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LES
GRAVEURS
DU
DIX-HUITIÈME SIÈCLE
TOME SECOND
PREMIÈRE PARTIE.
LES
GRAVEURS
DIX-HUITIÈME SIÈCLE
LE BARON ROGER PORTALIS
ET
HENRI BERALDI
TOME SECOND
PHEMIERE PARTIE.
PARIS
DAMASCÈNE MORGAND et CHARLES FATOLT
55, PASSAGE DES PANORAMAS, 55
1881
Tous droits réservés.
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LES
GRAVEU RS
DU
DIX-HUITIÈME SIÈCLE.
Les DREVET.
1663-1781.
Le nom des Brevet est l'une des gloires de la gra-
vure française. Elevés dans la tradition des Audran ,
les Brevet ont été, à la fin du XVIP siècle et au com-
mencement du XVIIP, les plus remarquables repré-
sentants de la gravure de portrait , qu'ils ont portée à
un degré de perfection qu'on ne saurait dépasser.
Pierre Brevet le père naquit à Loire , près de
Condrieu , dans l'ancien Lyonnais , d'Etienne Brevet
et de Catherine Charnou, le 20 juillet 1663. Ayant des
parents dans le commerce , à Lyon , il dut y venir
pour sa première éducation , et les relations de sa
famille avec celle des Audran qui résidait dans cette
ville facilitèrent ses dispositions naissantes.
11 reçut dans l'atelier de Germain Audran les pre-
mières leçons ; c'est de là qu'il partit pour aller se
II. 1
2 LES GRAVEURS DU XVlir SIECLE.
perfectionner à Paris auprès du célèbre Gérard
Audran, frère cadet de son premier professeur, et
l'un des maîtres d'alors en l'art de la gravure.
Pierre Drevet sentit bientôt combien de solides
études de dessin étaient nécessaires pour la pratique
assurée et magistrale de la gravure , et sur l'avis que
dut évidemment lui donner Audran lui-même , il alla
demander au grand peintre Hyacinthe Rigaud les con-
seils de son expérience et les leçons de son exemple.
Le choix de ce maître décida certainement la voca-
tion de Drevet pour la gravure de portraits , genre
dans lequel il devait exceller. C'est d'après lui . en
effet , que sont exécutés ses premiers ouvrages :
Pierre - Vincent Berlin , gravé en 1688 ( Drevet
avait alors vingt-cinq ans ) ; la femme du sculpteur
Des jardins ; Madame Relier (1689), femme du Suisse
Relier, fondeur de la statue de la place des Victoires ,
Maximilien Titon, secrétaire du roi aux finances
(1690) ; enfin le jeune et élégant duc de Lesdiguières
(1691) , dont on admire encore au Louvre la peinture
originale. Le portrait de sa mère, Paule-Françoise
de Gondy, duchesse de Lesdiguières, gravé dans le
format des Bonnart , sa jeune chatte Menine sur les
genoux, doit dater du même temps. Elle tient un
volume à la main , ce qui rappelle son goût pour les
beaux livres : les bibliophiles connaissent bien en
effet et retrouvent avec plaisir les masses d'armes
des Gondi , entourées de la cordelière de veuve , sui'
les épaves de la belle bibliothèque qui appartenait à la
duchesse. Plus tard , la tête de ce portrait a été refaite
par Duflos, pour VHistoi7^e de la Maison de Gondy.
A l'époque où ces divers portraits ont été exécutés ,
DREVET. 3
Brevet était encore attaché à l'atelier de Gérard
Audran , qui éditait ses planches. Mais à partir de
l'année 1692, se sentant capable de voler de ses propres
ailes, il s'établit chez lui, rue Saint-Jacques au point
de France attenant Saint - Séverin ; c'est là qu'il
publia le portrait de Louis XIV d'après Poërson.
En 1695 , Pierre Drevet se maria et épousa Marie-
Anne Béchet, dont la sœur devint la femme du libraire
Imbert de Batz. L'année suivante , le graveur produi-
sait le Louis XIV à mi-corps, d'après Rigaud, portrait
commandé par les Etats de Provence , lequel se ven-
dait chez lui rue du Foin *, et qui lui valut d'être
nommé graveur du roi.
A partir de cette époque , les beaux portraits suc-
cèdent aux beaux portraits : en 1696 , Antoine Ar-
nauld , le Cardinal de Bouillon , le Cardinal de
Noailles , archevêque de Paris; en 1697, J.-F. de
Montholon ; en 1698 , l'avocat au Parlement Joly de
Fleury, CathetHne de Mailly , et , d'après une pein-
ture du francomtois Revel , Pierre Paillot , l'auteur
de la Parfaite science des armoiries. En 1698 égale-
ment , le président-bibliophile Lambert de Thorigny,
dont la fastueuse demeure existe encore aujourd'hui ;
vers le même temps, sa femme, Marie de Laubespine,
majestueuse dans son riche costume couvert de bijoux;
enfin , en 1701, Madame la présidente de Motteville,
leur fille.
Bien que Drevet ait gravé quelques-uns de ses
ouvrages d'après d'autres peintres que Rigaud , ainsi
1 On ne connaît qu'une seule épreuve en premier état avec l'adresse
rue St-Jacques : elle est à Vienne , à la collection Albertine (Didot).
4 LES GRAVEURS DU XVIll' SIÈCLE
par exemple Jouvenet, Largillière et de Troy, on
peut dire cependant que c'est à ce maître qu'il est
resté le plus exclusivement fidèle, puisqu'on peut citer
jusqu'à quarante-et-un morceaux exécutés d'après ses
peintures. 11 a même gravé deux portraits àeRigaud,
l'un dit à la palette, en 1700 , assez médiocre, par
parenthèse ; l'autre en 1721 , dit au porte-crayon , et
qui est de meilleure qualité, Celui de la mère du
peintre, MatHe Serre , est l'un des trois portraits que
Rigaud avait été faire à Perpignan , de face , de profil
et de trois quarts , afin de donner plus de facilité au
sculpteur Coysevox pour exécuter le buste en marbre
qui devait faire l'ornement de son cabinet.
Le commencement du XVIIP siècle est le moment
le plus brillant de Pierre Drevet. Les portraits do
Félibïen des Avaux , garde des antiques du roi , de
Jacq. Nie. Colbert , archevêque de Rouen , du pré-
sident de Mesme , du graveur Fra^içoïs de Poilly,
sont de ce temps. En ce qui concerne ce dernier
portrait , dont la tête seule a été terminée par Drevet ,
Mariette rapporte la pai'ticularité suivante : « RouUet
» avait commencé de le graver par un motif de recon-
» noissance, et il en vouloit faire un présent aux enfants
» de Poilly, son ancien maistre ; mais il mourut sur cet
» ouvrage et le laissa imparfait. P. Drevet se chai'gea
» de le rachever et le voulut aussy faire gratuitement ;
» l'on reconnoist aisément son travail dans la per-
» ruque et dans plusieurs parties de la teste. »
Puis viennent : le Prince de Conti , portrait gravé
lors de son départ comme prétendant au trône de
Pologne; le Grand-Dauphin; Louis Phèlypeaux,
marquis de La Vrïlliere ; le jeune roi d'Espagne
DREVET. 8
Philippe F, d'après de Troy ; le portrait du Marquis
de Dangeau , où le courtisan , augustement drapé
dans un vaste manteau fleurdelisé , se donne tous les
airs du Grand Roy.
Brevet est en possession , on le voit , de graver les
plus grands personnages. Voici encore le Prince de
Lombes, duc du Maine ; la note manuscrite que porte
l'épreuve du Cabinet des Estampes relate que le duc
d'Orléans fit casser cette planche , parce que la cou-
ronne sur laquelle le jeune prince légitimé appuie sa
main est une couronne fermée. Drevet grava deux
autres portraits du môme personnage. Celui d'après
de Troy, de format grand in-folio , est de la plus large
facture.
L'Académie royale de peinture admit Drevet comme
agréé en 1703 (le 28 septembre), et en 1707 (le 27 août)
il fut reçu académicien. C'est en cette qualité et
pour l'Académie qu'il a gravé l'admirable portrait de
Robert de Cotte, premier surintendant des bâtiments
du roi , travail qui ne fut terminé qu'en 1722.
Drevet a aussi exécuté un certain nombre de por-
traits d'écrivains célèbres, destinés à orner les éditions
de leurs œuvres; mais, accablé de travaux importants
et obligé d'en accepter de toutes mains en sa qualité
d'éditeur d'estampes , il dut se faire aider quelquefois
par Michel Dossier, François Chéreau et Simon
Vallée , ses élèves. Des trois portraits de Boileau
Despréaux , celui de 1706 , seul , peut être considéré
comme un ouvrage digne du maître ; les deux autres
sont très inférieurs à son talent, ainsi qu'un petit
portrait de La Bruyère qu'on rencontre rarement
d'ailleurs en bonnes épreuves. Celui de VAbbé de
6 LES GRAVEURS DU XYIII^ SIECLE.
Rancè ne vaut guère mieux , mais il a le mérite de
rappeler le curieux subterfuge dont se servit le duc
de Saint-Simon pour avoii" le portrait de son ami qui
ne voulait pas , par humilité , laisser reproduire ses
traits. Saint-Simon détermina Rigaud , après beaucoup
de prières, à aller s'enfermer avec lui pendant quelques
jours à la Trappe. Après s'être imprégné , pour ainsi
dire , des traits du saint homme , il fit de lui , par un
effort de mémoire , un portrait qui , au dire de ceux
qui ont connu l'original, était frappant de ressem-
blance.
Si parfois , à cette époque . l'artiste s'endort , il a
aussi des réveils superbes. Quoi de plus merveilleux ,
en effet, dans l'art de la gravure, que le buste-portrait
de la Duchesse de Nemours (1707), souveraine de
Neuchâtel. Tout concourt dans cet ouvrage à la splen-
deur de l'effet produit : la dignité du modèle , le génie
du peintre comme le talent du graveur. C'est , à coup
sûr, un des morceaux les plus achevés de Brevet , et
qui n'a peut-être de supérieur en mérite que celui des
deux portraits du Comte de Toulouse qui porte , en
premier état , deux ancres dans les armoiries , et qui
est si magnifique de fierté et de jeunesse.
C'est en 1712 qu'il termina son œuvre la plus impor-
tante , le portrait en pied de Louis XTV * , planche
gravée par ordre du roi et dont une épreuve était
conservée dans son cabinet, ainsi que le constate
Mariette. On sait par Van Hulst que ce portrait fut
peint par Rigaud pour être donné au roi d'Espagne
1 Le portrait original peint par Rigaud en 1701 se trouve actuelle-
ment au Musée du Louvre.
DREVET. :
par son grand-père , mais la ressemblance fut trouvée
si parfaite que Louis XIV en fit faire une copie qu'il
envoya et conserva l'original à Versailles.
Plus tard , en 1724 , Pierre Brevet exécuta , aidé
cette fois par son fils , le pendant de ce portrait , celui
àe Louis XV, et c'est à propos de ces deux importantes
planches que Mariette a écrit : « Les deux grands
» portraits de Louis XIV et de Louis XV qu'il a gravés
» pour Sa Majesté et par son ordre, sont exécutés avec
» un soin et un détail dont peu de maîtres auroient
» été capables. Aussy cet artiste étoit-il doué d'une
» patience infinie, et pourveu qu'il parvint au but qu'il
» s'étoit proposé , il se mettoit peu en peine du temps
» qu'il lui en coiîtoit et du travail souvent rebutant
» qu'il lui falloit essuyer. »
Les derniers travaux de Pierre Brevet furent le
portrait du roi de Pologne Frédéric-Auguste III et
celui de Louis de Boullongne ; il mourut le 9 avril
1738 , précédant de quelques mois dans la tombe son
fils Pierre-Imbert , qui , bien que gravement atteint
lui-même, comme nous le verrons tout-à-l'heure, avait
pu assister à son enterrement et signer l'acte de décès.
Bans les derniers temps de sa vie , il arriva souvent
à Pierre Brevet d'appeler son fils à collaborer avec
lui , et il est difficile , impossible même de distinguer
la part de l'un et de l'autre dans l'exécution d'un
certain nombre de portraits.
Ce fils unique, Pierre-Imbert Brevet, naquit à
Paris , rue du Foin , le 22 juin 1697, et eut pour par-
rain son oncle , le libraire Imbert de Batz. Tous les
auteurs ont rapporté comme preuve de la précocité de
8 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE
son talent qu'il grava à l'âge de treize ans une estampe
« qui , dans bien des parties , peut faire le désespoir
» des graveurs consommés ». On a été tenté quelque-
fois de voir cette pièce dans le portrait de LillienstecU
(1710) , mais ceci n'est rien moins que sûr.
Quoi qu'il en soit , grâce à la précoce habileté du
jeune artiste, les ouvrages du père et du fils se con-
fondent de bonne heure. Ainsi , lequel des deux faut-il
louer pour les portraits de Camus de Pontcarrè , du
Cardinal de Rohan et de Dodun , M'* d'Herbault ?
Mariette les croit exclusivement de Brevet père, ainsi
que le portrait en pied de Louis XV. M. Duplessis
estime, au contraire , à l'égard de ce dernier, qu'il est
exclusivement de Pierre- Imbert. Souvent, d'ailleurs ,
la collaboration est indiscutable, comme dans ceux
de l'archevêque De Beauvau et du Cardinal de
Fleury. C'est à Pierre-Imbert , en revanche , qu'il
faut restituer le remarquable portrait de Marie-
Clémentine Princesse Sobieska -, dont les ajustements
ont des détails charmants plus moëlleusement traités
que la figure.
Pierre-Imbert a d'abord gravé dans son adolescence
divers sujets de sainteté. La Présentation de la Sainte
Vierge au Temple, d'après Charles Le Brun , est qua-
lifiée par Mariette de coup d'essay de Drevet le fils.
Dans la Résurj^ection , d'après Andray , dédiée à
Jérôme d'Ar gouges , le jeune graveur constate qu'il
l'a exécutée à l'âge de dix-neuf ans. Deux estampes
célèbres doivent se placer de 1719 à 1721 : Rèbecca
recevant les présents d'Eliézer, d'après A. Coypel ,
et la Présentation de l'enfant Jésus au Temple ,
d'après L. de Boullongne. Dans cette dernière , dit
DREVET. 9
M. DidotS le graveur atteint aux sommets de l'art.
Son premier essai de portrait, datant de 1718 , serait
celui de l'archevêque de Tressan agenouillé devant la
Vierge , d'après J.-B. Van Loo ; celui du Cardinal de
Mailly vient ensuite , puis tout à coup Pierre-Imbert
Brevet se révèle artiste de premier ordre , de génie
même. C'est à vingt-six ans qu'il grave ce merveilleux
portrait de Bossuei , l'un des chefs-d'œuvre de la
gravure. « L'on ne peut désirer rien de plus accomply
que cette admirable estampe », s'écrie Mariette ; et de
fait , il semble difficile que l'art de la gravure puisse
dépasser une telle perfection. Toutes les qualités du
graveur consommé se montrent dans cette superbe
planche : l'habileté et la franchise de l'exécution ,
l'harmonie et la vigueur , et par dessus tout une
exquise distribution de la lumière. On a épuisé
d'ailleurs les formules de louanges pour cette es-
tampe commandée au graveur par le neveu du grand
orateur, J.-B. Bossuet , évêque de Troyes , qui pos-
sédait la peinture originale. M. Duplessis dit que si
Rigaud , inspiré par le génie , a su personnifier en
Bossuet , par une allure noble et superbe , le génie de
l'homme , Brevet a su , par son estampe largement
gravée et nullement emphatique , inspirer la même
admiration que pour l'œuvre peinte.
Lévesque, dans son Dictionnaire des Arts de Pein-
ture, etc., à propos du rendu extraordinaire des divers
détails de ce portrait , écrit qu' « il est impossible de
» revoir sans étonnement son fameux portrait de
» Bossuet. On voit dans cette estampe des cheveux
1 Les Brevet, par P.-A. Didot , ISIQ.
10 LES GRAVEURS DU XVIIF SIÈCLE.
» blancs, des chairs, de l'hermine , du linon , des den-
» telles, de la moëre, du velours, des franges d'or, du
» bois travaillé par l'art des ébénistes , des bronzes ,
» du marbre, du papier, etc.; chacun de ces objets est
» gravé d'un caractère différent , et ce caractère est
» celui qui lui est propre. »
Cette admiration pour le détail doit encore être
dépassée , suivant nous , par l'admiration que nous
cause l'aspect si noble de l'ensemble , et l'intérêt que
l'on éprouve à la vue de cette tête imposante sur
laquelle se concentre l'attention. Ainsi que l'a encore
dit Lévesque , on peut graver plus fièrement , plus
librement que Brevet , on peut se distinguer par une
touche plus hardie , mais il ne sera jamais surpassé
peut-être dans la gravure précieusement finie.
Une curieuse méthode pour bien apprécier le
mérite des détails du portrait de Bossuet nous est
donnée par Joubert : c'est de pratiquer une ouverture
au milieu d'une feuille de papier qui ne laisse voir
qu'une portion de l'estampe , et de la promener suc-
cessivement sur chacune de ses parties.
Brevet fut récompensé de ce travail , outre les
applaudissements de ses contemporains , par les suf-
frages de l'Académie , qui l'admit comme agréé le
30 décembre 1724 , et par les bienfaits du roi qui ,
après l'avoir nommé son graveur, accorda au père et
au fils le logement et l'atelier occupés précédemment
au Louvre par Bérain.
C'est à cette même époque, moment de l'apogée de
son talent , que Pierre-Imbert Brevet exécuta ce petit
chef-d'œuvre , le portrait - médaillon de la Duchesse
d'Orléans, dite Princesse Palatine, destiné à orner
DREVET. 11
V Oraison funèbre de cette princesse (1723). C'est un
en-tête de page, réduction du grand portrait peint par
Rigaud à Marly, et dont la ressemblance avait tant
enchanté Louis XIV qu'il avait demandé à la princesse
de le garder pour elle au lieu de le donner, portrait
qui fut gravé dans le même temps, mais dans le format
in-folio, par Simonneau l'ainé. Quant à l'arrangement
de la draperie , il aurait été fait exprès pour ce mé-
daillon par Rigaud lui-même. C'est une pièce d'une
grande finesse sans mièvrerie, d'une exécution franche
et d'une ressemblance toute intime.
Le portrait du Cardinal Dubois, gravé en 1724 , au
moment de sa mort , nous montre avec son air de
fausse bonhomie , ce fameux précepteur du Régent
devenu son âme damnée en même temps que son
ministre. La distribution et l'éclat de la lumière y sont
remarquables , comme dans tout ce que fait Pierre-
Imbert , et quelques détails, la belle pendule de droite
particulièrement, sont supérieurement rendus.
C'est vers 1726, rapporte son contemporain Van
Hulst^ que Pierre-Imbert Drevet commença à être
atteint d'accidents cérébraux très intenses mais inter-
mittents , puisqu'ils lui permirent , dans les intei^valles
de la maladie , de continuer à graver. Pour le portrait
du Cardinal de Fleury, par exemple, qui date de
1730, Van Hulst rapporte que les deux graveurs y ont
travaillé , mais surtout le père . <;< la démence du fils
» étant très forte alors ».
La terrible affection qui devait enlever de si bonne
1 Eloge d'H. Rigaud , publié dans les Mémoires inédits sur les
membres de l'Académie de peinture, 1854.
-«2 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE
heure le grand artiste , et qui fut peut-être augmentée
par l'excès du travail, n'était pas sans lui laisser
des répits assez longs , puisqu'outre les portraits de
Verthamon , de Sainte-Marthe et du Cardinal de
Tressan , il pouvait encore graver, en 1728 , celui
de Cisternay du Fay , cet homme de goût dont les
beaux hvres passèrent en entier dans la bibliothèque
du comte d'Hoym: en 1729, celui du ûndJioiev Samuel
Bernard, aussi remarquable que celui de Bossuet:
« Il falloit que cet artiste , dit Lévesque , pour traiter
» avec tant de perfection tout ce qui peut être l'objet de
>' la gravure , eût une grande pratique du burin ; mais
•> nulle part il n'affecte de montrer son habileté à
» manier cet instrument. Il savoit que cette habileté
» est un moyen de pai^venir à la perfection de l'art ,
>^ mais qu'elle n'en est pas le but. Des graveurs ont
» semblé , dans la suite , ne manier le burin que pour
•> faire voir qu'ils savoient le manier, et autant auroit-
» il valu qu'ils eussent gravé des traits capricieux que
» des tableaux. »
En 1730 , Pierre-Imbert Brevet exécute la célèbre
planche à'Adrienne Lecouvreur, sous les traits de
Gornélie portant les cendres de Pompée , d'après la
peinture de Coypel.
C'est probablement aussi dans les moments de répit
que lui laissait la maladie que Pierre-Imbert donna le
portrait de Fènelon d'après le tableau de Vivien, et les
divers portraits de Louise-Adélaïde d'Orléans, abbesse
de Chelles.
En 1739 , et après une assez longue interruption
dans les dates de ses planches , se place le dernier
ouvrage de Pierre-Imbert , le portrait de l'abbé René
DR E VET. <3
Pucelle , remarquable et dernier effort de ce grand
artiste , qui mourait le 27 avril 1739 , à peine âgé de
quarante-et-un ans.
Les Brevet laissaient un neveu et cousin , Claude
Brevet , homme de premier mérite , pour continuer
les grandes traditions de famille et de leur école de
gravure. On suppose qu'il naquit à Lyon , car il était
le fils de Floris Brevet , marchand dans cette ville ,
frère du graveur Pierre Brevet , dont Claude était
par conséquent le propre neveu.
Il s'initia naturellement aux secrets et procédés de
la gravure dans l'atelier de son oncle , qui lui donna
au début, de même qu'il l'avait lait pour son fils,
quelques morceaux religieux à copier, tels que le
Jésus en croix d'après Lebrun. 11 fut aussi employé
de bonne heure , à dix-huit ans , dit-on , à la grande
entreprise du Sacre de Louis XV , où il contribua
pour la planche qui représente le conseiller d'Etat
Le Pelletier des Forts , déjà fort habilement gravée.
Il faut croire que Claude Brevet fut absorbé toute
sa vie par l'exploitation des planches gravées que son
oncle et son cousin lui avaient laissées , car il a fort
peu produit. Outre cinq sujets religieux, dont un
Christ au roseau d'après Van Byck, on n'a de lui que
neuf portraits. Les meilleurs sont ceux de Madame
Le Bret de La Briffe ( 1728 ) , à' Alexandre Milon ,
évêque de Valence , d'une exécution qui rappelle les
procédés de Pierre-Imbert Brevet , de Pierre Cal-
vairac , du Comte de Zinzendorff ( 1730 ) , et de
Guillaume de Vintimille (1736).
Claude Brevet prit , à la mort de son cousin , le
U LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
logement qu'il avait occupé au Louvre , et y demeura
jusqu'à sa mort arrivée le 23 décembre 1781. 11 s'était
marié le 15 novembre 1745 , âgé de quarante ans , à
Catherine Baudry , fille d'un procureur au Ghâtelet ,
et n"eut pas d'enfants.
C'est l'expert JouUain , connaisseur en tableaux et
en estampes . qui fit la vente du mobilier artistique de
Claude Brevet , et qui , dans la notice du catalogue ,
disait en pai'lant du caractère du défunt qu' « il joignait
» à une grande simplicité de mœurs une modestie bien
» rare dans un artiste aussi habile. »
Outre quelques beaux tableaux de Téniers, Jordaens,
plusieurs portraits originaux de Rigaud gravés par
son oncle ou pai^ son cousin . et le portrait de Lebrun
par lui-même , se trouvait dans cette vente un fonds
de cent cinquante planches gravées par les Drevet ,
Edelinck , Chéreau , Nanteuil , Audran , etc.
Quant au genre de talent de chacun des Drevet , il
faut citer les critiques compétents qui les ont étudiés ;
signaler, suivant M. Duplessis , « le respect religieux
» qu'ils ont eu pour les peintures reproduites , une
» remarquable habileté de main qui se traduit dans
» la souplesse et la variété de leurs travaux , fins et
» serrés dans les chairs , larges et espacés dans les
» étoffes ; variété de tailles sagement fondues , et
» qui ne nuisent en rien à l'harmonie générale de
» l'œuvre ... »
M. Didot n'est pas moins élogieux : « Pierre Drevet
» se fait remarquer par la pureté du burin , l'énergie
» du trait et la perfection des plus minutieux détails ,
^> avec cette harmonieuse gradation des tons qui rem-
DREVET. 45
» place en quelque sorte la couleur, au point qu'on ne
» saurait être facilement un plus fidèle interprète de
» la peinture. . . 11 possédait cette qualité primordiale ,
» essentielle , plus encore indispensable à un portrai-
» tiste qu'à un graveur d'histoire , la science appro-
» fondie du dessin. S'il eut le bonheur de graver la
» plus grande partie de son œuvre d'après deux
» maîtres tels qu'Hyacinthe Rigaud et Nicolas de Lar-
» gillière , et si l'éclat de leurs peintures rejaillit sur
» l'interprétation du burin, il faut convenir que Pierre
» Brevet se montra à la hauteur de ses modèles. Les
» figures , avec leur physionomie propre , vivante , se
» détachent aussi bien sur le papier que sur la toile ,
» malgré le faste écrasant des draperies qu'on reproche
» tant à Rigaud et à son émule. Drevet avait une
» grande ressource de moins à sa disposition , la cou-
* leur ; mais , à force de ténacité et de persévérance ,
» il sut faire sortir de son burin tout ce qui peut sup-
» pléer cette grande enchanteresse. . . »
Les contemporains de Pierre-Imbert Drevet sont
presque unanimes à le louer. On regrette d'entendre
Cochin jeter dans ce concert une note discordante ; il
trouve que ses « morceaux d'histoire, admirables pour
» la beauté du travail , sont beaucoup trop finis pour
» le caractère de l'histoire, ce qui a fait dire aux gens
» de goût qu'il est très déplacé et ne sert qu'à faire
» paraître les figures comme si elles étaient de
» bronze »; en revanche Mariette, Lévesque l'admirent
absolument, comme nous l'avons vu.
Enfin « Claude Drevet , a dit encore Didot , chercha
» à unir la fermeté du burin de son oncle à la finesse
» et à l'éclat de celui de son cousin ; l'influence de ce
Il, LES GRAVEURS DU XVIII' SIECLE
» dernier est même frappante. Bien qu'il ne parvint
» point à les égaler, il n'en est pas moins un artiste
» d'un grand talent , et quoiqu'il ne fit pas d'élèves , il
» eut des imitateurs de sa manière , tels que Daullé et
» ses élèves. »
Le catalogue raisonné de l'œuvre des Drevet a été
dressé par M. Didot avec un soin scrupuleux et une
grande exactitude. C'est à cette excellente mono-
graphie que nous nous en rapporterons pour les
attributions , qui jusqu'alors n'avaient jamais été bien
nettement établies , l'absence de signatures distinctes
pour chacun des trois Drevet donnant souvent lieu à
confusion.
Nous donnons d'abord la liste des portraits gravés
par Pierre Drevet depuis 1700, puis celle des portraits
dont la gravure est attribuée à la collaboration de
Pierre Drevet et de son fils , enfin le catalogue des
portraits de Pierre-lmbert , et celui des portraits de
Claude Drevet.
PORTRAITS.
I. PAR PIERRE DREVET
(postérieurement à 1700).
1. Auguste III , Electeur de Saxe, roi de Pologne. — F. deTroy pinx.,
P. Drevet sculpsit ; in-fol, (Didot , Pierre Drevet , n^ 107).
Un premier état , indiqué comme très rare, est avant la retouche delà figure
et avant qu'on ait ajouté à la perruque des rubans flottants. — 41 francs, vente
Béhague.
2. Avaux (J.-A. de Mesmes , Comte d') , président au Parlement de
Paris, d'après Rigaud ; in-fol. (D. 94).
Une épreuve avant la croix du Saint-Esprit; 40 fr. vente Didot.
BREVET. 17
. BIGNON (J--P.), abbé de Saint-Quentin, conseiller d'État, d'après
Rigaud; 1707, in-fol. (D. 22).
Les premières épreuves sont celles où la tête n'a pas été rendue plus âgée par
une retouche, et où la date de n07 se trouve après les noms des artistes.
4. BoiLEAU, d'après de Piles, 1704; petit in-fol. (D. 23).
5. BOILEAU, d'après Rigaud, 1706; in-fol. (D. 24).
Une épreuve avant toute lettre, 295 fr. vente Béhague.
6. Boileau , d'après F. de Troy ; Au joug de la raison. . . in-4 (D. 25,.
7. BOULLONGNE (Louis de), premier peintre du roi, d'après
Rigaud; in-fol. (D. 27).
Épreuve avant l'adresse de BJigny, 62 fr. vente Didot.
8. BOURGOGNE (le Duc de), d'après Rigaud , 1707; in-fol. orné
(D. 57).
9. Brunswick-Lunebourg (Ernest-Auguste, Duc de), gravé à Paris par
Pierre Drevet en 1704 ; in-fol. (D. 30).
10. Camus de Pontcarré ( N. P.) , maître des requêtes, et pi'emier pré-
sident du parlement de Rouen, d'après J. Jouvenet ; grand in-fol.
(D.31).
1 1 . Charles II , — Cromwell , — Fairfax , 3 p. d'après Van der Werff ;
in-fol. (D. 12, 35, 45).
Ces trois portraits ont été gravés pour V Histoire d'Angleterre , d'Ecosse et
d'Irlande de De Larrey (Rotterdam, 1707-1713, 4 vol. in-fol.).
12. Cbevalard (Messire Antoine), Prestre, mort en odeur de sainteté le
10 mars 1706, âgé de 70 ans ; in-8, 1708 (D. 32).
13. COIN DÉ ( Louis-Henri de Bourbon , Prince de), d'après Gobert;
in-fol. (D. 67).
14. CONTI (François-Louis de Bourbon, Prince de), en pied, d'après
Rigaud ; grand in-fol. (D. 66).
Avant l'adresse de Drevet , 145 fr. vente Béhague.
15 COTTE i Robert de ) , Chevalier de Tordre de Saint-Michel , pre-
n. 2
48 LES GRAVEURS DU XYIIF SIÈCLE.
mier intendant des bâtiments , directeur de l'Académie royale
d'architecture, d'après Rigaud ; in-fol. (D. 34).
Les premières épreuves portent : Conseiller du Roy en ses conseils , premier
Intendant ; les épreuves postérieures : Con^ preni'' Architecte, Intendant.
Ce superbe portrait, commandé à Brevet par l'Académie en 1701, comme
morceau de réception, ne fut achevé qu'en 17-22 . Pierre-Imbert Drevet n'y
aurait-il pas travaillé ?
16. D ANGE AU (le Marquis de j, en costume de grand-maître des
ordres royaux de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare,
d'après Rigaud; petit in-fol. (D. 36).
Une épreuve avant la lettre, 155 fr. vente Didot.
n. Estrées (le Cardinal César d' ). — P. F. Giffarl in. et sculp.
P. Drevet effigies ; in-fol. (D. 43).
18. Eudes (Joannes), presbiter multorutn Seminariorum , etc.; in-fol.
(D. 44).
19. FOREST (Jean), peintre, d'après Largillière ; in-fol. (D. 49).
135 fr. avant la lettre, vente Didot.
20. FOURCY (Balthazar- Henry de), docteur de Sorbonne , d'après
Rigaud ; in-fol. (D. 50).
21 . Fourcy ( Henri de ) , comte de Ghessy, d'après Largillière ; in-fol.
(D. 51).
Une épreuve avant la lettre, 1551 r. vente Didot.
22. GiLLET (P), procuratorum decanus œtatis 85 anno 1713,
d'après Rigaud; in-fol. (D. 68).
l'i. Humières (Anne-Louise de Crevant d') , abbesse et réformatrice de
l'abbaye de Monchy, décédée le 20 janvier 1710 dans la 52'' année
de son âge ; in-8 (D. "73).
24. Issaly ( Jean ) , conseiller, secrétaire du roi , d'après Largillière ;
in-4 (D."74).
25. J.vcQiES III, dit le Premier Prétendant [Princeps Walliœ),
d'après Largillière ; in-fol. (D. 13).
Une très rare épreuve avant la lettre, 695 fr. vente Didot.
26. La Bourdonnaye ( Jean-Louis de ) , évêque comte de Léon , d'après
Fontaine, 1709; in-fol. (D. 78).
DREVET. 49
2". L.\ Vr IL LIÉ HE (Louis Phély peaux Marquis de), d'après Gobert ;
in-fol. (D. 83).
ler état , avec le mot Phélypeaux écrit Phélipeaux ; 90 fr. vente Béhague.
28. Le Gendre (L.), Ecclesiœ Parisiensis canonicus, historiœ Franciœ
scriptor, d'après Jouvenet; in-4 (D. 85).
45 fr. avant toute lettre, vente Didot.
29. Le PeletieR (Claude), contrôleur général des finances, d'après
Mignard ; in-fol. (D. 86).
30. Lilliensted (J. p. de) , d'après Schild , ITIO; in-fol. (D. 89).
31. LOUIS XIV (LMdov/cMS il/a(/«MS), à mi-jambes, debout près d'un
champ de bataille, d'après Rigaud , 1704 ; grand iu-fol. (D. 54).
Rare. — 195 fr. vente Didot.
32. LOUIS XIV [Louis le Grand), en pied , en grand costume royal ,
debout sur le trône , d'après Rigaud ; très grand in-fol. (D. 55).
« Celte planche , qui est ce que Drevet le père a fait de plus considérable , a
» été gravée par ordre de Sa Majesté très-ctirétienne pour être mise dans son
» Cabinet. » (Mariette).
120 fr. vente Didot , état ordinaire. On ne connaît , dit-on , que trois épreuves
de remarque.
33. LOUIS, dauphin, fils de Louis XIV, d'après Rigaud; in-fol.
(D. 56).
Avant toute lettre, 100 fr. vente Didot. Les premières épreuves sont avant la
petite planche rapportée pour la dédicace à Mad'"^ la P'^esso ^q Conti.
34. Maine (le Duc du) , Ludovicus Augustus Dei gratia Dombarum
princeps, d'après deTroy, 1703; in-fol. (D. 60).
35. Maine (le Duc dui , Ludovicus Augustus Borbonius Dux Ceno-
manensium Dombarum princeps , d'après de Troy dans un ovale ;
in-fol. (D. 61).
36. MOTTEVILLE ( Hélène Lambert , femme de F. M. de) , d'après
Largillière ; in-fol. (D. 98).
l^'' état : Avec les mots Avec privil. du Roy sous le nom du graveur.
37. NEMOURS (Marie, par la grâce de Dieu , souveraine de Neuf-
châtel et Vallangin, Duchesse de), d'après Rigaud , 1707 : in-fol.
(D. 115).
20 LES GRAVEURS DU XVIIK SIECLE.
38. No AILLES (le Maréchal de), d'après F. deTroy; in-fol. (D. 102).
39. PABDAILLAN de GondriN u'Antin (P. de), évêque, d'après
Vanloo ; in-tol. (D. 10).
Dans un dernier état de la planche , on a substitué au nom de Pardaillan de
Gondrin celui de l'archevêque de Posen, Dunin.
40. Philippe Y, d'après F. de Troy ; in-fol. (D. 40).
41. PHILIPPE V, d'après Rigaud ; grand in-fol, (D. 41).
l*'' état : Avant l'addition d'une planche rapportée sur laquelle on lit : Présenté
à Monseigneur te Duc de Bourgogne, etc.
42. Pini (le Père), d'après Andray ; in-4 (D. 104).
43. Rancé (l'Abbé de) , d'après Rigaud ; in-12 (D. 109).
Rare. — 30 fr. vente Didot.
44. Rigaud (Hyacinthe), tenant une palette, d'après lui-même, 1700;
in-fol. (D. 111).
205 fr., avant la lettre, vente Béhague.
Les premières épreuves portent la date cip 1700, les secondes celle de 1703.
45. RIGAUD (Hyacinthe), tenant un porte-crayon , d'après lui-même -,
in-fol. (D. 112,.
210 fr., avant la lettre, vente Béhague.
Il faut avoir ce portrait avant les retouches , le prolongement du manteau et
la date de 1721.
46. SERRE (Maria), mère du peintre Rigaud, d'après Rigaud ; in-fol.
(D. 110).
47. TOULOUSE (le Comte de), le bras droit étendu et à demi-plié, la
main nue, d'après Rigaud ; in-fol. (D. 64).
^l'état, avec deux ancres au lieu d'une derrière le cartouche d'armoiries ,
255 fr. vente Didot.
48. TOULOUSE (le Comte de) , appuyé sur le bras droit à demi-plié,
la main gantée, d'après Rigaud ; in-fol. (D. 65).
Le portrait a été gravé d'après le même tableau que le précédent , la main
gantée a été composée <■ afin de varier pour cette estampe » .
49. YILLARS (le Maréchal de), d'après Rigaud ; in-fol. (D. 12'3).
Une des trois épreuves avant toute lettre connues , 1,000 fr. vente Didot. —
Une autre épreuve, avec l'inscription en neuf lignes au lieu de six , 79 fr.
BREVET. 24
50. VILLE (Arnold de), baron du Saint-Empire, inventeur de la
machine de Marly, d'après Santerre ; grand in-4 (D. 124).
Nous rappellerons sommairement Ici que les portraits gravés par Pierre
Drevet antérieurement à nOO, sont ceux de :
Antoine Arnauld.
La Bévérende Mère Catherine de Bar (D. 15 et 16). — Bertin. — Le Maréchal de
Berwick. — U. de Béthune, évoque. — Le Cardinal de Bouillon. — F. Brunet.
J. N. Colbert, archevêque de Rouen.
Marie Cadesne, femme de M. Desjardim.
Félibien. — Fine de Brianville.
Qirardon. — Guldenleu.
Joly de Fleury.
Keller. — Madame k'eller.
La Bruyère. — Lambert de Thorigny. — Marie de Laubespine, femme de Lambert
de Thorigny. — Léonard de Lamet (ou Delamet). — Le Biais du Qtiesné. — Le Duc
de Lesdiguières. — Louis XI Y, d'après Poerson (D. 52).— Louis XIY, à ml-corps,
d'après Rigaud (D. 5.3).
Catherine de Mailly. — Le B. P. Maunoir. — Milantier. — C. F. de Montholon.
Le Cardinal de Noailles {D. 99 et 100).
Palliot. — François de Poilly.
Maximilien Titon. — Le Comte de Toulouse, d'après de Troy.
Verduc. — Verthamon.
M. Didot , malgré ses minutieuses recherches, ne peut assigner de date aux
portraits suivants :
Delpech, marquis de Mérinville. — Le Prince de Dombes, duc du Maine {Serenii-
simo Principi, etc., D. 63). — La duchesse de Lesdiguières. — Michel de Loy. —
Léopold I^^, duc de Lorraine. — Montague, comte d'Halifax. — Polinier. — Portail.
— Charles-Gustave X de Suède (D. 116).— Charles XI (D. 111).— Vlrique-Eléonore
(U. 118). — François de Troy. — Le vray portrait de Si-Bernard.
Pierre Drevet a laissé quelques estampes : le Sacrifice d' Abraham , C Annon-
ciation, le Calvaire, d'après A. Goypel, la Nativité, d'après Rigaud.
II. PAR PIERRE DREVET,
EN COMMUN AVEC SON FILS PIERRE -IMBERT.
51. BEAUVAU (R. F. de), archevêque de Narbonne, d'après Rigaud,
1*727; in-fol. (D., Pierre Drevet , 17).
52. CHRISTINE-CAROLINE DE WURTEMBERG, femme de
Guillaume, margrave de Brandeboui-g ; in-fol. (D. 28).
Une épreuve d'essai de ce portrait, avant toutes lettres, 955 fr. vente Béhague.
— 880 fr. vente Didot.
53. FLEURY (le Cardinal de), d'après Rigaud; in-fol. (D. 48).
54. HERBAULT (Dodun, Marquisd'), d'après Rigaud; in-fol. (D. 39).
22 LES GRAVEURS DU XVIIP SIECLE.
55. Hideux (L.) , docteur de Sorbonne , d'après Delescrinierre ; in-foL
(D. ^2).
56. LOUIS XV, en pied, d'après Rigaud, 1723; grand in-fol. (D. 58).
Une épreuve avant toute lettre, probablement unique, 2,405 fr. vente Béhague.
— Le même portrait avec la lettre, 180 fr. même vente.
57. LOUIS XV, à mi-jambes, d'après Rigaud; in-fol. (D. 59).
58. RoHAN (le Cardinal de), d'après Rigaud; in-fol. (D. 113).
59. Rolin (Marcellin), abbé, d'après du Fourneau; petit in-fol. (D. 114j.
m. PAR PIERRE-IMBERT DREVET.
60. BERNARD (Samuel), célèbre financier, d'après Rigaud , 1729;
in-fol. (D., Pierre-Imbert Drevet, 11;.
Une épreuve d'essai de ce magnifique portrait , avant les derniers travaux à
la pointe sur les clairs de la main gauche, est exposée au Cabinet des Estampes.
Dans la collection de M. Dutuit figure une épreuve plus curieuse encore, et
d'un état non décrit par M. Didot, avant les dernières tailles sur toute la grande
draperie du haut. Le moiré de cette draperie apparaît ainsi bien plus nettement.
Mais le graveur, jugeant avec raison que la teinte claire de cet accessoire, ayant
la même valeur que celle de la figure , nuisait à la physionomie du personnage ,
l'a complètement éteinte ensuite en ombrant toute cette draperie.
Les premières épreuves sont celles qui ne portent pas encore la troisième
ligne de légende : Conseiller d'Estat. — 131 fr. vente Béhague.
61. BOSSUET (Jacques-Bénigne), évêque de Meaux, d'après Rigaud,
1723 ; in fol. (D. 12).
Nous voici en présence d"une des merveilles de la gravure, et du plus remar-
quable chef-d'œuvre que cet art ait produit en France pendant le XVIII" siècle.
Quelques épreuves d'essai du portrait de Bossuet , très rares et précieuses,
ne portent pas encore les troisièmes tailles sur le dos du fauteuil, et sont dites,
à cause de cette particularité , au fauteuil blanc. Les premières d'entre elles
n'ont pas encore les deux mots Constorianus et Trecenses corrigés Consistorianus
et Trecensis. Une de ces épreuves a été vendue 700 fr. à la vente Béhague ; une
autre 500 fr. vente Didot , mais eUe était faible de conservation.
Quant aux épreuves terminées , c'est-à-dire portant les troisièmes taUles sur
le dos du fauteuil , les premières tirées ne portent pas de point après les mots
IJyacinlhus Rigaud pinx — Puis viennent les épreuves qui ont un point après le
motpma:., puis celles qui ont deux points, trois points, et ainsi de suite jusqu'à
huit points, chaque point rajouté indiquant , dit-on , cent épreuves tirées.
« Je possède de ce portrait une copie contemporaine , fort trompeuse et
» presque introuvable. » (Didot).
62. C BELLE S (Louise-Adélaïde d'Orléans, abbesse de). — Peint par
Gobert, gravé par Drevet; in-fol. (D. 18).
BREVET. 23
63. CHELLES ( Louise- Adélaïde d'Orléans , ahbesse de ). — Gobert
pinxit , Drevet sculpsit ; in-fol. (D. 19).
Avant la lettre au Cabinet des Estampes.
64. Chelles (Louise- Adélaïde d'Orléans, abbesse de). — Gobert pinx-.
Brevet sculp.; in-4 (D. 20).
Avant toute lettre dans la collection de Mgr le duc d'AuraaIe (Didot).
65. CISTERNAY DU FAY ( Charles - Jérôme de), capitaine aux
gardes-françaises, d'après Rigaud ; in-8 (D. 13).
Portrait d'une grande flnesse. Il en existe quelques épreuves avant la lettre ,
extrêmement rares.
66. COL'VAY (P. N.), secrétaire du Roi, d'après Tournière, 1725;
in-fol. (D. 14).
67. DUBOIS ( le Cardinal ) , d'après Rigaud , 1724; in-fol. (D. 15).
Une épreuve avant toute lettre et avant les armes, 1,000 fr. vente Didot.
68. FÉNÉLON, d'après Vivien ; in-fol. (D. 16).
69. Le Blanc (Claude), ministre et secrétaire d'État de la Guerre ,
d'après le Prieur; in-fol. (D. 23).
70. LECOUVREUR (Adrienne), morte à Paris le 20 mars 1730.
âgée de trente-sept ans, d'après Coypel ; in-fol. (D. 24).
C'est peu de voir ici, pour attendrir vos cœurs,
Les cendres de Pompée et Cornélie en pleurs ,
Reconnaisses, pleures cette Actrice admirable.
Qui n'i^ut point de modèle et fut inimitable.
« Après le portrait de Bossuet, Drevet apporta le plus de soin à celui
» d' Adrienne Lecouvreur. Autant le premier est majestueux et sévère , autant
■> celui-ci brille par la grâce touchante et vaporeuse , le modelé des chairs et la
» vérité idéalisée de l'expression ; le graveur, par l'emploi savant de la lumière,
» a donné à son œuvre un coloris saisissant , et y a peut-être dépassé le
» peintre. » (Didot).
Une des quatre épreuves connues avant toute lettre, 1,010 fr. vente Didot.
Les premières épreuves avec la lettre ont le mot modèle du quatrième vers
écrit model. — 260 fr. vente Béhague.
71. Loo ( Dom Arnoul de ) , supérieur général de la congrégation de
St-Maur, d'après Jouvenet ; in-fol (D. 25).
72. Louis XV conduit par Minerve dans le temple de l'Immortalité. —
Tali se deajactat alumno. — Allégorie dédiée au duc de Villeroy,
d'après Coypel ; in-fol. (D. 22).
21 LES GRAVEURS DU XVIIP SIECLE.
12. Mailly (F. de), cardinal , archevêque de Rheims, d'après Vanloo,
in-fol. (D. 26).
*74. M.\ILLY (F. de), cardinal, archevêque de Rheims, d'après Vanloo;
in-8 en largeur (D. 2*7).
Tête de page pour VOraison funèbre du cardinal de Mailly, par le P. Chalippe,
n22, in-4.
Épreuve avant le te.tte au verso, 41 fr. vente Didot.
"75. Neteville de Villeroy (F. p. de), archevêque de Lyon ,
d'après Santerre ; petit in-fol. (D. 28).
"76. Orléans (Louis, Duc d'), fils du Régent, d'après C. Coypel ; in-4
(D. 21;.
ler état: Avant l'inscription sur le socle.
n. PA LAT IN E ( Elisabeth-Charlotte de Bavière, Duchesse d'Orléans,
dite la Princesse), mère du Régent, d'après Rigaud ; in-8 en
largeur (D. 37).
En-tête pour l'Oraison fanébre de cette princesse, par le R. P. Cathalan ; l'723.
— 50 fr. tirage hors texte, vente Didot.
78. PUCELLE (René), conseiller au Parlement, d'après Rigaud;
in-fol. (D.29).
31 fr. avant la lettre, vente Didot.
"79. Sainte-Marthe (Denys de), supérieur général de la congrégation de
St-Maur, d'après Gazes ; in-fol. (D. 30).
80. SOBIESKA (Marie-Clémentine), femme du premier Prétendant ,
d'après Davids ; in-fol. (D. 10).
81. TRESSAN (Louis de la Vergne de), archevêque de Rouen, age-
nouillé devant la Vierge. On voit dans le fond la cathédrale de
Rouen. — D'après Vanloo ; in-fol. (D. 31).
Frontispice d'un missel. — M. Didot relève l'erreur plaisante d'un expert alle-
mand qui , dans un catalogue publié à Leipsig en 1810, décrit cette estampe :
« M. de Tressan , archevêque de Rouen , aux piedg de sa maîtresse et de son
» enfant sous l'image de la Vierge. »
82. Tressan (Louis de la Vergne de). — La même estampe , réduite
in-8 pour un bréviaire (D. 82).
83. VERTHAMON (I.J. de), évêque, d'après de Troy; in-fol. (D. 33).
DREVET. 2S
En fait d'estampes, on a de Pierre-Imbert Drevet .
Présentation de la Vierge au Temple , premier morceau du graveur
La Résurrection , gravée par l'artiste è l'âge de dix-neuf ans.
Adam et Ère , d'après Coypel.
Rebecca et ÈHézer, d'après Coypel.
Présentation de l'Enfant Jésus au Temple , d'après L. de Boullongne.
Sainte Thérèse , d'après Lingre.
Jésus-Christ au jardin des Oliviers, d'après Restout, gravé par Pierre Dreve
te fils, priez Dieu pour lui. Dernier travail du graveur.
IV. PAR CLAUDE DREVET.
84 Uesenval (Jean- Victor), lieutenant général , d'après Messonier
in-4 (D., Claude Drevet, "7).
85. CALV.4IRAC (F. P.i, abbé, d'après Le Prieur; in-fol. (D. 8).
86 LE BRET ( Marguerite-Henriette de la Briffe , M"""), quatrième
femme de Cardin Le Bret , président au Parlement d'Aix , repré-
sentée en Cérès, d'après Rigaud , 1728; in-fol. (D. 9).
la faucille à la main c'est ainsi que Cérès,
Aussi brillante, aussi belle que Flore.. . .
Avant la lettre au Cabinet des Estampes.
SI. Le Pelletier des Forts (M. 1 — Habillement d'un conseiller d'Etat
assistant, planche du Sacre de Louis XV, l'723 ; in-fol. (D. lOV
88. MILON (Alexandre) , évêque comte de Valence, d'après Rigaud .
1-40; in-fol. (D. 11).
89. OSWALD (Henry), cardinal d'Auvergne, etc., d'après Rigaud,
1749; in-fol. (D. 12).
Avant l'inscription : Hanc effigien. . . 705 fr. vente Béhague.
9'J. Steiger (G.), Consul Reipublicœ Bernensis, d'aY)rhsJ.R.}îuhbi\
in-fol. (D. 13).
91. VINTIMILLE (G. G. G. de), archevêque de Paris, d'après Rigaud,
1736; in-fol. (D. 11).
92. ZINZENDORFF (P. L. Comte de), homme d'état allemand, d'après
Rigaud; in-fol. (D. 15).
351 fr. avant la lettre, vente Béhague, 610 fr. vente Didot.
Le Christ couronné d'épines, d'après Van Dyck; in-1, gravure très soignée.
Jésus-ChrisI en croix , d'après Le Brun.
DUBOSG (Claude).
Dubosc a gravé , en collaboration avec son maître
Bernard Picart, les Travaux d'Hercule, d'après Louis
Ghéron , en 12 pièces. Il passa en Angleterre avec
Beauvais et Lépicié pour graver les cartons de Raphaël,
plus connus sous le nom de Cartons de Hampton-
Court , château royal des environs de Londres , où ils
étaient placés. L'entreprise n'eut pas de succès.
Dubosc continua néanmoins à séjourner en Angle-
terre. 11 grava, aidé de Beauvais et de Baron, une suite
des Batailles du duc de Marlborough , et collabora
à la gravure des Cérémonies et Coutumes religieuses
de tous les peuples de Bernard Picart.
Dubosc a gravé aussi Suzanne entre les vieillards,
d'après Annibal Garrache, et la Continence de Scipion,
d'après le Poussin, de la collection de Robert Walpole.
Signalons encore quelques en-têtes d'après Gravelot
pour des ouvrages publiés en Angleterre , cinq pièces
pour Gulliver d'après Grison , gravées avec B. Baron,
un Apollon allant rendre visite à Thétis , d'après
Jouvenet , et le Tombeau de Shakespeare à West-
minster-Abbey (1740).
DUGHANGE (Gaspard).
1662- 1737.
Duchange, né à Paris en avril de l'année 1662 , était
le fils d'un tapissier. Elève de Jean Audran , il prit
un faire large , une grande habileté d'outil et un tra-
vail particulièrement moelleux dans les chairs : son
burin caressant et sa recherche de la beauté lui don-
nèrent toutes les quahtés nécessaires pour interpréter
les grands maîtres , et ses travaux d'après l'un d'eux
ont établi sa réputation et l'ont même fait surnonnner
le Corrège de la gravure. Il est en effet celui de
tous les graveurs qui a le mieux rendu les tableaux
du Corrège , et l'on en peut juger par ses planches
àiQ Jupiter et lo , de Lèda et de Danaé , estampes
recherchées quand on les trouve avant la retouche et
les draperies rajoutées par Sornique qui y a mis son
nom. Pris de scrupules tardifs , Duchange abîma des
planches dont la nudité l'offusquait ; « L'indécence de
» ces sujets, a dit Gaucher, étant devenue pour lui un
» sujet de remords , il eut le courage d'en mutiler les
» cuivres k grands traits de burin. »
Est-ce manque de pruderie de notre part, mais nous
nous expliquons mal les sévérités iconoclastes du
graveur. UIo , signée G. Duchange sculpsit , 1705 ,
28 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
otfre un peu de vivacité peut-être , parce que le nuage
commence à sortir du vague pour devenir une tête
qui embrasse et des mains qui caressent , mais que de
moelleux dans ce pointillé des chairs de la mortelle
distinguée du dieu et à demi pâmée , que de fondu
dans ces tailles régulières qui s'enroulent en se jouant
autour de ces belles formes ! C'est une remarquable
estampe, que ces vers prudhommesques ne par\'iennent
pas à gâter :
lo sensible à l'ardeur d'un volage
Se livre en proye à son pressant désir.
Si cette nymphe eût été sage.
Elle aurait sçu que l'amour dans l'usage
Fait, tost ou tard, ressentir à loisir
Mille douleurs pour un plaisir .
Avec la planche signée et restaurée par Sornique,
où il ne reste plus que les initiales G. D., lo se trans-
forme modestement en une Diane endormie. La
bouche charmante et ravie reste bien entr'ouverte .
mais ce n'est que du zéphire et non plus de Jupiter
qu'elle reçoit les caresses. Le gracieux mouvement du
bras s'abaisse, et sa main, au lieu de presser le nuage,
brandit fortement un arc. Enfin la nudité de cette
taiUe cambrée par le plaisir est pudiquement recou-
verte d'une draperie assez sotte. Desrochers et Bai'-
tolozzi, qui ont copié le même sujet, n'ont pas été pris
des mêmes scrupules.
L'arrangement de la Lèda était peut-être un peu
plus scabreux . mais n'avait pourtant rien de grossier.
L'on voit à gauche le premier épisode du cygne luti-
nant Léda ; au milieu de l'estampe est Léda vue de
face et vaincue par le cygne divin , pendant que dans
DUCHANGE. 29
un coin l'Amour rit en notant quelques soupirs sur sa
viole. La planche est grassement gravée et les chairs
bien rendues par des procédés de tailles entrecroisées
de la plus grande simplicité. Au-dessous ces vers
bizarres , destinés à atténuer ce que la scène aurait
de trop vif :
Ne jugez pas sur ce que vous voyez.
Chastes yeux, mais plutost croyez
Qu'en ce tableau la fable et la peinture
Comme une énigme ont jadis exprimé
Le système de la nature
De l'embryon dans Vœuf formé.
La Danac interprète une autre ravissante fantaisie
du peintre , qui a conçu une Danaé pudique à laquelle
l'Amour cherche à enlever ses derniers voiles. C'est
d'après les dessins de Pietro di Pietri que furent exé-
cutées ces estampes, d'après les originaux du Corrège
qui appartenaient alors au prince Livio Odescalchi , et
et ce n'est que plus tard qu'ils vinrent orner la galerie
du duc d'Orléans.
Trois des plus importantes planches de Duchange
sont encore les Vendeurs chassés du Temple, le Repas
chez Simon le Pharisien, et Jésus ressuscitant le fils
de la veuve de Naïm , d'après Jouvenet.
Duchange a beaucoup aussi gravé d'après les Goypel,
surtout d'après Antoine Goypel , le peintre favori du
duc d'Orléans ; plusieurs de ses compositions mytho-
logiques, Jupiter caressant Junon, dédiée à Mansart ,
Diane et ses Nymphes , dédiée au Marquis de Berin-
ghen , Vénus endormie , la Mort de Didon , les
Quatre Eléments en collaboration avec Desplaces, etc.
Une très intéressante estampe de notre artiste est
30 LES GRAVEURS DU XVIIie SIÈCLE.
encore celle qui représente Antoine Coypel ayant
auprès de lui son fils qui le regarde peindre.
L'Académie devait être la récompense de ces efforts
méritants. 11 y fut agréé et grava pour sa réception
qui eut lieu en 1707, deux portraits de Rigaud , le
peintre Chatoies de La Fosse qui semble un peu poussé
au noir, et le sculpteur François Girardon plus lumi-
neusement et largement traité.
Sa liaison avec les Audran le fit choisir comme un
des principaux graveurs de la Galerie du palais du
Luxembourg et c'était même chez lui , rue Saint-
Jacques au-dessus de la rue des Mathurins, que se
vendait en 1710 cette belle collection. Tout le monde
connaît la célèbre série de peintures commandée à
Rubens par la reine Marie de Médicis, pour orner le
palais commencé par elle en 1615, et qui devait retracer
en caractères immortels les principaux traits de sa
vie. Le duc d'Orléans, à qui appartenait au commen-
cement du XVllP siècle le palais du Luxembourg ,
résolut de faire graver ces grandes pages historiques
afin d'en divulguer les beautés, et c'est à J. M. Nattier
que fut confié le soin de faire des dessins pour en
faciliter la gravure ; celui-ci s'adjoignit ses deux fils,
encore jeunes, et tous trois mirent deux ans à ce
travail. C'est d'après ces dessins que les graveurs
exécutèrent leurs estampes.
Duchange acollaborélàavecles plus habiles artistes
de son temps : Jean et Benoît Audran , G. Edelinck ,
Massé, Trou vain, Bernard Picart, C. Simonneau ,
etc. . . ; les pièces qu'il y a gravées, de 1707 à 1709, de
son burin académique et facile , sont généralement
trouvées inférieures à ce qu'il pouvait faire , et ren-
DUCHANGE. 3<
daiit mal le caractère des peintures de Rubens , mais
pour le dernier reproche il faut surtout en charger les
dessins de Nattier. Ces pièces sont , la Naissance de
la Reine , le Débarquement de la Reine à Marseille
où l'on admire les fameuses sirènes du premier plan ,
la Ville de Lyon allant au devant de la Reine , la
Paix confirmée dans le ciel , enfin la grande pièce de
V Apothéose de Henri IV et la Régence de la Reine.
Ces estampes furent très recherchées au début , si
nous en croyons l'avertissement du livre : « Le désir
» ardent-que l'on témoigna en pais étranger comme
» en ce roïaume d'avoir un recueil d'estampes de ces
» excellons ouvrages , a été si pressant qu'on n'a pu
» refuser les estampes à mesure qu'elles ont esté
» gravées , sans pouvoir attendre le temps de les ras-
» sembler en un corps, comme on le voit aujourd'hui. »
Il a aussi gravé , pour la GaletHe du Président
Lambert , l'estampe représentant les Muses Melpo-
mène , Erato et Polymnie, et plusieurs autres
planches. Il les présentait le samedi 5 septembre 1739
à l'Académie qui les jugeait dignes de pai^aître au jour
sous sa protection.
Duchange semble avoir été mêlé, beaucoup plus
que sa signature au bas des planches ne tendrait à le
faire supposer , à l'exécution du beau livre connu
sous le nom de Sacre de Louis XV. Ce somptueux
ouvrage, véritable document gravé et monument des
anciennes pompes royales , représente avec ses minu-
ties d'étiquette, de cérémonial et de costumes, tout le
menu de cette importante cérémonie de l'ancienne
France , le sacre du roi dans la basilique de Reims.
C'est là que se trouve réglé jusqu'en ses moindres
32 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
détails , le lever du jeune roi , sa marche procession-
nelle à l'église , son adoration devant l'autel , son cou-
ronnement, la cérémonie des offrandes et le festin
royal.
Toutes ces planches sont travaillées très simplement
et sans viser à l'effet. Duchange a gravé pour sa part
la première, le Lever du Roy, l'allégorie qui suit , en
avant du texte , et les figures du Roy d'annes et
du Grand-Prieur de St-Remy.
Mais la lettre inédite suivante , adressée proba-
blement à son élève et ami Dupuis , ou à Desplaces,
un autre de ses collaborateurs , nous fait supposer
qu'il avait la direction de l'ouvrage ou tout au moins
la haute main sur ses interprètes pour la partie artis-
tique. L'illustre protecteur auquel Duchange fait allu-
sion était labbé Jean-Paul Bignon , bibliothécaire du
roi , chargé de la rédaction de la partie littéraire du
Sacre de Louis XV:
« Ce 18 septembre 1728 ,
» Monsieur et cher amy, quoy que nous soyons
» privé des agréables audiences de nostre illustre pro-
» tecteur , je croy qu'il est de nostre devoir de suivre
» nostre inclination et de l'informer à Lisle-Belle * de
» l'avansement de la graveure du Sacre du Roy. Il
» donne sa protection et ses soins a cette ouvrage
» aincy nous ne devons pas craindre de luy estre in-
» comode en luy envoyant Testât présent ou elle est.
» Je vous l'envoyé dans le mesme ordre que nous
» l'avons deija présenté. Gomme vous est au faict
» comme moy , je vous prie de l'examiner et si vous
1 Terre de l'abbé Bignon , située près de Melun.
DUCHANGE. 33
» le trouvé juste , je croy que vous serez de mon sen-
» timent et que vous l'envoyré à sa destination.
» J'ay faict reflection mon cher amy à ce que vous
» m'avez dict il y a quelque temps que vostre créan-
» sier vous pressoit fort pour retirer de vous les fonds
» qu'il vous a avencé pour travailler à nostre grand
» ouvrage. Si vous pouvié venir à bout de faire payer
» ce mois icy dix mille livres à nostre trésorier sur
» les vingt mille livres qui reste de l'ordonnance, je
» croy que par le moyen de vos amis on pourroit en
» disposer en vostre faveur sans craindre que cela
» produise aucun retardement à la graveure de nos
» planches, vous scavez que chaqun travaille avec cou-
» rage , et que l'on ne quittera pas qu'elle ne soit
» entierrement finy. De plus j'ay faict entendre à
» Messieurs mes confrères et amis que nous ne reser-
» verions poinct d'argent qu'à la fin d'octobre mais
» que je leurs ferois touché une sommes resonables.
» Dans ces dispositions c'est à vous d'employer vos
» amis à faire payer les vingt mille livres restant de
» l'ordonnance et que l'on dispose du premier paye-
» ment en vostre faveurs. Du reste repose-vous sur
» moy et ne craingné pas que nostre ouvrage retarde
» si les graveurs de lestres ont besoins de quelque
» avence comme il est juste , il y a des fond de reste
» chez la trésorière qui pourront se distribuer au
» besoin. Je vous écrit en amy tout ce que je pense à
» ce sujet vous en ferez l'usage que vous trouverez à
» propos. Mes force revienne bien je commence à
» travailler et j'espère estre en estast de vous aller
* voir la semaine prochaine et m'entretenir avec vous
» plus particulierrement que dans une lettres sur
n. 3
34 LES GRAVEURS DU XVIII'^ SIÈCLE.
» toutes nos affaires. Lors que vous écrire à Monsieur
» l'abbé Bignon je vous prie de luy marquer que j'ay
» été malade depuis plus de cinq semaines, car il seroit
» honteux à moy qui doit payer d'exemple , que sur le
» mémoire en estât de l'ouvrage que j 'envoyé il ne
» trouve pas mes ouvrages plus avencé , cependant
» vous sçavez bien que j'ay beaucoup travaillé puis que
» ma maladie n'a etté causé que par un épuisement. . .
» Duchange. » ^
On rencontre dans l'œuvre de Duchange une cu-
rieuse vue de la Rue Quinquempoix en 1720, d'après
le dessin d'Humblot qui avait assez bien rendu la foule
des agioteurs en délii^e.
« Le 3 août 1743, » lisons-nous dans les Procès-ver-
baux de r Académie royale, « M. Duchange conseiller
» qui dans tous les tems a donné des preuves de son
» attachement et de son zèle pour la compagnie a cru
» qu'il ne pouvoit mieux faire sa carrière qu'en lui
» dédiant un morceau qu'il a gravé d'après M. Jouvenet,
» dont le sujet représente la Résurrection du Fils de
» la veuve de Naïm , et pour cet efiet lui en a présenté
» 3 épreuves dont une est sous verre et en bordure
» dorée , ce qui a été très agréable à la compagnie et
» dont ledit sieur a été remercié unanimement. » Et
d'une écriture tremblée on lit , à côté de la signature
de Lancret qui devait mourir quelques jours plus tard,
et de l'énorme par^^phe de Boucher, celle de Duchange.
En 1746, le graveur présentait encore trois planches
gravées d'après Jeaurat, représentant les Mystères
1 Cette lettre, qui fait partie de la collection Portails, a été acquise à
la vente Benjamin Fillon.
DUCHANGE. 3B
delà Trinité, de V Incarnation et de la Rédemption ,
dédiées à l'archevêque de Paris. On voit que le gra-
veur de la Léda faisait amende honorable.
Duchange avait épousé, le 21 octobre 1687 , Marie-
Magdeleine Bourgeois dont il eut deux filles. L'aînée
épousa le peintre de portraits Gille dit Colson et la
cadette le graveur Nicolas Dupuis. 11 conserva jusqu'à la
fin de sa vie, malgré quelques indispositions passagères,
une excellente santé et une si bonne vue , chose rare
chez un graveur, qu'il existe une planche de lui gravée
à l'âge de quatre-vingt-onze ans. Enfin ce n'est que le
6 janvier 1757, âgé de quatre-vingt-quatorze ans et
demi , qu'il rendit à l'Eternel son âme de vaillant
graveur.
ESTAMPES.
I. d'après le gorrège.
1. JUPITER ET 10, 1705,— JUPITER DESCEND EN PLUIE
D'OR SUR DANAÉ, — JUPITER ET LÉDA; 3p. grand
in-fol. en largeur.
Les bonnes épreuves de ces trois belles estampes sont ceUes avant le nom de
Sornique qui les a retouchées et qui y a ajouté des draperies.
II. d'après N. BERTIN.
2. Clytie changée en tournesol; petit in-fol.
III. d'après a. GOYPEL.
3. Jcpiter et Junon; in-fol. en largeur.
4. Jupiter et AntIOPE; in-fol. en largeur.
5. Jupiter et Junon ayant emprunté L4 ceinture de
VÉNUS ; in-fol. en largeur.
6. Diane au bain; in-fol.
36 LES GRAVEURS DU XYIIF SIÈCLE.
I. VÉNUS ENDORMIE, accompagnée d'un satyre et de trois amours;
in-fol.
8 . La Mort de Didon ; in-fol.
9. Les Eléments, 4 p. gravées par Duchange et Desplaces.
Citons encore :
Tobie rendant la vue à son père, — le Vœu de Jephté, estampes en largeur;
Sainte Cécile, en demi-flgure, — Sainte Madeleine, en demi-figure, 2 p. in-fol.;
l'Enfant Jésus au berceau, d'après Charles Coypel, gravé par Duchange à l'âge
de 87 ans ;
Soion expliquant ses lois aux Athéniens , — l'Empereur Trajan rendant la
justice, d'après Noël Coypel.
IV. d'après desormeaux.
10. Diane désarmant l'Amour, ITIS ; grand in-4.
V. d'après jouvenet.
II. Jésus chassant les marchands du Temple, — Jésus ressuscitant le
fils de la veuve de Naïm , — le Repas chez Simon le pharisien ;
3 p. grand in-fol. en largeur.
PORTRAITS.
12. Coypel (Antoine) assis à son chevalet, ayant à côté son tout jeune
fils Charles ; d'après lui-même. Hanc Antonii Coypel et A. C.
ejus filii effigiem quam ipse A. Coypel ptnxit jussu Serenissimi
principis Philippi , Ludovici magni fralris. 1^02 ; in-fol.
13. GiR.VRDON (François), sculpteur, d'après Rigaud , 1101; in-fol.
Morceau de réception du graveur à l'Académie.
14. La Fosse (Charles de), peintre, d'après Rigaud, nO"?; in-fol.
Autre morceau de réception à l'Académie.
15. Legras (Mademoiselle), fondatrice et première supérieure de la
compagnie des filles de la charité servantes des pauvres malades...
longtemps employée par Monsieur Vincent de Paul à establir les
confrairies de la charité.... décédée à Paris le 15 mars 1660;
in-fol.
DUGLOS (Antoine-Jean
1742-
Deux chefs-d'œuvre d'exécution et de goût, le Con-
cert et le Bal , auraient largement suffi pour assurer
la gloire de Duclos et pour perpétuer son nom parmi
les amateurs d'estampes , mais on lui doit aussi de
charmantes vignettes dans lesquelles il a prodigué son
talent délicat.
Elève d'Augustin de Saint-Aubin , lui ayant dérobé
le secret de sa manière si claire , si ferme et si pétil-
lante d'esprit , Duclos a gravé sous sa direction , avec
un brio et un coloris remarquables , les deux plus
aimables compositions de son maître , le Concert et
le Bal, fidèles peintures de la société élégante de
1773. Par ces estampes , les deux artistes nous font
réellement pénétrer dans ce monde de suprême bon
ton. Grâce , esprit , agrément , science de la com-
position , virtuosité de l'exécution gravée , tout s'y
trouve.
MM. de Concourt ^ avec leur verve habituelle , ont
trop bien décrit ces deux précieuses pièces, dédiées
l'une à M. de Villemorien et l'autre à la comtesse de
1 Les Saint- Aubin , par J. et E. de Goncourt, 1859.
38 LES GRAVEURS DU XYIII» SIECLE.
Saint-Brisson , pour que nous ne leur laissions pas la
parole :
Le Concert : « Le monde alors est au salon : l'été ,
» dans l'après-diner , un salon rond où un peintre
» avait posé le ciel au plafond , joli ciel où tout ce qui
» va au ciel , soupirs et souvenirs, ne trouvait que des
» fleurs et des jeux d'amour. Au-dessous des trophées
» de musique, des rideaux de soie laissaient passer
» par la fenêtre la gaité d'un beau jour. ... et en
» cercle, petites mules et hauts talons sur le carreau
» noir et blanc , paniers et basques ça et là sur les
» bois dorés aux formes rondissantes , autour du cla-
» vecin sonore , radieux des fantaisies de quelque
» Gillot, la belle compagnie écoutait. Elle écoutait
» quelque musique de M. de La Borde , ce choix de
» chansons qui a pour frontispice une lyre entre des
» lys et des roses. 0 le beau moment ! comme tout ce
» monde cueille l'heure présente ! que de bouquets et
» de noeuds de ruban ! que de perles au cou et de
» paroles à l'oreille ! La harpe repose. Le clavecin
» parle sous les doigts de la plus jolie femme , à sa
» droite la plus johe personne chante en tourmentant
» un éventail. Et de jolis hommes sont tout autour
» d'elles , assis ou debout , tirant des pleurs d'une
-^ basse , des fredons d'un violon , des prières d'une
» flûte ou penchés s'empressant de tourner les feuillets
» de la partition. C'est cela, l'été , en ce paradis. »
La description du Bal paré n'est pas moins heureuse :
« L'hiver, autre salon, caiTé celui-ci et tout en
> glaces, panneaux sculptés et trumeaux. Des rosaces
» rocaille et chantournées pendent cinq lustres de
* cristal de Bohême versant le doux jour des bougies.
DUCLOS. 39
» Les bras et les appliques chargés de feux leur ré-
» pondent dans les glaces. Au milieu d'une cheminée
» un cartel sonne une heure qu'on n'entend pas , un
» orchestre dans une tribune, sur le côté, couvre le
» bruit du temps ; au fond , la causerie bourdonne
» comme une abeille. Les diamants jouent sur les
» têtes, les yeux ont des sourires ; au milieu du salon,
» dans la pleine lumière , sur le parquet à dessins
» de bois vibrant sous la danse, quatre couples
» rayonnent et se meuvent. Les nœuds de perruque
-» battent sur les collets d'habits , les montres battent
* sur les jupes. Brandebourgs à l'habit clair et
» manchettes de fourrure , face à face avec sa belle ,
» celui-ci lui prenant la main en l'air, va la faire
» passer sous le pont d'amour de son bras. Celui-là ,
» le jarret tendu , tenant déjà du bout des doigts les
» doigts de sa danseuse, la fait volter sur elle et contre
» lui ; tandis que deux autres couples , presque dos à
» dos , mais se regardant par-dessus l'épaule, s'entre-
» lacent et se nouent des deux mams par derrière.
» C'est l'allemande , dansée d'après les principes de
» M. Dubois de l'Opéra. Au-devant ce sont de belles
» femmes arrivant dans leurs pelisses , conduites par
» de vieux amis à gilet d'or ; des manteaux de dan-
» seuses oubliés sur un siège ; quelque minois de
» jeune mariée qui se retourne vers une conversation
» d'hommes ; quelque dame menée au buffet qui est
» là, montrant par la porte le dressoir enguirlandé de
» roses , les pyramides de fruits , la vaisselle de Ger-
» main et les plats de Saxe festonnés. Point de presse,
» point de coudoiement; simplement le ballet de la
» jeunesse dansé à huit devant un petit peuple d'amis
40 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
» qui se reconnaissent et se saluent d'un air de tête
» des quatre coins du salon... Il y a d'un bout à l'autre
» de ces fêtes sereines , un bercement tranquille ,
» une paix et une harmonie , l'harmonie même de ce
» monde gardant ses rangs , l'ordre heureux de cette
» société sans cohue, où chacun avait une place et sa
» place. Le rare talent pour peindre tant de choses !
» La fortune unique d'avoir fixé la physionomie de la
» France en son plus joli moment. . . ! » ^
Duclos fut aussi un admirable graveur de vignettes.
Il a collaboré pour quelques pièces à plusieurs des
plus jolis livres parus dans les trente dernières années
du siècle. On trouvera dans le catalogue ci-après le
détail de ces vignettes , presque toutes remarquables
par le brillant et l'esprit de l'exécution , et dont plu-
sieurs sont de véritables estampes.
Formé par Augustin de Saint-Aubin, Duclos excellait
naturellement dans la préparation à l'eau-forte des
estampes et des vignettes. Aussi lui a-t-on fait com-
mencer beaucoup de pièces, que les burinistes les plus
accrédités ont terminées et signées ; ce fait est impor-
tant à constater. 11 a gravé notamment des eaux-fortes
pour les Principaux Evénements de la Révolution ,
grandes compositions de Monnet. La suite de ces eaux-
fortes par Duclos et Duplessi-Bertaux, a figuré à
la vente Pixérécourt 2. Elles ont été terminées par
Helman.
1 Les deux dessins d'A. de Saint-Aubin furent exposés au Salon de
1173.
2 Guilbert de Pixérécourt , auteur dramatique , un des fondateurs de
la Société des Bibliophiles français , possédait une bibliothèque consi-
dérable. Son ex-libris portait la devise : Un livre est un ami qui ne
DUCLOS. 4-1
Duclos était en outre un excellent dessinateur, dont
la manière rappelait celle de Gi-avelot ; nous avons
vu de lui un certain nombre de dessins , qu'il a géné-
ralement gravés lui-même, pour des pièces de théâtre.
Il nous reste à signaler encore un important mor-
ceau de Duclos , gravé d'après le pastel de même
grandeur exécuté en 1778 , par Desfossés , fils du gra-
veur Surugue, officier au corps royal d'artillerie et qui
change jamais. Il se décida à vendre eu 1839, et cette vente dura
vingt-neuf jours. Le catalogue comprenait plus de 2,000 articles. On y
remarquait un certain nombre d'ouvrages à figures :
122 eaux-fortes de la Bible de Marillier, 89 fr. 50.
Les Métamorphoses d'Ovide, Deterville , 1800, in-8 , exemplaire
contenant les figures de l'éditiou de 1767-71 , avant la lettre, les eaux-
fortes, les fleurons de Choffard et leurs eaux-fortes, 65 fr.
La suite du Voltaire de Kehl avant la lettre , exemplaire du graveur
Simonet, 150 fr. — 78 eaux-fortes, 100 fr.
Les figures de Smirke pour Don Quichotte , 300 fr.
La Folle Journée, figures avant la lettre et eaux-fortes, 30 fr. 50.
Œuvres de Molière, 1773, avec les deux suites de Moreau et toutes
les eaux-fortes, 201 fr.
Télémaque , iu-4 , avec toutes les eaux-fortes des figures de Monnet
gravées par Tilliard , 24 fr.
Le Temple de Gnide, figures de Regoault et eaux-fortes, 28 fr. 50.
Tableaux de ta Révolution et Campagnes d'Italie , avec les eaux-
fortes , 1,211 fr.
Mais la grande curiosité de la vente était le n° 1910 du catalogue,
Recueil de pièces sur la Révolution française , comprenant : 4 cartons
de poésies révolutionnaires, poëmes, épitres, satires, odes ; 4 cartons de
chansons révolutionnaires ; 63 cartons contenant neuf cents pièces de
théâtre jouées pendant la Révolution ; 20 cartons de facéties révolu-
tionnaires, pamphlets, etc.; 20 cartons d'almanachs révolutionnaires;
57 cartons de pièces historiques, et un album de gravures sur la Révo-
lution.
Cette collection révolutionnaire fut retirée à la vente , et acquise par
la Chambre des Pairs pour 3,000 fr. Elle est aujourd'hui à la biblio-
thèque du Sénat.
L'ensemble de la vente de Pixérécourt produisit 75,000 fr.
42 LES GRAVEURS DU XVUF SIECLE
représente la Reine Marie- Antoinette annonçant à
M™^ de Bellegarde des juges et la liberté de son mari
en mai 1777 . Cette pièce curieuse se rapporte à
Antoine Dubois de Bellegarde , bel officier des gardes
du corps , connu pour sa haute taille , et qui s'était fait
chasser pour abus de confiance dans des réformes
d'armes qui motivèrent un conseil de guerre. Il fut
forcé d'échapper par la fuite au châtiment , se réfugia
en Prusse et s'y engagea dans un régiment d'infan-
terie. Au bout de peu de mois , il déserta et revint en
France se constituer prisonnier. Pendant ce temps ,
sa femme qui lui était fort attachée, organisa sa dé-
fense , la confia au célèbre Linguet et obtint la pro-
tection de la Reine : c'est ce que représente l'estampe
de Duclos.
Bellegarde fut rendu à la liberté , mais sa recon-
naissance pour cette intervention royale ne paraît
pas avoir été bien vive ; il se montra , dès le début de
la Révolution , partisan enthousiaste des réformes.
Elu député de la Charente à la Convention, U prit part
au procès de Louis XVI et non-seulement vota la
peine de mort sans sursis , mais contraignit deux de
ses collègues à faire comme lui.
ESTAMPES.
I. D APRES DESFOSSES.
La Reine annonçant a M'"*' de BELLEGARr)E des
JUGES, ET LA LIBERTÉ DE SON MARI, EN MAI 1777.
d'après Desfossés, officier d'artillerie; in-fol. en largeur, 1779.
L'eau-forte au Cabinet des Estampes. — Les premières épreuves de souscrip-
tion sont avant la lettre. 100 fr. 1877.
DUCLOS. 43
II. d'après DUCLOS.
2. Retoitr de Chasse du 3 janvier 1783, dédié à la Bienfaisance.
— Dessiné et gravé par Duclos en janvier 1783 ; in-4 en largeur.
Môme format que le Trait de charité de la Dauphine dessiné par Moreau.
III. d'après freudeberg.
3. L'eau-forte de L'ÉVÉNEMENT AU BAL, estampe terminée par
Ingouf; in-fol. — L'eau-forte du CoucHER, estampe terminée
par Bosse; in-fol. (Monument du Costume).
IV. d'après le PRINCE.
4. Festin de deux jeunes mariés russes; planche in-fol. en largeur.
V. d'après MOREAU.
5. RÉCEPTION DE ChOISEIIL-GoUFFIER CHEZ ILVSSAN-
Tchousch-Oglou ; in-fol. en largeur, 1780. [Voyage pitto-
resque de la Grèce.)
VI. d'après SAINT-AUBIN.
6. LE CONCERT, dédié à Madame la Comtesse de Saint-Brisson
par son très humble et très obéissant serviteur Duclos ; in-fol. en
largeur.
"7. LE BAL P.\RÉ , dédié à Monsieur de Villemorien fils par son
très humble et très obéissant serviteur Chéreau fils; in-fol. en
largeur, pendant de la pièce précédente.
Ces deux célèbres compositions sont au nombre des plus belles estampes que
l'École du XVIII* siècle ait produites , et il est juste d'en attribuer la gloire
autant au graveur Duclos qu'au dessinateur Saint-Aubin , tant le premier a su
faire passer dans la gravure l'esprit et l'élégance du dessin.
L'eau-forte du Bal a été payée 545 fr. à la vente Béhague ; celle du Concert , à
la vente Wasset , a coûté 6,200 fr. Les deux épreuves ont été payées 4,200 fr. à
la vente MOhlbacher, 1881 (1).
L'eau-forte du Concert est moins large que celle du Bal de deux centimètres
environ. La planche a été ensuite complétée et amenée à la même dimension
que celle du Bal.
Deux magnifiques épreuves d'essai , avant les derniers travaux et avant l'en-
(1) La collection de M. Mùhlbacher, dont nous avons parlé tome F'', page 326,
a été vendue au mois de mars 1881. Les 1158 articles du catalogue ont produit
258,000 fr.
U LES GRAVEURS DU XYIII^ SIÈCLE.
cadiement, très lumineuses, ont été payées 12,000 fr. à la vente Mûhlbacher.
11 existe quelques épreuves rarissimes terminées , avec l'encadrement , avant
la lettre. Une semblable épreuve du Bal est exposée au Cabinet des Estampes.
\" état : Avant les mots Graveurs du Roy, etc. après le nom de Saint-Aubin;
les deux , 1,050 fr. vente Béhague . 2,000 fr. 1881 .
2^ état : Avec ces mots.
VIGNETTES.
D APRES BOUCHER.
8. Arrivée de Télémaque dans l'île de Calypso. — Dédié à J. Aliamet,
graveur du roi. — Eau-forte par Duclos , terminée par Patas;
iii-4 en largeur.
II. d'après GOGHIN.
9. Orphée enseignant aux hommes le culte des Dieux; gravé par
Duclos et Halbou; iii-4. — La même vignette, réduite in-8
{Emile , de J.-J. Rousseau).
10. Vignette in-4 pour le chant XI de la Jérusalem délivrée.
III. d'après duglos.
11. Vignettes dessinées et gravées par Duclos pour les illustrations
d'opéras-eomiques publiées par Martinet; in-8.
Le Jardinier et son Seigneur, 6 p. — Les Deux Chasseurs et la Laitière. — Le
Déserteur. — Les Sabots. — Les Deux Avares. — Lucile. (Voyez à l'art. Martinet).
Nous avons signalé à l'article Deny une vignette dessinée par Duclos.
IV. d'après EISEN.
12. HÉRO ET LÉANDRE DANS LE TEMPLE DE VÉNUS.
— A.-J. Duclos sculpsit n'74 ; in-8.
Frontispice i'Béro et Léandre, à la suite d'Anacréon, Sapho, Biun et Moschus.
V. d'après fragonard.
13. Les eaux-fortes de la Matrone d'Éphèse, 1793, et de Belphégor,
1*794 (pour les Contes de La Fontaine), terminées par Delignou
et Patas ; in-4.
DUCLOS. 45
VI. DAPRES GRAVELOT.
14. Frontispice allégorique, avec portrait de Louis X"V, et
vignettes pour la Bibliothèque des Artistes et des Amateurs, par
l'abbé de Petity, HôG, 3 vol. in-4.
15. LE DISTRAIT (il jette son verre d'eau sur le trictrac et porte
le cornet à sa bouche ) , ravissant en-tête de Gravelot pour le
La Bruyère de 1150, in-4.
L'oau-forte, 150 fr. 1880.
Duclos a gravé un autre en-tête pour le même livre.
IG. Vignettes pour la Pharsale de Lucain , 1766, in-8 ; — la Secchia
rapifa , 1166 , in-8 ; — les Almanachs iconologiques , in-18
( Melpomène , Noblesse ) ; — Eugénie , drame de Beaumarchais
(acte III) , in-8 ; — Racine , édition de Luneau de Boisgermain
{Bére'nice) ; — Histoire de Sophie Francourt , par le marquis de
Lasalle, in-12; — Tacite, 1768, in-12.
n. Tu gardes le silence , et tu pleures? Acte III. Scène 7; in-8.
Jolie vignette pour V Amoureux de quinze ans , ou la Double Fête , comédie de
Laujon , 1T71.
18. Henri IV chez Michau, vignette ovale in-4 {la Partie de
chasse de Henri IV, de Collé).
19. JULIE ET CHARLOT, dansant, mi ; in-4.
Très beUe vignette pour les Œuvres de Voltaire, édition de Genève, 1~68. Nous
en avons vu l'eau-forte chez M. LeflUeul , libraire. — Duclos a gravé d'autres
agures pour cette édition : le Duc de Foix, Alzire, la Uenriade, chants 1 et V, etc.
20. RENAUD DANS LA FORÊT, CROYANT VOIR ARMIDE;
in-8.
C'est la plus gracieuse vignette de la suite de la Jérusalem délivrée , n66. —
Duclos a encore gravé la figure du chant II ( Clorinde empêche Sophronie et
Olinde d'être brûlées), et celles des chants VI et Vlll.
21. La Vierge sur des nuages. Tu gloria Jérusalem ; in-8.
vit. d'après le barbier.
22. Un génie aîlé s'élevant sur les nuages, 1786 ; in-12. — Une vignette
pour le Roman comique ( Mêlée nocturne ) , l'an 3* ; in-8.
46 LES GRAVEURS DU XVI1I« SIECLE.
VIII. D APRES LE PRINCE.
23. Amours écrivant, peignant, jouant avec divers instruments de
science ; fleuron pour titre.
IX. d'après marillier.
24. LA DORMEUSE. — Une chambre à coucher richement ornée .
dans un lit à grandes tentures , une jeune femme est endormie , à
demi découverte, le bras droit replié sous sa tête. Un jeune homme
s'avance vers le pied du lit pour la surprendre. — C. P. Marillier
inv., A.-J. du Clos sculp. mi ; in-8.
Vignette admirable , et digne de figurer dans les collections d'estampes. Elle
provient d'un roman de Dorât intitulé : les Sacrifices de l'amour, ou Lettres de ta
vicomtesse de Senanges et du chevalier de Yersenay, 2 vol. in-8. Elle est toujours
avant la lettre , mais il y a de très belles premières épreuves sur papier fort
L'eau-forte, 200 fr. 1879.
