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http://www.archive.org/details/noticebiographiqOOpico
NOTICE
BIOGEAPHIQUE ET BIBLIOGEIPHIQDE
SiUJi
NICOLAS 8PATAR MILE8CU
AMBASSADEUR DU TSAR ALEXIS MIHAJLOViC
EN CHliXE
EMILE FI cor.
P x^ R I S
ERKEST LEROUX, ÉDITEUR
LIBliAIKE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
I.»E T/ÉCOEE DES LANGUES ORIENTA]. ES VIVANTKS, ETC
■28, RUE BONAPARTE, 2«
1883.
NOTICE
BIOGEAPHIQUE ET BIBLIOGRAPHIQUE
SUR
NICOLAS SPATAR MILE8CU
AMBASSADEUE DU TSAE ALEXIS MIHAJLOVIC
EN CHINE
4 O
l I ^..
PAR
EMILE PICOT.
P i^ R I S
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
DE L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES, ETC.
28, EUE BONAPARTE, 28
;hol
Extrait des Mélanges orientaux, publiés par l'École des langues orientales vivantes.
VIENNE. — TYP. ADOLPHE HOLZHATTSEN,
IMPRIMEUR DE LA COUR I. & R. ET DE L'UNIVERSITÉ.
NICOLAS SPATAR MILESCU,
AMBASSADEUR DU TSAR ALEXIS MIHAJLOVIC EN CHINE.
Peu d'hommes ont eu une existence aussi aventureuse
et se sont rendus célèbres par des facultés aussi diverses
que Nicolas Spatar de Milestï. Il appartient en même temps
à l'histoire littéraire de la Moldavie, de la Grèce, de la
Russie et de la Chine. Son origine, ses talents, ses crimes,
la mutilation qu'il subit, le hardi voyage qu'il exécuta pour
gagner Péking en traversant toute l'Asie, les renseigne-
ments précieux qu'il rapporta de son ambassade auprès du
Fils du Ciel, tout en lui concourt à exciter notre curiosité.
Cependant l'histoire de Spatar est si peu connue que la
plupart des orientalistes ignorent jusqu'à son nom de Mi-
lescu. Nous avons pensé que la Roumanie ne pouvait être
mieux représentée dans un recueil consacré aux études
orientales que par ung notice sur ce personnage extraordi-
naire. Nous ne faisons guère que suivre pas à pas dans la
plus grande partie de ce travail une étude publiée par
M. B.-P. Ha^deu dans un journal aujourd'hui introuvable \
1. Traianû, II (1870), n°' 7, 8, 9, 11, 13 et 14.
2 EMILE PICOT.
Cette étude est restée malheureusement inachevée; nous
nous sommes efforcés de la compléter à l'aide de quelques
autres sources'. Nous y avons joint le passage de la chro-
nique moldave de Jean Neculcea, dans lequel est résumée
la vie de Spatar, ainsi qu'une bibliographie aussi complète
que possible des ouvrages composés ou traduits par notre
auteur.
Nicolas Spatar naquit dans le district deVasluiû, en Mol-
davie, vers 1625. Sa famille, sur laquelle nous ne possé-
dons pas de documents, paraît avoir été originaire de la
Laconie^ Tout ce que nous en savons, c'est que le père
1. Les sources principales auxquelles nous avons eu recours, en dehors
de l'étude de M. Hâçdeu, sont : l'édition du Voyage de Spatar publiée par
M. Arsenjev, une notice de Mgr. Filaret, un article des Nouvelles diocésaines
de Cernigov, un article de M. N. Kedrov dans le Journal du ministère de
Vinstruction publique de Russie, enfin divers renseignements bibliographiques
dont nous sommes redevables à M. A. Byckov, le savant directeur de la
Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg. Nous donnerons plus loin les
titres détaillés des diverses publications auxquelles nous venons de faire
allusion, mais nous citerons dès maintenant un ouvrage récent de M. Banty§-
Kamenski, dont notre collègue M. Cordier a bien voulu nous communiquer un
exemplaire : /^HnjiOMaTHHecKoe Coôpanie ^iai. Meac^y PocciHCKHivi'B h Kniai-
CKmvrB rocy^apcTBaMH c^ 1619 no 1792-h ro/jj'b. CocTaBjieHHOe no ^pfiKjmeu-
TaMŒ., xpaHan],HBica s'a Mockobckom'b ApxHBt rocy/i;apCTBeHHOH Kojraerin
HHOCTpaHHBixŒ) /Ij'feji'B, B^ 1792 — 1803 ro/i;y. HiiKoaaeMï. BaHTBifflï.-KaMeH-
CKHMï). E[3/i;aHH0 Bt naMaTB HCTeKmaro 300 aiiia CnÔHpH B. M. ^jiopnH-
CKECM'b, et npHÔaBJiemaMH H3/i;aTe.o[a (KasanB, Tnnorpa^ia HMnepaTopCKaro
yHHBepCHTeTa, 1882, gr. in-8 de xij et 565 pp.).
2. Le titre d'un traité de Spatar dont nous parlerons plus loin, V JEnchiridion,
sive Stella orientalis, etc., porte «a Nicolao Spadario, Moldavo-Lacone
conscriptiim. » De là sans doute l'origine grecque attribuée à notre per-
sonnage par Zaviras (ap. Sathas, Bibliotheca graeca medii aevi, III, 493) et par
SathaS (i\80S>.X7)Vf/.ri <ï>iXoXoy(«, 399).
NICOLAS SPATAR MILESCU. 3
de Nicolas s'appelait GabrieP et que lui-même avait un
frère, appelé Apostol, qui est resté obscur ^ Le nom de
Spatar était son véritable nom patronymique ; mais, quand
il joua un rôle important en Moldavie , sous le règne de
Gheorglii|â, et qu'il compta parmi les boïars, il porta de pré-
férence le nom de Milescu, emprunté à sa terre de Milestïl
Nicolas Spatar quitta jeune encore la Moldavie et se
rendit à Constantinople, où il fit ses humanités sous Ga-
briel Vlasios ''. Il dut aux leçons de ce savant maître ces
connaissances étendues en tliéologie, en philosophie, en
histoire et en littérature que possédaient alors beaucoup
de Grecs. Il continua ses études en Italie, où il se per-
fectionna dans les sciences naturelles et mathématiques.
De retour dans son pays natal, il se fit aussitôt remarquer
par la solidité de son instruction; malheureusement cette
instruction n'était pas la seule chose qu'il eût rapportée de
Constantinople. Il avait puisé dans le commerce des Turcs
et des Grecs du Phanar un esprit à la fois hautain et cau-
1. En Eussie Nicolas porta le nom de Nikolaj Gavrilovic Spafari. Voy.
Bantys-Kamenski, 23, 5b0.
2. Codrescu, Uricariul, I, éd. a II., 402.
3. Frunzescu cite dans son Dic^ionarû topogrqficu si statisticû alû Eomâniei
sept localités du nom de Mileçtï; il n'en indique pas qui soit située dans
le district de Vasluiû. Nous savons pourtant que la terre de Nicolas Spatar
se trouvait dans ce dernier district (voyez le passage de la chronique de
Neculcea que nous reproduisons plus loin). Le domaine dont nous parlons
est mentionné en outre dans un chant populaire qui fait partie du recueil de
M. Alacsandii {Foesii pojpula7'e aie Românîlor; Bucurescï, 1866, in-8, 180).
4. Nicolas nous donne lui-même ce renseignement dans son Ënchiridion :
« Sapiens vir ac plus Gabriel Blasius, meus olim professer in urbe imperatoria. »
— (iabriel Vlasios était métropolitain de Naupacte (Lépante) et d'Arta; il
est cité comme telentre 1618 et 1632 (voy. Sathas, iXsoeXXrjvt/'.r] 4>iXoXoyta, 302),
mais ces dates ne sont pas les dates extrêmes de sou apostolat. Le séjour
de Nicolas Spatar à Constantinople ne saurait être placé avant 1640.
1*
4 EMILE PICOT.
teleiix, un amour de l'intrigue et une absence de scrupule
qui devaient peser sur sa vie tout entière. Le premier do-
cument où il paraisse être question de lui en Moldavie nous
le montre sous un jour peu favorable. Nicolas avait volé
au monastère de Tâzlâu un Tsigane, qu'il avait revendu
en Valachie pour la somme de 25 ducats. On était sous le
règne de Basile Lupul, et le code récemment promulgué
par ce prince édictait les peines les plus sévères contre
ceux qui commettaient un crime semblable. Quiconque avait
vendu l'enfant ou l'esclave d'un autre était puni des tra-
vaux forcés dans les salines, si c'était un boïar, et con-
damné à la potence, si c'était un homme du commun \ Il
est vrai que la loi admettait une foule de circonstances atté-
nuantes, qui sans doute étaient largement appliquées dans
la pratique ; aussi Nicolas ne fut-il l'objet d'aucune pour-
suite criminelle. Le propre frère du prince, l'hetman Ga-
briel, se contenta de lui transmettre sur le ton le plus ami-
cal la réclamation des moines de Tâzlau, en l'engageant
à restituer le Tsigane ou sa valeur ^
En 1653 Basile Lupul fut renversé par le logothète
Etienne-Georges, qui réussit à s'emparer du trône. Nicolas
1. Kd'pTÉ pOiU'kH-fecK'h Xi .^ETvUTiTSpffi ^,i^ô, MpdBHAÉiVf .pniip'hTfllJH (laSSJ, 1646,
in-foL), fol. 19, v°, art. 116; réimpression de M. Georges Sion, 1875, p. 15.
2. On trouve le texte de ce document dans V Archiva istoricà de M. Hâçdeu,
I, I, 1 35. — Le personnage à qui l'hetman s'adresse n'est désigné que sous
le nom de Nicolas de Vasluiû; aussi n'est-il pas absolument certain que ce
soit notre Spatar, mais l'identification est au moins très vraisemblable. La
pièce, qui n'est pas datée, doit être environ de l'année 1650, époque à la-
quelle Nicolas Spatar pouvait avoir 25 ans. Basile Lupul, qui monta sur le
trône en 1628, confia d'abord les fonctions d'hetman à son frère Gabriel,
qui est cité dans des diplômes de 1635 (Wickenhauser, Boliotin, I, 79) et de
1642 (id., Moldawa, I, 108), et qui dut mourir vers 1650. En 1652, un autre
frère du prince, Georges, était devenu hetman (Hâçdeu, Arch. I, n, 191).
NICOLAS SPATAK MILESCU. 5
sut gagner la faveur du nouveau prince. Sans être «secré-
taire d'état», comme il se vanta plus tard à M. de Pom-
ponne de l'avoir été, il occupa du moins un poste de con-
fiance. Lorsque, en 1655, le prince de Valachie Constantin-
Çerban, retenu prisonnier par les mercenaires étrangers
(seimenï), implora l'assistance de la Transylvanie et de la
Moldavie , Nicolas suivit Etienne - Georges en Valacliie.
L'armée moldave passa par le monastère de Niamf, et Spa-
tar, entraîné par son goût pour l'érudition, profita de l'oc-
casion pour fouiller les archives du couvent. Il y découvrit
une importante correspondance échangée au commence-
ment du XV'' siècle entre Jean Paléologue et le prince de
Moldavie Alexandre le Bon. Ces pièces ne se retrouvent
plus aujourd'hui, mais le métropolitain Georges nous en a
fait connaître le sens général, en même temps qu'il nous a
conservé le souvenir des études poursuivies par Nicolas
Spatar^ Aucun autre historien roumain du Xyil^ siècle
ne semble avoir eu le souci d'interroger les archives na-
tionales.
En 1657, l'Albanais Georges Ghica obtint le trône de
Moldavie; Nicolas trouva moyen d'être aussi bien en cour
que sous les règnes précédents. Ce fut à lui, en effet, que
Georges confia, en 1658,1e commandement d'un détache-
1. «Sous le règne du prince Etienne - Georges, il arriva que Nicolas le
secrétaire, frère cl'Apostol Milcul, se rendit au monastère de Niamt (il s'agit
du Nicolas à qui le prince Etienne fit couper le nez et qui traduisit la Bible
de grec en roumain alors qu'il était à Constantinople qapi-kiaya du prince
de Valachie Grégoire — cet ouvrage a été imprimé par ordre du prince ^er-
ban Cantacuzène). Ce Nicolas le secrétaire, sous le règne d'Etienne-Georges,
le 17 février 1655, lut les diplômes de l'empereur et du patriarche »
Codrescu, Uricarhd, I, éd. a IL, 402.
6 EMILE PICOT.
ment de 1000 hommes qu'il dut, par ordre des Turcs, en-
voyer au secours du prince de Transylvanie Akos Barcsai.
Celui-ci venait d'être désigné par le grand vizir Koprili
pour remplacer Râkôczi tombé en disgrâce ; mais les Mol-
daves semblent avoir été hostiles à Barcsai. Peut-être aussi
Nicolas Spatar, qui était un homme éclairé, ne voulait-il
pas s'associer aux actes de barbarie et de destruction par
lesquels les Turcs signalèrent leur passage \ Toujours est-
il qu'il ne se hâta pas de pénétrer en Transylvanie et que,
à peine entré dans le pays, il profita du premier prétexte
pour se retirera De la sorte les Moldaves ne purent être
rendus responsables des horreurs commises contre leurs
voisins.
Sous le règne de Stefanita, fils de Basile Lupul, qui rem-
plaça Georges Grhica vers la fin de l'année 1659, Nicolas
atteignit la plus haute faveur. Secrétaire et compagnon du
prince, tantôt il expédiait les affaires avec lui, tantôt au
contraire il se chargeait de l'amuser, jouait aux cartes avec
lui et s'asseyait à sa table. Au dehors, il affectait le luxe
d'un favori, menait grand train, sortait dans de brillants
équipages et se faisait précéder de coureurs semblables à
ceux du chef de l'état. Mais, parvenu au faîte des honneurs,
il fut pris de ce vertige qui perd le plus souvent les ambi-
tieux, et fut lui-même l'instrument de sa perte.
1. On en peut lire le récit clans Fessier, Geschichte von TJngam, bearb.
von Klein, IV, 287.
2. Miron Costin s'exprime ainsi : «^S tphmé'c min Tmi Boai>. dg^'f^'P'* t'^ aé
WaAUHH kS HeKSrtdH K-k'pnSa; Mé HdS #1iKST .STiKiBTi mSatti iÎKOAW .... HeKSrtafi
K^'phSa J^Yi'k BTiS-hHA noropHp-k aSh PdKOU,H IIJH ^MECTtKdTe ASKpSpfi, dS BEHHT kS
wdCT-fc Hè Ce rpHMHcéce.v Cogalniceanu, JIeTOnicin,iaeI],Œ>piiMoJi30Bii, 1, 341—342.
NICOLAS SPATAR MILESCU. 7
Comblé de bienfaits par Stefânitâ, Spatar put croire qu'il
n'avait plus rien à espérer d'un prince faible et fantasque,
qui ne laissait aucune sécurité aux boïars et qui pouvait
lui reprendre le lendemain ce qu'il lui avait donné la veille.
Ce fut sans doute cette considération qui entraîna Nicolas
à chercher un nouveau maître.
Constantin Serban, qui avait régné en Valachie de 1654
à 1658, et qui s'était vu enlever le trône par les Turcs à
cause de ses relations amicales avec Râkoczi, vivait main-
tenant retiré en Pologne. C'était un homme doux et bien-
faisant, à qui ses qualités avaient acquis de nombreuses
sympathies et qui tâchait de les mettre à profit pour res-
saisir le pouvoir en Valachie ou en Moldavie. Il avait
échoué jusqu'alors, mais on pouvait croire qu'il réussirait
tôt ou tard. Nicolas du moins le pensa et ne craignit pas
d'entrer en relations avec le rival de Stefânitâ. Suivant le
chroniqueur Jean Neculcea, Constantin Çerban ne voulut
pas devoir son succès à la trahison et révéla lui-même
au prince de Moldavie les manœuvres déloyales de son
secrétaire. Stefânitâ, dans sa colère, fit appréhender Nico-
las et, sans autre forme de procès, lui fit couper le nez^
Dès lors Milescu fut ordinairement désigné par ses com-
patriotes sous le sobriquet de Nicolas Cîrnul, c'est-à-dire
le Camard.
Notre personnage dut s'estimer heureux de se tirer d'af-
faire à si bon compte. Le plus souvent les princes de Mol-
davie faisaient couper la tête à ceux de leurs boïars qu'ils
soupçonnaient de conspirer contre eux, et Spatar était sim-
1. Yoj. le passage de Neculcea cité en appendice.
8 EMILE PICOT.
plement défiguré. Il s'enfuit en Valachie où régnait Gré-
goire Ghica, son parente Celui-ci lui fit le meilleur accueil
et le nomma son qapi-kiaya, c'est-à-dire son agent à
Constantinople^ Il y avait toujours entre les princes de
Moldavie et de Valachie une rivalité plus ou moins ouverte;
Grégoire saisit avec empressement l'occasion d'être désa-
gréable à Stefânitâ en acceptant les services du boïar pro-
scrit. Nicolasnemontramallieureusementpas plus d'attache-
ment ni de reconnaissance envers son nouveau maître qu'il
n'en avait montré envers l'ancien. Il se laissa gagner par
lelogothète ^erhan Cantacuzène, et trahit sans aucune ver-
gogne Grégoire Ghica^ En 1664, lorsque les Turcs et les
Impériaux se faisaient une guerre terrible, Milescu, d'ac-
cord avec les Cantacuzène, dénonça au sultan le traité qui
unissait Grégoire aux chrétiens. Le prince perdit le trône,
sans que sa chute profitât à ceux qui en avaient été les
instigateurs. Çerban Caiitacuzène dut attendre encore le
pouvoiiL^endant-^iîiîîze ans.
