Skip to main content

Full text of "Les graveurs du dix-huitième siècle"

See other formats


^n 


LES 


GRAVEURS 


DU 


DIX-HUITIÈME    SIÈCLE 


TOME    SECOND 

PREMIÈRE   PARTIE. 


LES 


GRAVEURS 


DIX-HUITIÈME  SIÈCLE 


LE     BARON     ROGER     PORTALIS 


ET 


HENRI     BERALDI 


TOME    SECOND 


PHEMIERE   PARTIE. 


PARIS 
DAMASCÈNE  MORGAND  et  CHARLES  FATOLT 

55,    PASSAGE    DES    PANORAMAS,    55 

1881 

Tous  droits  réservés. 


NE 

Pg 
t.z 


f 


t.'é.    / 


LES 

GRAVEU  RS 

DU 

DIX-HUITIÈME  SIÈCLE. 


Les    DREVET. 

1663-1781. 


Le  nom  des  Brevet  est  l'une  des  gloires  de  la  gra- 
vure française.  Elevés  dans  la  tradition  des  Audran  , 
les  Brevet  ont  été,  à  la  fin  du  XVIP  siècle  et  au  com- 
mencement du  XVIIP,  les  plus  remarquables  repré- 
sentants de  la  gravure  de  portrait ,  qu'ils  ont  portée  à 
un  degré  de  perfection  qu'on  ne  saurait  dépasser. 

Pierre  Brevet  le  père  naquit  à  Loire ,  près  de 
Condrieu ,  dans  l'ancien  Lyonnais ,  d'Etienne  Brevet 
et  de  Catherine  Charnou,  le  20  juillet  1663.  Ayant  des 
parents  dans  le  commerce ,  à  Lyon ,  il  dut  y  venir 
pour  sa  première  éducation ,  et  les  relations  de  sa 
famille  avec  celle  des  Audran  qui  résidait  dans  cette 
ville  facilitèrent  ses  dispositions  naissantes. 

11  reçut  dans  l'atelier  de  Germain  Audran  les  pre- 
mières leçons  ;  c'est  de  là  qu'il  partit  pour  aller  se 
II.  1 


2  LES    GRAVEURS    DU    XVlir    SIECLE. 

perfectionner  à  Paris  auprès  du  célèbre  Gérard 
Audran,  frère  cadet  de  son  premier  professeur,  et 
l'un  des  maîtres  d'alors  en  l'art  de  la  gravure. 

Pierre  Drevet  sentit  bientôt  combien  de  solides 
études  de  dessin  étaient  nécessaires  pour  la  pratique 
assurée  et  magistrale  de  la  gravure  ,  et  sur  l'avis  que 
dut  évidemment  lui  donner  Audran  lui-même ,  il  alla 
demander  au  grand  peintre  Hyacinthe  Rigaud  les  con- 
seils de  son  expérience  et  les  leçons  de  son  exemple. 

Le  choix  de  ce  maître  décida  certainement  la  voca- 
tion de  Drevet  pour  la  gravure  de  portraits ,  genre 
dans  lequel  il  devait  exceller.  C'est  d'après  lui .  en 
effet ,  que  sont  exécutés  ses  premiers  ouvrages  : 
Pierre  -  Vincent  Berlin  ,  gravé  en  1688  (  Drevet 
avait  alors  vingt-cinq  ans  )  ;  la  femme  du  sculpteur 
Des  jardins  ;  Madame  Relier  (1689),  femme  du  Suisse 
Relier,  fondeur  de  la  statue  de  la  place  des  Victoires  , 
Maximilien  Titon,  secrétaire  du  roi  aux  finances 
(1690)  ;  enfin  le  jeune  et  élégant  duc  de  Lesdiguières 
(1691) ,  dont  on  admire  encore  au  Louvre  la  peinture 
originale.  Le  portrait  de  sa  mère,  Paule-Françoise 
de  Gondy,  duchesse  de  Lesdiguières,  gravé  dans  le 
format  des  Bonnart ,  sa  jeune  chatte  Menine  sur  les 
genoux,  doit  dater  du  même  temps.  Elle  tient  un 
volume  à  la  main ,  ce  qui  rappelle  son  goût  pour  les 
beaux  livres  :  les  bibliophiles  connaissent  bien  en 
effet  et  retrouvent  avec  plaisir  les  masses  d'armes 
des  Gondi ,  entourées  de  la  cordelière  de  veuve  ,  sui' 
les  épaves  de  la  belle  bibliothèque  qui  appartenait  à  la 
duchesse.  Plus  tard  ,  la  tête  de  ce  portrait  a  été  refaite 
par  Duflos,  pour  VHistoi7^e  de  la  Maison  de  Gondy. 

A  l'époque  où  ces  divers  portraits  ont  été  exécutés  , 


DREVET.  3 

Brevet  était  encore  attaché  à  l'atelier  de  Gérard 
Audran ,  qui  éditait  ses  planches.  Mais  à  partir  de 
l'année  1692,  se  sentant  capable  de  voler  de  ses  propres 
ailes,  il  s'établit  chez  lui,  rue  Saint-Jacques  au  point 
de  France  attenant  Saint  -  Séverin  ;  c'est  là  qu'il 
publia  le  portrait  de  Louis  XIV  d'après  Poërson. 

En  1695 ,  Pierre  Drevet  se  maria  et  épousa  Marie- 
Anne  Béchet,  dont  la  sœur  devint  la  femme  du  libraire 
Imbert  de  Batz.  L'année  suivante  ,  le  graveur  produi- 
sait le  Louis  XIV  à  mi-corps,  d'après  Rigaud,  portrait 
commandé  par  les  Etats  de  Provence ,  lequel  se  ven- 
dait chez  lui  rue  du  Foin  *,  et  qui  lui  valut  d'être 
nommé  graveur  du  roi. 

A  partir  de  cette  époque ,  les  beaux  portraits  suc- 
cèdent aux  beaux  portraits  :  en  1696 ,  Antoine  Ar- 
nauld ,  le  Cardinal  de  Bouillon ,  le  Cardinal  de 
Noailles ,  archevêque  de  Paris;  en  1697,  J.-F.  de 
Montholon  ;  en  1698 ,  l'avocat  au  Parlement  Joly  de 
Fleury,  CathetHne  de  Mailly ,  et ,  d'après  une  pein- 
ture du  francomtois  Revel ,  Pierre  Paillot ,  l'auteur 
de  la  Parfaite  science  des  armoiries.  En  1698  égale- 
ment ,  le  président-bibliophile  Lambert  de  Thorigny, 
dont  la  fastueuse  demeure  existe  encore  aujourd'hui  ; 
vers  le  même  temps,  sa  femme,  Marie  de  Laubespine, 
majestueuse  dans  son  riche  costume  couvert  de  bijoux; 
enfin ,  en  1701,  Madame  la  présidente  de  Motteville, 
leur  fille. 

Bien  que  Drevet  ait  gravé  quelques-uns  de  ses 
ouvrages  d'après  d'autres  peintres  que  Rigaud  ,  ainsi 


1  On  ne  connaît  qu'une  seule  épreuve  en  premier  état  avec  l'adresse 
rue  St-Jacques  :  elle  est  à  Vienne  ,  à  la  collection  Albertine  (Didot). 


4  LES   GRAVEURS    DU    XVIll'    SIÈCLE 

par  exemple  Jouvenet,  Largillière  et  de  Troy,  on 
peut  dire  cependant  que  c'est  à  ce  maître  qu'il  est 
resté  le  plus  exclusivement  fidèle,  puisqu'on  peut  citer 
jusqu'à  quarante-et-un  morceaux  exécutés  d'après  ses 
peintures.  11  a  même  gravé  deux  portraits  àeRigaud, 
l'un  dit  à  la  palette,  en  1700 ,  assez  médiocre,  par 
parenthèse  ;  l'autre  en  1721 ,  dit  au  porte-crayon ,  et 
qui  est  de  meilleure  qualité,  Celui  de  la  mère  du 
peintre,  MatHe  Serre  ,  est  l'un  des  trois  portraits  que 
Rigaud  avait  été  faire  à  Perpignan  ,  de  face  ,  de  profil 
et  de  trois  quarts ,  afin  de  donner  plus  de  facilité  au 
sculpteur  Coysevox  pour  exécuter  le  buste  en  marbre 
qui  devait  faire  l'ornement  de  son  cabinet. 

Le  commencement  du  XVIIP  siècle  est  le  moment 
le  plus  brillant  de  Pierre  Drevet.  Les  portraits  do 
Félibïen  des  Avaux ,  garde  des  antiques  du  roi ,  de 
Jacq.  Nie.  Colbert ,  archevêque  de  Rouen ,  du  pré- 
sident de  Mesme ,  du  graveur  Fra^içoïs  de  Poilly, 
sont  de  ce  temps.  En  ce  qui  concerne  ce  dernier 
portrait ,  dont  la  tête  seule  a  été  terminée  par  Drevet , 
Mariette  rapporte  la  pai'ticularité  suivante  :  «  RouUet 
»  avait  commencé  de  le  graver  par  un  motif  de  recon- 
»  noissance,  et  il  en  vouloit  faire  un  présent  aux  enfants 
»  de  Poilly,  son  ancien  maistre  ;  mais  il  mourut  sur  cet 
»  ouvrage  et  le  laissa  imparfait.  P.  Drevet  se  chai'gea 
»  de  le  rachever  et  le  voulut  aussy  faire  gratuitement  ; 
»  l'on  reconnoist  aisément  son  travail  dans  la  per- 
»  ruque  et  dans  plusieurs  parties  de  la  teste.  » 

Puis  viennent  :  le  Prince  de  Conti ,  portrait  gravé 
lors  de  son  départ  comme  prétendant  au  trône  de 
Pologne;  le  Grand-Dauphin;  Louis  Phèlypeaux, 
marquis  de  La  Vrïlliere  ;  le  jeune  roi  d'Espagne 


DREVET.  8 

Philippe  F,  d'après  de  Troy  ;  le  portrait  du  Marquis 
de  Dangeau ,  où  le  courtisan ,  augustement  drapé 
dans  un  vaste  manteau  fleurdelisé ,  se  donne  tous  les 
airs  du  Grand  Roy. 

Brevet  est  en  possession  ,  on  le  voit ,  de  graver  les 
plus  grands  personnages.  Voici  encore  le  Prince  de 
Lombes,  duc  du  Maine  ;  la  note  manuscrite  que  porte 
l'épreuve  du  Cabinet  des  Estampes  relate  que  le  duc 
d'Orléans  fit  casser  cette  planche  ,  parce  que  la  cou- 
ronne sur  laquelle  le  jeune  prince  légitimé  appuie  sa 
main  est  une  couronne  fermée.  Drevet  grava  deux 
autres  portraits  du  môme  personnage.  Celui  d'après 
de  Troy,  de  format  grand  in-folio  ,  est  de  la  plus  large 
facture. 

L'Académie  royale  de  peinture  admit  Drevet  comme 
agréé  en  1703  (le 28  septembre),  et  en  1707  (le 27  août) 
il  fut  reçu  académicien.  C'est  en  cette  qualité  et 
pour  l'Académie  qu'il  a  gravé  l'admirable  portrait  de 
Robert  de  Cotte,  premier  surintendant  des  bâtiments 
du  roi ,  travail  qui  ne  fut  terminé  qu'en  1722. 

Drevet  a  aussi  exécuté  un  certain  nombre  de  por- 
traits d'écrivains  célèbres,  destinés  à  orner  les  éditions 
de  leurs  œuvres;  mais,  accablé  de  travaux  importants 
et  obligé  d'en  accepter  de  toutes  mains  en  sa  qualité 
d'éditeur  d'estampes  ,  il  dut  se  faire  aider  quelquefois 
par  Michel  Dossier,  François  Chéreau  et  Simon 
Vallée ,  ses  élèves.  Des  trois  portraits  de  Boileau 
Despréaux ,  celui  de  1706 ,  seul ,  peut  être  considéré 
comme  un  ouvrage  digne  du  maître  ;  les  deux  autres 
sont  très  inférieurs  à  son  talent,  ainsi  qu'un  petit 
portrait  de  La  Bruyère  qu'on  rencontre  rarement 
d'ailleurs  en  bonnes  épreuves.   Celui  de  VAbbé  de 


6  LES    GRAVEURS   DU    XYIII^   SIECLE. 

Rancè  ne  vaut  guère  mieux ,  mais  il  a  le  mérite  de 
rappeler  le  curieux  subterfuge  dont  se  servit  le  duc 
de  Saint-Simon  pour  avoii"  le  portrait  de  son  ami  qui 
ne  voulait  pas ,  par  humilité ,  laisser  reproduire  ses 
traits.  Saint-Simon  détermina  Rigaud ,  après  beaucoup 
de  prières,  à  aller  s'enfermer  avec  lui  pendant  quelques 
jours  à  la  Trappe.  Après  s'être  imprégné ,  pour  ainsi 
dire ,  des  traits  du  saint  homme  ,  il  fit  de  lui ,  par  un 
effort  de  mémoire ,  un  portrait  qui ,  au  dire  de  ceux 
qui  ont  connu  l'original,  était  frappant  de  ressem- 
blance. 

Si  parfois ,  à  cette  époque .  l'artiste  s'endort ,  il  a 
aussi  des  réveils  superbes.  Quoi  de  plus  merveilleux  , 
en  effet,  dans  l'art  de  la  gravure,  que  le  buste-portrait 
de  la  Duchesse  de  Nemours  (1707),  souveraine  de 
Neuchâtel.  Tout  concourt  dans  cet  ouvrage  à  la  splen- 
deur de  l'effet  produit  :  la  dignité  du  modèle  ,  le  génie 
du  peintre  comme  le  talent  du  graveur.  C'est ,  à  coup 
sûr,  un  des  morceaux  les  plus  achevés  de  Brevet ,  et 
qui  n'a  peut-être  de  supérieur  en  mérite  que  celui  des 
deux  portraits  du  Comte  de  Toulouse  qui  porte ,  en 
premier  état ,  deux  ancres  dans  les  armoiries  ,  et  qui 
est  si  magnifique  de  fierté  et  de  jeunesse. 

C'est  en  1712  qu'il  termina  son  œuvre  la  plus  impor- 
tante ,  le  portrait  en  pied  de  Louis  XTV  * ,  planche 
gravée  par  ordre  du  roi  et  dont  une  épreuve  était 
conservée  dans  son  cabinet,  ainsi  que  le  constate 
Mariette.  On  sait  par  Van  Hulst  que  ce  portrait  fut 
peint  par  Rigaud  pour  être  donné  au  roi  d'Espagne 


1  Le  portrait  original  peint  par  Rigaud  en  1701  se  trouve  actuelle- 
ment au  Musée  du  Louvre. 


DREVET.  : 

par  son  grand-père ,  mais  la  ressemblance  fut  trouvée 
si  parfaite  que  Louis  XIV  en  fit  faire  une  copie  qu'il 
envoya  et  conserva  l'original  à  Versailles. 

Plus  tard ,  en  1724 ,  Pierre  Brevet  exécuta ,  aidé 
cette  fois  par  son  fils  ,  le  pendant  de  ce  portrait ,  celui 
àe  Louis XV,  et  c'est  à  propos  de  ces  deux  importantes 
planches  que  Mariette  a  écrit  :  «  Les  deux  grands 
»  portraits  de  Louis  XIV  et  de  Louis  XV  qu'il  a  gravés 
»  pour  Sa  Majesté  et  par  son  ordre,  sont  exécutés  avec 
»  un  soin  et  un  détail  dont  peu  de  maîtres  auroient 
»  été  capables.  Aussy  cet  artiste  étoit-il  doué  d'une 
»  patience  infinie,  et  pourveu  qu'il  parvint  au  but  qu'il 
»  s'étoit  proposé ,  il  se  mettoit  peu  en  peine  du  temps 
»  qu'il  lui  en  coiîtoit  et  du  travail  souvent  rebutant 
»  qu'il  lui  falloit  essuyer.  » 

Les  derniers  travaux  de  Pierre  Brevet  furent  le 
portrait  du  roi  de  Pologne  Frédéric-Auguste  III  et 
celui  de  Louis  de  Boullongne  ;  il  mourut  le  9  avril 
1738 ,  précédant  de  quelques  mois  dans  la  tombe  son 
fils  Pierre-Imbert ,  qui ,  bien  que  gravement  atteint 
lui-même,  comme  nous  le  verrons  tout-à-l'heure,  avait 
pu  assister  à  son  enterrement  et  signer  l'acte  de  décès. 

Bans  les  derniers  temps  de  sa  vie ,  il  arriva  souvent 
à  Pierre  Brevet  d'appeler  son  fils  à  collaborer  avec 
lui ,  et  il  est  difficile  ,  impossible  même  de  distinguer 
la  part  de  l'un  et  de  l'autre  dans  l'exécution  d'un 
certain  nombre  de  portraits. 

Ce  fils  unique,  Pierre-Imbert  Brevet,  naquit  à 
Paris  ,  rue  du  Foin  ,  le  22  juin  1697,  et  eut  pour  par- 
rain son  oncle ,  le  libraire  Imbert  de  Batz.  Tous  les 
auteurs  ont  rapporté  comme  preuve  de  la  précocité  de 


8  LES   GRAVEURS    DU    XVIIF    SIECLE 

son  talent  qu'il  grava  à  l'âge  de  treize  ans  une  estampe 
«  qui ,  dans  bien  des  parties  ,  peut  faire  le  désespoir 
»  des  graveurs  consommés  ».  On  a  été  tenté  quelque- 
fois de  voir  cette  pièce  dans  le  portrait  de  LillienstecU 
(1710) ,  mais  ceci  n'est  rien  moins  que  sûr. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  grâce  à  la  précoce  habileté  du 
jeune  artiste,  les  ouvrages  du  père  et  du  fils  se  con- 
fondent de  bonne  heure.  Ainsi ,  lequel  des  deux  faut-il 
louer  pour  les  portraits  de  Camus  de  Pontcarrè ,  du 
Cardinal  de  Rohan  et  de  Dodun ,  M'*  d'Herbault  ? 
Mariette  les  croit  exclusivement  de  Brevet  père,  ainsi 
que  le  portrait  en  pied  de  Louis  XV.  M.  Duplessis 
estime,  au  contraire ,  à  l'égard  de  ce  dernier,  qu'il  est 
exclusivement  de  Pierre- Imbert.  Souvent,  d'ailleurs  , 
la  collaboration  est  indiscutable,  comme  dans  ceux 
de  l'archevêque  De  Beauvau  et  du  Cardinal  de 
Fleury.  C'est  à  Pierre-Imbert ,  en  revanche ,  qu'il 
faut  restituer  le  remarquable  portrait  de  Marie- 
Clémentine  Princesse  Sobieska  -,  dont  les  ajustements 
ont  des  détails  charmants  plus  moëlleusement  traités 
que  la  figure. 

Pierre-Imbert  a  d'abord  gravé  dans  son  adolescence 
divers  sujets  de  sainteté.  La  Présentation  de  la  Sainte 
Vierge  au  Temple,  d'après  Charles  Le  Brun ,  est  qua- 
lifiée par  Mariette  de  coup  d'essay  de  Drevet  le  fils. 
Dans  la  Résurj^ection ,  d'après  Andray ,  dédiée  à 
Jérôme  d'Ar gouges ,  le  jeune  graveur  constate  qu'il 
l'a  exécutée  à  l'âge  de  dix-neuf  ans.  Deux  estampes 
célèbres  doivent  se  placer  de  1719  à  1721  :  Rèbecca 
recevant  les  présents  d'Eliézer,  d'après  A.  Coypel , 
et  la  Présentation  de  l'enfant  Jésus  au  Temple , 
d'après  L.  de  Boullongne.   Dans  cette  dernière ,  dit 


DREVET.  9 

M.  DidotS  le  graveur  atteint  aux  sommets  de  l'art. 
Son  premier  essai  de  portrait,  datant  de  1718  ,  serait 
celui  de  l'archevêque  de  Tressan  agenouillé  devant  la 
Vierge ,  d'après  J.-B.  Van  Loo  ;  celui  du  Cardinal  de 
Mailly  vient  ensuite  ,  puis  tout  à  coup  Pierre-Imbert 
Brevet  se  révèle  artiste  de  premier  ordre ,  de  génie 
même.  C'est  à  vingt-six  ans  qu'il  grave  ce  merveilleux 
portrait  de  Bossuei ,  l'un  des  chefs-d'œuvre  de  la 
gravure.  «  L'on  ne  peut  désirer  rien  de  plus  accomply 
que  cette  admirable  estampe  »,  s'écrie  Mariette  ;  et  de 
fait ,  il  semble  difficile  que  l'art  de  la  gravure  puisse 
dépasser  une  telle  perfection.  Toutes  les  qualités  du 
graveur  consommé  se  montrent  dans  cette  superbe 
planche  :  l'habileté  et  la  franchise  de  l'exécution  , 
l'harmonie  et  la  vigueur ,  et  par  dessus  tout  une 
exquise  distribution  de  la  lumière.  On  a  épuisé 
d'ailleurs  les  formules  de  louanges  pour  cette  es- 
tampe commandée  au  graveur  par  le  neveu  du  grand 
orateur,  J.-B.  Bossuet ,  évêque  de  Troyes ,  qui  pos- 
sédait la  peinture  originale.  M.  Duplessis  dit  que  si 
Rigaud ,  inspiré  par  le  génie ,  a  su  personnifier  en 
Bossuet ,  par  une  allure  noble  et  superbe  ,  le  génie  de 
l'homme ,  Brevet  a  su ,  par  son  estampe  largement 
gravée  et  nullement  emphatique ,  inspirer  la  même 
admiration  que  pour  l'œuvre  peinte. 

Lévesque,  dans  son  Dictionnaire  des  Arts  de  Pein- 
ture, etc.,  à  propos  du  rendu  extraordinaire  des  divers 
détails  de  ce  portrait ,  écrit  qu'  «  il  est  impossible  de 
»  revoir  sans  étonnement  son  fameux  portrait  de 
»  Bossuet.  On  voit  dans  cette  estampe  des  cheveux 

1  Les  Brevet,  par  P.-A.  Didot ,  ISIQ. 


10  LES    GRAVEURS   DU    XVIIF   SIÈCLE. 

»  blancs,  des  chairs,  de  l'hermine  ,  du  linon ,  des  den- 
»  telles,  de  la  moëre,  du  velours,  des  franges  d'or,  du 
»  bois  travaillé  par  l'art  des  ébénistes ,  des  bronzes  , 
»  du  marbre,  du  papier,  etc.;  chacun  de  ces  objets  est 
»  gravé  d'un  caractère  différent ,  et  ce  caractère  est 
»  celui  qui  lui  est  propre.  » 

Cette  admiration  pour  le  détail  doit  encore  être 
dépassée ,  suivant  nous ,  par  l'admiration  que  nous 
cause  l'aspect  si  noble  de  l'ensemble  ,  et  l'intérêt  que 
l'on  éprouve  à  la  vue  de  cette  tête  imposante  sur 
laquelle  se  concentre  l'attention.  Ainsi  que  l'a  encore 
dit  Lévesque ,  on  peut  graver  plus  fièrement ,  plus 
librement  que  Brevet ,  on  peut  se  distinguer  par  une 
touche  plus  hardie ,  mais  il  ne  sera  jamais  surpassé 
peut-être  dans  la  gravure  précieusement  finie. 

Une  curieuse  méthode  pour  bien  apprécier  le 
mérite  des  détails  du  portrait  de  Bossuet  nous  est 
donnée  par  Joubert  :  c'est  de  pratiquer  une  ouverture 
au  milieu  d'une  feuille  de  papier  qui  ne  laisse  voir 
qu'une  portion  de  l'estampe ,  et  de  la  promener  suc- 
cessivement sur  chacune  de  ses  parties. 

Brevet  fut  récompensé  de  ce  travail ,  outre  les 
applaudissements  de  ses  contemporains ,  par  les  suf- 
frages de  l'Académie ,  qui  l'admit  comme  agréé  le 
30  décembre  1724 ,  et  par  les  bienfaits  du  roi  qui , 
après  l'avoir  nommé  son  graveur,  accorda  au  père  et 
au  fils  le  logement  et  l'atelier  occupés  précédemment 
au  Louvre  par  Bérain. 

C'est  à  cette  même  époque,  moment  de  l'apogée  de 
son  talent ,  que  Pierre-Imbert  Brevet  exécuta  ce  petit 
chef-d'œuvre ,  le  portrait  -  médaillon  de  la  Duchesse 
d'Orléans,  dite  Princesse  Palatine,  destiné  à  orner 


DREVET.  11 

V Oraison  funèbre  de  cette  princesse  (1723).  C'est  un 
en-tête  de  page,  réduction  du  grand  portrait  peint  par 
Rigaud  à  Marly,  et  dont  la  ressemblance  avait  tant 
enchanté  Louis  XIV  qu'il  avait  demandé  à  la  princesse 
de  le  garder  pour  elle  au  lieu  de  le  donner,  portrait 
qui  fut  gravé  dans  le  même  temps,  mais  dans  le  format 
in-folio,  par  Simonneau  l'ainé.  Quant  à  l'arrangement 
de  la  draperie ,  il  aurait  été  fait  exprès  pour  ce  mé- 
daillon par  Rigaud  lui-même.  C'est  une  pièce  d'une 
grande  finesse  sans  mièvrerie,  d'une  exécution  franche 
et  d'une  ressemblance  toute  intime. 

Le  portrait  du  Cardinal  Dubois,  gravé  en  1724 ,  au 
moment  de  sa  mort ,  nous  montre  avec  son  air  de 
fausse  bonhomie ,  ce  fameux  précepteur  du  Régent 
devenu  son  âme  damnée  en  même  temps  que  son 
ministre.  La  distribution  et  l'éclat  de  la  lumière  y  sont 
remarquables ,  comme  dans  tout  ce  que  fait  Pierre- 
Imbert ,  et  quelques  détails,  la  belle  pendule  de  droite 
particulièrement,  sont  supérieurement  rendus. 

C'est  vers  1726,  rapporte  son  contemporain  Van 
Hulst^  que  Pierre-Imbert  Drevet  commença  à  être 
atteint  d'accidents  cérébraux  très  intenses  mais  inter- 
mittents ,  puisqu'ils  lui  permirent ,  dans  les  intei^valles 
de  la  maladie  ,  de  continuer  à  graver.  Pour  le  portrait 
du  Cardinal  de  Fleury,  par  exemple,  qui  date  de 
1730,  Van  Hulst  rapporte  que  les  deux  graveurs  y  ont 
travaillé ,  mais  surtout  le  père .  <;<  la  démence  du  fils 
»  étant  très  forte  alors  ». 

La  terrible  affection  qui  devait  enlever  de  si  bonne 


1   Eloge  d'H.  Rigaud ,   publié  dans   les  Mémoires  inédits  sur  les 
membres  de  l'Académie  de  peinture,  1854. 


-«2  LES    GRAVEURS    DU    XVIIF    SIECLE 

heure  le  grand  artiste  ,  et  qui  fut  peut-être  augmentée 
par  l'excès  du  travail,  n'était  pas  sans  lui  laisser 
des  répits  assez  longs ,  puisqu'outre  les  portraits  de 
Verthamon ,  de  Sainte-Marthe  et  du  Cardinal  de 
Tressan ,  il  pouvait  encore  graver,  en  1728 ,  celui 
de  Cisternay  du  Fay ,  cet  homme  de  goût  dont  les 
beaux  hvres  passèrent  en  entier  dans  la  bibliothèque 
du  comte  d'Hoym:  en  1729,  celui  du  ûndJioiev  Samuel 
Bernard,  aussi  remarquable  que  celui  de  Bossuet: 
«  Il  falloit  que  cet  artiste ,  dit  Lévesque  ,  pour  traiter 
»  avec  tant  de  perfection  tout  ce  qui  peut  être  l'objet  de 
>'  la  gravure  ,  eût  une  grande  pratique  du  burin  ;  mais 
•>  nulle  part  il  n'affecte  de  montrer  son  habileté  à 
»  manier  cet  instrument.  Il  savoit  que  cette  habileté 
»  est  un  moyen  de  pai^venir  à  la  perfection  de  l'art , 
>^  mais  qu'elle  n'en  est  pas  le  but.  Des  graveurs  ont 
»  semblé ,  dans  la  suite ,  ne  manier  le  burin  que  pour 
•>  faire  voir  qu'ils  savoient  le  manier,  et  autant  auroit- 
»  il  valu  qu'ils  eussent  gravé  des  traits  capricieux  que 
»  des  tableaux.  » 

En  1730 ,  Pierre-Imbert  Brevet  exécute  la  célèbre 
planche  à'Adrienne  Lecouvreur,  sous  les  traits  de 
Gornélie  portant  les  cendres  de  Pompée ,  d'après  la 
peinture  de  Coypel. 

C'est  probablement  aussi  dans  les  moments  de  répit 
que  lui  laissait  la  maladie  que  Pierre-Imbert  donna  le 
portrait  de  Fènelon  d'après  le  tableau  de  Vivien,  et  les 
divers  portraits  de  Louise-Adélaïde  d'Orléans,  abbesse 
de  Chelles. 

En  1739 ,  et  après  une  assez  longue  interruption 
dans  les  dates  de  ses  planches ,  se  place  le  dernier 
ouvrage  de  Pierre-Imbert ,  le  portrait  de  l'abbé  René 


DR  E  VET.  <3 

Pucelle ,  remarquable  et  dernier  effort  de  ce  grand 
artiste  ,  qui  mourait  le  27  avril  1739 ,  à  peine  âgé  de 
quarante-et-un  ans. 

Les  Brevet  laissaient  un  neveu  et  cousin ,  Claude 
Brevet  ,  homme  de  premier  mérite ,  pour  continuer 
les  grandes  traditions  de  famille  et  de  leur  école  de 
gravure.  On  suppose  qu'il  naquit  à  Lyon  ,  car  il  était 
le  fils  de  Floris  Brevet ,  marchand  dans  cette  ville , 
frère  du  graveur  Pierre  Brevet ,  dont  Claude  était 
par  conséquent  le  propre  neveu. 

Il  s'initia  naturellement  aux  secrets  et  procédés  de 
la  gravure  dans  l'atelier  de  son  oncle ,  qui  lui  donna 
au  début,  de  même  qu'il  l'avait  lait  pour  son  fils, 
quelques  morceaux  religieux  à  copier,  tels  que  le 
Jésus  en  croix  d'après  Lebrun.  11  fut  aussi  employé 
de  bonne  heure ,  à  dix-huit  ans  ,  dit-on ,  à  la  grande 
entreprise  du  Sacre  de  Louis  XV ,  où  il  contribua 
pour  la  planche  qui  représente  le  conseiller  d'Etat 
Le  Pelletier  des  Forts ,  déjà  fort  habilement  gravée. 

Il  faut  croire  que  Claude  Brevet  fut  absorbé  toute 
sa  vie  par  l'exploitation  des  planches  gravées  que  son 
oncle  et  son  cousin  lui  avaient  laissées  ,  car  il  a  fort 
peu  produit.  Outre  cinq  sujets  religieux,  dont  un 
Christ  au  roseau  d'après  Van  Byck,  on  n'a  de  lui  que 
neuf  portraits.  Les  meilleurs  sont  ceux  de  Madame 
Le  Bret  de  La  Briffe  (  1728  ) ,  à' Alexandre  Milon , 
évêque  de  Valence ,  d'une  exécution  qui  rappelle  les 
procédés  de  Pierre-Imbert  Brevet ,  de  Pierre  Cal- 
vairac ,  du  Comte  de  Zinzendorff  (  1730  ) ,  et  de 
Guillaume  de  Vintimille  (1736). 

Claude  Brevet  prit ,  à  la  mort  de  son  cousin ,  le 


U  LES    GRAVEURS    DU    XVIIF    SIECLE. 

logement  qu'il  avait  occupé  au  Louvre ,  et  y  demeura 
jusqu'à  sa  mort  arrivée  le  23  décembre  1781.  11  s'était 
marié  le  15  novembre  1745 ,  âgé  de  quarante  ans  ,  à 
Catherine  Baudry ,  fille  d'un  procureur  au  Ghâtelet , 
et  n"eut  pas  d'enfants. 

C'est  l'expert  JouUain ,  connaisseur  en  tableaux  et 
en  estampes  .  qui  fit  la  vente  du  mobilier  artistique  de 
Claude  Brevet ,  et  qui ,  dans  la  notice  du  catalogue , 
disait  en  pai'lant  du  caractère  du  défunt  qu'  «  il  joignait 
»  à  une  grande  simplicité  de  mœurs  une  modestie  bien 
»  rare  dans  un  artiste  aussi  habile.  » 

Outre  quelques  beaux  tableaux  de  Téniers,  Jordaens, 
plusieurs  portraits  originaux  de  Rigaud  gravés  par 
son  oncle  ou  pai^  son  cousin  .  et  le  portrait  de  Lebrun 
par  lui-même  ,  se  trouvait  dans  cette  vente  un  fonds 
de  cent  cinquante  planches  gravées  par  les  Drevet , 
Edelinck  ,  Chéreau  ,  Nanteuil ,  Audran ,  etc. 

Quant  au  genre  de  talent  de  chacun  des  Drevet ,  il 
faut  citer  les  critiques  compétents  qui  les  ont  étudiés  ; 
signaler,  suivant  M.  Duplessis  ,  «  le  respect  religieux 
»  qu'ils  ont  eu  pour  les  peintures  reproduites ,  une 
»  remarquable  habileté  de  main  qui  se  traduit  dans 
»  la  souplesse  et  la  variété  de  leurs  travaux ,  fins  et 
»  serrés  dans  les  chairs ,  larges  et  espacés  dans  les 
»  étoffes  ;  variété  de  tailles  sagement  fondues ,  et 
»  qui  ne  nuisent  en  rien  à  l'harmonie  générale  de 
»  l'œuvre ...  » 

M.  Didot  n'est  pas  moins  élogieux  :  «  Pierre  Drevet 
»  se  fait  remarquer  par  la  pureté  du  burin ,  l'énergie 
»  du  trait  et  la  perfection  des  plus  minutieux  détails , 
^>  avec  cette  harmonieuse  gradation  des  tons  qui  rem- 


DREVET.  45 

»  place  en  quelque  sorte  la  couleur,  au  point  qu'on  ne 
»  saurait  être  facilement  un  plus  fidèle  interprète  de 
»  la  peinture. . .  11  possédait  cette  qualité  primordiale  , 
»  essentielle ,  plus  encore  indispensable  à  un  portrai- 
»  tiste  qu'à  un  graveur  d'histoire  ,  la  science  appro- 
»  fondie  du  dessin.  S'il  eut  le  bonheur  de  graver  la 
»  plus  grande  partie  de  son  œuvre  d'après  deux 
»  maîtres  tels  qu'Hyacinthe  Rigaud  et  Nicolas  de  Lar- 
»  gillière ,  et  si  l'éclat  de  leurs  peintures  rejaillit  sur 
»  l'interprétation  du  burin,  il  faut  convenir  que  Pierre 
»  Brevet  se  montra  à  la  hauteur  de  ses  modèles.  Les 
»  figures  ,  avec  leur  physionomie  propre  ,  vivante  ,  se 
»  détachent  aussi  bien  sur  le  papier  que  sur  la  toile  , 
»  malgré  le  faste  écrasant  des  draperies  qu'on  reproche 
»  tant  à  Rigaud  et  à  son  émule.  Drevet  avait  une 
»  grande  ressource  de  moins  à  sa  disposition ,  la  cou- 
*  leur  ;  mais  ,  à  force  de  ténacité  et  de  persévérance , 
»  il  sut  faire  sortir  de  son  burin  tout  ce  qui  peut  sup- 
»  pléer  cette  grande  enchanteresse. . .  » 

Les  contemporains  de  Pierre-Imbert  Drevet  sont 
presque  unanimes  à  le  louer.  On  regrette  d'entendre 
Cochin  jeter  dans  ce  concert  une  note  discordante  ;  il 
trouve  que  ses  «  morceaux  d'histoire,  admirables  pour 
»  la  beauté  du  travail ,  sont  beaucoup  trop  finis  pour 
»  le  caractère  de  l'histoire,  ce  qui  a  fait  dire  aux  gens 
»  de  goût  qu'il  est  très  déplacé  et  ne  sert  qu'à  faire 
»  paraître  les  figures  comme  si  elles  étaient  de 
»  bronze  »;  en  revanche  Mariette,  Lévesque  l'admirent 
absolument,  comme  nous  l'avons  vu. 

Enfin  «  Claude  Drevet ,  a  dit  encore  Didot ,  chercha 
»  à  unir  la  fermeté  du  burin  de  son  oncle  à  la  finesse 
»  et  à  l'éclat  de  celui  de  son  cousin  ;  l'influence  de  ce 


Il,  LES    GRAVEURS    DU    XVIII'    SIECLE 

»  dernier  est  même  frappante.  Bien  qu'il  ne  parvint 
»  point  à  les  égaler,  il  n'en  est  pas  moins  un  artiste 
»  d'un  grand  talent ,  et  quoiqu'il  ne  fit  pas  d'élèves ,  il 
»  eut  des  imitateurs  de  sa  manière  ,  tels  que  Daullé  et 
»  ses  élèves.  » 

Le  catalogue  raisonné  de  l'œuvre  des  Drevet  a  été 
dressé  par  M.  Didot  avec  un  soin  scrupuleux  et  une 
grande  exactitude.  C'est  à  cette  excellente  mono- 
graphie que  nous  nous  en  rapporterons  pour  les 
attributions  ,  qui  jusqu'alors  n'avaient  jamais  été  bien 
nettement  établies ,  l'absence  de  signatures  distinctes 
pour  chacun  des  trois  Drevet  donnant  souvent  lieu  à 
confusion. 

Nous  donnons  d'abord  la  liste  des  portraits  gravés 
par  Pierre  Drevet  depuis  1700,  puis  celle  des  portraits 
dont  la  gravure  est  attribuée  à  la  collaboration  de 
Pierre  Drevet  et  de  son  fils ,  enfin  le  catalogue  des 
portraits  de  Pierre-lmbert ,  et  celui  des  portraits  de 
Claude  Drevet. 


PORTRAITS. 

I.     PAR    PIERRE    DREVET 

(postérieurement  à  1700). 

1.  Auguste  III ,  Electeur  de  Saxe,  roi  de  Pologne.  —  F.  deTroy  pinx., 

P.  Drevet  sculpsit  ;  in-fol,  (Didot ,  Pierre  Drevet ,  n^  107). 

Un  premier  état ,  indiqué  comme  très  rare,  est  avant  la  retouche  delà  figure 
et  avant  qu'on  ait  ajouté  à  la  perruque  des  rubans  flottants.  —  41  francs,  vente 
Béhague. 

2.  Avaux  (J.-A.  de  Mesmes ,  Comte  d') ,  président  au  Parlement  de 

Paris,  d'après  Rigaud  ;  in-fol.  (D.  94). 
Une  épreuve  avant  la  croix  du  Saint-Esprit;  40  fr.  vente  Didot. 


BREVET.  17 

.  BIGNON  (J--P.),  abbé  de  Saint-Quentin,  conseiller  d'État,  d'après 
Rigaud;   1707,  in-fol.  (D.  22). 

Les  premières  épreuves  sont  celles  où  la  tête  n'a  pas  été  rendue  plus  âgée  par 
une  retouche,  et  où  la  date  de  n07  se  trouve  après  les  noms  des  artistes. 

4.  BoiLEAU,  d'après  de  Piles,  1704;  petit  in-fol.  (D.  23). 

5.  BOILEAU,  d'après  Rigaud,  1706;  in-fol.  (D.  24). 

Une  épreuve  avant  toute  lettre,  295  fr.  vente  Béhague. 

6.  Boileau  ,  d'après  F.  de  Troy  ;  Au  joug  de  la  raison.  .  .  in-4  (D.  25,. 

7.  BOULLONGNE    (Louis  de),    premier  peintre   du   roi,    d'après 

Rigaud;  in-fol.  (D.  27). 
Épreuve  avant  l'adresse  de  BJigny,  62  fr.  vente  Didot. 

8.  BOURGOGNE   (le  Duc  de),  d'après  Rigaud ,   1707;  in-fol.  orné 

(D.  57). 

9.  Brunswick-Lunebourg  (Ernest-Auguste,  Duc  de),  gravé  à  Paris  par 

Pierre  Drevet  en  1704  ;  in-fol.  (D.  30). 

10.  Camus  de  Pontcarré  (  N.  P.) ,  maître  des  requêtes,  et  pi'emier  pré- 

sident du  parlement  de  Rouen,  d'après  J.  Jouvenet  ;  grand  in-fol. 
(D.31). 

1 1 .  Charles  II ,  —  Cromwell ,  —  Fairfax  ,  3  p.  d'après  Van  der  Werff  ; 

in-fol.  (D.  12,  35,  45). 

Ces  trois  portraits  ont  été  gravés  pour  V Histoire  d'Angleterre ,  d'Ecosse  et 
d'Irlande  de  De  Larrey  (Rotterdam,  1707-1713,  4  vol.  in-fol.). 

12.  Cbevalard  (Messire  Antoine),  Prestre,  mort  en  odeur  de  sainteté  le 

10  mars  1706,  âgé  de  70  ans  ;  in-8,  1708  (D.  32). 

13.  COIN  DÉ   (  Louis-Henri  de  Bourbon  ,  Prince  de),  d'après  Gobert; 

in-fol.  (D.  67). 

14.  CONTI    (François-Louis  de  Bourbon,  Prince  de),  en  pied,  d'après 

Rigaud  ;  grand  in-fol.  (D.  66). 
Avant  l'adresse  de  Drevet ,  145  fr.  vente  Béhague. 

15    COTTE    i  Robert  de  ) ,  Chevalier  de  Tordre  de  Saint-Michel ,  pre- 
n.  2 


48  LES   GRAVEURS    DU   XYIIF   SIÈCLE. 

mier  intendant  des  bâtiments ,  directeur  de  l'Académie  royale 
d'architecture,  d'après  Rigaud  ;  in-fol.  (D.  34). 

Les  premières  épreuves  portent  :  Conseiller  du  Roy  en  ses  conseils ,  premier 
Intendant  ;  les  épreuves  postérieures  :  Con^  preni''  Architecte,  Intendant. 

Ce  superbe  portrait,  commandé  à  Brevet  par  l'Académie  en  1701,  comme 
morceau  de  réception,  ne  fut  achevé  qu'en  17-22 .  Pierre-Imbert  Drevet  n'y 
aurait-il  pas  travaillé  ? 

16.  D  ANGE  AU   (le  Marquis  de  j,   en  costume  de  grand-maître  des 
ordres  royaux  de  Notre-Dame  du  Mont-Carmel  et  de  Saint-Lazare, 
d'après  Rigaud;  petit  in-fol.  (D.  36). 
Une  épreuve  avant  la  lettre,  155  fr.  vente  Didot. 

n.  Estrées  (le  Cardinal  César  d' ).  —  P.  F.  Giffarl  in.  et  sculp. 
P.  Drevet  effigies  ;  in-fol.  (D.  43). 

18.  Eudes  (Joannes),  presbiter  multorutn  Seminariorum  ,  etc.;  in-fol. 

(D.  44). 

19.  FOREST  (Jean),  peintre,  d'après  Largillière  ;  in-fol.  (D.  49). 

135  fr.  avant  la  lettre,  vente  Didot. 

20.  FOURCY  (Balthazar- Henry  de),  docteur  de  Sorbonne  ,  d'après 

Rigaud  ;  in-fol.  (D.  50). 

21 .  Fourcy  (  Henri  de  ) ,  comte  de  Ghessy,  d'après  Largillière  ;  in-fol. 

(D.  51). 

Une  épreuve  avant  la  lettre,  1551  r.  vente  Didot. 

22.  GiLLET  (P),  procuratorum  decanus  œtatis  85  anno  1713, 

d'après  Rigaud;  in-fol.  (D.  68). 

l'i.  Humières  (Anne-Louise  de  Crevant  d') ,  abbesse  et  réformatrice  de 
l'abbaye  de  Monchy,  décédée  le  20  janvier  1710  dans  la  52''  année 
de  son  âge  ;  in-8  (D.  "73). 

24.  Issaly  (  Jean  ) ,   conseiller,   secrétaire  du  roi ,   d'après  Largillière  ; 

in-4  (D."74). 

25.  J.vcQiES   III,  dit  le  Premier  Prétendant  [Princeps  Walliœ), 

d'après  Largillière  ;  in-fol.  (D.  13). 

Une  très  rare  épreuve  avant  la  lettre,  695  fr.  vente  Didot. 

26.  La  Bourdonnaye  (  Jean-Louis  de  ) ,  évêque  comte  de  Léon  ,  d'après 

Fontaine,  1709;  in-fol.  (D.  78). 


DREVET.  49 

2".  L.\  Vr  IL  LIÉ  HE  (Louis  Phély  peaux  Marquis  de),  d'après  Gobert  ; 
in-fol.  (D.  83). 
ler  état ,  avec  le  mot  Phélypeaux  écrit  Phélipeaux  ;  90  fr.  vente  Béhague. 

28.  Le  Gendre  (L.),  Ecclesiœ  Parisiensis  canonicus,  historiœ  Franciœ 

scriptor,  d'après  Jouvenet;  in-4  (D.  85). 
45  fr.  avant  toute  lettre,  vente  Didot. 

29.  Le  PeletieR  (Claude),  contrôleur  général  des  finances,  d'après 

Mignard  ;  in-fol.  (D.  86). 

30.  Lilliensted  (J.  p.  de) ,  d'après  Schild ,  ITIO;  in-fol.  (D.  89). 

31.  LOUIS  XIV  (LMdov/cMS  il/a(/«MS),  à  mi-jambes,  debout  près  d'un 

champ  de  bataille,  d'après  Rigaud  ,  1704  ;  grand  iu-fol.  (D.  54). 
Rare.  —  195  fr.  vente  Didot. 

32.  LOUIS  XIV  [Louis  le  Grand),  en  pied  ,  en  grand  costume  royal , 

debout  sur  le  trône  ,  d'après  Rigaud  ;  très  grand  in-fol.  (D.  55). 

«  Celte  planche ,  qui  est  ce  que  Drevet  le  père  a  fait  de  plus  considérable ,  a 
»  été  gravée  par  ordre  de  Sa  Majesté  très-ctirétienne  pour  être  mise  dans  son 
»  Cabinet.  »  (Mariette). 

120  fr.  vente  Didot ,  état  ordinaire.  On  ne  connaît ,  dit-on ,  que  trois  épreuves 
de  remarque. 

33.  LOUIS,    dauphin,  fils  de  Louis  XIV,  d'après  Rigaud;  in-fol. 

(D.  56). 

Avant  toute  lettre,  100  fr.  vente  Didot.  Les  premières  épreuves  sont  avant  la 
petite  planche  rapportée  pour  la  dédicace  à  Mad'"^  la  P'^esso  ^q  Conti. 

34.  Maine  (le  Duc  du) ,  Ludovicus  Augustus  Dei  gratia  Dombarum 

princeps,  d'après  deTroy,  1703;  in-fol.  (D.  60). 

35.  Maine  (le  Duc  dui ,  Ludovicus  Augustus  Borbonius  Dux  Ceno- 

manensium  Dombarum  princeps ,  d'après  de  Troy  dans  un  ovale  ; 
in-fol.  (D.  61). 

36.  MOTTEVILLE    (  Hélène  Lambert ,  femme  de  F.  M.  de) ,  d'après 

Largillière  ;  in-fol.  (D.  98). 

l^''  état  :  Avec  les  mots  Avec  privil.  du  Roy  sous  le  nom  du  graveur. 

37.  NEMOURS    (Marie,  par  la  grâce  de  Dieu  ,  souveraine  de  Neuf- 

châtel  et  Vallangin,  Duchesse  de),  d'après  Rigaud  ,  1707  :  in-fol. 
(D.  115). 


20  LES   GRAVEURS    DU    XVIIK    SIECLE. 

38.  No  AILLES  (le  Maréchal  de),  d'après  F.  deTroy;  in-fol.  (D.  102). 

39.  PABDAILLAN  de  GondriN  u'Antin  (P.  de),  évêque,  d'après 

Vanloo  ;  in-tol.  (D.  10). 

Dans  un  dernier  état  de  la  planche ,  on  a  substitué  au  nom  de  Pardaillan  de 
Gondrin  celui  de  l'archevêque  de  Posen,  Dunin. 

40.  Philippe  Y,  d'après  F.  de  Troy  ;  in-fol.  (D.  40). 

41.  PHILIPPE  V,  d'après  Rigaud  ;  grand  in-fol,  (D.  41). 

l*''  état  :  Avant  l'addition  d'une  planche  rapportée  sur  laquelle  on  lit  :  Présenté 
à  Monseigneur  te  Duc  de  Bourgogne,  etc. 

42.  Pini  (le  Père),  d'après  Andray  ;  in-4  (D.  104). 

43.  Rancé  (l'Abbé  de) ,  d'après  Rigaud  ;  in-12  (D.  109). 

Rare.  —  30  fr.  vente  Didot. 

44.  Rigaud  (Hyacinthe),  tenant  une  palette,  d'après  lui-même,  1700; 

in-fol.  (D.  111). 

205  fr.,  avant  la  lettre,  vente  Béhague. 

Les  premières  épreuves  portent  la  date  cip  1700,  les  secondes  celle  de  1703. 

45.  RIGAUD  (Hyacinthe),  tenant  un  porte-crayon  ,  d'après  lui-même  -, 

in-fol.  (D.  112,. 

210  fr.,  avant  la  lettre,  vente  Béhague. 

Il  faut  avoir  ce  portrait  avant  les  retouches ,  le  prolongement  du  manteau  et 
la  date  de  1721. 

46.  SERRE  (Maria),  mère  du  peintre  Rigaud,  d'après  Rigaud  ;  in-fol. 

(D.  110). 

47.  TOULOUSE  (le  Comte  de),  le  bras  droit  étendu  et  à  demi-plié,  la 

main  nue,  d'après  Rigaud  ;  in-fol.  (D.  64). 

^l'état,  avec  deux  ancres  au  lieu  d'une  derrière  le  cartouche  d'armoiries , 
255  fr.  vente  Didot. 

48.  TOULOUSE  (le  Comte  de) ,  appuyé  sur  le  bras  droit  à  demi-plié, 

la  main  gantée,  d'après  Rigaud  ;  in-fol.  (D.  65). 

Le  portrait  a  été  gravé  d'après  le  même  tableau  que  le  précédent ,  la  main 
gantée  a  été  composée  <■  afin  de  varier  pour  cette  estampe  » . 

49.  YILLARS  (le  Maréchal  de),  d'après  Rigaud  ;  in-fol.  (D.  12'3). 

Une  des  trois  épreuves  avant  toute  lettre  connues  ,  1,000  fr.  vente  Didot.  — 
Une  autre  épreuve,  avec  l'inscription  en  neuf  lignes  au  lieu  de  six  ,  79  fr. 


BREVET.  24 

50.  VILLE   (Arnold  de),  baron  du  Saint-Empire,  inventeur  de  la 
machine  de  Marly,  d'après  Santerre  ;  grand  in-4  (D.  124). 

Nous  rappellerons  sommairement  Ici  que  les  portraits  gravés  par  Pierre 
Drevet  antérieurement  à  nOO,  sont  ceux  de  : 

Antoine  Arnauld. 

La  Bévérende  Mère  Catherine  de  Bar  (D.  15  et  16).  —  Bertin.  —  Le  Maréchal  de 
Berwick.  —  U.  de  Béthune,  évoque.  —  Le  Cardinal  de  Bouillon.  —  F.  Brunet. 

J.  N.  Colbert,  archevêque  de  Rouen. 

Marie  Cadesne,  femme  de  M.  Desjardim. 

Félibien.  —  Fine  de  Brianville. 

Qirardon.  —  Guldenleu. 

Joly  de  Fleury. 

Keller.  —  Madame  k'eller. 

La  Bruyère.  —  Lambert  de  Thorigny.  —  Marie  de  Laubespine,  femme  de  Lambert 
de  Thorigny.  —  Léonard  de  Lamet  (ou  Delamet).  —  Le  Biais  du  Qtiesné.  —  Le  Duc 
de  Lesdiguières.  — Louis  XI Y,  d'après  Poerson  (D.  52).—  Louis  XIY,  à  ml-corps, 
d'après  Rigaud  (D.  5.3). 

Catherine  de  Mailly.  —  Le  B.  P.  Maunoir.  —  Milantier.  —  C.  F.  de  Montholon. 

Le  Cardinal  de  Noailles  {D.  99  et  100). 

Palliot.  —  François  de  Poilly. 

Maximilien  Titon.  —  Le  Comte  de  Toulouse,  d'après  de  Troy. 

Verduc.  —  Verthamon. 

M.  Didot ,  malgré  ses  minutieuses  recherches,  ne  peut  assigner  de  date  aux 
portraits  suivants  : 

Delpech,  marquis  de  Mérinville.  —  Le  Prince  de  Dombes,  duc  du  Maine  {Serenii- 
simo  Principi,  etc.,  D.  63).  —  La  duchesse  de  Lesdiguières.  —  Michel  de  Loy.  — 
Léopold  I^^,  duc  de  Lorraine.  —  Montague,  comte  d'Halifax.  —  Polinier.  —  Portail. 
—  Charles-Gustave  X  de  Suède  (D.  116).—  Charles  XI  (D.  111).—  Vlrique-Eléonore 
(U.  118).  —  François  de  Troy.  —  Le  vray  portrait  de  Si-Bernard. 

Pierre  Drevet  a  laissé  quelques  estampes  :  le  Sacrifice  d' Abraham ,  C Annon- 
ciation, le  Calvaire,  d'après  A.  Goypel,  la  Nativité,  d'après  Rigaud. 


II.    PAR    PIERRE    DREVET, 
EN    COMMUN   AVEC    SON    FILS    PIERRE -IMBERT. 

51.  BEAUVAU  (R.  F.  de),  archevêque  de  Narbonne,  d'après  Rigaud, 

1*727;  in-fol.  (D.,  Pierre  Drevet ,  17). 

52.  CHRISTINE-CAROLINE   DE  WURTEMBERG,   femme  de 

Guillaume,  margrave  de  Brandeboui-g  ;  in-fol.  (D.  28). 

Une  épreuve  d'essai  de  ce  portrait,  avant  toutes  lettres,  955  fr.  vente  Béhague. 
—  880  fr.  vente  Didot. 

53.  FLEURY  (le  Cardinal  de),  d'après  Rigaud;  in-fol.  (D.  48). 

54.  HERBAULT  (Dodun,  Marquisd'),  d'après  Rigaud;  in-fol.  (D.  39). 


22  LES    GRAVEURS    DU    XVIIP    SIECLE. 

55.  Hideux  (L.) ,  docteur  de  Sorbonne  ,  d'après  Delescrinierre  ;  in-foL 

(D.  ^2). 

56.  LOUIS  XV,  en  pied,  d'après  Rigaud,  1723;  grand  in-fol.  (D.  58). 

Une  épreuve  avant  toute  lettre,  probablement  unique,  2,405  fr.  vente  Béhague. 
—  Le  même  portrait  avec  la  lettre,  180  fr.  même  vente. 

57.  LOUIS   XV,  à  mi-jambes,  d'après  Rigaud;  in-fol.  (D.  59). 

58.  RoHAN  (le  Cardinal  de),  d'après  Rigaud;  in-fol.  (D.  113). 

59.  Rolin  (Marcellin),  abbé,  d'après  du  Fourneau;  petit  in-fol.  (D.  114j. 

m.    PAR    PIERRE-IMBERT    DREVET. 

60.  BERNARD  (Samuel),  célèbre  financier,  d'après  Rigaud  ,  1729; 

in-fol.  (D.,  Pierre-Imbert  Drevet,  11;. 

Une  épreuve  d'essai  de  ce  magnifique  portrait ,  avant  les  derniers  travaux  à 
la  pointe  sur  les  clairs  de  la  main  gauche,  est  exposée  au  Cabinet  des  Estampes. 

Dans  la  collection  de  M.  Dutuit  figure  une  épreuve  plus  curieuse  encore,  et 
d'un  état  non  décrit  par  M.  Didot,  avant  les  dernières  tailles  sur  toute  la  grande 
draperie  du  haut.  Le  moiré  de  cette  draperie  apparaît  ainsi  bien  plus  nettement. 
Mais  le  graveur,  jugeant  avec  raison  que  la  teinte  claire  de  cet  accessoire,  ayant 
la  même  valeur  que  celle  de  la  figure  ,  nuisait  à  la  physionomie  du  personnage , 
l'a  complètement  éteinte  ensuite  en  ombrant  toute  cette  draperie. 

Les  premières  épreuves  sont  celles  qui  ne  portent  pas  encore  la  troisième 
ligne  de  légende  :  Conseiller  d'Estat.  —  131  fr.  vente  Béhague. 

61.  BOSSUET  (Jacques-Bénigne),  évêque  de  Meaux,  d'après  Rigaud, 

1723  ;  in  fol.  (D.  12). 

Nous  voici  en  présence  d"une  des  merveilles  de  la  gravure,  et  du  plus  remar- 
quable chef-d'œuvre  que  cet  art  ait  produit  en  France  pendant  le  XVIII"  siècle. 

Quelques  épreuves  d'essai  du  portrait  de  Bossuet ,  très  rares  et  précieuses, 
ne  portent  pas  encore  les  troisièmes  tailles  sur  le  dos  du  fauteuil,  et  sont  dites, 
à  cause  de  cette  particularité  ,  au  fauteuil  blanc.  Les  premières  d'entre  elles 
n'ont  pas  encore  les  deux  mots  Constorianus  et  Trecenses  corrigés  Consistorianus 
et  Trecensis.  Une  de  ces  épreuves  a  été  vendue  700  fr.  à  la  vente  Béhague  ;  une 
autre  500  fr.  vente  Didot ,  mais  eUe  était  faible  de  conservation. 

Quant  aux  épreuves  terminées ,  c'est-à-dire  portant  les  troisièmes  taUles  sur 
le  dos  du  fauteuil ,  les  premières  tirées  ne  portent  pas  de  point  après  les  mots 
IJyacinlhus  Rigaud  pinx  —  Puis  viennent  les  épreuves  qui  ont  un  point  après  le 
motpma:.,  puis  celles  qui  ont  deux  points,  trois  points,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à 
huit  points,  chaque  point  rajouté  indiquant ,  dit-on  ,  cent  épreuves  tirées. 

«  Je  possède  de  ce  portrait  une  copie  contemporaine ,  fort  trompeuse  et 
»  presque  introuvable.  »  (Didot). 

62.  C  BELLE  S  (Louise-Adélaïde  d'Orléans,  abbesse  de). — Peint  par 

Gobert,  gravé  par  Drevet;  in-fol.  (D.  18). 


BREVET.  23 

63.  CHELLES   (  Louise- Adélaïde  d'Orléans ,  ahbesse  de  ).  —  Gobert 

pinxit ,  Drevet  sculpsit  ;  in-fol.  (D.  19). 
Avant  la  lettre  au  Cabinet  des  Estampes. 

64.  Chelles  (Louise- Adélaïde  d'Orléans,  abbesse  de).  —  Gobert  pinx-. 

Brevet  sculp.;  in-4  (D.  20). 
Avant  toute  lettre  dans  la  collection  de  Mgr  le  duc  d'AuraaIe  (Didot). 

65.  CISTERNAY   DU   FAY   (  Charles  -  Jérôme   de),    capitaine  aux 

gardes-françaises,  d'après  Rigaud  ;  in-8  (D.  13). 

Portrait  d'une  grande  flnesse.  Il  en  existe  quelques  épreuves  avant  la  lettre  , 
extrêmement  rares. 

66.  COL'VAY  (P.  N.),  secrétaire  du  Roi,  d'après  Tournière,   1725; 

in-fol.  (D.  14). 

67.  DUBOIS  (  le  Cardinal  ) ,  d'après  Rigaud  ,  1724;  in-fol.  (D.  15). 

Une  épreuve  avant  toute  lettre  et  avant  les  armes,  1,000  fr.  vente  Didot. 

68.  FÉNÉLON,  d'après  Vivien  ;  in-fol.  (D.  16). 

69.  Le  Blanc  (Claude),  ministre  et  secrétaire  d'État  de  la  Guerre , 

d'après  le  Prieur;  in-fol.  (D.  23). 

70.  LECOUVREUR    (Adrienne),   morte  à  Paris  le  20  mars  1730. 

âgée  de  trente-sept  ans,  d'après  Coypel  ;  in-fol.  (D.  24). 

C'est  peu  de  voir  ici,  pour  attendrir  vos  cœurs, 
Les  cendres  de  Pompée  et  Cornélie  en  pleurs , 
Reconnaisses,  pleures  cette  Actrice  admirable. 
Qui  n'i^ut point  de  modèle  et  fut  inimitable. 

«  Après  le  portrait  de  Bossuet,  Drevet  apporta  le  plus  de  soin  à  celui 
»  d' Adrienne  Lecouvreur.  Autant  le  premier  est  majestueux  et  sévère ,  autant 
■>  celui-ci  brille  par  la  grâce  touchante  et  vaporeuse  ,  le  modelé  des  chairs  et  la 
»  vérité  idéalisée  de  l'expression  ;  le  graveur,  par  l'emploi  savant  de  la  lumière, 
»  a  donné  à  son  œuvre  un  coloris  saisissant ,  et  y  a  peut-être  dépassé  le 
»  peintre.  »  (Didot). 

Une  des  quatre  épreuves  connues  avant  toute  lettre,  1,010  fr.  vente  Didot. 

Les  premières  épreuves  avec  la  lettre  ont  le  mot  modèle  du  quatrième  vers 
écrit  model.  —  260  fr.  vente  Béhague. 

71.  Loo  (  Dom  Arnoul  de  ) ,  supérieur  général  de  la  congrégation  de 

St-Maur,  d'après  Jouvenet  ;  in-fol    (D.  25). 

72.  Louis  XV  conduit  par  Minerve  dans  le  temple  de  l'Immortalité.  — 

Tali  se  deajactat  alumno.  —  Allégorie  dédiée  au  duc  de  Villeroy, 
d'après  Coypel  ;  in-fol.  (D.  22). 


21  LES   GRAVEURS   DU    XVIIP    SIECLE. 

12.  Mailly  (F.  de),  cardinal ,  archevêque  de  Rheims,  d'après Vanloo, 
in-fol.  (D.  26). 

*74.  M.\ILLY  (F.  de),  cardinal,  archevêque  de  Rheims,  d'après  Vanloo; 
in-8  en  largeur  (D.  2*7). 

Tête  de  page  pour  VOraison  funèbre  du  cardinal  de  Mailly,  par  le  P.  Chalippe, 
n22,  in-4. 
Épreuve  avant  le  te.tte  au  verso,  41  fr.  vente  Didot. 

"75.  Neteville   de  Villeroy  (F.  p.  de),  archevêque  de  Lyon , 

d'après  Santerre  ;  petit  in-fol.  (D.  28). 

"76.  Orléans  (Louis,  Duc  d'),  fils  du  Régent,  d'après  C.  Coypel  ;  in-4 
(D.  21;. 
ler  état:  Avant  l'inscription  sur  le  socle. 

n.  PA  LAT  IN  E  (  Elisabeth-Charlotte  de  Bavière,  Duchesse  d'Orléans, 
dite  la  Princesse),  mère  du  Régent,  d'après  Rigaud  ;  in-8  en 
largeur  (D.  37). 

En-tête  pour  l'Oraison  fanébre  de  cette  princesse,  par  le  R.  P.  Cathalan  ;  l'723. 
—  50  fr.  tirage  hors  texte,  vente  Didot. 

78.  PUCELLE   (René),   conseiller  au   Parlement,    d'après  Rigaud; 
in-fol.  (D.29). 
31  fr.  avant  la  lettre,  vente  Didot. 

"79.  Sainte-Marthe  (Denys  de),  supérieur  général  de  la  congrégation  de 
St-Maur,  d'après  Gazes  ;  in-fol.  (D.  30). 

80.  SOBIESKA  (Marie-Clémentine),  femme  du  premier  Prétendant , 

d'après  Davids  ;  in-fol.  (D.  10). 

81.  TRESSAN  (Louis  de  la  Vergne  de),  archevêque  de  Rouen,  age- 

nouillé devant  la  Vierge.  On  voit  dans  le  fond  la  cathédrale  de 
Rouen.  — D'après  Vanloo  ;  in-fol.  (D.  31). 

Frontispice  d'un  missel.  —  M.  Didot  relève  l'erreur  plaisante  d'un  expert  alle- 
mand qui ,  dans  un  catalogue  publié  à  Leipsig  en  1810,  décrit  cette  estampe  : 
«  M.  de  Tressan ,  archevêque  de  Rouen ,  aux  piedg  de  sa  maîtresse  et  de  son 
»  enfant  sous  l'image  de  la  Vierge.  » 

82.  Tressan  (Louis  de  la  Vergne  de).  —  La  même  estampe  ,  réduite 

in-8  pour  un  bréviaire  (D.  82). 

83.  VERTHAMON  (I.J.  de),  évêque,  d'après  de  Troy;  in-fol.  (D.  33). 


DREVET.  2S 

En  fait  d'estampes,  on  a  de  Pierre-Imbert  Drevet . 
Présentation  de  la  Vierge  au  Temple ,  premier  morceau  du  graveur 
La  Résurrection  ,  gravée  par  l'artiste  è  l'âge  de  dix-neuf  ans. 
Adam  et  Ère  ,  d'après  Coypel. 
Rebecca  et  ÈHézer,  d'après  Coypel. 

Présentation  de  l'Enfant  Jésus  au  Temple  ,  d'après  L.  de  Boullongne. 
Sainte  Thérèse  ,  d'après  Lingre. 

Jésus-Christ  au  jardin  des  Oliviers,  d'après  Restout,  gravé  par  Pierre  Dreve 
te  fils,  priez  Dieu  pour  lui.  Dernier  travail  du  graveur. 

IV.    PAR    CLAUDE    DREVET. 

84    Uesenval  (Jean- Victor),  lieutenant  général ,  d'après  Messonier 
in-4  (D.,  Claude  Drevet,  "7). 

85.  CALV.4IRAC  (F.  P.i,  abbé,  d'après  Le  Prieur;  in-fol.  (D.  8). 

86  LE  BRET  (  Marguerite-Henriette  de  la  Briffe ,  M"""),  quatrième 
femme  de  Cardin  Le  Bret ,  président  au  Parlement  d'Aix  ,  repré- 
sentée en  Cérès,  d'après  Rigaud  ,  1728;  in-fol.  (D.  9). 

la  faucille  à  la  main  c'est  ainsi  que  Cérès, 
Aussi  brillante,  aussi  belle  que  Flore.. . . 

Avant  la  lettre  au  Cabinet  des  Estampes. 

SI.  Le  Pelletier  des  Forts  (M.  1  —  Habillement  d'un  conseiller  d'Etat 
assistant,  planche  du  Sacre  de  Louis  XV,  l'723  ;  in-fol.  (D.  lOV 

88.  MILON   (Alexandre) ,  évêque  comte  de  Valence,  d'après  Rigaud  . 

1-40;  in-fol.  (D.  11). 

89.  OSWALD   (Henry),  cardinal  d'Auvergne,  etc.,  d'après  Rigaud, 

1749;  in-fol.  (D.  12). 
Avant  l'inscription  :  Hanc  effigien. . .  705  fr.  vente  Béhague. 

9'J.  Steiger  (G.),  Consul Reipublicœ Bernensis, d'aY)rhsJ.R.}îuhbi\ 
in-fol.  (D.  13). 

91.  VINTIMILLE  (G.  G.  G.  de),  archevêque  de  Paris,  d'après  Rigaud, 

1736;  in-fol.  (D.  11). 

92.  ZINZENDORFF  (P.  L.  Comte  de),  homme  d'état  allemand,  d'après 

Rigaud;  in-fol.  (D.  15). 
351  fr.  avant  la  lettre,  vente  Béhague,  610  fr.  vente  Didot. 

Le  Christ  couronné  d'épines,  d'après  Van  Dyck;  in-1,  gravure  très  soignée. 
Jésus-ChrisI  en  croix  ,  d'après  Le  Brun. 


DUBOSG    (Claude). 


Dubosc  a  gravé ,  en  collaboration  avec  son  maître 
Bernard  Picart,  les  Travaux  d'Hercule,  d'après  Louis 
Ghéron ,  en  12  pièces.  Il  passa  en  Angleterre  avec 
Beauvais  et  Lépicié  pour  graver  les  cartons  de  Raphaël, 
plus  connus  sous  le  nom  de  Cartons  de  Hampton- 
Court ,  château  royal  des  environs  de  Londres ,  où  ils 
étaient  placés.  L'entreprise  n'eut  pas  de  succès. 

Dubosc  continua  néanmoins  à  séjourner  en  Angle- 
terre. 11  grava,  aidé  de  Beauvais  et  de  Baron,  une  suite 
des  Batailles  du  duc  de  Marlborough ,  et  collabora 
à  la  gravure  des  Cérémonies  et  Coutumes  religieuses 
de  tous  les  peuples  de  Bernard  Picart. 

Dubosc  a  gravé  aussi  Suzanne  entre  les  vieillards, 
d'après  Annibal  Garrache,  et  la  Continence  de  Scipion, 
d'après  le  Poussin,  de  la  collection  de  Robert  Walpole. 

Signalons  encore  quelques  en-têtes  d'après  Gravelot 
pour  des  ouvrages  publiés  en  Angleterre  ,  cinq  pièces 
pour  Gulliver  d'après  Grison ,  gravées  avec  B.  Baron, 
un  Apollon  allant  rendre  visite  à  Thétis ,  d'après 
Jouvenet ,  et  le  Tombeau  de  Shakespeare  à  West- 
minster-Abbey  (1740). 


DUGHANGE    (Gaspard). 

1662- 1737. 


Duchange,  né  à  Paris  en  avril  de  l'année  1662 ,  était 
le  fils  d'un  tapissier.  Elève  de  Jean  Audran ,  il  prit 
un  faire  large  ,  une  grande  habileté  d'outil  et  un  tra- 
vail particulièrement  moelleux  dans  les  chairs  :  son 
burin  caressant  et  sa  recherche  de  la  beauté  lui  don- 
nèrent toutes  les  quahtés  nécessaires  pour  interpréter 
les  grands  maîtres  ,  et  ses  travaux  d'après  l'un  d'eux 
ont  établi  sa  réputation  et  l'ont  même  fait  surnonnner 
le  Corrège  de  la  gravure.  Il  est  en  effet  celui  de 
tous  les  graveurs  qui  a  le  mieux  rendu  les  tableaux 
du  Corrège ,  et  l'on  en  peut  juger  par  ses  planches 
àiQ  Jupiter  et  lo  ,  de  Lèda  et  de  Danaé ,  estampes 
recherchées  quand  on  les  trouve  avant  la  retouche  et 
les  draperies  rajoutées  par  Sornique  qui  y  a  mis  son 
nom.  Pris  de  scrupules  tardifs  ,  Duchange  abîma  des 
planches  dont  la  nudité  l'offusquait  ;  «  L'indécence  de 
»  ces  sujets,  a  dit  Gaucher,  étant  devenue  pour  lui  un 
»  sujet  de  remords  ,  il  eut  le  courage  d'en  mutiler  les 
»  cuivres  k  grands  traits  de  burin.  » 

Est-ce  manque  de  pruderie  de  notre  part,  mais  nous 
nous  expliquons  mal  les  sévérités  iconoclastes  du 
graveur.  UIo  ,  signée  G.  Duchange  sculpsit ,  1705 , 


28  LES   GRAVEURS    DU    XVIIF    SIECLE. 

otfre  un  peu  de  vivacité  peut-être ,  parce  que  le  nuage 
commence  à  sortir  du  vague  pour  devenir  une  tête 
qui  embrasse  et  des  mains  qui  caressent ,  mais  que  de 
moelleux  dans  ce  pointillé  des  chairs  de  la  mortelle 
distinguée  du  dieu  et  à  demi  pâmée ,  que  de  fondu 
dans  ces  tailles  régulières  qui  s'enroulent  en  se  jouant 
autour  de  ces  belles  formes  !  C'est  une  remarquable 
estampe,  que  ces  vers  prudhommesques  ne  par\'iennent 
pas  à  gâter  : 

lo  sensible  à  l'ardeur  d'un  volage 
Se  livre  en  proye  à  son  pressant  désir. 

Si  cette  nymphe  eût  été  sage. 
Elle  aurait  sçu  que  l'amour  dans  l'usage 
Fait,  tost  ou  tard,  ressentir  à  loisir 

Mille  douleurs  pour  un  plaisir . 

Avec  la  planche  signée  et  restaurée  par  Sornique, 
où  il  ne  reste  plus  que  les  initiales  G.  D.,  lo  se  trans- 
forme modestement  en  une  Diane  endormie.  La 
bouche  charmante  et  ravie  reste  bien  entr'ouverte . 
mais  ce  n'est  que  du  zéphire  et  non  plus  de  Jupiter 
qu'elle  reçoit  les  caresses.  Le  gracieux  mouvement  du 
bras  s'abaisse,  et  sa  main,  au  lieu  de  presser  le  nuage, 
brandit  fortement  un  arc.  Enfin  la  nudité  de  cette 
taiUe  cambrée  par  le  plaisir  est  pudiquement  recou- 
verte d'une  draperie  assez  sotte.  Desrochers  et  Bai'- 
tolozzi,  qui  ont  copié  le  même  sujet,  n'ont  pas  été  pris 
des  mêmes  scrupules. 

L'arrangement  de  la  Lèda  était  peut-être  un  peu 
plus  scabreux  .  mais  n'avait  pourtant  rien  de  grossier. 
L'on  voit  à  gauche  le  premier  épisode  du  cygne  luti- 
nant  Léda  ;  au  milieu  de  l'estampe  est  Léda  vue  de 
face  et  vaincue  par  le  cygne  divin  ,  pendant  que  dans 


DUCHANGE.  29 

un  coin  l'Amour  rit  en  notant  quelques  soupirs  sur  sa 
viole.  La  planche  est  grassement  gravée  et  les  chairs 
bien  rendues  par  des  procédés  de  tailles  entrecroisées 
de  la  plus  grande  simplicité.  Au-dessous  ces  vers 
bizarres ,  destinés  à  atténuer  ce  que  la  scène  aurait 
de  trop  vif  : 

Ne  jugez  pas  sur  ce  que  vous  voyez. 

Chastes  yeux,  mais  plutost  croyez 
Qu'en  ce  tableau  la  fable  et  la  peinture 
Comme  une  énigme  ont  jadis  exprimé 

Le  système  de  la  nature 

De  l'embryon  dans  Vœuf  formé. 

La  Danac  interprète  une  autre  ravissante  fantaisie 
du  peintre  ,  qui  a  conçu  une  Danaé  pudique  à  laquelle 
l'Amour  cherche  à  enlever  ses  derniers  voiles.  C'est 
d'après  les  dessins  de  Pietro  di  Pietri  que  furent  exé- 
cutées ces  estampes,  d'après  les  originaux  du  Corrège 
qui  appartenaient  alors  au  prince  Livio  Odescalchi ,  et 
et  ce  n'est  que  plus  tard  qu'ils  vinrent  orner  la  galerie 
du  duc  d'Orléans. 

Trois  des  plus  importantes  planches  de  Duchange 
sont  encore  les  Vendeurs  chassés  du  Temple,  le  Repas 
chez  Simon  le  Pharisien,  et  Jésus  ressuscitant  le  fils 
de  la  veuve  de  Naïm ,  d'après  Jouvenet. 

Duchange  a  beaucoup  aussi  gravé  d'après  les  Goypel, 
surtout  d'après  Antoine  Goypel ,  le  peintre  favori  du 
duc  d'Orléans  ;  plusieurs  de  ses  compositions  mytho- 
logiques, Jupiter  caressant  Junon,  dédiée  à  Mansart , 
Diane  et  ses  Nymphes ,  dédiée  au  Marquis  de  Berin- 
ghen ,  Vénus  endormie ,  la  Mort  de  Didon  ,  les 
Quatre  Eléments  en  collaboration  avec  Desplaces,  etc. 
Une  très  intéressante   estampe  de  notre  artiste  est 


30  LES   GRAVEURS   DU    XVIIie   SIÈCLE. 

encore  celle  qui  représente  Antoine  Coypel  ayant 
auprès  de  lui  son  fils  qui  le  regarde  peindre. 

L'Académie  devait  être  la  récompense  de  ces  efforts 
méritants.  11  y  fut  agréé  et  grava  pour  sa  réception 
qui  eut  lieu  en  1707,  deux  portraits  de  Rigaud ,  le 
peintre  Chatoies  de  La  Fosse  qui  semble  un  peu  poussé 
au  noir,  et  le  sculpteur  François  Girardon  plus  lumi- 
neusement et  largement  traité. 

Sa  liaison  avec  les  Audran  le  fit  choisir  comme  un 
des  principaux  graveurs  de  la  Galerie  du  palais  du 
Luxembourg  et  c'était  même  chez  lui ,  rue  Saint- 
Jacques  au-dessus  de  la  rue  des  Mathurins,  que  se 
vendait  en  1710  cette  belle  collection.  Tout  le  monde 
connaît  la  célèbre  série  de  peintures  commandée  à 
Rubens  par  la  reine  Marie  de  Médicis,  pour  orner  le 
palais  commencé  par  elle  en  1615,  et  qui  devait  retracer 
en  caractères  immortels  les  principaux  traits  de  sa 
vie.  Le  duc  d'Orléans,  à  qui  appartenait  au  commen- 
cement du  XVllP  siècle  le  palais  du  Luxembourg , 
résolut  de  faire  graver  ces  grandes  pages  historiques 
afin  d'en  divulguer  les  beautés,  et  c'est  à  J.  M.  Nattier 
que  fut  confié  le  soin  de  faire  des  dessins  pour  en 
faciliter  la  gravure  ;  celui-ci  s'adjoignit  ses  deux  fils, 
encore  jeunes,  et  tous  trois  mirent  deux  ans  à  ce 
travail.  C'est  d'après  ces  dessins  que  les  graveurs 
exécutèrent  leurs  estampes. 

Duchange  acollaborélàavecles  plus  habiles  artistes 
de  son  temps  :  Jean  et  Benoît  Audran ,  G.  Edelinck , 
Massé,  Trou  vain,  Bernard  Picart,  C.  Simonneau  , 
etc. . .  ;  les  pièces  qu'il  y  a  gravées,  de  1707  à  1709,  de 
son  burin  académique  et  facile ,  sont  généralement 
trouvées  inférieures  à  ce  qu'il  pouvait  faire ,  et  ren- 


DUCHANGE.  3< 

daiit  mal  le  caractère  des  peintures  de  Rubens ,  mais 
pour  le  dernier  reproche  il  faut  surtout  en  charger  les 
dessins  de  Nattier.  Ces  pièces  sont ,  la  Naissance  de 
la  Reine  ,  le  Débarquement  de  la  Reine  à  Marseille 
où  l'on  admire  les  fameuses  sirènes  du  premier  plan , 
la  Ville  de  Lyon  allant  au  devant  de  la  Reine ,  la 
Paix  confirmée  dans  le  ciel ,  enfin  la  grande  pièce  de 
V Apothéose  de  Henri  IV  et  la  Régence  de  la  Reine. 

Ces  estampes  furent  très  recherchées  au  début ,  si 
nous  en  croyons  l'avertissement  du  livre  :  «  Le  désir 
»  ardent-que  l'on  témoigna  en  pais  étranger  comme 
»  en  ce  roïaume  d'avoir  un  recueil  d'estampes  de  ces 
»  excellons  ouvrages  ,  a  été  si  pressant  qu'on  n'a  pu 
»  refuser  les  estampes  à  mesure  qu'elles  ont  esté 
»  gravées  ,  sans  pouvoir  attendre  le  temps  de  les  ras- 
»  sembler  en  un  corps,  comme  on  le  voit  aujourd'hui.  » 

Il  a  aussi  gravé ,  pour  la  GaletHe  du  Président 
Lambert ,  l'estampe  représentant  les  Muses  Melpo- 
mène ,  Erato  et  Polymnie,  et  plusieurs  autres 
planches.  Il  les  présentait  le  samedi  5  septembre  1739 
à  l'Académie  qui  les  jugeait  dignes  de  pai^aître  au  jour 
sous  sa  protection. 

Duchange  semble  avoir  été  mêlé,  beaucoup  plus 
que  sa  signature  au  bas  des  planches  ne  tendrait  à  le 
faire  supposer ,  à  l'exécution  du  beau  livre  connu 
sous  le  nom  de  Sacre  de  Louis  XV.  Ce  somptueux 
ouvrage,  véritable  document  gravé  et  monument  des 
anciennes  pompes  royales  ,  représente  avec  ses  minu- 
ties d'étiquette,  de  cérémonial  et  de  costumes,  tout  le 
menu  de  cette  importante  cérémonie  de  l'ancienne 
France  ,  le  sacre  du  roi  dans  la  basilique  de  Reims. 
C'est  là  que  se  trouve  réglé  jusqu'en  ses  moindres 


32  LES   GRAVEURS   DU    XVIIF   SIECLE. 

détails  ,  le  lever  du  jeune  roi ,  sa  marche  procession- 
nelle à  l'église ,  son  adoration  devant  l'autel ,  son  cou- 
ronnement, la  cérémonie  des  offrandes  et  le  festin 
royal. 

Toutes  ces  planches  sont  travaillées  très  simplement 
et  sans  viser  à  l'effet.  Duchange  a  gravé  pour  sa  part 
la  première,  le  Lever  du  Roy,  l'allégorie  qui  suit ,  en 
avant  du  texte ,  et  les  figures  du  Roy  d'annes  et 
du  Grand-Prieur  de  St-Remy. 

Mais  la  lettre  inédite  suivante ,  adressée  proba- 
blement à  son  élève  et  ami  Dupuis ,  ou  à  Desplaces, 
un  autre  de  ses  collaborateurs ,  nous  fait  supposer 
qu'il  avait  la  direction  de  l'ouvrage  ou  tout  au  moins 
la  haute  main  sur  ses  interprètes  pour  la  partie  artis- 
tique. L'illustre  protecteur  auquel  Duchange  fait  allu- 
sion était  labbé  Jean-Paul  Bignon  ,  bibliothécaire  du 
roi ,  chargé  de  la  rédaction  de  la  partie  littéraire  du 
Sacre  de  Louis  XV: 

«  Ce  18  septembre  1728  , 
»  Monsieur  et  cher  amy,  quoy  que  nous  soyons 
»  privé  des  agréables  audiences  de  nostre  illustre  pro- 
»  tecteur ,  je  croy  qu'il  est  de  nostre  devoir  de  suivre 
»  nostre  inclination  et  de  l'informer  à  Lisle-Belle  *  de 
»  l'avansement  de  la  graveure  du  Sacre  du  Roy.  Il 
»  donne  sa  protection  et  ses  soins  a  cette  ouvrage 
»  aincy  nous  ne  devons  pas  craindre  de  luy  estre  in- 
»  comode  en  luy  envoyant  Testât  présent  ou  elle  est. 
»  Je  vous  l'envoyé  dans  le  mesme  ordre  que  nous 
»  l'avons  deija  présenté.  Gomme  vous  est  au  faict 
»  comme  moy ,  je  vous  prie  de  l'examiner  et  si  vous 


1  Terre  de  l'abbé  Bignon  ,  située  près  de  Melun. 


DUCHANGE.  33 

»  le  trouvé  juste ,  je  croy  que  vous  serez  de  mon  sen- 
»  timent  et  que  vous  l'envoyré  à  sa  destination. 

»  J'ay  faict  reflection  mon  cher  amy  à  ce  que  vous 
»  m'avez  dict  il  y  a  quelque  temps  que  vostre  créan- 
»  sier  vous  pressoit  fort  pour  retirer  de  vous  les  fonds 
»  qu'il  vous  a  avencé  pour  travailler  à  nostre  grand 
»  ouvrage.  Si  vous  pouvié  venir  à  bout  de  faire  payer 
»  ce  mois  icy  dix  mille  livres  à  nostre  trésorier  sur 
»  les  vingt  mille  livres  qui  reste  de  l'ordonnance,  je 
»  croy  que  par  le  moyen  de  vos  amis  on  pourroit  en 
»  disposer  en  vostre  faveur  sans  craindre  que  cela 
»  produise  aucun  retardement  à  la  graveure  de  nos 
»  planches,  vous  scavez  que  chaqun  travaille  avec  cou- 
»  rage ,  et  que  l'on  ne  quittera  pas  qu'elle  ne  soit 
»  entierrement  finy.  De  plus  j'ay  faict  entendre  à 
»  Messieurs  mes  confrères  et  amis  que  nous  ne  reser- 
»  verions  poinct  d'argent  qu'à  la  fin  d'octobre  mais 
»  que  je  leurs  ferois  touché  une  sommes  resonables. 
»  Dans  ces  dispositions  c'est  à  vous  d'employer  vos 
»  amis  à  faire  payer  les  vingt  mille  livres  restant  de 
»  l'ordonnance  et  que  l'on  dispose  du  premier  paye- 
»  ment  en  vostre  faveurs.  Du  reste  repose-vous  sur 
»  moy  et  ne  craingné  pas  que  nostre  ouvrage  retarde 
»  si  les  graveurs  de  lestres  ont  besoins  de  quelque 
»  avence  comme  il  est  juste ,  il  y  a  des  fond  de  reste 
»  chez  la  trésorière  qui  pourront  se  distribuer  au 
»  besoin.  Je  vous  écrit  en  amy  tout  ce  que  je  pense  à 
»  ce  sujet  vous  en  ferez  l'usage  que  vous  trouverez  à 
»  propos.  Mes  force  revienne  bien  je  commence  à 
»  travailler  et  j'espère  estre  en  estast  de  vous  aller 
*  voir  la  semaine  prochaine  et  m'entretenir  avec  vous 
»  plus  particulierrement  que  dans  une  lettres  sur 
n.  3 


34  LES   GRAVEURS   DU    XVIII'^   SIÈCLE. 

»  toutes  nos  affaires.  Lors  que  vous  écrire  à  Monsieur 
»  l'abbé  Bignon  je  vous  prie  de  luy  marquer  que  j'ay 
»  été  malade  depuis  plus  de  cinq  semaines,  car  il  seroit 
»  honteux  à  moy  qui  doit  payer  d'exemple ,  que  sur  le 
»  mémoire  en  estât  de  l'ouvrage  que  j 'envoyé  il  ne 
»  trouve  pas  mes  ouvrages  plus  avencé ,  cependant 
»  vous  sçavez  bien  que  j'ay  beaucoup  travaillé  puis  que 
»  ma  maladie  n'a  etté  causé  que  par  un  épuisement. . . 

»  Duchange.  »  ^ 

On  rencontre  dans  l'œuvre  de  Duchange  une  cu- 
rieuse vue  de  la  Rue  Quinquempoix  en  1720,  d'après 
le  dessin  d'Humblot  qui  avait  assez  bien  rendu  la  foule 
des  agioteurs  en  délii^e. 

«  Le  3  août  1743,  »  lisons-nous  dans  les  Procès-ver- 
baux de  r  Académie  royale,  «  M.  Duchange  conseiller 
»  qui  dans  tous  les  tems  a  donné  des  preuves  de  son 
»  attachement  et  de  son  zèle  pour  la  compagnie  a  cru 
»  qu'il  ne  pouvoit  mieux  faire  sa  carrière  qu'en  lui 
»  dédiant  un  morceau  qu'il  a  gravé  d'après  M.  Jouvenet, 
»  dont  le  sujet  représente  la  Résurrection  du  Fils  de 
»  la  veuve  de  Naïm ,  et  pour  cet  efiet  lui  en  a  présenté 
»  3  épreuves  dont  une  est  sous  verre  et  en  bordure 
»  dorée ,  ce  qui  a  été  très  agréable  à  la  compagnie  et 
»  dont  ledit  sieur  a  été  remercié  unanimement.  »  Et 
d'une  écriture  tremblée  on  lit ,  à  côté  de  la  signature 
de  Lancret  qui  devait  mourir  quelques  jours  plus  tard, 
et  de  l'énorme  par^^phe  de  Boucher,  celle  de  Duchange. 

En  1746,  le  graveur  présentait  encore  trois  planches 
gravées  d'après  Jeaurat,  représentant  les   Mystères 

1  Cette  lettre,  qui  fait  partie  de  la  collection  Portails,  a  été  acquise  à 
la  vente  Benjamin  Fillon. 


DUCHANGE.  3B 

delà  Trinité,  de  V Incarnation  et  de  la  Rédemption , 
dédiées  à  l'archevêque  de  Paris.  On  voit  que  le  gra- 
veur de  la  Léda  faisait  amende  honorable. 

Duchange  avait  épousé,  le  21  octobre  1687  ,  Marie- 
Magdeleine  Bourgeois  dont  il  eut  deux  filles.  L'aînée 
épousa  le  peintre  de  portraits  Gille  dit  Colson  et  la 
cadette  le  graveur  Nicolas  Dupuis.  11  conserva  jusqu'à  la 
fin  de  sa  vie,  malgré  quelques  indispositions  passagères, 
une  excellente  santé  et  une  si  bonne  vue ,  chose  rare 
chez  un  graveur,  qu'il  existe  une  planche  de  lui  gravée 
à  l'âge  de  quatre-vingt-onze  ans.  Enfin  ce  n'est  que  le 
6  janvier  1757,  âgé  de  quatre-vingt-quatorze  ans  et 
demi ,  qu'il  rendit  à  l'Eternel  son  âme  de  vaillant 
graveur. 

ESTAMPES. 

I.  d'après  le  gorrège. 

1.  JUPITER  ET  10,  1705,— JUPITER  DESCEND  EN  PLUIE 

D'OR   SUR  DANAÉ,  —  JUPITER   ET   LÉDA;  3p.  grand 
in-fol.  en  largeur. 

Les  bonnes  épreuves  de  ces  trois  belles  estampes  sont  ceUes  avant  le  nom  de 
Sornique  qui  les  a  retouchées  et  qui  y  a  ajouté  des  draperies. 

II.   d'après  N.  BERTIN. 

2.  Clytie  changée  en  tournesol;  petit  in-fol. 

III.   d'après  a.  GOYPEL. 

3.  Jcpiter  et  Junon;  in-fol.  en  largeur. 

4.  Jupiter  et  AntIOPE;  in-fol.  en  largeur. 

5.  Jupiter  et  Junon  ayant  emprunté  L4  ceinture  de 

VÉNUS  ;  in-fol.  en  largeur. 

