoup de braves gens
entrèrent dans la f.\-m.\ sans se douter du rôle
qu'ils seraient appelés à jouer parla suite.
Il ne sera pas sans intérêt de faire voir comment
Charles Radclyffe mourut en bon chrétien et en parfait
royaliste ; il ne sera pas sans intérêt non plus de cons-
tater que, par un singulier concours de circonstances,
celui qui introduisit en France les éléments de des-
truction de la religion et de la monarchie était, en
même temps, un descendant des Stuarts et des Bour-
bons.
Les Radclyffe appartenaient à une des plus anciennes
familles d'Ecosse, et jusqu'à l'extinction de leur race
ils restèrent fidèles à la maison des Stuarts.
Leur fortune, considérable dès le moyen âge, s'était
accrue en 1417 des terres de Derwentwater, par suite
du mariage de Nicolas Radclyffe avec l'unique héri-
tière de John de Derwentwater.
Un Francis Radclyffe ayant épousé Isabelle Grey fut
créé baronnet le 31 janvier 1619 par Jacques VI d'Ecosse
(Jacques 1er d'Angleterre). Il mourut en 1622, laissant
13 enfants.
Son héritier Edward (1589-1663) épousa Elisabeth,
fille de Thomas Barton, de laquelle il eut huit filles et
un fils, Francis (1624-1697), qui eut de Catherine, fille
de William Fenwick, cinq fils et deux filles. Il avait
été créé comte par Jacques II, le 7 mars 1688. L'héri-
tier du nom, Edward (f le 29 avril 1705), avait épousé,
le 18 août 1687, une fille naturelle de Charles II et de
CHARLES RADCLYFFE
111
Mary Davies, actrice célèbre, qui fit partie de la troupe
de William d'Avenant, directeur du théâtre de Lincoln's
Inn Fields de Londres. Mary chantait et dansait à la
perfection. La chronique théâtrale anglaise raconte
que, le 7 mars 1666, elle dansa une gigue en culotte
d'homme, ce qui était alors une innovation audacieuse,
qu'elle renouvela le 5 août 1667 avec le plus grand
succès. Par ce triomphe l'artiste, qui était aussi une
jolie femme, attira l'attention de la Cour et elle figura
souvent dans les représentations que le frère de Char-
les II, le duc d'York (Jacques II), donnait dans son
palais. Dès 1670, elle était la maîtresse du roi, et elle
en eut, le 16 octobre 1673, une fille, Mary Tudor.
Richard Fluknœ fit sur la mère, en 1670, l'épi-
gramme suivante :
Dear miss delight of ail the nobler sort,
Pride of the stage, and Darling of the Court.
Chère demoiselle, délice de toutes les plus nobles destinées,
Vous êtes l'orgueil de la scène et la favorite de la Cour.
Il existe trois délicieux portraits de Mary Davies :
deux de Lely et un de Kneller.
En 1706, la veuve d'Edward Radclyffe épousa, en
secondes noces, Henry Graham, et en août 1707, en
troisièmes noces, James Rocke. Fidèle aux Stuarts,
elle avait quitté l'Angleterre et mourut à Paris le 5 no-
vembre 1726, laissant trois enfants de son premier
mariage : James, Mary et Charles.
James, né à Londres le 28 juin 1689, suivit, avec sa
famille, Jacques II à Saint-Germain-en-Laye, et fut
élevé à la cour que tenait cet infortuné prince, grâce
à la générosité de Louis XIV. Le 10 juillet 1712, il
épousa Anna Maria, née en 1693, fille de sir John Webb
deCauford, baronnet, et de Barbara, fille de JohnBella-
sysa, baron de Worlaby. Comme nous le verrons plus
112 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
loin, James mourut exécuté en 1716 ; quant à sa
veuve, elle mourut dans un couvent de Louvain le
30 août 1723, laissant une fille et un fils.
La fille, Anna Maria Barbara, née en 1715, épousa, le
2 mai 1732, Robert James, VIIIe lord Petre, né en
juin 1713 et dont la descendance est représentée de nos
jours par des héritiers directs.
Le fils John, né en 1714, fit ses études à l'Académie
d'Angers et mourut à Londres, le 31 décembre 1731, à
l'âge de 17 ans, chez JohnWebb, son grand-père mater-
nel, Great-Marlborough street, des suites d'un accident
de voiture ; comme il ne laissait pas d'héritier direct,
ses titres échurent à son oncle Charles Radclyffe, qui
ne porta donc le titre de 5e comte de Derwentwater
qu'en 1732.
Charles, né à Little Parndon (Essex), le 3 septembre
1693, passa la plus grande partie de son enfance à la
cour de Jacques II, à Saint-Germain, et à celle de Jac-
ques III, à Rome. Il avait beaucoup de goût pour l'étude
et avait la réputation justifiée d'être un homme fort
instruit. Elevé dans la religion catholique, il n'aurait
pas échappé, dit-on, aux influences philosophiques, et
c'est seulement dans les dernières années de sa vie
qu'il serait revenu aux pratiques de la religion de son
enfance.
Au point de vue militaire, il avait des vertus géné-
reuses et héroïques. Son esprit très alerte et très fin
n'avait pas nui à son courage, car il était brave jusqu'à
la témérité. N'ayant jamais servi, il ne connaissait rien
de la discipline militaire, mais il savait utiliser ses
troupes avec beaucoup d'à propos et de discernement.
Esprit curieux, dans ses voyages, il prenait toujours
des notes sur les monuments, les faits et les gens
remarquables.
CHARLES RADCLYFFE 113
En 1701, le Parlement déclara que seuls étaient ac-
cessibles au trône d'Angleterre les princes protestants.
C'est pour ces causes que Georges-Louis, électeur de
Hanovre, succéda à la reine Anne, sous le nom de
Georges Ior. Sa mère, fille du duc de Brunswick-Zell,
était petite-fille de Jacques Ier.
La nation anglaise apprit son accession au trône
avec indifférence, et même avec animosité. Dès les
premiers mois de 1715, il y eut des soulèvements
auxquels les jacobites furent en partie étrangers,
Jacques III ayant décidé tardivement d'intervenir. Sa
tentative de restauration a été maintes fois racontée ;
son rôle actif fut du reste de courte durée. Poursuivi
par le duc d'Argyle, il dut s'embarquer sur un bateau
français avec le comte de Mar et débarqua à Grave-
lines, pendant que ses partisans continuaient une lutte
qui ne devait prendre fin qu'après la bataille de Pres-
ton(l), le 15 novembre 1715. Le lendemain, Thomas
Pitt écrivait à Robert Pitt : « J'ai reçu avis hier matin
à 6 heures, par notre frère, de la reddition des rebelles
au nombre de 4 à 5.000 à Preston ; les lords Derwent-
water et Widdrington et le fils de Macintosch sont en
otages. Ces nouvelles ont été confirmées à 10 heures
par un express envoyé par le colonel Nassau au
Roi... (2)»
Le rôle des frères Radclyffe avait été considérable.
L'attitude de Charles, qui n'avait alors que 22 ans, fut
héroïque pendant le combat. Il encouragea ses troupes
(1) Il y eut un soulèvement sans importance en 1718, avec le
concours de l'Espagne. Les chefs du parti jacobite furent les
lords Keith et Scaforth. Jean Keith, comte de Kintore, fut élu
G.'. M.-, de la G.'. L.#. d'Ecosse le 30 novembre 1738 et G.*.
M.*, de la G.". L.\ d'Angleterre le 24 décembre 1739.
(2) Manuscrits Fortescue, I, 55.
LA FRANC- MAÇONNERIE. — T. I. 8
114 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
jusqu'à la dernière heure ; il proposa de ne pas se
rendre et de faire une trouée ; mais il fut obligé de se
ranger à l'avis de la majorité. L'armée jacobite, à
laquelle on avait promis la vie sauve, se rendit au
général Wills.
Néanmoins la répression fut sanglante et frappa les
plus nobles têtes : Derwentwater, Wittresdala, Guru-
warth, Winthoun, Nairn, Widdrington et Kennir.
James eut la tête tranchée le 24 janvier 1716, bien
que des pétitions des deux chambres l'eussent recom-
mandé à la clémence du roi et que la duchesse de
Richmond eût fait des démarches personnelles auprès
du souverain. Le roi fut inflexible; Walpole, du reste,
s'opposa de tout son pouvoir à ce que la grâce fût
accordée.
La veille de sa mort, James écrivit à son frère une
superbe lettre d'un grand sentiment religieux, témoi-
gnant de son amour et de sa fidélité pour les Stuarts (1).
James n'avait demandé à Georges Ier qu'une grâce
qui lui fut refusée : être enseveli auprès de ses an-
cêtres. Le roi, craignant un mouvement populaire, fit
transporter ses restes dans le cimetière de Saint-Gilles
(Holborn) ; mais s'il faut en croire une légende, ses amis
le portèrent secrètement dans le Northumberland, dans
la chapelle de Dilston, à côté de son père.
Les ballades écossaises firent souvent allusion à la
mort du héros jacobite :
« Albeit that hère in London town,... Quoique ce
soit mon destin de mourir ici, à Londres, Oh ! trans-
portez-moi au Northumberland pour m'y déposer dans
le tombeau de mon père ; là, chantez mon Requiem
solennel sous les saintes voûtes d'Hexham, et que six
(1) Dilston Hall, p. 136.
CHARLES RADCLYFFE 115
jeunes filles du beau vallon de Tynedale sèment des
fleurs sur ma sépulture... »
Une autre ballade raconte que « le jour de l'exécu-
tion du malheureux comte, les fontaines du Northum-
berland répandirent une eau teinte de sang ; le blé
porté aux moulins rendit une farine rougeâtre; une
aurore boréale teignit le ciel de lueurs sinistres et les
habitants de la province appelèrent ce météore les
cierges funèbres de lord Derwentwater ».
Roger Metcalf, qui avait été employé par lady Rad-
clyfTe pour embaumer les restes de son infortuné neveu,
a rapporté que le confesseur qui avait assisté James lui
avait dit que le comte et son frère Charles avaient écrit
à lord Tawskind, secrétaire d'Etat, pour obtenir de le
voir une dernière fois, et que cette demandea vait été
impitoyablement refusée.
Le cœur de James fut envoyé à Angers, dans un
couvent de jeunes Anglaises, mais, au moment de la
Révolution française, il aurait été transporté dans le
couvent des Augustines de Paris.
Charles ne passa en jugement que le 18 mai 1716 à
Westminster. Il était accusé de haute trahison. On lui
laissa fort peu de temps pour sa défense et il fut, pres-
que sans débat, déclaré coupable. Quelques jours plus
tard, avec onze autres captifs, il fut conduit à West-
minster dans six carrosses pour entendre sa sentence de
mort. Lorsque la voiture dans laquelle il se trouvait
traversa Fleet street, elle rencontra la cavalcade qui
accompagnait dans la cité le roi Georges Ier, qui allait
s'embarquer pour le Hanovre. La voiture des prison-
niers s'étant arrêtée devant la porte d'un distillateur,
près de Temple Bar, Charles demanda de l'anisette et
but avec ses compagnons et le geôlier de la prison de
Newgate ; quand il arriva à la Cour de l'Echiquier, il
116 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
était trop tard pour qu'on pût prononcer le jugement.
Grâce à cet incident il obtint, ainsi que quelques-uns
de ses compagnons, un sursis jusqu'au mois de juillet,
sursis qui fut encore prolongé jusqu'à la fin de l'année.
Mais, désespérant d'obtenir son pardon complet, il pré-
para un plan d'évasion. Le 11 décembre 1716, il parvint
à s'échapper du château de Newgate avec 30 prison-
niers. Peu après, il put gagner la France ; il habita
Paris quelques années, suivant la fortune et les dépla-
cements du prince exilé et s'occupant sans relâche de
sa restauration.
Durant tout ce temps, Charles n'avait pour vivre
que la mince pension qui lui était accordée par son
infortuné maître et quelques secours de son jeune
neveu. Il remplissait auprès de Jacques III les fonc-
tions presque gratuites de secrétaire.
Le 24 juin 1724, il épousa à Sainte-Marie de Bruxelles
Charlotte Mary (1), fille unique et héritière de Charles
Levingtone, comte de Newburgh. Née en 1693, Char-
lotte Mary était du même âge que Radclyffe ; veuve
depuis le 21 février 1719, elle avait épousé en premières
noces, en décembre 1713, Thomas Clifîord, dont elle
avait eu deux filles : Françoise, morte sans alliance
le 7 juillet 1771 et enterrée à Chudleigh Church ; et
Anne, qui épousa le comte Mahony.
Lorsque Charles Radclyffe (2) épousa Charlotte
Mary, il y avait de nombreuses années qu'il était épris
de la belle veuve. Il la demanda, dit-on, en mariage
seize fois sans succès, et, s'il faut en croire des tradi-
(1) Elle mourut à Londres le 4 août 1755. Il existe un portrait
de la comtesse de Newburgh en mezzotinte cité par Smith
(2) Charles Radclyffe signait : comte deDarwentwater; mais son
fils et ses héritiers signaient Derwentwater, qui est du reste la véri-
table orthographe (lac de Derwent).
CHAULES RADCLYFFE 117
tions de famille, il n'obtint son consentement que la
dix-septième fois en s'introduisant dans la chambre de
la comtesse de Newburgh en descendant par la che-
minée. Lord Petre possède un fort curieux tableau re-
présentant cet incident.
Pour avoir été tardif, le mariage n'en fut pas moins
fécond et, à partir de 1725, les enfants se succédèrent
rapidement : James Bartholemew ; James Clément ;
Charles ; Charlotte ; Barbara ; Tomasina et Mary.
La f.\-m.\ corporative, après s'être transformée
presque complètement en f.\-m.\ politique jacobite
en Angleterre, en Ecosse et en Irlande, pendant le
xvne siècle et les premières années du xvme siècle,
persista pour la plus grande partie jusqu'en 1717 sous
cette forme, pendant qu'une faible partie en Angleterre
se rangeait sous la bannière de la maison de Hanovre en
devenant spéculative. Pendant tout le xvme siècle nous
assistons à la lutte de ces deux courants, bien que la
f.\-m.\ écossaise soit, depuis la défaite de Culloden,
beaucoup moins importante que la f.\ m.*, purement
spéculative.
C'est sous la forme de f. *.-m.\ jacobite que cette
secte fit son apparition en France avec les régiments
irlandais et écossais (1).
Comme les Stuarts s'étaient réfugiés à Saint Ger-
main-en-Laye, il est probable que cette ville fut pen-
dant longtemps le centre de la f.*. -m*, jacobite, et tout
(1) D'après Glavel (120 et 165), la f.'. -m., aurait été introduite
en Allemagne (Hambourg 1733) parles Stuarts. Les réfugiés jaco-
bites dénués de ressources se faisaient de la maç.*. un moyen
d'existence.
118 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
porte à croire que la première loge battant maillet en
France fut la Bonne Foi à l'0.\ des gardes écossaises
du roi d'Angleterre (régiment de Dillon). Parmi les
membres de cette loge figurent, entre 1700 et 1730,
les noms de Lally, Linche, Macdonald, Bourke, Mac-
Carthy OToolle, Dillon, O'Neil, Butler, Fitz-Gérald,
Talbot de Tyrconnel, etc. Le régiment de Walsh
avait aussi une loge dont je n'ai relevé officiellement
le titre : la Parfaite Égalité, qu'à partir de 1752. On
vit figurer parmi ses membres, de 1700 à 1730 : Dor-
rington, Lesley comte de Rooth, Nagle, Butler,
O'Calaghane, Mac Carthy, Wyndham, etc.
Nous retrouverons la plupart de ces noms lors de
l'installation en 1726 de la loge Saint-Thomas, ainsi
dénommée en souvenir de saint Thomas de Cantor-
bery, le saint vénéré de l'Angleterre des Stuarts (1).
Il est plus que probable que Charles Radclyffe fut
initié par Ramsay, qui était son ami et qu'il rencon-
trait journellement, soit à la cour de Jacques III, soit
chez le duc de Bouillon. S'il faut croire la tradition
maçonnique, qui me paraît exacte, Charles Radclyffe
aurait été le fondateur de la loge Saint-Thomas. Parmi
les membres de cette loge, je n'ai pas trouvé trace de
son nom et jusqu'ici je ne suis parvenu à relever positi-
vement que François Heguerty (2), cadet au régiment
(1) Jusqu'à nouvel ordre, je crois devoir reléguer au nombre des
légendes la patente delà loge de Dunkerque, soi-disant installée le
13 octobre 1721 par le duc de Montagu. Cette loge ne fut véritable-
ment installée que le 1er mars 1756 par la G.'. L.\ de France.
(2) F. Heguerty, cadet le l*r avril 1724, réformé le 30 mai 1730 ;
lieutenant 26 juin 1732 ; lieut.-col. le 21 mars 1747 ; cap. des gre-
nadiers le 21 mars 1751 ; retiré en 1757. C'est par erreur que l'é-
crivain maçonnique, généralement bien informé, le F.'. Daruty, le
désigne comme étant né à l'île Bourbon. Daniel Heguerty, né en
effet à l'île Bourbon en 1722, ne pouvait installer une loge en 1726.
*A
o
o
(A
85
O
a
120 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
de Dillon ; Maclean (1) Drummond, duc de Perth ;
Dillon ; Middleton, comte de Mommouth ; Douglas ;
Sackeville ; O'Brien ; Max Dermott ; comte de Hamil-
ton ; Scheldon ;Talbot, duc de Tyrconnell; Fitz James;
Hyde;Macdonald;Lally.... parmi les Français je trouve
un Choiseul, probablement Henri-Louis de Choi-
seul-Meuse (1687-1754) ; un Tingry, probablement
Chrétien-Louis de Montmorency-Luxembourg (1675-
1746), qui fut maréchal de France ; Monin ; Leroy ;
Salbray ; Picot ou Picod ; Drouin ou Dromy. Il est
tellement absurde qu'avec un pareil recrutement on
puisse supposer que cette loge ait été installée par la
grande loge orangiste d'Angleterre, que je ne m'arrê-
terai pas un instant à discuter cette supposition. Pour
les mêmes raisons, je ne puis admettre que, ni en
1726, ni plus tard, Charles Radclyfîe ait été désigné
par les loges orangistes pour remplir les fonctions de
grand maître de la franc-maçonnerie française, et
comme lord Harnouester est le même personnage
que lord Derwentwater (2), on peut affirmer que le
premier grand maître de la franc-maçonnerie fran-
çaise fut le duc d'Antin.
D'après une brochure publiée à Francfort en 1744
et citée par Gould (III, p. 139), à la fin de 1736 il
n'y aurait eu que 6 loges dans toute la France et pas
plus de 60 maçons. A cette époque seulement Der-
ventwater avait été nommé G.'. M.*, comme suc-
(1) Maclean est désigné, par erreur, sous le nom de Maskelyne,
qui est l'orthographe résultant du nom prononcé par un Anglais
et écrit par un Français.
(2) Lord Harnouester est le nom de lord Derwenwater orthogra-
phié par un Français. Gomme nous l'avons vu, en 1726 Charles
Radclyffe ne pouvait porter le titre de comte de Derwentwater, qui
appartenait à son neveu John ; celui-ci étant mort en décembre
1731, Charles Radclyffe prit en 1732 le titre de son neveu.
CHAULES RADCLYFFE 121
cesseur de James Hector Maclean, qui occupait ces
fonctions depuis plusieurs années. Cette hypothèse
est en partie exacte : Maclean fut simplement maître
d'une loge militaire irlandaise (1). Avant Derwentwater,
le besoin d'un G.*. M.', de l'ordre de France ne se
faisait pas sentir. D'après le St-James Evening Post
du 12 mai 1737, il n'y avait en effet que cinq loges à
Paris.
Du reste, on trouve fort peu de traces du rôle maçon-
nique de Radclyffe avant 1730 (2) et, à partir du 3 avril
1732, la loge de Saint-Thomas, par suite de l'influence
du duc de Montaigu, se détacha des loges jacobites. Cette
loge avait eu d'abord son local chez un traiteur anglais
du nom de Hure, au « Louis d'argent ». En 1729, elle
dut céder la place à la loge orangiste, qui prit le nom
de cette auberge, et dont nous parlerons plus loin. Elle
tint des séances, jusqu'en 1735 au moins, soit chez Lan-
delle, rue de Buci, soit à l'Hôtel de Soissons, soit
quai de la Râpée. Il dut donc y avoir, pendant un cer-
tain temps, deux loges sous le titre de Saint-Thomas :
l'une jacobite, l'autre orangiste.
La première loge orangiste qui fut installée en France
fut la loge du « Louis d'argent », qui figure sous le nu-
méro 90 dans la liste de Richard Steele (1732) ; l'ins-
tallation eut lieu le 12 juin 1729, rue de la Boucherie,
à « la Ville de Tonnerre », chez Debure, cousin germain
(1) Je n'ai pas trouvé la trace de James Hector Maclean ; par
contre, j'ai rencontré les noms de deux membres de cette famille :
John Maclean, qui avait épousé Marie Macpherson, et le chevalier
Alexandre Maclean, capitaine dans le régiment de Dorrington, qui
avait épousé Marie Chilton.
(2) En 1743, au moment du décès de son fils Charles, il est en-
core à Saint-Germain, avec Alexandre de Montgomery, comte
d'Eglentoun, le comte de Middleton, Georges Lesley et Alexandre
Home.
122 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
du premier vénérable ou mieux maître de cette loge :
André-François Lebreton, alors âgé de 21 ans, étant né
le 21 août 1708, et qui fut le premier maître de loge an-
glais de France, ce qui établit que sa loge n'avait aucun
rapport avec la loge jacobite de Saint-Thomas. En
1740, la loge du « Louis d'argent » porte le n° 78 (Pike)
et elle est désignée sous le nom suggestif de « King's
Head », Tête de Roi ; en 1763, elle porte le n° 49 (Cole) ;
elle avait encore remplacé Saint-Thomas à la taverne
de « la Ville de Tonnerre ». En 1735, elle était présidée
par Désaguliers et le duc de Richmond ; en présence
du comte de Waldegrave (1), ambassadeur d'Angle-
terre, du président de Montesquieu, du marquis de
Lomuren, de lord Dursley, de Fitz-James, de Knight
père et fils, de Hickam, etc., elle initia le duc de Kings-
ton, le comte de Saint-Florentin et lord Chewton, fils
du comte de Waldegrave. C'est de cette loge que se
détacha une loge, une fille comme on disait alors, qui
prit le nom « d'Aumont » lorsque le duc de ce nom en
fut nommé vénérable (2). Alors que le « Louis d'ar-
gent » avait été rayé par la Grande Loge d'Angleterre,
le 27 janvier 1768, pour avoir négligé de se conformer
aux règlements, la loge d'Aumont existait encore en
1773 et avait pour vénérable Le Lorrain (3).
Une autre loge s'était détachée, dès le 1er décembre
(1) Le comte de Waldegrave, fils de lord Henri Waldegrave, qui
avait épousé Henriette Fitz-James, fille de Jacques II et d'Arabella
Churchill, sœur du fameux Marlborough. Malgré ses attaches jaco-
bites, pour édifier sa fortune, le comte de Waldegrave s'était rallié
à Georges II.
(2) Lors de l'installation de la Constante Amitié à l'0.\ de Caen,
le 13 septembre 1765, Le Lorrain figure comme maître de cette
loge et Moët, un des fondateurs de l'ordre de la Félicité, comme
vénérable secret. En réalité il était vénérable de la loge « Le Secret».
(3) Jean-Pierre Le Lorrain, graveur du roi pour l'artillerie,
neveu de Robert Le Lorrain, officier honoraire du G.". 0.\, le
CHARLES RADCLYFFE 123
1729, de la loge du « Louis d'argent » :1 a loge des Arts
Sainte-Marguerite, dont le premier vénérable fut un
lapidaire anglais du nom de Coastown (1). Cette loge
fut reconstituée, le 29 octobre 1773, par le G.*. 0.'.,
avec Puisieux (2), architecte du roi, comme vénérable;
cette loge existait encore en 1776 et n'était plus en
vigueur en 1785.
Enfin une cinquième loge aurait été créée en 1729
sous le titre de St-Pierre et St-Paul en faveur du Vén.\
M.*. Puisieux; comme elle ne figure sur aucune liste
de la G.\ L.*. d'Angleterre, on a tout lieu de la sup-
poser de formation jacobite.
Ces cinq loges n'étaient pas régulièrement consti-
tuées par la f.\ m.*, de Londres qui, avant 1766, ne
donna des patentes officielles qu'au Louis d'argent à
rO.\ de Paris ; à la Parfaite Union à l'0.\ de Valen-
ciennes sous le n° 127 ; à la loge d'Aubigny le 22 août
1735 et à la loge anglaise de Bordeaux dite n° 204, et
encore pour cette dernière faut-il faire des réserves,
car si la G.a. L.*. de Londres reconnut ses travaux à
partir du 27 avril 1732, elle ne délivra les patentes qu'en
1767. Toutes les autres loges étaient d'origine jacobite.
L'historique des cinq loges régulières ou irrégu-
lières de Paris qui passent, avec raison, pour les cinq
premières de France, m'a paru un exemple saisissant
de l'incertitude et des difficultés qu'éprouva la f.\-m.\
5 juillet 1773, mourut en 1778 (son testament déposé chez Bour-
sier, le 2 avril 1768, fut insinué le 7 août 1778).
(1) Appelé Goustaud en France et Gustos en Portugal. Ce Coas-
town a joué un grand rôle dans la propagation de la f.\-ni.'. sur
le continent.
(2) Jean-Baptiste de Puisieux, né à Alland'huy (Ardennes) le
19 janvier 1679, mort à Paris, le 6 février 1776. Lors de la consti-
tution du G.". 0.'. Puisieux était le doyen des maîtres de loge de
Paris. Nous lui consacrons une notice, chapitre ix.
124 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
pour s'installer en France. Par la suite, pour des rai-
sons d'intérêt ou d'orgueil, les f.'.-m. '. inventèrent
des brevets anciens, comme celui de Gerbier, signé en
1721 par le duc d'Antin, qui n'avait alors que 14 ans ;
malgré l'évidence de la fausseté du document, le
G.'. 0.*. n'hésita pas à le considérer comme authen-
tique. Aujourd'hui les historiens de toutes nuances
sont à peu près d'accord pour suspecter un grand
nombre de pièces analogues.
En présence des progrès de la f.'.-m.*. jacobite en
France, la f.'.-m.*. anglaise s'inquiéta. De même qu'elle
tendait à la suppression de la secte concurrente dans
la Grande-Bretagne, la Grande Loge de Londres
envoya en France un émissaire, pour réagir contre la
tendance antianglaise de la f.'.-m.*. française. Son
émissaire fut un de ses anciens grands maîtres, transfuge
du parti des Stuarts et rallié à Georges II, Jacques Mor-
ton, comte de Douglas, qui eut à Paris des aventures
qui firent beaucoup de bruit.
Les comtes de Morton étaient très avancés dans la
f.'.-m.*. anglaise, et parmi les membres de cette fa-
mille on relève :
Jean Charles Douglas, comte de Morton, G.*. M.*, des
loges écossaises, élu le 30 novembre 1739 ;
Jacques Douglas, comte de Morton, G.*. M.*, de la
f.'.-m.*. anglaise, élu le 24 décembre 1740, installé
le 19 mars suivant ;
Et Georges Douglas, comte de Morton, élu G.*. M.*-
de la G.'. L. . d'Ecosse en 1790 et 1791.
Celui qui nous intéresse est Jacques (James), 14e
comte Morton, le G.'. M.', de la f.'.-m.'. anglaise, né
CHARLES RADCLYFFE 125
à Edimbourg en 1702, mort en 1768. Il fut un des pre-
miers transfuges qui abandonnèrent le parti des Stuarts
pour se rallier à Georges IL
Homme de sciences, mathématicien, il fut élu
membre de la Royal Society, le 19 avril 1733. Il s'oc-
cupait spécialement d'astronomie ; c'est lui qui fut
chargé en 1769, parla commission des longitudes, d'ob-
server le passage de Vénus.
Son rôle à Paris, où il séjourna pendant une partie
de la durée de la guerre de succession d'Autriche, est
au moins singulier.
Il était en France depuis 1743, sous prétexte de santé,
et avait voyagé sur les rives de la Loire si chères aux
Anglais. Il se trouvait à Lorient lorsque l'escadre bri-
tannique y fit une descente et fut sur le point de s'empa-
rer de sa personne. Les jacobites le haïssaient et assu-
raient que si l'on faisait des perquisitions à son domicile,
on trouverait des preuves d'espionnage et de trahison.
Comme son passeport allait être périmé, il vint trouver
d'Argenson à Fontainebleau. Le ministre lui déclara ne
pouvoir le renouveler et lui conseilla de faire faire la
demande par le prince Charles-Edouard, qui se trou-
vait précisément à la cour. Il n'osa le faire et se retira
deux jours chez M. Vanhoey, à qui d'Argenson en fît
amèrement le reproche. Dès qu'il sortit de son asile,
sur ordre du 25 octobre 1746, contresigné Maurepas,
on l'arrêta et on le conduisit à la Bastille. Pendant
ce temps on arrêtait, à Paris, sa femme, la comtesse
Agathe Morton, avec sa fille Mary, son fils, son domes-
tique et sa femme de chambre. La comtesse Morton
et ses enfants furent relâchés le 31 octobre suivant ;
Morton ne sortit que le 6 décembre 1746, sur ordre
contresigné d'Argenson. Tous ses papiers furent exa-
minés et il subit de longs interrogatoires. On ne trouva
126 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
rien. Cette arrestation, qui avait fait beaucoup de bruit,
fut d'une grande utilité pour le roi. Grâce à cet otage,
le ministère britannique consentit à un règlement assez
équitable pour les prisonniers français faits à Culloden,
et permit de faire un échange avantageux.
De 1744 à 1746, Douglas avait essayé, sans succès
du reste, de s'introduire dans plusieurs loges en Bre-
tagne et sur les rives de la Loire (1) ; il est permis de
croire que le but du voyage du G.'. M.*, de la f.\-m.\
anglaise fut provoqué par cette œuvre de propagande.
C'est à cette époque du reste que la lutte fut la plus
ardente entre les loges anglaises et les loges jacobites.
Charles-Edouard - Louis - Philippe - Casimir Stuart ,
dont Radclyffe soutenait la politique avec le concours des
loges maçonniques, était né au palais Pamphili, à Rome,
le 30 décembre 1720. Plus de deux cents témoins assis-
tèrent à sa naissance. Dans la nuit, un astre nouveau
apparut dans le ciel et les jacobites superstitieux virent
dans ce phénomène un présage heureux pour la des-
tinée du jeune prince.
Son père était Jacques VIII d'Ecosse, Jacques III
d'Angleterre ; sa mère, Clémentine Sobieska, était la
descendante de celui qui avait si vaillamment défendu
la chrétienté sous les murs de Vienne en 1683.
Rarement naissance fut plus fêtée que celle de
Charles-Edouard. Ses langes, valant 6.000 scudi, furent
bénis parle pape Clément XI. Gitta, la sage-femme qui
(1) L'Union O.*. Lorient 1744; Saint-Louis de la Gloire O.".
Saumur (12 avril 1745) ; la Concorde écossaise O.*. Tours (27 sep-
tembre 1745); l'Heureuse Rencontre O.*. Brest (6 novembre 1745);
la Noble Amitié O.'. Morlaix (1746).
CHARLES RADCLYFFE 127
le présenta aux partisans assemblés, reçut cent doublons
de Jacques III et des dons particuliers des membres
du Sacré Collège; le Saint-Père la créa comtesse
romaine. Jacques III annonça en grande pompe la
naissance de son héritier à tous les souverains d'Europe.
Jusqu'à la naissance de son frère, le duc d'York,
Charles-Edouard eut pour gouvernante une Anglaise
catholique, qui portait un nom qui devait devenir
l'effroi des jacobites: Miss Walpole.
Son frère, Henry-Benoît-Edward-Alfred-Louis-Tho-
mas, naquit le 20 mars 1725. Miss Walpole fut alors
remplacée par la maîtresse de Jacques III, la comtesse
d'Inverness, qui était protestante.
Les deux frères eurent successivement pour gou-
verneurs : Ramsay, Murray, le comte de Dumbar et
Thomas Sheridan.
Ramsay, comme nous l'avons vu, était très avancé
dans la f.\-m.\ ; il fréquentait assidûment les loges
de Paris et se rendait souvent à Aubigny pour assister
aux tenues maçonniques chez Louise de Keroual,
duchesse de Portsmouth. C'est Ramsay qui initia le
jeune Charles-Edouard aux secrets de la maçonnerie
jacobite et qui, en dehors des satisfactions philosophi-
ques qu'il devait y trouver, fit entrevoir à son royal
élève l'intérêt politique qui pouvait en résulter pour
ses partisans.
L'éducation des jeunes princes fut particulièrement
soignée. Charles-Edouard parlait couramment l'anglais,
l'italien et le français, dont il ne put cependant adopter
l'orthographe. v Profondément artiste, le jeune Charles-
Edouard était musicien de talent.
Il débuta brillamment dans la carrière militaire, à
quatorze ans, au siège de Gaëte, en 1734, avec le ma-
réchal de Berwick. L'année suivante, après un court
128 LA FRANOxMAÇONNERIE EN FRANCE
séjour à Naples et à Rome, il fit la campagne de Lom-
bardie. La guerre terminée en 1737, sous le nom de
comte d'Albany, il visita Parme, Gênes, Milan, Venise,
et, passant par Padoue, Bologne et Florence, il revint
se fixer à Rome et à Albano, où il demeura jusqu'à son
départ pour la France. C'est dans la première de ces
villes qu'en 1740 Horace Walpole fut à même de le
voir et de l'étudier. La même année, le président Des
Brosses était reçu dans leur palais, place des Saints-
Apôtres, parles fils de Jacques III ; il a laissé dans son
journal le récit de sa visite. Des Brosses trouva le pré-
tendant dévot à l'excès, mais aimable, poli et gracieux,
dénotant une grande bonté de cœur et un grand courage.
Pour faire accueil au président, les deux frères firent
de la musique ; l'aîné jouait du violoncelle pendant que
le cadet chantait. Ils exécutèrent la Notte di Natale,
concerto de Corelli.
Le sang du jeune Charles-Edouard bouillait dans ses
veines et il avait hâte de rejoindre les armées de
Louis XV, lorsqu'il apprit que, le 26 juin 1743, le comte
de Clermont venait de se faire battre à Dettingen par
Georges II en personne.
Les Stuarts habitaient Rome lorsque, dans les der-
niers jours de décembre 1743 lord Sempill, agent con-
fidentiel de Jacques III à Paris, se rendit mystérieuse-
ment chez le chevalier de Saint-Georges. Il arrivait de
Versailles, et, grâce à la duchesse de Châteauroux, qui
s'intéressait à la cause jacobite, Louis XV l'autorisait à
venir à Paris s'entendre avec ses partisans, et lui pro-
mettait son concours pour une expédition en Angle-
terre.
Charles-Edouard s'échappe de Rome le 9 janvier
1744, sous prétexte d'une partie de chasse. Grâce à la
connivence du bailli de Tencin et du cardinal Aquaviva,
CHARLES RADCLYFFE 129
il court la poste à franc étrier, jusqu'à Gênes, où il
s'embarque sur une felouque espagnole. Il traverse
sans encombre une escadre anglaise, débarque le 13
à Antibes et couche à Paris le 20. A peine arrivé, il se
rend à Dunkerque, où la flotte française appareillait.
Après avoir croisé quelques jours dans le Pas de
Calais, l'escadre fut rejointe par la flotte anglaise com-
mandée par l'amiral John Norris, devant Dunqueness,
lorsqu'une tempête dispersa les combattants (1). Le
15 mars, Charles-Edouard était de retour à Gravelines
sous le nom de chevalier de Douglas, veillant avec le
maréchal de Saxe aux préparatifs d'une nouvelle expé-
dition, qui fut contremandée peu après.
En juin, il était rentré à Paris et vivait comme un
ermite à une lieue de la capitale. Louis XV ayant refusé
de le recevoir, le prétendant s'en plaignit à son père, le
16 janvier 1745, et se rendit en Picardie chez le duc de
Fitz-James, puis chez le duc de Bouillon (2) à Navarre.
Pendant ce temps, le 11 mai 1745, avait lieu la bataille
de Fontenoy dans laquelle les régiments écossais et
irlandais rivalisaient de courage avec la Maison du roi.
Charles-Edouard préparait son expédition d'Ecosse,
demandant à ses partisans les fonds nécessaires. Le
12 juin il écrit de Navarre à son père qu'il doit 60.000
francs au vieux Waters, banquier à Paris, franc-maçon
militant, et le double à son fils.
Avec le concours d'Antoine Walsh, il frète à Nantes
(1) « Si la mer n'avait pas été alors de notre côté, dit lord
Mahon, les Stuarts ne pouvaient pas ne pas réussir. »
(2) Le duc de Bouillon ex-prince de Turenne (1686-1743), qui fut
son premier élevé avant d'être nommé précepteur des fils de Jac-
ques III. Après 1730, à la suite d'intrigues de cour, Ramsay quitta
ces fonctions et devint l'intendant du prince de Bouillon. En 1774,
le G.'. O.'. de Bouillon, qui avait son siège à Bouillon, fonda plu-
sieurs loges en France. Voir chapitre vi.
LA FRANC-MAÇONNERIE. T. I. 9
130 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
l'Elisabeth, vieux navire de 67 canons, commandé par
le marquis d'O, et la Doutelle, petite frégate de 20
canons, commandée parWalsh. A la fin de juin 1745
il quitte Navarre et le 2 juillet il s'embarque à Saint-
Nazaire sur un bateau pêcheur pour rejoindre la Dou-
telle, qui était mouillée sous Belle-Isle. Là, il attend
YElisabeth et les deux navires appareillent de conserve
le 12. Le 16 ils rencontrent un navire anglais de 58
canons, le Lyon, avec lequel ils se canonnent pendant
cinq heures ; le combat fut acharné : YElisabeth dut
rentrer à Brest et le Lyon dans un port anglais.
Malgré ce contretemps, Charles Edouard continue
sa route avec la Doutelle et parvient à jeter l'ancre entre
South-Uist et Eriska. Le 2 août il débarque dans cette
dernière île et, d'après la légende, un aigle plana sur sa
tête pendant qu'il atterrissait. Il prend enfin terre en
Ecosse à Borodale.
Nous ne referons pas le récit bien connu de son expé-
dition, qui le conduisit sans obstacles jusqu'à Derby, à
35 lieues de Londres. S'il avait marché de suite sur
cette ville au lieu de passer des revues et de donner des
bals à Edimbourg, il eût certainement triomphé, car il
n'aurait pas laissé aux troupes auxiliaires, envoyées de
Hollande, le temps d'arriver au secours du duc de
Gumberland.
C'est pendant cette expédition que, le 24 septembre
1745, Charles-Edouard fut solennellement installé
G.*. M.\ de la f. \-m.\ écossaise, dans un chapitre
général de Tordre, tenu dans le palais d'Holyrood (1).
Le 19 septembre 1746, après avoir erré dans les
petites îles qui entourent l'Ecosse, Charles-Edouard
(1) A winiher with Robert Burns, Edimbourg, 1846, pp. 53 et
54, et Amédée Pichot : Charles-Edouard.
CHARLES RADCLYFFE 131
parvint à s'embarquer sur l'Heureuse, frégate de 30
canons, commandée par Warren, colonel du régiment
de Dillon. L'Heureuse était convoyée par le Prince de
Conti, de 22 canons.
Le prétendant débarqua à Roscoff le 10 octobre ;
le 14 il avait rejoint son frère le duc d'York à Clichy.
Par égard pour son infortune, Louis XV mit à sa dis-
position le château Saint-Antoine, et par traité signé
d'Argenson et O'Bryan, la France le reconnaissait
comme prince régent d'Angleterre.
Ayant obtenu d'être reçu par le roi à Fontainebleau,
il se rendit près de Louis XV dans l'appareil royal le
plus luxueux et le plus solennel, ce qui indisposa la
cour contre lui, et, après un bref séjour, il retourna
chez son frère à Clichy, sans avoir rien obtenu pour la
nouvelle expédition qu'il projetait (1). S'il faut en croire
les bruits de cour, la seconde fille de Louis XV aurait
manifesté à son égard les sentiments les plus tendres ;
on aurait même parlé de leur mariage .
Après avoir touché barre à Paris, Charles-Edouard
se rendit à Avignon, puis se dirigea vers l'Espagne,
espérant trouver à Madrid les secours qui lui avaient
été refusés à Fontainebleau. Il traverse donc la Cata-
logne, est reçu à Guadalaxara, le 12 mars 1747, par
Ferdinand VI, qui, tout en montrant une grande sym-
pathie pour ses infortunes, ne voulut prendre avec lui
aucun engagement politique. Il revint aussitôt en
France et arriva à Paris vers le 15 avril.
(1) Les 22 et 26 octobre 1746, il remit à Louis XV deux mémoi-
res qui n'eurent aucun effet.
132 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
C'est peu après son retour qu'il aurait constitué à
Arras la loge la Constance, dont le père de Robespierre
faisait partie. Voici le texte de ce document d'après la
version la plus authentique, que nous empruntons à
Daruty :
« Nous Charles-Edouard Stuwart, prétendant roi
d'Angleterre, de France, d'Ecosse et d'Irlande, et, en
cette qualité G.\ M.', du chap.*. de Hérédon, connu
sous le titre de chevalier de l'Aigle, du Pélican, et,
depuis nos malheurs et nos infortunes, sous celui de
R.-.-C-. +:(1)
« Voulant témoigner aux maçons artésiens combien
nous sommes reconnaissant envers eux des preuves de
bienfaisance qu'ils nous ont prodiguées avec les officiers
de la garnison de la ville d'Arras, et de leur attache-
ment à notre personne pendant le séjour de six mois
que nous avons fait en cette ville (2), nous avons, en
leur faveur, créé et érigé, créons et érigeons, par la
présente bulle, en ladite ville d'Arras, un souverain
chapitre prématial et métropolitain de R.\ C.\ +,
sous le titre distinctif d'EcossE jacobite, qui sera régi
et gouverné par les chevaliers Lagneau, de Robespierre,
tous deux avocats, Hazard et ses deux fils, tous trois
médecins, J.-B. Lucet, notre tapissier, et Jérôme Tellier,
notre horloger, auquel nous permettons et donnons
pouvoir de faire, tant par eux que par leurs successeurs,
non seulement des chevaliers R.\-C \, mais même de
créer un chapitre dans toutes les villes où ils croiront
pouvoir le faire, lorsqu'ils en seront requis, sans cepen-
(1) Il serait intéressant de savoir si les .'. abréviatifs figurent
dans l'original de la bulle, ce qui, étant donnée l'époque, pourrait
rendre douteuse son authenticité.
(2) Peut-être les six premiers mois de 1745, ou mieux, six mois
en plusieurs fois en 1744 et 1745.
CHAULES KADCLYFFE VS3
dant. par eux ni par leurs successeurs, pouvoir créer
deux chapitres dans une même ville, quelque peuplée
qu'elle puisse être ; et pour que foi soit ajoutée à notre
présente bulle, nous l'avons signée de notre main, et à
icelle fait apposer le nom secret de nos commande-
ments, et fait contresigner par le secrétaire de notre
cabinet, le jeudi 15e jour du 2e mois l'an de l'Incarna-
tion 1747.
« Charles-Edouard Stuwart,
« De par le Roi : (1)
« Lord Deberkley, secrétaire. »
L'authenticité de ce document a été mise en doute
parce que, sur la pièce originale, Charles-Edouard se
serait qualifié roi ; après vérification, le mot employé
étant prétendant roi, l'objection tombe.
Daruty croit qu'il faut dater la patente de 1745,
parce qu'elle est datée du jeudi 15e jour du 2° mois
5747, soit du 15 avril 1747, et il fait remarquer, avec
raison, qu'en 1747 le 15 avril était un samedi et non
un jeudi. Il conclut de là que le 15 avril étant un jeudi
en 1745, c'est à cette dernière année qu'il faut faire
remonter le document, et il le date dans sa transcription
de 1745.
Or, Daruty se trompe, car il est vraisemblable que
Charles-Edouard suivait, comme ses compatriotes, le
vieux style, alors en retard de 12 jours sur le nouveau
style adopté en France, et dans ce cas, le 15 avril V. S.
correspondait au 27 avril N. S. qui était bien un jeudi.
(1) Une expédition de ce bref destinée au Chap.Metrop.de Paris,
fut vendue en vente publique le 27 mars 1863, par le libraire
Tross (n° 9 du catal.). Les parties reproduites dans le catalogue
sont conformes au texte de Daruty.
C'était une pièce in-f° sur velin revêtue du grand sceau et sept
timbres et d'un grand nombre de signatures.
134 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Dans ces conditions on peut admettre, mais sous
réserves, l'authenticité du document que les faits
matériels ne peuvent contredire, puisque Charles-
Edouard était bien f. '.-m.'., ainsi que nous l'avons
dit plus haut (1).
En juillet 1747, le duc d'York se sépare de son frère
et se rend à Rouen auprès de son père, ce qui provoqua
un certain froid avec Charles-Edouard qui était resté à
Saint-Ouen (2). Il n'avait pas renoncé à ses projets de
restauration, lorsque par les préliminaires du traité
d'Aix-la-Chapelle (21 avril 1748) Louis XV reconnut
officiellement la maison de Hanovre et s'engagea à
obliger les Stuarts à quitter la France. Les 10 et 18
juillet, Charles-Edouard écrivit à Louis XV pour pro-
tester, et à partir de cette époque il semble avoir eu une
grande animosité contre la maison de Bourbon.
Au lieu de s'apprêter à quitter la France, il fait
imprimer un mémoire qu'il fait distribuer dans les
rues. Il proteste encore contre les fêtes données à
l'occasion de la conclusion de la paix et se moque
de Louis le Pacificateur. Bien plus, il fait graver par
le F.*. Nicolas Rœttiers une médaille sur la face de
laquelle figuraient des vaisseaux de la marine anglaise
forçant la France à la paix, et sur l'avers cette men-
tion :
(1) Voir aux appendices, les règlements, protocoles, etc., de la
f. -m.', jacobite.
(2) Le duc d'York fut nommé cardinal le 3 juillet 1747. Après
Culloden, en reconnaissance du bon accueil fait par les maçons de
Toulouse à sir Samuel Lockhart, un partisan des Stuarts constitua
dans cette ville, en 1747, un chapitre sous le titre les Ecossais fidèles,
qui devint la vieille Bru et adopta plus tard un rite à 9 degrés.
CHARLES RADCLYFFE 135
CarolusWalliœ prînceps,
Amor et Spes Brilanniœ.
— Si jamais je remonte sur le trône, disait-il à qui
voulait l'entendre, j e forcerai la France à donner des
otages.
Il affecte de se montrer en public, loue un riche hôtel
quai des Théatins et y mène un grand train, tenant les
propos les plus injurieux pour Louis XV, qu'il avait
complètement cessé de voir.
L'ambassadeur d'Angleterre, de son côté, réclamait
l'exécution de la clause du traité d'Aix-la-Chapelle qui
avait été signé définitivement le 18 octobre.
Le mardi 10 décembre 1748, à 7 heures du soir,
Charles-Edouard fut arrêté au Palais Royal, au moment
où il s'apprêtait à entrer à l'Opéra. Pour cette arresta-
tion on avait mobilisé 1.200 hommes commandés par
le duc de Biron.
On s'empare de lui au moment où il descend de voi-
ture, on lui lie les bras et les jambes avec des rubans
de soie, et, pour éviter un attroupement, on le trans-
porte dans une maison voisine. Le chevalier de Vau-
dreuil, major des gardes françaises, lui conseille de ne
pas résister. Comme Charles-Edouard, furieux, conti-
nuait à se défendre et à protester, on lui enleva son
épée, son couteau et ses pistolets ; on le conduisit en
voiture à Vincennes, où le gouverneur du château vint
l'attendre à la porte du donjon et lui fit retirer ses
liens enrubannés, quand il eut promis de ne pas attenter
à ses jours. Pendant ce temps, on enfermait à la Bastille
onze gentilshommes de sa suite et trente-neuf domes-
tiques de sa maison (1). Six gentilshommes avaient été
emprisonnés avec lui à Vincennes.
(1) Ils furent libérés quelques jours après (entre le 11 et le 19
décembre) .
136 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Le roi avait décidé de le faire conduire à la fron-
tière de Savoie ; Charles-Edouard partit le dimanche
15 décembre à 5 heures du matin ; il voyagea royale-
ment, à petites étapes. Le 18 il passait à Tonnerre, le
21 à la Maison Blanche, et le 23 au pont de Beau-
voisin, à la frontière.
Mais Charles-Edouard ne se tient pas pour battu :
à peine expulsé, il va à Chambéry, traverse le Dauphiné
et se rend à Avignon. Invité à quitter le territoire pon-
tifical, il traverse à nouveau la France pour se rendre
à Venise, d'où on l'expulse. A partir de ce moment, on
perd sa trace. Toutes ses lettres passaient par l'inter-
médiaire de Waters, banquier à Paris. On croit qu'il se
tint caché chez le duc de Bouillon, dans les Ardennes.
En septembre 1750 il avait l'audace d'assister avec
le colonel Brett à une réunion jacobite qui se tenait à
Londres (1). Puis il séjourne à Gand. C'est là qu'il
apprit que son ancienne amie d'Ecosse, Clémentine
Walkenshaw, était parvenue à s'échapper et qu'elle était
réfugiée à Paris. Il va la chercher, revient avec elle à
Gand et, après plusieurs voyages en Allemagne, ils
se fixent dans le pays de Liège, où il se fait appeler le
comte de Johnson. C'est dans cette ville que naquit une
fille, baptisée le 29 octobre 1753, sous le nom de
Clémentine (2).
Ayant appris que la France allait déclarer la guerre
à l'Angleterre, il se rend aussitôt à Navarre, puis à
(1) D'après une autre version, il n'aurait fait ce voyage qu'en
1753, au moment de l'exécution du D1' Cameron.
(2) Il signa Johnson sur le registre de Notre-Dame de Fonts. C'est
cette fille qui devint la duchesse d'Albany.
CHAULES RÀDCJLYFFE 137
Nancy, où il voit le comte de Lally. Pendant son
séjour à Bouillon, il se brouille avec Clémentine et vient
à Paris avec sa fille (1760). En 1761 il aurait assisté
à Westminster au couronnement de Georges III.
Pendant un séjour qu'il faisait chez le duc de Bouil-
lon, il apprit que son père Jacques III était mort à
Rome, le 1er janvier 1766. Il se rend aussitôt dans la
capitale de la chrétienté, sous le nom de comte d'Albany,
puis se retire avec son frère à Albano.
En 1772, il épouse la princesse Louise-Maximilienne-
Caroline de Stolberg-Gredern (1), avec laquelle il fit un
triste ménage qui est resté légendaire. Au moment de
son mariage il avait 52 ans et sa femme 19. Ils habi-
tèrent Florence ; s'il faut en croire la tradition, pendant
que sa femme montrait un attachement exagéré à
Alfieri (2), le prétendant se livrait à des accès de fureur
provoqués par l'ivresse.
A partir de 1760, Charles-Edouard fut un maçon
très actif, et de nombreuses loges écossaises, françaises
et allemandes le reconnaissaient comme suprême Grand
Maître de la franc-maçonnerie. Il fit partie de la Stricte
Observance sous le nom d'Eques a sole aurea. Au con-
vent deWillemsbad, plusieurs maçons déclarèrent qu'il
était leur chef secret (3).
Charles-Edouard mourut à Rome le 31 janvier 1788
sans laisser de postérité légitime.
Son frère, devenu le cardinal d'York, mourut dans la
même ville en 1807.
Avec ces deux princes s'éteignirent les descendants
directs des Stuarts, et tout porte à croire que le car-
(1) Née à Mons en 1753.
(2) Plus tard elle aurait témoigné les mêmes sentiments au peintre
Fabre.
(3) Voir aux appendices le brevet de la loge d'Orléans.
138 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
dinal d'York ne succéda pas à son frère comme grand
maître secret de la f.\-m.\ écossaise.
Pendant plusieurs mois la maison de Hanovre avait
tremblé ; aussi après Culloden la répression fut-elle
encore plus effroyable qu'en 1716.
Le soir de la bataille de Culloden, non contents
d'achever les blessés et de mutiler les morts, les soldats
anglais trempaient leurs mains dans le sang des vic-
times et s'en jetaient gaîment les éclaboussures à la
face.
Ils laissèrent à dessein quelques blessés exposés aux
intempéries et le lendemain ils vinrent les égorger.
Comme ils avaient fait le dénombrement de leurs
victimes réservées et que plusieurs manquaient à l'appel,
ils revinrent le surlendemain, fouillèrent les chaumières
voisines, massacrèrent ou brûlèrent ceux qu'ils rencon-
trèrent, en riant des contorsions de leurs victimes. Le
troisième jour on fusillait encore.
Les survivants furent traqués comme des bêtes fauves
pendant de longs mois. Si Ion en jugeait quelques-uns,
on égorgeait le plus grand nombre sur place, on enlevait
les vivres et l'on incendiait fermes et châteaux. Les
malheureux Ecossais qui étaient venus demander grâce
étaient parqués avec leurs femmes et leurs enfants, et
les régiments anglais les regardaient joyeusement
mourir de faim et de misère.
Les bourreaux, sous les ordres de Cumberland (1),
(1) Guillaume -Auguste, duc de Cumberland. troisième fils de
Georges II, oncle de Georges III, né le 26 avril 1721, mort le
31 octobre 1765.
CHARLES RADCLYFFE 139
s'appelaient le général Hawley, le colonel Howard (1),
le capitaine Scott, le major Lockhart.
Tontes les infamies lurent commises : ceux auxquels
on avait extorqué quelque argent, en leur vendant des
cartes de protection, étaient brûlés avec leurs sauf-con-
duits, pendant qu'au camp de Cumberlandonse livrait à
des orgies macabres. Des soldats, sous les yeux de filles
de joie dévêtues, pendaient, par les pieds, des prison-
niers nus à deux hallebardes dressées en gibet et les
passaient aux baguettes. Lorsqu'on parlait de lois au
duc Sanglant, il répondait :
— Les lois ! Quelles lois ? J'enverrai une brigade
pour vous donner des lois.
« La loi vint cependant glaner après la moisson du
glaive. » Mais comment !
Malgré la parole du duc, les officiers de la garnison
de Carlisle furent exécutés. Les officiers papistes, traînés
en charrette, sans secours religieux, se rendirent rési-
gnés au supplice. L'un d'eux, Morgan, lisait des prières
auxquelles ses compagnons répondaient. Pendus comme
de vulgaires criminels, on leur tranchait la tête, on les
mutilait, et on les brûlait. Le colonel Townley respi-
rant encore, fut saigné au cou comme un porc ; on lui
arracha les entrailles et le cœur qu'on jeta au bûcher.
Ainsi qu'aux portes d'un village de roi nègre, les
portes de Temple Bar, de Carlisle et de Westminster
reçurent leurs trophées de têtes coupées.
Loin du combat, abrités par la Constitution, sié-
geaient avec calme les 135 pairs présidés par le chan-
celier Hardnick. C'est devant eux que comparurent les
plus nobles victimes : Cromarty, Kilmarnock, Balme-
rino, Radclyfîe, Lovât.
(1) MSï Howard était la maîtresse de Georges II.
140 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
A l'unanimité, la main sur le cœur, les juges vinrent
successivement déclarer à la barre du roi Georges :
— Coupable, sur mon honneur, Mylord !
Si le roi Georges gracie Cromarty, il est impitoyable
pour Kilmarnock et Balmerino, et voici ce que porte la
sentence habituelle :
« Vous serez pendus par le col, mais non pas jusqu'à
ce que mort s'ensuive, car vous devrez être ouverts
vivants. Vos entrailles seront arrachées et brûlées sous
vos yeux ; vos têtes seront ensuite séparées du corps,
et vos corps coupés en quatre parties et mis à la dispo-
sition du roi. »
Le roi cependant n'osa pas faire exécuter la sen-
tence à la lettre ; eut-il peur ? eut-il honte ? les têtes
furent seulement tranchées.
Le shériff eut même la prévenance abominable d'as-
surer à Kilmarnock que le bourreau était habile et, de
plus, a very good sort of man.
La f.\-m.\ orangiste avait vaincu la f.\-m.\ jaco-
bite. Le G. \ M.\ lord Cranstoun pouvait dormir en
paix. Pendant que les pairs faisaient exécuter à
Londres, la justice du roi ne chômait pas en Ecosse,
et des clans entiers disparaissaient.
Le pasteur anglican, chapelain de la prison, prêchait
devant les juges et prenait pour texte :
« Moïse dit au juge d'Israël : Tuez tout homme qui
s'est joint à Baal Phégore (1). »
Et les cloches sonnaient dans les presbytères d'Ecosse
(1) Nous vivons sur cette légende maçonnique que l'Angleterre
était le pays le plus civilisé, le plus tolérant, le plus libéral du
monde civilisé, alors qu'eu France, au contraire, les malheureux
sujets des rois étaient martjTÎscs, méprisés, traités en esclaves.
Quant à la tolérance protestante à l'égard des catholiques, c'est
une pure légende. Voici ce qui se passait à Londres en 1780,
CHAULES RADCLYFFE 141
pour magnifier le duc Sanglant, les poètes chantaient le
héros vainqueur, le parlement lui votait un supplément
de pension de 650.000 livres et le peuple anglais élevait
à Guillaume-Auguste, au général toujours vaincu sur le
continent, une statue triomphale sur une place de
Londres.
A cette époque, la France pouvait écrire sur le socle
les noms de ses victoires sur le duc de Culloden :
Fontenoy, Lawfeld, Hastembek, Closterseven.
Après l'avènement de Georges II, Charles Radclyffe
put résider quelque temps à Londres avec le consen-
tement tacite de la police ; il habitait une modeste
maison, à Pall Mail, sous le nom de Mrs Johns. Après un
séjour de quelques années en France (1730-1735), il
revint en Angleterre et résida dans le comté d'Essex,
d'où il se rendait fréquemment dans ses terres d'Ecosse.
S'il ne fut pas molesté, il n'obtint pas un pardon, que
du reste il ne sollicitait pas. En 1737, il rentra de nou-
veau en France et prit du service dans les armées de
Louis XV. En 1745, il reçut une commission pour un
régiment de Charles-Edouard et résolut de partir pour
l'Ecosse avec son second fils James-Clément ; sa femme
l'y attendait depuis plusieurs mois.
Il s'embarqua à Dunkerque, le 22 novembre 1745,
alors que le bill de 1778 avait rendu aux catholiques certains
droits civils.
Georges Gordon, le méchant fou, comme l'appelle Gibbon, mit
la ville à feu et à sang, pillant les églises, poursuivant les catho-
liques. Ce ne fut qu'au bout de quelques jours que le roi Georges III
consentit à autoriser les troupes à marcher. Gordon était l'auteur
d'ignobles pamphlets contre Marie-Antoinette. Arrêté, il fut défendu
parErskine. A la fin de sa vie, Gordon se fit juif.
142 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
sur un navire nommé le Soleil, emmenant avec lui des
volontaires pour l'armée du prétendant. Il avait résolu
d'atterrir à Montrose, lorsqu'il fut capturé sur le Dogger
Bank par la frégate la Sheerness, ainsi que 20 officiers
écossais, irlandais et français, 60 soldats et de nom-
breuses munitions de guerre. On conduisit les prison-
niers à Londres. — Charles Radclyfîe ressemblait telle-
ment à Jacques III qu'on le prit pour le chevalier de
Saint-Georges et son fils pour le Prétendant.
Ils furent enfermés dans la Tour de Londres ; mais le
27 mars 1746, le jeune Radclyffe et 4 officiers français
furent libérés sur parole.
La vendredi 21 novembre 1746, Charles Radclyffe fut
conduit au banc du roi, à Westminster, dans une voi-
ture fortement escortée ; il était accusé de haute trahison ;
mais comme sa tentative de 1745 n'avait eu aucun
commencement d'exécution sur le territoire anglais, on
fit remonter le crime dont on l'accusait à 1716, c'est-à-
dire à 30 années pendant lesquelles il avait eu sa grâce
tacite, puisqu'on avait à plusieurs reprises toléré son
séjour sur le sol anglais.
C'était un magnifique cavalier qui n'avait pas moins
de 5 pieds 10 pouces ; il se présenta la tête haute, fier
du superbe uniforme qu'il avait revêtu pour la circons-
tance (1) : habit écarlate, avec revers de velours noir,
rehaussé de boutons et de lacets dorés ; il portait une
perruque à sac et était coiffé d'un chapeau à la mode
espagnole avec une grande plume blanche.
Quand, dans l'acte d'accusation, on le dénomma
Charles Radclyffe, il en interrompit la lecture pour
déclarer que tel n'était pas son nom et il attaqua la
régularité de la procédure.
(1) Ce costume semble être celui du régiment de Dillon.
CHARLES RADCLYFFE 1 1!>
— Je m'appelle le comte de Derwentwater, dit-il, je
suis sujet du roi de France, commissionné officier de
S. M. Très Chrétienne et je réside effectivement en
France depuis près de trente ans.
On dut interrompre l'audience pour contrôler son
identité, et le procès ne fut repris que le 24 novembre
suivant. A cette seconde audience, lorsqu'on l'accusa
de contumace, au lieu d'invoquer la prescription, il
produisit simplement sa commission du roi de France
et pria l'ambassadeur de S. M. sicilienne, qui était
présent, d'en examiner l'authenticité.
Puis, déclarant à nouveau qu'il s'appelait le comte de
Derwentwater, il refusa de plaider dans la forme accou-
tumée, en observant qu'on ne pouvait faire la preuve
qu'il avait participé à la tentative de 1715.
Deux individus de Hexham, près de Dilston,
Abraham Bunting et Thomas Mosley, attestèrent qu'ils
le reconnaissaient à une cicatrice qu'il avait sur le front
et qu'ils affirmaient que le comte de Derwentwater
était bien la même personne que Charles Radclyffe, qui
s'était échappé de Newgate en octobre 1715 et qu'ils
avaient revu à Dilston en 1735.
A la suite de ces seuls témoignages, le jury déli-
béra aussitôt et, après une discussion qui dura à
peine dix minutes, déclara qu'il était bien Charles
Radclyffe, convaincu de haute trahison en 1716, et,
en conséquence, le condamna à avoir la tête tran-
chée.
Le lundi 8 décembre 1746, à 8 heures du matin,
deux détachements de life-guards , un de horse-
grenadier-guards et de foot-guards s'acheminèrent vers
Little Tower Hill.
Les horse-guards firent la haie pendant que les
autres troupes entouraient l'échafaud. Il n'y avait pas
144 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
quatre mois qu'un public nombreux avait assisté à la
mort des lords Kilmarnock et Balmerino.
L'échafaud sur lequel devait périr Charles Radclyffe
était drapé de serge noire ; près de l'escalier, on avait
placé la bière destinée à recevoir ses restes ; recou-
verte de velours noir, elle était ornée de poignées et de
clous dorés, sans inscription (1).
Les shériffs Winterbottom et Alsop arrivèrent dans
leurs voitures et demandèrent au général Williamson,
député gouverneur, de leur remettre le condamné.
Pour son dernier supplice, Radclyffe était vêtu de
son uniforme écarlate ; son habit avait des manches
courtes serrées avec de longues et larges poignées. Ses
boutons et ses lacets étaient dorés ; son gilet à longues
basques était broché ; son habit de velours était brodé
d'or ; il portait des bas de soie blanche avec des boucles
en diamants à ses jarretières et à ses souliers. Son
chapeau, orné d'une plume blanche, recouvrait une
longue chevelure de cheveux bouclés tombant sur ses
épaules. Son col et sa chemise étaient festonnés avec
du ruban noir. Il portait un crucifix d'argent et un
chapelet de perles.
Radclyffe s'avança avec fermeté, mais sans forfan-
terie, regardant droit devant lui. Arrivé sur l'échafaud,
il s'adressa aux shériffs :
— Je meurs, dit-il, en vrai, obéissant et humble fils
de l'Eglise catholique et apostolique, avec de sincères
sentiments d'amour pour mon prochain, et le véritable
bon souhait que je fais pour mon cher pays est qu'il ne
soit jamais heureux tant qu'il ne rendra pas justice à
son roi, le meilleur et le plus calomnié des souverains.
(1) D'après A. Pichot, Charles-Edouard, le cercueil aurait porté
l'inscription suivante: « Garolus Radcliff, cornes deDerwentwater,
decollatus die 8 dccembris 1746, a?tate 58. — Rcquiescat in pace. »
CHARLES RADCLYFFE 1 1.")
Je meurs avec des sentiments de gratitude, de respect
et d'amour pour le roi de France, Louis le Bien-Aimé,
un nom glorieux. Je recommande à S. M. Très Chré-
tienne ma chère famille. Je me repens du fond de mon
cœur de tous mes péchés et j'ai le ferme espoir d'obte-
nir le pardon du Dieu tout-puissant, par les grâces de
son bienheureux fils Jésus-Christ, Notre-Seigneur,
auquel je recommande mon âme (1).
Après avoir achevé ces paroles, il se tourna vers le
bourreau, auquel il pardonna, puis il lui remit quelques
pièces d'or en disant :
— Je suis pauvre ; voilà dix guinées pour vous : si
j'en avais davantage, je vous les donnerais. Je désire
que, pour votre action, il ne vous soit pas fait la
moindre peine.
Alors Charles Radclyffe s'agenouilla près du billot et
pria pendant quelques minutes. Tout le monde s'age-
nouilla ainsi que lui sur l'échafaud. Les prières termi-
nées, il retira lui-même sa perruque, son habit et son
gilet, puis il se tourna vers les shériffs pour prendre
congé d'eux, récita une courte prière, fit plusieurs fois
le signe de la croix, plaça sa tête sur le billot et pria
le bourreau de faire son office quand il le verrait tendre
ses mains en avant. Moins d'une demi-minute après,
il donna le signal et sa tête roula sur l'échafaud.
Ainsi mourut dans l'amour de Dieu, à l'âge de 53 ans,
Charles Radclyffe, comte de Derwentwater, le premier
grand maître de la f.\-m.\ jacobite en France, en
invoquant le nom du Souverain d'en haut et celui de
Louis XV, roi de France et de Navarre.
(1) D'après Voltaire, Précis du règne de Louis XV, in-12, 1785,
p. 273, Radclyffe aurait voulu que son fils montât sur l'échafaud et
lui aurait dit: « Mon fils, soyez couvert de mon sang et apprenez
à mourir pour vos rois. »
LA FRANC-MACONNERIE. — T. I. 10
146 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Son cœur fut embaumé et, selon son désir, porté
près des restes de son père à Dilston, alors que le
public le croyait enseveli à Saint-Gilles, dans le
Fields ; si l'on en croit la tradition, son corps aurait
été enlevé deux mois plus tard par M. Walmsley et
transporté à Abbot-Stanstead, dans le Hertfordshire.
De nos jours, on n'a pu retrouver aucune trace de ses
restes, malgré de minutieuses recherches qui furent
faites à plusieurs reprises.
De son mariage avec la comtesse de Newburg,
Charles Radclyffe avait eu sept enfants. Au moment
de sa mort, il y en avait encore six de vivants, son
troisième fils, Charles, né en 1733, étant mort le
15 septembre 1742 à Saint-Germain-en-Laye (1). Il
laissait deux fils et quatre filles ; les trois aînées,
Charlotte, Barbara et -Tomasina ne se marièrent pas.
Charlotte, qui habita Lille presque toute sa vie, tou-
chait de Louis XVI en 1790 une modeste pension de
1770 livres, en considération des services de sa famille.
La plus jeune de ses filles, Mary, épousa M. Eyre de
Hassop, le 11 juin 1755. Elle mourut le 27 août 1798 à
(l)Etat civil de Saint-Germain. « Le mercredy douzième septembre
1742 le corps de Messire Charles Rallif, fils de Messire Charles
Rallif {sic), comte de Derwentwater, et de dame Charlotte Lewins-
ton, mort le jour précédent, âgé de 9 ans, a été inhumé au cime-
tière, vêpres chantées en présence du Clergé dont les sieurs Mau-
rice Morphy et Louis Guillon prêtres ont signé les parents et amis
du défunt Morphy et Guillon.
« La Boissièré de Chambors,
« de Par paille ;
« P. S. Grâce,
« D. Flyn,
« Morphy et Guillon. »
CHARLES RADCLYFFE 147
Warkworth-Overtharpe, près Bandbury, où elle fut
enterrée.
James Bartholomew était né à Vincennes le 23 août
1725 (1) et Jacques-Clément en 1727, à Rome. Ce der-
nier fut tenu sur les fonts baptismaux par Jacques III
et la reine Marie-Clémentine Sobieska.
Après la mort de Charles Radclyffe, ses biens furent
spoliés par la couronne, au profit de l'Hôpital Royal
des Marins Invalides de Greenwich. La valeur de ces
propriétés en 1816 ne représentait pas un revenu de
moins de 43.487 £ (1.100.000 fr.), sans compter la
valeur des mines.
L'héritier de Charles, James Bartholomew, 3e comte
de Newburg, du chef de sa mère, épousa Barbara
Kemp (1720-12 septembre 1797), de laquelle il eut un
fils, Antony James, 4e comte de Newburgh, né en
Angleterre, le 20 juin 1757, et qui mourut en 1814,
sans postérité. Il avait épousé le 30 juin 1789 Anne
Webb, née en 1761, et qui mourut centenaire en 1861.
James Bartholomew était mort le 2 janvier 1786.
La vie de James Bartholomew se passa paisiblement,
et il ne semble s'être mêlé en aucune façon à la poli-
tique. Il n'avait comme fortune personnelle que
24.000 £ (625.000 fr.) qui lui furent restitués en 1749
par Georges II, pour ses terres de Derwentwater.
(1) Mairie de Vincennes. Etat civil, paroisse Notre-Dame de la
Pissotte : « Le samedy vingt cinq d'aoust 1725 fut baptisé un fils né
le vint trois dud mois et nommé Jacques fils de haut et puissant
seigneur Messire Charles Radclyffe et de Dame Charlotte Levinston
née comtesse de Newbrugh son épouse, le parein Jacques trois
Roy d'Angleterre, représenté par Jean comte de Middleton, la
maraine Catherine Brudchel, comtesse douairière de Middleton,
représentée par mademoiselle françoise Clifford, fille de feu
Monsieur Thomas Clifford.
« Le comte de Middleton,
« Françoise Clifford. »
148 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Jacques-Clément eut une vie plus aventureuse. S'il
faut en croire une note sans date (1) entièrement de
sa main, qui figure aux archives du ministère de la
guerre, c'est lui et non son frère aîné qui aurait été pris
avec son père en 1745 par la Sheerness.
Nous donnons in extenso cette note particulièrement
intéressante :
Le comte de RadclyfTe Derwentwater est arrière-petit-fils
de Charles, second roi d'Angleterre, ainsi que les ducs de
Richmond, de Grafton, de Claveland et de St-Albans, ses
cousins. Le duc de Montagu, les comtes de Newburg, de
Cardigan, de Berkley(2), d'Albermale, de Waldegrave, le
lord baron de Belless, le prince de Guistiniani, sont ses
frères, oncles ou cousins ou neveux.
Les deux comtes de Derwentwater, son père et son oncle
ajrant armé en 1715 pour la maison de Stuart, eurent le
malheur d'être pris à Preston, ville du duché de Lancastre.
Son oncle périt sur un échafaud en février 1716 et son frère,
qui échappa alors par la fuite à la mort à laquelle il avait
été condamné, la retrouva sur le même échafaud dans l'en-
treprise d'Ecosse, sous le prince Edouard que la France
favorisait.
Voici ses dernières paroles, le 8 décembre 1746 : Je meurs
avec les sentiments d'amour et de respect pour le Roy de
France Louis le bien-aimé, titre glorieux, je recommande à
Sa Majesté ma chère famille.
Le baron eut alors la bonté d'accorder le brevet du colo-
nel au comte de Radclyffe et une pension de 1500 fr. à
chacune de ses trois sœurs. Il sert au régiment de Dillon
depuis le 21 septembre 1741 et s'est trouvé dans toutes les
batailles, affaires et sièges avec ses drapeaux. Il fut pris en
1745 avec son père, en mer, et après avoir essuyé les traite-
ments les plus durs, enfermé dans la tour de Londres où il
éprouva une longue captivité. Après le supplice de son
(1) Cette note doit remonter à 1786, car elle mentionne comme
vieux de 3 ans le bill de restitution de 1783 (proposition Dundas).
(2) Berkley figure comme signataire de la Patente du Chapitre
d'Arras .
CHARLES RADCLYFFE 119
père, le Parlement de la Grande-Bretagne confisqua au
profit de l'Hôtel des Invalides Matelots, les terres de sa
maison, estimées alors à 300 et quelques mille livres de
rente et a la jouissance desquelles son père aurait pu parve-
nir s'il eut voulu renoncer à sa fidélité pour son légitime
souverain. De cette confiscation, le Parlement retira
24.000 C qu'il rendit au comte de Newburg, frère aîné du
comte de Radelyffe, et faute d'héritiers du comte de New-
burgh, le comte de Radelyffe était appelé à cette succession.
Il n'y a pas 3 ans que le parlement de la Grande-Bretagne a
fait une loi pour rappeler ses sujets de la Grande-Bretagne
qui sont au service de la France, et qui rend ceux qui
n'obéissent point, déchus de leurs droits d'héritage et pros-
crits comme criminels de lèse Majesté. Il a fait avec joie ce
nouveau sacrifice et s'est exposé à tout événement. Cepen-
dant, dans la dernière promotion il a été oublié dans le
nombre des Brigadiers et quoique plusieurs de ses cadets y
aient été compris, il espère de la bonté du Roi, son bienfai-
teur personnel, et celui de sa famille, que tant de sang
répandu, tant de biens abandonnés, et tant d'attachement et
de fidélité, pour son service, lui feront obtenir le grade qu'il
croit être dû à ses services. Le comte de Radelyffe n'a
d'autres biens sur la terre que son épée. Il a même sacrifié
jusqu'à ses espérances, à celles dont il se flattait au service
du Roi. S'il les perd, il se trouve sans biens, sans patrie,
sans état.
La reine d'Espagne, par bonté pour la comtesse de
Mahoni, sœur du comte de Radelyffe et veuve du comte de
Mahoni, lieutenant général au service de Naples, a bien
voulu le recommander à Madame la Dauphine en mai 1752.
Il espère que M. le maréchal (de Belle-Isle ?) voudra bien
enfin le servir auprès de Sa Majesté pour lui faire obtenir
sa demande.
Voici quels furent ses états de service :
21 septembre 1741, enseigne au régiment de Dillon.
25 mai 1744, capitaine réformé.
3 janvier 1747, rang de colonel.
20 février 1761, brigadier.
3 janvier 1770, maréchal de camp.
150 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Il fut réformé en 1784 (Roussel, p. 84).
Le 22 décembre 1747 il avait été particulièrement
recommandé à d'Argenson par le comte de Clermont,
G.*. M.*, de la f.'.-m.*. Nous reproduisons la lettre de
ce prince qui se trouve aux archives du ministère de
la guerre.
Après la mort de milord Derwe ntwater, Monsieur, le roy
jugea à propos de donner à M. Radclyffe son second fils, la
commission de colonel et les appointements. Il avait alors
la commission de capitaine et les appointements à la suite
du régiment de Dillon, ce qui luy faisait en tout mille écus
de revenu, qui est toute sa fortune. Aujourd'hui il se trouve
diminué tout d'un coup de près de la moitié par la résolu-
tion que le Roy a prise de ne point donner de doubles appoin-
tements. Mais comme l'intention de S. M. n'est pas de lui
retrancher cette petite augmentation de fortune qu'elle avait
bien voulu luy faire, en considération de la perte de son
père, il demande que ses appointements de colonel lui
soient conservés en pension. Il ne nuira pas à l'arrange-
ment général que le Roy a pris et il jouira toujours des
mêmes bontés dont S. M. l'avait jugé digne par sa situation.
J'ajouterai que par rapporta luy-même il mérite beaucoup.
Il a été mon aide de camp la campagne dernière et j'ay eu
lieu d'être extrêmement content de son aplication à son
devoir et de l'envie qu'il a de bien faire. Je vous prie d'avoir
égard à ses raisons, qui me paraissent très raisonnables, et
à la recommendation très pressante que j'y ajoute. Vous
connaissez, Monsieur, l'amitié sincère que je vous ai vouée.
Louis de Bourbon.
En 1789 il touchait de Louis XVI une pension de
3.456 fr. (2.456 fr. (1748 et 1760), y compris 456 fr.
d'intérêts d'arrérages en considération de ses services
et 1.000 fr. en 1770 pour les mêmes causes).
Il était chevalier de Saint-Louis du 30 janvier
1757 (1).
(1) Brevet expédié par le comte de la Serre, maréchal de camp,
le 19 janvier 1757.
CHARLES RADCLYFFE 151
Jacques-Clément ne s'étant pas marié, il n'y avait
plus de représentants mâles de cette famille (1). La
pairie passa dans la famille ClifTort.
(1) Le 27 septembre 1856, on communiqua le dossier Radclyffe
au marquis Bauduini Giustiniani. La descendance de Charles
Radclyffe est aujourd'hui représentée en Angleterre par Charles
StephenM. Leslie, descendant par les Eyre de Mary Radclyffe, fille
de Charles. M. Leslie possède à Slindon et à Hassop l'épée ma-
çonnique de Charles et le linge sanglant qui reçut sa tête. Les
James Radclyffe sont représentés par lord Petre, ainsi que nous
lavons indiqué plus haut.
CHAPITRE V
LES DÉBUTS DE LA F.-.-M.'. EN FRANCE
Les maîtres de loges. — Le recrutement. — Les loges de Paris de
1726 à 1771. — Statuts particuliers. — Les grands maîtres
français : le duc d'Antin, le comte de Clermont. — La G.'. L.\
anglaise de France. — La G.*. L.'. de France. — Les substituts :
Baur, Lacorne et Chaillon de Jorville. — Beauchaine. — La
patente d'Etienne Morin. — Les frères ennemis. — La papauté
et la f.'.-m.'.
Les deux sources maçonniques qui avaient submergé
l'Angleterre devaient également inonder la France, où
le courant jacobite avait été accueilli sans méfiance,
voire même avec sympathie, alors qu'il n'en était pas
de même de la f.\ m.*, anglaise (1).
Le développement fut pénible ; l'esprit français n'ad-
mettait pas volontiers les règles précises de discipline
qui avaient assuré le triomphe de l'ordre en Angleterre,
et jusqu'à l'installation du G.*. 0.*. en 1773, l'organi-
sation maçonnique française fut une véritable foire,
où chacun dans sa loge faisait ce qui lui plaisait, ne
retenant de la réglementation anglaise que les céré-
monies initiatiques, dont il ne comprenait pas le
symbolisme, et les réunions gaies, suivies de banquets
souvent tumultueux. Chaque maître de loge avait sa
tradition, sa légende adamique, hiramique ou templière,
sans compter les variantes. Trois maîtres de loge,
(1) Nous désignerons à l'avenir ces deux espèce de sociétés sous
les noms de maçonnerie jacobite et de maçonnerie anglaise.
LES DÉBUTS DE LA IV.-M.\ EN FRANCE 153
moyennant finance, en initiaient un quatrième et l'au-
torisaient à ouvrir un atelier (1).
La plupart étaient des tenanciers de cabarets ; s'ils
ne versaient pas à boire, ils avançaient les fonds et
recueillaient les profits.
Dans ces réunions, on s'affublait de multiples rubans,
plus ou moins brodés, agrémentés de bijoux variés ;
on s'appelait frère et l'on portait des santés. Il ne semble
pas qu'on y ait beaucoup causé philosophie, politique
ou religion, et c'est assurément ce qu'on avait de
mieux à faire. A peine quelques zélés, par-ci par-là,
initiés en Angleterre ou possesseurs de documents
anglais, parlaient-ils dans quelques coins du Grand
Œuvre, mais la plupart n'avaient nul souci de ces
graves questions.
On inventait de nouveaux grades, de nouvelles ori-
gines, de plus en plus anciennes et de plus en plus extraor-
dinaires. Tout cela faisait joyeusement passer le temps.
Aux loges proprement dites étaient accouplées souvent
des loges de Fendeurs ou de Félicitaires, dans lesquelles
la police des mœurs aurait pu intervenir ; car à côté
des joyeux compagnons se glissaient les vicieux de
toutes catégories, et à côté de l'innocent maçon, le
diable faisait bien de temps en temps quelque bonne
recrue. Si l'on rencontre parfois les grands seigneurs
(1) « Another charge is, that the Lodges were proprietary,
presided over by irremovable masters who had bought their
patents, and in orderto make a profit out of them, initiated every
applicant however unworthy that this may hâve happened in
some few cases, especially where the Master was innkceper, I am
not prepared to deny ; the taunts of some of the contemporary
so called exposures would almost imply as much ; but conside-
ring how many high names were enrolled in the Craft at this
période, I cannot imagine that the evil was of intolérable extent. »
Gonld III, 143.
154 LA FRANC -MAÇONNERIE EN FRANCE
parmi ceux qui fréquentaient les loges et trouvaient
élégant de « s'encanailler », le plus grand nombre
des maçons était recruté dans la petite bourgeoisie
et le petit commerce. A part quelques loges élégantes
que nous signalerons en leur temps, à part surtout
les loges de régiments, qui ne prirent un certain
essor qu'à partir de 1760, les loges réunissaient des
gens de peu, comme on disait alors ; les loges écos-
saises étaient en général mieux fréquentées.
A part les ducs de Richemond, de Luxembourg
et d'Aumont, les comtes de Noailles, de Choiseul et de
Tessé, et l'architecte de Puiseux, parmi les maîtres
de loges on ne trouve que de tout petits commerçants.
La G.*. L.\ qui était censée gouverner tout ce monde
turbulent, était à vrai dire plus aristocratiquement
composée, et la plupart de ses membres tenaient loge
chez l'un d'eux. On jouait à la maçonnerie comme on
allait chez Ramponneau ou au Soleil d'Or. Pendant que
la duchesse de Portsmouth battait maillet en bonne
compagnie, dans son hôtel, à Paris, ou dans son châ-
teau d'Aubigny ; pendant que le duc d'Aumont pontifiait
dans la loge qui porta son nom, avec les Luxembourg
et les Noailles, le plus grand nombre allait se divertir
chez Chapelot à la Râpée, chez Leroy rue Saint-Ger-
main-1'Auxerrois, ou chez Landelle rue de Buci. Que
n'en fut-il pas toujours de même !
Aussi les historiens f.\-m.\ font-ils le silence sur
toute cette période du développement de leur ordre. A
force de se taire, ils ont fini par oublier les faits et
gestes de leurs ancêtres, dont ils savent si vaguement
les noms des plus importants d'entre eux, que nous
avons vu que, dès 1770, ils donnaient à lord Der-
wentwaterle nom de lord Harnouester dont les f.'.-m. .
font, aujourd'hui encore, le second Grand Maitre
LES DÉBUTS DE LA I\\-M.\ EN FRANCK 1 55
de l'ordre en France. Ils ignorent, en effet, à ce point
leur histoire que le plus savant d'entre eux, Daruty,
parvient à grand'peine à signaler l'existence de 24 loges
parisiennes et 199 loges provinciales avant la mort du
comte de Clermont (16 juin 1771).
Or, des recherches heureuses m'ont permis de
dresser une liste de 154 loges parisiennes, de donner
le titre de 146 d'entre elles, et d'en désigner huit autres
par le nom de leurs vénérables ; j'ai déterminé d'autre
part 322 loges provinciales et 21 loges de régiment. Mes
listes cependant sont certainement incomplètes, car en
1744, par exemple, il y avait, d'après divers auteurs, 22
loges à Paris, et je n'ai pu en dénommer que dix. Beau-
coup de loges, il est vrai, ont dû avoir des existences
éphémères, irrégulières. Tel groupement était ortho-
doxe pour tel maçon et ne Tétait pas pour tel autre.
On pourra juger de la composition des loges pari-
siennes par la liste que nous donnons ci-dessous, dans
laquelle nous avons pris soin de marquer d'une * les
loges signalées par Daruty.
1726-1735
1* Saint-Thomas, n° 1, renouvelé le 3
avril 1732 12 juin 1726.
2* Loge de Coastown, (Goustaudj (1). . — 1726.
3 Saint-Louis d'argent, dite Saint-Tho-
mas, II, Lebreton 7 mai 1729.
4 Saint-Martin, Peny père 7 mai 1729.
5* Les Arts Sainte-Marguerite 15 décembre 1729.
6 Saint-Pierre-Saint-Paul, Puisieux. — 1729.
7* Loge de Bussy (Aumont) — 1735.
1743-1749
8* Concorde, renouvelée le 21 mars 1764 27 décembre 1743.
(1) Le nom qui suit le titre distinctif de la loge est celui de son
vénérable maître qui servait souvent à désigner la loge. On disait
également : L'Union ou la loge de Duret ; Saint-Martin ou la loge
de Peny, etc.
156 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
9 Union, Duret 16 mai 1744.
10 Saint-Thomas, III, Decourt. ... 29 septembre 1744.
11* La chambre du Roi 20 octobre 1745.
12 Saint-Jean-Baptiste, Coûteux ... 17 mai 1746.
13 Saint-André, I, Gautelme 1er février 1747.
14 Saint-Simon-Saint-Marcel, Liégeois . 8 février 1748.
15 La Magdelaine, Léveillé 10 mars 1749.
16 Cœurs réunis, Antin 10 avril 1749.
17 Saint-Fidèle, Buquet 25 octobre 1749.
17501755
18 Paix Immortelle, Paris 25 octobre 1750.
19 Saint-Jean des amis de la vérité, Jour-
nalles 24 novembre 1750.
20 Vérité, Leru. — 1750.
21 Bon Zèle, Borel 17 janvier 1751.
22 Saint-Philippe, comte de Noailles. . 24 février 1751.
23* Saint-Julien de la Tranquillité. ... 25 avril 1751.
24 Saint- Jean de Luxembourg, Potel. . . — 1751.
25 Constante vérité 27 décembre 1751.
26 Saint- Jean de la discrétion avant 1751.
27 Saint- Jean de la Triple Unité. . . . avant 1751.
28 Trinité, I, Pirlet 25 mars 1752.
29 Secret, Moët 27 septembre 1753.
30 Vrais amis, I, Clément 27 décembre 1753.
31 Saint-Louis des cœurs unis par excel-
lence, Boitel 4 juillet 1754.
32 Saint-François, Guillot 15 décembre 1754.
33 Discrétion, Doyère 15 décembre 1754.
34 Charité, Maguet 15 décembre 1754.
35 Saint-Prudent, Robineau 27 avril 1755.
36 Egalité, Dessenis 29 novembre 1755.
1756-1759
37 Sincérité de Saint-Jean, La Valnierre. 17 janvier 1756.
38 Saint-André, II, Thibault 25 janvier 1756.
39* Le Bon Zèle, II 7 janvier 1757.
40 Saint-Frédéric, Martin 11 mai 1757.
41 Union des parfaits élus, Hardy. . . 24 juillet 1757.
42 Bons citoj'ens, Soisson 21 décembre 1757.
43 Persévérance, Servant 21 décembre 1757.
44 Vrais amis, II, Molet 27 décembre 1757.
45 Saint-Remi, Herbin 27 décembre 1757.
46 Fête de la G. L. et Trinité, Perault. . 16 avril 1758.
LES DÉBUTS DE LA P.*. -M.*. EN FRANCE 157
47 Saint-Louis des Croisades, Danthiaux. 27 juillet 17158.
48 Parfaite Tempérance, Lexcombart. . 17 décembre 1758.
49 Saint-Etienne des frères unis, Guillet . 24 décembre 175H.
50* Sainte-Geneviève, Ledin 24 décembre 1758.
51 Sagesse des parfaits maçons, Du Houssoy. 17 janvier 1759.
52 Satisfaits * 18 février 1759
53 Saint-Nicolas des deux amis, Poulet. . 19 février 1759.
54 Bonnes Mœurs, Gilet 19 février 1759.
1760-1764
55* Saint-Alphonse des amis parfaits de la
vertu 23 mars 1760.
56 Frères choisis, Guainaud 23 mars 1760.
57 Saint-Pierre de la Bonne Foi, Brunet . 20 avril 1760.
58 Bonne Intelligence, Pettre 10 novembre 1760.
59* Saint- Louis de la Martinique des frè-
res réunis 11 janvier 1761.
60* La noble et parfaite Union 15 juin 1761.
61 Trinité dite Egalité, Tardieu. ... 25 octobre 1761.
62 Sainte-Claude fille de Saint-Martin,
Magnien 10 janvier 1762.
63 Bonne foi primitive, Lemonnier. . . 25 janvier 1762.
64* Saint- Joseph de la Franchise. ... 10 mars 1762.
65* Cœurs simples de l'Etoile Polaire. . 3 avril 1762.
66 Saint-Charles, Bigarré 31 mai 1762.
67 Enfants de la Gloire, comte de Choiseul. 28 octobre 1762.
68 Saint-Clément Saint-Charles, Maurui. 12 décembre 1762.
69 Saint-Louis les inséparables, Xerckove. 24 septembre 1763.
70* Saint-Charles des amis réunis ... 24 décembre 1763.
71 Saint-Antoine de la Franche Liberté,
Borel 9 février 1764.
72* Saint-Pierre du parfait accord ... 4 novembre 1764.
1765-1769
73* Les Amis de la vertu 21 mars 1765.
74* Les Cœurs unis 7 mai 1765.
75* David 12 décembre 1765.
76 Humilité des bons citoyens, Lauguet. 27 décembre 1765.
77* Saint-Lazare 30 mars 1766.
78* Etoile Polaire 17 mai 1766.
79 Gerbe dite la Providence, Dujy. . . 3 juin 1766.
80 Union sincère, Saulnier 3 juin 1766.
81 Socratede la parfaite union, Bourgeois. 17 juillet 1766.
82 Saint-Antoine de la discrétion, Poussart. 25 novembre 1766.
158 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
83 Sagesse, Saint-Edme, Saint-Louis des
amis réunis, Vallée 4 février 1767.
84 Saint-Jean de la Fidélité, Tricot . . 10 mai 1767.
85 Saint- Prudent dite Egalité, Regnard. 21 juin 1767.
86 La Vertu et l'Union parfaite de Saint-
Simon 4 juillet 1767.
87* Union parfaite delà Persévérance. . . 15 janvier 1768.
88 Bonne Foi, Blain 1er avril 1768.
89 Bons Frères réunis, Sellier 1er mai 1768.
90* Saint-Pierre des vrais frères. ... 24 juillet 1768.
91 Saint-Henri, Saint-Martin, Pény fils. 11 juin 1769.
92 Saint-Joseph , fille de Saint-Etienne
Cornut 11 juin 1769.
93 Saint-Spire, Saint-Martin des Frères
de l'aimable Union, Leroy. ... 11 juin 1769.
1771
94 Saint-Simon, patriarche de Jérusalem,
Hamet 11 février 1771.
95 Saint-Jacques des parfaits chevaliers
de l'ordre, Fouquet 7 mars 1771.
96 Saint-Charles des frères de la bonne
union, Labet 7 mars 1771.
97* Les Amis réunis 23 avril 1771.
Loges dont le titre n'a pu être retrouvé.
98 Vén. Duc d'Enghien (comte de Cler-
mont ?) 3 décembre 1750.
99 Leclerc — 1751.
100 Comte de Tessé 19 février 1759.
101 Dansse 20 novembre 1760.
102 Montroye — 1766.
103 Chaudron entre 1767 et 1771.
104 Gourlin entre 1767 et 1771.
105 Detelleur entre 1767 et 1771.
Sur divers brevets j'ai relevé les loges suivantes qui
existaient entre les années 1760 et 1766.
106 La Constance, Vén. chev. de Beauchaine.
107 L'Intelligence, prince Camille de Rohan.
108 Saint-Antoine, Chaillon de Jonville.
109 La Trinité, II, La Corne.
110 La Vertu, Le Boucher de Lenoncourt.
LES DÉBUTS DE LA F.'. -M.'. EN FRANCE 159
111 L'Exactitude, Brest de la Chaussée.
112 Saint-Alphonse, Daubertin.
113 La parfaite Harmonie (?), Etienne Morin.
114 La Constance et l'Amitié, le chev. de Beauchaine.
115 Saint-André, III, Percheron.
116 La Candeur, I, Drothier.
117 La Sincérité, Dutertre.
118 Les Inébranlables Chevaliers de l'Epée et du Mérite de
France, Pollett.
119 Saint -Jean de Jérusalem.
120 Sciences.
121 La Sagesse, Lucet.
122 Triangle lumineux.
Enfin j'ai constaté l'existence des loges suivantes
sans pouvoir déterminer les dates de leur constitution :
123 Coeurs simples.
124 Désir.
125 Double intimité.
126 Heureuse sympathie.
127 Notre-Dame de Bon Secours.
128 Paix.
120 Philanthropie.
130 Réunion de Saint-Martin.
131 Saint- Antoine des parfaits chevaliers d'Orient réunis.
132 Saint -Antoine de la perfection.
133 Saint-Augustin dit les frères chevaliers de Minerve.
134 Saint-Charles de la parfaite espérance.
135 Saint-Claude de la famille unie.
136 Saint-Etienne de la persévérance.
137 Saint-François de la parfaite union.
138 Saint-Georges.
139 Sainte-Hélène et Saint-Louis réunis.
140 Saint-Hilaire.
141 Saint-Jacques des amis intimes.
142 Saint-Jacques de la paix immortelle.
143 Saint- Jean de la sincérité.
144 Saint- Joachim.
145 Saint-Louis de bon accord.
146 Saint-Louis de la discrétion.
147 Saint-Mathieu de la parfaite unité.
148 Saint-Nicolas de la constance éprouvée.
149 Saint-Pierre des amis indissolubles.
150 Saint-Ré my des vrais frères réunis.
160 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
151 Saint-Simon de la bienfaisance.
152 Union des bons enfants.
153 Union parfaite de Saint-Jean de la Porte latine.
154 Union des Sept Frères.
(Il est possible que quelques-unes des loges de cette
dernière catégorie fassent double emploi avec les
nos 98 à 105.)
Par qui était gouverné tout ce monde agité ? A la
tête de la f.*.-m.\ française nous voyons succéder à lord
Derwentwater, non pas comme membres actifs, mais
comme insignes protecteurs, deux personnalités plutôt
amusantes que dramatiques : le duc d'Antin et le
comte de Clermont, bien faits l'un et l'autre pour com-
mander aux disciples de Bacchus et pour présider à
l'embarquement pour Gythère. Il ne faudrait cependant
pas prendre trop au tragique leurs vices qui n'étaient
pas plus accentués que ceux des gens de leur époque
ou de la nôtre, et l'on ne sait vraiment si l'on doit rire
ou prendre au sérieux les statuts reproduits dans l'his-
toire des f.vm.*. de la Tierce et que cet écrivain
fervent de maçonnerie déclare être spéciaux pour la
France (I, 174).
I. — Nul ne sera reçu dans Tordre, qu'il n'ait promis et
juré un attachement inviolable pour la religion, le roi et
les mœurs ;
II. — Tout brocanteur en incrédulité, qui aura parlé ou
écrit contre les sacrés dogmes de l'ancienne foi des Croisés,
sera exclu à jamais de l'ordre, à moins qu'il n'abjure ses
blasphèmes en pleine assemblée et qu'il ne fasse une répu-
diation de ses ouvrages ;
III. — Nul homme suspect de vices infâmes et dénaturés
ne sera admis, qu'après avoir donné pendant trois ans des
preuves éclatantes de son innocence et de son respect pour
le beau sexe ;
IV. — Tout homme qui place la félicité à boire, manger
LES DÉBUTS DE LA I .'.-M*. EN FRANCE 1()1
et dormir, et la perfection de l'esprit à jouer, chasser, badi-
ner, savoir l'histoire des toilettes, parler le langage des
ruelles et ne lire que des ouvrages frivoles est incapable
d'entrer dans l'ordre ;
V. — Tout petit maître, idolâtre de sa personne, de son
toupet et de ses ajustements sera obligé en entrant dans
Tordre de s'habiller simplement, sans galon, sans broderie,
sans frange et sans parure femelle, pendant l'espace de trois
ans ;
VI. — Nul hypocrite en probité, en valeur, en dévotion,
ni en morale sévère ne pourra être admis dans la sacrée
confraternité ;
VII. — Tout savant qu'on recevra dans l'ordre sera
tenu de promettre qu'il préférera à l'avenir le plaisir de
savoir à l'envie de briller, qu'il tâchera d'avoir le beau dans
la tête et le bon dans le cœur et qu'il ne montrera jamais l'un
que pour faire aimer l'autre ;
VIII. — Nul bel esprit qui aura médit, calomnié, satirisé
en vers ou en prose, et dépensé ses talents en faux frais, en
sornettes obscènes ou impies, ne sera reçu qu'après avoir
fait un ouvrage contre sa propre impertinence.
Et, ajoute la Tierce, ces statuts sont exprimés en des
termes tout à fait propres pour le pays où ils doivent être
observés, sans cependant rien renfermer qui répugne aux
obligations générales et aux statuts en usage de toute anti-
quité dans les loges répandues sur la surface de la terre.
Ce qui est une nouvelle preuve de l'attention de la vénérable
confraternité pour tout ce qui peut corriger les défauts et
les vices du genre humain selon les temps, les nations et
les circonstances.
A la lecture d'un semblable document, on est en
droit de se demander si l'auteur ne fait pas une allusion
ironique à tous les travers qu'on reprochait au duc
d'Antin ou au comte de Glermont, qui avaient bien des
défauts communs.
On est d'autant plus en droit de se poser la ques-
tion que tous les documents du recueil de la Tierce
LA FRANC-MACONNERIE. — T. I. 11
162 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
sont des documents authentiques, y compris les ori-
gines de la maçonnerie. En la faisant remonter à Adam
et en indiquant les loges fondées par les fils de Noé et
leurs descendants, il ne fait que répéter une fable qui
avait cours, fable à tout prendre qui n'est pas plus ri-
dicule que celle d'Hiram ou celle des Templiers.
Que les statuts à l'usage des Français soient authen-
tiques ou faux, dans les deux cas ils énumèrent ce
qu'on reprochait alors à nos compatriotes initiés et
justifient mes appréciations antérieures sur la menta-
lité maçonnique à cette époque.
Du reste, les grands maîtres que se choisissent les
f. \-m.\ ne déparèrent pas l'ordre, ainsi qu'on va le
voir.
LE DUC D'ANTIN.
Louis de Pardaillan de Gondrin, duc d'Antin, naquit
le 9 novembre 1707. Il fut connu pendant la première
période de sa vie sous le titre de duc d'Epernon.
Il était fils de Louis, marquis de Gondrin (1689-1712),
mort à l'âge de 23 ans, après avoir épousé Marie-Vic-
torine-Sophie de Noailles qui se remaria avec le comte
de Toulouse ; il était le petit-fils de Louis-Antoine
(1665-1736) et de Julie-Françoise de Crussol, fille du
duc d'Uzès. Il était enfin l'arrière-petit-fils du marquis
de Montespan et de la belle Françoise-Athénaïs de
Rochechouart.
Louis-Antoine avait eu cette bizarrerie d'être le seul
enfant légitime du marquis de Montespan. Cette infor-
tune le suivit toute sa vie, et à la cour du grand roi,
avec l'indulgence en moins, il était un peu regardé
sinon comme un bâtard, au moins comme un in-
trus.
Sa personnalité, du reste, n'était pas sympathique.
LES DÉBUTS DE LA F. \-M.\ EN FRANCE 163
Médiocrement brave, on avait fort chansonné son atti-
tude à la bataille de Ramillies, à laquelle il avait assisté
derrière un buisson. Courtisan sans vergogne, il est
possible cependant que les histoires des allées de
marronniers tombant comme par enchantement sur
un désir exprimé par Louis XIV soient inventées, car
on n'est pas bien sûr que l'événement se soit pro-
duit à Petit-Bourg ou à Fontainebleau. Il était encore
plus joueur que courtisan, et ses infortunes au lans-
quenet furent nombreuses. Comme on voulait obtenir
pour lui un poste qu'il désirait vivement, et qu'on
assurait au roi qu'il ne jouerait plus : « A la bonne
heure, répondit Louis XIV ; mais qu'est-ce que ça me
fait que d'Antin joue ou ne joue plus ? »
Si d'Antin ne brilla pas à la guerre, il se couvrit de
gloire rue Quincampoix, et il fut du petit nombre des
gens avisés dont Law fit la fortune.
En 1721, son petit- fils, celui qui devait tenir le
maillet de Grand Maître, fut nommé gouverneur de l'Or-
léanais ; c'était en survivance, car il n'avait que quatorze
ans ; en 1727, il n'en avait que vingt, lorsqu'il fut mis
à la tête du régiment de Royal-Marine. Il n'eut pas
l'occasion de prouver son courage. Sa vie fut assez terne,
et il semble qu'à part ses fredaines maçonniques (il fut
initié en 1734) il ne fit guère qu'une conquête dont un
inspecteur de police, mauvaise langue, fut l'historio-
graphe. Un jour, paraît-il, qu'en Tannée 1732 il allait
à la messe aux Feuillants, car il allait à la messe, il
aperçut Mlle Elisabeth Le Duc la cadette (1), la dan-
seuse postulante de l'Opéra, qu'on appelait l'Altesse,
qui, elle aussi, se rendait dévotement aux Feuillants :
« Il la trouva à son gré, nous dit l'indiscret poli-
(1) Il ne faut pas la confondre avec sa sœur aînée Thérèse Le Duc.
164 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
cier, la fit suivre par un de ses laquais qui lui proposa
un rendez-vous de la part de son maître. La demoiselle
n'eut garde de refuser cette bonne fortune ; le duc d'E-
pernon soupa avec elle dès le soir même ; il la prit en
amitié », et comme il avait du crédit à l'Opéra, il la fit
admettre d'autorité dans le corps de ballet de l'Aca-
démie royale. Nous retrouverons Mlle Le Duc chez le
G.*. M.*, successeurdu duc d'Antin.
Entre temps, le duc d'Antin avait épousé Géronne de
Montmorency-Luxembourg, de laquelle il eut deux filles,
et un fils, Louis (1727-1757), qui mourut sans postérité,
mais en laissant son nom à un quartier de Paris.
C'est le jour de la fête de la Saint-Jean-Baptiste, le 24
juin 1738, que le duc d'Antin fut élu Grand Maître de
la franc-maçonnerie. De quel pouvoir tenait-il son
maillet souverain ? D'une loge écossaise ou d'une des
grandes loges d'Angleterre ? Aucun historien n'est fixé
sur ce point. Il est probable qu'il fut simplement désigné
par un certain nombre de loges parisiennes, influencées
par des maçons jacobites. Sa qualité de successeur de
lord Derwentwater, permet de faire cette hypothèse,
la seule vraisemblable. On ne sait rien de sa gestion.
Les ouvrages maçonniques racontent, à sa louange,
qu'il s'opposa bravement à l'entrée du lieutenant de
police Hérault dans une loge à la Râpée, malgré les
ordres du roi, et à cet acte se borne l'influence qu'il eut
sur l'ordre en France.
La Tierce signale cependant à son actif un acte plus
remarquable. En qualité de G.\M.\, dans une as-
semblée solennelle de la G.\L.\ en 1740, il aurait
prononcé un discours, duquel on peut retenir les pas-
sages suivants :
« ... La philanthropie n'était pas la base des répu-
bliques de l'antiquité. L'amour de la patrie, mal entendu
LES DÉBUTS DE LA F.*. -M.*. EN FRANCE 165
et poussé à l'excès, détruisait souvent, dans ces répu-
bliques guerrières, l'amour de l'humanité en général...
Le monde entier n'est qu'une grande république dont
chaque nation est une famille et chaque particulier un
enfant... » Décidément, le G.*. M." . n'avait pas pour son
pays un amour plus intense que celui témoigné par son
grand-père à Ramillies.
« Nous avons des secrets, dit-il plus loin ; ce sont
des signes figuratifs et des paroles sacrées qui compo-
sent un langage tantôt muet, tantôt très éloquent, pour
se communiquer à la plus grande distance et pour re-
connaître nos confrères de quelque langue qu'ils soient. »
Il croit que c'est l'ancien mot de guerre des croisés !
Mais voici qui est plus grave et plus symptomatique :
« L'Ordre, dit-il, exige de chacun de vous de contribuer
par sa protection, par sa libéralité ou par son travail,
à un vaste ouvrage auquel nulle académie ne saurait
suffire. Tous les G.'. M.\ en Allemagne, en Angleterre,
en Italie et ailleurs exhortent tous les savants et tous
les artisans de la confraternité de s'unir pour fournir les
matériaux d'un dictionnaire universel des arts libéraux
et des sciences utiles, la théologie et la politique seuls ex-
ceptés. On a déjà commencé l'ouvrage à Londres (1). »
Sous forme de réclame pour l'Encyclopédie bri-
tannique, nous voyons réaliser le projet des habitants
de Bensalem, imaginé par Bacon, aussi bien qu'une
nouvelle forme du Dictionnaire de Bayle.
(1) Daruty, op. cit., attribue ce discours à Ramsay; mais ses
arguments ne me paraissent pas déterminants, les lettres de
Ramsay à Joly de Fleury n'ayant aucun rapport certain avec le
discours reproduit et pouvant faire allusion à un discours qui n'au-
rait pas été prononcé, si l'on s'en rapporte à la note de Joly de
Fleury. L'ouvrage auquel fait allusion le duc d'Antin est l'Ency-
clopédie de Chambers publiée à Londres à partir de 1728 sous le
titre de : English Cyclopedia.
166 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Le duc d'Antin, peu après avoir été nommé maré-
chal de camp, mourut à Paris, le 9 décembre 1743.
Voyons son successeur.
LE COMTE DE CLERMONT.
Louis de Bourbon-Condé naquit à Versailles, le
samedi 15 juin 1709, à 4 heures du soir. Il fut tenu sur
les fonts baptismaux par Louis XV et par la duchesse
de Berry le 15 novembre 1717.
Il était le troisième fils (1) de Louis III, duc de Bour-
bon, d'Enghien, de Ghâteauroux, etc. (1710), et de
Louise-Françoise de Bourbon, dite Mlle de Nantes, fille
naturelle légitimée de Louis XIV et de Mme de Montes-
pan.
Louis de Bourbon, comte de Glermont, était donc, par
Mme de Montespan, arrière-grand-oncle du duc d'Antin.
Destiné à l'état ecclésiastique, il fut pourvu, de 1717
à 1733, de six abbayes qui ne lui rapportaient pas un
bénéfice de moins de 200.000 livres ; il fut pourvu plus
tard de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, qui ne
rapportait pas moins de 180.000 francs.
Sans être doué d'une haute intelligence, c'était un
esprit curieux et cultivé ; indulgent pour son entou-
rage, il aimait à répandre des bienfaits autour de lui,
autant par faste et prodigalité que par réelle bonté ; cou-
rageux jusqu'à la témérité sur les champs de bataille,
il fut assurément moins bien armé contre le malheur.
Intelligence superficielle, il n'avait pas les qualités
qui accompagnent généralement les natures légères,
il manquait de finesse dans l'esprit ; il n'avait ni la
répartie vive, ni le mot profond.
Comme celle de presque tous ses contemporains
(1) Ses frères étaient le duc de Bourbon et le comte de Charo-
ais.
LES DÉBUTS DE LA IV. -M. \ EN FRANCE 107
dans sa situation, son adolescence fut frivole et dissipée;
mais ces travers eurent cependant quelques compensa-
tions.
Nous ne saurions lui faire grief d'avoir, à lage del4 ans,
fait construire un superbe monument funéraire à la
mémoire de son singe Macathy, qui venait de trépasser,
et juger son caractère d'homme par cette exagération
enfantine, d'autant qu'il se consola, semble-t-il, assez
vite. Les propos de ruelle, que devaient si fort mépriser
les statuts maçonniques, racontent en effet, en 1724, une
aventure plutôt un peu vive qui lui serait arrivée avec
la fille de M. de Matignon, M,uede Grave, femme sans
scrupules excessifs, qui au surplus passait pour une
ébaucheuse, comme disaient les roués. Le vieux comte
de Billy, mentor du jeune prince, semble avoir joué
dans l'occurrence le rôle de Mercure. L'affaire fit telle-
ment de bruit que le mari battit sa femme, puis, après
réflexion, se calma.
Le comte de Clermont ne s'occupait pas que de
galanterie, et son esprit se tournait avec assiduité vers
les sciences et les arts.
S'inspirant peut-être de la Nouvelle Atlantide, dont
l'abbé Raguet avait publié une traduction (1702), il
imagina de former en 1729, dans son hôtel, une sorte
d'académie : la Société des Arts, dont le programme
comportait des exagérations d'un ordre gai. A chaque
branche des sciences ou des arts, il aurait voulu ac-
coupler une profession. On aurait ainsi agrémenté
l'historien d'un brodeur, et on eût logé le poète à l'en-
seigne du teinturier. Cette académie fonctionna avec
ou sans brodeur, avec ou sans teinturier jusqu'en
1737, et distribua des prix. Parmi les sociétaires figu-
raient artistes et grands seigneurs, La Grive, le graveur
géographe ; Ledran, le chirurgien ; le chevalier de Bé-
168 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
thune et le prince de Grinberghem siégeaient à côté
des horlogers Julien Leroy et Gaudron.
Le comte de Clermont ne protégeait pas que les
savants, et son nom fut malheureusement mêlé aux
incidents qui accompagnèrent la mort d'Adrienne Le-
couvreur, car, à cette époque, il était l'amant en titre
de la duchesse de Bouillon. Peu après, il abandonna
cette femme tragique qu'il troqua avec Sourdis contre
la Camargo. Il resta huit ans fidèle à la célèbre danseuse,
qui lui donna deux enfants et lui fit faire deux millions
de dettes.
Pour un abbé, la conduite était leste ; mais, comme
il ne voulait abandonner ni ses bénéfices ni ses maî-
tresses, il obtint, dit-on, du pape Clément XII un bref
l'autorisant à porter les armes, et fit honorablement
la campagne de 1733.
Avant de succéder au duc d'Antin sur l'autel à sept
marches où siégeaient les G.*. M.*., il lui succéda dans
les bonnes grâces de Mlle Le Duc, la danseuse dont nous
avons déjà parlé. Décidément le fondateur de la Société
des Arts trouvait qu'on pouvait accoupler la chorégra-
phie avec la marche symbolique du maître parfait.
Son zèle artistique dépassa cependant la mesure : le
22 mars 1742, oubliant qu'il avait reçu la Lumière, il
célébrait les Ténèbres à Longchamps par une exhibi-
tion qui fit scandale. Il avait fait à MlleLeDuc pour cette
circonstance une galanterie qu'on chansonna trop. La
danseuse figura au défilé dans une calèche de canne
peinte en bleu, avec des ornements d'argent, attelée de
six chevaux nains pas plus gros que des dogues ; un
petit postillon et un petit hussard richement habillés,
l'un en veste rouge toute couverte de galons d'argent
avec une plume bleue au chapeau, l'autre en robe
bleue, le sabre et le bonnet tout garnis de plaques
LES DÉHUTS DE LA F.\-M.\ EN FRANCE 169
d'argent. M1,c Le Duc tenait les guides, escortée de deux
valets de pied déguisés.
Le comte de Glermont s'afïichait aussi avec elle à la
Comédie-Française et à l'Opéra.
Ces aventures n'étaient assurément pas faites
pour blesser tout le monde, car c'est au lendemain du
scandale qu'elles avaient produit qu'il fut nommé,
le 11 décembre 1743, G.*. M.*, perpétuel de la franc-
maçonnerie par les vénérables de seize loges pa-
risiennes qui composaient alors la Grande Loge de
Paris, dite Grande Loge de France. Cette élection fut
acceptée par les loges de provinces auxquelles on l'avait
notifiée. Il avait eu comme concurrents à la Grande
Maîtrise le prince de Conti et le maréchal de Saxe.
Le comte de Glermont ne semble pas avoir brûlé
d'un zèle ardent pour les pratiques de l'Ordre, et si quel-
ques événements importants se passèrent sous sa maî-
trise, ils furent certainement provoqués par des sous-
ordres fort peu recommandables, ainsi qu'en font l'aveu
les historiens maçonniques.
Peu après son élection, il quitte Paris et s'absente
trois années consécutives, pendant lesquelles il fait
brillamment les campagnes de 1744-1747. Il participe
largement aux prises de nombreuses places fortes, et
s'il n'assiste pas à la bataille de Fontenoy, il a une
excuse très réelle à son absence ; il s'était démis la
rotule en jouant au volant avec Mlle Le Duc.
En 1747, il se retire de l'armée, ayant été blessé de
ne pas avoir eu la conduite du siège de Berg-op-Zoom,
confiée au maréchal de Lowendal.
A partir de cette époque, il se terre avec Mlle Le Duc
dans le château de Berny, maison de campagne des
abbés de Saint-Germain-des-Prés.
Là, il installe un théâtre, où l'on joue tout autre chose
170 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
I
que du classique ; le répertoire est en grande partie
l'œuvre de Collé ou celle deLaujon qui avait succédé,
en 1750, dans les fonctions de secrétaire de ses comman-
dements, à Moncrif, l'auteur de l'Histoire des chats. Le
comte de Clermont s'essaya aussi dans la composition
dramatique, mais sans grand succès.
Il installa sa musique sur le pied de celle de la cham-
bre du roi ; elle était conduite par le flûtiste Michel
Blavet et le violoniste André Pagni ; Laujon, Blavet et
Pagni étaient francs-maçons.
Sa troupe dramatique, composée de professionnels,
était souvent renforcée par des gentilshommes de sa
maison, et lui-même ne dédaignait pas, malgré sa cor-
pulence, de figurer les paysans, les rôles à manteau sé-
rieux et les financiers. Son amour pour le théâtre était
poussé à un tel point qu'il fit construire une seconde
salle, rue de la Roquette, afin de pouvoir donner des
représentations pendant ses séjours à Paris.
Malgré ce zèle artistique, lorsque, le 1er décembre 1753,
il fut appelé à remplacer Gros de Boze à l'Académie,
les libellistes trouvèrent ses titres un peu maigres, et
l'un d'eux, le critique Roy, fit circuler la pièce suivante :
Trente neuf joints à zéro,
Si j'entends bien mon numéro,
N'ont jamais pu faire quarante.
D'où je conclus, troupe savante,
Qu'ayant à nos côtés assis
Clermont, cette masse pesante,
Ce digne cousin de Louis,
La place est encore vacante.
Mal en cuit au pauvre poète, car, sans doute au nom
de la fraternité maçonnique, le comte de Clermont le
fit si vivement bâtonner que l'on fit courir le bruit de
sa mort, bien qu'il n'ait trépassé que dix ans plus tard.
En cherchant une excuse à ce manquement aux
LES DÉBUTS DE LA F. '.-M.'. EN FRANCE 171
maximes égalitaires, on peut ajouter que de tous les
libellistes, Roy fut un des plus bâtonnés. Peut-être aussi
n'était-il pas initié.
Bien que gouverneur de Champagne depuis 1751, le
comte de Clermont ne quittait guère les jupes de
MlleLe Duc qu'il comblait de présents : maison à Paris,
au coin de la rue de Richelieu, près des boulevards ;
autre maison, 4, rue Popincourt ; terre de Tourvoye
près de Berny, érigée en marquisat. Il fit tant et si bien,
qu'en 1757 il fut obligé d'enrayer et de liquider sa
maison dramatique. Peut-être pour se refaire, comme
le maréchal de Richelieu, il eut l'idée désastreuse de
demander et la mauvaise fortune d'obtenir, en 1758, le
commandement en chef de l'armée de Hanovre, fort mal
en point. C'est lui qui organisa la retraite de Minden
et qui commandait à Crevelt. Remplacé en juillet par
le maréchal de Contades, il vint prendre ses derniers
quartiers à Berny, où il ne trouva rien de mieux à faire
que d'épouser Mlle Le Duc, devenue marquise de Tour-
voye (1).
Boudant la cour, le comte de Clermont mena une
vieillesse assez maussade ; aigri par les désastres de
la fin de sa carrière militaire (2), il fronda la royauté
avec acharnement, lors du renvoi des parlements ; c'est
à son lit de mort, où il était cloué par la goutte, que se
réunirent les princes du sang pour protester contre le
parlement Maupeou. Louis XV lui tint rigueur et ne
s'inquiéta pas de ses derniers moments. Le comte de
(1) La marquise de Tourvoye mourut en 1793, rue Popincourt.
D'après Gould (III, 142), le comte de Clermont « en juillet 1757,
quitta l'armée, se retira de la cour et se consacra aux sciences et
aux œuvres de bienfaisance jusqu'à sa mort. »
(2j Après la bataille de Raucoux où le comte de Clermont s'était
glorieusement conduit, alors que son homonyme le comte de Cler-
172 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Clermont mourut à Versailles le 16 juin 1771 à 6 h.
du soir. Son corps fut transporté à son hôtel de la Ro-
quette, où le service religieux fut fait par le curé de
Sainte-Marguerite et par Mgr Louis de Conzié, évêque
d'Arras. Son corps fut inhumé à Enghien (1).
Nous avons vu plus haut que le comte de Clermont
tenait ses pouvoirs de G.*. M.*, du vote des vénérables
de seize loges parisiennes et que ces pouvoirs avaient
été ratifiés par les loges de province .
D'après les statuts généraux de la f.\-m.\ anglaise,
ces loges avaient-elles le pouvoir de conférer ce titre ?
Assurément non.
Les historiens maçonniques racontent, avec une una-
nimité complète, sans en fournir du reste aucune preuve,
que le 11 décembre 1743, la Grande Loge d'Angleterre
constitua avec les loges parisiennes la Grande Loge
anglaise de France, qu'elle conservait ainsi sous son
obédience. Cet aveu est précieux à retenir.
mont-Gallerande avait failli compromettre la journée, on avait fait
le quatrain suivant :
A Raucoux où l'Anglais sous nos coups est tombé,
Des deux Clermont, chose extraordinaire,
L'abbé se bat comme un militaire,
Et le militaire en abbé.
Après la bataille de Crevelt, en juin 1758, on avait fait une va-
riante :
Moitié plumet, moitié rabat,
Aussi propre à l'un comme à l'autre,
Clermont se bat comme un apôtre
Et sert son Dieu comme il se bat.
(1) Voir J. Cousin, le Comte de Clermont', — Capon et Plessis, en
Théâtres clandestins ; — d'Alméras et d'Estrées, les Théâtres liber-
tins au XVIII* siècle.
LES DÉBUTS DE LA IV.-M.\ EN FRANCE 173
Depuis 1741, la France avait l'Angleterre comme
principale adversaire dans la guerre de la succession
d'Autriche, qui ne devait prendre fin qu'en 1748.
Comment, en pleine guerre, une société française
aurait-elle osé se placer sous l'autorité immédiate de
supérieurs anglais, et se dénommer Grande Loge an-
glaise de France? Alors que Louis XV soutenait osten-
siblement les projets de Charles-Edouard en faveur de
la restauration de Jacques III Stuart sur le trône d'An-
gleterre, comment le comte de Clermont, qui devait
figurer brillamment pendant cette guerre, aurait-il ac-
cepté, lui, prince du sang, une situation aussi fausse,
aussi criminelle ?
On doit donc supposer qu'il fut circonvenu et expli-
quer son indifférence à l'égard de la f.\-m.\ par le mé-
contentement qu'il dut avoir lorsqu'il s'aperçut qu'on
l'avait trompé.
Est-ce encore pour ces raisons très plausibles que
Louis XV aurait, le 5 juin 1744, renouvelé les dé-
fenses faites en 1737 et 1738 aux maçons de s'assem-
bler en loges et aux propriétaires de maisons ou aux
cabaretiers de les recevoir sous peine de 3.000 fr. d'a-
mende? C'est peut-être pour cela que, le 8 juin 1745, une
escouade du guet avait dispersé une assemblée de
f.'.-m.*. qui procédaient à une initiation à l'hôtel de
Soissons, rue des Deux-Ecus, avait saisi meubles et us-
tensiles et condamné le traiteur maître de loge Leroy
à l'amende réglementaire ?
S'il en est ainsi, et cela paraît probable, on ne peut
nier que la conduite des maçons ait été condamnable
et antipatriotique.
Cette hypothèse vraisemblable expliquerait, au sur-
plus, l'arrestation de Douglas, comte de Morton, dont
nous avons déjà parlé (chap. iv, p. 124).
174 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
N'est-ce pas encore pour enrayer le courant maçon-
nique orangiste que Charles-Edouard installa le cha-
pitre d'Arras ?
Il y avait certainement en France, à cette époque, au
moins deux maçonneries ennemies. Les loges des régi-
ments irlandais et écossais qui devaient se montrer si
brillamment à côté de la Maison du Roi à Fontenoy
étaient jacobites, alors que les seize vénérables de Paris
faisaient le jeu de l'Angleterre. N'est-ce pas par une
tactique toute maçonnique que les f.'.-m.'. orangistes
eurent l'habileté de se placer sous le protectorat d'un
prince du sang, dupe de sa condescendance ?
S'il en est ainsi, cela explique une fois de plus pour-
quoi les f.'.-m.'. font avec soin l'obscurité et le silence
sur cette période de leur histoire.
Dès qu'elle fut installée, « la Grande Loge anglaise
de France » s'empressa de reviser la constitution, d'é-
laborer de nouveaux règlements et de créer, « pour Paris
seulement, des maîtres de loges perpétuels et inamo-
vibles, de peur que l'administration générale de l'Ordre,
confiée à la G.*. L.\ de Paris, en changeant trop
souvent de mains, ne devînt trop incertaine et trop
chancelante. » Dans les provinces, les maîtres déloges
devaient être renouvelés tous les ans.
Les ordonnances générales publiées par la G.'. L.à
cette époque sont, à peu de choses près, la reproduction
des 19 premiers articles des constitutions anglaises de
1723 et 1738. Mais le 20e et dernier article attaque très
spécialement les loges écossaises dans le titre de maî-
tre écossais conféré par ces loges.
Dans leur mémoire, publié en 1744, les maîtres
écossais protestent énergiquement contre les attaques
dont ils sont l'objet.
En présence de ces luttes, souvent discourtoises, les
LES DÉBUTS DE LA F. '.-M.'. EN FRANCE 1 75
loges de province s'émancipent, forment des groupes
indépendants, constituent de leur propre autorité de
nouvelles loges, et bientôt il y a un enchevêtrement de
mères loges avec des rites particuliers dans chaque
province de France. Bien qu'en 1747, alors que la paix
était virtuellement conclue avec l'Angleterre, le comte
de Clermont eût été autorisé par Louis XV à porter le
titre de G.'. M.*., les autorités maçonniques étrangères
ne savaient à qui s'adresser.
A en juger cependant par les constitutions faites par
les deux Eglises maçonniques, les loges écossaises
jacobites avaient beaucoup plus d'adhérents que la
Grande Loge anglaise de France.
De 1743 à 1755, cette dernière constitue trois loges à
Paris : la Concorde (1743), la loge de la Chambre du
Roi (1745) et Saint-Julien de la Tranquillité (1751),
pendant que les loges écossaises en constituent au
moins vingt-deux. Il en était de même en province.
Les loges de régiments ne se multiplient pas et se
cantonnent toujours dans les régiments écossais ou
irlandais.
La G.\ L.\ anglaise de France allait donc succom-
ber ; mais en présence de sa décadence, elle fit un
dernier effort. Alors que les hostilités allaient reprendre
contre l'Angleterre et ses alliées (guerre de Sept ans,
1756-1763), le 4 juillet 1755 la Grande Loge anglaise
décida de prendre à l'avenir le titre de G.*. L.\ de
France qu'elle conservera jusqu'à la fin, et ce ne
fut que plus tard, en 1768, que les loges de France
et d'Angleterre rentrèrent de nouveau en relation et
signèrent un concordat par l'intermédiaire d'une se-
conde G.\ L.\ qui s'était créée ainsi que nous le
verrons plus loin.
D'après Clavel (p. 120), à partir de 1756, aux seuls
176 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
vénérables de Paris appartenait le gouvernement de
l'Ordre, à l'exclusion des vénérables de province.
Les affaires étaient examinées et les décisions prises
par neuf vénérables et neuf officiers qui formaient
Y Assemblée ou Conseil dont les décisions étaient provi-
soires.
La Loge de communication de quartier, composée de
trente officiers, nommés pour trois ans au scrutin, pou-
vait approuver ou réformer les décisions de l'Assemblée
ou Conseil.
Les deux assemblées réunies formaient la Grande
Loge,
La correspondance était faite par une chambre des
dépêches, qui était chargée de faire des enquêtes sur
les candidats ; elle se composait de neuf officiers
et de six vénérables.
La G.*. L.\ connaissait de tous les jugements ren-
dus par l'Assemblée ou Conseil et par la loge de com-
munication de quartier.
La G.*. L.\ recevait un tribut annuel de toutes les
loges de son ressort ; et l'excédent des dépenses était
comblé par une cotisation personnelle de ses offi-
ciers.
Ces règlements furent en vigueur jusqu'à la réunion
de la G.\ L.\ au G.*. 0.\ en 1799.
Le registre de toutes les délibérations, statuts, règle-
ments et autres arrêtés de la T. * . R. * . et T. • . S. • . G. * . L. • .
de France, tant dans les assemblées de communication
de quartier que dans celles de conseils ordinaires et
extraordinaires, fut vendu le 27 mars 1863 par Tross
(n° 10 de son catalogue). C'était un registre in-f° de
88 feuillets comprenant les délibérations de la G.'. L.\
de juin 1743 à juin 1771, c'est-à-dire pendant toute la
durée de la grande maîtrise du comte de Clermont.
LES DÉBUTS DE LA 1V.-M.*. EN FRANCE 177
Tross, parmi les signatures qu'il annonce très
nombreuses, relève seulement les noms de Malibran,
Martin, Carbonnel, Furet, Labady et Boulainvilliers (1).
Far son règlement de 1756, la G.*. L. . de France,
visant toujours les loges écossaises, décidait de ne
reconnaître que les trois grades de la maçonnerie de
Saint-Jean: apprenti, compagnon et maître, et de se
composer exclusivement des vénérables inamovibles
des loges de Paris, présidés par le G.*. M.', et ses offi-
ciers à sa nomination.
Cette mesure fut inefficace, et la confusion continua
dans la plupart des loges de Paris et de province. Le
comte de Clermont ne s'occupait du reste pas de ses
fonctions, et pendant qu'il était soit à l'armée, soit à
Berny, il avait délégué ses pouvoirs à des substituts,
recrutés dans la classe où se recrutaient ordinaire-
ment les simples maîtres de loges.
Dès le jour de son élection, le G.'. M.*, se fit suppléer
par un personnage assez énigmatique, dont les histo-
riens maçonniques ne sont pas parvenus jusqu'ici à
fixer la personnalité: le banquier Baur. Plus heureux
que ces historiens, je suis parvenu à identifier le per-
sonnage.
Christophe-Jean Baur était un petit banquier, origi-
naire de Genève, qui installa rue Saint-Sauveur, vers
1740, une maison de prêt à l'usage des fils de famille
(1) Cette vente annoncée deux fois par Tross en 1860 et 1863,
n'aurait pas eu lieu, paraît- il, et les documents figurant dans ce
catalogue auraient été dispersés. Le registre de la G.'. L.\, en
particulier, fait aujourd'hui partie de la bibliothèque secrète du
Président du Conseil des rites du G.'. 0.\
LA FRANC-MACONNERIE. — T. I. 12
178 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
dans l'embarras et des jeunes danseuses de l'Opéra
dans la peine. C'est ainsi qu'en 1744 il prête 8.000 fr.
à M1,e Le Duc, dont nous savons le rôle auprès du comte
de Clermont. Il est juste d'ajouter que celle-ci ne les
lui rendit jamais. A l'exercice de cette profession,
Baur fit cependant une petite fortune: de 1755 à 1770
il a pignon sur rue et exerce son sacerdoce place des
Victoires. Lorsqu'il meurt, en 1770 (1), il laisse aux
pauvres de Saint-Eustache, sa paroisse, 1.200 fr. et
3.000 fr. à son curé. Comme il possédait une petite
propriété à Montrouge, il laisse 6.000 fr. aux pauvres
de cette commune. Il n'oublie ni ses domestiques, ni
ceux de sa femme. A celui de ses parents qui se trou-
vera en France au moment de son décès et qui sera
apte à lui succéder, il laisse 30.000 fr. à prendre sur
les fonds qui lui appartiennent dans la société qu'il a
fondée avec Tourton et Sartorius. Le surplus de ses
biens doit revenir au f.\ Jean-François Jaunie, che-
valier de Saint-Louis, son beau-frère et ancien ami,
qu'il institue son légataire universel.
On a accusé Baur, pendant qu'il occupa les fonc-
tions de substitut du G.*. M.'., d'avoir multiplié les
grades à l'infini et d'en avoir fait un honteux trafic
(Globe I, 381). Au bout de peu de temps, le comte de
Clermont aurait été obligé de se priver de sa collabo-
ration.
Baur fut remplacé par un nouveau substitut qui ne
valait certes pas mieux que lui, les historiens maçon-
(1) Son testament, daté du 23 mai 1769 et déposé chez Lande-
guerive (Leguay),le 16 septembre suivant, fut insinué le 23 novem-
bre 1770.
LES DÉBUTS DE LA F.VM.\ EN FRANCE 179
niques eux-mêmes sont obligés d'en faire l'aveu.
Naturellement ce second personnage est aussi énigma-
tique que le premier. Il s'agit du danseur Lacorne.
Qui était Lacorne?
En 1745, il y avait à Paris, sous les ordres du comte
de Brionne, grand écuyer de France, trois académies
pour l'éducation des jeunes gentilshommes. Le prix
d'entrée à ces académies était assez élevé, et l'on ensei-
gnait aux élèves les mathématiques, les armes, la
danse, l'exercice militaire et l'équitation.
Ces trois académies étaient tenues par Dugard, rue
de l'Université ; Jouan, rue des Cornettes, vis-à-vis le
portail Saint-Sulpice ; Croissy, au manège des Tui-
leries.