II.
Il est difficile de trouver une explication honnête au rôle
joué par Nicolas auprès de Grégoire Ghica, aussi bien qu'au-
près des autres princes qu'il avait servis; mais, si sa vie
1. La Neuville, Relation de Moscovie, 1698, 220.
2. Voy. ci-dessus, p. 5, en note.
3. Il est juste de dire que le vornic Stroie et le vestiaire Dumitraçcu,
à qui Grégoire Ghica avait confié la régence vers la fin de l'année 1663, au
moment où il partait pour l'armée, avaient fait mettre à mort, sous de
NICOLAS SPATAR MILESCU. 9
politique paraît n'avoir été qu'un tissu d'intrigues, on n'en
doit pas moins admirer le zèle avec lequel il s'adonnait à
la littérature et à la science. Pendant son séjour à Constan-
tinople il dota la langue roumaine de la première traduc-
tion complète de la Bible. Il existait déjà plusieurs versions
des Evangiles, soit manuscrites, soit imprimées; une version
de l'ancien Testament avait été imprimée à Orestie dès
l'année 1582; mais ces différentes traductions laissaient
beaucoup à désirer. Il s'agissait de les revoir, de leur don-
ner l'unité de langue et de style qui leur manquait, sinon
même de les refaire entièrement. Tel fut l'immense travail
que Nicolas exécuta dans un espace de temps qui paraît
avoir été assez court. Le manuscrit original passa entre
les mains de Çerban Cantacuzène, qui avait sans doute de-
mandé à Spatar de mettre les livres saints en langue vulgaire.
Lorsque ^erban fut monté sur le trône, il en fit faire à ses
frais une grande et belle édition; mais il se garda de citer
le nom du traducteur. Démètre Procopios' et le métropoli-
tain de Moldavie Grrégoire^ ont seuls réparé cette omission,
probablement volontaire. Nicolas Spatar semble, en effet,
avoir abandonné le parti des Cantacuzène quand il vit que
leurs efforts avaient échoué et que le trône de Valachie
était donné à Radu Tomsa, c'est-à-dire vers la fin de l'an-
vains prétextes, le postelnie Constantin Cantacuzène, père de f^si'ban. Dès
lors il était naturel que Çerban et ses frères fissent tous leurs efforts pour
venger leur père (voy. Engel, GescMchte der Moldau und Walachey, I, 310).
Le rôle joué par Nicolas Spatar à Constantinople sera probablement éclairci
par les documents contenus dans la seconde partie du tome IV du grand
recueil d'Hurmuzachi.
1. Ap. Fabricius, Bibliotheca graeca, II, 789.
2. Voy. le passage rapporté ci-dessus, p. 5, en no'te.
10 EMILE PICOT.
née 1664. Il quitta Constantinople et, n'osant rentrer ni en
Moldavie ni en Valachie, se dirigea vers l'Allemagne. L'é-
lecteur de Brandebourg Frédéric- Guillaume, qui accueil-
lait avec empressement les savants aussi bien que les offi-
ciers étrangers, était pour lui un protecteur naturel. Il fut,
en effet, fort bien reçu par ce prince, et passa quelque temps
à sa cour; mais, s'il faut en croire La Neuville \ l'électeur
reçut du roi de Pologne des renseignements très défavo-
rables sur le compte de Spatar, et le chassa.
Malgré ce nouveau revers, le séjour que Nicolas avait
fait dans le Brandebourg ne lui avait pas été inutile. Il
avait eu l'occasion de perfectionner ses connaissances his-
toriques, théologiques et littéraires. Ce fut sans doute alors
qu'il cultiva le latin au point de pouvoir le parler et l'écrire
couramment. Bien que nous n'ayons pas de détails sur les
études qu'il entreprit alors, nous sommes porté à croire que
ce fut en Allemagne qu'il commença la rédaction d'une
chronique roumaine que M. Hâsdeu lui attribue avec beau-
coup de vraisemblance ^ Le seul fragment de cette chro-
nique que nous possédions est relatif à l'ancienne histoire
de la Dacie et ne contient par conséquent aucun document
personnel; mais l'auteur témoigne d'une lecture approfon-
die des historiens anciens et modernes, dont les œuvres ne
devaient guère être accessibles en Moldavie. Le même
appareil d'érudition et les renvois aux mêmes sources se
retrouvent dans l'introduction d'un ouvrage rédigé quel-
ques années plus tard par Milescu, le Chrèsmologe , dont
1. Relation de Moscovie, 220,
2, Voy. Cogâlniceanu, Letopise^e, éd. a IL, I, 85 — 126,
NICOLAS SPATAE MILESCU. 11
nous parlerons plus loin. Aucun autre boïar roumain du
XVII® siècle ne possédait une science aussi vaste et aussi
variée. Du reste, Nicolas semble s'être désigné lui-même
dans un passage de la chronique, dans lequel T auteur rap-
pelle le temps où il était encore en Moldavie \
D'après Neculcea, le séjour de Spatar à la cour de Fré-
déric-Guillaume eut un résultat particulièrement important
pour lui. Un médecin allemand, recourant aux procédés
modernes de la rhinoplastie , parvint à lui refaire un nez.
Ainsi disparaissaient les traces les plus hideuses de la mu-
tilation que Nicolas avait subie. Il pouvait se présenter
d'une façon plus décente pour un courtisan.
En quittant le Brandebourg, Nicolas se rendit en Pomé-
ranie auprès d'un de ses anciens maîtres, le prince Etienne-
Georges, déposé parles Turcs en 1658, à la suite de l'al-
liance qu'il avait conclue avec Râkoczi et avec les Suédois.
Maintenant Etienne- Georges vivait retiré à Stettin^, à la
merci du roi Charles XI, qui lui avait abandonné quelques
terres. Il crut que nul ne saurait mieux que le fugitif mol-
dave soutenir ses intérêts auprès de la cour de Suède et
il le délégua comme son agent à Stockholm. Il lui donna
des lettres de recommandation pour divers personnages,
1. « JjtcT-K MHtIcK .^ A-kTOnHcél^SA («CtAAOBEHf'cK, KdpS, *IHHA êS .^KTi ^ MoAAOKil,
MM r-KCHT Ad îwHHHd PdKOKHUTi. — Je Us CGS mots daiis la chronique moldave
que j'ai trouvée chez lonita Racovita, dît temps que fêtais encore en Molda-
vie. » Cogâlniceanu, Letopise^e, éd. a II., I, 108.
2. Etienne-Georges, obligé de quitter la Moldavie, se rendit d'abord en
Allemagne (des lettres publiées par M. Hâçdeu, Archiva istoricà a Eomânieî,
I, I, 108, nous apprennent qu'il était à Vienne au mois d'avril 1660). Il
passa ensuite dans le Brandebourg (il arriva à Francfort- s ar- l'Oder dans
les derniers jours du mois de septembre 1662) et s'établit, peu de temps
après, à Stettin. Voy. Papiu Ilarian, Tesaiiru de monumente istorice, III, 76 — 104.
12 EMILE PICOT.
notamment pour l'ambassadeur de France, Aruauld de
Pomponne. Telle fut l'origine des relations que Nicolas eut
avec riiomme qui devait la faire connaître à l'Europe occi-
dentale.
M. de Pomponne, au milieu des négociations diploma-
tiques qu'il poursuivait, s'occupait alors de procurer des
renseignements à son père, Arnauld d'Andilly, et à son
oncle, le grand Arnauld, au sujet d'une question qui absor-
bait alors messieurs de Port-Royal. Un livre publié par le
ministre Claude pour combattre la présence réelle dans l'eu-
charistie, avait fourni aux docteurs catholiques l'occasion
de défendre contre les calvinistes ce qu'ils regardaient
comme la foi constante de l'Eglise chrétienne. L'ouvrage
à la rédaction duquel Antoine Arnauld et Pierre Nicole
prenaient la part principale, devait écraser les protestants
par le nombre et la diversité des témoignages. Comme
M. Claude s'était fait une arme de la fameuse Confession
de foi attribuée au patriarche Cyrille Lucaris, il importait
de démontrer que la Confession de foi attribuée à ce pré-
lat avait été rédigée par un adepte du calvinisme et ne re-
produisait nullement la doctrine de l'Eglise grecque. M. de
Nointel à Constantinople , M. de Pomponne à Stockholm
furent priés d'user de leur haute influence pour réunir des
informations précises sur la tradition orientale. Nicolas
Spatar, élève des écoles grecques de Constantinople et tra-
ducteur de la Bible, était plus apte que qui que ce fût à
guider M. de Pomponne dans ses recherches théologiques.
Il ne tarda pas à se lier avec lui et composa pour les au-
teurs de la Perpétuité de lafoy un petit traité dans lequel il
NICOLAS SPATAR MILESCU. 13
donnait raison aux catholiques. Comme le remarque M. Hâs-
deu, trois personnages se distinguèrent au XVIP siècle
en Moldavie par leur ardeur à combattre le calvinisme :
Pierre Movila, métropolitain de Kyjev, qui composa une
confession de foi opposée à celle de Cyrille; le métropoli-
tain Barlaam, qui publia en 1654 un Anticatéchisme, des-
tiné à réfuter les catéchismes répandus par Georges Râkoczi
parmi les Roumains; enfin notre Spatar, dont la science
théologique séduisit M. de Pomponne.
Une lettre adressée par ce dernier à messieurs de Port-
Royal nous donne de curieux détails sur ses relations avec
Milescu et sur la vie antérieure de Nicolas.
« Le traité que le feu roy de Suéde, dit M. de Pomponne,
fit avec le Ragotski, prince de Transylvanie, et avec le
prince de Moldavie', cousta les estats à l'un et à l'autre,
par l'opinion que conceut le grand seigneur qu'il y avoit
quelque jonction résolue contre luy. Il déposa le prince
de Moldavie, qui, ayant perdu ses biens et ses estats, eut
recours à la Suéde pour qui il avoit esté chassé, et en ob-
tint quelques terres en Pomeranie, où il a toujours demeuré
depuis. Ce prince a envoyé icy depuis peu de mois pour
ses interests un gentilhomme nommé le baron Spatari, qui
avoit esté long-temps secrétaire d'estat lorsqu'il regnoit, et
qui a depuis commandé les trouppes sous les deux princes
que le Turc a tout de suite donnez à cette province. Il le
chargea d'une lettre qu'il me rendit. Je fus surpris de trou-
ver un homme si voisin de la Tartarie autant instruit aux
langues, et avec une connoissance aussi generalle de toutes
1. Il s'agit cl'Etienne-Georg-es, déposé par les Turcs en 1658.
14 EMILE PICOT.
choses. Il parle bien latin, mais il prétend que, comme sa
principalle étude a esté le grec il y est beaucoup plus sça-
vant. Il sçait assez bien l'histoire, et particulièrement celle
de l'Eglise. Et, comme il a fort étudié les questions qui
sont entre nostre religion et la grecque, et mesme entre
les luthériens et les calvinistes, je l'ay cru aussi capable
qu'homme du monde de bien sçavoir l'opinion des Glrecs.
Il a esté long-tems ministre de ses princes à la Porte, et
c'est par là qu'il m'a expliqué que ce que le résident de
Suéde mande de Moscou, que les patriarches y doivent
venir, ne peut estre, parce qu'ils ne sortent pas ainsi de
leurs sièges. Ce sont seulement leurs légats qu'ils envoient
pour appaiser le trouble que la déposition du patriarche de
Moscovie avoit causé. J'ay esté bien aise de vous envoyer
sa réponse, que je l'ay prié d'écrire sur les questions que
l'on veut eclaircir. Il y travaille, et j'espère l'avoir avant
que de fermer mon pacquet. Il convient généralement avec
nous sur toutes choses et n'en diffère que sur la procession
du S. Esprit. Aussi vient -il toutes les festes à la messe
chez moy, et, à l'exception du Credo, où il oublie le Fi-
lioque, il n'y a pas un meilleur catholique. »
Les auteurs de la Perpétuité de la foy, après avoir re-
produit cette lettre, ajoutent ce qui suit :
«Voilà l'histoire de ce seigneur. Et il est à remarquer
qne ces questions dont il parle dans cette lettre sont celles
mesmes que l'on verra imprimées à la fin de ce volume,
dont on avoit envoyé une copie à M. de Pompone. Elles
contiennent clairement Testât des differens qui sont entre
nous et les calvinistes, tant sur l'eucharistie que sur quel-
NICOLAS SPATAR MILESCU. . 15
qiies autres points. Ce fut à ces questions que ce seigneur
entreprit de répondre et, pour cela, il composa un écrit en
grec et en latin sous ce titre : Enchiridion, sive Stella orien-
talis; id est sensus Ecclesiae orientalis, scilicet graecae, de
transsuhstatione corporis Domini aliisque controversiis , a
Nicolao Spatario, Moldavolacone , harone et olim generali
Wallachiae, conscriptum, Holmiae, anno 1667, mens. fehr.
« On le peut voir imprimé tout entier en latin à la fin de
ce volume, n'ayant pas cru qu'il fust nécessaire de le don-
ner en grec, puisque le latin est aussi bien original que le
grec, et qu'il le donna écrit de sa main à M. de Pompone
en l'une et en l'autre langue . . .» ^
m.
Le prince Etienne- Georges, dont Spatar était l'agent à
Stockholm, mourut au mois de janvier 1668; dès lors Ni-
colas n'eut plus de motif pour rester en Suède. Il prit le
parti de rentrer dans son pays natal. Depuis qu'il avait
quitté la Moldavie plusieurs princes s'étaient succédé sur
le trône : Stefanitâ avait été remplacé par Eustathe Dabija,
qui lui-même avait eu pour successeur son gendre Duca.
Après un règne de quelques mois, Duca avait été déposé
et le pouvoir était passé aux mains d'Élie, fils d' Alexandre-
Elie (mai ou juin 1666). Ce fut auprès de ce dernier que
Spatar chercha un refuge'; mais, vers la fin de l'année
1. La Perpétuité de la foy de V Église catholique touchant V Eucharistie, def-
fendue contre le livre du sieur Claude (Paris, Savreux, 1669, in-i), 404—405;
éd. in-12, 592—594.
2, Voy, ci-après l'extrait de Neculcea,
16 EMILE PICOT.
1668, ou dans les premiers jours de 1669, Elle fut ren-
versé, Duca remonta sur le trône, et Nicolas dut reprendre
le chemin de l'exiP. Certains indices que nous relèverons
plus loin^, nous font croire qu'il passa de nouveau en Vala-
cliie et qu'il y séjourna pendant la plus grande partie du
règne d'Antoine. 11 demanda l'iiospitalité au tsar Alexis
Miliajlovic; en 1672 il était à Moscou.
En arrivant en Russie, Spatar eut la bonne fortune d'y
trouver deux puissants protecteurs : le prince Basile Vasilje-
vic Golicyn et le boïar Artemon Sergêev Matvêev, l'ami des
sciences et des lettres occidentales. Golicyn le fit entrer
comme traducteur au bureau des ambassadeurs (uocojibCKiH
upuRasi)) ; Matvêev lui confia l'éducation de son fils Andréa
Dès lors Nicolas se mit à composer ou à traduire une foule
d'ouvrages didactiques, historiques, théologiques. Il mon-
trait ainsi sa prodigieuse connaissance de toutes les langues
européennes, fournissait à son élève des instruments de tra-
vail et trouvait le moyen de faire agréer au tsar diverses
dédicaces productives.
1. Nous nous écartons ici de M. Hâçdeu. D'après le savant roumain,
Spatar serait rentré en Moldavie dès le début du règne d'Élie- Alexandre -,
mais il aurait trouvé la situation intérieure du pays bien différente de celle
qu'il avait connue sous les princes qu'il avait servis. Désespérant de pouvoir
se livrer pour son compte à de nouvelles intrigues, il serait retourné à l'é-
tranger, et ce serait alors seulement qu'il serait allé en Suède. Si l'on ob-
serve que Y EncJiirîdion fut composé à Stockholm au mois de février 1667,
que les relations de Spatar avec M. de Pomponne remontaient sans nul
doute à quelques mois, et que, d'autre part, Élie- Alexandre n'avait obtenu
la principauté de Moldavie que vers le milieu de l'année 1666 ; si enfin l'on
tient compte de la lenteur des voyages à cette époque, on trouvera le sys-
tème de M. Hâçdeu peu vraisemblable.