6.  Diane  au  bain;  in-fol. 


36  LES   GRAVEURS   DU    XYIIF   SIÈCLE. 

I.  VÉNUS  ENDORMIE,  accompagnée  d'un  satyre  et  de  trois  amours; 

in-fol. 

8 .  La  Mort  de  Didon  ;  in-fol. 

9.  Les  Eléments,  4  p.  gravées  par  Duchange  et  Desplaces. 

Citons  encore  : 

Tobie  rendant  la  vue  à  son  père,  —  le  Vœu  de  Jephté,  estampes  en  largeur; 

Sainte  Cécile,  en  demi-flgure,  —  Sainte  Madeleine,  en  demi-figure,  2  p.  in-fol.; 

l'Enfant  Jésus  au  berceau,  d'après  Charles  Coypel,  gravé  par  Duchange  à  l'âge 
de  87  ans  ; 

Soion  expliquant  ses  lois  aux  Athéniens ,  —  l'Empereur  Trajan  rendant  la 
justice,  d'après  Noël  Coypel. 

IV.  d'après  desormeaux. 

10.  Diane  désarmant  l'Amour,  ITIS  ;  grand  in-4. 

V.  d'après  jouvenet. 

II.  Jésus  chassant  les  marchands  du  Temple,  —  Jésus  ressuscitant  le 

fils  de  la  veuve  de  Naïm  ,  —  le  Repas  chez  Simon  le  pharisien  ; 
3  p.  grand  in-fol.  en  largeur. 


PORTRAITS. 

12.  Coypel  (Antoine)  assis  à  son  chevalet,  ayant  à  côté  son  tout  jeune 

fils  Charles  ;  d'après  lui-même.  Hanc  Antonii  Coypel  et  A.  C. 
ejus  filii  effigiem  quam  ipse  A.  Coypel  ptnxit  jussu  Serenissimi 
principis  Philippi ,  Ludovici  magni  fralris.  1^02  ;  in-fol. 

13.  GiR.VRDON  (François),  sculpteur,  d'après  Rigaud ,  1101;  in-fol. 

Morceau  de  réception  du  graveur  à  l'Académie. 

14.  La  Fosse  (Charles  de),  peintre,  d'après  Rigaud,  nO"?;  in-fol. 

Autre  morceau  de  réception  à  l'Académie. 

15.  Legras  (Mademoiselle),  fondatrice  et  première  supérieure  de  la 

compagnie  des  filles  de  la  charité  servantes  des  pauvres  malades... 
longtemps  employée  par  Monsieur  Vincent  de  Paul  à  establir  les 
confrairies  de  la  charité....  décédée  à  Paris  le  15  mars  1660; 
in-fol. 


DUGLOS    (Antoine-Jean 


1742- 


Deux  chefs-d'œuvre  d'exécution  et  de  goût,  le  Con- 
cert et  le  Bal ,  auraient  largement  suffi  pour  assurer 
la  gloire  de  Duclos  et  pour  perpétuer  son  nom  parmi 
les  amateurs  d'estampes ,  mais  on  lui  doit  aussi  de 
charmantes  vignettes  dans  lesquelles  il  a  prodigué  son 
talent  délicat. 

Elève  d'Augustin  de  Saint-Aubin  ,  lui  ayant  dérobé 
le  secret  de  sa  manière  si  claire  ,  si  ferme  et  si  pétil- 
lante d'esprit ,  Duclos  a  gravé  sous  sa  direction ,  avec 
un  brio  et  un  coloris  remarquables ,  les  deux  plus 
aimables  compositions  de  son  maître ,  le  Concert  et 
le  Bal,  fidèles  peintures  de  la  société  élégante  de 
1773.  Par  ces  estampes ,  les  deux  artistes  nous  font 
réellement  pénétrer  dans  ce  monde  de  suprême  bon 
ton.  Grâce ,  esprit ,  agrément ,  science  de  la  com- 
position ,  virtuosité  de  l'exécution  gravée ,  tout  s'y 
trouve. 

MM.  de  Concourt  ^  avec  leur  verve  habituelle  ,  ont 
trop  bien  décrit  ces  deux  précieuses  pièces,  dédiées 
l'une  à  M.  de  Villemorien  et  l'autre  à  la  comtesse  de 

1  Les  Saint- Aubin ,  par  J.  et  E.  de  Goncourt,  1859. 


38  LES   GRAVEURS    DU    XYIII»    SIECLE. 

Saint-Brisson  ,  pour  que  nous  ne  leur  laissions  pas  la 
parole  : 

Le  Concert  :  «  Le  monde  alors  est  au  salon  :  l'été , 
»  dans  l'après-diner ,  un  salon  rond  où  un  peintre 
»  avait  posé  le  ciel  au  plafond  ,  joli  ciel  où  tout  ce  qui 
»  va  au  ciel ,  soupirs  et  souvenirs,  ne  trouvait  que  des 
»  fleurs  et  des  jeux  d'amour.  Au-dessous  des  trophées 
»  de  musique,  des  rideaux  de  soie  laissaient  passer 
»  par  la  fenêtre  la  gaité  d'un  beau  jour. ...  et  en 
»  cercle,  petites  mules  et  hauts  talons  sur  le  carreau 
»  noir  et  blanc ,  paniers  et  basques  ça  et  là  sur  les 
»  bois  dorés  aux  formes  rondissantes  ,  autour  du  cla- 
»  vecin  sonore ,  radieux  des  fantaisies  de  quelque 
»  Gillot,  la  belle  compagnie  écoutait.  Elle  écoutait 
»  quelque  musique  de  M.  de  La  Borde ,  ce  choix  de 
»  chansons  qui  a  pour  frontispice  une  lyre  entre  des 
»  lys  et  des  roses.  0  le  beau  moment  !  comme  tout  ce 
»  monde  cueille  l'heure  présente  !  que  de  bouquets  et 
»  de  noeuds  de  ruban  !  que  de  perles  au  cou  et  de 
»  paroles  à  l'oreille  !  La  harpe  repose.  Le  clavecin 
»  parle  sous  les  doigts  de  la  plus  jolie  femme ,  à  sa 
»  droite  la  plus  johe  personne  chante  en  tourmentant 
»  un  éventail.  Et  de  jolis  hommes  sont  tout  autour 
»  d'elles ,  assis  ou  debout ,  tirant  des  pleurs  d'une 
-^  basse ,  des  fredons  d'un  violon ,  des  prières  d'une 
»  flûte  ou  penchés  s'empressant  de  tourner  les  feuillets 
»  de  la  partition.  C'est  cela,  l'été ,  en  ce  paradis.  » 
La  description  du  Bal  paré  n'est  pas  moins  heureuse  : 
«  L'hiver,  autre  salon,  caiTé  celui-ci  et  tout  en 
>  glaces,  panneaux  sculptés  et  trumeaux.  Des  rosaces 
»  rocaille  et  chantournées  pendent  cinq  lustres  de 
*  cristal  de  Bohême  versant  le  doux  jour  des  bougies. 


DUCLOS.  39 

»  Les  bras  et  les  appliques  chargés  de  feux  leur  ré- 
»  pondent  dans  les  glaces.  Au  milieu  d'une  cheminée 
»  un  cartel  sonne  une  heure  qu'on  n'entend  pas ,  un 
»  orchestre  dans  une  tribune,  sur  le  côté,  couvre  le 
»  bruit  du  temps  ;  au  fond ,  la  causerie  bourdonne 
»  comme  une  abeille.  Les  diamants  jouent  sur  les 
»  têtes,  les  yeux  ont  des  sourires  ;  au  milieu  du  salon, 
»  dans  la  pleine  lumière ,  sur  le  parquet  à  dessins 
»  de  bois  vibrant  sous  la  danse,  quatre  couples 
»  rayonnent  et  se  meuvent.  Les  nœuds  de  perruque 
-»  battent  sur  les  collets  d'habits  ,  les  montres  battent 
*  sur  les  jupes.  Brandebourgs  à  l'habit  clair  et 
»  manchettes  de  fourrure  ,  face  à  face  avec  sa  belle , 
»  celui-ci  lui  prenant  la  main  en  l'air,  va  la  faire 
»  passer  sous  le  pont  d'amour  de  son  bras.  Celui-là  , 
»  le  jarret  tendu  ,  tenant  déjà  du  bout  des  doigts  les 
»  doigts  de  sa  danseuse,  la  fait  volter  sur  elle  et  contre 
»  lui  ;  tandis  que  deux  autres  couples  ,  presque  dos  à 
»  dos ,  mais  se  regardant  par-dessus  l'épaule,  s'entre- 
»  lacent  et  se  nouent  des  deux  mams  par  derrière. 
»  C'est  l'allemande ,  dansée  d'après  les  principes  de 
»  M.  Dubois  de  l'Opéra.  Au-devant  ce  sont  de  belles 
»  femmes  arrivant  dans  leurs  pelisses ,  conduites  par 
»  de  vieux  amis  à  gilet  d'or  ;  des  manteaux  de  dan- 
»  seuses  oubliés  sur  un  siège  ;  quelque  minois  de 
»  jeune  mariée  qui  se  retourne  vers  une  conversation 
»  d'hommes  ;  quelque  dame  menée  au  buffet  qui  est 
»  là,  montrant  par  la  porte  le  dressoir  enguirlandé  de 
»  roses  ,  les  pyramides  de  fruits  ,  la  vaisselle  de  Ger- 
»  main  et  les  plats  de  Saxe  festonnés.  Point  de  presse, 
»  point  de  coudoiement;  simplement  le  ballet  de  la 
»  jeunesse  dansé  à  huit  devant  un  petit  peuple  d'amis 


40  LES   GRAVEURS   DU    XVIIF    SIECLE. 

»  qui  se  reconnaissent  et  se  saluent  d'un  air  de  tête 
»  des  quatre  coins  du  salon...  Il  y  a  d'un  bout  à  l'autre 
»  de  ces  fêtes  sereines ,  un  bercement  tranquille , 
»  une  paix  et  une  harmonie  ,  l'harmonie  même  de  ce 
»  monde  gardant  ses  rangs  ,  l'ordre  heureux  de  cette 
»  société  sans  cohue,  où  chacun  avait  une  place  et  sa 
»  place.  Le  rare  talent  pour  peindre  tant  de  choses  ! 
»  La  fortune  unique  d'avoir  fixé  la  physionomie  de  la 
»  France  en  son  plus  joli  moment. . .  !  »  ^ 

Duclos  fut  aussi  un  admirable  graveur  de  vignettes. 
Il  a  collaboré  pour  quelques  pièces  à  plusieurs  des 
plus  jolis  livres  parus  dans  les  trente  dernières  années 
du  siècle.  On  trouvera  dans  le  catalogue  ci-après  le 
détail  de  ces  vignettes  ,  presque  toutes  remarquables 
par  le  brillant  et  l'esprit  de  l'exécution  ,  et  dont  plu- 
sieurs sont  de  véritables  estampes. 

Formé  par  Augustin  de  Saint-Aubin,  Duclos  excellait 
naturellement  dans  la  préparation  à  l'eau-forte  des 
estampes  et  des  vignettes.  Aussi  lui  a-t-on  fait  com- 
mencer beaucoup  de  pièces,  que  les  burinistes  les  plus 
accrédités  ont  terminées  et  signées  ;  ce  fait  est  impor- 
tant à  constater.  11  a  gravé  notamment  des  eaux-fortes 
pour  les  Principaux  Evénements  de  la  Révolution , 
grandes  compositions  de  Monnet.  La  suite  de  ces  eaux- 
fortes  par  Duclos  et  Duplessi-Bertaux,  a  figuré  à 
la  vente  Pixérécourt  2.  Elles  ont  été  terminées  par 
Helman. 

1  Les  deux  dessins  d'A.  de  Saint-Aubin  furent  exposés  au  Salon  de 
1173. 

2  Guilbert  de  Pixérécourt ,  auteur  dramatique  ,  un  des  fondateurs  de 
la  Société  des  Bibliophiles  français ,  possédait  une  bibliothèque  consi- 
dérable. Son  ex-libris  portait  la  devise  :  Un  livre  est  un  ami  qui  ne 


DUCLOS.  4-1 

Duclos  était  en  outre  un  excellent  dessinateur,  dont 
la  manière  rappelait  celle  de  Gi-avelot  ;  nous  avons 
vu  de  lui  un  certain  nombre  de  dessins  ,  qu'il  a  géné- 
ralement gravés  lui-même,  pour  des  pièces  de  théâtre. 

Il  nous  reste  à  signaler  encore  un  important  mor- 
ceau de  Duclos ,  gravé  d'après  le  pastel  de  même 
grandeur  exécuté  en  1778 ,  par  Desfossés  ,  fils  du  gra- 
veur Surugue,  officier  au  corps  royal  d'artillerie  et  qui 

change  jamais.  Il  se  décida  à  vendre  eu  1839,  et  cette  vente  dura 
vingt-neuf  jours.  Le  catalogue  comprenait  plus  de  2,000  articles.  On  y 
remarquait  un  certain  nombre  d'ouvrages  à  figures  : 

122  eaux-fortes  de  la  Bible  de  Marillier,  89  fr.  50. 

Les  Métamorphoses  d'Ovide,  Deterville ,  1800,  in-8  ,  exemplaire 
contenant  les  figures  de  l'éditiou  de  1767-71  ,  avant  la  lettre,  les  eaux- 
fortes,  les  fleurons  de  Choffard  et  leurs  eaux-fortes,  65  fr. 

La  suite  du  Voltaire  de  Kehl  avant  la  lettre  ,  exemplaire  du  graveur 
Simonet,  150  fr.  —  78  eaux-fortes,  100  fr. 

Les  figures  de  Smirke  pour  Don  Quichotte ,  300  fr. 

La  Folle  Journée,  figures  avant  la  lettre  et  eaux-fortes,  30  fr.  50. 

Œuvres  de  Molière,  1773,  avec  les  deux  suites  de  Moreau  et  toutes 
les  eaux-fortes,  201  fr. 

Télémaque  ,  iu-4  ,  avec  toutes  les  eaux-fortes  des  figures  de  Monnet 
gravées  par  Tilliard  ,  24  fr. 

Le  Temple  de  Gnide,  figures  de  Regoault  et  eaux-fortes,  28  fr.  50. 

Tableaux  de  ta  Révolution  et  Campagnes  d'Italie ,  avec  les  eaux- 
fortes ,  1,211  fr. 

Mais  la  grande  curiosité  de  la  vente  était  le  n°  1910  du  catalogue, 
Recueil  de  pièces  sur  la  Révolution  française  ,  comprenant  :  4  cartons 
de  poésies  révolutionnaires,  poëmes,  épitres,  satires,  odes  ;  4  cartons  de 
chansons  révolutionnaires  ;  63  cartons  contenant  neuf  cents  pièces  de 
théâtre  jouées  pendant  la  Révolution  ;  20  cartons  de  facéties  révolu- 
tionnaires,  pamphlets,  etc.;  20  cartons  d'almanachs  révolutionnaires; 
57  cartons  de  pièces  historiques,  et  un  album  de  gravures  sur  la  Révo- 
lution. 

Cette  collection  révolutionnaire  fut  retirée  à  la  vente ,  et  acquise  par 
la  Chambre  des  Pairs  pour  3,000  fr.  Elle  est  aujourd'hui  à  la  biblio- 
thèque du  Sénat. 

L'ensemble  de  la  vente  de  Pixérécourt  produisit  75,000  fr. 


42  LES    GRAVEURS    DU    XVUF    SIECLE 

représente  la  Reine  Marie- Antoinette  annonçant  à 
M™^  de  Bellegarde  des  juges  et  la  liberté  de  son  mari 
en  mai  1777 .  Cette  pièce  curieuse  se  rapporte  à 
Antoine  Dubois  de  Bellegarde ,  bel  officier  des  gardes 
du  corps ,  connu  pour  sa  haute  taille ,  et  qui  s'était  fait 
chasser  pour  abus  de  confiance  dans  des  réformes 
d'armes  qui  motivèrent  un  conseil  de  guerre.  Il  fut 
forcé  d'échapper  par  la  fuite  au  châtiment ,  se  réfugia 
en  Prusse  et  s'y  engagea  dans  un  régiment  d'infan- 
terie. Au  bout  de  peu  de  mois ,  il  déserta  et  revint  en 
France  se  constituer  prisonnier.  Pendant  ce  temps , 
sa  femme  qui  lui  était  fort  attachée,  organisa  sa  dé- 
fense ,  la  confia  au  célèbre  Linguet  et  obtint  la  pro- 
tection de  la  Reine  :  c'est  ce  que  représente  l'estampe 
de  Duclos. 

Bellegarde  fut  rendu  à  la  liberté ,  mais  sa  recon- 
naissance pour  cette  intervention  royale  ne  paraît 
pas  avoir  été  bien  vive  ;  il  se  montra ,  dès  le  début  de 
la  Révolution ,  partisan  enthousiaste  des  réformes. 
Elu  député  de  la  Charente  à  la  Convention,  U  prit  part 
au  procès  de  Louis  XVI  et  non-seulement  vota  la 
peine  de  mort  sans  sursis ,  mais  contraignit  deux  de 
ses  collègues  à  faire  comme  lui. 


ESTAMPES. 


I.    D  APRES   DESFOSSES. 

La  Reine  annonçant  a  M'"*'  de  BELLEGARr)E  des 

JUGES,    ET    LA    LIBERTÉ    DE    SON    MARI,    EN    MAI    1777. 
d'après  Desfossés,  officier  d'artillerie;  in-fol.  en  largeur,  1779. 

L'eau-forte  au  Cabinet  des  Estampes.  —  Les  premières  épreuves  de  souscrip- 
tion sont  avant  la  lettre.  100  fr.  1877. 


DUCLOS.  43 

II.    d'après    DUCLOS. 

2.  Retoitr  de  Chasse  du  3  janvier  1783,  dédié  à  la  Bienfaisance. 

—  Dessiné  et  gravé  par  Duclos  en  janvier  1783  ;  in-4  en  largeur. 
Môme  format  que  le  Trait  de  charité  de  la  Dauphine  dessiné  par  Moreau. 

III.  d'après  freudeberg. 

3.  L'eau-forte  de   L'ÉVÉNEMENT  AU  BAL,    estampe  terminée  par 

Ingouf;  in-fol. — L'eau-forte  du  CoucHER,  estampe  terminée 
par  Bosse;  in-fol.  (Monument  du  Costume). 

IV.    d'après   le    PRINCE. 

4.  Festin  de  deux  jeunes  mariés  russes;  planche  in-fol.  en  largeur. 

V.    d'après    MOREAU. 

5.  RÉCEPTION     DE     ChOISEIIL-GoUFFIER     CHEZ     ILVSSAN- 

Tchousch-Oglou  ;  in-fol.  en  largeur,  1780.  [Voyage pitto- 
resque de  la  Grèce.) 

VI.    d'après    SAINT-AUBIN. 

6.  LE   CONCERT,    dédié  à  Madame  la  Comtesse  de  Saint-Brisson 

par  son  très  humble  et  très  obéissant  serviteur  Duclos  ;  in-fol.  en 
largeur. 

"7.  LE  BAL  P.\RÉ  ,  dédié  à  Monsieur  de  Villemorien  fils  par  son 
très  humble  et  très  obéissant  serviteur  Chéreau  fils;  in-fol.  en 
largeur,  pendant  de  la  pièce  précédente. 

Ces  deux  célèbres  compositions  sont  au  nombre  des  plus  belles  estampes  que 
l'École  du  XVIII*  siècle  ait  produites ,  et  il  est  juste  d'en  attribuer  la  gloire 
autant  au  graveur  Duclos  qu'au  dessinateur  Saint-Aubin  ,  tant  le  premier  a  su 
faire  passer  dans  la  gravure  l'esprit  et  l'élégance  du  dessin. 

L'eau-forte  du  Bal  a  été  payée  545  fr.  à  la  vente  Béhague  ;  celle  du  Concert ,  à 
la  vente  Wasset ,  a  coûté  6,200  fr.  Les  deux  épreuves  ont  été  payées  4,200  fr.  à 
la  vente  MOhlbacher,  1881  (1). 

L'eau-forte  du  Concert  est  moins  large  que  celle  du  Bal  de  deux  centimètres 
environ.  La  planche  a  été  ensuite  complétée  et  amenée  à  la  même  dimension 
que  celle  du  Bal. 

Deux  magnifiques  épreuves  d'essai ,  avant  les  derniers  travaux  et  avant  l'en- 

(1)  La  collection  de  M.  Mùhlbacher,  dont  nous  avons  parlé  tome  F'',  page  326, 
a  été  vendue  au  mois  de  mars  1881.  Les  1158  articles  du  catalogue  ont  produit 
258,000  fr. 


U  LES   GRAVEURS    DU    XYIII^    SIÈCLE. 

cadiement,  très  lumineuses,  ont  été  payées  12,000  fr.  à  la  vente  Mûhlbacher. 

11  existe  quelques  épreuves  rarissimes  terminées ,  avec  l'encadrement ,  avant 
la  lettre.  Une  semblable  épreuve  du  Bal  est  exposée  au  Cabinet  des  Estampes. 

\"  état  :  Avant  les  mots  Graveurs  du  Roy,  etc.  après  le  nom  de  Saint-Aubin; 
les  deux ,  1,050  fr.  vente  Béhague .  2,000  fr.  1881 . 

2^  état  :  Avec  ces  mots. 


VIGNETTES. 


D  APRES    BOUCHER. 


8.  Arrivée  de  Télémaque  dans  l'île  de  Calypso.  —  Dédié  à  J.  Aliamet, 

graveur  du  roi.  — Eau-forte  par  Duclos ,  terminée  par  Patas; 
iii-4  en  largeur. 

II.  d'après  GOGHIN. 

9.  Orphée  enseignant  aux  hommes  le  culte  des  Dieux;    gravé   par 

Duclos  et  Halbou;   iii-4.   —  La  même  vignette,  réduite  in-8 
{Emile  ,  de  J.-J.  Rousseau). 

10.  Vignette  in-4  pour  le  chant  XI  de  la  Jérusalem  délivrée. 

III.  d'après  duglos. 

11.  Vignettes  dessinées  et  gravées  par  Duclos  pour  les  illustrations 

d'opéras-eomiques  publiées  par  Martinet;  in-8. 

Le  Jardinier  et  son  Seigneur,  6  p.  —  Les  Deux  Chasseurs  et  la  Laitière.  —  Le 
Déserteur.  —  Les  Sabots.  —  Les  Deux  Avares.  —  Lucile.  (Voyez  à  l'art.  Martinet). 
Nous  avons  signalé  à  l'article  Deny  une  vignette  dessinée  par  Duclos. 

IV.  d'après  EISEN. 

12.  HÉRO   ET   LÉANDRE    DANS    LE    TEMPLE   DE  VÉNUS. 

—  A.-J.  Duclos  sculpsit  n'74  ;  in-8. 

Frontispice  i'Béro  et  Léandre,  à  la  suite  d'Anacréon,  Sapho,  Biun  et  Moschus. 

V.  d'après  fragonard. 

13.  Les  eaux-fortes  de  la  Matrone  d'Éphèse,   1793,  et  de  Belphégor, 

1*794  (pour  les  Contes  de  La  Fontaine),  terminées  par  Delignou 
et  Patas  ;  in-4. 


DUCLOS.  45 


VI.    DAPRES    GRAVELOT. 

14.  Frontispice  allégorique,  avec  portrait  de  Louis  X"V,  et 

vignettes  pour  la  Bibliothèque  des  Artistes  et  des  Amateurs,  par 
l'abbé  de  Petity,  HôG,  3  vol.  in-4. 

15.  LE    DISTRAIT    (il  jette  son  verre  d'eau  sur  le  trictrac  et  porte 

le  cornet  à  sa  bouche  ) ,    ravissant  en-tête  de  Gravelot   pour  le 
La  Bruyère  de  1150,  in-4. 

L'oau-forte,  150  fr.  1880. 

Duclos  a  gravé  un  autre  en-tête  pour  le  même  livre. 

IG.  Vignettes  pour  la  Pharsale  de  Lucain  ,  1766,  in-8  ;  —  la  Secchia 
rapifa  ,  1166  ,  in-8  ;  —  les  Almanachs  iconologiques ,  in-18 
(  Melpomène ,  Noblesse  )  ;  —  Eugénie ,  drame  de  Beaumarchais 
(acte  III) ,  in-8  ;  —  Racine ,  édition  de  Luneau  de  Boisgermain 
{Bére'nice)  ;  —  Histoire  de  Sophie  Francourt ,  par  le  marquis  de 
Lasalle,  in-12;  —   Tacite,  1768,  in-12. 

n.  Tu  gardes  le  silence ,  et  tu  pleures?  Acte  III.  Scène  7;  in-8. 

Jolie  vignette  pour  V Amoureux  de  quinze  ans ,  ou  la  Double  Fête  ,  comédie  de 
Laujon ,  1T71. 

18.  Henri   IV   chez   Michau,  vignette  ovale  in-4  {la  Partie  de 

chasse  de  Henri  IV,  de  Collé). 

19.  JULIE   ET   CHARLOT,  dansant,  mi  ;  in-4. 

Très  beUe  vignette  pour  les  Œuvres  de  Voltaire,  édition  de  Genève,  1~68.  Nous 
en  avons  vu  l'eau-forte  chez  M.  LeflUeul ,  libraire.  —  Duclos  a  gravé  d'autres 
agures  pour  cette  édition  :  le  Duc  de  Foix,  Alzire,  la  Uenriade,  chants  1  et  V,  etc. 

20.  RENAUD  DANS  LA  FORÊT,  CROYANT  VOIR  ARMIDE; 

in-8. 

C'est  la  plus  gracieuse  vignette  de  la  suite  de  la  Jérusalem  délivrée  ,  n66.  — 
Duclos  a  encore  gravé  la  figure  du  chant  II  (  Clorinde  empêche  Sophronie  et 
Olinde  d'être  brûlées),  et  celles  des  chants  VI  et  Vlll. 

21.  La  Vierge  sur  des  nuages.  Tu  gloria  Jérusalem  ;  in-8. 

vit.  d'après  le  barbier. 

22.  Un  génie  aîlé  s'élevant  sur  les  nuages,  1786  ;  in-12.  —  Une  vignette 

pour  le  Roman  comique  (  Mêlée  nocturne  ) ,  l'an  3*  ;  in-8. 


46  LES   GRAVEURS   DU   XVI1I«   SIECLE. 


VIII.    D  APRES   LE   PRINCE. 

23.  Amours  écrivant,   peignant,  jouant  avec  divers  instruments  de 

science  ;  fleuron  pour  titre. 

IX.  d'après  marillier. 

24.  LA   DORMEUSE.   —  Une  chambre  à  coucher  richement  ornée  . 

dans  un  lit  à  grandes  tentures ,  une  jeune  femme  est  endormie  ,  à 
demi  découverte,  le  bras  droit  replié  sous  sa  tête.  Un  jeune  homme 
s'avance  vers  le  pied  du  lit  pour  la  surprendre.  —  C.  P.  Marillier 
inv.,  A.-J.  du  Clos  sculp.  mi  ;  in-8. 

Vignette  admirable  ,  et  digne  de  figurer  dans  les  collections  d'estampes.  Elle 
provient  d'un  roman  de  Dorât  intitulé  :  les  Sacrifices  de  l'amour,  ou  Lettres  de  ta 
vicomtesse  de  Senanges  et  du  chevalier  de  Yersenay,  2  vol.  in-8.  Elle  est  toujours 
avant  la  lettre ,  mais  il  y  a  de  très  belles  premières  épreuves  sur  papier  fort 
L'eau-forte,  200  fr.  1879. 

25.  LES  NEUF  PARTIES  DU  DISCOURS.— ^>  Les  petites  Demoi- 

•^  selles  ci-dessus,  pour  être  bien  élevées,  étudient,  avec  attention, 
•'  les  neuf  mots  de  la  langue  française.  ■'  —  Duclos  sculpsit  ;  in-8. 

En  tête  de  ce  charmant  titre,  on  lit  :  École  française  pour  les  jeunes  demoiselles. 
—  Pour  la  Grammaire  des  dames ,  dédiée  à  la  Princesse  de  Lamballe  par  M.  de 
P.  (Prunay) ,  Paris,  RoUin  ,  ITTÎ. 

26.  Y ignelte  ipour  Olinde  et  Sophronie ,  drame  de  Mercier,  mi.  — 

Cul-de-lampe  pour  les  Idylles  de  Saint-Cyr,  de  Dorât  (Un  enfant 
enlevé  par  un  aigle),  mi. —  Eau-forte  pour  les  Élégies  de  Tibulle, 
an  III  ;  terminée  par  Dupréel. 

X,    d'après   MONNET. 

2*7.  Battus  métamorphosé  par  Mercure  en  pierre  de  touche  ,  vignette 
in-8  pour  les  Métamorphoses  d'Ovide  de  mo. 

28    Les  eaux-fortes  de  six  figures  allégoriques  sur  la  Révolution  fran- 
çaise ,  in-4  ;  terminées  par  Helman. 

1.  Les  Droits  de  l'homme,  A.  1.  Duclos  aqua-forti  ;  1791.  —  2.  La  Nation,  la 
Loi,  le  Roi.  La  Nation  ,  de  qui  seule  émanent  tous  les  pouvoirs,  ne  peut  les 
exercer  que  par  délégation;  1792.  —  3.  Égalité  de  droit.  Autel  de  la  patrie. 
Division  delà  France  en  départements  ;  1792.  —  4.  Impartialité.  Allégorie  sur  la 
justice  ;  1792.  —  5.  Allégorie  sur  l'Assemblée.  On  y  voit  une  femme  écrivant  le 
Journal  de  l'Assemblée  Nationale,  1792.  —  6.  Protection  à  l'Innocence,  Punition 
du  Grime,  Interrogatoire  ;  1793. 


DUCLOS.  47 

29.  Les  eaux-i'ortes  des  dix  premières  planches  des   PRINCIPAUX 

ÉVÉNEMENTS  DE  LA  RÉVOLUTION,  terminées  par 
Helmaii  (voyez  ce  nom). 

XI.  d'après  moreau. 

30.  Vignette  pour  le  ch.  XXVII  de  l'Arioste  de  Baskerville  (  Disputi.' 

de  moines);  in-8. 

31.  Le  Dépit  amoureux,  le  Misanthrope,  les  Femmes 

sçwANTES,  Do.N  G  ARC  lE ,  4  p.  in-8  (ÛBuDres  de  ilfo//ère , 
édition  de  Bret). 

32.  VÉNUS  DÉSHABILLÉE  PAR  LES  GRACES,  vignette  in-8 

pour  le  Jugement  de  Paris  par  Imbert ,  Amsterdam  ,  n'72. 
Cette  merveilleuse  vignette  existe  à  l'eau-forte. 

33.  TRAIT   DE   CHARITÉ    DE   LA   DAUPHINE  ,   vignette  in-8 

pour  les  Annales  du  règne  de  Marie-Thérèse  ,  par  Fromageot. 

Cette  vignette  existe  à  l'eau-forle. 

C"est  le  même  trait  de  charité  qui  a  fait  le  sujet  d'une  charmante  estampe  in-4 
en  largeur,  dessinée  par  Moreau  et  gravée  par  Godefroy. 

34.  Ils  n'ont  pas  encore  mis  le  bonheur  dans  les  romans  et  sur  le 

théâtre  ;  in-8  (  Voyage  à  l'Ile  de  France ,  de  Bernardin  de  Saint- 
Pierre,  m3). —  C'est  ce  travail  funeste,  à  Ciel,  venge  une  mère, 
llli  ;  in-8  (  les  Saisotis,  poëme  de  Saint-Lambert). —  Ses  lèvres 
tremblèrent  en  prononçant  le  vœu. . .  ,  mi  ;  in-8  [les  Incas). 
—  Ciro,  scena  ultima  ;  in-8  [Œuvres  de  Métastase).  —  Figures 
pour  la  suite  de  V Histoire  de  France. 

35.  Institution  de  l'ordre  de  la  Toison-d'Or  par  Philippe-le-Bon.  Tête 

de  page,  1781  [Description  générale  et  particulière  de  la  France, 
par  de  Laborde,  etc.,  in-fol.). 

36.  Portrait  allégorique  de  FrÉDÉRIC-GuillAUMK  ,  PRINCE  DE 

Prusse  ;  in-4  [la  Henriade  de  Kehl). 

37.  HENRI  IV   ET   GABRIELLE   D'ESTRÉES. 

Très  belle  vignette  pour  la  Henriade  in-4. 

88.  La  Mort  de  César,  vignette  in-4  ,  gravée  à  l'eau-forte ,  1782. 

Pour  une  série  de  planches  in-4  destinée  à  l'illustration  des  flEuvres  de  Vol 
taire,  et  qui  a  été  abandonnée. 


48  LES   GRAVEURS    DU    XYIIP   SIECLE. 

39.  Illustrations  pour  les  CEuvBES  DE  VOLTAIRE,  édition  de  Kehl, 

in-8. 

Nous  trouvons  la  signature  de  Duclos  sur  les  vignettes  de  :  la  Mort  de  César, 
iiérope,  Socrate,  la  llenriade,  chant  IX  (Henri  IV  et  Gabrielle  d'Estrées)  ; 

Sur  la  très  jolie  figure  de  Qertrude,  conte  (André,  mon  cher  André...),  vignette 
que  Moreau  devait  si  bien  réussir  une  deuxième  fois  vingt  ans  plus  tard  ; 

Sur  la  figure  de  Zadig  (les  Bendez-Yous)  ; 

Et  dans  la  Pucelle  ,  sur  la  ti  es  célèbre  figure  de  l'âne,  chant  XX  (Vers  son 
amant  elle  avança  la  main). 

Mais  il  est  très  important  de  remarquer  que  Duclos  a  été  le  graveur  à  l'eau- 
forte  de  bien  des  figures  du  Voltaire  ,  que  d'autres  graveurs  ont  signées  en  les 
terminant  ;  par  exemple  :  dans  la  Pucelle  ,  chant  IX  (  D'un  gros  baiser  la  bar- 
bouille) ,  gravé  par  Dambrun  ,  l'eau-forte  est  signée  A.  J.  Duclos  sculpsit  1788  ; 
—  chant  XIII  (De  la  cuirasse. . .),  gravé  par  Longueil  ;  —  chant  XVI  { //  salua 
trois  fois  ) ,  terminé  par  Lingée  ;  —  chant  XVII  { le  Confesseur  ) ,  terminé  par 
Trière. 

40.  Frontispick    .allégorique    pour   L.v    Nouvelle- 

HuLOïSE  (Aidé de  la  sagesse. ..) ,  —  La  Querelle  (Saint- 
Preux,  mylord  Edouard  et  M.  d'Orbe),  —  La  CONFIANCE 
DES  BELLES  AMES  (Saint-Preux,  Julie  et  M.  deWolmaràla 
grille  du  château) ,  —  L'AWOUR  M.\TERNEL  (Julie  se  précipi- 
tant à  l'eau) ,  4  p.  in-4  pour  le  Rousseau  de  m4-83. 

XII.    d'après    A.    DE    SAINT-AUBIN. 

41.  Un  Saint ,  martyr,  frappé  par  deux  soldats ,  HôS  ;  in-12. 

XIII.    d'après    g.    de    SAINT-AUBIN. 

42.  Louis  XV  visitant  l'École  militaire;   in-8  {Étrennes 

françaises,  par  l'abbé  de  Petity). 

XIV,  d'après  divers. 

43.  Vignettes  pour  l'Histoire  romaine  de  Myris.  —  Titre  et  vignettes 

pour  Nouvelles,  par  M.  de  Chamois,  d'après  T.  B.  T.  D.;  in-12. 
—  Jeune  femme  berçant  un  enfant,  pièce  en  largeur  d'après  Hilair, 
pour  le  Voyage  en  Grèce  du  comte  de  Choiseul-Gouffier,  l'7.s2  ; 
in-fol. 


DUCROS    (Pierre 


4745 -4 810. 


Pierre  Diicros ,  peintre  et  graveur,  né  en  Suisse  en 
1745,  mort  à  Lausanne  en  1810 ,  était  d'après  Joubert 
à  qui  nous  empruntons  ces  détails ,  particulièrement 
lié  avec  Volpato ,  célèbre  graveur  italien.  Ils  entre- 
prirent de  graver  ensemble  une  suite  de  Vues  de 
Rome  et  de  la  Campagne  Romaine,  «  entreprise  dans 
»  laquelle  Ducros  s'est  montré  graveur  habile  et  grand 
»  paysagiste.  »  Cette  suite  a  été  exécutée  en  couleur. 

Un  second  travail ,  celui-là  fait  avec  Montagnani , 
autre  graveur  italien ,  est  une  suite  de  24  Vues  de 
Malte  et  de  Sicile  ,  collection  qu'il  faut ,  toujours 
d'après  Joubert ,  ranger  parmi  les  plus  belles  produc- 
tions de  la  gravure,  et  où  le  burin  rivalise  d'éclat  avec 
la  couleur.  Ce  sont  des  vues  de  Messine ,  Taormine  , 
Syracuse,  Malte,  etc. . .  Malgré  nos  recherches,  nous 
n'avons  pu  parvenir  à  les  rencontrer. 

Basan  dit  qu'il  a  gravé  à  Rome ,  en  1784 ,  dans  la 
manière  du  lavis  ,  deux  Marines ,  dédiées  à  Pie  VI. 

Les  ouvrages  de  ce  graveur  sont  plus  recherchés  à 
l'étranger  qu'en  France. 


DUFLOS   (Claude). 

1662-'1727. 


Fils  d'un  chirurgien  ,  Claude  Duflos  est  né  à  Paris 
vers  1662,  car  à  son  mariage  à  St- Benoît,  le  25 
avril  1695 ,  il  déclare  être  âgé  de  trente-trois  ans.  Il 
épousait  la  fille  de  l'imprimeur  en  taille-douce  Ignace 
Antoine ,  qui  lui  donna  treize  enfants.  A  ce  mariage 
assistaient  le  chevalier  Gérard  Edehnck,  Etienne  Picart 
le  Romain ,  et  la  femme  de  Gérard  Audran ,  Hélène 
Licherie. 

C'était  certes  un  talent  estimable  que  celui  de  Claude 
Duflos ,  mais  mérite-t-il  les  éloges  que  dans  tout  un 
paragraphe  Mariette  lui  décerne  ? 

«  Une  extrême  propreté  dans  la  conduite  de  la  gra- 
»  veure ,  une  grande  netteté ,  un  arrangement  de 
»  tailles,  égales  entre  elles  et  bien  suivies  ,  une  atten- 
»  tion  toute  singulière  à  terminer  ses  ouvrages  et  à 
»  leur  donner  une  couleur  douce  et  agréable ,  voilà 
»  ce  qui  fait  le  principal  mérite  de  Claude  Duflos  et 
»  ce  qui  a  toujours  été  l'objet  de  ses  études.  Non  con- 
»  tent  d'exprimer  chaque  objet  par  le  moyen  ordinaire 
»  des  tailles,  il  a  fait  revivre  la  manière  de  Boulanger 
»  qui  consiste  à  exprimer  les  chairs  par  une  multitude 
»  innombrable  de  points  rapprochés   l'un   auprès  de 


DUFLOS   (Claude).  5< 

»  l'autre  ;  il  a  perfectionné  cette  manière  et  est  arrivé 
»  au  point  que  plusieurs  de  ses  ouvrages  semblent 
»  plus  tost  lavés  au  pinceau  que  gravés  tant  ils  sont 
»  terminés  avec  soin.  Il  n'a  pas  fallu  moins  de  patience 
»  que  de  veue  pour  venir  à  bout  d'un  travail  aussy 
»  pénible.  » 

Nous  croyons  qu'il  faut  tenir  compte  de  ceci ,  que 
le  père  de  Mariette  avait  édité  un  certain  nombre  des 
planches  de  Claude  Duflos  et  qu'il  y  avait  dans  cette 
bienveillante  appréciation  un  peu  d'intérêt  de  boutique; 
quoiqu'il  en  soit ,  Claude  Dujflos  a  été  un  graveur  d'un 
certain  talent  et  surtout  d'une  grande  fécondité  ,  bien 
qu'il  faille  lui  enlever  une  quantité  considérable  de 
planches  pour  les  rendre,  suivant  les  uns  à  son  frère, 
suivant  d'autres  à  son  fils.  Les  dates  sont  là  d'ailleurs  : 
Claude  Duflos,  nous  apprend  Jal,  décéda  rue  St-Jacques 
le  18  septembre  1727,  âgé  d'environ  soixante-cinq  ans, 
et  fut  inhumé  le  lendemain  aux  charniers  de  St-Benoît. 
Donc  les  pièces  postérieures  à  1727,  et  en  particulier 
celles  d'après  Boucher,  ne  sont  pas  de  lui. 

Claude  Duflos  a  gravé  une  grande  quantité  de 
sujets  rehgieux  surtout  d'après  Le  Brun ,  Le  Sueur, 
Mignard,  sur  lesquels  nous  passerons  rapidement.  Ses 
meilleurs  morceaux  dans  ce  genre  sont  :  Jésus  à  table 
entre  ses  disciples  d'après  Paul  Véronèse ,  exécuté 
pour  le  Recueil  de  Crozat,  ainsi  que  deux  Christ  mis 
au  tombeau ,  l'un  du  Pérugin  et  l'autre  de  Raphaël. 
Parmi  ses  meilleures  planches ,  on  distingue  encore 
une  Sainte  Cécile  d'après  Mignard,  et  une  Tête  de  la 
Vierge  d'après  le  tableau  du  Guide  qui  appartenait  à  la 
duchesse  de  St-Aignan. 

Duflos  a  encore  gravé,  en  points ,  comme  Bernard 


52  LES    GRAVEURS    DU    XYIIP   SIECLE. 

Picart ,  une  quantité  de  ces  petites  pièces  carrées  ou 
rondes  appelées  dessus  de  tabatières,  qui  ne  laissent 
pas  d'être  parfois  assez  amusantes ,  le  Camouflet ,  le 
Médecin  de  village ,  le  Moineau ,  les  Sens ,  les  Sai- 
sons ,  Léda ,   etc ;    quant  aux   titres   de  livres , 

frontispices  avec  portraits  des  auteurs  ,  vignettes  ,  le 
nombre  en  est  réellement  considérable  :  nous  remar- 
quons, dans  la  quantité,  le  portrait  in-12  assez  soigné 
de  Fénelon. 

Les  portraits  de  grand  et  de  petit  format  ne  sont 
pas  d'ailleurs  la  partie  la  moins  intéressante  de  l'œuvre 
de  Claude  Duflos.  Il  a  collaboré  aux  Sommes  illustres 
de  Perrault  pour  ceux  de  David  Blondel  et  du 
May^èchal  de  la  Meilleraye,  dont  les  têtes  seules 
seraient  de  lui,  au  dire  de  Mariette  ,  et  les  ajustements, 
très  lourds  d'ailleurs ,  d'une  autre  main,  et  pour  ceux 
ce  Adrien  de  Valois ,  historiographe  de  France ,  et 
de  Martin  Mer  senne. 

Donnons  une  liste  des  portraits  les  plus  intéressants 
dus  au  burin  de  Claude  Duflos.  Beaucoup  étaient  com- 
mandés pour  orner  les  thèses  de  docteur  : 

Fî^ançois  de  Clermont  -  Tonnery^e  ,  évêque  de 
Langres  (1696). 

François  d'Aligre  (1698). 

Coignard ,  imprimeur  du  Roi. 

Sébastien  Leclerc. 

Louis  XV,  à  cheval ,  jeune  encore. 

Beaumllers  de  St-Aignan  ,  évêque  de  Beauvais. 

Louis  Tronson ,  supérieur  de  St-Sulpice. 

Le  Père  Mer  senne. 

Le  maréchal  Duc  de  Boufflers  ,  très  grand  in-fol. 

Michel  de  Chamillmi  (1704). 


DUFLOS   (Claude).  53 

Jacques  Gaudart ,  conseiller  au  Parlement,  d'après 

Largillière. 

Le  Tellier,  archevêque  de  Reims  ,  d'après  Mignard. 

Le  président  Achille  de  Harlai/ ,  dans  le  format 
des  Hommes  illustres. 

Marie-Louise  de  Savoye,  reine  d'Espagne, 

Robert  Ballard ,  imprimeur. 

Le  fameux  amateur  d'estampes  Michel  Bègon  (1708). 

Deux  portraits  de  VAbbé  Bignon,  l'un  plus  petit 
que  l'autre  (1709). 

Bérain,  dessinateur  du  cabinet  du  roi  (1709). 

Voyer  de  Paubny,  Marquis  d'A7'genson ,  d'après 
Rigaud  (1711)  ;  deux  portraits  différents ,  l'un  avec 
légende  en  français,  l'autre  avec  légende  en  Jatiii. 

L'imprimeur  Bénis  Thierry  (1711). 

Honoré  de  Quiqueran,  d'après  Ranc  (1716). 

Enfin  la  série  des  portraits  pour  les  Histoires  et 
p7'euves  généalogiques  de  la  Maison  de  Gondy , 
jusques  et  y  compris  le  fameux  Cardinal  de  Retz. 

Le  plus  soigné  peut-être  de  tous  les  portraits  de 
Claude  Duflos  est  celui  de  Madame  Anne  Michelin , 
veuve  du  sieur  Gouault ,  ancien  échevin  de  la  ville  de 
Troyes,  jolie  pièce  gravée  d'après  le  dessin  deMellan; 
mais  il  faut  le  reconnaître,  beaucoup  des  portraits  do 
Claude  Duflos  sont  noirs ,  heurtés ,  peu  harmonieux. 


DUFLOS   (Claude-L. 

1700-1784. 


Parmi  les  treize  enfants  de  Claude  Duflos ,  l'un 
d'eux,  qu'on  appelle  Claude-Augustin,  est  né  le  11  mai 
1700,  et  c'est  lui  qu'on  désigne  généralement  comme 
le  graveur  qui  a  succédé  à  son  père  et  continué  son 
œuvre  d'une  manière  assez  complète  pour  qu'on  ait 
peine  à  distinguer  la  solution  de  continuité.  Pourtant 
ce  Claude-Augustin  ne  signe  jamais  de  son  second 
prénom  :  il  signe  soit  Cl.  Duflos,  soit  C.  L.  Duflos  ,  ce 
qui  ferait  supposer  que  le  prénom  d'Augustin  n'est 
pas  exact. 

C'est  ce  graveur  remarquable ,  au  talent  souple  et 
facile,  qui  est  l'auteur  des  planches  de  la  Galerie 
du  président  Lambert ,  des  belles  compositions  de 
Boucher  si  largement  traitées  et  aux  sujets  si  gracieux, 
la  Naissance  de  Vénus  et  la  Toilette  de  Vénus ,  et 
de  nombre  d'autres  pièces  d'après  ce  même  maître , 
qu'il  semble  s'être  fait  une  spécialité  d'interpréter. 

C'est  encore  Duflos  fils  qui  est  l'auteur  de  doux 
estampes  humoristiques  ,  scènes  populaires  inventées 
et  peintes  par  Jeaurat ,  le  Déménagement  d'un  peintre 
(Duflos  demeure  alors  rue  Gallande  à  côté  de  St- 
Blaisë) ,  et  f  Enlèvement  de  police. 


DUFLOS   (Claude-L.).  55 

Voici  les  vers  de  Moraine ,  gravés  au  bas  de  la  pre- 
mière : 

Léger  d'or  et  d'argent  ainsi  que  de  cervelle 
Sur  ce  char  de  triomphe  un  confrère  en  Apelle 
Dans  un  grenier  nouveau  va  prendre  appartement 
Ravi  d'avoir  sauvé  son  cher  ameublement , 

Il  sembler  oit  qu'il  a  gagné  quelque  victoire. 
Ce  qui  rabat  pourtant  un  peu  son  air  hautain  , 
C'est  que  la  boulangère  et  le  marchand  de  vin 
Ne  chantent  pas  tous  deux  des  hymnes  à  sa  gloire. 

Les  vers  suivants  du  même  poète  expliquent  le  sujet 
de  r Enlèvement  de  police ,  gravé  d'après  le  tableau 
qui  appartenait  au  conseiller  Le  Rebours  : 

Quel  affligeant  objet  I  Les  Grâces  désolées 
Au  plus  cruel  affront  ici  sont  immolées. 
Pleurez  amours ,  pleurez  et  dans  ce  triste  état 
Hâtez-vous  de  fléchir  ce  grave  magistrat. 

Mais  non  ,  quoiqu'il  ne  soit  ni  cruel  ni  farouche, 
Vos  larmes,  vos  soupirs  ne  l'attendriront  pas  ; 
Il  sçait  à  quels  dangers  exposent  vos  appas 
Et  le  bien  du  public  est  tout  ce  qui  le  touche. 

C.  L.  Duflos  a  collaboré  sous  la  direction  de  Massé  à 
la  Galerie  de  Versailles,  pour  la  planche  des  Cariatides. 
et  exécuté  d'après  A.  Goypel  le  Triomphe  de  Galalhèe. 

Quant  à  la  Galerie  du  P7^ésident  Lambert,  les 
planches  signées  de  Duflos  d'après  Le  Sueur  sont  nom- 
breuses. On  sait  que  la  belle  demeure  qui  forme  la 
pointe  sud  de  l'île  St-Louis  fut  construite  par  l'architecte 
Louis  Le  Vau  ,  pour  le  président  de  la  Chambre  des 
comptes  Nicolas  Lambert  de  Thorigny.  Celui-ci  s'adressa 
aux  peintres  les  plus  célèbres  pour  la  décorer  :  Charles 
Le  Brun  y  peignit ,  dans  la  galerie  placée  au-dessus 
de  sa  belle  bibliothèque ,  l'Apothéose  et  les  Travaux 


56  LES   GRAVEURS   DU    XVIII'^   SIÈCLE. 

d'Hercule  qui  furent  gravés  par  Surugue  et  Duchange 
sous  la  direction  de  B.  Picart ,  et  Le  Sueur  décora 
de  son  suave  pinceau  tout  un  salon  à  la  gloire  de 
l'Amour  :  sa  naissance  ,  son  éducation  par  les  Grâces, 
son  triomphe,  etc..  Dans  un  grand  cabinet  voisin ,  le 
même  peintre  représenta  Apollon  et  les  Muses.  Ce  sont 
ces  compositions  qui  ont  été  en  grande  partie  gravées, 
vers  1730-1731 ,  par  Cl.  L.  Dufios,  et  non  sans  talent  : 
les  Muses  Clio ,  Erato  et  Euterpe ,  Diane  sur  son 

char,  etc Signalons   encore  des  frontispices   et 

ornements  pour  les  jolies  éditions  de  Coustelier  et  de 
Barbou  ;  deux  pièces  d'après  Aubert,  la  Revendeuse  à 
la  toilette  et  le  Billet  doux ,  et  plusieurs  des  lourdes 
compositions  de  genre  de  Schenau.  Il  a  gravé  aussi 
un  portrait  in-8  du  médecin  Boudou. 
Cl.  L.  Duflos  est  mort  vers  1785. 

ESTAMPES. 

I.   d'après  aubert. 

1.  Le  Billet  doux,  —  la  Revendeuse  x  la  toilette, 

2  p.  in-fol. 

II.  d'après  boucher. 

2.  La  NAISSA^CE  de  Vénus;  in-fol. 

Le  liquide  élément  est  fécond  en  naufrages 
Les  Aquilluns  souvent  y  montrent  leurs  fureurs 
Mais  jamais  sur  les  flots  on  ne  voit  tant  d'orages 
Que  les  yeux  de  Vénus  en  causent  dans  les  cœurs. 

3.  La  Toilette  de  Vénus;  in-fol. 

Charmantes  sœurs,  votre  adresse  admirable 
Ne  saurait  embellir  la  mère  des  amours 

4.  Vénus  tranquille,  p.  en  largeur.  —  Diane  au  retour  de  la  chasse.  — 

Érigone  vaincue,  p.  en  largeur.  —  Les  Amours  pastorales,  4  p. 
en  largeur. —  Les  Saisons,  4  p.  in-fol.  en  largeur.  —  Les  Quatre 


DUFLOS   (Claude-L.).  57 

Poésies  (épique,  lyrique,  satyrique,  pastorale),  4  p.  in-fol.  —  Les 
Eléments,  4  p.  in-fol.  en  largeur.  —  Le  Pêcheur,  p.  en  largeur. 

—  Le  Poëte,  le  Souffleur,  le  Petit  berger,  le  Petit  pasteur,  la 
Petite  fermière.  5  p.  en  hauteur. 

III.  d'après  a.  coypel. 

5.  Le  Triomphe   de  Galathée  ;  in-fol.    —  L'Hymen    de    Bacchus   et 

d'Ariane;  in-fol.  en  largeur.  —  L'Amour  piqué  par  une  abeille; 
in-fol. 

IV.  d'après  jeaurat. 

6.  DÉMÉNAGEMENT  d'un  PEINTRE;  in-fol.  en  largeur.  —  ENLÈ- 

VEMENT DE  POLICE;  in-fol.  en  largeur. 

V.    DIVERSES. 

*7.  Estampes  pour  la  Galerie  du  Président  Lambert.  —  Jupiter  et  An- 
tiope,  d'après  Le  Barbier.  —  Jupiter  et  Sémélé,  d'après  Raoux. 

—  Le  Chien  couchant,  le  Chien  espagnol ,  d'après  Oudry.  —  Le 
Bain ,  la  Feste  italienne,  d'après  Pater.  —  La  Mère  qui  intercède, 
le  Premier  Pas  de  l'enfance,  le  Maître  de  guitare,  le  Retour  désiré, 
d'après  Schenau. 


VIGNETTES. 

8.  Titre  pour  un  Catalogue  de  ventes   de  coquilles.   —    Adresse  de 

Gersaint.  —  Fleuron  pour  la  Mérope  française  ,  de  Voltaire.  — 
Frontispices  pour  les  Deux  Tonneaux  et  le  Bâtiment  de  St-Sul- 
pice,  de  Piron ,  in-12,  1744.  —  Ces  diverses  pièces  sont  gravées 
d'après  Boucher. 

9.  Mœurs  et  Usages  des  Turcs,  par  Guer,  Paris,  Coustelier,  1746,  in-4  ; 

28  figures  par  Boucher  et  Halle  ,  gravées  par  Duflos ,  fleurons  et 
vignettes  par  les  mêmes. 

10.  Frontispices ,  vignettes  ou  fleurons  pour  :   les  Œuvres  de  J.-B. 

Rousseau,  Amsterdam,  1729;  —  les  Aventures  de  Te'lémaque , 
édition  de  1734  ;  —  le  Prince  des  Aiguës-Marines ,  1744 ,  d'après 
Cochin;  —  Virgile,  de  Coustelier,  1745,  d'après  Cochin  ;  — 
Lucrèce  ,  Horace  ,  éditions  de  Coustelier  ;  —  Jnvénal ,  les  Com- 
mentaires de  César,  Perse  et  Juve'nal .  Poésies  de  Malherbe,  édi- 
tions de  Barbou. 


DUFLOS    (Pierre). 


1751 


Il  n'est  pas  facile  de  se  reconnaître  dans  la  généalogie 
compliquée  des  Duflos,  et  nous  ne  saurions  préciser  le 
degré  de  parenté  des  deux  artistes  dont  nous  venons 
de  nous  occuper  avec  P.  F.  Duflos  ,  qui  a  travaillé  à 
Rome  où  il  a  gravé  une  série  de  monuments  et  de 
paysages  sous  ce  titre  :  Diverse  vedute  di  Roma , 
suite  de  vingt  pièces  dédiée  au  duc  de  Saint-Aignan , 
qui  nous  paraissent  bien  anciennes  pour  que  ce  soit  à 
ce  graveur  que  se  rapporte  ce  passage  d'une  lettre 
du  directeur  des  bâtiments  à  De  Troy ,  directeur  de 
l'Académie  de  France  à  Rome ,  vers  Tannée  1750.  Il 
concernerait  plutôt  Simon  Duflos.  On  y  verra  le  peu 
d'aide  que  les  jeunes  graveurs  français  recevaient  du 
gouvernement  : 

«  Mon  intention  n'est  point,  Monsieur,  que  le 
»  S''  Duflos  reste ,  sous  prétexte  de  travailler  aux 
»  copies  du  Vatican,  comme  vous  me  le  marqués  par 
»  votre  lettre  du  31  aoust  dernier.  Je  n"ai  jamais 
»  compté  non  plus  que  le  S""  Roettiers  fût  à  la  charge 
»  du  Roy  et  je  ne  le  veux  nulement,  je  consens 
»  seulement  que  vous  lui  donniés  quelqu'endroit 
»  pour  se  mettre  à  couvert  ;  mais  que  ce  soit  sans 


DUFLOS   (Pierre).  59 

»  meuble ,  n'y  qu'il  soit  nourri  aux  dépens  du  Roy. 
»  Je  vous  observe  même  que  s'il  y  avait  quelque 
»  difficulté  à  lui  donner  un  bouge  pour  se  loger  il  n'y 
»  a  qu'à  ne  le  point  faire  ;  et  supposés  que  vous  le 
»  fassiés  cène  doit  être  qu'aux  conditions  que  je  viens 
»  de  vous  marquer,  ne  voulant  point  qu'aucunes  dé- 
»  penses  quelconques  à  leur  sujet  soient  employées 
»  dans  vos  comptes,  vous  prévenant  que  je  ne  les 
»  passerai  point.  Il  me  semble  qu'il  ne  doit  pas  être 
»  embarrassant  aux  conditions  que  je  vous  propose 
»  de  donner  quelques  petits  logements  à  ces  étudiants 
»  qu'en  ce  ne  seroit  que  quelques-uns  des  lieux  qui 
»  servoient  de  garde-robe  à  feue  Madame  votre 
»  épouse.  » 

Nous  ne  pourrions  dire  non  plus  quel  lien  do  parenté 
rattache  ce  P.  F.  Duflos  à  Simon  Duflos  ,  graveur  qui 
a  signé  V Accouchée  et  la  Relevée ,  d'après  Jeaurat 
et  les  mauvaises  copies  de  deux  estampes  de  Chardin, 
le  Château  de  cartes  et  la  Maîtresse  d'école  (les  gra- 
vures originales  sont  celles  de  Lépicié). 

Simon  Duflos  est  le  père  de  Pierre  Duflos  ,  n<î  à 
Lyon  en  1751  ,  à  qui  l'on  doit  la  gravure  d'un  certain 
nombre  de  vignettes,  exécutées  principalement  d'après 
Marinier,  et  qu'il  signe  P.  Duflos  le  jeune ,  et  pro- 
bablement aussi  de  la  suite  des  figures  libres  pour 
la  Pucelle ,  désignée  par  les  bibliophiles  sous  le  nom 
de  suite  anglaise.  Brunet  avait  justement,  quahfié 
ces  figures  en  bloc,  jolies  mais  trop  libres;  Cohen 
a  plaidé  pour  le  dessinateur  les  circonstances  atté- 
nuantes :  «  11  n'y  a ,  dit-il  avec  une  naïveté  amusante  , 
»  que  la  V',  la  2«,  la  3%  la  10^  la  12«,  la  13^  la  17"  et 
»  la  18*,  qui  soient  tout  à  fait  libres ,  les  autres  sont 


«0  LES   GRAVEURS    DU    XVIIP    SIECLE, 

»  OU  voluptueuses ,  ou  tout  à  fait  chastes  !...  »  Cette 
réflexion  du  Guide  de  V amateur  de  livres  à  vignettes 
est  un  pur  chef-d'œuvre. 

Pierre  Duflos  se  maria ,  le  14  octobre  1780  ,  avec 
Elisabeth  Thibault.  Ses  témoins  furent  les  graveurs 
Romanet  etCroutelle. 

Madame  Duflos  savait  graver.  Nous  remarquons 
son  nom  dans  ïHeptaméron  de  1780,  et  c'est  avec 
sa  collaboration  que  son  mari  mena  à  bien  la  pubU- 
cation  d'un  considérable  recueil  à' Estampes  repré- 
sentant les  grades,  les  rangs  et  les  dignités  suivant 
le  costumée  de  toutes  les  nations ,  dont  il  était  l'édi- 
teur ainsi  que  d'un  Abrégé  d'Histoire  universelle  en 
figures  (167  planches)  d'après  les  dessins  de  Moreau  , 
Monnet  et  autres. 

VIGNETTES. 

I.   d'après  marillier. 

1 .  Joachim  ou  le  triomphe  de  la  pieté'  filiale,  drame  en  vers  par  Blain 

de  Sainmore,  fig.  in-8,  mS.  —  TRAGÉDIES  DE  DoRAT,  titre 
allégorique,  iii-8.  —  Titre  pour  LES  PrÔNEURS,  comédie  de 
Dorât;  in-8.  —  JEUNE  FEMME  A  SA  TOILETTE,  vignette 
in-8  { Œuvres  de  Pope ,  1T79).   —  Vignettes  pour  la  suite  du 

Gessner  in-12  (Cazin).  —  Vignette  pom-  V Iconoloc/ie Fleuron 

et  cul-de-lampe  pour  les  Fables  de  Dorât. 

2.  L'Éducation  de  Henri  IV,  par  M.  D***,  béarnais  (l'abbé 

Duflos),  Paris,  Duflos  le  jeune,  1790,  2  vol.  in-8;  6  fig.  gravées 
par  Duflos. 

Le  frontispice  représente  Louis  XVI ,  Marie-Antoinette  et  le  Daupliin  devant 
le  buste  de  Henri  IV. 

3.  Abrégé  de  l'Histoire  universelle  en  figures,  ou 

Recueil  d'estampes  représentant  les  sujets  les  plus  frappants  de 
l'histoire  tant  sacrée  que  profane,  avec  les  explications  historiques 


DUFLOS   (Pierre).  61 

qui  s'y  rapportent. . . .   dessinées  par  M.  Marillier  et  gravées  par 
le  S''  Duflos  le  jne,    n85  ,  4  vol.  grand  in-8  ;  4  titres  gravés  et 
16T  figures  de  Marillier,  Monnet  et  Duflos,  à  mi-page,  avec  texte 
au-dessous,  gi-avées  par  Duflos,  De  Ghendt  et  autres. 
Rare. 

4.  LA  PUCELLE  D'ORLÉANS,  par  Voltaire,  édition  Gazin,  ITil, 

in-12  ;  frontispice  et  18  figures  libres. 

Cette  suite ,  connue  sous  le  nom  de  suite  anglaise ,  parce  qu'on  lit  dans  la 
marge  supérieure  dos  gravures  l'indication  Book  I ,  Book  II ,  et  ainsi  de  suite, 
n'est  pas  signée.  C'est  la  seule,  parmi  les  suites  libres  faites  pour  la  Pucelle,  qui 
rachète  par  les  qualités  artistiques  de  l'exécution  l'indécence  des  sujets  repré- 
sentés. Elle  doit  être  attribuée ,  selon  toute  vraisemblance ,  à  Marillier  pour  le 
dessin.  On  lit  dans  Cohen  :  «  M.  Sieurin  m'a  assuré  qu'un  vieil  amateur,  qu'il 
»  a  connu  ,  savait  de  source  certaine  que  les  figures  de  cette  édition  sont  de 
»  Marillier  et  qu'elles  ont  été  gravées  par  Duflos ,  pour  eu  avoir  anciennement 
»  acheté  chez  Duflos  lui-môme.  » 

II.  d'après  moreau. 

5.  La  MatroNK   d'ÉphÈSE,  in-8  avec  cadre,  lllQ. 

Très  jolie  vignette  pour  les  Deux  Matrones  ou  les  Infidélités  démasquées^ 
ouvrage  posthume  de  M.  Fréron.  —  Elle  est  toujours  sans  légende. 

G.  La  Découverte  du  Nouveau-Monde,  m-i^ŒuvresdeJ.-J.  Rousseau). 

III.    DIVERSES. 

1.  Voltaire  ,  frontispice  allégorique  dessiné  par  Desrais  ,  d'après 
de  Gaigne  (Descends  du  haut  des  Cieux. ..);  in-8. 

8.  Le  Philosophe  de  la  Nature  (Delille  de  Salles)  ,  portrait- 
frontispice  orné,  d'après  Borel;  iu-8. 

y.  Ri:cui:iL  d'Estampes  représentant  les  grades,  les  rangs  et  les 
dignités  suivant  le  costume  de  toutes  les  nations  existantes,  Paris, 
Duflos,  1780,  2  vol.  in-fol. 

Le  Blanc  fixe  le  nombre  des  planches  à  264.  Elles  sont  coloriées. 
Une  de  ces  planches  représente  Marie- Antoinette  ,  en  pied,  en  toilette  de  cour, 
d'après  Touzé.  —  Cette  enluminure  a  été  payée  265  fr.  à  la  vente  Béhague. 

10.  Vignettes  pour  une  édition  espagnole  de  Don  Quichotte,  l'79'7  , 
signées  Duflos  et  femme  Duflos. 

Portraits  de  Clément  Marot,  Corneille,  Boileau ,  Perrault ,  Fontenelle,  etc. 


DUGOURE   (Jean-Démosthène 


1749-18... 


Dugoure  (ou  Dugourc)  ayant  écrit  une  sorte  dau- 
tobiographie,  qui  a  été  publiée  dans  les  Nouvelles 
Archives  de  Vart  français  ,  nous  y  puisons  quelques 
renseignements  précis  sur  ce  graveur-décorateur.  11 
naquit  à  Versailles  en  1749  ;  son  père  était  contrôleur 
de  la  maison  du  duc  d'Orléans.  L'intelligence  et  la 
facilité  du  jeune  Dugoure  étaient  telles  (c'est  lui  qui  le 
dit) ,  qu'à  huit  ans  il  dessinait  correctement  des  aca- 
démies ,  à  dix  ans  il  savait  la  géométrie,  l'architecture 
et  la  perspective ,  et  à  douze  ans ,  il  commençait  sa 
rhétorique  au  collège  de  Juilly.  Cette  précocité  le  fit 
donner  pour  compagnon  d'études  au  duc  de  Chartres, 
depuis  Phihppe-Egalité ,  et  il  eut  ainsi  les  mêmes 
maîtres  que  lui  :  l'abbé  Nollet ,  Daubenton ,  Fonce- 
Diagne  et  Tabbé  Barthélémy. 

A  quinze  ans  il  était  choisi  par  le  comte  de  Cany , 
ambassadeur  à  Rome  ,  pour  l'y  accompagner  en  qua- 
lité de  secrétaire.  La  mort  de  sa  mère  le  força  à 
revenir  bientôt  en  France,  et  la  fortune  de  son  père 
ayant  été  perdue  à  la  suite  d'un  procès,  Dugoure, 
d'amateur  qu'il  était ,  devint  artiste.  La  peinture  ,  la 
sculpture   et  la  gravure  l'occupèrent  dès  lors  tour  à 


DUGOURE.  63 

tour,  et  bien  qu'il  ait  été  un  moment  employé  par 
l'inspecteur  général  de  l'artillerie  Gribeauval  à  des 
travaux  techniques,  il  dut  à  son  goût  pour  les  beaux- 
arts  ses  moyens  d'existence.  C'est  alors  qu'il  donna 
ces  dessins  de  costumes ,  ces  compositions  galantes 
telles  que  le  Lever  de  la  mariée^  etc.,  qui  furent 
gravés  par  de  plus  habiles  que  lui  à  manier  le  burin , 
Trière,  Lebeau,  Ingouf  et  Elluin. 

Il  s'exerça  pourtant  aussi  dans  la  gravure ,  débuta 
par  une  grande  pièce  d'après  Netscher,  la  Prière  à 
Vénus,  en  1782 ,  et  le  premier,  afflrme-t-il ,  donna 
l'exemple  d'employer  les  genres  arabesque  et  étrus- 
que dans  l'architecture  ,  les  tentures  et  les  meubles. 
Dugoure  grava  eu  effet  sous  le  nom  d'Arabesques,  un 
cahier  de  six  fines  pièces  à  l'eau-forte  où  furent  sym- 
bolisés le  Feu,  l'Eau ,  la  Tet^re,  Vénus  et  Mars. 

Il  s'est  aussi  servi  d'un  procédé  inventé  par  Hoffman, 
qui  permettait  de  graver  très  rapidement  au  moyen 
d'une  encre  mordante.  Ce  procédé,  qui  ne  réussit  pas 
et  qui  fut  trouvé  confus  et  sans  propreté  ,  ne  manque, 
dit  Renouvier,  ni  de  force,  ni  de  variété,  et  fait  valoir 
les  qualités  soUdes  de  dessin  de  l'artiste.  Ces  essais, 
sortes  de  médaillons  dans  le  genre  antique ,  datent 
de  1783. 

L'habileté  et  le  goût  très  réels  de  Dugoure  le  ser- 
vu-ent  pour  la  décoration  intérieure  des  appartements 
et  généralement  pour  tout  ce  qu'on  appelle  à  présent 
l'art  appliqué  à  V industrie ,  et  il  assure  lui-même 
que  tout  ce  qui  s'est  fait  de  recherché  et  de  précieux 
pendant  les  dix  années  qui  ont  précédé  la  Révolution , 
a  été  conduit  par  lui  et  soumis  à  son  examen.  Tout, 
c'est  peut-être  beaucoup ,  et  Démosthèue  Dugoure 


64  LES    GRAVEURS    DU    XVIIT    SIÈCLE. 

montre  ici  une  assurance  un  peu  gasconne.  Toutefois 
c'est  lui ,  par  exemple,  qui  fut  chargé  de  surveiller  les 
somptueuses  installations  du  prodigue  comte  d'Artois 
à  Paris,  à  Maisons  et  à  Bagatelle.  Il  était  aussi  dessina- 
teur et  ordonnateur  des  parcs  et  châteaux  du  banquier 
de  Laborde  et  du  trésorier  de  la  marine  Saint-James. 

De  1780  à  la  Révolution  ,  il  est  encore  dessinateur 
du  cabinet  de  Monsieur,  directeur  des  décorations  et 
costumes  de  l'Opéra ,  dessinateur  du  garde-meuble  , 
dessinateur  de  décorations  d'opéra  pour  le  roi  de 
Suède,  inspecteur  général  des  manufactures  de  France, 
enfin  fabricant  de  papiers  peints  et  de  cartes  à  jouer. 
La  Révolution  arrivée ,  il  voulut  donner  une  nouvelle 
impulsion  à  ces  fabrications  en  les  républicanisant  et 
s'associa  à  cet  effet  avec  Anisson-Dupéron ,  directeur 
de  l'Imprimerie  Royale.  En  même  temps  il  renouvelait 
et  dessinait  les  jeux  de  cartes  et  leur  donnait  un  côté 
artistique  qu'ils  n'avaient  pas  eu  jusqu'alors.  Les  rois 
étaient  figurés  par  les  génies  de  la  guerre,  de  la  paix, 
du  commerce  et  des  arts.  Aux  reines  étaient  substituées 
les  libertés  du  culte,  du  mariage,  de  la  presse,  et  aux 
valets,  les  égalités  de  rang  ,  de  droits  ,  etc. . .  le  tout 
assez  fièrement  dessiné  pour  qu'on  ait  pu  quelquefois 
attribuer  l'invention  des  sujets  à  David.  La  gravure  sur 
bois  en  était  généralement  exécutée  par  son  associé 
Duplat. 

Dugoui^e,  dessinateur  de  la  Poule  au  pot,  gravée  par 
David,  est  aussi  l'auteur  d'un  grand  nombre  d'emblèmes 
républicains  pour  les  en- têtes  de  lettres  officielles.  11  a 
donné  de  petites  compositions  pour  les  Contes  de  La 
Fontaine  (Paris,  Didot,  1795),  et  a  terminé  sa  carrière 
artistique  par  les  illustrations  des  Incas  et  A'Atala. 


DUHAMEL   (A.-B. 


1736 


Cet  élève  d'Augustin  de  Saint-Aubin ,  né  en  1736, 
a  gravé  :  V  Occasion  favorable  ,  d'après  Quéverdo  ; 
quelques  vignettes  pour  les  Deux  Chasseurs  et  la  Lai- 
Hère ,  le  Huron,  Lucile ,  le  Déserteur,  les  Amants 
désespérés  ou  la  comtesse  cTOlinval,  pour  les  Œuvres 
de  Regnard  illustrées  par  Borel ,  pour  le  Rousseau 
édition  de  Poinçot,  laPucelle  deMonsiau,  \e  Nouveau 
Testament,  Ch^esset  in-18  de  Moreau.  Sa  meilleure 
pièce  est  une  vignette  de  Moreau  ,  Psyché  soutenue 
sur  les  eaux  par  les  Naïades  ,  dans  l'édition  in-4  de 
Psyché,  Didot ,  an  III. 

Il  a  travaillé  pour  la  Galerie  des  modes  et  costumes 
français,  d'Esnauts  et  RapiUy.  Les  portraits  du  Comte 
et  de  la  Comtesse  de  Provence  y  sont  signés  de  lui. 

Portrait  in-4  de  Senac,  médecin  du  roi,  dont  les 
contemporains  ont  dépeint  le  caractère  en  termes  peu 
flatteurs  ,  disant  qu'il  ne  croyait  pas  à  la  médecine  et 
qu'il  avait  la  réputation  d'un  «  grand  fripon  ». 

Portraits  de  Bernard  de  la  Monnoye ,  in-8,  d'après 
Devosge,  de  Didet^ol  d'après  Greuze ,  de  Henri  IV 
d'après  Marillier,  de  David  Hu^ne  d'après  Gochin. 


DUMONT  LE  ROMAIN  (Jacques). 


1701-1781. 


Duraont,  appelé  le  Romain  à  cause  de  son  long 
séjour  à  Rome  et  pour  le  distinguer  des  autres  artistes 
du  même  nom ,  a  parfois  traduit  à  l'eau-forte  ses  pein- 
tures, et  cela  avec  une  certaine  désinvolture  artistique. 
On  cite  de  lui  :  Agar  dans  le  désetH  et  Glaucus  et 
Sylla  (1726)  ;  le  Joueur  de  Musette  et  la  Savoyarde, 
qui  ont  été  terminées  au  burin  par  DauUé  ;  un  frontis- 
pice pour  une  Semaine  sainte  à  l'usage  de  la  maison 
d'Orléans  ;  l'eau-forte,  d'après  Servandoni ,  de  la  Vue 
du  feu  d'artifice  tiré  en  la  rivière  le  21  janvier  1730 
pour  la  naissance  du  Dauphin. 

Dumont  le  Romain  passait  pour  avoir  son  franc  parler 
à  l'Académie,  dont  il  était  membre  depuis  1728.  Son 
caractère  caustique  et  sauvage  n'était  pas  fait  pour  la 
société.  On  le  craignait  et  le  fuyait.  C'est  lui  qui  dit 
un  jour  en  pleine  séance  ,  comme  on  venait  de  refuser 

le  graveur  Le  Bas  :  «  f -lui  un  porte-crayon  au  c. . , 

et  il  dessinera  encore  mieux  que  vous.  » 

On  lui  attribue  quelques  figures  satyriques,  comme 
l'Archevêqîie  de  Paris  de  Vintitnille  lançant  l'ex- 
com,munication  aux  personnes  lisant  les  Nouvelles 
ecclésiastiques. 


DUNKER  (Balthazar-Antoine). 

1746-1807. 


Dunker,  fils  d'un  pasteur  protestant ,  est  né  à  Saal- 
bourg,  dans  la  Poméranie  suédoise.  Il  eut  pour  premier 
guide  son  grand-père,  homme  instruit  et  aimant  les  arts, 
qui  le  conduisit  au  paysagiste  Jean-Philippe  Hackert. 
Quand  ce  peintre  vint  en  France  pour  y  rendre  nombre 
de  sites  pittoresques  de  nos  provinces,  il  emmena 
avec  lui  Dunker  et  le  présenta  à  Wille ,  toujours 
dévoué  aux  jeunes  Allemands.  A  cette  époque,  Dunker 
voulait  étudier  la  peinture  ;  Wille  le  recommanda  à 
Vien ,  qu'il  quitta  bientôt  pour  entrer  chez  Noël  Halle. 
La  ruine  de  ses  parents  l'obligea  plus  tard  à  aban- 
donner ses  études  de  peinture  historique  pour  trouver 
dans  la  gravure  à  l'eau-forte,  pour  laquelle  il  avait 
du  goût,  les  ressources  qui  lui  étaient  nécessaires. 
Huquier  lui  édita  pour  son  début  un  Recueil  de  petites 
figures  gravées  d'après  les  dessins  des  maîtres,  sortes 
de  pochades  sans  importance,  dont  l'éditeur  dut  même 
retoucher  le  frontispice,  de  l'invention  de  Dunker.  Son 
Livre  de  différents  sujets  de  figures  et  d^ animaux 
d'après  Henri  Roos ,  qu'il  fit  ensuite ,  est  déjà  très 
supérieur. 

Basan  vit  ces  essais  et  devina  l'aquafortiste  qui  lui 


68  LES   GRAVEURS    DU    XVIIP    SIÈCLE. 

était  nécessaire  pour  mettre  en  train  sa  grande  entre- 
prise de  la  gravure  de  la  Galerie  du  duc  de  Choiseul. 
C'est  à  Dunker  que  revient  l'honneur  d'avoir  gravé  , 
de  1770  à  1772 ,  un  grand  nombre  de  planches  pour 
ce  recueil,  une  quarantaine  environ,  sans  compter 
plusieurs  qui  ne  sont  pas  signées  mais  où  l'on  reconnaît 
sa  manière.  Il  n'a  pas  gravé  moins  de  six  tableaux 
de  P.  Breughels  ,  quatre  tabagies  ou  intérieurs 
d'Ostade,  trois  paysages  ou  chasses  de  Wouwermans, 
le  Vieil  apolhicaire,  la  Consultation  et  la  Marchande 
de  volailles  de  Gérard  Dow ,  la  Leçon  de  musique 
de  Metzu ,  des  animaux  de  P.  Potter  et  de  Karel  du 
Jardin ,  des  ruines  de  Breemberg  et  de  Poelemburg , 
des  tableaux  de  Mieris.  Grâce  à  sa  grande  facilité ,  on 
le  chargeait  aussi  de  commencer  des  planches  que 
terminaient  au  burin  d'autres  graveurs. 

On  a  dit  que  Dunker,  en  exécutant  ces  travaux,  avait 
un  peu  compté  sur  la  protection  ultérieure  de  M.  de 
Choiseul ,  dont  la  disgrâce  fut  pour  lui  une  déception. 
Toujours  est-il  qu'il  accepta  l'offre  que  lui  faisait 
Christian  de  Méchel ,  qui  était  venu  à  Paris  suivre 
la  vente  du  duc ,  de  l'emmener  à  Bâle  pour  l'aider 
dans  ses  travaux  ,  et  spécialement  dans  le  catalogue 
figuré  de  la  Galerie  de  Dusseldorf. 

«  M.  de  Méchel,  rapporte  Wille  (juin  1772) ,  ayant 
»  ein^ôlé  icy  pour  son  entreprise  de  la  Galerie  de 
»  Dusseldorf,  MM.  Dunker,  Guttenberg  et  Rousseau, 
»  soupa  mardi  passé  chez  nous  avec  MM.  Dunker, 
»  Freudeberg  et  Baader.  Après  le  souper,  MM.  de 
»  Méchel  et  Dunker  prirent  congé.  Le  lendemain,  3 
»  de  ce  mois,  ils  sont  partis  en  chaise  de  poste.  » 

Malheureusement  Christian  de  Méchel  paraît  avoir 


DUNKER.  69 

été  d'un  caractère  bien  difficile.  Rousseau  ne  peut 
rester  avec  lui  que  vingt-quatre  heures  ;  Dunker,  sans 
doute  plus  endurant,  travailla  quelque  temps,  dessi- 
nant beaucoup  dans  les  environs  de  la  ville  et  envoyant 
à  son  ancien  maître  force  dessins  en  présent ,  comme 
cette  vue  du  château  de  Wurtemberg  que  Wille  fit 
encadrer  et  placer  dans  son  cabinet  de  travail.  Enfin 
notre  graveur,  fort  mécontent  de  M.  de  Méchel  et 
de  la  ville  de  Bâle,  partit  pour  Berne  où  il  devait 
retrouver  Freudeberg ,  et  descendit  chez  le  paysa- 
giste Aberli.  Il  comptait  n'y  faire  qu'un  court  séjour 
et  revenir  à  Paris  où  l'attendaient  de  nombreux  tra- 
vaux ,  mais  l'accueil  aimable  des  artistes  et  des  ama- 
teurs de  la  ville  l'engagèrent  à  y  séjourner  davantage  ; 
l'amour  l'y  fixa  définitivement.  Wille  nous  apprend 
son  mariage  célébré  en  1774  et  nous  donne  son  adresse, 
in  cler  Keslergasse,  chez  les  demoiselles  Konig. 

Nous  extrayons  d'une  lettre  datée  de  Berne  le 
13  janvier  1776,  et  adressée  à  son  ancien  maître, 
les  passages  suivants  qui  peindront  le  caractère  et 
le  bonheur  conjugal  de  l'artiste  : 

«  Monsieur  et  très  cher  ami ,  j'ai  reçu  votre  lettre 
»  du  6  de  ce  mois,  qui  m'a  fait  un  plaisir  inexprimable. 
»  Ainsi  donc  vous  ne  m'avez  point  oublié  ;  je  ne  suis 
»  point  effacé  de  la  mémoire  de  mes  anciens  amis  ;  je 
»  suis  même  quelquefois  le  sujet  de  leur  entretien  : 
»  En  voilà  assez  pour  me  faire  revivre,  pour  faire  cir- 
»  culer  mon  sang  avec  plus  de  rapidité. . . . 

»  Un  des  articles  contenus  dans  votre  lettre  a  été 
»  exécuté  d'abord  ,  c'est  d'avoir  embrassé  ma  femme 
»  de  votre  part  en  lui  recommandant  bien  de  se  figurer 
»  que  ce  n'est  pas  moi  qui  l'embrasse  pour  le  présent, 


70  LES   GRAVEURS    DU    XVIIF   SIECLE. 

»  mais  un  ancien  ami  à  qui  j'ai  beaucoup  d'obligations 
»  et  qui  ajoute  encore  à  ses  bontés  de  vouloir  bien 
»  s'intéresser  à  notre  commun  bonheur...  si  d'ailleurs, 
»  Monsieur  ,  nous  venons  un  jour  à  Paris  ,  il  faudra 
»  qu'elle  vous  rende  votre  salut ,  et  vous  passerez  par 
»  là  quoique  vous  en  fassiez  Je  vous  assure.  La  pauvre 
»  femme  est  encore  dans  l'affliction  ;  elle  ne  peut  ou- 
»  blier  notre  fille  qui  est  morte  il  y  a  quelque  temps , 
»  quoique  je  fasse  de  mon  mieux  pour  la  consoler,  car 
»  je  suis  assez  de  l'avis  de  ce  philosophe  qui  pleuroit 
»  les  enfants  quand  ils  arrivoient  dans  cette  vallée  de 
»  misère  et  qui  se  réjouissoit  quand  ils  la  quittoient. 

»  Venons  maintenant  aux  desseins  que  vous  m'avez 
»  commandés.  Je  vous  promets  de  les  faire  et  pour  le 
»  prix  que  vous  avez  marqué  et  pour  la  grandeur 
»  approchant.  Il  est  vrai  cependant  que  je  ne  fais  ici  la 
»  paire  de  cette  grandeur  à  moins  de  trois  louis  et 
»  que  des  desseins  deux  fois  plus  grands  m'ont  été 
»  payés  jusqu'à  huit  louis  la  paire  ;  mais  je  ne  veux 
»  point  traiter  rigoureusement  Messieurs  les  Parisiens. 
»  Ils  sçavent  du  moins  distinguer  ce  qu'il  y  a  de  bon 
»  dans  un  ouvrage  et  en  faire  du  cas  ;  cela  mérite  des 
»  égards  et  je  ne  veux  pas  leur  en  manquer.  D'ailleurs 
»  je  ne  puis  m'empêcher  de  regarder  Paris  comme 
»  ma  seconde  patrie ,  y  étant  venu  si  jeune. 

»  Je  me  trouverois  assez  bien  dans  ce  pays  si  le 
»  guignon  qui  me  poursuit  partout  n'étoit  cause  qu'il 
»  faut  que  j'achète  un  droit  de  bourgeoisie  dans  une 
»  des  petites  villes  de  ce  canton ,  chose  qui  ne  me 
»  coûtera  pas  moins  de  cinquante  louis  et  pour  lesquels 
»  je  n'aurai  pourtant  que  la  liberté  de  rester  ici.  Vous 
»  avouerez,  Monsieur,  qu'il  faut  faire  bien  des  desseins 


DUNKER.  li 

»  pour  former  cinquante  louis  et  pour  vivre  en  même 
»  temps;  aussi  la  dureté  de  cette  condition  me  fait 
»  encore  balancer  sur  ce  que  je  dois  faire. . .  il  est 
»  vrai  pourtant  que  si  je  deviens  jamais  citoyen  de 
»  quelque  ville  ici ,  je  serai  inséré  dans  le  catalogue 
»  des  vies  des  peintres  et  graveurs  suisses  ;  de  plus 
»  ma  triste  figure  sera  au  commencement  de  mon  his- 
»  toire ,  entourée  de  toutes  les  espèces  de  feuilles 
»  possibles.  Cela  n'est  pas  à  mépriser,  mais  cela  vaut- 

»  il  cinquante  louis  ? » 

Dunker  se  décida  vraisemblablement  à  acheter  son 
droit  de  bourgeoisie ,  car  c'est  de  Berne  qu'il  a  désor- 
mais daté  ses  productions  à  l'eau-forte  :  en  1775, 
quelques  figures  pour  les  Poésies  de  Haller,  son 
portrait ,  son  tombeau ,  et  de  petits  paysages  pour 
sa  Description  des  Alpes  ;  en  1776 ,  les  figures  des 
Œuvres  morales  de  Gellert  ;  puis  il  entreprit  avec 
son  ami  Freudeberg  ,  comme  lui  fixé  à  Berne ,  plu- 
sieurs ouvrages  dont  le  plus  important  est  VHepta- 
méron  ou  les  Contes  de  la  Reine  de  Navarre 
(1780-81).  C'est  Freudeberg,  plus  habitué  à  grouper 
les  figures  ,  qui  se  chargea  de  dessiner  les  vignettes 
principales ,  et  à  Danker  fut  dévolue  la  tâche  de 
retracer  allégoriquement ,  en  tête  des  pages  et  dans 
les  culs-de-lampe  ,  le  sujet  de  chaque  conte.  Ce  n'est 
pas  le  style  ni  la  beauté  qu'il  faut  chercher  dans 
ces  petites  grivoiseries,  presque  toutes  gravées  par 
lui-même  (quelques-unes  seulement  l'ont  été  par 
Eichler) ,  mais  la  gaîté  y  pétille  et  une  sorte  d'esprit 
burlesque  n'y  fait  pas  défaut.  Dunker  a  de  l'ingéniosité. 
Le  reproche  qu'on  pourrait  lui  adresser  est  d'être  un 
peu  noir,  défaut  qui  vient  de  ce  que  l'artiste  faisait 


72  LES    GRAVEURS    DU    XVIIP   SIÈCLE. 

fortement  mordre  ses  planches.  Mais  en  somme  ce 
livre  est  lourd,  et  l'on  voit  trop  qu'il  n'a  pas  été  conçu 
par  des  artistes  parisiens. 

Ces  mêmes  qualités  et  ces  mêmes  défauts  se  font 
remarquer  dans  les  sujets  de  mœurs  et  de  coutumes 
parisiennes  avant  la  Révolution  (1787)  qui  lui  furent 
inspirés  tous  par  le  Tableau  de  Paris  de  Mercier,  qui 
venait  de  paraître  et  obtenait  un  grand  succès. 

Les  travers  de  la  société  et  du  peuple  y  sont  retracés 
avec  une  verve  incontestable ,  mais  peu  indulgente 
pour  la  ville  où  il  avait  longtemps  reçu  l'hospitalité  , 
et  il  a  certainement  vu  trop  en  laid ,  au  physique  et  au 
moral ,  sa  population.  Ces  eaux-fortes,  au  nombre  de 
96,  d'un  parti  pris  accentué  de  clair  et  d'ombre, 
sont  des  caricatures ,  et  ne  peuvent  être  prises  au 
sérieux  comme  document. 

C'est  que  l'artiste,  en  effet,  avait  l'esprit  tourné  vers 
la  caricature  ;  il  l'a  bien  prouvé  en  gravant ,  pour  le 
Courrier  moral  et  politique  de  Berne  (1798-1800) , 
un  certain  nombre  de  planches  politiques  coloriées 
qui  ne  manquent  pas  de  verve. 

Dunker  a  encore  gravé  diverses  Vues  d'Italie, 
d'après  J.  Ph.  Hackert ,  des  Vues  des  environs  de 
Thoune ,  des  vignettes  pour  les  Poésies  Relvétiennes 
de  Bridel  (Lausanne,  1782)  ;  pour  les  Causes  finales 
de  Salchli  (Berne ,  1784)  ;  pour  Laure  (1787)  ;  les 
Œuvres  morales  et  badines  de  Cazotte  (1788) ,  la 
Franciade,  deVernes  (1789),  un  frontispice  pour  les 
Fables  de  Phèdre  (Berne,  1792)  ;  et ,  dans  un  Traité 
des  ptnncipes  du  paysage,  six  planches  à  l'eau-forte. 

Dunker  est  mort  à  Berne  en  1807. 


Les    DUPIN. 


1718- 


PiERRE  Ddpin  ,  né  en  1718,  fut  un  graveur  médiocre  ; 
il  a  passé  une  partie  de  sa  vie  ,  dit  Basau  ,  à  retoucher 
des  thèses  et  autres  pièces  de  ce  genre.  On  a  de  lui 
quelques  estampes  :  VA^nour  ynal  accompagné,  les 
Enfants  de  Sylène ,  la  Vivandière ,  Départ  pour  les 
isles ,  Spectacle  fr^ançois,  d'après  Watteau  ;  la  Ména- 
gère, le  Pardon,  d'après  Chardin,  signées  P.  Dupin 
Vaîné,  ce  qui  semble  indiquer  l'existence  d'un  frère, 
également  graveur  ;  le  Chat  au  fromage ,  d'après 
Chardin,  est  signé  Dupin  tout  court;  Savoyarde  et  ses 
deux  enfants,  d"après  Halle  ;  le  Bain,  le  Nourrisson, 
d'après  Dumonchel  ;  V Amant  indiscret ,  la  Femme 
commode,  d'après  Lancret  ;  la  Jeunesse  indAfféreyite, 
d'après  Lahyre  ;  Diane  au  bain ,  d'après  Jeaurat. 

