Skip to main content

Full text of "Notice biographique et bibliographique sur Nic. Spatar Milescu"

See other formats


■^^  V  ii 


P>^ 


J^ 


■^^. 


-t^-^v 


^^^M 


ù^:^Q^ 


"f^y 


>Ar.;r,'^s-4^ 


'rï'.>>^. 


rt] 


in 


dSOcSj^A.^^/ 


Th 


3-^ 


,yjr>/yr/A^y//j^J^^y^i>e'y^yn  crr/^rte-/f>^ 


7- 


///r-   '  /cA^r^^fr/rr  Aey/cmÙ. 


"Bi 


\n 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

Boston  Public  Library 


http://www.archive.org/details/noticebiographiqOOpico 


NOTICE 


BIOGEAPHIQUE  ET  BIBLIOGEIPHIQDE 


SiUJi 


NICOLAS  8PATAR  MILE8CU 


AMBASSADEUR  DU  TSAR  ALEXIS  MIHAJLOViC 
EN  CHliXE 


EMILE  FI  cor. 


P  x^  R  I  S 

ERKEST  LEROUX,  ÉDITEUR 

LIBliAIKE  DE  LA  SOCIÉTÉ  ASIATIQUE 

I.»E   T/ÉCOEE    DES   LANGUES    ORIENTA]. ES    VIVANTKS,    ETC 

■28,   RUE  BONAPARTE,   2« 

1883. 


NOTICE 


BIOGEAPHIQUE  ET  BIBLIOGRAPHIQUE 


SUR 


NICOLAS  SPATAR  MILE8CU 


AMBASSADEUE  DU  TSAE  ALEXIS  MIHAJLOVIC 
EN  CHINE 


4  O 


l  I  ^.. 


PAR 


EMILE  PICOT. 


P  i^  R  I  S 

ERNEST  LEROUX,  ÉDITEUR 

LIBRAIRE  DE  LA  SOCIÉTÉ  ASIATIQUE 

DE   L'ÉCOLE   DES   LANGUES   ORIENTALES   VIVANTES,    ETC. 

28,  EUE  BONAPARTE,  28 


;hol 


Extrait  des  Mélanges  orientaux,  publiés  par  l'École  des  langues  orientales  vivantes. 


VIENNE.  —  TYP.  ADOLPHE  HOLZHATTSEN, 

IMPRIMEUR  DE  LA  COUR  I.  &  R.  ET  DE  L'UNIVERSITÉ. 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU, 


AMBASSADEUR  DU  TSAR  ALEXIS  MIHAJLOVIC  EN  CHINE. 


Peu  d'hommes  ont  eu  une  existence  aussi  aventureuse 
et  se  sont  rendus  célèbres  par  des  facultés  aussi  diverses 
que  Nicolas  Spatar  de  Milestï.  Il  appartient  en  même  temps 
à  l'histoire  littéraire  de  la  Moldavie,  de  la  Grèce,  de  la 
Russie  et  de  la  Chine.  Son  origine,  ses  talents,  ses  crimes, 
la  mutilation  qu'il  subit,  le  hardi  voyage  qu'il  exécuta  pour 
gagner  Péking  en  traversant  toute  l'Asie,  les  renseigne- 
ments précieux  qu'il  rapporta  de  son  ambassade  auprès  du 
Fils  du  Ciel,  tout  en  lui  concourt  à  exciter  notre  curiosité. 
Cependant  l'histoire  de  Spatar  est  si  peu  connue  que  la 
plupart  des  orientalistes  ignorent  jusqu'à  son  nom  de  Mi- 
lescu.  Nous  avons  pensé  que  la  Roumanie  ne  pouvait  être 
mieux  représentée  dans  un  recueil  consacré  aux  études 
orientales  que  par  ung  notice  sur  ce  personnage  extraordi- 
naire. Nous  ne  faisons  guère  que  suivre  pas  à  pas  dans  la 
plus  grande  partie  de  ce  travail  une  étude  publiée  par 
M.  B.-P.  Ha^deu  dans  un  journal  aujourd'hui  introuvable  \ 


1.   Traianû,  II  (1870),  n°'  7,  8,  9,  11,  13  et  14. 


2  EMILE  PICOT. 

Cette  étude  est  restée  malheureusement  inachevée;  nous 
nous  sommes  efforcés  de  la  compléter  à  l'aide  de  quelques 
autres  sources'.  Nous  y  avons  joint  le  passage  de  la  chro- 
nique moldave  de  Jean  Neculcea,  dans  lequel  est  résumée 
la  vie  de  Spatar,  ainsi  qu'une  bibliographie  aussi  complète 
que  possible  des  ouvrages  composés  ou  traduits  par  notre 
auteur. 


Nicolas  Spatar  naquit  dans  le  district  deVasluiû,  en  Mol- 
davie, vers  1625.  Sa  famille,  sur  laquelle  nous  ne  possé- 
dons pas  de  documents,  paraît  avoir  été  originaire  de  la 
Laconie^  Tout  ce  que  nous  en  savons,  c'est  que  le  père 


1.  Les  sources  principales  auxquelles  nous  avons  eu  recours,  en  dehors 
de  l'étude  de  M.  Hâçdeu,  sont  :  l'édition  du  Voyage  de  Spatar  publiée  par 
M.  Arsenjev,  une  notice  de  Mgr.  Filaret,  un  article  des  Nouvelles  diocésaines 
de  Cernigov,  un  article  de  M.  N.  Kedrov  dans  le  Journal  du  ministère  de 
Vinstruction  publique  de  Russie,  enfin  divers  renseignements  bibliographiques 
dont  nous  sommes  redevables  à  M.  A.  Byckov,  le  savant  directeur  de  la 
Bibliothèque  impériale  de  Saint-Pétersbourg.  Nous  donnerons  plus  loin  les 
titres  détaillés  des  diverses  publications  auxquelles  nous  venons  de  faire 
allusion,  mais  nous  citerons  dès  maintenant  un  ouvrage  récent  de  M.  Banty§- 
Kamenski,  dont  notre  collègue  M.  Cordier  a  bien  voulu  nous  communiquer  un 
exemplaire  :  /^HnjiOMaTHHecKoe  Coôpanie  ^iai.  Meac^y  PocciHCKHivi'B  h  Kniai- 
CKmvrB  rocy^apcTBaMH  c^  1619  no  1792-h  ro/jj'b.  CocTaBjieHHOe  no  ^pfiKjmeu- 
TaMŒ.,  xpaHan],HBica  s'a  Mockobckom'b  ApxHBt  rocy/i;apCTBeHHOH  Kojraerin 
HHOCTpaHHBixŒ)  /Ij'feji'B,  B^  1792 — 1803  ro/i;y.  HiiKoaaeMï.  BaHTBifflï.-KaMeH- 
CKHMï).  E[3/i;aHH0  Bt  naMaTB  HCTeKmaro  300  aiiia  CnÔHpH  B.  M.  ^jiopnH- 
CKECM'b,  et  npHÔaBJiemaMH  H3/i;aTe.o[a  (KasanB,  Tnnorpa^ia  HMnepaTopCKaro 
yHHBepCHTeTa,  1882,  gr.  in-8  de  xij  et  565  pp.). 

2.  Le  titre  d'un  traité  de  Spatar  dont  nous  parlerons  plus  loin,  V JEnchiridion, 

sive  Stella  orientalis,   etc.,  porte  «a  Nicolao  Spadario,   Moldavo-Lacone 

conscriptiim.  »  De  là  sans  doute  l'origine  grecque  attribuée  à  notre  per- 
sonnage par  Zaviras  (ap.  Sathas,  Bibliotheca  graeca  medii  aevi,  III,  493)  et  par 
SathaS  (i\80S>.X7)Vf/.ri  <ï>iXoXoy(«,   399). 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  3 

de  Nicolas  s'appelait  GabrieP  et  que  lui-même  avait  un 
frère,  appelé  Apostol,  qui  est  resté  obscur ^  Le  nom  de 
Spatar  était  son  véritable  nom  patronymique  ;  mais,  quand 
il  joua  un  rôle  important  en  Moldavie ,  sous  le  règne  de 
Gheorglii|â,  et  qu'il  compta  parmi  les  boïars,  il  porta  de  pré- 
férence le  nom  de  Milescu,  emprunté  à  sa  terre  de  Milestïl 
Nicolas  Spatar  quitta  jeune  encore  la  Moldavie  et  se 
rendit  à  Constantinople,  où  il  fit  ses  humanités  sous  Ga- 
briel Vlasios  ''.  Il  dut  aux  leçons  de  ce  savant  maître  ces 
connaissances  étendues  en  tliéologie,  en  philosophie,  en 
histoire  et  en  littérature  que  possédaient  alors  beaucoup 
de  Grecs.  Il  continua  ses  études  en  Italie,  où  il  se  per- 
fectionna dans  les  sciences  naturelles  et  mathématiques. 
De  retour  dans  son  pays  natal,  il  se  fit  aussitôt  remarquer 
par  la  solidité  de  son  instruction;  malheureusement  cette 
instruction  n'était  pas  la  seule  chose  qu'il  eût  rapportée  de 
Constantinople.  Il  avait  puisé  dans  le  commerce  des  Turcs 
et  des  Grecs  du  Phanar  un  esprit  à  la  fois  hautain  et  cau- 


1.  En  Eussie  Nicolas  porta  le  nom  de  Nikolaj  Gavrilovic  Spafari.  Voy. 
Bantys-Kamenski,  23,  5b0. 

2.  Codrescu,  Uricariul,  I,  éd.  a  II.,  402. 

3.  Frunzescu  cite  dans  son  Dic^ionarû  topogrqficu  si  statisticû  alû  Eomâniei 
sept  localités  du  nom  de  Mileçtï;  il  n'en  indique  pas  qui  soit  située  dans 
le  district  de  Vasluiû.  Nous  savons  pourtant  que  la  terre  de  Nicolas  Spatar 
se  trouvait  dans  ce  dernier  district  (voyez  le  passage  de  la  chronique  de 
Neculcea  que  nous  reproduisons  plus  loin).  Le  domaine  dont  nous  parlons 
est  mentionné  en  outre  dans  un  chant  populaire  qui  fait  partie  du  recueil  de 
M.  Alacsandii  {Foesii  pojpula7'e  aie  Românîlor;  Bucurescï,  1866,  in-8,  180). 

4.  Nicolas  nous  donne  lui-même  ce  renseignement  dans  son  Ënchiridion  : 
«  Sapiens  vir  ac  plus  Gabriel  Blasius,  meus  olim  professer  in  urbe  imperatoria.  » 
—  (iabriel  Vlasios  était  métropolitain  de  Naupacte  (Lépante)  et  d'Arta;  il 
est  cité  comme  telentre  1618  et  1632  (voy.  Sathas,  iXsoeXXrjvt/'.r]  4>iXoXoyta,  302), 
mais  ces  dates  ne  sont  pas  les  dates  extrêmes  de  sou  apostolat.  Le  séjour 
de  Nicolas  Spatar  à  Constantinople  ne  saurait  être  placé  avant  1640. 

1* 


4  EMILE  PICOT. 

teleiix,  un  amour  de  l'intrigue  et  une  absence  de  scrupule 
qui  devaient  peser  sur  sa  vie  tout  entière.  Le  premier  do- 
cument où  il  paraisse  être  question  de  lui  en  Moldavie  nous 
le  montre  sous  un  jour  peu  favorable.  Nicolas  avait  volé 
au  monastère  de  Tâzlâu  un  Tsigane,  qu'il  avait  revendu 
en  Valachie  pour  la  somme  de  25  ducats.  On  était  sous  le 
règne  de  Basile  Lupul,  et  le  code  récemment  promulgué 
par  ce  prince  édictait  les  peines  les  plus  sévères  contre 
ceux  qui  commettaient  un  crime  semblable.  Quiconque  avait 
vendu  l'enfant  ou  l'esclave  d'un  autre  était  puni  des  tra- 
vaux forcés  dans  les  salines,  si  c'était  un  boïar,  et  con- 
damné à  la  potence,  si  c'était  un  homme  du  commun \  Il 
est  vrai  que  la  loi  admettait  une  foule  de  circonstances  atté- 
nuantes, qui  sans  doute  étaient  largement  appliquées  dans 
la  pratique  ;  aussi  Nicolas  ne  fut-il  l'objet  d'aucune  pour- 
suite criminelle.  Le  propre  frère  du  prince,  l'hetman  Ga- 
briel, se  contenta  de  lui  transmettre  sur  le  ton  le  plus  ami- 
cal la  réclamation  des  moines  de  Tâzlau,  en  l'engageant 
à  restituer  le  Tsigane  ou  sa  valeur  ^ 

En  1653  Basile  Lupul  fut  renversé  par  le  logothète 
Etienne-Georges,  qui  réussit  à  s'emparer  du  trône.  Nicolas 

1.  Kd'pTÉ  pOiU'kH-fecK'h    Xi    .^ETvUTiTSpffi     ^,i^ô,     MpdBHAÉiVf    .pniip'hTfllJH    (laSSJ,    1646, 

in-foL),  fol.  19,  v°,  art.  116;  réimpression  de  M.  Georges  Sion,  1875,  p.  15. 

2.  On  trouve  le  texte  de  ce  document  dans  V  Archiva  istoricà  de  M.  Hâçdeu, 
I,  I,  1 35.  —  Le  personnage  à  qui  l'hetman  s'adresse  n'est  désigné  que  sous 
le  nom  de  Nicolas  de  Vasluiû;  aussi  n'est-il  pas  absolument  certain  que  ce 
soit  notre  Spatar,  mais  l'identification  est  au  moins  très  vraisemblable.  La 
pièce,  qui  n'est  pas  datée,  doit  être  environ  de  l'année  1650,  époque  à  la- 
quelle Nicolas  Spatar  pouvait  avoir  25  ans.  Basile  Lupul,  qui  monta  sur  le 
trône  en  1628,  confia  d'abord  les  fonctions  d'hetman  à  son  frère  Gabriel, 
qui  est  cité  dans  des  diplômes  de  1635  (Wickenhauser,  Boliotin,  I,  79)  et  de 
1642  (id.,  Moldawa,  I,  108),  et  qui  dut  mourir  vers  1650.  En  1652,  un  autre 
frère  du  prince,  Georges,   était  devenu  hetman  (Hâçdeu,  Arch.  I,  n,  191). 


NICOLAS  SPATAK  MILESCU.  5 

sut  gagner  la  faveur  du  nouveau  prince.  Sans  être  «secré- 
taire d'état»,  comme  il  se  vanta  plus  tard  à  M.  de  Pom- 
ponne de  l'avoir  été,  il  occupa  du  moins  un  poste  de  con- 
fiance. Lorsque,  en  1655,  le  prince  de  Valachie  Constantin- 
Çerban,  retenu  prisonnier  par  les  mercenaires  étrangers 
(seimenï),  implora  l'assistance  de  la  Transylvanie  et  de  la 
Moldavie ,  Nicolas  suivit  Etienne  -  Georges  en  Valacliie. 
L'armée  moldave  passa  par  le  monastère  de  Niamf,  et  Spa- 
tar,  entraîné  par  son  goût  pour  l'érudition,  profita  de  l'oc- 
casion pour  fouiller  les  archives  du  couvent.  Il  y  découvrit 
une  importante  correspondance  échangée  au  commence- 
ment du  XV''  siècle  entre  Jean  Paléologue  et  le  prince  de 
Moldavie  Alexandre  le  Bon.  Ces  pièces  ne  se  retrouvent 
plus  aujourd'hui,  mais  le  métropolitain  Georges  nous  en  a 
fait  connaître  le  sens  général,  en  même  temps  qu'il  nous  a 
conservé  le  souvenir  des  études  poursuivies  par  Nicolas 
Spatar^  Aucun  autre  historien  roumain  du  Xyil^  siècle 
ne  semble  avoir  eu  le  souci  d'interroger  les  archives  na- 
tionales. 

En  1657,  l'Albanais  Georges  Ghica  obtint  le  trône  de 
Moldavie;  Nicolas  trouva  moyen  d'être  aussi  bien  en  cour 
que  sous  les  règnes  précédents.  Ce  fut  à  lui,  en  effet,  que 
Georges  confia,  en  1658,1e  commandement  d'un  détache- 


1.  «Sous  le  règne  du  prince  Etienne  -  Georges,  il  arriva  que  Nicolas  le 
secrétaire,  frère  cl'Apostol  Milcul,  se  rendit  au  monastère  de  Niamt  (il  s'agit 
du  Nicolas  à  qui  le  prince  Etienne  fit  couper  le  nez  et  qui  traduisit  la  Bible 
de  grec  en  roumain  alors  qu'il  était  à  Constantinople  qapi-kiaya  du  prince 
de  Valachie  Grégoire  —  cet  ouvrage  a  été  imprimé  par  ordre  du  prince  ^er- 
ban  Cantacuzène).  Ce  Nicolas  le  secrétaire,  sous  le  règne  d'Etienne-Georges, 

le  17  février  1655,  lut  les  diplômes  de  l'empereur  et  du  patriarche » 

Codrescu,  Uricarhd,  I,  éd.  a  IL,  402. 


6  EMILE  PICOT. 

ment  de  1000  hommes  qu'il  dut,  par  ordre  des  Turcs,  en- 
voyer  au  secours  du  prince  de  Transylvanie  Akos  Barcsai. 
Celui-ci  venait  d'être  désigné  par  le  grand  vizir  Koprili 
pour  remplacer  Râkôczi  tombé  en  disgrâce  ;  mais  les  Mol- 
daves semblent  avoir  été  hostiles  à  Barcsai.  Peut-être  aussi 
Nicolas  Spatar,  qui  était  un  homme  éclairé,  ne  voulait-il 
pas  s'associer  aux  actes  de  barbarie  et  de  destruction  par 
lesquels  les  Turcs  signalèrent  leur  passage \  Toujours  est- 
il  qu'il  ne  se  hâta  pas  de  pénétrer  en  Transylvanie  et  que, 
à  peine  entré  dans  le  pays,  il  profita  du  premier  prétexte 
pour  se  retirera  De  la  sorte  les  Moldaves  ne  purent  être 
rendus  responsables  des  horreurs  commises  contre  leurs 
voisins. 

Sous  le  règne  de  Stefanita,  fils  de  Basile  Lupul,  qui  rem- 
plaça Georges  Grhica  vers  la  fin  de  l'année  1659,  Nicolas 
atteignit  la  plus  haute  faveur.  Secrétaire  et  compagnon  du 
prince,  tantôt  il  expédiait  les  affaires  avec  lui,  tantôt  au 
contraire  il  se  chargeait  de  l'amuser,  jouait  aux  cartes  avec 
lui  et  s'asseyait  à  sa  table.  Au  dehors,  il  affectait  le  luxe 
d'un  favori,  menait  grand  train,  sortait  dans  de  brillants 
équipages  et  se  faisait  précéder  de  coureurs  semblables  à 
ceux  du  chef  de  l'état.  Mais,  parvenu  au  faîte  des  honneurs, 
il  fut  pris  de  ce  vertige  qui  perd  le  plus  souvent  les  ambi- 
tieux, et  fut  lui-même  l'instrument  de  sa  perte. 


1.  On  en  peut  lire  le  récit  clans  Fessier,  Geschichte  von  TJngam,  bearb. 
von  Klein,  IV,  287. 

2.  Miron  Costin  s'exprime  ainsi  :  «^S  tphmé'c  min  Tmi  Boai>.  dg^'f^'P'*  t'^  aé 

WaAUHH    kS    HeKSrtdH    K-k'pnSa;    Mé    HdS    #1iKST    .STiKiBTi    mSatti    iÎKOAW    ....    HeKSrtafi 
K^'phSa     J^Yi'k     BTiS-hHA     noropHp-k     aSh    PdKOU,H     IIJH     ^MECTtKdTe     ASKpSpfi,     dS    BEHHT    kS 

wdCT-fc  Hè  Ce  rpHMHcéce.v  Cogalniceanu,  JIeTOnicin,iaeI],Œ>piiMoJi30Bii,  1, 341—342. 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  7 

Comblé  de  bienfaits  par  Stefânitâ,  Spatar  put  croire  qu'il 
n'avait  plus  rien  à  espérer  d'un  prince  faible  et  fantasque, 
qui  ne  laissait  aucune  sécurité  aux  boïars  et  qui  pouvait 
lui  reprendre  le  lendemain  ce  qu'il  lui  avait  donné  la  veille. 
Ce  fut  sans  doute  cette  considération  qui  entraîna  Nicolas 
à  chercher  un  nouveau  maître. 

Constantin  Serban,  qui  avait  régné  en  Valachie  de  1654 
à  1658,  et  qui  s'était  vu  enlever  le  trône  par  les  Turcs  à 
cause  de  ses  relations  amicales  avec  Râkoczi,  vivait  main- 
tenant retiré  en  Pologne.  C'était  un  homme  doux  et  bien- 
faisant, à  qui  ses  qualités  avaient  acquis  de  nombreuses 
sympathies  et  qui  tâchait  de  les  mettre  à  profit  pour  res- 
saisir le  pouvoir  en  Valachie  ou  en  Moldavie.  Il  avait 
échoué  jusqu'alors,  mais  on  pouvait  croire  qu'il  réussirait 
tôt  ou  tard.  Nicolas  du  moins  le  pensa  et  ne  craignit  pas 
d'entrer  en  relations  avec  le  rival  de  Stefânitâ.  Suivant  le 
chroniqueur  Jean  Neculcea,  Constantin  Çerban  ne  voulut 
pas  devoir  son  succès  à  la  trahison  et  révéla  lui-même 
au  prince  de  Moldavie  les  manœuvres  déloyales  de  son 
secrétaire.  Stefânitâ,  dans  sa  colère,  fit  appréhender  Nico- 
las et,  sans  autre  forme  de  procès,  lui  fit  couper  le  nez^ 
Dès  lors  Milescu  fut  ordinairement  désigné  par  ses  com- 
patriotes sous  le  sobriquet  de  Nicolas  Cîrnul,  c'est-à-dire 
le  Camard. 