2. Voy. plus loin notre Bibliographie, p. 45.
3. Introduction au Voyage de Spatar en Sibérie, publié par M. Arsenjev, 23.
NICOLAS SPATAR MILESCU. II
A Moscou , Spatar avait en quelque sorte renoncé à sa
qualité de Moldave et se laissait confondre avec les Grecs,
alors fort nombreux dans cette capitale, où l'enseignement
était en grande partie entre leurs mains; aussi la littéra-
ture grecque devint-elle dès lors le point de départ de ses
études.
Le premier ouvrage dont il s'occupa, ÎMi un Dictionnaire
grec-latin-russe, auquel il travailla dès les premiers temps
de son séjour en Russie, mais qui, à ce que nous croyons,
ne fut pas achevé. Il rédigea ensuite une Arithmétique,
qu'il termina au mois de septembre de l'année 1672. Sous
un titre qui indiquait un simple manuel de l'art du calcul,
il avait, en s'inspirant des petits traités en usage dans les
écoles grecques, rédigé une sorte d'encyclopédie mathé-
matique, religieuse et philosophique. Les citations de l'E-
vangile, des Saint-Pères et des auteurs profanes de l'anti-
quité servaient d'aide-mémoire aux étudiants. La dernière
partie, consacrée à l'éthique, était composée d'exemples
empruntés aux vertus impériales.
M. Kedrov, auteur d'une notice sur VArithmétique\ a cru
pouvoir la comparer au San-dze-king des Chinois, livret
qui contient en 168 vers un résumé de toutes les connais-
sances humaines^ On trouve de plus dans l'ouvrage de
Spatar des groupements de chiffres qui attestent le goût
de l'auteur pour la science cabalistique.
Le même amour pour les sciences occultes se remarque
dans un ouvrage beaucoup plus considérable qui porte là
1. 5KypHajiï> MHHHCTepcTBa Hapo/i,Haro npocstmema, 1876, I, 1-31.
2, Voy. L'Empire chinois, par le P. Huc, 2^ éd. (Paris, 1854, iu-12), I, 126.
2
18 EMILE PICOT.
date de 1673, le Chrhmologe, ou Livre de prophéties, vaste
commentaire tliéologique et mystique des visions de Daniel.
Le titre même de cette compilation nous apprend que Ni-
colas ne.se borna pas au rôle de simple traducteur, mais
qu'il enrichit l'original grec de développements de son crû.
Parmi ces additions, M. Hâsdeu fait remarquer un long pas-
sage relatif à l'étude de l'histoire, passage qui témoigne de
l'érudition de Spatar et dans lequel sont cités, comme dans
le fragment de chronique roumaine qu'on lui attribue, une
foule d'auteurs anciens et modernes. La forme du livre est
également curieuse : la prose y est entremêlée de vers.
Le Chrhmologe fut entrepris par ordre du tsar Alexis
Mihajlovic : on voit que Spatar avait su se faire bien venir
à la cour. Pour répondre à la faveur dont il était l'objet, il
participa à la rédaction d'un répertoire intitulé Livres d'état
des souverains de la Russie et d' autres pays anciens et mo-
dernes, répertoire destiné à l'instruction du tsarévitch Théo-
dore, et composa seul, sous le titre de Vasiliologin, une
chronologie des principaux empereurs du monde. Dans un
ordre d'idées différent, il se proposa d'initier les Russes aux
traditions de l'antiquité classique et du moyen- âge, et fit
un Recueil de passages des auteurs grecs relatifs aux neuf
Muses et aux sept arts libéraux. C'était un complément à la
petite encyclopédie qu'il avait donnée sous le nom di Arith-
métique.
Dans le cours de l'année 1673, Spatar entreprit encore
une traduction à.w Livre des Sibylles, qu'il termina en 1674;
mais ces travaux auxquels se joignaient les leçons qu'il
donnait au fils de Matvêev et les devoirs ordinaires de sa
NICOLAS SPATAR MILESCU. 19
charge ne lui permirent pas d'achever le Chrhmologe.
Nous ne connaissons en effet qu'une première partie de
cet ouvrage, qui est loin de contenir toutes les matières
annoncées sur le titre. L'original grec offre deux autres
parties dans lesquelles l'auteur, à la suite de l'interpréta-
tion des visions de Daniel, rapporte diverses prophéties
postérieures, relatives à la prise de Constantinople, à l'em-
pire ottoman, etc. Nicolas aurait eu l'occasion dans ces
nouveaux développements de mettre à profit sa profonde
connaissance des affaires orientales; il s'arrêta cependant
après son premier volume. M. Hâsdeu suppose qu'il aura
craint de se compromettre dans les querelles théologiques.
Il est vrai que, depuis la déposition du patriarche Nicon
(1667), l'église russe montrait une intolérance extrême et
suspectait d'hérésie tous les étrangers, surtout lorsqu'ils
abordaient les matières religieuses; mais le Livre des Si-
bylles, qui suivit le Chrèsmologe, n'était pas moins de na-
ture à inquiéter les timides représentants de l'orthodoxie.
Il nous paraît donc plus simple de supposer que le temps
seul manqua à l'auteur pour achever son œuvre. Deux no-
tices détachées que nous possédons, une courte Descrip-
tion de Sainte- Sophie de Constantinople et un Traité des
hiéroglyphes , étaient peut-être destinés à entrer dans la
seconde ou dans la troisième partie.
Nous ne nous arrêterons pas à la traduction d'un Dis-
cours prononcé par V ambassadeur de Pologne le 18 septem-
bre 1674. Une pièce de ce genre rentrait dans la tâche jour-
nalière des interprètes du bureau des affaires étrangères,
et Spatar ne devait pas y attacher grande importance.
20 EMILE PICOT.
Nous aurons fini rénumération, probablement incomplète,
des ouvrages composés ou traduits par Nicolas pendant la
première période de son séjour à Moscou en citant un Livre
en figures, traduit de Macaire, métropolitain d'Antioche.
Ce prélat, qui était venu en Russie dans le courant de l'an-
née 1666, avait pris part au procès de Nicon^; Spatar avait
avec lui des relations personnelles.
L'ancien boïar moldave, qui jadis écrasait ses compa-
triotes par un luxe insolent, avait maintenant besoin de
travailler pour vivre; sa fécondité était celle d'un auteur
besogneux. Comme le fait observer M. Hâsdeu, il se plaît
à rappeler, dans l'introduction du Chrèsmologe, les généro-
sités d'Alexandre envers Pyrrhon, Xénocrate et Aristote^
Nous ignorons si Alexis Mihajlovic voulut bien com-
prendre ces allusions transparentes; nous savons seule-
ment que, au mois de septembre 1673, Nicolas fut autorisé
à fixer son domicile en Russie et reçut du tsar une coupe
dorée ^ Vers le milieu de l'année 1674* la protection de
Matvêev lui valut une distinction plus haute : il fut chargé
d'une ambassade en Chine.
Alexis Mihajloviô poursuivait alors-avec une remarquable
persévérance les efforts tentés précédemment par la Russie
pour nouer des relations suivies avec les peuples de l'Asie
1. Sathas, NeoeÀXtjvi/.ti OtXoXoy{a, 288.
2. Il est à remarquer que tous les ouvrag-es composés par Spatar eu
Russie restèrent manuscrits. L'instruction était alors si peu répandue chez
les Moscovites que l'imprimerie y était presque exclusivement employée pour
les livres liturgiques. Quelques copies faites à la main suffisaient à la petite
classe des lecteurs capables d'apprécier une œuvre littéraire.
3. Vostokov, OnHcanie PyMaHD,OBCKaro MyaeyMa, cité par Hâsdeu.
4. La nomination de Spatar est du 13 juillet 1674. Bantyi-Kamenski, 23,
NICOLAS SPATAR MILESCU. 21
centrale et de l'Extrême Orient. En 1669, il avait chargé
Pazukin d'une mission à Khiva^; en 1670, il avait envoyé
en Chine Daniel Arsinski, accompagné d'Ignace Milovanov,
d'Antoine Filev et de Grégoire Kobjanov^; enfin, en 1674,
le boïar Ivan Porsennikov et deux négociants, Eustathe
Filatjev et Gabriel Romanov, avaient repris par son ordre
le chemin de la Chine ^
L'ambassade confiée à Spatar avait un double but. Il
devait tout d'abord se rendre auprès de Gantimur, prince
tongouze qui en 1667 était venu en Russie avec quarante
des siens, s'était converti au christianisme et, depuis lors,
s'était fixé à Nercinsk, en Sibérie. La Chine ne cessait de
réclamer ce personnage qu'elle considérait comme rebelle;
il s'agissait de le fortifier dans ses bonnes dispositions et de
l'assurer que la protection du tsar ne lui ferait pas défaut.
A Péking, Nicolas devait naturellement plaider la cause
de Gantimur, mais les instructions qui lui étaient données
avaient surtout un caractère commercial. Après avoir réglé
l'importante question des titres que les deux souverains de-
vaient se donner mutuellement et déterminé la langue qui
serait employée pour la correspondance entre la Russie et
la Chine*, l'ambassadeur devait s'occuper de la rédemption
des captifs, s'il s'en trouvait dans le pays, puis demander
certaines concessions propres à faciliter les échanges. Che-
1 . Travaux de la troisième session du congres international des orientalistes ,
St. Pétersbourg, 187G, I, 595—604.
2. Bantys-Kamenski, 18— 22.
3. Ibid., 23.
4. Chose curieuse, les Russes proposent aux Chinois d'employer le latin
ou le turc.
22 EMILE PICOT.
min faisant, Spatar devait étudier les cours d'eau reliant
la Sibérie à l'empire chinois.
Les derniers mois de l'année 1674 furent consacrés aux
préparatifs de l'expédition. Le 28 février 1675 le tsar signa
les lettres adressées au Fils du Ciel, et le 4 mars (v. s.) Spa-
tar quitta Moscou. Sa suite se composait de deux Grecs
qui avaient pris du service en Russie, Constantin Ivanov
syn Grecanin et Théodore Pavlov syn Livanov, et de deux
attachés au bureau des ambassadeurs, Nicéphore Venjukov
et Ivan Favorov. A Tobolsk, où il arriva le 30 mars, il
s'adjoignit six nobles du pays, plus un personnel auxiliaire
composé d'un aumônier, d'un interprète et de 40 serviteurs
cosaques à pied ou à cheval.
L'ambassade dut attendre à Tobolsk pendant tout le
mois d'avril la fonte des glaces; elle ne put se remettre
en route que le 2 mai. Elle suivit alors sur trois bateaux
plats le cours de l'Irtys, de l'Oby, du Kety, traversa les
villes de Surgut et de Narym et atteignit, le 9 juillet,
Jeniseisk. De cette ville Spatar expédia en avant un de
ses compagnons, Ignace Milovanov, qui avait fait précé-
demment partie de la mission d'Arsinski. Celui-ci gagna
tout droit Nercinsk et Péking, tandis que l'ambassadeur
continua lentement sa route pour recueillir le plus grand
nombre possible de documents sur le pays qu'il parcou-
rait.
Spatar repartit de Jeniseisk le 18 juillet, suivit le cours
du Jenisej, de la Tunguska, de l'Angara, et atteignit Ir-
kutsk le 5 septembre. Il y rencontra Gantimur, qui lui
donna sur la Chine d'utiles notions, et continua sa route
NICOLAS SPATAR MILESCU. 23
par l'Ang-ara et le lac Bajkal. Le 4 décembre, il atteignit
enfin Nercinsk, qu'il quitta le 19 du même mois.
A partir de Nercinsk, il faudrait une carte très détaillée
pour reconnaître les villes et les fleuves que l'ambassade
traversa; nous ne pouvons ici les énumérer. Cette portion
du voyage de Spatar est pourtant la plus intéressante à
cause des détails qu'on y trouve sur un pays jusqu'alors
si peu connu, en particulier sur le fleuve Amour, dont il
constata la haute importance pour le commerce avec la
Chine. La publication de M. Arsenjev permet aujourd'hui
de suivre pas à pas l'explorateur.
Le 13 janvier 1676, l'ambassade franchit la frontière
chinoise ; elle se dirigea vers Péking, où elle fit son entrée
le 15 mai. Spatar se mit aussitôt en relations avec le jé-
suite Ferdinand Verbiest, qui enseignait alors l'astronomie
et la géométrie à l'empereur. Par sa connaissance du pays
et de la langue, par l'accès facile qu'il avait au palais,
Verbiest pouvait lui rendre de grands services. Le 15 mai,
Spatar eut audience du Fils du Ciel, qui le reçut avec de
grands honneurs et auquel il n'épargna pas les protesta-
tions d'amitié.
L'ambassadeur russe passa trois mois et demi à Péking;
il s'y lia d'amitié avec les jésuites qui avaient toujours accès
au palais et servaient d'interprètes à l'empereur pour les
langues européennes. Il se mit lui-même à étudier le chinois
avec la merveilleuse facilité dont il était doué\
Le 1®' septembre 1676 Spatar quitta Péking, porteur d'une
1. M. Haçdeu, qui n'a jamais achevé son travail sur Milescu, nous a
dit avoir des renseignements sur une traduction que l'ancien boïar mol-
24 EMILE PICOT.
lettre adressée au tsar par le Fils du Ciel. Le 8 octobre il
atteignit le Naim, suivit diverses rivières jusqu'à Selengisk,
où il arriva le 3 mai 1677, et entra le 16 du même mois à
Irkutsk. Le 7 juin il était à Jeniseisk. Le 5 janvier 1678
il était de retour à Moscou. Son voyage avait duré trois
ans moins deux mois.
IV.
Pendant l'absence de Nicolas un changement de règne
s'était produit : Alexis Mibajlovic était mort, laissant le trône
à son fils Théodore (1676). Il s'agissait pour Spatar de con-
quérir la protection du fils comme il avait su gagner celle
du père. Pour témoigner du zèle et de l'activité avec les-
quels il avait rempli sa mission, il se hâta de remettre au
bureau des ambassadeurs son journal de voyage.
Ce journal, qui vient d'être publié par M. Arsenjev, ne
comprend que l'itinéraire en Sibérie, mais c'est de beau-
coup la partie la plus importante de l'expédition. Spatar
était en effet le premier explorateur qui eût fait de cet
immense pays une reconnaissance régulière et vraiment
approfondie. Une pareille reconnaissance pouvait avoir im-
médiatement des résultats pratiques, tandis que les relations
avec la Chine ne pouvaient se développer que dans un ave-
nir plus ou moins éloigné.
dave aurait faite en chinois. Il a de plus appris d'un membre de la légation
russe en Chine que l'on conserve encore à Péking un portrait de Spatar,
facilement reconnaissable à la mutilation de son visage.
NICOLAS SPATAR MILESCU. 25
Pour faire suite au journal de Tobolsk à Nercinsk et au
fleuve Amour, Spatar entreprit aussitôt une Description de
Ici Chine. Il avait été précédé dans cette contrée par une
foule d'explorateurs de tout ordre; il voulut mettre à profit
leurs observations; aussi ne composa- 1- il pas uniquement
son ouvrage sur les notes qu'il avait recueillies lui-même;
il y fit entrer un grand nombre de renseignements emprun-
tés à ses devanciers. On aura une idée de la promptitude
avec laquelle il travaillait si l'on songe que ce dernier ou-
vrage, qui ne contient pas moins de 59 chapitres, fut achevé
le 13 novembre 1678.
La mission de Spatar ne donna pas et ne pouvait donner
de résultats politiques, mais elle eut une réelle importance
par les notions nouvelles qu'elle fournit sur les routes à
suivre pour gagner l'extrémité orientale de la Chine. A
ce point de vue, M. de Sabir, auteur d'un travail sur le
fleuve Amour, nous paraît injuste quand il dit que l'ambas-
sade confiée au boïar moldave n'eut aucun succès \ Les
contemporains furent, au contraire, remplis d'admiration
pour le hardi voyageur, surtout ceux que l'habitude des
explorations mettait le mieux à même d'apprécier les diffi-
cultés de l'entreprise. Un agent français, M. de La Neu-
ville, envoyé en Russie, dans le courant de l'année 1689,
pour se renseigner sur les négociations poursuivies entre
le tsar, la Suède et le Brandebourg, eut l'occasion d'y voir
Spatar qui fut chargé, lors de son arrivée à Moscou, de lui
faire compliment et de lui tenir compagnie. Il fut tellement
1. Le fleuve Amour (Paris, 1867, in-i), 17—18. — Cf. Legrand, Bibliothèque
ijrecque vulgaire, III, xxxij.
26 EMILE PICOT.
frappé des conversations qu'ils eurent ensemble qu'il en fit
un chapitre spécial de sa Relation^. Quoique ce chapitre
ait été déjà deux fois réimprimé^, nous ne pouvons man-
quer de le reproduire ici; il prouve que Golicyn mit im-
médiatement à profit les observations et les conseils de son
protégé pour développer les relations entre l'Europe et
l'Asie.