Il  a  fourni  quelques  portraits  au  fonds  d'Odieuvre  : 
le  sculpteur  Desjardins ,  Édelinck ,  Girardon ,  Le 
Brun ,  S.  Le  Clerc ,  La  Fontaine ,  H.  de  la  Motte , 
Th.  Corneille ,  Claude ,  ministre  de  Charenton , 
Simonneau ,  le  Duc  de  Vendôme ,  le  Cardinal  de 
Polignac,  le  Cardinal  de  Rohan,  Maurice  de  Saxe , 
Fontenelle ,  etc. 

Portrait  de  Nicolas  de  Fer,  géographe ,  in-fol. 


74  LES    GRAVEURS    DU    XVIIF   SIECLE. 

Son  fils,  N.  DuPiN,  né  à  Paris  en  1753,  élève 
d'Augustin  de  Saint-Aubin  ,  s'adonna  à  la  gravure  du 
portrait,  et  fut,  avec  Le  Beau,  un  des  graveurs  le  plus 
souvent  employés  par  Esnauts  et  Rapilly. 

Indiquons  les  principaux  portraits  gravés  par  Dupin 
fils ,  en  admettant  que  dans  la  collection  d'Esnauts  et 
Rapilly,  les  planches  portant  la  signature  Dupin  soient 
de  la  même  main  que  celles  signées  Dupin  fils. 

1 .  Artois  (le  Comte  et  la  Comtesse  d') ,  2  p. 

2.  ARTOIS  (Charles-Philippe,  Comte  d'),  Colonel  général  des  Suisses 

et  Grisons,  d'après  le  tableau  de  M.  Hall  ;  in-4  orné. 

Ce  portrait ,  d'une  exécution  délicate  et  soignée ,  est  de  beaucoup  le  moilleui 
qu'ait  gravé  Dupin  flls. 

Dans  le  premier  état ,  les  ornements  s'élèvent  sur  le  cadre ,  à  droite ,  jusqu'à 
la  hauteur  des  yeux  du  personnage  ;  ils  ont  été  diminués  ensuite. 

3.  Bourbon  (Louise-Marie-Thérèse-Bathilde  d'Orléans,  Duchesse  de), 

née  à  Saint-Cloud  le  9  juillet  1750.  —  Dessiné  et  gravé  par 
Dupin  ;  grand  in-8  orné. 

4.  Contât  (M'ie),  de  la  Comédie-Française,  jouant  le  rôle  de  Suzanne 

dans  le  Mariage  de  Figaro  ;  in-4  ,  orné  d'une  scène  de  la  Folle 
Journée  et  d'un  petit  médaillon  de  Beaumarchais. —  Dupin  fils  se, 
d'après  Desrais. 

5.  DoR  AT.  Peintre  heureux  des  plaisirs,  sa  verve  est  dans  son  cœur. 

6.  HelvétiuS   —  L.  M.  Vanloo  Pinx.,  V.  D.  P.  Sculp.  —  A  Paris, 

chez  Au  g.  de  St- Aubin;  in-8. 
1""'  état  :  Avant  la  lettre  ;  signé  :  Oravë  par  Dupin  fils  lyy). 

1.   Lalande,  astronome,  d'après  Pujos  ;  in-4.  —  Portai,  médecin,  id. 

8.  Louis,    dauphin,    et    MARIE -ANTOINETTE  ,    dauphine  ,   mé- 

daillons réunis  par  des  guirlandes  de  fleurs  ;  pièce  en  largeur. 

9.  Louis  XVI ,  —  Marie-Antoinette,  2  p.  in-4  orné;  Marillier  del. 

10.  Louis  XVI  —Marie-Antoinette,  profil  à  gauche,  coiffure 

à  aigrette;  2  p.  in-4. 


DUPIN  75 

11.  LoufsXVî,  en  pied,  —  MARIE -Antoinette  ,  en  manteau 

royal;  2  planches  de  costumes,  in-4. 

12.  Louis,  dauphin  ,  né  le  22  octobre  1781  ,  —  Marie-Thérèso,  fille  du 

Roi ,  née  le  29  décembre  1778  ;  2  p. 

13.  Marmontel ,  profil  à  gauche  ;  in-4  orné.  —  Esnauts. 

14.  Marmontel ,  profil  à  droite  ;  au  bas,  deux  amours.    —  Dupin  fils 

sculp.;  in- 12. 

15.  Marmontel,  profil  à  gauche.  —  Dupin  f.;  in-12. 

16.  Penthièvre  (Louis-Jean-Marie,  Duc  de).  —  Quéverdo  del. 

17.  TURGOT,  contrôleur  général  des  finances. 

18.  Voisenon  ,  profil  à  gauche,  d'après  Desrais. 

19.  Voisenon,  profil  à  droite ,  d'après  Cochin  ;  in-8. 

Dans  te  feu  de  ses  yeux  la  saillie  étincelle, 
Sur  ses  lèvres  on  voit  le  Ris  fin  cl  mocqueur; 
Mais  sa  bouche  retient  VÉpigramme  cruelle, 
Le  trait  en  s'échappant  feroit  saigner  son  cœur. 
Par  M.  CossoN. 
Nous  avons  vu  l'eau- forte  pure  de  ce  portrait. 

20.  VOLT.VIRE    COURONNÉ   PAR   W^'^  VesTRIS,   d'après  Desrais. 

—  Dupin  sculp.;  in-4  (chez  Esnauts). 

21.  Le  chevalier  d'Assas.  —  Bertin  ,  ministre.  —  Le  duc  de  Grillon.  — 

La  chevalière  d'Éon  —  Le  vaillant  Louis  Gillel.  —  Hérault , 
lieutenant  général  de  police.  —  L'amiral  Keppel.  — Le  cardinal 
de  La  Rochefoucauld ,  archevêque  de  Paris.  —  Maurepas.  — 
Sophie-Charlotte  de  Mecklembourg  ,  reine  d'Angleterre. 

22.  D'Alembert.  —  Buffon.   —    Diderot.    —    Dupuis.   —  Euler.  — 

Mesmer.  —  Moreau  ,  chirurgien.  —  Raynal.  — J.-J.  Rousseau. 

23.  Sir  Henri  Clinton.  —  Charles  Lee.  —  Général  Arnold.  —  Amiral 

Rodney. —  Comte  Cornwallis. —  Général  Gates. —  Général  Rééd. 

24.  Frontispice,  d'après  le  tableau  de   Le  Brun  ,   pour    Lettre   de  La 

VaUière  à  Louis  XIV ,  de  Blin  de  Sainmore. 

25.  Planches  de  costumes  d'après  Desrais  et  d'après  Watteau  de  Lille, 

in-fol.,  coloriées. 


DUPLESSI-BERTAUX    (Jean 


-1747-1818. 


Il  va  cent  types  différents  de  graveurs  ;  nous  avons 
étudié  dans  le  précédent  volume  le  graveur  peintre 
comme  Boucher,  le  graveur  académicien-né  comme 
Bervic,  le  graveur  amateur  comme  le  comte  de  Gaylus, 
le  graveur  courtisan  comme  Cochin  ,  le  graveur  à 
bonnes  fortunes  comme  Gampion  ou  Denon ,  le  graveur 
auteur  dramatique  comme  Garmontelle ,  le  graveur 
éditeur  comme  Basan ,  nous  verrons  bientôt  le  gra- 
veur inventeur  comme  Grateloup ,  le  graveur  aéro- 
naute  comme  Janinet ,  le  graveur  erotique  comme 
Elluin ,  ou  politique  comme  Sergent ,  et  tant  d'autres 
variétés  :  voici  cette  fois  le  graveur  soldat. 

G'est  que  Duplessi-Bertaux  est  un  véritable  mili- 
taire ,  aimant  vivre  au  milieu  des  soldats  et  sachant 
saisir  au  passage  leurs  attitudes  et  leurs  costumes 
avec  une  vérité  ,  une  sûreté  de  main  qui  le  font  égaler 
les  Garle  Vernet  et  les  Swebach. 

Jean  Duplessi-Bertaux  naquit  à  Paris  en  1747 ,  et 
montra  de  si  bonne  heure  d'étonnantes  dispositions 
pour  le  dessin  qu'il  entreprit  à  neuf  ans,  disent  ses 
biographes ,  de  copier  à  la  plume  la  grande  planche  de 
Gallot  connue  sous   le  nom  de  Tentation  de  Saint- 


DUPLESSI-BERTAUX.  7î 

Antoine ,  et  qu'il  y  réussit  assez  pour  qu'il  devînt 
difficile  de  distinguer  la  copie  do  l'original.  Une  telle 
prouesse  attira  Tattention  de  Cochin  qui  favorisait 
volontiers  l'éclosion  des  jeunes  talents  et  qui  se  plut  à 
faciliter  à  son  jeune  protégé  les  débuts  dans  la  carrière. 
11  obtint  pour  lui  du  roi ,  par  l'entremise  de  M.  de 
Marigny,  une  pension  de  300  livres ,  et  le  fit  entrer 
dans  l'atelier  du  peintre  Vien  ;  puis  ,  sa  vocation  pour 
la  gravure  s'accentuant .  il  fut  placé  sous  la  direction 
de  Le  Bas.  Rien  n'égalait  sa  facilité ,  son  imagi- 
nation ,  son  adresse  à  fixer  ses  impressions  sur  le 
papier  et  la  siîreté  de  sa  main.  Ces  qualités  remar- 
quables le  firent  choisir,  bien  jeune  encore  ,  en  1770, 
comme  professeur  de  dessin  à  l'Ecole  militaire.  Il  se 
trouva  là  dans  son  véritable  élément ,  la  fréquentation 
des  cadets  et  des  officiers  porta  naturellement  son 
attention  sur  leurs  allures,  et  développa  ses  heureuses 
dispositions.  Ainsi,  dès  1770,  il  dessinait  une  suite  de 
Différentes  attitudes  de  Factiomiaires  et  les  Élèves 
de  V Ecole  militaire  au  pas  de  gymnastique. 

Toutefois  Duplessi-Bertaux  ne  s'est  pas  uniquement 
adonné  dès  l'abord  à  la  reproduction  des  scènes  mili- 
taires. 11  a  créé .  sur  la  commande  de  l'éditeur  Cazin  , 
quelques-uns  des  plus  jolis  livres  de  son  temps  et 
consacré  son  fin  et  spirituel  crayon  à  orner  le  recueO 
connu  sous  le  nom  de  Petits  Conteurs  (1778).  Est-il 
rien  de  plus  gai  sans  grossièreté  et  de  meilleure  humeur 
que  ces  petites  vignettes  à  mi-pages  qui  commentent 
pla^sam.ment  les  contes  de  La  Fontaine  ,  de  Vergier  et 
de  Grécourt?  Duplessi-Bertaux  que  ses  contempo- 
rains (si  ce  n'est  lui-même)  surnommèrent  avec  raison 
le  Callot  de  nos  jours ,  montre  déjà  par  là  combien 


78  LES   GRAVEURS   DU    XVIII«  SIECLE. 

il  avait  étudié  la  manière  de  La  Belle  et  de  Sébastien 
Leclerc ,  et  surtout  les  procédés  si  précis  et  si  fins  de 
son  maître  de  prédilection  Gallot.  Sa  ressemblance 
avec  ces  artistes  s'accentue  encore  dans  son  illustration 
de  la  Pucelle  (1780) ,  de  même  format  que  les  Petits 
Conteurs ,  faite  également  pour  Gazin ,  et  du  même 
genre.  En  même  temps  le  graveur  était  appelé  à  col- 
laborer à  des  ouvrages  plus  sérieux;  il  exécutait 
plusieurs  des  planches  du  Voyage  à  Naples  et  clans 
les  Deiix-Siciles,  de  l'abbé  de  Saint-Non  ;  du  Voyage 
en  Grèce  de  Clioiseul-Gouffier  ;  enfin  il  faisait  quel- 
ques-unes des  eaux-fortes  des  planches  de  la  Galerie 
du  Palais-Royal. 

Quand  arrive  la  Révolution ,  Duplessi-Bertaux  em- 
brasse avec  ardeur  les  idées  nouvelles.  Son  goût  pour 
tout  ce  qui  touche  aux  choses  militaires  et  à  l'uniforme 
lui  fait  accepter  le  grade  de  capitaine  de  grenadiers 
au  bataillon  de  la  Butte  des  Moulins.  Il  fait  partie  du 
club  des  Gordeliers  et  se  trouve  compromis  lors  de 
sa  fermeture.  Il  voit  de  près  tous  les  événements 
de  la  Révolution ,  s'y  trouve  môme  souvent  mêlé 
comme  acteur,  et  mieux  que  personne  est  en  mesure 
d'en  restituer  avec  fidélité  les  principaux  épisodes. 
Aussi  ses  planches  des  Tableaux  historiques  de  la 
Révolution  ont-elles  la  valeur  de  véritables  documents 
pour  l'histoire  ,  et  sont  d'autant  plus  frappantes  que  le 
côté  artistique  et  la  composition  pittoresque  ne  sont 
jamais  néghgés. 

Get  ouvrage,  qui  ne  commença  à  paraître  qu'après 
le  9  thermidor,  renferme  :  1"  une  série  de  planches 
in-folio ,  dont  beaucoup  ont  été  gravées  à  l'eau-lorte 
par  Duplessi-Bertaux  et  quelques-unes  à  la  fois  des- 


DUPLESSI-BERTAUX.  79 

sinées  et  gravées  par  lui  ;  2°  une  suite  de  petites 
compositions  dessinées  et  gravées  par  notre  artiste , 
et  qui  sont  placées  au  bas  des  portraits  au  lavis  de 
Le  Vachez, 

Avec  les  précieuses  qualités  de  précision  et  de  mou- 
vement de  Bertaux  ,  les  événements  reproduits  dans 
les  grandes  planches  semblent  vraiment  avoir  été  saisis 
d'après  nature.  Sans  doute  il  y  a  un  parti  pris  de 
maigreur  dans  l'exécution ,  et  les  personnages  posent 
visiblement ,  c'est  ce  qui  a  fait  dire  à  Renouvier  que 
Duplessi  -  Bertaux  ,  étant  mystificateur  et  jovial,  a 
voulu  nous  mystifier  en  nous  faisant  prendre  ces 
eaux-fortes  subtiles  pour  des  tableaux  de  la  Révo- 
lution. Mais ,  malgré  ces  défauts ,  nous  ne  croyons 
pas  que  des  scènes  d'histoire ,  si  conventionnelles 
d'habitude  et  traitées  si  souvent  par  à  peu  près, 
puissent  saisir  davantage  que  celles-ci  par  leur  accent 
de  vérité. 

Les  petites  scènes  placées  au  bas  des  portraits  de 
personnages  de  la  Révolution  ne  sont  pas  moins  inté- 
ressantes ,  et  leur  faire  plus  encore  que  leur  format 
rappelle  les  Misères  de  la  guerre  de  Callot.  Ce  sont 
des  épisodes  rendus  avec  une  grande  clarté  dans 
leur  petitesse  :  c'est  l'histoire  vue  par  le  gros  bout 
de  la  lorgnette. 

Avec  quelle  ardeur  et  quel  brio  Duplessi-Bertaux 
n'a-t-il  pas  rendu  les  Campagnes  d'Italie ,  d'après  les 
dessins  de  Carie  Vernet  qui  furent  exposés  au  Salon 
de  l'an  XII  ?  Nul  aussi  n'était  plus  capable  de  faire 
manœuvrer  sur  sa  planche  les  régiments  et  d'entre- 
choquer les  combattants ,  nul  n'était  mieux  préparé  à 
faire  vivre  ces  belles  journées  de  victoire,  ces  entrées 


80  LES   GRAVEURS   DU   XVIII*'   SIECLE. 

triomphales  et  ces  prises  de  citadelles.  Laissant  à 
Masquelier  et  autres  le  soin  de  graver  les  paysages 
et  de  terminer  les  planches ,  il  les  commençait  à  l'eau- 
forte ,  il  prenait  corps  à  corps  la  figure  humaine , 
faisant  marcher  au  pas  de  charge  les  grenadiers , 
galoper  les  chevaux  et  cracher  de  la  gueule  des 
canons  ces  flocons  de  fumée  qu'on  lui  a  reproché  de 
faire  ressembler  à  du  coton.  Les  Batailles  de  Millè- 
simo ,  de  Mondovi ,  d'Arcole ,  Y  Entrée  des  Français 
à  Milan  ^  sont  des  planches  qui  justifient  cette  appré- 
ciation enthousiaste  de  Joubert  :  «  Sous  sa  pointe 
»  spirituelle  et  docile ,  ainsi  qu'à  la  voix  du  général 
»  qui  commande  ,  tout  paraît  s'animer  dans  les  sujets 
»  guerriers  qu'il  traite  :  les  lignes  se  forment  et 
»  s'étendent  ;  les  bataillons  les  plus  éloignés  font 
»  distinguer  leur  manœuvre  et  leur  tenue  ;  les  esca- 
»  drons  se  heurtent  dans  la  poussière  et  la  fumée; 
»  les  chevaux  hennissent,  fendent  l'air  en  blanchissant 
»  leurs  mors  d'écume  ;  et  l'admirateur  de  ces  prestiges 
»  est  ému  lui-même  en  voyant  le  feu  du  canon  ,  qu'il 
»  croit  entendre  de  ses  oreilles ,  tant  il  est  vrai  que 
»  l'artiste  véritablement  né  tel ,  se  peint  toujours  dans 
»  ses  ouvrages.  » 

Ajoutons  cette  remarque  qu'en  gravant  ces  planches, 
il  a  fait  mordre  l'eau-forte  avec  une  telle  sûreté  que 
souvent  toute  une  hgne  de  soldats  ou  plusieurs  per- 
sonnages sont  terminés  avec  leur  valeur  alors  que 
tout  le  reste  de  l'estampe  est  demeuré  blanc. 

Duplessi-Bertaux  toutefois  ne  s'est  pas  tenu  tou- 
jours à  ses  sujets  de  prédilection  ;  nous  constatons 
encore  sa  collaboration  au  Voyage  en  Egypte  de 
Denon ,  au  Musée  Français  dit  Musée  Filhol.  L'idée 


DUPLESSI-BERTAUX.  84 

lui  vint,  pour  faire  suite  à  cette  publication,  de  graver 
dans  le  format  petit-in  4 ,  la  série  des  vingt-cinq  com- 
positions de  Le  Sueur,  formant  la  Vïe  de  saint  Bruno. 

Voici  la  lettre  qu'il  écrivait  aux  libraires  Treuttel  et 
Wurtz ,  rue  de  Lille ,  derrière  les  Théatins  ,  pour  leur 
proposer  cette  affaire  : 

«  Messieurs,  j"ai  l'honneur  de  vous  soumettre  un 
»  projet  formé  entre  un  de  mes  amis  et  moi.  Nous 
»  ferions  à  nous  deux  un  volume  contenant  la  galerie 
»  de  S'-Bruno  ,  peinte  par  Le  Sueur.  Nous  le  ferions 
»  de  même  format  et  dans  le  même  genre  que  le 
»  manuel.  Mon  ami  se  chargerait  du  texte  et  moi  des 
»  planches.  Ce  volume  ou  cette  livraison  pourrait 
»  faire  suite  au  manuel  du  musée  et  cependant  en 
»  être  indépendante  étant  composée  de  vingt-cinq 
»  tableaux  complétant  la  galerie  et  les  principaux 
»  événements  de  la  vie  de  S'-Bruno. 

»  Cette  galerie  est  connue  et  admirée  de  tous  les 
»  amateurs  des  arts  et  la  suite  des  tableaux  qui  la 
»  forment  en  serait  sûrement  accueillie.  Quelques-uns 
»  de  ces  tableaux  ont  été  donnés  au  public  dans  diffé- 
»  rentes  collections,  mais  isolés  ,  ils  perdent  le  mérite 

»  de  l'ensemble J'ai  désiré,  Messieurs,  vous  faire 

»  part  de  ce  projet  et  savoir  si  vous  voudriez  vous  en 
»  rendre  les  éditeurs. 

»  Je  joins  ici  un  essai  :  le  cadre  que  j'ai  pris  et  qui 
»  serait  le  même  pour  tous  puisqu'ils  sont  de  la  même 
»  grandeur  ,  n'est  pas  plus  grand  que  le  diamètre  du 
»  cercle  dans  lequel  sont  inscrites  les  gravures ,  ce 
»  qui  donnerait  la  même  marge  et  cependant  une 
»  proportion  de  figures  beaucoup  plus  agréable.  J'ai 
»  l'honneur Bertaux.  » 

II.  6 


82  LES    GRAVEURS    DU    XYIIP"   SIECLE. 

Suit  de  la  main  de  l'un  des  éditeurs  la  convention 
suivante ,  faite  le  2  octobre  1806  :  «  1°  Les  vingt- 
»  cinq  gravures  lui  seront  payées  à  raison  de  30  fr. 
»  Le  modèle  donné  et  rendu  sera  suivi  pour  toutes. 
»  2°  Elles  seront  achevées  fin  janvier  prochain  ;  les 
»  dessins  nous  resteront.  3''  Le  texte  sera  payé  en  la 
»  somme  totale  de  fr.  120.  Il  comprendra  de  4  Va 
»  à  5  feuilles  d'impression,  4°  Les  gravures  et  le  texte 
»  seront  faites  avec  les  soins  qu'on  a  donnés  au  mo- 
»  dèle  fourni.  » 

A  cette  pièce  est  annexé  un  reçu  de  la  somme  de 
864  livres  pour  les  gravures  et  120  livres  pour  le  texte 
signé  du  4  juin  1807 ,  Bertaux  et  Leroux.  Ajoutons 
que  ces  planches  du  Saint-Bruno  ne  sont  pas  ce  que 
notre  graveur  a  fait  de  mieux.  Mais  franchement,  pour 
30  francs  par  planche  que  pouvait-on  exiger  ? 

Citons  une  petite  pièce  intéressante  :  Bienfaisance 
ingénieuse  de  Pradère  et  Elleviou ,  organisant  un 
concert  sur  le  boulevard  pour  secourir  un  malheureux. 

Pour  certains,  le  chef-d'œuvre  de  Bertaux  est  un 
recueil  de  cent  petites  feuilles  représentant  avec 
beaucoup  de  naturel  et  de  précision  des  Militaires 
de  différentes  armes ,  des  Ouvriers  de  différentes 
classes  ,  des  Chevaux ,  des  Marchands  forains  ,  des 
Intérieurs  d'ateliers,  des  Scènes  de  théâtre,  etc.,  le 
tout  exécuté  au  commencement  du  XIX®  siècle.  Pour- 
tant ce  qu'il  y  a  de  sec  et  de  maigre  dans  sa  manière 
se  montre  là  plus  que  partout  ailleurs. 

Le  graveur  des  journées  de  la  Révolution  française 
termina  assez  misérablement  sa  carrière,  a  dit  Renou- 
vier.  par  les  Campagnes  du  maréchal  Wellington , 
24  planches   (Didot ,  1818  ).    On  a  prétendu  qu'il  était 


DUPLESSI-BERTAUX.  83 


pensionné  comme  lieutenant  de  l'ex-quatrième  demi- 
brigade  des  vétérans,  mais  cela  n'est  pas  prouvé. 
Duplessi-Bertaux  a  dû  mourir  vers  1818  ou  1819. 


ESTAMPES,   ETC. 

1 .  Diverses  pièces  gravées ,  en  totalité  ou  eu  partie ,   par  Duplessi- 

Bertaux  ,  pour  le  Cabinet  Neyman  ,  la  Galerie  du  Palais-Royal 
et  le  Musée  Filhol. 

2.  Différentes  attitudes  de  Factionnaires ,  par  J.  Bertaux  sous  la  direc- 

tion de  Le  Bas  ;  suite  in-8. 

3.  Fanfan  et  Colas,  eau-forte  terminée  par  Helman. 

4 .  Vues  de  Paris,  par  le  chevalier  de  Lespinasse,  estampes  gravées  par 

Berthault  ;  grand  in-fol.  en  largeur. 
Les  personnages  sont  gravés  à  l'eau-forte  par  Duplessi-Bertaux. 

5.  Adieux  de  Louis  XVI  à  sa  famille,  eau-forte  ;  in-fol.  en  largeur. 

6 .  Adieux  de  Louis  XVI  à  sa  famille  ,   eau-forte  d'une  petite  pièce 

ronde  terminée  par  Gaucher. 

I.  FÊTE    DÉDIÉE    A    LA  VIEILLESSE,   d'après  Wille  fîls  ;   in-fol. 

en  largeur,  1195. 

Des  vieiUards  sont  portés  en  triomphe ,  île  jeunes  paysannes  jurent  de 
n'épouser  que  des  jeunes  républicains  défenseurs  de  la  patrie.  Au  premier  plan, 
à  droite ,  un  aristocrate  se  mange  les  poings  de  dépit. 

8 .  Fête  de  la  Réunion  ,  dédiée  à  tous  les  bons  citoyens ,  d'après  Wille 

fils,  n95. 

9 .  Fête  au  Luxembourg  ,  offerte  à  Bonaparte  après  le  traité  de  Campo- 

Formio,  eau-forte  ;  grand  in-8. 

10.  A  la  Nation  Française  les  Protestants  reconnaissants  ;  grand  in-fol. 

II.  Revue  du  décadi ,  passée  par  le  Premier  Consul  dans  la  cour  du 

Carrousel  ;  in-4  en  largeur.  —  Barthélémy,  président  du  Sénat 
conservateur,  présente  au  Premier  Consul  l'acte  constitutif  qui 


84  LES    GRAVEURS   DU    XVIIP   SIÈCLE. 

fixe  le  Consulat  à  vie.  —  Eaux-fortes  de  Bertaux ,  achevées  en 
couleur  et  placées  au-dessous  des  portraits  de  Bonaparte  par  Le 
Vachez  ,  et  des  Consuls  par  Alix. 

12.  Bienfaisance  ingénieuse  de  Pradère  et  Elleviou, 

fait  historique  du  5  messidor  an  X  ;  in-4  en  largeur. 
L'eau-forte,  125  fr.  1881 . 

13.  Brevet  de  pet^sios.  —  Solde  de  retraite  de.. .— Le  Ministre 

de  la  Guerre,  après  s'être  fait  représenter  l'arrêté  des  Consuls. . . 
ordonne  que  cette  solde  de  retraite  sera  acquittée  conformément 
aux  articles  45  et  46  de  la  loi  du  28  fructidor  an  7 .. .  etc.; 
cartouche  avec  trophées,  militaires,  etc.;  in-fol. 

14.  Brevet.  —  A  gauche  du  cartouche  un  hussard ,  à  droite  un  fan- 

tassin appuyé  sur  un  canon  et  ôtant  son  sahre.  —  C.  Vernet  inv. 
et  del.;  in-fol.  en  largeur. 

15.  En-tête  de  lettre  pour  la  Préfecture  du  Loir-et-Cher  (V.  Choffard, 

n»  205). 

16.  Encadrement  pour  programme  de  spectacle.  —  Les  armes  de  France 

et  de  Navarre,  avec  des  Renommées,  sont  à  la  partie  supérieure  ; 
in-fol. 

n.  RÉPERTOIRE    DU   ThÉ ATRE - Franç A IS ,   pièce  in-4  oh  sont 
des  portraits! d'auteurs  classiques  et  des  scènes  de  comédies-  1816. 

18.  Société  dramatique  ;  carte  in-12.  —  Palais  Egalité,  Lycée  des  Arts, 

Société  d'amateurs  ,  entrée  personnelle  ;  carie  in-12. 

19.  Titre  pour  un  livre  de  musique  vocale  de  Tomioni. 

20.  RECUEIL   DE   DIFFÉRENTS   SUJETS   gravés  à  l'eau-forte 

par  J.  Duplessi-Bertaux.  —  Cent  sujets  :  ouvriers  de  divers  mé- 
tiers, saltimbanques,  soldats,  artistes ,  scènes  de  comédies  ,  jeux  , 
cris  des  marchands  ambulants,  etc.,  en  un  album  in-4 

<i  Les  amateurs  de  gravures ,  —  disait  le  prospectus ,  —  ont  fait  depuis  long- 
»  temps  un  accueU  distingué  aux  eaux-fortes  de  Duplessi-Bertaux  ;  l'ouvrage 
»  que  nous  publions  aujourd'hui  est  entièrement  de  cet  artiçte  célèbre. . . .  Les 
»  amateurs  trouveront  dans  notre  collection  ce  tact  fin ,  cette  touche  élégante 
»  et  spirituelle  qui  caractérisent  particulièrement  les  ouvrages  de  Duplessi- 
»  Bertaux  et  qui  l'ont  fait  surnommer  à  juste  titie  le  Gallot  de  nos  jours.  — 
»  Chaque  livraison  composée  de  12  sujets,  9  francs.  » 


DUPLESSI-BERTAUX.  85 

21.  Costumes  d'acteurs  de  la  Comédie-Française  avant  1800;  20  p., 

catal.  Desaint  (Renouvier). 

22.  Mendiants,  d'après  Callot ,  etc. 


PORTRAITS. 

23.  Duplessi-Berlaux  ,  en  demi-buste  ;  in-12  ovale. 

24.  Duplessi-Bertaux ,  gravant;  in-12.  —  Le  même,  in-8. 

25.  Bonaparte.  —  La  Création  ,  d'après  Raphaël ,  pièce  j  qui  fit  beau- 

"  coup  de  bruit  par  la  ressemblance  qu'on  y  voulut  trouver  entre 
'  le  premier  homme,  sortant  tout  formé  des  mains  du  Créateur,  et 
•^  le  général  Bonaparte.  > 

26.  Le  Républicain  Desessarts .  eau-forte  par  Duplessi-Bertaux  ,  ter- 

minée par  Nitot-Dufresne. 

2*7.  Dugazon ,  profil;  in-18. 

28.  Grétry,  âgé,  en  buste  ;  in-r2  ovale. 

29.  Grétry  passant  l'Achéron  ,  estampe  d'après  Joly  ;  in-fol.  en  largeur. 

Pour  charmer  l'ennui  de  la  route, 
Grétry,  sa  lyre  en  main  traversant,  l'Achéron 
Ramez  donc,  dit-il  à  Caron , 
Que  faites-vous?. . .  J'écoute! 

P.  ViLLIKRS. 

30.  Grétry  passant  l'Achéron  ;  in-8. 

31.  Vigée,  d'après  Rivière;  in-4. 

32.  Hippolyte ,  rôle  de  M.  Pigeon  dans  Une  nuit  nu  corps  de  garde 

de  la  garde  nationale;  —  Philippe,  rôle  de  M.  Sans-Gêne  ;  2  p^ 
in-4. 

VIGNETTES. 

33.  RECUEIL  DES  MEILLEURS  CONTES  EN  VERS,  Londres 

(Paris,  Cazin),  ms ,  4  vol.  in-18. 
Il  est  assez  difflcUe  de  faire  la  part  exacte  de  Duplessi-Bertaux  dans  le  dessin 


86  LES    GRAVEURS    DU    XVIII«   SIECLE. 

et  la  gravure  des  illustrations  formant  tête  de  page  qui  ornent  ce  recueil,  connu 
sous  le  nom  de  Petits  Conteurs. 

On  ne  peut  aller  juscju'à  dire  çpie  toutes  les  illustrations  soient  de  lui ,  car  à 
la  page  15  du  tome  IV,  la  vignette  de  l'Amour  oiseleur  est  slg:née  L.  Druppe  inv. 
et  scutp.  en  très  petits  caractères. 

Un  exemplaire  des  Petits  Conteurs ,  avec  toutes  les  épreuves  en  tirage  hors 
texte,  dans  la  bibliotliè(iue  de  M.  Eugène  PaUlet. 

34.  Le  Fonu  iiV  Sac,    ou  Restant  des  Babioles  de  M.  X.  (Paris, 

Gazin),  1780,  2  vol.  in-18  ;  frontispice  et  9  vignettes  dans  le  genre 
de  celles  des  Petits  Conteurs. 

35.  LA    PUCELLE    D'ORLÉANS,    poëme  en  21   chants    (Paris, 

Gazin) ,  1780  ,  2  vol.  in-18  ;    1  frontispice  et  21  vignettes  têtes  de 
page. 
La  suite  complète,  en  épreuves  tirées  hors  texte,  1,000  fr.  1880. 

36.  Histoire  de  Gil  Bl4s  de  Santillane,  édition  de  Didoi 

jeune.  An  III,  1795,  4  vol.  in-8. 

Cette  édition  comprend  100  figures  de  Bornet ,  Charpentier,  Duplessi-Bertaux, 
gravées  sous  la  direction  de  Hubert.  —  Les  figures  dessinées  par  Duplessi- 
Bertaux  se  trouvent  dans  les  tomes  III  et  IV.  Il  est  vraisemblable  aussi  que  la 
gravure  à  l'eau-forte  de  la  plupart  des  50  figures  contenues  dans  ces  deux  der- 
niers volumes  est  due  à  Duplessi-Bertaux. 

37.  LE  TEMPLE  DE  GNIDE,  édition  de  Didot,  an  IV  (1796),  in-18. 

Dix  jolies  figures  de  Regnault  ornent  ce  petit  volume.  EUes  sont  gravées  par 
de  Ghendt ,  Halbou  ,  Baquoy,  Patas ,  Lingée  et  Ponce.  EUes  portent  toutes  la 
mention  :  Bertaux  aqua-forti  ineid. 

La  suite  des  eaux-foites  est  extrêmement  rare.  EUe  a  été  payée  800  fr.  en  1880. 

38.  Werther,    traduit  de  1  allemand  de  Goete  (sic)  par  Aubry  ; 

Paris,  Didot,  1797,  2  vol.  in-18  ;  4  fig.  par  Berthon,  gravées  par 
Duplessi-Bertaux. 

39.  Vignettes  pour  le  roman  des  Trois  Femmes  (V.  Choffard ,  n"**  664- 

667). 

40.  La  Visite  au  haras  (?),  3  têtes  de  page  (V.  Choffard ,  n^s  623-625). 

41.  Le  Mérite  des  Femmes.,  par  Legouvé,  sixième  édition,  Paris,  Didot, 

An  IX  ;   1  frontispice  et  1  figure  d'après  Isabey. 

42.  Vignettes  diverses  :  d'après  Fragonard  fils  pouu*  les  Liaisons  dan- 

gereuses ;  d'après  Le  Barbier  pour  le  Roman  Comique  ;  d'après 
Moreau  pour  VHistoire  de  France  ;    d'après  Marillier  pour  la 


DUPLESSI-BERTAUX.  87 

Guerre  d'Amérique  ;  d'après  Percier  pour  les  Fabien  de  La  Fon- 
taine. 

43.  Planches  pour  le  Voyage  à  Naples  de  Saint-Non,  —  pour  le  Voyage 

en  Grèce  de  Ghoiseul ,  —  pour  le  Voyage  en  Egypte  de  Denon. 

44.  Histoire  de  l'Enfant  prodigue,   en  douze  tableaux,  dessinée 

gravée  par  Duplessi-Bertaux  en  1815,  petit  in-4;  texte  par  Miger. 


45.  Etrennes  nationales  dédiées  à  la  liberté  française,  ornées  de  huit 

portraits,  et  de  sept  gravures  représentant  les  principaux  événe- 
ments arrivés  depuis  l'ouverture  des  États-Généraux  jusqu'au 
mois  de  décembre.  Paris,  1790,  in-r2  ;  1  figures  dessinées  et  gra- 
vées par  Duplessi-Bertaux. 

46.  Bulletin  de  couches  de  M^e  Target,  Père  et  Mère  de  la  Constitution 

des  ci-devant  français ,  conçue  aux  Menus ,  présentée  au  Jeu  de 
Paume  et  née  au  Manège.  Paris  ,  1790  ,  in-8  ;  1  figure  satirique 
dessinée  et  gravée  par  Duplessi-Bertaux. 

47.  TABLEAUX    HISTORIQUES    DE    LA    RÉVOLUTION 

FRANÇAISE.  Paris ,  an  XIII ,  1804,  3  vol.  in-fol.  avec  183 
gravures  par  divers  artistes ,  et  G6  portraits-médaillons  au  bas 
desquels  se  trouvent  de  petites  scènes  dessinées  et  gravées  à  l'eau- 
forte  par  Duplessi-Bertaux. 

Notre  graveur  a-t-U  mis  la  main  ,  pour  la  gravure  à  l'eau-forte  des  person- 
nages ,  à  celles  des  planches  qui  ont  été  dessinées  par  Prieur  et  gravées  par 
Berthault?  C'est  ce  que  nous  n'oserions  affirmer  ou  nier  absolument. 

Les  planches  qui  ont  été  gravées  à  l'eau-forte  par  Duplessi-Bertaux  sont , 
pour  la  plupart ,  fort  intéressantes,  malgré  l'allure  théâtrale  donnée  aux  person- 
nages, et  malgré  le  parti-pris  de  l'artiste  de  faire  pointu.  «  Duplessi-Bertaux  , 
»  nous  dit  spirituellement  Renouvier,  avait  le  caractère  jovial  et  mystificateur, 
»  genre  d'esprit  en  vogue  sous  le  Directoire.  Il  nous  mystifie  certainement  en 
»  nous  faisant  prendre  ces  eaux-fortes  subtiles  pour  des  tableaux  de  la  Révo- 
i>  lution ,  mais  il  nous  amuse  ;  quand  on  rencontre  ces  pièces  en  épreuves  à 
»  l'eau-forte  pure ,  avant  leur  achèvement  par  le  travail  des  burinistes  ,  on  voit 
»  combien  sa  manière  était  lumineuse  et  incisive.  » 

Quoi  qu'il  en  soit  de  leurs  défauts  ,  ces  pièces  historiques  sont  ce  qui  nous 
reste  de  plus  authentique  sur  la  Révolution  ;  nous  citerons  comme  très  carac- 
téristiques les  scènes  suivantes  : 

Assassinat  de  Ls  Pelletier  Saint-Fargeuu  chez  le  restaurateur  Février;  —  Exé- 
cution de  Louis  XVI ;  —  Le  ji  Mai;  —  Soupers  fraternels  dans  les  sections,  rue  de 
Tournon ,  d'après  Swebach  ; 

Mort  de  Condorcet,  d'après  Fragonard  flis  ; 

Et  d'après  Duplessi-Bertaux  lui-même  :  Les  Girondins  allant  au  supplice  ;  — 


88  LES    GRAVEURS    DU    XVIIF    SIÈCLE. 

Mort  de Bailly;  —  Noyades  de  Carrier;  —  Fusillades  de  Lyon;  —  Supplice  des 
Bébertistes  ;  —  Fête  à  l'Être  suprême;  —  Cécile  Renaud  arrêtée  chez  Robespierre; 

—  Dévouement  de  Loizerolles pour  sauver  son  fils  ;  —  La  Nuit  du  g  Thermidor  ;  — 
Robespierre  blessé  dans  l'antisalle  du  Comité  de  Salut  public  ;  —  Fermeture  du  Club 
des  Jacobins  ;  —  Insurrection  du  i^'^  Prairial,  la  Convention  envahie  ;  —  Audience 
du  Directoire  en  costume  ;  —  Assassinat  des  plénipotentiaires  de  Rastadt;  —  Jour- 
nées des  2S-30  Prairial  an  IV,  démission  de  plusieurs  Directeurs  ;  —  Le  18  Brumaire. 

Les  estampes  de  batailles  nous  paraissent  avoir  un  intérêt  moins  immédiat , 
parce  que  ce  sont  toujours  des  compositions  de  fantaisie. 

Ce  sont  les  épreuves  d'eau-forte  pure  qu'il  faut  rechercher.  Les  épreuves 
terminées  ont  perdu  toute  saveur  ;  il  est  impossible  d'y  retrouver  l'esprit  de 
Duplessi-Bertaux  à  travers  le  travail  froid  des  burinistes  ,  Berthault ,  Desauls 
ou  Dupréel. 

Les  épreuves  de  l'édition  de  ISH  sont  sans  valeur.  On  y  trouve  en  plus  une 
planche  de  Duplessi-Bertaux  ,  l'Entrée  de  Louis  XYIII  à  Paris. 

Les  petites  scènes  jetées  par  Duplessi-Bertaux  au-dessous  des  portraits- 
médaillons  de  Le  Vachez  sont  infiniment  amusantes  en  dépit  de  leur  maigreur. 
0  Ce  sont  de  vraies  scènes  ,  les  personnages  s'y  agitent  avec  feu ,  et  l'on  voit 
»  d'un  coup-d'œil  jusqu'aux  moindres  détails  du  costume  et  du  local.  Le  parti- 
»  pris  de  ces  corps  allongés  ,  de  ces  bras  tendus  et  d'un  appareil  théâtral , 
»  tranchant  avec  la  petitesse  des  figures,  constitue  un  style  maigre,  tout  à  fait 
»  insuffisant  pour  l'expression  des  scènes  à  représenter  :  la  grande  netteté  de 

l'outil ,  sûr  dans  ses  traits  mais  sans  sécheresse,  piquant  dans  les  ombres 
»  jusqu'au  papillotage,  et  d'une  agihté  extrême  dans  l'ajustement  de  toutes  ses 
»  figures  ,  les  fera  toujours  admirer.  » 

Voici  la  liste  des  sujets  plus  particulièrement  réussis  :  Le  10  août.  — 
Arrestation  de  la  Famille  royale  à  Varennes.  —  Malesherbes  travaillant  dans  la 
tour  du  Temple  à  la  défense  du  Roi.  —  Le  duc  d'Orléans  arrêté  sur  le  Pont-Neuf 
par  le  peuple ,  qui  le  force  à  saluer  ta  statue  de  Henri  IV.  —  Le  Jeu  de  Paume. 

—  La  Fédération.  —  L'Assemblée  des  Notables.  —  Buste  de  Necker  porté  en 
triomphe.  —  C.  Desmoulins  au  Palais-Royal.  —  D'Épréménilprès  d'être  victime  de 
la  fureur  du  peuple. —  Réponse  énergique  de  Mirabeau  au  maître  des  cérémonies. — 
L'Abbé  ilaury:  Eh  messieurs!  quand  vous  m'aurez  mis  à  la  lanterne,  y  verrez-vous 
plus  clair?  —  La  Patrie  en  danger.  —  Assassinat  de  Lepelletier  Sainl-Fargeau.  — 
Fête  de  Châleauvieux.  —  Leji  Mai.  —  Madame  Roland  au  tribunal.  —Supplice 
des  Girondins.  —  Mort  de  Condorcel.  —Arrestation  de  Lavoisier.  —  Triomphe  de 
Marat.—  Assassinat  de  Marat.  —  Anacharsis  Clootz  a  la  tribune.  —  Les  Habitants 
des  environs  de  Paris  envoient  à  la  Convention  les  ornements  de  leurs  églises.  — 
Noyades  de  Carrier.  —  Arrestation  de  Cécile  Renaud.  —  Le  g  Thermidor.  —  Robes- 
pierre blessé.  —Jugement  de  Fouquier-Tinville.  —  Mort  de  Charette.  —  Assassinat 
des  plénipotentiaires  de  Rastadt.  —  Mort  de  Marceau ,  de  Joubert .  de  Desaix  ,  de 
La  Tour-d'Auvergne ,  de  Kléber.  —  Abolition  du  Directoire  le  18  Brumaire.  — 
Hûhenlinden.  —  Marengo. 

Un  exemplaire  des  Tableaux  de  la  Révolution ,  avec  toutes  les  eaus-fortes , 
.3,800  fr.  vente  Martin ,  1877. 

48.  Tableaux  de  la  Révolution,  par  Monnet,  gravés  par  Helman  ;  in-fol. 
en  largeur. 

Les  eaux-fortes  des  planches  qui  représentent  la  Nuit  du  g  Thermidor, 
l'Insurrection  de  Prairial,  la  Mitraillade  de  Saint-Roch  et  l'Assassinat  des  pléni- 
potentiaires de  Rastadt ,  sont  signées  de  Duplessi-Bertaux.  Elles  sont  fort  belles. 


DUPLESSI-BERTAUX  89 

19.  TABLEAUX  HISTORIQUES  DES  CAMPAGNES  D'ITALÎE 

depuis  l'an  IV  jusqu'à  la  bataille  deMarengo;  1  vol.  in-fol. 

Carie  Vernet  a  dessiné  trente  planches  pour  cet  ouvrage.  Duplessi-Berlaux 
en  a  grevé  la  plupart  à  l'eau-foite  ;  elles  ont  été  terminées  par  Masquelier, 
ChofTard  ,  R.  do  Launay,  Dupréel ,  etc.  Les  plus  remarquables  sont  :  le  Passage 
du  pont  (te  Lodi ,  l'Entrée  des  Franrais  à  ililan  ,  Bataille  rie  St-George  près  de 
Mantoue,  Bataille  de  la  Favorite  ,  les  Français  à  Verne,  etc. 

Un  exemplaire  provenant  de  la  bibliothèque  Pixérécourt ,  et  contenant  toutes 
les  eaux-fortes,  200  fr.  vente  Martin. 

50.  Erection  de  la  colonne  Vendôme,  estampe  in-fol.  en  largeur  gravée 
par  Courbe,  1810.  —  Les  personnages  préparés  à  l'eau-forte  par 
Duplessi-Bertaux. 

Duplessi-Bertaux  a  encore  dessiné  les  figures  du  Précis  de  la  Révolution,  par 
I.acretelle  :  Assemblée  législative.  Convention  et  Directoire,  8  pièces. 

Planches  pour  les  Fastes  de  la  Nation  française ,  pour  Napoléon  à  la  Grande- 
Armée  ;  Leblanc  dit  146,  dont  2  tities. 

Sur  la  fin  de  sa  vie  :  les  Campagnes  du  feld-maréchal  Wellington  ,  Didot ,  1818  . 
24  p. 


DUPONGHEL  (Charles-Eugène 


1748- 


Duponchel ,  d'Abbeville ,  n'a  gravé  que  des  non- 
valeurs  :  le  Grand-Seigneur  au  milieu  de  ses  femmes 
d'après  Taunay,  quelques  vignettes  disséminées  dans 
divers  ouvrages  sans  importance  (  Cabinet  des  Fées , 
Crèhillon  de  Marillier,  Voyage  sentimental .  édition 
Cazin ,  1782  ;  frontispices  d'après  Chevaux  pour  les 
Romans  et  Contes  de  Voltaire ,  les  Œuvres  du  mar- 
quis de  Villette ,  la  Vie  de  Marianne ,  les  Saisons , 
édition  Cazin ,  etc.  ) ,  les  portraits  du  Général  des 
Mathurins .  de  Chevillet  de  Cham,pmeslè ,  de  Th. 
Corneille ,  de  M  air  et ,  de  Pelletier,  de  Quinault ,  de 
Rotrou ,  de  Du  Ryer,  La  Noue  ,  Scarron ,  Mèro , 
Longepierre ,  et ,  dans  la  collection  d'Esnauts  ,  celui 
de  Marie  Leczinska.  Cependant  un  portrait  de  Ma^He- 
Antoinette,  ']Q\mQ,  d'après  Ducreux ,  grand  in-4 ,  est 
une  pièce  très  estimable. 

Ce  qui  est  assez  surprenant ,  c'est  le  prix  élevé  que 
des  graveurs  sans  grande  notoriété  tiraient  de  leurs 
planches  :  Duponchel ,  par  exemple  ,  recevait  de  Lau- 
rent deux  mille  livres  pour  la  gravure  d'une  Vierge 
de  Raphaël. 


nUPRÉEL. 


A  l'inverse  des  aqua-fortistes  Pauquet  et  Giraurl  le 
jeune,  Dupréei  était  exclusivement  un  finisseur  qui  se 
bornait  à  mettre  les  derniers  traits  de  burin  sur  les 
planches  qu'on  lui  livrait  toutes  préparées  à  l'eau-forte. 
Il  a  travaillé  pour  la  Galerie  de  Florence  et  le  Musée 
Français ,  mais  il  s'est  surtout  adonné  à  la  vignette 
et  a  terminé  notamment ,  sans  leur  conserver  leur 
vivacité ,  les  eaux-fortes  de  Pauquet. 

On  rencontre  le  nom  de  Dupréei  dans  la  Bible,  la 
Pucelle,  le  Télémaque.  le  Tibulle  et  le  Properce  de 
Marinier  ;  dans  les  Contes  de  La  Fontaine  de  Frago- 
nard  (pour  la  très-belle  vignette  de  la  Coupe  enchan- 
tée). —  Dupréei  a  signé  encore  des  illustrations  d'après 
Borel  pour  les  Idylles  de  Berquin ,  d'après  Monnet 
pour  les  Œuvres  de  Gessner,  d'après  Moreau  pour 
Gérard  de  Nevers ,  Gresset  in  - 12  ,  Juvénal  et 
Phocion  (eaux-fortes  par  Giraud),  Gessner  (eau-forte 
par  Pauquet),  les  Géorgiques,  le  Nouveau  Testament , 
la  Psyché  in -4  (pour  la  flgure  du  Triomphe  de 
Psyché,  eau-forte  par  Pauquet) ,  la  deuxième  suite  de 
Racine  [Britannicus ,  Andromaque,  eau-forte  par 
Michel ,  plus  un  portrait  de  Racine  d'après  Santerre, 


92  LES    GRAVEURS    DU    XVIIF   SIECLE 

eau-forte  par  Lerouge  ) ,  le  La  Fontaine  de  1814. 

Une  suite  de  64  figures  in-8  pour  les  Œuvres  de 
J.-J.  Rousseau ,  dessinée  par  Chasselat ,  Choquet , 
Moreau.  etc.,  est  connue  sous  le  nom  de  Collection  de 
Duprèel.  Elle  fut,  en  effet,  publiée  vers  1817  par  ce 
graveur  qui  exécuta  une  bonne  partie  des  planches,  en 
se  faisant  aider  pour  le  reste  par  Adam ,  Bovinet , 
Lecerf  et  autres  graveurs  de  dernier  ordre. 

Dupréel  a  encore  collaboré  à  la  Jérusalem  délivrée^ 
traduction  de  Baour-Lormian .  et  au  Racine  illustré 
par  Le  Barbier,  à  la  grande  édition  de  Racine  publiée 
parDidot,  à  la  Religieuse  (une  figure  de  Le  Barbier  et 
un  portrait  àe,  Diderot),  au  J.-B.  Rousseau  illustré  par 
Laffitte ,  à  Tillustration  des  Liaisons  dangereuses , 
in-8 ,  du  Fauhlas  de  l'an  VI ,  de  la  Pharsale  de  Cra- 
pelet ,  du  Rousseau  de  Poinçot ,  du  Rousseau  de 
DeferdeMaisonneuve,  d'une  petite  édition  de  Daphnis 
et  Chloé  d'après  Monsiau  (eaux-fortes  par  Pauquet) . 
et  des  Œuvres  de  Grécourt ,  édition  bien  pauvrement 
illustrée  par  Fragonard  fils  (figures  et  portrait  de 
G7'ècourt).  Citons  encore  un  portrait  de  Bossuet  en 
pied ,  commencé  par  Pauquet .  et  un  petit  médaillon 
de  La  Fontaine. 

Elysée,  solennité  des  tombeaux,  —  La  France 
régénérée....  etc.:  2  p.  d'après  Monnet. 

Dupréel  a  travaillé  aux  Tableaux  de  la  Révolution 
et  aux  Campagnes  d'Italie,  ouvrages  pour  lesquels  il 
a  consciencieusement  éteint,  en  les  terminant,  un  cer- 
tain nombre  d'eaux-fortes  de  Duplessi-Bertaux.  On  se 
demande,  du  reste,  ce  qu'un  artiste  tel  que  Duplessi- 
Bertaux  aurait  bien  pu  gagner  à  être  repris  et  complété 
par  un  Dupréel. 


DUPUIS    (Charles 


1685-1742. 


Charles  Dupuis  est  né  à  Paris  en  1685.  Le  goût  et 
l'inclination  qu'il  annonça  pour  la  gravure  engagèrent 
ses  parents  à  le  placer  chez  Gaspard  Duchange ,  et  ce 
fut  sous  la  direction  de  ce  maître  célèbre  qu'il  se  forma 
le  style  large  et  moelleux  qui  caractérise  ses  ouvrages. 
Nous  citerons  de  lui  la  Leçon  d'amour,  l'Education 
selon  Vâge ,  d'après  Watteau ,  une  estampe  sur  la 
Vengeance  d'Armïde,  l'Amour  vainqueu?'  de  Pan  et 
Diane  au  repos,  d'après  Antoine  Coypel  (1707)  ;  deux 
compositions  de  Louis  de  Boullongne  ,  l'Air  et  la 
Terre,  gravées  en  1718  et  1721,  à  Paris  chez  Dupuis 
gy^aveur  du  Roy ,  rue  de  la  Vannerie  à  l'image 
St-Michel. 

De  fil  en  aiguille ,  d'après  Dumesnil ,  composition  à 
deux  personnages  et  à  sous-entendu  : 

Belle  quel  est  votre  dessein 
Pourquoi  celte  aiguille  à  la  main  ? 
Je  crois  pénétrer  ce  mystère. 
A  ce  regard  tendre  et  charmant 
On  devine  facilement 
L'ouvrage  que  vous  voulez  faire. 

La  Prédication  de  St-Jean,  d'après  G.  Maratte  pour 


94  LES   GRAVEURS    DU    XVIII''   SIÈCLE. 

le  recueil  de  Crozat. — Le  Mariage  de  la  Vierge,  d'après 
G.  VanLoo  ,  dédié  au  Cardinal  Melchior  de  Polignac. 

Gh.  Dupuis  trouva  la  juste  récompense  de  ses  tra- 
vaux dans  sa  réception  à  l'Académie  le  27  octobre  1730, 
sur  les  portraits  qui  lui  avaient  été  ordonnés ,  du 
sculpteur  Nicolas  Coustou ,  d'après  Legros,  très  belle 
planche,  et  de  Nicolas  de  Largillière,  d'après  Geulain. 

Un  de  ses  meilleurs  ouvrages  est  le  portrait  petit 
in -fol.  de  Marie  -  Françoise  Perdrigeon  ,  épouse 
de  Le  Boucher,  secrétaire  du  roi ,  peinte  par  Raoux 
en  vestale  et  décédée  le  30janv.  1734,  âgée  de  dix- 
sept  ans  ,  deux  mois  et  seize  jours. 

Notre  graveur  a  fait  pour  l'éditeur  Odieuvre  un  cer- 
tain nombre  de  portraits. 

Gharles  Dupuis  est  mort  à  Paris  le  3  mars  1742. 

ESTAMPES. 

1.  L'Air,  —  La  Terre,  d'après  L.  de  BouUongne. 

Les  deux  autres  pièces  gravées  par  Desplaces. 

2.  L'Amour  arrête  le  bras  d'Armide  prête  à  tuer  Renaud,  d'après 

A.  Coypel,  1705;  in-fol. 

3 .  L'Amour  vainqueur  de  Pan ,  d'après  A.  Coypel  ;  in-fol.  , 

4 .  Diane  au  repos,  entourée  de  ses  nymphes,  d'après  A.  Coypel  ;  in-fol. 

5.  Ptolémée Philadelphe  accordant  la  liberté  aux  Juifs,  —  Alexandre 

Sévère  faisant  distribuer  du  blé  au  peuple  romain  ;  2  p.  in-fol. 
Les  deux  pendants,  Solon  et  Trajan  ,  gravés  par  Duchange. 

6.  Le   Philosophe  marié,  d'après  Lancret.  —  C.  Dupuis  sculp. 

Le  pendant  est  le  Glorieux ,  par  N.  Dupuis. 

7.  Le  Mariage  de  la  Vierge,  d'après  Carie  Van  Loo:   grand 

in-fol. 


DUPUIS    (Chari.esj.  95 

8.  LA    LEÇON   D'AMOUR,  d'après  Watteau. —  Car.  Dupuissculp. 

n34  ;  in-fol.  en  larj^eiir. 

9.  L'OcCL  P.VTION   SELON    l'AG E ,  d'après  Watteau. —  Cette  pièce 

est  signée  Dupuis  sculp.;  in-fol.  en  largeur. 

Ajoutons  à  cette  liste  Charles  I"^  dam  sa  prison ,  d'après  Raoux  ,  et  citons  la 
collaboration  de  C.  Dupuis  à  la  gravure  des  illustrations  de  De  Troy  pour  la 
Benriade,  in-'J. 


PORTRAITS. 

10.  COUSTOU,  sculpteur,  d'après  Le  Gi'os  ;  in-tbl. 

Morceau  de  réception  à  l'Académie,  1730. 

11.  L.\RGILLIÈRB  ,  d'après  Geulain  ;  in-fol. 

Autre  morceau  de  réception  à  l'Académie. 

12.  Louis  XV,  en  buste,  dans  un  médaillon  soutenu  par  Minerve  assise, 

d'après  Rigaud  ,  ni9;  in-4. 

13.  Louis  XV,  assis  sur  le  trône,  à  l'âge  de  quinze  ans,  d'après  Ranc, 

n'ÏS;  grand  in-fol. 

14.  PERDRIGEON  (Marie-Françoise),  épouse  d'Élienne  Le  Boucher, 

en  costume  de  vestale,  d'après  Raoux  ,  1736;  in-fol. 

15.  Portraits  gravés  pour  le  fonds  d'Odieuvre  :  Henri  de  Lorraine,  duc 

de  Guise.  —  Henri  IV.  —  Jérôme  Bignon.  —  Puget.  —  Michel 
Lequien.  —  Pittard ,  chirurgien.  —  Alberoni.  —  Michel-Etienne 
Turgot. —  Marchand,  organiste. —  Madame  Carie  Van  Loo  (rare). 


DUPUIS    (Nicolas-Gabriel 

J 696- 1771. 


Très  supérieur  à  son  frère  ,  Nicolas-Gabriel  Dupuis 
né  en  1696,  à  Paris,  fut  comme  lui  élève  de  Duchange  ; 
très  modeste  et  sans  grande  ambition,  il  avait  conservé 
l'atelier  de  teinturerie  et  de  toiles  peintes  de  son  père, 
mais  pour  se  livrer  plus  facilement  à  son  goût  pour  la 
gravure  ,  il  le  faisait  tenir  par  un  maître  compagnon. 
Naturellement  industrieux  et  plein  de  goût,  il  se  mit  à 
graver  des  planches  d'ornements  pour  les  imprimer 
sur  toile.  Duchange  enchanté  des  heureuses  disposi- 
tions qu'il  révélait ,  de  ses  progrès  rapides  ,  enfin  de 
ses  succès  ,  lui  promit  de  lui  faire  épouser  une  de  ses 
filles ,  mais  plusieurs  voyages  que  le  jeune  graveur 
fut  obligé  de  faire  en  Angleterre ,  retardèrent  son 
mariage ,  et  ce  n'est  qu'en  1737  qu'il  devint  enfin  le 
gendre  de  son  maître. 

C'est  pendant  un  de  ces  voyages  que  l'Académie 
agita,  rapporte  Gaucher,  la  question  de  savoir  s'il  était 
possible  d'imiter  avec  le  burin ,  le  goût  et  la  touche 
pittoresque  de  la  gravure  à  l'eau-forte.  N.  Dupuis  .  à 
son  retour,  essaya  de  résoudre  le  problême,  et  ce  fut 
dans  ce  but  qu'il  grava  la  curieuse  estampe  d'après 
Carie  Van  Loo,  qui  représente  jÉ'nee  sauvant  son  père 


DUPUIS   (Nicolas).  97 

Anchise ,  dédiée  à  M'""  de  Jullienne.  «  Quoique  cette 
»  gravure  soit  entièrement  au  burin,  on  croit  y  recon- 
»  naître  l'esprit,  la  légèreté  et  les  saillies  heureuses 
»  d'une  pointe  exercée.  On  y  remarque  aussi  la  chaleur, 
»  l'expression  ,  le  caractère  et  les  formes  sçavantes  de 
»  l'original.  »  On  a  dit  aussi  que  N.  Dupuis  croyait 
ses  yeux  blessés  par  l'éclat  du  cuivre  sous  le  vernis 
et  sa  santé  altérée  par  la  vapeur  de  l'eau-forte ,  et 
que  c'est  ainsi  qu'il  se  décida  à  adopter  le  burin  pur 
en  lui  conservant  la  liberté  de  l'eau-forte. 

Nicolas  Dupuis  contribua  à  la  gravure  du  Sacre  de 
Louis  XV  par  la  planche  du  Festin  Royal ,  et  à  la 
Galerie  de  Versailles,  une  des  grandes  entreprises  de 
gravure  du  XVIIP  siècle  ,  par  les  morceaux  suivants, 
gravés  avec  un  art  vraiment  remarquable  :  le  Roi 
gouverne  par  lui-inême,  magnifique  composition  dont 
la  gravure  fut  tei'rainée  par  Tardieu ,  le  Roi  prend 
Maëstrich  evi  trente  jours,  Renourellement  d'alliance 
avec  les  Suisses  ,  sorte  de  médaillon  en  pendentif ,  et 
les  deux  cintres  de  chaque  bout  de  la  galerie  ,  Bellone 
en  fureur  et  V Espagne. 

Massé  fut  si  satisfait  de  ces  travaux,  qu'il  n'eut  cesse 
de  faire  recevoir  leur  auteur  à  l'Académie.  Nicolas 
Dupuis,  dans  sa  modestie,  n'y  pensait  nullement  ;  il 
fallut  que  le  secrétaire  de  la  Compagnie  l'invitât  par 
lettre  à  se  présenter.  11  fut  agréé  le  24  avril  1751 ,  et 
on  lui  donna  à  graver  pour  sa  réception  (  1754  ) ,  le 
portrait  du  Directeur  des  bâtiments  du  roi  qui  venait 
de  mourir,  Ch.  Fr.  P.  Le  Normant  de  Tournehem. 
Ce  portrait ,  qui  est  l'un  de  ses  bons  ouvrages ,  offre 
en  outre  pour  nous  cet  intérêt  que  nous  avons  sous 
les  yeux  le  père  présumé  de  M"'*'  de  Pompadour  et  du 
n.  T 


98  LES    GRAVEURS    DU    XVIIF    SIECLE. 

marquis  de  Marigny  ;  l'on  connaît,  en  effet,  les  intimes 
relations  de  Tournehem  avec  M'°^  Poisson. 

Passons  en  revue  quelques-uns  des  travaux  de 
Nicolas  Dupuis  qui  sont  presque  tous  intéressants.  Une 
composition  de  Lancret ,  le  Glorieux ,  acte  111 ,  scène 
S'',  formant  le  pendant  de  celle  du  Philosophe  marié 
qui  est  signée  C.  Dupuis. 

Le  Chantre  à  table ,  d'après  Dumesnil  ;  le  Repos , 
jolie  composition  de  Golson  qui  représente  une  jeune 
fille  endormie  tandis  qu'un  chat  malin  guette  son 
oiseau  ;  la  Toilette  de  nuit ,  d'après  Boonen  ,  effet  de 
lumière  ;  une  Nymphe  endormie,  d'après  L.  Ghéron, 
avec  ces  vers  au  bas  : 

Satires  respectez  ce  someil ,  ce  silence 
Réprimez  do  vos  sens  les  brutales  ardeurs 

Jamais  la  force  et  r insolence 
N'ont  pu  près  d'une  belle  obtenir  des  faveurs. 

Pourquoi  dans  un  amant  prompt  à  se  satisfaire 
Bldmon.s-nous  le  penchant  qui  l'entraîne  au  plaisir? 

Si  la  pudeur  ne  peut  se  taire 
La  nature  en  secret  sçait  bien  la  démentir. 

Deux  portraits  de  Louis  XV,  daprès  Le  Moine , 
l'un  en  pied  et  l'autre  à  cheval. 

Le  portrait  de  Jean  de  Betzkoy ,  d'après  Roslin , 
représenté  en  pied  et  assis.  C'est  ce  personnage , 
général  et  dh^ecteur  des  bâtiments  de  S.  M.  I.  de  toutes 
les  Russies  ,  qui  était  chargé  par  le  Czar  de  certaines 
commissions  artistiques  en  France,  et  qui  fit  graver 
par  Daullé,  ainsi  que  nous  l'avons  raconté,  un  portrait 
de  M'"''  Anastasie. 

Nicolas  Dupuis  a  encore  gravé  l'Adoration  des  Rois 


DUPUIS   (Nicolas).  99 

Mages ,  d'après  Véronèse ,  pour  le  Cabinet  Crozat  ; 
une  Sainte  Fatnille,  d'après  An.  Garrache ,  pour  la 
Galerie  de  Dresde  ;  Saint  François  et  Saint  Nicolas, 
d'après  Pierre ,  gravés  en  1750  ;  Amusement  de  la 
Jeunesse ,  d'après  François  Eisen  ;  r Espérance  au 
hazay^d  et  le  Réveil  m,aladroit,  d'après  Schenau  ;  enfin 
un  Saint  Sébastien ,  d'après  Louis  Garrache  ,  grand 
in-folio,  dédié  à  M^''.  de  Roquelaure,  évoque  de  Senlis, 
gravé  en  1770  et  vraisemblablement  son  dernier 
ouvrage.  Nicolas  Dupuis  mourut  en  effet  à  Paris , 
entouré  de  l'estime  générale  ,  le  26  mars  1771. 

Gaucher  qui  l'a  beaucoup  connu  et  apprécié ,  a 
écrit  dans  le  Dictionnaire  des  Artistes  de  l'abbé  de 
Fontenay  : 

«  Non  moins  estimable  par  les  qualités  du  cœur  et 
»  de  l'esprit  que  par  ses  talents  supérieurs ,  Dupuis 
»  fut  universellement  regretté  ;  ses  vertus  lui  méri- 
»  tèrent  l'attachement  de  tous  ceux  qui  le  connurent 
»  et  jamais  personne  n'eut  à  se  plaindre  de  lui.  L'on 
»  pourroit  rapporter  plusieurs  traits  de  sa  modestie, 
»  de  son  intégrité ,  de  son  désintéressement ,  mais  les 
»  moindres  circonstances  suffisent  quelquefois  pour 
»  caractériser  les  sentiments.  On  en  pourra  juger  par 
»  l'anecdote  suivante.  Un  jeune  artiste  nommé  Loyer, 
»  mort  depuis  quelques  années  ,  avoit  un  talent  pai^ti- 
»  cuber  pour  graver  l'architecture  avec  autant  d'in- 
»  teUigence  que  de  promptitude.  Dupuis  le  fait  venir 
»  chez  lui  pour  faire  le  fond  et  la  bordure  d'un  por- 
»  trait.  Jaloux  d'obliger  un  artiste  de  ce  mérite , 
»  Loyer  se  met  à  l'ouvrage  avec  tant  d'application 
»  qu'il  l'a  terminé  avant  la  fin  du  jour.  Dupuis  arrive  , 
»  témoigne  son  étonnement  et  prie  le  jeune  homme 


100         LES   GRAVEURS   DU    XVIII''   SIÈCLE. 

»  de  lui  (lire  ce  qui  lui  faut  pour  son  salaire.  Après 
»  s'être  fait  presser  plusieurs  fois ,  Loyer  demande 
7>  douze  livres  :  —  Non,  Monsieur,  lui  répond  Dupuis, 
»  vous  m'avez  doublement  obligé,  et  par  l'intelligence 
»  que  vous  avez  mise  à  ce  que  je  désirois  de  vous  et 
»  par  la  célérité  que  vous  y  avez  apportée;  mais  je 
»  n'abuserai  point  de  vos  talents  ;  l'ouvrage  de  cinq 
»  ou  six  jours  vous  l'avez  fait  en  un  seul, -je  ne  calcule 
»  jamais  le  temps  d'un  artiste  et  je  serois  injuste  d'ac- 
»  quiescer  à  votre  demande.  11  lui  offrit  trois  louis 
»  d'or  que  le  jeune  homme  s'obstina  vainement  de 
»  refuser  et  qu'il  le  força  d'accepter  ^  » 

I  II  est  intéressant  pour  les  iconophiles  de  rechercher  quels  étaient 
les  frais  nécessités  par  la  gravure  d'une  planche  ,  frais  qui  ne  laissaient 
pas  d'être  souvent  considérables.  Nous  reproduisons  ici  le  marché  relatif 
à  la  gravure  par  Dupuis  d'un  tableau  de  Vien  ,  représentant  l'érection 
du  monument  élevé  au  roi  Louis  XV,  à  Rennes ,  par  les  Etals  de  Bre- 
tagne, monument  dû  au  ciseau  du  sculpteur  J.-B.  Lemoine  : 

II  En  exécution  des  ordres  de  la  commission  intermédiaire  ,  adressés 
»  à  M''  de  la  Boissière,  pour  faire  les  dépenses  nécessaires  de  la  gravure 
M  du  monument  de  la  statue  du  Roy  dont  le  S''  Lemoyne,  sculpteur,  a 
"  actuellement  fait  le  modèle  en  grand ,  nous  avons  entretenu  à  cet  eflfet 
"  le  S""  Dupuis  graveur,  que  ledit  S""  Lemoyne  nous  a  présenté  ;  sur 
'1  quoy  ledit  S""  Dupuis  nous  a  fait  les  représentations  suivantes  :  Qu'il 
«  ne  pouvoit  point  se  charger  de  faire  ladite  gravure  à  moins  de  cinq 
!■>  mille  cinq  cents  livres,  paiables  en  quatre  paiements  égaux  :  le  l^""  en 
'>  commençant  la  planche  ,  le  dernier  en  la  livrant  ,  et  les  deux  autres 
>i  dans  l'intervalle  à  proportion  de  l'avancement  de  l'ouvrage  ;  qu'il  ne 
«  pouvoit  pas  s'obliger  de  livrer  ladite  planche  gravée  à  sa  perfection 
'•>  avant  le  l*''  septembre  de  l'an  1752  ; 

«  Que  lad^  planche  ne  pourra  fournir  au  plus  que  mille  estampes 
"  même  avec  les  réparations  qu'il  sera  indispensable  et  qu'il  s'oblige 
»  d'y  faire  ; 

>i  Que  l'impression  desdites  estampes  et  les  réparations  à  faire  à  la 
'>  planche  demanderont  près  de  six  mois ,  en  sorte  qu'on  ne  peut  pas 
'^  compter  que  les  mille  estampes  puissent  être  fournies  avant  le  mois 


DUPUIS   (Nicolas).  iQ\ 


ESTAMPES. 

1.  La  Toilette  de  nuit,  d'après  Boonen  ;  in-fol. 

2 .  Nymphe  endormie  surprise  par  des  satyres,  d'après  S.  Chéron. 

3.  Le  Camouflet,  —  Le  Château  de  cartes,  2  p.  d'après  Cochin. 

4.  L'Action,  —  Le  Repos,  d'après  Colson  ;  in-fol.,  2  p. 

5.  Diane  entrant  au  bain  ,  d'après  Ant.  Coypel. 

6.  Les  Amusements  de  la  jeunesse,  —  Les  Déguise- 

ments   ENFANTINS,    —    La3IALICE    ENFANTINE,     3   p. 

d'après  F.  Eisen  ;   in-fol. 

7.  Le  Glorieux,  d'après  Lancret  ;  in-fol.  en  largeur. 

8.  Estampes  pour  l'Histoire  de  Louis  XV  par  médailles  ;  in-fol. 

La  Régence  déféiée  au  Duc  d'Orléans  (1  eau-forte  par  Cochin).  —  Rétablisse- 
ment du  Commerce  et  de  la  Marine  sous  la  Régence  (l'eau-forte  par  Cooliin).  — 
Le  Progrès  des  études  du  Roi ,  d'après  Lagrenée. 

'^  de  février  ou  de  janvier  HôS,  et  qu'il  sera  même  nécessaire  alors  de 
■'  les  garder  encore  deux  ou  trois  mois  pour  les  bien  sécher  ; 

'^  Que  l'impression  desdites  estampes  coûtera  soixante-dix  livres  par 
'  cent ,  sçavoir  cinquante  livres  pour  l'imprimeur  et  vingt  livres  pour 
•>  le  papier,  desquelles  dépenses  led.  S''  Dupuis  ne  sera  point  chargé  et 
'^   qui  seront  payées  au-delà  des  cinq  mille  cinq  cents  livres  cy-dessus  ; 

•1  Qu'il  s'oblige  seulement  à  veiller  et  donner  ses  soins  pour  la  per- 
"  fection  de  l'impression  desd.  mille  estampes  et  de  les  faire  tirer  devant 
'>  luy,  avec  promesse  et  assurance  qu'il  n'en  sera  détourné  aucune  ; 
'^  qu'il  demande  seulement  que,  suivant  l'usage,  il  luy  soit  donné  deux 
•>   douzaines  et  autant  au  S''  Lemoyne,  sculpteur  ; 

■^  Qu'après  l'impression  desdites  mille  estampes ,  la  planche  sera 
'^  remise  et  appartiendra  aux  Etats  ;  et  que  si ,  dans  leur  assemblée  de 
"  l'annéi!  prochaine,  ils  jugent  à  propos  de  la  faire  retoucher  pour  en 
>  tirer  un  plus  grand  nombre  d'estampes,  il  s'en  chargera  pour  le  prix 
-'  de  deux  mille  livres ,  et  à  rendre  ladite  planche  dans  l'espace  de  huit 
»  mois  en  état  d'en  tirer  encore  mille  autres  estampes .... 

•^  Fait  à  Paris  le  20  juin  1551 etc.  -^ 

Signé  :  Guy,  évêquedeTréguier,Quélin,  Bayer  de  la  Boissière,  Dupuis. 


402  LES    GRAVEURS    DU    XYIII»^    SIECLE 

9 .  Vignette  pour  la  Henriade,  d'après  de  Troy.  —  Le  Meunier,  son 
fils  et  l'âne ,  2®  planche  ,  le  Bûcheron  et  Mercure ,  d'après 
Oudrj  ,  vignettes  pour  les  Fables  de  La  Fontaine. 


PORTRAITS. 

10.  Beauvilliers  (M.  le  Marquis  de),  à  cheval,  d'après  Parrocel;  in-fol. 

11.  BETZKOY  (Jean  de),  lieutenant-général  russe,  chambellan,  etc  . 

assis  près  d'une  tahle  et  tenant  le  portrait  d'une  dame ,  d'après 
Roslin  ;  in-fol. 

12.  Clément  XII ,  pape  ,  tête  de  page  ,  Gravelot  inv.    —  Coustou.    — 

Duchange  (Gaspard) ,  profil  d'après  Cochin  ;  in-4.  —  Gougenot 
(Louis),  d'après  Greuze  ;  in-4.  —  Heuzy  (J.  d').  Comte  du 
St-Empire,  d'après  L.-M.  Van  Loo. 

13.  L.\  Fontaine,   portrait  vignette-frontispice  pour  l'édition  avec 

figures  d'Oudry  ;  in-fol.,  l'eau-forte  par  Cochin  père. 

14.  Le  Moine  (J.-B.)  le  fils  ,  profil  d'après  Cochin  ,  1755  ;  in-4. 

15.  LE  NORMAND  DE  TOURNE  HEM,    Directeur  des  Bâtiments , 

d'après Tocqué  ;  in-fol.,  morceau  de  réception  à  l'Académie. 

16.  Louis  XV,  en  pied,    d'après    Le   Moine,  in-fol.  —  LouiS  XV, 

a  cheval ,  d'après  Le  Moine  ;  in-fol. 

11.  Louis,  Dauphin,  d'après  Restout,  mi. —  Dupuis  sculp.,  confecit 
Romanet  ;  petit  in-fol.  [Galerie  française).  —  Ménard  (Léon), 
d'après  Cochin.  —  Parrocel ,  profil ,  terminé  sur  une  eau-forte 
de  Cochin;  in-4. 

18.  Wou  VERM.\NS ,  piclor  Batavus,  dans  un  cadre  orné.  —  A  Paris, 
chezHuquier;  in-fol. 

It).   Portraits  gravés  pour  le  fonds  d'Odieuvre  :  Louis  XIII. —  Poussin. 

—  Ruyter. —  Cassini. —  Rollin. —  Gros  de  Boze. —  D'Aguesseau 

—  J .  Languet  de  Gergy.  —  Montesqxiieu.  —  Thomas  Koulikan. 

—  Gaspard  Duchange. 


DURET    (Pierre-Jean). 


1729- 


C(ïL  élève  do  Le  Bas  est  bien  oublié  maintenant.  11  a 
pourtant  gravé  un  certain  nombre  de  tableaux,  prin- 
cipalement des  paysages  d'après  Vernet. 

3*  et  4"  Vues  cV Italie  d'après  JosephVernet;  2  pièces 
en  largeur. 

Fête  sur  le  Tibre,  d'après  le  même,  grande  pièce  en 
largeur.  L'eau-forte  est  attribuée  à  Moreau. 

La  Pèche  au  fanal,  d'après  le  même,  en  largeur. 

Vue  d'une  rade  d'Italie  et  Vue  d'un  vieux  fort 
en  Italie ,  d'après  le  même. 

LAiTivée  des  pêcheurs ,  d'après  le  môme ,  en 
largeur. 

Vente  du  poisson  sur  un  port  de  mer,  d'après  le 
même,  en  largeur. 

i^''  et  2"  Clairs  de  lune,  d'après  An.  Van  der  Neer, 
2  pièces  en  largeur. 

Le  Chat  et  les  Moineaux,  pour  les  Fables  de  la  Fon- 
taine ,  d'Oudry. 

Et  des  planches  d'après  Lantara  ,  Zingg ,  Wouver- 
mans  ,  Ruysdaël ,  etc. 


DURUISSEAU    (Antoine 


1 7o4  - 


Huber  a  beau  dire  que  Duruisseau  est  un  des 
artistes  qui  se  sont  le  plus  distingués  dans  la  gravure 
coloriée,  nous  nous  refuserons  absolument  à  lui  accor- 
der le  titre  honorable  de  graveur.  Il  y  a  aussi  loin  de 
Duruisseau  à  un  véritable  graveur  que  d'un  écrivain 
public  à  Madame  de  Sévigné. 

C'était  plutôt  une  sorte  de  commis  ,  exécutant  des 
planches  au  lavis  ou  en  couleur  pour  les  architectes. 
Élévation  de  la  maison  de  M.  de  Witt  en  Hollande  , 
ou  bien  Plan ,  coupe  et  élévation  de  la  terrasse  exé- 
cutée sur  la  maison  M.  d'Etienne  et  recouverte  de 
ciment  de  son  invention  :  A  Paris ,  chés  le  graveur 
rue  de  Loursine ,  m,aison  du  Palais-Royal  vis-à  vis 
les  dames  Cordelières. 

Il  a  reproduit  en  manière  de  crayon  des  Cahiers  de 
principes  du  dessin  d'après  Parizcau  et  Le  Barbier  ;  et 
en  couleur ,  des  Cahiers  de  principes  d'architecture 
d'après  Delafosse. 

Pendant  la  Révolution  nous  le  voyons  signer  une 
Liberté ,  grand  in-fol.,  d'après  Le  Barbier  ,  c'est  tout 
ce  qu'on  peut  imaginer  de  plus  triste  ! 


DUVIVIER    (Jean 


1687-1761. 


Jean  Duvivier,  graveur  en  médailles  ,  né  à  Liège  en 
1687  ,  reçu  à  T Académie  en  1718  ,  mort  à  Paris  en 
1761  a  laissé  quelques  estampes  ,  Bartholet  Flamaël, 
peintre  liégeois ,  Pierre  Desgouyes  dit  Cesomus , 
avocat  au  Parlement ,  la  Cuisinière  flamande  vidant 
une  poule,  d'après  Van  Heuvel ,  et  d'après  le  môme 
un  Christ  mis  au  tombeau  et  une  Tentation  de  Saint- 
Antoine  ,  «  où  Ton  voit  le  saint ,  rejettant  les  sollici- 

»  tations  d'une  m avec  des  ailes  do  chauve-souris 

»  qui  lui  montre  une  courtisane  bien  parée.  » 

Un  bel  en-tête  pour  in-folio ,  avec  les  armes  de 
la  maison  d'Orléans  sur  un  écusson  ailé ,   1743. 

Figure  du  pantographe  perfectionné  par  C.  Lan- 
glois  ingénieur  du  roi,  dessiné  et  gravé  par  Duvivier, 
1744 ,  in-4.  C'est  un  parallélogramme  de  réduction  ; 
on  promène  une  pointe  sur  les  contours  du  dessin 
à  reproduire ,  cette  pointe  est  reliée  par  le  paral- 
lélogramme à  une  autre  pointe  qui  exécute  des 
mouvements  correspondants  mais  de  moindre  ampli- 
tude ,  et  retrace  ainsi  le  modèle ,  dans  la  proportion 
voulue.  Voilà  un  pantograplie  qui  nous  fait  l'effet 
d'être  le  véritable  père  du  physionotrace  de  Chrétien. 


EARLOM    (Richard). 

1728-1800. 


L'un  des  maîtres  de  la  gravure  en  manière  noire , 
l'anglais  Richard  Earlom,  est  né  en  1728  dans  le  comté 
de  Soramerset.  Le  genre  dans  lequel  il  a  brillé  a 
des  qualités  de  douceur,  de  moelleux,  des  profondeurs 
dans  les  ombres  qui  conviennent  aux  effets  de  lumière, 
mais  il  a  le  défaut  de  manquer  de  fermeté  et  d'être 
peu  susceptible  dun  travail  varié ,  libre  et  spirituel. 

Secondé  par  le  fameux  éditeur  Boydell  qui  a  publié 
presque  toutes  ses  planches ,  Earlom  a  produit ,  de 
1760  à  1800 ,  un  nombre  considérable  de  manières 
noires  remarquables  d'après  des  tableaux  précieux  qui 
se  trouvaient  dans  les  grandes  collections  anglaises. 

Jacob  enfouissant  les  idoles  de  Lahan ,  d'après 
Séb.  Bourdon ,  planche  très  avancée  à  l'eau-forte  ,  ce 
qui  est  une  exception  dans  son  œuvre  ;  Jacoh  luttant 
avec  Vange  et  David  vainqueur  de  Goliath,  d'après 
deux  tableaux  de  Salvator  Rosa  ;  Venus  et  Adonis  , 
d'après  le  Poussin;  la  Mort  d'Abel,  d'après  André 
Sacchi  ;  Énée  portant  son  père  Anchise,  d'après  le 
Tintoret  ;  Sainte  Famille ,  d'après  le  Guerchin  ; 
V Amour  captif,  d'après  Guido  Reni. 

Marché  aux  fruits  qX  Marché  aux  herbes  ;  Marché 


EARLOM.  im 

au  poisson  et  Marché  au  gibier,  d'après  Sneyders  , 
à  l'eau-forte  et  à  la  manière  noire.  Le  prix  de  ces 
estampes  était  d'une  guinée  chacune. 

L'Office,  d'après  Martin  de  Vos.  Prix  :  une  guinée. — 
Boydell  ajoute  dans  son  catalogue  que  le  lévrier  qui 
montre  les  dents  au  chat  est  un  vrai  chef-d'œuvre. 

Vénus  sur  les  ondes,  le  Jugement  dePâ7ns,  d'après 
Luca  Giordano.  —  Vénus  au  bain  ,  d'après  Van  Dyck 
(1773).  —  Le  Sauveur  du  monde,  d  après  Carlo  Dolci 
(1769). — Les  Marchands  juifs,  d'après  Quintin  Matzis 
(1770).  —  Sainte  Famille ,  d'après  Rubens  (1771).  — 
Présentation  de.  l" enfant  Jésus  au  temple ,  d'après 
Rembrandt  (1771). 

Marie-Magdeleine  aux  pieds  de  Jésus ,  d'après 
Rubens  (  1777J  :  «  Voici  un  chef-d'œuvre ,  s'écrie 
»  Boydell ,  fini  de  la  meilleure  manière.  Il  entre  dans 
»  ce  tableau  quatorze  figures  de  la  grandeur  naturelle, 
»  parmi  lesquelles  celle  de  la  Madeleine  est  particu- 
»  lièrement  bien  colorée.  »  Prix  :  une  guinée. 

Fleurs  et  Fruits  d'après  Van  Huysura.  Le  Cabinet 
des  Estampes  de  Paris  possède  les  préparations  à  l'eau- 
forte  de  ces  deux  pièces  merveilleuses  :  «  Ces  deux 
»  estampes  se  font  admirer  par  tous  ceux  qui  aiment 
»  les  gravures  bien  finies  :  elles  sont  très  artistemeut 
»  travaillées  et  l'on  peut  dire  hardiment  qu'elles 
-»  surpassent  tout  ce  que  l'on  a  encore  vu  dans  ce 
»  genre,  »  (Boydell). 

Si?néon  et  f  enfant  Jésus,  d'après  Guido  Reni. 

Bethsahée  a^nenant  Abisaag  à  David ,  d'après  Van 
Der  Werf.  Prix  :  une  guinée  et  demie. 

Méléagre  et  Atalante,  d'après  un  carton  de  Rubens 
apporté  des  Flandres  à  Londres  par  le  général  Wade. 


<08         LES   GRAVEURS    DU    XVIII''    SIECLE 

La  Continence  de  Scipion,  d'après  le  Poussin. 

Les  Nymphes  de  Diane  endormies ,  d'après  Rubens 
(1784).  L'original  est  au  château  de  Windsor. 

Entrevue  d'Auguste  et  de  Cléopàtre,  d'après 
R.  Mengs  (1784). 

Triomphe  de  Mardochée,  d'après  Van  den  Eckout. 

Plus  un  grand  nombre  de  planches  d'après  des 
peintres  anglais  ,  West ,  Wright  (  la  Forge ,  estampe 
d'un  très  grand  effet),  Romney,  etc. . . 

Pendant  qu'il  exécutait  à  la  manière  noire  toutes  ces 
estampes  d'après  les  maîtres  ,  Richard  Earlom  ne  né- 
ghgeait  pas  l'actualité.  Sa  belle  pièce  de  The  royal 
Academy  of  art ,  d'après  Zoffani ,  montre  rassemblés 
les  principaux  professeurs  de  l'Académie.  The  Exhi- 
bition of  the  royal  Academy ,  d'après  la  peinture 
de  Ch.  Brandoin .  est  encore  une  estampe  curieuse , 
ainsi  que  The  Inside  of  the  Panthéon  in  Oxfoy^d 
Road  ;  elles  ont  été  gravées  toutes  deux  en  1772. 

Earlom  a  gravé  .  d'après  Zoffani ,  la  famille  de  son 
souverain ,  Georges  III ,  la  Reine  et  leurs  enfants 
(1770),  pièce  qui  n'est  pas  une  des  moins  bonnes  parmi 
ses  nombreux  portraits.  La  manière  noire  se  prête  en 
etièt  parfaitement  à  la  reproduction  des  traits ,  en 
permettant  de  sacrifier  et  de  laisser  facilement  dans 
l'ombre  tout  le  reste,  pour  concentrer  la  lumière  sur  la 
figure.  Earlom  a  gravé  de  la  sorte  Tliomas  Chaloner, 
le  Comte  d'Aremberg  (1783)  et  le  Duc  de  Richmond , 
par  Van  Dyck  (1773) ,  la  Femtne  de  Rubens  ,  le  Fils 
de  Rubens  et  sa  nourrice  ,  Renibrandt ,  la  Fontne 
de  Rembrandt  ;  puis  des  portraits  de  ses  contem- 
porains .  Elliott  et  Washington  d'après  Reynolds , 
Nelson ,   Glocester  ,  Astley ,  S.  Barrington ,  etc . . . 


EARLOM.  109 

Nous  voici  arrivés  à  l'un  des  principaux  et  non  pas 
des  moins  intéressants  travaux  de  notre  artiste,  au 
Liber  veritoiis ,  Lihro  di  verita ,  ou  Livre  de  vérité , 
comme  on  voudra  l'appeler.  Le  grand  paysagiste 
Claude  Lorrain  avait  l'habitude ,  quand  il  peignait 
un  tableau  ,  d'en  conserver  dans  un  album  un  croquis, 
et  de  l'accompagner  de  notes  sur  le  prix  ,  l'acquéreur, 
etc..  Cet  inestimable  recueil  composé  de  200 
dessins  que  le  peintre  avait  baptisé  Lihro  di  verita 
arriva  entre  les  mains  des  ducs  de  Devonshire  et 
se  conserve  encore  actuellement  dans  leur  château 
de  Chatsworth.  Ce  sont  ces  merveilleux  dessins  d'un 
style  incomparable  qui  ont  été  gravés  en  fac-similé  . 
au  lavis,  par  Richard  Earlom  *  de  1774  à  1777  avec  un 
succès  vraiment  étonnant.  L'habile  graveur  a  remar- 
quablement reproduit  la  simplicité  et  la  grandeur  des 
lignes,  le  calme  et  la  poésie  de  ces  paysages  de  la 
campagne  romaine  ,  de  ces  ruines,  de  ces  marines,  de 
ces  scènes  agrestes  animées  de  personnages  et  d'ani- 
maux. Le  tirage  au  bistre  qui  imite  l'encre  jaunie , 
leur  donne  une  chaleur  qui  ajoute  encore  à  l'illusion. 

Enfin  signalons  comme  une  des  dernières  œuvres 
du  graveur  la  reproduction  de  cette  humoristique 
fantaisie  bien  britannique ,  le  Mariage  à  la  7node , 
d'après  les  tableaux  de  William  Hogarth.  Earlom  a 
gravé  ces  scènes  de  la  vie  anglaise  de  1795  à  1798, 
époque  où  elles  ont  été  éditées  par  Boydell.  Ces  dates 
renversent  celle  de  1794,  donnée;  par  Le  Blanc  comme 
l'année  de  la  mort  du  graveur.  Nous  pensons  qu'il  a  dû 
mourir  vers  1800. 

1  Et  non  Robert  Earlom ,  comme  le  dit  Joubert  qui  prétend  à  tort 
que  c'est  un  autre  Earlom  qui  a  gravé  le  Liber  verltatis. 


EBERTS    (Johann-Heindrich). 


Les  travaux  d'Eberts  ,  graveur  -  amateur ,  ne 
dépassent  pas  le  niveau  d'une  honnête  médiocrité , 
mais  les  iconophiles  lui  doivent  pourtant  une  certaine 
reconnaissance,  car  il  a  été  pour  ainsi  dire  l'inventeur 
du  Monument  du  costume.  A  Paris  ,  il  était  banquier 
Place  des  Victoires ,  avec  son  associé  Papelier,  en 
même  temps  que  directeur  des  chariots  de  poste  de 
l'Empire  à  Strasbourg.  Ses  goûts  le  portaient  vers  les 
arts  ,  les  choses  élégantes  .  et  c'est  lui  qui  a  imaginé 
les  sujets  de  la  première  série  de  douze  estampes 
dans  les  trois  suites  destinées  à  servir  à  l'histoire  des 
mœurs  et  des  costumes  français  au  XVIIF  siècle , 
sujets  que  l'esprit  lourd  de  Freudeberg  n'aurait  pas 
inventés ,  mais  qu'une  fois  trouvés ,  le  dessinateur 
bernois  traçait  agi'éablement  au  bistre.  C'est  ainsi  que 
s'explique  le  monogramme  /.  H.  E.  inv.  qui  précède 
le  nom  de  PYeudeberg.  De  plus  c'était  lui  qui  faisait 
les  avances  et  chez  lui  qu'on  souscrivait. 