25. LES NEUF PARTIES DU DISCOURS.— ^> Les petites Demoi-
•^ selles ci-dessus, pour être bien élevées, étudient, avec attention,
•' les neuf mots de la langue française. ■' — Duclos sculpsit ; in-8.
En tête de ce charmant titre, on lit : École française pour les jeunes demoiselles.
— Pour la Grammaire des dames , dédiée à la Princesse de Lamballe par M. de
P. (Prunay) , Paris, RoUin , ITTÎ.
26. Y ignelte ipour Olinde et Sophronie , drame de Mercier, mi. —
Cul-de-lampe pour les Idylles de Saint-Cyr, de Dorât (Un enfant
enlevé par un aigle), mi. — Eau-forte pour les Élégies de Tibulle,
an III ; terminée par Dupréel.
X, d'après MONNET.
2*7. Battus métamorphosé par Mercure en pierre de touche , vignette
in-8 pour les Métamorphoses d'Ovide de mo.
28 Les eaux-fortes de six figures allégoriques sur la Révolution fran-
çaise , in-4 ; terminées par Helman.
1. Les Droits de l'homme, A. 1. Duclos aqua-forti ; 1791. — 2. La Nation, la
Loi, le Roi. La Nation , de qui seule émanent tous les pouvoirs, ne peut les
exercer que par délégation; 1792. — 3. Égalité de droit. Autel de la patrie.
Division delà France en départements ; 1792. — 4. Impartialité. Allégorie sur la
justice ; 1792. — 5. Allégorie sur l'Assemblée. On y voit une femme écrivant le
Journal de l'Assemblée Nationale, 1792. — 6. Protection à l'Innocence, Punition
du Grime, Interrogatoire ; 1793.
DUCLOS. 47
29. Les eaux-i'ortes des dix premières planches des PRINCIPAUX
ÉVÉNEMENTS DE LA RÉVOLUTION, terminées par
Helmaii (voyez ce nom).
XI. d'après moreau.
30. Vignette pour le ch. XXVII de l'Arioste de Baskerville ( Disputi.'
de moines); in-8.
31. Le Dépit amoureux, le Misanthrope, les Femmes
sçwANTES, Do.N G ARC lE , 4 p. in-8 (ÛBuDres de ilfo//ère ,
édition de Bret).
32. VÉNUS DÉSHABILLÉE PAR LES GRACES, vignette in-8
pour le Jugement de Paris par Imbert , Amsterdam , n'72.
Cette merveilleuse vignette existe à l'eau-forte.
33. TRAIT DE CHARITÉ DE LA DAUPHINE , vignette in-8
pour les Annales du règne de Marie-Thérèse , par Fromageot.
Cette vignette existe à l'eau-forle.
C"est le même trait de charité qui a fait le sujet d'une charmante estampe in-4
en largeur, dessinée par Moreau et gravée par Godefroy.
34. Ils n'ont pas encore mis le bonheur dans les romans et sur le
théâtre ; in-8 ( Voyage à l'Ile de France , de Bernardin de Saint-
Pierre, m3). — C'est ce travail funeste, à Ciel, venge une mère,
llli ; in-8 ( les Saisotis, poëme de Saint-Lambert). — Ses lèvres
tremblèrent en prononçant le vœu. . . , mi ; in-8 [les Incas).
— Ciro, scena ultima ; in-8 [Œuvres de Métastase). — Figures
pour la suite de V Histoire de France.
35. Institution de l'ordre de la Toison-d'Or par Philippe-le-Bon. Tête
de page, 1781 [Description générale et particulière de la France,
par de Laborde, etc., in-fol.).
36. Portrait allégorique de FrÉDÉRIC-GuillAUMK , PRINCE DE
Prusse ; in-4 [la Henriade de Kehl).
37. HENRI IV ET GABRIELLE D'ESTRÉES.
Très belle vignette pour la Henriade in-4.
88. La Mort de César, vignette in-4 , gravée à l'eau-forte , 1782.
Pour une série de planches in-4 destinée à l'illustration des flEuvres de Vol
taire, et qui a été abandonnée.
48 LES GRAVEURS DU XYIIP SIECLE.
39. Illustrations pour les CEuvBES DE VOLTAIRE, édition de Kehl,
in-8.
Nous trouvons la signature de Duclos sur les vignettes de : la Mort de César,
iiérope, Socrate, la llenriade, chant IX (Henri IV et Gabrielle d'Estrées) ;
Sur la très jolie figure de Qertrude, conte (André, mon cher André...), vignette
que Moreau devait si bien réussir une deuxième fois vingt ans plus tard ;
Sur la figure de Zadig (les Bendez-Yous) ;
Et dans la Pucelle , sur la ti es célèbre figure de l'âne, chant XX (Vers son
amant elle avança la main).
Mais il est très important de remarquer que Duclos a été le graveur à l'eau-
forte de bien des figures du Voltaire , que d'autres graveurs ont signées en les
terminant ; par exemple : dans la Pucelle , chant IX ( D'un gros baiser la bar-
bouille) , gravé par Dambrun , l'eau-forte est signée A. J. Duclos sculpsit 1788 ;
— chant XIII (De la cuirasse. . .), gravé par Longueil ; — chant XVI { // salua
trois fois ) , terminé par Lingée ; — chant XVII { le Confesseur ) , terminé par
Trière.
40. Frontispick .allégorique pour L.v Nouvelle-
HuLOïSE (Aidé de la sagesse. ..) , — La Querelle (Saint-
Preux, mylord Edouard et M. d'Orbe), — La CONFIANCE
DES BELLES AMES (Saint-Preux, Julie et M. deWolmaràla
grille du château) , — L'AWOUR M.\TERNEL (Julie se précipi-
tant à l'eau) , 4 p. in-4 pour le Rousseau de m4-83.
XII. d'après A. DE SAINT-AUBIN.
41. Un Saint , martyr, frappé par deux soldats , HôS ; in-12.
XIII. d'après g. de SAINT-AUBIN.
42. Louis XV visitant l'École militaire; in-8 {Étrennes
françaises, par l'abbé de Petity).
XIV, d'après divers.
43. Vignettes pour l'Histoire romaine de Myris. — Titre et vignettes
pour Nouvelles, par M. de Chamois, d'après T. B. T. D.; in-12.
— Jeune femme berçant un enfant, pièce en largeur d'après Hilair,
pour le Voyage en Grèce du comte de Choiseul-Gouffier, l'7.s2 ;
in-fol.
DUCROS (Pierre
4745 -4 810.
Pierre Diicros , peintre et graveur, né en Suisse en
1745, mort à Lausanne en 1810 , était d'après Joubert
à qui nous empruntons ces détails , particulièrement
lié avec Volpato , célèbre graveur italien. Ils entre-
prirent de graver ensemble une suite de Vues de
Rome et de la Campagne Romaine, « entreprise dans
» laquelle Ducros s'est montré graveur habile et grand
» paysagiste. » Cette suite a été exécutée en couleur.
Un second travail , celui-là fait avec Montagnani ,
autre graveur italien , est une suite de 24 Vues de
Malte et de Sicile , collection qu'il faut , toujours
d'après Joubert , ranger parmi les plus belles produc-
tions de la gravure, et où le burin rivalise d'éclat avec
la couleur. Ce sont des vues de Messine , Taormine ,
Syracuse, Malte, etc. . . Malgré nos recherches, nous
n'avons pu parvenir à les rencontrer.
Basan dit qu'il a gravé à Rome , en 1784 , dans la
manière du lavis , deux Marines , dédiées à Pie VI.
Les ouvrages de ce graveur sont plus recherchés à
l'étranger qu'en France.
DUFLOS (Claude).
1662-'1727.
Fils d'un chirurgien , Claude Duflos est né à Paris
vers 1662, car à son mariage à St- Benoît, le 25
avril 1695 , il déclare être âgé de trente-trois ans. Il
épousait la fille de l'imprimeur en taille-douce Ignace
Antoine , qui lui donna treize enfants. A ce mariage
assistaient le chevalier Gérard Edehnck, Etienne Picart
le Romain , et la femme de Gérard Audran , Hélène
Licherie.
C'était certes un talent estimable que celui de Claude
Duflos , mais mérite-t-il les éloges que dans tout un
paragraphe Mariette lui décerne ?
« Une extrême propreté dans la conduite de la gra-
» veure , une grande netteté , un arrangement de
» tailles, égales entre elles et bien suivies , une atten-
» tion toute singulière à terminer ses ouvrages et à
» leur donner une couleur douce et agréable , voilà
» ce qui fait le principal mérite de Claude Duflos et
» ce qui a toujours été l'objet de ses études. Non con-
» tent d'exprimer chaque objet par le moyen ordinaire
» des tailles, il a fait revivre la manière de Boulanger
» qui consiste à exprimer les chairs par une multitude
» innombrable de points rapprochés l'un auprès de
DUFLOS (Claude). 5<
» l'autre ; il a perfectionné cette manière et est arrivé
» au point que plusieurs de ses ouvrages semblent
» plus tost lavés au pinceau que gravés tant ils sont
» terminés avec soin. Il n'a pas fallu moins de patience
» que de veue pour venir à bout d'un travail aussy
» pénible. »
Nous croyons qu'il faut tenir compte de ceci , que
le père de Mariette avait édité un certain nombre des
planches de Claude Duflos et qu'il y avait dans cette
bienveillante appréciation un peu d'intérêt de boutique;
quoiqu'il en soit , Claude Dujflos a été un graveur d'un
certain talent et surtout d'une grande fécondité , bien
qu'il faille lui enlever une quantité considérable de
planches pour les rendre, suivant les uns à son frère,
suivant d'autres à son fils. Les dates sont là d'ailleurs :
Claude Duflos, nous apprend Jal, décéda rue St-Jacques
le 18 septembre 1727, âgé d'environ soixante-cinq ans,
et fut inhumé le lendemain aux charniers de St-Benoît.
Donc les pièces postérieures à 1727, et en particulier
celles d'après Boucher, ne sont pas de lui.
Claude Duflos a gravé une grande quantité de
sujets rehgieux surtout d'après Le Brun , Le Sueur,
Mignard, sur lesquels nous passerons rapidement. Ses
meilleurs morceaux dans ce genre sont : Jésus à table
entre ses disciples d'après Paul Véronèse , exécuté
pour le Recueil de Crozat, ainsi que deux Christ mis
au tombeau , l'un du Pérugin et l'autre de Raphaël.
Parmi ses meilleures planches , on distingue encore
une Sainte Cécile d'après Mignard, et une Tête de la
Vierge d'après le tableau du Guide qui appartenait à la
duchesse de St-Aignan.
Duflos a encore gravé, en points , comme Bernard
52 LES GRAVEURS DU XYIIP SIECLE.
Picart , une quantité de ces petites pièces carrées ou
rondes appelées dessus de tabatières, qui ne laissent
pas d'être parfois assez amusantes , le Camouflet , le
Médecin de village , le Moineau , les Sens , les Sai-
sons , Léda , etc ; quant aux titres de livres ,
frontispices avec portraits des auteurs , vignettes , le
nombre en est réellement considérable : nous remar-
quons, dans la quantité, le portrait in-12 assez soigné
de Fénelon.
Les portraits de grand et de petit format ne sont
pas d'ailleurs la partie la moins intéressante de l'œuvre
de Claude Duflos. Il a collaboré aux Sommes illustres
de Perrault pour ceux de David Blondel et du
May^èchal de la Meilleraye, dont les têtes seules
seraient de lui, au dire de Mariette , et les ajustements,
très lourds d'ailleurs , d'une autre main, et pour ceux
ce Adrien de Valois , historiographe de France , et
de Martin Mer senne.
Donnons une liste des portraits les plus intéressants
dus au burin de Claude Duflos. Beaucoup étaient com-
mandés pour orner les thèses de docteur :
Fî^ançois de Clermont - Tonnery^e , évêque de
Langres (1696).
François d'Aligre (1698).
Coignard , imprimeur du Roi.
Sébastien Leclerc.
Louis XV, à cheval , jeune encore.
Beaumllers de St-Aignan , évêque de Beauvais.
Louis Tronson , supérieur de St-Sulpice.
Le Père Mer senne.
Le maréchal Duc de Boufflers , très grand in-fol.
Michel de Chamillmi (1704).
DUFLOS (Claude). 53
Jacques Gaudart , conseiller au Parlement, d'après
Largillière.
Le Tellier, archevêque de Reims , d'après Mignard.
Le président Achille de Harlai/ , dans le format
des Hommes illustres.
Marie-Louise de Savoye, reine d'Espagne,
Robert Ballard , imprimeur.
Le fameux amateur d'estampes Michel Bègon (1708).
Deux portraits de VAbbé Bignon, l'un plus petit
que l'autre (1709).
Bérain, dessinateur du cabinet du roi (1709).
Voyer de Paubny, Marquis d'A7'genson , d'après
Rigaud (1711) ; deux portraits différents , l'un avec
légende en français, l'autre avec légende en Jatiii.
L'imprimeur Bénis Thierry (1711).
Honoré de Quiqueran, d'après Ranc (1716).
Enfin la série des portraits pour les Histoires et
p7'euves généalogiques de la Maison de Gondy ,
jusques et y compris le fameux Cardinal de Retz.
Le plus soigné peut-être de tous les portraits de
Claude Duflos est celui de Madame Anne Michelin ,
veuve du sieur Gouault , ancien échevin de la ville de
Troyes, jolie pièce gravée d'après le dessin deMellan;
mais il faut le reconnaître, beaucoup des portraits do
Claude Duflos sont noirs , heurtés , peu harmonieux.
DUFLOS (Claude-L.
1700-1784.
Parmi les treize enfants de Claude Duflos , l'un
d'eux, qu'on appelle Claude-Augustin, est né le 11 mai
1700, et c'est lui qu'on désigne généralement comme
le graveur qui a succédé à son père et continué son
œuvre d'une manière assez complète pour qu'on ait
peine à distinguer la solution de continuité. Pourtant
ce Claude-Augustin ne signe jamais de son second
prénom : il signe soit Cl. Duflos, soit C. L. Duflos , ce
qui ferait supposer que le prénom d'Augustin n'est
pas exact.
C'est ce graveur remarquable , au talent souple et
facile, qui est l'auteur des planches de la Galerie
du président Lambert , des belles compositions de
Boucher si largement traitées et aux sujets si gracieux,
la Naissance de Vénus et la Toilette de Vénus , et
de nombre d'autres pièces d'après ce même maître ,
qu'il semble s'être fait une spécialité d'interpréter.
C'est encore Duflos fils qui est l'auteur de doux
estampes humoristiques , scènes populaires inventées
et peintes par Jeaurat , le Déménagement d'un peintre
(Duflos demeure alors rue Gallande à côté de St-
Blaisë) , et f Enlèvement de police.
DUFLOS (Claude-L.). 55
Voici les vers de Moraine , gravés au bas de la pre-
mière :
Léger d'or et d'argent ainsi que de cervelle
Sur ce char de triomphe un confrère en Apelle
Dans un grenier nouveau va prendre appartement
Ravi d'avoir sauvé son cher ameublement ,
Il sembler oit qu'il a gagné quelque victoire.
Ce qui rabat pourtant un peu son air hautain ,
C'est que la boulangère et le marchand de vin
Ne chantent pas tous deux des hymnes à sa gloire.
Les vers suivants du même poète expliquent le sujet
de r Enlèvement de police , gravé d'après le tableau
qui appartenait au conseiller Le Rebours :
Quel affligeant objet I Les Grâces désolées
Au plus cruel affront ici sont immolées.
Pleurez amours , pleurez et dans ce triste état
Hâtez-vous de fléchir ce grave magistrat.
Mais non , quoiqu'il ne soit ni cruel ni farouche,
Vos larmes, vos soupirs ne l'attendriront pas ;
Il sçait à quels dangers exposent vos appas
Et le bien du public est tout ce qui le touche.
C. L. Duflos a collaboré sous la direction de Massé à
la Galerie de Versailles, pour la planche des Cariatides.
et exécuté d'après A. Goypel le Triomphe de Galalhèe.
Quant à la Galerie du P7^ésident Lambert, les
planches signées de Duflos d'après Le Sueur sont nom-
breuses. On sait que la belle demeure qui forme la
pointe sud de l'île St-Louis fut construite par l'architecte
Louis Le Vau , pour le président de la Chambre des
comptes Nicolas Lambert de Thorigny. Celui-ci s'adressa
aux peintres les plus célèbres pour la décorer : Charles
Le Brun y peignit , dans la galerie placée au-dessus
de sa belle bibliothèque , l'Apothéose et les Travaux
56 LES GRAVEURS DU XVIII'^ SIÈCLE.
d'Hercule qui furent gravés par Surugue et Duchange
sous la direction de B. Picart , et Le Sueur décora
de son suave pinceau tout un salon à la gloire de
l'Amour : sa naissance , son éducation par les Grâces,
son triomphe, etc.. Dans un grand cabinet voisin , le
même peintre représenta Apollon et les Muses. Ce sont
ces compositions qui ont été en grande partie gravées,
vers 1730-1731 , par Cl. L. Dufios, et non sans talent :
les Muses Clio , Erato et Euterpe , Diane sur son
char, etc Signalons encore des frontispices et
ornements pour les jolies éditions de Coustelier et de
Barbou ; deux pièces d'après Aubert, la Revendeuse à
la toilette et le Billet doux , et plusieurs des lourdes
compositions de genre de Schenau. Il a gravé aussi
un portrait in-8 du médecin Boudou.
Cl. L. Duflos est mort vers 1785.
ESTAMPES.
I. d'après aubert.
1. Le Billet doux, — la Revendeuse x la toilette,
2 p. in-fol.
II. d'après boucher.
2. La NAISSA^CE de Vénus; in-fol.
Le liquide élément est fécond en naufrages
Les Aquilluns souvent y montrent leurs fureurs
Mais jamais sur les flots on ne voit tant d'orages
Que les yeux de Vénus en causent dans les cœurs.
3. La Toilette de Vénus; in-fol.
Charmantes sœurs, votre adresse admirable
Ne saurait embellir la mère des amours
4. Vénus tranquille, p. en largeur. — Diane au retour de la chasse. —
Érigone vaincue, p. en largeur. — Les Amours pastorales, 4 p.
en largeur. — Les Saisons, 4 p. in-fol. en largeur. — Les Quatre
DUFLOS (Claude-L.). 57
Poésies (épique, lyrique, satyrique, pastorale), 4 p. in-fol. — Les
Eléments, 4 p. in-fol. en largeur. — Le Pêcheur, p. en largeur.
— Le Poëte, le Souffleur, le Petit berger, le Petit pasteur, la
Petite fermière. 5 p. en hauteur.
III. d'après a. coypel.
5. Le Triomphe de Galathée ; in-fol. — L'Hymen de Bacchus et
d'Ariane; in-fol. en largeur. — L'Amour piqué par une abeille;
in-fol.
IV. d'après jeaurat.
6. DÉMÉNAGEMENT d'un PEINTRE; in-fol. en largeur. — ENLÈ-
VEMENT DE POLICE; in-fol. en largeur.
V. DIVERSES.
*7. Estampes pour la Galerie du Président Lambert. — Jupiter et An-
tiope, d'après Le Barbier. — Jupiter et Sémélé, d'après Raoux.
— Le Chien couchant, le Chien espagnol , d'après Oudry. — Le
Bain , la Feste italienne, d'après Pater. — La Mère qui intercède,
le Premier Pas de l'enfance, le Maître de guitare, le Retour désiré,
d'après Schenau.
VIGNETTES.
8. Titre pour un Catalogue de ventes de coquilles. — Adresse de
Gersaint. — Fleuron pour la Mérope française , de Voltaire. —
Frontispices pour les Deux Tonneaux et le Bâtiment de St-Sul-
pice, de Piron , in-12, 1744. — Ces diverses pièces sont gravées
d'après Boucher.
9. Mœurs et Usages des Turcs, par Guer, Paris, Coustelier, 1746, in-4 ;
28 figures par Boucher et Halle , gravées par Duflos , fleurons et
vignettes par les mêmes.
10. Frontispices , vignettes ou fleurons pour : les Œuvres de J.-B.
Rousseau, Amsterdam, 1729; — les Aventures de Te'lémaque ,
édition de 1734 ; — le Prince des Aiguës-Marines , 1744 , d'après
Cochin; — Virgile, de Coustelier, 1745, d'après Cochin ; —
Lucrèce , Horace , éditions de Coustelier ; — Jnvénal , les Com-
mentaires de César, Perse et Juve'nal . Poésies de Malherbe, édi-
tions de Barbou.
DUFLOS (Pierre).
1751
Il n'est pas facile de se reconnaître dans la généalogie
compliquée des Duflos, et nous ne saurions préciser le
degré de parenté des deux artistes dont nous venons
de nous occuper avec P. F. Duflos , qui a travaillé à
Rome où il a gravé une série de monuments et de
paysages sous ce titre : Diverse vedute di Roma ,
suite de vingt pièces dédiée au duc de Saint-Aignan ,
qui nous paraissent bien anciennes pour que ce soit à
ce graveur que se rapporte ce passage d'une lettre
du directeur des bâtiments à De Troy , directeur de
l'Académie de France à Rome , vers Tannée 1750. Il
concernerait plutôt Simon Duflos. On y verra le peu
d'aide que les jeunes graveurs français recevaient du
gouvernement :
« Mon intention n'est point, Monsieur, que le
» S'' Duflos reste , sous prétexte de travailler aux
» copies du Vatican, comme vous me le marqués par
» votre lettre du 31 aoust dernier. Je n"ai jamais
» compté non plus que le S"" Roettiers fût à la charge
» du Roy et je ne le veux nulement, je consens
» seulement que vous lui donniés quelqu'endroit
» pour se mettre à couvert ; mais que ce soit sans
DUFLOS (Pierre). 59
» meuble , n'y qu'il soit nourri aux dépens du Roy.
» Je vous observe même que s'il y avait quelque
» difficulté à lui donner un bouge pour se loger il n'y
» a qu'à ne le point faire ; et supposés que vous le
» fassiés cène doit être qu'aux conditions que je viens
» de vous marquer, ne voulant point qu'aucunes dé-
» penses quelconques à leur sujet soient employées
» dans vos comptes, vous prévenant que je ne les
» passerai point. Il me semble qu'il ne doit pas être
» embarrassant aux conditions que je vous propose
» de donner quelques petits logements à ces étudiants
» qu'en ce ne seroit que quelques-uns des lieux qui
» servoient de garde-robe à feue Madame votre
» épouse. »
Nous ne pourrions dire non plus quel lien do parenté
rattache ce P. F. Duflos à Simon Duflos , graveur qui
a signé V Accouchée et la Relevée , d'après Jeaurat
et les mauvaises copies de deux estampes de Chardin,
le Château de cartes et la Maîtresse d'école (les gra-
vures originales sont celles de Lépicié).
Simon Duflos est le père de Pierre Duflos , n<î à
Lyon en 1751 , à qui l'on doit la gravure d'un certain
nombre de vignettes, exécutées principalement d'après
Marinier, et qu'il signe P. Duflos le jeune , et pro-
bablement aussi de la suite des figures libres pour
la Pucelle , désignée par les bibliophiles sous le nom
de suite anglaise. Brunet avait justement, quahfié
ces figures en bloc, jolies mais trop libres; Cohen
a plaidé pour le dessinateur les circonstances atté-
nuantes : « 11 n'y a , dit-il avec une naïveté amusante ,
» que la V', la 2«, la 3% la 10^ la 12«, la 13^ la 17" et
» la 18*, qui soient tout à fait libres , les autres sont
«0 LES GRAVEURS DU XVIIP SIECLE,
» OU voluptueuses , ou tout à fait chastes !... » Cette
réflexion du Guide de V amateur de livres à vignettes
est un pur chef-d'œuvre.
Pierre Duflos se maria , le 14 octobre 1780 , avec
Elisabeth Thibault. Ses témoins furent les graveurs
Romanet etCroutelle.
Madame Duflos savait graver. Nous remarquons
son nom dans ïHeptaméron de 1780, et c'est avec
sa collaboration que son mari mena à bien la pubU-
cation d'un considérable recueil à' Estampes repré-
sentant les grades, les rangs et les dignités suivant
le costumée de toutes les nations , dont il était l'édi-
teur ainsi que d'un Abrégé d'Histoire universelle en
figures (167 planches) d'après les dessins de Moreau ,
Monnet et autres.
VIGNETTES.
I. d'après marillier.
1 . Joachim ou le triomphe de la pieté' filiale, drame en vers par Blain
de Sainmore, fig. in-8, mS. — TRAGÉDIES DE DoRAT, titre
allégorique, iii-8. — Titre pour LES PrÔNEURS, comédie de
Dorât; in-8. — JEUNE FEMME A SA TOILETTE, vignette
in-8 { Œuvres de Pope , 1T79). — Vignettes pour la suite du
Gessner in-12 (Cazin). — Vignette pom- V Iconoloc/ie Fleuron
et cul-de-lampe pour les Fables de Dorât.
2. L'Éducation de Henri IV, par M. D***, béarnais (l'abbé
Duflos), Paris, Duflos le jeune, 1790, 2 vol. in-8; 6 fig. gravées
par Duflos.
Le frontispice représente Louis XVI , Marie-Antoinette et le Daupliin devant
le buste de Henri IV.
3. Abrégé de l'Histoire universelle en figures, ou
Recueil d'estampes représentant les sujets les plus frappants de
l'histoire tant sacrée que profane, avec les explications historiques
DUFLOS (Pierre). 61
qui s'y rapportent. . . . dessinées par M. Marillier et gravées par
le S'' Duflos le jne, n85 , 4 vol. grand in-8 ; 4 titres gravés et
16T figures de Marillier, Monnet et Duflos, à mi-page, avec texte
au-dessous, gi-avées par Duflos, De Ghendt et autres.
Rare.
4. LA PUCELLE D'ORLÉANS, par Voltaire, édition Gazin, ITil,
in-12 ; frontispice et 18 figures libres.
Cette suite , connue sous le nom de suite anglaise , parce qu'on lit dans la
marge supérieure dos gravures l'indication Book I , Book II , et ainsi de suite,
n'est pas signée. C'est la seule, parmi les suites libres faites pour la Pucelle, qui
rachète par les qualités artistiques de l'exécution l'indécence des sujets repré-
sentés. Elle doit être attribuée , selon toute vraisemblance , à Marillier pour le
dessin. On lit dans Cohen : « M. Sieurin m'a assuré qu'un vieil amateur, qu'il
» a connu , savait de source certaine que les figures de cette édition sont de
» Marillier et qu'elles ont été gravées par Duflos , pour eu avoir anciennement
» acheté chez Duflos lui-môme. »
II. d'après moreau.
5. La MatroNK d'ÉphÈSE, in-8 avec cadre, lllQ.
Très jolie vignette pour les Deux Matrones ou les Infidélités démasquées^
ouvrage posthume de M. Fréron. — Elle est toujours sans légende.
G. La Découverte du Nouveau-Monde, m-i^ŒuvresdeJ.-J. Rousseau).
III. DIVERSES.
1. Voltaire , frontispice allégorique dessiné par Desrais , d'après
de Gaigne (Descends du haut des Cieux. ..); in-8.
8. Le Philosophe de la Nature (Delille de Salles) , portrait-
frontispice orné, d'après Borel; iu-8.
y. Ri:cui:iL d'Estampes représentant les grades, les rangs et les
dignités suivant le costume de toutes les nations existantes, Paris,
Duflos, 1780, 2 vol. in-fol.
Le Blanc fixe le nombre des planches à 264. Elles sont coloriées.
Une de ces planches représente Marie- Antoinette , en pied, en toilette de cour,
d'après Touzé. — Cette enluminure a été payée 265 fr. à la vente Béhague.
10. Vignettes pour une édition espagnole de Don Quichotte, l'79'7 ,
signées Duflos et femme Duflos.
Portraits de Clément Marot, Corneille, Boileau , Perrault , Fontenelle, etc.
DUGOURE (Jean-Démosthène
1749-18...
Dugoure (ou Dugourc) ayant écrit une sorte dau-
tobiographie, qui a été publiée dans les Nouvelles
Archives de Vart français , nous y puisons quelques
renseignements précis sur ce graveur-décorateur. 11
naquit à Versailles en 1749 ; son père était contrôleur
de la maison du duc d'Orléans. L'intelligence et la
facilité du jeune Dugoure étaient telles (c'est lui qui le
dit) , qu'à huit ans il dessinait correctement des aca-
démies , à dix ans il savait la géométrie, l'architecture
et la perspective , et à douze ans , il commençait sa
rhétorique au collège de Juilly. Cette précocité le fit
donner pour compagnon d'études au duc de Chartres,
depuis Phihppe-Egalité , et il eut ainsi les mêmes
maîtres que lui : l'abbé Nollet , Daubenton , Fonce-
Diagne et Tabbé Barthélémy.
A quinze ans il était choisi par le comte de Cany ,
ambassadeur à Rome , pour l'y accompagner en qua-
lité de secrétaire. La mort de sa mère le força à
revenir bientôt en France, et la fortune de son père
ayant été perdue à la suite d'un procès, Dugoure,
d'amateur qu'il était , devint artiste. La peinture , la
sculpture et la gravure l'occupèrent dès lors tour à
DUGOURE. 63
tour, et bien qu'il ait été un moment employé par
l'inspecteur général de l'artillerie Gribeauval à des
travaux techniques, il dut à son goût pour les beaux-
arts ses moyens d'existence. C'est alors qu'il donna
ces dessins de costumes , ces compositions galantes
telles que le Lever de la mariée^ etc., qui furent
gravés par de plus habiles que lui à manier le burin ,
Trière, Lebeau, Ingouf et Elluin.
Il s'exerça pourtant aussi dans la gravure , débuta
par une grande pièce d'après Netscher, la Prière à
Vénus, en 1782 , et le premier, afflrme-t-il , donna
l'exemple d'employer les genres arabesque et étrus-
que dans l'architecture , les tentures et les meubles.
Dugoure grava eu effet sous le nom d'Arabesques, un
cahier de six fines pièces à l'eau-forte où furent sym-
bolisés le Feu, l'Eau , la Tet^re, Vénus et Mars.
Il s'est aussi servi d'un procédé inventé par Hoffman,
qui permettait de graver très rapidement au moyen
d'une encre mordante. Ce procédé, qui ne réussit pas
et qui fut trouvé confus et sans propreté , ne manque,
dit Renouvier, ni de force, ni de variété, et fait valoir
les qualités soUdes de dessin de l'artiste. Ces essais,
sortes de médaillons dans le genre antique , datent
de 1783.
L'habileté et le goût très réels de Dugoure le ser-
vu-ent pour la décoration intérieure des appartements
et généralement pour tout ce qu'on appelle à présent
l'art appliqué à V industrie , et il assure lui-même
que tout ce qui s'est fait de recherché et de précieux
pendant les dix années qui ont précédé la Révolution ,
a été conduit par lui et soumis à son examen. Tout,
c'est peut-être beaucoup , et Démosthèue Dugoure
64 LES GRAVEURS DU XVIIT SIÈCLE.
montre ici une assurance un peu gasconne. Toutefois
c'est lui , par exemple, qui fut chargé de surveiller les
somptueuses installations du prodigue comte d'Artois
à Paris, à Maisons et à Bagatelle. Il était aussi dessina-
teur et ordonnateur des parcs et châteaux du banquier
de Laborde et du trésorier de la marine Saint-James.
De 1780 à la Révolution , il est encore dessinateur
du cabinet de Monsieur, directeur des décorations et
costumes de l'Opéra , dessinateur du garde-meuble ,
dessinateur de décorations d'opéra pour le roi de
Suède, inspecteur général des manufactures de France,
enfin fabricant de papiers peints et de cartes à jouer.
La Révolution arrivée , il voulut donner une nouvelle
impulsion à ces fabrications en les républicanisant et
s'associa à cet effet avec Anisson-Dupéron , directeur
de l'Imprimerie Royale. En même temps il renouvelait
et dessinait les jeux de cartes et leur donnait un côté
artistique qu'ils n'avaient pas eu jusqu'alors. Les rois
étaient figurés par les génies de la guerre, de la paix,
du commerce et des arts. Aux reines étaient substituées
les libertés du culte, du mariage, de la presse, et aux
valets, les égalités de rang , de droits , etc. . . le tout
assez fièrement dessiné pour qu'on ait pu quelquefois
attribuer l'invention des sujets à David. La gravure sur
bois en était généralement exécutée par son associé
Duplat.
Dugoui^e, dessinateur de la Poule au pot, gravée par
David, est aussi l'auteur d'un grand nombre d'emblèmes
républicains pour les en- têtes de lettres officielles. 11 a
donné de petites compositions pour les Contes de La
Fontaine (Paris, Didot, 1795), et a terminé sa carrière
artistique par les illustrations des Incas et A'Atala.
DUHAMEL (A.-B.
1736
Cet élève d'Augustin de Saint-Aubin , né en 1736,
a gravé : V Occasion favorable , d'après Quéverdo ;
quelques vignettes pour les Deux Chasseurs et la Lai-
Hère , le Huron, Lucile , le Déserteur, les Amants
désespérés ou la comtesse cTOlinval, pour les Œuvres
de Regnard illustrées par Borel , pour le Rousseau
édition de Poinçot, laPucelle deMonsiau, \e Nouveau
Testament, Ch^esset in-18 de Moreau. Sa meilleure
pièce est une vignette de Moreau , Psyché soutenue
sur les eaux par les Naïades , dans l'édition in-4 de
Psyché, Didot , an III.
Il a travaillé pour la Galerie des modes et costumes
français, d'Esnauts et RapiUy. Les portraits du Comte
et de la Comtesse de Provence y sont signés de lui.
Portrait in-4 de Senac, médecin du roi, dont les
contemporains ont dépeint le caractère en termes peu
flatteurs , disant qu'il ne croyait pas à la médecine et
qu'il avait la réputation d'un « grand fripon ».
Portraits de Bernard de la Monnoye , in-8, d'après
Devosge, de Didet^ol d'après Greuze , de Henri IV
d'après Marillier, de David Hu^ne d'après Gochin.
DUMONT LE ROMAIN (Jacques).
1701-1781.
Duraont, appelé le Romain à cause de son long
séjour à Rome et pour le distinguer des autres artistes
du même nom , a parfois traduit à l'eau-forte ses pein-
tures, et cela avec une certaine désinvolture artistique.
On cite de lui : Agar dans le désetH et Glaucus et
Sylla (1726) ; le Joueur de Musette et la Savoyarde,
qui ont été terminées au burin par DauUé ; un frontis-
pice pour une Semaine sainte à l'usage de la maison
d'Orléans ; l'eau-forte, d'après Servandoni , de la Vue
du feu d'artifice tiré en la rivière le 21 janvier 1730
pour la naissance du Dauphin.
Dumont le Romain passait pour avoir son franc parler
à l'Académie, dont il était membre depuis 1728. Son
caractère caustique et sauvage n'était pas fait pour la
société. On le craignait et le fuyait. C'est lui qui dit
un jour en pleine séance , comme on venait de refuser
le graveur Le Bas : « f -lui un porte-crayon au c. . ,
et il dessinera encore mieux que vous. »
On lui attribue quelques figures satyriques, comme
l'Archevêqîie de Paris de Vintitnille lançant l'ex-
com,munication aux personnes lisant les Nouvelles
ecclésiastiques.
DUNKER (Balthazar-Antoine).
1746-1807.
Dunker, fils d'un pasteur protestant , est né à Saal-
bourg, dans la Poméranie suédoise. Il eut pour premier
guide son grand-père, homme instruit et aimant les arts,
qui le conduisit au paysagiste Jean-Philippe Hackert.
Quand ce peintre vint en France pour y rendre nombre
de sites pittoresques de nos provinces, il emmena
avec lui Dunker et le présenta à Wille , toujours
dévoué aux jeunes Allemands. A cette époque, Dunker
voulait étudier la peinture ; Wille le recommanda à
Vien , qu'il quitta bientôt pour entrer chez Noël Halle.
La ruine de ses parents l'obligea plus tard à aban-
donner ses études de peinture historique pour trouver
dans la gravure à l'eau-forte, pour laquelle il avait
du goût, les ressources qui lui étaient nécessaires.
Huquier lui édita pour son début un Recueil de petites
figures gravées d'après les dessins des maîtres, sortes
de pochades sans importance, dont l'éditeur dut même
retoucher le frontispice, de l'invention de Dunker. Son
Livre de différents sujets de figures et d^ animaux
d'après Henri Roos , qu'il fit ensuite , est déjà très
supérieur.
Basan vit ces essais et devina l'aquafortiste qui lui
68 LES GRAVEURS DU XVIIP SIÈCLE.
était nécessaire pour mettre en train sa grande entre-
prise de la gravure de la Galerie du duc de Choiseul.
C'est à Dunker que revient l'honneur d'avoir gravé ,
de 1770 à 1772 , un grand nombre de planches pour
ce recueil, une quarantaine environ, sans compter
plusieurs qui ne sont pas signées mais où l'on reconnaît
sa manière. Il n'a pas gravé moins de six tableaux
de P. Breughels , quatre tabagies ou intérieurs
d'Ostade, trois paysages ou chasses de Wouwermans,
le Vieil apolhicaire, la Consultation et la Marchande
de volailles de Gérard Dow , la Leçon de musique
de Metzu , des animaux de P. Potter et de Karel du
Jardin , des ruines de Breemberg et de Poelemburg ,
des tableaux de Mieris. Grâce à sa grande facilité , on
le chargeait aussi de commencer des planches que
terminaient au burin d'autres graveurs.
On a dit que Dunker, en exécutant ces travaux, avait
un peu compté sur la protection ultérieure de M. de
Choiseul , dont la disgrâce fut pour lui une déception.
Toujours est-il qu'il accepta l'offre que lui faisait
Christian de Méchel , qui était venu à Paris suivre
la vente du duc , de l'emmener à Bâle pour l'aider
dans ses travaux , et spécialement dans le catalogue
figuré de la Galerie de Dusseldorf.
« M. de Méchel, rapporte Wille (juin 1772) , ayant
» ein^ôlé icy pour son entreprise de la Galerie de
» Dusseldorf, MM. Dunker, Guttenberg et Rousseau,
» soupa mardi passé chez nous avec MM. Dunker,
» Freudeberg et Baader. Après le souper, MM. de
» Méchel et Dunker prirent congé. Le lendemain, 3
» de ce mois, ils sont partis en chaise de poste. »
Malheureusement Christian de Méchel paraît avoir
DUNKER. 69
été d'un caractère bien difficile. Rousseau ne peut
rester avec lui que vingt-quatre heures ; Dunker, sans
doute plus endurant, travailla quelque temps, dessi-
nant beaucoup dans les environs de la ville et envoyant
à son ancien maître force dessins en présent , comme
cette vue du château de Wurtemberg que Wille fit
encadrer et placer dans son cabinet de travail. Enfin
notre graveur, fort mécontent de M. de Méchel et
de la ville de Bâle, partit pour Berne où il devait
retrouver Freudeberg , et descendit chez le paysa-
giste Aberli. Il comptait n'y faire qu'un court séjour
et revenir à Paris où l'attendaient de nombreux tra-
vaux , mais l'accueil aimable des artistes et des ama-
teurs de la ville l'engagèrent à y séjourner davantage ;
l'amour l'y fixa définitivement. Wille nous apprend
son mariage célébré en 1774 et nous donne son adresse,
in cler Keslergasse, chez les demoiselles Konig.
Nous extrayons d'une lettre datée de Berne le
13 janvier 1776, et adressée à son ancien maître,
les passages suivants qui peindront le caractère et
le bonheur conjugal de l'artiste :
« Monsieur et très cher ami , j'ai reçu votre lettre
» du 6 de ce mois, qui m'a fait un plaisir inexprimable.
» Ainsi donc vous ne m'avez point oublié ; je ne suis
» point effacé de la mémoire de mes anciens amis ; je
» suis même quelquefois le sujet de leur entretien :
» En voilà assez pour me faire revivre, pour faire cir-
» culer mon sang avec plus de rapidité. . . .
» Un des articles contenus dans votre lettre a été
» exécuté d'abord , c'est d'avoir embrassé ma femme
» de votre part en lui recommandant bien de se figurer
» que ce n'est pas moi qui l'embrasse pour le présent,
70 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
» mais un ancien ami à qui j'ai beaucoup d'obligations
» et qui ajoute encore à ses bontés de vouloir bien
» s'intéresser à notre commun bonheur... si d'ailleurs,
» Monsieur , nous venons un jour à Paris , il faudra
» qu'elle vous rende votre salut , et vous passerez par
» là quoique vous en fassiez Je vous assure. La pauvre
» femme est encore dans l'affliction ; elle ne peut ou-
» blier notre fille qui est morte il y a quelque temps ,
» quoique je fasse de mon mieux pour la consoler, car
» je suis assez de l'avis de ce philosophe qui pleuroit
» les enfants quand ils arrivoient dans cette vallée de
» misère et qui se réjouissoit quand ils la quittoient.
» Venons maintenant aux desseins que vous m'avez
» commandés. Je vous promets de les faire et pour le
» prix que vous avez marqué et pour la grandeur
» approchant. Il est vrai cependant que je ne fais ici la
» paire de cette grandeur à moins de trois louis et
» que des desseins deux fois plus grands m'ont été
» payés jusqu'à huit louis la paire ; mais je ne veux
» point traiter rigoureusement Messieurs les Parisiens.
» Ils sçavent du moins distinguer ce qu'il y a de bon
» dans un ouvrage et en faire du cas ; cela mérite des
» égards et je ne veux pas leur en manquer. D'ailleurs
» je ne puis m'empêcher de regarder Paris comme
» ma seconde patrie , y étant venu si jeune.
» Je me trouverois assez bien dans ce pays si le
» guignon qui me poursuit partout n'étoit cause qu'il
» faut que j'achète un droit de bourgeoisie dans une
» des petites villes de ce canton , chose qui ne me
» coûtera pas moins de cinquante louis et pour lesquels
» je n'aurai pourtant que la liberté de rester ici. Vous
» avouerez, Monsieur, qu'il faut faire bien des desseins
DUNKER. li
» pour former cinquante louis et pour vivre en même
» temps; aussi la dureté de cette condition me fait
» encore balancer sur ce que je dois faire. . . il est
» vrai pourtant que si je deviens jamais citoyen de
» quelque ville ici , je serai inséré dans le catalogue
» des vies des peintres et graveurs suisses ; de plus
» ma triste figure sera au commencement de mon his-
» toire , entourée de toutes les espèces de feuilles
» possibles. Cela n'est pas à mépriser, mais cela vaut-
» il cinquante louis ? »
Dunker se décida vraisemblablement à acheter son
droit de bourgeoisie , car c'est de Berne qu'il a désor-
mais daté ses productions à l'eau-forte : en 1775,
quelques figures pour les Poésies de Haller, son
portrait , son tombeau , et de petits paysages pour
sa Description des Alpes ; en 1776 , les figures des
Œuvres morales de Gellert ; puis il entreprit avec
son ami Freudeberg , comme lui fixé à Berne , plu-
sieurs ouvrages dont le plus important est VHepta-
méron ou les Contes de la Reine de Navarre
(1780-81). C'est Freudeberg, plus habitué à grouper
les figures , qui se chargea de dessiner les vignettes
principales , et à Danker fut dévolue la tâche de
retracer allégoriquement , en tête des pages et dans
les culs-de-lampe , le sujet de chaque conte. Ce n'est
pas le style ni la beauté qu'il faut chercher dans
ces petites grivoiseries, presque toutes gravées par
lui-même (quelques-unes seulement l'ont été par
Eichler) , mais la gaîté y pétille et une sorte d'esprit
burlesque n'y fait pas défaut. Dunker a de l'ingéniosité.
Le reproche qu'on pourrait lui adresser est d'être un
peu noir, défaut qui vient de ce que l'artiste faisait
72 LES GRAVEURS DU XVIIP SIÈCLE.
fortement mordre ses planches. Mais en somme ce
livre est lourd, et l'on voit trop qu'il n'a pas été conçu
par des artistes parisiens.
Ces mêmes qualités et ces mêmes défauts se font
remarquer dans les sujets de mœurs et de coutumes
parisiennes avant la Révolution (1787) qui lui furent
inspirés tous par le Tableau de Paris de Mercier, qui
venait de paraître et obtenait un grand succès.
Les travers de la société et du peuple y sont retracés
avec une verve incontestable , mais peu indulgente
pour la ville où il avait longtemps reçu l'hospitalité ,
et il a certainement vu trop en laid , au physique et au
moral , sa population. Ces eaux-fortes, au nombre de
96, d'un parti pris accentué de clair et d'ombre,
sont des caricatures , et ne peuvent être prises au
sérieux comme document.
C'est que l'artiste, en effet, avait l'esprit tourné vers
la caricature ; il l'a bien prouvé en gravant , pour le
Courrier moral et politique de Berne (1798-1800) ,
un certain nombre de planches politiques coloriées
qui ne manquent pas de verve.
Dunker a encore gravé diverses Vues d'Italie,
d'après J. Ph. Hackert , des Vues des environs de
Thoune , des vignettes pour les Poésies Relvétiennes
de Bridel (Lausanne, 1782) ; pour les Causes finales
de Salchli (Berne , 1784) ; pour Laure (1787) ; les
Œuvres morales et badines de Cazotte (1788) , la
Franciade, deVernes (1789), un frontispice pour les
Fables de Phèdre (Berne, 1792) ; et , dans un Traité
des ptnncipes du paysage, six planches à l'eau-forte.
Dunker est mort à Berne en 1807.
Les DUPIN.
1718-
PiERRE Ddpin , né en 1718, fut un graveur médiocre ;
il a passé une partie de sa vie , dit Basau , à retoucher
des thèses et autres pièces de ce genre. On a de lui
quelques estampes : VA^nour ynal accompagné, les
Enfants de Sylène , la Vivandière , Départ pour les
isles , Spectacle fr^ançois, d'après Watteau ; la Ména-
gère, le Pardon, d'après Chardin, signées P. Dupin
Vaîné, ce qui semble indiquer l'existence d'un frère,
également graveur ; le Chat au fromage , d'après
Chardin, est signé Dupin tout court; Savoyarde et ses
deux enfants, d"après Halle ; le Bain, le Nourrisson,
d'après Dumonchel ; V Amant indiscret , la Femme
commode, d'après Lancret ; la Jeunesse indAfféreyite,
d'après Lahyre ; Diane au bain , d'après Jeaurat.
Il a fourni quelques portraits au fonds d'Odieuvre :
le sculpteur Desjardins , Édelinck , Girardon , Le
Brun , S. Le Clerc , La Fontaine , H. de la Motte ,
Th. Corneille , Claude , ministre de Charenton ,
Simonneau , le Duc de Vendôme , le Cardinal de
Polignac, le Cardinal de Rohan, Maurice de Saxe ,
Fontenelle , etc.
Portrait de Nicolas de Fer, géographe , in-fol.
74 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
Son fils, N. DuPiN, né à Paris en 1753, élève
d'Augustin de Saint-Aubin , s'adonna à la gravure du
portrait, et fut, avec Le Beau, un des graveurs le plus
souvent employés par Esnauts et Rapilly.
Indiquons les principaux portraits gravés par Dupin
fils , en admettant que dans la collection d'Esnauts et
Rapilly, les planches portant la signature Dupin soient
de la même main que celles signées Dupin fils.
1 . Artois (le Comte et la Comtesse d') , 2 p.
2. ARTOIS (Charles-Philippe, Comte d'), Colonel général des Suisses
et Grisons, d'après le tableau de M. Hall ; in-4 orné.
Ce portrait , d'une exécution délicate et soignée , est de beaucoup le moilleui
qu'ait gravé Dupin flls.
Dans le premier état , les ornements s'élèvent sur le cadre , à droite , jusqu'à
la hauteur des yeux du personnage ; ils ont été diminués ensuite.
3. Bourbon (Louise-Marie-Thérèse-Bathilde d'Orléans, Duchesse de),
née à Saint-Cloud le 9 juillet 1750. — Dessiné et gravé par
Dupin ; grand in-8 orné.
4. Contât (M'ie), de la Comédie-Française, jouant le rôle de Suzanne
dans le Mariage de Figaro ; in-4 , orné d'une scène de la Folle
Journée et d'un petit médaillon de Beaumarchais. — Dupin fils se,
d'après Desrais.
5. DoR AT. Peintre heureux des plaisirs, sa verve est dans son cœur.
6. HelvétiuS — L. M. Vanloo Pinx., V. D. P. Sculp. — A Paris,
chez Au g. de St- Aubin; in-8.
1""' état : Avant la lettre ; signé : Oravë par Dupin fils lyy).
1. Lalande, astronome, d'après Pujos ; in-4. — Portai, médecin, id.
8. Louis, dauphin, et MARIE -ANTOINETTE , dauphine , mé-
daillons réunis par des guirlandes de fleurs ; pièce en largeur.
9. Louis XVI , — Marie-Antoinette, 2 p. in-4 orné; Marillier del.
10. Louis XVI —Marie-Antoinette, profil à gauche, coiffure
à aigrette; 2 p. in-4.
DUPIN 75
11. LoufsXVî, en pied, — MARIE -Antoinette , en manteau
royal; 2 planches de costumes, in-4.
12. Louis, dauphin , né le 22 octobre 1781 , — Marie-Thérèso, fille du
Roi , née le 29 décembre 1778 ; 2 p.
13. Marmontel , profil à gauche ; in-4 orné. — Esnauts.
14. Marmontel , profil à droite ; au bas, deux amours. — Dupin fils
sculp.; in- 12.
15. Marmontel, profil à gauche. — Dupin f.; in-12.
16. Penthièvre (Louis-Jean-Marie, Duc de). — Quéverdo del.
17. TURGOT, contrôleur général des finances.
18. Voisenon , profil à gauche, d'après Desrais.
19. Voisenon, profil à droite , d'après Cochin ; in-8.
Dans te feu de ses yeux la saillie étincelle,
Sur ses lèvres on voit le Ris fin cl mocqueur;
Mais sa bouche retient VÉpigramme cruelle,
Le trait en s'échappant feroit saigner son cœur.
Par M. CossoN.
Nous avons vu l'eau- forte pure de ce portrait.
20. VOLT.VIRE COURONNÉ PAR W^'^ VesTRIS, d'après Desrais.
— Dupin sculp.; in-4 (chez Esnauts).
21. Le chevalier d'Assas. — Bertin , ministre. — Le duc de Grillon. —
La chevalière d'Éon — Le vaillant Louis Gillel. — Hérault ,
lieutenant général de police. — L'amiral Keppel. — Le cardinal
de La Rochefoucauld , archevêque de Paris. — Maurepas. —
Sophie-Charlotte de Mecklembourg , reine d'Angleterre.
22. D'Alembert. — Buffon. — Diderot. — Dupuis. — Euler. —
Mesmer. — Moreau , chirurgien. — Raynal. — J.-J. Rousseau.
23. Sir Henri Clinton. — Charles Lee. — Général Arnold. — Amiral
Rodney. — Comte Cornwallis. — Général Gates. — Général Rééd.
24. Frontispice, d'après le tableau de Le Brun , pour Lettre de La
VaUière à Louis XIV , de Blin de Sainmore.
25. Planches de costumes d'après Desrais et d'après Watteau de Lille,
in-fol., coloriées.
DUPLESSI-BERTAUX (Jean
-1747-1818.
Il va cent types différents de graveurs ; nous avons
étudié dans le précédent volume le graveur peintre
comme Boucher, le graveur académicien-né comme
Bervic, le graveur amateur comme le comte de Gaylus,
le graveur courtisan comme Cochin , le graveur à
bonnes fortunes comme Gampion ou Denon , le graveur
auteur dramatique comme Garmontelle , le graveur
éditeur comme Basan , nous verrons bientôt le gra-
veur inventeur comme Grateloup , le graveur aéro-
naute comme Janinet , le graveur erotique comme
Elluin , ou politique comme Sergent , et tant d'autres
variétés : voici cette fois le graveur soldat.
G'est que Duplessi-Bertaux est un véritable mili-
taire , aimant vivre au milieu des soldats et sachant
saisir au passage leurs attitudes et leurs costumes
avec une vérité , une sûreté de main qui le font égaler
les Garle Vernet et les Swebach.
Jean Duplessi-Bertaux naquit à Paris en 1747 , et
montra de si bonne heure d'étonnantes dispositions
pour le dessin qu'il entreprit à neuf ans, disent ses
biographes , de copier à la plume la grande planche de
Gallot connue sous le nom de Tentation de Saint-
DUPLESSI-BERTAUX. 7î
Antoine , et qu'il y réussit assez pour qu'il devînt
difficile de distinguer la copie do l'original. Une telle
prouesse attira Tattention de Cochin qui favorisait
volontiers l'éclosion des jeunes talents et qui se plut à
faciliter à son jeune protégé les débuts dans la carrière.
11 obtint pour lui du roi , par l'entremise de M. de
Marigny, une pension de 300 livres , et le fit entrer
dans l'atelier du peintre Vien ; puis , sa vocation pour
la gravure s'accentuant . il fut placé sous la direction
de Le Bas. Rien n'égalait sa facilité , son imagi-
nation , son adresse à fixer ses impressions sur le
papier et la siîreté de sa main. Ces qualités remar-
quables le firent choisir, bien jeune encore , en 1770,
comme professeur de dessin à l'Ecole militaire. Il se
trouva là dans son véritable élément , la fréquentation
des cadets et des officiers porta naturellement son
attention sur leurs allures, et développa ses heureuses
dispositions. Ainsi, dès 1770, il dessinait une suite de
Différentes attitudes de Factiomiaires et les Élèves
de V Ecole militaire au pas de gymnastique.
Toutefois Duplessi-Bertaux ne s'est pas uniquement
adonné dès l'abord à la reproduction des scènes mili-
taires. 11 a créé . sur la commande de l'éditeur Cazin ,
quelques-uns des plus jolis livres de son temps et
consacré son fin et spirituel crayon à orner le recueO
connu sous le nom de Petits Conteurs (1778). Est-il
rien de plus gai sans grossièreté et de meilleure humeur
que ces petites vignettes à mi-pages qui commentent
pla^sam.ment les contes de La Fontaine , de Vergier et
de Grécourt? Duplessi-Bertaux que ses contempo-
rains (si ce n'est lui-même) surnommèrent avec raison
le Callot de nos jours , montre déjà par là combien
78 LES GRAVEURS DU XVIII« SIECLE.
il avait étudié la manière de La Belle et de Sébastien
Leclerc , et surtout les procédés si précis et si fins de
son maître de prédilection Gallot. Sa ressemblance
avec ces artistes s'accentue encore dans son illustration
de la Pucelle (1780) , de même format que les Petits
Conteurs , faite également pour Gazin , et du même
genre. En même temps le graveur était appelé à col-
laborer à des ouvrages plus sérieux; il exécutait
plusieurs des planches du Voyage à Naples et clans
les Deiix-Siciles, de l'abbé de Saint-Non ; du Voyage
en Grèce de Clioiseul-Gouffier ; enfin il faisait quel-
ques-unes des eaux-fortes des planches de la Galerie
du Palais-Royal.
Quand arrive la Révolution , Duplessi-Bertaux em-
brasse avec ardeur les idées nouvelles. Son goût pour
tout ce qui touche aux choses militaires et à l'uniforme
lui fait accepter le grade de capitaine de grenadiers
au bataillon de la Butte des Moulins. Il fait partie du
club des Gordeliers et se trouve compromis lors de
sa fermeture. Il voit de près tous les événements
de la Révolution , s'y trouve môme souvent mêlé
comme acteur, et mieux que personne est en mesure
d'en restituer avec fidélité les principaux épisodes.
Aussi ses planches des Tableaux historiques de la
Révolution ont-elles la valeur de véritables documents
pour l'histoire , et sont d'autant plus frappantes que le
côté artistique et la composition pittoresque ne sont
jamais néghgés.
Get ouvrage, qui ne commença à paraître qu'après
le 9 thermidor, renferme : 1" une série de planches
in-folio , dont beaucoup ont été gravées à l'eau-lorte
par Duplessi-Bertaux et quelques-unes à la fois des-
DUPLESSI-BERTAUX. 79
sinées et gravées par lui ; 2° une suite de petites
compositions dessinées et gravées par notre artiste ,
et qui sont placées au bas des portraits au lavis de
Le Vachez,
Avec les précieuses qualités de précision et de mou-
vement de Bertaux , les événements reproduits dans
les grandes planches semblent vraiment avoir été saisis
d'après nature. Sans doute il y a un parti pris de
maigreur dans l'exécution , et les personnages posent
visiblement , c'est ce qui a fait dire à Renouvier que
Duplessi - Bertaux , étant mystificateur et jovial, a
voulu nous mystifier en nous faisant prendre ces
eaux-fortes subtiles pour des tableaux de la Révo-
lution. Mais , malgré ces défauts , nous ne croyons
pas que des scènes d'histoire , si conventionnelles
d'habitude et traitées si souvent par à peu près,
puissent saisir davantage que celles-ci par leur accent
de vérité.
Les petites scènes placées au bas des portraits de
personnages de la Révolution ne sont pas moins inté-
ressantes , et leur faire plus encore que leur format
rappelle les Misères de la guerre de Callot. Ce sont
des épisodes rendus avec une grande clarté dans
leur petitesse : c'est l'histoire vue par le gros bout
de la lorgnette.
Avec quelle ardeur et quel brio Duplessi-Bertaux
n'a-t-il pas rendu les Campagnes d'Italie , d'après les
dessins de Carie Vernet qui furent exposés au Salon
de l'an XII ? Nul aussi n'était plus capable de faire
manœuvrer sur sa planche les régiments et d'entre-
choquer les combattants , nul n'était mieux préparé à
faire vivre ces belles journées de victoire, ces entrées
80 LES GRAVEURS DU XVIII*' SIECLE.
triomphales et ces prises de citadelles. Laissant à
Masquelier et autres le soin de graver les paysages
et de terminer les planches , il les commençait à l'eau-
forte , il prenait corps à corps la figure humaine ,
faisant marcher au pas de charge les grenadiers ,
galoper les chevaux et cracher de la gueule des
canons ces flocons de fumée qu'on lui a reproché de
faire ressembler à du coton. Les Batailles de Millè-
simo , de Mondovi , d'Arcole , Y Entrée des Français
à Milan ^ sont des planches qui justifient cette appré-
ciation enthousiaste de Joubert : « Sous sa pointe
» spirituelle et docile , ainsi qu'à la voix du général
» qui commande , tout paraît s'animer dans les sujets
» guerriers qu'il traite : les lignes se forment et
» s'étendent ; les bataillons les plus éloignés font
» distinguer leur manœuvre et leur tenue ; les esca-
» drons se heurtent dans la poussière et la fumée;
» les chevaux hennissent, fendent l'air en blanchissant
» leurs mors d'écume ; et l'admirateur de ces prestiges
» est ému lui-même en voyant le feu du canon , qu'il
» croit entendre de ses oreilles , tant il est vrai que
» l'artiste véritablement né tel , se peint toujours dans
» ses ouvrages. »
Ajoutons cette remarque qu'en gravant ces planches,
il a fait mordre l'eau-forte avec une telle sûreté que
souvent toute une hgne de soldats ou plusieurs per-
sonnages sont terminés avec leur valeur alors que
tout le reste de l'estampe est demeuré blanc.
Duplessi-Bertaux toutefois ne s'est pas tenu tou-
jours à ses sujets de prédilection ; nous constatons
encore sa collaboration au Voyage en Egypte de
Denon , au Musée Français dit Musée Filhol. L'idée
DUPLESSI-BERTAUX. 84
lui vint, pour faire suite à cette publication, de graver
dans le format petit-in 4 , la série des vingt-cinq com-
positions de Le Sueur, formant la Vïe de saint Bruno.
Voici la lettre qu'il écrivait aux libraires Treuttel et
Wurtz , rue de Lille , derrière les Théatins , pour leur
proposer cette affaire :
« Messieurs, j"ai l'honneur de vous soumettre un
» projet formé entre un de mes amis et moi. Nous
» ferions à nous deux un volume contenant la galerie
» de S'-Bruno , peinte par Le Sueur. Nous le ferions
» de même format et dans le même genre que le
» manuel. Mon ami se chargerait du texte et moi des
» planches. Ce volume ou cette livraison pourrait
» faire suite au manuel du musée et cependant en
» être indépendante étant composée de vingt-cinq
» tableaux complétant la galerie et les principaux
» événements de la vie de S'-Bruno.
» Cette galerie est connue et admirée de tous les
» amateurs des arts et la suite des tableaux qui la
» forment en serait sûrement accueillie. Quelques-uns
» de ces tableaux ont été donnés au public dans diffé-
» rentes collections, mais isolés , ils perdent le mérite
» de l'ensemble J'ai désiré, Messieurs, vous faire
» part de ce projet et savoir si vous voudriez vous en
» rendre les éditeurs.
» Je joins ici un essai : le cadre que j'ai pris et qui
» serait le même pour tous puisqu'ils sont de la même
» grandeur , n'est pas plus grand que le diamètre du
» cercle dans lequel sont inscrites les gravures , ce
» qui donnerait la même marge et cependant une
» proportion de figures beaucoup plus agréable. J'ai
» l'honneur Bertaux. »
II. 6
82 LES GRAVEURS DU XYIIP" SIECLE.
Suit de la main de l'un des éditeurs la convention
suivante , faite le 2 octobre 1806 : « 1° Les vingt-
» cinq gravures lui seront payées à raison de 30 fr.
» Le modèle donné et rendu sera suivi pour toutes.
» 2° Elles seront achevées fin janvier prochain ; les
» dessins nous resteront. 3'' Le texte sera payé en la
» somme totale de fr. 120. Il comprendra de 4 Va
» à 5 feuilles d'impression, 4° Les gravures et le texte
» seront faites avec les soins qu'on a donnés au mo-
» dèle fourni. »
A cette pièce est annexé un reçu de la somme de
864 livres pour les gravures et 120 livres pour le texte
signé du 4 juin 1807 , Bertaux et Leroux. Ajoutons
que ces planches du Saint-Bruno ne sont pas ce que
notre graveur a fait de mieux. Mais franchement, pour
30 francs par planche que pouvait-on exiger ?
Citons une petite pièce intéressante : Bienfaisance
ingénieuse de Pradère et Elleviou , organisant un
concert sur le boulevard pour secourir un malheureux.
Pour certains, le chef-d'œuvre de Bertaux est un
recueil de cent petites feuilles représentant avec
beaucoup de naturel et de précision des Militaires
de différentes armes , des Ouvriers de différentes
classes , des Chevaux , des Marchands forains , des
Intérieurs d'ateliers, des Scènes de théâtre, etc., le
tout exécuté au commencement du XIX® siècle. Pour-
tant ce qu'il y a de sec et de maigre dans sa manière
se montre là plus que partout ailleurs.
Le graveur des journées de la Révolution française
termina assez misérablement sa carrière, a dit Renou-
vier. par les Campagnes du maréchal Wellington ,
24 planches (Didot , 1818 ). On a prétendu qu'il était
DUPLESSI-BERTAUX. 83
pensionné comme lieutenant de l'ex-quatrième demi-
brigade des vétérans, mais cela n'est pas prouvé.
Duplessi-Bertaux a dû mourir vers 1818 ou 1819.
ESTAMPES, ETC.
1 . Diverses pièces gravées , en totalité ou eu partie , par Duplessi-
Bertaux , pour le Cabinet Neyman , la Galerie du Palais-Royal
et le Musée Filhol.
2. Différentes attitudes de Factionnaires , par J. Bertaux sous la direc-
tion de Le Bas ; suite in-8.
3. Fanfan et Colas, eau-forte terminée par Helman.
4 . Vues de Paris, par le chevalier de Lespinasse, estampes gravées par
Berthault ; grand in-fol. en largeur.
Les personnages sont gravés à l'eau-forte par Duplessi-Bertaux.
5. Adieux de Louis XVI à sa famille, eau-forte ; in-fol. en largeur.
6 . Adieux de Louis XVI à sa famille , eau-forte d'une petite pièce
ronde terminée par Gaucher.
I. FÊTE DÉDIÉE A LA VIEILLESSE, d'après Wille fîls ; in-fol.
en largeur, 1195.
Des vieiUards sont portés en triomphe , île jeunes paysannes jurent de
n'épouser que des jeunes républicains défenseurs de la patrie. Au premier plan,
à droite , un aristocrate se mange les poings de dépit.
8 . Fête de la Réunion , dédiée à tous les bons citoyens , d'après Wille
fils, n95.
9 . Fête au Luxembourg , offerte à Bonaparte après le traité de Campo-
Formio, eau-forte ; grand in-8.
10. A la Nation Française les Protestants reconnaissants ; grand in-fol.
II. Revue du décadi , passée par le Premier Consul dans la cour du
Carrousel ; in-4 en largeur. — Barthélémy, président du Sénat
conservateur, présente au Premier Consul l'acte constitutif qui
84 LES GRAVEURS DU XVIIP SIÈCLE.
fixe le Consulat à vie. — Eaux-fortes de Bertaux , achevées en
couleur et placées au-dessous des portraits de Bonaparte par Le
Vachez , et des Consuls par Alix.
12. Bienfaisance ingénieuse de Pradère et Elleviou,
fait historique du 5 messidor an X ; in-4 en largeur.
L'eau-forte, 125 fr. 1881 .
13. Brevet de pet^sios. — Solde de retraite de.. .— Le Ministre
de la Guerre, après s'être fait représenter l'arrêté des Consuls. . .
ordonne que cette solde de retraite sera acquittée conformément
aux articles 45 et 46 de la loi du 28 fructidor an 7 .. . etc.;
cartouche avec trophées, militaires, etc.; in-fol.
14. Brevet. — A gauche du cartouche un hussard , à droite un fan-
tassin appuyé sur un canon et ôtant son sahre. — C. Vernet inv.
et del.; in-fol. en largeur.
15. En-tête de lettre pour la Préfecture du Loir-et-Cher (V. Choffard,
n» 205).
16. Encadrement pour programme de spectacle. — Les armes de France
et de Navarre, avec des Renommées, sont à la partie supérieure ;
in-fol.
n. RÉPERTOIRE DU ThÉ ATRE - Franç A IS , pièce in-4 oh sont
des portraits! d'auteurs classiques et des scènes de comédies- 1816.
18. Société dramatique ; carte in-12. — Palais Egalité, Lycée des Arts,
Société d'amateurs , entrée personnelle ; carie in-12.
19. Titre pour un livre de musique vocale de Tomioni.
20. RECUEIL DE DIFFÉRENTS SUJETS gravés à l'eau-forte
par J. Duplessi-Bertaux. — Cent sujets : ouvriers de divers mé-
tiers, saltimbanques, soldats, artistes , scènes de comédies , jeux ,
cris des marchands ambulants, etc., en un album in-4
<i Les amateurs de gravures , — disait le prospectus , — ont fait depuis long-
» temps un accueU distingué aux eaux-fortes de Duplessi-Bertaux ; l'ouvrage
» que nous publions aujourd'hui est entièrement de cet artiçte célèbre. . . . Les
» amateurs trouveront dans notre collection ce tact fin , cette touche élégante
» et spirituelle qui caractérisent particulièrement les ouvrages de Duplessi-
» Bertaux et qui l'ont fait surnommer à juste titie le Gallot de nos jours. —
» Chaque livraison composée de 12 sujets, 9 francs. »
DUPLESSI-BERTAUX. 85
21. Costumes d'acteurs de la Comédie-Française avant 1800; 20 p.,
catal. Desaint (Renouvier).
22. Mendiants, d'après Callot , etc.
PORTRAITS.
23. Duplessi-Berlaux , en demi-buste ; in-12 ovale.
24. Duplessi-Bertaux , gravant; in-12. — Le même, in-8.
25. Bonaparte. — La Création , d'après Raphaël , pièce j qui fit beau-
" coup de bruit par la ressemblance qu'on y voulut trouver entre
' le premier homme, sortant tout formé des mains du Créateur, et
•^ le général Bonaparte. >
26. Le Républicain Desessarts . eau-forte par Duplessi-Bertaux , ter-
minée par Nitot-Dufresne.
2*7. Dugazon , profil; in-18.
28. Grétry, âgé, en buste ; in-r2 ovale.
29. Grétry passant l'Achéron , estampe d'après Joly ; in-fol. en largeur.
Pour charmer l'ennui de la route,
Grétry, sa lyre en main traversant, l'Achéron
Ramez donc, dit-il à Caron ,
Que faites-vous?. . . J'écoute!
P. ViLLIKRS.
30. Grétry passant l'Achéron ; in-8.
31. Vigée, d'après Rivière; in-4.
32. Hippolyte , rôle de M. Pigeon dans Une nuit nu corps de garde
de la garde nationale; — Philippe, rôle de M. Sans-Gêne ; 2 p^
in-4.
VIGNETTES.
33. RECUEIL DES MEILLEURS CONTES EN VERS, Londres
(Paris, Cazin), ms , 4 vol. in-18.
Il est assez difflcUe de faire la part exacte de Duplessi-Bertaux dans le dessin
86 LES GRAVEURS DU XVIII« SIECLE.
et la gravure des illustrations formant tête de page qui ornent ce recueil, connu
sous le nom de Petits Conteurs.
On ne peut aller juscju'à dire çpie toutes les illustrations soient de lui , car à
la page 15 du tome IV, la vignette de l'Amour oiseleur est slg:née L. Druppe inv.
et scutp. en très petits caractères.
Un exemplaire des Petits Conteurs , avec toutes les épreuves en tirage hors
texte, dans la bibliotliè(iue de M. Eugène PaUlet.
34. Le Fonu iiV Sac, ou Restant des Babioles de M. X. (Paris,
Gazin), 1780, 2 vol. in-18 ; frontispice et 9 vignettes dans le genre
de celles des Petits Conteurs.
35. LA PUCELLE D'ORLÉANS, poëme en 21 chants (Paris,
Gazin) , 1780 , 2 vol. in-18 ; 1 frontispice et 21 vignettes têtes de
page.
La suite complète, en épreuves tirées hors texte, 1,000 fr. 1880.
36. Histoire de Gil Bl4s de Santillane, édition de Didoi
jeune. An III, 1795, 4 vol. in-8.
Cette édition comprend 100 figures de Bornet , Charpentier, Duplessi-Bertaux,
gravées sous la direction de Hubert. — Les figures dessinées par Duplessi-
Bertaux se trouvent dans les tomes III et IV. Il est vraisemblable aussi que la
gravure à l'eau-forte de la plupart des 50 figures contenues dans ces deux der-
niers volumes est due à Duplessi-Bertaux.
37. LE TEMPLE DE GNIDE, édition de Didot, an IV (1796), in-18.
Dix jolies figures de Regnault ornent ce petit volume. EUes sont gravées par
de Ghendt , Halbou , Baquoy, Patas , Lingée et Ponce. EUes portent toutes la
mention : Bertaux aqua-forti ineid.
La suite des eaux-foites est extrêmement rare. EUe a été payée 800 fr. en 1880.
38. Werther, traduit de 1 allemand de Goete (sic) par Aubry ;
Paris, Didot, 1797, 2 vol. in-18 ; 4 fig. par Berthon, gravées par
Duplessi-Bertaux.
39. Vignettes pour le roman des Trois Femmes (V. Choffard , n"** 664-
667).
40. La Visite au haras (?), 3 têtes de page (V. Choffard , n^s 623-625).
41. Le Mérite des Femmes., par Legouvé, sixième édition, Paris, Didot,
An IX ; 1 frontispice et 1 figure d'après Isabey.
42. Vignettes diverses : d'après Fragonard fils pouu* les Liaisons dan-
gereuses ; d'après Le Barbier pour le Roman Comique ; d'après
Moreau pour VHistoire de France ; d'après Marillier pour la
DUPLESSI-BERTAUX. 87
Guerre d'Amérique ; d'après Percier pour les Fabien de La Fon-
taine.
43. Planches pour le Voyage à Naples de Saint-Non, — pour le Voyage
en Grèce de Ghoiseul , — pour le Voyage en Egypte de Denon.
44. Histoire de l'Enfant prodigue, en douze tableaux, dessinée
gravée par Duplessi-Bertaux en 1815, petit in-4; texte par Miger.
45. Etrennes nationales dédiées à la liberté française, ornées de huit
portraits, et de sept gravures représentant les principaux événe-
ments arrivés depuis l'ouverture des États-Généraux jusqu'au
mois de décembre. Paris, 1790, in-r2 ; 1 figures dessinées et gra-
vées par Duplessi-Bertaux.
46. Bulletin de couches de M^e Target, Père et Mère de la Constitution
des ci-devant français , conçue aux Menus , présentée au Jeu de
Paume et née au Manège. Paris , 1790 , in-8 ; 1 figure satirique
dessinée et gravée par Duplessi-Bertaux.
47. TABLEAUX HISTORIQUES DE LA RÉVOLUTION
FRANÇAISE. Paris , an XIII , 1804, 3 vol. in-fol. avec 183
gravures par divers artistes , et G6 portraits-médaillons au bas
desquels se trouvent de petites scènes dessinées et gravées à l'eau-
forte par Duplessi-Bertaux.
Notre graveur a-t-U mis la main , pour la gravure à l'eau-forte des person-
nages , à celles des planches qui ont été dessinées par Prieur et gravées par
Berthault? C'est ce que nous n'oserions affirmer ou nier absolument.
Les planches qui ont été gravées à l'eau-forte par Duplessi-Bertaux sont ,
pour la plupart , fort intéressantes, malgré l'allure théâtrale donnée aux person-
nages, et malgré le parti-pris de l'artiste de faire pointu. « Duplessi-Bertaux ,
» nous dit spirituellement Renouvier, avait le caractère jovial et mystificateur,
» genre d'esprit en vogue sous le Directoire. Il nous mystifie certainement en
» nous faisant prendre ces eaux-fortes subtiles pour des tableaux de la Révo-
i> lution , mais il nous amuse ; quand on rencontre ces pièces en épreuves à
» l'eau-forte pure , avant leur achèvement par le travail des burinistes , on voit
» combien sa manière était lumineuse et incisive. »
Quoi qu'il en soit de leurs défauts , ces pièces historiques sont ce qui nous
reste de plus authentique sur la Révolution ; nous citerons comme très carac-
téristiques les scènes suivantes :
Assassinat de Ls Pelletier Saint-Fargeuu chez le restaurateur Février; — Exé-
cution de Louis XVI ; — Le ji Mai; — Soupers fraternels dans les sections, rue de
Tournon , d'après Swebach ;
Mort de Condorcet, d'après Fragonard flis ;
Et d'après Duplessi-Bertaux lui-même : Les Girondins allant au supplice ; —
88 LES GRAVEURS DU XVIIF SIÈCLE.
Mort de Bailly; — Noyades de Carrier; — Fusillades de Lyon; — Supplice des
Bébertistes ; — Fête à l'Être suprême; — Cécile Renaud arrêtée chez Robespierre;
— Dévouement de Loizerolles pour sauver son fils ; — La Nuit du g Thermidor ; —
Robespierre blessé dans l'antisalle du Comité de Salut public ; — Fermeture du Club
des Jacobins ; — Insurrection du i^'^ Prairial, la Convention envahie ; — Audience
du Directoire en costume ; — Assassinat des plénipotentiaires de Rastadt; — Jour-
nées des 2S-30 Prairial an IV, démission de plusieurs Directeurs ; — Le 18 Brumaire.
Les estampes de batailles nous paraissent avoir un intérêt moins immédiat ,
parce que ce sont toujours des compositions de fantaisie.
Ce sont les épreuves d'eau-forte pure qu'il faut rechercher. Les épreuves
terminées ont perdu toute saveur ; il est impossible d'y retrouver l'esprit de
Duplessi-Bertaux à travers le travail froid des burinistes , Berthault , Desauls
ou Dupréel.
Les épreuves de l'édition de ISH sont sans valeur. On y trouve en plus une
planche de Duplessi-Bertaux , l'Entrée de Louis XYIII à Paris.
Les petites scènes jetées par Duplessi-Bertaux au-dessous des portraits-
médaillons de Le Vachez sont infiniment amusantes en dépit de leur maigreur.
0 Ce sont de vraies scènes , les personnages s'y agitent avec feu , et l'on voit
» d'un coup-d'œil jusqu'aux moindres détails du costume et du local. Le parti-
» pris de ces corps allongés , de ces bras tendus et d'un appareil théâtral ,
» tranchant avec la petitesse des figures, constitue un style maigre, tout à fait
» insuffisant pour l'expression des scènes à représenter : la grande netteté de
l'outil , sûr dans ses traits mais sans sécheresse, piquant dans les ombres
» jusqu'au papillotage, et d'une agihté extrême dans l'ajustement de toutes ses
» figures , les fera toujours admirer. »
Voici la liste des sujets plus particulièrement réussis : Le 10 août. —
Arrestation de la Famille royale à Varennes. — Malesherbes travaillant dans la
tour du Temple à la défense du Roi. — Le duc d'Orléans arrêté sur le Pont-Neuf
par le peuple , qui le force à saluer ta statue de Henri IV. — Le Jeu de Paume.
— La Fédération. — L'Assemblée des Notables. — Buste de Necker porté en
triomphe. — C. Desmoulins au Palais-Royal. — D'Épréménilprès d'être victime de
la fureur du peuple. — Réponse énergique de Mirabeau au maître des cérémonies. —
L'Abbé ilaury: Eh messieurs! quand vous m'aurez mis à la lanterne, y verrez-vous
plus clair? — La Patrie en danger. — Assassinat de Lepelletier Sainl-Fargeau. —
Fête de Châleauvieux. — Leji Mai. — Madame Roland au tribunal. —Supplice
des Girondins. — Mort de Condorcel. —Arrestation de Lavoisier. — Triomphe de
Marat.— Assassinat de Marat. — Anacharsis Clootz a la tribune. — Les Habitants
des environs de Paris envoient à la Convention les ornements de leurs églises. —
Noyades de Carrier. — Arrestation de Cécile Renaud. — Le g Thermidor. — Robes-
pierre blessé. —Jugement de Fouquier-Tinville. — Mort de Charette. — Assassinat
des plénipotentiaires de Rastadt. — Mort de Marceau , de Joubert . de Desaix , de
La Tour-d'Auvergne , de Kléber. — Abolition du Directoire le 18 Brumaire. —
Hûhenlinden. — Marengo.
Un exemplaire des Tableaux de la Révolution , avec toutes les eaus-fortes ,
.3,800 fr. vente Martin , 1877.
48. Tableaux de la Révolution, par Monnet, gravés par Helman ; in-fol.
en largeur.
Les eaux-fortes des planches qui représentent la Nuit du g Thermidor,
l'Insurrection de Prairial, la Mitraillade de Saint-Roch et l'Assassinat des pléni-
potentiaires de Rastadt , sont signées de Duplessi-Bertaux. Elles sont fort belles.
DUPLESSI-BERTAUX 89
19. TABLEAUX HISTORIQUES DES CAMPAGNES D'ITALÎE
depuis l'an IV jusqu'à la bataille deMarengo; 1 vol. in-fol.
Carie Vernet a dessiné trente planches pour cet ouvrage. Duplessi-Berlaux
en a grevé la plupart à l'eau-foite ; elles ont été terminées par Masquelier,
ChofTard , R. do Launay, Dupréel , etc. Les plus remarquables sont : le Passage
du pont (te Lodi , l'Entrée des Franrais à ililan , Bataille rie St-George près de
Mantoue, Bataille de la Favorite , les Français à Verne, etc.
Un exemplaire provenant de la bibliothèque Pixérécourt , et contenant toutes
les eaux-fortes, 200 fr. vente Martin.
50. Erection de la colonne Vendôme, estampe in-fol. en largeur gravée
par Courbe, 1810. — Les personnages préparés à l'eau-forte par
Duplessi-Bertaux.
Duplessi-Bertaux a encore dessiné les figures du Précis de la Révolution, par
I.acretelle : Assemblée législative. Convention et Directoire, 8 pièces.
Planches pour les Fastes de la Nation française , pour Napoléon à la Grande-
Armée ; Leblanc dit 146, dont 2 tities.
Sur la fin de sa vie : les Campagnes du feld-maréchal Wellington , Didot , 1818 .
24 p.
DUPONGHEL (Charles-Eugène
1748-
Duponchel , d'Abbeville , n'a gravé que des non-
valeurs : le Grand-Seigneur au milieu de ses femmes
d'après Taunay, quelques vignettes disséminées dans
divers ouvrages sans importance ( Cabinet des Fées ,
Crèhillon de Marillier, Voyage sentimental . édition
Cazin , 1782 ; frontispices d'après Chevaux pour les
Romans et Contes de Voltaire , les Œuvres du mar-
quis de Villette , la Vie de Marianne , les Saisons ,
édition Cazin , etc. ) , les portraits du Général des
Mathurins . de Chevillet de Cham,pmeslè , de Th.
Corneille , de M air et , de Pelletier, de Quinault , de
Rotrou , de Du Ryer, La Noue , Scarron , Mèro ,
Longepierre , et , dans la collection d'Esnauts , celui
de Marie Leczinska. Cependant un portrait de Ma^He-
Antoinette, ']Q\mQ, d'après Ducreux , grand in-4 , est
une pièce très estimable.
Ce qui est assez surprenant , c'est le prix élevé que
des graveurs sans grande notoriété tiraient de leurs
planches : Duponchel , par exemple , recevait de Lau-
rent deux mille livres pour la gravure d'une Vierge
de Raphaël.
nUPRÉEL.
A l'inverse des aqua-fortistes Pauquet et Giraurl le
jeune, Dupréei était exclusivement un finisseur qui se
bornait à mettre les derniers traits de burin sur les
planches qu'on lui livrait toutes préparées à l'eau-forte.
Il a travaillé pour la Galerie de Florence et le Musée
Français , mais il s'est surtout adonné à la vignette
et a terminé notamment , sans leur conserver leur
vivacité , les eaux-fortes de Pauquet.
On rencontre le nom de Dupréei dans la Bible, la
Pucelle, le Télémaque. le Tibulle et le Properce de
Marinier ; dans les Contes de La Fontaine de Frago-
nard (pour la très-belle vignette de la Coupe enchan-
tée). — Dupréei a signé encore des illustrations d'après
Borel pour les Idylles de Berquin , d'après Monnet
pour les Œuvres de Gessner, d'après Moreau pour
Gérard de Nevers , Gresset in - 12 , Juvénal et
Phocion (eaux-fortes par Giraud), Gessner (eau-forte
par Pauquet), les Géorgiques, le Nouveau Testament ,
la Psyché in -4 (pour la flgure du Triomphe de
Psyché, eau-forte par Pauquet) , la deuxième suite de
Racine [Britannicus , Andromaque, eau-forte par
Michel , plus un portrait de Racine d'après Santerre,
92 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE
eau-forte par Lerouge ) , le La Fontaine de 1814.
Une suite de 64 figures in-8 pour les Œuvres de
J.-J. Rousseau , dessinée par Chasselat , Choquet ,
Moreau. etc., est connue sous le nom de Collection de
Duprèel. Elle fut, en effet, publiée vers 1817 par ce
graveur qui exécuta une bonne partie des planches, en
se faisant aider pour le reste par Adam , Bovinet ,
Lecerf et autres graveurs de dernier ordre.
Dupréel a encore collaboré à la Jérusalem délivrée^
traduction de Baour-Lormian . et au Racine illustré
par Le Barbier, à la grande édition de Racine publiée
parDidot, à la Religieuse (une figure de Le Barbier et
un portrait àe, Diderot), au J.-B. Rousseau illustré par
Laffitte , à Tillustration des Liaisons dangereuses ,
in-8 , du Fauhlas de l'an VI , de la Pharsale de Cra-
pelet , du Rousseau de Poinçot , du Rousseau de
DeferdeMaisonneuve, d'une petite édition de Daphnis
et Chloé d'après Monsiau (eaux-fortes par Pauquet) .
et des Œuvres de Grécourt , édition bien pauvrement
illustrée par Fragonard fils (figures et portrait de
G7'ècourt). Citons encore un portrait de Bossuet en
pied , commencé par Pauquet . et un petit médaillon
de La Fontaine.
Elysée, solennité des tombeaux, — La France
régénérée.... etc.: 2 p. d'après Monnet.
Dupréel a travaillé aux Tableaux de la Révolution
et aux Campagnes d'Italie, ouvrages pour lesquels il
a consciencieusement éteint, en les terminant, un cer-
tain nombre d'eaux-fortes de Duplessi-Bertaux. On se
demande, du reste, ce qu'un artiste tel que Duplessi-
Bertaux aurait bien pu gagner à être repris et complété
par un Dupréel.
DUPUIS (Charles
1685-1742.
Charles Dupuis est né à Paris en 1685. Le goût et
l'inclination qu'il annonça pour la gravure engagèrent
ses parents à le placer chez Gaspard Duchange , et ce
fut sous la direction de ce maître célèbre qu'il se forma
le style large et moelleux qui caractérise ses ouvrages.
Nous citerons de lui la Leçon d'amour, l'Education
selon Vâge , d'après Watteau , une estampe sur la
Vengeance d'Armïde, l'Amour vainqueu?' de Pan et
Diane au repos, d'après Antoine Coypel (1707) ; deux
compositions de Louis de Boullongne , l'Air et la
Terre, gravées en 1718 et 1721, à Paris chez Dupuis
gy^aveur du Roy , rue de la Vannerie à l'image
St-Michel.
De fil en aiguille , d'après Dumesnil , composition à
deux personnages et à sous-entendu :
Belle quel est votre dessein
Pourquoi celte aiguille à la main ?
Je crois pénétrer ce mystère.
A ce regard tendre et charmant
On devine facilement
L'ouvrage que vous voulez faire.
La Prédication de St-Jean, d'après G. Maratte pour
94 LES GRAVEURS DU XVIII'' SIÈCLE.
le recueil de Crozat. — Le Mariage de la Vierge, d'après
G. VanLoo , dédié au Cardinal Melchior de Polignac.
Gh. Dupuis trouva la juste récompense de ses tra-
vaux dans sa réception à l'Académie le 27 octobre 1730,
sur les portraits qui lui avaient été ordonnés , du
sculpteur Nicolas Coustou , d'après Legros, très belle
planche, et de Nicolas de Largillière, d'après Geulain.
Un de ses meilleurs ouvrages est le portrait petit
in -fol. de Marie - Françoise Perdrigeon , épouse
de Le Boucher, secrétaire du roi , peinte par Raoux
en vestale et décédée le 30janv. 1734, âgée de dix-
sept ans , deux mois et seize jours.