C'est chez Dugard que Lacorne battait ses entre-
chats. Il figure sur le tableau de cette école de 1753
au plus tard à 1763 au moins. Pendant toute cette
période il habitait rue de Sèvres, près des filles Saint-
Thomas (1).
Je ne serais pas étonné que Lacorne, étant donnée
sa profession, n'ait été recommandé aux bontés du
comte de Clermont par Mlle Le Duc, dont il fut peut-
être le professeur de danse. Lacorne était voisin du
père de la marquise de Tourvoye, qui habitait le
Luxembourg en qualité de concierge. Décidément La-
corne, vénérable maître de la loge de la Trinité, valait
bien Chapelot, Leroy et Baur, et je ne sais pourquoi
les historiens maçonniques l'ont chargé de tous les
péchés d'Hiram !
Pour porter sur lui ce verdict indulgent, je dois
(1) Je ne sais s'il est la même personne qu'un certain Lacorne,
commandant en 2e en 1793 de la section armée Bonne-Nouvelle,
121, rue de Çléry, ou si ce dernier était seulement son parent.
180 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
i
passer, à la vérité, sous silence l'accusation faite contre
Lacorne par ses adversaires, souvent féroces plus que
de raison, d'avoir rempli avec zèle auprès du comte de
Clermont les fonctions que Lebel remplissait auprès de
Louis XV.
Dans le doute il vaut mieux être indulgent.
Au milieu de ce monde interlope circulait alors
un personnage bien curieux, bien de son temps. Etait-il
fou ou simplement exalté? Etait-ce un convaincu jus-
qu'au fanatisme ou un chevalier d'industrie fort
habile ?
Le chevalier de Beauchaine (1), le plus fanatique
des vénérables inamovibles de la G.'. L.\ de France,
le même personnage qui avait établi sa loge chez une
cabaretière de la rue Saint-Victor, à l'enseigne du Soleil
d'Or, où il couchait et conférait dans la même séance
tous les grades maçonniques pour un écu de six livres,
institua l'ordre Androgyne des Fendeurs et des Fen-
deuses. Il avait calqué les rites sur ceux des Fendeurs
du Devoir.
La première assemblée qui eut lieu à Paris fut pré-
parée et présidée, le 17 août 1747, par le Père Maître
Beauchaine. Il l'appela : le chantier du Globe et de la
Gloire. Il disait tenir ses pouvoirs de M. de Courval,
grand maître des Eaux et Forêts du comté d'Eu,
seigneur de Courval. Une grande partie de la cour et
de la ville s'y rendit, la joie y fut franche et sans
(1) Je n'ai pu déterminer si ce Beauchaine était le même per-
sonnage que Beauchesne, mousquetaire de la 2« compagnie, cheva-
lier de Saint-Louis, dont le brevet fut expédié le 12 juillet 1749 par
le marquis de Cheffreville. Cette hypothèse est vraisemblable.
LES DÉHUTS DE LA F.\-M.\ EN FRANCE 181
façon. On s'y promenait bras dessus, bras dessous, en
habits d'étoffes grossières et en sabots. Le rendez-vous
était dans un vaste jardin de la Nouvelle France.
Ce personnage qui faisait ainsi circuler la cour et
la ville s'appelait Charles François, chevalier de Beau-
chaine. Pendant la guerre de Sept Ans, c'est lui qui
suivit l'armée d'Allemagne avec une roulotte installée
en loge, bondée de rituels, de catéchismes maçonni-
ques, de bijoux, de rubans et de costumes. Il s'arrêtait
ainsi sur les grandes routes pour conférer des grades.
Il en avait quarante-cinq à la disposition des amateurs.
Comme Beauchaine voulait recevoir de toutes
mains, il n'avait pas en apparence pris parti dans le
conflit anglo-écossais qui divisait la f.\-m.\ fran-
çaise. Dans un brevet du 7 juin 1760, il se qualifie
vénérable frère fondateur de la T.*. R.\ L.\ de Saint-
Jean, écossaise et anglaise, établie à la suite de l'armée
du roi très chrétien en Allemagne, sous le titre de la
Constance. Et cependant il trahit son origine quelques
lignes plus loin en se dévoilant « décoré de tous les
honneurs et autorisé par le très digne, très cher et
T.*. R.\ G.*. M.*. Charles Stuard Edouard » (1).
Beauchaine n'était pas une exception ; il n'était pas
davantage un excentrique, comme les historiens
maçonniques voudraient le laisser croire. Il était bel et
bien f.\ -m.', authentique et avait à sa disposition tout
un personnel administratif, beaucoup mieux composé
que celui de beaucoup d'autres rites. Il nous sera facile
de le reconstituer tout au moins en partie à l'aide du
brevet que nous venons de citer :
(1) Dans le Catal. Tross, du 27 mars 1863, figure, sous le n° 98,
un manuscrit in-8° de 50 feuillets de la main de Beauchaine :
Ordre des chevaliers G. T. G. S. protecteur de l'innocence. Ce
manuscrit est daté de 1765.
182 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Boom, premier inspecteur.
Seur, deuxième inspecteur.
Noël, grand maître des cérémonies.
Valleton, trésorier.
De Maisonval, orateur.
Coque, grand inspecteur du Temple.
G. Voiart, gardien des archives.
Le marquis d'Estampes, secrétaire.
Lhote, garde du Temple.
Desjardins, ancien gardien du Temple.
Revillon d'Apre val, décorateur.
De Bermaire, S. E. Anglais.
Balletier, S. E. Anglais.
Et parmi les membres : Lantelme-Chafalier ; de
Mars ; chevalier de Fergent ; Dumand ; de Saint-Gand ;
le prince Camille de Rohan ; Clousier, ancien chance-
lier ; Letournel.
Ce brevet, d'un modèle fort curieux, porte la mention
qu'il avait été composé par le chevalier de Beauchaine,
gravé par J. Sam. Mund et tiré par Joh. Mich. Ebense,
Francofurti ad Moenum.
On voit par la composition de cette loge qu'elle ne
mérite pas le mépris dont veulent la couvrir les histo-
riens maçonniques, et qu'au contraire elle peut figurer
parmi celles dont le tableau était le mieux composé.
Sixans plustard, son recrutement sera encore plus choisi.
Le 9 juin 1766, le chevalier de Beauchaine avait
modifié le nom de sa loge, qu'il qualifiait de Grande
Loge anglaise de France sous le titre distinctif de la
Constance et l'Amitié. Malgré son nom, la loge est jaco-
bite, ainsi qu'il résulte du texte gravé du brevet que
nous avons sous les yeux. Après les formules de style
que nous reproduisons en note comme type de ce
genre de littérature, Beauchaine se dénomme véné
LES DÉBUTS DE LA F.\-M.\ EN FRANGE 183
rable fondateur de la Loge anglaise de France de
Saint-Jean dite de la Constance et de l'Amitié (1),
régulièrement assemblée par le nombre mystérieux et
autorisée par S. M. Charles III (2), légitime roy d'An-
gleterre , d'Ecosse et d'Irlande , revêtu des grades
éminents de la maçonnerie, chevalier protecteur de
l'Innocence et de Rose-Croix, prince d'Orient et d'Occi-
dent.
Par ce brevet, Beauchaine autorise Michel Martin
Blain, huissier ordinaire du Roy en son bureau des
finances et domaines de Tours, vénérable de la Cons-
tance royale, fondée dans cette ville en 1756, à fonder
une nouvelle loge de Saint-Jean sous le titre de Triple
Nœud, et à y conférer tous les grades jusqu'à celui de
Parfait Maître.
Le brevet est signé par tous les membres présents.
La signature de Beauchaine, chevalier C.'.-K., est
suivie de celles des quatre insignes protecteurs de la
loge:
Le marquis de Seignelay, colonel du régiment de
Champagne infanterie, 1er protecteur ; l'abbé d'Evry
commandeur (sic) de Cluny, 2e protecteur ; le comte
de Choiseul, colonel des grenadiers de France, vén.
des Enfants de la Gloire, 3e protecteur ; De Gourgue,
président à mortier, 4e protecteur. Puis venaient les
officiers de la loge : Noël, parfait écossais et anglais,
secrétaire ; Rotrou, frère Terrible E.\ et A.'.; De Mai-
Ci) En haut à droite et à gauche de la gravure, différente de la
précédente: L'bi Patrîa, ibi Virtus. Dans les deux colonnes, au
milieu de dessins compliqués : D'un lieu très fort, très éclairé,
très redoutable, asile assuré de la vertu opprimée, où régnent
l'union, l'égalité et le silence, sous le point géométrique du triple
triangle de la divine sagesse...
(2 Jacques III étant mort le ler janvier 1766, Charles Edouard
avait pris le nom de Charles III.
184 LA FRANC-MAÇONNERIË EN FRANCE
sonval, orateur, E. et A; Alexandre Fieffé, trésorier ;
Lafare, frère Terrible ; V. de Meslay, cons. au Parle-
ment ; De la Boullaye, me des Requestes ; De la Guil-
laumie, cons. au Parlement ; Percheron, Vénérable de
la L.\ Saint- André ; Drothier, Vénérable de la Can-
deur 0.*. Paris ; Dutertre,Vén. de la Sincérité ; Passerat
de Montleduc, G. Insp. G., Élu, Vén. constitué delà
loge de Dunkerque, tenant celle de Giessen ; Le
Boucher de Lenoncourt, G. Vén. G. M. Gr. Insp. G.
Elu constitué de la loge de France, d'Angleterre, Suède
et Prusse, Vén. de la L. d'Hanau ; V. Pollett, major de
Royal Deux ponts, Vén. des Inébranlables Chevaliers
de l'Epée, du Mérite de France ; Pincemaille, Vén. et
maître de la Candeur 0. de Metz ; Lucet, Vén. de la
Sagesse ; Tardieu, 1er Surveillant de la Candeur
0. Paris; De la Marche E. A.*. De Bermaire E. et A. ;
Crépin A. ; Fontaine A. ; Blain E ; Bareste A. ; De
Curt A.; Auge A. et Subi. E. ; Charbot A. ; Félet A. ;
Marquis d'Evry, colonel de Champagne Cavalerie, et
les maîtres: de Miode ; Moudran; Gamot fils .
Bouché ; le marquis de Clermont ; J. Gamot ; La Ferté
jeune ; Bonnet; Adam le jeune; Faureson ; N. Fieffé ;
Bonselié ; Bertin ; Durou ; Prudhomme ; Gruglin :
Chevalier; Du Lac; Bridel ; Bertin.
Les loges du chevalier de Beauchaine semblent avoir
fait partie du régime des Empereurs d'Orient et d'Occi-
dent.
Elles fonctionnèrent à l'instar des loges dites mili-
taires, qui n'étaient à l'Orient d'aucun régiment, ni
d'aucune ville, mais à l'Orient de l'endroit où elles se
trouvaient et qu'on désignait par la latitude et la lon-
gitude. La Constance, aussi bien que la Constance et
l'Amitié, était donc une loge militaire comme St-Jean de
la Gloire ou St-Alexandre, l'ancienne loge des mous-
LES DÉBUTS DE LA P.'. -M.'. EN FRANCE L85
quetaires, Les FF.*, de ces loges étaient en quelque
sorte des commis voyageurs en f.\-m.\ et leur rôle fut
considérable dans la propagation de l'Ordre.
C'est pendant la G.*. Mse.\ du comte de Glermont
qu'aurait été donnée la patente d'Etienne Morin, autour
de laquelle les maçons du rite écossais ancien accepté
ont beaucoup discuté sous le Directoire et sous l'Empire
pour établir la régularité de leurs constitutions, qu'ils
disaient tenir d'Etienne Morin, dûment autorisé par le
conseil des Empereurs d'Orient et d'Occident qui
pratiquait le rite de Perfection.
Cette patente, qui n'est connue que par des traduc-
tions anglaises retraduites en français, est à bon droit
suspecte. C'est en 1798 et 1799 qu'on produisit pour
la première fois des copies de ce document, au moment
de la première tentative de reconstitution du rite
écossais ancien accepté. Cette patente aurait figuré sur
le livre d'or de Delahogue que possède le suprême con-
seil de la juridiction Sud des États d'Amérique.
Tous les documents contenus dans ce recueil sont
certifiés exacts par le comte Alexandre-François-
Auguste de Grasse-Tilly, capitaine de cavalerie, auquel
le suprême conseil du 33e degré de Charlestown aurait,
en vertu de la patente de Morin, donné le pouvoir
d'initier à ce degré et de constituer dans les deux
hémisphères loges, chapitres et consistoires du rite
ancien. Le comte de Grasse-Tilly était un maçon très
actif que ses coreligionnaires accusèrent, ainsi que le
frère Abraham, de fort vilaines choses plus ou moins
exactes. En 1804, Grasse-Tilly fonda, pour la France,
le Suprême Conseil des Souverains Grands Inspecteurs
186 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Généraux du 33e degré ; il était Vénérable de la loge
Saint-Napoléon à l'Orient de Paris. Représentant à vie
du G.\ M .dans le Gr.\ Chap.*. Gén.\ du G.*. 0.*. de
France, Gr.\ Gom.\ ad vitam, Président du Suprême
Gons. des Souv.\ Gr.\ Insp.*. Gén.\ du 33e degré,
membre honoraire de toutes les L.\ et Chap.-. de
France. Le 4 juillet 1811, il fonda à Madrid un Su-
prême Conseil du 33e degré.
Or, la validité de tous ces pouvoirs reposait sur
l'authenticité de la patente de Morin. Grasse-Tilly était
très capable d'inventer cette pièce, comme Gerbier avait
inventé la patente de 1721. Le document est composé
avec plus de soins que celui fabriqué par Gerbier, car
il ne contient pas d'anachronismes brutaux ; en cher-
chant bien, on peut constater que le Conseil des Empe-
reurs d'Orient et d'Occident prend le titre de Grand
Conseil des Loges régulières sous la protection de la
grande et souveraine loge de Saint-Jean de Jérusalem (1),
erreur qui, en changeant l'origine du document, n'en
entraînerait pas la fausseté. Le reste, il faut le recon-
naître, est exact ou peut l'être.
Daté du 27 août 1761, il est signé par Chaillon de
Jonville, substitut général de V ordre, et par Lacorne,
substitut du G.'.M.'., et ce n'est qu'en 1762 que Chaillon
remplaça Lacorne dans ses dernières fonctions. Il est
aussi signé par le prince (Camille) de Rohan, Me de la
G.'.L.*. l'Intelligence, Souverain Prince de la maçon-
nerie ;
Maximilien de Saint-Siméon, 1er surveillant, G.', élu
Parfait, Chevalier et Prince maçon ;
(1) Je ne trouve pas trace de cette loge avant 1766 ; il est cepen-
dant possible qu'elle ait commencé ses travaux avant cette
époque.
LES DÉBUTS DE LÀ P.'.-M/. EN FRANCE 187
Savalète de Bukley, G.*. Garde des sceaux, G.*, élu
Parfait, G.*. Chev. et Prince maçon;
Taupin G.\ Ambassadeur de S.#. H.*. G.*. Elu
Parfait Chev. et Prince maçon ;
Le comte de Choiseul, Vén. M.*, de laLoge des En-
fants de la Gloire, G.*. Elu Parfait Chev. et Prince maçon;
Boucher de Lenoncourt, Vén. M.', de la Loge de
la Vertu, G.-. Elu Parfait Chev. et Prince maçon ;
Brest delà Chaussée, Vén. M.*, de la Loge de l'Exac-
titude, G.'. Elu Parfait Chev. et Prince maçon.
Il est enfin contresignée par ordre de la G.*. L.\
par Daubertin, G.\ Élu Parfait Chev. et Prince maçon,
Vén. M.*, de la Loge de Saint-Alphonse, G. Secrétaire
de la G.*. L.\ et du Sublime Conseil des Princes ; Par-
faits Maçons en France.
Or, tous ces titres sont exacts et tous les person-
nages sont réels ; à part Saint-Siméon, je les ai retrouvés
à cette époque occupant ces mêmes fonctions dans des
documents d'une authenticité indiscutable, sauf le
comte de Choiseul, qui ne pouvait en 1761 être Véné-
rable des Enfants de la Gloire, cette loge n'ayant été
constituée que le 28 octobre 1762.
Reste le titulaire même de la patente : Etienne Morin,
dénommé Stephen Morin d'après la traduction anglaise,
dont on a voulu faire un juif à cause de son prénom
sous la forme anglaise. Ni Stephen, ni Morin ne sont
des noms juifs, et quant au personnage lui-même, juif
ou chrétien, on n'a pu jusqu'ici l'identifier avec certi-
tude. Dans la patente il est qualifié Respectable Maître
de la Parfaite Harmonie et, à ma connaissance, une
seule loge en France portait ce titre à cette époque ;
elle était à l'Orient d'Abbeville ; mais, ainsi que je l'ai
déjà dit, je ne connais pas les noms de toutes les loges
pendant cette période.
188 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Parmi les treize f. •.-m.', portant le nom deMorin
que j'ai relevés sur mes listes, il en est un qui est très
probablement le titulaire de la célèbre patente : c'est
Etienne Morin de Saint-Cirque, entrepreneur de la
verrerie de Sèvres, puis distributeur des Nouvelles
ecclésiastiques, enfermé pour délit de presse à la Bas-
tille et élargi par ordres contresignés Maurepas, datés
des 22 juillet 1747 et 27 juillet 1748. Sa femme, Marie-
Nicole Boudet, avait été enfermée en même temps que
lui et pour les mêmes causes du 22 juillet au 16 décem-
bre 1747.
La f.\-m.\ française touchait à un moment critique
de son existence.
La nomination de Lacorne à la tête de l'administra-
tion avait provoqué des murmures qui s'accentuèrent
d'autant plus qu'après s'être empressé de prendre posses-
sion de ses fonctions, il s'affubla des plus hauts grades
et peupla la G.*. L. *. de ses créatures. Un grand nombre
de maçons donnèrent leur démission ou cessèrent de
participer aux travaux, puis exaspérés refusèrent de
s'assembler sous sa présidence.
Furieux, Lacorne s'entoure de tous les gens tarés,
recrute de nouveaux initiés dans les cabarets et forme
ainsi une Gr.\ L.\ concurrente. La lutte s'engage avec
fureur, et le désordre devient tel que le comte de Cler-
mont, obligé de sortir de son apathie, révoque Lacorne
en janvier 1762 et nomme à sa place Chaillon de Jon-
ville, avec le titre de substitut général. Un calme
relatif se produit et les deux grandes loges se réconci-
lient le 24 juin 1762 ; les postes honorifiques sont
partagés. Néanmoins personne n'est satisfait et bientôt
LES DÉBUTS DE LA IV.-M.*. EN FRANCE 180
la lutte recommence. Au renouvellement des officiers,
qui devait avoir lieu en 1765, des cabales se forment
et Lacorne et ses partisans sont tous exclus le 2 juin.
Les frères exclus refusent d'assister à la fête du
24 juin suivant et publient de nombreux libelles contre
les frères élus. La G.*. L.\ met les auteurs de ces atta-
ques en demeure de les rétracter sous peine d'exclusion
définitive. La plupart obéissent, et les quinze qui refusent
sont rayés par décrets des 11 juillet et 21 décembre
1765. Ils sont enfin bannis les 5 avril et 14 mai 1766
et déclarés déchus de tous leurs droits. Les frères
frappés de cet ostracisme sont les frères Bigarré, Dau-
bertin, Duret, Guillet, Guillot, Hardy, Labady, Lacan,
Leveillé, Maurin, Peny, Perrault, Pethe, Pirlet et
Poupart.
La G.*. L.\ régénérée, comme s'appelaient naturelle-
ment les frères qui s'étaient emparés du pouvoir, se
composait, le 1er janvier 1765, des officiers suivants :
Méry-Darcy, Dr de la Cie des Indes, Prés. ; Bacquet,
Prés. ; Duret, Surveillant ; Leveillé, Surveillant ; Deveau
de Moiré, Surveillant ; Moët, off. de la maison du Roi,
Secret, gén. ; Levrault, Secret. ;Gillet, Secret. ; Picot du
Breuil, Secret. ; Leroy Louis-François, avocat au Pari.,
Orat. ch. Paris ; Ledin, Trésorier ; Prader, Expert ;
Goûteux, Expert ; Paris, Expert ; Martin, Expert ;
Guaisnard Jean, de Genève, Exp. ch. Paris ; Lacan,
Exp. hospit. ; Poilet, Maître ; Paillan, Exp. hospit. ;
Lexcombart, Exp. hospit.; Chaudron, Aumônier; La
Chaussée, G. Se. T. et Arch. ; Puisieux, arch. juré du
roi, Architecte.
Le 14 août 1766 la G*. L.\, qui prenait le titre de
Grand Orient de France, était composée de :
Moët, président de la T.*. R.\ G.*. L.\, Le Lorrain,
Huet du Plessis, Baudson, Gaillard, Paris, Richard,
190 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Saunier, Borel, Pingre, Lafin, Lexcombart, Goulard,
Leroy, orateur, Zambault, secrétaire général, Brest de
la Chaussée, garde des sceaux, Joubert de la Bourdi-
nière.
Les lettres devaient être adressées à Zambault, rue
de la Grande-Truanderie.
Le 21 septembre 1766, le Conseil Souverain des Che-
valiers d'Orient de France se composait des frères :
Moët, Zambault, Leroy, Le Lorrain, Baudson, Marcel,
Ledin, Desalla, Bougault, Beauvillain, Gouin,Paulmier
Deynaut. Les lettres devaient être adressées à Brest de
la Chaussée, rue de la Chanvrerie.
Par suite de toutes ces discussions, la G.*. L.\
n'avait pu célébrer la fête de l'Ordre du 27 décembre
1766 ; on avait dû la remettre au 4 février suivant. Les
frères bannis se présentèrent pour entrer *, sur le refus
des gardiens, ils employèrent la violence et forcèrent
les portes du temple. Comme on ne leur permit pas
d'assister à la tenue, on échangea des injures et bientôt
des coups. Le scandale fut énorme ; le comte de Cler-
mont refusa de se mêler au débat, et le lendemain
M. de Sartines interdit les assemblées de la G.'.L.*.,
qui furent ainsi suspendues jusqu'à la mort du comte
de Clermont.
Les partisans de Lacorne en profitèrent pour se
réunir chez Labady. Le lieutenant de police fait aussitôt
arrêter ce dernier ; il est emprisonné et exilé à Blois.
Lacorne laissa le calme se produire, et lorsqu'il crut
que le temps avait amené l'oubli, il reforma une nou-
velle G.*. L.\ dans le faubourg Saint-Antoine, qui se mit
aussitôt à constituer à Paris et en province. Il parvint
à entrer en correspondance avec la G.\L.\ d'Angleterre
et à se faire reconnaître par elle, puis lança une circu-
laire aux loges de province. La nouvelle G.\ L.*. de
LES DÉBUTS DE LA F.'. -M.*. EN FRANCE 101
France annonce que les ff.\ Peny, Duret et Leveillé ont
reçu en délégation tons les pouvoirs de l'ancienne
Grande Loge (1).
Pendant ce temps, l'ancienne G.'. L. \ fonctionnait
néanmoins, mais clandestinement. Chaillon de Jonville
et Brest de la Chaussée, garde des sceaux et timbres,
continuaient la correspondance et constituaient des
loges de leur côté, profitant de toutes les circonstances
pour discréditer leurs adversaires. Le 8 octobre 1769, ils
adressent à cet effet une circulaire à toutes les loges de
France. Le 28 février 1770, quelques maçons essayèrent,
mais sans succès, de réformer la G.*. L.*. Presque per-
sonne ne se rendit à la convocation. L'année suivante
le comte de Clermont mourait.
La direction centrale maçonnique ainsi supprimée,
on pourrait supposer que l'Ordre était en train de dis-
paraître de France. Mais il n'en était rien ; les loges
avaient plus ou moins conservé leur vie particulière,
formant des centres régionaux, demandant ou octroyant
des constitutions et se groupant suivant les systèmes
qui étaient pratiqués.
La f.*.-m.\ ainsi dispersée ne présentait pas en
France un danger social immédiat. Alors qu'en Angle-
terre l'unité se faisait chaque jour, en France comme
en Allemagne, l'ordre éparpillé n'avait pas d'unité
d'action. Dans ces conditions, la f.\-m.\ devait dispa-
raître ; elle n'entrait pas en sommeil, elle se mourait,
ayant perdu sa qualité essentielle qui était sonorganisa-
(1) En 1758, le secrétaire général était Robineau et les secré-
taires : Devaux (1758), marquis de Briqueville (1762), Moët
(1763).
192 LA FRANC -MAÇONNERIE EN FRANCE
tion homogène et surtout l'uniformité de la mentalité
de ses adeptes. Cependant, si la maçonnerie expirait
en France comme société, son dogme égalitaire s'y
était implanté plus que dans aucune autre contrée du
monde ; c'est là qu'il devait produire le plus de mal.
Que tous ces égalitaires dispersés soient groupés sous
une direction unique, qu'ils acceptent la discipline, et
l'on verra bientôt le cataclysme social éclater. Le mal
couvait et une étincelle pouvait le ranimer. Ce réveil
sera l'œuvre du G.*. 0.*.
Tous les petits commerçants, tous les clercs de pro-
cureurs qui étaient entrés dans les loges, considérés
comme des frères par les grands seigneurs qu'ils trai-
taient en égaux, conservaient leurs idées maçonniques
en dehors de l'atelier; ils trouvaient l'égalité aussi vraie
en dehors qu'au dedans, et lorsque les grands seigneurs
ou les hauts fonctionnaires voulurent, mais trop tard,
les expulser des loges, ils protestèrent, s'exaspérèrent
et décidèrent fermement qu'ils prendraient les pre-
mières places, puisqu'ils pouvaient le faire. Comme
ils étaient le nombre, ils devaient triompher, ils en
avaient la certitude. Le vote par ordres était supprimé
dans les loges depuis longtemps lorsqu'on le suppri-
mera aux Etats généraux.
Louis XV avait-il vu clair lorsqu'il fit fermer la
G.'.L.*. et renvoya les parlements? On pourrait le croire,
s'il n'avait pas laissé le G.*. 0.\ se reformer en 1772 et
1773, à moins que ceux qui se mirent à la tête de la
maçonnerie à cette époque n'aient eu le talent de le
convaincre qu'en s'emparant de l'Ordre ils suppri-
maient le danger, et peut être le crurent-ils de bonne foi
et entraînèrent-ils la royauté dans cette voie si funeste
en croyant la sauver. Louis XV, qui était resté ferme
contre les Parlements, céda devant la maçonnerie.
LES DÉBUTS DE LA F.\rM.\ EN FRANGE 193
Comment se retrouver dans ce labyrinthe? Faut-il
prêter à des hommes des vues aussi profondes à des
échéances aussi lointaines ? N'est-il pas plus logique,
comme nous l'avons dit précédemment, d'admettre que
le dogme maçonnique fut plus fort que les maçons, que
c'est lui qui triompha plus que ceux qui le pratiquaient?
Un vertige ne s'était-il pas aussi emparé de tous les cer-
veaux, de ceux des rois et des princes comme de ceux
du premier maçon venu? A part l'Autriche, l'Espagne
et le Portugal, les autres nations protégeaint la f.\-m.\,
et encore l'Espagne et le Portugal la toléraient-ils.
Lorsque les maçons étrangers virent le désarroi qui
s'était emparé des maçons français, ils essayèrent d'en-
vahir la France et d'y faire fleurir leurs régimes. A
partir de 1772, une nuée d'étrangers envahit notre pays,
placé au centre des nations européennes ; Paris et Ver-
sailles furent les lieux de rendez-vous de tous ceux qui
recherchaient les satisfactions les plus élevées de l'in-
telligence, les plaisirs les plus raffinés, comme les vices
les plus dégradants. Tous ces gens nous arrivent
d'Angleterre, d'Allemagne, de Suède, de Danemark, de
Russie et de Suisse. La société parisienne devient cos-
mopolite ; les Anglais sont accueillis avec empresse-
ment par les gens de la Cour ; les Allemands par les
hommes de science ; les Suisses s'emparent des finan-
ciers et les remplacent. La f.\-m.\ anglaise inspire
le G.*. 0.*. ; la f.\-m.\ allemande, les philosophes. Au
milieu de cette confusion de peuples, les idées égali-
taires et cosmopolites font de tels progrès que la
France entière en est imprégnée. Les f.'.-m.'. l'ont
saturée de ces utopies dangereuses. Tout le monde
conspire contre Tordre de choses établi, le plus souvent
sans le vouloir et sans le savoir. L'idée chemine, arrive
et triomphe. C'est la course à l'abîme. La vieille
LA KRANC-MACONNERIE. — T. I. 13
194 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
France en mourra. Qui pourra dire quelle nation
renaîtra de ses cendres ? Naîtra-t-il même un nouveau
peuple ?
Est ce que personne ne vit clair dans cette nouvelle
orientation donnée à la vie sociale de l'Europe ? Est-
ce que personne ne vit le danger vers lequel l'huma-
nité était entraînée?
La Papauté fut le seul pouvoir qui se rendit nette-
ment compte du péril que présentait la maçonnerie, et
cela presque dès le début. Lorsque le pape Clément XII
lança, le 4 mai 1738, sa bulle In eminenti apostolatûs
spécula, des enquêtes avaient dû être faites sur les agis-
sements de la secte, et il serait de la plus haute impor-
tance d'avoir communication des mémoires qui furent
adressés au Vatican, s'ils existent encore. La bulle, en
effet, ne vise aucun fait précis, et se borne aux attaques
générales ; mais ses termes sont trop formels pour ne
pas avoir été provoqués par des faits particuliers
indiscutables :
« Nous avons appris, dit Clément XII, et le bruit pu-
blic ne nous a pas permis d'en douter, qu'il s'était formé
une certaine société, assemblée ou association, sous le
nom de francs-maçons ou Liberi Muratori, ou sous une
appellation équivalente, suivant la diversité des langues,
dans laquelle sont admises indifféremment des per-
sonnes de toute religion et de toute secte, qui, sous les
dehors affectés d'une probité naturelle, qu'on exige et
dont on se contente, se sont établi certaines lois,
certains statuts qui les lient les uns aux autres,
et qui, en particulier, les obligent, sous les plus
grièves peines, en vertu d'un serment prêté sur les
LES DÉBUTS DE LA P.'.-M.'. EN FRANCE 195
saintes Ecritures, de garder un secret inviolable sur
tout ce qui se passe dans leurs assemblées. »
Le pape interdit, en conséquence, de (aire partie de
ces sociétés, de favoriser leur accroissement, de leur
donner asile chez soi ou ailleurs, sous peine d'excom-
munication.
Le 15 juin 1751, le pape Benoît XIV renouvela, par
sa bulle Providas Romanorum Pontificam, les prohibi-
tions de son prédécesseur et précisa les conséquences
funestes que devaient avoir ces associations : Attendu
« que dans ces sortes de sociétés et assemblées se-
crètes, on associe indistinctement les hommes de toute
secte et religion, d'où il est évident qu'il doit résulter
un grand dommage pour la pureté de la religion
catholique », et que « l'obligation stricte du secret
impénétrable, par lequel sont cachées toutes les choses
qui se passent dans ces assemblées secrètes, auxquelles
on peut avec raison adapter l'adage dont s'est
servi Cecilius Natalis, dans la cause très différente
néanmoins contre Minutius Félix : Les choses
honnêtes se plaisent au plein jour ; les crimes sont
secrets. »
Le pape relève ensuite les maçons d'un serment pro-
noncé dans les conditions où ils se trouvaient quand
on le leur avait demandé ; « comme s'il était permis à
quelqu'un de s'étayer d'une promesse ou d'un serment,
pour se dispenser de répondre à la puissance légitime
qui rechercherait à connaître si dans ces sortes d'as-
semblées secrètes, il ne se ferait pas quelque chose
contre l'Etat, la religion et les lois. »
Le caractère secret de la f.\-m.\ n'était alors nié par
personne, les nV.-mm.*. le reconnaissant hautement.
Quelques années plus tard, un de leurs premiers histo-
riens, Thory, débute dans son avant-propos de YHis-
196 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
toire de la fondation du G.'. 0.\ de France, par cet
aveu : « De toutes les associations secrètes, la plus
répandue en France, et en même temps la moins connue
sous les rapports historiques, est, sans contredit,
l'Ordre de la Franche-Maçonnerie. »
La Papauté avait bien vu le péril ; en temps utile
elle l'avait signalé.
Elle ne fut pas crue ; en France elle ne fut même pas
écoutée. Les Parlements refusèrent d'enregistrer les
bulles pontificales qui, n'étant pas fulminées, ne pou-
vaient avoir aucun effet utile . Un monde allait dispa-
raître.
CHAPITRE VI
L'IDÉE MAÇONNIQUE ET LES GRADES
Le travail de loge. — L'habileté de la nature. — Les dupes. —
Les jésuites. — Les chefs secrets! — Le symbolisme. — Les
cérémonies initiatiques. — Retour à l'alchimie et à la kabbale.
— Les grades. — Les Rose-Croix. — Les Réaux-Croix. — Le
chevalier Kadosh.
Une des erreurs les plus répandues parmi les pro-
fanes est d'assimiler les grades maçonniques aux grades
dans l'armée, alors qu'ils devraient être plutôt assimi-
lés aux grades universitaires.
Les grades symboliques, les seuls classiques en ma-
çonnerie : apprenti, compagnon et maître, correspon-
dent dans une certaine mesure aux grades de bachelier,
licencié et agrégé.
L'obtention de ces grades témoigne de connaissances
maçonniques plus ou moins avancées, mais ne con-
fère pas ipso facto à ceux qui les obtiennent une
autorité sur ceux qui ont des grades inférieurs.
Au xviiic siècle, la complication des grades était
extrême ; chaque régime avait sa série spéciale qui
n'était pas reconnue par le régime voisin.
Chaque grade correspondait à un avancement dans
la science ou mieux dans l'art maçonnique qu'on appe-
lait alors l'Art Royal, ce qui voulait dire pour les uns
l'art de restaurer les Stuarts, pour les autres l'art par
excellence. Qu'était donc cet Art suprême ?
198 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Pour les uns c'était l'étude de l'homme : ses origines,
son existence, son but ; pour les autres c'était l'art de
mener les hommes, la première solution étant seule-
ment l'étape nécessaire pour arriver à la seconde.
Au premier abord, de semblables études n'ont rien de
répréhensible; la curiosité en pareilles matières ne
peut être que fort louable.
On peut à la vérité s'étonner cependant que, pour
se livrer à ces études profondes, on s'enferme avec un
soin jaloux et qu'on fasse prêter à ceux qu'on admet à
y participer le serment de garder le secret. Il semblerait
au contraire que, par amour de l'humanité, on devrait
propager les lumières et transformer le temple en Soleil
dont les Etoiles extérieures pourraient augmenter l'é-
clat. »
On serait en droit de s'étonner aussi que des gens
d'un modeste intellect et d'une instruction sommaire
soient appelés à collaborer à des travaux qui demandent
du temps, une intelligence supérieure et des connais-
sances approfondies. Etudier en effet les origines de
l'homme, c'est étudier l'origine de l'humanité, et étu-
dier l'origine de l'humanité, c'est étudier l'origine du
monde. Pour rester dans le domaine des sciences
exactes, c'est connaître la cosmogonie, la cosmographie,
la géologie, la paléontologie et l'anatomie aussi bien
que la métaphysique , la chimie et la physique. Je sais
plus d'un maçon du xvme siècle qui s'est livré à ces
études avec un acharnement et une sincérité vraiment
édifiantes. Leurs correspondances, que j'ai été à même
de parcourir, en font foi. Ils échangeaient entre eux des
vues bizarres, de temps en temps, pas souvent, des
combinaisons ingénieuses, mais, en résumé, aucune
idée digne d'être retenue.
On a beau leur enseigner que la maçonnerie est
l'idée maçonnique et les grades 199
« Thabilctéde la nature, l'intelligence du pouvoir qui est
dans la nature et ses diverses opérations ». On a beau
leur expliquer que l'habileté de la nature est d'engen-
drer, que l'intelligence du pouvoir qui est dans la na-
ture est la Nature-Dieu, et que les différentes opérations
de la nature sont la génération universelle, quels secrets
révèle-t-on, quelles idées fait-on naître, si ce n'est que
l'Acte générateur est l'acte d'un Dieu, que le Feu sacré
est la semence universelle de tous les êtres, que la Pa-
role est la faculté de produire, ainsi qu'on l'enseigne au
compagnon?
Comme ils ne trouvaient pas la solution avec leurs
propres moyens, beaucoup recherchaient le secret
perdu. L'homme primitif savait, croyaient-ils. Quelques-
uns, élevés cependant dans la foi chrétienne, oubliaient
que l'homme avait été puni pour avoir voulu savoir ce
qu'il ne pouvait et ne devait pas savoir: le mystère de
sa création et son avenir. Quel est l'homme qui sup-
porterait la vie s'il connaissait son lendemain?
Comme naturellement ces chercheurs ne trouvaient
rien, beaucoup parmi eux s'en prenaient à l'auteur de
toutes choses et arrivaient rapidement à conclure que
s'ils ne trouvaient rien c'est qu'il n'y avait rien, et pour
se consoler de la désespérance de ce néant, ils décla-
raient indifférent le problème des origines.
Comme ils avaient trouvé vide la première chapelle
de leur temple, ils frappaient à la porte de la seconde-
Là, au moins, ils trouveraient la clef du mystère de
notre être. L'homme est-il ou n'est-il pas ? Qu'est-ce
que son corps ? Qu'est-ce que son âme ? Il est certain
qu'il a un corps, mais a-t-il une âme ? Et ils recom-
mençaient à agiter tous ces problèmes, revenant tou-
jours malgré eux à l'origine du corps et de l'âme, et ils
trouvaient la seconde chapelle vide comme la première.
200 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Ces étapes sont celles que doit parcourir le maçon
pour se perfectionner dans l'art, pour gagner ses grades.
Si sa patience n'est pas à bout, s'il a les loisirs de s'oc-
cuper de spéculations métaphysiques qui ne nourrissent
pas son corps, il sera prêt à entrer dans la troisième
chapelle, et les frères qui en ont déjà franchi la porte
lui permettront de la franchir. Là, on lui apprendra
que tout ce qu'il a fait jusqu'ici n'a aucun intérêt, que
ces études ne conduisent à rien, mais qu'il était néces-
saire qu'il connût par lui-même ces vérités négatives.
Ce qui est intéressant et ce qu'il faut qu'il apprenne,
c'est comment on conduit les hommes, comment on les
fait concourir, malgré eux, à la prospérité de l'Ordre.
On leur explique comment un petit groupe organisé en
aristocratie secrète mène la foule non organisée ; com-
ment un pouvoir occulte, irresponsable mais actif,
mène le pouvoir responsable et le rend le principal
artisan de sa décadence et de sa mort. On leur apprend
que les vices de l'humanité sont les grands leviers des
habiles ; que, dans la pratique, on ne rencontre qu'un
obstacle : la révolte de la conscience humaine, cette
chose qu'ils n'ont pu saisir ni comprendre dans les deux
premières chapelles, et que tout l'art consiste à endor-
mir cette conscience pour l'empêcher de se révolter. On
leur apprend que lorsqu'il suffira à l'homme de déposer
un bulletin anonyme dans une urne pour entretenir ses
vices et flatter son orgueil, il le mettra.
Lorsque l'initié saura tout cela, il sera un maçon par-
fait ; sa mentalité maçonnique sera parachevée. En
aucune circonstance, il ne sera nécessaire de lui donner
un ordre compromettant, il agira de lui-même et il fera
agir, conformément à la doctrine maçonnique, il coo-
pérera consciemment ou inconsciemment au Grand
Œuvre.
l'idée maçonnique et les GRADES 201
Voilà ce qu'au xviiic siècle on appelait le travail de
loge. Voilà comment, au nom de l'égalité, le maçon
escamotait cette égalité à son profit. Il veut l'égalité entre
initiés, il veut l'égalité entre profanes, mais il ne veut
pas l'égalité entre initié et profane. Comme il connaît
la puissance des groupements organisés et silencieux,
il s'organise et commande le silence. Pour empêcher
l'ennemi de naître, il s'attaque à tous les groupements
qui se créent. Autant que possible, il les absorbe et, s'il
est impuissant à triompher par ce moyen, il les détruit.
De tous les groupements, les plus puissants sont les
groupements religieux. Contre eux la lutte a été perma-
nente et il est curieux de suivre le combat entamé contre
le groupement ennemi par excellence : la Papauté.
Contre elle, tout d'abord, les maçons ne luttent pas de
front, ils ne l'attaquent pas dans ses dogmes, mais dans
sa discipline. Dans la correspondance des maçons,
comme dans celle de Willermoz par exemple, on cons-
tate qu'autour de lui on veut revenir à la primitive
Eglise ; on reconnaît la divinité du Christ qui avait mis
l'humanité dans sa vraie voie. Mais cet homme pieux,
même dévot, a l'horreur de la Papauté; c'est elle qui
a tout perdu, c'est d'elle que vient tout le mal. Galli-
cans, jansénistes et parlementaires pensent comme lui,
aussi gallicans et jansénistes et parlementaires encom-
brent-ils les loges. Ils feront plus tard le clergé consti-
tutionnel.
A la vérité, ils étaient peu nombreux, les maçons qui
se livraient à ce travail ; beaucoup, partis pleins d'ar-
deur à la conquête du feu sacré, nouveaux Argonautes,
sombraient en route ou succombaient comme Pro-
202 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
méthée. Hiérophantes de nouveaux mystères, quel-
ques-uns se retiraient découragés ; quelques autres,
comme le duc d'Havre, écoutaient leur conscience
tressaillir, et abandonnaient la partie.
Mais les cerveaux de la grande masse des maçons
étaient modifiés par l'ambiance ; les mots perpétuelle-
ment murmurés par ceux qu'ils savaient plus avancés
dans l'étude de l'Art les impressionnaient; ils croyaient
que ceux-là savaient ; ils retenaient leurs lambeaux de
révélations, suivaient leurs conseils. Ceux-là, demi-
dupes, à leur tour faisaient le travail du dehors, la
propagande de la doctrine maçonnique. Si un adver-
saire se présentait, on le tuait moralement, on tâchait,
au nom de l'humanité, de l'anéantir; s'il donnait prise
à la critique, on le poussait tout doucement dans un
piège, on ameutait l'opinion contre lui. A la veille de
la Révolution, on l'accuse d'accaparement : le pro-
cédé réussit toujours ; si le coupable résiste il est tué,
comme Berthier ou Foulon. C'est la foule des profanes
ameutés qui aura commis l'assassinat légal. Le meur-
tre anonyme et collectif échappe à la justice. L'ouvrier
du crime lui-même sera épargné. Les auteurs vraiment
responsables auront eu individuellement une si petite
part à l'attentat, que leur conscience ne s'agitera pas.
Bien plus, pour beaucoup d'entre eux, la victime seule
est coupable. Pourquoi a-t-elle résisté à l'opinion publi-
que ? Pourquoi s'est-elle mise dans un mauvais cas ?
Et je sais des maçons, fort honnêtes gens pour le reste,
qui ont ainsi pensé en 1789 !
Comme nous l'avons dit, le plus grand nombre
des maçons ne se livrait pas au travail de loge trans-
cendant. A côté des loges exclusivement aristocratiques
comme la Candeur, le Contrat social, Saint-Louis du
régiment du Roi, Montmorency-Luxembourg du régi-
l'idée maçonnique et les grades 2().'5
mont de Ilainaul, etc., il y avait, et celles-là étaient les
plus nombreuses, les loges de menus employés, de
petits commerçants, de clercs de procureurs, d'huis-
siers... L'objectif des membres des premières était la
recherche du plaisir, celui des secondes était la satis-
faction de la vanité. La pratique et l'abus des plaisirs
démoralisa les uns ; le besoin de satisfaire l'orgueil
incita les autres à la haine. Lorsque le cataclysme
éclatera, l'aristocratie sera découragée, les autres seront
forts de toute la puissance de leur haine exaspérée. La
maçonnerie est bien l'art de conduire les hommes.
A côté de la Papauté un autre corps organisé attirera
dès le début les attaques de la maçonnerie. Les jésuites
sont puissants ; ils sont riches ; ils sont intelligents ; ils
sont unis. Il faut les détruire. Avec quelle habileté on
crée les dangers sous leurs pas ! avec quelle virtuosité
on tire parti du procès de la Chalotais et de celui du
Père La Valette ! On forme contre eux l'opinion : dans
les loges, dans les salons, dans les sociétés littéraires,
dans les pamphlets, dans la rue. Le maçon ne cesse de
crier à la persécution à l'occasion des procès-verbaux
dressés chez des marchands de vin, pendant que
Choiseul chasse les jésuites de France, pour que le
maçon martyr s'installe dans le noviciat de leur ordre,
rue du Pot-de-Fer ; et le courant de l'opinion est telle-
ment violent que personne ne s'aperçoit de la super-
cherie 1 Cette proscription est tellement une tactique
générale, que les jésuites sont chassés de tous les
royaumes catholiques, de l'Espagne, du Portugal et,
ce qui est plus extraordinaire, de Rome même ! Voilà
comment on conduit les hommes.
204 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Pour remporter toutes ces victoires, y a-t-il une
volonté unique, y a-t-il un comité directeur ? un chef
ou des chefs inconnus? Est-ce une nation ? est-ce une
race qui mène le branle ? Albion ou Israël ?
Non, laf.\-m.\ n'a pas de semblables chefs, parce
que les régimes sont trop différents, trop nombreux,
souvent trop ennemis les uns des autres. C'est l'idée
maçonnique qui, en évoluant, mène tout ce monde à
l'insu même du plus grand nombre. Tantôt elle lie
partie avec une nation, tantôt avec une autre ; tantôt
elle prête son concours à une émeute, tantôt à une autre,
suivant que son instinct la pousse d'un côté ou de
l'autre. Jusqu'en 1771, la grande loge anglaise n'a
probablement constitué que cinq loges, tant à Paris
qu'à Bordeaux, à Valenciennes, à Aubigny et à Gre-
noble ; si celle de Bordeaux en a constitué à son tour
une dizaine, les deux autres n'en ont pas constitué une
seule. Toutes les autres loges sont d'origine jacobite ;
un petit nombre seulement a adopté les régimes alle-
mands. Gomment peut-on admettre qu'avec une sem-
blable origine la f. \-m.\ ait été une société exclusive-
ment anglaise ? Est-elle juive ? Pas davantage. Des
polémiques ont été engagées sur ce sujet entre adver-
saires de la f.'.-m.*. Les partisans de l'origine juive
ont tout juste trouvé dans une loge de Bayonne quel-
ques juifs avec lesquels leurs frères refusaient de tra-
vailler. Il faut vraiment peu connaître la société fran-
çaise du xviii* siècle pour émettre une semblable
hypothèse. Socialement parlant, le juif n'existait pas
avant 1790. Il n'y a pas lieu de s'attarder sur ce sujet
tant que l'on n'aura pas donné la preuve de la présence
des juifs dans les loges.
Ges hypothèses gratuites, inventées pour les besoins
d'une petite église, n'ont aucune valeur historique.
l'idée MAÇONNIQUE et les grades 205
Pourquoi s'acharner à trouver des êtres humains là
où il n'y a qu'une idée ? pourquoi s'acharner à trouver
un secret là où on ne peut trouver que l'évolution de
cette idée?
Il y a cependant dans la f..-m.\ une autre source de
danger : les symboles des cérémonies initiatiques,
dans lesquelles on parle constamment de vengeances
à exercer, d'actes matériels à accomplir en immolant
une victime. Ces fantasmagories ne sont pas sans
influence ; elles éduquent le cerveau et la conscience ;
elles peuvent, à un moment donné, provoquer chez des
sujets spéciaux des résolutions coupables. On connaît
la légende du meurtre d'Hiram, l'architecte du temple
de Salomon ; la mort du templier Jacques Molay et
l'exécution du roi Charles Ier. Suivant les régimes,
c'est l'un ou l'autre de ces meurtres qu'il faut venger.
Bien entendu, en langage symbolique, Hiram, Molay,
Charles Ier, veulent dire la f.\-m.\ A tous les degrés
de l'échelle maçonnique on fait allusion à cette ven-
geance. Les initiations aux grades symboliques ont été
maintes fois racontées, nous ne nous y attarderons pas .
Mais nous entrerons dans des détails plus précis
sur le rituel de Rose-Croix tel qu'il était suivi à la veille
de la Révolution par les membres du Contrat social.
Nous verrons, par l'énoncé des doctrines adoptées et
par les rites indiqués, comment le maçon du xviii6 siè-
cle est le descendant direct de l'alchimiste, de l'astro-
logue et du kabbaliste.
Le document que nous avons sous les yeux est des
plus précieux. Il fait partie d'un recueil de rituels en
usage dans les loges du rite écossais philosophique.
206 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
En tête, une gravure à la sépia représente un soleil dont
les rayons, traversant un triangle, sont limités par un
cercle encadré par un carré concentrique entouré de
branches d'acacia dans lesquelles circule un ruban
portant en haut la légende Si fodieris inverties, et sur
les côtés : Loge du Contrat social de Saint-Jean à
l'Orient de Paris. Les rituels datés du 21 février 1784
(21e jour du 12e mois 5783) sont signés : La Rochefou-
cauld-Bayer, Brommer, Lafisse, Grant de Blaërfindy,
Bertolio, de Leutre et Laborde.
Le rituel donne dans les plus grands détails la des-
cription des salles et les costumes des membres du
chapitre. Nous résumerons toutes ces descriptions pour
faire voir à quelles puérilités s'attachaient des gens
qui tournaient en dérision les cérémonies du culte
catholique.
Le grade de Rose-Croix est conféré en chapitre. Le
chef du chapitre s'appelle souverain G/.-M.-. ; son pre-
mier surveillant prince grand prieur ; le second, prince
grand surveillant. Les officiers, tels que l'orateur, secré-
taire, trésorier, économe, sont qualifiés princes com-
mandeurs, et les autres frères simplement princes ou
chevaliers.
Le but du chapitre en ce grade est, pour tous les
chevaliers, d'attendre l'arrivée du soleil dans les douze
maisons ou figures du zodiaque et de tirer des quatre
éléments et des trois règnes de la nature, alliés ensemble,
le fameux Alkaestdes alchimistes.
La salle où l'on tient chapitre est un carré long, plus
étendu de l'Orient à l'Occident que du Midi au Nord,
à cause du soleil qui éclaire plus de ce côté. Dans le
centre, on figure un grand cercle, autour duquel sont
représentées les douzes figures du zodiaque, lesquelles
renferment le cadavre d'Hiram-Abif, symbole de la
l'idée maçonnique et les (.rades 207
nature morte que le Grand Œuvre doit faire revivre.
Au-dessus se trouve la grande pentacule (1) de Salo-
mon, lame d'or de forme triangulaire capable de tout
vivifier par sa vertu divine ; d'un côté une clef, de
l'autre une balance. Le zodiaque est entouré de nuages.
On y voit d'un côté un grand aigle qui désigne un
gardien terrible et de l'autre un soleil qui marque le but
du grade de Rose-Croix et la recherche du soleil de vie.
A l'Occident est le Mont Ebron, où est censé être le
corps d'Hiram. La planche à tracer de maître y est
figurée ; c'est l'image du premier travail des philosophes
qui opère la vie en produisant la vraie pierre cubique,
dite pierre bénite ou des philosophes.
A l'entrée deux grandes colonnes, Jackin et Booz,
symbolisent l'apprentissage dans le Grand Œuvre ; un
coq représente la vigilance et la force dans les opéra-
tions ; une étoile flamboyante indique le commencement
(1) Voici en résumé l'explication de la pentacule donnée dans une
autre partie du rituel : le roi Salomon en instituant la maçonnerie
créa trois grades, dont le dernier était la maîtrise. Les maîtres
étaient instruits de la science kabbalistique ; leur marque hono-
rifique était un triangle d'or appelé pentacule, grâce auquel on con-
naissait toutes les sciences occultes, y compris les plus abstraites.
Sur un côté de la pentacule était gravé dans un double delta le mot
Messias, qui signifie : Trésor des philosophes, entouré du mot
Adonaï, renfermé dans les six angles des deux deltas. De l'autre côté
était gravé, également dans le double delta, le sublime mot qui
signifie : Lumière du grand oeuvre accompli ; les six angles por-
taient le mot Jehova. Lorsque Hiram Abif fut trouvé mort, il portait
la pentacule sur son sein suspendue à une chaîne d'or ; on la porta
à Salomon, qui, en récompense de la découverte qu'on avait faite
du corps d'Hiram et de ses assassins, désigna quinze maîtres
parmi les plus zélés et les décora de la pentacule, en leur donnant
les connaissances kabbalistiques qui lui étaient attribuées. On
espérait, à l'aide de ce bijou sacré, retrouver la parole perdue qui
d'un seul mot exprimait aux initiés tout ce qu'ils pouvaient désirer
en partageant en quelque sorte la gloire éternelle et les trésors les
plus précieux de l'humanité.
208 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
de l'œuvre prenant couleur ; la lune est le symbole des
sacrés mystères de l'Ordre. Une pierre brute désigne la
matière informe et une pierre cubique pyramidale cette
matière développée par le sel et le soufre. De plus, une
équerre, un niveau, un fil à plomb et un maillet. On
remarque encore un grand autel enflammé par le feu
élémentaire tiré du ciel ; un grand bassin pour purifier
les trois règnes de la nature ; un castor, image du travail
continuel du vrai philosophe, et enfin une chouette, em-
blème du secret et du silence dans lequel on doit opérer.
Pour procéder à la réception d'un Rose-Croix, la
salle du conseil doit être tendue de noir et décorée de
douze colonnes corinthiennes de marbre blanc veiné de
noir, avec des chapiteaux et des socles en or (deux à
l'Orient, deux à l'Occident, quatre au Nord et quatre au
Midi). Sur le milieu de chaque colonne est suspendu
un cartouche entouré de festons et de guirlandes de
feuilles, de fleurs et des pierres précieuses attribués à
chaque mot dans le Grand Œuvre. Ces douze cartou-
ches représentent les douze maisons célestes correspon-
dant aux douze noms de Dieu n'en composant qu'un
seul. On écrira aussi sur les cartouches en lettres d'or
les douze noms de l'Etre suprême et des esprits qui
sous sa puissance président à chaque mois de l'année,
enfin les douze signes du zodiaque qui y correspondent.
Le tout sera disposé de la façon suivante :
1° A l'Orient du côté du Nord : Marchidiel, Jehova,
Mars, le Bélier ;
2° A l'Orient du côté du Midi : Asmodel, Emmanuel,
Avril, le Taureau ;
3° A l'Occident du côté du Nord : Ambriel, Tétra-
grammaton, Mai, les Gémeaux ;
4° A l'Occident du côté du Midi : Mariel, Jeha, Jesas,
ou Jésus, Juin, le Cancer;
l'idée maçonnique et les grades 209
5° Au Midi du côté de l'Orient : Verchiel, Messias,
Juillet, le Lion ;
6° Au Midi : Kormaliel, Orpheton, Août, la Vierge ;
7° Au Midi : Zuriel, Anasbona, Septembre, la Balance ;
8° Au Midi : Barbiel, Erigion, Octobre, le Scorpion;
9° Au Nord du coté de l'Occident : Adnakiel, Jerse-
mon, Novembre, le Sagittaire;
10° Au Nord : Hamdel, Eloym, Décembre, le Capri-
corne ;
11° Au Nord : Gabriel, Agla, Janvier, le Verseau ;
12° Au Nord: Acchiel, Meleck, Février, les Poissons.
Le trône du souverain grand maître est placé entre
les deux colonnes de l'Orient et élevé sur trois marches.
Le dais aux tentures rouges galonnées d'or est surmonté
d'un grand aigle d'or becqué, membre et couronné en
noir, tenant dans ses serres d'un côté une balance, de
l'autre une clef d'or. Le trône est noir et or. Au fond
du dais, une étoile flamboyante d'or ornée du Yoth. A
gauche du trône un autel triangulaire en or portant
une Bible, un compas, une clef et un maillet. Au
milieu du plancher la balance kabbalistique de Salo-
mon et au-dessous une balance réelle.
La salle du conseil est éclairée sur les quatre faces
par dix bras de métal doré, ayant chacun trois bran-
ches et placés entre les colonnes deux à l'Orient, deux
à l'Occident, trois au Midi et trois au Nord.
Le pavé est également éclairé à l'Orient du côté du
Midi et de chaque côté de l'Occident par un chandelier
à deux branches, au centre par un chandelier à une
branche. Toutes les bougies sont jaunes et n'ont servi
qu'une fois, parce que tous les matériaux employés au
Grand Œuvre doivent être vierges, non mixtes. Pour les
allumer, il faut autant que possible employer de l'ama-
dou enflammé au soleil et, à son défaut, la pierre
LA. FUANC-MaC.ONNERIB. — T. I. 14
210 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
et l'acier, mais jamais le feu commun et ordinaire.
Le prince grand prieur et le prince grand surveillant
sont assis dans de petits fauteuils d'or élevés sur un
degré, ayant devant eux une petite table triangulaire
couverte d'un tapis d'or pour pouvoir frapper du
maillet.
L'orateur et le secrétaire sont assis de la même
manière, mais avec des ornements proportionnés à
leurs charges.
Tous les princes sont assis sur des chaises bleues
filetées de noir ; chacune d'elles porte les armoiries
de son titulaire. On devra faire usage de maillets noirs
filetés de jaune.
Les princes sont vêtus de noir, chapeau uni à
plumet blanc sur la tête, l'épée au côté, garde ornée
d'un ruban feu au lieu de l'écharpe ordinaire. Leur
tablier blanc est bordé et doublé de rouge ; une brode-
rie ou un dessin, représentant sur son milieu un grand
aigle noir pareil à celui qui orne la salle ; sur sa bavette,
renversée pour la circonstance, la lettre J est figurée en
noir. Ils portent à la troisième boutonnière de leur
habit une rosette de ruban rouge à laquelle pend un
aigle d'or. Les gants doivent être bordés et doublés de
rouge ; sur le dessus de la main droite est brodée en
noir une balance et une clef au-dessus de la gauche.
Les princes sont décorés de trois bijoux : un compas
couronné appuyé par son ouverture sur un quart de
cercle portant au milieu une croix tirée de la balance
kabbalistique de Salomon, à ses pieds un pélican avec
sept petits et de l'autre côté un aigle les ailes éployées.
Une branche d'acacia circule entre ces ornements. Ce
bijou est l'emblème des trois règnes de la nature qui
entrent dans le travail de la vraie science. Le second
bijou est un triangle équilatéral, autrement dit penta-
l'idée maçonnique et les grades 211
cule du roi Salomon. Ce bijou renferme toute la
science kabbalistique dont chaque lettre renferme une
puissance dans l'opération du Grand Œuvre ; le dernier
bijou est l'aigle noir dont nous avons déjà parlé. Il est le
symbole du rang suprême de l'Ordre où on l'emploie.
Pour être à l'ordre dans le chapitre, on porte les trois
doigts du milieu de la main droite sur le cœur, en
tenant le pouce et le petit doigt dans le creux de la
main.
Pour la réception d'un aspirant Rose-Croix, la
chambre de réflexion est dépouillée de tout ornement ;
aussi obscure que possible, elle sera éclairée seulement
par une petite lumière posée sur une table noire sur
laquelle on a placé un pot d'eau, du sel, un pain et du
soufre. Au-dessus de la table est pendu au mur un
tableau représentant un coq et un sablier, portant écrit
au-dessus en gros caractères : Patience et persévérance.
Devant la table, un trépied percé par le fond sert de
siège au récipiendaire.
Le rituel de l'ordre du Chevalier de l'Aigle noir ou
Souverain prince Rose -Croix débute par un aperçu
historique qui mérite d'être intégralement reproduit :
« Tout bon maçon instruit des mystères de l'Ordre,
possédant les hauts grades, doit s'être imaginé que la
maçonnerie a un but qui doit encore exister, que le tra-
vail ne portait pas seulement à élever des édifices au vrai
Dieu, qu'il ne se bornait pas non plus aux seules vertus
morales ; quelque autre motif avait donné naissance
à un ordre aussi sublime; oui, mes TT.-. CC.\ FF.'.,
la vraie philosophie connue et mise en pratique par le
roi Salomon, c'est la base sur laquelle la maçonnerie est
bâtie ; cet homme doué de sapience et le plus sage des
rois de son temps, ne pouvant travailler seul, choisit
dans ses Etats un nombre de sujets selon son cœur ; il se
212 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
les attacha par les bienfaits en les regardant comme ses
ff.\ et les initia dans les secrets les plus cachés de l'art
kabbalistique ; qu'il serait à souhaiter, mes TT.\ CC.\
FF.'., que cet art nous fût parvenu dans toute sa clarté ;
mais nos anciens maçons, soit par prudence ou par
d'autres raisons, nous ont caché les points les plus
importants de cet art divin sous des types qui ne pré-
sentent que des énigmes ; heureux celui d'entre nous qui
sera assez laborieux pour faire, par ses recherches et
son travail, la découverte de ces sublimes vérités, il
pourra être assuré d'avoir trouvé la vraie félicité à
laquelle un mortel puisse aspirer, car sa santé sera
conservée, ses jours prolongés et ses mœurs exemptes
d'être corrompues par les vices où l'indigence et
l'infirmité ne conduisent que trop l'espèce humaine.
Réfléchissons, MM/. TT.\ CC.\ FF.-., sur tous les
objets qui vous auront affectés dans les différents
grades par où vous aurez passé, et vous verrez que
c'étaient autant de signes et de mystères dont vous
deviez un jour avoir la clef, c'est-à-dire apprendre au
vrai à quoi ils devaient s'appliquer.
« Cet éminent grade les renferme tous, il en fait l'ana-
lyse, il vous présente du travail à entreprendre; c'est à
vous, MM.'. TT. *. CC*. FF.*., à entrer dans sa carrière
munis de l'amour de la vérité et de la persévérance. Ce
grade, qui compte un ordre de parfaits maçons, a été
mis en lumière par le f. \ R qui l'a tiré du trésor
kabbalistique du Docteur et Rabbin Néamuth, chef
de la synagogue de Leyde en Hollande, qui en avait
conservé les précieux secrets et le costume ainsi qu'on
va voir les uns et les autres dans le même ordre qu'il
les a mis dans son Talmud mystérieux. »
Plus loin on explique que si les Chevaliers de l'Aigle
noir sont appelés Roses-Croix, c'est parce que « Raymond
l'idée MAÇONNIQUE ET LES grades 213
Lulle (1), grand maçon et philosophe hermétique, ayant
trouvé par la science kahhalistique le vrai salut de vie
par le mariage des six métaux, il en composa un parfait
appelé or ; il le présenta au roi d'Angleterre qui en fit
fabriquer de la monnaie, où d'un côté était une croix
symbole des quatre éléments, et de l'autre une rose,
symbole du triomphe du Travail et le prix des sages,
l'épine n'appartenant qu'aux vrais trompeurs et aux
sots. Raymond Lulle fut fait chevalier et, depuis lui,
tous ceux qui travaillent à la science kabbalistique ou
art royal sont appelés chevaliers Roses-Croix.
« Ce sublime grade est en vénération dans toutes les
cours du Nord et en Prusse, où le souverain en est le
protecteur et le G.*. M.*. C'est pour cela qu'il lui a
même donné le nom d'Aigle noir comme roi des oiseaux
et le seul fait pour voler au devant du soleil et en
fixer la lumière.
« Le but de ce grade est la science sublime des con-
naissances de la nature et d'en tirer un travail utile au
genre humain, soit dans la purification des métaux
imparfaits pour les transmuer en or, seule produc-
tion parfaite de la nature et comme telle l'emblème de
la divinité qui n'a en soi ni impuretés, ni commence-
ment, ni fin ; aussi l'or se trouve-t-il toujours en même
poids et valeur dans tel feu que vous puissiez le mettre ;
c'est aussi le fond du mystère de la salamandre qui
vit dans le feu et du phénix qui renaît de ses
cendres . Il n'est point ici compris parmi les six autres
impurs parce que physiquement il est tout esprit et par
(1) Les kabbalistes désignaient Raymond Lulle sous le nom
d'Alallamack. Seul il serait parvenu à réaliser le mariage céleste de
l'époux avec les six vierges dont il eut le bonheur de faire naître le
Messias, probablement dans une vie antérieure, car les kabbalistes
mettent Alallamack en relation avec Salomon.
214 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
ce moyen est incorruptible. De ce métal pur et rendu
potable vous en tirez magnétiquement la médecine
universelle, dont l'existence ne peut se nier, attendu tout
ce qui est dit dans l'Ecriture sacrée et dans tous les
philosophes hermétiques et notamment (Le diadème des
sages, 1782), par le premier but de l'association des
chanoines de Paris et autres officiers ecclésiastiques
qui sont venus après les druides ou prêtres des anciens
Gaulois, desquels ils tenaient cette science par tradi-
tion, ce qui se trouve aisément dans les annales de Paris.
« Ces ecclésiastiques qui, suivant les anciens apôtres,
étaient médecins des corps et des âmes, soignaient les
malades et les traitaient avec beaucoup d'humanité et
de charité. Ce qui était admirable, c'est qu'ils guéris-
saient toutes les maladies et infirmités (si Dieu n'en
ordonnait autrement) par des remèdes naturels, dont
ils avaient la connaissance philosophique acquise par
l'usage et l'étude de la sage nature qui les fournit en
profusion à ceux qui sont ses scrutateurs, sans qu'il
soit besoin d'avoir recours à des secours étrangers, im-
puissants et destructeurs. C'est pourquoi ils avaient
leur école de médecine près de leur église, rue de la
Bûcherie, laquelle existe encore aujourd'hui. Et comme
l'amour de Dieu et du prochain faisait tout leur devoir
et leur mérite, en ces temps de sagesse et de simplicité,
ils obtinrent de faire construire près d'eux un hôtel de
charité, où l'on apportait, recevait et traitait les infirmes
et malades avec tous les soins et secours dont par
esprit d'institution et d'état ils étaient capables, et
s'en faisaient un point essentiel de religion. Ils opéraient
des cures et guérisons miraculeuses et si surprenantes
que cet hôpital d'infirmerie fut alors appelé Hôtel de
Dieu et par corruption Hôtel-Dieu, ainsi qu'on peut le
voir dans Nicolas Flamel. »
l'idée maçonnique et les grades 215
Nous sommes entrés dans tous les d étails qui
accompagnaient les initiations et nous avons choisi
la plus curieuse d'entre elles ; nous avons également
donné in extenso le type d'un balustre (discours) tel
qu'il était d'usage d'en prononcer, afin que le lecteur
puisse se rendre compte de la phraséologie amphi-
gourique alors en usage, et enfin qu'il soit un exemple
des formules employées pour faire allusion au mystère
de la création. Nous en avons assez dit précédemment
pour qu'il soit inutile d'insister sur l'étoile flam-
boyante et la parole perdue.
Nous allons voir maintenant comment on ouvrait un
chapitre et comment se faisait la réception d'un aspi-
rant Rose-Croix.
Le souverain G.*. M.\, après s'être fait assurer des
portes et de la valeur maçonnique des fT.\ présents,
frappait un grand coup de maillet sur l'autel. Aussitôt
tous les princes se tenaient debout et à l'ordre. Lorsque
les deux surveillants avaient à leur tour frappé un coup
de maillet, le souverain G.'. M.*, prenait la parole :
— Princes chevaliers de l'Aigle noir, prince grand
prieur, prince grand surveillant et officiers dignitaires,
aidez-moi à ouvrir le chapitre .
On échangeait alors le signe, puisleprincegrand prieur
et le prince grand surveillant présentaient la pointe de
leurépée au souverain G.'. M.\, et tous les princes se
mettaient à l'ordre ; le souverain G. *. M.*, reprenait alors
la parole.
D. Prince grand prieur, quelle heure est-il ?
R. Souverain G.*. M.*., l'étoile du matin paraît.
D. Prince grand prieur, que devons-nous faire ?
R. Nous devons reprendre nos travaux.
D. Prince grand surveillant, quel est votre devoir ?
R. S.*. G.*. M.*., c'est de voir si le chapitre est scellé
216 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
hermétiquement, si les matériaux sont prêts, si les
éléments se distinguent, si le noir fait place au blanc
et le blanc au rouge.
D. Prince grand surveillant, voyez si tout est prêt.
R. S.'. G.*. M.*, tout est prêt, vous pouvez commencer
l'œuvre ; tout est prêt, le feu prend couleur, tout est
prêt.
D. Prince grand prieur et prince grand surveillant,
quittez le fer, prenez vos maillets et disposez les princes
dans leurs postes.
R. Princes chevaliers qui habitez le zodiaque, observez
dans vos travaux d'être exacts à nous procurer les trois
règnes de la nature, c'est-à-dire : les animaux, les végé-
taux et les minéraux, subordonnés à chaque signe et à
chaque mois de l'année, et renfermez tous vos métaux
dans la maison du soleil.
D. Princes, que le bruit de vos outils retentisse
d'un pôle à l'autre et que l'Orient et l'Occident dirigent
désormais le cours des planètes.
Le Souverain G.*. M.*, frappe ensuite trois fois deux
coups de maillet, les deux surveillants font de même.
D. Princes chevaliers, le chapitre est ouvert ; faisons
notre devoir.
Les deux surveillants répètent ces paroles, tous les
assistants font les signes ; on applaudit sept fois (six
et un) en disant trois fois Vivat, puis chacun prend sa
place et l'on procède à la réception.
Le parrain, assisté d'un chevalier préparateur, va
chercher le récipiendaire dans la chambre de réflexion et
lui demande s'il désire toujours avec ardeur se faire
recevoir chevalier de l'Aigle noir. Sur sa réponse affir-
mative, le préparateur, après lui avoir bandé les yeux,
l'introduit en le prenant par la main dans un apparte-
ment tendu de noir dans lequel se trouve étendu surune
l'idée maçonnique et les grades 217
table le dernier chevalier reçu, couché sur le dos, con-
trefaisant le mort ; on fait toucher le corps au récipien-
daire, et pendant qu'on lui fait faire des voyages autour
de la chambre, le chevalier étendu sur la table se retire
sans bruit et l'on met à sa place un cœur de bœuf ou de
mouton, une tète de mort et une lumière.
On demande au récipiendaire s'il est toujours décidé
à poursuivre sa course et à anéantir tout ce qu'on lui
ordonnera. Dès qu'il a répondu affirmativement, on le
conduit armé d'un poignard près du cœur de bœuf et
on lui dit :
— Frappez et n'hésitez pas ; malheur à vous si vous
vous repentez du coup que vous aurez porté.
L'aspirant perce le cœur et y tient le poignard plongé.
— Savez-vous ce que vous venez défaire? lui demande
le préparateur.
— Je ne sais rien. Tout ce que je puis croire, c'est
que j'ai frappé quelque corps, mais je ne m'en repens
pas, et pour preuve de ce que j'avance, je suis prêt à
recommencer.
On retire le bandeau qui couvrait les yeux de l'aspi-
rant, afin qu'il puisse contempler la lumière, le cœur et
la tête de mort. Au bout d'un instant, le préparateur
reprend :
— Emportez ce cœur au bout de votre poignard et
suivez-moi.
Arrivé à la porte du chapitre, le parrain frappe deux
coups irréguliers, auxquels le prince grand surveillant
répond par une batterie semblable, et s'adressant à son
collègue *,
— Prince grand prieur, on frappe en profane à la
porte du chapitre.
Celui-ci en prévient le souverain G. '.M.*., qui ordonne
au prince grand surveillant qui frappe de lui en
218 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
rendre compte. Après avoir parlementé avec le prépa-
rateur, le prince grand surveillant assure au souverain
G.*. M.', que le trophée que l'aspirant va lui présenter
sera une garantie suffisante en sa faveur.
On demande au parrain le nom, l'âge du candidat,
les grades par lesquels il a passé pour oser prétendre
au sublime grade de Rose-Croix.
On l'introduit ensuite à l'occident du chapitre, le
parrain et le préparateur remettent le récipiendaire au
souverain G.'. M.', et vont reprendre leurs places.
Après avoir posé à l'aspirant des questions sur son
passé maçonnique, le souverain G. \ M.*, lui explique
que le trophée représenté par le cœur a pour objet de
lui rappeler que lorsqu'il a été reçu apprenti il a prêté
le serment solennel, et qu'il a consenti à avoir le cœur
arraché s'il devenait parjure à ses engagements. Comme,
de plus, dans le grade de Rose-Croix, il faut des hommes
résolus sur lesquels on puisse compter dans le besoin,
on a voulu éprouver son courage. L'aspirant profite de
la circonstance pour assurer qu'il est prêt à exécuter les
ordres du souverain G.*. M.*., de quelque nature qu'ils
soient.
Lorsqu'il a reçu cette assurance, le souverain G.*. M.*,
autorise l'aspirant à venir jusqu'au pied de son trône
en exécutant la marche des quatre éléments, qui se fait
parles quatre points cardinaux en partant par l'Occident
passant par le Centre, allant au Nord, traversant de
nouveau le Centre pour arriver au Midi, puis à l'Orient
et enfin aux pieds du souverain G.'. M.'., devant lequel
il se met à genoux en posant la main droite sur le plat
de la Bible.
Le récipiendaire prête alors son serment.
— Je promets et jure, dit-il, devant le Suprême et
Grand Architecte de l'Univers et devant le souverain
l'idée maçonnique et les grades 219
chapitre ici assemblé de sceller, garder et ne jamais ré-
véler les secrets des chevaliers de l'Aigle noir, dits Roses-
Croix, à aucun des profanes ou maçons inférieurs à ce
grade, sous quelque prétexte que ce puisse être ; de n'en
parler qu'en chapitre et lors du travail. Si j'y manque
et que je devienne parjure, je consens et je pardonne
ma mort à ceux des chevaliers qui me la donneront
de quelque manière que ce soit, par le fer, le feu ou le
poison ; que ma mémoire soit en horreur parmi les
Roses-Croix et les maçons répandus dans le monde
entier ; priez pour moi, mes frères, que Dieu me soit en
aide et me préserve de manquer à mon obligation.
Le serment prêté, le grand prieur fait relever le can-
didat, le présente au souverain G.*. M.\ qui le fait
passer à sa droite et le décore sur-le-champ des bijoux,
gants et tablier de l'ordre ; puis il lui donne les signes,
mots et attouchements.
— Le signe, dit-il, se fait dans l'appel en portant l'in-
dex de la main droite sous le nez, ensuite sur la joue
jusqu'à l'oreille, puis en le descendant le long du cou
jusqu'à la clavicule afin déformer l'équerre. On répond
par le même signe, mais avec la main gauche. — L'at-
touchement se donne en s'embrassant réciproquement :
chacun avance son pied droit et se donne un coup de
talon. Le mot sacré est Messias, qui veut dire trésor des
philosophes. Celui de passe ou d'entrée est Oc/z, qui
signifie semence de tous les métaux.
Le candidat va se faire reconnaître par tous les princes,
puis est reçu parle souverain G.*. M.', qui lui dit :
— Par le pouvoir que j'ai reçu et du consentement
unanime de cette auguste assemblée, je vous reçois
prince maçon par le T.*. P.*. grade de Chev. de l'Aigle
noir de Rose-Croix d'Allemagne dont vous êtes revêtu
et devenu membre.
220 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
L'orateur lui dévoile alors en ces termes les mystères
du grade :
— La figure de cette loge tracée est un carré long
plus étendu de l'Orient à l'Occident que du Midi au
Nord, parce que le soleil éclaire plus le globe terrestre
dans le premier sens que dans le second, puisqu'il ne
sort jamais au delà des tropiques.
Vous voyez ici, dans le centre, un grand espace cir-
culaire composé de nuages renfermant les cercles du
zodiaque où sont contenues les douze maisons du soleil,
gardées chacune par un des douze mois de l'année ;
chaque mois vous devez rentrer dans la chambre qui
le représente pour y travailler et attirer la visite de
l'astre lumineux vivifiant toute la nature et toute la
matière.
Le soleil doit être reçu par les quatre éléments que
vous inviterez à vous tenir compagnie, car sans eux la
maison serait triste ; vous ferez banqueter le soleil des
mets tirés des animaux et des fruits, qui sont nourris
dans l'intérieur de chaque maison céleste. Si vous
observez toutes ces choses, vous opérerez avec fruit.
Dans le cours de notre travail, il faut considérer la
matière comme morte; le cadavre d'Hiram en est l'em-
blème. Il faut le vivifier et le faire renaître de ses cendres,
ce que vous obtiendrez par la végétation de l'arbre de vie
représenté par la branche d'acacia ; mais vous ne sau-
rez opérer avec fruit, si vous vous écartez de l'équerre
et du compas qu'il faut sans cesse avoir devant vous.
Ces deux bijoux ne sont pas les seuls dont vous
devez faire usage ; ils sont accompagnés des deux ins-
truments indispensables : la balance et la clef. Vous ne
pouvez non plus vous passer de la pentacule, qui ren-
ferme toutes les vertus célestes.
Abandonnons pour un moment, MM.". VV.\ CC*.
l'idée maçonnique et les grades 221
FF.'., le centre mystique de notre loge, traversons la
lune qui doit couvrir nos sacrés mystères et parcourons
l'espace qui l'environne. A l'Occident nous trouverons le
mont Ebron, sur le sommet duquel on éleva les deux
grandes colonnes Jackin et Booz, c'est-à-dire Force et
Beauté, premier principe du grand œuvre que vous allez
entreprendre. La force est représentée par les matériaux
que vous devez employer et la beauté par Y ouvrage
qu'ils nous produiront.
La colonne Jackin était dédiée à Dieu, tout venant
de lui; c'est ce que vous êtes présentement, puisque
vous allez commencer à travailler. Vous deviendrez
compagnons quand vous commencerez à connaître la
beauté de la matière élémentaire ; enfin, vous devien-
drez maîtres quand vous aurez placé dans votre plan-
che la route fixe du soleil.
A l'Orient, nous voyons ungrand aigle, roi des ani-
maux de l'air, le seul qui puisse fixer l'astre radieux, car
la matière de sa nature n'a point de forme ; c'est la forme
qui développe la couleur ; le noir, c'est la matière hors
d'œuvre. Change-t-elle de couleur ? elle reprendra une
forme nouvelle, et un soleil des plus brillants en sortira.
De même que la naissance du soleil est annoncée par
l'étoile du matin, l'étoile flamboyante dans sa rougeur
est accompagnée par la fraîcheur argentine de la lune.
Dans le plan de la loge, vous découvrirez une pierre
brute, matière informe qu'il faut préparer, une pierre
cubique à sommet pyramidal, et la matière dévelop-
pée : le sel et le soufre.
L'équerre, le niveau, la perpendiculaire et le maillet
vous serviront à construire les maisons du soleil par où
vous devez faire passer la matière informe. Aussi fau-
dra-t-il les construire avec règle et préparation ; sans
cela l'esprit de vie ne saurait s'y loger.
222 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
Avec tous ces instruments vous construirez le grand
autel sur lequel brûlera le feu tiré du ciel, et le grand
bassin servira à vous purifier les mains , le corps et tout
ce que vous toucherez pour opérer avec fruit. Soyez labo-
rieux comme le castor et cachez-vous comme la chouette,
afin de bien travailler à l'abri des regards des curieux.
Le souverain G.*. M.\ ajoute à son tour :
— Chevaliers, princes nouveaux reçus dans l'ordre
des chevaliers de l'Aigle noir, lorsqu'on vous mit en
réflexion, vous aperçûtes du pain, de l'eau, du sel, du
soufre, un coq et un sablier, avec ces mots : Patience et
persévérance ; matières symboliques et faciles à expli-
quer.
Par le pain et l'eau, on vous marque la sobriété dans
vos repas ; par le sel, les bonnes mœurs que vous
devez avoir pour vous conserver parmi les hommes ;
par le soufre, Y ardeur secrète que vous devez avoir de
parvenir à la science kabbalistique en formant votre
esprit à savoir promptement tous les instants où la
lumière vous éclairera ; par le coq, la vigilance dans
toutes vos œuvres, et le sablier désigne le temps que l'on
doit employer au travail qui doit être compté par
heures et par minutes. Aidons donc les nouveaux che-
valiers à découvrir le principe de vie renfermé dans le
cœur de la matière première connue sous le nom
d'Alkaest.
Puis le souverain G/. M.*, fait l'instruction du grade
par un dialogue avec les surveillants. De ce dialogue il
résulte que le souverain G*. M.', se tient à l'Orient
pour y attendre l'arrivée du soleil et l'accompagner dans
ses douze maisons célestes dont les honneurs sont faits
par le Grand Architecte de l'Univers lui-même, sous
douze noms sacrés, tirés chacun des douze lettres du
grand nom de Dieu en hébreu : Getimoaljeam.Les douze
l'idée maçonnique et les grades 223
maisons sont partagées en quatre parties égales qui
sont les quatre saisons de Tannée, qui expliquent l'uti-
lité du travail.
Dans ce travail on doit employer les quatre éléments
et les trois règnes de la nature qui, pour être utilisés
convenablement, doivent être pris dans leurs vraies
saisons, pour que le genre humain puisse y trouver
d'immenses trésors.
Adonaï, le plus puissant nom de Dieu, met tout l'uni-
vers en mouvement ; le chevalier qui serait assez
heureux pour le prononcer kabbalistiquement aurait à
sa disposition les puissances qui habitent les quatre
éléments et les esprits célestes ; il posséderait aussi
toutes les vertus utiles à l'homme et parviendrait avec
leur concours à la découverte du premier des métaux
qui est le soleil, qui provient de l'alliance intime des
six métaux (1) inférieurs, dont chacun contient la
semence, et la fournit dans le lit nuptial.
Les six métaux inférieurs, le plomb, l'étain, le fer,
le cuivre, le mercure et l'argent, sont symbolisés par
Saturne, Jupiter, Vénus, Mercure et la Lune ; l'or-
soleil, le premier des métaux, est placé en leur centre,
bien que physiquement il ne soit point un métal, car il
est tout esprit et par là incorruptible, et c'est pour ces
raisons qu'il est l'emblème de la Divinité, incapable
d'aucune altération.
Pour parvenir à allier les six métaux et à n'en faire
qu'un seul qui ne soit point un métal, on se sert de la
règle et de la balance que Salomon a laissées dans son
traité précieux de ses Clavicules kabbalistiques. La
Kabbale est la pratique secrète des hautes sciences ou
(1) Salive, suc gastrique, suc intestinal, bile, sang, lymphe et
moelle, toutes matières condensées dans la semence.
224 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
connaissance des secrets de la nature et de la grandeur
de Dieu.
Pour sa balance, Salomon se servait de 25 nombres
sous-divisés de la façon suivante : 1, 2, 3, 4, 5, qui
contient 25 fois l'unité ; 12 fois 2, 8 fois 3, 6 fois 4 et
5 fois 5.
Sept philosophes ont donné la clef de cette balance :
Albumasaris, Pythagore, Ptolémée, Antidonis, Platon,
Aristote et Hali. Chacun d'eux s'est attaché à un
métal, ils en ont fait un traité et en ont donné la
mesure, la règle et la balance pour les mettre en œuvre,
et chaque traité est sous la domination d'un génie élé-
mentaire. Les métaux et les génies correspondants
sont: Plomb, Aratron ; Etain, Retor ; Fer, Phalech ;
Or, Och ; Cuivre, Hagit ; Mercure, Aphiel, et Argent,
Hali.
Pour fabriquer l'Alkaest, esprit ou dissolvant, inventé
par Van Helmont, il faut commencer par travailler à
l'alliance des quatre éléments simples dont tous les
êtres sont composés et les trois règnes de la nature
chacun dans leur saison, renfermés dans chacune des
maisons du soleil en commençant par celle de Mars,
parce que c'est par elle que commence l'année dans la
philosophie hermétique et en astronomie. On prépare
mystérieusement les trois productions de la nature avec
le feu élémentaire tiré de la matière première par
attraction et force centripète des mixtes, mises en diges-
tion dans le fourneau économique allumé par les quatre
vents.
Ce trésor produit des trésors immenses pour l'huma-
nité et qui dureront autant que le monde. Il n'y a que
les vrais maçons qui puissent participer au Grand
Œuvre, et encore bienpeu y parviennent-ils.
l'idée maçonnique et les grades 225
Si étrange que cela puisse nous paraître, des gens
qui n'étaient pas stupides ni de mauvaise foi s'amu-
saient ù ce jeu étrange à la fin du xvme siècle ; le
marquis de la Rochcfoucauld-Bayer(l), un des auteurs
de ce rituel, était un Fort honnête homme, qui ne songea
pas un instant à fronder la royauté, ni à attaquer la
religion. Et cependant, depuis 1776, il était G.*. M. \ du
rite écossais philosophique. En 1780, il était membre
delà Candeur à l'Orient de Paris, et en 1787 député au
G.-. 0.*. de Saint-Jean-d'Ecosse de l'Indulgente Amitié
à l'0.\ de Barbezieux, et vénérable du Contrat social à
l'0.\ de Paris ; il est vrai que, l'année suivante, il fut
remplacé dans ces dernières fonctions par le comte de
Gand.
Quelque singulière que soit l'initiation au grade de
Rose-Croix ordinaire, celle des Réaux-Croix, autre
variété du même grade, est encore plus bizarre. Dans
sa correspondance avec le prince Charles de Hesse et
avec le duc Ferdinand de Brunswick, Willermoz, qui
avait été admis Réau-Croix par Bacon de la Chevalerie,
délégué de Martines de Pasqually, définira ce grade, et
une lettre de Pasqually expliquera comment on devait
le conférer (2).
Pour les Réaux-Croix, l'Angleterre est bien la patrie
de la f.\-m.\, et Cromwell aurait trouvé l'ancien institut
des architectes d'Orient, conservé dans le palais de
Whitehall, mais il l'aurait mal interprété . Cet institut
avait été fondé par les F. R. A. C. X. (Fratres Roseœ et
(1) Jacques-Louis de La R.-B. (1717-1797) avait épousé, par con-
trat du 18 août 1750, Suzanne Poictevin du Plessis- Landry. En
1789, il habitait 110, rue de Vaugirard, et touchait une pension de
4 000 fr. en qualité de colonel réformé des grenadiers royaux du
Poitou.
(2) Dans le tome II nous reviendrons sur l'histoire des Réaux-
Croix. Voir, Gould, III.
LA FRANC-MACONNERIE. — T. I. 15
226 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
aureae cruels Christ ïani) qui font remonter leur origine
à un prêtre de Sérapis, nommé Ormus, qui vivait vers
l'an 46, au temps où saint Marc évangélisait l'Egypte.
Ormus ayant été baptisé, adapta les doctrines secrètes
des Egyptiens aux enseignements du christianisme.
En l'an 151, des Esséniens et des juifs convertis et
savants dans les sciences occultes, se joignirent aux
Ormusiens conservateurs des mystères de Moïse, de
Salomon et d'Hermès. Ces doctrines furent transformées
au vie et au vne siècle et n'ont pas changé depuis En
1188, quand Jérusalem fut reprise, trois adeptes vinrent
en Ecosse et perpétuèrent l'Ordre, qui ne comportait
que peu d'initiés. Cromwell aurait été Réau-Croix. D'a-
près Charles de Hesse, les R. f d'Occident ainsi que les
f. \ moraves étaient sortis d'une branche de ces Réaux
f , mais ils avaient des connaissances très inférieures à
celles des Réaux-Croix, qui étaient infiniment sublimes.
Willermoz donne de curieux détails dans une lettre
qu'il adresse au prince de Hesse, le 20 octobre 1780.
Il explique que, bien qu'ayant fait suivre sa signa-
ture du signe R. f, il n'est pas Rose-Croix, mais
Réau-Croix : « J'admets, écrit-il, beaucoup des connais-
sances des Roses-Croix, mais leur base est toute de la
nature temporelle ; ils n'opèrent que sur la matière
mixte, c'est-à-dire mélangée du spirituel et du matériel ;
et ont par conséquent des résultats plus apparents que
ceux des Réaux-Croix, qui n'opèrent que sur le spirituel
temporel et dont les résultats se présentent sous forme
de hiéroglyphes. »
Dans chaque groupe de Réaux-Croix il y a un chef
plus puissant que les autres. Sur toute la surface de la
terre il n'y a que 7 chefs, sans compter le chef suprême.
Pasqually en aurait connu un en Italie et un autre en
Asie. Willermoz dit ne posséder sur tout que des con-
l'idée maçonnique et les grades 227
naissances théoriques , son initiateur (Pasqually)
l'ayant élevé rapidement et l'ayant, peu après, quitté
pendant de longues années : « Il devait revenir en
France pour achever mon instruction, quand il mou-
rut. Celui que je crois son légitime successeur (le fils
de Pasqually) a encore bien des années à attendre pour
reconnaître les vertus qui ont été mises en lui et encore
plus pour être utile aux autres, étant encore très jeune.
« J'ai été établi pour conserver le dépôt qui m'a été
confié, etplusieurs, par mon ministère, ont eu des signes
certains que la route que je leur traçais était sûre, et
moi-même, quoique moins virtuel pour mon propre
compte que je l'ai été pour autrui, j'en ai reçu quelque-
fois des signes si positifs, si évidents, si convainquants
que je ne puis douter de la vérité des principes. »
Pour Willermoz, c'est dans l'ordre des Réaux-Croix
que réside l'ordre par excellence dans toute la force du
terme (Réau, puissant prêtre). Les connaissances per-
dues par la chute de l'homme et rendues par le Christ,
auraient été perdues par les papes. Les vrais Réaux
seuls ont gardé la puissance d'ordination sacerdotale du
culte primitif. Ceux ainsi ordonnés s'appellent Coens.
Voyons maintenant comment on était admis parmi
les Réaux-Croix. C'est Pasqually qui l'explique dans
une lettre à Bacon de la Chevalerie ; nous la repro-
duisons textuellement, y compris les fautes d'ortho-
graphe caractéristiques.
« A Bordeaux, le 2 mai 1768.
« Je réponds T. H. T. R. M. aussi prompteraent que je
le peut à la demande que vous me faites touchant le grade
de Reaux croix que vous voulez donner à notre T. H. T.
R. M. De Villermoz. Je ne me refuserais jamais pour que
ce R. M. soit recompensé à tout égards et même avec sa-
228 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
tisfaction, personne plus que lui le mérite davantage. Vous
me permettrez P. M. de vous faire les observations secrètes
de notre loy abstraite a ce sujet. Vous ne devez point ignorer
que nous ne jouissons en notre qualité d'hommes, d'Image
et de ressemblance divine que de deux choses qui sont
réellement en notre pouvoir qui sont les différents actes
cérémoniaux de nos opérations qui sont au nombre de
quatre auxquelles il nous est donné une seule puissance a
chaque, qui font quatre puissances ce qui complette avec
les quatres cérémonies le nombre infini de huit. Toutes ces
choses nous sont données avec précision d'heures, de jours,
de semaines, de mois, de lunes et d'années. Et que par ce
moyen en suivant scrupuleusement ce qui nous est prescrit
par Dieu même, nous osons nous attendre à un succès plus
considérable de nos travaux que lorsque nous en sortirons.
Vous savez que je vous ai toujours dit qu'il n'était point
en mon pouvoir de satisfaire entièrement l'homme a ce sujet
et qu'à Dieu seul appartenait cette sublime opération.
A toutes ces choses prés, T. P. M. comment pouvoir
nous promettre quelque succès en faveur du candidat que
vous voulez admettre à une opération hors de son tems, un
fruit prématuré est hors de saison, une opération de prin-
cipe faite hors de son tems est sans fruit. Vous me re-
pondrez à tous cela comment faire ? Je lui ai promis.
Je dirai a cela tempis, vous avez mal promis, ces
sortes de choses sont-elles en votre pouvoir ? Indiffé-
remment cela ne se peut d'aucune façon si nous ne sui-
vons scrupuleusement ce qui nous est prescrit. La pré-
cision de la cérémonie ne suffit pas seule, il faut encore une
exactitude et une sainteté de vivre au chef qui mène les
cercles d'adoption inllecte (sic) il lui faut donc une prépara-
tion spirituelle faite par la prière, la retraite et la moration,
vous avez sçu comment je me suis comporté a Paris a cet
égard. Cependant je ferai mes efforts pour abandonner mes
affaires domestiques afin de me disposer a vous fortiffier
dans votre opération, pour recompenser le zèle et les tra-
vaux laborieux au R. M. De Willermoz, que je crois être
digne du succès que je lui désire dans cette opération, il ne
dépendra pas de moi pour qu'il soit satisfait. Qu'il vous
souvienne que c'est le dernier et le premier.
Vous observerez pour cette cérémonie de faire les mêmes
l'idée maçonnique et les grades 220
cercles que je fis pour la réception du T. P. M. de Luzi-
gnem, vous attaquerez l'angle de l'Ouest comme votre chef
angle. Il ne vous est point permis d'attaquer a l'Est directe-
ment, ce tens étant passé. Vous ferez toutes les mêmes céré-
monies, tant en prières qu'en parfum; vous n'offrirez d'autre
holocoste d'expiation que la tête d'un chevreuil mâle, que
vous ferez acheter indifféremment au marché, laquelle tête
sera avec sa peau velue. Vous la préparerez ainsi que l'on pré-
pare le chevreuil avant de l'égorger. Ensuite vous dresserez
trois feux nouveaux. Dans celui qui sera au nord vous
mettrez la tête sans langue ni cervelle mais bien avec les
yeux. Dans celui qui sera au midi vous y mettrez la cer-
velle. Dans celui qui sera à l'Ouest vous y mettrez la langue.
Lorsque le tout brûlera le candidat jettera trois grains de
sel assez gros dans chaque feu. Ensuite il passera ses mains
par trois fois sur chaque flamme de chaque feu en signe de
purification. Ilaurale genout droit a terre et l'autre debout
et dira ensuite ce mot inéfable que vous trouverrez marqué
dans l'écrit cy joint ainsi que leur nombre caractères e'
hyerogliphes lesquels seront tracés devant chaque feu te-
qu'ils sont marqués.
« Si on ne peut avoir une tête de chevreuil, on prendra ls
tête d'un agneau couverte de sa peau. Il faut absolument
que sa peau soit noire sinon l'holocoste serait action de
grâce et non d'expiation. Le candidat fera la cérémonie de
la tête d'agneau ou de chevreuil avant tout autre cérémonie.
Les cercles et l'appartement ou l'on fait l'opération, seront
entièrement préparés ainsi que nous avons jadis fait. Vous
aurez de l'eau comme il convient, vous commencerez votre
opération le onze du courant, vous suivrez le 12 et finirez
le 13 pour que vous vous rencontriez aux jours relatifs ou
manquement de la saison. Par le nombre des jours que je
vous fixe, vous remarquerez le nombre de confusion par y.
Le nombre terrestre et corporel par -^ et par -^ puissance.
Ensuite vous ferez commencer par les invocations or-
dinaires et conjurations entre lesquelles vous joindrez
celle du commandeur d'Orient. Après les trois jours d'opé-
rations faites, vous ramasserez soigneusement les cendres
des trois feux que vous joindrez à celle que je vous ai don-
née. Vous donnerez au candidat un scapulaire pareil a celui
des autres R. f. Vous lui ferez faire un talisman égal aux
230 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
autres, vous assemblerez pareillement vos deux P. M. R. -j-
dont l'un et l'autre feront chaque jour une opération et vous
ferez la dernière, il est égal qui des deux commence.
Vous observerez de faire dire au candida la prière
qui est a la suite des mots d'abord qu'il aura passé les
mains ouvertes sur le feu de l'holocoste, vous aurez de
toutes nécessité deux rechauds un peu grands pour faire
consommer la langue et la cervelle, et celui qui sera
sous la cheminée de la Chambre figurera le Nord, les deux
réchauds figurerons le midi et l'Ouest conformément à l'an-
cien usage, ou Ion portait des caisses grillés pour faire les
holocostes en campagne. Voilà T. P. M. tout ce que je puis
faire en faveur du zèle du R. M. De Willermoz, Dieu fasse
qu'il l'entende et qu'il retire de cette opération tout l'avan-
tage et le succès qu'il mérite. J'abandonne avec plaisir mes
propres affaires pour sa satisfaction ne comptant pas beau-
coup sur la propagation de l'ordre par la lenteur que je lui
voie. Je vous prie d'assurer le R. P. M. de Willermoz de
mon sincère attachement.
« Ne faites fautes de prévenir tous les R. R. M. M. Réaux
Croix de l'opération que vous allez faire a l'extraordinaire,
n'importe qu'ils soient ou non avertis quinze jours d'avance
comme il convient. Si vous n'agissiez point, comme je vous
le dis, les R.-j- pourraient très bien vous refuser la recon-
naissance du R. -}- que vous auriez fait et m'en porter leurs
plaintes pour qu'il ne fut point inscrit dans mes circonfé-
rences se crettes ainsi que dans mon répertoire universel.
Faites écrire par un des R. P. R. f aux T. P. M. de Champol
eon, au T. P. M. de Grainville, au T. P. M. de Luzignem
pour éviter toutes sortes de discution.
« Vous n'oublierez point de faire boire le calice en céré-
monie après la réception et vous donnerez le pain mistique
ou cimentaire a mangera votre Reaux -J* nouvellement reçu
dans la même cérémonie que vous m'avez vu faire. »
On a vraiment peine à croire qu'en plein xvme siècle
il y avait encore des gens se livrant à ces pratiques
surannées et ridicules, surtout lorsqu'on constate que
Willermoz n'était pas parmi les plus exagérés, et qu'en
l'idée maçonnique et les grades 231
dehors de la maçonnerie c'était un brave homme, un
honnête commerçant et un bon père de famille.
11 est un autre rituel également intéressant, c'est
celui de chevalier Kadosch, dont nous n'avons pu trou-
ver aucun exemplaire ancien aussi explicite que ceux
de Rose-Croix et de Réau-Croix que nous venons de
citer. Cependant nous en avons rencontré un qui pour
être moins ancien n'en est pas moins intéressant,
attendu que s'il faut en croire l'auteur, le f.\ Fabien
30e. *., le texte qu'il donne est la reproduction d'un
« Rituel ancien formulé à nouveau suivant la pratique
moderne (1) ». Dans ce rituel il est expliqué que « dans
les grades philosophiques, le maçon ne reçoit plus l'im-
pulsion de personne. Dans la première série, il façonne
les cœurs, dans la seconde il façonne les esprits ; voici
que dans la troisième, il façonne les volontés » (p. 13).
Puis il explique au candidat que l'échelle maçonnique
a sept échelons, qui symbolisent: la probité, l'expérience,
la fermeté, la persévérance, la religion, la science, et
enfin le septième échelon « est », dit-il, « celui que tu
gravis maintenant en groupant les sciences et les ver-
tus qui peuvent te rendre apte à gouverner la volonté
des autres en lui faisant accepter ton autorité » (p. 16
et 17). En conséquence, les échelons descendants
symbolisent : les lettres, les sciences proprement dites,
les arts, l'agriculture, l'industrie, le commerce et la
politique.
(1) Paris, Hugonis, près le G.*. Bibl. de l'Institut, N. S. 0.*
19 012.
CHAPITRE VII
LE POUVOIR ROYAL ET LA F.-M. - LES SCHISMES
L'attitude du pouvoir. — Louis XV était-il f.-m.? — Le G.*. 0/. de
Bouillon. — La vieille Bru. — La M.'. L.-. Ecossaise de Marseille-
— ' Le chapitre de Clermont. — Martines de Pasqually et les Elus
Cohens. — St-Jean de Jérusalem et les Empereurs d'Orient et
d'Occident. — La maçonnerie de perfection. — Les Chevaliers
d'Orient. — Le baron de Tschoudy. — Perneti et les Illuminés
d'Avignon. — Chatanier et la Nouvelle Jérusalem des illuminés
théosophes. — La décadence delà maçonnerie.
Si les persécutions sont favorables aux sociétés qui
les subissent, la f.\-m.\ n'aurait guère dû se développer
en France, car elle ne peut sérieusement invoquer les
rigueurs de l'ancien régime pour expliquer l'hostilité
dont elle fera preuve contre la royauté. Nous avons
signalé (chap. v, p. 164 et 173) les bénignes mesures de
police prises contre des f.\-m.\ dont les réunions,
contraires au règlement et quelque peu tumultueuses,
avaient attiré l'attention.
Dans l'Orléanais, leurs nombreuses assemblées in-
quiétèrent l'administration locale, qui, en fin décompte,
ne fit rien pour les disperser. Par le récit que nous allons
faire de ces incidents, on pourra se rendre compte à
quel point l'autorité royale était bienveillante et pater-
nelle (1).
(1) Nous avons extrait ce récit et les documents qu'il contient
d'un ouvrage sur les loges d'Orléans, que l'auteur a cru devoir
retirer de la circulation.
LE POUVOIR ROYAL ET LA P. M. LES SCHISMES 233
Le 2 mai 1711, le procureur du Roi au Présidial, Leelerc de
Douy, qui avait succédé eu 1710 à Legrand de Melleray, adressait
au chancelier d'Agucsscau la dépêche suivante :
« Il se forme depuis quelque temps, en celte ville, une asso-
ciation sous le nom de francs-inuçous, et le nombre en aug-
mente de jour en jour. Ces particuliers s'assemblent jusqu'au
nombre de 30 et 40, dé différents états et conditions, et ne
se retirent le plus souvent du lieu de l'assemblée que dans
la nuit. Le secret inviolable qu'ils s'obligent à garder, et
qu'ils observent en effet, me fait ignorer le motif de pareilles
assemblées ; et, quoique je pense que le plaisir de la table
en fasse le principal objet par les fréquents repas qu'ils se
donnent les uns aux autres, je craindrais les suites de cette
union, si l'on n'y remédiait dès sa naissance. De pareilles
assemblées, quoique innocentes dans leurs commencements,
peuvent devenir un jour criminelles, et toutes les lois du
royaume s'accordent à les proscrire comme pouvant être
préjudiciables au repos et à la tranquillité de l'Etat.»
Il demande des ordres; en conséquence le chancelier écrit à
Guillaume-François Joly de Fleury, qui était alors procureur
général au Parlement de Paris, le 4 mai 1743 :
« Par les différents avis qui me parviennent des provinces,
je vois que le mystère ou la folie des f.\-m.\ se répand dans
beaucoup d'endroits, et que c'est une maladie qui devient
contagieuse. Toute association, de quelque genre qu'elle
soit, est toujours dangereuse dans un Etat, et surtout quand
on y mêle un secret et une apparence de religion, qui pour-
rait bien cacher beaucoup de libertinage. Je crois donc que
vous jugerez à propos d'approfondir la vérité des faits que
noire substitut explique, et de prendre les mesures néces-
saires pour dissiper cette nouvelle troupe qui se forme à
Orléans. »
Le procureur général demanda des éclaircissements et, le 15 mai,
Leelerc de Douy lui répondit :
«...Ils forment entre eux un corps composé de gens de
différents états et conditions, unis entre eux par des liens
d'une confraternité réciproque, qui ne leur permet plus que
234 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
de s'appeler du nom de frères. Le noble et le roturier,
l'officier et l'artisan, honteusement confondus, jouissent
ensemble des mêmes avantages. La qualité d'homme qu'ils
envisagent seule les uns dans les autres, qui les rend tous
égaux par la nature, leur fait oublier toute distinction de
rang et de naissance, et même de religion, puisqu'ils ne
feraient aucun scrupule de s'associer l'hérétique, l'infidèle,
l'idolâtre ; je le sais d'un f.\-m.\ étranger qui m'en est
convenu, et je craindrais fort que cette association ne fut un
jour préjudiciable à la religion, si elle ne l'est aussi à VEtat,
puisqu'il est difficile de porter des coups à la religion, que
l'Etat, par un contre-coup inévitable, ne s'en ressente aussi,
et, si je ne me trompe, dans l'idée que je me fais des maximes,
quoiqu'austères en apparence, qui servent, selon eux, de
fondement à leur association, et qu'ils doivent s'étudier à
réduire en pratique, je n'y aperçois rien que de propre à
former Vhonnète homme païen ;je n'y trouve point le chrétien
et le catholique. »
Après de nombreux et très exacts détails sur les réceptions et
les rîtes, il termine ainsi :
« J'apprends en ce moment que les assemblées des f.\-m. .
sont fréquentes, qu'elles sont portées bien avant dans la
nuit et que les associés ne se retirent même le plus souvent
qu'au jour. »
L'affaire n'eût pas de suite, probablement grâce à l'interven-
tion de M. de Beauclas, substitut de Joly de Fleury et qui était
f.-.-m.'..
On se borna donc le 5 juin 1744 à renouveler les défenses de
1737.
11 est singulier de constater d'autre part l'attitude
des f.\-m.\ à l'égard de la personne du roi. A lire leurs
panégyriques, il semblerait que ce sont eux qui lui ont
donné le surnom de Bien-Aimé. Il est le meilleur, le
plus grand, le plus vertueux des princes; sous son règne „
on voit renaître l'âge d'or.
LE POUVOIR ROYAL ET LA F. -M. — LES SCHJSMES 235
Voici ce qu'on chante dans la très vénérable confré-
rie des francs-maçons en 1752 (1) :
Sous l'auguste Louis, dont l'amour le plus tendre
Couronne les vertus, que ne doit-on attendre ?
En lui l'humanité prodiguant son Trésor,
Ouvre, par l'Esprit Saint, l'entrée au siècle d'or.
Dans les papiers de l'abbé Pingre, f.\~m.\ des plus
militants (bibl. Sainte-Geneviève, 2484), nous trouvons
des manifestations de tendresse encore plus vives.
Voici ce qu'il écrit sur Louis XV, lorsque ce prince
posa la première pierre de l'église Sainte-Geneviève :
Lorsque le sceptre en main Louis dicte des lois,
Dans son maître un Français bénit un tendre père :
Si, pour fonder un temple il prend en mains l'équerre,
Dans son frère un maçon voit le plus grand des rois.
Vient ensuite une poésie latine (2) dont voici la tra-
duction :
« O vous par qui notre Art vraiment Royal doit, après
avoir dissipé les ténèbres, répandre une lumière toujours
nouvelle sur la postérité la plus reculée, vivez longtemps,
et que vos années multipliées soient toujours marquées
au sceau du bonheur. Vivez pour vos peuples, ils ne
peuvent être heureux sans vous. En affermissant les traités
d'une paix désirée, vous faites fleurir toutes les sciences,
les arts n'imitent pas seulement, ils surpassent la nature; le
commerçant, en sûreté sous vos auspices, vole sans crainte
aux extrémités de l'univers. Par vous la religion conserve
toute sa splendeur; sous vos lois, Thémis rappelle tout aux
poids d'une balance aussi ferme qu'équitable ; la piété et la
foi osent montrer leur front auguste, une juste vengeance est
le prix certain de tous les crimes. O le meilleur des rois,
(1) Morphée Franc-maçon, Jérusalem, MDCCLII, p. 91.
(2) En tête la dédicace suivante : Ludovico dilectissimo lapidem
ad normam exigenti.
236 LA FRANC-MAÇONNERIE EX FRANCE
par qui les Français voient renaître le siècle d'or, puissiez-
voils vivre heureux pendant un nombre de siècles égal à
celui des canons que les maçons ont tirés en votre honneur
dans toute l'étendue de l'univers, à celui des éloges que
l'assemblage de toutes les vertus vous a mérités, à celui des
citoyens dont la tranquillité est nécessairement liée avec la
conservation du vrai Père de la Patrie. »
Peut-on conclure de ces citations que ce plus grand
des rois dans lequel le maçon voit un frère, léquerre en
main, était également f.\-m.\? Il est très probable que
Louis XV ne fut jamais initié, mais on peut croire
qu'il accepta le titre de protecteur insigne de l'ordre.
Alors que, dans toute l'étendue de l'univers, les
maçons tiraient le canon en son honneur, c'est-à-dire
buvaient à sa santé, peut-on accuser Louis XV d'avoir
persécuté la f.\-m.\? Assurément non.
D'autre part, le grand nombre de schismes qui na-
quirent de 1745 à 1771, la disjonction de ces nombreux
régimes, prouvent au contraire que l'ordre avait toute
licence pour se développer.
Enumérons donc les plus importantes de ces petites
églises.
Sans être téméraire, on peut supposer que les divers
régimes jacobites sont sortis du Grand Orient de
Bouillon, bien qu'on ne puisse en faire la preuve
absolue.
Les ducs de Bouillon, ainsi que nous l'avons vu dans
le chapitre iv, ont été, pendant tout le xvme siècle, sous
l'influence directe des Stuarts. Charles-Edouard est
constamment à Navarre, en Normandie, à Bouillon,
dans le Luxembourg, à Sedan ou à l'hôtel Bouillon du
LE POUVOIIl ROYAL ET LA F. -M. — LES SCHISMES 237
quai Malaquais, et Ramsay, après avoir élé le précep-
teur du fils du duc de Bouillon, devint l'intendant du
père.
Or, comme le duc de Bouillon fonda un régime spé-
cial, et que de son côté Ramsay faisait remonter la
maçonnerie à Godefroy de Bouillon, c'est-à-dire à
l'époque des Croisades, on est en droit de supposer
que ce rite nouveau fut l'œuvre de la collaboration de
ces deux personnages. On ne sait pas exactement à
quelle époque lut installé cet Orient. Ragon prétend
qu'il n'existait plus en 1774, et précisément, d'après
Tliory, au cours de cette année, il constituait plusieurs
loges ; plus loin nous citerons une patente de cet
Orient, datée de 1780.
Le siège de ce régime était à Bouillon ; le duc en
était le grand maître avec le titre de Protecteur, ainsi
qu'il résulte du sceau de cet Ordre autour duquel était
inscrite la légende suivante : Godfredns, Deigratia, Dux
Bulloniensis, Prolector. Les constitutions étaient déli-
vrées au nom de la G.*. L.\ Royale d'Edimbourg. Parmi
ses membres, tous gens de haute naissance, figuraient
les Rohan. D'après un diplôme donné en 1780 (1), par
la T.*. R.\ L.\ Ecoss. de St-Jean sous le titre distinctif
de St-Charles de la Parfaite Harmonie, du G.'. 0.*. de
Bouillon, à Jean Bagge né à Bergen (Norwège) les hauts
officiers étaient : le prince Camille de Rohan, le prince
de Guemené, le duc de Montbazon, Jobard, Linotte, etc.
A la fin du xvne siècle et au commencement du
xvme, un Bouillon avait été en lutte ouverte avec
Louis XIY. Emmanuel-Théodore de la Tour d'Auver-
gne, cardinal de Bouillon (2), avait, pendant la guerre
(1) Catal. Tross du 27 mars 1863, n° 68.
(2) Né à Turenne, le 24 août 1644, mort à Rome en mars 1715.
238 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
de la succession d'Espagne, entretenu des correspon-
dances coupables avec Marlborough, Orrery, Galloway,
etc., et avait dû quitter la France en 1710 ; décrété de
prise de corps par le Parlement, il vit mettre le séquestre
sur ses abbayes. Après avoir erré en Europe, envoyant
à tous propos des mémoires justificatifs, il parvint à
obtenir la restitution de ses revenus et mourut à Rome
dans une profonde retraite. Depuis cette époque, les
ducs de Bouillon figuraient parmi les seigneurs qui
n'avaient pas pris leur parti de la suppression des
grandes puissances féodales et avaient reconnu la
royauté française avec une arrière-pensée et le regret
d'un passé déjà lointain. Cependant, Charles-Godefroy
occupa les fonctions de grand chambellan du roi
Louis XV à partir de 1728 jusqu'à sa mort (1770).
Charles Godefroy avait eu deux fils.
Emmanuel-Théodore, prince souverain de Bouillon,
se maria quatre fois. De son premier mariage avec une
La Trémoille il eut deux fils et cinq filles ; un fils du
deuxième lit mourut en bas âge ; deux filles de son troi-
sième et de son quatrième lit épousèrent l'une le
prince de Soubise, l'autre le prince de Beauvau.
Ses deux fils du premier lit, Frédéric-Maurice-Casi-
mir, prince de Turenne, grand chambellan (1723), et
Charles-Godefroy, vicomte de Turenne (1706-1771),
épousèrent successivement Marie-Pauline Sobieska, et
par leur femme étaient par conséquent alliés aux
Stuarts, Jacques III ayant épousé une Sobieska.
Charles-Godefroy, le G.\ M.-, du G.*. 0.'. de
Bouillon, était un des princes les plus titrés de France.
En dehors de sa souveraineté de Bouillon, il était duc
d'Albret et de Château-Thierry, comte d'Auvergne,
d'Evreux et de Bas-Armagnac, baron de Montgacon,
Caullac, Oliergues, seigneur de Crégny, Senis, Fres-
LE POUVOIR ROYAL ET LA F. -M. — LES SCHISMES 239
seins, Vawercourt, pair et grand chambellan, gou-
verneur et lieutenant général pour le Roi du haut et
bas pays d'Auvergne, mestre de camp, et depuis 1748
grand chambellan en survivance.
De son mariage avec sa belle-sœur Marie Sobieska
(1724) il eut un fils et une iille qui épousa Jules
Mériadec deRohan.
Le fils Godefroy-Charles-Henri, qui lui succéda
dans ses titres et dans sa G.*. M.*. (26 janvier 1728-
3 novembre 1792), mourut non pas à l'étranger, mais
au château de Navarre .
C'est lui qui reconnut comme membre de sa famille
Théophile - Malo Corret de Kerbeaufïret, connu plus
tard comme premier grenadier de France, sous le nom
de la Tour d'Auvergne (1).
Godefroy-Charles-Henri se maria deux fois : la pre-
mière fois il épousa Mlle de Marsan, de la maison de
Lorraine, et la seconde fois Mlle de Banastre, dont il
n'eut pas d'enfants (2).
De son premier lit il eut trois fils et une fille. Les
trois derniers moururent en bas âge (3).
L'aîné, Jacques-Léopold-Charles-Godefroy, qui fut le
dernier duc de Bouillon (15 janvier 1746-7 février
1802), était né sans jambes et on avait dû l'élever dans
un fauteuil. Le jour de son mariage avec la princesse
de HesseRheinfelsRothenbourg(1766), «ondutlepor-
(1) Il était descendant illégitime de Henri de la Tour vicomte
d'Auvergne, etc., et de Adèle Court.
(2; Les amours de la duchesse de Bouillon avec Maurice de
Saxe, le comte de Clermont, le marquis de Sourdis, etc., sont
connus.
(3) Il eut aussi de nombreux enfants naturels dont un de la grand',
mère de George Sand, Marie Raniteau, dite Mme de Verrières,
puis Mme de Furcy, actrice de la troupe du maréchal de Saxe.
Ce fils fut connu sous le nom de Beaumont-Bouillon.
240 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
ter dans le lit de sa femme ; ce fut du reste la seule et
unique fois, car il jura le lendemain qu'il ne la rever-
rait jamais de sa vie et tint parole (1) ».
Pendant qu'il faisait des folies pour une demoiselle
Guesse, sa femme avait une liaison publique avec le
prince Emmanuel de Salm-Salm, un des membres les
plus militants de la loge des Neuf Sœurs
S'il mourut sans postérité légitime, il avait eu ce-
pendant un fils de Marthe Serson, dite Mme d'Aubigny,
puis de Moitiers ; ce fils était mort en 1779, âgé de
trois ans (2).
Le dernier duc de Bouillon resta en France pendant
toute la Révolution et ne fut jamais inquiété, malgré ses
titres et son immense fortune. Faut-il attribuer cette
bienveillance des pouvoirs jacobins à ses infirmités ou à
ses origines maçonniques ? Un membre de sa famille,
Godefroy de Beaumont-Bouillon, dit le chevalier de
Beaumont, abbé et avocat au Parlement (1750-1823),
fut, de 1780 jusqu'à sa mort, un des membres influents
de la maçonnerie.
En 1747 ou 1748, deux officiers de Charles-Edouard,
sir Samuel Lockhartet Barnewal, vicomte de Kingston,
fondèrent à Toulouse un régime nouveau, sous le titre
d' « Ecossais fidèles », connu par la suite sous le
nom de Vieille Bru (3).
(1) Il avait adopté Jacques-Léopold-Charles-Godefroy de la
Tour d'Auvergne, pauvre lieutenant de vaisseau de la marine
anglaise.
(2) Voir Vte Révérend, Annuaire de la noblesse.
(3) Voir, dans la seconde partie, l'historique de cette loge.
LE POUVOIR ROYAL ET LA F. -M. — LES SCHISMES 211
A la tète de ce régime siégeait un consistoire com-
posé de trois chapitres, dont les membres s'appelaient
menatzehims, ou chefs suprêmes. Le premier chapitre
comprenait les grades d'apprenti, de compagnon, de
maître et de maître d'art ; le second suivait le système
templier (Ransay) ; il comprenait quatre degrés d'élus ;
le troisième comprenait les initiés à la maçonnerie
scientifique (kabbale, alchimie, etc.).
Le G.'. 0.*. ne voulut pas reconnaître la Vieille Bru,
et plus tard, lorsque « les Ecossais fidèles » devinrent
« Napoléonmagne », cette loge demanda, mais en vain,
de faire dater sa fondation de 1747. L'authenticité de
la patente primitive était douteuse et Napoléonmagne
prit date du 27 mars 1805.
Muni de pouvoirs datés d'Edimbourg du 17 juin 1751,
un Écossais entré en France à la suite de Jacques II,
George de Walnon (1), fonda, le 27 août 1751, une loge
à Marseille sous le titre de Saint-Jean-d'Ecosse, puis céda
ses pouvoirs à un membre de cette loge, Alexandre
Routier, qui les transporta à son tour, le 17 mai
1762, à la loge à laquelle il était affilié, qui prit alors
le titre de Mère loge écossaise de Marseille. Cette
(1) Le 1er juillet 1751, la Perfect Lodge Scotland était dirigée par
Worchester G. M ; S. Egmond, 1er G. Surv* ; G. Oston, 2e G.
Surv1 ; Leicester ; Mansfield et Duvalnons. C'est peut-être de ce
dernier qu'il s'agit.
Cette même année, la Grande Loge d'Ecosse avait à sa tête :
James, Lord Boyd, G. M. ; colonel John Young Dép. G. M. ;
John Douglas, subs1. G. M. ; James Stewart, sen- G. W. ; John
Handerson of Leiston, Jun. G. W. ; Thomas Miln G. Tr. ; John
Mac Dougal G- See; Robert Alison, G. Clk. Les grands stewards
étaient : John Wilson ; John Oswald; John Ros ; Georges Ritchie
et William Mac Lean.
LA FRANC -MAÇONNERIE. — T. I. 1Ç
242 LA FRANC-MAÇONNERIE EX FRANCE
i
loge devint rapidement la rivale de la G*. L.\ anglaise
de France. Elle fonctionna avec activité jusqu'en 1793,
constituant de nombreuses loges en Provence, dans le
Levant et dans les colonies. Lorsqu'elle reprit ses tra-
vaux, le 10 mars 1801, elle prit le titre deM.'.L.'.
écossaise de France ; ses travaux ne prirent fin qu'en
1815.
Parmi les loges fondées par la M. L. Ecossaise de
Marseille figure Saint-Jean-d'Ecosse de la Vertu per-
sécutée, constituée en 1766, à l'0.\ d'Avignon, qui
prit plus tard le titre de Mère Loge Ecossaise du Comtat
Venaissin ; c'est cette dernière loge qui céda ses titres à
la loge de Saint-Lazare à FO.\ de Paris, qui devint
Saint-Jean-d'Ecosse du Contrat social (1).
En 1752, fut fondé à Paris un régime maçonnique
qui a laissé peu de traces de sa constitution et de son
fonctionnement, bien que divers rites paraissent s'être
inspirés de celui qu'il pratiquait.
Le Souverain Conseil Sublime Mère Loge Ecossaise
du Grand Globe Français, qui modifia son titre pour
devenir le Souverain Conseil Sublime Mère Loge des
Excellents du Grand Globe Français, octroyait les plus
hauts grades. La déclaration du duc de Luxembourg du
1er mai 1772 permet de supposer que ce frère actif en
faisait partie. En 1780, le conseil des Empereurs d'Orient
et d'Occident s'empara du titre sous le nom de Su-
blime Mère Loge Ecossaise du Grand Globe Français,
Souveraine G.*. L.\ de France.
(1) Voir la liste des loges constituées par cette puissance dans
l'historique des loges.
LE POUVOIH ROYAL ET LA F. -M. — LES SCHISMES 243
Les dissentiments qui divisaient les loges de Paris
et leur mauvaise composition provoquèrent la for-
mation d'un groupement nouveau. Un ardent partisan
des Stuarts, le chevalier de Bonneville, fonda à Paris, le
24 novembre 1754, un chapitre auquel il donna le nom
de Chapitre de Cleumont, du nom du G.*. M.', sous
les auspices duquel il s'était placé. Les membres de ce
régime, qui faisaient partie des personnages les plus
distingués de la cour et de la ville, se réunissaient dans
le superbe local de la Nouvelle France (faubourg Pois-
sonnière) qui servait aussi aux réunions des Fendeurs
du chevalier de Beauchaine. Ce chapitre n'eut qu'une
existence éphémère, mais il acquit néanmoins une
grande puissance et une haute réputation ; on y suivait
le régime de Ramsay-Bouillon. C'est là que le baron de
Hund reçut les hauts grades et qu'il puisa les principes
de la doctrine de la Stricte Observance ; c'est lui qui
transforma les chevaliers du Temple (de Salomon) en
Templiers. Dans ce régime se serait fondue l'autre
branche delà maçonnerie jacobite connue sous le nom
de Souverain Conseil Sublime Mère Loge du Grand
Globe Français, dont on ignore les actes.
On confond généralement le chevalier de Bonneville,
soit avec Nicolas de Bonneville, né en 1722, et qui
depuis 1779 touchait une pension de 3.000 fr. pour
retraite en qualité de lieutenant-colonel du régiment
de Commissaire-Général-Cavalerie, avec rang de mestre
de camp, soit avec Nicolas de Bonneville, homme de
lettres et libraire, auteur des Jésuites chassés de la
maçonnerie brisée par les maçons et des Jésuites
retrouvés dans les ténèbres (3 vol. 1788), sans remar-
quer que ce dernier, illuminé de Weishaupt, né en
1760, ne pouvait fonder un chapitre en 1754.
Le fondateur de ce régime était le chevalier Chris-
244 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
tophe de Bonneville, né en 1724, lieutenant en second
au régiment de Royal-Roussillon (1), membre de l'Union
Fraternelle à l'0.\ de ce régiment (2).
Le rite des Elus Cohens, composé en 1754 par Mar-
tines Pasqually, ne semble pas avoir une origine jaco-
bite ,mais il fut adopté par un certain nombre de loges
de ce régime. Pasqually passa sa vie à enseigner dans
les loges et sociétés mystiques une espèce de religion
qu'il disait tenir d'une ancienne tradition. Il voulait
réunir tous ses adeptes épars dans une vaste organi-
sation et il aurait été le grand prêtre d'une religion
secrète dont les hauts titulaires étaient désignés par le
titre de Réaux-Croix (3). Il affilia un grand nombre
d'adhérents dans le Midi et en particulier à Avignon,
à Marseille, Toulouse et Bordeaux (4). Il eut moins
de succès à Paris, où il enseigna dès 1768, et où on
ne parvint à former un groupement qu'en 1775. Avec
Pasqually nous sommes en pleine théurgie.
D'après son traité sur la réintégration des êtres
dans leurs premières propriétés, vertus et puissances
spirituelles et divines, Martines était partisan d'une
sorte de panthéisme mystique, affirmé et non démon-
tré : à l'origine, tous les êtres sont contenus dans le
sein de Dieu, auteur de toutes choses et dont la volonté
les dirige dans cette unité, tout en les faisant émaner
(1) En 1789, touchait 550 fr. de pension en qualité d'ancien lieu-
tenant en second au régiment de Royal-Roussillon.
(2) Le vénérable de cette loge était le capitaine comte de Moreton
de Chabrillan, qui joua un rôle important dans la formation de la
garde nationale parisienne, en juillet 1789.
(3) Voir chap. vl, le grade de Réaux-Croix.
(4) En février 1770, Pasqually habitait à Bordeaux chez Car-
valho, juif converti, maison Poiraud, près la porte de la Monnaie.
En avril 1771, il habitait Paris, hôtel des Trois-Rois, rue Montor-
gueil, près la Comédie-Italienne (Papus, p. 48).
LE POUVOIR ROYAL ET LA F. -M. — LES SCHISMES 245
par une effusion perpétuelle sous la forme de chéru-
bins, séraphins et archanges, dont l'expansion pro-
voqua la chute. L'homme créé est donc déchu. Dans
son exil, il aspire à la réintégration et, pour cela, il
doit identifier sa volonté avec celle de Dieu et, par
conséquent, s'annihiler. Les purs esprits peuvent à ce
prix reconquérir l'existence divine.
Mais comme, pour atteindre ce but, il faut l'interven-
tion des esprits qui peuplent l'intermonde, on doit
entrer en relation avec eux. Par gradation, on arrivera
jusqu'à Dieu par la pratique d'un culte mystérieux.
C'est le retour aux traditions de la Kabbale, aux sacri-
fices expiatoires d'animaux.
Il y a neuf degrés divisés en trois classes pour arriver
jusqu'à Dieu :
lre classe: apprenti, compagnon, maître, grand élu
et apprenti Cohen.
2e classe : compagnon et maître Cohen, grand archi-
tecte et chevalier commandeur, ces deux derniers
degrés formant les Elus Cohens.
Enfin la classe secrète avec les Réaux-Croix.
C'est la régénération de l'homme par sa réintégra-
tion dans son innocence primitive perdue par le péché
originel.
La doctrine mystique embrasse la création de
l'homme, et les châtiments de son corps, de son âme
et de son esprit, dont on arrivera à la réintégration
par deux opérations successives :
Le postulant, monceau de boue, pour recevoir la
lumière devra s'engager à ne plus toucher à l'arbre de
la science du bien et du mal. Néanmoins il violera
ses engagements et sera précipité dans les flammes,
mais par ses remords il obtiendra le pardon de Dieu.
Dans la seconde phase, il est animé du souffle divin
246 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
et peut connaître alors les secrets les plus cachés de
la nature, y compris toutes les sciences, même la
Kabbale.
Le 12 décembre 1765, la G.'.L*. de France désavoua
les doctrines de Pasqually et refusa de reconnaître les
loges formées par lui. Néanmoins il fit quelques adhé-
rents, et plus tard le G.*. 0.'. devait revenir sur les
décisions de la G*. L.*. en reconnaissant que le rite
des Elus Cohens était celui qui avait conquis le plus
d'élèves et conservé avec le plus de soin le secret de
ses mystérieux travaux.
Les sectateurs prirent le nom de Martinistes et
furent confondus par la suite avec les adeptes de
Saint-Martin, son élève le plus célèbre. Dans leurs
réunions, les Elus Cohens développaient leurs vertus
actives et, par des voies sensibles, on obtenait d'abord
des manifestations d'ordre intellectuel puis la science
des esprits, par des visions d'ordre sentimental, ini-
tiaient à la science des âmes.
« Martinez Paschalis, dit Martinès de Pasqually, et
qui probablement s'appelait Martin Pascalis, juif por-
tugais, fut le fondateur des Illuminés français, des
Elus Coëns ! » Telle est la légende qui a cours sur ce
personnage.
Qui a prouvé que Martin Pascalis était juif et Portu-
gais ? Il a signé parfois Don Martinès de Pasqually.
Or, Don est espagnol ; un Portugais eût signé Dom
Martinès. Le nom de Pascalis n'est pas plus juif que
celui de Portalis ; Pasqually et surtout de Pasqually
n'a rien d'hébreu.
Au surplus, l'acte de baptême (à Sainte-Croix de
Bordeaux) de son fils, reproduit par Papus, établit la
catholicité de Pasqually. Dans cet acte, du 20 juin
1768, le fils est appelé Jean-Jacques-Philippe-Joacin-
LE POUVOIR ROYAL ET LA F.-M. — LES SCHISMES 217
Anselme de La Tour de la Case ; le père, sire Jacques-
Delivon-Joacin La Tour de la Case, Don Martines de
Pasqually, et la mère dame Marguerite-Angélique de
Colas de Saint-Michel. Pasqually se serait marié à
Bordeaux, en septembre 1767, avec Mlle de Colas, fille
du major du régiment de Foix.
En 1769, lors de son procès contre Bonnichon (dit
du Guers), Pascalis prouva sa catholicité.
D'autre part, M. Franz von Baader prétend que
Pascalis est né à Grenoble, paroisse Saint-Hugues
(Notre-Dame), en 1715, et que c'était un simple
ouvrier en voiture.
Pascalis n'est pas né à Grenoble, ni paroisse Saint-
Hugues, ni paroisse Saint-Louis, ni paroisse Saint-
Laurent, ni paroisse Saint- Joseph.
J'ai tout lieu de croire cependant qu'il est originaire
d'une famille de Grenoble et qu'il est fils de Jean-
Pierre Pascalis, maître écrivain, professeur de langue
latine, et de Madeleine d'Alençon. De ce mariage sont
nés :
1° Madeleine, baptisée le 4 avril 1711 à Saint-
Hugues ;
2° Françoise, baptisée le 2 décembre 1712 à la
même paroisse;
3° Marie, baptisée le 5 juin 1721 à Saint-Louis ;
4° Félix, né en 1724 à Saint-Hugues, mort le 3 juin
1727.
On peut supposer que celui qui nous occupe est né
en 1715 dans les environs de Grenoble, et que son nom
est tout simplement Martin Pascalis.
Pasqually, puisque tel est le nom qu'il adopta, s'em-
barqua pour Saint-Domingue à Bordeaux le 5 mai
1772. Il avait, paraît-il, entrepris ce voyage pour
recueillir une succession. Il mourut à Port-au-Prince
248 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
le mardi 20 septembre 1774, laissant un fils qui faisait
ses études au collège de Lescar, près de Pau (1).
Avant de mourir, il désigna pour son successeur son
cousin Armand-Robert Caignet de Lestère, commis-
saire général de la marine à Port-au-Prince depuis
1771.