«Spatarus, Valaque de nation, dit M. de La Neuville,
avoit été chassé de son pays, après avoir eu le bout du nés
coupé, pour avoir découvert au Grand Seigneur un traité
secret que l'hospodar de Valachie, son parent, avoit fait
avec le roi de Pologne, et qui a été cause de la déposition
de cet hospodar, qui est présentement à la cour du roi de
Pologne, réduit à une pension. Il se retira d'abord chez
l'électeur de Brandebourg, qui le reçut parfaitement bien,
parce qu'il étoit fort sçavant et parloit parfaitement latin,
grec et italien; mais, le roi de Pologne ayant donné avis
de son infidélité à monsieur l'électeur, il fut aussitôt chassé
de sa cour, et, ne sçachant où aller, passa en Moscovie.
Galischin le reçut fort bien et lui donna de quoi subsister.
Quelque temps après, il l'envoya de la part des czars à la
Chine, pour découvrir les moyens d'établir par terre le
commerce de ce pays là par la Moscovie. Il fut deux ans
dans ce voyage et eut de grandes difficultés à le faire;
1. Relation curieuse et nouvelle de Moscovie, contenant Vétat présent de cet
empire^ les expéditions des Moscovites en Crimée en 1689, les causes des dernières
révolutions, leurs mœurs et leur religion^ le récit d'un voyage de Spatarus par
terre à la Chine. (Paris, 1698, on La Haye, 1699, iii-12, pp. 219—225 de l'édi-
tion hollandaise.)
2. Par M. Hâçdeu, Archiva istoricà a Eomânieî, I, i, 137 — 139, et par
M. Legrand, Bibliothèque grecque vulgaire, III, xxxix — xlij.
NICOLAS SPATAR MILESCU. 27
mais, comme il a beaucoup d'esprit, il remarqua si bien
l'état des lieux où il passa qu'il fit espérer, à son retour, à
Galischin que, dans un second voyage, il mettroit les choses
en état de pouvoir aller dans ce pays -là aussi facilement
que dans un autre. Galischin commença, sur ces assurances,
à faire chercher un chemin aussi commode que court, pour
le transport des marchandises, et, après l'avoir trouvé, il
songea aux moyens d'y établir des voitures, qui furent de
faire bâtir de Moscou à Tobolk, capitale de Ziberie, de dix
lieues en dix lieues, quelques maisons de bois, d'y mettre
des paysans à qui il abandonna le domaine de plusieurs
terres, à condition seulement d'entretenir dans chaque mai-
son trois chevaux, qu'il leur fit donner la première fois, avec
droit d'exiger de ceux qui vont en Ziberie et en viennent,
pour leurs propres affaires, trois sols par cheval pour dix
vœrstes de chemin, qui sont deux lieues d'Allemagne. Il
avoit aussi sur cette route, comme par toute la Moscovie,
fait planter des pieux pour marquer les vœrstes et le che-
min; et, dans les lieux où la neige est si haute que le
chemin en est impraticable aux chevaux, il avoit établi
des habitations qu'il avoit donné à des gens condamnez à
l'exil perpétuel, à qui il faisoit. fournir de l'argent et des
vivres, avec de gros dogues pour tirer, au lieu de che-
vaux, les traisneaux sur la neige; et, à Tobolk, ville sci-
tuée sur ce grand fleuve Irstik, que l'on nomme impropre-
ment Oby, parce qu'il s'y décharge, il avoit établi de
grands magazins remplis de vivres, ^t fait bâtir de grosses
barques, sur lesquelles la caravane remontoit ce fleuve
jusqu'à Kesilbas, lac scitué au pied des montagnes Pra-
28 EMILE PICOT.
gog, OÙ il avoit pareillement établi toutes les commodités
nécessaires. »
«Spatarus m'a asseuré qu'il n'avoit été que cinq mois
en chemin dans son dernier voyage et qu'il l'avoit fait
avec autant de commodité et de facilité que dans nôtre
Europe. J'aurois fort souhaité qu'il m'en eût bien voulu
dire toutes les particularités et m'en faire le détail, et ap-
prendre de lui les noms des rivières, montagnes et pays
par où il avoit passé; mais je le trouvai fort circonspect
et retenu à toutes les questions que je lui faisois, et com-
pris très bien que, s'il ne satisfesoit ma curiosité, ce n'é-
toit que la crainte qu'on lui rendît un mauvais office si
cela venoit à être sçû, en l'accusant de m'avoir découvert
une chose laquelle ils veulent être cachée et inconnue à
toutes les autres nations, et que la complaisance qu'il pou-
voit avoir pour moi en m'instruisant de tout ce que je lui
demandois, ne lui attirât quelque bâtonnade de la part des
czars, lesquels, quand il leur plaît, n'exemptent de ce châ-
timent personne, de quelque qualité et condition qu'elle
puisse être, depuis le moindre paysant jusqu'aux boyars.
Il esperoit, à ce qu'il me fit entendre, de trouver encore
un chemin plus court et aisé dans un autre voyage qu'il
pretendoit faire.»
Un autre voyageur français, le P. Philippe Avril, jésuite,
qui se rendit en Russie, accompagné du P. Barnabe, pour
y étudier les routes conduisant à la Chine, parle également
avec quelque détail de l'expédition de Spatar. Il dit que
jusqu'alors cinq routes ont été suivies pour gagner la Chine
NICOLAS SPATAR MILESCU. 29
par terre, et, après avoir fait connaître les quatre premières,
il ajoute :
«La cinquième est celle qu'a tenu Spartarius, envoyé
de Moscovie à la Chine. On passe par la Sibérie pour se
rendre à Nerczinski, qui est sur le fleuve Szilka; on va
ensuite à Dauri, peu éloigné du fleuve Naiunaj, d'où l'on
continue sa route jusqu'à Clieria, qui est à l'entrée de la
Chine. Il y a une égale distance de Nerczinski à Dauri et
de Dauri à Cheria.
«Si nous en croyons cette relation, dont j'ay fait jusques
icy une fidelle copie, cette route est aussi sûre qu'elle est
courte, parce que depuis Nerczinski jusqu'au fleuve Argus,
qui se jette dans le fleuve Yamour, on trouve toujours des
Yachutchiki, c'est-à-dire des Moscovites qui chassent aux
zibellines, et, au-delà de ce fleuve, on passe par les terres
de certains Monguls qui craingnent extrêmement les Mos-
covites. Mais il y a apparence qu'on ne trouve pas mainte-
nant toutes les sûretez qu'on trouvoit auparavant chez les
Monguls qui sont de ce côté-là, puis qu'on prend plus haut
par Albazin et qu'on fait un grand tour pour aller de là à
la Chine, ou bien plus bas, en passant depuis Szelingui
sur les terres du Taïso Bechroesaïn\»
V.
Le chroniqueur roumain Neculcea, dans le passage cité
plus loin, raconte au sujet de Spatar diverses particularités
1. Avril, Voyage entrepris pour décotiwir un nouveau chemin ù la Chine
Paris, 1692, iu-4), 173.
30 EMILE PICOT.
qu'il n'a pas dû inventer, mais qu'il est difficile de conci-
lier avec les faits à nous connus. D'après cet Mstorieu,
Alexis Miliajlovic aurait donné Nicolas pour précepteur à
son fils, le futur tsar Pierre le Grand. Ce ne serait qu'en-
suite que ce personnage serait devenu interprète impérial
et aurait été chargé d'une mission en Chine. Neculcea ajoute
que Spatar reçut du Fils du Ciel divers présents de grand
prix dont il fut dépouillé, à son retour, par les autorités de
Moscou. Malicieusement déporté en Sibérie, il n'aurait dû
la liberté qu'à l'intervention de son tout-puissant élève.
Nous supposons qu'il y a ici quelque confusion. Pierre
le Grand, né le 10 juin 1672, ne put guère recevoir les
leçons de Spatar avant le départ de celui-ci pour la Chine ;
on a vu, au contraire, qu'un ouvrage auquel Nicolas colla-
bora était destiné à l'éducation de Théodore Aleksêevic.
Quant à la condamnation prononcée contre le voyageur par
les autorités de Moscou, il s'agit probablement d'un procès
pour sorcellerie dans lequel il fut impliqué en 1678. Nous
avons déjà insisté sur le goût que Spatar témoignait pour
les prophéties (le Chrèsmologe et le Livre des Sibylles en
font foi) ; aux yeux du clergé russe des compilations de ce
genre ou des traités tels que le Livre des hiéroglyphes de-
vaient aisément se confondre avec le grimoire des sorciers.
Ces ouvrages avaient été composés pour complaire à Mat-
vêev ; maintenant cet ancien favori était tombé ; c'était contre
lui que la poursuite principale était dirigée \
1. N. Novikov, ÏÏCTOpia o HeBimnoMï. saTOienin Bonpima A. C. Mai-
Btesa; H3/^. 2-e (MoCKBa, 1785, m-8), 11—13, 37—39, 134, 135, 192, 193, etc.
— Nous empruntons ce renvoi à M. N. Kedrov, SKj'pHajiï. mhh. nap. npocB.,
1876, I, 12.
NICOLAS SPATAR MILESCU. 31
Spatar eut la chance de se tirer heureusement du procès ;
il put même bientôt reprendre ses fonctions au bureau des
ambassadeurs. Nous trouvons en effet son nom au bas d'une
lettre du 2 juillet 1679, accompagnant l'envoi d'une grati-
fication de 60 roubles accordée par le tsar à l'interprète
Simon Lavrecki pour services rendus à l'envoyé russe à
Vienne, Jean Vasiljevic Buturlin\
En 1680, Nicolas était encore à Moscou, d'où il corres-
pondait avec le jésuite Ferdinand Verbiest, l'ami qu'il avait
connu à Péking. Il s'agissait d'obtenir des renseignements
sur les Tatars^. On voit que Spatar ne perdait pas de vue
la Chine. Cependant il cultivait encore la théologie ; aussi,
le 17 mai 1681, est-il appelé par le tsar à l'aider de ses
conseils pour statuer sur une question délicate. Deux sa-
vants grecs qui venaient d'arriver en Russie pour enseigner
à l'école de Moscou, les frères Lihoudis^, se trouvaient en
conflit avec un théologien russe Jean Bêlovodski au sujet
du sacrement de l'eucharistie; Théodore ne dédaigna pas
de se faire juge de la querelle^ L'auteur de VEncMi^idion
était plus apte que qui ce fût à l'assister de ses conseils.
De plus, il devait d'autant mieux connaître la doctrine des
frères Lihoudis qu'ils s'étaient rendus en Russie à la solli-
citation de Païsius Ligaridis, avec qui lui-même était lié
depuis longtemps.
1. naMHTHHKH /IjHnjI. CHOUI. ]^). PoCCilI CT> flepaCaBaMH HHOCTpaHHtlMH,
IV, 893. — Nous ne connaissons à Paris aucun exemplaire de cette collec-
tion, que nous citons d'après M. N. Kedrov.
2. Legrand, Bibliothèque grecque vulgaire, III, 416.
3. Voy. Sathas, NeosUtjvu^ OtXoXoy(a, 358—371.
4..0nHcaHie pyKOn. Mock. CHHO/^. 6h6ji., II, 3, n*' 299; 465, n° 338; 818,
n° 339, etc., ap. N. Kedrov dans le JKypHaju. mhh. nap. npocB., 1876, I, 12.
32 EMILE PICOT.
Le24janvier 1684, Spatar traduisit, concurremment avec
deux autres interprètes, un mémoire adressé au bureau des
ambassadeurs par un secrétaire autrichien, Jean Eberhardt
Gobi. Malgré sou habileté pour cette sorte de travaux, il
ne parvint pas à satisfaire Grobl, qui trouva que les mots
latins de l'original étaient exactement rendus, mais que le
sens général était parfois altérée
Nous ne savons rien de Nicolas entre le mois de janvier
1684 et le courant de l'année 1689. Nous supposons qu'il
fit dans l'intervalle un second voyage en Chine. Ce serait
alors qu'il aurait pu se perfectionner dans la connaissance
de la langue chinoise et qu'il aurait rapporté les riches
présents dont parle le chroniqueur Neculcea.
Le récit de M. de La Neuville nous confirme dans cette
opinion. Le diplomate français parle, en effet, d'un der-
nier voyage que Spatar aurait fait en cinq mois ; il ne peut
être question de son retour après son ambassade, retour
qui ne dura pas moins de seize mois. M. Bautys-Kamenski
est muet à ce sujet, mais il n'a pas eu à parler des missions
purement commerciales ou administratives qui auraient été
confiées par la suite à l'ancien ambassadeur.
La compétence particulière de Nicolas pour tout ce qui
touchait les choses de la Chine était alors bien connue; c'est
à lui que s'adressaient les hauts personnages qui désiraient
se renseigner sur la situation de l'Extrême Orient. A la fin
de l'année 1689, peu de temps après le séjour de M. de La
Neuville à Moscou, le patriarche de Jérusalem, Dosithée,
écrivit à Spatar en le priant de lui envoyer la relation de son
1. HaMflTHHKH flHnjI., VI, 317.
NICOLAS SPATAR MILESCU. 33
voyage dans le Céleste Empire'. Malgré la haute situation
du personnage qui lui faisait cette requête , Nicolas ne se
pressa pas d'y obtempérer.
A partir de 1689, nous n'avons plus sur la vie de Spatar
qu'un petit nombre d'informations qui ne permettent pas de
reconstituer sa biographie d'une façon suivie.
En 1691, il fut chargé, de concert avec deux autres inter-
prètes de la cour, de déterminer la valeur exacte du titre
à'internonce porté par l'envoyé autrichien J. Kurtz. Les
ministres russes tenaient à être fixés sur le caractère attri-
bué à cet envoyé pour régler le cérémonial de sa réception^.
Au mois de juillet 1693 Spatar, après un silence de trois
ans et demi, répondit au patriarche Dosithée, en s'excusant
de ne pouvoir lui donner que des renseignements sommaires
sur la Chine, de peur de trahir des secrets d'étatl
Beaucoup d'autres prélats de l'église orientale étaient en
relations suivies avec lui. Un de ses correspondants les plus
intimes était alors l'archimandrite du Saint-Sépulcre, Chry-
santhe Notaras. De ses conversations avec Spatar et des
notes que celui-ci lui communiquait, Chrysanthe tira une
relation historique sur la conquête de la Chine par les Ta-
tars (Kixdïa SooXsuooaa)*. Toutes les fois que le prélat était
à court de documents, il faisait appel à l'inépuisable érudi-
tion de son ami. Nous en avons la preuve dans un billet
1. Voy. un fragment de la lettre de Dosithée ap. Legrand, BibUoûièque
grecque vulgaire, III, xxxv.
2. naMHTH. ■p.mm., VII, 682.
3. La lettre de Spatar, qui est fort longue, est écrite en grec ancien.
Voy. Legrand, loc. cit., xxxv— xxxviij.
4. Ibid., 337—441.
3
34 EMILE PICOT.
que Spatar lui adressa au mois de février 1694 et dans le-
quel il fait allusion à un mémoire sur les Scythes rédigé
par lui en une nuit, à la demande de Chrysantlie\
Nicolas était, on peut le dire, le représentant le plus
écouté de l'érudition en Russie. En 1694, on le voit s'oc-
cuper avec assiduité de l'académie slavo -gréco -latine de
Moscou. Il rédig-e des alphabets et d'autres manuels élé-
mentaires, eu dirige l'impression, et fait lui-même le métier
de correcteur ^
Au mois de décembre 1696, c'est à lui et à Simon La-
vrecki que les tsars Jean et Pierre confient le soin de tra-
duire les lettres adressées par eux à l'empereur Léopold
pour la conclusion d'une alliance contre les Turcs et les
Tatars de Crimée l
En 1 69 7, Spatar est appelé de nouveau à régler une ques-
tion d'étiquette; c'est lui qui fixe les titres que les tsars de-
vront donner au pape Innocent XII*.
Au mois de septembre 1697, Nicolas achève la traduc-
tion du volumineux Traité des hérésies et de la foi ortho-
doxe des Chrétiens, écrit en grec par Siméon, archevêque
de Thessalonique.
En 1700, par un ukaze daté du 18 juin, Pierre le Grand
introduisit en Russie l'enseignement de la langue chinoise^
Nous pouvons croire que Spatar ne fut pas étranger à cette
1. Legrand, loc. cit., 417.
2. Smirnov, HcTopia Mock. cji.-rp.-JiaT. AKa^eorin, 37, cité par N. Kedrov,
/KypHajiî> MHH. Hap. npocs., 1876, I, 1-3.
.3. IlaMaTH. ^ifflji., VII, 1016.
4. Ibid., VIII, 632—634.
5. Travaux de la troisième session du congrès international des orientalistes,
St. Pétersbourg, 1876, I, 167.
NICOLAS SPATAR MILESCU. 35
mesure. Il jouissait de toute la faveur du tsar, qui lui con-
fiait les travaux les plus secrets et, sans doute, prenait sou-
vent ses avis.