Notre graveur a fait pour l'éditeur Odieuvre un cer-
tain nombre de portraits.
Gharles Dupuis est mort à Paris le 3 mars 1742.
ESTAMPES.
1. L'Air, — La Terre, d'après L. de BouUongne.
Les deux autres pièces gravées par Desplaces.
2. L'Amour arrête le bras d'Armide prête à tuer Renaud, d'après
A. Coypel, 1705; in-fol.
3 . L'Amour vainqueur de Pan , d'après A. Coypel ; in-fol. ,
4 . Diane au repos, entourée de ses nymphes, d'après A. Coypel ; in-fol.
5. Ptolémée Philadelphe accordant la liberté aux Juifs, — Alexandre
Sévère faisant distribuer du blé au peuple romain ; 2 p. in-fol.
Les deux pendants, Solon et Trajan , gravés par Duchange.
6. Le Philosophe marié, d'après Lancret. — C. Dupuis sculp.
Le pendant est le Glorieux , par N. Dupuis.
7. Le Mariage de la Vierge, d'après Carie Van Loo: grand
in-fol.
DUPUIS (Chari.esj. 95
8. LA LEÇON D'AMOUR, d'après Watteau. — Car. Dupuissculp.
n34 ; in-fol. en larj^eiir.
9. L'OcCL P.VTION SELON l'AG E , d'après Watteau. — Cette pièce
est signée Dupuis sculp.; in-fol. en largeur.
Ajoutons à cette liste Charles I"^ dam sa prison , d'après Raoux , et citons la
collaboration de C. Dupuis à la gravure des illustrations de De Troy pour la
Benriade, in-'J.
PORTRAITS.
10. COUSTOU, sculpteur, d'après Le Gi'os ; in-tbl.
Morceau de réception à l'Académie, 1730.
11. L.\RGILLIÈRB , d'après Geulain ; in-fol.
Autre morceau de réception à l'Académie.
12. Louis XV, en buste, dans un médaillon soutenu par Minerve assise,
d'après Rigaud , ni9; in-4.
13. Louis XV, assis sur le trône, à l'âge de quinze ans, d'après Ranc,
n'ÏS; grand in-fol.
14. PERDRIGEON (Marie-Françoise), épouse d'Élienne Le Boucher,
en costume de vestale, d'après Raoux , 1736; in-fol.
15. Portraits gravés pour le fonds d'Odieuvre : Henri de Lorraine, duc
de Guise. — Henri IV. — Jérôme Bignon. — Puget. — Michel
Lequien. — Pittard , chirurgien. — Alberoni. — Michel-Etienne
Turgot. — Marchand, organiste. — Madame Carie Van Loo (rare).
DUPUIS (Nicolas-Gabriel
J 696- 1771.
Très supérieur à son frère , Nicolas-Gabriel Dupuis
né en 1696, à Paris, fut comme lui élève de Duchange ;
très modeste et sans grande ambition, il avait conservé
l'atelier de teinturerie et de toiles peintes de son père,
mais pour se livrer plus facilement à son goût pour la
gravure , il le faisait tenir par un maître compagnon.
Naturellement industrieux et plein de goût, il se mit à
graver des planches d'ornements pour les imprimer
sur toile. Duchange enchanté des heureuses disposi-
tions qu'il révélait , de ses progrès rapides , enfin de
ses succès , lui promit de lui faire épouser une de ses
filles , mais plusieurs voyages que le jeune graveur
fut obligé de faire en Angleterre , retardèrent son
mariage , et ce n'est qu'en 1737 qu'il devint enfin le
gendre de son maître.
C'est pendant un de ces voyages que l'Académie
agita, rapporte Gaucher, la question de savoir s'il était
possible d'imiter avec le burin , le goût et la touche
pittoresque de la gravure à l'eau-forte. N. Dupuis . à
son retour, essaya de résoudre le problême, et ce fut
dans ce but qu'il grava la curieuse estampe d'après
Carie Van Loo, qui représente jÉ'nee sauvant son père
DUPUIS (Nicolas). 97
Anchise , dédiée à M'"" de Jullienne. « Quoique cette
» gravure soit entièrement au burin, on croit y recon-
» naître l'esprit, la légèreté et les saillies heureuses
» d'une pointe exercée. On y remarque aussi la chaleur,
» l'expression , le caractère et les formes sçavantes de
» l'original. » On a dit aussi que N. Dupuis croyait
ses yeux blessés par l'éclat du cuivre sous le vernis
et sa santé altérée par la vapeur de l'eau-forte , et
que c'est ainsi qu'il se décida à adopter le burin pur
en lui conservant la liberté de l'eau-forte.
Nicolas Dupuis contribua à la gravure du Sacre de
Louis XV par la planche du Festin Royal , et à la
Galerie de Versailles, une des grandes entreprises de
gravure du XVIIP siècle , par les morceaux suivants,
gravés avec un art vraiment remarquable : le Roi
gouverne par lui-inême, magnifique composition dont
la gravure fut tei'rainée par Tardieu , le Roi prend
Maëstrich evi trente jours, Renourellement d'alliance
avec les Suisses , sorte de médaillon en pendentif , et
les deux cintres de chaque bout de la galerie , Bellone
en fureur et V Espagne.
Massé fut si satisfait de ces travaux, qu'il n'eut cesse
de faire recevoir leur auteur à l'Académie. Nicolas
Dupuis, dans sa modestie, n'y pensait nullement ; il
fallut que le secrétaire de la Compagnie l'invitât par
lettre à se présenter. 11 fut agréé le 24 avril 1751 , et
on lui donna à graver pour sa réception ( 1754 ) , le
portrait du Directeur des bâtiments du roi qui venait
de mourir, Ch. Fr. P. Le Normant de Tournehem.
Ce portrait , qui est l'un de ses bons ouvrages , offre
en outre pour nous cet intérêt que nous avons sous
les yeux le père présumé de M"'*' de Pompadour et du
n. T
98 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
marquis de Marigny ; l'on connaît, en effet, les intimes
relations de Tournehem avec M'°^ Poisson.
Passons en revue quelques-uns des travaux de
Nicolas Dupuis qui sont presque tous intéressants. Une
composition de Lancret , le Glorieux , acte 111 , scène
S'', formant le pendant de celle du Philosophe marié
qui est signée C. Dupuis.
Le Chantre à table , d'après Dumesnil ; le Repos ,
jolie composition de Golson qui représente une jeune
fille endormie tandis qu'un chat malin guette son
oiseau ; la Toilette de nuit , d'après Boonen , effet de
lumière ; une Nymphe endormie, d'après L. Ghéron,
avec ces vers au bas :
Satires respectez ce someil , ce silence
Réprimez do vos sens les brutales ardeurs
Jamais la force et r insolence
N'ont pu près d'une belle obtenir des faveurs.
Pourquoi dans un amant prompt à se satisfaire
Bldmon.s-nous le penchant qui l'entraîne au plaisir?
Si la pudeur ne peut se taire
La nature en secret sçait bien la démentir.
Deux portraits de Louis XV, daprès Le Moine ,
l'un en pied et l'autre à cheval.
Le portrait de Jean de Betzkoy , d'après Roslin ,
représenté en pied et assis. C'est ce personnage ,
général et dh^ecteur des bâtiments de S. M. I. de toutes
les Russies , qui était chargé par le Czar de certaines
commissions artistiques en France, et qui fit graver
par Daullé, ainsi que nous l'avons raconté, un portrait
de M'"'' Anastasie.
Nicolas Dupuis a encore gravé l'Adoration des Rois
DUPUIS (Nicolas). 99
Mages , d'après Véronèse , pour le Cabinet Crozat ;
une Sainte Fatnille, d'après An. Garrache , pour la
Galerie de Dresde ; Saint François et Saint Nicolas,
d'après Pierre , gravés en 1750 ; Amusement de la
Jeunesse , d'après François Eisen ; r Espérance au
hazay^d et le Réveil m,aladroit, d'après Schenau ; enfin
un Saint Sébastien , d'après Louis Garrache , grand
in-folio, dédié à M^''. de Roquelaure, évoque de Senlis,
gravé en 1770 et vraisemblablement son dernier
ouvrage. Nicolas Dupuis mourut en effet à Paris ,
entouré de l'estime générale , le 26 mars 1771.
Gaucher qui l'a beaucoup connu et apprécié , a
écrit dans le Dictionnaire des Artistes de l'abbé de
Fontenay :
« Non moins estimable par les qualités du cœur et
» de l'esprit que par ses talents supérieurs , Dupuis
» fut universellement regretté ; ses vertus lui méri-
» tèrent l'attachement de tous ceux qui le connurent
» et jamais personne n'eut à se plaindre de lui. L'on
» pourroit rapporter plusieurs traits de sa modestie,
» de son intégrité , de son désintéressement , mais les
» moindres circonstances suffisent quelquefois pour
» caractériser les sentiments. On en pourra juger par
» l'anecdote suivante. Un jeune artiste nommé Loyer,
» mort depuis quelques années , avoit un talent pai^ti-
» cuber pour graver l'architecture avec autant d'in-
» teUigence que de promptitude. Dupuis le fait venir
» chez lui pour faire le fond et la bordure d'un por-
» trait. Jaloux d'obliger un artiste de ce mérite ,
» Loyer se met à l'ouvrage avec tant d'application
» qu'il l'a terminé avant la fin du jour. Dupuis arrive ,
» témoigne son étonnement et prie le jeune homme
100 LES GRAVEURS DU XVIII'' SIÈCLE.
» de lui (lire ce qui lui faut pour son salaire. Après
» s'être fait presser plusieurs fois , Loyer demande
7> douze livres : — Non, Monsieur, lui répond Dupuis,
» vous m'avez doublement obligé, et par l'intelligence
» que vous avez mise à ce que je désirois de vous et
» par la célérité que vous y avez apportée; mais je
» n'abuserai point de vos talents ; l'ouvrage de cinq
» ou six jours vous l'avez fait en un seul, -je ne calcule
» jamais le temps d'un artiste et je serois injuste d'ac-
» quiescer à votre demande. 11 lui offrit trois louis
» d'or que le jeune homme s'obstina vainement de
» refuser et qu'il le força d'accepter ^ »
I II est intéressant pour les iconophiles de rechercher quels étaient
les frais nécessités par la gravure d'une planche , frais qui ne laissaient
pas d'être souvent considérables. Nous reproduisons ici le marché relatif
à la gravure par Dupuis d'un tableau de Vien , représentant l'érection
du monument élevé au roi Louis XV, à Rennes , par les Etals de Bre-
tagne, monument dû au ciseau du sculpteur J.-B. Lemoine :
II En exécution des ordres de la commission intermédiaire , adressés
» à M'' de la Boissière, pour faire les dépenses nécessaires de la gravure
M du monument de la statue du Roy dont le S'' Lemoyne, sculpteur, a
" actuellement fait le modèle en grand , nous avons entretenu à cet eflfet
" le S"" Dupuis graveur, que ledit S"" Lemoyne nous a présenté ; sur
'1 quoy ledit S"" Dupuis nous a fait les représentations suivantes : Qu'il
« ne pouvoit point se charger de faire ladite gravure à moins de cinq
!■> mille cinq cents livres, paiables en quatre paiements égaux : le l^"" en
'> commençant la planche , le dernier en la livrant , et les deux autres
>i dans l'intervalle à proportion de l'avancement de l'ouvrage ; qu'il ne
« pouvoit pas s'obliger de livrer ladite planche gravée à sa perfection
'•> avant le l*'' septembre de l'an 1752 ;
« Que lad^ planche ne pourra fournir au plus que mille estampes
" même avec les réparations qu'il sera indispensable et qu'il s'oblige
» d'y faire ;
>i Que l'impression desdites estampes et les réparations à faire à la
'> planche demanderont près de six mois , en sorte qu'on ne peut pas
'^ compter que les mille estampes puissent être fournies avant le mois
DUPUIS (Nicolas). iQ\
ESTAMPES.
1. La Toilette de nuit, d'après Boonen ; in-fol.
2 . Nymphe endormie surprise par des satyres, d'après S. Chéron.
3. Le Camouflet, — Le Château de cartes, 2 p. d'après Cochin.
4. L'Action, — Le Repos, d'après Colson ; in-fol., 2 p.
5. Diane entrant au bain , d'après Ant. Coypel.
6. Les Amusements de la jeunesse, — Les Déguise-
ments ENFANTINS, — La3IALICE ENFANTINE, 3 p.
d'après F. Eisen ; in-fol.
7. Le Glorieux, d'après Lancret ; in-fol. en largeur.
8. Estampes pour l'Histoire de Louis XV par médailles ; in-fol.
La Régence déféiée au Duc d'Orléans (1 eau-forte par Cochin). — Rétablisse-
ment du Commerce et de la Marine sous la Régence (l'eau-forte par Cooliin). —
Le Progrès des études du Roi , d'après Lagrenée.
'^ de février ou de janvier HôS, et qu'il sera même nécessaire alors de
■' les garder encore deux ou trois mois pour les bien sécher ;
'^ Que l'impression desdites estampes coûtera soixante-dix livres par
' cent , sçavoir cinquante livres pour l'imprimeur et vingt livres pour
•> le papier, desquelles dépenses led. S'' Dupuis ne sera point chargé et
'^ qui seront payées au-delà des cinq mille cinq cents livres cy-dessus ;
•1 Qu'il s'oblige seulement à veiller et donner ses soins pour la per-
" fection de l'impression desd. mille estampes et de les faire tirer devant
'> luy, avec promesse et assurance qu'il n'en sera détourné aucune ;
'^ qu'il demande seulement que, suivant l'usage, il luy soit donné deux
•> douzaines et autant au S'' Lemoyne, sculpteur ;
■^ Qu'après l'impression desdites mille estampes , la planche sera
'^ remise et appartiendra aux Etats ; et que si , dans leur assemblée de
" l'annéi! prochaine, ils jugent à propos de la faire retoucher pour en
> tirer un plus grand nombre d'estampes, il s'en chargera pour le prix
-' de deux mille livres , et à rendre ladite planche dans l'espace de huit
» mois en état d'en tirer encore mille autres estampes ....
•^ Fait à Paris le 20 juin 1551 etc. -^
Signé : Guy, évêquedeTréguier,Quélin, Bayer de la Boissière, Dupuis.
402 LES GRAVEURS DU XYIII»^ SIECLE
9 . Vignette pour la Henriade, d'après de Troy. — Le Meunier, son
fils et l'âne , 2® planche , le Bûcheron et Mercure , d'après
Oudrj , vignettes pour les Fables de La Fontaine.
PORTRAITS.
10. Beauvilliers (M. le Marquis de), à cheval, d'après Parrocel; in-fol.
11. BETZKOY (Jean de), lieutenant-général russe, chambellan, etc .
assis près d'une tahle et tenant le portrait d'une dame , d'après
Roslin ; in-fol.
12. Clément XII , pape , tête de page , Gravelot inv. — Coustou. —
Duchange (Gaspard) , profil d'après Cochin ; in-4. — Gougenot
(Louis), d'après Greuze ; in-4. — Heuzy (J. d'). Comte du
St-Empire, d'après L.-M. Van Loo.
13. L.\ Fontaine, portrait vignette-frontispice pour l'édition avec
figures d'Oudry ; in-fol., l'eau-forte par Cochin père.
14. Le Moine (J.-B.) le fils , profil d'après Cochin , 1755 ; in-4.
15. LE NORMAND DE TOURNE HEM, Directeur des Bâtiments ,
d'après Tocqué ; in-fol., morceau de réception à l'Académie.
16. Louis XV, en pied, d'après Le Moine, in-fol. — LouiS XV,
a cheval , d'après Le Moine ; in-fol.
11. Louis, Dauphin, d'après Restout, mi. — Dupuis sculp., confecit
Romanet ; petit in-fol. [Galerie française). — Ménard (Léon),
d'après Cochin. — Parrocel , profil , terminé sur une eau-forte
de Cochin; in-4.
18. Wou VERM.\NS , piclor Batavus, dans un cadre orné. — A Paris,
chezHuquier; in-fol.
It). Portraits gravés pour le fonds d'Odieuvre : Louis XIII. — Poussin.
— Ruyter. — Cassini. — Rollin. — Gros de Boze. — D'Aguesseau
— J . Languet de Gergy. — Montesqxiieu. — Thomas Koulikan.
— Gaspard Duchange.
DURET (Pierre-Jean).
1729-
C(ïL élève do Le Bas est bien oublié maintenant. 11 a
pourtant gravé un certain nombre de tableaux, prin-
cipalement des paysages d'après Vernet.
3* et 4" Vues cV Italie d'après JosephVernet; 2 pièces
en largeur.
Fête sur le Tibre, d'après le même, grande pièce en
largeur. L'eau-forte est attribuée à Moreau.
La Pèche au fanal, d'après le même, en largeur.
Vue d'une rade d'Italie et Vue d'un vieux fort
en Italie , d'après le même.
LAiTivée des pêcheurs , d'après le môme , en
largeur.
Vente du poisson sur un port de mer, d'après le
même, en largeur.
i^'' et 2" Clairs de lune, d'après An. Van der Neer,
2 pièces en largeur.
Le Chat et les Moineaux, pour les Fables de la Fon-
taine , d'Oudry.
Et des planches d'après Lantara , Zingg , Wouver-
mans , Ruysdaël , etc.
DURUISSEAU (Antoine
1 7o4 -
Huber a beau dire que Duruisseau est un des
artistes qui se sont le plus distingués dans la gravure
coloriée, nous nous refuserons absolument à lui accor-
der le titre honorable de graveur. Il y a aussi loin de
Duruisseau à un véritable graveur que d'un écrivain
public à Madame de Sévigné.
C'était plutôt une sorte de commis , exécutant des
planches au lavis ou en couleur pour les architectes.
Élévation de la maison de M. de Witt en Hollande ,
ou bien Plan , coupe et élévation de la terrasse exé-
cutée sur la maison M. d'Etienne et recouverte de
ciment de son invention : A Paris , chés le graveur
rue de Loursine , m,aison du Palais-Royal vis-à vis
les dames Cordelières.
Il a reproduit en manière de crayon des Cahiers de
principes du dessin d'après Parizcau et Le Barbier ; et
en couleur , des Cahiers de principes d'architecture
d'après Delafosse.
Pendant la Révolution nous le voyons signer une
Liberté , grand in-fol., d'après Le Barbier , c'est tout
ce qu'on peut imaginer de plus triste !
DUVIVIER (Jean
1687-1761.
Jean Duvivier, graveur en médailles , né à Liège en
1687 , reçu à T Académie en 1718 , mort à Paris en
1761 a laissé quelques estampes , Bartholet Flamaël,
peintre liégeois , Pierre Desgouyes dit Cesomus ,
avocat au Parlement , la Cuisinière flamande vidant
une poule, d'après Van Heuvel , et d'après le môme
un Christ mis au tombeau et une Tentation de Saint-
Antoine , « où Ton voit le saint , rejettant les sollici-
» tations d'une m avec des ailes do chauve-souris
» qui lui montre une courtisane bien parée. »
Un bel en-tête pour in-folio , avec les armes de
la maison d'Orléans sur un écusson ailé , 1743.
Figure du pantographe perfectionné par C. Lan-
glois ingénieur du roi, dessiné et gravé par Duvivier,
1744 , in-4. C'est un parallélogramme de réduction ;
on promène une pointe sur les contours du dessin
à reproduire , cette pointe est reliée par le paral-
lélogramme à une autre pointe qui exécute des
mouvements correspondants mais de moindre ampli-
tude , et retrace ainsi le modèle , dans la proportion
voulue. Voilà un pantograplie qui nous fait l'effet
d'être le véritable père du physionotrace de Chrétien.
EARLOM (Richard).
1728-1800.
L'un des maîtres de la gravure en manière noire ,
l'anglais Richard Earlom, est né en 1728 dans le comté
de Soramerset. Le genre dans lequel il a brillé a
des qualités de douceur, de moelleux, des profondeurs
dans les ombres qui conviennent aux effets de lumière,
mais il a le défaut de manquer de fermeté et d'être
peu susceptible dun travail varié , libre et spirituel.
Secondé par le fameux éditeur Boydell qui a publié
presque toutes ses planches , Earlom a produit , de
1760 à 1800 , un nombre considérable de manières
noires remarquables d'après des tableaux précieux qui
se trouvaient dans les grandes collections anglaises.
Jacob enfouissant les idoles de Lahan , d'après
Séb. Bourdon , planche très avancée à l'eau-forte , ce
qui est une exception dans son œuvre ; Jacoh luttant
avec Vange et David vainqueur de Goliath, d'après
deux tableaux de Salvator Rosa ; Venus et Adonis ,
d'après le Poussin; la Mort d'Abel, d'après André
Sacchi ; Énée portant son père Anchise, d'après le
Tintoret ; Sainte Famille , d'après le Guerchin ;
V Amour captif, d'après Guido Reni.
Marché aux fruits qX Marché aux herbes ; Marché
EARLOM. im
au poisson et Marché au gibier, d'après Sneyders ,
à l'eau-forte et à la manière noire. Le prix de ces
estampes était d'une guinée chacune.
L'Office, d'après Martin de Vos. Prix : une guinée. —
Boydell ajoute dans son catalogue que le lévrier qui
montre les dents au chat est un vrai chef-d'œuvre.
Vénus sur les ondes, le Jugement dePâ7ns, d'après
Luca Giordano. — Vénus au bain , d'après Van Dyck
(1773). — Le Sauveur du monde, d après Carlo Dolci
(1769). — Les Marchands juifs, d'après Quintin Matzis
(1770). — Sainte Famille , d'après Rubens (1771). —
Présentation de. l" enfant Jésus au temple , d'après
Rembrandt (1771).
Marie-Magdeleine aux pieds de Jésus , d'après
Rubens ( 1777J : « Voici un chef-d'œuvre , s'écrie
» Boydell , fini de la meilleure manière. Il entre dans
» ce tableau quatorze figures de la grandeur naturelle,
» parmi lesquelles celle de la Madeleine est particu-
» lièrement bien colorée. » Prix : une guinée.
Fleurs et Fruits d'après Van Huysura. Le Cabinet
des Estampes de Paris possède les préparations à l'eau-
forte de ces deux pièces merveilleuses : « Ces deux
» estampes se font admirer par tous ceux qui aiment
» les gravures bien finies : elles sont très artistemeut
» travaillées et l'on peut dire hardiment qu'elles
-» surpassent tout ce que l'on a encore vu dans ce
» genre, » (Boydell).
Si?néon et f enfant Jésus, d'après Guido Reni.
Bethsahée a^nenant Abisaag à David , d'après Van
Der Werf. Prix : une guinée et demie.
Méléagre et Atalante, d'après un carton de Rubens
apporté des Flandres à Londres par le général Wade.
<08 LES GRAVEURS DU XVIII'' SIECLE
La Continence de Scipion, d'après le Poussin.
Les Nymphes de Diane endormies , d'après Rubens
(1784). L'original est au château de Windsor.
Entrevue d'Auguste et de Cléopàtre, d'après
R. Mengs (1784).
Triomphe de Mardochée, d'après Van den Eckout.
Plus un grand nombre de planches d'après des
peintres anglais , West , Wright ( la Forge , estampe
d'un très grand effet), Romney, etc. . .
Pendant qu'il exécutait à la manière noire toutes ces
estampes d'après les maîtres , Richard Earlom ne né-
ghgeait pas l'actualité. Sa belle pièce de The royal
Academy of art , d'après Zoffani , montre rassemblés
les principaux professeurs de l'Académie. The Exhi-
bition of the royal Academy , d'après la peinture
de Ch. Brandoin . est encore une estampe curieuse ,
ainsi que The Inside of the Panthéon in Oxfoy^d
Road ; elles ont été gravées toutes deux en 1772.
Earlom a gravé . d'après Zoffani , la famille de son
souverain , Georges III , la Reine et leurs enfants
(1770), pièce qui n'est pas une des moins bonnes parmi
ses nombreux portraits. La manière noire se prête en
etièt parfaitement à la reproduction des traits , en
permettant de sacrifier et de laisser facilement dans
l'ombre tout le reste, pour concentrer la lumière sur la
figure. Earlom a gravé de la sorte Tliomas Chaloner,
le Comte d'Aremberg (1783) et le Duc de Richmond ,
par Van Dyck (1773) , la Femtne de Rubens , le Fils
de Rubens et sa nourrice , Renibrandt , la Fontne
de Rembrandt ; puis des portraits de ses contem-
porains . Elliott et Washington d'après Reynolds ,
Nelson , Glocester , Astley , S. Barrington , etc . . .
EARLOM. 109
Nous voici arrivés à l'un des principaux et non pas
des moins intéressants travaux de notre artiste, au
Liber veritoiis , Lihro di verita , ou Livre de vérité ,
comme on voudra l'appeler. Le grand paysagiste
Claude Lorrain avait l'habitude , quand il peignait
un tableau , d'en conserver dans un album un croquis,
et de l'accompagner de notes sur le prix , l'acquéreur,
etc.. Cet inestimable recueil composé de 200
dessins que le peintre avait baptisé Lihro di verita
arriva entre les mains des ducs de Devonshire et
se conserve encore actuellement dans leur château
de Chatsworth. Ce sont ces merveilleux dessins d'un
style incomparable qui ont été gravés en fac-similé .
au lavis, par Richard Earlom * de 1774 à 1777 avec un
succès vraiment étonnant. L'habile graveur a remar-
quablement reproduit la simplicité et la grandeur des
lignes, le calme et la poésie de ces paysages de la
campagne romaine , de ces ruines, de ces marines, de
ces scènes agrestes animées de personnages et d'ani-
maux. Le tirage au bistre qui imite l'encre jaunie ,
leur donne une chaleur qui ajoute encore à l'illusion.
Enfin signalons comme une des dernières œuvres
du graveur la reproduction de cette humoristique
fantaisie bien britannique , le Mariage à la 7node ,
d'après les tableaux de William Hogarth. Earlom a
gravé ces scènes de la vie anglaise de 1795 à 1798,
époque où elles ont été éditées par Boydell. Ces dates
renversent celle de 1794, donnée; par Le Blanc comme
l'année de la mort du graveur. Nous pensons qu'il a dû
mourir vers 1800.
1 Et non Robert Earlom , comme le dit Joubert qui prétend à tort
que c'est un autre Earlom qui a gravé le Liber verltatis.
EBERTS (Johann-Heindrich).
Les travaux d'Eberts , graveur - amateur , ne
dépassent pas le niveau d'une honnête médiocrité ,
mais les iconophiles lui doivent pourtant une certaine
reconnaissance, car il a été pour ainsi dire l'inventeur
du Monument du costume. A Paris , il était banquier
Place des Victoires , avec son associé Papelier, en
même temps que directeur des chariots de poste de
l'Empire à Strasbourg. Ses goûts le portaient vers les
arts , les choses élégantes . et c'est lui qui a imaginé
les sujets de la première série de douze estampes
dans les trois suites destinées à servir à l'histoire des
mœurs et des costumes français au XVIIF siècle ,
sujets que l'esprit lourd de Freudeberg n'aurait pas
inventés , mais qu'une fois trouvés , le dessinateur
bernois traçait agi'éablement au bistre. C'est ainsi que
s'explique le monogramme /. H. E. inv. qui précède
le nom de PYeudeberg. De plus c'était lui qui faisait
les avances et chez lui qu'on souscrivait.
Eberts était l'ami intime de Wille, et par sa position,
son factotum et son commissionnau^e pour tous les
envois d'estampes et d'argent en Allemagne : « Mon
» ami Eberts revient de voyage après quinze mois
EBERTS. m
» d'absence , uote-t-il dans son Journal en 1759, et je
» l'ai embrassé avec ravissement. »
S'agit-il d'envoyer des estampes et des dessins au
collectionneur Winckler de Leipsig , des médailles à
M'" de Lippert , des estampes au baron de Dahlberg , à
Hagedorn . ou à Ustéri , les bureaux d'Eberts sont là
pour les expédier sûrement? De son côté, le banquier
ne manquait jamais d'adresser au graveur vers le jour
de l'an, un petit baril de sauerkraut, dont M'"® Wille
raflblait.
Eberts était d'ailleurs en relation avec beaucoup
d'artistes. Wille mentionne, en 1765, qu'il dîne chez le
banquier en compagnie de Choffard , de Flipart , de
Roslin , de Chardin et de Vien. A-t-il donc reçu
quelques leçons du grand graveur? Toujours est-il
qu'une pièce in-4 , d'après le dessin de Wille et inti-
tulée le Pucelage , est dédiée à M"" Wille par son ami
et serviteur J. H. E***. Le pendant qu'il intitule
Jeannette , d'après le dessin de Boucher , est dédié à
ce peintre et signé des mêmes initiales. Décidément
le banquier strasbourgeois était modeste.
Ismène et Daphnis , in-4 en largeur, est encore
gravé d'après Boucher, ainsi que la plus jolie pièce
d'Eberts , le Tribut de la reconnaissance , allégorie
dédiée au baron deDietrich, seigneur de Reichshofen.
Les affaires du directeur des postes entre l'Alle-
magne et la France allaient-elles moins bien en 1788 ?
Probablement, si nous nous fions à cette note de Wille
toujours prudent : •< Répondu par nego à M'' Eberts
» à Strasbourg qui voulait m'emprunter une somme
» considérable. »
ÉCH^RD (Charles
Échard travaillait dans la seconde partie du XYIir'
siècle , à Paris , où il pastichait les maîtres de l'École
des Pays-Bas. Il fut nommé en 1783 associé de l'Aca-
démie. On a de lui :
Titres pour des morceaux de musique : Six duo pour
deux violons , mcllés de petits airs variés , dédiés à
TYiadame la cotntesse de Gihertès, composés par
M. Bertheaumc ; — Deux sonates pour le violon ,
dédiées à Messieurs Taillepied de Bondy ; — Deux
concerto pour le violon , dédiés à Monsieur Lemière,
de la musique du Roy ; etc.
Un Cahier de paysages, Chéreau exe, in-4 en
largeur.
Un cahier de Six feuilles d'anhnaux, d'après
H. Roos, chez Basan et Poignant, in-4 ; un autre in-fol.
Un Cahier de ruines et de paysages d'après nature
dessinés et gravés par C. Échard.
Difiérentes Têtes d'étude d'après Visscher. etc., gra-
vées en 1782 et 1784.
ÉDELINCK (NiGOLAS-ÉTIENNE
-1680-1767.
Huitième entant et élève de Gérard Édelinck ,
Nicolas-Etienne Edelinck, né en 1680, mort en 1767 ,
appai'tient par ses traditions à l'Ecole du XVIP siècle.
Il voyagea et grava en Italie dans sa jeunesse. Il a
travaillé au célèbre recueil de Grozat. Citons parmi
ses portraits : Houdart de la Moite , d'après Ranc ;
le régent Philippe d.' Orléans, à cheval; Gérard Ede-
linck , d'après Tortebat ; Newton , d'après Pesne.
M""^ de Sèvigné , petit portrait in-8 dont les pre-
mières épreuves , avant le trait d'union , sont fort
recherchées des bibliophiles.
Adrien Baillet , le bibliothécaire de Lamoignon ;
Guillaumon, marchand tapissier (1721), neveu du
graveur, gr. in-foL; le Duc Max. Ein. de Bavière,
d'après de Maingaud , grand in-fol.
Un très médiocre Recueil de portraits des Rois de
France , gravé avec Fessard pour Odieuvre.
Quelques vignettes religieuses d'après Vleughels.
Ve7''tumne et Pomone , estampe d'après Ranc.
EICHLER (Mathias-Gottfried
i 748-1818.
Eichler est né à Erlangen d'une famille d'artistes
d'Augsbourg. Il fut élève de son père , du peintre
Rugendas, deThelot et de Gille Verhaelst. Il voyagea,
alla à Mannheim où il fut reçu de l'Académie de cette
ville, à Baie où il travailla sous la direction de Gh. de
Méchel à la Galerie de Dusseldorf, et à Berne où il
séjourna assez longtemps , et collabora à YHepta-
îïiéron de la Reine de Navarre (1780-81). Il a gravé
dans ce livre le frontispice, et seize des petites vignettes
dues à l'imagination originale de Dunker.
Il a également gravé à Berne, d'après les dessins
à l'aquarelle de Freudenberger, un P'' cahier des
differens habillements de la ville de Berne , en 6
pièces et la Petite famille suisse.
Eichler a aussi collaboré au Musée Français.
Il a gravé de nombreux paysages, Vues de Livourne,
4 pi. — Vues d'Augsbourg , 2 pi. — Vues d'Ancône,
2 pi. — Vues de la Villa d'Horace, 10 pi.
Portrait de Salomon Gessner, d'après Graff, in-fol.
Eichler est mort à Augsbourg en 1818.
EISEN (Charles
1721-1778.
Charles Eisen, dont il est inutile de rappeler ici les
travaux comme dessinateur, a gravé , au début de sa
carrière , quelques pièces à l'eau-forte d'une pointe
facile, mais sans grande originalité cependant. Prosper
de Baudicour signale de lui neuf pièces auxquelles
nous allons joindre quelques autres qu'il ne paraît
pas avoir connues.
IjŒ Vierge allaitant V enfant Jésus . petite pièce
in-18, avec la signature C. Eisen. f.
Saint Jérôme, petite pièce in-16, signée C. Eisen fe.
Saint Eloy prêchant, pièce in-8 , signée Charles
Eisen pinx. et sculp. , avec cette mention que le
tableau se trouvait dans l'église du St-Esprit à Paris.
La Madeleine , dans un paysage dont la gravure
est due à Sébastien Leclerc. Voici l'histoire de cette
pièce in-12. Elle fut exécutée par Le Clerc pour un
M. Potier qui y fit placer Saint Claude son patron et
n'en fit tirer que quelques épreuves, après quoi , il fit
effacer le Saint Claude. A la mort de Séb. Le Clerc ,
voulant utiliser sa planche , il demanda à Eisen de
graver une Madeleine pénitente sur la partie effacée.
Enfin , à la mort de Potier, on efi'aça encore une fois la
116 LES GRAVEURS DU XVIII'' SIÈCLE.
Madeleine et Cochin grava à sa place un Saint Pierre,
au bas duquel il fit placer ces vers :
Le Clerc de ce chef-d'œuvre eut la gloire et la peine ,
Saint Claude y fut placé par son savant burin ,
Eysen l'en délogea pour une Madeleine
Et saint Pierre à son tour y fut mis par Cochin.
L'Amour ramoneur , représente l'Amour recom-
mandant aux fiDettes de bien garder leur cheminée
dans des vers qui avaient déjà servi pour une pièce
analogue de Coypel.
Hercule aux pieds (TOmphale , signé C. Eis. f.
L Amour jardinier ou V Automne, représenté par
un enfant couché auprès de fruits et de légumes, signé
Eisen : on connaît trois états de cette pièce . à l'eau-
forte pure , terminée , et enfin avec l'indication page
203, du Dictionnaire des graveurs de Basan.
L'Exercice , un officier accompagné d'un tambour
fait faire l'exercice à trois gardes-françaises , vignette
in-8 , au trait , signée C Eisen inv. et f. 1754.
Adresse du S*" Magny , grand écusson autour
duquel jouent des amours. Sur l'écusson l'adresse de
ce marchand d'instruments d'optique et de physique.
Inventé et gravé à Veau-forte par C. Eisen. — Ter-
miné au burin par J. Ingra,m.
Ici s'arrête la liste donnée par Baudicour.
Bibliothèque de M^ la Dauphine. N° 1. Signé
C" Eisen invenit scupsit (sic) 1770. Très jolie vignette
petit in-8, faite pour servir de frontispice à la première
partie du catalogue de la bibhothèque de la Dauphine
parMoreau, historiographe de France, et représentant
Marie-Antoinette entourée des Grâces et recevant
EISEN. Ul
un volume des mains de la Muse de l'histoire. Les
épreuves avant la lettre sont fort estimées. Il y a
un état postérieur avec changement de légende :
Toutes les Grâces sont sœurs.
Les Trois Grâces , jolie pièce gr. in-8, uniquement
à l'eau -forte, signée Carolus Eisen aquâ regalisculp.
1777 . Sur le socle cette citation d'Horace : Gratiœ
décentes alterno terram quatiant pede , et une ins-
cription latine au bas indiquant que l'original se trouve
à Bruxelles dans la maison du comte de Cuypers.
Enfin nous trouvons dans l'un des premiers travaux
d'Eisen (son Œuvre suivie, contenant différents sujets
de décorations et d'ornements , vases , tombeaux ,
niches, fontaines), plusieurs pièces signées C. Eis. f. :
celle où se trouvent un moutardier rocaille, une figure
du Temps et un écusson pour un archevêque ; celle qui
représente un riche brûle-pai^fum ; celle où se trouve
le groupe d'Hercule étouffant Antée , deux cartouches
sur une même feuille et plusieurs autres non signées
nous paraissent incontestablement de la pointe de
notre artiste. Il a collaboré là avec de Longueil et
Delafosse qui ont gravé le reste.
Le père de Charles Eisen , François Eisen , peintre
de sujets de genre , né à Bruxelles en 1700 , mort à
Paris en 1777, a gravé quatre pièces de Tabagies , et
pendant qu'il était encore à Bruxelles , une pièce
d'après Rubens, Jésus-Christ donnant les clefs à saint
Pierre, d'après un tableau de l'égUse Sainte-Gudule.
ELLUIN (François-Rolland
1745-
Le nom du graveur Elliiin appelle immédiatemenf
à l'esprit celui du dessinateur Borel et donne aussi la
vision des compositions quelquefois gracieuses, mais
généralement par trop décolletées , dont il était le
complaisant traducteur. C'est en grande partie pour
satisfaire aux demandes de l'éditeur rémois Gazin que
ces vignettes ont été dessinées et gravées. Bien
qu'elles ne soient pas signées , on sait par tradition
qu'Elluin en est le graveur et l'on n'a d'ailleurs qu'à
ouvrir les Élégies de Tz^t^^^e, traduction de Mirabeau,
illustrées de vignettes signées par les deux artistes
(Borel et Elluin) , et qui sont l'un de leurs rares
ouvrages avouables , pour reconnaître aussitôt les
mêmes types et la même exécution.
Elluin est donc bien le graveur des illustrations de
cette littérature pornographique qu'appelait et semblait
autoriser la licence des mœurs à la fin du XVIIP' siècle.
Les fantaisies lubriques de Gervaise de La Touche,
d'Andréa de Nerciat , de Sénac de Meilhan trouvèrent
en lui un complaisant traducteur, et non sans talent.
Cette littérature malsaine ne peut trouver grâce aux
yeux des bibhophiles que par le mérite artistique de
ELLUIN. 119
ses gravures. On ne peut refuser aux ouvrages illus-
trés par Borel et Elluin une certaine valeur et c'est
à ce titre que nous en reproduisons la liste :
IVommi of pleasur (sic) ou la fille de joie , par
M"" Gléland , contenant les mémoires de M"^ Fanny
écrits par elle-même. Londres (Paris, Gazin), 1776,
2 vol. in-18. — 15 figures libres.
La F.... manie, poëme lubrique, suivi de plu-
sieurs pièces du même genre , par Senac de Meilhan .
Londres (Cazin), 1780, in-18. — 1 frontispice et 8 figures.
Le frontispice et les 6 premières figures sont de
Borel et Elluin (Cohen).
La Tentation de S'- Antoine, ornée de figures et de
musique . par Sedaine. Londres (Cazin), 1782 , in-8 et
in-18. 1 frontispice et 8 figures « dont deux ou trois
un peu libres. » (Cohen).
Fèlicia ou Mes fredaines . i)ar Andréa de Nerciat.
Londres (Paris. Cazin), 1782, 4 vol. in-18. — 24 figures
libres.
Mémoires de Saturnin , écrits par lui-même . ou-
vrage connu aussi sous le nom de Portier des Char-
treux , par Gervaise de La Touche. Londres (Paris ,
Cazin), 1787, 2 vol. in-12. — 24 figures libres. « La
dernière n'est pas libre », s'écrie Cohen, avec regret,
semble-t-il. On trouve de ce livre des exemplaires
en grand papier.
Le Meursius français ou Entretien galant d'Aloy-
sia. Cythère (Paris, Cazin), 1782, 2 vol. in-18. —
Frontispice et 12 figures libres.
Parapilla, par Bordes (Paris, Cazin), 1782, in-18. —
Frontispice et 5 figures libres, attribués à Marillier.
Thérèse philosophe (histoire sous une autre forme
120 LES GRAVEURS DU XVIir SIÈCLE.
du Père Girard et de la belle Cadière) par de Montigny.
Londres (Paris, Cazin), 1785, 2 vol. in-18. —20 figures
libres.
LArètin français, par un membre de l'académie
des dames , Londres (Paris), 1787 , 1 vol. in-18. — Un
frontispice et 17 figures libres. Illustrations des meil-
leures d'Elluin et que Cohen qualifie A' admirables. Il
en existe des exemplaires en grand papier. Cet ou-
vrage doit être suivi des Épices de Vénus , avec une
figure.
Cantiques et Pots-Pourris. Londres (Paris, Cazin),
1789, 6 part, en un vol. in-18. — 6 figures.
Nous disions tout-à-l'heure que les figures qui
commentent les passages les plus vifs de ces
ouvrages ne sont pas sans mérite, et que ce sont elles
qui font quelquefois accepter des bibliophiles des
productions littéraires peu avouables. N'exagérons
rien cependant; la touche d'Elluin est lourde, sans
entrain , pourrait-on dire, même dans les épreuves de
choix comme celles qui ornent les exemplaires de
M. H*** *. Quant aux dessins de Borel , ils sont non
point spirituellement libres, mais froidement obscènes,
ce qui les place très au-dessous de la suite de Gra-
velot pour Boccace , par exemple , ou de celle de
1 Cohen cite bien souvent la bibliothèque spéciale (on poiurait même
dire exclusive) de M. H*"^*. C'est une petite collection des livres dont
nous parlons ici , très bien choisis du reste au point de vue du biblio-
phile ; leur état et la qualité des épreuves ne laissent rien à désirer,
comme, par exemple, les Liaisons dangereuses de 1T96, avec les dessins
originaux. L'un de ces volumes est revêtu d'une reliure sur les plats
de laquelle ont été fantastiquement groupés des ornements et des sym-
boles qui ne le cèdent en rien aux amulettes de Pompeï , et cela , s'il
vous plaît, en mosaïque. Cette étrange priapée , étant signée en toutes
ELLUIN. 121
Marinier pour la Pucelle, et les fait impitoyablement
écarter de presque toutes les bibliothèques. Un degré
plus bas, nous tomberions immédiatement dans les
ignominies au rabais gravées en 1797 pour Justine et
Juliette ., du marquis de Sade.
François-Rolland Elluin. né à Abbeville le 5 mai
1745 1, était le parent du graveur Beauvarlet, l'une
des gloires de cette ville. Il vint le rejoindre à Paris
et se trouvait encore en 17G9 demeurer chez lui , ainsi
qu'il en est fait mention à l'enterrement de la première
femme de son maître auquel il assistait en qualité d'élève
lettres du nom d'un artiste incomparable , est digne de figurer dans un
musée. . . secret.
La même signature se retrouve sur une reliure de maroquin noir,
doublé de noir : sur ce champ funèbre se déroulent des guirlandes de
fleurs qui semblent attirer un essaim de petits papillons. Mais en regar-
dant de près', vous vous apercevez que fleurs et papillons sont tout
simplement. ... ; n'insistons pas. Vous êtes en présence de la sombre et
méphistophélique création de M. H**''', la i' reliure aux fleurs du mal ' (!)
M. H*** est Anglais.
1 Voici l'acte de naissance , ou mieux de baptême . inédit jusqu'ici ,
d'EUuin , et que M. Delignières , d' Abbeville , nous a gracieusement
communiqué ainsi que d'autres renseignements :
v Paroisse de St-Nicolas en St-Wulfrau.
> Le cinquième de may mil sept cent quarante-cinq , est né sur les
-' neuf heures du matin , et le lendemain a été baptisé par nous prêtre
■1 chanoine de l'église royale de St-Wulfran de la ville d'Abbeville et
■■ curé de la paroisse St-Nicolas , François-Rolland , fils légitime du
•' S"" Claude Hubert Elluin , bourgeois et marchand de cette ditte ville,
• et de délie Monique MoUion, son épouse ; le parrein a été le S"" Rolland
> Elluin , receveur des terres et seigneurie de Dompvast et d'Hallen-
'^ court , son père-grand , et marreine délie Marie Brunet , veuve du
-' S'' Antoine Mollion , aussy bourgeois et marchand , sa mère grande ,
> qui ont signé avec nous le présent acte, — Fait aud. Abbeville, le dit
" jour sixième des dits mois et an. — RoUan Elluin , Marie Brunet
Y^e Mollion , Lavernier p. "
^22 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
et d'ami. Il était donc à bonne école. Maintenant quelle
foi doit-on ajouter à cette histoire lancée par le biblio-
phile Bérard que le jeune EUuin aurait commencé par
être coiffeur et qu'étant très joli garçon, il aurait, tout
en coiffant et récoltant les faveurs que les demi-mon-
daines du temps voulaient bien lui accorder, colporté
nombre d'ouvrages légers ; qu'enfin l'idée lui serait
venue , devant la réussite de ce petit commerce ,
d'en créer de nouveaux et que s'entendant avec Borel,
il aurait, dans ce but, appris la gravure ?
Bien que nous soyons loin de nous porter garants
de la vertu de notre jeune graveur, nous aimons mieux
croire l'histoire apocryphe et admettre qu'il vint à
Paris tout simplement pour apprendre la gravure ,
chez son compatriote Beauvarlet, et qu'il essaya môme
des estampes sérieuses, telles que ia Bergère attentive
d'après Boucher, les Enfants surpris d'après un dessin
de Greuze (se vendait chez Beauvarlet), le Bon ménage.
d'après Letellier , Artémise d'après L. Giordano ,
avant d'être mis en relation avec Borel et l'éditeur
sans scrupules Cazin.
EUuin a dû d'ailleurs être lancé de bonne heure
dans le monde de la galanterie et des théâtres. Une
bonne partie de son œuvre consiste en portraits
d'acteurs et d'actrices. Ces portraits , pour la plupart
de format in-4" . dans des cadres ornés de fleurs
et d'attributs . sont sans grande habileté ni valeur
artistique :
François - René Mole , dans Béverley . d'après
Le Clerc , in-fol. ;
Henri-Louis Lekain . d'après J. Bertaux ;
Jcayi-Louis La Rueite, d'après Le Clerc ;
ELLUIN. 423
Marie-Thérèse Villette , femme La Ruette , de la
Comédie italienne, d'après Le Clerc :
Rosalie Duplant, de l'Académie royale de musique ;
Marie Dumesnil , de la Comédie française , dans le
rôle d'Athalie ;
Angélique Droiiin, femme Préville, de la Comédie
française, d'après le dessin de Simonet, in-fol., en pied.
Elluin ne se bornait pas à graver. Il vendait aussi
des estampes, par exemple, la Belle Union , ovale en
largeur, d'après le dessin de M'" Cheneau (sic) ; aucun
nom de graveur ne s'y trouvant indiqué , on peut
en attribuer l'exécution à Elluin.
L'estampe de Zémire et Azm\ dont la gouache ori-
ginale était d'Ingouf l'aîné et la gravure d'ingouf le
jeune , et qui était dédiée à Madame la marquise de
Montesson, par son très humble serviteur Elluin, se
vendait aussi à Paris chez Elluin , graveur, rwe des
Noyers, 7naison de M. Surrugue la P''^ porte cochère
à droite en entrant par la rue St-Jacqucs.
Rappelons Tassez bonne suite de vignettes pour les
Élégies de Tibulle (Tours et Paris, an 111, 1795; — 11
figures gravées par Elluin d'après son compère Borel ,
et le portrait de Sophie de Ruffci/ pour laquelle Mira-
beau traduisait ces poésies au donjon deVincennes,
où il était enfermé.
On cite encore quelques autres planches d'Elluin
d'après les dessinateurs du genre ultrà-;.;racieux :
Achève ton ouvrage , n'oublie pas la dernière ,
d'après Dugoure ;
L Offrande à fAfnour, du même ;
Un tendre engagement va plus loin quon ne
pense , d'après Charlier ;
124 LES GRAVEURS DU XVIIP SIECLE.
La Tendre Éducation, d'après Garesme :
Quelques portraits : D. L. Mully, oratoiien : Hou—
bigani , prêtre, oratorien ; Louis le Blanc ;
Enfin un petit portrait tort rare de Madame L. M.
C. E. de SioWerg. R. M. B. nnp. 17 apr. 1772, in-8.
La figure est très soigneusement traitée , et le per-
sonnage est des plus intéressants. Louise-Marie-Ca-
roline de Stolberg fut mariée au prétendant Charles-
Eiouard, que la légende du portrait qualifie ici , par
les initiales R. M. B., de roi de la Grande-Bretagne.
Elle prit le nom de Comtesse d'Albany. Cette union ,
disproportionnée comme âge fut malheureuse. Après
la mort de Charles -Edouard, en 1788, la cour de
France fit à sa veuve une pension de 60,000 fr. Elle
mourut à Florence dans sa soixante-douzième année ;
ses mérites ont été célébrés par le poète Alfieri à qui
elle avait voué un attachement durable et dont elle
était parvenue . dit -on. à fixer le cœur volage et in-
domptable.
Elluin . en somme , sauf dan'^ quelques-unes de ses
vignettes erotiques auxquelles il s'est particulièrement
appliqué, comme à un ouvrage qui lui plaisait . n'a été
qu'un graveur fort ordinaire. Bérard assure avon^
connu des gens qui l'avaient rencontré dans les
premières années du siècle, bien cassé et bien usé par
la débauche. Il se retii-a à Abbeville oii il est mort
vers 1810.
FA VANNE (Jacques de).
.-1770
Jacques de Favaiine, fils du peintre Henri de Favanne
qui mourut recteur de l'Académie en 1752 , a gravé
quelques pièces de peu d'importance : les Agréments
de Vètc . VAïïiour paisible, le Galant Jardinier,
d'après Watteau; les Amusements du petil-maître, la
Belle complaisante, d'après Lancret, Làtone demande
vengeance , d'après Lemoyne ; des figui'es pour Télè-
maque d'après Gazes et Souville , et un portrait de
P. /. F. Girard , ancien officier de marine.
Une estampe curieuse signée J. de Favanne inv. et
sculp.. représente les Exercices , tours de force et de
souplesse et autres chez Nicolet. Au son d'un maigre
orchestre et devant un public élégant, des entants
se disloquent à qui mieux mieux . des acrobates se
groupent en pyramide humaine , d'autres exécutent le
saut du tremplin par dessus douze hommes , ou font le
« travail » à cheval en passant dans des cerceaux et
dans des tonneaux : des équilibristes jonglent avec
des chaises , des tables et des échelles. Au haut de
l'estampe, l'ambitieuse devise Nec plus ultra... Et
pourquoi pas, après tout? Fait-on autre chose aujour-
d'hui , à un samedi du Cirque?
FAY
Il a dessiné et gravé . avec assez de propreté . dit
Basai! , plusieurs cahiers de boîtes et autres bijoux
à l'usage des ouvriers de ce genre.
Cahiers d'ornements d'après Prieur . 12 cahiers
de 6 pièces chacun . à Paris, chez Mondhare.
Prieur, dont il est question ici , gravait également
à l'eau-forte ou à la manière du crayon , en 1783 . des
Suites de Vases d'après ses propres dessins. Ces cahiers
composés de 4 pièces sont dédiés au chevaher de
Crussol , brigadier des armées du Roi . par L. Prieur,
ciseleur du Roy, enclos du Temple. Prieur gravait
aussi des Suites de frises et orne/uents.
Mais ceci nous parait être à peine du domaine de
l'art , et il nous semble que nous n'avons pas à nous
occuper de ces travaux industriels, pas plus, par
exemple , que nous ne citons les graveurs en lettres.
FERTÉ (D.-P.-J. Papillon de la).
< 727- 1794.
Voici le plus infortuné type de graveur : le graveur
guillotiné.
Denis-Pierre-Jean Papillon de la Ferté , né à Ghâ-
I on s -sur-Marne en 1727 , fut longtemps intendant des
Menus-Plaisirs du Roi. C'était à la fois un artiste et
un savant , qui fit imprimer des travaux d'une cer-
taine importance : Extraits de différents ouvrages
publiés sur la vie des peintres , 1776 ; Éléments de
géographie et système de Copertiic, 1783; Éléments
d'architecture , de fortificatiotis et de navigation ,
1787 ; Leçons élémentaii'es de mathématiques , 1789.
II fut nommé membre de l'Académie des sciences de
Cliâlons et de la Société des antiquaires de Cassel.
Papillon de la Ferté avait un tout petit talent de
graveur, et son œuvre ne mérite guère qu'on s'y
arrête :
Suite de paysages , de 1756.
Divers paysages gravés par M. de la Ferté. inten-
dant des menus-plaisirs du Roy, 1758, 46 pièces.
Paysages , études d'animaux , etc.
La Fidélité, petite pièce éditée par Martinet.
Vue du petit château de Chois y-le-Roi.
128 LES GRAVEURS DU XYIIl* SIÈCLE.
Vue du Port-Mahon, petite pièce en largeur, dédiée
à Monseigneur le Duc de Fronsac , 1761.
Une grande planche représentant une agglomération
de diverses estampes et de cartes de géographie , de
médailles du règne de Louis XV, de paysages, etc.: tous
ces sujets groupés sur une seule feuille , forment une
planche in-fol. dédiée au roi. Enfin , des Costumes de
théâtre, ce qui n'a rien que de très naturel de la part
d'un intendant des Menus.
Papillon de la Ferté, détenu au Luxembourg et im-
pliqué dans la soi-disant révolte des prisons , fut jugé
par le Tribunal révolutionnaire le 19 messidor an II
(7 juillet 1794). Ce jour-là la fournée fut de soixante
condamnés « convaincus de s'être rendus les ennemis
» du peuple en conspirant contre sa liberté et sa sûreté,
» en provoquant, par la révolte des prisons , l'assas-
» sinat et la dissolution de la représentation nationale,
» etc. » Parmi les compagnons de supplice de l'ancien
intendant des Menus, on remarque Latour du Pin
Ghambly, ex-colonel des grenadiers royaux ; Potier de
Gesvres , ex-duc et pair , d'Hénin , ex-prince , ex-
capitaine des ci-devant gardes de l'infâme d'Artois ;
Nicolaï, premier président de la ci-devant chambre
des compies ; des prêtres, des nobles, des journalistes,
des employés; un épicier de Passy, Royer ; un enfant ,
Basset-La marelle , fils du président du grand conseil,
âgé de dix-huit ans , et une femme, C. S. Bouflers,
ci-devant comtesse , femme de Boisgelin.
Papillon de la Ferté mourait âgé de soixante-sepl
ans. Moreau le jeune a dessiné et gravé , en 1770 ,
son portrait de profil , in-4.
FESSARD (Etienne).
1714-1777.
Élève d'Edme Jeaiirat , Fessard a monlré une cer-
taine facilité , mais sa tendance à s'imposer, ses de-
mandes incessantes, sa prétention de se réserver pour
lui seul la gravure de tous les tableaux du Cabinet du
roi , la sécheresse de son burin , l'entreprise à demi
avortée de ses Fables de La Fontaine, le font jouir
d'un assez piètre renom. Son meilleur ouvrage est
encore son élève Augustin de Saint- Aubin. Mais
c'est une physionomie curieuse à étudier et c'est pour
cela que nous lui consacrons une notice un peu hors
de proportion avec son talent.
Le Ménage savoyard , d'après Pierre , est une
estampe assez mauvaise pour que l'on puisse la sup-
poser de son début , ainsi qu'une pièce un peu vive
d'après Chardin. C'est un jeune valet allumant une
bougie pendant qu'une jolie femme attend , un bâton
de cire d'Espagne à la main :
Hâte-toi donc Frontain , vois ta jeune maîtresse
Sa tendre impatience éclate dans ses yeux
Deux estampes , d'après Bouchardon , dédiées au
comte de Tessin ambassadeur de Suède à Paris, Vénus
<30 LES GRAVEURS DU XVIII^' SIÈCLE.
châtiant V Amour avec des roses , et Vénus retenant
r Amour prêt à s'envoler, gravées à l'eaii-forte par
G*** (le Comte de Caylus), sont terminées au burin
par Etienne Fessard et doivent être rangées dans ses
premières productions ainsi que le Triomphe de Bac-
chus du même Bouchardon. Ases débuts il grave aussi
de nombreuses vignettes.
C'est à partir de 1750 que date le moment de
grande production de Fessard. Citons, d'après Pierre,
Herminie cachée sous les armes de Clorinde (1751) ,
estampe dédiée au duc de Chartres. On trouve des
travaux de lui dans la Galerie de Dresde (1753) : la
Vierge , Saint Jean-Baptiste et Saint François ,
d'après un des plus beaux tableaux du Corrège , une
Vierge et Enfant-Jésus, d'après Titien , et d'autres
planches d'après Féti et Scarcello. Mais ce qu'il a fait
de plus considérable est la reproduction en gravure des
Peintures de la chapelle de r Hospice des Enfants-
T7^ouvés de Paris , d'après Natoire , en 15 planches
qu'il exécuta de 1752 à 1759 , et qui sont importantes
au moins par leur dimension.
Ces divers travaux firent agréer Fessard à l'Aca-
démie le 26 mai 1753. Il fut chargé de graver pour sa
réception les portraits de Galloche et de Restent, qu'il
n'exécuta vraisemblablement pas, car nous n'en décou-
vrons aucune trace, et ne fut jamais reçu académicien.
Fessard est une nature de courtisan. Il sait se glisser
auprès des grands et se faire bien venir de ceux qui
peuvent lui être utiles. Il dédie une planche d'après
Bouchei- , des Bergers à la fontaine , au comte de
Villeneuve-Vence (1756), une Allégorie marithne, au
duc de Mortemart {chez Fessard , rue aux Fers , à
FESSARI) ^Etienne). 131
la couronné). Mais il se faufile surtout auprès du
marquis de Marigny et de sa sœur la marquise de
Porapadour, grands distributeurs tous deux de com-
mandes et de faveurs royales. N'est-ce pas un fait
tristement caractéristique , de voir des artistes de
valeur se mettre à trois pour faire le portrait des
petites chiennes de la favorite, Inès et Mimi, sous les
noms de la Fidélité et de la Constance (1755) , Huefc
pour les peindre , Fessard et Augustin de Saint-Aubin
pour les graver ?
Au moins , pour les peintures du salon du château
de Bellevue , la flatterie est d'un ordre plus relevé.
Cai'le Van Loo fut chargé de décorer les trumeaux de
cette résidence et choisit des allégories d'enfants pour
représenter les Beaux-Arts. La Peinture est une petite
fille relevant ses voiles pendant qu'un autre enfant
s'occupe à la peindre. Dans la Sculpture, un tout
jeune sculpteur termine le buste de Louis XV. Des
enfants déploient une vue du château dans f Archi-
tecture, et la jeune musicienne qui est au clavecin
nous montre dans la Musique le profil de la belle
marquise. La châtelaine résolut de multiplier ces
peintures en les faisant graver par Fessard , qui s'est
convenablement acquitté de cet ouvrage (1756).
Un peu plus tard Fessard gravait V Amour désay^mè
par Vénus d'après Boucher, en le dédiant encore à
Madame de Pompadour. Se croyant alors en droit de
prétendre à tout, il ne demandait rien moins au marquis
de Marigny que d'obtenu' le privilège pour lui seul de
graver les tableaux du Cabinet du roi. Si l'idée était
bonne et ne pouvait manquer de servir à la réputation
et aux intérêts de Fessard , la demande était osée.
432 LES GRAVEURS DU XVIII^^ SIÈCLE.
Ces peintures en effet, choisies entre toutes pour leur
mérite et leur beauté , formaient , sans compter les
nombreuses acquisitions nouvelles , ce qu'on appelait
la collection de Louis XIV. Jusqu'alors les directeurs
des bâtiments n'avaient accordé que rarement l'auto-
risation de les graver et toujours à des artistes d'un
mérite reconnu, tant à cause des risques que le prêt
pouvait leur faire subir, qu'afin de ne pas en priver le
roi et de ne pas donner lieu à de médiocres inter-
prétations.
M. de Marigny donc , devant les sollicitations inces-
santes de Fessard , priait Cocliin , son inspirateur et
son conseil habituel , de lui donner son avis sur le
talent du graveur et sur l'opportunité qu'il y aurait à
lui accorder sa demande. Cochin lui répondait fort
sensément le 6 juillet 175G, en ces termes qui nous
donneront la mesure exacte de l'estime dont Fessard
iouissait auprès de ses confrères :
« Monsieur , on ne peut qu'applaudir à la beauté du
» projet de M"" Fessard et souhaitter que ses talents y
» puissent répondre.... Je crois cependant , Monsieur,
» qu'il est nécessaire de mettre quelque restriction à
» la vaste étendue de son projet , afin de ne point dé-
» courager les graveurs d'un talent distingué en leur
» donnant lieu de croire que vous leur préférés un
» artiste qu'ils regardent comme d'un talent inférieur
» au leur. Ils ont toujours été persuadés que c'étoit
» une grâce très difficile à obtenir que celle d'era-
» prunter les tableaux du Roy, et il est certain que
» les plus capables auroient souvent demandé cette
» faveur, s'ils avoient cru pouvoir l'espérer. Il est
» vray que pour la gloire du cabinet du Roy et pour
FESSARl) Etienne I. 433
» ravaiicement de l'art de la gravure (qui' est porté
» beaucoup plus loin en France qu'en aucun autre
» pays) , il seroit à souhaiter que vous accordassiés
» cette grâce aux gens de méritte qui pourroient
» vous la demander et qui justifieroieiit de leur
» capacité en vous présentant de leurs ouvrages qui
» vous parussent dignes de cet honneur.
» C'est pourquoy je crois , Monsieur, que s'il vous
» plaist de lui accorder cette grâce, il est bon que ce
» ne soit d'abord que pour un très petit nombre de
» tableaux , vous réservant de lui continuer cette
» faveur si les ouvrages qu'il produira en ce genre
» ont le bonheur de vous être agréables. Qu'en même
» temps pour ne point mortifier ceux qui peuvent
» prétendre avec justice à plus de capacité que lui,
» vous déclariés publiquement que ce n'est point un
» privilège exclusif que vous lui accordés , et que
» vous estes disposé à faire la même grâce à tout autre
» graveur qui s'en montrera plus , ou au moins égale-
» ment digne.
» J'ajouteray que lorsque dans les tableaux du Boy,
» il se trouvera quelque tableau de peintre actuelk;-
» ment vivant , M'' Fessard ou tout autre graveur sera
» préallablement muni d'un plein consentement du
» peintre qui aura fait l'original. 11 est juste qu'un au-
» teur ne soit traduit que par l'artiste qui lui parois t
» convenable. Cet inconvénient s'est trouvé lorsque
» M"" Fessard a obtenu de graver les tableaux de Belle-
» viie sans le consentement des auteurs, qui souhai-
» toient de les voir exécuter par des graveurs en qui
» ils avoient plus de confiance. C'est ce qui a fait
» tomber ce projet par la répugnance qu'ils ont eu à
134 LES GRAVEURS DU XYIIIt^ SIÈCLE.
» conduire des ouvrages dont ils n'espéroient pas de
» satisfaction. La même chose seroit encore arrivée
» si vous eussiés accordé le consentement pour ceux
» de M'' Vernet qui auroit manqué de confiance dans
» les talents du graveur. D'ailleurs si cette permission
» se peut obtenir , M'' Vernet étoit dans le dessein de
» vous la demander quelque jour, pour les faire gra-
» ver en s'associant avec les plus habiles graveurs
» qu'il pourroit trouver. J'aurois bien souhaitté de
» pouvoir vous faire un plus grand éloge de M''Fessard
» qui a cependant du talent , mais les talents sont
» grands ou moindres par comparaison. Je vous dois
» la vérité et la justice dans l'apprétiation de leur
» valeur relative. C'est la mesure de la considération
» qui leur est diie. Je suis avec un profond respect...
» etc. Cochin.* »
Tous les termes de cette lettre portent et ne sont
pas précisément à l'éloge de Fessard. Ainsi pour les
peintures du château de Bellevue , il avait obtenu de
les graver sans l'aveu de Carie Van Loo qui aurait
préféré un autre interprète. Enfin notre artiste aurait
cherché à se faire donner à graver la série des Ports
de France de Vernet. Mais Cochin qui avait déjà jeté
son dévolu sur ce travail , veillait au grain , heureuse-
ment pour nous, car il vaut mieux avoir eu cette série
par Le Bas et Cochin que par Fessard.
Le directeur des bâtiments suivit le conseil qui lui
était donné et n'octroya qu'avec prudence l'autorisation
solhcitée. Il lui permit de graver la Ker -messe ou
Fête flamande par Rubens, grande planche pleine de
1 Cette lettre , acquise à la vente Benjamin Fillon , fait partie de la
collection de ^L Portails.
FESSAKD (ETIENNE;. 435
inouveiiient que le graveur dédia naturellement au
roi ; il fit faire l'eau-forte en 1759 par son élève Sainl-
Aubin , et ne la termina au burin qu'en 1762.
Pour le consoler apparemment , Marigny lui avait
donné à graver un tableau de sa propre collection ,
Jupiter elAnthiope de Carie Yan Loo. On peut penser
si le graveur s'y appliqua. 11 grava vers la même
époque, la Musique champêtre deLancret, le Bal de
Saint-Cloud , d'après Lavallée - Poussin ; la bonne
société y allait alors danser et se divertir, ce qui est
un peu diftérent de la fête actuelle. 11 dédia la pièce,
assez jolie, au jeune duc de Chartres, qui se montrait
déjà le grand amateur de fêtes et de spectacles qu'il
devait être par la suite.
Plaçons ici les grandes planches que notre graveui-
exécuta d'après les tableaux mythologiques de Jean-
François de Troy. Jupiter et Léda, Jupiter et Calisto,
et la Naissance de Vénus, ainsi que sa Lumière du
7nonde ou Adoration des bergers, tableau religieux de
Boucher, que le graveur présenta à l'Académie en 1761 .
Fessard eut souvent des démêlés avec ses contem-
porains. Wille rapporte en 1760 qu'il avait été demandé
au grand conseil , en compagnie de Gochin , pour
estimer un portrait du roi commandé à Fessard par
un pariicidier, qui était en procès avec lui. Une autre
fois , Fessard plaide contre l'habile orfèvre Germain .
l'auteur des fameux chandeliers d'or de Louis XV.
pour des épreuves d'eau-forle qu'il prétend garder,
(^iette fois l'Académie semble donner raison à son agréé
ainsi qu'on en jugera par ce passage de ses procès-
verbaux :
« 24 juillet 1761. Sur ce qui a été exposé à l'Aca-
136 LES GRAVEURS DU XVIII'' SIECLE.
» demie que le s"" Fessard graveur, l'un des agréés en
» icelle , est en procès au grand conseil avec le
» s"" Germain orfèvre du Roy, le quel prétend l'obliger
» à lui rendre deux épreuves à l'eau-forte de deux
» planches gravées d'après les desseins du feu s'' Ger-
» main son père, que le s"" Fessard avoit commencées ,
» et ce au préjudice du droit qu'ont les graveurs de
» conserver non-seulement leurs épreuves d'eau-forte
» mais même un nombre de celles qu'ils tirent de
» leurs planches lorsqu'elles sont achevées , et que
» le dit s'" Fessard requiert l'Académie de vouloir
» bien certifier l'usage à cet égard , l'Académie , la
» matière mise en délibération, atteste que l'usage
» établi de tout temps est que les épreuves qui se
» tirent dans le courant de l'ouvrage et notamment
» la première ébauche que l'on nomme eau-forie , ne
» sont jamais remises au propriétaire de la planche à
» moins qu'il n'y ait une convention expresse du con-
» traire , ces sortes d'épreuves étant informes et
» pouvant exposer la réputation de l'auteur.
» L'Académie atteste en outre que les graveurs
» sont eu droit de retenir et conserver un nombre
» modéré d'épreuves de la planche lorsqu'elle est
» achevée et ce jusqu'à concurrence de douze dans
» l'usage ordinaire ; et même de plus lorsque l'ou-
» vrage n'est pas de grande conséquence à moins
» qu'il n'y ait pareillement convention à ce contraire
» sans néanmoins que les dits graveurs puissent tirer
» aucun profit des dittes épreuves, mais pour pouvoii'
» les montrer ou donner, soit aux artistes dont le
» suffrage établit leur réputation, soit à ceux qui sont
» à portée d'employer leurs talents. »
FESSARD (Etienne). -137
Cependant notre graveur, avec sa personnalité
remuante, n'avait pas abandonné son idée de graver
les tableaux du roi qui pouvaient lui plaire et accablait
de demandes le directeur des bâtiments. Il lui écrivait
au mois d'août 1763, pour lui demander un tableau
de Le Moine.
M. de Marigny chercJiant à échapper à cet importun
lui répondait le 13 du même mois :
« J'ay reçu votre lettre , du 3 de ce mois, M', par
» laquelle vous me demandés un ordre pour vous
» faire délivrer le tableau de la Continence de Scipion
» par M"" Le Moyne. Je suis .fâché de ne pouvoir
>-> satisfaire à votre demande , j'avois pris des engage-
» ments avec M'' Cars son élève et qui est en posses-
» sion de graver de préférence ses ouvrages. Choi-
» sissés d'autres sujets etje me porteray très volontiers
» à vous les confier. »
Fessard ne se tient pas pour battu. 11 veut graver
du Le Moine et s'adresse de nouveau quelques années
plus tard au marquis ; celui-ci lui répondait encore
par une sorte de fin de non-recevoir le 21 juin 1768 :
« J'ay reçu , M', la lettre par laquelle vous me
» rappelés la demande que vous m'aviés déjà faite
» d'autoriser M' Jeaurat à vous prêter le tableau de
» r Apothéose d'Hercule par M' Le Moyne . pour le
» graver. J'y trouve plusieurs inconvéniens qui ne
» me permettent point d'y consentir. 11 ne m'est pas
» possible de priver d'un morceau si précieux le
» Cabinet du Roy , pendant un temps aussi considé-
» rable que celuy qu'exigeroit l'ouvrage que vous
» vous proposés et d'ailleurs ce tableau est à bien
» des égards différent du plafond tel qu'il a été
138 LES GRAVEURS DU XYIIP" SIECLE.
» peint par IVf Le Moyne au salon d'Hercule en sorte
» que sa gravure ne feroit que donner au public une
» idée fausse de ce plafond tel qu'il existe. Si néan-
» moins votre dessein n'étoit de donner cet ouvrage
» que comme une première idée de ce plafond , je
» consentirai volontiers à la gravure que vous voulés
» en faire , mais à condition que vous viendrés en
» faire le dessein au Cabinet du Roy, ou M"" Jeaurat
» aura ordre de vous donner les facilités conve-
» nables. ^ •»
Toujours à la recherche d'affaires lucratives. Fessard
avait imaginé de publier une nouvelle édition des
Fables de La Fontaine , entièrement gravée , texte
et vignettes. Il s'était adressé à cet eff'et à un certain
nombre d'artistes recommandables . mais comme il
les payait très bon marché , les Monnet , les Louther-
bourg et les Saint-Quentin lui en donnèrent pour son
argent . et ce qu'il y a de mieux réussi dans ce livre
en définitive, c'est le texte qui a été gravé par Drouet,
très habile graveui- de lettres. Quant à la gravure
des planches, une figure et un cul-de-lampe par fable ,
elle est entièrement de la main de Fessard et fort
médiocre. Elle est faite sans charme , d'une manière
expéditive, peu consciencieuse, et l'on sent que le
graveur avait hâte d'en finir et à'aUraper, comme
l'écrivait Grimm, ses contemporains.
Aussi ne néghgeait-il pas la publicité, et voici un
extrait du curieux prospectus qu'il distribuait pour
réchauffer la ferveur des amateurs : « La souscription
» est l'ouvrage de l'amateur zélé pour la gloire de sa
f Correspondance du Directeur des Bâtiments; (Archives nationales,.
FESSARD (Etienne). 139
» patrie ; elle doit son origine au généreux dessein
» qu'il a conçu de mettre un homme qui n'a que des
» talens, seuls caractères du véritable artiste, en état
» par ce moyen de faire et de porter à leur exécution
» parfaite des entreprises dignes de sa nation.
» .... La modicité du prix plus encore que la difti-
» culte de l'entreprise a fait dire qu'il n'étoit pas
» possible que j'en vinsse à mon honneur. Ce reproche
» ne peut que me faire plaisir. J'aime mieux qu'on me
» sache gré d'avoir mis mon ouvrage à un prix où
» tout le monde peut atteindre que de le voir confondu
» avec ceux dont souvent le prix énorme fait toute
» la beauté.
» On payera 96 liv. en totahté... quant aux per-
» sonnes qui attendront la fin de l'ouvrage elles
» payeront 144 livres. Je désirerois de tout mon
» cœur pouvoir tenir mes premières promesses , mais
» des motifs trop louables m'en empêchent et me for-
x> cent à cette augmentation. I/empressement du
» public à se procurer mon ouvrage m'a fait naître
» l'idée par pure reconnaissance d'y apporter plus de
» soin s'il était possible et de le rendre en un mot
» plus parfait en tout point. J'ose me flatter d'y avoir
» réussit ...>■>
La postérité n'a pas ratifié le jugement trop favorable
dont l'auteur se favorisait, et les vrais amateurs
n'acceptent l'ouvrage du graveur que lorsqu'une
élégante reliure de Derôme vient lui donner ce qu'on
pourrait appeler un mérite extrinsèque. Quoi qu'il en
soit , il commença à paraître en 1765 , illustré par
Monnet , Loutherbourg , Le Prince , Huet et Ph .
Caresme pour les premiers volumes, et se termina en
140 LES GRAVEURS DU XVIII« SIECLE.
1775 par un sixième volume avec figures de Bardin.
Fessard ne dut pas faire une mauvaise afiaire ; nous
voyons même par le document suivant daté du 20
novembre 1774 , qu'il recevait du roi , pour chaque
volume de ses Fables dédiées aux Enfants de France,
une gratification de six cents livres :
« Le s"" Fessard graveur ordinaire du Cabinet du Roy
» a entrepris de graver les Fables de La Fontaine
» avec des estampes en 6 volumes in -8. Il en a donné
» 5 volumes au public , le sixième est sur le point de
» paroître. Il est dans l'usage de présenter un exem-
» plaire de chaque volume aux princes et princesses
» de la famille Royale , on lui a payé en conséquence
» à titre d'indemnité une somme de six cents livres
» sur le trésor royal lors de la distribution de chacun
» des 5 premiers volumes. Il supplie Sa Majesté de lui
» accorder la même somme de six cents livres pour
» le sixième et dernier volume qu'il va présenter * . »
Et Louis XVI eut la bienveillance d'accorder la de-
mande et de mettre le mot « bon » de sa main.
Cependant à force de quémander, de dédier et de
se remuer, le graveur des Fables de La Fontaine avait
réussi à obtenir quelques places et quelques récom-
penses. Il avait été nommé graveur de la bibliothèque
du roi 2 : il était aussi de l'Académie de Parme. Enfin
en sa qualité d'agréé à l'Académie, il avait la faculté
1 Cette pièce fait partie de la collection de M. Portails.
2 Suivant Cochin ( Mémoires inédits ) , le graveur Fessard était l'un
des favoris du comte de Caylus : - Par l'ascendant qu'il avoit sur
- M'' Bignon garde de la Bibliothèque du Roy, il y fit créer une place
•< de graveur. Tous ses confrères rirent du choix de Fessard à cause de
- la médiocrité connue du personnage, et M"" de Caylus lui-même n'éloit
FESSARD (ETIENNE). 144
de figurer aux salons qu'elle organisait pour y expo-
ser les travaux de ses membres , mais non pas cepen-
dant sans subir une sorte d'examen d'un comité avant
d"y être admis. Il faut croire que ce que présentait
Fessard était bien mauvais (ses Fables de La Fontaine
peut-être) et que ses collègues étaient bien exaspérés
contre lui, car il avait été refusé. Grande colère du
graveur ! Il écrit aussitôt au directeur des bâtiments,
qui avait la haute main sur l'Académie.
M. de Marigny lui répondait, le 20 septembre 1771 :
« L'usage a toujours été , Monsieur, que les ouvra-
» ges présentés par les académiciens pour le Sallon
» n'y fussent exposés qu'ensuite du jugement rlu
» comité nommé pour les examiner. Il est fâcheux
» pour vous qu'il ne vous ait pas été favorable , mais
» je n'ai pas jugé à propos de déroger deux fois de
» suite et en faveur de la même personne à une règle
» si sagement établie n'ayant surtout point devant les
» yeux les pièces de comparaison pour juger si le
» comité a été trop sévère ou partial envers eux.
» Vous m'annoncez que vous allez donner votre
» démission de la place de dessinateur et graveur de
» la bibliothèque du Roy pour ne tenir plus qu'à moy.
» Vous avez tort si cette place vous est avantageuse.
» Je n'ai jamais trouvé mauvais qu'un artiste occupât
» (les places relatives aux arts quoique étrangères aux
» Bâtimens du Roy et ce sacrifice que vous ferés de
>i point assés ignorant pour lui croire des talens el pour ne pas sentir
' que si , par malheur, il étoit besoin d'entretenir quelque planche usée
" du Cabinet du Roy, le pauvre Fessard ne pouvoit que la gâter davan-
■> toge, mais c'etoit son protégé qui avoit toujours été à ses ordres. Il
> faloit qu'on aperçut son crédit, 'i
142 LES GRAVEURS DU XVIII'' SIÈCLE
» cette place, ne multipliera point les occasions qui ne
» se sont pas encore présentées de remplir vos vues
» pour un logement. * »
Pour les portraits, Fessard avait aussi la prétention
de les graver, et cela mieux que personne, mais il eut
encore des déboires à ce sujet. Il ne fallait pas être
grand clerc pour satisfaire Odieuvre , pour l'officine
duquel il a fait un certain nombre de planches, mais il
s'attira à propos d'un certain portrait de Voltaire qu'il
désirait exécuter le désagrément , que la lettre suivante
explique , de se voir préférer un confrère. Il écrit au
grand homme , encore jeune alors, pour se plaindre :
« A Monsieur de Voltaire, à Vassy (Champagne).
» A peine ai-je sçeu graver , Monsieur , que mon
» ambition a été d'avoir l'honneur de faire votre
» portrait ; ce désir qui s'est toujours nouri , m'avoit
» fait trouver les moyens de conoître Monsieur l'abbé
» Moussinot. Enfin sans entrer dans un détail plus
» long , j'étois parvenu au point heureux après lequel
» j'aspirois depuis si longtemps : Il étoit décidé que
» j'aurois l'honneur de vous graver votre portrait
» original, et j'étois party comme vous le scavés
» mieux que personne dans cette intention. Je m'en
» étois fait une fête parmy tous mes amis ; je l'avois
» annoncé , il me sembloit même que je ne pouvois
» pas échouer dans cette noble entreprise ; j'avois
» trop d'inclination pour y être malheureux. Sur ce
» tondement j'avois même avancé à Monsieur Mous-
» sinot que si le portrait n'étoit pas au point où on
* devoit le désirer , que je n'en demandois rien et
1 Correspondance du Directeur des Bâtiments (Archives nationales)
FESSARD (Etienne). 143
» même j'avois ajouté que je ne voulois dans cette
» illustre occasion travailler que pour l'honneur.
> J'étois, je le répète , au comble de la joye ; mais
» qu'elle est suivie d'amertume et de chagrin ! J'ap-
» prens . Monsieur, par Monsieur de La Tour, qu'on a
» changé d'idée sur mon compte et qu'on veut donner
» le portrait désiré depuis si longtemps à graver à
» un autre. Je m'adresse à vous, Monsieur, je suis au
» désespoir si on me fait cette injustice après une
» parolle donnée et l'avoir publié à tout le monde ;
» que dii'a le public , ne pensera-t'on pas que je n'en
» étois pas digne ou mes ennemis ne diront-ils pas
» que j'ay manqué ce portrait ; mais s'il est décidé
» absolument par envie ou pour l'aire plaisir à un
» autre que je n'auray pas eu l'honneur, du moins
» ordonnés, Monsieur, que j'y travaille aussy, cela se
» peut sans déranger les projets arrêtés en permet-
» tant que je le fasse pour compte , de la grandeur
» des hommes illustres de M*" Perault. Le public y
» trouvera son compte parce qu'il y a beaucoup de
» personnes qui seroient ravies de l'avoir de manière
» à pouvoir l'encadrer dans leurs cabinets. Pardonnes,
» Monsieur, si je m'adresse à vous, sans avoir l'hon-
» neur d'être connu de vous, mais votre réputation de
» bonté et de politesse pour les artistes m'ont donné
» cette confiance. J'ai l'honneur — Fessard.
» De Paris ce 30 aoust 1735.
» Mon adresse est rue St-Denis au grand St-Louis ,
» chez un miroitier près du Sépulchre à Paris. * »
Quel insupportable quémandeur que ce Fessard !
^ Cette lettre inédite nous a été communiquée par M. J. J. Guiffrey.
U4 LES GRAVEURS DU XVIIF SIÈCLE.
En résumé, Etienne Fessard est un graveur qui a
beaucoup travaillé, beaucoup intrigué, qui s'est beau-
coup remué et a fait souvent parler de lui , mais
d'un talent fort inférieur à son ambition et à ses
prétentions.
11 mourut le 1" mai 1777.
ESTAMPES.
1. L'Amour désarmé, dédié à Madame de Pompadour , —
L'Amour vendangeur; 2 p. d'après Boucher, Hôl ; in-foL
2. LA LUMIÈRE Dl' MOxNDE (la Nativité), d'après Boucher,
nei; in-fol.
C'est une des bonnes pièces de Fessard. Le tableau a figuré à la vente de
Madame de Pompadour. — 722 livres.
3. Les Bergers a la fontaine, n56 , — L'Aimable Vil-
lageoise; 2 p. in-foL
4 . Baigneuse , étude dessinée par Boucher et gravée par Fessard en
1759; iu-fol.
5. Vénus quittée par l'Amour, — Vénus fouettant l'Amour; 2 p. in-fol.
d'après Bouchardon ; les eaux-fortes par Caylus.
G. Le Triomphe d'Amphitrite, — le Triomphe de Bacchus ; 2 p. in-fol.
en largeur d'après Bouchardon ; les eaux-fortes par Caylus.
1. Dame cachetant une lettre d'après Chardin ; in-4.
8. Chien en arrest , d'après Huet ; in-4 en largeur.
9. La Constance , portrait de Mimi , chien de la Marquise de Pompa-
dour, 1758 ; grand in-4 en largeur. — La Fidélité, portrait d'Inès,
gravé à l'eau-forte par Fessard, 1*755, terminé par A. de St-Aubin,
son élève, 1756 ; 2 p. dédiées à Madame de Pompadour.
10. Hercule et Omphale , — Acis et Galathée ; 2 p. d'après Jeaurat.
FESSARD (Etienne). 445
11. Le Chant, — la Tourterelle, 2 p. d'après La^renée ; in-fol.
12. Musique champêtre, d'après Lancret ; in-fol.
13. Psyché abandonnée par l'Amour, d'après Le Moine ; in fol. L'eau-
forte par Fessard , terminée par A. de St-Aubin.
14. Amphitrite, d'après Natoire, \15l.
15. PEINTURES DE LA CHAPELLE DES ENFANTS-
TROUVÉS DE PARIS, d'après Natoire, en 15 grandes
pièces , outre la vue perspective de la chapelle d'après le dessin
d'Aug. de St-Aubin.
C'est ce que Fessard a fait de plus considérahle.
16. La Comédie, pièce en largeur d'après Nattier.
n. Jupiter et Léda , d'après Pierre ; in-fol.
18. Herminie cachée sous les armes de Clorinde, d'après Pierre ; in-fol.
19. La Bergère, d'après Pierre.
20. Le Ménage savoyard , d'après Pierre.
21. Bal de Si-Cloud, dédié à Monseigneur le Duc de Chartres ,
d'après S. Poussin. — St. Fessard sculp. 1760 ; in-fol. en largeur.
22. Vénus embrassant l'Amour, d'après Trémolières ; in-4 en largeur.
23. La Naissance de Vénus, d'après de Troy ; grand in-fol.
24. Jupiter et Léda, — Jupiter et Calisto ; 2 p. d'après de Troy ; in-fol.
en largeur.
25. Jupiter et Antiope, d'après Carie Van Loo.
2(3. L'Architecture, — La Peinture. — La Sculpture,
— La Musique ; 4 p. in-fol. carré, dédiées à Madame de Pom-
padour, dame du Palais de la Reine. — D'après C. Van Loo.
La Sculpture représente le buste de Louis XV.
2'7. Les Enfants de Bacchus , d'après Watteau.
28. Un baiser ou ta rose! — Quoi pas même la main?; 2 p. d'après
"Watteau ; in-fol.
II 10
ne LES GRAVEURS DU XYIIP SIÈCLE.
29. Médaillon épithalame dédié à Monseigneur le Dauphin par A. Go-
mond , gravé par Fessard, 1745; in-8 rond.
SO. Pièce commémorative de la préservation de la vie de Louis XV le
5 janvier 1757, d'après Gautier ; in- fol.
31. Constitution , Doctrines et Morale des Jésuites , dénoncées au Par-
lement le 17 avril et 8 juillet 1761 , allégorie d'api'ès Gautier
','Ghauvelin devant le portrait de Louis XV) ; in-fol. en largeur.
32. Copie d'une Thèse soutenue en 1683 par Gharle de Noyelle, jésuite.
33. L'Iutériem- de l'église St-Sulpice , d'après les dessins de Laurent et
de Servandoni.
La Feste flamande , d'après Rubens, in-fol. en largeur, est une des bonnes
pièces de Fessard; l'eau-forte est signée St. Fessard aqua-forti ly^g. A. de St-A.
et doit être attribuée à A. de Saint-Aubin.
Citons encore les Ouvriers et le Maître de la vigne, d'après Rembrandt, 1767,
différentes pièces pour la Galerie Je Dresde et le Cabinet Crozat. — Une gravure
de Diane et Actéon, d'après J. Bassan , tirée du Cabinet Crozat, et que le manuel
a'Huber donne comme une des meilleures estampes de Fessard , nous paraît au
contraire être une de ses plus mauvaises; les chairs y sont traitées d'une façon
on ne peut plus maladroite et désagréable.
PORTRAITS.