Notre  personnage  dut  s'estimer  heureux  de  se  tirer  d'af- 
faire à  si  bon  compte.  Le  plus  souvent  les  princes  de  Mol- 
davie faisaient  couper  la  tête  à  ceux  de  leurs  boïars  qu'ils 
soupçonnaient  de  conspirer  contre  eux,  et  Spatar  était  sim- 

1.  Yoj.  le  passage  de  Neculcea  cité  en  appendice. 


8  EMILE  PICOT. 

plement  défiguré.  Il  s'enfuit  en  Valachie  où  régnait  Gré- 
goire Ghica,  son  parente  Celui-ci  lui  fit  le  meilleur  accueil 
et  le  nomma  son  qapi-kiaya,  c'est-à-dire  son  agent  à 
Constantinople^  Il  y  avait  toujours  entre  les  princes  de 
Moldavie  et  de  Valachie  une  rivalité  plus  ou  moins  ouverte; 
Grégoire  saisit  avec  empressement  l'occasion  d'être  désa- 
gréable à  Stefânitâ  en  acceptant  les  services  du  boïar  pro- 
scrit. Nicolasnemontramallieureusementpas  plus  d'attache- 
ment ni  de  reconnaissance  envers  son  nouveau  maître  qu'il 
n'en  avait  montré  envers  l'ancien.  Il  se  laissa  gagner  par 
lelogothète  ^erhan  Cantacuzène,  et  trahit  sans  aucune  ver- 
gogne Grégoire  Ghica^  En  1664,  lorsque  les  Turcs  et  les 
Impériaux  se  faisaient  une  guerre  terrible,  Milescu,  d'ac- 
cord avec  les  Cantacuzène,  dénonça  au  sultan  le  traité  qui 
unissait  Grégoire  aux  chrétiens.  Le  prince  perdit  le  trône, 
sans  que  sa  chute  profitât  à  ceux  qui  en  avaient  été  les 
instigateurs.  Çerban  Caiitacuzène  dut  attendre  encore  le 
pouvoiiL^endant-^iîiîîze  ans. 


II. 


Il  est  difficile  de  trouver  une  explication  honnête  au  rôle 
joué  par  Nicolas  auprès  de  Grégoire  Ghica,  aussi  bien  qu'au- 
près des  autres  princes  qu'il  avait  servis;  mais,  si  sa  vie 

1.  La  Neuville,  Relation  de  Moscovie,  1698,  220. 

2.  Voy.  ci-dessus,  p.  5,  en  note. 

3.  Il  est  juste  de  dire  que  le  vornic  Stroie  et  le  vestiaire  Dumitraçcu, 
à  qui  Grégoire  Ghica  avait  confié  la  régence  vers  la  fin  de  l'année  1663,  au 
moment  où  il  partait  pour  l'armée,  avaient  fait  mettre  à  mort,  sous  de 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  9 

politique  paraît  n'avoir  été  qu'un  tissu  d'intrigues,  on  n'en 
doit  pas  moins  admirer  le  zèle  avec  lequel  il  s'adonnait  à 
la  littérature  et  à  la  science.  Pendant  son  séjour  à  Constan- 
tinople  il  dota  la  langue  roumaine  de  la  première  traduc- 
tion complète  de  la  Bible.  Il  existait  déjà  plusieurs  versions 
des  Evangiles,  soit  manuscrites,  soit  imprimées;  une  version 
de  l'ancien  Testament  avait  été  imprimée  à  Orestie  dès 
l'année  1582;  mais  ces  différentes  traductions  laissaient 
beaucoup  à  désirer.  Il  s'agissait  de  les  revoir,  de  leur  don- 
ner l'unité  de  langue  et  de  style  qui  leur  manquait,  sinon 
même  de  les  refaire  entièrement.  Tel  fut  l'immense  travail 
que  Nicolas  exécuta  dans  un  espace  de  temps  qui  paraît 
avoir  été  assez  court.  Le  manuscrit  original  passa  entre 
les  mains  de  Çerban  Cantacuzène,  qui  avait  sans  doute  de- 
mandé à  Spatar  de  mettre  les  livres  saints  en  langue  vulgaire. 
Lorsque  ^erban  fut  monté  sur  le  trône,  il  en  fit  faire  à  ses 
frais  une  grande  et  belle  édition;  mais  il  se  garda  de  citer 
le  nom  du  traducteur.  Démètre  Procopios'  et  le  métropoli- 
tain de  Moldavie  Grrégoire^  ont  seuls  réparé  cette  omission, 
probablement  volontaire.  Nicolas  Spatar  semble,  en  effet, 
avoir  abandonné  le  parti  des  Cantacuzène  quand  il  vit  que 
leurs  efforts  avaient  échoué  et  que  le  trône  de  Valachie 
était  donné  à  Radu  Tomsa,  c'est-à-dire  vers  la  fin  de  l'an- 


vains  prétextes,  le  postelnie  Constantin  Cantacuzène,  père  de  f^si'ban.  Dès 
lors  il  était  naturel  que  Çerban  et  ses  frères  fissent  tous  leurs  efforts  pour 
venger  leur  père  (voy.  Engel,  GescMchte  der  Moldau  und  Walachey,  I,  310). 
Le  rôle  joué  par  Nicolas  Spatar  à  Constantinople  sera  probablement  éclairci 
par  les  documents  contenus  dans  la  seconde  partie  du  tome  IV  du  grand 
recueil  d'Hurmuzachi. 

1.  Ap.  Fabricius,  Bibliotheca  graeca,  II,  789. 

2.  Voy.  le  passage  rapporté  ci-dessus,  p.  5,  en  no'te. 


10  EMILE  PICOT. 

née  1664.  Il  quitta  Constantinople  et,  n'osant  rentrer  ni  en 
Moldavie  ni  en  Valachie,  se  dirigea  vers  l'Allemagne.  L'é- 
lecteur de  Brandebourg  Frédéric- Guillaume,  qui  accueil- 
lait avec  empressement  les  savants  aussi  bien  que  les  offi- 
ciers étrangers,  était  pour  lui  un  protecteur  naturel.  Il  fut, 
en  effet,  fort  bien  reçu  par  ce  prince,  et  passa  quelque  temps 
à  sa  cour;  mais,  s'il  faut  en  croire  La  Neuville \  l'électeur 
reçut  du  roi  de  Pologne  des  renseignements  très  défavo- 
rables sur  le  compte  de  Spatar,  et  le  chassa. 

Malgré  ce  nouveau  revers,  le  séjour  que  Nicolas  avait 
fait  dans  le  Brandebourg  ne  lui  avait  pas  été  inutile.  Il 
avait  eu  l'occasion  de  perfectionner  ses  connaissances  his- 
toriques, théologiques  et  littéraires.  Ce  fut  sans  doute  alors 
qu'il  cultiva  le  latin  au  point  de  pouvoir  le  parler  et  l'écrire 
couramment.  Bien  que  nous  n'ayons  pas  de  détails  sur  les 
études  qu'il  entreprit  alors,  nous  sommes  porté  à  croire  que 
ce  fut  en  Allemagne  qu'il  commença  la  rédaction  d'une 
chronique  roumaine  que  M.  Hâsdeu  lui  attribue  avec  beau- 
coup de  vraisemblance ^  Le  seul  fragment  de  cette  chro- 
nique que  nous  possédions  est  relatif  à  l'ancienne  histoire 
de  la  Dacie  et  ne  contient  par  conséquent  aucun  document 
personnel;  mais  l'auteur  témoigne  d'une  lecture  approfon- 
die des  historiens  anciens  et  modernes,  dont  les  œuvres  ne 
devaient  guère  être  accessibles  en  Moldavie.  Le  même 
appareil  d'érudition  et  les  renvois  aux  mêmes  sources  se 
retrouvent  dans  l'introduction  d'un  ouvrage  rédigé  quel- 
ques années  plus  tard  par  Milescu,  le  Chrèsmologe ,  dont 

1.  Relation  de  Moscovie,  220, 

2,  Voy.  Cogâlniceanu,  Letopise^e,  éd.  a  IL,  I,  85 — 126, 


NICOLAS  SPATAE  MILESCU.  11 

nous  parlerons  plus  loin.  Aucun  autre  boïar  roumain  du 
XVII®  siècle  ne  possédait  une  science  aussi  vaste  et  aussi 
variée.  Du  reste,  Nicolas  semble  s'être  désigné  lui-même 
dans  un  passage  de  la  chronique,  dans  lequel  T auteur  rap- 
pelle le  temps  où  il  était  encore  en  Moldavie  \ 

D'après  Neculcea,  le  séjour  de  Spatar  à  la  cour  de  Fré- 
déric-Guillaume eut  un  résultat  particulièrement  important 
pour  lui.  Un  médecin  allemand,  recourant  aux  procédés 
modernes  de  la  rhinoplastie ,  parvint  à  lui  refaire  un  nez. 
Ainsi  disparaissaient  les  traces  les  plus  hideuses  de  la  mu- 
tilation que  Nicolas  avait  subie.  Il  pouvait  se  présenter 
d'une  façon  plus  décente  pour  un  courtisan. 

En  quittant  le  Brandebourg,  Nicolas  se  rendit  en  Pomé- 
ranie  auprès  d'un  de  ses  anciens  maîtres,  le  prince  Etienne- 
Georges,  déposé  parles  Turcs  en  1658,  à  la  suite  de  l'al- 
liance qu'il  avait  conclue  avec  Râkoczi  et  avec  les  Suédois. 
Maintenant  Etienne- Georges  vivait  retiré  à  Stettin^,  à  la 
merci  du  roi  Charles  XI,  qui  lui  avait  abandonné  quelques 
terres.  Il  crut  que  nul  ne  saurait  mieux  que  le  fugitif  mol- 
dave soutenir  ses  intérêts  auprès  de  la  cour  de  Suède  et 
il  le  délégua  comme  son  agent  à  Stockholm.  Il  lui  donna 
des  lettres  de  recommandation  pour  divers  personnages, 

1.  «  JjtcT-K  MHtIcK  .^  A-kTOnHcél^SA    («CtAAOBEHf'cK,    KdpS,    *IHHA    êS    .^KTi  ^  MoAAOKil, 

MM  r-KCHT  Ad  îwHHHd  PdKOKHUTi.  —  Je  Us  CGS  mots  daiis  la  chronique  moldave 
que  j'ai  trouvée  chez  lonita  Racovita,  dît  temps  que  fêtais  encore  en  Molda- 
vie. »  Cogâlniceanu,  Letopise^e,  éd.  a  II.,  I,  108. 

2.  Etienne-Georges,  obligé  de  quitter  la  Moldavie,  se  rendit  d'abord  en 
Allemagne  (des  lettres  publiées  par  M.  Hâçdeu,  Archiva  istoricà  a  Eomânieî, 
I,  I,  108,  nous  apprennent  qu'il  était  à  Vienne  au  mois  d'avril  1660).  Il 
passa  ensuite  dans  le  Brandebourg  (il  arriva  à  Francfort- s ar- l'Oder  dans 
les  derniers  jours  du  mois  de  septembre  1662)  et  s'établit,  peu  de  temps 
après,  à  Stettin.  Voy.  Papiu  Ilarian,  Tesaiiru  de  monumente  istorice,  III,  76 — 104. 


12  EMILE  PICOT. 

notamment  pour  l'ambassadeur  de  France,  Aruauld  de 
Pomponne.  Telle  fut  l'origine  des  relations  que  Nicolas  eut 
avec  riiomme  qui  devait  la  faire  connaître  à  l'Europe  occi- 
dentale. 

M.  de  Pomponne,  au  milieu  des  négociations  diploma- 
tiques qu'il  poursuivait,  s'occupait  alors  de  procurer  des 
renseignements  à  son  père,  Arnauld  d'Andilly,  et  à  son 
oncle,  le  grand  Arnauld,  au  sujet  d'une  question  qui  absor- 
bait alors  messieurs  de  Port-Royal.  Un  livre  publié  par  le 
ministre  Claude  pour  combattre  la  présence  réelle  dans  l'eu- 
charistie, avait  fourni  aux  docteurs  catholiques  l'occasion 
de  défendre  contre  les  calvinistes  ce  qu'ils  regardaient 
comme  la  foi  constante  de  l'Eglise  chrétienne.  L'ouvrage 
à  la  rédaction  duquel  Antoine  Arnauld  et  Pierre  Nicole 
prenaient  la  part  principale,  devait  écraser  les  protestants 
par  le  nombre  et  la  diversité  des  témoignages.  Comme 
M.  Claude  s'était  fait  une  arme  de  la  fameuse  Confession 
de  foi  attribuée  au  patriarche  Cyrille  Lucaris,  il  importait 
de  démontrer  que  la  Confession  de  foi  attribuée  à  ce  pré- 
lat avait  été  rédigée  par  un  adepte  du  calvinisme  et  ne  re- 
produisait  nullement  la  doctrine  de  l'Eglise  grecque.  M.  de 
Nointel  à  Constantinople ,  M.  de  Pomponne  à  Stockholm 
furent  priés  d'user  de  leur  haute  influence  pour  réunir  des 
informations  précises  sur  la  tradition  orientale.  Nicolas 
Spatar,  élève  des  écoles  grecques  de  Constantinople  et  tra- 
ducteur de  la  Bible,  était  plus  apte  que  qui  que  ce  fût  à 
guider  M.  de  Pomponne  dans  ses  recherches  théologiques. 
Il  ne  tarda  pas  à  se  lier  avec  lui  et  composa  pour  les  au- 
teurs de  la  Perpétuité  de  lafoy  un  petit  traité  dans  lequel  il 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  13 

donnait  raison  aux  catholiques.  Comme  le  remarque  M.  Hâs- 
deu,  trois  personnages  se  distinguèrent  au  XVIP  siècle 
en  Moldavie  par  leur  ardeur  à  combattre  le  calvinisme  : 
Pierre  Movila,  métropolitain  de  Kyjev,  qui  composa  une 
confession  de  foi  opposée  à  celle  de  Cyrille;  le  métropoli- 
tain Barlaam,  qui  publia  en  1654  un  Anticatéchisme,  des- 
tiné à  réfuter  les  catéchismes  répandus  par  Georges  Râkoczi 
parmi  les  Roumains;  enfin  notre  Spatar,  dont  la  science 
théologique  séduisit  M.  de  Pomponne. 

Une  lettre  adressée  par  ce  dernier  à  messieurs  de  Port- 
Royal  nous  donne  de  curieux  détails  sur  ses  relations  avec 
Milescu  et  sur  la  vie  antérieure  de  Nicolas. 

«  Le  traité  que  le  feu  roy  de  Suéde,  dit  M.  de  Pomponne, 
fit  avec  le  Ragotski,  prince  de  Transylvanie,  et  avec  le 
prince  de  Moldavie',  cousta  les  estats  à  l'un  et  à  l'autre, 
par  l'opinion  que  conceut  le  grand  seigneur  qu'il  y  avoit 
quelque  jonction  résolue  contre  luy.  Il  déposa  le  prince 
de  Moldavie,  qui,  ayant  perdu  ses  biens  et  ses  estats,  eut 
recours  à  la  Suéde  pour  qui  il  avoit  esté  chassé,  et  en  ob- 
tint quelques  terres  en  Pomeranie,  où  il  a  toujours  demeuré 
depuis.  Ce  prince  a  envoyé  icy  depuis  peu  de  mois  pour 
ses  interests  un  gentilhomme  nommé  le  baron  Spatari,  qui 
avoit  esté  long-temps  secrétaire  d'estat  lorsqu'il  regnoit,  et 
qui  a  depuis  commandé  les  trouppes  sous  les  deux  princes 
que  le  Turc  a  tout  de  suite  donnez  à  cette  province.  Il  le 
chargea  d'une  lettre  qu'il  me  rendit.  Je  fus  surpris  de  trou- 
ver un  homme  si  voisin  de  la  Tartarie  autant  instruit  aux 
langues,  et  avec  une  connoissance  aussi  generalle  de  toutes 

1.  Il  s'agit  cl'Etienne-Georg-es,  déposé  par  les  Turcs  en  1658. 


14  EMILE  PICOT. 

choses.  Il  parle  bien  latin,  mais  il  prétend  que,  comme  sa 
principalle  étude  a  esté  le  grec  il  y  est  beaucoup  plus  sça- 
vant.  Il  sçait  assez  bien  l'histoire,  et  particulièrement  celle 
de  l'Eglise.  Et,  comme  il  a  fort  étudié  les  questions  qui 
sont  entre  nostre  religion  et  la  grecque,  et  mesme  entre 
les  luthériens  et  les  calvinistes,  je  l'ay  cru  aussi  capable 
qu'homme  du  monde  de  bien  sçavoir  l'opinion  des  Glrecs. 
Il  a  esté  long-tems  ministre  de  ses  princes  à  la  Porte,  et 
c'est  par  là  qu'il  m'a  expliqué  que  ce  que  le  résident  de 
Suéde  mande  de  Moscou,  que  les  patriarches  y  doivent 
venir,  ne  peut  estre,  parce  qu'ils  ne  sortent  pas  ainsi  de 
leurs  sièges.  Ce  sont  seulement  leurs  légats  qu'ils  envoient 
pour  appaiser  le  trouble  que  la  déposition  du  patriarche  de 
Moscovie  avoit  causé.  J'ay  esté  bien  aise  de  vous  envoyer 
sa  réponse,  que  je  l'ay  prié  d'écrire  sur  les  questions  que 
l'on  veut  eclaircir.  Il  y  travaille,  et  j'espère  l'avoir  avant 
que  de  fermer  mon  pacquet.  Il  convient  généralement  avec 
nous  sur  toutes  choses  et  n'en  diffère  que  sur  la  procession 
du  S.  Esprit.  Aussi  vient -il  toutes  les  festes  à  la  messe 
chez  moy,  et,  à  l'exception  du  Credo,  où  il  oublie  le  Fi- 
lioque,  il  n'y  a  pas  un  meilleur  catholique.  » 

Les  auteurs  de  la  Perpétuité  de  la  foy,  après  avoir  re- 
produit cette  lettre,  ajoutent  ce  qui  suit  : 

«Voilà  l'histoire  de  ce  seigneur.  Et  il  est  à  remarquer 
qne  ces  questions  dont  il  parle  dans  cette  lettre  sont  celles 
mesmes  que  l'on  verra  imprimées  à  la  fin  de  ce  volume, 
dont  on  avoit  envoyé  une  copie  à  M.  de  Pompone.  Elles 
contiennent  clairement  Testât  des  differens  qui  sont  entre 
nous  et  les  calvinistes,  tant  sur  l'eucharistie  que  sur  quel- 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.       .  15 

qiies  autres  points.  Ce  fut  à  ces  questions  que  ce  seigneur 
entreprit  de  répondre  et,  pour  cela,  il  composa  un  écrit  en 
grec  et  en  latin  sous  ce  titre  :  Enchiridion,  sive  Stella  orien- 
talis;  id  est  sensus  Ecclesiae  orientalis,  scilicet  graecae,  de 
transsuhstatione  corporis  Domini  aliisque  controversiis ,  a 
Nicolao  Spatario,  Moldavolacone ,  harone  et  olim  generali 
Wallachiae,  conscriptum,  Holmiae,  anno  1667,  mens.  fehr. 
«  On  le  peut  voir  imprimé  tout  entier  en  latin  à  la  fin  de 
ce  volume,  n'ayant  pas  cru  qu'il  fust  nécessaire  de  le  don- 
ner en  grec,  puisque  le  latin  est  aussi  bien  original  que  le 
grec,  et  qu'il  le  donna  écrit  de  sa  main  à  M.  de  Pompone 
en  l'une  et  en  l'autre  langue  .  .  .»  ^ 


m. 

Le  prince  Etienne- Georges,  dont  Spatar  était  l'agent  à 
Stockholm,  mourut  au  mois  de  janvier  1668;  dès  lors  Ni- 
colas n'eut  plus  de  motif  pour  rester  en  Suède.  Il  prit  le 
parti  de  rentrer  dans  son  pays  natal.  Depuis  qu'il  avait 
quitté  la  Moldavie  plusieurs  princes  s'étaient  succédé  sur 
le  trône  :  Stefanitâ  avait  été  remplacé  par  Eustathe  Dabija, 
qui  lui-même  avait  eu  pour  successeur  son  gendre  Duca. 
Après  un  règne  de  quelques  mois,  Duca  avait  été  déposé 
et  le  pouvoir  était  passé  aux  mains  d'Élie,  fils  d' Alexandre- 
Elie  (mai  ou  juin  1666).  Ce  fut  auprès  de  ce  dernier  que 
Spatar  chercha  un  refuge';  mais,  vers  la  fin  de  l'année 

1.  La  Perpétuité  de  la  foy  de  V Église  catholique  touchant  V Eucharistie,  def- 
fendue  contre  le  livre  du  sieur  Claude  (Paris,  Savreux,  1669,  in-i),  404—405; 
éd.  in-12,  592—594. 

2,  Voy,  ci-après  l'extrait  de  Neculcea, 


16  EMILE  PICOT. 

1668,  ou  dans  les  premiers  jours  de  1669,  Elle  fut  ren- 
versé, Duca  remonta  sur  le  trône,  et  Nicolas  dut  reprendre 
le  chemin  de  l'exiP.  Certains  indices  que  nous  relèverons 
plus  loin^,  nous  font  croire  qu'il  passa  de  nouveau  en  Vala- 
cliie  et  qu'il  y  séjourna  pendant  la  plus  grande  partie  du 
règne  d'Antoine.  11  demanda  l'iiospitalité  au  tsar  Alexis 
Miliajlovic;  en  1672  il  était  à  Moscou. 

En  arrivant  en  Russie,  Spatar  eut  la  bonne  fortune  d'y 
trouver  deux  puissants  protecteurs  :  le  prince  Basile  Vasilje- 
vic  Golicyn  et  le  boïar  Artemon  Sergêev  Matvêev,  l'ami  des 
sciences  et  des  lettres  occidentales.  Golicyn  le  fit  entrer 
comme  traducteur  au  bureau  des  ambassadeurs  (uocojibCKiH 
upuRasi))  ;  Matvêev  lui  confia  l'éducation  de  son  fils  Andréa 
Dès  lors  Nicolas  se  mit  à  composer  ou  à  traduire  une  foule 
d'ouvrages  didactiques,  historiques,  théologiques.  Il  mon- 
trait ainsi  sa  prodigieuse  connaissance  de  toutes  les  langues 
européennes,  fournissait  à  son  élève  des  instruments  de  tra- 
vail et  trouvait  le  moyen  de  faire  agréer  au  tsar  diverses 
dédicaces  productives. 