Eberts  était  l'ami  intime  de  Wille,  et  par  sa  position, 
son  factotum  et  son  commissionnau^e  pour  tous  les 
envois  d'estampes  et  d'argent  en  Allemagne  :  «  Mon 
»  ami  Eberts  revient  de  voyage  après  quinze  mois 


EBERTS.  m 

»  d'absence  ,  uote-t-il  dans  son  Journal  en  1759,  et  je 
»  l'ai  embrassé  avec  ravissement.  » 

S'agit-il  d'envoyer  des  estampes  et  des  dessins  au 
collectionneur  Winckler  de  Leipsig ,  des  médailles  à 
M'"  de  Lippert ,  des  estampes  au  baron  de  Dahlberg  ,  à 
Hagedorn  .  ou  à  Ustéri ,  les  bureaux  d'Eberts  sont  là 
pour  les  expédier  sûrement?  De  son  côté,  le  banquier 
ne  manquait  jamais  d'adresser  au  graveur  vers  le  jour 
de  l'an,  un  petit  baril  de  sauerkraut,  dont  M'"®  Wille 
raflblait. 

Eberts  était  d'ailleurs  en  relation  avec  beaucoup 
d'artistes.  Wille  mentionne,  en  1765,  qu'il  dîne  chez  le 
banquier  en  compagnie  de  Choffard ,  de  Flipart ,  de 
Roslin ,  de  Chardin  et  de  Vien.  A-t-il  donc  reçu 
quelques  leçons  du  grand  graveur?  Toujours  est-il 
qu'une  pièce  in-4 ,  d'après  le  dessin  de  Wille  et  inti- 
tulée le  Pucelage ,  est  dédiée  à  M""  Wille  par  son  ami 
et  serviteur  J.  H.  E***.  Le  pendant  qu'il  intitule 
Jeannette ,  d'après  le  dessin  de  Boucher ,  est  dédié  à 
ce  peintre  et  signé  des  mêmes  initiales.  Décidément 
le  banquier  strasbourgeois  était  modeste. 

Ismène  et  Daphnis ,  in-4  en  largeur,  est  encore 
gravé  d'après  Boucher,  ainsi  que  la  plus  jolie  pièce 
d'Eberts  ,  le  Tribut  de  la  reconnaissance  ,  allégorie 
dédiée  au  baron  deDietrich,  seigneur  de  Reichshofen. 

Les  affaires  du  directeur  des  postes  entre  l'Alle- 
magne et  la  France  allaient-elles  moins  bien  en  1788  ? 
Probablement,  si  nous  nous  fions  à  cette  note  de  Wille 
toujours  prudent  :  •<  Répondu  par  nego  à  M''  Eberts 
»  à  Strasbourg  qui  voulait  m'emprunter  une  somme 
»  considérable.  » 


ÉCH^RD    (Charles 


Échard  travaillait  dans  la  seconde  partie  du  XYIir' 
siècle  ,  à  Paris ,  où  il  pastichait  les  maîtres  de  l'École 
des  Pays-Bas.  Il  fut  nommé  en  1783  associé  de  l'Aca- 
démie. On  a  de  lui  : 

Titres  pour  des  morceaux  de  musique  :  Six  duo  pour 
deux  violons  ,  mcllés  de  petits  airs  variés  ,  dédiés  à 
TYiadame  la  cotntesse  de  Gihertès,  composés  par 
M.  Bertheaumc  ;  —  Deux  sonates  pour  le  violon , 
dédiées  à  Messieurs  Taillepied  de  Bondy  ;  —  Deux 
concerto  pour  le  violon ,  dédiés  à  Monsieur  Lemière, 
de  la  musique  du  Roy  ;  etc. 

Un  Cahier  de  paysages,  Chéreau  exe,  in-4  en 
largeur. 

Un  cahier  de  Six  feuilles  d'anhnaux,  d'après 
H.  Roos,  chez  Basan  et  Poignant,  in-4  ;  un  autre  in-fol. 

Un  Cahier  de  ruines  et  de  paysages  d'après  nature 
dessinés  et  gravés  par  C.  Échard. 

Difiérentes  Têtes  d'étude  d'après  Visscher.  etc.,  gra- 
vées en  1782  et  1784. 


ÉDELINCK     (NiGOLAS-ÉTIENNE 
-1680-1767. 


Huitième  entant  et  élève  de  Gérard  Édelinck  , 
Nicolas-Etienne  Edelinck,  né  en  1680,  mort  en  1767  , 
appai'tient  par  ses  traditions  à  l'Ecole  du  XVIP  siècle. 

Il  voyagea  et  grava  en  Italie  dans  sa  jeunesse.  Il  a 
travaillé  au  célèbre  recueil  de  Grozat.  Citons  parmi 
ses  portraits  :  Houdart  de  la  Moite ,  d'après  Ranc  ; 
le  régent  Philippe  d.' Orléans,  à  cheval;  Gérard  Ede- 
linck ,  d'après  Tortebat  ;  Newton ,  d'après  Pesne. 

M""^  de  Sèvigné ,  petit  portrait  in-8  dont  les  pre- 
mières épreuves  ,  avant  le  trait  d'union ,  sont  fort 
recherchées  des  bibliophiles. 

Adrien  Baillet ,  le  bibliothécaire  de  Lamoignon  ; 
Guillaumon,  marchand  tapissier  (1721),  neveu  du 
graveur,  gr.  in-foL;  le  Duc  Max.  Ein.  de  Bavière, 
d'après  de  Maingaud  ,  grand  in-fol. 

Un  très  médiocre  Recueil  de  portraits  des  Rois  de 
France  ,  gravé  avec  Fessard  pour  Odieuvre. 

Quelques  vignettes  religieuses  d'après  Vleughels. 

Ve7''tumne  et  Pomone  ,  estampe  d'après  Ranc. 


EICHLER   (Mathias-Gottfried 


i 748-1818. 


Eichler  est  né  à  Erlangen  d'une  famille  d'artistes 
d'Augsbourg.  Il  fut  élève  de  son  père ,  du  peintre 
Rugendas,  deThelot  et  de  Gille  Verhaelst.  Il  voyagea, 
alla  à  Mannheim  où  il  fut  reçu  de  l'Académie  de  cette 
ville,  à  Baie  où  il  travailla  sous  la  direction  de  Gh.  de 
Méchel  à  la  Galerie  de  Dusseldorf,  et  à  Berne  où  il 
séjourna  assez  longtemps ,  et  collabora  à  YHepta- 
îïiéron  de  la  Reine  de  Navarre  (1780-81).  Il  a  gravé 
dans  ce  livre  le  frontispice,  et  seize  des  petites  vignettes 
dues  à  l'imagination  originale  de  Dunker. 

Il  a  également  gravé  à  Berne,  d'après  les  dessins 
à  l'aquarelle  de  Freudenberger,  un  P''  cahier  des 
differens  habillements  de  la  ville  de  Berne ,  en  6 
pièces  et  la  Petite  famille  suisse. 

Eichler  a  aussi  collaboré  au  Musée  Français. 

Il  a  gravé  de  nombreux  paysages,  Vues  de  Livourne, 
4  pi.  —  Vues  d'Augsbourg ,  2  pi.  —  Vues  d'Ancône, 
2  pi.  —  Vues  de  la  Villa  d'Horace,  10  pi. 

Portrait  de  Salomon  Gessner,  d'après  Graff,  in-fol. 

Eichler  est  mort  à  Augsbourg  en  1818. 


EISEN    (Charles 


1721-1778. 


Charles  Eisen,  dont  il  est  inutile  de  rappeler  ici  les 
travaux  comme  dessinateur,  a  gravé ,  au  début  de  sa 
carrière ,  quelques  pièces  à  l'eau-forte  d'une  pointe 
facile,  mais  sans  grande  originalité  cependant. Prosper 
de  Baudicour  signale  de  lui  neuf  pièces  auxquelles 
nous  allons  joindre  quelques  autres  qu'il  ne  paraît 
pas  avoir  connues. 

IjŒ  Vierge  allaitant  V enfant  Jésus .  petite  pièce 
in-18,  avec  la  signature  C.  Eisen.  f. 

Saint  Jérôme,  petite  pièce  in-16,  signée  C.  Eisen  fe. 

Saint  Eloy  prêchant,  pièce  in-8 ,  signée  Charles 
Eisen  pinx.  et  sculp. ,  avec  cette  mention  que  le 
tableau  se  trouvait  dans  l'église  du  St-Esprit  à  Paris. 

La  Madeleine  ,  dans  un  paysage  dont  la  gravure 
est  due  à  Sébastien  Leclerc.  Voici  l'histoire  de  cette 
pièce  in-12.  Elle  fut  exécutée  par  Le  Clerc  pour  un 
M.  Potier  qui  y  fit  placer  Saint  Claude  son  patron  et 
n'en  fit  tirer  que  quelques  épreuves,  après  quoi ,  il  fit 
effacer  le  Saint  Claude.  A  la  mort  de  Séb.  Le  Clerc , 
voulant  utiliser  sa  planche ,  il  demanda  à  Eisen  de 
graver  une  Madeleine  pénitente  sur  la  partie  effacée. 
Enfin ,  à  la  mort  de  Potier,  on  efi'aça  encore  une  fois  la 


116         LES    GRAVEURS    DU    XVIII''  SIÈCLE. 

Madeleine  et  Cochin  grava  à  sa  place  un  Saint  Pierre, 
au  bas  duquel  il  fit  placer  ces  vers  : 

Le  Clerc  de  ce  chef-d'œuvre  eut  la  gloire  et  la  peine , 
Saint  Claude  y  fut  placé  par  son  savant  burin , 
Eysen  l'en  délogea  pour  une  Madeleine 
Et  saint  Pierre  à  son  tour  y  fut  mis  par  Cochin. 

L'Amour  ramoneur ,  représente  l'Amour  recom- 
mandant aux  fiDettes  de  bien  garder  leur  cheminée 
dans  des  vers  qui  avaient  déjà  servi  pour  une  pièce 
analogue  de  Coypel. 

Hercule  aux  pieds  (TOmphale  ,  signé  C.  Eis.  f. 

L Amour  jardinier  ou  V  Automne,  représenté  par 
un  enfant  couché  auprès  de  fruits  et  de  légumes,  signé 
Eisen  :  on  connaît  trois  états  de  cette  pièce .  à  l'eau- 
forte  pure  ,  terminée  ,  et  enfin  avec  l'indication  page 
203,  du  Dictionnaire  des  graveurs  de  Basan. 

L'Exercice  ,  un  officier  accompagné  d'un  tambour 
fait  faire  l'exercice  à  trois  gardes-françaises  ,  vignette 
in-8 ,  au  trait ,  signée  C  Eisen  inv.  et  f.  1754. 

Adresse  du  S*"  Magny ,  grand  écusson  autour 
duquel  jouent  des  amours.  Sur  l'écusson  l'adresse  de 
ce  marchand  d'instruments  d'optique  et  de  physique. 
Inventé  et  gravé  à  Veau-forte  par  C.  Eisen.  —  Ter- 
miné au  burin  par  J.  Ingra,m. 

Ici  s'arrête  la  liste  donnée  par  Baudicour. 

Bibliothèque  de  M^  la  Dauphine.  N°  1.  Signé 
C"  Eisen  invenit  scupsit  (sic)  1770.  Très  jolie  vignette 
petit  in-8,  faite  pour  servir  de  frontispice  à  la  première 
partie  du  catalogue  de  la  bibhothèque  de  la  Dauphine 
parMoreau,  historiographe  de  France,  et  représentant 
Marie-Antoinette   entourée  des   Grâces   et  recevant 


EISEN.  Ul 

un  volume  des  mains  de  la  Muse  de  l'histoire.  Les 
épreuves  avant  la  lettre  sont  fort  estimées.  Il  y  a 
un  état  postérieur  avec  changement  de  légende  : 
Toutes  les  Grâces  sont  sœurs. 

Les  Trois  Grâces  ,  jolie  pièce  gr.  in-8,  uniquement 
à  l'eau -forte,  signée  Carolus  Eisen  aquâ  regalisculp. 
1777 .  Sur  le  socle  cette  citation  d'Horace  :  Gratiœ 
décentes  alterno  terram  quatiant  pede ,  et  une  ins- 
cription latine  au  bas  indiquant  que  l'original  se  trouve 
à  Bruxelles  dans  la  maison  du  comte  de  Cuypers. 

Enfin  nous  trouvons  dans  l'un  des  premiers  travaux 
d'Eisen  (son  Œuvre  suivie,  contenant  différents  sujets 
de  décorations  et  d'ornements ,  vases ,  tombeaux , 
niches,  fontaines),  plusieurs  pièces  signées  C.  Eis.  f.  : 
celle  où  se  trouvent  un  moutardier  rocaille,  une  figure 
du  Temps  et  un  écusson  pour  un  archevêque  ;  celle  qui 
représente  un  riche  brûle-pai^fum  ;  celle  où  se  trouve 
le  groupe  d'Hercule  étouffant  Antée  ,  deux  cartouches 
sur  une  même  feuille  et  plusieurs  autres  non  signées 
nous  paraissent  incontestablement  de  la  pointe  de 
notre  artiste.  Il  a  collaboré  là  avec  de  Longueil  et 
Delafosse  qui  ont  gravé  le  reste. 

Le  père  de  Charles  Eisen  ,  François  Eisen ,  peintre 
de  sujets  de  genre ,  né  à  Bruxelles  en  1700 ,  mort  à 
Paris  en  1777,  a  gravé  quatre  pièces  de  Tabagies  ,  et 
pendant  qu'il  était  encore  à  Bruxelles ,  une  pièce 
d'après  Rubens,  Jésus-Christ  donnant  les  clefs  à  saint 
Pierre,  d'après  un  tableau  de  l'égUse  Sainte-Gudule. 


ELLUIN    (François-Rolland 

1745- 


Le  nom  du  graveur  Elliiin  appelle  immédiatemenf 
à  l'esprit  celui  du  dessinateur  Borel  et  donne  aussi  la 
vision  des  compositions  quelquefois  gracieuses,  mais 
généralement  par  trop  décolletées  ,  dont  il  était  le 
complaisant  traducteur.  C'est  en  grande  partie  pour 
satisfaire  aux  demandes  de  l'éditeur  rémois  Gazin  que 
ces  vignettes  ont  été  dessinées  et  gravées.  Bien 
qu'elles  ne  soient  pas  signées ,  on  sait  par  tradition 
qu'Elluin  en  est  le  graveur  et  l'on  n'a  d'ailleurs  qu'à 
ouvrir  les  Élégies  de  Tz^t^^^e,  traduction  de  Mirabeau, 
illustrées  de  vignettes  signées  par  les  deux  artistes 
(Borel  et  Elluin) ,  et  qui  sont  l'un  de  leurs  rares 
ouvrages  avouables ,  pour  reconnaître  aussitôt  les 
mêmes  types  et  la  même  exécution. 

Elluin  est  donc  bien  le  graveur  des  illustrations  de 
cette  littérature  pornographique  qu'appelait  et  semblait 
autoriser  la  licence  des  mœurs  à  la  fin  du  XVIIP'  siècle. 
Les  fantaisies  lubriques  de  Gervaise  de  La  Touche, 
d'Andréa  de  Nerciat ,  de  Sénac  de  Meilhan  trouvèrent 
en  lui  un  complaisant  traducteur,  et  non  sans  talent. 
Cette  littérature  malsaine  ne  peut  trouver  grâce  aux 
yeux  des  bibhophiles  que  par  le  mérite  artistique  de 


ELLUIN.  119 

ses  gravures.  On  ne  peut  refuser  aux  ouvrages  illus- 
trés par  Borel  et  Elluin  une  certaine  valeur  et  c'est 
à  ce  titre  que  nous  en  reproduisons  la  liste  : 

IVommi  of  pleasur  (sic)  ou  la  fille  de  joie  ,  par 
M""  Gléland ,  contenant  les  mémoires  de  M"^  Fanny 
écrits  par  elle-même.  Londres  (Paris,  Gazin),  1776, 
2  vol.  in-18.  —  15  figures  libres. 

La  F.... manie,  poëme  lubrique,  suivi  de  plu- 
sieurs pièces  du  même  genre  ,  par  Senac  de  Meilhan . 
Londres  (Cazin),  1780,  in-18. — 1  frontispice  et  8  figures. 
Le  frontispice  et  les  6  premières  figures  sont  de 
Borel  et  Elluin  (Cohen). 

La  Tentation  de  S'- Antoine,  ornée  de  figures  et  de 
musique  .  par  Sedaine.  Londres  (Cazin),  1782  ,  in-8  et 
in-18.  1  frontispice  et  8  figures  «  dont  deux  ou  trois 
un  peu  libres.  »  (Cohen). 

Fèlicia  ou  Mes  fredaines  .  i)ar  Andréa  de  Nerciat. 
Londres  (Paris.  Cazin),  1782,  4  vol.  in-18. — 24  figures 
libres. 

Mémoires  de  Saturnin ,  écrits  par  lui-même  .  ou- 
vrage connu  aussi  sous  le  nom  de  Portier  des  Char- 
treux ,  par  Gervaise  de  La  Touche.  Londres  (Paris , 
Cazin),  1787,  2  vol.  in-12.  —  24  figures  libres.  «  La 
dernière  n'est  pas  libre  »,  s'écrie  Cohen,  avec  regret, 
semble-t-il.  On  trouve  de  ce  livre  des  exemplaires 
en  grand  papier. 

Le  Meursius  français  ou  Entretien  galant  d'Aloy- 
sia.  Cythère  (Paris,  Cazin),  1782,  2  vol.  in-18. — 
Frontispice  et  12  figures  libres. 

Parapilla,  par  Bordes  (Paris,  Cazin),  1782,  in-18. — 
Frontispice  et  5  figures  libres,  attribués  à  Marillier. 

Thérèse  philosophe  (histoire  sous  une  autre  forme 


120  LES    GRAVEURS    DU    XVIir    SIÈCLE. 

du  Père  Girard  et  de  la  belle  Cadière)  par  de  Montigny. 
Londres  (Paris,  Cazin),  1785,  2  vol.  in-18.  —20  figures 
libres. 

LArètin  français,  par  un  membre  de  l'académie 
des  dames ,  Londres  (Paris),  1787 ,  1  vol.  in-18.  —  Un 
frontispice  et  17  figures  libres.  Illustrations  des  meil- 
leures d'Elluin  et  que  Cohen  qualifie  A' admirables.  Il 
en  existe  des  exemplaires  en  grand  papier.  Cet  ou- 
vrage doit  être  suivi  des  Épices  de  Vénus  ,  avec  une 
figure. 

Cantiques  et  Pots-Pourris.  Londres  (Paris,  Cazin), 
1789,  6  part,  en  un  vol.  in-18.  —  6  figures. 

Nous  disions  tout-à-l'heure  que  les  figures  qui 
commentent  les  passages  les  plus  vifs  de  ces 
ouvrages  ne  sont  pas  sans  mérite,  et  que  ce  sont  elles 
qui  font  quelquefois  accepter  des  bibliophiles  des 
productions  littéraires  peu  avouables.  N'exagérons 
rien  cependant;  la  touche  d'Elluin  est  lourde,  sans 
entrain  ,  pourrait-on  dire,  même  dans  les  épreuves  de 
choix  comme  celles  qui  ornent  les  exemplaires  de 
M.  H***  *.  Quant  aux  dessins  de  Borel ,  ils  sont  non 
point  spirituellement  libres,  mais  froidement  obscènes, 
ce  qui  les  place  très  au-dessous  de  la  suite  de  Gra- 
velot  pour  Boccace ,  par  exemple ,   ou  de  celle  de 

1  Cohen  cite  bien  souvent  la  bibliothèque  spéciale  (on  poiurait  même 
dire  exclusive)  de  M.  H*"^*.  C'est  une  petite  collection  des  livres  dont 
nous  parlons  ici ,  très  bien  choisis  du  reste  au  point  de  vue  du  biblio- 
phile ;  leur  état  et  la  qualité  des  épreuves  ne  laissent  rien  à  désirer, 
comme,  par  exemple,  les  Liaisons  dangereuses  de  1T96,  avec  les  dessins 
originaux.  L'un  de  ces  volumes  est  revêtu  d'une  reliure  sur  les  plats 
de  laquelle  ont  été  fantastiquement  groupés  des  ornements  et  des  sym- 
boles qui  ne  le  cèdent  en  rien  aux  amulettes  de  Pompeï ,  et  cela  ,  s'il 
vous  plaît,  en  mosaïque.  Cette  étrange  priapée  ,  étant  signée  en  toutes 


ELLUIN.  121 

Marinier  pour  la  Pucelle,  et  les  fait  impitoyablement 
écarter  de  presque  toutes  les  bibliothèques.  Un  degré 
plus  bas,  nous  tomberions  immédiatement  dans  les 
ignominies  au  rabais  gravées  en  1797  pour  Justine  et 
Juliette  .,  du  marquis  de  Sade. 

François-Rolland  Elluin.  né  à  Abbeville  le  5  mai 
1745  1,  était  le  parent  du  graveur  Beauvarlet,  l'une 
des  gloires  de  cette  ville.  Il  vint  le  rejoindre  à  Paris 
et  se  trouvait  encore  en  17G9  demeurer  chez  lui ,  ainsi 
qu'il  en  est  fait  mention  à  l'enterrement  de  la  première 
femme  de  son  maître  auquel  il  assistait  en  qualité  d'élève 

lettres  du  nom  d'un  artiste  incomparable ,  est  digne  de  figurer  dans  un 
musée. . .  secret. 

La  même  signature  se  retrouve  sur  une  reliure  de  maroquin  noir, 
doublé  de  noir  :  sur  ce  champ  funèbre  se  déroulent  des  guirlandes  de 
fleurs  qui  semblent  attirer  un  essaim  de  petits  papillons.  Mais  en  regar- 
dant de  près',  vous  vous  apercevez  que  fleurs  et  papillons  sont  tout 
simplement.  ...  ;  n'insistons  pas.  Vous  êtes  en  présence  de  la  sombre  et 
méphistophélique  création  de  M.  H**''',  la  i'  reliure  aux  fleurs  du  mal  '  (!) 

M.  H***  est  Anglais. 

1  Voici  l'acte  de  naissance  ,  ou  mieux  de  baptême  .  inédit  jusqu'ici , 
d'EUuin ,  et  que  M.  Delignières  ,  d' Abbeville  ,  nous  a  gracieusement 
communiqué    ainsi  que  d'autres  renseignements  : 

v  Paroisse  de  St-Nicolas  en  St-Wulfrau. 

>  Le  cinquième  de  may  mil  sept  cent  quarante-cinq ,  est  né  sur  les 
-'  neuf  heures  du  matin  ,  et  le  lendemain  a  été  baptisé  par  nous  prêtre 
■1  chanoine  de  l'église  royale  de  St-Wulfran  de  la  ville  d'Abbeville  et 
■■  curé  de  la  paroisse  St-Nicolas ,  François-Rolland ,  fils  légitime  du 
•'  S""  Claude  Hubert  Elluin  ,  bourgeois  et  marchand  de  cette  ditte  ville, 
•  et  de  délie  Monique  MoUion,  son  épouse  ;  le  parrein  a  été  le  S""  Rolland 

>  Elluin  ,  receveur  des  terres  et  seigneurie  de  Dompvast  et  d'Hallen- 
'^  court ,  son  père-grand ,  et  marreine  délie  Marie  Brunet ,  veuve  du 
-'  S''  Antoine  Mollion  ,  aussy  bourgeois  et  marchand  ,  sa  mère  grande  , 

>  qui  ont  signé  avec  nous  le  présent  acte,  —  Fait  aud.  Abbeville,  le  dit 
"  jour  sixième  des  dits  mois  et  an.  —  RoUan  Elluin ,  Marie  Brunet 

Y^e  Mollion  ,  Lavernier  p.  " 


^22         LES    GRAVEURS   DU    XVIIF   SIECLE. 

et  d'ami.  Il  était  donc  à  bonne  école.  Maintenant  quelle 
foi  doit-on  ajouter  à  cette  histoire  lancée  par  le  biblio- 
phile Bérard  que  le  jeune  EUuin  aurait  commencé  par 
être  coiffeur  et  qu'étant  très  joli  garçon,  il  aurait,  tout 
en  coiffant  et  récoltant  les  faveurs  que  les  demi-mon- 
daines du  temps  voulaient  bien  lui  accorder,  colporté 
nombre  d'ouvrages  légers  ;  qu'enfin  l'idée  lui  serait 
venue ,  devant  la  réussite  de  ce  petit  commerce , 
d'en  créer  de  nouveaux  et  que  s'entendant  avec  Borel, 
il  aurait,  dans  ce  but,  appris  la  gravure  ? 

Bien  que  nous  soyons  loin  de  nous  porter  garants 
de  la  vertu  de  notre  jeune  graveur,  nous  aimons  mieux 
croire  l'histoire  apocryphe  et  admettre  qu'il  vint  à 
Paris  tout  simplement  pour  apprendre  la  gravure , 
chez  son  compatriote  Beauvarlet,  et  qu'il  essaya  môme 
des  estampes  sérieuses,  telles  que  ia  Bergère  attentive 
d'après  Boucher,  les  Enfants  surpris  d'après  un  dessin 
de  Greuze  (se  vendait  chez  Beauvarlet),  le  Bon  ménage. 
d'après  Letellier ,  Artémise  d'après  L.  Giordano  , 
avant  d'être  mis  en  relation  avec  Borel  et  l'éditeur 
sans  scrupules  Cazin. 

EUuin  a  dû  d'ailleurs  être  lancé  de  bonne  heure 
dans  le  monde  de  la  galanterie  et  des  théâtres.  Une 
bonne  partie  de  son  œuvre  consiste  en  portraits 
d'acteurs  et  d'actrices.  Ces  portraits  ,  pour  la  plupart 
de  format  in-4" .  dans  des  cadres  ornés  de  fleurs 
et  d'attributs .  sont  sans  grande  habileté  ni  valeur 
artistique  : 

François  -  René  Mole  ,  dans  Béverley  .  d'après 
Le  Clerc  ,  in-fol.  ; 

Henri-Louis  Lekain  .  d'après  J.  Bertaux  ; 

Jcayi-Louis  La  Rueite,  d'après  Le  Clerc  ; 


ELLUIN.  423 

Marie-Thérèse  Villette ,  femme  La  Ruette ,  de  la 
Comédie  italienne,  d'après  Le  Clerc  : 

Rosalie  Duplant,  de  l'Académie  royale  de  musique  ; 

Marie  Dumesnil ,  de  la  Comédie  française  ,  dans  le 
rôle  d'Athalie  ; 

Angélique  Droiiin,  femme  Préville,  de  la  Comédie 
française,  d'après  le  dessin  de  Simonet,  in-fol.,  en  pied. 

Elluin  ne  se  bornait  pas  à  graver.  Il  vendait  aussi 
des  estampes,  par  exemple,  la  Belle  Union ,  ovale  en 
largeur,  d'après  le  dessin  de  M'"  Cheneau  (sic)  ;  aucun 
nom  de  graveur  ne  s'y  trouvant  indiqué ,  on  peut 
en  attribuer  l'exécution  à  Elluin. 

L'estampe  de  Zémire  et  Azm\  dont  la  gouache  ori- 
ginale était  d'Ingouf  l'aîné  et  la  gravure  d'ingouf  le 
jeune  ,  et  qui  était  dédiée  à  Madame  la  marquise  de 
Montesson,  par  son  très  humble  serviteur  Elluin,  se 
vendait  aussi  à  Paris  chez  Elluin ,  graveur,  rwe  des 
Noyers,  7naison  de  M.  Surrugue  la  P''^  porte  cochère 
à  droite  en  entrant  par  la  rue  St-Jacqucs. 

Rappelons  Tassez  bonne  suite  de  vignettes  pour  les 
Élégies  de  Tibulle  (Tours et  Paris,  an  111,  1795;  —  11 
figures  gravées  par  Elluin  d'après  son  compère  Borel , 
et  le  portrait  de  Sophie  de  Ruffci/  pour  laquelle  Mira- 
beau traduisait  ces  poésies  au  donjon  deVincennes, 
où  il  était  enfermé. 

On  cite  encore  quelques  autres  planches  d'Elluin 
d'après  les  dessinateurs  du  genre  ultrà-;.;racieux  : 

Achève  ton  ouvrage ,  n'oublie  pas  la  dernière , 
d'après  Dugoure  ; 

L Offrande  à  fAfnour,  du  même  ; 

Un  tendre  engagement  va  plus  loin  quon  ne 
pense ,  d'après  Charlier  ; 


124         LES   GRAVEURS    DU    XVIIP    SIECLE. 

La  Tendre  Éducation,  d'après  Garesme  : 

Quelques  portraits  :  D.  L.  Mully,  oratoiien  :  Hou— 
bigani ,  prêtre,  oratorien  ;  Louis  le  Blanc  ; 

Enfin  un  petit  portrait  tort  rare  de  Madame  L.  M. 
C.  E.  de  SioWerg.  R.  M.  B.  nnp.  17  apr.  1772,  in-8. 
La  figure  est  très  soigneusement  traitée ,  et  le  per- 
sonnage est  des  plus  intéressants.  Louise-Marie-Ca- 
roline de  Stolberg  fut  mariée  au  prétendant  Charles- 
Eiouard,  que  la  légende  du  portrait  qualifie  ici ,  par 
les  initiales  R.  M.  B.,  de  roi  de  la  Grande-Bretagne. 
Elle  prit  le  nom  de  Comtesse  d'Albany.  Cette  union  , 
disproportionnée  comme  âge  fut  malheureuse.  Après 
la  mort  de  Charles -Edouard,  en  1788,  la  cour  de 
France  fit  à  sa  veuve  une  pension  de  60,000  fr.  Elle 
mourut  à  Florence  dans  sa  soixante-douzième  année  ; 
ses  mérites  ont  été  célébrés  par  le  poète  Alfieri  à  qui 
elle  avait  voué  un  attachement  durable  et  dont  elle 
était  parvenue .  dit -on.  à  fixer  le  cœur  volage  et  in- 
domptable. 

Elluin .  en  somme ,  sauf  dan'^  quelques-unes  de  ses 
vignettes  erotiques  auxquelles  il  s'est  particulièrement 
appliqué,  comme  à  un  ouvrage  qui  lui  plaisait .  n'a  été 
qu'un  graveur  fort  ordinaire.  Bérard  assure  avon^ 
connu  des  gens  qui  l'avaient  rencontré  dans  les 
premières  années  du  siècle,  bien  cassé  et  bien  usé  par 
la  débauche.  Il  se  retii-a  à  Abbeville  oii  il  est  mort 
vers  1810. 


FA  VANNE    (Jacques  de). 


.-1770 


Jacques  de  Favaiine,  fils  du  peintre  Henri  de  Favanne 
qui  mourut  recteur  de  l'Académie  en  1752 ,  a  gravé 
quelques  pièces  de  peu  d'importance  :  les  Agréments 
de  Vètc .  VAïïiour  paisible,  le  Galant  Jardinier, 
d'après  Watteau;  les  Amusements  du  petil-maître,  la 
Belle  complaisante,  d'après  Lancret,  Làtone  demande 
vengeance  ,  d'après  Lemoyne  ;  des  figui'es  pour  Télè- 
maque  d'après  Gazes  et  Souville ,  et  un  portrait  de 
P.  /.  F.  Girard ,  ancien  officier  de  marine. 

Une  estampe  curieuse  signée  J.  de  Favanne  inv.  et 
sculp..  représente  les  Exercices ,  tours  de  force  et  de 
souplesse  et  autres  chez  Nicolet.  Au  son  d'un  maigre 
orchestre  et  devant  un  public  élégant,  des  entants 
se  disloquent  à  qui  mieux  mieux .  des  acrobates  se 
groupent  en  pyramide  humaine  ,  d'autres  exécutent  le 
saut  du  tremplin  par  dessus  douze  hommes  ,  ou  font  le 
«  travail  »  à  cheval  en  passant  dans  des  cerceaux  et 
dans  des  tonneaux  :  des  équilibristes  jonglent  avec 
des  chaises ,  des  tables  et  des  échelles.  Au  haut  de 
l'estampe,  l'ambitieuse  devise  Nec  plus  ultra...  Et 
pourquoi  pas,  après  tout?  Fait-on  autre  chose  aujour- 
d'hui ,  à  un  samedi  du  Cirque? 


FAY 


Il  a  dessiné  et  gravé .  avec  assez  de  propreté .  dit 
Basai! ,  plusieurs  cahiers  de  boîtes  et  autres  bijoux 
à  l'usage  des  ouvriers  de  ce  genre. 

Cahiers  d'ornements  d'après  Prieur .  12  cahiers 
de  6  pièces  chacun  .  à  Paris,  chez  Mondhare. 

Prieur,  dont  il  est  question  ici ,  gravait  également 
à  l'eau-forte  ou  à  la  manière  du  crayon ,  en  1783 .  des 
Suites  de  Vases  d'après  ses  propres  dessins.  Ces  cahiers 
composés  de  4  pièces  sont  dédiés  au  chevaher  de 
Crussol ,  brigadier  des  armées  du  Roi .  par  L.  Prieur, 
ciseleur  du  Roy,  enclos  du  Temple.  Prieur  gravait 
aussi  des  Suites  de  frises  et  orne/uents. 

Mais  ceci  nous  parait  être  à  peine  du  domaine  de 
l'art ,  et  il  nous  semble  que  nous  n'avons  pas  à  nous 
occuper  de  ces  travaux  industriels,  pas  plus,  par 
exemple  ,  que  nous  ne  citons  les  graveurs  en  lettres. 


FERTÉ    (D.-P.-J.  Papillon  de  la). 

< 727- 1794. 

Voici  le  plus  infortuné  type  de  graveur  :  le  graveur 
guillotiné. 
Denis-Pierre-Jean  Papillon  de  la  Ferté ,  né  à  Ghâ- 

I  on  s -sur-Marne  en  1727  ,  fut  longtemps  intendant  des 
Menus-Plaisirs  du  Roi.  C'était  à  la  fois  un  artiste  et 
un  savant ,  qui  fit  imprimer  des  travaux  d'une  cer- 
taine importance  :  Extraits  de  différents  ouvrages 
publiés  sur  la  vie  des  peintres ,  1776  ;  Éléments  de 
géographie  et  système  de  Copertiic,  1783;  Éléments 
d'architecture ,  de  fortificatiotis  et  de  navigation , 
1787  ;  Leçons  élémentaii'es  de  mathématiques  ,  1789. 

II  fut  nommé  membre  de  l'Académie  des  sciences  de 
Cliâlons  et  de  la  Société  des  antiquaires  de  Cassel. 

Papillon  de  la  Ferté  avait  un  tout  petit  talent  de 
graveur,  et  son  œuvre  ne  mérite  guère  qu'on  s'y 
arrête  : 

Suite  de  paysages  ,  de  1756. 

Divers  paysages  gravés  par  M.  de  la  Ferté.  inten- 
dant des  menus-plaisirs  du  Roy,  1758,  46  pièces. 

Paysages ,  études  d'animaux ,  etc. 

La  Fidélité,  petite  pièce  éditée  par  Martinet. 

Vue  du  petit  château  de  Chois y-le-Roi. 


128  LES   GRAVEURS   DU    XYIIl*    SIÈCLE. 

Vue  du  Port-Mahon,  petite  pièce  en  largeur,  dédiée 
à  Monseigneur  le  Duc  de  Fronsac  ,  1761. 

Une  grande  planche  représentant  une  agglomération 
de  diverses  estampes  et  de  cartes  de  géographie  ,  de 
médailles  du  règne  de  Louis  XV,  de  paysages,  etc.:  tous 
ces  sujets  groupés  sur  une  seule  feuille  ,  forment  une 
planche  in-fol.  dédiée  au  roi.  Enfin ,  des  Costumes  de 
théâtre,  ce  qui  n'a  rien  que  de  très  naturel  de  la  part 
d'un  intendant  des  Menus. 

Papillon  de  la  Ferté,  détenu  au  Luxembourg  et  im- 
pliqué dans  la  soi-disant  révolte  des  prisons ,  fut  jugé 
par  le  Tribunal  révolutionnaire  le  19  messidor  an  II 
(7  juillet  1794).  Ce  jour-là  la  fournée  fut  de  soixante 
condamnés  «  convaincus  de  s'être  rendus  les  ennemis 
»  du  peuple  en  conspirant  contre  sa  liberté  et  sa  sûreté, 
»  en  provoquant,  par  la  révolte  des  prisons ,  l'assas- 
»  sinat  et  la  dissolution  de  la  représentation  nationale, 
»  etc.  »  Parmi  les  compagnons  de  supplice  de  l'ancien 
intendant  des  Menus,  on  remarque  Latour  du  Pin 
Ghambly,  ex-colonel  des  grenadiers  royaux  ;  Potier  de 
Gesvres  ,  ex-duc  et  pair  ,  d'Hénin  ,  ex-prince ,  ex- 
capitaine des  ci-devant  gardes  de  l'infâme  d'Artois  ; 
Nicolaï,  premier  président  de  la  ci-devant  chambre 
des  compies  ;  des  prêtres,  des  nobles,  des  journalistes, 
des  employés;  un  épicier  de  Passy,  Royer  ;  un  enfant , 
Basset-La  marelle  ,  fils  du  président  du  grand  conseil, 
âgé  de  dix-huit  ans ,  et  une  femme,  C.  S.  Bouflers, 
ci-devant  comtesse ,  femme  de  Boisgelin. 

Papillon  de  la  Ferté  mourait  âgé  de  soixante-sepl 
ans.  Moreau  le  jeune  a  dessiné  et  gravé ,  en  1770 , 
son  portrait  de  profil ,  in-4. 


FESSARD    (Etienne). 


1714-1777. 


Élève  d'Edme  Jeaiirat ,  Fessard  a  monlré  une  cer- 
taine facilité ,  mais  sa  tendance  à  s'imposer,  ses  de- 
mandes incessantes,  sa  prétention  de  se  réserver  pour 
lui  seul  la  gravure  de  tous  les  tableaux  du  Cabinet  du 
roi ,  la  sécheresse  de  son  burin ,  l'entreprise  à  demi 
avortée  de  ses  Fables  de  La  Fontaine,  le  font  jouir 
d'un  assez  piètre  renom.   Son  meilleur  ouvrage  est 

encore son  élève  Augustin  de  Saint- Aubin.  Mais 

c'est  une  physionomie  curieuse  à  étudier  et  c'est  pour 
cela  que  nous  lui  consacrons  une  notice  un  peu  hors 
de  proportion  avec  son  talent. 

Le  Ménage  savoyard ,  d'après  Pierre ,  est  une 
estampe  assez  mauvaise  pour  que  l'on  puisse  la  sup- 
poser de  son  début ,  ainsi  qu'une  pièce  un  peu  vive 
d'après  Chardin.  C'est  un  jeune  valet  allumant  une 
bougie  pendant  qu'une  jolie  femme  attend  ,  un  bâton 
de  cire  d'Espagne  à  la  main  : 

Hâte-toi  donc  Frontain ,  vois  ta  jeune  maîtresse 
Sa  tendre  impatience  éclate  dans  ses  yeux 

Deux  estampes ,  d'après  Bouchardon ,  dédiées  au 
comte  de  Tessin  ambassadeur  de  Suède  à  Paris,  Vénus 


<30         LES   GRAVEURS    DU    XVIII^'    SIÈCLE. 

châtiant  V Amour  avec  des  roses  ,  et  Vénus  retenant 
r Amour  prêt  à  s'envoler,  gravées  à  l'eaii-forte  par 
G***  (le  Comte  de  Caylus),  sont  terminées  au  burin 
par  Etienne  Fessard  et  doivent  être  rangées  dans  ses 
premières  productions  ainsi  que  le  Triomphe  de  Bac- 
chus  du  même  Bouchardon.  Ases  débuts  il  grave  aussi 
de  nombreuses  vignettes. 

C'est  à  partir  de  1750  que  date  le  moment  de 
grande  production  de  Fessard.  Citons,  d'après  Pierre, 
Herminie  cachée  sous  les  armes  de  Clorinde  (1751) , 
estampe  dédiée  au  duc  de  Chartres.  On  trouve  des 
travaux  de  lui  dans  la  Galerie  de  Dresde  (1753)  :  la 
Vierge ,  Saint  Jean-Baptiste  et  Saint  François  , 
d'après  un  des  plus  beaux  tableaux  du  Corrège ,  une 
Vierge  et  Enfant-Jésus,  d'après  Titien ,  et  d'autres 
planches  d'après  Féti  et  Scarcello.  Mais  ce  qu'il  a  fait 
de  plus  considérable  est  la  reproduction  en  gravure  des 
Peintures  de  la  chapelle  de  r  Hospice  des  Enfants- 
T7^ouvés  de  Paris ,  d'après  Natoire ,  en  15  planches 
qu'il  exécuta  de  1752  à  1759 ,  et  qui  sont  importantes 
au  moins  par  leur  dimension. 

Ces  divers  travaux  firent  agréer  Fessard  à  l'Aca- 
démie le  26  mai  1753.  Il  fut  chargé  de  graver  pour  sa 
réception  les  portraits  de  Galloche  et  de  Restent,  qu'il 
n'exécuta  vraisemblablement  pas,  car  nous  n'en  décou- 
vrons aucune  trace,  et  ne  fut  jamais  reçu  académicien. 

Fessard  est  une  nature  de  courtisan.  Il  sait  se  glisser 
auprès  des  grands  et  se  faire  bien  venir  de  ceux  qui 
peuvent  lui  être  utiles.  Il  dédie  une  planche  d'après 
Bouchei- ,  des  Bergers  à  la  fontaine ,  au  comte  de 
Villeneuve-Vence  (1756),  une  Allégorie  marithne,  au 
duc  de  Mortemart  {chez  Fessard ,  rue  aux  Fers ,  à 


FESSARI)    ^Etienne).  131 

la  couronné).  Mais  il  se  faufile  surtout  auprès  du 
marquis  de  Marigny  et  de  sa  sœur  la  marquise  de 
Porapadour,  grands  distributeurs  tous  deux  de  com- 
mandes et  de  faveurs  royales.  N'est-ce  pas  un  fait 
tristement  caractéristique ,  de  voir  des  artistes  de 
valeur  se  mettre  à  trois  pour  faire  le  portrait  des 
petites  chiennes  de  la  favorite,  Inès  et  Mimi,  sous  les 
noms  de  la  Fidélité  et  de  la  Constance  (1755) ,  Huefc 
pour  les  peindre  ,  Fessard  et  Augustin  de  Saint-Aubin 
pour  les  graver  ? 

Au  moins ,  pour  les  peintures  du  salon  du  château 
de  Bellevue ,  la  flatterie  est  d'un  ordre  plus  relevé. 
Cai'le  Van  Loo  fut  chargé  de  décorer  les  trumeaux  de 
cette  résidence  et  choisit  des  allégories  d'enfants  pour 
représenter  les  Beaux-Arts.  La  Peinture  est  une  petite 
fille  relevant  ses  voiles  pendant  qu'un  autre  enfant 
s'occupe  à  la  peindre.  Dans  la  Sculpture,  un  tout 
jeune  sculpteur  termine  le  buste  de  Louis  XV.  Des 
enfants  déploient  une  vue  du  château  dans  f  Archi- 
tecture, et  la  jeune  musicienne  qui  est  au  clavecin 
nous  montre  dans  la  Musique  le  profil  de  la  belle 
marquise.  La  châtelaine  résolut  de  multiplier  ces 
peintures  en  les  faisant  graver  par  Fessard  ,  qui  s'est 
convenablement  acquitté  de  cet  ouvrage  (1756). 

Un  peu  plus  tard  Fessard  gravait  V Amour  désay^mè 
par  Vénus  d'après  Boucher,  en  le  dédiant  encore  à 
Madame  de  Pompadour.  Se  croyant  alors  en  droit  de 
prétendre  à  tout,  il  ne  demandait  rien  moins  au  marquis 
de  Marigny  que  d'obtenu'  le  privilège  pour  lui  seul  de 
graver  les  tableaux  du  Cabinet  du  roi.  Si  l'idée  était 
bonne  et  ne  pouvait  manquer  de  servir  à  la  réputation 
et  aux  intérêts  de  Fessard ,  la  demande  était  osée. 


432         LES    GRAVEURS    DU    XVIII^^   SIÈCLE. 

Ces  peintures  en  effet,  choisies  entre  toutes  pour  leur 
mérite  et  leur  beauté ,  formaient ,  sans  compter  les 
nombreuses  acquisitions  nouvelles  ,  ce  qu'on  appelait 
la  collection  de  Louis  XIV.  Jusqu'alors  les  directeurs 
des  bâtiments  n'avaient  accordé  que  rarement  l'auto- 
risation de  les  graver  et  toujours  à  des  artistes  d'un 
mérite  reconnu,  tant  à  cause  des  risques  que  le  prêt 
pouvait  leur  faire  subir,  qu'afin  de  ne  pas  en  priver  le 
roi  et  de  ne  pas  donner  lieu  à  de  médiocres  inter- 
prétations. 

M.  de  Marigny  donc ,  devant  les  sollicitations  inces- 
santes de  Fessard ,  priait  Cocliin  ,  son  inspirateur  et 
son  conseil  habituel ,  de  lui  donner  son  avis  sur  le 
talent  du  graveur  et  sur  l'opportunité  qu'il  y  aurait  à 
lui  accorder  sa  demande.  Cochin  lui  répondait  fort 
sensément  le  6  juillet  175G,  en  ces  termes  qui  nous 
donneront  la  mesure  exacte  de  l'estime  dont  Fessard 
iouissait  auprès  de  ses  confrères  : 

«  Monsieur ,  on  ne  peut  qu'applaudir  à  la  beauté  du 
»  projet  de  M""  Fessard  et  souhaitter  que  ses  talents  y 
»  puissent  répondre....  Je  crois  cependant ,  Monsieur, 
»  qu'il  est  nécessaire  de  mettre  quelque  restriction  à 
»  la  vaste  étendue  de  son  projet ,  afin  de  ne  point  dé- 
»  courager  les  graveurs  d'un  talent  distingué  en  leur 
»  donnant  lieu  de  croire  que  vous  leur  préférés  un 
»  artiste  qu'ils  regardent  comme  d'un  talent  inférieur 
»  au  leur.  Ils  ont  toujours  été  persuadés  que  c'étoit 
»  une  grâce  très  difficile  à  obtenir  que  celle  d'era- 
»  prunter  les  tableaux  du  Roy,  et  il  est  certain  que 
»  les  plus  capables  auroient  souvent  demandé  cette 
»  faveur,  s'ils  avoient  cru  pouvoir  l'espérer.  Il  est 
»  vray  que  pour  la  gloire  du  cabinet  du  Roy  et  pour 


FESSARl)     Etienne  I.  433 

»  ravaiicement  de  l'art  de  la  gravure  (qui'  est  porté 
»  beaucoup  plus  loin  en  France  qu'en  aucun  autre 
»  pays) ,  il  seroit  à  souhaiter  que  vous  accordassiés 
»  cette  grâce  aux  gens  de  méritte  qui  pourroient 
»  vous  la  demander  et  qui  justifieroieiit  de  leur 
»  capacité  en  vous  présentant  de  leurs  ouvrages  qui 
»  vous  parussent  dignes  de  cet  honneur. 

»  C'est  pourquoy  je  crois  ,  Monsieur,  que  s'il  vous 
»  plaist  de  lui  accorder  cette  grâce,  il  est  bon  que  ce 
»  ne  soit  d'abord  que  pour  un  très  petit  nombre  de 
»  tableaux ,  vous  réservant  de  lui  continuer  cette 
»  faveur  si  les  ouvrages  qu'il  produira  en  ce  genre 
»  ont  le  bonheur  de  vous  être  agréables.  Qu'en  même 
»  temps  pour  ne  point  mortifier  ceux  qui  peuvent 
»  prétendre  avec  justice  à  plus  de  capacité  que  lui, 
»  vous  déclariés  publiquement  que  ce  n'est  point  un 
»  privilège  exclusif  que  vous  lui  accordés ,  et  que 
»  vous  estes  disposé  à  faire  la  même  grâce  à  tout  autre 
»  graveur  qui  s'en  montrera  plus  ,  ou  au  moins  égale- 
»  ment  digne. 

»  J'ajouteray  que  lorsque  dans  les  tableaux  du  Boy, 
»  il  se  trouvera  quelque  tableau  de  peintre  actuelk;- 
»  ment  vivant ,  M''  Fessard  ou  tout  autre  graveur  sera 
»  préallablement  muni  d'un  plein  consentement  du 
»  peintre  qui  aura  fait  l'original.  11  est  juste  qu'un  au- 
»  teur  ne  soit  traduit  que  par  l'artiste  qui  lui  parois t 
»  convenable.  Cet  inconvénient  s'est  trouvé  lorsque 
»  M""  Fessard  a  obtenu  de  graver  les  tableaux  de  Belle- 
»  viie  sans  le  consentement  des  auteurs,  qui  souhai- 
»  toient  de  les  voir  exécuter  par  des  graveurs  en  qui 
»  ils  avoient  plus  de  confiance.  C'est  ce  qui  a  fait 
»  tomber  ce  projet  par  la  répugnance  qu'ils  ont  eu  à 


134         LES   GRAVEURS   DU    XYIIIt^    SIÈCLE. 

»  conduire  des  ouvrages  dont  ils  n'espéroient  pas  de 
»  satisfaction.  La  même  chose  seroit  encore  arrivée 
»  si  vous  eussiés  accordé  le  consentement  pour  ceux 
»  de  M''  Vernet  qui  auroit  manqué  de  confiance  dans 
»  les  talents  du  graveur.  D'ailleurs  si  cette  permission 
»  se  peut  obtenir ,  M''  Vernet  étoit  dans  le  dessein  de 
»  vous  la  demander  quelque  jour,  pour  les  faire  gra- 
»  ver  en  s'associant  avec  les  plus  habiles  graveurs 
»  qu'il  pourroit  trouver.  J'aurois  bien  souhaitté  de 
»  pouvoir  vous  faire  un  plus  grand  éloge  de  M''Fessard 
»  qui  a  cependant  du  talent ,  mais  les  talents  sont 
»  grands  ou  moindres  par  comparaison.  Je  vous  dois 
»  la  vérité  et  la  justice  dans  l'apprétiation  de  leur 
»  valeur  relative.  C'est  la  mesure  de  la  considération 
»  qui  leur  est  diie.  Je  suis  avec  un  profond  respect... 
»  etc.  Cochin.*  » 

Tous  les  termes  de  cette  lettre  portent  et  ne  sont 
pas  précisément  à  l'éloge  de  Fessard.  Ainsi  pour  les 
peintures  du  château  de  Bellevue  ,  il  avait  obtenu  de 
les  graver  sans  l'aveu  de  Carie  Van  Loo  qui  aurait 
préféré  un  autre  interprète.  Enfin  notre  artiste  aurait 
cherché  à  se  faire  donner  à  graver  la  série  des  Ports 
de  France  de  Vernet.  Mais  Cochin  qui  avait  déjà  jeté 
son  dévolu  sur  ce  travail ,  veillait  au  grain ,  heureuse- 
ment pour  nous,  car  il  vaut  mieux  avoir  eu  cette  série 
par  Le  Bas  et  Cochin  que  par  Fessard. 

Le  directeur  des  bâtiments  suivit  le  conseil  qui  lui 
était  donné  et  n'octroya  qu'avec  prudence  l'autorisation 
solhcitée.  Il  lui  permit  de  graver  la  Ker -messe  ou 
Fête  flamande  par  Rubens,  grande  planche  pleine  de 

1  Cette  lettre  ,  acquise  à  la  vente  Benjamin  Fillon  ,  fait  partie  de  la 
collection  de  ^L  Portails. 


FESSAKD    (ETIENNE;.  435 

inouveiiient  que  le  graveur  dédia  naturellement  au 
roi  ;  il  fit  faire  l'eau-forte  en  1759  par  son  élève  Sainl- 
Aubin  ,  et  ne  la  termina  au  burin  qu'en  1762. 

Pour  le  consoler  apparemment ,  Marigny  lui  avait 
donné  à  graver  un  tableau  de  sa  propre  collection , 
Jupiter  elAnthiope  de  Carie  Yan  Loo.  On  peut  penser 
si  le  graveur  s'y  appliqua.  11  grava  vers  la  même 
époque,  la  Musique  champêtre  deLancret,  le  Bal  de 
Saint-Cloud ,  d'après  Lavallée  -  Poussin  ;  la  bonne 
société  y  allait  alors  danser  et  se  divertir,  ce  qui  est 
un  peu  diftérent  de  la  fête  actuelle.  11  dédia  la  pièce, 
assez  jolie,  au  jeune  duc  de  Chartres,  qui  se  montrait 
déjà  le  grand  amateur  de  fêtes  et  de  spectacles  qu'il 
devait  être  par  la  suite. 

Plaçons  ici  les  grandes  planches  que  notre  graveui- 
exécuta  d'après  les  tableaux  mythologiques  de  Jean- 
François  de  Troy.  Jupiter  et  Léda,  Jupiter  et  Calisto, 
et  la  Naissance  de  Vénus,  ainsi  que  sa  Lumière  du 
7nonde  ou  Adoration  des  bergers,  tableau  religieux  de 
Boucher,  que  le  graveur  présenta  à  l'Académie  en  1761 . 

Fessard  eut  souvent  des  démêlés  avec  ses  contem- 
porains. Wille  rapporte  en  1760  qu'il  avait  été  demandé 
au  grand  conseil ,  en  compagnie  de  Gochin ,  pour 
estimer  un  portrait  du  roi  commandé  à  Fessard  par 
un  pariicidier,  qui  était  en  procès  avec  lui.  Une  autre 
fois  ,  Fessard  plaide  contre  l'habile  orfèvre  Germain  . 
l'auteur  des  fameux  chandeliers  d'or  de  Louis  XV. 
pour  des  épreuves  d'eau-forle  qu'il  prétend  garder, 
(^iette  fois  l'Académie  semble  donner  raison  à  son  agréé 
ainsi  qu'on  en  jugera  par  ce  passage  de  ses  procès- 
verbaux  : 

«  24  juillet  1761.  Sur  ce  qui  a  été  exposé  à  l'Aca- 


136  LES    GRAVEURS   DU    XVIII''    SIECLE. 

»  demie  que  le  s""  Fessard  graveur,  l'un  des  agréés  en 
»  icelle ,  est  en  procès  au  grand  conseil  avec  le 
»  s""  Germain  orfèvre  du  Roy,  le  quel  prétend  l'obliger 
»  à  lui  rendre  deux  épreuves  à  l'eau-forte  de  deux 
»  planches  gravées  d'après  les  desseins  du  feu  s''  Ger- 
»  main  son  père,  que  le  s""  Fessard  avoit  commencées , 
»  et  ce  au  préjudice  du  droit  qu'ont  les  graveurs  de 
»  conserver  non-seulement  leurs  épreuves  d'eau-forte 
»  mais  même  un  nombre  de  celles  qu'ils  tirent  de 
»  leurs  planches  lorsqu'elles  sont  achevées ,  et  que 
»  le  dit  s'"  Fessard  requiert  l'Académie  de  vouloir 
»  bien  certifier  l'usage  à  cet  égard ,  l'Académie ,  la 
»  matière  mise  en  délibération,  atteste  que  l'usage 
»  établi  de  tout  temps  est  que  les  épreuves  qui  se 
»  tirent  dans  le  courant  de  l'ouvrage  et  notamment 
»  la  première  ébauche  que  l'on  nomme  eau-forie  ,  ne 
»  sont  jamais  remises  au  propriétaire  de  la  planche  à 
»  moins  qu'il  n'y  ait  une  convention  expresse  du  con- 
»  traire ,  ces  sortes  d'épreuves  étant  informes  et 
»  pouvant  exposer  la  réputation  de  l'auteur. 

»  L'Académie  atteste  en  outre  que  les  graveurs 
»  sont  eu  droit  de  retenir  et  conserver  un  nombre 
»  modéré  d'épreuves  de  la  planche  lorsqu'elle  est 
»  achevée  et  ce  jusqu'à  concurrence  de  douze  dans 
»  l'usage  ordinaire  ;  et  même  de  plus  lorsque  l'ou- 
»  vrage  n'est  pas  de  grande  conséquence  à  moins 
»  qu'il  n'y  ait  pareillement  convention  à  ce  contraire 
»  sans  néanmoins  que  les  dits  graveurs  puissent  tirer 
»  aucun  profit  des  dittes  épreuves,  mais  pour  pouvoii' 
»  les  montrer  ou  donner,  soit  aux  artistes  dont  le 
»  suffrage  établit  leur  réputation,  soit  à  ceux  qui  sont 
»  à  portée  d'employer  leurs  talents.  » 


FESSARD   (Etienne).  -137 

Cependant  notre  graveur,  avec  sa  personnalité 
remuante,  n'avait  pas  abandonné  son  idée  de  graver 
les  tableaux  du  roi  qui  pouvaient  lui  plaire  et  accablait 
de  demandes  le  directeur  des  bâtiments.  Il  lui  écrivait 
au  mois  d'août  1763,  pour  lui  demander  un  tableau 
de  Le  Moine. 

M.  de  Marigny  chercJiant  à  échapper  à  cet  importun 
lui  répondait  le  13  du  même  mois  : 

«  J'ay  reçu  votre  lettre ,  du  3  de  ce  mois,  M',  par 
»  laquelle  vous  me  demandés  un  ordre  pour  vous 
»  faire  délivrer  le  tableau  de  la  Continence  de  Scipion 
»  par  M""  Le  Moyne.  Je  suis  .fâché  de  ne  pouvoir 
>->  satisfaire  à  votre  demande  ,  j'avois  pris  des  engage- 
»  ments  avec  M''  Cars  son  élève  et  qui  est  en  posses- 
»  sion  de  graver  de  préférence  ses  ouvrages.  Choi- 
»  sissés  d'autres  sujets  etje  me  porteray  très  volontiers 
»  à  vous  les  confier.  » 

Fessard  ne  se  tient  pas  pour  battu.  11  veut  graver 
du  Le  Moine  et  s'adresse  de  nouveau  quelques  années 
plus  tard  au  marquis  ;  celui-ci  lui  répondait  encore 
par  une  sorte  de  fin  de  non-recevoir  le  21  juin  1768  : 

«  J'ay  reçu ,  M',  la  lettre  par  laquelle  vous  me 
»  rappelés  la  demande  que  vous  m'aviés  déjà  faite 
»  d'autoriser  M'  Jeaurat  à  vous  prêter  le  tableau  de 
»  r Apothéose  d'Hercule  par  M'  Le  Moyne .  pour  le 
»  graver.  J'y  trouve  plusieurs  inconvéniens  qui  ne 
»  me  permettent  point  d'y  consentir.  11  ne  m'est  pas 
»  possible  de  priver  d'un  morceau  si  précieux  le 
»  Cabinet  du  Roy ,  pendant  un  temps  aussi  considé- 
»  rable  que  celuy  qu'exigeroit  l'ouvrage  que  vous 
»  vous  proposés  et  d'ailleurs  ce  tableau  est  à  bien 
»  des    égards  différent   du   plafond  tel   qu'il   a    été 


138  LES    GRAVEURS    DU    XYIIP"    SIECLE. 

»  peint  par  IVf  Le  Moyne  au  salon  d'Hercule  en  sorte 
»  que  sa  gravure  ne  feroit  que  donner  au  public  une 
»  idée  fausse  de  ce  plafond  tel  qu'il  existe.  Si  néan- 
»  moins  votre  dessein  n'étoit  de  donner  cet  ouvrage 
»  que  comme  une  première  idée  de  ce  plafond ,  je 
»  consentirai  volontiers  à  la  gravure  que  vous  voulés 
»  en  faire ,  mais  à  condition  que  vous  viendrés  en 
»  faire  le  dessein  au  Cabinet  du  Roy,  ou  M""  Jeaurat 
»  aura  ordre  de  vous  donner  les  facilités  conve- 
»  nables.  ^  •» 

Toujours  à  la  recherche  d'affaires  lucratives.  Fessard 
avait  imaginé  de  publier  une  nouvelle  édition  des 
Fables  de  La  Fontaine ,  entièrement  gravée ,  texte 
et  vignettes.  Il  s'était  adressé  à  cet  eff'et  à  un  certain 
nombre  d'artistes  recommandables .  mais  comme  il 
les  payait  très  bon  marché ,  les  Monnet ,  les  Louther- 
bourg  et  les  Saint-Quentin  lui  en  donnèrent  pour  son 
argent .  et  ce  qu'il  y  a  de  mieux  réussi  dans  ce  livre 
en  définitive,  c'est  le  texte  qui  a  été  gravé  par  Drouet, 
très  habile  graveui-  de  lettres.  Quant  à  la  gravure 
des  planches,  une  figure  et  un  cul-de-lampe  par  fable  , 
elle  est  entièrement  de  la  main  de  Fessard  et  fort 
médiocre.  Elle  est  faite  sans  charme ,  d'une  manière 
expéditive,  peu  consciencieuse,  et  l'on  sent  que  le 
graveur  avait  hâte  d'en  finir  et  à'aUraper,  comme 
l'écrivait  Grimm,  ses  contemporains. 

Aussi  ne  néghgeait-il  pas  la  publicité,  et  voici  un 
extrait  du  curieux  prospectus  qu'il  distribuait  pour 
réchauffer  la  ferveur  des  amateurs  :  «  La  souscription 
»  est  l'ouvrage  de  l'amateur  zélé  pour  la  gloire  de  sa 

f  Correspondance  du  Directeur  des  Bâtiments;  (Archives  nationales,. 


FESSARD   (Etienne).  139 

»  patrie  ;  elle  doit  son  origine  au  généreux  dessein 
»  qu'il  a  conçu  de  mettre  un  homme  qui  n'a  que  des 
»  talens,  seuls  caractères  du  véritable  artiste,  en  état 
»  par  ce  moyen  de  faire  et  de  porter  à  leur  exécution 
»  parfaite  des  entreprises  dignes  de  sa  nation. 

»  ....  La  modicité  du  prix  plus  encore  que  la  difti- 
»  culte  de  l'entreprise  a  fait  dire  qu'il  n'étoit  pas 
»  possible  que  j'en  vinsse  à  mon  honneur.  Ce  reproche 
»  ne  peut  que  me  faire  plaisir.  J'aime  mieux  qu'on  me 
»  sache  gré  d'avoir  mis  mon  ouvrage  à  un  prix  où 
»  tout  le  monde  peut  atteindre  que  de  le  voir  confondu 
»  avec  ceux  dont  souvent  le  prix  énorme  fait  toute 
»  la  beauté. 

»  On  payera  96  liv.  en  totahté...  quant  aux  per- 
»  sonnes  qui  attendront  la  fin  de  l'ouvrage  elles 
»  payeront  144  livres.  Je  désirerois  de  tout  mon 
»  cœur  pouvoir  tenir  mes  premières  promesses  ,  mais 
»  des  motifs  trop  louables  m'en  empêchent  et  me  for- 
x>  cent  à  cette  augmentation.  I/empressement  du 
»  public  à  se  procurer  mon  ouvrage  m'a  fait  naître 
»  l'idée  par  pure  reconnaissance  d'y  apporter  plus  de 
»  soin  s'il  était  possible  et  de  le  rendre  en  un  mot 
»  plus  parfait  en  tout  point.  J'ose  me  flatter  d'y  avoir 
»  réussit  ...>■> 

La  postérité  n'a  pas  ratifié  le  jugement  trop  favorable 
dont  l'auteur  se  favorisait,  et  les  vrais  amateurs 
n'acceptent  l'ouvrage  du  graveur  que  lorsqu'une 
élégante  reliure  de  Derôme  vient  lui  donner  ce  qu'on 
pourrait  appeler  un  mérite  extrinsèque.  Quoi  qu'il  en 
soit ,  il  commença  à  paraître  en  1765 ,  illustré  par 
Monnet ,  Loutherbourg ,  Le  Prince  ,  Huet  et  Ph . 
Caresme  pour  les  premiers  volumes,  et  se  termina  en 


140  LES   GRAVEURS    DU    XVIII«    SIECLE. 

1775  par  un  sixième  volume  avec  figures  de  Bardin. 
Fessard  ne  dut  pas  faire  une  mauvaise  afiaire  ;  nous 
voyons  même  par  le  document  suivant  daté  du  20 
novembre  1774 ,  qu'il  recevait  du  roi ,  pour  chaque 
volume  de  ses  Fables  dédiées  aux  Enfants  de  France, 
une  gratification  de  six  cents  livres  : 

«  Le  s""  Fessard  graveur  ordinaire  du  Cabinet  du  Roy 
»  a  entrepris  de  graver  les  Fables  de  La  Fontaine 
»  avec  des  estampes  en  6  volumes  in -8.  Il  en  a  donné 
»  5  volumes  au  public ,  le  sixième  est  sur  le  point  de 
»  paroître.  Il  est  dans  l'usage  de  présenter  un  exem- 
»  plaire  de  chaque  volume  aux  princes  et  princesses 
»  de  la  famille  Royale ,  on  lui  a  payé  en  conséquence 
»  à  titre  d'indemnité  une  somme  de  six  cents  livres 
»  sur  le  trésor  royal  lors  de  la  distribution  de  chacun 
»  des  5  premiers  volumes.  Il  supplie  Sa  Majesté  de  lui 
»  accorder  la  même  somme  de  six  cents  livres  pour 
»  le  sixième  et  dernier  volume  qu'il  va  présenter  * .  » 

Et  Louis  XVI  eut  la  bienveillance  d'accorder  la  de- 
mande et  de  mettre  le  mot  «  bon  »  de  sa  main. 

Cependant  à  force  de  quémander,  de  dédier  et  de 
se  remuer,  le  graveur  des  Fables  de  La  Fontaine  avait 
réussi  à  obtenir  quelques  places  et  quelques  récom- 
penses. Il  avait  été  nommé  graveur  de  la  bibliothèque 
du  roi  2  :  il  était  aussi  de  l'Académie  de  Parme.  Enfin 
en  sa  qualité  d'agréé  à  l'Académie,  il  avait  la  faculté 

1  Cette  pièce  fait  partie  de  la  collection  de  M.  Portails. 

2  Suivant  Cochin  (  Mémoires  inédits  ) ,  le  graveur  Fessard  était  l'un 
des  favoris  du  comte  de  Caylus  :  -  Par  l'ascendant  qu'il  avoit  sur 
-  M''  Bignon  garde  de  la  Bibliothèque  du  Roy,  il  y  fit  créer  une  place 
•<  de  graveur.  Tous  ses  confrères  rirent  du  choix  de  Fessard  à  cause  de 
-  la  médiocrité  connue  du  personnage,  et  M""  de  Caylus  lui-même  n'éloit 


FESSARD    (ETIENNE).  144 

de  figurer  aux  salons  qu'elle  organisait  pour  y  expo- 
ser les  travaux  de  ses  membres  ,  mais  non  pas  cepen- 
dant sans  subir  une  sorte  d'examen  d'un  comité  avant 
d"y  être  admis.  Il  faut  croire  que  ce  que  présentait 
Fessard  était  bien  mauvais  (ses  Fables  de  La  Fontaine 
peut-être)  et  que  ses  collègues  étaient  bien  exaspérés 
contre  lui,  car  il  avait  été  refusé.  Grande  colère  du 
graveur  !  Il  écrit  aussitôt  au  directeur  des  bâtiments, 
qui  avait  la  haute  main  sur  l'Académie. 
M.  de  Marigny  lui  répondait,  le  20  septembre  1771  : 
«  L'usage  a  toujours  été  ,  Monsieur,  que  les  ouvra- 
»  ges  présentés  par  les  académiciens  pour  le  Sallon 
»  n'y  fussent  exposés  qu'ensuite  du  jugement  rlu 
»  comité  nommé  pour  les  examiner.  Il  est  fâcheux 
»  pour  vous  qu'il  ne  vous  ait  pas  été  favorable  ,  mais 
»  je  n'ai  pas  jugé  à  propos  de  déroger  deux  fois  de 
»  suite  et  en  faveur  de  la  même  personne  à  une  règle 
»  si  sagement  établie  n'ayant  surtout  point  devant  les 
»  yeux  les  pièces  de  comparaison  pour  juger  si  le 
»  comité  a  été  trop  sévère  ou  partial  envers  eux. 

»  Vous  m'annoncez  que  vous  allez  donner  votre 
»  démission  de  la  place  de  dessinateur  et  graveur  de 
»  la  bibliothèque  du  Roy  pour  ne  tenir  plus  qu'à  moy. 
»  Vous  avez  tort  si  cette  place  vous  est  avantageuse. 
»  Je  n'ai  jamais  trouvé  mauvais  qu'un  artiste  occupât 
»  (les  places  relatives  aux  arts  quoique  étrangères  aux 
»  Bâtimens  du  Roy  et  ce  sacrifice  que  vous  ferés  de 

>i  point  assés  ignorant  pour  lui  croire  des  talens  el  pour  ne  pas  sentir 
'  que  si ,  par  malheur,  il  étoit  besoin  d'entretenir  quelque  planche  usée 
"  du  Cabinet  du  Roy,  le  pauvre  Fessard  ne  pouvoit  que  la  gâter  davan- 
■>  toge,  mais  c'etoit  son  protégé  qui  avoit  toujours  été  à  ses  ordres.  Il 
>  faloit  qu'on  aperçut  son  crédit,  'i 


142  LES  GRAVEURS   DU    XVIII''    SIÈCLE 

»  cette  place,  ne  multipliera  point  les  occasions  qui  ne 
»  se  sont  pas  encore  présentées  de  remplir  vos  vues 
»  pour  un  logement.  *  » 

Pour  les  portraits,  Fessard  avait  aussi  la  prétention 
de  les  graver,  et  cela  mieux  que  personne,  mais  il  eut 
encore  des  déboires  à  ce  sujet.  Il  ne  fallait  pas  être 
grand  clerc  pour  satisfaire  Odieuvre ,  pour  l'officine 
duquel  il  a  fait  un  certain  nombre  de  planches,  mais  il 
s'attira  à  propos  d'un  certain  portrait  de  Voltaire  qu'il 
désirait  exécuter  le  désagrément ,  que  la  lettre  suivante 
explique  ,  de  se  voir  préférer  un  confrère.  Il  écrit  au 
grand  homme  ,  encore  jeune  alors,  pour  se  plaindre  : 

«  A  Monsieur  de  Voltaire,  à  Vassy  (Champagne). 

»  A  peine  ai-je  sçeu  graver ,  Monsieur ,  que  mon 
»  ambition  a  été  d'avoir  l'honneur  de  faire  votre 
»  portrait  ;  ce  désir  qui  s'est  toujours  nouri ,  m'avoit 
»  fait  trouver  les  moyens  de  conoître  Monsieur  l'abbé 
»  Moussinot.  Enfin  sans  entrer  dans  un  détail  plus 
»  long  ,  j'étois  parvenu  au  point  heureux  après  lequel 
»  j'aspirois  depuis  si  longtemps  :  Il  étoit  décidé  que 
»  j'aurois  l'honneur  de  vous  graver  votre  portrait 
»  original,  et  j'étois  party  comme  vous  le  scavés 
»  mieux  que  personne  dans  cette  intention.  Je  m'en 
»  étois  fait  une  fête  parmy  tous  mes  amis  ;  je  l'avois 
»  annoncé ,  il  me  sembloit  même  que  je  ne  pouvois 
»  pas  échouer  dans  cette  noble  entreprise  ;  j'avois 
»  trop  d'inclination  pour  y  être  malheureux.  Sur  ce 
»  tondement  j'avois  même  avancé  à  Monsieur  Mous- 
»  sinot  que  si  le  portrait  n'étoit  pas  au  point  où  on 
*  devoit  le  désirer ,  que  je  n'en  demandois  rien  et 

1  Correspondance  du  Directeur  des  Bâtiments  (Archives  nationales) 


FESSARD   (Etienne).  143 

»  même  j'avois  ajouté  que  je  ne  voulois  dans  cette 
»  illustre  occasion  travailler  que  pour  l'honneur. 
>  J'étois,  je  le  répète ,  au  comble  de  la  joye  ;  mais 
»  qu'elle  est  suivie  d'amertume  et  de  chagrin  !  J'ap- 
»  prens  .  Monsieur,  par  Monsieur  de  La  Tour,  qu'on  a 
»  changé  d'idée  sur  mon  compte  et  qu'on  veut  donner 
»  le  portrait  désiré  depuis  si  longtemps  à  graver  à 
»  un  autre.  Je  m'adresse  à  vous,  Monsieur,  je  suis  au 
»  désespoir  si  on  me  fait  cette  injustice  après  une 
»  parolle  donnée  et  l'avoir  publié  à  tout  le  monde  ; 
»  que  dii'a  le  public  ,  ne  pensera-t'on  pas  que  je  n'en 
»  étois  pas  digne  ou  mes  ennemis  ne  diront-ils  pas 
»  que  j'ay  manqué  ce  portrait  ;  mais  s'il  est  décidé 
»  absolument  par  envie  ou  pour  l'aire  plaisir  à  un 
»  autre  que  je  n'auray  pas  eu  l'honneur,  du  moins 
»  ordonnés,  Monsieur,  que  j'y  travaille  aussy,  cela  se 
»  peut  sans  déranger  les  projets  arrêtés  en  permet- 
»  tant  que  je  le  fasse  pour  compte ,  de  la  grandeur 
»  des  hommes  illustres  de  M*"  Perault.  Le  public  y 
»  trouvera  son  compte  parce  qu'il  y  a  beaucoup  de 
»  personnes  qui  seroient  ravies  de  l'avoir  de  manière 
»  à  pouvoir  l'encadrer  dans  leurs  cabinets.  Pardonnes, 
»  Monsieur,  si  je  m'adresse  à  vous,  sans  avoir  l'hon- 
»  neur  d'être  connu  de  vous,  mais  votre  réputation  de 
»  bonté  et  de  politesse  pour  les  artistes  m'ont  donné 
»  cette  confiance.  J'ai  l'honneur —  Fessard. 

»  De  Paris  ce  30  aoust  1735. 

»  Mon  adresse  est  rue  St-Denis  au  grand  St-Louis  , 
»  chez  un  miroitier  près  du  Sépulchre  à  Paris.  *  » 

Quel  insupportable  quémandeur  que  ce  Fessard  ! 

^  Cette  lettre  inédite  nous  a  été  communiquée  par  M.  J.  J.  Guiffrey. 


U4         LES    GRAVEURS    DU    XVIIF  SIÈCLE. 

En  résumé,  Etienne  Fessard  est  un  graveur  qui  a 
beaucoup  travaillé,  beaucoup  intrigué,  qui  s'est  beau- 
coup remué  et  a  fait  souvent  parler  de  lui ,  mais 
d'un  talent  fort  inférieur  à  son  ambition  et  à  ses 
prétentions. 

11  mourut  le  1"  mai  1777. 


ESTAMPES. 

1.  L'Amour    désarmé,    dédié    à    Madame   de    Pompadour  ,    — 

L'Amour   vendangeur;  2  p.  d'après  Boucher,  Hôl  ;  in-foL 

2.  LA    LUMIÈRE    Dl'    MOxNDE    (la  Nativité),    d'après   Boucher, 

nei;  in-fol. 

C'est  une  des  bonnes  pièces  de  Fessard.  Le  tableau  a  figuré  à  la  vente  de 
Madame  de  Pompadour.  —  722  livres. 

3.  Les  Bergers  a  la  fontaine,  n56 ,  —  L'Aimable  Vil- 

lageoise; 2  p.  in-foL 

4 .  Baigneuse ,  étude  dessinée  par  Boucher  et  gravée  par  Fessard  en 

1759;  iu-fol. 

5.  Vénus  quittée  par  l'Amour,  — Vénus  fouettant  l'Amour;  2  p.  in-fol. 

d'après  Bouchardon  ;  les  eaux-fortes  par  Caylus. 

G.   Le  Triomphe  d'Amphitrite,  —  le  Triomphe  de  Bacchus  ;  2  p.  in-fol. 
en  largeur  d'après  Bouchardon  ;  les  eaux-fortes  par  Caylus. 

1.   Dame  cachetant  une  lettre     d'après  Chardin  ;  in-4. 

8.  Chien  en  arrest ,  d'après  Huet  ;  in-4  en  largeur. 

9.  La  Constance  ,  portrait  de  Mimi ,  chien  de  la  Marquise  de  Pompa- 

dour, 1758  ;  grand  in-4  en  largeur.  —  La  Fidélité,  portrait  d'Inès, 
gravé  à  l'eau-forte  par  Fessard,  1*755,  terminé  par  A.  de  St-Aubin, 
son  élève,  1756  ;  2  p.  dédiées  à  Madame  de  Pompadour. 

10.  Hercule  et  Omphale  ,  —  Acis  et  Galathée  ;  2  p.  d'après  Jeaurat. 


FESSARD   (Etienne).  445 

11.  Le  Chant,  —  la  Tourterelle,  2  p.  d'après  La^renée  ;  in-fol. 

12.  Musique  champêtre,  d'après  Lancret  ;  in-fol. 

13.  Psyché  abandonnée  par  l'Amour,  d'après  Le  Moine  ;  in  fol.  L'eau- 

forte  par  Fessard  ,  terminée  par  A.  de  St-Aubin. 

14.  Amphitrite,  d'après  Natoire,  \15l. 

15.  PEINTURES     DE    LA     CHAPELLE    DES    ENFANTS- 

TROUVÉS   DE    PARIS,    d'après   Natoire,    en    15    grandes 
pièces ,  outre  la  vue  perspective  de  la  chapelle  d'après  le  dessin 
d'Aug.  de  St-Aubin. 
C'est  ce  que  Fessard  a  fait  de  plus  considérahle. 

16.  La  Comédie,  pièce  en  largeur  d'après  Nattier. 
n.  Jupiter  et  Léda  ,  d'après  Pierre  ;  in-fol. 

18.  Herminie  cachée  sous  les  armes  de  Clorinde,  d'après  Pierre  ;  in-fol. 

19.  La  Bergère,  d'après  Pierre. 

20.  Le  Ménage  savoyard  ,  d'après  Pierre. 

21.  Bal   de    Si-Cloud,    dédié  à  Monseigneur  le  Duc  de  Chartres  , 

d'après  S.  Poussin.  —  St.  Fessard  sculp.  1760  ;  in-fol.  en  largeur. 

22.  Vénus  embrassant  l'Amour,  d'après  Trémolières  ;  in-4  en  largeur. 

23.  La  Naissance  de  Vénus,  d'après  de  Troy  ;  grand  in-fol. 

24.  Jupiter  et  Léda,  —  Jupiter  et  Calisto  ;  2  p.  d'après  de  Troy  ;  in-fol. 

en  largeur. 

25.  Jupiter  et  Antiope,  d'après  Carie  Van  Loo. 

2(3.  L'Architecture,  —  La  Peinture.  —  La  Sculpture, 
—  La  Musique  ;  4  p.  in-fol.  carré,  dédiées  à  Madame  de  Pom- 
padour,  dame  du  Palais  de  la  Reine.  —  D'après  C.  Van  Loo. 
La  Sculpture  représente  le  buste  de  Louis  XV. 

2'7.  Les  Enfants  de  Bacchus ,  d'après  Watteau. 

28.  Un  baiser  ou  ta  rose!  —  Quoi  pas  même  la  main?;  2  p.  d'après 
"Watteau  ;  in-fol. 
II  10 


ne         LES    GRAVEURS    DU   XYIIP   SIÈCLE. 

29.  Médaillon  épithalame  dédié  à  Monseigneur  le  Dauphin  par  A.  Go- 
mond  ,  gravé  par  Fessard,  1745;  in-8  rond. 

SO.  Pièce  commémorative  de  la  préservation  de  la  vie  de  Louis  XV  le 
5  janvier  1757,  d'après  Gautier  ;  in- fol. 

31.  Constitution  ,  Doctrines  et  Morale  des  Jésuites  ,  dénoncées  au  Par- 

lement le   17  avril  et  8  juillet  1761  ,  allégorie  d'api'ès  Gautier 
','Ghauvelin  devant  le  portrait  de  Louis  XV)  ;  in-fol.  en  largeur. 

32.  Copie  d'une  Thèse  soutenue  en  1683  par  Gharle  de  Noyelle,  jésuite. 

33.  L'Iutériem-  de  l'église  St-Sulpice  ,  d'après  les  dessins  de  Laurent  et 

de  Servandoni. 

La  Feste  flamande ,  d'après  Rubens,  in-fol.  en  largeur,  est  une  des  bonnes 
pièces  de  Fessard;  l'eau-forte  est  signée  St.  Fessard  aqua-forti  ly^g.  A.  de  St-A. 
et  doit  être  attribuée  à  A.  de  Saint-Aubin. 

Citons  encore  les  Ouvriers  et  le  Maître  de  la  vigne,  d'après  Rembrandt,  1767, 
différentes  pièces  pour  la  Galerie  Je  Dresde  et  le  Cabinet  Crozat.  —  Une  gravure 
de  Diane  et  Actéon,  d'après  J.  Bassan  ,  tirée  du  Cabinet  Crozat,  et  que  le  manuel 
a'Huber  donne  comme  une  des  meilleures  estampes  de  Fessard ,  nous  paraît  au 
contraire  être  une  de  ses  plus  mauvaises;  les  chairs  y  sont  traitées  d'une  façon 
on  ne  peut  plus  maladroite  et  désagréable. 


PORTRAITS. 

34.  Chatelet  (Madame  duj;  in-8. 

Cest  ainsi  que  la  vérité 
Pour  mieux  établir  sa  puissance, 
A  pris  les  traits  de  la  beauté 
Et  les  grâces  de  l'éloquence. 

Moins  bien  gravé  et  moins  flatté  que  celui  gravé  parLanglois,  mais  rappelant 
oien  mieux  le  fameux  portrait  de  Madame  du  C^hâtelet  écrit  par  Madame  du 
Deffand  :  «  Représentez-vous   une  femme  grande  et  sèche  ,  sans  col ,  sans 

»  hanches ,  la  poitrine  étroite  ,  doux  petits  t arrivant  de  fort  loin ,  de  gros 

»  bras,  de  grosses  jambes  ,  des  pieds  énormes  ,  une  très  petite  tête,  le  visage 
»  aigu  ,  le  nez  pointu . . .  voilà  la  figure  de  la  belle  Emilie.  » 

35.  ChoisEUL  (leDucde),  assis  à  son  bureau  ,  d'après  L.  M.  Vanloo, 

1770;  in-fol. 

36.  CoNDÉ  (  le  Prince  de  ) ,  médaillon  dans  un  eu-tête  de  page  pour 

Collection  académique  présentée  à  Monseigneur  le  Prince  de 
Condé,  1755. 


FESRARD    (Etienne).  '  147 

•^1.  Cromoï  nu  Bourg;  in-fol. 

:^8.  Louis  XV,  vignette-frontispice  d'après  Blakey  ;  in-4. 

La  statue  du  Roi ,  debout  sur  un  piédestal  au  milieu  d'une  campagne,  est 
entourée  de  paysans  qui  semblent  célébrer  les  bienfaits  du  Roi.  Lud.  XY.  P.  P. 
ulil.publ.  undique  prospicieiUi.  L"eau-forte  pure,  sur  laquelle  la  tête  du  roi  porte 
une  couronne,  peut  être  attribuée  à  Saint- Aubin. 

39.  Lussan  (Marguerite  de),  HSS  ;  in-8. 

Après  avoir  acquis  le  secret  et  la  gloire 

De  rendre  utile  des  romans, 

Elle  va  semer  d'agréments 
Les  grandes  vérilez  que  renferme  l'histoire. 

40.  Luynes  (^  Paul  d'Albert ,  Cardinal  de  ) ,  d'après  La tinville  ,   1756; 

in-fol. 

Le  premier  état  est  avant  la  transformation  de  la  croix  pastorale  en  croix  du 
Saint-Esprit. 

41.  Seine  (Catherine  de),  épouse  du  S''  Dufresue,  née  à  Paris,  d'après 

Aved.  Elle  est  appuyée  sur  un  coussin  et  tient  un  petit  chien  dans 
ses  bras.  (Rare.) 

42.  Argeuson  (René  deVoyerd');  in-4.  —  Bougainville  (  P.  de  ) , 

de  l'Académie  française ,  profil  d'après  Cochin;  in-4.  —  Ccste 
(Effigies  Pétri);  in-8.  —  Dunois  (le  Comte  de),  en  pied, 
d'après  Carmontelle  ;  in-4.  —  Floncel  (Albert-François)  ;  in-12. 

—  Le  Thieullier,  médecin  ;  in-8. —  Malherbe;  in-8.  —  Marin, 
censeur  royal,  d'après  Cochin;  in-4.  —  Mirabeau,  l'ami  des 
hommes,  d'après  Vanloo  ,  nôQ  ;  in-4.  —  Mouhy  (Charles  de 
Fieux,  chevalier  de)  ;  in-8.  —  Penthièvre  (le  Duc  de),  par  Fessard 
et  Saint- Aubin  ;  in-fol.  —  Peyssonnel ,  docteur  en  médecine  ;  in-8. 

—  Saint-Florentin  (le  Comte  de),  En  vain  un  monstre  affreux..., 
allégorie  d'après  Achard  ;  in-fol.  — Veny  (Madame  de),  religieuse, 
par  Fessard  et  Saint-Aubin ,  1756. 

43.  Portrait  d'homme  (Benoît  II  Audran  ?  ) ,  d'après  Joshua  Reyuold  , 

1752;  in-fol. 

44.  Portraits  pour  la  collection  d'Odieuvre  :  Hamilton  ,  Madame  de  La 

Fayette ,  Hortense  Mancini ,  Marguerite  de  Valois ,  Marie  de 
Médicis,  Henri  de  Montmorency,  etc. 


<i8         LES   GRAVEURS   DU    XVIIF   SIECLE. 


VIGNETTES. 


I.     DAPRES    GOGHIN. 

45.  Salluste,  Paris.  David,  1142,  in-12. 

3  figures  par  Cochin,  1  fleuron  sur  le  titre  et  3  fleurons  par  Pierre. 

46.  Cornélius  Nepos  ,  Paris,  David  ,  in-12. 

Frontispice  d'après  Cochin,  fleuron  de  titre ,  en-tête,  cuis-de-lampe  d'après 
Pierre  et  Mathey. 

il.  La  Mérope  française  ,  n44  ,  in-8. 

Une  figure. 

48.  La  Henriade,  1146  ,  in-12. 

Fleuron  du  titre  et  vignette  du  I*''  chant ,  qui  représente  le  héros  assis ,  cou- 
ronné par  la  Victoire. 

49.  Le  Sopha,  conte,  l'746,  in-12. 

Deux  petits  fleurons  d'amours  coiffés  avec  des  turbans. 

ûO.  Vignettes  pour  les  Œuvres  de  Houdart  de  La  Motle,  1146,  in-12. 

51.  Fleurons  pour  les  Œuvres  de  Mad'ne  et  de  3/e"«  Deshoulières,  2  vol. 

in-12,  1747. 

52.  Frontispice  potir  Nocrion,  conte  allobroge,  1747  ,  in-8. 

53.  Œuvres  de  Grécourt ,  1747,  in-8. 

Fleurons  des  titres  d'après  Cochin,  et  très-joli  frontispice  d'après  Eisen, 
représentant  l'Auteur  et  les  trois  Grâces. 

54.  Contes  de  La  Fontaine,  2  vol.  in-8,  1743,  1744  ou  1745. 

En-têtes  par  Cochin ,  gravés  par  Chedel,  Fessard  et  Ravenet.  Frontispice  de 
rédition  de  1745,  gravé  par  Fessard. 

55.  Annonces  et  Affiches  de  Paris,  fi-ontispice  in-8. 

56.  YigneltesTpom- la  Manière  de  graver  à  l'eau-forte,  de  Bosse,  1745. 

II.  d'après  gravelot. 

57.  Vignettes  pour  Tnm  Jones,  1750,  in-8. 


FESSARD    (ÉTiENNEj.  U9 

58.  Les  Caractères  de  Théophraste,  1769,  in-12. 

Deux  en-têtes  et  deux  culs-de-latnpe. 

59.  Œuvres  diverses  de  M.  L.  F.  (Le  Franc  de  Pompignan). 

Vignettes  d'après  Gravelot  et  Clavareau. 

m.   d'après  divers. 

60.  Les  Femmes  militaires,  relation  historique  d'une  ite  nouvellement 

découverte  par  C  D.  (Rustaing  de  Saint-Jory) ,  n35,  in-12. 
Six  figures  par  Riquard  et  Sixe,  gravées  par  Fessard. 

61.  Le  Fat  puni,  1738,  ia-8. 

Fleuron  de  titre  et  figure  d'après  Trémolières. 

62.  Études  prises  dans  le  bas  peuple  ou  cris  de  Paris,  1738-46,  in-4. 

35  figures  des.?inées  par  Bouchardon  et  gravées  à  l'eau-forte  par  Fessard. 

63.  Frontispice  d'après  Coypel  pour  les  Fables  de  Phèdre,  Cousteiier, 

1742,  in-12. 

64.  Frontispice  d'après  Bernard  Picart  pour  les  Fables  de  La  Fontaine, 

1743,  2  vol.  in-12. 

65.  Frontispices,  fleurons  et  vignettes  d'après  Durand  ,  pour  les  Prin- 

cipes de  Philosophie  morale,  de  Shaftesbury,  Amsterdam,  174 
in-12. 

66.  Fleuron  d'après  Eisen  pour  V Essai  de  philosophie  morale,  de  Mau- 

pertuis,  1746. 

07.  Fables  de  L.i  Fontaine,  Paris,  1746,  2  vol.  in-12. 

Frontispice  par  Cochin ,  gravé  par  Fessard ,  2  fleurons  sur  les  titres  ,  par 
de  Sève,  1  éousson  et  245  vignettes  à  mi-page,  —  mauvaises  pour  la  plupart,  dit 
Cohen,  —  par  F.  C.  et  de  Sève,  gravées  par  Fessard. 

68.  OEUVRES  DE  3I0LIÈRE,  Paris,  Compagnie  des  Libraires,  1719, 

8  vol.  petit  in-12. 

Portrait  d'après  Mignard  et  32  figures  d'après  Boucher,  gravés  par  Fessard. 
Cette  édition  n'est  pas  estimée. 