34. Chatelet (Madame duj; in-8.
Cest ainsi que la vérité
Pour mieux établir sa puissance,
A pris les traits de la beauté
Et les grâces de l'éloquence.
Moins bien gravé et moins flatté que celui gravé parLanglois, mais rappelant
oien mieux le fameux portrait de Madame du C^hâtelet écrit par Madame du
Deffand : « Représentez-vous une femme grande et sèche , sans col , sans
» hanches , la poitrine étroite , doux petits t arrivant de fort loin , de gros
» bras, de grosses jambes , des pieds énormes , une très petite tête, le visage
» aigu , le nez pointu . . . voilà la figure de la belle Emilie. »
35. ChoisEUL (leDucde), assis à son bureau , d'après L. M. Vanloo,
1770; in-fol.
36. CoNDÉ ( le Prince de ) , médaillon dans un eu-tête de page pour
Collection académique présentée à Monseigneur le Prince de
Condé, 1755.
FESRARD (Etienne). ' 147
•^1. Cromoï nu Bourg; in-fol.
:^8. Louis XV, vignette-frontispice d'après Blakey ; in-4.
La statue du Roi , debout sur un piédestal au milieu d'une campagne, est
entourée de paysans qui semblent célébrer les bienfaits du Roi. Lud. XY. P. P.
ulil.publ. undique prospicieiUi. L"eau-forte pure, sur laquelle la tête du roi porte
une couronne, peut être attribuée à Saint- Aubin.
39. Lussan (Marguerite de), HSS ; in-8.
Après avoir acquis le secret et la gloire
De rendre utile des romans,
Elle va semer d'agréments
Les grandes vérilez que renferme l'histoire.
40. Luynes (^ Paul d'Albert , Cardinal de ) , d'après La tinville , 1756;
in-fol.
Le premier état est avant la transformation de la croix pastorale en croix du
Saint-Esprit.
41. Seine (Catherine de), épouse du S'' Dufresue, née à Paris, d'après
Aved. Elle est appuyée sur un coussin et tient un petit chien dans
ses bras. (Rare.)
42. Argeuson (René deVoyerd'); in-4. — Bougainville ( P. de ) ,
de l'Académie française , profil d'après Cochin; in-4. — Ccste
(Effigies Pétri); in-8. — Dunois (le Comte de), en pied,
d'après Carmontelle ; in-4. — Floncel (Albert-François) ; in-12.
— Le Thieullier, médecin ; in-8. — Malherbe; in-8. — Marin,
censeur royal, d'après Cochin; in-4. — Mirabeau, l'ami des
hommes, d'après Vanloo , nôQ ; in-4. — Mouhy (Charles de
Fieux, chevalier de) ; in-8. — Penthièvre (le Duc de), par Fessard
et Saint- Aubin ; in-fol. — Peyssonnel , docteur en médecine ; in-8.
— Saint-Florentin (le Comte de), En vain un monstre affreux...,
allégorie d'après Achard ; in-fol. — Veny (Madame de), religieuse,
par Fessard et Saint-Aubin , 1756.
43. Portrait d'homme (Benoît II Audran ? ) , d'après Joshua Reyuold ,
1752; in-fol.
44. Portraits pour la collection d'Odieuvre : Hamilton , Madame de La
Fayette , Hortense Mancini , Marguerite de Valois , Marie de
Médicis, Henri de Montmorency, etc.
<i8 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
VIGNETTES.
I. DAPRES GOGHIN.
45. Salluste, Paris. David, 1142, in-12.
3 figures par Cochin, 1 fleuron sur le titre et 3 fleurons par Pierre.
46. Cornélius Nepos , Paris, David , in-12.
Frontispice d'après Cochin, fleuron de titre , en-tête, cuis-de-lampe d'après
Pierre et Mathey.
il. La Mérope française , n44 , in-8.
Une figure.
48. La Henriade, 1146 , in-12.
Fleuron du titre et vignette du I*'' chant , qui représente le héros assis , cou-
ronné par la Victoire.
49. Le Sopha, conte, l'746, in-12.
Deux petits fleurons d'amours coiffés avec des turbans.
ûO. Vignettes pour les Œuvres de Houdart de La Motle, 1146, in-12.
51. Fleurons pour les Œuvres de Mad'ne et de 3/e"« Deshoulières, 2 vol.
in-12, 1747.
52. Frontispice potir Nocrion, conte allobroge, 1747 , in-8.
53. Œuvres de Grécourt , 1747, in-8.
Fleurons des titres d'après Cochin, et très-joli frontispice d'après Eisen,
représentant l'Auteur et les trois Grâces.
54. Contes de La Fontaine, 2 vol. in-8, 1743, 1744 ou 1745.
En-têtes par Cochin , gravés par Chedel, Fessard et Ravenet. Frontispice de
rédition de 1745, gravé par Fessard.
55. Annonces et Affiches de Paris, fi-ontispice in-8.
56. YigneltesTpom- la Manière de graver à l'eau-forte, de Bosse, 1745.
II. d'après gravelot.
57. Vignettes pour Tnm Jones, 1750, in-8.
FESSARD (ÉTiENNEj. U9
58. Les Caractères de Théophraste, 1769, in-12.
Deux en-têtes et deux culs-de-latnpe.
59. Œuvres diverses de M. L. F. (Le Franc de Pompignan).
Vignettes d'après Gravelot et Clavareau.
m. d'après divers.
60. Les Femmes militaires, relation historique d'une ite nouvellement
découverte par C D. (Rustaing de Saint-Jory) , n35, in-12.
Six figures par Riquard et Sixe, gravées par Fessard.
61. Le Fat puni, 1738, ia-8.
Fleuron de titre et figure d'après Trémolières.
62. Études prises dans le bas peuple ou cris de Paris, 1738-46, in-4.
35 figures des.?inées par Bouchardon et gravées à l'eau-forte par Fessard.
63. Frontispice d'après Coypel pour les Fables de Phèdre, Cousteiier,
1742, in-12.
64. Frontispice d'après Bernard Picart pour les Fables de La Fontaine,
1743, 2 vol. in-12.
65. Frontispices, fleurons et vignettes d'après Durand , pour les Prin-
cipes de Philosophie morale, de Shaftesbury, Amsterdam, 174
in-12.
66. Fleuron d'après Eisen pour V Essai de philosophie morale, de Mau-
pertuis, 1746.
07. Fables de L.i Fontaine, Paris, 1746, 2 vol. in-12.
Frontispice par Cochin , gravé par Fessard , 2 fleurons sur les titres , par
de Sève, 1 éousson et 245 vignettes à mi-page, — mauvaises pour la plupart, dit
Cohen, — par F. C. et de Sève, gravées par Fessard.
68. OEUVRES DE 3I0LIÈRE, Paris, Compagnie des Libraires, 1719,
8 vol. petit in-12.
Portrait d'après Mignard et 32 figures d'après Boucher, gravés par Fessard.
Cette édition n'est pas estimée.
69. Frontispice, fleuron et vignettes d'après de Sève , pour Théorie des:
sentiments agréables, Paris, 1749, in-8.
50 LES GRAVEURS DU XVIIF SIÈCLE.
"70. Titres, frontispices et vignettes pour les Œuvres de Remond de
Saint-Mars, Amsterdam , 1749, 5 vol. in-12.
Tl. Titre pour Lettres de Nadim Coggia, par PouUain de Saint-Foix ,
1750, in-12.
12. Figures d'après Clavareau pour le Cousin de Mahomet par Fro-
mageot , 2 vol. in-12 , 1750.
"73. Frontispice d'après Clavareau pour les QËWfres de Fer^ieer, 1750,
in-12.
74. Titres et frontispices d'après de Sève , pour hs Caractères de La
Bruyère, 1750, in-12.
75. Cénie, par M""^ de Graffigny, 1751, in-12.
Titre gravé avec fleuron , et figure d'après Le Lorrain.
76. Mémoires de Gaudence de Luques , prisonnier de l'Inquisition,
Amsterdam, 1753, in-8.
4 figures et 4 fleurons d'après Le Lorrain.
77 . Frontispice , vignette et cul-de-lampe pour les Fables de Phèdre ,
Paris, Barbou , 1754 , in-12.
78. Figures d'après Oudry pour la grande édition des Fables de La
Fontaine , 1755-1759 , 4 vol. in-fol. (La Besace, le Lion et le
Moucheron).
79. Frontispice d'après Le Lorrain pour l'Ordre de Chevalerie , 1759 ,
in-8.
80. Théâtre de M. Fagan et autres œuvres du même auteur, Paris,
1760, 4 vol. in-12.
4 fleurons d'après Eisen et Halle.
81. Fleurons pour le Théâtre de M. Favart , 1763-1772 , in-8.
82. FABLES DE LA FONTAINE, nouvelle édition gravée en taille-
douce , les figures par le S'' Fessard , le texte par le S'' Montulay
(et Drouët), dédiées aux Enfants de France. Paris, chez l'auteur,
1765-1775, 6 vol. in-8.
Celte illustration , sinon bonne, du moins considérable , comprend 250 figures
et 4.50 fleurons. « Il faut avoir soin de choisir, dit Coben , les exemplaires de
FESSARD (Etienne). lëi
» premier tirage, et rejeter absolument ceux où le nom de heatauriers, papetier,
» remplace celui de l'auteur. »
83. Bibliothèque du Théâtre-Français depuis son origine , par le duc
de La Vallière, 1768.
Deux culs-de-lampe.
84. Adélaïde, ou l'Amour el le Repentir, par M. de Morvillier, 1*769,
in-8.
Titre et vignettes d'après Meyer.
85. Frontispice pour la Récréation des honnêtes gens , mo, in-8.
86. Zéphirine, ou l'Époux libertin , anecdote. Amsterdam, mi, in-8.
3 flgures d'après Huet.
87. Velleius Pater culus , Barbou, 1177, in- 12.
Frontispice et en-têtes d'après de Sève.
88. Contes des Fées, de Perrault , Paris, Fournier, 1781 , in-12.
Figures d'après de Sève et Martinet.
Remarquons, en terminant, que beaucoup de pièces signées de Fessard ont
été ou commencées à l'eau-forle , ou , au contraire, retouchées par A. de Saint-
.\ubin.
FESSARD (Mathieu -Claude
1740-
En octobre 1764 , Wille va dessiner à Sceaux avec
Fessard jeune, graveur, ce qui tendrait à le supposer
son élève, bien que Le Blanc qui le dit né à Fontaine-
bleau en 1740, nous le donne comme élève de Joseph
de Longueil. Quoique portant le même nom qu'Etienne
Fessard , dit Basan , il n'est pas de la même famOle.
Claude-Mathieu Fessard a été employé à graver les
planches du Voyage en Russie de Pallas (1785-93).
Nous avons sous les yeux une quantité de reçus, signés
de Fessard , du prix des planches gravées par lui , et
nous en reproduisons quelques-uns :
« Je reconnais avoir reçu de M*" Froulé libraire à
» l'aquit de W Le Clerc la somme de 408 1. pour le
» payement de sept planches fini des Tzars Russes.
» —26 avi^il 1783. — G. Fessard. »
« Grande planche intitulée Vue de Pètershof. du côté
» du jardin, l'eau-forte, 200 1. — Eaux-fortes de trois
» moyennes planches intitulées Vue de V Amirauté,
» Vue de la Bourse et Vue de Catherinebourg , pour
» chaqune 100 1. — Eau-forte d'une pi. de Costumes
» composée de huit fig. 48 1.— 2pl. doubles de Médailles
» 144 1. — et une simple, 36 1. — Reçu du 2 août 1783. »
FESSARD (Mathieu). <53
Nous trouvons encore à l'actif de Fessard jeune , la
Mort du capitaine Cook, iji-4 en largeur. — Coriolan
fîèchi par sa mère , d'après le Guerchin et Gochin
(1780). — Une jolie pièce in fol. représentant le
Mausolée de Marie-Tliérèse (1781) d'après Dervand ,
M. Fessard scidp. offereha.t Félix Nogaret. — Divers
Paysages pour le Voyage en France , d'après Lalle-
mant. — Suite de différents animaux.
C'est à lui qu'il faut donner quelques-unes des
vignettes des Œuvres de Baculard d'Arnaud ; une
figure de Gravelot pour Lettre de Caton d' IJiique à
César ( Paris , 1766 ) , par l'abbé Parraentier ; des
vignettes pour le Cabinet des Fées , les Œuvres
badines du Comte de Caylus , les Nouvelles de
d'Ussieux , le voyage de Snint-Non ; un portrait de
Tarchevêque Le Clerc de Juigné ; Dorât , médaillon
sur un mausolée , dans un cadre orné de colombes ,
de lyres , etc.
Pleures Grâces, Amours exhalés vos regrets,
Et vous Muses, dans ces retraites,
Vene's à ces tristes ciprès
Suspendre vos Lires muettes :
Il n'est plus l'Ovide Français.
Cette pièce se vendait chez Fessard , rue et Isle
St-Louis , maison du Charron vis-à-vis le corps de
garde.
La Cage syynboliquc , estampe petit in-fol.. d'après
Le Peintre, est sa meilleure pièce. (L'eau-forte, 155 fr.:
avant toute lettre, 150 fr.: avant la dédicace, 110 fr.
1881.)
FICQUET (Etienne).
1719-1794.
La gravure de portrait a de tout temps été floris-
sante en France et des artistes du plus grand talent
en ont fait leur spécialité. Les uns , comme Thomas
de Leu et Nanteuil , ont le plus souvent gravé d'après
leurs propres dessins ; d'autres, comme les Drevet ou
DauUé, ont interprété des peintures. Ficquet doit être
rangé parmi les seconds , et dans ce XVIIP siècle si
riche en artistes de mérites divers , il n'est pas un des
graveurs de petit format qui puisse l'égaler.
En effet , au lieu de graver ces portraits de dimen-
sion minime par des procédés sommaires, qui d'ailleurs
donnent dans C(^ cas des résultats très satisfaisants, il
les a traités avec le même soin et la même minutie que
s'il s'agissait de portraits de la plus grande dimension.
Il accumule autant de tailles dans une figure d'un
centimètre de haut que Nanteuil ou Drevet dans une
planche in-folio ; ses planches sont , pour mieux nous
faire comprendre , comme les photographies réduites
de gi'ands portraits , qui en reproduiraient tous les
travaux en les diminuant. En un mot , il grava petit .
mais il fut un grand graveur.
Etienne Ficquet naquit k Paris le 13 septembre
KICQl KT. l-")5
1719. 11 était le fils de Guillaume Ficquet , professeur
(le philosophie à l'Université de Paris et de Geneviève
Meyboom , fille d'un orfèvre. Le jeune homme fut
confié de bonne heure aux soins du graveur prussien
Schmidt , venu vers 1736 à Paris, en même temps que
Wille. se perfectionner dans son art. Mais Schmidt
étant bientôt reparti, Ton dut trouver à Ficquet un
autre maître , qui fut Le Bas. Le jeune graveur avait
été mis par Schmidt en relation avec Odieuvre ,
marchand d'estampes qui venait d'entreprendre une
série de portraits de personnages célèbres. Le besoin
de gagner un peu d'argent lui fit accepter avec
empressement les 48 livres par planche que lui offrait
l'éditeur. De là l'origine des trente-quatre portraits
qui portent sa signature et qui laissent quelquefois
trop voir le travail négligé de planches faites pour lu
commerce et mal payées. Ainsi deux portraits de la
suite des rois de France sont fort médiocres , tandis
que ceux de Madame de Miramion , du médecin
Façon, Aq WmwdX Duquesne , de l' Abbé Prévosl ,
de H. Rigaud, de P. Mignard , et surlout celui du
Comte d'Harcoiirt . réduction de la fameuse planche
de Masson connue sous le nom de Cadet à la Perle,
font déjà pressentir le maître à venir.
C'était pendant son séjour dans l'atelier de Le Has
que Ficquet exécutait ces travaux , ce qui ne l'empê-
chait nullement de profiter des leçons de son maître ,
ni de mener avec ses camarades . Eisen , Le Mire ,
Gochin et d'autres , la joyeuse vie qu'excusent ses
vingt ans.
Un coin du voile qui recouvre les mœurs un peu
légères des apprentis-graveurs de ce temps, nous est
156 LES GRAVEURS DU XYIIT' SIECLE.
soulevé par les lettres que Le Bas adressait à son
ancien élève le suédois Rehn , qui l'avait quitté depuis
peu pour retourner dans sa patrie et qui justement
s'était lié d'amitié avec Ficquet , son camarade de
plaisir. Ces lettres étaient toujours accompagnées de
croquis plaisants. Pour bien lui peindre les regrets
qu'il excite , on voit dans l'une Ficquet revenant
d'assister au départ de son ami. Il s est laissé tomber
de fatigue et d'émotion sur un siège et raconte la
séparation à un élève de Le Bas debout contre la
cheminée , ainsi qu'à Le Bas lui-même qui arrive en
l'obe de chambre et bonnet de nuit donnant le bras
à M®"^ Raoul. Le Bas écrit en même temps à Rehn , à
Amsterdam , par où il devait passer ^ :
« Monsieur et cher amie, j 'ay reçue vostre lettre qui
* m'a fait un vray plaisirs d'aprendre que vostre santé
» est bonne car je commencois a être très inquiète.
» J'ay esté bien fâché de ne m'estre pas trouvé au
» logis quand vous m'avé fait l'honneur de venir ;
» mais pai' la grande tristes qua causé vostre adieu ,
» cela esté pour moy un chagrin de moins ; quoy, un
» vray penne de mettre attardé à soupe en ville. Je
» vous diray que nostre Piquet est revenue de vous
» reconduire avec cette air à M«''^ Raoul et le sieur
» Le Bas qui estoit bien mortifiez de ne plus avoir le
» plaisirs de passé des apres-diné (ici le croquis). Il
» est vray que Paris est charmant et que c'est sans
» contredit le vray plaisirs des estrangé, etc.. »
Dans une autre lettre adressée également à Rehn ,
I Portrnils inédits d'artistes français , par le Mis de Chennevières-
Pointel , 1 852 , in-fol .
FICQUET. 157
alors dessinateur des manufactures de Suède à
Stockholm, Le Bas l'engageant à venir à Paris et lui
promettant beaucoup d'ouvrages de gravure, terminait
ainsi : « vôtre bon amie Fiquet se prépare d'avance à
» vous bien recevoir ; tous vos amis vous donne le
» même conseil. » Et suivait , avec la jolie charge
figures de Fiquet tiré au vif, ce post-scriptum un peu
léger de la main de notre graveur : « grand Suinoune
» anabatista a lajourdina, vené donc vitement quel-
» qu'aprôs-midy vous promener aux Tuylerys , je
» vous meneray voire M'"<' Paris , M'"'" Renaude ,
» M'"'' Dupond , M""* Garlié , M'"'' Hecquet, W^ Pichar
^> toutes fameuses m » et la signature de
Ficquet.
Voilà qui n'est pas très moral , mais qui peinL bien
l'artiste ardent au plaisir et qui n'aura jamais par la
suite une conduite bien régulière.
C'est dans la période qui suit son départ de l'atelier
de Le Bas qu'il faut placer, alors que Ficquet cherchait
encore sa voie , les portraits de Leibnitz (1745) , de
Jacques et Michel de La Cour Damonville (1747) ,
de Dorious de Mairan (1748) , et les nombreux petits
portraits gravés pour la Vie des Peintres Flamands,
Allemands et Hollandais de Descamps. Ce peintre
s'était dès sa jeunesse pris de belle passion pour ce sujet.
Depuis quinze ans , il prenait des notes sur l'existence
des peintres, tout en étant directeur de l'Ecole de
dessin qu'il avait fondée à Rouen, quand l'idée lui vint,
encouragé par des amis éclairés , de les rassembler
et de les coordonner en un ouvrage. Il voulut l'orner
des portraits des principaux artistes et pria Eisen de
dessiner d'après des originaux ou d'après des gravures
'lo8 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
les portraits que celui-ci se chargeait de faire exécuter
à Paris. C'est ainsi que Ficquet fut choisi par son
camarade d'atelier et son ami pour cette besogne qui
fut faite, suppose-t-on . de 1748 à 1768 *. Il n'a pas
gravé moins de cent deux têtes : un grand nombre
sont réellement remarquables par la finesse et l'expres-
sion et plusieurs sont des merveilles. Citons tout
spécialement le portrait de Van der Meulen qui est
un véritable tour de force, celui (Y Henriette Woltet^s ,
un chef-d'œuvre, ceux de Rubens et de Van Dyck .
tous deux très-estimés. ceux de Kayel du Jardin ,
Rombouts, Jean Wildens . Adrien Brauwer . Van
Balen . Schalken , Denner, d'une exécution particu-
lièrement précieuse. Nous en donnerons tout-à-l'heure.
du reste, la liste complète dans le catalogue. ^
Ficquet travaillait rarement d'après ses dessins ,
quoique fort bon dessinateur. Aucun de ses portraits
n'a été gravé d'après nature . et ses meilleurs, des-
quels nous allons maintenant parler, ont été exécutés
soit d'après des peintures, soit même d'après des gra-
vures qu'il réduisait. 11 en est ainsi du ravissant
portrait - miniature de Louis XV. gravé sur une
planche d'argent . et qui était destiné à YAlmanacli
Parisien de Barbou.
L'un de ses plus parfaits ouvrages , le portrait de
Françoise d'AubignéM'^^ deMaintenon, daté de 1759,
a été fait directement d'après le tableau qui se trou-
vait chez les Dames de Saint-Cyr, désireuses d'avoir
le portrait gravé de leur fondatrice.
« Ficquet , écrit à ce sujet le graveur Ponce ,
1 L'ouvrage de Descamps parut de 1153 à 1*764.
FICQUET. io9
» fut chargé par les Dames de Saint-Gyr de graver
» le portrait de Madame de Maintenon d'après le
» tableau deMignard que possédait la communauté. La
» planche était à peu près payée et cependant le por-
» trait ne paraissait pas ; on ne pouvait pas même
» entrevoir l'époque à laquelle il serait terminé. La
» supérieui\3 fut obligée, avec la permission du métro-
» politain, de faire venir l'artiste dans le couvent pour
» qu'il y travaillât sous ses yeux , et même de lui en-
» voyer des religieuses et des pensionnaires pour lui
» tenir compagnie, car il ne faisait rien quand il était
» seul. Le portrait était tini et déjà quelques épreuves
» avaient été tirées , lorsque Ficquet , qui n'en était
» pas content, biffa la planche de deux coups de burin.
» Grand désespoir des bonnes religieuses ! Ficquet
» recommença et cette fois le porti-ait fut terminé à
» la satisfaction de tout le monde. »
Peut-être serait-il plus exact de dire, avec M. Fau-
cheux , que le portrait n'avançait pas et ne satisfaisait
pas son auteur par suite de la difficulté qu'il avait à
consulter l'original. Quand il put travailler librement,
le portrait s'acheva avec rapidité et fut fort admiré.
C'est un chef-d'œuvre d'un charme et d'une finesse
prodigieuses , et qui resta , avec raison , le morceau
de piédilection du graveur.
Désormais Ficquet e.'^t en pleine possession de son
talent, et il continue sans interruption cette série des
portraits d'hommes célèbres , qui lui a assuré à lui-
même la célébrité. N'est-ce pas une bonne fortune
pour les amateurs de posséder dans l'un de leurs plus
jolis livres, mis au jour par la munificence des Fer-
miers-Généraux , deux des plus excellents portraits
160 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
de Ficquet , La Fontaine, l'auteur des Contes, et leur
inimitable illustrateur Eisen ? Dans ce dernier, gravé
avec une grande délicatesse . l'on sent que le graveur
a mis tous ses soins à saisii* la physionomie malicieuse
(le son ami , d'autant qu'il la conraissait bien et ne
devait pas avoii^ besoin , semble-t-il , de la peinture
de Vispré pour se guider. Cette gravure est de 1761
comme celle du La Fontaine. Très achevée et d'une
facture très libre , nous serions tentés de préférer
cette dernière à la seconde planche de La Fontaine,
caractérisée par la fable le Loup et l'Agneau repré-
sentée sur le socle. M. Faucheux affirme que celle-ci
a été gravée la première.
Le portrait de Voltai)''e , avec un trophée d'attributs
(1762) , n'est pas un des meilleurs de l'œuvre. La
lumière ne nous semble pas assez largement répandue
sur ses traits caustiques , le travail est un peu sec , et
la gravure, toute fine qu'elle soit, manque de moëUeux.
Le Jean-Baptiste Rousseau, qui le suit (1763), peint
par Aved dans le débraillé qui était habituel au sati-
rique , est d'une extrême finesse , et les vêtements y
sont supérieurement rendus.
Ici se présente une lacune de quelques années dans
les dates , jusqu'au portrait de Corneille ; pourquoi ne
pas la remplir, dans ce moment de la belle floraison
du talent de l'artiste, par quelques-uns de ses meilleurs
ouvrages non datés ? Voici par exemple le Molière,
copie d'une planche de Lépicié d'après Coypel , ma-
gnifique pièce d'une énergie qui va presque jusqu'à
la dureté. Voici Saugrain , qui venait de mourir en
1762, l'époux de M''"*' De Bure, deux noms chers
à la librairie parisienne. Voici Descartes, d'après
FICQUET. 164
la peinture de Hais que l'on peut admirer encore au
Louvre. Les traits un peu lourds mais expressifs du
grand penseur, étonnamment rendus , sont encadrés
d'ornements emblématiques de Clioffard. Le portrait
de Vaclé est exécuté pour l'un de ses ouvrages [la
Pileuse , parodie à'Omphalé) , dans un format un peu
plus grand que celui adopté d'habitude par le graveur.
Enfin nous arrivons, en 1766. au remarquable por-
trait de Pierre Corneille, digne à tous égards de fixer
l'attention par sa merveilleuse exécution et son cadre
habilement composé par Choffard. Disons à ce propos
que presque tous les encadrements des portraits de
Ficquet sont dessinés ou tout au moins gravés par cet
habile ornemaniste . et que par leur rare élégance , ils
ont contribué à établir la réputation dont jouissent ces
petites estampes. — Combien ne doit-on pas admirer
ce portrait de Corneille, quand on sait que Ficquet ne
réduisait jamais en un dessin préparatoire la peinture
originale ou la gravure qu'il voulait copier. Dans celui-
ci, par exemple, il a reporté directement sur le cuivre
les lignes sévères du portrait peint par Le Brun : il
n'en a pas moins créé un chef-d'œuvre d'une harmonie
et d'un précieux achevés , et ce doit être à son propos
que les contemporains de Ficquet ne crurent le pouvoir
mieux louer qu'en l'appelant le Gérard Bow de la
gravure.
Le portrait de M. de Chennevières (1770), inspec-
teur général des hôpitaux , l'auteur des Loisirs , est
en buste comme tous ceux de notre artiste. Le Mer-
cure de France l'annonçait en ces termes en octobre
1770 : « Ce dernier portrait de M'" Ficquet n'est pas
-> inférieur à ceux qu'il a publiés précédemment. On
II. 11
162 LES GRAVEURS DU XVIII'^ SIÈCLE.
» y admire la même précision , le même fini , la même
» légèreté d'outil. » Et pourtant, dit M. le marquis de
Chennevières, son descendant , ce n'était pas un chef-
d'œuvre que la peinture d'après laquelle Ficquet avait
lait ce ravissant médaillon , bien connu des collec-
tionneurs ; c'est un assez méchant tableau de la qua-
lité ordinaire des portraits de famille , mais quand un
portrait doit être gravé , l'important n'est pas que la
peinture soit de la meilleure palette, mais que le gra-
veur soit excellent.
Le minuscule portrait de Cicéron , fait pour une
édition bijou du De Amicitia , parue chez Barbou en
1771, est-il une réduction du portrait de Cathelin, ainsi
que le dit Faucheux ? On pourrait en douter si l'on se
reporte à la promesse datée du 13 novembre 1757, par
laquelle Ficquet s'engageait à remettre au garde du
cabinet de la bibliothèque du roi , le dessin original
du buste de Cicéron d'après l'antique par Rubens et
le portrait de Van der Meulen par Van Schuppen qui
lui avaient été confiés.
Si le portrait de Michel de Montaigne (1772) est
d'un travail un peu dur et sec , défaut dont il est plus
juste d'accuser l'original de Damonstier, celui de
Crébillon , d'une douceur et d'une finesse extrêmes
dans la préparation des chairs , fait bien voir dans
ses premiers états , alors que le travail n'était pas
terminé , combien la même planche pouvait s'alourdir,
dans les épreuves subséquentes , ce qui s'explique
par le procédé de l'artiste , qui consistait à repasser
toujours dans les mêmes tailles pour les renforcer ou
les réparer.
11 n'est pas étonnant que toutes ces merveilles
FICQUET. <63
fussent admirées par les contemporains. Wille parlait
de Ficquet avec amitié et le recommandait volontiers
aux amateurs. On lui adressait môme des vers èlo-
gieux au sujet de ses portraits de grands hommes.
En voici signés « Guichard » que nous avons relevés
dans le Mercure de France de 1772 :
Par ton burin fidèle , ingénieux
Qui sur les plus vantés remporte la victoire
Que de mortels chéris respirent sous nos yeux !
Couvert d'un rayon de leur gloire
Ton nom comme les leurs d'âge en âge vivra ,
Quel autre à ce degré pourra jamais atteindre?
Sans succès on le tentera :
Ficquet, graver ainsi , c'est moins graver que peindre.
Et dire qu au milieu de ces succès, qu'à l'époque de
tous ces chefs-d'œuvre, le graveur n'était pas tou-
jours à l'abri du besoin ! De nature prodigue , il jetait
l'ai^gent sans compter et avait dû , pour se libérer
de ses dettes, aUéner la propriété de ses meilleures
planches. Ainsi les épreuves des portraits de Molière,
de La Fontaine, de Corneille, de Crébillon . de Des-
cartes , de Jean-Jacques Rousseau, de Jean-Baptiste
Rousseau, de Voltaire, etc., se vendaient 3 livres pièce
chez Prévost, graveur, ce qui semble indiquer qu'elles
n'appartenaient plus à l'auteur.
Poursuivant sa série d'écrivains célèbres , Ficquet
grave un premier portrait d'Arioste pour servir de
frontispice à VOrlando Furioso de Baskerville (1773),
un Jean-Jacques Rousseau qui est admirable, et que
Choffard fait valoir par un encadrement d'un goût
merveilleux. Puis vient La Molhe Le Vayer (1775) ,
d'après la gravure de Nanteuih Regnard , dont les
I()4 LES GRAVEURS DU XVIIÎ^' SIÈCLE.
grands traits et la bouche lippue sont traduits de la
peinture de Rigaud avec une précision qui étonne
(1776) ; enfin, en 1778, Fènèlon d'après Vivien, travail
d'une telle douceur et d'un tel charme . qu'on doit
forcément l'estimer un des chefs-d'œuvre du graveur.
C'est vers cette époque qu'ont dû être exécutés le
portrait inachevé de Boileau, document curieux , qui
nous prouve , par ses différents états , que Ficquet
se contentait malaisément lui-même, et qu'il n'hési-
tait pas à recommencer des travaux que d'autres moins
scrupuleux eussent jugés parfaits, et celui de Bossuet,
infiniment rare. Renouard assure que l'artiste creva
la planche à force d'effacer et de refaire. C'est une
des pièces les plus extraordinaires de l'œuvre. La
franchise de son exécution fait penser à la tête du
portrait de Pierre-Imbert Brevet.
Ici s'écoule, jusqu'à la mort de Ficquet , un long
espace qui paraît avoir été stérile. Ayant fait un
héritage il s'imagina d'acheter une maison au bas de
Montmartre * . avec un jardin plein d'arbres frui-
tiers qu'il couvrait le soir avec des toiles pour leur
éviter la gelée et avob sûrement des fruits. Le
graveur Ponce . qui le connut , nous apprend encore
qu'il dépensa en folies la somme qu'il avait réservée
pour payer son acquisition, comme par exemple de
faire apporter cmq cents tombereaux de terre pour
mettre le jardin au niveau du salon , afin , disait-il ,
d'éviter les chutes qu'une distraction pourrait lui
occasionner.
' Ficquet demeurait déjà à in Barrière blanche en m6, ainsi que
l'indique VA/mannch dex arti^tex de cette date.
FICQUET. i65
« D'un caractère extrêmement original , ajoute-t-il ,
» et affligé d'une surdité considérable , Ficquet n'a
» jamais tiré un parti avantageux de son talent sous
» le rapport de là fortune ni produit un très grand
» nombre d'ouvrages. Quoiqu'ayant recueilli plusieurs
» héritages , il était rarement au-dessus du besoin ;
» toujours à court d'argent, au lieu de faire la loi à
» ceux qui désiraient obtenir de ses ouvrages, comme
» il l'eût pu faire , il la recevait toujours de ceux qui ,
» spéculant sur ses productions , s'enrichissaient en
» l'appauvrissant. »
On voit d'après ce témoignage de son contemporain
que c'est un peu par sa faute que le grand portrai-
tiste ne fut pas plus heureux. Il venait encore en 1794
de terminer un Arioste , où se voit quelque marque
de sénilité , quand il mourut dans un état voisin de
l'indigence.
Voici l'acte de décès que nous trouvons dans le tra-
vail consciencieux de M. Faucheux sur Ficquet :
« Acte de décès d'Etienne Ficquet . du 22 frimaire
» an III (11 décembre 1794) , profession de graveur,
» âgé de soixante-quinze ans , natif de Paris , y domi-
» cilié rue du Petit Vaugirard N" 222. Sur la réquisi-
» tion à nous faite dans les vingt-quatre heures par
» Philippe Hayot, âgé de 67 ans , ancien huissier-pri-
» seur, domicilié à Paris rue de la Perle , N° 471, ami
» du défunt et de Jean Etienne Genêt, âgé de 39 ans,
» ancien huissier-priseur, domicilié ii Paris , rue de
» l'Université, N''395, delà connaissance du défunt. »
On a fait remarquer que Ficquet devait nécessaire-
ment être d'une myopie excessive , et que c'est grâce
à cette organisation particulière de sa vue qu'il a pu
166 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
arriver au degré de finesse vraiment surprenant de
ses travaux. Mais cette considération ne diminue en
rien la valeur de l'artiste. Ficquet, si négligent, si
peu soucieux de ses intérêts lorsqu'il s'agissait de tirer
parti de ses planches , fut le graveur le plus conscien-
cieux, le plus méticuleux, le plus exigeant vis-à-vis de
lui-même qui se puisse imaginer. C'est pour lui que
semble avoir été spécialement écrit le polissez-
le sans cesse de Boileau. Toujours corrigeant, effa-
çant et reprenant ses planches , il en a laissé ainsi une
variété d'épreuves d'essai qui font de son œuvre un
des plus curieux et des plus intéressants à collection-
ner. Le précieux de l'exécution des physionomies , le
goût parfait qui a présidé à la disposition des orne-
ments, ont assuré aux portraits de Ficquet une célé-
brité méritée; amateurs d'estampes et bibliophiles se
les sont toujours disputés à Tenvi.
M. Faucheux a publié le catalogue descriptif et rai-
sonné de 1 œuvre de Ficquet , ouvrage de tout point
excellent , et auquel on ne peut reprocher que d'avoir
été tiré à un trop petit nombre d'exemplaires , ce qui
l'a rendu à peu près introuvable. Nous donnons ici ,
dans une forme abrégée, la hste complète des travaux
de Ficquet.
PORTRAITS.
I. PORTRArrS GRAVES POUR LE FONDS DODIEUVRE.
1. Auvergne (Charles de Valois, Comte d' ) , fils naturel de
Charles IX , d'après Ph. de Champaigne.
2. Balue (Jean), cardinal , d'après Robert.
IMCQl'ET. <6T
3. Berghem (Nicolas), peintre, né à Harlem en 1624 , d'après Sarri.
l"^" état: Avec le nom de Corneille Berghem, né à Amsterdam, en 1^80.
4. Bernard , duc de Saxe-Weimar, mort le 18 juillet 1639.
5. Bernier (Nicolas^, maître de musique de la Sainte-Chapelle de Paris.
6. Bernouilli (Jean) , d'après J. Ruber. _^
I . Broussel (Pierre de), conseiller au Parlement.
8. Chabannes (Antoine de) , comte de Dammartin , d'après J. Robert.
9. Charles XII , roi de Suède , d'après Craft. ^' C'est le vrai portrait
>> duquel Charles XII coupa le visage avec son épéc , ne voulant
'^ pas être peint. ->
10. Charles-Frédéric III (Frédéric II), roi de Prusse.
II. ChaULIEU ( Guillaume- Amfi'ie de), d'après deTroy.
12. Dumolin (Charles), avocat au Parlement, mort en décembre 1566,
13. DuguESNE (Abraham), d'après Petitot.
14. Estrées (Gabrielle d'), d'après Dumonslier.
15. Fagon, premier médecin de Louis XIV, d'après Rigaud.
16. Farnèse (Alexandre), duc de Parme, mort le 2 décembre 1592.
n. Fontanges (Marie-Augélique de Scoraille de Rousille, Duchesse de).
18. Uakcourt (Henri de Lorraine, Comte d') , le Cadet à la perle.
19. Lanfranc , professeur en chirurgie de Paris au XIIP siècle.
20. Le Courayer (Pierre-Fr.) , ancien bibliothécaire de S'e -Geneviève.
21. Louis V, dit le Fainéant, XXXIV Roy de France.
22. Louis VII , dit le Pieux , XL® Roy de France.
23. Maimbourg (Louis), jésuite, d'après Nivellon.
24. MiGNARD (Pierre), premier peintre du roi , d'après Rigaud.
Les épreuves qui portent dans la légende mort le ij may lôpj sont les pre-
mières. Sur les secondes on lit : mort te 75 m/irs /6gç,
468 LES GRAVEURS DU XVIII" SIECLE.
"25. MiRAMION (Marie Bonneau , dame de), d'après de Troy.
26. Ossat (le Cardinal d'), mort le 13 mars 1604.
'il. Paré (Amfcroise).
Il y a un premier état où la signature de Ficquet est à gauche , le portrait est
ovale; et un second sur lequel elle est à droite : le portrait est alors carré.
28. PRÉVOST (l'Abbé), d'après Schmidt.
Copie renversée et réduite du portrait de Schmidt. C'est l'un des meilleurs
ouvrages de Ficcpiet pour Odieuvre.
29. PuCELLE (René), conseiller au Parlement, d'après Rigaud.
30. RIGAUD (Hyacinthe), d'après lui-même. Gravure très soignée.
31. Robert, XXXVP Roy de France.
32. SiLVA (Jean-Baptiste), médecin , d'après Rigaud.
33. Toulouse (L.-A. de Bourbon , Comte de), d'après Rigaud.
34. Vavasseur (Guillaume), premier chirurgien de François I*''.
États. — Les portraits gravés pour Odieuvre se rencontrent dans les états
suivants :
Épreuves de graveur, avant la lettre, la tablette blanche, d'une rareté extrême.
Nous avons vu dans cet état , à la Bibliothèque Nationale ou dans diverses
collections, Berghem , Chabannes, Charles-Frédéric III . Chaulieu, Fagon, Paré,
Prévost , Silva.
1^' état : Avec l'adresse d'Odieuvre ; il y a un choix à faire entre les épreuves.
Il importe de rectifier ici deux erreurs commises par M. Faucheux. D'abord ,
il n'est pas exact que l'adresse d'Odieuvre ait été changée sur les planches, le
même portrait porte toujours la même adresse; deuxièmement , l'adjonction des
cadres de Babel en passe-partout n'indique pas un tirage spécial ; ces cadres ont
été ajoutés sur des épreuves qu'on avait toutes tirées en magasin , les unes
boimes, les autres mauvaises.
•2' état : L'adresse d'Odieuvre eiTaoée.
II. PORTRAITS GRAVÉS POUR l'oUVRAGE
DE DESGAMPS.
35. Arlaud (Jacques-Antoine). — Backuysen (Ludolf) ; portrait attribué
à Ficquet.
36. BAL EN ( Henri Van) , toui'né à gauche , cheveux courts , barbe et
moustaches. A gauche deux tableaux ; à droite un chevalet et des
plâtres. Van Dyck efig^'^pinx.
FICQUET. 169
37. Bei-k (David). — BlSKOP (Jean de). — Block (Joanne-Koerten).
— Boonen (Arnold). — Brandeoberg (Jean) ; portrait nllribué à
Ficquet. — Brandmuller (Grégoire). — Br.\UWER (Adrien). —
Bruyn (Corneille de). — COQUES (Gonzalès).
:^8. CRAY EU (Gaspard de) , tourné à gauche et regardant de face. A
gauche un portrait ; à droite deux tableaux. Ant. Van Dyck pH .
39. Denner (Balthazar). — Deyster (Louis de). — Dow (Gérard). —
DUJARDIN (Karel). — Dullaert (Heiraan). — Dunz (Jean). —
DUVVL (Robert).
40. DYCK ( Antoine Van ) , tourné vers la gauche. Ant. Van Dyck se
ipsum pinxit.
41. Eeckhout (Gerbrandt Van den). — Elias (Mathieu). — Everdingen
(Albert Van). — F\ES (Pierre Van der). — Flinck (Govaert). —
Genoels (Abraham). — Heem (Jean-David de). — Helmont
( Zeger - Jacques Van). — Helst ( Bartholomé Van der). —
Hoet (Gérard). — HondekoeïER (Melchior). — HoNDU s
(Abraham). — Hoogtraten (Jean Van). — HOOGTR.VTEN
(Samuel Van). — Houbraken (Arnold). — HiBER (Jean-Rudolph).
— Huysmans (Corneille).
42. HUYSUM (Jean Van) , tourné à droite, grande perruque; entre
deux tableaux de fleui's.
43. Kalf (Guillaume). — Kneller (Godefroidj.
44. KUPETZKI (Jean), coiffé d'une toque et portant de grandes
besicles.
45. Lairesse ( Gérard de) . — LiNGELB.VCH (Jean). — Meldek
(Guérard). — Mérian (Marie-Sybille).
46. MEULEN (Antoine François Van der) , de face, très-grande per-
ruque, rabat de dentelles ; entre deux tableaux de batailles.
C'est une des merveilles de l'œuvre de Ficquet. Le travail de la Qgure , de la
perruque et du rabat de dentelles , est d'une finesse qu'on ne peut se lasser
d'admirer.
Etat d'essai , inachevé, avec le rabat blanc, et les accessoires à l'eau-forte.
4T. MiERis (François Van ). — MiERiS (Willem Van). — MoOR
(Charles de). — MOUCHERON (Isaac). — Muss .tiER iMichel
Van). — Myn (Hermann Vander^. — Netscher (Théodore). —
170 LES GRA^EUKS DU XYIII' SIECLE
OOST (Jacques Van). — Orley ( Richard Van ). — Ovens
'Jurien). — OvERBECK ( Bonaventure Van). — Pl.\S (David
Van derj. — PoOL (Rachel RuischVan). — Pynaker (Adam).
— Rickaert (David). — Rokes (Henril — RoMBOUTS Théo-
dore). — RoORE (Jacques de). — Roos (Jean-Henri). — Rocs
(Philippe).
48. RDBENS (Pierre-Paul), de face, la tête penchée à droite. —
A . Van Dyck ef. pinx.
4y. RuGESDAS ( Georges- Philippe ). — Savery ( Rolant ). —
SCHALKEN (Godefroy). — Steen (Jean). — Teniers iDavid).
— Terburg I Gérard). — Terwesten (Augustin). —
TersvesTEN (Mathieu). — TlDEMA.v (Philippe). — Tille-
inans (Simon- Pierre) , dit Schenk. — Torenvliet (Jacques). —
Vaillant (Jacques). — VAILLANT (Wallerant). — Velde (Adrien
Vanden). — Verkolie (Jean).
50. Verkolie (Nicolas).
A la vente Sieurin , ce portrait , en tirage hors texte , a atteint le prix surpre-
nant de 499 fr. II est vrai qu'il était annoncé avec ces mots magiques : état non
décrit, le buste seul, avant la bordme. Nous citons le fait à titre de curiosité.
51. Verschuring (Henri). — Vinne (Mncent Van der). — Voet (Charles
Boschaert). — VoLLEVENS (Jean). — VoORHOUT (Jean). —
Vuez (Arnold de).
52. WASER (Anna) , de profil à droite ; cadre de guirlande de fleurs,
chapeau, houlette, etc.
53. WÉMNX ^Jean). — Wéninx (Jean-Baptiste). — WerdmuUer
vJean-Rudolf). — Werk (Adrien Van der). — Werner (Joseph).
54. WILDENS (Jean) , de face, moustache et barbiche, grande colle-
rette ; entre deux paysages.
55. WOLTERS (Henriette) , jeune, de face, coiffée d'un jietit bonnet ,
un collier de perles autour du cou.
56. Wouwerman (Philippe). — WuLFRAAT (Mathieu). — Zacht
Leven (Corneille). — Zacht Leven (Herman).
Etats. — On signale l'existence de quelques épreuves non terminées , mais
c'est un fait très exceptionnel.
\^' état: Épreuves en tirage hors texte. M. le docteur Roth avait formé la
FIGQUET. -174
série complète dans cet état. Elle ilgure aujourd'hui dans la collection de M. le
baron Edmond de Rothschild.
Une série de li portraits en tirage hors texte, 1,300 fr. vente Rochoux.
2" état : Épreuves provenant de la première édition de la Vie des Peintres fla-
mands et hollandais , par M. ,T.-B. Descamps, peintre, etc. Paris, Jombert , n.53-
i'ii, 4 vol. iu-8.
Les deux premiers volumes ont été réimprimés ; on reconnaît la première
édition à ce que les lettres gravées qui commencent les chapitres sont ornées ;
elles sont nues dans la seconde.
III. PORTRAITS DIVERS.
57. Addison. — Pope. — Steele; 3 p. m-12.
Ces trois petits portraits , finement gravés, sont dans des médaillons ronas
entourés de guirlandes de fleurs et placés au bas de pages encadrées également
de guirlandes de fleurs. Ils étaient destinés, nous apprend M. Faucheux, à orner
une édition française du Spectateur moderne de Steele. — Très rares.
Le portrait d'Addison, TO fr. vente Rochoux ; celui de Steele, 101 fr. même
vente.
.j8. Apellans (les). — Pierre de la Broue , évéque de Mirepoix ;
Charles-Joachim, Colbert , évéque de Montpellier ; Jean Sonnen ,
évéque de Sénez , et Pierre de Langle , évéque de Boulogne ,
apellans au futur Concile général de la Constitution Unigenitus ,
etc.; estampe in-fol.
Les têtes des personnages seules sont gravées par FicqueL.
État avant la lettre dans la collection Hennin , à la Bibliothèque Nationale.
59. Bèze (Théodore de). — Bezae effigies ; in-18.
60. Chaubert (Ludovicus), abbas St» Genovef. Parisiensis , d après
Barrère, 1760; in-fol.
61. Flavigny (F. P. J. de Geps de), prieur de la Chartreuse de Noyon,
d'après Gourdin ; in-8 .
62. La Cour (Jacques de). . . ., né à Boîne le 25 novembre 1650 et
décédé le 1^'' novembre 1721. — Carissimi Patris memoriœ
monumentum dicat Michael de La Cour d'Amonville , Eques,
1747; in-8.
M. Faucheux signale un état avant la lettre.
63. La Cour (Jean-Baptiste de) , ccuyer, sieur d'Invilliers et autres
lieux , né à Boîne en Gastinois le 25 Juin 1689. — Qneni frustra
quœsivit ciniens olim Ecce inventas adest. — Carissimo fralri
i72 LES GRAVEURS DU XVIII'- SIÈCLE.
offerebat Michael de la Cour d'Amonville, Eques. — Ficquet
sculp. 1748; m-8.
Ce portrait avait échappé aux recherches de M. Faucheux.
64. La Cour (Michel de)..., natusanno 1690. — Le Mire del., Ficquet
sculp.; in-8.
M. Faucheux signale un état avant la lettre.
65. Leitnitz. — A Lausanne et Genève , chez Marc-Michel Bousquet
et Comp., 1745 ; in-4.
66. Mairan (Dortous de), d'après Tocqué, 1748; in-4.
Pendant du précédent.
67. Muret. — Mureti effigies; in-18.
Pour un volume des poésies de Muret.
68. PUFFENDOHF , médaillon entre des livres et une sphère. —
D. Klocker Ehrenstral del., Ficquet sculp.
Tête de page pour V Introduction à V Histoire moderne, in-4.
l^' état : Tirage hors texte.
69. Swift; in-18.
Pour Lettres historiques du comte d'Orréri sur les ouvrages de Swift.. . Londres
et Paris, n53.
70. Virgile. — G. Zocchi del., Ficquet sculp.
Pièce indigne de Ficquet.
IV. PORTRAITS DE LITTÉRATEURS CELEBRES, ETC.
71. Abioste. — Lodovico ArioslQ . — Titien pinx.. Car. Eisen del.,
Ficquet sculp., 1773 ; grand in-8.
Portrait gravé pour l'édition de Orlando Furioso dite de Baskerville, Birmin-
gham , 1T73.
État d'essai non terminé et avant toute lettre, 120 fr. vente Rochoux. — Autre,
terminé avec les noms des artistes à la pointe et avant le nom d'Eisen.
l^'élat: Avant les points sur le cartouche d'armoiries; avec les noms des
artistes en caractères d'écriture , la date de 1773 après le nom de Ficquet , 19 b.
vente Sieurin.
2* état : Les noms des artistes effacés, le cadre augmenté par des perles com-
prises entre deux filets.
:!•' étal : Les noms des artistes rétablis , sans la date de m3, au-dessous du
cadre augmenté de la petite bordure de perles entre deux filets.
4* état : Le cadre encore augmenté, jusqu'à déborder les noms des artistes
FIGQUET. 473
"72. Arioste, d'après le Titien , 1794; in-8.
Dernier ouvrage de Ficquet.
Les premières épreuves , très rares, sont avant la lettre et avec un cartouche
d'armoiries. 60 fr. vente Rochoux ; 152 fr., plus avancé, même vente.
Les épreuves avant la lettre, mais avec le cartouche d'armoiries effacé, sont
beaucoup moins rares.
Le dernier état porte le nom du personnage et ceux des artistes. Il est rare.
73. iiOILEAU, d'après Rigaud ; ia-8, encadrement orné.
Très rare portrait qui n'a pas été terminé , et dont il n'existe que quelques
épreuves d'essai. Ficquet ayant plusieurs fois retouché son travail, il existe
quatre états différents de ces épreuves; nous avons pu les voir dans la colleo-
liou de M. Roth : 1" Les livres ouverts sanp aucune inscription; 2« les livres
couverts d'écriture, la plume qui est dans l'encrier toute blanche, la figure très
avancée; 3" la plume couverte de tailles, tous les accessoires sont plus tra-
vaillés ; la tête, au contraire, est moins avancée que dans l'état précédent, parce
qu'elle a été effacée pour être refaite; 4" la tête et le fond de l'ovale plus avancés,
■150 fr. vente Sieurin.
74 BOSSLET; in-8, encadrement orné.
Ce magniflque portrait n'est pas moins rare que le précédent, soit avant la
lettre, soit avec la lettre, la planche ayant été détruite après le tirage de quelques
épreuves. » .l'en ai sauvé quelques épreuves au moment où Ficquet allait eu
» aUuraer sa pipe. Il avait de l'humeur contre ce portrait, et voulait n'en point
» laisser de traces , parce qu'il en avait crevé la planche à force de refaire et
» d'effacer. » (Renouard).
410 fr. avant la lettre, vente Rochoux ; 425 fr. vente Sieurin.
T^ Cil E N N E V I E R E S ; in-8, cadre avec des armoiries et des livres,
l'héri des belles el des grands.
Mon citoyen, ami cincère,
Poète aimable, Chennevûre
Eut des amis dans tous les rangs
Kt sçut aimer comme il sçut plaire.
Par M. Thomas, son ami.
Les premières épreuves ont le mot sincère du second vers de la tablette écrit
cincère. La faute a été ensuite corrigée au moyen d'une espèce de virgule mise
sous le c et qui en fait une s.
Une épreuve d'essai , avec les livres sans écritures , 400 fr. vente Rochoux.
~'!- CrcÉRON. — M. TuUius Cicero, ex marmore anttquo. — P. P.
Rubens del., Ficquet sculp.; in-32.
Pour le De Amicitia de Barbou , 1772.
« Cette jolie planche n'avait été payée au graveur que trois louis; après un
■• tirage assez nombreux, il en fit une retouche qui la mit à neuf, et pour laquelle
» il reçut trente-six francs. Je voulus lui faire faire un 'Virgile l't un Horace de
174 LES GRAVEURS DU XYIIF SIÈCLE.
B cette dimension , et il refusa de les entreprendre à trente louis chacun. •
(Renouard).
1" état : Le nom est écrit Tvllivs. Très rare. Cet état n'est pas indiqué par
M. Faucheux.
•26 état : 11 est écrit Tullius.
11. CORNEILLE (Pierre), d'après Le Brun. Encadrement orné
dessiné par Cochin et gravé par Choffard ; in-8.
Épreuve d'essai avec l'encadrement àl'eau-forte et la figure à peine indiquée,
100 fr. vente Rocheux. — Autre , plus avancée, le fond du bouclier est blanc,
251 fr. même vente.
l^f état : Avant les noms des artistes, 205 fr. vente Rochoux . 300 fr. vente
Sieurin.
2" état : Avec ces noms, 100 fr. vente Sieurin.
"78. CRÉBILLON, d'après Aved ; encadrement de Choffard ; in-8.
Épreuve d'essai, avec l'encadrement à l'eau-forte. — Autre, avec l'encadrement
un peu plus avancé, 66 fr. vente Em. Martin , 18'17.
l*!" état : Avant les noms d'artistes.
2' état : Avec ces noms.
79. DESCARTES, d'après Hais; in-8 orné.
1. Le portrait seul est gravé, sans encadrement. Très rare.
2. Avec le cadre, avant les noms des artistes. L'étoile au-dessus du trait carré,
le mot Géométrie sur le dos du livie qui se trouve au bas, à droite. Rare.
3. Le mot Géométrie remplacé par le titie : De l'Homme ; l'étoile, plus petite ,
est ramenée en partie dans lencadrement.
4. Avec les noms des artistes.
80. EISEN, d'après "Vispré, 1761; in-8.
Pour les Contes de La Fontaine, édition des Fermiers-Généraux.
États d'essai , dits à la perruque rt à la main blanches, très beaux et de toute
rareté. Les premières de ces épreuves d'essai ont la légende : Charles Eisen ,
Dessinateur du Roij, etc.; les suivantes ont la tablette blanche, l'inscription ayant
été effacée. 450 fr. vente Rochoux.
Dans l'état ordinaire, l'inscription a reparu, modifiée: Charles Eisen , peintre-
dessinateur du Boy. . . etc.
Ce portrait a été beaucoup tiré, aussi les belles épreuves en sont-elles assez
rares. Le visage et la perruque doivent être clairs de ton. 155 fr. vente Rochoux.
81. FÉNÉLON, d'après Vi-vien , 1778; in-8 orné.
Comme ornementation , c'est le pendant du portrait de Bossuet.
État d'essai , le portrait à moitié terminé ; la tête , la croix et les boutous
blancs, les fleurs de l'entourage à l'eau-forte. 100 fr. vente Rochoux.
Autre, le portrait terminé; la tablette est blanche et ne porte point le nom du
personnage. (Collection Béraldi).
1^'' état : Avec le nom du personnage sur la tablette ombrée, .\vant les der-
FICQUET. nS
nières tailles sur les feuilles de roses et le ruban de la guirlande. Avant les noms
des artistes, 3(50 fr. vente Sieurin.
•2" état : Avant les noms des artistes, mais avec les dernières tailles sur les
ornements.
3® état : Avec les noms des artistes.
!^2. LA FONTAINE, d'après Rigaull ; in-S orné. Sur le socle, on
voit le Loup et l'Agneau.
Un des cliefs-d'œuvre de Ficqu'ît.
Dans un exe iiplaire des Contes de La Fontaine ayant appartenu à Renouard ,
se trouvait une curieuse série des différents états de ce portrait célèbre. On y
remarquait un premier état d'essai sur lequel on ne voyait que la tête .ceule, à
peine ébauchée , sans tiace de l'encadrement. Cet état n'a pas été relevé par
M. Faucbeux.
Épreuves d'essai , le portrait et l'encadrement inachevés, avant le trait carré.
300 fr. vente Rocheux.
1^'" état : Avant le nom du personnage sur la tablette du haut , et ceux des
artistes sous le trait carré.
2^ état : Avec le nom du personnage et ceux des aitistes, mais avant qu'on
ait couvert dt^ tailles le ruisseau, d'où le nom d'épreuves au ruisseau blanc.
150 fr. vente Sieurin.
3* état : Épreuves retouchées, le ruisseau a été couvert de tailles.
83. LA FONTAINE, d'après Rigault ; in-8.
Pour les Contes de La Fontaine, édition des Fermiers-Généraux.
P'' état : Avec la légende : Jean de La Fontaine, de l'Académie française, sur la
tablette blanche, sans la bordure d'encadrement. Très rare. 300 fr. veifte Sieurin.
2= état : La légende effacée , la bordure d'encadrement ajoutée. Extrêmement
rare. C'est cet état intermédiaire que Renouard donne à tort comme le premier.
200 fr. vente Martin.
3® état : Avec la bordure et le nom du personnage rétabli sur fond ombré. Il
y a un choix à faire entre les épreuves. !80 fr. vente Sieurin.
84. LA MOTHE LE VAYER, conseiller d'État , etc. d'après Nau-
teuil ; in-8, sans ornements.
Rare à rencontrer en belle épreuve.
85. LA MOTHE LE VAYER, d'après Nanteuil ; in-8, encadrement
orné, dessiné et gravé par Choffard.
Épreuve des.^ai, avec les ornements dessinés, au Cabinet des Estampes.
Épreuves d'essai avec le port: ait terminé et les ornements à l'état d'eau-forte,
160 fr. vente Rochoux.
1*' état : Avant les noms des artistes.
2^ état : Avec ces noms.
80. LOUIS XV, in-32.
Ce petit portrait, gravé vers 1763 pour un almanach publié par Lattre , est
merveilleusement exécuté. Il est très rare. Il y a des épreuves avant le nom de
Ficquet. .302 fr. vente Rochoux.
476 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
87. MAINTENON ( Madame de ) , d'après Mignard , 1759 ; iii-8.
D'une anecdote rapportée par Ponce, il semblerait résulter que Ficquet aurait
gravé un premier portrait de M"^ de Maintenon et en aurait même tiré quelques
épreuves, mais que, mécontent de son travail, 0 aurait biffé la planche pour en
recommencer une autre. Il nous semble plutôt, comme à M. Faucheux, que
Ficquet n'a gravé qu'une seule fois M'"* de Maintenon, mais qu'il a changé, au
cours de son travail , les ornements de ce portrait.
M. Roth possédait, dans son bel œuvre de Ficquet, l'épreuve rarissime, peut-
être unique, avec les premiers ornements et l'inscription en quatre lignes. C'est
l'existence de cette épreuve qui aura donné naissance à l'anecdote de Ponce. —
Elle provenait de la vente Rochoux et avait été payée 400 fr.
Les épreuves du portrait de M""*^ de Maintenon qui sont tirées sur papier
double sont plus estimées des collectionneurs.
88. .MOLIÈRE, d'après Coypel ; in-8, encadrement de Choffard.
État d'essai, le portrait presque terminé, sans l'encadrement. 431 fr. vente
Rochoux.
Autre avec l'encadrement avant les derniers travaux , le nom du personnage
en lettres grises. Très rare et très beau.
1^'' état : Terminé. Avant les noms des artistes ; le nom du personnage en
lettres ombrées. 225 fr. vente Rochoux, 300 fr. vente Sieurin.
2® état : Avec ces noms écrits en caractères d'écriture; avant les contretaiHes
sur les masques. Cet état est dit à la grande lettre.
3* état : Avec les contretaiHes sur les masques; les noms des artistes en
petits caractères d'impression. État dit à la petite lettre.
89. MONTAIGNE, d'après Dumonstier, 177-2; in-8, encadrement
de Choffard.
Épreuve d'essai avec les ornements à l'eau- forte et le portrait à peine indiqué,
100 fr. vente Rochoux.
État d'essai , avec le médaillon du collier de Saint-Michel blanc; les flammes
qui sortent du vase sont peu indiquées.
l®"" état : Terminé, avant les noms des artistes. 250 fr. vente Sieurin.
2* état : Avec ces noms.
90. REGNARD, d'après Rigaud, 1776 ; in-8, encadrement de Choffard.
Épreuve du cadre seul , sans le portrait, 800 fr. vente Sieurin.
Épreuve du cadre avec le portrait à peine indiqué (Cabinet des Estampes).
État d'essai , inachevé, avant le nom du personnage sur la sphère. 245 fr. vente
Rochoux.
1^'' état : Avant les noms des artistes, 130 fr. vente Sieurin.
2* état : Avec ces noms.
91. ROUSSEAU (Jean-Baptiste), d'après Aved; in-8 orné.
l>=r état : .\vant toute lettre. 11 y a des épreuves avec le socle blanc , d'autres
avec le socle couvert d'un rang de taille=: horizontales , d'autres enfin avec le
socle couvert de tailles entremêlées de points.
FIGQUET. -177
2" état. Avpc le nom du personnage en lettres non ombrées, et les noms des
artistes; avant les derniers travaux sur les masques et la guirlande.
3« état : Le nom du personnage est formé de lettres ombrées ; avec les derniers
travaux sur les accessoires.
92. ROUSSEAU (Jean-Jacques), d'après La Tour ; in-8, encadrement
de Choffard.
Etat d'essai , l'encadrement à l'eau-forte, le portrait à peine indiqué.
Autres états d'essai, l'encadrement à l'eau-forte, le portrait plus avancé,
l^i" état : Terminé; avant les noms des artistes. 100 fr. vente Sieurin.
2' état : Avec les noms des artistes.
93. SAUGRAIN, 6*^ libraire de ce nom de père en fils depuis 1518.
— Ficquet sculp.; in-l'i.
1'"' état : Avant la lettre, tablette blanche. 160 fr. vente Rocheux.
2" état : Avec la lettre.
94. VADR, d'après Richard ; in-8 orné.
Bon citoyen, ami fidèle,
Plaisant sans fiel et galant sans fadeur
Il n'eut de maître que son cœur
La Nature fut son modèle.
11 y a un grand choix à faire entre les épieuves, et il est rare d'en rencontrer
de très belles. Il faut l'avoir très clair de ton . •
95. VOLTAIRE, d'après La Tour ; in-8, encadrement de Choffard.
A la vente de M. Emmanuel Martin a figuré une série de quatre états d'essai
avec les ornements à divers degiés d'achèvement: 1. Avant que les livres du
fond soient ombrés. 2. Avec ces livres ombrés. 3. Avec une seule taille sur le
pied de la lyre, l'entourage à l'eau-forte. 4. Les ornements terminés, le cartouche
blanc, avant les noms des artistes.
Une épreuve avec les ornements à l'eau-forte, 820 fr. vente Sieurin.
l^i" état : Avant l'inscription sur la tablette : avec les noms des artistes.
2« état : Avec l'inscription : Post genitis hic cnrus erit. . . etc.
96. R.^CINE , portrait attribué à Ficquet (?). Médaillon entouré de
fleurs; en bas, un cygne, une lyre, un amour tenant une couronne
sur un autel où on lit le nom Racine. Le portrait est à peine
tracé; les vêtements et quelques parties de la perruque sont
gravés ainsi que le fond. Le dessin de l'encadrement paraît être
de Marinier.
Cette ébauche, d'une grande finesse de gravure, est extrêmement rare, et
nous n'en connaissons que trois ou quatre épreuves.
II. 12
FIESINGER (J.-Gabrîel).
Gabriel Fiesinger , né à Ofienbach en Alsace , a
travaillé en Allemagne , en Suisse , en France et en
Angleterre. Il a gravé plusieurs pièces d'après des
maîtres italiens , dont la plus ancienne est datée de
1777: la Prudence, d'après Franceschini ; la Vierge,
d'après Gignani ; Ecce Homo, d'après G. Cesari,
VArtiour ^nenaçant , d'après le Guide , Hercule brûle
ses enfants , Hercule et Joie , d'après Zampieri ; la
Femme en prière, le Bénédicité, d'après Van Dyck.
Il était fort habile dans la gravure au pointillé. Se
trouvant à Paris au début de la Révolution , il repro-
duisit les traits des Constituants les plus en vue ; cette
série de médaillons ovales in-8 d'après Jean Guérin ,
peintre en miniature né k Strasbourg, est gravée avec
un talent des plus fins : elle se vendait chez Vauteur,
quay des Auguslins N" 44 au ^"'^
Bar ère de Vieuzac, Barnave, Alexandre Beau-
harnois, le Comte de Clermont-Tonnerre , Fréteau,
Jessé , La Fayette, Alexandre Lameth, Charles
Lam.eth, La Rochefoucauld duc de Liancourt , L. A.
duc de La Rochefoucauld. Le Chapelier, Mirabeau ,
Montesquiou-Fezenzac, Pétion , Rabaul St-Étienne,
FIESINGER. <79
Rewbell , Robespierre, très -remarquable comme
expression, Sieyès et Thouret.
Fiesinger grava aussi un petit profil du Duc d'Orléans
médaillon en couleur , d'après un modèle en cire fait
par M. Gouriguer. Un très beau médaillon in-4 de
Mirabeau , de face , d'après Guérin , est d'abord daté
de Londres 1793 , puis indiqué comme déposé à la
Bibliothèque Nationale le 15 Germinal an VI.
Renouvier dit que Fiesinger fut employé à la gra-
vure des assignats , mais il ne peut déterminer la part
qui lui appartient dans les figures et ornements du
papier-monnaie.
Reprenant la gravure des portraits , d'après les
modèles que lui fournissait Jean Guérin , Fiesinger
reproduisait à la fin du siècle , en médaillons in-4
ou in-8 , les traits de quelques-uns des généraux les
plus célèbres de nos armées : Be?madoUe , Régnier ,
Gouvion Saint-Cyr, in-4 et in-8; Lecourbe, in-8
Masséna, in-8; Lefèvre, in-4; Sainte-Suzanne, in-8
Klèber , d'une expression si mâle et si énergique
et Buonaparte , déposé à la Bibliothèque Nationale
le 29 Vendémiaire an VIL — C'est un des plus beaux
qui aient été gravés du général en chef de l'armée
d'Italie, et le graveur a su rendre admirablement son
expression d'indomptable volonté ; le burin n'eût pas
été plus énergique que le pointillé de notre artiste L
1 Quelques autres portraits de la même suite, Bernndotte, Bonaparte,
Desaix, Kléber, Lefèvre, tous de format in-8, ont été gravés par une
artiste dont nous indiquerons ici le nom pour n'avoir plus à en reparler :
Elisabeth Herhan. Le Manuel cite , à l'article de Fiesinger, le portrait
de Lord Hood et ceux de Joseph /«'", empereur d'Autriche, et de Marie-
Thérèse, impératrice.
FILHOL (Antoine-Michel).
'I759-'I812.
Filhol , né à Paris , élève de Née , a gravé des
planches pour le Voyage de VIstrie et de la Dalmalie,
pour les Vues d'Italie de Percier et Fontaine , les
Voyages de Suisse, de France, et d'Espagne, édités
par Benjamin de La Borde , mais il est surtout connu
comme éditeur du Musée Fimnçais : « Entreprise
» difficile à combiner , écrit Joubert , parce qu'il en
» fallait mettre l'acquisition à la portée de toutes les
» fortunes sans nuire à la perfection et au dévelop-
» pement des sujets par des dimensions trop petites ;
» double obstacle adroitement surmonté par un choix
» sagement fait de dessinateurs et de graveurs du
» premier rang ; aussi le succès le plus complet a-t-il
» récompensé l'auteur, honoré par le gouvernement
» d'une médaille d'or pour avoir élevé un véritable
» monument à la gravure française. »
11 faut supposer à Joubert quelque intérêt dans la
vente des exemplaires restant de cet ouvrage , pour
en faire un tel éloge , car ce livre, publié de 1804 à
1815, est simplement honorable , et même générale-
ment médiocre, comme exécution des gravures.
FILLŒUL (Pierre).
Fils du graveur Gilbert Fillœul , mort vers 1750 et
à qui l'on doit une Annonciation et une Sainte-Thérèse
d'après Le Brun, un Saint-Dominique d'après Restout,
et un Saint-Joseph d'après Corneille , Pierre Fillœul
est surtout intéressant par la part qu'il a prise à l'exé-
cution de la belle suite d'estampes pour les Contes de
La Fontaine , d'après les compositions de Lancret,
Pater, Vleughels , connue sous le nom de Suite de
Larmessin. Fillœul fut chargé pour sa part de graver
les compositions peintes par Pater : la Matrone
d'Éphèse (1736) , le Savetier, le Glouton, la Cou?ii-
sane amoureuse, le Cocu battu et content, les Aveux
indiscrets, le Baiser donné et le Baiser rendu.
La Clochette et le Cuvier sont gravés par Fillœul ,
pour la môme suite, d'après P. le Mesle.
Notre graveur semble s'être spécialement voué à la
reproduction des travaux de Pater , mais non pas tou-
jours avec succès. La Danse (1738). in-foL, à Paris,
chez Fillœul à l'entrée de la rue du Fouare, au
bâtiment neuf par la rue Galande , est une assez
froide estampe. Le tableau se trouvait chez le pré-
sident de Ségur. Trois autres estampes font suite à
182 LES GRAVEURS DU XVIII^ SIECLE.
celle-ci : le Collin-Maillard , le Concert amoureux
et la Conversation intéressante.
La Belle Bouquetière qïV Agréable société, V Amour
et le Badinage , les Amants heureux, toutes pièces
in-fol., d'après Pater, sont médiocrement exécutées.
Fillœul a encore gravé une suite de Jeux , d'après
Cotelle , en six pièces : le Cache-Cache ^nitoulas , le
Colin-Maillard, la Balançoire, la Jarretière, le Pied
de bœuf, le Jeu de trois.
11 a travaillé avec Ouvrier, Lucas, Pinssio et Chenu
à une suite de huit planches d'après Le Mesle pour le
Lutrin , et gravé d'après Chardin : le Faiseur de
châteaux de cartes , les Osselets , les Bouteilles de
savon , in-4 , et la Dame prenant son thé :
Que le jeune Damis serait heureux, Climène,
Si cette bouillante liqueur
Pouvait échauffer votre cœur.
En vain caressante Climène (Jeune fille jouant
avec un singe) , d'après Le Mesle ; le Pénitent et la
Polonaise , d'après Watteau , par Fillœul et Aubert ;
le Docteur et la Villageoise , d'après le même, égale-
ment par Fillœul et Aubert ; le Déjeûner, petite
estampe de Watteau ; VHijver, toujours d'après Wat-
teau ; les Voituriè?^es, d'après Wouvermans; le Retour
de la campagne, d'après Van Falens; portrait du
Marquis d'Aubais , d'après Fontaine ; Portrait
dlioynme , d'après Rembrandt (Galerie du Cointe de
Brûhl) ; portrait de l'Abbé de Rancé , in-4 ; portraits
des Rois de France pour la suite d'Odieuvre, etc.
FLIPART (Jean-Jacques
1719-1782.
Jean-Jacques Flipart est un graveur de premier
ordre qui , loin de se traîner dans les sentiers battus
et d'interpréter toujours de même sorte des artistes
très - différents , a cherché à se rapprocher de la
manière de ses modèles et à s'identifier avec eux.
Grâce aux conseils de Greuze et à une docilité dont
on lui a fait , à tort , un reproche , il est arrivé à
traduire d'une façon originale plusieurs des tableaux
importants de ce pemtre , et ces planches , comme
aussi la Chasse au Tigre d'après Boucher, la Chasse
à rOurs d'après Carie Van Loo , et ses Tempêtes
d'après Joseph Vernet, lui assurent une place des
plus honorables parmi les graveurs.
La légende s'accorde à représenter J.-J. Flipart,
dans sa jeunesse , comme un graveur dont le talent
avait peine à se développer. Travaillant dans l'atelier
de Laurent Cars , son maître désespérait de lui voir
jamais conquérir une belle place parmi ses contem-
porains, et il avait déjà trente-deux ans, lorsque
celui-ci , à la vue d'un frontispice de la Description
des Fêtes données en 1747 pour le second mariage
du Dauphin, avoua qu'il s'était trompé sur son compte.
181 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
11 y reconnut l'influence de ses leçons et de sa manière :
Je ne sais , lui aurait-il dit, de quelle langue je me
sers , mais jusqu'à présent je nai été entendu que
de vous seul !
Gaucher a écrit sur Flipart une notice peu connue ,
enfouie dans le numéro du 3 août 1782 du Journal de
Paris et que nous reproduisons ici :
« Nous venons de perdre, il y a environ un mois ,
» un homme qui en qualité d'artiste et de citoyen
» mérite que l'on jette quelques fleurs sur son tom-
» beau.
» J.-J. Flipart naquit à Paris (le 15 février 1719) de
» Charles Flipart, originaire d'Abbeville et de Marie
» Dévoile fille d'un procureur. 11 fut pour ainsi dire
» nécessité à suivre la carrière des arts , car son père
» se distinguait dans l'art de la gravure et lui donna les
» premiers principes : mais comme il demeuroit dans
» la maison de Laurent Cars , graveur du Roi , il eut
» bientôt l'avantage d'être admis au nombre de ses
» élèves. Le génie de Flipart fut tardif. Laurent Cars
•> rassembloit alors chez lui plusieurs jeunes gens dont
» le talent commençoit à se développer, tels que
» François Boucher, Perronneau, etc.. et l'on disoit
» de notre jeune artiste ce que les élèves de Carrache
» disoient du Dominiquin que ses ouvrages étoient
» labourés à la charrue. Le maître de cette école
» n'en avoit pas conçu lui-même grande espérance.
» Le seul Perronneau en jugea d'une manière moins
» défavorable et prévit que l'amour de l'art porté à
» un si haut degré et un travail si opiniâtre ne pou-
» voient que produire à la fin un artiste des plus dis-
» tingués. Quelque temps après, Flipart prit aussi des
FLll'ART. 185
» leçons de Pierre Aveline qui dessinoit supérieure-
» ment. Nourri dans de si bons principes, il hasarda
> quelques essais qui lui obtinrent le suffrage de
» M' Cocliin et cet homme célèbre confirma cet éloge
» en lui donnant un de ses dessins à graver. Le succès
» qui couronna ces premiers efforts et la recomraau-
» dation de M"" Lattre , habile géographe , lui procu-
» rèrent l'avantage de commencer à recueillir le fruit
» de ses veilles. Il fut chargé par M"^ Michel- Ange
» Slodtz sculpteur et dessinateur du cabinet du Roi
» et M"" Blondel architecte du Roi de graver un des
» frontispices de la Description des Fêtes données
» en 1747 par la Ville de Paris, à l'occasion du
» mariage du Dauphin et il eut la satisfaction de
» vaincre enfin par le mérite de ce morceau l'injuste
» prévention de Laurent Cars , son premier maître,
» et cet habile artiste avoua avec la plus louable fran-
» chise qu'il s'étoit trompé à son sujet. Une estampe
» plus considérable acheva d'établir la réputation de
» Flipart. C'est une espèce de Sainte-Famille qui
» fait suite à la Galerie de Dresde, d'après J. Romain;
» cette belle gravure qui fut faite pour la Pologne ,
» réunit tous les suffrages , tant dans ce pays qu'en
» France. Enfin après la gravure d'un tableau à' Adam
» et Eve, de Natoire, liaurent Cars qui l'avait chargé
» de ce travail , le présenta lui-même à l'Académie où
» il fut reçu avec de grands éloges. On n'entrera
» point ici dans le détail des nombreux ouvrages de
» cet estimable artiste. On sait avec quel succès il
» rendit plusieurs chefs-d'œuvre de M'' Greuze et il
>> a su s'associer ainsi à la réputation de ce maître
» célèbre dont les tableaux sont déjà sans prix de son
186 LES GRAVEURS DU XVIIP SIECLE.
» vivant. Il mit le comble à la sienne en gravant une
» superbe Tempête d'après Vernet, peintre si admi-
» rable dans ce genre , et il fut enlevé à l'art et à ses
» amis , comme il gravait un morceau important de
» Dietrich dont le sujet est Jésus-Christ guérissant
» les malades.
» A un talent aussi distingué, J.-J. Flipart joignit
» toutes les qualités qui peuvent rendre un homme
» recommandable dans la vie privée. D'une probité
» à toute épreuve, modeste au milieu des succès, il se
» montra toujours le père des jeunes gens qu'il se
» plaisoit à former ; à l'égard de son désintéressement
» l'extrême modicité de la fortune qu'il a laissée en
» est la preuve la moins équivoque. N'oublions pas
» d'observer que la religion fut la base de toutes ses
» vertus et le soutint dans les plus rudes épreuves.
» En un mot , fils docile et respectueux , mari tendre,
» ami sensible et reconnaissant, les larmes que sa mort
» arrache à ceux qui l'ont connu et qui lui survivent ,
» le louent mieux que tout ce que nous pourrions
» ajouter dans cette faible esquisse consacrée à sa
» mémoire. Cet homme si estimable est mort presque
» subitement d'une attaque d'apoplexie le 9 juillet
» 1782. »
Basan dit aussi que personne ne fut jamais plus
modeste ni moins intéressé , doutant toujours de ses
succès ainsi que de son talent.
Laurent Cars , après avoir longtemps méconnu
le talent de Flipart , lui donna une preuve éclatante
de sa confiance en lui faisant graver un Adam et
Eve après le péché , de Natoire , estampe destinée à
faire pendant à un Adam et Eve avant la faute , que
FLIPART. iSl
lui-même avait gravé d'après le tableau de Le Moine.
Vénus et Énée, du mêmeNatoire, est une composition
théâtrale et ennuyeuse que la gravure n'a pas réussi
à relever.
C'est à propos de deux pièces d'après Vernet, expo-
sées au Salon de 1771 , Tempête pendant le jour et
Tempête pendant la nuit, que Diderot se rappelant
la fameuse Tempête de Balechou . s'écriait : Rien qui
vaille. Ah ! Balechou , uhi, uhi es ?
Flipart fut l'ami de Greuze et l'un de ses graveurs
préférés. On lui doit le portrait en profil de Greuze.
in-8 , avec cette mention : gravé par son ami J.-J.
Flipai-t en 1763.
La Pelotonneuse , dédiée à Gabrielle-Anne Babuty,
femme de Greuze.
La Jeune fille qui pleure son oiseau mort . dont le
tableau a inspiré à Diderot , dans son Salon de 1765 ,
une de ses plus piquantes pages :
« La jolie élégie ! le charmant poëme ! la belle
» idylle que Gessner en ferait ! C'est la vignette d'un
» morceau de ce poëte. Tableau délicieux ! le plus
» agréable et peut-être le plus intéressant du Salon.
» La pauvre petite est de face , la tête appuyée sur la
» main gauche.... La pauvre petite, ah! qu'elle est
» affligée ! comme elle est naturellement placée ! que
» son image a d'expression ! sa douleur est profonde :
» elle est à son malheur, elle y est tout entière. 0 la
» belle main ! Je beau bras ! et ces fossettes , et cette
» mollesse et cette teinte de rougeur dont la pression
» de la tête a coloré le bout de ces doigts délicats ,
» et le charme de tout cela... Bientôt on se surprend
» conversant avec cette enfant et la consolant : mais
188 LES GRAVEURS DU XVIIP SIECLE.
» rna petite votre douleur est bien profonde ! que
» signifie cet air rêveur et mélancolique ? Quoi ! pour
» un oiseau ! ça , petite , ouvrez - moi votre cœur ;
» parlez-moi vrai : est-ce bien la mort de cet oiseau
» qui vous retire si tristement en vous-même ? Vous
» baissez les yeux ; vous ne répondez pas. Vos pleurs
» sont prêts à couler.... Eh bien, je le conçois, il vous
» aimait, il vous le jurait. Il souffrait tant et le moyen
» de voir souffrir ceux qu'on aime?... Ce matin-là
» par malheur votre mère était absente. Il vint ; vous
» étiez seule. Il était si beau , si passionné , si tendre .
>:> si cûarmant ! Il avait tant d'amour dans les yeux !
» tant de vérité dans les expressions ! Il disait de ces
» mots qui vont si droit à l'âme!... votre mère ne
» revenait toujours point. Ce n'est pas de votre faute;
» c'est la faute de votre mère... cependant votre serin
» avait beau s'égosiller, vous avertir, vous appeler,
» battre des ailes , se plaindre de votre oubli , vous
» ne le voyiez point , vous ne l'entendiez point , vous
» étiez à d'autres pensées. Son eau ni sa graine ne
» furent point renouvelées et ce matin l'oiseau n'était
» plus.... »
Est-il possible de plus joliment interpréter un tableau
de Greuze ?
D'autres estampes plus imiiortanies, le Paralytique,
le Gâteau des Rois , et surtout r Accordée de Village,
ont popularisé ces compositions touchantes et fait
passer à la postérité, avec le nom du peintre, celui du
graveur qui les a multipliées. C'est que Flipart s'est
réellement assimilé dans ses planches la manière de
Greuze en traduisant ses « romans muets » et il y a
fait à tel point passer la sensibilité de l'artiste créateur,
FLIPART. 189
qu'on s'est même demandé si celui-ci n'y avait pas tra-
vaillé. Si Greuze n"a pas gravé lui-même les derniers
détails des figures, il a dû toujours surveiller de bien
près et diriger leur exécution de visu.
Le Paralytique est la première des trois grandes
estampes gravées sous sa direction par Flipart. Elle est
datée de 1767 et dédiée à Catherine II , qui avait
acquis le tableau. Bien que ce ne soit pas la meil-
leure, nous trouverons Diderot trop sévère , quand
il dit que c'est une estampe charbonnée, ^tnponc^y'
noir étalé sur un morceau de fer-blanc. Le résultat
obtenu est pourtant intéressant et dramatique ; mais,
en effet , la planche est un peu terne et confuse.
« J'avais donné à graver mon Paralytique à M*" Fli-
» part, a écrit Greuze: il devait le mettre au jour dans
» le courant de l'année. M""^ Greuze crut apercevoir
» une lueur de fortune et me dit : Monsieur, il me faut
» un domestique. Je lui répondis : vous savez que
» nous n'avons pas de rentes ! Pour toute réponse
■» elle m'appliqua un soufflet à tour de bras. Je vous
» avouerai que je fus transporté de colère et que je le
» lui rendis. »
On peut facilement remarquer, dans cette pièce , la
manière de procéder de l'artiste qui avançait beaucoup
son travail à l'eau-forte et ne se préoccupait nullement
de la régularité des tailles dans le travail du burin ,
pourvu que l'effet du tableau fût atteint, puis terminait
par des travaux de pointe sèche où se montrait ce
pointillé savant que les mauvais plaisants d'alors ne
manquaient pas de prendre pour des traces de petite
vérole.
Tj Accordée de Village (1770), dédiée au marquis de
490 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
Marigny, possesseur du tableau , est la meilleure des
trois pièces. Cette délicieuse scène qui fit pousser
tant de cris d'admiration aux contemporains et dont
M™^ de Valori. l'élève et l'amie de Greuze. a écrit que
l'esprit l'y dispute au talent et l'art à la nature, que
c'est l'union de tout ce que l'art a de plus expressif et
les formes de plus ravissant , a été rendue par Flipart
avec un accent et une justesse tels , qu'on croirait
encore y reconnaître la main de Greuze, surtout dans
l'expression des figures. Nulle part on ne voit mieux
que dans une bonne épreuve de cette estampe l'in-
fluence du maître et jamais aucune interprétation
n'a plus approché de l'original.
Les « romans muets ». ainsi qu'on appelait alors les
compositions de Greuze, et les estampes qu'il faisait
faire sous ses yeux d'après elles, agitaient le monde
des amateurs et faisaient couler des flots d'encre. On
envoyait des lettres au Mercure, on griffonnait des
brochures sur la Dame bienfaisante de Massard ou
sur la Malédiction paternelle de Le Vasseur, et les
sujets moraux traduits par Flipart n'étaient pas les
derniers à être exaltés ou vivement critiqués. Ainsi
le Gâteau des Rois , autre grande estampe de notre
graveur d'après un tableau qui faisait partie du
cabinet de l'avocat Ducloz du Fresnoy, donnait lieu
à de vives controverses que justifiaient un peu, il
faut le dbe , l'aspect brouillé et confus provenant du
mode de graver employé par l'artiste. Nous détachons
les passages suivants de la Lettre dhm aynateur à
V auteur du Mercure de France : « La nouvelle es-
» tampe est intitulée le Gâteau des Bois , et ce titre
» seul semble annoncer un repas, une fête de famille
FLIPART. 191
» que la joie et la gaîté doivent animer : cependant la
» première impression que fait le lieu de la scène est
» une impression de tristesse... Elle a été gravée par
» M' Flipart et soit que le sujet l'ait ennuyé ou ne l'ait
» nullement inspiré , cette planche est bien inférieure
» aux deux précédentes du même format , exécutées
» par le même artiste. Sa gravure est en général
» trop poussée au noir et ressemble plutôt à une
» manière noire usée qu'à une gravure au burin. Les
» tailles sont d'ailleurs trop sècbes , trop maigres ; ses
» travaux trop égaux , ce qui empêche l'effet de la
» dégradation, répand sur l'estampe une triste unifor-
» mité et ôte aux objets le caractère qui leur est
» propre. »
L'écrivain fait suivre cette critique de quelques
remarques sur le commerce des estampes et de leurs
différents états , que nous reproduisons à titre de cu-
riosité : « Comme en gravure ainsi qu'en peinture et
» même en poésie, c'est le mérite de l'exécution qui
» embaume l'ouvrage et le conserve pour la postérité,
» nous craignons que la plupart des estampes mo-
» dénies . si fort à la mode aujourd'hui , ne puissent
» survivre à notre siècle. Dans quel tems cependant
» la gravure a t'elle était plus accueillie, plus recher-
» chée, mieux payée ? Telle estampe qui n'aura d'autre
» mérite que la nouveauté , sera quelquefois portée à
» un prix plus haut dans une vente que toute la suite
» des magnifiques estampes de Gérard Audran. Il est
» vrai que cette manie ne peut être attribuée aux
» vrais connoisseurs , mais bien à quelques curiolets
y> qui ne connoissent que leur siècle et ne jugent
» du mérite de l'estampe que quand ils l'ont payée
192 LES GRAVEURS DU XVIII'' SIECLE.
» très cher. Ils sont bien secondés dans cette opinion
» par différons marchands d'estampes dont la conduite
» est très adroite. Ils ont su persuader aux amateurs
» un peu novices que quand une estampe moderne
» paroît, ils ne tiennent rien , s'ils n'ont cette estampe
» avant telle ou telle remarque. Us donnent par ce
» moyen l'alerte aux amateurs qui s'empressent de se
» présenter les premiers pour avoir de ces épreuves
» recherchées et lorsque cette foule augmente,
» c'est alors qu'ils mettent le prix qu'ils veulent à
» leurs épreuves. Le jour même que l'estampe du
•» Gâteau des Rois parut, un colporleui' d'estampes
» qu'il est inutile de nommer ici , mais qui est très
» connu par son habileté à former des spéculations
» sur l'ineptie de ses pratiques, avoit des épreuves
» de trois différons prix, l'une à 16 livres, l'autre à
» 24 , et la troisième à 36 livres ; et pour persuader à
» l'amateur qu'il ne devoit pas hésiter de donner ses
» 36 livres, il lui faisoit remarquer que l'épreuve
» qu'il lui présentoit étoit avant l'adresse de l'auteur.