1.  Nous  nous  écartons  ici  de  M.  Hâçdeu.  D'après  le  savant  roumain, 
Spatar  serait  rentré  en  Moldavie  dès  le  début  du  règne  d'Élie- Alexandre -, 
mais  il  aurait  trouvé  la  situation  intérieure  du  pays  bien  différente  de  celle 
qu'il  avait  connue  sous  les  princes  qu'il  avait  servis.  Désespérant  de  pouvoir 
se  livrer  pour  son  compte  à  de  nouvelles  intrigues,  il  serait  retourné  à  l'é- 
tranger, et  ce  serait  alors  seulement  qu'il  serait  allé  en  Suède.  Si  l'on  ob- 
serve que  Y EncJiirîdion  fut  composé  à  Stockholm  au  mois  de  février  1667, 
que  les  relations  de  Spatar  avec  M.  de  Pomponne  remontaient  sans  nul 
doute  à  quelques  mois,  et  que,  d'autre  part,  Élie- Alexandre  n'avait  obtenu 
la  principauté  de  Moldavie  que  vers  le  milieu  de  l'année  1666  ;  si  enfin  l'on 
tient  compte  de  la  lenteur  des  voyages  à  cette  époque,  on  trouvera  le  sys- 
tème de  M.  Hâçdeu  peu  vraisemblable. 

2.  Voy.  plus  loin  notre  Bibliographie,  p.  45. 

3.  Introduction  au  Voyage  de  Spatar  en  Sibérie,  publié  par  M.  Arsenjev,  23. 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  II 

A  Moscou ,  Spatar  avait  en  quelque  sorte  renoncé  à  sa 
qualité  de  Moldave  et  se  laissait  confondre  avec  les  Grecs, 
alors  fort  nombreux  dans  cette  capitale,  où  l'enseignement 
était  en  grande  partie  entre  leurs  mains;  aussi  la  littéra- 
ture grecque  devint-elle  dès  lors  le  point  de  départ  de  ses 
études. 

Le  premier  ouvrage  dont  il  s'occupa,  ÎMi  un  Dictionnaire 
grec-latin-russe,  auquel  il  travailla  dès  les  premiers  temps 
de  son  séjour  en  Russie,  mais  qui,  à  ce  que  nous  croyons, 
ne  fut  pas  achevé.  Il  rédigea  ensuite  une  Arithmétique, 
qu'il  termina  au  mois  de  septembre  de  l'année  1672.  Sous 
un  titre  qui  indiquait  un  simple  manuel  de  l'art  du  calcul, 
il  avait,  en  s'inspirant  des  petits  traités  en  usage  dans  les 
écoles  grecques,  rédigé  une  sorte  d'encyclopédie  mathé- 
matique, religieuse  et  philosophique.  Les  citations  de  l'E- 
vangile, des  Saint-Pères  et  des  auteurs  profanes  de  l'anti- 
quité servaient  d'aide-mémoire  aux  étudiants.  La  dernière 
partie,  consacrée  à  l'éthique,  était  composée  d'exemples 
empruntés  aux  vertus  impériales. 

M.  Kedrov,  auteur  d'une  notice  sur  VArithmétique\  a  cru 
pouvoir  la  comparer  au  San-dze-king  des  Chinois,  livret 
qui  contient  en  168  vers  un  résumé  de  toutes  les  connais- 
sances humaines^  On  trouve  de  plus  dans  l'ouvrage  de 
Spatar  des  groupements  de  chiffres  qui  attestent  le  goût 
de  l'auteur  pour  la  science  cabalistique. 

Le  même  amour  pour  les  sciences  occultes  se  remarque 
dans  un  ouvrage  beaucoup  plus  considérable  qui  porte  là 

1.  5KypHajiï>  MHHHCTepcTBa  Hapo/i,Haro  npocstmema,  1876,  I,  1-31. 

2,  Voy.  L'Empire  chinois,  par  le  P.  Huc,  2^  éd.  (Paris,  1854,  iu-12),  I,  126. 

2 


18  EMILE  PICOT. 

date  de  1673,  le  Chrhmologe,  ou  Livre  de  prophéties,  vaste 
commentaire  tliéologique  et  mystique  des  visions  de  Daniel. 
Le  titre  même  de  cette  compilation  nous  apprend  que  Ni- 
colas ne.se  borna  pas  au  rôle  de  simple  traducteur,  mais 
qu'il  enrichit  l'original  grec  de  développements  de  son  crû. 
Parmi  ces  additions,  M.  Hâsdeu  fait  remarquer  un  long  pas- 
sage relatif  à  l'étude  de  l'histoire,  passage  qui  témoigne  de 
l'érudition  de  Spatar  et  dans  lequel  sont  cités,  comme  dans 
le  fragment  de  chronique  roumaine  qu'on  lui  attribue,  une 
foule  d'auteurs  anciens  et  modernes.  La  forme  du  livre  est 
également  curieuse  :  la  prose  y  est  entremêlée  de  vers. 

Le  Chrhmologe  fut  entrepris  par  ordre  du  tsar  Alexis 
Mihajlovic  :  on  voit  que  Spatar  avait  su  se  faire  bien  venir 
à  la  cour.  Pour  répondre  à  la  faveur  dont  il  était  l'objet,  il 
participa  à  la  rédaction  d'un  répertoire  intitulé  Livres  d'état 
des  souverains  de  la  Russie  et  d' autres  pays  anciens  et  mo- 
dernes, répertoire  destiné  à  l'instruction  du  tsarévitch  Théo- 
dore, et  composa  seul,  sous  le  titre  de  Vasiliologin,  une 
chronologie  des  principaux  empereurs  du  monde.  Dans  un 
ordre  d'idées  différent,  il  se  proposa  d'initier  les  Russes  aux 
traditions  de  l'antiquité  classique  et  du  moyen- âge,  et  fit 
un  Recueil  de  passages  des  auteurs  grecs  relatifs  aux  neuf 
Muses  et  aux  sept  arts  libéraux.  C'était  un  complément  à  la 
petite  encyclopédie  qu'il  avait  donnée  sous  le  nom  di  Arith- 
métique. 

Dans  le  cours  de  l'année  1673,  Spatar  entreprit  encore 
une  traduction  à.w  Livre  des  Sibylles,  qu'il  termina  en  1674; 
mais  ces  travaux  auxquels  se  joignaient  les  leçons  qu'il 
donnait  au  fils  de  Matvêev  et  les  devoirs  ordinaires  de  sa 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  19 

charge  ne  lui  permirent  pas  d'achever  le  Chrhmologe. 
Nous  ne  connaissons  en  effet  qu'une  première  partie  de 
cet  ouvrage,  qui  est  loin  de  contenir  toutes  les  matières 
annoncées  sur  le  titre.  L'original  grec  offre  deux  autres 
parties  dans  lesquelles  l'auteur,  à  la  suite  de  l'interpréta- 
tion des  visions  de  Daniel,  rapporte  diverses  prophéties 
postérieures,  relatives  à  la  prise  de  Constantinople,  à  l'em- 
pire ottoman,  etc.  Nicolas  aurait  eu  l'occasion  dans  ces 
nouveaux  développements  de  mettre  à  profit  sa  profonde 
connaissance  des  affaires  orientales;  il  s'arrêta  cependant 
après  son  premier  volume.  M.  Hâsdeu  suppose  qu'il  aura 
craint  de  se  compromettre  dans  les  querelles  théologiques. 
Il  est  vrai  que,  depuis  la  déposition  du  patriarche  Nicon 
(1667),  l'église  russe  montrait  une  intolérance  extrême  et 
suspectait  d'hérésie  tous  les  étrangers,  surtout  lorsqu'ils 
abordaient  les  matières  religieuses;  mais  le  Livre  des  Si- 
bylles, qui  suivit  le  Chrèsmologe,  n'était  pas  moins  de  na- 
ture à  inquiéter  les  timides  représentants  de  l'orthodoxie. 
Il  nous  paraît  donc  plus  simple  de  supposer  que  le  temps 
seul  manqua  à  l'auteur  pour  achever  son  œuvre.  Deux  no- 
tices détachées  que  nous  possédons,  une  courte  Descrip- 
tion de  Sainte- Sophie  de  Constantinople  et  un  Traité  des 
hiéroglyphes ,  étaient  peut-être  destinés  à  entrer  dans  la 
seconde  ou  dans  la  troisième  partie. 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  la  traduction  d'un  Dis- 
cours prononcé  par  V  ambassadeur  de  Pologne  le  18  septem- 
bre 1674.  Une  pièce  de  ce  genre  rentrait  dans  la  tâche  jour- 
nalière des  interprètes  du  bureau  des  affaires  étrangères, 
et  Spatar  ne  devait  pas  y  attacher  grande  importance. 


20  EMILE  PICOT. 

Nous  aurons  fini  rénumération,  probablement  incomplète, 
des  ouvrages  composés  ou  traduits  par  Nicolas  pendant  la 
première  période  de  son  séjour  à  Moscou  en  citant  un  Livre 
en  figures,  traduit  de  Macaire,  métropolitain  d'Antioche. 
Ce  prélat,  qui  était  venu  en  Russie  dans  le  courant  de  l'an- 
née 1666,  avait  pris  part  au  procès  de  Nicon^;  Spatar  avait 
avec  lui  des  relations  personnelles. 

L'ancien  boïar  moldave,  qui  jadis  écrasait  ses  compa- 
triotes par  un  luxe  insolent,  avait  maintenant  besoin  de 
travailler  pour  vivre;  sa  fécondité  était  celle  d'un  auteur 
besogneux.  Comme  le  fait  observer  M.  Hâsdeu,  il  se  plaît 
à  rappeler,  dans  l'introduction  du  Chrèsmologe,  les  généro- 
sités d'Alexandre  envers  Pyrrhon,  Xénocrate  et  Aristote^ 

Nous  ignorons  si  Alexis  Mihajlovic  voulut  bien  com- 
prendre ces  allusions  transparentes;  nous  savons  seule- 
ment que,  au  mois  de  septembre  1673,  Nicolas  fut  autorisé 
à  fixer  son  domicile  en  Russie  et  reçut  du  tsar  une  coupe 
dorée ^  Vers  le  milieu  de  l'année  1674*  la  protection  de 
Matvêev  lui  valut  une  distinction  plus  haute  :  il  fut  chargé 
d'une  ambassade  en  Chine. 

Alexis  Mihajloviô  poursuivait  alors-avec  une  remarquable 
persévérance  les  efforts  tentés  précédemment  par  la  Russie 
pour  nouer  des  relations  suivies  avec  les  peuples  de  l'Asie 


1.  Sathas,  NeoeÀXtjvi/.ti  OtXoXoy{a,  288. 

2.  Il  est  à  remarquer  que  tous  les  ouvrag-es  composés  par  Spatar  eu 
Russie  restèrent  manuscrits.  L'instruction  était  alors  si  peu  répandue  chez 
les  Moscovites  que  l'imprimerie  y  était  presque  exclusivement  employée  pour 
les  livres  liturgiques.  Quelques  copies  faites  à  la  main  suffisaient  à  la  petite 
classe  des  lecteurs  capables  d'apprécier  une  œuvre  littéraire. 

3.  Vostokov,  OnHcanie  PyMaHD,OBCKaro  MyaeyMa,  cité  par  Hâsdeu. 

4.  La  nomination  de  Spatar  est  du  13  juillet  1674.  Bantyi-Kamenski,  23, 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  21 

centrale  et  de  l'Extrême  Orient.  En  1669,  il  avait  chargé 
Pazukin  d'une  mission  à  Khiva^;  en  1670,  il  avait  envoyé 
en  Chine  Daniel  Arsinski,  accompagné  d'Ignace  Milovanov, 
d'Antoine  Filev  et  de  Grégoire  Kobjanov^;  enfin,  en  1674, 
le  boïar  Ivan  Porsennikov  et  deux  négociants,  Eustathe 
Filatjev  et  Gabriel  Romanov,  avaient  repris  par  son  ordre 
le  chemin  de  la  Chine  ^ 

L'ambassade  confiée  à  Spatar  avait  un  double  but.  Il 
devait  tout  d'abord  se  rendre  auprès  de  Gantimur,  prince 
tongouze  qui  en  1667  était  venu  en  Russie  avec  quarante 
des  siens,  s'était  converti  au  christianisme  et,  depuis  lors, 
s'était  fixé  à  Nercinsk,  en  Sibérie.  La  Chine  ne  cessait  de 
réclamer  ce  personnage  qu'elle  considérait  comme  rebelle; 
il  s'agissait  de  le  fortifier  dans  ses  bonnes  dispositions  et  de 
l'assurer  que  la  protection  du  tsar  ne  lui  ferait  pas  défaut. 
A  Péking,  Nicolas  devait  naturellement  plaider  la  cause 
de  Gantimur,  mais  les  instructions  qui  lui  étaient  données 
avaient  surtout  un  caractère  commercial.  Après  avoir  réglé 
l'importante  question  des  titres  que  les  deux  souverains  de- 
vaient se  donner  mutuellement  et  déterminé  la  langue  qui 
serait  employée  pour  la  correspondance  entre  la  Russie  et 
la  Chine*,  l'ambassadeur  devait  s'occuper  de  la  rédemption 
des  captifs,  s'il  s'en  trouvait  dans  le  pays,  puis  demander 
certaines  concessions  propres  à  faciliter  les  échanges.  Che- 


1 .  Travaux  de  la  troisième  session  du  congres  international  des  orientalistes , 
St.  Pétersbourg,  187G,  I,  595—604. 

2.  Bantys-Kamenski,  18— 22. 

3.  Ibid.,  23. 

4.  Chose  curieuse,  les  Russes  proposent  aux  Chinois  d'employer  le  latin 
ou  le  turc. 


22  EMILE  PICOT. 

min  faisant,  Spatar  devait  étudier  les  cours  d'eau  reliant 
la  Sibérie  à  l'empire  chinois. 

Les  derniers  mois  de  l'année  1674  furent  consacrés  aux 
préparatifs  de  l'expédition.  Le  28  février  1675  le  tsar  signa 
les  lettres  adressées  au  Fils  du  Ciel,  et  le  4  mars  (v.  s.)  Spa- 
tar quitta  Moscou.  Sa  suite  se  composait  de  deux  Grecs 
qui  avaient  pris  du  service  en  Russie,  Constantin  Ivanov 
syn  Grecanin  et  Théodore  Pavlov  syn  Livanov,  et  de  deux 
attachés  au  bureau  des  ambassadeurs,  Nicéphore  Venjukov 
et  Ivan  Favorov.  A  Tobolsk,  où  il  arriva  le  30  mars,  il 
s'adjoignit  six  nobles  du  pays,  plus  un  personnel  auxiliaire 
composé  d'un  aumônier,  d'un  interprète  et  de  40  serviteurs 
cosaques  à  pied  ou  à  cheval. 

L'ambassade  dut  attendre  à  Tobolsk  pendant  tout  le 
mois  d'avril  la  fonte  des  glaces;  elle  ne  put  se  remettre 
en  route  que  le  2  mai.  Elle  suivit  alors  sur  trois  bateaux 
plats  le  cours  de  l'Irtys,  de  l'Oby,  du  Kety,  traversa  les 
villes  de  Surgut  et  de  Narym  et  atteignit,  le  9  juillet, 
Jeniseisk.  De  cette  ville  Spatar  expédia  en  avant  un  de 
ses  compagnons,  Ignace  Milovanov,  qui  avait  fait  précé- 
demment partie  de  la  mission  d'Arsinski.  Celui-ci  gagna 
tout  droit  Nercinsk  et  Péking,  tandis  que  l'ambassadeur 
continua  lentement  sa  route  pour  recueillir  le  plus  grand 
nombre  possible  de  documents  sur  le  pays  qu'il  parcou- 
rait. 

Spatar  repartit  de  Jeniseisk  le  18  juillet,  suivit  le  cours 
du  Jenisej,  de  la  Tunguska,  de  l'Angara,  et  atteignit  Ir- 
kutsk  le  5  septembre.  Il  y  rencontra  Gantimur,  qui  lui 
donna  sur  la  Chine  d'utiles  notions,  et  continua  sa  route 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  23 

par  l'Ang-ara  et  le  lac  Bajkal.  Le  4  décembre,  il  atteignit 
enfin  Nercinsk,  qu'il  quitta  le  19  du  même  mois. 

A  partir  de  Nercinsk,  il  faudrait  une  carte  très  détaillée 
pour  reconnaître  les  villes  et  les  fleuves  que  l'ambassade 
traversa;  nous  ne  pouvons  ici  les  énumérer.  Cette  portion 
du  voyage  de  Spatar  est  pourtant  la  plus  intéressante  à 
cause  des  détails  qu'on  y  trouve  sur  un  pays  jusqu'alors 
si  peu  connu,  en  particulier  sur  le  fleuve  Amour,  dont  il 
constata  la  haute  importance  pour  le  commerce  avec  la 
Chine.  La  publication  de  M.  Arsenjev  permet  aujourd'hui 
de  suivre  pas  à  pas  l'explorateur. 

Le  13  janvier  1676,  l'ambassade  franchit  la  frontière 
chinoise  ;  elle  se  dirigea  vers  Péking,  où  elle  fit  son  entrée 
le  15  mai.  Spatar  se  mit  aussitôt  en  relations  avec  le  jé- 
suite Ferdinand  Verbiest,  qui  enseignait  alors  l'astronomie 
et  la  géométrie  à  l'empereur.  Par  sa  connaissance  du  pays 
et  de  la  langue,  par  l'accès  facile  qu'il  avait  au  palais, 
Verbiest  pouvait  lui  rendre  de  grands  services.  Le  15  mai, 
Spatar  eut  audience  du  Fils  du  Ciel,  qui  le  reçut  avec  de 
grands  honneurs  et  auquel  il  n'épargna  pas  les  protesta- 
tions d'amitié. 

L'ambassadeur  russe  passa  trois  mois  et  demi  à  Péking; 
il  s'y  lia  d'amitié  avec  les  jésuites  qui  avaient  toujours  accès 
au  palais  et  servaient  d'interprètes  à  l'empereur  pour  les 
langues  européennes.  Il  se  mit  lui-même  à  étudier  le  chinois 
avec  la  merveilleuse  facilité  dont  il  était  doué\ 

Le  1®'  septembre  1676  Spatar  quitta  Péking,  porteur  d'une 

1.  M.  Haçdeu,  qui  n'a  jamais  achevé  son  travail  sur  Milescu,  nous  a 
dit  avoir  des  renseignements  sur  une  traduction  que  l'ancien  boïar  mol- 


24  EMILE  PICOT. 

lettre  adressée  au  tsar  par  le  Fils  du  Ciel.  Le  8  octobre  il 
atteignit  le  Naim,  suivit  diverses  rivières  jusqu'à  Selengisk, 
où  il  arriva  le  3  mai  1677,  et  entra  le  16  du  même  mois  à 
Irkutsk.  Le  7  juin  il  était  à  Jeniseisk.  Le  5  janvier  1678 
il  était  de  retour  à  Moscou.  Son  voyage  avait  duré  trois 
ans  moins  deux  mois. 


IV. 


Pendant  l'absence  de  Nicolas  un  changement  de  règne 
s'était  produit  :  Alexis  Mibajlovic  était  mort,  laissant  le  trône 
à  son  fils  Théodore  (1676).  Il  s'agissait  pour  Spatar  de  con- 
quérir la  protection  du  fils  comme  il  avait  su  gagner  celle 
du  père.  Pour  témoigner  du  zèle  et  de  l'activité  avec  les- 
quels il  avait  rempli  sa  mission,  il  se  hâta  de  remettre  au 
bureau  des  ambassadeurs  son  journal  de  voyage. 

Ce  journal,  qui  vient  d'être  publié  par  M.  Arsenjev,  ne 
comprend  que  l'itinéraire  en  Sibérie,  mais  c'est  de  beau- 
coup la  partie  la  plus  importante  de  l'expédition.  Spatar 
était  en  effet  le  premier  explorateur  qui  eût  fait  de  cet 
immense  pays  une  reconnaissance  régulière  et  vraiment 
approfondie.  Une  pareille  reconnaissance  pouvait  avoir  im- 
médiatement des  résultats  pratiques,  tandis  que  les  relations 
avec  la  Chine  ne  pouvaient  se  développer  que  dans  un  ave- 
nir plus  ou  moins  éloigné. 


dave  aurait  faite  en  chinois.  Il  a  de  plus  appris  d'un  membre  de  la  légation 
russe  en  Chine  que  l'on  conserve  encore  à  Péking  un  portrait  de  Spatar, 
facilement  reconnaissable  à  la  mutilation  de  son  visage. 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  25 

Pour  faire  suite  au  journal  de  Tobolsk  à  Nercinsk  et  au 
fleuve  Amour,  Spatar  entreprit  aussitôt  une  Description  de 
Ici  Chine.  Il  avait  été  précédé  dans  cette  contrée  par  une 
foule  d'explorateurs  de  tout  ordre;  il  voulut  mettre  à  profit 
leurs  observations;  aussi  ne  composa- 1- il  pas  uniquement 
son  ouvrage  sur  les  notes  qu'il  avait  recueillies  lui-même; 
il  y  fit  entrer  un  grand  nombre  de  renseignements  emprun- 
tés à  ses  devanciers.  On  aura  une  idée  de  la  promptitude 
avec  laquelle  il  travaillait  si  l'on  songe  que  ce  dernier  ou- 
vrage, qui  ne  contient  pas  moins  de  59  chapitres,  fut  achevé 
le  13  novembre  1678. 