A la fin de l'année 1 700 il remplissait encore ses fonc-
tions d'interprète au bureau des ambassadeurs. Il fut no-
tamment chargé, le 28 novembre de cette année, de tra-
duire en latin une lettre adressée par Pierre le Grand au
doge de Venise \
Peu de temps après, Spatar eut à s'acquitter d'une tâche
plus considérable.
Un ancien secrétaire de l'ambassade de l'Empire en
Russie, Jean-Georges Korb, venait de publier à Vienne
un journal dans lequel il avait consigné une foule de dé-
tails jusqu'alors inconnus à l'étranger sur les premières
années du règne de Pierre le Grand. Cet ouvrage causa,
dès qu'il parut, une sensation des plus vives et faillit même
amener la guerre entre la Russie et l'Autriche. Le prince
A. Golicyn, ministre du tsar à Vienne, se hâta d'en en-
voyer un exemplaire à la cour de Moscou, qui fit immé-
diatement proscrire le Diarium. Il fallait cependant sa-
voir quelles étaient au juste les révélations de Korb, et
le latin n'était pas familier aux hommes d'état russes. Spa-
tar fut chargé d'en faire une traduction destinée à rester
secrète.
Cette traduction est le dernier ouvrage de Spatar qui
nous soitconnu. Nous ne savons rien des dernières années
de notre personnage, qui vécut longtemps encore, entouré,
paraît-il, d'une haute considération par Pierre le Grand et
1. naMHH. ^HnJl., VIT, 1358.
3*
36 EMILE PICOT.
par ses ministres. D'après M. Hâsdeu, il mourut en 1714.
Il devait avoir plus de quatre-vingts ans.
Nous venons de reconstituer, dans la mesure de nos
forces, la biographie de Milescu; il y reste encore bien des
lacunes qui pourront être comblées un jour. Nous donne-
rons maintenant, en forme d'appendice, le passage de la
chronique de Neculcea auquel nous avons plusieurs fois
renvoyé, et nous y joindrons une notice bibliographique.
NICOLAS SPATAR MILESCU.
37
APPENDICES.
I. — EXTEAIT DE LA CHEONIQUE DE JeAN NeCULCEA^
6pA oyH ecïép, âhÛmî Hh-
KOAafi MhaïckS GnaT<(p, ji,6-
Ad Rac/\8K>, /i,e Mc*iiiî/ft aSh^
np-t ^jvKXL^aT ujH KzprSpap, ujh
ijiïÀ mSaté ah/Ubh: eAHH-kqjÉ,
cAOBtH'kLpc, rpÉM'kipe uih T8p-
H-kiiJÉ; UJH epà /vvzH^pS ujh
BOraT, JUH .jvKAÀ kS noBOyi,-
HHMH .(vHaHHTÉ ;i,C>MHÉl|JH , kS
BB3A^raHÉ ujji kS naaSjiJÉ, kS
CC»AT2fpÉ^ TOT Cl^p/UZ; AA KA'h;
lUH aSh Gti^zhiiu,z Roaz ^i^h
êpÀ np'fe AP^'' ii^"'^ Jj.HH'fe np'fe
BJJHf, UJH TOT AA /Wa'cX Tf.A
Il y avait un boïar appelé Ni-
colas Milescu Spatar, originaire
de VasluiU; homme très savant et
très lettré^ qui possédait un grand
nombre de langues : le grec an-
cien; le slovènC; le grec moderne
et le turc. Il était riche et arrogant ;
il n'allait que précédé de coureurs
princiers, tenant des masses d'ar-
mes et des sabres ; les chevaux
couverts de chabraques d'argent.
Il était en grande faveur auprès
de Stefânità; qui le comblait de
bienfaits et le faisait sans cesse
1. La chronique moldave de Jean Neculcea s'étend de 1662 à 1743. L'au-
teur avait joué un rôle politique important de 1693 à 1711. Il passa en
Russie avec Démètre Cantemir, mais il ne tarda pas à se séparer de ce
prince et séjourna en Pologne de 1712 à 1719. Il put alors rentrer en Molda-
vie, où il vécut sur ses terres jusqu'en 1780. Il revint encore pour quelques
temps aux affaires, puis retourna dans sa retraite, où il mourut en 1743.
Pumnul, Lepturanû rumînesc, III, 166,
38
EMILE PICOT.
n^H-t uiH Aa c4iaTSpH ', ujh
KZ épà iT^HMÉ rpaMa'THK aa
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BHHC lUft A* HHHCT-t Hf aK'fe
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llJX3yT UJH ây CKpHC HHljJÉ KXp-
U,H RHKA'kHÉ^ UJH A'fcS USC .jC
TpSH E'ku, ci^0(ji,(MlT UJH ATLS
rçHMtc aa KoHCTauTHu Bo^^
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Atuj'kcKz^ Ka cacz pz^hhé a*
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Tz npf Gté4^zhhu,z Ro^z a""
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M'kAÉ ASKpSpH HÉH CKpïÀ, MÉ CaS
CKSaaT UJH <Î8 TpHMHC bzi^Sa
4m«A CijSpeAï'^"'*'; ^^ KZpU,H k8
TOT, .îvHanOH aa Gté^^zhhi^z
B6az a* '^'k^ A'*T- A'^"'^ ^'•'*'
^ZHHU,Z BoAZ, né/u .SS BZ3éT
bzu,Sa kS KzpuHAE, ca^ np-t
/UZHÏAT, UIH AAii UIH ^A^^ "P*
^4fA HhKOAAH MhAÉCKSA ^HA-
asseoir à sa table et dans ses con-
seils;, et jouait aux cartes avec
lui ; [Nicolas] était son secrétaire.
Or, un jour, il arriva que les biens
et les honneurs qu'il devait à Ste-
fanità ne lui suffirent plus; il se
mit à écrire traîtreusement des
lettres qu'il enferma dans une
canne creuse et qu'il envoya au
vieux Constantin Bâsârab, en Po-
logne, l'engageant à y lever une
armée et à venir chasser Stefa-
nita du trône. Mais Constantin ne
voulut pas se lancer dans l'entre-
prise que [Spatar] lui conseillait ;
il fut révolté, et envoya la canne
creuse, avec les lettres, à Stefa-
nitâ, à qui elle fut remise. Le
prince entra dans une grande co-
lère en voyant la canne et les let-
tres; il fit amener Nicolas Milescu
devant lui, au petit palais, et or-
donna au bourreau de lui couper
le nez. Stefanitâ tira lui-même ra-
pidement son handjar de sa cein-
ture et le donna au bourreau pour
1. Nous adoptons une correction faite par M. Hâçcleu {Tmian, II, n° 7,
28, col. 4). Le texte de Cogâlniceanu porte : Aa A\ac-K .f nSn-fc idh ce [.iioni jji.
KTi'pi^H kS AT»'hcS<\, UIH M CiirSpH.
NICOLAS SPATAR MILESCr.
39
ijuH dB née npi KaAxS js,t raS
TZÏÀT HacSA, CKOU,HH^ Gté
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gipSA A^H A"" KpxS, Â^ J!l,ÂT
J\,t ra'y TXÏAT KaA%S/\ HdCSA, UJH
Hè 48 BpST CZA AaCZ Rf Kd-
AzB cxH Tau Hac^A k8 k8hh
t8a a8h kaazS, mé kS y^iHyt
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TZÏÂT HACSA.
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h8a iS 4^M"''' 4 U^P'* Ném
H-fecnz, UJH AU rzcMT 4koaw
3ÏÀ CZHgEAE A"" WBpa'3 iuha
BOU,ÏÀ Ad HÀC, UiH 4lUÀ A""
3H .|n. 3h czHyÉAÉ CE vf Ktrd, ^é
îïî8 kpéckSt hacSa aa aok ^é
ci8 TZMZ;i,8HT; «p; kzh;», âS
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HÎA a8h HAieui BoA^; H8MaH
AÉ âBÏÀ ca'8 ^ÔCT kShocbzha
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Hapz aiSat j\,i pSujHHe, hé ca'8
js^éc AA MôcK Aa MapCAÉ .fnz
paT Aa flAf^ift mH^AHAOBHMK,
AA TATZA MapfASH HéTpS .^-
couper le nez [au coupable]. Il ne
voulut pas laisser le bourreau se
servir de son couteau à lui ; ce fut
le handjar du prince que celui-ci
employa.
Après cette [exécution], Nico-
las le camard s'enfuit en Alle-
magne; il y trouva un médecin
qui lui fit constamment des sai-
gnées au visage en faisant amon-
celer le sang à l'endroit du nez.
Par ce moyen le sang se coagula
peu à peu^ le nez repoussa et il
guérit. Quand [Spatar] revint en
Moldavie, sous le règne d'ÉliC;
c'est à peine si l'on pouvait s'a-
percevoir qu'il avait eu le nez
coupé.
Cependant il ne resta pas long-
temps dans le pays, [où il était
poursuivi] par la honte ; il se ren-
dit chez les Moscovites, auprès
du grand tsar Alexis Mihajlovié,
40
EMILE PICOT.
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Am'k »jl MoA^ÔKa; luh réh-
Tp8 .jvKXU.XTypa ASH 48 4iOCT
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UJX38T KXl^HBA AHH cSpr^H AA
GHBHp.
Mpz MAH npt o^pA^x ps^A""
père du tsar Pierre le Grand qui,
plus tard; vint ici chez nous, en
Moldavie. Grâce à ses connais-
sances, il devint interprète du
tsar; il apprit au prince impé-
rial, Pierre Aleksêevic, à lire et
à écrire et parvint à beaucoup
d'honneurs et de richesses. Le
tsar Alexis Mihajlovic l'envoya
en ambassade auprès du grand
empereur de la Chine. Il resta
dans ce pays deux ou trois ans, et
l'empereur lui prodigua les hon-
neurs et les présents. Il vit une
foule de choses curieuses dans cet
empire des Chinois, et on lui fit
cadeau d'un vase plein de pierres
précieuses et d'un diamant gros
comme un œuf de pigeon. Quand
il revint de ce voyage, il arriva
que le tsar de Moscou, Alexis Mi-
hajlovic, mourut; alors les séna-
teurs de Moscou vinrent à sa ren-
contre, lui enlevèrent les présents
qu'il avait reçus et tout ce qu'il
possédait, puis le bannirent en
Sibérie. Il y resta quelques an-
nées en exil.
Après l'avènement du tsar
NICOLAS SPATAR MILESCU. 41
KZHA^CÉ IltTpS ^nzpaT, ^sîwa Pierre, fils d'Alexis Mihajlovic,
a8h ÛM^\y\ MHVaHAOBHMb, KÂ- de ce Pierre qui est venu ici chez
pjAi 4S BÉHHT aHM-k f ^ap£ nous, en Moldavie, et qui s'est
A McAAOBa AÉ ca8 bzt«t kS battu avec les Turcs sur le Prut,
TépMÏH AA npéT, Aa Gtxhh- à Stanilestï, en aval de Husï, dans
AÉi|JH, AH" M'wc A« XéiUH, f le district de Fîlciu, [Nicolas] le
i^hmStSa Ozamk-aSh, âgtOHcaS camard parvint à faire passer, de
kzphSa AH" Ghbhp kS KzpUH Sibérie, audit tsar Pi erre Aleksêe-
Ad js,im^A, AA ^^nxpdTSA lié- vie des lettres dans lesquelles
TpS flAÉâÏÉBHHb A^ ^^ ^^viér il lui racontait ce qu'il avait fait
ipHpÉ A* TOdTÉ M-kS ^zkSt et comment il était exilé. Aussi-
lUH kS/U 6CTÉ cSprSH. ^T^HM-k tôt le tsar Pierre Aleksêevic mau-
IIiTpS ^AÉpBHMK .fnxpAT ^- da Ics sénatcurs ct Icur posa cctte
A^TX ^S KÏÉMdT CÉHATOpiH, lUH qucstiou : « Où est mon précep-
ra'y ^TpŒAT 3HKâHA : « OVHAÉ teur, celui qui m'a appris à lire
6CTÉ A^^'^»^^'^^^ '^^^> **^^ ^^ '^^^ ^* ^ écrire? Hâtez-vous de me l'a-
.f BZ^aT KapTÉ ? ÛkÛm KSpxH a mener. » [Ceux-ci] dépêchèrent un
c%A Âj\,^^îii,ii. » IUh .\.j^Âr^ courrier, qui amena [Milescu] à
Â^ pxnf3HT AÉ waa'K qjh aaS Stolica, auprès de Pierre Alek-
^A^c AA IléTpS ^ÎAÉâÏÉBHMk, .f- sêcvic. Lc tsar de Moscou lui fit
nxpaTSA MockBaSh, .f Gtô- raconter ce qu'il avait vu et ce
AHU,x; uiM AÀ^ .fTptKaT M^kS qu'il avait cu à souffrir, et luircn-
BZ3ST lUM M-kS nzuHT ; uiH dit tout ce que les sénateurs lui
raS RAXTMT A8KpSpHAÉ TOATÉ avaient enlevé, jusqu'à une tête
^M-kAÉ jii,iAA CÉHaTopH MÉH aS- d' épingle. Le tsar fut saisi d'ad-
ac2i nzHX Aa ^\[H Kan a« '^45^5 miration en voyant le gros dia-
UJH AÏ'î^'VvaHTyA MÉA MapÉ, ^- maut; le camard en fit don au
nzpaTS, A^"* "<« ^^^ BZ3ST, trésor impérial, et reçut quatre-
caS MHpar, iuh aaS aât .f vingts bourses d'argent. Le tsar
42
EMILE PICOT.
kxphSaSh raS ji,Ar vvnT3ÉMH j\i
ni^HgH J!l,( kàh» ; ujh /\aS /\SaT
UJH AÀH n^c rap c^-kTHHK. IIJh
K2H^ iS pac BapecAt .j^n^paVS/v
MocKaAHAivp; <StShh^ kzha
uiaS cKHMKa'T nopTSa, ^TSHM'k
cHHryp .pzpaTSa ra8 pa'c K<(p-
ea kS MKHa a^h.
UIh iS TpZMT KzpHSa nXHZ
aa â;4,6a a*^'^"'^ 'Î'^^" A/VHyaH
Boa* Pa'KCBHL^X; UJH iÎTyHM'k
i8 /uypjjT, KapÉ /wape miîhcté
ia'y ^XK^T .jvnxpa'Tya aa /uôap-
T^ aSh, UIH MapÉ nzp-kpf /i,é
pxS <ÎS âs^T ^Snz ^xhcSA; kz
épà TpÉG^HTWp Aa ÂH-kAf Bp{/V\H.
PZ/Ua'cay iHÉA^H KZpH ^iÉHÏWpH
UJH HfnOL^H^ UJH J8 ÂifWïiC O^nIh
A'by 4^0CT nOAKOBHKMH CnpÉ CA^-
îKEa IVLJJHpïH, KZ C( .{vCSpaCZ 6A
iKOAWvV* AiJa'ca MocKaAKz, uih
aHMH AHH A\cA;i,6Ba TpÉH mno-
u,H A* 4^pa'TÉ 4,É CE âuj(3acE ujh
6H m AZHrZ OVHKK»A céS ; UJH
<SmIH iB^k AAHAZ J^tAA ,f.mÇ'LU,\t,
iUit iKOAlV <Sy /WSpHT.
le reprit en grâce et en affection
et le nomma de nouveau son con-
seiller. Et quand le tsar fit couper
la barbe aux Moscovites^ à l'épo-
que où eut lieu le changement du
costumC; il rasa lui-même, de sa
main, la barbe [de Milescu].
Le camard vécut jusqu'au se-
cond règne de Michel Eacovità,
sous lequel il mourut. Le tsar lui
fit rendre de grands honneurs fu-
nèbres et le regretta vivement,
car c'était un homme fort utile à
cette époque.
[Milescu] le camard laissa des
fils et des petits -fils. Plusieurs
sont devenus colonels au service
[russe], car il s'était marié en Eus-
sie à ime Moscovite. Trois de ses
neveux, fils de son frère, quit-
tèrent la Moldavie pour aller le
rejoindre. Ils s'établirent auprès
de leur oncle, furent bien accueil-
lis par le tsar et moururent en
Moscovie.
NICOLAS SPATAK MILESCU. 43
(JleTonicigijie Il'bpiï MojidoBiï, nsBJiikaTe neiiTps jp.n-
Tiïamï daTt de M. Kor'Bjmmeans, II, lamiï, 1845, in -4,
209—211.)
II. — Bibliographie.
I.