» Il avoit taxé à 24 livres les épreuves où se trouvoit
» un point mal placé dans l'inscription. Il ne raanque-
» roit plus ici que des épreuves avant la lettre, mais
» malheureusement pour les marchands. M'' Greuze
» n'en fait point tirer et les épreuves des planches
» avant la lettre gravée d'après ses tableaux par
» M"' Flipart . qui peuvent exister, sont des épreuves
» que le graveur a fait faire pour voir les progrès de
» sa planche, épreuves par conséquent non finies...
» Au reste quel avantage trouve-t'on à posséder la
» première épreuve d'une gravure médiocre? Un
» amateur a sans doute quelque raison de rechercher
FLIPART. 193
» les premières épreuves d'une planche recoraman-
» dable par la magie d'un burin pur, souple , harmo-
» nieux, mais quelle grande différence peut-il y
» avoir entre les premières et les dernières épreuves
» d'une planche ou l'on n'apperçoit le plus souvent
» que les tailles égratignées d'une eau-forte mal con-
» duite , ou les travaux peines d'un burin sec , sans
» variété comme sans grâce ? »
On a lieu de croire que cette critique, au moins
piquante en ce qui concerne la manière de procéder
des éditeurs d'estampes, est du graveur Gaucher.
Un admirateur et probablement un ami de Flipart et
de Greuze , prit la plume pour répondre aux critiques
dont leurs travaux étaient l'objet et le fit d'une façon
assez plaisante, l'esprit français ne perdant jamais ses
droits. Feignant d'être le maître d'école de Bonneuil ,
il allait souvent, dit-il, dans un château voisin apparte-
nant à MM. Blonde] de Gagny et d'Azincourt et plein
de tableaux et d'estampes. Buvant bouteille avec le
premier laquais de ce seigneur qui lui parlait peinture,
il savait faire une différence entre une image et une
estampe, et distinguer une épreuve avant de celle
après la lettre :
« A la fin d'octobre dernier, j'y vis celle du Gâteau
» c?es i^oes ; je la trouvai si belle que j'en demandai
» le prix dans l'idée d'en faire un cadeau à ma femme
» pour ses étrennes. Seize livres, me répondit-on.
v> Seize livres!... c'est trop d'argent pour bien des
» gens et surtout pour moi et encore me dit-on que
» je n'en aurois pas une pareille à moins de trente—
» deux livres, parce qu'il n'y avoit ni leitt^e, ni adresse,
» ni point. Je demandai ce que c'étoit que ce point.
II. 13
19i LES GRAVEURS DU XYIII^ SIÈCLE.
» On me dit que c'étoit la marque de celles qui étoient
» tirées après beaucoup d'autres, mais que ni le
» peintre, ni le graveur, ni l'imprimeur n'avoient
» aucune part à cette distinction ; qu'elle étoit l'effet
» d'une surprise faite pas un agioteur d'estampes qui
» avoit saisi un moment d'absence pour mettre sur
» la planche une espèce de point allongé lorsque Ton
» tiroit le neuvième cent. Je me récriai que c'étoit un
» malhonnête homme ; que l'on faisoit bien de ne pas
» le nommer, et l'on ajouta cependant que les estam-
» pes n'en étoient ni plus ni moins belles, mais que
» cette marque qui étoit placée au bas de l'estampe
» avant le mot avocat suffisoit pour procurer à cer-
» tains marchands la facilité de vendre les non ponc-
» tuées à un prix arbitraire et au-dessus de celui fixé
» par MM. Greuze et Flipart. Fi! c'est une vilainie !...
» De la peinture passons à la gravure.... M. Flipart
» m'a paru s'être formé un genre particulier par
» une manière de graver qui n'est qu'à lui seul, 11 ne
» vise point à la gloire d'un burin séduisant ; son
» attention est de bien saisir et d'exécuter. Tous tra-
» vaux lui sont propres, pourvu qu'ils produisent
» l'effet qu'il se propose et l'on voit qu'il s'attache
» singulièrement à prendre et à reproduire le carac-
» tère des maîtres dont il grave les ouvrages. »
Et le maître d'école de Bonneuil conclut en disant
que l'estampe est belle , qu'elle se vend bien et qu'elle
n'est pas d'un « gaucher ». A-t-il voulu faire entendre
par ce dernier trait que la critique à laquelle il répond
était du graveur Gaucher? C'est probable.
Le critique ainsi visé y répondit encore par une
lettre rendue pubhque. Nous y trouvons ceci que
FLIPART. 495
Flipart, quand il grave d'après Greuze, semble négliger
ce style aimable et varié qui donne à chaque corps
la touche caractéristique qui lui est propre ; qu'il est
à présumer que Greuze n'envisage la gravure que
comme une manière noire ou une espèce de camaïeu ,
qu'il exige que son traducteur abandonne en partie
les ressources de son art , et qu'il est fâcheux que
l'extrême docilité de M'' Flipart nous prive de ce qu'il
est en état de faire , lorsqu'on ne met point d'entraves
à son génie... Enfin la dispute s'envenimant, il prétend
que le goût de son contradicteur a été formé par un
frère quêteur et un laquais. Voilà, pour le coup, trop
d'affaires pour une estampe !
Il est intéressant , comme complément , d'apprendre
par le Mémoire si curieux de Greuze sur les déporte-
ments de sa femme, combien ces estampes qui, d'après
Mariette , firent la fortune des graveurs et la sienne ,
eurent de succès et rapportèrent d'argent.
Le commerce d'estampes fait par Greuze était en
effet considérable ; lui-même pense qu'il avait dû rap-
porter au moins 300,000 hvres , mais comme c'était sa
femme qui tenait les registres et qu'elle les déchira
pour ne pas avoir à justifier des sommes reçues, quand
elle put craindre une demande de séparation judiciaire
que sa conduite ne justifiait que trop , son mari ne put
jamais s'en rendre compte au juste , mais il estime à
120,000 livres l'argent qui a manqué dans leur liquida-
tion « non compris, ajoute Greuze, les estampes que je
» lui avais données à son profit pour la récompense des
» peines qu'elle se donnait pour le commerce. Elle ne
» devait fabe tirer que cinquante épreuves pour elle
» et notre associé ; au contraire c'est qu'elle en faisait
196 LES GRAVEURS DU XVIII« SIECLE.
» tirer cinq cents qu'elle vendait à son profit , trois à
» quatre louis pièce. Il y a eu neuf planches de gravées
» pendant que nous avons vécu ensemble , dont elle
» a fait son profit. »
Flipart , on le voit , était apprécié par les meilleurs
artistes comme un excellent traducteur de leurs
œuvres. M. de Marigny lui avait accordé, ce qu'il ne
faisait que pour des graveurs d'un mérite reconnu , la
permission de graver des tableaux du Cabinet du roi.
Voici la lettre qu'il adressait à ce sujet, à Cochin , le
18 juillet 1767 : « Vous trouvères cy-joint, M"", l'ordre
» à M'' Jeaurat , pour mettre le S'' Flipart à portée de
» graver d'après les quatre tableaux de chasse à Tours
» et aux tigres et à l'éléphant , etc. , peints par
» MM. Van Loo, Parocel et autres artistes modernes.
» D'après le compte que vous me rendes des talens
» de ce graveur, je ne doute point de la beauté des
» estampes qui résulteront de son travail. »
Et de fait , il était impossible de remettre pareille
tâche à un artiste plus consciencieux. Il n'a gravé que
deux de ces tableaux , la Chasse au Tigre d'après
Boucher , qu'il a dédiée au marquis de Marigny ,
et la Chasse à VOurs d'après Carie Van Loo. Nous
sommes restés en admiration devant la première de
ces deux estampes , certainement l'un des meilleurs
morceaux de Flipart , tant il a su combiner heureuse-
ment le serré du dessin , la chaleur de l'exécution et
l'harmonieux aspect de l'ensemble. Le dramatique de
l'action, les expressions violentes, le pelage des tigres,
le sinistre du paysage , tout est rendu avec un talent ,
à notre sens, supérieur, et que l'on ne s'attendait peut-
être pas à trouver à ce degré chez le graveur.
FLIPART. 197
Flipart a encore ti-aduit de grandes pièces de Bou-
cher et Garesme , et Chardin dans l'agréable estampe
du Jeune dessinateur (1757). Gochin lui avait confié
la gravure de son intéressant dessin du Concours
pour le prix de la tète d'expression (1763), prix fondé
par le comte de Gajlus. Gette estampe gravée avec
beaucoup de goût et d'effet , quoique laissée dans des
tons doux , nous montre , dans la femme qui pose , le
portrait de W^^ Glairon.
L'un de ses derniers ouvrages est le Combat des
Centaures et des Lapithes , d'après Boullongne ,
grande pièce in-folio assez confuse, qui ne fut terminée
que l'année de sa mort.
Le graveur, malgré le succès de ses grandes
planches , est loin d'avoir dédaigné la vignette desti-
née à orner un livre et à en augmenter l'agrément
et l'éclat ; il est un de ceux qui s'y sont distingués,
particulièrement dans l'interprétation des dessins de
Gravelot.
Flipart n'a gravé que peu de portraits : citons, après
celui de Greuze , un gracieux profil de Madame
Faiiart , d'après Gochin.
Fhpart avait été agréé à l'Académie sur la présen-
tation de son maître Laurent Gars. Il mourut le 9
juillet 1782. Ne le quittons pas sans signaler l'in-
téressant portrait que nous a laissé de lui son élève
Ingouf qui l'a dessiné et gravé en 1772. Les traits
sont un peu ingrats, mais le petit œil noir est vif et la
physionomie intelligente et sérieuse. 11 avait épousé ,
le 15 mai 1747, Marie-Antoinette Gontat, fille d'un
enlumineur de la rue Saint-Jacques.
Gharles-François Flipart, frère du précédent,
198 LES GRAVEURS DU XYIIF SIECLE.
mort vers 1773 , a gravé en commun avec son frère
une suite de Portraits de Princes Souverains de
Hollande, in-4 [ex Musœo Scriverii).
On connaît de lui de petites estampes d'après Fra-
gonard ( V Instant désiré , le Refus inutile , le Baiser
dangereux, le Baiser amoureux), et d'après d'autres
maîtres de l'Ecole française.
La vente après décès de Flipart le jeune eut lieu à
Paris, Montagne S'* Geneviève, maison de V orfèvre.
Je 16 mars 1774 ; elle consista simplement en trente-
trois lots de gravures et en plusieurs planches gravées
par le défunt, d'après Raoux , Bouclier et Caresme.
Quant à la vente après décès de Jean-Jacques Flipart,
elle fut plus considérable ; elle eut lieu à Thôtel Bullion,
rue Platrière, le 21 novembre 1782 et jours suivants.
Le catalogue rédigé par Basan , fait ressortir deux
cent trente-huit lots d'estampes , plus un certain
nombre de planches de cuivre gravées par Flipart
lui-même ou par d'autres artistes. On y remarque
notamment tous les cuivres des portraits de la famille
royale par M«"® Boizot.
Nous résumons ici , en un court tableau , les meil-
leures œuvres de Jean-Jacques Flipart.
ESTAMPES.
I. d'après boucher.
1 . La Colombe chérie.
2. L'Oiseau privé.
3. La Chasse ai; tigre, iu-fol.
FLIPART. I!)'J
II. d'après boullongne.
4. Le Combat des Centaures et des Lapithes.
Cette pièce, un peu confuse, est le morceau de réception du graveur à i'Aca-
démie.
III. d'après GARESME.
5. L'Espagnolette, — le Baiser rendu ; 2 p. in-4.
IV. d'après gharuin.
6. L'Ouvrière en tapisserie, 175^ ; in-4.
"7 . Le Dessinateur.
V. d'après coghin.
8. Application du Régent aux affaires, — Rétablis-
sement DU Commerce et de l.\ Marine; 2 p. in-fol.
{Histoire de Louis XV par médailles).
VI. d'après greuze.
9. La PelotONNEUSE , dédiée à Madame Anne-Gabrielle Bahuty,
femme de M. Greuze, par Laurent Cars ; in-fol.
Même dimension que la Tricoteuse gravée par Donat Jardinier.
10. LA PLEUREUSE (Jeune SUe pleurant son oiseau mon ); in-fol.
L'eau-forte, .305 fr. 1881 .
11. L'ACCORDÉE DE VILLAGE; grand in-fol. en largeur.
135 fr. avant la lettre, vente Roth.
12. LE GATEAU DES ROIS; grand in-fol. en largem-.
31 fr. avant la lettre, môme vente.
13. LE PARALYTIQUE SERVI PAR SES ENFANTS; grand
in-fol. en largeur.
70 fr. avant la lettre, même vente.
VII. d'après lagrenée.
14. Le Roi, à l'âge de neuf ans, étudie les sciences et les arts; in-fol.
{Histoire de Louis XV par médailles).
200 LES GRAVEURS DU XYIIF SIÈCLE.
VIII. d'après natoire.
15. Vénus et Énée ; in-fol.
16. Adam et Eve devant l'Éternel , après leur chute ; in-fol.
IX. d'après slodtz.
n. Frontispice allégorique. — Fête publique donnée par la
ville de Paris à l'occasion du mariage de Mgr. le Dauphin , le
13 février l'74'7, avec Marie-Josèphe de Saxe ; in-fol.
Existe à l'eau-forte pure, avec la place des deux médaillons en blanc.
X. d'après c. vanloo.
18. Chaëse à l'ours ; in-fol.
Pendant de la Chasse au Tigre d'après Boucher.
XI. d'après VERNET.
19. La Tkmpête pendant le jour, — La Tempête pen-
dant L.\ NUIT, n*!! ; 2 p. in-fol. en largeur.
XII. d'après vien.
20. La Vertueuse Athénienne. — la Jeune Corinthienne ; 2 p.
PORTRAITS.
21. CLAIRON (Mademoiselle). — Concours pour le prix de l'eso-
pression, fondé dans V Académie royale de peinture par le Comte
de Caylus. — Mademoiselle Clairon , assise au-dessus d'une table
élevée, sert de modèle aux jeunes artistes. — Très jolie pièce in-4
en largeur, d'après le dessin de Cochin.
L'eau-forte pure vendue 40 fr., décembre 1880.
22. DUMONT LE ROMAIN , assis, tenant des pinceaux et sa palette,
d'après La Tour ; in-fol.
FLIPART. 201
23. FAVART (Madame), profil, dessiné par C. N. Cochin fils, llbd,
gravé par J. J. Flipart en l'762 ; in-8.
1*'' état : Avec le nom du personnage dans la tablette. Très rare.
2^ état : Le nom remplacé par ces vers :
Pour charmer ta raison la gailé l'a choisie,
L'embellit de ses agrémens,
Et comme autant de fleurs fil naître ses lalens,
Pour en offrir un Bouquet à Thalie.
Y.
3" état : Avec le mot Frontispice dans la marge supérieure.
24. GREUZE , peintre du Roi , profil in-4. — Greuze de!., gravé par
son ami Flipart en 1765.
Ce portrait est intéressant. Les épreuves avant toute lettre , avec la tablette
blanche, sont fort belles; 115 fr. 1881. Nous en connaissons aussi une épreuve
inachevée, retouchée par le peintre.
Flipart a gravé une nombreuse série de portraits des Comtes de Hollande pour
l'Histoire des Provinces-Unies. EUe est sans mérite et sans aucun intérêt histo-
rique.
VIGNETTES.
25. Frontispice, d'après Boucher, pour V Abrégé de la vie des
plus fameux peintres, par d'ArgenvilIe , l'762 , iii-8.
26. Vignette des armes du Roi pour l'Art de la guerre du maréchal
de Puységur, 1749, d'après Cochin.
27. Vignette des armes du Comte d'Argenson pour C Ingénieur de
campagne, de Clairac, 1749, d'après Cochin.
28. En-tête d'après Cochin , pour le LMC/'èce de Marchelti , 1754.
29. Vignettes pour les Œuvres de Piron (Paris, Duchesne, 1758, in-8),
d'après Cochin.
30. Vignette des arraoii-ies de la famille royale, dont on enlève une,
d'après Cochin (Éloge historique de M. le Duc de Bourgogne,
par Le Franc de Pompignan , 1761).
202 LES GRAVEURS DU XVIIP SIECLE.
31. Illustrations d'après Boucher, Cochiu et Gravelot, pour le DÉCA-
HÉRON , édition de 1757.
Les eaux-fortes sont très curieuses ; le cuivre est à peine égratigné de traits
légers. C'est une manière qui est toute particulière à Flipart.
Nous avons vu jusqu'à six états d'une même vignette du Décamé r on.
32. Vignettes d'après Gravelot pour la Nouvelle Héloïse , édition de
1761 , in-8, — pour les Œuvres de Racine, édition de 1768, in-8,
— pour les Œuvres de Corneille, édition de Genève, 1764 , in-8
( Méde'e , Horace , l'Illusion comique ) , — pour les Œuvres de
Voltaire, édition de Genève, 1768, in-4 (frontispice de laHenriade,
avec buste de Voltaire).
33. Vignette pour un Plan de la ville de Nantes, 1749.
34. La Force de l'éducation , d'après J Pasçuier, vignette pour titre,
Londres, 1750.
35. La Folie sur son trône, entourée de six petits enfants, d après Eisen
(Éloge de la Folie , 1751 ). — Le Juge de Mesle . d'après Eisen
{Contes de La Fontaine , édition des Fermiers-GénérauxV
36. Fleui-ons pour Satyres de M. Rabener, 1754 ,2 p. — Flipart f.
37. Illustrations d'après de Sève pour les Œuvres de Racine , 1760 ,
in-4.
Flipart a gravé, à lui seul, la moitié des figures : Bajazet, Milhridate , Iphi-
qénie, Phèdre. Esther, Athalie, et une partie des fleurons.
38. Nombreuses illustrations d'après Oudrj pour la grande édition des
Fables de La Fontaine [VHomme et son image , — le Renard et
la Cigogne , — le Lion et l'Ane chassant , — le Meunier, son
Fils et l'Ane, — le Loup, la Mère et l'Enfant, — Belphe'gor, etc.).
FLODING (Pierre
1741-1791.
Graveur au lavis suédois , élève de Charpentier. Il
travaillait à Paris et y a gravé d'après les dessins de
Boucher deux pièces à l'aqua-tinte , dédiées toutes
deux à son protecteur , le baron Ulric de Scheffer ,
Soldats dormant auprès de la prison de St-Pïerre
et DapJiné changée en laurier, 1762. — Chez V auteur
rue Levêque, au cary^efour des 4 che'tninèes chez
]^me Deriseville.
Lorsque le roi de Suède Gustave III vint à Paris .
Gochin dessina , pour perpétuer le souvenir de sa
visite , une Allégorie sur le Roi de Suède à qui les
Etats généraux présentent les sciences et les arts ,
in-folio , que Floding se chargea de graver. 11 a éga-
lement exécuté le portrait de Gustave III d'après
Pasclie . in-4, ainsi que celui de son compatriote
devenu parisien comme lui , le peintre Roslm.
Naissance de la Vierge d'après Monnet. — Bataille
d'après Casanova. — La Fidélité surveillante, peinte
à Rome par Deshayes et gravée à Paris en 1759, in-fol.
— Projet d'un tombeau d'après Challe , 1759. — La
Moisson en pleine cannpagnc, in-fol. — Le Loup et le
Renard, dans les Fables de La Fontaine d'Oudry.
FOKKE (Simon).
1712-1784.
Simon Fokke , d'Amsterdam , travailla toute sa vie
dans sa ville natale , surtout pour les libraii'es.
Portraits historiques des Honijnes illustres du
Dane'inarck (1746). — Allégorie sur la Paix donnée
à VEurope en 1749. — Arrivée du Sfathouder des
Pays-Bas à Amsterdam le 30 tnai 1 768. — Vues de
Hollande d'après J. de Beyer et Avercamp. — Vue de
VY à Amsterdam. — Vue du port de Livourne et
Vue des environs de Narni , d'après deux tableaux
de Joseph Vernet formant pendant dans le cabinet du
Prince d'Orange. — Le Modèle ou V Académie hollan-
daise, d'après Schauman (1751), petite pièce en largeur.
— Les cadres entourant les figures du Régent , et les
culs-de-lampe, d'après Gochin, d'une assez jolie édition
de Daphnis et Chloé imprimée pour les curieux (1757),
in-4. — Portrait de Destouches , pour ses œuvres .
Amsterdam (1755). — Vie de Marianne, par Marivaux
(1741-42) — Histoires et Contes du temps passé de
Perrault (1742). — Fig. de Goypel pour Don Quichotte.
Simon Fokke , qui possédait une belle collection ,
s'est gravé lui-même , entouré de livres et tenant à la
main une estampe ; in-12.
FOLKÉMA (Jacob
1692 --1767.
Né à Dokkum , en Frise , en 1692 . Folkéma apprit
la gravure de son père , et s'établit à Amsterdam où il
est mort en 1767. Il a gravé, d'après ses propres des-
sins ou d'après ceux de Bernard Picart , une quantité
considérable de planches : Histoire du Vieucc et du
Nouveau-Testa/tnent, ti^aduction de Royaumont (1712) ;
le Monde pleivi de fols ou le Théâtre des Nains, 58 flg.
de Koning (1716). — Planches pour les Métamorphoses
d'Ovide (1732) ; frontispice pour les Caractères de La
Bruyère, in-12 (1731) ; Histoire de Méléagre, d'après
Le Brun (1734) ; plusieurs des planches des Avenim^es
de Télémaque (1734). — Planches pour les Œuvres
de Ruysch (1737). — Allégorie sur latnori du Prince
d'Orange. — Planches pour Cérémonies et Coutumes
religieuses de tous les peuples. — Planches pour le
Rabelais de LeDuchat (1741). — Œuvres de Scarron,
Amsterdam (1752) , 6 figures de Du Bourg. — Nom-
breuses planches pour la Galerie de Dresde.
L'un des travaux les plus connus de Folkéma est sa
réduction in-8 des figures de Charles Coypel pour les
Aventures de Don Quichotte , exécutées avec Fokke
pour une édition parue seulement en 1768.
FOSSEYEUX (Jean-Baptiste
1752-
Peu de chose à dire de cet élève de N. de LaunaA'.
On ne rencontre guère son nom que sur quelques
vignettes de V Histoire de France d'après Moreau , et
sur plusieurs des portraits placés dans les Œuvres de
Voltaire, édition de Kehl : Lot«?sZF d'après Van Loo,
CatheiHne II , UAr génial et Dunois.
Paul Jones . in-4 , terminé au burin sur une eau-
forte de Moreau , 1781.
Il a aussi gravé un portrait in-4 de Jean-Antoine
Hagnon, économe du château royal de Bicêtre, 1787,
d'après Boissier ; Marie-Antoinette, in-12 ; Fernand
Cortez, d'après Velasquez, in-fol.. 1799.
Fosseyeux ( on écrit aussi Fossoyeux j a travaillé
pour la Galerie du Palais-Royal et pour le Musée
Français. Sur ses vieux jours , en 1822 , il s'avisa ,
sans doute en souvenir de Moreau qui lut , dit-on ,
son maître , d'exécuter une grande planche , les
Atnours du Héros français , qui n'est autre chose
qu'un agrandissement passablement ridicule de la
gracieuse vignette du chant IX de la Henriade, dans
la suite de l'édition de Kelil , représentant Henri IV
et Gabrielle d'Estrées.
FOURDRINIER (Pierre
Le nom rlo Pierre Fourdrinier apparaît quelquefois
au bas de vignettes , dans des livres publiés de 1720 à
1740.
Ce dessinateur et graveur à la pointe et au burin ,
né en France vers 1712, passa encore jeune en Angle-
terre et ne quitta plus Londres , paraît-il. C'était , dit
Huber , un homme industrieux dont le principal talent
consistait à dessiner et à graver des vignettes et des
ornements de livres ; les meilleurs ouvrages de cet
artiste sont ses grandes planches d'architecture, exé-
cutées avec beaucoup de propreté. 11 s'en trouve plu-
sieurs avec cette qualité dans un grand volume iu-lbl.
mtitulé TJie Villas of Ancients, commentées pai' H.
Gastel et gravées à Londres en 1728.
Le Manuel cite encore, au nom de Fourdrinier, le
portrait de /. Radcliffe, il Al ; Vue de lliôtel du Lord-
Maire de Londres, 1751 ; Ruines de Palmyre et
Baïbec ; une suite de 15 pièces représentant les Mai-
sons et jardins de Robert Walpole.
Fourdrinier a travaillé aux quatre grandes Vues de
Lisbonne gravées d'après les dessins du capitaine
Lemprière et de Richard Paton.
FRAGONARD (Honoré).
4732-1806.
Avec l'étonnante intuition des grands artistes ,
Honoré Fragonard n'eut qu'à laisser courir la pointe
d'acier sur le cuivre pour être un maître en fait de
gravure, et le peu qu'il a laissé dans ce genre inspire
le regret qu'il ne s'y soit pas adonné davantage.
A peine en Italie, « il grave et regrave des Tiepolo,
» son maître de gravure , ont écrit MM, de Goncourt ,
» tout cela en petites planches grattées au vol, qui
» ressemblent aux croquis fixant un souvenir et une
» impression sur une page d'album. Puis, dans le
» format et l'espace d'un billet de visite , il jette
» quelque jardin de villa abandonnée , un dôme
» darbres , une épaisseur d'ombre avec un trou de
» jour, et sous le travail brouillé de son aiguille , le
» petit paysage pétille de lumière et de vie avec ses
» cascades de branches , son fouilhs d'herbe et ses
» rampes à balustres que gardent allongés deux
» sphinx. »
Ceci est la description d'une petite pièce qu'on a
appelée le Parc.
L'Italie lui inspire encore ces délicieux Jeux de
Satyres , quatre pièces connues aussi sous le nom
FRAGONARD. 209
de Bacchanales, exécutées en 1763, voluptueuses
fictions écloses sous ses doigts habiles et aussi gras-
sement que finement gravées. Ce sont deux satyres
faisant un siège de leurs bras nerveux à la nymphe qui
les enjambe « avec un écart de volupté », ou bien c'est
l'un d'eux qui se retourne pour embrasser la nymphe
qui le chevauche ; dans les autres , les mêmes figures
mythologiques dansent pour égayer des faunins ou
les font se lutiner entre eux , fantaisies charmantes
gravées pour le grand plaisir des yeux et qu'encadrent
des touffes de lierre et de roseaux : « Ne dirait-on pas
» de divines terre-cuites tombées dans l'herbe du socle
» d'un Priape, ou plutôt ne font-elles pas penser à des
» pierres gravées ramassées par le peintre français
» dans la grotte des nymphes où se baignait Ghloé ? »
A son retour en France, préoccupé de peinture ,
accablé de commandes, Fragonard n'a plus guère le
temps de faire mordre ses eaux-fortes. Ce n'est que
lorsqu'il s'agit de guider les essais de sa belle-sœur
Marguerite Gérard , de retoucher ses planches ou de
lui donner des modèles. Ainsi cette pièce si colorée,
Mosieur Fanfan jouant avec Mosicur Polichinelle
et compagnie, qu'on a souvent attribuée à la jeune
femme, et qui est le portrait du jeune Evariste Frago-
nard enfant, est gravée avec une telle maestria et
une si grande intensité dévie, que le travail de l'élève
dispai^aît absolument pour laisser vibrer le morceau de
maître : « Doux travail en commun auquel l'artiste
» apportait ses retouches et donnait parfois tout son
» talent ; planche que l'élève croyait avoir faite et que
» le maître lui faisait signer pour l'en convaincre. »
Une très grande pièce , caprice heureux d'un talent
n. 14
210 LES GRAVEURS DU XVIII'' SIECLE.
flans sa floraison ( 1778 ) , est signée de la main du
spirituel artiste : V Armoire , Tune de ces amusantes
grivoiseries dont le XVIIP siècle était si friand et que
l'artiste aura dessinée évidemment sur la commande
expresse de quelque amateur égrillard. Les parents
mènent grand bruit en constatant la douleur de leur
fille et le dégât causé par le jeune garçon trouvé si
penaud dans l'armoire. 11 y a dans la manière dont le
drôle tient son chapeau une intention bien libre, mais
quelle étonnante virtuosité dans l'exécution ! quelle
heureuse distribution de lumière , quelle vérité d'ex-
pression et quelle malice !
ESTAMPES.
1. BACCHANALES, imitant des bas-reliefs; 4 p. iu-4 en largeur.
2. L'ARMOIRE, estampe à l'eau-forte ; grand in-fol. en largeur.
1"' état : Avant la lettre.
2« état : Avant l'adresse de Naudet.
3« état : Avec l'adresse, à Paris chez Naudet il'^ d'Estampes, Port au bled.—
An milieu , le titre L'Armoire.
V Armoire a été plusieurs fois copiée : par Guyot, par les Campion , par R de
Launay le jeune. La copie de Guyot est découverte et obscène.
3. MOSIEUR FANFAN jouant AVEC MOSIEUR POLICHINELLE
ET Compagnie; in-4 en hauteur.
l'''' état : A droite la signature de Mademoiselle Gérard.
2"= état: Ce nom effacé; à gauche Naudet exd, à droite Fragonardsp.
4. intérieur, scène avec huit personnages ; in-4.
5. Les Traitants, ms ; in-4.
(5 . Le Parc , avec une terrasse ; in-8 en largeur.
1 . Deux femmes à cheval ; in-8 en largeur.
FRANÇOIS (Jean-Charles),
PI 7-1769.
Né à Nancy le 4 mai 1717, d'une bonne famille de
commerçants de cette ville, François apprit à dessiner
à rinsu de ses parents. Sans conseil et sans maître, il
devina en quelque sorte les principes et les procédés
de son art , et c'est peut-être aux recherches qu'il fut
obligé de faire , qu'il doit la découverte de la gravure
en manière de crayon. Très jeune encore il grava ,
pour vivre , des armes sur de la vaisselle , et dès l'âge
de seize ans , il quitta sa ville natale pour exécuter à
Dijon une commande importante de ce genre. 11 poussa
ensuite jusqu'à Lyon dans lespoir de trouver quelque
occasion de graver en taille -douce. 11 demeura sept
ans dans cette ville, et c'est là qu'à force de patientes
recherches , d'essais et de tâtonnements , il arriva à
produire, avec son procédé, un livre de Principes de
dessein faciles, pubhé par Pariset.
François a d'ailleurs raconté , dans une lettre à
Savérien , les diverses phases par lesquelles passa son
invention : « En 1740 , je formai le projet d'un livre à
» dessiner et je compris que pour réussir, il falloit
» trouver une façon de graver qui imitât le crayon.
» J'en fis un essai dont on peut voir les estampes à la
212 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
» bibliothèque du Roi. Cet essai ne me satisfit point
» assez pour que je le continuasse. Je méditai et je fis
» de nouvelles expériences, et peu content de mes
» succès j'attendis du temps et de mes réflexions de
» plus grandes lumières. Ce ne fût qu'en 1753 que je
» me hasardai à faire un nouvelle essai d'après les
» desseins d'un professeur de Paris. J'en fis voir des
» épreuves à plusieurs personnes , mais je ne les dis-
» tribuai point au public. On m'engagea à perfection-
» ner celte invention et encouragé par ces sollicita-
» tions, je parvins en 1756 à imiter assez bien le crayon
» de sorte qu'en 1757, j'eus six feuilles que je crus
» pouvoir présenter à M*" le Marquis de Marigny. J'en
» donuai aussi à l'Académie Royale de peinture. 11
» fut instruit de l'accueil qu'elle avait fait à mon tra-
» vail et attentif comme il est à favoriser les décou-
» vertes utiles et à récompenser ceux qui les font , il
» obtint du Roi une pension (de 600 livres) dont il me
» fit délivrer le brevet. Ce généreux protecteur des
» arts ne se borna pas là. En 1758 il me donna le titre
» de graveur des desseins du cabinet du Roi. Cette
» nouvelle faveur me fut accordée à l'occasion du
» rapport que l'Académie Royale de peinture avait
» fait de ma découverte :
« Extrait des registres de l'Académie Royale de
» peinture et sculpture, du samedi 26 novembre 1757.
» Le sieur François graveur en taille- douce a fait
» présenter des estampes qu'il a gravées dans une
» manière non usitée jusqu'à présent qui imite le
» maniem,ent large du crayon. L Académie a fort
» approuvé ce genre de gravure comme très propre
» à perpétuer les desseins des bons maîtres et à
FRANÇOIS. 2<3
» multiplier les exemples des plus belles Tnaniè^^es
» de dessiner. Les morceaux que le sieur François
» a exécutés dans cette manière ayant été pareille-
■» ment approuvés par la compagnie , elle a chargé
» son secrétaire de lui délivrer un extrait de la
» présente délibération.
» Signé Cochin. »
« Vous qui connaissez , Monsieur , mon zèle pour
» le progrès des arts et mon désir de bien mériter
» des humains, vous comprenez que de pareilles satis-
» factions devaient m'enflammer d'avantage. Aussi je
» redoublai d'ardeur et j'imaginai de graver les des-
» sins lavés et ceux au crayon noir et blanc sur papier
» gris ou bleu. J'espère allier cette dernière manière
» de graver avec celle qui imite le crayon rouge, afin
» de donner au public des planches qui imitent les
» trois crayons. »
Suivait une liste des estampes se trouvant chez
François graveur, rue St-Jacques, à la vieille poste :
Châteaux que le roi de Pologne occupe en Lorraine,
3 vol. in-fol. — Antiques du cabinet de M^ Adam ,
iu-4. — 20 Cahiers de figures d'orneinent et de fieuy^s.
— 8 Paysages. — Cours de dessein dans le goût du
crayon ou VAm.our du dessein , suite de modèles
fournis par sa femme, par Eisen, Carie Van Loo, Vien,
Boucher, etc..
Le Palais d'Apollon , sorte de fiction à la gloire de
Louis XV, et dédié au roi de Pologne, consistant en
une suite de planches allégoriques in-folio , d'après
Eisen , et représentant le Spectacle des sciences et
des vertus dans le Palais des Dieux, le Plan du
Palais d'Apollon , V Intérieur du Palais^ etl es fron-
214 LES GRAVEURS DU XVIII' SIECLE.
tispices de VAcadé'mie des Sciences, V Académie des
Arts , avec un buste de Louis XV, V Académie fran-
çaise, V École Militaiy^e (1756), etc.
Enfin , l'ouvrage le plus important de François est
la série de portraits dont il a orné VHistoire des
Philosophes modernes, 1761-1769, in-4.
Cet ouvrage renferme un grand nombre de portraits :
l'auteur d'abord , Savèrien , gravé avec grand soin
d'après la peinture de M""^ François (née Marie-Cathe-
rine Frédou) , Érasme , Hobbes , Nicole , Spinosa ,
Malebranche, Bayle , Clarke, Montaigne, Chat-'ron ,
La Rochefoucauld , Puffendorf, La Bruyère , Des-
cartes, Pascal , Ramus, Bacon , Copernic , Galilée ,
Newton , etc.. Quand on n'a pas pu se procurer les
portraits des philosophes , on les a remplacés par des
allégories d'Eisen. Cet ouvrage parut aussi dans le
format in-12.
L'un des plus curieux, portraits de François est celui
du médecin François Quesnay, gravé en 1767 d'après
Frédou. c'est-à-dire d'après M""' François, dont c'était
le nom de fille. Il renferme le spécimen de toutes les
manières de graver employées par l'artiste. La tête est
travaillée en manière noire , la draperie au burin , la
bordure et le fond sont rendus dans le goût du crayon,
les accessoires sont au lavis et le piédestal au crayon
noir et blanc. — Citons encore d'autres portraits de
François : le Comte de St-Florentin. — Ch. Alb. de
Lorrame, gouverneur des Pays-Bas, in-4, au burin. —
Joseph de Lorraine, archiduc d'Autriche, 1751, in-4 .
au burin. — M. A. F. deSégur, abbesse de Gif, in-4. —
/. F. de Montillet, archevêque d'Auch, d'après Roland
de La Porte, 1754, in-fol., très beau portrait au burin.
FRANÇOIS. 215
— Louis Dauphin de France , en habit de dragon ,
d'après Aubry, à la manière du crayon . donné par
François au public par amour. — /. F. Denis ,
trésorier général des bâtimens du roi , et sa femme
Marg.~Cl. Denis née de Foissy, deux médaillons en
manière de crayon.
François n'a pas toujours gravé à l'aide de son pro-
cédé. Citons deux eaux-fortes , terminées au burin
(in-fol. en larg.) , Boutique de Chapelier et Boulic[ue
de Perruquier, qui portent son adresse , à Paris au
triangle d'or. Hôtel des Ursins , derrière St-Denis
de la Chartre. Une autre pièce, le Bal chinois, d'après
Eisen , porte la même adresse.
La Petite ouvrière rusée, les Amusements de la
Jeunesse , le Jeune Brodeur , le Vieillard heureux ,
le Peintre philosophe, sont d'assez médiocres estampes,
sans doute de la jeunesse de l'artiste.
Orgie de Soldats, d'après Carie Van Loo , manière
du crayon, dédiée à M. de Marigny. — Tête de Vierge,
d'après Vien , dédiée à la reine , manière du crayon.
— Cavaliers, d'après Parrocel, 1766, dans la manière
du crayon. — Dessin de plafond , d'après Boucher,
essai de gravure au lavis (mars 1758).
Adresse du relieur Dubuisson fils , petit cartouche
en hauteur dans le goût d'Eisen; des amours sou-
tiennent les armes de France à la partie supérieure :
Du Buisson le /ils, y^elieur doreur rue St-Jâque
à Paris, fait en or les armes de toutes les tètes
couronnées, princes, princesses, prélats, grands
officiers de la couronne et de la maisoti du Roy,
princes étrangers et autres seigneurs tant de robe
que d'épée , il peint lesdites Armes en miniature
216 LES GRAVEURS DU XVIIP SIECLE.
aussi bien que les chiffres. — Du Buisson fils inv.,
François sculp. ^
Les dernières années de François furent empoison-
nées par les tentatives de ses imitateurs pour se faire
attribuer le mérite de son invention. Il eut aussi
le chagrin de voir l'Académie, ne pensant qu'à l'intérêt
des arts, accorder son approbation à Magny et à
Demarteau, et de dépit, il se renferma plus étroitement
chez lui. Sa santé même s'altéra considérablement.
Les chagrins et l'inquiétude hâtèrent sa fin ; il suc-
comba le 21 mars 1769.
1 Pour l'adresse de Dubuisson , voyez aussi le catalogue de Le Mire .
Puisque l'occasion s'en présente , signalons encore quelques adresses
de relieurs, non signées :
Adresse de Tessier. — Petit cartouche avec une Renommée et les
armes de la maison d'Orléans. Tessier, succès, du S>' Le Monnier seul
Relieur Doreur de Livres de Mv le Duc d'Orléans et de sa Maison ,
fait, place des fausses Bibliothèques, fait aussi des Registres et Cartons
pour les Bureauoc, Rue de la Harpe au-dessus de la rue Serpente
N° i65. A Paris.
Adresse de Vente. — Petit cartouche de forme rocaille. Vente, Relieur
et Doreur de la Chambre du Roi, au bas de la Montagne S^e Geneviève,
au bâtiment neuf des Carmes, à Paris.
L'adresse de Fournier n'est pas ornée, nous en donnons cependant le
texte comme curiosité : A LA Chercheusk d'Esprit, rue Satory,
vis-à-vis la rue du vieux Versailles, et au château, à côté de Mon-
seigneur le Duc de Luynes , à Versailles. Fournier, Libraire , Relieur
du Roi et de la Reine et Marchand Papetier suivant la Cour, vend ,
achète et relie toutes sortes de Livres. Vend Papier, Plumes, Encre,
Registres et généralement tout ce qui concerne la Papeterie. A Fon-
tainebleau, au Château, galerie de Diane. Au Château à Compiègne,
à côté de la sacristie. Au château à Marly, à côté de la Chapelle.
L'adresse du célèbre Derome, si connu des bibliophiles, est entourée
d'un simple trait carré. Relié par Derome le jeune rue S' Jaque au-
dessus de S' Benoist.
FRATREL (Joseph
1730-1783.
Quatorze planches exécutées à l'eau-forte, — « d'un
goût original, qui approche de celui de Rembrandt , »
écrivaient naïvement ses conleniporains, — composent
l'œuvre de ce peintre graveur né à Epinal en 1730.
Les parents de Fratrel le destinaient au barreau, et il
acquit même de sérieuses connaissances en jurispru-
dence , mais un goût irrésistible l'entraînait vers les
arts, et dès qu'il avait quelques heures de loisir il les
consacrait à l'étude du dessin. Bientôt il abandonna
le droit pour entrer à Paris dans l'atelier du peintre
Baudouin.
Fratrel fut d'abord peintre du roi Stanislas, à Nancy.
Puis l'électeur palatin , ayant eu l'occasion de voir
quelques-uns de ses portraits historiques , résolut de
se l'attacher comme peintre de sa cour.
« Fixé à Mannheim, son génie prit un nouvel essor,
» il ambitionna de devenir peintre d'histoire. Il se fit
» avec goût une petite collection de gravures , no-
» tamment de celles d'après Raphaël et le Poussin, et
» se proposa pour but d'imiter ces grands maîtres.
» Ses compositions sont simples , nobles et grandes ,
» la vérité de l'expression et la vigueur de son coloris
218 LES GRAVEURS DU XVIIl' SIECLE.
» prouvent l'étude profonde qu'il a faite de la nature.
» Ses têtes sont traitées dans le style antique... tous
» ses tableaux portent l'empreinte d'un extrême fini.
» Ce fut au moment le plus brillant de sa carrière
» que l'art le perdit , il n'était âgé que de 53 ans. »
Les eaux-fortes de Fratrel , remarque Baudicour,
ont été dénaturées par le tirage maladroit qu'en ont
fait les imprimeurs ; mais les premières épreuves sont
d'un charme inexprimable. Cette opinion nous semble
fort exagérée encore. La meilleure pièce de Fratrel
est le Fils du meunier, qui représente un jeune enfant ;
elle est assez agréable, c'est tout ce que l'on peut en
dire ; les autres pièces de l'œuvre rappellent Rem-
brandt aussi peu que possible.
Fratrel peignit beaucoup sur cire et il a publié un
ouvrage intitulé la Cire alliée avec Vhuile, ou la pein-
ture à huile-cire . 1770. Son œuvre gravé a été publié
à Mannheim , en 1799 . avec une courte biographie
que nous avons suivie ici , bien que nous ne puissions
souscrire à des éloges qui vont jusqu'au lyrisme.
1. Les Arts et les Sciences se dévouant à leur protecteur, Charles-
Théodore; in-fol. — 2. La Science, figure en pied; in-fol. —
3. La Sagesse, figure en pied; in-fol. — 4. Le Fils du Meunier,
debout devant le mur du moulin ; in-fol. — 5. Le Songe de Saint
Joseph , d'après L. Krahe ; in-4. — 6. Le prince Frédéric de
Deux-Ponts; in-fol. — 7. Le chevalier de Caux ; in-fol. —
8. Le baron de Hubens ; in-4. — 9. Lambert Krahe, directeur
de la Galerie de Dusseldorf. — 10. Jésus amabilis , in-12. —
11. Saint Nicolas distribuant des aumônes; in-fol. en largeur.
— 12. La Navigation; in-8 — 13. L'Agriculture; in-8. —
14. Le Commerce.
Trois pièces ont sobi des modiflcations, ce qui porte le nombre des planches
à dix-sept.
FREUDENBERGER (Sigismond
1745-18(11
Le dessinateur de tant de piquantes scènes de
mœurs, Freudeberg comme on le nomme abréviative-
ment , a touché la pointe pour graver deux jolies
petites pièces assez rares , le Déjeuner et la Toilette ,
signées S. Freudeherg, à Paris chez Guttenherg.
Freudeberg avait un véritable talent d'aquarelliste
et nous avons vu de lui de remarquables spécimens
en ce genre. Après un long séjour à Paris, de retour
à Berne, sa patrie, il a exécuté beaucoup d'aquarelles,
et pour les répandre en a reproduit quelques-unes.
11 les gravait légèrement au simple trait à l'eau-forte
et les coloriait ou plutôt les faisait colorier à la main.
C'est ainsi qu'ont été faits le Départ du soldat suisse
et le Retour du soldat suisse, 2 pièces in-4 en largeur.
Dans le môme goût : la Toilette champêtre et la.
Propreté villageoise , 2 pièces in-4 en hauteur ; le
Repas 7^ustique et l" Hospitalité suisse ; la Visite au
chalet et le Retour du marché : la Fileuse tnllageoise
et la Dèindeuse rustique ; le Villageois content et les
Soins maternels ; la Chanteuse du mois de mai et
la Petite Fête imprévue. Le mérite artistique de ces
enluminures est bien mince.
GAILLARD (Robert
1722-'! 785.
Robert Gaillard est un graveur parisien d'un
certain taJent , dont le nom est connu surtout comme
traducteur des peintures de Boucher. A vrai dire sa
touche est banale , et manque de cette originalité ,
de ce cachet personnel qui seul fait les grands
graveurs. Huher et Rost l'ont caractérisé d'un mot
très juste : « Il gravait , ont-ils dit, avec beaucoup
» de propreté. »
Gaillard débute par graver des portraits pour le
fonds d'Odieuvre, et travaille aussi , à côté de Ficquet
auquel on ne saurait le compai'er, aux petits portraits
des Vies des Peintres Flamands de Descamps (1753).
En fait de portraits de petit format , nous remarque-
rons encore celui de Périn , secrétaire du maiéchal
de Belle-Isle. C'est probablement sur la recomman-
dation de Wille qu'il fit ce portrait, car ce graveui'
rappelle dans son journal qu'il le recommanda pour
graver celui du maréchal. Gaillard était d'ailleurs des
amis de Wille ; lors d'un baptême , Louise Gaillard ,
sa fille , la même qui a gravé , sert de commère au
jeune Wille. Quand Beauvais , le soigneux imprimeur
d'épreuves de tous ces messieurs, marie sa fille, Wille
GAILLARD. 221
donne un grand dîner de noces auquel figurent , avec
Longueil et Clievillet, M. et M""» Gaillard.
Gaillard a gravé, en grand format: le ministre Berlin
d'après Roslin, la Princesse Galitzin d'après Louis-
Michel Van Loo. Citons encore les portraits de lar-
chevêque de Paris Clwisiophe de Beaumont , de
l'archevêque de Sens Jean Languet, tous deux d'après
Chevalier ; de Castanier, d'après Rigaud ; du cardinal
Potier de Gesvres (1781) , de Henri de Grandjean
(1782) , d'après Deshayes ; du théologien Joseph Trois
(1786), de Pichault de La Mariinière , et de la Reine
de Suède, d'après Latinville,
Boucher a été interprété dans beaucoup de compo-
sitions par Robert Gaillard ; il est hors de doute que
le graveur devait lui agréer et qu'il l'encourageait.
Jupiter et Calisto , estampe dédiée à M. d'Arbonne
par Buldet chez qui elle se vendait. Un critique du
temps a écrit au-dessous de l'épreuve du Cabinet des
Estampes : Gaillard, graveur françois, vivant et
Ijon. La vérité est que cette pièce témoigne d'un beau
maniement de burin , d'une grande netteté dans Lexé-
cution , mais aussi d'un manque de chaleur évident.
— Vénus et les Amours, estampe dédiée à M. de Bour-
gongne , n'est pas d'un faire aussi habile et le dessin
en est médiocre. — Les Bacchantes endormies ,
estampe dédiée à M'" Navailles , chef du gobelet du
Roy par son très h. et très oh. serviteur, cousin et
aini Gaillard, à Paris chez fauteur rue St- Jacques
au-dessus des Jacobins entre un perruquier et une
lingère, représente un sujet bien connu où Boucher
a mis en œuvre toutes les caresses de son pinceau pour
peindre ces corps de femmes mollement étendues et
222 LES GRAVEURS DU XVII^' SIECLE.
observées par des satyres. Le travail du burin est
convenable et solide. — La Marchande de modes est
une gracieuse pièce d'un burin habile et qui est supé-
rieure à d'autres estampes d'après le même maître. —
Sylvie délivrée par Aminie est également gracieuse
et bien gravée.
Dans les estampes bien connues des Amants surpris
et de r Agréable leçon, qui forment pendants, toutes
deux dédiées au comte de Coigny, l'agrément et le
piquant de la composition sont joints, cette fois , au
plus haut degré de franchise et de correction que
Robert Gaillard ait jamais atteint.
Gaillard paraît également avoir tenu en singulière
estime le peintre Schenau. 11 lui commandait en Alle-
magne, par l'entremise de Wille. des tableaux qu'il
gravait ensuite : La Naissance de r Amour, la Belle
Fileuse, l'Écureuil content, r Heureux Serin , r Ou-
vrière en dentelles , la Méditation , sont exécutés
d'après ce maître , expressif dans sa lourdeur.
Lié d'amitié avec Wille, Gaillard devait nécessaire-
ment être chargé par ce graveur de reproduire quel-
ques-uns des tableaux de son ami Greuze, qui ornaient
son logis. Nous trouvons en efiét dans son œuvre deux
têtes de jeunes filles , sous les noms de Diane et de
Calisto, toutes deux tirées du cabinet de M. Wille.
Gaillard a encore gravé , d'après Greuze , la Malé-
diction maternelle et le Fils puni , grandes pièces où
i n'a égalé ni Flipart ni Massard.
D'après J.-B. Le Prince , le Concert Russien et la
Diseuse de bonne aventure Russienne , le Cabaret
et la Récréation champêtre ; enfin diverses pièces
d'après Et. Jeaurat, Gh. Eisen, J. M. Nattier, etc..
GAILLARD. 223
Louise Gaillard, fille de Robert, a gravé d'après
P. A. Wille et d'après Schenau ;
L Agaçante , — la Nonchalante . — la Rusée ,
d'après P. A. Wille ;
La Dissimulée , — la Mystérieuse , — la Prude ,
d'après Schenau ;
L'Amour fixé , — le Fossé de scrupule , — la
Brouille , — le Pardon général , — les Mariés selon
la coutume , — le Perroquet mignon , toutes grandes
pièces d'après Schenau.
Un graveur -amateur. Gaillard de Lonjumead
(Pierre-Joseph) a publié en 1760 une suite de 16 pièces
à' Antiquités de la ville d'Aix. — Balechou a gravé
son portrait d'après J. S. Van Loo.
Pour revenir à Robert Gaillard, voici la liste de ses
principales pièces :
ESTAMPES.
I. d'après boucher.
1. VÉNUS ET l'Amour, — Jupiter et Calisto; 2p. iu-fol.
en largeur.
2. Les Bacchantes endormies, — La Fécondiïh; 2 p.
in-foL
3. Sylvie délivrée par Aminte; in-fol. en largeur.
4. Le Moineau apprivoisé ; iu-fol. eu largeur.
5 . Le Villageois à la pêche ; in-fol.
•3. Les Amants SURPRIS, — L'Agréable Leçon; 2 p. iu-fol
224 LES GRAVEURS DU XYIII^ SIÈCLE.
". Le Goûter d'automne ; in-fol.
8. La iM\RCH.\NDE DE MODES; iu-fol.
9. Le Messager discret, in-fol.
10. L'Obéissance récompensée, — Le Panier mysté-
rieux ; 2 p. in-fol.
11. Le Berger récompensé; in-fol.
12. Les Sabots; in-fol.
Les eaux-fortes de plusieurs des pièces qui précèdent ont figuré à la vente
Mailand, 1881. De 100 à 150 fr.
II. d'après g. EISEN.
13. L'Accord de mariage.
14. Le Bouquet.
15. LE BOUQUET BIEN REÇU, in-fol.
L'eau-forte pure, '200 fr., 1880.
16. LE MOUTON FAVORI; in-fol.
Ces deux pièces sont peut-être les meilleures de l'œuvre de Gaillard , qui
contient tant de pièces estimables, mais pas une seule vraiment hors ligne.
m. d'après gravelot.
n. Le Lecteur; in-fol.
L'eau-forte pure, 60 fr., 1879.
IV. d'après greuze.
18. LA MALÉDICTION PATERNELLE; in-fol en largeur.
50 fr., avant la lettre, vente Roth.
19. LE FILS PUNI; in-fol. en largeur.
50 fr., avant la lettre, vente Roth.
20. LA VOLUPTUEUSE, buste de femme dans un cadre orné;
in-fol.
21. Diane, Calisto, études de tètes; 2 p. in-4.
GAILLARD. 226
V. D APRES JEAURAT.
22. Vénus et Adonis. — Le Jeune Symphoniste. — La Petite Jalouse.
— La Belle Rêveuse.
VI. D APRES LE PRINCE.
23. Le Cab.\RET; in-fol.
24. Le Concert russien; in-fol.
25. La Diseuse de bonne aventure russienne, dédié à
Monsieur Lempereur, échevin de la ville de Paris ; in-fol.
26. Le Moineau retrouvé.
21. La Récréation champêtre.
VII. d'après nattier
28. La Collation , 1751 , pièce en largeur.
VIII. d'après sghenau.
29. La Naissance de l'Amour ; in-fol. — La Belle Fileuse ; in-fol —
L'Écureuil content. — L'Heureux Serin. — La Méditation. —
L'Ouvrière en dentelle.
Ajoutons encore l'Enlèvement des Sabines , d'après Luca Glordano , planche
commencée par Sornique et terminée par Gaillard, le Joueur de musette, l'Enfant
prodigue exigeant sa légitime, d'après Le Clerc.
L'Agréable Lecture, et son pendant, 2 pièces non signées, se vendaient chez
Gaillard.
PORTRAITS.
30. Beaumont (Christophe de) , archevêque de Paris , d'après Che-
vallier; in-fol.
31 BE RT IN (H.-L.-J.-B.), ministre d'État, d'après Roslin; in-fol.
32. Bielfeld (le Baron de) ; in-8.
II. 15
226 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
33. CASTANIER (François), debout devant une table et tenant une
lettre, d'après Rigaud ; iu-fol.
34. Duchesne (Biaise), abbé, d'après Gnevallier, 1752; in-fol.
35. GALITZINE (Catherine, Princesse de) , née Princesse de Canté-
mir, dame du portrait de S. M. l'Impératrice Elisabeth de Russie,
d'après Van Loo ; in-fol.
36. Gr.\NDJE.\N (Henri de), oculiste du roi , d'après Deshays, 1182;
petit in-fol.
3T. Languet (Nicolas), archevêque de Sens, d'après Chevallier.
38. Loitise-Ulriql'E , reine de Suède, d'après Latinville.
39. Mvrie-Louise-ThkrÈSE-Victoire de France , sous la
figure de l'Eau , d'après Nattier ; in-fol. en largeur.
40. Perin, secrétaire du maréchal de Belle-Isle. — Revel pinx.
Niceae 1747, R. Gaillard sculp. Parisiis 1748 ; in-18 en largeur.
Philosophe au milieu du tumulte et du monde
Je consacre par goût aux muses le loisir
Qu'une vie, à regret , par état , vagabonde,
Me laisse quelquefois à donner au plaisir.
Quels vers ! Mais le petit portrait est très finement gravé.
41. PiCHAULT DE LA MartiniÈRE, chirurgien, d'après Latin-
ville ; in-fol. — A droite , sur un obélisque , le médaillon de
Louis XV.
42. POTIER DE GESVRES, cardinal; in-fol.
43. Trois (Joseph), docteur en théologie, d'après Taraval, 1784; iu-tol.
44. Troncbin , professeur de médecine à Genève, d'après Liotard; iu-4.
État avant les vers : Prolonger le fil de la vie.. . .
45. Voltaire, d'après La Tour ; in-8.
46. Très nombreux portraits pour le fonds d'Odieuvre. — Souverains
et princes étrangers; Foucquet, Bussy-Rabutin, Dacier, Madame
Dacier, le maréchal de La Feuillade , Schomberg , Louvois , Le
Nain de Tillemont, Mabillon, Louis Racine, Grécourt, etc., etc.
GAILLARD, 227
4T. Portraits pour la Vl F DES PEINTRES FLAMANDS deDescamps.
— Rembrandt , Thierry Dyrck , Kœberger, François Sneyders,
de Ghéest, F. Hais, Léonard Bramer, Daniel Seghers, LucasYan
Uden, Hubert Goltzius, Jean Yan Goyen, Corneille Poelembourg,
Ph. de Champagne, Jean Torrentius, Adam Elzheimer, Anne-
Marie Schuurmans, Jacques Backer, Gaspard Netscher, etc.
VIGNETTES.
48. Vignettes refusées pour les Contes de La Fontaine , édition des
Fermiers-Généraux.
49. Illustrations pour les Fables de La Fontaine, d'après Oudry; in-fol.
La Grenouille qui veut se faire ausi grosse que le bœuf. — L'Hirondelle et les
petits oiseaux. — L'Homme entre deux âges. . . . — Contre ceux qui ont le goût
difûcile. — Conseil tenu par les rats. — Le Corbeau voulant imiter l'aigle. —
Le Vieillard et ses enfants. — Le Coche et la Mouche. — Le Paysan du Danube.
La plupart des eaux-fortes sont de Cochin père.
GALLIMARD (Claude-Olivier
4 720-1774.
Tout ce que l'on sait de lui , c'est qu'il est né à
Troyes en 1720 et qu'il a passé quelque temps à Rome
où il a gravé diverses pièces d'après de Troy, Subleyras
et autres maîtres. « Vous avez raison d'exciter le jeune
» Gallimard à se perfectionner dans l'art de la gra-
» vure qui est très nécessaire » , écrivait le 30 mai
1750 Lenormant de Tournehem au directeur de l'Aca-
démie de France à Rome, J.-B. de Troy. Cette mention,
quelque banale qu'elle soit , prouve que les progrès
du jeune graveur étaient surveillés en haut lieu.
Gallimard se trouvait donc à Rome lorsque M. de
Vandières y séjourna , accompagné de Cochin et de
l'abbé Le Blanc : il se lia avec eux.
A son retour d'Italie , il fut reçu membre de l'Aca-
démie de peinture de Paris , le 29 avril 1752. Plus
tard , il fut aussi professeur de dessin à l'École royale
militaire.
Les pièces que Gallimard a gravées d'après Cochin
sont fort spirituellement touchées , et font regretter
qu'il n'ait pas produit un plus grand nombre de
vignettes ; ce genre aurait plus particulièrement
convenu à son talent.
GALLIMARD. 229
Le 5 mars 1774, le secrétaire de l'Académie annonce
à cette assemblée la mort du graveur Gallimard , sur-
venue le 2 du même mois.
1 . La Chasteté de Joseph , d'après F. de Troy, 1744 ; in-fol.
2. La Reine de Saba , d'après F. de Troy, 1*744 ; in-fol.
3 . Le Bienheureux Jérôme Émilien présente ses enfants à la Vierge ,
d'après J.-B. de Troy, 1749.
4 . Un prélat à genoux présente ses œuvres à Louis XV. — Eques J. de
Troy inv. C. O. Gallimard sculp. Romse; in-8.
5. Angélique fuyant Renaud , d'après Dandré-Bardon ; vignette in-4.
6. Saint Bruno, statue, d'après M. A. Slotdz.
7. A la mémoire de Vleughels. — In mutuœ amicitiœ monumentum
M. A. Slodtz invenit , 0. Claudius Gallimard Parisinus incidit
1744 ; pièce in-fol.
8. La Peintresse, d'après Pater.
9 . Quatre sujets allégoriques dans des cartouches, d'après de La Monce
[Essai fiur l'homme, de Pope).
10. Sujets du roman de Lazarille, d'après Le Mesie.
11. Vignettes, fleurons et lettres grises pour un ouvrage dédié à
Madame la Dauphine, d'après Pannini.
12. Frontispice d'après Le Lorrain pour les Lettres de M. VAhbé Le
Blanc, 1757; in-12.
13. Frontispice , et armes de M. de La Vallière , d'après Cochin fils ,
pour la dédicace du Parfait Ingénieur français de Deidier, Jom-
bert, 1741.
14. L.\ Soirée, Retoi;r dl Bal, petite estampe gravée en 1759,
d'après un dessin de Cochin fils ; in-4 en largeur.
" On y voit des hommes en domino fort fatigués ; des dames que l'on désha-
» bille semblent leur reprocher leur lassitude. » (Jombert.)
230 GRAVEURS DU XYIIF SIÈCLE.
15. Ex-libris anonyme de l'abbé Le Blanc. — Dans des rochers , des
amours enguirlandent des cygnes autour d'un blason. — C. Cochin
filius inv., C. O. Galimard sculp.
Cet es-libris fut dessiné à Rome par Cochin , et gravé par GaUimard dans la
même ville en 1751. Cette petite estampe, dit Jombert, est fort rare.
16. Armes de Poisson de M.VRIGNY, dans des nuées, entourées
de figures allégoriques ; d'après Cochin, 1752 {Architecture fran-
çaise, de Blondel).
n. Entrée de Louis XV dans Paris par la porte St-Antoine ,
enni5,— Établissement de la Chambre de Justice
contre l'avidité des maltôtiers, 2 p. in-fol. d'après Cochin.
Ces deux belles planches font partie de VHistoire de Louis XY par médailles
(voyez catalogue de Cochin fils).
18. Vue du Vésuve , d après Cochin [Observations sur les antiquités
dCHerculanum),
19. Illustrations pour le CATALOGUE RAISONNÉ DES TABLEAUX
DU ROY par M. Lépicié, d'après Cochin.
1. Fleuron du titre : le soleil rayonnant , aux armes de France, se lève pour
éclairer les arts. — 2. Tête de page du second volume : la Peinture consulte la
Nature, avec divers Génies des arts qui repoussent le Temps.
20. Triomphe de Cybèle et sujet pastoral , fleurons pour le Lucrèce de
Marchetti, n54.
21. Fleuron d'après Cochin. — Sphère groupée avec des lunettes d'ap-
proche (Explication du flux et du reflux de la mer) , Jombert ,
1-749.
22. SCHOLA MARTIS, pièce allégorique sur la fondation de l'École
militaire, d'après Cochin; in-4.
Nous avons attribué à Cochin l'eau-forte de cette belle pièce. Jombert dit
qu' « elle se grave actuellement chez M. Gallimard ». Nous ne connaissons pas
cette estampe terminée (voyez catalogue de Cochin , N" 88).
23. Le Loup et l'Agneau , — le Dragon à plusieurs têtes. . . , — les
Deux Chèvres , illustrations d'après Oudry pour les Fables de
La Fontaine.
GAMELIN (Jacques;
1738-1803.
Jacques Gameliu est né à Carcassoiiiie en 1738. Il
en est de lui au début comme de tant d'autres. Son
père , marchand drapier, veut absolument l'obliger à
suivre sa profession et l'envoie à Toulouse chez M. Mar-
cassus baron de Puymaurin, manufacturier anobli par
Louis XV pour les services qu'il avait rendus à la
fabrication. Mais le jeune Gamehn, loin de s'appliquer
à bien tenir les écritures . couvre de dessins les regis-
tres de la maison de commerce ; heureusement M. de
Puymaurin est aussi instruit que bienveillant ; il veut
voir ces dessins, il pressent l'avenir de son jeune
commis ; bien plus , il fait le voyage de Carcassonne
pour vaincre la répugnance de Gamelin père, et
n'ayant point réussi , il se charge de l'éducation artis-
tique de Jacques, qu'il confie au chevalier Rivalz.
Gamelin remporta le premier prix à l'Académie de
Toulouse ; il se perfectionna à Paris , puis à Rome où
il se maria. 11 fut membre de l'Académie de St-Luc ,
et premier peintre du pape Clément XIV . Les Acadé-
mies de Toulouse et de Montpellier se l'associèrent. Ce
fut alors seulement que Gamelin père , ébloui par ces
succès , se réconciha avec son fils. Il mourut bientôt
232 LES GRAVEURS DU XYIIIP SIECLE.
après , et Jacques Gamelin , héritier d'une fortune
considérable revint se fixer en France . à Toulouse
d'abord, puis à Montpellier où il fut directeur de l'Aca-
démie en 1776. Il revint ensuite à Toulouse pour
s'occuper de la publication d'un grand ouvrage d'ana-
tomie, avec planches en couleurs, qui le ruina.
En 1793 , il se rendit à l'armée des Pyrénées et en
fut nommé le peintre avec le grade de capitaine du
génie. Non seulement il paya de sa personne , mais il
dessina ou peignit les batailles où il assista , et les
esquisses de ces batailles sont des chefs-d'œuvre.
Gamelin est mort en 1803. Il a laissé un grand
nombre de tableaux. Ses dessins sont d'une fougue ,
d'une vigueur d'exécution remarquable. Ses eaux-
fortes sont d'une extrême rareté ; Baudicour était
parvenu à en réunir 52.
1. Le Massacre des Innocents ; grande et belle pièce en largeur.
2. La Guérison du paralytique ; in-4.
3. Les Augures, d'après Polydore de Caravage.
4. Cartouche en hauteur, avec la Prudence et la Force.
5 . La Bataille de Fontenoy ; in-fol .
6. Huit petites compositions de batailles.
1 . Figures en pied , d'après Advinent. — Trois dames vues à mi-corps.
— Dame et Jeune Fille. — Études diverses.
8. Madame Gamelin. — Advinent, peintre en miniature , gendre de
Gamelin. — Madame Advinent. — Gamelin fils aîné. — Gamelin
fils cadet, fait en 1791 , avec cette légende sur le fond : Louis
Gamelin démocrate enragé âgé de 13 ans, que sera-t-il à 20.
— Bécane, professeur de chirurgie à Toulouse.
y . Fleurons et planches pour un Recueil d'Ostéologie et de Myologie ,
Toulouse, m 9.
GARREAU (L.-P.-F).
« Garreau , dit Basan , a gravé en 1782 diverses
» petites pièces de la suite de ['Histoire de France
>> d'après les dessins de Moreaii , plusieurs paysages
» d'après différents maîtres. Depuis plusieurs années
» il demeure en Hollande. »
Portons encore à l'actif de Garreau :
Le Cabaret , d'après Téniers ( Galerie du Palais-
Royal).
La Danse , d'après Jean Miel (id).
Le Charlatan , d'après Karel Dujardin ( Musée
français)
Les Patineurs, d'après Van Ostade (id).
i'" et 2" Vues des environs de Guavana, d'après
Locatelli.
Une Ferme, d'après Paul Potter.
Les Mangeurs d'huîtres, d'après Bénard , petite
pièce en largeur.
Garreau a travaillé au Cabinet Poullain. Il fut .
comme nous l'indique Basan, un des graveurs les })lus
employés pour Y Histoire de France de Morcau.
GAUCHER (Charles-Etienne
174^-1804.
Charles - Etienne Gaucher, graveur remarquahlè
par la douceur et la déhcatesse de son burin , est né à
Paris, en 1741, dans une famille de bonne bourgeoisie.
On avait pensé a faire de lui un médecin, mais comme
dès son enfance il annonça un goût très vif pour les
arts , sa famille ne s'opposa guère à cette vocation
naissante. Il commença par apprendre son métier chez
Basan. C'est de son séjour dans cet atelier qu'il faut
dater ces reproductions de maîtres flamands où l'on
sent une main encore inexpérimentée , corrigée ou
mieux soutenue par un burin rompu à la pratique ,
le Marchand de 'Mort aux rats d'après Vischer, par
exemple.
Gaucher abandonne ensuite Basan pour entrer dans
le fameux atelier de Le Bas. C'est dans cette pépi-
nière de talents naissants , c'est dans cette véritable
académie de gravure , que le futur auteur du portrait
de Madame Du Barry va apprendre à ja/oc/ier le cuivre
et à indiquer, d'une pointe de bonne heure habile , le
fin tracé d'un délicat visage de femme ; joyeux en
même temps que laborieux atelier, habilement conduit
par le père Le Bas , esprit tout parisien , très fin dans
GAUCHER. 236
sa bonhomie , n'épargnant ni ses soins , ni son argent
pour former ses élèves , ou môme pour les amuser, et
accompagnant toujours ses corrections de quelque
plaisanterie.
V Après-disnèe flœmande , daprès Van Tilborch ,
doit être une œuvre de cet heureux temps , car elle
est dédiée à M. Le Bas par son très humble servi-
teur et élève Gaucher. C'est à la même époque que
nous rattacherions les copies retournées de neuf pièces
des Contes de la Fontaine de l'édition des fermiers
généraux , mais bien que cette excursion dans le
domaine de la vignette ait dû l'encourager , Gaucher
semble s'être a'ionné de préférence à la gravure des
portraits de petite dimension.
Il s'essaie d'abord timidement dans ceux de Jean-
Jacques Rousseau, (1763), de l'évêque du Mans Louis
de Grimai di , de Pierre Corneille, pour l'édition
commentée par Voltaire (1764) , et dans celui de
Racine, destiné à l'édition de Luneau de Boisgermain :
tout-à-coup i] grave un chef-d'œuvre d'expression ,
de goût et de tine exécution , le portrait de Marie
Leczinska d'après Nattier. La royale effigie, entourée
d'une guirlande de lys et de roses exécutée par Ghof-
fard, était faite pour orner la dédicace de V Abrégé de
VHisioire de France, que le président Hénault adres-
sait à la reine. La préparation à l'eau-forte de cette
petite merveille de gravure est, certes, fort agréable ,
mais elle ne fait pas encore présager tout ce que
l'artisle mettra ensuite, dans la planche terminée, de
charme et de délicatesse. Pour nous il a donné dans
ce portrait sa mesure et il ne fera pas mienx.
Et pourtant, quelle plus charmante chose que l'élé-
236 LES GRAVEURS DU XVllI^' SIECLE.
gante image de cette grande impure , la Comtesse Du
Barry (1770), encadrée dans des roses, toute gracieuse
et souriante et ne se doutant guèi-e de la terrible fin
qui l'attend ! Si le modèle était séduisant, le portrait
ne l'est pas moins ; comme travail , c'est un tour de
force surprenant.
A présent Gaucher est célèbre , et sa réputation
de graveur de fins portraits est faite , ce qui ne l'em-
pêche pas de s'adonner aussi à la vignette. Les travaux
affluent. Tour à tour nous le voyons graver la vignette
et le cul-de-lampe de \ Idylle de Berquin, d'après
Marillier, un titre élégant , des fleurons et un portrait
pour les Œuvres de Saint-Marc (1772) . les fleurons
exécutés pour l'édition des Aventurées de Tèlèmaque,
texte gravé par Drouët , édition qui formerait un très
beau livre , si elle n'avait été malheureusement inter-
rompue, faute de souscripteurs. Le Journal de Paris
en faisait pourtant les plus grands éloges : « On
» n'épargne rien pour rendre cette édition magni-
» flque ; elle réunira au fini des estampes la ueauté et
» la correction de la gravure du texte. L'impression
» en taille-douce sera soignée et point sujette à varier
» de ton ni de couleur. On n'emploiera que du papier
» choisi, afin de donner à l'ouvrage toute la perfection
» dont il est susceptible. L'exemplaire formera un
» volume petit in-4'' et coûtera 168 livres en papier de
» Hollande et 144 livres en papier de France.
» Les amateurs qui voudront se procurer des
^> premières épreuves les auront fidèlement en se fai-
» sant inscrh'e, sans rien payer d'avance, chez le sieur
» Drouët, graveur, rue et collège des Ghollets, près
» Sainte-Geneviève. »
GAUCHER. 237
On voit que l'ouvrage coûtait un peu cher pour l'é-
poque et ce haut prix dut dégoûter bien des bibliophiles.
Cochin qui devait donner pour cet ouvrage vingt-cinq
grandes compositions , s'arrêta à la treizième , le gra-
veur de caractères et de cartes de géographie, Drouët
éditeur du livre, ne pouvant ai'river k réunir les
sommes nécessaires au paiement des artistes. Il ne
parut donc qu'un fragment comprenant les six pre-
miers livres.
11 faut toujours en revenir aux portraits qui cons-
tituent le vrai titre de gloire de Gaucher. Le volume
des Annales du règne de Marie-Thérèse est , à ce
point de vue , particulièrement favorisé par deux
estampes exquises . le portrait de Joseph IF (1774) ,
et surtout celui de Marie-xinloinette (1775) , d'après
deux dessins de Moreau. Le portrait de la jeune reine
aux traits si fins et si pui's , est tout particulièrement
agréable , et il a fallu tout l'art de Le Mire , qui a
gravé un portrait de Marie-Antoinette de même for-
mat, pour faire hésiter l'amateur et réussir à provoquer
deux admirations.
Nous ne pouvons citer tous les portraits exécutés
par Gaucher à cette heureuse époque de son talent :
choisissons pourtant dans le nombre celui du Dauphin.
plus tard Louis XVI , à l'âge de dix-sept ans (1770) ;
celui du roi de Danemarck Christian VII , jeune
homme à la physionomie intelligente et originale , et
dont le portrait est très probablement resté inachevé ,
puisqu'on ne le trouve qu'à l'état d'ébauche dans l'œu-
vre du Cabinet des Estampes ; celui de la Comtesse
de Carcado, avec ou sans bonnet, ceux de la Baronne
de Noyelles , de Cailhava , de Frèron (1771) , de
238 LES GRAVEURS DU XVIII« SIECLE.
l'avocat Guérin (1771), (\\\ Duc de Brissac (1772) , de
Le Normant du Coudray. etc.
Nous voici arrivés à la pièce capitale de l'œuvre de
notre graveur, le Couronneinent du buste de Voltaire
à la Comédie française, le 30 mars 1778, à la suite de
la sixième représentation à' Irène, d'après le dessin de
Moreau le jeune. Laissons Grimm . témoin oculaire ,
décrire le moment précis reproduit par l'estampe de
Gaucher ; Voltaire est dans l'avant-scène des secondes
spécialement réservée aux gentilshommes de la
Chambre, entre M™^ de Villette et sa nièce M™" Denis :
« La toile baissée , les cris , les applaudissements se
» sont renouvelés avec plus de vivacité que jamais.
» L'illustre vieillard s'est levé pour remercier le public
» et l'instant d'après on a vu sur un piédestal, au miheu
» du théâtre , le buste de ce grand homme , tous les
» acteurs, toutes les actrices rangés en cintre autour
» du buste, des guirlandes et des couronnes à la main,
» et tout le public qui se trouvait dans les coulisses ,
» derrière eux ... Le nom de Voltaire a retenti de
» toutes parts avec des acclamations , des tressaille-
» ments, des cris de joie, de reconnaissance et d'admi-
» ration. C'est Brizard qui a posé la première couronne
» sur le buste ; les autres acteurs ont suivi son exemple
» et après l'avoir ainsi couvert de lauriers. Madame
» Vestris s'est avancée sur le bord de la scène pour
» adresser au dieu même de la fête ces vers que
» M. de Saint-Marc venait de faii-e sur le champ :
' Aux yeux de Paris enchanté,
>- Reçois en ce jour un hommage
" Que confirmera d'âge en âge
" La sévère postérité.
GAUCHKH. 239
» Non, tu n'as pas besoin d'atteindre au noir rivage
■> Pour jouir de l'honneur de l'immortalité.
» Voltaire, reçois la couronne
> Que l'on vient de le présenter :
" // est beau de la mériter
" Quand c'est la France qui la donne. ■
Ces vers sont couverts d'applaudissements et on les
fait répétera Madame Ves tris. Enfin Voltaire, attendri
par tous ces témoignages d'admiration et semblant
succomber sous le poids des lauriers dont on le charge,
plus encore que sous celui des ans , sort du spectacle ,
porté, pour ainsi dire, sur les bras des femmes rangées
sur son passage.
Le 6 mai 1778 , le Journal de Paris annonçait
déjà l'apparition de l'estampe : « Nous venons d'ap-
» prendre que M. Gaucher travaille actuellement à
» consacrer par le burin ce moment où tout le public
» ravi d'admiration et attendri à la vue d'un octo-
» génaire couvert de plus de soixante ans de gloire..
» lui a présenté de son vivant la coupe de l'immor-
» talité. Nous espérons trouver grâce aux yeux de
» nos lecteurs de l'indiscrétion dont nous nous ren
» dons coupable envers un artiste que notre annonce
» prématurée pourrait peut-être offenser »
La nouvelle était prématurée en effet , et malgré la
célérité promise , la gravure de Gaucher ne fut ter-
minée que quatre ans plus tard. Ce n'est que vers la
fin de 1781 que l'on distribua pour activer la sous-
cription un prospectus rédigé par Gaucher lui-même,
et dont nous extrayons ce passage qui complétera la
description de cette estampe : « On n'a rien négligé
» de ce qui pouvait concourir à la représentation
40 LES GRAVEURS DU XVIII' SIÈCLE.
» fidèle d'un événement doi\t on trouve si peu d'exem-
» pies dans les annales du monde. M. Gaucher, qui a
» conçu le projet de l'estampe, l'a exécutée d'après un
» dessin de M. Moreau le jeune. L'effet pittoresque
» des lumières, des décorations, du théâtre, du costume
» des acteurs, tout a été dessiné d'après nature. Le
» parquet , l'orchestre , les loges sont remplis d'une
» multitude de spectateurs qui tous ont les yeux fixés
» sur Voltaire et qui , par l'expression et la variété
» de leurs attitudes , annoncent avec allégresse les
» sentiments qu'ils éprouvent. Le buste sur lequel on
» pose la couronne a été exécuté avec le plus de res-
» serablance qu'il a été possible ; mais ce qui ne laisse
» rien à désirer dans cette partie, c'est le portrait du
» grand homme auquel on rend hommage. Il est
» représenté dans une loge entre Madame Denis sa
» nièce et Madame la Marquise de Villette. Tous les
» acteurs qui représentèrent dans la tragédie d'Irène
» sont placés sur l'avant-scène , dans la même dispo-
» sition où ils se trouvèrent lors du couronnement.
» C'est au génie de M. Moreau qu'on est redevable
» de l'expression , du sentiment et des grâces qu'il a
» sçu répandre dans ce sujet ainsi que de la chaleur
» et de l'enthousiasme avec lequel il l'a exécuté. On
» s'est efforcé de rendre dans la gravure toutes les
» beautés de l'original Elle paraîtra vers la fin du
» mois de janvier 1782.
» On peut en voir les épreuves chez l'auteur, rue
» St-Jacques. Le prix de l'estampe sera de six livres. »
C'est ainsi qu'au dix-huitième siècle on préparait la
mise en vente d'une estampe.
Cependant la pièce tant annoncée ne paraissait pas.
GAUCHER. 241
Gaucher crut devoir, tout en s'excusant de ses retards,
faire en même temps dans le Journal de Paris , à la
date du 25 mars 1782 , un dei'nier appel au public.
Enfin le 10 juillet la planche fut mise en vente et bien
accueillie , semble-t-il. Le premier soin du graveur
fut d'en ofirir une épreuve à l'Académie française ,
et il l'accompagna de cette lettre assez énigmatique
et qui fait allusion à une exagération de modestie
qu'il aurait eu à surmonter, de la part de Madame
de Villette qui n'accepta qu'à regret de figurer dans
ce tableau :
« J'ose, Messieurs, vous supplier de vouloir bien
» agréer un exemplaire de mon ouvrage , c'est avoir
» en même temps une grâce à vous demander et
» une obligation à remplir Puisse la plus illustre
» Compagnie de l'Europe honorer de ses regards le
» tableau d'un des plus beaux momens de la vie de
» Voltaire! Pour l'exécuter je n'ai pas eu seulement
» à vaincre la modestie de cet homme célèbre
» mais pouvois-je manquer de persévérance?....
» Voltaire avoit daigné sourire au projet de per-
» pétuer cet événement , quelques jours avant que
» la mort vînt le ravir à l'admiration de son siècle ;
» si je suis assez heureux pour mériter votre suffrage ,
» Messieurs , rien ne manquera à ma félicité que de
» vous en témoigner toute ma reconnaissance ^ . . . »
L'Académie accepta l'hommage et chargea son
secrétaire perpétuel , d'Alembert , de faire son remer-
cîment à l'artiste.
Gaucher a beaucoup gravé d'après les compositions
* Mémoires secrets de Bachaumont , tome XXP. — 28 juillet 1*782.
II. 16
242 LES GRAVEURS DU XVIIl SIECLE.
de son ami Cochin, pour lequel il nourrissait une admi-
ration profonde et auquel il a, chaque fois que l'occasion
s'est présentée, rendu un hommage mérité. Le fron-
tispice des Fastes d'Ovide (1783) , la gravure pour
VIliade représentant Priant rapportant à Troie le
coî'ps d'Hector, et les figures de ïlconologie d'après
les compositions de son dessinateur de prédilection ,
sont parmi ses meilleures productions. C'est du reste
aux relations suivies de ces deux artistes et à la
communauté de leur goût pour l'allégorie que nous
devons la continuation de VAlmanach iconologique.
L'idée première était de Gravelot; c'est lui qui en
avait dessiné les figures et écrit l'explication. A la
mort de Gravelot arrivée en 1773, cet Almanach,
qui avait paru chaque année , ne continua à voir le
jour que grâce à Cochin , qui se chargea du dessin
des figures.
C'est probablement à cette époque que ce dernier
fit appel à la plume de Gaucher, comme aussi à
son burin , car nous le voyons signer la figure de
Yhnpètuositè en 1777 ; celles de la Simplicité et de la
Sagesse divine , en 1780 , celles de la Géographie et
de la Gravure en taille douce en 1782.
La publication de VAlmanach Iconologique fut
interrompue après 1782 , mais Cochin avait dès lors le
projet , de concert avec Gaucher, de refondre le tout
en un vrai traité (VIconologie ; les deux artistes y
travaillèrent ensemble , et Gaucher grava pour cette
nouvelle édition le portrait de Cochin ( 1789 ) ,
enguirlandé par les Grâces et couronné pai' le dieu
du Goût, d'après un dessin de Monnet. Cochin mourut
(1790) avant de voir paraître ce livre dont l'impression
GAUCHER. 243
était terminée en 1791 , et qui ne fut , par suite des
événements politiques , livré au public qu'en 1796.
Le Barbier l'aîné a aussi été interprété par Gaucher
dans divers ouvrages. Les Chansons de Piis sont un
charmant petit livre dû à la collaboration des deux
artistes , et l'on peut compléter ce volume en l'ornant
d'un agréable portrait de l'auteur, Antoine de Piis ,
écuyer du comte d'Artois , que Gaucher a gravé pour
un opuscule intitulé V Harmonie imitative (1785).
Ce portrait nous ramène à d'autres , que le graveur
exécutait à la même époque. Voici le contrat par
lequel Gaucher s'engageait à graver celui du Comte
de Vergennes. « Je soussigné , Charles-Etienne Gau-
» cher , promets et m'engage de graver le portrait
» de M. le Comte de Vergennes d'après le dessin
» de M. Moreau , pour le prix de sept cent vingt
» livres ; laquelle somme me sera délivrée en quatre
-» payemens égaux, sçavoir : cent quatre vingt livres
» en commençant l'ouvrage ; pareille somme après
» la gravure de la bordure et des accessoires, du
» fond et du trait ; le troisième payement aux premières
» épreuves ; et le quatrième et dernier lorsque la
» planche sera entièrement terminée : Je m'engage
» d'entretenir le tirage jusqu'à deux mille cinq cents
» exemplaires Fait double entre nous, sous nos
» signatures privées , à Paris , ce 23 juillet 1784.
» Pankoucke. — Gaucher. »
Ajoutons que c'est à la sollicitation de M. de Ver-
gennes , alors ministre , et qui semble avoir été son
protecteur , que Gaucher avait rédigé la relation d'un
voyage pittoresque à Londres que diverses circons-
244 LES GRAVEURS DU XVllF SIECLE.
tances , dit son élève et ami Hérivaux, empêchèrent
de paraître. Pendant ce voyage Gaucher avait été
nommé membre de l'Académie des arts d'Angleterre.
Le portrait très-expressif de Marmontel , historio-
graphe de France (1786) , est , chose rare , à la fois
dessiné et gravé par Gaucher. Quand à celui de Louis
Gillet , dont l'acte de courage fit beaucoup de bruit
(ce vieux soldat avait, dans une forêt, sauvé une jeune
fille que deux malfaiteurs s'apprêtaient à violenter),
Bachaumont, dans ses Mémoires secrets, s'exprime
ainsi : « 4 mars 1786. Louis Gillet , ce maréchal-des-
» logis offert à l'admiration du public chez Audinot ,
» est un des héros du jour. M. Gaucher, artiste des
» Académies de Rouen , Caen , Londres et autres ,
» mais qui n'est pas de celle de Paris , a dessiné
» d'après nature et gravé le portrait de cet officier
» invalide. 11 est fort ressemblant , et tout concourt k
» rendre l'estampe précieuse : sujet, exécution, acces-
» soires. Au-dessous du médaillon est ce vers en
» forme de légende :
« Pour servir la beauté^ le français n'a pas d'âge.
» Et au-dessous est représentée . en petit , l'action
» courageuse de ce brave militaire. »
De même que plusieurs de ses amis , de môme que
Cochin , que Ponce , que Ghoffard , l'habile graveur
Gaucher ne s'en était pas tenu à la pratique , et avait
voulu aborder aussi la théorie et l'histoire de son
art. Dès l'année 1776, avait paru dans le Dictionnaire
des Artistes de l'Abbé de Fontenai , une série de notices
sur les graveurs , dont nous le verrons revendiquer la
GAUCHER. 245
paternité. Du reste l'éditeur , dans la préface do son
livre . rend un juste hommage à sa collaboration :
« Quant à la partie qui concerne les graveurs , nous
» avons quelquefois consulté le Catalogue des gra-
» veurs par M. Basan , mais celui à qui nous sommes
» principalement redevable de nos observations est
» M. Gaucher, de l'Académie des Arts d'Angleterre.