69.  Frontispice,  fleuron  et  vignettes  d'après  de  Sève  ,  pour  Théorie  des: 

sentiments  agréables,  Paris,  1749,  in-8. 


50  LES   GRAVEURS    DU    XVIIF   SIÈCLE. 

"70.  Titres,  frontispices  et  vignettes  pour  les  Œuvres  de  Remond  de 
Saint-Mars,  Amsterdam  ,  1749,  5  vol.  in-12. 

Tl.  Titre  pour  Lettres  de  Nadim  Coggia,  par  PouUain  de  Saint-Foix  , 
1750,  in-12. 

12.  Figures  d'après  Clavareau  pour  le  Cousin  de  Mahomet     par  Fro- 
mageot ,  2  vol.  in-12  ,  1750. 

"73.  Frontispice  d'après  Clavareau  pour  les  QËWfres  de  Fer^ieer,   1750, 
in-12. 

74.  Titres  et  frontispices  d'après  de  Sève  ,  pour  hs  Caractères  de  La 

Bruyère,  1750,  in-12. 

75.  Cénie,  par  M""^  de  Graffigny,  1751,  in-12. 

Titre  gravé  avec  fleuron ,  et  figure  d'après  Le  Lorrain. 

76.  Mémoires  de  Gaudence  de  Luques ,  prisonnier  de  l'Inquisition, 

Amsterdam,  1753,  in-8. 
4  figures  et  4  fleurons  d'après  Le  Lorrain. 

77 .  Frontispice  ,  vignette  et  cul-de-lampe  pour  les  Fables  de  Phèdre  , 

Paris,  Barbou  ,  1754  ,  in-12. 

78.  Figures  d'après  Oudry  pour  la  grande  édition  des  Fables  de  La 

Fontaine ,  1755-1759  ,  4  vol.  in-fol.  (La  Besace,  le  Lion  et  le 
Moucheron). 

79.  Frontispice  d'après  Le  Lorrain  pour  l'Ordre  de  Chevalerie  ,  1759  , 

in-8. 

80.  Théâtre  de  M.  Fagan  et  autres  œuvres  du  même  auteur,  Paris, 

1760,  4  vol.  in-12. 
4  fleurons  d'après  Eisen  et  Halle. 

81.  Fleurons  pour  le  Théâtre  de  M.  Favart ,  1763-1772  ,  in-8. 

82.  FABLES  DE  LA  FONTAINE,  nouvelle  édition  gravée  en  taille- 

douce  ,  les  figures  par  le  S''  Fessard  ,  le  texte  par  le  S''  Montulay 
(et  Drouët),  dédiées  aux  Enfants  de  France.  Paris,  chez  l'auteur, 
1765-1775,  6  vol.  in-8. 

Celte  illustration ,  sinon  bonne,  du  moins  considérable  ,  comprend  250  figures 
et  4.50  fleurons.  «  Il  faut  avoir  soin  de  choisir,  dit  Coben ,  les  exemplaires  de 


FESSARD   (Etienne).  lëi 

»  premier  tirage,  et  rejeter  absolument  ceux  où  le  nom  de  heatauriers,  papetier, 
»  remplace  celui  de  l'auteur.  » 

83.  Bibliothèque  du  Théâtre-Français  depuis  son  origine  ,  par  le  duc 

de  La  Vallière,  1768. 

Deux  culs-de-lampe. 

84.  Adélaïde,  ou  l'Amour  el  le  Repentir,  par  M.  de  Morvillier,   1*769, 

in-8. 

Titre  et  vignettes  d'après  Meyer. 

85.  Frontispice  pour  la  Récréation  des  honnêtes  gens  ,  mo,  in-8. 

86.  Zéphirine,  ou  l'Époux  libertin  ,  anecdote.  Amsterdam,  mi,  in-8. 

3  flgures  d'après  Huet. 

87.  Velleius  Pater culus  ,  Barbou,  1177,  in- 12. 

Frontispice  et  en-têtes  d'après  de  Sève. 

88.  Contes  des  Fées,  de  Perrault ,  Paris,  Fournier,  1781  ,  in-12. 

Figures  d'après  de  Sève  et  Martinet. 

Remarquons,  en  terminant,  que  beaucoup  de  pièces  signées  de  Fessard  ont 
été  ou  commencées  à  l'eau-forle  ,  ou  ,  au  contraire,  retouchées  par  A.  de  Saint- 
.\ubin. 


FESSARD   (Mathieu -Claude 


1740- 


En  octobre  1764 ,  Wille  va  dessiner  à  Sceaux  avec 
Fessard  jeune,  graveur,  ce  qui  tendrait  à  le  supposer 
son  élève,  bien  que  Le  Blanc  qui  le  dit  né  à  Fontaine- 
bleau en  1740,  nous  le  donne  comme  élève  de  Joseph 
de  Longueil.  Quoique  portant  le  même  nom  qu'Etienne 
Fessard  ,  dit  Basan ,  il  n'est  pas  de  la  même  famOle. 

Claude-Mathieu  Fessard  a  été  employé  à  graver  les 
planches  du  Voyage  en  Russie  de  Pallas  (1785-93). 
Nous  avons  sous  les  yeux  une  quantité  de  reçus,  signés 
de  Fessard  ,  du  prix  des  planches  gravées  par  lui ,  et 
nous  en  reproduisons  quelques-uns  : 

«  Je  reconnais  avoir  reçu  de  M*"  Froulé  libraire  à 
»  l'aquit  de  W  Le  Clerc  la  somme  de  408  1.  pour  le 
»  payement  de  sept  planches  fini  des  Tzars  Russes. 
»  —26  avi^il  1783.  —  G.  Fessard.  » 

«  Grande  planche  intitulée  Vue  de  Pètershof.  du  côté 
»  du  jardin,  l'eau-forte,  200  1.  —  Eaux-fortes  de  trois 
»  moyennes  planches  intitulées  Vue  de  V Amirauté, 
»  Vue  de  la  Bourse  et  Vue  de  Catherinebourg  ,  pour 
»  chaqune  100  1.  —  Eau-forte  d'une  pi.  de  Costumes 
»  composée  de  huit  fig.  48 1.— 2pl.  doubles  de  Médailles 
»  144 1.  —  et  une  simple,  36 1.  —  Reçu  du  2  août  1783.  » 


FESSARD   (Mathieu).  <53 

Nous  trouvons  encore  à  l'actif  de  Fessard  jeune  ,  la 
Mort  du  capitaine  Cook,  iji-4  en  largeur.  —  Coriolan 
fîèchi  par  sa  mère ,  d'après  le  Guerchin  et  Gochin 
(1780).  —  Une  jolie  pièce  in  fol.  représentant  le 
Mausolée  de  Marie-Tliérèse  (1781)  d'après  Dervand  , 
M.  Fessard  scidp.  offereha.t  Félix  Nogaret.  —  Divers 
Paysages  pour  le  Voyage  en  France ,  d'après  Lalle- 
mant.  —  Suite  de  différents  animaux. 

C'est  à  lui  qu'il  faut  donner  quelques-unes  des 
vignettes  des  Œuvres  de  Baculard  d'Arnaud  ;  une 
figure  de  Gravelot  pour  Lettre  de  Caton  d' IJiique  à 
César  (  Paris  ,  1766  ) ,  par  l'abbé  Parraentier  ;  des 
vignettes  pour  le  Cabinet  des  Fées  ,  les  Œuvres 
badines  du  Comte  de  Caylus ,  les  Nouvelles  de 
d'Ussieux ,  le  voyage  de  Snint-Non  ;  un  portrait  de 
Tarchevêque  Le  Clerc  de  Juigné  ;  Dorât ,  médaillon 
sur  un  mausolée  ,  dans  un  cadre  orné  de  colombes  , 
de  lyres ,  etc. 

Pleures  Grâces,  Amours  exhalés  vos  regrets, 
Et  vous  Muses,  dans  ces  retraites, 
Vene's  à  ces  tristes  ciprès 
Suspendre  vos  Lires  muettes  : 
Il  n'est  plus  l'Ovide  Français. 

Cette  pièce  se  vendait  chez  Fessard ,  rue  et  Isle 
St-Louis ,  maison  du  Charron  vis-à-vis  le  corps  de 
garde. 

La  Cage  syynboliquc  ,  estampe  petit  in-fol..  d'après 
Le  Peintre,  est  sa  meilleure  pièce.  (L'eau-forte,  155  fr.: 
avant  toute  lettre,  150  fr.:  avant  la  dédicace,  110  fr. 
1881.) 


FICQUET   (Etienne). 

1719-1794. 


La  gravure  de  portrait  a  de  tout  temps  été  floris- 
sante en  France  et  des  artistes  du  plus  grand  talent 
en  ont  fait  leur  spécialité.  Les  uns ,  comme  Thomas 
de  Leu  et  Nanteuil ,  ont  le  plus  souvent  gravé  d'après 
leurs  propres  dessins  ;  d'autres,  comme  les  Drevet  ou 
DauUé,  ont  interprété  des  peintures.  Ficquet  doit  être 
rangé  parmi  les  seconds ,  et  dans  ce  XVIIP  siècle  si 
riche  en  artistes  de  mérites  divers ,  il  n'est  pas  un  des 
graveurs  de  petit  format  qui  puisse  l'égaler. 

En  effet ,  au  lieu  de  graver  ces  portraits  de  dimen- 
sion minime  par  des  procédés  sommaires,  qui  d'ailleurs 
donnent  dans  C(^  cas  des  résultats  très  satisfaisants,  il 
les  a  traités  avec  le  même  soin  et  la  même  minutie  que 
s'il  s'agissait  de  portraits  de  la  plus  grande  dimension. 
Il  accumule  autant  de  tailles  dans  une  figure  d'un 
centimètre  de  haut  que  Nanteuil  ou  Drevet  dans  une 
planche  in-folio  ;  ses  planches  sont ,  pour  mieux  nous 
faire  comprendre  ,  comme  les  photographies  réduites 
de  gi'ands  portraits ,  qui  en  reproduiraient  tous  les 
travaux  en  les  diminuant.  En  un  mot ,  il  grava  petit . 
mais  il  fut  un  grand  graveur. 

Etienne  Ficquet  naquit   k  Paris   le   13  septembre 


KICQl   KT.  l-")5 

1719.  11  était  le  fils  de  Guillaume  Ficquet ,  professeur 
(le  philosophie  à  l'Université  de  Paris  et  de  Geneviève 
Meyboom ,  fille  d'un  orfèvre.  Le  jeune  homme  fut 
confié  de  bonne  heure  aux  soins  du  graveur  prussien 
Schmidt ,  venu  vers  1736  à  Paris,  en  même  temps  que 
Wille.  se  perfectionner  dans  son  art.  Mais  Schmidt 
étant  bientôt  reparti,  Ton  dut  trouver  à  Ficquet  un 
autre  maître  ,  qui  fut  Le  Bas.  Le  jeune  graveur  avait 
été  mis  par  Schmidt  en  relation  avec  Odieuvre  , 
marchand  d'estampes  qui  venait  d'entreprendre  une 
série  de  portraits  de  personnages  célèbres.  Le  besoin 
de  gagner  un  peu  d'argent  lui  fit  accepter  avec 
empressement  les  48  livres  par  planche  que  lui  offrait 
l'éditeur.  De  là  l'origine  des  trente-quatre  portraits 
qui  portent  sa  signature  et  qui  laissent  quelquefois 
trop  voir  le  travail  négligé  de  planches  faites  pour  lu 
commerce  et  mal  payées.  Ainsi  deux  portraits  de  la 
suite  des  rois  de  France  sont  fort  médiocres ,  tandis 
que  ceux  de  Madame  de  Miramion ,  du  médecin 
Façon,  Aq  WmwdX  Duquesne ,  de  l' Abbé  Prévosl , 
de  H.  Rigaud,  de  P.  Mignard ,  et  surlout  celui  du 
Comte  d'Harcoiirt .  réduction  de  la  fameuse  planche 
de  Masson  connue  sous  le  nom  de  Cadet  à  la  Perle, 
font  déjà  pressentir  le  maître  à  venir. 

C'était  pendant  son  séjour  dans  l'atelier  de  Le  Has 
que  Ficquet  exécutait  ces  travaux  ,  ce  qui  ne  l'empê- 
chait nullement  de  profiter  des  leçons  de  son  maître  , 
ni  de  mener  avec  ses  camarades  .  Eisen  ,  Le  Mire  , 
Gochin  et  d'autres ,  la  joyeuse  vie  qu'excusent  ses 
vingt  ans. 

Un  coin  du  voile  qui  recouvre  les  mœurs  un  peu 
légères  des  apprentis-graveurs  de  ce  temps,  nous  est 


156  LES    GRAVEURS    DU    XYIIT'    SIECLE. 

soulevé  par  les  lettres  que  Le  Bas  adressait  à  son 
ancien  élève  le  suédois  Rehn ,  qui  l'avait  quitté  depuis 
peu  pour  retourner  dans  sa  patrie  et  qui  justement 
s'était  lié  d'amitié  avec  Ficquet ,  son  camarade  de 
plaisir.  Ces  lettres  étaient  toujours  accompagnées  de 
croquis  plaisants.  Pour  bien  lui  peindre  les  regrets 
qu'il  excite ,  on  voit  dans  l'une  Ficquet  revenant 
d'assister  au  départ  de  son  ami.  Il  s  est  laissé  tomber 
de  fatigue  et  d'émotion  sur  un  siège  et  raconte  la 
séparation  à  un  élève  de  Le  Bas  debout  contre  la 
cheminée ,  ainsi  qu'à  Le  Bas  lui-même  qui  arrive  en 
l'obe  de  chambre  et  bonnet  de  nuit  donnant  le  bras 
à  M®"^  Raoul.  Le  Bas  écrit  en  même  temps  à  Rehn  ,  à 
Amsterdam ,  par  où  il  devait  passer  ^  : 

«  Monsieur  et  cher  amie,  j 'ay  reçue  vostre  lettre  qui 
*  m'a  fait  un  vray  plaisirs  d'aprendre  que  vostre  santé 
»  est  bonne  car  je  commencois  a  être  très  inquiète. 
»  J'ay  esté  bien  fâché  de  ne  m'estre  pas  trouvé  au 
»  logis  quand  vous  m'avé  fait  l'honneur  de  venir  ; 
»  mais  pai'  la  grande  tristes  qua  causé  vostre  adieu  , 
»  cela  esté  pour  moy  un  chagrin  de  moins  ;  quoy,  un 
»  vray  penne  de  mettre  attardé  à  soupe  en  ville.  Je 
»  vous  diray  que  nostre  Piquet  est  revenue  de  vous 
»  reconduire  avec  cette  air  à  M«''^  Raoul  et  le  sieur 
»  Le  Bas  qui  estoit  bien  mortifiez  de  ne  plus  avoir  le 
»  plaisirs  de  passé  des  apres-diné  (ici  le  croquis).  Il 
»  est  vray  que  Paris  est  charmant  et  que  c'est  sans 
»  contredit  le  vray  plaisirs  des  estrangé,  etc..  » 

Dans  une  autre  lettre  adressée  également  à  Rehn  , 

I  Portrnils  inédits  d'artistes  français ,  par  le  Mis  de  Chennevières- 
Pointel ,  1 852  ,  in-fol . 


FICQUET.  157 

alors  dessinateur  des  manufactures  de  Suède  à 
Stockholm,  Le  Bas  l'engageant  à  venir  à  Paris  et  lui 
promettant  beaucoup  d'ouvrages  de  gravure,  terminait 
ainsi  :  «  vôtre  bon  amie  Fiquet  se  prépare  d'avance  à 
»  vous  bien  recevoir  ;  tous  vos  amis  vous  donne  le 
»  même  conseil.  »  Et  suivait ,  avec  la  jolie  charge 
figures  de  Fiquet  tiré  au  vif,  ce  post-scriptum  un  peu 
léger  de  la  main  de  notre  graveur  :  «  grand  Suinoune 
»  anabatista  a  lajourdina,  vené  donc  vitement  quel- 
»  qu'aprôs-midy  vous  promener  aux  Tuylerys ,  je 
»  vous  meneray  voire  M'"<'  Paris ,  M'"'"  Renaude , 
»  M'"''  Dupond  ,  M""*  Garlié ,  M'"''  Hecquet,  W^  Pichar 

^>  toutes  fameuses  m »  et  la  signature  de 

Ficquet. 

Voilà  qui  n'est  pas  très  moral ,  mais  qui  peinL  bien 
l'artiste  ardent  au  plaisir  et  qui  n'aura  jamais  par  la 
suite  une  conduite  bien  régulière. 

C'est  dans  la  période  qui  suit  son  départ  de  l'atelier 
de  Le  Bas  qu'il  faut  placer,  alors  que  Ficquet  cherchait 
encore  sa  voie ,  les  portraits  de  Leibnitz  (1745) ,  de 
Jacques  et  Michel  de  La  Cour  Damonville  (1747) , 
de  Dorious  de  Mairan  (1748) ,  et  les  nombreux  petits 
portraits  gravés  pour  la  Vie  des  Peintres  Flamands, 
Allemands  et  Hollandais  de  Descamps.  Ce  peintre 
s'était  dès  sa  jeunesse  pris  de  belle  passion  pour  ce  sujet. 
Depuis  quinze  ans  ,  il  prenait  des  notes  sur  l'existence 
des  peintres,  tout  en  étant  directeur  de  l'Ecole  de 
dessin  qu'il  avait  fondée  à  Rouen,  quand  l'idée  lui  vint, 
encouragé  par  des  amis  éclairés ,  de  les  rassembler 
et  de  les  coordonner  en  un  ouvrage.  Il  voulut  l'orner 
des  portraits  des  principaux  artistes  et  pria  Eisen  de 
dessiner  d'après  des  originaux  ou  d'après  des  gravures 


'lo8         LES    GRAVEURS    DU    XVIIF   SIECLE. 

les  portraits  que  celui-ci  se  chargeait  de  faire  exécuter 
à  Paris.  C'est  ainsi  que  Ficquet  fut  choisi  par  son 
camarade  d'atelier  et  son  ami  pour  cette  besogne  qui 
fut  faite,  suppose-t-on .  de  1748  à  1768  *.  Il  n'a  pas 
gravé  moins  de  cent  deux  têtes  :  un  grand  nombre 
sont  réellement  remarquables  par  la  finesse  et  l'expres- 
sion et  plusieurs  sont  des  merveilles.  Citons  tout 
spécialement  le  portrait  de  Van  der  Meulen  qui  est 
un  véritable  tour  de  force,  celui  (Y Henriette  Woltet^s , 
un  chef-d'œuvre,  ceux  de  Rubens  et  de  Van  Dyck . 
tous  deux  très-estimés.  ceux  de  Kayel  du  Jardin , 
Rombouts,  Jean  Wildens  .  Adrien  Brauwer  .  Van 
Balen .  Schalken  ,  Denner,  d'une  exécution  particu- 
lièrement précieuse.  Nous  en  donnerons  tout-à-l'heure. 
du  reste,  la  liste  complète  dans  le  catalogue.  ^ 

Ficquet  travaillait  rarement  d'après  ses  dessins , 
quoique  fort  bon  dessinateur.  Aucun  de  ses  portraits 
n'a  été  gravé  d'après  nature .  et  ses  meilleurs,  des- 
quels nous  allons  maintenant  parler,  ont  été  exécutés 
soit  d'après  des  peintures,  soit  même  d'après  des  gra- 
vures qu'il  réduisait.  11  en  est  ainsi  du  ravissant 
portrait  -  miniature  de  Louis  XV.  gravé  sur  une 
planche  d'argent .  et  qui  était  destiné  à  YAlmanacli 
Parisien  de  Barbou. 

L'un  de  ses  plus  parfaits  ouvrages  ,  le  portrait  de 
Françoise  d'AubignéM'^^  deMaintenon,  daté  de  1759, 
a  été  fait  directement  d'après  le  tableau  qui  se  trou- 
vait chez  les  Dames  de  Saint-Cyr,  désireuses  d'avoir 
le  portrait  gravé  de  leur  fondatrice. 

«  Ficquet  ,    écrit  à  ce  sujet   le  graveur  Ponce , 

1  L'ouvrage  de  Descamps  parut  de  1153  à  1*764. 


FICQUET.  io9 

»  fut  chargé  par  les  Dames  de  Saint-Gyr  de  graver 
»  le  portrait  de  Madame  de  Maintenon  d'après  le 
»  tableau  deMignard  que  possédait  la  communauté.  La 
»  planche  était  à  peu  près  payée  et  cependant  le  por- 
»  trait  ne  paraissait  pas  ;  on  ne  pouvait  pas  même 
»  entrevoir  l'époque  à  laquelle  il  serait  terminé.  La 
»  supérieui\3  fut  obligée,  avec  la  permission  du  métro- 
»  politain,  de  faire  venir  l'artiste  dans  le  couvent  pour 
»  qu'il  y  travaillât  sous  ses  yeux  ,  et  même  de  lui  en- 
»  voyer  des  religieuses  et  des  pensionnaires  pour  lui 
»  tenir  compagnie,  car  il  ne  faisait  rien  quand  il  était 
»  seul.  Le  portrait  était  tini  et  déjà  quelques  épreuves 
»  avaient  été  tirées  ,  lorsque  Ficquet ,  qui  n'en  était 
»  pas  content,  biffa  la  planche  de  deux  coups  de  burin. 
»  Grand  désespoir  des  bonnes  religieuses  !  Ficquet 
»  recommença  et  cette  fois  le  porti-ait  fut  terminé  à 
»  la  satisfaction  de  tout  le  monde.  » 

Peut-être  serait-il  plus  exact  de  dire,  avec  M.  Fau- 
cheux ,  que  le  portrait  n'avançait  pas  et  ne  satisfaisait 
pas  son  auteur  par  suite  de  la  difficulté  qu'il  avait  à 
consulter  l'original.  Quand  il  put  travailler  librement, 
le  portrait  s'acheva  avec  rapidité  et  fut  fort  admiré. 
C'est  un  chef-d'œuvre  d'un  charme  et  d'une  finesse 
prodigieuses  ,  et  qui  resta ,  avec  raison  ,  le  morceau 
de  piédilection  du  graveur. 

Désormais  Ficquet  e.'^t  en  pleine  possession  de  son 
talent,  et  il  continue  sans  interruption  cette  série  des 
portraits  d'hommes  célèbres  ,  qui  lui  a  assuré  à  lui- 
même  la  célébrité.  N'est-ce  pas  une  bonne  fortune 
pour  les  amateurs  de  posséder  dans  l'un  de  leurs  plus 
jolis  livres,  mis  au  jour  par  la  munificence  des  Fer- 
miers-Généraux ,  deux  des  plus  excellents  portraits 


160         LES   GRAVEURS   DU    XVIIF   SIECLE. 

de  Ficquet ,  La  Fontaine,  l'auteur  des  Contes,  et  leur 
inimitable  illustrateur  Eisen  ?  Dans  ce  dernier,  gravé 
avec  une  grande  délicatesse .  l'on  sent  que  le  graveur 
a  mis  tous  ses  soins  à  saisii*  la  physionomie  malicieuse 
(le  son  ami ,  d'autant  qu'il  la  conraissait  bien  et  ne 
devait  pas  avoii^  besoin ,  semble-t-il ,  de  la  peinture 
de  Vispré  pour  se  guider.  Cette  gravure  est  de  1761 
comme  celle  du  La  Fontaine.  Très  achevée  et  d'une 
facture  très  libre ,  nous  serions  tentés  de  préférer 
cette  dernière  à  la  seconde  planche  de  La  Fontaine, 
caractérisée  par  la  fable  le  Loup  et  l'Agneau  repré- 
sentée sur  le  socle.  M.  Faucheux  affirme  que  celle-ci 
a  été  gravée  la  première. 

Le  portrait  de  Voltai)''e ,  avec  un  trophée  d'attributs 
(1762) ,  n'est  pas  un  des  meilleurs  de  l'œuvre.  La 
lumière  ne  nous  semble  pas  assez  largement  répandue 
sur  ses  traits  caustiques  ,  le  travail  est  un  peu  sec  ,  et 
la  gravure,  toute  fine  qu'elle  soit,  manque  de  moëUeux. 
Le  Jean-Baptiste  Rousseau,  qui  le  suit  (1763),  peint 
par  Aved  dans  le  débraillé  qui  était  habituel  au  sati- 
rique ,  est  d'une  extrême  finesse  ,  et  les  vêtements  y 
sont  supérieurement  rendus. 

Ici  se  présente  une  lacune  de  quelques  années  dans 
les  dates ,  jusqu'au  portrait  de  Corneille  ;  pourquoi  ne 
pas  la  remplir,  dans  ce  moment  de  la  belle  floraison 
du  talent  de  l'artiste,  par  quelques-uns  de  ses  meilleurs 
ouvrages  non  datés  ?  Voici  par  exemple  le  Molière, 
copie  d'une  planche  de  Lépicié  d'après  Coypel ,  ma- 
gnifique pièce  d'une  énergie  qui  va  presque  jusqu'à 
la  dureté.  Voici  Saugrain ,  qui  venait  de  mourir  en 
1762,  l'époux  de  M''"*'  De  Bure,  deux  noms  chers 
à  la  librairie  parisienne.   Voici  Descartes,  d'après 


FICQUET.  164 

la  peinture  de  Hais  que  l'on  peut  admirer  encore  au 
Louvre.  Les  traits  un  peu  lourds  mais  expressifs  du 
grand  penseur,  étonnamment  rendus ,  sont  encadrés 
d'ornements  emblématiques  de  Clioffard.  Le  portrait 
de  Vaclé  est  exécuté  pour  l'un  de  ses  ouvrages  [la 
Pileuse ,  parodie  à'Omphalé) ,  dans  un  format  un  peu 
plus  grand  que  celui  adopté  d'habitude  par  le  graveur. 

Enfin  nous  arrivons,  en  1766.  au  remarquable  por- 
trait de  Pierre  Corneille,  digne  à  tous  égards  de  fixer 
l'attention  par  sa  merveilleuse  exécution  et  son  cadre 
habilement  composé  par  Choffard.  Disons  à  ce  propos 
que  presque  tous  les  encadrements  des  portraits  de 
Ficquet  sont  dessinés  ou  tout  au  moins  gravés  par  cet 
habile  ornemaniste  .  et  que  par  leur  rare  élégance ,  ils 
ont  contribué  à  établir  la  réputation  dont  jouissent  ces 
petites  estampes.  —  Combien  ne  doit-on  pas  admirer 
ce  portrait  de  Corneille,  quand  on  sait  que  Ficquet  ne 
réduisait  jamais  en  un  dessin  préparatoire  la  peinture 
originale  ou  la  gravure  qu'il  voulait  copier.  Dans  celui- 
ci,  par  exemple,  il  a  reporté  directement  sur  le  cuivre 
les  lignes  sévères  du  portrait  peint  par  Le  Brun  :  il 
n'en  a  pas  moins  créé  un  chef-d'œuvre  d'une  harmonie 
et  d'un  précieux  achevés  ,  et  ce  doit  être  à  son  propos 
que  les  contemporains  de  Ficquet  ne  crurent  le  pouvoir 
mieux  louer  qu'en  l'appelant  le  Gérard  Bow  de  la 
gravure. 

Le  portrait  de  M.  de  Chennevières  (1770),  inspec- 
teur général  des  hôpitaux ,  l'auteur  des  Loisirs ,  est 
en  buste  comme  tous  ceux  de  notre  artiste.  Le  Mer- 
cure de  France  l'annonçait  en  ces  termes  en  octobre 
1770  :  «  Ce  dernier  portrait  de  M'"  Ficquet  n'est  pas 
->  inférieur  à  ceux  qu'il  a  publiés  précédemment.  On 
II.  11 


162         LES   GRAVEURS   DU    XVIII'^   SIÈCLE. 

»  y  admire  la  même  précision ,  le  même  fini ,  la  même 
»  légèreté  d'outil.  »  Et  pourtant,  dit  M.  le  marquis  de 
Chennevières,  son  descendant ,  ce  n'était  pas  un  chef- 
d'œuvre  que  la  peinture  d'après  laquelle  Ficquet  avait 
lait  ce  ravissant  médaillon ,  bien  connu  des  collec- 
tionneurs ;  c'est  un  assez  méchant  tableau  de  la  qua- 
lité ordinaire  des  portraits  de  famille  ,  mais  quand  un 
portrait  doit  être  gravé ,  l'important  n'est  pas  que  la 
peinture  soit  de  la  meilleure  palette,  mais  que  le  gra- 
veur soit  excellent. 

Le  minuscule  portrait  de  Cicéron ,  fait  pour  une 
édition  bijou  du  De  Amicitia  ,  parue  chez  Barbou  en 
1771,  est-il  une  réduction  du  portrait  de  Cathelin,  ainsi 
que  le  dit  Faucheux  ?  On  pourrait  en  douter  si  l'on  se 
reporte  à  la  promesse  datée  du  13  novembre  1757,  par 
laquelle  Ficquet  s'engageait  à  remettre  au  garde  du 
cabinet  de  la  bibliothèque  du  roi ,  le  dessin  original 
du  buste  de  Cicéron  d'après  l'antique  par  Rubens  et 
le  portrait  de  Van  der  Meulen  par  Van  Schuppen  qui 
lui  avaient  été  confiés. 

Si  le  portrait  de  Michel  de  Montaigne  (1772)  est 
d'un  travail  un  peu  dur  et  sec  ,  défaut  dont  il  est  plus 
juste  d'accuser  l'original  de  Damonstier,  celui  de 
Crébillon ,  d'une  douceur  et  d'une  finesse  extrêmes 
dans  la  préparation  des  chairs ,  fait  bien  voir  dans 
ses  premiers  états ,  alors  que  le  travail  n'était  pas 
terminé ,  combien  la  même  planche  pouvait  s'alourdir, 
dans  les  épreuves  subséquentes ,  ce  qui  s'explique 
par  le  procédé  de  l'artiste ,  qui  consistait  à  repasser 
toujours  dans  les  mêmes  tailles  pour  les  renforcer  ou 
les  réparer. 

11  n'est   pas   étonnant  que   toutes  ces   merveilles 


FICQUET.  <63 

fussent  admirées  par  les  contemporains.  Wille  parlait 
de  Ficquet  avec  amitié  et  le  recommandait  volontiers 
aux  amateurs.  On  lui  adressait  môme  des  vers  èlo- 
gieux  au  sujet  de  ses  portraits  de  grands  hommes. 
En  voici  signés  «  Guichard  »  que  nous  avons  relevés 
dans  le  Mercure  de  France  de  1772  : 

Par  ton  burin  fidèle ,  ingénieux 
Qui  sur  les  plus  vantés  remporte  la  victoire 
Que  de  mortels  chéris  respirent  sous  nos  yeux  ! 

Couvert  d'un  rayon  de  leur  gloire 
Ton  nom  comme  les  leurs  d'âge  en  âge  vivra , 
Quel  autre  à  ce  degré  pourra  jamais  atteindre? 

Sans  succès  on  le  tentera  : 
Ficquet,  graver  ainsi ,  c'est  moins  graver  que  peindre. 

Et  dire  qu  au  milieu  de  ces  succès,  qu'à  l'époque  de 
tous  ces  chefs-d'œuvre,  le  graveur  n'était  pas  tou- 
jours à  l'abri  du  besoin  !  De  nature  prodigue  ,  il  jetait 
l'ai^gent  sans  compter  et  avait  dû ,  pour  se  libérer 
de  ses  dettes,  aUéner  la  propriété  de  ses  meilleures 
planches.  Ainsi  les  épreuves  des  portraits  de  Molière, 
de  La  Fontaine,  de  Corneille,  de  Crébillon  .  de  Des- 
cartes ,  de  Jean-Jacques  Rousseau,  de  Jean-Baptiste 
Rousseau,  de  Voltaire,  etc.,  se  vendaient  3  livres  pièce 
chez  Prévost,  graveur,  ce  qui  semble  indiquer  qu'elles 
n'appartenaient  plus  à  l'auteur. 

Poursuivant  sa  série  d'écrivains  célèbres ,  Ficquet 
grave  un  premier  portrait  d'Arioste  pour  servir  de 
frontispice  à  VOrlando  Furioso  de  Baskerville  (1773), 
un  Jean-Jacques  Rousseau  qui  est  admirable,  et  que 
Choffard  fait  valoir  par  un  encadrement  d'un  goût 
merveilleux.  Puis  vient  La  Molhe  Le  Vayer  (1775) , 
d'après  la  gravure  de  Nanteuih  Regnard ,  dont  les 


I()4         LES    GRAVEURS    DU    XVIIÎ^'   SIÈCLE. 

grands  traits  et  la  bouche  lippue  sont  traduits  de  la 
peinture  de  Rigaud  avec  une  précision  qui  étonne 
(1776)  ;  enfin,  en  1778,  Fènèlon  d'après  Vivien,  travail 
d'une  telle  douceur  et  d'un  tel  charme .  qu'on  doit 
forcément  l'estimer  un  des  chefs-d'œuvre  du  graveur. 

C'est  vers  cette  époque  qu'ont  dû  être  exécutés  le 
portrait  inachevé  de  Boileau,  document  curieux  ,  qui 
nous  prouve ,  par  ses  différents  états ,  que  Ficquet 
se  contentait  malaisément  lui-même,  et  qu'il  n'hési- 
tait pas  à  recommencer  des  travaux  que  d'autres  moins 
scrupuleux  eussent  jugés  parfaits,  et  celui  de  Bossuet, 
infiniment  rare.  Renouard  assure  que  l'artiste  creva 
la  planche  à  force  d'effacer  et  de  refaire.  C'est  une 
des  pièces  les  plus  extraordinaires  de  l'œuvre.  La 
franchise  de  son  exécution  fait  penser  à  la  tête  du 
portrait  de  Pierre-Imbert  Brevet. 

Ici  s'écoule,  jusqu'à  la  mort  de  Ficquet ,  un  long 
espace  qui  paraît  avoir  été  stérile.  Ayant  fait  un 
héritage  il  s'imagina  d'acheter  une  maison  au  bas  de 
Montmartre  *  .  avec  un  jardin  plein  d'arbres  frui- 
tiers qu'il  couvrait  le  soir  avec  des  toiles  pour  leur 
éviter  la  gelée  et  avob  sûrement  des  fruits.  Le 
graveur  Ponce  .  qui  le  connut ,  nous  apprend  encore 
qu'il  dépensa  en  folies  la  somme  qu'il  avait  réservée 
pour  payer  son  acquisition,  comme  par  exemple  de 
faire  apporter  cmq  cents  tombereaux  de  terre  pour 
mettre  le  jardin  au  niveau  du  salon ,  afin ,  disait-il , 
d'éviter  les  chutes  qu'une  distraction  pourrait  lui 
occasionner. 

'  Ficquet  demeurait  déjà  à  in  Barrière  blanche  en  m6,  ainsi  que 
l'indique  VA/mannch  dex  arti^tex  de  cette  date. 


FICQUET.  i65 

«  D'un  caractère  extrêmement  original ,  ajoute-t-il , 
»  et  affligé  d'une  surdité  considérable ,  Ficquet  n'a 
»  jamais  tiré  un  parti  avantageux  de  son  talent  sous 
»  le  rapport  de  là  fortune  ni  produit  un  très  grand 
»  nombre  d'ouvrages.  Quoiqu'ayant  recueilli  plusieurs 
»  héritages ,  il  était  rarement  au-dessus  du  besoin  ; 
»  toujours  à  court  d'argent,  au  lieu  de  faire  la  loi  à 
»  ceux  qui  désiraient  obtenir  de  ses  ouvrages,  comme 
»  il  l'eût  pu  faire ,  il  la  recevait  toujours  de  ceux  qui , 
»  spéculant  sur  ses  productions ,  s'enrichissaient  en 
»  l'appauvrissant.  » 

On  voit  d'après  ce  témoignage  de  son  contemporain 
que  c'est  un  peu  par  sa  faute  que  le  grand  portrai- 
tiste ne  fut  pas  plus  heureux.  Il  venait  encore  en  1794 
de  terminer  un  Arioste ,  où  se  voit  quelque  marque 
de  sénilité ,  quand  il  mourut  dans  un  état  voisin  de 
l'indigence. 

Voici  l'acte  de  décès  que  nous  trouvons  dans  le  tra- 
vail consciencieux  de  M.  Faucheux  sur  Ficquet  : 

«  Acte  de  décès  d'Etienne  Ficquet .  du  22  frimaire 
»  an  III  (11  décembre  1794) ,  profession  de  graveur, 
»  âgé  de  soixante-quinze  ans  ,  natif  de  Paris  ,  y  domi- 
»  cilié  rue  du  Petit  Vaugirard  N"  222.  Sur  la  réquisi- 
»  tion  à  nous  faite  dans  les  vingt-quatre  heures  par 
»  Philippe  Hayot,  âgé  de  67  ans  ,  ancien  huissier-pri- 
»  seur,  domicilié  à  Paris  rue  de  la  Perle  ,  N°  471,  ami 
»  du  défunt  et  de  Jean  Etienne  Genêt,  âgé  de  39  ans, 
»  ancien  huissier-priseur,  domicilié  ii  Paris ,  rue  de 
»  l'Université,  N''395,  delà  connaissance  du  défunt.  » 

On  a  fait  remarquer  que  Ficquet  devait  nécessaire- 
ment être  d'une  myopie  excessive  ,  et  que  c'est  grâce 
à  cette  organisation  particulière  de  sa  vue  qu'il  a  pu 


166         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF   SIECLE. 

arriver  au  degré  de  finesse  vraiment  surprenant  de 
ses  travaux.  Mais  cette  considération  ne  diminue  en 
rien  la  valeur  de  l'artiste.  Ficquet,  si  négligent,  si 
peu  soucieux  de  ses  intérêts  lorsqu'il  s'agissait  de  tirer 
parti  de  ses  planches  ,  fut  le  graveur  le  plus  conscien- 
cieux, le  plus  méticuleux,  le  plus  exigeant  vis-à-vis  de 
lui-même  qui  se  puisse  imaginer.  C'est  pour  lui  que 
semble  avoir  été  spécialement  écrit  le  polissez- 
le  sans  cesse  de  Boileau.  Toujours  corrigeant,  effa- 
çant et  reprenant  ses  planches  ,  il  en  a  laissé  ainsi  une 
variété  d'épreuves  d'essai  qui  font  de  son  œuvre  un 
des  plus  curieux  et  des  plus  intéressants  à  collection- 
ner. Le  précieux  de  l'exécution  des  physionomies  ,  le 
goût  parfait  qui  a  présidé  à  la  disposition  des  orne- 
ments, ont  assuré  aux  portraits  de  Ficquet  une  célé- 
brité méritée;  amateurs  d'estampes  et  bibliophiles  se 
les  sont  toujours  disputés  à  Tenvi. 

M.  Faucheux  a  publié  le  catalogue  descriptif  et  rai- 
sonné de  1  œuvre  de  Ficquet ,  ouvrage  de  tout  point 
excellent ,  et  auquel  on  ne  peut  reprocher  que  d'avoir 
été  tiré  à  un  trop  petit  nombre  d'exemplaires  ,  ce  qui 
l'a  rendu  à  peu  près  introuvable.  Nous  donnons  ici , 
dans  une  forme  abrégée,  la  hste  complète  des  travaux 
de  Ficquet. 


PORTRAITS. 


I.    PORTRArrS    GRAVES    POUR    LE    FONDS    DODIEUVRE. 

1.  Auvergne    (Charles   de  Valois,    Comte   d' ) ,    fils    naturel    de 

Charles  IX  ,  d'après  Ph.  de  Champaigne. 

2.  Balue  (Jean),  cardinal  ,  d'après  Robert. 


IMCQl'ET.  <6T 

3.  Berghem  (Nicolas),  peintre,  né  à  Harlem  en  1624 ,  d'après  Sarri. 

l"^"  état:  Avec  le  nom  de  Corneille  Berghem,  né  à  Amsterdam,  en  1^80. 

4.  Bernard  ,  duc  de  Saxe-Weimar,  mort  le  18  juillet  1639. 

5.  Bernier  (Nicolas^,  maître  de  musique  de  la  Sainte-Chapelle  de  Paris. 

6.  Bernouilli  (Jean) ,  d'après  J.  Ruber.  _^ 

I .  Broussel  (Pierre  de),  conseiller  au  Parlement. 

8.  Chabannes  (Antoine  de) ,  comte  de  Dammartin  ,  d'après  J.  Robert. 

9.  Charles  XII ,  roi  de  Suède  ,  d'après  Craft.    ^'  C'est  le  vrai  portrait 

>>  duquel  Charles  XII  coupa  le  visage  avec  son  épéc  ,  ne  voulant 
'^  pas  être  peint.  -> 

10.  Charles-Frédéric  III  (Frédéric  II),  roi  de  Prusse. 

II.  ChaULIEU  ( Guillaume- Amfi'ie  de),  d'après  deTroy. 

12.  Dumolin  (Charles),  avocat  au  Parlement,  mort  en  décembre  1566, 

13.  DuguESNE  (Abraham),  d'après  Petitot. 

14.  Estrées  (Gabrielle  d'),  d'après  Dumonslier. 

15.  Fagon,  premier  médecin  de  Louis  XIV,  d'après  Rigaud. 

16.  Farnèse  (Alexandre),  duc  de  Parme,  mort  le  2  décembre  1592. 

n.  Fontanges  (Marie-Augélique  de  Scoraille  de  Rousille,  Duchesse  de). 

18.  Uakcourt  (Henri  de  Lorraine,  Comte  d') ,  le  Cadet  à  la  perle. 

19.  Lanfranc ,  professeur  en  chirurgie  de  Paris  au  XIIP  siècle. 

20.  Le  Courayer  (Pierre-Fr.) ,  ancien  bibliothécaire  de  S'e -Geneviève. 

21.  Louis  V,  dit  le  Fainéant,  XXXIV  Roy  de  France. 

22.  Louis  VII ,  dit  le  Pieux  ,  XL®  Roy  de  France. 

23.  Maimbourg  (Louis),  jésuite,  d'après  Nivellon. 

24.  MiGNARD  (Pierre),  premier  peintre  du  roi ,  d'après  Rigaud. 

Les  épreuves  qui  portent  dans  la  légende  mort  le  ij  may  lôpj  sont  les  pre- 
mières. Sur  les  secondes  on  lit  :  mort  te  75  m/irs  /6gç, 


468         LES   GRAVEURS   DU    XVIII"   SIECLE. 

"25.  MiRAMION  (Marie  Bonneau  ,  dame  de),  d'après  de  Troy. 
26.  Ossat  (le  Cardinal  d'),  mort  le  13  mars  1604. 

'il.  Paré  (Amfcroise). 

Il  y  a  un  premier  état  où  la  signature  de  Ficquet  est  à  gauche  ,  le  portrait  est 
ovale;  et  un  second  sur  lequel  elle  est  à  droite  :  le  portrait  est  alors  carré. 

28.  PRÉVOST  (l'Abbé),  d'après  Schmidt. 

Copie  renversée  et  réduite  du  portrait  de  Schmidt.  C'est  l'un  des  meilleurs 
ouvrages  de  Ficcpiet  pour  Odieuvre. 

29.  PuCELLE  (René),  conseiller  au  Parlement,  d'après  Rigaud. 

30.  RIGAUD  (Hyacinthe),  d'après  lui-même.  Gravure  très  soignée. 

31.  Robert,  XXXVP  Roy  de  France. 

32.  SiLVA  (Jean-Baptiste),  médecin  ,  d'après  Rigaud. 

33.  Toulouse  (L.-A.  de  Bourbon  ,  Comte  de),  d'après  Rigaud. 

34.  Vavasseur  (Guillaume),  premier  chirurgien  de  François  I*''. 

États.  —  Les  portraits  gravés  pour  Odieuvre  se  rencontrent  dans  les  états 
suivants  : 

Épreuves  de  graveur,  avant  la  lettre,  la  tablette  blanche,  d'une  rareté  extrême. 
Nous  avons  vu  dans  cet  état ,  à  la  Bibliothèque  Nationale  ou  dans  diverses 
collections,  Berghem  ,  Chabannes,  Charles-Frédéric  III .  Chaulieu,  Fagon,  Paré, 
Prévost ,  Silva. 

1^'  état  :  Avec  l'adresse  d'Odieuvre  ;  il  y  a  un  choix  à  faire  entre  les  épreuves. 

Il  importe  de  rectifier  ici  deux  erreurs  commises  par  M.  Faucheux.  D'abord  , 
il  n'est  pas  exact  que  l'adresse  d'Odieuvre  ait  été  changée  sur  les  planches,  le 
même  portrait  porte  toujours  la  même  adresse;  deuxièmement ,  l'adjonction  des 
cadres  de  Babel  en  passe-partout  n'indique  pas  un  tirage  spécial  ;  ces  cadres  ont 
été  ajoutés  sur  des  épreuves  qu'on  avait  toutes  tirées  en  magasin ,  les  unes 
boimes,  les  autres  mauvaises. 

•2'  état  :  L'adresse  d'Odieuvre  eiTaoée. 

II.     PORTRAITS     GRAVÉS    POUR    l'oUVRAGE 
DE    DESGAMPS. 

35.  Arlaud  (Jacques-Antoine). —  Backuysen  (Ludolf)  ;  portrait  attribué 

à  Ficquet. 

36.  BAL  EN  (  Henri  Van) ,  toui'né  à  gauche  ,  cheveux  courts  ,  barbe  et 

moustaches.  A  gauche  deux  tableaux  ;  à  droite  un  chevalet  et  des 
plâtres.  Van  Dyck  efig^'^pinx. 


FICQUET.  169 

37.  Bei-k  (David).  —  BlSKOP  (Jean  de).  —  Block  (Joanne-Koerten). 

—  Boonen  (Arnold).  —  Brandeoberg  (Jean)  ;  portrait  nllribué  à 
Ficquet.  —  Brandmuller  (Grégoire).  —  Br.\UWER  (Adrien).  — 
Bruyn  (Corneille  de).  —  COQUES  (Gonzalès). 

:^8.  CRAY  EU  (Gaspard  de) ,  tourné  à  gauche  et  regardant  de  face.  A 
gauche  un  portrait  ;  à  droite  deux  tableaux.  Ant.  Van  Dyck  pH  . 

39.  Denner (Balthazar).  —  Deyster  (Louis  de).  —  Dow  (Gérard).  — 

DUJARDIN  (Karel).  —  Dullaert  (Heiraan).  —  Dunz  (Jean).  — 
DUVVL  (Robert). 

40.  DYCK  (  Antoine  Van  ) ,  tourné  vers  la  gauche.  Ant.  Van  Dyck  se 

ipsum  pinxit. 

41.  Eeckhout  (Gerbrandt  Van  den).  —  Elias  (Mathieu).  —  Everdingen 

(Albert  Van).  —  F\ES  (Pierre  Van  der).  —  Flinck  (Govaert).  — 
Genoels  (Abraham).  —  Heem  (Jean-David  de).  —  Helmont 
(  Zeger  -  Jacques  Van).  —  Helst  (  Bartholomé  Van  der).  — 
Hoet  (Gérard).  —  HondekoeïER  (Melchior).  —  HoNDU  s 
(Abraham).  —  Hoogtraten  (Jean  Van).  —  HOOGTR.VTEN 
(Samuel Van). — Houbraken (Arnold). —  HiBER  (Jean-Rudolph). 

—  Huysmans  (Corneille). 

42.  HUYSUM  (Jean  Van) ,  tourné  à  droite,  grande  perruque;  entre 

deux  tableaux  de  fleui's. 

43.  Kalf  (Guillaume).  — Kneller  (Godefroidj. 

44.  KUPETZKI    (Jean),   coiffé  d'une  toque  et  portant  de  grandes 

besicles. 

45.  Lairesse  (  Gérard  de) .   —   LiNGELB.VCH  (Jean).    —   Meldek 

(Guérard).  —  Mérian  (Marie-Sybille). 

46.  MEULEN  (Antoine  François  Van  der) ,  de  face,  très-grande  per- 

ruque, rabat  de  dentelles  ;  entre  deux  tableaux  de  batailles. 

C'est  une  des  merveilles  de  l'œuvre  de  Ficquet.  Le  travail  de  la  Qgure ,  de  la 
perruque  et  du  rabat  de  dentelles ,  est  d'une  finesse  qu'on  ne  peut  se  lasser 
d'admirer. 

Etat  d'essai ,  inachevé,  avec  le  rabat  blanc,  et  les  accessoires  à  l'eau-forte. 

4T.  MiERis  (François  Van  ).  —  MiERiS  (Willem  Van).  —  MoOR 
(Charles  de).  — MOUCHERON  (Isaac).  — Muss  .tiER  iMichel 
Van).  —  Myn  (Hermann  Vander^.  —  Netscher  (Théodore).  — 


170  LES    GRA^EUKS    DU    XYIII'    SIECLE 

OOST  (Jacques  Van).  —  Orley  (  Richard  Van ).  —  Ovens 
'Jurien).  —  OvERBECK  (  Bonaventure  Van).  —  Pl.\S  (David 
Van  derj.  —  PoOL  (Rachel  RuischVan).  —  Pynaker  (Adam). 

—  Rickaert  (David).  —  Rokes  (Henril  —  RoMBOUTS  Théo- 
dore). —  RoORE  (Jacques  de).  —  Roos  (Jean-Henri).  —  Rocs 
(Philippe). 

48.   RDBENS  (Pierre-Paul),  de  face,  la  tête  penchée  à  droite.  — 
A .  Van  Dyck  ef.  pinx. 

4y.  RuGESDAS     (  Georges- Philippe  ).     —    Savery    (  Rolant  ).    — 
SCHALKEN  (Godefroy).  —  Steen  (Jean).  —  Teniers  iDavid). 

—  Terburg  I  Gérard).  —  Terwesten  (Augustin).  — 
TersvesTEN  (Mathieu).  —  TlDEMA.v  (Philippe).  —  Tille- 
inans  (Simon- Pierre)  ,  dit  Schenk.  —  Torenvliet  (Jacques).  — 
Vaillant  (Jacques).  —  VAILLANT  (Wallerant).  —  Velde  (Adrien 
Vanden).  —  Verkolie  (Jean). 

50.  Verkolie  (Nicolas). 

A  la  vente  Sieurin ,  ce  portrait ,  en  tirage  hors  texte ,  a  atteint  le  prix  surpre- 
nant de  499  fr.  II  est  vrai  qu'il  était  annoncé  avec  ces  mots  magiques  :  état  non 
décrit,  le  buste  seul,  avant  la  bordme.  Nous  citons  le  fait  à  titre  de  curiosité. 

51.  Verschuring  (Henri).  — Vinne  (Mncent  Van  der).  — Voet  (Charles 

Boschaert).  —  VoLLEVENS  (Jean).  —  VoORHOUT  (Jean).  — 
Vuez  (Arnold  de). 

52.  WASER  (Anna) ,  de  profil  à  droite  ;  cadre  de  guirlande  de  fleurs, 

chapeau,  houlette,  etc. 

53.  WÉMNX  ^Jean).    —  Wéninx   (Jean-Baptiste).   —   WerdmuUer 

vJean-Rudolf).  —  Werk  (Adrien  Van  der).  —  Werner  (Joseph). 

54.  WILDENS  (Jean) ,  de  face,  moustache  et  barbiche,  grande  colle- 

rette ;  entre  deux  paysages. 

55.  WOLTERS  (Henriette) ,  jeune,  de  face,  coiffée  d'un  jietit  bonnet , 

un  collier  de  perles  autour  du  cou. 

56.  Wouwerman  (Philippe).  —  WuLFRAAT  (Mathieu).  —  Zacht 

Leven  (Corneille).  —  Zacht  Leven  (Herman). 

Etats.  —  On  signale  l'existence  de  quelques  épreuves  non  terminées ,  mais 
c'est  un  fait  très  exceptionnel. 
\^'  état:  Épreuves  en  tirage  hors  texte.  M.  le  docteur  Roth  avait  formé  la 


FIGQUET.  -174 

série  complète  dans  cet  état.  Elle  ilgure  aujourd'hui  dans  la  collection  de  M.  le 
baron  Edmond  de  Rothschild. 

Une  série  de  li  portraits  en  tirage  hors  texte,  1,300  fr.  vente  Rochoux. 

2"  état  :  Épreuves  provenant  de  la  première  édition  de  la  Vie  des  Peintres  fla- 
mands et  hollandais ,  par  M.  ,T.-B.  Descamps,  peintre,  etc.  Paris,  Jombert ,  n.53- 
i'ii,  4  vol.  iu-8. 

Les  deux  premiers  volumes  ont  été  réimprimés  ;  on  reconnaît  la  première 
édition  à  ce  que  les  lettres  gravées  qui  commencent  les  chapitres  sont  ornées  ; 
elles  sont  nues  dans  la  seconde. 


III.    PORTRAITS    DIVERS. 

57.  Addison.  —  Pope.  —  Steele;  3  p.  m-12. 

Ces  trois  petits  portraits  ,  finement  gravés,  sont  dans  des  médaillons  ronas 
entourés  de  guirlandes  de  fleurs  et  placés  au  bas  de  pages  encadrées  également 
de  guirlandes  de  fleurs.  Ils  étaient  destinés,  nous  apprend  M.  Faucheux,  à  orner 
une  édition  française  du  Spectateur  moderne  de  Steele.  —  Très  rares. 

Le  portrait  d'Addison,  TO  fr.  vente  Rochoux  ;  celui  de  Steele,  101  fr.  même 
vente. 

.j8.  Apellans  (les).  —  Pierre  de  la  Broue ,  évéque  de  Mirepoix  ; 
Charles-Joachim,  Colbert ,  évéque  de  Montpellier  ;  Jean  Sonnen  , 
évéque  de  Sénez ,  et  Pierre  de  Langle ,  évéque  de  Boulogne , 
apellans  au  futur  Concile  général  de  la  Constitution  Unigenitus , 
etc.;  estampe  in-fol. 

Les  têtes  des  personnages  seules  sont  gravées  par  FicqueL. 

État  avant  la  lettre  dans  la  collection  Hennin ,  à  la  Bibliothèque  Nationale. 

59.  Bèze  (Théodore  de).  —  Bezae  effigies  ;  in-18. 

60.  Chaubert  (Ludovicus),  abbas  St»  Genovef.  Parisiensis  ,   d  après 

Barrère,  1760;  in-fol. 

61.  Flavigny  (F.  P.  J.  de  Geps  de),  prieur  de  la  Chartreuse  de  Noyon, 

d'après  Gourdin  ;  in-8 . 

62.  La  Cour  (Jacques  de).  . . .,   né  à  Boîne  le  25  novembre  1650  et 

décédé  le  1^''  novembre   1721.  —  Carissimi  Patris  memoriœ 
monumentum  dicat  Michael  de  La  Cour  d'Amonville ,  Eques, 

1747;  in-8. 
M.  Faucheux  signale  un  état  avant  la  lettre. 

63.  La  Cour  (Jean-Baptiste  de) ,  ccuyer,  sieur  d'Invilliers  et  autres 

lieux  ,  né  à  Boîne  en  Gastinois  le  25  Juin  1689.  —  Qneni  frustra 
quœsivit  ciniens  olim  Ecce  inventas  adest.  —  Carissimo  fralri 


i72  LES    GRAVEURS    DU    XVIII'-    SIÈCLE. 

offerebat  Michael  de  la  Cour  d'Amonville,  Eques.  —  Ficquet 
sculp.  1748;  m-8. 
Ce  portrait  avait  échappé  aux  recherches  de  M.  Faucheux. 

64.  La  Cour  (Michel  de)...,  natusanno  1690. —  Le  Mire  del.,  Ficquet 

sculp.;  in-8. 
M.  Faucheux  signale  un  état  avant  la  lettre. 

65.  Leitnitz.  —  A  Lausanne  et  Genève  ,  chez  Marc-Michel  Bousquet 

et  Comp.,  1745  ;  in-4. 

66.  Mairan  (Dortous  de),  d'après  Tocqué,  1748;  in-4. 

Pendant  du  précédent. 

67.  Muret.  —  Mureti  effigies;  in-18. 

Pour  un  volume  des  poésies  de  Muret. 

68.  PUFFENDOHF  ,    médaillon  entre  des  livres    et    une  sphère.    — 

D.  Klocker  Ehrenstral  del.,  Ficquet  sculp. 

Tête  de  page  pour  V Introduction  à  V Histoire  moderne,  in-4. 
l^'  état  :  Tirage  hors  texte. 

69.  Swift;  in-18. 

Pour  Lettres  historiques  du  comte  d'Orréri  sur  les  ouvrages  de  Swift.. .  Londres 
et  Paris,  n53. 

70.  Virgile.  —  G.  Zocchi  del.,  Ficquet  sculp. 

Pièce  indigne  de  Ficquet. 

IV.    PORTRAITS    DE    LITTÉRATEURS    CELEBRES,    ETC. 

71.  Abioste. — Lodovico  ArioslQ .  —  Titien  pinx..  Car.  Eisen  del., 

Ficquet  sculp.,  1773  ;  grand  in-8. 

Portrait  gravé  pour  l'édition  de  Orlando  Furioso  dite  de  Baskerville,  Birmin- 
gham ,  1T73. 

État  d'essai  non  terminé  et  avant  toute  lettre,  120  fr.  vente  Rochoux. —  Autre, 
terminé  avec  les  noms  des  artistes  à  la  pointe  et  avant  le  nom  d'Eisen. 

l^'élat:  Avant  les  points  sur  le  cartouche  d'armoiries;  avec  les  noms  des 
artistes  en  caractères  d'écriture ,  la  date  de  1773  après  le  nom  de  Ficquet ,  19  b. 
vente  Sieurin. 

2*  état  :  Les  noms  des  artistes  effacés,  le  cadre  augmenté  par  des  perles  com- 
prises entre  deux  filets. 

:!•'  étal  :  Les  noms  des  artistes  rétablis  ,  sans  la  date  de  m3,  au-dessous  du 
cadre  augmenté  de  la  petite  bordure  de  perles  entre  deux  filets. 

4*  état  :  Le  cadre  encore  augmenté,  jusqu'à  déborder  les  noms  des  artistes 


FIGQUET.  473 

"72.   Arioste,  d'après  le  Titien ,  1794;  in-8. 

Dernier  ouvrage  de  Ficquet. 

Les  premières  épreuves ,  très  rares,  sont  avant  la  lettre  et  avec  un  cartouche 
d'armoiries.  60  fr.  vente  Rochoux  ;  152  fr.,  plus  avancé,  même  vente. 

Les  épreuves  avant  la  lettre,  mais  avec  le  cartouche  d'armoiries  effacé,  sont 
beaucoup  moins  rares. 

Le  dernier  état  porte  le  nom  du  personnage  et  ceux  des  artistes.  Il  est  rare. 

73.   iiOILEAU,  d'après  Rigaud  ;  ia-8,  encadrement  orné. 

Très  rare  portrait  qui  n'a  pas  été  terminé ,  et  dont  il  n'existe  que  quelques 
épreuves  d'essai.  Ficquet  ayant  plusieurs  fois  retouché  son  travail,  il  existe 
quatre  états  différents  de  ces  épreuves;  nous  avons  pu  les  voir  dans  la  colleo- 
liou  de  M.  Roth  :  1"  Les  livres  ouverts  sanp  aucune  inscription;  2«  les  livres 
couverts  d'écriture,  la  plume  qui  est  dans  l'encrier  toute  blanche,  la  figure  très 
avancée;  3"  la  plume  couverte  de  tailles,  tous  les  accessoires  sont  plus  tra- 
vaillés ;  la  tête,  au  contraire,  est  moins  avancée  que  dans  l'état  précédent,  parce 
qu'elle  a  été  effacée  pour  être  refaite;  4"  la  tête  et  le  fond  de  l'ovale  plus  avancés, 
■150  fr.  vente  Sieurin. 

74    BOSSLET;  in-8,  encadrement  orné. 

Ce  magniflque  portrait  n'est  pas  moins  rare  que  le  précédent,  soit  avant  la 
lettre,  soit  avec  la  lettre,  la  planche  ayant  été  détruite  après  le  tirage  de  quelques 
épreuves.  »  .l'en  ai  sauvé  quelques  épreuves  au  moment  où  Ficquet  allait  eu 
»  aUuraer  sa  pipe.  Il  avait  de  l'humeur  contre  ce  portrait,  et  voulait  n'en  point 
»  laisser  de  traces ,  parce  qu'il  en  avait  crevé  la  planche  à  force  de  refaire  et 
»  d'effacer.  »  (Renouard). 

410  fr.  avant  la  lettre,  vente  Rochoux  ;  425  fr.  vente  Sieurin. 

T^    Cil  E  N  N  E  V I E  R  E  S  ;  in-8,  cadre  avec  des  armoiries  et  des  livres, 

l'héri  des  belles  el  des  grands. 
Mon  citoyen,  ami  cincère, 
Poète  aimable,  Chennevûre 
Eut  des  amis  dans  tous  les  rangs 
Kt  sçut  aimer  comme  il  sçut  plaire. 

Par  M.  Thomas,  son  ami. 

Les  premières  épreuves  ont  le  mot  sincère  du  second  vers  de  la  tablette  écrit 
cincère.  La  faute  a  été  ensuite  corrigée  au  moyen  d'une  espèce  de  virgule  mise 
sous  le  c  et  qui  en  fait  une  s. 

Une  épreuve  d'essai ,  avec  les  livres  sans  écritures ,  400  fr.  vente  Rochoux. 

~'!-  CrcÉRON.  —  M.  TuUius  Cicero,  ex  marmore  anttquo.  —  P.  P. 
Rubens  del.,  Ficquet  sculp.;  in-32. 
Pour  le  De  Amicitia  de  Barbou ,  1772. 

«  Cette  jolie  planche  n'avait  été  payée  au  graveur  que  trois  louis;  après  un 
■•  tirage  assez  nombreux,  il  en  fit  une  retouche  qui  la  mit  à  neuf,  et  pour  laquelle 
»  il  reçut  trente-six  francs.  Je  voulus  lui  faire  faire  un 'Virgile  l't  un  Horace  de 


174         LES   GRAVEURS    DU    XYIIF    SIÈCLE. 

B  cette  dimension ,  et  il  refusa  de  les  entreprendre  à  trente  louis  chacun.  • 
(Renouard). 

1"  état  :  Le  nom  est  écrit  Tvllivs.  Très  rare.  Cet  état  n'est  pas  indiqué  par 
M.  Faucheux. 

•26  état  :  11  est  écrit  Tullius. 

11.  CORNEILLE    (Pierre),    d'après  Le  Brun.    Encadrement    orné 
dessiné  par  Cochin  et  gravé  par  Choffard  ;  in-8. 

Épreuve  d'essai  avec  l'encadrement  àl'eau-forte  et  la  figure  à  peine  indiquée, 
100  fr.  vente  Rocheux.  —  Autre  ,  plus  avancée,  le  fond  du  bouclier  est  blanc, 
251  fr.  même  vente. 

l^f  état  :  Avant  les  noms  des  artistes,  205  fr.  vente  Rochoux  .  300  fr.  vente 
Sieurin. 

2"  état  :  Avec  ces  noms,  100  fr.  vente  Sieurin. 

"78.  CRÉBILLON,  d'après  Aved  ;  encadrement  de  Choffard  ;  in-8. 

Épreuve  d'essai,  avec  l'encadrement  à  l'eau-forte.  —  Autre,  avec  l'encadrement 
un  peu  plus  avancé,  66  fr.  vente  Em.  Martin ,  18'17. 
l*!"  état  :  Avant  les  noms  d'artistes. 
2'  état  :  Avec  ces  noms. 

79.  DESCARTES,  d'après  Hais;  in-8  orné. 

1.  Le  portrait  seul  est  gravé,  sans  encadrement.  Très  rare. 

2.  Avec  le  cadre,  avant  les  noms  des  artistes.  L'étoile  au-dessus  du  trait  carré, 
le  mot  Géométrie  sur  le  dos  du  livie  qui  se  trouve  au  bas,  à  droite.  Rare. 

3.  Le  mot  Géométrie  remplacé  par  le  titie  :  De  l'Homme  ;  l'étoile,  plus  petite  , 
est  ramenée  en  partie  dans  lencadrement. 

4.  Avec  les  noms  des  artistes. 

80.  EISEN,  d'après  "Vispré,  1761;  in-8. 

Pour  les  Contes  de  La  Fontaine,  édition  des  Fermiers-Généraux. 

États  d'essai ,  dits  à  la  perruque  rt  à  la  main  blanches,  très  beaux  et  de  toute 
rareté.  Les  premières  de  ces  épreuves  d'essai  ont  la  légende  :  Charles  Eisen , 
Dessinateur  du  Roij,  etc.;  les  suivantes  ont  la  tablette  blanche,  l'inscription  ayant 
été  effacée.  450  fr.  vente  Rochoux. 

Dans  l'état  ordinaire,  l'inscription  a  reparu,  modifiée:  Charles  Eisen , peintre- 
dessinateur  du  Boy. . .  etc. 

Ce  portrait  a  été  beaucoup  tiré,  aussi  les  belles  épreuves  en  sont-elles  assez 
rares.  Le  visage  et  la  perruque  doivent  être  clairs  de  ton.  155  fr.  vente  Rochoux. 

81.  FÉNÉLON,  d'après  Vi-vien  ,  1778;  in-8  orné. 

Comme  ornementation ,  c'est  le  pendant  du  portrait  de  Bossuet. 

État  d'essai ,  le  portrait  à  moitié  terminé  ;  la  tête ,  la  croix  et  les  boutous 
blancs,  les  fleurs  de  l'entourage  à  l'eau-forte.  100  fr.  vente  Rochoux. 

Autre,  le  portrait  terminé;  la  tablette  est  blanche  et  ne  porte  point  le  nom  du 
personnage.  (Collection  Béraldi). 

1^''  état  :  Avec  le  nom  du  personnage  sur  la  tablette  ombrée,  .\vant  les  der- 


FICQUET.  nS 

nières  tailles  sur  les  feuilles  de  roses  et  le  ruban  de  la  guirlande.  Avant  les  noms 
des  artistes,  3(50  fr.  vente  Sieurin. 

•2"  état  :  Avant  les  noms  des  artistes,  mais  avec  les  dernières  tailles  sur  les 
ornements. 

3®  état  :  Avec  les  noms  des  artistes. 

!^2.  LA    FONTAINE,    d'après  Rigaull  ;  in-S  orné.  Sur  le  socle,  on 
voit  le  Loup  et  l'Agneau. 

Un  des  cliefs-d'œuvre  de  Ficqu'ît. 

Dans  un  exe  iiplaire  des  Contes  de  La  Fontaine  ayant  appartenu  à  Renouard  , 
se  trouvait  une  curieuse  série  des  différents  états  de  ce  portrait  célèbre.  On  y 
remarquait  un  premier  état  d'essai  sur  lequel  on  ne  voyait  que  la  tête  .ceule,  à 
peine  ébauchée ,  sans  tiace  de  l'encadrement.  Cet  état  n'a  pas  été  relevé  par 
M.  Faucbeux. 

Épreuves  d'essai ,  le  portrait  et  l'encadrement  inachevés,  avant  le  trait  carré. 
300  fr.  vente  Rocheux. 

1^'"  état  :  Avant  le  nom  du  personnage  sur  la  tablette  du  haut ,  et  ceux  des 
artistes  sous  le  trait  carré. 

2^  état  :  Avec  le  nom  du  personnage  et  ceux  des  aitistes,  mais  avant  qu'on 
ait  couvert  dt^  tailles  le  ruisseau,  d'où  le  nom  d'épreuves  au  ruisseau  blanc. 
150  fr.  vente  Sieurin. 

3*  état  :  Épreuves  retouchées,  le  ruisseau  a  été  couvert  de  tailles. 

83.  LA    FONTAINE,    d'après  Rigault  ;  in-8. 

Pour  les  Contes  de  La  Fontaine,  édition  des  Fermiers-Généraux. 

P''  état  :  Avec  la  légende  :  Jean  de  La  Fontaine,  de  l'Académie  française,  sur  la 
tablette  blanche,  sans  la  bordure  d'encadrement.  Très  rare.  300  fr.  veifte  Sieurin. 

2=  état  :  La  légende  effacée ,  la  bordure  d'encadrement  ajoutée.  Extrêmement 
rare.  C'est  cet  état  intermédiaire  que  Renouard  donne  à  tort  comme  le  premier. 
200  fr.  vente  Martin. 

3®  état  :  Avec  la  bordure  et  le  nom  du  personnage  rétabli  sur  fond  ombré.  Il 
y  a  un  choix  à  faire  entre  les  épreuves.  !80  fr.  vente  Sieurin. 

84.  LA  MOTHE    LE  VAYER,    conseiller  d'État ,  etc.    d'après  Nau- 

teuil  ;  in-8,  sans  ornements. 
Rare  à  rencontrer  en  belle  épreuve. 

85.  LA  MOTHE    LE  VAYER,    d'après  Nanteuil  ;  in-8,  encadrement 

orné,  dessiné  et  gravé  par  Choffard. 
Épreuve  des.^ai,  avec  les  ornements  dessinés,  au  Cabinet  des  Estampes. 
Épreuves  d'essai  avec  le  port:  ait  terminé  et  les  ornements  à  l'état  d'eau-forte, 
160  fr.  vente  Rochoux. 
1*'  état  :  Avant  les  noms  des  artistes. 
2^  état  :  Avec  ces  noms. 

80.   LOUIS   XV,  in-32. 

Ce  petit  portrait,  gravé  vers  1763  pour  un  almanach  publié  par  Lattre  ,  est 
merveilleusement  exécuté.  Il  est  très  rare.  Il  y  a  des  épreuves  avant  le  nom  de 
Ficquet.  .302  fr.  vente  Rochoux. 


476         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF   SIECLE. 

87.  MAINTENON   (  Madame  de  ) ,  d'après  Mignard  ,  1759  ;  iii-8. 

D'une  anecdote  rapportée  par  Ponce,  il  semblerait  résulter  que  Ficquet  aurait 
gravé  un  premier  portrait  de  M"^  de  Maintenon  et  en  aurait  même  tiré  quelques 
épreuves,  mais  que,  mécontent  de  son  travail,  0  aurait  biffé  la  planche  pour  en 
recommencer  une  autre.  Il  nous  semble  plutôt,  comme  à  M.  Faucheux,  que 
Ficquet  n'a  gravé  qu'une  seule  fois  M'"*  de  Maintenon,  mais  qu'il  a  changé,  au 
cours  de  son  travail ,  les  ornements  de  ce  portrait. 

M.  Roth  possédait,  dans  son  bel  œuvre  de  Ficquet,  l'épreuve  rarissime,  peut- 
être  unique,  avec  les  premiers  ornements  et  l'inscription  en  quatre  lignes.  C'est 
l'existence  de  cette  épreuve  qui  aura  donné  naissance  à  l'anecdote  de  Ponce.  — 
Elle  provenait  de  la  vente  Rochoux  et  avait  été  payée  400  fr. 

Les  épreuves  du  portrait  de  M""*^  de  Maintenon  qui  sont  tirées  sur  papier 
double  sont  plus  estimées  des  collectionneurs. 

88.  .MOLIÈRE,  d'après  Coypel  ;  in-8,  encadrement  de  Choffard. 

État  d'essai,  le  portrait  presque  terminé,  sans  l'encadrement.  431  fr.  vente 
Rochoux. 

Autre  avec  l'encadrement  avant  les  derniers  travaux ,  le  nom  du  personnage 
en  lettres  grises.  Très  rare  et  très  beau. 

1^''  état  :  Terminé.  Avant  les  noms  des  artistes  ;  le  nom  du  personnage  en 
lettres  ombrées.  225  fr.  vente  Rochoux,  300  fr.  vente  Sieurin. 

2®  état  :  Avec  ces  noms  écrits  en  caractères  d'écriture;  avant  les  contretaiHes 
sur  les  masques.  Cet  état  est  dit  à  la  grande  lettre. 

3*  état  :  Avec  les  contretaiHes  sur  les  masques;  les  noms  des  artistes  en 
petits  caractères  d'impression.  État  dit  à  la  petite  lettre. 

89.  MONTAIGNE,    d'après  Dumonstier,    177-2;    in-8,  encadrement 

de  Choffard. 

Épreuve  d'essai  avec  les  ornements  à  l'eau- forte  et  le  portrait  à  peine  indiqué, 
100  fr.  vente  Rochoux. 

État  d'essai ,  avec  le  médaillon  du  collier  de  Saint-Michel  blanc;  les  flammes 
qui  sortent  du  vase  sont  peu  indiquées. 

l®""  état  :  Terminé,  avant  les  noms  des  artistes.  250  fr.  vente  Sieurin. 

2*  état  :  Avec  ces  noms. 

90.  REGNARD,  d'après  Rigaud,  1776  ;  in-8,  encadrement  de  Choffard. 

Épreuve  du  cadre  seul ,  sans  le  portrait,  800  fr.  vente  Sieurin. 
Épreuve  du  cadre  avec  le  portrait  à  peine  indiqué  (Cabinet  des  Estampes). 
État  d'essai ,  inachevé,  avant  le  nom  du  personnage  sur  la  sphère.  245  fr.  vente 
Rochoux. 
1^''  état  :  Avant  les  noms  des  artistes,  130  fr.  vente  Sieurin. 
2*  état  :  Avec  ces  noms. 

91.  ROUSSEAU  (Jean-Baptiste),  d'après Aved;  in-8  orné. 

l>=r  état  :  .\vant  toute  lettre.  11  y  a  des  épreuves  avec  le  socle  blanc  ,  d'autres 
avec  le  socle  couvert  d'un  rang  de  taille=:  horizontales ,  d'autres  enfin  avec  le 
socle  couvert  de  tailles  entremêlées  de  points. 


FIGQUET.  -177 

2"  état.  Avpc  le  nom  du  personnage  en  lettres  non  ombrées,  et  les  noms  des 
artistes;  avant  les  derniers  travaux  sur  les  masques  et  la  guirlande. 

3«  état  :  Le  nom  du  personnage  est  formé  de  lettres  ombrées  ;  avec  les  derniers 
travaux  sur  les  accessoires. 

92.  ROUSSEAU  (Jean-Jacques),  d'après  La  Tour  ;  in-8,  encadrement 

de  Choffard. 

Etat  d'essai ,  l'encadrement  à  l'eau-forte,  le  portrait  à  peine  indiqué. 
Autres  états  d'essai,  l'encadrement  à  l'eau-forte,  le  portrait  plus  avancé, 
l^i"  état  :  Terminé;  avant  les  noms  des  artistes.  100  fr.  vente  Sieurin. 
2'  état  :  Avec  les  noms  des  artistes. 

93.  SAUGRAIN,    6*^  libraire  de  ce  nom  de  père  en  fils  depuis  1518. 

—  Ficquet  sculp.;  in-l'i. 

1'"'  état  :  Avant  la  lettre,  tablette  blanche.  160  fr.  vente  Rocheux. 
2"  état  :  Avec  la  lettre. 

94.  VADR,  d'après  Richard  ;  in-8  orné. 

Bon  citoyen,  ami  fidèle, 
Plaisant  sans  fiel  et  galant  sans  fadeur 
Il  n'eut  de  maître  que  son  cœur 
La  Nature  fut  son  modèle. 

11  y  a  un  grand  choix  à  faire  entre  les  épieuves,  et  il  est  rare  d'en  rencontrer 
de  très  belles.  Il  faut  l'avoir  très  clair  de  ton .  • 

95.  VOLTAIRE,  d'après  La  Tour  ;  in-8,  encadrement  de  Choffard. 

A  la  vente  de  M.  Emmanuel  Martin  a  figuré  une  série  de  quatre  états  d'essai 
avec  les  ornements  à  divers  degiés  d'achèvement:  1.  Avant  que  les  livres  du 
fond  soient  ombrés.  2.  Avec  ces  livres  ombrés.  3.  Avec  une  seule  taille  sur  le 
pied  de  la  lyre,  l'entourage  à  l'eau-forte.  4.  Les  ornements  terminés,  le  cartouche 
blanc,  avant  les  noms  des  artistes. 

Une  épreuve  avec  les  ornements  à  l'eau-forte,  820  fr.  vente  Sieurin. 

l^i"  état  :  Avant  l'inscription  sur  la  tablette  :  avec  les  noms  des  artistes. 

2«  état  :  Avec  l'inscription  :  Post  genitis  hic  cnrus  erit. . .  etc. 


96.  R.^CINE  ,  portrait  attribué  à  Ficquet  (?).  Médaillon  entouré  de 
fleurs;  en  bas,  un  cygne,  une  lyre,  un  amour  tenant  une  couronne 
sur  un  autel  où  on  lit  le  nom  Racine.  Le  portrait  est  à  peine 
tracé;  les  vêtements  et  quelques  parties  de  la  perruque  sont 
gravés  ainsi  que  le  fond.  Le  dessin  de  l'encadrement  paraît  être 
de  Marinier. 

Cette  ébauche,  d'une  grande  finesse  de  gravure,  est  extrêmement  rare,  et 
nous  n'en  connaissons  que  trois  ou  quatre  épreuves. 

II.  12 


FIESINGER    (J.-Gabrîel). 


Gabriel  Fiesinger ,  né  à  Ofienbach  en  Alsace ,  a 
travaillé  en  Allemagne ,  en  Suisse ,  en  France  et  en 
Angleterre.  Il  a  gravé  plusieurs  pièces  d'après  des 
maîtres  italiens ,  dont  la  plus  ancienne  est  datée  de 
1777:  la  Prudence,  d'après  Franceschini  ;  la  Vierge, 
d'après  Gignani  ;  Ecce  Homo,  d'après  G.  Cesari, 
VArtiour  ^nenaçant ,  d'après  le  Guide ,  Hercule  brûle 
ses  enfants ,  Hercule  et  Joie ,  d'après  Zampieri  ;  la 
Femme  en  prière,  le  Bénédicité,  d'après  Van  Dyck. 

Il  était  fort  habile  dans  la  gravure  au  pointillé.  Se 
trouvant  à  Paris  au  début  de  la  Révolution ,  il  repro- 
duisit les  traits  des  Constituants  les  plus  en  vue  ;  cette 
série  de  médaillons  ovales  in-8  d'après  Jean  Guérin  , 
peintre  en  miniature  né  k  Strasbourg,  est  gravée  avec 
un  talent  des  plus  fins  :  elle  se  vendait  chez  Vauteur, 
quay  des  Auguslins  N"  44  au  ^"'^ 

Bar  ère  de  Vieuzac,  Barnave,  Alexandre  Beau- 
harnois,  le  Comte  de  Clermont-Tonnerre ,  Fréteau, 
Jessé ,  La  Fayette,  Alexandre  Lameth,  Charles 
Lam.eth,  La  Rochefoucauld  duc  de  Liancourt ,  L.  A. 
duc  de  La  Rochefoucauld.  Le  Chapelier,  Mirabeau , 
Montesquiou-Fezenzac,  Pétion ,  Rabaul  St-Étienne, 


FIESINGER.  <79 

Rewbell ,    Robespierre,    très -remarquable     comme 
expression,  Sieyès  et  Thouret. 

Fiesinger  grava  aussi  un  petit  profil  du  Duc  d'Orléans 
médaillon  en  couleur ,  d'après  un  modèle  en  cire  fait 
par  M.  Gouriguer.  Un  très  beau  médaillon  in-4  de 
Mirabeau ,  de  face ,  d'après  Guérin  ,  est  d'abord  daté 
de  Londres  1793 ,  puis  indiqué  comme  déposé  à  la 
Bibliothèque  Nationale  le  15  Germinal  an  VI. 

Renouvier  dit  que  Fiesinger  fut  employé  à  la  gra- 
vure des  assignats  ,  mais  il  ne  peut  déterminer  la  part 
qui  lui  appartient  dans  les  figures  et  ornements  du 
papier-monnaie. 

Reprenant   la  gravure   des  portraits ,   d'après  les 
modèles  que  lui  fournissait  Jean  Guérin ,  Fiesinger 
reproduisait  à  la  fin  du  siècle ,  en  médaillons  in-4 
ou  in-8 ,  les  traits  de  quelques-uns  des  généraux  les 
plus  célèbres  de  nos  armées  :  Be?madoUe ,  Régnier , 
Gouvion  Saint-Cyr,   in-4  et  in-8;   Lecourbe,  in-8 
Masséna,  in-8;  Lefèvre,  in-4;  Sainte-Suzanne,  in-8 
Klèber ,  d'une  expression  si  mâle  et  si  énergique 
et  Buonaparte ,  déposé  à  la  Bibliothèque  Nationale 
le  29  Vendémiaire  an  VIL  —  C'est  un  des  plus  beaux 
qui  aient  été  gravés  du  général  en  chef  de  l'armée 
d'Italie,  et  le  graveur  a  su  rendre  admirablement  son 
expression  d'indomptable  volonté  ;   le  burin  n'eût  pas 
été  plus  énergique  que  le  pointillé  de  notre  artiste  L 

1  Quelques  autres  portraits  de  la  même  suite,  Bernndotte,  Bonaparte, 
Desaix,  Kléber,  Lefèvre,  tous  de  format  in-8,  ont  été  gravés  par  une 
artiste  dont  nous  indiquerons  ici  le  nom  pour  n'avoir  plus  à  en  reparler  : 
Elisabeth  Herhan.  Le  Manuel  cite  ,  à  l'article  de  Fiesinger,  le  portrait 
de  Lord  Hood  et  ceux  de  Joseph  /«'",  empereur  d'Autriche,  et  de  Marie- 
Thérèse,  impératrice. 


FILHOL   (Antoine-Michel). 

'I759-'I812. 


Filhol ,  né  à  Paris ,  élève  de  Née ,  a  gravé  des 
planches  pour  le  Voyage  de  VIstrie  et  de  la  Dalmalie, 
pour  les  Vues  d'Italie  de  Percier  et  Fontaine ,  les 
Voyages  de  Suisse,  de  France,  et  d'Espagne,  édités 
par  Benjamin  de  La  Borde  ,  mais  il  est  surtout  connu 
comme  éditeur  du  Musée  Fimnçais  :  «  Entreprise 
»  difficile  à  combiner ,  écrit  Joubert ,  parce  qu'il  en 
»  fallait  mettre  l'acquisition  à  la  portée  de  toutes  les 
»  fortunes  sans  nuire  à  la  perfection  et  au  dévelop- 
»  pement  des  sujets  par  des  dimensions  trop  petites  ; 
»  double  obstacle  adroitement  surmonté  par  un  choix 
»  sagement  fait  de  dessinateurs  et  de  graveurs  du 
»  premier  rang  ;  aussi  le  succès  le  plus  complet  a-t-il 
»  récompensé  l'auteur,  honoré  par  le  gouvernement 
»  d'une  médaille  d'or  pour  avoir  élevé  un  véritable 
»  monument  à  la  gravure  française.  » 

11  faut  supposer  à  Joubert  quelque  intérêt  dans  la 
vente  des  exemplaires  restant  de  cet  ouvrage ,  pour 
en  faire  un  tel  éloge ,  car  ce  livre,  publié  de  1804  à 
1815,  est  simplement  honorable ,  et  même  générale- 
ment médiocre,  comme  exécution  des  gravures. 


FILLŒUL   (Pierre). 


Fils  du  graveur  Gilbert  Fillœul ,  mort  vers  1750  et 
à  qui  l'on  doit  une  Annonciation  et  une  Sainte-Thérèse 
d'après  Le  Brun,  un  Saint-Dominique  d'après  Restout, 
et  un  Saint-Joseph  d'après  Corneille ,  Pierre  Fillœul 
est  surtout  intéressant  par  la  part  qu'il  a  prise  à  l'exé- 
cution de  la  belle  suite  d'estampes  pour  les  Contes  de 
La  Fontaine ,  d'après  les  compositions  de  Lancret, 
Pater,  Vleughels ,  connue  sous  le  nom  de  Suite  de 
Larmessin.  Fillœul  fut  chargé  pour  sa  part  de  graver 
les  compositions  peintes  par  Pater  :  la  Matrone 
d'Éphèse  (1736) ,  le  Savetier,  le  Glouton,  la  Cou?ii- 
sane  amoureuse,  le  Cocu  battu  et  content,  les  Aveux 
indiscrets,  le  Baiser  donné  et  le  Baiser  rendu. 

La  Clochette  et  le  Cuvier  sont  gravés  par  Fillœul , 
pour  la  môme  suite,  d'après  P.  le  Mesle. 

Notre  graveur  semble  s'être  spécialement  voué  à  la 
reproduction  des  travaux  de  Pater ,  mais  non  pas  tou- 
jours avec  succès.  La  Danse  (1738).  in-foL,  à  Paris, 
chez  Fillœul  à  l'entrée  de  la  rue  du  Fouare,  au 
bâtiment  neuf  par  la  rue  Galande ,  est  une  assez 
froide  estampe.  Le  tableau  se  trouvait  chez  le  pré- 
sident de  Ségur.  Trois  autres  estampes  font  suite  à 


182         LES   GRAVEURS    DU    XVIII^   SIECLE. 

celle-ci  :  le  Collin-Maillard ,  le  Concert  amoureux 
et  la  Conversation  intéressante. 

La  Belle  Bouquetière  qïV Agréable  société,  V Amour 
et  le  Badinage ,  les  Amants  heureux,  toutes  pièces 
in-fol.,  d'après  Pater,  sont  médiocrement  exécutées. 

Fillœul  a  encore  gravé  une  suite  de  Jeux ,  d'après 
Cotelle  ,  en  six  pièces  :  le  Cache-Cache  ^nitoulas  ,  le 
Colin-Maillard,  la  Balançoire,  la  Jarretière,  le  Pied 
de  bœuf,  le  Jeu  de  trois. 

11  a  travaillé  avec  Ouvrier,  Lucas,  Pinssio  et  Chenu 
à  une  suite  de  huit  planches  d'après  Le  Mesle  pour  le 
Lutrin ,  et  gravé  d'après  Chardin  :  le  Faiseur  de 
châteaux  de  cartes ,  les  Osselets ,  les  Bouteilles  de 
savon ,  in-4 ,  et  la  Dame  prenant  son  thé  : 

Que  le  jeune  Damis  serait  heureux,  Climène, 
Si  cette  bouillante  liqueur 
Pouvait  échauffer  votre  cœur. 

En  vain  caressante  Climène  (Jeune  fille  jouant 
avec  un  singe) ,  d'après  Le  Mesle  ;  le  Pénitent  et  la 
Polonaise ,  d'après  Watteau ,  par  Fillœul  et  Aubert  ; 
le  Docteur  et  la  Villageoise ,  d'après  le  même,  égale- 
ment par  Fillœul  et  Aubert  ;  le  Déjeûner,  petite 
estampe  de  Watteau  ;  VHijver,  toujours  d'après  Wat- 
teau ;  les  Voituriè?^es,  d'après  Wouvermans;  le  Retour 
de  la  campagne,  d'après  Van  Falens;  portrait  du 
Marquis  d'Aubais ,  d'après  Fontaine  ;  Portrait 
dlioynme ,  d'après  Rembrandt  (Galerie  du  Cointe  de 
Brûhl)  ;  portrait  de  l'Abbé  de  Rancé  ,  in-4  ;  portraits 
des  Rois  de  France  pour  la  suite  d'Odieuvre,  etc. 


FLIPART    (Jean-Jacques 


1719-1782. 


Jean-Jacques  Flipart  est  un  graveur  de  premier 
ordre  qui ,  loin  de  se  traîner  dans  les  sentiers  battus 
et  d'interpréter  toujours  de  même  sorte  des  artistes 
très  -  différents ,  a  cherché  à  se  rapprocher  de  la 
manière  de  ses  modèles  et  à  s'identifier  avec  eux. 
Grâce  aux  conseils  de  Greuze  et  à  une  docilité  dont 
on  lui  a  fait ,  à  tort ,  un  reproche ,  il  est  arrivé  à 
traduire  d'une  façon  originale  plusieurs  des  tableaux 
importants  de  ce  pemtre ,  et  ces  planches ,  comme 
aussi  la  Chasse  au  Tigre  d'après  Boucher,  la  Chasse 
à  rOurs  d'après  Carie  Van  Loo ,  et  ses  Tempêtes 
d'après  Joseph  Vernet,  lui  assurent  une  place  des 
plus  honorables  parmi  les  graveurs. 

La  légende  s'accorde  à  représenter  J.-J.  Flipart, 
dans  sa  jeunesse  ,  comme  un  graveur  dont  le  talent 
avait  peine  à  se  développer.  Travaillant  dans  l'atelier 
de  Laurent  Cars ,  son  maître  désespérait  de  lui  voir 
jamais  conquérir  une  belle  place  parmi  ses  contem- 
porains, et  il  avait  déjà  trente-deux  ans,  lorsque 
celui-ci ,  à  la  vue  d'un  frontispice  de  la  Description 
des  Fêtes  données  en  1747  pour  le  second  mariage 
du  Dauphin,  avoua  qu'il  s'était  trompé  sur  son  compte. 


181         LES    GRAVEURS    DU    XVIIF   SIECLE. 

11  y  reconnut  l'influence  de  ses  leçons  et  de  sa  manière  : 
Je  ne  sais ,  lui  aurait-il  dit,  de  quelle  langue  je  me 
sers ,  mais  jusqu'à  présent  je  nai  été  entendu  que 
de  vous  seul  ! 

Gaucher  a  écrit  sur  Flipart  une  notice  peu  connue , 
enfouie  dans  le  numéro  du  3  août  1782  du  Journal  de 
Paris  et  que  nous  reproduisons  ici  : 

«  Nous  venons  de  perdre,  il  y  a  environ  un  mois  , 
»  un  homme  qui  en  qualité  d'artiste  et  de  citoyen 
»  mérite  que  l'on  jette  quelques  fleurs  sur  son  tom- 
»  beau. 