La  mission  de  Spatar  ne  donna  pas  et  ne  pouvait  donner 
de  résultats  politiques,  mais  elle  eut  une  réelle  importance 
par  les  notions  nouvelles  qu'elle  fournit  sur  les  routes  à 
suivre  pour  gagner  l'extrémité  orientale  de  la  Chine.  A 
ce  point  de  vue,  M.  de  Sabir,  auteur  d'un  travail  sur  le 
fleuve  Amour,  nous  paraît  injuste  quand  il  dit  que  l'ambas- 
sade confiée  au  boïar  moldave  n'eut  aucun  succès \  Les 
contemporains  furent,  au  contraire,  remplis  d'admiration 
pour  le  hardi  voyageur,  surtout  ceux  que  l'habitude  des 
explorations  mettait  le  mieux  à  même  d'apprécier  les  diffi- 
cultés de  l'entreprise.  Un  agent  français,  M.  de  La  Neu- 
ville, envoyé  en  Russie,  dans  le  courant  de  l'année  1689, 
pour  se  renseigner  sur  les  négociations  poursuivies  entre 
le  tsar,  la  Suède  et  le  Brandebourg,  eut  l'occasion  d'y  voir 
Spatar  qui  fut  chargé,  lors  de  son  arrivée  à  Moscou,  de  lui 
faire  compliment  et  de  lui  tenir  compagnie.  Il  fut  tellement 

1.  Le  fleuve  Amour  (Paris,  1867,  in-i),  17—18.  —  Cf.  Legrand,  Bibliothèque 
ijrecque  vulgaire,  III,  xxxij. 


26  EMILE  PICOT. 

frappé  des  conversations  qu'ils  eurent  ensemble  qu'il  en  fit 
un  chapitre  spécial  de  sa  Relation^.  Quoique  ce  chapitre 
ait  été  déjà  deux  fois  réimprimé^,  nous  ne  pouvons  man- 
quer de  le  reproduire  ici;  il  prouve  que  Golicyn  mit  im- 
médiatement à  profit  les  observations  et  les  conseils  de  son 
protégé  pour  développer  les  relations  entre  l'Europe  et 
l'Asie. 

«Spatarus,  Valaque  de  nation,  dit  M.  de  La  Neuville, 
avoit  été  chassé  de  son  pays,  après  avoir  eu  le  bout  du  nés 
coupé,  pour  avoir  découvert  au  Grand  Seigneur  un  traité 
secret  que  l'hospodar  de  Valachie,  son  parent,  avoit  fait 
avec  le  roi  de  Pologne,  et  qui  a  été  cause  de  la  déposition 
de  cet  hospodar,  qui  est  présentement  à  la  cour  du  roi  de 
Pologne,  réduit  à  une  pension.  Il  se  retira  d'abord  chez 
l'électeur  de  Brandebourg,  qui  le  reçut  parfaitement  bien, 
parce  qu'il  étoit  fort  sçavant  et  parloit  parfaitement  latin, 
grec  et  italien;  mais,  le  roi  de  Pologne  ayant  donné  avis 
de  son  infidélité  à  monsieur  l'électeur,  il  fut  aussitôt  chassé 
de  sa  cour,  et,  ne  sçachant  où  aller,  passa  en  Moscovie. 
Galischin  le  reçut  fort  bien  et  lui  donna  de  quoi  subsister. 
Quelque  temps  après,  il  l'envoya  de  la  part  des  czars  à  la 
Chine,  pour  découvrir  les  moyens  d'établir  par  terre  le 
commerce  de  ce  pays  là  par  la  Moscovie.  Il  fut  deux  ans 
dans  ce  voyage  et  eut  de  grandes  difficultés  à  le  faire; 

1.  Relation  curieuse  et  nouvelle  de  Moscovie,  contenant  Vétat  présent  de  cet 
empire^  les  expéditions  des  Moscovites  en  Crimée  en  1689,  les  causes  des  dernières 
révolutions,  leurs  mœurs  et  leur  religion^  le  récit  d'un  voyage  de  Spatarus  par 
terre  à  la  Chine.  (Paris,  1698,  on  La  Haye,  1699,  iii-12,  pp.  219—225  de  l'édi- 
tion hollandaise.) 

2.  Par  M.  Hâçdeu,  Archiva  istoricà  a  Eomânieî,  I,  i,  137  — 139,  et  par 
M.  Legrand,  Bibliothèque  grecque  vulgaire,  III,  xxxix — xlij. 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  27 

mais,  comme  il  a  beaucoup  d'esprit,  il  remarqua  si  bien 
l'état  des  lieux  où  il  passa  qu'il  fit  espérer,  à  son  retour,  à 
Galischin  que,  dans  un  second  voyage,  il  mettroit  les  choses 
en  état  de  pouvoir  aller  dans  ce  pays -là  aussi  facilement 
que  dans  un  autre.  Galischin  commença,  sur  ces  assurances, 
à  faire  chercher  un  chemin  aussi  commode  que  court,  pour 
le  transport  des  marchandises,  et,  après  l'avoir  trouvé,  il 
songea  aux  moyens  d'y  établir  des  voitures,  qui  furent  de 
faire  bâtir  de  Moscou  à  Tobolk,  capitale  de  Ziberie,  de  dix 
lieues  en  dix  lieues,  quelques  maisons  de  bois,  d'y  mettre 
des  paysans  à  qui  il  abandonna  le  domaine  de  plusieurs 
terres,  à  condition  seulement  d'entretenir  dans  chaque  mai- 
son trois  chevaux,  qu'il  leur  fit  donner  la  première  fois,  avec 
droit  d'exiger  de  ceux  qui  vont  en  Ziberie  et  en  viennent, 
pour  leurs  propres  affaires,  trois  sols  par  cheval  pour  dix 
vœrstes  de  chemin,  qui  sont  deux  lieues  d'Allemagne.  Il 
avoit  aussi  sur  cette  route,  comme  par  toute  la  Moscovie, 
fait  planter  des  pieux  pour  marquer  les  vœrstes  et  le  che- 
min; et,  dans  les  lieux  où  la  neige  est  si  haute  que  le 
chemin  en  est  impraticable  aux  chevaux,  il  avoit  établi 
des  habitations  qu'il  avoit  donné  à  des  gens  condamnez  à 
l'exil  perpétuel,  à  qui  il  faisoit.  fournir  de  l'argent  et  des 
vivres,  avec  de  gros  dogues  pour  tirer,  au  lieu  de  che- 
vaux, les  traisneaux  sur  la  neige;  et,  à  Tobolk,  ville  sci- 
tuée  sur  ce  grand  fleuve  Irstik,  que  l'on  nomme  impropre- 
ment Oby,  parce  qu'il  s'y  décharge,  il  avoit  établi  de 
grands  magazins  remplis  de  vivres,  ^t  fait  bâtir  de  grosses 
barques,  sur  lesquelles  la  caravane  remontoit  ce  fleuve 
jusqu'à  Kesilbas,  lac  scitué  au  pied  des  montagnes  Pra- 


28  EMILE  PICOT. 

gog,  OÙ  il  avoit  pareillement  établi  toutes  les  commodités 
nécessaires.  » 

«Spatarus  m'a  asseuré  qu'il  n'avoit  été  que  cinq  mois 
en  chemin  dans  son  dernier  voyage  et  qu'il  l'avoit  fait 
avec  autant  de  commodité  et  de  facilité  que  dans  nôtre 
Europe.  J'aurois  fort  souhaité  qu'il  m'en  eût  bien  voulu 
dire  toutes  les  particularités  et  m'en  faire  le  détail,  et  ap- 
prendre de  lui  les  noms  des  rivières,  montagnes  et  pays 
par  où  il  avoit  passé;  mais  je  le  trouvai  fort  circonspect 
et  retenu  à  toutes  les  questions  que  je  lui  faisois,  et  com- 
pris très  bien  que,  s'il  ne  satisfesoit  ma  curiosité,  ce  n'é- 
toit  que  la  crainte  qu'on  lui  rendît  un  mauvais  office  si 
cela  venoit  à  être  sçû,  en  l'accusant  de  m'avoir  découvert 
une  chose  laquelle  ils  veulent  être  cachée  et  inconnue  à 
toutes  les  autres  nations,  et  que  la  complaisance  qu'il  pou- 
voit  avoir  pour  moi  en  m'instruisant  de  tout  ce  que  je  lui 
demandois,  ne  lui  attirât  quelque  bâtonnade  de  la  part  des 
czars,  lesquels,  quand  il  leur  plaît,  n'exemptent  de  ce  châ- 
timent personne,  de  quelque  qualité  et  condition  qu'elle 
puisse  être,  depuis  le  moindre  paysant  jusqu'aux  boyars. 
Il  esperoit,  à  ce  qu'il  me  fit  entendre,  de  trouver  encore 
un  chemin  plus  court  et  aisé  dans  un  autre  voyage  qu'il 
pretendoit  faire.» 

Un  autre  voyageur  français,  le  P.  Philippe  Avril,  jésuite, 
qui  se  rendit  en  Russie,  accompagné  du  P.  Barnabe,  pour 
y  étudier  les  routes  conduisant  à  la  Chine,  parle  également 
avec  quelque  détail  de  l'expédition  de  Spatar.  Il  dit  que 
jusqu'alors  cinq  routes  ont  été  suivies  pour  gagner  la  Chine 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  29 

par  terre,  et,  après  avoir  fait  connaître  les  quatre  premières, 
il  ajoute  : 

«La  cinquième  est  celle  qu'a  tenu  Spartarius,  envoyé 
de  Moscovie  à  la  Chine.  On  passe  par  la  Sibérie  pour  se 
rendre  à  Nerczinski,  qui  est  sur  le  fleuve  Szilka;  on  va 
ensuite  à  Dauri,  peu  éloigné  du  fleuve  Naiunaj,  d'où  l'on 
continue  sa  route  jusqu'à  Clieria,  qui  est  à  l'entrée  de  la 
Chine.  Il  y  a  une  égale  distance  de  Nerczinski  à  Dauri  et 
de  Dauri  à  Cheria. 

«Si  nous  en  croyons  cette  relation,  dont  j'ay  fait  jusques 
icy  une  fidelle  copie,  cette  route  est  aussi  sûre  qu'elle  est 
courte,  parce  que  depuis  Nerczinski  jusqu'au  fleuve  Argus, 
qui  se  jette  dans  le  fleuve  Yamour,  on  trouve  toujours  des 
Yachutchiki,  c'est-à-dire  des  Moscovites  qui  chassent  aux 
zibellines,  et,  au-delà  de  ce  fleuve,  on  passe  par  les  terres 
de  certains  Monguls  qui  craingnent  extrêmement  les  Mos- 
covites. Mais  il  y  a  apparence  qu'on  ne  trouve  pas  mainte- 
nant toutes  les  sûretez  qu'on  trouvoit  auparavant  chez  les 
Monguls  qui  sont  de  ce  côté-là,  puis  qu'on  prend  plus  haut 
par  Albazin  et  qu'on  fait  un  grand  tour  pour  aller  de  là  à 
la  Chine,  ou  bien  plus  bas,  en  passant  depuis  Szelingui 
sur  les  terres  du  Taïso  Bechroesaïn\» 


V. 

Le  chroniqueur  roumain  Neculcea,  dans  le  passage  cité 
plus  loin,  raconte  au  sujet  de  Spatar  diverses  particularités 

1.  Avril,  Voyage   entrepris  pour   décotiwir   un   nouveau   chemin   ù    la  Chine 
Paris,  1692,  iu-4),  173. 


30  EMILE  PICOT. 

qu'il  n'a  pas  dû  inventer,  mais  qu'il  est  difficile  de  conci- 
lier avec  les  faits  à  nous  connus.  D'après  cet  Mstorieu, 
Alexis  Miliajlovic  aurait  donné  Nicolas  pour  précepteur  à 
son  fils,  le  futur  tsar  Pierre  le  Grand.  Ce  ne  serait  qu'en- 
suite que  ce  personnage  serait  devenu  interprète  impérial 
et  aurait  été  chargé  d'une  mission  en  Chine.  Neculcea  ajoute 
que  Spatar  reçut  du  Fils  du  Ciel  divers  présents  de  grand 
prix  dont  il  fut  dépouillé,  à  son  retour,  par  les  autorités  de 
Moscou.  Malicieusement  déporté  en  Sibérie,  il  n'aurait  dû 
la  liberté  qu'à  l'intervention  de  son  tout-puissant  élève. 

Nous  supposons  qu'il  y  a  ici  quelque  confusion.  Pierre 
le  Grand,  né  le  10  juin  1672,  ne  put  guère  recevoir  les 
leçons  de  Spatar  avant  le  départ  de  celui-ci  pour  la  Chine  ; 
on  a  vu,  au  contraire,  qu'un  ouvrage  auquel  Nicolas  colla- 
bora était  destiné  à  l'éducation  de  Théodore  Aleksêevic. 
Quant  à  la  condamnation  prononcée  contre  le  voyageur  par 
les  autorités  de  Moscou,  il  s'agit  probablement  d'un  procès 
pour  sorcellerie  dans  lequel  il  fut  impliqué  en  1678.  Nous 
avons  déjà  insisté  sur  le  goût  que  Spatar  témoignait  pour 
les  prophéties  (le  Chrèsmologe  et  le  Livre  des  Sibylles  en 
font  foi)  ;  aux  yeux  du  clergé  russe  des  compilations  de  ce 
genre  ou  des  traités  tels  que  le  Livre  des  hiéroglyphes  de- 
vaient aisément  se  confondre  avec  le  grimoire  des  sorciers. 
Ces  ouvrages  avaient  été  composés  pour  complaire  à  Mat- 
vêev  ;  maintenant  cet  ancien  favori  était  tombé  ;  c'était  contre 
lui  que  la  poursuite  principale  était  dirigée  \ 

1.  N.  Novikov,  ÏÏCTOpia  o  HeBimnoMï.  saTOienin  Bonpima  A.  C.  Mai- 
Btesa;  H3/^.  2-e  (MoCKBa,  1785,  m-8),  11—13,  37—39,  134,  135,  192,  193,  etc. 
—  Nous  empruntons  ce  renvoi  à  M.  N.  Kedrov,  SKj'pHajiï.  mhh.  nap.  npocB., 
1876,  I,  12. 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  31 

Spatar  eut  la  chance  de  se  tirer  heureusement  du  procès  ; 
il  put  même  bientôt  reprendre  ses  fonctions  au  bureau  des 
ambassadeurs.  Nous  trouvons  en  effet  son  nom  au  bas  d'une 
lettre  du  2  juillet  1679,  accompagnant  l'envoi  d'une  grati- 
fication de  60  roubles  accordée  par  le  tsar  à  l'interprète 
Simon  Lavrecki  pour  services  rendus  à  l'envoyé  russe  à 
Vienne,  Jean  Vasiljevic  Buturlin\ 

En  1680,  Nicolas  était  encore  à  Moscou,  d'où  il  corres- 
pondait avec  le  jésuite  Ferdinand  Verbiest,  l'ami  qu'il  avait 
connu  à  Péking.  Il  s'agissait  d'obtenir  des  renseignements 
sur  les  Tatars^.  On  voit  que  Spatar  ne  perdait  pas  de  vue 
la  Chine.  Cependant  il  cultivait  encore  la  théologie  ;  aussi, 
le  17  mai  1681,  est-il  appelé  par  le  tsar  à  l'aider  de  ses 
conseils  pour  statuer  sur  une  question  délicate.  Deux  sa- 
vants grecs  qui  venaient  d'arriver  en  Russie  pour  enseigner 
à  l'école  de  Moscou,  les  frères  Lihoudis^,  se  trouvaient  en 
conflit  avec  un  théologien  russe  Jean  Bêlovodski  au  sujet 
du  sacrement  de  l'eucharistie;  Théodore  ne  dédaigna  pas 
de  se  faire  juge  de  la  querelle^  L'auteur  de  VEncMi^idion 
était  plus  apte  que  qui  ce  fût  à  l'assister  de  ses  conseils. 
De  plus,  il  devait  d'autant  mieux  connaître  la  doctrine  des 
frères  Lihoudis  qu'ils  s'étaient  rendus  en  Russie  à  la  solli- 
citation de  Païsius  Ligaridis,  avec  qui  lui-même  était  lié 
depuis  longtemps. 

1.  naMHTHHKH    /IjHnjI.    CHOUI.   ]^).   PoCCilI    CT>   flepaCaBaMH    HHOCTpaHHtlMH, 

IV,  893.  —  Nous  ne  connaissons  à  Paris  aucun  exemplaire  de  cette  collec- 
tion, que  nous  citons  d'après  M.  N.  Kedrov. 

2.  Legrand,  Bibliothèque  grecque  vulgaire,  III,  416. 

3.  Voy.  Sathas,  NeosUtjvu^  OtXoXoy(a,  358—371. 

4..0nHcaHie  pyKOn.  Mock.  CHHO/^.  6h6ji.,  II,  3,  n*'  299;  465,  n°  338;  818, 
n°  339,  etc.,  ap.  N.  Kedrov  dans  le  JKypHaju.  mhh.  nap.  npocB.,  1876,  I,  12. 


32  EMILE  PICOT. 

Le24janvier  1684,  Spatar  traduisit,  concurremment  avec 
deux  autres  interprètes,  un  mémoire  adressé  au  bureau  des 
ambassadeurs  par  un  secrétaire  autrichien,  Jean  Eberhardt 
Gobi.  Malgré  sou  habileté  pour  cette  sorte  de  travaux,  il 
ne  parvint  pas  à  satisfaire  Grobl,  qui  trouva  que  les  mots 
latins  de  l'original  étaient  exactement  rendus,  mais  que  le 
sens  général  était  parfois  altérée 

Nous  ne  savons  rien  de  Nicolas  entre  le  mois  de  janvier 
1684  et  le  courant  de  l'année  1689.  Nous  supposons  qu'il 
fit  dans  l'intervalle  un  second  voyage  en  Chine.  Ce  serait 
alors  qu'il  aurait  pu  se  perfectionner  dans  la  connaissance 
de  la  langue  chinoise  et  qu'il  aurait  rapporté  les  riches 
présents  dont  parle  le  chroniqueur  Neculcea. 

Le  récit  de  M.  de  La  Neuville  nous  confirme  dans  cette 
opinion.  Le  diplomate  français  parle,  en  effet,  d'un  der- 
nier voyage  que  Spatar  aurait  fait  en  cinq  mois  ;  il  ne  peut 
être  question  de  son  retour  après  son  ambassade,  retour 
qui  ne  dura  pas  moins  de  seize  mois.  M.  Bautys-Kamenski 
est  muet  à  ce  sujet,  mais  il  n'a  pas  eu  à  parler  des  missions 
purement  commerciales  ou  administratives  qui  auraient  été 
confiées  par  la  suite  à  l'ancien  ambassadeur. 

La  compétence  particulière  de  Nicolas  pour  tout  ce  qui 
touchait  les  choses  de  la  Chine  était  alors  bien  connue;  c'est 
à  lui  que  s'adressaient  les  hauts  personnages  qui  désiraient 
se  renseigner  sur  la  situation  de  l'Extrême  Orient.  A  la  fin 
de  l'année  1689,  peu  de  temps  après  le  séjour  de  M.  de  La 
Neuville  à  Moscou,  le  patriarche  de  Jérusalem,  Dosithée, 
écrivit  à  Spatar  en  le  priant  de  lui  envoyer  la  relation  de  son 

1.   HaMflTHHKH  flHnjI.,   VI,    317. 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  33 

voyage  dans  le  Céleste  Empire'.  Malgré  la  haute  situation 
du  personnage  qui  lui  faisait  cette  requête ,  Nicolas  ne  se 
pressa  pas  d'y  obtempérer. 

A  partir  de  1689,  nous  n'avons  plus  sur  la  vie  de  Spatar 
qu'un  petit  nombre  d'informations  qui  ne  permettent  pas  de 
reconstituer  sa  biographie  d'une  façon  suivie. 

En  1691,  il  fut  chargé,  de  concert  avec  deux  autres  inter- 
prètes de  la  cour,  de  déterminer  la  valeur  exacte  du  titre 
à'internonce  porté  par  l'envoyé  autrichien  J.  Kurtz.  Les 
ministres  russes  tenaient  à  être  fixés  sur  le  caractère  attri- 
bué à  cet  envoyé  pour  régler  le  cérémonial  de  sa  réception^. 
Au  mois  de  juillet  1693  Spatar,  après  un  silence  de  trois 
ans  et  demi,  répondit  au  patriarche  Dosithée,  en  s'excusant 
de  ne  pouvoir  lui  donner  que  des  renseignements  sommaires 
sur  la  Chine,  de  peur  de  trahir  des  secrets  d'étatl 

Beaucoup  d'autres  prélats  de  l'église  orientale  étaient  en 
relations  suivies  avec  lui.  Un  de  ses  correspondants  les  plus 
intimes  était  alors  l'archimandrite  du  Saint-Sépulcre,  Chry- 
santhe  Notaras.  De  ses  conversations  avec  Spatar  et  des 
notes  que  celui-ci  lui  communiquait,  Chrysanthe  tira  une 
relation  historique  sur  la  conquête  de  la  Chine  par  les  Ta- 
tars  (Kixdïa  SooXsuooaa)*.  Toutes  les  fois  que  le  prélat  était 
à  court  de  documents,  il  faisait  appel  à  l'inépuisable  érudi- 
tion de  son  ami.  Nous  en  avons  la  preuve  dans  un  billet 


1.  Voy.  un  fragment  de  la  lettre  de  Dosithée  ap.  Legrand,  BibUoûièque 
grecque  vulgaire,  III,  xxxv. 

2.  naMHTH.  ■p.mm.,  VII,  682. 

3.  La  lettre  de  Spatar,  qui  est  fort  longue,  est  écrite  en  grec  ancien. 
Voy.  Legrand,  loc.  cit.,  xxxv— xxxviij. 

4.  Ibid.,  337—441. 

3 


34  EMILE  PICOT. 

que  Spatar  lui  adressa  au  mois  de  février  1694  et  dans  le- 
quel il  fait  allusion  à  un  mémoire  sur  les  Scythes  rédigé 
par  lui  en  une  nuit,  à  la  demande  de  Chrysantlie\ 

Nicolas  était,  on  peut  le  dire,  le  représentant  le  plus 
écouté  de  l'érudition  en  Russie.  En  1694,  on  le  voit  s'oc- 
cuper avec  assiduité  de  l'académie  slavo -gréco -latine  de 
Moscou.  Il  rédig-e  des  alphabets  et  d'autres  manuels  élé- 
mentaires, eu  dirige  l'impression,  et  fait  lui-même  le  métier 
de  correcteur  ^ 

Au  mois  de  décembre  1696,  c'est  à  lui  et  à  Simon  La- 
vrecki  que  les  tsars  Jean  et  Pierre  confient  le  soin  de  tra- 
duire les  lettres  adressées  par  eux  à  l'empereur  Léopold 
pour  la  conclusion  d'une  alliance  contre  les  Turcs  et  les 
Tatars  de  Crimée  l 

En  1 69  7,  Spatar  est  appelé  de  nouveau  à  régler  une  ques- 
tion d'étiquette;  c'est  lui  qui  fixe  les  titres  que  les  tsars  de- 
vront donner  au  pape  Innocent  XII*. 