» Cet habile artiste a bien voulu revoir tous les
» articles des graveurs en taille-douce ; il en a même
» composé un grand nombre qu'il sera facile au lec-
» teur de reconnaître par les remarques justes et
» profondes qui décèlent un homme supérieur dans
» son genre et par la manière élégante dont ils sont
» écrits. »
Ces éloges n'ont rien d'exagéré. Les notices sur
ces graveurs sont clairement rédigées et généralement
très exactes. Celles qui concernent les Audran, Laurent
Cars , Lépicié , N. Tardieu , sont particulièrement
soignées.
Il est toujours intéressant de voir un artiste écrire
sur ce qu'il a creusé et appris par une longue pratique ;
aussi le travail de Gaucher fut-il remarqué. L'Aca-
démie des sciences choisit même l'auteur du portrait
de Marie Leczinska pour écrire un Traité de l'art
de la gravure , qui devait faire partie des Mémoires
pubhés par cette Société.
Gaucher avait aussitôt entrepris , pour mériter la
distinction dont il était l'objet, des recherches de
toutes sortes sur l'origine de la gravure , et il
s'était mis en rapport avec divers écrivains adonnés
aux mêmes études , en particulier avec le baron de
Heinecken . qui avait longtemps habité Paris et avait
246 LES GRAVEURS DU XVIII" SIÈCLE.
fait paraître, en 1771, son livre intitulé : Idée générale
d'une collection d'Estampes.
« Monsieur, lui écrivait- il le 3 juin 1786 , depuis
» plusieurs années je suis chargé, par l'Académie des
» sciences de Paris , de composer VArt de la gravure
» en taille-douce , pour entrer dans la précieuse col-
» lection de cette compagnie savante; comme mon
» projet est de joindre à la description des procédés
» de cet art , que j'exerce depuis plus de vingt ans ,
» non-seulement des réflectionssurleschefs-d'œuvres
» des grands maîtres dans différens genres, mais
» encore une discertation préliminaire sur l'origine
» des arts qui ont pour but l'imitation de la nature,
» tels que la Peinture , la Sculpture et la Gravure ,
» j'ai consulté une multitude d'ouvrages à ce sujet
» et vous devés présumer , Monsieur , que les vôtres
» sont ceux que j'ay lus avec le plus d'empressement ,
» d'utilité et de satisfaction. . . .
» L'objet de ma lettre est de vous prier , Monsieur ,
» de me donner quelques éclaircissements sur l'époque
» précise de l'invention de la gravure au burin et sur
» celle à l'eau forte ; vos profondes connaissances ,
» votre zèle et votre amour pour les arts me font
» espérer cette faveur
» J'ignore si , en qualité de graveur, mon nom ou
» mes ouvrages vous sont connus ? 11 en est un auquel
» je suis redevable d'une circonstance bien précieuse
» pour moi : le roy de Prusse a daigné m'adresser une
» lettre en réponce à celle que j'avais envoyé à ce mo-
» narque avec une épreuve de mon estampe du Cou-
» ronnement de Voltaire. Ayant eu occasion de graver
» depuis le portrait du Prince Henry, d'après le buste
GAUCHER. 2i7
» de M. Houdon, j'ai fait présent de la planche au Roy
» de Prusse pour lui témoigner ma reconnaissance.
» Comme littérateur, je suis infiniment moins connu :
» Voici à peu près ce que j'ai fait imprimer.
» Dans le Dictionnaire des Artistes , par l'abbé de
» Fontenai (2 vol. in-8 , chés Vincent , 1776) , toutes
» les vies des graveurs , au nombre d'environ 200
» sont de moi; la plus grande partie n'avaient jamais
» été écrites ; l'abbé de Fontenai m"a cité dans sa
» préface , mais avec beaucoup trop d'éloges.
» Le Désaveu des artistes , petite brochure in-S"
» chés Brunet 1776, que je fis pour réfuter un ouvrage
» injurieux à M. Cochin et à plusieurs autres célèbres
» artistes.
» Les Notices historiques sur la vie et les ouvrages
» de MM. Le Bas dont je fus l'élève et Flipart dont je
» fus l'amy, insérées dans le Journal de Paris. Enfin
» VEssay sur le costume national relativement aux
» arts , réimprimé l'année dernière dans les Mémoires
» du Musée de Paris, in-8. Tome 2^"^®, chés Moutard.
» Mille pardon , Monsieur, de ces détails... etc.
» Gaucher.^ »
Au verso de la iieuxième page de cette pièce se
trouve la plus grande partie du brouillon de la réponse
du baron de Heinecken.
Reproduisons-en le dernier passage , qui concerne
plus particulièrement notre artiste : « Enfin Monsieur,
» je sais bien que vous avez gravé. Je possède même
» de vous plusieurs estampes dont je joins ici la liste.
1 Cette lettre a été publiée en 181/2 , dans les Nouvelles Archives de
l'Art français. L'original fait partie de la collection de M. Portails.
2*8 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
» Je sais encore par la préface de M. l'abbé de Fon-
» tenay que vous avés composé les articles des graveurs
» en taille-douce , mais ce Dictionnaire n'a pas été d'une
» grande utilité pour moi en ce qui regarde les anciens
» artistes, ayant été lié d'une amitié intime avec feu
» M. le Comte de Caylus , M. Mariette et M. Watelet ,
» j'ai reçu d'eux tout ce dont j'avais besoin pour mon
» Dictionnaire des Artistes , et pour quantité de vos
» modernes maîtres, ni eux ni moi n'ont pu obtenir de
» plusieurs de notices exactes .... »
La fin de la réponse manque , mais il ressort de ce
fragment que le fier baron saxon traitait un peu dédai-
gneusement le travail de Gaucher , tout en ayant bien
soin d'indiquer à son correspondant les estampes de sa
main qu'il possédait , afin de se faire adroitement offrir
et envoyer , sans bourse délier , celles qu'il n'avait
pas encore.
Gaucher avait eu le regret en 1782 de perdre son
ami Jean-Jacques Flipart , et il écrivit dans le Journal
de Paris (3 août 1782) un éloge ému de ce graveur. Un
peu plus tard . la mort frappait son vieux maître Le
Bas , et Gaucher ne laissait pas s'écouler trois semaines,
avant d'écrire encore , le 12 mai 1783 , une longue
notice nécrologique qui se termine ainsi : « Les nom-
» breux élèves formés par M. Le Bas ajoutent à sa
» gloire ; la plupart des célèbres artistes de la capitale
» se font honneur d'avoir été ses disciples ou d'avoir
» profité de ses conseils. C'est en versant des larmes
» siu" sa tombe que l'auteur de cet article voudroit y
» répandre quelques fleurs , faible tribut de sa recon-
» naissance et de son attachement à la mémoire d'un
» maître et d'un ami qui lui fut cher. »
GAUCHER. 249
Ce fut alors que , réunis dans une commune pensée ,
ses deux disciples , Cochin et Gaucher, élevèrent à
la mémoire de leur maître ce touchant monument de
leur art , ce portrait de Le Bas , couronné par la musc
de la gravure . que dessina le premier et que l'autre
grava avec amour.
C'est au milieu de ces travaux divers que s'écoulait
la paisible existence de Gaucher. Il demeurait dans le
quartier des graveurs, rue St-Jacques, vis-à-vis Saint-
Yves, et était en relation avec tout ce que la gravure
comptait dartistes distingués , Cochin, Moreau, Chof-
fard, Ponce, Madame Ponce, Basan.
Citons encore , parmi les amis de Gaucher , les
graveurs Bervic , Nicolas de Launay , et François
Godefroy , son ancien camarade de l'atelier Le Bas.
C'est avec eux qu'il fit cet amusant Voyage du
Havre de Grâce , qui a été imprimé dans la petite
collection des Voyages en France , réunis par La
Mésangère. Alors comme aujourd'hui, on avait l'habi-
tude , parmi les artistes , de quitter à l'automne pour
quelques jours, voire même quelques semaines, burins
et pinceaux, et d'aller, en troupe, respirer l'air pur
de la campagne. Cette fois . ce fut un vrai peloton
de burinistes qui se mit en route à la fin de septembre
de l'année 1788, pour aller admirer «l'effet imposant de
la mer agitée par les vents de l'équinoxe. » Gaucher ,
l'écrivain le plus exercé de la bande, fut chargé d'écrire
la relation du voyage, qu'il rédigea , en entremêlant
la prose et les vers , à la manière du voyage de (Cha-
pelle et de Bachaumont. Comme c'étaient pour la plu-
part des hommes rangés et tranquilles . d'honnêtes
pères de famille , et que les incidents du voyage
250 LES GRAVEURS DU XVIIIf SIÈCLE.
rappellent un peu ceux du Roman comique, Gaucher
crut devoir, dans son récit, voiler sous les transparents
anagrammes qu'ils s'étaient sans doute donnés pendant
le cours du voyage, les noms de ses compaj^^nons.
Verbic , c'est Bervic , le graveur du beau portrait de
Louis XVI ; De Nopec vous représente Ponce, l'édi-
teur et graveur des Illustres français, et De Valnay,
l'excellent artiste Nicolas de Launay ; De Goifor, c'est
Godefroy et D'Asban dissimule peu l'éditeur Basan.
Quant à l'auteur, il s'intitule Scévole , comme il a
signé quelquefois ses planches.
Dans sa dédicace , il prévient Madame "* qu'il va
agiter les grelots de Momus, et que sa chaste muse,
prévoyant qu'il aurait à tracer quelques caricatures un
peu folles, s'est enfuie en lui remettant les crayons de
Callot ,
' Trop heureux en stiivant ses traces
•^ De vous amuser un moment ,
« Et d'obtenir furtivement
'^ Un léger sourire des Grâces. >
Les voilà partis . gaiement , par un beau matin de
septembre. Pas de place dans la diligence, mais comme
des jeunes gens s'accommodent de tout (ceci est une
plaisanterie, car Gaucher à cette époque a quarante-
sept ans et Basan soixante-cinq ) , nos voyageurs se
contentent d'une voiture de place qui les conduit à
Poissy, puis montent dans la galiote qui doit les mener
à Rolleboise. A Mantes, première aventure. Bervic,
l'homme inflammable , veut embrasser, dans les tours
de l'église, la jeune fille qui les guide. En se débat-
tant, elle fait trébucher Grigny, le fils cadet de Basan,
sur une cloche , et voici le sacristain et les fidèles qui
GAUCHER. 251
accourent. Celui-ci, feignant de croire qu'on l'a averti
pour un baptême , exige qu'on mette les visiteurs à
contribution. On n'oublie pas non plus la jeune con-
ductrice , mais Bervic , toujours galant , Tassure qu'il
aurait préféré .
« Seul avec toi, dans cette conjoncture ,
•> Aux frais du sacrement avoir pu donner Heu. ^
Remontés dans leur patache, nos graveui-s ont à
essuyer un si violent orage, «qu'il en fut parlé dans f"ir^^ •.viui.t
» toutes les gazettes ». Enfin l'on arrive à RoUeboise; ^
mais là , il faut monter à cheval , et comme les chemins
sont effondrés , mettre en croupe sur leurs maigres
montures leurs jeunes conductrices.
Nouvel orage ! Nos cavaliers-artistes ne trouvent
rien de mieux , en arrivant à l'auberge de Bonnières ,
que de se déshabiller auprès d'un grand feu pour faire
sécher leurs effets :
« Rangés autour et presque nuds , car nos malles
» étaient en avant, ne fûmes-nous pas surpris par une
» cauchoise égrillarde, qu'avait appelée un gros })rieur,
» notre voisin ? Le saint homme , qu'une maladresse
» avait mis à tâtons avec une jeune demoiselle , qu'il
» appelait sa nièce , occasionna le quiproquo en rede-
» mandant de la lumière : quel spectacle s'offrit aux
» yeux de la belle !
' D'abord elle s arrête, et, par pudeur, de sa main,
- Fait semblant de masquer une vive prunelle.
> Puis s'élançant , l'espiègle éteint notre chandelle,
» Nous dit bonsoir et disparait soudain. -
Mais il faut se mettre en l'oute de bonne heure pour
252 LES GRAVEURS DU XYIIP SIECLE.
arriver à Rouen avant la nuit et c'est dans l'obscurité
qu'on se rend au bord de la Seine pour monter en
bateau : « Scévole , qu'un oubli avait mis en retard ,
» les suit de loin en trébuchant à tâtons , dans un
» sentier rapide et glissant ; en vain crie-t-il à son
» porte-falot d'arrêter. . . On n'imaginerait jamais
» l'objet de son courroux :
" C'était un gros caniche noir ,
■ Vieux domestique de taverne
- Instruit à porter la lanterne
>i Et très-exact à remplir ce devoir.
•■■ Mais effrayé par les cris, la poursuite
•■> Du trop pétulant voyageur,
'^ Le pauvre chien eut si grand peur
■' Qu'il lâcha son falot et courut à son gîte. •■
Plus de lumière ! Il faut retourner au village en
chercher , pour pouvoir , sans accident . passer sur la
planche étroite qui conduit au bateau , et attendre à la
pluie , « parce qu'il a pris fantaisie à M. Scévole d'avoir
» querelle avec un chien ».
Le voyage se continue gaiement , tantôt par eau ,
tantôt à cheval , et Gaucher , qui a du loisir , s'occupe
à crayonner vivement « la brillante cavalcade , en
» commençant par la queue ».
VoiCM. de Nopec (Ponce) avec son air grave sous
son bonnet . puis M. de Valnay (de Launay) , « que par
» le bas du visage on eût pris pour le bon Henri IV
» s'il eût eu des moustaches. Au centre M. de Goiior
» (Godefroy) veillait sur M. de Ringy (Grigny) , qui
» cheminait tristement , la tête inclinée et le corps
» penché sur le cou de son cheval. MM. Scévole et
» Verbic , les deux coryphées de la troupe, formaient
GAUCHER. 253
■«> lavant-garde ; le premier , ferme sur ses étriers ,
» la tète haute , le corps droit , aussi maigre que sa
» monture , ressemblait exactement à l'incomparable
» héros de la Manche.
» Le second ne se faisait honneur de sa contenance,
» qu'aux dépens de quelques écorclmres sur un endroit
» que la décence ne permet pas de nommer , ce qui
» lui attira un étrange aventure au Port Saint-Ouen.
» A peine descendu de cheval , l'infortuné Verbic
» demande une houppe , de la poudre et un miroir.
» Renfermé dans une chambre , il commençait à appli-
» quer le bie.i sant appareil , lorsque l'hôtesse , par
» un mallieur«^ix hasai^d. ouvrit la porte sans heurter.
» Qu on in- ine le sang-froid de la mégère , quand
» elle vi»^ .^ toilette ainsi profanée! Des apostrophes
» ell' ia aux menaces , et saisit M. de Verbic sans
> Les cheveux sans effort lut restent dans la main f
'1 Orgueilleuse de sa victoire,
n Elle regarde avec un ris malin
" Cette perruque que l'histoire
1 Placera quelque jour au temple de Mémoire,
» Ainsi qu'elle y plaça celle de Chapelain.
» Par un caprice inouï , le pauvre toupet essuya ,
» on ne le devinerait jamais... un des plus énormes...
» de la Normandie. Après les injures , il fallut bien
» procéder aux échanges . et tout étant pacifié , nous
» prîmes un batelet pour nous rendre à Rouen. »
Description de cette ville où « presque tous les
-•> édifices sont en bois » , et où nos graveurs , pères
de famille rangés , ne se laissent pas séduire par
« l'imposant cortège des nymphes de la Neustrie ».
234 LES GRAVEURS DU XVIIP SIÈCLE.
Peu d'incidents jusqu'à Honfleur , où la vue de la
mer avec son inexplicable marée les ravit d'admiration:
« Le lendemain nous nous embarquâmes par un vent
» frais pour le fameux passage de Honfleur au Havre ,
» pendant lequel il nous fallut subir le douloureux
» accès du mal de mer. Après un quart d'heure de
» navigation , le pilote , en se signant , nous invita à
» recommander notre âme à Dieu. Personne d'abord
» ne s'empressa de l'imiter ; mais tout à coup , la
» dévotion devenant exemplaire , nous fûmes tous
» pénétré de religion ou d'effroi. M. de Ringy, le pre-
» mier , paya le tribut. Un vieux récollet le suivit ,
» puis une jeune provençale , à laquelle un officier
» gascon prenait le plus tendre d'intérêt. Ce dernier ,
» par sympathie , acheva le quatuor , quoique , dit-il ,
» il eût fait quatre fois lé boyage des Indes sans avoir
» peur. . . à dire vrai , il était temps que nous arrivas-
» sions , car M . de Verbic frissonnait , M. Scévole
» pâlissait , M. de Valnay palpitait , et le reste de la
» compagnie eût peut-être fait chorus , lorsque nous
» entrâmes dans le port du Havre. »
Nous ne nous arrêterons pas à la description que
Gaucher fait de la ville , du lancement d'un vaisseau ,
et de la promenade obligée de tout bon parisien en
mer, par un gros temps.
La petite ville de Bolbec , bien enfumée maintenant
par les fabriques , est baptisée par notre graveur en-
thousiaste de nouvelle Paphos et de perle du pays
de Caux : « Toutes les femmes y sont belles , l'ont
» été ou promettent de le devenir. »
M. d'Asban (Basan) , « qui s'ennuie partout où il se
» trouve et désire toujours d'être où il n'est pas », est
GAUCHER. 255
pourtant le [;reraier qui incline à se reposer quelques
jours dans cet agréable endroit , et sa proposition
reçoit un excellent accueil. Une gracieuse impression
de voyage les y attend du reste. Pendant qu'on prépare
les chambres , l'hôtesse est appelée auprès d'une dame
souffrante , laissant nos artistes en bonne compagnie.
Mais laissons raconter Gaucher : « Nous restons
» accompagnés de deux jolies personnes , dont le
» regard tendre et languissant aurait porté le
» trouble dans l'âme la plus apathique. Une taille
» moulée sur celle de la Vénus de Médicis , des traits
» fins et réguliers, une gorge d'albâtre, tout paraissait
» ressortir davantage sous le costume pittoresque du
» pays de Caux. Telles étaient la fille et la nièce de la
» maison. Sur la cheminée de la salle se trouvaient des
» bouquets , des rubans et autres petits cadeaux ; nous
» en demandâmes la cause , on nous dit que c'était la
» fête des deux cousines ; nous ne manquâmes point de
» la leur souhaiter ; mais lorsque nous voulûmes les
» embrasser , quelle fut notre surprise !
" Avec grâce d'abord l'une et l'autre cousine
■1 Baisse les yeux modestement ;
'> Puis de concert présente à notre empressement
■> L'incarnat velouté d'une peau douce et fine,
•■ Qu'embellissait encore un sourire charmant.
» Ce baiser délicieux nous enhardit à en cueillir un
>^ autre , et déjà nous nous disposions à le prendre,
» lorsque la mère parut et fit échapper l'essaim folâtre
» de nos bras. »
Le reste du voyage s'accomplit sans incident. Lais-
sons nos graveurs rentrer paisiblement dans leurs
256 LES GRAVEURS DU XVIII« SIÈCLE.
ateliers , et retrouver leurs planches commencées.
Aussi bien . nous sommes-nous fort éloignés de la
gravure , pour errer à leur suite dans le domaine de la
fantaisie. Ajoutons seulement que l'éditeur La Mésan-
gère voulut avoir le portrait de Gaucher pour le placer
dans les petits Voyages en France . en tête du récit
qu'on vient de lire.
Ce portrait de Gaucher semble bien reproduire les
traits maigres et un peu anguleux , mais aussi la phy-
sionomie intelligente et franche de l'artiste : il est trop
gravé dans la manière du maître pour ne pas être de
lui ; mais , par modestie sans doute , Gaucher ne l'a
pas signé , et il le déclare gravé par son élève et ami
P... de B... Au dessous se trouve ce quatrain de son
ami Hérivaux , graveur lui-même :
Chéri du dieu des arts, caressé des neuf Sœurs,
Tout en lui des talents nous peint l'heureux délire :
Les Grâces de concert le couronnant de fleurs.
Animent tour à tour son burin et sa lyre.
On le voit , estampes historiques, vignettes, portraits
gravés, histoire de l'art, articles nécrologiques, récits
de voyages , petits vers . opéras-comiques même dont
son ami Florian faisait le plus grand cas , Gaucher a
tout abordé. 11 devint de plus pamphlétaire, ou mieux,
il se crut obhgé de répondre à un véritable pamphlet ,
et descendant dans l'arène , de se poser en champion
de l'art de la gravure outragé.
Il s'agissait alors de créer , en faveur de la gravure ,
une subdivision nouvelle dans les classes déjà nom-
breuses de l'Académie, et d'instituer des professeurs et
des prix de gravure. Quatremère de Quincy dans une
GAUCHER. 2o7
brochure intitulée Suite aux Considérations sur les
arts du dessin en France critiquait paradoxalement ,
mais vivement cette innovation : « Où il n'y a ni inven-
» tion , ni imitation de la nature , il ne saurait y avoir
» d'art. Qu'est-ce que la gravure?... C'est un pro-
» cédé ingénieux de dessin sur cuivre qui, par le
» moyen de l'impression , multiplie le dessin ; c'est un
» mode de peinture imparfait , qui , par le moyen des
» ombres et des clairs , rend l'apparence incomplète
» des objets. Que fait un graveur et qu'est-il? Ou il a
» du génie et il dessine sur la planche ses propres in-
» ventions, et , dans ce cas, c'est un peintre ; ou il n'a
» point de génie, et il copie sur la planche les inventions
» des autres ; dans ce cas , il n'est qu'un copiste. »
Cette fausse logique, ce dédain superbe pour un
art qui a jeté un si vif éclat en France , exaspérèrent
le débonnaire Gaucher. Les expressions de procédés
méchaniques , de reproductions dans une mesure
rètrècie , le mot méprisant de copiste, le dépit de voir
refuser le nom d'œuvres d'art aux petits chefs-d'œuvre
qu'il avait produits , le touchèrent assez pour lui
faire prendre sa bonne plume , dont il se servait pres-
qu'aussi bien que de son burin, et rédiger en réponse
une lettre assez vigoureuse, et dans laquelle il constate
qui si on fait à la gravure le reproche de manquer
de coloris , il faudra le faire aussi à la sculpture , ce
que personne n'oserait. Il rapporte cette heureuse
définition de Cochin : La gravure est ïari de faire
passer les beautés d'une langue très-riche dans une
autre qui Vest moins, à la vérité, mais qui offre
des équivalents inspirés parle génie. Il faut plaindre,
ajoute-t-il, l'aveuglement ou l'ignorance des détrac-
11. 11
258 LES GRAVEURS DU XVIIP SIECLE.
teurs des beaux-arts , rire de leur orgueilleux dédain
et leur opposer le suffrage unanime des gens de goût
et des amateurs éclairés. Puis il s'écrie sur un ton
épique, que s'il est un art qui contribue à la richesse
et à la splendeur des empires , c'est la gravure.
Quoi qu'il en soit , une petite leçon , même un peu
sévère , adressée au célèbre Quatremère de Quincy ,
qui se permettait de traiter ainsi la gravure par-dessous
jambe, n'était que trop méritée.
Dans son Essai sur l'origine et les avantages de
la gravure , qu'il lut à la Société libre des sciences ,
arts et belles-lettres, le 9 vendémiaire an VI, Gauciier
reproduit et développe les arguments qu'il n'avait fait
qu'indiquer dans sa lettre à Quatremère. Mais l'étude
de ce travail nous entraînerait trop loin.
Nous sommes arrivés aux dernières productions de
notre artiste. Les événements delà Révolution n'arrê-
tèrent point ses travaux ; il grava même, à l'exemple
de beaucoup de ses confrères , des estampes de cir-
constance : le Rappel de Necker, Hommage rendu à
la '/Tiémoire de Mirabeau {1792), et une petite planche,
les Adieux de Louis XVI à sa famille , qui est un de
ses plus curieux ouvrages ; il continua aussi à produire
de nombreux portraits , Duveyrier, Charles Villette ,
député à la Convention , il/™* Roland , fille elle-même
d'un graveur , et , dans un autre ordre d'idées , ceux
de M""^ de Graffîgny , de Bemoustier, de Cervantes ,
de Florian , de Parny , de Fénélon , généralement
exécutés pour servir d'ornement à diverses éditions de
leurs œuvres, et dans lesquels on retrouve toujours ce
soin de la ressemblance , cette netteté d'exécution et
cette finesse recherchée qui caractérisent ses travaux.
GAUCHER. 259
Il faut citer encore, parmi ses meilleurs portraits de
cette époque, ceux de deux victimes de la Révolution,
Malesherbes et Benjmnin de la Borde. Le dernier, qui
offre une si curieuse ressemblance avec Louis XVI ,
a été gravé pour orner un recueil de Maximes, aussi
finement pensées qu'élégamment écrites.
Nous ne nous arrêterons pas à cette foule de petites
pièces , de cachets , d'emblèmes républicains , « où ses
» petites figures de Liberté et d'Égalité, a dit Renou-
» vier , ne prennent de lui qu'un burin extrêmement
» poli » ; nous ne nous attarderons pas davantage à
signaler quelques vignettes d'après Le Barbier, pour
les Petits Poètes grecs , traduits par Gail , dont il a
aussi gravé un fin portrait , ni la série de portraits de
poètes français du XVP siècle , Passerai , Mellin de
Saint-Gelais , Marot , etc. Tout cela est trop faible.
Mais ses modèles étaient si médiocres , qu'il ne faut
pas trop en vouloir au graveur s'il n"a pas réussi à les
améliorer.
Charles-Etienne Gaucher mourut le 27 brumaire
an XI ( 1804 ) , suivant la Biographie universelle de
Didot.
Il laissait un œuvre d'environ quatre cents pièces ,
toutes de petit format , à quelques rares exceptions
près, car son talent délicat et minutieux ne se prêtait
pas à l'exécution des grandes estampes.
Certes , tout n'est pas parfait dans cet ensemble, il
s'en faut même de beaucoup que tout soit bon : mais
quel est l'artiste qui est toujours resté égal à lui-même?
Nul œuvre ne présente plus de pièces précieuses
par leur délicatesse que celui de Gaucher, et c'est par
ses chefs-d'œuvre qu'il faut apprécier le graveur des
260 LES GRAVEURS DU XYIIF SIECLE.
portraits de Marie Leczinska et de Madame Du
Barry.
Nous devons toutefois indiquer le défaut capital de
Gaucher : sa gravure, si moelleuse qu'elle a fait dire
qu'il excellait à graver le nu . manque absolument de
solidité et ne supporte pas l'action d'un tirage tant
soit peu étendu. Les planches après un petit nombre
d'épreuves , perdent leur netteté , s'empâtent , devien-
nent noires , boueuses même. Gardez-vous donc bien
de condamner notre artiste d'après ces témoignages
menteurs , il ne peut être justement apprécié que sur
des épreuves de très grand choix.
Le catalogue de l'œuvre de Gaucher a été publié
pour la première fois par nous en 1879 * .
Nous le reproduisons ici en l'abrégeant, ce qui ne le
mettra que mieux à son vrai point. Personne n'apprécie
plus que nous les graveurs de cette époque, mais nous
pensons que c'est pousser les choses trop loin que
d'accorder à leurs vignettes dépareillées les honneurs
de la description détaillée. Les catalogues prennent
ainsi un développement hors de proportion avec l'im-
portance des artistes dont on s'occupe , le bon se
trouve noyé dans la masse, toujours considérable, des
pièces sans intérêt, le lecteur s'ennuie et renonce à se
reconnaître dans ce dédale ; quelques pages et non
un volume , pour Gaucher comme pour tant d'autres ,
c'est comme disent les mathématiciens , la quantité à
la fois nécessaire et suffisante.
1 Chaiies-Élienne Gaucher, graveur; notice et catalogue, par le
baron Roger Portails et Henri Draitel (Béraldi) , Paris , Morgand et
Fatûut, 18';9, 1 vol. in-8.
GAUCHER. 261
CATALOGUE RAISONNÉ
DE L'ŒUVRE DE C.-E. GAUCHER.
ESTAMPES, ETC.
1. VÉNUS REÇOIT LA POMME, d'après Boucher ; in-fol. (Œuvre
de Gaucher au Cabinet des Estampes).
C'est l'eau-forte avancée d'une estampe intitulée : Vénus, se préparant pour le
Jugement de Paris, reçoit d'avance la pomme des mains de l'Amour ; gravée par
de Lorraine en 1764.
2-14. Le Tueur de rats, d'après Vischer. — L'Après-Dinée flamande,
d'après VanTilborch. — L'Ivrogne et sa femme, d'après Dumesnil.
— L'Amant de la belle Europe , d'après Paul Potter. — La
Lecture diabolique , d'après Téniers. — Deux Évangélistes (?) ,
d'après Lanfranc. — Sainte en prière dans une grotte, petite
pièce ronde , d'après J.-F. Mois. — Zénobie assiégée dans
Antioche par Aurélien , d'après Verner. — Sainte-Famille ,
d'après l'Albane. — Deux Nymphes dansant , d'après Van der
Werff. — Femme nue , vue de dos , couchée sur un lit, d'après
Netscher. — Faunes et Bacchantes, d'après Mieris. — Ronde
de Bacchantes , d'après Crayer. [Galerie de Dresde , Voyage
à Naples de Saint-Non, Galerie du Palais-Royal . etc.)
15. Roma Trionfante. — Mauvaise composition de Martini ; in-4.
16. Une main , étude d'après Michel-Ange.
n. Le Jugement de Paris. — Gaucher incid.; in-4, formant une
bande en largeur.
18. COURONNEMENT DE VOLTAIRE SUR LE THEATRE-
FRANÇAIS, le 30 mars 1778, après la sixième représentation
d'Irène. — A Madame la Marquise de Villette ( Belle et Bonne ) ,
•262 LES GRAVEURS DU XVI1I« SIÈCLE.
Dame de Ferney-Voltaire , par son très-humble et très-obéissant
serviteur Gaucher. — D'après Moreau, l'782 ; in-4 en largeur.
C'est la pièce capitale de l'Œuvre de Gaucher. Nous avons donné , dans la
notice biographique qui précède, l'explication du sujet de cette estampe.
Sur les épreuves d'eau-forte pure, il n'y a pas de cadre. Le buste de Voltaire
le représente jeune. 3"î5fr. (1878).
Eau-forte très-avancée , le buste de Voltaire jeune remplacé par un buste do
Voltaire vieux. — Il existe un état d'essai avec le cadre, avant toute lettre.
Une épreuve avec le titre Couronnement de Voltaire, etc., en deux lignes, mais
avant les armes et la dédicace, a figuré à la vente Roth (1878) , et a été adjugée
à 201 fr.
Les deux états dans lesquels on rencontre ordinairement la planche sont :
.0 Avec les armes de la Marquise de Villette , la dédicace et l'adresse que
nous avons données plus haut ; — c'est le bel état de Festampe.
2" Les armes de la Marquise de Villette effacées , la dédicace supprimée e
remplacée par une légende en trois lignes : Persécuté par le Despotisme , etc. —
Adresse de Naudet, marchand d'estampes au Louvre. — L'estampe est usée.
Une petite réduction de cette estampe a été faite par Couché flls.
19. Le Rappel de Monsieur Necker. — « Le Roi , appuyé sur les
.1 ouvrages de M. Necker, le reçoit des mains de la France,
n représentée sous l'emblème d'une belle femme ( Marie-Antoi-
-> nette) , aux acclamations des Peuples , le 25 août HSS. " —
J. H. E s (Eberts) inv. — G. -S. Gaucher sculp. — A Paris,
rue de la Feuillade. A. P. D. R.; in-fol. en largeur.
P'' état : Avant la lettre.
20. Hommages rendus a la Mémoire de Mirabeau. —
Allégorie : » La France éplorée s'appuie sur le tombeau du
>i grand homme dont elle regrette la perte " — P. Groenia
del. C.-S. Gaucher inc. l'792 ; in-fol.
L'eau-forte pure figure dans le catalogue d'une vente faite par M. Clément,
1879.
V état : Avec le titre Hommages, etc., mais sans la légende explicative de
l'allégorie.
21. LES ADIEUX DE LOUIS XVI A SA FAMILLE.
Petite estampe ronde gravée avec une finesse extrême. — Diamètre , 66 m/m.
Dimensions du cuivre : H. 150 m/m., L. 110 m/m. — Sans signature.
Dans l'eau-forte pure, attribuée à Duplessi-Bertaux , Louis XVI est assis sur
un fauteuil , Cléry est adossé à un autre fauteuil. Le fond est blanc. — Etat
d'eau-forte avancée, le fauteuil de Louis XVI est remplacé par un canapé.
iO' état : Avant toute lettre. On voit sur la table à droite, sous l'Évangile,
un papier avec les mots : Testament de Louis XVI, qui ne figurait pas dans les
eaux-fortes.
2« état : Avec la légende, Les Adieux de Louis XVI à sa Famille. — La planche
est fatiguée.
Il existe de cette pièce une copie attribuée à Girardet.
GAUCHER. 263
PORTRAITS.
22. GAUCHER [Charles-Etienne); in-12.
Ce portrait se trouve dans le 4" volume des Voyages en France , Paris , Chai-
gneau, Tan IV. Bien qu'il porte la mention : Gravi par son ami P. de B., il est
certain qu'il est dû à Gaucher lui-même.
Nous avons rencontré une fois l'eau-forte pure du portrait de Gaucher, dans
un exemplaire en papier vélin des Voyages en France.
Une épreuve d'essai , avant toute lettre, vendue 200 fr. en mars 1880.
l''" état : Le nom du personnage à la pointe. Avant le quatrain.
2^ état : Le nom du personnage au trait. Avec le quatrain . mais sans l'indi-
cation Tom. 4 à l'angle supérieur gauche.
3* état : Avec le quatrain et l'indication Tom. 4.
23. AnacrÉON , frontispice d'après Le Barbier, an V; in-4 orné.
Eau-forte pure. — l^i" état : Avant la lettre.
24. Artois (la Comtesse d'). — Le buste de la comtesse d'Artois est
placé sur un socle marqué des lettres M-T, initiales du nom de
Marie-Thérèse. Les Grâces l'ornent de fleurs , un Amour le cou-
ronne; in-12.
Vignette allégorique, de Desrais, pour les Élrennes lyriques.
Eau-forte pure. — 1'='' état : Avant la légende. Invitation aux Grâces.
25. Beauharnais (Fanny), d'après Thornton, 1802; in-12.
Eau-forte pure. — l^i' état: La tablette sur laquelle le nom du personnage
est écrit, est blanche. — 2^ état : Cette tablette est marbrée.
26. Bonaparte (le Général).
Dans l'Œuvre de la Bibliothèque Nationale , ce portrait du général Bonaparte
forme un rond de la grandeur d'une pièce de un franc; mais il a été découpé
dans une grande estampe, in-fol. en largeur, intitulée: A Bonaparte pacificateur.
Bonaparte y figure en pied , écartant la Guerre qui élève des palmes sur sa lôte,
et tendant une branche d'olivier à la Paix. Cette allégorie est supportée par un
socle sur lequel on lit : A la Consulta Cisalpine assemblée à Lyon.
27. Bossuct , d'après Rigaud ; in-8.
Eau-forte pure. — l®'' état : Avant la lettre.
28. Boufflers , membre de l'Institut . d'après Le Dru. — Gaucher dir.;
in-12.
Eau-forte pure. — l*'' état : Avant la lettre.
264 LES GRAVEURS DU XYIIF SIECLE.
29. Briquet (Fortunée B.), d'après Melle de Noireterre, an X : in-8.
Eau-forte pure. — P'' état : Avant toute lettre.
30. BUFFON. — Drouais pictor Régis pinx. 1761 , De Sève del. ,
Gaucher ex Acad. Lond. inei. 1*774; in-8 orné.
Eau-forte pure. — 1" état : Avant la légende : Naturam amplectitur omnem.
31. BuFFON. — F. Drouais pinx. 1761, G. S. Gaucher inc. an Vil;
in-12.
Eau-forte pure. — l«f état : Avant la lettre. Tablette blanche, le nom des
artistes à la pointe.
32. C.\ILHAVA (Jean-Fr.), d'après Pujos ; in-8.
Eau-forte pure. — l^'' état: Avant la lettre, tablette blanche.
33. C.VMBEFORT, Major général de l'armée de St-Domingue à
l'époque de la révolte des esclaves. — Gravé par Gaucher,
d'après le tableau de C. Bomet , en 1792 ; in-8 orné.
34. CARCADO ( J. -A. Poncet de la Rivière, Comtesse de), d'après
Melle Loir ; in-8.
Des plus rares talents sa vertu décorée
Ne fut que par elle ignorée.
L'Art ne peut exprimer la douceur de ses yeux ,
TV» le feu que son cœur ravissait dans les deux.
Sa Piété profonde, active mais a/fable,
A tous les yeux parut aimable.
L'eau-forte de cet élégant portrait , l'un des meilleurs de l'œuvre de Gaucher,
ne nous est pas connue.
1^' état : La comtesse de Garcado est représentée la tête nue , avec bouquets
dans les cheveux et au corsage. Elle porte une robe décolletée. — Avant la
lettre , la tablette blanche , les noms d'artistes à la pointe. Rarissime. — Une
épreuve avant les noms des artistes, vendue en mai 1881.
2" état : Même dessin , avec le nom du personnage sur le cadre et les vers
sur la tablette ombrée. Les noms des artistes au trait.
3*^ état : Le cadre et les inscriptions sont les mêmes , mais le portrait est
entièrement refait : la robe est montante, avec guimpe ; le personnage porte un
bonnet sur une coiffure haute.
Il existe une copie du dernier état de ce portrait , gravée par Courbe.
35. Catherine II, petit médaillon ovale. (Cabinet des Estarapes).
36. Catherine II, Impératrice des Russies , mère de ses peuples. —
Greuze del. sub. stat. Houdon. — Gaucher inc. a. f. 1782; in-8.
1"' état : Avant les mots, Alteri Galliœ Paltadi Bonor, sur la marge inférieure.
GAUCHER. 265
37. Caylus (Charles-Gabriel de Tubières de) , Évêquc d'Auxerre,
d'après Fontaine, 1766; in-8.
38. Cervantes, d'après Quéverdo ; in-8 orné. — Sous le portrait,
un médaillon ovale représentant Galatée.
39. Chapelle, d'après Lebrun ; in-12 orné.
Se trouve dans les Voyages en France, Paris, Ghaigneau, an IV. — Il est avant
la lettre dans les exemplaires en papier vélin.
40. Christian VII, roi de Danemark ; in-8 orné.
De ce portrait, nous croyons qu'il n'existe que l'épreuve du Cabinet des
Estampes , épreuve sur laquelle l'encadrement est à peu près terminé, mais le
portrait à peine ébauché ; retouchée au crayon , avec l'indication manuscrite :
Pasquier effi.g. pinx.; P. P. Choffard ornam. inv.; C. E. Gaucher sculp.
41. COGHIN (A la mémoire de). — Les Grâces ornent de guirlandes
le buste de Cochin , la muse de l'histoire consacre le nom de cet
artiste dans ses fastes , et tandis que le génie du dessin indique
les productions de Cochin , le dieu du goût dépose sur son buste
la couronne réservée à ceux qu'il inspire. — D'après Monnet ,
1789; in-12.
Cette jolie vignette est placée en tête de l'édition de VIconologie, en 4 volumes,
édition dont le texte a été remanié par Gaucher. Il n'y a qu'un seul état de la
planche terminée , sans légende ; on doit seulement faire un choix entre les
épreuves. — L'eau-forte existe au Cabinet des Estampes.
42. Condé, d'après Le Juste. — Gaucher del. et sculp.; in-8.
43. Corneille (le Grand) , d'après Lebrun ; in-8 , dans un encadrement
orné dessiné par Gravelot et gravé par Choffard.
Ce portrait accompagne la suite des figures de Gravelot pour l'édition des
Œuvres de Corneille de Hôl , 12 vol. in-8. Il e-^^t rare de le rencontrer dans une
condition satisfaisante.
Epreuves d'essai de l'encadrement seul, signées de Choffard.
Une épreuve du portrait , avant la lettre , au Cabinet des Estampes. — Une
autre dans la collection de M. Roth.
44. COSSÉ, Duc DE Brissac ( Jean-Paul-Timoléon ) , Maréchal
de France, Gouverneur de la Ville, Prévôté et Vicomte de Paris.
— Pougin de St-Aubin pinx, Car. Gaucher del. et sculp. 1772 ;
in-4 orné , avec une très-curieuse petite vue de THôtel-de-Ville
de Paris au-dessous du portrait.
Eau-forte pure. — !«'' état : Avant la lettre. Très-rare. — 2" état : Avec
l'adresse de Bligny. — 3^ état : Avec l'adresse d'Esnauts et Kapilly ; la planche
porte le N" 203 de la collection d'Esnauts.
26(3 LES GRAVEURS DU XVIlie SIÈCLE.
>i Deleau (Sœur Antoinette). Voyez N° 139.
45. Demoustier (Charles-Albert), homme de lettres, né à Villers-Cotte-
rets le 13 mars Hei. — D'après Ducreux ; in-8.
Eau-forte pure. — l^'' état : Avant la lettre (collection de M. Roth). —
2^ état : Avec la lettre ; un centimètre de cadre sous la tablette. — 3« état :
Avec la lettre : une partie du cadre a été supprimée , il n'en reste qu'un
millimètre sous la tablette.
46. Desaix et Latour d'Auvergne. — Un génie ailé place leurs portraits
sur un autel ; à droite et à gauche deux palmiers. — Cette vignette
est dessinée et gravée par Gaucher ; in-8.
Existe à l'état d'eau-forte pure.
47. Descartes, d'après Hais. — Chez Lattre, rue St-Jacques ; in-8.
48. Diderot , de face , d'après Vanloo. — Gravé par David , élève de
Le Bas; in-4.
L'eau-forte seule est de Gaucher.
49. Diderot, de profil , d'après J.-B. Greuze ; in-8.
Ic état : Avant la lettre, tablette blanche. — 2^ état : Avec la lettre, tablette
ombrée, signature : Gaucher incid. — 3^ état : Le cadre diminué, signature :
Gaucher, inc.
50. DU BARRY ( Madame la Comtesse ). — Peint par Drouais. —
Gravé par Ch. Gaucher. — Médaillon dans un cadre orné de
roses, avec un arc et un carquois ; in-8.
Ce portrait est une merveOle de finesse, et bien que le graveur se soit inspiré
de Drouais , le précieux de l'exécution , l'élégance des ornements font de cette
petite estampe une œuvre vraiment originale.
<< Que Gaucher, — disions-nous dans le catalogue de son œuvre que nous
» avons publié en 18^9 , — ait commencé par attaquer à l'eau-forte, avant de la
0 terminer au burin , cette pièce si délicate ; qu'il ait fait tirer au moins une
i> épreuve d'eau-forle pure pour se rendre compte de son travail, cela n'est pas
» douteux. Mais qu'est de 7enue cette épreuve? nous ne saurions le dire. Elle
ï n'est pas dans l'Œuvre de Gaucher au Cabinet des Estampes ; elle n'est dans
» aucune collection particulière, à notre connaissance du moins. »
M. Henry Lacroix a eu depuis la bonne fortune de rencontrer l'eau-forte
ùu portrait de M""^ Du Barry. Vendue par lui 1,000 fr., cette haute curiosité
fut immédiatement revendue par l'acquéreur dans une vente publique où ,
« chauffée » à outrance , l'épreuve atteignit le prix de 2.400 fr. Ce prix considé-
rable fit « sortir» immédiatement une seconde épreuve d'eau-forte, d'un état
moins avance, épreuve qui jusque-là dormait dans les carions de quelque ama
teur. Nous avons vu cette eau-forte, dont on demandait 2,000 fr.
Une épreuve avant toute lettre , provenant des cartons de Gaucher, apparte-
GAUCHER. 267
Dait à M. Sieurin. Elle a été adjugée à sa vente, en février 1879 , pour le prix de
500 fr.
Le portrait de la comtesse Du Barry se rencontre avec les deux adresses
suivantes :
1" A Paris, chds l'Auteur, rue St-Jacques , maison den Dames de la Visitation.
— Les lettres A. P. D. R. tracées à la pointe. — Avec la date de mo.
Les épreuves de cet état sont rares et très-belles.
•î" A Paris , chez Bligny , Lancier du Roi , Cour du Manège aux Jhuilleries.—
A présent chez Esnauts H Rapilly, rue St-Jacques, à la Ville de Coulances. — Les
lettres A. P. D. R. au trait. — Sans date.
Dans cet état la planche est fatiguée.
51 . Du Ménil ( Denis Le Baron) , ancien juge-garde de la Monnoye, à
Caen , né en celte ville le 5 juillet 1658 ; in-4.
52. Du Paty, Président à mortier au Parlement de Bordeaux, né à
La Rochelle en 1746. — Acclamante IX Sor. Societate , Off-
C. J. Notté, C. S. Gaucher, P.-P. Choffard, Bernier. — D'après
Notté. 1786; in-4.
Eau-forte pure. — 1°'' état : Avant la lettre, la tablette blanche , les noms des
artistes écrits à la pointe. — A.P. D. R. — 2" état : Avec la lettre, la tablette
grise , les noms des artistes au trait. — Avec Priv. du Roi.
La gravure de l'encadrement de ce portrait est de Choffard.
53. Du Paty, d'après Notté, an VII ; in-12.
Eau-forte pure. — !*■■ état : Avant la lettre, tablette blanche.
54. Dusaulx (J.), Membre de l'Institut , d'après Ducreux ; in-8 ovale.
1^'' état : Avant la lettre.
55. DUVEYIUER (Honoré-Marie-Nicolas), Avocat, Secrétaire de
l'Assemblée des électeurs de Paris en 1789 , Député suppléant de
Paris à l'Assemblée Nationale et l'un des représentants de la
Commune. — Dessiné par Sicardi et gravé par Ch. Gaucher, en
exécution d'un arrêté de l'Assemblée des Electeurs, 1790 ; in-8.
Ce portrait , un des plus délicatement gravés de l'œuvre de Gaucher, existe a
l'eau-forte pure.
56. Estaing (Charles-Henri , Comte d') , vice-amiral. — F. Sablel
pinx., C. Gaucher direxit ; grand in-4 orné.
Nous avons vu de ce portrait une épreuve avant tdute lettre, tablette blanche.
57. Fénélon . d'après Vivien. — De Dieu même il sonda l'essence.. . ;
in-8 orné.
Existe à l'état d'eau-forte pure.
268 LES GRAVEURS DU XYIIl* SIECLE.
58. Fénélon , d'après Vivien ; in-8.
Ce portrait est de la môme grandeur que le précédent , et , pour la figure , il
en reproduit exactement le dessin ; mais le cadre ne porte aucun ornement,
tandis que celui du N" 57 est orné d'un nœud de rubans qui semble fixer le por-
trait. Il n'y a pas de vers inscrits sous la tablette. Enfla la signature de Gaucher
est suivie ici de la date An VI.
59. FÉNÉLOIS, d'après Vivien ; ovale, H. 40 m/m. L. 34.
États d'essai à l'eau-forte pure, et à l'eau-forte très-avancée.
1^'' étal : Tirage hors texte sur fort papier vergé.
2^ état : Sans bordure. — Sur le titre d'une Vie de U. de Fenelon . imprimée
chez Didot. — Sur le titre du 2« volume du Télémaque, in-8, de 1790.
3^ état : Entouré d'une bordure ovale de 3 m/m. de largeur.
60. FÉNÉLON, de face, d'après Vivien , an V ; in-12.
Ce portrait accompagne la suite des vignettes de Quéverdo pour Télémaque.
On le trouve , comme les vignettes elles-mêmes , à l'eau-forte pure , — avant la
lettre , — avec la lettre.
61. FloriaN (J.-P. de) ; in-12 orné. — Dans la tablette , une petite
scène tirée de la fatle le Lapin et la Sarcelle.
l^' état : On lit sous le trait carré , l.-M. Floueat pinx. — C.-S. Gaucher, inc.
1792. Dimensions du cuivre : H. 152 m/m., L. 112. — Bau-forte pure au Cabinet
des Estampes.
2« état : La figure , la perruque ont été entièrement regravées , le personnage
ne porte plus la croix de Saint-Louis. Sous le trait carré on lit : L. Villers effig.
del. — es. Gaucher, inc. 1793. Les dimensions du cuivre ont été réduites:
H. 140 m/m., L. 95. Les oriiements n'ont pas changé.
62. FOULLON (Joseph), Intendant de la Guerre et de la Marine
(c'est le Foullon qui fut pendu en n89) ; in-4.
Le cuivre, coupé à l'ovale, a été rapporté dans le cadre.
63. Fournier (P. -S.) , graveur et fondeur de caractères d'imprimie , né
en l'712 , mort en 1768. — Bichu pinx., 1748 , — G. S. Gaucher
eff. inc. ; in-8 , dans un cadre copié sur celui du Fénélon de
Ficquet.
l" état : Avant la date de 1748 inscrite après les mots Bichu pinx.
2* état : Avec cette date.
3* état : Avec ces vers au-dessous du nom :
La Jalouse .Mbion, le Belge industrieux.
Lui disputaient en vain une illustre victoire :
De la presse française il rétablit la gloire ,
Son Nom doit vivre autant que son art merveilleux .
GAUCHER. 269
64. FrÉRON (E.-C.i. — Dessiné par Cochiu , mO . gravé par
Gaucher, mi ; ia-4.
A l'eau-forte pure.
l<" état : Avant la lettre , les noms des artistes à la pointe. Le privilège en
abn gé , A. P. D. R. — Sans l'adresse de Gaucher.
2' état : Avec le nom de Fréron ; les noms des artistes au trait. Le privilège
en toutes lettres. — Avec l'adresse de Gauclier.
3*^ état : Au-dessous du nom de Fréron , on lit : Né à Quimper, mort à Paris
le lo mars lyyô.
Du mauvais goût censeur inexorable,
De l'ignorance il dédaigna les cris ;
Sa plume aux écrivains le rendit redoutable
Et son cœur cher à ses amis.
65. FRÉRON, d'après Cochin. Petit médaillon ovale: H. 42 m/m..
L. 34.
Ce portrait, de la plus grande finesse, semble exécuté pour être placé sur le
titre d'un livre in-12. Il existe à l'eau-forte pure (Gab'net des Estampes) , et en
épreuves d'artiste, tirées hors texte sur beau papier vergé. Extrêmement rare.
66. G A IL (J.-B.), professeur de littérature grecque au Collège de
France. — Le Barbier del., C. S. Gaucher incid.; in-12.
Très-gracieux petit portrait , gravé pour les Idylles de Bion et Moschus , tra-
duites par Gail (Didot , an III) . On le trouve à l'état d'eau-forte pure, — avant la
lettre , tablette blanche , — avec la lettre , tablette blanche , — avec la lettre ,
tablette ombrée.
6'7. Gérard (P.-L.) , d'après Jauffret , an VIII; in-8.
On rencontre ce portrait de l'auteur du Comte de Yalmont : à l'eau-forte pure,
— avant la lettre, — avec la lettre.
68- G I L LET (Louis), maréchal des logis. — Pour servir la beauté le
Français n'a point d'âge. — Dessiné et gravé par Gaucher,
n86. — A Paris chez l'auteur, rue St-Jacques , vis à vis Saint-
Yves. — In-4 , orné dans le bas d'une petite scène qu'explique
la légende suivante, inscrite sous le trait carré : i' Le sieur Gillet,
'^ maréchal des logis au régiment d'Artois cavallerie , âgé de
■> '73 ans , se retiroit à Autin , sa patrie , près Sainte-Menehould ,
« lorsque traversant une forest il entend des cris perçans ,
>^ s'approche et voit attachée à un arbre une jeune fille qui
» alloit être victime de la brutalité de deux scélérats. Il vole à
>i son secours , abbat d'un coup de sabre la joue de l'un des
'^ brigands qui prend la fuite, coupe le poignet du second armé
270 LES GRAVEURS DU XVIIP SIÈCLE.
^ d'un pistolet , rassure la jeune infortunée et la reconduit chez
■^ ses parents. Pénétrés de reconnaissance, ils oârent leur fille en
•1 mariage à son libérateur. A mon âge, répond le généreux
■1 militaire, il est plus facile de sauver une jeune fille que de
'■■ faire son bonheur. '
Eau-forte pure. — \^' état : Avant toute lettre.
69. GraFFîgNY ( Françoise d'Happoncourt de). — Gravé par G. -E.
Gaucher, d'après le tableau original que M™^ Helvétius a bien
voulu conCer à l'auteur ; in-8.
Se trouve en tête des Lettres d'une Péruvienne , Paris , Migneret , 1797.
L'eau-forte pure porte , sous le trait carré , l'inscription : Délateur pinx. —
Gaucher inc. a. [., tracée à la pointe.
l" état : Avant la lettre, tablette blancbe.
70. Gravelot (H.) , d'après Delà tour ; in- 12 orné.
Fécond et varié au gré de son génie,
Le craïon suus ses doigts prend une âme, une vie.
Gaucher.
Pour les Almanachs Iconologiques. Très-difficile à rencontrer en épreuves
satisfaisantes. Les épreuves de second état portent les deux vers ainsi corrigés :
Fécond et varié, joignant l'art au génie,
Le craïon sous ses doigts prend et l'âme et la vie.
Épreuve d'essai avant toute lettre, tablette blanche (collection Béraldi).
71. Grim.VLDI ( Louis de) , évêque du Mans , d'après Cochin , 1767;
in- 4.
Existe à l'état d'eau-forte pure.
72. GUERIN (G. -M.), chirurgien, d'après Cochin , 1771 ; in-4.
La Bibliothèque Nationale possède trois épreuves d'eau-forte différentes.
73. Gustave III, /{ea; Swec/œ , d'après Roslin , 1772; in-8.
Portrait de la plus grande rareté. Existe avant la lettre.
74. Gustave III. — C. J. Cœsari virtutibus et Fato similis. — D'après
N. Lafrensen (Lavreince); in-8.
L'eau-forte pure dans l'œuvre de Gaucher à la Bibliothèque Nationale.
Épreuve avant la lettre, tablette blanche, vendue en mai 1881 .
75. Hallei (Edmond), d'après Philip.; in-8.
GAUCHER. 27i
"70. Hartig (François, Comte d') , d'après Kleinhart. — C. S. Gau-
cher inc, 1781 ; in-8 orné.
Eau-forte.
l^'' état : La tablette blanche, sans le (juatrain. Les noms d'artistes à la pointe.
11. HÉNAULT (le Président), d'après Cochin; in-4 orné.
)'"'etat: Avant la lettre.
78. HENRI (le Prince) de Prusse. — Dessiné par Cochin , d'après le
buste modelé par J.-A. Houdon en 1*784 , gravé par Gaucher en
n85 ; in-8 orné.
Eau-forte pure (Cabinet des Estampes).
l^r état : Le cadre ne porte aucune inscription. Rarissime.
2^ état : On lit sur le cadre la devise : Général et soldat , héros et citoyen.
79. Hoen (Pieter't). — C. S. Gaucher delineav. et incid., 1791 ; in-8.
Eau-forte puie. — 1"'' état: Avant la lettre, tablette blancbe. — 2« état:
Avant la lettre, la tablette couverte de tailles. 3^ état : Avec le nom du per-
sonnage.
80. Hoiatius Flaccus (Quintus), petit médaillon rond, non signé.
81. Jauflfret (L.-F.), d'après Notté , 1792; in-12.
Existe à l'eau-forte pure.
82. Jeanne d'Arc. — G. S. Gaucher del. et inc; in-8.
Ce portrait , qui accompagne une suite de vignettes de Marillier et Monsiau
pour ta Pucelle, Paris , Didot , an III , 2 vol. in-4 , se trouve à l'état d'eau-forte ,
— avant la lettre , lablette blanche , — et avec la lettre. — Il y a des épreuves
usées auxquelles on a donné une tablette blanche en les tirant avec un cache-
lettres.
83. Joly (Joa. Patr. de) , Marci Aurelii Antonini Cultor et Interpres,
d'après Garand ; in-8 orné.
84. JOSEPH II. — J.-M. Moreau Junior del. — C. S. Gaucher ex
Acad. Art. Londoninc, 1778.
Vignette tète de page pour les Annales du règne de Marie-Thérèse, par Fronia-
geot , livre dans lequel se trouve également le portrait de Marie-Antoinette
dont nous parlerons plus loin.
Une contre-épreuve de l'eau-forte pure, au Cabinet des Estampes.
18'' état : Tirage hors texte sur papier fort.
2^ état : Tirage avec texte imprimé au verso.
272 LES GRAVEURS DU XYIII" SIECLE.
85. Kotzebue (August Von) , d'après Boit , an Vil ; in-12 ovale.
Eau-forte pure. — 1^'' état : Avant la lettre.
86. LA BORDE ( Jean-Benjamin de ) , né en septembre I "734 , mort
victime de la Révolution le 4 thermidor 1794. — Peint par Dura-
meau , gravé par C.-S. Gaucher ; petit médaillon ovale.
« La postérité paie aux grands hommes l'intérêt de la gloire
» que leur ont refusée leurs contemporains. »
Extr. des Pensées de La Borde.
Une épreuve d'eau-forte pure au Cabinet des Estampes.
l"' état : Avant la lettre.
•2* état : Avec la lettre, papier vergé.
3* état : Avec la lettre, papier vélin. — Dans ce dernier état , il figure sur le
titre d'un Recueil de portraits pour orner les Histoires de France par Bossuet ,
Veliy et le Président Hénault , ainsi que celles d'Angleterre, d'Allemagne, de
Hollande et des Pays-Bas , extraits de la collection d'Odieuvre. A Paris, chez
Lamy, libraire, quai des Augustins, n» 21, 1821.
87. La Fontaine, d'après Rigaud.
Très-petite pièce ovale.
Eau-forte pure. Dans le haut du cuivre, à droite , un essai du graveur repré
sentant une tête de femme.
1*'' état: Sans bordure.
2* état : Avec une petite bordure ovale qui englobe les noms des artistes. —
Il y a un choix à faire entre les épreuves , la planche ayant été conduite , dans
cet état , jusqu'aux dernières limites de l'usure.
88. Lantier (E. -P.) , d'après Ducreux ; in-8 ovale.
Existe à l'eau-forte pure.
89. La Rochefoucauld (le Comte de). — F. Drouais pinx. — Carol.
Gaucher del. et sculp. — Il est représenté de face ; in- 4 , format
de la collection de Cochin.
Nous n'avons pas vu d'épreuve de ce portrait avec le nom du personnage ;
mais sur l'épreuve du Cabinet des Estampes , qui est avant la lettre , on Ut ,
écrit à la main , le nom du Comte de La Rochefoucauld.
90. La Rochefoucauld, d'après Petitot ; in-i2.
Ce portrait du duc de La Rochefoucauld est placé en tête de l'édition des
Maximes, dite édition Bleuet, Paris, anV. — On le rencontre à l'état d'eau-forte,
— avant la lettre, tablette blanche, — et avec la lettre.
91. Lassus (Pierre), né à Paris le 11 avril 1741. — D'après Giraudet ;
in-8.
Existe à l'eau-forte pure.
GAUCHER. 273
92. Latour d'Auvergne. — Dessiné et gravé par G. E. Gaucher, d'après
le buste modelé par Ch. Gorbet; in-8 , médaillon rond dans un
trait carré.
Eau-forte pure.
10' état : Avant toute lettre.
26 état : Sous le médaillon , on lit : Latour d'Auvergne , premier grenadier da
France.
3" état : Entre le médaillon et le trait carré se trouve VÉpitaphe de la Tour
d'Auvergne en huit vers.
93. Lazzerini (Gustave) , Artiste du Théâtre de l'Opéra Buffa. — Des-
siné par son ami Dufresne , gravé par Gaucher, an X ; in-8
rond.
94. LE BAS (A la mémoire de Jacques-Philippe), Graveur du Cabinet
du Roi , Conseiller de l'Académie Royale de Peinture et Sculpture,
etc. décédé à Paris , en 1783, âgé de 77 ans. — D'après Cochin;
in-8. Frontispice de V Éloge de Le Bas (voyez n» 182).
Une épreuve d'eau-forte pure de ce très-élégant portrait allégorique existe au
Cabinet des Estampes. — Une autre épreuve , qui faisait partie de la collection
Sieurin , a été vendue 800 fr. en 1879.
l"!" état : Sans légende sur la marge inférieure.
28 état : Sur la marge inférieure , au-dessous du trait carré, on lit : Le Génie
du Dessin regrette M. Le Bas. une Muse, symbole delà Gravure, le couronne.
Bbaublb scrip.
95. Lefort (François) , l^r Ministre , Général , Amiral et Ambassadeur
de Pierre P>", Empereur de Russie ; in-8.
État d'essai , avant la lettre, tablette blanche.
96. Le Noir (M-^e Jean-Charles-Pierre), Lieutenant-Général de Police.
— Scevole eff. inc. ad perfect. similitud. statuas express. Fernex.
— Adresse de Bligny ; grand in-4.
l*'' état : Avant toute lettre.
97. Le Normant du Coudray (Charles). — Gravé d'après le
tableau de Ch. Le Bel, 1783. —Le portrait du personnage est
sur un médaillon suspendu à un arbre; in-8.
Eau-forte pure. — 1er état : Avant la lettre.
98. Le Normant du Coudray (Carolus). — P. Le Gay del.
1779. — Carol. Stph. Gaucher, inc. 1781 ; in-8.
ler état : Avant la lettre , tablette blanche , le cartouche des armes en blanc
{collection de M. Roth). — 2» état : Avant la lettre, tablette blanche, les armes
gravées sur le cartouche (même collection). — .S" état ■ Avec la lettre.
"• 18
274 LES GRAVEURS DU XVIII« SIÈCLE.
99. Louis le Bien Aimé, né le 15 février 1710; grand in-4.
Cuivre coupé à l'ovale et Inséré dans un cadre orné. Ce cadre a été changé
plusieurs fois, ainsi que l'adresse. — L'eau-forte et quatre états différents au
Cabinet des Estampes (Œuvre de Gaucher et alphabétiques).
100. Louis XV cédant le trône à Louis XVL — C.-P. Marillier del.
n75.
Cette vignette se trouve dans les Œuvres de Dorât , en tête de Mes Nouveaux
Torts, ou Nouveau Mélange de Poésies pour servir de suite aux Fantaisies.
101. Louis Auguste, Dauphin de France (depuis Louis XVI);
ovale dans un encadrement orné , in-fol.
Le portrait a été gravé deux fois dans le même cadre orné :
V Le Dauphin est représenté enfant , de face, d'après La Tour. Rarissime.
2" Il est représenté adolescent , de trois quarts, — J.-B. Andr. Gautier effig.
pins. — Carl.-Steph. Gaucher del. et sculp.
102. Louis Auguste, Dauphin de France , Gautier effig. pinx. —
Gaucher del. et sculp. mo.
Ce portrait , ainsi que son cadre orné de lys et de roses et portant les armes
du Dauphin , est la reproduction réduite du portrait précédent , n" 2.
Épreuve d'essai de l'encadrement seul à l'état d'eau-forte pure.
l^' état : Avant toute lettre.
103. Louis XVI , Roi de France. Médaille reposant sur des fleurs de
lys et sur le manteau royal ; petit in-fol.
Sans aucune lettre , dans l'oeuvre de Gaucher à la Bibliothèque Nationale. —
Cette pièce est bien de Gaucher, au moins pour la figure du Roi , quoiqu'elle
porte comme signatures d'artistes les noms de Dicquemare et de Sellier.
104. Louis XVI. Médaille des électeurs réunis, en l'789, telle qu'elle a
(lié arrêtée par MM. les Commissaires nommés par l'Assemblée.
— Face et revers. — Gaucher inc. 1790 ; in-8.
Très rare. Existe à l'eau-forte pure. •
105. Louis XVI et sa famille. — Médaillon rond dans un encadrement
carré. — Le médaillon représente une urne funéraire. Les mou-
lures du pied de cette urne font ressortir sur le fond blanc du
papier, les profils de Louis XVI , à gauche , et de Marie-Antoi-
nette , à droite. Il faut chercher les profils du Dauphin et de la
Dauphine dans les branches du saule et sur le tronc de l'arbre
placés à droite et à gauche de l'urne. — Sous le médaillon une
tablette marbrée. — Sans signature et sans date. H. 112 m/m.
L. 87. Diamètre intérieur du médaillon , 62 m/m.
GAUCHER. 275
" Louise-Marie de France. — Voyez N" 138.
106. MaleSHERBES, de profil. — Pièce ronde d'un diamètre de
34 m/m. Sans signature.
Le cuivre de ce petit portrait a été découpé dans une planche de dimension
in~4, sorte de cartouche-frontispice d'après Monnet. Le portrait est à la partie
supérieure ; dans le bas sont les armes de Malesherbes ; à droite et à gauche
du portrait et des deux côtés du cartouche central se trouvent des personnages
allégoriques , la Justice, etc. (Collection Béraldi).
Une copie de cette pièce , épreuve d'eau-forte pure , est signée de Monnet et
du graveur Littret. Les ornements sont les mêmes et de môme dimension, mais
ici le portrait de Malesherbes est de face.
10*7. Malesherbes (Chrétien-Guillaume Lamoignon) , né le 6 dé-
cembre n21. Mort. . . le 3 Floréal , an 2°^" (22 avril n94. v. st).
— Peint par R. . ., gravé par Gaucher, C.-E.; in-8 orné.
Eau-forte pure.
l^i' état : Avant toute lettre, tablette blanche.
108. Marc-Aurèle, buste; in-8 orné (voyez n^SS).
Épreuve d'essai de l'encadrement à l'état d'eau-forte , avec la place de la tète
réservée en blanc.
Eau-forte pure, avec la tête.
109. Marduel (J.-B.), Doct. de Sorb., né à Lion, le XXVII déc.
1699, et curé de St-Roch en 1749. — Davesne pinx., Gaucher
sculp. — A Paris , chez Bligny, Lancier du Roi , Cour du
Manège , au Tuillerie , ou il tient Magasin d'Estampe, Bordure
doré et vert de Bohême (sic).
Eau-forte pure.
État avant la lettre.
110. MARIE-ANTOINETTE, d'après Moreau , 1-75. —Vignette
tête de page pour les Annales du Règne de Marie-Thérèse,
par Fromageot. Paris, 1775, in-8.
L'eau-forte pure de cette délicate petite pièce existe au Cabinet des Estampes
et dans la collection de M. Roth.
Terminé, le portrait de Marie- Antoinette se rencontre dans trois états:
l" Épreuves d'artiste , tirées hors texte. La dernière épreuve de ce genre qui
ait flguré dans une vente publique (février 18T(9) a dépassé le prix de 600 francs.
20 Épreuves avec texte gravé au-dessous de la planche et au verso.
3" Épreuves avec texte imprimé. Dans cette dernière condition , la planche
est usée.
276 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
111. Marie-Cécile, Princesse Ottomane, Fille d'Achmet III , née
à Constantinople , le 4 octobre 1110. — Dessiné et gravé par
Gaucher, 1788 ; in-8.
Avant de graver ce portrait , Gaucher en avait ébauché un autre du même
personnage , sans différence de dessin , mais de plus grandes dimensions. De
cette ébauche, nous ne connaissons qu'une épreuve , provenant des cartons du
graveur. Cette pièce, gravée à l'eau-forte pure, ne représente que le personnage,
sans fond ni cadre. H. 75 m/m. (Collection Béraldi) .
112. MARIE LEGZINSKA, d'après Nattier , 1767. — Portrait-
vignette placé en tête de la dédicace du Nouvel Abrégé Chro-
nologique de l'Histoire de France du Président Hénault ,
édition de 1768.
Cette gracieuse image de la Reine a été gravée par Gaucher avec la plus pré-
cieuse délicatesse , aussi est-elle considérée à juste titre comme l'un des chefs-
d'œuvre de notre artiste. Elle est entourée d'un encadrement de lys et de roses
d'une rare élégance, composé et gravé par ChofTard.
Une épreuve de l'encadrement seul , à l'eau-forte pure , dans la collection de
MM. Béraldi.
Dans rœuvre de Gaucher, au Cabinet des Estampes, figure une curieuse
épreuve sur laquelle le portrait est à l'état deau-forte avancée , dans l'enca-
drement achevé.
Terminé, le portrait de Marie Leczinska se rencontre en deux états :
1" Épreuves d'artiste, tirées hors teste.
2° Épreuves avec texte, provenant du livre.
113. Marillac (la Vénérable Louise de), veuve Legras , fondatrice
des Filles de la Charité , d'après Jauffret; in-8.
Existe à l'eau-forte pure.
114. JIARMONTEL (Jean -François), Historiographe de France.
Secrétaire perpétuel de l'Académie Française. — Dessiné et
gravé par Ch.-E. Gaucher, etc., 1786 ; in-S.
Portrait bien gravé et rare. L'eau-forte pure au Cabinet des Estampes.
115. MetastaSIO ( Pietro ), Romano, Poeta Cesareo, d'après Joh.
Steiner ; in-8 orné.
Enu-forte pure. — l^'' état : Avant la lettre, la tablette blanche, les noms des
artistes à la pointe. — 2" état : Avant la lettre, les noms des artistes au trait. —
3^ état : Avec la lettre.
116. MiRANDA (le Général), d'après Le Barbier, 1792; in-8, avec
une petite vue du bombardement d'Anvers.
Existe à l'état d'eau-forte pure.
GAUCHER. 277
in. MONNIER (le Général), d'après Le Barbier, an X. — Au-dessous
du portrait , une femme déploie un papier sur lequel est écrit :
Défense d'Ancône; sur le cadre on lit : l'Amitié; in-8.
État d'essai , à l'eau-forte pure.
118. Montausier (le Duc de) , d'après Ferdinand , 1781 ; in-8.
L'eau-foi te pure, 100 fr. 1881 .
l"' état: Le nom du personnage tracé à la pointe sur la tablette blanche.
2^ état : Le nom du personnage au trait , sur la tablette ombrée.
119. Montmirail (Ch -Fois-Ces. Le Tellier, Mis de), B«'" d'Ar. de R.
Né à Par., le 11 Sep. 1734. M. le 13 Dec. 1764. — D'après
Frédou, 1*766 ; in-8 orné.
V état : Avant toute lettre.
« M. de Montmirail était un jeune homme de la plus grande espérance, éga-
» lement cher aux militaires et aux gens de lettres. Il s'intéressait singulière-
» ment aux progrès de l'histoire naturelle. M. de Surgy a rais à la tête liâs
» Mélanges intéressants et curieux un éloge de M. de Montmirail, avec un por-
» trait en taille-douce assez ressemblant. » (Grimm.)
120. Montmirail. — Petit portrait in-12 du même personnage, dans
un élégant encadrement , orné d'attributs de guerre et d'histoire
naturelle , notamment d'un livre sur lequel on lit : Histoire
naturelle de MM. de Monmir. et Buffon. Non signé.
Gaucher a-t-il travaillé à ce portrait? Nous n'oserions l'affirmer.
121. Montmorin (de) , évêque ; in-8 ovale, sans signature.
122. Newton, d'après Kneller. — Chez Lattre; in-12.
l^'' état : Avant la lettre.
123. Nicole, d'après Philippe de Ghampaigne, 1165 ; in-8.
124. NOYELLES (Jean -Louis, Baron de C A RONDELET et de),
d'après de Pasche, 1781 ; in-8 orné.
125. NOYELLES ( Marie-Aug^-Bernde de Rasoir, Barone de) , née en
nie, morte à Gambray, le 13 x^re ms. — D'après de Pasche".
nsi ; in-8 orné.
Les portraits du baron et de la baronne de Noyelles peuvent être mis au rang
des meilleures productions de Gaucher. — Ils existent tous deux à l'état d'eau-
forte pure , et à l'état d'eau-forte très-avancée. — Les ornements sont dessinés
par Gaucher.
126. Parny (Evariste); in-S ovale.
Existe à l'eau-forte pure.
278 LES GRAVEURS DU XYIIF SIÈCLE.
127. Pascal , d'après Philippe de Champaigne. — Chez Lattre ; in-12.
pr état : Avant la lettre.
128. PhilidOR (André-Danican). Petit médaillon rond. Très rare.
129. Pie VI , Sede magnus , virtute major, morte maximus. —
D'après Jauffret; in-8.
l^i" état : Devise en trois lignes , sur la marge inférieure , noms des artistes à
la pointe.
2* état : Devise en une ligne, noms des artistes au tra't.
130. Pie VII , d'après Bomhelli ; in-8.
131. PUS (A. p. A. de), Ecuyer secrétaire interprète de Monseigneur,
Comte d'Artois. — D'après H.-J. François; in-12 orné.
Ce gracieux portrait existe à l'état d'eau-forte pure, HO fr. 1881 .
132. Poètes Fr.\NÇAIS. — Série de onze portraits, de format in-12,
représentant : Baïf, Rémy Belleau , Philippe Desportes, Guil-
laume-Sallusle Du Bartas, Joachim Du Bellay, Clément Marot,
Charles d'Orléans , Jean Passerat , Pierre Ronsard , Mellin de
St-Gelais, Gaucher de Ste-Marthe.
Tous ces portraits existent à l'état d'eau-forte avancée. Terminés, on les ren-
contre dans les deux états suivants :
P Le nom du personnage trace finement à la pointe , sur la tablette blanche.
2" Le nom du personnage au trait , sur la tablette couverte de tailles.
133. Pothuin , avocat. — Martini del.; in-4.
134. PkÉVILLE. — Gaucher del. et incid. — Petit médaillon rond.
135. Pulci (Luigi), d'après Giuliamo ; in-12.
Cette pièce pitoyable ne portant que l'indication direxit , il est permis d'es-
pérer que Gaucher est complètement étranger à son exécution.
136. Racine. — J.-B. Santerre pinx. — Car. Gaucher sculp., HôT ;
in-8 orné.
Ce portrait accompagne la suite des figures de Gravelot pour les Œuvres de
Racine, édition de Luneau de Boisgermain , Paris, Cellot , n68.
L'encadrement , dessiné par Gravelot , a été gravé à l'eau-forte par Choffard.
A part une épreuve avant la lettre, nous n'avons jamais vu que des épreuves
mal venues du premier tirage de ce portrait de Racine.
GAUCHER. 279
137. Racine, d'après Santerre ; in-8.
Ce portrait, facile à distinguer du précédent , puisqu'il n'est pas orne, est
placé en tôte des Œuvres de Bacine , Paris, Pougin , 1796, flg. de Le Barbier. On
le rencontre à l'eau-forte pure, et, terminé, dans trois états différents:
1" Avant la lettre, les noms des artistes à la pointe. — 20 Avant la lettre, les
noms des artistes au trait. ~ 3" Avec quatre vers de Boileau dans la tahlette,
et le nom de Jean Racine sur la marge supérieure.
138. Religieuse agenouillée sur un prie-Dieu aux armes de France ,
sur lequel on voit un crucifix et une tête de mort ; in-S.
Par ton exemple, échauffe, instruis tes cœurs.
Servir le Ciel , voilà tes vrais honneurs !
Ce portrait représente Madame Louise-Marie de France , née à Versailles le
13 juillet 1731, religieuse Carmélite sous le nom de sœur Thérèse de Saint-Au-
gustin. Il sert de frontispice au livre de l'abbé de Morvan , intitulé : te Triomphe
de la Religion , ou le Sacrifice de Madame Louise de France, poëme dédié à Madame
Adélaïde, mi , in-8.
139. Religieuse. — Portrait d'une sœur de charité, de face, ovale ; in-8,
sans signature et sans date.
Ce portrait est celui de Marie-Antoinette Deleau, en religion sœur .\ntoinette,
supérieure générale des Filles de la Charité , née le 14 juillet 1778, morte le
29 janvier 1804.
140. René , Roi de Sicile ; in-12.
Pour les Voyages en Fraace. — Existe à l'eau-forte et avant la lettre.
141. ROLAND (Madame), d'après Nicollet, an VIII ; in-8.
C'est le meilleur portrait qui existe de Madame Roland. Los belles éprouves
en sont rares.
142. Rousseau (Jean-Jac.) , d'après Vécharigi , 1763; in-4.
143. Saint-Marc (Jean-Paul-André de) ; in-8.
1" Le personnage est représenté de face, d'après te tableau de M^"^ Loir, dans
un encadrement orné, au bas duquel est une tablette où se trouvent inscrits les
noms : Jean-Paul- André de Saint-Marc. Très rare. — L'eau-forte pure existe au
Cabinet des Estampes.
2° Dans le même cadre ; le personnage a été gravé à nouveau, de trois quarts,
d'après te tableau de Thonàre, 1772.
3" La tète a été de nouveau modifiée , d'après le tableau de Danloux , 1773.
Le nom du personnage a été remplacé dans la tablette par ses armes, et reporté
sur le cadre autour de la tête.
En résumé , il n'existe pas trois planches différentes du portrait de Saint-
Marc , mais une seule planche qui a subi des modifications à deux reprises
différentes.
280 LES GRAVEURS DU XVIIP SIECLE.
144. Salm-Salm (Guillaume-Florentin, Prince du S. E. R. de), d'après
Mansfeld, 1777; in-4.
145. SiCARD (Roch-Amhroise) , Instituteur des Sourds-Muets, né au
Fousseret, Département de la Haute -Garonne. — D'après
Jaufiret, grand in-8.
Les Muets et les Sourds, doués d'un nouvel être,
A la Société par son art sont rendus
Il existe un premier état de la planche avec le mot Pausstret au lieu de
Fousseret. — Sur la marge inférieure, on lit :
Par quel prodige heureux Sicard vient nous surprendre,
Le Muet parle ou Sourd, étonné de l'entendre.
146. Soret (G.-J.), Avocat au Parlement, Censeur Royal de l'Aca-
démie de Nancy. — D'après M"*" de Vaupré ; in-8.
État d'essai à l'eau-forte pure.
147. Suisses (Portraits de personnages). — Sur les titres de quelques-
uns des volumes d'une Histoire des Suisses , traduite de l'alle-
mand de Jean Muller, Lausanne et Paris , 1794-1803 , 12 vol.
in-8 , se trouvent des petits portraits dans des couronnes de
feuilles ; nous en connaissons sept : Guillaume Tell , Henri Ott,
Walther Furst , Ai'nold de Melcthal , Nicolas de Flue, "Werner
Stauffacher, Arnold de "Winkelried.
On en rencontre des épreuves tirées à part des titres.
148. Tibulle , portrait-vignette. — C.-S. Gaucher del. et inc, 1796;
in-8.
149. Vendôme (Charles de Bourhon, P''du nom , Duc de). — Dessiné
d'après l'original , par Fragonard , Peintre du Roi. — Gravé
par Gaucher, 1774 ; in-4 orné.
Pour l'Histoire de la Maison de Bourbon, de Désormeaux.
Une épreuve d'eau-forte pure, et une épreuve d'eau- forte avancée au Cabinet
des Estampes. Sur ces épreuves est écrit à la pointe : Choffard ornam. inv.
150. Vergennes (Charles-Xavier, Comte de). — Petit médaillon rond,
avec nœud de rubans au-dessus. Le personnage est légèrement
tourné à droite. — Sans signature. — Quand la pièce a de la
marge , on remarque qu'elle est entourée d'un trait carré ; elle
est alors de format in-8.
GAUCHER. 281
151. Vergennes (le Comte de). — Gravé d'après le tableau original do
A. Callet , de l'Acad. Rie de Peinture, par C.-E. Gaucher, des
Acad. de Londres, Rouen, etc., 1784 ; in-8 orné.
Une épreuve non terminée, portant l'indication J.-M. Moreau Jun. rtel., existe
au Cabinet des Estampes.
152. Vincent de Paul (S*-), d'après JaufFret ; in-8.
153. Villette (Charles), Député à la Convention, 1792; in-8.
État d'essai a l'eau-forte.
154. Six petits portraits, dans des médaillons ovales, disposés deux par
deux; le tout enfermé dans un trait carré. — La pièce, à l'eau-
forte pure, n'est pas signée (Cahinet des Estampes).
Les personnages représentés sont : en haut , Du Paty et au milieu ,
le Cardinal de Rohan et Gagliostro , en bas, Linguet et un sixième que nous
n'avons pu reconnaître.
155. Portrait d'une femme âgée , à l'eau-forte pure , de format in-4 ,
signé à la pointe en caractères retournés.
Ce portrait a flguré dans une vente faite par M. Clément , il y a quoique
années.
156. Portrait d'un jeune abbé, vu de face ; in-4, format de la collection
de Cochin.
Une épreuve d" eau-forte pure au Cabinet des Estampes. — Elle porte, écrite
à la pointe, l'indication : Car. Gaucher ad viv. del. et incid., 177^-
157. Portrait d'homme , de trois quarts , avec perruque , jabot de den-
telles ; on voit un bouton de l'habit. — Vispré pinx. — C.-Steph.
Gaucher sculp.; in-4, format de la collection de Cochin (Cabinet
des Estampes).
158. Portrait d'homme , à longs cheveux blancs, d'après Dufresne ;
in-12.
159. Il nous paraît impossible que Gaucher n'ait pas mis la dernière
main à un petit portrait d'homme , de face , médaillon rond dans
un encadrement carré in-12 , signé C. Pauquet se, et qui a pour
légende : Naturam scriptis , virtutem factis colère docuil.
160. Gaucher a gravé la tête de Charles F"", dans une rc})roduclion in-8
du tableau de Van Dyck.
282 LES GRAVEURS DU XYIIP SIECLE
EX-LIBRIS, ADRESSES.
161. Ex-LiBRIS DE Bizemont-PrunelÉ. — Cartouche d'ar-
moiries avec couronne , supporté par un lion. — A gauche un
autre lion couché , une palette , un compas ; à droite , un papier
déroulé, un buste de femme renversé. — Devise : Jungat
Stemmata Virtus. — Légende : Messire André Gaspard
Parfait, Comte de Bizemont-Prunelé, nsi.
Cet ex-libris existe à l'état d'eau-forte pure.
162. Ex-LiBRIS DE L.\MOTTE. — Deux lions, couchés sur un
nuage , supportent un cartouche d'armoiries , avec couronne de
comte , entouré de roses et de palmes. Sur le fond , les rayons
du soleil. — La pièce, dessinée et gravée par Gaucher, en mo,
est en largeur, sans trait d'encadrement; elle porte la légende :
De la Bibliothèque de François Grangier de Lamotte , Cap. de
Dragons au R^t de Deux-Ponls.
État d'essai , avant toute lettre, avec deux blasons accolés dans le cartouche,
au lieu d'un seul.
163. Ex-LiBRIS. — Cartouche d'armoiries reposant sur un nuage ;
il est accompagné d'une guirlande de roses , d'une ruche et d'un
caducée. — En hauteur, avec trait carré. — Sans légende.
A l'eau-forte pure, cet ex-libris n'a pas de tablette sous le trait carré.
Terminé , il a une petite tablette sous laquelle est écrit : J.-M. Moreau Jun.
(tel., C.-S. Gaucher, inc. 1777.
164. Ex-LiBRIS Desmares. — Sur cet ex-libris reparaissent le
nuage, le caducée et la ruche de la composition précédente, mais
ici la ruche est sur les armes mêmes du personnage , et la pièce
n'est pas entourée d'un trait carré; elle porte la signature :
C. S. Gaucher, ex acad. art. Lond dol. et inc, et la légende :
Ex-libris Jac. Desmares in Sénat. Paris, patroni.
165. Ex-Libris de Saint-Clair. — A droite et à gauche de la
pièce, des arbres ; dans le haut , le soleil ; dans le bas , un coq .
une lampe , un caducéa , les œuvres d'Hippocrate et de Galien.
— Entre les arbres, la légende : Ex-libris Pétri Gossel de Saint-
Clair, Doet. Med. Facult. Monspelliensis .
GAUCHER. 283
166. Carte de visite. — Dans un petit cadre, orné de bouquets
de roses sur les quatre côtés, est inscrit en gros caractères le nom
de Cabre. — C. Gaucher inc. 1779. — En largeur.
167. Carte oe visite de la Comtesse m; Rennepont.
— Sur une tablette ombrée et posée au milieu d'un cadre orné
d'une guirlande de roses, est inscrit le nom de Madame la Com-
tesse de Rennepont. — C. Gaucher inc — En largeur.
Cette petite coraposilion , extrêmement élégante, est de toute rareté.
Vendue 139 fr. en 1880.
168. ADRESSE DE L'ORFÈVRE PIERRE. — Tablette dans un
cadre orné d une grosse guirlande de fleurs posée sur la partie
supérieure et retombant sur les côtés. Au-dessus de la tablette,
une grosse boule. C.-S. Gaucher fecit m4. — Légende :
A LA BOULB-D'OR.
PIERRE
Md Orfèvre Jouaillier Bijoutier.
Quai Peletier.
Fait Vend el achette tout ce qui concerne l'Orfèvrerie
Jouaillerie et Bijouterie.
A PARIS.
L'adresse de Pierre fait grand honneur au goût de Gaucher qui l'a composée.
C'est une des plus belles pièces qui existent en ce genre. Elle est fort rare.
169. Adresse, ou Carte de Visite. — Petit cadre en largeur avec motif
d'ornementation aux angles et coquille dans le bas au milieu.
Autour du cadre s'enroule une guirlande de roses.
no. Adresse pour une maison de commerce. — Cadre oblong en lar-
geur, autour duquel court une guirlande de roses. Dans le cadre,
divers objets ; un baril, un câble enroulé, un ballot marqué o. P.,
etc. — G. S. Gaucher del.
ni. Adresse. — Tablette blanche dans un encadrement dont les deux
côtés sont formés par des cariatides. Au-dessus, différents objets :
une corde enroulée , des boîtes , une bouteille. — C. S. Gaucher
inc, an VIII.
■ Adresse de Bauzil , peintre en miniature. — Voyez N" 265.
28i LES GRAVEURS DU XYII1'= SIECLE.
TITRES.
n2. Copie de l'encadremeat dessiaé et gravé par Moreau le Jeuue ,
pour le titre du volume des Gr\CES, Paris, Prault , 1769;
in-8. — Sans légende.
Cette copie est facile à distinguer de l'original , puisqu'elle est en contre-
partie.
Nous en connaissons trois épreuves d'essai : la première . à l'eau-forte pure ;
la seconde, terminée, se trouve dans l'œuvre de Gaucher au Cabinet des Estam-
pes ; la troisième , également terminée, appartenait à M. Sieurin , et a été
adjugée, à sa vente, pour le prix de 500 fr.