»  J.-J.  Flipart  naquit  à  Paris  (le  15  février  1719)  de 
»  Charles  Flipart,  originaire  d'Abbeville  et  de  Marie 
»  Dévoile  fille  d'un  procureur.  11  fut  pour  ainsi  dire 
»  nécessité  à  suivre  la  carrière  des  arts ,  car  son  père 
»  se  distinguait  dans  l'art  de  la  gravure  et  lui  donna  les 
»  premiers  principes  :  mais  comme  il  demeuroit  dans 
»  la  maison  de  Laurent  Cars  ,  graveur  du  Roi ,  il  eut 
»  bientôt  l'avantage  d'être  admis  au  nombre  de  ses 
»  élèves.  Le  génie  de  Flipart  fut  tardif.  Laurent  Cars 
•>  rassembloit  alors  chez  lui  plusieurs  jeunes  gens  dont 
»  le  talent  commençoit  à  se  développer,  tels  que 
»  François  Boucher,  Perronneau,  etc..  et  l'on  disoit 
»  de  notre  jeune  artiste  ce  que  les  élèves  de  Carrache 
»  disoient  du  Dominiquin  que  ses  ouvrages  étoient 
»  labourés  à  la  charrue.  Le  maître  de  cette  école 
»  n'en  avoit  pas  conçu  lui-même  grande  espérance. 
»  Le  seul  Perronneau  en  jugea  d'une  manière  moins 
»  défavorable  et  prévit  que  l'amour  de  l'art  porté  à 
»  un  si  haut  degré  et  un  travail  si  opiniâtre  ne  pou- 
»  voient  que  produire  à  la  fin  un  artiste  des  plus  dis- 
»  tingués.  Quelque  temps  après,  Flipart  prit  aussi  des 


FLll'ART.  185 

»  leçons  de  Pierre  Aveline  qui  dessinoit  supérieure- 
»  ment.  Nourri  dans  de  si  bons  principes,  il  hasarda 
>  quelques  essais  qui  lui  obtinrent  le  suffrage  de 
»  M'  Cocliin  et  cet  homme  célèbre  confirma  cet  éloge 
»  en  lui  donnant  un  de  ses  dessins  à  graver.  Le  succès 
»  qui  couronna  ces  premiers  efforts  et  la  recomraau- 
»  dation  de  M""  Lattre ,  habile  géographe ,  lui  procu- 
»  rèrent  l'avantage  de  commencer  à  recueillir  le  fruit 
»  de  ses  veilles.  Il  fut  chargé  par  M"^  Michel- Ange 
»  Slodtz  sculpteur  et  dessinateur  du  cabinet  du  Roi 
»  et  M""  Blondel  architecte  du  Roi  de  graver  un  des 
»  frontispices  de  la  Description  des  Fêtes  données 
»  en  1747  par  la  Ville  de  Paris,  à  l'occasion  du 
»  mariage  du  Dauphin  et  il  eut  la  satisfaction  de 
»  vaincre  enfin  par  le  mérite  de  ce  morceau  l'injuste 
»  prévention  de  Laurent  Cars ,  son  premier  maître, 
»  et  cet  habile  artiste  avoua  avec  la  plus  louable  fran- 
»  chise  qu'il  s'étoit  trompé  à  son  sujet.  Une  estampe 
»  plus  considérable  acheva  d'établir  la  réputation  de 
»  Flipart.  C'est  une  espèce  de  Sainte-Famille  qui 
»  fait  suite  à  la  Galerie  de  Dresde,  d'après  J.  Romain; 
»  cette  belle  gravure  qui  fut  faite  pour  la  Pologne , 
»  réunit  tous  les  suffrages ,  tant  dans  ce  pays  qu'en 
»  France.  Enfin  après  la  gravure  d'un  tableau  à' Adam 
»  et  Eve,  de  Natoire,  liaurent  Cars  qui  l'avait  chargé 
»  de  ce  travail ,  le  présenta  lui-même  à  l'Académie  où 
»  il  fut  reçu  avec  de  grands  éloges.  On  n'entrera 
»  point  ici  dans  le  détail  des  nombreux  ouvrages  de 
»  cet  estimable  artiste.  On  sait  avec  quel  succès  il 
»  rendit  plusieurs  chefs-d'œuvre  de  M''  Greuze  et  il 
>>  a  su  s'associer  ainsi  à  la  réputation  de  ce  maître 
»  célèbre  dont  les  tableaux  sont  déjà  sans  prix  de  son 


186         LES   GRAVEURS    DU    XVIIP   SIECLE. 

»  vivant.  Il  mit  le  comble  à  la  sienne  en  gravant  une 
»  superbe  Tempête  d'après  Vernet,  peintre  si  admi- 
»  rable  dans  ce  genre ,  et  il  fut  enlevé  à  l'art  et  à  ses 
»  amis ,  comme  il  gravait  un  morceau  important  de 
»  Dietrich  dont  le  sujet  est  Jésus-Christ  guérissant 
»  les  malades. 

»  A  un  talent  aussi  distingué,  J.-J.  Flipart joignit 
»  toutes  les  qualités  qui  peuvent  rendre  un  homme 
»  recommandable  dans  la  vie  privée.  D'une  probité 
»  à  toute  épreuve,  modeste  au  milieu  des  succès,  il  se 
»  montra  toujours  le  père  des  jeunes  gens  qu'il  se 
»  plaisoit  à  former  ;  à  l'égard  de  son  désintéressement 
»  l'extrême  modicité  de  la  fortune  qu'il  a  laissée  en 
»  est  la  preuve  la  moins  équivoque.  N'oublions  pas 
»  d'observer  que  la  religion  fut  la  base  de  toutes  ses 
»  vertus  et  le  soutint  dans  les  plus  rudes  épreuves. 
»  En  un  mot ,  fils  docile  et  respectueux ,  mari  tendre, 
»  ami  sensible  et  reconnaissant,  les  larmes  que  sa  mort 
»  arrache  à  ceux  qui  l'ont  connu  et  qui  lui  survivent , 
»  le  louent  mieux  que  tout  ce  que  nous  pourrions 
»  ajouter  dans  cette  faible  esquisse  consacrée  à  sa 
»  mémoire.  Cet  homme  si  estimable  est  mort  presque 
»  subitement  d'une  attaque  d'apoplexie  le  9  juillet 
»  1782.  » 

Basan  dit  aussi  que  personne  ne  fut  jamais  plus 
modeste  ni  moins  intéressé ,  doutant  toujours  de  ses 
succès  ainsi  que  de  son  talent. 

Laurent  Cars ,  après  avoir  longtemps  méconnu 
le  talent  de  Flipart ,  lui  donna  une  preuve  éclatante 
de  sa  confiance  en  lui  faisant  graver  un  Adam  et 
Eve  après  le  péché ,  de  Natoire  ,  estampe  destinée  à 
faire  pendant  à  un  Adam  et  Eve  avant  la  faute ,  que 


FLIPART.  iSl 

lui-même  avait  gravé  d'après  le  tableau  de  Le  Moine. 
Vénus  et  Énée,  du  mêmeNatoire,  est  une  composition 
théâtrale  et  ennuyeuse  que  la  gravure  n'a  pas  réussi 
à  relever. 

C'est  à  propos  de  deux  pièces  d'après  Vernet,  expo- 
sées au  Salon  de  1771 ,  Tempête  pendant  le  jour  et 
Tempête  pendant  la  nuit,  que  Diderot  se  rappelant 
la  fameuse  Tempête  de  Balechou  .  s'écriait  :  Rien  qui 
vaille.  Ah  !  Balechou ,  uhi,  uhi  es  ? 

Flipart  fut  l'ami  de  Greuze  et  l'un  de  ses  graveurs 
préférés.  On  lui  doit  le  portrait  en  profil  de  Greuze. 
in-8 ,  avec  cette  mention  :  gravé  par  son  ami  J.-J. 
Flipai-t  en  1763. 

La  Pelotonneuse ,  dédiée  à  Gabrielle-Anne  Babuty, 
femme  de  Greuze. 

La  Jeune  fille  qui  pleure  son  oiseau  mort .  dont  le 
tableau  a  inspiré  à  Diderot ,  dans  son  Salon  de  1765 , 
une  de  ses  plus  piquantes  pages  : 

«  La  jolie  élégie  !  le  charmant  poëme  !  la  belle 
»  idylle  que  Gessner  en  ferait  !  C'est  la  vignette  d'un 
»  morceau  de  ce  poëte.  Tableau  délicieux  !  le  plus 
»  agréable  et  peut-être  le  plus  intéressant  du  Salon. 
»  La  pauvre  petite  est  de  face  ,  la  tête  appuyée  sur  la 
»  main  gauche....  La  pauvre  petite,  ah!  qu'elle  est 
»  affligée  !  comme  elle  est  naturellement  placée  !  que 
»  son  image  a  d'expression  !  sa  douleur  est  profonde  : 
»  elle  est  à  son  malheur,  elle  y  est  tout  entière.  0  la 
»  belle  main  !  Je  beau  bras  !  et  ces  fossettes  ,  et  cette 
»  mollesse  et  cette  teinte  de  rougeur  dont  la  pression 
»  de  la  tête  a  coloré  le  bout  de  ces  doigts  délicats , 
»  et  le  charme  de  tout  cela...  Bientôt  on  se  surprend 
»  conversant  avec  cette  enfant  et  la  consolant  :  mais 


188  LES    GRAVEURS    DU    XVIIP    SIECLE. 

»  rna  petite  votre  douleur  est  bien  profonde  !  que 
»  signifie  cet  air  rêveur  et  mélancolique  ?  Quoi  !  pour 
»  un  oiseau  !  ça  ,  petite  ,  ouvrez  -  moi  votre  cœur  ; 
»  parlez-moi  vrai  :  est-ce  bien  la  mort  de  cet  oiseau 
»  qui  vous  retire  si  tristement  en  vous-même  ?  Vous 
»  baissez  les  yeux  ;  vous  ne  répondez  pas.  Vos  pleurs 
»  sont  prêts  à  couler....  Eh  bien,  je  le  conçois,  il  vous 
»  aimait,  il  vous  le  jurait.  Il  souffrait  tant  et  le  moyen 
»  de  voir  souffrir  ceux  qu'on  aime?...  Ce  matin-là 
»  par  malheur  votre  mère  était  absente.  Il  vint  ;  vous 
»  étiez  seule.  Il  était  si  beau  ,  si  passionné  ,  si  tendre  . 
>:>  si  cûarmant  !  Il  avait  tant  d'amour  dans  les  yeux  ! 
»  tant  de  vérité  dans  les  expressions  !  Il  disait  de  ces 
»  mots  qui  vont  si  droit  à  l'âme!...  votre  mère  ne 
»  revenait  toujours  point.  Ce  n'est  pas  de  votre  faute; 
»  c'est  la  faute  de  votre  mère...  cependant  votre  serin 
»  avait  beau  s'égosiller,  vous  avertir,  vous  appeler, 
»  battre  des  ailes ,  se  plaindre  de  votre  oubli ,  vous 
»  ne  le  voyiez  point ,  vous  ne  l'entendiez  point ,  vous 
»  étiez  à  d'autres  pensées.  Son  eau  ni  sa  graine  ne 
»  furent  point  renouvelées  et  ce  matin  l'oiseau  n'était 
»  plus....  » 

Est-il  possible  de  plus  joliment  interpréter  un  tableau 
de  Greuze  ? 

D'autres  estampes  plus  imiiortanies,  le  Paralytique, 
le  Gâteau  des  Rois ,  et  surtout  r Accordée  de  Village, 
ont  popularisé  ces  compositions  touchantes  et  fait 
passer  à  la  postérité,  avec  le  nom  du  peintre,  celui  du 
graveur  qui  les  a  multipliées.  C'est  que  Flipart  s'est 
réellement  assimilé  dans  ses  planches  la  manière  de 
Greuze  en  traduisant  ses  «  romans  muets  »  et  il  y  a 
fait  à  tel  point  passer  la  sensibilité  de  l'artiste  créateur, 


FLIPART.  189 

qu'on  s'est  même  demandé  si  celui-ci  n'y  avait  pas  tra- 
vaillé. Si  Greuze  n"a  pas  gravé  lui-même  les  derniers 
détails  des  figures,  il  a  dû  toujours  surveiller  de  bien 
près  et  diriger  leur  exécution  de  visu. 

Le  Paralytique  est  la  première  des  trois  grandes 
estampes  gravées  sous  sa  direction  par  Flipart.  Elle  est 
datée  de  1767  et  dédiée  à  Catherine  II ,  qui  avait 
acquis  le  tableau.  Bien  que  ce  ne  soit  pas  la  meil- 
leure, nous  trouverons  Diderot  trop  sévère  ,  quand 
il  dit  que  c'est  une  estampe  charbonnée,  ^tnponc^y' 
noir  étalé  sur  un  morceau  de  fer-blanc.  Le  résultat 
obtenu  est  pourtant  intéressant  et  dramatique  ;  mais, 
en  effet ,  la  planche  est  un  peu  terne  et  confuse. 

«  J'avais  donné  à  graver  mon  Paralytique  à  M*"  Fli- 
»  part,  a  écrit  Greuze:  il  devait  le  mettre  au  jour  dans 
»  le  courant  de  l'année.  M""^  Greuze  crut  apercevoir 
»  une  lueur  de  fortune  et  me  dit  :  Monsieur,  il  me  faut 
»  un  domestique.  Je  lui  répondis  :  vous  savez  que 
»  nous  n'avons  pas  de  rentes  !  Pour  toute  réponse 
■»  elle  m'appliqua  un  soufflet  à  tour  de  bras.  Je  vous 
»  avouerai  que  je  fus  transporté  de  colère  et  que  je  le 
»  lui  rendis.  » 

On  peut  facilement  remarquer,  dans  cette  pièce  ,  la 
manière  de  procéder  de  l'artiste  qui  avançait  beaucoup 
son  travail  à  l'eau-forte  et  ne  se  préoccupait  nullement 
de  la  régularité  des  tailles  dans  le  travail  du  burin  , 
pourvu  que  l'effet  du  tableau  fût  atteint,  puis  terminait 
par  des  travaux  de  pointe  sèche  où  se  montrait  ce 
pointillé  savant  que  les  mauvais  plaisants  d'alors  ne 
manquaient  pas  de  prendre  pour  des  traces  de  petite 
vérole. 

Tj  Accordée  de  Village  (1770),  dédiée  au  marquis  de 


490         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF   SIECLE. 

Marigny,  possesseur  du  tableau ,  est  la  meilleure  des 
trois  pièces.  Cette  délicieuse  scène  qui  fit  pousser 
tant  de  cris  d'admiration  aux  contemporains  et  dont 
M™^  de  Valori.  l'élève  et  l'amie  de  Greuze.  a  écrit  que 
l'esprit  l'y  dispute  au  talent  et  l'art  à  la  nature,  que 
c'est  l'union  de  tout  ce  que  l'art  a  de  plus  expressif  et 
les  formes  de  plus  ravissant ,  a  été  rendue  par  Flipart 
avec  un  accent  et  une  justesse  tels ,  qu'on  croirait 
encore  y  reconnaître  la  main  de  Greuze,  surtout  dans 
l'expression  des  figures.  Nulle  part  on  ne  voit  mieux 
que  dans  une  bonne  épreuve  de  cette  estampe  l'in- 
fluence du  maître  et  jamais  aucune  interprétation 
n'a  plus  approché  de  l'original. 

Les  «  romans  muets  ».  ainsi  qu'on  appelait  alors  les 
compositions  de  Greuze,  et  les  estampes  qu'il  faisait 
faire  sous  ses  yeux  d'après  elles,  agitaient  le  monde 
des  amateurs  et  faisaient  couler  des  flots  d'encre.  On 
envoyait  des  lettres  au  Mercure,  on  griffonnait  des 
brochures  sur  la  Dame  bienfaisante  de  Massard  ou 
sur  la  Malédiction  paternelle  de  Le  Vasseur,  et  les 
sujets  moraux  traduits  par  Flipart  n'étaient  pas  les 
derniers  à  être  exaltés  ou  vivement  critiqués.  Ainsi 
le  Gâteau  des  Rois  ,  autre  grande  estampe  de  notre 
graveur  d'après  un  tableau  qui  faisait  partie  du 
cabinet  de  l'avocat  Ducloz  du  Fresnoy,  donnait  lieu 
à  de  vives  controverses  que  justifiaient  un  peu,  il 
faut  le  dbe ,  l'aspect  brouillé  et  confus  provenant  du 
mode  de  graver  employé  par  l'artiste.  Nous  détachons 
les  passages  suivants  de  la  Lettre  dhm  aynateur  à 
V auteur  du  Mercure  de  France  :  «  La  nouvelle  es- 
»  tampe  est  intitulée  le  Gâteau  des  Bois ,  et  ce  titre 
»  seul  semble  annoncer  un  repas,  une  fête  de  famille 


FLIPART.  191 

»  que  la  joie  et  la  gaîté  doivent  animer  :  cependant  la 
»  première  impression  que  fait  le  lieu  de  la  scène  est 
»  une  impression  de  tristesse...  Elle  a  été  gravée  par 
»  M'  Flipart  et  soit  que  le  sujet  l'ait  ennuyé  ou  ne  l'ait 
»  nullement  inspiré  ,  cette  planche  est  bien  inférieure 
»  aux  deux  précédentes  du  même  format ,  exécutées 
»  par  le  même  artiste.  Sa  gravure  est  en  général 
»  trop  poussée  au  noir  et  ressemble  plutôt  à  une 
»  manière  noire  usée  qu'à  une  gravure  au  burin.  Les 
»  tailles  sont  d'ailleurs  trop  sècbes  ,  trop  maigres  ;  ses 
»  travaux  trop  égaux ,  ce  qui  empêche  l'effet  de  la 
»  dégradation,  répand  sur  l'estampe  une  triste  unifor- 
»  mité  et  ôte  aux  objets  le  caractère  qui  leur  est 
»  propre.  » 

L'écrivain  fait  suivre  cette  critique  de  quelques 
remarques  sur  le  commerce  des  estampes  et  de  leurs 
différents  états  ,  que  nous  reproduisons  à  titre  de  cu- 
riosité :  «  Comme  en  gravure  ainsi  qu'en  peinture  et 
»  même  en  poésie,  c'est  le  mérite  de  l'exécution  qui 
»  embaume  l'ouvrage  et  le  conserve  pour  la  postérité, 
»  nous  craignons  que  la  plupart  des  estampes  mo- 
»  dénies .  si  fort  à  la  mode  aujourd'hui ,  ne  puissent 
»  survivre  à  notre  siècle.  Dans  quel  tems  cependant 
»  la  gravure  a  t'elle  était  plus  accueillie,  plus  recher- 
»  chée,  mieux  payée  ?  Telle  estampe  qui  n'aura  d'autre 
»  mérite  que  la  nouveauté ,  sera  quelquefois  portée  à 
»  un  prix  plus  haut  dans  une  vente  que  toute  la  suite 
»  des  magnifiques  estampes  de  Gérard  Audran.  Il  est 
»  vrai  que  cette  manie  ne  peut  être  attribuée  aux 
»  vrais  connoisseurs  ,  mais  bien  à  quelques  curiolets 
y>  qui  ne  connoissent  que  leur  siècle  et  ne  jugent 
»  du  mérite  de  l'estampe  que  quand  ils  l'ont  payée 


192  LES    GRAVEURS    DU    XVIII''    SIECLE. 

»  très  cher.  Ils  sont  bien  secondés  dans  cette  opinion 
»  par  différons  marchands  d'estampes  dont  la  conduite 
»  est  très  adroite.  Ils  ont  su  persuader  aux  amateurs 
»  un  peu  novices  que  quand  une  estampe  moderne 
»  paroît,  ils  ne  tiennent  rien ,  s'ils  n'ont  cette  estampe 
»  avant  telle  ou  telle  remarque.  Us  donnent  par  ce 
»  moyen  l'alerte  aux  amateurs  qui  s'empressent  de  se 
»  présenter  les  premiers  pour  avoir  de  ces  épreuves 
»  recherchées  et  lorsque  cette  foule  augmente, 
»  c'est  alors  qu'ils  mettent  le  prix  qu'ils  veulent  à 
»  leurs  épreuves.  Le  jour  même  que  l'estampe  du 
•»  Gâteau  des  Rois  parut,  un  colporleui' d'estampes 
»  qu'il  est  inutile  de  nommer  ici ,  mais  qui  est  très 
»  connu  par  son  habileté  à  former  des  spéculations 
»  sur  l'ineptie  de  ses  pratiques,  avoit  des  épreuves 
»  de  trois  différons  prix,  l'une  à  16  livres,  l'autre  à 
»  24 ,  et  la  troisième  à  36  livres  ;  et  pour  persuader  à 
»  l'amateur  qu'il  ne  devoit  pas  hésiter  de  donner  ses 
»  36  livres,  il  lui  faisoit  remarquer  que  l'épreuve 
»  qu'il  lui  présentoit  étoit  avant  l'adresse  de  l'auteur. 
»  Il  avoit  taxé  à  24  livres  les  épreuves  où  se  trouvoit 
»  un  point  mal  placé  dans  l'inscription.  Il  ne  raanque- 
»  roit  plus  ici  que  des  épreuves  avant  la  lettre,  mais 
»  malheureusement  pour  les  marchands.  M''  Greuze 
»  n'en  fait  point  tirer  et  les  épreuves  des  planches 
»  avant  la  lettre  gravée  d'après  ses  tableaux  par 
»  M"'  Flipart .  qui  peuvent  exister,  sont  des  épreuves 
»  que  le  graveur  a  fait  faire  pour  voir  les  progrès  de 
»  sa  planche,  épreuves  par  conséquent  non  finies... 

»  Au  reste  quel  avantage  trouve-t'on  à  posséder  la 
»  première  épreuve  d'une  gravure  médiocre?  Un 
»  amateur  a  sans  doute  quelque  raison  de  rechercher 


FLIPART.  193 

»  les  premières  épreuves  d'une  planche  recoraman- 
»  dable  par  la  magie  d'un  burin  pur,  souple ,  harmo- 
»  nieux,  mais  quelle  grande  différence  peut-il  y 
»  avoir  entre  les  premières  et  les  dernières  épreuves 
»  d'une  planche  ou  l'on  n'apperçoit  le  plus  souvent 
»  que  les  tailles  égratignées  d'une  eau-forte  mal  con- 
»  duite ,  ou  les  travaux  peines  d'un  burin  sec ,  sans 
»  variété  comme  sans  grâce  ?  » 

On  a  lieu  de  croire  que  cette  critique,  au  moins 
piquante  en  ce  qui  concerne  la  manière  de  procéder 
des  éditeurs  d'estampes,  est  du  graveur  Gaucher. 

Un  admirateur  et  probablement  un  ami  de  Flipart  et 
de  Greuze ,  prit  la  plume  pour  répondre  aux  critiques 
dont  leurs  travaux  étaient  l'objet  et  le  fit  d'une  façon 
assez  plaisante,  l'esprit  français  ne  perdant  jamais  ses 
droits.  Feignant  d'être  le  maître  d'école  de  Bonneuil , 
il  allait  souvent,  dit-il,  dans  un  château  voisin  apparte- 
nant à  MM.  Blonde]  de  Gagny  et  d'Azincourt  et  plein 
de  tableaux  et  d'estampes.  Buvant  bouteille  avec  le 
premier  laquais  de  ce  seigneur  qui  lui  parlait  peinture, 
il  savait  faire  une  différence  entre  une  image  et  une 
estampe,  et  distinguer  une  épreuve  avant  de  celle 
après  la  lettre  : 

«  A  la  fin  d'octobre  dernier,  j'y  vis  celle  du  Gâteau 
»  c?es  i^oes  ;  je  la  trouvai  si  belle  que  j'en  demandai 
»  le  prix  dans  l'idée  d'en  faire  un  cadeau  à  ma  femme 
»  pour  ses  étrennes.  Seize  livres,  me  répondit-on. 
v>  Seize  livres!...  c'est  trop  d'argent  pour  bien  des 
»  gens  et  surtout  pour  moi  et  encore  me  dit-on  que 
»  je  n'en  aurois  pas  une  pareille  à  moins  de  trente— 
»  deux  livres,  parce  qu'il  n'y  avoit  ni  leitt^e,  ni  adresse, 
»  ni  point.  Je  demandai  ce  que  c'étoit  que  ce  point. 

II.  13 


19i  LES    GRAVEURS   DU    XYIII^   SIÈCLE. 

»  On  me  dit  que  c'étoit  la  marque  de  celles  qui  étoient 
»  tirées  après  beaucoup  d'autres,  mais  que  ni  le 
»  peintre,  ni  le  graveur,  ni  l'imprimeur  n'avoient 
»  aucune  part  à  cette  distinction  ;  qu'elle  étoit  l'effet 
»  d'une  surprise  faite  pas  un  agioteur  d'estampes  qui 
»  avoit  saisi  un  moment  d'absence  pour  mettre  sur 
»  la  planche  une  espèce  de  point  allongé  lorsque  Ton 
»  tiroit  le  neuvième  cent.  Je  me  récriai  que  c'étoit  un 
»  malhonnête  homme  ;  que  l'on  faisoit  bien  de  ne  pas 
»  le  nommer,  et  l'on  ajouta  cependant  que  les  estam- 
»  pes  n'en  étoient  ni  plus  ni  moins  belles,  mais  que 
»  cette  marque  qui  étoit  placée  au  bas  de  l'estampe 
»  avant  le  mot  avocat  suffisoit  pour  procurer  à  cer- 
»  tains  marchands  la  facilité  de  vendre  les  non  ponc- 
»  tuées  à  un  prix  arbitraire  et  au-dessus  de  celui  fixé 
»  par  MM.  Greuze  et  Flipart.  Fi!  c'est  une  vilainie  !... 

»  De  la  peinture  passons  à  la  gravure....  M.  Flipart 
»  m'a  paru  s'être  formé  un  genre  particulier  par 
»  une  manière  de  graver  qui  n'est  qu'à  lui  seul,  11  ne 
»  vise  point  à  la  gloire  d'un  burin  séduisant  ;  son 
»  attention  est  de  bien  saisir  et  d'exécuter.  Tous  tra- 
»  vaux  lui  sont  propres,  pourvu  qu'ils  produisent 
»  l'effet  qu'il  se  propose  et  l'on  voit  qu'il  s'attache 
»  singulièrement  à  prendre  et  à  reproduire  le  carac- 
»  tère  des  maîtres  dont  il  grave  les  ouvrages.  » 

Et  le  maître  d'école  de  Bonneuil  conclut  en  disant 
que  l'estampe  est  belle ,  qu'elle  se  vend  bien  et  qu'elle 
n'est  pas  d'un  «  gaucher  ».  A-t-il  voulu  faire  entendre 
par  ce  dernier  trait  que  la  critique  à  laquelle  il  répond 
était  du  graveur  Gaucher?  C'est  probable. 

Le  critique  ainsi  visé  y  répondit  encore  par  une 
lettre  rendue   pubhque.   Nous  y  trouvons  ceci   que 


FLIPART.  495 

Flipart,  quand  il  grave  d'après  Greuze,  semble  négliger 
ce  style  aimable  et  varié  qui  donne  à  chaque  corps 
la  touche  caractéristique  qui  lui  est  propre  ;  qu'il  est 
à  présumer  que  Greuze  n'envisage  la  gravure  que 
comme  une  manière  noire  ou  une  espèce  de  camaïeu , 
qu'il  exige  que  son  traducteur  abandonne  en  partie 
les  ressources  de  son  art ,  et  qu'il  est  fâcheux  que 
l'extrême  docilité  de  M''  Flipart  nous  prive  de  ce  qu'il 
est  en  état  de  faire  ,  lorsqu'on  ne  met  point  d'entraves 
à  son  génie...  Enfin  la  dispute  s'envenimant,  il  prétend 
que  le  goût  de  son  contradicteur  a  été  formé  par  un 
frère  quêteur  et  un  laquais.  Voilà,  pour  le  coup,  trop 
d'affaires  pour  une  estampe  ! 

Il  est  intéressant ,  comme  complément ,  d'apprendre 
par  le  Mémoire  si  curieux  de  Greuze  sur  les  déporte- 
ments de  sa  femme,  combien  ces  estampes  qui,  d'après 
Mariette ,  firent  la  fortune  des  graveurs  et  la  sienne , 
eurent  de  succès  et  rapportèrent  d'argent. 

Le  commerce  d'estampes  fait  par  Greuze  était  en 
effet  considérable  ;  lui-même  pense  qu'il  avait  dû  rap- 
porter au  moins  300,000  hvres  ,  mais  comme  c'était  sa 
femme  qui  tenait  les  registres  et  qu'elle  les  déchira 
pour  ne  pas  avoir  à  justifier  des  sommes  reçues,  quand 
elle  put  craindre  une  demande  de  séparation  judiciaire 
que  sa  conduite  ne  justifiait  que  trop ,  son  mari  ne  put 
jamais  s'en  rendre  compte  au  juste  ,  mais  il  estime  à 
120,000  livres  l'argent  qui  a  manqué  dans  leur  liquida- 
tion «  non  compris,  ajoute  Greuze,  les  estampes  que  je 
»  lui  avais  données  à  son  profit  pour  la  récompense  des 
»  peines  qu'elle  se  donnait  pour  le  commerce.  Elle  ne 
»  devait  fabe  tirer  que  cinquante  épreuves  pour  elle 
»  et  notre  associé  ;  au  contraire  c'est  qu'elle  en  faisait 


196         LES    GRAVEURS   DU    XVIII«   SIECLE. 

»  tirer  cinq  cents  qu'elle  vendait  à  son  profit ,  trois  à 
»  quatre  louis  pièce.  Il  y  a  eu  neuf  planches  de  gravées 
»  pendant  que  nous  avons  vécu  ensemble ,  dont  elle 
»  a  fait  son  profit.  » 

Flipart ,  on  le  voit ,  était  apprécié  par  les  meilleurs 
artistes  comme  un  excellent  traducteur  de  leurs 
œuvres.  M.  de  Marigny  lui  avait  accordé,  ce  qu'il  ne 
faisait  que  pour  des  graveurs  d'un  mérite  reconnu ,  la 
permission  de  graver  des  tableaux  du  Cabinet  du  roi. 
Voici  la  lettre  qu'il  adressait  à  ce  sujet,  à  Cochin  ,  le 
18  juillet  1767  :  «  Vous  trouvères  cy-joint,  M"",  l'ordre 
»  à  M''  Jeaurat ,  pour  mettre  le  S''  Flipart  à  portée  de 
»  graver  d'après  les  quatre  tableaux  de  chasse  à  Tours 
»  et  aux  tigres  et  à  l'éléphant  ,  etc. ,  peints  par 
»  MM.  Van  Loo,  Parocel  et  autres  artistes  modernes. 
»  D'après  le  compte  que  vous  me  rendes  des  talens 
»  de  ce  graveur,  je  ne  doute  point  de  la  beauté  des 
»  estampes  qui  résulteront  de  son  travail.  » 

Et  de  fait ,  il  était  impossible  de  remettre  pareille 
tâche  à  un  artiste  plus  consciencieux.  Il  n'a  gravé  que 
deux  de  ces  tableaux ,  la  Chasse  au  Tigre  d'après 
Boucher ,  qu'il  a  dédiée  au  marquis  de  Marigny , 
et  la  Chasse  à  VOurs  d'après  Carie  Van  Loo.  Nous 
sommes  restés  en  admiration  devant  la  première  de 
ces  deux  estampes ,  certainement  l'un  des  meilleurs 
morceaux  de  Flipart ,  tant  il  a  su  combiner  heureuse- 
ment le  serré  du  dessin  ,  la  chaleur  de  l'exécution  et 
l'harmonieux  aspect  de  l'ensemble.  Le  dramatique  de 
l'action,  les  expressions  violentes,  le  pelage  des  tigres, 
le  sinistre  du  paysage ,  tout  est  rendu  avec  un  talent , 
à  notre  sens,  supérieur,  et  que  l'on  ne  s'attendait  peut- 
être  pas  à  trouver  à  ce  degré  chez  le  graveur. 


FLIPART.  197 

Flipart  a  encore  ti-aduit  de  grandes  pièces  de  Bou- 
cher et  Garesme ,  et  Chardin  dans  l'agréable  estampe 
du  Jeune  dessinateur  (1757).  Gochin  lui  avait  confié 
la  gravure  de  son  intéressant  dessin  du  Concours 
pour  le  prix  de  la  tète  d'expression  (1763),  prix  fondé 
par  le  comte  de  Gajlus.  Gette  estampe  gravée  avec 
beaucoup  de  goût  et  d'effet ,  quoique  laissée  dans  des 
tons  doux ,  nous  montre  ,  dans  la  femme  qui  pose  ,  le 
portrait  de  W^^  Glairon. 

L'un  de  ses  derniers  ouvrages  est  le  Combat  des 
Centaures  et  des  Lapithes  ,  d'après  Boullongne  , 
grande  pièce  in-folio  assez  confuse,  qui  ne  fut  terminée 
que  l'année  de  sa  mort. 

Le  graveur,  malgré  le  succès  de  ses  grandes 
planches ,  est  loin  d'avoir  dédaigné  la  vignette  desti- 
née à  orner  un  livre  et  à  en  augmenter  l'agrément 
et  l'éclat  ;  il  est  un  de  ceux  qui  s'y  sont  distingués, 
particulièrement  dans  l'interprétation  des  dessins  de 
Gravelot. 

Flipart  n'a  gravé  que  peu  de  portraits  :  citons,  après 
celui  de  Greuze ,  un  gracieux  profil  de  Madame 
Faiiart ,  d'après  Gochin. 

Fhpart  avait  été  agréé  à  l'Académie  sur  la  présen- 
tation de  son  maître  Laurent  Gars.  Il  mourut  le  9 
juillet  1782.  Ne  le  quittons  pas  sans  signaler  l'in- 
téressant portrait  que  nous  a  laissé  de  lui  son  élève 
Ingouf  qui  l'a  dessiné  et  gravé  en  1772.  Les  traits 
sont  un  peu  ingrats,  mais  le  petit  œil  noir  est  vif  et  la 
physionomie  intelligente  et  sérieuse.  11  avait  épousé  , 
le  15  mai  1747,  Marie-Antoinette  Gontat,  fille  d'un 
enlumineur  de  la  rue  Saint-Jacques. 

Gharles-François  Flipart,  frère  du  précédent, 


198         LES   GRAVEURS   DU    XYIIF   SIECLE. 

mort  vers  1773 ,  a  gravé  en  commun  avec  son  frère 
une  suite  de  Portraits  de  Princes  Souverains  de 
Hollande,  in-4  [ex  Musœo  Scriverii). 

On  connaît  de  lui  de  petites  estampes  d'après  Fra- 
gonard  (  V Instant  désiré ,  le  Refus  inutile ,  le  Baiser 
dangereux,  le  Baiser  amoureux),  et  d'après  d'autres 
maîtres  de  l'Ecole  française. 

La  vente  après  décès  de  Flipart  le  jeune  eut  lieu  à 
Paris,  Montagne  S'*  Geneviève,  maison  de  V orfèvre. 
Je  16  mars  1774  ;  elle  consista  simplement  en  trente- 
trois  lots  de  gravures  et  en  plusieurs  planches  gravées 
par  le  défunt,  d'après  Raoux  ,  Bouclier  et  Caresme. 

Quant  à  la  vente  après  décès  de  Jean-Jacques  Flipart, 
elle  fut  plus  considérable  ;  elle  eut  lieu  à  Thôtel  Bullion, 
rue  Platrière,  le  21  novembre  1782  et  jours  suivants. 
Le  catalogue  rédigé  par  Basan  ,  fait  ressortir  deux 
cent  trente-huit  lots  d'estampes  ,  plus  un  certain 
nombre  de  planches  de  cuivre  gravées  par  Flipart 
lui-même  ou  par  d'autres  artistes.  On  y  remarque 
notamment  tous  les  cuivres  des  portraits  de  la  famille 
royale  par  M«"®  Boizot. 

Nous  résumons  ici ,  en  un  court  tableau  ,  les  meil- 
leures œuvres  de  Jean-Jacques  Flipart. 

ESTAMPES. 

I.  d'après  boucher. 

1 .  La  Colombe  chérie. 

2.  L'Oiseau  privé. 

3.  La  Chasse  ai;  tigre,  iu-fol. 


FLIPART.  I!)'J 

II.  d'après  boullongne. 

4.  Le  Combat  des  Centaures  et  des  Lapithes. 

Cette  pièce,  un  peu  confuse,  est  le  morceau  de  réception  du  graveur  à  i'Aca- 
démie. 

III.    d'après    GARESME. 

5.  L'Espagnolette,  —  le  Baiser  rendu  ;  2  p.  in-4. 

IV.  d'après  gharuin. 

6.  L'Ouvrière  en  tapisserie,  175^  ;  in-4. 

"7 .   Le  Dessinateur. 

V.  d'après  coghin. 

8.  Application  du  Régent  aux  affaires,  —  Rétablis- 

sement DU  Commerce  et  de  l.\  Marine;  2  p.  in-fol. 
{Histoire  de  Louis  XV  par  médailles). 

VI.  d'après  greuze. 

9.  La  PelotONNEUSE  ,    dédiée  à  Madame  Anne-Gabrielle  Bahuty, 

femme  de  M.  Greuze,  par  Laurent  Cars  ;  in-fol. 
Même  dimension  que  la  Tricoteuse  gravée  par  Donat  Jardinier. 

10.  LA  PLEUREUSE   (Jeune  SUe  pleurant  son  oiseau  mon  );  in-fol. 

L'eau-forte,  .305  fr.  1881 . 

11.  L'ACCORDÉE   DE  VILLAGE;  grand  in-fol.  en  largeur. 

135  fr.  avant  la  lettre,  vente  Roth. 

12.  LE  GATEAU  DES  ROIS;  grand  in-fol.  en  largem-. 

31  fr.  avant  la  lettre,  môme  vente. 

13.  LE   PARALYTIQUE    SERVI   PAR   SES   ENFANTS;    grand 

in-fol.  en  largeur. 
70  fr.  avant  la  lettre,  même  vente. 

VII.  d'après  lagrenée. 

14.  Le  Roi,  à  l'âge  de  neuf  ans,  étudie  les  sciences  et  les  arts;  in-fol. 

{Histoire  de  Louis  XV par  médailles). 


200  LES   GRAVEURS   DU    XYIIF   SIÈCLE. 

VIII.  d'après  natoire. 

15.  Vénus  et  Énée  ;  in-fol. 

16.  Adam  et  Eve  devant  l'Éternel ,  après  leur  chute  ;  in-fol. 

IX.    d'après  slodtz. 

n.  Frontispice  allégorique.  —  Fête  publique  donnée  par  la 
ville  de  Paris  à  l'occasion  du  mariage  de  Mgr.  le  Dauphin ,  le 
13  février  l'74'7,  avec  Marie-Josèphe  de  Saxe  ;  in-fol. 
Existe  à  l'eau-forte  pure,  avec  la  place  des  deux  médaillons  en  blanc. 

X.  d'après  c.  vanloo. 

18.  Chaëse  à  l'ours  ;  in-fol. 

Pendant  de  la  Chasse  au  Tigre  d'après  Boucher. 

XI.   d'après  VERNET. 

19.  La  Tkmpête  pendant  le  jour,  —  La  Tempête  pen- 

dant  L.\  NUIT,  n*!!  ;  2  p.  in-fol.  en  largeur. 

XII.  d'après  vien. 

20.  La  Vertueuse  Athénienne.  —  la  Jeune  Corinthienne  ;  2  p. 


PORTRAITS. 

21.  CLAIRON   (Mademoiselle).  —  Concours  pour  le  prix  de  l'eso- 

pression,  fondé  dans  V Académie  royale  de  peinture  par  le  Comte 
de  Caylus.  —  Mademoiselle  Clairon  ,  assise  au-dessus  d'une  table 
élevée,  sert  de  modèle  aux  jeunes  artistes.  —  Très  jolie  pièce  in-4 
en  largeur,  d'après  le  dessin  de  Cochin. 
L'eau-forte  pure  vendue  40  fr.,  décembre  1880. 

22.  DUMONT   LE   ROMAIN  ,  assis,  tenant  des  pinceaux  et  sa  palette, 

d'après  La  Tour  ;  in-fol. 


FLIPART.  201 

23.  FAVART  (Madame),  profil,  dessiné  par  C.  N.  Cochin  fils,  llbd, 

gravé  par  J.  J.  Flipart  en  l'762  ;  in-8. 

1*''  état  :  Avec  le  nom  du  personnage  dans  la  tablette.  Très  rare. 
2^  état  :  Le  nom  remplacé  par  ces  vers  : 

Pour  charmer  ta  raison  la  gailé  l'a  choisie, 

L'embellit  de  ses  agrémens, 
Et  comme  autant  de  fleurs  fil  naître  ses  lalens, 
Pour  en  offrir  un  Bouquet  à  Thalie. 
Y. 

3"  état  :  Avec  le  mot  Frontispice  dans  la  marge  supérieure. 

24.  GREUZE  ,  peintre  du  Roi ,  profil  in-4.  —  Greuze  de!.,  gravé  par 

son  ami  Flipart  en  1765. 

Ce  portrait  est  intéressant.  Les  épreuves  avant  toute  lettre ,  avec  la  tablette 
blanche,  sont  fort  belles;  115  fr.  1881.  Nous  en  connaissons  aussi  une  épreuve 
inachevée,  retouchée  par  le  peintre. 

Flipart  a  gravé  une  nombreuse  série  de  portraits  des  Comtes  de  Hollande  pour 
l'Histoire  des  Provinces-Unies.  EUe  est  sans  mérite  et  sans  aucun  intérêt  histo- 
rique. 


VIGNETTES. 

25.  Frontispice,    d'après  Boucher,  pour  V Abrégé  de  la  vie  des 

plus  fameux  peintres,  par  d'ArgenvilIe  ,  l'762  ,  iii-8. 

26.  Vignette  des  armes  du  Roi  pour  l'Art  de  la  guerre  du  maréchal 

de  Puységur,  1749,  d'après  Cochin. 

27.  Vignette  des  armes   du   Comte  d'Argenson  pour  C  Ingénieur  de 

campagne,  de  Clairac,  1749,  d'après  Cochin. 

28.  En-tête  d'après  Cochin  ,  pour  le  LMC/'èce  de  Marchelti ,  1754. 

29.  Vignettes  pour  les  Œuvres  de  Piron  (Paris,  Duchesne,  1758,  in-8), 

d'après  Cochin. 

30.  Vignette  des  arraoii-ies  de  la  famille  royale,  dont  on  enlève  une, 

d'après  Cochin  (Éloge  historique  de  M.  le  Duc  de  Bourgogne, 
par  Le  Franc  de  Pompignan  ,  1761). 


202         LES    GRAVEURS   DU    XVIIP   SIECLE. 

31.  Illustrations  d'après  Boucher,  Cochiu  et  Gravelot,  pour  le  DÉCA- 

HÉRON  ,  édition  de  1757. 

Les  eaux-fortes  sont  très  curieuses  ;  le  cuivre  est  à  peine  égratigné  de  traits 
légers.  C'est  une  manière  qui  est  toute  particulière  à  Flipart. 
Nous  avons  vu  jusqu'à  six  états  d'une  même  vignette  du  Décamé  r  on. 

32.  Vignettes  d'après  Gravelot  pour  la  Nouvelle  Héloïse ,  édition  de 

1761 ,  in-8,  —  pour  les  Œuvres  de  Racine,  édition  de  1768,  in-8, 
—  pour  les  Œuvres  de  Corneille,  édition  de  Genève,  1764  ,  in-8 
(  Méde'e ,  Horace ,  l'Illusion  comique  ) ,  —  pour  les  Œuvres  de 
Voltaire,  édition  de  Genève,  1768,  in-4  (frontispice  de  laHenriade, 
avec  buste  de  Voltaire). 

33.  Vignette  pour  un  Plan  de  la  ville  de  Nantes,  1749. 

34.  La  Force  de  l'éducation  ,  d'après  J    Pasçuier,  vignette  pour  titre, 

Londres,  1750. 

35.  La  Folie  sur  son  trône,  entourée  de  six  petits  enfants,  d  après  Eisen 

(Éloge  de  la  Folie  ,  1751  ).  —  Le  Juge  de  Mesle  .  d'après  Eisen 
{Contes  de  La  Fontaine ,  édition  des  Fermiers-GénérauxV 

36.  Fleui-ons  pour  Satyres  de  M.  Rabener,  1754  ,2  p.  —  Flipart  f. 

37.  Illustrations  d'après  de  Sève  pour  les  Œuvres  de  Racine  ,   1760  , 

in-4. 

Flipart  a  gravé,  à  lui  seul,  la  moitié  des  figures  :  Bajazet,  Milhridate ,  Iphi- 
qénie,  Phèdre.  Esther,  Athalie,  et  une  partie  des  fleurons. 

38.  Nombreuses  illustrations  d'après  Oudrj  pour  la  grande  édition  des 

Fables  de  La  Fontaine  [VHomme  et  son  image ,  —  le  Renard  et 
la  Cigogne ,  —  le  Lion  et  l'Ane  chassant ,  —  le  Meunier,  son 
Fils  et  l'Ane,  —  le  Loup,  la  Mère  et  l'Enfant, —  Belphe'gor,  etc.). 


FLODING    (Pierre 


1741-1791. 


Graveur  au  lavis  suédois ,  élève  de  Charpentier.  Il 
travaillait  à  Paris  et  y  a  gravé  d'après  les  dessins  de 
Boucher  deux  pièces  à  l'aqua-tinte ,  dédiées  toutes 
deux  à  son  protecteur ,  le  baron  Ulric  de  Scheffer , 
Soldats  dormant  auprès  de  la  prison  de  St-Pïerre 
et  DapJiné  changée  en  laurier,  1762.  —  Chez  V auteur 
rue  Levêque,  au  cary^efour  des  4  che'tninèes  chez 
]^me  Deriseville. 

Lorsque  le  roi  de  Suède  Gustave  III  vint  à  Paris . 
Gochin  dessina ,  pour  perpétuer  le  souvenir  de  sa 
visite ,  une  Allégorie  sur  le  Roi  de  Suède  à  qui  les 
Etats  généraux  présentent  les  sciences  et  les  arts , 
in-folio  ,  que  Floding  se  chargea  de  graver.  11  a  éga- 
lement exécuté  le  portrait  de  Gustave  III  d'après 
Pasclie .  in-4,  ainsi  que  celui  de  son  compatriote 
devenu  parisien  comme  lui ,  le  peintre  Roslm. 

Naissance  de  la  Vierge  d'après  Monnet.  —  Bataille 
d'après  Casanova.  —  La  Fidélité  surveillante,  peinte 
à  Rome  par  Deshayes  et  gravée  à  Paris  en  1759,  in-fol. 
—  Projet  d'un  tombeau  d'après  Challe  ,  1759.  —  La 
Moisson  en  pleine  cannpagnc,  in-fol.  —  Le  Loup  et  le 
Renard,  dans  les  Fables  de  La  Fontaine  d'Oudry. 


FOKKE    (Simon). 


1712-1784. 


Simon  Fokke  ,  d'Amsterdam  ,  travailla  toute  sa  vie 
dans  sa  ville  natale  ,  surtout  pour  les  libraii'es. 

Portraits  historiques  des  Honijnes  illustres  du 
Dane'inarck  (1746).  —  Allégorie  sur  la  Paix  donnée 
à  VEurope  en  1749.  —  Arrivée  du  Sfathouder  des 
Pays-Bas  à  Amsterdam  le  30  tnai  1 768.  —  Vues  de 
Hollande  d'après  J.  de  Beyer  et  Avercamp.  —  Vue  de 
VY  à  Amsterdam.  —  Vue  du  port  de  Livourne  et 
Vue  des  environs  de  Narni ,  d'après  deux  tableaux 
de  Joseph  Vernet  formant  pendant  dans  le  cabinet  du 
Prince  d'Orange. —  Le  Modèle  ou  V Académie  hollan- 
daise, d'après  Schauman  (1751),  petite  pièce  en  largeur. 
—  Les  cadres  entourant  les  figures  du  Régent ,  et  les 
culs-de-lampe,  d'après  Gochin,  d'une  assez  jolie  édition 
de  Daphnis  et  Chloé  imprimée  pour  les  curieux  (1757), 
in-4.  —  Portrait  de  Destouches ,  pour  ses  œuvres . 
Amsterdam  (1755). —  Vie  de  Marianne,  par  Marivaux 
(1741-42)  — Histoires  et  Contes  du  temps  passé  de 
Perrault  (1742).  —  Fig.  de  Goypel  pour  Don  Quichotte. 

Simon  Fokke ,  qui  possédait  une  belle  collection , 
s'est  gravé  lui-même ,  entouré  de  livres  et  tenant  à  la 
main  une  estampe  ;  in-12. 


FOLKÉMA   (Jacob 

1692 --1767. 


Né  à  Dokkum  ,  en  Frise  ,  en  1692 .  Folkéma  apprit 
la  gravure  de  son  père ,  et  s'établit  à  Amsterdam  où  il 
est  mort  en  1767.  Il  a  gravé,  d'après  ses  propres  des- 
sins ou  d'après  ceux  de  Bernard  Picart ,  une  quantité 
considérable  de  planches  :  Histoire  du  Vieucc  et  du 
Nouveau-Testa/tnent,  ti^aduction  de  Royaumont  (1712)  ; 
le  Monde  pleivi  de  fols  ou  le  Théâtre  des  Nains,  58  flg. 
de  Koning  (1716).  —  Planches  pour  les  Métamorphoses 
d'Ovide  (1732)  ;  frontispice  pour  les  Caractères  de  La 
Bruyère,  in-12  (1731)  ;  Histoire  de  Méléagre,  d'après 
Le  Brun  (1734)  ;  plusieurs  des  planches  des  Avenim^es 
de  Télémaque  (1734).  —  Planches  pour  les  Œuvres 
de  Ruysch  (1737).  — Allégorie  sur  latnori  du  Prince 
d'Orange.  —  Planches  pour  Cérémonies  et  Coutumes 
religieuses  de  tous  les  peuples.  —  Planches  pour  le 
Rabelais  de  LeDuchat  (1741).  —  Œuvres  de  Scarron, 
Amsterdam  (1752) ,  6  figures  de  Du  Bourg.  —  Nom- 
breuses planches  pour  la  Galerie  de  Dresde. 

L'un  des  travaux  les  plus  connus  de  Folkéma  est  sa 
réduction  in-8  des  figures  de  Charles  Coypel  pour  les 
Aventures  de  Don  Quichotte ,  exécutées  avec  Fokke 
pour  une  édition  parue  seulement  en  1768. 


FOSSEYEUX    (Jean-Baptiste 

1752- 


Peu  de  chose  à  dire  de  cet  élève  de  N.  de  LaunaA'. 
On  ne  rencontre  guère  son  nom  que  sur  quelques 
vignettes  de  V Histoire  de  France  d'après  Moreau  ,  et 
sur  plusieurs  des  portraits  placés  dans  les  Œuvres  de 
Voltaire,  édition  de  Kehl  :  Lot«?sZF  d'après  Van  Loo, 
CatheiHne  II ,  UAr génial  et  Dunois. 

Paul  Jones .  in-4 ,  terminé  au  burin  sur  une  eau- 
forte  de  Moreau ,  1781. 

Il  a  aussi  gravé  un  portrait  in-4  de  Jean-Antoine 
Hagnon,  économe  du  château  royal  de  Bicêtre,  1787, 
d'après  Boissier  ;  Marie-Antoinette,  in-12  ;  Fernand 
Cortez,  d'après  Velasquez,  in-fol..  1799. 

Fosseyeux  (  on  écrit  aussi  Fossoyeux  j  a  travaillé 
pour  la  Galerie  du  Palais-Royal  et  pour  le  Musée 
Français.  Sur  ses  vieux  jours  ,  en  1822  ,  il  s'avisa , 
sans  doute  en  souvenir  de  Moreau  qui  lut ,  dit-on , 
son  maître  ,  d'exécuter  une  grande  planche ,  les 
Atnours  du  Héros  français ,  qui  n'est  autre  chose 
qu'un  agrandissement  passablement  ridicule  de  la 
gracieuse  vignette  du  chant  IX  de  la  Henriade,  dans 
la  suite  de  l'édition  de  Kelil ,  représentant  Henri  IV 
et  Gabrielle  d'Estrées. 


FOURDRINIER    (Pierre 


Le  nom  rlo  Pierre  Fourdrinier  apparaît  quelquefois 
au  bas  de  vignettes  ,  dans  des  livres  publiés  de  1720  à 
1740. 

Ce  dessinateur  et  graveur  à  la  pointe  et  au  burin , 
né  en  France  vers  1712,  passa  encore  jeune  en  Angle- 
terre et  ne  quitta  plus  Londres  ,  paraît-il.  C'était ,  dit 
Huber ,  un  homme  industrieux  dont  le  principal  talent 
consistait  à  dessiner  et  à  graver  des  vignettes  et  des 
ornements  de  livres  ;  les  meilleurs  ouvrages  de  cet 
artiste  sont  ses  grandes  planches  d'architecture,  exé- 
cutées avec  beaucoup  de  propreté.  11  s'en  trouve  plu- 
sieurs avec  cette  qualité  dans  un  grand  volume  iu-lbl. 
mtitulé  TJie  Villas  of  Ancients,  commentées  pai'  H. 
Gastel  et  gravées  à  Londres  en  1728. 

Le  Manuel  cite  encore,  au  nom  de  Fourdrinier,  le 
portrait  de  /.  Radcliffe,  il  Al  ;  Vue  de  lliôtel  du  Lord- 
Maire  de  Londres,  1751  ;  Ruines  de  Palmyre  et 
Baïbec  ;  une  suite  de  15  pièces  représentant  les  Mai- 
sons et  jardins  de  Robert  Walpole. 

Fourdrinier  a  travaillé  aux  quatre  grandes  Vues  de 
Lisbonne  gravées  d'après  les  dessins  du  capitaine 
Lemprière  et  de  Richard  Paton. 


FRAGONARD   (Honoré). 


4732-1806. 


Avec  l'étonnante  intuition  des  grands  artistes , 
Honoré  Fragonard  n'eut  qu'à  laisser  courir  la  pointe 
d'acier  sur  le  cuivre  pour  être  un  maître  en  fait  de 
gravure,  et  le  peu  qu'il  a  laissé  dans  ce  genre  inspire 
le  regret  qu'il  ne  s'y  soit  pas  adonné  davantage. 

A  peine  en  Italie,  «  il  grave  et  regrave  des  Tiepolo, 
»  son  maître  de  gravure  ,  ont  écrit  MM,  de  Goncourt , 
»  tout  cela  en  petites  planches  grattées  au  vol,  qui 
»  ressemblent  aux  croquis  fixant  un  souvenir  et  une 
»  impression  sur  une  page  d'album.  Puis,  dans  le 
»  format  et  l'espace  d'un  billet  de  visite ,  il  jette 
»  quelque  jardin  de  villa  abandonnée ,  un  dôme 
»  darbres ,  une  épaisseur  d'ombre  avec  un  trou  de 
»  jour,  et  sous  le  travail  brouillé  de  son  aiguille ,  le 
»  petit  paysage  pétille  de  lumière  et  de  vie  avec  ses 
»  cascades  de  branches ,  son  fouilhs  d'herbe  et  ses 
»  rampes  à  balustres  que  gardent  allongés  deux 
»  sphinx.  » 

Ceci  est  la  description  d'une  petite  pièce  qu'on  a 
appelée  le  Parc. 

L'Italie  lui  inspire  encore  ces  délicieux  Jeux  de 
Satyres ,  quatre  pièces  connues  aussi  sous  le  nom 


FRAGONARD.  209 

de  Bacchanales,  exécutées  en  1763,  voluptueuses 
fictions  écloses  sous  ses  doigts  habiles  et  aussi  gras- 
sement que  finement  gravées.  Ce  sont  deux  satyres 
faisant  un  siège  de  leurs  bras  nerveux  à  la  nymphe  qui 
les  enjambe  «  avec  un  écart  de  volupté  »,  ou  bien  c'est 
l'un  d'eux  qui  se  retourne  pour  embrasser  la  nymphe 
qui  le  chevauche  ;  dans  les  autres  ,  les  mêmes  figures 
mythologiques  dansent  pour  égayer  des  faunins  ou 
les  font  se  lutiner  entre  eux ,  fantaisies  charmantes 
gravées  pour  le  grand  plaisir  des  yeux  et  qu'encadrent 
des  touffes  de  lierre  et  de  roseaux  :  «  Ne  dirait-on  pas 
»  de  divines  terre-cuites  tombées  dans  l'herbe  du  socle 
»  d'un  Priape,  ou  plutôt  ne  font-elles  pas  penser  à  des 
»  pierres  gravées  ramassées  par  le  peintre  français 
»  dans  la  grotte  des  nymphes  où  se  baignait  Ghloé  ?  » 

A  son  retour  en  France,  préoccupé  de  peinture , 
accablé  de  commandes,  Fragonard  n'a  plus  guère  le 
temps  de  faire  mordre  ses  eaux-fortes.  Ce  n'est  que 
lorsqu'il  s'agit  de  guider  les  essais  de  sa  belle-sœur 
Marguerite  Gérard  ,  de  retoucher  ses  planches  ou  de 
lui  donner  des  modèles.  Ainsi  cette  pièce  si  colorée, 
Mosieur  Fanfan  jouant  avec  Mosicur  Polichinelle 
et  compagnie,  qu'on  a  souvent  attribuée  à  la  jeune 
femme,  et  qui  est  le  portrait  du  jeune  Evariste  Frago- 
nard enfant,  est  gravée  avec  une  telle  maestria  et 
une  si  grande  intensité  dévie,  que  le  travail  de  l'élève 
dispai^aît  absolument  pour  laisser  vibrer  le  morceau  de 
maître  :  «  Doux  travail  en  commun  auquel  l'artiste 
»  apportait  ses  retouches  et  donnait  parfois  tout  son 
»  talent  ;  planche  que  l'élève  croyait  avoir  faite  et  que 
»  le  maître  lui  faisait  signer  pour  l'en  convaincre.  » 

Une  très  grande  pièce  ,  caprice  heureux  d'un  talent 
n.  14 


210  LES    GRAVEURS    DU    XVIII''    SIECLE. 

flans  sa  floraison  (  1778  ) ,  est  signée  de  la  main  du 
spirituel  artiste  :  V Armoire ,  Tune  de  ces  amusantes 
grivoiseries  dont  le  XVIIP  siècle  était  si  friand  et  que 
l'artiste  aura  dessinée  évidemment  sur  la  commande 
expresse  de  quelque  amateur  égrillard.  Les  parents 
mènent  grand  bruit  en  constatant  la  douleur  de  leur 
fille  et  le  dégât  causé  par  le  jeune  garçon  trouvé  si 
penaud  dans  l'armoire.  11  y  a  dans  la  manière  dont  le 
drôle  tient  son  chapeau  une  intention  bien  libre,  mais 
quelle  étonnante  virtuosité  dans  l'exécution  !  quelle 
heureuse  distribution  de  lumière ,  quelle  vérité  d'ex- 
pression et  quelle  malice  ! 

ESTAMPES. 

1.  BACCHANALES,  imitant  des  bas-reliefs;  4  p.  iu-4  en  largeur. 

2.  L'ARMOIRE,  estampe  à  l'eau-forte  ;  grand  in-fol.  en  largeur. 

1"'  état  :  Avant  la  lettre. 

2«  état  :  Avant  l'adresse  de  Naudet. 

3«  état  :  Avec  l'adresse,  à  Paris  chez  Naudet  il'^  d'Estampes,  Port  au  bled.— 
An  milieu ,  le  titre  L'Armoire. 

V Armoire  a  été  plusieurs  fois  copiée  :  par  Guyot,  par  les  Campion ,  par  R  de 
Launay  le  jeune.  La  copie  de  Guyot  est  découverte  et  obscène. 

3.  MOSIEUR   FANFAN  jouant  AVEC    MOSIEUR   POLICHINELLE 

ET  Compagnie;  in-4  en  hauteur. 

l''''  état  :  A  droite  la  signature  de  Mademoiselle  Gérard. 

2"=  état:  Ce  nom  effacé;  à  gauche  Naudet  exd,  à  droite  Fragonardsp. 

4.  intérieur,  scène  avec  huit  personnages  ;  in-4. 

5.  Les  Traitants,  ms  ;  in-4. 

(5 .    Le  Parc  ,  avec  une  terrasse  ;  in-8  en  largeur. 
1 .   Deux  femmes  à  cheval  ;  in-8  en  largeur. 


FRANÇOIS    (Jean-Charles), 

PI  7-1769. 


Né  à  Nancy  le  4  mai  1717,  d'une  bonne  famille  de 
commerçants  de  cette  ville,  François  apprit  à  dessiner 
à  rinsu  de  ses  parents.  Sans  conseil  et  sans  maître,  il 
devina  en  quelque  sorte  les  principes  et  les  procédés 
de  son  art ,  et  c'est  peut-être  aux  recherches  qu'il  fut 
obligé  de  faire ,  qu'il  doit  la  découverte  de  la  gravure 
en  manière  de  crayon.  Très  jeune  encore  il  grava  , 
pour  vivre  ,  des  armes  sur  de  la  vaisselle ,  et  dès  l'âge 
de  seize  ans  ,  il  quitta  sa  ville  natale  pour  exécuter  à 
Dijon  une  commande  importante  de  ce  genre.  11  poussa 
ensuite  jusqu'à  Lyon  dans  lespoir  de  trouver  quelque 
occasion  de  graver  en  taille -douce.  11  demeura  sept 
ans  dans  cette  ville,  et  c'est  là  qu'à  force  de  patientes 
recherches  ,  d'essais  et  de  tâtonnements  ,  il  arriva  à 
produire,  avec  son  procédé,  un  livre  de  Principes  de 
dessein  faciles,  pubhé  par  Pariset. 

François  a  d'ailleurs  raconté ,  dans  une  lettre  à 
Savérien  ,  les  diverses  phases  par  lesquelles  passa  son 
invention  :  «  En  1740 ,  je  formai  le  projet  d'un  livre  à 
»  dessiner  et  je  compris  que  pour  réussir,  il  falloit 
»  trouver  une  façon  de  graver  qui  imitât  le  crayon. 
»  J'en  fis  un  essai  dont  on  peut  voir  les  estampes  à  la 


212         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF   SIECLE. 

»  bibliothèque  du  Roi.  Cet  essai  ne  me  satisfit  point 
»  assez  pour  que  je  le  continuasse.  Je  méditai  et  je  fis 
»  de  nouvelles  expériences,  et  peu  content  de  mes 
»  succès  j'attendis  du  temps  et  de  mes  réflexions  de 
»  plus  grandes  lumières.  Ce  ne  fût  qu'en  1753  que  je 
»  me  hasardai  à  faire  un  nouvelle  essai  d'après  les 
»  desseins  d'un  professeur  de  Paris.  J'en  fis  voir  des 
»  épreuves  à  plusieurs  personnes  ,  mais  je  ne  les  dis- 
»  tribuai  point  au  public.  On  m'engagea  à  perfection- 
»  ner  celte  invention  et  encouragé  par  ces  sollicita- 
»  tions,  je  parvins  en  1756  à  imiter  assez  bien  le  crayon 
»  de  sorte  qu'en  1757,  j'eus  six  feuilles  que  je  crus 
»  pouvoir  présenter  à  M*"  le  Marquis  de  Marigny.  J'en 
»  donuai  aussi  à  l'Académie  Royale  de  peinture.  11 
»  fut  instruit  de  l'accueil  qu'elle  avait  fait  à  mon  tra- 
»  vail  et  attentif  comme  il  est  à  favoriser  les  décou- 
»  vertes  utiles  et  à  récompenser  ceux  qui  les  font ,  il 
»  obtint  du  Roi  une  pension  (de  600  livres)  dont  il  me 
»  fit  délivrer  le  brevet.  Ce  généreux  protecteur  des 
»  arts  ne  se  borna  pas  là.  En  1758  il  me  donna  le  titre 
»  de  graveur  des  desseins  du  cabinet  du  Roi.  Cette 
»  nouvelle  faveur  me  fut  accordée  à  l'occasion  du 
»  rapport  que  l'Académie  Royale  de  peinture  avait 
»  fait  de  ma  découverte  : 

«  Extrait  des  registres  de  l'Académie  Royale  de 
»  peinture  et  sculpture,  du  samedi  26  novembre  1757. 
»  Le  sieur  François  graveur  en  taille- douce  a  fait 
»  présenter  des  estampes  qu'il  a  gravées  dans  une 
»  manière  non  usitée  jusqu'à  présent  qui  imite  le 
»  maniem,ent  large  du  crayon.  L Académie  a  fort 
»  approuvé  ce  genre  de  gravure  comme  très  propre 
»  à  perpétuer  les  desseins  des  bons  maîtres  et  à 


FRANÇOIS.  2<3 

»  multiplier  les  exemples  des  plus  belles  Tnaniè^^es 

»  de  dessiner.  Les  morceaux  que  le  sieur  François 

»  a  exécutés  dans  cette  manière  ayant  été  pareille- 

■»  ment  approuvés  par  la  compagnie ,  elle  a  chargé 

»  son  secrétaire  de   lui  délivrer  un  extrait  de  la 

»  présente  délibération. 

»  Signé  Cochin.  » 

«  Vous  qui  connaissez ,  Monsieur ,  mon  zèle  pour 
»  le  progrès  des  arts  et  mon  désir  de  bien  mériter 
»  des  humains,  vous  comprenez  que  de  pareilles  satis- 
»  factions  devaient  m'enflammer  d'avantage.  Aussi  je 
»  redoublai  d'ardeur  et  j'imaginai  de  graver  les  des- 
»  sins  lavés  et  ceux  au  crayon  noir  et  blanc  sur  papier 
»  gris  ou  bleu.  J'espère  allier  cette  dernière  manière 
»  de  graver  avec  celle  qui  imite  le  crayon  rouge,  afin 
»  de  donner  au  public  des  planches  qui  imitent  les 
»  trois  crayons.  » 

Suivait  une  liste  des  estampes  se  trouvant  chez 
François  graveur,  rue  St-Jacques,  à  la  vieille  poste  : 
Châteaux  que  le  roi  de  Pologne  occupe  en  Lorraine, 
3  vol.  in-fol.  —  Antiques  du  cabinet  de  M^  Adam , 
iu-4. —  20  Cahiers  de  figures  d'orneinent  et  de  fieuy^s. 
—  8  Paysages.  —  Cours  de  dessein  dans  le  goût  du 
crayon  ou  VAm.our  du  dessein ,  suite  de  modèles 
fournis  par  sa  femme,  par  Eisen,  Carie  Van  Loo,  Vien, 
Boucher,  etc.. 

Le  Palais  d'Apollon ,  sorte  de  fiction  à  la  gloire  de 
Louis  XV,  et  dédié  au  roi  de  Pologne,  consistant  en 
une  suite  de  planches  allégoriques  in-folio ,  d'après 
Eisen ,  et  représentant  le  Spectacle  des  sciences  et 
des  vertus  dans  le  Palais  des  Dieux,  le  Plan  du 
Palais  d'Apollon ,  V Intérieur  du  Palais^  etl  es  fron- 


214  LES   GRAVEURS    DU    XVIII'    SIECLE. 

tispices  de  VAcadé'mie  des  Sciences,  V Académie  des 
Arts ,  avec  un  buste  de  Louis  XV,  V Académie  fran- 
çaise, V École  Militaiy^e  (1756),  etc. 

Enfin ,  l'ouvrage  le  plus  important  de  François  est 
la  série  de  portraits  dont  il  a  orné  VHistoire  des 
Philosophes  modernes,  1761-1769,  in-4. 

Cet  ouvrage  renferme  un  grand  nombre  de  portraits  : 
l'auteur  d'abord ,  Savèrien ,  gravé  avec  grand  soin 
d'après  la  peinture  de  M""^  François  (née  Marie-Cathe- 
rine Frédou) ,  Érasme ,  Hobbes  ,  Nicole ,  Spinosa , 
Malebranche,  Bayle ,  Clarke,  Montaigne,  Chat-'ron  , 
La  Rochefoucauld ,  Puffendorf,  La  Bruyère ,  Des- 
cartes, Pascal ,  Ramus,  Bacon ,  Copernic ,  Galilée , 
Newton  ,  etc..  Quand  on  n'a  pas  pu  se  procurer  les 
portraits  des  philosophes  ,  on  les  a  remplacés  par  des 
allégories  d'Eisen.  Cet  ouvrage  parut  aussi  dans  le 
format  in-12. 

L'un  des  plus  curieux,  portraits  de  François  est  celui 
du  médecin  François  Quesnay,  gravé  en  1767  d'après 
Frédou.  c'est-à-dire  d'après  M""' François,  dont  c'était 
le  nom  de  fille.  Il  renferme  le  spécimen  de  toutes  les 
manières  de  graver  employées  par  l'artiste.  La  tête  est 
travaillée  en  manière  noire  ,  la  draperie  au  burin ,  la 
bordure  et  le  fond  sont  rendus  dans  le  goût  du  crayon, 
les  accessoires  sont  au  lavis  et  le  piédestal  au  crayon 
noir  et  blanc.  —  Citons  encore  d'autres  portraits  de 
François  :  le  Comte  de  St-Florentin.  —  Ch.  Alb.  de 
Lorrame,  gouverneur  des  Pays-Bas,  in-4,  au  burin. — 
Joseph  de  Lorraine,  archiduc  d'Autriche,  1751,  in-4 . 
au  burin. —  M.  A.  F.  deSégur,  abbesse  de  Gif,  in-4. — 
/.  F.  de  Montillet,  archevêque  d'Auch,  d'après  Roland 
de  La  Porte,  1754,  in-fol.,  très  beau  portrait  au  burin. 


FRANÇOIS.  215 

—  Louis  Dauphin  de  France ,  en  habit  de  dragon  , 
d'après  Aubry,  à  la  manière  du  crayon .  donné  par 
François  au  public  par  amour.  —  /.  F.  Denis , 
trésorier  général  des  bâtimens  du  roi ,  et  sa  femme 
Marg.~Cl.  Denis  née  de  Foissy,  deux  médaillons  en 
manière  de  crayon. 

François  n'a  pas  toujours  gravé  à  l'aide  de  son  pro- 
cédé. Citons  deux  eaux-fortes ,  terminées  au  burin 
(in-fol.  en  larg.) ,  Boutique  de  Chapelier  et  Boulic[ue 
de  Perruquier,  qui  portent  son  adresse  ,  à  Paris  au 
triangle  d'or.  Hôtel  des  Ursins ,  derrière  St-Denis 
de  la  Chartre.  Une  autre  pièce,  le  Bal  chinois,  d'après 
Eisen ,  porte  la  même  adresse. 

La  Petite  ouvrière  rusée,  les  Amusements  de  la 
Jeunesse ,  le  Jeune  Brodeur ,  le  Vieillard  heureux , 
le  Peintre  philosophe,  sont  d'assez  médiocres  estampes, 
sans  doute  de  la  jeunesse  de  l'artiste. 

Orgie  de  Soldats,  d'après  Carie  Van  Loo ,  manière 
du  crayon,  dédiée  à  M.  de  Marigny. —  Tête  de  Vierge, 
d'après  Vien ,  dédiée  à  la  reine  ,  manière  du  crayon. 

—  Cavaliers,  d'après  Parrocel,  1766,  dans  la  manière 
du  crayon.  —  Dessin  de  plafond ,  d'après  Boucher, 
essai  de  gravure  au  lavis  (mars  1758). 

Adresse  du  relieur  Dubuisson  fils  ,  petit  cartouche 
en  hauteur  dans  le  goût  d'Eisen;  des  amours  sou- 
tiennent les  armes  de  France  à  la  partie  supérieure  : 
Du  Buisson  le  /ils,  y^elieur  doreur  rue  St-Jâque 
à  Paris,  fait  en  or  les  armes  de  toutes  les  tètes 
couronnées,  princes,  princesses,  prélats,  grands 
officiers  de  la  couronne  et  de  la  maisoti  du  Roy, 
princes  étrangers  et  autres  seigneurs  tant  de  robe 
que  d'épée ,   il  peint  lesdites  Armes  en  miniature 


216         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP   SIECLE. 

aussi  bien  que  les  chiffres.  —  Du  Buisson  fils  inv., 
François  sculp.  ^ 

Les  dernières  années  de  François  furent  empoison- 
nées par  les  tentatives  de  ses  imitateurs  pour  se  faire 
attribuer  le  mérite  de  son  invention.  Il  eut  aussi 
le  chagrin  de  voir  l'Académie,  ne  pensant  qu'à  l'intérêt 
des  arts,  accorder  son  approbation  à  Magny  et  à 
Demarteau,  et  de  dépit,  il  se  renferma  plus  étroitement 
chez  lui.  Sa  santé  même  s'altéra  considérablement. 
Les  chagrins  et  l'inquiétude  hâtèrent  sa  fin  ;  il  suc- 
comba le  21  mars  1769. 


1  Pour  l'adresse  de  Dubuisson  ,  voyez  aussi  le  catalogue  de  Le  Mire . 

Puisque  l'occasion  s'en  présente  ,  signalons  encore  quelques  adresses 
de  relieurs,  non  signées  : 

Adresse  de  Tessier.  —  Petit  cartouche  avec  une  Renommée  et  les 
armes  de  la  maison  d'Orléans.  Tessier,  succès,  du  S>'  Le  Monnier  seul 
Relieur  Doreur  de  Livres  de  Mv  le  Duc  d'Orléans  et  de  sa  Maison , 
fait,  place  des  fausses  Bibliothèques,  fait  aussi  des  Registres  et  Cartons 
pour  les  Bureauoc,  Rue  de  la  Harpe  au-dessus  de  la  rue  Serpente 
N°  i65.  A  Paris. 

Adresse  de  Vente. —  Petit  cartouche  de  forme  rocaille.  Vente,  Relieur 
et  Doreur  de  la  Chambre  du  Roi,  au  bas  de  la  Montagne  S^e Geneviève, 
au  bâtiment  neuf  des  Carmes,  à  Paris. 

L'adresse  de  Fournier  n'est  pas  ornée,  nous  en  donnons  cependant  le 
texte  comme  curiosité  :  A  LA  Chercheusk  d'Esprit,  rue  Satory, 
vis-à-vis  la  rue  du  vieux  Versailles,  et  au  château,  à  côté  de  Mon- 
seigneur le  Duc  de  Luynes ,  à  Versailles.  Fournier,  Libraire ,  Relieur 
du  Roi  et  de  la  Reine  et  Marchand  Papetier  suivant  la  Cour,  vend , 
achète  et  relie  toutes  sortes  de  Livres.  Vend  Papier,  Plumes,  Encre, 
Registres  et  généralement  tout  ce  qui  concerne  la  Papeterie.  A  Fon- 
tainebleau, au  Château,  galerie  de  Diane.  Au  Château  à  Compiègne, 
à  côté  de  la  sacristie.  Au  château  à  Marly,  à  côté  de  la  Chapelle. 

L'adresse  du  célèbre  Derome,  si  connu  des  bibliophiles,  est  entourée 
d'un  simple  trait  carré.  Relié  par  Derome  le  jeune  rue  S'  Jaque  au- 
dessus  de  S'  Benoist. 


FRATREL    (Joseph 


1730-1783. 


Quatorze  planches  exécutées  à  l'eau-forte,  —  «  d'un 
goût  original,  qui  approche  de  celui  de  Rembrandt ,  » 
écrivaient  naïvement  ses  conleniporains,  —  composent 
l'œuvre  de  ce  peintre  graveur  né  à  Epinal  en  1730. 
Les  parents  de  Fratrel  le  destinaient  au  barreau,  et  il 
acquit  même  de  sérieuses  connaissances  en  jurispru- 
dence ,  mais  un  goût  irrésistible  l'entraînait  vers  les 
arts,  et  dès  qu'il  avait  quelques  heures  de  loisir  il  les 
consacrait  à  l'étude  du  dessin.  Bientôt  il  abandonna 
le  droit  pour  entrer  à  Paris  dans  l'atelier  du  peintre 
Baudouin. 

Fratrel  fut  d'abord  peintre  du  roi  Stanislas,  à  Nancy. 
Puis  l'électeur  palatin ,  ayant  eu  l'occasion  de  voir 
quelques-uns  de  ses  portraits  historiques  ,  résolut  de 
se  l'attacher  comme  peintre  de  sa  cour. 

«  Fixé  à  Mannheim,  son  génie  prit  un  nouvel  essor, 
»  il  ambitionna  de  devenir  peintre  d'histoire.  Il  se  fit 
»  avec  goût  une  petite  collection  de  gravures ,  no- 
»  tamment  de  celles  d'après  Raphaël  et  le  Poussin,  et 
»  se  proposa  pour  but  d'imiter  ces  grands  maîtres. 
»  Ses  compositions  sont  simples  ,  nobles  et  grandes  , 
»  la  vérité  de  l'expression  et  la  vigueur  de  son  coloris 


218         LES   GRAVEURS   DU    XVIIl'    SIECLE. 

»  prouvent  l'étude  profonde  qu'il  a  faite  de  la  nature. 
»  Ses  têtes  sont  traitées  dans  le  style  antique...  tous 
»  ses  tableaux  portent  l'empreinte  d'un  extrême  fini. 
»  Ce  fut  au  moment  le  plus  brillant  de  sa  carrière 
»  que  l'art  le  perdit ,  il  n'était  âgé  que  de  53  ans.  » 

Les  eaux-fortes  de  Fratrel ,  remarque  Baudicour, 
ont  été  dénaturées  par  le  tirage  maladroit  qu'en  ont 
fait  les  imprimeurs  ;  mais  les  premières  épreuves  sont 
d'un  charme  inexprimable.  Cette  opinion  nous  semble 
fort  exagérée  encore.  La  meilleure  pièce  de  Fratrel 
est  le  Fils  du  meunier,  qui  représente  un  jeune  enfant  ; 
elle  est  assez  agréable,  c'est  tout  ce  que  l'on  peut  en 
dire  ;  les  autres  pièces  de  l'œuvre  rappellent  Rem- 
brandt aussi  peu  que  possible. 

Fratrel  peignit  beaucoup  sur  cire  et  il  a  publié  un 
ouvrage  intitulé  la  Cire  alliée  avec  Vhuile,  ou  la  pein- 
ture à  huile-cire .  1770.  Son  œuvre  gravé  a  été  publié 
à  Mannheim ,  en  1799 .  avec  une  courte  biographie 
que  nous  avons  suivie  ici ,  bien  que  nous  ne  puissions 
souscrire  à  des  éloges  qui  vont  jusqu'au  lyrisme. 


1.  Les  Arts  et  les  Sciences  se  dévouant  à  leur  protecteur,  Charles- 
Théodore;  in-fol.  —  2.  La  Science,  figure  en  pied;  in-fol.  — 
3.  La  Sagesse,  figure  en  pied;  in-fol.  —  4.  Le  Fils  du  Meunier, 
debout  devant  le  mur  du  moulin  ;  in-fol.  —  5.  Le  Songe  de  Saint 
Joseph ,  d'après  L.  Krahe  ;  in-4.  —  6.  Le  prince  Frédéric  de 
Deux-Ponts;  in-fol.  —  7.  Le  chevalier  de  Caux  ;  in-fol.  — 
8.  Le  baron  de  Hubens  ;  in-4.  —  9.  Lambert  Krahe,  directeur 
de  la  Galerie  de  Dusseldorf.  —  10.  Jésus  amabilis ,  in-12.  — 
11.  Saint  Nicolas  distribuant  des  aumônes;  in-fol.  en  largeur. 
—  12.  La  Navigation;  in-8  —  13.  L'Agriculture;  in-8.  — 
14.  Le  Commerce. 

Trois  pièces  ont  sobi  des  modiflcations,  ce  qui  porte  le  nombre  des  planches 
à  dix-sept. 


FREUDENBERGER   (Sigismond 


1745-18(11 


Le  dessinateur  de  tant  de  piquantes  scènes  de 
mœurs,  Freudeberg  comme  on  le  nomme  abréviative- 
ment ,  a  touché  la  pointe  pour  graver  deux  jolies 
petites  pièces  assez  rares  ,  le  Déjeuner  et  la  Toilette , 
signées  S.  Freudeherg,  à  Paris  chez  Guttenherg. 

Freudeberg  avait  un  véritable  talent  d'aquarelliste 
et  nous  avons  vu  de  lui  de  remarquables  spécimens 
en  ce  genre.  Après  un  long  séjour  à  Paris,  de  retour 
à  Berne,  sa  patrie,  il  a  exécuté  beaucoup  d'aquarelles, 
et  pour  les  répandre  en  a  reproduit  quelques-unes. 
11  les  gravait  légèrement  au  simple  trait  à  l'eau-forte 
et  les  coloriait  ou  plutôt  les  faisait  colorier  à  la  main. 
C'est  ainsi  qu'ont  été  faits  le  Départ  du  soldat  suisse 
et  le  Retour  du  soldat  suisse,  2  pièces  in-4  en  largeur. 
Dans  le  môme  goût  :  la  Toilette  champêtre  et  la. 
Propreté  villageoise ,  2  pièces  in-4  en  hauteur  ;  le 
Repas  7^ustique  et  l" Hospitalité  suisse  ;  la  Visite  au 
chalet  et  le  Retour  du  marché  :  la  Fileuse  tnllageoise 
et  la  Dèindeuse  rustique  ;  le  Villageois  content  et  les 
Soins  maternels  ;  la  Chanteuse  du  mois  de  mai  et 
la  Petite  Fête  imprévue.  Le  mérite  artistique  de  ces 
enluminures  est  bien  mince. 


GAILLARD   (Robert 


1722-'!  785. 


Robert  Gaillard  est  un  graveur  parisien  d'un 
certain  taJent ,  dont  le  nom  est  connu  surtout  comme 
traducteur  des  peintures  de  Boucher.  A  vrai  dire  sa 
touche  est  banale ,  et  manque  de  cette  originalité , 
de  ce  cachet  personnel  qui  seul  fait  les  grands 
graveurs.  Huher  et  Rost  l'ont  caractérisé  d'un  mot 
très  juste  :  «  Il  gravait ,  ont-ils  dit,  avec  beaucoup 
»  de  propreté.  » 

Gaillard  débute  par  graver  des  portraits  pour  le 
fonds  d'Odieuvre,  et  travaille  aussi ,  à  côté  de  Ficquet 
auquel  on  ne  saurait  le  compai'er,  aux  petits  portraits 
des  Vies  des  Peintres  Flamands  de  Descamps  (1753). 
En  fait  de  portraits  de  petit  format ,  nous  remarque- 
rons encore  celui  de  Périn ,  secrétaire  du  maiéchal 
de  Belle-Isle.  C'est  probablement  sur  la  recomman- 
dation de  Wille  qu'il  fit  ce  portrait,  car  ce  graveui' 
rappelle  dans  son  journal  qu'il  le  recommanda  pour 
graver  celui  du  maréchal.  Gaillard  était  d'ailleurs  des 
amis  de  Wille  ;  lors  d'un  baptême  ,  Louise  Gaillard , 
sa  fille ,  la  même  qui  a  gravé ,  sert  de  commère  au 
jeune  Wille.  Quand  Beauvais  ,  le  soigneux  imprimeur 
d'épreuves  de  tous  ces  messieurs,  marie  sa  fille,  Wille 


GAILLARD.  221 

donne  un  grand  dîner  de  noces  auquel  figurent ,  avec 
Longueil  et  Clievillet,  M.  et  M""»  Gaillard. 

Gaillard  a  gravé,  en  grand  format:  le  ministre  Berlin 
d'après  Roslin,  la  Princesse  Galitzin  d'après  Louis- 
Michel  Van  Loo.  Citons  encore  les  portraits  de  lar- 
chevêque  de  Paris  Clwisiophe  de  Beaumont ,  de 
l'archevêque  de  Sens  Jean  Languet,  tous  deux  d'après 
Chevalier  ;  de  Castanier,  d'après  Rigaud  ;  du  cardinal 
Potier  de  Gesvres  (1781) ,  de  Henri  de  Grandjean 
(1782) ,  d'après  Deshayes  ;  du  théologien  Joseph  Trois 
(1786),  de  Pichault  de  La  Mariinière ,  et  de  la  Reine 
de  Suède,  d'après  Latinville, 

Boucher  a  été  interprété  dans  beaucoup  de  compo- 
sitions par  Robert  Gaillard  ;  il  est  hors  de  doute  que 
le  graveur  devait  lui  agréer  et  qu'il  l'encourageait. 

Jupiter  et  Calisto ,  estampe  dédiée  à  M.  d'Arbonne 
par  Buldet  chez  qui  elle  se  vendait.  Un  critique  du 
temps  a  écrit  au-dessous  de  l'épreuve  du  Cabinet  des 
Estampes  :  Gaillard,  graveur  françois,  vivant  et 
Ijon.  La  vérité  est  que  cette  pièce  témoigne  d'un  beau 
maniement  de  burin  ,  d'une  grande  netteté  dans  Lexé- 
cution ,  mais  aussi  d'un  manque  de  chaleur  évident. 
—  Vénus  et  les  Amours,  estampe  dédiée  à  M.  de  Bour- 
gongne  ,  n'est  pas  d'un  faire  aussi  habile  et  le  dessin 
en  est  médiocre.  —  Les  Bacchantes  endormies , 
estampe  dédiée  à  M'"  Navailles ,  chef  du  gobelet  du 
Roy  par  son  très  h.  et  très  oh.  serviteur,  cousin  et 
aini  Gaillard,  à  Paris  chez  fauteur  rue  St- Jacques 
au-dessus  des  Jacobins  entre  un  perruquier  et  une 
lingère,  représente  un  sujet  bien  connu  où  Boucher 
a  mis  en  œuvre  toutes  les  caresses  de  son  pinceau  pour 
peindre  ces  corps  de  femmes  mollement  étendues  et 


222         LES   GRAVEURS    DU    XVII^'   SIECLE. 

observées  par  des  satyres.  Le  travail  du  burin  est 
convenable  et  solide.  —  La  Marchande  de  modes  est 
une  gracieuse  pièce  d'un  burin  habile  et  qui  est  supé- 
rieure à  d'autres  estampes  d'après  le  même  maître.  — 
Sylvie  délivrée  par  Aminie  est  également  gracieuse 
et  bien  gravée. 

Dans  les  estampes  bien  connues  des  Amants  surpris 
et  de  r Agréable  leçon,  qui  forment  pendants,  toutes 
deux  dédiées  au  comte  de  Coigny,  l'agrément  et  le 
piquant  de  la  composition  sont  joints,  cette  fois ,  au 
plus  haut  degré  de  franchise  et  de  correction  que 
Robert  Gaillard  ait  jamais  atteint. 

Gaillard  paraît  également  avoir  tenu  en  singulière 
estime  le  peintre  Schenau.  11  lui  commandait  en  Alle- 
magne, par  l'entremise  de  Wille.  des  tableaux  qu'il 
gravait  ensuite  :  La  Naissance  de  r  Amour,  la  Belle 
Fileuse,  l'Écureuil  content,  r  Heureux  Serin ,  r  Ou- 
vrière en  dentelles ,  la  Méditation ,  sont  exécutés 
d'après  ce  maître  ,  expressif  dans  sa  lourdeur. 

Lié  d'amitié  avec  Wille,  Gaillard  devait  nécessaire- 
ment être  chargé  par  ce  graveur  de  reproduire  quel- 
ques-uns des  tableaux  de  son  ami  Greuze,  qui  ornaient 
son  logis.  Nous  trouvons  en  efiét  dans  son  œuvre  deux 
têtes  de  jeunes  filles ,  sous  les  noms  de  Diane  et  de 
Calisto,  toutes  deux  tirées  du  cabinet  de  M.  Wille. 
Gaillard  a  encore  gravé ,  d'après  Greuze ,  la  Malé- 
diction maternelle  et  le  Fils  puni ,  grandes  pièces  où 
i  n'a  égalé  ni  Flipart  ni  Massard. 

D'après  J.-B.  Le  Prince ,  le  Concert  Russien  et  la 
Diseuse  de  bonne  aventure  Russienne ,  le  Cabaret 
et  la  Récréation  champêtre  ;  enfin  diverses  pièces 
d'après  Et.  Jeaurat,  Gh.  Eisen,  J.  M.  Nattier,  etc.. 


GAILLARD.  223 

Louise  Gaillard,  fille  de  Robert,  a  gravé  d'après 
P.  A.  Wille  et  d'après  Schenau  ; 

L Agaçante ,  —  la  Nonchalante  .  —  la  Rusée , 
d'après  P.  A.  Wille  ; 

La  Dissimulée ,  —  la  Mystérieuse ,  —  la  Prude , 
d'après  Schenau  ; 

L'Amour  fixé ,  —  le  Fossé  de  scrupule ,  —  la 
Brouille ,  —  le  Pardon  général ,  —  les  Mariés  selon 
la  coutume ,  —  le  Perroquet  mignon ,  toutes  grandes 
pièces  d'après  Schenau. 

Un  graveur -amateur.  Gaillard  de  Lonjumead 
(Pierre-Joseph)  a  publié  en  1760  une  suite  de  16  pièces 
à' Antiquités  de  la  ville  d'Aix.  —  Balechou  a  gravé 
son  portrait  d'après  J.  S.  Van  Loo. 

Pour  revenir  à  Robert  Gaillard,  voici  la  liste  de  ses 
principales  pièces  : 

ESTAMPES. 

I.  d'après  boucher. 

1.  VÉNUS  ET  l'Amour,  —  Jupiter  et  Calisto;  2p.  iu-fol. 

en  largeur. 

2.  Les  Bacchantes  endormies,  —  La  Fécondiïh;   2  p. 

in-foL 

3.  Sylvie  délivrée  par  Aminte;  in-fol.  en  largeur. 

4.  Le  Moineau  apprivoisé  ;  iu-fol.  eu  largeur. 

5 .  Le  Villageois  à  la  pêche  ;  in-fol. 

•3.  Les  Amants  SURPRIS,  —  L'Agréable  Leçon;  2  p.  iu-fol 


224         LES   GRAVEURS   DU    XYIII^   SIÈCLE. 
".   Le  Goûter  d'automne  ;  in-fol. 

8.  La    iM\RCH.\NDE    DE    MODES;   iu-fol. 

9.  Le  Messager  discret,  in-fol. 

10.  L'Obéissance  récompensée,   —   Le  Panier  mysté- 

rieux ;  2  p.  in-fol. 

11.  Le  Berger  récompensé;  in-fol. 

12.  Les  Sabots;  in-fol. 

Les  eaux-fortes  de  plusieurs  des  pièces  qui  précèdent  ont  figuré  à  la  vente 
Mailand,  1881.  De  100  à  150  fr. 

II.   d'après  g.  EISEN. 

13.  L'Accord  de  mariage. 

14.  Le  Bouquet. 

15.  LE   BOUQUET   BIEN    REÇU,  in-fol. 

L'eau-forte  pure,  '200  fr.,  1880. 

16.  LE   MOUTON    FAVORI;  in-fol. 

Ces  deux  pièces  sont  peut-être  les  meilleures  de  l'œuvre  de  Gaillard ,  qui 
contient  tant  de  pièces  estimables,  mais  pas  une  seule  vraiment  hors  ligne. 

m.    d'après   gravelot. 
n.  Le  Lecteur;  in-fol. 

L'eau-forte  pure,  60  fr.,  1879. 