Au  mois  de  septembre  1697,  Nicolas  achève  la  traduc- 
tion du  volumineux  Traité  des  hérésies  et  de  la  foi  ortho- 
doxe des  Chrétiens,  écrit  en  grec  par  Siméon,  archevêque 
de  Thessalonique. 

En  1700,  par  un  ukaze  daté  du  18  juin,  Pierre  le  Grand 
introduisit  en  Russie  l'enseignement  de  la  langue  chinoise^ 
Nous  pouvons  croire  que  Spatar  ne  fut  pas  étranger  à  cette 

1.  Legrand,  loc.  cit.,  417. 

2.  Smirnov,  HcTopia  Mock.  cji.-rp.-JiaT.  AKa^eorin,  37,  cité  par  N.  Kedrov, 
/KypHajiî>  MHH.  Hap.  npocs.,  1876,  I,  1-3. 

.3.  IlaMaTH.  ^ifflji.,  VII,  1016. 

4.  Ibid.,  VIII,  632—634. 

5.  Travaux  de  la  troisième  session  du  congrès  international  des  orientalistes, 
St.  Pétersbourg,  1876,  I,  167. 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  35 

mesure.  Il  jouissait  de  toute  la  faveur  du  tsar,  qui  lui  con- 
fiait les  travaux  les  plus  secrets  et,  sans  doute,  prenait  sou- 
vent ses  avis. 

A  la  fin  de  l'année  1 700  il  remplissait  encore  ses  fonc- 
tions d'interprète  au  bureau  des  ambassadeurs.  Il  fut  no- 
tamment chargé,  le  28  novembre  de  cette  année,  de  tra- 
duire en  latin  une  lettre  adressée  par  Pierre  le  Grand  au 
doge  de  Venise  \ 

Peu  de  temps  après,  Spatar  eut  à  s'acquitter  d'une  tâche 
plus  considérable. 

Un  ancien  secrétaire  de  l'ambassade  de  l'Empire  en 
Russie,  Jean-Georges  Korb,  venait  de  publier  à  Vienne 
un  journal  dans  lequel  il  avait  consigné  une  foule  de  dé- 
tails jusqu'alors  inconnus  à  l'étranger  sur  les  premières 
années  du  règne  de  Pierre  le  Grand.  Cet  ouvrage  causa, 
dès  qu'il  parut,  une  sensation  des  plus  vives  et  faillit  même 
amener  la  guerre  entre  la  Russie  et  l'Autriche.  Le  prince 
A.  Golicyn,  ministre  du  tsar  à  Vienne,  se  hâta  d'en  en- 
voyer un  exemplaire  à  la  cour  de  Moscou,  qui  fit  immé- 
diatement proscrire  le  Diarium.  Il  fallait  cependant  sa- 
voir quelles  étaient  au  juste  les  révélations  de  Korb,  et 
le  latin  n'était  pas  familier  aux  hommes  d'état  russes.  Spa- 
tar fut  chargé  d'en  faire  une  traduction  destinée  à  rester 
secrète. 

Cette  traduction  est  le  dernier  ouvrage  de  Spatar  qui 
nous  soitconnu.  Nous  ne  savons  rien  des  dernières  années 
de  notre  personnage,  qui  vécut  longtemps  encore,  entouré, 
paraît-il,  d'une  haute  considération  par  Pierre  le  Grand  et 

1.  naMHH.  ^HnJl.,  VIT,  1358. 

3* 


36  EMILE  PICOT. 

par  ses  ministres.  D'après  M.  Hâsdeu,  il  mourut  en  1714. 
Il  devait  avoir  plus  de  quatre-vingts  ans. 

Nous  venons  de  reconstituer,  dans  la  mesure  de  nos 
forces,  la  biographie  de  Milescu;  il  y  reste  encore  bien  des 
lacunes  qui  pourront  être  comblées  un  jour.  Nous  donne- 
rons maintenant,  en  forme  d'appendice,  le  passage  de  la 
chronique  de  Neculcea  auquel  nous  avons  plusieurs  fois 
renvoyé,  et  nous  y  joindrons  une  notice  bibliographique. 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU. 


37 


APPENDICES. 


I.  —  EXTEAIT  DE  LA  CHEONIQUE  DE  JeAN  NeCULCEA^ 


6pA  oyH  ecïép,  âhÛmî  Hh- 
KOAafi  MhaïckS  GnaT<(p,  ji,6- 
Ad  Rac/\8K>,  /i,e  Mc*iiiî/ft  aSh^ 
np-t  ^jvKXL^aT  ujH  KzprSpap,  ujh 
ijiïÀ  mSaté  ah/Ubh:  eAHH-kqjÉ, 
cAOBtH'kLpc,  rpÉM'kipe  uih  T8p- 
H-kiiJÉ;  UJH  epà  /vvzH^pS  ujh 
BOraT,    JUH  .jvKAÀ    kS    noBOyi,- 

HHMH     .(vHaHHTÉ     ;i,C>MHÉl|JH ,     kS 

BB3A^raHÉ  ujji   kS  naaSjiJÉ,   kS 

CC»AT2fpÉ^    TOT    Cl^p/UZ;    AA    KA'h; 

lUH  aSh  Gti^zhiiu,z  Roaz  ^i^h 
êpÀ  np'fe  AP^''  ii^"'^  Jj.HH'fe  np'fe 

BJJHf,     UJH     TOT     AA     /Wa'cX     Tf.A 


Il  y  avait  un  boïar  appelé  Ni- 
colas Milescu  Spatar,  originaire 
de  VasluiU;  homme  très  savant  et 
très  lettré^  qui  possédait  un  grand 
nombre  de  langues  :  le  grec  an- 
cien; le  slovènC;  le  grec  moderne 
et  le  turc.  Il  était  riche  et  arrogant  ; 
il  n'allait  que  précédé  de  coureurs 
princiers,  tenant  des  masses  d'ar- 
mes et  des  sabres  ;  les  chevaux 
couverts  de  chabraques  d'argent. 
Il  était  en  grande  faveur  auprès 
de  Stefânità;  qui  le  comblait  de 
bienfaits  et  le  faisait  sans  cesse 


1.  La  chronique  moldave  de  Jean  Neculcea  s'étend  de  1662  à  1743.  L'au- 
teur avait  joué  un  rôle  politique  important  de  1693  à  1711.  Il  passa  en 
Russie  avec  Démètre  Cantemir,  mais  il  ne  tarda  pas  à  se  séparer  de  ce 
prince  et  séjourna  en  Pologne  de  1712  à  1719.  Il  put  alors  rentrer  en  Molda- 
vie, où  il  vécut  sur  ses  terres  jusqu'en  1780.  Il  revint  encore  pour  quelques 
temps  aux  affaires,  puis  retourna  dans  sa  retraite,  où  il  mourut  en  1743. 
Pumnul,  Lepturanû  rumînesc,  III,  166, 


38 


EMILE  PICOT. 


n^H-t  uiH  Aa  c4iaTSpH  ',  ujh 
KZ  épà   iT^HMÉ  rpaMa'THK  aa 

;^ZHC8a.  Mp,  KZHA  Â^  ^OCT 
BHHC     lUft     A*     HHHCT-t     Hf     aK'fe 

aa    Gté^zhhij,z  Bo^x,   mé   ^S 

llJX3yT  UJH  ây  CKpHC  HHljJÉ  KXp- 
U,H  RHKA'kHÉ^  UJH  A'fcS  USC  .jC 
TpSH    E'ku,    ci^0(ji,(MlT    UJH    ATLS 

rçHMtc  aa  KoHCTauTHu  Bo^^ 
MÉA  KzrpxH  Bzczpae  .j^  IJ,apa 
Atuj'kcKz^  Ka  cacz  pz^hhé  a* 
aKOAW  kS  wljjh  cz  BÎé  cz  CKOa- 
Tz  npf  Gté4^zhhu,z  Ro^z  a"" 

AOMHÎÉ.  mp  KoHCTaHTHH  EOAZ 

uè   i8   KpST  czcz  inSMÉ   a«   ^■ 

M'kAÉ  ASKpSpH  HÉH  CKpïÀ,  MÉ  CaS 
CKSaaT  UJH  <Î8  TpHMHC  bzi^Sa 
4m«A    CijSpeAï'^"'*';     ^^    KZpU,H    k8 

TOT,  .îvHanOH  aa  Gté^^zhhi^z 
B6az  a*  '^'k^  A'*T-  A'^"'^  ^'•'*' 

^ZHHU,Z  BoAZ,  né/u  .SS  BZ3éT 
bzu,Sa    kS    KzpuHAE,    ca^    np-t 

/UZHÏAT,  UIH  AAii  UIH  ^A^^  "P* 
^4fA    HhKOAAH    MhAÉCKSA   ^HA- 


asseoir  à  sa  table  et  dans  ses  con- 
seils;, et  jouait  aux  cartes  avec 
lui  ;  [Nicolas]  était  son  secrétaire. 
Or,  un  jour,  il  arriva  que  les  biens 
et  les  honneurs  qu'il  devait  à  Ste- 
fanità  ne  lui  suffirent  plus;  il  se 
mit  à  écrire  traîtreusement  des 
lettres  qu'il  enferma  dans  une 
canne  creuse  et  qu'il  envoya  au 
vieux  Constantin  Bâsârab,  en  Po- 
logne, l'engageant  à  y  lever  une 
armée  et  à  venir  chasser  Stefa- 
nita  du  trône.  Mais  Constantin  ne 
voulut  pas  se  lancer  dans  l'entre- 
prise que  [Spatar]  lui  conseillait  ; 
il  fut  révolté,  et  envoya  la  canne 
creuse,  avec  les  lettres,  à  Stefa- 
nitâ,  à  qui  elle  fut  remise.  Le 
prince  entra  dans  une  grande  co- 
lère en  voyant  la  canne  et  les  let- 
tres; il  fit  amener  Nicolas  Milescu 
devant  lui,  au  petit  palais,  et  or- 
donna au  bourreau  de  lui  couper 
le  nez.  Stefanitâ  tira  lui-même  ra- 
pidement son  handjar  de  sa  cein- 
ture et  le  donna  au  bourreau  pour 


1.  Nous  adoptons  une  correction  faite  par  M.  Hâçcleu  {Tmian,  II,  n°  7, 
28,  col.  4).  Le  texte  de  Cogâlniceanu  porte  :  Aa  A\ac-K  .f  nSn-fc  idh  ce  [.iioni  jji. 

KTi'pi^H    kS    AT»'hcS<\,    UIH    M    CiirSpH. 


NICOLAS  SPATAR  MILESCr. 


39 


ijuH   dB   née  npi   KaAxS   js,t  raS 

TZÏÀT     HacSA,     CKOU,HH^    Gté 

^%HHLit%   Ro^x   .jv  rpa'KX   \ÀH 

gipSA  A^H  A""  KpxS,  Â^  J!l,ÂT 
J\,t  ra'y  TXÏAT  KaA%S/\  HdCSA,  UJH 
Hè     48     BpST    CZA     AaCZ    Rf     Kd- 

AzB  cxH  Tau  Hac^A  k8  k8hh 
t8a  a8h  kaazS,  mé  kS  y^iHyt 
p8A  a8h  Gté^^nhux  Ro^x  ra8 

TZÏÂT    HACSA. 

;\,8nx  Â^-kA  HuKOAaH  KXp- 
h8a  iS  4^M"'''  4  U^P'*  Ném 
H-fecnz,   UJH   AU   rzcMT   4koaw 

3ÏÀ  CZHgEAE  A""  WBpa'3  iuha 
BOU,ÏÀ     Ad     HÀC,    UiH     4lUÀ     A"" 

3H  .|n.  3h  czHyÉAÉ  CE  vf  Ktrd,  ^é 
îïî8  kpéckSt  hacSa  aa  aok  ^é 
ci8  TZMZ;i,8HT;  «p;  kzh;»,  âS 
B£HHT  aHM'k  .|v  napz  Aa  A*5'W- 
HÎA  a8h  HAieui  BoA^;  H8MaH 
AÉ  âBÏÀ  ca'8  ^ÔCT  kShocbzha 

Hac8A    KXH    TZÏAT, 

H8/V\aH    TOT     Hây    IIJZ38T    .jv 

Hapz  aiSat  j\,i  pSujHHe,  hé  ca'8 
js^éc  AA  MôcK  Aa  MapCAÉ  .fnz 

paT  Aa  flAf^ift  mH^AHAOBHMK, 
AA    TATZA    MapfASH    HéTpS    .^- 


couper  le  nez  [au  coupable].  Il  ne 
voulut  pas  laisser  le  bourreau  se 
servir  de  son  couteau  à  lui  ;  ce  fut 
le  handjar  du  prince  que  celui-ci 
employa. 


Après  cette  [exécution],  Nico- 
las le  camard  s'enfuit  en  Alle- 
magne; il  y  trouva  un  médecin 
qui  lui  fit  constamment  des  sai- 
gnées au  visage  en  faisant  amon- 
celer le  sang  à  l'endroit  du  nez. 
Par  ce  moyen  le  sang  se  coagula 
peu  à  peu^  le  nez  repoussa  et  il 
guérit.  Quand  [Spatar]  revint  en 
Moldavie,  sous  le  règne  d'ÉliC; 
c'est  à  peine  si  l'on  pouvait  s'a- 
percevoir qu'il  avait  eu  le  nez 
coupé. 

Cependant  il  ne  resta  pas  long- 
temps dans  le  pays,  [où  il  était 
poursuivi]  par  la  honte  ;  il  se  ren- 
dit chez  les  Moscovites,  auprès 
du  grand  tsar  Alexis  Mihajlovié, 


40 


EMILE  PICOT. 


nzpaT  KapcAC  Â^  bchht  aa  hoh 
Am'k   »jl  MoA^ÔKa;   luh   réh- 

Tp8    .jvKXU.XTypa    ASH    48    4iOCT 

TtpyHMifH  .jvnzpa'TSaSH,  uih  »j^- 
RXi^d  UJH  npî  ^îiCA  .fnzpaTS- 
a8h,  npt  IléTpS  îl/\ÉâÏÉBHMk  Kap- 
té;  lUH  êpà  Aa  /wapï  hhhcté 
UJH  KOrxu,ÎÉ.  IIIh  aa^  tphmhc 
.jLnzpaTyA  ^Iaé^îh  MH)(aHAC»- 
RHMk  c6a  Aa  MapEAE  ^RzpaT 
Âi\  Khtahawp,  uih  mSaté  aS- 

KpSpH    A^   MHpaT    Â^    BZ3i?T    AA 

^M-fe    wj^nzpxu,ÎÉ    Â    KHTaHAwp; 

UIH  m'y  ^Zp^HT  0\'H  BAH/l,  RAHH 
;\É  nÏÉTpÉ  CK^/MUÉ  UJH  0\H  J^\A- 
MÂHT    KÀ    O^H    IVy    A*    HOpy/UK. 

IUh  .jvTCpKZHAiJcÉ  ne  aP^^^  -f  "- 
anOH  ca8  tx/Uhaat  a'^S  m8- 
pHT  .jvnzparSA  AlocKSAyfi  npe 

ÂhÛmî    ÛAt§\»    AlHYAHAOKHMb  5 

rap   CÉHaTOp'iH  A^AA  MôcK  raS 

êuiHT    .jj^TpS    ^THAAnHHapÉ    UJH 

iaS    A^AT    âM-kAÉ    A'^P^P"    ^" 

TOT    M-ky     4b8T,     UJH    AA»    ^|SZ- 

k8t  cSpr^H  AA  GhbhPj  ujh  Âii 

UJX38T    KXl^HBA    AHH    cSpr^H  AA 
GHBHp. 

Mpz  MAH  npt  o^pA^x  ps^A"" 


père  du  tsar  Pierre  le  Grand  qui, 
plus  tard;  vint  ici  chez  nous,  en 
Moldavie.  Grâce  à  ses  connais- 
sances, il  devint  interprète  du 
tsar;  il  apprit  au  prince  impé- 
rial, Pierre  Aleksêevic,  à  lire  et 
à  écrire  et  parvint  à  beaucoup 
d'honneurs  et  de  richesses.  Le 
tsar  Alexis  Mihajlovic  l'envoya 
en  ambassade  auprès  du  grand 
empereur  de  la  Chine.  Il  resta 
dans  ce  pays  deux  ou  trois  ans,  et 
l'empereur  lui  prodigua  les  hon- 
neurs et  les  présents.  Il  vit  une 
foule  de  choses  curieuses  dans  cet 
empire  des  Chinois,  et  on  lui  fit 
cadeau  d'un  vase  plein  de  pierres 
précieuses  et  d'un  diamant  gros 
comme  un  œuf  de  pigeon.  Quand 
il  revint  de  ce  voyage,  il  arriva 
que  le  tsar  de  Moscou,  Alexis  Mi- 
hajlovic, mourut;  alors  les  séna- 
teurs de  Moscou  vinrent  à  sa  ren- 
contre, lui  enlevèrent  les  présents 
qu'il  avait  reçus  et  tout  ce  qu'il 
possédait,  puis  le  bannirent  en 
Sibérie.  Il  y  resta  quelques  an- 
nées en  exil. 

Après  l'avènement   du  tsar 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  41 

KZHA^CÉ  IltTpS  ^nzpaT,  ^sîwa     Pierre,  fils  d'Alexis  Mihajlovic, 
a8h  ÛM^\y\  MHVaHAOBHMb,  KÂ-     de  ce  Pierre  qui  est  venu  ici  chez 
pjAi   4S   BÉHHT   aHM-k  f  ^ap£     nous,  en  Moldavie,  et  qui  s'est 
A  McAAOBa  AÉ  ca8  bzt«t  kS     battu  avec  les  Turcs  sur  le  Prut, 
TépMÏH    AA  npéT,    Aa  Gtxhh-     à  Stanilestï,  en  aval  de  Husï,  dans 
AÉi|JH,   AH"  M'wc  A«  XéiUH,  f     le  district  de  Fîlciu,  [Nicolas]  le 
i^hmStSa  Ozamk-aSh,  âgtOHcaS     camard  parvint  à  faire  passer,  de 
kzphSa  AH"  Ghbhp  kS  KzpUH     Sibérie,  audit  tsar  Pi  erre  Aleksêe- 
Ad  js,im^A,  AA  ^^nxpdTSA  lié-     vie  des  lettres   dans  lesquelles 
TpS  flAÉâÏÉBHHb  A^  ^^  ^^viér     il  lui  racontait  ce  qu'il  avait  fait 
ipHpÉ    A*    TOdTÉ    M-kS    ^zkSt     et  comment  il  était  exilé.  Aussi- 
lUH  kS/U  6CTÉ  cSprSH.  ^T^HM-k     tôt  le  tsar  Pierre  Aleksêevic  mau- 
IIiTpS  ^AÉpBHMK  .fnxpAT  ^-     da  Ics  sénatcurs  ct  Icur  posa  cctte 
A^TX  ^S  KÏÉMdT  CÉHATOpiH,  lUH     qucstiou  :  «  Où  est  mon  précep- 
ra'y  ^TpŒAT  3HKâHA  :  «  OVHAÉ     teur,  celui  qui  m'a  appris  à  lire 
6CTÉ  A^^'^»^^'^^^  '^^^>  **^^  ^^  '^^^     ^*  ^  écrire?  Hâtez-vous  de  me  l'a- 
.f  BZ^aT  KapTÉ  ?  ÛkÛm  KSpxH a     mener.  »  [Ceux-ci]  dépêchèrent  un 
c%A    Âj\,^^îii,ii.  »     IUh    .\.j^Âr^     courrier,  qui  amena  [Milescu]  à 
Â^  pxnf3HT  AÉ  waa'K  qjh  aaS     Stolica,  auprès  de  Pierre  Alek- 
^A^c  AA  IléTpS  ^ÎAÉâÏÉBHMk,  .f-     sêcvic.  Lc  tsar  de  Moscou  lui  fit 
nxpaTSA   MockBaSh,   .f  Gtô-     raconter  ce  qu'il  avait  vu  et  ce 
AHU,x;  uiM   AÀ^  .fTptKaT   M^kS     qu'il  avait  cu  à  souffrir,  et  luircn- 
BZ3ST    lUM    M-kS   nzuHT  ;    uiH     dit  tout  ce  que  les  sénateurs  lui 
raS   RAXTMT   A8KpSpHAÉ  TOATÉ     avaient  enlevé,  jusqu'à  une  tête 
^M-kAÉ  jii,iAA  CÉHaTopH  MÉH  aS-     d' épingle.  Le  tsar  fut  saisi  d'ad- 
ac2i  nzHX  Aa  ^\[H  Kan  a«  '^45^5     miration  en  voyant  le  gros  dia- 
UJH  AÏ'î^'VvaHTyA  MÉA  MapÉ,  ^-     maut;  le  camard  en  fit  don  au 
nzpaTS,   A^"*   "<«  ^^^   BZ3ST,     trésor  impérial,  et  reçut  quatre- 
caS    MHpar,    iuh   aaS   aât   .f     vingts  bourses  d'argent.  Le  tsar 


42 


EMILE  PICOT. 


kxphSaSh  raS  ji,Ar  vvnT3ÉMH  j\i 
ni^HgH  J!l,(  kàh»  ;  ujh  /\aS  /\SaT 

UJH  AÀH  n^c  rap  c^-kTHHK.  IIJh 
K2H^  iS  pac  BapecAt  .j^n^paVS/v 
MocKaAHAivp;  <StShh^  kzha 
uiaS  cKHMKa'T  nopTSa,  ^TSHM'k 
cHHryp  .pzpaTSa  ra8  pa'c  K<(p- 
ea  kS  MKHa  a^h. 