173. Le Petit Chansonnier fra.nç.\is, ou Choix des meil-
leures Chansons sur des airs connus, par Sautereau de Marsy,
Genève, 1778, in-12.
Copie du titre dessiné par Moreau le Jeune et gravé par N. de Launay pour
le» Bienfaits du sommeil.
Le titre original est signé de Moreau et De Launay, celui-ci ne porte que le
nom de Moreau. Il y a une différence dans le détail des plantes placées à droite
et à gauche de la pièce: dans l'original ce sont deux tiges de lys; dans la copie.
Gaucher les a remplacées par des roses.
État avant l'adresse de la veuve Duchesne.
174. OEUVRES DE M. DE SAINT-MARC, de l'Académie de
Bordeaux, 1775, in-8.
Ce titre , composé avec un goût merveilleux , et l'un des plus gracieux du
XVni« siècle, est gravé d'après le dessin d'Eisen.
Eau-forte pure.
Épreuves d'artiste avant toute lettre.
État avec la date de 1772. Très-rare.
Premières épreuves dans l'édition de 1775.
Épreuves de second tirage dans l'édition de 1781.
175. Cyane, Roman grec, par le Baron de Bilderbeck, 1790 , in-8.
La pièce représente un amour à cheval sur une guirlande de roses. Encadre-
ment de plantes. Trait carré.
176. Paramythes imitées d'Herder, 1794, in-12.
Deux colombes sur un autel. Encadrement de plantes. Sans signature.
177-179. Almanach des Muses de l'École Centrale des Deux-Sèvres.
— Niort , Depierris, an VII , an VIII et an IX ; 3 p. in-8.
GAUCHER 285
FLEURONS.
180. Six en-têtes et quatre culs-de-lanipe , d'après Eisen , Moreau et
Le Barbier, pour les Aventures de Te'lémaque , texte gravé par
Drouët , Paris, HSl, iii-4.
181. En-tête et élégant cul-de-lampe, d'après Eisen, pour les QBaures
de Saint-Marc, ms ; in-8.
182. Gul-de-lampe , d'après Cochin , ^omt V Éloge de Le Bas. (Voyez
n» 94.)
183. En-tête et cul-de-lampe, d'après Marinier, pour une Idylle de
Berquin ; in-8, texte gravé, qui se trouve à la suite du Pygmation,
du même auteur, illustré par Moreau.
Très-jolies illustrations. Existent à l'eau-forte.
184. LES GRACES, L'AMOUR ET L'ESPÉRANCE, près du
berceau d'un entant. — En-tête d'après Monnet, pour un volume
in-12, n83.
Cette petite pièce est une des plus délicates que Gaucher ait gravées. Elle
semble devoir s'appliquer au même ouvrage que la vignette N" 208.
En tirage hors texte , 150 fr. 1880.
185. Six en-tête et six culs-de-lampe , d'après Martini , pour les Nou-
velles de d'Ussieux.
Ces illusUations sont médiocres , les culs-de-lampe surtout. — Voyez n" 220.
186. Saint Grégoire de Nazianze en prière dans une église mise au
pilliige, m7. — Tête de page d'après de Sève. (Voyez n° 246.)
1 8T. Petit en-tête d'après La Pei'che, représentant la Religion (?) assise
sur un rocher. Derrière elle le triangle lumineux. On voit dans
le fond divers monuments célèbres, les Pyramides, etc. (Voyez
n" 215.')
286 LES GRAVEURS DU XVIIP SIECLE.
VIGNETTES.
I. D APRES GOGHIN.
188. Frontispice des FASTES D'OVIDE, Paris, 118'3, in-8.
Les vingt vignettes que Gaucher a gravées d'après Cochin sont les meilleures
de son œuvre. Ce sont elles qui ont établi sa réputation et contribué autant que
certains portraits à faire dire qu'U excellait à graver le nu. Aucune pièce ne lui
fait plus d'honneur que le frontispice des Fastes d'Ovide , chef-d'œuvre de
délicate exécution.
Toutes les vignettes gravées par Gaucher existent à l'eau-forte.
189. Priam rapporte a Troie le corps d'Hector; in-8.
— Pour le chant XXIV de niiade, Paris, me.
190. Les Bergers de Tempe se disputent le prix de la course du
javelot , en présence des Bergères [Tarsis et Zélie, m4).
191 . Le Triomphe annuel du plus noble des arts. Des Chinois célèbrent
la fête de l'Agriculture; in-4. — [Les Mois, de Roucher, m9).
192. Frontispices pour les KtrenNES Lyriques, volumes de
poésies publiés annuellement à partir de 1781 , in-r.i.
Ces jolies vignettes sont au nombre de huit. En voici les sujets :
1. Femme jouant de la lyre , auprès d'elle sont des amours ; nSO. — 2. Un
paysan embrasse une paysanne , l'Amour s'envole avec son dambeau ; n82. —
3. Plusieurs femmes pleurent auprès de l'Amour étendu mort, d'autres se par-
tagent les plumes de ses ailes ; 1783. — -1. Deux femme; auprès desquelles
l'Amour vide son carquois ; 1184. — 5. L'Amitié enchaîne le Temps de fleurs ,
l'Amour lui brûle une aile ; 1785. — 6. Un jeune couple assis sur l'herbe ,
l'.\mour s'envole vers le char de Vénus; 1786. — 7. L'Amour et le Temps auprès
d'une femme endormie; 1787. — 8. Dans une librairie , un jeune ho;nme et une
jeune femme en costume du XVIII^ siècle ; derrière le comptoir se tient r.\aiour,
qui donne à la femme une de ses tlèches ; 1788.
Les dates indiquées ici sont celles de la gravure des pièces, et non celles de la
publication des volumes.
193. Géographie. — Gravure. — Impétuosité. — Partialité. — Piété.
— Récompense. — Sagesse divine. — Simplicité.
Ces huit pièces in-12 proviennent des Almanachs Iconoiogiques de Gravelot et
Cochin (1765-1781), ou de VIconologie (Paris, Lattre, 4 vol. in-12 ou in-8).
GAUCHER. 287
II. d'après eisen.
194. Orphée. — Mercure traçant des figures géométriques sur les
colonnes d'un temple ; in-8.
Ces deux pièces sont des copies. Les originaux se trouvent dans l'édition
d'Emile de J.-J. Rousseau , publiée à La Haye en n62.
195. Alix malade. — La Clochette. — Le Cocu battu et content. —
Comment l'esprit vient aux filles. — La Couturière. — Le Diable
de Papefiguière. — Le Diable en enfer. — Nicaise. — Mazet de
Lamporecchio. — In-8.
Copies retournées d'après les figures des Contes de La Fontaine , édition des
Fermiers-Généraux.
196. Vignettes pour les Nouvelles de d'Ussieux , in-8 ,2 p.
197. Vignette pour V Histoire philosophique des Établissements du
commerce des Européens dans les deux Indes, de l'abbe Raynal,
Paris , n'74 , in-8.
III. d'après moreau.
198-200. Regarde et chéris ton vengeur, ms; in-8 {Adèle de Pon-
thieu , tragédie de Saint-Marc ). — Une figure de la série de
l'Histoire de France ; in-4. — Hercule étoufi"ant le lion , an IV ;
in-12. [Idylles de Théocrite).
IV. d'après marillier.
201-207. Vignettes pour le Théâtre du monde , de Richer, mô ; 2 p.
in-g. — Le Torrent, vignette pour les Idylles de Berquin , Paris,
ITIb. in-12. — Monsieur, un étranger demande à vous parler
une minute. Hist. de Clarisse. — Après avoir excessivement
toussé , elle s'est levée les yeux tout en pleurs. Mémoires d'une
jeune d;ime — Parlez, Brutus , si vous avez à me proposer
quelque action digne do vous, je me porte bien. Vie de Cicéron.
— Elle mit quelques instants à l'accorder et ensuite elle chanta.
Les Mille et une Nuits, p. 4 ; in-8.
■' Mes Nouveaux Torts, par Dorât. —Voyez N° 100.
V. d'après MONNET.
208. L'AMITIÉ (?). Femme debout , appuyée contre les colonnes d'un
temple circulaire et tenant contre son sein une colombe. Dans le
288 LES GRAVEURS DU XVIII^ SIECLE.
temple , un feu allumé sur l'autel ; au fond à gauche, une cha-
pelle avec clocher. Ovale avec guirlande de lierre , inscrit dans
un carré orné de perles. — C. Monnet, del. — G. S. Gaucher,
incid., 1784; in-8 sans légende.
Cette vignette , fort rare , est très-jolie. Il n'en est pas de même, malheureu-
sement , des autres vignettes que Gaucher a gravées d'après Monnet ; elles
sont , pour la plupart , sans intérêt. (Voyez n" 184.)
âOS-an. Vignettes diverses , in-8 et in-12 , gravées de l'an VI à l'an
X; 9 p.
218. Quatre vignettes relatives à l'histoire de Guillaume Tell, an VI
et an VU; in 18.
219. Série de dix frontispices pour un ouvrage philosophique , an VI ;
in-18.
VI. d'après GARKSME et MARTINI.
220. Une vignette d'après Caresme et sept vignettes d'après Martini ,
pour le Décaméron français, recueil de Nouvelles de d'Ussieux,
Paris, m2 , in-8. Sans légendes.
221. Une vignette d'après Martini , pour VArt d'aimer, de Bernard;
in-8.
VII. d'après le BARBIER.
222. CHANSONS NOUVELLES, par Pus, Paris, 1785, in-18. —
Un frontispice-dédicace dessiné et gravé par Choflard , et
douze vignettes par Le Barbier, gravées sous la direction de
Gaucher.
Ces figures sont toujours sans légende , mais elles sont faciles à reconnaître
parce qu'elles portent toutes les signatures Le Barbier picl. reg. del. — C. S.
Gaucher dir. — Gaucher en a gravé les eaux-fortes pures que l'on trouve au
complet dans l'Œuvre du Cabinet des Estampes. 11 a laissé le soin de les ter-
miner (en les retouchant lui-même, surtout dans les figures) à quelqu'un de ses
élèves , Borgnet probablement.
Plusieurs des vignettes des ChansoTU de Piis ont été utilisées plus tard pour
ruiustration du livre intitulé : tes Bijoux des neuf sœurs.
223-227. Vignettes pour les Œuvres de Gessner, 2 p. in-4. — Fron-
tispice pour Plutarque. — Vignettes pour Don Quichotte ; in-12.
2 p., — pour Lettres d'une Péruvienne^ 1 p., — pour Racine, 1 p
GAUCHER. 289
228. Vénus et Adonis. — Daphnis et Naïs. (Idylles de Bion et de
Moschus, traduites par J.-B. Gail, Paris, an III , in-18).
Les signatures des artistes sont en caractères grecs sur les deux vignettes.
La vignette de Daphnis et Nais est découverte.
229. Un cheval blanc au milieu d'un paysage, an XII ; in-8.
230. Femme exécutant une danse guerrière, an VII; in-8. (Pour
Xe'nophon).
231 . // s'élance vers le lit , enlr'ouvre les rideaux, appelle Adélaïde...
hélas I hélas ! an V, in-8. {Adélaïde et Monville , roman de
Joseph Rouget de Lisle).
VIII. d'après quéverdo.
232-233. Jeune femme écrivant , frontispice pour les Lettres à
Émélie (sic) ; in-12 (eau-forte par Quéverdo). — Vénus se
présentant à Jupiter dans l'Olympe ; in-12.
234-244. Vignettes pour i^Yormw, Télémaque, etc., 11p. in-8 et in-12.
245. Les Grâces. — Vénus Anadyomène ; in-18. {Odes d'Anacréon ,
traduites par le Cen Gail, Paris, 1794).
Ces deux vignettes ont été gravées à l'eau-forte par le dessinateur lui-même ;
Gaucher les a seulement terminées ; ce sont les seules qui offrent quelque
intérêt parmi celles que notre graveur a exécutées d'après Quéverdo. Les autres
sont au-delà du médiocre, et il est triste d'avoir à cataloguer de telles pauvretés.
IX. VIGNETTES DIVERSES.
216-254. L'Empereur Théodose remet l'église Sainte-Sophie à saint
Grégoire de Nazianze , d'après de Sève; in-fol. (Voyez n" 186).
— Le Temps près d'un obélisque ; trois amours lui présentent
un livre; in-8. — A Florian , frontispice, d'après Potrel. —
Gaucher cœlav.; in-8. — Ainsi l'aimable Polymnie , sait par-
semer de fleurs le chemin de la vie. Par la cit. Briquet ,
d'après Julien ; in-8. — Dieu de l'univers, bénis les entreprises
de monpère, d'après Legras. — Deux vignettes d'après Flouest,
pour les Fables de Florian, 1792, in-18. — Deux vignettes
représentant des nègres, d'après Collet; in-8. — Apollon
remettant sa IjTe aux Grâces , d'après Borgnet , 1786 ; in-12.
— Jupiter tenant la foudre. C. S- Gaucher del. et inc.\ in-18
{Idylles de Théocrite, Paris, an IV).
n. 19
290 LES GRAVEURS DU XVIIF SIÈCLE
SUJETS DIVERS.
255. Brevet ou Certificat. — Cartouche oblong , en blanc , entouré
a'attributs militaires. Au-dessus , des drapeaux , et , dans une
couronne de feuilles, les fleurs de lys avec les mots : La Loi et le
Roi, Assemblée Nationale. Sous le cartouche : Gaucher delin.
et inc, 1790 ; in-4 en largeur.
256. Imprimé pour lettre de change. — En haut , Neptune et Vulcain;
au bas, Cérès et Mercure, près d'un ballot marqué G. P. F. Aux
angles , une ancre , un anneau sur lequel on lit : L'impôt est le
seul moyen de protection , etc. Sous le trait carré : C- S- Gau-
cher inc; in-4 en largeur.
257. Prospectus. — Manufacture en fers ouvrés pour le service de la
marine. On retrouve encore sur cette pièce les initiales G. P. F.
et la devise Le Trident de Neptune, etc. de la pièce précédente ;
in-4 en largeur.
258. En-tête du Diplôme de Membre de la Société d'Agriculture ,
Sciences et Arts du Département de Seine-et-Marne. — Médaille
représentant Apollon et Cérès, d'après Monnet ; in-8 rond.
État d'essai à l'eau-forle pure.
259. En-tête du Diplôme de Membre de. la Société Philotechnique de
Paris. — Médaille représentant un Génie qui tient un rouleau
sur lequel est écrit : Société Philotechnique , et s'appuie sur un
autel où on lit ; A l'Amitié. — D'après Le Barbier ; in-8 rond.
État d'essai à l'eau-forte pure.
260-263. Une petite pièce ovale en largeur, représentant une fonderie;
au premier plan , des canons et des boulets. — Un petit Génie
touchant un arbre d'une baguette. — Les Muses écrivant sur
le Parnasse l'oraison funèbre de Stanislas. — L'Amour enchaî-
nant Minerve. — L'Amour poursuivant Minerve et l'embrassant
— Supplice d'Ixion dans les enfers. — Supplice de Sisyphe ; 1
pièces non signées.
264. Navire entrant dans un port , très-petite pièce.
265. Amour peignant un tableau. — Amour faisant tourner un treuil ;
2 petites pièces à claire- voie, d'après Quéverdo.
La première de ces pièces est l'adresse de Bauzil , peintre en miniature. —
Vendue 100 fr., 1880.
GAUCHER. 294
266. Vœ qui strenui sunt adpotandavina; vir fortis ad miscenda
pocula ebrietatis. Isaïas , v. 22. — Petite pièce carrée , repré-
sentant une table chargée de divers objets , tonneaux , etc.; sur
le mur du fond , les armes d'Angleterre et des caractères hébreux.
Trois personnages.
261. Six petites pièces, gravées par Gaucher, d'après Moreau , sur une
seule feuille, 1788. — Les trois pièces supérieures sont exacte-
ment semblables entre elles et représentent la Renommée. Les
trois pièces inférieures représentent : l'Abondance ; un dauphin
nageant sur la mer ; une escarcelle.
268-2'74. Uns femme assise tenant des couronnes ; derrière elle, un coq
et un faisceau , petite pièce ronde. — Une femme , coiffée d'un
bonnet phrygien et tenant une pique de la main droite, couronne
de la main gauche VHistoire naturelle de Buffon , cul-de-lampe
d'après Quéverdo. — Femme coiffée d'un casque , tenant un
bonnet phrygien au bout d'une pique et appuyée sur un faisceau,
très-petite pièce à claire-voie, signée. — Un Commissaire de la
Convention (?) se tient debout près d'un autel ; à gauche, des
femmes et des enfants ; au fond, des soldats ; in-12. — Les enfants
de la République chantent des hymnes à l'Eternel ; in-12 ,
d'après Quéverdo. — Apollon couronné par une femme qui tient
une pique surmontée d'un bonnet phrygien; in-12, d'après
Quéverdo. — Un homme , coiffé d'un tricorne avec cocarde, fait
la lecture à des femmes et à des enfants. Légende : Aristide
expliquant les principes de la morale ; in-32, d'après Quéverdo.
2'75. Un aigle planant sur une sphère. — Très-petite pièce à claire-voie,
d'après La Perche. (Voyez n° 18T.)
276. Petite pièce aux armes de Séguier, avec la devise : Per indolem
bonus. — C. Gaucher del. et sculp.
M. Poulet-Malassis, dans son intéressante monographie dos Ex-libris français
(Paris, Rouquette, 18X) , donne cette pièce comme un ex-libris.
2T7. Danseuse d'opéra (?) tenant à la main un petit cor. Costume du
temps du Directoire ; in-8, sans signature.
278. Divers camées d'après l'antique (de la Galerie de Florence) , 3 p.
— Une planche de médailles grecques ; in-8, d'après Le Barbier.
— Deux planches de médailles grecques , au trait , signées :
C. S. Gaucher inc. — Sceaux des archevêques d'Arles, 5 p.—
Une planche d'anatomie. — Bombardement du port et de la ville
d'Ancône.
GAUTIER.
Deux charmantes pièces d'après A. de Saint- Aubin,
gravées au pointillé de couleur, sont signées Gaultier.
Sous le titre de V Hommage réciproque , elles nous
montrent les portraits du jeune et amoureux dessina-
teur et de la jolie Madame Saint-Aubin. — Deux autres
pièces d'après Saint -Aubin , VHeui^eux m,ènage et
V Heureusemère sont signées GautierVainé etSergetit.
Différentes pièces allégoriques et politiques gravées
pendant la Révolution portent la signature Gautier,
ou Gauthier : Il ôte aux Nations le bandeau de Ver-
7^eur, d'après Bélanger. — Les Douceurs de la Frater-
nité, d'après Vangorp. — La Loi, l'Héroïsme français,
la Philosophie découvrant la Vérité , d'après Boizot.
Le nom de B. Gautier se retrouve aussi sur des por-
traits de la collection de Bonneville.
Chez Gauthier se vendaient des images populaires :
la Prise de la Bastille, Aventure tragique arrivée au
Bastringue du port au bled , Grand combat entre
W^ Fanchon la Bouquetière et Manon fAr souille.
Jourdan , d'après Hilaire Ledru. — Desseaux, chi-
rurgien en chef deTHôtel-Dieu, etForlanz, chirurgien
oculiste, 2 p. in-4 , Gautier sculp.
GÉRARD (Marguerite).
n62-'i825?
Les tableaux comme les dessins de vignettes de la
belle-sœur de Fragonard sont d'une grande froideur,
et si elle a signé quelques planches assez spirituelles ,
Fragonard, sans nul doute, les a retouchées. Nous
n'en voulons pour preuve que la première planche de
Monsieur Fanfan jouant avec M^ Polichinelle , sur
laquelle l'éditeur Naudet a fini par restituer le nom de
Fragonard. Il existe du reste une seconde planche,
celle-là est bien la copie de M*'"^ Gérard.
L'Enfant et le chat emmaillottè, VEnfant et le
boule-dogue sont, comme ilf Fanfan, les portraits des
enfants de Fragonard dans des scènes familières.
L'allégorie Au génie de Franklin , d'après un
autre dessin du peintre , est une composition lourde
et théâtrale au-dessous de laquelle on lit : Hommage
à mon maître et bon ami Frago.
H. Gérard , son frère , exposait en 1790 et 1793 , le
Sacrifice de la rose et VAri d'aitner, d'après Frago-
nard. Il a gravé, d'après sa sœur, t Indécision et Dors
mon enfant.
Portraits de Marat et de Lebrun.
GERMAIN (Louis
1733-
Louis Germain, dessinateur et graveur à l'eau-forte,
né à Paris en 1733, a gravé :
Quelques planches pour le Cabinet Choiseul, d'après
Breughel, Berghem, 1771, et pour le Voyage àNaples
de l'abbé de Saint-Non.
Paysages avec ruines et animaux , 3 pièces in-fol.
d'après B. Breemberg.
Cahier de divers petits paysages d'après Sarazin,
4 p. in-4 en largeur.
Cahier de petits paysages, spirituellement gravés
d'après Weirotter, in-4 en largeur.
Les Balanceuses, jeux d'enfants , le Marchand de
rogome ,2 p. petit in-fol. d'après Schenau.
Deux très-jolies estampes in-4 , la Cruche cassée et
V Escarpolette , L. Moreaupinx., Germain aq., Patas
sculp.
Une estampe in-4 en largeur, oîi l'on voit une foule
de petits personnages sur une sorte de pont de bois
jeté sur une rivière, 1774.
Projet d'un Pont monumental à la gloire immor-
tel (sic) de Louis XVI, d'après Daubenton , in-fol. en
largeur. 1775.
GESSNER (Salomon
1730-1787.
Salomon Gessner est venu à son heure ; à ce mo-
ment où l'on ne rêvait que bergères et bergeries , où
la note élégiaque et idyllique était assurée de plaire.
Aussi ses poèmes en prose ont-ils eu un succès pro-
digieux dont ont profité ses travaux artistiques
plus discutables. Pourtant Gessner aimait vérita-
blement la nature. Ses consciencieux paysages à
l'eau-forte méritent réellement qu'on ne les passe pas
sous silence et sont très supérieurs aux figures dont il
les animait et qui témoignent trop d'une absence
d'études premières que rien ne peut remplacer, pas
même l'inspiration d'un poète.
Sa première gravure, le Printemps (Der Frûhling),
est datée de Zurich , 1753. Une suite de 10 Paysages,
in-4 (1764), est dédiée par Gessuer à son ami Watelet,
qui lui a rendu sa politesse en traitant , dans son
Dictionnaire des arts , sa pointe de « spiritueUe ,
badine et ragoûtante ».
Une autre suite de 12 Paysages (1767) , in-4 en lar-
geur, se trouvait à Zurich chez son père D. Gessner,
libraire. Il faut signaler encore une suite de 12 Pay-
sages {i76S), plus petits cette fois. Dans le même genre
296 LES GRAVEURS DU XVI1I« SIECLE.
Gessner a encore gravé , d'après Hess , une série de
54 petites Vues de Suisse très finement exécutées.
Une idée originale , dont on n'a que peu d'exemples ,
par suite de la réunion nécessaire de deux talents bien
rares à rencontrer chez une même personne , fut mise
à exécution par Gessner, celle de couvrir d'illustrations
ses propres ouvrages , d'interpréter sur le cuivre les
poëmes éclos de son génie. De plus, la belle édition
contenant ces vignettes fut imprimée par l'auteur lui-
même, ou tout au moins sous ses yeux par ses presses.
Voilà certes un livre curieux , et cependant il n'est que
médiocrement recherché. C'est que la plupart des
grandes planches qui ornent les Contes moraux et
nouvelles Idylles (Zurich, chez l'auteur, 1773), et son
volume à'Œuvres (1777) manquent de cette aisance
et de cet esprit indispensables dans l'illustration. Les
figures sont lourdes , mal gravées et sans grâce , et
le graveur-poète ne se relève que dans les fonds de
paysage ou dans les culs-de-lampe, presque tous ingé-
nieusement traités et où la figure humaine plus petite
disparaît dans l'ornementation de l'entourage.
il faut toujours en revenir au paysage si l'on veut
louer Gessner, le fouillis mystérieux de ses feuillages
et son étude attentive de la nature. Dans une Lettre
sur le paysage adressée à Fueshn , il a pris soin de
nous apprendre quels furent ses modèles : « Je
» m'accoutumai à dessiner ou plutôt à disposer les
» arbres par masses en choisissant Waterloo pour
» modèle. Ce fut donc à lui que je dus enfin la facilité
» de rendre mes propres pensées : mais c'était en
» empruntant son style. Alors pour éviter ce qu'on
» nomme manière, je hasardai de mettre plus de variété
GESSNER. 297
» dans mes études et d'associer à mon premier maître
» des artistes dont le goût différent du sien avaient ce-
» pendant comme lui le naturel et la vérité pour objet.
» Swanevelt et Berghem présidèrent tour à tour mes
» travaux ; semblable à l'abeille, je cherchai du miel
» sur plusieurs fleurs ; je consultai , j'imitai et reve-
» nant à la nature partout oii je trouvai un arbre , un
» tronc, un feuillage qui attirait mon regard, j'en
» faisais des esquisses plus ou moins terminées. Par
» ce procédé, je joignis à la facilité, l'idée du caractère
» et je me formais une manière qui me devenait plus
» personnelle. Il est vrai qu'un premier penchant me
» ramenait souvent à mon premier guide : je retournais
» à Waterloo lorsqu'il s'agissait de la disposition des
» arbres , mais Berghem et Salvator Rosa obtenaient
» la préférence , lorsqu'il s'agissait de disposer des
» terrasses et de caractériser des roches et Le Lorrain
» m'instruisait du beau choix des sites et du bel accord
» des fonds. J'appris en l'étudiant à imiter les cam-
» pagnes verdoyantes, les doux lointains et ces dégra-
» dations admirables par l'artifice caché de leurs
» nuances. Enfin j'eus recours à Wouvermans pour
» ces fuyans légers et suaves éclairés par une lumière
» modérée et revêtus d'un tendre gazon »
IS Œuvre complet de Salomon Gessner a été réuni
en 338 pièces (Zurich , 1802) , 2 volumes in-folio.
Guil. Kolbe a gravé en 25 planches gr. in-fol. une
Collection des Tableaux ou gouaches et des dessins
de S. Gessner, Zurich, à la librairie de Gessner, 1811.
L'auteur du Manuel des curieux, Huber, que nous
aimons à citer souvent, fut particulièrement lié avec
Gessner ; aussi , emporté par le souvenir de cette
298 LES GRAVEURS DU XVII1« SIÈCLE.
amitié, se livre-t-il à un éloge singulièrement chaleu-
reux : « Gessner, dit-il , simple amateur, n'a dû ses
» talents pittoresques qu'à son génie , n'y ayant em-
» ployé que ses heures de loisir. Cependant on trouve
» dans ses paysages la perfection d'un maître exercé,
» soit pour le goût dans le maniement de son outil ,
» soit pour l'inteUigence dans la composition de ses
» sujets. Dans sa Lettre sur le paysage il nous trace
» la marche de ses études... les jeunes artistes ne
» sauraient trop méditer ses préceptes , ne sauraient
» trop suivre ses conseils.... Rien de plus ingénieu-
» sèment pensé , rien de plus ingénieusement touché
» que les grands et les petits sujets dont il a décoré
» ses Idylles.
» Envisagé comme artiste , Gessner a été des plus
» laborieux ; ses peintures à la gouache sont très
» recherchées des connaisseurs, mais Gessner n'a pas
» moins brillé dans le monde par ses vertus sociales
» que par son génie dans les lettres et les arts.... »
EtHuber, sentant que cette admiration sans réserve,
que ce débordement d'enthousiasme est au fond bien
loin d'être justifié, s'empresse d'ajouter : « .... Mais
» je m'aperçois qu'entraîné par la nature de mon
» sujet cette notice tient déjà plus de l'éloge que de
» l'exposé historique L'on me pardonnera cet
» écart en faveur de mes liaisons avec l'artiste et de
» l'amitié dont il me comblait. Ses amis savent de quel
» prix elle était , cette amitié dont le souvenir m'est
» encore si doux. »
GEYSER (Ghristian-Gottlieb).
1742-1803.
Christian Geyser, né à Goerlitz en Lusace, en 1742,
commença par étudier le droit, qu'il abandonna ensuite
pour la gravure.
Il a reproduit plusieurs tableaux de Wouvermans ,
de Bray, Ferg , Diétrich , les Enfants de Netscher,
d'après ce peintre ; des Paysages de Pynacker ; la
Statue équestre de Pierre le Grand d'après Falco-
net ; la Statue de V électeur Frédéinc Auguste , à
Leipsick ; la Toile de la salle de spectacle de Leipsick,
d'après son beau-père Œser, travail fait , dit Huber,
« con amore », et V Amour vendu à V encan.
Illustrations pour le Virgile de Heyne (Leipsik ,
1800) , pour V Histoire de Var^t chez les anciens., de
Winckelmann , traduite par Huber (1802) ; des alma-
nachs ; enfin un nombre considérable de copies de
suites de vignettes de Chodowiecki , dont Geyser
s'était parfaitement approprié la manière, etc.
Comme portraits : Daniel Chodowiecki, d'après
Zingg , in-8. — Michel Ruber, d'après Graff, in-8. —
Ch. Gott. Heyne, d'après Tischbein , in-8. — Raphaël
Mengs, d'après lui-même, in-8. — Gellert. Wieland ,
Klopstock, Riehter, le T^rince He7iri de Prusse, Gœthe.
GHENDT (Emmanuel De).
174.-1815.
Emmanuel De Ghendt est par excellence le type du
graveur de vignettes. Pendant sa longue et laborieuse
carrière , c'est-à-dire pendant cinquante ans, de 1765
époque à laquelle il commence à produire, jusqu'en
1815, il s'est consacré tout entier à ces petites pièces
qu'il gravait avec une légèreté et un éclat extraor-
dinaires.
De Ghendt , dont le talent est si français, est né à
Gand , en 1749, selon Basan. Mais cette date est peut-
être inexacte , cai^ De Ghendt signait déjà de bonnes
pièces en 1766 et il devait avoir plus de dix-sept ans.
Quoiqu'il en soit , c'est sous la direction d'Aliamet
qu'il vint se former à Paris, et ses progrès furent
rapides ; il est bien probable même que , parmi les
vignettes et culs -de -lampe signés d'Aliamet. bon
nombre sont de la main de son élève , au moins pour
l'eau-forte. Dans la suite de figures pour Pyginalion ,
d'après Eisen, on retrouve même à la fois la signature
de Ghendt et l'indication Aliamet direxit.
De Ghendt jugea qu'avec la vignette il avait trouvé
sa voie ; il s'y adonna , et ce fut définitivement. Une
seule fois, il se haussa jusqu'à l'estampe dans une
GHENDT (De). 304
suite des Quatre pay^ties du Jour, d'après Baudouin.
C'est d'abord ^eM«/m. Une jeune femme est endor-
mie profondément les bras passés au-dessus de sa tête;
cette belle dormeuse est à peu près nue, et un jeune
garçon qui est là , tout curieux , voudrait bien la con-
templer , mais un abbé cherche à lui cacher ce spec-
tacle avec le pan de son manteau.
Le Midi nous montre la dormeuse du matin , encore
assoupie , mais cette fois-ci dans un jardin , une main
égarée sous sa robe; elle est à demi-pâmée, une jambe
en l'air, son pied balançant son petit soulier.
Est-ce encore , dans le Soir, la sempiternelle dor-
meuse? Toujours est-il qu'elle va se mettre au lit, et
l'estampe nous la montre précisément à l'instant où
elle est nue , juste à point un indiscret entr'ouvre la
porte pour regarder, et c'est à peine si la servante a
le temps de cacher sa maîtresse avec l'étoôé de la
portière.
Enfin la Nuit. Cette fois , notre jeune femme
n'est pas couchée ; elle est dans un pai^c, assise sur le
gazon, au clair de lune, et peu disposée, croyons-nous,
à dormir. Son amant lui entoure la taille de ses deux
mains... Voilà décidément des personnages qui s'en-
tendent à employer les quatre parties du jour... et de
la nuit. Mais ne sont-ils pas un peu gascons, et ne se
vantent-ils pas ?
A part cette suite, De Ghendt , disons-nous, se can-
tonna exclusivement dans la gravure des illustrations,
tentant à peine l'ex-libris et n'essayant pas même un
seul portrait. Il débuta à l'époque où les petits poèmes,
les épitres en vers , les héroïdes faisaient rage. Pour
faire avaler ces pulibcations insipides , on les accom-
302 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
pagnait d'une sauce composée habituellement d'un
frontispice . d'un petit sujet formant en-tête de page ,
pour solliciter l'indulgence du lecteur, et d'un cul-
de-lampe , apparemment pour fléchir sa colère. Dorât
était le grand fabricant de ces opuscules , Eisen et
Marinier les illustraient , De Ghendt fut un des
graveurs qu'ils employèrent le plus souvent. Il faut
croire qu'on fut fort satisfait de lui , car lorsque Dorât
publia ses deux volumes de Fables , pour lesquels
Marinier composa une illustration qui est un délicieux
chef-d'œuvre d'esprit et de goût, De Ghendt reçut
mission de graver un grand nombre de sujets, et les
deux titres.
De Ghendt excellait d'ailleurs à graver les titres ,
et ceux qu'il nous a laissés sont généralement des
pièces élégantes , comme ceux de Mes Nowi^eaux
Torts, des Idylles de Saint-Cyr, des Mélanges de
Dorât. Nous savons bien qu'à travers le travail du
graveur c'est le dessinateur que nous jugeons, car
assurément l'élégance de ces petites compositions
tient au dessinateur, à Marillier, mais c'est un grand
mérite au graveur de ne pas avoir dénaturé, appesanti
l'original en l'interprétant , et nous ne devons pas le
méconnaître.
La grêle des pubhcations illustrées continue. Après
Dorât , c'est Du Rozoi qui se met de la partie. Son
poëme des Sens contient, outre les vignettes, un très
beau titre de Marillier gravé par De Ghendt. « C'est
» un terrible poëte que M. Du Rozoi, écrit Grimm,
» son poëme est imprimé avec un faste, une élégance,
» des estampes, des vignettes, mais voilà tout ce qu'on
» y trouve de bon. M. Dorât dit plaisamment : De
GHENDT (De). 303
» quoi se mêle ce faquin d'imiter notre luxe ? » La
seule vue d'une vignette, d'ailleurs, suffit pour exas-
pérer Grimm , et nous serions tentés , forgeant tout
exprès pour lui un mot barbare, de le qualifier d'ico-
nophobe.
Puis vient Baculard d'Arnaud avec ses filandreuses
Epreuves da sentiment : « D'Arnaud , écrit encore
» Grimm , est devenu un des plus grands prédica-
» teurs de vertu par la voie des romans à grands sen-
» timents et à estampes ; il a beaucoup de vogue
» parmi les couturières et les marchandes de modes ,
» et s'il peut mettre les femmes de chambre dans son
» parti , je ne désespère pas de sa fortune. » Mais ici
les vignettes , quelque gracieuses qu'elles soient , ne
peuvent racheter la lourdeur de ce texte compacte ,
il y en a trop peu , l'illustration est trop raréfiée ; les
ouvrages de d'Arnaud appartiennent à une catégorie
malheureuse qu'on pourrait appeler les livres à figures
sans figures.
Ce n'est pas tout , voici encore Malfilâtre avec son
Narcisse dans Vile de Vénus , le marquis de Pezay
avec ses Tableaux , Léonard avec ses Poésies pasto-
rales, Mercier avec ses drames , Jenneval , le Faux
ami , le Déserteur, Deslbntaines avec ses Bains de
Diane, et tant d'autres. Et Eisen et Marillier dessinent
toujours, et De Ghendt grave toujours !
Plus il va , plus il s'attache particuhèrement à
Marillier, c'est ainsi que nous allons le retrouver dans
presque toutes les illustrations exécutées par ce des-
sinateur : Œuvres de Rousseau édition de Cazin,
Idylles de Berquin, Tangu et Félime, V Iliade, le
Théâtre du Monde , les Voyages imaginaires ,
304 LES GRAVEURS DU XYIIF SIECLE.
le Cabinet des Fées , les Œuvres de Tressan ,
les Œuvres badines du Comte de Caylus , YAlma-
nach des Grâces , Télémaque , et enfin la Bible pour
laquelle De Ghendt a exécuté à lui seul plus de qua-
rante pièces.
Si De Ghendt est le graveur de Marillier, comme
Longueil est celui d'Eisen, il eut peu de relations avec
Moreau, et l'on ne voit pas son nom dans les belles
suites publiées par ce dessinateur dans la plus heureuse
période de son talent. Il ne signe que deux pièces du
Molière de Bret , et ce n'est que plus tard que De
Ghendt grave d'après Moreau pour les suites publiées
par Renouard , pour Gessner, Voltaire , Dejnoustier,
Hamilton, Werther, Gresset. Télémaqice, Molière.
On peut remarquer, dans deux vignettes pour Racine,
celles des Plaideurs et d'Esther, que le vieux graveur
est toujours vadlant, et qu'il est toujours un excellent
préparateur à l'eau-lbrte.
De Ghendt est mort en 1815, et pour ainsi dire
le burin à la main , car on le trouve encore dans le
La Fontaine de Moreau publié en 1814.
De Ghendt a laissé quatre cents pièces, et il n'est
pas de graveur d'illustrations dans l'œuvre duquel
on puisse trouver plus facilement les éléments d'un
choix heureux de jolis sujets, dignes de figurer dans
une collection d'estampes , bien que destinés dans
l'origine à des livres. Nous signalerons plus particu-
lièrement ici :
D'après Eisen , la suite de Pygmalion et celle de
la Décla^nation théâtrale , le titre de Narcisse dans
Vile de Vénus, les vignettes des ikfomormewrs, le titre
des Tableaux , ainsi qu'un ravissant cul-de-Iampe
GHENDT (De). 305
qu'on pourrait appeler rHeureucc Berger ; un jeune
berger est étendu au pied d'un arbre, une jolie bergère
s'avance, tenant des fleurs dans son tablier, elle en
répand sur les habits du jeune homme : ce petit fleuron
de quatre centimètres de haut est une délicieuse
estampe.
D'après Marilher, les titres exécutés pour les œuvres
de Dorât [Idylles de Saint~C>jr, Mélanges, Fables) ,
pour les Sens et les Bains de Diane , et plus tard
pour Éînile et la Nouvelle Héloïse, dans le Rousseau
de Poinçot. Sur ces derniers titres , le dessinateur a
reproduit les principales scèoes de l'ouvrage dans une
quantité de petits médaillons ; Marillier affectionnait
ce genre de composition , il s'en est largement servi
dans une suite d'estampes dont nous parlerons au
chapitre du graveur Ponce.
Toujours d'après Marilher, un très joh titre, infini-
ment petit , pour les Noëls bourguignons ; une des
vignettes pour le Rousseau de Cazin , le Premier
baiser de l'amour, sujet charmant , qui a été traité
par Gravelot, par Marillier, parMoreau, par Monsiau,
par Prudhon ! Et les fleurons des Fables de Dorai !
Et le délicieux en-tête pour les Œuvres de d'Arnaud
qui représente une Bouquetière ! Et cette petite pièce
qui est peut-être la merveille de l'œuvre de DeGhendt,
ce Pygmalion aux genoux de Galathée , qui est tout
simplement un fleuron pour un Recueil de Contes en
vers.
De Ghendt gravait lui-même les eaux-fortes de ses
planches , avec un éclat et un brillant qui les rendent
comparables à celles de Le Mire. Il les faisait même
si bien qu'on lui confiait quelquefois le soin de
II. 20
306 LES GRAVEURS DU XVIII« SIECLE.
commencer ainsi des vignettes qui devaient être ter-
minées par d'autres, Le Veau, Longueil, etc. Les eaux-
fortes de De Ghendt sont fort rares , mais le Cabinet
des Estampes a eu la bonne fortune de trouver, dans
le portefeuille même du graveur, à peu près toutes
celles de ses vignettes , ce qui a constitué un œuvre
des plus complets et des plus intéressants.
ESTAMPES.
1. LE MATIN,— LE MIDI, — LE SOIR, - LA NUIT, 4p.
petit in-fol. d'après Baudouin.
La série des quatre eaux-fortes, passée en vente en 1881, a été payée 3,200 fr.
1^'' état : Avant la lettre, tablette blanche, 705 fr. vente Béhague.
Les épreuves avant la lettre du Matin sont découvertes. Dans l'eau-forte du
Soir, la femme qui va se couclier a sur la tête un bonnet, qu'on a supprimé
ensuite.
2. L'Amour asiatique, d'après Eisen ; in-fol.
3. Planches pour la Galerie de Le Brun.
EX-LIBRIS.
4. Ex-LiBRIS DE M.\ILLY Ch.VTE VUR EN AUD. Écusson d'armoi-
ries entre des roseaux , avec deux cygnes. Au-dessous, dans des
nuages , l'inscription : De la bibliothèque de M. de Mailly Cha-
teaurenaud- — Eisen del., de Ghendt se.
5. Ex-libris Antonii-Odomari Talon. — Cartouche d'armoiries entre
deux licornes. Au-dessus, un faisceau avec une hache.
6. Autre. Cartouche d'armoiries , avec la balance de la justice tenue
par un bras, et un lion.
"7. Autre. Deux cartouches d'armoiries accolés.
8. Ex-libris Van Hulthem. Omnes artes quœ ad humanitatem perti-
nent habent commune quoddam vinculum. — Duvivier Brugensis
del. 1806 ; in-8.
GHENDT (De). 307
9. Cartouche pour adresse. — Dans le haut , un casque et deux trom-
pettes ; dans le bas , divers instruments de musique ; iD-8 en
largeur. (Cabinet des Estampes.)
VIGNETTES.
I. D APRES EISEN.
10. Vignette et cul-de-lampe pour Lettre de Jean Calas à sa femme et
à ses enfants, par Blin de Sainmore, 1166, in-8.
11. Sapho jouant de la lyre , en-tête pour Lettre de Sapho à Phaon ,
par Blin de Sainmore, n67, in-8.
12. Titre pour NARCISSE DANS L'ÎLE DE VÉNUS, de Malfilâtre,
1769, in-8.
Trois petits médaillons retracent des épisodes du poëme. Au bas du titre ,
Narcisse, dans une grotte, contemple son image.
13. Deux vignettes pour LES MOISSONNEURS, comédie de Favart,
1768, in-8.
14. Apollon gardant des troupeaux chez Admète. —
Orythie enlevée par Borée. — Hercule enchaîne Cerbère. —
Bacchus et Silène. — Apollon et Midas. ( Les Métamorijhoses
d'Ovide, 1769-71).
In. Titre pour la Thériacade, poëme héroï-comique, 1769, in-8.
16. La Diabotanogamie, vignette in-8.
17. Titre, en-tête et cul-de-lampe pour V Heureux Jour, épître du
marquis de Pezay, 1768, in-8.
18. Les Tableaux, opuscule du marquis de Pezay, 1771, in-8.
Joli titre représentant, de chaque côté, des arbres; sur le premier plan , un
panier de fleurs , une palette sur un tabouret; à gauche, un tableau sur un
chevalet. — Uu cul-de-larape.
19. Titre. Des deux côtés de la composition , des arbres ; au milieu
du bas, un petit autel circulaire sur lequel on lit le monogramme
D. G. (DeGhendt?); in-8.
■?0. Vignettes et fleurons pour LES ÉPREUVES DU SENTIMENT,
de Baculard d'A.rnaud, 1767-79, in-8.
308 LES GRAVEURS DU XVI1I« SIÈCLE.
21. Les Jeux de la petite Thalie , petits drames dialogues pour les
enfants et les jeunes personnes , par de Moissy. neu , in-8. —
Frontispice.
22. L.V DECL.\iM.VTION THÉ.\TR.\LE, poëme didactique par Dorat,
n66. in-8.
Un joli titre et quatre figures, y compris celle de la Danse.
La suite complète des eaux-fortes dans l'œuvre de De Ghendt au Cabinet des
Es lampes.
23. Théagène, tragédie de Dorat, frontispice in-8, 1766.
24. Selim et Selitna , poëme par Dorat ; vignette in-8, lIQd.
25. Mes Fantaisies, par Dorat, 116S, in-8. — Quatre fleurons.
26. Deux têtes de page pour l'Isle MERVEILLEUSE, de Dorat ,
n68, in-8.
1. Deux petits enfants nus, couchés sous le feuillage. — 2. Deux amours ailés,
l'un porte un carquois.
27. Tète de page pour un in-4 , avec un petit portrait de Louis XV;
au-dessous on voit de petits enfants qui semblent disséquer un
cadavre.
28. BERGÈRE LAISSANT TOMBER DES FLEURS SUR UN
BERGER. Petit médaillon ovale, reposant sur un socle; des
deux côtés, des arbres et des plantes.
Ce petit fleuron est d'une finesse merveilleuse.
29. Fleurons pour les Poésies pastorales de Léonard , 1771.
30. Frontispice pour l'Histoire des Ordres de Notre-Dame de Mont-
Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem ■_ par Gautier dé Sibert,
1772 , in-4.
31. Vignettes pour l'Arioste de Baskerville.
32. PYGMALION, suite de six vignettes in-8.
Très belles illustrations. On ne sait à quelle édition elles étaient destinées,
toujours est-il qu'elles n'ont point paru avec un texte.
Les épreuves sur papier vergé sont lares. Quelques-unes sont signées Aliamel
direxit (nous avons dit que De Ghendt était élève d'Aliamet). Il y a des épreuves
modernes sur un mauvais papier vélin.
La suite des eaux-fortes au Cabinet des Estampes.
II existe une septième pièce que nous ne connaissons que par deux épreuves
d'eau-forte pure (Cabinet des Estampes et collection E. Paillet).
GHENDT (De). 30!»
33. Eaux-fortes des vignettes des Sens, poëme de Du Rozoy, et d'une
suite de quatre estampes, scènes de la Vie champêtre, terminées
par Longueil (voyez ce nom).
II. d'après gravelot.
34. Vignettes pour la Pharsale de Lucain , 1166 , in-8.
35. L'Enfant prodigue, très belle vignette pour les Œuvres de
Voltaire , in-4 .
36. Illustrations pour les Aimanachs iconologiques et \ Iconologie ;
in-12.
III. d'après marillier.
ST. LA BOUQUETIÈRE, vignette formant tête de page pour l'anec-
dote d'Henriette et Chariot , dans les Épreuves du Sentiment de
Baculard d'Arnaud. — Cul-de-lampe pour la même anecdote, etc.
38. Titre pour LES SENS, poëme de Du Rosoi , iu-8.
Cadre simulant une tonnelle. Cinq amours y symbolisent les sens : l'un goûte
du raisin , l'autre sent une fleur, etc.
39. Titre pour LES BAINS DE DIANE, de Desfontaines, 1170,
in-8.
Encadrement de colonnes torses et de feuillages. Dans le haut, des colombes ;
dans le bas, une tète de cerf et un jet d'eau retombant en cascade, etc.
40. Frontispice pour les Poésies pastorales de Léonard, 1*771 , in-8.
41. Titre pour les IDYLLES DE SAINT-CYR , de Dorât, 1771,
in-8.
L'eau-forte pure a déjà l'indication du titre.
42. Vignette pour LES S. \ ORIFICES DE l'AMOUR, par Dorât,
1771 , in-8.
43. Titre pour les MÉLANGES , de Dorai , in-8.
L'eau-forte a déjà la légende.
44. Ma Philosophie , par Dorât 1771 , in-8.
Figure, en-tête et cul-de-lampe.
310 LES GRAVEURS DU XYIII" SIÈCLE.
45. Titres et fleurons pour les FABLES DE DORAT.
De Ghendt a gravé pour cette illustration les deux titres et trente-quatre
fleurons. Le titre du second volume est extrêmement élégant. Parmi les plus
jolis fleurons têtes de page, U faut citer la Fable et la Vérité, l'Abeille et le Papillon,
rOr et le Fer qui représente une petite Danaé, le Lustre et la Lampe (le cul-de-
lampe de cette fable est un petit portrait de Corneille), l'Abeille, le Faune trompé
le cul-de-larape de cette même fable , qui sert de fin au premier volume, est
aussi fort riche) , la Poule aveugle (un petit intérieur de ferme) , les Trois Pommes
(le Jugement de Paris) , le Sceptre et l'Éventail, etc. Il faudrait tout citer, teUe-
inent l'illustration de ce livre a été bien comprise ; tout y est joli et spirituel.
46. Frontispice pour Mes Nouveaux Torts, par Dorât, 1768,
in-8.
Encadrement de feuillages , etc. Dans le haut , un petit médaiUon rond , avec
une femme qui joue de la guitare ; dans le bas, un autel sur lequel sont sculptées
trois Grâces nues se donnant la main.
4*7. Épître à l'ombre d'un ami, par Dorât , IITI, in-8. — Une figure.
48. Deux très jolies figures pour les CoNTES MOR.\UX de Mercier,
n69, in-8.
Les deux autres figures par N. de Launay.
49. Jenneval, drame de Mercier, 1769; une figure in-8.
50. Le DÉSKRTEUR, drame de Mercier, 1770; une figure in-8.
51. Le Faux Ami, drame de Mercier, 1772; une jolie vignette in-8.
52. L'An deux mille quatre cent quarante, rêve s'il en
fut jamais, par Mercier, 1786; 3 figures in-8.
53. NOËLS bourguignons, petit titre in-18.
54. PVGMALION AUX GENOUX DE GALATHÉE. Auprès de
lui la statue de l'Amour, debout sur un socle. — Tête de page
pour un Recueil des meilleurs Contes en vers , Delalain , 1774 ,
in-8.
Une épreuve hors texte de cette jolie pièce , une des perles de l'œuvre du
graveur, a dépassé le prix de 200 fr. à une vente faite en 11Î76.
55. Fleuron de titre, 2 en-tête et 2 culs-de-lampe gravés par De Ghendt.
56. Ô Sagesse, ô Ântisthène, où étiez-vous alors? vignette in-8.
57. Servante et son Maître à la cave, vignette in-12.
GHENDT (Dej. 311
58. L'Oiseau, — LES Grâces, — le Panieb, — les Petits
Enfants, — LA Promesse trop bien gardée, — les
Bergères au bain, ravissantes vignettes pour les Idylles
de Berquin, ms, in-12.
59. LE PREMIER BAISER DE L'AMOUR, — le Devin de
village, et trois autres vignettes pour la suite des Œuvres de
J.-J. Rousseau , édition Cazin , in-18.
Dans leur genre , ces illustrations sont des chefs-d'œuvre.
60. Illustrations pour le Théâtre du monde de Richer, ms, in-8.
61. Figure pour Mélanges de Poésies fugitives , par la comtesse de
Beauharnais (Zulménie et Valsidor), 1776, in-8.
62. Vignettes pour les Œuvres de Gessner, édition Cazin , in-18.
63. Vignette pour Tangu et Félime, 1780.
64. Vignettes à mi-page pour Y Abrégé de l'Histoire universelle , de
Marinier et Monnet , 1785.
Quelques-une.s de ces vignettes, comme Adam et Eve, par exemple, sont 1res
fines.
65. Vignettes pour r///a(?e , 1786.
66. Nombreuses illustrations pour le Cabinet des Fées, — les Voyages
imaginaires, — les Œuvres de Tressan , — les Œuvres badines
du Comte de Cayliis, in-8.
67. Titres pour Émile et LA NOUVELLE HÉLOÏSE, dans le
Rousseau de Poinçot , in-8.
Sur ces titres, on voit une quantité de petits médaillons où sont retracées les
principales scènes des deux ouvrages.
68. LOTH ET SES FILLES. — ÉlIÉZER ET RÉBECC A. — JACOB
LEVANT LA PIERRE DU PUITS. — FÊTE DES TABER-
NACLES.—La Fille de Jephté. — Ruth et Booz.—
David et Bethsabée. — L'Époux et l'Épouse {Can-
tique des Cantiques). — Suzanne et les Vieillards, etc.
Ces vignettes sont les plus belles que contienne la Sainte Bible , édition de
Defer de Maisonneuve, n89-an XII , 12 vol. in-4, 300 flg. de Marillier et Monsiau.
De Ghendt est le graveur qui a le plus travaiUé à cette importante suite, près
de 50 pièces sont de sa main ; outre celles que nous venons d'indiquer, on
remarque encore : Eve donne la pomme à Adam, Caïn tue son frère , Abraham
abandonne son pays, Moïse sauvé des eaux, Passage de la mer Rouge, Mort d'A aron,
Anesse de Balaam, David danse devant l'arche, Salomon dans l'idolâtrie, Job, etc.
312 LES GRAVEURS DU XYIIF SIÈCLE.
69. AlmANACH littéraire ou Étrennes d'Apollon , par d'Aquin
de Château-LyoQ , l'789-90-91-92; jolis frontispices in-12.
10. Almanach des Grâces , 1791. Hommage de l'Amour aux Grâces ,
frontispice.
T 1 . Almanach des Grâces , étrennes erotiques chantantes dédiées à
M '"^ d'Artois, pour l'année 1792 ; in-12.
Ti. Almanach des Grâces, l'793. — Les Grâces oSrent l'Amour à la
Liberté, frontispice.
73. Figure pour la suite du Télémaque in-8.
74. Figui-e pour les Œuvres de Madame Deshoulières , Didot , 1795 ,
in-18.
IV. d'après MONNET.
75. Figures pour l'Arioste de Baskerville.
76. Mars et Vénus, etc., vignettes pour le Xwcrèce de Lagrange.
De Ghendt a encore gravé le titre et une figure pour cet ouvrage.
77. Almanach des Grâces, frontispices.
1. Les Grâces, nues, sont surprises dans un bois par des amours. — 2. Les
Grâces traînent l'Ajnour devant un juge.
78. Titres pour le Rousseau de Poinçol.
V. d'après MONSIAU.
79. Le Lévite d'Ephraïm, — le Devin de village, —
le Tombeau de Rousseau ; figui'es in-4 pour le Rousseau de Defer
de Maisonneuve.
80. Figures pour ta Bible, Faublas^ VOvide de Villenave.
VI. d'après moreau.
81. Eau-forte du frontispice des Jncas-, terminé par Le Veau.
82. Les Fâcheux, — Psyché (Molière de Bret); in-8.
83. Frappe, frappe Gérard! vignette pour Gérard de Nevers, in-12.
GHENDT (De). 313
84. Adonis rencontré par Vénus [Psyché et Adonis, de Didot, in-4).
85. Vignettes pour les Œuvres de Ge.ssner, in-12.
Huit pièces pour Daphnis, les Idylles do la Cruche cassée et la Ferme Résolution,
la Mort d'Abel et la Lettre sur le paysage . Cette dernière, Si canimus sylvas
est d'un plus grand format que les autres.
86. Illustrations pour les Œuvres de Voltaire, suite de Renouard, in-8.
Samson. — Les Scythes. — Ce qui plaît aux dames. — La Pucelle, eh. XIX.
— Candide. —L'Ingénu. — Jenny. — Zadig. — Charles XII. — La Mort de
Tiirenne.
8T. Deux vignettes pour le Comte de Valmont, in-8. — La Mélancolie,
vignette in-12 pour le Mérite des femmes.
88. VÉNUS ET Adonis.— Mort d'Adonis.— Céphale et Procris.—
Querculane. — Pan et Syrinx. — Narcisse {Lettres à Emilie, in-8).
89. Fleur d'Epine, Zénéyde, les Quatre Facardins [Contes de Hamil-
ton , iu-8 ). — Vignette pour Werther, in-8. — Vignette pour
le Parrain magnifique [Œuvres de Gresset, in-8).
90. Vignettes pour les suites publiées par Renouard : le Lutrin , 1 p.
— Télémaque, 1 p. — Racine, Esther et les Plaideurs. — Molière,
Mélicerte , terminé par Delvaux. — La Fontaine, le Lion et le
Moucheron, l'Avare qui a perdu son trésor, les Deux Pigeons.
91. Un grand fleuron pour le Musée Rohillard.
92. Garçon et fille hermaphrodites, brochure in-8, texte gravé, 2 fig.
non signées, attribuées à Moreau pour le dessin, et pour la gra-
vure à De Ghendt.
VII. d'après divers.
93. Figures, d'après Loutherbourg , pour le poëme de C Agriculture;
— d'après Regnault poui- le Temple de Gnide ; — d'après Chaudet
pour les Œuvres de Montesquieu ; — d'après Perrin pour la
Pharsale ; — d'après Guérin pour le Mérite des femmes. —
Erigone, figure d'après Le Barbier pour le Panthéon de Sylvain
Maréchal. — Illustrations pour le Berquin de Renouard ; —
d'après Le Barbier pour la Jérusalem délivrée. — Rousseau aux
pieds de Madame d'Houdetot , d'après Le Barbier, in-8. — Nom-
breuses vignettes , d'après Myris , pour V Histoire romaine. —
Planches pour le Voyage à Naples de Saint-Non.
GIBELIN (Esprit-Antoine
1739-1814.
Né à Aix en 1739 , Gibelin passa dix ans à étudier
la peinture en Italie ; en 1768 , il remporta un prix
à l'Académie de Parme. En 1771 , il vint à Paris où
on lui commanda , entre autres travaux , la grande
fresque de Tamphithéâtre de l'École de Chirurgie, qu'il
exécuta en 1773. 11 mourut à Aix en 1814.
Son œuvre se compose, suivant Baudicour, des
pièces suivantes :
Arrivée de Jacob en Egypte, l'Ange Gardien ; petites pièces. — Cor-
nélie ; in-4 , au lavis. — La Fidélité récompensée. — L'Amour trans-
percé. — La Muse. — Le Temps destructeur des choses; in-8. —
Frontispice de la Description des écoles de Chirurgie par Gondoin ,
in-fol., manière de crayon ; dédié A Vimmortelle mémoire de rhuma-
nilé de Louis XV et de la bienfaisance de Louis XVI. — Le Cheval
dompté, très petite pièce. — Allégorie sur le nom de Madame Gibelin,
née Campane. — Le Trait inévitable , petite pièce d'après Madame
Gibelin. — Groupe antique de deux enfants. — Têtes de fantaisie. —
L'Accouchement , tableau de l'Ecole de Chirurgie, dédié à M. Joseph
David ; eau-forte in-fol. en largeur. — La Saignée, pièce ronde ; in-4.
— Esculape et la Nature. — La Coalition contre la République, pièce
ronde ; in-8. — L'Unisson , ou l'Union des républiques , pendant. —
La Restauration.
GILLOT (Claude).
1673 -4 722.
Le maître de Watteau , — un élève qui a totalement
éclipsé son maître resté dès lors dans la pénombre. —
Claude Gillot , est un graveur humoriste. Il a profité
en dernier lieu du regain de faveur qui a englobé tout
le XVIIP siècle , et mérite malgré ses imperfections
qu'on jette encore un regard d'intérêt sur ses travaux.
Il était né à Langres en 1673 , avait reçu de son
père les premières leçons de peinture, et avait été
envoyé ensuite à Paris se perfectionner chez J.-B.
Corneille. Mais son goût ne le portait pas à se con-
former aux règles sévères de son art ; il se fit une
manière à lui, et c'est sur les tréteaux des farceurs
italiens et français qu'il étudia la nature.
« Ses tableaux sont complètement délaissés, écrivait
» d'Argenville au milieu du siècle dernier, mais on
» recherche encore ses dessins et ses eaux-fortes où
» l'on trouve de l'esprit et de la facilité , quaUtés qui
» font passer sur leur incorrection. »
Ce jugement est toujours vrai. La suite de la Vie de
N.-S. Jésus-Christ inventée et dessinée par Gillot
peintre de V Académie Royalle , laisse apercevoir de
la facihté jointe à beaucoup d'incorrection. Ces 60
31G LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
planches ( et non 64 comme l'écrit à tort Le Blanc ) ,
traitées à l'eau-forte. sont d'une manière extrêmement
sommaire et lâchée. Il n'en est pas de même pom^tant
de ses petites vignettes carrées faites pour l'édition de
1719 des Fables de Houdart de la Motle, qui sont très
supérieures. Gillot a laissé graver pour ce livre , dont
il a dessiné presque toutes les compositions , quelques
pièces par Cochin père , Nicolas Edelinck , Tardieu et
Simonneau. mais il en a exécuté le plus grand nombre
avec cet esprit , ce croustillant , cette désinvolture
qu'on se plaît à lui reconnaître. Notons parmi les
plus jolies , le Médecin astrologue , la Ronce et le
Jardinier, les Singes , l" Enfant et les Noisettes .
l'Huître , les Grillons , les Lunettes , les Chiens , le
Portrait, le Pêcher et le Mûrier, Apollon et Minerve,
le Chien et le Chat, où se mêle à l'expression la plus
fine la plus agréable. fantaisie.
Ces petites compositions et aussi les Bacchanales
que « menait si joyeusement ce dernier païen de la
» Renaissance», datent du moment où Gillot se sépara
de son élève Watteau. C'est du moins le comte de
Caylus qui l'affirme : « Soit que Gillot en eut agi par
» le motif d'une jalousie que bien des gens lui ont
» attribuée , soit qu'à la fin il se rendit justice et con-
» vint que son élève l'avait surpassé, il quitta la pein-
» ture et se livra au dessin et à la gravure à l'eau-forte
» dans laquelle il sera à jamais célèbre, par l'intel-
» ligence et l'agrément de la composition avec les-
» quelles il a représenté la plus grande partie des
» Fables de la Motte. »
Plusieurs des Bacchanales les plus échevelées in-
ventées par l'imagination déréglée de Gillot ont été
GILLOT. 3n
gravées par lui-même avec entrain. Telles sont : la
Fête de Diane troublée par des Satyres , la, Fête de
Bacchus célébrée par des Satyres et des Bacchantes,
la Fête du Dieu Pan célébrée par des Sylvains et
des Nymphes et la Fête de Faune Dieu des Forêts ,
cette dernière inventée, peinte et gravée par G. Gillot.
Citons encore deux assez jolis Dessus de clavecin ,
aux personnages entremêlés de singes faisant de la
musique, gravés à l'eau -forte par Gillot et retouchés
au burin par L. Crépy le fils.
On a beaucoup gravé d'après Gillot , Huquier ses
Scènes de la comédie italienne , Joullain ses Habits à
l'usage des Ballets et Opéras , G. Scotin ses Scènes
tragiques et Gaylus quelques-uns de ses dessins les
plus humoristiques.
Gillot avait été reçu de l'Académie en 1715. 11 fuL
un des lavorisés de la banque de Law. Cette fortune
subite dura peu ; mais redevenu pauvre, la santé per-
due par l'abus des plaisirs , il n'en conserva pas moins
une exubérante gaieté jusqu'à sa mort, arrivée le 4 mai
1722.
GIRARD (Romain).
4754
Cet artiste peu connu . qui apprit la gravure au
pointillé pendant son séjour en Angleterre , doit à
ses compositions tirées des Liaisons dangey^euses de
figurer ici. Lavreince avait mis en action dans ses
gouaches les sensibles héros de Choderlos de Laclos,
alors dans tout le feu de leur succès. C'est en 1785
que furent publiées les deux pièces, Valmont and
Présid'^ de Tourvel et M"'^ de Merteuil and miss
Cecille Volange ; ces deux pièces in-fol. ovales au
pointillé, sont sans grande valeur artistique et moins
bonnes que Valmont and Emilie , pièce plus soignée
parue en 1788. Romain Girard demeurait alors Rue
de Savoy e derrière le quay de la Vallée n'* 21.
Ces trois pièces se vendaient chez Fauteur 4 livres
en noir et 9 livres en couleur.
La Mort de Didon , copiée sur une estampe de
Bartolozzi.
Deux pièces, d'après Mallet, au pointillé de couleur :
les Deux amies à V étude et Je m,' occupais en atten-
dant , in-fol.
GIRARDET (Abraham).
1763-1823.
Girardet, né à Neuchâtel en 1763, apprit la gravure
sous la direction de Nicollet , et aussi , supposons-
nous, sous celle de Gaucher, de qui il semble tenir
sa manière à la fois très finie et très froide.
11 était bon dessinateur, et au début de la Révo-
lution il publia quelques estampes de sa façon sur les
événements les plus saillants : Siège de la Bastille ,
py'ise en deux heures èdemi de temps , dessiné
d'après nature et gravé par G. ; — Travaux du
Champ de Mars pour la fête de la Fédération ,
pièce très soignée ; — Pacte fédératifde la Bastille le
14 juillet 1790; — Vue du Champ de Mars le 14
juillet 1790 ; — Se?'vice funèbre fait au champ de
la Fédé?'ation pour les patriotes morts à Nancy
le 31 août 1790 ; — Les Premiers jours de May à
Paris en 1791 , ou la Liberté des entrées , vue de la
Barrière de la Conférence. Cette estampe curieuse ,
beaucoup plus finie que ne le furent la plupart des
pièces politiques , gravées généralement à la hâte ,
nous donne l'adresse du graveur, rue St-Louis au
Palais, n« 73.
Girardet s'en tint là pour cette série ; par quel motif,
320 LES GRAVEURS DU XVIII^^ SIECLE.
nous l'ignorons, ce n'est point toujours faute de sujets,
car les journées fameuses se multipliaient. Mais,
un peu plus tard , lorsqu'on publia les Tableaux de
la Révolution, il se trouva naturellement indiqué
pour être un des collaborateurs les plus actifs de cet
important ouvrage : il y a dessiné ou gravé un grand
nombre de pièces , à côté des Prieur et des Duplessi-
Bertaux : Lit de Justice tenu à Versailles le 6 août
1787; — Séance extraordinaire tenue par Louis
XVI au Palais: — Arrestation de d'Épréménil; —
Incendie du Corps de garde du Pont-Neuf; — Ras-
semblement sur le Pont-Neuf; — Apothéose de
Rousseau ; — Départ de Billaud, Collot et Barrère
pour la déportation ; — Jugement de Fouquier-
Tinville ; — Attaque du faubourg St- Antoine ; — Le
13 Vendémiaire; — Exécution de Charette; —
Attaque du Camp de Grenelle ; — Mort de Marceau ;
— Journée du 18 Fructidor ; — Fête donnée à
Bonaparte au Luxeïnbourg ; — Entrée des Français
à Rome , etc.
Portrait de VAbbé Fauchet , d'après Bonneville,
petit in-fol.
Cérétnonie funèbre en V honneur du général Hoche,
Girardet del. et aq. f.; in-fol. en largeui\
Girardet avait fait un voj^age en Italie. En 1794 et
1795 , il date de Rome deux estampes fort médiocres
Semira e Semino et la Morte di Virginia . Ab.
Girardet invent, ed inc. in Roma.
Deux estampes gravées d'après Le Bel. et qui visent
à la grivoiserie, le Coup de Vent et son pendant la
Souris indiscrète, sont aussi très ordinaires d'exécu-
tion.
GIRARDET. 32!
Girardet a gravé une certaine quantité d'illustrations
de livres ; on trouve son nom dans V Histoire de France
de Moreau , et aussi sur une vignette , la Première
enfance , d'après Moreau , dans cette petite édition de
Paul et Virginie de 1789, pour laquelle les bibliophiles
font aujourd'hui des folies. (La suite incomplète des
eaux-fortes , c'est-à-dire trois pièces sur quatre, a été
vendue plus de 2000 fr. en 1879).
Didot employa Girardet à la gravure des dessins de
Percier en forme de têtes de page, pour les Œuvres
d'Horace, an VIll , les Fables de La Fontaine, an X ,
et les Œuvres de Boileau. Froid dessinateur et gra-
veur plus froid encore, dira-t-on. Assurément, on ne
peut pourtant méconnaître , une fois admis le goût du
temps pour le style néo-grec , que Percier n'ait fait
montre dans ces illustrations d'un réel talent. Un reçu
que nous avons sous les yeux nous apprend que quatre
des vignettes à^Horace furent payées à Girardet 700
francs , en dix à-compte.
On retrouve Girardet dans le grand Racine de
Didot. Une très belle vignette est celle de Régulus,
qu'il grava d'après Moreau , pour les Œuvres de
Montesquieu, de Plassan, 1796, in-4. Enfin Renouard
lui fit graver quelques sujets d'après Moreau, pour ses
illustrations de Gessner, de Voltaire , de Télémaque
et de Molière.
Les préparations des vignettes de Girardet sont
curieuses et ne ressemblent en rien aux eaux-fortes
de ses habiles confrères. Ce sont des esquisses au
trait , sur lesquelles quelques accessoires seuls sont
travaillés au hasard et sans ensemble. Cette manière
de graver est parfaitement illogique, du reste
U. 21
322 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE
Girardet a travaillé pour le grand ouvrage de la
Description de V Egypte.
Sous l'Empire, il fut « un des plus fermes graveurs
» du Musée Rohillard et Laurent, tant pour les statues
» et camées que pour les tableaux des grands maîtres. »
le Centaure et le Gladiateur , d'après l'antique ,
r Apothéose d'Auguste, d'après le camée de la S^®-Gha-
pelle ; la Transfiguration, d'après Raphaël ; r Enlève-
ment des Sabines , d'après N. Poussin. Son chef-
d'œuvre est assurément la Cène , d'après Philippe de
Champagne , estampe d'un burin très serré , et dont
l'exécution a été excessivement soignée.
On doit encore à Girardet une vue de la cérémonie
du Champ de Mai. 11 termine son œuvre sous la Restau-
ration en gravant , sur ses propres dessins , de petites
vignettes assez fines, la Rosière et autres, et sur ceux
de Desenne une petite suite pour Racine ; un cartouche
pour Brevet d'officier de la garde nationale ; enfin ,
il commença une estampe de la Mort du Duc de
Berry qui fut achevée par Pigeot.
Ce graveur si froid devait être d'un caractère fort
jovial , s'il faut en croire ces vers qui accompagnent
un petit portrait de Girardet , dessiné par lui-même ,
et gravé par Adam , et où notre graveur a pourtant
la mine fort allongée, avec ses énormes lunettes :
De la Grèce et de V Italie
Il sçut multiplier les sublimes trésors,
Et descendit aux sombres bords
Couronné par les Arts, Bacchus et la Folie.
Les GIRAUD.
Le Manuel d'Huber et celui de Le Blanc ont passé
sous silence le nom des frères Giraud,
Nous n'en serons point étonnés en ce qui concerne
E. A. GiRADD l'aîné, car il a très peu produit. Il fut
l'un de ces « graveurs les moins chers » que Restif se
faisait gloire d'employer exclusivement pour l'illustra-
tion de ses romans ; sa signature se trouve , dans les
Contemporaines , sur les figures des Petites i7iar-
chandes du boulevard , de la Belle imagère, de la
Maréchale et de la Gouverneuse ; — dans la Dernière
Aventu7'e d'un homme de quarante-cinq ans, sur un
des deux frontispices ; — dans les Françaises enfin
sur deux vignettes, la Mère d'une famille nombreuse
et la Mère aux méchants enfants. Mais presque
toutes les illustrations des Contanpoi^aines et des
Françaises sont anonymes, et il est permis de supposer
que Giraud l'aîné a gravé d'autres pièces que celles
que nous indiquons ici.
Puisque nous parlons de Restif , rappelons à titre
de curiosité le mouvement bibliographique auquel les
œuvres de ce romancier étrange donnèrent lieu il y a
quelques années. Le livre de M. Charles Monselet
324 LES GRAVEURS DU XVIIP SIÈCLE.
avait commencé à appeler sur elles l'attention des
collectionneurs ; un des libraires les plus considérables
de Paris pressentit la vogue qu'elles allaient avoir :
bien mieux il la créa pour ainsi dire de toutes pièces ,
en pourchassant, en « soutenant» dans les ventes tous
les exemplaires qui venaient à se présenter ; ces exem-
plaires étaient soigneusement accumulés dans les
caves de sa librairie. Survint , en 1875 , la publication
de l'importante Bibliographie et Iconographie de
tous les ouvrages de Restif de la Bretonne, par le
bibliophile Jacob. En style de librairie, cela s'appelait
« mettre le feu aux Restif ». On commença à s'arracher
les productions de l'auteur des Idées singulières, les
pires comme les passables : alors on vit sur les cata-
logues les Œuvres de Nicolas-Edme Restif de la
Bretonne, 212 parties en 154 volumes, cotées 20,000
francs en reliure pleine, ou simplement 10,000 francs
en demi- reliure. Les ouvrages séparés étaient à
l'avenant. Il n'est pas un bibliophile qui ne s'en sou-
vienne encore.
Une fois cette frénésie passée , les « Restif » cessè-
rent d'être soutenus dans les ventes, et commencèrent
à « baisser » fortement : il n'est guère permis de
supposer qu'ils reprennent jamais une valeur qu'ils
n'ont due qu'à la spéculation et à l'engouement. On
recherchera encore comme spécimen , comme singu-
larité, un bel exemplaire du Pai/san et de la Paysanne
pervertie, ou des Nuits de Paris, ou peut-être même
des Contemporaines, des Françaises , de Monsieur
Nicolas , à' Ingénue Saxancour ; mais qui voudra
s'affubler à l'avenir de deux cents volumes imprimés
avec des têtes de clous sur du papier à chandelle,
GIRAUi>. 325
de la Famille vertueuse, du Pied de Fanchette,
du Nouvel Abailard , du Pornographe , du Mimo-
graghe , du Gynographe , de V Andrographe , du
Tlies'inographe, etc., etc.?
Pour en revenir à Giraud l'aîné , disons qu'on le
retrouve encore pour quelques rares figures dans
l'illustration des Œuvres badines du Comte de Caylus,
d'après Marillier, des Romans et Contes de La Place,
d'après Borel, des Nouvelles françaises de d'Ussieux ,
dans les Égarements d'un philosophe ou la vie du
chevalier de Saint-Albin, par Saint-Clair, 1789 ; dans
le Rousseau de Poinçot, les Voyages imaginaires, la
Bible de Marillier, les Mémoires de Frédéric de
Trenck , et dans Faublas.
Antoine-Cosme Giraud le jeune , né à Paris en
1760 , et que Basan nous dit être élève de Lingée ,
est un graveur d'une certaine importance , et qui sut
se faire une spécialité très marquée comme prépa-
rateur à l'eau-forte.
De même que son frère il travailla pour Restif , et
signa plusieurs des figures de la Paysanne pervertie
[Ursule reçue par sa mÀre , Vr^sule cédant son fils ,
la Négresse et V Italien , Ursule et Edmond escrocs
escroqués) , et des étranges illustrations des Conte'tn-
poraines [la Courtisane vertueuse , les Trois jolies
Bâtardes , la Belle bourgeoise et la jolie servante , la
Fille entretenue et la fille de joie).
Mais, répétons-le, terminer les gravures n'était point
le fait de Giraud le jeune, il excellait au contraire à les
commencer à l'eau-forte, d'une pointe claire et précise
qui rappelle le faire de Pauquet. La rareté des épreuves
326 LES GRAVEURS DU XYIII* SIECLE.
d'eau-forte pure ne permet pas d'énumérer d'une façon
précise tous les ouvrages auxquels Giraud le jeune a
collaboré, mais il est hors de doute que le nombre en
est considérable.
C'est ainsi qu'on a eu recours à lui pour la Galerie
du Palais-Royal , le Gessner in-4 de Le Barbier et le
Gessner in-8 de Monnet, pour la Religieuse de Le
Barbier, pour le Rousseau publié par Poinçot , les
Après-Soupers de société, ouvrage de Billardon de
Sauvigny, les Romans de La Place de Borel, la
Bible de Marillier, le Virgile de Zocchi , le Nouveau
Testament , les Satires de Juvènal , les Entretiens
de Phocion , la Vie d'Antonin et les Géorgiques de
Moreau, ainsi que pour le ^etit Précis de la Révolution
de Rabaud-Saint-E tienne. Giraud le jeune a exécuté
aussi pour une Histoire des religions de Stanislas de
Laulnaye, ouvrage resté inachevé, de grandes planches
assez curieuses , la Procession en Vhonneur de la
déesse Isis , et une autre Procession égyptienne.
« Une Isis, aux mamelles gonflées , assise sur un char
» massif sous un dais tendu par un sphynx colossal ,
» s'avance , escortée par une multitude guerrière et
» idolâtre, au milieu d'un paysage très accidenté. Le
» mouvement savant , les attributs bariolés , les ex-
» pressions étudiées dans toute cette multitude ont un
■» effet théâtral, et le dessinateur ne fait que reproduire
» sous cet appareil les Fêtes nationales de l'an II. »
C'est Renouvier qui écrit ces lignes. Ce que c'est
pourtant que la passion politique ! Renouvier d'ordi-
naire si sensé , si mesuré dans ses jugements , croit
entrevoir dans une Procession dPsis une allusion aux
fêtes républicaines ; il n'en est pas autrement sûr,
GIRAUD. 327
n'importe ; aussitôt cette estampe devient pour lui
l'allégorie « la plus grandiose » qu'ait faite Moreau.
« Et encore, dit-il , je ne sais quel dessinateur aurait
» été assez grand pour traiter ce sujet , il suffira de
» l'indiquer pour qu'on devine combien Moreau était
» insuffisant. » Insuffisant pour traiter une Procession
d'isis, le dessinateur du Sacre, du Feu d'artifice, de
la Plaine des Sablons !
Moreau commença une série de planches pour un
Anacharsis qui ne parut point. Giraud le jeune en
grava les eaux-fortes et elles ne furent point terminées.
Cette série comprend quatre pièces en largeur et
deux en hauteur, in-4. Enfin on retrouve Giraud le
jeune au commencement du XIX® siècle dans YOvide
de Villenave.
Le 14 Juillet 1790 , Fédération des Français ,
estampe in-fol. carré, exécutée sous la direction de
Ponce.
Dans la collection Béhague se trouvaient deux
estampes in-fol. faisant pendant , préparées à Teau-
forte, et qui sont les pièces les plus intéressantes de
l'œuvre de Giraud le jeune. Le catalogue les décrit
ainsi : 1. Dans un riche intérieur deux jeunes femmes
sont couchées sur un lit , l'une d'elle fouette l'autre
avec des roses ; Borel inv. et del., A. Giraud le
jeune aqua-forti. — 2. Dans un riche intérieur, une
jeune femme en chemise prend un bain de pieds ; elle
est surprise par une autre jeune femme qui, déguisée
sous des habits d'homme lui apporte une lettre ; Borel
invenit et delineavit , A. C. Giraud le jeune aqua-
forti , 1789. Ces deux pièces ont été vendues 1,260 fr.
en 1877 et 910 fr. seulement en 1881.
GODEFROY (François;
4743-
Le 16 octobre 1773, Louis XV chassait dans la forêt
de Fontainebleau. Un cerf vivement poursuivi se
précipita sur un paysan qui se trouva sur son passage
et le blessa grièvement, La femme de ce paysan , aus-
sitôt prévenue , accourut et donna les marques d'un
profond désespoir. Cette scène émut tous les assistants.
Sur ces entrefaites arrivent des valets qui annoncent
que la vie du blessé n'est pas en danger. La Dauphine,
qui assistait à la chasse avec Madame de Beaumont
et la vicomtesse de Ghoiseul , s'élance de sa calèche ,
suivie du Dauphin, et à travers les vignes, vole rejoindre
la malheureuse femme, la calme, lui donne le contenu
de sa bourse , la fait monter dans sa propre voiture
avec son fils, sa sœur et sa cousine : « Un mot de la
» princesse de Beauvau peint à merveille la part
» principale et décisive prise par la Dauphine à cette
» scène de douleur et de bienfaisance , et cet enthou-
» siasme de charité avec lequel elle courait en plein
» soleil dans les vignes, suivie lentement d'un époux
» aussi bon mais bien moins vif qu'elle : Madame la
» Dauphine, dit-elle , suivait la nature , M. le Dauphin
» suivait Madame la Dauphine. » (M. de Lescure).
GODEFROY (François). 329
Ce trait de charité de Marie -Antoinette , au fond
bien simple et bien naturel , fit une vive impression ;
la gravure se chargea de le célébrer, et Moreau le
jeune en fit le sujet d'une délicieuse petite estampe ,
V Exemple dliumanitè donné par Madame la Dau-
phine, qui a été gravée par Fi-ançois Godefroy ^ , élève
de Descamps puis de Le Bas.
A vrai dire , le mérite n'en revient pas à ce graveur
seul , car l'eau-forte de cette remarquable pièce est
signée de Martini.
De même que Godefroy se recommande aux ama-
teurs d'estampes -çb-Y Y Exemple d'huTnayiiiè, de même
il se recommande aux bibliophiles par la gravure des
illustrations de Lefèvre pour trois des ouvrages de la
collection Bleuet, Primerose, Zélomir, et Ollivier.
Mais là encore , on ne peut admettre que ce soit lui
qui ait entièrement gravé ces petites figures, et il est
bien difficile de ne pas reconnaître dans les eaux-fortes
la main de Coiny.
Quoi qu'il fasse , Godefroy se borne à terminer :
« Reçu du citoyen Didot la somme de sept cents
» livres pour avoir fini une estampe représentant le
» Songe d'Énée. A Paris le 25juillet 1793. — Godefroy »
— « Reçu du citoyen Didot la somme de sept cents
» livres pour avoir fini une estampe représentant la
» septième églogue de Virgile, à Paris le quart idi 4
» Fructidor l'an deux delà république. — Godefroy. »
L'œuvre de Godefroy est , en somme, peu saillant ;
il comprend un certain nombre de pièces éparpillées
dans divers ouvrages et n'offre aucune homogénéité.
1 Moreau en a fait aussi le sujet d'une vignette. Voyez catalogue de
Duclos.
330 LES GRAVEURS DU XVIII« SIECLE.
Godefroy (de Goyfor) était de ce voyage au Havre
dont nous avons parlé dans l'article Gaucher. Il
mourut le 28 avril 1819. 11 était président de l'Athénée
des arts , membre correspondant de l'Académie de
Rouen et de la Société d'Émulation de la même ville.
Un nombre considérable d'amis, presque tous artistes,
suivit le convoi de cet homme de bien. Ponce au nom
de l'Athénée, et de Sève, président de la Société des
arts graphiques , prononcèrent des discours sur sa
tombe.
L'éloge de François Godefro}^ fut prononcé par Le
Carpentier à la séance publique de la Société d'Emu-
lation de Rouen tenue le 9 juin 1819. On ne peut rien
imaginer de plus franchement burlesque que cet éloge,
dont M. Hédou a bien voulu nous communiquer le texte ;
c'est boursouflé et naïf. Voici le début : « M. François
» Godefroy reçut le jour en l'année 1743 , dans la
» commune de Boiguillaume. Issu d'une ancienne
» famille de cultivateurs , le jeune Godefroy parut
» être destiné par la nature à parcourir une toute
» autre carrière que celle de ses ancêtres, et il se livra
» à l'étude du dessin... ». On confie à Godefroy la
gravure d'un grand tableau de Le Prince, les Nappes
d'eau, et bientôt « l'on voit paraître une eau-forte
» pleine de finesse et d'esprit, dans laquelle le graveur
» semble s'être identifié avec la manière large et
» agréable du peintre , et il produit une gravure ter-
» minée , je dirais presqu'un second tableau qui ne
» le cède en rien à celui qu'il a traduit. »
Le Carpentier nous déclare ensuite qu'il va nous
faire, « avec le flambeau de la vérité » , le portrait de
son ami. Il nous montre Godefroy, aimable , doux,
GODEFROY (François). 331
bienveillant , passionné pour son art et pour Têtude ,
utilisant ses loisirs à suivre les cours publics « des
» plus célèbres professeurs de la capitale », causeur
agréable, homme d'esprit. Et le bon Le Carpentier
reprend de plus belle : « Son attachement pour son
» art qui lui laissait peu de loisir à s'occuper de ses
» affaires, joint à un penchant naturel à se procurer
» une société , l'engagea dans les liens du mariage ;
» il eut le bon esprit de faire choix d'une épouse qui
» a fait son bonheur, et qui , par ses soins multipliés
» a su prolonger son existence frêle et délicate
» jusqu'au moment terrible où elle a eu la douleur de
» s'en séparer pour jamais ! ï-
Le fils de François Godefroy , Baptiste, dit Adrien
Godefroy, né en 1777, fut son élève et exerça aussi
la profession de graveur. Il s'adonna avec succès ,
sous la Restauration , à la confection des caricatures.
ESTAMPES.
1. EXEMPLE D'HUMANITÉ DONNÉ PAR MADAME LA
DAUPHINE le 16 8bre ms, d'après Moreau; m-4 eu largeur.
Vous n'oubliez pas qui nous sommes
Princesse, et l'infortune est sacrée à vos yeux;
Conservez ce respect , il vous est glorieux :
C'est en s'abaiisanl jusqu'aux hommes
Que les rois s'approchent des dieux.
Marmontbl.
L'eau-forte pure de cette charmante estampe est de Martini. 240 fr. 1881.
200 fr., avant la lettre, vente Béhague.
Deux autres pièces forment pendant à celle-ci, le Retour de chasse, dessiné et
gravé par Duclos, et la Poule au pot , par Dugoure, gravé par David.
2. Annette \ l'âge de quinze ans, — Annettk a l'âge
DE VINGT ANS, 2 p. d'après Fragonard ; in-4 eu largeur, sur
fond de paysage.
332 LES GRAVEURS DU XVIIP SIECLE.
3 . Le Temple des Amours , — la Tour des deux Amans , paysages
d'après Lantara; in-fol. en largeur.
4 . Deux paysages, avec éclipses de soleil et de lune, d'après Lantara ;
in-4 en largeur.
5. L'Orphée rustique, paysage avec bergeries , d'après Casanova ; in-
fol. en largeur.
6. Les Géorgiennes au bain , d'après La Hyre ; in-fol. en largeur.
7. Les Nappes d'eau , d'après Le Prince ; in-fol. en largeur.
8. Le Retour au hameau , d'après Pillement ; in-fol.
9. Le Serpent sous les fleurs, d'après Huet ; in-4 en
largeur.
10. Aux mânes de Rousseau. Tombeau de J. J. dans l'île des Peupliers
à Ermenonville, aux âmes sensibles ; 1781 , in-fol.
11. Expérience de Charles et Robert aux Tuileries, le l'''" décembre 1783.
12. Les Poules aux Guinées , emblème sur la guerre d'Amérique , —
Monument d'allégresse pour les Américains , 2 p. petit in-fol. —
Godefroy del. et sculp.
13. Allégorie pour servir de frontispice au Compte rendu au Roi par
M. Necker. — Godefroy del. et sculp.; petit in-fol.
14. L'Assemblée Nationale, législature de 1789 à 1790, liste ornée.
Au bas, la vue d'une séance de l'Assemblée; grand in-fol. en
largeur.