Parmi les disciples de Pasqually, un grand nombre
parvinrent à la célébrité :
Paul-Henry Thury, baron d'Holbach (1723-1789), le
fameux auteur du Système de la nature ;
Duchanteau ^Touzay) , hébraïsant et kabaliste,
auteur d'un Calendrier magique, convoqué aux con-
vents de Paris de 1785 et 1787, qui mourut des suites
d'une expérience alchimique faite dans la loge des Amis
réunis de Paris. Je ne sais si Duchanteau est le même
personnage que Touzé, vénérable le 28 mai 1777 de la
loge Saint-Nicolas de la Parfaite Union à l'Orient de
Paris, en 1778 secrétaire de la Chambre de Paris de la
G.*. L.\, ou que Touzet, procureur au Ghâtelet, cloître
Saint-Merry, en 1776 membre de l'Etoile Polaire à
l'0.\ de Paris, et en 1774 et 1787 député de la Réunion
des Etrangers 0.\ de Moscou;
Pierre-André de Grainville, créole de l'ile-Bourbon,
capitaine au régiment de Foix (1767-8) et chef de ba-
taillon au régiment de Boulonnais, chevalier de Saint-
Louis, chevalier Grand Profès de la Stricte Observance,
le 26 mars 1785, sous le nom d'Equesa Cruce stellata,
commis voyageur très actif de ce régime en Bretagne,
convoqué aux convents de Paris de 1785 et 1787.
L'abbé Fournier, auteur d'un ouvrage mystique
publié à Londres en 1791 : Ce que nous avons été, ce
(1) Dans un brevet du 29 février 1804 de la Parfaite Réunion à
l'Orient de Paris figure la signature d'un Pascali.
LE POUVOIR ROYAL ET LA F. -M. — LES SCHISMES 219
que nous sommes et ce que nous serons; nous retrou-
verons l'abbé Fournier à La Haye en 1811, parmi les
Illuminés les plus actifs. C'est probablement Dom
Achille Fournier, auteur de Y Histoire de l'homme con-
sidéré dans ses mœurs et dans sa vie privée, Paris,
Leclerc, 1779, 3 vol. in-12 ;
Jacques Cazotte (1720-1792), le célèbre auteur du
Diable amoureux, visionnaire convaincu, qui devait
mourir guillotiné à la suite d'une condamnation inex-
plicable ;
Le comte puis marquis Gabriel de Bèrnège, qu'on
appellera tantôt Berney, tantôt Lerney ou Lernay,
major au service du roi de Sardaigne, qui en 1758
introduisit dans la loge des Trois Globes à l'0.\ de
Berlin les grades du Conseil des empereurs d'Orient et
d'Occident, membre très actif de la Stricte Observance,
où il remplissait les fonctions de grand maître provin-
cial de la vme province sous le nom d'Eques a Turre
aurea ;
Saint-Amand, probablement le même personnage
que Jean-Florimond Boudon de Saint-Amans (1748-
1831), l'ancien correspondant du Musée de Paris à
Agen, membre de diverses académies, en 1809 orateur
des Admirateurs de l'Univers à l'0.\ de Paris, natura-
liste, archéologue, historien, littérateur et agronome ;
D'Hauterive, dont nous n'avons pu déterminer la
personnalité civile ;
Bacon de la Chevalerie, Saint-Martin Willermoz,
de Luzignem, de Loos, etc., sur lesquels nous aurons à
revenir longuement.
Le 4 juillet 1755, des statuts, scellés du sceau mysté-
250 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
rieux du livre rouge avec des fils d'or et d'azur, étaient
dressés par la R.\ L.\ de Saint-Jean de Jérusalem à
l'0.\ de Paris, gouvernée par le comte de Clermont,
G.*. M.*, de toutes les loges régulières de France. Ces
statuts, en 44 articles, devaient servir de règlement à
toutes les loges de France ; ils proclamaient la supré-
matie des grades écossais, en indiquant l'origine jaco-
bite de ce régime, établissant ainsi son hostilité avec
la G.*. L.\ anglaise de France qui ne reconnaissait pas
ces grades (1).
C'est de cette loge que faisaient partie les fonda-
teurs du Conseil des Empereurs d'Orient et d'Occi-
dent.
La loge de Saint-Jean de Jérusalem semble être
entrée en sommeil au moment de la formation du
G.*. 0.'., la plupart des membres du Conseil des Empe-
reurs étant entrés dans la combinaison du duc de
Luxembourg. Mais la G.*. L.\ dissidente la reconstitua
le 3 janvier 1779. Elle eut, depuis cette époque jusqu'en
1813, pour vénérable le f.\ Jeanty, négociant, 14, rue
Poissonnière (2).
Cette loge rentra, sous l'Empire, dans la juridiction
du G.-. 0.-.
Le Conseil des Empereurs d'Orient et d'Occident fut
un des régimes maçonniques les plus importants. Ce
chapitre de hauts grades formé à Paris, en 1758, cons-
tituait loges, chapitres et collèges. Les membres pre-
naient les noms les plus pompeux :
(1) Nous nous rangeons, sur ce point, à lavis de Daruty, contre
Kloss et Findel,qui attribuent ces règlements à la G.-. L". anglaise
de France. C'est à tort que Thory attribue la fondation du Con-
seil des Empereurs à la grande loge du rite ancien et accepté de
Londres.
(2) En 1784, Jeanty était également membre de Saint -Pierre de
la Fidélité des Amis réunis à l'O. de Paris.
LE POUVOIR ROYAL HT LÀ F.-M. — LES SCHISMES 251
Souverains Princes maçons ;
Substitut général de l'Art royal ;
Grands surveillants ;
Olïiciers de la grande et souveraine loge de Saint-
Jean de Jérusalem.
Ce Conseil aurait été fondé par un sieur de Saint-
Gelaire, qui avait déjà introduit en France, en 1757,
l'ordre des Noachites ou chevaliers prussiens ; Saint-
Gelaire prenait le titre d'Inspecteur général des loges
prussiennes.
Pendant que la G.*, et S.'. L.\ de Saint-Jean de
Jérusalem constituait par toute la France des loges de
Perfection, le Conseil des Empereurs créait collèges
et chapitres, et en particulier le collège de Valois et en
1759, à Bordeaux, un Souverain Grand Consistoire des
Sublimes Princes du Royal Secret (1), qui constitua
à son tour plusieurs ateliers.
Malgré l'opposition de la G.\ L.*., plusieurs de ses
membres se font affilier au Conseil des Empereurs :
Chaillon de Jonville, le prince Camille de Rohan,
Daubertin (2), etc.
Le Conseil publie, en 1762, une liste des 25 degrés
(1) Voy. chap. v, Beauchaine et Etienne Morin.
(2) Joseph-Alphonse Daubertin, rue de la Madeleine (Boissy
d'Anglas), vis-à-vis le marché d'Aguesseau, conseiller du roi, gref-
fier, commissaire en chef du Conseil d'Etat privé, caissier de l'ar-
tillerie et du génie. En 1761, G.'. Secret, de laG.'. L.*. et du Sup.
Conseil des Princes parfaits maçons en France, vénérable maître
de Saint-Alphonse O*. Paris, banni de la G*. L.\ en 1765 ; rentré
en grâce en 1771, fut un des signataires de l'acte d'union du 17 sep-
tembre 1772 entre la G'. L.-. et le Conseil des Empereurs ; 2e et
1er surveillant de la Chambre d'administration du G.-. O.-. (1773-
4); secrétaire général de cette Chambre 1 1774-1784). En 1776
député au G.*. O.'. de la Parfaite Amitié O.'. d'Auxonne; de la
Parfaite Fraternité O.'. du Croisic; de la G'. L.-. Provinciale de
la Concorde et de la Parfaite Amitié O.'. de Dijon.
252 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
qu'il conférait alors, et, le 22 septembre de la même
année, le Grand Consistoire des Princes du Royal Secret
adopte à Bordeaux les règlements et constitutions de
la Maçonnerie de Perfection ; ce document fut ratifié à
Berlin le 25 octobre suivant.
Dans ce rite de Perfection dit aussi d'Hérodom, les
25 degrés étaient divisés en sept classes, et pour passer
d'un grade à un autre, il fallait avoir un nombre de
mois déterminé de chaque grade. Pour passer d'ap-
prenti à T.*. 111.'. Souv.*. Prince de la Maçonnerie,
grand Chev. *. Subi.', commandeur du Royal Secret, il
fallait le nombre mystérieux de 81 mois. A l'expiration
de ce délai, le maçon cueillait la Rose mystique
(secret templier).
Ce sont ces règlements qui furent appelés « Les
Grandes Constitutions de 1762 ». Comme ils ne furent
connus en France que lors de la réintroduction du
rite écossais en France par le comte de Grasse-Tilly,
leur authenticité est très discutable, et elle a été du
reste très discutée par les historiens défenseurs du
G.*. 0.'. ennemis de l'écossisme, et en particulier par
Ragon.
En 1762 se produisit une scission dans le Conseil
des Empereurs, un nouveau conseil se forma sous le
nom de Chevaliers d'Orient. Mais à la fin de 1779 les
deux fractions se réunirent et formèrent le Conseil
Suprême des Princes Maçons dont les hauts digni-
taires prenaient le titre de Grands Inspecteurs géné-
raux.
A la tête des mécontents était le frère Pirlet, tailleur
d'habits et vénérable de la Trinité à l'0.\ de Paris.
LE POUVOIR HO Y AL ET LA P. -M. — LES SCHISMES 253
Le baron de Tschoudy était l'auteur de leurs rituels.
D'après le nouveau Conseil, l'initiation maçonnique
remontait aux Egyptiens ; le rite, composé de quinze
grades, s'arrêtait à celui de chevalier d'Orient ou de
l'Epée.
En 1766, le baron de Tschoudy adresse une circu-
laire aux ff/.-m.*. français, pour protester contre la
filiation templière, et il se sépare pendant deux ans de
ce régime, pour fonder l'Ordre de l'Etoile Flamboyante
sur laquelle nous reviendrons plus loin.
A bout de ressources, le 22 janvier 1780, les mem-
bres du Conseil Suprême réunirent à leur régime
l'ancien Grand Globe Français qui était en décadence, et
la réunion de ces trois groupes forma la Sublime Mère
Loge Ecossaise du Grand Globe Français, souveraine
G \ L.\ de France. Malgré ces efforts, les trois régimes
périclitaient et en étaient réduits à proposer par sous-
cription les grades maçonniques à raison de 6 livres
par livraison. Plus tard tous ces débris joindront leurs
infortunes à des groupes que le G.'.O.'. avait délaissés et
formeront le Grand Chapitre général de France (1782).
C'est encore à la suite de mécontentements et de
discussions au sein du Conseil des Empereurs que se
forma un régime nouveau, celui de I'Etoile Flam-
boyante, dont le fondateur était le baron Théodore-
Henry de Tschoudy, sur lequel nous nous arrêterons,
par suite de l'incertitude des historiens sur sa personne
civile.
Les Tschoudy appartenaient à une famille parle-
mentaire, originaire de Suisse et établie à Metz depuis
le commencement du xvie siècle.
254 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
On a confondu Théodore-Henry avec son cousin et
beau-frère Jean-Baptiste-Louis-Théodore, né à Metz
le 15 août 1734 et mort dans la même ville le 7 mars
1784. Capitaine au régiment de Jenner, chevalier de
Saint-Louis, à la mort de son père Claude-Henry, il
avait été bailli de Metz et chef de la noblesse messine.
A la fin de sa vie, il s'occupa de littérature et
d'histoire naturelle. Son fils Jean-Joseph-Charles Ri-
chard a été également confondu avec Théodore-Henry.
Né à Metz le 3 avril 1764, il mourut le 14 août 1822.
Ancien officier général, il était correspondant de la
Société royale et centrale d'agriculture de Paris.
La vie de Théodore-Henry fut plus compliquée que
celle de ses proches.
Né à Metz le 21 août 1727, fils d'un conseiller
d'honneur au Parlement, il débuta dans la carrière
paternelle, mais pendant fort peu de temps, son
humeur vagabonde l'entraînant dans de multiples
aventures. En 1752, Théodore-Henry, après avoir
publié à la Haye, contre la bulle de Benoît XIV, les
Etrennes au Pape ou les f.\-m.\ vengés, se rend à
Rome, sous le nom de chevalier de Lucy, où il publie
le Vatican vengé, apologie ironique, ou Lettre d'un
père à son fils. A la suite de la publication de ce pam-
phlet, il dut quitter Rome, et se réfugia en Russie.
Sans ressources, il s'engagea dans la troupe des comé-
diens français de la tzarine Elisabeth, puis devint
secrétaire particulier du comte Ivan Schouvaloff, sous
le nom de comte de Petlange. C'est sous ce nom
qu'en 1755 il publia le Caméléon littéraire. Il aban-
donna ce journal pour remplir les fonctions de
secrétaire de l'Académie de Moscou, et enfin celles de
gouverneur des pages de la Cour.
Pendant qu'il était auprès du comte Schouvaloff,
LE POUVOIR ROYAL ET LA F. -M. — LES SCHISMES 255
commettant un véritable abus de confiance, il avait
livré à ce ministre une lettre chiffrée, qu'un agent
diplomatique nommé Meissonnier l'avait chargé de
mettre à la poste à l'adresse de Durand, ministre du
roi de France à Varsovie, ce qui avait provoqué l'ar-
restation de Meissonnier.
Obligé de quitter la Russie, Tschoudy eut l'impru-
dence de se rendre à Paris. A peine arrivé, il fut en-
fermé à la Bastille le 16 mai 1756, sur ordre de d'Agues-
seau, et il y resta jusqu'au 2 août suivant, la cour de
Russie, sur la demande de sa mère, étant intervenue
en sa faveur. Il se lance alors exclusivement dans la
maçonnerie messine. Le 5 mars 1764, il préside la loge
Saint-Etienne à l'O.'. de Metz ; mais, en 1765, il donne
sa démission et vient se fixer à Paris, où il se fait affilier
au Conseil des Chevaliers d'Orient.
En 1766, il fonde l'Ordre de l'Étoile Flamboyante com-
posé de grades chevaleresques, remontant aux Croisades
d'après le système templier. C'était un retour au sys-
tème de Ramsay, mais perfectionné par l'expérience,
s'il faut l'en croire. D'après lui, la f.\-m.\ aurait été
fondée par Pierre l'Ermite. Son système aurait été
emprunté à l'ordre de la Palestine, qui existait, dit-on, à
Paris du temps de Ramsay. Tschoudy, dans son Etoile
Flamboyante ou la société des f.\-m.'. considérés sous
tous les aspects, réduit les grades à cinq : Apprenti,
Compagnon, Rose-Croix, Grand écossais de la voûte
sacrée de Jacques VI et Grand Écossais de Saint-André
d'Ecosse, supprimant le grade de maître, sous prétexte
qu'il aurait été inventé uniquement en souvenir de la
mort de Charles Ier.
Tschoudy mourut en 1769, laissant un manuscrit
inédit qui ne fut publié qu'en 1787 : Recueil précieux
de la maçonnerie adonhiramite, dans lequel il préconi-
256 LA FRAXC-MACOXXERIE EX FRANCE
0
sait un système de treize grades comprenant le grade
de maître et ayant pour grade suprême le noachite ou
chevalier prussien.
Un brevet donné à l'abbé Pingre le 25 août 1766
(Bibl. Sainte-Geneviève, Mist. 3031), en nous faisant
entrevoir l'organisation de Tschoudy, nous donne la
liste de ses adhérents.
Nous Sérénissime Lord maître grand corar. duchap.*.
T.*. 111.". de la Palestine, Mtie de la L. S E. de Metz, assisté
de quelques-uns des officiers du 4. f. R. collège fondateur
St-André St-Théodore y établis et de tous les 4. f. R.
collège St-Pierre et de France, par nous exigés en cet Orient,
Certifions que notre T.*. C.\ F.'. Alexandre Guy de Pingre
a été par nous reçu chev. de St-André d'Ecosse et admis au
complément de l'Art Royal, en sa qualité d'apprenti, com-
pagnon et maître, comme tel imbu de toutes les connais-
sances de l'ordre et de droit constitué l'un des chefs d'ice-
luy. Le recommandons à l'amitié et bon accueil de tous nos
collèges correspondants. Sa signature étant en marge pour
la vérification des présentes. Enfoy de quoi les lui avoir fait
expédier signées de nous, contresignées par le com. au
bureau, scellé du sceau du 4 f. R. collège fondateur et de
celui de S.'. L.". M. \ pour par ledit frère jouir de tous les
honneurs, prérogatives et privilèges attachés à sa dignité.
Donné à l'Orient de Paris le 25 août 1766.
F.*. Théodore Henry, baron de Tschoudy, G. Cmr. de la
Palestine S.-. L.'. M.', du Col.'., M.', de la L.*. P. . E.\,
Ch.\ de Tordre du Christ.
Moët, L S. M. du collège Ec.\ de St-Pierre; Puisieux ;
Cretot ; Garrou ; Martin ; Saget ; Loreau; Caseuilh jeune ;
Caseuilh aîné ; Paulinier ; Ledin ; Joubert de la Bourdi-
nière ; Loisel ; Maheu ; De Fosseux; Colson ; Zambault, G.
des Sceaux. — Par mandement: Fouvier, chev. de Palestine.
Antoine-Joseph Perneti naquit à Roanne le 13 fé-
vrier 1716. Il était le neveu du chanoine de Lyon Jacques
D^tv
LA FRANC-MAÇONNERIE. —T. I.
17
258 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Perncti, littérateur (mort en 1777!, et oncle de Joseph-
Marie Perneti, qui fut baron du premier empire,
général de division, pair de France et sénateur du
second empire (1766-1856).
D'après le père du général Thiébault, « Perneti avait
un caractère de modération et de bonhomie tel qu'il ne
se brouillait jamais avec personne, que même il obli-
geait, quand il le pouvait, et qu'il était d'une complai-
sance précieuse dans la société. Il croyait à la kabbale,
aux revenants, aux sortilèges, etc. ; mais, malgré ce ridi-
cule, tout le monde l'aimait ». Entré jeune dans les
ordres, il prononce ses vœux comme bénédictin de
Saint-Maur, à Saint-Germain-des-Prés. La première
œuvre qui soit restée de lui est un Manuel bénédictin
de 1754. Il s'occupa ensuite de beaux-arts et, en 1757,
publia un Dictionnaire portatif de peinture.
Sous l'influence des doctrines de Pasqually, il s'a-
donne à la Kabbale et, en 1758, fait paraître son Dic-
tionnaire mytho-hermétique et les Fables Egyptiennes et
Grecques dévoilées. Persuadé qu'Homère avait appris
l'alchimie en Egypte, il ne voit dans Ylliade que des
leçons allégoriques sur cet art, et dans Y Odyssée, qu'une
peinture des erreurs où tombent les adeptes avant de
parvenir à la connaissance du grand œuvre. Puis il
abandonne provisoirement l'alchimie, part en qualité
d'aumônier en 1763 avec Bougainville pour l'expédition
des Iles Malouines et publie le récit de son voyage.
Rentré à Saint-Germain-des-Prés, la vie monastique lui
paraît lourde et il est un des vingt-huit religieux de ce
couvent qui, le 15 juin 1765, demandent l'abolition de
la règle. Il se rétracte avec ses collègues, le 11 juillet sui-
vant, mais sans changer d'avis. Peu après, il jette le froc
aux orties et se rend, en 1765, à Avignon, où il organise,
en 1766, le régime des Illuminés d'Avignon et crée le
LE POUVOIR ROYAL ET LA P.-M. — LES SCHISMES 259
grade de Chevalier du Soleil ; plus tard, l'Académie
des vrais maçons ou Académie des sages, qui se fonde à
Montpellier, s'occupe sous le régime de Perneti de
science hermétique et porte le nombre des grades à six :
1° Le Vrai Maçon ;
2° Le Vrai Maçon dans la Voie droite ;
3° Le Chevalier de la Clef d'or ;
4° Le Chevalier de l'Iris ;
5° Le Chevalier des Argonautes ;
6° Le Chevalier de la Toison d'or.
Obligé de quitter Avignon, Perneti se rend en Prusse,
où Frédéric II, qui l'a confondu avec son oncle Jacques,
le nomme, en 1767, conservateur de la bibliothèque de
Berlin et membre de l'Académie Royale de cette ville
avec 1.200 rixdales d'appointements. Peu après, il
reçoit le bénéfice de l'abbaye de Burgel, en Thuringe.
Il remplit ces diverses fonctions jusqu'en 1782 ; sa tra-
duction des merveilles du Ciel et de YEnfer, de Sweden-
borg, lui fit perdre la faveur de Frédéric, et il rentra
en France en 1783.
Il était resté en relations avec ses adeptes d'Avignon,
où il revint probablement à plusieurs reprises, car,
d'après Clavel, ce fut lui qui fonda en 1770 la G.*. L.\
Ecossaise du Comtat Venaissin. D'après un manuscrit
conservé à la bibliothèque d'Avignon (n° 3090), de 1779
à 1785, Perneti était en relations avec de nombreux
Illuminés : le comte Grabianca, grand seigneur polo-
nais et sa femme ; Annette et Tècle Grabianca ; la
comtesse Stadnisca ; le comte Tarnovski ; le comte
Ronikier; Borelli ; Catherine Baley ; Morinval ; Louis-
Joseph-Bernard-Philibert de Morveau dit Brumore ;
M1U Bruchié ; le prince Henri de Prusse ; Perneti
Cadet ; de Servières ;"Blainville ; Bouge ; de la Richar-
dière, etc.
260 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
En 1774 et 1775 existait encore une loge irrégulière
(d'après le G.*. 0.'.), sous le titre de Saint-Jean des secta-
teurs de la vertu, qui pratiquait le régime de Perneti.
Cette loge avait pour vénérable un Sr de Saint-Léger,
qui sollicita sa régularisation auprès delà G..\L.\ par
l'intermédiaire de son député François Martin de la
Noue, avocat au Parlement. Cette régularisation fut
refusée, sur l'opposition de Fon vielle.
Il semble que cette loge se soit fondue avec Saint-
Jean d'Ecosse de la vertu persécutée, instituée par
Saint-Jean d'Ecosse à l'0.\ de Marseille le 17 août 1774.
D'après la Chaîne d'union (IV, 417), cette loge existait
dès 1742 comme mère loge, mais tous les papiers la
concernant auraient été saisis par le grand inquisiteur
Mabile, qui fit poursuivre ses membres.
En décembre 1775, de Leutre demanda au G. * . 0 . \ de
reviser les titres de cette loge, dont on trouvait l'anti-
quité exagérée, attendu qu'elle ne put produire les
diplômes qu'elle tenait, disait-elle, du comte de Clermont
et que son vénérable, Saint-Léger, remit des titres pro-
venant d'une puissance maçonnique inconnue ou mé-
connue du G.'. 0.*.
Parmi ses membres figuraient : Pierre Joseph
d'Aulps, marquis de Blacas ; Guignet de Bassinet ;
Charles-Michel-Jean-Louis-Toussaint, marquis d'Ai-
grefeuille (1); Dom Bolindreau, DomChabrier et Dom
Bequar, bénédictins ; de Bassinet d'Augard, cha-
noine ; Baron d'Astier, ami de J.-J. Rousseau ; de
(1) Chevalier de Malte, procureur général à la chambre des comp-
tes et cour des aydes de Montpellier, administrateur du dépôt
littéraire, président du chapitre des hauts grades philosophiques.
En 1806 membre du Choix (H. D. M. de Kg.), vénérable d'honneur
du Phénix 0.\ de Paris, G. off. honoraire du G.'. O.'. (1745-
1818).
LE POUVOIR ROYAL ET LA F. -M. — LES SCHISMES 201
Leutre (1) ; de Falque (2); d'Aymé; de Fonviellc ;
Bertholier, prêtre ; Nalives de Saint-Cyr (orateur en
1788).
Cette loge en constitua plusieurs :
La Parfaite Union à l'0.\ de Villeneuve, le 7 oc-
tobre 1781 ; Saint-Charles du triomphe de la Parfaite
Harmonie à l'0.\ de Paris, le 19 mai 1782 ; la Vraie
Sagesse à l'O.*. de Montpellier, le 27 avril 1773.
Lors de son retour à Paris en 1783, Perneti eut des
démêlés avec l'archevêque, qui voulait le faire réintégrer
son couvent. Il se retira chez son jeune frère, directeur
des fermes à Valence, et de là se rendit à Avignon,
où il fit encore du prosélytisme maçonnique. En 1787,
il avait une centaine d affiliés qui se réunissaient à sa
maison de campagne, appelée le Thabor, près de Bédar-
rides. En 1790, il publia à Paris : Les vertus, le pou-
voir, la clémence et la gloire de Marie, mère de Dieu,
Arrêté en 1793, il est sauvé par le 9 thermidor. Il se
retire de nouveau à Valence, où il continue ses recherches
(1) Bourgeois de Paris, l'un des fondateurs de la M.*. L.\ du rite
écossais philosophique dans laquelle il a rempli les fonctions
de secrétaire (1779), maître parfait Ecossais (1784), député des
Amateurs de la sagesse 0.\ Marseille (1787). Poursuivi en 1793
comme membre du Contrat social, il dut s'expatrier et mourut à
Hambourg, d'après Daruty. Cependant, nous trouvons en 1812 de
Leutre père membre non résident de la Mère Loge Ecossaise. Son
fils, Joseph-Antoine-François, négociant à Lyon, en 1806 était mem-
bre non résident du Choix 0.\ de Paris, sous le nom de R-p-t., et
en 1812 grand inspecteur non résident de la M.*. L." . Ecossaise.
(2) Peut-être est-ce Ernest-Frédéric -Hector Falcke, conseiller et
bourgmestre à Hanovre, reçu profès de la Stricte Observance le
1er novembre 1782, sous le nom de Eques a Rostro, par Ferdi-
nand, duc de Brunswick Lunebourg. Falcke aurait fait partie des
Illuminés de Bavière sous le nom d'Epéménidès ; nous signalons
pour mémoire un Falck-Schek, grand rabbin qui en Angle-
terre aurait donné au G*. M.-, le duc de Chartres un talisman en
lapis-lazuli qui devait conduire ce prince au trône et que MI11C de
Lacroix brisa par exorcisme sur sa poitrine.
262 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
sur la pierre philosophaleetl'élixir de longue vie. C'est
dans cette ville qu'il mourut en 1801, persuadé, jusqu'à
sa dernière heure, qu'il avait trouvé le moyen de pro-
longer son existence de plusieurs siècles.
En 1767, un maçon français, le chirurgien Benedict
Chatanier, essaya vainement de fonder à Paris une so-
ciété secrète, dans le but de propager le système de la
Nouvelle Jérusalem de Swedenborg, sous le nom d'iLLU-
minés théosophes; il se disait théosophe chrétien. A la
suite de son insuccès, bien qu'il fût membre delaGr.\
L.\ de France et vénérable de Socrate de la Parfaite
Union à l'0.\ de Paris, il alla pratiquer son système
à Londres, où il réussit. Son rite comprenait six
degrés :
1° Apprenti Théosophe ;
2° Compagnon Théosophe ;
3° Maître Théosophe ;
4° Ecossais sublime ou Théosophe illuminé de la
Jérusalem céleste ;
5° Frère Bleu ;
6° Frère Rouge.
On a pu se convaincre par l'étude que nous venons
de faire de tous ces schismes que la maçonnerie fran-
çaise était très divisée, et encore n'avons-nous énuméré
que les principaux, ceux ayant cours à Paris et dans
quelques grandes villes.
A la vérité, leur nombre était beaucoup plus consi-
dérable, si l'on compte les schismes locaux qui
LE POUVOIR ROYAL ET LA F. M. — LES SCHISMES 263
étaient presque aussi nombreux que les loges. Nous
aurons l'occasion d'y revenir, lorsque nous ferons l'his-
torique des ateliers et chapitres de province.
Jusqu'en 1771, nous ne voyons donc qu'un nombre
infime de loges d'origine anglaise ou vraiment écos-
saise, et ces dernières ne sont-elles encore que des loges
anglaises constituées par l'intermédiaire d'une loge
d'Ecosse, elle-même sous l'obédience de la grande loge
de Londres.
En France, deux courants se sont dessinés : le courant
jacobite, le plus nombreux, et le courant alchimique,
qui prendra par la suite plus d'importance au fur et à
mesure que la politique jacobite n'aura plus déraison
d'être, ni de but possible, même pour les gens enclins
aux illusions les plus excessives.
La Grande Loge de France, ou mieux la G \ L.\ de
Paris, est divisée en deux confraternités qui se poursui-
vent de leurs invectives et même de leurs coups. Nom-
mées exclusivement par des maîtres de loges parisiens,
elles n'ont qu'une autorité illusoire sur les loges de pro-
vince. Les luttes byzantines des plus hautes autorités
maçonniques de France semblent présager la fin d'une
organisation religieuse, philosophique et sociale qui n'a
aucune raison d'être. La vraie f.*.-m.\, la f.\-m.\
anglaise, n'avait pas pu s'acclimater dans notre pays.
Dans notre prochain volume, nous verrons comment
et sous quelles influences le duc de Luxembourg in-
conscient réorganisa laf.*.-m.\ française, en s'inspi-
rant exclusivement de la f.\-m.\ anglaise. Nous
constaterons comment, en la groupant et en l'unifiant,
il en fera le redoutable engin de destruction de l'an-
cienne France.
CHAPITRE VIII
LES PETITS SECRETS DE LA F. . M
Leurs causes et leur but. — Les locaux : Les tenues privées. — La
Grande Loge. — Le Grand Orient ; ses pérégrinations. — Les
locaux parisiens. — Les faux noms des loges. — Les hiérogly-
phes. — Les ères maçonniques. — Les mots secrets. — Les
signatures. — Le langage conventionnel.
La F.\-m.\ s'est plu, dès le début de son organisa-
tion, à entourer les réunions de ses membres d'une
série de petits mystères qui devaient frapper l'ima-
gination des profanes et leur faire croire que, pour
cacher avec autant de soin ce qui se passait dans ses
assemblées, elle devait posséder un terrible secret :
emploi de mots bizarres et de sens incompréhensible,
signes et attouchements spéciaux, noms de loges dé-
naturés, correspondance par lettres chiffrées, costumes
et bijoux singuliers, almanachs surannés.
Sans parler du prestige qu'elles leur donnaient auprès
du public profane et des menus initiés, toutes ces
fantasmagories enfantines, pour ridicules qu'elles nous
paraissent, avaient, à tout prendre, leur côté pratique :
elles donnaient de l'importance au serment du silence
imposé aux adeptes, et assuraient pratiquement la sécu-
rité des réunions. Ces petits mystères, inutiles en appa-
rence, amusaient ceux qui les pratiquaient; beaucoup
les prenaient même très au sérieux; ils faisaient partie
de l'exercice du culte. Pour la plupart des f.\-m.\ du
LES PETITS SECRETS DE LA F.\-M.\ 265
xvinc siècle, ils constituaient la maçonnerie, et c'est là
leur excuse. Nous verrons même les plus notoires
d'entre eux discuter gravement pour savoir si l'on peut
oser remplacer le mot des apprentis : Tubalcaïn, par
le mot Thaleg, sous prétexte que Tubalcaïn était le père
de la métallurgie et que les métaux étaient enlevés aux
candidats à l'apprentissage. Pour les maçons latomi-
sés, ces menues choses ont autant d'importance que
l'origine des êtres, les merveilles de la nature, les phéno-
mènes de la génération, les destinées de l'humanité et
l'existence de Dieu. Ils s'acharnent, dans des combats
homériques, à propos de procédés d'initiation, et, au
nom de la fraternité, échangent des paroles aigres-
douces, de très hypocrites insinuations, et même de fort
vilaines accusations.
Voyons donc en quoi consistaient ces menus mys-
tères.
Parcourons d'abord les locaux où on les mettait
en pratique.
les locaux
Nous n'avons pu trouver aucun document positif
sur le local dans lequel avaient lieu les tenues de la
Grande Loge de France (1). Selon l'usage presque
constant à cette époque, les réunions importantes
devaient avoir lieu chez le substitut du G.*. M.*, ou
chez un grand dignitaire. L'adresse officielle pour la
correspondance était le bureau du Secrétaire, chez le
Grand Garde des Sceaux et Archives. Nous pouvons
(1) Dans ce chapitre nous étudierons l'histoire de la f.\-m.\
jusqu'en 1815, afin de ne plus avoir à revenir sur ce côté épisodique
de notre travail.
266 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
i
donc suppposer qu'avant 1771 la G.*. L.\ de France
avait son local ordinaire chez Brest de la Chaussée, c'est-
à-dire hôtel de Charras, rue de la Sourdière. Les dissi-
dents (les frères bannis) siégeaient rue St-Antoine, avant
1773, et rue d'Argenteuil, chez Diavant, après 1775.
Lorsque le G.*. 0.*. se forma, ses membres se réuni-
rent quelquefois chez le duc d'Orléans, mais le plus
souvent les assemblées avaient lieu, soit chez le duc
de Luxembourg, soit dans des établissements publics ;
une d'elles fut convoquée au local de la loge des Amis
réunis, dont j'ignore l'emplacement à cette époque.
D'après des gravures du xviii6 siècle, dédiées à Tra-
venol, auteur du Catéchisme des Francs-Maçons, les loges
ne procédaient pas à leurs tenues dans des locaux
ayant une architecture intérieure spéciale ; on étalait
simplement par terre la figuration d'une loge peinte
sur une toile ; on raconte même que le chevalier de
Beauchaine se contentait de dessiner à la craie sur le
parquet lès emblèmes nécessaires aux tenues (1).
Néanmoins, d'après les descriptions des assemblées,
on devait disposer d'une façon particulière les meubles,
tables, bancs, chaises et fauteuils, suivant le grade des
officiers qui devaient les occuper. Il y avait aussi un
grand luxe de lumières. L'organisation d'une tenue
nécessitait tout un appareil spécial difficilement trans-
portable.
Les assemblées de loges ordinaires avaient lieu chez
le Vénérable Maître, qui fournissait local, vivres et
rafraîchissements, et c'est peut-être pour cette cause
(1) L'abbé Perau, dans le Secret des francs-maçons (1744), p. 65
et 87, fait observer <r qu'au milieu de la chambre de réception il y
a un grand espace sur lequel on crayonne deux colonnes », et que
les figures nécessaires à la réception sont également crayonnées
sur le plancher de la salle.
LES PETITS SECRETS DE LÀ F.\-M.\ 2G7
que, dans beaucoup de cas, les Vénérables Maîtres
étaient limonadiers ou traiteurs. Il était certes des
accommodements avec le Grand Architecte de l'Uni-
vers ; l'initié était invité à ne voir que trois pieds dans
une table qui en avait quatre, et à multiplier par la
pensée le nombre restreint des lumières afin d'en voir
le nombre sacramentel ; de même on effectuait des
voyages remplis de péripéties en faisant, les yeux
bandés, le tour de la salle de réception. Ce ne fut, en
effet, qu'à partir de 1774 qu'on développa en France
la pompe du culte. Les f.\-m.\ français, en s installant
dans le noviciat des jésuites, suivirent l'exemple des
f.\-m.\ anglais qui, après s'être réunis cinquante ans
dans des tavernes, avaient fait construire un superbe
local.
La G.*. L.\ d'Angleterre avait pris cette décision
depuis 1771. Le 22 février 1775, on lui présenta le plan
d'un nouveau local ; les frères avaient souscrit 100.000 fr.
Le 1er mai suivant, on posa solennellement la première
pierre du monument, qui fut inauguré le 23 mai
1776 (1).
C'est au coin de la rue de Mézières et de celle du Pot-
de-fer (actuellement rue Bonaparte, n° 82), dans l'ancien
noviciat des jésuites chassés de France depuis dix ans,
que, le 12 août 1774, le G.*. 0.\ prit possession de son
somptueux local dont le loyer annuel atteignait le prix de
5.400 fr., très élevé pour l'époque (2). Des dépenses
(1) En 1788 on construisit en plus à Londres une Taverne, pour
les f\'-m.\
(2) Ce local avait été proposé le 7 mars 1774 au G.'. O.-. par
Pierre Poncet, entrepreneur des bâtiments du roi, architecte véri-
ficateur général de la caisse et membre de la chambre d'adminis-
tration au G.*. O.'. Poncet était député de plusieurs loges de Cha-
lon-sur-Saône et de Dijon de 1774 à 1787 et membre de la L. des
Arts Sf«-Marguerite.
268 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
considérables furent faites pour l'aménagement. Voici
la description qui en est faite dans l'état du G.\ 0.\ (1)
que nous résumons.
Les ateliers étaient élevés de vingt-quatre degrés
au-dessus du sol de la ville et composés de trois salles
auxquelles on accédait par des vastes portiques en
enfilade, qui permettaient, de l'entrée, d'apercevoir le
trône distant de 125 pieds (42 mètres).
La première salle était décorée d'une étoffe à fleurs
de différentes couleurs, la seconde d'une moire bleue
et blanche avec un double rang de banquettes bleues
garnies de franges d'or. Ces deux salles étaient éclairées
par un grand nombre de lustres en cristaux. La 3e
salle, celle des travaux, longue de 78 pieds et large de
21 (environ 26 m. sur 7m.), était divisée en deux par-
ties. La partie de l'orient avait 27 pieds de long et 35
de hauteur, avec un plafond bleu de ciel ; elle était
formée parune estrade élevée de 3 marches. Le pourtour
de lambris sculpté portait des piédestaux surmontés
de pilastres cannelés or et argent. Cette partie de la
salle était éclairée par 150 lustres de cristal. Au fond,
une nouvelle estrade, également surélevée de 3 marches,
portait le trône élevé d'une marche et formant une
troisième estrade sur laquelle était le fauteuil de velours
bleu rehaussé d'or du Sér.*. G.*. M.*. Un tapis brodé
d'or et d'argent, nuancé des couleurs les plus éclatantes,
couvrait l'autel (table). Le trône était surmonté d'un
vaste dais enrichi d'ornements d'or et d'argent et
surmonté d'un lustre de 20 lumières.
Sur la seconde estrade, deux fauteuils de velours
bleu étaient réservés au T.*. 111.'. Administrateur géné-
ral et au T. \ R.\ G.*. Conservateur. Sur la première
(1) Etat de 1777, 4e partie, p. 7 et suivantes.
LES PETITS SECRETS DE LA IV. -M.'. 2()9
estrade, des sièges de même étoffe placés en demi-cercle
étaient réservés aux grands officiers Da côté du midi,
étaient les bureaux du G.*. Orateur, des Orateurs des
Chambres, du Trésorier général et de l'Architecte véri-
ficateur de la caisse ; du côté du nord, les bureaux du
Secrétaire général, des Secrétaires des chambres et du
Garde des Sceaux.
L'autre partie de la salle avait 51 pieds de long sur
21 de hauteur ; tendue en bleue, ornée de galons et de
franges d'argent et de festons dorés, elle était couron-
née par un plafond d'azur éclairé par deux cents bou-
gies placées sur des girandoles en cordon. Elle était
garnie d'un double rang de banquettes ornées d'argent
placées sur des gradins. Sur le rang inférieur à l'inté-
rieur, se tenaient les Officiers et les plus anciens
Députés. A l'occident, étaient les tables triangulaires
des Surveillants couvertes de tapis bleus, avec des
broderies d'or et d'argent, figurant les attributs de ces
officiers. A côté, s'élevaient deux colonnes d'or ornées
de chapiteaux, portant chacune un lustre de 15 lu-
mières.
C'est dans ce local que siégea le G.'. 0.*. jusqu'en
février 1793, date à laquelle le duc d'Orléans ayant
donné sa démission de G.*. M.*., l'Ordre entra en som-
meil pour ne se réveiller qu'en 1795. Le f.\ Alexandre-
Louis Roettiers de Montaleau emporta les archives et
tint quelques réunions clandestines chez lui, 23, rue
de Bondy. Emprisonné pendant la Terreur, il vit périr
sur Téchafaud deux de ses parents ; plus heureux
qu'eux, il fut délivré par le 9 Thermidor.
Peu à peu, le G.*. 0.*. se reconstitua, et, en 1801, il
270 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
tint ses assemblées dans l'ancienne maison des Dames
de la Miséricorde, rue du Vieux-Colombier, n° 450
(n° 8 en 1806), en face de la rue du Gindre (partie de la
rue Madame) (1). C'est le 24 décembre 1802 seule-
ment que fut inauguré officiellement le nouveau
local.
Ce jour-là, le parvis du Temple était occupé par
un nombre de frères d'autant plus grand qu'on célébrait
la fête de l'Ordre. Les colonnes (bancs) étaient com-
plètement garnies. Le G.*. Vén.\ Roettiers de Monta-
leau, qui remplaçait le G.*. M.', dont les fonctions
avaient été supprimées, après avoir fait procéder à
l'appel des Vén.\ des LL.*. établies à l'0.\ de Paris,
suivant l'ancienneté de leurs constitutions, se mit à leur
tête, accompagné des Officiers du G.*. 0.*. et des Dépu-
tés, et se rendit à la porte du nouveau Temple. Ayant
frappé mystérieusement, il lui fut répondu par un seul
coup, à la manière des profanes. A sa voix, les portes
s'ouvrirent et il se rendit à la place qui lui était réservée
sur l'estrade. Tous les postes étant occupés, on éleva
les pavillons de l'Ordre, et la cérémonie débuta par
une invocation au G.*. A.*. de l'Univers. Le G.'. Vén.\
purifia l'eau et tira dune pierre à fusil le feu nouveau
dont il éclaira le Temple. Une « harmonie éclatante »
emplit le parvis et « suspendit tout sentiment » dans le
cœur des frères. Une « mélodie majestueuse et tendre
d'un cantique » chanté par des frères, sur les paroles du
f.\ Bizancourt avec musique du f.\ Bertin de l'Opéra
ayant imprégné toutes les âmes, on procéda à la puri-
(1) En 1836,1a maison située en face de la rue du Gindre portait
les n°s 10 et 12. Le n° 8 était à moitié distance entre la rue du
Gindre et la rue du Pot-de-fer. Tout ce quartier a été bouleversé
lors du percement delà rue de Rennes. En 1789, l'immeuble portait
le n° 61.
LES PETITS SECRETS DE LA F.'. -M.*. 271
fication par le feu. Le G.'. Vén.\ invoqua la protection
et les bénédictions du G.*. A.*, de l'Un.*. Des couplets
du f.\ Beaumont mis en musique parle f.\ La Forêt,
artiste de l'Opéra, furent chantés ; lef.\ Pajotd'Orville
le jeune, orateur de la chambre symbolique, prit la
parole, racontant ce que les ff.\ avaient souffert pen-
dant la Terreur, célébrant « la fermeture du Temple de
Janus et l'aimable paix redescendue sur la terre grâce
aux prodiges opérés par un héros aussi sage dans les
conseils que vaillant dans les combats », dont l'Europe
étonnée ne savait « ce qu'elle devait le plus admirer
en lui, du guerrier ou du pacificateur ».
Au G.'. Orateur succéda le f. \ Angebault, 1er Grand
Surveillant, qui présenta l'examen des opinions établies
sur la maçonnerie; il fit l'historique de l'Ordre; « le fruit
de ses recherches profondes fut un puits lumi-
neux » où les maçons devaient trouver d'utiles et
salutaires instructions. Le f.*. Angebault n'hésita pas
à faire remonter les origines de l'Ordre aux premiers
âges du monde. D'après lui, les montagnes de Caf
dans le Caucase semblent avoir été ses premiers
berceaux. Surkage, prince des géants, ayant défendu
de molester les enfants de Selth, ce dernier lui donna
sur sa demande Rucail son frère, versé dans toutes les
sciences, pour Véclairer et gouverner ses Etats. Cainma-
rath, qui vivait dans la même région, ayant remis son
empire à son fils, celui-ci fut assassiné par les géants ;
Cainmarath remonta sur le trône pour le venger et
retrouver son corps. Après avoir raconté l'histoire de
Salomon ou Salimon, des Chinois, des Indous, des
Chaldéens, des Perses, des Egyptiens, de Zoroastre,
du Soleil, d'Adonis, de Mercure, de Toth, de Moïse
et de Tibère, etc., sans vouloir se prononcer entre
Wittemberg, Genève et Rome, Luther, Calvin et la
272 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Papauté, l'orateur vantait la grandeur passée de la
maçonnerie et annonçait son triomphe futur.
Le G.'. 0.*. ne devait pas faire un long séjour rue du
Vieux-Colombier. En 1806, il abandonna son local, qui
fut occupé par de nombreuses loges sous l'Empire, et
s'installa 47, ru9 du Four-Saint-Germain (297 section-
naire, 43 actuel), en face de la rue de l'Egout, supprimée
par le percement de la rue de Rennes.
Le G-*. 0.*. tint ses assises dans ce local jusque sous
le second empire ; c'est à cette époque qu'il s'installa
16, rue Cadet, où il siège encore.
Leslocauxdes loges parisiennes ont une histoire moins
pompeuse et moins précise que celle des locaux du G.*.
0. '. , tout au moins pour la période qui précède l'empire.
La première loge parisienne, Saint-Thomas au Louis
d'Argent, s'installa chez Landelle, rue de Buci ; elle
quitta ce local en 1732 pour tenir ses séances chez de
Bure, à la ville de Tonnerre, rue des Boucheries-Saint-
Germain. Elle fut remplacée rue de Buci par la loge
du duc d'Aumont. En 1737, les f.\-m.\ tiennent leurs
agapes, sinon leurs séances, chez Chapelot, à l'enseigne
de Saint-Bonnet, à la Râpée ; en 1738 et 1745, chez
Leroy, traiteur, hôtel de Soissons, rue des Deux-Ecus.
En 1747, le chevalier de Beauchaine brocante les hauts
grades, au Soleil d'or, rue Saint- Victor. En 1773, le
duc de Chartres tint ses assises à son château de
Mousseau et dans une loge particulière qu'il avait fait
installer cour des Fontaines (place de Valois actuelle).
Sous la Révolution, l'immeuble portait le n° 1114.
Il fut occupé en 1804 par le Temple des Muses et en
1806 par le Cercle oriental des Philadelphes.
LES PETITS SECRETS DE LA F.\-M.\ . 273
En 177,"), la loge de Saint-François du Parlait Con-
tentement, qui avait pris la direction des frères bannis
du G.*. 0.*., se réunissait chez son vénérable Jean-Fer-
dinand Diavant, traiteur rue d'Argenteuil. La même
année, la Candeur avait une tenue de réception suivie
d'une grande Tète au Vaux Hall de la rue de Bondy,
chez l'artificier Torré.
En 1776, la loge des Neuf Sœurs se réunissait rue du
Pot-de-fer et sa loge d'adoption à Auteuil.
En 1778, les Chevaliers et Nymphes de la Rose,
société pseudo-maçonnique, tenait ses séances à la
Folie Titon, rue de Montreuil, que devait occuper
quelques années plus tard le marchand de papiers
peints Réveillon.
La loge du Contrat social avait acheté le 19 juin 1779
l'hôtel Bullion, ancien hôtel de la Grande Chancellerie
de France, 10, rue Coq-Héron (rue Jean-Jacques-Rous-
seau). Elle en posait la première pierre le 24 décembre
suivant, sous la présidence du G.\ M.*, marquis de la
Rochefoucauld-Bayer, assisté de Troubat de la Salle,
de Lafîsse et de Leutre. Cet hôtel devait être pillé
en 1789. Sous le nom de Saint-Alexandre, cette loge
reviendra dans son ancien local en 1815.
En 1781 les Amis Réunis s'assemblaient 7, rue
Royale-Montmartre (rue Pigalle) ; mais leurs chapi-
tres étaient convoqués 3, rue de la Sourdière. Les
Cœurs Simples de l'Etoile polaire s'étaient installés en
1783 rue du Fouarre.
La loge parisienne de la Stricte Observance, la Bien-
faisance, avait loué en 1787 l'Hôtel de Brégy, 21, rue
des Mauvais-Garçons. La même année,- les Ami*: des
Noirs tenaient leurs séances à l'hôtel de Lussan, 10,
rue Croix-des-Petits -Champs ; la loge « l'Amitié »,
34, rue des Petites-Ecuries, aux Jardins de l'Amitié,
LA FRANC-MACONNERIE. — T. I. 18
274 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
à côté du cabinet d'histoire naturelle du Sr Aubert ;
le club ou société des Colons, 171, Palais-Royal; la
Société Olympique, 65, dans le même Palais, et la
Société des Etrangers (Réunion des Etrangers), 11,
rue Plâtrière. En 1808, la loge Saint-Alexandre devait
occuper quelque temps ce dernier local.
Le 10 mars 1797, le Centre des amis s'installe dans
son nouveau temple, 450, rue du Vieux-Colombier (n°8,
en 1806) où devait s'installer peu après la Vraie Réu-
nion (1800-1814). Le G.'. O.*., qui en fit son local en
1802, donna asile ou eut pour successeurs dans cet
immeuble : la Parfaite Réunion (1802); l'Amitié et
les Amis Eprouvés (1804) ; l'Olympique de la Parfaite
Estime, la Colombe, la Paix Immortelle, Saint-Alphonse
des Amis Parfaits de la vertu, Saint-Eugène et l'Union,
ci-devant Saint-Louis (1806) ; l'Impériale des Francs
Chevaliers et Caroline (1808).
A l'hôtel d'Aligre, rue d'Orléans-Saint-Honoré, sié-
gèrent conjointement : l'Espérance (1802) ; l'Epi d'Or
(1804) ; les Amis de la Sagesse (1805) ; l'Avenir Fran-
çais et les Sincères (Amis 1806).
Les Elèves de Minerve s'installèrent luxueusement 7,
rue Paradis, en 1803 (n° 4 en 1806). Le Point Par-
fait et la Bonne Union venaient les rejoindre en
1806.
En 1804, les loges écossaises s'assemblaient dans un
souterrain, chez Mauduit, traiteur, boulevard Poisson-
nière; 1 Océan, 25, rue du Mail.
Un des locaux les plus fréquentés à partir de 1805
était la galerie de Pompéi, 38, rue Neuve-des-Petits-
Champs (23 actuel). C'est Saint-Alexandre qui semble
l'avoir inauguré en 1804 ; viennent ensuite : les Amis
de la vertu (1805) ; Anacréon, Sainte-Caroline, Saint-
Jean d'Ecosse de la Parfaite Union, Sainte-Joséphine et
LES PETITS SECRETS DE LA 1 . \-.M.\ 275
Saint-Napoléon (1806) ; les Frères Amis, le Phœnix et
Royal Arch (1808) ; le Grand Sphinx (1810).
Le Châtelet, 1 ter, place et maison du Chàtelet, don-
nait asile en 1806 aux Amis de la Paix, aux Chevaliers
de la Croix, à la Clémente Amitié, à Mercure et Thémis, à
Saint-Antoine du Parfait Contentement, à Saint Claude
de la Paix sincère, à Saint-Jean du Bon Accord, à Saint -
Jean de Palestine, à Saint-Louis de la Martinique des
Frères Réunis, à Saint-Pierre des Amis Réunis et à
Sainte-Thérèse des Amis de la Constance ; en 1810, aux
Amis Triomphants.
En 1808, le Centre des Amis se réunissait dans le local
du G.*. O.'. 47, rue du Four-Saint-Germain. Il est plus
que probable qu'un grand nombre de loges fréquen-
taient également ce local.
Au 219 bis de la rue Saint-Honoré, en face de la rue
du Lycée (rue de Valois \ un local spécial servait en
1809 aux Admirateurs de l'Univers et, en 1810, au
Point Parfait.
Enfin, en 1815, la loge Sainte-Caroline avait ouvert
un nouveau local, 10, rued'Antin.
LES FAUX NOMS DES LOGES
Après avoir vu où se tenaient les assemblées maçon-
niques, voyons comment on dissimulait les noms des
loges.
Le procédé est plus qu'enfantin. Il ne fut du reste
guère employé qu'à partir de la formation du Grand
Orient, qui donna l'exemple en s'appelant le Grand
Netori. La plupart des loges l'imitèrent en se faisant
adresser leur correspondance sous le couvert de l'ana-
gramme de leurs noms.
La Candeur fait adresser ses lettres à M. du Nacre ;
276 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
les Amis Réunis à M. Misa du Renis ; les Amis Incorrup-
tibles à M. Sima Selbet purrocni ; les Amis Eprouvés à
M. Moïse Vuparès ; le Grand Sphinx à M. Legrand
d'Esphingloux (la loge du Grand Sphinx) ; Saint-
Claude de la Paix sincère à M. Salinçaix père, etc.
Les loges de provinces imitent l'exemple donné par
les loges de la capitale.
L'Age d'or d'Agen fait écrire à M. Garode ; la Par-
faite Sincérité d'Amiens, à M. Feratipeterniceis; l'Amé-
nité d'Angoulême à Mme Maétine ; Napoléon Le Grand
de la même ville, à M. Noël Opan ; la Paix et Union
de Nantes, à M. Pontuxi aîné ; les Vrais Frères unis de
Tonnay-Charente, à MM. Sivranius frères ; les Amis de
l'ordre et de l'Union de Villefranche (Aveyron), à
MM. Roder et Unoni, etc.. (1).
J'en passe et des meilleurs.
Le procédé est tellement... naïf qu'il en est presque
touchant.
LES HIEROGLYPHES
Pour chiffrer leurs lettres, le procédé n'est guère plus
savant.
La cryptographie est un art difficile, et il est
presque impossible d'inventer un chiffre qu'on ne
puisse mettre au clair. Néanmoins, il y a des procédés
qui rendent le déchiffrage long, pénible, et qui deman-
dent des connaissances techniques spéciales.
Or, tout procédé qui consiste à remplacer la même
lettre toujours par le même signe, permet à un écolier
(1) Voir la liste de ces anagrammes dans la Franc-Maçonnerie
démasquée de 1906, où se trouve un curieux article de M- Soulacroix.
LES PETITS SECRETS DE LA IV.-M.\ 277
cryptographe de déchiffrer le texte caché presque à livre
ouvert en quelques minutes. Bien que les tables de
Vigener, les chiffres à grille ou à dictionnaires aient
été connus au XVIIIe siècle, ce fut cependant, sauf une
exception, le procédé d'écolier qu'employèrent les
F.\ M.-.
Nous donnons aux appendices les séries d'hiéro-
glyphes maçonniques que nous avons pu connaître,
car ils peuvent servir à toute personne possédant des
brevets à découvrir la signification des phrases qui
veulent être secrètes.
LÈRE MAÇONNIQUE.
Les dates maçonniques ne sont pas plus mystérieu-
ses que les hiéroglyphes de leurs correspondances.
Les maçons les plus sages, il faut le reconnaître,
sont les maçons anglais, qui se servent tout simple-
ment de l'ère chrétienne grégorienne.
En général, les Français se bornent à ajouter 4.000 ans
à l'ère chrétienne, à commencer l'année le 1er mars et à
dénommer les mois de un à douze, le mois de mars por-
tant le numéro un et le mois de février le numéro douze .
Le suprême Conseil du 33e de Charlestown, celui
de Dublin et l'ordre de Misraïm ajoutent 4004 ans
(annus lucis).
Le rite écossais ancien accepté, sous prétexte de dater
de l'ère de la restauration des Stuarts (?), se sert de
l'ère judaïque, et ajoute à l'ère chrétienne 3.760 ans
(annus mundi) .
Le rite de Royal-Arch ajoute 530 ans à 1ère chré-
tienne (annus inventionis).
Les Templiers ajoutent tantôt 1.000 ans (annus dis-
positionis), tantôt 1.118 ans (annus ordinis).
278 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Le rite écossais change fréquemment les noms des
mois et emploie les dénominations judaïques :
Mars, Nissan.
Avril, Jiar.
Mai, Si van.
Juin, Tamouz.
Juillet, Ab.
Août, Elul.
Septembre, Tisri.
Octobre, Hesvan.
Novembre, Kislev.
Décembre, Tebeth.
Janvier, Schebat.
Février, Adar.
LES MOTS SECRETS
Les mots constituent un mystère plus sérieux ; il
est certain que, sans indiscrétion, il est impossible de
les deviner et ils peuvent être des moyens certains de
se reconnaître entre initiés. Comme on peut et comme
on doit les dire à voix basse, ils sont plus sûrs que
les signes et les attouchements, qu'un œil indiscret peut
voir, retenir et reproduire.
Il y a deux sortes de mots maçonniques : les mots
solsticiaux ou mots de semestre, qu'on change deux
fois par an, en juin et en décembre, et les mots pro-
pres à chaque grade, qui restent les mêmes, sauf modi-
fications des rituels.
On peut arriver à connaître lespremiers, et une étude,
même peu approfondie, de la maçonnerie permet de
connaître les seconds.
En principe, les mots de reconnaissance étaient
toujours les mêmes ; c'étaient ceux de l'apprenti :
LES PETITS SECRETS DE LA F.\-M.\
279
Jakin et Booz; mais bientôt ces mots furent divulgués.
C'est pour éloigner les faux frères que, lors de l'instal-
lation du duc de Chartres en qualité de G.\ M.*., le
28 octobre 1773, on inventa le mot de semestre. Ce
mot fut donné par le grand administrateur général, le
duc de Luxembourg. Pour le transmettre aux loges de
province, on avait fait faire des feuilles imprimées
portant sur la partie extérieure la mention suivante :
« Ce billet ne peut être ouvert qu'en loge par le T.*. C.\
F.\ Vén.\ ou, en son absence, par l'officier qui prési-
dera ». Le billet, plié et clos, était mis sous enveloppe
à l'adresse des loges. Le mot du 24 juin 1778 est :
Aimons-nous (1). Le billet, après communication aux
frères, était brûlé en loge par le Vénérable.
Quant aux mots correspondants aux grades, ils
étaient les suivants avant la Révolution :
Mots secrets
Mots de passe
Apprenti
Jakin
Tubalcain
Compagnon
Booz
Schibboleth
Maître
Mac Benac
Giblin
Maître parfait
Jehovah
Cabal
Maître parfait par curiosité
Puissant Irlandais , juge des
Jehovah
Zerbal
ouvriers
Tito
Xingel
Petit Elu des neuf ou chev.
de l'inconnu
Nékum
Stokin
G. maître élu des quinze
Zeomot
Eleham
Maître anglais
Jakinaï
Jehova
Dans les loges Ecossaises jacobites
Apprenti
Compagnon
Maître
G. Ecossais de Clermont
Arche maître
Royal Arch
Jakin, Acacia
Jakin, Stokin
Gomes, Gabaon
Jakin, Jehova
Jehova, Adonaï
Bétel
Tubalcain
Mac Benac
Giblin
Gabaon, Giblin
Alléluia
Ego sum
(1) Bibl. Arsenal, Ms. 10247.
280
LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
G Ecossais du Levant ou
Souverain Pontife
Partait Elu du G. Ecoss.
de Jacques VI, roi de la
Grande-Bretagne
Chevaliers de FÉpée
Chevaliers de l'Orient
Rose-Croix, Chevaliers de
„ l'Ais!e
Chevaliers de Palestine ou
de la Triple Croix
Souverain du Temple
Prince de Jérusalem
Chevaliers Ecossais
Noachides, chevaliers prus-
siens
Chevalier du Soleil
Ad
onai
Adonaï
\
Juda, Benjamin
Rafodom
I.n.r.i
Good
( Gahaleon
} Mohabin
( Macmaharabahac
Libertas
Javerum, Hamaim
Emmanuel
Dieu le veut
Jakin, Jérusalem
Adar
Pharax
Sem,Cham,Japhet ) °
Adonaï Stibium
Le voyage de Dieu
Mac Benac, Hiram
Thébet
Kadosch
Il est certain qu'en présence d'un pareil déluge de
mots fantastiques, le nouvel initié croyait à des secrets
extraordinaires et que, pour avoir la clef, il fallait arriver
aux grades les plus élevés ; il n'avait que la première
lettre du logogriphe, à lui de trouver la dernière. Dans
chaque régime, des frères se mettent à l'œuvre, cherchent
la signification symbolique de tous ces mots, les ratta-
chant aux légendes d'Adam premier maçon, de Noé, de
Salomon, d'Hiram, de Labance, des Croisades, des
Templiers, de Charles Ier Stuart. Autant de régimes, au-
tant de mots, d'orthographes, de sens et de légendes. Et
tout cela, pour en revenir à la légende primitive, la re-
construction symbolique du temple de Jérusalem sup-
posé merveilleux, dissimulant l'étude de l'homme dans
le passé, le présent et le futur. Dans tous ces mythes, il y
a constamment un homme assassiné, dont il faut venger
la mort ; assassinat symbolique de Hiram, architecte
du temple imaginaire, vengeance réelle contre ceux qui
s'opposent au développement pratique du travail du
Grand Œuvre maçonnique.
Ces logogriphes ont tellement peu un sens réel et
positif qu'en 18131e f.\ de l'Aulnaye publia un Tui-
LES PETITS SECRETS DE LA F.
M,
281
leur des 23 degrés de l'Ecossisme, dans lequel les mots
sacrés aussi bien que les mots de passe sont très difïe-
rents de ceux qu'on voit figurer dans les rituels anté-
rieurs et que nous avons reproduits plus haut.
Voici les nouveaux mots :
Apprenti
Compagnon
Maître
Maître secret
Maître parfait
Secrétaire intime
Prévôt et juge
Intendant des bâtiments
Maître élu des neuf
Maître élu des quinze
Elu secret
Sublime chevalier élu
Grand maître architecte
Royal Arch
Grand Ecossais de la voûte
sacrée
Chevalier d'Orient ou de
l'Epée
Prince de Jérusalem
Chevalier d'Orient et d'Oc-
cident
Rose- Croix d'Herodom
Grand Pontife ou Sublime
Ecossais
Vénérable grand maître
Noachite ou chevalier prus-
sien
Chevalier Royal Hache ou
Prince du Liban
Chef du Tabernacle
Prince du Tabernacle
Chev. du Serpent d'airain
Ecossais Trinitaire ou
Prince de la Merci
G. Com. du Temple
Chev. du Soleil
G. Ecossais de St-André
Chev. Kadosch ou chev. de
l'Aigle blanc et noir
G. Inspecteur Inquisiteur
commandeur
Mots sacrés
Mots de passe
Rooz
Tubalcain
Jakin
Schibboleth
Moabon
Tubalcain
Iod
Zizon
Jehovah
Acacia
Ivah
Johaber
Jakinaï
Tito
Jakinaï
Juda
.Neckam
Nikar
Zerbai
Helcham
Neckam
Neckam
Adonaï
Stolckin
Adonaï
Rabacim
Jehovah
Ego sum
Jehovah
Macmaha
îRaphadon '
Ya j'aurum ha-
meim
Adar
Thebet
Abaddon
Jabulum
Salathiel
Emmanuel
Alléluia
Emmanuel
Ragabassi
Jeksonne
Sem,Cham, Japhet
Phaleg
Noe
Japhet
Jehovah
Ouriel
Dieu le veut
Le voyage de Dieu
Moïse
T *
I.n.r.i.
Jehovah, Jakin
Gomel
J.n.r.i
Salomon
Adonaï
Stibinm
Nekamah
Ardarel
Jabamiah
Eliel
Justice
Phaal kol
282 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Sublime Prince du Royal
Secret Salix Phaal kol
Souv. G. Insp. Général Baclim Endiague
Par un phénomène très singulier, mais cependant
très explicable, après s'être meublé la tête de tous ces
noms compliqués, après s'être entêtés dans des re-
cherches extravagantes, les cerveaux des initiés Travail-
leurs se déformaient et ils en arrivaient à croire à la
réalité de leurs rêves. Ces études conduisaient à un
genre de folie spéciale : l'acharnement dans l'hébéte-
ment latomique qui conduisait le malade aux baquets
de Mesmer, à la loge de Cagliostro, chez le tireur de
tarots Etiella, ou à l'Illuminisme, après avoir passé par
les Chevaliers bienfaisants, les Philalèthes, ou le rite
écossais philosophique.
LES SIGNATURES
La signature ornée d'un signe maçonnique n'a
jamais été obligatoire pour les initiés, ni dans leurs si-
gnatures courantes, ni même dans leurs signatures
maçonniques. A cet égard, il n'y a pas de règles, et
c'est par zèle ou par nécessité que certains d'entre eux,
environ la moitié, ont adopté les trois points symp-
tomatiques.
On peut donc affirmer qu'il ne suffit pas qu'une
signature n'ait pas de signes maçonniques pour que
l'individu qui l'a faite ne soit pas f.\-m.\ „
Par contre, il faut reconnaître que le hasard seul ou
la fantaisie ne peuvent expliquer l'introduction, dans
une signature, des signes particuliers que nous allons
énumérer. On peut tout au plus admettre que, dans
des circonstances spéciales, ces signes aient été employés
LES PETITS SECRETS DE LA F.VM.\
28:5
par quelques mystificateurs ou quelques vaniteux de
franc-maçonnerie.
Je suis parvenu à établir 60.000 fiches, et j'estime
que j'ai à peine dépassé la moitié du nombre des initiés
français pendant une période d'un siècle environ. Or,
parmi les signatures ornées des signes maçonniques,
j'ai pu établir que 83 0/0 d'entre elles figuraient sur mes
listes. 11 n'est donc pas téméraire d'admettre que si je
n'ai pu identifier les 17 0/0 qui restent, cela tient à
l'état incomplet de mes listes.
Quels sont les signes distinctifs les plus usités ?
1° Les 3 points en ligne :
2° Les 3 points en ligne entre deux barres :
— -~ ~~~t ii_i
284 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
3° Les deux barres : —
4° Les 3 points en triangle :
«>v*^»
y<, .*£"<St *4&
Et, plus rarement les signes suivants :
Le troisième et le dernier de ces signes sont moins
probants que les cinq autres et on les trouve souvent à
la fin d'un document pour indiquer qu'il est terminé.
Le dernier accompagne quelquefois des signatures no-
toirement profanes, celle de Molière par exemple.
Le signe le plus ancien nous vient d'Angleterre, où
il était adopté avant 1745 : les 3 points en ligne et,
quelquefois, ces points entre deux barres.
Le plus ancien diplôme français dans lequel j'ai
constaté l'emploi des trois points entre les deux barres
est du 7 juin 1760. Ce sont les deux premières séries
et les deux barres sans points qui sont presque exclu-
sivement adoptées jusque vers 1771, et jusqu'en 1820,
elles sont encore les plus généralement employées.
Vers 1771 apparaissent les 3 points en triangle. La
plus ancienne signature que je connaisse sous cette
LES PETITS SECRETS DE LA F.'.-M.*.
285
forme, est celle du baron de Toussainct, qui, non con-
tent de mettre cette variante après son nom, le faisait
précéder du type n° 2. Sans compter les autres fiori-
tures hiramiques.
\ïfvt
La première pièce imprimée du Grand Orient, con-
tenant les 3 points en triangle, est une circulaire du
12 août 1774, et l'emploi de ces trois points est exclusi-
vement réservé à indiquer des abréviations dans l'em-
ploi des mots usuels : G.\ 0.\ pour Grand Orient, G.\
A., de l'U.\ pour Grand Architecte de l'Univers, etc. Les
procès-verbaux originaux, jusqu'en 1791, les seuls que
j'aie eus en mains, en font même un usage très restreint.
A partir de 1771, et surtout de 1781, le type 4 se subs-
titue de plus en plus aux types 1, 2 et 3, et, à partir de
1820, il est le type presque exclusivement adopté.
En dehors de ces types, une grande variété de signes
Bt d'abréviations sont, par contre, en usage, mais exclu-
sivement dans des documents maçonniques.
Ainsi, le duc de Luxembourg fait toujours précéder
sa signature du triangle lumineux, au centre duquel il
place la lettre hébraïque Yoth.
W
^a* *^*
cfy&
7&&6&i<£>
286 LA FRANC MAÇONNERIE EN FRANCE
D'autres remplacent ce Yoth soit par un Gamma,
soit par un G, soit par trois points.
&£a~ *-
^<~£ *ffî
£<£% ***(&*£*'.*-& k%-fà
Les signatures font aussi presque toujours mention
des fonctions : V.'. (vénérable) ; G.*. 0.*. (grand ora-
teur) ; G.*, des S.*, et Arch.\ (garde des sceaux et ar-
chives) ; F.*. Terr.\ (frère terrible); M.*. E.\ (maître
écossais) ; S.*. P.*. R.'.f (Souverain Prince Rose-Croix);
K.\ D.*. S.*. (Kadosch) et pour les grades supérieurs
32e, 33<.
Dans les diplômes écossais, particulièrement, on
indique soigneusement la longitude et la latitude de la
loge, comme si l'on était en pleine mer. Les signes
cabalistiques et les écritures puérilement secrètes sont
multipliés. Lorsqu'ils parlent de leurs très respectable
frères, ils portent le zèle jusqu'à écrire TTT.\ RRR/
FFF.\, dételle sorte que le signe perd complètement sa
valeur abréviative.
Dans les loges du rite d'Hérodom de Kilwining, les
membres se distinguent par des noms de convention,
noms de vertus philosophiques ou morales, en suppri-
mant une partie des lettres du mot : S. n. c. r. t. (sin-
'
LES PETITS SECKETS DE LA F.*. -M
287
çérité), P. r. s. v. r. c. (Persévérance). Le grade su-
prême Astharta s'écrit A. s. t. r. t. Dans la Stricte
Observance, les membres se placent sous l'invocation
d'une planète, d'un objet, ou d'une épithète élogieuse ;
ils signent en latin, d'abord leur prénom, puis la- men-
tion du grade de chevalier, puis le nom de la planète ou
de l'objet. Ainsi : Ferdinand, chevalier de la Victoire
(Ferdinandus Eques a Victoria), est le duc Ferdinand de
Brunswick ; Hubertus Eques a Tomba sacra est le
baron de Dalberg ; Carolus Eques a Leone résurgente
est le prince Charles de Hesse.
Tous les brevets sont rehaussés de larges rubans mul-
ticolores auxquels sont attachés des sceaux enfermés
dans des boîtes en fer-blanc et parfois en argent. Tel
brevet en possède sept ; sur l'un d'eux j'ai relevé près
de cent signatures, et quelles signatures !
Les Templiers ajoutent, en dehors de leurs grades
interminables, une croix à deux branches.
Les Amis Réunis sont plus compliqués; voyez Doazan;
Certains mettent cinq, sept, neuf points et même
plus ; mais le record de la complication appartient sans
contredit à Martines de Pasqually :
jE cielU^ytines
288 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
Toutes ces fantasmagories avaient pour but de satis-
faire la vanité des initiés et d'exciter la curiosité des
profanes ; cela avait un petit air mystérieux et cabalis-
tique qui n'était fait pour déplaire ni aux uns, ni à cer-
tains autres.
Mais pourquoi les deux barres et les points?
Bien que je n'aie trouvé d'explication officielle dans
aucun ouvrage, il me paraît que, sans être devin,
on peut facilement en trouver une.
Les deux barres symbolisent les deux colonnes du
Temple et les points les nombres mystérieux des grades
maçonniques.
Dans la religion d'Hiram, car en somme la maçon-
nerie est une religion, les nombres jouent, en effet, un
rôle considérable ; les f.\-m.\ leur attribuent des
significations symboliques souvent bizarres.
Les trois premiers grades, les seuls que lesf.\-m.\
qui se disent sérieux reconnaissent : Apprenti, Compa-
gnon et Maître, sont numériquement représentés parles
nombres 3, 5 et 7, correspondant aux nombres de
coups frappés dans les cérémonies initiatiques à ces
divers grades. Dans les grades supérieurs, ils ne par-
lent pas de moins de 3 fois 3 et vont même jusqu'à
3 fois 3 répétés 3 fois 3 fois, ce qui fait 81, le nombre
parfait. J'avoue que, dans mes recherches, je n'ai
encore pu mettre la main sur la signature de ce maçon
idéal.
LE LANGAGE CONVENTIONNEL.
Les francs-maçons français, dans leur langage et
dans leurs écrits, emploient une phraséologie spéciale et
des mots auxquels ils donnent un sens différent de leur
sens habituel. Bacon de la Chevalerie fut l'inventeur
LES PETITS SECRETS DE LA F. '.-M.'. 289
de plusieurs de ces termes particuliers, les autres
furent consacrés par l'usage et l'habitude.
Les réunions de francs-maçons dans les loges
s'appellent des tenues et dans les G.'.L.*. ou au G. \0.\
on emploie de préférence le mot assemblées . Les dis-
cours s'appellent des balustres ; les minutes des pro-
cès-verbaux, des esquisses, et les procès-verbaux, des
planches à tracer. Les oraisons funèbres sont des co-
lonnes funèbres.
Dans une loge, les tenues des grades symboliques se
font dans le Temple de l'atelier. Il y a, en plus, les Cha-
pitres qui réunissent les membres qui possèdent des
grades supérieurs à celui de maître, les Aréopages, les
Grands Tribunaux, etc.
A l'entrée on tuile l'arrivant pour reconnaître s'il
est bien initié , et le frère chargé de ces fonctions
s'appelle frère tuileur. A l'intérieur le frère couvreur
veille à la sécurité et au secret des réunions.
Mais c'est spécialement dans les banquets qu'on
emploie, sans raison sérieuse, des mots dénaturés pour
exprimer des choses vraiment insignifiantes. Ainsi :
Barrique
veut dire
bouteille
Canon
—
verre
Cantique
—
chanson
Ciment
—
poivre
Colonne d'Harmonie
musiciens
Drapeau
—
serviette
Etoile
—
lumière
Glaive
—
couteau
Lumière
. —
officier
Mastiquer
—
manger
Pierre brute
—
pain
Pioche
—
fourchette
Plateau
—
plat
LA FRANC-MAÇONNERIE. —
T. I.
19
290 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
Poudre faible veut dire
eau
— forte —
vin
— fulminante —
liqueur
Sable —
sel
Sable jaune —
poivre
Tirer le canon —
boire
Truelle —
cuiller
Tuile —
assiette
Voile -
nappe
On pourrait multiplier les exemples de ces paroles
mystérieuses, mais cela serait sans intérêt.
Il est plus curieux, par contre, de signaler les expres-
sions maçonniques auxquelles la Révolution a fait une
fortune.
Ainsi les provinces maçonniques étaient appelées des
départements ; la réunion des députés des loges et des
hauts dignitaires s'appelait puissance législative et corps
législatif; les décisions étaient des décrets.
Les grades maçonniques étaient groupés sous trois
couleurs particulières : le bleu correspondait aux gra-
des symboliques ; le rouge, aux grades chapitraux ;
le blanc, aux grades philosophiques.
Enfin la devise maçonnique : Liberté, Egalité, Fra-
ternité, devint la devise révolutionnaire.
CHAPITRE IX
PROFILS MAÇONNIQUES
La manie égalitaire ; ses conséquences. — Le cabaretier maître
de loge. — Le robin. — Le bourgeois. — L'homme à talent.
— L officier. — Le parlementaire. — Le noble. — Puisieux.
— Procope. — St-Germain. — Le Breton. — Bacon de la Che-
valerie. — Stroganofr*. — Savalète de Lange-
Dans les chapitres précédents nous avons déjà
donné les biographies d'un certain nombre de francs-
maçons importants et mis en lumière les mentalités que
la pratique de l'Art Royal avait développées chez eux.
Charles Radclyffe, Charles-Edouard, le duc d'Antin
et le comte de Clermont furent plutôt de grands pro-
tecteurs honoraires que des maçons ardents. Aucun
d'eux ne semble avoir fait du travail de loge. Par contre,
nous nous sommes étendus longuement sur un certain
nombre de pratiquants, de dévots, de bigots et de fana-
tiques de la religion d'Hiram, tels que Ashmole, Désa-
guliers, Ramsay, Swedenborg, Martines de Pasqually,
Perneti, Beauchaine, Tschoudyet Willermoz. La série
ne serait pas complète, les types ne seraient pas suffi-
samment variés, si nous ne joignions pas à ces chefs de
sectes, penseurs plus ou moins profonds, des personna-
lités ayant surtout joué un rôle pratique. Nous essaye-
rons donc de représenter tous les types divers que la
franc-maçonnerie a pu produire ; le jovial Procope ; Pui-
sieux le doux fanatique; Saint-Germain le thaumaturge;
292 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
le religieux Le Breton; Bacon delà Chevalerie, le mili-
taire exalté ; l'étranger Stroganoff; Savalète de Lange,
le passionné de la secte et du sexe. A côté de toutes ces
personnalités qui ont laissé un nom et ont eu des car-
rières qu'on a pu suivre, il y avait la foule des maçons
qui n'ont laissé que peu de traces personnelles, mais
qu'on peut facilement reconstituer, lorsqu'on a par-
couru de nombreuses correspondances échangées
entre initiés ; des types généraux surgissent d'eux-
mêmes, sans qu'aucun de ces types puisse s'appliquer
à une personne déterminée, types collectifs beaucoup
plus dangereux que les déformations individuelles,
car leur responsabilité est impersonnelle, ou partagée
avec trop de complices.
Quel détraquement pouvait produire l'enseignement
et la pratique des idées égalitaires, sur des personna-
lités différentes, appartenant à des milieux sociaux
hétérogènes, plus habitués à s'apercevoir qu'à se fré-
quenter ? quelle influence pouvaient avoir sur des cer-
veaux bourgeois les appellations pompeuses des hauts
grades maçonniques, les emblèmes et les bijoux don-
nant l'illusion de grands cordons et de décorations ?
quels terribles effets devait produire sur des cervelles
de petits commerçants leur promiscuité dans les ban-
quets avec les grands seigneurs et les riches financiers?
Comment les cerveaux des uns et des autres se défor-
maient-ils ?
Dans les conditions où se recrutaient les membres
des loges, les idées maçonniques devaient amener une
désagrégation sociale, provoquée par l'envie haineuse
des classes inférieures, et par la sensibilité philoso-
phique exagérée des hautes classes, émasculées par les
rêveries creuses de leurs cerveaux qui roulaient à vide.
Le calme était donné aux hommes timorés par l'ap-
PROFILS MAÇONNIQUES 293
parence de grandeur de l'idée égalitaire; les cerveaux
ardents étaient exaltés par ces mêmes doctrines ; les
âmes religieuses, confondant l'humilité sociale avec
l'humilité individuelle, n'apercevaient que la mise en
pratique des paroles du Christ. Toutes les consciences
pouvaient donc être en paix.
Le cabaretier, maître de loge, a fort peu souci de
l'origine, de la raison d'être et du but de l'Ordre
auquel il est affilié. Il en connaît tout le culte exté-
rieur, et rien de plus ; mais ces puérilités pompeuses, il
les connaît à fond ; il ne fait pas une faute dans le serre-
ment de main, ni dans la marche, ni dans les mots se-
crets ; il connaît par le menu les tentures que l'on doit
mettre et les costumes qu'il faut porter dans chaque
circonstance. La f.'.-m.'. est une annexe de son com-
merce, un comptoir où l'on consomme, où Ton paie vin,
limonade et présence; elle lui apporte une clientèle dont
il est jaloux. S'il est âpre au gain, comme tout petit
commerçant, il est flatté d'être appelé vénérable maître
par le robin, l'officier et quelquefois le noble, vrai ou
faux, qui achalandé son industrie. Pour lui, la f.'.-m.',
est une bonne affaire. Parfois il prend son rôle au
sérieux et estime, à force de s'entendre honorer dans
ses fonctions, qu'il est l'égal de ceux qui fréquentent sa
loge. Le dogme maçonnique agit sur lui à sa façon,
terre à terre ; néanmoins, l'empreinte est profonde.
Les blessures faites à sa vanité ou à son envie ne se-
ront pas oubliées. Il se déclasse par en haut, prend des
vices au-dessus de son rang et au-dessus de sa bourse.
Que viennent les mauvais temps, qu'il ait à se plaindre,
avec ou sans raison, d'un voisin qui aura refusé de
294 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
le traiter en égal sans cependant vouloir l'humilier,
la haine lui montera au cœur, et si l'occasion s'en
présente, il le lui fera bien voir.
Il est une autre sorte de maçon plus dangereuse
encore, c'est le clerc de procureur, l'huissier, l'homme
de loi sans talent et sans clientèle, qui en cherche une
dans les loges, persuadé qu'il importe peu d'avoir du
mérite et des connaissances professionnelles, mais
qu'avec des relations on fait son chemin, qu'on ne le fait
pas autrement ; il a le caractère ergoteur des gens de
chicane, la conscience relative de ces clercs de la
basoche qui ont l'âme tranquille lorsqu'ils ont respecté
la loi en la tournant habilement. Pour eux, la légalité
retorte remplace la vérité et la justice, mots creux, vertus
dangereuses à pratiquer. Ce genre de maçons traite
volontiers les frères comme il traiterait la partie
adverse dans un mauvais procès.
Sur lui aussi l'égalité maçonnique fera ses ravages ;
elle augmentera ses talents à ses propres yeux, et par
contre diminuera ceux de ses adversaires ; à fréquenter
d2S gens titrés, il s'appellera du nom de la terre de
son père, ou de celui de son vide-bouteille * s'il n'a rien
de tout cela, il empruntera le nom de sa ville natale.
S'il s'introduit dans les hauts- grades, affublé de tous
les oripeaux d'usage, paré de décorations plus brillantes
que la croix de Saint-Louis, enrubanné de soieries
plus éclatantes que les ordres du roi, traité de Souve-
rain Prince ou de Sublime Quelque chose, il prendra
tout cela au sérieux, titres et défroques, méprisera son
voisin, qui garde sa boutique, sa femme et son temps,
méprisera bien plus encore, mais cette fois au nom
PROFILS MAÇONNIQUES 295
de l'égalité, celui qui passera à ses côlés comblé d'hon-
neurs et d'ornements authentiques. Dans son esprit
faussé la haine régnera en souveraine maîtresse, car il
appliquera légalité ainsi qu'une décision judiciaire.
Ce n'est pas lui qui perdra son temps dans des re-
cherches illusoires sur l'origine de l'homme et son but
final . Encore une recrue pour l'émeute si les temps s'y
prêtent. Celui-là s'appellera Maillard, Joachim Ceyrat,
Coflinhal.
Ou bien encore le petit bourgeois, vivant en rentier,
soit qu'il ait su se contenter d'une fortune modeste,
soit qu'il ait pris sa retraite et cédé son commerce.
Ne plus rien faire est une étape vers la noblesse. S'il ne
trouve aucune fissure pour y pénétrer, la fraternité ma-
çonnique lui en donnera l'illusion. Sa mentalité lui fait
envisager toutes choses comme une transaction com-
merciale ; est-ce que le commerce ne consiste pas à
acheter au meilleur marché et à vendre le plus cher
possible? Défendre son argent et attaquer celui des
autres, n'est-ce pas le but de l'existence? Il achètera de
l'égalité à bon compte dans les loges, nulle part il ne
trouvera mieux. Et comme il a payé en entrant, qu'il
débourse pour rester, il veut en avoir pour son argent,
la meilleure part. Désœuvré, il cherchera les fonctions
d'officier de loge pour tenir une place d'honneur
dans cette société d'égaux. Il fraternisera dans les
banquets avec ses anciens clients et en prendra les
allures. Le soir en rentrant, il resservira à sa femme
stupéfaite, mais émerveillée, toutes les bribes de fausse
science qu'il aura broutées dans les parterres de la ma-
çonnerie ; il lui dévoilera, par faveur spéciale, deslam-
296 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
beaux de la légende d'Hiram,et dans son demi-sommeil
il parlera de projets de vengeance ; dans ses rêves il
accomplira des actes héroïques pour défendre une so-
ciété où on lui apprend de si belles histoires.il discutera
toutes choses avec des phrases toutes faites, apprises à
force de les entendre répéter. Philosophe, politique,
homme de guerre, il sera tout cela et trouvera qu'il était
né pour toutes ces choses; il parlera d'égalité à tout
venant, et si on le critique, ou même si l'on ne le com-
prend pas, au nom de cette même égalité, il pensera
que contradicteurs ou indifférents sont des êtres infé-
rieurs et stupides. La maçonnerie aura encore déformé
ce malheureux, né brave homme, et dont la destinée
n'aurait pas dû le porter plus haut que son bonnet de
nuit, ni le descendre plus bas que les cancans de son
arrière-boutique. Heureux encore si une nature parti-
culièrement prudente lui fait craindre les coups qu'on
peut éviter ; il n'ira pas se compromettre dans une
journée révolutionnaire ; mais il y assistera des fenê-
tres de l'Hôtel de Ville, dont il sera électeur ; il s'ap-
pellera Veytard, Buffaut, Varangue. Certes, il ne tuera
ni Berthier ni Foulon, mais il trouvera que ces gens-là
ont eu grand tort de s'attirer la haine des habitués de
la place de Grève et du Palais-Royal, et qu'il vaut
mieux les abandonner à l'émeute que de risquer d'en
être soi-même la victime.
C'est encore l'homme à talent, heureux malgré tout
de frayer avec des militaires et des hommes bien nés ;
le temps qu'il perdra dans les loges ne lui rapportera
que des flatteries pour son amour-propre ; mais il y
sera sensible ; intelligent, si en plus il est malin,
PROFILS MAÇONNIQUKS 297
il saura faire mousser ses qualités, trouver une clien-
tèle parmi les frères. Peut-être ne se lancera-t-il pas
dans les hautes spéculations métaphysiques ; mais
comme tous ces gargarismes philosophiques et hu-
manitaires sont de mode dans les loges, il prendra
le vernis d'une science qui n'est pas la sienne, et son
amour-propre y trouvera encore son compte. Comme
tous les gens qui ne connaissent que la surface d'une
science ou d'un art, il s'y croira maître. S'il est obligé
de s'avouer qu'en pareille matière il n'est pas créa-
teur, il se croira bon juge. Son intelligence générale
et son talent particulier y perdront quelque chose, et
il sera la victime de son luxe maçonnique ; il n'osera
pas, lorsque les mauvais temps viendront, blâmer ce
qu'il a si souvent encensé ; les théories de loge sur
l'égalité qu'il a répétées à tout propos, le désarmeront
contre la poussée de l'égalité venue d'en bas.
Dans les parlottes maçonniques, le moins que puisse
y perdre l'homme de haut mérite, c'est le temps qu'il
aurait pu passer à produire ou à agir. Avec l'habitude
journalière de traiter sur le pied d'égalité des gens
qui lui sont très inférieurs, il doutera de lui-même ;
dans les échanges d'idées auxquels il se laissera en-
traîner, il donnera plus qu'il ne recevra, et ses ensei-
gnements seront toujours des présents inutiles et même
dangereux ; en vulgarisant de grandes pensées, il les
rapetissera, ne fût-ce que pour se faire comprendre.
Si, par malheur, il se laisse prendre au piège habile-
ment préparé du travail de loge, il se détournera de
sa vocation pour suivre une voie nouvelle, dans laquelle
il sera un homme ordinaire, en attendant d'être un
298 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
mécontent, car il se sera engagé dans un chemin sans
issue, dans la recherche d'un problème sans donnée
sérieuse, sans équations possibles et sans solution dé-
sirable.
La grande science expérimentale et pratique de Con-
dorcet se perdra dans des abstractions. Bailly égarera
son bagage scientifique en se laissant entraîner par la
politique des loges ; leurs rôles seront pitoyables et
leurs fins tragiques.
A fréquenter des gens d'éducation médiocre, le noble
apprendra peut-être à son frère d'atelier quelques
belles façons, dont celui-ci se parera comme M. Jour-
dain de sa prose, mais de son côté il y perdra de sa
distinction plus qu'il en aura donné ; son charme dis-
paraîtra et son prestige, vu de trop près, n'y gagnera
assurément pas. Souvent, aussi ridicule que le bour-
geois ou le boutiquier, lorsqu'il voudra faire de la
haute science maçonnique, il laissera, sans s'en douter,
glisser dans la rue l'égalité qu il a courtoisement pra-
tiquée dans les loges ; sans compter qu'à force de la
proclamer, il finira souvent par y croire. Après avoir
considéré les cérémonies des loges comme une esca-
pade passagère, il en fera le péristyle lumineux con-
duisant à la politique et aux assemblées de la Révo-
lution. Lorsque celle-ci explosera, le noble aura lui-
même détruit son ordre. Quant à lui, démoralisé,
émasculé, il sera devenu un combattant inutile; il
n'aura pas le courage actif qui provoque la résis-
tance nécessaire, mais seulement le courage résigné à
la mort. Avec lui il aura entraîné toute l'ancienne
France, depuis le roi jusqu'au dernier gagne-denier.
PROFILS MAÇONNIQUES 2\)\)
Ossature de la monarchie, il s'étonnera, après s'être sup-
primé avec élégance, de voir cette monarchie s'écrouler.
Sur l'officier les idées égalitaires feront les ravages
les plus pernicieux et auront des conséquences les
plus dangereuses pour la société qu'il est appelé à dé-
fendre. A fréquenter les loges, où les sous-officiers et
soldats sont admis, lorsqu'il n'y a pas une loge spéciale
pour eux souchée au régiment, il perdra son prestige
et son autorité auprès de ses subordonnés, ses égaux
et parfois ses supérieurs dans l'atelier, en même temps
que ces inférieurs perdront le sentiment de la hiérar-
chie nécessaire et l'esprit de la discipline indispensable.
Il subira encore une autre transformation mentale
néfaste à l'égard de ses supérieurs, analogue à celle
de ses inférieurs envers lui. Lorsque viendra la Révo-
lution, la désorganisation intellectuelle et hiérarchi-
que sera complète, en attendant le désordre matériel
que les Jacobins provoqueront et entretiendront.
Chez le magistrat au Parlement, en lutte tradition-
nelle depuis deux siècles avec le pouvoir royal, la dé-
sagrégation aura encore de plus terribles effets. Dans
ce milieu, où la dignité et la vertu sont souvent factices
et intéressées, les idées égalitaires ne feront qu'entrete-
nir et exaspérer cet état de révolte latent qui avait pro-
duit déjà tant de maux. Le magistrat, légiste impla-
cable, appliquera ses théories comme une ordonnance
ou un arrêt, et il le fera d'autant plus complètement
qu'elles seront en accord complet avec sa mentalité
300 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
professionnelle. Les loges n'auront pas besoin d'avoir
recours aux lits de justice pour lui faire enregistrer et
applsiquer leurdécisio ns.
Le duc d'Orléans réclamera à Louis XVI l'égalité
devant les marches du trône de France ; il aura beau
ensuite faire abandon du nom et des droits de sa race
pour personnifier le dogme maçonnique : sur le même
échafaud que son roi roulera la tête de Philippe Ega-
lité.
Après avoir sauvé la maçonnerie désorganisée et
expirante, en lui donnant la direction unique du G.*.
0.'. ; après avoir versé dans toutes les sectes, depuis
les loges militaires jusqu'aux loges égyptiennes de
Cagliostro, le duc de Luxembourg, à la fin de sa car-
rière, ira former un régiment émigré en Portugal ; les
Noailles battront maillet pour voir guillotiner le maré-
chal de Mouchy ; le duc de la Trémouille, prince de
Tarente, aura donné au G.*. 0.\ le crédit de sa pré-
sence pour que le prince de Talmont soit fusillé par un
Rossignol; les Rohan, les La Rochefoucault, les Choi-
seul, les Ségur, auront brillé dans les loges pour voir
leurs noms sur les listes de victimes de l'Abbaye, des
Carmes, de Gisors ou de la place de la Révolution. Et,
derrière eux, toute la noblesse de cour sortira des loges
pour se rendre à l'armée de Condé ou au tribunal
révolutionnaire. Si quelques-uns d'entre eux ne furent
que des inconscients et quelques autres des crimi-
nels, tous furent des coupables. Les sociétés sont tou-
jours détruites par les fautes de leurs défenseurs natu-
rels. La maçonnerie a conduit la noblesse au suicide. Il
faut oser le reconnaître, il faut oser le dire, pour que
PROFILS MAÇONNIQUES 301
la leçon de la veille puisse servir demain. Toute brave
qu'elle était sur les champs de bataille ou dans les
combats singuliers, la noblesse de cour est morte de
lâcheté morale, entraînant avec elle dans sa chute toute
l'admirable noblesse de province vivant modestement
et dignement sur ses terres; pour être disproportionné,
le châtiment n'en était pas moins fatal. La fissure qui
a fait crouler notre ancien édifice social n'avait été
faite ni parles vices ni par l'insuffisance de la noblesse,
mais par le corrosif, l'esprit d'égalité maçonnique.
J.-B. DE PUISIEUX
(1679-1776)
Le plus vénérable des Vénérables français est sans
contredit Jean-Baptiste de Puisieux, architecte juré du
roi. Né à Alland'huy (Ardennes) le 19 janvier 1679, il
a presque découvert l'élixir de longue vie, car il mou-
rut Agé de 97 ans, à Paris, le 6 février 1776.
Il avait été cristallisé par la f.\-m.*, car c'était assu-
rément le maçon le plus assidu et le plus convaincu de
France ; il consacrait tous ses loisirs à l'Art Royal.
Placé par son père chez un avocat au Parlement de
Paris, il abandonna bientôt l'étude du droit pour se
consacrer aux sciences et à l'architecture.
S'il publia, en 1765, un Traité de Géométrie, on ne peut
douter que c'est uniquement parce que cette science
avait été perchée sur le plus haut degré de l'échelle
templière. Il s'occupa aussi d'architecture, probable-
ment pour les mêmes raisons et peut-être aussi parce
qu'il était architecte juré du roi. Il présenta même, en
1758, un projet pour la nouvelle église Sainte-Geneviève ;
si ses plans ne furent pas adoptés, sa défaite fut hono-
302 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
rable, car il fut nommé contrôleur de travaux sous les
ordres de son heureux vainqueur Jacques-Germain
Soufïlot. Ses succès furent plus notoires, par compen-
sation, dans l'architecture maçonnique. Appelé à faire
partie de la Grande Loge de France en 1762, le 1er jan-
vier 1765 celle-ci l'honorait des fonctions de grand
architecte, malgré ses 86 ans. Lors de la constitution du
G.*. 0.*., il figura comme député en qualité de doyen,
car à ses titres il pouvait ajouter qu'en 1729 il avait été
maître de la loge Saint-Pierre et Saint-Paul à l'Orient
de Paris, où il avait été remplacé dans ces fonctions
le 13 septembre 1765 par le frère Zambault. Son fils
était vénérable d'une des plus anciennes loges de
France : les Arts Sainte-Marguerite.
Pour rendre hommage à la vérité et mettre l'hono-
rable Vénérable à l'abri de la médisance et du
ridicule, j'ajouterai qu'il ne faut pas le confondre avec
Philippe-Florent de Puisieux, dont la femme, Made-
leine d'Arsant, défraya abondamment la chronique
scandaleuse, à une époque où les chroniqueurs
étaient bavards et malveillants. La belle Madeleine,
après avoir été fort liée avec Diderot, qui fit pour elle
les Bijoux Indiscrets, devait mourir aux Incurables,
le 29 janvier 1799. L'épouse légitime de Jean-Baptiste
était au contraire une femme fort vertueuse, qui mourut
bien avant son mari, auquel elle n'avait donné qu'un
fils.
Puisieux avait fait son testament le 10 mars 1771 et
huit jours après sa mort, le 14 février 1776, la minute
en fut déposée au greffe de l'Abbaye royale Sainte-
Geneviève, le défunt étant mort rue Saint-Etienne-des-
Grès, où il avait son domicile depuis le 5 septembre
1763, ayant à cette date vendu, devant Me Régnault,
notaire royal, sa maison de la rue des Bernardins à
PROFILS MAÇONNIQUES 303
la fabrique de Saint-Nicolas du Chardonnet. Puisieux
laissa à sou fils une médaille d'or ; à sa sœur ses meu-
bles et 300 livres, et il donnait quittance de sa créance
à Louise-Geneviève Laisné, femme d'Antoine Nollet,
marchand à Paris. D'après les rituels que je possède
et qui lui ont appartenu, Puisieux devait suivre le
régime jacobite. Il devait s'occuper également de kab-
bale et d'alchimie, ayant laissé un manuscrit indi-
quant le moyen de faire, avec de l'étainde Cornouailles,
de l'argent « sortant du feu blanc et pouvant souffrir
la coupelle ». Pour lui, « l'aigle étendu est de l'armoniac
sublimé (sic) ; la gelée de loup, de la teinture d'anti-
moine congelée ; l'estomac d'autruche, de l'eau forte ;
le lyon vert, de la teinture de vitriol, etc. »
Jean-Baptiste de Puisieux appartenait à la catégorie
des maçons sincères, ne voyant dans les régimes qu'ils
pratiquaient que l'étiquette humanitaire, les préten-
tions scientifiques, les aspirations métaphysiques
creuses, et prenant tout cela au sérieux. Les travaux
maçonniques du f.\ de Puisieux n'ont jamais dû faire
tort qu'à ses travaux professionnels. Puisieux était du
reste un fort brave homme et ses connaissances alchi-
miques lui servirent au moins à composer une eau
excellente pour les yeux, qu'il distribuait aux pauvres
chaque matin. Dans un âge très avancé, il allait encore
visiter les malheureux et leur porter ses bienfaits et
ses consolations;
MICHEL PROCOPE
(1684-1753)
Gil Blas, en rentrant chez l'épicier liquoriste de la
rue des Fossés-Saint-Germain, y trouva, nous raconte
Lesage, un petit médecin brun qu'on nommait le
304 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Dr Cuchillo, dont la figure lui fit mépriser la colère.
Lesage avait traduit en espagnol le nom italien de
Coltelli, comme les habitants du quartier de Bussy
l'avaient traduit en français sous le nom de Couteau. Ce
docteur dont Gil Blas méprisait la colère, petit, laid,
noir et bossu, était Michel Procope Couteau, le plus
gai des maçons de France. Malgré ses infirmités, le
Dr Procope fut un homme à succès, dont le beau sexe
appréciait les mérites. Il avait du reste de qui tenir.
Son père, Francesco dei Coltelli, fils d'Onofrio, gentil-
homme palermitain, en avance sur son siècle, n'avait
pas cru déchoir, lorsqu'après avoir traîné inutilement
dans les -rues de Paris son épée en verouil, il s'était
décidé à prêter l'aide de sa jeune activité aux Arméniens
qui, en 1670, tenaient un café à la foire Saint-
Germain. A ce métier encore innommé, il avait su
faire fortune et, en 1675, il se lançait dans le commerce
et dans le mariage. Epicier et cafetier-liquoriste, rue de
Tournon, il distilla lui-même ses produits et épousa
Marguerite Crouïn, dont il eut au moins huit enfants.
La pauvre Marguerite en mourut ; elle ne fut pas
pleurée longtemps. Dans l'année qui suivit sa mort, le
15 juillet 1697, Francesco convolait en secondes noces
à Saint-Sulpice, malgré ses quarante-sept ans, avec une
fille de bonne maison, âgée de vingt-quatre ans, Anne-
Françoise Garnier de Vaulnay. Cette seconde épouse
ne lui donna que quatre héritiers. Riche de douze
enfants, Francesco dei Coltelli, devenu François Pro-
cope, sans qu'on ait jamais su pourquoi il s'était placé
sous le patronage de Procope de Gaza, historien byzan-
tin, installa son célèbre café rue des Fossés-Saint-
Germain-des-Prés, en face de la Comédie, sous la pro-
tection du Saint-Suaire de Turin.
Il se retira en 1716, après fortune faite, laissant la
PROFILS MAÇONNIQUES .')().")
place à son second fils Alexandre, qui fit souche de
cafetiers.
Comme beaucoup de commerçants parisiens, Fran-
çois avait destiné un de ses fils à l'état ecclésiastique.
Michel avait, dès l'âge le plus tendre, montré des dis-
positions singulières et un aplomb remarquable : à
l'âge de neuf ans, il prêchait dans l'église des Cordeliers
un sermon en grec, composé par lui. Son zèle religieux
devait bientôt se refroidir ; après avoir reçu les ordres
mineurs, il renonça à soigner les âmes pour se vouer
au soin des corps. En 1708, il était reçu docteur méde-
cin. Singulier médecin du reste; agité, jamais à la même
place, on le trouvait plus souvent au café fraternel,
dont il était un des attraits, dans les loges de f.\-m.*.
ou au spectacle que dans son cabinet de consultations.
A plusieurs reprises il quittait Paris, pour aller on ne
sait où ; se mariant authentiquement deux fois, sans
compter une certaine Anglaise fort riche, qui passe
pour avoir été sa femme, sans qu'on puisse trouver la
trace de cette union.
Né à Paris le 7 juillet 1684, Michel avait épousé,
avant 1718, Charlotte Beaune, qui mourait en 1728,
précédant de quelques mois dans la tombe une fille
qu'elle avait eue en 1719. Peu après le décès de sa
femme, Michel, suivant l'exemple paternel, épousait
en secondes noces Madeleine-Henriette de Brisseau de
Montfort, qui habitait le château de Montfort près du
Mans. Comme sa première femme, Madeleine mourait
prématurément en 1735,1a même année qu'un fils qu'elle
avait eu en 1733. Michel se fixait alors à Paris : en 1741 ,
il était professeur de pathologie, en 1747, professeur de
chirurgie française et, en 1752, bibliothécaire et régent
de la Faculté. Il mourut le 31 décembre 1753, rue de
Seine, faubourg Saint-Germain. Quelques jours avant
LA FRA.NC-MACONNERIE. — T. I. 20
30(5 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
sa mort, le 25 décembre, il avait fait son testament
devant Me Dupré, notaire royal, laissant une fortune
modeste et pas d'héritiers directs. A sa sœur, chanoi-
nesse régulière de Picpus, il laissait 60 livres de rentes
viagères ; 160 livres de capital à la dame de Gages et
150 à la femme Cochois.
Comme médecin, Michel Procope laissa un léger
bagage littéraire. Son œuvre la plus connue est Y Art
de faire des garçons, publiée à Montpellier, en 1770
seulement. Ce travail ressortissait peu de la science
médicale ; il était bien plutôt le fruit de l'exemple donné
par son père, à moins qu'il n'ait été la divulgation du
secret maçonnique.
Son intarissable gaîté et sa passion pour les specta-
cles, dont il jugeait finement les pièces nouvelles, ses
fréquentes relations avec les acteurs auxquels il don-
nait de bons conseils, et avec les actrices auxquelles il
en donnait de mauvais, incitèrent Procope à se lancer
dans la carrière d'auteur dramatique, où il obtint
quelques succès, avec Arlequin balourd joué à Londres
en 1719, Y Assemblée des Comédiens, les Fées, Pygmalion,
la Gageure et Les deux Basiles.
La colonne funèbre (oraison funèbre) de Michel
Procope futprononcée par le f.\ Claude-Martin Giraud
en 1754, sous le titre de la Procopade ou Apothéose du
docteur Procope, poème en six chants, publié à
Londres en 1754.
Procope était membre de la R.\ L.\ de Saint- Jean de
la Discrétion à l'0.\ de Paris. Les ouvrages contempo-
rains du fameux docteur parlent de son zèle maçon-
nique, et je ne serais pas étonné que le célèbre café de
la rue des Fossés-Saint-Germain ait souvent servi de
loge. Procope est presque le seul maçon de cette épo-
que dont le nom soit resté populaire.
PHOFILS MAÇONNIQUES 'M)7
Ainsi que nous l'avons dit, Michel Procope était un
maçon gai, et cependant précurseur du Neveu de
Rameau ; frère peu terrible, il ne dut pas prendre la
maçonnerie plus au sérieux que la médecine ou le
mariage.
SAINT-GERMAIN
(1700(?)-1784)
L'inconnu qui apparaît successivement dans toutes
les contrées de l'Europe, pendant la seconde moitié du
xvine siècle, sous les noms de comte Tzarogy, prince
Rakoczy, général Soltikoff, marquis de Montferat,
comte de Bellamye, comte de Saint-Germain et comte
de Veldona, est sans contredit le produit le plus cu-
rieux de la flore maçonnique.
Dans ce singulier personnage tout est mystérieux et
extraordinaire : son origine, sa vie et sa mort.
On fait sur sa naissance les récits les plus contra-
dictoires ; non seulement il ne les dément pas, mais
au contraire il les encourage, les multiplie. Est-il
Portugais, Espagnol, Juif, Français ou Russe ? Nul
ne peut le dire avec preuves à l'appui.
Tour à tour, avec les noms que nous venons d'énu-
mérer, il se dit ou on le dit fils : du prince de Tran-
sylvanie, le célèbre Rakoczy ; d'un Portugais, le mar-
quis de Betmar ; du père Aymar, jésuite espagnol ;
d'un juif d'Alsace, nommé Wolff ; d'un sieur Rotondo,
receveur des contributions à Aix. D'après Choiseul,
qui l'a protégé quelque temps à la Cour, il était fils
d'un juif portugais et dirigeait une manufacture d'in-
dienne à Moscou. Si on lui désigne plusieurs pères,
personnages inconnus ou hypothétiques, on ne lui dési-
gne qu'une mère : il aurait été le fils naturel de la veuve
308 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
du roi Charles II d'Espagne, la reine Anne de Neubourg,
dont Victor Hugo devait faire la maîtresse de Ruy Blas.
Avant d'examiner la maternité possible d'Anne de
Neubourg, il faudrait fixer approximativement la date
de la naissance de l'enfant qu'elle aurait mis au monde.
Sur ce point, les versions sont également contradictoires
et invraisemblables. En 1760, Saint-Germain aurait eu
4.000 ans selon les uns, 350 ans suivant les autres ; les
plus raisonnables lui attribuaient seulement une cen-
taine d'années. Comme nous le verrons plus loin, il est
probable qu'il naquit à la fin du xvne ou pendant les
premières années du xvni0 siècle. Comme il mourut
très âgé, en 1784, c'est à cette dernière hypothèse, la
seule admissible, que nous nous arrêterons.
Marie-Anne de Pfalz-Neubourg était née le 28 oc-
tobre 1667 ; sœur de l'empereur d'Allemagne, elle
avait épousé en premières noces l'électeur palatin.
Après la mort de Louise d'Orléans, nièce de Louis XlV
et première femme de Charles II, l'Autriche l'imposa
comme épouse à ce prince dégénéré de la maison de
Habsbourg (4 mai 1690). Cette princesse prit aussitôt
le pouvoir en main, avec le concours d'intrigants
allemands : Henri de Visser, ministre palatin, le Père
Gabriel Chiesa, capucin, et le baron de Berlepsch. Sa
vie privée aurait été désordonnée, et parmi les amants
qu'on lui prête figurent le musicien Matteuci et le ban-
quier Adanero, qui devint ministre des finances. Après
avoir fait le jeu de l'Autriche, la reine Marie, grâce à
l'habileté de l'ambassadeur de France, détermina au
dernier moment Charles II à faire son testament en
faveur du petit-fils de Louis XIV. Si Philippe V l'é-
loigna de la cour, à cause de son esprit d'intrigue, et
l'exila à Tolède puis à Bayonne, il lui fit une pension
de 400.000 ducats.
PROFILS MAÇONNIQUES 309
C'est le 20 septembre 1708 que la reine arriva à
Bayonne. Reçue par les autorités à la porte Saint-
Léon avec les plus grands honneurs, elle fut logée au
Château- Vieux, puis s'installa à l'hôtel Montaut, qui
appartenait aux Lalande. Après avoir passé deux ou
trois étés à Lissagne, qu'elle avait acheté aux Belzunce,
elle fit construire le château de Marrac, mais ne
voulut jamais l'habiter, parce qu'une de ses femmes
s'était installée sans son ordre dans une des chambres.
D'une taille majestueuse, d'un teint éclatant, elle était
déparée par un embonpoint excessif. Sa mauvaise
santé l'obligeait d'aller fréquemment aux eaux de
Cambo ou à celles de Tercis.
Menant une vie fastueuse, elle était très aimée des
habitants de Bayonne. Malgré son énorme pension,
elle fit 1.200.000 livres de dettes que Ferdinand VI
acquitta avant son départ de Bayonne (17 septembre
1738). La population l'accompagna en grande pompe
jusqu'à Lorminthoa.
Gravement indisposée en passant à Pampelune, elle
mourut à Guadalajara, le 16 juillet 1740.
D'après la tradition locale, que ne confirme pas l'état
civil, elle aurait eu, pendant son séjour à Bayonne,
une fille du chevalier de Larreteguy, dont le frère
aurait été détenu longtemps au château d'If pour avoir
crié : Place à ma belle-sœur! un jour que la reine était
arrêtée dans les rues de Bayonne par un encombre-
ment. Le chevalier de Larreteguy se maria par la suite
et eut un fils Charles-Léonard-Eugène de Larreteguy-
Vignolles, capitaine aux chasseurs des Vosges (1).
(1) Epousa Marie-Catherine-Julie Potier. En 1787 possédait une
maison rue de la Chaussée-d'Antin. Il figura sur les listes des émi-
grés sous le nom dénaturé de Larritigny-Vignolles.
310 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANGE
Si Saint-Germain était le fils de Marie de Neubourg,
on ignore si son père était Matteuci, Adanero, Larre-
teguy ou un autre, car d'après les mémoires de Grosley,
vers 1763, les grands banquiers de Hollande disaient
qu'il était fils d'une princesse réfugiée à Bayonne au
commencement du xvme siècle et d'un juif portugais
de Bordeaux, version acceptée par le duc de Choiseuî,
Si l'on s'en rapporte aux confidences de Saint-Ger-
main, son origine serait très différente. Voici ce que
raconte le prince de Hesse sur ce singulier person-
nage qui avait été son commensal pendant ses dernières
années (1) :
« A mon retour de la guerre de succession de Bavière,
fin août 1779, je vis à Altona le comte de Saint-Germain, qui
parut vouloir m'accorder son amitié, surtout quand il apprit
que je n'étais pas un paresseux et que je n'avais pas de pré-
dilections pour d'autres études qui auraient pu m'empêcher
de m'occuper de sciences naturelles. Il me dit alors : « J'irai
vous voir en Schleswig et vous verrez alors quelles grandes
choses nous ferons ensemble. » — Je lui fis comprendre
que j'avais beaucoup de raisons de ne pas répondre aussitôt
à sa bienveillance. — Il me répondit : «Je sais que je suis
obligé d'aller vous voir et de vous causer. » — Je ne sus
trouver d'autre excuse pour échappera ses instances que de
lui dire que le commandant de Kappen, qui était resté en
arrière pour cause de maladie, me suivrait quelques jours
après et qu'il pourrait lui communiquer ce qu'il avait à me
dire. Aussi j'écrivis à Kappen pour le prier de faire son
possible et lui faire comprendre qu'il ne pouvait pas venir.
Kappen vint à Altona et lui parla. Alors le comte lui
dit : « Vous pourrez dire ce que vous voudrez, il faut que
(1) Mémoires du prince de Hesse, dictés par lui-même Le texte
traduit que nous reproduisons est uue analysedu texte très prolixe.
PHOFILS MAœNNIQUl S !>11
j'aille en Schleswig et je non démordrai pas, le reste s'ar-
rangera .' Faites en sorte de me trouver là un logement. »
Kappcn me fit part de son désir que je ne pus approuver.
J'avais du reste reçu bien des renseignements à l'armée
prussienne sur cet homme peu ordinaire et j'avais surtout
causé de lui avec mon ami le commandant Frankerberg
qui me dit : « Vous pouvez être assuré que ce n'est pas un
trompeur et qu'il possède de grandes connaissances. Il se
trouvait à Dresde quand j'habitais cette ville avec ma femme.
Il nous témoignait à tous deux beaucoup de bienveillance.
Ma femme voulait vendre une paire de boucles d'oreilles.
Un bijoutier lui en offrait un prix dérisoire. Elle en pariait
en présence du comte qui lui dit: «Voulez-vous me les mon-
trer? » ce qu'elle fit volontiers. Puis il reprit : « Voulez-vous
me les confier pendant quelques jours?» Puis il les lui rendit
embellies. Le bijoutier auquel elle les remontra lui dit: « Ce
sont là de belles pierreries, elles sont toutes différentes de
celles que vous m'avez montrées autrefois », et il lui en
donna plus du double.
« Saint-Germain vint, peu après, à Schleswig. Il m'entre-
tint de grandes choses qu'il voulait entreprendre pour le
bien de l'humanité. Je n'avais nulle envie d'être son disciple,
mais, peu après, je me fis un devoir de conscience de renon-
cer à des connaissances qui pouvaient m'être utiles, par un
esprit de fausse sagesse et par avarice. Il parla beaucoup de
rendre les couleurs plus belles, d'améliorer les métaux, et il
soutint qu'il ne fallait pas chercher à produire de Tor alors
même qu'on en trouverait la combinaison, et il resta inflexi-
ble sur ce point. Les pierres précieuses coûtent leur prix de
premier achat, mais quand on sait les traiter, leur prix s'élève
de beaucoup. Il n'y avait pour ainsi dire rien dans la nature
qu'il ne savait améliorer ou utiliser. Il me communiqua
presque toutes ses connaissances sur les sciences naturelles,
mais il ne me donnait là que les premiers principes et m'a-
bandonnait à moi-même pour trouver les moyens pratiques
d'arriver au but et se réjouissait beaucoup sur mes pro-
grès dans ces sortes de recherches.
(( C'est ainsi qu'il fît par rapport aux métaux et aux pierres
précieuses. Pour ce qui concerne les couleurs, il m'instruisit
directement et me mit au courant de bien d'autres choses
importantes. On sera peut-être curieux de connaître son
312 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
histoire et je désire la donner fidèlement en me servant
de ses propres paroles, tout en ajoutant quelques notes
explicatives. »
D'après Charles de Hesse, il avait 84 ans quand il
vint en Schleswig et mourut à l'âge de 88 ou 89 ans. Il
dit à ce prince qu'il était le fils du prince Rakoczy de
Sickenburgen et de sa première épouse, née Tékely. Il
fut placé sous la protection du dernier Medici, qui,
pendant son enfance, le faisait coucher dans sa propre
chambre. Quand il apprit que ses deux sœurs, filles de
la princesse Charlotte-Amélie de Hesse-Rotenburg-Man-
fried (1), s'étaient soumises à l'empereur Charles VI et
avaient reçu de ce souverain les noms de Saint-Charles
et de Sainte-Elisabeth, il résolut de se nommer lui-
même Saint-Germain, le Saint Frère.
Si le prince de Hesse ne peut authentiquer l'o-
rigine de Saint-Germain, il déclare avoir appris, par
d'autres sources, que les derniers Medici l'avaient
réellement beaucoup protégé. Les membres de cette
grande famille florentine étaient très au courant
des recherches scientifiques, et il n'est pas étonnant
qu'il ait reçu d'eux ses premières connaissances sur
ces matières. Saint-Germain déclara au prince de
Hesse avoir découvert les forces de la nature par ses
propres moyens et par des recherches persévérantes.
Il connaissait les propriétés des simples et en avait
composé des médicaments dont il usait personnel-
lement et qui avaient contribué à fortifier sa santé et
à prolonger sa vie. Il connaissait aussi tous les remèdes
utilisés par les médecins de son temps. Cependant,
après sa mort, les docteurs attaquèrent violemment la
(1) On a vu chap.vn, p. 239,que le duc de Bouillon avait épousé
une princesse de Hesse.
PROFILS MAÇONNIQUES 313
réalité de ses connaissances médicales. Il y avait, à
Schleswig, un médecin nommé Labow, exerçant en même
temps la profession de pharmacien. 11 ne lui payait
pas moins de 1.200 thalers par an pour préparer ses
formules et en particulier un thé spécial connu sous
le nom de thé de Saint-Germain et qu'on pouvait encore
se procurer à l'époque où le prince de Hesse écrivait
ses mémoires . 11 le faisait vendre aux riches et distri-
buer gratuitement aux pauvres qu'il faisait aussi soigner
avec succès par le Dr Labow. Ce qui n'empêche pas
qu'après la mort de Saint-Germain, le prince de Hesse
fut harcelé par des récriminations venues de toutes
parts.
Saint-Germain voulut aussi fonder une fabrique de
couleurs. Celle de M. Otto, maire et conseiller à Ec-
kenforde, étant inoccupée depuis la mort de cet indus-
triel, Charles de Hesse l'acheta dans de bonnes con-
ditions, y installa son hôte et lui procura des tissus
de soie et de lin. Il vit teindre ensa présence, dans une
grande chaudière, quinze livres de soie suivant un
procédé expérimenté au préalable dans une simple
tasse. Malheureusement, sur ces entrefaites, Saint-Ger-
main fut atteint de rhumatismes dont il ne se guérit
jamais, malgré ses remèdes. Hesse allait le voir souvent
à Eckenforde, et prétend qu'à chaque visite il acqué-
rait de lui de nouvelles connaissances.
Quelque temps avant sa mort, le Prince le trouva
très affaibli. Il déclinait à vue d'œil. Après avoir dîné
avec lui dans sa chambre à coucher, Saint-Germain
l'obligea à s'asseoir près de son lit, lui parla avec
abandon et lui fît de nombreuses prédictions. Au mo-
ment de se séparer, il le supplia de revenir le voir le
plus tôt possible. A la visite suivante, Hesse le trouva
beaucoup mieux, mais aussi beaucoup moins expansif.
314 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
m
Néanmoins, lorsque le prince partit pour Cassel en
1783, Saint-Germain lui fit la confidence que, s'il venait
à mourir pendant son absence, il trouverait un billet
cacheté à son adresse lui donnant toutes satisfactions.
Ce billet, remis à des mains peut-être infidèles, ne lui
parvint jamais. Au moment de le quitter, il l'avait
supplié en vain à plusieurs reprises de lui révéler ver-
balement ce qu'il promettait de lui écrire ; il lui répon-
dit : Oh ! combien je deviendrais malheureux, mon
cher prince, si je me permettais de parler !
L'opinion de Charles de Hesse lui était exception-
nellement favorable. S'il faut croire les mémoires de ce
prince, il n'aurait jamais rencontré un homme aussi
sage, aimant autant l'humanité, ne demandant d'argent
que pour le donner aux pauvres. Il pensait rendre les
gens plus heureux en leur procurant des jouissances à
des prix modérés ; brillantes étoffes aux belles couleurs.
Très lucide, il connaissait l'histoire dune façon admi-
rable. Il avait séjourné dans tous les pays d'Europe, y
compris la Turquie ; mais la France était son pays de
prédilection. Présenté à Louis XV par Mme de Pom-
padour, il aurait été invité aux petits soupers de
Marly. Le roi, qui avait grande confiance dans ses
moyens, lui confia plusieurs missions diplomatiques
à l'insu de ses ministres ; mais selon l'habitude de ce
souverain, lorsque ses agents étaient brûlés, il les
abandonnait. Envoyé dans ces conditions à la Haye
pour négocier de la paix avec l'Angleterre, Choiseul
en eut connaissance et résolut de le faire arrêter. Saint-
Germain parvint à s'échapper et se réfugia en Alle-
magne sous le nom de comte de Weldona (Well done,
bien fait).
Ses principes philosophiques étaient le plus pur
matérialisme, qu'il défendait avec une telle habileté
PROFILS MAÇONNIQUES 315
qu'il était difficile de le contredire. Rien moins qu'ad-
mirateur du Christ, il se laissait aller à des attaques
auxquelles Hesse l'ut obligé de répondre :
— Mon cher comte, il ne dépend que de vous de
croire ou de ne pas croire en Jésus-Christ; mais je ne
vous cacherai pas que vous me causez un véritable
chagrin lorsque vous parlez ainsi d'une croyance à
laquelle je suis attaché.
Après un long silence, Saint-Germain lui répondit :
— Jésus-Christ n'est rien, mais vous faire de la
peine c'est quelque chose ; aussi je vous promets de ne
plus traiter ces questions en votre présence.
Néanmoins sur son lit de mort à Eckenlbrde,
comme Hesse était absent, il pria le Dr Labow de dire
au prince de Hesse, lorsqu'il reviendrait de Cassel, que
Dieu lui avait fait la grâce avant de mourir de changer
de manière de voir et que, sachant le plaisir que cela lui
causerait, il pourrait, dans un autre monde, contribuer
à son bonheur. Le récit de la mort de Saint-Germain,
tel qu'il est exposé dans les mémoires du prince
de Hesse, est en tous points conforme au récit qu'en fît
ce prince au moment même des événements. Le
28 mai 1784, il écrivait en effet de Hanau à Willermoz :
«... Le fameux comte Saint-Germain a expiré le 27 février
au matin, après une maladie d'une année et demie à peu près.
Il me fit savoir, quelques semaines avant sa mort, par un
homme de confiance, qu'il avait enfin appris par ce long
terme de souffrances à se soumettre à Dieu. C'était un bien
grand mot de sa part. Je ne sais si je vous ai fait part d'une
des dernières conversations que j'ai eues avec lui. Vous
savez qu'il disait : Je suis le plus ancien des maçons, mais
il avait toujours fait semblant de ne rien savoir de la maçon-
nerie et des hautes connaissances ; cependant, la dernière
année, bien des eirconstances me confirmèrent le contraire.
Enfin, dans une conversation bien intéressante, où il revenait
316 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
justement d'une agonie où il avait cru expirer, et moi qui
étais présent n'en avais point douté, je commençais à entrer
dans plusieurs détails avec lui, auxquels il me répondit avec
une précision et promptitude surprenantes. Je lui deman-
dais : Est-ce que vous avez connu un certain Marschal de
Bieberstein ?
Rép. — Oui, très bien.
— Où l'avez-vous vu?
— A Varsovie.
— Est-ce qu'il savait quelque chose ?
— Relata refero. Il ajouta : Me comprenez-vous bien, mon
enfant ?
— Oui, mon cher comte ; je vois que cela veut dire qu'il
avait des papiers et que cette instruction, il pouvait la don-
ner à d'autres.
Il approuva cela.
— Feu Hund ne voulait pas nous tromper pourtant,
n'est-ce pas ?
— Non 1 c'était un bon homme.
Je dis ex abrupto : Qui était le prédécesseur de Mars-
chall ?
Réponse très prompte et sans penser un instant : — Le
baron Rod, à Kônigsberg.
Voici de toutes les preuves de notre filiation la seule
bonne que j'aie jamais eue ; mais elle ne saurait l'être pour
d'autres. J'ai cru vous faire plaisir en vous communiquant
cette anecdote (1) »
Un autre document confirme encore l'exactitude de
la date de sa mort ; c'est le relevé du registre de l'état
civil de la ville d'Eckenforde (Schleswig) ; à la date du
2 mars 1784 il est fait la mention suivante :
Gestorben : am 27 Februar
Bestattet : am 2 Mars
Der sich so nennende Graf von S1 Germain und Wel-
(1) Dans le tome II, nous reviendrons sur cette conversation
relative aux origines de la Stricte Observance.
PROFILS MAÇONNIQUES 317
dona, weiterc nachrichten sind nicht bcckannt wordcn in
hiesiger kirche still beygcsctzt (sic).
Décédé le 27 florier. — Enterré le 2 mars.
« Celui qui se donnait le nom de comte de S1 Germain et
Weldona et sur lequel on n'a pas d'autres renseignements,
a été enterré dans cette église. »
Nous avons vu dans le récit du prince de Hesse que
Saint-Germain lui avait dit positivement qu'il était fils
du prince Rakoczy et de sa première femme née Tékely et
qu'il avait 84 ans vers 1780, époque de son arrivée à
Schleswig. Il serait donc né vers 1696 et probablement
en Transylvanie ou en Hongrie. Un chercheur heureux
aura peut-être la bonne fortune de trouver son acte de
naissance, si Saint-Germain a dit la vérité au prince
de Hesse.
Le plus célèbre des Rakoczy, le père supposé de Saint-
Germain, est surtout connu du public français par la
marche qui porte son nom et que Berlioz a immor-
talisée (1). François-Léopold Rakoczy, né en 1676 au
château de Borshi, près de Patak, était le descendant de
Georges Ier Rakoczy, prince de Transylvanie (1591-1648).
Il épousa en effet une Tékely en premières noces et en
secondes noces, en Italie, une princesse de Hesse. Sou-
tenu par Louis XIV, après avoir lutté avec énergie
contre l'Autriche, il dut se réfugier à Paris au commen-
cement de 1713, où le grand roi lui fit une pension de
100.000 livres. Ces ressources étant, paraît-il, insuffi-
santes, car il avait avec lui une suite nombreuse de
(1) Cette marche, attribuée successivement à Barna Mihali, à
Scholes et à Bihari, n'est certainement pas l'œuvre de Rakoczy,
(Voir Intermédiaire des Ch. et des C. 1907.)
318 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
compatriotes, Rakoczy aurait augmenté son revenu
en donnant à jouer à l'hôtel du Pérou, rue Jacob, puis
à l'hôtel de Transylvanie, qu'il avait loué quai Mala-
quais(l). D'un tempérament excessif, quand Rakoczy
n'était pas à la tête de ses bandes de Kuruczes. il
menait une vie d'ascète. C'est ainsi qu'après avoir
séjourné à Paris, à Passy et à Clagny, il se réfugia, en
1714, chez les camaldules de Grosbois. Le 26 août 1717,
il prit congé des bons Pères pour reprendre son aven-
tureuse existence. En 1718, il se rendit à l'appel du
sultan, qui venait de déclarer la guerre à l'Autriche.
Bien qu'il n'ait rien pu tenter contre les impériaux, par
suite de la victoire du prince Eugène à Belgrade, il fut
traité avec beaucoup d'égards par la Porte ; après la
paix de Passarovitz, il se retira à Radosto, non loin de
la mer de Marmara, menant avec les siens une vie
monacale jusqu'à sa mort, le 8 avril 1735.
Faut-il voir dans cette personnalité chevaleresque le
père du comte de Saint-Germain? Je laisse cette hypo-
thèse vraisemblable à vérifier aux chercheurs hongrois
qui s'intéressent à la haute figure de Rakoczy.
Si, abandonnant le récit du prince de Hesse, nous
cherchons, dans les mémoires contemporains, ce qui a
pu être dit sur les origines et sur les actes de Saint-Ger-
main, nous ne trouvons que les affirmations conformes
à celles du prince.
(1) Hôtel Lautrec. Cet immeuble est occupé en partie de nos
jours par M. Rapilly, marchand d'estampes. Voir la très intéres-
sante étude de M. Mouton sur l'hôtel de Transylvanie. C'est à
l'hôtel de Transylvanie que l'abbé Prévost fait jouer Manon et le
chevalier des Grieux.
PROFILS MAÇONNIQUES 319
Nous analyserons successivement les principales
d'entre elles.
Dans ses souvenirs, le comte deGleichen (p. 121) nous raconte que
« revenant à Paris en 1759, il lit une visite rà la veuve
du chevalier Lambert, qu'il avait connue précédemment ;
il y vit entrer après lui un homme de taille moyenne, très
robuste, velu avec une simplicité magnifique et recherchée.
Il jeta son chapeau et son épée sur le lit de la maîtresse du
logis, se plaça dans un fauteuil près du feu et interrompit
la conversation en disant à l'homme qui parlait : — Vous ne
savez pas ce que vous dites, il n'y a que moi qui puisse
parler sur cette matière, que j'ai épuisée, tout comme la
musique que j'ai abandonnée, ne pouvant plus aller au
delà.
« Je demandais avec étonnement à mon voisin qui était
cet homme-là, poursuit Gleichen, et il m'apprit que c'était le
fameux M. de Saint-Germain, qui possédait les plus rares
secrets, à qui le roi avait donné un appartement à Chambord,
qui passait à Versailles des soirées entières avec S. M. et
Mme de Pompadour et après qui tout le monde courait
quand il venait à Paris. »
M»ie Lambert invita Gleichen à dîner pour le lendemain avec
Saint-Germain : celui-ci faisait la cour à sa fille et logeait dans
la maison. Gleichen, médusé par le personnage, ayant risqué
quelques propos sur la peinture, eut l'approbation de Saint-
Germain qui, après le dîner, lui montra une dizaine de tableaux
merveilleux. Il lui fit également voir des pierreries et surtout des
diamants de couleur d'une grosseur et d'une perfection surpre-
nantes. Saint-Germain raconta qu'il avait assisté à l'histoire, en
témoin : Henri VI, François Ier, etc., lui avaient parlé.
« Ces bêtes de Parisiens, dit-il à Gleichen, croient que
j'ai 500 ans et je les confirme dans cette idée parce que je
vois que cela leur fait tant de plaisir ; ce n'est pas [que je
sois infiniment plus vieux que je ne parais. »
Lord Gower, qui contrefaisait admirablement les gens, se fit
passer un jour dans un salon du Marais pour Saint-Germain et
déclara avoir connu particulièrement Jésus-Christ, la sainte
320 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Vierge, sainte Elisabeth, et même sainte Anne. C'est cette facé-
tie qui fit croire que Saint-Germain avait dix-sept cents ans.
Quoi qu'il en soit, Rameau et une vieille parente de l'ambas-
sadeur de France à Venise, assurèrent avoir connu Saint-Germain
dans cette ville en 1710 et qu'il paraissait alors avoir 50 ans ; en
1759 il paraissait en avoir 60. Et le secrétaire de Gleichen, Morin,
qui l'avait connu en Hollande en 1735, ne le trouvait pas changé.
A sa mort, en 1780, on lui donnait toujours 60 ans (nous avons
vu qu'il mourut en 1784). Sa philosophie était celle de Lucrèce.
Il laissait volontiers planer le mystère sur la noblesse de son ori-
gine et racontait son enfance environnée d'une suite nombreuse,
sur des terrasses magnifiques, sous un soleil radieux. En fait,
personne n'a rien su de lui.
Il parlait l'allemand, l'anglais et le français avec un accent
piémontais, et l'espagnol et le portugais sans le moindre accent,
Il se serait fait appeler autrefois marquis de Montferrat. Le
vieux baron de Stoch a dit à Florence que sous la Régence, il
avait connu un marquis de Montferrat qui passait pour un fils
naturel de la veuve de Charles II, retirée à Ba37onne, et d'un
banquier de Madrid.
Saint-Germain fréquentait chez M. de Choiseul, qui un jour,
en présence de Gleichen, dit à sa femme qu'il lui défendait de
suivre le régime d'un homme aussi équivoque que Saint-Germain.
Le bailli de Solar ayant demandé si on savait qui il était,
Choiseul répondit que c'était le fils d'un juif portugais, qui trom-
pait la crédulité de la cour et de la ville, et qu'il était dangereux
de laisser le roi seul avec un semblable personnage.
Saint-Germain était l'âme damnée du maréchal de Belle-Isle.
Il aurait été envoyé avec les instructions du maréchal, approuvées
par le roi, à la Haye pour traiter avec le duc Louis de Brunswick
d'une alliance avec la Prusse et d'une rupture avec l'Autriche.
M. d'Affry, ambassadeur du roi en Hollande, se plaignit à
Choiseul et réclama aux états généraux de lui livrer Saint-
Germain pour l'envoyer à la Bastille. Le roi n'osa pas intervenir
et laissa toute liberté à Choiseul. Saint-Germain parvint à s'é-
chapper en Angleterre (1). De là, il se rendit à Pétersbourg, à
Dresde, à Venise, à Milan. En 1770, il reparaît à Libourne avec
un nom et un uniforme de général russe.