BhbaÏ/«s II a^ÉK^ Il J>k,iiMmyacKA GKpHnTSpz || 4aihéh békh
UJH aAïMÉH HOaw A'kifi. I ToaTÉ II Ka'pÉ cay tjÇva'/vixmht' A^npt
AHM'ea éaHH'kcK;^ cnpï ^u.tA'kyÉp'k || ahm'kïh p^ms^hél^h KSno-
P^HKa rip-t E^H^aSh KpÉL|J»IHK^ || UIH ai5/MHHaT8A8H /1,6/M'Hb \\
IwaHk lUz^EaHh, KaTaK03HHÔ Kacapa'KZ Roib6/i,k || ujh kS .jv-
;!i,i/v\'Hap'k AS/UH-kAijH || KocTa^HHii BpKHKCiB'kHSAb /uapcac a'c-
ro^sxTk. Il HïnOTk a* ^^'P'* ^'^"^ /Mzpïm caAï, Ka'pfAt ^^nz npt-
CTZKHp'k aMÉCTi>H A\AU || C^C nCMÉHHT* A^'^ "^; ITyT'fcpHHKyAk
A<vui3ây A^M ÂA'kgÉp'k aToaTïH || u,zpii pS/u^hél|jH; ripe a^'^^ W^"
aSh Aa8 KopoHaV k8 a'^m'nîa ujh ctzh;^ iHHp-k ^TOaTx
u,apa oyrpcR Aa'yÏÉH- ÏUh .[.TpS 3HAfAÉ MzpifH ca'ae caiJ || czB^p'-
UJHTk aMÉCTk A,iWH'S^kKh. A^BpS. Ka'pCAE IIJH TOATZ ]| KÉA-
T^maa M-fe A^^^^^^pi" "'*'»* [^^^] wa^ pZA"'^<*Th. || Thr^phtS-
Cay .jvT^H .^CKa'SHSAk /MHTpOnOAIÉH B^Ki^ptipH AOph, || ^
Kp-feMA nzcTopÎÉH Ilp-t c^shuhtSaSh nxpHH'TÉ Kirpb
efCAÔcÏÉ II MHTponcAHTSAk Li,KpïH^ lUH ë^a'p'Y^ aa'tS-
pHAC>pk^ Il UIh nïHTpS M-t J^l WK'L|Jf npÏHHUZ, CAS j\7.Çi\i\iT,
H-t/USA^H p^/U^HÉCKk || AA aH^Ak ^ÉAA ^^aHtp'fc a8<MÏH,
/3PM3. Il îapz ji,iAA GnzcÉHÏA aS/mîm^ t^X^^- il -f'^^"** ^^^"
44 EMILE PICOT.
hoém'bph .f r, 3HAÏ. [La Bible, c'est-à-dire l'Ecriture sainte
de la vieille et de la nouvelle Loi, entièrement traduite de
langue grecque en langue roumaine, par ordre du bon chré-
tien et prince éclairé, Jean Çerban Cantacuzène Basarabâ,
voïévode, à l'instigation du seigneur Constantin Brînco-
veanu, grand logothète, neveu de Son Altesse, par sa mère;
lequel, après la mort dudit prince, par la grâce du Dieu puis=
sant et le choix de toute laValachie, a été couronné seigneur
et maître de tout le pays d'Ongro-Vlachie; sous le règne
de qui a été terminé ce saint travail et qui en a seul sup-
porté la dépense considérable. Imprime pour la première
fois au siège de la métropole de Bucarest, sous le pontificat
de très saint père, messire Théodore, métropolitain du pays
et exarque ad latus. Offert au peuple roumain pour le profit
génércd, en Van 7196 de la création, 1688 de la rédemp-
tion, le 10^ jour du mois de novembre. Li-fol. de 932 pp. et
1 f. non chiffr.
Le titre est imprimé en rouge et en noir. — Le verso du titre porte
les armes de laValachie accompagnées de 8 distiques roumains du logo-
thète Eadu [Greceanu].
On connaît par les auteurs que nous avons cités plus haut (p. 9) le
nom du véritable traducteur, mais ce nom ne figure ni sur le titre ni dans
aucune autre partie du volume. Il est dit, au contraire, dans la préface que
Çerban Cantacuzène s'est adressé, pour la traduction, à des hommes fort
versés dans la langue grecque : Germain, archevêque de Nis, Eadu [Gre-
ceanu], grand logothète, ^erban [Greceanu], son frère, second logothète,
enfin, après la mort de Germain, Métrophane, évêque de Huçï. Ces quatre
personnages durent se borner à revoir le texte de Spatar.
Nous connaissons des exemplaires de ce rare volume à la Bibliothèque
nationale de Bucarest et à la Bibliothèque impériale de Vienne. M. Alexandre
Odobesco, chargé d'affaires de Eoumanie à Paris, en possède un troisième,
qu'il a bien voulu nous communiquer.
Des extraits de la Bible de 1688 ont été donnés par M. Cipariu (Cresto-
matia seau Analecte literarie; Blasiu, 1858, in-8, 185 — 194).
NICOLAS SPATAR MILESCU. 45
II.
Cronîca pre scurt a Romînilor.
Nous ne possédons de cette chronique qu'un fragment relatif à l'origine
des Roumains. Ce fragment a été imprimé pour la première fois dans le
recxieil intitulé : Istoria Moldo-Boniànîei . . . (Bucurescï, George loanid, 1858,
in-8), I, 297—376. Il a été reproduit depuis par M. Cogâlniceanu (Cronicele
Bomâniei, séu Letopisefele Moldavîei p Valahiei, a doua editiune, I, 85 — 126).
Nous avons dit ci-dessus que l'attribution de la chronique à Nicolas Spatar,
attribution proposée par M. Hâçdeu, nous paraissait fort probable. M. Cogâl-
niceanu pense au contraire que l'auteur de ce travail historique était origi-
naire de la Yalachie et ne connaissait pas la Moldavie. Cette opinion s'appuie
probablement sur un passage de la p. 111 des Letopisefe, où il est dit que sous
le nom de Roumains on désigne, non seulement «ceux d'ici», c'est-à-dire sans
doute les habitants de la Valachie, mais encore ceux de Transylvanie et de
Moldavie. Ce passage s'explique tout naturellement en supposant qu'il aura
été écrit pendant le séjour de Spatar en Valachie. Il est à observer que, quel-
ques lignes plus bas, le chroniqueur parle des étrangers devenus Roumains
par suite de leurs alliances et d'un long séjour au milieu des Roumains,
dans des termes qui conviennent parfaitement à la famille de Spatar.
Quant à la date de la chronique, elle peut être déterminée approxima-
tivement à l'aide de certains passages. L'auteur fait allusion (p. 108) srn
comis moldave lonita Racovita; plus loin (p. 123) il parle de Georges Bran-
kovic, gentilhomme d'origine serbe, que le prince de Transylvanie Georges
Râkôczi aurait chargé d'une mission en Russie en même temps que son
frère, le métropolitain Sava Brankovic. Il y a ici une erreur facile à rectifier.
Sava II Brankovic et Korenic, de Podgorica, fut appelé au siège métropolitain
grec-oriental de Transylvanie le 28 décembre 1656, et déposé le 2 juillet
1680 (voy. Pope'a, Veclii'a MetropoUa ortodosa romana a Transilvaniei ; Sabiniu,
1870, in-8, 77). Ce fut en 1668, sous Michel Apafi (et non sous Georges
Râkôczi, qui avait été renversé en 1657 et était mort en 1660), qu'il se
rendit en Russie, accompagné de son frère Georges, celui qui prétendit plus
tard au titre de despote serbe et fut, par ordre des Impériaux, enfermé à Cheb
(Eger) en Bohème, où il mourut (voy. Safafik, Geschichte der sUdslawisclien
Lite)-atur, III, 180). Le voyage du prélat avait pour but de recueillir des
aumônes en vue de reconstruire son église et sa résidence que les Turcs
avaient détruites. Il le renouvela en 1675 (Hintz, Geschichte des Bisthwns der
griechisch-nichtunirten Glaubensgenossen in Siebenburgen ; Hermannstadt, 1850,
in-8, 26); mais on ne dit pas que Georges Brankovic l'ait alors accompagné.
Les détails que nous venons de relever nous portent à croire que si,
comme cela nous paraît probable, le fragment de chronique est l'œuvre
de Spatar, il dut en écrire au moins une partie alors qu'il était en Valachie.
Il séjourna une première fois dans ce pays vers 1663 et y revint peut-être
avant de s'établir définitivement en Russie, entre 1668 et 1672, pendant la
période de sa vie sur laquelle nous n'avons aucun renseignement.
46 EMILE PICOT.
m.
Ecrit d'un seigneur moldave sur la créance des Grecs.
— Encliiridion, sive Stella orientalis occidentali splendens,
id est Sensus Ecclesiae orientalis, scilicet graecae, de tran-
substantiatione corporis Domini aliisque controversiis a Ni-
colao Spadario [sic], Moldavo-Lacone, barone ac olim ge-
nerali Wallacliiae conscriptum, Holmiae, anno 1667, mense
febr.
La Perpétuité de la joy de V Eglise catholique touchant V Eucharistie, deffen-
due contre le livre du sieur Claude [par Antoine Arnaulcl et Pierre Nicole].
Paris, Savreux, 1669, in-4, II, 50—54.
Schrock {ChristUche Kirchengeschichte; Leipzig', 1768 — 1802, 35 vol., in-8,
IX, 78) cite de ce petit traité une édition séparée qui aurait paru à Stock-
holm en 1667. Cette citation repose probablement sur une erreur. Spatar
ayant remis son manuscrit à M. de Pomponne, qui s'empressa de l'expédier
à Paris, on ne voit pas comment ni pourquoi V Enchiridion aurait été im-
primé en Suède.
IV.
rpÉKO-AaTHHO-PyccKH GAORapb. [Dictionnaire grec-latin-
russe.]
Cet ouvrage est mentionné par Spatar au mois de mai de l'année 1672
(voy. /i;ono.TiHeHie kî. aKianï. HCTOpnqecKHM'B ; H33. apxeorpa^HH. KOMHcieio,
VI, n** 54); nous ignorons s'il l'acheva. Nous n'en avons vu citer nulle part
de manuscrit.
V.
flpHÔ/MOAOrid, CHp^iHa MHCACHOCAOBKHa/A KHHPa^ BH£H>KE H3-
MHCA'kHÏÉMX WnHCSîTCA wkv^VX AOCTOnaM'kTHKIA, i KBf;i,ÉHHK»
BtC/Ua hSH^^HKIE^ BnOA3S AI<^BC«AAy/l,ph.lMZ TipaTtAÉ/UX o^-RpaHî-
H/fVIOLfJHMC/ft BnpOMHTaHill H BC> O^MÉHÏH KHi^KH{/UK \'^AJSi,lCai] \ Ha
NICOLAS SPATAR MILESCU. 47
TpH HaCTH pa3AÉAHCA, mji,i niÇiRAA HCHHCAAÉTX KéIPH OHHNyX >KÉ
caMOc KAarc»KÉCTKÉHHOÉ nHcaHïe i cE/^Ta/^ nïpkKOBz HaSHatTz,
BTCpaA ONH^X JKÉ ^HAOCO^iH AK«KO/\VS/l,pZCTKSM>TZ^ TpÉTHA ÎKÉ
CHM^K >KÉ HeH4ÉCK0É CC»;l,ÉpHÎHTCA O^pÉHHÉ. [A la fin:] Go-
BEpujHC/A H npHBc^£C/ft HOna/ft cH/\ KHiH;HU,a npHe/v\o-
Aoria WTz AAS/i,parw aiSîka Hhkoaa^a GnAÉ^AÇ^n^, KA'fcxo
^3pna; CÉn&TÉKpHA rî& k*> /i,éhu [Arithmétique, ou
Livre de la science des nombres, dans lequel sont consi-
gnées, à l'aide des chiffres, des choses merveilleuses et très
utiles pour la conduite; ouvrage propre à la lecture et à
l'enseignement pour ceux qui s'adonnent à la philosophie ;
divisé en trois parties : dans la première sont enseignées
TEcriture sacrée et la sainte science ecclésiastique, dans
la seconde les philosophes se livrent à l'étude de la philo-
sophie, dans la troisième est contenue la science de l'é-
thique. — Ce nouveau livre intitulé Arithmétique a été ter-
miné et calculé par sage homme Nicolas Spatar en Van
7181 —~ 1672, le 26" jour de septembre . . .]
Biblioth. de M. le professeur N. Kedrov, ms. in-fol. de 148 ff. — Biblioth.
du monastère de Cudov, ms. n*' 159.
M. Kedrov a donné une notice détaillée et des extraits de son ms. dans
le jKypnaji'B MHHHCTepcTBa napo^Haro npocBiinema, 1876, I, 1 — 31. —
Le ms. de Cudov est cité par l'archevêque Filaret dans l'OôsopTb pyccKOH
/^yxoBHOH jiHiepaTypH, 862—1720 (XapbK0BT>, 1859, in-8), 351. Ce dernier
auteur indique VÉthique comme un ouvrage distinct de V Arithmétique.
VI.
XpHC/MOAoriôHX, CHp'kMk HHHra np(pcM{HOCAOBHa/ft^ WTX npo-
pCHicTBa ^aHiHAOBa cKa3aHÏÉ cohîa NaKS^o^^'HCcopa; Tante w
MÉTypt^z /MONapYla^si bccachhu/A h w aoîknomx npcpou.'k May-
48 EMILE PICOT.
MÉT'k H l^dpCTBÎH 6rW. HoTO/MX np(;i,p{MEHÏ£ AeA U,apA RpïM^-
Aparw H HHMYK^ IV nA-kHCHiH U,apArpay\,a, h iv TspKa^x, h hto
H/UaTk KKITH KZ rfiéiiJ!L,^l\i(î Bp£/VVA. TaHÎÉ IV aHTHYPHCT^ H W
HHkl](% H3pA/k,Hh.lY:& Elliii\7.. M^KE ECA HA TpH IVCCEHKIA KHHni
pa3^'kaAK»TC/îv. GDtx js, ç^ ( r H'k h ui'i a )(^apaTÉHNhJA khhth
6/\AHHC)-rpEMECKi<A nçi(&tj\,iHA UA caaBEHCKiH a-^hïK^ no-
BEA^HïfMsi KaaroMÉCTHR'kHiijariv^ THiuaHmarw, caMO-
/i^cp^aBH'tHUjariv rocy/i^apA u,apA h RMHKariv kha3a
û^(^\/^ MHYaHAOBHMa^ bcc/A ËeaHKi^A h MaakiA h B'k-
AKiA PocÎH ca/UO;i,ÉpîKi;a, hpé3z HHKoaaA Gnaeapi/îv, h
HÉ TOKMO npÉRÉ^eHa, HO H Ha BCA PAaBki pa3aHHHa<A H
npocTpanHaATcaKOBaniA erw /MHorc>TpS/i,Hki/Viz Tipa-
niC/UK npHAO^KEHa. RlV l^apCTB^HMjJEMZ h npCH/UtHHTO/UX
rpaA'k MocKBi:, rz a'kTO wtz cotbopéhïa /uipa 7181 é^,
iVTz BonaoLpEHiA îKÉ Kora GaoBa 1673, /U-kcAij^a MnHSa-
pia Bx 25 /i,ÉHk. IIoy^aÉîKHTk cî/î^ KHHra pa3cy>K/i,ÉHiK> npaBO-
CaaBHfaJ/A L|,EpKB( H BAarOMECTHB'kHUJarU' U,apA H CAiW^J!L,lfi}¥iU,A
pa3C/uoTp'kHiK». [Chrèsmologe, ou Livre de prophéties, ex-
plication du songe de Nabucliodonosor par le prophète Da-
niel; item des quatre monarchies de l'univers, du faux pro-
phète Mahomet et de son empire. Prédiction du très sage
empereur Léon et de plusieurs autres personnages touchant
la prise de Constantinople et les Turcs, et ce qui arrivera
au temps à venir. Item de l'Antéchrist et d'autres choses
extraordinaires. Le tout divisé en trois livres différents.
Traduit en langue slovhie, cUapr'ès d^anciens manuscrits
grecs, sur V ordre de très pieux et très pacifique seigneur et
autocrate, le tsar et grand 'prince Alexis Mihajlovic, auto-
crate de toutes les Russies : de la Grande, de la Petite et
NICOLAS SPATAR MILESCU. 49
de la Blanche, par Nicolas Spatar; et 7ion seulement tra-
duit, mais encore accompagné, à chaque chapitre, de com-
mentaires étendus, qui ont coûté beaucoup de peine et de
persévérance. Mi V impériale et très renommée ville de Mos-
cou, Van de la création du monde 1181, de V incarnation du
Verbe de Dieu 1673, le 26' jour du mois de janvier. Ce
livre est soumis à la censure de l'église orthodoxe et à
l'examen du très pieux empereur et autocrate.]
La Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg possède au moins trois
copies de cet ouvrage : celle qui faisait partie de la collection Tolstoj, in-
fol. de 195 ff. (voy. Stroev, Onncame pyKOnHceH rpa*a TojicxoBa ; MocKBa,
1825, in-8, I, n° 56), celle du comte Rumjancov, in-fol. de 327 ff. (voy.
Vostokov, OnHcaHie pyccKHX'B h CJiOBeHCKHXî. pyKOnHceii PyMaHu,OBCKaro
Myaeyma; C.-IIeTepôypri,, 1842, in-8, 790—791), enfin celle de V.-M. Un-
doljski, in-fol. de 476 ft'. (voy. CjiaBaHO-PyccKia PyKOnHCH B. M. YH^Djib-
CKaro; MocKBa, 1870, gr. in-8, 409, n° 656).