15. Héroïsme du jeune Desilles, d'après Girardet ; in-8.
16. Le Vaisseau la Liberté des mers et la République française une et
indivisible. — Dalb. . . . inv.; ovale in- 12 en largeur.
17. En-tête et cul-de-lampe allégoriques aux victoires d un général
républicain , d'après Ghalliot.
18. Solde de retraite du ministère de la guerre, tête de lettre historiée
d'une Liberté, d'une Égalité et de soldats, d'après Challiot, ingé-
nieur; in-fol.
GODEFROY ^François). 333
19. Congé absolu délivré au Cen.... Trois figures sur un pié-
destal , accosté d'un fantassin et d'un cavalier, d'après Carie
Vernet.
« L'auteur de la gravure , — expliquait Godefroy qui exposa cette pièoo on
0 l'an VI , — oppose à ce sujet l'esprit du Gouvernement actuel à celui du
» Gouvernement précédent, en remarquant que ci-devant la parcimonie la plus
» rigoureuse présidait à tout ce qui concernait le soldat , tandis que dans les
■> voyages de la Cour, on gravait avec luxe les affiches de spectacle adressées
» au domicile des courtisans , et que les militaires en sous-ordre étaient même
» exclus des jnrdins publics. »
PORTRAITS.
20. Côme (Frère) , inventeur de la taille périnéale.
21. Dussek.
22. Laya (Jean-Louis) , d'après Landry; in-8, avec ces vers
Royalistes tyrans , tyrans républicains
Tombez (levant les lois, voilà vos souverains !
23. Louis XVI et Marie-Antoinette, petite allégorie.
VIGNETTES.
24. OLLIVIER, poëme en prose par Gazette , Paris , Didot , \198 ,
2 vol. in-12.
12 figures de Lefèvre, gravées par Godefroy.
25. PRIMEROSE, par Morel de Vindé, Paris, Didot l'aîné n9T,
in-18.
1 frontispice et 5 figures de Lefèvre, gravées par Godefroy.
26. ZÉLOMIR , par Morel de Vindé, Paris, Didot, 1801 , in-18.
6 figures par Lefèvre, gravées par Godefroy.
Les eaux-fortes de ces trois ouvrages sont-elles de Godefroy ? Il est permis
d'en douter. Plusieurs d'entre elles doivent être de Goiny.
'il. Planches pour Recueil d'Estampes repre'sentant les différents
événements de la guerre qui a procuré l'indépendance aux
Etats-Unis. Paris, chez Ponce; in-4 en largeur.
334 LES GRAVEURS DU XYIII» SIECLE.
28. Spectacle historique, divisé par Périodes de vingt-cinq
ans. Chaque estampe représentant les événements les plus remar-
quables d'une Période et les portraits des souverains. . . gravés
d'après des médailles. . . par Godefroj, de l'Acad. imp. et r. de
Vienne et de celle d'Angleterre , etc. . . . dédiées à L. A. S. le
Comte de Beaujolais et Madame. A Paris chez l'auteur près le
Théâtre-Français , rue des Francs-Bourgeois vis à vis la rue de
Vaugirard n° 127. 12 % chaque livraison , comprenant un siècle.
Ce titre est gravé par Godefroy d'après Monnet.
Les planches, au nombre de huit, pour le XVI® et le XVII* siècle, com-
prennent dans le haut une composition de Marillier, dans le bas un cul-de-
lampe de Monnet.
29. Vignettes pour divers ouvrages : Voltaire , d'après Gravelot. —
Jam Cytherea choros ducit. . . d'après Gravelot, in-4°. — Icono-
logie. — Fables de Dorât, Œuvres de Pope, d'après Marillier. —
Gessner, d'après Le Barbier. — Baculard d'Arnaud , le De'ca-
méron français de d'Ussieux, Mélanges de poésies fugitives de la
Comtesse de Beauharnais , le Cabinet des Fées , les Liaisons
dangereuses. — Gil Blas, d'après Monnet. — Don Quichotte,
d'après Lefèvre. — Le Nouveau Testament, les Êtrennes lyriques,
le Voltaire de Renouard , d'après Moreau. — Le Daphnis et
Chloé et le Virgile de Didot , Faublas , etc. — Planches pour le
Cabinet Poullain et la Galerie du Palais-Royal.
GODEFROY (Jean).
1771-1839.
Jean Godefroy, fils de Louis Godefroy, deLanquetot
près Bolbec , naquit à Londres le 21 juillet 1771, pen-
dant un voyage que ses parents firent en Angleterre.
11 passa ses premières années à Bolbec ou à Lillebonne
et montra de bonne heure des dispositions pour le
dessin. Il avait dix ans quand sa famille alla se fixer
à Londres. Un ami de son père , nommé Martel , se
chargea de l'éducation artistique de l'enfant et le fit
entrer dans une espèce d'atelier où quelques jeunes
gens s'exerçaient sous ses yeux à peindre et à graver.
Godefroy entra ensuite dans l'atelier de Simon,
graveur français établi à Londres. 11 en sortit en 1788.
Il était fort habile et exécuta quelques estampes à l'eau-
forte et au burin , connues surtout en Angleterre. On
doit aussi à J. Godefroy des portraits : Louis XVI \
Georges , prince de Galles ; Caroline , princesse de
Galles; la cânisArice Morichelli; le chanteur Morelli:
Charette ; Thomas Erskine ; Thomson ; tniss Farren ;
la signora Storace. II écrivit à la même époque des
notes intéressantes sur les procédés qu'il employait
pour ses gravures, mélanges de tous les procédés
connus et où dominait le pointillé.
336 LES GRAVEURS DU XYIII^ SIECLE.
En 1797, Godefroy résolut de mettre à exécution le
projet qu'il avait conçu depuis longtemps de revenir
en France. Il partit avec sa femme et ses deux enfants.
Il fit d'abord un séijour en Hollande , où il grava un
portrait du général Bonaparte , d'après Fossi ; le
général était représenté avec des cheveux ébouriffés,
de grandes moustaches et un air féroce. « Godefroy
» émit quelques doutes sur sa ressemblance , mais
» l'éditeur lui ferma la bouche en lui disant que c'était
» précisément la /eroaïe de ce portrait qui en assurait
» la vente. » Godefroy s'arrêta encore à Bruxelles,
puis arriva enfin à Paris. Il fut mis en relations avec
Gamble , éditeur qui le chargea de graver un magni-
fique éventail que la ville de Paris avait fait exécutei'
d'après les dessins allégoriques de Chaudet , Percier
et Fontaine, pour l'offrir à Madame Bonaparte. Ce
travail lui fut payé 800 francs. 11 grava aussi une des
vignettes de Prud'hon pour la Tribu indienne, roman
de Lucien Bonaparte.
La réputation du graveur s'étendit, le peintre Gérard
vint le trouver pour lui faire reproduire un petit portrait
de Madame Walbonne, cantatrice du théâtre italien ;
cette reproduction fut exposée en 1799 et Godefroy
remporta le premier prix de gravure (3000 fr.)
Nous ne suivrons pas Godefroy dans les travaux
qu'il a exécutés au XIX® siècle, nous nous bornerons à
citer Psyché et r Amour, d'après le tableau de Gérard,
estampe qui mit le nom du graveur en célébrité , le
Songe d' Ossian, et toujours d'après Gérard, la grande
estampe de la bataille à'Ausierliiz.
Jean Godefroy mourut en 1839.
GOIS (Étienne-Pierre-Adrien).
1731-1823.
Gois, artiste distingué, né à Paris en 1731, étudia
d'abord la peinture dans l'atelier de Jeaurat, puis la
sculpture sous la direction de M. A. Slodtz. En 1759
il remporta le grand prix de Rome ; en 1770 il fut reçu
à l'Académie sur la présentation delà siaiued' Aréthée
pleurant ses abeilles ; en 1776 on le nomma profes-
seur, position qu'il occupa jusqu'à sa mort , sauf une
interruption en 1793.
Baudicour a décrit 16 eaux-fortes de la main de
Gois ; ces pièces, très raires, sont remarquables, dit-il,
tant pour la grande ordonnance de composition que
sous le rapport du style et de l'exécution.
Moïse sauvé des eaux, — la Fille de Jephié, —
Retour de Tohie chez son père, — Tobie rend la vue
à son père, — Moïse frappant le rocher, — le Veau
d'or renversé, — Pînse de Jérusalem par Nabucho-
donosor, — Arrêt rendu par Cambyse , — VAvat^e
pensif, — Serment des nobles devant la Chambre
des Comptes, Gois sculp. anno 1788, in-fol. en largeur.
Allégorie, la Vérité, la Justice, l'Innocence
Monument à la gloire de Louis XVI, en 4 planches.
n. 22
GONORD (François).
De François Gonord, né à Saint-Germain, on connaît
trois Académies de Femmes dessinées par Gochin et
gravées « par Gonord, par le nouvel art du S"" Magny »,
au lavis , et un portrait de Jean-Denis Lempereur,
ancien échevin de la ville de Paris , graveur amateur
duquel on a diverses eâux-fortes. Ce portrait est
encore « rendu d'après le nouvel art du S"" Magny,
1761 ».
Gonord publia en l'an VII une collection des por-
traits des membres du Corps législatif, petits médail-
lons encadrés , au nombre de quarante par feuille.
« L'exécution ne manque pas de relief, mais le prin-
» cipal mérite de cette collection consiste dans la
» rareté des portraits qu'elle renferme ; le succès dut
» en être nul, et l'édition mise au pilon. »
GOUPY (Joseph).
4729-
Goupy, né à Nevers en 1729, se fixa à Londres , où
il publia un certain nombre d'estampes.
Il a gravé d'après Salvator Rosa , les Devins , les
Voleurs, Tobie , le Songe de Jacob , le Samaritain ,
Jésus dans le désert, St Jean-Baptiste prêchant dans
le désert , le Baptême de V Eunuque du roi de
Candace, Glaucus et Se y lia , etc.
D'après Rubens, Diane et ses nymphes à la chasse.
D'après N. Poussin, un Paysage où l'on voit Pyrame
et Thisbé.
D'après Soliméne , Zeuxis peignant Hélène pour
les Agrigentins.
On cite de lui une caricature au sujet du penchant
qu'avait pour la boisson le fameux Haëndel , dont
Goupy était l'ennemi.
GOYA (Frangisgo-José
1746-1828.
Gomme Velasquez, Goya est un ai'tiste espagnol par
excellence. Il n'a pas seulement , comme le favori
de Philippe III , peint les princes et la cour, mais il a
aussi pris ses modèles sur le peuple et représenté la
nation entière dans ses plaisirs, ses misères, ses dou-
leurs , ses mœurs enfin. C'était un observateur, et
sous le fantastique voulu de ses créations, il aiguisait
les épigrammes les plus acérées , les satires les plus
sanglantes, et cela sans épargner personne, contre les
faiblesses et les vices de son temps.
« J'ai eu trois maîtres, disait souvent Goya , la na-
» ture, Velasquez et Rembrandt , » et ses œuvres ne
démentent pas son dire, car cet artiste a toujours
puisé dans la nature ses conceptions si originales ,
et parfois si violentes ; par ses effets heurtés de clair
et d'ombre, il offre une certaine parenté avec Rem-
brandt ; enfin la magnifique série d'eaux-fortes qu'il
a gravées d'après les principales œuvres de Velasquez,
est là pour témoigner de l'admiration qu'il professait
pour celui qui a été son vrai maître.
Nul n'était plus apte d'ailleurs à comprendre Velas-
quez et à le graver. C'est à l'âge de trente-deux ans ,
GOYA. 341
en 1778 , à son retour de Rome . que Goya entreprit
pour la chalcographie royale la belle série d'eaux-
fortes des portraits équestres dite des Chevaux. Ces
grandes planches in-folio, Felipe III, rey deEspana,
et Margarita de Auslria reyna , Felipe /F et Ysabel
de Borbon, le Comte d'Olivarès, et les infants, surtout
Don Balthazar sur son genêt d'Espagne , sont inter-
prétés avec une simplicité de manière et une sûreté
de main qui font présager le graveur si énergique de
la Tauromachie. 11 ne faut pas oublier les Nains du
roi et les planches de Ménippe et à' Ésope qui leur
font suite.
Puis vient pour Goya son temps de grande produc-
tion , alors que recherché partout, il trouve encore le
temps de peindre pour la cour et la ville, pour le
roi Charles IV comme pour les Benavente ou les
d'Ossuna. Ce n'est que plus tard, vers la fin du siècle,
que Goya entreprend la série des Caprichos , son
œuvre la plus connue et la plus importante en fait de
gravure.
C'est en 1793 que l'artiste conçut l'idée de cette
satire en 80 planches, à l'eau-forte mélangée de lavis,
et qu'il exécuta successivement jusqu'en 1798. Le gra-
veur niait bien la réalité des interprétations malignes
auxquelles elles donnaient lieu, mais les intentions
étaient si visibles , et les portraits tracés avec une si
sanglante ironie qu'il s'éleva une protestation unanime.
Nul n'était épargné; le roi, la reine Maria-Luisa,
le favori Godoï prince de la Paix, la duchesse de
Benavente sa protectrice, les ministres, tous y rece-
vaient un trait cruel. Le bon Charles IV, que Goya
amusait, malgré des allusions qui sautaient aux yeux
342 LES GRAVEURS DU XVIII" SIECLE.
et n'étaient rien moins que respectueuses, ne voulut
pas y entendre malice , et protégeant son peintre
contre les menaces du tribunal de l'Inquisition , il fit ,
pour arrêter les poursuites , l'acquisition de toutes les
planches et des exemplaires qui restaient à l'artiste.
Goya n'a pas laissé la clef de son ouvrage et pour
un grand nombre de ses planches on en est réduit aux
suppositions, beaucoup d'entre elles peuvent s'appli-
quer d'ailleurs à l'humanité toute entière. La satire
pour être générale n'en est pas moins piquante, et
l'album des « Caprices » restera pour les amateurs
de tous les pays comme un des monuments les plus
curieux de l'art.
Une autre série d'eaux-fortes , conceptions d'une
extrême énergie, fut inspirée à Goya dans les premières
années du XIX'' siècle , à la vue des excès commis
pendant l'occupation de l'Espagne par l'armée fran-
çaise.
« Madrid , a écrit M. Yriarte, était plein de déta-
» chements français , les alliés d'hier devenaient les
» ennemis, et le peintre dont on connaît la violence
» ne savait pas garder son sang-froid et passer devant
» les étrangers sans manifester sa haine ; Goya eut
» maille à partir avec les officiers de Murât, et, forcé
» de subir un joug détesté , se vengea par la pubhca-
» tion occulte d'abord, et plus tard effectuée au grand
» jour, des Désastres de la Guerre. Ces 80 planches ,
» moins célèbres que les « Caprices », les surpassent
» de beaucoup au point de vue artistique par l'im-
» pression de terreur et de pitié qu'elles font naître,
» surtout par la perfection vraiment inouïe du dessin
» et furent exécutées au jour le jour, en lisant les
GOYA. 343
» bulletins de la guerre de l'indépendance, ou au retour
» des promenades dans les environs de Madrid. »
M. Yriarte croit pourtant qu'il ne faut pas tant y
voir des scènes de l'invasion française en Espagne que
le tableau des horreurs de la guerre en général , car
on ne peut identifier aucun événement connu avec
certitude ni rapporter exactement les costumes à telle
arme et à tel corps. Pourtant ce sont certainement les
événements dont l'Espagne fut le théâtre pendant le
règne éphémère du roi Joseph , qui les ont inspirées.
Goya, dans cette extraordinaire série d'eaux-fortes, a
laissé bien loin derrière lui tout ce que Gallot avait
pu imaginer sur le même sujet et il faut oublier com-
bien il s'y trouve de parti-pris, d'exagération et de
haine pour en juger avec sang-froid l'incontestable
côté artistique. Ce point admis on ne peut, au milieu
de ces égorgements , de ces monceaux de cadavres
convulsés , de ces pendaisons , de ces fusillades , de
cette orgie de sang, méconnaître combien l'artiste
donne toujours le mouvement juste , l'effet le plus
dramatique et quel accent de vérité il répand sur ces
incroyables scènes de carnage. Ces 80 planches que
les sujets datent assez, ne furent pas pubhées du vivant
de Goya qui n'osa pas les faire paraître. Oubliées
après sa mort , ce n'est qu'en 1863 que l'Académie de
San Fernando à Madrid en fit l'acquisition sur l'ini-
tiative de quelques artistes et les publia.
La Tauromachie , suite de 33 planches, est l'œuvre
d'un véritable <-<- aficionado » : on sait que Goya dans
sa jeunesse, passionné pour tous les exercices violents
et en particulier pour le plaisir national des courses
de taureaux , s'était engagé dans une cuadrilla
344 LES GRAVEURS DU XVIIP SIECLE.
nomade pour gagner de quoi subvenir à son voyage à
Rome. 11 put donc alors jouer son rôle dans ces com-
bats et l'on conviendra que personne n'était plus à
même que lui d'en graver les principaux épisodes.
Pour leur donner plus d'intérêt encore, il a cherché
à représenter des scènes célèbres, telles que Charles-
Quint et le Cid en picadors irritant un taureau , et
les Martincho , Mariano Geballos , Romero et autres
fameuses « espadas » exécutant les prouesses les plus
remarquables de leur art. Cette série, dont on ne
trouve guère que des tirages modernes, se distingue
par une observation juste des acteurs de ces combats
et une vérité de mouvements tout à fait remarquables
pour quiconque y a assisté.
Quelques pièces d'une fantaisie bien étonnante font
partie d'une série de 18 planches connue sous le titre
de Proverbes ou encore de Suenos. Sous la divagation
apparente de l'artiste se cache toujours une pensée
philosophique et critique. Les premiers tirages faits
par Goya sont très supérieurs à ceux qu'on exécute
encore maintenant. N'oublions pas enfin parmi les
pièces isolées « Obras sueltas », celles qui représentent
des Prisonniers, la planche des Majas, la Balançoire
et la célèbre planche du Garrot, exécutée directement
sur le cuivre , au rebord d'une fenêtre et d'après
nature à Séville, et surtout le Géant, sorte de créateur
rêvant assis sur les mondes , vision étonnante de
l'étrange et grand artiste.
GRATELOUP (Jean-Baptiste de
1735-1817.
Les portraits-miniatures de Grateloup sont une des
curiosités de la gravure au XVIH'' siècle. Mais on doit
se garder d'avoir pour eux l'admiration excessive
qu'ils excitent chez quelques amateurs. Si l'on nous
les présente comme des chefs-d'œuvre dignes d'être
placés à côté de ceux signés par Ficquet, nous sommes
fort tentés de protester , mais si l'on nous les recom-
mande seulement comme un travail intéressant
d'amateur, comme le résultat d'un procédé curieux .
auquel le mystère môme dont il est entouré donne
un attrait de plus, alors nous sommes tout prêts à
acquiescer et à constater que ces petites estampes
sont étonnantes de finesse , surtout le Bossuct qui
est un véritable tour de force.
Le travail très complet que M. Faucheux a publié
sur Grateloup , travail dont il tenait les éléments du
neveu du graveur, le docteur de Grateloup , facilite
singulièrement notre tâche et nous n'avons qu'à le
résumer.
Jean-Baptiste de Grateloup naquit à Dax le 25
février 1735. et montra de très bonne heure une grande
aptitude pour les sciences et surtout pour les beaux-
340 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
arts. Après avoir fait ses études dans sa ville natale,
il vint à Bordeaux en 1757 et après quelques années
de séjour, se rendit à Paris en 1762. Il était alors âgé
de vingt-huit ans. 11 y fréquenta les artistes, s'occupa
de peinture, de sculpture et surtout de gravure. C'est
alors qu'il inventa son procédé particulier qui tient de
l'aqua-tinte, de la manière noire et de la pointe sèche.
Il était en même temps à la tête d'un commerce de
pierres précieuses, dessinait lui-même les parures qui
lui étaient commandées et les faisait exécuter par des
joailliers. Il avait gagné à cette profession une grande
finesse de dessin et beaucoup de patience. De plus sa
myopie lui donnait , comme à Ficquet , la faculté de
s'appliquer à des travaux extrêmement fins. Malheu-
reusement il fut , vers l'âge de trente-cinq ans, atteint
de la cataracte qui lui fit perdre un œil et renoncer à
la gravure. Son premier portrait datant de 1765 envi-
ron , c'est donc dans un espace de cinq à six ans au
plus qu'il exécuta les neuf pièces qui composent son
œuvre. Il paraît que la gravure n'était d'aiUeurs pour
lui qu'un délassement, et c'était seulement le dimanche
et pendant quelques heures qu'il pouvait s'y livrer.
C'est le 30 avril 1765 qu'il commença le portrait du
Cardinal Melchior de PoUgnac , d'après la peinture
de Rigaud ou plus probablement d'après le bon por-
trait gravé qu'en a fait Daullé. Il le dédia au Maréchal
de camp comte de Pohgnac, avec lequel il était en rela-
tions. Pour une première tentative l'efibrt est curieux
et le procédé s'y montre dans toute sa finesse, mais le
modelé en est dur, l'arête du nez trop sèche et le pas-
sage des ombres aux clairs trop heurté. Grateloup ne
considérait d'ailleurs cette planche que comme un essai.
GRATELOUP. 347
Celui qui vient ensuite par ordre de date , est le
Dryden , d'après Kneller, commencé en août de la
même année, dans lequel on remarque toujours un
peu de maigreur et de sécheresse.
Le Jean-Baptiste Rousseau , commencé en mars
1766, marque un progrès sur les deux premiers, mais
le résultat obtenu est toujours mou. C'est la même
réflexion qu'inspire le portrait de Fènélon d'après
Vivien (mai 1767), gravé pourtant avec une étonnante
minutie. L'effet produit par ces portraits est de paraître
gravés à la manière noire. Était-ce la peine alors d'in-
venter un procédé spécial ?
Le portrait à' Advienne Lecouvreur (Cornélie por-
tant l'urne qui renferme les cendres de Pompée) gravé
d'après l'estampe de Pierre-Imbert Drevet , est une
miniature très réussie. Il fut commencé en 1767 et
achevé en 1768. Le médaillon de Montesquieu qui date
de juillet 1768 et le portrait de Descartes , commencé
en mars 1769, sont fort inférieurs au précédent.
Voici enfin les deux portraits de Bossuet. De l'un ,
en buste , commencé à la fin de 1769 et terminé en
1770, nous dirons peu de chose, car si la main est bien
traitée, la figure manque d'harmonie et les étofies
d'ampleur. L'autre, en revanche, Bossuet vu jusqu'aux
genoux, est le chef-d'œuvre du graveur. Ce que nous
apprend M. Faucheux que c'était le seul dont Grateloup
fût complètement satisfait et qu'il regardait les huit
premiers comme des essais dont il voulait détruire les
planches , nous réconcilie avec notre artiste et nous
prouve son goût. L'exécution a beaucoup plus de
largeur en efiét dans cette curieuse estampe , les traits
sont adoucis, les travaux des dentelles d'une extrême
348 LES GRAVEURS DU XVIIP SIECLE.
préciosité. Enfin l'on a l'illusion en rétréci du fameux
portrait de Drevet , d'après lequel celui-ci fut gravé.
Commencé au mois de février 1771, leBossiœt fut ter-
miné en septembre de la même année. Au moment où
il atteignait le résultat cherché, Grateloup était forcé,
par une maladie d'yeux , de renoncer à la gravure !
On n'a jamais absolument connu le procédé employé
par Grateloup, qui tint à le garder secret et le com-
muniqua seulement à son neveu le docteur J. P. S.
de Grateloup *, en lui faisant promettre de ne pas le
révéler. D'après ce qu'on en voit ou ce qu'on en sait ,
les planches étaient d'acier, et gravées par un mélange
de manière nobe et de pointe sèche. La gravure étant
légère et le métal à peine entamé , il faut des précau-
tions spéciales pour arriver à avoir de bonnes épreuves
au tirage, travail que l'auteur faisait lui-même.
Grateloup , a très-bien dit M'' Duplessis qui tranche
en même temps la question sur le procédé secret , à
force de vouloir graver trop finement, a gravé quelque-
fois très sèchement et donné alors à ses estampes une
extrême mollesse. Il est arrivé avec la pointe sèche
au même résultat que les graveurs en manière noire
avec le berceau , et on se demande quel avantage il
pouvait trouver à ne pas se servir de ce moyen
mécanique.
* Le docteur Jean-Pierre-Silvestre de Grateloup, naquit à Dax le 31
décembre n82. Il fut initié, vers 1806 ou 1808, aux procédés de gra-
vure de son oncle, après qu'il eut fait ses études de médecine à Mont-
pellier. Il fit un second tirage des portraits de J.-B. Grateloup de 1808
à 1810, et un troisième de ISH à 1818. On lui doit quelques jolies
pièces , la Jeune Espagnole , d'après Grimou , une copie du Dryden ,
iowis XF, une tête de Napoléon , et le portrait de son pbre , Jean-
Joseph Grateloup. 11 mourut à Bordeaux , le 25 août 1862.
GRATELOUP. 349
Grateloup était un chercheur ; son biographe nous
apprend qu'en l'an XI, quand il était déjà sexagénaire,
il obtint le maximum des récompenses nationales,
6,000 fr. , pour avoir inventé une nouvelle manière de
coller les objectifs des lunettes achromatiques.
1. BOSSUET, en pied, d'après Rigaud ; in-8.
lef état : Avant la lettre.
2. BossUET, en buste, d'après Rigaud ; in-12.
1" état : Avant la lettre.
3. Descartes, d'après Hais ; in-12.
1"'' état : Avant la lettre.
4. Dryden, d'après Kneller ; in-8.
pr état : Avant la lettre.
5. Fénélon , d'après Vivien ; in-12.
1»'' état : Avant la lettre. — 2« état : Avec la lettre grise. — 3« état : Avec la
lettre noire.
6. LECO UVR EUR (Adrienne), d'après Coypel; in-8.
!«'' état : Avant la lettre.
1 . Montesquieu , d'après Dassier.
1*'' état : Avant la lettre.
8. PoLlGNAC ( le Cardinal de ) , d'après Rigaud.
Les premières épreuves ont la lettre N du mot Poligncic gravée àl'envers (m|.
9. Rousseau (J.-B.), d'après Aved.
En 1808, les neuf portraits ont été vendus 80 fr. à la vente d'Augustin de
Saint-Aubin.
Dans ces dernières années , plusieurs collections des neuf portraits de Grate-
loup, chaque série comprenant quelques épreuves avant la lettre, ont été
vendues aux enchères de 1,000 à 1,200 fr.
Le plus bel œuvre de Grateloup qui ait été formé appartenait à M. Lecauchois-
Féraud , intendant miUtaire, qui a si malheureusement péri dans le naufrage du
paquebot le Général Abbatucci. Il le tenait de la famille même du graveur. Cet
œuvre, comprenant les neuf portraits en vingt états, plus trois pièces du D'' de
Grateloup, fut vendu en 1869 et adjugé 5,200 fr. au libraire Fontaine, qui l'inséra
dans un exemplaire des Œuvres de Voltaire , coté au catalogue de sa librairie
35,000 fr., et qui appartient aujourd'hui à M. le Prince Alexandre Bibesco.
GRAYELOT (Hubert-François).
1699-1773.
Hubert Bourguignon, dit Gravelot, est né à Paris le
25 mars 1699. 11 était le fils d'un tailleur et le frère
cadet du géographe d'Anville. Il reçut une bonne
éducation. Le goût des voyages et des aventures l'en-
traîna sur sa vingtième année à Saint-Domingue.
Quand il revint il avait trente ans et se mit sérieuse-
ment au travail pour rattraper le temps perdu et pro-
fiter des excellents conseils de Restout et de Boucher.
En 1732, il passa en Angleterre où le graveur Dubosc
appelait beaucoup déjeunes artistes pour l'aider dans
la gravure des Cérémonies religieuses de tous les
peuples , qu'il avait entreprise d'après les dessins de
B. Picart. L'adresse de Gravelot à Londres était King
slreet Covent garden, ai gold cup.
Dès son arrivée, il fut occupé de nombreux travaux
d'illustration , mais nous ne nous occuperons ici que
de ses pièces gravées. Encore sommes-nous bien loin
de connaître tout ce qu'il a dû faire pendant un séjour
de quinze ans en Angleterre. Ses douze vignettes in-12
pour une nouvelle édition de l'Asirèe d'Honoré d'Urfé
(1733) sont médiocres. Douze autres vignettes de même
format , pour une collection de Romans anglais, sont
GRAVELOT. 35i
très supérieures aux premières, trèsjolies et paraissent
dater de l'époque où il illustra Tora-Jones. — Trois en-
tête de pages pour une Histoire Romaine, dont la Mort
de César et la Mort de Cicéron. — Face et revers de
deux Médailles frappées à Voccasion du mariage
du Prince de Galles et de la Princesse Augusta.
H. Gravelot inv. et sculp. — Face et revers d'une autre
médaille , représentant d'un côté une adoration des
mages et de l'autre une bibliothèque (1737). — Curieuse
pièce de Griffonms, où l'on voit sur une même planche
un joli Étui rocaille , un chasseur mettant en joue,
un fond de boîtier de montre , des têtes d'hommes , de
femmes et de chiens. — Dédicace avec armoiries ,
aux Trois Lions.... et la devise: Je Servirai. —
Encadrement, d'après C. PYederick. — Lettres ornées
pour un ouvrage. — Gul-de-lampe semblant repré-
senter Ps^c/ie e^ r Amour. — Jeunes gens et Jeunes
filles dans un atelier de peintre , petite pièce carrée
fort jolie , reproduite par M. Duplessis dans son
Histoire de la Gravure.
Enfin le travail le plus important de gravure que
Gravelot ait fait est une illustration toute entière des
Shakespeare Plays , gravée avec beaucoup d'expres-
sion dans les physionomies , d'après les compositions
de Hayman.
Ce n'est certainement pas tout ce que l'aimable
artiste a gravé. Nous laissons à M. Emmanuel Bocher
le soin de compléter cette liste dans le catalogue rai-
sonné qu'il prépare de l'œuvre de Gravelot.
De retour à Paris, Gravelot se consacra à l'illustra-
tion des livres , et l'on sait avec quel talent. Il faisait
aussi de petits vers et donnait des leçons de dessin.
GREEN (Valentin).
1739-1843.
Valentin Green , célèbre graveur en manière noire,
né dans le Warwicksliire en 1739 , partage avec
Earlom et Mac-Ardell l'honneur d'avoir donné plus
de variété et de souplesse au procédé du mezzo-tinto.
Ses deux pièces du Départ de Régulus et du Serment
d'Annibal Xi7Qi-73), d'après B. West, sont célèbres
en Angleterre, ainsi que sa Descente de croix d'après
le tableau de Rubens (1790) , et le Monument élevé à
William Pitt à Westminster (1784).
Nous considérons ses portraits comme supérieurs à
ses autres travaux. Green a réellement rendu avec
une grande adresse la majestueuse noblesse des per-
sonnages peints par Van Dyck , la diaplianéité des
ladies , au teint pétri de lait et de roses par Angelica
Kauflïuann et Reynolds.
Voici ses principaux portraits : le sien d'abord ,
Valentin Green d'après Abbott.
Henry d'Anvers Comte de Danhy, George Gordon
Marquis de Huntly, Sir Thomas Warthon, tous trois
d'après Van Dyck.
Green a beaucoup gravé d'après Reynolds et il le
dispute pour l'habileté à une foule d'artistes en manière
GREEN. 3o3
noire qui arrivent tous à un résultat satisfaisant , ce
qui prouve la facilité du procédé : Corbutt , Dun-
karton , Faber, Fislier, Houston , Dickinson , Mac-
Ardell , John Jones , Purcell , Spooner , Spilsbury ,
Smith , Ward , Watson, etc. . .
Green a donc gravé d'après Reynolds , Sa Grâce
le Duc de Bedford, ses frères John et Willimn
Russel et leur sœur miss Vernon , jolie réunion
d'adolescents. — Lady Caroline Hoicard. — Sir
WiUia'tn Chambers , trésorier de l'Académie royale.
— La Comtesse d'Aylesford. — Miss Campbell. —
Lady E. Compton. — Lord Balkeith. — Lady Delme.
— La Duchesse de Devonshire. — Lady Halliday.
— La Comtesse de Harrington. — Lady Manners.
— La Duchesse de Ruiland. — La Comtesse de
Salishury. — Georgina Spencer. — Lady Talbot. —
La Vicomtesse de Townshend. — Les Trois filles du
Comte de Waldgrave.
D'après Benjamin West , le portrait de West lui-
même avec son fils. — Sir Joshua Reynolds. — La
Reine Charlotte. — Le Prince Williaîn - Henry
d'Angleterre. — Les Princes et Princesses de la
Fa^nille royale d'Angleterre. — Robert et Thomas
Drum,mond. — Le Prince de Galles et son frère.
Garrick et m^iss Pritchard , d'après Zofîani. —
Ga?'rick embrassant le buste de Shakespeare, d'après
Gainsborough.
Plus de nombreux portraits d'après Gosway ,
Romney , P. Falconnet , Galze , etc
Green fut nommé en 1774 l'un des six associés gra-
veurs de l'Académie royale d'Angleterre. Il mourut
en 1813.
u. 23
GREUZE (Jean-Baptiste
i 725 -1805.
Une seule pièce peut être attribuée avec certitude
à Greuze, la Jeune Savoyarde. Elle est signée d'un
G et on en connaît des épreuves avec sa signature
autographe. La Tète de jeune femme vue de trois-
quarts, placée au début de son œuvre au Cabinet des
Estampes, ne lui est qu'attribuée. On prétend aussi
que le premier travail d'un Vieillard au bonnet
fourré , imité de Rembrandt . serait de Greuze , et
que de Marcenay qui l'a signé . le fit disparaître en le
terminant.
La collaboration du grand artiste est peut-être
moins douteuse en ce qui touche les fameuses estampes
qui se gravaient sous sa direction d'après ses tableaux
les plus importants. Les critiques du temps nous
apprennent d'ailleurs que Greuze retouchait quand il
le jugeait bon., le travail des Flipart, des GaiUard , des
Le Vasseur et des Massard , ses associés ; et de fait ,
quand on examine l'estampe de V Accordée de Village
par exemple, l'on croit apercevoir distinctement dans
les têtes, nous l'avons dit à propos de Flipart, les
accents de pointe sèche du maître. Mais cela n'est
qu'une hypothèse.
GRIGNION (Charles
1712-
Chaiies Grignion est un graveur d'origine française.
Le Manuel de Le Blanc le fait naître en 1712 k
Londres, où il a travaillé jusqu'en 1777. On a de lui
entre autres pièces :
Garrick dans le y^ùle de Richard III , gravé avec
Hogarth , 1745. — h' Election d'un membre du Par-
lement, quatre feuilles d'après Hogarth, par Grignion,
La Cave et Aveline , 1755-58 , etc., etc.
Suite de douze figures dans le costume anglais ,
d'après Gravelot , gravées avec Major et Truchy ; et
de nombreuses vignettes ou frontispices pour des
ouvrages anglais, tels que Poetical works of Milton ,
Edimbourg, 1777, in-18. — Poetical works ofPrior,
1777, in-18. ~ Shakespeare, Londres, 1783, in-12. —
Shenstone, Edimbourg, 1778, in-18. — Spenser, 1778,
in-18. — Poetical works of Swift, 1778. — Thomson,
1777. — Trials for adultery , histoire des divorces,
formant un choix de procès en adultère, fornication,
cruauté, impuissance, depuis 1760 jusqu'au temps
présent, Londres, 1781, 7 vol. in-8. — Horace, Bir-
mingham, 1762, in-12. — Virgile. Londres, 1750, in-8.
— Young, Edimbourg , 1777.
GUCHT (Jean Van Der).
1697-
Ce dessinateur et graveur au burin est né à Londres
en 1697. Il apprit le dessin de Louis Ghéron , et la
gravure de son père Michel Van der Gucht.
Nous le citons ici parce qu'on lui doit, ainsi qu'à
son père et à son frère Gérard , une certaine quantité
de frontispices , vignettes et ornements de livres ,
notamment :
The Dramatick loot^ks of John Dryden , Londres,
1762, 6 vol. in-12. Portrait et 28 figures d'après
Gravelot.
Don Sébastian , tragédie . Londres , in-12. Fron-
tispice d'après Gravelot.
The loorhs of Shahespeaf^e , Londres , Hitcli, 1762,
8 vol. in-12. Portrait dessiné par Van der Gucht , et
36 figures de Gravelot gravées par Van der Gucht,
etc., etc.
GUERIN (Christophe).
1758
Christophe Guérin , professeur de dessin et conser-
vateur du musée à Strasbourg ^ gravait avec un cer-
tain talent mais d'une manière un peu sèche.
Le Comte de Caglïostro, d'après nature, 1781 , in-4
ovale. — Mon père, dédié à ses amis, in-4. — François-
Xavier Richter, maître de chapelle, entouré d'enfants
de chœur, jolie pièce publiée en 1785, à Strasbourg,
chez l'auteur, à la Monnaie. — Herculi Colmariensi,
portrait de Stockmayer, bateher et officier municipal.
— Dumas , Hérault , Foissey , commissaires du roi
dans les départements du Rhin , médaillon rond. —
Liberté-Egalité , Guérin fecit, in-fol. — Mothier de
la Fayette. — Custine, général français , 1793, in-4.
— Luckner, ovale in-8. / — Treilhard , Bonnier,
Roberjeot, plénipotentiaires au congrès de Rastadt.
Guérin a composé et gravé une suite de quatre jolies
figures pour l'Homme des champs ou les Géorgiques
françaises, de Delille, Râle, 1800 , in-12 , reproduites
in-8 dans l'édition de Strasbourg , 1802.
1 II ne faut pas le confondre avec Jean-Urbain Guérin , peintre ,
également de Strasbourg , et dont les miniatures ont été gravées par
Fiesinger, Elisabeth Herhan , etc.
Les GUTTENBERG.
1744- 1790.
Garl Guttenberg . né en 1744 , est un excellent
artiste venu tout exprès de Nuremberg à Paris pour
profiter des excellentes leçons du « papa Wille » dont
il devint l'ami. Celui-ci l'employait dans le principe , à
cause de son beau coup de burin , à graver la lettre
au bas de ses estampes. « J'ai fait graver, dit-il en
» 1774 , la lettre au bas de ma nouvelle planche
» ( la Sœur de la bonne femme de Normandie ) , par
» M"" Guttenberg mon graveur de lettre ordinaire
» quoiqu'il n'en fasse pas profession. »
Wille lui procure aussi quelques travaux ; il lui fait
terminer en 1770 les 3^ et 4" Vues du Mein , com-
mencées à l'eau-forte par Dunker, et le recommande
à Basan qui l'emploie à la gravure de sa (r«/er/e rfe
Choiseul. Puis c'est le Petit boudeur d'après Greuze,
et l'Écrivain public d'après Wille fils.
En juin 1772, tenté comme beaucoup d'au très jeunes
graveurs par les brillantes propositions de Christian
de Méchel , nous le voyons partir pour Bâle. Un an
après, fatigué de la Galerie de Dusseldorf et de son
éditeur. Cari Guttenberg revient à Paris , fort mécon-
tent. Heureusement, il y trouve quelques bons travaux.
GUTTENBERG. 350
Voici venir le moment oîi il va être chargé de colla-
borer avec son frère au Monument du Costume ,
recueil pour lequel il a gravé le Rendez-vous pour
Marly, d'après Moreau. Avec de très bons yeux , on
peut aussi déchiffrer la signature de C. Guttenberg
sur la planche de N'ayez pas peur ma tonne arnie ,
dans la suite réduite in-12.
Vues des environs de Florence, d'après Wagner.
Vues des environs de Munich, d'après Kobell.
Planches pour les Figures de l'Histoire de France,
d'après Moreau , etc.
L'Invocation à l'A^nour, Théolon pinx.; in-fol.
L'Écrivain public, d'après Wille fils.
Monument érigé à Genève à J.-J. Rousseau ; in-fol.
Guillaume Tell, d'après Fuessli.
La Troupe ambulante, J.-F. Meyer pinx.
La Mort du général Wol/f, d'après B. West.
Cari Guttenberg est activement employé, ainsi que
sou frère , à la gravure des planches du Voyage à
Naples de Saint - Non , où il termine souvent des
planches commencées à l'eau-forte par Duplessi-Ber-
iaux. Le travail des deux frères, très semblable, se
confond volontiers , et l'on ne sait souvent auquel
attribuer les planches signées Guttenberg tout court.
Cari et Henri ont été fort employés aussi à travailler
à la Galerie du Palais-Royal. Enfin Cari Guttenberg
a gravé une bonne partie des vignettes de Freudeberg
pour l'Heptaméron , et d'Eisen pour les Époux mal-
heureux de Baculard d'Arnaud.
Guttenberg est l'un des assidus compagnons de
Wille dans ses promenades. En 1784 , il assiste avec
sa femme , son frère et son maître , à la tentative
360 LES GRAVEURS DU XVIIie SIECLE.
manquée d'aérostation de Janinet. Quand il s'agit
d'aller dessiner du côté de Palaiseau , il est toujours
prêt et part en avant avec Freudeberg ou Baader.
Wille a raconté avec assez d'agrément , malgré sa
lourdeur native , ces promenades pleines d'incidents
comiques. Nous détachons quelques passages du récit
d'une de ces excursions, faite en août 1784 :
« Ayant résolu , car il faisait assez beau , de partir
» pour Montcerf, pour y dessiner les ruines du château
» de Becoiseau qu'on m'avait vanté , je partis effecti-
» vement avec les voitures publiques et très commodes
» de Corbeil, ayant avec moi M. M. Guttenberg. Klau-
» ber et Preisler. Arrivés dans cette ville , nous y
» trouvâmes mon neveu de Villepesle, qui voulut nous
» envoyer, en partant à cheval avant nous, son cabrio-
» let pour nous mener chez lui ; mais nous aimâmes
» mieux y aller à pied. Ensuite étant arrivés , mon
» neveu nous donna un dîner splendide , nous obligea
» de rester à souper de même et coucher dans sa
» maison. Le lendemain de bon matin , son cabriolet
» avec deux chevaux étant prêt , nous partîmes fort
» satisfaits de sa réception pour Montcerf. Nous avions
» sept bonnes lieues à faire. Nous passâmes une partie
» de la forêt de Gressy et arrivâmes près de Montcerf
» vers les onze heures. Becoiseau se trouva à notre
» droite , et sans songer que nous avions faim , nous
» descendîmes et parcourûmes ses ruines de toutes
» parts , qui sont excellentes à faire nombre de des-
» seins. Après cela nous entrâmes dans Montcerf situé
» sur la hauteur et le traversâmes à pied. Gomme les
» voyageurs se montrent rarement dans ce pays , qui
» est une espèce de sauvagerie sans aucune grande
GUTTENBERG. 361
» route, les habitants accoururent , moitié consternés,
» moi fié admirant notre accoutrement parisien qui les
» frappa. Nous allâmes loger à la Chasse Royale, seul
» cabaret de l'endroit : il y avait , chose remarquable ,
» des lits dans deux chambres, mais faits de joncs de
» marais , et des oreillers remplis de sable et de
» coquilles d'œufs. Les vitres aux croisées manquaient
» en grande partie , mais notre hôte qui portait une
» culotte plus fendue par derrière que par devant , y
» colla du papier brouillard avec de la fiente de vache
» nouvellement pondue , ce qui était aussi utile qu'a-
» gréable à la vue ...»
Wille raconte ensuite que la cuisine est tellement
primitive en cet endroit qu'ils sont obligés de « mettre
» la main à la pâte : M"" Klauber allait traire les vaches
» pour une soupe au lait. M'' Preisler avait le départe-
» ment des pommes de terre . qu'il avait proprement
» réduites en marmelade , y compris leur enveloppe.
» Pour moi je m'étais chargé de faire bouillir les hari-
» cots dans un chaudron qu'un Auvergnat raccommoda
>■> préalablement en ma présence ; mais les haricots
» sur un feu trop violent et n'ayant pas assez d'eau
> s'attachèrent au fond si bien que , craignant pour
» mon honneur en fait de cuisine , je courus de tous
^> côtés et ne trouvai pour les détacher qu'une espèce
^> de pelle de bois destinée à charger du fumier dans
» l'occasion. Et pendant tout ce temps où chacun devait
» avoir son occupation, M"" Guttenberg fumait sa pipe.
» Tout bien considéré , pendant les huit jours que
» nous passâmes à Montcerf , il ne nous manqua rien
» excepté ce que nous désirions. . . »
Wille trace le portrait de ses hôtes et décrit le
362 LES GRAVEURS DU XVIIP SIECLE.
retour à Paris en charrette , avec la petite note senti-
mentale qui ne manque jamais :
« Tout ce qui me fît plaisir était que ma femme
» n'était pas encore couchée , car comme c'était la
» veille de la Saint Louis , sa fête , elle avait eu du
» monde à souper. Elle fût surprise et encliantée de
» me revoir ; nous nous embrassâmes tendrement.
» Heureusement pour gens pas mal affamés , nous
» trouvâmes encore quelques restes du repas que nos
» deux pensionnaires, M. M. Klauber et Preisler, man-
» gèrent avec moi avec bien du plaisir. M'' Guttenberg
» nous avait quittés à la porte pour coucher chez lui
» avec sa femme, comme de raison. »
C'est à Wille que G. Guttenberg dut la commande
du portrait de H. de Nicolay. Il est bien probable que
la commande du portrait en buste de Catherine II lui
vint de la même manière.
G. Guttenberg a aussi gravé un portrait de Paul
Jones, d'après Notté. Le graveur demeurait alors rue
iS'* Hyacinthe , la 2^ porte après la Place S^-Michel.
G'est sans doute dans ce logement qu'il lui arriva le
désagrément d'être dévalisé , ainsi que le rapporte
Wille à la date du 16 mai 1785 : « Ayant su que M'^ et
» M*" Guttenberg avaient été volés le jour précédent
» qui étoit le 1^'' jour de la Pentecôte , je courus chez
» eux pour les consoler efficacement. L'argent comp-
» tant , une épée en argent , un gobelet , des bas de
» soye , tout était emporté et l'avait été en plein jour
» pendant qu'ils étaient à la promenade. Une médaille
» d'argent que j'avais prêtée à M' Guttenberg fut éga-
» lement volée. Quel coquin de voleur! »
Garl Guttenberg a mis son nom au bas de quelques
GUTTENBERG. 363
pièces de circonstance : Allégorie fiur le comple-
y^endu de Necker ; Révolte excitée par l'impôt du
thé en Amérique : les épreuves avec le coq sont plus
rares , parce que le graveui' fut forcé de supprimer
cet emblème ; mais la pièce la plus curieuse est la
Suppression des ordres m,onastiques dans toutes
les villes de la domination de l'Empereur, d'après
C, de France, grand in-folio.
Notre graveur, fatigué par le travail . éprouva le
besoin de se distraire ; il alla à Londres. « Ces jours-
» ci , écrit Wille en mai 1787, M"" Guttenberg est parti
» pour l'Angleterre. Depuis longtemps il avoit envie
» de voir Londres. Je lui ai donné une lettre de
» recommandation pour M"" Byrne. M'' Guttenberg est
» plus heureux que moi de pouvoir s'absenter ainsi.
» Depuis nombre d'années j'ai désiré faire cette
» excursion sans pouvoir l'effectuer. »
Puis arrive la maladie, dont son vieux maître suit
avec anxiété les progrès. En avril 1788 , il relate que
Guttenberg souffre horriblement aux mâchoires vers
les deux oreilles. La souffrance augmente au com-
mencement de 1789 et Wille envoie souvent savoir de
ses nouvelles : « 1'' avril. J'apprends aujourd'hui que
» M"" C. Guttenberg va un peu mieux. Sa maladie étoit
» des plus terribles. J'ayété le voir plusieurs fois avec
» mon fils et nous désespérions presque de lui. »
Il semble se remettre en effet, et ils peuvent encore
aller ensemble visiter la démolition de la Bastille qui
marche grand train; mais l'artiste est condamné, car
bientôt nous lisons la note suivante dans \eJow7ial de
Wille : « 20 may 1790 : mourut M"" Garl Guttenberg, bon
» graveur et beaucoup de mes amis ; je fus sa première
364 LES GRAVEURS DU XYIII^ SIÈCLE.
» connaissance lorsqu'il arriva à Paris. Il étoit natit
» de Nuremberg. 11 avoit de l'esprit , étoit instruit , et
» son caractère étoit ferme et décidé. Si je ne me
» trompe il avoit 49 ans. Il laisse une veuve très bonne
» femme. Gomme il étoit protestant , il fut enterré le
» 21 dans leur cimetière et nombre d'artistes furent à
» son enterrement. M'Gams, aumônier de l'ambassade
» de Suède , prononça l'oraison funèbre en françois ,
» car le nombre des assistants françois étoit plus grand
^> que celui des allemands. L'ouvrage le plus considé-
» rable qu'il a fait est la Suppression des couvents
» par Joseph II. Je le regretterai toujours , car il
» m'étoit fort attaché. »
La veuve de Guttenberg se remaria avec le graveur
Klauber.
Henri Guttenberg, frère cadet du précédent, né en
1745, vint à Paris appelé par son frère , et guidé par
lui et vraisemblablement aussi par Wille , arriva à
graver avec beaucoup de correction et de netteté.
Il a exécuté, pour la suite du Monument duCostmne,
deux pièces d'après Moreau le jeune, la Rencontre au
Bois de Boulogne et la Course des chenaux.
Aglaê saur^èe, Nanette effrayée, d'après Vernet.
Une estampe gravée d'après Lavreince, le Mercure
de France ,' in-fol. en largeur, représente Beaumar-
chais lisant dans le Mercure l'extrait de Figaro, 1784.
Une pièce d'après Baudouin : Perrette [Voilà la
petite laitière) , in-8.
Jeune Bacchante jouant des cymbales, très jolie
pièce in-8, d'après une gouache de M"''' Le Sueur.
Rendez-vous de chasse de Henri IV, d'après Borel.
GUTTENBERG. 365
Henri Guttenberg a collaboré au Voyage à Naples
de Saint-Non , à la Galerie du Palais-Royal ( notam-
ment pour la dédicace, d'après Ghoffard) , à la Galerie
de Florence , à la Galerie de Lebrun , au Musée
Français de Laurent , à la Description de la Suisse
de La Borde et Zurlauben.
Une des bonnes planches de Henri Guttenberg est
son estampe des Dernières paroles de Jean-Jacques
Rousseau , d'après le dessin de Moreau le jeune.
C'est le 2 juillet 1778 que Tauteur des Confessions ,
se sentant mourir, disait en s'adressant à Thérèse :
« Ma chère femme, rendez-moi le service d'ouvrb la
» fenêtre afin que j'aie le bonheur de voir encore une
» fois la verdure. Comme elle est belle ! que ce jour
» est pur et serein. . . » etc.
Henri Guttenberg était à Rome à l'époque de la
mort de son frère ; mais il se trouvait à Paris au plus
mauvais moment de la Révolution, et le 18 février
1793, il écrivait à son compatriote Frauenholz, à
Nuremberg : « Le papier que vous me demandez est
» présentement fort difficile à se procurer, la cause
» en est que la Nation fait un grand emploi de ce
» papier pour l'impression des assignats ainsi que
» d'une masse de journaux qui paraissent ici , mais
»je ferai mon possible pour vous en envoyer 200
» feuilles par la dihgence prochaine. J'aurais bien
» voulu résister à la crise le plus possible ; les troubles
» et les agitations me rendent la tête froide. Si cela
» continue , je m'en irai bientôt par Bâle et Munich à
» Nuremberg où j'aurai le plaisir de vous voir. Je vous
» prie de n'en parler à personne. . . Guttenberg. >^
Henri Guttenberg mourut à Nuremberg.
GUYOT (Laurent).
1756-
Guyot , s'il ne fut pas un artiste de premier ordre ,
ne mérite nullement l'oubli complet dans lequel l'a
laissé le Manuel, comme le prouvera le catalogue que
nous donnons plus loin. Né à Paris en 1756 . Laurent
Guyot avait commencé par apprendre , sous la direc-
tion de Legrand et de Tilliard , la gravure au burin ;
mais il n'y avait pas grande disposition et il n'a rien
laissé que de très faible en ce genre , à part une assez
jolie petite pièce d'après Moreau le jeune, en forme de
dessus de boîte , représentant une scène des Trois
Sultanes de Favai^t.
Il se toui'na vers un auti'e genre, la gravure au lavis
et en couleur. Assurément . il fut loin d'égaler Janinet
et Debucoui^t , et ne se sentit jamais de taille à entre-
prendre une grande estampe ; son effort le plus consi-
dérable consiste en reproductions de sujets galants de
Fragonard , V Armoire, le Verrou , la Gimblette , qui
ne dépassent pas le format in-4 ; il se sentit plus à
l'aise en se cantonnant dans la fabrication , pour sa
boutique de la rue St-Jacques, au Grand-Gessner, de
petites pièces d'après Dutailly et autres , de sujets
galants en dessus de tabatière , de paysages , d'ara-
GUYOT. 367
besques. Il afi'ectionnait la forme ronde ou ovale ; les
bibliophiles connaissent ses suites de Paul et Virginie
in-8 et in-12 rond ; les médaillons ovales sur les évé-
nements de la Révolution française comptent au
nombre des meilleures productions de ce graveur
fécond; ses Cris et Costumes de Paris , d'après les
dessins de Watteau de Lille , sont « le plus charmant
» souvenir qu'ait pu garder la gravure du peintre des
» habillements galants de la veille de la Révolution. »
Guyot eut quelquefois l'idée malencontreuse de
reprendre le burin et de graver ainsi des vignettes
qui sont pitoyables. Il termina assez misérablement sa
carrière par une grande quantité de planches au trait,
notamment pour le Musée des Monuments français
de Lenoir et Percier.
PIEGES AU LAVIS ET EN COULEUR.
1. L'Abmoire , d'après Fragonard ; réduction iu-4 au lavis. — Chez
les Campion et chez Guyot.
2. Le Verrou, d'après Fragonard ; in-4.
3. La Gimblettk , d'après Fragonard ; in-4 ovale en largeur.
L'épreuve du Cabinet des Estampes est un es.sai au trait, avec application
partielle des couleurs.
4. L'Illusion, ou le Rêve agréable, et son pendant; 2 p. in-4 en
largeur.
5. La Sonnette ou le Déjeune interrompu , d'après
Mallet ; in-fol. en largeur.
6. Le Compliment , ou la Matinée du jour de l'an, curieuse petite
réduction de l'estampe de Debucourt ; in-32 rond.
368 LES GRAVEURS DU XVIII'' SIECLE
I. Le Colin-Maillard, — Le Concert, 2 jolies petites pièces
ovales, d'après Dutailly ; in-8 en largeur.
8. OlFRANDE A PAN , — SACRIFICE A L'AmOUR, 2 p. d'après
Dutailly ; in-8 rond.
9. L\ Sentinelle vigilant, — N'ai pas peur ma bonne
AMIE (sic) , 2 p. d'après Dutailly; in-12rond.
10. L'IsLE DU Rendez-vous, — L'Arrosoir, 2 p. d'après
Dutailly ; in-8 en largeur.
II. La Bascule à la Barcelonnette , — le Cours à l'espagnole, 2 p.
d'après Opse ; in-8 ovale en largeur.
12. Le Bon Exemple, — Le Doux Sommeil, 2p. in-8 rond.
La première pièce est imitée d'un fleuron de Choffard pour te Jugement de
Paris, la seconde d'un fleuron de titre gravé par Le Veau d'après Moreau.
13. L Amour désarmé, — L'Amour vengé 2 p. in-32 rond.
14. Les Soins maternelle , — la Lecture interrompu (sic) , 2 p. d'après
Vangophe; in-8 rond.
15. L'Union sincère, d'après Picard ; in-8 rond.
16. Paul et VirGIMK, 14 p. in-8 rond.
11. Paul et Virginie, 8 p. iu-18 rond.
18. Feuille de Paysages et Camées, d'après Pernet.
19. Billet de visite : A ce symbole fidèle qui ne connaît l'Amitié? —
Sergent del.; in-12.
20. Petits jeux d'enfants, pièces en ferme de boutons.
21. Le Matin , — le Soir, 2 p. ovales en largeur, d'après Robert.
22. Les Quatre Heures du jour, feuille contenant cinq petits
sujets ronds.
23. Les Quatre Éléments, jolie feuille de cinq petits sujets
ronds, d'après Sergent.
GUYOT. 369
24. Les Saisons suite de quatre frises d'après Larue, au lavis. — Guyot
direxit.
25. Sacrifice en l'honneur de Jupiter, — Vénus et les Grâces chez
Vulcain , — le Triomphe de Bacchus et d'Ariadne, — le Triomphe
de Zéphire et Flore, — la Sagesse dirige les Muses, bas-reliefs
d'après Moitte, au lavis rouge.
26. Combat sur mère (sic) et sur terre, — Combat sur terre et sur mer;
pièces grivoises d'après Vangophe ; in-4 en largeur.
2*7. Estampes diverses : Adam et Eve , d'après Bounieu. — David et
Goliath. — Sainte-Famille , d'après Rembrandt. — Fuite en
Egypte, esquisse. — Jésus et Madeleine, etc.
Le Cabinet des Estampes possède beaucoup de pièces de Guyot en trois états,
au trait seulement , puis tirées en bistre, et enfin en couleur.
Un certain nombre d'estampes n'existe même dans l'œuvre de Guynt qu'à
l'état de préparation au trait. Cette gravure au trait est-elle de Guyot, ou bien
ces planches lui étaient-elles livrées ainsi par d'autres artistes, Sergent par
exemple , pour être tirées en couleur ? Nous ne savons.
C'est ainsi qu'on voit :
Un Charlatan en costume turc, in-8 ;
Un Buste de femme, in-8 ;
Frise avec amours se balançant sur une guirlande de fleurs, in-8;
Le Baiser, — Bertrand et Raton , médaillons ronds ;
Vues de Paris ;
Une curieuse estampe , préparée au trait , et signée de Sergent , représentant
une foule d'acheteurs qui se pressent sur une place , autour d'un marchand de
marrons. Au-dessus du vaste parapluie qui sert d'auvent à ce marchand , est un
petit écriteau sur lequel on lit : Benoît , marronnier privilégié de S. A. S. Monsei-
gneur le Duc d'Orléans. L'estampe est de format in-4 ;
Etc., etc.
28. Quatre vues d'Athènes, d'après Pernet.
29. Vues des monuments et hôtels de Paris , d'après les dessins de
Sergent.
30. F" et 2""" Vues des environs de Rome, d'après Pernet, par Guyot,
membre de la commune des arts ; 2 p. en largeur.
. Ruine de la partie intérieure d'une basilique de Rome , — Ruine
l 'une galerie antique de Rome, 2 p. d'après H. Robert ; iu-fol.
II. 24
370 LES GRAVEURS DU XVIIP SIÈCLE.
32. l""^ et 2® Vues du golfe de Veoise, d'après Vernet ; 2 p. in-4 colo-
riées, publiées en Angleterre.
33. Le Temple de Mars , — le Temple de la Philosophie , 2 p. in-4 ,
d'après Pernet.
34. Vues des parcs de Londres et diverses vues d'Angleterre , d'après
Bélanger le Romain , série de pièces in-4.
35. Autres vues d'Angleterre, d'après le même ; in-8 rona.
36. Vues d'Angleterre , d'après Mérigot et autres.
37. Vues d'Italie, d'après Pérignon , gravées en HST ; in-4 en largeur.
38. Vue de Trianon , du côté du canal , d'après Sergent.
39. Uniformes des régiments de l'infanterie royale française , d'après
Berthelemie. — Guyot direxit ; in-8.
40. Cahier d'animaux, sur papier bleu ; in-4.
41. Douze Cahiers d'Arabesques, propres à la décoration des
appartements ; in-4 au lavis.
l^'' cahier, titre par Moreau , arabesques par Lavallée-Pousin. — 2^, d'après
LavaUée-Pousin. — 3*, d'après Watteau. — 4^ 5^, 6^, d'après Lavallée-Pousin.
— '^, d"après Voisin. — 8*, d'après Leclerc. — 9^, d'après Berthelot. — 10*, d'après
Leclerc. — 11*, d'après Berthelot. — 12^, décorations intérieures d'après Janneret.
42. Cris et Costumes de Paris , curieux recueil d'après les
dessins de "Watteau , de Lille.
43. Chapeaux et bonnets , gravures de modes. — Chez les Campion et
chez Gujot.
44. Action coiirageuse qui a méritée (sic) le prix à l'Académie d'Amiens
en 1786 , d'après Texier. — Action de Joseph Chrétien , qui a
remporté le prix à l'Académie française ,2 p. in-4 en largeur.
45. Clémence de Henri IV, d'après Delarive, de Lille, 1787 ; in-4. —
Humanité et bienfaisance de Louis XVI , d'après Debucourt (?) ;
in-4 en largeur.
GUYOT. 371
46. Traits de dévouement de Mgr. le duc d'Orléans ; novembre 1*787,
2 petites pièces rondes.
47. L'Œil du génie, ou les armes de M. Necker, allégorie in-fol.
d'après M. A. Croisier.
48. Etats- GÉNÉRAUX , 4 mai 89; deux médailles avec leur revers
sur une seule feuille : 1. Louis XVI sur son trône , un coq. —
2. Apollon , l'autel de la Concorde.
49. Liberté, — Égalité, 2 p. d'après Quéverdo ; in-8 rond.
50. Événements de la Révolution, jolies pièces in-4 ovale
en largeur.
Le 12 Juillet le Jardin des Thuilleries est souillé de l'odieuse présence du
Prince de Lambesc, lequel n'écoutant qu'une aveugle fureur, ose frapper do son
cimeterre la respectable et débille vieillesse.
Offrande des dames artistes et des citoyennes sur l'autel de la patrie.
Les Ghanoinesses de Maubeuge offrent un contrat de 147,000 livres sur le Roi.
Pmage des armes de l'hôtel des Invalides.
Vue de la Bastille prise des fossés St-Antoine.
V^ attaque du pont-levis de la Bastille.
Vue prise du second pont-levis de la Bastille.
De Launay, gouverneur de la BastiUe, pris et conduit à l'Hôtel-de- Ville.
Mort de FlesseUes.
Vue du jardin de la Bastille ou se promenaits (sic) quelques prisonniers. . .
Démolition de la BastiUe , gravée d'après nature , par permission de la ville.
Arrivée des femmes à Versailles, le 5 octobre 1789.
Arrivée du Roy à Paris le 6 octobre 1789.
51. Deux vues de la Bastille, et une vue de sa démolition, plus grandes
que celles citées plus haut.
52. Bas-relief de l'autel de la Patrie pour la Fédération, d'après Le Seur ;
in-4 en largeur, au lavis.
53. La Fuite à dessein ou le Parjure Louis XVL — Chez Guyot.
54. La Tour du Temple; in-4 , au lavis.
55. Vendémiaire, d'après Lagrenée jeune, pointillé de couleur. — Guyot
direxit ; in-8 ovale.
56. Translation de Michel Le Pelletier au Panthéon , — Translation de
Voltaire au Panthéon, bas-reliefs d'après Dutailly; in-fol.
57. Le Thermomètre du sans-culotte, d'après Caraffe,
in-fol. bistre. Guyot exe.
372 LES GRAVEURS DU XYIIF SIÈCLE.
58. Coronamento de Carlos IV, médaillon ovale , et son revers.
59. Clairval , rôle de Blondel dans Richard Cœur-de-Lion [Annales
des Théâtres de Paris,.
60. Delille, debout dans un paysage. — Fauveldel.; in-8.
61. Eosciusko; médaillon in-12.
62. Rousseau ( J.-J. ) , fait d'après nature à Ermenonville ; in-8.
A l'aspect de ces fleurs, des souvenirs touchants
Ont réveillé son âme et rajeuni ses sens.
Tout rappelle à son cœur les traits de sa Julie
Et les jours fortunés du printemps de la vie.
63 . Yo L T A 1 R E , en buste, dédié aux hommes libres , in-8 orné, au lavis.
PIEGES EN NOIR.
64. Portrait de Lantara , d'après Watteau fils, m6 ; in-4.
65. Vien; in-8.
66. Les Trois Sultanes. Roxelane dansant devant le Sultan,
tandis qu'une de ses rivales joue de la harpe et que la troisième
chante ; in-8 en largeur, forme de dessus de boîte. — D'après
Moreau.
6'7. Vignettes diverses.
Les vignettes gravées au burin par Guyot sont généralement détestables. —
L'ouvrage le plus sérieux auquel notre graveur ait collaboré est l'Histoire de
France de Moreau .
68. Planches au trait pour le Muse'e des Monuments français , par
Lenoir et Percier.
69. Armes des Grecs et des Romains, planches au trait.
Les HACKERT.
Les frères Hackert, tous trois peintres, dessinateurs
et graveurs de paysages, sont nés à Prentzlau , dans
le Brandebourg.
Jacques-Philippe Hackert, né en 1734 , élève de
N. B. Le Sueur de Berlin , voyagea dans les pays du
Nord et grava à l'eau-forte des suites de Vues de
Pomêranie et de Vile de Rugen (1763-64) , in-4 en
largeur. — Six Vues de Suède, in-4.
En 1765 , il se rendit à Paris où il travailla. On a
de lui à cette époque six Vu£S de Normandie. Puis ,
en 1766 , il partit pour l'Italie avec un de ses frères ,
Jean-Gottlieb , qu'il eut le chagrin de perdre à Rome.
La grandeur et la beauté des sites de la campagne
romaine élargirent sa manière. Installé à Tivoli , où
il avait une villa , il produisit beaucoup de tableaux ,
et en fait de gravures quatre Vues dit Royaume de
Naples , gravées à Rome en 1779, grand in-fol.
n avait à peindre pour l'impératrice de Russie la
destruction de la flotte turque , et l'on raconte que ,
pour lui donner l'idée exacte de l'explosion d'un
vaisseau , le comte Orloff lui offrit ce spectacle à
Livourne.
374 LES GRAVEURS DU XVIIP SIÈCLE.
En 1786, il fut appelé à Naples où il devint peintre
de paysages et de marines de la cour.
Charles Hackert, né vers 1740, voyagea en France,
en Italie et en Suisse où il se fixa. Il séjournait d'habi-
tude à Lausanne ou à Genève. Il a gravé des paysages
dans le goût d' Aberli : deux Vues prises à Evian ; —
deux Vues de la Vallée de Chamouny et de la Mer
de glace ; — deux Vues de la ville de Genève ; —
deux Vues de Nyon et de la Source de VArveyron.
Georges Hackert , dessinateur et graveur à l'eau-
forte, né en 1744, s'établit à Naples, comme marchand
d'estampes, en 1786. Il a surtout gravé d'après son
frère Jacques-Philippe avec lequel il habitait. — Vues
de Carpentras et Ruines de V Aqueduc de Fréjus ;
— deux Vues des Ruines de Narni ; — deux Vues
du Temple de la Sybille et du Tombeau de Plautius ;
— Vue de Caserte et Vue de Rome, prise du Monte-
Mario , très grand in-fol. en largeur ; — Vue de
Caslellamare et Vue de la rade de Naples ; — onze
Vues de la Sabine pour lesquelles il s'est fait aider
de Dunker, Eichler et Lorieux.
HAGEDORN (Christian-Louis de).
1717-'! 780.
Louis de Hagedorn, écrivain d'art et graveur à
l'eau-forte, frère du poète Frédéric de Hagedorn , est
né à Hambourg le 14 février 1713. Tout en suivant la
carrière de la diplomatie, il se délassa de ses travaux,
dans les diverses capitales oii il résida, par l'étude et
la culture des arts, et le commerce des artistes. Ses
Réflexions sur la Peinture passent en Allemagne
pour un chef-d'œuvre, et Winckelraann a écrit que la
Saxe ne pourra assez reconnaître ce qu'il a fait pour
les arts pendant qu'il occupait le poste de Directeur
de l'Académie des Beaux-Arts de Dresde.
Hagedorn a été surnommé le Gaylus allemand. Ses
petits paysages sont gravés d'une pointe très fine et
dans un joli sentiment de la nature. Il est mort à
Dresde le 24 janvier 1780.
1. 24 feuilles de Paysages, datés de n43-45 ; in-12 en largeur.
2. 12 feuilles de Paysages plus grands (n44) ; in-8 en largeur.
3. 6 feuilles de têtes de caractère et charge, en tout 1 pièces in-12.
sous le titre d'Essais (1744).
4. 6 feuilles d'Études et télés de caractère (1744) ; in-12.
^. 6 feuilles de Nouveaux Paysages (1765) ; in-12 et in-8.
HALBOU (Louis-MiGHELj.
nso-is...
Louis-Michel HaLbou . né en 1730, élève de Dupuis,
a gravé quelques bonnes estampes ; il fait aussi partie
de la vaillante phalange des graveurs de vignettes ; à
ce double titre , il mérite quelque attention. Nous ne
détaillerons pas ici son œuvre , dont le catalogue qui
va suivre donnera une idée suffisamment exacte, nous
dirons seulement que pour juger Halbou sur ses meil-
leures pièces , il faut avoir sous les yeux le Lever,
d'après Moreau, estampe qui inaugure dans le Monw-
tneni du Costume la série dite « du petit-maître » ou
mieux encore V Inspiration favorable d'après Frago-
nard, et son pendant le Message?^ fidèle d'après Lallie,
le Gascon puni d'après Fragonard , pour les Contes
de La Fontaine in-4 de Didot , et les figures et fleu-
rons de Marillier pour les Épreuves du sentiment
de Baculard d'Arnaud , qui supportent sans faiblir la
comparaison avec les vignettes gravées par les maîtres
du genre, les De Ghendt et les De Longueil.
Halbou était de son temps un graveur estimé , la
preuve en est dans le prix qu'on lui payait ses travaux.
Une quittance que nous avons retrouvée et qui est
datée du 19 mai 1792 , nous apprend qu'une planche
HALBOU. 377
du Musée français, la Madeleine dans la retraite, de
Van de Vers , lui fut payée par Laurent 1600 livres ,
somme considérable pour l'époque.
L'adresse de notre graveur est chez Halbou mar-
chand de Paî'asol (sic) rue de la Comédie-française
au Soleil d'or, et rue du Fouarre , maison de
M. Maillard , procureur au Parlement.
ESTAMPES.
1 . Les Enfants du fermier, d'après Boucher ; in-fol. en largeur.
2. Le Sultan, — la Sultane ; 2 p. in-4 d'après Colson.
3. Le Galant boulanger, — la Jeune aubergiste; 2 p. in-4 d'après
Coquelet.
4. L'Amour en ribotte , — les Dragons de Vénus ; 2 p. in-fol. d'après
F. Eisen.
5. L'Attente du moment, — le Plaisir malin; 2 p. in-fol. d'après
F. Eisen.
6. L'Appât trompeur, — l'Ingratitude; 2 p. in-fol. d'après F. Eisen.
T. Le Beau Commiss.mre , — la Jolie Charlatane; 2 p.
iu-fol. d'après F. Eisen.
8. L'INSPIRATION FAVORABLE, d'après Fragonard , — LE
MESSAGER FIDÈLE, d'après Lallie ; 2 p. in-fol.; portraits
de femmes dans des encadrements ornés, formant pendant.
9. Le Sultan galant, — la Sultane fvvorite, 1763;
2 p. in-fol. d'après Jeaurat , dédiées à M. Rigoley de Juvigny.
10. LE LEVER, d'après Moreau ; in-fol. [Monument du Costume).
11. L'Aventure fréquente, d'après Schenau , — lk Temps
perdt , d'après P.-A. Wille ; 2 p. in-fol. formant pendant.
378 LES GRAVEURS DU XYIIF SIECLE.
12. LA CRÉDULITÉ SANS RÉFLEXION, mo , — LES
INTRIGUES AMOUREUSES, mi ; 2 p. in-fol. d'après
Schenau.
13. La Musicienne des Alpes, d'après Schenau ; in-4.
Soit que je joue ou que je chante
Rien ne me plaît sann mon amant ,
Mais près de lui je suis contente
Quand il touche mon instrument.
14. Le Flûteur champêtre , d'après Grimoux ; pendant de la pièce
précédente.
Dans ma rustique mélodie
Je yoûte un plaisir bien flatlemr,
Puisque j'entends dire à Silvie
Que ma flûte va droit au cœur.
Quelque? autres pièces : la Cuisinière amoureuse de Moni, et le Buveur trop
grave d'après F. Mieris ; la Toilette du Savoyard d'après Morillos; planches pour
le Cabinet Poullain , la Galerie d'Orléans , le Musée français.
VIGNETTES.
15. Vignettes d'après Cochin pour VIconologie, Emile (eaux-fortes par
Duclos), et le Rousseau de Defer de Maisonneuve.
16. LE GASCON PUNI, d'après Fragonard ; in-4 {Contes de La
Fontaine).
n. Vignettes d'après Freudeberg pour l'Heptame'ron; 35 p. in-8.
18. Illustrations d'après Le Barbier pour les Œuvres de J.-J. Rousseau,
in-4 ; — les Œuvres de Gessner ; — les Idylles de Berquin ; —
Xe'nophon ; — les Liaisons dangereuses in- 12 ; — les Nouvelles
historiques de B. d'Arnaud ; — Racine ; — les Lettres d'une
Péruvienne ; — les Idylles de The'ocrite ; — Don Quichotte : —
la Jérusalem délivrée.
19. Incendie de New-York, — La Balle a frappé son amante ; 2 p. in-8
d'après Le Barbier.
20. Républicains français, voilà votre modèle l vignette in-8 d'après
Le Barbier.
HALBOU. 379
21. Jeune Dame à sa toilette , vignette in-8 d'après Le Clerc, pour les
Quatre Heures de la toilette des dames.
22. Ah l que c'est bête I par M. Timbré (le marquis de Saint-Chamond) ;
Berne, de l'imprimerie des frères Galembourdiers, 1766, in-8. —
Frontispice d'après Marillier.
23. Vignettes et fleurons pour les ÉPREUVES DU SENTIMENT de
Baculard d'Arnaud ; in-8, d'après Marillier.
Erraance, — Germeuil, — Makin, — Daminville, — Henriette et Chariot. —
Ce sont de très bonnes pièces, les fleurons surtout.
24. Illustrations d'après Marillier pour : Œuvres de Poullain de Saint-
Foix ; — Œuvres de Pope ; — VOracle ; — les Preneurs^ par
Dorât ; — Tangu et Félime ; — Œuvres de Le Sage ; — Œuvres
de l'abbé Prévost ; — Cabinet des Fées ; — la Bible.
25. Illustrations d'après Moreau pour le Voltaire de Kehl ; — le Plu-
tarque de Cussac ; — V Histoire de France ; — Paul et Virginie ;
— Jehan de Saintré; — le Précis de la Révolution ( Prise de la
Bastille); — Regnard; — Psyché, in-4 , deDidot; — Lettres
d'Héloïse et d'Abailard ; — Gessner ; — le Voltaire de Renouard.
26. Nombreuses figures pour le Nouveau Testament , d'après Moreau.
27. Figures d'après Saint-Quentin pour la Folle Journée \ — d'après
Borel pour Regnard et les Idylles de Berquin ; — d'après Perrin
pour la Pharsale ; — d'après Garnier pour Racine ; — d'après
Regnault pour le Temple de Gnide ; — d'après Zocchi poui- Vir-
gile ; — d'après M^Ue Gérard et Demarne pour Faublas ; — d'après
Monsiau pour le Rousseau de Defer de Maisonneuve ; — etc.
28. Fleuron pour les certificats délivrés par Maillet de Clairon , commis-
saire chargé des affaires de la marine et du commerce de France
en Hollande.
29. Jeune mère allaitant son enfant , un jeune homme lui baise la main ;
— Un jeune homme surpris aux genoux d'une jeune femme ;
2 jolies vignettes in-12 , signées L. H.
Dans l'oeuvre du Cabinet des Estampes, on trouve, signées Balbou, plusieurs
pièces de la suite du Télémaque de Monnet et Tilliard.
En fait de portraits, Halbou n'en a gravé que quelques-uns suns importance;
Couturier de Pournoire, J.-F. de Troy, le médecin Astruc, Démosthène, frontispice
d'après Monnet.
HALLE (Noël).
1711-1781.
Noël Halle, peintre et graveur, né à Paris le 2 sep-
tembre 1711, était le fils du peintre de sujets religieux
Claude Halle. Il fut envoyé à Rome comme pension-
naire du roi et c'est pendant son séjour qu'il grava
les deux eaux -fortes suivantes : Antiochus pansé
après sa chute , 1738 , et Antiochus tombant de son
char, 1739, in-8 en largeur.
A trente-deux ans de distance, Halle produisit encore
une autre estampe , V Adoration des Bergers , très
grand in-fol. Halle inv. pinxit et sculpsit 1771. C'est
une belle eau-forte du peintre , qui conservait pour lui
et ses amis le souvenir du tableau destiné à l'église de
Roye en Picardie.
Baudicour catalogue encore la Vierge; — le Martyre
de St Hippolyte ; — deux charmantes pièces faisant
pendant , VÈtè et l'Hiver ; — le Bon ménage et la
Leçon de lecture.
Le Blanc cite une Femme assise dans un jardin ,
le Savoyard et la Savoyarde.
Halle retourna plus tard à Rome, mais en qualité de
directeur de l'Académie de France. 11 est mort à Paris
le 5 juin 1781.
HAUSSARD (Jean
4696-
Jean Haussard, né à Paris vers 1696, et qui demeu-
rait rue St-Jacques au coin de la rue de la Parche-
minerie, puis rue du Piastre, a exécuté pour le recueil
de Grozat : Jupiter etSémélé, la Création d'Eve,
d'après Jules Romain ; Jésus chassant les vendeurs
du Temple, d'après Manfredi ; Assemblée de buveurs,
d'après le même ; le Frappement du rocher, d'après
Romanelli ; le Mauvais riche , d'après D. Feti ; la
Vertu , sujet allégorique d'après Girolamo Siciolante ;
la Vierge et V enfant Jésus , d'après G. de La Fosse ;
Pan et Syrinx , d'après Gourtin.
Nous relevons encore dans l'œuvre de Jean Haussard
des estampes dans le goût du siècle : les Amusements
champêtres, d'après La Hyre, 2 pièces ; — le Bain de
pieds et la Pêche , sujets en hauteur d'après Jacques
Gourtin , et , d'après le même, les Deux galants et la
Musique, pièces en largeur.
Le Manuel cite à l'article de Haussard : une Vieille
femme comptant son argent et un Vieillard se
reposant sur un fauteuil , d'après Téniers ; Jupiter
cède Thétis à Pelée , d'après Sophie Ghéron ; la
Résurrection, d'après J. Andray; des planches pour
382 LES GRAVEURS DU XVIIF SIÈCLE.
le Sacre de Louis XV \ enfin, d'après Charles Goypel,
Don Quichotte prend une paysanne pour Dulcinée.
Elisabeth Hatjssard , vraisemblablement la fille de
Jean, eut la spécialité de graver, dans la seconde moitié
du siècle , ces cartouches historiés dans lesquels on
inscrivait les titres des cartes géographiques ; beaucoup
de ces ornements étaient fort élégants , et on recon-
naîtra avec nous qu'ils donnaient fort bon air aux
atlas de cette époque. On sait que Ghoffard en a com-
posé beaucoup, et d'assez fière allure ; le graveur
Arrivet en a dessiné et gravé de très jolis pour les
cartes du S'' Bonne ; quant à Elisabeth Haussard , on
lui doit presque tous les cartels de V Atlas de Robert
de Vaugondy , dont beaucoup sont de Chofiard pour
le dessin , et bon nombre de ceux de Y Hydrographie
française de Bellin.
Elisabeth Haussard a gravé des planches d'oiseaux
d'après de Sève pour YHisioire naturelle de Buffon.
De Catherine Haussard , nous connaissons un por-
trait de Jacques Tillot , in-fol. d'après Du Four, et des
planches d'oiseaux d'après de Sève.
HEINEGKEN (Charles-Henri de).
'•706-'n92.
Charles-Henri de Heinecken naquit à Lûbeck en
1706 , et de bonne heure eut un goût prononcé pour
l'étude, à ce point que ses parents avaient beaucoup
de peine à l'empêcher de travailler la nuit. Il était
le frère aîné d'un enfant prodige qui avait su parler
en naissant et qui mourut à cinq ans , connaissant
outre sa langue maternelle , le latin , le français ,
l'histoire , la Bible. L'alchimiste Schôneich , ami de
la maison , s'occupait beaucoup de ce dernier et
ne pouvait souffrir le frère aîné , qui de son côté ,
rapporte la Biographie universelle . voyant tous les
écus de son père passer dans le creuset , avait conçu
pour Schôneich la même antipathie , et par ses
espiègleries lui fit manquer plusieurs expériences
chimiques.
« Forcé par son père de passer toute une nuit auprès
» d'une retorte jusqu'à ce que la matière qu'elle conte-
» nait se teignît en noir, Heinecken voulut accélérer
» ce bienlieureux moment ; en conséquence il vida
» son encrier dans la retorte et appela ensuite son
» père et Schôneich. La joie des deux alchimistes le
» réjouit d'abord beaucoup , mais bientôt la ruse fut
384 LES GRAVEURS DU XVIIF SIECLE.
» découverte , le jeune profane fut puni sévèrement
» et pour toujours exilé du laboratoire. »
Heinecken étudia le droit à Leipsick , poursuivit ses
études à Dresde et fut ensuite attaché en qualité de
secrétaire de confiance au comte de Briihl , premier
ministre d'Auguste III , roi de Pologne et grand ama-
teur et collectionneur de tableaux.
Il reçut aussi des lettres de noblesse de l'Electeur
de Pologne et de Saxe et fut chargé de difiérentes
missions diplomatiques. Heinecken s'occupa de faire
graver la Galerie de tableaux du comte de Brûhl
son protecteur (1754) , et fit placer en tête de cet
ouvi'age le portrait du comte par Balechou. Ce travail
servit , comme il le dit , de pierre de touche pour
éprouver les talents des graveurs avant de les em-
ployer à l'entreprise de la Galette de Dresde.
En 1746, Heinecken avait été chargé par Auguste III
de la direction du salon d'estampes et des galeries de
peinture de Dresde, qu'il conserva pendant dix-sept
ans. C'est alors que , encouragé par son souverain
et par le comte de Briihl , il entreprit à ses frais le
magnifique recueil d'estampes gravé d'après les plus
beaux tableaux de la Galerie de Dresde. Il fit appel
aux meilleurs graveurs de l'époque , allemands ,
hollandais , italiens et surtout français , fit venir les
uns à Dresde, envoya aux autres des dessins exécutés
avec soin d'après les peintures et arriva à faire de
ce magnifique ouvrage l'un des plus beaux monuments
qu'on ait élevés aux arts réunis de la gravure et de
la peinture. Une pareille entreprise n'avait pas été
sans occasionner de grandes dépenses , qui auraient
entraîné la ruine complète de Hemecken , si le roi
HEINECKEN. 38o
n'était venu à son secours , malgré le désordre de
ses finances , en rachetant les planches gravées de la
Galerie et sa collection particulière d'objets d'art et
d'estampes qui allèrent se fondre dans le musée de
Dresde.
C'est cette réunion d'estampes formée sous sa
direction , qu'Heinecken essaya de décrire dans son
livre bien connu, orné de reproductions de pièces
rares, Vidée générale d'une collection complette d'Es-
tampes, avec une dissertation sur l'origine de la gra-
vure , Leipsick et Vienne (1771) , in-8. Auparavant
Heinecken était venu à Paris avec sa femme et son
fils et avait passé une partie des années 1769-70 à faire
des recherches au Cabinet des Estampes.
Il est fort regrettable que les circonstances aient
arrêté la publication du Dictionnaire des artistes-
graveurs, presque à son début. Passant en revue
dans la préface les iconographes qui l'ont précédé, à
commencer par l'abbé de MaroUes, Heinecken ajoute :
« Qu'il me soit permis de me mettre aussi dans cette
» liste ! Ayant formé la belle collection de feu S. M.
» le Roi de Pologne Electeur de Saxe qui se trouve
» à Dresde , ayant vu dans mes voyages plusieurs
» cabinets et nombre de recueils d'estampes , ayant
» eu le bonheur de profiter des lumières du célèbre
» Mariette , du savant comte Zanetti et de l'illustre
» prélat Bottari , tous trois décédés depuis quelque
» temps et regrettés par tous les amateurs , ayant
» été guidé et aidé à Paris dans mes recherches par
» M"" Cochin et principalement par M*" Joly de l'amitié
» duquel je ne puis assez me louer, ayant joui du
» cabinet de M'' Richter à Leipsig , pouvant compter
n. 25
386 LES GRAVEURS DU XVIII« SIECLE.
ï> sur les conseils de M'' Winckler de la même ville,
» de M'' Grusius à Dresde et sur quantité d'autres
» amis dans différents endroits de l'Europe , je me
» flatte d'être en état de contenter, ne fut-ce qu'en
» partie, les curieux d'estampes par le présent ouvrage,
» dans lequel j'ai ramassé tout ce que j'ai pu déterrer
» dans ce genre. »
Heinecken, après avoir vendu sa collection, se retira
dans sa terre d'Atldôbern en Basse-Lusace , que lui
avait donné le comte de Briilil et où il mourut le 5
décembre 1792. Son caractère était remai'quable par
une grande simplicité. Il était peu communicatif mais
toujours prêt à rendre service.
Son fils Charles-Frédéric , prit , pendant le séjour
de son père à Paris, des leçons de gravure d'Augustin
de Saint-Aubin. Quelques-uns de ces essais ont sur-
vécu , comme une frise représentant des Amours
qui pèchent (1770) , une Bergère (1773) , un Paysage
d'après Dietrich (1773) , mais surtout deux portraits,
gravés d'après les dessins d'A. de Saint- Aubin en 1770.
Le sien d'abord, C. F. de Heinecken, tout jeune, avec
ses yeux à fleur de tête et son nez retroussé , et celui
de sa mère M'"^ de Heinecken [dulcissimœ Tnatris
imaginem filius ohsequens aqua-forii expy^essil) ,
in-4 , de profil. Il faut reconnaître , à notre avis , dans
ces deux pièces, sinon la touche, du moins la retouche
de Saint-Aubin.
LILLE. IMPRIMERIE L. DANEL.
NE Portails, Roger
95 Les graveurs du dix-hultlème
P6 siècle
t. 2
ptie.l
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