Gleichen termine en racontant son séjour chez le margrave
(1) Dans les Nouvelles de Londres du 10 mai 1760, reproduites
dans la Gazette de France du 24 mai suivant (p. 249), nous lisons:
« Le prétendu comte de Saint-Germain a été arrêté dans cette ville
et il a été confié à la garde d'un messager d'Etat. »
■: • ' ■ ■:-•'■■ : '; " :-■■■'"%'■. :. ■:,:■'.' .; : .;
LE COMTE DE S'1: GERMAIN
CÉLÈBRE ALCHIMISTE:
fu &„«££> i ,u.U ufm ,JZ e yj^, aj!i p_ ^ ^ ^ _
P
Qfvaluv de tprJ,r A'.ya/
4 eAUdrà, J'£f,.^ de £f
lonatear c)c è//»v
Camp ■ \,
'"'/«' } de Q. H ili .
4i. iwtio/tra ->,
■
PROFILS MAÇONNIQUES 321
d'Anspach et sa mort à EcUenfœrde, chez le prince Charles de
liesse.
De son côté Mme du Hausset, dans ses Mémoires
publiés par Crauford, donne sur lui d'intéressants
détails (1).
« Il venait souvent chez Mme de Pompadour un homme qui
était bien aussi étonnant qu une sorcière. C'est le comte de
Saint-Germain, qui voulait faire croire qu'il vivait depuis plu-
sieurs siècles. Un jour, Madame lui dit devant moi à la toi-
lette : — Comment était fait François Ier? C'est un roi que j'au-
rais aimé. — Aussi était-il très aimable, dit Saint-Germain,
et il dépeignit ensuite sa ligure et toute sa personne comme
Ton fait d'un homme qu'on a bien considéré. — C'est dom-
mage qu'il fût trop ardent. Je lui aurais donné un bien bon
conseil qui l'aurait garanti de tous ses malheurs ; mais il ne
l'aurait pas suivi, car il semble qu'il y ait une fatalité pour
les princes qui ferment leurs oreilles, c'est-à-dire celles de
leur esprit, aux meilleurs avis, surtout dans les moments
critiques. — Et le Connétable, dit Madame, qu'en dites- vous?
— Je ne puis en dire trop de bien et trop de mal, répondit-
il. — La cour de François Ier était-elle fort belle ? — Très
belle, mais celle de ses petits-fils la surpassait infiniment ;
et du temps de Marie Stuart et de Marguerite de Valois,
c'était un pays d'enchantement, le temple des plaisirs ; ceux
de l'esprit s'y mêlaient. Les deux reines étaient savantes,
faisaient des vers, et c'était un plaisir de les entendre.
Madame lui dit en riant : — Il semble que vous ayez vu tout
cela. — J'ai beaucoup de mémoire, dit-il, et j'ai beaucoup lu
l'histoire de France. Quelquefois je m'amuse non pas à faire
croire, mais à. laisser croire, que j ai vécu dans les plus anciens
temps. — Mais enfin vous ne dites pas votre âge, et vous vous
donnez pour fort vieux. La comtesse de Gergy, qui était, il
y a cinquante ans, je crois, ambassadrice à Venise, dit vous
y avoir connu tel que vous êtes aujourd'hui. — Il est vrai,
Madame, que j'ai connu, il y a longtemps, Mme de Gergy.
— Mais, suivant ce qu'elle dit, vous auriez plus de cent ans
(1) Mém. de MmQ du Hausset, p. 148 et 179.
LA FRANC-MAC.ONNERIE. — T. I 21
322 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
à présent ? — Cela n'est pas impossible, dit-il en riant ; mais
je conviens qu'il est encore plus possible que cette dame,
que je respecte, radote. — Vous lui avez donné, dit-elle, un
élixir surprenant par ses effets ; elle prétend qu'elle a
longtemps paru n'avoir que vingt-quatre ans. Pourquoi n'en
clonneriez-vous pas au roi ? — Ah t Madame, dit-il avec
une sorte d'effroi, pour que je m'avise de donner au roi
une drogue inconnue, il faudrait que je fusse fou.
Je rentrai chez moi pour écrire cette conversation. Quel-
ques jours après, il fut question entre le roi, Madame,
quelques seigneurs et le comte de Saint-Germain, du secret
qu'il avait de faire disparaître les taches des diamants. Le
roi se fît apporter un diamant médiocre en grosseur qui
avait une tache. On le fit peser, et le roi dit au comte : — Il
est estimé six mille livres, mais il en vaudrait dix sans la
tache. Voulez-vous vous charger de me faire gagner quatre
mille francs '? Il l'examina bien et dit: — Cela est possible,
et dans un mois je le rapporterai à Votre Majesté. — Le
comte, un mois après, rapporta au roi le diamant sans tache ;
il était enveloppé dans une toile d'amiante qu'il ôta. Le roi
le fit peser, et à quelque petite chose près, il était aussi
pesant. Le roi l'envoya à son joaillier, sans lui rien dire,
par M. de Gontaut, qui rapporta 9600 fr. ; mais le roi le fit
redemander pour le garder par curiosité. Il ne revenait pas
de sa surprise, et il disait que M. de Saint-Germain devait
être riche à millions, surtout s'il avait le don de faire avec
de petits diamants de gros diamants. Il ne dit ni oui ni
non ; mais il assura très positivement qu'il savait faire
grossir les perles et leur donner la plus belle eau. Le roi
le traitait avec considération, ainsi que Madame. C'est elle
qui m'a raconté ce que je viens de dire.
M. Quesnay m'a dit, au sujet des perles : — C'est une ma-
ladie des huîtres, et il est possible d'en savoir le principe.
Ainsi M. de Saint-Germain peut grossir les perles ; mais il
n'en est pas moins charlatan, puisqu'il a un élixir de longue
vie, et qu'il donne à entendre qu'il a plusieurs siècles ; le
maître au reste en est entêté et en parle quelquefois comme
étant daine illustre naissance.
Je l'ai vu plusieurs fois, il paraissait avoir 50 ans ; il
n'était ni gras ni maigre; avait l'air fin, spirituel, était mis
très simplement, mais avec goût, et portait aux doigts de
PROFILS MAÇONNIQUES i>23
très beaux diamants, ainsi qu'à sa tabatière cl à sa montre. Il
vint, un jour oà La cour était en magnificence, chez Madame,
avec des boucles de souliers et de jarretières de diamants
fins si belles, que Madame dit qu'elle ne croyait pas que le
roi en eut d'aussi belles. Il passa dans l'antichambre pour
les défaire et les apporta pour les voir de plus près ; et en
comparant les pierres à d'autres, M. de Gontaut, qui était là,
dit qu'elles valaient au moins 200.000 fr. Il avait ce
même jour une tabatière d'un prix infini, et des boutons de
manches de rubis qui étaient étincelants. On ne savait pas
d'où cet homme était si riche, si extraordinaire, et le roi ne
souffrait pas qu'on en parlât avec mépris et raillerie. On l'a
dit bâtard d'un roi de Portugal.
M. de Saint-Germain dit un jour au roi : — Pour estimer
les hommes, il ne faut être ni confesseur, ni ministre, ni
lieutenant de police. Le roi lui dit : — Et roi. — Ah ! dit-il,
Sire, vous avez vu le brouillard qu'il faisait il y a quelques
jours ; on ne voyait pas à quatre pas. Les rois, je parle en
général, sont environnés de brouillards encore plus épais,
que font naître autour d'eux les intrigants, les ministres
infidèles; et tous s'accordent, dans toutes les classes, pour
lui faire voir les objets sous un aspect différent du véri-
table.
J'ai entendu cela de la bouche du fameux comte de Saint-
Germain, étant auprès de Madame, qui était incommodée
et dans son lit. Le roi y vint et le comte, qui était très bien
vu, avait été reçu. Il y avait là M de Gontaut, Mme de
Brancas et i'abbé de Bernis. Je me souviens que le même
jour, le comte étant sorti, le roi tint un propos qui fit de la
peine à Madame. Il était question du roi de Prusse, et le
roi dit: — C'est un fou qui risquera le tout pour le tout, et qui
peut gagner la partie, quoique sans religion, sans mœurs et
sans principes. Il veut faire du bruit, et il en fera ; Julien
l'Apostat en a bien fait. — Jamais, dit Madame, lorsqu il fut
sorti, je ne l'ai vu si animé ; mais enfin la comparaison de
Julien l'Apostat n'est pas mauvaise vu l'irréligion du roi
de Prusse. S'il se tire d'affaire avec tous les ennemis qu'il
a. il sera dans l'histoire un grand homme. M. de Bernis lui
dit : — Madame est juste dans ses jugements, car elle n'a
pas lieu, ni moi non plus qui l'approuve, de s'en louer. »
324 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Enfin Dufort de Cheverny (1) décrit le personnage
d'une façon qui mérite d'être retenue :
» ... Chez deuxjeunes femmes fort aimables, qui voyaient
la meilleure compagnie de Paris et tout ce qui faisait le plus
debruit, il rencontra le fameuxSaint-Germain, Rose-Croix,
Juif errant, qui a fait des pierres et diamants à Chambord,
et s'est éclipsé depuis, pour finir, très âgé, obscurément,
dans une petite ville d'Allemagne. C'était un petit homme
de 45 ans (1747), d'une figure très commune, mais fort spiri-
tuel ; magnifique pour donner des bagatelles aux femmes,
parlant avec feu et bien, mais par énigmes, donnant ou lais-
sant toujours quelque chose à deviner ; se vantant de con-
naître comme de visu les personnages les plus fameux dont
on lui parlait, s'enveloppant d'un nuage sur son âge et sur
sa vie, parlant de tout, comme s'il avait tout appris, se trom-
pant du reste souvent. »
L'abbé Barruel, parlant de la société qui se réunissait à Erme-
nonville après la mort de J.-J. Rousseau, sous la direction du
R.\ F.*, de Sâint-Germain, « ose avancer, dit Abraham (2), que
les femmes réunies dans cette société étaient communes aux ff.\, à
l'exception de celle que le chef avait choisie ; cette assertion est
contraire à toute vérité. Tous ceux qui, comme moi, ont eu l'avan-
tage de connaître le f.\ de Saint-Germain, peuvent assurer qu'il
n'a jamais donné ni des exemples ni des leçons de libertinage.. . »
Pour être juste, il faut reconnaître, en effet, que les
accusations portées contre Saint-Germain par Bar-
ruel (3), ne peuvent être exactes en ce qui concerne sa
participation aux orgies d'Ermenonville. Car les faits
qu'il relate se passèrent en 1785, et, à cette époque.
Saint-Germain était mort depuis plus d'un an.
D'après des renseignements particuliers qui m'ont été
obligeamment fournis par le prince Charles de Lœvens-
(1) Mémoires, I, 56.
(2) Histoire du Jacobinisme, IV, 270.
(3) Miroir, III, 17.
PROFITS MAÇONMOII.S .'525
tein : ci Au cours de ses nombreux voyages, Saint-Ger-
inain arriva à Leipzig, en 1777, où il se présenta sous
le nom de comle de Weldona ; il disait également s'ap-
peler le prince Rakoczy. Il lit dans cette ville la con-
naissance du conseiller du Bosc. Ce conseiller, dans
une lettre au prince Frédéric-Auguste de Brunswick,
déclare que Saint-Germain est expert en matière de
teinture de la laine et de la soie et qu'il est à la tète
d'une manufacture d'indienne à Moscou ; il savait éga-
lement colorer les pierres précieuses, sauf le diamant,
mais ne savait fabriquer ni l'or, ni les pierres. En pré-
sence du conseiller intime Wurmb, qui le fît venir à
Dresde, il avoua avoir entre 60 et 70 ans, être f.*.-
m.\ au 4e degré, mais qu'il ignorait les secrets de la
secte. »
Ce qui ressort de cet ensemble de documents, c'est
que Saint-Germain était f.\-m.\, et plus avancé en
grade qu'il lui plaisait parfois de le reconnaître.
D'après Le Couteulx (1), il aurait été initié par Schaep-
fer. Il fit, dans tous les cas, partie de la Stricte Obser-
vance d'Allemagne (2).
Je ne connais qu'une œuvre de Saint-Germain : c'est
un manuscrit relié en veau, de forme triangulaire,
écrit sur parchemin en caractères particuliers. Il a pour
titre : La Magie sainte révélée : Mosé retrouvé dans un
monument égyptien et pieusement conservé en Asie sous
la devise d'un dragon ailé.
Le faux-titre porte la mention suivante : Ex dono
(1) Les Sectes et sociétés secrètes, p. 151.
(2) Voir également sur Saint-Germain : Gérard de Nerval ; les
Illuminés, p. 227. — Mounier, de l Influence..., p. 139-143. — Doinel,
La Loque noire. — La Mothe-Langon, le Comte de Saint- Ger-
main et la Marquise de Pompadour (pour mémoire). — Mémoi-
res de Casanova, III, 250. — Voltaire, édit. Beuchot, LUI, 393, et
LVIII, 360, 390. — Bulaû, etc. . .
326 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
sapientissimi comitis Saint- Germain qui orbem terrarum
perciicurrit (1).
Saint-Germain fut à coup sûr un précurseur élégant
de Cagliostro. Sa mentalité maçonnique est particuliè-
rement intéressante à étudier.
Sur sa personne il laisse planer un mystère qui doit
éveiller la curiosité, attirer des sympathies. Virtuose
dans l'art du mensonge, il ne dit pas de contre-vérités;
mais par son silence il sait, mieux que par les plus
savants discours, accréditer les fausses légendes qu'on
répète sur son compte. Il a la rare faculté de savoir se
taire et d'en profiter avec habileté. Probablement pos-
sesseur d'une fortune moyenne, il sut à propos faire
d'utiles sacrifices d'argent : ainsi donna-t-il à Louis XV
un diamant de 10000 au lieu et place d'une pierre de
6000 ; nous l'avons vu employer en Allemagne le
même procédé. A ces manœuvres, il trouvait vite son
compte de toutes façons. Ces sacrifices étaient de bons
placements : affichage et réclame judicieux et pro-
ductifs.
Eut-il dans la f. \-m.\ un rôle dirigeant, prépondé-
rant? Certes non, car personne n'eut ce rôle. Il semble
avoir été surtout un frère de la section des sciences
vraies ou fausses, et surtout un frère industriel habile.
Mystificateur de premier ordre, après avoir vécu comme
s'il avait une fortune qui permît de ne pas compter, il
mourut, semble-t-il, sans fortune. Il mentit en silence
jusqu'à sa dernière heure, et, inconsciemment, ses
adeptes le font encore mentir du fond de sa tombe,
d'où ils le font sortir, revivre et circuler encore de nos
jours.
(1) Ce manuscrit appartient à M. Potier.
PROFILS MAÇONNIQUES W21
LEBRETO N
(1708-1779)
André-François Lebreton, né à Paris le 21 août 1708,
fut le premier maître de loge dont le nom soit parvenu
jusqu à nous. Sa loge avait pour titre : le Louis d'ar-
gent (1).
En 1725, à la mort de Laurent d'Houry, qui avait
imaginé YAlmanach Royal en 1683, sa veuve con-
tinua la publication de ce recueil et s'adjoignit pour sa
rédaction son petit-fils Lebreton, qui devint à son tour
imprimeur de l'almanach en 1744. Lebreton, qui avait
épousé Marguerite Devaux, mourut sur la paroisse de
Saint-Sé vérin, le 4 octobre 1779. Son acte de décès porte
qu'il était premier imprimeur du roi, ancien juge-consul
et syndic de la librairie. Il fut inhumé dans le charnier
du Crucifix de cette église, en présence de Laurent
d'Houry, imprimeur de S. A. S. Mgr le duc d'Orléans,
de son cousin germain, et d'André-François Debure,
libraire, gendre du Sr d'Houry. Sur son testament,
déposé le 30 août 1779 chez Me Boursier (aujourd'hui
Me Georges Meunier, notaire, 94, boulevard Montpar-
nasse), il laissa aux pauvres de la paroisse Saint-Séve-
rinune somme de 1.200 francs et pareil legs à ceux de
Massy (Palaiseau). En bon chrétien, il demande
qu'il soit dit, tous les ans à perpétuité, une messe le
30 novembre, tant à Saint-Séverin qu'à Massy, pour le
repos de son âme, et laisse à cet effet 100 francs de
rente à chacune de ces fabriques. A l'abbé Lebreton de
la Lonetière, il fait don d'un exemplaire du diction-
naire de Ducange et de quatre volumes de Fables de la
(1) Voy. chap. iv, et monographies des loges.
328 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Fontaine, illustrés par Oudry ; au curé de sa paroisse,
l'abbé Cantuel de Blanus, il lègue une tabatière d'or.
Jusqu'à la fin de sa vie, Lebreton assista religieuse-
ment à toutes les tenues du G.1. 0.'. et sa signature
figure parmi celles des vénérables doyens à côté de
celles de Carbonel, Puisieux, Le Lorrain, Leveillé, etc.
Pour ne rien celer, je suis obligé d'avouer que Lebre-
ton fut embastillé comme un simple gentilhomme :
entré à la Bastille le 23 avril 1766, par ordre contre-
signé Saint-Florentin (un f \-m.\), il en sortit le 30;
« on ne sait pas exactement le motif de sa détention,
nous dit M. Funck-Brentano, auquel il faut toujours
emprunter quelque chose lorsqu'on parle de la Bastille ;
mais il paraît que son crime n'était pas capital et que
sa faute n'était qu'une imprudence occasionnée par
l'envie qu'il avait d'obliger. »
BACON DE LA CHEVALERIE
(1731-1821) (?)
Parmi les nombreuses variétés de f.*.-m.\ que vit
éclore le xvme siècle, une des plus curieuses est sans
contredit celle des rêveurs naïfs, imaginatifs convain-
cus, se livrant au travail spéculatif de loge, alchimie
du cerveau. Parmi ces maçons, disciples de Sweden-
borg, de Martines de Pasqually ou de Saint-Martin,
figurent les Willermoz, le duc de Luxembourg, Rcettiers
de Montaleau et Bacon de la Chevalerie.
La branche des Bacon à laquelle appartenait Bacon
de la Chevalerie, fixée dans le Ljronnais, sortait vrai-
semblablement des Bacon de Normandie dont la
famille avait été illustre. Par contrat du 10 juillet
1390, Jean de Luxembourg épousa Alice de Flandre,
PROFILS MAÇONNIQUES 329
dame de Richebourg, fille de Jeanne Bacon, dame de
Molay. Cette descendance incertaine n'était pas faite
pour déplaire à Jean-Jacques Bacon, qui par la suite
n hésitait pas à rappeler qu'il tenait par alliance au
templier Jacques Molay.
En 1514, nous trouvons un Bacon tabellion en Nor-
mandie. A partir de cette époque, la famille des Bacon
semble avoir mené une existence nomade. Thomas
Bacon, olïîcier des armées du roi vers 1760, laisse trois
fils.
En 1700, Pierre Bacon de Lambrine, seigneur de
Gourdet, ancien lieutenant au régiment d'Auvergne-
infanterie et volontaire dans le régiment de cavalerie
d'Audicourt, habitait à Saint-Marias-lez-Bourges, en la
sénéchaussée de Guyenne, et fournissait ses lettres de
noblesse. Son frère aîné, Pierre, avait été successive-
ment volontaire dans les gardes du roi, lieutenant au
régiment de Jonzac et volontaire au régiment d'Audi-
court ; son frère cadet, Girard de Bacon, seigneur de
Bardes, avait servi en qualité de cadet aux régiments
de Nazze et de Jonzac. On trouve enfin, à la date du
17 juillet 1709, le contrat de mariage de Henri-Louis
Bacon, fils de Jean, qui épouse une de ses parentes,
Marguerite Bacon, fille de Claude Bacon, conseiller du
roi, lieutenant des traites foraines à Châlons.
Jean-Jacques Bacon de la Chevalerie naquit à Lyon,
sur la paroisse Saint-Paul, le 8 janvier 1731. Il était fils
de Daniel Bacon de la Chevalerie, et de Claudine
André, sa légitime épouse. Il eut pour parrain Jean
Bonnat de Mably, prévôt général des provinces de
Lyonnais, Forest et Beaujolais, père du célèbre abbé, et
pour marraine demoiselle Jacqueme Basset, épouse de
Jean-Baptiste Bay, seigneur de Curis.
En 1746, Jean- Jacques Bacon, âgé de 15 ans, entre
330 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
dans la seconde compagnie des Mousquetaires de la
garde du roi, dits Mousquetaires noirs, dont le capi-
taine-lieutenant était, depuis 1729, le marquis de
Montboissier. En 1747, il est successivement lieutenant
en second et lieutenant au régiment de Custine-infan-
terie. En 1757, il est aide-major dans le corps des
volontaires du Dauphiné ; l'année suivante, à la date
du 1er mars, il prend rang comme major de ce régiment,
puis passe la même année dans un régiment de dra-
gons en qualité de capitaine. En août 1761, il est
pensionné de 500 fr. ; en octobre, il est lieutenant-colo-
nel et commande un corps de 300 hommes d'infanterie,
et le 15 octobre, il est décoré de Saint-Louis.
Par ordonnance du 3 décembre 1762, il est employé
à Saint-Domingue avec 2.000 francs d'appointements.
Au commencement de 1768, il remplissait encore les
fonctions de lieutenant-colonel d'infanterie dans cette
colonie, et il attendait, depuis sept ans, sa nomination
de brigadier (1). Le retard apporté à sa nomination
provenait des inimitiés puissantes qu'il s'était créées
dans la famille de sa femme ; d'après une note sans
date du bureau des colonies, « il avait épousé à Saint-
Domingue une parente de Fournier de la Chapelle,
procureur général, et ce fonctionnaire, mécontent de ce
mariage, s'était dispensé d'assister au mariage. Bacon
était en discussion et en échange d'injures avec son
beau-père, et disait à qui voulait l'entendre que sans
1 âge et la grosseur énorme du père de sa femme, il
aurait terminé la discussion par des voies de fait. Un
procès était en instance devant le juge du Cap. Il avait
été décerné contre lui un décret d'arrestation lorsque le
(1) Ministère de la guerre. Dans ses lettres des 7 janvier et 2 fé
vrier 1768, il dit qu'il a sept enfants dont cinq fils.
PROFILS MAÇONNIQUES 331
vicomte de Belzunce lit arrêter les poursuites eu se fai-
santremettrelaprocédure ». Néanmoins, à la suite de ces
scandales, Bacon dut rentrer en France pour que l'af-
faire n'eut pas de suites. Il était du reste très éprouvé
par le climat, et son frère venait de mourir de la
dysenterie.
Le 20 août 1768, il prend rang comme colonel d in-
fanterie. Le lerjuillet sa pension est réglée à 2.650 francs,
et le 1er mars 1780 il est nommé brigadier d'infanterie.
Enfin, en décembre 1789, il est désigné par les élec-
teurs des communes du département du nord de Saint-
Domingue comme capitaine général des troupes
patriotiques avec rang de lieutenant général.
Avec cette carrière si bien remplie, Bacon ajoutait de
brillants états de service. Il s'était trouvé aux sièges de
Berg-op-Zoom, des forts Bowere et Mormond, de Lille
et de Maestricht ; il avait pris part aux batailles de
Lawfeld, Minden et aux combats de Warburg et de
Corbach.
Il avait reçu un coup de feu à la jambe au siège de
Berg-op-Zoom, avait eu le pied percé de part en part
d'un coup de baïonnette, et l'épaule cassée à la sur-
prise de Zierenberg ; après avoir eu trois chevaux
tués sous lui, il avait été fait prisonnier.
Le 10 octobre 1759, il avait attaqué et enlevé à Kes-
selback un détachement de dragons ennemis, plus
nombreux que celui qu'il commandait. Pendant la
retraite de Minden, il avait pris le service d'aide maré-
chal général des logis à la tête de la colonne d'artillerie
par ordre du maréchal de Contades.
Aussi, en 1780, lorsqu'il prend sa retraite provisoire,
ses notes sont-elles excellentes ; elles portent : « officier
qui a des talents militaires, très intelligent».
Sa nomination de lieutenant général commandant la
332 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
partie nord de Saint-Domingue fut confirmée par un
décret sanctionné par le roi en 1790. Rentré en France
pour prendre les ordres de Louis XVI au sujet de cette
colonie dont l'ordre était gravement compromis, il
pouvait dire que, pendant son commandement, pas une
goutte de sang n'avait été répandue. Lorsqu'il arriva à
Paris, la monarchie allait succomber, il fut aussitôt
arrêté, mis en prison, et dépouillé de tout ce qu'il
possédait, même de ses papiers. Sa pension fut liquidée
à 167 francs. Pendant « vingt ans il dut vivre du travail
de ses mains, ne voulant pas plier devant l'usurpa-
teur du trône de ses maîtres (1) ».
Le 16 mars 1815, il expose qu'il est dans une misère
extrême, qui ne lui permet pas de se procurer un habit
et une croix de Saint-Louis pour être présenté au roi
qui lui a fait une pension de 1.200 francs ; qu'il ne peut
retirer son brevet de maréchal de camp, parce qu'il ne
peut payer le droit de sceau ; qu'il a 85 ans et qu'il
est chevalier de Saint-Louis depuis 54 ans ; qu'il est
malade d'un catarrhe ; que, « vieux serviteur du roi, il
brûle de sacrifier à son service le reste de sa vie. »
Sur la chemise du dossier, il est fait mention qu'une
pension supplémentaire de 800 francs lui avait été ac-
cordée le 1er juillet 1819.
Le 19 janvier 1821, il réclamait encore, rappelant
qu'il avait 90 ans et que lorsqu'il parvint en France, en
1792, il avait été témoin « de la chute de son infortuné
monarque et avait été plongé lui-même dans des
cachots où il avait langui vingt-cinq mois ».
Je n'ai pu découvrir la date de la mort de Jean-Jac-
ques Bacon de la Chevalerie.
En juillet 1844, le ministère de la guerre ignorait la
(1) Ministère de la guerre, lettre du 14 juillet 1814.
PROFILS MAÇONNIQUES 333
date et le lieu de son décès el faisait faire des recher-
ches qui demeurèrent infructueuses. Son dernier domi-
cile connu était 12, rue du Four-Saint-Germain (1821)
près le G.\ 0 *.
La vie maçonnique de Bacon fut aussi longue que sa
vie militaire. Disciple de Martines de Pasqually (1) et
de Saint-Martin, Bacon dut déhuter dans la maçonnerie
entre 1750 et 1760.
En 1762, il était vénérahle de la Félicité à l'Orient de
Rouen et en 1764 vénérable de la loge militaire de
Saint-Jean de la Gloire, alors à Lyon. Dans cette
dernière loge il faisait, le 17 janvier 1766, en qualité de
G.*. Orateur de la G. \ L.\ Prov.*., l'oraison funèbre de
Bayde Thelius, capitaine de dragons au régiment d'Au-
tichamp. En 1766 il était substitut universel du G.'. M.*,
des Elus Coens. En 1768 il figurait parmi les disci-
ples de Martines de Pasqually. Il collabora activement,
de 1771 à 1773, à la formation du G.'. 0.*. C'est en
partie grâce à son concours que la paix put être
conclue, le 26 juin 1773, entre la loge Saint -Alexandre
et celle des Amis réunis (2). Le 27 octobre suivant, c'est
sur sa proposition que le G.*. 0.'. arrête que les
artisans, domestiques et gens de maison ne pourront
être reçus que comme ff.\ servants et que les mots
(1) Lorsque Pasqually installa son tribunal souverain de Paris,
en mars 1767, Bacon fut nommé substitut de Pasqually.
(2) Le rôle de Bacon en cette circonstance est assez louche. Il
aurait voulu présider à une concentration maçonnique dans le
genre de celle que tentait à la même époque la Stricte Observance
templière en Allemage. Membre des Amis réunis et de la Stricte
Observance, il louvoya habilement entre les deux régimes, qui
voulaient l'un et lautre accaparer le G*. 0.'. En fin de compte,
Bacon fit le jeu des Philalèthes. En cela il obéit peut-être à l'in-
fluence des doctrines de Pasqually, bien qu'il eût été en froid avec
son souverain maître, qui l'avait remplacé dans ses fonctions de
substitut par le f.\ de Serre.
334 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
procès-verbaux et plumitifs seront remplacés par
planches à tracer et esquisses. Très féru de la grande
science, il est désigné, le 27 décembre de la même
année, pour faire partie, avec le comte de Stroganofi
et le baron de Toussainct, de la Commission des hauts
grades.
Le 26 janvier 1774, il est président de la chambre de
Paris et député de la G.'. L.\ provinciale de Lyon, de
la Parfaite Amitié, des Vrais Amis réunis, de la Sagesse
et de la Parfaite Union.
Le 2 avril 1775, il est un des fondateurs de la loge
militaire de la Candeur, dont il est G.*. Orateur puis
G.*. Aumônier.
En 1776, alors que l'on ne pouvait représenter que
cinq loges au G.*. 0.*., il est député de l'Amitié et de la
Française àl'O.'. de Bordeaux, de la Concorde à l'0.\
de Colmar, de la G.*. L.\ provinciale de Lyon, de l'Au-
guste Félicité àl'O.'. de Nancy et du Directoire écossais
de Strasbourg.
Le 31 mai 1776, en qualité de G.*. Orateur du G.'. 0.\,
il provoque le traité d'union entre le G \ 0.*. et les Di-
rectoires de la Stricte Observance de Lyon, Bordeaux
et Strasbourg (1).
De 1777 à 1782, il rédigera les États du G.*. O.'.et re-
présentera la Bienfaisance à l'0.\ de Lyon.
Le 13 mai 1777, c'est lui qui fait à la Candeur le
récit des persécutions subies à Napies parles f.\-m.\
Lors de la formation de la loge d'adoption annexée à
cet atelier, il composera les couplets chantés parle comte
et la comtesse de Bethizy pour la réception de la com-
tesse de Rochechouart.
(1) Le 6 mars 1781, il provoquera la même union avec le direc-
toire de Septimanie (Montpellier).
PROFILS MAÇONNIQUES 335
De 1782 à 1785, il se brouillera avec le G.*. 0.\
De 1785 à 1789, il sera le député au G.\ 0.*. de la
Bienfaisance à l'0.\ de Grenoble, de l'Urbanité à 10.'.
de Montpellier, de Saint-Jean à l'0.\ de Saint- Quen-
tin, des Braves Maçons de Saint-Louis à l'0.\ de
Saarbruck, de la Parfaite Union et de la Bonne Amitié
à l'0.\ de la Martinique.
En 1785 et en 1787, il sera convoqué aux convents
organisés à Paris par les Philalèthes, en qualité de
représentant de la Stricte Observance, dont il était
grand profès sous le nom d'Eques ab apro.
Sous l'Empire, nous le retrouverons officier d'honneur
du G.'. 0.., dont il sera G.*. Expert en 1814. Il était
aussi Vénérable d'honneur des Arts réunis à l'0.\ de
Bouen.
En 1806, il se faisait affilier à l'ancienne académie
des vrais maçons de Narbonne (Philadelphes) et était
en relations fréquentes avec les Chefdebien, fonda-
teurs du régime. Le 20 janvier 1806, il écrivait à l'un
d'eux : « Je ne suis pas Philalèthe, mais je suis, comme
vous le savez, substitut universel pour la partie septen-
trionale du B.\ ordre des Elus Coens, rit intérieure-
ment peu connu », et le 6 septembre suivant : « Je suis
au rang de ces vieux animaux domestiques qui ne sont
plus bons à rien et qu'on laisse vivre par charité. »
En 1808, Bacon s'était retiré dans le giron du G.*. 0.*.
et à chaque changement de domicile s'en rapprochait
de plus en plus. De la rue Guisarde (1808), il se rend
6, rue du Vieux-Colombier (1814), et enfin, 42, rue du
Four Saint-Germain-des-Prés (1815-1821).
Fanatique de f.\-m.\, le travail déloge avait quelque
peu atrophié son intelligence, et, pendant toute une
période de sa vie, il fut affligé d'une folie spéciale que
l'on rencontre fréquemment chez les martinistes : il se
336 LA FRANC- MAÇONNERIE EN FRANCE
croyait le fils de Dieu. Sorti de la f.\-m.\, il raisonnait
comme tout le monde, ainsi que sa correspondance
permet de le constater.
Le 31 octobre 1780, Willermoz, écrivant au duc de
Brunswick, disait de lui « qu'il avait reçu depuis long-
temps des connaissances distinguées, mais qui s'étaient
fort effacées pour les avoir beaucoup négligées bien qu'il
n'en convienne pas », et Willermoz ajoutait confidentiel-
lement : « Il n'est point dans l'ordre intérieur de la
classe de grand profès et il en ignore même l'existence. »
Mais, ce qui est plus grave pour l'état mental de Bacon,
c'est ce que Millanois écrivait sur lui à Willermoz le
14 août 1783 : « J'ai vu la Chevalerie dont les affaires
vont bien mal. Je ne suis pas étonné que vous soyez
si éloignés l'un de l'autre; quoique vous ayez puisé
dans les mêmes sources, vous pensez bien différem-
ment : vous croyez en Jésus-Christ, et lui se croit
semblable à lui. Voilà ce que je n'ai pas entendu sans
étonnement et sans scandale. » Bacon de la Chevalerie
est un des exemples les plus typiques des déformations
cérébrales que produisait alors la f.\-m.\, même sur
des cerveaux assez solidement constitués.
On se rendra compte de son état d'esprit par la
lettre suivante, publiée par M. Baader (1) dans son
intéressant ouvrage sur Pasqually : « Un jour que je
n'étais pas parfaitement pur, raconte Bacon , j e combattais
tout seul dans mon petit cercle, et je sentais que la force
supérieure d'un de mes adversaires m'accablait et que
j'allais être terrassé. Un froid glacial, qui montait de
mes pieds vers le cœur, métouffait, et, prêt à être
anéanti, je m'élançai dans le grand cercle poussé par
une détermination obscure et irrésistible. Il me sembla
(1) Enseignements secrets de Martincs de Pasqually, p. xxxvi.
PROFILS MAÇONNIQUES 337
en y entrant que je me plongeais dans un bain tiède
délicieux, qui remit mes esprits et répara mes forces
dans l'instant. J'en sortis victorieux, et par une lettre
de Pasqually, j'appris qu'il m'avait vu dans ma défail-
lance et que c'était lui qui m'avait inspiré la pensée de
me jeter dans le grand cercle de la puissance suprême. »
Et Bacon n'était pas un des plus exaltés parmi ceux
qui s'occupaient de travail de loge !
ALEXANDRE DE STROGANOFF.
(1733-1811)
La f.'.-m.*. française au xvinc siècle était essentielle-
ment cosmopolite ; et autour des loges et dans les cha-
pitres nous voyons figurer un nombre considérable
d'étrangers, qui ne trouvant pas chez eux la liberté
nécessaire, venaient en France où ils avaient la faculté
de tout faire, d'autant plus grande que précisément ils
étaient étrangers. Dans les loges françaises, ils ne sont
pas des comparses et jouent souvent des rôles impor-
tants, se considérant comme chez eux ; il semble du
reste qu'il y ait eu dans la f.'.-m.'. européenne un mot
d'ordre général : les souverains étrangers étaient admi-
rés, portés aux nues en France, tels Frédéric II, la grande
Catherine, les rois de Danemark, de Suède, les petits
princes souverains d'Allemagne. Ce qui même était
plus inexplicable, plus dangereux, tous les ennemis du
pouvoir royal en France étaient accueillis avec enthou-
siasme par les divers souverains, travaillant ainsi à la
perte des pouvoirs monarchiques avec une coupable
inconscience. D'Allemagne, de Russie, de Pologne, de
Suède, de Danemark, de Suisse, de Hollande et des
Pays-Bas autrichiens nous arrivaient une foule de ma-
LA FRANC-MACONNRIE. — T. I. 22
338 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
ï
çons de toutes les conditions : philosophes, banquiers et
grands seigneurs. Tous ces gens venaient préparer chez
nous la recherche du grand œuvre, le triomphe de la
maçonnerie. Ils s'appelaient Hund, Cagliostro, Mes-
mer, Stark, Walterstoff, Hesse, Salm, Kirbourg, Stro-
ganoff, Proly, Pereira, Saint Germain, Staël, Aranda,
Dorset, Bommer, Hulsen, Kollowrath ; les ambas-
sades, transformées en loges, étaient des lieux d'asile
assurés, au seuil desquelles les agents du pouvoir royal
devaient s'arrêter.
Pendant la période qui suivra la mort du comte de
Glermont et qui précédera la Révolution, nous retrou-
verons tous ces personnages, intriguant, organisant la
chute de la monarchie française, le gouvernement, par
sa tolérance coupable, leur assurant une sécurité inex-
plicable !
Parmi les premiers arrivés figurait Alexandre de
Stroganoff, dont nous allons étudier le rôle (1).
Les Stroganoff appartenaient à une vieille famille
moscovite, qui était sortie du commerce au xve siècle
pour entrer dans la noblesse par la grande porte. En
1446, lors de l'invasion tartare, un Stroganoff avait payé,
de ses propres deniers, la rançon du Kniaz Vasili
l'aveugle, prisonnier de l'ennemi. Pendant le xvie siècle,
un autre Stroganoff avait entrepris la conquête de la
Sibérie.
En 1756, cette illustre famille était représentée par
Alexandre Stroganoff, dont la mère, Sophie Naryschkin,
était morte en 1737 et dont le père, Serge, venait de
mourir.
Alexandre était né le 3 janvier 1733. Comme tous
(1) Nous avons adopté l'orthographe : Stroganoff et non Stro-
gonoff, parce que c'est ainsi qu'il signait.
PROFILS MAÇONNIQUES 339
les jeunes seigneurs russes, à peine sa première instruc-
tion achevée, il entreprit avec son précepteur un
voyage en Europe. Il parcourut ainsi l'Allemagne, la
Hollande, l'Italie, la Suisse et la France. Il rentrait à
Pétersbourg le 23 juillet 1757, pour épouser, le 18 février
1758, Anna Michaïlowna Vorontzoff, qui mourut le
21 lévrier 1769, après s'être séparée de lui en 1764. Peu
d'années auparavant, en 1760, à la suite d'une mission
à Vienne, Stroganogoff avait été créé comte du Saint-
Empire.
Il ne resta pas veuf longtemps. En 1770, il épousait
en secondes noces la princesse Catherine Petrowna
Troubetzkoi (1). Après avoir fait à Ferney le pèleri-
nage à la mode, le ménage vint se fixer à Paris, rue
de Verneuil, près la rue de Poitiers (2), où il résida
jusqu'en 1779. Ce second mariage ne fut pas plus heu-
reux que le premier. La comtesse Stroganoff, à la fin de
1779, abandonnaitson mari en lui laissant son fils Paul,
pour aller vivre publiquement avec Yvan INicolaïewith
Korsakov(3). Le scandale avait éclaté en Russie. Stro-
ganoff revint aussitôt en France (4), servant à sa femme
une grosse pension. Il avait néanmoins conservé à
Pétersbourg, où il venait fréquemment, un grand train
de maison, s'occupant de charité et consacrant ses
dernières années à la direction de la construction du
sanctuaire de Notre-Dame de Kazan.
Comme beaucoup d'étrangers, Stroganoff était imbu
(1) Née en 1744, morte le 20 novembre 1815.
(2) De 1776 à 1779, ils habitaient rue Montmartre, près le boule-
vard, en face de l'hôtel d'Uzès (emplacement du n° 26 actuel).
(3) Né en 1754, mort en 1831.
(4) De 1780 à 1783 il habita 13, rue de Richelieu (26 actuel). Dans
cette maison habitaient également le Sr Messin, tenant « magasin
de toutes sortes de marchandises de fantaisie », et M11<3 Berlin,
célèbre modiste de Marie-Antoinette.
340 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
avec excès des idées philosophiques françaises, et c'est
dans la pratique des doctrines encyclopédiques qu'il fit
élever son fils Paul par Gilbert Romme, celui-là même
qui devait prendre une si large part à la Révolution dès
son début, siéger à la Convention et se poignarder après
l'insuccès de l'insurrection jacobine de prairial anlll(l).
Gilbert Romme ne se consacrait pas exclusivement au
jeune Stroganoff; il s'occupait, avec le père de son élève,
de recherches de mines en Auvergne et en Dauphiné,
voulant réaliser pratiquement sous cette forme la décou-
verte de la pierre philosophale. Paul fut élevé à la Jean-
Jacques, pratiquant les sports en même temps que la
philosophie. Lorsque la Révolution arriva, il se trou-
vait, sous le nom de Paul Ochter, particulièrement lié,
du consentement de son Mentor, avec Théroigne de
Méricourt, la célèbre courtisane révolutionnaire. Ils
habitaient ensemble rue Saint-Honoré (2). Il la suivit
ensuite dans le local des Amis de la loi, moitié loge ma-
çonnique, moitié club, situé, 23, rue de Rouloi, à l'hôtel
de Grenoble, près la rue Croix-des-Petits-Champs (3).
Paul Ochter était bibliothécaire du club. Romme le pré-
senta même aux Jacobins et l'envoya rouler la brouette
au Champ-de-Mars, lors de la fête de la Fédération.
Alexandre Stroganoff, peut-être déjà désillusionné
par les premiers événements de la Révolution, était resté
en Russie ; inquiet de la tournure que Romme faisait
prendre à l'éducation de son fils, il leur conseilla dis-
(1) Nous avons emprunté une partie de ces documents à la
remarquable étude de S. A. I. le grand-duc Nicolas Mikaïlowich
sur le comte Paul Strogonoff.
(2) Dans la maison qui portait le n° 282 avant le percement de la
rue des Pyramides.
(3) En l'an XI, cet hôtel, tenu par Vary, portait le n° 35. Proba-
blement n° 6, eu 1806, et n° 4 actuel.
PROFILS MAÇONNIQUES 341
crètement de quitter Paris, Le précepteur et l'élève se
rendirent en Auvergne. Sur le conseil de Romme, Paul
Ochter signa un procès-verbal d'enterrement civil de
son domestique. Alexandre trouva que Romme allait
un peu loin et rappela son fils à Pétersbourg. Sous des
influences plus calmes, Paul Ochter redevint le comte
Stroganoff et il mourut à Pétersbourg en 1817, après
avoir été grand chambellan, président de l'académie
des Beaux-Arts et conseiller intime d'Alexandre Ier.
Quand Alexandre Stroganoff collabora avec Sava-
lète de Lange à la fondation de la loge des Amis réunis,
pendant les premiers mois de 1771, il était déjà très
avancé dans les grades maçonniques. Lorsque les offi-
ciers de cette loge furent élus à la suite de sa reconstitu-
tion parle G.*. 0.'., il fut nommé, le 21 juin 1773, Pre-
mier Surveillant. A cette même date, il était Trésorier
de la Chambre d'administration du G.*. 0.*., et le 27
décembre il fut désigné pour remplir les fonctions de
Grand Garde des sceaux.
En 1775 il était le représentant au G.\ 0.'. de toutes
les loges de Franche-Comté réunies. Il collabora à la
fondation de la Candeur à l'0.\ de Paris, et en 1775 il
en était le deuxième Surveillant. En 1777 il est premier
Grand Surveillant du G.\ 0.'. ; en 1779, associé libre
de la loge des Neuf Sœurs. II faisait enfin partie de la
Stricte Observance depuis 1774.
Convoqué aux convents de Paris en 1775 et 1787, il
n'y assista pas.
Créé comte russe le 21 avril 1798, il mourut le 11
septembre 1811 (1).
(1) Très versé dans la littérature française, il fut l'auteur d'une
pièce intéressante: La Matinée de V amateur, jouée sous Catherine II
au théâtre de l'Hermitage {Théâtre de VHermitage, Paris, Buisson,
an VII, 2 vol. in-8°).
342 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
SAVALÈTE DE LANGE
(1746-1797)
Le nom de Savalète de Lange a défrayé les chro-
niques de l'histoire anecdotique, à propos du célèbre
homme-femme mort à Versailles, le 6 mai 1858, sous
le nom d'Henriette- Jenny Savalète de Lange. Autour
de cette aventure dont on n'a pas encore percé le
mystère, on a accumulé une telle quantité d'erreurs,
que les personnalités des Savalètes sont aujourd'hui
confondues. On ne distingue plus le père du fils.
Pour retrouver le fameux maçon philalèthe, réta-
blissons les états civils.
Savalète père, né le 11 novembre 1713 et mort à
Paris le 22 février 1797, garde du Trésor royal en titre
de 1756 à 1788, ne porta jamais que le nom de Magnan-
ville et ne semble pas s'être occupé de maçonnerie. De
Marie-Emilie Joly de Choin, son épouse, il eut deux fils
et trois filles. Celles-ci devinrent MmesDupleix de Pernon,
Thiroux de Gervilliers et Dompierre d'Hornoy. Le plus
jeune des fils mourut en 1754, âgé de quatre ans.
L'aîné, Jean-Pierre-Paul, né en 1746, mourut à
Paris, le 11 décembre 1797. Conseiller au Parlement,
puis en 1774 adjoint à son père avec la survivance
de garde du Trésor royal, il occupa ces fonctions
jusqu'en juillet 1788. A partir de cette époque, il ne
fut plus qu'administrateur sous les ordres de Du-
fresne, intendant du Trésor royal. En 1790, Dufresne
prend le titre de directeur général du Trésor public
et Savalète de Lange celui de trésorier et payeur (1).
(1) Savalète de Lange est en même temps capitaine des gardes
nationales parisiennes du bataillon de Saint-Roch et aide de camp
de Lafayette.
PROFILS MAÇONNIQUES 343
Par la loi du 30 mars 1791 le Trésor public devient
! i Trésorerie nationale, dirigée par un comité composé
de six membres dont Grouville est le secrétaire ; Sava-
lète, dès lors, n'est plus que le commissaire de la
deuxième section des dépenses. C'est ce Savalète qui
est le célèbre f.'.-m \
Savalète de Lange eut de Geneviève-Louise Hatry,
de 1790 à 1797, quatre enfants qu'il reconnut avant de
mourir: Augustin-Charles-Théophile, né le 12 mai
1790, mourut le 1er novembre 1865; Ange-Louis-
Dieudonné, né le 17 février 1792, mourut le 31 mars
1831 ; Louise-Léonie, née en 1795, mourut le 5 octobre
1871 ; et Isidore-Paulin, né le 4 juillet 1797, mourut le
9 mai 1860.
Il n'eut certainement pas de Geneviève Hatry d'autre
enfant né en 1786, sans cela il l'eût reconnu comme les
autres, et on peut au surplus s'étonner à bon droit que
les quatre enfants reconnus et leur mère ne soient pas
intervenus, en 1820, lorsque Hen nette- Jenny fit dresser
son acte d'identité soit pour protester, soit au contraire
pour le confirmer.
Donc si Henriette-Jenny était fils de Savalète de
Lange, il n'était pas fils de Geneviève Hatry.
Etait-il fils de Mlle Grandville, comme le suppose
M. Moussoir ? C'est possible, et dans ce cas, étant
donné le passé de la mère, on s'explique facilement
pourquoi Henriette-Jenny disait ne pas connaître son
nom, et pourquoi les enfants se tinrent cois en 1820.
Peut-être aussi était- il fils d'une jeune comédienne
qui avait 14 ans en 1785 et dont nous parlerons plus
loin (1).
1) M. Lenôtre suppose que Henriette-Jenny était un domes-
tique d'Orléans nommé B., qui, après avoir substitué Ml,e de Tin-
344 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Qui était Mme de Grandville? Raconter son histoire,
c'est raconter celle de Savalète de Lange et de quelques
f.\-m.\ ; nous nous étendrons sur le sujet avec des
réserves dont les lecteurs comprendront les raisons.
Mme de Grandville ou mieux Mlle Grandville portait pro-
bablement un nom de guerre ; elle demeurait rue des
Bons-Enfants ; c'était une des prêtresses les plus
achalandées du bataillon de Cythère, à la fin du règne
de Louis XV.
Sa clientèle était nombreuse et presque choisie, et
nous n'en connaissons certainement qu'une faible partie.
S'il faut croire les rapports de police publiés par M. Piton,
nous voyons circuler dans son boudoir un grand
nombre de personnages plus ou moins distingués : un
Hollandais, M.Maibon; Groue, officier de cavalerie qui
lui fait faire un carrosse, dont le marquis de Crussol (1)
fournit les chevaux ; le comte d'Usson la fait venir
chez lui, dès que sa femme est partie ; M. Genty lui
donne un nœud de diamants de 6.000 livres, dont elle
réclame la facture afin de pouvoir la montrer à ses
amies ; de plus, Genty lui donne 50 louis par mois ;
M. de Caire lui donnait, dit-on, son cœur et sa fortune,
pendant que sa femme, qui ne l'ignorait pas. réparait les
torts faits à son patrimoine avec les libéralités du duc
teniac à Mlle de Savalète, s'était lui-même substitué à Mlle de
Tinteniac et par conséquent à M1Ie de Savalète. Pour établir sa
thèse, il suppose encore qu'il y avait un Savalète, parent des
gardes du Trésor royal, qui aurait été le père de Mlle de Savalète-
Or, à la fin du xvme siècle, il n'y avait pas d'autres Savalète que
ceux dont nous avons parlé. Enfin il est inadmissible qu'en 1793
on ait pu substituer M!1c de Tinteniac, née à Plouneventer
(Finistère) le 11 janvier 1776 et, par conséquent, âgée de 17 ans,
à M1Ie de Lange, née en 1786, âgée de 7 ans.
(1) Vénérable des Frères d'Armes à l'O.*. de Berry-cavalerie.
Grand conservateur de l'ordre en France.
PROFILS MAÇONNIQUES 345
d'Aumont (1); Chaillon de Jonville (2) lui donne
9.000 livres pour sa fête ; M. de Garigaud, armateur
de Lorient, lui donnait 30 louis par mois; M. de Ségur,
officier aux gardes, ne lui offrait pas d'argent ; M. de
Sainte-Foy n'allait chez elle que le matin, afin de ne
pas rencontrer M. de Caire ; le vicomte de Noë, furieux
de s'être aperçu que le marquis de Crussol lui avait
pris sa maîtresse, se vengeait avec Mlle Granville,
etc.
La vie extérieure de M1,e Grandville n'était pas plus
régulière que sa conduite intime. Elle assiste à tous les
soupers donnés chez le baigneur de la rue de Riche-
lieu et dans bien d'autres maisons moins recomman-
dables ; elle a des procès avec ses fournisseurs ; reçoit
des coups de canne à travers le visage, jette des
chandeliers à la tête de ses partenaires, car elle donne
à jouer ; chez elle on se traite de j.-f., on se soufflette et
on ameute le Palais-Royal.
C'est au milieu de ce sabbat, de 1770 à 1775, que le
pauvre Savalète, que certains f.\-m.\ appelleront
l'Ange par dérision, essaie de temps en temps de placer
naïvement son mot et d'apporter son cœur, pour avoir
sa place rue des Bons-Enfants. Mais il n'apportait pas
que son cœur; les rapports de police nous apprennent
que M. de Magnanville le fils, c'est ainsi qu'on appe-
lait alors le futur philalèthe, lui écrivait tous les jours
et lui envoyait tout ce qu'il pouvait. Il commence par
des bracelets, qu'il paie, puis fait des dettes, et son
père, vers 1772, en règle pour 40.000 fr. Il promit
alors de ne plus recommencer ; mais peu après
(1) Maître d'une loge portant son nom. Très lancé dans la
maçonnerie, ainsi que sa sœur la duchesse de Villeroi.
(2) En 1762, substitut général du comte de Clermont, vénérable
maître de la loge Saint-Antoine, dite Saint-Thomas.
340 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
M,le Granville lui ayant déclaré net qu'elle le mettrait
à la porte s'il interrompait le cours de ses générosités,
il commande à nouveau bracelets et diamants, et
cependant il joue chez elle le rôle de doublure... en
quatrième et ne montre le nez que lorsqu'il ne plaît
pas aux autres de venir.
L'inspecteur de police ne dit pas si on tenait loge
rue des Bons-Enfants, mais nous avons été à même de
voir qu'il ne manquait qu'un initié pour avoir les
cinq Frères nécessaires à la constitution d'un atelier
parfait.
Je ne crois pas devoir m'excuser de cet exposé quel-
que peu long des aventures de cette jeune personne ; il
nous fait voirSavalète sous un jour peu connu et nous
démontre qu'alors les f.\-m.\ n'étaient pas plus ver-
tueux que leurs profanes contemporains.
C'est au milieu de ces aventures de jeunesse, qui
auront des suites, que Savalète s'occupait du grand
œuvre, de l'origine des êtres, de leur vie présente et du
but final. Il fondait l'ordre sévère des Philalèthes, cher-
cheurs de vérité, se faisait écouter au G.\ 0 *. et provo-
quait des convents à Paris. Avec le duc de Luxem-
bourg, il est une des étoiles les plus éclatantes du ciel
maçonnique. Il fraye avec Cagliostro le cacomage, avec
le tireur de cartes Etiella, aussi bien qu'avec Willermoz,
Saint-Martin, Rœttiers de Montaleau, Duchanteau et le
duc de Chartres.
Nous n'avons trouvé aucune trace de la vie maçon-
nique de Savalète de Lange avant les premiers mois
de 1771, et cependant il est probable qu'il fut initié
quelques années avant cette époque. La fondation de la
Société des Philalèthes n'était pas assurément l'œuvre
d'un débutant. Est-ce par Duchanteau, ou par Mar-
tines Pasqually, ou bien encore par Court de Gébelin
PROFILS MAÇONNIQUES M7
qu'il iil son apprentissage? Si Ton tient compte du
milieu dans lequel il vivait, de la nature de ses aspira-
tions maçonniques, du régime qu'il fonda, on peut
croire que ce furent surtout les théories de Martines
Pasqually qui l'influencèrent, et précisément cette espèce
d'illuminé vint à Paris en 1767. Plus tard seulement
Saint-Martin l'inspira ; plus tard encore, il croira pro-
gresser dans la science maçonnique en adoptant les
théories des Illuminés d'Allemagne.
En 1771, Savalète avait 25 ans ; avocat au Parlement,
il fut exilé lors de l'arrivée de Maupeou à la tête de
la nouvelle magistrature politique. Avec les anciens
présidents des Grandes Chambres il entra en lutte
avec le pouvoir royal ; ceux-ci avaient pris pour pro-
tecteurs les princes du sang et en particulier le comte
de Clermont, G.\ M*, de la maçonnerie.
Parmi les fondateurs de la secte des Philalèthes
nous voyons, à côté de Savalète, son oncle Thiroux de
Gervillers, son cousin germain du Pleix de Perles, le
baron de Salis-Séevis, le marquis de Clermont-Ton-
nerre, Nicolas Autour, le marquis de Ghambonas, le
comte de Stroganoff, le comte de Salignac-Fénelon,
les frères Tassin, Bouret de Vezelay, Bollioud de
Saint - Julien , le vicomte de Saulx-Tavannes , le
vicomte d'Houdetot, le marquis de la Jamaïque, Méry
d'Arcy, etc. Pas un seul de ces maçons n'avait encore
marqué, d'aucune façon, ni dans la maçonnerie, ni
ailleurs.
Ce n'est que plus tard, après la formation du G.'. 0.*.,
à laquelle les Philalèthes collaborèrent avec ardeur,
que des célébrités comme Court de Gébelin (1) furent
(1) Le premier tableau des Amis réunis, celui de 1774, ne fait pas
mention de Court de Gébelin.
348 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
admises, et plus tard encore que les hommes qui de-
vaient provoquer le mouvement révolutionnaire furent
introduits ; la loge des Philalèthes fut fondée par la G.*.
L.\ de France le 23 avril 1771 sous le titre distinctif
des Amis réunis. Ses vénérables furent successivement
Savalète, Bollioud de Saint-Julien, Taillepied de
Bondi et le banquier Tassin.
Les règlements des Amis réunis furent arrêtés
pour la première fois le 24 juin 1774. Par la suite, ils
furent modifiés le 22 février 1778, le 26 mars 1783 et le
6 mars 1788. Lors de cette dernière réorganisation, on
en fit une véritable machine de guerre politique divi-
sée en cinq branches comprenant : les fondateurs, les
agrégés, les associés libres résidents, les associés
libres correspondants et les gardiens du Temple ou
membres du chapitre qui comprenait douze classes.
Les membres de la loge se réunissaient, le premier
vendredi de chaque mois, rue Royale-Montmartre,
ceux du chapitre, 37, rue de la Sourdière (1) (art. 6).
En plus, le bureau des fondateurs devait nommer deux
commissaires qui, réunis au vénérable, au trésorier et
au contrôleur, devaient former un comité permanent
(art. 7). Les douze classes dont nous avons parlé se
décomposaient de la façon suivante :
I. — Collège de Maçonnerie symbolique :
1° Apprenti ; 2° compagnon ; 3° maître ; 4° élu ;
5° écossais.
II. — Chapitre des Chevaliers des Amis réunis,
formant tribunal d'honneur:
6° Chevaliers d'Orient ; 7° Roses-Croix ; 8° Chevaliers
du Temple.
(1) Voir chap. vin.
PROFILS MAÇONNIQUES 349
III. — Conseil des T. B. des Amis réunis, formant
tribunal maçonnique :
8° Philosophes inconnus ; 10° Sublimes Philoso-
phes ; 11° Initiés; 12° Philalèthes.
Au début, l'organisation était moins complète ; les
Philalèthes, ou Amis de la vérité, comme leur nom
l'indique, professaient une doctrine qui avait pour but
le perfectionnement de l'homme en le rapprochant de la
source divine. C'étaient les théories de Swedenborg
et de Pasqually. Une large part était donnée aux
sciences occultes. Chacun travaillait dans la branche
de l'Art qui convenait le mieux à ses aspirations. Sava-
lète, par exemple, après avoir essayé du mesmérisme,
faisait de la médecine occulte (1) et de l'initiation
par communication, nous dirions aujourd'hui par
contact. Il s'occupait avec ardeur de tout ce qui tou-
chait à la maçonnerie, cherchant à s'introduire dans
tous les régimes concurrents pour connaître leurs
secrets et faire des adhérents (2). Il cherchait à se faire
désigner ainsi que les autres Philalèthes comme repré-
sentant des loges de province, et cherchait même à
(1) En 1783, Savalète était très lié avec Onésime-Henri de Loos
(1725-1785), alchimiste, disciple de Pasqually, qu'il avait assisté à
Paris comme membre de son Tribunal souverain. Lorsque les
Philalèthes s'étaient réunis chez du Terray pour organiser le
convent de 1785, Savalète avait fait partie de cette réunion avec
Loos, Salzac, Lamarque, Astier, Labady, Saulx-Tavannes, Court
de Gébelin et Von Reichel. Loos était l'auteur d'un volume bizarre
publié en 1781 sous le pseudonyme de Philanthropos, citoyen du
monde : a Décadence des sages ou démonstration de la nature infé-
rieure, dans laquelle on trouvera une analyse rai sonnée des Erreurs
et de la Vérité (de Saint-Martin), une dissertation étendue sur la
Médecine universelle. »
(2) En 1781, il était parvenu à se faire remettre les archives des
Elus Coens de Pasqually.
350 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
accaparer le G.*. 0.'., dont il avait été un des membres
les plus actifs.
Le 21 juin 1778, il est maître des cérémonies de la
Chambre d'Administration du G.*. 0.\
Le 6 juin et le 27 décembre 1774, il est secrétaire,
puis orateur de la même Chambre. Il est en même
temps député de Saint-Jean 0.*. de Beauvais ; de Saint-
Jean 0.'. de Guise ; de l'Union indissoluble du corps
du génie à l'O.'. du régiment (Mézières) ; de l'Humanité
0.'. Saint-Quentin et de la Parfaite Union 0.\ de
Rennes.
Le 28 février 1776, il est 2e surveillant de la Chambre
des Provinces du G.*. 0.'. ; il est député des Amis
réunis, Saint-Hilaire et Notre-Dame 0.*. de Givet : de
l'Intimité 0.*. de Niort; delà Parfaite Union 0.'. de
Saint-Pierre de la Martinique.
En 1777, il est grand secrétaire du G.\ 0.*., en 1778,
président de la Ve classe des Amis réunis, et en 1779
il préside la XIIe.
En 1785, il fonde la Société Olympique 0.*. de
Paris; en 1787, officier d'honneur du G.*. 0.*., il est
député de l'Union Parfaite 0.*. de Salins; des Frères
choisis 0.*. de Saint-Pierre de la Martinique ; de
l'Olympique de la Parfaite Estime 0.*. Paris, et de la
Parfaite Amitié 0.'. de Port-Royal de la Martinique. En
1788 et 1789 il sera membre du Lycée, filiale de la
maçonnerie. Pendant la Révolution, il fera partie de la
Société de 1789, et des clubs Monarchique et de Valois.
Nous ne raconterons pas ici le rôle des convents de
Paris de 1785 et 1787 qu'il organisa et présida, réser-
vant cette étude longue et importante pour le 2e volume
de ce travail.
Nous ne pouvons cependant passer sous silence
l'influence qu'eurent auprès de lui les Illuminés de
PROFILS MAÇONNIQUES 351
Bavière. En dehors de Bode (l)(Amelius) et de Busche
(Bavard) (2), qui jouèrent un rôle secondaire, deux
autres illuminés jouèrent un rôle beaucoup plus consi-
dérable auprès des Amis réunis : le marquis de Chef-
debien (3), avec lequel Lange finit par se brouiller par
suite de compétitions personnelles et un illuminé autri-
chien, Kollowrath (4), qui vint à Paris dans les derniers
mois de 1782 pour illuminiser Savalète et les Phila-
lèthes. Kollowrath poursuivait en même temps un autre
but : empêcher tout rapprochement entre les membres
des Amis réunis et ceux de la Stricte Observance,
Brunswick, Hesse et Willermoz, en particulier. Kollow-
rath réussit dans sa mission et, le 4 mars 1783, Savalète
écrivait à Willermoz : « Nous n'avons aucun tort envers
vous, nous ne craignons pas vos menaces. Nous n'a-
vons rien voulu de vous que ce que nous avons obtenu :
votre démission. Lef.*. de Lange et tous ses amis vous
permettent de dire et de penser ce qu'il vous plaira sur
leur régime dont vous ne connaîtrez rien, absolument
rien, pas même son plan et son objet. Je n'aurai pas de
(1) Bode (Jean-Joachim-Christophe), instrumentiste et composi-
teur allemand (1730-1793), connu sous le nom d'Amelius dans la
secte des Illuminés de Bavière et d'Eques a lilio convallium dans
la Stricte Observance.
(2) Busche (baron Guillaume de), officier hanovrien au service
de Hollande. Une faut pas le confondre avec Durand Joseph Busche,
Procureur au Parlement, officier du G.\ 0.*., suppléant du Tiers
aux Etats généraux pour Paris hors les murs.
(3) Marquis de Chefdebien, François, — ancien chevalier de
Malte, membre de la Stricte Observance sous le nom d'Eques a
capite galeato- Fondateur du rite primitif des Philadelphes de
Narbonne.
(4) Kollowrath-Krakowski (le comte Léopold de), président
d'une loge d adoption à Vienne, était en relations intimes avec
Bacon delà Chevalerie; illuminé de Bavière sous le nom de Numé-
nius, il était membre de la Stricte Observance sous le nom d'Eques
ab aqnila fulgente. Ministre d'Etat autrichien (1726-1809).
352 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
peine à prouver votre ignorance à cet égard en publiant
votre correspondance, et je le ferai pour me justifier aux
yeux de mes amis, vis-à-vis desquels vous cherchez à
m'inculper. Je la remets à sept membres de la XIIe classe
des Amis réunis dont voici les noms : d'Héricourt, de
Cony, de Méry, Gébelin, Taillepied de Bondy, qui,
réunis au marquis de Ghefde bien età moi, composent
cette réunion de six ou sept frères que vous citez avec
une ironie peu fraternelle et une insinuation encore
moins charitable dans votre lettre au f.\ de l'Etang.
Mais ils ne gouvernent point, ils travaillent entre eux
de bon accord, non pas à dominer les autres dans l'Eu-
rope, mais à s'instruire eux et les autres Amis réunis
de leur classe dans le petit cercle où la Providence
divine les a placés. »
On peut voir par cette lettre que la correspondance
entre membres de régimes concurrents n'était pas pré-
cisément tendre. Les relations fraternelles cessaient dès
que les membres d'un groupe craignaient l'envahisse-
ment des membres d'un autre groupe.
Kollowrath parti, Savalète essaya de se rapprocher de
Willermoz par l'intermédiaire du ducd'Havré-Croy (1) >
mais ce dernier perça bien vite la tactique du chef des
Philalèthes et, le 10 juin 1783, il écrit à Willermoz que
toute réunion des deux régimes à Paris serait la suppres-
sion de la Stricte Observance en raison de l'énorme
supériorité du nombre des Philalèthes.
Ayant échoué auprès du duc d'Havre, Savalète fait de
nouvelles tentatives auprès d'un autre ami de Willer-
moz, Millanois (2). Celui-ci écrit, le 6 juillet 1783, que
(1) Duc d'Havré-Croy, colonel commandant du régiment de
Flandre-infanterie, vénérable de la Bienfaisance à l'O. de Pans,
membre delà Stricte Observance sous le nom d'Eques a porta optato.
(2) Millanois (Jean-Jacques-François), avocat du roi en la séné-
PROFILS MAÇONNIQUES 353
Savalète a essayé de le circonvenir, en diminuant
l'importance du convent de Willemsbad et en lui
déclarant d'un ton prophétique que l'enthousiasme des
Princes allemands ne durerait pas. Puis brusquement
il lui a parlé « de son attachement avec une femme à
laquelle il tient fortement, attachement qu'il considère
comme licite ». Est-ce encore MUe Gran ville? Est-ce déjà
Geneviève Hatry ? Est-ce une troisième ? Le 13 juillet
suivant, Savalète insiste sur l'alliance des deux régimes
auprès de Millanois. Il est prêt, dit-il, à seconder l'ins-
tallation de la loge de la Stricte Observance à Paris (la
L.\ la Bienfaisance), si on le laisse l'installer. En ce
moment un autre illuminé, le baron de Hillmer (1),
influence fortement Savalète et fait de nombreuses ten-
tatives auprès de Saint-Martin.
Le 27 juillet, Millanois raconte à Willermoz la visite
qu'il a faite à Auteuil à l'amie de Savalète : « J'y ai
bien souffert, écrit-il, et je vous avoue que je ne puis
être de l'avis du f.\ de Lange sur cette liaison. Il a eu
beau me dire que je devais la regarder comme sa femme
et cependant ne pas en faire semblant, je me suis cru
chez une fille, qui a l'entretien honnête, j'en conviens,
l'esprit cultivé, peut-être des qualités, mais elle laisse
entrevoir sous cette écorce ce qu'elle fut autrefois (2). »
En 1785, ce sont des histoires plus étranges que l'on
chaussée de Lyon, député du tiers de cette ville aux Etats géné-
raux, membre de la Stricte Observance sous le nom d'Eques a
quatuor pallis.
(1) Baron d'Hillmer, baron du Saint-Empire, se disait prince
palatin, chef d'un établissement (?) à Varsovie.
(2) D'après le ton de cette lettre, on doit croire qu'il s'agit plutôt
deMll8Grandville que de Geneviève Hatry. Signalons, pour ne rien
omettre, que cette dernière avait une sœur, qui s'appelait préci-
sément Henriette-Louise, née le 15 juillet 1780, institutrice, morte
à Paris le 6 août 1832.
LA FRANC-MAÇONNERIE. — T. I. 23
354 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
raconte, et le latin seul devrait, dans plusieurs circons-
tances, braver les termes des anecdotes racontées par le
correspondant de Willermoz qui est le f.\ Tieman (1).
Nous avons dit que Savalète s'occupait de médecine
maçonnique, nous allons voir comment il la pratiquait :
« Lange se perd tête baissée, écrit Tieman le 21 mars
1785 ; il a établi deux ou trois boutiques qu'il dirige.
Dans sa Société Olympique il fait des maçons par com-
munication ; il y reçoit des femmes, car tout doit être
maçon. De là, ne croyant guère au magnétisme, il tra-
vaille une jeune comédienne de quatorze ans pour lui
donner ses règles et finit par coucher avec elle. Tout
cela fait des disparates épouvantables. Le baron de
Gleichen (2) me dit l'autre jour que la vérité est comme
un pucelage que tout le monde cherche, qu'on juge
cher, et dont on dit en rougissant après l'avoir attrapé
que c'est bien peu de chose. Jugez-moi un peu, je vous
prie, ces chercheurs (3). »
La maçonnerie, on le voit, pouvait conduire à de sin-
guliers résultats.
Si Tieman s'étonne de ka thérapeutique de Savalète,
il reçoit quelques jours plus tard des confidences d'un
tout autre genre qui le surprennent encore plus. Le
2 mai de la même année, il écrit : « Lange a la fièvre,
il croit en Dieu ! »
Avec Savalète de Lange, nous avons vu un genre de
maçon spécial qui ne fut pas une exception. Avec lui
(1) Tieman de Berend (Frédéric), Saxon au service de Catherine II.
Il voyageait beaucoup pour la Stricte Observance, où il portait le
nom de Eques a corde.
(2) Baron de Gleichen (Charles-Henri), diplomate danois (1733-
1807), secrétaire des Amis réunis.
(3) La lettre est de 1785 ; Henriette Jenny serait né en 1786.
Ne serait-il pas le fils de la jeune comédienne en traitement?
PROFILS MAÇONNIQUES .'355
nous assistons à une dépression cérébrale d'un genre
1res particulier provoquée par des éludes hors de la
portée de L'intelligence et de l'instruction de celui qui
s'y adonne imprudemment. Nous reviendrons longue-
ment sur le personnage dans le récit que nous ferons,
dans le second volume, de l'organisation maçonnique
qui précéda la Révolution et dans l'étude des événe-
ments qui l'accompagnèrent.
Après la mort de Savalète de Lange, on vendit aux
enchères puhliques les papiers des Philalèthes dont il
était demeuré détenteur, et les instruments du labora-
toire de chimie installé dans les annexes de la loge des
Amis réunis et qui avaient été la cause de la mort de
l'infortuné f.\ Duchanteau (1), victime d'une explo-
sion.
(1) Duchanteau (Touzay), peintre. Professeur de Théosophie,
hébraïsant et kabbaliste, auteur d'un calendrier magique, disciple
de Pasqually, c'est lui qui avait initié le baron de Staël et le duc
a Havre- Croy.
ÉTAT DES LOGES
EXISTANT EN FRANCE EN 1771
LOGES DE PARIS
Dans le chapitre V nous avons donné la liste des loges de l'0.\ de
Paris par ordre de constitution, probable ou réelle. Afin que le lecteur
puisse retrouver plus facilement l'historique de ces loges, nous les clas-
serons ici par lettres alphabétiques. Cette liste de 154 noms, beaucoup
plus complète que les listes publiées jusqu'à ce jour, n'est certainement
pas définitive. Je suis certain que, parla suite, on complétera mon travail.
Toutes ces loges étaient-elles régulières ou, comme Tondit en termino-
logie maçonnique, étaient-elles régulièrement constituées ?
Il est impossible, pour la plupart d'entre elles, de répondre positive-
ment. En effet, pendant la période qui précéda la formation du Grand
Orient de France, les pouvoirs constituants étaient aussi multiples que
peu définis. La G'. L.\ de France aussi bien que la G.*. L.\ Anglaise de
France était de formation exclusivement parisienne, et les loges de pro-
vince n'étaient ni officiellement ni régulièrement représentées à ses
assemblées. A Paris même, toutes les loges ne tenaient pas leurs titres
constitutifs directement de la G . * . L. • . Trois maîtres de loges et souvent deux
constituaient parfois une nouvelle loge de leur propre autorité. Dans ces
conditions, avant la formation du G.'. 0.\, comment établir qu'une loge
était régulièrement constituée ?
Lorsque cette autorité administrative fonctionna, elle reconnut en
somme, comme régulières dans le passé, toutes les loges qui consen-
tirent à se placer sous son obédience. Les seules discussions qui sur-
girent furent relatives à la date à laquelle on ferait remonter les premiers
travaux de la loge. Tous les ateliers avaient un intérêt d'amour-propre
aristocratique, et un intérêt matériel à reculer le plus possible la date de
leur origine, souvent au delà du réel et même du vraisemblable.
Lorsque le G.\ 0.\ craindra la puissance en instance de régularisation,
il cédera jusqu'à admettre des patentes évidemment fausses, comme
celle de Gerbier. Dans ces conditions, nous avons cru devoir faire figu-
rer dans nos listes toutes les loges ayant fonctionné, quelle que soit
358 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
l'origine de leurs titres constitutifs et quel qu'ait été par la suite le ver-
dict du Grand Orient en réponse à leur requête.
AMIS RÉUNIS
Nous réservons pour le second volume une partie de l'historique de cette
très importante loge qui fut constituée dans les derniers mois de la
période que nous étudions dans ce volume. Dans les profils maçonniques
(biographie de Savalète de Lange), nous avons déjà donné quelques ren-
seignements sur la fondation du groupe des Philalèthes, nous nous bor-
nerons donc à faire ici la monographie purement matérielle de cette loge.
Les Amis Réunis furent constitués par la G.'. L. . de France (non dis-
sidente) le 23 avril 1771. Ses titres furent renouvelés par le G.-. O.'. le
25 octobre 1773 pour prendre rang de la date de sa première constitu-
tion. Je n'ai pu établir si la loge des Philalèthes avait un lien quelconque
avec une loge ayant également pour titre les Amis Réunis et dont il
est parlé dans Y Etoile Flamboyante (II, 12) D'après Tschoudy, l'auteur
de cet ouvrage, un discours moral aurait été prononcé en comité le 23
août 1765 par le V.\ F.*. G. de V., Orateur de la L.'. des Amis
Réunis. De nombreuses LL.\ se formaient par ia réunion de maçons
qui ne se faisaient constituer en loge régulière que beaucoup plus tard.
Il est possible que les Amis Réunis se soient formés de la sorte.
Je n'ai pu trouver le tableau des membres lors de la fondation de la
loge; maisle tableau de 1774 que nous reproduisons, en indiquant la qua-
lité de fondateur chaque fois que le nom du membre le comporte, permet
de reconstituer le personnel de la loge à sa création. A ces noms il faut
cependant ajouter tout au moins Niepce et Joubert, qui en 1773 et 1774
demandèrent au G.\ O.'. des certifiats comme membres des Amis Réunis.
Thory {Acta Latomorum, 1,109) nomme également Court de Gebelin
et Baudard de Saint-James parmi les fondateurs. Je n'ai trouvé que
beaucoup plus tard trace de leur passage dans cet atelier.
Tableau du 24 juin 111k
1. Charles-Pierre-Paul Savalète de Lange, G. du Très. Roy., maître
à tous grades Symb., fondateur, Secret. Ch. adm. et député de plusieurs
L.-. de province Fondateur. Vén.'. et G.', archiviste. — 2. Pierre-Fran-
çois-Denis Dupleix Daperles. ancien Cons. au G. Cons . , Me Ecoss. fond . à
la créât. — 3. André-Claude Thiroux de Gervillers, mestre de camp de
dragons, chev. 'de St-Louis, Me Ecoss. associé libre à la création. — 4. Robert
Deshayes, anc. cap. com. milice de la Guadeloupe et Marie Gaîande, leur
député à la suite de sconseils du Roi, Me Ecoss. fond, à la création. —
5. Hercule Bn de Salis-Séevis, brig. des armées du Roi. cap. g. suisses,
chev. Mérite Militaire, chev R + fondateur off. en exercice de la Chambre
de Paris (+ le 2 juillet 1774). — 6. Georges-Etienne de Courbeville, av.
pari, ch. R -j- associé libre, membre à la création. — 7. Desforges de
Beaumé, chevaux-légers de la garde du Roi, m. fondât., membre à la
créaion. — 8. Etienne de Fumars,gouv. des enfants de M. le Marquis de
Vérac, Me à la création. — 9. Louis-François Radel, architecte expert
du Roi, Me membre à la création. — 10. Jean-Antoine Martin, nég.,
LOGES DE PARIS 359
Me fondât, à la création. — 11. Charles-Denis Cahouët, recev. à la Che-
vrette,M*, amateUTi à la création. — 12. Bonaventure-Gervais Simon Bazin
de la Répenalière, médecin de Montpellier et méd. ord.du duc d'Orléans,
Mc, membre à la Création. — 13. Nicolas-Joseph-Gabriel Desforges de
Beanmé, prêtre, chanoine de Laon, Me a donné sa démission), à la
création. — 14. Maulgué, Pourvoyeur du Roi, Mc, Ecoss, fondât., a
donné sa démission — 15. DeClermont, Marquis de Tonnerre, cap. caval.
au reg. du Hoi, M» à tous grades, fondateur, grand introd.d'h. au G.-. O.'.
— 10. François-Marie Griois, caissier du petit comptant du Très. Koy.
Mc, membre. — 17. Jacques Perault, archit. Me, amateur, ne vient plus.
— 18. Achille-Edme Leblanc de Pomard, mousq. gris,gouv. du Pont-Ste-
Ifaxence, Lieut. Maréch. de Fr. Me, membre. — 19. Gabriel-François Cohier,
aumônier gén. caval. promu membre soc. roy. Londres, associé libre. —
20. ComtedeMarcouville, chev. de St-Louis, cap. caval. écoss. retiré. —21.
Ch.de Ramaceuil,chev.de St-Louis, cap. caval. Mc fondateur, ne vient plus.
— 22. Pierre-Octave de Milleville baron de Lieurayen Normandie, Mc fon-
dateur.— 23. Pierre-Nicolas Autour, dir.manuf. roy.des draps et teintures
Gobelins, Me fondateur. — 24. Marquis de Chambonas, cap. rég. Chartres
caval., Meà tous grades fondât., n'a pas paru depuis 6 mois. — 25. Jean-
Laurent Woulf, off. inf. Ecoss. membre exp. ch. prov. — 26. Alexandre
Comte de Stroganoff, conseiller privé, Chambellan actuel imp. Russie,
com. des ordres de l'Aigle blanc, de St-Stanislas et deSte-Anne, Mc à tous
grades, fondateur, grande Garde d'H. des se. du G. O. — 27. J.-B.
Apert de St-Rémy, com. de police à Metz, Me à tous grades, amateur. —
28. Jacques-Elisabeth-Octave Milleville deSt-Mart., cap. rég. roy. Cham-
pagne caval. Me membre, a donné sa démission — 29. Hubert Robert,
peintre du roi, apprenti associé libre. — 30. Louis chev. de Rool, ofi. g.
suisses comp. M*, vient rarement. — 31. Jean-Louis de Salignac baron
de la Motte-Fénelon, ofl. G.'. 0.\ Me fondateur. — 32. Louis-Marie Era-
manuel-Maximilien, marquis de l'Aubespine, col. inf., Ma membre. —
33. Gabriel Tassin de l'Etang, off. des chasses du roi, Me fondateur, dép.
prov. au G.* O. . — 34 Bouret de Vezelay, très, de la guerre, apprenti,
fondateur. — 35. Louis-Daniel Tassin, banquier, Me fondateur,
Très. G.'. O.'. — 36. Boulongne de Preminville, Très. extr. des guerres
écoss., ancien fondateur, a donné démission. — 37. Jean-François-
Victor-Auguste Bollioud de Saint-Julien, rec. gén. clergé en survivance,
chev. R.-f, fondateur, dép. province au G.'. O.'. — 38. Antoine-Julien
Duvivier, écuyer, Me parfait anglais, fondateur. — 39. Camille Cusset,
bourgeois de Paris, Me fondateur. — 40. G. -B. -Sébastien de Bréval. pro-
fesseur de violoncelle, Me amateur. — 41. Pierre-Louis Moreau, arch.
delà ville, Me membre. — 42. Jean Dubourg, élève en archit., Me ama-
teur. — 43. Alexandre-César Fremin, baron de Stonnes, mousq.
noir, Me membre. — 44. Jean Chiquet de Champrenard, anc. cons. au
Pari, de Dijon, M*' fondateur. — 45. Charles-Dominique Sulpice de Saulx,
vicomte de Tavannes, col. rég. reine inf., Me fondateur. — 46. Adam-
François de la Mothe. Bgs. de Paris, Me membre, en voyage pour un an.
— 47. Julien Navoigile, professeur de violon, Me amateur, n'a pas
paru depuis son admission. — 48. Guillaume de Fréval, cap. caval.,
Me à tous grades, fondateur. — 49. Cœsar-Louis- François-Marie Ange,
vicomte d'Houdetot, lieut. gendarmerie, Me fondateur. — 50. Aimé-
René, comte de Mornay, comp. associé libre, à Mantes toute l'année.
360 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
— 51. Louis-Claude de Surbeck, off. gardes suisses, comp. fondateur. —
52. Charles-Ferdinand-Pascal-Janvier Stuard, marquis de la Jamaïque,
petit élu fondateur, Me Cérém.*. G.'. O.'. — 53* Louis-Henri Maréchal-
Paisible, Me de musique deMme la duchesse de Bourbon, Me amateur.
— 54. Hoock de l'Etang, cap. rég. Custine, app. fondateur libre.
— 55. Antoine Carbonel, av. Pari. Ecoss., ass. libre, off. hon. G.*. O.'.
et doyen. — 56. Philippe Radel, chirurg. maj., Me amateur, parti
pour l'Inde. — 57. Vicomte de Chazeron, cap. caval., app. fondateur. —
58. Charles-Emmanuel de Senecterre, cap. caval. à son rég. app. fon-
dateur — 59. Antoine- Pierre Le Tourneur, mar. logis de l'armée, Me fon
dateur. — 60. Jean-François, abbé Rozier, chev. église Lyon, Me à tous
grades, ass. libre, Prés. ch. provinces. — 61. Bernard-Louis Verlac de
la Bastide, av pari, écos., merab. — 62. J.-B. de Salcot, vicomte de la
Blache, guidon de gendarmerie, app. fondateur. — 63. Alexis, marquis de
Vassé, cap. inf., app. fondateur. — 64. Jacques-Pierre-Elizabeth Paquet,
secr. de Savalète de Lange, Me amateur. — 65. Demachy, apothicaire,
membre Ac. sciences, Me à tous grades, ass. libre G.\ Arch.\ G.*. O.*.
— 66. Jean-François De Méry d'Arcy, dir. de la Compagnie des
Indes, Me à tous grades symb., fondateur Prés. ch. adm.
Tableau des officiers au 25 juin 111k.
Vén.\, Savalète de Lange ; 1er surv.\, Tassin l'aîné; 2e surv.-., ba-
ron de Salis (mort) : 1er surv.-., Bollioud de Saint-Julien ; 1er subst.-.,
Cusset, pour la classe des fondateurs ; 2e subst.., Bazin, pour la classe
des membres ; 3e subst.'., Cohier pour la classe des associés ; 1er exp.v,
marquis delà Jamaïque ; 2e exp.\, Dupleix Duperies ; secret *., Ta-
vannes ; subst.'., Verlac de la Bastide ; corn.', du secr.*., Paquet ; Me
cérém.-., Tassin de l'Etang ; aide Me cérém.*., Chiquet de Champrenard
fondateur ; aide Mc cérérn.\, Autour membre; 1er surv.-., du porche,
Le Tourneur ; 2e surv.-., du porche, de Surbeck ; G.-, arch.-., Savalète de
Lange ; G.-, se.-, et timb.-., Radel; G.'.Me hôtel, Verlac de la Bastide ;
aumônier, comte de Stroganoff ; trésorier, Griois ; archit.- , Radel ;
s. -arch.'., Apert ; décorateur, Dubourg.
Les deux f.-. suivants se sont engagés à remplir les fonctions portées
au dernier chap. des règl. portant pour titre : des secours pour les
malades ; médecin, Bazin ; apothicaire, Demachy.
Musique : directeur, Bréval. Les ff. -. ci-dessous ne viennent en L.\
que lorsqu'ils sont convoqués.
Harmonie : clarinettes. 1. Gaspard ; 2. David ; — cors, Hébert,
Morcrt ; — bassons, Thadée, d'Argent l'aîné.'
Service : Me d'hôtel de service, Derieux.
Off.*. seuvans : office, des Landes en chef, dos Landes neveu, Tri-
bert cadet, Legard ; — cuisine, Guibert, chef; Janniot, L'archer et Le-
clerc, aides.
Concierge, Guerrier ; Servant hon., Jacquinet, commis de l'Ordre.
D'après les Statuts et règ. particuliers de la R.'. L.\ à l'O.'. de Paris.
arrêtés par délib. à l'époque de la Saint-Jean l'an de la vraie lumière
5774, xvi et 77 pp. in-8°, sans nom d'imp.
En 1776 et 1777 le vén.\ est Bollioud de Saint-Julien ; Savalète est
secrétaire et le maître des comptes Le Long, son député au G.-. O.-.
LOGES l>K PARIS 361
En 1785, Taillepied de Boudy, receveur général des finance! Mt:, rue
di- Richelieu, est vén.'. En 1788 et 1789, il est remplacé par le banquier
Tassin.
D'après Us mémoires de Sergent (J ), en 1790, des noms plus significatifs
auraient fait partie des Amis Réunis. Je dois reconnaître que je n'ai
trouvé aucune trace des noms cités par Sergent ; je les cite donc pour
mémoire :
Bailly, Barnave, Beauhamais, Broglie, Buzot, Cannes (Carra), Dupont
(de N.), Grégoire, La Fayette, les Lameth, La Rochefoucaut, Le Chape-
lier, Le Pclctier, Mirabeau. Monlmorenc}', Noailles, Petion, Talleyrand,
Flouret (Thouret).
Depuis 1788, la L.\ avait pris une grande extension et elle devait
former le groupe maçonnique le plus important de Paris. D'après l'ar-
ticle VII de son règlement de 1788, (( en décembre le bureau nommait
deux commissaires qui. réunis au vén.*., au trésorier et au contrôleur,
formaient une commission permanente )).
D'après les registres de délibérations des membres des 5e et 7e classes
du chapitre, qui en comportait 12, on pourra, se rendre compte de l'im-
portance de ce groupement. Sur ces registres on relève les noms sui-
vants ;
Chapitre 5* classe.
Savalète de L., Tassin, Lelong, Martin, abbé Cohier, Demachy, de
Scrilly, de Rlosseville, Paquet, Lourdct, Bollioud de Saint-Jullien, Petit
de la Honville, comte de Stroganoff, Harvoin, Pasquier, Letourneur, de
Villiers, de Javons, de la Fresnayc, Lefebvre, Leroy, Saint James, Petit-
Deslandes, Barckaus, Lourdet de Santerre, de Mercy. Millon d'Ailly, de
Pigis, Choart, Dubail, de Lonlanière, Guichard, Bitch, Anjorant, Lan-
glois, Vilette, Rover, Fromains, Gay, Millon d'Anival, de Beaune,
Mariage (de Lille), Douarville, de Méry d'Arcy, Salivet, Morin, Paris,
marquis de Vassé, Ernick, des Entelles, Lesage, Taillepied de Bondi, Le
Carpentier, des Chenailles, Nicolaud de Montriblond, de Launay, Ber-
theaume, Delahaye, Otto, Pinson de Menerville, Chrétien, André, de
Chompré. Devienne, Boutroy.de Paris la Brort, Siedler, Isnard, Wurcka-
lowiez, Canavas, Bartsch, Dassy, Vaudenj'ver, Eynaud, Garnier,
Barmond, abbé de Barmond, Blasius aîné, Chambreuil, Costé, Julien,
de Langeron, Puy de Rosny, Philippon, Matis, comte Séneffe, Cheriot.
Chapitre 7e classe.
Savalète de Lange, Guimps fils aîné, Langîois, Villette, Letourneur,
Ernest, Mariage, de la Ferrière, baron d'Ogny, Chevalier Bouardy, Gui-
chard, Paquet, Taillepied de Bondy, Emiels, Thiroux de Gervillers, de
Grandmaison, Lesage. baron de Saint-James, Perrière, Deschevailles,
Willemot, Harvoin, Espell, Champré, Boutroy, Chrétien, Barckaus, de
Meurvillc, Francœur, Isnard, Tassin de l'Etang, Siedler, de Javons,
(l)llcminisccnses of a régicide, edited frem the original mst of sergent Marceau ,by
If. C. M Simpson, London.
362 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Bartsch, Aujorant, Bertheaume, Rivière, Saint-Charles, Petit-Deslandes,
Corbin de Pontbriant, Eynaud, Martin de Blosseville, Geoffroy, Dassy,
Vendenyver, d'Ailly, de Bernières, Oudet père et fils, Dubail, Lelong,
de Pigis, Maschkoff, Bitch, Phillippon, de la Noraye, Parquier, Doazan
fils, d'Orcy, de Rosny.
Les Amis Réunis étaient encore en vigueur en 1792.
D'après un brevet donné le 12 juin 1792 à Antoine-Gilles Savin, com-
mandant du 2e bataillon de la l'e légion de la garde nationale, né à
Paris en 1755, y demeurant rue de Charonne, membre essentiel et
Rose-Croix, les lumières des Amis Réunis étaient Rœttiers deMontaleau,
vén.*. ; Lesage, trésorier ; Rivière, orateur ; Lesage, secrétaire ; Hur-
delet, garde des sceaux ; et Laffilard.
Les Amis Réunis survécurent à la Révolution. Il est même possible
que la L.'. ne soit pas entrée en sommeil pendant la Terreur. Sous
Vempire elle eut pour vén.*. Lourdet de Santerre, auteur dramatique (1) ;
mais son importance était beaucoup moins grande que sous Louis XVI.
AMIS RÉUNIS DU BON ZÈLE
En janvier 1787, un ancien vén.-. du Bon Zèle nommé Charpentier fut
interdit par le G.'. O.'. pour avoir érigé une L.\ de ce nom sous le
drapeau de la G.'. L.*.
Cette L.*. n'a pas laissé de traces.
AMIS DE LA VERTU
Cette L.-. fut constituée par la G.*. L.*. le 21 mars 17G5 et renouvelée
par le G.\ 0.\le28 octobre 1774.
En 1775, six membres de cette L.*. demandent des certificats au G.-.
O.'. : Huet du Plessis, Prat, Fournier le jeune, Deslaurieres, Famin,
Pyvron de Morlat.
En 1776 et 1777, son vén.'. est Joubert de la Bourdinière, dessinateur
et décorateur, officier du G.'. O.'., rue Tire-Chape ; son député au G.*.
O.'. est l'abbé Jardin, officier adjoint du G.*. O.'., rue Croix-des-Petits-
Champs, maison de M. Tack ; le secrétaire est un commis de l'amirauté :
Soudan, rue Saint-Honoré. Comme la plupart des LL.*., celle des Amis
de la Vertu tint, le 24 août 1779, une assemblée extraordinaire pour célé-
brer la fête du roi.
En 1785, son vén.'. était Groizard, officier d'infanterie, 18, rue du
Fouarre.
En 1788 et 1789, Groizard était remplacé par Le Go, notaire, 38,
rue des Fossés-Montmartre. Le secrétaire était Metzinger, entrepreneur
des bâtiments, 16, rue Culture-Sainte-Catherine. Son député auG.'.O".
était Vaillant de Bissy, entrepreneur des illuminations de la Cour, rue
de Coudé.
Une L. , du même titre fut constituée le 14 juillet 1805 dans le local
<lu 36, rue Neuve-des-Petits-Champs.
En 1808, le vén.'. de cette L.'. était un ancien militaire nommé Lalle-
(1) Jean-Baptiste L. de S. (1732-1815), auditeur puis conseiller en la chambre des
comptes. Depuis 1760, conseiller du roi en l'hôtel de ville.
LOGES DE PARIS 363
mont, 14, rue du Petit- Lion- Luxembourg, et en 1813 et 1814 levén.'. était
Hnntier, ancien militaire, 17, rue de Tournon.
Cette L.\ ne semble pas être le réveil de celle de 1765.
ARTS SAINTE-MARGUERITE
Pour cette L .'. i voirchap. iv, p. 123.
AUMONT
Pour cette L.'., voir chap. iv, p. 123.
Le 13 septembre 1765, cette L.'. installa à Paris la Constante Amitié,
qui devait fonctionner à Caen. A cette époque, le MedeL.'. était le graveur
Le Lorrain, que nous retrouvons en 1773 dans les mêmes fonctions. Cette
installation, par suite de la délibération de la G.*. L.'. de Fr. du 10
septembre 1765, fut faite par 4 commissaires : Le Lorrain, Pirlet (de la
Trinité , Leroy (des Cœurs Simples), et Moet (du Secret). L'extrait de la
délibération est signé par Zambault, secrétaire général de la G.*.
L.\ etvén.-. de Saint-Pierre et Saint-Paul.
BONNE FOI
Le 1er avril 1768 fut installée par la G.'. L.". de France une L.-. sous
ce titre en faveur de Blain Me de L.'.. Elle existait encore en 1779.
Elle ne reconnut pas le G.*. O'. et disparut avant la Révolution.
RONNE FOI PRIMITIVE
Cette L.*. datant du 25 avril 1752 ne fut reconnue par la G.-. L.*. de
Fr. que le 25 janvier 1762. Son Me s'appelait Le Monier ou Le Maunier.
En 1779, cette L.'. n'était plus en vigueur.
BONNE INTELLIGENCE
Installée le 10 novembre 1760 en faveur de Pettre,Me de L.'., cette L.*.
existait encore en 1779. Elle disparut avant 1789. Elle n'avait pas re-
connu le G.", O.*.
BONNES MŒURS
Cette L.". fut installée le 23 mars 1760 sous la maîtrise de Gilet. Elle
subsistait en 1779, ne reconnut pas le G.'. O.*. et disparut avant la
Révolution.
BONS CITOYENS
Installée le 21 décembre 1757 en faveur de Soisson. Elle était en vigueur
en 1779, mais disparaissait peu après. Ne reconnut pas le G.'. O.'.
BONS FRÈRES RÉUNIS
Cette L.-. fut installée le 1« mai 1768 en faveur de Sellier. Subit les
mêmes vicissitudes que la précédente.
364 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
BON ZELE
Cette L.\ fut constituée par la G.'. L.\ le 17 janvier 1751 en faveur du
maître Borel. Les patentes furent renouvelées parle G.'. O.*. le 21 jan-
vier 1774.
Jusqu'en 1773 je n'ai relevé les noms d'aucun membre de cette L.'.
qui avait cependant une certaine importance. De 1773 à 1775, des cer-
tificats sont demandés au G.'. O.*. par plusieurs de ses membres : Ame-
nil ; Arnault ; de Claritte ; Clavel ; Corregio : Daiglancey ; Douitton des
Sanguins ; chev. de Froger ; Guyot ; de Vaudremont ; abbé Vautrin.
En 1776 et 1777, elle ne comptait pas moins de 30 membres; son vén.\
était Baillot, Me fondeur, rue du Harlay, et son député au G.'. O.*.
Charpentier, premier commis du Cabinet de l'ordre du Saint-Esprit, rue
Saint-Germain-l'Auxerrois.
En 1785, Je vén.\ était Froment, avocat au Parlement, commis au ca-
binet de l'ordre du Saint-Esprit, au Pont au Change vis-à-vis le café du
Méridien. Son député, toujours le même, demeurait rue Montmartre vis-à-
vis celle du jour. Charpentier avait été vén*. de cette L.-. ; le 15 jan-
vier 1787 une circulaire du G.". O.'. portait son interdiction pour avoir
érigé la L.'. des Amis Réunis du Bon Zèle sous le drapeau de la G. '. L.'.
de Fr. En 1788 et 1789, le vén.'. était Las Brugnias, tailleur, rue de Be-
thisj', maison du marchand de tabac.
Cette L.'., entrée en sommeil à l'époque de la Révolution, ne fut pas
reconstituée sous l'Empire.
Sous ce même titre une autre loge fut constituée par une puissance
inconnue le 7 janvier 1757.
BUSSY
Voy. chap. iv, page 121 et L.'. d'Aumont.
W. J. Hughan cite le Saint-James Evening Post du 20 sept. 1735 :
« On écrit de Paris que Sa Grâce le due de Richmond et le Dr Désagu-
liers, ex-G.\ M.', de l'anc. et hon. Société des M.*, lib. et accept. munis
à cet effet d'une autorisation signée du G.*. M.-, et scellée de son sceau
ainsi que de celui de l'ordre, ont convoqué une L.*. à l'Hôtel de Bussy,
dans la rue de Bussy. Etaient présents : S. E. le comte de Waldegrave,
ambass. de S. M près du roi de France ; le très hon. Prés, de
Montesquieu ; le marquis de Lomuren ; Lord Dursley, fils du comte de
Berkley ; l'hon. Fitz-Williams ; MM. Knight père et fils ; le Dr Hickam;
et plusieurs autres personnages anglais et français .
Les nobles et les gentlemen ci -après désignés y ont été reçus dans
l'ordre ; savoir : Sa Grâce le duc de Kingston ; l'hon. comte de Saint
Florentin, secret. d'État de S. M. très Chrét. ; le tr. hon. Lord Chewton,
fils de Lord Waldegrave ; MM. Pelham, Arminger, Colton, Clément.
A la suite de la cérémonie, les nouveaux frères ont offert un splendide
banquet à toute la compagnie. »
(Daruty, p. 88, donne la biog. succincte de ces divers personnages.)
Cette L.'. prit le nom du duc d'Aumont après que celui-ci en fut nommé
vén.-.
Elle existait encore en 1773; son vén.*. était Le Lorrain.
LOGES DE PARIS 365
CANDEUR
En 1766, il y avait sous ce titre une L.\ qui ne semble avoir eu aucun
rapport avec la célèbre L.'. de ce nom constituée en 1775. (Voy. chap. v,
p. 184.) La Candeur de 17(56 est citée dans un brevet de Beauchaine. A
cette époque Drothier était son vén.'. Me et Tardieu son premier surv.*.
CHAMBRE DU ROI
UneL.'. sous ce titre aurait été constituée le 20 octobre 1745 par la
G.*. L.\ angl.de France (à 10*. de Paris ou de Versailles ?). Elle était
composée des officiers attachés à la maison du roi. Parmi eux un aumô-
nier, plusieurs capucins, des valets de chambre ,des pages, des gardes du
corps, des officiers aux gardes, etc. Elle tenait note de ses travaux et
plusieurs des contemporains de Besuchet auraient vu son registre (Be-
suchet, 34).
CHARITÉ
Le 16 décembre 1754, fut constituée par un pouvoir inconnu une L.*.
sous ce titre en faveur de Magnet. Cette L.*., en vigueur en 1779, disparut
peu avant ou pendant la Révolution.
CŒURS RÉUNIS
Une L.\ fut créée sous ce nom le 10 avril 1749 en faveur d'un nommé
Oudin. Celui-ci était mort avant 1779 et sa L.*. n'était plus en vigueur.
CŒURS SIMPLES et CŒURS SIMPLES DE L'ÉTOILE POLAIRE
Cette L*. fut à son heure une des plus importantes de France ; pen-
dant deux ans (1775-6) de nombreux off. du G.*. 0.\ furent parmi ses
membres. Le personnage important de cette L.'. était l'abbé Pingre, bi-
bliothécaire de l'abbaye de Sainte-Geneviève. A part quelques officiers
et quelques savants, cette L.*. était surtout composée d'hommes de loi,
conseillers au Châtelet ou au Parlement, notaires, huissiers.:.
Constituée parla G.'. L.\ le 3 avril 1762, sous le titre de Cœurs Sim-
ples, ses titres furent renouvelés le 13 juin 1775 par le G.'. O.'. sous le
titre de Cœurs Simples de l'Etoile Polaire. Je n'ai pu relever aucun nom
des membres de la première période, si ce n'est celui de Leroy, avocat
au Parlement, son vén/. m.*, en 1773.
En 1775, sept de ses membres demandent des certificats au G.'. O.*. :
Jeanrat de Bertry ; Gauthier de Glaubry ; Jeanrat ; de Marolles ; Villiers
de la Noue : Villers de la Berge, et de la Jénière.
En 1776, la L.\ a 32 membres ; 46 en 1777 au moment de sa plus grande
prospérité. Pendant ces deux années, l'abbé Pingre est son vén.*.
En 1776, son secrétaire est Mangiu fils, entrepreneur de bâtiments, rue
Saint-Jean deBeauvais, et son député, Mangin père.
En 1777, ce dernier est remplacé par le marquis deBaroncelly-Javons,
officier aux gardes rançaises, off. G.'. O.'., rue Neuve-des-Petits-
Champs, vis-à-vis la compagnie des Indes.
366 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Dans les papiers de l'abbé Pingre (1) on trouve une convocation pour
le banquet du 18 février 1783 qui devait avoir lieu à 11 heures du matin
dans le local ordinaire de la L.'., rue du Fouarre et signée du secrétaire
Chuppin. A cette convocation on a joint un tableau de la L.\ que nous
reproduisons ci-dessous ; il ne comprenait que 31 noms :
Tableau de 1783.
Barroci l'aîné, libraire, quai des Augustins ; Baudeau, vie. gén., prince,
évêque de Wilna, rue Hautefeuille ; le Camus de Mézière, archit , rue du
Foin;Chandon de Sari, proc Chat., rue Beaubourg; Carel, pens. du roi,
rue du Fouarre ; Chuppin de Germigny père, cons. Chat., rue Sainte-Mar-
guerite ; Chuppin fils, av. Pari., rue Sainte-Marguerite ; Combette, chef
bureau fermes, rue des Prouvaires ; Desmures, huissier chambre de la reine,
rue Jacob ; de la Frenaye, notaire honor., rue et île Saint-Louis; Foullon,
cons. Pari., rue Fossés-du-Temple ; de Germigny fils, rue Sainte-Mar-
guerite ; Imbert de Lattes, secret, chambre reine, rue Bourbon ; Javons,
marquis de Baronceli, off. rég gardes, rue de Richelieu ; Jeanrat. de
l'Ac. se. à l'Observatoire ; Le Febvre, chan. régul. à Sainte- Geneviève ;
Chev. de Loménie, off. rég. Dauphin ; Millon père, cons. Chat., rue
Saint-André-des-Arts ; Millon fils, rue Saint-André-des-Arts ; Pean de
la Jennière, aide maj. Hôtel des Invalides ; Petit de la Honville. lieut.
part. Châtelet, rue Saint- Antoine]; Pingre, chan. rég., rue Sainte-
Geneviève ; Pinson, chirurg., rue de Richelieu ; Poncet, architecte, rue
Saint-Etienne-des-Grès ; le Roy de Montecly, av. Pari., rue de la Sor-
bonne ; de Saint-Cergues, contrôl. maison Madame, rue Beaubourg ;
Talon, cons. Pari., rue Montmorency au Marais ; Vauviliers, lecteur
du roi, prof. roy. en langue grecque de l'Ac. Inscript. Collège Royal,
place Cambray ; Villiers de la Noue, cons. Chût., rue des Tournelles ;
Villiers de la Berge, cons. Pari., rue des Tournelles ; Villot de Fréville,
lieut. gén., connétable, rue Saint-Victor.
En 1785, Chuppin de Germigny père, rue Sainte-Marguerite Saint-
Germain, est vén.\, et Millon père député au G.*. O.'.
En 1788 et 1789, l'abbé Pingre est de nouveau vén.\ et l'abbé Bau-
deau, prévôt mitre de Vidzini, vicaire général et plénipotentiaire du
prince évêque de Wilna, est député au G.*. O.'. Cette L.'. disparut à la
Révolution et ne fut pas remise^en vigueur sous l'Empire.
CŒURS UNIS
Cette L.'. fut constituée le 7 mai 1765 par un pouvoir inconnu. Recon-
nue par la G.'. L.-. le 28 février 1773, elle rentra sous l'obédience du
G.". O*. le 29 mai 1775. Au cours de cette dernière année, un de ses
membres, le sr de la Lolterie, demanda un certificat au G.*. 0.\
En 1776, Brard, Me en chirurgie, est son vén.-., Lanneau, rue de
Verneuil, son secrétaire, et Gérard DuHant, lieutenant au régiment de
Flandre, rue de la Vannerie, son^député au G.'. O.*. La L. . avait
17 membres. En 1777, le vén.-. est Jouve, officier de frégate du roi,
rue des Fossés- Saint- Victor. En 1785, il est remplacé par Du Cluzel,
(1) Bibl. Sainte-Geneviève, 3031.
loc.es de paris 'Mu
premier commit aux vivres de la Marine, rue Neuve tic Luxembourg.
Le député est Laudigeois, négociant place Dauphine. Du Cluzel occupa
Ks mêmes fonctions en 1788 et 1789, mais le député est Charité jeune,
orfèvre, 22, rue aux Ours.
En sommeil pendant la Révolution, les Cœurs Unis reprirent leurs
travaux le 14 mars 1807. Le vén.\ était Verdier-Heurtin, docteur méde-
cin, 05, rue Montorgueil. et le député au G.* 0.\ Delachenal-Villars,
employé, 20, rue du Caire.
Le 30 juin 1812, d'après un brevet de maître donné à Etienne Garnier,
propriétaire, né à Ville-du Grand-Lucé (Sarthe5, les officiers et membres
de la L.'. étaient: Lapierre, vén.'. ; Jobert, 1er surv.'.; Jalabert,
2e surv.'. ; Lcrieux (?), garde des sceaux ; Weidner, secrétaire général ;
Gudefroy aîné, chev.'. E!coss.'. ; Bouvriat, chev.\ de l'O.'.
Lapierre, 5, rue des Lions-Saint-Paul, employé à la préfecture de la
Seine, était encore son vén.'. en 1813 et 1814. Cette L.'., qui avait un
chapitre, avait pour député au G.'. O.v Weidner, licencié en droit,
26, rue Poissonnière.
LA CONCORDE et LA CONCORDE FRATERNELLE
Cette L.'. fut constituée par la G.'. L.'. d'Angleterre sous le premier
titre, avec le n° 109, le 27 décembre 1743. Le 21 mars 1764, la G,\ L.\
de Fr. accorda ensuite au f.'. Richard la patente personnelle sous le titre
de Concorde Fraternelle. Le G.'. 0.\ renouvela les patentes le 26 août
1775 sous le premier titre.
En 1776, cette L.'. comprenait 37 membres. Son vén.*. était le
l)r Guillotin, rue de la Bucherie ; son secrétaire, Fournel, avocat au
Parlement, rue des Bernardins ; et son député, Trudon de Boiss}',
notaire, rue Montmartre. Parmi ses membres : Gilles et Faucon. Trudon
devenait vén.'. en 1777 et était remplacé comme député par Souchu
de Rennefort, greffier en chef du Grand Conseil, cloître Notre-Dame.
Ce dernier occupait encore ces fonctions en 1785. A cette époque, le
vén.'. était l'épicier de la Voypierre, rue Mauconseil, vis-à-vis le passage
Saint-Jacques de l'Hôpital.
Cette L.'. disparut vers 1786 et ne reprit pas ses travaux par la
suite.
CONSTANCE ET AMITIÉ
Sur cette L.'., qui existait en 1766 et avait Charles-François de Beau-
chaine comme vén.'. fondateur, voir chap. v, p. 184.
CONSTANTE VÉRITÉ
Cette L.'. fut constituée par un pouvoir inconnu, le 27 décembre
1751, en faveur de Joannin. En 1779, elle n'était plus en vigueur.
DAVID
Après avoir été une des L.*. les plus fréquentées de Paris, en 1776
elle n'avait plus que 11 membres et vers 1779 elle disparaissait pour ne
plus reparaître. Constituée par la G.'. L.*. le 12 décembre 1765, ses
patentes avaient été renouvelées par le G.'. 0.\ le 24 janvier 1773.
368 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
En 1776, son vén.*. était Baudson, négociant, et son secrétaire Pérot,
négociant rue du Cloître-Saint-Avoye. Parmi ses membres, en 1775,
Jean et Jérôme Brun, Baudson et Vols.
DÉSIR
Cette L.'., dont je n'ai pu trouver la date de constitution, avait pour
vén.*. en 1788 Parchot de Villemouze, conseiller au G.*. Cons.'., 84,
rue de la Verrerie, et pour secrétaire Février l'aîné, négociant, 81, Chaus-
sée d'Antin. En 1789, ces deux fonctions étaient remplies par Liendon,
avocat au Parlement, et Pivet, chef des comptes des domaines du roi,
20, rue du Mail.
Entrée en sommeil à la Révolution, cette L.*. ne se réveilla jamais.
DISCRÉTION
Constituée par la G.'. L.*. le 15 décembre 1754, cette L.\ avait Doyère
pour maître. Elle travaillait encore en 1779. A partir de celte claie, on
n'en trouve plus trace.
DOUBLE INTIMITÉ
Constituée aune époque inconnue, cette L.'. disparut définitivement
en 1790. En 1789, elle avait pour vén.*. Randon de Lucenay, colonel de
cavalerie, off. du G.'. 0.*., rue Taitbout, et pour secrétaire, Lechauve
de Vigny, 13, rue de Grammont.
ÉGALITÉ
Cette L.*., constituée le 29 nov. 1755 par la G.'. L.'. en faveur d'un
sr Dessenis, n'était plus en vigueur en 1779, par suite du décès du titu-
laire. Elle ne fut pas reconstituée.
ENFANTS DE LA GLOIRE
Cette L.'. fut constituée le 28 octobre 1762 par la G.'. L.'. en faveur
du comte de Choiseul. D'après la patente d'Etienne Morin du 27 août
1161, à cette époque son vén.'. était également le comte de Choiseul,
G.1. Elu Parfait M.*., chev.'. et prince maçon, etc.. Comme cette L.-.
ne fut constituée que 18 mois plus tard, cet anachronisme pourrait faire
douter de l'authenticité de la patente d'Et. Morin. Les annuaires du
premier Empire parlent des Enfants de la Victoire en sommeil en 1808 ;
il s'agit probablement des Enfants de la Gloire.
(Voir sur cette L.*. chap. v, p. 183.)
ÉTOILE POLAIRE
Cette L.*., qu'il ne faut pas confondre avec les Cœurs Simples de l'Etoile
Polaire, fut constituée par la G.'. L.*. le 14 mai 1766. Le G.*. O.". re-
nouvela ses titres le 21 février 1774. Je n'ai pu relever les noms
d'aucun de ses membres avant 1776. A cette époque, son vén.'. était de
LOGES DE PARIS 369
Sainte-Croix t entrepreneur général du pavé (le Paris. Touzct, procu-
reur au Chàtelet, cloître Saint-Merry, était son secrétaire, et Peyrilhe
son député. En 1777, son vén.-. est de Junquières, écuyer, procureur au
Parlement, rue Guénégaud, et son député Brunot de Beyre, agent de
change, off. du G.*. O.'., rue Saint-Thomas du-Louvre.
En 1776, cette L.-. comprenait vingt membres ; l'année suivante, elle
en avait perdu cinq.
Eu 1785, le vén.'. est Chevalier, négociant, rue Perdue, off.*. du
G.". O.-., et le député le l)r Mallet, rue des Barres.
En 1788, le vén.'. est le D' Suc, le célèbre chirurgien, rue des Barres,
et le député Mandron de Vermont, avocat au Parlement, officier de ville,
off. . du (i . O.-., rue de l'Arbre-Sec. En 1789, son vén.-. est Picard,
procureur au Parlement, off.'. du G.'. O.-., rue de Seine.
Cette L. ., entrée en sommeil en 1790, ne fut pas reconstituée.
EXACTITUDE
On ne relève d'indications sur cette L.'. que dans la patente d'Et.
Morin du 27 août 1761. Le vén.'. était alors Brest de la Chaussée G.-.
E.\ M.*. P.\ Ç. . P.-. maç.\ G.-, élu Parf.\ M.-. Chev.\ et P.\ M.-.
FÊTE DE LA G.v L.. DE LA TRINITÉ
Le 16 avril 1758, la G.-. L.1. constitua sous ce nom une L.-. dont
Perault fut le vén.*. m.'. Cette L \ existait encore en 1779.
FRÈRES CHOISIS
Sous ce titre fut fondée le 23 mars 1760 par la G.". L.'. une L.\ dont
le vén.-. m.-, était un citoyen de Genève nommé Guainard. En 1773,
Guainard était encore le vén.-. de cette L.-. qui existait en 1779.
GERBE dite LA PROVIDENCE
Fondée le 3 juin 1766 par la G.*. L.-., cette L.-. avait pour vén.-. M"
Uujy. Etait encore en vigueur en 1779.
GOUSTAUD
L.\ fondée, dit-on, en 1726, par un lapidaire, originaire de Berne,
d'après les « Procédures curieuses de l'Inquisition, le Portugal contre
les Francs-maçons ». Son nom fut traduit en Angleterre par celui de
Coastown et en Portugal par celui de Custos. Voir p. 123.
IIEURECSE SYMPATHIE
Cette L.-., constituée à une époque inconue, en 1789 avait pour vén.'.
Pernot-Duplessis, procureur au Parlement, off.-. du G.-. O.-., rue de
Coudé. Cette L.-. était de formation jacobite.
D'après un brevet de 1788 donné à Nicolas Pernot Duplessis
en qualité « d'affilié et reçu membre du chapitre métropolitain »,
LA FRANC- MAÇONNERIE. — T. I. 24
370 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
auraient fait partie du chapitre de cette L.*. : Gerbier, G.".-M.\ perpét.-.
hon.\ ; Rœttiers de Montaleau ; Castel, Rivière et Carret, députés
du chap.\, fondateurs ; Castel, Rivière, 2e surv.\, Dejunquiéres,
orateur ; Desveux, trésorier général ; Canel, Gaume, Thénet, officiers ;
Oudet, chancelier, garde des sceaux et archives ; de Vezou, Demeissen,
Pantonnier, de Saucourt, Laurent, Penorel, Gillet de Lacroix, Sabat,
membres.
Cette L.\ disparut en 1790 et ne reprit pas ses travaux.
HUMILITÉ DES BONS CITOYENS
Fondée par la G. \ L.\,le 27 décembre 1765, en faveur de Laugnet,
vén.\ m.*, cette L.\, n'étaitplus en vigueur en 1779.
INÉBRANLABLES CHEVALIERS DE L'ÉPÉE ET DU MÉRITE DE FRANCE
Cette L.\ est mentionnée dans un brevet de Beauchaine (chap. v,
p. 184). En 1766, son vén.\ m.-, était Pollett, major de Royal Deux-Ponts.
INTELLIGENCE
D'après la patente d'Et. Morin de 1761, cette L.\ avait, à celle
époque, pour vén.\ m.*, le prince de Rohan, souv.". prince de la M.'.
LOUIS DARGENT
Pour cette L.'., qui fut constituée parla G.'. L.\ d'Angleterre, le 7
mai 1729, en faveur de Le Breton et qui est souvent désignée sous le
titre de Saint-Thomas au Louis d'Argent, voir ebap. iv, p. 118.
MAGDELEINE
Cette L.\ fut constituée par la G.\ L.-., le 10 mars 1749, en faveur du
vén.'. m.'. Leveillé. Elle était encore en vigueur en 1779.
NOBLE ET PARFAITE UNION
Cette L."., constituée par une puissance inconnue, le 15 mai 1761, eut
ses pouvoirs renouvelés par la G.*. -L.*. le 28 septembre 1772 et par le
G.'.-O.'.le 14 mars 1774.
On ne trouve pas trace des noms de ses membres fondateurs
De 1776 à 1789 son vén.'. était Gerbier, médecin de Monsieur, rue
Saint-Victor, et son secrétaire Fleury, avocat au Parlement, rue des
Saints-Pères. En 1776, elle se composait de 26 membres parmi lesquels :
le marquis et le chev.\ de Matharel, le comte de Fienne, Morel de la
Verderie, Marion, Beaudu, abbé Muguet, marquis de Brice, Henri, chev.
de Chauvigny, chev. de Brisson, Kosictzki, Milly de La Croix, Quille
de Vauratier, marquis de Haunoy et de la Salle.
Cette L.\ disparut définitivement en 1791.
NOTRE-DAME DE BON-SECOURS
Cette L.'., constituée à une époque inconnue par une puissance in-
connue, n'a laissé aucune trace.
LOGES DE PARIS 371
PAIX
En 1773, il y avait une L.\ sous ce titre, aj'ant pour vén.\ Méry
d'Arcy, directeur de la Compagnie des Indes.
PAIX IMMORTELLE
La G.\ L.\ créa sous ce titre un atelier le 25 octobre 1750, en faveur
du vén.'. ni.'. Paris. Cette L.'. était en vigueur en 1779.
Une L.'. sous le même titre fut constituée par le G.\ O.*. le 15 sep-
tembre 1804.
Le 4 novembre 1805, ses membres étaient invités à se réunir, le 23
à 4 h., à son temple ordinaire, rue du Vieux-Colombier, n° 8, au ci-de-
vant couvent de la Miséricorde, pour fêter les victoires des armées fran-
çaises.
La convocation était signée : Lafon, vén.". ; d'Houdan, l,rsurv.\ ; Hen-
riette, 2e surv.'. ; Langlois, orateur ; Petitclair, secrétaire ; Aumelas,
Me des banquets, 13, rue Caumartin.
Lafon, officier du G.*. 0'.t fut vén.*. jusqu'en 1813. En 1814, il est
vén.*. d'hon.., et le vén.'. en titre est Quelen, employé. Son député au
G.'. O.'. est Lefol jeune, commis marchand de bois, quai Saint-Bernard.
PARFAITE TEMPÉRANCE
Lexcombartfut le vén.'. m.*, de cette L.'., constituée parla G.*. L.'. le
17 décembre 1758. Elle était encore en vigueur en 1779.
PERSÉVÉRANCE
Cette L.'., constituée le 21 décembre 1757, par la G.'. L.*., avait pour
vén.'. m.*. Servant. Elle fonctionnait encore en 1779.
PHILANTHROPIE
Cette L.'., probablement la même que celle qu'on appelle Philanthro-
pique, fut fondée à une époque inconnue par une puissance inconnue.
En 1788 et 1789, elle avait pour vén.'. l'abbé Barbier de Saint-Preux,
professeur de géographie, rue de Jérusalem, et pour député, Compagnon,
marchand, rue des Petits -Augustins. Disparut définitivement vers 1790.
PARFAITE HARMONIE
Dans la patente d'Et. Morin de 1761, cette L.'. est indiquée comme
étant celle de Morin.
RÉUNION DE SAINT-MARTIN
Cette L.., créée à une époque inconnue, n'a pas laissé de traces.
SAGESSE
D'après un brevet de Beauchaine (chap. v, p. 184), en 1766, cette L.'.
avait pour vén.'. m.'. Lucet.
372 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
SAGESSE DES PARFAITS MAÇONS
Sous ce titre, la G.\ L.\ créa, le 17 janvier 1759, un atelier en faveur
du vén.*. m.-, du Houssay. Elle était encore en vigueur en 1779.
SAGESSE, SAINT-EDME ET SAINT LOUIS DES AMIS RÉUNIS
Il fut fondé le 4 février 1767 une L.\ sous ce titre parla G.*. L". en
faveur du vén.-. m.-. Vallée. Elle était en vigueur en 1779.
SAINT-ALPHONSE
D'après la patente d'Et.*. Morinde 1761, il existait à cette époque, sous
le titre de Saint-Alphonse, une L.\ dont le vén.*. m.-, était Daubertin.
Grand Elu, parf.-. maç. '., chev.\ prince maç.\, G.', secret.", de la
G.*. L.'. et du Sup.\ Cons. . des princes parfaits maçons de France. En
1773, Daubertin était encore vén.-. de cette L.-. C'est la même que SAINT-
ALPHONSE DES AMIS PARFAITS DE LA VERTU ; elle avait été con-
stituée par la G.-. L.'. le 23 mars 1760, sous le titre de Saiut-Al
phonse. Ces titres furent renouvelés par la même puissance le 1er dé-
cembre 1771. C'est le 21 mars 1781 seulement, lorsque le G.-. 0.'.
renouvela ses patentes, qu'elle prit le titre de Saint-Alphonse des Amis
parfaits de la vertu.
De 1785 à 1789, son vén. *. fut Jamart, sous-chef des domaines, rue
Saint-Etienne, à la Villeneuve. En 1785, son député fut Pignier, huissier
commissaire priseur, cul-de-sac Ferou ; en 1788 et 1789, ce fut Messein,
directeur des comptes des messageries royales, off.'. du G.'. O.*., rue
de Bouloy.
Cette L.*., entrée en sommeil en 1791, reprit ses travaux sous l'empire.
De 1806 à 1814, elle eutpour vén.'. Le Graverend, employé, rue Cassette,
et pour député Desages, employé au ministère du Grand Juge, 35, rue
Grange-Batelière.
SAINT-ANDRÉ
Deux L.-. furent créées sous ce titre : la première par une puissance
jacobite (peut-être Charles-Edouard), le 1er février 1747, en faveur du
vén.-. m.'. Gantelme qui mourut avant 1756.
La seconde fut constituée parla G.'. L.-. le 25 janvier 1756, en faveur
de Thibault qui mourut avant 1766 ; d'après un brevet de Beauchaine
(chap. v, p. 184), en 1766 le vén.*. m.-, était Percheron. En 1779 elle
n'était plus en vigueur.
SAINT-ANTOINE DES RONS AMIS
La L.*. créée sous ce nom à une époque inconnue par une puissance
inconnue n'a pas laissé de traces.
SAINT-ANTOINE DE LA DISCRÉTION
La G.-. L.*. fonda uneL.-. sous ce titre le 25 novembre 1766 en faveur
du vén.'. m.'. Poussard. Cette L.-. fonctionnait en 1779.
LOGES DE l'A 1US 373
SAINT-ANTOINE DE LA FRANCHI-: LIBERTÉ
Cette L.\, fondée le 9 juin 1764, et qui était encore en vigueuren 1779,
avait Bore] pour vén.\ m.*.
SAINT-ANTOINE DES PARFAITS CHEVALIERS D'ORIENT RÉUNIS
De date et d'origine inconnues, cette L.\ n'a pas laissé de traces.
SAINT-ANTOINE DE LA PERFECTION
En 1773, de Carbonnel, avocat au Parlement, était vén.\ d'une L.\
portant ce titre.
SAINT-AUGUSTIN, dite LES FRÈRES CHEVALIERS DE MINERVE
On n'a aucune trace de cette L.\, dont la date de fondation et l'origine
sont inconnues.
SAINT- CHARLES
La G.\ L.\ fonda, le 31 mai 1762, une L.\ sous ce titre en faveur du
vcn.\ m.'. Bigaré. Cette L.\ existait en 1779.
SAINT-CHARLES DES AMIS RÉUNIS
Cette L.\, constituée le 20 décembre 1763, par une puissance inconnue,
fit reconnaître ses titres par la G.'. L.*. le 20 novembre 1772 et par le
G.-. CV. le 24 janvier 1773.
En 1766, elle n'avait que 12 membres ; son vén. *. était Lafin, intéressé
dans les affaires du roi. et son secrétaire Barbier, négociant, rue Beaure-
paire. Parmi ses membres : Linger le jeune, Barié, Dutertre de Belle-
Isle, Lebon, Chabouillé, Lauroy, Bongart, Marin et Valade.
En 1779, figuraient : Trudon des Ormes, notaire, rue Saint-Antoine,
Paulmier, notaire, rue Saint- Victor, et J. Jolly, procureur au Parlement,
rue des Barres.
De 1785 à 1889, son vén.'. est Duluc, horloger du comte d'Artois, rue
Saint-Dominique, off.\ du G.*. 0.\
Cette L.\ ne survécut pas à la Révolution.
SAINT-CHARLES DES FRÈRES DE LA BONNE UNION
Fondée par la G.-. L.\ le 7 mars 1771 en faveur du vén.*. m.". Lobet,
cette L.\ était en vigueur en 1779.
SAINT-CHARLES DE LA PARFAITE ESPÉRANCE
Cette L.'., fondée à une date inconnue, n'a pas laissé de traces.
SAINT-CLAUDE DE LA FAMILLE UNIE
Fondée à une date inconnue, cette L.*. n'a pas laissé de traces.
374 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
SAINT-CLAUDE, fille DE SAINT-MARTIN
Fondée le 10 juin 1762 par la G.-. L.\ en faveur du vén.v m.*. Magnien,
cette L.\ était en vigueur en 1779.
SAINT-CLÉMENT. - SAINT-CHARLES
Cette L.\ fut fondée le 12 décembre 1762 parla G.'. L.'. en faveur du
vén.*. m.*. Maurion. En 1779 elle fonctionnait encore.
SAINT-ÉTIENNE DES FRÈRES UNIS
Cette L.*. fut constituée le 24 décembre 1758 par la G.'. L.'. en
faveur du vén.*. M.'. Guillet. Elle était en vigueur en 1779.
SAINT-ÉTIENNE DE LA PERSÉVÉRANCE
Cette L."., fondée à une époque inconnue, n'a pas laissé de traces.
SAINT-FIDÈLE
C'est en faveur du vén.". J.\ Buquet que la G.'. L.'. fonda cet atelier
le 25 octobre 1749. Le f.\ Buquet étant mort, celte L.'. ne fonctionnait
pas en 1779.
SAINT-FRANÇOIS
Cette L.-. fut constituée le 15 décembre 1754 en faveur du vén.-. m.-.
Guillot. Elle fonctionnait en 1779.
SAINT-FRANÇOIS [DE LA PARFAITE UNION
Cette L/. d'origine inconnue n'a pas laissé de traces.
SAINT-FRÉDÉRIC
Le 11 mai 1757, la G.-. L.'. constitua en faveur du vén.*. m.'. Martin
une L.'. sous ce titre. Elle était en vigueur en 1779.
SAINTE-GENEVIÈVE
Fondée par la G.\ L.'. le 24 décembre 1758 en faveur du vén.1. m.*.
Ledin. Elle fut reconstituée par le G.'. O.*. le 24 janvier 1778. Ledin,
officier chez le roi, rue Neuve-Saint-Augustin, était encore vén.'. de cette
L.*. en 1785. En 1788, elle était en sommeil. Elle ne reprit jamais ses tra-
vaux.
SAINT-GEORGES
D'origine inconnue, cette L". n'a pas laissé de traces.
SAINTE-HÉLÈNE ET SAINT-LOUIS RÉUNIS
Cette L.". n'a pas laissé de traces.
LOGES DE PARIS «57f>
SAINT-HENRI ET SAINT-MARTIN
Fondée le 11 juin 1769, en faveur de Pcny fils, par la G.*. L.\, cet
atelier était encore en vigueur en 1779.
SAINT-IIILAIRE
Cette L.'. n'a pas laissé de traces.
SAINT-JACQUES DES AMIS INTIMES
Cette L. . n'a pas laissé de traces.
SAINT-JACQUES DE LA PAIX IMMORTELLE
Cette L.\ n'a pas laissé de traces.
SAINT-JACQUES DES PARFAITS CHEVALIERS DE L'ORDRE
Fondée le 7 mars 1771 par la G.*. L.*. en faveur du vén.\ m.*.
Fouquet ; était en vigueur en 1779.
SAINT- JEAN DES AMIS DE LA VÉRITÉ
Constituée par la G.'. L.*. le 24 novembre 1750 en faveur du vén.\
m.-. Journalle ; existait encore en 1779.
SAINT-JEAN RAPTISTE
Cette L \ fut fondée le 17 mai 1746 en faveur du vén.\ m.". Coûteux.
En 1788 et 1789 son vén.\ était Blanchet, receveur aux domaines, 10,
rue Thévenot, son secrétaire était Selincart, mercier, 426, rue Saint-Denis,
et son député Villete de la Mussélerie, agent de change, off.'. du G.«
O.'., 27. rue de Grenelle-Saint-Honoré.
Celte L.'. disparut pendant la Révolution et ne reprit jamais ses tra-
vaux.
SAINT-JEAN DE LA DISCRÉTION
Dans un recueil de chansons de 1752, il y a une épître dédicatoire à
Mr I.\ L.\ C.'., très vén.\ m.", de la L.". de Saint-Jean de la Discrétion,
par L. " . C."., orateur de la susdite L.*. Dans ce recueil on relève les noms
suivants : Dr Procope, Ricaut, de Lansa, de la Tierce, Naudot.
SAINT-JEAN DE LA FIDÉLITÉ
Fondée le 10 mai 1767 par laG.\ L.\ en faveur du vén.\ ra.\ Tricot,
cette L.-. fonctionnait en 1779.
SAINT-JEAN DE JÉRUSALEM
C'est dans cette L.'. qu'aurait été délivrée la patente d'Et. Morin en
1761 (voy. chap. v, p. 185>
376 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
D'après Daruty, les statuts de cette L.*., composés de 44 articles,
scellés du sceau mystérieux de la L.-. écoss.'. en cire rouge avec des fils
d'or et d'azur, auraient été publiés le 4 juillet 1755 sous le titre : « Statuts
dressés par la R.\ L.'. de Saint-Jean de Jérusalem à l'Orient de Paris
gouvernée par le T.\ H.*, et T.\ P.\ seigneur Louis de Bourbon, comte
de Clermont, prince du sang G.'. M.\ de toutes les L.\ régulières de
France pour servir de règlement à toutes celles du royaume. »
Dans sa Bibliothèque particulière (n° 9 du catalogue), le G.". 0.\ pos-
sède une copie « des premiers travaux maç.\ de la L.-. de Saint-Jean
de Jérusalem, dite Nationale lors de sa prétendue érection en G.'. L.*.
de France sous le titre de G.-. Ov. de France » ; cette copie, qui doit
provenir des papiers de la G.-. L.-. de France, est simplement la repro-
duction des procès -verbaux des réunions préparatoires et des premières
séances du G.'. O.'.
Cette L.'. fut reconstituée en faveur d'un marchand nommé Jeanty par
la G/. L.\ le 3 janvier 1779. Ce Jeanty était encore vén.\ de cette
L.\ en 1813 et 1814 (14, rue Poissonnière). Le député était à cette époque
un receveur des rentes nommé Rozier.
SAINT-JEAN DE LUXEMBOURG
Cette L.'. ne fait pas double emploi avec la L.-. de ce nom à l'O.*.
d'un régiment de Hainaut, car elle fut créée par la G.-. L.". en 1751 en
faveur du vén.\ m.\ Potet. En 1779 elle n'était plus en vigueur.
SAINT-JEAN DE LA SINCÉRITÉ
Cette L.'. n'a pas laissé de traces.
SAINT-JEAN DE LA TRIPLE UNITÉ
Dans le recueil de chansons publié en 1752, il est fait mention (p. 122)
d'un couplet composé par un frère de cette L.'.