Un important ms., qui provient de la bibliothèque du prince B. Vasilje-
vié Golicyn et qui compte 357 ff., appartient au monastère Antoniev Sijski
(n° 47); il contient, outre le E7-ismologion, cinq ouvrages dont il sera parlé
plus loin, savoir le Lim-e appelé VasiUologin, le Livre composé d'extraits tou-
chant les neuf Muses, la Description de Véglise Sainte- Sophie, le Discours pro-
noncé par V ambassadeur de Pologne en 1674 et le Livre hiéroglyphique.
Trois autres mss. existaient, au commencement de ce siècle, dans la
bibliothèque du prince Paul Demidov (Muséum Demidoff mis en ordre systé-
matique et décrit par G. Fischer; Moscou, 1806—1807, 3 vol. in-4, I, n° 640,
641, 642); enfin il existe encore un exemplaire du Hrismologion dans la
bibliothèque du saint synode de Moscou (voy. Gorski et Nevostruev, Ouh-
canie caaBaHCKHX'B pyKonHcen chho^. ByôjiioTeKH b^b Mockb*).
Ajoutons que l'introduction de Spatar a été publiée en 1841, par M. Pole-
voj, dans le PyocKin B'ècthhk'b, II, 383—400.
VII.
KhHPH rC>cS/k,apCTBIHHC»H W KÉpYOBHhJ)fX npaBHTÉAA](Z> PoccÎH
H /l,pSrHj(Z CTpaHX ^pfBHHYZ H HCiBKIY% Bp£/U{HK. Bcfc 6TH
KHHPH CCCTaBAfHkl nO H;EAaHiK) Ll^ap/ÎV ÎIaé^Îa J^i\Jh HaC/\'fc/l,HHKa
npÉCTOAa i^apÉBHMa Oto^opa. [Livres d'état des souverains de
4
50 EMILE PICOT.
la Russie et d'autres pays anciens et modernes, recueillis
par ordre du tsar Alexis pour l'héritier du trône, le tsaré-
vitch Théodore.] Ms.
Stroev, OnHcanie pyKonHceii rpa^a ToaCTOBa, I, n° 215.
Cette compilation fut faite par divers auteurs; mais Spatar y prit une
part importante. Voy. /I|onojiHeHie kt> iiCTOp. Akt., I, 190, 191, 193, 197,
199, 217. — Filaret, Oôaop'B pyccKon ^yxoBHOii jiniepaTypH, 351. — ^ep-
HiirOBCKia enapxiajiHLia B'È/^0M0CTH, 1864 ro/i;a, nacTB Heo*#Hi],ia:iiBHaa, 708.
VIII.
KHHra BacH/vîwAorHHx, et ecTh, GoMHCAÉHïf hah GOnHcame
BCfcjfX U,apfH; HMÎÉ KA)(S RO KCf/UZ iWl^% WT5& BCfe^X HapO^CBX
^OKAÉCTKÉHH'kHlliiH H H/MÉHHT'kHUjiH, WTZ HA^AAA Ml^A ;i,OCf/\'k.
[Livi-e appelé Vasiliolog-in , c'est-à-dire Chronologie ou
Histoire de tous les empereurs qui, dans le monde entier et
parmi toutes les nations, ont été les plus vaillants et les plus
fameux, depuis le commencement du monde jusqu'à pré-
sent.]
Ce traité est contenu dans le ms. du monastère Antoniev Sijski que nous
avons décrit ci-dessus; il en occupe les ff. 246—300. Il doit en exister des
copies séparées.
IX.
KHHra H3EpaHHaA KKparn-k w js,(&'kTn ^^ca^^ h w cé/i,/mh
cKOKOAHkix^ Y8/i,oîKÉCTBaj(z. [Llvrc composé de courts ex-
traits touchant les neuf Muses et les sept arts libéraux.]
Ms. in -4 de 65 ff. — MS/i,pocTb hah QnHcaHït cé/i,mh cbo-
KOAHKIX^ \-SA'î'^*<^'rBZ, KA/^ MTO BS CIK± CC»/k,Ép:KHTX f H3Z
NICOLAS SPATAR MILESCU. 51
6/\AHHCKarW ^ïaAÉKTa H3CA't/^C)BaHHIil Ha CaaBEHCKÏH
ra3iiiK% MPÉ3Z HHKOAa/fi GnaoapÏA, a'kra rocnoAHï^
^a^or. [L'Intuition ou Description des sept arts libéraux,
ainsi que ce que renferme chacun d'eux; recueil traduit
de langue grecque en slovène par Nicolas Spatar, l'an du
Seigneur 1673.] Ms. in-4 de 12 ff.
Le ms. dont nous venons de décrire les deux parties était conservé autre-
fois dans la riche collection du comte Tolstoj (voy. Stroev, OnHcanie pyrco-
nnceâ rpa#a TojiCTOBa, 377)-, il se trou.ve aujourd'hui à la Bibliothèque im-
périale de Saint-Pétersbourg. Le volume est supérieurement calligraphié et
orné de figures coloriées d'après les dessins de Spatar.
Une autre copie se trouve dans le ms. du monastère, Antoniev Sijski,
fol. 301—332.
X.
KHHra w GHKHA/\a](x. [Le Livre des Sibylles.] Ms.
Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg (Rumjancov, n° 227). Cette
traduction, dédiée au tsar Alexis Mihajlovic, fut commencée en 1673 et
achevée dans les premiers mois de l'année 1674. Voy. /],onoaHeHie k-b aK-
TaHï) HCTOpniecKHM'B, H33;. apxeorpa*. KOMHcieio, VI, n° 43.
XI.
QnHcaHÏc npccaaBHMA h npcBEAHKiift l^epkbc H/umoBaHHkiA
mS^écx BccACHHki/ïv 00 ;i,cctohhctbS comhcaaétca. [Description
de la très fameuse et très grande église appelée Sainte-
Sopliie, à Constantinople, laquelle est à bon droit comptée
parmi les sept merveilles du monde.]
Cette pièce occupe les ff. 333—348 du ms. déjà décrit du monastère
Antoniev Sijski.
4*
52 EMILE PICOT.
XII.
U(piRC'j!L,^ cz p'k4H KaKOBS npH BfAHKO/uz Tocy^ap-fc nap'fc H
BEAHKOMK KHA3't ^AÉ^i'k MH^aHAOCHM-k, KCÉA ËCAHKiA H M.A-
AWA H B'tAkIifV PoCciH CaM<>AÉpîKU,'k, rOKOpHAX nOCAaHHKK noA-
CKOH Ga/MOHAO BïHl^CAaKCKOH, KS/k^^MH Ha npî'kSA'k KO 183-/UX
r^js.'S cmTAKpa ko 18 yi,tHk. [Traduction du discours pro-
noncé devant le grand seigneur, tsar et grand prince, Ale-
xis Miliajlo vie, autocrate de toutes les Russies : de la Grande,
de la Petite et de la Blanclie, par l'ambassadeur de Pologne,
Samuel Vencslavkoj, lors de son arrivée, le 18'' jour de
septembre 7183=1674.]
Cette pièce occupe les ff. 349-352 du ms. du monastère Antouiev Sijski.
XIII.
KHHra lepOrAH^jSÎHCKaA, CKAlJJÉHHOKaATtAHa^, CHp'kHI» TaMHO-
nttCMiHHAA, laKW WBkIKOma BrHHTAHt H BaAHHW hé HHC/UÉH-
Hkl/UZ, HO H^HBOnHCaHiE/U% H'kKHMZt TaHHKIAAIK H nfitiW^J\,^hiiVi^,
raBHTH BKicoKoio /MS/k,pocTh, H oyMeHïÉ. [Llvrc hiéroglyphique
hiératique, ou de l'écriture secrète; comme les Egyptiens et
les Grecs avaient coutume d'employer des signes secrets
et des emblèmes, peints et non écrits, pour montrer leur
haute sagesse et leur haute science.]
Ce traité, qui contribua ijrobablement à faire accuser Spatar de sor-
cellerie, se trouve à la fin du ms. conservé au monastère Antoniev Sijski,
fol. 353—357.
NICOLAS SPATAR MILESCU. 53
XIV.
KHHra KX Mïli,AX^ h CZ PÉMÉHÏÉMZ, COHHHIHHaA AldKapïfMZ,
naTpiapxc^'Wa fluTïwxificKHMX. [Livre en figures, avec un
texte; composé par Macaire, patriarche d'Antioclie.]
Cet ouvrage, daté de 1674, est cité par M. N. Kedrov (SKypHajiî, mhh.
Hap. npocB., 1876, I, 4) d'après N. Novikov (Hciopifl o He.BHHHOMT. aaio-
xîeHiH ÔoapHHa ApieMOna Cepriesma MaiBteBa, hs^. 2-e; MocKBa, 1785,
in-8, 39).
XV.
1. KHHra, a bz hih nncaHO nSTkUJÉCTKÏe uapcrea Ghkhpckofw
WTX ropOAa ToKOACKa h a^ ca/uorw pSBÉJKa rocSAapcTBa Kh
xaHCKorw, A-kra 7183, M'kcA^a ma\a bz 3 h a«m«^ ^ nncaHa
cÎA KHHra, K^r^A n« o\fKa3S RïAHKarw tocSa^PA, uapA
H RÉAHKarO KHA3A ÛA(^±/^ MnXaHAOBHMa, RCfA Réah
KÎA h Maaki;^ h K-kawA Pocin caMCAep^U^; WTnSiMÉH-K
BKiAZ czMccKBW BT. KHTaficKOÉ rcc8 AapcTBC Hhko AaH
GnaeapiH, ^±TA 7183 /waÎA bx 3-h aé""-- [Livre dans
lequel est décrit le voyage de l'empire de Sibérie, depuis
la ville de Tobolsk jusqu'aux frontières du royaume de
Chine, le 3 mai 7183 (1675). Ce livre a été écrit lorsque,
par ordre du grand seigneur, tsar et grand prince Alexis
Mihajlovic, autocrate de toutes les Russies : de la Grande,
de la Petite et de la Blanche, Nicolas Spatar fit le voyage
de Moscou au royaume de Chine, le S mai 7183.]
Le ms. original de cette relation est conservé aux archives du ministère
des affaires étrangères, à Moscou (KHHra KHTaHCKaro ^Bopa, n° 5).
Le même dépôt possède, sous les n- 3 et 4 de la même collection, les
instructions données à Spatar et les correspondances qu'il adressa pendant sa
mission au bureau des ambassadeurs. M. Bantys-Kamenski (^Hn.T[0MaTHHe-
CKOe CoôpaHie, 23—36) a donné quelques extraits de ces pièces.
54 EMILE PICOT.
2. HyTemecTBie npe3i> Chôhpl otœ> To6o;iLCKa 71,0 Hep^HHCKa h
rpaHHi],Œ) KHTaa pyccKaro nociaHHHKa HnKO^iaa Cnaeapia b^ 1675
ro^y. ,4opoatHHH /i,HeBHHKi> Cnaeapm cï> BBe^enieMï. h npHM^iïa-
HiaMH 10. B. ApceHBeBa. C.-IIemep6yxm. Tunoipa^n Kupmôayma,
e^ d. MuH. 0^maHcoe^, ua ^eopn. nAom. 1882. [Voyage à tra-
vers la Sibérie, de Tobolsk à Nercinsk et à la frontière de
Chine, par l'ambassadeur russe Nicolas Spatar en 1675.
Journal de voyage de Spatar, avec une introduction et des
notes par J.-V. Arsenjev. Saint-Pétersbourg, Typographie
de Kirsclibaum, hôtel du ministère des Finances, place de
la Cour, 1882.] In-8 de 214 pp., 1 f, et une carte.
3anHCKH HMnepaTopcKaro pyccKaro reorpa*n^iecKaro OômecTBa no OT^t-
jiemio 8THorpa#m. ToMt X, Bi,inycKï> 1. [Mémoires de la Société impériale
géographique de Eussie. Section d'ethnographie. Tome X, 1^'<= livraison.]
M. Arsenjev a fait suivre le journal de Spatar d'un certain nombre de
pièces également tirées des archives du ministère des affaires étrangères :
instructions, notes, dépêches, etc.
3. CKasame 0 BeiHKon piK'Ê Aiiypi, KOTopaa pasi pann^H^a pyc-
cKoe ce^ienie ci. KHTaSi],aMH. [Récit du grand fleuve Amour,
qui forme la limite entre les établissements russes et la
Chine.]
BiCTHnK-fe Hmu. PyccK. Teorp. 06m., VII (1853), II, pp. 15 et suiv.
Ce récit, publié par M. Spasskij, d'après un recueil ms. de la fin du
XVII" siècle, où le nom de l'auteiir n'était pas indiqué, a été restitué à
Spatar par M. J.-V. Arsenjev (0 np0HCX03K7i;eHiH « CKasanii! o BejiHKOH p^K-fe
ABiypt. » OT/i,'fejn.HO OTneiaTaHO hsŒ) HsBicTii Hmd. PycCK. Teorp. 06m.,
XVIII (1882), in-8 de 10 pp.).
4. BipXoç èv -§ YÉypa'E'cai 7^ 'O^oiTcopia ttjç paatXsiotç toô -
STjixTTTjpioo [sic] àiuo tYjc TToXscoç To[JL7c6Xa%Y]ç , [xs/pi %al
tcôv 6pi(ov too paadsioo XTjcXT^vac, èv stsi à§a[j-iatfp 7183.
'Eypdçp'/j ^è aoxYj otav ocatà TcpoaxaYTjv toô [XcyctXoo aôGsv-
NICOLAS SPATAR MILESCU. 55
irda^^ç MsydXïjç, Mtxpàç t£ v.ai AcO^Tjc'Pcoaaiaç aôiroxpd-
Topoç, èTr£[JL^97] àizo zfiç, MoaTcoêaç {j-£i:à '7up£o6ctaç elç, zo
^aaiXeiov zfiç, Xi^vaç 'Niv.ôXaoc, 6 SiuaÔdpLoç. — [A la fin:]
M£i:£(ppdaGïj èv £i:£i 1693 àiro Xpiaroô Y£VV75a£C0(;
£V [XTjvl b%ta)6pi(p, èv TY] [i-£Yiax'(] ^aGiXe^oùo^Q tz6-
Xei M6a%o6cf, '7cpoaTdS£L zoo TuavoauoTdiroo xal Xo-
Y^cotdToo dyioo dp)(t{iavopiT0O tïjç dytaç zai xpia-
ToêaBtoToo 7udX£(oç 'l£pooaa>.7j{JL, 'jrapov'coç %at
aÔToâ èv T-^ [Ji£yiatY] %al Xa[Jt7up'^ 7r6X£c laox'r]. Ms,
in-fol. de 149 ff.
Traduction grecque du journal de voyage de Spatar.
Ce ms. a été vu dans la bibliothèque de feu M. Sophocle Œconomos,
d'Athènes, par M. Sathas, qui en a donné la description {NEOEkXr]viy.rj 'PO.o-
Xoyfa, 399). M. Emile Legrand a reproduit cette description (Bibliothèque
grecque vulgaire, III, xxxiij) en rectifiant M. Sathas qui avait cru pouvoir
attribuer à Spatar lui-même la rédaction grecque. La souscription reproduite
ci-dessus porte simplement que la relation du voyage en Chine a été tra-
duite par ordre de l'archimandrite de Jérusalem, c'est-à-dire de Chrysanthe
Notaras; d'autre part, une lettre adressée par Spatar au patriarche Dosi-
thée en 1693 dit expressément qu'il n'a écrit que le texte slovéno-russe.
Nous ignorons en quelles mains a passé le ms. de M. Œconomos. M. Spy-
ridon Lam_bros, que M. Legrand avait prié de le rechercher, n'a pas réussi
à le retrouver.
5. 'OSoiTcopizov Ypacpèv oiav %atà TcpooTaY^iv zoo paai-
X£coç'Ptoaaiaç'AX£yooMi)(a7jXG6itC èirèfi.^pÔTj diuô xTjçMoa-
jtxc, [X£'cà '7rp£a6£taç £iç zo paatX£iov ttjç Kivolc; Ni%6Xaoç 6
STuaGdptoç, èv £X£t diro %'cta£a)ç %6apL00 7183 [1675]. Ms.
in-fol.
Biblioth. du couvent du Saint-Sépulcre à Constantinople, n° 575.
M. Emile Legrand possède une copie complète de ce ms.
56 EMILE PICOT.
XVI.
QnHCaHÏE WTZ nOAOÎKtHÏH, /WhJT-k, eCTÉCTB-k H npocTpaHCTB'k
H npoH. KHTaHKcrw rocSA'^pcTBa. [Description du site, des
douanes, du climat, de l'étendue, etc. de l'empire de Chine.]
On connaît nn assez grand nombre de mss. de cet ouvrage qui est encore
inédit. La Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg en possède plusieurs
qui ne portent ni la date ni le nom du copiste.