UIh  iS  TpZMT  KzpHSa  nXHZ 
aa  â;4,6a  a*^'^"'^  'Î'^^"  A/VHyaH 

Boa*    Pa'KCBHL^X;    UJH    iÎTyHM'k 

i8  /uypjjT,  KapÉ  /wape  miîhcté 
ia'y  ^XK^T  .jvnxpa'Tya  aa  /uôap- 
T^  aSh,  UIH  MapÉ  nzp-kpf  /i,é 
pxS  <ÎS  âs^T  ^Snz  ^xhcSA;  kz 

épà  TpÉG^HTWp  Aa  ÂH-kAf  Bp{/V\H. 
PZ/Ua'cay  iHÉA^H  KZpH  ^iÉHÏWpH 
UJH  HfnOL^H^  UJH  J8  ÂifWïiC  O^nIh 
A'by  4^0CT  nOAKOBHKMH  CnpÉ  CA^- 
îKEa  IVLJJHpïH,  KZ    C(  .{vCSpaCZ  6A 

iKOAWvV*  AiJa'ca  MocKaAKz,  uih 

aHMH  AHH  A\cA;i,6Ba  TpÉH  mno- 
u,H  A*  4^pa'TÉ  4,É  CE  âuj(3acE  ujh 

6H  m  AZHrZ  OVHKK»A  céS  ;  UJH 
<SmIH  iB^k  AAHAZ  J^tAA  ,f.mÇ'LU,\t, 
iUit    iKOAlV    <Sy    /WSpHT. 


le  reprit  en  grâce  et  en  affection 
et  le  nomma  de  nouveau  son  con- 
seiller. Et  quand  le  tsar  fit  couper 
la  barbe  aux  Moscovites^  à  l'épo- 
que où  eut  lieu  le  changement  du 
costumC;  il  rasa  lui-même,  de  sa 
main,  la  barbe  [de  Milescu]. 


Le  camard  vécut  jusqu'au  se- 
cond règne  de  Michel  Eacovità, 
sous  lequel  il  mourut.  Le  tsar  lui 
fit  rendre  de  grands  honneurs  fu- 
nèbres et  le  regretta  vivement, 
car  c'était  un  homme  fort  utile  à 
cette  époque. 

[Milescu]  le  camard  laissa  des 
fils  et  des  petits -fils.  Plusieurs 
sont  devenus  colonels  au  service 
[russe],  car  il  s'était  marié  en  Eus- 
sie  à  ime  Moscovite.  Trois  de  ses 
neveux,  fils  de  son  frère,  quit- 
tèrent la  Moldavie  pour  aller  le 
rejoindre.  Ils  s'établirent  auprès 
de  leur  oncle,  furent  bien  accueil- 
lis par  le  tsar  et  moururent  en 
Moscovie. 


NICOLAS  SPATAK  MILESCU.  43 

(JleTonicigijie  Il'bpiï  MojidoBiï,  nsBJiikaTe  neiiTps  jp.n- 
Tiïamï  daTt  de  M.  Kor'Bjmmeans,  II,  lamiï,  1845,  in -4, 
209—211.) 


II.  —  Bibliographie. 
I. 

BhbaÏ/«s  II  a^ÉK^  Il  J>k,iiMmyacKA  GKpHnTSpz  ||  4aihéh  békh 
UJH  aAïMÉH  HOaw  A'kifi.  I  ToaTÉ  II  Ka'pÉ  cay  tjÇva'/vixmht'  A^npt 
AHM'ea  éaHH'kcK;^  cnpï  ^u.tA'kyÉp'k  ||  ahm'kïh  p^ms^hél^h  KSno- 

P^HKa     rip-t     E^H^aSh     KpÉL|J»IHK^   ||  UIH     ai5/MHHaT8A8H     /1,6/M'Hb    \\ 

IwaHk  lUz^EaHh,  KaTaK03HHÔ  Kacapa'KZ  Roib6/i,k  ||  ujh  kS  .jv- 
;!i,i/v\'Hap'k  AS/UH-kAijH  ||  KocTa^HHii  BpKHKCiB'kHSAb  /uapcac  a'c- 
ro^sxTk.  Il  HïnOTk  a*  ^^'P'*  ^'^"^  /Mzpïm  caAï,  Ka'pfAt  ^^nz  npt- 

CTZKHp'k    aMÉCTi>H    A\AU    ||    C^C     nCMÉHHT*    A^'^  "^;    ITyT'fcpHHKyAk 

A<vui3ây  A^M  ÂA'kgÉp'k  aToaTïH  ||  u,zpii  pS/u^hél|jH;  ripe  a^'^^ W^" 
aSh  Aa8  KopoHaV  k8  a'^m'nîa  ujh  ctzh;^  iHHp-k  ^TOaTx 
u,apa  oyrpcR Aa'yÏÉH-  ÏUh  .[.TpS  3HAfAÉ  MzpifH  ca'ae  caiJ  ||  czB^p'- 

UJHTk     aMÉCTk     A,iWH'S^kKh.     A^BpS.       Ka'pCAE     IIJH     TOATZ    ]|    KÉA- 

T^maa   M-fe  A^^^^^^pi" "'*'»*  [^^^]  wa^  pZA"'^<*Th.  ||  Thr^phtS- 

Cay   .jvT^H    .^CKa'SHSAk    /MHTpOnOAIÉH     B^Ki^ptipH AOph,  ||  ^ 

Kp-feMA  nzcTopÎÉH  Ilp-t  c^shuhtSaSh  nxpHH'TÉ  Kirpb 
efCAÔcÏÉ  II  MHTponcAHTSAk  Li,KpïH^   lUH   ë^a'p'Y^  aa'tS- 

pHAC>pk^  Il  UIh  nïHTpS  M-t  J^l  WK'L|Jf  npÏHHUZ,  CAS  j\7.Çi\i\iT, 
H-t/USA^H     p^/U^HÉCKk    ||    AA     aH^Ak     ^ÉAA      ^^aHtp'fc     a8<MÏH, 

/3PM3.  Il  îapz  ji,iAA  GnzcÉHÏA  aS/mîm^  t^X^^-  il  -f'^^"**  ^^^" 


44  EMILE  PICOT. 

hoém'bph  .f  r,  3HAÏ.  [La  Bible,  c'est-à-dire  l'Ecriture  sainte 
de  la  vieille  et  de  la  nouvelle  Loi,  entièrement  traduite  de 
langue  grecque  en  langue  roumaine,  par  ordre  du  bon  chré- 
tien et  prince  éclairé,  Jean  Çerban  Cantacuzène  Basarabâ, 
voïévode,  à  l'instigation  du  seigneur  Constantin  Brînco- 
veanu,  grand  logothète,  neveu  de  Son  Altesse,  par  sa  mère; 
lequel,  après  la  mort  dudit  prince,  par  la  grâce  du  Dieu  puis= 
sant  et  le  choix  de  toute  laValachie,  a  été  couronné  seigneur 
et  maître  de  tout  le  pays  d'Ongro-Vlachie;  sous  le  règne 
de  qui  a  été  terminé  ce  saint  travail  et  qui  en  a  seul  sup- 
porté la  dépense  considérable.  Imprime  pour  la  première 
fois  au  siège  de  la  métropole  de  Bucarest,  sous  le  pontificat 
de  très  saint  père,  messire  Théodore,  métropolitain  du  pays 
et  exarque  ad  latus.  Offert  au  peuple  roumain  pour  le  profit 
génércd,  en  Van  7196  de  la  création,  1688  de  la  rédemp- 
tion, le  10^  jour  du  mois  de  novembre.  Li-fol.  de  932  pp.  et 
1  f.  non  chiffr. 

Le  titre  est  imprimé  en  rouge  et  en  noir.  —  Le  verso  du  titre  porte 
les  armes  de  laValachie  accompagnées  de  8  distiques  roumains  du  logo- 
thète Eadu  [Greceanu]. 

On  connaît  par  les  auteurs  que  nous  avons  cités  plus  haut  (p.  9)  le 
nom  du  véritable  traducteur,  mais  ce  nom  ne  figure  ni  sur  le  titre  ni  dans 
aucune  autre  partie  du  volume.  Il  est  dit,  au  contraire,  dans  la  préface  que 
Çerban  Cantacuzène  s'est  adressé,  pour  la  traduction,  à  des  hommes  fort 
versés  dans  la  langue  grecque  :  Germain,  archevêque  de  Nis,  Eadu  [Gre- 
ceanu], grand  logothète,  ^erban  [Greceanu],  son  frère,  second  logothète, 
enfin,  après  la  mort  de  Germain,  Métrophane,  évêque  de  Huçï.  Ces  quatre 
personnages  durent  se  borner  à  revoir  le  texte  de  Spatar. 

Nous  connaissons  des  exemplaires  de  ce  rare  volume  à  la  Bibliothèque 
nationale  de  Bucarest  et  à  la  Bibliothèque  impériale  de  Vienne.  M.  Alexandre 
Odobesco,  chargé  d'affaires  de  Eoumanie  à  Paris,  en  possède  un  troisième, 
qu'il  a  bien  voulu  nous  communiquer. 

Des  extraits  de  la  Bible  de  1688  ont  été  donnés  par  M.  Cipariu  (Cresto- 
matia  seau  Analecte  literarie;  Blasiu,   1858,  in-8,  185 — 194). 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  45 


II. 


Cronîca  pre  scurt  a  Romînilor. 

Nous  ne  possédons  de  cette  chronique  qu'un  fragment  relatif  à  l'origine 
des  Roumains.  Ce  fragment  a  été  imprimé  pour  la  première  fois  dans  le 
recxieil  intitulé  :  Istoria  Moldo-Boniànîei  .  .  .  (Bucurescï,  George  loanid,  1858, 
in-8),  I,  297—376.  Il  a  été  reproduit  depuis  par  M.  Cogâlniceanu  (Cronicele 
Bomâniei,  séu  Letopisefele  Moldavîei  p  Valahiei,  a  doua  editiune,  I,  85 — 126). 
Nous  avons  dit  ci-dessus  que  l'attribution  de  la  chronique  à  Nicolas  Spatar, 
attribution  proposée  par  M.  Hâçdeu,  nous  paraissait  fort  probable.  M.  Cogâl- 
niceanu pense  au  contraire  que  l'auteur  de  ce  travail  historique  était  origi- 
naire de  la  Yalachie  et  ne  connaissait  pas  la  Moldavie.  Cette  opinion  s'appuie 
probablement  sur  un  passage  de  la  p.  111  des  Letopisefe,  où  il  est  dit  que  sous 
le  nom  de  Roumains  on  désigne,  non  seulement  «ceux  d'ici»,  c'est-à-dire  sans 
doute  les  habitants  de  la  Valachie,  mais  encore  ceux  de  Transylvanie  et  de 
Moldavie.  Ce  passage  s'explique  tout  naturellement  en  supposant  qu'il  aura 
été  écrit  pendant  le  séjour  de  Spatar  en  Valachie.  Il  est  à  observer  que,  quel- 
ques lignes  plus  bas,  le  chroniqueur  parle  des  étrangers  devenus  Roumains 
par  suite  de  leurs  alliances  et  d'un  long  séjour  au  milieu  des  Roumains, 
dans  des  termes  qui  conviennent  parfaitement  à  la  famille  de  Spatar. 

Quant  à  la  date  de  la  chronique,  elle  peut  être  déterminée  approxima- 
tivement à  l'aide  de  certains  passages.  L'auteur  fait  allusion  (p.  108)  srn 
comis  moldave  lonita  Racovita;  plus  loin  (p.  123)  il  parle  de  Georges  Bran- 
kovic,  gentilhomme  d'origine  serbe,  que  le  prince  de  Transylvanie  Georges 
Râkôczi  aurait  chargé  d'une  mission  en  Russie  en  même  temps  que  son 
frère,  le  métropolitain  Sava  Brankovic.  Il  y  a  ici  une  erreur  facile  à  rectifier. 
Sava  II  Brankovic  et  Korenic,  de  Podgorica,  fut  appelé  au  siège  métropolitain 
grec-oriental  de  Transylvanie  le  28  décembre  1656,  et  déposé  le  2  juillet 
1680  (voy.  Pope'a,  Veclii'a  MetropoUa  ortodosa  romana  a  Transilvaniei ;  Sabiniu, 
1870,  in-8,  77).  Ce  fut  en  1668,  sous  Michel  Apafi  (et  non  sous  Georges 
Râkôczi,  qui  avait  été  renversé  en  1657  et  était  mort  en  1660),  qu'il  se 
rendit  en  Russie,  accompagné  de  son  frère  Georges,  celui  qui  prétendit  plus 
tard  au  titre  de  despote  serbe  et  fut,  par  ordre  des  Impériaux,  enfermé  à  Cheb 
(Eger)  en  Bohème,  où  il  mourut  (voy.  Safafik,  Geschichte  der  sUdslawisclien 
Lite)-atur,  III,  180).  Le  voyage  du  prélat  avait  pour  but  de  recueillir  des 
aumônes  en  vue  de  reconstruire  son  église  et  sa  résidence  que  les  Turcs 
avaient  détruites.  Il  le  renouvela  en  1675  (Hintz,  Geschichte  des  Bisthwns  der 
griechisch-nichtunirten  Glaubensgenossen  in  Siebenburgen  ;  Hermannstadt,  1850, 
in-8,  26);  mais  on  ne  dit  pas  que  Georges  Brankovic  l'ait  alors  accompagné. 
Les  détails  que  nous  venons  de  relever  nous  portent  à  croire  que  si, 
comme  cela  nous  paraît  probable,  le  fragment  de  chronique  est  l'œuvre 
de  Spatar,  il  dut  en  écrire  au  moins  une  partie  alors  qu'il  était  en  Valachie. 
Il  séjourna  une  première  fois  dans  ce  pays  vers  1663  et  y  revint  peut-être 
avant  de  s'établir  définitivement  en  Russie,  entre  1668  et  1672,  pendant  la 
période  de  sa  vie  sur  laquelle  nous  n'avons  aucun  renseignement. 


46  EMILE  PICOT. 


m. 

Ecrit  d'un  seigneur  moldave  sur  la  créance  des  Grecs. 
—  Encliiridion,  sive  Stella  orientalis  occidentali  splendens, 
id  est  Sensus  Ecclesiae  orientalis,  scilicet  graecae,  de  tran- 
substantiatione  corporis  Domini  aliisque  controversiis  a  Ni- 
colao  Spadario  [sic],  Moldavo-Lacone,  barone  ac  olim  ge- 
nerali  Wallacliiae  conscriptum,  Holmiae,  anno  1667,  mense 
febr. 

La  Perpétuité  de  la  joy  de  V Eglise  catholique  touchant  V Eucharistie,  deffen- 
due  contre  le  livre  du  sieur  Claude  [par  Antoine  Arnaulcl  et  Pierre  Nicole]. 
Paris,  Savreux,  1669,  in-4,  II,  50—54. 

Schrock  {ChristUche  Kirchengeschichte;  Leipzig',  1768 — 1802,  35  vol.,  in-8, 
IX,  78)  cite  de  ce  petit  traité  une  édition  séparée  qui  aurait  paru  à  Stock- 
holm en  1667.  Cette  citation  repose  probablement  sur  une  erreur.  Spatar 
ayant  remis  son  manuscrit  à  M.  de  Pomponne,  qui  s'empressa  de  l'expédier 
à  Paris,  on  ne  voit  pas  comment  ni  pourquoi  V Enchiridion  aurait  été  im- 
primé en  Suède. 


IV. 

rpÉKO-AaTHHO-PyccKH  GAORapb.  [Dictionnaire  grec-latin- 
russe.] 

Cet  ouvrage  est  mentionné  par  Spatar  au  mois  de  mai  de  l'année  1672 
(voy.  /i;ono.TiHeHie  kî.  aKianï.  HCTOpnqecKHM'B  ;  H33.  apxeorpa^HH.  KOMHcieio, 
VI,  n**  54);  nous  ignorons  s'il  l'acheva.  Nous  n'en  avons  vu  citer  nulle  part 
de  manuscrit. 


V. 

flpHÔ/MOAOrid,  CHp^iHa  MHCACHOCAOBKHa/A  KHHPa^  BH£H>KE  H3- 
MHCA'kHÏÉMX  WnHCSîTCA  wkv^VX  AOCTOnaM'kTHKIA,  i  KBf;i,ÉHHK» 
BtC/Ua  hSH^^HKIE^  BnOA3S  AI<^BC«AAy/l,ph.lMZ  TipaTtAÉ/UX  o^-RpaHî- 
H/fVIOLfJHMC/ft    BnpOMHTaHill  H  BC>    O^MÉHÏH    KHi^KH{/UK    \'^AJSi,lCai]    \   Ha 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  47 

TpH  HaCTH  pa3AÉAHCA,  mji,i  niÇiRAA  HCHHCAAÉTX  KéIPH  OHHNyX  >KÉ 

caMOc   KAarc»KÉCTKÉHHOÉ  nHcaHïe  i  cE/^Ta/^  nïpkKOBz  HaSHatTz, 

BTCpaA  ONH^X  JKÉ  ^HAOCO^iH  AK«KO/\VS/l,pZCTKSM>TZ^  TpÉTHA  ÎKÉ 
CHM^K    >KÉ     HeH4ÉCK0É     CC»;l,ÉpHÎHTCA     O^pÉHHÉ.    [A    la    fin:]    Go- 

BEpujHC/A  H  npHBc^£C/ft  HOna/ft  cH/\  KHiH;HU,a  npHe/v\o- 
Aoria  WTz  AAS/i,parw  aiSîka  Hhkoaa^a  GnAÉ^AÇ^n^,  KA'fcxo 

^3pna;  CÉn&TÉKpHA  rî&  k*>  /i,éhu [Arithmétique,  ou 

Livre  de  la  science  des  nombres,  dans  lequel  sont  consi- 
gnées, à  l'aide  des  chiffres,  des  choses  merveilleuses  et  très 
utiles  pour  la  conduite;  ouvrage  propre  à  la  lecture  et  à 
l'enseignement  pour  ceux  qui  s'adonnent  à  la  philosophie  ; 
divisé  en  trois  parties  :  dans  la  première  sont  enseignées 
TEcriture  sacrée  et  la  sainte  science  ecclésiastique,  dans 
la  seconde  les  philosophes  se  livrent  à  l'étude  de  la  philo- 
sophie, dans  la  troisième  est  contenue  la  science  de  l'é- 
thique. —  Ce  nouveau  livre  intitulé  Arithmétique  a  été  ter- 
miné et  calculé  par  sage  homme  Nicolas  Spatar  en  Van 

7181  —~  1672,  le  26"  jour  de  septembre  .  .  .] 

Biblioth.  de  M.  le  professeur  N.  Kedrov,  ms.  in-fol.  de  148  ff.  —  Biblioth. 
du  monastère  de  Cudov,  ms.  n*'  159. 

M.  Kedrov  a  donné  une  notice  détaillée  et  des  extraits  de  son  ms.  dans 
le  jKypnaji'B  MHHHCTepcTBa  napo^Haro  npocBiinema,  1876,  I,  1 — 31.  — 
Le  ms.  de  Cudov  est  cité  par  l'archevêque  Filaret  dans  l'OôsopTb  pyccKOH 
/^yxoBHOH  jiHiepaTypH,  862—1720  (XapbK0BT>,  1859,  in-8),  351.  Ce  dernier 
auteur  indique  VÉthique  comme  un  ouvrage  distinct  de  V Arithmétique. 


VI. 

XpHC/MOAoriôHX,  CHp'kMk  HHHra  np(pcM{HOCAOBHa/ft^  WTX  npo- 
pCHicTBa  ^aHiHAOBa  cKa3aHÏÉ  cohîa  NaKS^o^^'HCcopa;  Tante  w 
MÉTypt^z  /MONapYla^si  bccachhu/A  h  w  aoîknomx  npcpou.'k  May- 


48  EMILE  PICOT. 

MÉT'k  H  l^dpCTBÎH    6rW.    HoTO/MX    np(;i,p{MEHÏ£    AeA    U,apA    RpïM^- 

Aparw  H  HHMYK^  IV  nA-kHCHiH  U,apArpay\,a,  h  iv  TspKa^x,  h  hto 

H/UaTk  KKITH  KZ  rfiéiiJ!L,^l\i(î  Bp£/VVA.  TaHÎÉ  IV  aHTHYPHCT^  H  W 
HHkl](%    H3pA/k,Hh.lY:&    Elliii\7..    M^KE    ECA    HA  TpH    IVCCEHKIA  KHHni 

pa3^'kaAK»TC/îv.  GDtx  js, ç^ ( r H'k h ui'i a  )(^apaTÉHNhJA  khhth 
6/\AHHC)-rpEMECKi<A  nçi(&tj\,iHA  UA  caaBEHCKiH  a-^hïK^  no- 
BEA^HïfMsi  KaaroMÉCTHR'kHiijariv^  THiuaHmarw,  caMO- 
/i^cp^aBH'tHUjariv  rocy/i^apA  u,apA  h  RMHKariv  kha3a 
û^(^\/^  MHYaHAOBHMa^  bcc/A  ËeaHKi^A  h  MaakiA  h  B'k- 
AKiA  PocÎH  ca/UO;i,ÉpîKi;a,  hpé3z  HHKoaaA  Gnaeapi/îv,  h 
HÉ  TOKMO  npÉRÉ^eHa,  HO  H  Ha  BCA  PAaBki  pa3aHHHa<A  H 
npocTpanHaATcaKOBaniA    erw  /MHorc>TpS/i,Hki/Viz  Tipa- 

niC/UK  npHAO^KEHa.    RlV   l^apCTB^HMjJEMZ  h  npCH/UtHHTO/UX 

rpaA'k  MocKBi:,  rz  a'kTO  wtz  cotbopéhïa  /uipa  7181  é^, 
iVTz  BonaoLpEHiA  îKÉ  Kora  GaoBa  1673,  /U-kcAij^a  MnHSa- 
pia  Bx  25  /i,ÉHk.    IIoy^aÉîKHTk  cî/î^  KHHra  pa3cy>K/i,ÉHiK>  npaBO- 

CaaBHfaJ/A    L|,EpKB(    H    BAarOMECTHB'kHUJarU'    U,apA    H    CAiW^J!L,lfi}¥iU,A 

pa3C/uoTp'kHiK».  [Chrèsmologe,  ou  Livre  de  prophéties,  ex- 
plication du  songe  de  Nabucliodonosor  par  le  prophète  Da- 
niel; item  des  quatre  monarchies  de  l'univers,  du  faux  pro- 
phète Mahomet  et  de  son  empire.  Prédiction  du  très  sage 
empereur  Léon  et  de  plusieurs  autres  personnages  touchant 
la  prise  de  Constantinople  et  les  Turcs,  et  ce  qui  arrivera 
au  temps  à  venir.  Item  de  l'Antéchrist  et  d'autres  choses 
extraordinaires.  Le  tout  divisé  en  trois  livres  différents. 
Traduit  en  langue  slovhie,  cUapr'ès  d^anciens  manuscrits 
grecs,  sur  V  ordre  de  très  pieux  et  très  pacifique  seigneur  et 
autocrate,  le  tsar  et  grand  'prince  Alexis  Mihajlovic,  auto- 
crate de  toutes  les  Russies  :  de  la  Grande,  de  la  Petite  et 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  49 

de  la  Blanche,  par  Nicolas  Spatar;  et  7ion  seulement  tra- 
duit, mais  encore  accompagné,  à  chaque  chapitre,  de  com- 
mentaires étendus,  qui  ont  coûté  beaucoup  de  peine  et  de 
persévérance.  Mi  V impériale  et  très  renommée  ville  de  Mos- 
cou, Van  de  la  création  du  monde  1181,  de  V incarnation  du 
Verbe  de  Dieu  1673,  le  26'  jour  du  mois  de  janvier.  Ce 
livre  est  soumis  à  la  censure  de  l'église  orthodoxe  et  à 
l'examen  du  très  pieux  empereur  et  autocrate.] 