SAINT- JOACHIM
Cette L.'. n'a pas laissé de traces.
SAINT-JOSEPH, 611e DE SAINT-ÉTIENNE
Créée le 11 juin 1769 par la G.'.L.*. en faveur du vén.*. m,*. Cornut.
En vigueur en 1779.
SAINT-JOSEPH puis SAINT-JOSEPH DE LA FRANCHISE
Le 10 mars 1762, la G.'. L.\ constitua une L.'. sous le titre de Saint-
Joseph. Les titres furent renouvelés par le G.-. O.'. sous le même titre
le 10 février 1774, et sous le titre de Saint- Jean de la Franchise le
22 septembre 1779.
En 1776, cette L.*. comptait 36 membres. Son vén.'. était Huit, pein-
tre, rue Saint-Germain-l'Auxerrois ; Ory, limonadier, 1er surw . et député,
devint vén.'. en 1777. En 1785, c'est encore un Ory, receveur de la
Loterie, rue Saint-Denis, qui est vén.'. Maratraj-, avocat au Parlement
rue Saint-Germain-l'Auxerrois, est député.
LOGES DE PARIS 377
SAINT-JULIEN DE LA TRANQUILLITÉ
Cette L.\ fut constituée le 25 avril 17.")1 par la G.'. L.\ et ses pouvoirs
furent renouvelés par le G \ 0.\ le 2 juillet 1774. En 1770, eette L.-.
comptait 16 membres. Elle fut présidée en 1770 et 1777 par Coconier,
orfèvre, rue de Montmorency, et de 1785 à 1790 par Coconier, filigra-
niste du roi, rue Jean-Robert.
Cette L. . disparut définitivement pendant la Révolution.
SAINT-LAZARE, - ÉQUITÉ, - CONTRAT SOCIAL
Cette L.'. eut de nombreux avatars. Son importance fut considérable.
Nous aurons dans le 2e volume à faire l'historique de la L.\ d'adoption
qu'elle s'était annexée et dans le 3e volume nous aurons à revenir longue-
ment sur sa réinstallation de 1807.
La constitution primitive de cette L.\ remonte au 30 mars 1760. Elle
portait le titre distinctif de Saint- Lazare, du nom de son vén.\ fondateur
qui fut Lazare Philibert Bruneteau, directeur d'une maison d'éducation
militaire pour la jeune noblesse. S'il faut en croire le catalogue Tross
(27 mars 1863}, dans lequel figurent tous les papiers de cette L.\ antérieu-
rement à 1700, elle aurait existé sous le nom de l'Equité et sa constitution
du 30 mars 1766 n'indique que la date de sa reconnaissance par la G.\
L.". de France.
En 1770, pendant le sommeil de la G.'. L.-., Saint-Lazare demanda et
obtint de nouvelles constitutions de la mère L.'. écossaise de Marseille,
qui les lui délivra sous le titre de Saint-Jean d'Ecosse du Contrat Social.
Néanmoins le 9 octobre 1772 elle rentre sous l'obédience de la G.*. L.*.
qui le 21 janvier 1773 lui redonne son ancien titre de Saint-Lazare.
Mais peu après elle reprend ses constitutions écossaises nationales et son
titre de Contrat Social ^4 mai 1774). Le 21 janvier 1776, elle est reconnue
par le G.'. O.-. sous le titre de Saint-Lazare. Le 2 août 1776 elle se
qualifie M.'. L.'. écossaise de France, et le 5 mai suivant elle se fait
installer parla G.'. L.'. écossaise du Comtat-Venaissin sous le titre
de : Saint-Jean d Ecosse du Contrat social. M.\ L.' écoss. de France.
Le G.-. O.*. dès le 21 mai refusa de la reconnaître comme M.". L.'.
Le Contrat social, espérant forcer la main au G.-. O."., s'entendit avec la
M*. L.'. du Comtat-Venaissin, et le 18 août 1776 cette autorité s'incor-
pora à elle en lui transmettant tous ses droits.
Bien que le Contrat social ne cherchât à se faire reconnaître par le G.".
O.*. que comme L \ symb.\, le 9 décembre suivant, le G.'. O.". lui
enjoignit de ne plus fonctionner comme M.'. L *. sous peine de radiation.
A cette menace la M.*. L.\ le 27 décembre nomma La Rochefoucauld
Bayer G.-. M/, et le baron de Brommer Subs. G.\ M.\
La lutte se prolonge en pourparlers pendant près de deux ans. Le
18 mai 1778, le G.\ O.'. la raie de la liste des L.'. régulières. Le 5 juillet,
le Contrat social adresse un mémoire justificatif à toutes les L.*. de
France. Le 19 juin 1779, elle adresse un deuxième mémoire. Si beaucoup
de L.\ prennent son parti, elle a contre elle la puissante autorité des
empereurs d'Orient et d Occident. Le 10 décembre le G.\ O.*. aj^ant
confirmé sa radiation, elle adresse le 15 aux LL.-. de France une lettre
circulaire que nous reproduisons d'après celle adressée à la L.'. Saint-
Amiable à l'0.\ de Riom :
378 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
TT.\ CC. FF.'.
Sensibles comme nous devions l'être aux marques d'amitié que nous
avons reçues du plus grand nombre des RR.\ LL.'. de France et de la
vôtre en particulier, par la planche tracée que vous nous avez fait la
faveur de nous adresser, en date du 6e jour du 9e mois del'an de laV.'.
L.'.5778, nous aurions désiré vous en témoigner plustôt notre reconnais-
sance, et vous donner des marques authentiques de notre attachement
et de notre tendresse fraternelle. Notre malheureuse affaire avec le G.'.
O.'. les incidens qu'elle a fait naître, des circonstances particulières
nous ont tellement occupés jusqu'ici, qu'obligés continuellement de nous
défendre ou de pourvoir à des affaires urgentes, nous avons été dans
l'impossibilité de satisfaire le désir le plus cher à nos exurs. Nous
voyons arriver avec la plus grande satisfaction le temps heureux où
dans le sein de la paix nous pourrons nous occuper uniquement de nos
travaux et de l'amitié de nos FF.'. C'est dans cette viie que nous travail-
lons à construire un temple durable, digne de la majesté du G.'. A.", de
l'Univers, autant qu'il nous est possible de le faire, et dans lequel nous
serons bien empressés de recevoir ceux des membres de votre R.\ L.\
que leurs affaires conduiront dans notre O.-. et qui voudront bien nous
faire la faveur de nous visiter.
Si nous avions pu avoir quelque doute sur la bonté de notre cause, ce
doute aurait été dissipé, TT.*. CC.'. FF.*., par la planche tracée que vous
avez publiée en notre faveur. Défendus par vous, devions-nous avoir la
plus légère crainte ; et nos raisons ne devaient-elles pas être du plus
grand poids auprès des autres L.\ L.\ de France, lorsqu'elles étaient
présentées par vous, avec toute la franchise de la vérité et toute la force
de l'éloquence? Aussi nous croyons vous devoir en grande partie le juge-
ment favorable du plus grand nombre des ateliers, et nous vous prions
d'être bien persuadés de toute notre reconnaissance.
Sans doute TT.'. CC '.FF.', vous aurez vu l'imprimé que le G.'. O.'.
vient de publier contre nous, dans lequel il a prétendu répondre à notre
premier mémoire et justifier l'arrêté de la Chambre de Paris. Nous
avons cru devoir y faire une réponse qui sera la dernière de notre part.
Il n'y a que trop longtemps que notre L.'. est occupée de discussions
fâcheuses. Elle soupire plus que jamais après le repos et la tranquillité.
Quelque soit son sort relativement au G.'. O.-.. il sera toujours bien heu-
reux tant qu'elle conservera l'amitié de votre R.\ L.\ et tant que vous
voudrez bien agréer les sentiments les plus tendres et les plus fraternels
avec lesquels nous avons la faveur d'être P.*. les S.". N.\ M.\ C". et
C*. P.\ N.\
TT/. CC.'. FF.'.
Vos très humbles et très affectionnés serviteurs et FF.'.
Les FF.', de la M.\ L.\ E.\ de l'Or, de Paris.
F. La Rochefoucauld Bayer.
Lafisse, orateur.
Par mandement : De Leutre, secrétaire >J< S. V. M. S.
Scellé par nous garde des sceaux :
dUrre.
LOGES DE PARIS 370
Enfin un concordat intervient le 5 novembre 1781. La M.*. L.\ re-
connaît la suprématie cln G.*. 0.*. et renonce à son titre dnns sa cor-
respondance avec celte autorité, mais elle le conserve à l'égard des
ateliers qu'elle a constitues, elle renonce a constituer de nouvelles L.\
sur le territoire français, mais conserve celte prérogative pour l'étran-
ger. Par contre, elle pourra partout affilier aux hauts grades.
ESn principe, la M.'. L.% écoss.'. professe la Mac.', hermétique
d'Avignon avec des modifications dans le degré d'instruction ; elle
adopte, en 1778, six degrés que lui emprunte l'Académie des Vrais
Maçons à 1*0.'. de Montpellier.
Ce régime, qui était l'œuvre du chirurgien Alexandre Boileau, fut mo-
difié peu après par son auteur en vertu des pouvoirs que lui conférèrent
les G.'. M.', des LL.\ unies de la Basse Saxe, de la Pologne prussiennei
de la Livonie et delà Courlande(ll juillet 1776). Boileau est nommé G.'.
sup.\ nat.*> des LL.'. et Ch.\ réunis du rég. écoss. philos.de France avec
pouvoir de créer un Tribunal chef d'ordre et des tribunaux suffragants
dont les membres, sous le titre de G.*. Insp.\ Corn.'., sont chargés du
maintien du dogme et de la haute administration du rite.
Le 20 janvier 1777, la M.'. L.\ condamne le grade de Chev.\ du
Temple et tout ce qui a rapport au système templier, et néanmoins
adopte le s3'stème de la Stricte Observance.
En 1780, le baron Grant de Blaerfindy est autorisé à fonder en France
une Académie des Sublimes Maîtres de l'Anneau Lumineux dans lequel
on accepte l'hypothèse de Pythagore comme fondateur de la f.*. m.".
Cette Académie est fondée au Contrat social, et Grant communique ses
grades à Bommart, maire de Douai.
Le 17 octobre 1783, Boileau crée un G.*. Chap.*. métrop.'. écoss.'. et
un tribunal de GG.\ Insp.\ Corn.', chefs d'ordre en France qu'il souche
à la M . L.\ Boileau se démet alors de son titre de G.*, sup.". nat.\ en
faveur du baron de Brommer qui, élu président du tribunal, constitue
7 tribunaux suffragants dans les LL.'. suivantes : Parfaite Union, Ov.
Douai; Parfaite Amitié, O.'. Puy Laurens ; Sagesse et Union, Ov. Tou-
louse; Père de Famille, 0.*. Angers ; Amitié et Fraternité, 0.\ Dunker-
que ; Elèves de Thémis, O.'. Anvers ; Paix, O.'. Bruxelles.
En dehors des grades symboliques, les M.*. L.\ confèrent 7 hauts
grades.
Le nombre des L.\ constituées par la M.\ L.\ écoss. est très impor-
tant :
1777 : 22 mai, Saint-Alexandre d'Ecosse de l'Indulgente Amitié,
O . Barbezieux ; 11 mai, Mystères d'Hermès, O.'. Naples.
1778 : 8 mars, Vertu, 0.\ Issoudun ; 18 avril, Fidélité, Ov. Gênes;
26 août, Parfaite Union, O.*. Mâcon.
1779 : 24 mars, Tendre Accueil, 0.\ Glanfeuil ; 24 mai, Amis de la
Vertu, Ov Tours; 16 août, Zélée, 0.\ Bayonne ; 27 nov., Olympique,
0.\ Paris.
1780 : lr mars, Saint-Jean de Palestine, 0.\ Paris; 20 mai, Parfaite,
O.*. Nantes.
1782 : Saint-Alexandre d'Ecosse, 0.\ Paris; 21 octobre, Saint-Jean
d'Ecosse de Jérusalem, O.'. Lyon: 31 oct., Frères Réunis, O.'. Perpi-
gnan^? nov., Constance, O. . Aix-la-Chapelle.
1783 : 15 février, Frères Choisis, 0.\ Saint-Pierre de la Martinique,
380 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
S
Etoile Polaire, 0.\ Abbeville, Saint-Jean de Sully, O*. Saint-Flour;
2 avril, Parfaite amitié, O.-. Reims, Triple union, O.-. Reims;
31 juillet : Vrai Zèle, 0.\ Auxerre; 23 octobre, Trois Frères réunis, O.*.
Versailles.
1784 : 3 mars, Parfaite union, O. . Douai; 24 juin, Amateurs de la
Sagesse, O.'. Marseille, Frères réunis, O.'. Tournai.
1785 : 26 avril, Humanité, 0.\ Petit Goave ; Unanimité, O.*. Saint-
Dominique ; Patriotisme, O.'. Versailles; 20 juillet, Amitié, O.'. Be-
sançon.
1786 : 21 juin, Espérance, 0.\ Turin.
1787 : 11 avril, Serpent d'V.irain. O.-. Cassel ; 14 mai, Vraie Lumière,
0.\ Palerme ; 11 juin, Héroïsme, O.'. Cie Ecossaise des Gardes du Roi ;
1788 : 23 juin, Père de famille, O.*. Angers; 15 septembre, Choix
des hommes, O.'. Jacmel.
En 1773, Bruneteau était encore vén.\
En 1776, le Contrat social comprenait 36 membres et le vén.'. était
le comte de la Galissonnière, colonel commandant du régiment de
Flandre, rue du Cherche-Midi. Le secrétaire était Des François, inter-
prète du roi, rue du Colombier, et son député le marquis de La Salle.
En 1779, le comte de la Rochefoucauld Bayer était vén.'. G.\ M.\
En 1785 il céda le maillet au baron de Brommer, chev. du Mérite, rue du
Haut-Moulin. Le secrétaire était De Leutre et le député l'abbé Bertolio.
Ces deux derniers conservèrent leurs fonctions jusqu'à la fermeture de
la L.\ en 1791. En 1788, le vicomte de Gand, grand d'Espagne de pre-
mière classe et mestre de camp commandant le régiment de Champagne-
infanterie, présida la L.\ et ne se retire qu'à son entrée en sommeil.
Dès 1788, la M.*. L.\ entra en désaccord sinon en lutte avec les
membres avancés de la f.'.-m.'., en particulier avec Nicolas Bonneville.
Son livre sur les Jésuites chassés de la f.'.-m.*. fut brûlé dans la salle
des Pas Perdus de la rue Coq-Héron où se trouvait le local de la L.\
Néanmoins la M.-. L.\ prit unepart active aux débuts de la Révolution,
mais ceux de ses membres qui n'émigrèrent pas furent vite désillu-
sionnés. Après le drame de Varennes, il faut reconnaître que cette
M.*. L.1. eut le courage, et à cette époque c'était presque de l'héroïsme,
d'envoyer une circulaire, le 16 juillet 1791, aux chapitres qui reconnais-
saient son autorité, pour leur conseiller le respect de la Constitution et
« le plus entier dévouement au roi Louis XVI, légitime souverain ».
Peu de jours après, le 31 juillet, l'abbé Bertolio, son grand orateur,
demanda la suppression des travaux. Les réunions cependant eurent
lieu jusqu'en septembre, époque à laquelle elle cessa tous travaux.
Elle ne devait les reprendre qu'en 1801, sous le titre de Saint- Alexandre
d'Ecosse, ainsi que nous le verrons dans le troisième volume.
D'après le catalogue de Tross déjà cité, les annuaires du G.\ 0.\,
l'historique de Daruty et divers brevets, j'ai réuni une liste de 167
membres qui fréquentèrent cette L.\ de 1773 à 1791. Cette liste doit
être presque complète :
Achet ; Auriol ; Aigremont (d') ; Attigny (d') ; Aigrefeuille (d' ;
Artaud (chev.) ;
Brommer (baron de) ; Bertolio ; Bruneteau fils ; Bruneteau père ; Boil-
leau chirurgien ; Burard; Beaurepaire (Chacheré deN : Blaërfîndy (Grant
baron de) ; Beyerlé; Balbi ; Bertrand ; Brunoy ; Bonvallon ; Bignon ;
LOGES DE PARIS 381
Boizat sculpteur : Belle-Isie (de) ; Bar (de) ; Brongnard (architecte) ;
Busoni ; Belizard (architecte) ; Beaurain (de) ; Beauvallei ;
Court de Gcbclin ; Chabrier ; Chambrun (de) ; Crussol-Montausier
(Viclor de); Chelard ; Chahanais ; Cosnac; Clermont- Tonnerre ; Cordier ;
Chaix ; Charbonnel ; Clapier ; Chcflbnlainc ; Chuteauncuf 'marquis de) ;
De Leutre ; Des François ; Dubuissonnais ; Dagraindcs Hubats ; Dolo-
micu (comte de) ; Dufour (Armand) ; Dessaiu, libraire ; Duvergcr ; Du-
coudray ; Du Fa}' ; Dupuy-Montbrun, abbé ;
Elcho Lord) ; Eschenauer, banquier à Strasbourg ; Floquet ; Fitz
Gerald ; Fleury (de) ; Foulquier ; Frist ;
Gand (vicomte de) ; Guérin de la Madeleine ; Gruet-Villeneuve ;
Golwin ; Ghendt (de), graveur ; Grammont (marquis de) ; Grimaldi
(Antoine), prince de Monaco ; Grammont-Caderousse ; Grasse Tilly (de) ;
Guillotiu ;•
Harmand ; Hour(Frcd, comte de) ; Imbert ; Jacquetot ; Jones (Paul) ;
Krumpholz ;
La Rochefoucauld Bayer ; Le Sage (Gaspard) ; La Gâche (Louis) ;
Laubée ; Lecourt ; La Galissonnière (comte de) ; La Salle (marquis de) ;
Lafisse ; Lenoir ^Alexandre) ; La Tour d'Auvergne (prince de) ; Luxem-
bourg (duc de) ; Lowendal ; Lucajr (de) ; Lanneau de Marcy ; La Garde
(Hughes de) ; La Garde (marquis de) ; Lamarre (de) ; Lambert du Fresne ;
Lal'ayctte (marquis de) ; Latouche (de) ; Laïs, chanteur ; Lœwenstein
(de) ; La Roche-Aymon (de); La Roche-Lambert ; Lavalette (de) ; La
Borde ; Labarte ; Ledru ; Legendre ; Lisle (de) ; Longueval (de) ;
Milleville (vicomte de ; Montausier ; Moreau (architecte) ; Méon ; Murât;
Monlblanc (de) ; Massieux ; Miromesnil (de) ; Martens (comte de) ; Mon-
talembert; Massiac ; Menou (de) ; Muratori ; Mauroy(de) ; Montchal(de) ;
Mestre (de) ; Montesquiou ; Morel ; Nicmyriez (Henry), colonel àea
troupes de Pologne ;
Panckouke (Placide) ; Pommei*elle (abbé) ; Pelé ; Pescheloche ; Preville
deN ; Pasquier ; Pontavice (de) ; Pestalozzi; Petrowiski (Rob.) ; Pesche-
loche (de) ;
Rossignol (Antoine) ; Rosset ; Robineau de Beauvoir; Ranson ; Radel,
arch. ; Rozières (baron de) ; Rousseau ;
Starinsk (comte) ; Sacchini ; Segur (vicomte Alexandre de) ; Saint-
Jean ; Sauvage, peintre ;Santerre; Stein (comte de) ; Saint-Germain (de) ;
Saint-Paul ; Saint-Georges (chev. de) ;
Troubat de la Salle : Thory ; Tulou ; Trémont (de) ; Trudon ; The-
ralle ;
Urre (d') ; Vismes (de) ; Vaux (vicomte de) ; Vernet ; Villaret (de) ;
Villeneuve (de) ; Wiehorsy (comte de).
SAINT-LOUIS DU BON ACCORD
Cette L.v n'a laissé aucune trace.
SAINT-LOUIS DES CŒURS UNIS PAR EXCELLENCE
Fondé le 4 juillet 1754 par la G.-. L.\, cet atelier avait pour vén.'.
m.\ Boitcl et fonctionnait encore en 1779.
382 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
SAINT-LOUIS DES CROISADES
La G.\ L.\ fonda le 27 juillet 1758 cet atelier en faveur du vén..
m.'. Danthiaux. En vigueur en 1779.
SAINT-LOUIS DE LA DISCRÉTION
Cette L.' n'a pas laissé de traces.
SAINT-LOUIS DE LA MARTINIQUE DES FRÈRES RÉUNIS
Cette L.". fut une des plus importantes de Paris à partir de 1785. Les
écrivains maçonniques prétendent qu'elle n'interrompit pas ses travaux
pendant le cours de la Révolution. Créée le 11 janvier 1761 par un pou-
voir inconnu, elle fit renouveler ses titres par la G.*. L.*. le 11 dé-
cembre 1772 et par le G.\ Cv. le 5 juillet 1774-
En 1776, elle comprenait 50 membres. A cette époque et jusqu'en 1779,
elle eut pour vén.., Poupard, menuisier, rue des Arcis, puis rue Saint-
Merry. En 1776 et 1777, son député était Aubry, bonnetier à l'abbaye
Saint-Germain-des-Prés. Parmi les membres : Lemonnier. Ses députés
furent ensuite : en 1785, Alexandre, premier clerc de Silly, notaire,
rue Saint-Honoré ; et, à partir de 1788, Brazon, procureur au Parlement,
rue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrrois. Cette L.*. comprenait un
chapitre depuis le 25 mars 1785.
Le 7 août 1805, elle inaugura son nouveau temple au ci-devant Châ-
telet. Le vén.'. Komarzewski, avant de le purifier, lut une invocation au
grand Arch. de l'Univers. Les Annales (I. 176) donnent les détails de
cette fête . A cette époque, l'orateur était Pierre.
En 1806 et 1808 elle eut pour vén.*., Pierre, chef de division à la Pré-
fecture, 20, rue Cassette. Le député de laL.-. était Fourquier, receveur
de l'Enregistrement, 28, rue du Cherche-Midi, et le député du chapitre
Gandillaud.
En 1813 et 1814, Rauzet, employé, 25, rue de Bouloy, est vén.'. et
Ramboz, imprimeur en taille-douce, député de la L.\ et du chapitre.
SAINT-LOUIS LES INSÉPARARLES
Cette L.*., créée le 21 septembre 1763 en faveur de Xerckove, existait
encore en 1779.
SAINT-MARTIN
Cette L.*. fut fondée le 7 mai 1729 ? par un pouvoir inconnu, en faveur
de Peny père. Cette L.*. était encore en vigueur en 1779.
SAINT-MATHIEU DE LA PARFAITE UNITÉ
Cette L.*. n'a pas laissé de traces.
SAINT-NICOLAS DE LA CONSTANCE ÉPROUVÉE
Cette L.'. n'a pas laissé de traces.
LOGES DE PARIS 383
SAINT-NICOLAS DES DEUX AMIS
Cette L.\, fondée le 19 février 1759 par In G.*. L.\, en faveur du vén.'.
m.'. Poulet (résidant à Tours), fonctionnait encore en 1779, présidée de-
puis lo 22 novembre 1773 par le vén.1. ni.-. Hérault.
SAINT-PHILIPPE
Créée le 24 février 1751 par la G.\ L.\, en faveur du vén.*. m.*, comte
de Noailles, elle fonctionnait en 1779.
SAINT-PIERRE DES AMIS INDISSOLUBLES
Cette L.'. n'a pas laissé de traces.
SAINT-PIERRE DE LA BONNE FOI
Fondée le 20 avril 1760, par la G.1. L.\, en faveur du vén.1. m.*. Bru-
net, était en vigueur en 1779.
SAINT- PIERRE DU PARFAIT ACCORD
Cette L.1. fut constituée le 4 novembre 1764 par la G.*. L.'., et d'a-
près Rebold, elle n'aurait été constituée que le 17 septembre 1780 par le
G.\ 0.\ Elle n'a laissé aucune trace avant la Révolution.
De 1802 à 1806, il y eut une L.*. sous ce titre qui avait pour vén.'. Le-
bidois, tablettier, 75, rue Saint-Martin. En 1806, elle n'était plus en vi-
gueur.
SAINT-PIERRE SAINT-PAUL
Cette L.\, constituée en 1729 en faveur de Puisieux, avait pour vén.'.
m.\ le 13 septembre 1765, Zambault, secrétaire général de la G.". L.*.
En 1779, elle n'était plus en vigueur.
SAINT-PIERRE DES VRAIS FRÈRES
Constituée le 24 juillet 1768, par la G.*. L.*., elle fit renouveler ses
titres par le G.*. 0.'. le 6 décembre 1773.
De 1773 à 1776, son vén.*. fut Maugean père, bourgeois de Paris ; son
secrétaire était Murge, rue Saint-Honoré, et son député Maugean fils ; elle
ne comptait que 19 membres.
De 1777 à 1785, son vén.*. fut de Drancy, écuyer, rue du Temple, puis
rue Neuve-Saint-Laurent, et son député Joly, directeur des droits du
Roi, rue Vieille-du-Temple.
En 1788, elle était en sommeil : elle ne reprit pas ses travaux.
SAINT- PRUDENT
Créée par la G.'. L.., le 27 avril 1755, en faveur du vén.". m.'. Robi-
neau. En 1779, ce vén.*. était mort et la L.*. en sommeil.
384 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
SAINT-PRUDENT dite ÉGALITÉ
Cette L.'., qui succéda peut-être à la précédente, fut constituée le
21 juin 1767, par la G.\ L.*., en faveur de Regnard. Etait en vigueur
en 1779.
SAINT- REM Y
Cette L.\ fut créée en 1757 par la G.\ L.-., en faveur de Herbin. Ce
vén.\ m.*, étant mort, elle fut peut-être remplacée par
SAINT-REMY DES VRAIS FRÈRES RÉUNIS
En 1773, le vén.-. m.\ de cette L.. était Joubert delaBourdinière. Elle
disparut avant la Révolution et ne reprit pas ses travaux.
SAINT-SIMON DE LA BIENFAISANCE
Cette L.#. n'a pas laissé de traces.
SAINT-SIMON PATRIARCHE DE JÉRUSALEM
Créée par la G .'. L.*. le 11 février 1771 en faveur du vén.-. Hamel ;
était en vigueur en 1779.
SAINT-SIMON SAINT-MARCEL
Cette L.'., constituée le 8 février 1748, en faveur de Liégeois, n'était
plus en vigueur en 1779, son vén.'. m.', étant mort.
SAINT-SPIRE, SAINT-MARTIN DES FRÈRES DE L'AIMABLE UNION
Cette L.'. fut fondée le 11 juin 1769 par la G.\ L.-. en faveur de Le-
roy et était encore en vigueur en 1779.
SAINT-THOMAS
Il y eut plusieurs L/. sous ce titre et il est difficile de les discerner.
(Voy. chap. iv, p. 118). Lorsqu'une L.\ changeait de maître, elle chan-
geait parfois de nom, et de plus, s'il n'y avait pas cession régulière
de maîtrise, le nouveau maître faisait renouveler ses titres par l'autorité
qu'il reconnaissait. C'est probablement pour ces raisons que la G.'. L.\
constitue les titres de cette L.\ le 29 mai 1744 en faveur d'un nommé
Decourt, qui était encore titulaire en 1779.
D'après la patente d'Et. Morin en 1761, Chaillon de Jonville, substitut
général de l'ordre, chef des grades éminents, commandeur et sublime
prince du royalsecret, aurait été vén/. m.*, de la première L.\ de France
Saint- Antoine appelée Saint-Thomas (sic).
SAINT-THOMAS DE LA TRINITÉ
Cette L.\ fut créée le 28 avril 1776 par la G.\ L.\ en faveur d'Hamo-
nis. Etait en vigueur en 1779.
LOGES DE PARIS )>8.">
SATISFAITS
Créée le 18 février 1759 par la G.\ L.\ en faveur de Pradier, cetle
L.\ a'était plus en vigueur en 1779 par suite du décès de son vén.'. m.-,
SCIENCES
Cette L.'. aurait été fondée vers 1766 par Helvétius. Elle ne fut régu-
larisée par la G.\ L.\ de France qu'après bien des difficultés et après
la mort de son fondateur (26 décembre 1771). En 1773, son vén.\ était
Jérôme de La Lande. Elle n'a jamais figuré sur les listes du G.'. O.-.
SECRET
Cette L.'. fut fondée en faveur de Moret par la G.". L.\ le 27 septembre
1753. Elle fonctionnait encore en 1779.
SINCÉRITÉ
D'après un brevet de Beauchaine (chap. v, p. 184). En 1768, le vén.'.
de cette L.\ était Dutertre.
SINCÉRITÉ DE SAINT-JEAN
Cette L.'. fut créée le 17 janvier 1756 par la G.'. L.\ en faveur du
vén.'. ro.*. la Valnière. En vigueur en 1779.
SOCRATE DE LA PARFAITE UNION
Cette L.\ fut fondée le 17 juillet 1766 par Bourgeois ; elle ne fonc-
tionnait pas en 1779 par suite du décès de son titulaire.
D'après Clavel (p. 169), Benedict Chastanier, membre delà G.\ L.'.
de France, aurait été vén.". de cette même L.'. en 1766, et modifiant les
rites des Illuminés d'Avignon, il aurait créé les Illuminés Théosophes. Ce
rite n'ayant pas réussi, il le transporta à Londres en 1767 où il eut beau -
coup de succès. Le but de cetle secte aurait été de propager les doctrine»
de la Nouvelle Jérusalem de Swedenborg.
SOLEIL D'OR
L.-. particulière de Beauchaine (voir chap. v, p. 183).
TRIANGLE LUMINEUX
D'après YEtoile flamboyante (II, 112), le 2 novembre 1764 des instruc-
tions auraient été données au comité par le T.'.R.'. F.\ C.\ D.\ E." .
orateur d'une L.\ portant ce titre.
TRINITÉ et TRINITÉ dite ÉGALITÉ
Cette L.\ fut créée le 25 mars 1752 par la G.'. L.\ en faveur de Pir-
let ; Lacorne en fut également vén.*., et le 25 octobre 1761 les patentes.
LA FUANC-MACONNERIE. — T. I. ! 25
I>8() LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
furent renouvelées en faveur de Tardieu, sous le titre de Trinité dite
Egalité.
Celte L.'. reprit son titre primitif lorsqu'elle fut reconstituée par le
G.'. O.-. le 25 septembre 1783.
En 1785, elle avait pour vén.\ Richaud, médecin de la comtesse d'Ar-
tois, rue Montorgueil, et pour député, Langlois, négociant, 23, rue Neuve-
Saint-Eustache.
En 1788 et 1789, son vén.\ était Joigny, avocat au Parlement, 37, rue
Feydeau, et son député, Lorin, employé au Mont-de-Piété, off.'.du G..O.,
place de la Comédie-Italienne.
Après avoir disparu pendant la Révolution, elle reprit ses travaux
le 26 juillet 1799 et refit ses règlements le 10 juillet 1805.
A cette époque, le tableau de la L/. ne comprenait pas moins de 34
membres : Vén.\, Lasserrez, off..G.-. O. . ; 1er surv.*., Petit Jean Din-
ville, off.\ G.*. 0.\ ; 2e surv.., Thiébault, off.\ G.\ O.-. ; orateur,
Prousteau-Montlouis, R -j- ; secret.., Géneux, off.\ G.-. O.". ; trésorier,
Petitbon, off.\ G.'. O.*. ; 1" exp.'., Chauveau, R-f ; 2" exp.v, Gataycs,
R--J- ; 3 exp.-., Baron, M.\ ; M.*. Cérém., Pérot, M.-.; hospitalier, Sau-
vage, R--f- ; G.', des Se.., Noirdemange, off.'. G.*. O.1. ; G.-. arch.\,
Duroux. R— J- ; architecte, Charnej' aîné, M.'. ; couvreur, Genillon M.'. ;
député, Mosnier; orat.-. adj.\, Tribalet,R-f ; sec.-, adj.-., Lerouge, R-"j"-,
M.-. Cérém.-. adj.'., Laruelle du Port, M.-. ;Lefebre, R-"f; Quenin père,
M.-. ; Kienlin, off.\ G.-. O.-. ; Vandemputte, M.-. ; Got, R-y.-. ; Du-
roux, R--jv. ; Alexandre, M.-. ; Borel Vernières, M.*. ; Bernard, M.-. ;
Moreau, R--f ; Emont M.-. ; Charney jeune, M.-.: Biston, M.*. ; Cha-
naing, Comp.-. ; Delaunay, app.-.
De 1800 à 1802, cette L.-. eu\ pour vén.\ : Joigny, homme de lettres,
20, rue de Provence, et pour député, Géneux, chef de bureau àla trésorerie,
6, rue d'Anjou Saint-Honoré.
Lasserez fut vén.-. en 1805 et 1806, Géneux en 1808 et Lavallée en 1813
et 1814.
De 1806 à 1814, son député fut Mosnier, homme de loi, 20, rue du
Faubourg-Saint-Honoré.
A cette L.-. était annexée une L.-. d'adoption.
UNION
Le 16 mai 1744, la G.-. L.'. installa cet atelier en faveur de Duret. Etait
en vigueur en 1779.
UNION DES BONS ENFANTS
Cette L.-. n'a pas laissé de traces.
UNION PARFAITE DE LA PERSÉVÉRANCE
Cette L.-., fondée le 15 janvier 1768 par la G.-. L.'., existait encore en
1779.
UNION PARFAITE DE SAINT-JEAN DE LA PORTE LATINE
Cette L.'. n'a pas laissé de traces.
LOGES DE PARIS 387
UNION DES PARFAITS EU s
Fondée le 24 juillet 1757 par la G.'. L.\ en faveur de Hardy, cette L \
était en vigueur en 1779.
UNION DES SEPT FRÈRES
Fondée à une date inconnue, cette L.'. avait pour vén.*. en 1788 et
1789 Lesucur, bandagiste place de Grève. Disparut avec la Révolution et
ne reprit pas ses travaux.
UNION SINCÈRE
Créée le 3 juin 176G parla G.'. L.". en faveur du vén.\ m.'. Saulnier,
elle était en vigueur en 1779.
VÉRITÉ
Une L.\ fut créée sous ce titre par la G.*. L.. en 1750. Son vén.\
ni.", étant mort, cette L.'. n'était plus en vigueur lorsque le G.". O.'. la
reconstitua, le 30 juillet 1776, pour prendre rang seulement du 11 juillet
précédent. A cette date, elle comprenait 18 membres.
Son vén.'. de 1776 à 1790 fut Morel, officier du régiment de Boulonnais,
rue Saint-Germain-l'Auxerrois. Son secrétaire fut Pécoul, avocat au conseil
souverain de la Guadeloupe, puis Durand, avocat au Parlement, 7, rue
de la Colombe. Cette L.". disparut en 1791 et ne reprit pas ses travaux.
VERTU
D'après la patente d'Et. Morin, en 1761, le vén.*. m.', de cette L.*.
était Boucher de Lenoncourt, G.\ élu parfait maître, chevalier prince
maçon.
VERTU ET UNION PARFAITE DE SAINT-SIMON
Cette L.\, constituée le 4 juillet 1767 par la G.". L.\, existait encore en
1779.
VRAIS AMIS
Les patentes de cet atelier furent souvent renouvelées.
Créée une première fois parla G.'. L.'. le 27 décembre 1753 en faveur
de Clément, ce vén.'. m.\ étant mort, les titres furent renouvelés le
27 décembre 1757, au nom de Molet, qui mourut avant 1774. Le G.\ O.'.
renouvela à son tour ses titres le 19 septembre 1774. Le nom d'un seul
de ses membres, Anselme, est parvenu jusqu'à nous. En 1776, la L.-.
n'était déjà plus en vigueur.
VRAIE LUMIÈRE
Les constitutions primitives de cette L.*. furent données à l'Orient de
Nancy le 14 mai 1762. Elles furent transportées à l'Or.', de Paris et
388 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
renouvelées par la G.'. L."., le 12 mars 1772 et par le G.*. O.'., le 5
octobre 1773.
De 1773 à 1777, son vén.\ était le baron de Toussainct, libre baron du
Saint-Empire, conseiller des finances, docteur endroit, avocat au Parle-
ment, off.-. du G.'. O.'. ; son 1er surv.\ trésorier, Ch.-P. Morin. Les
secrétaires furent successivement Lelièvre, étudiant en médecine, rue de
Seine, et Joffroy, commis aux archives du Louvre, rue Saint Honoré.
Cette L.\, qui avait 24 membres en 1776, semble avoir cessé ses
travaux vers 1778.
De 1773 à 1775 on relève parmi ses membres : de Guerville, Besnard,
Jouve, Déliasse, Delignat-Flavignac, Vignerfus, Roland, Saint-Hilaire,
Deshayes, Dey, Petit, de Sainte-Avoie, Masme, de Coursin, Bonnaire,
Noirde mange.
La G.*. L.\ constitua en plus cinq L.'. dont on n'a pu retrouver les
titres, en faveur des vén.\ m.'. : Dansse, le 20 novembre 1760 ; duc
d'Enghien, le 3 décembre 1750 ; Leclerc, 1751 : Montroye, 1766 ; comte
de Tessé, le 19 février 1759.
Les deux premières et la dernière de ces L.*. fonctionnaient en 1779 :
Leclerc et Montroye étant morts, leurs L.*. n'étaient plus en vigueur.
Pour les mêmes causes 3 autres L.'. étaient en sommeil, celles de
Chaudron, Detelleur, Gourlin.
Enfin on n'a pu retrouver les noms ni les dates de constitution des
L.'. des onzeVén.v suivants : Boze delà Bize, Delaître, Des Clouzelles,
Gouttard aîné, Hue, comte de Jagny, Jumigny, Malibran, Montroye,
comte d'Ossun, Pasquault, Vendeusse.
Toutes ces L.*. étaient en sommeil en 1779.
II
LOGES DE PROVINCE
ABBEVILLE (1)
PARFAITE et PARFAITE HARMONIE
Le 31 janvier 1764, la G.*. L.\ aurait constitué une L.*. en faveur du
vén. . m.', d Hernis.
Cette L *. est probablement la même que la Parfaite Harmonie consti-
tuée également par la G. . L.*. le 26 janvier 1764, renouvelée par le
G.'. O'. le 11 janvier 1776 en rappelant les travaux commencés le
17 octobre 1750.
Cette L."., qui comportait 17 membres en 1776, avait alors pour vén.-.
de Latre l'aîné, négociant, rue du Puits-de-la-Chaîne.
La correspondance était adressée poste restante, à Jean-Marie Trophat
(anagramme de Parfaite Harmonie) ; son député était le comte de Corregio.
En 1777, elle avait 20 membres; son vén*. était d'Hercey, ancien
officier d'infanterie ; son secrétaire, Alyamet deFournival, ancien officier.
En 1785, son vén. . était Devos, négociant, et son député. Théophile
Vaurobais, négociant.
En 1788, ce dernier fut nommé vén.*. et Tannée suivante fut remplacé
par Hommassel-Manessier, négociant.
En 1788 et 1789, son député fut de Pioger, chevau-léger de la garde
du roi, chev. de Saint-Lazare et de Notre-Dame du Mont-Carmel,
ancien maire, commandant la ville d'Abbeville.
Cette L.-. reprit ses travaux sous l'empire. De 1808 à 1810, son vén.'.
était Baron, contrôleur des contributions directes.
En 1810, figuraient parmi ses membres : Hecquet, Fraissard, Mon-
tendre, Siffait- Roger, Denoyelle, André de Poilly, Mourot, Monteau,
Paumier, Dequevauviller.
Darcourt fut son vén.'. en 1813 et Hecquet notaire, en 1814.
De 1808 à 1814 son député fut Delaunay, officier du G.-. O.'.
AIX
ÉTROITE PERSÉVÉRANCE
Fondée en 1762, elle reçut son titre constitutif d'une L.'. écossaise de
Marseille, « La Prudence ».
(1) Dans les monographies de L.*. de province, nous avons emprunté
de nombreux noms à la Chaîne d'Union, à l'Histoire générale de la
F. M.\ en Normandie, par le F.', de Loucelles, et aux Ephémérides de
Lyon, etc. Nous avons également consulté des tableaux de loges, des
brevets, des correspondances de maçons et les annuaires du G.'. O *.
390 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
En 1768, elle fusionna avec les Amis Réunis et devint l'Etroite Persé-
vérance des Amis Réunis. Avant la réunion, son vén.\ était Duranti de
la Calade père, conseiller, puis président à la cour des comptes.
Sa devise était : Vis unita fortior-
Après la réunion, Portalis, alors âgé de 22 ans, fut son vén.*. Parmi
ses membres, Duranti de la Calade fils, conseiller à la cour des comptes,
Méri, le comte de la Canorgue et de Magallon, avocat général.
De 1774 à 1781, cette L.'. se réunit à « l'Amitié ». En 1776, son vén.*.
était Espariat, avocat, ancien vén.1. de l'Amitié.
SAINT- JEAN D'ECOSSE DE LA RÉUNION
Cette L.*. passe pour la plus ancienne d'Aix ; elle aurait été constituée
par une L.*. anglaise de Marseille. En 1764, elle comprenait 19 membres
dont : de Ricard, Lange de Saint-Cafren, Damât de Foucrelle. Ses
membres étaient magistrats ou avocats. On ne trouve plus de traces de
cette L.'. après 1766.
AMIS RÉUNIS
Fondée le 12 juin 1766 par la G.'. L.. en faveur du vén-. m.1. Therris,
elle comprenait 12 membres, tous bourgeois ou commerçants. Comme
nous l'avons vu, elle se réunit en 1768 à l'Etroite Persévérance.
CALISSANE
En 1168, il existait sous ce titre une L.'. clandestine.
AMATEURS DE LA VERTU
Cette L.*., qui existait avant la Révolution, constituée par une puis-
sance inconnue, n'a pas laissé de traces.
ALBY
SAINT-JEAN D'ALBY
En 1744, une L.\ aurait été constituée sous ce titre par la G." L..*.
en faveur du marquis de Maleuse ; elle existait encore en 1779.
ALENÇON
SAINT-LOUIS DES CŒURS
Cette L.*., fondée le 10 mai 1762 en faveur du Vén.'. M*.*. Castaing:
paraît être la plus ancienne d'Alençon. Elle existait encore en 1779.
co:urs zélés
Cette L.*., probablement la même que la précédente, n'aurait eu ses
constitutions primitives que le 10 mai 1763, bien que fonctionnant
LOGES DE PROVINCE 391
depuis 1752. En 1808 elle est désignée connue L.\ en sommeil sous le
titre de Saint-Louis des Cœurs zélés.
L.i (1 . L.\ renouvela ses titres en 1772 et le G.\ O.*. le 7 mai 1774.
En 177(5 et 1777, elle a pour vén.\ Castaing, receveur des tailles; elle
comprenait 12 membres.
Vax 1785, son vén.'. était de Foulogne, ancien officier au régiment de
Bourbon-infanterie, son secrétaire était Taupin, directeur général des
Fermes, et son député Boucault.
Parmi ses membres: Costard de Bursard, de Hécalde, de Bordier,
Fromond de Bouailles, d Hattot de Chavanncs, comte des Essarts de la
Verrerie, de Glatigny, Coste de Vaugourdon, cbev. de Monligny, Macé
de Choisel, de Guiberville, de la Hue, Bouley, prieur de Sainte-Marie,
Marescot de Briante, Moisson de Vaux et Lalande de Sainte-Croix.
Cette L.\ disparut à la Révolution.
SAINT-CHRISTOPHE DE LA FORTE UNION
Constituée le 2 juillet 17(54 par la G.-. L.*. en faveur du vén.'. ni.-, de
Fresnais sous le titre de Saint-Jacques-Saint-Christophe, ses constitu-
tions primitives furent renouvelées par la même puissance le 29 septem-
bre 1772, sous le litre de Saint-Christophe de la Forte Union et par le
G.-. 0.\ le 23 septembre 1774.
Les membres de cette L.\ semblent avoir eu le caractère chicanier
que Boileau prête aux Normands. Jaloux de ses titres, elle fut en lutte
répétée avec les autres L.'. d'Alençon.
En 1782, une scission s'étant produite entre ses membres, plusieurs
d'entre eux demandèrent à constituer une nouvelle L.-. sous le titre
d Fimiles d'Oreste et Pylade. Malgré ce titre fraternel, l'orage éclata
bientôt. Le temple de la Forte Union fut profané et les bijoux dispa-
rurent. Les Emules d'Oreste et Pylade furent accusés de ces méfaits, à
tort, paraît-il, car les f. '. de la Forte Union durent retirer leurs accusations.
En 1776 et 1777, cette L.'. comprenait 18 membres; son vén.*. était
Lesueur de Petitville, mestre de camp de cavalerie, en son château du
Val, son secrétaire était Pihan, procureur aux juridictions royales
d'Alençon et son <?éputé, Costard de Bursard, ancien mousquetaire.
En 1778 et 1779, ce dernier devint vén.' . En 1781-1782 et en 1785-
1788, Fresnais père, négociant, ancien échevin, occupa ces fonctions ; et
en 1783-1784, Daquin, prêtre, professeur de physique au Collège royal
d Alençon.
En 1789 et 1790, le vén.*. était Le Moine, contrôleur des étapes et
convois militaires.
De 1785 à 1790, le député fut Delaunay Le Bled, avocat au Parle-
ment .
Parmi ses membres nous relevons : Langlois-Lafontaine, procureur au
bailliage et siège présidial ; Lesage du Parc ; Rémont de Recalde ;
d'Hallot de Chavannes ; Lenoir du Frêne ; Le Villain du Friche ; de
Froger, du Ronceray ; de Frotté ; le Sage de la Corneillère ; Bellon}- de
Watgz, sous-prieur de l'abbaye; de Chamenel et Bourdon, religieux béné-
dictins, et Castaing, négociant.
Cette L.". cessa ses travaux pendant la Révolution et ne les a pas
repris depuis, tout au moins sous son ancien titre. La L.1. de la Fidélité,
3\)2 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
formée en 1802, se réclama de Saint-Christophe de la Forte Uniou pour
Faire remonter ses travaux au 2 juillet 1764.
AMBERT
CŒURS RÉUNIS
Il y eut avant la Révolution une L.-. sous ce titre à Ambert ; elle n'a
pas laissé de traces.
ANDELYS (les)
PARFAITE CORDIALITÉ
Constituée par la G.'. L.*. le 8 janvier 1767. cette L.*. fut recons-
tituée par le G.'. O. '. le 29 avril 1779 et se réinstalla le 21 octobre sui-
vant. A cette dernière date son vén.'. était l'abbé de Saint Martin,
chanoine de la collégiale ; parmi ses membres on relève les noms de
Beuzelin de Racouval, Beuzelin de Verneuil, de Molaincourt, de Le-
Ycyrac, baron de Saussay, de Chalange, Dubuc, curé de Vimont.
De 1785 à 1790, le vén.'. fut de la Barre, lieutenant des Maréchaux de
France ; le secrétaire, Boulloche. juge civil et criminel de police au
bailliage; et le député, le chev.'. du Coudray, capitaine de cavalerie,
chevalier de Saint-Louis. Cette L.'. disparut vers 1791.
ANGERS
SAINT-PAUL dite LA PRUDENCE
Fondée en 1753 par la G*. L.*. en faveur de Dessolais, cette L.\ était
encore en vigueur en 1779.
PARFAITE UNION
Cette L.*. n'a pas laissé de traces.
UNION FRATERNELLE
Celte L '. n'a pas laissé de traces.
Les L.*. importantes d'Angers ne furent constituées qu'après 1771.
ANGOULÊME
unité des cq:urs
Cette L.-., que par la suite on qualifia d irrégulière, fut la première
constituée à cet Orient en faveur du P.*. Brunet, capucin, son vén-., le
17 décembre 1760.
En 1765, le P.'. Brunet, qui habitait généralement Gonesse. était
«ncore son vén.'. Parmi ses membres on relève les noms suivants:
Dumoulin, peignier; Besson, aubergiste; Godineau, garçon boulanger;
LOGES DK PROVINCE 393
Coulon, régent; Blanchard d« Pnymariin; Nègre frères, horlogers;
Lemaitre, cl i t le Petit Bon Dieu, peintre; Calaud ; Lctourneau, régent;
Cossard, orfèvre ; Clavaud fils, marchand; Tabaud, minime ; Civadière;
Dezille et Théophile, capucins.
Cette L.\ était en continuelles discussions avec la Parfaite Union du
même Orient. (Mamoz, La F.'. M.\ à Angoulèmc au XVIII^ siècle.)
En 1778, le tahleau de la L.\ était ainsi constitué :
De Maubuée, chanoine ; Lescalier, sous-ingénieur ; Roullet, chirurgien ;
Ducluzeau, proc. au prés, du comte d'Artois ; Clavaud l'aîné, négociant ;
Dussouchet, négociant ; Poitevin de Beaupré, bourgeois ; de Bussac
l'aîné, bourgeois ; Vaslet, proc. auprès. ; Azemard, négociant; Sallée,
chirurgien ; Sazerac des Roches, négociant ; Dupcyrat le jeune, négo-
ciant ; Buchey, orfèvre ; Nadaud, horloger ; de Limaigne, avocat ;
Noël fils, négociant ; Massedin, feudiste.
Cette L.'. disparut avant la Révolution.
PARFAITE UNION
La formation de cette L.\ est particulièrement intéressante. Grâce aux
recherches de M. Mamoz, nous voyons comment se formait, au
xvm* siècle, l'agglomération maçonnique d'où la L.'. devait sortir.
En 1757, il y avait à Angoulême deux F.1. M.\ : Denis- Louis Jauré,
reçu m.*, écoss.\ à Rouen en 1746, et Biaise Bourrut-Leméry, cordelier,
affilié à Nantes en 1748. Ce furent ces deux personnalités qui initièrent
les maçons d'Angoulême avant la formation de la L.\ Parmi ceux-ci:
Andri, orfèvre, major de la milice bourgeoise ; Lardi, marchand, et
Rabin, major de l'Hôpital. En 1762, le duumvirat est renforcé par
François Trémeau jeune, initié à Paris En 1763 et 1764, ils avaient
formé une L.\ indépendante procédant à des réceptions.
C'est le 12 octobre 1764 que la constitution de cette L.'. fut régula-
risée par la G \ L.-. en faveur de Jean Brun fils, subdélégué de
l'Intendance. Voici quel était le tableau de la L.'. lors de l'installation,
le 2 décembre suivant :
Vén.., Jean Brun fils; 1er surv.., Jean-Baptiste Andri; 2e surv.-., Tré-
meau jeune ; orateur, Louis-Denis Jouré ; trésorier, Trémeau fils aîné ;
secrétaire, Barthélémy Chavigni ; arch.*.. Jean-Baptiste Rulier ; hospi-
talier, Jean Martin ; experts, visiteurs, Miteau et Pierre Laroche de Girard ;
aumônier, François Georges Beziard; Frère Terrible, Jean-Baptiste de la
Gravière ; hospitalier, Félix Robin ; tuileur, Jean Dabescot ; sur les
colonnes : Jean Lardi, M.\ Roy, prêtre ; Pierre Loreau, avocat ; Mar-
celin Bolaix, religieux, compagnons.
En 1765, figuraient aussi dans cette L.*. : Cravaud fils aîné; Létour-
neau ; La Cossonnière fils ; Chassin, curé de Saint-Ausone ; Dumoulin ;
Coppart ; Dussouchet ; Pénot ; Laroche ; Ducluzeau et Coulon.
M. Mamoz relève également parmi les membres de cette L.-. : Jacques
Delestre, maître de psallette ; Charles Glace, fils aîné ; François Glace
père, négociant ; Louis Blanchard, maître de forges ; François de la
Pouge de la Blancherie, maître de forges ; Pierre Jeudi fils aîné et Jean
Jeudi jeune, négociants ; Léonard Dereix-Derivierre ; Antoine Marchais
fils aîné, négociant ; Eustache, capucin ; Guillaume Texier de Lavallade,
marchand et consul ; Albert Maudet, carme ; Pierre-François-Achille
394 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
de Lamarque, ancien très, des inval. de la Marine à Saint-Domingue ;
Bernard Mouget, carme ; Pierre Dufour, carme ; Charles-Joseph
Ducluzeau, greffier des eaux et forets ; Louis Blanchard de Pujrmartin
fils, directeur de forges à Roussines ; Etienne-Louis Marchais fils jeune,
négociant ; Pierre Marchais de la Berge ; Henry de Labarderie ;
Laviatte ; Pissier ; Civadière; Jacques Boiteau ; Jean Mathieu ; Rivaux,
avocat ; Fontréaulx de Saint-Martin ; Ogerdias et Vallcteau de Cha-
brefy.
En 1776, cette L.\ était moins prospère qu'à sa création, elle n'avait
plus que 27 membres. Son vén.\ était Duclusat, greffier en chef des
eaux et forêts ; son secrétaire était Marchais du Rocher, négociant En
1777, la décadence de la L.\ s'accentuait encore, elle n'avait plus que
15 membres. Brun était renommé vén.\ et son secrétaire était Foureaux
de Saint-Martin, avocat au Parlement. Ce dernier fut vén.\ de 1785
jusqu'à la dispersion de la L. . en 1790. De 1776 à 17S0, cette L.\ eut
pour député le docteur Guillotin, officier du G.'. O.-.
Elle disparut vers 1791 et ne reprit pas ses travaux.
ANNONAY
VRAIE VERTU
D'après M. Léon Rostaing(l), cette L.\ aurait été installée le 1er avril
1766 parla Parfaite Union à l'O.". du régiment de Vivarais et par la
Parfaite Union à l'O.'. de Tournon. Comme cette dernière L.\ ne fut elle-
même constituée qu en 1774, nous croyons plutôt que la Vraie Vertu fut
installée le 1er octobre 1766 par la L.". Saint-Louis à l'O.*. du corps
royal du Génie (Metz), comme le prétend la Chaîne d'Union (IV, 484 .
La Vraie Vertu paraît du reste avoir été indépendante de la G.\ L-.,
qui ne lui donna pas de titres constitutifs. C'est le G.'. O *. qui, le
2 avril 1775, lui donna ses patentes en les antidatant du 4 juillet 1774,
et en faisant remonter ses travaux au 1er octobre 1766. Cette L.\, qui
avait une grande importance numérique, réunissait la meilleure société
d'Annonay. Elle s'adjoignit une L.\ d'adoption qui ne fut pas très flo-
rissante. C'est de son sein que sortit le groupe qui, en 1780, forma la
Vraie Amitié. Un grand nombre de membres de ces L.\ jouèrent un rôle
important pendant la période électorale de 1789, et les administrations
départementales de 1790 et 1791 furent presque exclusivement recrutées
parmi les membres de ces deux L.-.
Voici, d'après M. L. Rostaing, les noms de tous les membres de la Vraie
Vertu de 1766 à 1808 : — 1766 : Baron, négociant ; Bollioud de Saint-
Julien, receveur général du clergé ; Bon ; démissionnaire) ; Chomel, avo-
cat ; Chomel de Midon, licencié en droit ; Duret, négociant ; Frachon,
procureur au bailliage ; Soubeyran de la Rochette ; Lombard (vén.\) ;
Missolz de la Pra, lieutenant-colonel d'artillerie, chevalier de Saint-
Louis ; le chev.*. de Missolz, lieutenant-colonel d'artillerie, chew. de
Saint-Louis; Monneron, avocat, receveur du grenier à sel, vén.\ ; Mont-
(1) Les anciennes L.'. maç.'. d'Annonay et 'es clubs. Cette étude, très
complète, est du plus haut intérêt. — Voir également les travaux du
Dr Francus sur la f.'.-m.'. dans l'Ardèche.
LOGES DE PROVINCE i)(.).">
golfier, Alexandre-Charles, licencié en théologie, ancien proviseur du col-
lège d'Autan à Paris, chanoine de l'église collégiale, vén.\; Montgollier,
fabricant de papiers à Vidalon-le-Bas, vén.*. ; Lemore de Pignien ; Tour-
ton ; Blaehier, chevalier de Saint- Louis ; Lonihard de Quincieux, avo-
cat puis procureur du roi en la sénéchaussée, vén.-. — 1767 : Soubcyran
de Beauvoir, bailli d'épée de la baronnie de Tour des Chalamon ;
Imbard. — 1708 : Fonrnat de Brcnieu, vén.". ; baron de Causon : Cho -
mel de Jarnieux, en religion le P. Roch, récollet, vicaire de la com-
munauté ; Fourra, récollet, gardien du couvent ; Defrénois, officier de
la légion de Hainaut. — 1770 : Bonfîls, curé d'Annonay, chanoine régu-
lier de Saint- Ruf ; Pourrat, provincial des cordeliers, commissaire
général et gardien du grand couvent de Paris ; Duret, médecin ; des
Chabert, célestin ; Peyron ; Chabert, avocat. — 1771 : Bollioud deBragieux,
▼en.'. ; Yéron de la Rama. — 1772, Monneron, membre du Conseil supé-
rieur de Pondichéry ; comte de Vogué, vén.*. ; Alléon aîné, négociant :
Fromageot, prieur de Gondargnes. — 1773 : Ravel, bourgeois, gradué
eu droit. — 1774 : Monneron, chanoine de l'église collégiale. — 1775 :
Bollioud de Tartara. — 1782 : Murol, avocat au Parlement ; Chapuis,
conseiller du roi, greffier en chef de la sénéchaussée ; Duret, docteur en
médecine ; Fournat d'Ay, père. — 1783 : de Barjac, ancien prieur des
Célestins ; le chev.-. de Barjac ; Montgolfîer {Etienne de), fabricant de
papier, inventeur des aérostats ainsi que son frère. — 1784 : Montgolfîer
(Michel Joseph de) ; Desfrançais de Lolmes, conseiller du roi, juge mage,
lieutenant général de la sénéchaussée ; Perné du Sert, membre de la
L.\ la Paix àl'O.'. de Toulouse. — 1785 : Desfrançais de Thorrenc,
chevalier, ancien conseiller ; marquis de Lestrange à Saint-Alban. —
1787 : Fournat de Brézenaud ; Duval, avocat au Parlement. — 1788 :
Nozarède, receveur des domaines du roi. — 1789 : Veyre de Soras,
capitaine de cavalerie, chev.'. de Saint-Louis. — 18C6 : le chev.".
de Monteil, ancien adjudant du général de Précy à Lyon ; Tavernier,
avocat ; Lioud. — 1807 : Daymé, manufacturier ; Johannot, fabricant
de papier: Bravais, médecin ; le comte Lamajarie du Soursac ; du Liron
de Montyver et de Digoine fils.
Bollioud de Saint-Julien, ancien législateur, fut vén.-. de la Vraie
Vertu jusqu'en 1815.
Les lettres étaient adressées à M. de la Vauterive (anagramme de la
Vraie Vertu), à l'hôtel Camon ou Monac (anagramme de Camon).
PARFAITE AMITIÉ
Cette L.-. n'a pas laissé de traces. Il s'agit peut-être de la Vraie Ami-
tié constituée en 1780.
ÉTOILE BRILLANTE DE LA FILLE PREMIÈRE DE LA CONSTANCE
Cette L.-. n'a pas laissé de traces.
ARPAJON
PARFAITE UNION
SOPHIE-MADELEINE
Ces deux L.-. n'ont pas laissé de traces.
396 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
ARRAS
CONSrANCE
Les membres de cette L.*. avaient la prétention d'appartenir à la plus
ancienne L.\ de France. Ils voulurent prendre rang du 15 avril
1687, prétendant avoir été constitués à cette date par le T.". 111.'. F.', le
comte de Pembrocke, grand visiteur de la M.-. G. . L.\ de Londres
en vertu de pouvoirs légaux. Toutes ces allégations étaient fantaisistes,
et jamais aucune autorité maç.\ ne voulut y ajouter foi. Sans être aussi
ancienne, la L.". d'Arras devait remonter assez loin. Elle existait certai-
nement lorsque Charles-Edouard y créa un chapitre en faveur des FF.-.
Lagneau, de Robespierre, Hazard, Lucet, etc., en 1747. (Voy. chap. iv,
p. 132)
En 1775, Lucet, qui était vén.\, étant mort, fut remplacé par le F.*.
Delecourt, 1er surv.\ Un certain nombre de L.-. à cette époque et même
antérieurement reconnaissaient à la Constance le titre de Mère L/. écos-
saise jacobite, cela n'est pas douteux ; le fait était notoire et il ne paraît
pas que jamais Charles-Edouard ait protesté contre l'usage qu'on y fai
sait de son nom.
Dès le 9 février 1773, Lucet avait demandé au G.-. O.'. des constitu-
tions personnelles qui lui furent refusées. Malgré la recommandation du
F.-, chev.'. de Loos de Bayac, Delecourt prétendit par la suite que sans
préjudice de la valeur de ses titres primordiaux, sur sa demande et celle
de ses deux surveillants de Dion et Raulin, le 12 novembre 1779 des
lettres de constitution et de reconstitution furent présentées au G.'. O.'.,
qui refusa de les ratifier. L'année suivante, 11 frères, fatigués de la pré-
sidence de ce maître de L.'. déjà vieux et sourd, demandèrent et obtinrent
de constituer une nouvelle L.\ sous le titre de l'Amitié La scission datait
de 1764. Delecourt protesta, continua ses travaux ; plus tard, il prétendit
même avoir été reconnu par le G.'. O.'. le 18 juillet 1783, avec son rang
et ancienneté, ce qui était faux.
En 1785, la plus grande partie des membres de la Constance l'avaient
abandonnée pour fonder les Amis Réunis, ce qui n'avait pas empêché
cette loge de continuer à fonctionner avec quelques amis fidèles.
Ce qui est certain, c'est que le 1er février 1787, le G.". O.". reconnut que
les titres perdus de cette L.\ devaient dater de la G.'. M.*, du comte de
Clermont.
Si cette L.\ et son chapitre cessèrent leurs travaux pendant la Révolu-
tion, ce qui est douteux, ils rentrèrent en activité dans les dernières
années du xvme siècle. Le 4 mai 1800, le chapitre décida de demander le
visa du G.\ O. . Celui-ci, moins difficile qu'avant la Révolution, l'accepta
dans son obédience le 27 décembre 1801, mais pour prendre rang seule-
ment du 19 novembre 1783.
A cette époque, le vén.*. était Delecourt, ancien notaire ; le secrétaire,
Chevalier, négociant. Ce dernier fut vén.". en 1802. En 1805 et en 1809,
Delecourt reprit ses fonctions.
En 1808, Callens, négociant, fut vén.-., et en 1813 et 1814, Dupain.
lieutenant quartier-maître de gendarmerie. Les lettres étaient adressées
sous le couvert de l'anagramme barbare d Ecnatsnoc.
En 1780, la mère L.". d'Arras avait érigé un chapitre de R.-J* à Paris
LOGES DE PROVINCE 397
sous le litre « Chapitre d'Arras de la vallée de Paris ». Elle avait en plus
5 chapitres sullragants dans les L.\ suivantes : 1« Saint-Jean du
Hou Accord, ().'. de Paris; 2° Intime fraternité, ().*. de Tulle ; 3" Sagesse.
().•. de Lyon ; 4° Française dans la ville, Gv. de Bordeaux ; 5° Sincôro
Amitié, Ov. d'Amiens.
La Constance était en correspondance avec 13 L.\ à l'O.'.de Paris
et 27 à l'O.'. de diverses villes de province : l'Amitié, la Bonne Union,
la Parfaite Réunion, le Point Parfait, Sainte-Joséphine, l'Ecossaise (?),
Saint-Alexandre, le Phénix, l'Age d'or, les Sincères Amis, le Grand
Sphinx et les Amis de la paix, ci-devant les Amis joyeux, à l'O.'. de
Paris; la Parfaite Union, O.'. de Douai; Saint-Jean du Désertât la Par-
faite Union, O.*. de Valenciennes ; les Amis Réunis et la Modestie, O '.
de Lille ; la Philanthropie, O/.de Saint-Quentin ; l'Aurore delà liberté,
().'. de Réthune; l'Heureuse Réunion, O.'.de Saint-Omer ; Saint-Louis
3fes Amis lléunis et la Parfaite Union, O.". de Calais ; la Réunion, O.'.
d'Aire ; l'Amitié fraternelle, 0.\ de Dunkerque ; la Thémis, O.". de Cam-
brai ; la Réunion des Amis du Nord, O.*. de Bruges ; les Trois niveaux,
O.*. d'Osteude ; la Constance éprouvée et les Frères réunis, O.*. de
Tourna}- ; l'Aménité et les 3 H, O.*. du Havre ; la Concorde, O.'. de
Mons ; l'Amitié, O.'. de Courtray ; les Arts réunis, O.'. de Dijon; les
Enfants de la Concorde fortifiée, O.'. de Luxembourg ; le Secret des trois
Rois, O.*. de Cologne ; la Fidèle Maçonne, O.*. de Cherbourg ; Saint-
Frédéric des Amis choisis, O.'. Boulogne-sur-Mer ; la Sincérité et Par-
faite Union, O.'. de Besançon.
En 1805, cette L.\ comptait 38 membres résidents, 13 non résidents,
16 correspondants, 3 membres de l'harmonie et deux frères servants. —
Membres résidents : Delecourt, ancien notaire, vén.\ fondateur ; Mojs-
sent, négociant, 1er surv.*. ; Berton, négociant, 2e surv.". ; Lefran, avo-
cat, orateur ; Bécu, cafetier, secrétaire par intérim ; Zanoli , lieut -col.
12e inf. légère, garde des sceaux ; Plé, aubergiste, trésorier ; Triboulet,
propriétaire, architecte : Beauchamps, employé des postes, 1er expert ;
Baptault, cap. 12e infanterie légère, ambassadeur ; Libersalle, huissier,
M° des cérémonies ; Peugnet, entrepreneur de bâtiments, architecte ;
Poitard, avoué, 2e expert; Hébert, huissier, secrétaire adjoint ; Delval-
lée, aubergiste, 3e expert ; Boniface, fabricant d'huiles, économe ;
Calens, négociant en dentelles, intendant des fêtes ; Perot dit Bel As-
pect, tailleur, vérificateur ; Leclercq, imprimeur libraire, tuileur ;
Alexandre fils, négociant en dentelles, hospitalier ; Leclerc, employé à la
recette, aumônier ; Testevide, cap. 12e inf. légère, adjoint au garde des
sceaux; Dufey, sous-lieut. inf. légère, adjoint à l'orateur ; Pouget, cap.
12# inf. légère, vérificateur adjoint ; Colomb, lieut. 12* inf. légère, porte-
étendard ; Ugenaud, cap. 12e inf. légère, porte-épée ; Abeline, lieut.
12° inf. légère, chirurgien ; Benoît, lieut. 12e inf. légère, f.'. terrible ;
Huguet, lieut. 2e inf. légère, aumônier ; Fumé, chirurgien-major au
58° de ligne, 1er infirmier ; Le François, cap. au 2e inf. légère, 2e infir-
mier ; Noël, préposé aux vivres, garde des postes du temple ; Terrel,
commis négociant, 1er silenciaire ; Barnouin, s. -lieut. 3e inf. légère,
2e silenciaire ; Delannoy, marchand, compagnon ; Parmentier, chirur-
gien, comp.*. ; Boehme, lieut. 2e inf. légère, comp.'. ; Davre, auber-
giste, apprenti. — Membres non résidents : Gorlier, marchand plombier,
ex-garde des sceaux ; Perot, dit Cornille, marchand plombier, ex-ler
398 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
surv.-. ; Het, tanneur, ex-trésorier ; Leducq, avocat, ex-orateur ; Petit-
Forgeois, marchand, ex-secrétaire ; Beuf, lieut. col. 31e inf. légère, ex-
ler surv.\ ; Olivet, cap. 31e inf. légère, adjoint au 2e surv.\ ; Moyssent,
ofïicier de santé ; Kimling, s. -lieut. 31e inf. légère, introducteur ; Lamour,
sous-lieut. 3le inf. légère ; de Dion, ancien capitaine ; Raulin, ancien
officier de cavalerie ; Bethune, propriétaire. — Membres correspondants :
Delecourt, officier de santé ; Delecourt, sous-inspecteur aux revues ;
Deusy, avoué ; Gosse, homme de loi ; Dupain, quartier-maître de gen-
darmerie ; Payot, mar. des logis au 20e rég. chasseurs à cheval ; Saint-
Aubin, lieut. au 20e rég. chasseurs à cheval ; Desroches, s. -lieut. au
20e rég. chasseurs à cheval ; Barbier, adjudant au 20e rég. chasseurs à
cheval ; Mozer, Desvignes, Lucq et Poucet, négociants en vins ; Becq,
fabricant de mousselines ; Mercandin, lieut. au 31e inf. légère ; Desre-
mond ; Lugan, ancien officier de Chartres ; Wantier, cultivateur ; Bau-
duin, directeur de 1 harmonie, cultivateur ; Leroy, notaire. Les frères ser-
vants étaient : Delecœuillerie, chapelier, etCourtiau, écrivain.
La Loge avait pour devise : Concordi fratrum, Constantia floret. Un
brevet attributif d'ambassadeur représentant, donné le 5 mars 1809 à
Salomon Polonus, médecin, grand inspecteur, 31e, porte les signatures
de Delecourt, vén." . m.\ ; Raulin, ancien 2e surv. . ; de Dion, ancien Ie'
surv.*. ; Gorlier, 1er surv/. ; Het, trésorier ; Le Ducq, orateur ; Liber-
salle, ambassadeur ; De Hamel-Bellenglize, aumônier ; Peugnet, m.*, des
cérémonies; Desgroisilliers, tuileur ; Petit-Forgeois, secrétaire général ;
Perot dit Cornille, 2e surv.*. ; Poitart, 1er expert ; Zanoti ; Devillers,
2e expert, et Raulin fils.
AMITIÉ
Cette L.*. s'était détachée le 7 juillet 1764 de la Constance ; c'est à
partir de cette date que le G.*. 0.\ en la reconstituant, le 1er juin 1780,
l'autorisa à prendre rang. L'Amitié fonctionna peut-être pendant la
Révolution ; en 1790 c'est elle qui installa l'Aurore de la liberté à l'O.*.
de Béthune.
En 1785, son vén.'. était Colin, procureur au conseil d'Artois; en 1787
et 1789, il était remplacé par Havet, fils aîné, négociant; le député au
G.'. 0.\ était Carbonel de Canisy, ancien avocat au Parlement. Parmi
ses membres avant la Révolution : de Villencourt, Bequet de Cocove,
Darthaud de Germinon, de Broccard, duQuesnoy, baron de Salis-Sévis,
Fouchain de la Lustière, Waterlot de Fromentel, vicomte de Durfort,
Fruleux de Souche, Spitallier de Seillans, prêtre de l'Oratoire.
En 1808, son vén.-. était Suin, directeur de l'enregistrement ; son secré-
taire, Delleville, notaire, et son député, Tribalet.
En 1813 et 1814, son vén.*. était Courtalon, ingénieur des ponts et
chaussées, et son député, Noirdemange.
On adressait les lettres sous le couvert de l'anagramme Estima.
AUBIGNY
Nous avons vu (chap. iv) que cette L.*. était l'atelier particulier de la
duchesse de Portsmouth et du duc de Richmond.
LOGES DE PROVINCE 399
Avant 17II"), cette L.*. fonctionnait à Paris ; elle ne fut officiellement
installée à Aubigny que le 12 août 1735, sous le n° 133, par Lord
WeymoutO, G.'. M.', en charge. En 1740, elle portait le n° 118 et en 1770
le n 73, bien qu'elle ait été rayée le 27 janvier 1768 par la G.'. L.\
d'Angleterre pour avoir cessé de se réunir et négligé de se conformer aux
règlements de l'Association. La duchesse de Porlsmouth était morte
dans les derniers jours de 1734.
AUCH
Cette L.\ fut constituée le 15 juin 174G par la L.\ de Saint-Jean la
Française de l'O.'. de Toulouse. Parmi ses fondateurs figurent de Lar-
bons, de Tourncmire, de Marigues, de Saint-Pastou et de Gargas.
Elle fut reconstituée parla G.\ L.\ le 12 juin 1766 en faveur du
vén.\ m.*. Projean, et par le G.\ 0.\ le 17 décembre 1778 pour prendre
rang du 17 juillet 1776 La réinstallation n'eut lieu que le 10 février
1779 ; à cette époque, son orateur était Allemand de la Grange. En 1780,
ses travaux furent inspectés par quatre membres de la Parfaite Union de
l'O.-. du régiment de Champagne; marquis d Orbesson, d'Arparens et
les frères d'Aignan.
En 1785, son vén.-. était Sarrouy cadet, tapissier. En 1788 c'était Du-
rand, directeur des travaux des ponts et chaussées, et en 1789, Chaubard,
professeur d'architecture à l'école royale de dessin.
Son député était le chirurgien Sue. Parmi ses membres, avant la Révo-
lution; figurent : de Castera, de Noël de Saint- Agnan, de la Barthe,
Lamargnère de Lasseube, de Laroche de Labarthe, de Daignan, de
Lassus, comte de Tuniac, de Batz de Mirepoix, de Tapie, baron de
Luppé, de Benoit d'Erlincourt, marquis de Pins ; Lacoste et Sentels de
Duran, prêtres prébendes de la cathédrale d'Auch.
Lorsque la L.'. reprit ses travaux sous l'empire, son vén . \ fut
de 1808 à 1813 le baron Balguerie, préfet. En 1814, il fut remplacé
par de la Martinière, inspecteur des contributions. Pendant cette même
période, le secrétaire était Esperoie, tourneur.
AVIGNON
SAINT-JEAN D'ECOSSE DE LA VERTU PERSÉCUTÉE
Nous avons vu (chap. vu, p. 260) que cette L.*. prétendait faire
remonter sa constitution à 1742. Comme nous avons longuement parlé
de cette L.'. ainsi que de Saint Jean des Sectateurs de la vertu, en de-
hors de renseignements fournis, voir les manuscrits de la bibliothèque
d'Avignon, n"8 3072-3-5-6 et 3090-1 ; CAame d'Union, IV, 419 ; Barjavel,
Dictionnaire, II, 248.
BAYEUX
CŒURS UNIS PAR EXCELLENCE
Cette L.'. fut fondée par la G.\ L.\ le 20 décembre 1760 en faveur
du vén.-. m.-, marquis de Briqueville.
Elle n'a pas laissé de traces.
400 LA FRANC-MAÇONNERIE EX FRANCE
CONSTANCE
Constituée par une puissance inconnue, probablement la Constance
d'Arras,le28 septembre 1763, cette L.*. fut reconstituée, le 25 mai 1774, par
le G.'. 0.\ C'était une L.\ essentiellement aristocratique, qui s'opposa
constamment à la formation de nouvelles L.\ dans son voisinage ; néan-
moins elle participa en 1776 à l'installation de l'Aménité à l'O.'.du Havre,
des Amis Réunis à l'O.'. du régiment d'Armagnac (1786) en garnison à
Saint-Lô. et l'année suivante elle installa l'Union militaire à l'O.'. de
Valognes. La Constance, qui se composait de 23 membres, de 1776 à 1790
futprésidée par le vén.'. Léonard de Rampan, ancienmajor au régiment
de Picardie, chevau-léger de la garde du roi.
Son député fut Trevilliez, agent de change de 1776 à 1786, et Pernot-
Duplessis, avocat au Parlement de 1787 à 1790 ; son secrétaire était du
Boscq de Beaumont, président au conseil supérieur. Elle se faisait
adresser fes lettres sous l'anagramme de Castenoc. Avant 1789 figurent
parmi ses membres : Le Baudre de Saint-Remy ; comte de Toulouse-
Lautrec ; Moisson de Vaux ; d'Agneaux ; Néel de Bonnetint ; de Moore ;
Cyrème de Banville ; le chev. de Rampan ; de Buffon ; Lalonde de
Sainte-Croix ; de Toustain ; de Clcrbecque ; le chev. de Lacour ; du
Manoir de Juaye ; le chev. de Bloville ; le chev. d'Osbert ; d'Hérond-
ville ; l'abbé Dufayel ; le chev. de Marignj' ; Vouilly de Saint-Clément',
chev. de Pestalozzi ; de 'Grainville ; de Saint-Quentin ; chev. de Renne-
pont ; de Gibert ; de Pradines , d'Herculais ; de Vaal ; de Villoutreix ;
Gassout de Champigné ; de Cerisi ; de Préval ; de Verton ; Guernon de
Rauville ; de Renneville, de Vauquelin et Martinet.
Le Constance disparut pendant la Révolution et ne reprit jamais ses
travaux.
BAYONNE
LA ZÉLÉE
Constituée par la G.'. L.'. le 10 février 1770,1a Zélée fit i-enouveler ses
titres par la même puissance le 10 février 1772 et par le G.'. O.'. le
25 août 1776.
En 17761a Zélée se composait de 19 membres et de 22 en 1777. Pendant
ces deux années son vén.'. fut Commemable, Me es arts et en chirurgie.
D'après Thory (Acta Latom. I, 140), cette L.'. se fit reconstituer le 16
août 1779 par le Contrat social. Il est probable qu'elle s'adressa à cette
puissance après un incident qui avait eu lieu l'année précédente : des
juifs avaient demandé à faire partie du souverain chapitre, bien qu'on
leur ait représenté que le grade de R-f ne pouvait être conféré qu'à des
chrétiens. Les postulants ayant insisté, on en référa au G.'. O.'. qui,
éludant une réponse nette, déclara que n'admettant que les trois grades
symboliques, il laissait la Zélée complètement libre d'agir à sa guise.
En 1783, un juif ayant néanmoins pénétré dans la L.'., l'atelier fut dé-
serté et les dissidents fondèrent l'Amitié.
En 1785, le vén.'. était Besoux, garde-magasin des vivres de la marine,
et en 1788-90 Mauco, trésorier de la marine. Le député était Ceyrat.
avocat au Parlement, officier du G.'. O.'.
LOGÉS DE PROVINCE 401
Parmi ses membres avant la Révolution : Sallcncuvc, capitaine
d'infanlerie ; Desaa, négociant ; de la Carte ; de Berteauz ; Guéhénenc
de Lano ; Pougetde Nanterre ; de Mondoré; de Sainl-Cyr ; de Bourciac ;
de Sallemar; de Montfort ; Corne, religieux carme ; Gaillaido, prêtre,
docteur en théologie de l'Université de Salamanque ; Huganet, cordelier
de la Grande Observance.
La Zélée disparut en 1790 et reprit ses travaux en 1802 avec le géné-
ral de division Mauco comme vén.".
Eli 1808, il fut remplacé par Monclar, négociant, eten 1813-14 parLisca,
également négociant. Pendant l'empire, le secrétaire fut Dalbourg. tré-
sorier des invalides de la marine ; de Fondeviolle fut député du chapitre.
BEAUCAIRE
SAINT-JEAN DE LA CONCORDE
En 1766 la G. ' . L.\ constitua une L.'. sous ce titre en faveur du
vén.\ M.'. Dulong. Etait encore en vigueur en 1779.
BEAUFORT
Une L.\ de titre inconnu fut fondée en 1763 en faveur du vén.\
M.'. Beaucher, sénéchal. Cette L.*. n'a pas laissé de traces.
SAINT-JEAN-DES-ARTS ; SAINT-JEAN-DU-SECRET
Cette L.1. fut fondée parla G.*. L.\ le 12 août 1765 en faveur de
Sanlin, sous le titre de Saint-Jean-des-Arts.
Les titres furent renouvelés parla même puissance, le 20 juillet 1772,
et parle G.'. 0.'., une première fois, le 24 janvier 1774, et la 2e fois, le
4 septembre 1777, sous le titre de Saint-Jean-du-Secret.
En 1776, cette L.*., qui n'avait que 7 membres, en avait 19 l'année
suivante. En 1776, son vén.". était Ancenay, ancien ingénieur géographe
du roi, arpenteur juré et inspecteur des travaux de l'Authion ; son secré-
taire était Marnin, commissaire aux saisies réelles.
En 1777 le vén.*. fut Jourllain, ancien ingénieur géographe, puis, jus-
qu'en 1787, Roberdreau, lieutenant particulier à la Sénéchaussée, négo-
ciant. Le secrétaire était de la Motte, négociant. En 1788, le vén.*. était
le marquis de Gizeux-Contades, ofïicier supérieur de gendarmerie, et en
1789, Destriché de la Barre, conseiller à la cour des Monnaies. Pendant
ces deux dernières années, le secrétaire fut Danquetil, lieutenant de police.
La L.\ se faisait adresser ses lettres sous l'anagramme de du Trescé.
De 1778 à 1789, le député était Théaulon, négociant, rue Coquillière.
Cette L.\ cessa ses travaux vers 1790 et ne les reprit pas sous l'empire.
BEAUVAIS
LA VRAIE UNION
Fondée par la G.'. L.'. le 2 octobre 1763, les constitutions de cette
L.\ furent renouvelées parle G \ O.'. le 7 juin 1774.
LA I RANOMAÇONNERIE. — T. I. 26
402 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
En 1776 el 1777,1e vén.'. était Doisnel, prêtre, grand vicaire de l'église
de Beauvais, et de 1783 à 1790, Cornu de Villiers, écuyer, trésorier de
France.
La Vraie Union installa la Parfaite Amitié, O.'. de Gournay, le 24 avril
1783.
Parmi les membres de la Vraie Union figuraient : Cabanel (Antonin -
Simon), chirurgien-dentiste, né à Paris le 18 août 1732 ; Evrard (Etienne-
Charles), av. Pari., né à Beauvaisle 8mai 1751; Renaut de Letlancourt
(François), gendarme, né à Beauvais en 1752; Feuillet(François ;, horloger,
né à Beauvais ; Lemercier (Germes), prés, à l'Elect., né à Beauvais ; Gode-
froy (Louis-Isaac), proc. Pari., né à Beauvais ; Evrard de Vadaucourt
(Pierre-François), gendarme, né à Beauvais. — 1778 : de Nully de Levin-
court, vén.".; de Goussainville, 1er surv.'.; Chev. de Conty de Fercourt,
2e surv.'. ; de Vaubecourt, orateur ; Stornat, secrétaire. — 1780 : chev.-. de
Conty de Fercourt, vén.*. ; Doisnel, ex-maître et nec plusultra; Danse de
Boisquennois, m.*, des cérém. '. — 1781 : de Goussainville, vén.*. : Nicolas
Michel, fils, 1er surv.'. ; Legrand, 2e surv.*. ; Aucousteaux, orat.\ ;
Stornat, secr.'. ; Legrand-Descloiseaux, g/, des sceaux; Daveluy (Ant.-
Fr.-M.) m", cérém. ; Aucousteaux de Conty Fercourt (Brice), gouv.de
Grandvilliers, gendarme ; Evrard père Ch.-Georg.), seigneur de
Deluze, anc. secr. roi ; Dangy, nég. ; Nully de Levincourt, nég., secré-
taire ; de la Croix, nég. et rec. gabelles ; Danse de Boiquennot,
sec. roi ; de Bonne, nég.; Gourdin, prêtre bénéf. égl. Beauvais; GrueU
musicien ; Lemaire, nég. ; Poulain, nég. 1er surv/. ; Sellier, m.', de
pension; Dupré, nég. ; Dupaubourg, nég. ; Michel de Goussainville, nég. ;
Warnier, fab. vitriol ; Lecuyer-Mival, lieut. civil, 2e surv.'. ; Stornat,
proc. prés. ; Blanchard Danse, nég. ; Salmon, march. ; Cornu de Vil-
lars, très. France ; Ruste, lieut. de maréchaux ; Ducoudray, épicier ;
Laborie, chirurg.-maj. g. corps roi ; Evrard de Heloy, lieut. inf. ;
Doisnel Nicolas, prêtre, gr. vicaire de l'égl. de Beauvais, vén. '. ; Michel,
nég. ; Hersant-Ledoux, teinturier ; Hersant, march. draps ; Fournier,
nég. ; Brehier, nég. ; Hisse, nég. ; Daugy, nég. ; Rousselle, orfèvre ;
Aucousteaux de Terdonne, rec. imp , fr. '. terrib.. ; Aucousteaux de
Wabecourt, très.'. F.*. ; Conty de Fercourt, gouv. de Grandvilliers ;
Cornu de Villers, très.-. Fr."., 2e m.*, cérém.'. ; Danse de Boisquennois,
secr. roi, 1er surv.'. ; Daugy l'aîné, nég., 2e surv.'. ; Delacour, tein-
turier ; Leclerc, nég. ; Delacroix, rec. gabelles ; Despaubourg, nég., tré-
sorier ; Debonne, nég., secrétaire annuel ; de Nully de Levincourt. nég. ;
de Rivière, rég. manuf. de couperose de Becquet; Doisnel, prêtre chape-
lain ; Ducauroy, nég. ; Lescujer du Mirai, av. ; Ducoudraj-, mercier,
surint. perpét. décoration ; Dupré l'aîné, nég. ; Legrand., av. ; Fournier-
Michel, très.'. Fr.-., 1er m.', cérém.'. ; Goujon, av., orateur ; Lefebvre du
Rayel, lieut. élection, aumônier hôpital; Legrand-Descloizeaux, cons. du
roi, rapporteur du point d honneur, arch.*. et g.', des sceaux ; Laboin.
chirurg.-maj., architecte; Michel-Dumoulin, nég., vén.'.; Michel de
Mazière, nég. ; Michel-Laversine, nég. ; Buste, lieut. maréch. ; Stornat,
procur., secrétaire perpétuel.
En 1783, la liste des membres diffère peu de celle de 1781.11 y a en
plus une liste de 10 associés libres non résidents à Beauvais : 5 frères
artistes, 2 frères servants.
Le député au G.'. 0.\ était toujours : Paquet, empl. au très. roy.
LOGES DE PROVINCE 403
Km 1785, l'abbé Dnbourg, chanoine, faisait partie de la L. . (1).
Cette L.'. disparut en 1790 et ne reprit pas ses travaux.
SAINT-JEAN DE BEAUVAIS
Cette L.'. fut constituée le 9 novembre 1703, par la G *. L*. A cette
époque, Allou de Lisle était vén.'. et Roulin et Regnard des Fontaines,
1er et 2e surv.*. Cette L.-. n'a pas laissé de traces.
BERGERAC
FIDÉLITÉ
La G.'. L.". fonda cette L.". le 15 novembre 1766, en faveur de Sor-
bier de Jauve. Cette L.*. était en vigueur en 1779.
BESANÇON
PARFAITE ÉGALITÉ
Cette L. . fut fondée par la G.*. L.'. le 21 mai 1766, en faveur du
yen.', m". Jolivet de Charmole. En 1777 et 1708-3, son vén.\ était Ber-
geret, avocat général au Parlement, et son secrétaire, France, médecin
du roi de Pologne.
La L.-. se fit reconstituer par le G.'. O.-. le 14 mai 1778. Le vén.\
était Renard, conseiller d'honneur. •
En 1785, cette L.'. avait suspendu ses travaux. Elle les reprit en
1788 1789 avec Martin, avocat au Parlement comme vén.'. et Humbert,
substitut du procureur général comme secrétaire.
De 1779 à 1784, figurent parmi ses membres : marquis de Chaillot,
prés.-, à mortier ; de Maréchal, comte de Vézet, prés.', à mortier ;
d'Olivet, baron de Choyé, prés.*, à mortier ; Aloizet, cons.\ ; Damey
de Saint Bresson, cons. ; Guillemin de Vaivre, int. St-Dominguc,
cous. ; Maréchal de Longeville, G. M. des Salines), cons. ; de Masson,
marquis d Autume, cons. ; Masson de la Brétenière, cons. ; Varin de
Fresne, cons. ; Camus marquis de Filain, cons. hon. ; Mongenet de
Jamais, cons. hon. ; Renard, cons. hon. ; Perroux, substitut du pro-
cureur général.
Celte L.*. disparut à l'époque de la Révolution et ne reprit pas ses
travaux (2).
SINCÉRITÉ
Constituée par la G.*. L.*. le 2 octobre 1766, ses litres furent renou-
velés par le G.*. O.'. le 27 février 1777. A cette époque, elle élait com-
posée de 22 membres et son vén.'. était Tharin, conseiller au Parlement,
et son secrétaire de Romange, grand chantre et chanoine de Sainte-
Magdeleine.
(1) Voy. André Rousselle, la F.'. M.', à Beauvais.
(2) Voy. Historique de la F.\ M.', à FO.'. de Besançon, depuis YlQk.
Paris, Lebon, 1859.
404 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
En 1785, le vén.-. était Maire de Soulignez, conseiller au Parlement, et
en 1789. Bouchey, avocat, 1er commis des domaines. Le secrétaire était
Rambour, receveur de la ville.
Les lettres étaient adressées sous l'anagramme de Sinicclcr.
Parmi les membres de cette L.\ avant la Révolution figurent : Jouf-
froy d'Abbans, initié le 2 mai 1768 (1). — 1775 : de Bouclans, Oyselet de
Legnia. Coquelin de Morez, de Saint-Vaudelin et Dunod de Chamaze,
conseillers au Parlement; de Rozières, prés.'.hon.*. ; Camus, anc. cons.'.
clerc ; Monniotte, cous, présid. ; Bureau du Persil, lieut. crim., baill.
Vesoul ; Marmet, cons. baill. Salins. — 1777 : à la tenue du 26 juin,
Maire de Boulignez, vén. sortant, installe son successeur Tharin.
Bouligney dit: « La M.', franchit les espaces, elle rapproche les distances
et, d'un bout de l'univers à l'autre, elle ne forme qu'un peuple de
frères. »
Sur cette L.'. se greffa en 1777 une L.'. d'adoption.
1777 : Courvoisier; baron d'Achie ; d'Auxiron ; de Follenay ; Seguin de
Jallerange ; Maire de Boulignez ; de Mailly ; d'Astorg ; d'Uziès de
Byans ; d'Arçon ; de Rozières ; de Lacoré, int.\ de Franche-Comté.
Tableau du 17 août 1778.
Officiers : Tharin, cons. Pari., m.*, né, vén.'. ; Maire de Boulignez
fils. cons. Pari., m.', né, 1er surv.\ ex-vén.'. ; Maire de Boulignez
père, cons. Pari., m.', né, 1er surv.\ adj.*. ; Monniotte, cons.
Baill. et Présid., m.*, né, 2e surv.\ ; Hugon, chanoine métropole, m.',
né, 2e surv.'. adj.1. ; Mougeot, av. Pari, m.", né, zélateur ; Martenne, av.
roi baill-, m", né, zélateur adj '. ; Matherot de Romange, grand chantre
au chap. Sainte-Madeleine, m.', né, secret.'., ex-vén. *. ; d'Auxiron, av.
Pari , m.', né, secret.', adj.'. ; Hugon, cons. Pari., m.', né, trésorier;
de Verchamp, prestre, m.-, né, trésorier adj.'. aumônier ; Bouchet,
anc. contrôl. artill., agrégé m.', cérém.*. ; Pierre, Dr méd., m.\ né. m.'.
cérém.\ adj.'. ; Thiébaut, secret, roi, m.', né, préparateur ; de Char-
moille, chan. à la Métrop., cons. clerc au Pari., m.", né, préparateur
adj.-. ; Courvoisier, av. Pari., m.*, né, orateur ; Lombard, av. Pari.,
m.', né, orateur adj.'. ; Coquelin de Morey, cons. Pari., agrégé g.\ des
se.'. ; Oyselet de Legnia, cons. Pari., m.\ né, g.\ des se. adj.-. : de
Chaffoi, off. rég. Lanans dragons, m.", né, g.', des portes ; Besuchet,
cons. baill. et présid., m.', né, g.', des portes adj". ; Rambouri-;, con-
trôl. fermes ville, m.\ né, surint. bâtiments ; Fraichot, prof. acad.
peint, etsculpt., agrégé décorateur adj.'. ; Billon, greff. chef Baill., m.',
né ; Boutin de Dieucourt fils, dir. gén. fermes roi, m.', né ; Daclin,
cons. au magistral, m.', né ; Dannoires, anc. av. gén. Pari., agrégé;
de Castillon, off. reg. Bassigny, m.*, né ; de Plantières, off. rég. Royal-
Cravates caval., agrégé ; de Saint-Eron. off. rég. Royal-Cravates caval.,
agrégé ; de Sainte-Croix, off. reg. Lanans dragons, m \ né ; de Voisey,
cons. Pari., m.', né ; Dumont de Veaux, cons. magistral, m.', né ;
d'Uziez de Byans, écuyer, m.', né ; Goux de Willeguindry, av. Pari.,
(1) Sur Jouffroy d'Abbans et ses initiations, voir la très intéressante
étude de M. Prost.
LOGES DE PROVINCE 405
agrégé : Jeannol de Courchaton, cous. Pari., m.*, né ; .Jobard do Boivant,
av. Pari., in. . aé ; Joli de Mailloche, cons. Pari., m.*, né { Maire de
Soulignez, ott\ génie, agrégé ; Seguin, cons. Pari., m.\ né ; Sandret,
cous. Pari., m.-, né ; Willoz, ancien échevin, m.', né.
Servants : Gindre, maître ; Dagonay, apprenti ; Willautne, apprenti ;
Jeuthier, apprenti.
Parmi les S. S.-, de la L. . d'adoption figurèrent:
Intendante de la Corée, G.*. M.'.éeoss. . ; marquise de Villervaudey ,
G.', insp.'. maîtresse ; de Fedry, oratrice maîtresse ; comtesse de Dur-
fort, écossaise ; Willez, écossaise ; Damoiseau, m.', parfaite ex-maîtresse ;
Griois, m.-, parfaite ex-maîtresse ; présidente de Rozières, marquise de
Pelletan, conseillère Varin de Fresne, marquise de Germigney, Maire de
Bouliguez, conseillère, comtesse de Janey, Courvoisier, Philipon, d'Arçon,
de Castillon, Dumont de Veaux, Blanchard, maîtresses ; conseillère Tha-
rin, marquise de Molan, baronne de Glane, de Vregille, de Sauvagné ,
de Maijonade, compagnonnes.
En 1779 vint s'ajouter : Arnoux de Pirey, conseiller, et Bouhelier
d'Andelange, avocat général au Parlement en 1784.
Cette L.\ reprit ses travaux sous l'empire sous le titre de Sincérité et
Parfaite Union, sous l'inspection particulière de la régence écossaise du
département. En 1808 son vén.*. était Raymond, inspecteur des postes,
en 1810 et en 1814 le préfet baron Jean de Bry ; en 1811, Grand, juge à
la cour d'appel. Le député pour la L.*. et le chapitre était Foraisse.
En 1810-11 son tableau comprenait les 175 noms suivants :
Dignitaires ; Jean de Bry, vén.\ m.\, préfet du Doubs, G.-. M.".,
Prov.\ du ressort, prés, né et perpét. du Directoire général dudit ressort ;
de Raimond, anc. insp. des postes, off.*. du Direct.-. gén.*., m." de la
Régence, écon. du département, présid. perpét. du Collège écossais de
Besançon ; d'Aigrefeuille, anc. magist., anc. chev. de Malte, m. du
conseil nat., député m.', et vén.\ du Centre des amis O.*. Paris, repré-
sentant près le conseil nat. et le G.*. O.*. ; Grand, juge à la cour d'appel,
vén.-. ; de Bouligney, anc. cons au Pari., 1er surv.\ ; Rey-Morande,
dir. enreg. etdom., 2e surv.*. ; Pourcelot,av., chefbur. préfect., orat.*. ;
Chouffe, av., receveur timbre, secret.*., chef g.*, des se*. ; Ledoux, g.-
mag. vivres, très.'. ord.\ ; Detrej', Just, nég. sup. trib. corn., élémosi-
naire ; Vielle Jean Jacques, propr. m.', cérém. . ;Detreypère. bonnetier,
économe ; Branche, av. avoué, 1er surv.'. adj.*. ; Bourqueney, juge à la
cour, 1er surv.*. adj.*. ; Thomassin, méd. m. Lég. dhon., 2e surv.*.
adj.*. ; Grillet, av. avoué, 2e surv.'. adj.*.; Debilly, chanoine hon. et
prof, à 1 acad. ; Ordinaire aîné, recteur de l'acad. ; Monnot, magist.
sûreté ; Bertaut, insp. acad. *, Guillaume, av. sup. trib. ; Rougeot, rece-
veur de la ville, et Castillon, ing. chef du cadastre, orateurs adjoints ;
Ordinaire, méd. ; Caseau, notaire, et Michaud, méd., secret.*, adj.". ;
Falconet, chef. bur. préfect. élém.*. adj.*. ; Bernard, nég. ; Bonnet
François, nég., et Jacomin, dir. etrec. gén. droits réunis, m.*, cérém.*.
adj . * .
Membres ordinaires : Badoulier, com. guerres ; Beaudot, propr. ;
Besson, g. gén. eaux et forêts ; Besson Alexandre, ex-législ. ; Bigot
Brice, col. dir. ; Fortif, off. Lég. d'hon. : Bretillot, nég. ; Bogillot, ex-com.
des guerres ; Bonnet Gabriel, nég ; Bouchard père, notaire ; Bouchard
fils, élève en méd. ; Briot, chirurg. ; Bruîeport, rec. contrib ; Bonnefoi,
406 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
av. ; Boichot, contrôl. contrib. à Brans : Cèdre, rec. contrib. à Cheri-
gney ; Courvoisier, auditeur près la cour d'appel ; Cuenot, méd. ;
Dusier, propr. ; Daclin, baron de l'empire, maire ; de Raucourt,
propr. ; Dagallier, cons. eaux et for. ; Delelée. adj. gén. ; Detrey, Fran-
cisque, nég. ; Estrayer, nég. ; Ebelmenn, nég. ; Ferriot aîné, propr. ;
Ferriot cadet, nég. ; Ferroux, ex-législ., dir. contrib. dir. ; Flagey, méd.;
Fischer, prof, musique ; France, rec. ambul. des dr. réunis ; Gaume,
notaire, secret, mairie ; Gauthier, contrôl. princ. dr. réunis ; Grand fils
aîné, insp. dom. ; Gras, chirurg. a. maj. 15e dragons ; Humbert, anc.
magist. ; Hannier, secret, gén. préfect. ; Jussy, traiteur ; Lasalle, rec.
princip. dr. réunis ; Lagrenée, secret, part, préfet ; Lapret, contrôl.
archit. de la ville ; Ledoux, cap. gendarm., ch. Lég. d hon. ; Laviron,
av. et com. police ; Lodibert, insp. forêts ; Lemaître, quartier maître
gendarme ; Maillot, maire de Villafaus ; Magnin, chef bur. préf. ;
Marchant, méd. ; Marquiset, nég. ; Meuredefaim, dir. postes à Lisle ;
Monnot, insp. forêts ; Mathiot, avoué ; Mercier, propr. à Rougemont ;
Meilleur, commis greffier au trib. Baume ; Noblot, anc. avoué ; Ovenn,
lieut. vaisseau ; Perrot, notaire ; Pretet, empl. aux vivres ; Racine fils
aîné, nég. ; Raimond fils, insp. postes ; Rousselot, greffier j. de paix a
Gy ; Sainte-Agathe et Seguin, adjoints au maire ; Stoesser, cons. à la
cour à Fribourg-en-Brisgau ; Spicrenaël, prés, cour criminelle, chev.
Lég. d'honneur ; Valette, général brig., com. Lég. d'hon , Vielle cadet,
av. ; Vincent, traiteur ; Valinde, nég.
Amateurs : Berger, Hérissé, Kemerer, Lapret, Monasson, professeurs
de musique ; Ferdinand, décorateur.
Associés non résidents : Amet aîné, banquier à Paris ; Amet cadet,
nég. à Paris ; Aubert, g.-mag. vivres à Gray ; Bailly, off. santé ; Bailly,
sous-off. 6e hussards ; Balleydier aîné et cadet, nég. à Lyon ; Barbay,
adj. maj. bataillon, prince Neufchàtel, ch. lég. d'hon.; Baville, gén.
brig., chev. Lég. d'hon.; Baulmont, contrôl. postes à Vesoul; Bich, insp.
loteries à Alexandrie ; Besson, garde gén. eaux et forêts ; Bisson, gén.
div., g. off. Lég. d'hon. ; Bisson cadet, cap. g. imp. ; Biglione, cap.
tirailleurs du Pô ; Brenot, sous-insp. forêts à Saint-Hippoljte ; Bar-
bier, rec. contrib. à Baume ; Bizot, off. santé à Baume ; Chalmin,
contrôl. navig. à Gray ; Comolty, cap com. tirailleurs du Pô, chev.
Lég. d'hon. ; Courcelle, g.-mag. vivres à Gand ; Debrun, lieut. bataillon
prince de Neufchàtel ; Ducoudray, quart, maître d'artil., g.- côtes à
Gênes : Dandrier, vicomte de Gorgier, cap. batail. prince Neufchàtel ;
Douhaint, aide-maj. 15e inf. légère ; Didelot, j. de paix à Baume ; Droz,
insp. gén. dr. réunis ; Dufay, avoué ; Dangel, empl. douanes ; Faivre
d'Esnans, juge trib. lre instance ; Guj'ot, off. bataill. prince Neufchàtel :
Geliot, rec. enreg. à Pesmes ; Gourdant, propr. à Champlitte ; Groussol,
sous-insp. eaux et forêts à Saint- Jean-de-Losne ; Gruardet, nég. à Lyon .
Grandjean, gén. brig., com. Lég. d'hon. ; Lodibert, insp. forêts à Ornans ;
Leisinring, dit Andrey, prof, musique ; Mathiot, avoué ; Martelet,
ex-chef du service vivres viande, à Paris ; Maret, com. ord. à Naples, ch.
Lég d'hon. ; Mayor, nég. à Neufchàtel ; Mourgeon, nég. à Paris :
Malichard. j. de paix à Nancray ; Monnier, av. m. cons. gén. ; Moreau.
insp. gén. poudres et salpêtres ; Nebenius, secret, min. finances à
Carlsrhue ; Oberty, j . de paix à Dampierre ; Pillard, nég. à Gray ;
Paturel, quart, maître au 92e ligne ; Perchet, juge trib. de Gray ;
LOGES DE PROVINCE 107
Petitpierre, lient, batail. Ncufchùtcl ; Picard, chef d'escad., a. de camp
du mar. Oudinot, chev. Lég. d'hon. ; Pamplona, gén. brig. à Gray ;
Pothé, rec. enreg. à Maiche ; Quevremont, nég. à Lyon ; Ravier, insp.
gén. des e. et forêts ; Roger, dir. postes si Gray ; Roget, nég. à Lyon ;
Souilhé, sous-insp. i-cvues, ch. Lég. d'hon. ; Teste, maire d'Ornans ;
Thelmier, anc. employé des postes ; Tonnot, notaire à Quingey ; Tour-
telle, prof, de chimie à Strasbourg; Tharin, contrôl., provis. dr. réunis à
Autun ; Uny, a. de camp du gén. Risson, chev. Lég. d'hon.
Gardes du Temple : Rauthias, concierge à la préfecture ; Daclin et
Guibard, agents de police.
BLAYÊ
CŒURS UNIS
Cette L.\ fut constituée le 15 novembre 1766 par la G.\ L.'. au pro-
fit du vén.v m.'. Denis, qui occupait encore ces fonctions en 1779. En
1788 le vén.\ était Favereau, contrôleur des fermes du roi, et en 1789
Constant, prêtre. Le secrétaire en 1788-9 était Dusnetz, commissaire des
classes. Parmi ses membres : Jaquelin.
Elle disparut en 1790 et reprit ses travaux sous l'empire. De 1808 à
1814, son vén.\ était Régnier fils, négociant, président du tribunal de
commerce. En 1813-4 son vén.\ d'honneur était Aubert, membre du
Corps législatif. De 1808 à 1814, le secrétaire fut Rabotte aîné, courtier,
et le député, Maugeret.
BLOIS
Constituée le 5 décembre 1762 parla G.'. L.\ au profit de Pierre Paul
Charles, cette L.'., encore en vigueur en 1779, ne fonctionnait plus en
1788. Elle ne reprit pas ses travaux.
BORDEAUX
ANGLAISE
Cette loge est généralement connue sous le titre de l'Anglaise n° 204. En
réalité, elle porta le n° 363 en 1766, le n° 298 en 1770, le n° 240 en 1781
et le n° 204 en 1792 seulement.
L'Anglaise est une des plus anciennes L.'.de France et quoiquele G.".
O.-. n'ait pas voulu reconnaître son ancienneté, à cause probablement de
ses nombreuses cessations de travaux, il est certain qu'elle commença ses
travaux avec un groupe de commerçants anglais le 27 avril 1732 ; son
vén.\ était alors Martin Kelly. Ses débuts furent pénibles ; elle dut,
faute d'adhérents, entrer en sommeil le 30 septembre 1733. Elle reprit
ses travaux le 29 juin 1735, pour entrer dans un nouveau sommeil le 27
septembre suivant, et rentrer en fonctions le 26 février 1737; le 29 août
1740 elle constitua la Française à 1*0.'. de Rordeaux.
Le 29 août 1742, l'intendant de Guyenne, Roucher, lui intima Tordre
de se dissoudre. Elle protesta et se réunit dans un autre local. Il semble
qu elle ne fut plus inquiétée par les autorités, car ce fut une des L.'.
les plus prolifiques de France. Elle fonda en effet : le 6 novembre 1745,
408 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
l'Heureuse Rencontre àl'O.'. de Brest ; le 30 juin 1746, une nouvelle L.'.
dans la même ville. Peut être Saint-Jean des Amis intimes ; le 8 juin 1751,
à Limoges ; le 19 février 1754, à Pons, l'Anglaise fille de Bordeaux ; le
4 février 1755, une L.'. sous le même titre à Cayenne ; le 29 juillet 1760,
à Cognac ; le 7 mai 1765, l'Amitié à Périgueux ; le 16 juillet 1765, la
Consolante des maçons à la Nouvelle-Orléans.
Le 3 mai 1746, le vén.\ de la Parfaite Amitié de Bordeaux, Vigner,
se présenta à ses travaux pour demander s'il pouvait admettre des
juifs. La réponse fut négative.
Le 30 novembre de l'année suivante, elle refusa d'admettre le juif
Cappadoce, d'Amsterdam, et le 11 février 1749, malgré la recommandation
de la Paix, O.*. d'Amsterdam, elle maintint son refus. Elle persévéra
dans sa doctrine jusqu'au 8 juin 1810 en proclamant à cette date qu il
n'y avait que les chrétiens qui pouvaient être initiés aux mystères
maçonniques.
Le 15 avril 1749 elle avait signifié à la Française, O.*. de Toulouse,
que si elle continuait à ne point faire prêter serment sur l'Evangile, elle
ne recevrait pas ses visiteurs.
Le 2 août 1745, elle avait exclu ceux qui tenaient de près ou de loin
au théâtre et avait refusé des musiciens de l'orchestre ; le 17 septembre
1748, elle proposa aux autres L.'. de Bordeaux de ne plus admettre
désormais aucun comédien, danseur de corde et charlatan.
Pour des causes inconnues, elle fut obligée de suspendre ses travaux du
13 janvier 1761 au 31 janvier 1764. A peine réinstallée, en février 1764,
elle mit à l'index la loge de Martines de Pasqually.
Après s'être rendue indépendante des puissances maçonniques fran-
çaises, elle demanda la confirmation de sa constitution à la G.\ L.*.
d'Angleterre, qui les lui accorda le 8 mars 1766 en faisant remonter ses
travaux à 1732. Puis, voulant rentrer sous l'obédience du G.- O"., le
6 septembre 1774 elle suspendit sa correspondance avec la G.\ L.-.
d'Angleterre. Le G.'. O.'. ne l'admit que le 27 novembre 1780, pour
prendre rang du 7 novembre 1778 seulement. Elle fut installée le
25 mars 1781. Son député était Desveux, négociant.
Le 15 juillet 1785, Chicou Saint-Bris, lieutenant des frégates du roi,
étant vén.'., elle déclara suspendre sa correspondance avec le G.\ O.'. et
se fit rétablir le 20 décembre 1783 par la G.*. L. . d'Angleterre, qui ne
lui accorda que le n° 240.
Le 31 août 1790, elle forma un pacte fédératif avec quatre L.\ de Bor-
deaux : la Française, élue Ecossaise ; la Française d'Aquitaine ; l'Amitié
et l'Harmonie. Ces L*. se séparent du G.\ O.'.
Pendant la Révolution, cette L.'. s'occupa beaucoup de politique. Le
13 novembre 1792, elle fit brûler les attributs du f.'. Mouchy, « proscrit
par les lois saintes de la République ».
Le 28 novembre 1793, elle prend le titre de L.\ n° 204 dite Egalitc.
Elle sollicita la visite du représentant du peuple Ysabeau, et décida que
les fif.\ se tutoieraient. Elle suspendit ses travaux du 9 thermidor
an II à brumaire an III, et en nivôse de la même année elle informe les
autres L.". de Bordeaux qu'elle a repris son ancien nom C qu'elle
n'aurait jamais dû quitter P.
Le 18 mai 1802 elle s'affilie à la L.\ mère Ecossaise de Marseille et
se replace sous la dépendance du G.'. O.'. le 27 septembre 1803. Son
LOGES DE PROVINCE 409
▼en.*, en 1808 était Bonan, notaire, et en 1813 et 1814 BillaUe-Faugère,
propriétaire.
LOGE D'HÉRODOM
En 1744, un gentilhomme écossais de nom ineonnu aurait fonde à
Bordeaux une L.\ de Perfection du rite d'IIérodom de Kilwining, s'il
faut ajouter foi à un inventaire du suprême Conseil des Etats-Unis
d'Amérique du 4 décembre 1802. Rien n'est moins prouvé.
AMITIÉ
Le 18 mai 1746, la G.'. L.\ constitua cette L.\ en faveur du vén.- .
m.*. le comte de Pontac. Ses titres furent renouvelés par le G.'. 0.\ le
22 juillet 1774.
En 1776, elle comprenait 26 membres et 178 l'année suivante. En 1776,
son vén.*. était Borel, négociant, et son député Bacon de la Chevalerie,
Elle faisait adresser ses lettres à Goel de Milatié (L.\ de l'Amitié).
En 1777 son vén.-. était Baux, négociant, et son député de Baslerot,
conseiller au Parlement de Bordeaux.
Ses brevets étaient de magnifiques gravures tirées sur parchemin et
signés : « F. Boucher invenit 1765, Chofîard sculpsit 1766. » Les vén.-.
furent : en 1778, Barretde Rivezol, conseiller à la Cour des aides, et de
Groc. conseiller, puis président à la Cour des aides ; en 1781 et de 1787
à 1789, deBasterot ; en 1784 et 1785, Dudon, procureur général au Par-
lement.
Le 12 décembre 1781, elle donna une fête somptueuse pour célébrer la
naissance du Dauphin. Elle correspondait avec 23 L.\ tant en France
qu'aux colonies, dont 5 constituées par elle. En 1784, elle avait 332 mem-
bres presque tous négociants : le nombre diminua dans de grandes pro-
portions les années suivantes.
Elle reprit sous l'Empire ses travaux qu'elle avait cessés en 1791. De
1808 à 1814, son vén.'. était Condole-Belle-Isle, propriétaire, son secré-
taire était Beye, négociant, et son député Rcettiers de Montaleau.
FRANÇAISE ÉLUE ÉCOSSAISE
Celte L.-., qui fonctionnait depuis 1740, fut fondée par la G.'. L.-. le
1er février 1765, en faveur de Martines de Pasqually, qui eut jusqu'au
moment de son départ pour Saint Domingue de grandes difficultés pour
obtenir le maintien de ses constitutions. A cette L.'. s'était annexée une
L.-. d'adoption qui le 5 mars 1775 donna une grande fête suivie de bal
pour célébrer le retour des membres des Parlements exilés. Le 11 mai
suivant, le G.-. O.-. renouvela ses titres.
En 1776, lors de son passage à Bordeaux, le duc de Chartres posa la
première pierre de l'édifice destiné aux séances de cette L.'. Le vén.'.
était Trigand, avocat, et il y avait 136 membres, parmi lesquels Marbotin
de Mirail, de Gobineau, Lynch et Bouziers, conseillers au Parlement.
En 1777, le vén.-. était le baron de Razac, chevalier d'honneur au
Parlement de Guyenne.
En 1779,1a L.'. se composait des membres suivants :
410 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Comte de Béarn, lieutenant de maire ; Brivezac, cons. au Parlement ;
Bienassis, présid. aux requêtes ; Bonnier, nég., 1er surv.". ; Bujac aîné,
nég. ; Bujac jeune, nég. ; Brun Bazille, consul de la bourse ; Bouquier,
cons. au Parlement ; Beaulieu, caissier bureau de la guerre ; chevalier
Buisseron, écuyer ; Boudet, nég., trésorier ; Conteneuil, cons. au Parle-
ment ; Conilhy, cons. au Parlement; Chagron, nég. ; Cazeaux, avocat;
Courroy de Cartelache, commis m.*, des c.\ ; Chaarel de la Chenaj-,
capitaine de navire ; Delancre ; Dupaty, avocat général ; Dumas de la
Roque, cons. ; Demour, ci-devant cons. ; Duras fils, duc {sic) ; Duras,
nég. ; Dubois, nég. ; Despardins, peintre ; Dufau, capitaine du
port; Desbiés, abbé, chanoine, hospit.".; Dardelle, nég.; de Lancre,
président à mortier ; de Gourgues, président à mortier ; Dechamps,
américain ; Fadeville, nég. ; Gobineau, cons. ; Géran, nég., tuileur ;
Gibeaudeau, nég. ; Jurine, nég. ; Jauge Théodose, nég. ; Leberlhon,
1er président, vén.". d'honneur ; Leberlhon fils, cons. vén.*. ; Lavie,
président à mortier ; Linch, cons. ; Lamouroux, cons. ; La Court,
imprimeur ; Lagarde, contrôl. poudres, orat.\ ; Loche jeune, courrier
royal ; Lalanne, nég. ; Louis, architecte ; chevalier Langalerie, écuyer ;
Laporte, courtier de change ; Libéral Gouteyron, capitaine de navire ;
Lanoix, capitaine de navire ; chevalier Monbrun, com. fort Sainte-
Croix; Monteau aîné, nég. ; Maynas, contrôl. bureau de sortie; Mercier,
nég. ; Matthieu, nég. ; Monteau jeune, nég. ; Perrens, notaire ;
Poupard, juge ; Pedesclaux, consul d'Espagne ; Pescheur de Crémont,
contr. secret.". ; Quinaud, procureur au Parlement, 2e surv.'. ; baron
de Razac, chevalier d'honneur, ex-maître ; Reignac, cons. ; Beaud,
capitaine de navire ; abbé Roboam, prieur ; Lavi de Mondial, nég.*. ;
Soulier, nég., 2e adjoint ; Saint-Guirons, avocat, 1er surv.*. ; Salan
jeune, capitaine de navire ; Trigant père, avocat, ancien vén.'. ; Tayeau,
nég., tuileur ; Taveau, ancien mousquetaire gris ; Trigant fils, avocat;
Verthamont, président à mortier ; Vigneron, trésorier de France.
En 1780 les officiers étaient : Leberthon, 1er président du Parlement,
vén.'. d'honneur ; Comte de Béarn, capitaine de haut bord, vén.". en
exercice ; Leberthon, comte de Virlade, président à mortier, ex-maître ;
Trigant, avocat en la cour, député maître ; Bienassis, président à la
chambre des enquêtes, 1er surv.". ; Metyvier, chirurgien de Mgr le Mal
de Mouchy, 2e surv.'. ; Lagarde, secrétaire de la subdélégation, ora-
teur ; Pescheur, contrôleur des arrêts, secrétaire ; L'Heureux, Augustin,
garde des sceaux ; Trigant, avocat en la cour, secrétaire de la corres-
pondance ; F. Perrens, conseiller du roi, notaire, économe ; Courroy,
secrétaire de la correspondance des fermes du roi, Me des cérémo-
nies ; Libéral et Dessens, capitaines de navire, frères terribles ; Saint-
Guirons, avocat en la cour ; Quinaud, procureur, et Poupard, tui-
leurs ; L Heureux, Augustin, hospitalier; Fadeville, nég., adjoint au
secrétaire; Monteau aîné, nég. , adjoint au trésorier ; Darrieux, prati-
cien, adjoint au garde des sceaux ; L'Heureux et Darrieux, adjoints au
secrétaire de correspondance.
En 1781 les officiers étaient : Leberthon, 1er président du Parlement,
vén.'., Me perpétuel d'honneur; de Bienassis, président de la chambre
des requêtes, vén. ' . en exercice ; Comte de Béarn, capitaine de haut-
bord, ex-maître ; Poupard, juge de Belfort, député-maître ; Lagarde,
avocat secrétaire de la subdélégation, 1er surv.". ; Saleau aîné, capitaine
LOGES DE PROVINCE 111
de navire, 2e surv.-. ; Pescheur, contrôleur dos arrêts, orateur; Saint-
Guirons, avocat au Parlement, chef tic la correspondance ; Mestivier,
chirurgien en chef de l'Hôtel-Dicu ; L'Heureux, Augustin, adjoints;
Darieux, conseiller du roi, notaire, secrétaire; Héraut, Teysscrc, nég.,
adjoints; Monteau aîné. nég.. trésorier ; Lalannc, nég., adjoint; L'Heu-
reux, Augustin, garde des sceaux et archives; Montau jeune, nég., éco-
nome ; Cauroy, secrétaire de la correspondance des fermes du roi,
maître des cérémonies ; Jurine, Laheus, nég., terribles ; Quinaud,
procureur au Parlement; Perrens et Fadcville, nég., tuileurs ; Roboam,
écuyer, prieur, hospitalier.
D'après un brevet de Rose-Croix donné à Guillaume Séraphin, avocat
au Parlement, âgé de 34 ans en 1782 et signé par le chap. reg. d'Hére-
dom à Bordeaux, les membres du chapitre étaient : Aumailley père,
Rose-Croix ; G R. Lasseine, Rose-Croix ; Dabat ; Tumaille fils, major
très., Rose- Croix ; D'Aure, Rose-Croix ; Gme d'Arblade, Rose-Croix ;
Chabould, Rose-Croix.
En 1785, le vén.-. était de Saint-Guirons, avocat au Parlement, le se-
crétaire, Monteau, négociant, et le député. Tassin de l'Etang.
En 1788, Saint-Guirons était encore vén.". et Gibaudeau, négociant,
secrétaire.
En 1789, le vén.*. d'honneur était Le Berihon, 1er président au Parle-
ment, député de la noblesse aux états généraux; le vén.*., Quinaud,
procureur au Parlement, et le député était Jozeau, avocat au Parlement.
La Française cessa ses travaux pendant la Révolution. Elle les reprit
sous l'empire. En 1804, G. Cazeaux était orateur ; de 1808 à 1813, le
vén.'. était Michel, greffier en chef à la Cour d'appel.
En 1813 et 1814,1e vén.-. d'honneur était Lynch, maire de Bordeaux.
En 1814,1e vén.. "en activité était Ferrère, avocat. De 1808 à 1814, le
député pour la L.-. et le chapitre était Rœttiers de Montaleau.
GRANDE LOGE ÉCOSSAISE
En 1750, une L.\ faisant fonction de Mère Loge aurait existé sous ce
titre à Bordeaux. (Voy. Rouen.)
FRANCS ÉLUS ÉCOSSAIS ET AMIS RÉUNIS
Cette L.\ aurait été fondée le 1" février 1765. Elle n'a pas laissé de
traces.
FRANÇAISE DANS LA VILLE
Fondée le 8 février 1765 par la G.'. L.-. en faveur de Moreau, cette
L.-. fonctionnait encore en 1779.
RÉUNION DES ÉTATS
Celte L.'. fut fondée le 4 février 1767 par la G.-. L.\ en faveur de
Raoux et fonctionnait en 1779.
VRAIE LOGE ANGLAISE
Cette L"., fondée à une date inconnue, avait pour vén.-. Pelligneau,
juge de la monnaie en 1788, etDarche, ancien capitaine d'infanterie, che-
412 LA FRANC-MAÇONNERIE EX FRANCE
valier de Saint-Louis en 1789. Le secrétaire était Pourcin, commissaire
principal du bureau de poste. Entrée en sommeil en 1791, elle ne reprit
pas ses travaux sous l'empire.
SAINT-ÉTIENNE DES AMIS JOYEUX
SAINT-ESPRIT
FAMILLE UNIE DU BON ACCORD
Ces 3 L/., fondées à des époques inconnues, n'ont pas laissé de traces.
BOULOGNE-SUR-MER
SAINT-FRÉDÉRIC DES AMIS CHOISIS
Constituée le 4 février 1767 par la G. . L.\ en faveur du vén.\ m.'.
Calaine, cette L.\ a laissé peu de traces jusqu'au 28 mai 1788, date de sa
reconstitution, à laquelle présidaient les ff.\ Fontaine Solare, Dupuis de
Rame et le chev. de Cossette de la Parfaite Union, 0.'. de Montreuil.
L'orateur de Saint-Frédéric était le f.\ Mariette, grand-père du savant
égyptologue. Le vén.\ était Ducrocq de Buncres, écuyer, président et tré-
sorier de France. Le secrétaire Hédouin, contrôleur de la poste aux lettres,
et le député Véron de Sérame, régisseur général des étapes. Cette L.-.
cessa ses travaux pendant la Révolution ; en 1808, son vén.'. était le
général de brigade Taviel, et en 1813-4 Yersial. négociant. Son secrétaire
était Berquier-Neuville, négociant, et son député Cuvelier de Trié, capi-
taine de cavalerie .
BOURG-EN-BRESSE
LES ELUS
Cette L.*. fut constituée le 4 novembre 1768, ses titres furent renou-
velés parla G.*. L. . le 18 mai 1772 et par le G. . 0.\ le 2 décembre
1774.
En 1776, elle se composait de 26 membres ; son vén.*. était Olivier,
médecin, et son secrétaire Geneva}*, procureur. En 1777, le vén.*. était
remplacé par Riboud, avocat, de 1785 à 1788 par Ravet, procureur, et en
1789 par Goisson, imprimeur. En 1788 et 1789, le secrétaire était Chambre,
bourgeois et officier municipal. De 1775 à 1789, le député fut Lalande,
de l'Académie royale des sciences.
Disparue en 1791, cette L.\ ne reprit pas ses travaux sous l'empire.
BREST
L'HEUREUSE RENCONTRE
Cetle L.'. fut constituée le 6 novembre 1745 par la L.'. Anglaise de Bor-
deaux ; ses titres furent renouvelés par la G.\ L.'. le 9 octobre 1772 et par
le G.'. O.*. le 7 décembre 1773. Ses vén.'. furent, en 1745, Zolicoffre ; en
1764, Février ; en 1776, le chev. du Deserseul, officier de génie ; en
1777, le chevalier Le Gonidec, officier de la marine du roi ; en 1785,
LOGES DE PROVINCE U3
Rollia de la Farge, professeur de mathématiques des gardes marines ;
en 1788, Daniel de Colhoé, ancien capitaine d'infanterie, et en 1789, de
Coatignan, conseiller, avocat et procureur du roi à l'Amirauté. En 1770,
elle c'avait pas moins de G9 membres. En 177(5-7, Dencux, chef au bureau
des vivres militaires, fut son secrétaire ; l'abbé Pingre, bibliothécaire de
l'abbaye Sainte-Geneviève, fut] son député en 1770, et à partir de 1785
il fut remplacé par Chuppin de Germigny fils, conseiller au Châtelet. Le
4 juillet 1788 avait été constitué dans cet atelier un chapitre d'Hérodom
de Kihvining. Il ne paraît pas certain que celte L.\ ait complètement
cessé ses travaux pendant la Révolution.
De 1802 à 1808, son vén.\ fut Guilhem aîné, négociant, et Barchau,
commissaire inspecteur des guerres, en 1813 et 1814.
Son secrétaire fut Le GofF, directeur des postes, et son député, Defon-
deviolle.
ÉCOSSAISE DE LA VÉRITABLE UNION
Le 30 avril 1704, cette L.\ fut constituée par la G.'. L.\ en faveur du
vén.\ m.*, de la Porte ; elle existait encore en 1779.
CONSTANCE
Cette L.\ fut constituée à Recouvrance, parla G.'. L.v, le 8 mai 1708,
en faveur de Sauvai ; elle était encore en vigueur en 1779.
SAINT-JEAN DES AMIS INTIMES
Fondée à une date inconnue, peut-être en 1740, par l'Anglaise de
Bordeaux, cette L.\ n'a pas laissé de traces.
BRIOUDE
SAINT-JULIEN
Constituée le 0 novembre 1744 par la G.\ L.\, ses titres furent renou-
velés par le G.'. O.'. le 11 novembre 1779. Cette L.\, essentiellement
aristocratique, fut la mère de nombreuses L.'. à Saint-Flour, Clermont,
Riom, Thiers, Saint-Pourçain, etc. Elle s'était installée dans les immeu-
bles de l'ordre de Malte. Parmi ses membres figuraient : de Brusolles,
de Comilhac, de Planhol, de Montchal, de Bouille, Chardon des Rois et
plusieurs chanoines du chapitre noble de Saint Julien.
En 1785, son vén.\ était Belamy du Breuil, otticier au régiment de
Beauvoisis. En 1788-9, il était remplacé par Dalbine fils, avocat au Parle-
ment, qui avait été secrétaire. Le député était Gueffier de la Garde de
Longpré, prêtre, docteur en théologie.
Après avoir interrompu ses travaux pendant la Révolution, cette L.'.
les reprit sous le Consulat. Sauf une interruption en 1808, son vén.\ fut
Dalbine, juge au tribunal. En 1803, c'était Ducros de Chabannes, maire
de Laurlange. Le secrétaire était Ribaud. Le député en 1802 était
Merché-Marchant, graveur, et à partir de 1808 Géneux, officier du G.*.
414 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
0.\ Cette L.*. se faisait adresser sa correspondance, poste restante, sous
le pseudonyme bizarre de Séphiramis Platon (1).
BRUYÈRES (Lorraine)
SAINT-MARTIN DITE LA PARFAITE AMITIÉ
Cette L.\ fut fondée le 30 juin 1768 par la G.-. L.*. en faveur du vén.".
m.\ le comte de Preg. Elle était encore en vigueur en 1779.
En 1768, une autre L.\ dont le titre est inconnu aurait été fondée par
la G.*. L.-. en faveur de Gérard, avocat. Cette L.*. n'a pas laissé de
traces.
CAEN
ARDENTE MAÇONNE
Contrairement à l'opinion de M. de Loucelles, c'est l'Ardente Maçonne
qui est la plus ancienne L.-. fondée à Caen. C'est, en effet, le 17 juin
1760 que la G.*. L.*. constitua cet atelier en faveur du vén.*. m.'. Gahier
d'Aingieville, qui dirigeait encore ses travaux le 9 mai 1765. A cette
date il donnait l'adresse du local chez le f. ". Lasseray, Grande-Rue Saint-
Jean, vis-à-vis la rue Bernières.
En 1774, il demanda en vain la régularisation de ses constitutions au
G.'. 0.-.
En janvier 1761, la G.'. L.*. installa un nouvel atelier sous un titre
inconnu en faveur de Jean -Jacques Georges. Cette L.\ fonctionnait
peut être encore en 1779.
COEURS SANS FARD
Cet atelier ne fut donc pas le premier, mais le troisième installé à
Caen. Sa constitution primitive date du 8 mars 1761, et fut donnée par
une puissance maçonnique inconnue au vén.". m.". André Honoré. Le
16 septembre 1766, elle fit renouveler ses titres par la G.". L.\ et le
15 novembre 1773, par le G.\ O.*. Ses débuts ne semblent pas avoir été
très prospères, car en 1777. elle ne comptait que 13 membres. A celte
époque son vén.". était Revel, procureur du roi.
Malgré l'opinion contraire de M. de Loucelles, nous ne croyons pas que
celte L.*. se réunit purement et simplement en 1780 à la Constante
Amitié. Tout au plus peut-on admettre que plusieurs de ses membres
abandonnèrent ses travaux pour suivre ceux de cette dernière L.*.
En effet, les annuaires du G.*. O.*. dénomment des officiers de 1785 à
1789.
En 1785, le vén.*. était Signard d'Oussières, banquier, officier de la
milice bourgeoise, et en 1788-1789, de Cussy, ancien directeur de la Mon-
(1) Voir dans la Nouvelle Revue rétrospective, XIII, 234, le curieux
compte rendu d'une de ses séances en 1811.
LOOKS DE PROVINCE I 1 .">
iwiic à Caen. Son député de 1785 à 1780 fui Brown, inspecteur général des
manufactures de la généralité de Paris
Parmi ses membres en 1773 : Rolland de Sainte-Marie ; Guéron de la
Rigne : Chevalier de la Chambre ; Gaucher du Meslé ; Le Coq de Rié-
ville ; Collet des Cotils ; Lambert de Carmel et Lhonoré du Fresnc.
lui 1788, Alvorda, d'Olbac et des Francs.
CONSTANTE AMITIÉ
Voici d'après M. de Loucelles le procès -verbal de son installation :
« L'an de la lumière 5765, le 13e jour du 7e mois (13 septembre 1765),
nous vén.\ m.*. f.\ Le Lorrain, m.*, de la L.'. d'Aumont ; f.\ Pirlet,
m.', de la L.\ la Trinité; f.\ Le Roy, m.*, de la L.\ les Cœurs simples;
le f.\ Le Lorrain, représentant le f.\ Moët, vén.\ m.\ de la L.'. du
Secret, commissaires nommés par la G.*. L.*. de Fr.\ par délibération
du 10 du présent mois, à l'effet d'installer le f.\ Paulmier en qualité de
vén.'., le fr. Dault en qualité de 1er surv.'., le f.\ Saint-Martin en qua-
lité de 2e surv.\ d'une L.\ établie à perpétuité dans la ville de Caen,
sous le titre distinctif de la Constante Amitié, nous sommes, sur l'invita-
tion du r.\ f.\ Zambault, secrétaire général de la G.*. L.-., transportés
dans la L.*. Saint-Pierre et Saint-Paul de laquelle est vén.'. ledit f. .
Zambault, où étant, et après les formalités en pareil cas requises, avons
procédé auxdites installations, dont nous avons fait et rédigé le présent
procès-verbal fait triple en ladite L.*. sur les registres de la L.*. Saint-
Pierre et Saint-Paul, sur celui destiné à la L.*. de la Constante Amitié
et sur le présent, destiné aux archives de la G.". L.'. »
D'après M. de Loucelles, cette L.'. aurait à peine fonctionné et
aurait remis ses constitutions peu après à l'Union et Fraternité du même
Orient. Cette supposition nous paraît toute gratuite.