Un exemplaire qui se compose de 350 pp. in-fol. appartient à M. M. Pe-
trovski, professeur à l'université de Kazan. C'est d'après cet exemplaire que
M. V.-M. Florenski, dans les appendices qu'il a joints au /^un-TiOMaT. Coôpa-
Hie Tiit-TB MesK^y PocciÔK. n KHianCK. rocy^apcTBaMH de M. Bantys-Ka-
menski (p. 520 — 529), a donné une notice et quelques extraits du livre.
Le plus intéressant des mss. connus de la Descri^Dtàon de la Chine est
celui qui fut rapporté en 1730 à Paris, par M. Soyer, et qui est coiiservé
aujourd'hui à la Bibliothèque nationale (Mss. si., 35). Ce dernier exemplaire,
qui compte 211 fif. porte la mention suivante : GnHCdHNoe KAarocAOBEHÏeMiv a*-
KparW npHATÉAA n*nÉMÉH?£AV<Ke IwdHH<l FdB. GndpKEHefrtTd R-K KpdCKOH H HciROHÉAVÉHKÔH
CAOK^A't npH iiApcTB!?i«ijjÉA»Ti rpa^'t MocKB-fc, A-fera cnaceHÏA MjAOR'kcKarw ^a^nt a wtti
cosA-iHiA A\Hpa n<> pScKOA»S MHH-fcHiS ^3pHA (écrit avec la bénédiction d'un bon
ami, par les soins de Jean Gavrilovic Sparwenfeld, dans la Sloboda (Fau-
bourg) rouge et néo-allemande, prés de la ville impériale de Moscou, en
l'année de la rédemption humaine 1685, 7194 de la création, selon le com-
put des Russes).
Sur le titre même de sa Description Spatar nous apprend qu'elle a été
écrite par ordre du feu tsar Alexis, et qu'elle a été composée, tant d'après
ses observations personnelles que d'après les récits d'autres voyageurs.
L'ouvrage compte 59 chapitres dont M. Florenski a reproduit les titres; il
se termine par une histoire de la guerre des Tatars que le P. Martinov
(Les Manuscrits slaves de la Bibliothèque impériale; Paris, 1858, in-8, 105) dit
être une simple traduction du livre de Mart. Martini intitulé : Historié délie
gueri-e seguite in questi ultimi anni fra Tartari e Cinesi (Milano, 1654, in-8).
La narration de Martini avait eu entre 1655 et 1661 deux éditions latines
et une édition française. Voy. Brunet, III, v" Martini.
XVIL
GvMÉOHa, Eaa>KCHHariv apYïmHCKona OïccaAOHiK'mcKarc»^ Ha
epÉCH, H w 6;i,HH0H npaBCH Hamm ^PHCTiaNCKOH B'kp'k; h cba
NICOLAS SPATAR MILESCU. 57
l^JtHHhJYX CA^JKKaXX H TaHHa)fZ l^ÉpKOBHW^X, /l,KOÉC/V0BHdA Ké-
C(JiL,A. H W KOÎKÉCTBÉHH'k/MZ ^pa/U'k H W H>KÉ BX HÉMZ Afi\liQ(tE%
H lepÉÉBX H Ai^K<?"^KZ, H T%Z, H](îKÉ KÎhîKAW H^X W^ÉÎKAaMM
CBATWMH IVA'kATC/ft, H W KOJKÉCTBÉHHO/UZ TaHHC»/l,'kHCTBiH, M
TOAKOBaHÏÉ Gv/MBoaa npaBOcaaBHh.iA YpHCTiaHCKÎA Bi:pki, h H3-
AOÎKfHÏI p'kMmÎH erC WTKSaS COBpaHH rôTk H Ha KÎHYX CAO^fHH
cSTb. ITpHTCMz cc>/i,ep>KHTÉaHKr/îv npaBOcaaBHki/A BHkpki raaBki,
CM ecTk côcraBh,!; ^BaHa^ecATh, h taKW ch^x ive/i,ép}khtx cba-
IfiEHHklH CVMBOaX; H W WRJi,(Çi}K\iT(AHhlX^ ACKpO^'feTea'kYX, H
iVTB^vTki Kz H-kKiHMZ Bonpcco/Mx ap^iÉpÉa, BC»np<»CHBiuS erw,
H nccA^k^H w CBAijiÉHCB'k. RoTO/WX /wSAP'k"iuarw h caoBïCH'kH-
uuariv Mapna BirriHiKa, MHTponoaHTa «^tcKarw, TcaBOBaHÏÉ
UEpKOBHU/A Cai^îKBkl H IV HH)(X IVraaBaÉHÎA HSîKAHaA H npÉKÔ-
raTa^ ji,E.A. HanïMaracA hjkahbéhÎé/Wx KaaroHÉCTHB-kHUjariv,
npÉcaaBHarw h npici/îkhMpariv h THuiaHiuarw kh/A3A; rocnoAHHa
IwaHHa J\^K», BOÉBOAki BCÉA McaAOBaaYÎH h Bïa/MOH^Harw
E.àâX^T(AA H HanaacTBSKMiJarw bcéa OifKpaHHKi; npHa'kîKa
hÎémk h HcnpaBaÉHÏi/MX CACBicH-kHiuarw HCTapia BcaHKiA u,epkbë
rccncAHHa ÎUMHHa A/Vc/iHB^a HpaKaiaHUTHHa^ bx hp^mécthch
narpiapiUÉCKOH h rccnoAapcTBïHHCH wkhtéah nfpBCBÉpv^JBHKiYx
anocTOAx H/umSÉ/WKiA HïTau^Sa, bx aivT'k cnacHTÉAHdMx
1683-MZ^ Bx M'kcAH'k wktobpÎh, bx Met Moa^aBÎM. — [A la
fin:] HanÉMaracA bo FiaciM Mca,i,aBCKi/îv 3ï/uan, hjkahbéhïé/MX
cyKW npÉcUTÉAHariv, EAaroHïCTHB'kHiuarw h rpébocyoahtéa-
Harw HrïMOHa rocnoAHHa IwaHHa A^"^"? bc»éb<»/i,IiI bcé/î^ Mca-
/k^OBaaYÎHCKÎA 3É/waH rccno^apA h HanaaHHKa bcéa OvBpafiHw;
TipaHÏÉ/UX 7Kt H HcnpaBACHÏ£/Vvx cACBÉCHicHiiiarw rocnc>yvnM<*
IwaHHa MoAMB^a ïTfpÎHeiaHHHa, npH KCtrOAWKf3H'kHiiiÉMX enHC-
KonHk Y^CKO/MX Kvpx AlVHTpc^sanHk, bx a-krc wtx XpHCTa 1683.
58 EMILE PICOT.
û Ha caobehckIm ra3MKz nçi(E(Js^(c/^ iic cHA'k ivtx /WHOro-
rp-feiuNarw TO/XKCBaTÉAA HHKoaaA Gnaeapi/A, A'tra
7206-riv ctMTîA\EÇi\A bz 26 /i,ÉHk. [Traduit en langue Slo-
vène par les soins du très fautif interprète Nicolas Spatar
en 7206 [1697] le 26^ jour de septembre.] Ms. in-fol. de
749 ff. (XVIII^ siècle).
Bibliothèque des archives du ministère des affaires étrangères à Moscou.
Voici le titre complet et la description de l'original grec :
ZujXEwv 11 Tou IMazaptou || àpyte-iaxoT^ou ]] GEaaaXov^y.y).; || Kaià atpEaEwv, Ka\ nepi
T^ç [J.ovy]; opS-r^i twv XpiŒTiavwv i^[j.wv m'çswç. Tôjv ts Σ-|]pwv teXetwv y.at Muçr]-
pfwv z^i 'ExxXï;a(aç || AtaXoyoç. || ITspî te tou Qe^ou Naoîi [| y.cà tSv iv aÙTw àpx.t£-
p/(ov TE TZîpi II lEp^wv xal otaxôvcov. Ka\ twv wv sxaaTo; jj toutwv çoXwv Uptov
rEpipâXXETat. Kal TiEpi ttJç ^E^aç jj-uçay^ylaç. |j E'i'ctte to t^ç opGoBo^ou twv Xpiçtavtov
Ttfç'Ew? EÛ1J.60X0V £p[j.7i-||vE(a. Ka't Tœv toutou p7]aEcov Exi9-Eai;, o-5-EV te CTuvEX^yr)-||
CTfltv, xal xaT« Tt'vwv (Juyx£t[j.Eva( eictiv. "Eti oe T:£pt-|[EXTixà tou op^oSo'Çou ■KlgEtùÇ,
xE'-pâXaia, TjTOt |] ap5-pa owÔExa. Kat oTi TauTa jîspiE'jfEi || to '.spov wU[j.6oXov. Kai
TTEpi TWV II 7:£pt£XTlX(0V àpETr)?. || ATTOXpfaElÇ TE T^po'ç TlVaç ÈptOT/lCTElÇ 'Ap/lEpE'cOÇ, ||
i^pfOT»)XOT0ç auTOV. Kat TE^EUTatov Tzspl II 'lEpwauvrjç. MeO'wV || tou ao-fioTctTOU za't
XoyiwTttTou II Mapxou EùyEVixou [j.rjTpo7coX{TOu 'E'f^aou || 'Eli^yrjCTti; T^ç EXxXvjaiaaTixfJç ||
'AxoXouôtaç. Il 'E9'' otç :i:tvax£ç àvayxaîbi || xott TiXouaiwTaTot oûo. || Tu7:w^^VTa 8tà
oa7:âv»); tou £ÙCT£6£çaTou ivSoÇoTaTou £xXa[j.7rpoTaTOu te Y.oà yaXri-||voTâTOU ;^y£[j.ôvoç
xupfou xupiou 'Iwavvou Aouxa BosêôSa Ttaa/)ç MoXBoSXaj/faç. || tou [lEyaXoTtpETïEÇaTou
'Au5-^VT0u xa'i àpyr)you ::â!Tir)i; '0xpa'i.vr)ç. || 'EKtiJ-EXEia xal otop5-wa£t tou XoyicoTccTOU
NoTapi'ou T?)ç piEyâXrjç [| 'ExxXv)a(aç xupiou 'Itoâvvou MoX{6oou tou e^ 'HpaxXE^aç. ||
'Ev TÎj CTE6aa[j.^anaTpiapy[x^xai «ùOevtix^ [J-o^Tl '^^'' fl T^p wcO''-opuœaf tov
'AtioçôXwv T7)xaXou[j.cvr]||TÇETaTÇouVa||'Ev et Et awTYjpîw'.AXIir. KaTa
M^va 'OxTtjj6ptov. || 'Ev riaafoj Tf)ç MoX8o6{aç. — [A la p. 391:] 'Etu-
7ïto6r] iv rtaa!w t^ç MoXooSfaç, àvaXw[j.a(7i ij.ev tou jra-|jV£xXa[j.:i:poTa-
Tou, EÙaeSEÇaTou, y.cnX [XEyaXorpETCEÇaTou ;^yE[Ao'voç, KupfouKupfou 'Iw-||
avvou Aoûxa BosSo'voa :ra<Tr)ç MoXSoSXay^fa;, Aù9^vtou xai apyrjyou
::a-j|c7]ç 'Oxpafvrjç. 'E7ct[i.£XE(a xat Stop^'toffEt tou XoytcoTixTou Kupiou||
Iwâvvou MoX(6Sou TOU riEptvO^ou, :zapà tou ÔEOçtXEÇaTou || 'Ej:taxo7:ou
Xôuafou xupiou Mï]Tp09avouç. || Ev ETEt ayn^' [1683]. In-fol. de 12 ff.
lim., 391 pp. et 15 ff. de table.
Le verso du titre est orné d'un bois représentant les armes de Molda-
vie. Au-dessous de ce bois sont quatre distiques signés : Jean.
Le 2^ f. contient une épître de Dosithée, patriarche de Jérusalem, aii
prince Jean Duca. Cette épître est datée d'Andrinople le 20 mars 1673. Le
3* f. est occupé par un avertissement du même Dosithée.
Les 9 autres ff. lim. contiennent la table des matières.
Bibhoth. nat. de Paris, D 19 (Inv. D 2). — Biblioth. Mazarine, n° 1380 A.
NICOLAS SPATAR MILESCU. 59
XVIII.
yV,ïapï8Mx HAH ncRCÉAHÉKHOÉ QnHcaHïe nSTUJÉCTRÏA kz MocKR-k
liicHtBÉAMOîKHorw rccROAHHa IrHaTiA XpicTO^iCpa ujAiaYTHMa
y\fKBapuH% H Paaax^ CBAL|jmHarw PS/WCKarw LwntpÏA h Kcpo-
AÉRCTKa EïHrÉpCKarw KaRaaepa, cB/îM|JÉHHarw I],fcapcKôriv Béah-
HtCTBa CCR'kTHHKa ^KCp^BOrW H BOÉHHOrW, WTZ aBrSCTHCH/WkH-
luarw H HfnC'B'k/i.HM'kHUjariv pHMCKarw ÏMnfpaTcpa Atonoa^a
^-rw KO npÉCB'kra'kHiijlEMS h ^fpjKaRH'kHUJÉ/viS u,apic» h béahko/vvS
KHiA3K* AlccKOBCKO/uS IlÉTpS ^AÉ^-fcÉBHMio A'kxa 1698 rw ROcaaH-
HHKa Mpf33RhiMaHHC>rw, onHcaHHoe wtz IivaHHa FtophA KcpBa,
CÉKpÉTapïA nocaaHHHMÉCTBa u,ÉcapcKC»rw. IIphaoîkéhc kx cém8
Ro3BpaipÉHÏA ïrw U,apCKorw BÉAMMÉCTBa wtx eBpcnfHCKHYz
CTpaHX KX CBOH/UX pSBÉHîa/WZ, H K'kACTBÉHHarW K^HTa CTpta-
l^CBZ, H Oï/'MHHÉHHC»riV Ha HH^X RpHTCBCpa H CX HCCA'kA^hMlJH/MX
KpoBaBhiMX HaKa3aHÙ/ux, TaKîKÉ h iv boaujhyx j\,'kAA\'k Mcc-
K«'BCKH)^X ntpÉ^HOBaTCÉ H nC»/l,aHHHOÉ QnHCaHÏÉ. Gx npHBHAtrÏÉ/UX
CBAi|iÉHHorw «rw l^tcapcKOrw BtaHMÉCTBa. FlÉHaTaHa bx B-tH-k
flScTpÎHCKOH HÊHaTÏK» Aec»nc»ayi,a RcHKTa, Tvnorpa^a aKa^^-
iu'mcKoriv. Ms. in-fol. de 208 ff., d'une belle écriture du
XVIII^ siècle.
Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg, F. IV, n° 321.
D'après M. Byckov (IlHCBMa neipa BeJiHKaro xpaHHin,iaca Bt HMnepa-
TopcKon IlyôjiHHHOH BiiôjriOTeK'fe; C.-IIeTepôypr'B, 1872, in-8, 138), cette
traduction porte le nom de Nicolas Spofari fsicj.
Voici le titre de l'ouvrage original :
Diarium itineris in Moscoviam Perillustris ac Magnifici Domini Ignatii
Christophori Nobilis Domini de Guarient, & Rail, Sacri Romani Imperii, &
Regni Hungarife Equitis, Sacr?e Caesarese Majestatis Consiliarii Aulico-Bellici
ab Augustissimo, & Invictissimo Romanorum Imperatore Leopoldo I. ad Se-
renissimum, ac Potentissimum Tzarum, & Magnum Moscovise Ducem Petrum
60 EMILE PICOT. NICOLAS SPATAR MILESCU.
Alexiowiciuin Anno MDCXCVIII. Ablegati extraordinarii Descriptum a
Joanne Georgio Korb, p. t. Secretario Ablegationis Caesarese. Accessit Redi-
tus Suse Tzarese Majestatis à Provinciis Europseis ad proprios limites peri-
culosîç Rebellionis Streliziorura, & latae in eosdem sententife cum subsecuta
sanguinea Execiitione, nec non prfecipuarum Moscovite rerum compendiosa,
& acciu'ata descriptio &c. Cum Privilégie Sacras Csesareae Majestatis. Viennœ
Anstriœ^ Typis Leopoldi Voigt, Universit. Typog. S. d. (le privilège est daté
du 8 octobre 1700), in-fol. de 3 ff. lim., 252 pp., pius 8 plans, 2 cartes et
4 &gg. (Biblioth. nat. de Paris, M. 1180. Rés.)
Il est établi aujourd'hui que Korb était presque toujours bien renseigné
et que, loin d'avoir voulu dénigrer la Russie, il professait au contraire une
véritable estime pour Pierre le Grand.
Un ms. du texte russe, différent de celui que nous avons décrit ci-dessus
(peut-être l'autographe de Spatar), existe aux archives de l'empire à Mos-
cou. Voy. Minzloff, Piei-re le Grand dans la littérature étrangère (St. Péters-
bourg, 1872, in-8), 122—125.
Une traduction anglaise du Diarium a paru en 1863 : Diary of an Aus-
trian Sea'etary of Légation at the Court of Czar Peter the Great, translated
from the original Latin and edited hy the Count Mac Donnel, K. S, I. I. (London,
Bradbury and Evans, 1863, 2 vol. in-8).
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