La  Bibliothèque  impériale  de  Saint-Pétersbourg  possède  au  moins  trois 
copies  de  cet  ouvrage  :  celle  qui  faisait  partie  de  la  collection  Tolstoj,  in- 
fol.  de  195  ff.  (voy.  Stroev,  Onncame  pyKOnHceH  rpa*a  TojicxoBa  ;  MocKBa, 
1825,  in-8,  I,  n°  56),  celle  du  comte  Rumjancov,  in-fol.  de  327  ff.  (voy. 
Vostokov,  OnHcaHie  pyccKHX'B  h  CJiOBeHCKHXî.  pyKOnHceii  PyMaHu,OBCKaro 
Myaeyma;  C.-IIeTepôypri,,  1842,  in-8,  790—791),  enfin  celle  de  V.-M.  Un- 
doljski,  in-fol.  de  476  ft'.  (voy.  CjiaBaHO-PyccKia  PyKOnHCH  B.  M.  YH^Djib- 
CKaro;  MocKBa,  1870,  gr.  in-8,  409,  n°  656). 

Un  important  ms.,  qui  provient  de  la  bibliothèque  du  prince  B.  Vasilje- 
vié  Golicyn  et  qui  compte  357  ff.,  appartient  au  monastère  Antoniev  Sijski 
(n°  47);  il  contient,  outre  le  E7-ismologion,  cinq  ouvrages  dont  il  sera  parlé 
plus  loin,  savoir  le  Lim-e  appelé  VasiUologin,  le  Livre  composé  d'extraits  tou- 
chant les  neuf  Muses,  la  Description  de  Véglise  Sainte- Sophie,  le  Discours  pro- 
noncé par  V ambassadeur  de  Pologne  en  1674  et  le  Livre  hiéroglyphique. 

Trois  autres  mss.  existaient,  au  commencement  de  ce  siècle,  dans  la 
bibliothèque  du  prince  Paul  Demidov  (Muséum  Demidoff  mis  en  ordre  systé- 
matique et  décrit  par  G.  Fischer;  Moscou,  1806—1807,  3  vol.  in-4,  I,  n°  640, 
641,  642);  enfin  il  existe  encore  un  exemplaire  du  Hrismologion  dans  la 
bibliothèque  du  saint  synode  de  Moscou  (voy.  Gorski  et  Nevostruev,  Ouh- 
canie  caaBaHCKHX'B  pyKonHcen  chho^.  ByôjiioTeKH  b^b  Mockb*). 

Ajoutons  que  l'introduction  de  Spatar  a  été  publiée  en  1841,  par  M.  Pole- 
voj,  dans  le  PyocKin  B'ècthhk'b,  II,  383—400. 


VII. 

KhHPH  rC>cS/k,apCTBIHHC»H  W  KÉpYOBHhJ)fX  npaBHTÉAA](Z>  PoccÎH 
H  /l,pSrHj(Z  CTpaHX  ^pfBHHYZ  H  HCiBKIY%  Bp£/U{HK.  Bcfc  6TH 
KHHPH    CCCTaBAfHkl    nO    H;EAaHiK)    Ll^ap/ÎV    ÎIaé^Îa    J^i\Jh    HaC/\'fc/l,HHKa 

npÉCTOAa  i^apÉBHMa  Oto^opa.  [Livres  d'état  des  souverains  de 

4 


50  EMILE  PICOT. 

la  Russie  et  d'autres  pays  anciens  et  modernes,  recueillis 
par  ordre  du  tsar  Alexis  pour  l'héritier  du  trône,  le  tsaré- 
vitch Théodore.]  Ms. 

Stroev,  OnHcanie  pyKonHceii  rpa^a  ToaCTOBa,  I,  n°  215. 

Cette  compilation  fut  faite  par  divers  auteurs;  mais  Spatar  y  prit  une 
part  importante.  Voy.  /I|onojiHeHie  kt>  iiCTOp.  Akt.,  I,  190,  191,  193,  197, 
199,  217.  —  Filaret,  Oôaop'B  pyccKon  ^yxoBHOii  jiniepaTypH,  351.  —  ^ep- 
HiirOBCKia  enapxiajiHLia  B'È/^0M0CTH,  1864  ro/i;a,  nacTB  Heo*#Hi],ia:iiBHaa,  708. 


VIII. 
KHHra   BacH/vîwAorHHx,   et   ecTh,  GoMHCAÉHïf   hah  GOnHcame 

BCfcjfX  U,apfH;  HMÎÉ  KA)(S  RO  KCf/UZ  iWl^%  WT5&  BCfe^X  HapO^CBX 
^OKAÉCTKÉHH'kHlliiH  H  H/MÉHHT'kHUjiH,    WTZ  HA^AAA   Ml^A    ;i,OCf/\'k. 

[Livi-e  appelé  Vasiliolog-in ,  c'est-à-dire  Chronologie  ou 
Histoire  de  tous  les  empereurs  qui,  dans  le  monde  entier  et 
parmi  toutes  les  nations,  ont  été  les  plus  vaillants  et  les  plus 
fameux,  depuis  le  commencement  du  monde  jusqu'à  pré- 
sent.] 

Ce  traité  est  contenu  dans  le  ms.  du  monastère  Antoniev  Sijski  que  nous 
avons  décrit  ci-dessus;  il  en  occupe  les  ff.  246—300.  Il  doit  en  exister  des 
copies  séparées. 


IX. 

KHHra  H3EpaHHaA  KKparn-k  w  js,(&'kTn  ^^ca^^  h  w  cé/i,/mh 
cKOKOAHkix^  Y8/i,oîKÉCTBaj(z.  [Llvrc  composé  de  courts  ex- 
traits touchant  les  neuf  Muses  et  les  sept  arts  libéraux.] 
Ms.  in -4  de  65  ff.  —  MS/i,pocTb  hah  QnHcaHït  cé/i,mh  cbo- 

KOAHKIX^     \-SA'î'^*<^'rBZ,     KA/^     MTO     BS     CIK±     CC»/k,Ép:KHTX  f     H3Z 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  51 

6/\AHHCKarW     ^ïaAÉKTa     H3CA't/^C)BaHHIil     Ha     CaaBEHCKÏH 

ra3iiiK%    MPÉ3Z    HHKOAa/fi   GnaoapÏA,    a'kra    rocnoAHï^ 


^a^or.  [L'Intuition  ou  Description  des  sept  arts  libéraux, 
ainsi  que  ce  que  renferme  chacun  d'eux;  recueil  traduit 
de  langue  grecque  en  slovène  par  Nicolas  Spatar,  l'an  du 
Seigneur  1673.]  Ms.  in-4  de  12  ff. 

Le  ms.  dont  nous  venons  de  décrire  les  deux  parties  était  conservé  autre- 
fois dans  la  riche  collection  du  comte  Tolstoj  (voy.  Stroev,  OnHcanie  pyrco- 
nnceâ  rpa#a  TojiCTOBa,  377)-,  il  se  trou.ve  aujourd'hui  à  la  Bibliothèque  im- 
périale de  Saint-Pétersbourg.  Le  volume  est  supérieurement  calligraphié  et 
orné  de  figures  coloriées  d'après  les  dessins  de  Spatar. 

Une  autre  copie  se  trouve  dans  le  ms.  du  monastère,  Antoniev  Sijski, 
fol.  301—332. 


X. 
KHHra  w  GHKHA/\a](x.  [Le  Livre  des  Sibylles.]  Ms. 

Bibliothèque  impériale  de  Saint-Pétersbourg  (Rumjancov,  n°  227).  Cette 
traduction,  dédiée  au  tsar  Alexis  Mihajlovic,  fut  commencée  en  1673  et 
achevée  dans  les  premiers  mois  de  l'année  1674.  Voy.  /],onoaHeHie  k-b  aK- 
TaHï)  HCTOpniecKHM'B,  H33;.  apxeorpa*.  KOMHcieio,  VI,  n°  43. 


XI. 
QnHcaHÏc   npccaaBHMA   h   npcBEAHKiift    l^epkbc   H/umoBaHHkiA 

mS^écx  BccACHHki/ïv  00  ;i,cctohhctbS  comhcaaétca.  [Description 
de  la  très  fameuse  et  très  grande  église  appelée  Sainte- 
Sopliie,  à  Constantinople,  laquelle  est  à  bon  droit  comptée 
parmi  les  sept  merveilles  du  monde.] 

Cette  pièce  occupe  les  ff.  333—348  du  ms.  déjà  décrit  du  monastère 

Antoniev  Sijski. 

4* 


52  EMILE  PICOT. 

XII. 
U(piRC'j!L,^  cz  p'k4H  KaKOBS  npH  BfAHKO/uz  Tocy^ap-fc  nap'fc  H 

BEAHKOMK  KHA3't  ^AÉ^i'k  MH^aHAOCHM-k,  KCÉA  ËCAHKiA  H  M.A- 
AWA  H  B'tAkIifV  PoCciH  CaM<>AÉpîKU,'k,  rOKOpHAX  nOCAaHHKK  noA- 
CKOH    Ga/MOHAO    BïHl^CAaKCKOH,    KS/k^^MH    Ha    npî'kSA'k   KO    183-/UX 

r^js.'S  cmTAKpa  ko  18  yi,tHk.  [Traduction  du  discours  pro- 
noncé devant  le  grand  seigneur,  tsar  et  grand  prince,  Ale- 
xis Miliajlo  vie,  autocrate  de  toutes  les  Russies  :  de  la  Grande, 
de  la  Petite  et  de  la  Blanclie,  par  l'ambassadeur  de  Pologne, 
Samuel  Vencslavkoj,  lors  de  son  arrivée,  le  18''  jour  de 
septembre  7183=1674.] 

Cette  pièce  occupe  les  ff.  349-352  du  ms.  du  monastère  Antouiev  Sijski. 


XIII. 

KHHra  lepOrAH^jSÎHCKaA,  CKAlJJÉHHOKaATtAHa^,  CHp'kHI»  TaMHO- 
nttCMiHHAA,  laKW  WBkIKOma  BrHHTAHt  H  BaAHHW  hé  HHC/UÉH- 
Hkl/UZ,    HO    H^HBOnHCaHiE/U%    H'kKHMZt    TaHHKIAAIK    H    nfitiW^J\,^hiiVi^, 

raBHTH  BKicoKoio  /MS/k,pocTh,  H  oyMeHïÉ.  [Llvrc  hiéroglyphique 
hiératique,  ou  de  l'écriture  secrète;  comme  les  Egyptiens  et 
les  Grecs  avaient  coutume  d'employer  des  signes  secrets 
et  des  emblèmes,  peints  et  non  écrits,  pour  montrer  leur 
haute  sagesse  et  leur  haute  science.] 

Ce  traité,  qui  contribua  ijrobablement  à  faire  accuser  Spatar  de  sor- 
cellerie, se  trouve  à  la  fin  du  ms.  conservé  au  monastère  Antoniev  Sijski, 
fol.  353—357. 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  53 

XIV. 

KHHra    KX    Mïli,AX^    h    CZ    PÉMÉHÏÉMZ,    COHHHIHHaA    AldKapïfMZ, 

naTpiapxc^'Wa  fluTïwxificKHMX.   [Livre  en  figures,  avec  un 
texte;  composé  par  Macaire,  patriarche  d'Antioclie.] 

Cet  ouvrage,  daté  de  1674,  est  cité  par  M.  N.  Kedrov  (SKypHajiî,  mhh. 
Hap.  npocB.,  1876,  I,  4)  d'après  N.  Novikov  (Hciopifl  o  He.BHHHOMT.  aaio- 
xîeHiH  ÔoapHHa  ApieMOna  Cepriesma  MaiBteBa,  hs^.  2-e;  MocKBa,  1785, 
in-8,  39). 

XV. 

1.  KHHra,  a  bz  hih  nncaHO  nSTkUJÉCTKÏe  uapcrea  Ghkhpckofw 
WTX  ropOAa  ToKOACKa  h  a^  ca/uorw  pSBÉJKa  rocSAapcTBa  Kh 
xaHCKorw,  A-kra  7183,  M'kcA^a  ma\a  bz  3  h  a«m«^    ^  nncaHa 
cÎA  KHHra,  K^r^A  n«  o\fKa3S  RïAHKarw  tocSa^PA,  uapA 

H    RÉAHKarO    KHA3A    ÛA(^±/^   MnXaHAOBHMa,    RCfA   Réah 

KÎA  h  Maaki;^  h  K-kawA  Pocin  caMCAep^U^;  WTnSiMÉH-K 
BKiAZ  czMccKBW  BT.  KHTaficKOÉ  rcc8 AapcTBC  Hhko AaH 
GnaeapiH,  ^±TA  7183  /waÎA  bx  3-h  aé""--  [Livre  dans 
lequel  est  décrit  le  voyage  de  l'empire  de  Sibérie,  depuis 
la  ville  de  Tobolsk  jusqu'aux  frontières  du  royaume  de 
Chine,  le  3  mai  7183  (1675).  Ce  livre  a  été  écrit  lorsque, 
par  ordre  du  grand  seigneur,  tsar  et  grand  prince  Alexis 
Mihajlovic,  autocrate  de  toutes  les  Russies  :  de  la  Grande, 
de  la  Petite  et  de  la  Blanche,  Nicolas  Spatar  fit  le  voyage 
de  Moscou  au  royaume  de  Chine,  le  S  mai  7183.] 

Le  ms.  original  de  cette  relation  est  conservé  aux  archives  du  ministère 
des  affaires  étrangères,  à  Moscou  (KHHra  KHTaHCKaro  ^Bopa,  n°  5). 

Le  même  dépôt  possède,  sous  les  n-  3  et  4  de  la  même  collection,  les 
instructions  données  à  Spatar  et  les  correspondances  qu'il  adressa  pendant  sa 
mission  au  bureau  des  ambassadeurs.  M.  Bantys-Kamenski  (^Hn.T[0MaTHHe- 
CKOe  CoôpaHie,  23—36)  a  donné  quelques  extraits  de  ces  pièces. 


54  EMILE  PICOT. 

2.  HyTemecTBie  npe3i>  Chôhpl  otœ>  To6o;iLCKa  71,0  Hep^HHCKa  h 
rpaHHi],Œ)  KHTaa  pyccKaro  nociaHHHKa  HnKO^iaa  Cnaeapia  b^  1675 
ro^y.  ,4opoatHHH  /i,HeBHHKi>  Cnaeapm  cï>  BBe^enieMï.  h  npHM^iïa- 
HiaMH  10.  B.  ApceHBeBa.  C.-IIemep6yxm.  Tunoipa^n  Kupmôayma, 
e^  d.  MuH.  0^maHcoe^,  ua  ^eopn.  nAom.  1882.  [Voyage  à  tra- 
vers la  Sibérie,  de  Tobolsk  à  Nercinsk  et  à  la  frontière  de 
Chine,  par  l'ambassadeur  russe  Nicolas  Spatar  en  1675. 
Journal  de  voyage  de  Spatar,  avec  une  introduction  et  des 
notes  par  J.-V.  Arsenjev.  Saint-Pétersbourg,  Typographie 
de  Kirsclibaum,  hôtel  du  ministère  des  Finances,  place  de 
la  Cour,  1882.]  In-8  de  214  pp.,  1  f,  et  une  carte. 

3anHCKH  HMnepaTopcKaro  pyccKaro  reorpa*n^iecKaro  OômecTBa  no  OT^t- 
jiemio  8THorpa#m.  ToMt  X,  Bi,inycKï>  1.  [Mémoires  de  la  Société  impériale 
géographique  de  Eussie.  Section  d'ethnographie.  Tome  X,  1^'<=  livraison.] 

M.  Arsenjev  a  fait  suivre  le  journal  de  Spatar  d'un  certain  nombre  de 
pièces  également  tirées  des  archives  du  ministère  des  affaires  étrangères  : 
instructions,  notes,  dépêches,  etc. 

3.  CKasame  0  BeiHKon  piK'Ê  Aiiypi,  KOTopaa  pasi  pann^H^a  pyc- 
cKoe  ce^ienie  ci.  KHTaSi],aMH.  [Récit  du  grand  fleuve  Amour, 
qui  forme  la  limite  entre  les  établissements  russes  et  la 
Chine.] 

BiCTHnK-fe  Hmu.  PyccK.  Teorp.  06m.,  VII  (1853),  II,  pp.  15  et  suiv. 

Ce  récit,  publié  par  M.  Spasskij,  d'après  un  recueil  ms.  de  la  fin  du 
XVII"  siècle,  où  le  nom  de  l'auteiir  n'était  pas  indiqué,  a  été  restitué  à 
Spatar  par  M.  J.-V.  Arsenjev  (0  np0HCX03K7i;eHiH  «  CKasanii!  o  BejiHKOH  p^K-fe 
ABiypt.  »  OT/i,'fejn.HO  OTneiaTaHO  hsŒ)  HsBicTii  Hmd.  PycCK.  Teorp.  06m., 
XVIII  (1882),  in-8  de  10  pp.). 

4.  BipXoç  èv  -§  YÉypa'E'cai  7^  'O^oiTcopia  ttjç  paatXsiotç  toô  - 
STjixTTTjpioo  [sic]  àiuo  tYjc  TToXscoç  To[JL7c6Xa%Y]ç ,  [xs/pi  %al 
tcôv  6pi(ov  too  paadsioo  XTjcXT^vac,  èv  stsi  à§a[j-iatfp  7183. 
'Eypdçp'/j  ^è  aoxYj  otav  ocatà  TcpoaxaYTjv  toô  [XcyctXoo  aôGsv- 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  55 

irda^^ç  MsydXïjç,  Mtxpàç  t£  v.ai  AcO^Tjc'Pcoaaiaç  aôiroxpd- 
Topoç,  èTr£[JL^97]  àizo  zfiç,  MoaTcoêaç  {j-£i:à  '7up£o6ctaç  elç,  zo 
^aaiXeiov  zfiç,  Xi^vaç  'Niv.ôXaoc,  6  SiuaÔdpLoç.  —  [A  la  fin:] 
M£i:£(ppdaGïj  èv  £i:£i  1693  àiro  Xpiaroô  Y£VV75a£C0(; 
£V  [XTjvl  b%ta)6pi(p,  èv  TY]  [i-£Yiax'(]  ^aGiXe^oùo^Q  tz6- 
Xei  M6a%o6cf,  '7cpoaTdS£L  zoo  TuavoauoTdiroo  xal  Xo- 
Y^cotdToo  dyioo  dp)(t{iavopiT0O  tïjç  dytaç  zai  xpia- 
ToêaBtoToo  7udX£(oç  'l£pooaa>.7j{JL,  'jrapov'coç  %at 
aÔToâ  èv  T-^  [Ji£yiatY]  %al  Xa[Jt7up'^  7r6X£c  laox'r].  Ms, 
in-fol.  de  149  ff. 

Traduction  grecque  du  journal  de  voyage  de  Spatar. 

Ce  ms.  a  été  vu  dans  la  bibliothèque  de  feu  M.  Sophocle  Œconomos, 
d'Athènes,  par  M.  Sathas,  qui  en  a  donné  la  description  {NEOEkXr]viy.rj  'PO.o- 
Xoyfa,  399).  M.  Emile  Legrand  a  reproduit  cette  description  (Bibliothèque 
grecque  vulgaire,  III,  xxxiij)  en  rectifiant  M.  Sathas  qui  avait  cru  pouvoir 
attribuer  à  Spatar  lui-même  la  rédaction  grecque.  La  souscription  reproduite 
ci-dessus  porte  simplement  que  la  relation  du  voyage  en  Chine  a  été  tra- 
duite par  ordre  de  l'archimandrite  de  Jérusalem,  c'est-à-dire  de  Chrysanthe 
Notaras;  d'autre  part,  une  lettre  adressée  par  Spatar  au  patriarche  Dosi- 
thée  en  1693  dit  expressément  qu'il  n'a  écrit  que  le  texte  slovéno-russe. 

Nous  ignorons  en  quelles  mains  a  passé  le  ms.  de  M.  Œconomos.  M.  Spy- 
ridon  Lam_bros,  que  M.  Legrand  avait  prié  de  le  rechercher,  n'a  pas  réussi 
à  le  retrouver. 