Sous le même titre, le 13 juillet 1800, il se forma au même Orient une
L.\ qui ne semble avoir aucun lien avec la L. de 1765.
UNION ET FRATERNITÉ
Lorsque Lamy des Vallées, secrétaire de l'Intendance, demanda des
constitutions à la G.*. L.*., il demanda que la fonction de vén.". « fût
rendue amovible, afin d'en écarter tout esprit de despotisme qui pourrait
peut être par la suite s'y glisser et troubler l'ordre, l'union et la con-
corde qui doivent régner parmi les bons maçons ».
Les constitutions primitives de la G.'. L.\ datent du 12 décembre 1765,
mais elle ne fut installée que le 1er février 1767, par les soins des FF.'.
Paulmier et le Dault de la Constante Amitié, et l'Honoré du Fresne des
Cœurs sans fard. Ses titres furent renouvelés par la G.'. L.'. le 9 août
1773 et par le G.*. O.'.le 15 novembre suivant.
De 1776 à 1791, elle eut de 11 à 26 membres ; en 1792, elle en avait 35,
bourgeois, commerçants et officiers ministériels.
En 1776, son vén.'. est Durand, négociant, auquel, en 1777, succède
Lelièvre de Rochefort, propriétaire à Ranville, Lamy des Vallées de
1779 à 1789, et Auvray de Coursonne, apothicaire, en 1789. Ses secré-
taires furent Cauclier, négociant (1776) ; Guiard, 1er secrétaire de l'inten-
dance (1777), le Cordier de Launay, intendant de la généralité de Caen
(1788-1789).
416 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Les députés furent, en 1785, Feydeau de Brou, intendant, et en 1788-
1789, Turrcl, avocat au Parlement.
En 1781, cette L.\ s'était fait remarquer par l'enthousiasme avec
lequel elle avait célébré la naissance du Dauphin.
L'Union et la Fraternité disparutenl793, et ne reprit jamais ses travaux.
UNITÉ
Cette L.'. n'est connue que par une planche du f.\ l'Honoré du
Fresne, et de deux autres de ses membres, datée du 4 mars 1767, pour
obtenir de la G. . L.*. la formation d'une L.\ mère à l'Orient de Caen.
Il est possible que le titre de l'Unité fût le premier titre des Cœurs
sans fard qui furent fondés, comme nous l'avons vu, en 1761, en faveur
d'André Honoré, qui n'est peut-être que la même personne que l'Honoré
du Fresne.
GAHORS
PARFAITE UNION
Cette L.*. fut constituée par une puissance inconnue le 12 mai 1755. et
ses titres furent renouvelés par le G.'. Gv. le 29 août 1776, mais elle ne
fut appelée à prendre rang qu'à partir du 28 juillet précédent.
En 1777, elle ne comprenait que 11 membres et avait pour vén.".
Arbanère, receveur des domaines du roi. Elle cessa ses travaux en
1785 et les avait repris en 1788 avec Mostolac comme vén.\ et Gombault.
négociant, comme secrétaire. En 1789,1e vén.*. était Taillade, négociant.
Les députés furent, en 1777, l'abbé Jardin, et en 1788-1789, Baugin,
avocat.
Cette L.'. cessa ses travaux pendant la Révolution et les reprit sous
l'empire. De 1808 à 1813, elle eut Ramel, avocat, comme vén.*., et Hen-
riette, architecte, comme député.
CALAIS
SAINT-JEAN DE CALAIS
Constituée en 1764, par la G.-. L.*., en faveur du vén.'. m.-, de
Peroussy, cette L.\, qui fonctionnait encore en 1779, n'a pas laissé de
traces.
CARCASSONNE
PARFAITE AMITIÉ
Les constitutions furent accordées par une puissance inconnue à ccite
L.-. le 31 décembre 1744. Elles furent renouvelées par la G.'. L.'. en
1764, sous le titre de Saint-Jean de la Parfaite Amitié, en faveur du vén. .
m.', de Beviat.
Le 8 novembre 1773, le G.'. Gv. renouvela ses titres.
En 1776 et 1777, cette L.*. comptait 25 membres, son vén.*. était
Dalzan, son secrétaire de Coëtlosquet et son député Thoron de Lamée,
exempt des gardes suisses du comte d'Artois.
En 1785, son vén.*. était Thoron de Lamée, et en 1788-1789, Thoron
LOGES DE PROVINCE 117
d'Onfroy, conseiller rapporteur du prix d'honneur. Son député était Reyd
de la Grange, administrateur général des domaines du prince de Coudé.
Cette L. '., dont les papiers se trouvent à la bibliothèque de Carcns-
sonne (fonds Peyrusse, 242 et 243, 9.881 et 9.882), reprit sous l'empire
les travaux qu'elle avaii abandonnés pendant la Révolution. En 1808,
son vén.*. est Pinel Truilhas, ancien officier ; son secrétaire est Vidal -
Contant, homme de loi, et son député. Dupont.
En 1813, elle s'adjoignit un souverain chapitre sous le titre de Par-
faite Amitié et les Commandeurs du Temple réunis.
En 1813 1814, son vén. '. était Viguicr, avocat, membre du Corps légis-
latif, et son député pour la L.'., et le chap.\ était Niel.
COMMANDEURS DU TEMPLE
Lorsque le G.\ O.'. constitua celteL.'. le 17 juillet 1783, pour prendre
rang du G février 1774, elle rappela ses travaux commencés le 14 juin
1758. Ses débuts n'ont pas laissé de traces.
En 1785, elle était présidée par Sarraud, receveur et directeur du
Canal au port de Foucault.
En 1788, le vén.*. était Astoin, avocat au Parlement, et le secrétaire,
David de la Fajole, avocat au Parlement.
En 1789,1e vén.*. d'honneur était le comte d'Ossun, colonel au régiment
du Royal-Vaisseau, et le vén. en exercice, Reboulh, docteur en médecine.
Cette L.'. cessa ses travaux pendant la Révolution Elle semble s'être
réunie en 1813 à la Parfaite Amitié
CASTRES
SAINT-JEAN
Constituée par la G.'. L.*. le 30 décembre 1744, cette L.*. fît renouveler
ses titres par le G.'. O.'. le 30 août 1773.
En 1776, elle comprenait 49 membres et 57 l'année suivante.
En 1776, son vén.". était de la Gascarie, ancien officier de dragons ;
son secrétaire, Guibal aîné.
En 1777, le vén.". était de la Jonnière, inspecteur des manufactures, et
le secrétaire, Lucadou, trésorier des troupes. Son député, de 1775 à 1778,
était le marquis du Buat, capitaine de cuirassiers.
De 1785 à 1789, le vén.*. était le comte Milhaut de Saint-Martin, sieur
de la Boulbenne.
Pendant cette période, ses secrétaires furent Rousseau de la Boisson-
nière, peintre et architecte, et de Beaudecourt fils ; le député était de
Cheyssac, grand maître des Eaux et Forêts de France au département
de Paris.
La L.'. Saint-Jean abandonna ses travaux pendant la Révolution pour
ne plus les reprendre.
SAINT-PIERRE
Cette L.'. fut constituée par la G.*. L.'. le 8 décembre 1770, en faveur
du vén.*. m.'. Auger, receveur de la Loterie, qui fut de nouveau vén.*.
LA FRANC-MAÇONNERIE. — T. I. 27
418 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
en 1777 et en 1788-89. Les tilres de cette L.\ furent renouvelés par le
G.-. O. . le 23 septembre 1774.
En 1776, elle comprenait 35 membres et était présidée par Desclassan,
imprimeur; son secrétaire était Deltit fils, marchand, et jusqu'en 1778
son député fut Morin, receveur de la Loterie royale à Paris
Bataille, négociant, |fut son vén \ eu 1785, et Marture jeune, marchand,
son secrétaire de 1^85 à 1789.
En 1788 9, son député fut Picard, procureur au Parlement, officier du
G.-. O.-.
HARMONIE UNIVERSELLE
Il semble que cette L.\ fut la reconstitution sous l'Empire de la L.\
Saint- Pierre sous un titre différent, car elle fit remonter sa constitution
précisément à la date de constitution de cette L.'.
En 1813-4, elle eut pour vén.'. d'honneur Lacépède et pour vén.'. en
exercice, en 1813, Vassan, maire de Castres, et en 1814, Jaurès, négo-
ciant.
GATEAU (le)
TROIS FRÈRES
D'après Rebold, cette L.\ aurait été constituée le 19 avril 1764. Elle
n'a laissé aucune trace.
CAYENNE
SAINT-JEAN DE LA GUYANE
Constituée par la G.*. L.*. le 7 juin 1763, eu faveur du vén.'. m.*.
Grouard, cet atelier fonctionnait en 1779.
SAINT-JEAN DE LA GLOIRE
Fondée par la G'. L.*. le 2 octobre 1766 en faveur de Dubois Berihe-
lot, cette L.-. en 1779 était encore en vigueur.
CETTE
AMITIÉ ET HOSPITALITÉ
Lorsque, le 27 mars 1782, le G..* O.*. reconstitua cette L.'. pour
prendre rang du 30 décembre 1781, elle rappela ses travaux commencés
le 12 novembre 1750.
Cette L.*. n'a pas laissé de traces avant 1785. De cette date à 1789.
elle fut présidée par Councler aîné, négociant. Son député était Brullard.
Ayant cessé ses travaux pendant la Révolution, elle les reprit sous
l'Empire. En 1808, son vén.-. était Mercier et son député Bonnarie, l'un
et l'autre négociants.
En 1813-4, son vén.-. était Romeu, principal adjoint, et son député,
Chevalier, ingénieur-opticien.
LOGES DE PROVINCE 111)
GHALON SUR SAONE
VRAIS AMIS
Constituée le 20 août 1747 par une puissance inconnue, elle se fit régu-
lariser par la G.'. L'. le 20 août 1767, en faveur du vén \ m.\ de
Seine ; fit renouveler ses titres par la G \ L.\ le 29 août 1772 et par le
G.\ Gv. le 25 mars 1774.
En 1776, elle comprenait 16 membres et 19 l'année suivante.
De 1776 à 1785, son vén.'. fut Girault, auditeur à la Chambre des
Comptes. En 1788-9, il fut remplacé par Golion, avocat. De 1776 à
1789, le secrétaire fut Butty, pharmacien, et le député, Poncet, entre-
preneur des bâtiments du roi, officier du G.'. OV. Cette L.*. disparut
définitivement au moment de la Révolution,
AMITIÉ
Cette L.'. fut constituée le 30 décembre 1769 par une puissauce in-
connue. Elle fit renouveler ses titres par la G.#. L.'. le 10 février 1772 et
par le G.\ 0.\ le 21 février 1774. En 1776, elle comprenait 16 membres
et 18 en 1777, parmi lesquels Tyran et Guion.
En 1776, son vén.-. était Salomon, avocat et receveur des décimes de
la province de Bourgogne. Il fut remplacé l'année suivante par Simon-
not ; en 1785 par Guillaume de Saint, curé d'Ouroux, et en 1788-9, par
Antoine Chazeau, architecte.
Le secrétaire était Garnie, avocat, et le député, Poncet.
Ayant cessé ses travaux pendant la Révolution, elle les reprit sous
l'Empire. En 1813, son vén.". était Rubat, conseiller à la cour, et son
secrétaire, Menaud, avocat.
CHAMBERY
TROIS MORTIERS
D'après Descostes [Joseph de Maistre avant la Révolution,!, 216), cette
L.'. aurait été constituée en 1739 par le comte de Bellegarde, muni des
pouvoirs de la G.-. L.*. de Londres. Joseph de Maistre y aurait été
initié. C'est cette L.'. qui en 1765 fonda l'atelier de Turin.
TRIPLE UNION ET RÉUNION
Sous le premier titre, la G.'. L.'. constitua cette L.'. le 29 août 1770,
pour prendre rang le 5 juillet précédent (Rebold dit 1779). Cette L.-. n'a
pas laissé de traces avant la Révolution.
En 1802, elle a repris ses travaux avec Bataillard, propriétaire, comme
vén.* , et Marie, professeur de jurisprudence, comme secrétaire. Ce
dernier devint vén.*. de 1808 à 1814. Bordas, ancien député au corps
législatif, fut son député pendant tout l'Empire. En 1813, cette L.*. prit
le titre de Réunion.
420 LA FRANC-MAÇONNERIE EX FRANCE
CHARLEVILLE
LES FRÈRES DISCRETS
Cet atelierful fondé par la G.*. L.\ le 10 mai 1762, en faveur du yen.*,
m.'. Morel de l'Escot. En 1776, il n'avait guère que 14 membres et 17
l'année suivante. Le vén.". de 1776, à 1789 était Dauzas de la Fue,
chevalier de Saint -Louis, major des villes et citadelles de Mezières ; de
Chappes, aide major du régiment provincial de Lille, était son secré-
taire, Trécourt, son trésorier, et Demachy, apothicaire, son député.
En 1781, figuraient parmi ses membres : comte du Monet ; de Vaude-
roy ; d'Hamelin ; de Boulancourt ; Cazaux-Laran ; Gelez ; Montbeil-
lard ; baron Dubois d'Hiordal ; Chabot ; Chabrol : Belsunce ; La Roche-
Aymon ; Montbeillard ; Guyonnet ; Pelitcolas-Monard ; de Lorimieu ;
Chevalier ' Jean-François, comte de Cerisy, capitaine au régiment de
Belzunce.
En sommeil pendant la Révolution, cette L.\ eut pour vén.'. sous
lEmpire, Toupet des Vignes, directeur des vivres de terre (1808) ; Che-
valier, receveur des domaines (1813) ; et Trécourt, négociant (1314); son
secrétaire fut Destrées, et son député pour la L.\ et le chapitre, Migon,
employé à la bibliothèque impériale.
BONNE UNION
Cette L.\ u'a laissé de traces que le nom d'un de ses membres :Plom-
menfeldt.
GHATEAUNEUF (Charente).
CONSTANTE FRATERNITÉ
Constituée par la G.'. L.\ le 14 octobre 1762, en faveur du vén.'. m.'.
de Raffait, cet atelier était encore en vigueur en 1779.
CLERMONT-FERRAND (1).
GRANDE LOGE ÉCOSSAISE
En 1750, une Mère Loge aurait existé sous ce titre. (Voy. Rouen.)
PARFAITE UNION DE SAINT-HUBERT
Cet atelier fut fondé le 7 mai 1752, par une puissance inconnue ; il
lit régulariser ses constitutions par la G.-. L.\ le 18 mai 1772 et par le
G.\ O.-. le 18 septembre 1777.
On ne sait rien des premières années de cette L.\, qui de 1776 à 1785
(1) Pour les L.*. de cet O.*. voir Bull. hist. et scientifique de l'Au-
vergne, de février 1905, p. 74, notes et documents concernant l'histoire
d'Auvergne, par F.Mège. De nombreux documents sur les LL.\ du Puy-
de-Dôme m'ont été aimablement communiqués par MM. de Corail,
Verny et l'abbé Crégut.
LOGES DE PROVINCE !21
ont pour vén.'. Veillard-l'Epine, juré jnugcur ; Girard, bourgeois, en
1788, et Verdier, procureur es cours, l'année suivante.
Ses secrétaires furent : Morangea (177(>) ; Touchebceuf, bourgeois
(1777), et Duffayel (1788^.
Son député fut de Junquières, procureur au Parlement, officier du
G \ (),•. de 1770 à 178."), et Busche, procureur au Parlement, officier du
G.*. O ■. de 1788-9.
En sommeil pendant la Révolution, cette L.v fut reconstituée le 18 août
1805. En 1813, elle avait pour vén.*. Berthomieu neveu.
SAINT-MAURICE
Les constitutions primitives de cette L.\ datent du 10 juillet 1753 ; elles
furent renouvelées par la G.-. L.*. le 13 mars 1773 et par le G.*. O.*. le
20 février 1777.
On ne sait rien de ses premières années. En 1776, elle ne comprenait
pas moins de 46 membres.
Ses vén.*. furent : David, chev. de Saint-Louis (1776 et 1785); Albarède,
secrétaire de l'intendance (1784) ; de Montorcier, lieutenant particulier,
assesseur civil et criminel de la sénéchaussée et présidial (1787-9).
En 1777, Gaultier de Biauzat était son premier surv.'.
Son secrétaire fut Moranges fils, avocat au Parlement, et son député
de Junquières, procureur au Parlement.
A la fin de 1784, l'ancienne société de Saint-Sébastien, devenue Cheva-
liers de la Flèche, qui n'avait pas moins de 48 membres dont 10 officiers
nobles, fusionna avec cette L.*., ayant même caisse, même budget et
même trésorier.
Parmi ses membres avant la Révolution figurent : le comte de Clermont-
Tonnerre, maître de camp au régiment de Navarre-cavalerie, guillotiné
comme contre-révolutionnaire ; Doulcet, médecin, roi de la Flèche
en 1789 ; Coulhon, avocat, futur conventionnel ; Chauvassaignes, avocat ;
Chevalier, notaire ; Burin-Desroziers, avocat ; Pyrend, receveur des
impositions ; Bancal, entrepreneur des manufactures royales ; Sablon,
négociant, et Moneslier, médecin, qui furent maires de Clermont ;
Mazelhier, négociant ; Bancal des Issarts, ancien notaire ; Dijon de
Saint Mayard, avocat général, guillotiné comme fédéraliste; Teyras de
Grandval ; Champflour d'Oradoux et Champflour de Montpédon ; Rebou
du Sauzet ; Rougier fils ; Pouyet ; Domergue ; le chev. d'Hauterive ;
Dulamboy et Moreau.
Cette L.'. ne cessa ses travaux qu'en 1793. Son sommeil fut de courte
durée.
Ses vén.-. sous l'Empire furent : Doulcet, médecin (1804) ; Becker,
général de brigade (1808) ; Chabrol, ancien jurisconsulte (1813-4).
Ses secrétaires furent : Guillemot, inspecteur des postes (1804-8), et
Bouveret, payeur général (1813-4). Son député pour la L.'. et le chapitre
de 1808 à 1814 fut Geneux, officier du G.-. O.'.
Sous l'Empire elle s'appela : Franche Amitié, ci-devant Saint-Maurice.
SAINT-MICHEL DE LA PAIX
Constituée le 1er octobre 1766, elle fit, paraît-il, renouveler ses consti-
tutions par la G.*. L.-. et le 7 mai 1778 par le G.'. O.*.
422
LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
Ses vén.\ furent : Chappcl, apothicaire (1777 à 1785) ; Besson (178*; :
Chassaigne, notaire (1788) ; et Busche, procureur es cours (1789 .
Ses secrétaires furent : de Saint -Horent, procureur '\111) ; Le Blanc,
procureur à partir de 1785.
Son député de 1777 à 1789 fut Busche.
Parmi ses membres figurent : Barre, Barrière. Bussière, Noucry et
Trébuchet.
Le 1er mai 1792, n'ayant plus que 12 membres, elle se réunit à Saint-
Maurice.
Une autre L. .,dont le titre est resté inconnu, fut fondée le 18 mai 1769
en faveur du vén.\ m.'. Saincy ; elle n'a pas laissé de traces.
COGNAC
SAINT-JEAN DE JÉRUSALEM ANGLAIS dite L ANGLAISE (1)
Cette L.\ aurait été constituée le 19 juillet 1746 par la L.*. Anglaise
de Bordeaux, sans que cela soit bien établi. Le G.'. 0.\ en la recons-
tituant le 24 janvier 1775, tout en reconnaissant ses travaux de 1746. ne
l'autorisa à prendre rang que du 25 juillet 1774.
En 1775, figuraient parmi ses membres : Burquet, Desgranges, de
Galeine, Saulnier de Pierre-Levé et son fils Philippe, de Coursay, de
Crignelle, Olivet et Hardy.
En 1776, elle se composait de 45 membres.
Sesvén.". furent : Saulnier de Pierre-Levé père, chev. de Saint-Louis
(1776-7) ; Hardy père, avocat au Parlement, ancien maire (1885) ; Saule,
négociant (1789).
Ses secrétaires furent : Pelluchon-Destouches (1776-1784) et Saule de
1785 à 1788.
Son député fut Richard, avocat au Parlement, officier du G.*. 0.\
Si cette L.". cessa ses travaux, elle les reprit avant 1798. A cette date
Saule, son vén.\ de 1789, était encore en fonctions. Sous lEmpire nous
voyons lui succéder : Turner, négociant [1808) ; Pinet fils, négociant
(1813) ; O'Tard, négociant (1814). En 1813-4 elle eut comme vén.\ d'hon-
neur Augier, négociant. Son député fut Boyer.
D'après M. Mamoz (p. 39), il y avait également à Cognac une L.-.
irréguliére qui fut interdite par décret de la G.'. L \ du 21 mars 1766.
Cette L.*. n'a pas laissé de traces.
COMPIÈGNE
SAINT-GERMAIN
La G.*. L.'. fonda cet atelier le 4 février 1767 en faveur de Louis-Marie
Barbe, curé de Saint-Germain-lez-Compiègne ; ses constitutions furent
renouvelées par le G.'. O.'. le 27 septembre 1774.
Ses vén.\ furent : Massié de Bourbe (1775) ; Garanger, négociant,
ancien échevin (1776) ; Bourgeois, curé de Condé-sur-Noireau (1777) ;
Barbe, procureur au bailliage (1785-8) ; Mosnier, maître es arts de
(1) Voir Pellisson, les L.\ m.', de VAiigoumois, p. 6.
LOGES DE PROVINCE 123
pension (1789). De 1776 à 1783, Rœttiers de Montaleau, et Perier, avocat
au Parlement, de 1 785 à 1 781), furent ses députés.
La L.\ qui en 177(5 avait 54 membres se faisait adresser ses lettres
sous l'anagramme de Ringamen.
Parmi ses membres avant la Révolution figurent : Alix, président nu
grenier à sel de Compiègne ; Barbe, curé de Saint- Germain-lez-Com-
piègne ; Barbe, procureur au bailliage et autres juridictions royales ;
Bertoliny, toiseur des bâtiments du roi ; Bourgeois, curé de Condé-sur-
Noireau, en basse Normandie ; Bcrguesse, bénédictin ; Blanc (Le), maire
et subdélégué de Senlis ; Bourg, dominicain ; Brisson, supérieur de la
Charité de Senlis ; Carbon, négociant ; Cbarmolue ; Courbet l'aîné, domi-
nicain ; Courbet le jeune, dominicain ; Courtois, entrepreneur des bâti-
ments du roi ; d'Arras, capucin ; Denis, entrepreneur des bâtiments du
roi ; Debilly, négociant ; Debilly Dufeu, négociant ; de Laguette, ingé-
nieur des ponts et chaussées ; de Renty, dominicain ; de Maubeuge
(Joseph), capucin ; de Maubeuge François-Marie), capucin ; de Bossart,
bénédictin ; Dousset, cordelier ; Druon, bénédictin ; Dumont, curé de Sainl-
Pierre-Pontpoint ; Duchesne. négociant ; Fliche, négociant et officier des
chasses ; Garanger, négociant ; Gabriel, notaire royal ; Gambart de
Ligniere, receveur du duché d Humières ; Gensse l'aîné, négociant ;
Gosset-Delatour, président au grenier à sel de Crépy ; Guinebeaud,
contrôleur des devoirs de Bretagne ; Langlois, garde des magasins du
roi à Calais ; Lemer, négociant ; Leroux ; Massicot bénédictin cluniste ;
Marquet. bénédictin; Matthieu, négociant ; Muresne l'aîné, laboureur;
Peissart, dominicain ; Penon, notaire royal à Compiègne ; Pinçon, négo-
ciant ; Poulain de la Fontaine, procureur au bailliage ; Poultier d'El-
motte ; Raux, négociant ; Renard, professeur d'éloquence ; Ruste, lieu-
tenant des maréchaussées ; Scellier père, négociant ; Scellier fils,
négociant ; Scellier (Gabriel-Antoine', négociant ; Scellier Duménil,
négociant ; Sommevert, négociant ; Vandorp, procureur ; Venaille,
ingénieur des ponts et chaussées ; Watellet.
Il n'est pas certain que cette L.'. cessa ses travaux avant 1793. Elle
les reprit sous l'empire.
En 1808 son vén.'. fut Scellier, juge au tribunal, et en 1813-4 Mar-
cilly, inspecteur général de la navigation. Son député fut Perint, archi-
tecte.
CRESPY
SAINT-LOUIS
Cette L.\ fut fondée le 2 septembre 1766 par la G.'. L.*. en faveur du
vén.\ m.*. Dambris ; ses constitutions furent renouvelées par le G.*. 0.\
le 21 mars 1778. Ses vén.'. furent : Dieu, procureur, ancien maire
(1777-1785), et Coliette de Froqueville, président en l'élection (1788-9).
Ses secrétaires : Barré, audiencier (1777-1785), et de Garges, chev de
Saint-Louis 1788 9); son député fut de Chamerois à partir de 1785.
En sommeil pendant la Révolution, elle reprit ses travaux sous
l'Empire ; elle eut pour vén.'. : Barré l'aîné (1808) et Lefebre, juge de
paix (1813-4) ; Cenac, pharmacien, était son vén.*. d'honneur. Son
député était Perint, architecte.
424 LA FRANC-MACONNERIE EX FRANCE
DIEPPE
SAINT-LOUIS devenu LES CŒURS UNIS
La G.'. L.'. constitua cet atelier le 15 novembre 17GG, sous le litre de
Saint-Louis, en faveur du vén.\ m.'. Bouvet, entreposeur des tabacs,
et de Louis Niel. A côté d'elle fonctionnait une L.'. d'adoption de
l'ordre de la Félicité (1). Ces L.*. rentrèrent en sommeil pour ne repren-
dre leurs travaux qu'en 1783, sous l'influence du colonel de Rohan-
Soubise, vén.*. de la Parfaite Union, L". du régiment qui portait le
nom de son colonel.
Elle fut réinstallée de nouveau au nom du G.'. O.'. le 13 avril 1783,
sous le titre des Trois Cœurs réunis, puis des Cœurs réunis et enfin des
Cœurs unis, par les loges de Rouen, du Havre, de Fécamp, d'Eu et
d'Ault. Bonnet fut vén. '. de cette L.". depuis sa création jusqu'en 1790.
Vasse, président en l'élection, était secrétaire, et Jarry, banquier, député.
Parmi ses membres avant la Révolution figurent : Du Kamel ;
Descarsins ; Erasme Duchateau ; Charles Delacroix, curé de Roux-
menil ; etJ.-B. Maillard de la Martinière, capitaine au régiment de
Poitou.
En 1786, dans la L.*. d'adoption figuraient les sœurs résidentes : Le
Baron ; de la Houssaye ; Voisin ; Bourdon ; Lefevre ; Chaussée de
Raimbouville ; Des Granges ; de Portai ; Le Prince-Beaupré ; Niel ;
de Chabres ; Ubelesky ; marquise de Pardieu ; d'Ausseville ; de Tou-
vent ; comtesse de Caumont ; de Bellengreville ; et Leprince-Ducios.
Parmi les associées libres : la duchesse de Cossé-Brissac ; la comtesse
de Saint Pierre de Pontcarré ; la comtesse Adélaïde de Caumont ; la
baronne de Beaumont ; Bell ; Mouron ; de Caux ; comtesse de Canou-
ville ; comtesse de Pardieu ; comtesse Félix de Pardieu ; Chaussée
(aînée) ; Mallet et de Saint- Quentin.
A la reprise des travaux, le 4 juin 1803, Bonnet fut de nouveau nommé
vén.'., et la L.'. donna à cette occasion une fête aux membres de la
Bienfaisance à l'0.\ du 31e d'infanterie légère.
Bonnet fut remplacé en 1808 par Flouert, négociant, et en 1813-4 par
Trouard-Riolle, chirurgien. La correspondance de cet atelier était
adressée sous l'anagramme de Recuso-Nius, chez le secrétaire, Leprince-
Ducios.
Le député de la L.'. et du chapitre était Leiièvre-Villette.
Cette L. • . termina ses travaux le 3 janvier 1815.
DIJON
PARFAITE AMITIÉ
La G. . L.\ fonda cet atelier le 2 juin 1767, en faveur du vén.*. m.'.
de Tellier ; elle renouvela ses titres le 11 septembre 1772, et le G.'. O.'.
le 8 mai 1774.
De 1776 à 1777, cette L.*. eut 26 membres, puis 65. Ses vén.". furent :
(1) Dans le tome II, nous nous étendrons longuement sur cet ordre
androgyne.
LOGES DE PROVINCE 127)
Guénol, huissier au Parlement (177(5), et Champagne, marchand 1777,.
En sommeil de 178") à 178S, cette L \ reprit ses travaux avec Burard,
procureur au bailliage. Ses secrétaires furent : Penatier, orfèvre, 1776 ;
Bardin, commis à la recelte générale (1777) ; Raudot, substitut du
procureur général du Parlement (1779; ; et Dorse fils, greffier de la
Chambre des comptes (1789). Son député fut Daubertin, et après la
reprise Burard, médecin.
Celte L.\ cessa définitivement ses travaux pendant la Révolution.
DINAN
TENDRE FRATERNITÉ
Constituée par la G.'. L.\, le 4 juillet 1765, ses pouvoirs furent renou-
velés par celte puissance le 12 mars 1772 et par le G.*. 0.*. le 25 jan-
vier 1773.
Tes vén.\ furent: Poursin, chirurgien de vaisseau (1776); Morault,
apothicaire (1777) ; Lohier, maire et conseiller des Etats de Bretagne
(1785), et Bordago de la Chaussetière, ancien officier canonnier (1788-9;.
Les secrétaires furent : Rétif, notaire (1776) ; Aubry de la Lohonas,
avocat (1777) ; Lecoq, négociant (1785j. Son député était Joubert de la
Bourdinière.
Entrée en sommeil pendant la Révolution, elle reprit ses travaux dès
1800. Sesvén.'. furent: Bellay, négociant (1802); Delaunay, propriétaire
(1808-1813), et Gaultier, négociant (1814). Ses secrétaires : Gesbert, avoué
(1802) ; Péan (1808). et Chantrel. receveur des contributions (1814).
Ses députés furent Moquet de la Motte (1802) et Valleteau de Chabrefy
(1813).
Le 7 floréal an II, le représentant du peuple Le Carpentier, en mission
à Dinan, supprima la Tendre Fraternité, comme « excitant la suspicion
et ne pouvant être tolérée sous un régime républicain, où la liberté est
devenue un bien commun dont la jouissance n'a pas besoin des ombres
du mystère ».
DOLE
LE SECRET INVIOLABLE
Lorsque la G.-. L *. fonda cet atelier, le 7 janvier 1772, elle fît dater
ses travaux du 1er octobre 1770. Le G.-. Q.\ renouvela ses constitutions
clans les mêmes conditions le 12 juin 1777.
En 1776 et 1777, elle se composait de 20 membres ; son vén.*. était
Agnus de Roufiange, conseiller à la Cour des comptes, et son secrétaire,
Fenier, agent des affaires du baron d'Escîancs.
Cette L.'. disparut définitivement en 1785.
DORAT iLE)
AMIS RÉUNIS
Cette L.*. aurait été créée en 1744, par la G.'. L."., et renouvelée par
le G.". O.'. le 2 décembre 1774. On ne connaît rien de ses premières
années.
42() LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
En 1785, elle avait pour vén.\ Le Bourgeois, négociant, et Duclos,
conseiller du roi, en 1788-9. Ses secrétaires furent Guérard, négociant, et
Habrioux, chirurgien. Ses députés, l'abbé Pingre et de Hillerin, commis
au bureau de la guerre à Versailles.
En 1790, cette L.\ entra en sommeil et depuis n'a pas repris ses
travaux .
DOUÉ
TRIOMHPE D>: HENRI IV
Il y eut une L.\ sous ce titre qui ne laissa aucune trace.
DREUX
SAINT-AUGUSTIN
En 1760, la G.*. L.\ fonda, en faveur du vén.\ m.-. Métairie, un
atelier qui existait encore en 1779.
Une autre L.'.fut également fondée par cette même puissance en 1761,
en faveur du vén.'. m.'. Amourant. Cette L.\ n'a laissé aucune trace.
DUNKERQUE
AMITIÉ ET FRATERNITÉ
Il faut mettre au rang des légendes l'ancienneté attribuée à cette L.".,
qui ne repose sur aucun document sérieux. La prétention de ses membres
était de faire remonter sa création au 13 octobre 1721, sous les auspices
de lord Montaigu, G*. M.', de la F.*. M.\ anglaise. Jamais cette L".
n'a produit ses titres constitutifs et lorsqu'elle demanda à la G.\ L."., le
10 juin 1766, et au G/. 0.\, le 26 avril 1781, de renouveler ses consti-
tutions, ces deux puissances ne voulurent jamais faire remonter ses tra-
vaux à une époque antérieure au 1er mars 1756.
Ses travaux avant la Révolution ont laissé du reste fort peu de traces.
Nous savons seulement que, de 1785 à 1788, son vén.*. était Bagge,
courtier interprète de l'Amirauté, et qu'eu 1789 ces fonctions étaient
remplies par Emmery, consul de Suède Son secrétaire était Jacques Six,
négociant. Cette L". cessa ses travaux pendant la Révolution et les
reprit avant la fin du siècle. Les vén.* . furent Thibault, médecin en chef
des hôpitaux militaires (1800) ; Leucon-Barème, négociant (1802) ;
Maurin, négociant (1808) ; Morlhon-Lavalette (1812) ; Bretocq, ingé-
nieur maritime (1813); et Einra ery, membre du Corps législatif ,1814 .
Ses secrétaires furent Thibault et Lami, et son député Defondeviolle fut
remplacé par Thory. Le choix de ce dernier député, en particulier,
prouve que cette L.'. avait des traditions écossaises jacobites plutôt
qu'anglaises. D'autre part, dans son sein s'était formé, dès 1809, un
chapitre d'Hérodom de Kilwining.
Parmi ses membres de 1800 à 1814 figurent : Vandercruce ; Des-
champs ; Guillebert ; Lorder ; Lefebvre ; Lanchantin ; Ripner ; Kail ;
Jussienne ; de Serni ; Heudeline ; Masson ; Castrigné ; Gautreau •.
LOGES DE PROVINCE Vil
Pinède ; Papgay ; Guyot ; Fontanelle; Naninck ; Benat ; Doriau ;
Letandaert ; Gobin ; de Paeuw : Duchastelle ; deGuizclin ; Piédou fils.
Et parmi l»vs membres du chapitre : Maurin, président ; Munger (?; ;
Van Wormhondt ; Lefebvre ; Deschamps ; L. Papgay ; Jacquet ; Jean-
Baptiste Lower.
En 1813 son vén.*. était dans une situation précaire et demandail
à ses frères des secours, en appuyant sa requête d'un certificat signé par
le commissaire de police, le capitaine de la 4° compagnie de la
lre cohorte delà 4e légion delà garde nationale sédentaire et par l'ancien
maire de Dunkerque. Ce certificat est conçu en ces termes : « Michel-
Auguste-Joscph-Antoine Morlhon-Lavalette. âgé de 33 ans, chargé d'une
famille composée de sa femme et de trois enfants, a tenu en cette ville
une maison d'éducation ou pensionnat et, malgré ses efforts, il a fait
des pertes et n'a pu maintenir son établissement. »
SAINT-JEAN DE JÉRUSALEM
La G.-. L.*. fonda cet atelier en 1760 en faveur du vén.*. m.'. Sales.
Il fonctionnait encore en 1779.
SAINT-JEAN DE LA MODESTIE
En 1762, la G.*. L.\ fonda cette L. \ en faveur du vén.'. m.'.Devinck.
Elle était en vigueur en 1779.
La même année, une autre L*. était fondée en faveur du vén.". m.',
de Fonlenay. Elle n'a pas laissé de traces.
En 1766, d'après un brevet de Beauchaine, Passerat de Montleduc,
grand inspecteur, grand élu, vén.'. constitué de la L*. de Dunkerque.
tenait aussi celle de la Parfaite Union à Giessen.
SAINT-GEORGES
Cette L.*., fondée à une époque inconnue, n'a pas laissé de traces.
FALAISE
SAINT-AUGUSTIN DE LA PARFAITE UNION
La G.*. L '. fonda cet atelier le 12 octobre 1764 en faveur du vén*.
m.*. Rioult, procureur au bailliage. En 1766, elle se composait de
20 membres recrutés dans le clergé, la noblesse et la bourgeoisie. Cette L.'.
était, parait-il, de mœurs sévères. Le 30 décembre 1765, elle expulsait
Solan, cordelier, pour s'être absenté pendant trois tenues consécutives et
dont la conduite était irrégulière. Les causes qui font expulser, le 29 octo-
bre 1766, le vén. . Rioult sont moins contradictoires : il était accusé de
mépriser la f. *. m.*, et de ne pas avoir des mœurs pures et irréprocha-
bles Le P. Leclerc, religieux prémontré, est aussi expulsé pour cause de
refus malhonnête de payer ses contributions et amendes maçonniques.
En 1766. à la mort du Dauphin, la L.*. fit célébrer un service funèbre
dans l'église des Prémontrés.
128 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Cette L '. travaillait encore en 1779.
Parmi ses membres figuraient : Angot de Coysel, procureur au bail-
liage; Le Febvre du Buisson ; de Vertonville ; de Sçay ; Filleul de la
Moite ; Lessassier de Boisauné ; du Rocher, lieutenant général du bail-
liage et les ff.\ Prémontrés : Castel, Chatel, Boulanger et Mesnil.
FIGEAC
SAINT-PAUL DES VRAIS AMIS
Constituée par une puissance inconnue le 20 février 1769, cette L.". fit
renouveler ses titres parle G.-. 0.\ le 19 juin 1777.
En 1760, elle comptait 20 membres. Ses vén.'. furent : Raymond du
Fau, lieutenant général civil d'épée et criminel au sénéchal 1776-1779 ),
et Delzhens, médecin (1785-1789).
De 1776 à 1785. son secrétaire fut Vénisié aîné procureur au sénéchal
et au bureau de l'élection ; en 1788-9, il était remplacé par Pezet de
Marmon.
Le député fut le baron de Roquefort.
En sommeil pendant la Révolution, elle reprit ses travaux sous l'Em-
pire. En 1808, son vén.*. était Serres, pharmacien, et son député,
David.
FOIX
JOSUÉ
D'après M. Baader (Martines de Pasqually , xx), cette L.'., qui était
celle de Pasqually, aurait pris le nom de Temple des Elus écossais.
GLANFEUIL
TENDRE ACCUEIL
Lorsque la G.'. L. ". reconstitua cet atelier en 1772, elle l'autorisa à
prendre rang du 20 juin 1770. Le 12 janvier 1775, le G.'. 0.\ ne recon-
nut ses travaux quà partir du 1er décembre 1774. Le Contrat social
reconstitua à nouveau cet atelier le 24 mars 1779.
En 1776, cette L.*. avait 19 membres.
Ses vén.-. furent : Le Grand, bénédictin, prieur de l'abba\Te de Saint-
Maur-sur Loire (1775-1779, ; Boulnoy (1781 ; Auguste Lary, feudiste
(1785) ; Saillant, conseiller au grenier à sel (1788) ; et Daburon de
Mantelon, doyen de Saint-Pierre (1789).
Ses secrétaires furent : Pailîart, procureur de la communauté des Au-
guslins d'Angers ; Blanchard de Pégon, receveur particulier des finances ;
Dupont, provincial des Augustins ; Métairie et Saillant.
De 1776 à 1788, son député fut Théaulou. et en 1789, Gaume Augustin,
procureur général de la congrégation, aumônier du roi.
En 1773, sur son tableau figurent : vén,*., Legrand, bénédictin, proc.
abbaye Saint-Maur-sur-Loire ; lcl> surv.'., Wiot, chanoine cathédrale
Angers, officiai ; 2a surv.*., Davy, bénéd., proc. abbaye Saint-Maur ;
LOGES DE PROVINCE 12;)
orateur, Waillant de la Motte, chan. cathéd. Angers, théologal ; secret.*.,
Paillarl, atlgustin, proc. maison Angers ;1M exp.*., Joulain, ing. géog. ;
très ., Dupont, augustin, définiteur ; 2« exp.'. Grappet, augustin,
prieur à Angers ; Bachelier, chan. collégiale Saint Pierre, terrible ;
Labry, bourgeois ; Roberdeau, cons. du roi, lient, part, civil ; Boulnoy,
chan. cathéd. Angers, promoteur ; Dupin, bénéd. abbaye Saint Maur ;
Giroust, diacre ; Dureau, bénédictin, proc abbaye Saint-Florent- de-
Saumur ; Terrien de l'Epinay, chan. collégiale royale Saint-Martin
d'Angers ; de Maury d'Aynous, oll'.'. meslre de cp. cav., chev. Saint-
Louis ; de Perricart, bénéd., sous-prieur Saint-Maur ; Sauldubois de la
Ghalinière, anc. oll". marine.
Avant 1789, on relève les noms suivants : Daburon de Mantelon,
chan. Saint-Pierre Angers : Verne, sous-prieur augustins ; Simonin de
Vcrmondan, prieur de Balac ; Aubry, chanoine de Saint-Martin ; Bros-
sier, archidiacre ; Lenoir, chan. Angers ; Le Coursonnays, bénédictin ;
Blisson, bénédictin ; Blanchard de Pegon ; Trouillet de Bléré ; Lechat
de Tessecourl ; Lepagneuil de Rillé ; Lemarié de la Crossonnière ; Auvé
de la Noiraye ; Denis de Brillemont ; Lemarié, baron de Chivré ; des
Portes de Linières ; Pissonnet de Bellefonds des Touches ; de la Chaise
de Martigny; Allait du Haut-Plessis ; Simonot de Vertenay ; Gaudin de
Bois-Robert ; Bossareil de Ribon ; Touzé du Bocage ; de Bellefonds ;
de Beautru ; Pays de Breil ; Foussier de la Cassinière ; de Lépinay ; de
Launay ; Morin ; Boulnoy.
Le Tendre Accueil continua ses travaux jusqu'en 1792.
Le 22 octobre 1802, cette L.'. demanda à reprendre ses travaux. A
cette date elle ne se composait que de 8 membres : Desmazières ; de
Launay ; Marne, imprimeur ; Joubert-Bonnaire, maire ; Touzé du
Bocage ; Brossier et Dupont, prêtres ; Falloux, propriétaire. En 1805,
son tableau portait 41 membres, lorsque le 24 mars elle inaugura dans
son nouveau temple le buste de Napoléon Ier ; en 1806, elle se composait
de 59 membres, parmi lesquels le général Lacour ; mais sa décadence
fut rapide et en 1812 elle n'avait plus que 28 membres.
Sous l'Empire, ses vén.*. furent, en 1808, Desmazières père, juge à la
cour d'appel, et en 1813-4, Joubert-Bonnaire, membre du Corps législatif,
ex-maire.
Son député fut le fameux révolutionnaire Alexandre, commissaire
ordonnateur des guerres, chef de la 5e division de l'administration des
droits réunis, 30, boulevard Montparnasse.
GRENADE (Fort-Royal, île de la)
TENDRE FRATERNITÉ
Lorsque cette L.*. fut constituée le 29 août 1779, on rappela ses travaux
commencés le 23 décembre 1764. Les vingt premières années de l'exis-
tence de cette L.- . n'ont pas laissé de traces.
De 1785 à 1790, elle eut pour vén.*. Molenier, ingénieur en chef,
commandant le 2e quartier du bataillon de Fort-Rojal et pour secrétaire
Saulnier, notaire.
Disparu pendant la Révolution, cet atelier ne reprit pas ses travaux.
430 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
GRENOBLE
PARFAITE UNION
Cette L.-. fut constituée par la G". L.'. le 1er mars 1766 et en 1768 en
faveur du vén .' . m.\ Perier fils. Le G*. O.*. renouvela ses titres le
21 septembre 1780.
Ses vén.'. furent : Bilon, maître en chirurgie (1785): Rosset,
premier secrétaire des ponls et chaussées en Dauphiné (1788;, et Dumirail.
receveur principal des domaines et bois (1789). De 1785 à 1789, son secré-
taire fut Rey, commis à la recette générale des finances, et son député
Jamart, sous-chef des domaines.
En 1779, le président Barrai de Montferrat était son orateur et en
1781 on initia dans cette L.". les abbés de Barrai et de Pina.
Ensommeil pendant la Révolution, elle repritses travaux sous l'Empire.
En 1807, ses officiers étaient : Odouard, juge à la cour d'appel, vén". ;
Allemand-Dulaurou, 1er surv.\ ; Botut, inspecteur, 2e surv.\ ; Dye-
Dalissan, juge, orateur ; Mauclerc, maître des cérémonies ; Bret, tréso-
rier ; Graingeat fils, négociant, élémosinaire ; Ro3r-Benoît, garde des
sceaux, timbres et archives.
Odouard fut vén. * . jusqu'en 1815.
Le député pour la L*. et le chapitre était Prié, 13, rue Marivaux.
GUADELOUPE (LAj
ANTIGUE (à la Pointe d'Antigue)
Fondé le 1er janvier 1766 par la G.'. L.'., cet atelier fit renouveler
ses titres par le G.*. O. ' . le 6 juillet 1775. En 1776, elle était composée
de 20 membres.
Ses vén.". furent : de la Montaigne, capitaine d'artillerie (1776) ;
Bourdon, capitaine d'artillerie (1777-1789). Son secrétaire de 1776 à
1789 fut Bellanger, négociant, officier de la milice, et son député,
Tassin, banquier, et à partir de 1785 Desroches l'aîné, avocat au
Parlement.
SAINT-JEAN D'ECOSSE (Rasse-Terre)
Cette L.*. fut constituée le 12 février 1768 parla G.'. L.'. et renouvelée
le 9 mai 1774 par le G.-. O.*. Son tableau contenait 22 membres en 1776
et 30 l'annnée suivante.
Ses vén.*. furent : le comte de Prael-Surville, chev. de Saint-Louis,
commandant le quartier du Parc (1776-1785), et Guillermin, avocat au
Parlement de Dijon (1788-9) ; ses secrétaires : Deshaye et Rolland ; son
député : Gorguereau, puis Masein père, négociant.
Entrée en sommeil pendant la Révolution, elle reprit ses travaux sous
l'Empire. Roydot, notaire et greffier chef, fut sou vén.'. en 1808. En 1813,
il était remplacé par Gaudrie fils, négociant.
RONNE AMITIÉ aux Abîmes (Grande-Terre)
Lorsque le G.'. O.*. constitua cette L.'., le 18 mai 1775, à la date du
21 janvier précédent il rappela ses travaux commencés le 11 juillet 1770.
I OGES DE PROVINCE 431
Dès 1776, celte L '. comprenait 36 membres. De cette époque à 1781),
elle eut pour vén. ' . Dupuy, directeur des domaines; pour serre- la ire,
Balliaa de Galand, et pour député, Jouve, ancien officier du G.*. O.'.
Cette L.*. disparut définitivement au début de la Révolution.
lit MANITÉ (au Moulle)
Le 31 août 1775. le G.*. G\\ constitua cette L*. jiour prendre rang du
120 août 1770. En 1776, elle comprenait 12 membres et 17 l'année sui-
vante.
Ses vén.*. furent : Guillotin de la Vigerie, ancien capitaine d'infan-
terie (1776) ; le comte de Vipart (1777-1788) et Dehaisvouet, maître en
chirurgie (1789). Ses secrétaires étaient : Grosnier de Moterfil (1776) ;
baron de Hault (1777) et d'Andouin, commandant d'un bataillon de
milices (1785-9). Son député de 1776 à 1789 fut Guillon, ancien procu-
reur du roi à la Guadeloupe.
Un chapitre fut annexé à cette L.*. Le brevet des constitutions capitu-
laircs est daté du 11 novembre 1790 pour prendre rang du 30 août 1789.
Il fut signé le 21 février 1791 par les membres des trois chambres du
G.-. Gv.
Cet atelier entra probablement en sommeil pendant la Révolution. Il
était en vigueur sous l'Empire : Labat, officier de santé, présida ses
travaux de 1808 à 1814. Pendant cette même période, son député était
Fouquier, receveur de l'enregistrement.
HAVRE (LE)
SAINT JEAN DU HAVRE
Cette L.'. fut constituée en 1744, par la G.\ L.*., en faveur du vén.*.
m.-. Lenoble. Elle n'a pas laissé de traces.
La même année une autre L.*. était également fondée par la même
puissance en faveur du vén.*. m.*. Doyen. On ne sait rien de cet atelier,
pas même son titre.
FIDÉLITÉ
D'après M. de Loucelles, cette L.'., la plus ancienne du Havre, aurait
été fondée en 1744, en faveur du vén. ".m.*. Ursin Le Doyen, Ses travaux
remonteraient à 1739 Comme en dehors des L.'. que nous avons citées
précédemment, il y en eut une autre fondée pendant cette même année
1744 en faveur du vén.'. m.*. Bachelier ; à défaut des constitutions pri-
mitives, il est difficile de déterminer positivement lequel de ces vén.*.
fut le fondateur de la Fidélité. Il serait possible et probable même que,
par la suite, ces divers maîtres de L.". aient participé à cette fondation,
soit par fusion, soit par élimination à la suite de décès successifs.
Quoi qu'il en soit, la Fidélité comprenait 24 membres en 1776 et 35,
l'année suivante. Le G \ O.*. avait renouvelé ses constitutions le 2 dé-
cembre 1774 en l'autorisant à prendre rang en 1744.
Ses vén .*. furent : Lenoble (1773-1775) ; Jorel de Parmentier, con-
trôleur de la manufacture des tabacs (1776) ; Le Bourgeois, négociant
1777-1785), et Allègre, négociant (1788-9). Ses secrétaires étaient : Le
432 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Bourgeois (1776) ; Rajot, entreposeur des tabacs (1777), et Guérard, négo-
ciant (1785-1789).
L'abbé Pingre fut son député, de 1776 à 1785, et Delaville, docteur en
droit, chevalier du Christ, officier du G.\ 0.\ en 1788 9
Parmi ses membres, avant la Révolution, figurent : Jorel de Parmen-
tier ; Planchon ; Leriche de Langerie ; Le Bourgeois ; Serry de la
Fraye ; Rouhir ; d'Introuz ; Véron ; Berlhaut ; Rollin de la Farge ;
Hérault ; Bachelet ; de l'Aunay ; Perial ; Loisel ; Lemerle ; Potier de
Glatigny ; Hérault fils ; Cirier le jeune ; baron de Fargan ; Drouet ;
Cirier l'aîné ; du Tertre ; Desfontaines ; la Coudraye ; Dauphin ; Le
Bourgeois ; marquis de Fayel ; comte d'Atala3ra ; Le Peletier de Feu-
musson ; Lestorey de Boulogne ; de Limoges du Tuy ; de Mauclerc ;
Painpel de Hengueville ; Le Prévost de Tournion ; de Boulongne ;
Ignace, curé de Grandchamp en Caux.
La Fidélité conserva son activité pendant la Révolution. Elle eut pour
vén.\ : Allègre, négociant (1800-1808), Lacorne, avocat 1813-4). Elle
changea fréquemment ses députés : Chereau (1800) ; Oudet (1802-1808J,
et Carbonnet, vérificateur et inspecteur des lits militaires (1813 4).
UNITÉ
D'après M. de Loucelles. cette L.., qui remontait à 1766, aurait délivré
un diplôme de maître, le 1er novembre 1768, à Philippe-Etienne Odièvre.
Cet atelier n'a pas laissé d'autres traces.
SAINT-JEAN DE LA CONSTANCE
Cet atelier fut fondé par la G.". L.\ le 2 octobre 1768, en faveur du
vén.\ m.'. Broutier. Elle existait encore en 1789 et disparut définitive-
ment pendant la Révolution.
HESDIN
FIDÉLITÉ
D'après MM. Savine et Bournand (Thermidor, p. 39), Robespierre
aurait fait partie de cette L.\. Elle fut constituée probablement par une
puissance jacobite, le 17 juillet 1749. Ses constitutions furent renouvelées
le 10 décembre 1772 par la G.'. L.\ et le 11 août 1774 par le G.-. O.*.
En 1776, elle comprenait 28 membres et 31 en 1777. Ses vén.*. furent :
André, rentier (1776) ; de Loches, capitaine au régiment de Diesbach
(1777) ; Jacquemont du Donjon, avocat (1785) ; de Saint-Martin, capi-
taine au régiment de chasseurs (1788), et Bellevre, avocat (1789 . Ses
secrétaires furent : Ledoux (1776) et André 1777-1789 . Ses députés
furent nombreux : Carbonnel, avocat au Parlement, officier honoraire
du G.-. O.*. (1776-7) ; Laffilard (1785 8) ; Leroy de Frontigny, ancien
écuyer du roi (1789).
Cette L.\ entra probablement en sommeil pendant la Révolution. Un
ancien militaire, de Vadicourt, fut son vén.". en 1808 et en 1813. Claude
Blin, ancien officier d'infanterie, le remplaça en 1811 et 1814. Elle eut
successivement pour député pour la L.\ et le chapitre, Kienlin, officier
honoraire du G.\ Ov. (1808-13), et Forcade de la Roquette, juge de paix
du 12e arrondissement en 1814.
LOGES DE PROVINCE 433
La correspondance de celte L.\ était adressée sous le couvert de
l'anagramme Efidelit.
LANGRES
SAINT-MICHEL DU BON-ACCORD
Celte L.\, fondée à une date inconnue, n'a pas laissé de traces.
LAUTERBOURG
CANDEUR
Cette L.'. délivra un brevet le 15 novembre 1770. Ce brevet est signé
Savagner, m.*, en chap.". S. P. R.-j- vén.*. ; Modérât, secrétaire élu ;
Gabel, 1er surv.'. élu ; Lievretle, élu, et Eger. Cette pièce est sem-
blable à celles de cette nature délivrées par Beauchaine. Nous n'avons
pas trouvé d'autres traces de cette L.\,qui fut peut-être une L.'. militaire
ambulante.
LIBOURNE
SAINT-JEAN
La G.'. L.*. fonda un atelier sous ce titre en 1762, en faveur du vén.*.
m.*. Tisame père. Cette L.'. existait encore en 1779.
AMITIÉ
A une date inconnue, la G.*. L.'. fonda cet atelier en faveur du vén.*.
m.*. Jean Gris. Cet atelier fonctionnait encore en 1779.
Une autre L.\ fut également fondée avant 1779 par la G.*. L.*., en
faveur du vén.'. m. . Rupain. Cette L.*. n'a laissé aucune trace, pas
même son titre.
LIGNY
En 1779, fonctionnait un atelier fondé par la G.-. L.'. le 19 août
1752, en faveur du vén.*. m.'. Duprat. Cet atel.\ n'a pas laissé de traces.
ERÈRES ZÉLÉS
Cette L.-. fut fondée le 4 février 1767 par la G.'. L.'., en faveur du
vén.*. m.*. Le Semelier, seigneur du Isard. Le G.'. 0.\ la reconstitua
le 17 septembre 1778. En 1776 et en 1785, Le Semelier était encore son
vén.*. Elle avait pour secrétaire de Nattes de la Calmontié. Cette L.*.
était en sommeil en 1788. Elle ne reprit pas ses travaux.
LILLE
SAINT-JEAN ANCIENNE ET SAINT-JEAN DE LILLE , réunies A LA
VERTU TRIOMPHANTE formant L'HEUREUSE RÉUNION
L'historique de ces L.*. est d'une grande complication.
La G.'. L.*. formait en 1744, à l'0\ de Lille, deux L,'. : Saint Jean
de Lille, le 6 novembre, en faveur du vén.*. m.'. Friat, et le 26 suivant,
Saint-Jean Ancienne, en faveur du vén.-. de la Porte. Les patentes de
LA FRANC-MACONNERIE. — T. I. 28
434 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
celte première L.*. furent renouvelées en 1753, en faveur du vén.'. m.*.
Zambault. C'est de la réunion de ces deux L.-. que sortit l'Ancienne
Saint-Jean, que le G.'. 0.*. reconnut le 4 avril 1774 en lui accordant de
prendre rang du 6 novembre 1744. Plus tard, la G.'. L.*., le 16 juin 1764,
fonda la Vertu Triomphante, en faveur du vén.*. m.'., Panckouke que le
G.-. O.*. reconnut le 15 novembre 1773.
Enfin l'Ancienne Saint-Jean .et la Vertu Triomphante fusionnèrent le
14 juin 1775, sous le titre de l'Heureuse Réunion.
Cependant, 29 dissidents de l'Ancienne Saint Jean continuèrent leurs
travaux jusqu'en 1776 sous le marteau de Poisson des Londes, coloneL
d'infanterie et ingénieur en chef. 11 avait pour secrétaire Rivière, em-
ployé à l'intendance, et le baron de Toussainct comme député. Il est pro-
bable que ces dissidents fusionnèrent avec l'Heureuse Réunion en 1777,
car on retrouve plusieurs d entre eux par la suite parmi les membres
de cette L.*.
Parmi les membres de l'Heureuse Réunion figurent en 1775 : Fontaine
de Biré ; Alix ; Veyrard de Lorme ; Mesplet ; Lefebvre de la Basse-
Boulogne ; Diedeman ; Petitpas ; le marquis de Guistelle ; Vauzeler de
Santés et Widhem, notaire. Les vén.*. de cette L.\ furent :
Capron, négociant et échevin (1776) ; Poisson des Londes (en 1777 et
1788-9) et Cot, directeur général des vivres en Flandre, Artois et
Picardie. Ses secrétaires furent Widhem, Rivière et Frey, pension-
naire du roi. Ses députés furent Savalète de Lange et Rivière.
Parmi les membres de la Vertu Triomphante figurent, de 1773 à 1775 :
Simon Brest ; Charles Panckouke ; Philippe Dehun ; J.-B. Hallul ;
Beaussier ; de Monthinot; Samin ; Cannet ; de la Louvelaye ; le Page ;
Le Dieu ; Gosselin aîné et jeune ; Rivière.
Il est probable que pendant quelques mois un petit nombre de mem-
bres de cette L.#. continuèrent séparément leurs travaux dans une loge
qui prenait le titre de Triomphante.
L'Heureuse Réunion disparut définitivement pendant la Révolution.
UNION INDISSOLUBLE
Cette L.\ fut constituée probablement par une puissance jacobite en
1746, en faveur du vén.*. m.'. Mariage. La G.-. L.-. la reconstitua le
19 octobre 1760, et le G.*. O.'. le 15 novembre 1775. Cet atelier, qui
comprenait 18 membres en 1776, était présidé par Capron, Widhem était
son secrétaire. Elle cessa définitivement ses travaux vers 1780.
Vers 1764, la G.'. L.'. fonda un atelier dont on ignore le titre, en
faveur du vén.*. m.'. Calvet de Rochemoulit. Il semblerait que cette
L.-. existât encore en 1779.
GRANDE LOGE ÉCOSSAISE
En 1750, une Mère Loge aurait existé sous ce titre. (Voy. Rouen.)
AMIS RÉUNIS
Cette L.-. fut constituée le 15 juin 1766, par la G.-. L.*., en faveur du
vén.-. m.'. Abrissi. Elle fut reconnue par le G.-. O.'., le 20 février 1777.
En 1785, un chapitre fut souche à cet atelier.
LOGES DE PROVINCE 135
Les Amis Réunis comptaient 19 membres en 1777 : le vén.-. était
Dathisj artiste ; le secrétaire, Cuvelier, négociant, et le député, Jouve
ancien officier de frégate du roi.
En 1785, le vén.\ était Rousselle, négociant, et en 1788-9, Datbis jeune,
négociant. Son député était JeofTroy, archiviste.
lui sommeil pendant la Révolution, les Amis Réunis reprirent leurs
travaux sous l'Empire. Cette L.\ eut pour yen.*. : Fleury, directeur des
postes (1800-1802) ; Malo, négociant (1808); et Vanachère, négociant
(1813 4). Elle eut successivement pour députés, pour la L '. et le chap.-.,
pendant cette période, Doisy, David et Sallambier. La correspondance
était adressée sous le couvert de l'anagramme : Asim de Surénis.
P A UFAITE INTELLIGENCE
Lorsque cette L.\, qui comprenait 16 membres, fut constituée par le
G.*. O.'. le 29 février 1776, pour prendre rang du 12 octobre 1775, et
en rappelant ses travaux commencés en 1770, on lui réserva la faculté
de prendre rang à la date de son ancien titre si elle parvenait à le
retrouver. Cette L.*. avait alors pour vén.'. le baron de Goer de Hervé,
seigneur d'Haltinues, Herck. Marseroulles, etc., chambellan de Bavière,
conseiller au conseil ordinaire de S.*. A.', le prince de Liège ; son
secrétaire était de Soër, imprimeur et gazetlier, et son député, Millon,
officier du G.*. O.-., conseiller au Châtelet.
Cette L.*. cessa définitivement ses travaux avant 1780.
LIMOGES
GRANDE LOGE ÉCOSSAISE.
En 1750, une Mère Loge aurait existé sous ce titre. (Voy. Rouen.)
FRÈRES UNIS
La G.'. L.-. constitua cet atelier le 4 février 1767, en faveur du vén.*.
m*. David, avocat au Parlement, qui fut le secrétaire de la L.\ de 1776
à 1790. Ses vén.-. furent Petit, receveur des tabacs (1777 et 1789) ;
Fournier, avocat (1785) ; Nouailhier, négociant (1788). Son député fut, au
début. Barbou-Descourières, négociant, frère de l'imprimeur, puis Tassin
de l'Etang.
En 1791, cette L.-. cessa définitivement ses travaux.
PARFAITE HARMONIE
La G.-. L.#. constitua cet atelier le même jour que les Frères Unis
(4 février 1767), en faveur du vén.*. m.'. Massier. En 1779, elle était
encore en vigueur. Depuis elle n'a pas laissé de traces.
LISIEUX
SAINT-PHILIPPE DE LA CONCORDE
Constituée le 9 juillet 1770, par une puissance inconnue, probablement
G.\ 0.\ de Bouillon, cette L.*. fit renouveler ses titres parla G.'. L.'.
436 LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
S
le 10 décembre 1772, et par le G.*. 0.\ le 9 décembre 1774. De cette
dernière date à 1778, époque de la disparition de cet atelier, elle eut pour
vén.\ m.*, le chevalier de Beaumont, pour 1er surv.\ de Nocey et
pour 2e surv.\ de Parfouru.
LOCHES
CŒURS UNIS
Cette L.'. fut constituée le 7 mai 1765, par la G.*. L.\, en faveur du
vén.\ m*. Robillard et renouvelée par le G.*. 0.\ le 30 octobre 1777.
Elle avait alors pour vén.-. le comte de Marolles, écuyer de la main de
Monsieur, pour secrétaire Paulquin, feudiste, et pour député Gabon,
avocat au Parlement.
Bien que les Annuaires du G.'. 0.\ indiquent que cette L.'. n'était
pas en vigueur de 1785 à 1789, j'ai eu en main un brevet de cette L.-.
du 29 avril 1790, signé : Henry ; Denoisay ; Louis de Marolles ; Hanic-
que ; Gabori ; Paulquin ; Jacquier de Soupart : Saint-Chéron de
Saint-Etienne ; comte Jules de Marolles ; Nau ; Prévost-Desnoka ; de
Pemyn ; de la Ferrière ; Gaulin et Auroux.
Cette L.'., disparue peu après, ne reprit pas ses travaux.
LONS-LE-SAULNIER
UNION PARFAITE
Cet atelier fut constitué en 1763, par la G.*. L.*., en faveur du vén.'.
m,*. Gaudinot. Il était encore .en vigueur en 1779.
ÉGALITÉ
La G.*. L.'. fonda cet atelier le 17 juillet 1766, et le G.*. 0.\ renou-
vela ses constitutions le 7 août 1777. A cette date, la L.\ comprenait
25 membres. Son vén*. était le chev.\ de Longeville, chevalier d'hon-
neur de la chambre des comptes, et son secrétaire Jousrandot, avocat.
De 1785 à 1789, ces deux officiers furent remplacés par Ferdinand, avocat,
et Gorin.
Cette L.*. disparut définitivement pendant la Révolution.
LORIENT
UNION
Les constitutions primitives de cette L.*. datent de 1744. La G.*. L.-.
les renouvela le 17 décembre, 1760 et le G.\ O \ le 4 décembre 1777.
Les 33 membres qui la composaient étaient présidés, en 1777, par
Cordé, négociant, et en 1788 -9, par Chaumat, commissaire de la marine
espagnole.
Les secrétaires furent : Galabert, négociant (1777) ; Durnay, commis
de la marine (1785-8) ; et Bijotat, négociant (1789).
De 1777 à 1785, son député fut Trudon des Ormes, et en 1788-9,
Pescheloche.
LOGES DE PROVINCE 137
L'Union cessa ses travaux pendant la Révolution et les reprit de
bonne heure.
Ses vén.*. furent : Garnier, négociant (1800) ; Ducrano (1802) ; Letour-
ncur, receveur principal des douanes (1808) ; et Pierre, avoué (1813,.
Son secrétaire était Bardon et la correspondance était adressée sous le
couvert de l 'anagramme Novin.
Son député pour la L.\ et le chapitre fut Defondeviolle (1800-2), et
Laugiers-Villars (1808-1813).
SAINT JEAN DE LORIENT
Constitué le 5 décembre 1760, par la G.*. L.\, en faveur du vén.\ m.*.
Poupart de Beaubourg, cet atelier était encore en vigueur en 1779.
HEUREUSE ALLIANCE
Cette L.'., dont on ignore même la date de constitution, n'a pas laissé
de traces.
LUXEUIL
RÉCONCILIATION
C'est en faveur du vén'. m.'. Aubry que le 3 juin 1766 la G.*. L.*
fonda cet atelier, qui en 1779 était encore en vigueur.
LYON
GRANDE LOGE ÉCOSSAISE
En 1750, une Mère Loge aurait existé sous ce titre. (Voy. Rouen.)
PARFAITE AMITI ,
On ne peut séparer l'historique de cette L.*. de celui des Vrais Amis
et de la Parfaite Réunion.
La Parfaite Amitié, constituée par la G.*. L.'. le 21 novembre 1756, en
faveur de J.-B. Willermoz, fusionna le 10 octobre 1766 avec les Vrais
Amis fondée le 13 juillet 1761. Ces L.". prirent le titre de les Deux L.'.
réunies et, à partir du 4 juillet 1782, celui d'Amis de la Vérité. En 1784,
la Parfaite Réunion vint à son tour se fondre dans les Amis de la Vérité.
Lorsque la Parfaite Amitié fut constituée par la G.'. L.'. depuis trois
ans, ses travaux étaient présidés par Willermoz, qui conserva le maillet
de vén. jusqu'en 1761 (1). En 1761, il fut remplacé par Rozier ; en 1762,
par Antoine Bouchet ; en 1763-5, par H. Belz, et en 1764-5, par Jacques
Bridant, bien que les constitutions aient été renouvelées en 1765, en
faveur de Belz.
Après la fusion avec les Vrais Amis, les vén.'. furent : Antoine-Marie
Burlat, notaire (1767) ; Jean Nicolas de l'Horme, négociant (1768) ;
Pierre Chaix (1769) ; Louis-Antoine Boyer du Bouquet, médecin (1773) ;
Faure, négociant (1776) ; Monges, négociant (1777).
(1) Il est probable que, dès 1744, Rozier précéda Willermoz comme
vén.'. m.*, de cette L.'.
438 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Le G.-. O.*. avait renouvelé les constitutions des deux L.\ Réunies le
25 mars 1774 : Monges lut de nouveau vén.\ en 1783 ; de Petilchet en
1784 ; Lecamus, receveur des gabelles et greniers de Lyon, de 1785 à
1789. Son député était Deveux, négociant, officier du G.'. 0.\
Cette L.\ se composait de 23 membres de 1760 à 1776, et 48 en 1777;
elle disparut définitivement pendant la Révolution.
En 1787, le tableau de la L.\ se composait des membres suivants :
Vén.\ : Jean-Baptiste-Louis Janon de Souligné, chev.v, directeur des
fermes du roi ; 1er surv.\ : Jean Burtin de la Rivière, ancien officier
d'infanterie, trésorier de France ; 2e surv.\ : George-Zacharie Dugueyt»
conseiller du roi, notaire ; orat.\ : Jean-Charles Terret, négociant ;
secrétaire : Augustin-Noel Vasse de Rocquemont, entreposeur général du
tabac ; trésorier : Jean- Louis Audrade Maljulien, négociant ; passé maî-
tre, chancelier, garde des sceau, timbre et archives : Antoine-Marie
Burlat, négociant ; maîtres des cérémonies : Antoine Dareste de la
Chavane, receveur général du tabac ; François de Ruolz, lieutenant de
vaisseau, chev. de Saint-Louis et de Saint-Lazare ; Joseph Sepolina
oncle, négociant; Jean -Théodore Rilliet négociant ; hospit.v : Louis Mon-
tagnat, négociant ; Jean François Milliet, négociant ; substitut des surv.'. :
Christophe-Jean Dumont, procureur es cours de Lyon ; substitut de
l'orat". : Claude-François Rousset, écuyer, négociant, substitut du secré-
taire : Jean Bouchardier, négociant ; adjoint du chancelier, garde des
sceau, timbre et archives : Jean-François Milliet, négociant, ex-vén.". ;
Etienne-Gabriel le Camus, receveur des gabelles, président actuel de la
G.'. L.\ P.-. ; passés maîtres, anciens présidents à la R.\ G.-. L.\ P.*. :
André Mongez oncle, négociant ; Jacques de Petitchet, écuyer; décora-
teur : Jean-Baptiste Lanlilly, tapissier ; Aimé de la Roche ; membres :
Matthieu Arnaud-Tison, négociant ; Jean Bousquet, négociant ; Philippe
Journoud, négociant ; Louis Pettota aîné, négociant ; Etienne Farge fils
aîné, officier du point d'honneur, négociant ; Pierre Farge le jeune,
négociant; Claude-Marie Roze, négociant; Emmanuel Desmarlin, négo-
ciant ; François-Jacques Lamarche, négociant; Louis Dubost, architecte ;
Antoine Pons, négociant ; Jean-François Grand, architecte ; Jean-Bap-
tiste Bonneury, chirurgien ; Jean-Antoine Berger, receveur des consigna-
tions ; affiliés et enfants de la L '. : Jean-Baptiste Gayral, négociant ;
Cyprien Pettola le jeune, négociant ; Joseph Sepolina neveu, négociant;
Jacques Verissel, négociant ; Jacques Recamier, négociant : Claude
Baroud, écuyer, avocat du roi au bureau des finances ; Claude-Joseph
Maradan, négociant ; André Blay, peintre ; Pierre Loir, négociant ;
David, contrôleur des gabelles ; affiliés non résidents à cet Orient :
Schattheimer Jacquet, à Chambéry ; Jean Benoit Velmaël, négociant à
Bruxelles ; Louis-Barthelemi comte de Bork, staroste de Lutzen, colo-
nel des hussards, noble Polonais ; Félix Lioy, avocat à Naples ; comte
de Lodron, grand maître de l'hôtel du Saint-Empire ; René-Marguerite
Magol, peintre, à Bordeaux ; Pierre Danloux, peintre, à Paris ; Jean-
George Vandermalhe négociant, à Bàle ; Louis Pessonneaux, à Paris ;
Maurice Marquis Guiraldy de Varene, à Vérone ; Paul Chaix. négociant,
à Cadix ; Pierre-Virgine Roche, négociant, à Paris ; Pierre Valfary, à
Paris ; François de Paule Latapie, inspecteur des manufactures de
LOGES DE PROVINCE 439
Bordeaux ; Jean-Baptiste Vincent d'Hautefage, receveur des gabelles,
fi Saint- Symphorien-le-Château ; Antoine-Joseph Mondon, notaire, à
Saint-Symphorien-le-Ch&teau ; Abraham Joyer, négociant, à Amsterdam ;
Philippe Jeanine, négociant, à Livonrne ; Isidore Creuse, négociant, à
Barcelone ; Pierre Arfilli. gentilhomme de Bologne ; Jean-Baptiste-
Anne Lefebvre, à Paris ; Louis Plumex, négociant, à Lille en Flandre ;
Claude Pezay de Corval, négociant, à l'île Bourbon ; Jean-Baptiste
Mnlide Willersin, à Birmingham en Angleterre ; Léonard Strafforello,
négociant, à Gênes ; Louis Schiaffi, docteur en médecine, à Bologne ;
Jean Baptiste Dareste de la Plagnc, contrôleur général des fermes du
roi, à Vienne : Jean Sciaccaluga, négociant, à Gênes ; comte Butilio
Calini, à Brescia ; marquis Ghérardini, envoyé extraordinaire et minis-
tre plénipotentiaire de S. M. l'empereur à la cour de Sardaigne ; comte
Joseph Trivulsi, de Milan ; comte Caston Bezzonico, secrétaire de l'Aca-
démie des Beaux- Arts de Parme, et chambellan de S. A. R. l'infant duc
de Parme ; Barthélémy, comte F.'.Patellar ; de Revigo, négociant, à
Venise ; député au T.\ R.". G.". O.-. de France : Louis Desveux, négo-
ciant, résidant à Paris, maison du carrossier du roi ; députés à la
T.*. R.". G.'. L '. provinciale : Terrer ; Duguejr ; comité établi pour
le conseil de la L.*. : Terrer ; Dareste ; Le Camus ;de Petitchet ; Burlat ;
Audra de Maljulien ; de Souligné.
VRAIS AMIS
Cette L.'. fut constituée par une puissance jacobite le 10 mars 1760,
en faveur de Paganucci, avant d'être reconnue en 1761 par la G. . L.-.
Elle aurait reçu ses titres d'un dentiste nommé Jean-Antoine Hébert,
arrivé à Lyon en 1759, se disant G.*. M.', des L.'. d'Angleterre, d'Ecosse
et d'Irlande. Cet Hébert, qui recevait des aumônes pour les FF.'. Ecossais
malheureux, fut peu après mis à l'index par les autorités maçonniques
de Paris et de Lyon.
Le 4 mai 1760, les Vrais Amis n'avaient que 11 membres, qui le
26 juillet 1761 furent suspendus par le vén.-. Faure et le 1er surv.'. Scberer.
Nous avons vu qu'en 1766 cette L.\ se réunit à la Parfaite Amitié.
VRAIS AMIS RECONSTITUÉS SOUS LE DIRECTOIRE ÉCOSSAIS
Il est probable que cette L.'. fut formée avec des membres dissidents
des Vrais Amis. Le G. . 0.\ les agrégea le 5 mars 1781, pour prendre
rang du 12 janvier précédent.
En 1785, son vén.*. était Gras, avocat ; son secrétaire, Sandrin, employé
du Consulat ; et son député, Perrin, avocat.
Cette L.-. reprit le titre de Vrais Amis, et en 1788-9 son tableau était
composé des membres suivants :
J.-B Bouvard, anc. oflf. au service d'Espagne, vén.'. ; Jean-André
Roux, av. au Pari., notaire, 1er surv.-. ; Georges Pellichody, nég.,
2e surv.-. ; Jean- François Sandrin, commis au secret, du Consulat et
secrétaire de la Grande Fabrique. 1er surv.'. adj.\ ; Jean-Pierre Razuret,
nég» 2e surv*. adj.\ ; Jean-François Perret, nég., orat.\; Claude
Charbon, receveur à la régie générale, secret.-. ; Jean-Louis Caprony,
insp. des messag., secret.-, adj.-. ; Claude Brachet, receveur des octrois,
440 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
très.*.; Philippe Fiéron, nég., très.*. adj.'. ; hospit.'. et élémosinaire,
J.-B. Durieux d'Esparros, ancien off. inf., ex-vén.\ g.*, des se.", timb.'.
et arch.'. ; Antoine Thibière, teneur de livres, et Anthelme Besson, rece-
veur des coches de Paris, maîtres des cér.'. ; Jean-Pierre Pérouse et
J.-B. Odobé, négociants, m.-, des cér.*. adjoints.
Membres dclaL.'. : Pierre-Antoine Gourioud, Dominique Boucher et
Michel Four, négociants.
Affiliés libres résidents à Lyon : J.-B. Elisabeth Borne, chanoine,
baron de Saint-Just ; Amable Perret, religieux, et Jacques-Philippe
Répons, nég.
Affiliés non résidents à Lyon : Riffé de Caubray, av. aux cons. du
roi, à Paris ; Alexandre de Lucenay, lieut. de maréchaussée à Digoin, et
Louis-Philippe Baillard, insp. des octrois de la Saône, à Chalon.
Enfants de la Loge : Jeau-Marie-Gabiiel Thibière, architecte; Denis-
Frédéric Pillichody cadet, nég. ; J.-B. Boissonnet, nég. à Pétersbourg ;
Marc Binet, nég. ; Vincent Clapisson, nég. Les députés étaient : au
G.\ 0.\ Riffé de Caubray, et à la G.\ L.\ Prov.'. Jean-Antoine Roux
et Antoine Thibière. dép. subs.
Le concierge de la L.\ était Jacques, maison Flandin à Tout-Vent.
L'adresse permanente de la L.\ était : à M. d'Esparros, au bureau
général des octrois de la ville, à Lyon.
PARFAITE RÉUNION
La G.*. L.\ constitua cet atelier le 26 novembre 1765 en faveur du
vén.'. m.-, abbéde Cully. Ses vén.\ furent : Jean-Baptiste Mioche, négo-
ciant (1765) ; l'abbé de Cully (1768) ; Bocary aîné, procureur (1776) ;
Vuarchex, négociant (1778), et François Barre, pharmacien (1784). Le
G.'. 0.\ ayant refusé de reconnaître ses constitutions, en 1783, le 26 no
venibre 1784, les membres de cette L.-. se réunirent aux Amis de la Vérité.
SAINT-JEAN-DE-JÉRUSALEM
Cette L.-., qui fonctionnait en 1756, fut constituée par la G '. L.'. le
15 juin 1758, par le Contrat social le 15 octobre 1781, et parle G.'. 0.\
le 31 janvier 1782, pour prendre rang du 3 octobre précédent. Les tra-
vaux de cette L.*. n'ont pas laissé de traces avant 1780.
Ses vén.'. furent : Gaïet de Lancin ; l'abbé Perrodon, chanoine
de Fourvière (1780) ; de Tulle, de Villefranche, chev.\ de Malte
(1781-1783 et 1786); Gaïet deLaurencin (1784); Baron, greffier général du
comté et cours ecclésiastiques (1785) : Courvoisier (1787-1789) ; Michel,
sous-directeur de la Loterie royale (1788), et Morel, professeur de musi-
que (1790).
Son député était Radel, architecte. Cette L.-. ne comptait pas moins
de 68 membres et 5 frères servants. Sur son tableau, avant la Révolution,
figurent : Michel, sous-directeur de la Loterie royale à Lyon, vén.'. ;
Champeaux jeune, membre du collège 103-al de chirurgie, chirurgien-
major du rég. provincial, Ie1' surv.\ ; Boisset, 2e surv.\ ; Gaïet de
Lancin, av. au Pari., ancien vén.'., orateur ; Flize, chef des bureaux de
la Loterie royale, secret.'.; Poncet, nég., très.'. ; Courvoisier, directeur
des affinages, anc. vén.'., g. des se*. ; Monnet, nég., aumônier infir-
LOGES DE PROVINCE 1 !1
mier ; Belouze, nég., arch. . ; Perrin, bourgeois, Dcschand, nég.) et Alber-
ton, m/, des cérém.'. ; Bachelut, nég., f.'. terr.'. ; Malliot, oid.\ des
banquets ; Béton, aég., et La manière, prof, de musique, arch '. de la
musique ; Duplessis, teneur de livres de l'hôp. gén. de la Charité, or.'.
adj.'. ; Bertrand, premier commis du greffe gén. du comté et des cours
ecclés. de Lyon, adj.'. au secret.'.
Parmi les membres : Baron, greffier gén. du comté et cours ecch's.
de Lyon., anc. vén.'. ; Bruno, nég. ; Bégot, greffier à la Conservation ;
Morel Carrier, prof de musique; Condamin aine, nég. ; Talhand, nég. ;
Lalour, prof de musique. Guillot, nég. ; Chenaud, nég. ; Sallard, prof,
de musique ; Chenavier, commis au secrétariat de l'ass. prov. ; Du
Bouchet, chev. magistral et corn, de l'O.'. de Malte ; Brachct, teneur de
livres ; Carrier de Préneuf, contrôleur gén. des fermes à Tournon ; de
Perrua de Planligny, anc. off. d'inf. au rég. de Guyenne ; Patricot.
Hugenaud, Lafabrègue, Chazard, Rozet, Pourra, Hervier, Morel,
Baloffey, négociants ; Bollioud de Changieu, off. de dragons ; Brondel,
Bey, Leroj', professeurs de musique ; Du Bouchet, prêtre conventuel de
l'O. de Malle, chanoine du Temple à Paris ; Siéyès, ehanoine du chap.
roy. de Pignans ; Thévillon, teneur de livres ; Pignon, prof, de dessin ;
Pelissier, anc. lieut.-col. au service des Et. -Unis d'Amérique.
Vétérans : de Tulle de Willefranche, chev.'. de l'O.'. de Malte ;
de Compezières, col. inf. au service de son ordre, ancien vén.'. ; Potot,
lieut.-col. artil-, chev. Saint-Louis ; Ray, nég. ; Chevrillon, secret, du
roi ; Pernon, prêtre conventuel de l'O. de Malte ; Fontaine, anc. secret,
du coin, des prov. de la général, et de 1 intend, de Lyon ; Radel, archi-
tecte, quai des Ecoles à Paris, dép. au G.'. O.'. au S.', chap.'. métr.'.
du rite écoss.*. et à la T. . R.'. M.'. L.'. E.\ de France ; Champeaux
jeune, et Boisset, députés à la T.'. R.*. G.'. L.\ Prov.*.
Servants : Polycarpe Perrin, concierge ; Antoine Servonnet et Joseph
Janney .
Adresse de la L.'. : à M. Flize, chef des bureaux de la Lot. roy., à
Lyon.
Cette L.'. disparut définitivement pendant la Révolution.
AMITIÉ
Cet atelier aurait été constitué en 1744, par une puissance inconnue,
en faveur du vén.'. m.-. Lorrain ou Lorin. Il fut reconnu par la G.'. L.'.
le 15 juin 1758, avec Jacques Irénée Grandon, comme vén.*. ; Gueidnn,
1er surv.*. ; Jean Meillan, 2csurv.\ ; Bonnichon, orateur; Legris, tréso-
rier ; Barrai, secrétaire ; et Warnet, maître des cérémonies.
Ses vén.'. furent : J. Legris (1761) ; J.-G. Lorin (1762-1703) ; Antoine
Salier (1764 , et G. Bonnichon (1765).
En 1760, figurent parmi ses membres : Jacques Symiaud, 2e sui-y.\, et
Bazucco
Cette L.'.n'a pas laissé de traces postérieures à 1765.
G.'. L. . PROVINCIALE
En 1760 et 1761, les vén.'. M.', des L.*. régulières de Lyon formèrent
le projet de fonder un groupe compact dans la province maçonnique
d Auvergne dont Lyon était la capitale.
442 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Bien que ces espèces de M.*. L.\ aient enlevé à la G.\ L.\ de
Paris, dite G.*. L.\ de France, une partie de ses pouvoirs, celle-ci
accorda les constitutions de la G.*. L.\ provinciale de Lyon, le 18 juil-
let 1761, et le G.'. O". les renouvela le 4 avril 1774 Ne pouvaient faire
partie de cette L.\ que les m.*, de L.\ en exercice ou les passés-maîtres.
Les vén.\ de cette L.\ de maîtres furent : Jacques-Irénée Grandon
(1760) ; Jean-Baptiste Willermoz (1761-1762) ; André Mongez (1763, 1766-
1767, 1775) ; Jean Alquier (1764-1765) ; Sellonf (1768-1772, ; Prost de
Royer (1773) ; Boscary (1776) ; Saincostard (1777-1780 ; et Suchet
(1781-1789). En 1790, cette L.\ se composait de 46 membres présidés par
Ga'iet de Laurencin ; parmi ses membres : Baron, 1er grand surv.\ ;
Gouvoisier ; de Villefranche, commandeur de Malte ; Michel et Morel.
Les députés furent successivement : l'abbé Jardin, Bacon de la Cheva-
lerie et Salivet.
En 1790, la G.'. L.\ provinciale représentait 11 L.\ de Lyon et
3 des environs:
Amis de la Vérité : Duguayt, cons. roi, not.;
Sagesse : Philippon, nég. ;
Parfait Silence : Maupetit, nég. ;
Sincère Union : Boisset, prêtre hab. Saint-Jean ;
Vrais Amis: Thibière, teneur de livres ;
Saint-Jean-dc- Jérusalem : Boisset, nég. ;
Parfaite Harmonie : Ponson, prêtre hab. de Saint-Jean ;
Sincère Amitié : Micaleff, orfèvre ;
Saint-Jean du Patriotisme : Richoud, nég. ;
Régularité : Montellier, nég. ;
Paix : Arnaud, nég. ;
Frères Elus, O.'. Montbrison ;
Parfait Accord, Gv. Villefranche: Desgranges aîné, av. et proc. aux
cours de Lyon ;
Sincérité du secret O.*. de Trévoux, Courvoisier, dh\ affinages de
Lyon et Trévoux.
PARFAIT SILENCE
Cet atelier fut constitué par la G.*. L.\, le 5 décembre 1762, en faveur
du vén.\ m.'. Lenoir, horloger, et à son défaut en faveur de Borde et
des surveillants Ravina et Duchesne.
Les vén.\ du Parfait Silence furent : Lenoir (1760-3) ; Borde (1764) ;
Mathon (1765) ; Faucheux, imprimeur libraire (1775-8 et 1782-3) ; abbé
Raux (1779-81) ; Sébastien Carret, négociant (1784-5) ; Burlat (1786 ;
Beauquis (1787-8) ; et Gagnieur, négociant (1789).
Parmi les membres de cette L.\ figurent : Villard, surveillant ;
Naudeau, secrétaire ; Lenoir, garde des sceaux. Son député était Mail-
lefer.
Cette L.\ cessa de fonctionner pendant la Révolution; neuf de ses
membres demandèrent leur reconstitution au G.\ 0.\ dès le 11 février
1803 ; c'étaient les frères : Philippe Blanc, négociant ; Daval ; Faivre ;
Mathieu Barret ; Rayuard aîné et cadet; Changeux ; Massj'e et Rayuard
père.
Ses vén.v furent : Blanc (1803-5 et 1808-11; ; Claude Maillot, limo-
LOGES DE PROVINCE I 13
nadier (1806) ; Nicolas Barret, instituteur (1807), et le frère de Philippe
Blanc (1812-3). Celte L.\ entra en sommeil de 1814 à 1817. Cependant
pendant l'Empire elle avait été très prospère, ayant de 80 à 100
membres.
Le 5 avril 1800, le Parfait Silence demanda et obtint de soucher un
chapitre h son atelier.
Le député pour la L.\ et le chapitre était Polak (P. Manus), négociant.
Le 28 août 1805, c'est dans son nouveau local, inauguré le 5 mai 1805
que les L.\ donnaient une fête à l'astronome Lalande.
A.GESSE
Celte L.'. fut constituée le 5 janvier 1763, parla G.*. L.'., en faveur de
Jean Alquier, négociant, et renouvelée par le G.*. 0.\ le 25 mars 1774.
Elle était cependant en vigueur depuis 1756 et tenait ses titres d'un
pouvoir inconnu.
Ses vén.*. furent : Willermoz aîné (1756-1760) ; Eynard de Cruzolle
(1761); Alquier 1763 et 1777) ; Jacques Rigollet 1764j ; Durand (1765, ;
Jean-Pierre Suchet (1768) ; Jean-Baptiste Séranne fils (1769) ; Jean
Desgranges aîné (1770 et 1776) ; Saincostard aîné (1771 et 1775) ; Auber-
jounois (1778) ; G. Mayneval (1780, 1782, 1785 et 1788) ; Decroix (1781
et 1783-4) ; Morin fils aîné (1787 et 1789).
La Sagesse disparut définitivement en 1792.
AMIS CHOISIS
Cette L.\ aurait été fondée par une puissance inconnue, en faveur du
vén.-. m.*. Alex. G. Gontard, en 1744. Ses constitutions furent renouvelées
en 1761 en faveur de Jean Pagannuci par la G.*. L.\ Gontard lui suc-
céda en 1763, le marquis de Foudras en 1764. Pagannuci reprit la pré-
sidence en 1765. Il est possible que cet atelier ait continué ses travaux
jusqu'en 1780.
En 1765, la G.*. L. . fonda un atelier dont on n'a pas retrouvé le titre
en faveur du vén.'. m.*. Gérard. Cette L.'., qui n'a pas laissé de trace,
était encore en vigueur en 1779.
unitp:
La G.'. L.1. fonda cet atelier le 27 avril 1766, en faveur du vén.*. m.*,
le comte de Bellemare. Cette L.'. n'a pas laissé d'autres traces.
CHOIX DES HOMMES LIBRES
Le 30 juin 1766, la G.'. L.'. fonda cet atelier, en faveur du vén.-. m.*.
Laurent ; il était encore en vigueur en 1779.
CONSTANCE DE L'UNITÉ
En novembre 1766, la G.". L.\ constitua cette L.-. en faveur du vén.'.
m.'. Raynard ; elle n'a pas laissé de traces.
BONNE AMITIÉ
Un atelier fut créé sous ce titre, à une date inconnue, par une puissance
inconnue.
444 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
MAÇON
PARFAITE UNION
Cette L.\ fut constituée le 28 décembre 1765 par la G.*. L."., en faveur
<?u vén.'. m.*. Ferrand fils ; ses titres furent renouvelés par le G.*. 0.\
le 27 mai 1774. Parmi ses membres figurent en 1775 : de Chabotc ;
Garnou ; Pavalier ; Séré ; Samion ; Martine ; Trécourt cadet ; des
Vignes de Davoyé ; Foylard ; Guillot ; Garnier ; de la Presle ; Poncet ;
Monteval ; Monthiermal ; Peltrat et Blondel.
En 1776, elle comptait 28 membres et 31 Tannée suivante.
Ses vén.". furent : Desbois, grand bailli d'épée (1776 ; et Sevré de
Saint-Romain, trésorier des états du Maçonnais (1777). Son secrétaire
était Rubat, avocat au Parlement.
Le 25 août 1778, elle s'était fait reconstituer par le Contrat social.
En 1785, elle avait cessé ses travaux. En 1807, elle était en instance de
reconstitution, et le 4 mars 1808, un chapitre fut souche à cet atelier.
En 1809 ses membres étaient : Barthélémy-Claude Delavaivre, avoué ;
Henry-Louis Laroux fils, greffier du tribunal de commerce ; Joseph
Huguet, professeur de dessin ; Gabriel-Alban d'Hauteville, docteur eu
médecine ; Clément Rousseau, marchand ; Claude Dupont, officier pen-
sionné, chevalier ; Julien Roustau, négociant ; Jean-Baptiste Chamonard,
négociant ; Jean-François-Laurent Conste, Dr en médecine ; Antoine
Richard, marchand ; Jean-Ange Guillemin aîné, greffier de la justice
de paix ; André Guillemin cadet, commis à la préfecture ; Philibert
Lagrelet, 1er commis du payeur ; Adrien Sébastien Nèple, receveur de
l'enregistrement à Buxy ; Antoine Dclorme, restaurateur ; Antoine Dus-
seuil, marchand de vins ; Charles-Louis-Victor Turbet, paj'eurdu dépar-
tement ; François Derthieux, officier pensionné ; Pierre Vill épique,
capitaine de recrutement ; Laurent Cortey, receveur de l'enregistrement à
Geugnon ; Baptiste Dure puîné, propriétaire à Màccn ; Jean-Baptiste
Desroches, commis chez le receveur général ; Léonard Tussaud aîné,
négociant ; Claude Tussaud cadet, négociant ; Etienne Sancy, receveur
des hospices ; François Testenoire, maire de Loche ; Antoine Chassipollet,
greffier au tribunal de simple police ; Jean Roberjot, caissier du rece-
veur général ; Julien Dure aîné, propriétaire à Davayé ; Jean-Baptiste
Rubat fils, propriétaire à Vinzelles ; Philippe Lombard, négociant ;
Jean-Baptiste Conflans, avocat ; Jean-Baptiste Roy, géomètre ; Charles
Lorin, avoué ; Jean-Claude Perrier, propriétaire à Hurigny ; Louis
Dumont, employé au bureau des hypothèques ; Jean-Baptiste Talmeuf,
maire de Sailly : François Pennelle, capitaine de recrutement à Bourg ;
Jean -Baptiste Farcy, officier de recrutement à Bourg ; Bernard-Marie
Bonnet, négociant ; Jean-Baptiste Bordereau, professeur de musique ;
Antoine Berthet, professeur de musique ; Marie-Anne Ignace Monfra-
beuf-Dubuc, sergent-major au 16e régiment d'infanterie légère ; Joseph
Defranc, colonel pensionné ; Joseph Pascal, sergent-major de la compa-
gnie départementale ; Claude Vcsignet, marchand ; Paul Tondu,
avocat ; François Marchand, propriétaire à Tournus ; Pierre -Etienne
Michel, propriétaire ; Jean-Baptiste Her, commis à la préfecture ; Jean-
Baptiste- Guillaume Billioud, propriétaire à Bourg ; Jérôme Dimier.
avocat à Bourg.
LOGES DE PROVINCE 1 I")
Affiliés libres : François Vaillant, ingénieur ; François Léger, capi-
taine pensionné ; Augustin-Marie] Bazaine, officier de recrutement ;
F.*, servant et concierge : Chapon ;
Firent encore partie de cette L.\ : Jarrin, Augros, Franchizet, Borde-
reau, Chesnard, Pionin, Barjot, Delaeombe, Protat, Hnguet, Duffour,
Alliot Gratacap fils aîné. Verset, Joanin, Delorme,'Aucaigne, Rondet.
Baudot, Tondu, Chamonard cadet, Bergier.
Affiliés : Bordereau, M.-. ; Hubsch, R.\ -f- î Vésinié, M.'. ; Bonnet,
Rivet, M.*. ; Cadot ; Cbesnard, M.*. ; Affilié libre : Masséna, R.'. -f-.
Dignitaires: vén.\, Laroux iils ; 1er surv.\, Delavaivre ; 2e surv.\,
Roustan ; orateur, d'Hauteville ; orateur adjoint, Conflans ; secrétaire,
Lagrelel ; secrétaire adjoint, Duniont ; garde des sceau et archives,
Chassipollet ; trésorier, Boberjot ; maître des cérémonies, Turbet ;
adjoints au maître des cérémonies, Guillemin cadet, Lombard ; Experts,
Guillemin aîné, Dure (Baptiste), Dusseuil ; archiviste préparateur, Rous-
seau ; hospitalier, Deslhieux ; économe, Desroches ; inspecteur des
banquets, Testenoire.
Laroux fut vén.'. jusqu'en 1815.
MARENNES
L'UNION RÉTABLIE
Constituée le 23 août 1756 par une puissance inconnue, cette L.\ fit
renouveler ses titres par le G.\ 0.\ le 6 juin 1777, pour prendre rang
du 25 janvier 1776.
A cette époque, elle n'avait que 7 membres. Son vén.-. était Arnaud,
procureur du roi en lélection ; son secrétaire, Durand, notaire ; et son
député, Parât de Montgeron, ancien commissaire de la marine. En 1785,
son vén.'. était Lortie du Maine, avocat, et son député Potiquet.
L'Union Rétablie cessa ses travaux un peu avant ou au début de la
Révolution. Elle les reprit sous l'Empire.
En 1813-4, son vén.'. était Guérin, avocat ; son secrétaire, Charron,
jeune, receveur particulier, et son député Muraire, grand officier d'hon-
neur du G.\ GV.
MARIE-aALANDE
LA VRAIE FRATERNITÉ
Lorsque le G.'. 0.\ reconstitua cette L.'. le 19 août 1781 pour
prendre rang du 1er août 1770, il rappela ses travaux commencés le
7 février 1768.
Ses débuts n'ont pas laissé de traces. De 1785 à 1789, elle eut pour
vén.*. Douard-Duvivier, médecin ; pour secrétaire, Castayde, officier des
volontaires libres, et pour député Savin. Elle cessa ses travaux pendant
la Révolution et en 18U8 était en instance d'ouverture.
MARSEILLE
MÈRE LOGE ÉCOSSAISE
Nous avons déjà donné en partie l'historique de cette L.". (chap. vu),
qui fut connue d abord sous le titre de Saint-Jean d'Ecosse, elle
446 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
prit par la suite le titre de M.'. L.\ de Marseille, puis celui de M.'. L. .
écossaise de France. La M.\ L.\ résista à toutes les tentatives faites
par le G.'. O.". pour la faire rentrer sous son obédience. Elle occupait
un local superbe à Marseille. Elle constitua les L.*. suivantes : Salon,
Saint-Jean d'Ecosse de la Parfaite Amitié ; Brignolles, Saint-Jean
d'Ecosse des Amis Réunis ; Constantinople, Saint-Jean d'Ecosse de la
Parfaite Union ; Hyères, Saint-Jean d'Ecosse de la Réunion ; Avignon,
Saint-Jean d'Ecosse de la Vertu Persécutée ; Martigues, Saint- Jean
d'Ecosse de la Triple Union ; Martinique (Saint-Pierre,, Saint- Jean
d'Ecosse ; Paris, Saint-Jean d'Ecosse du Contrat social ; Smyrne,
Saint-Jean d'Ecosse des Nations Réunies ; Riez, Saint-Jean d'Ecosse
des Harmoniphiles ; Toulon, Saint Jean d'Ecosse de l'Ecole des Mœurs
et Amis Constants Réunis; Saint-Domingue Jacmel, Saint-Jean d'Ecosse
du Choix des Hommes M.-. L.\ écoss. de Saint-Domingue ; Cadenet,
Saint-Jean d'Ecosse des Amis de la Vertu ; Pignan, Saint-Jean
d'Ecosse des Parfaits Amis ; Draguignan, Saint-Jean d'Ecosse de
la Parfaite Union ; Leu, Saint-Jean d'Ecosse des Vrais Amis ; Saint-
Chamas, Saint-Jean d'Ecosse des Vrais Zéléu ; Salonique, Saint-Jean
d'Ecosse de l'Amitié ; Ile de FraRce, Saint-Jean d'Ecosse ; Cap, Saint-
Jean d'Ecosse des Sept Frères Réunis ; Paris, Saint-Jean d'Ecosse
des Elèves de Minerve ; Libourne, Saint-Jean d'Ecosse de l'Ecole des
Mœurs ; Nevers, Saint-Jean d'Ecosse de Saint-Napoléon ; Cuers, Saint-
Jean d'Ecosse des Amis Constants ; Libourne, Saint-Jean d'Ecosse de
la Sévérité ; Barcelonnette, Saint-Jean d'Ecosse de la Fidélité; Gênes,
Saint-Jean d'Ecosse des Vrais Amis Réunis ; Digne, Saint-Jean
d'Ecosse des Amis de l'Ordre ; Bastia, Saint-Jean d'Ecosse des Amis de
la Paix ; Valensole, Saint-Jean d'Ecosse de l'Unité.
Elle était également affiliée aux L.*. suivantes : Aix, Amitié : Dra-
guignan, Triomphe de l'Amitié ; La Ciotat, Saint-Charles de la Sainte
Amitié ; Arles, Triple Alliance ; Manosque, Ardents des Alpes ; Pertuis,
Triomphe de l'Amitié ; Grasse, Nouvelle Amitié ; Toulon, Paix et Par-
faite Union ; Nice, Vrais Amis Réunis ; Gap, Amitié ; Manosque, Cons-
tance couronnée ; Sisteron, Enfants de Thémis.
En 1801, ses dignitaires étaient : Demadon, vén.\ ; Gravine,
1er surv.\ ; Tarteiron, 2e surv.v ; Girard, orateur ; Parac aîné, secré-
taire ; Crudère père, garde des sceaux.
En 1810, figuraient parmi ses membres : Thibaudeau, préfet, vén.*. ;
Ricordi, vice-président du tribunal, av., 1er surw. ; Antoine, baron
de Saint-Joseph, officier de la Légion d'honneur, maire de Marseille,
2e surv.*. ; Girard, secrétaire général de la préfecture, orateur ;
Dumay, général de division, commandant la 8,! division militaire,
maître des cérémonies ; de Permon, commissaire général de police ;
Ricard, président du tribunal ; et Dejean, général de brigade.
Cette L.-. cessa définitivement ses travaux en 1814.
UNION PARFAITE
Cette L.*. fut constituée en 1765, par la G.'. L.'., en faveur du vén.'
m.*, de Cessey, et fonctionnait encore en 1779.
LOGES DE PROVINCE 117
PARFAITE HARMONIE
Le 11 février 17(56, cet atelier lut fondé par la G.*. L.., en faveur du
vén.'. m.*, de Ccssy jeune ; en 1779, elle était encore en vigueur.
PARFAITE SINCÉRITÉ
Cette L.\ fut constituée par une puissance inconnue le 20 juillet 1767,
en faveur du vén.-. m.*. Desbordes. La G.'. L.'. renouvela ses titres le
10 décembre 1772 et le G.'. Gv. le 15 novembre 1781.
De 1785 à 1788, elle eut pour vén.*. : Paul, tailleur, et en 1789, Noël,
juré-priscur. En 1785, son secrétaire était Philippe Paul, et en 1788-9,
Dubois, coutelier. Son député fut Hurel, payeur des rentes.
En sommeil pendant la Révolution.
En 1802, elle avait pour vén.'. Joseph Bastide, rentier ; pour secré-
taire, Chauffard, libraire, et pour député, Connord, gantier.
En 1808, ces dignitaires étaient remplacés par Dufay, officier de santé,
Serenus-Caj'ol, architecte, et Foraisse.
En 1813-4, le vén.*. seul était remplacé par Vidal, avoué.
PRUDENCE
Fondée en 1765, dès 1769, cette L.\ se fondit dans la M.'.L.*. écoss."
RÉUNION DES ÉLUS
Cette L.'. commença ses travaux en 1767, fut constituée le 11 février
1770, par une puissance inconnue, et fit renouveler ses titres par la
G.-. L.-. en 1772 et par le G.-. Gv. le 22 août 1782.
Ses vén.*. furent : Çyprien Laurency (1785) ; Barthélémy, négociant
(1788), et Deydier, négociant (1789). Son député fut Barbot le jeune,
contrôleur de la Bouche de la duchesse d'Orléans.
MARTINIQUE (la) (Fort Saint- Pierre)
PARFAITE UNION
C'est en 1738 que cette L.*. fut constituée par la G.\ L.'. ; le G.'. Gv.
renouvela ses titres le 11 mai 1775.
On ne sait rien de ses débuts.
En 1776, elle était composée de 17 membres, lorsque la Tendre Fra-
ternité se joignit à elle à la fin de l'année, elle en eut 34. En 1776 et
1777, elle avait pour vén.-. Brunet ; La Faye, capitaine des milices,
occupait ces fonctions en 1785, et Dubuc, major-commandant en 1788-9.
Ses secrétaires furent : Fortin (1776) ; Malespine (1777), et Jean Aude-
bert (1788-9).
Son député Savalète de Lange fut remplacé en 1788 par Bacon de la
Chevalerie.
Cette L.#. disparut définitivement pendant la Révolution.
TENDRE FRATERNITÉ
Constitué par la G.-. L.*., le 19 décembre 1765, cet atelier fut renou-
velé par le G.\ 0.\ le 11 juillet 1774. Au moment de sa fusion avec
448 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
la Parfaite Union, en 1776, Schmidt, commissaire de la marine, était
son vén.\, Coutems, commis au bureau des domaines, son secrétaire.
MEAUX
En 1779, une L.'. était en vigueur à l'O.*. de Meaux, elle avait été
fondée parla G.*. L.*. à une date inconnue en faveur du vén.'. m.'.
Félon de l'Arquebuse.
METZ
PARFAITS UNIS
La G.\ L.-. fonda cet atelier le 27 décembre 1758, en faveur du vén.-.
m.". Précourt. Cette L.". n'a pas laissé d'autres traces.
SAINT-JEAN
Celte L.*. fut constituée le 16 mai 1762 par la G.\ L.*., en faveur du
vén.*. m.*. Tifaine, directeur des vivres ; elle fut renouvelée le 18 octo-
bre 1773 par le G.-. 0.\
En 1776 et 1777, elle comprenait 25 membres, toujours présidés par le
vén.*. fondateur. En 1785, il était remplacé par de Chapes, ancien
capitaine aide-major d'infanterie, lieutenant pour le roi au gouverne-
ment d'Etain ; et en 1788-9, par Bourgeois, échevin, conseiller au pré-
sidial. Parmi ses membres figurent : Mehusier, conseiller correcteur des
comptes ; Lalance, négociant ; Le Payen, secrétaire de l'intendance ; de
la Salle d'Angerville, président à mortier, et Georges, deuxième conseil-
ler au bailliage.
Demachy, maître en pharmacie, fut son député, et Oudet occupa ces
fonctions en 1788-9.
En 1776, elle était sous le directoire écossais. Cette L.-. disparut
définitivement pendant la Révolution.
SAINT-ÉTIENNE
C'est en faveur du baron de Tschoudy que cette L.'. fut constituée le
5 mars 1764 parla G.\ L.*.
CANDEUR
Le 5 mars 1764, la G.*. L.'. fonda cet atelier en faveur de Pince-
maille, qui occupait encore ces fonctions en 1766. La Candeur était en
vigueur en 1779.
SAINT-JEAN DE LA CONSTANCE
Cette L.*. fut constituée le 12 décembre 1765, par la G.-. L.*., en faveur
du vén.". m.", de Gramont. Elle n'a pas laissé de traces.
MOISSAC
SAINT-JEAN
Lorsque le G.*. 0.\ constitua cette L.'., le 3 août 1780, pour prendre
rang du 26 janvier 1779, il rappela ses travaux commencés le 20 déc< ni-
LOGES DE PROVINCE 1 1(.)
brc 17G2. En 1783, figurent parmi ses membres : le chev.-. de Mun,
officier au régiment de l'Ile de France infanterie, grand élu, vén.\ ;
Delpech, conseiller du roi, lieutenant principal au siège de Moissac ;
Durfort, 1er surv.\ ; l'abbé Ducros, prêtre bénéficiaire du chapitre
tic Moissac, 2° surv.*. ; de Cérat, président des requêtes au Parlement de
Toulouse, orateur ; Cayron, avocat au Parlement, secrétaire ; de Grand-
Pré, officier d'infanterie, trésorier ; de Meynard, avocat au Parlement,
maître des cérémonies ; de (iardeyre, sr de Mallepe3Tre, expert ; de
Couché, médecin, et l'abbé de Bidereau, chanoine de Moissac, hospi-
taliers ; Jacques de Mun, capitaine de dragons, chevalier d'0.\, prince
de Jérusalem.
De 1785 à 1789, le vén.*. était Delpech, et le secrétaire, Plantade,
avocat.
Cette L.'. disparut définitivement pendant la Révolution.
MONTAUBAN
BIENFAISANCE
Cet atelier commença ses travaux en 1745 sous une puissance incon-
nue. Il ne fut constitué par la G.-. L.-. que le 10 février 1772 et par le
G.'. Gv. le 15 avril 1774.
En 1775, figuraient parmi ses membres : delà Combe ; Dralhe ; de
Raismes de Donique ; Saint-Genier ; Pernon ; Coffinhal ; Ranly de
Bonnefon ; Portai ; Rigail ; Ranty et Bastard. Ses vén.*. furent :
de Raisme de Donique, trésorier des troupes en 1776-7 et Ramond de la
Bastide, trésorier des ponts et chaussées en 1785. Le député en 1776
était Pyron et en 1777 de la Combe, président de la Cour des aydes et
finances de Montauban. Dès 1788, cette L.*. n'était plus en vigueur ;
elle ne reprit jamais ses travaux.
CONCORDE
Cette L.*. fut constituée par une puissance inconnue le 26 mai 1762.
Le 2 octobre 1766, la G.*. L.*. constitua cet atelier en faveur du vén \
m.'. Greleau, ingénieur. Elle fui reconstituée par le G.'. O.'. le 1er février
1775, sous le titre de
CONSTANCE
Parmi les membres de cette L. . figuraient en 1775, d'après les certi-
ficats réclamés au G.'. Gv. : Poncet d'Elpech ; Péguy ; Costis ; Puyol ;
Bouet ; Lafond ; Laçage Rauly ; la Levie ; Olivier ; Segnela ; Labro ;
Garrigues ; Pages ; Conté ; Cray la ; Jullier ; Nègre ; Nimos ; Sacreste ;
Crosilliers ; Calvet ; Doumerc ; Doumerc du Moulin ; Garrigues ; de la
Porte ; de la Caussade ; Conte ; Savary ; Conte l'aîné.
Les vén.*. furent : Poncet Delpech, avocat au Parlement (1776) ;
Lugan, négociant 1785) ; Gatereau, greffier en chef de l'élection
(1788-9). Les secrétaires : Lafond, procureur au présidial(1776) ; Gatereau
(1785) et Morrisset, négociant (1788-9).
En 1776,1e député était Pingre et, de 1785 à 1789, Meunier de l'Erable,
auditeur à la Cour des comptes.
La Constance disparut définitivement pendant la Révolution.
LA FRANC-MACONNEIUE. — T. I. 29
450 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
MONTEREAU-FAULT-YONNE
UNANIMITÉ
Le 5 novembre 1769, cette L.\ fut créée par une puissance inconnue,
en faveur de Lecoq, maire de la ville. La G.-. L.\ renouvela ses titres
en 1772, et le G.'. O.'. le 6 juin 1777. Elle ne comprenait que 7 membres
à cette époque.
Ses vén,'. furent : Lecoq, lieutenant en l'Election (1776-7 et 1788-9 ;
Levacher, receveur de la ville et des impôts royaux (1785 . Ses secré-
taires : Thibaut, notaire (1777) ; Paillon, régisseur des domaines (1785-8);
et ses députés : Morin, receveur de La loterie royale (1776-1785y, et
Delaville, officier du G.\ O.-. (1788-9).
L'Unanimité disparut pendant la Révolution et ne reprit jamais ses.
travaux.
MONTPELLIER
ANCIENNE ET DE LA RÉUNION DES ÉLUS
Cette L.\ aurait été constituée le 4 février 1745, par une puissance
inconnue, sous un titre également inconnu. A une date qu'on ne peut
préciser, la L.'. de Saint-Jean de la Réunion des Llus, fondée par la
G.'. L.'. le 20 mai 1764, en faveur du vén.'. m.". Ducandac, se réunit à
elle sous le titre d'Ancienne et de la Réunion des Elus. Il est possible
que cette fusion ait eu lieu en 1777, car en 1776, cette L.*. n'avait que
12 membres et qu'en 1777, elle en avait 24.
Ses vén.'. furent : Philippe d'Hué, chevalier (1776) ; Sans, bourgeois
(1777-1785), et René, médecin (1788-9). Ses secrétaires étaient Vernier,
avocat et receveur général de la loterie de l'Ecole militaire 1776) ; et
Richard, avocat et directeur de la poste aux lettres (1777-1789).
Elle eut successivement pour députés : Richard (1776) ; Roudet, avocat
(1777) ; Roisneuf de Chennevières (1785), et Dejoly (1788-9).
Entrée en sommeil pendant la Révolution, Clément, juge à la Cour
criminelle, fut son vén.'. de 1808 à 1813, et Cavallier, président à la Cour
impériale, occupa les mêmes fonctions en 1814.
Dejoty fut son député pour la L'. en 1808, et pour le chapitre en
1813-4 ; Roettiers de Montaleau fils fut député pour la L.\ (1813-4).
BARNABAL
Cette L.'., dans laquelle on ne voulut jamais reconnaître que les
trois grades symboliques, n'a pas laissé de traces.
BONNE INTELLIGENCE et AMIS FIDÈLES
C'est sous ce premier titre que cette L.'. fut constituée, le 10 janvier
1765, par la G.*. L.-. Le 16 janvier 1777, le G.'. O.'. la reconnut sous ce
nom et le 29 avril 1779 renouvela ses constitutions sous le titre d'Amis
Fidèles.
En 1776, elle comprenait 21 membres. Son vén.'. était Guichard,
maître serrurier, et son secrétaire, Coste, maître plâtrier.
De 1785 à 1789, son vén.'. fut Donnât, tapissier, et son député r
Gastinel, banquier.
LOGES DE PROVINCE 451
En sommeil pendant la Révolution. En 1808, son vén.-. était Christ ol,
ancien capitaine de marine, et en 1813-4, Mcstre, fermier du poids
public ; elle eut pour député pour sa L. . et son chapitre : Chahrillau
en 1808 et de Joly-Fraissinet en 1813-4.
VRAIE HUMANITÉ
Le 21 mars 1765, la G.*. L.". constitua cet atelier en faveur du vcn".
m.-. Maulandry, et le 17 avril 1777, le G.'. 0.'. renouvela ses titres.
Gimel aîné, conseiller auditeur en la chambre des comptes, fut son
vénérable en 1770-7. Duffour lui succéda en 1785, et son ancien secré-
taire, Fargeon, avocat, procureur au bureau des finances, la remplaça
en 1788-9.
Auguste Albert fut secrétaire de 1785 à 1789 ; Dupont, ingénieur du
roi, professeur de mathématiques, fut son député de 1776 à 1785, et
Delaville, officier du G. . 0.\, en 1788-9.
TRIPLE ALLIANCE
Cette L.*. fut constituée le 8 avril 1765, par la G.*. L.*., en faveur du
vén.'. m \ Caudre, et reconstituée le 21 janvier 1779 par le G.'. O \
Ses premières années n'ont pas laissé de traces. Puech, négociant, fut
vén.'. en 1785, et Chastanier, médecin, en 1788-9. David-Sire fut son
secrétaire de 1785 à 1789, et pendant la même période son député fut
Dejoly.
La Triple Alliance disparut définitivement pendant la Révolution.
PARFAITE UNION
Le 8 mai 1766, la G.'. L.'. constitua cet atelier en faveur du vén.*. m.'.
Vital de Pradaire et le G'. O.*. le reconnut le 14 octobre 1782. Il n'a
pas laissé de traces antérieures à 1785.
Vignier, financier du greffe des états de Languedoc, fut son vén.". en
1785, et son secrétaire en 1788-9. Moulinier fils, pâtissier, fut vén.*. en
1788, et Baron, orfèvre, en 1789. Son député de 1785 à 1789 fut Taille-
pied de Bondy, receveur général des finances.
La Parfaite Union interrompit ses travaux pendant la Piévolulion.
En 1808, elle était présidée par Piron, secrétaire de l'Ecole de médecine,
et en 1813-4, par Besset. Son député pour la L.*. était Roettiers de Mon-
taleau fils, et son député pour le chap.\ était Boys de Loury, officier du
G . 0.\
PERSÉVÉRANCE
Cette L.1. fut constituée à une date inconnue par la G.". L.'., en faveur
du vén.'. m.'. Molinier. Elle existait encore en 1779.
MONTREUIL SUR MER
PARFAITE UNION
Le 18 juin 1761, la G.*. L.'. fonda cet atelier en faveur du vicomte du
Tertre, capitaine au régiment de Languedoc, et le G.'. O.'. la reconnut
452 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
le 25 novembre 1779. Ses membres fondateurs furent les ff.\ Ch.'.
d'Hodicq, cap. rég. recrues à Abbcville ; Bucquet, contrôl. des aydes à
Montreuil ; de la Chaussée, major ; Jassaud de la Lande, Dr des aides ;
de Bergemont, cap. inf. ; Robert, bourgeois ; Regnart, bourgeois ; de
Rougeat, cap. inf. ; de Lacombe, lieut. d invalides ; de la Haj'e, cap.
rég. Flandre ; de Bergues, g. du roi ; de Mammonier ; de Torcy, capi-
taine ; Jean Damascène et Fidèle, capucins à Montreuil.
En 1780. parmi ses membres figuraient à l'inauguration de son nou-
veau temple : Playoult, curé d'Ecuires, secrétaire ; le Prieur de Saint-
Jean du Vivier d Abbeville et Douville-Maillefeu.
Les vén.\ furent : de la Pasture de Verhocq, ancien mousquetaire
(1785) ; le vicomte du Tertre (1788), et le comte de la Fontaine-Solare,
capitaine canonnier (1789). Son député fut Canonge, et à partir de 1788,
Rœttiers de Montaleau.
A l'époque de la Révolution, les ff.\ associés étaient : Delaporte de
Vaux, anc. cap. rég. Viennois ; le vicomte du Tertre, maj. adj. ; de
Rougeat, anc. cap. ; de la Chaussée, anc. page du roi ; Dupuis de Rame,
lieut. rég. Angoulême ; Du Fiel de la Combe, anc. g. du roi ; Jouve,
av. ; Playoult, curé d'Ecuires ; chev. de Cossette, off. rég. en garnison ;
du Blaisel de Belle-Isle, anc. off. rég. Picardie ; J. de Warnier, anc.
off. rég. Brest ; A. de Warnier, anc. off. rég. Dauphin ; François Havet,
nég. Montreuil.
Les associés libres étaient : de Bergemont ; La Pasture de Verhocq,
hab. Paris ; Jassaud de la Lande ; Bosquillon de Frescheville, d' Abbe-
ville ; le chev. de la Haye à Arras ; baron de Torcjr à Hesdin ; Pilain,
sous-prieur, bénédictin ; Gay, bénédictin à Boulogne-sur-Mer.
La Parfaite Union entra en sommeil pendant la Révolution et se
reconstitua en 1806 avec les ff.\ François de la Pasture de Verhocq,
vén.\ ; Oudart Dixmude de Montbrun ; Benoist du Blaisel et de Ber-
gemont. De Verhocq fut remplacé comme vénérable, en 1809, par Tellier,
avocat et greffier du tribunal civil. Son tableau de 1809 portait les noms
suivants : Jouve, avocat; Gobert, rentier ; Woillez, contrôl. droits réunis ;
F. Havet, nég. ; Poultier, com. de la ville ; Thorand, employés droits
réunis ; Rousselle, pharmacien ; Spilleux, recev. droits réunis ; Jérôme
de Lhomel, clerc de notaire : Théry, comptable des vivres ; Fougeroux
de Campigneulles, rentier ; de la Tour, anc. officier ; Griffon, avocat ;
Deroussent-Lambert, chirurgien ; Allègre, économe de l'hôpital milit. ;
Meunier, peintre ; Carré, employé droits réunis ; Fillion, employé droits
réunis ; Dauvin, maire de Gouy ; Chocquart, lieut. garde-côtes.
Les membres honoraires étaient : de la Pasture de Verhocq, maire de
Montreuil ; de la Porte de Vaux, propr. ; Lefèvre de Tigny, lieut.
Tellier fut vén.\ jusqu'en 1815. Le député au G.*. 0.\ était Davril,
22, rue Saint- Sauveur, puis rue Quincampoix.
MORLAIX
NOBLE AMITIÉ
Lorsque le G.*. 0.\ accorda à cette L.\, le 8 juin 1775, des constitu-
tions pour prendre rang du 25 mai précédent, il rappela ses travaux
commencés en 1746.
LOGES DE PROVINCE 153
En 1775, figuraient parmi ses membres : de Tromelin ; de'Geurnisac ;
Duplcssis-Pcgnsse ; Boistard de la Touche ; de Vieux Chatcl, procureur
du roi de l'amirauté ; de Kerbellee ; Jaunies ; Waleker et Michon. La
L.' comprenait 18 membres.
En 1776 et 1777. sou vén.'. fut de Tromelin, ancien officier au régiment
de Dauphin-cavalerie ; il l'ut remplacé en 1785 par Jollivet fils, contrô-
leur de la manufacture des tabacs, et en 1788-9, par de Saint-Maurice,
receveur des fermes de Bretagne De 1785 à 1789, Villiers de la Berge
conseiller au Parlement, fut son député.
NANCY
VRAIE LUMIERE
Le 16 mai 1762, la G.'. L.'. constitua cet atelier en faveur du vén.'.
m.', baron de Toussainct ; il était encore en vigueur en 1779.
SAINT MICHEL DES CŒURS UNIS
Cette L.-., qui fonctionnait en 1779, fut constituée le 5 avril 1766, par
la G.'. L.*., en faveur du vén.'. m.*. Morain.
UNION PARFAITE
En 1779, cette L.*. était encore en vigueur ; elle avait été constituée le
3 juin 1768 en faveur du vén.'. m.", baron de Surveille.
NANTES
SAINT-JEAN DE JÉRUSALEM
Cette L.-. fut constituée en 1744, en faveur du vén.*. m.", le président
de Peillac. Il est possible que cette constitution ait été accordée par la
L.'. Anglaise de Bordeaux. Il semble qu'elle fonctionnait encore en
1779.
GRANDE LOGE ÉCOSSAISE
En 1730, une Mère Loge aurait existé sous ce titre. (Voy. Rouen.)
LA PARFAITE
Le 6 mars 1757, la G. . L.*. constitua cet atelier en faveur du vén.*.
m.'. Thibault. Le G.'. 0.\ renouvela ses titres le 2 juillet 1774 et le
Contrat social le 20 mai 1780.
En 1775, figuraient parmi ses membres : Thibault ; Salomon et Pierre
Fabry de Montpolly ; Candeau ; Dastarils ; Guilley ; Branger ; Allary ;
Hoft'man ; Corneille ; Mac-Curtain ; Maguero ; Le Pelé}' aîné et jeune.
La L.\ faisait adresser sa correspondance sous le couvert de l'ana-
gramme Tapefair.
En 1776, son vén.*. était Murphy l'aîné, négociant, et l'année suivante
Garnier du Puy Loup, négociant en 1777-8.
En 1778, le tableau de la L.'. portait les noms suivants :
454 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Couillaud de la Rive, off. de la Monnaie, 1er surv.\ ; Bodichon. dir.
manuf cordages, 2e surv.\ ; Thébaud. nég., ex-maître ; Brun l'aîné,
imp. libr., or.-. ; Du Dezert, écuyer, avocat, secret.*. ; Branger, nég.,
très.'. ; Brun le jeune, bourgeois, g.\ des se.'.; Suin delà Fossonnière,
nég., 1er m.', cérém.'. ; Aerts, nég., 2° m. . cérém.-. ; Cornet, nég.,
terrible ; Brée, dir. manuf. cordages ; Candeau, cap. nav. ; Guilley,
cap. nav. ; Murphy, nég. ; Hoffmann, nég. ; Dastaritz, cap. nav. ;
Fabry de Monpoly, cap. nav. ; Chorel de Claye, anc. off. caval. ;
Desrud, cap. nav. ; Galland, cap. nav. ; Van Doorne, nég. ; Langevin,
nég. ; Thébaud, nég., h l'Amérique ; Dode, nég. ; Le Ray, cap. nav. ;
Rousseau, cap. nav. ; Rolland de la Plousière.. bourgeois ; Maurel, nég.
à la Guadeloupe ; Séjournée, nég.
En 1785, le vén. . était Pierre Jean Brun, imprimeur, qui fut rem-
placé en 1788 par Suin de la Fossonnière, négociant, et en 1789 par
Marsac, prêtre, sous-scholastique de l'Eglise de Nantes.
Les députés de la Parfaite furent : Daubertin (1776) ; Mercier, négo-
ciant, officier du G.'. Gv. (1777) ; Gautier (1785), et Pescheloche (1788-
1789).
La Parfaite interrompit ses travaux pendant la Révolution.
Ses vén.'. furent sous l'Empire : Goyau, homme de loi (1802) ; Faute-
rat, négociant (1808), et Chevalier (1813-1814).
Jusqu'en 1808, son député pour la L.'. et le chapitre fut Thibault,
conseiller référendaire à la Cour des comptes, et en 1813-1814, Foraisse,
officier du G.-. O.'.
LA CONCORDE
En 1758,1a G.'. L*. constitua cette L.-. en faveur du vén.*. m .*. Gareau.
En 1779, cet atelier fonctionnait encore.
PARFAITE AMITIÉ
Cette L.*. fut constituée en 1760, par la G.*. L.'., en faveur du vén.'.
ni.'. Chauvel. Elle n'a pas laissé de traces,
SAINT- GERMAIN
La G.*. L '. constitua cet atelier le 3 juin 1766 ; il fut renouvelé par le
G.'. O.'. le 2 mars 1775 ; à cette époque figuraient parmi ses membres :
Guillard-Dumenil ; Thomas ; de la Maillardière ; Ogier ; Prévôt ; de la
Touche ; Drouin ; Fortier ; Gatechair ; Bordage ; de Loynes ; Dewa-
reux ; Willems ; du Jillou ; Socin ; Duperoux ; du Trajet ; Seigne ;
de Humelli ; Lenoir de Guébriac ; du Rondier ; Tardiveau ; Cottineau ;
Devaucé ; Charet ; Comadzolicoffet ; Baur ; Boulet.
Guillard-Duménil, directeur des poudres, fut son vén.'. en 1776-1777. Il
eut comme successeurs : Ogier, ancienofficier d'administration, en 1785 ;
et Cadou de la Desnerie, officier des canonniers, en 1788-1789.
Ses secrétaires furent : Drouin, officier garde-côtes (1776-1777) ; Lenoir
de Guébriac, négociant (1785) ; Ogier (1788; ; et Albain (1789).
De 1776 à 1788, son député fut Boudeau, ancien procureur du roi en
la maîtrise des eaux et forêts, et en 1789, deJaucourt, officier duG.'. O.*..
directeur des fermes du roi. Cette L.'. disparut pendant la Révolution.
LOGES DE PROVINCE 155
CŒURS UNIS
Cette L '. fut constituée le 15 novembre 176G, par une puissance incon-
nue, et renouvelée par la G.-. L.'. le 18 mai 1772, et par le G.". O.'. le
11 août 1774.
Parmi ses membres figuraient, en 1775 : le chevalier de Kérusée ;
Féron ; Audouin ; Melin ; Foucault ; Le Sénéchal de Richemont ; Rur-
gevin ; de Bourgncs ; Le Lièvre ; Thabard ; Grasset ; Patonnier ; Che-
villard ; Thévenard ; Harang et Fischer.
En 1776-1777, son vén.'. était Çrasset, procureur ; en 1785, Bourcard,
négociant ; en 1788, de Bruc de Beauvais, capitaine de cavalerie, et en
1789, Dobrée, négociant.
Ses députés furent : Guillotin (1776); La Voyepierre, négociant, garde
du corps de l'épicerie (1777) ; le comte de Bruc (1785), et Pescheloche
(1788-1789).
Cette L.". disparut pendant la Révolution.
Trois L.'. furent en plus constituées à l'Orient de Nantes, à des dates
inconnues, deux sans titres connus en faveur des vén.'. m.*. Girault et
Ducros. La troisième, les Vrais Amis, n'a laissé aucune trace.
NARBONNE
LA PARFAITE UNION
C'est par une puissance inconnue que cette L.*. fut constituée, le 20 sep-
tembre 1768, en faveur du vén.*. m.'. Favelle père. Ses titres furent
confirmés par la G.". L.\ le 10 décembre 1772, et par le G.'. O.". le
20 juin 1776.
En 1776, elle se composait de 17 membres : le vén.-. était Broquise,
minime ; le secrétaire, Guilhemou, maître d'hôtel, et le député, l'abbé de
Montmorency-Bouteville.
Les vén.*. furent par la suite : Falc (1777) ; Samaruc, fabricant
d'étoffes de soie (1785) ; Rainaud, avocat au Parlement (1788), et Saba-
tier, vitrier (1789) . Les secrétaires furent Rampin, employé à la manufac-
ture royale (1777 j, et Sabatier en 1788.
Ses députés furent : Boudeau (1777) et Gibergnes, procureur au Par-
lement (1788-1789).
Cette L.\ disparut définitivement pendant la Révolution.
NESLE
GLAIVE D'OR
Cette L.\, qui n'a laissé aucune trace, est signalée par Rebold comme
ayant été constituée le 15 janvier 1761.
NISMES
SAINT-JEAN DE L'HUMANITÉ
En 1779, existait encore une L.*. fondée le 24 juin 1753, par la G.*. L.".,
en faveur du vén.*. m.*. Fléchier.
456 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
SAINT-JEAN DE L'ÉMULATION
Fondée le 16 novembre 1763, parla G.". L.*., en faveur du vén.-. m.'.
Ponsac de Gérard, existait encore en 1779
SAINT-JEAN DE LA SINCÉRITÉ
Celte L.'. fut constituée par la G.'. L.'. le 17 novembre 1763, en faveur
du vén.'. m.", de Scaero.
Elle n'a laissé aucune trace.
OLERON (île d)
VRAIS FRÈRES
Une puissance inconnue installa cet atelier le 15 mai 1764, en faveur
du vén.-. m.\ Milleret, chirurgien-major des hôpitaux militaires.
La G.'. L.'. confirma les titres, le 18 mai 1772, et le G.\ O.'. le 23 avril
1774, pour prendre rang du 29 avril 1764.
En 1776, il comprenait 14 membres et 22 en 1777.
Ses vén.'. furent : Milleret (1776 et 1778) ; Barbier (1777), et le marquis
de Vallée, colonel commandant la légion de Nassau (1785 et 1789).
Ses secrétaires furent : Hervin, inspecteur des fermes 1 776 1 ; Marti-
neau, receveur des fermes (1777) ; Milleret (1785 et 1789). Son député de
1776 à 1789 fut Guillotin, docteur régent de la Faculté de médecine.
Les Vrais Frères entrèrent en sommeil pendant la Révolution.
En 1808, le vén.-. de cette L.. était Boudin, maire, auquel succéda, en
1813-1814, Jullien, notaire. Son député de 1804 à 1814 fut Fox, comman-
dant des vétérans.
ORLÉANS
Dès 1744, et probablement avant cette époque, les f.'.-m.'. étaient nom-
breux à Orléans, ainsi que nous l'avons vu (chap. vu). Ils étaient par-
ticulièrement protégés par le duc d'Antin, gouverneur de la province
et G.'. M.', de la F.-. M.'., et par de Beauclas, substitut de Joly de
Fleury.
SAINT-JEAN DES ENFANTS DE LA SAGESSE ET DE LA CONCORDE
Cette L.'. est probablement la plus ancienne d'Orléans. Elle était d'ori-
gine jacobite.