IV.   d'après   greuze. 

18.  LA   MALÉDICTION    PATERNELLE;  in-fol  en  largeur. 

50  fr.,  avant  la  lettre,  vente  Roth. 

19.  LE    FILS    PUNI;  in-fol.  en  largeur. 

50  fr.,  avant  la  lettre,  vente  Roth. 

20.  LA   VOLUPTUEUSE,    buste  de  femme  dans  un  cadre   orné; 

in-fol. 

21.  Diane,  Calisto,  études  de  tètes;  2  p.  in-4. 


GAILLARD.  226 


V.    D  APRES   JEAURAT. 

22.  Vénus  et  Adonis.  —  Le  Jeune  Symphoniste.  —  La  Petite  Jalouse. 
—  La  Belle  Rêveuse. 


VI.     D  APRES    LE    PRINCE. 

23.  Le   Cab.\RET;  in-fol. 

24.  Le  Concert  russien;  in-fol. 

25.  La  Diseuse  de  bonne  aventure  russienne,  dédié  à 

Monsieur  Lempereur,  échevin  de  la  ville  de  Paris  ;  in-fol. 

26.  Le  Moineau  retrouvé. 
21.  La  Récréation  champêtre. 

VII.   d'après  nattier 

28.  La  Collation  ,  1751 ,  pièce  en  largeur. 

VIII.  d'après  sghenau. 

29.  La  Naissance  de  l'Amour  ;  in-fol.   — La  Belle  Fileuse  ;  in-fol    — 

L'Écureuil  content.    —  L'Heureux  Serin.  —  La  Méditation.  — 
L'Ouvrière  en  dentelle. 


Ajoutons  encore  l'Enlèvement  des  Sabines ,  d'après  Luca  Glordano  ,  planche 
commencée  par  Sornique  et  terminée  par  Gaillard,  le  Joueur  de  musette,  l'Enfant 
prodigue  exigeant  sa  légitime,  d'après  Le  Clerc. 

L'Agréable  Lecture,  et  son  pendant,  2  pièces  non  signées,  se  vendaient  chez 
Gaillard. 


PORTRAITS. 

30.  Beaumont  (Christophe  de) ,  archevêque  de  Paris  ,  d'après  Che- 
vallier; in-fol. 

31    BE RT IN  (H.-L.-J.-B.),  ministre  d'État,  d'après  Roslin;  in-fol. 

32.  Bielfeld  (le  Baron  de)  ;  in-8. 

II.  15 


226         LES    GRAVEURS   DU    XVIIF   SIECLE. 

33.  CASTANIER  (François),  debout  devant  une  table  et  tenant  une 

lettre,  d'après  Rigaud  ;  iu-fol. 

34.  Duchesne  (Biaise),  abbé,  d'après  Gnevallier,  1752;  in-fol. 

35.  GALITZINE  (Catherine,  Princesse  de) ,  née  Princesse  de  Canté- 

mir,  dame  du  portrait  de  S.  M.  l'Impératrice  Elisabeth  de  Russie, 
d'après  Van  Loo  ;  in-fol. 

36.  Gr.\NDJE.\N  (Henri  de),  oculiste  du  roi ,  d'après  Deshays,  1182; 

petit  in-fol. 

3T.  Languet  (Nicolas),  archevêque  de  Sens,  d'après  Chevallier. 

38.  Loitise-Ulriql'E  ,  reine  de  Suède,  d'après  Latinville. 

39.  Mvrie-Louise-ThkrÈSE-Victoire    de   France  ,    sous   la 

figure  de  l'Eau  ,  d'après  Nattier  ;  in-fol.  en  largeur. 

40.  Perin,    secrétaire  du  maréchal  de  Belle-Isle.  —    Revel    pinx. 

Niceae  1747,  R.  Gaillard  sculp.  Parisiis  1748  ;  in-18  en  largeur. 

Philosophe  au  milieu  du  tumulte  et  du  monde 
Je  consacre  par  goût  aux  muses  le  loisir 
Qu'une  vie,  à  regret ,  par  état ,  vagabonde, 
Me  laisse  quelquefois  à  donner  au  plaisir. 

Quels  vers  !  Mais  le  petit  portrait  est  très  finement  gravé. 

41.  PiCHAULT  DE   LA   MartiniÈRE,    chirurgien,  d'après  Latin- 

ville  ;  in-fol.  —  A  droite  ,  sur  un  obélisque  ,  le  médaillon  de 
Louis  XV. 

42.  POTIER    DE    GESVRES,  cardinal;  in-fol. 

43.  Trois  (Joseph),  docteur  en  théologie,  d'après  Taraval,  1784;  iu-tol. 

44.  Troncbin  ,  professeur  de  médecine  à  Genève,  d'après  Liotard;  iu-4. 

État  avant  les  vers  :  Prolonger  le  fil  de  la  vie.. . . 

45.  Voltaire,  d'après  La  Tour  ;  in-8. 

46.  Très  nombreux  portraits  pour  le  fonds  d'Odieuvre.  —  Souverains 

et  princes  étrangers;  Foucquet,  Bussy-Rabutin,  Dacier,  Madame 
Dacier,  le  maréchal  de  La  Feuillade  ,  Schomberg  ,  Louvois  ,  Le 
Nain  de  Tillemont,  Mabillon,  Louis  Racine,  Grécourt,  etc.,  etc. 


GAILLARD,  227 

4T.  Portraits  pour  la  Vl  F  DES  PEINTRES  FLAMANDS  deDescamps. 
—  Rembrandt ,  Thierry  Dyrck  ,  Kœberger,  François  Sneyders, 
de  Ghéest,  F.  Hais,  Léonard  Bramer,  Daniel  Seghers,  LucasYan 
Uden,  Hubert  Goltzius,  Jean  Yan  Goyen,  Corneille  Poelembourg, 
Ph.  de  Champagne,  Jean  Torrentius,  Adam  Elzheimer,  Anne- 
Marie  Schuurmans,  Jacques  Backer,  Gaspard  Netscher,  etc. 


VIGNETTES. 

48.  Vignettes  refusées  pour  les  Contes  de  La  Fontaine ,  édition  des 

Fermiers-Généraux. 

49.  Illustrations  pour  les  Fables  de  La  Fontaine,  d'après  Oudry;  in-fol. 

La  Grenouille  qui  veut  se  faire  ausi  grosse  que  le  bœuf.  —  L'Hirondelle  et  les 
petits  oiseaux.  —  L'Homme  entre  deux  âges. . . .  —  Contre  ceux  qui  ont  le  goût 
difûcile.  —  Conseil  tenu  par  les  rats.  —  Le  Corbeau  voulant  imiter  l'aigle.  — 
Le  Vieillard  et  ses  enfants.  —  Le  Coche  et  la  Mouche.  —  Le  Paysan  du  Danube. 

La  plupart  des  eaux-fortes  sont  de  Cochin  père. 


GALLIMARD    (Claude-Olivier 


4  720-1774. 


Tout  ce  que  l'on  sait  de  lui ,  c'est  qu'il  est  né  à 
Troyes  en  1720  et  qu'il  a  passé  quelque  temps  à  Rome 
où  il  a  gravé  diverses  pièces  d'après  de  Troy,  Subleyras 
et  autres  maîtres.  «  Vous  avez  raison  d'exciter  le  jeune 
»  Gallimard  à  se  perfectionner  dans  l'art  de  la  gra- 
»  vure  qui  est  très  nécessaire  »  ,  écrivait  le  30  mai 
1750  Lenormant  de  Tournehem  au  directeur  de  l'Aca- 
démie de  France  à  Rome,  J.-B.  de  Troy.  Cette  mention, 
quelque  banale  qu'elle  soit ,  prouve  que  les  progrès 
du  jeune  graveur  étaient  surveillés  en  haut  lieu. 
Gallimard  se  trouvait  donc  à  Rome  lorsque  M.  de 
Vandières  y  séjourna ,  accompagné  de  Cochin  et  de 
l'abbé  Le  Blanc  :  il  se  lia  avec  eux. 

A  son  retour  d'Italie  ,  il  fut  reçu  membre  de  l'Aca- 
démie de  peinture  de  Paris ,  le  29  avril  1752.  Plus 
tard ,  il  fut  aussi  professeur  de  dessin  à  l'École  royale 
militaire. 

Les  pièces  que  Gallimard  a  gravées  d'après  Cochin 
sont  fort  spirituellement  touchées ,  et  font  regretter 
qu'il  n'ait  pas  produit  un  plus  grand  nombre  de 
vignettes  ;  ce  genre  aurait  plus  particulièrement 
convenu  à  son  talent. 


GALLIMARD.  229 

Le  5  mars  1774,  le  secrétaire  de  l'Académie  annonce 
à  cette  assemblée  la  mort  du  graveur  Gallimard  ,  sur- 
venue le  2  du  même  mois. 


1 .  La  Chasteté  de  Joseph  ,  d'après  F.  de  Troy,  1744  ;  in-fol. 

2.  La  Reine  de  Saba  ,  d'après  F.  de  Troy,  1*744  ;  in-fol. 

3 .  Le  Bienheureux  Jérôme  Émilien  présente  ses  enfants  à  la  Vierge  , 

d'après  J.-B.  de  Troy,  1749. 

4 .  Un  prélat  à  genoux  présente  ses  œuvres  à  Louis  XV.  —  Eques  J.  de 

Troy  inv.    C.  O.  Gallimard  sculp.  Romse;  in-8. 

5.  Angélique  fuyant  Renaud  ,  d'après  Dandré-Bardon  ;  vignette  in-4. 

6.  Saint  Bruno,  statue,  d'après  M.  A.  Slotdz. 

7.  A  la  mémoire  de  Vleughels.  —  In  mutuœ  amicitiœ  monumentum 

M.  A.  Slodtz  invenit ,  0.  Claudius  Gallimard  Parisinus  incidit 
1744  ;  pièce  in-fol. 

8.  La  Peintresse,  d'après  Pater. 

9 .  Quatre  sujets  allégoriques  dans  des  cartouches,  d'après  de  La  Monce 

[Essai  fiur  l'homme,  de  Pope). 

10.  Sujets  du  roman  de  Lazarille,  d'après  Le  Mesie. 

11.  Vignettes,   fleurons   et  lettres   grises   pour  un  ouvrage   dédié  à 

Madame  la  Dauphine,  d'après  Pannini. 

12.  Frontispice  d'après  Le  Lorrain  pour  les  Lettres  de  M.  VAhbé  Le 

Blanc,  1757;  in-12. 

13.  Frontispice  ,  et  armes  de  M.  de  La  Vallière  ,  d'après  Cochin  fils  , 

pour  la  dédicace  du  Parfait  Ingénieur  français  de  Deidier,  Jom- 
bert,   1741. 

14.  L.\  Soirée,  Retoi;r  dl  Bal,  petite  estampe  gravée  en  1759, 

d'après  un  dessin  de  Cochin  fils  ;  in-4  en  largeur. 

"  On  y  voit  des  hommes  en  domino  fort  fatigués  ;  des  dames  que  l'on  désha- 
»  bille  semblent  leur  reprocher  leur  lassitude.  »  (Jombert.) 


230  GRAVEURS    DU    XYIIF   SIÈCLE. 

15.  Ex-libris  anonyme  de  l'abbé  Le  Blanc.  —  Dans  des  rochers ,  des 

amours  enguirlandent  des  cygnes  autour  d'un  blason. —  C.  Cochin 
filius  inv.,  C.  O.  Galimard  sculp. 

Cet  es-libris  fut  dessiné  à  Rome  par  Cochin  ,  et  gravé  par  GaUimard  dans  la 
même  ville  en  1751.  Cette  petite  estampe,  dit  Jombert,  est  fort  rare. 

16.  Armes  de  Poisson  de  M.VRIGNY,  dans  des  nuées,  entourées 

de  figures  allégoriques  ;  d'après  Cochin,  1752  {Architecture  fran- 
çaise, de  Blondel). 

n.  Entrée  de  Louis  XV  dans  Paris  par  la  porte  St-Antoine , 
enni5,— Établissement  de  la  Chambre  de  Justice 

contre  l'avidité  des  maltôtiers,  2  p.  in-fol.  d'après  Cochin. 

Ces  deux  belles  planches  font  partie  de  VHistoire  de  Louis  XY  par  médailles 
(voyez  catalogue  de  Cochin  fils). 

18.  Vue  du  Vésuve ,  d  après  Cochin  [Observations  sur  les  antiquités 

dCHerculanum), 

19.  Illustrations  pour  le  CATALOGUE  RAISONNÉ  DES  TABLEAUX 

DU  ROY  par  M.  Lépicié,  d'après  Cochin. 

1.  Fleuron  du  titre  :  le  soleil  rayonnant ,  aux  armes  de  France,  se  lève  pour 
éclairer  les  arts.  —  2.  Tête  de  page  du  second  volume  :  la  Peinture  consulte  la 
Nature,  avec  divers  Génies  des  arts  qui  repoussent  le  Temps. 

20.  Triomphe  de  Cybèle  et  sujet  pastoral ,  fleurons  pour  le  Lucrèce  de 

Marchetti,  n54. 

21.  Fleuron  d'après  Cochin.  —  Sphère  groupée  avec  des  lunettes  d'ap- 

proche (Explication  du  flux  et  du  reflux  de  la  mer) ,  Jombert , 
1-749. 

22.  SCHOLA  MARTIS,  pièce  allégorique  sur  la  fondation  de  l'École 

militaire,  d'après  Cochin;  in-4. 

Nous  avons  attribué  à  Cochin  l'eau-forte  de  cette  belle  pièce.  Jombert  dit 
qu'  «  elle  se  grave  actuellement  chez  M.  Gallimard  ».  Nous  ne  connaissons  pas 
cette  estampe  terminée  (voyez  catalogue  de  Cochin  ,  N"  88). 

23.  Le  Loup  et  l'Agneau  ,  —  le  Dragon  à  plusieurs  têtes. .  . ,  —  les 

Deux  Chèvres ,  illustrations  d'après  Oudry  pour  les   Fables  de 
La  Fontaine. 


GAMELIN   (Jacques; 


1738-1803. 


Jacques  Gameliu  est  né  à  Carcassoiiiie  en  1738.  Il 
en  est  de  lui  au  début  comme  de  tant  d'autres.  Son 
père ,  marchand  drapier,  veut  absolument  l'obliger  à 
suivre  sa  profession  et  l'envoie  à  Toulouse  chez  M.  Mar- 
cassus  baron  de  Puymaurin,  manufacturier  anobli  par 
Louis  XV  pour  les  services  qu'il  avait  rendus  à  la 
fabrication.  Mais  le  jeune  Gamehn,  loin  de  s'appliquer 
à  bien  tenir  les  écritures  .  couvre  de  dessins  les  regis- 
tres de  la  maison  de  commerce  ;  heureusement  M.  de 
Puymaurin  est  aussi  instruit  que  bienveillant  ;  il  veut 
voir  ces  dessins,  il  pressent  l'avenir  de  son  jeune 
commis  ;  bien  plus ,  il  fait  le  voyage  de  Carcassonne 
pour  vaincre  la  répugnance  de  Gamelin  père,  et 
n'ayant  point  réussi ,  il  se  charge  de  l'éducation  artis- 
tique de  Jacques,  qu'il  confie  au  chevalier  Rivalz. 

Gamelin  remporta  le  premier  prix  à  l'Académie  de 
Toulouse  ;  il  se  perfectionna  à  Paris  ,  puis  à  Rome  où 
il  se  maria.  11  fut  membre  de  l'Académie  de  St-Luc , 
et  premier  peintre  du  pape  Clément  XIV .  Les  Acadé- 
mies de  Toulouse  et  de  Montpellier  se  l'associèrent.  Ce 
fut  alors  seulement  que  Gamelin  père  ,  ébloui  par  ces 
succès  ,  se  réconciha  avec  son  fils.  Il  mourut  bientôt 


232         LES   GRAVEURS    DU    XYIIIP   SIECLE. 

après ,  et  Jacques  Gamelin ,  héritier  d'une  fortune 
considérable  revint  se  fixer  en  France .  à  Toulouse 
d'abord,  puis  à  Montpellier  où  il  fut  directeur  de  l'Aca- 
démie en  1776.  Il  revint  ensuite  à  Toulouse  pour 
s'occuper  de  la  publication  d'un  grand  ouvrage  d'ana- 
tomie,  avec  planches  en  couleurs,  qui  le  ruina. 

En  1793 ,  il  se  rendit  à  l'armée  des  Pyrénées  et  en 
fut  nommé  le  peintre  avec  le  grade  de  capitaine  du 
génie.  Non  seulement  il  paya  de  sa  personne  ,  mais  il 
dessina  ou  peignit  les  batailles  où  il  assista ,  et  les 
esquisses  de  ces  batailles  sont  des  chefs-d'œuvre. 

Gamelin  est  mort  en  1803.  Il  a  laissé  un  grand 
nombre  de  tableaux.  Ses  dessins  sont  d'une  fougue , 
d'une  vigueur  d'exécution  remarquable.  Ses  eaux- 
fortes  sont  d'une  extrême  rareté  ;  Baudicour  était 
parvenu  à  en  réunir  52. 

1.  Le  Massacre  des  Innocents  ;  grande  et  belle  pièce  en  largeur. 

2.  La  Guérison  du  paralytique  ;  in-4. 

3.  Les  Augures,  d'après  Polydore  de  Caravage. 

4.  Cartouche  en  hauteur,  avec  la  Prudence  et  la  Force. 

5 .  La  Bataille  de  Fontenoy  ;  in-fol . 

6.  Huit  petites  compositions  de  batailles. 

1 .   Figures  en  pied ,  d'après  Advinent.  —  Trois  dames  vues  à  mi-corps. 

—  Dame  et  Jeune  Fille.  —  Études  diverses. 

8.  Madame  Gamelin.  —  Advinent,  peintre  en  miniature ,  gendre  de 
Gamelin.  —  Madame  Advinent.  —  Gamelin  fils  aîné.  —  Gamelin 
fils  cadet,  fait  en  1791  ,  avec  cette  légende  sur  le  fond  :  Louis 
Gamelin  démocrate  enragé  âgé  de  13  ans,  que  sera-t-il  à  20. 

—  Bécane,  professeur  de  chirurgie  à  Toulouse. 

y .  Fleurons  et  planches  pour  un  Recueil  d'Ostéologie  et  de  Myologie  , 
Toulouse,    m 9. 


GARREAU    (L.-P.-F). 


«  Garreau ,  dit  Basan ,  a  gravé  en  1782  diverses 
»  petites  pièces  de  la  suite  de  ['Histoire  de  France 
>>  d'après  les  dessins  de  Moreaii ,  plusieurs  paysages 
»  d'après  différents  maîtres.  Depuis  plusieurs  années 
»  il  demeure  en  Hollande.  » 

Portons  encore  à  l'actif  de  Garreau  : 

Le  Cabaret ,  d'après  Téniers  (  Galerie  du  Palais- 
Royal). 

La  Danse ,  d'après  Jean  Miel  (id). 

Le  Charlatan ,  d'après  Karel  Dujardin  (  Musée 
français) 

Les  Patineurs,  d'après  Van  Ostade  (id). 

i'"  et  2"  Vues  des  environs  de  Guavana,  d'après 
Locatelli. 

Une  Ferme,  d'après  Paul  Potter. 

Les  Mangeurs  d'huîtres,  d'après  Bénard  ,  petite 
pièce  en  largeur. 

Garreau  a  travaillé  au  Cabinet  Poullain.  Il  fut . 
comme  nous  l'indique  Basan,  un  des  graveurs  les  })lus 
employés  pour  Y  Histoire  de  France  de  Morcau. 


GAUCHER    (Charles-Etienne 


174^-1804. 


Charles  -  Etienne  Gaucher,  graveur  remarquahlè 
par  la  douceur  et  la  déhcatesse  de  son  burin ,  est  né  à 
Paris,  en  1741,  dans  une  famille  de  bonne  bourgeoisie. 
On  avait  pensé  a  faire  de  lui  un  médecin,  mais  comme 
dès  son  enfance  il  annonça  un  goût  très  vif  pour  les 
arts ,  sa  famille  ne  s'opposa  guère  à  cette  vocation 
naissante.  Il  commença  par  apprendre  son  métier  chez 
Basan.  C'est  de  son  séjour  dans  cet  atelier  qu'il  faut 
dater  ces  reproductions  de  maîtres  flamands  où  l'on 
sent  une  main  encore  inexpérimentée ,  corrigée  ou 
mieux  soutenue  par  un  burin  rompu  à  la  pratique , 
le  Marchand  de  'Mort  aux  rats  d'après  Vischer,  par 
exemple. 

Gaucher  abandonne  ensuite  Basan  pour  entrer  dans 
le  fameux  atelier  de  Le  Bas.  C'est  dans  cette  pépi- 
nière de  talents  naissants ,  c'est  dans  cette  véritable 
académie  de  gravure  ,  que  le  futur  auteur  du  portrait 
de  Madame  Du  Barry  va  apprendre  à  ja/oc/ier  le  cuivre 
et  à  indiquer,  d'une  pointe  de  bonne  heure  habile  ,  le 
fin  tracé  d'un  délicat  visage  de  femme  ;  joyeux  en 
même  temps  que  laborieux  atelier,  habilement  conduit 
par  le  père  Le  Bas ,  esprit  tout  parisien  ,  très  fin  dans 


GAUCHER.  236 

sa  bonhomie  ,  n'épargnant  ni  ses  soins  ,  ni  son  argent 
pour  former  ses  élèves ,  ou  môme  pour  les  amuser,  et 
accompagnant  toujours  ses  corrections  de  quelque 
plaisanterie. 

V Après-disnèe  flœmande  ,  daprès  Van  Tilborch  , 
doit  être  une  œuvre  de  cet  heureux  temps ,  car  elle 
est  dédiée  à  M.  Le  Bas  par  son  très  humble  servi- 
teur et  élève  Gaucher.  C'est  à  la  même  époque  que 
nous  rattacherions  les  copies  retournées  de  neuf  pièces 
des  Contes  de  la  Fontaine  de  l'édition  des  fermiers 
généraux ,  mais  bien  que  cette  excursion  dans  le 
domaine  de  la  vignette  ait  dû  l'encourager ,  Gaucher 
semble  s'être  a'ionné  de  préférence  à  la  gravure  des 
portraits  de  petite  dimension. 

Il  s'essaie  d'abord  timidement  dans  ceux  de  Jean- 
Jacques  Rousseau,  (1763),  de  l'évêque  du  Mans  Louis 
de  Grimai di ,  de  Pierre  Corneille,  pour  l'édition 
commentée  par  Voltaire  (1764) ,  et  dans  celui  de 
Racine,  destiné  à  l'édition  de  Luneau  de  Boisgermain  : 
tout-à-coup  i]  grave  un  chef-d'œuvre  d'expression , 
de  goût  et  de  tine  exécution ,  le  portrait  de  Marie 
Leczinska  d'après  Nattier.  La  royale  effigie,  entourée 
d'une  guirlande  de  lys  et  de  roses  exécutée  par  Ghof- 
fard,  était  faite  pour  orner  la  dédicace  de  V Abrégé  de 
VHisioire  de  France,  que  le  président  Hénault  adres- 
sait à  la  reine.  La  préparation  à  l'eau-forte  de  cette 
petite  merveille  de  gravure  est,  certes,  fort  agréable , 
mais  elle  ne  fait  pas  encore  présager  tout  ce  que 
l'artisle  mettra  ensuite,  dans  la  planche  terminée,  de 
charme  et  de  délicatesse.  Pour  nous  il  a  donné  dans 
ce  portrait  sa  mesure  et  il  ne  fera  pas  mienx. 

Et  pourtant,  quelle  plus  charmante  chose  que  l'élé- 


236  LES    GRAVEURS    DU    XVllI^'    SIECLE. 

gante  image  de  cette  grande  impure  ,  la  Comtesse  Du 
Barry  (1770),  encadrée  dans  des  roses,  toute  gracieuse 
et  souriante  et  ne  se  doutant  guèi-e  de  la  terrible  fin 
qui  l'attend  !  Si  le  modèle  était  séduisant,  le  portrait 
ne  l'est  pas  moins  ;  comme  travail ,  c'est  un  tour  de 
force  surprenant. 

A  présent  Gaucher  est  célèbre ,  et  sa  réputation 
de  graveur  de  fins  portraits  est  faite ,  ce  qui  ne  l'em- 
pêche pas  de  s'adonner  aussi  à  la  vignette.  Les  travaux 
affluent.  Tour  à  tour  nous  le  voyons  graver  la  vignette 
et  le  cul-de-lampe  de  \ Idylle  de  Berquin,  d'après 
Marillier,  un  titre  élégant ,  des  fleurons  et  un  portrait 
pour  les  Œuvres  de  Saint-Marc  (1772) .  les  fleurons 
exécutés  pour  l'édition  des  Aventurées  de  Tèlèmaque, 
texte  gravé  par  Drouët ,  édition  qui  formerait  un  très 
beau  livre  ,  si  elle  n'avait  été  malheureusement  inter- 
rompue, faute  de  souscripteurs.  Le  Journal  de  Paris 
en  faisait  pourtant  les  plus  grands  éloges  :  «  On 
»  n'épargne  rien  pour  rendre  cette  édition  magni- 
»  flque  ;  elle  réunira  au  fini  des  estampes  la  ueauté  et 
»  la  correction  de  la  gravure  du  texte.  L'impression 
»  en  taille-douce  sera  soignée  et  point  sujette  à  varier 
»  de  ton  ni  de  couleur.  On  n'emploiera  que  du  papier 
»  choisi,  afin  de  donner  à  l'ouvrage  toute  la  perfection 
»  dont  il  est  susceptible.  L'exemplaire  formera  un 
»  volume  petit  in-4''  et  coûtera  168  livres  en  papier  de 
»  Hollande  et  144  livres  en  papier  de  France. 

»  Les  amateurs  qui  voudront  se  procurer  des 
^>  premières  épreuves  les  auront  fidèlement  en  se  fai- 
»  sant  inscrh'e,  sans  rien  payer  d'avance,  chez  le  sieur 
»  Drouët,  graveur,  rue  et  collège  des  Ghollets,  près 
»  Sainte-Geneviève.  » 


GAUCHER.  237 

On  voit  que  l'ouvrage  coûtait  un  peu  cher  pour  l'é- 
poque et  ce  haut  prix  dut  dégoûter  bien  des  bibliophiles. 
Cochin  qui  devait  donner  pour  cet  ouvrage  vingt-cinq 
grandes  compositions  ,  s'arrêta  à  la  treizième  ,  le  gra- 
veur de  caractères  et  de  cartes  de  géographie,  Drouët 
éditeur  du  livre,  ne  pouvant  ai'river  k  réunir  les 
sommes  nécessaires  au  paiement  des  artistes.  Il  ne 
parut  donc  qu'un  fragment  comprenant  les  six  pre- 
miers livres. 

11  faut  toujours  en  revenir  aux  portraits  qui  cons- 
tituent le  vrai  titre  de  gloire  de  Gaucher.  Le  volume 
des  Annales  du  règne  de  Marie-Thérèse  est ,  à  ce 
point  de  vue ,  particulièrement  favorisé  par  deux 
estampes  exquises .  le  portrait  de  Joseph  IF  (1774) , 
et  surtout  celui  de  Marie-xinloinette  (1775) ,  d'après 
deux  dessins  de  Moreau.  Le  portrait  de  la  jeune  reine 
aux  traits  si  fins  et  si  pui's  ,  est  tout  particulièrement 
agréable ,  et  il  a  fallu  tout  l'art  de  Le  Mire ,  qui  a 
gravé  un  portrait  de  Marie-Antoinette  de  même  for- 
mat, pour  faire  hésiter  l'amateur  et  réussir  à  provoquer 
deux  admirations. 

Nous  ne  pouvons  citer  tous  les  portraits  exécutés 
par  Gaucher  à  cette  heureuse  époque  de  son  talent  : 
choisissons  pourtant  dans  le  nombre  celui  du  Dauphin. 
plus  tard  Louis  XVI ,  à  l'âge  de  dix-sept  ans  (1770)  ; 
celui  du  roi  de  Danemarck  Christian  VII ,  jeune 
homme  à  la  physionomie  intelligente  et  originale  ,  et 
dont  le  portrait  est  très  probablement  resté  inachevé  , 
puisqu'on  ne  le  trouve  qu'à  l'état  d'ébauche  dans  l'œu- 
vre du  Cabinet  des  Estampes  ;  celui  de  la  Comtesse 
de  Carcado,  avec  ou  sans  bonnet,  ceux  de  la  Baronne 
de  Noyelles ,  de  Cailhava ,    de   Frèron  (1771) ,    de 


238  LES   GRAVEURS    DU    XVIII«   SIECLE. 

l'avocat  Guérin  (1771),  (\\\  Duc  de  Brissac  (1772) ,  de 
Le  Normant  du  Coudray.  etc. 

Nous  voici  arrivés  à  la  pièce  capitale  de  l'œuvre  de 
notre  graveur,  le  Couronneinent  du  buste  de  Voltaire 
à  la  Comédie  française,  le  30  mars  1778,  à  la  suite  de 
la  sixième  représentation  à' Irène,  d'après  le  dessin  de 
Moreau  le  jeune.  Laissons  Grimm  .  témoin  oculaire , 
décrire  le  moment  précis  reproduit  par  l'estampe  de 
Gaucher  ;  Voltaire  est  dans  l'avant-scène  des  secondes 
spécialement  réservée  aux  gentilshommes  de  la 
Chambre,  entre  M™^  de  Villette  et  sa  nièce  M™"  Denis  : 
«  La  toile  baissée ,  les  cris ,  les  applaudissements  se 
»  sont  renouvelés  avec  plus  de  vivacité  que  jamais. 
»  L'illustre  vieillard  s'est  levé  pour  remercier  le  public 
»  et  l'instant  d'après  on  a  vu  sur  un  piédestal,  au  miheu 
»  du  théâtre ,  le  buste  de  ce  grand  homme ,  tous  les 
»  acteurs,  toutes  les  actrices  rangés  en  cintre  autour 
»  du  buste,  des  guirlandes  et  des  couronnes  à  la  main, 
»  et  tout  le  public  qui  se  trouvait  dans  les  coulisses , 
»  derrière  eux ...  Le  nom  de  Voltaire  a  retenti  de 
»  toutes  parts  avec  des  acclamations ,  des  tressaille- 
»  ments,  des  cris  de  joie,  de  reconnaissance  et  d'admi- 
»  ration.  C'est  Brizard  qui  a  posé  la  première  couronne 
»  sur  le  buste  ;  les  autres  acteurs  ont  suivi  son  exemple 
»  et  après  l'avoir  ainsi  couvert  de  lauriers.  Madame 
»  Vestris  s'est  avancée  sur  le  bord  de  la  scène  pour 
»  adresser  au  dieu  même  de  la  fête  ces  vers  que 
»  M.  de  Saint-Marc  venait  de  faii-e  sur  le  champ  : 

'  Aux  yeux  de  Paris  enchanté, 
>-  Reçois  en  ce  jour  un  hommage 
"  Que  confirmera  d'âge  en  âge 
"  La  sévère  postérité. 


GAUCHKH.  239 

»  Non,  tu  n'as  pas  besoin  d'atteindre  au  noir  rivage 
■>  Pour  jouir  de  l'honneur  de  l'immortalité. 

»  Voltaire,  reçois  la  couronne 

>  Que  l'on  vient  de  le  présenter  : 

"  //  est  beau  de  la  mériter 

"  Quand  c'est  la  France  qui  la  donne.  ■ 

Ces  vers  sont  couverts  d'applaudissements  et  on  les 
fait  répétera  Madame  Ves  tris.  Enfin  Voltaire,  attendri 
par  tous  ces  témoignages  d'admiration  et  semblant 
succomber  sous  le  poids  des  lauriers  dont  on  le  charge, 
plus  encore  que  sous  celui  des  ans  ,  sort  du  spectacle  , 
porté,  pour  ainsi  dire,  sur  les  bras  des  femmes  rangées 
sur  son  passage. 

Le  6  mai  1778 ,  le  Journal  de  Paris  annonçait 
déjà  l'apparition  de  l'estampe  :  «  Nous  venons  d'ap- 
»  prendre  que  M.  Gaucher  travaille  actuellement  à 
»  consacrer  par  le  burin  ce  moment  où  tout  le  public 
»  ravi  d'admiration  et  attendri  à  la  vue  d'un  octo- 
»  génaire  couvert  de  plus  de  soixante  ans  de  gloire.. 
»  lui  a  présenté  de  son  vivant  la  coupe  de  l'immor- 
»  talité.  Nous  espérons  trouver  grâce  aux  yeux  de 
»  nos  lecteurs  de  l'indiscrétion  dont  nous  nous  ren 
»  dons  coupable  envers  un  artiste  que  notre  annonce 
»  prématurée  pourrait  peut-être  offenser » 

La  nouvelle  était  prématurée  en  effet ,  et  malgré  la 
célérité  promise ,  la  gravure  de  Gaucher  ne  fut  ter- 
minée que  quatre  ans  plus  tard.  Ce  n'est  que  vers  la 
fin  de  1781  que  l'on  distribua  pour  activer  la  sous- 
cription un  prospectus  rédigé  par  Gaucher  lui-même, 
et  dont  nous  extrayons  ce  passage  qui  complétera  la 
description  de  cette  estampe  :  «  On  n'a  rien  négligé 
»  de  ce  qui   pouvait  concourir  à  la  représentation 


40         LES   GRAVEURS    DU    XVIII'    SIÈCLE. 

»  fidèle  d'un  événement  doi\t  on  trouve  si  peu  d'exem- 
»  pies  dans  les  annales  du  monde.  M.  Gaucher,  qui  a 
»  conçu  le  projet  de  l'estampe,  l'a  exécutée  d'après  un 
»  dessin  de  M.  Moreau  le  jeune.  L'effet  pittoresque 
»  des  lumières,  des  décorations,  du  théâtre,  du  costume 
»  des  acteurs,  tout  a  été  dessiné  d'après  nature.  Le 
»  parquet ,  l'orchestre ,  les  loges  sont  remplis  d'une 
»  multitude  de  spectateurs  qui  tous  ont  les  yeux  fixés 
»  sur  Voltaire  et  qui ,  par  l'expression  et  la  variété 
»  de  leurs  attitudes ,  annoncent  avec  allégresse  les 
»  sentiments  qu'ils  éprouvent.  Le  buste  sur  lequel  on 
»  pose  la  couronne  a  été  exécuté  avec  le  plus  de  res- 
»  serablance  qu'il  a  été  possible  ;  mais  ce  qui  ne  laisse 
»  rien  à  désirer  dans  cette  partie,  c'est  le  portrait  du 
»  grand  homme  auquel  on  rend  hommage.  Il  est 
»  représenté  dans  une  loge  entre  Madame  Denis  sa 
»  nièce  et  Madame  la  Marquise  de  Villette.  Tous  les 
»  acteurs  qui  représentèrent  dans  la  tragédie  d'Irène 
»  sont  placés  sur  l'avant-scène  ,  dans  la  même  dispo- 
»  sition  où  ils  se  trouvèrent  lors  du  couronnement. 

»  C'est  au  génie  de  M.  Moreau  qu'on  est  redevable 
»  de  l'expression ,  du  sentiment  et  des  grâces  qu'il  a 
»  sçu  répandre  dans  ce  sujet  ainsi  que  de  la  chaleur 
»  et  de  l'enthousiasme  avec  lequel  il  l'a  exécuté.  On 
»  s'est  efforcé  de  rendre  dans  la  gravure  toutes  les 

»  beautés  de  l'original Elle  paraîtra  vers  la  fin  du 

»  mois  de  janvier  1782. 

»  On  peut  en  voir  les  épreuves  chez  l'auteur,  rue 
»  St-Jacques.  Le  prix  de  l'estampe  sera  de  six  livres.  » 

C'est  ainsi  qu'au  dix-huitième  siècle  on  préparait  la 
mise  en  vente  d'une  estampe. 

Cependant  la  pièce  tant  annoncée  ne  paraissait  pas. 


GAUCHER.  241 

Gaucher  crut  devoir,  tout  en  s'excusant  de  ses  retards, 
faire  en  même  temps  dans  le  Journal  de  Paris ,  à  la 
date  du  25  mars  1782 ,  un  dei'nier  appel  au  public. 
Enfin  le  10  juillet  la  planche  fut  mise  en  vente  et  bien 
accueillie ,  semble-t-il.  Le  premier  soin  du  graveur 
fut  d'en  ofirir  une  épreuve  à  l'Académie  française , 
et  il  l'accompagna  de  cette  lettre  assez  énigmatique 
et  qui  fait  allusion  à  une  exagération  de  modestie 
qu'il  aurait  eu  à  surmonter,  de  la  part  de  Madame 
de  Villette  qui  n'accepta  qu'à  regret  de  figurer  dans 
ce  tableau  : 

«  J'ose,  Messieurs,  vous  supplier  de  vouloir  bien 
»  agréer  un  exemplaire  de  mon  ouvrage ,  c'est  avoir 
»  en  même  temps  une  grâce  à  vous  demander   et 

»  une  obligation  à  remplir Puisse  la  plus  illustre 

»  Compagnie  de  l'Europe  honorer  de  ses  regards  le 
»  tableau  d'un  des  plus  beaux  momens  de  la  vie  de 
»  Voltaire!  Pour  l'exécuter  je  n'ai  pas  eu  seulement 

»  à  vaincre  la  modestie  de  cet  homme  célèbre 

»  mais  pouvois-je  manquer  de  persévérance?.... 
»  Voltaire  avoit  daigné  sourire  au  projet  de  per- 
»  pétuer  cet  événement ,  quelques  jours  avant  que 
»  la  mort  vînt  le  ravir  à  l'admiration  de  son  siècle  ; 
»  si  je  suis  assez  heureux  pour  mériter  votre  suffrage  , 
»  Messieurs ,  rien  ne  manquera  à  ma  félicité  que  de 
»  vous  en  témoigner  toute  ma  reconnaissance  ^ . . .  » 

L'Académie  accepta  l'hommage  et  chargea  son 
secrétaire  perpétuel ,  d'Alembert ,  de  faire  son  remer- 
cîment  à  l'artiste. 

Gaucher  a  beaucoup  gravé  d'après  les  compositions 

*  Mémoires  secrets  de  Bachaumont ,  tome  XXP.  —  28  juillet  1*782. 
II.  16 


242         LES    GRAVEURS    DU    XVIIl     SIECLE. 

de  son  ami  Cochin,  pour  lequel  il  nourrissait  une  admi- 
ration profonde  et  auquel  il  a,  chaque  fois  que  l'occasion 
s'est  présentée,  rendu  un  hommage  mérité.  Le  fron- 
tispice des  Fastes  d'Ovide  (1783) ,  la  gravure  pour 
VIliade  représentant  Priant  rapportant  à  Troie  le 
coî'ps  d'Hector,  et  les  figures  de  ïlconologie  d'après 
les  compositions  de  son  dessinateur  de  prédilection  , 
sont  parmi  ses  meilleures  productions.  C'est  du  reste 
aux  relations  suivies  de  ces  deux  artistes  et  à  la 
communauté  de  leur  goût  pour  l'allégorie  que  nous 
devons  la  continuation  de  VAlmanach  iconologique. 
L'idée  première  était  de  Gravelot;  c'est  lui  qui  en 
avait  dessiné  les  figures  et  écrit  l'explication.  A  la 
mort  de  Gravelot  arrivée  en  1773,  cet  Almanach, 
qui  avait  paru  chaque  année ,  ne  continua  à  voir  le 
jour  que  grâce  à  Cochin ,  qui  se  chargea  du  dessin 
des  figures. 

C'est  probablement  à  cette  époque  que  ce  dernier 
fit  appel  à  la  plume  de  Gaucher,  comme  aussi  à 
son  burin ,  car  nous  le  voyons  signer  la  figure  de 
Yhnpètuositè  en  1777  ;  celles  de  la  Simplicité  et  de  la 
Sagesse  divine ,  en  1780 ,  celles  de  la  Géographie  et 
de  la  Gravure  en  taille  douce  en  1782. 

La  publication  de  VAlmanach  Iconologique  fut 
interrompue  après  1782 ,  mais  Cochin  avait  dès  lors  le 
projet ,  de  concert  avec  Gaucher,  de  refondre  le  tout 
en  un  vrai  traité  (VIconologie  ;  les  deux  artistes  y 
travaillèrent  ensemble ,  et  Gaucher  grava  pour  cette 
nouvelle  édition  le  portrait  de  Cochin  (  1789  ) , 
enguirlandé  par  les  Grâces  et  couronné  pai'  le  dieu 
du  Goût,  d'après  un  dessin  de  Monnet.  Cochin  mourut 
(1790)  avant  de  voir  paraître  ce  livre  dont  l'impression 


GAUCHER.  243 

était  terminée  en  1791 ,  et  qui  ne  fut ,  par  suite  des 
événements  politiques ,  livré  au  public  qu'en  1796. 

Le  Barbier  l'aîné  a  aussi  été  interprété  par  Gaucher 
dans  divers  ouvrages.  Les  Chansons  de  Piis  sont  un 
charmant  petit  livre  dû  à  la  collaboration  des  deux 
artistes ,  et  l'on  peut  compléter  ce  volume  en  l'ornant 
d'un  agréable  portrait  de  l'auteur,  Antoine  de  Piis , 
écuyer  du  comte  d'Artois  ,  que  Gaucher  a  gravé  pour 
un  opuscule  intitulé  V Harmonie  imitative  (1785). 

Ce  portrait  nous  ramène  à  d'autres  ,  que  le  graveur 
exécutait  à  la  même  époque.  Voici  le  contrat  par 
lequel  Gaucher  s'engageait  à  graver  celui  du  Comte 
de  Vergennes.  «  Je  soussigné ,  Charles-Etienne  Gau- 
»  cher ,  promets  et  m'engage  de  graver  le  portrait 
»  de  M.  le  Comte  de  Vergennes  d'après  le  dessin 
»  de  M.  Moreau ,  pour  le  prix  de  sept  cent  vingt 
»  livres  ;  laquelle  somme  me  sera  délivrée  en  quatre 
-»  payemens  égaux,  sçavoir  :  cent  quatre  vingt  livres 
»  en  commençant  l'ouvrage  ;  pareille  somme  après 
»  la  gravure  de  la  bordure  et  des  accessoires,  du 
»  fond  et  du  trait  ;  le  troisième  payement  aux  premières 
»  épreuves  ;  et  le  quatrième  et  dernier  lorsque  la 
»  planche  sera  entièrement  terminée  :  Je  m'engage 
»  d'entretenir  le  tirage  jusqu'à  deux  mille  cinq  cents 

»  exemplaires Fait  double  entre  nous,  sous  nos 

»  signatures  privées  ,  à  Paris  ,  ce  23  juillet  1784. 

»  Pankoucke.  —  Gaucher.  » 

Ajoutons  que  c'est  à  la  sollicitation  de  M.  de  Ver- 
gennes ,  alors  ministre ,  et  qui  semble  avoir  été  son 
protecteur ,  que  Gaucher  avait  rédigé  la  relation  d'un 
voyage  pittoresque  à  Londres  que  diverses  circons- 


244         LES    GRAVEURS    DU    XVllF    SIECLE. 

tances ,  dit  son  élève  et  ami  Hérivaux,  empêchèrent 
de  paraître.  Pendant  ce  voyage  Gaucher  avait  été 
nommé  membre  de  l'Académie  des  arts  d'Angleterre. 
Le  portrait  très-expressif  de  Marmontel ,  historio- 
graphe de  France  (1786) ,  est ,  chose  rare ,  à  la  fois 
dessiné  et  gravé  par  Gaucher.  Quand  à  celui  de  Louis 
Gillet ,  dont  l'acte  de  courage  fit  beaucoup  de  bruit 
(ce  vieux  soldat  avait,  dans  une  forêt,  sauvé  une  jeune 
fille  que  deux  malfaiteurs  s'apprêtaient  à  violenter), 
Bachaumont,  dans  ses  Mémoires  secrets,  s'exprime 
ainsi  :  «  4  mars  1786.  Louis  Gillet ,  ce  maréchal-des- 
»  logis  offert  à  l'admiration  du  public  chez  Audinot , 
»  est  un  des  héros  du  jour.  M.  Gaucher,  artiste  des 
»  Académies  de  Rouen ,  Caen ,  Londres  et  autres , 
»  mais  qui  n'est  pas  de  celle  de  Paris ,  a  dessiné 
»  d'après  nature  et  gravé  le  portrait  de  cet  officier 
»  invalide.  11  est  fort  ressemblant ,  et  tout  concourt  k 
»  rendre  l'estampe  précieuse  :  sujet,  exécution,  acces- 
»  soires.  Au-dessous  du  médaillon  est  ce  vers  en 
»  forme  de  légende  : 

«  Pour  servir  la  beauté^  le  français  n'a  pas  d'âge. 

»  Et  au-dessous  est  représentée  .  en  petit ,  l'action 
»  courageuse  de  ce  brave  militaire.  » 

De  même  que  plusieurs  de  ses  amis ,  de  môme  que 
Cochin ,  que  Ponce  ,  que  Ghoffard ,  l'habile  graveur 
Gaucher  ne  s'en  était  pas  tenu  à  la  pratique ,  et  avait 
voulu  aborder  aussi  la  théorie  et  l'histoire  de  son 
art.  Dès  l'année  1776,  avait  paru  dans  le  Dictionnaire 
des  Artistes  de  l'Abbé  de  Fontenai ,  une  série  de  notices 
sur  les  graveurs  ,  dont  nous  le  verrons  revendiquer  la 


GAUCHER.  245 

paternité.  Du  reste  l'éditeur ,  dans  la  préface  do  son 
livre .  rend  un  juste  hommage  à  sa  collaboration  : 
«  Quant  à  la  partie  qui  concerne  les  graveurs ,  nous 
»  avons  quelquefois  consulté  le  Catalogue  des  gra- 
»  veurs  par  M.  Basan ,  mais  celui  à  qui  nous  sommes 
»  principalement  redevable  de  nos  observations  est 
»  M.  Gaucher,  de  l'Académie  des  Arts  d'Angleterre. 
»  Cet  habile  artiste  a  bien  voulu  revoir  tous  les 
»  articles  des  graveurs  en  taille-douce  ;  il  en  a  même 
»  composé  un  grand  nombre  qu'il  sera  facile  au  lec- 
»  teur  de  reconnaître  par  les  remarques  justes  et 
»  profondes  qui  décèlent  un  homme  supérieur  dans 
»  son  genre  et  par  la  manière  élégante  dont  ils  sont 
»  écrits.  » 

Ces  éloges  n'ont  rien  d'exagéré.  Les  notices  sur 
ces  graveurs  sont  clairement  rédigées  et  généralement 
très  exactes.  Celles  qui  concernent  les  Audran,  Laurent 
Cars ,  Lépicié ,  N.  Tardieu ,  sont  particulièrement 
soignées. 

Il  est  toujours  intéressant  de  voir  un  artiste  écrire 
sur  ce  qu'il  a  creusé  et  appris  par  une  longue  pratique  ; 
aussi  le  travail  de  Gaucher  fut-il  remarqué.  L'Aca- 
démie des  sciences  choisit  même  l'auteur  du  portrait 
de  Marie  Leczinska  pour  écrire  un  Traité  de  l'art 
de  la  gravure ,  qui  devait  faire  partie  des  Mémoires 
pubhés  par  cette  Société. 

Gaucher  avait  aussitôt  entrepris ,  pour  mériter  la 
distinction  dont  il  était  l'objet,  des  recherches  de 
toutes  sortes  sur  l'origine  de  la  gravure ,  et  il 
s'était  mis  en  rapport  avec  divers  écrivains  adonnés 
aux  mêmes  études ,  en  particulier  avec  le  baron  de 
Heinecken  .  qui  avait  longtemps  habité  Paris  et  avait 


246         LES   GRAVEURS    DU    XVIII"   SIÈCLE. 

fait  paraître,  en  1771,  son  livre  intitulé  :  Idée  générale 
d'une  collection  d'Estampes. 

«  Monsieur,  lui  écrivait- il  le  3  juin  1786 ,  depuis 
»  plusieurs  années  je  suis  chargé,  par  l'Académie  des 
»  sciences  de  Paris ,  de  composer  VArt  de  la  gravure 
»  en  taille-douce ,  pour  entrer  dans  la  précieuse  col- 
»  lection  de  cette  compagnie  savante;  comme  mon 
»  projet  est  de  joindre  à  la  description  des  procédés 
»  de  cet  art ,  que  j'exerce  depuis  plus  de  vingt  ans , 
»  non-seulement  des  réflectionssurleschefs-d'œuvres 
»  des  grands  maîtres  dans  différens  genres,  mais 
»  encore  une  discertation  préliminaire  sur  l'origine 
»  des  arts  qui  ont  pour  but  l'imitation  de  la  nature, 
»  tels  que  la  Peinture ,  la  Sculpture  et  la  Gravure , 
»  j'ai  consulté  une  multitude  d'ouvrages  à  ce  sujet 
»  et  vous  devés  présumer ,  Monsieur  ,  que  les  vôtres 
»  sont  ceux  que  j'ay  lus  avec  le  plus  d'empressement , 
»  d'utilité  et  de  satisfaction. . . . 

»  L'objet  de  ma  lettre  est  de  vous  prier ,  Monsieur , 
»  de  me  donner  quelques  éclaircissements  sur  l'époque 
»  précise  de  l'invention  de  la  gravure  au  burin  et  sur 
»  celle  à  l'eau  forte  ;  vos  profondes  connaissances , 
»  votre  zèle  et  votre  amour  pour  les  arts  me  font 
»  espérer  cette  faveur 

»  J'ignore  si ,  en  qualité  de  graveur,  mon  nom  ou 
»  mes  ouvrages  vous  sont  connus  ?  11  en  est  un  auquel 
»  je  suis  redevable  d'une  circonstance  bien  précieuse 
»  pour  moi  :  le  roy  de  Prusse  a  daigné  m'adresser  une 
»  lettre  en  réponce  à  celle  que  j'avais  envoyé  à  ce  mo- 
»  narque  avec  une  épreuve  de  mon  estampe  du  Cou- 
»  ronnement  de  Voltaire.  Ayant  eu  occasion  de  graver 
»  depuis  le  portrait  du  Prince  Henry,  d'après  le  buste 


GAUCHER.  2i7 

»  de  M.  Houdon,  j'ai  fait  présent  de  la  planche  au  Roy 
»  de  Prusse  pour  lui  témoigner  ma  reconnaissance. 

»  Comme  littérateur,  je  suis  infiniment  moins  connu  : 
»  Voici  à  peu  près  ce  que  j'ai  fait  imprimer. 

»  Dans  le  Dictionnaire  des  Artistes ,  par  l'abbé  de 
»  Fontenai  (2  vol.  in-8 ,  chés  Vincent ,  1776) ,  toutes 
»  les  vies  des  graveurs ,  au  nombre  d'environ  200 
»  sont  de  moi;  la  plus  grande  partie  n'avaient  jamais 
»  été  écrites  ;  l'abbé  de  Fontenai  m"a  cité  dans  sa 
»  préface  ,  mais  avec  beaucoup  trop  d'éloges. 

»  Le  Désaveu  des  artistes ,  petite  brochure  in-S" 
»  chés  Brunet  1776,  que  je  fis  pour  réfuter  un  ouvrage 
»  injurieux  à  M.  Cochin  et  à  plusieurs  autres  célèbres 
»  artistes. 

»  Les  Notices  historiques  sur  la  vie  et  les  ouvrages 
»  de  MM.  Le  Bas  dont  je  fus  l'élève  et  Flipart  dont  je 
»  fus  l'amy,  insérées  dans  le  Journal  de  Paris.  Enfin 
»  VEssay  sur  le  costume  national  relativement  aux 
»  arts  ,  réimprimé  l'année  dernière  dans  les  Mémoires 
»  du  Musée  de  Paris,  in-8.  Tome  2^"^®,  chés  Moutard. 

»  Mille  pardon  ,  Monsieur,  de  ces  détails...  etc. 

»  Gaucher.^  » 

Au  verso  de  la  iieuxième  page  de  cette  pièce  se 
trouve  la  plus  grande  partie  du  brouillon  de  la  réponse 
du  baron  de  Heinecken. 

Reproduisons-en  le  dernier  passage  ,  qui  concerne 
plus  particulièrement  notre  artiste  :  «  Enfin  Monsieur, 
»  je  sais  bien  que  vous  avez  gravé.  Je  possède  même 
»  de  vous  plusieurs  estampes  dont  je  joins  ici  la  liste. 

1  Cette  lettre  a  été  publiée  en  181/2  ,  dans  les  Nouvelles  Archives  de 
l'Art  français.  L'original  fait  partie  de  la  collection  de  M.  Portails. 


2*8         LES    GRAVEURS   DU    XVIIF   SIECLE. 

»  Je  sais  encore  par  la  préface  de  M.  l'abbé  de  Fon- 
»  tenay  que  vous  avés  composé  les  articles  des  graveurs 
»  en  taille-douce  ,  mais  ce  Dictionnaire  n'a  pas  été  d'une 
»  grande  utilité  pour  moi  en  ce  qui  regarde  les  anciens 
»  artistes,  ayant  été  lié  d'une  amitié  intime  avec  feu 
»  M.  le  Comte  de  Caylus ,  M.  Mariette  et  M.  Watelet , 
»  j'ai  reçu  d'eux  tout  ce  dont  j'avais  besoin  pour  mon 
»  Dictionnaire  des  Artistes ,  et  pour  quantité  de  vos 
»  modernes  maîtres,  ni  eux  ni  moi  n'ont  pu  obtenir  de 
»  plusieurs  de  notices  exactes ....  » 

La  fin  de  la  réponse  manque  ,  mais  il  ressort  de  ce 
fragment  que  le  fier  baron  saxon  traitait  un  peu  dédai- 
gneusement le  travail  de  Gaucher ,  tout  en  ayant  bien 
soin  d'indiquer  à  son  correspondant  les  estampes  de  sa 
main  qu'il  possédait ,  afin  de  se  faire  adroitement  offrir 
et  envoyer ,  sans  bourse  délier ,  celles  qu'il  n'avait 
pas  encore. 

Gaucher  avait  eu  le  regret  en  1782  de  perdre  son 
ami  Jean-Jacques  Flipart ,  et  il  écrivit  dans  le  Journal 
de  Paris  (3  août  1782)  un  éloge  ému  de  ce  graveur.  Un 
peu  plus  tard .  la  mort  frappait  son  vieux  maître  Le 
Bas ,  et  Gaucher  ne  laissait  pas  s'écouler  trois  semaines, 
avant  d'écrire  encore ,  le  12  mai  1783 ,  une  longue 
notice  nécrologique  qui  se  termine  ainsi  :  «  Les  nom- 
»  breux  élèves  formés  par  M.  Le  Bas  ajoutent  à  sa 
»  gloire  ;  la  plupart  des  célèbres  artistes  de  la  capitale 
»  se  font  honneur  d'avoir  été  ses  disciples  ou  d'avoir 
»  profité  de  ses  conseils.  C'est  en  versant  des  larmes 
»  siu"  sa  tombe  que  l'auteur  de  cet  article  voudroit  y 
»  répandre  quelques  fleurs  ,  faible  tribut  de  sa  recon- 
»  naissance  et  de  son  attachement  à  la  mémoire  d'un 
»  maître  et  d'un  ami  qui  lui  fut  cher.  » 


GAUCHER.  249 

Ce  fut  alors  que  ,  réunis  dans  une  commune  pensée , 
ses  deux  disciples ,  Cochin  et  Gaucher,  élevèrent  à 
la  mémoire  de  leur  maître  ce  touchant  monument  de 
leur  art ,  ce  portrait  de  Le  Bas  ,  couronné  par  la  musc 
de  la  gravure  .  que  dessina  le  premier  et  que  l'autre 
grava  avec  amour. 

C'est  au  milieu  de  ces  travaux  divers  que  s'écoulait 
la  paisible  existence  de  Gaucher.  Il  demeurait  dans  le 
quartier  des  graveurs,  rue  St-Jacques,  vis-à-vis  Saint- 
Yves,  et  était  en  relation  avec  tout  ce  que  la  gravure 
comptait  dartistes  distingués  ,  Cochin,  Moreau,  Chof- 
fard,  Ponce,  Madame  Ponce,  Basan. 

Citons  encore ,  parmi  les  amis  de  Gaucher ,  les 
graveurs  Bervic ,  Nicolas  de  Launay ,  et  François 
Godefroy ,  son  ancien  camarade  de  l'atelier  Le  Bas. 
C'est  avec  eux  qu'il  fit  cet  amusant  Voyage  du 
Havre  de  Grâce ,  qui  a  été  imprimé  dans  la  petite 
collection  des  Voyages  en  France ,  réunis  par  La 
Mésangère.  Alors  comme  aujourd'hui,  on  avait  l'habi- 
tude ,  parmi  les  artistes  ,  de  quitter  à  l'automne  pour 
quelques  jours,  voire  même  quelques  semaines,  burins 
et  pinceaux,  et  d'aller,  en  troupe,  respirer  l'air  pur 
de  la  campagne.  Cette  fois .  ce  fut  un  vrai  peloton 
de  burinistes  qui  se  mit  en  route  à  la  fin  de  septembre 
de  l'année  1788,  pour  aller  admirer  «l'effet  imposant  de 
la  mer  agitée  par  les  vents  de  l'équinoxe.  »  Gaucher  , 
l'écrivain  le  plus  exercé  de  la  bande,  fut  chargé  d'écrire 
la  relation  du  voyage,  qu'il  rédigea  ,  en  entremêlant 
la  prose  et  les  vers  ,  à  la  manière  du  voyage  de  (Cha- 
pelle et  de  Bachaumont.  Comme  c'étaient  pour  la  plu- 
part des  hommes  rangés  et  tranquilles  .  d'honnêtes 
pères    de   famille ,   et  que  les  incidents  du  voyage 


250         LES   GRAVEURS   DU    XVIIIf   SIÈCLE. 

rappellent  un  peu  ceux  du  Roman  comique,  Gaucher 
crut  devoir,  dans  son  récit,  voiler  sous  les  transparents 
anagrammes  qu'ils  s'étaient  sans  doute  donnés  pendant 
le  cours  du  voyage,  les  noms  de  ses  compaj^^nons. 
Verbic ,  c'est  Bervic ,  le  graveur  du  beau  portrait  de 
Louis  XVI  ;  De  Nopec  vous  représente  Ponce,  l'édi- 
teur et  graveur  des  Illustres  français,  et  De  Valnay, 
l'excellent  artiste  Nicolas  de  Launay  ;  De  Goifor,  c'est 
Godefroy  et  D'Asban  dissimule  peu  l'éditeur  Basan. 
Quant  à  l'auteur,  il  s'intitule  Scévole ,  comme  il  a 
signé  quelquefois  ses  planches. 

Dans  sa  dédicace ,  il  prévient  Madame  "*  qu'il  va 
agiter  les  grelots  de  Momus,  et  que  sa  chaste  muse, 
prévoyant  qu'il  aurait  à  tracer  quelques  caricatures  un 
peu  folles,  s'est  enfuie  en  lui  remettant  les  crayons  de 
Callot , 

'    Trop  heureux  en  stiivant  ses  traces 
•^  De  vous  amuser  un  moment , 
«  Et  d'obtenir  furtivement 
'^  Un  léger  sourire  des  Grâces.    > 

Les  voilà  partis .  gaiement ,  par  un  beau  matin  de 
septembre.  Pas  de  place  dans  la  diligence,  mais  comme 
des  jeunes  gens  s'accommodent  de  tout  (ceci  est  une 
plaisanterie,  car  Gaucher  à  cette  époque  a  quarante- 
sept  ans  et  Basan  soixante-cinq  ) ,  nos  voyageurs  se 
contentent  d'une  voiture  de  place  qui  les  conduit  à 
Poissy,  puis  montent  dans  la  galiote  qui  doit  les  mener 
à  Rolleboise.  A  Mantes,  première  aventure.  Bervic, 
l'homme  inflammable  ,  veut  embrasser,  dans  les  tours 
de  l'église,  la  jeune  fille  qui  les  guide.  En  se  débat- 
tant, elle  fait  trébucher  Grigny,  le  fils  cadet  de  Basan, 
sur  une  cloche ,  et  voici  le  sacristain  et  les  fidèles  qui 


GAUCHER.  251 

accourent.  Celui-ci,  feignant  de  croire  qu'on  l'a  averti 
pour  un  baptême ,  exige  qu'on  mette  les  visiteurs  à 
contribution.  On  n'oublie  pas  non  plus  la  jeune  con- 
ductrice ,  mais  Bervic ,  toujours  galant ,  Tassure  qu'il 
aurait  préféré . 

«  Seul  avec  toi,  dans  cette  conjoncture  , 
•>  Aux  frais  du  sacrement  avoir  pu  donner  Heu.  ^ 

Remontés  dans  leur  patache,   nos   graveui-s  ont  à 
essuyer  un  si  violent  orage,  «qu'il  en  fut  parlé  dans  f"ir^^  •.viui.t 
»  toutes  les  gazettes  ».  Enfin  l'on  arrive  à  RoUeboise;   ^ 
mais  là  ,  il  faut  monter  à  cheval ,  et  comme  les  chemins 
sont  effondrés ,  mettre  en  croupe  sur  leurs  maigres 
montures  leurs  jeunes  conductrices. 

Nouvel  orage  !  Nos  cavaliers-artistes  ne  trouvent 
rien  de  mieux ,  en  arrivant  à  l'auberge  de  Bonnières , 
que  de  se  déshabiller  auprès  d'un  grand  feu  pour  faire 
sécher  leurs  effets  : 

«  Rangés  autour  et  presque  nuds ,  car  nos  malles 
»  étaient  en  avant,  ne  fûmes-nous  pas  surpris  par  une 
»  cauchoise  égrillarde,  qu'avait  appelée  un  gros  })rieur, 
»  notre  voisin  ?  Le  saint  homme ,  qu'une  maladresse 
»  avait  mis  à  tâtons  avec  une  jeune  demoiselle ,  qu'il 
»  appelait  sa  nièce ,  occasionna  le  quiproquo  en  rede- 
»  mandant  de  la  lumière  :  quel  spectacle  s'offrit  aux 
»  yeux  de  la  belle  ! 

'  D'abord  elle  s  arrête,  et,  par  pudeur,  de  sa  main, 
-  Fait  semblant  de  masquer  une  vive  prunelle. 
>  Puis  s'élançant ,  l'espiègle  éteint  notre  chandelle, 
»  Nous  dit  bonsoir  et  disparait  soudain.   - 

Mais  il  faut  se  mettre  en  l'oute  de  bonne  heure  pour 


252  LES    GRAVEURS    DU    XYIIP    SIECLE. 

arriver  à  Rouen  avant  la  nuit  et  c'est  dans  l'obscurité 
qu'on  se  rend  au  bord  de  la  Seine  pour  monter  en 
bateau  :  «  Scévole  ,  qu'un  oubli  avait  mis  en  retard  , 
»  les  suit  de  loin  en  trébuchant  à  tâtons ,  dans  un 
»  sentier  rapide  et  glissant  ;  en  vain  crie-t-il  à  son 
»  porte-falot  d'arrêter. . .  On  n'imaginerait  jamais 
»  l'objet  de  son  courroux  : 

"  C'était  un  gros  caniche  noir , 
■    Vieux  domestique  de  taverne 
-  Instruit  à  porter  la  lanterne 
>i  Et  très-exact  à  remplir  ce  devoir. 
•■■  Mais  effrayé  par  les  cris,  la  poursuite 
•■>  Du  trop  pétulant  voyageur, 
'^  Le  pauvre  chien  eut  si  grand  peur 
■'  Qu'il  lâcha  son  falot  et  courut  à  son  gîte.   •■ 

Plus  de  lumière  !  Il  faut  retourner  au  village  en 
chercher ,  pour  pouvoir ,  sans  accident .  passer  sur  la 
planche  étroite  qui  conduit  au  bateau  ,  et  attendre  à  la 
pluie  ,  «  parce  qu'il  a  pris  fantaisie  à  M.  Scévole  d'avoir 
»  querelle  avec  un  chien  ». 

Le  voyage  se  continue  gaiement ,  tantôt  par  eau , 
tantôt  à  cheval ,  et  Gaucher  ,  qui  a  du  loisir ,  s'occupe 
à  crayonner  vivement  «  la  brillante  cavalcade ,  en 
»  commençant  par  la  queue  ». 

VoiCM.  de  Nopec  (Ponce)  avec  son  air  grave  sous 
son  bonnet .  puis  M.  de  Valnay  (de  Launay) ,  «  que  par 
»  le  bas  du  visage  on  eût  pris  pour  le  bon  Henri  IV 
»  s'il  eût  eu  des  moustaches.  Au  centre  M.  de  Goiior 
»  (Godefroy)  veillait  sur  M.  de  Ringy  (Grigny) ,  qui 
»  cheminait  tristement ,  la  tête  inclinée  et  le  corps 
»  penché  sur  le  cou  de  son  cheval.  MM.  Scévole  et 
»  Verbic ,  les  deux  coryphées  de  la  troupe,  formaient 


GAUCHER.  253 

■«>  lavant-garde  ;  le  premier ,  ferme  sur  ses  étriers , 
»  la  tète  haute ,  le  corps  droit ,  aussi  maigre  que  sa 
»  monture  ,  ressemblait  exactement  à  l'incomparable 
»  héros  de  la  Manche. 

»  Le  second  ne  se  faisait  honneur  de  sa  contenance, 
»  qu'aux  dépens  de  quelques  écorclmres  sur  un  endroit 
»  que  la  décence  ne  permet  pas  de  nommer ,  ce  qui 
»  lui  attira  un  étrange  aventure  au  Port  Saint-Ouen. 

»  A  peine  descendu  de  cheval ,  l'infortuné  Verbic 
»  demande  une  houppe ,  de  la  poudre  et  un  miroir. 
»  Renfermé  dans  une  chambre  ,  il  commençait  à  appli- 
»  quer  le  bie.i  sant  appareil ,  lorsque  l'hôtesse ,  par 
»  un  mallieur«^ix  hasai^d.  ouvrit  la  porte  sans  heurter. 
»  Qu  on  in-  ine  le  sang-froid  de  la  mégère  ,  quand 
»  elle  vi»^  .^  toilette  ainsi  profanée!  Des  apostrophes 
»  ell'        ia  aux  menaces  ,  et  saisit  M.  de  Verbic  sans 

>  Les  cheveux  sans  effort  lut  restent  dans  la  main  f 
'1  Orgueilleuse  de  sa  victoire, 
n  Elle  regarde  avec  un  ris  malin 
"  Cette  perruque  que  l'histoire 
1  Placera  quelque  jour  au  temple  de  Mémoire, 
»  Ainsi  qu'elle  y  plaça  celle  de  Chapelain. 

»  Par  un  caprice  inouï ,  le  pauvre  toupet  essuya , 
»  on  ne  le  devinerait  jamais...  un  des  plus  énormes... 
»  de  la  Normandie.  Après  les  injures  ,  il  fallut  bien 
»  procéder  aux  échanges  .  et  tout  étant  pacifié  ,  nous 
»  prîmes  un  batelet  pour  nous  rendre  à  Rouen.  » 

Description  de  cette  ville  où  «  presque  tous  les 
-•>  édifices  sont  en  bois  » ,  et  où  nos  graveurs  ,  pères 
de  famille  rangés ,  ne  se  laissent  pas  séduire  par 
«  l'imposant  cortège  des  nymphes  de  la  Neustrie  ». 


234  LES   GRAVEURS    DU   XVIIP   SIÈCLE. 

Peu  d'incidents  jusqu'à  Honfleur ,  où  la  vue  de  la 
mer  avec  son  inexplicable  marée  les  ravit  d'admiration: 
«  Le  lendemain  nous  nous  embarquâmes  par  un  vent 
»  frais  pour  le  fameux  passage  de  Honfleur  au  Havre  , 
»  pendant  lequel  il  nous  fallut  subir  le  douloureux 
»  accès  du  mal  de  mer.  Après  un  quart  d'heure  de 
»  navigation ,  le  pilote  ,  en  se  signant ,  nous  invita  à 
»  recommander  notre  âme  à  Dieu.  Personne  d'abord 
»  ne  s'empressa  de  l'imiter  ;  mais  tout  à  coup ,  la 
»  dévotion  devenant  exemplaire ,  nous  fûmes  tous 
»  pénétré  de  religion  ou  d'effroi.  M.  de  Ringy,  le  pre- 
»  mier ,  paya  le  tribut.  Un  vieux  récollet  le  suivit , 
»  puis  une  jeune  provençale ,  à  laquelle  un  officier 
»  gascon  prenait  le  plus  tendre  d'intérêt.  Ce  dernier , 
»  par  sympathie  ,  acheva  le  quatuor ,  quoique  ,  dit-il , 
»  il  eût  fait  quatre  fois  lé  boyage  des  Indes  sans  avoir 
»  peur. . .  à  dire  vrai ,  il  était  temps  que  nous  arrivas- 
»  sions ,  car  M .  de  Verbic  frissonnait ,  M.  Scévole 
»  pâlissait ,  M.  de  Valnay  palpitait ,  et  le  reste  de  la 
»  compagnie  eût  peut-être  fait  chorus ,  lorsque  nous 
»  entrâmes  dans  le  port  du  Havre.  » 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  la  description  que 
Gaucher  fait  de  la  ville  ,  du  lancement  d'un  vaisseau  , 
et  de  la  promenade  obligée  de  tout  bon  parisien  en 
mer,  par  un  gros  temps. 

La  petite  ville  de  Bolbec  ,  bien  enfumée  maintenant 
par  les  fabriques  ,  est  baptisée  par  notre  graveur  en- 
thousiaste de  nouvelle  Paphos  et  de  perle  du  pays 
de  Caux  :  «  Toutes  les  femmes  y  sont  belles ,  l'ont 
»  été  ou  promettent  de  le  devenir.  » 

M.  d'Asban  (Basan) ,  «  qui  s'ennuie  partout  où  il  se 
»  trouve  et  désire  toujours  d'être  où  il  n'est  pas  »,  est 


GAUCHER.  255 

pourtant  le  [;reraier  qui  incline  à  se  reposer  quelques 
jours  dans  cet  agréable  endroit ,  et  sa  proposition 
reçoit  un  excellent  accueil.  Une  gracieuse  impression 
de  voyage  les  y  attend  du  reste.  Pendant  qu'on  prépare 
les  chambres  ,  l'hôtesse  est  appelée  auprès  d'une  dame 
souffrante ,  laissant  nos  artistes  en  bonne  compagnie. 
Mais  laissons  raconter  Gaucher  :  «  Nous  restons 
»  accompagnés  de  deux  jolies  personnes  ,  dont  le 
»  regard  tendre  et  languissant  aurait  porté  le 
»  trouble  dans  l'âme  la  plus  apathique.  Une  taille 
»  moulée  sur  celle  de  la  Vénus  de  Médicis  ,  des  traits 
»  fins  et  réguliers,  une  gorge  d'albâtre,  tout  paraissait 
»  ressortir  davantage  sous  le  costume  pittoresque  du 
»  pays  de  Caux.  Telles  étaient  la  fille  et  la  nièce  de  la 
»  maison.  Sur  la  cheminée  de  la  salle  se  trouvaient  des 
»  bouquets  ,  des  rubans  et  autres  petits  cadeaux  ;  nous 
»  en  demandâmes  la  cause  ,  on  nous  dit  que  c'était  la 
»  fête  des  deux  cousines  ;  nous  ne  manquâmes  point  de 
»  la  leur  souhaiter  ;  mais  lorsque  nous  voulûmes  les 
»  embrasser ,  quelle  fut  notre  surprise  ! 

"  Avec  grâce  d'abord  l'une  et  l'autre  cousine 

■1  Baisse  les  yeux  modestement  ; 
'>  Puis  de  concert  présente  à  notre  empressement 
■>  L'incarnat  velouté  d'une  peau  douce  et  fine, 
•■  Qu'embellissait  encore  un  sourire  charmant. 

»  Ce  baiser  délicieux  nous  enhardit  à  en  cueillir  un 
>^  autre ,  et  déjà  nous  nous  disposions  à  le  prendre, 
»  lorsque  la  mère  parut  et  fit  échapper  l'essaim  folâtre 
»  de  nos  bras.  » 

Le  reste  du  voyage  s'accomplit  sans  incident.  Lais- 
sons  nos   graveurs   rentrer  paisiblement  dans  leurs 


256         LES    GRAVEURS    DU    XVIII«   SIÈCLE. 

ateliers ,  et  retrouver  leurs  planches  commencées. 
Aussi  bien .  nous  sommes-nous  fort  éloignés  de  la 
gravure ,  pour  errer  à  leur  suite  dans  le  domaine  de  la 
fantaisie.  Ajoutons  seulement  que  l'éditeur  La  Mésan- 
gère  voulut  avoir  le  portrait  de  Gaucher  pour  le  placer 
dans  les  petits  Voyages  en  France .  en  tête  du  récit 
qu'on  vient  de  lire. 

Ce  portrait  de  Gaucher  semble  bien  reproduire  les 
traits  maigres  et  un  peu  anguleux ,  mais  aussi  la  phy- 
sionomie intelligente  et  franche  de  l'artiste  :  il  est  trop 
gravé  dans  la  manière  du  maître  pour  ne  pas  être  de 
lui  ;  mais ,  par  modestie  sans  doute ,  Gaucher  ne  l'a 
pas  signé  ,  et  il  le  déclare  gravé  par  son  élève  et  ami 
P...  de  B...  Au  dessous  se  trouve  ce  quatrain  de  son 
ami  Hérivaux  ,  graveur  lui-même  : 

Chéri  du  dieu  des  arts,  caressé  des  neuf  Sœurs, 
Tout  en  lui  des  talents  nous  peint  l'heureux  délire  : 
Les  Grâces  de  concert  le  couronnant  de  fleurs. 
Animent  tour  à  tour  son  burin  et  sa  lyre. 

On  le  voit ,  estampes  historiques,  vignettes,  portraits 
gravés,  histoire  de  l'art,  articles  nécrologiques,  récits 
de  voyages ,  petits  vers  .  opéras-comiques  même  dont 
son  ami  Florian  faisait  le  plus  grand  cas ,  Gaucher  a 
tout  abordé.  11  devint  de  plus  pamphlétaire,  ou  mieux, 
il  se  crut  obhgé  de  répondre  à  un  véritable  pamphlet , 
et  descendant  dans  l'arène ,  de  se  poser  en  champion 
de  l'art  de  la  gravure  outragé. 

Il  s'agissait  alors  de  créer ,  en  faveur  de  la  gravure  , 
une  subdivision  nouvelle  dans  les  classes  déjà  nom- 
breuses de  l'Académie,  et  d'instituer  des  professeurs  et 
des  prix  de  gravure.  Quatremère  de  Quincy  dans  une 


GAUCHER.  2o7 

brochure  intitulée  Suite  aux  Considérations  sur  les 
arts  du  dessin  en  France  critiquait  paradoxalement , 
mais  vivement  cette  innovation  :  «  Où  il  n'y  a  ni  inven- 
»  tion ,  ni  imitation  de  la  nature ,  il  ne  saurait  y  avoir 
»  d'art.  Qu'est-ce  que  la  gravure?...  C'est  un  pro- 
»  cédé  ingénieux  de  dessin  sur  cuivre  qui,  par  le 
»  moyen  de  l'impression  ,  multiplie  le  dessin  ;  c'est  un 
»  mode  de  peinture  imparfait ,  qui ,  par  le  moyen  des 
»  ombres  et  des  clairs ,  rend  l'apparence  incomplète 
»  des  objets.  Que  fait  un  graveur  et  qu'est-il?  Ou  il  a 
»  du  génie  et  il  dessine  sur  la  planche  ses  propres  in- 
»  ventions,  et ,  dans  ce  cas,  c'est  un  peintre  ;  ou  il  n'a 
»  point  de  génie,  et  il  copie  sur  la  planche  les  inventions 
»  des  autres  ;  dans  ce  cas ,  il  n'est  qu'un  copiste.  » 

Cette  fausse  logique,  ce  dédain  superbe  pour  un 
art  qui  a  jeté  un  si  vif  éclat  en  France  ,  exaspérèrent 
le  débonnaire  Gaucher.  Les  expressions  de  procédés 
méchaniques ,  de  reproductions  dans  une  mesure 
rètrècie ,  le  mot  méprisant  de  copiste,  le  dépit  de  voir 
refuser  le  nom  d'œuvres  d'art  aux  petits  chefs-d'œuvre 
qu'il  avait  produits ,  le  touchèrent  assez  pour  lui 
faire  prendre  sa  bonne  plume ,  dont  il  se  servait  pres- 
qu'aussi  bien  que  de  son  burin,  et  rédiger  en  réponse 
une  lettre  assez  vigoureuse,  et  dans  laquelle  il  constate 
qui  si  on  fait  à  la  gravure  le  reproche  de  manquer 
de  coloris  ,  il  faudra  le  faire  aussi  à  la  sculpture ,  ce 
que  personne  n'oserait.  Il  rapporte  cette  heureuse 
définition  de  Cochin  :  La  gravure  est  ïari  de  faire 
passer  les  beautés  d'une  langue  très-riche  dans  une 
autre  qui  Vest  moins,  à  la  vérité,  mais  qui  offre 
des  équivalents  inspirés  parle  génie.  Il  faut  plaindre, 
ajoute-t-il,  l'aveuglement  ou  l'ignorance  des  détrac- 
11.  11 


258         LES    GRAVEURS    DU    XVIIP  SIECLE. 

teurs  des  beaux-arts ,  rire  de  leur  orgueilleux  dédain 
et  leur  opposer  le  suffrage  unanime  des  gens  de  goût 
et  des  amateurs  éclairés.  Puis  il  s'écrie  sur  un  ton 
épique,  que  s'il  est  un  art  qui  contribue  à  la  richesse 
et  à  la  splendeur  des  empires ,  c'est  la  gravure. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  une  petite  leçon ,  même  un  peu 
sévère ,  adressée  au  célèbre  Quatremère  de  Quincy  , 
qui  se  permettait  de  traiter  ainsi  la  gravure  par-dessous 
jambe,  n'était  que  trop  méritée. 

Dans  son  Essai  sur  l'origine  et  les  avantages  de 
la  gravure ,  qu'il  lut  à  la  Société  libre  des  sciences  , 
arts  et  belles-lettres,  le  9  vendémiaire  an  VI,  Gauciier 
reproduit  et  développe  les  arguments  qu'il  n'avait  fait 
qu'indiquer  dans  sa  lettre  à  Quatremère.  Mais  l'étude 
de  ce  travail  nous  entraînerait  trop  loin. 

Nous  sommes  arrivés  aux  dernières  productions  de 
notre  artiste.  Les  événements  delà  Révolution  n'arrê- 
tèrent point  ses  travaux  ;  il  grava  même,  à  l'exemple 
de  beaucoup  de  ses  confrères ,  des  estampes  de  cir- 
constance :  le  Rappel  de  Necker,  Hommage  rendu  à 
la  '/Tiémoire  de  Mirabeau  {1792),  et  une  petite  planche, 
les  Adieux  de  Louis  XVI  à  sa  famille ,  qui  est  un  de 
ses  plus  curieux  ouvrages  ;  il  continua  aussi  à  produire 
de  nombreux  portraits  ,  Duveyrier,  Charles  Villette  , 
député  à  la  Convention ,  il/™*  Roland ,  fille  elle-même 
d'un  graveur ,  et ,  dans  un  autre  ordre  d'idées  ,  ceux 
de  M""^  de  Graffîgny ,  de  Bemoustier,  de  Cervantes  , 
de  Florian ,  de  Parny ,  de  Fénélon ,  généralement 
exécutés  pour  servir  d'ornement  à  diverses  éditions  de 
leurs  œuvres,  et  dans  lesquels  on  retrouve  toujours  ce 
soin  de  la  ressemblance  ,  cette  netteté  d'exécution  et 
cette  finesse  recherchée  qui  caractérisent  ses  travaux. 


GAUCHER.  259 

Il  faut  citer  encore,  parmi  ses  meilleurs  portraits  de 
cette  époque,  ceux  de  deux  victimes  de  la  Révolution, 
Malesherbes  et  Benjmnin  de  la  Borde.  Le  dernier,  qui 
offre  une  si  curieuse  ressemblance  avec  Louis  XVI , 
a  été  gravé  pour  orner  un  recueil  de  Maximes,  aussi 
finement  pensées  qu'élégamment  écrites. 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  cette  foule  de  petites 
pièces  ,  de  cachets  ,  d'emblèmes  républicains ,  «  où  ses 
»  petites  figures  de  Liberté  et  d'Égalité,  a  dit  Renou- 
»  vier  ,  ne  prennent  de  lui  qu'un  burin  extrêmement 
»  poli  »  ;  nous  ne  nous  attarderons  pas  davantage  à 
signaler  quelques  vignettes  d'après  Le  Barbier,  pour 
les  Petits  Poètes  grecs ,  traduits  par  Gail ,  dont  il  a 
aussi  gravé  un  fin  portrait ,  ni  la  série  de  portraits  de 
poètes  français  du  XVP  siècle ,  Passerai ,  Mellin  de 
Saint-Gelais  ,  Marot ,  etc.  Tout  cela  est  trop  faible. 
Mais  ses  modèles  étaient  si  médiocres ,  qu'il  ne  faut 
pas  trop  en  vouloir  au  graveur  s'il  n"a  pas  réussi  à  les 
améliorer. 

Charles-Etienne  Gaucher  mourut  le  27  brumaire 
an  XI  (  1804  ) ,  suivant  la  Biographie  universelle  de 
Didot. 

Il  laissait  un  œuvre  d'environ  quatre  cents  pièces  , 
toutes  de  petit  format ,  à  quelques  rares  exceptions 
près,  car  son  talent  délicat  et  minutieux  ne  se  prêtait 
pas  à  l'exécution  des  grandes  estampes. 

Certes  ,  tout  n'est  pas  parfait  dans  cet  ensemble,  il 
s'en  faut  même  de  beaucoup  que  tout  soit  bon  :  mais 
quel  est  l'artiste  qui  est  toujours  resté  égal  à  lui-même? 
Nul  œuvre  ne  présente  plus  de  pièces  précieuses 
par  leur  délicatesse  que  celui  de  Gaucher,  et  c'est  par 
ses  chefs-d'œuvre  qu'il  faut  apprécier  le  graveur  des 


260         LES   GRAVEURS   DU    XYIIF   SIECLE. 

portraits  de  Marie  Leczinska  et  de  Madame  Du 
Barry. 

Nous  devons  toutefois  indiquer  le  défaut  capital  de 
Gaucher  :  sa  gravure,  si  moelleuse  qu'elle  a  fait  dire 
qu'il  excellait  à  graver  le  nu  .  manque  absolument  de 
solidité  et  ne  supporte  pas  l'action  d'un  tirage  tant 
soit  peu  étendu.  Les  planches  après  un  petit  nombre 
d'épreuves  ,  perdent  leur  netteté ,  s'empâtent ,  devien- 
nent noires  ,  boueuses  même.  Gardez-vous  donc  bien 
de  condamner  notre  artiste  d'après  ces  témoignages 
menteurs  ,  il  ne  peut  être  justement  apprécié  que  sur 
des  épreuves  de  très  grand  choix. 

Le  catalogue  de  l'œuvre  de  Gaucher  a  été  publié 
pour  la  première  fois  par  nous  en  1879  * . 

Nous  le  reproduisons  ici  en  l'abrégeant,  ce  qui  ne  le 
mettra  que  mieux  à  son  vrai  point.  Personne  n'apprécie 
plus  que  nous  les  graveurs  de  cette  époque,  mais  nous 
pensons  que  c'est  pousser  les  choses  trop  loin  que 
d'accorder  à  leurs  vignettes  dépareillées  les  honneurs 
de  la  description  détaillée.  Les  catalogues  prennent 
ainsi  un  développement  hors  de  proportion  avec  l'im- 
portance des  artistes  dont  on  s'occupe ,  le  bon  se 
trouve  noyé  dans  la  masse,  toujours  considérable,  des 
pièces  sans  intérêt,  le  lecteur  s'ennuie  et  renonce  à  se 
reconnaître  dans  ce  dédale  ;  quelques  pages  et  non 
un  volume ,  pour  Gaucher  comme  pour  tant  d'autres  , 
c'est  comme  disent  les  mathématiciens  ,  la  quantité  à 
la  fois  nécessaire  et  suffisante. 


1  Chaiies-Élienne  Gaucher,  graveur;  notice  et  catalogue,  par  le 
baron  Roger  Portails  et  Henri  Draitel  (Béraldi)  ,  Paris  ,  Morgand  et 
Fatûut,  18';9,  1  vol.  in-8. 


GAUCHER.  261 

CATALOGUE    RAISONNÉ 
DE     L'ŒUVRE    DE     C.-E.     GAUCHER. 


ESTAMPES,    ETC. 

1.  VÉNUS  REÇOIT  LA  POMME,  d'après  Boucher  ;  in-fol.  (Œuvre 
de  Gaucher  au  Cabinet  des  Estampes). 

C'est  l'eau-forte  avancée  d'une  estampe  intitulée  :  Vénus,  se  préparant  pour  le 
Jugement  de  Paris,  reçoit  d'avance  la  pomme  des  mains  de  l'Amour  ;  gravée  par 
de  Lorraine  en  1764. 

2-14.  Le  Tueur  de  rats,  d'après  Vischer.  —  L'Après-Dinée  flamande, 
d'après  VanTilborch.  — L'Ivrogne  et  sa  femme,  d'après  Dumesnil. 
—  L'Amant  de  la  belle  Europe ,  d'après  Paul  Potter.  —  La 
Lecture  diabolique  ,  d'après  Téniers.  —  Deux  Évangélistes  (?) , 
d'après  Lanfranc.  —  Sainte  en  prière  dans  une  grotte,  petite 
pièce  ronde ,  d'après  J.-F.  Mois.  —  Zénobie  assiégée  dans 
Antioche  par  Aurélien ,  d'après  Verner.  —  Sainte-Famille , 
d'après  l'Albane.  —  Deux  Nymphes  dansant ,  d'après  Van  der 
Werff.  —  Femme  nue  ,  vue  de  dos  ,  couchée  sur  un  lit,  d'après 
Netscher.  —  Faunes  et  Bacchantes,  d'après  Mieris.  —  Ronde 
de  Bacchantes ,  d'après  Crayer.  [Galerie  de  Dresde  ,  Voyage 
à  Naples  de  Saint-Non,  Galerie  du  Palais-Royal .  etc.) 

15.  Roma  Trionfante.  —  Mauvaise  composition  de  Martini  ;  in-4. 

16.  Une  main  ,  étude  d'après  Michel-Ange. 

n.  Le  Jugement  de  Paris.  —  Gaucher  incid.;  in-4,  formant  une 
bande  en  largeur. 


18.  COURONNEMENT  DE  VOLTAIRE  SUR  LE  THEATRE- 
FRANÇAIS,  le  30  mars  1778,  après  la  sixième  représentation 
d'Irène.  —  A  Madame  la  Marquise  de  Villette  (  Belle  et  Bonne  ) , 


•262         LES   GRAVEURS    DU    XVI1I«   SIÈCLE. 

Dame  de  Ferney-Voltaire  ,  par  son  très-humble  et  très-obéissant 
serviteur  Gaucher.  —  D'après  Moreau,  l'782  ;  in-4  en  largeur. 

C'est  la  pièce  capitale  de  l'Œuvre  de  Gaucher.  Nous  avons  donné  ,  dans  la 
notice  biographique  qui  précède,  l'explication  du  sujet  de  cette  estampe. 

Sur  les  épreuves  d'eau-forte  pure,  il  n'y  a  pas  de  cadre.  Le  buste  de  Voltaire 
le  représente  jeune.  3"î5fr.  (1878). 

Eau-forte  très-avancée  ,  le  buste  de  Voltaire  jeune  remplacé  par  un  buste  do 
Voltaire  vieux.  —  Il  existe  un  état  d'essai  avec  le  cadre,  avant  toute  lettre. 

Une  épreuve  avec  le  titre  Couronnement  de  Voltaire,  etc.,  en  deux  lignes,  mais 
avant  les  armes  et  la  dédicace,  a  figuré  à  la  vente  Roth  (1878) ,  et  a  été  adjugée 
à  201  fr. 

Les  deux  états  dans  lesquels  on  rencontre  ordinairement  la  planche  sont  : 

.0  Avec  les  armes  de  la  Marquise  de  Villette  ,  la  dédicace  et  l'adresse  que 
nous  avons  données  plus  haut  ;  —  c'est  le  bel  état  de  Festampe. 

2"  Les  armes  de  la  Marquise  de  Villette  effacées  ,  la  dédicace  supprimée  e 
remplacée  par  une  légende  en  trois  lignes  :  Persécuté  par  le  Despotisme  ,  etc.  — 
Adresse  de  Naudet,  marchand  d'estampes  au  Louvre.  —  L'estampe  est  usée. 

Une  petite  réduction  de  cette  estampe  a  été  faite  par  Couché  flls. 

19.  Le  Rappel  de  Monsieur  Necker.  —  «  Le  Roi ,   appuyé  sur  les 

.1  ouvrages  de  M.  Necker,  le  reçoit  des  mains  de  la  France, 
n  représentée  sous  l'emblème  d'une  belle  femme  (  Marie-Antoi- 
->  nette) ,  aux  acclamations  des  Peuples ,   le  25  août  HSS.   "  — 

J.  H.  E s  (Eberts)  inv.  —  G. -S.  Gaucher  sculp.  —  A  Paris, 

rue  de  la  Feuillade.  A.  P.  D.  R.;  in-fol.  en  largeur. 
P''  état  :  Avant  la  lettre. 

20.  Hommages  rendus  a  la  Mémoire  de  Mirabeau.  — 

Allégorie  :   »  La  France  éplorée  s'appuie  sur  le  tombeau    du 

>i  grand  homme  dont  elle  regrette  la  perte "   —  P.  Groenia 

del.  C.-S.  Gaucher  inc.  l'792  ;  in-fol. 

L'eau-forte  pure  figure  dans  le  catalogue  d'une  vente  faite  par  M.  Clément, 
1879. 

V  état  :  Avec  le  titre  Hommages,  etc.,  mais  sans  la  légende  explicative  de 
l'allégorie. 

21.  LES  ADIEUX   DE   LOUIS   XVI  A   SA   FAMILLE. 

Petite  estampe  ronde  gravée  avec  une  finesse  extrême.  —  Diamètre ,  66  m/m. 
Dimensions  du  cuivre  :  H.  150  m/m.,  L.  110  m/m.  —  Sans  signature. 