5.  'OSoiTcopizov  Ypacpèv  oiav  %atà  TcpooTaY^iv  zoo  paai- 
X£coç'Ptoaaiaç'AX£yooMi)(a7jXG6itC  èirèfi.^pÔTj  diuô  xTjçMoa- 
jtxc,  [X£'cà  '7rp£a6£taç  £iç  zo  paatX£iov  ttjç  Kivolc;  Ni%6Xaoç  6 
STuaGdptoç,  èv  £X£t  diro  %'cta£a)ç  %6apL00  7183  [1675].  Ms. 
in-fol. 

Biblioth.  du  couvent  du  Saint-Sépulcre  à  Constantinople,  n°  575. 
M.  Emile  Legrand  possède  une  copie  complète  de  ce  ms. 


56  EMILE  PICOT. 


XVI. 

QnHCaHÏE  WTZ  nOAOÎKtHÏH,  /WhJT-k,  eCTÉCTB-k  H  npocTpaHCTB'k 

H  npoH.  KHTaHKcrw  rocSA'^pcTBa.  [Description  du  site,  des 
douanes,  du  climat,  de  l'étendue,  etc.  de  l'empire  de  Chine.] 

On  connaît  nn  assez  grand  nombre  de  mss.  de  cet  ouvrage  qui  est  encore 
inédit.  La  Bibliothèque  impériale  de  Saint-Pétersbourg  en  possède  plusieurs 
qui  ne  portent  ni  la  date  ni  le  nom  du  copiste. 

Un  exemplaire  qui  se  compose  de  350  pp.  in-fol.  appartient  à  M.  M.  Pe- 
trovski,  professeur  à  l'université  de  Kazan.  C'est  d'après  cet  exemplaire  que 
M.  V.-M.  Florenski,  dans  les  appendices  qu'il  a  joints  au  /^un-TiOMaT.  Coôpa- 
Hie  Tiit-TB  MesK^y  PocciÔK.  n  KHianCK.  rocy^apcTBaMH  de  M.  Bantys-Ka- 
menski  (p.  520 — 529),  a  donné  une  notice  et  quelques  extraits  du  livre. 

Le  plus  intéressant  des  mss.  connus  de  la  Descri^Dtàon  de  la  Chine  est 
celui  qui  fut  rapporté  en  1730  à  Paris,  par  M.  Soyer,  et  qui  est  coiiservé 
aujourd'hui  à  la  Bibliothèque  nationale  (Mss.  si.,  35).  Ce  dernier  exemplaire, 
qui  compte  211  fif.  porte  la  mention  suivante  :  GnHCdHNoe  KAarocAOBEHÏeMiv  a*- 

KparW    npHATÉAA    n*nÉMÉH?£AV<Ke    IwdHH<l    FdB.   GndpKEHefrtTd    R-K    KpdCKOH   H  HciROHÉAVÉHKÔH 

CAOK^A't  npH  iiApcTB!?i«ijjÉA»Ti  rpa^'t  MocKB-fc,  A-fera  cnaceHÏA  MjAOR'kcKarw  ^a^nt  a  wtti 
cosA-iHiA  A\Hpa  n<>  pScKOA»S  MHH-fcHiS  ^3pHA  (écrit  avec  la  bénédiction  d'un  bon 
ami,  par  les  soins  de  Jean  Gavrilovic  Sparwenfeld,  dans  la  Sloboda  (Fau- 
bourg) rouge  et  néo-allemande,  prés  de  la  ville  impériale  de  Moscou,  en 
l'année  de  la  rédemption  humaine  1685,  7194  de  la  création,  selon  le  com- 
put  des  Russes). 

Sur  le  titre  même  de  sa  Description  Spatar  nous  apprend  qu'elle  a  été 
écrite  par  ordre  du  feu  tsar  Alexis,  et  qu'elle  a  été  composée,  tant  d'après 
ses  observations  personnelles  que  d'après  les  récits  d'autres  voyageurs. 
L'ouvrage  compte  59  chapitres  dont  M.  Florenski  a  reproduit  les  titres;  il 
se  termine  par  une  histoire  de  la  guerre  des  Tatars  que  le  P.  Martinov 
(Les  Manuscrits  slaves  de  la  Bibliothèque  impériale;  Paris,  1858,  in-8,  105)  dit 
être  une  simple  traduction  du  livre  de  Mart.  Martini  intitulé  :  Historié  délie 
gueri-e  seguite  in  questi  ultimi  anni  fra  Tartari  e  Cinesi  (Milano,  1654,  in-8). 
La  narration  de  Martini  avait  eu  entre  1655  et  1661  deux  éditions  latines 
et  une  édition  française.  Voy.  Brunet,  III,  v"  Martini. 


XVIL 

GvMÉOHa,   Eaa>KCHHariv  apYïmHCKona   OïccaAOHiK'mcKarc»^   Ha 
epÉCH,  H  w  6;i,HH0H  npaBCH  Hamm  ^PHCTiaNCKOH  B'kp'k;  h  cba 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  57 

l^JtHHhJYX  CA^JKKaXX  H  TaHHa)fZ  l^ÉpKOBHW^X,  /l,KOÉC/V0BHdA  Ké- 
C(JiL,A.  H  W  KOÎKÉCTBÉHH'k/MZ  ^pa/U'k  H  W  H>KÉ  BX  HÉMZ  Afi\liQ(tE% 
H  lepÉÉBX  H  Ai^K<?"^KZ,  H  T%Z,  H](îKÉ  KÎhîKAW  H^X  W^ÉÎKAaMM 
CBATWMH    IVA'kATC/ft,    H    W    KOJKÉCTBÉHHO/UZ   TaHHC»/l,'kHCTBiH,    M 

TOAKOBaHÏÉ  Gv/MBoaa  npaBOcaaBHh.iA  YpHCTiaHCKÎA  Bi:pki,  h  H3- 

AOÎKfHÏI   p'kMmÎH  erC  WTKSaS  COBpaHH  rôTk  H  Ha    KÎHYX    CAO^fHH 

cSTb.  ITpHTCMz  cc>/i,ep>KHTÉaHKr/îv  npaBOcaaBHki/A  BHkpki  raaBki, 
CM  ecTk  côcraBh,!;  ^BaHa^ecATh,  h  taKW  ch^x  ive/i,ép}khtx  cba- 

IfiEHHklH    CVMBOaX;    H    W    WRJi,(Çi}K\iT(AHhlX^    ACKpO^'feTea'kYX,    H 

iVTB^vTki  Kz  H-kKiHMZ  Bonpcco/Mx  ap^iÉpÉa,  BC»np<»CHBiuS  erw, 
H  nccA^k^H  w  CBAijiÉHCB'k.  RoTO/WX  /wSAP'k"iuarw  h  caoBïCH'kH- 
uuariv  Mapna  BirriHiKa,  MHTponoaHTa  «^tcKarw,  TcaBOBaHÏÉ 

UEpKOBHU/A    Cai^îKBkl    H    IV    HH)(X    IVraaBaÉHÎA    HSîKAHaA    H    npÉKÔ- 

raTa^  ji,E.A.  HanïMaracA  hjkahbéhÎé/Wx  KaaroHÉCTHB-kHUjariv, 
npÉcaaBHarw  h  npici/îkhMpariv  h  THuiaHiuarw  kh/A3A;  rocnoAHHa 
IwaHHa  J\^K»,  BOÉBOAki  BCÉA  McaAOBaaYÎH  h  Bïa/MOH^Harw 
E.àâX^T(AA  H  HanaacTBSKMiJarw  bcéa  OifKpaHHKi;  npHa'kîKa 
hÎémk  h  HcnpaBaÉHÏi/MX  CACBicH-kHiuarw  HCTapia  BcaHKiA  u,epkbë 
rccncAHHa  ÎUMHHa  A/Vc/iHB^a  HpaKaiaHUTHHa^  bx  hp^mécthch 
narpiapiUÉCKOH  h  rccnoAapcTBïHHCH  wkhtéah  nfpBCBÉpv^JBHKiYx 
anocTOAx  H/umSÉ/WKiA  HïTau^Sa,  bx  aivT'k  cnacHTÉAHdMx 
1683-MZ^  Bx  M'kcAH'k  wktobpÎh,  bx  Met  Moa^aBÎM.  —  [A  la 
fin:]  HanÉMaracA  bo  FiaciM  Mca,i,aBCKi/îv  3ï/uan,  hjkahbéhïé/MX 
cyKW  npÉcUTÉAHariv,  EAaroHïCTHB'kHiuarw  h  rpébocyoahtéa- 
Harw  HrïMOHa  rocnoAHHa  IwaHHa  A^"^"?  bc»éb<»/i,IiI  bcé/î^  Mca- 
/k^OBaaYÎHCKÎA  3É/waH  rccno^apA  h  HanaaHHKa  bcéa  OvBpafiHw; 
TipaHÏÉ/UX  7Kt  H  HcnpaBACHÏ£/Vvx  cACBÉCHicHiiiarw  rocnc>yvnM<* 
IwaHHa  MoAMB^a  ïTfpÎHeiaHHHa,  npH  KCtrOAWKf3H'kHiiiÉMX  enHC- 
KonHk  Y^CKO/MX  Kvpx  AlVHTpc^sanHk,  bx  a-krc  wtx  XpHCTa  1683. 


58  EMILE  PICOT. 

û  Ha  caobehckIm  ra3MKz  nçi(E(Js^(c/^  iic  cHA'k  ivtx  /WHOro- 
rp-feiuNarw  TO/XKCBaTÉAA  HHKoaaA  Gnaeapi/A,  A'tra 
7206-riv  ctMTîA\EÇi\A  bz  26  /i,ÉHk.  [Traduit  en  langue  Slo- 
vène par  les  soins  du  très  fautif  interprète  Nicolas  Spatar 
en  7206  [1697]  le  26^  jour  de  septembre.]  Ms.  in-fol.  de 
749  ff.  (XVIII^  siècle). 

Bibliothèque  des  archives  du  ministère  des  affaires  étrangères  à  Moscou. 

Voici  le  titre  complet  et  la  description  de  l'original  grec  : 

ZujXEwv  11  Tou  IMazaptou  ||  àpyte-iaxoT^ou  ]]  GEaaaXov^y.y).;  ||  Kaià  atpEaEwv,  Ka\  nepi 
T^ç  [J.ovy];  opS-r^i  twv  XpiŒTiavwv  i^[j.wv  m'çswç.  Tôjv  ts  Σ-|]pwv  teXetwv  y.at  Muçr]- 
pfwv  z^i  'ExxXï;a(aç  ||  AtaXoyoç.  ||  ITspî  te  tou  Qe^ou  Naoîi  [|  y.cà  tSv  iv  aÙTw  àpx.t£- 
p/(ov  TE  TZîpi  II  lEp^wv  xal  otaxôvcov.  Ka\  twv  wv  sxaaTo;  jj  toutwv  çoXwv  Uptov 
rEpipâXXETat.  Kal  TiEpi  ttJç  ^E^aç  jj-uçay^ylaç.  |j  E'i'ctte  to  t^ç  opGoBo^ou  twv  Xpiçtavtov 
Ttfç'Ew?  EÛ1J.60X0V  £p[j.7i-||vE(a.  Ka't  Tœv  toutou  p7]aEcov  Exi9-Eai;,  o-5-EV  te  CTuvEX^yr)-|| 
CTfltv,  xal  xaT«  Tt'vwv  (Juyx£t[j.Eva(  eictiv.  "Eti  oe  T:£pt-|[EXTixà  tou  op^oSo'Çou  ■KlgEtùÇ, 
xE'-pâXaia,   TjTOt  |]  ap5-pa   owÔExa.    Kat   oTi   TauTa  jîspiE'jfEi  ||  to   '.spov  wU[j.6oXov.   Kai 

TTEpi    TWV    II    7:£pt£XTlX(0V     àpETr)?.    ||    ATTOXpfaElÇ     TE     T^po'ç    TlVaç    ÈptOT/lCTElÇ    'Ap/lEpE'cOÇ,    || 

i^pfOT»)XOT0ç  auTOV.  Kat  TE^EUTatov  Tzspl  II  'lEpwauvrjç.  MeO'wV  ||  tou  ao-fioTctTOU  za't 
XoyiwTttTou  II  Mapxou  EùyEVixou  [j.rjTpo7coX{TOu  'E'f^aou  ||  'Eli^yrjCTti;  T^ç  EXxXvjaiaaTixfJç  || 
'AxoXouôtaç.  Il  'E9''  otç  :i:tvax£ç  àvayxaîbi  ||  xott  TiXouaiwTaTot  oûo.  ||  Tu7:w^^VTa  8tà 
oa7:âv»);  tou  £ÙCT£6£çaTou  ivSoÇoTaTou  £xXa[j.7rpoTaTOu  te  Y.oà  yaXri-||voTâTOU  ;^y£[j.ôvoç 
xupfou  xupiou  'Iwavvou  Aouxa  BosêôSa  Ttaa/)ç  MoXBoSXaj/faç.  ||  tou  [lEyaXoTtpETïEÇaTou 
'Au5-^VT0u  xa'i  àpyr)you  ::â!Tir)i;  '0xpa'i.vr)ç.  ||  'EKtiJ-EXEia  xal  otop5-wa£t  tou  XoyicoTccTOU 
NoTapi'ou  T?)ç  piEyâXrjç  [|  'ExxXv)a(aç  xupiou  'Itoâvvou  MoX{6oou  tou  e^  'HpaxXE^aç.  || 
'Ev  TÎj  CTE6aa[j.^anaTpiapy[x^xai  «ùOevtix^  [J-o^Tl  '^^''  fl  T^p wcO''-opuœaf tov 
'AtioçôXwv  T7)xaXou[j.cvr]||TÇETaTÇouVa||'Ev  et  Et  awTYjpîw'.AXIir.  KaTa 
M^va  'OxTtjj6ptov.  ||  'Ev  riaafoj  Tf)ç  MoX8o6{aç.  —  [A  la  p.  391:]  'Etu- 
7ïto6r]  iv  rtaa!w  t^ç  MoXooSfaç,  àvaXw[j.a(7i  ij.ev  tou  jra-|jV£xXa[j.:i:poTa- 
Tou,  EÙaeSEÇaTou,  y.cnX  [XEyaXorpETCEÇaTou  ;^yE[Ao'voç,  KupfouKupfou  'Iw-|| 
avvou  Aoûxa  BosSo'voa  :ra<Tr)ç  MoXSoSXay^fa;,  Aù9^vtou  xai  apyrjyou 
::a-j|c7]ç  'Oxpafvrjç.  'E7ct[i.£XE(a  xat  Stop^'toffEt  tou  XoytcoTixTou  Kupiou|| 
Iwâvvou  MoX(6Sou  TOU  riEptvO^ou,  :zapà  tou  ÔEOçtXEÇaTou  ||  'Ej:taxo7:ou 
Xôuafou  xupiou  Mï]Tp09avouç.  ||  Ev  ETEt  ayn^'  [1683].  In-fol.  de  12  ff. 
lim.,  391  pp.  et  15  ff.  de  table. 

Le  verso  du  titre  est  orné  d'un  bois  représentant  les  armes  de  Molda- 
vie. Au-dessous  de  ce  bois  sont  quatre  distiques  signés  :  Jean. 

Le  2^  f.  contient  une  épître  de  Dosithée,  patriarche  de  Jérusalem,  aii 
prince  Jean  Duca.  Cette  épître  est  datée  d'Andrinople  le  20  mars  1673.  Le 
3*  f.  est  occupé  par  un  avertissement  du  même  Dosithée. 

Les  9  autres  ff.  lim.  contiennent  la  table  des  matières. 

Bibhoth.  nat.  de  Paris,  D  19  (Inv.  D  2).  —  Biblioth.  Mazarine,  n°  1380  A. 


NICOLAS  SPATAR  MILESCU.  59 


XVIII. 


yV,ïapï8Mx  HAH  ncRCÉAHÉKHOÉ  QnHcaHïe  nSTUJÉCTRÏA  kz  MocKR-k 
liicHtBÉAMOîKHorw  rccROAHHa  IrHaTiA  XpicTO^iCpa  ujAiaYTHMa 
y\fKBapuH%  H  Paaax^  CBAL|jmHarw  PS/WCKarw  LwntpÏA  h  Kcpo- 
AÉRCTKa  EïHrÉpCKarw  KaRaaepa,  cB/îM|JÉHHarw  I],fcapcKôriv  Béah- 

HtCTBa   CCR'kTHHKa  ^KCp^BOrW  H  BOÉHHOrW,  WTZ  aBrSCTHCH/WkH- 

luarw  H  HfnC'B'k/i.HM'kHUjariv  pHMCKarw  ÏMnfpaTcpa  Atonoa^a 
^-rw  KO  npÉCB'kra'kHiijlEMS  h  ^fpjKaRH'kHUJÉ/viS  u,apic»  h  béahko/vvS 
KHiA3K*  AlccKOBCKO/uS  IlÉTpS  ^AÉ^-fcÉBHMio  A'kxa  1698  rw  ROcaaH- 
HHKa  Mpf33RhiMaHHC>rw,  onHcaHHoe  wtz  IivaHHa  FtophA  KcpBa, 
CÉKpÉTapïA  nocaaHHHMÉCTBa  u,ÉcapcKC»rw.  IIphaoîkéhc  kx  cém8 
Ro3BpaipÉHÏA    ïrw   U,apCKorw  BÉAMMÉCTBa  wtx    eBpcnfHCKHYz 

CTpaHX  KX  CBOH/UX  pSBÉHîa/WZ,  H  K'kACTBÉHHarW  K^HTa  CTpta- 
l^CBZ,  H  Oï/'MHHÉHHC»riV    Ha   HH^X    RpHTCBCpa  H  CX  HCCA'kA^hMlJH/MX 

KpoBaBhiMX  HaKa3aHÙ/ux,  TaKîKÉ  h  iv  boaujhyx  j\,'kAA\'k  Mcc- 

K«'BCKH)^X  ntpÉ^HOBaTCÉ  H  nC»/l,aHHHOÉ  QnHCaHÏÉ.  Gx  npHBHAtrÏÉ/UX 

CBAi|iÉHHorw  «rw  l^tcapcKOrw  BtaHMÉCTBa.  FlÉHaTaHa  bx  B-tH-k 
flScTpÎHCKOH  HÊHaTÏK»  Aec»nc»ayi,a  RcHKTa,  Tvnorpa^a  aKa^^- 
iu'mcKoriv.  Ms.  in-fol.  de  208  ff.,  d'une  belle  écriture  du 
XVIII^  siècle. 

Bibliothèque  impériale  de  Saint-Pétersbourg,  F.  IV,  n°  321. 

D'après  M.  Byckov  (IlHCBMa  neipa  BeJiHKaro  xpaHHin,iaca  Bt  HMnepa- 
TopcKon  IlyôjiHHHOH  BiiôjriOTeK'fe;  C.-IIeTepôypr'B,  1872,  in-8,  138),  cette 
traduction  porte  le  nom  de  Nicolas  Spofari  fsicj. 

Voici  le  titre  de  l'ouvrage  original  : 

Diarium  itineris  in  Moscoviam  Perillustris  ac  Magnifici  Domini  Ignatii 
Christophori  Nobilis  Domini  de  Guarient,  &  Rail,  Sacri  Romani  Imperii,  & 
Regni  Hungarife  Equitis,  Sacr?e  Caesarese  Majestatis  Consiliarii  Aulico-Bellici 
ab  Augustissimo,  &  Invictissimo  Romanorum  Imperatore  Leopoldo  I.  ad  Se- 
renissimum,  ac  Potentissimum  Tzarum,  &  Magnum  Moscovise  Ducem  Petrum 


60  EMILE  PICOT.  NICOLAS  SPATAR  MILESCU. 

Alexiowiciuin  Anno  MDCXCVIII.  Ablegati  extraordinarii  Descriptum  a 
Joanne  Georgio  Korb,  p.  t.  Secretario  Ablegationis  Caesarese.  Accessit  Redi- 
tus  Suse  Tzarese  Majestatis  à  Provinciis  Europseis  ad  proprios  limites  peri- 
culosîç  Rebellionis  Streliziorura,  &  latae  in  eosdem  sententife  cum  subsecuta 
sanguinea  Execiitione,  nec  non  prfecipuarum  Moscovite  rerum  compendiosa, 
&  acciu'ata  descriptio  &c.  Cum  Privilégie  Sacras  Csesareae  Majestatis.  Viennœ 
Anstriœ^  Typis  Leopoldi  Voigt,  Universit.  Typog.  S.  d.  (le  privilège  est  daté 
du  8  octobre  1700),  in-fol.  de  3  ff.  lim.,  252  pp.,  pius  8  plans,  2  cartes  et 
4  &gg.  (Biblioth.  nat.  de  Paris,  M.  1180.  Rés.) 

Il  est  établi  aujourd'hui  que  Korb  était  presque  toujours  bien  renseigné 
et  que,  loin  d'avoir  voulu  dénigrer  la  Russie,  il  professait  au  contraire  une 
véritable  estime  pour  Pierre  le  Grand. 

Un  ms.  du  texte  russe,  différent  de  celui  que  nous  avons  décrit  ci-dessus 
(peut-être  l'autographe  de  Spatar),  existe  aux  archives  de  l'empire  à  Mos- 
cou. Voy.  Minzloff,  Piei-re  le  Grand  dans  la  littérature  étrangère  (St.  Péters- 
bourg,  1872,  in-8),  122—125. 

Une  traduction  anglaise  du  Diarium  a  paru  en  1863  :  Diary  of  an  Aus- 
trian  Sea'etary  of  Légation  at  the  Court  of  Czar  Peter  the  Great,  translated 
from  the  original  Latin  and  edited  hy  the  Count  Mac  Donnel,  K.  S,  I.  I.  (London, 
Bradbury  and  Evans,  1863,  2  vol.  in-8). 


BOSTON  PUBLIC  LIBRARY 


3  9999  06561  544  3 


Boston  Public  Library 
Central  Library,  Copley  Square 

Division  of 
Référence  and  Research  Services 


The  Date  Due  Card  in  the  pocket  indi- 
cates  the  date  on  or  before  which  this 
book  should  be  returned  to  the  Library. 

Please  do  not  remove  cards  from  this 
pocket. 


/^ 


.V»..,, 


'sy'^-'F 


-t  ^' 


^A^^-'^à- 


:  •>■ 


r^^ 


:  ri 


nm 


(■f^^