Le 24 juin 1758, son vén.'. m.*, était Mathurin Itéguicmme, maître
élu écoss.'. Français, Trinitaire et Anglais ; Pierre Dupuy, 1er surv.'. ;
Marc Amy Guiquero, 2e surv.'. ; Sébastien Ytasse, or.*. ; Joseph Cartier,
très.'. ; Adrien Leroux, secret.'. ; Jean-Louis Guiquero, tuileur ; J.-B.
Targe ; Gesnieu de Vilmarceaux, ex-ler surv.'., et Grossard, chev.\
dO'.
Il est probable que cette L.*. fut installée avant 1750, par Raparlier de
Rouen ; elle s'intitulait alors G.'. L.'. Ecossaise et faisait fonction de
Mère L.'. (Voir Rouen.)
LOGES DE PROVINCE 457
Cette L.-. n'a pas laissé de traces ; il est possible qu'elle se soit trans-
formée et ait contribué à la formation de
L'UNION ; JEANNE D'ARC et LA PARFAITE UNION
La L.\ la plus fréquentée parles FF.-, maçons d'Orléans avait pour
litre l'Union, qui devint par la suite la Parfaite Union. On sait peu de
chose des premiers travaux de cette L.-. qui, en 1772, était présidée par le
vén.\ m.-. Ballay, chirurgien, et qui avait parmi ses officiers l'abbé
Lucas de Boulainvilliers et le baron de Toussaincl. En 1774, la Parfaite
Union fusionna avec Jeanne d'Arc. (Voj-. aux appendices.)
Cette L.\, qui fonctionnait avant 1758, obtint des constitutions d'un
pouvoir inconnu, le 17 décembre 1760 seulement.
Elle ne fut reconnue par la G.*. L.". que le 10 avril 1772, et par le
G.'. 0.\ le 4 avril 1774.
De 1760 a 1765, elle eut pour vén.\ J. Isnard ; Guiquero ; Mathurin
Iteguiemme ; Ytasse, et Ballay, chirurgien du roi. Les orateurs furent ;
Couret de Villeneuve ; Elie Aubereau ; le P. Vallée, minime, et J.-B.
Targe.
Parmi ses membres figuraient en 1772 : le 1er vén.\ J. Isnard-Laurent,
directeur du Vingtième ; Forel de la Croix, chirurgien (celui qui soigna
Léonard Bourdon) ; Beaubled, négociant ; Couret de Villeneuve, impri-
meur ; Ravot de la Herpinière, écuyer ; Moireau ; Porcher ; Fauvin,
bourgeois ; Martin ; Gaburet. peintre décorateur ; Aubry d'Assas, négo-
ciant ; Roussel, contr. fermes ; Percheron, écuyer, greff. chef bureau
fin. ; Legrand de Melleray, chev. de Saint-Jacques, lieutenant colonel
de cavalerie ; Croisy ; Curnest frères, négociants ; Descourtils, intéressé
dans les affaires du roi ; Renard, officier dragons ; de Boislandry-Nar-
gel, négociant ; Adam, entreposeur poudres ; Perrin de Cypierre de
Chavilly, int. d Orléans.
En 1773, les officiers de cette L.'. étaient : Ballay, vén*. ; Aubereau,
1er surv.-. ; de Bonnaire, 2e surv.-. ; Iteguiemme, Guiquero, Fermé,
J. Berenther, Verger, Thirouin, Brunet aine, Lévêque ; Le Bay, secret.-.
Lorsque la Parfaite Union se réunit à Jeanne d'Arc en 1774, son vén.'.
était l'abbé Jossot. Parmi ses membres figurent :Marcuays; Benoît Hery ;
Dubas ; Adam Charles-René, receveur des poudres ; Aubereau Elie,
dir. du terrier du duché d'Orléans, 1er surv.*. ; Ballay Jean, chirurgien,
professeur, ex-m.\ ; Beaubles Claude-Benoît, march. de draps ;
Beauzéc J.-B. -Nicolas, bourgeois affilié ; de Bonnaire Nicolas, sculpteur
de l'Aead. ; Brunet Joachim, nég.; Bronse fils Jean, nég. affilié ; Couret
de Villeneuve Louis-Pierre, imprimeur, or.'.; Duchézeau Antoine, bour-
geois; Forel de la Croix Alexandre, chirurgien, subst.'. du vén.-.; Fau-
vin Simon-Louis, bourgeois ; Gaboret, étud. endroit; Gareau Paul, nég.
affilié ; Guettard Gabriel-Paul, nég. ; Hachin Jean-Charles, nég.-. ;
Huquier Augustin, nég ; Leroy, imprimeur, affilié ; Marquesse Antoine,
nég. ; Mesnier Joseph, nég., affilié ; Peteau François-Xavier, secret de
l'intendance ; Planche Pierre, nég. ; Proust René, contrôleur du guet ;
Ravot de la Herpinière Etienne, bourgeois, vén.-. g*, m.-. ; Ravot, dit
Godeau Jean-Pierre, nég., 2e surv.-. ; Ravot, dit Rocher, Etienne, nég.,
m.-, très.-. ; Renouard, dit Petit-Bois, Denis, nég.-., m.-, de cérém.-. ;
Renouard, dit Vesque, Aignau, nég. ; de Saint-Charles Denis, carme
458 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
déchaussé, secret.-. ; Sevin Jean-Philippe, nég. ; Targe J.-B., prof, de
l'Ecole royale, affilié ; Verger Antoine, nég. ; Vieusse J.-B., dro-
guiste.
En 1775, plusieurs de ses membres demandèrent des certificats au
G.\ O.-. : Renouard dit Petit-Bois; Aubereau ; Forci de la Croix ; Du
Chezeau ; Brunet ; Serin ; Proust ; Renouard ; Planche ; Vieusse et
Fauvin.
En 1776, la L.\ ne comprenait que 20 membres et 32 en 1777.
Ses vén.\ furent : Ravot de la Herpinière (1776-1777) et des Francs
(1785j. Les secrétaires furent : Saint-Charles, carme déchaussé (1776) ;
Planche (1777) et Benoît Héry en 1785. Le député était Salivet.
Cette L.\ entra en sommeil dès 1788.
Avant 89, ses m.', se recrutaient dans la lre classe du tiers Etat, celle
qui fit la Révolution ; ils accueillirent donc le mouvement de 89 avec joie
et, pour être entrés en sommeil en 1788, ils ne s'en affilièrent pas moins
en 1789 aux amis de la Constitution. Us traversèrent la Terreur sans
encombre, sauf leur orateur de 1779, Elie Aubereau, qui fut guillotiné
en 1794.
La L.'. se reforma en 179^5, et sur un brevet de Chevalier d'Epée
donné à Carpentier, aubergiste, on relève les noms suivants : Mesland,
vén '. ; Lesourd, secrétaire ; Morand Noire, garde du sceau ; Morand-
Jousse ; Lucas-Duneau ; Campanel ; Lucas, chev.*. d'O.*.
Carpentier fut admis R.\ -f- en 1800, par Hérault, m.', de L.". et m.*,
du G.'. 0.\
Cette L.-. ne recevait pas d'artisans.
D'après un brevet du 7 ventôse an VII, donné à Urbain Fidèle, figu-
raient parmi ses membres : Bailly-Drouin ; Merland, vén.'. S.*. P.*.
ch.\ R.\ + ; Rougemont, bottier ; A. -F. Merland, m \ P.". ; Jouet
Borget (?) ; Vockers (?) ; Compère ; Lemard, 1er surv.\ ch.\ d'O.'. ;
Moure ; Luca ; Poupard ; Dupuy ; Neveu.
En 1802, Merland père, officier de santé, était encore vén.-. Le député
était Colin, papetier.
En 1803,1a L.-. comptait 58 membres : Colliex, négociant, était vén.'. ;
Fouré, médecin, 1er surv.'. ; Boulet, négociant, 23 surv.-. ; et Piedor-
Dumuy, négociant, orateur ; Bouron, j. trib. civ., secret.-. ; Jullien,
orfèvre, trésor.-. ; Fontaine, négociant ; Delpech, commis négociant ;
Decker, capitaine 1er régiment hussards, experts ; Darnault-Maurant,
imprimeur, garde des sceaux ; Dubois (Ernest', entrepr. bâtiments, ar-
chitecte et maître des banquets ; Missilleur, négociant, m.-, des cérém'.,
etc.
Le nombre varie peu de 1809 à 1810 ; à cette dernière date il s éleva
à 64.
Cette L.'. possédait un souv.\ chap \ constitué le 5 novembre 1801.
D'après un diplôme de R.-. -f- du 5 novembre 1803, le souv.\ chap.".
se composait de : Mesland fils, officier de santé. Les grands surv.-. et
offic.'. sont : Fouré, médecin ; Darnault-Morand ; Juillien, orat.*. ;
Boulé, trésorier ; Bouron, G '. secret \ ; Jullien, garde des sceaux ;
Demadières ; Morand-Noire ; J.-B. Missilieur ; Bourgeois.
Elle avait environ 55 membres qui se décomposaient en 20 à 25 négo-
ciants, manufacturiers, 15 officiers d'armée, 6 officiers ministériels,
3 médecins, 3 ou 4 propriétaires.
LOCHS DH PROVINCE 159
Au commencement tic 1803. la L.\ invita à la séance solennelle le
préfet Maret, frère du duc de Bassano, et C.rignon-Desormeaux, maire,
qui étaient ff.\-mm.\
Le 5 mars 1807, en se rendant à Bordeaux, Cambacérès visita
la L.\
Ses vén. '. furent Piedor-Dumuy (1805 1807) ; Mareau jeune, négo-
ciant (1808-1809 et 1811-1814), et B. Ouvrard, négociant en 1810. Son
député était Fustier.
En 1810, son tableau se composait des membres suivants : Négociants
et commerçants : Mareau jeune ; Mareau aîné ; Piedor-Dumuys ; Piedor
le jeune ; Hubert Piedor fils; Rime-Beaulieu ; Jouvcllier ; Pryvé-Detté ;
Sevin jeune ; Dcquoy ; Ducbalais jeune, commis ; Papin ; Lanrcnceau ;
Juillien ; Lhuillier-Bidaut ; Gombault ; Sagot ; Doisy ; Chollet ; Bons-
sion ; Duchalais jeune ; Delpecb ; Ladureau- Lebrun ; Meunier-Mathieu
fils ; Lemaigrc fils ; Ladureau-Chevessier ; Demadières ; Seurrat-Miron ;
Hue-Sallé ; Jansc, banquier ; A. Escot ; H. Bavot.
Parmi les fonctionnaires : Fouqueau-Puss}', Paul et Roger aîné,
avoués ; Grison et Boger jeune, huissiers ; Bouron, juge ; Delpech,
garde-magas. ; Delacorde et Fontaine, contr. dr. réunis ; Bercieux, contr.
marque; Thurbat et Dhyonnet, contremaître, marine forestière; Pichaud,
corn, poudres et salpêtres ; Lasseux, maire de Beaugruy ; Macarel,rec. dr.
réunis ; Devade, rec. arrond ; Lhuillier-Sangeville, inspecteur douanes.
Parmi les militaires : Bongini, cap. 113e ; Decker, cap. 1er hussards ;
Qucnol, cap. 64e ; Pichard, coin. ; Bellancourt, com. Carrières libérales :
Féréol, dir. privil. spect. ; Mat. Philis, artiste lyrique ; Duplan, artiste
drainât. ; Fouqueau-Pussy fils, étud. droit ; Gaudichau-Delaitre ; Fouré ;
Mesland et Lambron, méd. ; Boger-Oakden, maître d anglais ; Noël,
archit. ; L. C. Lacave, soc. Com. -Franc. ; Paillet, av. ; Courtois, notaire.
Bourgeois : Ouvrard ; Bagneau ; Rabourdin, et Grenouilhet-Pilté.
En 1811, ses dignitaires étaient: Delpech, 1er surv.\ ; Aug. Hubert,
2e survw ; Bouron, secrétaire ; Darnault-Morand, garde des sceaux,
et Boulé, orateur.
SAINT-JEAN D'ORLÉANS
Fondée par la G.'. L.*., le 5 décembre 1760, en faveur duvén.*. m.'.
Pisquier, il est probable que cette L.-. fonctionna jusqu'en 1780.
UNION ROYALE
En 1763 aurait fonctionné sous ce titre une L.*. qui avait pour vén.*.
Moutandré, tailleur. Cette L.*. n'a pas laissé d'autres traces.
PÉRIGUEUX
L'ANGLAISE DE L'AMITIÉ
Lorsque le G.*. GV. constitua cette L.*., le 16 février 1775, pour pren-
dre rang du 8 août 1774, elle rappela ses travaux commencés le 7 mai
1765. Cet atelier avait à cette époque été installé par une puissance
inconnue, en faveur de Bonneau de la Jarthe, conseiller au Parlement,
qui fut son vén.'. maître jusqu'en 1770. Les vén.*. qui lui succédèrent
4G0 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
fuient : Antoine Gernulhac, médecin (1770) ; Eydely, ancien cousu!.
délégué du commerce de Périgueux (1773) ; Couilhe, ancien président
de l'élection (1775) ; Dubois, notaire, greffier en chef de la maréchaussée
(1776-1777) ; Neulet, négociant (1785) ; Dauriac (1788-1789;. Les
secrétaires furent : Dauriac (1776) et Desfieux, directeur de la posU:
(1777-1789.)
Son député de 1776 à 1789 fut Joubert de la Bourdinière.
En 1776, elle avait 45 membres à son tableau.
Ayant cessé ses travaux pendant la Révolution, en novembre 1802, elle
était en instance de reprise.
Ses vén.\ furent: Antoine Audebert père, procureur impérial (en 1805
et 1813-1814) ; Pierre Olivier, lieutenant général commandant la 20e di-
vision militaire. Son secrétaire fut Lamy jeune, notaire, de 1805 à 1815,
et son député Gandillaud. En 1807, Godefroy Sauxade était son orateur.
L'Anglaise de l'Amitié disparut définitivement en 1816.
PERPIGNAN
SAINT-PAUL
Le 6 novembre 1744, cette L.\ fut constituée par une puissance in-
connue. La G.*. L.*. reconnut ses titres le 18 mai 1772 et le G.'. 0.\
le 1er mai 1783, sous le titre de :
SOCIABILITÉ
De 1785 à 1789, cette L.'. eut pour vén.*. le vicomte de Gondrecourt,
capitaine au régiment de Schomberg ; pour secrétaire de Llucia et
pour député Guyot de Laval, avocat au Parlement.
Après avoir cessé ses travaux pendant la Révolution, cet atelier eut
pour vén.-. Gaubert en 1808 et Cairot, graveur, en 1813-1814. Son
vén.'. d'honneur était Bonnaud, agent en chef des vivres-viande à
Toulouse. Basson jeune fut son secrétaire.
Millet-Stillière était son député en 1808,. et Dupont, référendaire à la
Cour des comptes, en 18] 3-1814.
UNION
Fondée le 27 mars 1758 par une puissance inconnue, cette L.\ fut
reconnue par le G.\ 0.\ le 23 mai 1782 pour prendre rang du 14 avril
précédent. Elle n'a laissé aucune trace de ses travaux avant la Révolu-
tion.
En 1802, elle avait pour vén.-. Grosset, conservateur des mon-
naies ; en 1808, Jaunie, négociant, et en 1813-1814 Pierre Saisset, avoué.
Ses secrétaires furent Picar, avoué, en 1802, et Gaguon, directeur de la
poste aux lettres, en 1808.
Elle eut pour députés : Fox (1802} ; Daniel Polak, négociant (1808 ;
et Mangeret, officier du G.'. OV. (1813-1814).
BEAUTÉ
Fondé le 4 novembre 1761 par la G.\ L.-. en faveur du vén.-. m.\
de Villefaix, cet atelier fonctionnait encore en 1779.
LOGES DE PROVINCE !()!
SAINT-JEAN DES ARTS DE LA RÉGULARITÉ
Cotte L.\ fut constituée par une puissance inconnue le 20 avril 1706.
La G.'.L.'. la reconnut en 1772 et le G.'. 0.". le 27 novembre 1783, pour
prendre rang du 20 août précédent. Elle eut pour vén.\ : Flamand
aîné, tailleur, en 1785, et Méric, menuisier, en 1788. Son député était
Martineau Une circulaire du G.'. O \ du 14 juillet 1788 portait la démo-
lition de cette L."M qui ne reprit ses travaux que sous le Consulat.
Elle eut pour vén.\ : Toreille, entrepreneur en bâtiments (1802) ;
Palmarole, général de brigade (1808), et Tastu, avocat (1813-4).
Son secrétaire fut Mailhat, commissaire impérial près l'Hôtel des
Monnaies, Milly, homme de loi, fut son député en 1802 ; et Bacon de la
Chevalerie son député pour la L.\ et le chapitre de 1808 à 1814.
ÉGALITÉ
Une puissance inconnue fonda cette L.\ le 1er mai 1767 en faveur du
vén.'. m. • Lefebvre. Ses titres furent reconnus par la G.'. L.\ le
29 août 1772 et par le G.'. O.- le 3 octobre 1782.
Florent, chargé de la recette des finances, fut son vén.'. en 1785, et
François Siau, négociant, en 1788-9. Son député était Baugin, ofïicier du
G.\ O.'.
FRÈRES RÉUNIS
Le 16 décembre 1767, une puissance inconnue constitua cet atelier en
faveur du vén.'. m.*. Doligny. La G.*. L.*. reconnut ses titres le
29 août 1772 et le G.-. O.. le 23 mai 1782.
Elle eut pour vén.-. : le chev. de Selva, bailli (1785) ; Lacroix, avocat,
assesseur de la ville (1788), et Jaunie, notaire (1789). Son député fut
Carbonel (1785-9)
Après avoir cessé ses travaux pendant la Révolution, en 1808 elle
avait pour vén.'. Marquier, juge au tribunal civil, et en 1813-4 Mouchour,
pharmacien.
Son député était Brunet, officier du G.'. O.*.
PARFAITE UNION
A une date inconnue, la G.'. L.'. fonda cette L.'., en faveur du vén.*.
m '. Basset ; elle était encore en vigueur en 1779.
PEZENAS
AMIS RÉUNIS DANS LA BONNE FOI
Cette L.'. fut constituée le 4 février 1767 par la G.'. L.'., enfaveur du
vén.'. m.'. Pierre Brunet. En 1779, elle fonctionnait encore.
La même année une autre L. ' . dont le titre est inconnu en faveur du
vén.'. m.'. d'Arbonne.
462 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
POITIERS
SAINT-PROSPER
En 1752, cette L.\ fut fondée par la G.-. L.\, en faveur du vén.\ m.'.
Héraut. En 1775, Sebilleau, un de ses membres, ayant demandé un certi-
ficat au G.-. O.'., cette puissance le lui refusa parce que le renouvellement
demandé par cette L.\ n'avait pas été accordé.
SAINT-BENOIT
Cette L.\ fut constituée en 1754 par la G.*. L.\, en faveur du vén.-.
m.*, l'abbé Basset de Saint-Benoît.
Elle était encore en vigueur en 1779.
VRAIE AMITIÉ
En 1767, cet atelier fut fondé par la G.\ L.'., en faveur du vén.\ m.*.
Lagrange. Cette L.*. n'a pas laissé de traces.
POLIGNY
AMITIÉ
Le 16 novembre 1766, la G.1. L.\ fonda cet atelier en faveur du vén.\
m.\ Desforges, et le G.*. O.*. le reconnut le 17 août 1780.
De 1785 à 1789, il eut pour vén.\ d'Astorg, gouverneur de Poligny ;
pour secrétaire Deslandes, conseiller du roi, receveur des impositions ;
et pour député, Tassin de l'Etang.
En sommeil pendant la Révolution, c'est en 1814 que l'Amitié fit des
démarches pour reprendre ses travaux.
PONT-AUDEMER
LA PERSÉVÉRANCE
Cette L.*. fut fondée le 28 décembre 1765 par une puissance inconnue.
La G.'. L.-. renouvela ses constitutions le 10 janvier 1773 et le G.*. O.*.
le 1er juin 1775.
En 1776, cette L.\ avait 16 membres et 20 en 1777.
Pouillat, procureur au bailliage, fut s«n vén.'. en 1776-7 et 1788-9 ;
Talion, bachelier en droit, le remplaça en 1785. Elle eut pour secrétaire
Lecouturier, contrôleur des aides, et Leroy d'Arnou ville.
Dejunquières, procureur au Parlement, officier du G.'. 0.'.,fut son
député de 1776 à 1789.
Parmi ses membres avant la Révolution figurèrent : Hellot de Bonne-
mare ; Legras de Bordecote ; Cabot d'Epreville ; de Poisson de Fran-
queville ; Dupuy de Grandpray ; Legras de Longval ; Pellegars de la
Rivière ; Trébouta de Kerven ; Tirel de Boschanel ; Chaufer de Bar-
neville ; de la Londe de Medine ; Cabot de Cailletot ; Duplessis ;
Rivière, aumônier, et de Roiffe, chanoine.
Ses travaux, interrompus par la Révolution, ne furent repris quassez
tard. Ses vén.'. furent Le Roy de Rivet, propriétaire ; Crochou de la
LOGES DE PROVINCE 463
Prairie, avocat, et Fourgnemin, juge de paix. David, officier du.G.\ ()..,
fut son député.
PONT DE-VAUX
SAINT-JEAN DU CROISSANT
La G.'. L.\ constitua cet atelier le 27 mai 1707, en faveur du vén.'.
m.*. Leroux, et il fut reconnu parle Ci.'. O '. en 1775.
En 1776, il so composait de 20 membres présidés par Berthet, rece-
veur des gabelles, qui fut son vén.". jusqu'à la dispersion de ses mem-
bres pendant la Révolution. Deydier, notaire, fut son secrétaire, et
Jérôme de la Lande, son député pendant la même période.
En 1775, figuraient parmi ses membres Deydier jeune et Trembly
de Belleverne.
Cette L.\ fut reconstituée le 8 février 1808 et jusqu'en 1815 eut pour
vén.-. Berthet et pour député Poulet.
Le tableau de cette L.'. était en 1810 composé des membres suivants :
Membres honoraires : Claude-Marie Joubert, juge à la cour d'appel de
Lyon ; Etienne Deydier, juge à la cour d'appel de Lyon ; Philibert Du-
moulin, ex-officier d'infanterie ; Philibert Trambli de Belle -Verne,
prêtre-curé de Port-Marly ; Emmanuel-François Trambli, greffier du
juge de paix du canton de Pont-de-Veyle ; Antoine Drevet, ancien avo-
cat, domicilié à Replonge ; François Guichellet, ancien avocat, avoué
près la cour d'appel de Lyon ; Claude-Joseph Pannetier, général de
brigade, comte de l'Empire, commandant de la Légion d'honneur, che-
valier de la Couronne de fer et de l'ordre de Saint-Henri de Saxe ;
député de la L.'. au G.'. O.'. ; Poulet, contrôleur des postes, rue Jean-
Jacques Rousseau, à Paris.
Membres dignitaires : vén.'. en exercice : Denis-Joseph Berthet, ancien
avocat, maire de la ville de Pont-de-Vaux ; 1er surv.\ : Claude Poizat,
ancien avocat, notaire impérial, maire de Chavannes-sur-Reyssous :
2e surv.". : Gaston de Gripière-Demontcroc, propriétaire ; orateur :
Charles-Joseph André, ancien avocat, juge de paix du canton de Pont-
de-Vaux ; secrétaire : François Rougier-Renard, propriétaire ; trésorier :
Grégoire Poizat-Saulnier, propriétaire ; maître des cérém.'. : Pierre
Crestin, notaire ; couvreurs experts : Dominique André, docteur en méde-
cine, adjoint à la mairie de Pont-de-Vaux ; Jean-Baptiste Goyon, rece-
veur des contributions ; archiviste et garde des sceaux : Claude -Joseph
Gauthier, avocat; archiviste du Temple: Claude-Marie Humbert, archi-
tecte ; économe et hospitalier : François Garaud, chirurgien.
Antoine Deschamp de Brèche, ex-officier d'infanterie; Claude Drevet,
propriétaire; Hippolyte Bouthillon de Lasservette, avocat; Louis Renaud,
propriétaire ; Claude Berthet, receveur des contributions ; Pierre Sordet,
négociant ; Joseph Laurencin, propriétaire ; AntoinePoizat, propriétaire ;
Jean-Baptiste Mathieu, propriétaire ; Claude-Marie Deschamp de Brèche
fils ; Jean-Baptiste Duchesneau, avoué ; Stanislas Bochard, avoué ;
Claude -Joseph Pannetier, général ; Chapuis-Laforet, propriétaire ; Michel
Monin, restaurateur; Sébastien André, chef d'escadron de gendarmerie,
membre de la Légion d'honneur ; Claude Boitard père, avocat ; Pierre
Boitard fils, propriétaire ; Denis-Georges-Catherine Grognet, adjoint de
464 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
la mairie de Pont-de-Vaux ; Aimé Gentil, propriétaire ; Claude-Marie
Bonnet, propriétaire; Pierre-Benoit Gauthier, négociant; Pierre-Camille
Baudin, chirurgien; Etienne Gauthier, membre de la Légion d'honneur;
Michel-Nicolas Bergier, avocat ; Pierre-Joseph Vernay, receveur de l'en-
registrement à Bagé ; Germain Dupré, avocat, maire, à Saint-Trivier :
Ambroise Gonet-Puthod, avocat ; Alexandre-Clément Graisse, employé
aux droits réunis, à Tournus ; Ferdinand Carré, propriétaire; Jean-
Louis-Eléonor Colette, contrôleur des contributions ; Jean-Baptiste
Melouza, professeur de mathématicjues ; Claude Girod, propriétaire ;
Dupuis, propriétaire ;
FF.", servants de la L.\ : François Textor, concierge ; Henri Miard,
mesureur ; François Mauchamp.
Adresse permanente de la L.\ : Berthet, maire de la ville de Pont-de-
LE PUY-EN-VELAY
LA PARFAITE UNION
La G.*. L.\ constitua, le 10 mars 1770, cet atelier epae le G.'. 0.\
reconnut le 4 août 1774.
De 1773 à 1775 figurèrent parmi ses membres : Laurenson ; Parel ;
Sollier ; Retout ; Leblanc ; Filhiot ; chevalier Razoud ; Rome ; Por-
tai ; Asserat ; Robert ; Claude-Jean Robert ; Lafont ; Duroure ;
Benoist ; André ; Vacheron ; de la Devèze ; Videl et Bellangreville.
En 1776, cette L.\ n'avait pas moins de 32 membres et 41 l'année
suivante. Ses vén.\ fureni : Sollier, négociant (1776) ; Robert, négo-
ciant (1777-1785), et Treveys, bourgeois 1788-9,.
Ses secrétaires furent : Vallat, notaire, et Panel l'aîné, orfèvre. Son
député de 1776 à 1789 fut Théaulon.
La Parfaite Union cessa ses travaux pendant la Révolution, et en
1813-4 son vén.\ était Dagot, capitaine de gendarmerie.
QUIMPER
HEUREUSE MAÇONNERIE
Constituée par la G.'. L '. le 27 août 17G3, en faveur du vén.\ m.',
de La Reynière, cette L.*. fonctionnait encore en 1780. Elle n'a laissé
aucune trace de ses travaux.
PARFAITE UNION
Cette L.\ fut créée par une puissance maçonnique jacobite, le
1er mai 1769, en faveur du vén.*. m.*. Duchesnay. Le 25 mars, elle fit
renouveler ses pouvoirs par la G.'. L/. et le 10 février 1774 par le
G. . O.v
En 1775, figuraient parmi ses membres : de Rejmond ; Brehier ;
Perices de Salvert ; le Hericej' et Le Breton.
En 1776, elle était composée de 33 membres ; son vén.*. était l'abbé
de Reymond, chanoine, conseiller au présidial; son secrétaire était
LOGES DE PROVINCE 1(1.")
Le Breton, médecin, Bobet de Lanhuron, lieutenant civil et criminel au
présidial, et de la Hubaudiêre, ingénieur des ponts et chaussées, ils furent
vén.\ et secrétaires de 1777 à 178.").
En 1778, ses dignitaires étaient, en dehors de ces deux membres : Le
Breton, 1er surv.\ ; Le Goazre, 2e surv.*. ; Hernu, garde des sceaux ;
Philippe, trésorier ; l'abbé L. de Bcymond ; Brehier ; de Kervelegan ;
Bateau ; Dubois-Hardy et de Taurines, lieutenant au régiment de
Bress-ien fa nterie.
En 1788-9, le vén.*. était de Launeyrie, démonstrateur en chirurgie.
Ses députés furent Fournel, avocat au Parlement, et de Bermont, pre-
mier commis du contrôle de la Loterie royale.
Cette L.-. cessa ses travaux pendant la Bévolution.
Sous l'Empire, ses vén \ furent : Vinoc, médecin en 1808, et Mabit,
également médecin en 1813-4. Son député de 1808 à 1814 fut Vautey,
rentier, 159, faubourg Saint-Martin.
REDON
SAINT-JEAN DES ÉLUS DE REDON
Cet atelier, constitué le 2 août 1762, par la G.'. L.'., en faveur du
vén.'. m.*. Loberty, n'a laissé aucune trace.
REIMS
GRANDE LOGE ÉCOSSAISE
Vers 1750 Baparlier de Rouen aurait installé à Reims une G. . L.\
Ecoss.-. faisant fonction de Mère Loge. (Voir Rouen.)
TRIPLE UNION
Le 8 juin 1762, la G.*. L.". constitua cet atelier en faveur de
Prudhomme de Rutard ; le G.-. 0.*. renouvela ses titres le 27 juillet 1774
et le Contrat social, le 2 avril 1783.
Ses vén.*. furent : Verneau (1773-4) ; Vanderveken, négociant (1776) ;
de Savigny, ancien capitaine de cavalerie, lieutenant des maréchaux de
France (1777) ; Hurteault, receveur des consignations (1785) ; Fillion,
médecin, (1788) et Polonceau, subdélégué et receveur général des tabacs
(1789).
En 1776, cette L.'. comprenait 18 membres et 31 l'année suivante.
Ses secrétaires furent : Bertrand, négociant (1776) ; Le Grand (1777)
et Polonceau (1785-8). Boudeau, avocat au Parlement, fut son député de
1776 à 1789.
En sommeil pendant la Révolution, cette L.\ reprit ses travaux sous
le consulat.
Ses vén. furent : Fourneaux, négociant (1800-1808), et Mitteau-Fillicn,
négociant (1813-4). Son secrétaire fut Lemaire-Bardou, directeur de la
poste aux lettres, et ses députés : Defondeviolle (1800) et de Balincourt
',1808-1814).
LA FRANG-MACONNERIE. — T. I. 30
466 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
PARFAITE AMITIÉ
Lorsque le G.". OV. reconnut cette L.\ le 19 novembre 1778, pour
prendre rang du 4 juillet précédent, il rappela ses travaux commencés
le 5 novembre 1765. La Parfaite Amitié se fit reconstituer par le Contrat
social le 2 avril 1783.
En 1785. cette L.\ avait pour vén.'.Jeunhomme-Boisseau, négociant;
pour secrétaire, Peneau, pharmacien, et pour député, Pernot du Plessis.
En 1788-9, ces dignitaires étaient remplacés par Le Lorrain, négociant ;
Pouilly de la Tour fils, avocat, et Bourgeois, orfèvre.
La Parfaite Amitié cessa définitivement ses travaux pendant la Révo-
lution.
RENNES
PARFAITE UNION
Cette L.\, une des plus importantes de France, fut constituée par une
puissance inconnue le 24 juin 1758. Ses titres furent renouvelés le
9 octobre 1772 par la G.". L.'. et le 21 octobre 1774 par le G.\ O.'.
Ses vén.\ furent : Hervagault. conseiller au présidial et commissaire
des Etats (1776) ; de Kergrois-Leroy (1777), et de Malezieux, avocat au
Parlement (1785-9) ; ses secrétaires : Lemière. négociant (1777), et
Troyhard, négociant (1785-9). Elle eut successivement pour député :
Savalète de Lange (1777) et Beschais (1785-9). Il n'est pas prouvé que
la Parfaite Union ait interrompu ses travaux pendant la Révolution.
Ses vén.'. furent : Tiengou-Tréferiou, commissaire du gouvernement
(1800-1811) ; Mainguy, président de l'Institut départemental (1802, et Le
Graverend, avocat général à la cour (1813-4). Ses secrétaires : Bonami,
officier de santé (1800) ; Mienne, commandant d'armes ,1802) et Bon-
nal, conseiller municipal (1805 18141. Le tribun Challan fut son député
de 1800 à 1814.
Cette L.*., qui joua un grand rôle dans les événements qui pré-
cédèrent la Révolution en Bretagne, compta parmi ses membres le
général Moreau. En 1774, elle avait souche à son atelier une L.\ d'a-
doption et, en 1775, un chapitre qui englobait les membres de la Par-
faite Amitié.
En 1776, Mangourit fonda dans son sein le rite des Sublimes Elus
de la Vérité, dont il voulait faire remonter l'origine à 1745. Les membres
de ce rite délivraient des constitutions à Paris et en province. Ce régime
était alors exclusivement jacobite.
Il comprenait 14 degrés divisés en 3 classes :
lve classe, grades inférieurs : apprenti, compagnon, maître, maître
parfait ;
2e classe, grades supérieurs : élu des neuf, élu des quinze, maître élu,
petit architecte, 2e architecte, grand architecte, chevalier d'Orient, rose-
croix ;
3e classe, grade des élus : chevalier adepte, élu de la vérité.
En 1778, la Parfaite Union se sépara de la Stricte Observance pour
entrer en correspondance avec les martinistes purs.
En présence de ses agissements pendant les émeutes de 1788, tous les
eccésiastiques se retirèrent de la Parfaite Union.
LOGES DE PROVINCE 107
Parmi les membres de cette L.\, qui dès 1776 avait près de GO adhé-
rents, figurent [es frères du Cattay, médecins ; Coste, dominicain ; dom
Lemur, prieur des bénédictins ; Gilles, prieur des minimes ; Martin
Bertrand de Toron, bénédictin, Pierre Chevalier, minime ; Pierre
Erpelding, et Pierre Saillard, dominicains ; Jean Verne, prieur des
augustins ; Louis Réveillon, ancien prieur et procureur des augustins ■
Béchen, av. Pari. ; Pelletier de l'Etang, av. Pari. ; de la Borde, av'
Pari. ; Duhil de Martigné, av. Pari. ; Pinault du Pavillon, av. Pari ;
Rabuau de la Croix-Rabuau, av. Pari. ; Roullemer, proc. Pari. ; Gril-
lard, proc. Pari. ; du Porson, sénéchal de Portrieux ; Juguet, sénéchal
deMontfort; Dufeis, av. ; Le Minihy, av. ; Robinet, av. ; Duclos, notaire ;
Le Graverend, h. de loi, puis pr. de la cour de Rennes, dép. d'Ille-et-
Vilaine de 1817 à 1822 ; Malherbe, maire et député aux Etats pour
Concarneau ; Le Briquirdu Meshir. maire de Lannion ; de Keraudron
ofF. rég. Berry ; de Kerdroniou, off. rég. Vexin ; de Quelen, cap. Royal-
Lorraine caval. ; Emmanuel de la Celle de Chateaubourg, 1" lieut.
rég Condé ; Le Gonidec de Tressan, off. rég. Auvergne, puis au rég!
Reine ; Rouessart, très, guerres ; Chauvin, cap. navires; de Laquinière.
off. mar. ; Le Minihy, off. mar. ; Varin du Colombier, off. mar. ; For-
tin le Bel, ing. ; Thuillier, ing. ; Legrand, dir. comédie ; Le Bernèur de
Lourme, contr. des dom. et contrôles ; Camus, ambulant des contrôles ;
Perrot-Kervisio, commis aux devoirs ; Danguy, commis aux postes ; Le
Camus, d. des forêts de Relecq ; Le Loutre du Bois-Leger, entreposeur ■
Aubert, neg. ; frères Da Costa, nég. ; de la Croix Thébaudais, nég. :
ce la Perière, nég. ; Mazois, nég. ; Quatrefages, nég. ; René (de Tours)!
neg. ; du Quercrou ; Couppé de la Fougerais ; Dacosta de la Fleuriais •
Danel de la Prunelais ; de Beaumanoir ; de Bellechère ; de Beschais ■
de Boisnoux ; de Bonvalet p. et fils ; de Coësic; de Coëtivy ; de Grand-
maison ; de Guerry ; de Kercaradec ; de Kervivien ; de la Croix ■ de la
Croix-Herpin frères ; de la Motte-Bertin ; de Lauzanne ; de Veaùrous-
sel ; de Miniac ; de Brûlais ; de Saint-Preux ; Dessausais ; Dufaure de
Rochefort ; du Guezennec ; Ellias ; Esnou de la Jonnière ; Guezennec de
Kervivien; Le Livec de Lauzay ; Lemerer frères ; Lemière ; Le Rallier
de Montfeux ; Pollet ; Charles de la Celle de Chateaubourg ; Hay de
Keranray ; Le Tissier ; Louvel de la Maisonneuve ; Mehée de la Touche ■
Pesterbe des Villes ; Petaut ; Potier de la Touche ; François de
Lesquen ; Huguet de l'Aumône.
Parmi les visiteurs : marquis de Virieu, off. Royal-Roussillon-cava-
lerie ; Pontalhé, proc. corn. Rennes, dép. 500 ; le Baron, prés, dist
Rennes ; Elleviou, chirurgien ; Le Rousseau, cons. pari. ; de Kermoi-
san, cons. pari. ; Bidon, proc pari. ; Maréchal, proc. pari. ; Bouvier,
proc. presid. ; Duchatellier, proc. à la cour ; Logée, proc. à la cour;
Chrétien, sénéchal d'Hennebont ; Poussin, Descourbe frères, Bonaissier
de Bernerais, Jarnier, Turin, Martin, Lucas, Bossis, Gaultier, Viallet,
avocat h de loi et j. de paix ; Gérard, rec. timb. et dom. ; de Léon
doct. med. ; Jolivet fils, chirurgien; Claye, commis droits réunis;
Cohax vérificateur des domaines ; de la Villegontier ; comte de Mo-
rant ; de Pontavice ; de Bouteiller ; de Pinczon de Pontbriand ; de la
Richardiere ; de la Prévalaye ; de Laboulaye ; de Luynes ; de Budan ;
'de liourgblanc ; Mestral de Kervenagoel. Un grand nombre de ces
membres étaient delà Parfaite Amitié, Gv. de Rennes
468 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
En 1811, parmi ses principaux membres figuraient : Tiengou-Trefé-
riou, vén.\ ; Costard, 1er surv.\ ; Bonnal ; Arot fils ; Lehenaff, secret.-. ;
de Malezieux ; Le Graverend, sec.'. gén.\ ; Le Minitry ; Carré ;
Lemerer, orateur ; Luizot ; Touzard, 2e surv.'. ; Delaunay, g.', des se.-.
RIOM
SAINT-AMABLE dite AMIS DE LA VERTU
Le 2 septembre 1774, le G.*. O.*. reconnut cette L."., pour prendre
rang du 21 mars précédent, mais en rappelant ses travaux commencés
le 22 mai 1764. C'est probablement en faveur de Panay du Deffand.
chevalier de Saint-Louis, lieutenant-colonel de dragons, prévôt général de
la maréchaussée d'Auvergne, maire de Riom, que cet atelier fut créé.
En 1775, cette L.\ comprenait 31 membres, parmi lesquels : Gran-
chier ; Duclos ; Chauchard l'aîné ; Barthélémy ; Daumas ; Barthélémy
le jeune ; Panay du Deffand ; Carraud ; Védières ; de Vissac ; Sauvageon ;
Vachier ; Laurent ; Gaillard ; Charrier ; Beraud ; Bordes ; Charles ;
Jusserand ; Simond ; Jarin ; de Frétât; du Chambon ; Solagnier ; Des-
michel ; de Combes ; Verny.
Ses vén.'. furent : Granchier, avocat au Parlement (1776) ; et Panay du
Deffand (1777-1785). Son député était Joubert de la Bourdinière.
En 1777, cette L.*. se composait des 34 membres suivants : Granchier,
vén.*. ; Croizier-Duclos; Chauchard l'aîné ; Barthélémy aîné ; Dosmas ;
Barthélémy jeune ; Salagnier ; Bordes fils ; Panay du Deffand ; Car-
raud ; Vissac ; Andraud ; Colin ; de Védières ; Dufour ; Double ;
Sauvageon ; Antoine Charles ; Dufour François ; Moranges, éx-vén.'. ;
Bordes père ; Cartier ; Leroy ; Charles ; Simond ; Jusserand ; Jarrin ;
Desmichels ; Vachier ; Laurent ; Morin ; Desmarands ; Vial ; Chas-
saing.
Bien que les almanachs du G.'. O.'. indiquent que cette L.'. était en
sommeil en 1788 et 1789, nous avons tout lieu de croire qu'il n'en était
rien et que Lafayette y fut admis au moment des élections aux Etats
généraux .
Saint-Amable disparut définitivement pendant la Révolution.
ROCHEFORT
AIMABLE CONCORDE
L'Aimable Concorde aurait été fondée, sans que cela soit prouvé, par
un pouvoir inconnu le 26 août 1744, par des constitutions en faveur du
vén.*. m.*. Forest. La G.*. L.*. la renouvela le 17 mai 1755 et le G.*. O '.
le 12 avril 1774. Il n'est pas bien certain cependant que le renouvel-
lement delà G.*. L.* ait été fait en faveur de l'Aimable Concorde. Par
la suite, on aprétendu que cette L.'. n'ayant pu faire la preuve d'aucun
document authentique, s'était emparée des constitutions de la Sage Liberté.
Quoi qu'il en soit, les travaux de ses premières années n'ont pas laissé
de traces. En 1775 figuraient parmi ses membres : Dupont ; Fournier ;
Parât de Mongeron ; Charier ; Henry ; Faurès ; Lusseau ; Mottes ;
Ponet ; Dusseu ; Clouet ; Thibaut ; Brouillard ; Montaut et Arondel.
LOGES DE PROVINCE M')1.)
En 1776 elle complaît 37 membres et 51 l'année suivante.
Ses vén.\ furent : Che\ allée (1773 .') ; (iachinard, chevalier de Saint-
Louis, ancien capitaine aide-major au régiment de Royal-Dragons
(17/6-7) ; Chcricr (1785); Faurès, armateur et échevin (1788) ; et Dupont,
commissaire des fontes (1789).
Son député fut Du Laurent, médecin de la marine du roi, ancien
maire de Rochefort (1776-7), puis l'abbé du Rousseau.
Parmi ses membres figuraient, en 1777, Martin, commis de l'intendance,
secrétaire ; Homme, secrétaire par intérim ; Dupont, garde des sceaux,
timbres et archives ; Chevallée, ex-vén.\ ; Du Laurent et Parât de
Montgeron.
L'Aimable Concorde eut avec le G.-. O.'. des discussions retentis-
santes, ayant décidé que lors des réceptions même des hommes, ceux-ci
devaient être reçus par les sœurs avant de passer au scrutin des frères.
Cassée par le G.'. O.-., elle se soumit et reprit ses travaux qui furent
définitivement interrompus par la Révolution.
SAGE LIBERTÉ
Cette L.\ aurait été fondée par la G.*. L.\, et l'Aimable Concorde
lui aurait soustrait ses titres constitutifs, donnés le 8 juin 1756 au vén.\
m.'. Aubain de la Forest.
En 1767, elle cessa ses travaux par suite de la mort de Fouraignan, son
vén.\ A cette époque, Lebrun fils, Maison et Servant étaient inscrits sûr
son tableau.
En 1774, elle reprit ses travaux sous le titre de Constante Société avec
les 11'.-. Lucadou (médecin de la marine du roi, officier honoraire du
G.-. O.*.) ; Boiscourteau-Jariet ; Fouraignan fils ; Mottet ; Besoux ; de
la Germonière et de la Garosse.
Le G.*. O.'. reconstitua cette L.'. le 22 février 1776 pour prendre rang
du 13 avril 1775.
Lucadou fut son vén.\ en 1777 et Billotte, chef des bureaux de l'inten-
dance, en 1788-9.
Regnac, chef des bureaux de la marine, fut son secrétaire. Mottet, aide
commissaire delà marine, était son député en 1777, et Trevilliez, agent
de change, en 1788-9
La Constante Société termina définitivement ses travaux pendant la
Révolution.
ROCHELLE (la)
UNION PARFAITE
Cette L.*. aurait été constituée le 9 mars 1752 par une puissance
inconnue, renouvelée par la G.*. L.-. le 9 août 1773 et par le G.'. O.*. le
12 avril 1774
De 1773 à 1775 figurent parmi ses membres : Carrel ; Marsilly ; Dau-
bertes ; Laissaine ; Pavie etCasson. En 1776, elle ne comptait pas moins
de 50 membres.
Ses vén.*. furent : Gabaude, maître en chirurgie (1776 et 1785-8);
Boischot, receveur des fermes (1777) et E. J. Martin, négociant (1789).
470 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Son secrétaire de 1776 à 1789 fut Goullon, directeur de la régie des biens
des religionnaires fugitifs.
Son député fut Richard, négociant, puis (1785-9; Mareschal, inspecteur
des fermes du roi.
Lorsque l'Union Parfaite reprit ses travaux après la Révolution el!e
eut pour vén.'. : Martin, négociant (1802} ; Avrard, greffier du tribunal
de commerce (1808) ; Brunet, juge au tribunal civil (1813) et Lemanis-
sier, avocat (1814) ; ses secrétaires furent : Brunet et Dumarest
Ses députés furent pour la L.\ : Petitclair, négociant, et pour le
chapitre, Lebaillif-Mesnager.
ROUEN
GRANDE LOGE ÉCOSSAISE
La fondation de cette G.'. L. . n'est établie par aucun document, et on
ne trouve aucune trace assurée des L.-. de cette ville antérieurement à
1750. Il est avéré cependant qu'à cette époque il y en avait un certain
nombre en activité Bottarelli dans « Les secrets de l'ordre des francs-
maçons dévoilés et mis au jour» (Amsterdam, 1745), page 112. raconte que
les maçons normands avaient « ordonné une pompe funèbre dans
l'église des jacobins de Rouen ; ils m'ont fait les honneurs, l'invitation
a été solennelle et les frères de sept L'. de Rouen s'y sont transportés
vêtus de deuil ; ils ont observé, autant que la circonstance le leur a
permis, les cérémonies de leur ordre, en ordonnant qu'on marcherait
trois à trois à la pompe funèbre. Cela a été ponctuellement exécuté à
l'honneur de la maçonnerie et à l'édification de tous les fidèles Nor-
mands ».
Ces sept L.'. n'ontlaissé aucune trace. Quant à la G.'. L.*. écossaise,
son existence est constatée par la correspondance de son G.'. M.".
Raparlier avec d'autres GG.'. LL.'. Il prenait le titre de grand visiteur
et réformateur des L.'. émanées de celle de Rouen
D'après une lettre de Raparlier à Van Hove du 20 décembre 1750, elle
aurait fondé entre autres une G.*. L.*. écossaise à l'O.'. de Lille. Toutes
les L.'. ainsi fondées par elle lui pa3-aient une contribution, sans
compter le bénéfice de 100 % que le grand visiteur faisait, paraît-il, sur la
vente des bijoux et accessoires.
Le 18 juin 1754, une discussion aigre-douce s'engagea entre le grand
visiteur et les ff.\ de Lille. Sous la menace de l'anathème des LL.-. de
Marseille, Strasbourg, Lyon, Bordeaux, Nantes, Orléans, Reims, Limoges
et Clermont, la G.'. L.* de Lille restitua à Raparlier ses lettres de cons-
titution après les avoir lacérées. Après 1754, on ne trouve plus de traces,
de la G.'. L.-. écossaise de Rouen.
FIDÉLITÉ
Cette L.*- est la plus ancienne de Rouen qui ait laissé des traces posi-
tives. Elle aurait été constituée par la G.'. L.*. le 5 décembre 1762, en
faveur du vén.". m.-. Le Carpentier. La plupart de ses membres étaient
des négociants. Lorsqu'elle demanda ses constitutions à la G.*. L.'., elle
déclara exister depuis 1759. En 1763, elle fit part de son installation, et à
partir de cette époque il n'en est plus fait mention.
LOGES DE PROVINCE 171
FÉLICITÉ
Cette L.\ aurait été l'ondée par une puissance inconnue le 12 juin 1762,
en faveur du vén.\ m.-. Bacon de la Chevalerie. La G.'. L.'. la recons-
titua le '25 mars 1764, en faveur du vén .-. m.-. Huré et l'installa le
21 mai 1765. Par l'intermédiaire du f.\ de Puisicux, elle réclama le titre
de M.". L.-. qui lui fut constamment refusé. Elle disparut vers 1767.
UNITÉ
L'existence de cette L.". est incertaine. On sait seulement que vers
1764 ou 1765 la Félicité dut lui remettre des lettres de constitution.
SAINT- JEAN DE L'AMITIÉ
Le 3 mai 1765, la G.*. L.'. aurait constitué cet atelier en faveur du
vén.'. m.*. Chobart. Celte L.*. n'a pas laissé de traces.
ARDENTE AMITIÉ
Cet atelier fut fondé parla G.*. L.-. le 4 juin 1765 en faveur du vén.'.
m.". Guérard, avocat au Parlement. Ses titres ayant été égarés, ses
membres demandèrent de nouvelles constitutions qui leur furent accor-
dées le 4 février 1767, en faveur des ff.\ Guérard, vén.-., Ruel et Gaillard,
1er et 2e surveillant. Le 1er juillet 1778 une nouvelle demande de recons-
titution fut adressée au G.". 0.\ qui la lui accorda le 31 décembre sui-
vant. L'installation eut lieu le 30 janvier 1779.
Cette L.'. compta parmi ses membres : Guérard de Houppeville ;
Anquetin de Beaulieu ; Tirebare d'Aubermesnil ; marquis de la Porte ;
Fleury de Boscroger ; de la Ville ; Grandouet de la Fieffé ; Planel de
Plantas ; Chabouillé du Petit-Mont et René Dom Coquille, religieux de
l'abbaye de Saint-Vandrille.
En 1785, Guérard était encore son vén.-. En 1788-9, il était remplacé
par Petitgrand, négociant. Son député fut Chabouillé de Petit-Mont,
ancien officier vendeur de marée.
En 1786,1e f. . Mathéus, R -j-, membre de l'Ardente Amitié, s'adressa à
la G*. L.-. d'Edimbourg, afin d'obtenir des constitutions pour ériger un
chapitre et une G.'. L.'. dans le sein de sa L.*. Il fut fait droit à sa
demande le 1er mai 1786, et l'Ardente Amitié résolut de se faire recon-
naître comme centre unique des hauts grades en France, abandonnant
au G.*. 0.\ la suprématie pour les grades s3rmboliques.
Comme à une époque antérieure le G.'. O.'. avait érigé un chapitre
général de France dans le même but, en vertu de la fausse patente de
Gerbier datée de 1721, il opposa ses prétentions à celles de la L.'. de
Rouen. Invoquant la fausseté des titres du G.-. O.'., il lui adressa une
opposition le 22 juillet 1786. Ne pouvant obtenir gain de cause, elle fit
désavouer les titres de Gerbier par une déclaration de la G.'. L-.
d'Ecosse. En somme, Mathéus reprenait au profit de sa L.\ les projets
formés en 1779 par le Contrat social après une série de débats auxquels
donnèrent lieu le mémoire de Baugni, rapporteur au nom du G.' . O.'.
Ce dernier donna un délai de 21 jours au chapitre de Rouen pour lui
remettre ses titres afin de les annuler.
472 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
L'Ardente Amitié protesta, faisant remarquer qu'elle avait obtenu
régulièrement de la G.'. L.'. d'HRDM de Kilwining des constitutions
établissant dans son sein un grand chap. métropolitain et une G.*. L.'.
provinciale, représentant en France celle de Kilwining ; un grand nombre
de L.-. et de «hapitres donnèrent raison à l'Ardente Amitié et entrèrent
eu correspondance avec elle et avec son chapitre. La lutte durait encore
au moment de la Révolution ; à Baugni avaient succédé, comme rap-
porteurs du G.' O.*., Rœttiers de Montaleau et Riffé de Caubray ;
dans un rapport de ce dernier du 8 mai 1789, le G.\ O.' . maintenait ses
prétentions et ses jugements antérieurs. Nous aurons à revenir longue-
ment, dans notre 2e volume, sur les conséquences de ce schisme, qui
furent considérables.
Avant la Révolution, figurent parmi ses membres :
Petitgrand, nég., vén.*. (1786-7) ; JeanMathéus, nég.,vén. ., portait le
nom de R-lf (Relief), gr.\ m.*. prov.\ d'HRDM de Kilwining ; Levas-
seur, Ferrand, Le Tellier, Planel de Plantas, Devaux, Duquesnay.,
Maimbourg, Heudebert, Guinoiseau, Malétra, Amiot-Guénet, Blondel,
Clavel, Reverdun, Schedel, Petitgrand fils, Bertin et Fontaine, négo
ciants ; Hourdou, Guérard, Geoffroy et Poirel, avocats au Parlement ;
Lcgrand, receveur des octrois ; Pikman, consul de Danemark ; Bichot,
horloger ; Lemercier, agent de change.
Parmi les affiliés : Crevel, Jourdain et Clerget, avocats ; Coquille,
ecclésiastique ; Mathieu, horloger ; Morisse aîné et cadet, Ficquet, négo-
ciants ; Hocquet, notaire.
Les f.* . servants étaient : Chauvin, concierge, et Vasseux.
Le député était Chabouillé de Petit-Mont.
L'adresse directe de la L. '. était chez Petitgrand, rue du Fardeau. Les
tenues avaient lieu le premier dimanche de chaque mois à midi pour une
heure.
L'Ardente Amitié, qui avait cessé ses travaux pendant la Révolution,
Jes reprit au 16 septembre 1802 sous la direction du G.*. O". Ses vén. \
furent : Brière de Lesmont ; Héron d'Agirone, avocat (1808-181 3\ et
Baudry, imprimeur (1814). Son député était Chéréau Cette L *. termina
définitivement ses travaux en 1820, pendant que de Caumont était vén '.
PARFAITE HARMONIE
Le 21 mars 1761 cette L.*. fut créée en faveur du vén.-. m.*. Barthé-
lémy par la G.*. L.*. Le G.*. O.'. la renouvela le 24 février 1780.
En 1771, une décision ayant été prise par cette L.*. contre son tréso-
rier qui avait refusé de rendre certains comptes, l'ancien vén.*. Barthé-
lémy forma un groupe qui entra en lutte avec les autres membres de
la L.*. et se séparèrent emportant les titres, malgré la protestation de
Savouray, vén.'. en exercice.
En 1773, Labady, qui était à la tête des dissidents de la G.\ L.\ de
France, reconstitua la L.*. en faveur de Barthélémy. En 1778, les com-
missaires nommés pour étudier le différend donnèrent raison à Savou-
ray, et le G.*. O.'. lui donna de nouvelles constitutions le 24 février 1780.
A cette époque, la L.*. comptait 17 membres ; en 1786, elle en comptait
34, parmi lesquels figuraient ; Rouland de Fresne, de Meaux ; Lcvail-
lant de Frangicourt ; Delacroix, Renaud et du Haussa}-, prêtres.
LOGES DE PROVINCE 173
Barthélémy avait néanmoins continue ses travaux avec une L.-. qui
portait le litre de Parfaite Harmonie de l'Union.
En 17S"), elle riait présidée par Tesson, marchand, et en 1788-1789 par
Fabulet, juré priseur. Son député était Heurtault, maître es arts et de
pension.
Ln Révolution termina le différend ; les deux L.\ disparurent pour
lie plus reprendre leurs travaux.
SAINT BRIEUC
LA VERTU TRIOMPHANTE
Le 10 septembre 1765, une puissance inconnue fonda cet atelier en
faveur du vén.'. m.*, le chevalier de Champeaux-Palasne, sénéchal
royal. La G.\ L.\ renouvela ses titres le 20 septembre 1772, et le G.'. 0.\
le 23 septembre 1774.
Le chevalier de Champeaux fut vén.-. de celte L.\ jusqu'en 1779,
date à laquelle elle semble avoir cessé ses travaux.
En 1776 et 1777, elle avait cependant 37 membres. Son secrétaire était
Le Saulnier jeune, négociant, et son député le chev. de Froger
d'Igneaucourt.
En 1800, la Vertu Triomphante avait repris ses travaux avec Piou,
architecte du département, comme vén.*. Saint-Conan, officier de santé,
secrétaire. Piou occupa les mêmes fonctions jusqu'en 1815. Le député fut
Angebault jusqu'en 1807, et Dénouai de la Houssaye, employé auprès
du grand juge, jusqu'en 1814.
En 1801, la L.\ se composait des membres suivants : J. Piou père,
vén.-. en exercice ; Gonan, ex-vén.*. ; Damar et Belletranche, 1er et
2e surv.-. ; G. Couppé, orateur; Jacques Curo, professeur de mathéma-
tiques et d'hydrographie, maître des cérémonies ; Berteau et Conan fils,
1er et 2e hospitalier ; Chamerel, garde des sceaux ; Le Gorrec, secré-
taire ; Le Véchon et Ropartz.
SAINT-DOMINGUE
SAINT-JEAN DE JÉRUSALEM ÉCOSSAISE
Cette L.\ fut fondée par une puissance inconnue, le 1er mars 1749,
confirmée par la G.*. L.*. le 1er mars 1769, et par le G.-. O.-. le 20 avril
1776, pour prendre rang de la date de sa constitution par la G.*. L.*.
En 1776, cette L.*. comptait 35 membres. Son vén.'., de 1776 à 1787,
fut Manesca, négociant ; Dallert, négociant, occupâmes fonctions de
secrétaire, et Mazère, capitaine de dragons, commandant au quartier
Morier, celle de député pendant la môme période.
En 1788 et 1789, le tableau de la L.'. se composait des membres sui-
vants : Pescay père, habitant, fondateur; Casamajour, notaire, vén.*.;
Hérault, procureur, 1er surv.-. ; Coupigny, notaire, 2e surv .*., garde des
sceaux et timbres ; Méridien Aimé, négociant, orateur ; Labat, négociant,
secrétaire ; de Saint-Amand, commis, secrétaire adjoint ; Chauvran,
négociant, trésorier ; Charrier de Kervan, capitaine dragons, trésorier
adjoint ; Fauconnier, confiseur, 1er expert ; Ducatel, apothicaire, maître
474 LA FRANC- MAÇONNERIE EN FRANCE
des cérémonies ; Dourdat, chirurgien, hospitalier ; Motaz, bourg .
2e expert ; Bertin, négociant, économe ; Gur. grand voyer, terrible ;
Pasquot, receveur des droits [domaniaux ; Moreau de Saint-Méry, con-
seiller ; Suarez d'Almeyda, procureur du roi ; Fayoux, étalonnier juré ;
Cagnon, négociant ; Labat, chef du bureau ; Dorson, chirurgien ; Tar-
dieu, négociant ; Bider de Benonceau, négociant ; Bonna, horloger ;
Barillon, négociant ; Auriot, habitant ; Dupé, négociant ; Beaucourt,
peintre ; Lory Duvivier, négociant ; .Rolland, capitaine de navire ;
Amiet, bourgeois ; Daubry, chirurgien ; Veyrier, négociant ; Beybaud,
interprète anglais ; Gerlin, vétérinaire ; Jonas de Br.scureil, officier au
régiment du Cap, et Grugé, tailleur.
Cette L.\ termina ses travaux pendant la Révolution.
CONCORDE
Cette L.\ aurait été fondée par une puissance inconnue en 1749,
reconstituée en 1765 par la G.". L. .. en faveurdu vén.\ m.-. Prégotte, et
le 17 octobre 1776 par le G.'. 0.\
En 1777, ses 45 membres étaient présidés par de Trembly, conseiller
au conseil des 200 de la République de Genève, et habitant de l'Arti-
bonette.
De 1785 à 1789, il fut remplacé par Bodrigue, avocat. Son secrétaire
était La Gourgue aîné, négociant, et son député, Bouyer, avocat.
Cette L.*. disparut définitivement pendant la Bévolution.
HARMONIE
La G.*. L.'. fonda cet atelier en 1762, en faveur du vén.\ m.'. Mau-
rice.
Cette L.". n'a pas laissé de traces.
FRÈRES UNIS
Cette L.-. fut fondée en 1763 par une puissance inconnue; le 26 février
1765, la G.*- L.'. renouvela ses titres en faveur du vén.\ m.'. Simon.
Le G.'. O.'. la reconnut le 17 août 1780.
En 1777, elle n'avait que 8 membres.
Son vén.\ en 1785 était Jogues ; il fut remplacé en 1788-1789 par
Gelée, capitaine de dragons.
Son député fut Desroches le jeune (1785), puis Billard, avocat au
Parlement (1788-1789). Cette L.'. disparut définitivement pendant la
Bévolution.
AMITIÉ INDISSOLUBLE
Cet atelier, qui existait encore en 1779, fut fondé par la G.-. L.*. le
26 novembre 1765, en faveur du vén.\ m.*. Bernard de Pérault.
LA VÉRITÉ
Les constitutions primitives de cette L.*. datent du 1er mars 1767.
La G. . L.*. les renouvela le 10 décembre 1771, et le G.-. 0.\ le 2 mars
1775.
LOGES DE PROVINCE 17.")
Eo 177<i, elle avait 35 membres, et 56 en 1777.
Ses vén.*. furent : Pesay père ( 17 7<>) : l'abbé Droguet, aumônier de
L'hôpital de la Charité ■; 1777 ; ; Casamajour, notaire 1785 et 1789), et
Pacot, receveur des droits domaniaux (1788).
dette L •. était en correspondance toute spéciale avec l'Amitié de Bor-
deaux, qui était son intermédiaire tant pour ses affaires maçonniques
que pour ses affaires particulières. Les lettres étaient adressées sous le
couvert de l'anagramme Goel de Milalié.
Les secrétaires furent : Becbec (1776) ; Viel, chimiste (1777) ; Pacot,
premier commis des domaines (1785-1789).
Son député fut Daubertin, puis de la Motte.
La Vérité disparut définitivement pendant la Révolution.
SAINT-GAUDENS
LA CANDEUR
Lorsque le G.\ 0.\ reconstitua cette lu.', le 12 février 1784, pour pren-
dre rang du 17 juin 1781, il rappela ses travaux commencés le 1er mars
1748.
Cette L.-. n'a laissé aucune trace de ses travaux avant 1785.
A cette époque, son vén.". était La Pêne de Saint-Martin. En 1788-1789,
il fut remplacé par l'abbé de Moncaupt, chanoine.
Pendant la période 1785-1789, elle eut pour secrétaire Pigot, négociant,
et pour député Vénier, commis aux fermes.
Après avoir interrompu ses travaux pendant la Révolution, elle fut
reconstituée le 4 mai 1810, par la L.\ Saint- Alexandre. En 1813-1814,
elle avait pour vén.". Anouilh, avocat; pour secrétaire, Pascal Pelleport,
avocat, et pour député. Pannetier, officier du G.'. O.'.
SAINT-JEAN-D'ANGÉLY
L'ÉGALITÉ et MADELEINE DE L'ÉGALITÉ
Sous le titre de Madeleine de l'Egalité, la G.*. L.*. fonda une L.'. le
2 juillet 1764, en faveur du vén.*. m.*. Guérin.
Il semble qu'une autre L.\ ait été fondée le 18 mai 1764, sous le titre
Egalité. Il est probable que ces deux L.-. n'en font qu'une.
La G.'. L.-. renouvela ses titres le 10 décembre 1772, et le G.*. O.'. le
11 juin 1774.
De 1773 à 1775 figurent parmi ses membres : Ozanne ; Chardé ; Mes-
tadier père et fils ; Dubourg ; Lefebvre ; Perreau et Damuret.
En 1776, la L.*. comptait 15 membres.
Ses vén.-. furent : Guérin de la Madelaine (1776-1777) ; Roy, entre-
preneur des hôpitaux militaires (1785) ; Ouzoneau, avocat au Parlement
(1788) ; Favre, négociant (1789).
Ses secrétaires furent : Toussaint de la Marre, garde-magasin des
vivres de la marine (1776-1785), et Paul Roy, ancien officier et adminis-
trateur de l'hôpital militaire (1788-1789).
Ses députés furent : Rousseau (1776) ; vicomte de Sainte-Hermine,
capitaine de dragons d'Artois (1777), et Castet, ancien officier de la
maison du roi (1785-1789;.
476 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
En sommeil, pendant la Révolution, elle reprit ses travaux sous l'Em-
pire.
Ses vén*. furent : Rolland, négociant (1808) ; Limoges, commissaire
des poudres (1813), et Ouzoneau, notaire (1814).
La L*. faisait adresser ses lettres sous le couvert de l'anagramme
de Geliate. Elle eut pour député, de 1808 à 1814, le comte Regnauld de
Saint- Jean- d'Angély.
SAINT-QUENTIN
SAINT-JEAN
Le 6 novembre 1744, cette L.\ fut constituée par une puissance incon-
nue en faveur du vén.\ m.'. Poupardin. Elle n'a laissé aucune trace
jusqu'à sa reconstitution par le G ". Gv. le 6 décembre 1774.
En 1776. elle se composait de 52 membres.
Ses vén.'. furent : Dumoustier, négociant (1776 1777) ; de Brissac,
seigneur de Soxejr, Montplaisir, etc., négociant (1785 et 1789) ; Dunez
l'aîné, négociant, ancien consul (1776-1788;. Ses secrétaires étaient :
Dunez jeune et Duplessis Bernoville, négociant (1789). Ses députés
furent : de Saint, négociant (1776-1777) ; Bacon de la Chevalerie (1785),
et de Brissac (1788-1789).
En sommeil pendant la Révolution, cette L.'. ne reprit pas ses travaux.
SAINT-VINCENT
ÉCOSSAISE DE LA RÉUNION DES VERTUS
Cette L.v fut constituée en 1762 par la G.*. L.'., en faveur du vén.'.
m •. Clauzelle ; elle fonctionnait encore en 1779.
SAINTES
LA SINCERITE
Cet atelier, qui existait déjà le 20 novembre 1760, fut constitué le
28 mars 1762 par la G.-. L.-., et renouvelé le 2 juillet 1774 par le
G.\ O. .
En 1775, il comptait parmi ses membres : Pintaut ; de Varennes ;
de Lisleferme ; Prieur-Granville ; Viger ; Robert ; Frauchay ; Bour-
leau ; Arnauld ; Laurent ; de Lys et Mercier.
En 1776, elle comptait 21 membres et 23 l'année suivante.
En 1776, Vieuille, conseiller au présidial, était son vén.-. ; de 1777 à
1789, il fut remplacé par Le Breton, président et lieutenant général.
Toussaint, imprimeur, fut son secrétaire de 1776 à 1789 ; de Lisleferme
fut son député en 1776, et le Dc Guillotin, de 1777 à 1789.
La Sincérité disparut définitivement pendant la Révolution.
SARRELOUIS
SAINT-JEAN DE LA BONNE HARMONIE
Le 20 mai 1765, cette L.*. fut constituée par la G.*. L.*. en faveur du
vén.\ m.*. Bazin. Elle était encore en vigueur en 1779.
LOGES DE PROVINCE 177
SAUMUR
SAINT-LOUIS DE LA GLOIRE
Celle L.\, établie par une puissance inconnue le 12 avril 1745, fut
reconstituée par la G.'. L.\ le 12 janvier 1746, et par le G.*. O.'. le
1er mars 1781. Elle n'a laissé aucune trace jusqu'à cette dernière date.
En 1785, elle fut présidée par Tremblier de Varenncs, gardien des
religieux ; en 1788, par Alauzet, receveur principal des fermes du roi,
cl on 1789 par Hiffaut de Sautrel, médecin. En 1788-1789, son secrétaire
était Yillier, président du grenier à sel.
Restée en sommeil pendant la Révolution, elle reprit ses travaux sous
l'Empire, sous le titre de Saint-Napoléon de la Gloire. En 1810 (?), d'a-
près un brevet de R.\ -f- donné à Marie-Charles-Antoine de Reiset, colo-
nel du 1er régiment des dragons, les dignitaires de son chapitre étaient :
Riffault, vén.\ ; Roilève le jeune et Reaumonl, 1er et 2e surv.'. ; Oudry,
maître des cérémonies ; Defos, secrétaire général ; Cahouet, garde des
sceaux ; Esnault, grand orat.-., et L. Croubrain, secrétaire.
En 1813-1814, son vén.\ était Esnault, président du tribunal civil ;
son secrétaire, Chalopin, notaire, et son député, Jacquelin, chef de
bureau au ministère de la guerre.
SAINT-PIERRE DE LA PARFAITE UNION
Fondée à une date inconnue, cette L.*. n'a laissé de traces qu'en 1788-
1789. Elle avait alors pour vén.'. Berthelot, marchand (1788) ; Lemoine,
vitrier 1,1789), et pour secrétaire ^ 1788 1789), Brosseau fils, greffier de
l'Etat-major.
SEDAN
PARFAITE AMITIÉ
Cet atelier, fondé par la G.'. L.'. en 1760, en faveur du vén.\ m.*.
Beniger, fonctionnait encore en 1779.
SAINT-JEAN DES FRÈRES ZÉLÉS
Fondé par la G.'. L.*. le 7 mai 1762, en faveur du vén.'. m.*. Dujet
du Rozoir, cet atelier était encore en vigueur en 1779.
LA FAMILLE UNIE
La G.'. L.'. reconstitua cet atelier le 9 octobre 1772. Il aurait été cons-
titué par une puissance inconnue le 24 juin 1762. Le G.'. GV. le reconnut
le 7 mars 1776.
En 1775, figuraient parmi ses membres : Duchesne de Ruville ; La
Bauche de Bazeille, et Louis et Cœsar la Bauche. Composé de 17 mem-
bres en 1776, il en comptait 25 l'année suivante.
De 1776 à 1789, son vén.'. fut Duchesne de Ruville, commissaire pro-
vincial des guerres. Pendant la même période, Poupart jeune, négo-
ciant, fut son secrétaire, et Trudon des Ormes son député.
478 LA FRANC-MAÇONNERIE EX FRANCE
Disparue pendant la Révolution, cette L '. reprit ses travaux sous
l'Empire, dirigée en 1808 par Labauche-Hazeille, manufacturier, et en
1813-1814, par Jobert, négociant. Son secrétaire était Devillars, manu-
facturier, et son député pour la L*. et le chapitre, Delaunaj', officier du
G. . O.-.
SAINT-JEAN DES FRÈRES ÉLUS
Cette L.*. fut fondée le 12 juillet 1762, par la G.*. L.., en faveur du
vén.*. m.\ Laubert}'. Ses travaux n'ont pas laissé de traces.
SOISSONS
CŒURS UNIS
A une date inconnue, une L.*. fut fondée sous ce titre. Elle n'a laissé
aucune trace.
STRASBOURG
GRANDE LOGE ECOSSAISE
Vers 1750, Reparlierde Rouen aurait installé à Strasbourg une G.'.L.\
Ecoss.-. faisant fonction de Mère Loge. (Voy. Rouen). Elle fait peut-être
double emploi avec
SAINT-JEAN D'HÉRODOM dite SAINTE-GENEVIÈVE
Constituée par une puissance inconnue le 17 janvier 1757, cette L.*.
fut reconstituée à deux reprises par la G.". L.\ La première fois le
26 août 1764, en faveur du vén.\ m.*. Mainglet, et la seconde le 12 mars
1772. Le G.-. O.'. la reconnut le 6 avril 1780.
En 1785, elle était présidée par Marchand, négociant, et en 1788-9, par
Weyher, négociant. Le secrétaire était Ch. L. Weyher fils, et le député,
Salivet, avocat au parlement.
En sommeil pendant la Révolution, elle ne reprit pas ses travaux sous
son ancien nom.
C'est sous le titre de la Concorde qu'elle se réinstalla sous l'Empire.
Le 18 mai 1805, Kellermann G., adm. de Tordre, et de Grasse-Tilly,
représentant immédiat du Ser.\ G.'. M.', au G.\ chap. de France,
présidaient à ses travaux.
Son vén.'. en 1808 était Popp, procureur impérial ; Pané, vén.".
d'honneur; en 1813-4, il était remplacé par Paul, pa}reur divisionnaire.
Elle eut pour secrétaire Jean Daniel Saùm fils, négociant, et pour
député pour la L.\ et le chapitre, Lahausse, médecin (1808), et Serson
de Moitiers, officier honoraire du G.\ O.'. (1813-4).
SAINT-LOUIS DALSACE
Le 15 janvier 1763, la G.\ L.*. /onda cet atelier en faveur du vén. .
m.*. Litz-Ellmann ; il fonctionnait encore en 1779.
LOGES DE PROVINCE 179
LA CANDEUR
Cette L.'. fut fondée le 17 novembre 17(53, par la G.'. L.\,en faveur du
vén.*. m.", le baron de Landsperg qui dirigeait encore ses travaux en
1777. Son secrétaire était alors le comte de Lutzelbourg, maréchal de
camp, et son député, Bacon de la Chevalerie. Ce fut une des L.*. les
plus importantes du régime de la Stricte Observance. En 1785, elle était
présidée par le baron de Klinglin. colonel de dragons ; Eglise de
Saint-Martin, était son secrétaire. En 1788-9, elle eut pour vén.*. Metzler,
archiviste de la ville, pour secrétaire Ehrmann, et pour député Savalète
de Lange.
Elle se faisait adresser ses lettres sous le pseudonyme de Ferdinand de
Runac. A partir de 1788, elle avait pris le titre de La Candeur et Ferdi-
nand aux neuf étoiles, en l'honneur du duc Ferdinand de Brunswick.
Lors de la formation des directoires écossais, elle fut comprise dans
celui de Besançon.
Elle disparut pendant la Révolution, et on ne la retrouve qu'en 1814,
présidée par Maris, colonel de la garde d'honneur, et a}^ant pour secré-
taire Ubersaal, médecin.
Nous reviendrons longuement sur cette L.*. dans le tome IL
En 1785, l'Amitié avait fusionné avec la Candeur.
MODESTIE
Le 4 janvier 1764, la G.*. L.'. fonda cet atelier en faveur du vén.'.
m.". Saldoul Cette L.-. n'a pas laissé de traces de ses travaux.
L'AMITIÉ
La G.\ L.\ fonda cette L.-. le 17 octobre 1764, en faveur du vén.'. m.'.
Bertrand, et renouvela ses titres le 9 octobre 1774. Le G.'. O. . la recon-
nut le 25 janvier 1774. En 1775, elle se composait des membres suivants
Chaumont, capitaine au régiment de Royal-Nassau, qui fut son vén.'.
Stierling, ancien secrétaire de légation ; Moneder ; de Voisins ; Maller
Desvieux ; d'Argœuvre ; Kern ; Welhem ; de Capel ; Greuner ; Piquet
Kael ; le marquis de Belissen ; le chevalier de Montaigle et le chevalier
de Cybenis.
Son député était Savalète de Lange.
L'Amitié se réunit à la Candeur en 1785.
PARFAIT SILENCE
Cette L '. fut constituée le 4 février 1767, par la G.'. L.'., en faveur du
vén.-. m.'. Isnard. En 1775, elle comptait le baron de Weiller, major
au service de l'empereur. Celui-ci étant mort à Turin, le 9 novembre
1775, sa colonne funèbre fut prononcée dans la L.-. du Parfait Silence
le 9 février 1776, par Claude-Hilaire Laurent, médecin.
En 1785, cette L.'. fut présidée par de Clermont, contrôleur de la
poste aux lettres, et en 1788-9, par Weille, inspecteur des vivres.
Son député était Badenier, intendant de la maison d'Uzès.
Elle disparut définitivement pendant la Révolution.
480 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
TARASGON
LA FIDELITE
Cette L.\, dont on ne trouve de traces que sous 1 Empire, aurait été
fondée le 24 mars 1765, par une puissance inconnue.
En 1808, elle était présidée par Martin fils, praticien, et en 1813-4, par
Raget, chirurgien. Son secrétaire était Martin, avoué, et son député de
Foissy.
Elle faisait adresser sa correspondance sous le couvert de l'anagramme
Delifîte.
TARBES
LA PAIX
Les constitutions de cette L.*. dataient du 10 novembre 1764 ; elles
émanaient d'une puissance inconnue. Elles furent renouvelées par la
G.'. L.-. le 9 octobre 1772, et par le G.'. O. . le 29 février 1776.
Elle comprenait 37 membres en 1776 et 46 en 1777.
Ses vén.'. furent : De Péen, procureur du sénéchal de Bigorre (1776-7; ;
le prince de Rohan-Rochefort, lieutenant général des armées du roi,
premier baron des Etats de Bigorre (vén.*. en exercice 1785 8; et vén.'.
d'honneur 1789), et de Coture, écuyer, conseiller du roi et maître parti-
culier des eaux et forêts (1789). Son secrétaire était Décamp, avocat au
Parlement, et son député l'abbé de Montmorency-Boutteville.
Cette L.-., en sommeil pendant la Révolution, reprit ses travaux sous
l'Empire.
Mérens, juge au tribunal civil, fut son vén.'. (1808-14), et Laporte,
procureur impérial, son secrétaire.
THIERS
SAINT-ÉTIENNE
Cette L.'. fut constituée par une puissance inconnue le 5 août 1754.
Ses pouvoirs furent renouvelés par la G.*. L.-. le 27 décembre 1772, et
par le G.'. O.'. le 10 janvier 1777.
En 1776, elle comprenait 19 membres.
Ses vén.'. furent : Rachias, négociant (1777) ; Chantemerle, contrô-
leur des actes (1785-8), et Darrot de Frédefont, bourgeois (1789). Son
secrétaire fut Cagnard, notaire, puis Darrot. Son député était Joubert
de la Bourdenière.
En sommeil pendant la Révolution, elle reprit ses travaux sous le
titre de Frais Amis.
En 1808, elle était présidée par son ancien vén.-. Darrot de Frédefont,
et en 1813, par Brunel, chirurgien. Son secrétaire était de Lachenal,
propriétaire; son député pour la L.\ était Geneux, officier du G.\
O."., et son député pour le chapitre Fasolle, négociant.
TOULON
SAINT-JEAN DE JÉRUSALEM
Cet atelier fut fondé par une puissance inconnue le 12 mars 1750, puis
reconstitué par la G.". L.\ le 29 août 1772. Tout ce qu'on sait de cette
L.*., c'est qu'en 1788-9 elle était présidée par La Voûte, négociant.
Elle disparut définitivement pendant la Révolution.
LOGES DE PROVINCE 181
DOUBLE UNION
Le 1er août 1761. cette L.*. fut constituée par une puissance inconnue.
Ses titres furent renouvelés par la G.\ L.*. le 10 février 1772, et par
le Ci.*. O.". le 3 décembre 1778. On ne sait rien de ses premiers travaux.
Ses vén.*. furent : Baraillier, tailleur (1785) ; Marquisan, secrétaire du
bureau major de la marine (1788), et Milain fils (1789). Son député était
Duluc, horloger.
Après avoir cessé ses travaux pendant le Révolution, elle les reprit
sous le Consulat. En 1802, elle avait pour vén.*. Aube, notaire ; pour
secrétaire, Messonnier, et pour député, Turel, notaire.
Le 4 mars 1803, elle se réunit à la Paix pour former le chapitre du
Parfait Silence.
Son vén.*. de 1808 à 1822, fut Leclerc, officier de santé. Celui-ci étant
passé vén.*. d'honneur en 1813, fut remplacé par Grand-Jean, garde-
magasin (1813), et par Gosse (1814).
En 1808, le député était pour la L.*. et le chapitre, Grenier, avocat,
et en 1814, Goetz.
TOULOUSE
CLERMONT
Cette L.*., une des plus importantes de Toulouse, fut fondée, le 14 avril
1745, par Samuel Lockhardt, membre de la famille Sainclair, et par
Nicolas Barnewall, comte de Trimlestown, vicomte de Kingsland (1726-
1813), Le G.'. O.'. la reconnut le 20 juillet 1780.
En 1783-4, le comte de Barnewall était son vén.*. et d'Amade était
son secrétaire. En 1785, il était remplacé par Dupin, conseiller, et en
1786-9, par le marquis des Portes, sénéchal de Toulouse. Ses secrétaires
furent : Villar, professeur en chirurgie (1785), et le baron de Commère,
conseiller honoraire au Parlement (1788-9).
Le député était le marquis d'Alciati.
SAINT-JEAN DES ARTS et SAINT-JEAN D'ECOSSE
C'est sous le premier titre que cette L.\ fut fondée par une puissance
inconnue le 8 juillet 1775, et ses titres furent renouvelés par la G.*. L.\
le 10 décembre 1772. C'est sous le second titre que le G.\ O.*. la recon-
nut le 25 juin 1774.
En 1776, elle n'avait que 35 membres ; l'année suivante elle en eut 56.
Parmi ses membres en 1775, on trouve Arbanère et Desmoulin.
De 1776 à 1790, Gaubert, procureur au Parlement, fut son vén.'. ;
De Bru aîné, négociant, son secrétaire ; et l'abbé Jardin, son député.
Elle disparut définitivement en 1792.
VIEILLE RRU ou ÉCOSSAIS FIDÈLES et NAPOLÉONMAGNE
Cette L.*. aurait été, dit-on, fondée directement par Charles Edouard,
mais aucun document n'a été fourni à l'appui de cette affirmation. On
a beaucoup discuté sur l'origine singulière de son nom de Vieille Bru.
On a cherché les étymologies les plus savantes et les plus compliquées,
LA. FRANC- MAÇONNERIE. — T. I. 31
482 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
sans donner aucune preuve sérieuse. On peut admettre avec une certaine
vraisemblance que, créée en faveur du vén.-. m.', de Bru aîné, on l'ait
appelée la Vieille L.\ de Bru, puis la Vieille Bru.
Cette L.\ reprit ses travaux sous l'Empire, sous le titre de Napoléon -
magne. Le 8 février 1812, le directoire des rites du G.*. 0.\ refusa de
la reconnaître sous le titre d'Ecossais Fidèles ou de Vieille Bru, ses
patentes n'ayant aucun caractère d'authenticité.
En 1808, son vén.*. était du Puget. propriétaire. En 1813, il était
remplacé par Montané de la Roque, président à la cour, et en 1814, par
Cardes, négociant
Son secrétaire était Clausolles, et son député Laflotte, avocat (1808j,
puis Delaroche (1813-4).
Pour cette L.'., voir Lecouteulx, p. 112 ; Ragon, Orthodoxie, p. 122 ;
Daruty, p. 174 ; Thory, Acta Latomorum, I, 251 ; Gros, Les L.'. maçon-
niques de Toulouse ; et chap. vu.
LA SAGESSE
Une puissance inconnue fonda cette L.\ le 10 juillet 1757. La G.*. L.\
renouvela ses titres le 31 décembre 1772, et le G.*. O.-. le 27 septembre
1774. On a prétendu même, mais sans preuves, qu'en 1749 on avait
constitué dans son sein un souverain chapitre au rit écossais d'Edimbourg.
En 1775, cette L.*. comprenait 64 membres. Elle eut pour vén.'. De
Marrort (1776) ; d'Espigal, conseiller doyen au sénéchal et présidial
(1777) ; Pinaud, négociant (1785) ; Lanneluc, négociant (1788), et
Decamps, négociant (1789).
Son secrétaire fut J. Pinaud, et ses députés Froger d'Igneaucourt
(1776-7), de Chamerois (1785), et Armet, garde des archives du roi et
de Monsieur (1789).
Ayant interrompu ses travaux pendant la Révolution, elle les reprit
sous l'Empire. Elle fut constituée par la L.'. Saint-Alexandre le 17 octo-
bre 1806, et en 1809 elle possédait un chapitre d'Hérodom de Kilwining.
Ses vén.-. furent : Sénègre, négociant (1808), et Raymond fils, juge
suppléant au tribunal de commerce (1813-4).
Son député secrétaire était Roumagniac, négociant, et de 1808 à 1814
ses députés : pour la L.'. Michelot ; pour le chapitre, Brunet ; l'un et
l'autre officiers du G.'. O.".
PARFAITE AMITIÉ
Constituée par la G.*. L.*. de France le 30 mai 1763, cette L.'. fut
reconnue par le G '. O.'. le 9 août 1781.
Parmi ses membres en 1766 figurent : Tavernol ; Laforest ; Genton ;
Bastide. En 1774, son tableau contenait douze avocats et pas de magis-
trats. En 1782, huit magistrats du Parlement s'y étaient introduits En
1783, il y en avait vingt-trois et en 1786 il y avait deux présidents à
mortier, quinze conseillers en fonction, trois conseillers honoraires, un
avocat général et deux substituts du procureur général. Contrairement à
ce qui se passait dans les autres L.-., dans la Parfaite Amitié le magis-
trat se substituait à l'avocat. Cette L.-. était particulièrement élégante et
aristocratique. A ses côtés fonctionnait une L.'. d'adoption nombreuse
et choisie.
LOGES DE PROVINCE 183
Ses vén.\ furent : Juin de Sir an, conseiller ; Daspe, président
(1782-3) ; de Laroquan. conseiller 1784 ; Helmon de Malcor (1785) ; de
Resseguier, avocat général (1780-9); Malpel, avocat au Parlement, est
son secrétaire, et son député, Théaulon (1785), puis Descadillac,
avocat au Parlement (1788-9;.
Par le tableau de cette L.-. en 1786, on se rendra compte de la com-
position de ses membres; elle resta la même, à peu de noms près, jus-
qu'à la Révolution, qui la plongea dans un sommeil éternel :
De Resseguier, cons. gén. Pari., vén.\ ; de Sapte, prés, mortier,
l,r surv.\ ; de Rigaud, cons. Pari., 2e surv.-. ; de Malcor, cons. Pari.,
ex-maitre ; de Siran, cons. Pari., orateur ; Cassaigne, av., secret.'. ;
Lamarque, av., trésorier ; marquis de Pordéac, maître d hôtel ; de
Fajole Giscaro, écuyer, terrible ; de Labroue, cons. Pari., m.\cérém.\ ;
de Laroquan, cons. Pari., g.', des se. ; Dubaur, prof médecine, et
Frizac, prof, chirurgie, visiteurs malades ; abbé Sempé, chanoine Saint-
Jean, infirmier ; abbé de Saint-Romain, chanoine Montauban, maître ;
Sicard, av. Pari., maître ; de Fajac, prés. Pari., maître ; Malpel, av.
Pari., maître ; Ferrey, subst. proc. gén., maître ; Delong père, cons.
hon. Pari., maître ; Dérat, av. Pari., maître ; d'Azas, cons. hon. Pari.,
maître ; Demouche, secret, palais, maître ; Désirât, av Pari.,
maître ; marquis du Faget, lieut maréch France, maître ; de Segla,
cons. Pari., maître ; de Brive,m.\ Pari., eaux et forêts ; Foix, maître ;
de Salase, subst. proc. gén., maître ; de Fajole, cons. hon. Pari.,
maître ; Viguier, av. Pari., maître ; abbé de Pouget, curé de Saint-
Thibery, maître ; de Rouillan, écujrer, maître ; marquis de Montbartier,
maître ; d'Azemar de Fabrègues, écuyer, maître ; de Rochefort, cons.
Pari., maître ; Lamic, av. Pari., maître ; marquis de Puilaroque, maître ;
de Rouville, cons. Pari., maître ; Mical, dir. gén. fermes, maître ;
Duroc de Mauron, cons. Pari., maître ; de Laplonière, dir. postes,
maître ; de Lespinasse, cons. Pari., maître ; de Trinqualie, cons. Pari.,
maître; Tardy, écuyer, maître; chev. d'Albaret, off. rég. Maine, maître;
de Rigaud-Corneille, off inf., maître ; de Saint-Victor, lieut. -col. inf.,
maître ; Delong fils, cons. Pari., maître ; de Gilède-Pressac, écuyer,
maître ; de Pavie-Fourquevaux, off. dragons, maître ; Delibe, prof,
collège royal, maître ; d'Héliot, cons. Pari., maître ; de Reynal, cons.
Pari., maître ; de Fabrot, écuyer, maître; Abrial d Issas, cons. sénéch. ;
de Villeneuve de Berg, maître ; baron de Panetier, off. caval., maître ;
marquis d'Eure, maître ; Sambucy, baron de Miers, écuyer, maître ; de
Marcilhac, écuyer, maître ; vicomte d Alzon, maître ; baron de Pertuis,
maître ; marquis d'Escouloubre, col. inf., maître ; Dunoyer de Segon-
zac, écuyer, maître ; de Saint-Rémy, écuyer, maître ; Rivais de La-
combe, cons. sénéch. Montauban ; du Fayet, g. du corps du roi, maître;
Saint-Arnoux, écuyer, maître ; marquis de Villelongue, maître ; abbé de
Solages, vie gén., Nantes, maître ; de Labourrelie, cons. Pari., appr. ;
Ch. de Labourrelie, off. inf., appr. ; Duperier, cap. caval., maître ; de
Senovert, off. génie, maître ; de Marin, écuyer, appr. ; Ch. de Marin, off.
carabiniers, maître ; Bastoulh, av. Pari., appr.; de Marmiesse, off inf.,
maître ; de Palarin, off. caval., appr. ; marquis de Monlaur, maître ;
comte de Ligonès, maître ; de Nougairol, av. Pari., appr. — Servants
de la L.*. : Boussavié ; Massonier. — Adresse : Malpel, av. Pari., rue
des Regaus.
484 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
La L.'. d'adoption était composée des sœurs: Présidente de Sapte,gr.\
maîtresse; de Labroue, lIe inspect.%; de Siran, 2e inspect.'. ; de Rigaud,
ex-maîtresse ; de Laroquan, oratrice ; de Cazes, secrétaire ; marquise de
Portes, trésorière ; de Combettes-Caumont, maîtresse cérém.\ ; de Taillas-
son ; de Duprat ; de Gaja ; de Saint- Victor ; de Mahieu , baronne de
Panetier ; de Redon ; marquise du Crouzet ; de Millau ; vicomtesse de
Rochemaure ; marquise de Resseguier ; de Rochefort ; de Lacroix ;
d'Omeron ; de Réad aînée ; de Réad cadette ; marquise de Monlaur.
TOURNUS
PARFAITE UNION
Les constitutions primitives de cette L.\ lui furent délivrées le 4 août
1766, par une puissance inconnue. Elles furent renouvelées par la G'.
L.-. le 29 août 1772 et par le G.'. 0.\ le 27 mai 1774.
En 1776, cette L.'. comptait 15 membres et 20 Tannée suivante.
Ses vén." furent : Du Lac, notaire (1776) ; de Laval de Lostange,
avocat au Parlement, bailli (1111) ; Niepce, changeur pour le roi
(1785-8), et Jacquet, curé (1789). Ses secrétaires étaient : Lornat, notaire
(1776) ; Dunand, médecin (1777), et Niepce (1789). Son député fut
Poncet (1776), puis Armet, garde des archives du roi et de Monsieur
(1788-9). Cette L.'. disparut définitivement pendant la Révolution.
TOURS
CONCORDE ÉCOSSAISE
Fondée par une puissance inconnue, le 27 septembre 1745, cette L.*.
fut reconstituée le 6 mars 1765 par la G.'. L.'. et par le G.'. CV. vers
1780 ; a laissé peu de traces avant de disparaître pendant la Révolution.
En 1788-9, elle avait [pour vén.\ Cartier Douineau, négociant;
Delavau- Simon, négociant, était son secrétaire, et Valète, ancien ban-
quier, officier du G.'. O.'., son député.
TRIPLE NŒUD
Cette L.*., dont on ne trouve trace que dans un diplôme de Beau-
chaine (chap. v, p. 183), n'a laissé aucune trace avant la Révolution.
C'est probablement la même qui fut reconstituée le 24 septembre 1809.
En 1813, elle avait pour vén.\ Bailly-Drouin, marchand, et en 1814,
Delisle, négociant. Son député en 1813-4 était Serré, batteur d'or.
TROYES
UNION DE LA SINCÉRITÉ
Constituée par une puissance inconnue le 21 mars 1751, cette L '. fut
renouvelée par la G'. L.'. le 17 septembre 1773 et par le G.\ O.'. le
17 septembre 1776. En 1776, cette L.*. comptait 20 membres. Ses vén.\
furent : d'Huyelle, horloger (1777) ; Chaperon, conseiller du roi, com-
missaire de police, procureur au bailliage (1785), et Bouquet, procureur
au bailliage (1788-9). Ses secrétaires étaient : Chaperon, commissaire
de police (1777-1785), et Odin, notaire (1788-9).
LOGES DE PROVINCE 1«S")
Ses députél furent : Anthoine. directeur des hypothèques- (1777) ; de
Coudé, avocat au Parlement (1785), et Peuvret, huissier (1788-9).
En sommeil pendant la Révolution, cette L.\ reprit ses travaux sous
l'Empire. En 1808, son vén.\ était Sirugue, colonel de gendarmerie, et
en 1813-4, Payn, premier adjoint. Ses secrétaires étaient Odin (1808) et
Cogit, banquier (1813-4). Son député était Bertrand, notaire.
UNION DE LA PALESTINE
Fondée à une époque inconnue, cette L.\ n'a pas laissé de traces.
VALENCE
LA SAGESSE
Constituée par une puissance inconnue, le 27 décembre 1765, cette
L.\ fut renouvelée par la G.'. L.\, puis par le G.'. O.'. le 12 janvier
1775 En 1776, elle comptait 23 membres et 25 l'année suivante.
Ses vén . furent : de Planta, ancien officier de cavalerie (1776-7 et
1788) ; de Rozières, officier du génie (1785), et Dupont, directeur de la
manufacture de coton (1789). Ses secrétaires étaient : Bancel, chanoine
de la cathédrale (1776), et de Planta fils, garde du corps du roi (1777 et
1785-9). Le député fut l'abbé Raymond (1776), auquel succédèrent :
l'abbé Jardin 1777) et le Dr Jeanroi, médecin (1785-9).
Entrée en sommeil pendant la Révolution, de 1808 à 1814, elle fut
présidée par Renaud fils, avocat. Son député pendant la même période
était Picolet, officier du génie.
VALENGIENNES
PARFAITE UNION
Cette L.\ est un des rares anciens ateliers dont les titres de constitu-
tion soient authentiques. Elle fut fondée le lor juillet 1733 parla G.\L.*.
d'Angleterre, sous le n° 127. En 1740, elle portait le n° 111 (Pine), en
1770, le n° 55 (Cole), et en 1793, le n° 40 Elle fut renouvelée par la G.'.
L.\ le 15 juin 1772 et par le G.\ O. . le 11 août 1774.
En 1776, elle comptait 25 membres, et 26 l'année suivante.
Ses vén.*. furent : Hayot de Ternicourt. lieutenant général du bailliage
(1776-7) ; Renversé, notaire (1785); et de Chermont, maréchal des camps
et armées du roi, chef de brigade au corps royal du génie (1788-9). Son
secrétaire était Glairo, contrôleur des fermes, et son député, Wibaut
(1776), puis Mangin, entrepreneur des bâtiments du roi, officier adjoint
du G.*. O.*. (1777) et Biston, secrétaire de l'intendance et directeur du
Mont de Piété du Hainaut 1788-9).
Entrée en sommeil pendant la Révolution, cette L.\ reprit ses travaux
sous le Consulat.
Son chapitre d'Hérodom de Kilwining ne fut pas souche en 1809,
comme le dit Thory (Acta Latomorum, I, 242), mais avant cette époque,
car à la date du 2 septembre 1804, ce chapitre délivrait à Joseph-Xavier
Reybaud, sous -inspecteur aux revues, un brevet de R-+.
Le bref est signé : Cadet de Beaupré ; Gauthier; Bombain ; Somand ;
Ablette, et Cagnon, trésorier.
486 LA FRANC -MAÇONNERIE EN FRANCE
En 1808, son vén. . était Cagnon, receveur de l'enregistrement, et son
député Laflotte, avocat.
VERDUN
FRÈRES AMIS
AMITIÉ ÉTERNELLE
Ces deux L.\, fondées à une époque inconnue, n'ont pas laissé de traces.
VERNON
SAINT-JEAN DE DIEU
Constituée parla G.". L.., le 30 juillet 1768, cette L.\ fut reconnne
par le G.". O.'. le 18 avril 1782 ; elle était entrée en sommeil vers 1773 et
avait repris ses travaux le 21 mai 1782. Elle comptait alors 25 membres,
parmi lesquels : Le Tellier d'Orvilliers ; le comte de Vaugourdon ; de
Caillé ; Ratel, chanoine, et cinq cordeliers.
Cette L.*. eut pour vén."., de 1785 à 1788, Villetard, avocat au Par-
lement, conseiller en l'élection et bailli de Beaudemont. Son député
pendant la même période fut Chambon, huissier au Parlement.
Entrée en sommeil pendant la Révolution, cette L.*. ne reprit pas ses
travaux.
VERSAILLES
L. . DE LA CHAMBRE DU ROI
Il paraît que le 20 octobre 1745, la G.'. L.*. institua un atelier sous ce
titre. Elle était exclusivement composée des officiers attachés au person-
nel de Sa Majesté. Parmi ses membres, il y avait plusieurs capucins et
un aumônier du roi. Je n'ai pu déterminer l'Orient de cette L.-., qui est
indiqué par plusieurs auteurs comme étant Paris. Par son recrutement, il
y a tout lieu de supposer que c'était plutôt Versailles.
SAINT-JEAN DE LA RÉUNION
SAINT-JEAN DE LA CONCORDE
SAINT-JEAN DE MARS ET BELLONE
SAINT-JOSEPH DU PARFAIT ACCORD
Ces quatre L.*., fondées à une époque inconnue, n'ont laissé aucune
trace.
VILLEFRANCHE (Lyonnais)
LA SAGESSE
Fondée à une époque inconnue, cette L.*. n'a pas laissé de traces.
VINÇA (Roussillon)
JÉRUSALEM
Cette L.'., fondée le 29 octobre 1769, figure pour la première fois sur
les annuaires du G.\ 0.\ en 1788. Il n'y est pas fait mention delà date
do ses constitutions.
LOGES DE PROVINCE 187
En 1788 0, son vén.\ était Pontich cadet, citoyen noble ; son secrétaire,
Salvo, médecin ; et son député, Desaudrays, lieutenant-colonel, ancien
résidant du roi dans les cours étrangères.
Jérusalem disparut définitivement pendant la Révolution.
VIRE
SAINT-GUILLAUME devenue LA VICTOIRE
La G.\ L.\ constitua cet atelier le 4 mai 1764 ; il fut renouvelé par le
G.'. 0.\ le 21 février 1774. C'est à cette époque que le vén.v étant mort et
les titres delà L.'. étant tombés dans des mains que M. de Loucelles
déclare indignes, les membres décidèrent de prendre un autre nom.
Après avoir choisi celui de Saint-Etienne de la Victoire, ils adoptèrent, le
21 mars 1774, le titre de la Victoire. A cette époque figuraient parmi ses
membres : Dupont ; du Bocq ; Marie ; de Freville ; Lecocq ; Bouchard ;
Genuit ; Rolodange ; Heurtault ; Malfilâtre ; Costard ; de Gathemot ;
Bazin-Arvrat, et Bazin de la Blanquière.
En 1776, la L.'. n'avait que 18 membres présidés par le chevalier
Dupont, sieur de Logerie. Genuit, négociant, était secrétaire, et Pyron,
député.
En 1777, le vén.-. était Costard du Haut-Grais, notaire ; le secrétaire,
Laîné de la Vitelière, et le député, Dupont de Lorgerie.
En 1780, le tableau comprenait les 22 membres suivants : Chemin de
la Guaineterie ; Bazin de la Blanquière ; Achard de Saint-Mauvieux ;
Le Monier de la Guévilonière ; Le Monier de la Loissonnière ; Costard
de Haut-Grais ; Lecoq de la Martinière ; Leroy de la Vallée ; Heurtault
de la Saisonnière ; l'abbé Tary de Monthieu ; Le Brun de Blai ; Quentin
de Coupigny ; de Blaisot ; de Lunois ; de Sainson, gouverneur de Vire ;
Dupont de Logerie ; Delarue de Tréville ; le marquis de Rabodange ;
Malherbe de Gathemo ; dom Damard, bénédictin, et Louvart de Pon-
levoye.
Chemin de la Guaineterie, négociant, fut son vén.\ de 1785 à 1789.
Pendant la même période, Le Monier de la Loissonnière fut son secrétaire
et Pantonnier son député.
La Victoire s'éteignit définitivement pendant la Révolution.
VITRY-SUR-MARNE
SAINT-CHARLES DE LA CONSTANCE
Cette L.'., fondée à une époque inconnue, n'a pas laissé de traces.
VOIRON
LA TRIPLE UNION ET L'AMITIÉ
Cette L.\, fondée le 14 juin 1745, n'a laissé aucune trace de ses
travaux. Elle n'aurait été reconnue par le G. . O.*. que le 10 août 1789.
Elle entra en sommeil peu après. En 1808, on la retrouve en instance de
488
LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
chapitre. Son vén.*. était Tivallier, négociant et maire. Son député était
Harger fils.
VOULTE (la)
SAINT-VINCENT DE LA PERSÉVÉRANCE
Constituée par la G.\ L.'. le 23 novembre 1769, cette L.\ fut renou-
velée par le G. . 0.\ le 30 avril 1774.
En 1776, elle comptait 19 membres et 35 l'année suivante.
De 1776 à 1789, son vén.*. fut Tardy de Montreval, capitaine au corps
royal d'artillerie.
Ses secrétaires furent Robert, avocat, et Fonneure, avocat au Parle-
ment. Son député fut Jarry, sous-chef au bureau des hypothèques, puis
Turret, docteur en droit.
Cette L. \ termina définitivement ses travaux pendant la Révolution.
III
LOGES MILITAIRES
Les L.*. militaires ne semblent pas avoir été installées dans les régi-
ments français avant 1759. Il est probable qu'elles ne se sont pas for-
mées spontanément et qu'avant leur organisation officielle à l'O,'. des
régiments, de nombreux officiers fréquentaient les L.-. civiles. Les régi-
ments, en se déplaçant, étaient de merveilleux agents de propagande
que la f.'.-m.'. n'eut garde de négliger. On créa même, après 1760, des
L.\ militaires qui n'étaient à l'O/. d'aucun régiment. Ces L.*. eurent
un rôle important dans le développement de l'ordre ; le nom de la plu-
part d'entre elles n'est pas parvenu jusqu'à nous. Avant 1771, je n'ai
relevé que Saint-Jean de la Gloire et Saint-Alexandre, et cependant il me
paraît certain qu il en exista un nombre relativement considérable
Entre 1760 et 1769, je trouve leurs traces en Normandie, en Touraine.à
Moulins, à Libourne, à Toulouse, en Provence et en Lorraine.
Il est curieux de constater qu'aucune de ces LL.\ ne figure sur les
annuaires. De qui tenaient-elles leurs pouvoirs ?
D'après les L.*. qu'elles ont contribué à installer, il n'est pas douteux
qu'elles étaient d'origine ou tout au moins de tendances jacobites ; l'O.'.
de Bouillon a peut-être aussi joué un rôle plus considérable qu'on ne
l'a indiqué jusqu'ici dans le développement de la f.'.-m.*. française.
DILLON
D'après la capitulation de Limerick, les officiers et soldats de l'armée
jacobite avaient la faculté de suivre Jacques II ; il leur fut donc permis
de rentrer en France. Les Gardes Irlandais, à l'exception de leur colonel,
suivirent la destinée des Stuarts, et formèrent le régiment de Dorrington;
un grand nombre d'officiers des autres corps les imitèrent. Réfugiés à
Saint-Germain-en-Laye auprès de leur souverain auquel Louis XIV
avait donné un somptueux asile, ils ne tardèrent pas à former un second
régiment composé des membres les plus distingués de l'émigration
jacobite. On retrouve les premières traces de la formation de ce régiment
par la nomination de Charles Mac Carthy, comte de Mountcashel, au
grade de colonel, le 18 juin 1690. André de Lee lui succéda, le 28 juil-
let 1694. Quatre ans plus tard, le régiment passa au service de la France.
Un autre membre de la famille Lee fut appelé à le commander, le
26 octobre 1704. Il ne fut remplacé que le 16 septembre 1733 par François,
comte de Bulkeley, auquel succéda son fils Henri, le 7 mars 1754. C'est
sous le nom de Bulkeley que le régiment figura brillamment à Fontenoy
à côté de la Maison du roi.
490 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Le 26 avril 1775, le régiment passa à Arthur, comte Dillon ; le 1er juin
1784, à Charles-Joseph Augustin, vicomte de Walsh-Serrant, et le
10 mars 1788, au chevalier Théobald Dillon. C'est sous le nom de Dillon
que ce régiment est plus connu dans l'histoire, en raison du rôle brillant
joué par son 1er bataillon dans les Antilles pendant la guerre de l'Indé-
pendance américaine (1779-1783). Son passé n'avait pas été moins
glorieux. A Malplaqust, à Denain comme à Dettingen, Fontenoy et
Laufeldt, il avait été « mordant sur l'anglais » Devenus sujets du roi de
France, leur dévouement à leur nouvelle patrie fut à toute épreuve.
En 1791, le régiment de Dillon devint le 87e d infanterie et, le 5 février
1792, son colonel fut Thomas Keating. En 1794, le 1er bataillon fut le
noyau de la 157» demi-brigade, et le 2e bataillon celui de la 158a.
Est-ce que le régiment de Dillon eut une L.'. ? Je n'ai pu en trouver
une preuve positive. Etant donnée la composition de la Bonne Foi cons-
tituée à l'O.v de Saint-Germain en 1778, on peut douter que cette L.*.
soit sortie du régiment de Dillon, qui n'avait du reste à cette époque
aucune attache particulière avec Saint-Germain. Cependant je relève
parmi les officiers de ce régiment un grand nombre de F.".-M.\ :
Lally, lieut. -col. du 25 juillet 1708 ; Linche, cap. des grenadiers
(1705), retiré en 1734 ; Macdonald, cap. en pied du 3 déc. 1701,
retiré en 1734 ; Gaydon, aide-major 1701, major 1er janvier 1709 ;
Glasco, cap. en pied 1709, retiré en 1734 ; Jean Bourke, cap. en pied
1712, retiré en 1734 ; Mac Carthy, cap. 1703, retiré 1734 ; Lally,
aide-major 1728 ; OToolle, lieut. grenadiers, 1709 ; Henry Dillon,
fils du lieut. général, cap. 1730 ; Arthur et Charles Maunery ; Jean
Bourke de Glinke ; Patrice Heguerty ; O'Neil ; Edouard et Bichard
Butler; Fitz Gérald ; Arthur Dillon ; Talbot de Tyrconnel, etc.
De 1760 à 1780 figurent ; Bartholomew Badclyffe, lord Derwenwater,
fils de Charles Badclyffe, le 1er grand maître.
De 1780 à 1790, le comte Dillon, mestre de camp et colonel du régi-
ment ; le chevalier Théobald Dillon, colonel en second ; Barthélémy
Dillon, lieutenant-colonel ; le capitaine Thomas Dillon ; les lieutenants
James et Denis O'Farell ; le capitaine Charles Nugent ; le capi-
taine baron O'Neill et les sous-lieutenants Heniy, Joseph et John
O'Neill ; le capitaine et le lieutenant Shée et des Barry ; Blake ;
Coghlan ; Darcy ; Fitz Gérald ; Fitz Maurice ; Hussejr ; Mahony ;
O'Beilly ; Plunkelt ; Sheldon ; Thompson ; Warren et Worth.
On peut admettre avec M. de Loucelles qu'à Saint-Germain était
installée la L \ Mère du rite jacobite, qui eut successivement pour grand
maître : Jacques II, Jacques III et Charles-Edouard, et parmi ses
membres les plus distingués, le duc de Berwick, fils naturel de
Jacques II ; Jean Drummond, duc de Melfort ; André-Louis Hector et
Louis Drummond, ses descendants; Jacques Drummond, duc de Perth,
son fils et son petit fils ; la comte de Hamillon ; les Dillon; Ramsay ;
les Radclyffe ; Alexandre deMontgommery, comte d'Eglington ; Alexandre,
comte de Home ; Georges de Leslie ; Richard Talbot, duc de Tyrcon-
nell ; Jean, baron de Dartfort et comte de Caryl ; Gérard, comte de
Lally-Tollendal et son fils Thomas-Arthur ; les lords Bolingbroke,
Clancart}'-, Clare, Greffin, Mac Cartlrv, Middleton, d'Ormond, etc.
Je ne puis cependant admettre avec M. de Loucelles que le rite
d'Hérodom de Kilwining avait son centre à Saint-Germain dont le
LOGES MILITAIRES 1(J1
château aurait clé le véritable' château de Kilwining, ce dernier n'étant
pns hypothétique. Dans le second volume, nous nous expliquerons
longuement sur ce rite. Le château de Kilwining existait bien réellement
et fut pendant longtemps un centre maçonnique très remuant. Tout au
plus peut-on admettre, sans preuves positives, mois avec quelque vrai-
semblance, que la L.'. Mère de Saint-Germain usurpa les pouvoirs de
celle de Kilwining, en datant de ce dernier Orient des pièces en réalité
écrites à Saint-Germain.
Ce qui est bien certain, c'est qu'en 1771 il n'y avait pas en France
dix L.". tenant régulièrement leurs pouvoirs de la G.". L.'. d'Angleterre
et qu'il n'.v avait de rite écossais qu'en France et en Allemagne.
WALSH
LA PARFAITE ÉGALITÉ
En 1661, Charles II, à la veille de monter sur le trône d'Angleterre,
forma à Saint-Germain en Laye un régiment sous le titre de Royal Irlan-
dais. Ce régiment suivit la fortune des Stuarts sous le nom de Gardes
Irlandaises. Compris dans la capitulation de Limerick, il débarqua à
Brest le 9 octobre 1689, sous les ordres du colonnel lord William Dor-
rington, appelé à remplacer son ancien colonel le duc d'Ormond, qui
avait embrassé le parti de Guillaume III. Jusqu'en 1698, il tint garnison
à Saint-Germain, sous le nom de Garde Irlandaise, en dehors des cadres
français, bien qu'entretenu par Louis XIV. Le 27 février 1698, il fut incor-
poré dans l'armée française sous le nom de son colonel, qui était
toujours lord Dorrington. Jusqu'à la formation des demi-brigades, ce
régiment prit tour à tour le nom de ses divers colonels : Rooth (Michel
Lesley, comte de), le 12 décembre 1718 ; Rooth (Charles-Edouard
Lesley, comte de), le 28 mai 1733 ; Roscommon (Robert Dillon, comte
de), le 19 août 1766 ; Walsh-Serrant (Antoine-Joseph-Philippe, comte
de), le 11 avril 1770 : Walsh • Charles-Joseph-Augustin, vicomte de),
le 10 mars 1788 ; et O'Neill (Jean), le 8 janvier 1792. En 1791, il avait
formé le 92e régiment d'infanterie.
Ce régiment semble avoir eu la plus ancienne L.\ reconnue par le
G.'. 0.\ de France. En effet, le 13 mars 1777, le G.'. O. . admit que
sa constitution primitive datait du 25 mars 1688, et que cette constitution
avait été renouvelée le 9 octobre 1772 par la G.'. L.'. de France.
Comment fut-elle installée à l'origine et de quelle puissance maçonni-
que tenait-elle ses pouvoirs? Elle ne figure sur aucune des listes de L.'.
reconnues par les Grandes L.". anglaises, et tout porte à croire qu'elle
fut formée par la réunion de plusieurs frères, initiés antérieurement, qui
constituèrent la L. . de leur propre autorité. C'est du reste de cette
façon que se formèrent la plupart des L.'. françaises antérieures à 1743.
Quel était son titre distinctif ? Il est probable qu'elle n'en ait pas eu au
début. Je ne relève le titre de Parfaite Egalité qu'à partir de 1752, mais
il est possible qu'elle l'ait porté antérieurement. Avant cette date, je
relève parmi ses membres :
Michel Lesley, comte de Rooth (1718) ; Charles-Edouard Lesley,
comte de Rooth (1727-1733) ; Arthur Dorrington, lieut.-col. 1710, chev.
Saint-Louis ; Dassigny, Français né en Bourgogne, cap. 1698 ; Nagle,
cap. 1698 ; Butler, cap. et chev. Saint-Louis, 1702 ; O' Calaghane, cap.,
i
492 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
blessé en 1701 ; Clayton (cap. en 1707) ; Heasse (cap. 1707 : O'Dono-
ghane (cap. 1707 ; Mac Carthy. cap. 1701, en pied 1709 ; Wyndham,
cap. 1703, en pied 1710 ; Cusarque, cap. réformé 1709, aide-ninjor
et cap. 1710; Dorrington; (1714); Weyer (1708) ; Dunne (1708 ; Geoghe-
ghane (1709) ; Reyly ; Keating ; Cohelane, Fitz Patrice ; Calaghane ;
Purcell ; Cusaque ; Hobbes ; Martin ; O'Ogheren ; Tilline ; Florence et
Guillaume Hurly ou Hurty (?).
De 1752 à 1777, je n'ai pu relever le nom d'aucun membre.
En 1777, son vén.\ est le capitaine d'Arcy ; le chev. Walsb, capitaine,
est secrétaire, et son député au G.'. 0.\ est Woulf, officier d'infanterie,
rue Neuve-des-Bons-Enfants. Elle se composait de 17 membres. Un
brevet du 7 septembre 1777, daté de Bapaume, contient les signatures
de Jean O'Brien, chev. O'Connor, Shield, Narey, Swietmamn, Mac
Carty, Roche, chev.de Keating, Nagle, Ch. Walsh, Plunkett, Nugent.
En 1785, son vén.\ est le sous-lieutenant Hennery, son secrétaire le
1er lieutenant Begg.
En 1788 et 1789, son vén.\ est Walsh, capitaine commandant, et son
secrétaire Barbior. sergent-major.
Sur un brevet donné à l'île d'Oléron le 1er juin 1787, je relève les
noms de F. Walsh, vén.\, Mac Carthy, Bulkeley, O'Brien, Kavanagh.
O'Flyn, Ch. de Keating, Keating, Tobin, ORurday, Gallwe}' et Barey.
Entra-t-elle en sommeil pendant la tourmente révolutionnaire ? Cela
est possible, bien que j'aie tout lieu de croire que les L.* persistèrent
dans la plupart des régiments, continuant une vie indépendante, sans
rapport avec aucun pouvoir central.
Les régiments furent disloqués par les organisations de 1791 et de
1794. En 1791, les régiments remplacèrent leurs noms séculaires par de
simples numéros d'ordre et, en 1794, par l'amalgame avec les bataillons
départementaux, la plupart des régiments contribuèrent à la formation
de deux demi-brigades.
Le 23 mars 1801, il se forma au 92e d'infanterie une L.'. sous le titre
de la Parfaite Union, qui ne semble avoir aucun rapport avec l'ancienne
Parfaite Egalité à l'0\ du régiment de Walsh. A cette époque du reste,
le 92e n'avait plus aucun lien de sang avec le 92e de 1791.
Avant et après Fontenoy, des ordonnances royales pourvurent à la
formation de quatre régiments écossais ou irlandais. Il est plus que pro-
bable que ces régiments eurent leurs L.-. Celles-ci néanmoins n'ont pas
laissé de traces. Parmi les officiers de ces corps, depuis leur formation
jusqu'à 1771, je relève les noms d'un certain nombre d'initiés.
ROYAL ECOSSAIS, formé par ordonnance du 3 décembre 1743
Le colonel comte de Drummond, duc de Perth ; Louis Drummond de
Melfort ; Colbert Castlehiel ; Stuart ; David Nairne ; Haie ; Macdonald
de Glengary ; Mac Grégor de Glengile ; Macdonald de Clauvonald ;
Cameron de Locheil ; Mac Pherson ; Guillaume Douglas ; Moore ;
Perkins et d'Ostove.
LALLY, créé par ordonnance du 1" octobre 1741
Lally, colonel ; Dillon ; Glascoe ; Bourke ; R}-an ; Fitz Gerald ;
Butler ; Michel Lally ; Lee ; Brown ; Fcrmor ; Hughes Heguerty ; Wogan
et Macnemara.
LOGES MILITAIRES 493
O'GILWY, crée le 28 janvier 1747
Mylord O'Gilwy, colonel ; Jean Macdonald ; David Carnegie; Brown ;
Muchanan ; Thomas de Sotheringham ; Duncan Mackintosch ; Jean
Menziès de Pitfodels ; Thomas, Guillaume et David O'Gilwy.
ALBANY, créé le 20 octobre 1747
Le colonel baron de Locheil ; le lieutenant-colonel Cluny de Mac
Phcrson ; Archibald O'Gilwy ; Cameron de Glenkengy ; Frager de Fair-
field ; Petergraham ; John Alexandre de Cameron ; Blairfetty ; James
Cameron ; Thomas Nayrne ; Robert Graham Garrig ; James Sterbury ;
John Drummond ; James Macdonald ; Jacques Graham Arth.
Il est possible que ces divers initiés aient fait partie de L.\ civiles,
ou du grand groupement de Saint-Germain, en admettant que ce dernier
ait réellement existé (1).
VIVARAIS
PARFAITE UNION
Le premier régiment français qui eut une L.*., reconnue par la suite
officiellement par le G.*. 0.\, fut le régiment de Vivarais. Cette L.\
avait pour titre distinctif : la Parfaite Union ; elle fut constituée le
15 avril 1759. Elle avait alors pour maître son colonel, le chevalier de
Lanps, et on voit figurer parmi ses membres :
Maucler, lieutenant-colonel ; Maumusson, major ; Beaudiau ; Dutilly ;
Gualy; Pagny et Vauconcourt.
En 1775, elle se composait de quinze membres, parmi lesquels :
Dupred, vén.\ ; Roux, Lamarque et Seguin. Lamarque était son député
au G.\ 0.\
De 1777 à 1789, Dupred, sous-lieutenant de grenadiers, fut son vén.\,
et Charles de Roux, chev. de Saint-Louis, capitaine commandant, fut
son secrétaire.
De 1779 à 1790, nous voyons figurer parmi ses membres :
Les capitaines : d'Auffrery ; de Borda ; chev. de Borda ; de Laroque ;
de Montels et de Saint-Just ;
Les lieutenants : de Castanet ; Deshous ; d'Hardivilliers ; Laffitte de
Pelleport et Vandœuvre;
Les sous- lieutenants : Bonnefoux ; Cyvoct ; Duboys de la Motte ; de
Gevaudan ; Lahaye ; La Pujade ; Montrond ; Perdigau et Solage.
Le régiment de Vivarais devint, en 1791, le 71e régiment d'infanterie,
et en 1794, ses deux bataillons servirent de noyau aux 131° et 132e demi-
brigades.
(1) Tout en remerciant ici la haute personnalité écossaise qui a bien
voulu me signaler une partie de ces noms, je regrette que des raisons
de famille ou des raisons de parti l'aient empêché de me fournir la liste
entière. Il faut espérer que, par la suite, mon travail sera complété et
que l'on publiera l'intégralité des documents sur le rôle de Charles-
Edouard en Ecosse en 1745 et 1746, et en France en 1748.
494 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Il ne me paraît pas que la L.\ du régiment de Vivarais se soit
reformée en 1801.
DAUPHIN-DRAGON
PARFAITE UNION
C'est également sous le titre distinctif de Parfaite Union que, le 5 mai
1760, fut constituée la L.\ de Dauphin-Dragon. La grande L.\ renouvela
ses constitutions, le 29 août 1772, et le G.-. O.-. le 29 février 1776.
Avant 1771, figurent parmi ses membres : le colonel comte de Canisy-
d'Hervilly ; le lieutenant-colonel du Bâtiment ; le major Buzelet et les
capitaines Marion et chev. de Tudert.
En 1776, cette L.\ ne comprenait pas moins de 30 membres. A cette
époque, son vén.-. était le capitaine chevalier de Champeaux, chevalier
de Saint-Louis. Son secrétaire était Kalekgraler, quartier-maître tréso-
rier. Ces officiers occupaient encore ces fonctions en 1785.
En 1788, le vén.*. était le lieutenant-colonel comte de Rocheret, bri-
gadier des armées du roi, et le secrétaire Wirion, quartier-maître
trésorier.
En 1789, le vén.*. était le lieutenant Desvieux, et le secrétaire de la
Hais, quartier-maître trésorier.
Depuis 1788, le député au G.*. O .*. était le capitaine de dragons
Lambert, demeurant au Vieux Louvre.
Parmi ses membres de 1779 à 1790 : le capitaine de Beaupuy ; les
lieutenants de Bermont et de Rigault ; les sous lieutenants Abzac,
Baillas, Devieux et Lucet.
En 1791, Dauphin-Dragon fut dénommé 7e régiment de dragons. Lors
du réveil des L.\, en 1801, il ne me paraît pas que celle de ce régiment
ait été tirée de son sommeil.
HAINAULT
MONTMORENCY-LUXEMBOURG
SIGISMOND-LUXEMBOURG
La L.-. du régiment de Hainaut fut, avant 1771, laplus importante L.\
mil.*, de France. C'est avec des éléments sortis de son sein, et avecle con-
cours de laL.-. des Mousquetaires et de celle des Amis Réunis, que fut
formé le G.". O.'. Son vén.-., le duc de Luxembourg, fut le véritable
artisan de cette organisation.
Cette L.\ fut constituée par la G.-. L.\ de France le 1er juin 1762,
sous le titre de Montmorency-Luxembourg. Ses pouvoirs furent renou-
velés le 13 décembre 1773, par le G.-. O.'. Au moment de sa création,
son colonel, le marquis de Montmorency-Royan, en était le vén.-., et
parmi ses membres figuraient le lieutenant-colonel de Saint-Eloy ; le
major de Saporta ; le commandant de Gand et les capitaines chevalier
de Chollet et de Saulnier.
En 1772, elle se composait, d'après son tableau, de : vén.'., Anne-
Charles Sigismond de Montmorency-Luxembourg et Châtillon-sur-Loing,
adm.gén. de l'ordre ; lor surv.'., Anne Paul-Emmanuel de Montmorency,
LOGES MILITAIRES Ie.).")
chev. de Luxembourg, (ils du précédent, cap. g. des corps, m, de cunip
de cavalerie ; 2* surv.v, le Prince de Boh m-Guémcné, cap. coin. comp.
gens d'armes du roi, m. de camp caval. ; orateur, Paul-Etienne-Auguste de
Beauvilliers, comte de Buzançois, G. d'Espagne de lrc cl., col.inf.; secret.-.,
duc de Lauzun, cap inf. corp. g. fr., puis duc de Biron ; trésorier,
Pierre- Catherine Giraud-Dèstour, chev. Saint-Louis, lieut.-col. inf. ;
maître d'hôtel, Adrien-Jean-Charles, chev. de Launey, col. inf., off.
maj. garde française, frère du gouverneur de la Bastille, m.*, cérém.".,
Louis J.-B. de Seignelay, brig. armées du roi, col. rég. Champagne ;
G. expert, marquis de Fitz-James, brig. arm. du roi, col. inf. ;
membres : vicomte d'Adhemar ; marquis de Barbantane ; S. A. R. de
Bourbon, prince de Coudé; comte de Chabot ; duc de Coigny ; de la
Faye ; chev. de Durfort ; duc de Fronsac ; marquis de Gamaches ;
marquis de Laval ; prince de Ligne ; duc de la Trémouille ; prince
de Montbazon ; prince de Nassau ; comte d'Osmont ; comte d Ouessant ;
comte de Périgny ; prince Pignatelli ; comte de Bouault ; vicomte de
Rouault ; Varenne de Béost.
En 1773, son cadre d'officiers était modifié de la façon suivante : vén. ,
Anne-Ch. Sigis. de Montmorency, duc de Luxembourg ; oral.*.,, comte
de Buzançois ; 2e surv.'., prince de Rohan-Guémené ; 1er surv. "., Anne-
Paul Emmanuel de Montmorency, chev. de Luxembourg; secret., duc
de Lauzun ; m.', cérém.'., marquis de Seignelay; m.-, d'hôtel, chev. de
Launej- ; trésorier, Giraud-Destours ; grand expert, marquis de Fitz-
James ; membres : duc de la Trémouille ; vicomte de Rouault ; comte
de Périgny ; Varenne de Béost.
En 1775, nous voyons figurer une nouvelle recrue, le chev. de Jer-
ningham.
En 1776, elle comprenait 36 membres. Son vén.*., jusqu'en 1789, fut
le capitaine des grenadiers de la Faye ; son secrétaire, le lieutenant
Barbier ; son député au G.-. Gv. le comte de Buzançois, colonel d'in-
fanterie, demeurant rue Saint-Dominique.
De 1779 à 1790, figurent parmi ses nouveaux membres :
Les capitaines de Barre, de Borassol, Deschamps, de Saviny et de
Valleron ;
Les lieutenants de Clery, Donnadieu, du Coudray, Icard et deValorjr;
les sous-lieutenants André, Bouché, chev. d'Icard, Lafon, Perier et
Vittaret.
Depuis le 1er juin 1763, à la L.\ des officiers la G.'. L.*. avait adjoint
une L.'. de bas-officiers, sous le titre de Sigismond-Luxembourg. Les
constitutions de cette L.*. furent renouvelées par le G.'. Ov. le 13 dé-
cembre 1773. Moins prospère que la L.*. des officiers, cette L.*. en 1776
ne comprenait que 11 membres. Son vén.*. jusqu'en 1785 fut le sergent
de la Faille et son député le comte de Buzançois.
En 1788 et 1789, elle eut pour vén. . le capitaine chev. de Goussen-
court, pour secrétaire le sergent Auguste Baude, et pour député au G.*.
O.*. Mercier, négociant.
En 1791, le régiment de Hainaut devint le 50e d'infanterie, et en 1794
il contribua à la formation des 99=" et 100e demi-brigades.
Le 17 juillet 1804, le 50e d'infanterie, qui n'avait du reste aucun lien de
sang avec la régiment de Hainaut, fit constituer sa L.'. sous le litre de ;
les Enfants de Bellone.
49G LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
LOGE MILITAIRE, SANS ORIENT FIXE
SAINT-JEAN DE LA GLOIRE
Cette L.\ fut constituée le 15 août 1762 eu faveur du chev. de Thélins,
par une puissance inconnue. Elle figure à tort parmi les L.\ lyonnaises
parce qu'elle fonctionna longtemps à Lyon, où elle vint s'établir en 1765.
En fait celte loge ambulante était à l'Orient géométrique terrestre (longi-
tude et latitude) de l'endroit où avait lieu la tenue. Ses vén.\ furent :
le chev. de Thélins (1762); de Mont-Verdun (1763); de Magny (1765-7 .
Le 29 juin 1785, l'abbé Comte d'Apremont, chanoine et comte de Lyon,
fut exclu de cette loge à la suite de propos irrévérencieux tenus par lui
contre la f.'.-m.\
Le 17 janvier 1766, Bacon de la Chevalerie, orateur de la L.\, pro-
nonça l'oraison funèbre d'un membre de cette L.*., Bayde Thélins, cap.
de dragons au rég. d'Autichamp.
Le 17 juin 1767, le vén.*. Magny prêta son obligation entre les mains
du Président de la M.'. L.\ de Lyon.
On ne trouve pas traces de cette L.\ après cette époque.
SAINTONGE
SAINT-CHARLES DES AMIS RÉUNIS
La L.\ du régiment de Saintonge fut constituée par la G.". L.*. le
2 juin 1763, sous le titre de Saint-Charles des Amis Réunis.
Ses pouvoirs furent renouvelés le 10 décembre 1772 par le même
pouvoir, et le 4 avril 1774'par le G.*. O.'.
De l'époque de sa fondation, nous ne connaissons qu'un de ses membres,
son colonel, le chevalier de Bérenger, qui en était probablement le vén.1.
En 1776, elle se composait de 25 membres. Son vén.-. était le capitaine
de Berlaymont, son secrétaire était le sergent-major Dupont, et son
député (jusqu'en 1789) l'abbé Pingre, de l'abbaye de Sainte-Geneviève.
Parmi ses membres : Labouisse, Gardel et Weide.
De 1777 à 1785, son vén. '. est le sergent-major Gardel. En 1788, il est rem-
placé par le lieutenant de Reste, et en 1789, par le porte drapeau Duperrier.
De 1779 à 1790, figurent parmi ses membres :
Les capitaines Desbières ; de Courvol ; Dejames ; Dolomieu ; de
Marguerit ; du Rozel et Villefranche ;
Les lieutenants Champtiers ; Denis ; Desprès ; Dejames et Tassin ;
Les sous-lieutenants Cabassolles ; Ducluzeau ; Duponceau ; Dupont ;
Lafferre et Lecomte.
En 1791, le régiment de Saintonge devint le 82e régiment d'infanterie
et en 1794 participa à la formation des 151* et 152e demi-brigades.
Par la suite, le 82e ne semble pas avoir eu de L.*.
MARINE
LA MARINE
LaL.'. du régiment de la Marine fut constituée par la G.'. L.". le
20 avril 1764 et reconstituée par le G.'. O.'. le 8 juillet 1784.
LOGES MILITAIRES 497
Elle avait pour titre : la Marine
Le» renseignements sont peu nombreux sur son compte. Les procès-
verbaux du G.\ 0.\ ne sont pas suffisamment clairs pour que je puisse
affirmer que les ff.\ (iucheneu, Bolle, d'Orvillier, de Souville et de
Martinet, qui demandèrent des certificats en 1775, appartenaient à cette
L.\
J'ai constaté seulement qu'en 1785, cette L.\ avait pour vén.\ le capi-
taine de vaisseau Dorsin, pour secrétaire le commissaire des ports Bru-
jas, et pour député au G*. O.-. Claude-François de Paule Boucault,
grand maître des eaux et forêts.
ROYAL-ROUSSILLON
UNION FRATERNELLE
C est le 21 mai 1765 que l'Union fraternelle fut constituée par la
G.'. L.\ à 10. . du Royal-Roussillon. Ses titres, renouvelés parle même
pouvoir le 28 février 1773, furent reconnus par le G.". O.'. le 16 novem-
bre 1775.
Nous ne savons rien de sa composition avant 1775. A cette date, deux
de ses membres demandent des certificats au G.'. O.*., les ff.\ Bonne-
ville et Perylhe.
En 1776, elle se compose de 20 membres ; Soulier, un de ses officiers,
est vén... le sergent Launay est secrétaire, et Leblanc, député au G.'. O.'.
L'année suivante, le lieutenant Damey de Saint-Bresson est vén.'.
et le chirurgien major Imbert, secrétaire.
En 1785, le vén*. est le capitaine Despret, le secrétaire, le chirurgien-
major Gaujeart, et le député, Hurel, ancien payeur des renies. Ce dernier
reste en fonction jusqu'en 1790.
En 1788 et 1789, le maréchal de camp, comte de Ligniville, est vén.*.
et le capitaine trésorier Vuillemin, secrétaire.
De 1779 à 1790, nous relevons parmi ses membres :
Les capitaines Denneillet, Rigault et Partyet ;
Les lieutenants Bernier ; Herbert ; Muzard et Polieu ;
Les sous-lieutenants Bezanne ; Daspe ; Fayolle ; Larivière et Livet.
Royal-Roussillon devint, en 1791, le 54e régiment d'infanterie, et
forma en partie, en 1794, les 107e et 108e demi-brigades.
Le 4 juillet 1802, sous le titre de Guerriers généraux, le G.'. O.'.
constitue une L *. à 10. *. du 54e d'infanterie, qui n'avait pas de liens de
sang avec Royal-Roussillon.
GÉNIE
UNION PARFAITE DU CORPS DU GÉNIE
D'après le tableau de la G.'. L.-. de France de 1779, l'Union parfaite
du corps du génie, à l'Orient de ce régiment à Mézières, aurait été cons-
tituée le 3 juin 1764, avec Bezier de Buis comme vén.-. Les almanachs
du G.'. O*. ne font remonter sa constitution primitive qu'au 3 juin 1765,
avec renouvellement par la G.'. L.*. le 29 août 1772, et par le G.*. O.*.
le 11 août 1774.
LA FRANC-MACONNERIE. — T. I. 32
498 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
D'après un brevet de Rose-Croix (nom du titulaire effacé) daté de
Mézières, 3 octobre 1775, à cette époque figuraient parmi ses membres :
de Gangolff ; Diebold ; baron de Reinach ; Firman ; Pieresne ; de
Grandvilliers ; Decou ; Devergnes C.\ S.'. P.-. et R.\ + ; Portemps,
S. . D. . R.-.+
En 1775, Muraire de Favas, Sol de Beauclair et de Neurisse deman-
dent des certificats au G. . 0.\
En 1776, elle se compose de 28 membres ; son vén.\ est Grandvillers,
capitaine au régiment suisse d'Eptingen et un de ses officiers, de Ver-
gennes, est secrétaire. Le député est Bazin, médecin du duc d'Orléans.
En 1777, le vén.\ est Muraire de Favas, et le secrétaire Bressaut, l'un
et l'autre officiers au corps du génie.
De 1785 àl790, le vén. est Perdigan, cbev.\ de Saint-Louis, chef de
brigade au corps d'artillerie.
On peut constater que, tout au moins dans cette L.\, des officiers étran-
gers au régiment qui orientait la L.\ pouvaient non seulement en faire
partie, mais encore présider à ses travaux.
MOUSQUETAIRES
SAINT-ALEXANDRE
L'historique de la L.\ de la lre compagnie des mousquetaires est com-
pliqué et obscur, et cela est d'autant plus regrettable, que le rôle de
cette L. . a été très important.
Elle avait pour titre Saint-Alexandre, et aurait été constituée par un
pouvoir que j'ignore le 14 juin 1766, puis suspendue la môme année. La
G.". L.*. la reconstitua le 18 mai 1772, ainsi qu'il résulte de la patente
suivante.
A LA GLOIRE DU GRAND ARCHITECTE DE L'UNIVERS
ET A LA PROPAGATION DE l'aRT ROYAL
D'un lieu très régulier, très fort et très éclairé
Où régnent le Silence, la Paix et l'Egalité
A tous les chers frères, maîtres des L.'. régulières
Répandues sur la surface de la terre.
Salut, Force, Union.
Sous le bon plaisir du Très Respectable Grand Maître de toutes les
L.*. régulières de France,
Notre très cher et très illustre Frère
S. A. S. Louis-Philippe-Joseph d'Orléans, duc de Chartres, prince du
sang.
Nous son substitut général, vén.-. maîtres et officiers dignitaires de la
G.'. L.*. de France, séante à l'Orient de Paris, régulièrement assemblés
entre l'équerre et le compas, déclarons à tous les maçons éclairés que,
sur la requête à nous présentée par les frères y dénommés, résidens en
la ville de Paris tendant à ce qu'il nous plut leur accorder des constitu-
tions pour la fondation à perpétuité d'une L.\ régulière, sous le titre
LOGES MILITAIRES 499
distinctif de Saint-Alexandre L.\ militaire, à la charge par eux d'obser-
ver et faire observer tous les règlements généraux et particuliers faits et
a faire par notre Respectable G.*. L.*. Vu ladite requête, nous avons
par ces présentes, érigé et constitué, érigeons et constituons dans la
dite ville de Paris une L.\ régulière sous le titre distinctif de L.". mili-
taire de Saint-Alexandre, pour y exécuter les travaux de l'Art Royal,
conformément aux statuts et réglemens de notre dite G.*. L.'., ratiffiant
et approuvant autant que besoin seroit les travaux précédemment par
elle faits de bonne foy, établissons au gouvernement de la dite L.\ le
cher frère baron Desclauzel, pour vén.\ maître, le cher frère Paul Dou-
tions pour premier surveillant et le cher frère Jos. Jac. Dalesme pour
second surveillant, lesquels trois officiers avec les autres membres,
feront ensemble et par voie de scrutin, la nomination des autres
officiers, et de suivre et exécuter, faire suivre et exécuter les statuts et
réglemens de notre dite G.'. L.\ dont nous leur avons fait remettre un
exemplaire par notre secrétaire général. Si mandons à tous nos chers
frères, maîtres de L.*. et autres de reconnaître la susd. L.*. de
Saint-Alexandre L.'. militaire pour régulière, de recevoir et accueillir
comme bon frère tout porteur d'un certificat d'icelle. En foy de quoi
nous lui avons fait expédier les présentes constitutions faites et données
au Grand Orient de Paris, l'an de la grande lumière cinq mil sept cent
soixante-douze, le dix-huitième jour du mois de May, de nous signées,
contresignées par notre Secrétaire général et scellées et timbrées des
sceaux et timbres de notre dite G.*. L.-. par notre Grand Garde des
Sceaux et Archives et contrescellées des armes du Sérénissime Grand
Maître et du V. F. Substitut général pour lad. L.'. prendre rang du
quatorze juin mil sept cent soixante-six, date de ses constitutions pri-
mitives.
Vu par nous Pair de France, brigadier des armées du Roy, Mont-
morency-Luxembourg adm gén. des LL.*. rég. de France. Lafin,
Puisieux, Baudson, J. P. Le Lorrain, Huit, Bruneteau, Or.\ ; Lexcom-
bart; Guillot, Très.*. ; Labady ; Duret, G.\ des Sc.\ Timb.*. et Archives ;
Daubertin, secret, gén.
(En bas du brevet un pont avec les trois lettres L. D. P. (Lilia destrue
pedibus). Flottant au fil de l'eau, une tête, un sceptre et une couronne.)
Bien que les compagnies de mousquetaires existassent encore en 1772,
la L.*. Saint-Alexandre ne fut pas constituée à l'Orient d'une des deux
compagnies, la patente ne stipulant aucun Orient.
Lorsque le G *. O.*. renouvela ses titres, le 2 juillet 1774, en l'auto-
risant à prendre rang du 14 juin 1766, il est probable qu'il ne désigna
pas d'Orient fixe.
M. Magon, dans un intéressant travail sur la franc-maçonnerie dans
l'Ardèche (p. 44), nous donne d'après un brevet un tableau probablement
complet de la L.*. en 1766. Elle procédait alors à ses travaux à Ville-
neuve-de-Berg.
C'est ce tableau que nous reproduisons.
Vén.\ ad uitam : Desclauzel, Alexandre-Henri, mousquetaire, G. Ecos,
chev.\ d'O.*. élu sup. R.\ + ; 1er surv.*. : de Tavernol, Simon-Pierre,
baron de Barry, G.*. M.*. Ecossais, m.', de la L.*. Saint-Jean des Amis
Réunis de Toulouse ; 2e surv.*. : de Laforest, François-Guillaume-Bar-
thelémy, prince chev.\ d'O.-. de lad. L.\ de Toulouse ; orat.\ : Guiton,
500 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Charles-François, maître particulier des eaux et forêts, m.*, de la L.\
Amitié de Toulouse, affilié le 9 sept. 1766, reçu parfait le 2 oct. ; secré-
taire : Delière, Joachim, avocat, m \ de la L '. Saint- Jean d'Ecosse de
Nîmes, affilié le 9 septembre 1766 ; trésorier : de Malmazet, Jean-André,
srde Saint-Andéol, viguier royal, réhab le 9 sept. 1766, reçu m.', le 16,
parfait le 2 oct. ; 1er cons. expert : Dubois de Saint-Jean, Marc, M.', de
la L.'. Saint-Jean d'Avignon, affilié le 16 sept. 1766, reçu parfait ledit
jour, élu le 2 octobre ; 2° expert : de Gruber, Georges, allemand, off.
leg. Soubise, comp. de milit. cid. à Givet, affilié le 31 décembre 1766,
reçu m.*, le 13 janvier 1767, parfait le 28 mars 1767 ; subst.
secret : de Bastide, Louis-Joseph, avocat parlem., m.\ de la L.*.
de l'Amitié de Toulouse, affilié le 2 octobre 1766, reçu parfait ledit
jour ; Fr.\ Terrible : Perrotin de Marcillac, Joseph- Jacques, off.
milit. reçu le 16 sept. 1766, maître le 31 décembre 1766 ; maîtres comp.
appr. : Poullain de Roissy, Louis-René, chev.Jieut. Conty infant., reçu le
2 oct. 1766, m.', le 19 ; Peuchenier, François Simon, Dr en médecine ;
de Larrivière, Joseph, chev., off. de la légion de Soubise ; Soleau, Jean-
Jullien, off. lég. Soubise ; de Malmazet de Saint Andéol, Joseph-Guil-
laume, off. rég. Soissonnais ; le Tourneur, Jean- Jacques, cap. aidemaj.,
lég- Soubise ; Dubois Maurin, Pierre, avoc. au Parlem. ; f.\ servant :
Louis Tortillac, perruquier.
D'autre part, lorsque le duc de Luxembourg, Savalète de Lange et
Bacon de la Chevalerie parviennent à réconcilier la L.'. Saint- Alexandre
avec celle des Amis Réunis, les frères des deux L.*. se réunirent le
21 juin 1773, dans le local des Amis Réunis, et nous voyons signer au
procès-verbal le vén.\ Desclauzel et les frères Waldahong, Flaxenville,
de Barres, Moncrif, Monceaux, D'ounous, Detaffin, de la Fontenelle,
Balinghen, de Lorière, chevalier de Lorière, Rossanne, Dyel de Tinqui-
ville, de Madiane, de Stone, des Isnards, Lanery, Beauval, Darquiau (?),
de Gonard, de Chaulnes, Dugon, Le Langrenière, chevalier de Rossane,
Dulau, de Pelissier, de Lalour, Autour, Radet, Cahouët et P. R. Gaudrez.
Cette loge disparut probablement vers 1780.
TOUL
HENRI IV
UNION puis SULLY
Le 3 août 1766, deux L.'. furent constituées à l'Orient du régiment de
Toul-artillerie ; la première, sous le titre de Henri IV, était destinée aux
officiers; la seconde, l'Union, était réservée aux bas-officiers.
Lorsque le G.'. O.'. reconstitua la première de ces L.*. le 13 décembre
1776, il l'autorisa à prendre rang du 25 novembre précédent, tout en rap-
pelant ses travaux de 1766. En 1777, elle comptait 46 membres. Je n'ai pu
relever que quelques noms des membres de cette importante L.'.
De 1777 à 1790, elle eut pour vén.\ le chef de brigade de Tournay,
pour secrétaire le lieutenant de Saussin et pour député au G". O.'. le
Dr Tissot.
La L.v l'Union subit à peu près les mêmes vicissitudes que Henri IV.
Le G.'. O.'. en la reconstituant, le 15 mai 1777, ne lui donna rang qu'à
partir du 7 avril précédent et sous le titre de Sully. Pendant toute la
LOGES MILITAIRES 501
durée de ses travaux, cette L \ eut pour député au G*. OV; le marquis
d'Havrincourt, maréchal de camp et commandant de Royal Etranger
Cavalerie ; et pour secrétaire le sergent-major Jean. Son vén.\ en 1777
était le sergent Compagnon, et de 1785 à 1789 le chevalier de Malavillcr,
officier au régiment. En 1777, cette L.'. avait 23 membres. En 1785, elle
n'en avait que 17, sans compter son vén.*. et son secrétaire : Descours,
Cauterac, Carbonnel, Dupuy, Poissonnier des Perrières, Montlezun,
Masson, Rousseau, Mathieu, Montnu/.on, Fontcrouget, Ruffy, Cabas,
Pelletier. Lallcmand, Salvat et Labadie.
En 1791, le régiment devint le 7* d'artillerie. Ces L.'. ne semblent pas
avoir été reconstituées après la Révolution.
FLANDRE
PARFAITE UNION
Cette L.'.fut constituée par la G.\L.\le l*r octobre 1766 et renouvelée
parle G.\0.\le2 mai 1776. Avant 1771, elle compta parmi ses membres :
le colonel comte de Rougé (1761-1767, ; le colonel de Croy, duc d'Havre
(1767-1784) ; le lieutenant-colonel de la Blachette ; les aides-majors de
Ravel, de Mayeur, de Loras et de Montpellier ; les sous-aides-majors de
Capdeville, Chevalier de Sagarigue, de Berrey, de Montplaisir, le
quartier-maître Thollon et les capitaines de la Roche, Mazade, Durbau,
de Veaux et du Sauzet.
En 1775, elle comptait en plus : Damoiseau de Paysac, d'Haindel,
Massé, de la Fite de Courteil, de Villiers d'Autertre, de Serein, Duménil,
Turfa, Desmartin, Descorbillac, de Belliers, de Signerand d'Ercé, che-
valier de Vienne, de Fournas, de Cingal, de Caudaux, Duvallon de
Beaumont, Dosteing, du Quemmelet, de Christonde Muissement et Loquet.
En 1776, elle n'a plus que 26 membres, et de cette époque à 1790
elle a pour vén.*. le capitaine Massé, le lieutenant de Brem (capitaine
en 1784) pour secrétaire et pour député au G.*. O.'. le savant Lalande.
De 1779 à 1790, on voit figurer comme nouveaux membres :
Les capitaines Bonneval, Habas, Formigier et Ramé ;
Les lieutenants Gérard, Joucla-Lenoir et Lenoir.
Les sous-lieutenants Joubert, Charmoille, Cantineau, Quincarnon,
Moucheron, Laurent et Desbancs.
De 1784 à 1790, le régiment de Flandre eut pour colonel Thibault,
comte de Lusignan, qui joua un rôle important dans la F.'. M.'.
Nous retrouverons le régiment de Flandre à Versailles pendant les
journées des 5 et 6 octobre, où son rôle fut plus que singulier. Accusé
faussement d'avoir, lors du banquet du 1er octobre, foulé aux pieds la
cocarde tricolore, le régiment ne fit rien pour protéger le château, et
son attitude fut plutôt favorable aux émeutiers.
En 1791, le régiment de Flandre devint le 19e d'infanterie et en 1794
son second bataillon contribua à la formation de la 38e demi-brigade.
LA SARRE
LA PURETÉ
Le régiment de la Sarre fit constituer sa L.*. sous le titre de Pureté
par la G*. L.'., le 15 novembre 1767. Le G.*. O.*. renouvela ses consti-
tutions le 6 avril 1775.
502 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
En 1775, figurent parmi ses membres : Merleval, le comte de Bry,
Monteissier, Courton de Cissey et Magne.
En 1776, elle a 49 membres : son vén.*. est le lieutenant Vernhes et
son secrétaire le porte-drapeau de Solme.
L'année suivante, le lieutenant de Bertrin est vén.'. et Vernhes,
secrétaire.
De 1785 à 1789, le capitaine en second de Merleval est vén.. et le capi-
taine de Solme, secrétaire.
De 1776 à 1790, cette L.\ avait eu pour député au G.*. 0.\ le comte
de Saisseval, capitaine d'Orléans-infanterie , officier d'honneur du
G. . 0.\
De 1779 à 1790, figurent parmi ses membres :
Les capitaines Dulac, Duplessis et Mehée :
Le quartier-maître André ;
Les lieutenants Baillet, Calonne, Dalidou, d'Aubarède, Lamothe et
Lessart ;
Les sous-lieutenants Baillet, Descafres, Jaquemart et Le Brun.
En 1791, la Sarre devint le 51e d'infanterie et en 1794 il contribua à
former les 101e et 102" demi-brigades.
Bien que les listes du G.'. O.'. ne mentionnent pas de L.'. au 51e, j'ai
trouvé un cachet de l'époque impériale avec la mention suivante : L.'.
des Amis Réunis à l'O.'. du 51e régiment.
AUVERGNE
CONCORDE
La L.\ du régiment d'Auvergne fut constituée le 1er juin 1769. Ses
titres furent renouvelés par la G.\ L.*. le 12 mars 1772, et par le
G.". O.*. le 20 juillet 1775. Nous n'avons trouvé aucune trace du tableau
de ses fondateurs.
En 1775, deux de ses membres, Chaumont et Rault de Ramsault,
demandent des certificats au G.*. O.'. L'année suivante, la L . ne com-
prenait pas moins de 27 membres. Le chevalier de Blaire, capitaine au
régiment, en était le vén.'. ; son secrétaire était le lieutenant chevalier
de Bordenave.
En 1788 et 1789, le capitaine de Tressan était vén.*., Chardor secré-
taire, et Sedillot de Persieux, chirurgien de la duchesse de Bourbon,
député au G.*. O.".
De 1779 à 1792, figurent parmi ses membres : le vicomte de Laval>
colonel ; le marquis de Lameth, colonel en second ; le major Menou ;
les capitaines Chaffroy, Chambarlhac, Desforets, Lajante et Vanembras ;
les lieutenants Barville, Beaumont, Gohin et Richard ; les sous-lieu-
tenants Léonard Bord, Darçon, Dubouquet, Chamouroux, Bickler,
Magny, Prustet et Saint-Vincent ; les sous-officiers Chapotot, Déjardin,
Desplanches, Maréchal, Masson, Miné, Simon, Sollier, Vellon.
En 1791, le régiment d'Auvergne devint le 17e d'infanterie, et en 1794
son second bataillon servit de noj'au à la 34e demi-brigade.
Le 5 décembre 1802, la Concorde sortit de son sommeil. La L.*. fut
reconstituée à l'O.". du 17e d'infanterie, sous le titre d Emules d'Assas.
Son vén.'. fut un ancien sergent du régiment d'Auvergne, le quartier-
maître Sollier.
LOGES MILITAIRES 503
Le 17e avait du reste des liens de sang avec le régiment du chevalier
d'Assas par le lrr bataillon de ce régiment qui avait servi à sa forma-
tion.
LYONNAIS
AMIS RÉUNIS
l'A IX ET UNION
Il y avait deux L.\ au régiment de Lyonnais :
Les Amis Réunis, constitués le 14 juin 1769, renouvelés par la G.". L.\
en 1772 et par le G-. O.'. le 9 décembre 1774, pour les officiers ;
La Paix et l'Union, constituée le 4 février 1767, renouvelée par la
G.*. L.\ en 1772 et par le G.'. 0.\ le 9 décembre 1774 pour les sous-
officiers.
En 1776, les Amis Réunis se composaient de 41 membres. Le vén.*.
était le capitaine de Durbois qui dirigea les travaux jusqu'en 1790, le
secrétaire était le lieutenant de la Leu-Dernal. De 1777 à 1789, le lieu-
tenant de Venault lui succéda.
De 1779 à 1790, figurent dans la L.\ de ce régiment : le vicomte
Le Veneur, maréchal de camp, colonel ; le lieutenant-colonel Du
Bourg ; les capitaines Bruslart et chevalier de Bruslart ; le lieutenant de
Clinchamp et le sous-lieutenant Escoffier.
En 1776,1a Paix et l'Union ne comprenait que 7 membres. En 1776 et
1777, le vén.*. fut le sergent Bonnellet, et le secrétaire Tafflet, fourrier.
Le député fut Delacroix en 1776 et de la Leu-Dernal en 1777.
De 1785 à 1790, le vén.. était le sergent-major Epailly, le secrétaire
le sergent-major Mallet, et le député au G.". O.'. le maître de pension
Heurtant.
En 1791, le régiment de Lyonnais devint le 27e d infanterie et en 1794
collabora à la formation des 53e et 54e demi-brigades. Le 15 juin 1803,
le G.'.O.*. constitua les Amis à l'Epreuve à l'Orient du 27e d'infanterie,
qui n'avait aucun lien de sang avec le régiment du Lyonnais.
GUYENNE
SAINT-LOUIS
La L.*. Saint-Louis à l'O.*. du régiment de Guyenne fut constituée le
23 mars 1771. Ses titres furent renouvelés par la G.'. L.". le 12 mai
1772 et par le G.-. O.'. le 31 janvier 1774.
En 1773 et 1774, un de ses membres nommé Moreau demande un cer-
tificat au G.'. 0.\
En 1775, cette L.'. ne comptait que 15 membres. Son vén.". était le
fourrier Moreau et son secrétaire le fourrier Benard.
En 1777, son vén.'. était le quartier-maître Jaunet et son secrétaire le
chirurgien Savarin. De 1785 à 1790, son vén.*. est le capitaine de Gre-
nadiers de la Prade, chevalier de Saint-Louis, et son secrétaire le
quartier-maître Jaunet. Elle eut comme député au G.*. O*. l'abbé
Pingre de 1776 àl 785, et Delaville, officier duG.\ O.'., en 1788 et 1789.
Le marquis de Pardieu, qui fut son colonel en 1781, était f.\ -m.'., mais
il n'est pas probable qu'il ait figuré sur le tableau de la L.'. Saint-
504 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Louis, qui était un atelier de bas-ofïiciers. Parmi les officiers du régiment,
je relève comme f. '. m.\ le major Malabiou de la Fargue, les capitaines
Malabiou et Dumeny, les lieutenants Dumas et Jalabert et les sous-lieu-
tenants Châtelain, Darsonval, Dauzy et Vercly.
Le régiment de Guyenne devint en 1791 le 21* régiment d'infanterie,
et en 1794 son second bataillon contribua à la formation de la 42e demi-
brigade.
Le 16 juillet 1804, le G.'.O.-. constitua la L.\ l'Espérance à l'O.". du
21e d'infanterie. J'ignore si cette L.". fut la reconstitution de l'ancienne
L.\ de Saint-Louis à l'O.*. du régiment de Guyenne.
CHASSEURS DES GÉVENNES
SAINT-LOUIS DE L'UNION
La L.\ Saint-Louis de l'Union fut constituée par la G.'. L.\ de
France le 15 juin 1771 à l'O.*. de la Légion de Condé (anciens volon-
taires de Clermont-Prince, puis Légion de Clermont-Prince et reconsti-
tuée par le G.'. 0.\ le 19 août 1784 à l'O.". des Chasseurs des Cévennes.
(Quatrième nom du régiment.)
J'ignore les noms de ses membres à la fondation En 1785, le vén.".
était le capitaine Boulanger Du Hamel, chevalier de Saint-Louis, et le
député au G.*. O.'. le capitaine d'infanterie Thoron de l'Amée.
En 1788 et 1789, le vén.-. était le colonel en second, comte d'Evry, le
secrétaire le lieutenant Zeller et, en son absence, le quartier-maître
d'Angelin Le député était Véron de Sérame.
De 1785 à 1790, figurent parmi ses membres : les capitaines chevalier
de Comeiras, d'Elbée et Marchais ; le lieutenant Dostein et les sous-
lieutenants Peronnin, vicomte de Cominges. Martin et le Normand.
Ce régiment, devenu en 1788 chasseurs de Bretagne, devint en 1791 le
10e chasseurs à cheval.
APPENDICES
MANUSCRIT MAÇONNIQHE ANGLAIS DE 1693 EN LA POSSESSION
DE LA YORK LODGE N° 236
C'est au journal Hiram (mai et juillet 1908) que nous avons
emprunté ce très curieux document maçonnique, dont la traduc-
tion a été faite par M. Teder, un des maçons les plus instruits sur
l'histoire de l'Ordre auquel il appartient :
Parmi tous les manuscrits anglais, dit M. Teder, nous avons choisi de
préférence, pour être traduit et publié, celui de 1693, parce qu'il prouve
d'une manière incontestable que, sous la dynastie protestante de Guillaume
d'Orange, l'ancienne maçonnerie britannique continua d'être parfaitement
catholique romaine.
Il est vrai qu'en 1690 Guillaume d'Orange, initié par quelques maçons
dissidents et rebelles, avait créé avec eux une maçonnerie spéciale à son
usage particulier, dont les statuts, publiés en 1694, portèrent ce qui
suit :
Votre premier devoir est d'être fidèles à Dieu...
De plus, vous devez être fidèles sujets de votre Roi ...
La maçonnerie spéciale inféodée au protestantisme de Guillaume
d'Orange biffait simplement la sainte Eglise, à laquelle les maçons avaient
toujours été tenus de jurer fidélité.
Mais nous possédons aussi la copie d'un manuscrit de 1704, établis-
sant, sans réplique possible, que la maçonnerie ancienne, sous le régime
protestant de la reine Anne, était toujours catholique romaine.
D'autre part, si nous nous reportons à la fondation de la maçonnerie
moderne de 1717, — laquelle fut une simple reprise de la maçonnerie
spéciale de Guillaume d'Orange, — nous voyons que les constitutions
qu'elle fit en 1723 prétendirent, sous la plume du clergyman Anderson,
que les constitutions d'Edwin, en 926, commençaient par ces mots :
« Votre premier devoir est d'honorer Dieu sincèrement et d observer les
lois des Noachites... Vous devez être fidèles à votre roi sans trahison... »
En retranchant des constitutions d'Edwin la question de la sainte
Eglise, Anderson voulait laisser croire aux naïfs que la maçonnerie de
1717 reprenait la tradition de 926.
506 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Or, dans le manuscrit de 1693. dont nous donnons ci-après la copie
traduite, on peut voir, au contraire, que les constitutions d'Edwin furent
absolument catholiques romaines.
D'où il faut conclure que la maçonnerie ancienne était toujours, en
1717, catholique romaine ; tandis que la maçonnerie moderne de 1717,
création aussi irrégulière que celle de la confrérie à laquelle avait été
initié Guillaume d'Orange, ne justifia sa venue qu'en donnant un coup
de ciseau dans les constitutions de 926 et ne fut. en définitive, qu'une
maçonnerie d'Etat inféodée à la dynastie usurpatrice et protestante de
Georges Ier.
Après ce préambule, M. Teder passe au manuscrit de 1693 dont nous
reproduisons les parties essentielles :
Que la Puissance du Père Céleste et la Sagesse de son Bienheureux Fils,
par la bonté du Saint-Esprit, soient avec nous à notre commencement et
nous donnent aussi la grâce de gouverner notre existence de manière que
nous puissions atteindre les joies éternelles.
Bons Frères et Comjmgnons.
Notre intention est de vous dire comment et de quelle façon le corps de la
Maçonnerie a commencé, et ensuite comment il advint qu'il fut connu de
puissants Rois et dignes Princes et de beaucoup d'autres hommes respectables.
Et à ceux qui savent entendre, nous proclamons le Mandement qu'il
appartient à tout vrai Maçon de tenir en bonne foi, et, si vous y faites
attention, vous reconnaîtrez qu'il est très honorable qu'il soit gardé par un
corps respectable et par une science curieuse.
Il y a sept sciences qui n'en forment qu'une et qui sont comme il suit :
La première est la Grammaire, gui enseigne à prononcer et parler cor-
rectement ; la seconde est la Logique, qui enseigne à discerner entre le vrai
et le faux ; la troisième est la Rhétorique, gui apprend à parler en termes
subtils ; la quatrième est la Musique, gui enseigne l'art du chant et la voix
de la harpe et de l'orgue ; la cinquième est /Arithmétique, gui enseigne à
calculer ; la sixième est la Géométrie, gui enseigne à mesurer la terre et
autres choses parmi lesquelles se trouve la Maçonnerie ; la septième est
/'Astronomie, gui enseigne le cours du soleil, de la lune et autres ornements
des deux.
Ces sept sciences reposent sur une seule : la Géométrie, gui enseigne le
partage, la mesure, la pondération et le poids de toutes sortes de choses sur
la terre. Il n'y a pas un homme qui, attaché à telle ou telle sciencet ne
travaille pas au moyen de quelque mesure, et ceci est Géométrie. Artisans
et marchands dépendent de cette science, et spécialement les laboureurs el
les cultivateurs, en ce qui regarde le fc/é, les semences, les vignobles, les
plantations, etc. Ni en Grammaire, ni en Astronomie, ni en aucune autre
science, un homme ne peut trouver une seule mesure sans la Géométrie, et
c'est pourquoi cette science est plus noble que toutes les autres...
...Et après la mort du roi David, le Temple qu'il avait commencé fut
terminé par son fils Salomon qui, pour cette fin, demanda des Maçons dans
diverses contrées, ce qui fit qu'il eut 80.000 ouvriers travaillant la pierre :
ils furent nommés Maçons et 3.300 d'entre eux furent choisis et élus Maîtres
et gouverneurs des travaux. Et il y avait un roi appelé Hiram qui. affec-
tionnant Salomon, lui donna des bois de charpente pour le travail : il avait
APPENDICES .r>()7
un fils appelé Ay mon, et il était Matin en Géométrie et chef-Mattre de tous
les ouvriers, ainsi que Maître du travail de sculpture et de toute autre
maçonnerie appartenant au Temple — comme cela est écrit dans le ve cha-
pitre des Rois, livre I.
Et ledit Salomon confirma les Instructions et Coutumes que son père
avait données aux Maçons.
Et ceci fut l'illustre Corporation de la maçonnerie dans la terre d'Israël
et la cité de Jérusalem, et dans beaucoup d'autres royaumes.
D'admirables ouvriers allèrent à l'étranger, quelques uns pour apprendre
davantage le métier, d'autres pour l'enseigner. Et il arriva qu'il y eut un
Maçon curieux appelé Minus Greneusis, qui avait été à la construction du
Temple de Salomon ; il se rendit en France, où il enseigna le métier de la
Maçonnerie aux hommes de France. Et là, il y en avait un de lignée royale
de France, appelé Charles Martel, qui aimait beaucoup ce Minus Greneusis
à cause de son métier ; il en adopta les Instructions et Coutumes, et, après,
il fut, par la grâce de Dieu, élu roi de France.
Quand il fut dans son Royaume, il y installa beaucoup de Maçons qu'il
mit au travail, et, comme il les chérissait, il leur donna, avec une bonne
paye, les Instructions et Coutumes qu'il avait apprises lui-même d'autres
Maçons ; en outre, il leur octroya une Charte, les autorisant à tenir une
Assemblée tous les ans.
Et ainsi vint le métier en France.
L'Angleterre, durant ce temps, était sans Maçons — et ce fut ainsi jus-
qu'à l'époque de Saint- Albans.
Juste après la mort de Saint-Albans vinrent de grandes guerres en An-
gleterre entreprises par diverses nations, de sorte que la bonne règle de la
Maçonnerie fut détruite jusqu'au temps d'Athelstan, lequel fut un illustre
roi d'Angleterre. Ce roi établit la paix dans la contrée, construisit plusieurs
fameux édifices, tels qu'abbayes, châteaux, etc., et manifesta une grande
affection pour les Maçons. Et il eut un fils appelé Edwin, lequel tint les
maçons en plus haute estime encore que ne l'avait fait son père : il était
versé dans la science de la géométrie et il fut ainsi conduit à communier
avec eux pour apprendre leur métier. Il fut donc fait maçon et reçut de
Son père une Charte et une Commission autorisant la Corporation à tenir
une fois par an une assemblée dans n'importe quelle partie du Royaume,
afin que les Maçons pussent corriger entre eux les fautes et délits commis
dans le métier. Et il organisa lui-même une assemblée à York, où il créa
des Maçons, prescrivit des Instructions et enseigna la morale maçonnique,
en ordonnant que cette règle serait toujours observée ; il donna ensuite à
la corporation une Charte et une Commission, en décidant qu'elles con-
tinueraient de roi en roi.
Lors de cette assemblée, il proclama que tout Maçon pouvait apporter les
écrits en sa possession relatifs aux connaissances du métier, soit en Angle-
terre, soit dans toute autre contrée. Ces écrits furent réunis. Il y en avait
en français, quelques-uns en grec, en latin, en anglais et autres langages.
Le sens en fut trouvé, et Edwin ordonna qu'un livre serait fait pour établir
comment le métier avait été découvert ; il prescrivit que ce livre serait lu
et expliqué à tout Maçon nouveau, ensuite qu'on ferait connaître à celui-ci
les Instructions.
Depuis ce temps, les coutumes des Maçons ont été tenues et observées
508 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
dans cette forme, du moins autant qu'elles pouvaient lêtre par des hommes.
En outre, dans plusieurs assemblées, et suivant les conseils des meilleurs
maîtres et compagnons, diverses instructions furent ajoutées petit à petit
aux précédentes.
A présent, vous savez en détail comment cette noble et fameuse corpora-
tion de la Maçonnerie a été inventée, et comment, miraculeusement, elle a
été conservée ; vous savez aussi combien elle a été affectionnée par les rois
et les potentats depuis son commencement jusqu'à ce jour, et combien elle est
encore aimée et tenue en haute estime par toutes sortes de personnes.
L'un des anciens prend le Livre ; celui ou celle qui doit être fait
Maçon pose les mains sur le Livre, et alors les Instructions sont don-
nées.
Tout Maçon doit prendre attention à cela. Si vous vous sentez coupables
d'aucune des fautes énumérées dans ces Instructions, efforcez-vous de vous
amender ; et spécialement vous qui pouvez être accusés, prenez bien soin
d observer les Instructions, car c'est un grand péril pour l'âme d un homme
que de se parjurer sur le Livne.
« Le premier article de vos Instructions est que vous serez fidèles à Dieu
et à la Sainte Église, et que vous n'emploierez ni hérésie ni erreur dans
votre entendement.
« Secondement, que vous serez hommes liges fidèles au Roi sans aucune
trahison, mais que vous la réparerez, si vous le pouvez, et que vous en aver-
tirez le Roi ou son Conseil.
« Troisièmement, que vous serez sincères les uns envers les autres, c'est-à-
dire envers les Maîtres et les Compagnons du corps de la Maçonnerie qui
sont reconnus pour tels, et que vous serez pour eux ce que vous voudriez
qu'ils fussent pour vous ; • et aussi que chaque maçon fréquentera les
Chambres et les Loges ou tous autres Conseils tenus maçonniquement.
« Quatrièmement, que vous serez fidèles au maître ou propriétaire que
vous servirez, en faisant votre possible pour son avantage.
« Cinquièmement, que vous appellerez tous les Maçons camarades ou
frères, que vous ne leur donnerez pas un autre nom, et que vous ne séduirez
pas la femme de votre camarade ni ne désirerez illégalement sa fille ou
même sa servante.
« Sixièmement, que vous paierez exactement pour la table, la nourriture
et la boisson, partout où vous prendrez pension. »
Telles sont les Instructions générales auxquelles sont assujettis les
Maçons, aussi bien les Maîtres que les Compagnons.
A présent, je rappellerai les Instructions générales relatives à tout vrai
Maître ou Compagnon :
« Premièrement, aucun Maître ou Compagnon ne doit accepter aucune
tâche s'il ne se sent pas la capacité m l'adresse de l'exécuter, afin que la
Corporation ne soit pas sujette à la calomnie et que le propriétaire puisse
être bien et fidèlement servi ; de plus, aucun Maître ne doit accepter aucun
travail sans un salaire raisonnable, de manière que le propriétaire soit
fidèlement servi pour son propre avantage et que les Maîtres et Compagnons
aient une paye exacte et honnête, telle que l'exige la Corporation.
« De plus, aucun Maître ou Compagnon ne doit supplanter un camarade,
c'est-à-dire que si celui-ci a du travail, il ne peut en être privé s'il est
capable de l'achever.
« De plus, aucun Maître ou Compagnon ne peut prendre un apprenti
APPENDICES 509
que pour sept ans, excepté si cet apprenti est de bonne naissance, capable
et sain.
« De plus, aucun Maître et Compagnon ne peut être autorisé à faire
un Maçon sans le consentement d'au moins cinq ou six de ses camarades ; et
celui qui doit être, fait Maçon doit être né libre, de bonne parenté, et non
pas un serf, et être sain de corps, comme un homme doit l'être.
n De plus, aucun Maître ou Compagnon ne doit donner à exécuter le
travail des propriétaires à ceux qui ont l'habitude de voyager ; et aucun
Maître ne doit accorder à aucun Compagnon plus de salaire que celui-ci
n'en mérite, afin de ne pas être trompé par les faux ouvriers.
« De plus, aucun Maçon ne doit se livrer aux jeux de hasard ou autres
jeux, afin que la Corporation ne soit pas calomniée.
« De plus, chaque Maître ou Compagnon doit se rendre à l'Assemblée,
si elle n'a pas lieu dans un rayon au delà de 50 milles, et s'il a reçu avis
d'assister à la récompense des Maîtres et Compagnons : s'il manque à ce
devoir et si un rapport est fait A ce sujet, il doit se soumettre à l arbitrage
des Maîtres et Compagnons, et, si l'entente ne peut avoir lieu, il est tenu de
se présenter devant l'Assemblée commune.
« De plus, aucun Maçon ne peut montrer aucune forme, équerre ou règle
à aucun Maçon grossier (rough Mason), et ne doit, soit dans la Loge, soit
au dehors, fixer ou poser aucune moulure qui ne soit de sa fabrication.
« De plus, chaque Maçon doit bien accueillir les camarades étrangers
qui se présentent dans la contrée et les assister dans le travail, s'il le peut,
c'est-à-dire que, s'il a des moulures à placer, il doit leur procurer du travail
au moins pendant deux semaines et leur payer le salaire. S'il n'y a rien
pour eux, alors il doit leur fournir de l'argent pour leur permettre de se
rendre à la Loge voisine.
« Enfin, tous les Maçons doivent être exacts à leur travail, qu'il soit à la
tâche ou à la journée, et le mener fidèlement à bonne fin, s'ils reçoivent
leur salaire comme ils doivent le recevoir. »
Ici, suit /'Instruction de l'Apprenti : « Qu'il sera fidèle à Dieu et à la
Sainte Eglise, au Prince, à son Maître et à Dame qu'il servira ; et qu'il
ne volera ni ne dérobera les biens de son Maître ou de sa Dame, ni ne
s'absentera de leur service, ni ne les quittera pour son plaisir de jour ou
de nuit sans leur permission ; et qu'il ne commettra ni adultère ni forni-
cation dans la maison de son Maître avec la femme de celui-ci, ou avec sa
fille, sa servante ou toute autre femme ; et qu'il tiendra secrètes toutes
choses dites en Loge ou Chambre par tous Maçons, Compagnons ou Francs-
Maçons ,* et qu'il n'emploiera aucun argument de désobéissance contre aucun
Franc-Maçon, ni ne révélera aucun secret au sujet duquel un différend
aurait pu surgir entre Maçons, Compagnons ou Apprentis, mais qu'il se
comportera toujours d'une manière respectueuse vis-à-vis de tous les
Francs-Maçons qui sont des frères assermentés devant son Maître ; et qu'il
ne se livrera pas aux cartes ou autres jeux trompeurs et illégaux, ni ne
fréquentera les tavernes ou brasseries où se font les dépenses inutiles, sans
la permission de son Maître ou de quelque autre Franc-Maçon ; et qu'il ne
commettra pas d'adultère dans la maison d'aucun homme où il travaille ou
reçoit nourriture ; et quil ne dérobera ni ne volera aucuns biens d'aucune
personne, ni ne causera volontairement aucun préjudice ou scandale durant
son apprentissage, soit chez son Maître ou sa Dame, soit chez aucun autre
Franc-Maçon ,• et qu'il doit résister de toutes ses forces aux mauvaises
510 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
impulsions et en informer, le plus tôt possible, son dit Maître ou quelque
autre Franc-Maçon. »
Telles sont les Constitutions de la noble et fameuse corporation appelée
Maçonnerie, établies et à présent pratiquées par les meilleurs Maîtres et
Compagnons, pour diriger et guider tous ceux qui emploient la dite Cor-
poration.
Scripted p. me vicesimo tertio die Octobris, anno regni Régis et Reginœ
Gulielmy et Mary quinto annoque Domini 1693.
Mark Kypling.
Les noms de la Loge :
William Simpson Christophe Thompson
Anthony Horsman Christopher Gill
M0 Isaac Brent, surveillant de la Loge :
« Nous, soussignés, avons comparé la copie qui précède avec le Document
original en la possession de la York Lodge n° 236, document ayant appar-
tenu autrefois à l'ancienne Grande Loge de toute V Angleterre siégeant dans
la cité d'York, et, par le présent acte, nous certifions que cette copie est
exacte et fidèle.
« Villiam Cowling, P. M. et Trésorier, 236
« Ralph L. Davison, P. M., 236. »
« York, 13 mai 1870. »
Le Document original est un rouleau de parchemin légèrement mutilé,
portant la mention suivante :
« N° b-1693. Le F.'. Geo. Walker de Wetherby, à la Grande Loge
d'York. »
II
LOGES FRANÇAISES A LONDRES
«à
Il y avait en Angleterre, sous le maillet de la G.'. L.'. orangiste,
deux L.-. françaises à i'O.*. de Londres : « French Lodge », à
l'enseigne du Cygne, et la L.*. « au duc de Lorraine », dans SufYolk
Street.
Dans le tableau de Richard Steele, la première porte le n° 20 et
la seconde le n° 98.
D'après l'approbation de l'Histoire des Francs-Maçons de la
Tierce, on voit que cet écrivain faisait partie de cette dernière Loge
en 1733 (la Tierce, p. ix) : « Le 3e mardi du mois d'août 1733, le
comte de Strathmore étant le T.'. Vén.'. G.'. M*, de toutes les L.'.
du royaume d'Angleterre, le Vén.*. M.'., les surveillants, compa-
gnons et apprentis de la L.*. française des f.\ m-, sise à Londres,
dans la rue de Suffolk, à l'enseigne du duc de Lorraine, déclarent
APPENDICES 511
unanimement que l'Histoire des F.'.-M--. du f . * . la -Tierce ne
contenait rien qui ne fût conforme aux lois, aux statuts, aux
règlements et aux usages de la très ancienne et très vénérable
confraternité : Friard, secrétaire. »
III
l'état-major de la f. -.-m*, jacobite en 1760
D'après une série de rituels manuscrits, ayant appartenu à
Duchesnay, vénérable de la Parfaite Union à 10. . de Quimper,
en 1769, les hauts officiers de la F.'.-M.'. Jacobite étaient les
personnages suivants :
Grand officier G. V. Le f. is C. G. HD. St F. (sic ?).
Illustre député G. V. Le f. C'e de la Tour du Pin.
G. 1er assistant, de la Baguerie.
G. 2e — de Lauret, président.
G. Secrétaire, Le Gondat.
G. Econome, Gouvion.
G. Orateur, comte de Melit.
D'après le même manuscrit, les provinces maçonniques avaient
à leur tête :
Paris : le comte de la Tour du Pin, brig. des armées du roi.
Auvergne : le chevalier de la Gondole, cap. com. du rég. de
Condé InfJe.
Rouergue : le chev. de Pomerol, cap. com. de Condé Infi".
Haut Languedoc : chev. de la Baguerie.
Narbonne et Béziers : le ch. de Maxinchina ; — Suisse supé-
rieure : Le Blaize ; — et Suisse inférieure : Zalleroffre.
Francfort : le chev. de Horsech.
Iles Antiques de l'Amérique : le chev. Veyère et La Salle.
Prusse : le chev. d'Ascim.
Italie : le marquis de Cumes.
Angleterre : les Stuarts.
Piémont : l'abbé de Gonasque.
Navarre, Bigorre, Béarn : de Belgarde.
Hambourg : le baron de Voylosk.
Anjou et Poitou : le Defigue, cap. réformé de dragons ; — Du
Beloy, officier au rég. de Planta-Suisse ; Servady.
512
LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
IV
LES ROSES-CROIX JACOBITES
Instructions générales sur le sublime grade de ch.\ de l'Aig.\
ou du Pel.\ S. P. R. C. d'Her.1. Par*. Mac.
ORDRE PAR LETR.\ R.*. et P.\ F.\ CHEV.
LIB.
MISES EN
*-->t*ir
(Devaux) S.-. P.*. R.'. C.\ a l'or.', de Paris. — MDCCLXXIX.
— D.\ L.\ M.-, d.\ n.\ R.-. 1746.
SZ^TM^q-
Tel est le titre du manuscrit du xvme siècle dont nous reprodui-
sons les parties essentielles. Son auteur, Devaux d'Hugueville, fut,
en 1780, le vénérable fondateur de l'Aménité à l'0.\ de Paris.
INSTRUCTIONS GENERALES SUR LE SUB\ GRADE DE CH.\ DE R.*. C*.
Avertissement.
Avant d'entrer dans le détail de tout ce qui concerne ce grade,
il est bon de savoir auparavant quel est son objet et quels en sont
les titres. C'est ce qui se trouve expliqué dans l'introduction
suivante.
INTRODUCTION
OBJET ET TITRÉ DU GRADE DE CHEV.'. R.\ C.\
Ce grade est le vrai but de la maç.\, qui toute se rapporte à la
même fin.
Celui qui est revêtu de ce grade se nomme :
1° Ch.\ R.*. C.'., et c'est le titre qui lui convient le mieux ;
2° Chev. de l'Aig(le) parce qu'il y a un Aig(le) sur le bijou ;
3° Chev.*. du Pél(ican) par comparaison du Fils de Dieu qui
versa son sang pour nous ;
4° Mac.*. d'Hér(odom) parce que le premier Chap.\ de ce grade
s'est tenu sur la montagne de ce nom, située entre l'Or.*, et le N.\
de l'Ecos.*. et c'est encore l'endroit où est la maîtresse dignité et
APPENDICES 513
le siège du S.'. G.*. M.-, dans un château antique appartenant aux
Chev. de R.\ C.'- C'est ce qui a déterminé les trois quarts des
chap.\ d'Ang(leterre) à prendre ce nom, pendant que l'autre quart
prend celui de R.'. C*.
Le Grand M.', réside à Ed(imbourg), à 60 milles du château, et
y tient souvent le siège.
5° Chev.*. de Saint-An(dré) parce que les premiers Chev.'.
d'Eco.', faisaient chaque année une procession le jour de la fête
de ce saint et parce que c'est le jour de leur cons.'. reg.'. C'est ce
qui a engagé le peuple à les nommer Chev. de Saint-An(dré), ce qui
a fait qu'en Ecosse, après la persécution et le trouble du pays, la
forme des vrais bijoux s'étant perdue on y avait substitué un
Saint-An(dré) attaché à une C(roix).
Quoique les cérémonies de ce grade n'aient aucun rapport avec
ce bijou, on le porte encore aujourd'hui par suite des anciens
usages, à Col(ogne) attaché à un collier ponceau, et à Ber(lin)
attaché à un collier vert. Dans quelques autres endroits, à la
boutonnière. D'autres y portent une médaille de la Rés(urrection),
mais tous ces usages sont locaux et particuliers.
On remarquera que, de tous les titres, le premier et véritable
est celui de Chev.'. de l'Aig. . S.'. P.*. R.'. S.'. d'Hér.'.
Les Ch.'. du premier Chap.'. avaient fait frapper des médailles
sur lesquelles était une R(ose) sur une C(roix), emblème du fils
de D(ieu) qui est comparé à une R(ose) dans l'Ev(angile).
On trouve quelques-unes de ces médailles dans les cabinets des
antiquaires et des curieux.
CHAPITRE 1er
ORDONNANCES GENERALES.
ARTICLE PREMIER.
Devoirs d'un R.'. C.'. envers son Dieu et son Prince.
Un Chev.'. de l'Ai.'. S.'. P.'. R.\ C.\ doit adorer son Dieu, défendre
son Prince jusqu'à la dernière goutte de son sang et ne peut sous aucun
prétexte passer au service d'un Prince étranger sans une permission du
sien et de ses supérieurs.
ART. II.
Ses devoirs envers les pauvres, les prisonniers et les morts.
Il est obligé à la charité envers les pauvres, et surtout envers les
Chev.*. et les Mac.*, dans l'adversité et le besoin, ainsi quede visiter les
prisonniers. Jadis il était aussi obligé d'enterrer les morts, mais cela n'a
plus lieu qu'envers les Chev.'.
LA FRANC-MACONNERIE. — T. I. 33
514 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
AHT. III.
Ses devoirs envers ses frères.
Il lui est interdit de se battre, sous quelque prétexte que ce soit, contre
un autre Chev.'.
ART. IV.
Fête de l'Ordre ; banquet ; obligation de le faire.
La Fête de l'Ordre est le Jeudi Saint On ne peut jamais s'exempter
du banquet ce jour-là. S'il n'y a qu'un seul Chev.-. dans un endroit, il
doit absolument faire le banquet seul et se réunir en esprit avec ses
frères qui font commémoration de lui en ce jour. Cet article a lieu quand
même on serait en route.
art. v.
Obligation respective de deux Chev.'. pour le banquet dans les lieux où il
n'y a pas de Chap.'.
Si deux Chev.*. sont à portée l'un de l'autre et qu'il n'y ait point de
Chap.'. ils doivent s'inviter au banquet et au besoin ils font chacun la
moitié du chemin.
ART. VI.
Chev.'. visit.'. en un Chap.'.
Lorsqu'un Chev.". va visiter au Chap.* il salue le M."., le 1er et le
2e Surv.\ et les FF.', et par humilité il se met le dernier du Chap.'.
art. vu.
Discrétion d'un Chevr.
Un Chev.*. R.*. C.\ ne doit jamais faire connaître, même à des R.-.
C '., ni le M.', d'un Chap.-. ni celui qui Ta reçu, non plus que les céré-
monies delà réception, ni les lieux, jours ou heures où se tient le Chap.'.
ART. VIII.
Privilèges d'un Chev.'.
Il a le privilège de faire seul des maçons, s'il ne se trouve point de
L.'. R.-. dans une ville, ou à 10 lieues à la ronde, ou pour cause extraor-
dinaire, et il peut leur donner les six grades jusqu'à celui de Chev.'. de
l'upée dit d'Or.'. Celui de R.'. C.\ est réservé par son bref.
ART. IX.
Usage quil doit faire de ce privilège.
Il doit être très circonspect sur l'objet du 8" article, qui exige beaucoup
de prudence, pour n'user de ce droit que dans de graves circonstances,
ce qui est remis à sa conscience.
art. x.
Réserve faite à ce privilège.
Il ne doit user en aucun cas du droit de conférer des grades, suivant
l'article 8 ci-dessus, qu'autant qu'il ne pourrait se procurer des M.". R'.
en nombre suffisant, au moins deux contre lui.
APPENDICES 515
■MIT. XI.
Droits d'un Chev.'. et l'usage qu'il doit en faire.
Il a droit de constituer une L.\ par sa présence, où il n'y a point de
L.\ R.\ à dix lieues à la ronde, ce qui régularise les travaux auxquels
il assiste ; sur quoi il doit être de la plus grande réserve.
art. xn.
Devoirs d'un Chev. sur l'assistance au Chap.'.
Il ne peut se dispenser de venir au Chap.*. étant convoqué, mais
ayant exposé ses besoins, il pourra demander à se retirer.
ART. XIII.
Signature d'un Chev.'. ; obligation de porter le bijou en L.\
Il ne doit jamais rien signer des affaires de la maç. . sans y ajouter
ses qualités par ces lettres initiales S.-. P.". R.\ C.-.
Quelques-uns usent pour cela du triangle lumineux, ce qui est moins
rég.\
Allant en quelque L.\ que ce soit, il doit porter le bijou de l'ordre.
ART. xiv.
Prérogatives d'un Chev.'. en L.'. ; honneurs qui lui sont dus.
Les Chev.'. R.\ C". ont la prérogative de tenir le maillet du M.-, dans
les LL.'. et s'ils refusent de le prendre ils se mettent à la droite du M.',
et avant aucun off.*.
Ils sont introduits dans les LL.-. qu'ils vont visiter, en passant sous
la voûte d'acier, précédés de deux étoiles et au bruit des applaudisse-
ments continuels.
Arrivé à l'Or."., il se meta genoux sur les marches du trône ; le M.*,
en descend, s'agenouille et lui présente le Livre Resp.-. et le maillet ; s'il
l'accepte, le M.*, lui donne la main et le mène au faut ■ , puis il le place
immédiatement à sa droite, fait remettre les glaives et faire les applaud.-.
ordinaires.
Alors le visiteur fait les travaux qu'il juge à propos, puis, lorsqu'il veut
remettre le maillet au M.', il descend, s'agenouille et lui présente le Liv.*.
Resp.\ et le Mail.', que le M.', reçoit aussi à genoux. Le visiteur donne
la main au M.*., le mène au faut., et se place immédiatement à sa droite.
Alors il fait des appl.\ et remercie la L.\ des honneurs qu'il a reçus.
Si le M.', ne rend point d'honneurs, le R.\ C*. peut se placer après le
dernier f.\ de la col.*. J et s'y asseoir par terre, après le dernier app.'.
par humilité, et cela pour forcer la L.\ à lui rendre les honneurs.
Il y a des LL.". qui rendent plus ou moins d'honneurs et ne présentent
pas le maillet. Un R.\ C*. ne doit pas l'exiger, pour ne pas troubler
l'harmonie, d'autant que plusieurs LL.*. ignorent ces droits, ou les trou-
vent trop étendus et que les règlements des LL.-. sont peu d'accord sur
cet article.
ART xv.
Nombre qui doit composer un Chap.'.
Un Chap.-. rég.-. sera au moins de 3 Chev.'. savoir, le M.-, et les
2 Surv.'., dont le second fera les fonctions de Secret.-, jusqu'à ce que le
516 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Chap.*. soit plus nombreux. Pour lors, il aura ses Off. \ comme dans les
LL.\ ordinaires.
Les élections des off.'. se feront le J(eudi) S(aint) et ils entreront de
suite en fonctions. Les anciens doivent être prêts à rendre leurs comptes
ce jour-là.
ART. XVI.
Reddition des comptes.
Le M.*., les Surv.". et les autres Off.'. seront électifs par scrutin. Les
comptes se rendent particulièrement, ne pouvant pas soupçonner un
Chev.'. de manquer de foi. Cependant les registres doivent être en règle.
ART. XVII.
Jours d'assemblée dun Chap.'.
Un Chap.-. rég.\ existant dans une ville s'assemblera au moins 5 fois
par année, savoir : le Jeudi Saint, à Pâques, à la Pentecôte, à la Tous-
saint et à Noël, sans que les membres du Chap.". puissent se dispenser
des ass.\ gén.'. des LL.'. bleues aux deux fêtes de Saint- Jean.
Quelques chapitres ont aussi maintenu l'usage de s'assembler le jour
de Saint-An.*., jour de la procession des R.\ C.\ d'Ecosse.
ART. XVIII.
Nomination du Chap.'.
Le Chap.'. sera toujours éclairé en bougies jaunes ou huile d'olive.
ART. XIX.
Quête des pauvres.
On ne tiendra point de Chap.-. sans quêtes pour les pauvres. Le M.',
emploiera ces aumônes qui, dans un instant de nécessité, pourront être
appliquées au Chap.'.
ART. XX.
Discours d'obligation.
Il se fera un discours pour l'édification du Chap.'. à chaque fête solen-
nelle.
ART. xxi.
Affaires quon doit et quon ne doit point traiter en Chap.'.
Il ne sera jamais question d'affaires étrangères, mais seulement de
celles qui ont rapport à Tordre. Les matières d'Etat ou de prochain n'y
seront jamais discutées et la médisance sera punie avec rigueur comme
le vice le plus bas et le plus lâche. Il en sera de même de la flatterie.
ART. XXII.
Convocation du Chap.'.
Avant de former le Chap.*. le M.', convoquera pour le suivant et le
reg.\ sera signé de 3 Chev.'. au moins.
APPENDICES 517
AliT. XXIII.
Exclusion des servants.
Il ne sera jamais admis de servants. Les deux derniers Chev.-. en
l'ont les fonctions. Nul n'en est exempt.
ART. XXIV.
Devoirs envers les Chev.-. malades et ceux qui meurent.
Si un Chev. tombe malade, on sera obligé de le visiter et d'avoir atten-
tion qu'il ne lui manque rien. S'il meurt, on l'enterrera avec un bijou au
col ; tous les Chev.*. iront à l'enterrement ayant leur collier sous l'habit.
Ils lui feront ensuite un service après lequel on tiendra Chap.-. Les
bijoux seront couverts de crêpe, au convoi, au service et auChap.*. On
fera un discours funèbre sur la mort du F.'.
art. xxv.
Obligation du successeur du dignitaire défunt.
Si c'est un dignitaire, celui qui le remplacera portera pendant 3 Chap *
un crêpe à son bijou. Il sera nommé dans le Chap.\ qui suivra le ser-
vice.
art. xxvi.
Indélébilité du nom du défunt.
Le nom du Chev.-. défunt ne sera jamais effacé duLiv.-. ni du tableau
du Chap.-., mais on y placera une tête de mort et 2 os en sautoir.
ART. XXVII.
Cérémonies et emblèmes du banquet.
Les R.\ G.', entre eux n'ont d'autres cérémonies de table que celle qui
se trouve dans les instructions et qui est en commémoration du repas
que J.\ C. . fit à Emmaûs lorsqu'il se fit reconnaître à ses disciples
après sa résurrection. Elle est indispensable à l'égard de chaque Chev.*.
au jour du J.-. S.', et dans tous les Ghap ". aux ass.\ des fêtes d'obliga-
tion et aux réceptions.
ART. XXVIII.
Des Chap.'. où Von mange un agneau.
Il y a des Chap.'. où Ion peut manger un agneau à certaines fêtes,
mais il faut que la tête et les pieds y soient. Le M.*, les coupe avant que
personne y touche et les jette au feu comme victimes et offrandes. Il
ne peut y avoir qu'un seul couteau, une seule coupe et jamais de bou-
teille.
ART. XXIX.
Formalités pour V admission à ce grade.
Personne ne sera admis à ce grade qu'après un long examen et
3 scrutins distants l'un de l'autre et absolument favorables. Aucun
Chev.-. n'a droit à 2 voix ; tout est égal.
518 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
ART. XXX.
Précautions pour l'admission.
On sera très scrupuleux à accorder ce grade, pour ne pas le multiplier
sans de puissants motifs.
ART. XXXI.
Qualités et devoirs du candidat.
Lorsqu'il se présente un cand.\ il faut qu'il soit Chev.\ de l'Ep.V dit
d'Or.*, et qu'il se conforme aux articles qui le concernent.
art. xxxn.
Requête du candidat.
Il présentera une req.-. conçue en ces termes :
Aux Chev.\ de l'Aig.\ S.*. P.'. R.\ C.\ tenant leur S.'. Chap.\ à
l'Or.*, de/, (il faut désigner le nom de l'Or..) S.*. T. . H.*, ses noms de
baptême et de famille, surnom, s'il en a, le lieu de sa naissance et ses
qualités civiles, Chev.\ de lÉp.\ dit d'Or.*., membre de la R.\ L.\ de
Saint-Jean régulièrement constituée à l'Or.-, de... et demande au S.*.
Chap.*. que, vu le désir ardent qu'il a de parvenir au Sub.-. grade,
point parfait de la maç.* , il lui plaise, étant maintenant assemblé,
l'admettre au nombre des Chev.-. s'il en est jugé digne
Le Sup.\ ne cessera de faire des vœux au ciel pour la prospérité de
l'Ordre et de tous ses Chev.\ 11 régnera, s'habillera en chev.'. d'Or.-., se
présentera à genoux et tête nue, à la porte du Chap.-. où il frappera en
Chev.-. d'Or.'.
ART. XXXIII.
Comment elle doit lui être rendue.
Il attendra que sa requête soit décrétée, et la recevra à genoux et tête
nue, un Chev.-. la lui jettera à terre, en lui disant : Lisez et retirez-vous.
Puis il rentrera au Chap \ Le Cand.-. trouvera sur un Reg.\ le jour
indiqué ainsi que le nom du Chev.-. qui devra l'instruire de ce qu'il
doit savoir.
ART. xxxiv.
Comment on doit l'instruire et ce quil doit donner.
Ce F.', fera venir chez lui le Cand.'. et lui donnera lecture des art.*.
1, 2, 3, 7, 34, 35, 36, 37 et 38 des présentes ord.-., prendra son engage-
ment de s'y conformer ; lui fera donner 3 paires de gants dont une de
femme, 2 bâtons de cire d'Espagne pour les sceaux, 5 bougies jaunes
pour le Chap.-., 3 bougies blanches pour le M.-., une paire de gants
d'homme et une de femme, 2 bâtons de cire d'Espagne et 2 bougies
blanches pour chaque Chev.'. Il lui fera donner aussi la somme suffi-
sante pour l'empiète des habits de l'Ordre qui devront lui être fournis à
la réception.
ARTICLE XXXV.
Offrande qu'il doit donner.
Il lui fera donner ainsi une offrande au moins de 12 livres pour la
Maîtresse) Dem(eure) d'Hér(odom) dont le M.', pourra disposer en
APPENDICES
510
faveur (1rs pauvres s'il n'est pas en relation avec le G.'. Chap.\ ou en
frais du Chap. . s'il est nécessaire.
ARTICLE xxxvi.
Dispense qui peut être accordée à cet égard et comment.
Au lieu de l'aumône arbitraire au moins de 12 livres les Chap.*.
peuvent régler le prix déterminé de cette offrande et aussi dispenser
des gants, cire d'Espagne et bougies portés à l'art. 34, en conver-
tissant ces droits en une somme applicable aux besoins du Chap.-.
AHTICLE XXXVII.
Promesses que doit faire le Candidat.
Le Cand.\ promettra de se conformer aux Ord.\ et Statuts du Chap/.
et de s'entretenir honnêtement vêtu, autant que faire se pourra ; de re-
connaître son M.*, en tous temps et en tous lieux, de ne jamais conférer
ce grade, sans sa permission ou celle d'un Chap.'. rég.*. en cas d'éloi-
gnement, et de répondre de la probité de ceux qu'il proposera.
ARTICLE XXXVIII.
Obligations qu'il doit contracter.
Il engagera sa parole d honneur de ne jamais révéler le lieu où il aura
été reçu ; encore moins ceux qui l'auront reçu, ni les cérém.". qui auront
été observées, pas même à un R.\ C.\
(Na. C'est cet avis.', qui a rendu jusqu'à ce jour et rend encore ce
grade si rare parmi les Mac. ' . en France, puisqu'il est si strictement et
si bien observé parmi les Chev.\ qu'on a beaucoup de peine à y par-
venir. Les Chev.'. R.\ C*. sont même inconnus à la plupart des LL.\
qui ignorent les honneurs qui leur sont dus.)
Ce grade n'a été communiqué aux Français qu'en reconnaissance des
services rendus par les Mac.'. Français aux Chev.'. prisonniers pendant
la guerre de 1747 (après la bataille de Culloden).
ARTICLE XXXIX.
Déclaration que doit faire sur la requête du Candidat le F.', chargé de son
instruction; à qui il doit la remettre, ainsi que les fonds. — Appel du
candidat pour la réception.
Après que les Art.', des Ord.\ qui concernent le Cand.'. auront été
remplis, le F.*, chargé de son instruction mettra sur sa Req.'. sa décla-
ration qu'il a suffisamment instruit le Cand. '., lequel a satisfait à tout ce
qui est prescrit; il remettra cette Req.'. au Chap.'. et les fonds au Tré-
sorier. Alors le Cand.'. sera appelé par ordre du M.', aux lieux et heures
indiqués pour sa réception.
Quand il s'y rend, on le met dans une chambre des réflex.'. tendue
en noir, si faire se peut, et éloignée du Chap.'. On lui donna un livre
de morale et on le laisse à ses réflex.'. jusqu'à ce que le M.', envoie vers
lui le M.', des Cérém.'. suivant les instructions.
ARTICLE XL.
Statuts particuliers de chaque Chapitre.
Chaque Chap.'. aura ses statuts particuliers qu'il fera approuver et
qui seront exécutés comme les présentes ordonnances.
520 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
V
PROTOCOLE
AVERTISSEMENT (1)
On appelle Protocole le modèle oula forme des actes relatifs au Chap.\
deR.\ C-.
Ces actes sont de deux sortes : ceux qui restent secrets dans le Chap.-.
et ceux qui vont au dehors.
Les délib.'. que l'on prend au Chap.*. sont de la première espèce ;
elles doivent être écrites tout de suite, sans caractères ni hiéroglyphes
particuliers.
Quant à ceux qui vont au dehors du Chap.'.. tels que les extraits de
délib •'. et les brefs de toutes espèces, ils doivent être écrits en caractères
particuliers.
A l'égard de ceux-ci il y a trois choses essentielles à remarquer : le
timbre, la date hébraïque et la signature caractéristique.
Le timbre des brefs est un triangle lumineux au-dessous duquel se
trouvent en hébreu le mot incommunicable, lapar(ole) sacrée desChev. .
et le nom de la M(aître)sse demeure.
La date hébraïque sera expliquée plus loin.
La signature caractéristique est celle du maître et n'est autre chose
que le mot de passe en hébreu.
ARTICLE PREMIER.
Planche.
L'an mil sept cent quatre vingt... et D.\ L.\ M.*. D.-. N.\ R.\ (de
la mort de notre Rédempteur) — cette date change tous les ans le jeudi
saint — la... année de la Gr.\ Maîts.'. du S.'. G.'. M.*. d'Hér.\ notre
Maît3Se Dem.\ le.', jour du.', mois maç.'. 578.'. Les TT.\ RR.\ et
PP.*. FF.', membres du Sou.". Chap.'. étant régulièrement assemblés,
le Tr.'. S.', et P.*. S.'. M.', a ouvert les Trav.*. à l'assistance des RR.\
et PP.*. FF.', (on les nomme tous et on fait mention des absents : les
TT.\ RR.*. et PP.'. FF.', étant absents).
On inscrit tout le travail par ordre et par art.', et avant de se séparer
on fait signer tous les FF.', présents.
ARTICLE II.
Extrait de la Planche.
Les copies délivrées pour extraits sont dressées de même, avec cette
différence qu'on met en entier et en hiéroglyphes les six mots dont les
initiales sont en tête de la planche(D.'.L.'.M.'. D.'. N.\). On supprime
ce qui suit, ces mots : a ouvert les trav.'. et on inscrit tout de suite l'art. .
demandé, puis on met au bas : Pour extrait conforme au registre et plus
bas : Par commandement du S \ M.*. d'Hér.'. et au-dessous de ces mots
le secrétaire met sa signature.
(1) Ce document est également extrait du manuscrit de Devaux d'Huguevi .
APPENDICES ."Vil
Hiéroglyphes.
Il y a deux sortes d'hiéroglyphes : ceux des lettres et ceux des chiffres.
Pour les uns comme pour les autres, voir appendice IX.
article m.
Brefs.
Les brefs sont des actes qui vont au dehors du Chap.\ et qui doivent
être revêtus de la signature caractéristique.
Dans tous les actes qui vont au dehors des Chap.*. avecSign.v Caract.*.
on met une date en hébreu, outre celle qui est dans la teneur de l'acte.*.
Elle se pose où l'on veut.
Cette date comprend le nom de la Mc,se.\ Dem.*., le jour du mois, le
nom de ce mois, l'année du G.'. M.*., quel quantième est ce G.'. M.", et
le mot Père, puis l'an vulgaire. Tous les noms sont en hébreu et les
chiffres tels qu'on les voit dans les exemples ci-dessous.
La signature caractéristique est :
&*)W
C'est la signature du M.\ et le mot de passe en hébreu qui doit être
mis sous le cordon du sceau.
En tête des brefs il doit y avoir pour timbre après le triangle lumi-
neux et au-dessous ;
1° Le mot incommunicable
2° La Par(ole) sacrée des Chev.
3° La M;aîtr)esse Dem(eure) :
TJJ*
T€
Les mois hébraïques se comptent, se nomment et s'écrivent ainsi
qu'il suit :
1° mars Nisan
2° avril Jiar
7m
522 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
3° mai Sivam
4° juin Th
aummus
h
5° juillet Ab
6° août El
us
7° septembre Tieri
8° octobre Marchasvan J / \ jy £ 2 2 Z
9° novembre Caslen
10° décembre Thebet
11° janvier Schebat §
12° février Adar
/fui
Tous les mots et les époques de cette date s'écrivent avec ces carac-
tères et les chiffres ci-dessus, en commençant par le dernier, et ainsi à
rebours jusqu'au premier.
APPENDICES 523
Par exemple pour dire :
lier. [•«■ Nisan 29. :>1 Pore 1779, il faut écrire cette date : 1779.
Ab (père) 54. 29 Nisan 1. Hér.
Pour l'intelligence de cette date, il est à propos d'observer ce qu'on
entend par le nombre des années du G.*. M.*, et par la computation que
l'on en fait.
Le 1er G.\ M.-, a été N(otre') Rfédempteur) . Il a vécu 33 ans. Après
lui la G.-. Mse.\ est restée indivise entre tous les membres du Chap.*.
dllér \ et ceux de tous les autres Chap.*. rég '. et tous ces Chap.'.
font exercer une année quelconque de la G.'. M.", suivant l'époque de
l'année courante à leurs MM.", annuellement électifs, celui d'Hér*. tenant
le siège effectif, en sorte que le corps entier est G-. M.*., les MM.', en
charge forment en corps son représentant en exercice et celui d'Hér.'.
le représentant en tenant le siège effectif
Après N.*. R.-. comptons du 2d G.*. M.-. 33 ans, du 3e pendant le
même temps et ainsi de suite jusqu'à présent. Ces années commencent
au mois de mars appelé Nisan, le jour du jeudi saint; ainsi le 54e
G.". M.\ a commencé au mois de mars 1750 les 33 années finissant le
jeudi saint du mois de mars 1783. On datera alors du mois de Nisan
de la lw année du 55e G.'. M.', et ainsi de suite à perpétuité.
Outre le triangle lumineux, les 3 mots en hébreu écrits au-dessous
qui servent de timbre, la date en caractères hébraïques et en hiéro-
glyphes et la signature caractéristique, on met encore au-dessous du
timbre en lettres ordinaires l'Or.*, du Chap.'. Ensuite l'intitulé ordi-
naire à tous les brefs, la date de l'année en caractères connus, celle
D.'. L.\ M.'. D.\ N.-. R.*. en hiéroglyphes. Tous les Chev.\ signent
indistinctement avec ces quatre lettres initiales : S-'. P.*. R.*. C. . Après
le nom de chacun et au bas après toutes les signatures, le secrétaire met
ces mots :
Par commandement du S.-. Ch.\ d'Hér.*., et il met sa signature au-
dessous avec sa qualité de S.'. P.'. R.'. C.'. et de Secrétaire.
Au bas du bref et à l'une des extrémités doit être le sceau de Tordre
qui est le seul et qui doit pendre à un cordon enlacé de ruban rouge et
noir, et c'est sous ce cordon que doit se trouver la signature caractéris-
tique.
Le sceau doit porter dans un manteau ducal un aigle sur l'estomac
duquel sera une croix chargée d'une rose ; cette croix est sur sept degrés.
A l'entour le collier de l'ordre, de gueules avec un pélican pendant au
bas, le tout surmonté d'une couronne antique. Le manteau parsemé
d'hermines et de sable semé de croix potencées d'or. Aux coins la croix
à 8 pointes de gueules. La croix qui est au cœur est d'or ainsi que les
degrés sur un fond de gueules, 1 écusson carré long.
L'empreinte de ce sceau doit être en cire rouge appliquée sur une
plaque de fer-blanc de la même largeur.
La légende porte en hiéroglyphes de Chev.*. le nom du royaume ou
état, la province et l'Or.-, où le Chap.'. est établi. Au reste, le dessein
524
LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
du sceau est varié. Il ne doit pas y avoir d'autre légende que les 3 mots
séparés par des points.
Le petit cachet est partout de sable, une têle de mort et deux os en
sautoir d'argent, entouré pour légende du seul nom en hiéroglyphes .
.-.LE CHAP.\ DE PARIS.-.
A.-. L.\ O. . D.-. L .'. V.\
.'.Au lieu très saint de la montagne d'Ecosse.-.
.'.Par les nombres sacrés.'.
.".Salut.-.
L'an mil sept cent et
ttJ J-t-D CTTT — J BC ttt
mil sept cent... le... jour du... mois maçonnique cinq mille sept cent...
midi plein, le souv.'. Chap.\ deR.'.C. ., assemblé en notre nom sous
notre autorité et pleine puissance,
Ayant vu le zèle et l'empressement . ..
Nous, d'un commun accord...
Si mandons à tous les maç.'.
A ces causes...
Donné à l'Or.', de...
Par commandement du S. Ch. d'Hér.'.
ART. IV.
Bref d'un récipiendaire.
L'an 17... et D.\ L.\ M.'. D.\ N. . R.'. 17... le. . jour du., mois
m<iue 57... M.\ P.*.
Le S.*. Ch.'. de R.'. C.\ assemblé en notre nom sous notre autorité
et pleine puissance.
Ayant vu le zèle et l'empressement pour parvenir au dernier grade et
point parfait de la maç.*. du T.'. R.*. et P.'. F.'.... né à... province
de... au royaume de..., le..., du mois de... 17... professant la reli-
gion .., chev.'. de l'Ep.'. dit d'Or.'. m.\ de la L.'. St J.\ reconnue
rég.v et duement constituée à 10.'. de... sous le titre distinclif de...
Après avoir jugé de la capacité et une scrupuleuse information de sa
conduite, vie et mœurs tant en L.'. que dehors, desquels bon rapport
nous a été fait et qu'il a satisfait à tous les devoirs du vrai maç.'. qui
sont exigibles en pareil cas.
Nous, dua commun accord avec nos TT.'. RR.'. et PP.'. FF', sous-
signés, lui avons fait prêter son obligation, l'avons reçu et admis, créé
et constitué à présent et pour toujours chev.'. de l'Ai.', parf '. et souv.-.
Pr.\ maç.'.lib. . d'Hér.'. sous le titre de R.'. C.'. pour par lui jouir
des prérogatives attachées à ce grade par toute la surface de la terre et
sur sa demande lui donnons plein pouvoir de, partout où il n'y aura
point de L.*. régulièrement constituée, faire et parfaire des maç.*.
jusqu'au 6e grade dit Chev.*. de l'Ep.'. ou d'Or.', inclusivement, sans
APPENDICES 525
avoir besoin de requérir noire autorité, nous réservant le seul grade de
R.*. C*. qu'il ne pourra conférer sans notre consentement autant que
l'aire se pourra, OU sans celui d'un Chap.'. régulièrement assemblé, lui
communiquant par ces présentes et par l'autorité qui nous a été donnée
par la métrop.*. L.'. d'Angl.*. d'Ec. et d'Irl.*. une partie de nos pou-
voirs pour constituer une L.'. par sa présence avec le droit de tenir le
siège dans toutes les LL.\ régulières répandues sur la surface de la
terre, de réformer les abus qui pourraient s'être glissés dans les LL.\
soit par innovation ou ignorance et de faire généralement tout ce qui
tendra au bien et à la propagation du T.". R.*. ordre de la maç.'. ;
promettant d'observer et faire observer partout où il se trouvera les
statuts de l'ordre, ainsi quedenous reconnaître pour S.-. G.'. M.'.
Si mandons à tous les maç.*. et prions tous nos RR.-. et PP.*. FF. .
qui habitent la surface de la terre, de le reconnaître, honorer et soulager
dans ses besoins, promettons d'en faire autant à tous ceux qui viendront
de leur part munis de certificats et qui se feront reconnaître.
A ces causes nous lui avons délivré le présent bref auquel foi doit être
ajoutée pour lui servir et valoir en tant que besoin sera. Lequel nous
avons fait signer par NN.\ TT.\ RR.*. et PP.*. FF.-, et contresigner
par N.\ T.\ Puis.', et Parf.\ F.-, notre secrétaire, y avons apposé notre
sceau puis l'avons fait accepter en notre présence par le TV. R.*. et
P.". F...... en apposant sa signature à la marge pour éviter toute super-
cherie.
Réni soit celui qui lui fera bon accueil et lui sera utile ; que son nom
soit à jamais honoré et chéri de tous les maç.*., qu'il reçoive par nous
et en notre nom tous les honneurs dus par les membres à nous connus.
Donné à 1 Or.-, de l'Un.-, le siège effectif se tenant à Hér.'. la. .
année de notre avènement à la Gr.\ M.', de l'ordre comme 54e G.-. M.'.
Bref pour un Chapitre suffragant.
(Il faut qu'il y ait 3 FF.-, de l'Or.-, où le Chap.-. veut s'établir qui
soient régularisés avant d'expédier ce bref.)
L'an 17... et D.*. L.-. M.-. D.-. N.\ R.\ 17... le... jour du... mois
maç.-. 57 M.'. P. .
Le S.*. Ch.\ de R.-. G.*, assemblé en notre nom sous notre autorité
et pleine puissance.
Les TT.\ RR.\ et PP.-. FF...... habitant à l'Or.-, de... tous trois
Chev.'. de l'Ai.*, parf.-. et Souv.\ Pr.*. maç. . lib.*. d'Hér.*. sous le
titre de R.'. C.\ et membres de notre Souv.*. Chap.*. nous ayant
exposé le désir sincère qu'ils avaient de se réunir pour travailler régu-
lièrement audit Or.-, et nous ayant demandé qu'il nous plaise leur
accorder le droit d'y conférer le sub.\ grade de Chev.-. de l'Ai.-. S -.
P.'. R.'. C". d'Hér.*. que nous nous sommes réservé en les constituant
Chev.*. dudit ordre et ayant rédigé des statuts particuliers qu'ils se
proposent d'exécuter en outre des ordonnances générales, lesquels statuts
nous ont été présentés, après avoir jugé de la capacité et du zèle des-
dits TT.*. RR.*. et PP.*. FF.*, et qu'ils ont satisfait à tous les devoirs
qui sont exigibles en pareil cas.
Nous, d'un commun accord, avec NN.*. TT.*. RR.*. et PP.*. FF.'.
526 LA FRANC-xMACONNERIE EN FRANCE
s
soussignés, en vertu des pouvoirs émanés du S.'. Chap.'. d'Hér.'. notre
M.". Dem.'. avons accordé et accordons aux dits RR.\ PP.". FF.'
pouvoir de s'assembler audit Or.", de... et d'y former et établir un
Souv.'. Chap '. dépendant de notre M. . Dem.-. et suffragant libre de
celui régulièrement établi à notre Or.*, et sur leur demande, donnons
plein pouvoir audit Chap.'. régulièrement assemblé audit titre, de
conférer le grade Subi.-. Chev.'. de l'Ai.'. S.*. P.'. R ' C.'. à ceux qui
étant régulièrement élevés au G1' grade delà mac', dits Chev.'. de l'Ep.'.
ou d'Or.', auront mérité cette récompense par leur zèle, leur capacité et
leur conduite tant en L. '. qu'au dehors.
Pourquoi ledit Chap.-. pourra recourir à notre autorité, créer et cons-
tituer des Chev.'. de l'Ai.'. Parf. . et Souv.'. Pr.'. mac.". Lib.'. d'Hér.'.
sous le titre de R.". C.'. pour, parles FF.*, ainsi constitués par ledit
Chap.'. séant à l'Or.', de..., jouir à toujours et sur toute la surface de la
terre, des privilèges attachés à ce subi.', grade, à charge par ledit
Chap.'. de se conformer exactement aux instructions renfermées dans le
cahier du grade, aux ord.'. gén.-. et aux stat.'. part.", rédigés par les
TT.'. RR.'. et PP.'. FF.' lesquels ont été approuvés à toujours.
A ces causes, nous leur avons délivré ce présent bref, auquel foi doit
être ajoutée, pour leur servir et valoir en tant que besoin sera, lequel
nous avons fait signer par NN.'. TT.'. RR.'. et PP.'. FF.', et contre-
signer par notre Tr.' Puis.", et Parf.'. F.', notre secrétaire, y avons
apposé notre sceau sous lequel nous avons annexé un exemplaire des
instructions reg. . des ord.'. gén.*. et des stat.'. part.", avant dits.
Puisse le G.'. A.', de l'U.'. bénir les travaux du Chap.'. établi par le
présent bref et combler de ses grâces tous les TT.'. RR.". et PP.". FF.',
qui y participeront
Donné àl'Or.'. de l'Un.', le siège effectif se tenant à Hér.'. la... année
de notre avènement à la G.'. M.', de l'ordre comme 54e G.". M.*.
Lorsqu'un Chap.'. en établit un suffragant du sien, il faut qu'il n'y en
ait pas de rég.'. plus presque lui, sans quoi c'est à celui-là qu'appar-
tiendrait ce droit. Il doit ensuite en donner avis à celui dont il est
suffragant. Celui-là en fait autant au sien et ainsi de suite, en sorte
que la chaîne des suffragants réciproques soit connue. Les Chap.*. en
tiennent tableau. Les 3 FF.', qui obtiennent le bref sont membres de
celui qui le donne et par réciprocité les 3 Lum.'. actuelles de ce dernier
deviennent membres honoraires et perpétuel de celui qui s'établit, ils
sont mis sur les tableaux respectifs.
Ceux qui ont obtenu le titre ont pour preuve de cette qualité le certi-
ficat de leur réception ou affiliation au Chap.'. qui établit l'autre, ne
pouvant en former la demande que d'après 1 un ou l'autre de ces actes.
Les 3 Lum.'. du Chap.". qui établit l'autre reçoivent au jour de la
première assemblée le certificat de leur qualité dans icelui, d'après la
délibération qu'en prend le nouveu Chap. ' . après son élection d'officiers.
ART. VI.
Bref pour un membre honoraire.
L'an, etc., sur la demande qui nous a été faite parle T.*. R.'.et P.'.
F.\. Chev.\ del'Ai.*. Parf.'. et Souv.'. Pr.\ maç.\ lib.'. d'Hér.'. sous
le titre de R.'. C.'., membre du Souv.'. Chap.'. régulièrement établi à
APPENDICES 527
l'Or.', (le... à ce qu'il noua plaise lui accorder le titre de membre hono-
raire et perpétuel de notre Gr.-. Chap.'.
Nous, d'un commun accord avec NN.'. TT.\ RR.\ et PP.-. FF.".
soussi^iu'.s, avons accueilli favorablement la demande et en conséquence
avons accordé et accordons au TV. R.\ et P.*. F.-, le titre d« membre
hou.", de notre Souv.-. Chap.'. pour par lui jouir des droits attachés à
ladite qualité.
A ces causes, nous lui avons délivré le présent bref auquel foi doit
être ajoutée pour lui servir et valoir en tant que besoin sera, lequel nous
avons fait signer par NN.'. TTV.RR.'. et PP.*. FF.', et contresigner
par N.-. T.'. Puis.-, et P.\ Fr.\ notre secrétaire, et y avons apposé
notre sceau.
Donné à l'O. • . de l'Un.'., etc.
ART. VII.
Bref pour affilier unChev.'. Régulier.
(On ne peut affilier que des FF. . qui sont munis d'un certif.'. de
réception d'un Chap.'. Rég.\, car si son Chap.'. n'était pas établi régu-
lièrement, ce qui se voit par les caractères de son bref, il serait obligé de
prêter une obligation nouvelle après laquelle il serait recréé et constitué
Chev.*. R.\ C.'. en lui donnant le Col.*, comme il est dit dans le cahier
des réceptions, et alors il recevrait un bref de récipiendaire.) Si son
Chap.'. est rég.\ alors il est affilié et reçoit le bref suivant :)
L'an, etc.. Le Souv.-. Chap.-. de R.\ C*., etc.. ayant vu le zèle que
nous a témoigné le T.*. R.\ et P.*. F.* Chev.*. de l'Ai.. Parf. '. et
Souv.-. Pr.\ maç.\ lib.-. d'Hér.- sous le titre de R.-. C.*., membre du
Souv.-. Chap.'. régulièrement établi à l'Or. . de... dont il nous a pré-
senté le bref de sa réception en bonne forme et ledit T.*. R.'. et P.*. F.*.
nous ayant exposé qu'il est dans l'impossibilité de suivre les trav.'. de
son Souv.'. Chap.'. à cause de son éloignement et ayant témoigné un
désir sincère de participer à nos mystères pourquoi il nous a demandé
de l'agréger au nombre des membres qui composent notre Souv.*. Chap.'.
Nous, d'un commun accord, avec NN.-. TT.'. RR.\ et PP.*. FF.',
soussignés avons accueilli favorablement la demande et en conséquence
avons accordé et accordons audit T.'. R.'. et P.". F. . le titre de memb.'.
agrégé à notre Souv.'. Chap.'., aux trav.-. duquel nous l'avons affilié et
affilions pour par lui jouir des droits et prérogatives attachés à ladite
qualité.
A ces causes nous lui avons délivré, etc.
Donné à l'Or.', de l'Un.'., etc
VI
GRADE DE L'INITIÉ DANS LES PROFONDS MYSTERES
Objet de ce grade (1).
Le Grade de l'Initié dans les profonds mystères a pour objet de faire
connaître, aux vrais maç.\ parfaitement affermis dans les principes de
(1) Suite du manuscrit de Devaux d'Hugueville.
528 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
la maç.'. ce qu'il y a de bon ou de vicieux dans tous les autres grades
dont on y fait la critique ; c'est pourquoi, pour pouvoir juger sainement
si les grades qu'on y approuve ou désapprouve donnent réellement lieu
au jugement que l'on en porte, il est essentiel d'avoir reçu tous ces grades,
ou du moins de les connaître.
Ces grades sont principalement les trois de la maç.*. Bleue, celui de
M.'. Parf.\ ; celui d'Elu ; l'Elu de l'Inconnu; celui des Quinze ; celui
d'Ecossais ; celui de Souv.#. Cons.'. du Temple ; celui d'Élu suprême,
celui de Chev.\ d'Or.". : celui de Chev.\ dOcc.\ ; celui de Sublime
Philosophe ; celui de Chev.\ du Soleil ; celui de Chev.\ du Phénix ;
celui de Chev.\ de l'Aigle Noir, ou R.'. C.\ de Marseille.
Pour mettre plus d'ordre dans ce traité nous le diviserons en 2 cha-
pitres dont le premier aura pour objet une instruction générale relati-
vement à ce grade et sera composé de 10 sections et le 2« aura pour
objet tous les trav.'. qui se font dans la L.*. de l'Initié dans les profonds
mystères et sera divisé en 5 sections.
CHAPITRE PREMIER.
Instructions générales sur ce grade.
Ce premier Chap.-. sera divisé en 10 sections qui auront pour objet,
savoir :
La lre, le lieu où l'on peut tenir la L.'.;
La 2e, les ornements des FF.-, en L.\ ;
La 3e, les noms des Offi.v en L.*. ;
La 4e, la batterie pour s'annoncer à la porte de la L.*. ;
La 5e, la proposition d'un récipiendaire ;
La 6e, les signes du grade et 10rd.\:
La 7e, les mots du grade ;
La 8e, l'attouch.-. du grade ;
La 9", le baiser du grade ;
Le 10e, le changement de M.\
SECTION PREMIÈRE.
Du lieu où Ion peut tenir L.'.
Dans tous les autres grades il faut avoir un local particulier, pour
tenir L.-., et ce local doit être décoré suivant le grade dont on tient L.".
Dans celui-ci, la L.*. se tiendra où Ion voudra ; il n'y aura aucune
nécessité d'avoir une tenture particulière parce que le fond de ce grade
ne consiste que dans le discours que le F.\ Orat.\ prononce au Récip.*.
après son admission en L.'.
SECTION II.
Ornements des FF.'.
Les ornements que les FF.*, doivent porter en L.'. sont le tablier, les
gants, le collier et le bijou.
Le tablier est blanc, brodé d'un ruban couleur de rose pâle sans autre
ornement.
Les gants sont blancs.
Le collier est de ruban moiré blanc, liséré comme le tablier et au bas
du collier pend le bijou.
APPENDICES 529
Le bijou est OU soleil sortant d'un nuage avec celte devise : Posl lene-
bras h;.v.
section m.
Nom des officiers en L.'.
Dans tous les hauts grades en donne des noms pompeux aux ofl. .
Dans celui-ci on ne leur donne d'autres noms que ceux qu'ils ont dans
la Maçonnerie simple.
Le maître s'appelle simplement Yen.*.
Les 2 autres lumières de la L.*. s'appellent surveillants et ainsi de
tous les autres off..*.
SECTION IV.
Manière de frapper pour entrer en L.
Lorsque la L.'. est ouverte, les FF." qui se présentent pour y entrer
doivent s'annoncer à la porte par 2 coups, séparés au moins d'une
minute. On leur répond du dedans et ils répètent, après quoi on leur
ouvre.
section v.
Proposition d'un récipiendaire.
L'on ne proposera un récip.\ qu'avec toutes les précautions et après
l'assurance de ses qualités strictes tant civ.\ que maç.*.
Comme dans ce grade, l'amitié et l'union doivent être plus intimes que
dans tous les autres, un seul opposant suffira pour faire rejeter un can-
didat, fut-il doué de toutes les qualités, élevé à tous les grades maç.#.
possibles : parce qu'il est à remarquer qu'il y a beaucoup de maç.-. qui
quoique étant darvenus à la connaissance des grades sup.\ n'ont pas
acquis les vertus qu'ils enseignent et n'ont pas même le caractère formé
de façon à vivre avec tout le monde.
Voici d'où naissent les intrigues qui divisent les LL.". et qui font d'un
lieu de paix et de tranquillité, le séjour de la discorde et quelquefois de
la haine la plus envenimée.
SECTION VI.
Des signes et ordres.
Il y a deux signes : celui d'opposition et celui d'admiration.
Le signe d'opposition consiste à faire tomber la main droite sur la
cuisse.
Le signe d'admiration est le même que celui de comp.\ dans la
Maçonnerie Bleue. Il se fait en portant la main droite sur le cœur. C'est
ce même signe qui sert d'ordre.
SECTION VII.
Des mots.
Il y a aussi deux mots :
Le 1er est Amitié ;
Le2« Union.
LA FRANC-MACONNERîE. — T. I. 31
530 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
SECTION VIII.
Des attouchements.
L'attouch.*. consiste à se prendre et à se serrer réciproquement avec
le pouce la 2e phalange du doigt auriculaire ou petit doigt.
SECTION IX.
Du baiser.
Le baiser des Initiés est le même que celui de la Maçonnerie Bleue.
section x.
Changement de maître.
Chaque memb.'. deviendra maît.'. à son tour, à moins que tous les
memb*. d'uu commun accord ne veuillent la continuation de l'exerçant.
Par ce moyen, l'égalité subsistera, n'y ayant aucune place distinguée
parmi les FF.*.
CHAPITRE II
Des travaux.
Ce Chap.". sera divisé en 5 sections qui ont pour objet, savoir :
La lrc, lOuverture de la L.\ et la prière qu'on y fait ;
La ie, la Réception ;
La 3", l'Instruction gén. de laL.'. ;
La 4e, le Discours de l'Orat.*. relativement à ce grade, et ceux dont
nous avons parlé dans l'objet de ce grade ;
La 5e, la Clôture de la L.\
SECTION PREMIÈRE.
Ouverture de la L.'.
Dès que tous les FF.*, sont entrés, décorés et assis, le Vén.*. fait les
questions suivantes :
D. — F. . 1er Surv.*., quel sujet nous rassemble ?
R. — Celui de nous dépouiller de nos préjugés, de devenir hommes
et d'être vertueux et honnêtes
D. — Sommes nous à couvert de toute surprise ?
R. — Oui, Tr.\ Vén.'., aucun mortel ne peut pénétrer en ce lieu.
Et après cette réponse le M.*, dit :
Mes FF.*., puisque nous sommes sûrs d'être à couvert, que notre but
est la vertu et que l'amitié la plus intime nous unit, cherchons tous les
moyens de nous rendre meilleurs.
La Prière.
O toi, Souv '. de ce vaste Univ.*. que nos cœurs cherchent et qu ils
aperçoivent dans la sublimité de tes œuvres, daigne être propice à nos
vœux ; seconde la pureté de nos intentions et fais que, dégagés des liens
qui nous attachent aux choses terrestres, nous trouvions le bonheur véri-
table des Elus dans la pratique des vertus.
Amen*
APPENDICES 531
SECTION II.
Réception.
Lorsque la L.'. est ouverte, le F.*, expert conduit le récip.'. auprès
de la porte, où il s'annonce par la batterie du grade. Alors le M.*, dit :
Fr. ". 1(" Surv.\, faites voir qui frappe à la porte de la L.\
Le 1er Surv.\ rend l'ordre au F.'. M.", des Cérém.*. qui lui dit qui
c'est, et il le dit lui-même au M.*.
T.*. Vén.\, c'est un maç.'. qui. connaissant tous les Gr.\ de la
Maçonnerie, en secoue les préjugés et cherche un asile où habite la vraie
vertu.
Après cette réponse, le M.*, dit :
Mes FF.'., donnez-lui l'entrée de notre Temple et qu'il trouve parmi
nous le bien inestimable que son cœur désire.
Lorsque le candidat est entré, le M.'. lui dit :
Mon G.'. F.'., étant parfaitement assuré de la docilité de votre carac-
tère, de la droiture de votre âme, de votre zèle à secourir les malheureux,
nous nous félicitons de vous voir admis dans le choix que nous faisons
des maç.\ vertueux.
Je vous engage de vous unir à nous par l'amitié la plus étroite.
Prenez place, mon T.-. C.'. F.*., et profitez des instructions que l'on va
faire.
section m.
Instruction.
D. — Êtes- vous initié ?
R. — J'adore le divin créateur de la nature. Je reconnais sa puissance
sans borne. Je conçois sa bonté. J'espère en sa miséricorde. Enfin, je
suis persuadé qu'il n'a pu nous créer que pour nous rendre heureux.
D. — Qu'avez-vous fait pour être admis dans nos mystères ?
R. — J'ai cherché la vertu. J'ai tâché d'imiter celui qui nous a créés
en devenant doux et compatissant pour les malheureux, et je fais mes
efforts pour être l'ami de tous les hommes vertueux.
D. — Par quel degré êtes-vous donc parvenu jusqu'à nous ?
R. — En secouant le joug des préjugés que j'avais reçus dans le?
différents grades de la Mac.', que je méprise en partie et que je déleste
dans l'autre.
D. — Quelles sont donc vos idées ?
R. — Je pense que l'apprentissage et le compagnonnage, où l'on nous
donne des préceptes de vertus sont bons et honnêtes. Que dans la Mse le
crime a quelque accès, mais qu'il est puni dans 1 Elu. Que le Parf.\ M.'.
Angl.'. est de tous les autres grades le plus raisonnable et le seul qui soit
parfaitement bon. Que les différents Ecos '.sont inutiles, que l'El '. Sup.\
est ampoulé et que le Chev.' d'Or.*, est futile ; que celui d'Occ. est
dépourvu de sens commun; que le Souv. . Comm.'. est indécent ; que le
Gr.\ Elu est détestable ainsi que le R.'. C.*. de Marseille dit le Ghev.\ de
l'Aigle Noir qui est digne d horreur. Que le Chev.*. du Soleil est mépri-
sable ; le Subi.'. Philos.', digne de pitié ; le Chev.'. du Phénix absolu-
ment déraisonnable
D. — Pourquoi continuez vous la Maçonnerie, puisque vos idées lui
sont aussi désavantageuses ?
532 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
R. — Je ne méprise que les abus, j'aime à entendre les bons principes
qu'elle nous donne. Je tâche de les mettre en pratique et notre travail
ne tend qu'à les faire révérer et les faire paraître parmi nous avec plus
d'éclat.
D. — Comment y parviendrez-vous ?
R. — En n'admettant dans notre Soc*, que des gens choisis et qui
conviennent à tous égards au titre, de Vrais Initiés.
D. — Quelles sont les qualités que nous exigeons?
R. — La droiture du cœur et de l'âme, un caractère docile qui est
toujours de l'avis de ses frères et qui ne 1 emportera jamais lorsque les
défauts dont aucun homme n'est exempt, lui seront représentés avec la
douceur que les parfaits maçons doivent mettre dans leurs remon-
trances.
SECTION IV.
Discours de l Orateur.
Après que l'instruction est finie, le F*. Orat.\ lit le discours suivant,
dans lequel se trouve expliqué parfaitement tout l'objet de ce grade :
Vous avez passé par tous les grades, on vous a fait parcourir jusqu'à
aujourd'hui, les uns après les autres, tous les mystères redoutables au
vulgaire, parce qu'il ne les connaît pas et que le sage voit pour la plu-
part d un œil méprisant et dédaigneux.
Nous savons rendre justice à la vertu et à la vérité, elles nous sont
chères. Ce que vous allez entendre vous en convaincra de plus en plus.
L'analyse de ces grades va vous être dévoilée, vous allez en pénétrer
les replis les plus cachés.
En vous découvrant les moindres circonstances, vous en reconnaîtrez
les explications et vous sentirez enfin ce qu'ils méritaient de votre appro-
bation et de votre mépris.
Les connaissances que vous avez dû acquérir après avoir été reçu
Apprenti. Comp.'.et M.', dans les grades de l'Elu Ecossais, Parfait M.*.
Anglais, Elu suprême, Souv.'. Com. ., Chev '. d'Or \ et d'Occ.-., Prince
de R '. C.*., Grand Elu, Chev.-. de l'Aigle Noir, Chev.-. du Soleil et des
adept.., Subi.*. Philosophe et Chev.*. du Phénix sont les seuls sur
lesquels nous nous étendrons. Les autres, qui sont en quantité et qui ne
sont que des répétitions sèches et stériles de ceux dont il vient d'être
fait mention, resteront dans l'oubli et ne nous laisseront d'autres
impressions que le dédain le plus parfait pour ceux qui ont pu employer
leur temps à des ouvrages aussi futiles, de peur d'être obligé de les haïr
comme des gens infâmes, que la cupidité seule a conduits dans un travail
aussi pitoyable.
Apprenti et compagnon. — Les deux premiers grades nous appren-
nent l'entreprise que fit Salomon de bâtir un Temple à l'Eternel ; les pré
cautions qu'il prit pour le rendre magnifique ; la demande qu'il fit
d'Hiram Abif à Hiram, roi de Tyr, pour lui confier en chef la conduite
de cette sainte entreprise ; le partage que fit Hir.\ Ab.'. des ouvriers en
trois classes ; les signes, mots et attouch.'. dont il convint avec eux pour
les reconnaître les uns d'avec les autres ; les proportions du Temple
et des deux fameuses colonnes.
Jusqu'ici il n'y a rien de mystérieux ; ouvrez la Bible, vous y trou-
APPENDICES 533
verez les mêmes choses expliquées peut-être plus clairement. Maifl
n'importe, reconnaissons la prévoyance de notre instituteur.
Pour parvenir à son but, qui était de rendre les hommes égaux et «le les
Paire vivre ensemble dans l'union la plus étroite et la plus intime, il
sut s'accommodera leurs mœurs et de plus à la faiblesse de leur âme. 11
reconnaissait combien le merveilleux a de pouvoir sur le cœur humain.
Il descendit à des considérations, rendit 1 entrée de Tordre difficile,
imagina de rendre les réceptions terribles et formidables et sut les
rendre respectables par l'appareil mystérieux qu'il répandit sur tout
ce qui nous environnait.
Il sentit d'ailleurs la dure nécessité de ces formalités ; il vit qu'en
trompant le vulgaire, il éprouverait l'âme de ceux qu'il voulait admettre,
qu'il sondait par là leur cœur et leur façon de penser, et qu'il pourrait
par ce moyen distinguer la bonté du caractère et de l'esprit de candeur.
D'ailleurs l'établissement de notre M.*, est louable; il tendait par son
application à faire vivre les hommes dans légalité et à n'admettre entre
eux de prééminence que celle que donne la vertu.
Maîtrise. — Si nous avançons, la M.*, nous offre le massacre d'Hir.*.
par 3 malheureux consp.*. jaloux de la gloire et de la faveur qu'il rece-
vait en vivant familièrement avec le roi Salomon, l'assemblée que tinrent
les maîtres pour délibérer sur ce qu ils avaient à faire, afin de prouver
leur innocence à Salomon, la recherche du corps du R.\ M.'. Hir.\
qu'ils retrouvèrent et l'exhumation qu'ils en firent.
Déjà dans ce grade le crime se glisse parmi les constructeurs du
Temp.\, mais on sut le tourner à profit pour en montrer l'horreur et le
faire di'tester de ceux qui étaient membres de l'ordre naissant.
Elu. — Dans l'élu, la vengeance tirée des meurtriers est une leçon qu
nous prouve que le crime ne reste jamais impuni, que l'auteur de la
nature est infiniment bon, juste et implacable pour les méchants.
On découvre dans ce grade Abir.*.,un des auteurs de ce meurtre ; mais
d'où vient qu'on fit des recherches contre Cebal et Méphiboseth ? pour-
quoi multiplier les êtres ? Ne pouvons-nous pas dire que déjà le vice se
glissait dans la Mac.*, et que cette multiplication était un présage des
désordres qui allaient s'ensuivre ? Le crime puni et le corps retrouvé, il
fallut inhumer notre R.\ M.*, avec la pompe qu'exigeait le service qu'il
avait rendu, et il aurait sans doute mérité une autre récompense.
C'est le sujet de l'Ecossisme, où l'on glisse des cérémonies judaïques
qui ne peuvent faire qu'un très mauvais effet, surtout dans un temps où
les personnes qui sont à la tête des LL.\ sont souvent peu instruites et
ont d'ailleurs des dépenses à faire, pour les rendre avec dignité, motifs
qui peuvent les faire regarder comme contraires aux règles de l'ordre,
par celui qui possède au fond du cœur les vrais principes de la nature
qui est de saisir les occasions de se rendre utile à l'humanité souffrante.
Parf.-. M.'. Angl.- — De là on passe à la M.', du Parf.\ M.'. Angl.\
qui est une répétition générale de ce qu'on a vu et qui aurait dû être le
seul grade, si notre législateur n'eût eu crainte de communiquer trop
vile l'intelligence de notre ordre, et de donner lieu à l'indiscrétion en
communiquant tout d'un coup ce qu'il y avait de mystérieux à uu
homme nouvellement reçu.
Voilà ce qui a fait longtemps le secret de notre ordre respectable.
Elu de l'inconnu et des quinze. — Tout était bon jusqu'alors. Rien,
531 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
excepté les élus de l'inconnu et des quinze, n'était de trop. Tout tendait
au bien et au maintien de l'ordre ; mais il n'est rien de stable. Les
hommes aussi changeants que l'ombre et aussi légers que le vent pou-
vaient-ils rester longtemps dans l'état heureux où notre législateur s'était
efforcé de les mettre ? Pleurons leurs faiblesses et leur aveuglement,
mais sachons réparer leurs torts et donner un nouveau centre à l'Art
Royal en rétablissant les premières LL.\, en rendant un culte pur à
l'Etre suprême, en déchirant impitoyablement le bandeau qui nous a
privés jusqu'à ce jour de la vraie lumière.
Ecossais. — On fît ensuite du Parf . M.*. Angl.\, le grade d'Ecoss.'.,
qui renferme la cérémonie de la dédicace du Temple. Il était, suivant
les apparences, naturel de terminer 1 histoire.
Souv.'. Commandeur du Temple. — Mais où cela nous conduit-il ? Au
Souv.'. Com. '. du Temp.'., grade où l'indécence la plus outrée et linso-
lence la plus criante sont permises à celui qui en est décoré, par la seule
raison qu'il sait que c'était au com. qui en gardait la clef et qui avait
l'honneur d'être admis à la cour du roi Salomon
Elu suprême. — On sentit ensuite qu'on pourrait ajouter à celui
qui vient d'être dit la chute du roi Salomon, son impiété et les sacri-
fices abominables qu'il faisait aux faux dieux, dans ce même temps
qu'il avait fait construire pour le seul et véritable Maître de la nature
et le comble de la folie en faisant substituer à l'arche d'alliance les
simulacres des divinités que lui apportaient ses femmes et ses concu-
bines. On imagina donc l'EL*. Sup.-. où l'on jure une haine implacable
à cet ennemi déclaxé de celui qui l'avait comblé de ses bienfaits.
Chevalier d'Orient — Il fallut aller plus loin ; le rétablissement du
Temple de Dieu sous Cyrus fut le sujet du Chev.\ d'Or.1. Vous y
apprenez la manière dont Zorobabel va se présenter devant Cyrus. Il
pousse dans son antichambre des soupirs qui sont entendus des gardes.
On va voir quel est 1 homme revêtu d'un voile, couvert de cendres,
qui pousse ces gémissements. On le fait prosterner aux pieds du roi qui
gracieusement lui laisse voir son visage et qui ordonne à son ministre
de lui donner des instructions qui consistent à lui dire qu'il faut avoir
un mot de passe pour se reconnaître dans un besoin et qu'il faut être
bien unis. On l'arme ensuile en Chev.-. d'Or.-, en lui mettant une
écharpe sur laquelle est représentée un pont traversant une rivière,
parsemée de têtes de mort et d'ossements. On y apprend le fameux
combat du fleuve Starburzanaï ; la victoire que remporte Zorobabel sur
les sujets du roi Cyrus qui l'avaient attaqué malgré le passeport qu'ils
voulurent lui faire avoir, signé de leur roi.
Les noms des ouvriers du nouveau Temp.'., le nombre des hommes
qui y furent emplo}rés, la résolution qu'ils prirent de travailler, mais
avec l'épée au côté, le nombre d'années qu'ils furent à le construire qui
fut de 40 ans : toute cette histoire se trouve encore dans la Bible, sauf
la réception du Chev.'. par Cyrus dont il n'est fait aucune mention et
qui d'ailleurs est par elle même fort peu nécessaire.
Chevalier d'Occident. — On trouve dans l'Apocalypse le sujet du
Chev.*. d'Occ". où vous êtes ensuite transporté. La L.-. représente le
ciel tel qu'il est décrit par saint Jean. Le M.', de la L.'. représente
l'Alpha et l'Oméga ; il tient un livre fermé, sept sceaux qui s'ouvrent
APPENDICES 535
cl dont il sort des traita ; une balance, une épéc, emblèmes que l'on
explique et qu'on fait rapportera la M.*.
Comme l'Apocalypse est indéchiffrable, ce grade l'est tout autant et
n ■ peut être regardé comme admirable que par ceux auxquels les eboses
auxquelles ils ne comprennent rien paraissent des mystères et des mer-
veilles ; absurdité moins criminelle que celles dont on vient de parler,
mais encore plus folle.
Sublime Philosophe. — L'or, ce métal source de tant de crimes et
d'horreurs et dont nous devrions pouvoir nous passer, est l'idole que nous
cherchons avec le plus grand empressement.
Le Subi '. Philos "., tilre sublime et qui ne convient qu'à celui qui
l'est et non point à un homme dont l'occupation est absolument con-
traire ; titre qui ne doit être accordé tout au plus qu'à celui qui a la
vertu pour principe, qui la pratique et qui par son moyen sait se rendre
heureux, le Subi.-. Phil.*., disons-nous, fait son unique étude de la
richesse de ce fantôme, et prétend par ses découvertes égaler la science
du créateur et de l'auteur de tout être.
Chevaliers du Soleil et du Phénix — Ces grades sont un mélange de
religion, de mercure, de soufre et d autres ingrédients qui entrent dans la
composition de ce précieux métal qu'Hir.-. ainsi que Sal.\ possédaient,
mais qui a été perdu et qui ne se trouve plus que chez quelques-uns des
descendants de ces fameux alchimistes ou de leurs élèves. L'on cher-
chera dans ce grade la vertu et le repos après le travail immense
qu'exige ce grand œuvre dont le secret n'est pas encore trouvé et ne se
trouvera pas de sitôt. Ce grade donne des relâchements [sic) au moyen
desquels on se flatte de pouvoir le trouver.
On pardonnerait à des hommes fous ou insensés de s'y appliquer.
Mais que, sans la moindre notion de chimie et sans la moindre teinture
physique des autres sciences nécessaires à un travail de cette espèce, on
s'y adonne et Ion s'y livre dans ces grades où il en est question, il faut
être absolument dépourvu de bon sens, et c'est se mettre dans le cas
d'être enfermé aux petites maisons.
Souverain Prince Rose-Croix. — Comme l'Ancien Testament a fait place
au Nouveau dont il n était que la figure, et que la loi de grâce a fait
disparaître la loi judaïque, on a cru devoir consacrer cette heureuse
révolution dans la M.*, par un grade particulier. Ce grade est celui de
S.*. P.\R.\ C '.Autrement dit le Chev \ de l'Aigle ou du Pélican quia
pris sa naissance à Hérodom II a pour objet les mystères de la mort et
de la résurrection du Sauveur du monde.
L'objet de ce grade est sublime, puisqu'il nous rappelle le mystère de
notre rédemption opéré par l'incarnation du Souv. M.-, de la nature qui
pour l'amour de nous a fait le sacrifice volontaire de sa vie, sacrifice
dont la mort d'Hir.-.. qui fait l'objet des premiers grades, n'est qu'une
bien faible image, et le triomphe de la religion chrétienne par la résur-
rection du Verbe. Mais les honneurs et les privilèges extraordinaires
qu'on attribue à ceux qui sont revêtus de ce grade sont entièrement
contraires à l'esprit d'humilité qu'on enseigne et aux maximes de
l'Evangile.
On y a aussi introduit une cérémonie de la religion protestante qu'on
devrait supprimer. Test la Cène qu'on y fait A cela près, ce grade est
réellement respecfab
536 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Chev.'. de V Aigle Noir. — Le désir de se singulariser a fait imaginer à
Marseille un grade qui n'a de commun avec celui-ci que le nom de
R.\ C.'. qu'on lui a donné fort mal à propos. Ce grade, appelé autre-
ment Chev.*. de l'Aig.\ Noir, n'a pour objet essentiel que le Grand
Œuvre, comme tous les autres grades prétendus philosophiques dont il
a été parlé ci-dessus, par conséquent il n'est ni moins extravagant ni
moins ridicule que ces autres grades. La réception est contraire aux
lois de la nature et fait horreur à toute âme délicate ; elle est plus
propre à former un fanatique qu'un parf. \ mac.".
Grand Elu. — Le grade de Gr. ' . Elu * . est un mélange de l'Elu du Chev.
Kad.\ et des grades philos.*. On ne voit pas qu'il ait d'autre objet que
l'orgueil et l'esprit de domination dans les LL.\, vices qui sont égale-
ment proscrits par les lois de la Mac.'. ; ce qui seul suffit pour prouver
l'inutilité et l'indécence de ce grade qu'on devrait totalement anéantir.
Voilà les principaux grades analysés. Réfléchissons sur les derniers,
qui ont pour objet le Grand Œuvre, et voyons quel bien il pourrait eu
résulter quand même le moj'en de faire de l'or serait découvert.
L'homme qui le posséderait en serait il plus sage et plus vertueux ?
Pourrait-il faire le bonheur de l'humanité et de ses semblables ? Point
du tout.
Au contraire avec la facilité de satisfaire tous ses désirs, il s'aban-
donnerait beaucoup plus librement aux grands excès, et l'or devenant
plus commun rendrait la subsistance et tous les besoins de la vie beau-
coup plus chers et ferait périr de misère ceux qui n'auraient pas le
bonheur d'en posséder.
Dégageons nous tous, mes ff. \, de la tyrannie de ces prétendus con-
naisseurs, et entrons pour n'en sortir jamais dans le vrai sentier du bon-
heur. Plus de préjugés ; ne soyons plus les enfants d'Hir.\ construc
teurs du Temp.'. ni du prince de Juda qui reconstruisit le Temple de
l'Eternel, ni de saint Jean l'Apocalyste transporté dans l'île de Pathmos,
ni enfin les descendants de personne.
Soyons vertueux, adorons l'Etre suprême parce qu'il est notre bienfai-
teur. Chérissons les mortels aveugles parce qu'ils sont nosff.\ ; aidons-
les dans leurs besoins, parce que c'est soulager l'humanité. Donnons des
conseils parce que par là nous pourrons tirer du joug de 1 erreur.
Aimons nous parce que l'Eternel nous fit pour nous rendre heureux
Rendons-nous la vie douce par une conduite agréable et honnête.
Sachons enfin passer dans le bonheur le peu de temps que nous avons à
demeurer sur terre et restons vertueux au milieu des crimes et des désor-
dres où l'univers est plongé. Amen.
section v.
Clôture de la Loge.
Après que le discours est fini, le vén.*. demande si les ff.*. ont quel-
ques propositions à faire et, après que les propositions ont été faites et
discutées, il fait la clôture de la L.\ par la demande suivante qu il
adresse au f.\ 1er surv.\
D. — Quel est le terme de nos travaux ?
R. — Le moment où la nécessité nous oblige de nous rendre où nos
affaires nous appellent ayant toujours la vertu pour guide.
APPENDICES
537
Après cette réponse, le vén.*. dit :
Que ne pouvons-nous, o mes chers ft\\, rester perpétuellement ensem-
ble et jouir des douceurs attachées à une amitié pure cl désintéressée.
Mais nos besoins, notre travail particulier, les devoirs de nos états,
nous forcent à nous séparer. .Jurons nous tous, de nouveau, les mêmes
sentiments ; promettons nous de nous rester inviolablemcnt attachés, et
que le baiser fraternel que je vous invite à me faire parvenir soit le
gagé et la marque assurée de la fidélité de nos engagements. Amen.
Amen. Amen.
VII
PATENTES DE CONSTITUTION D'UNE LOGE PAR LA G.'. L.\
A la gloire du grand architecte de l'Univers, et sous le bon plaisir de
S. A. S. Monseigneur le comte de Clermont, prince du sang, très illustre
et très respectable grand maître des L.\ régulières de France et autres.
Ce jourd'hui 21 novembre 175G, heures de midi plein.
Nous maîtres des L.\ régulières soussignés de l'ordre respectable de
la Franche-Maçonnerie. Au réquisitoire du vén '. frère Baillot, aussi
maître de L.'. Nous nous serions transportés et assemblés à la L.\
Saint-Jean, situé à l'Orient de Paris, où étant, il nous aurait commu-
niqué que plusieurs frères, tous bons maçons de la ville de Lyon,
s'étant unis en nombre compétent, désireraient pour s'unir à nous plus
étroitement, par les liens précieux de la fraternité, d'être formés et cons-
titués enL.'. régulière et suffragante de la grande L.'. de Paris, dite de
France ; desquels frères à nous proposés avons été assurés et certifiés
par ledit frère Baillot qu'ils étaient dignes et capables d'exercer les lois
et règlements tant généraux que particuliers de la Franche Maçonnerie,
et en outre que laditte L.\ sera soumise et se soumettra à l'avenir et
généralement aux règlements faits et à faire par la grande L.'. de Paris,
dite de France, comme en faisant corps, à quoi nous maîtres de L.". régu-
lières, ouï le bon rapport à nous fait par ledit frère Baillot, avons par
ces présentes, constitué et constituons une L. . régulière pour et dans
la ville de Lyon être établie à perpétuité, laquelle aura pour titre et
nom la Parfaite Amitié et pour maître de ladite L.". avons pareillement
constitué et constituons le frère Jean-Baptiste Willermoz ; pour pre-
mier surveillant, le frère Claude Veulty ; et pour second surveillant, le
frère François Claudy, et enjoignons à tous les susdits frères, tant
maître qu'officiers de laditte L.-., de se conformer à tout ce qui tendra
au bien de notre ordre ; d'jr garder et faire garder et observer très
exactement la décence, la sagesse, la concorde et l'union qui doit régner
dans les nobles cœurs des maçons et tout ce que dessus étant exacte-
ment suivi et exécuté conformément à notre zèle.
Si mandons et enjoignons à tous bons maçons tant de laditte ville de
Lyon que tout autre, de reconnaître la présente L.-. pour régulière et
suffragante de la G.\ L.'. de France comme en faisant corps, en foy de
quoy nous lui avons délivré ces présentes pour luy servir de titre,
valoir et demeurer laditte L. . perpétuellement établie et installée en
laditte ville de Lyon et icelles signées et délivrées par nous maîtres de
L.'. à l'Orient de Paris ledit jour et an que dessus.
538 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
VIII
VÎHTUS DEDIT ARDENS. DIPLOME DE MAITRE .IACOBITK
Les ténèbres ne lont point comprise.
Pro amore Populi A..L. 0. Chariias nos docet.
D'un lieu éclairé où règne le silence, la paix et la concorde, l'an
de la lumière 5757, de notre calcul ordinaire le 9 avril 1757, joie,
salut et prospérité aux très vénérables frères qui liront ces pré-
sentes.
Nous les maîtres, inspecteurs et ouvriers de la Respectable L.'.
de Saint- Jean, écossaise anglaise, sous le titre des Enfants de la
Sagesse et Concorde revêtue) de tous les honneurs et authorités
par notre cher frère le grand maître, le prince Charles Edouard
Stuard, régulièrement assemblée par le nombre mystérieux,
Attestons et affirmons à toutes les personnes éclairées répandues
sur la surface de la terre qu'en conséquence du zèle et équité et
droiture que nous a montré notre cher frère le sieur Targe natif de
Paris, âgé de 18 ans, dont la 'signature est ci-jointe ne varietur et
l'ayant reconnu pour apprenti, compagnon et maître, l'avons
décoré des grades éminans d'Elu, Ecossais Trinitaire François et la
maîtrise du Parfait Ecossais Anglais, lui ayant sacré l'œil à la
manière accoutumée et ce, comme une récompense de notre ordre
royal due à son mérite particulier exactitude et équité pour ce,
prions les très respectables L.\ qui verronts ces présentes de le
reconnaître pour bon maçon et de lui décerner les honneurs que
ses pénibles travaux lui onts acquis. A ces causes, la Très Respecta-
ble L.*. assemblée lui a fait dresser le présent certificat pour
être une marque vivante durable et éternelle de notre inaltérable
amitié et pour qu'il soit aidé, consolé et assisté s'il tombait dans
quelques périls, dangers ou indigence conformément à nos sacrés
engagements, statuts et obligations indispensables et lavons fait
signer de nos principaux officiers et scellé de notre grand sceau et
petit sceau de notre Ordre Royal.
Fait passé et délivré en notre très respectable L.".
D'IIumainbourg, vén.-. de la présente L.'. Ecossaise et Anglaise.
— Itéguiemme, ex-maître substitut A. S. P. Chev. de l'Orient et de
Rose-Croix. — Genieusse-Vilmarceaux, 1er surv. — Grossard,
Chev.'. d'orient. — Targe.
APPENDICES 539
IX
HIÉROGLYPHES MAÇONNIQUES.
Hiéroglyphes en usage en Angleterre.
A
B
c
D
E
r
J
J
U
U
L
U
G
H
i
J
K
L
D
H
D
D
C
E
M
N
0
p
Q
R
1
1
n
H
r
F
S
T
u
V
w
X
V
V
<
<
A
A
Y
z
>
>
Anciens hiéroglyphes
en usage
en Hollande
».
A
B
c
D
E
F
J
U
L
3
a
C
G
H
u
L
M
N
n
n
r
Jj
Ld
L.
0
p
Q
R
s
T
3
m
E
"H
n
F
u
V
X
^
fc]
h
540 LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Nombres. Se forment par additions.
11756 = ilki
7.000 -}- 4.000 +
700 + 50 > 6
J r y
1
10
100
1000
1
r
J
L
2
20
200
2000
1
î-
4
J-
3
30
300
3000
1
r
4
*
4
40
400
4000
1
r
À
*>
5
50
500
5000
•1
r
J
l<
6
60
600
6000
'I
1'
il
li
7
70
700
7000
T
P
J
l
8
80
800
8000
1
c
A
u
9
90
900
9000
H
P
d
b
APPENDICES 541
Hiéroglyphes en usage dans la Stricte Observance.
l«r Degré.
A
B
c
D
E
J
J
U
U
L
F
G
H
l
j
11
3
a
a
G
K
L
M
N.
0
C
E
1
"3
n
P
Q
R
S
T
P
r
F
V
V
u
V
X
Y
z
>
>
C
<
A
Ces hiéroglyphes, peu différents de ceux adoptés en 1804 par le G. 0.,
étaient en usage dans les loges jacobites dès 1765. C'est le
type anglais moins le W.
Hiéroglyphes en usage dans la Stricte Observance.
2e Degré.
A
B
c
D
E
F
+
—
■==•>
% *
* *
J
J
G
H
u
K
L
M
U
\±
L
L
=1
D
N
0
p
<T
R
s
1 1
C
IZ
i
T
T
uv
X
Y
z
&
ïT
£
r
« •
r
•
4 •
*
Variante des
chevaliers
de l'aigle souverain de
Rose Croix.
542
LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Hiéroglyphes en usage dans la Stricte Observance.
A
à
G
N
B
J*
H
«
0
V
&
3« Degré.
C D
< »
U K
0 !"
P Q
r •)
V w
E
>•
L
\
R
/;
X
F
&
M
S
X-
Y
>
f»*&MHBe*
Anciens hiéroglyphes en usage en France avant 1804.
A B C D E F
u
r
1
C
n
J
G
H
II
L
M
N
n
E
ti
R
F
^
0
p
Q
R
s
T
L
3
ZJ
D
B
E
uv
X
Y
z
PI
P E
APPENDICES 543
Hiéroglyphes en ussge dans la Maçonnerie symbolique.
G. 0. 1804.
A
B
c
D
E
F
J
J
U
U
L.
"=*>
G
H
u
L
M
N
Z3
n
D
E!
C
E
0
p
Q
R
S
T
1
-n
n
R
r
iront*
u\
X
Y
z
A >
Hiéroglyphes en usage aux chapitres G. 0. 1804.
A
B
C
D
E
F
G
| +
—
L
D
0
• •
eWafcry
H
U
K
L
M
N
0
S.
« «
X
r
F"
f*
TT
P
Q
R
s
r
U
vx
C
J
J
-Û
1
X
-t
Y
z
&
r>w«'
r
U
Y
544
LA FRANC-MAÇONNERIE EN FRANCE
Hiéroglyphes en usage par les chevaliers Kadosch.
A B C D E F
70 2 3 12 15 20
G
H
IJ
K
L
M
30
33
38
9
10
40
N
0
P
Q
R
S
60
80
81
82
83
84
T
UV
X
Y
Z
W
85
86
90
91
94
95
Hiéroglyphes en usage par les chefs du Tabernacle.
A
A
B
A
c
D
E
A
F
G
H
u
K
L
M
"V
V
Y
V
-$-
¥-
N
0
p
0
R
S
A
A
£
A
A
^
T
U
V
X
Y
Z
V
V
1/
V
^
v-
APPENDICES
545
Hiéroglyphes en usage par les Roses-Croix de Hérodom
de Kilwining.
A
0
B
1
C
2
D
3
E
4
G
H
6
8
<J
K
10
11
M
12
N
13
0
14
p
Q
R
S
T
15
16
17
18
19
u
20
V
21
X
22
Y
23
LA FRANC-MAÇONNERIE. — ]. I.
z
24
35
\jniYe7sf5j*
BIBLIOTHECA
546
LA FRANC-MACONNERIE EN FRANCE
Hiéroglyphes en usage par les Roses-Croix ou Chevaliers de
l'Aigle blanc et noir.
A
G
0
uv
B
H
P
X
3
u
Q
D
d.
L
R
Z
E
M
ai.
4-
t* J^
F
N
X
T
TT
Hiéroglyphes en usage par les Grands Inspecteurs Inquisiteurs
Commandeurs.
A
B
C
D
E
F
V
>
<
A
12:
£
G
II
U
K
L
M
ta
U«&j«'
&J
[Si
£J
£J
N
0
P
Q
R
S
£]
î£
rs
fô
151
CT
T
UV
X
Y
z
R
^
Âl
Ï5I
0
Anciens hiéroglyphes des chevaliers Ecossais
APPENDICES 547
Hiéroglyphes en usage dans le rite Ecossais
philosophique 1783.
A
B
c
l)
E
F
11
L
C
c
F
r
G
H
u
L
M
N
Ul
U
B
D
m
n
0
p
Q
R
s
T
d
J
3
3
^
"1
uv
X
Y
z
y/ < A
Hiéroglyphes en usage à la réception d'un 33e Ecossais
et par les Sublimes Princes du Royal Secret.
A B C D E
j/ m =n yi P
F G H I I
fni Q n u ik
K L M N O
lii F* -h ' / .«s
P O R S. T
/
TABLE DES MATIERES
Préface vu
Avertissement xxvn
CHAPITRE PREMIER
LES PRÉCURSEURS
Le problème. — Les sources des doctrines maçonniques. — Les
penseurs: les alchimistes — La pierre philosophale. — L'Al-
caest, la Palingénésie et l'Homunculus. — Les principaux
alchimistes ; leurs protecteurs et leurs adversaires. — Les
kabbalistes : Raymond Lulle ; Thomas Morus ; Paracelse ; les
Socins ; Andréa ; Robert Fludd ; le chancelier Bacon ; Pierre
Bayle ; Swedenborg ; Willermoz 1
CHAPITRE II
LA PÉRIODE DE TRANSITION
La f.*.-m.\ corporative. — Les m: çons anglais. — Lee statuts.
— Les landmarks — La f.*.-m'.' jacobite. — Les Roses Croix.
— Ahsmole. — Wren. — Desaguliers. — Ramsay. — Les
hauts dignitaires de la f.*.-m.\ jacobite 44
CHAPITRE III
l'organisation primitive : SON évolution
Les obligations d'un f.\-m.\ — Les ordonnances de 1720. —
L'égalité dans les loges. — L'égalité philosophique et sociale.
— Le vote. — La définition de la f. '.-m.\ d'après les initiés :
Findel, Ragon, Jouaust, Daruty, Oswald Wirth 69
CHAPITRE IV
chari.es radclyffe, comte de derwentvvater, le prétendant
charles-édouard
Les ancêtres. — Les deux frères. — Les premières loges en
France. — Le Grand Maître. — Charles- Edouard Stuart. —
Culloden. — Le chapitre d'Arras. — Vincennes. — La fin
d'une race. — Les persécuteurs et les martyrs. — L'échafaud de
Tower- Hill. — Les descendants 109
33"
550 TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE V
LES DÉBUTS DE LA F.'. -M.'. EN FRANCE
Les maîtres de loges. — Le recrutement. — Les loges de Paris
de 1726 à 1771. — Statuts particuliers. — Les grands maîtres
français ; le duc d Antin, le comte de Clermont. — La G.*. L.'.
anglaise de France. — La G.-. L.\ de France. — Les sub-
stituts : Baur, Lacorne et Chaillon de Jorville. — Beauchaine.
— La patente d'Etienne Morin. — Les frères ennemis. —
La papauté et la f.'.-m." 152
CHAPITRE VI
l'idée maçonnique et les grades
Le travail de loge. — L'habileté de la nature. — Les dupes. —
Les jésuites. — Les chefs secrets. — Le symbolisme. — Les
cérémonies initiatiques. — Retour à l'alchimie et à la kabbale
— Les grades — Les Roses-Croix — Les Réaux-Croix. — Le
chevalier Kadoch 197
CHAPITRE VII
LE POUVOIR ROYAL ET LA F. -M. — LES SCHISMES.
L'attitude du pouvoir. — Louis XV était-il f.-m ? — Le G.\0.\
de Bouillon — La vieille. Bru — La M. . L.\ Ecossaise de
Marseille. — Le chapitre de Clermont. — Martines de Pas-
qually et les Elus Cohens. — Saint Jean de Jérusalem et les
Empereurs d Orient et d Occident. — La maçonnerie de perfec-
tion. — Les Chevaliers d'Orient. — Le baron de Tschoudy. —
Perneti et les Illuminés d'Avignon. — Chatanier et la Nou-
velle Jérusalem des illuminés théosophes. — La décadence de
la maçonnerie 232
CHAPITRE VIII
LES PETITS SECRETS DE LA F.'.-M.*.
Leurs causes et leur but. — Les locaux : les tenues privées.
La Grande Loge. — Le Grand Orient ; ses pérégrinations. — Les
locaux parisiens. — Les faux noms des loges. — Les hiéro-
gh'phes. — Les ères maçonniques. — Les mots secrets. — Les
signatures. — Le langage conventionnel 261
CHAPITRE IX
PROFILS MAÇONNIQUES
La manie égalitaire ; ses conséquences. — Le cabaretier maître
de loge. — Le robin. — Le bourgeois. --- L'homme à talent.
— L'officier. — Le parlementaire. — Le noble. — Puisieux.
— Procope. — St-Germain. — Le Breton. — Bacon de la Che-
valerie — Stroganoff. — Savalète de Lange 2P1
TABLE DES MATIÈRES 551
ÉTAT DES LOGES EXISTANT EN FRANCE EN 1771.
I. — Loges de Paris 357
II. — Loges de province 389
III — Loges militaires 489
APPENDICES
I. — Manuscrit maçonnique anglais de 1693 en la possession
de la York Logde n° 236 505
II. — Loges françaises à Londres 510
III — L'état-major de la f.\-m.\ jacobite en 1760 511
IV. — Les Roses-Croix jacohites 512
V. — Protocole 520
VI. — Grade de l'initié dans les profonds m3rstères 527
VII. — Patentes de constitution d'une loge par la G.'. L.'. . 537
VIII. — Virtus dédit ardais, diplôme de maître jacobite. . . . 538
IX. — Hiéroglyphes maçonniques 539
La Bibliothèque
Université d'Ottawa
Échéance
The Library
University of Ottawa
Dote due
flfl lk '78
OCI ^ 4 78
EpsJp
3oW&\
3>AA^
271
27 OC
a39003
CE HS 0603
.B67 1908 FRANC-MACOIvN
COO BORÛt GUSTAV t-K««»-
ACC* 1143061