Dans  l'eau-forte  pure,  attribuée  à  Duplessi-Bertaux ,  Louis  XVI  est  assis  sur 
un  fauteuil ,  Cléry  est  adossé  à  un  autre  fauteuil.  Le  fond  est  blanc.  —  Etat 
d'eau-forte  avancée,  le  fauteuil  de  Louis  XVI  est  remplacé  par  un  canapé. 

iO'  état  :  Avant  toute  lettre.  On  voit  sur  la  table  à  droite,  sous  l'Évangile, 
un  papier  avec  les  mots  :  Testament  de  Louis  XVI,  qui  ne  figurait  pas  dans  les 
eaux-fortes. 

2«  état  :  Avec  la  légende,  Les  Adieux  de  Louis  XVI  à  sa  Famille.  —  La  planche 
est  fatiguée. 

Il  existe  de  cette  pièce  une  copie  attribuée  à  Girardet. 


GAUCHER.  263 


PORTRAITS. 


22.  GAUCHER  [Charles-Etienne);  in-12. 

Ce  portrait  se  trouve  dans  le  4"  volume  des  Voyages  en  France  ,  Paris  ,  Chai- 
gneau,  Tan  IV.  Bien  qu'il  porte  la  mention  :  Gravi  par  son  ami  P.  de  B.,  il  est 
certain  qu'il  est  dû  à  Gaucher  lui-même. 

Nous  avons  rencontré  une  fois  l'eau-forte  pure  du  portrait  de  Gaucher,  dans 
un  exemplaire  en  papier  vélin  des  Voyages  en  France. 

Une  épreuve  d'essai ,  avant  toute  lettre,  vendue  200  fr.  en  mars  1880. 

l''"  état  :  Le  nom  du  personnage  à  la  pointe.  Avant  le  quatrain. 

2^  état  :  Le  nom  du  personnage  au  trait.  Avec  le  quatrain  .  mais  sans  l'indi- 
cation Tom.  4  à  l'angle  supérieur  gauche. 

3*  état  :  Avec  le  quatrain  et  l'indication  Tom.  4. 

23.  AnacrÉON  ,  frontispice  d'après  Le  Barbier,  an  V;  in-4  orné. 

Eau-forte  pure.  —  l^i"  état  :  Avant  la  lettre. 

24.  Artois  (la  Comtesse  d').  —  Le  buste  de  la  comtesse  d'Artois  est 

placé  sur  un  socle  marqué  des  lettres  M-T,  initiales  du  nom  de 
Marie-Thérèse.  Les  Grâces  l'ornent  de  fleurs ,  un  Amour  le  cou- 
ronne; in-12. 

Vignette  allégorique,  de  Desrais,  pour  les  Élrennes  lyriques. 
Eau-forte  pure.  —  1'=''  état  :  Avant  la  légende.  Invitation  aux  Grâces. 

25.  Beauharnais  (Fanny),  d'après  Thornton,  1802;  in-12. 

Eau-forte  pure.  —  l^i'  état:  La  tablette  sur  laquelle  le  nom  du  personnage 
est  écrit,  est  blanche.  —  2^  état  :  Cette  tablette  est  marbrée. 

26.  Bonaparte  (le  Général). 

Dans  l'Œuvre  de  la  Bibliothèque  Nationale ,  ce  portrait  du  général  Bonaparte 
forme  un  rond  de  la  grandeur  d'une  pièce  de  un  franc;  mais  il  a  été  découpé 
dans  une  grande  estampe,  in-fol.  en  largeur,  intitulée:  A  Bonaparte  pacificateur. 
Bonaparte  y  figure  en  pied ,  écartant  la  Guerre  qui  élève  des  palmes  sur  sa  lôte, 
et  tendant  une  branche  d'olivier  à  la  Paix.  Cette  allégorie  est  supportée  par  un 
socle  sur  lequel  on  lit  :  A  la  Consulta  Cisalpine  assemblée  à  Lyon. 

27.  Bossuct ,  d'après  Rigaud  ;  in-8. 

Eau-forte  pure.  —  l®''  état  :  Avant  la  lettre. 

28.  Boufflers  ,  membre  de  l'Institut .  d'après  Le  Dru.  —  Gaucher  dir.; 

in-12. 
Eau-forte  pure.  —  l*''  état  :  Avant  la  lettre. 


264         LES   GRAVEURS   DU    XYIIF   SIECLE. 

29.  Briquet  (Fortunée  B.),  d'après  Melle  de  Noireterre,  an  X  :  in-8. 

Eau-forte  pure.  —  P''  état  :  Avant  toute  lettre. 

30.  BUFFON.  —  Drouais  pictor  Régis  pinx.  1761  ,  De  Sève   del.  , 

Gaucher  ex  Acad.  Lond.  inei.  1*774;  in-8  orné. 

Eau-forte  pure.  —  1"  état  :  Avant  la  légende  :  Naturam  amplectitur  omnem. 

31.  BuFFON.  —  F.  Drouais  pinx.   1761,  G.  S.  Gaucher  inc.  an  Vil; 

in-12. 

Eau-forte  pure.  —  l«f  état  :  Avant  la  lettre.  Tablette  blanche,  le  nom  des 
artistes  à  la  pointe. 

32.  C.\ILHAVA  (Jean-Fr.),  d'après  Pujos ;  in-8. 

Eau-forte  pure.  —  l^''  état:  Avant  la  lettre,  tablette  blanche. 

33.  C.VMBEFORT,  Major    général    de    l'armée   de   St-Domingue    à 

l'époque   de   la  révolte    des   esclaves.   —  Gravé   par  Gaucher, 
d'après  le  tableau  de  C.  Bomet ,  en  1792  ;  in-8  orné. 

34.  CARCADO   (  J. -A.  Poncet  de  la  Rivière,  Comtesse  de),  d'après 

Melle  Loir  ;  in-8. 

Des  plus  rares  talents  sa  vertu  décorée 

Ne  fut  que  par  elle  ignorée. 
L'Art  ne  peut  exprimer  la  douceur  de  ses  yeux  , 
TV»  le  feu  que  son  cœur  ravissait  dans  les  deux. 
Sa  Piété  profonde,  active  mais  a/fable, 

A  tous  les  yeux  parut  aimable. 

L'eau-forte  de  cet  élégant  portrait ,  l'un  des  meilleurs  de  l'œuvre  de  Gaucher, 
ne  nous  est  pas  connue. 

1^'  état  :  La  comtesse  de  Garcado  est  représentée  la  tête  nue  ,  avec  bouquets 
dans  les  cheveux  et  au  corsage.  Elle  porte  une  robe  décolletée.  —  Avant  la 
lettre ,  la  tablette  blanche ,  les  noms  d'artistes  à  la  pointe.  Rarissime.  —  Une 
épreuve  avant  les  noms  des  artistes,  vendue  en  mai  1881. 

2"  état  :  Même  dessin  ,  avec  le  nom  du  personnage  sur  le  cadre  et  les  vers 
sur  la  tablette  ombrée.  Les  noms  des  artistes  au  trait. 

3*^  état  :  Le  cadre  et  les  inscriptions  sont  les  mêmes ,  mais  le  portrait  est 
entièrement  refait  :  la  robe  est  montante,  avec  guimpe  ;  le  personnage  porte  un 
bonnet  sur  une  coiffure  haute. 

Il  existe  une  copie  du  dernier  état  de  ce  portrait ,  gravée  par  Courbe. 

35.  Catherine  II,  petit  médaillon  ovale.  (Cabinet  des  Estarapes). 

36.  Catherine  II,  Impératrice  des  Russies ,  mère  de  ses  peuples.  — 

Greuze  del.  sub.  stat.  Houdon.  —  Gaucher  inc.  a.  f.  1782;  in-8. 
1"'  état  :  Avant  les  mots,  Alteri  Galliœ  Paltadi  Bonor,  sur  la  marge  inférieure. 


GAUCHER.  265 

37.  Caylus  (Charles-Gabriel   de   Tubières  de) ,    Évêquc    d'Auxerre, 

d'après  Fontaine,  1766;  in-8. 

38.  Cervantes,  d'après  Quéverdo  ;  in-8  orné.  —  Sous  le  portrait, 

un  médaillon  ovale  représentant  Galatée. 

39.  Chapelle,  d'après  Lebrun  ;  in-12  orné. 

Se  trouve  dans  les  Voyages  en  France,  Paris,  Ghaigneau,  an  IV.  —  Il  est  avant 
la  lettre  dans  les  exemplaires  en  papier  vélin. 

40.  Christian  VII,  roi  de  Danemark  ;  in-8  orné. 

De  ce  portrait,  nous  croyons  qu'il  n'existe  que  l'épreuve  du  Cabinet  des 
Estampes  ,  épreuve  sur  laquelle  l'encadrement  est  à  peu  près  terminé,  mais  le 
portrait  à  peine  ébauché  ;  retouchée  au  crayon  ,  avec  l'indication  manuscrite  : 
Pasquier  effi.g.  pinx.;  P.  P.  Choffard  ornam.  inv.;  C.  E.  Gaucher  sculp. 

41.  COGHIN  (A  la  mémoire  de).  —  Les  Grâces  ornent  de  guirlandes 

le  buste  de  Cochin  ,  la  muse  de  l'histoire  consacre  le  nom  de  cet 
artiste  dans  ses  fastes ,  et  tandis  que  le  génie  du  dessin  indique 
les  productions  de  Cochin  ,  le  dieu  du  goût  dépose  sur  son  buste 
la  couronne  réservée  à  ceux  qu'il  inspire.  —  D'après  Monnet , 
1789;  in-12. 

Cette  jolie  vignette  est  placée  en  tête  de  l'édition  de  VIconologie,  en  4  volumes, 
édition  dont  le  texte  a  été  remanié  par  Gaucher.  Il  n'y  a  qu'un  seul  état  de  la 
planche  terminée ,  sans  légende  ;  on  doit  seulement  faire  un  choix  entre  les 
épreuves.  —  L'eau-forte  existe  au  Cabinet  des  Estampes. 

42.  Condé,  d'après  Le  Juste.  — Gaucher  del.  et  sculp.;  in-8. 

43.  Corneille  (le  Grand) ,  d'après  Lebrun  ;  in-8  ,  dans  un  encadrement 

orné  dessiné  par  Gravelot  et  gravé  par  Choffard. 

Ce  portrait  accompagne  la  suite  des  figures  de  Gravelot  pour  l'édition  des 
Œuvres  de  Corneille  de  Hôl ,  12  vol.  in-8.  Il  e-^^t  rare  de  le  rencontrer  dans  une 
condition  satisfaisante. 

Epreuves  d'essai  de  l'encadrement  seul,  signées  de  Choffard. 

Une  épreuve  du  portrait ,  avant  la  lettre  ,  au  Cabinet  des  Estampes.  —  Une 
autre  dans  la  collection  de  M.  Roth. 

44.  COSSÉ,  Duc    DE    Brissac   (  Jean-Paul-Timoléon  ) ,   Maréchal 

de  France,  Gouverneur  de  la  Ville,  Prévôté  et  Vicomte  de  Paris. 
—  Pougin  de  St-Aubin  pinx,  Car.  Gaucher  del.  et  sculp.  1772  ; 
in-4  orné ,  avec  une  très-curieuse  petite  vue  de  THôtel-de-Ville 
de  Paris  au-dessous  du  portrait. 

Eau-forte  pure.  —  !«''  état  :  Avant  la  lettre.  Très-rare.  —  2"  état  :  Avec 
l'adresse  de  Bligny.  —  3^  état  :  Avec  l'adresse  d'Esnauts  et  Kapilly  ;  la  planche 
porte  le  N"  203  de  la  collection  d'Esnauts. 


26(3         LES   GRAVEURS    DU    XVIlie  SIÈCLE. 
>i    Deleau  (Sœur  Antoinette).  Voyez  N°  139. 

45.  Demoustier  (Charles-Albert),  homme  de  lettres,  né  à  Villers-Cotte- 

rets  le  13  mars  Hei.  —  D'après  Ducreux  ;  in-8. 

Eau-forte  pure.  —  l^''  état  :  Avant  la  lettre  (collection  de  M.  Roth).  — 
2^  état  :  Avec  la  lettre  ;  un  centimètre  de  cadre  sous  la  tablette.  —  3«  état  : 
Avec  la  lettre  :  une  partie  du  cadre  a  été  supprimée ,  il  n'en  reste  qu'un 
millimètre  sous  la  tablette. 

46.  Desaix  et  Latour  d'Auvergne.  —  Un  génie  ailé  place  leurs  portraits 

sur  un  autel  ;  à  droite  et  à  gauche  deux  palmiers. —  Cette  vignette 
est  dessinée  et  gravée  par  Gaucher  ;  in-8. 
Existe  à  l'état  d'eau-forte  pure. 

47.  Descartes,  d'après  Hais.  —  Chez  Lattre,  rue  St-Jacques  ;  in-8. 

48.  Diderot ,  de  face ,  d'après  Vanloo.  —  Gravé  par  David  ,  élève  de 

Le  Bas;  in-4. 
L'eau-forte  seule  est  de  Gaucher. 

49.  Diderot,  de  profil ,  d'après  J.-B.  Greuze  ;  in-8. 

Ic  état  :  Avant  la  lettre,  tablette  blanche.  —  2^  état  :  Avec  la  lettre,  tablette 
ombrée,  signature  :  Gaucher  incid.  —  3^  état  :  Le  cadre  diminué,  signature  : 
Gaucher,  inc. 

50.  DU   BARRY    (  Madame  la  Comtesse ).   —  Peint  par  Drouais.   — 

Gravé  par  Ch.  Gaucher.  —  Médaillon  dans  un  cadre  orné  de 
roses,  avec  un  arc  et  un  carquois  ;  in-8. 

Ce  portrait  est  une  merveOle  de  finesse,  et  bien  que  le  graveur  se  soit  inspiré 
de  Drouais  ,  le  précieux  de  l'exécution  ,  l'élégance  des  ornements  font  de  cette 
petite  estampe  une  œuvre  vraiment  originale. 

<<  Que  Gaucher,  —  disions-nous  dans  le  catalogue  de  son  œuvre  que  nous 
»  avons  publié  en  18^9 ,  —  ait  commencé  par  attaquer  à  l'eau-forte,  avant  de  la 
0  terminer  au  burin  ,  cette  pièce  si  délicate  ;  qu'il  ait  fait  tirer  au  moins  une 
i>  épreuve  d'eau-forle  pure  pour  se  rendre  compte  de  son  travail,  cela  n'est  pas 
»  douteux.  Mais  qu'est  de 7enue  cette  épreuve?  nous  ne  saurions  le  dire.  Elle 
ï  n'est  pas  dans  l'Œuvre  de  Gaucher  au  Cabinet  des  Estampes  ;  elle  n'est  dans 
»  aucune  collection  particulière,  à  notre  connaissance  du  moins.  » 

M.  Henry  Lacroix  a  eu  depuis  la  bonne  fortune  de  rencontrer  l'eau-forte 
ùu  portrait  de  M""^  Du  Barry.  Vendue  par  lui  1,000  fr.,  cette  haute  curiosité 
fut  immédiatement  revendue  par  l'acquéreur  dans  une  vente  publique  où  , 
«  chauffée  »  à  outrance ,  l'épreuve  atteignit  le  prix  de  2.400  fr.  Ce  prix  considé- 
rable fit  «  sortir»  immédiatement  une  seconde  épreuve  d'eau-forte,  d'un  état 
moins  avance,  épreuve  qui  jusque-là  dormait  dans  les  carions  de  quelque  ama 
teur.  Nous  avons  vu  cette  eau-forte,  dont  on  demandait  2,000  fr. 

Une  épreuve  avant  toute  lettre ,  provenant  des  cartons  de  Gaucher,  apparte- 


GAUCHER.  267 

Dait  à  M.  Sieurin.  Elle  a  été  adjugée  à  sa  vente,  en  février  1879  ,  pour  le  prix  de 
500  fr. 

Le  portrait  de  la  comtesse  Du  Barry  se  rencontre  avec  les  deux  adresses 
suivantes  : 

1"  A  Paris,  chds  l'Auteur,  rue  St-Jacques ,  maison  den  Dames  de  la  Visitation. 
—  Les  lettres  A.  P.  D.  R.  tracées  à  la  pointe.  —  Avec  la  date  de  mo. 

Les  épreuves  de  cet  état  sont  rares  et  très-belles. 

•î"  A  Paris  ,  chez  Bligny ,  Lancier  du  Roi ,  Cour  du  Manège  aux  Jhuilleries.— 
A  présent  chez  Esnauts  H  Rapilly,  rue  St-Jacques,  à  la  Ville  de  Coulances.  —  Les 
lettres  A.  P.  D.  R.  au  trait.  —  Sans  date. 

Dans  cet  état  la  planche  est  fatiguée. 

51 .  Du  Ménil  (  Denis  Le  Baron) ,  ancien  juge-garde  de  la  Monnoye,  à 

Caen  ,  né  en  celte  ville  le  5  juillet  1658  ;  in-4. 

52.  Du  Paty,   Président  à   mortier  au  Parlement  de  Bordeaux,  né  à 

La  Rochelle  en  1746.  —  Acclamante  IX  Sor.  Societate ,  Off- 
C.  J.  Notté,  C.  S.  Gaucher,  P.-P.  Choffard,  Bernier.  —  D'après 
Notté.  1786;  in-4. 

Eau-forte  pure.  —  1°''  état  :  Avant  la  lettre,  la  tablette  blanche  ,  les  noms  des 
artistes  écrits  à  la  pointe.  —  A.P.  D.  R.  —  2"  état  :  Avec  la  lettre,  la  tablette 
grise  ,  les  noms  des  artistes  au  trait.  —  Avec  Priv.  du  Roi. 

La  gravure  de  l'encadrement  de  ce  portrait  est  de  Choffard. 

53.  Du  Paty,  d'après  Notté,  an  VII  ;  in-12. 

Eau-forte  pure.  —  !*■■  état  :  Avant  la  lettre,  tablette  blanche. 

54.  Dusaulx  (J.),  Membre  de  l'Institut ,  d'après  Ducreux  ;  in-8  ovale. 

1^''  état  :  Avant  la  lettre. 

55.  DUVEYIUER  (Honoré-Marie-Nicolas),    Avocat,  Secrétaire  de 

l'Assemblée  des  électeurs  de  Paris  en  1789  ,  Député  suppléant  de 
Paris  à  l'Assemblée  Nationale  et  l'un  des  représentants  de  la 
Commune.  —  Dessiné  par  Sicardi  et  gravé  par  Ch.  Gaucher,  en 
exécution  d'un  arrêté  de  l'Assemblée  des  Electeurs,  1790  ;  in-8. 

Ce  portrait ,  un  des  plus  délicatement  gravés  de  l'œuvre  de  Gaucher,  existe  a 
l'eau-forte  pure. 

56.  Estaing   (Charles-Henri ,  Comte   d') ,   vice-amiral.    —  F.  Sablel 

pinx.,  C.  Gaucher  direxit  ;   grand  in-4  orné. 
Nous  avons  vu  de  ce  portrait  une  épreuve  avant  tdute  lettre,  tablette  blanche. 

57.  Fénélon .  d'après  Vivien.  — De  Dieu  même  il  sonda  l'essence..  .  ; 

in-8  orné. 
Existe  à  l'état  d'eau-forte  pure. 


268         LES    GRAVEURS    DU    XYIIl*   SIECLE. 

58.  Fénélon ,  d'après  Vivien  ;  in-8. 

Ce  portrait  est  de  la  môme  grandeur  que  le  précédent ,  et ,  pour  la  figure  ,  il 
en  reproduit  exactement  le  dessin  ;  mais  le  cadre  ne  porte  aucun  ornement, 
tandis  que  celui  du  N"  57  est  orné  d'un  nœud  de  rubans  qui  semble  fixer  le  por- 
trait. Il  n'y  a  pas  de  vers  inscrits  sous  la  tablette.  Enfla  la  signature  de  Gaucher 
est  suivie  ici  de  la  date  An  VI. 

59.  FÉNÉLOIS,  d'après  Vivien  ;   ovale,  H.  40  m/m.  L.  34. 

États  d'essai  à  l'eau-forte  pure,  et  à  l'eau-forte  très-avancée. 
1^''  étal  :  Tirage  hors  texte  sur  fort  papier  vergé. 

2^  état  :  Sans  bordure.  —  Sur  le  titre  d'une  Vie  de  U.  de  Fenelon  .  imprimée 
chez  Didot.  —  Sur  le  titre  du  2«  volume  du  Télémaque,  in-8,  de  1790. 
3^  état  :  Entouré  d'une  bordure  ovale  de  3  m/m.  de  largeur. 

60.  FÉNÉLON,  de  face,  d'après  Vivien  ,  an  V  ;  in-12. 

Ce  portrait  accompagne  la  suite  des  vignettes  de  Quéverdo  pour  Télémaque. 
On  le  trouve  ,  comme  les  vignettes  elles-mêmes ,  à  l'eau-forte  pure ,  —  avant  la 
lettre  ,  —  avec  la  lettre. 

61.  FloriaN  (J.-P.  de)  ;  in-12  orné.  —  Dans  la  tablette  ,  une  petite 

scène  tirée  de  la  fatle  le  Lapin  et  la  Sarcelle. 

l^'  état  :  On  lit  sous  le  trait  carré  ,  l.-M.  Floueat  pinx.  —  C.-S.  Gaucher,  inc. 
1792.  Dimensions  du  cuivre  :  H.  152  m/m.,  L.  112.  —  Bau-forte  pure  au  Cabinet 
des  Estampes. 

2«  état  :  La  figure  ,  la  perruque  ont  été  entièrement  regravées  ,  le  personnage 
ne  porte  plus  la  croix  de  Saint-Louis.  Sous  le  trait  carré  on  lit  :  L.  Villers  effig. 
del.  —  es.  Gaucher,  inc.  1793.  Les  dimensions  du  cuivre  ont  été  réduites: 
H.  140  m/m.,  L.  95.  Les  oriiements  n'ont  pas  changé. 

62.  FOULLON  (Joseph),    Intendant  de   la  Guerre  et  de  la  Marine 

(c'est  le  Foullon  qui  fut  pendu  en  n89)  ;  in-4. 
Le  cuivre,  coupé  à  l'ovale,  a  été  rapporté  dans  le  cadre. 

63.  Fournier  (P. -S.) ,  graveur  et  fondeur  de  caractères  d'imprimie  ,  né 

en  l'712 ,  mort  en  1768.  —  Bichu  pinx.,  1748  ,  —  G.  S.  Gaucher 
eff.  inc.  ;  in-8  ,  dans  un  cadre  copié  sur  celui  du  Fénélon  de 
Ficquet. 

l"  état  :  Avant  la  date  de  1748  inscrite  après  les  mots  Bichu  pinx. 

2*  état  :  Avec  cette  date. 

3*  état  :  Avec  ces  vers  au-dessous  du  nom  : 

La  Jalouse  .Mbion,  le  Belge  industrieux. 

Lui  disputaient  en  vain  une  illustre  victoire  : 

De  la  presse  française  il  rétablit  la  gloire , 

Son  Nom  doit  vivre  autant  que  son  art  merveilleux . 


GAUCHER.  269 

64.  FrÉRON   (E.-C.i.  —  Dessiné  par    Cochiu ,    mO .    gravé    par 

Gaucher,  mi  ;  ia-4. 

A  l'eau-forte  pure. 

l<"  état  :  Avant  la  lettre  ,  les  noms  des  artistes  à  la  pointe.  Le  privilège  en 
abn  gé  ,  A.  P.  D.  R.  —  Sans  l'adresse  de  Gaucher. 

2'  état  :  Avec  le  nom  de  Fréron  ;  les  noms  des  artistes  au  trait.  Le  privilège 
en  toutes  lettres.  —  Avec  l'adresse  de  Gauclier. 

3*^  état  :  Au-dessous  du  nom  de  Fréron  ,  on  lit  :  Né  à  Quimper,  mort  à  Paris 
le  lo  mars  lyyô. 

Du  mauvais  goût  censeur  inexorable, 
De  l'ignorance  il  dédaigna  les  cris  ; 
Sa  plume  aux  écrivains  le  rendit  redoutable 
Et  son  cœur  cher  à  ses  amis. 

65.  FRÉRON,  d'après  Cochin.  Petit  médaillon  ovale:  H.  42  m/m.. 

L.  34. 

Ce  portrait,  de  la  plus  grande  finesse,  semble  exécuté  pour  être  placé  sur  le 
titre  d'un  livre  in-12.  Il  existe  à  l'eau-forte  pure  (Gab'net  des  Estampes) ,  et  en 
épreuves  d'artiste,  tirées  hors  texte  sur  beau  papier  vergé.  Extrêmement  rare. 

66.  G  A  IL  (J.-B.),   professeur  de  littérature  grecque  au  Collège  de 

France.  —  Le  Barbier  del.,  C.  S.  Gaucher  incid.;  in-12. 

Très-gracieux  petit  portrait ,  gravé  pour  les  Idylles  de  Bion  et  Moschus  ,  tra- 
duites par  Gail  (Didot ,  an  III) .  On  le  trouve  à  l'état  d'eau-forte  pure,  —  avant  la 
lettre ,  tablette  blanche ,  —  avec  la  lettre ,  tablette  blanche ,  —  avec  la  lettre , 
tablette  ombrée. 

6'7.  Gérard  (P.-L.) ,  d'après  Jauffret ,  an  VIII;  in-8. 

On  rencontre  ce  portrait  de  l'auteur  du  Comte  de  Yalmont  :  à  l'eau-forte  pure, 
—  avant  la  lettre,  —  avec  la  lettre. 

68-  G I L  LET  (Louis),  maréchal  des  logis.  —  Pour  servir  la  beauté  le 
Français  n'a  point  d'âge.  —  Dessiné  et  gravé  par  Gaucher, 
n86.  —  A  Paris  chez  l'auteur,  rue  St-Jacques  ,  vis  à  vis  Saint- 
Yves.  —  In-4 ,  orné  dans  le  bas  d'une  petite  scène  qu'explique 
la  légende  suivante,  inscrite  sous  le  trait  carré  :  i'  Le  sieur  Gillet, 
'^  maréchal  des  logis  au  régiment  d'Artois  cavallerie ,  âgé  de 
■>  '73  ans ,  se  retiroit  à  Autin  ,  sa  patrie  ,  près  Sainte-Menehould  , 
«  lorsque  traversant  une  forest  il  entend  des  cris  perçans  , 
>^  s'approche  et  voit  attachée  à  un  arbre  une  jeune  fille  qui 
»  alloit  être  victime  de  la  brutalité  de  deux  scélérats.  Il  vole  à 
>i  son  secours ,  abbat  d'un  coup  de  sabre  la  joue  de  l'un  des 
'^  brigands  qui  prend  la  fuite,  coupe  le  poignet  du  second  armé 


270  LES    GRAVEURS    DU    XVIIP    SIÈCLE. 

^  d'un  pistolet ,  rassure  la  jeune  infortunée  et  la  reconduit  chez 

■^  ses  parents.  Pénétrés  de  reconnaissance,  ils  oârent  leur  fille  en 

•1  mariage  à  son  libérateur.  A  mon  âge,   répond  le  généreux 

■1  militaire,  il  est  plus  facile  de  sauver  une  jeune  fille  que  de 

'■■  faire  son  bonheur.  ' 

Eau-forte  pure.  —  \^'  état  :  Avant  toute  lettre. 

69.  GraFFîgNY  (  Françoise  d'Happoncourt  de).  — Gravé  par  G. -E. 

Gaucher,  d'après  le  tableau  original  que  M™^  Helvétius  a  bien 
voulu  conCer  à  l'auteur  ;  in-8. 

Se  trouve  en  tête  des  Lettres  d'une  Péruvienne  ,  Paris  ,  Migneret ,  1797. 
L'eau-forte  pure  porte  ,  sous  le  trait  carré  ,  l'inscription  :  Délateur  pinx.  — 
Gaucher  inc.  a.  [.,  tracée  à  la  pointe. 
l"  état  :  Avant  la  lettre,  tablette  blancbe. 

70.  Gravelot  (H.) ,  d'après  Delà  tour  ;  in- 12  orné. 

Fécond  et  varié  au  gré  de  son  génie, 
Le  craïon  suus  ses  doigts  prend  une  âme,  une  vie. 
Gaucher. 

Pour  les  Almanachs  Iconologiques.    Très-difficile  à  rencontrer  en  épreuves 
satisfaisantes.  Les  épreuves  de  second  état  portent  les  deux  vers  ainsi  corrigés  : 

Fécond  et  varié,  joignant  l'art  au  génie, 

Le  craïon  sous  ses  doigts  prend  et  l'âme  et  la  vie. 

Épreuve  d'essai  avant  toute  lettre,  tablette  blanche  (collection  Béraldi). 

71.  Grim.VLDI  (  Louis  de) ,  évêque  du  Mans  ,  d'après  Cochin  ,   1767; 

in- 4. 
Existe  à  l'état  d'eau-forte  pure. 

72.  GUERIN  (G. -M.),  chirurgien,  d'après  Cochin ,  1771  ;  in-4. 

La  Bibliothèque  Nationale  possède  trois  épreuves  d'eau-forte  différentes. 

73.  Gustave  III,  /{ea;  Swec/œ  ,  d'après  Roslin  ,  1772;  in-8. 

Portrait  de  la  plus  grande  rareté.  Existe  avant  la  lettre. 

74.  Gustave  III.  —  C.  J.  Cœsari  virtutibus  et  Fato  similis. —  D'après 

N.  Lafrensen  (Lavreince);  in-8. 

L'eau-forte  pure  dans  l'œuvre  de  Gaucher  à  la  Bibliothèque  Nationale. 
Épreuve  avant  la  lettre,  tablette  blanche,  vendue  en  mai  1881 . 

75.  Hallei  (Edmond),  d'après  Philip.;  in-8. 


GAUCHER.  27i 

"70.   Hartig  (François,  Comte  d') ,  d'après  Kleinhart.  —  C.  S.  Gau- 
cher inc,  1781  ;  in-8  orné. 

Eau-forte. 

l^''  état  :  La  tablette  blanche,  sans  le  (juatrain.  Les  noms  d'artistes  à  la  pointe. 

11.  HÉNAULT  (le  Président),  d'après  Cochin;  in-4  orné. 
)'"'etat:  Avant  la  lettre. 

78.  HENRI  (le  Prince)  de  Prusse.  —  Dessiné  par  Cochin  ,  d'après  le 

buste  modelé  par  J.-A.  Houdon  en  1*784  ,  gravé  par  Gaucher  en 
n85  ;  in-8  orné. 

Eau-forte  pure  (Cabinet  des  Estampes). 

l^r  état  :  Le  cadre  ne  porte  aucune  inscription.  Rarissime. 

2^  état  :  On  lit  sur  le  cadre  la  devise  :  Général  et  soldat ,  héros  et  citoyen. 

79.  Hoen  (Pieter't).  —  C.  S.  Gaucher  delineav.  et  incid.,  1791  ;  in-8. 

Eau-forte  puie.  —  1"''  état:  Avant  la  lettre,  tablette  blancbe. — 2«  état: 
Avant  la  lettre,  la  tablette  couverte  de  tailles.  3^  état  :  Avec  le  nom  du  per- 
sonnage. 

80.  Hoiatius  Flaccus  (Quintus),  petit  médaillon  rond,  non  signé. 

81.  Jauflfret  (L.-F.),  d'après  Notté ,   1792;  in-12. 

Existe  à  l'eau-forte  pure. 

82.  Jeanne  d'Arc.  —  G.  S.  Gaucher  del.  et  inc;   in-8. 

Ce  portrait ,  qui  accompagne  une  suite  de  vignettes  de  Marillier  et  Monsiau 
pour  ta  Pucelle,  Paris ,  Didot ,  an  III ,  2  vol.  in-4  ,  se  trouve  à  l'état  d'eau-forte  , 
—  avant  la  lettre ,  lablette  blanche  ,  —  et  avec  la  lettre.  —  Il  y  a  des  épreuves 
usées  auxquelles  on  a  donné  une  tablette  blanche  en  les  tirant  avec  un  cache- 
lettres. 

83.  Joly  (Joa.  Patr.  de) ,  Marci  Aurelii  Antonini  Cultor  et  Interpres, 

d'après  Garand  ;  in-8  orné. 

84.  JOSEPH    II.   —  J.-M.  Moreau  Junior  del.  —  C.  S.  Gaucher  ex 

Acad.  Art.  Londoninc,  1778. 

Vignette  tète  de  page  pour  les  Annales  du  règne  de  Marie-Thérèse,  par  Fronia- 
geot ,  livre  dans  lequel  se  trouve  également  le  portrait  de  Marie-Antoinette 
dont  nous  parlerons  plus  loin. 

Une  contre-épreuve  de  l'eau-forte  pure,  au  Cabinet  des  Estampes. 

18''  état  :  Tirage  hors  texte  sur  papier  fort. 

2^  état  :  Tirage  avec  texte  imprimé  au  verso. 


272         LES   GRAVEURS    DU    XYIII"   SIECLE. 

85.  Kotzebue  (August  Von) ,  d'après  Boit ,  an  Vil  ;  in-12  ovale. 

Eau-forte  pure.  —  1^''  état  :  Avant  la  lettre. 

86.  LA   BORDE   (  Jean-Benjamin  de  ) ,   né  en  septembre  I "734  ,  mort 

victime  de  la  Révolution  le  4  thermidor  1794.  —  Peint  par  Dura- 
meau  ,  gravé  par  C.-S.  Gaucher  ;  petit  médaillon  ovale. 

«  La  postérité  paie  aux  grands  hommes  l'intérêt  de  la  gloire 
»  que  leur  ont  refusée  leurs  contemporains.  » 

Extr.  des  Pensées  de  La  Borde. 

Une  épreuve  d'eau-forte  pure  au  Cabinet  des  Estampes. 

l"'  état  :  Avant  la  lettre. 

•2*  état  :  Avec  la  lettre,  papier  vergé. 

3*  état  :  Avec  la  lettre,  papier  vélin.  —  Dans  ce  dernier  état ,  il  figure  sur  le 
titre  d'un  Recueil  de  portraits  pour  orner  les  Histoires  de  France  par  Bossuet , 
Veliy  et  le  Président  Hénault ,  ainsi  que  celles  d'Angleterre,  d'Allemagne,  de 
Hollande  et  des  Pays-Bas ,  extraits  de  la  collection  d'Odieuvre.  A  Paris,  chez 
Lamy,  libraire,  quai  des  Augustins,  n»  21,  1821. 

87.  La  Fontaine,  d'après  Rigaud. 

Très-petite  pièce  ovale. 

Eau-forte  pure.  Dans  le  haut  du  cuivre,  à  droite  ,  un  essai  du  graveur  repré 
sentant  une  tête  de  femme. 

1*''  état:  Sans  bordure. 

2*  état  :  Avec  une  petite  bordure  ovale  qui  englobe  les  noms  des  artistes.  — 
Il  y  a  un  choix  à  faire  entre  les  épreuves  ,  la  planche  ayant  été  conduite  ,  dans 
cet  état ,  jusqu'aux  dernières  limites  de  l'usure. 

88.  Lantier  (E. -P.) ,  d'après  Ducreux  ;  in-8  ovale. 

Existe  à  l'eau-forte  pure. 

89.  La  Rochefoucauld  (le  Comte  de).  —  F.  Drouais  pinx.  —  Carol. 

Gaucher  del.  et  sculp.  —  Il  est  représenté  de  face  ;  in- 4  ,  format 
de  la  collection  de  Cochin. 

Nous  n'avons  pas  vu  d'épreuve  de  ce  portrait  avec  le  nom  du  personnage  ; 
mais  sur  l'épreuve  du  Cabinet  des  Estampes  ,  qui  est  avant  la  lettre ,  on  Ut , 
écrit  à  la  main  ,  le  nom  du  Comte  de  La  Rochefoucauld. 

90.  La  Rochefoucauld,  d'après  Petitot ;  in-i2. 

Ce  portrait  du  duc  de  La  Rochefoucauld  est  placé  en  tête  de  l'édition  des 
Maximes,  dite  édition  Bleuet,  Paris,  anV.  —  On  le  rencontre  à  l'état  d'eau-forte, 
—  avant  la  lettre,  tablette  blanche,  —  et  avec  la  lettre. 

91.  Lassus  (Pierre),  né  à  Paris  le  11  avril  1741.  —  D'après  Giraudet  ; 

in-8. 
Existe  à  l'eau-forte  pure. 


GAUCHER.  273 

92.  Latour  d'Auvergne.  —  Dessiné  et  gravé  par  G.  E.  Gaucher,  d'après 

le  buste  modelé  par  Ch.  Gorbet;  in-8  ,   médaillon  rond  dans  un 
trait  carré. 

Eau-forte  pure. 

10'  état  :  Avant  toute  lettre. 

26  état  :  Sous  le  médaillon  ,  on  lit  :  Latour  d'Auvergne ,  premier  grenadier  da 
France. 

3"  état  :  Entre  le  médaillon  et  le  trait  carré  se  trouve  VÉpitaphe  de  la  Tour 
d'Auvergne  en  huit  vers. 

93.  Lazzerini  (Gustave) ,  Artiste  du  Théâtre  de  l'Opéra  Buffa.  —  Des- 

siné par   son  ami  Dufresne ,  gravé  par  Gaucher,  an  X  ;  in-8 
rond. 

94.  LE  BAS  (A  la  mémoire  de  Jacques-Philippe),  Graveur  du  Cabinet 

du  Roi ,  Conseiller  de  l'Académie  Royale  de  Peinture  et  Sculpture, 
etc.  décédé  à  Paris  ,  en  1783,  âgé  de  77  ans.  —  D'après  Cochin; 
in-8.  Frontispice  de  V Éloge  de  Le  Bas  (voyez  n»  182). 
Une  épreuve  d'eau-forte  pure  de  ce  très-élégant  portrait  allégorique  existe  au 
Cabinet  des  Estampes.  —  Une  autre  épreuve  ,  qui  faisait  partie  de  la  collection 
Sieurin ,  a  été  vendue  800  fr.  en  1879. 
l"!"  état  :  Sans  légende  sur  la  marge  inférieure. 

28  état  :  Sur  la  marge  inférieure ,  au-dessous  du  trait  carré,  on  lit  :  Le  Génie 
du  Dessin  regrette  M.  Le  Bas.  une  Muse,  symbole  delà  Gravure,  le  couronne. 
Bbaublb  scrip. 

95.  Lefort  (François) ,  l^r  Ministre  ,  Général ,  Amiral  et  Ambassadeur 

de  Pierre  P>",  Empereur  de  Russie  ;  in-8. 
État  d'essai ,  avant  la  lettre,  tablette  blanche. 

96.  Le  Noir  (M-^e  Jean-Charles-Pierre),  Lieutenant-Général  de  Police. 

—  Scevole  eff.  inc.  ad  perfect.  similitud.  statuas  express.  Fernex. 

—  Adresse  de  Bligny  ;  grand  in-4. 
l*''  état  :  Avant  toute  lettre. 

97.  Le   Normant   du   Coudray   (Charles).  —  Gravé  d'après  le 

tableau  de  Ch.  Le  Bel,  1783. —Le  portrait  du  personnage  est 
sur  un  médaillon  suspendu  à  un  arbre;  in-8. 
Eau-forte  pure.  —  1er  état  :  Avant  la  lettre. 

98.  Le  Normant  du  Coudray  (Carolus).  —  P.  Le  Gay  del. 

1779.  —  Carol.  Stph.  Gaucher,  inc.  1781  ;  in-8. 

ler  état  :  Avant  la  lettre ,  tablette  blanche ,  le  cartouche  des  armes  en  blanc 
{collection  de  M.  Roth).  —  2»  état  :  Avant  la  lettre,  tablette  blanche,  les  armes 
gravées  sur  le  cartouche  (même  collection).  —  .S"  état  ■  Avec  la  lettre. 

"•  18 


274         LES   GRAVEURS    DU    XVIII«   SIÈCLE. 

99.  Louis  le  Bien  Aimé,  né  le  15  février  1710;  grand  in-4. 

Cuivre  coupé  à  l'ovale  et  Inséré  dans  un  cadre  orné.  Ce  cadre  a  été  changé 
plusieurs  fois,  ainsi  que  l'adresse.  —  L'eau-forte  et  quatre  états  différents  au 
Cabinet  des  Estampes  (Œuvre  de  Gaucher  et  alphabétiques). 

100.  Louis  XV  cédant  le  trône  à  Louis  XVL  —  C.-P.  Marillier  del. 

n75. 

Cette  vignette  se  trouve  dans  les  Œuvres  de  Dorât ,  en  tête  de  Mes  Nouveaux 
Torts,  ou  Nouveau  Mélange  de  Poésies  pour  servir  de  suite  aux  Fantaisies. 

101.  Louis  Auguste,  Dauphin  de  France  (depuis  Louis  XVI); 

ovale  dans  un  encadrement  orné ,  in-fol. 

Le  portrait  a  été  gravé  deux  fois  dans  le  même  cadre  orné  : 
V  Le  Dauphin  est  représenté  enfant ,  de  face,  d'après  La  Tour.  Rarissime. 
2"  Il  est  représenté  adolescent ,  de  trois  quarts,  —  J.-B.  Andr.  Gautier  effig. 
pins.  —  Carl.-Steph.  Gaucher  del.  et  sculp. 

102.  Louis  Auguste,  Dauphin  de  France  ,  Gautier  effig.  pinx.  — 

Gaucher  del.  et  sculp.  mo. 

Ce  portrait ,  ainsi  que  son  cadre  orné  de  lys  et  de  roses  et  portant  les  armes 
du  Dauphin  ,  est  la  reproduction  réduite  du  portrait  précédent ,  n"  2. 
Épreuve  d'essai  de  l'encadrement  seul  à  l'état  d'eau-forte  pure. 
l^'  état  :  Avant  toute  lettre. 

103.  Louis  XVI ,  Roi  de  France.  Médaille  reposant  sur  des  fleurs  de 

lys  et  sur  le  manteau  royal  ;  petit  in-fol. 

Sans  aucune  lettre  ,  dans  l'oeuvre  de  Gaucher  à  la  Bibliothèque  Nationale.  — 
Cette  pièce  est  bien  de  Gaucher,  au  moins  pour  la  figure  du  Roi ,  quoiqu'elle 
porte  comme  signatures  d'artistes  les  noms  de  Dicquemare  et  de  Sellier. 

104.  Louis  XVI.  Médaille  des  électeurs  réunis,  en  l'789,  telle  qu'elle  a 

(lié  arrêtée  par  MM.  les  Commissaires  nommés  par  l'Assemblée. 
—  Face  et  revers.  —  Gaucher  inc.  1790  ;  in-8. 
Très  rare.  Existe  à  l'eau-forte  pure.  • 

105.  Louis  XVI  et  sa  famille.  —  Médaillon  rond  dans  un  encadrement 

carré.  —  Le  médaillon  représente  une  urne  funéraire.  Les  mou- 
lures du  pied  de  cette  urne  font  ressortir  sur  le  fond  blanc  du 
papier,  les  profils  de  Louis  XVI ,  à  gauche  ,  et  de  Marie-Antoi- 
nette ,  à  droite.  Il  faut  chercher  les  profils  du  Dauphin  et  de  la 
Dauphine  dans  les  branches  du  saule  et  sur  le  tronc  de  l'arbre 
placés  à  droite  et  à  gauche  de  l'urne.  —  Sous  le  médaillon  une 
tablette  marbrée.  —  Sans  signature  et  sans  date.  H.  112  m/m. 
L.  87.  Diamètre  intérieur  du  médaillon  ,  62  m/m. 


GAUCHER.  275 

"     Louise-Marie  de  France.  —  Voyez  N"  138. 

106.  MaleSHERBES,  de  profil.  —  Pièce  ronde  d'un  diamètre  de 
34  m/m.  Sans  signature. 

Le  cuivre  de  ce  petit  portrait  a  été  découpé  dans  une  planche  de  dimension 
in~4,  sorte  de  cartouche-frontispice  d'après  Monnet.  Le  portrait  est  à  la  partie 
supérieure  ;  dans  le  bas  sont  les  armes  de  Malesherbes  ;  à  droite  et  à  gauche 
du  portrait  et  des  deux  côtés  du  cartouche  central  se  trouvent  des  personnages 
allégoriques  ,  la  Justice,  etc.  (Collection  Béraldi). 

Une  copie  de  cette  pièce  ,  épreuve  d'eau-forte  pure  ,  est  signée  de  Monnet  et 
du  graveur  Littret.  Les  ornements  sont  les  mêmes  et  de  môme  dimension,  mais 
ici  le  portrait  de  Malesherbes  est  de  face. 

10*7.  Malesherbes  (Chrétien-Guillaume  Lamoignon) ,  né  le  6  dé- 
cembre n21.  Mort. .  .  le  3  Floréal ,  an  2°^"  (22  avril  n94.  v.  st). 
—  Peint  par  R. .  .,  gravé  par  Gaucher,  C.-E.;  in-8  orné. 

Eau-forte  pure. 

l^i'  état  :  Avant  toute  lettre,  tablette  blanche. 

108.  Marc-Aurèle,  buste;  in-8  orné  (voyez  n^SS). 

Épreuve  d'essai  de  l'encadrement  à  l'état  d'eau-forte  ,  avec  la  place  de  la  tète 
réservée  en  blanc. 
Eau-forte  pure,  avec  la  tête. 

109.  Marduel   (J.-B.),  Doct.  de  Sorb.,  né  à  Lion,  le  XXVII  déc. 

1699,  et  curé  de  St-Roch  en  1749.  —  Davesne  pinx.,  Gaucher 
sculp.  —  A  Paris  ,  chez  Bligny,  Lancier  du  Roi ,  Cour  du 
Manège ,  au  Tuillerie  ,  ou  il  tient  Magasin  d'Estampe,  Bordure 
doré  et  vert  de  Bohême  (sic). 

Eau-forte  pure. 
État  avant  la  lettre. 

110.  MARIE-ANTOINETTE,    d'après  Moreau  ,  1-75.  —Vignette 

tête  de  page  pour  les  Annales  du  Règne  de  Marie-Thérèse, 
par  Fromageot.  Paris,  1775,  in-8. 

L'eau-forte  pure  de  cette  délicate  petite  pièce  existe  au  Cabinet  des  Estampes 
et  dans  la  collection  de  M.  Roth. 

Terminé,  le  portrait  de  Marie- Antoinette  se  rencontre  dans  trois  états: 

l"  Épreuves  d'artiste  ,  tirées  hors  texte.  La  dernière  épreuve  de  ce  genre  qui 
ait  flguré  dans  une  vente  publique  (février  18T(9)  a  dépassé  le  prix  de  600  francs. 

20  Épreuves  avec  texte  gravé  au-dessous  de  la  planche  et  au  verso. 

3"  Épreuves  avec  texte  imprimé.  Dans  cette  dernière  condition  ,  la  planche 
est  usée. 


276         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF   SIECLE. 

111.  Marie-Cécile,  Princesse  Ottomane,  Fille  d'Achmet  III ,  née 

à  Constantinople  ,  le  4  octobre  1110.  —  Dessiné  et  gravé  par 
Gaucher,  1788  ;  in-8. 

Avant  de  graver  ce  portrait ,  Gaucher  en  avait  ébauché  un  autre  du  même 
personnage ,  sans  différence  de  dessin  ,  mais  de  plus  grandes  dimensions.  De 
cette  ébauche,  nous  ne  connaissons  qu'une  épreuve  ,  provenant  des  cartons  du 
graveur.  Cette  pièce,  gravée  à  l'eau-forte  pure,  ne  représente  que  le  personnage, 
sans  fond  ni  cadre.  H.  75  m/m.  (Collection  Béraldi) . 

112.  MARIE   LEGZINSKA,    d'après   Nattier ,    1767.    —    Portrait- 

vignette  placé  en  tête  de  la  dédicace  du  Nouvel  Abrégé  Chro- 
nologique de  l'Histoire  de  France  du  Président  Hénault , 
édition  de  1768. 

Cette  gracieuse  image  de  la  Reine  a  été  gravée  par  Gaucher  avec  la  plus  pré- 
cieuse délicatesse ,  aussi  est-elle  considérée  à  juste  titre  comme  l'un  des  chefs- 
d'œuvre  de  notre  artiste.  Elle  est  entourée  d'un  encadrement  de  lys  et  de  roses 
d'une  rare  élégance,  composé  et  gravé  par  ChofTard. 

Une  épreuve  de  l'encadrement  seul ,  à  l'eau-forte  pure  ,  dans  la  collection  de 
MM.  Béraldi. 

Dans  rœuvre  de  Gaucher,  au  Cabinet  des  Estampes,  figure  une  curieuse 
épreuve  sur  laquelle  le  portrait  est  à  l'état  deau-forte  avancée ,  dans  l'enca- 
drement achevé. 

Terminé,  le  portrait  de  Marie  Leczinska  se  rencontre  en  deux  états  : 

1"  Épreuves  d'artiste,  tirées  hors  teste. 

2°  Épreuves  avec  texte,  provenant  du  livre. 

113.  Marillac  (la  Vénérable  Louise  de),    veuve  Legras ,  fondatrice 

des  Filles  de  la  Charité ,  d'après  Jauffret;  in-8. 
Existe  à  l'eau-forte  pure. 

114.  JIARMONTEL    (Jean -François),   Historiographe  de  France. 

Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie   Française.   —  Dessiné  et 
gravé  par  Ch.-E.  Gaucher,  etc.,  1786  ;  in-S. 
Portrait  bien  gravé  et  rare.  L'eau-forte  pure  au  Cabinet  des  Estampes. 

115.  MetastaSIO  (  Pietro  ),   Romano,    Poeta  Cesareo,  d'après  Joh. 

Steiner  ;  in-8  orné. 

Enu-forte  pure.  —  l^''  état  :  Avant  la  lettre,  la  tablette  blanche,  les  noms  des 
artistes  à  la  pointe.  —  2"  état  :  Avant  la  lettre,  les  noms  des  artistes  au  trait.  — 
3^  état  :  Avec  la  lettre. 

116.  MiRANDA  (le  Général),  d'après  Le  Barbier,  1792;  in-8,  avec 

une  petite  vue  du  bombardement  d'Anvers. 
Existe  à  l'état  d'eau-forte  pure. 


GAUCHER.  277 

in.  MONNIER  (le  Général),  d'après  Le  Barbier,  an  X.  —  Au-dessous 
du  portrait ,  une  femme  déploie  un  papier  sur  lequel  est  écrit  : 
Défense  d'Ancône;  sur  le  cadre  on  lit  :  l'Amitié;  in-8. 
État  d'essai ,  à  l'eau-forte  pure. 

118.  Montausier  (le  Duc  de) ,  d'après  Ferdinand  ,  1781  ;  in-8. 

L'eau-foi  te  pure,  100  fr.  1881 . 

l"'  état:  Le  nom  du  personnage  tracé  à  la  pointe  sur  la  tablette  blanche. 

2^  état  :  Le  nom  du  personnage  au  trait ,  sur  la  tablette  ombrée. 

119.  Montmirail  (Ch -Fois-Ces.  Le  Tellier,  Mis  de),  B«'"  d'Ar.  de  R. 

Né  à  Par.,  le  11  Sep.   1734.  M.  le  13  Dec.  1764.  —  D'après 
Frédou,  1*766  ;  in-8  orné. 

V  état  :  Avant  toute  lettre. 

«  M.  de  Montmirail  était  un  jeune  homme  de  la  plus  grande  espérance,  éga- 
»  lement  cher  aux  militaires  et  aux  gens  de  lettres.  Il  s'intéressait  singulière- 
»  ment  aux  progrès  de  l'histoire  naturelle.  M.  de  Surgy  a  rais  à  la  tête  liâs 
»  Mélanges  intéressants  et  curieux  un  éloge  de  M.  de  Montmirail,  avec  un  por- 
»  trait  en  taille-douce  assez  ressemblant.  »  (Grimm.) 

120.  Montmirail.   —  Petit  portrait  in-12  du  même  personnage,   dans 

un  élégant  encadrement ,  orné  d'attributs  de  guerre  et  d'histoire 
naturelle ,   notamment  d'un  livre  sur  lequel  on  lit  :   Histoire 
naturelle  de  MM.  de  Monmir.  et  Buffon.  Non  signé. 
Gaucher  a-t-il  travaillé  à  ce  portrait?  Nous  n'oserions  l'affirmer. 

121.  Montmorin  (de) ,  évêque  ;  in-8  ovale,  sans  signature. 

122.  Newton,  d'après  Kneller.  —  Chez  Lattre;  in-12. 
l^''  état  :  Avant  la  lettre. 

123.  Nicole,  d'après  Philippe  de  Ghampaigne,  1165  ;  in-8. 

124.  NOYELLES  (Jean -Louis,   Baron  de  C  A  RONDELET   et  de), 

d'après  de  Pasche,  1781  ;  in-8  orné. 

125.  NOYELLES  (  Marie-Aug^-Bernde  de  Rasoir,  Barone  de) ,  née  en 

nie,  morte  à  Gambray,  le  13  x^re  ms.  —  D'après  de  Pasche". 
nsi  ;  in-8  orné. 

Les  portraits  du  baron  et  de  la  baronne  de  Noyelles  peuvent  être  mis  au  rang 
des  meilleures  productions  de  Gaucher.  —  Ils  existent  tous  deux  à  l'état  d'eau- 
forte  pure ,  et  à  l'état  d'eau-forte  très-avancée.  —  Les  ornements  sont  dessinés 
par  Gaucher. 

126.  Parny  (Evariste);  in-S  ovale. 
Existe  à  l'eau-forte  pure. 


278         LES    GRAVEURS   DU    XYIIF   SIÈCLE. 

127.  Pascal ,  d'après  Philippe  de  Champaigne.  —  Chez  Lattre  ;  in-12. 
pr  état  :  Avant  la  lettre. 

128.  PhilidOR  (André-Danican).  Petit  médaillon  rond.  Très  rare. 

129.  Pie  VI ,    Sede  magnus ,  virtute  major,   morte  maximus.  — 

D'après  Jauffret;  in-8. 

l^i"  état  :  Devise  en  trois  lignes  ,  sur  la  marge  inférieure  ,  noms  des  artistes  à 
la  pointe. 
2*  état  :  Devise  en  une  ligne,  noms  des  artistes  au  tra't. 

130.  Pie  VII ,  d'après  Bomhelli  ;  in-8. 

131.  PUS  (A.  p.  A.  de),  Ecuyer  secrétaire  interprète  de  Monseigneur, 

Comte  d'Artois.  —  D'après  H.-J.  François;  in-12  orné. 
Ce  gracieux  portrait  existe  à  l'état  d'eau-forte  pure,  HO  fr.  1881 . 

132.  Poètes  Fr.\NÇAIS. — Série  de  onze  portraits,  de  format  in-12, 

représentant  :  Baïf,  Rémy  Belleau  ,  Philippe  Desportes,  Guil- 
laume-Sallusle  Du  Bartas,  Joachim  Du  Bellay,  Clément  Marot, 
Charles  d'Orléans ,  Jean  Passerat ,  Pierre  Ronsard  ,  Mellin  de 
St-Gelais,  Gaucher  de  Ste-Marthe. 

Tous  ces  portraits  existent  à  l'état  d'eau-forte  avancée.  Terminés,  on  les  ren- 
contre dans  les  deux  états  suivants  : 
P  Le  nom  du  personnage  trace  finement  à  la  pointe ,  sur  la  tablette  blanche. 
2"  Le  nom  du  personnage  au  trait ,  sur  la  tablette  couverte  de  tailles. 

133.  Pothuin  ,  avocat.  —  Martini  del.;  in-4. 

134.  PkÉVILLE.  —  Gaucher  del.  et  incid.  —  Petit  médaillon  rond. 

135.  Pulci  (Luigi),  d'après  Giuliamo  ;  in-12. 

Cette  pièce  pitoyable  ne  portant  que  l'indication  direxit ,  il  est  permis  d'es- 
pérer que  Gaucher  est  complètement  étranger  à  son  exécution. 

136.  Racine.  —  J.-B.  Santerre  pinx.  —  Car.  Gaucher  sculp.,   HôT  ; 

in-8  orné. 

Ce  portrait  accompagne  la  suite  des  figures  de  Gravelot  pour  les  Œuvres  de 
Racine,  édition  de  Luneau  de  Boisgermain  ,  Paris,  Cellot ,  n68. 

L'encadrement ,  dessiné  par  Gravelot ,  a  été  gravé  à  l'eau-forte  par  Choffard. 

A  part  une  épreuve  avant  la  lettre,  nous  n'avons  jamais  vu  que  des  épreuves 
mal  venues  du  premier  tirage  de  ce  portrait  de  Racine. 


GAUCHER.  279 

137.  Racine,  d'après  Santerre ;  in-8. 

Ce  portrait,  facile  à  distinguer  du  précédent ,  puisqu'il  n'est  pas  orne,  est 
placé  en  tôte  des  Œuvres  de  Bacine ,  Paris,  Pougin ,  1796,  flg.  de  Le  Barbier.  On 
le  rencontre  à  l'eau-forte  pure,  et,  terminé,  dans  trois  états  différents: 

1"  Avant  la  lettre,  les  noms  des  artistes  à  la  pointe.  —  20  Avant  la  lettre,  les 
noms  des  artistes  au  trait.  ~  3"  Avec  quatre  vers  de  Boileau  dans  la  tahlette, 
et  le  nom  de  Jean  Racine  sur  la  marge  supérieure. 

138.  Religieuse  agenouillée  sur   un  prie-Dieu  aux  armes  de  France , 

sur  lequel  on  voit  un  crucifix  et  une  tête  de  mort  ;  in-S. 

Par  ton  exemple,  échauffe,  instruis  tes  cœurs. 
Servir  le  Ciel ,  voilà  tes  vrais  honneurs  ! 

Ce  portrait  représente  Madame  Louise-Marie  de  France  ,  née  à  Versailles  le 
13  juillet  1731,  religieuse  Carmélite  sous  le  nom  de  sœur  Thérèse  de  Saint-Au- 
gustin. Il  sert  de  frontispice  au  livre  de  l'abbé  de  Morvan  ,  intitulé  :  te  Triomphe 
de  la  Religion ,  ou  le  Sacrifice  de  Madame  Louise  de  France,  poëme  dédié  à  Madame 
Adélaïde,  mi ,  in-8. 

139.  Religieuse.  —  Portrait  d'une  sœur  de  charité,  de  face,  ovale  ;  in-8, 

sans  signature  et  sans  date. 

Ce  portrait  est  celui  de  Marie-Antoinette  Deleau,  en  religion  sœur  .\ntoinette, 
supérieure  générale  des  Filles  de  la  Charité  ,  née  le  14  juillet  1778,  morte  le 
29  janvier  1804. 

140.  René  ,  Roi  de  Sicile  ;  in-12. 

Pour  les  Voyages  en  Fraace.  —  Existe  à  l'eau-forte  et  avant  la  lettre. 

141.  ROLAND    (Madame),  d'après  Nicollet,  an  VIII  ;  in-8. 

C'est  le  meilleur  portrait  qui  existe  de  Madame  Roland.  Los  belles  éprouves 
en  sont  rares. 

142.  Rousseau  (Jean-Jac.) ,  d'après  Vécharigi ,  1763;  in-4. 

143.  Saint-Marc  (Jean-Paul-André  de)  ;  in-8. 

1"  Le  personnage  est  représenté  de  face,  d'après  te  tableau  de  M^"^  Loir,  dans 
un  encadrement  orné,  au  bas  duquel  est  une  tablette  où  se  trouvent  inscrits  les 
noms  :  Jean-Paul- André  de  Saint-Marc.  Très  rare.  —  L'eau-forte  pure  existe  au 
Cabinet  des  Estampes. 

2°  Dans  le  même  cadre  ;  le  personnage  a  été  gravé  à  nouveau,  de  trois  quarts, 
d'après  te  tableau  de  Thonàre,  1772. 

3"  La  tète  a  été  de  nouveau  modifiée  ,  d'après  le  tableau  de  Danloux  ,  1773. 
Le  nom  du  personnage  a  été  remplacé  dans  la  tablette  par  ses  armes,  et  reporté 
sur  le  cadre  autour  de  la  tête. 

En  résumé  ,  il  n'existe  pas  trois  planches  différentes  du  portrait  de  Saint- 
Marc  ,  mais  une  seule  planche  qui  a  subi  des  modifications  à  deux  reprises 
différentes. 


280         LES   GRAVEURS   DU   XVIIP  SIECLE. 

144.  Salm-Salm  (Guillaume-Florentin,  Prince  du  S.  E.  R.  de),  d'après 

Mansfeld,  1777;  in-4. 

145.  SiCARD  (Roch-Amhroise) ,  Instituteur  des  Sourds-Muets,  né  au 

Fousseret,  Département  de  la  Haute -Garonne.  —  D'après 
Jaufiret,  grand  in-8. 

Les  Muets  et  les  Sourds,  doués  d'un  nouvel  être, 
A  la  Société  par  son  art  sont  rendus 

Il  existe  un  premier  état  de  la  planche  avec  le  mot  Pausstret  au  lieu  de 
Fousseret.  —  Sur  la  marge  inférieure,  on  lit  : 

Par  quel  prodige  heureux  Sicard  vient  nous  surprendre, 
Le  Muet  parle  ou  Sourd,  étonné  de  l'entendre. 

146.  Soret  (G.-J.),  Avocat  au  Parlement,  Censeur  Royal  de  l'Aca- 

démie de  Nancy.  —  D'après  M"*"  de  Vaupré  ;  in-8. 

État  d'essai  à  l'eau-forte  pure. 

147.  Suisses  (Portraits  de  personnages).  —  Sur  les  titres  de  quelques- 

uns  des  volumes  d'une  Histoire  des  Suisses ,  traduite  de  l'alle- 
mand de  Jean  Muller,  Lausanne  et  Paris  ,  1794-1803  ,  12  vol. 
in-8 ,  se  trouvent  des  petits  portraits  dans  des  couronnes  de 
feuilles  ;  nous  en  connaissons  sept  :  Guillaume  Tell ,  Henri  Ott, 
Walther  Furst ,  Ai'nold  de  Melcthal ,  Nicolas  de  Flue,  "Werner 
Stauffacher,  Arnold  de  "Winkelried. 

On  en  rencontre  des  épreuves  tirées  à  part  des  titres. 

148.  Tibulle ,  portrait-vignette.  —  C.-S.  Gaucher  del.  et  inc,  1796; 

in-8. 

149.  Vendôme  (Charles  de  Bourhon,  P''du  nom  ,  Duc  de).  —  Dessiné 

d'après  l'original ,  par  Fragonard ,  Peintre  du  Roi.  —  Gravé 
par  Gaucher,  1774  ;  in-4  orné. 

Pour  l'Histoire  de  la  Maison  de  Bourbon,  de  Désormeaux. 
Une  épreuve  d'eau-forte  pure,  et  une  épreuve  d'eau- forte  avancée  au  Cabinet 
des  Estampes.  Sur  ces  épreuves  est  écrit  à  la  pointe  :  Choffard  ornam.  inv. 

150.  Vergennes  (Charles-Xavier,  Comte  de).  —  Petit  médaillon  rond, 

avec  nœud  de  rubans  au-dessus.  Le  personnage  est  légèrement 
tourné  à  droite.  —  Sans  signature.  —  Quand  la  pièce  a  de  la 
marge  ,  on  remarque  qu'elle  est  entourée  d'un  trait  carré  ;  elle 
est  alors  de  format  in-8. 


GAUCHER.  281 

151.  Vergennes  (le  Comte  de).  —  Gravé  d'après  le  tableau  original  do 

A.  Callet ,  de  l'Acad.  Rie  de  Peinture,  par  C.-E.  Gaucher,  des 
Acad.  de  Londres,  Rouen,  etc.,  1784  ;  in-8  orné. 

Une  épreuve  non  terminée,  portant  l'indication  J.-M.  Moreau  Jun.  rtel.,  existe 
au  Cabinet  des  Estampes. 

152.  Vincent  de  Paul  (S*-),  d'après  JaufFret  ;  in-8. 

153.  Villette  (Charles),  Député  à  la  Convention,  1792;  in-8. 
État  d'essai  a  l'eau-forte. 

154.  Six  petits  portraits,  dans  des  médaillons  ovales,  disposés  deux  par 

deux;  le  tout  enfermé  dans  un  trait  carré.  —  La  pièce,  à  l'eau- 
forte  pure,  n'est  pas  signée  (Cahinet  des  Estampes). 

Les  personnages  représentés  sont  :  en  haut ,  Du  Paty  et au  milieu , 

le  Cardinal  de  Rohan  et  Gagliostro ,  en  bas,  Linguet  et  un  sixième  que  nous 
n'avons  pu  reconnaître. 

155.  Portrait  d'une  femme  âgée ,  à  l'eau-forte  pure ,  de  format  in-4  , 

signé  à  la  pointe  en  caractères  retournés. 

Ce  portrait  a  flguré  dans  une  vente  faite  par  M.  Clément ,  il  y  a  quoique 
années. 

156.  Portrait  d'un  jeune  abbé,  vu  de  face  ;  in-4,  format  de  la  collection 

de  Cochin. 

Une  épreuve  d" eau-forte  pure  au  Cabinet  des  Estampes.  —  Elle  porte,  écrite 
à  la  pointe,  l'indication  :  Car.  Gaucher  ad  viv.  del.  et  incid.,  177^- 

157.  Portrait  d'homme  ,  de  trois  quarts  ,  avec  perruque  ,  jabot  de  den- 

telles ;  on  voit  un  bouton  de  l'habit.  — Vispré  pinx. —  C.-Steph. 
Gaucher  sculp.;  in-4,  format  de  la  collection  de  Cochin  (Cabinet 
des  Estampes). 

158.  Portrait  d'homme ,   à  longs  cheveux  blancs,   d'après  Dufresne  ; 

in-12. 

159.  Il  nous  paraît  impossible  que  Gaucher  n'ait  pas  mis  la  dernière 

main  à  un  petit  portrait  d'homme  ,  de  face  ,  médaillon  rond  dans 
un  encadrement  carré  in-12  ,  signé  C.  Pauquet  se,  et  qui  a  pour 
légende  :  Naturam  scriptis ,  virtutem  factis  colère  docuil. 

160.  Gaucher  a  gravé  la  tête  de  Charles  F"",  dans  une  rc})roduclion  in-8 

du  tableau  de  Van  Dyck. 


282         LES   GRAVEURS   DU    XYIIP   SIECLE 


EX-LIBRIS,    ADRESSES. 

161.  Ex-LiBRIS    DE   Bizemont-PrunelÉ.    —  Cartouche   d'ar- 

moiries avec  couronne  ,  supporté  par  un  lion.  —  A  gauche  un 
autre  lion  couché ,  une  palette  ,  un  compas  ;  à  droite  ,  un  papier 
déroulé,  un  buste  de  femme  renversé.  —  Devise  :  Jungat 
Stemmata  Virtus.  —  Légende  :  Messire  André  Gaspard 
Parfait,  Comte  de  Bizemont-Prunelé,  nsi. 
Cet  ex-libris  existe  à  l'état  d'eau-forte  pure. 

162.  Ex-LiBRIS    DE   L.\MOTTE.   —  Deux  lions,   couchés  sur  un 

nuage  ,  supportent  un  cartouche  d'armoiries  ,  avec  couronne  de 
comte ,  entouré  de  roses  et  de  palmes.  Sur  le  fond  ,  les  rayons 
du  soleil.  — La  pièce,  dessinée  et  gravée  par  Gaucher,  en  mo, 
est  en  largeur,  sans  trait  d'encadrement;  elle  porte  la  légende  : 
De  la  Bibliothèque  de  François  Grangier  de  Lamotte ,  Cap.  de 
Dragons  au  R^t  de  Deux-Ponls. 

État  d'essai ,  avant  toute  lettre,  avec  deux  blasons  accolés  dans  le  cartouche, 
au  lieu  d'un  seul. 

163.  Ex-LiBRIS.  —  Cartouche  d'armoiries  reposant  sur  un  nuage  ; 

il  est  accompagné  d'une  guirlande  de  roses  ,  d'une  ruche  et  d'un 
caducée.  —  En  hauteur,  avec  trait  carré.  —  Sans  légende. 

A  l'eau-forte  pure,  cet  ex-libris  n'a  pas  de  tablette  sous  le  trait  carré. 
Terminé ,  il  a  une  petite  tablette  sous  laquelle  est  écrit  :  J.-M.  Moreau  Jun. 
(tel.,  C.-S.  Gaucher,  inc.  1777. 

164.  Ex-LiBRIS   Desmares.  —  Sur  cet  ex-libris  reparaissent  le 

nuage,  le  caducée  et  la  ruche  de  la  composition  précédente,  mais 
ici  la  ruche  est  sur  les  armes  mêmes  du  personnage  ,  et  la  pièce 
n'est  pas  entourée  d'un  trait  carré;  elle  porte  la  signature  : 
C.  S.  Gaucher,  ex  acad.  art.  Lond  dol.  et  inc,  et  la  légende  : 
Ex-libris  Jac.  Desmares  in  Sénat.  Paris,  patroni. 

165.  Ex-Libris   de   Saint-Clair.  —  A  droite  et  à  gauche  de  la 

pièce,  des  arbres  ;  dans  le  haut ,  le  soleil  ;  dans  le  bas  ,  un  coq  . 
une  lampe  ,  un  caducéa  ,  les  œuvres  d'Hippocrate  et  de  Galien. 
—  Entre  les  arbres,  la  légende  :  Ex-libris  Pétri  Gossel  de  Saint- 
Clair,  Doet.  Med.  Facult.  Monspelliensis . 


GAUCHER.  283 

166.  Carte    de  visite.  —  Dans  un  petit  cadre,  orné  de  bouquets 

de  roses  sur  les  quatre  côtés,  est  inscrit  en  gros  caractères  le  nom 
de  Cabre.  —  C.  Gaucher  inc.  1779.  — En  largeur. 

167.  Carte   oe  visite  de  la  Comtesse  m;  Rennepont. 

—  Sur  une  tablette  ombrée  et  posée  au  milieu  d'un  cadre  orné 
d'une  guirlande  de  roses,  est  inscrit  le  nom  de  Madame  la  Com- 
tesse de  Rennepont.  —  C.  Gaucher  inc  —  En  largeur. 

Cette  petite  coraposilion  ,  extrêmement  élégante,  est  de  toute  rareté. 
Vendue  139  fr.  en  1880. 

168.  ADRESSE    DE    L'ORFÈVRE    PIERRE.  —  Tablette  dans  un 

cadre  orné  d  une  grosse  guirlande  de  fleurs  posée  sur  la  partie 
supérieure  et  retombant  sur  les  côtés.  Au-dessus  de  la  tablette, 
une  grosse  boule.  C.-S.  Gaucher  fecit  m4.  —  Légende  : 

A     LA     BOULB-D'OR. 


PIERRE 

Md  Orfèvre  Jouaillier  Bijoutier. 

Quai  Peletier. 

Fait  Vend  el  achette  tout  ce  qui  concerne  l'Orfèvrerie 
Jouaillerie  et  Bijouterie. 

A     PARIS. 


L'adresse  de  Pierre  fait  grand  honneur  au  goût  de  Gaucher  qui  l'a  composée. 
C'est  une  des  plus  belles  pièces  qui  existent  en  ce  genre.  Elle  est  fort  rare. 

169.  Adresse,  ou  Carte  de  Visite.  —  Petit  cadre  en  largeur  avec  motif 
d'ornementation  aux  angles  et  coquille  dans  le  bas  au  milieu. 
Autour  du  cadre  s'enroule  une  guirlande  de  roses. 

no.  Adresse  pour  une  maison  de  commerce.  —  Cadre  oblong  en  lar- 
geur, autour  duquel  court  une  guirlande  de  roses.  Dans  le  cadre, 
divers  objets  ;  un  baril,  un  câble  enroulé,  un  ballot  marqué  o.  P., 
etc.  —  G.  S.  Gaucher  del. 

ni.  Adresse.  —  Tablette  blanche  dans  un  encadrement  dont  les  deux 
côtés  sont  formés  par  des  cariatides.  Au-dessus,  différents  objets  : 
une  corde  enroulée  ,  des  boîtes  ,  une  bouteille.  —  C.  S.  Gaucher 
inc,  an  VIII. 

■     Adresse  de  Bauzil ,  peintre  en  miniature.  —  Voyez  N"  265. 


28i  LES    GRAVEURS    DU    XYII1'=    SIECLE. 


TITRES. 

n2.  Copie  de  l'encadremeat  dessiaé  et  gravé  par  Moreau  le  Jeuue , 
pour  le  titre  du  volume  des  Gr\CES,  Paris,  Prault ,  1769; 
in-8.  —  Sans  légende. 

Cette  copie  est  facile  à  distinguer  de  l'original ,  puisqu'elle  est  en  contre- 
partie. 

Nous  en  connaissons  trois  épreuves  d'essai  :  la  première  .  à  l'eau-forte  pure  ; 
la  seconde,  terminée,  se  trouve  dans  l'œuvre  de  Gaucher  au  Cabinet  des  Estam- 
pes ;  la  troisième ,  également  terminée,  appartenait  à  M.  Sieurin ,  et  a  été 
adjugée,  à  sa  vente,  pour  le  prix  de  500  fr. 

173.  Le   Petit  Chansonnier   fra.nç.\is,  ou  Choix  des  meil- 

leures Chansons  sur  des  airs  connus,  par  Sautereau  de  Marsy, 
Genève,  1778,  in-12. 

Copie  du  titre  dessiné  par  Moreau  le  Jeune  et  gravé  par  N.  de  Launay  pour 
le»  Bienfaits  du  sommeil. 

Le  titre  original  est  signé  de  Moreau  et  De  Launay,  celui-ci  ne  porte  que  le 
nom  de  Moreau.  Il  y  a  une  différence  dans  le  détail  des  plantes  placées  à  droite 
et  à  gauche  de  la  pièce:  dans  l'original  ce  sont  deux  tiges  de  lys;  dans  la  copie. 
Gaucher  les  a  remplacées  par  des  roses. 

État  avant  l'adresse  de  la  veuve  Duchesne. 

174.  OEUVRES   DE   M.    DE    SAINT-MARC,    de  l'Académie  de 

Bordeaux,  1775,  in-8. 

Ce  titre  ,  composé  avec  un  goût  merveilleux  ,  et  l'un  des  plus  gracieux  du 
XVni«  siècle,  est  gravé  d'après  le  dessin  d'Eisen. 
Eau-forte  pure. 

Épreuves  d'artiste  avant  toute  lettre. 
État  avec  la  date  de  1772.  Très-rare. 
Premières  épreuves  dans  l'édition  de  1775. 
Épreuves  de  second  tirage  dans  l'édition  de  1781. 

175.  Cyane,  Roman  grec,  par  le  Baron  de  Bilderbeck,  1790  ,  in-8. 

La  pièce  représente  un  amour  à  cheval  sur  une  guirlande  de  roses.  Encadre- 
ment de  plantes.  Trait  carré. 

176.  Paramythes  imitées  d'Herder,  1794,  in-12. 

Deux  colombes  sur  un  autel.  Encadrement  de  plantes.  Sans  signature. 

177-179.  Almanach  des  Muses  de  l'École  Centrale  des  Deux-Sèvres. 
—  Niort ,  Depierris,  an  VII ,  an  VIII  et  an  IX  ;  3  p.  in-8. 


GAUCHER  285 


FLEURONS. 

180.  Six  en-têtes  et  quatre  culs-de-lanipe  ,   d'après  Eisen ,   Moreau  et 

Le  Barbier,  pour  les  Aventures  de  Te'lémaque ,  texte  gravé  par 
Drouët ,   Paris,  HSl,  iii-4. 

181.  En-tête  et  élégant  cul-de-lampe,  d'après  Eisen,  pour  les  QBaures 

de  Saint-Marc,  ms  ;  in-8. 

182.  Gul-de-lampe  ,  d'après  Cochin  ,  ^omt  V Éloge  de  Le  Bas.  (Voyez 

n»  94.) 

183.  En-tête  et  cul-de-lampe,  d'après  Marinier,  pour  une  Idylle  de 

Berquin  ;  in-8,  texte  gravé,  qui  se  trouve  à  la  suite  du  Pygmation, 
du  même  auteur,  illustré  par  Moreau. 

Très-jolies  illustrations.  Existent  à  l'eau-forte. 

184.  LES    GRACES,    L'AMOUR   ET   L'ESPÉRANCE,    près  du 

berceau  d'un  entant.  —  En-tête  d'après  Monnet,  pour  un  volume 
in-12,  n83. 

Cette  petite  pièce  est  une  des  plus  délicates  que  Gaucher  ait  gravées.  Elle 
semble  devoir  s'appliquer  au  même  ouvrage  que  la  vignette  N"  208. 
En  tirage  hors  texte ,  150  fr.  1880. 

185.  Six  en-tête  et  six  culs-de-lampe  ,  d'après  Martini ,  pour  les  Nou- 

velles de  d'Ussieux. 
Ces  illusUations  sont  médiocres  ,  les  culs-de-lampe  surtout.  —  Voyez  n"  220. 

186.  Saint  Grégoire  de  Nazianze  en  prière  dans  une  église  mise  au 

pilliige,  m7.  —  Tête  de  page  d'après  de  Sève.  (Voyez  n°  246.) 

1 8T.  Petit  en-tête  d'après  La  Pei'che,  représentant  la  Religion  (?)  assise 
sur  un  rocher.  Derrière  elle  le  triangle  lumineux.  On  voit  dans 
le  fond  divers  monuments  célèbres,  les  Pyramides,  etc.  (Voyez 
n"  215.') 


286         LES    GRAVEURS   DU    XVIIP   SIECLE. 


VIGNETTES. 


I.    D  APRES    GOGHIN. 

188.  Frontispice  des  FASTES  D'OVIDE,  Paris,  118'3,  in-8. 

Les  vingt  vignettes  que  Gaucher  a  gravées  d'après  Cochin  sont  les  meilleures 
de  son  œuvre.  Ce  sont  elles  qui  ont  établi  sa  réputation  et  contribué  autant  que 
certains  portraits  à  faire  dire  qu'U  excellait  à  graver  le  nu.  Aucune  pièce  ne  lui 
fait  plus  d'honneur  que  le  frontispice  des  Fastes  d'Ovide ,  chef-d'œuvre  de 
délicate  exécution. 

Toutes  les  vignettes  gravées  par  Gaucher  existent  à  l'eau-forte. 

189.  Priam  rapporte  a  Troie  le  corps  d'Hector;  in-8. 

—  Pour  le  chant  XXIV  de  niiade,  Paris,  me. 

190.  Les   Bergers  de  Tempe  se  disputent  le  prix  de  la  course  du 

javelot ,  en  présence  des  Bergères  [Tarsis  et  Zélie,  m4). 

191 .  Le  Triomphe  annuel  du  plus  noble  des  arts.  Des  Chinois  célèbrent 

la  fête  de  l'Agriculture;  in-4.  —  [Les  Mois,  de  Roucher,  m9). 

192.  Frontispices    pour  les    KtrenNES    Lyriques,    volumes    de 

poésies  publiés  annuellement  à  partir  de  1781  ,  in-r.i. 

Ces  jolies  vignettes  sont  au  nombre  de  huit.  En  voici  les  sujets  : 
1.  Femme  jouant  de  la  lyre  ,  auprès  d'elle  sont  des  amours  ;  nSO.  —  2.  Un 
paysan  embrasse  une  paysanne  ,  l'Amour  s'envole  avec  son  dambeau  ;  n82.  — 
3.  Plusieurs  femmes  pleurent  auprès  de  l'Amour  étendu  mort,  d'autres  se  par- 
tagent les  plumes  de  ses  ailes  ;  1783.  —  -1.  Deux  femme;  auprès  desquelles 
l'Amour  vide  son  carquois  ;  1184.  —  5.  L'Amitié  enchaîne  le  Temps  de  fleurs  , 
l'Amour  lui  brûle  une  aile  ;  1785.  —  6.  Un  jeune  couple  assis  sur  l'herbe , 
l'.\mour  s'envole  vers  le  char  de  Vénus;  1786.  —  7.  L'Amour  et  le  Temps  auprès 
d'une  femme  endormie;  1787.  —  8.  Dans  une  librairie  ,  un  jeune  ho;nme  et  une 
jeune  femme  en  costume  du  XVIII^  siècle  ;  derrière  le  comptoir  se  tient  r.\aiour, 
qui  donne  à  la  femme  une  de  ses  tlèches  ;  1788. 

Les  dates  indiquées  ici  sont  celles  de  la  gravure  des  pièces,  et  non  celles  de  la 
publication  des  volumes. 

193.  Géographie.  —  Gravure.  —  Impétuosité.  —  Partialité.  —  Piété. 

—  Récompense.  —  Sagesse  divine.  —  Simplicité. 

Ces  huit  pièces  in-12  proviennent  des  Almanachs  Iconoiogiques  de  Gravelot  et 
Cochin  (1765-1781),  ou  de  VIconologie  (Paris,  Lattre,  4  vol.  in-12  ou  in-8). 


GAUCHER.  287 

II.  d'après  eisen. 

194.  Orphée.   —  Mercure  traçant  des  figures  géométriques   sur  les 

colonnes  d'un  temple  ;  in-8. 
Ces  deux  pièces  sont  des  copies.  Les  originaux  se  trouvent  dans  l'édition 
d'Emile  de  J.-J.  Rousseau  ,  publiée  à  La  Haye  en  n62. 

195.  Alix  malade.  —  La  Clochette.  —  Le  Cocu  battu  et  content.   — 

Comment  l'esprit  vient  aux  filles.  —  La  Couturière.  —  Le  Diable 
de  Papefiguière.  —  Le  Diable  en  enfer.  —  Nicaise.  —  Mazet  de 
Lamporecchio.  —  In-8. 
Copies  retournées  d'après  les  figures  des  Contes  de  La  Fontaine  ,  édition  des 
Fermiers-Généraux. 

196.  Vignettes  pour  les  Nouvelles  de  d'Ussieux  ,  in-8  ,2  p. 

197.  Vignette  pour  V Histoire  philosophique  des  Établissements  du 

commerce  des  Européens  dans  les  deux  Indes,  de  l'abbe  Raynal, 
Paris  ,  n'74  ,  in-8. 

III.  d'après  moreau. 

198-200.  Regarde  et  chéris  ton  vengeur,  ms;  in-8  {Adèle  de  Pon- 
thieu ,  tragédie  de  Saint-Marc  ).  —  Une  figure  de  la  série  de 
l'Histoire  de  France  ;  in-4.  —  Hercule  étoufi"ant  le  lion  ,  an  IV  ; 
in-12.  [Idylles  de  Théocrite). 

IV.  d'après  marillier. 

201-207.  Vignettes  pour  le  Théâtre  du  monde ,  de  Richer,  mô  ;  2  p. 
in-g.  —  Le  Torrent,  vignette  pour  les  Idylles  de  Berquin  ,  Paris, 
ITIb.  in-12.  —  Monsieur,  un  étranger  demande  à  vous  parler 
une  minute.  Hist.  de  Clarisse.  —  Après  avoir  excessivement 
toussé ,  elle  s'est  levée  les  yeux  tout  en  pleurs.  Mémoires  d'une 
jeune  d;ime  —  Parlez,  Brutus ,  si  vous  avez  à  me  proposer 
quelque  action  digne  do  vous,  je  me  porte  bien.  Vie  de  Cicéron. 
—  Elle  mit  quelques  instants  à  l'accorder  et  ensuite  elle  chanta. 
Les  Mille  et  une  Nuits,  p.  4  ;  in-8. 

■'     Mes  Nouveaux  Torts,  par  Dorât.  —Voyez  N°  100. 

V.    d'après    MONNET. 

208.  L'AMITIÉ  (?).  Femme  debout ,  appuyée  contre  les  colonnes  d'un 
temple  circulaire  et  tenant  contre  son  sein  une  colombe.  Dans  le 


288  LES   GRAVEURS    DU    XVIII^    SIECLE. 

temple ,  un  feu  allumé  sur  l'autel  ;  au  fond  à  gauche,  une  cha- 
pelle avec  clocher.  Ovale  avec  guirlande  de  lierre  ,  inscrit  dans 
un  carré  orné  de  perles.  —  C.  Monnet,  del.  —  G.  S.  Gaucher, 
incid.,  1784;  in-8  sans  légende. 

Cette  vignette  ,  fort  rare  ,  est  très-jolie.  Il  n'en  est  pas  de  même,  malheureu- 
sement ,  des  autres  vignettes  que  Gaucher  a  gravées  d'après  Monnet  ;  elles 
sont ,  pour  la  plupart ,  sans  intérêt.  (Voyez  n"  184.) 

âOS-an.  Vignettes  diverses  ,  in-8  et  in-12  ,  gravées  de  l'an  VI  à  l'an 
X;  9  p. 

218.  Quatre  vignettes  relatives  à  l'histoire  de  Guillaume  Tell,  an  VI 

et  an  VU;  in  18. 

219.  Série  de  dix  frontispices  pour  un  ouvrage  philosophique  ,  an  VI  ; 

in-18. 

VI.    d'après    GARKSME    et    MARTINI. 

220.  Une  vignette  d'après  Caresme  et  sept  vignettes  d'après  Martini , 

pour  le  Décaméron  français,  recueil  de  Nouvelles  de  d'Ussieux, 
Paris,  m2  ,  in-8.  Sans  légendes. 

221.  Une  vignette  d'après  Martini ,  pour  VArt  d'aimer,  de  Bernard; 

in-8. 

VII.    d'après    le    BARBIER. 

222.  CHANSONS    NOUVELLES,    par  Pus,  Paris,  1785,  in-18. — 

Un  frontispice-dédicace  dessiné  et  gravé  par  Choflard ,  et 
douze  vignettes  par  Le  Barbier,  gravées  sous  la  direction  de 
Gaucher. 

Ces  figures  sont  toujours  sans  légende  ,  mais  elles  sont  faciles  à  reconnaître 
parce  qu'elles  portent  toutes  les  signatures  Le  Barbier  picl.  reg.  del.  —  C.  S. 
Gaucher  dir.  —  Gaucher  en  a  gravé  les  eaux-fortes  pures  que  l'on  trouve  au 
complet  dans  l'Œuvre  du  Cabinet  des  Estampes.  11  a  laissé  le  soin  de  les  ter- 
miner (en  les  retouchant  lui-même,  surtout  dans  les  figures)  à  quelqu'un  de  ses 
élèves ,  Borgnet  probablement. 

Plusieurs  des  vignettes  des  ChansoTU  de  Piis  ont  été  utilisées  plus  tard  pour 
ruiustration  du  livre  intitulé  :  tes  Bijoux  des  neuf  sœurs. 

223-227.  Vignettes  pour  les  Œuvres  de  Gessner,  2  p.  in-4.  —  Fron- 
tispice pour  Plutarque. —  Vignettes  pour  Don  Quichotte  ;  in-12. 
2  p.,  —  pour  Lettres  d'une  Péruvienne^  1  p., —  pour  Racine,  1  p 


GAUCHER.  289 

228.  Vénus  et  Adonis.  —  Daphnis  et  Naïs.  (Idylles  de  Bion  et  de 

Moschus,  traduites  par  J.-B.  Gail,  Paris,  an  III ,  in-18). 

Les  signatures  des  artistes  sont  en  caractères  grecs  sur  les  deux  vignettes. 
La  vignette  de  Daphnis  et  Nais  est  découverte. 

229.  Un  cheval  blanc  au  milieu  d'un  paysage,  an  XII  ;  in-8. 

230.  Femme  exécutant  une  danse  guerrière,  an  VII;    in-8.    (Pour 

Xe'nophon). 

231 .  //  s'élance  vers  le  lit ,  enlr'ouvre  les  rideaux,  appelle  Adélaïde... 

hélas  I  hélas  !  an  V,  in-8.  {Adélaïde  et  Monville  ,  roman  de 
Joseph  Rouget  de  Lisle). 

VIII.  d'après  quéverdo. 

232-233.  Jeune  femme  écrivant ,  frontispice  pour  les  Lettres  à 
Émélie  (sic)  ;  in-12  (eau-forte  par  Quéverdo).  —  Vénus  se 
présentant  à  Jupiter  dans  l'Olympe  ;  in-12. 

234-244.  Vignettes  pour  i^Yormw,  Télémaque,  etc.,  11p.  in-8  et  in-12. 

245.  Les  Grâces.  — Vénus  Anadyomène  ;  in-18.  {Odes  d'Anacréon  , 
traduites  par  le  Cen  Gail,  Paris,  1794). 

Ces  deux  vignettes  ont  été  gravées  à  l'eau-forte  par  le  dessinateur  lui-même  ; 
Gaucher  les  a  seulement  terminées  ;  ce  sont  les  seules  qui  offrent  quelque 
intérêt  parmi  celles  que  notre  graveur  a  exécutées  d'après  Quéverdo.  Les  autres 
sont  au-delà  du  médiocre,  et  il  est  triste  d'avoir  à  cataloguer  de  telles  pauvretés. 

IX.  VIGNETTES    DIVERSES. 

216-254.  L'Empereur  Théodose  remet  l'église  Sainte-Sophie  à  saint 
Grégoire  de  Nazianze  ,  d'après  de  Sève;  in-fol.  (Voyez  n"  186). 

—  Le  Temps  près  d'un  obélisque  ;  trois  amours  lui  présentent 
un  livre;  in-8.  —  A  Florian  ,  frontispice,  d'après  Potrel.  — 
Gaucher  cœlav.;  in-8.  —  Ainsi  l'aimable  Polymnie ,  sait  par- 
semer de  fleurs  le  chemin  de  la  vie.  Par  la  cit.  Briquet , 
d'après  Julien  ;  in-8.  —  Dieu  de  l'univers,  bénis  les  entreprises 
de  monpère,  d'après  Legras.  —  Deux  vignettes  d'après  Flouest, 
pour  les  Fables  de  Florian,  1792,  in-18.  —  Deux  vignettes 
représentant  des  nègres,  d'après  Collet;  in-8.  —  Apollon 
remettant  sa  IjTe  aux  Grâces ,   d'après  Borgnet ,  1786  ;  in-12. 

—  Jupiter  tenant  la  foudre.  C.  S-  Gaucher  del.  et  inc.\  in-18 
{Idylles  de  Théocrite,  Paris,  an  IV). 

n.  19 


290         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF   SIÈCLE 


SUJETS   DIVERS. 

255.  Brevet  ou  Certificat.  —  Cartouche  oblong ,  en  blanc  ,  entouré 

a'attributs  militaires.  Au-dessus  ,  des  drapeaux  ,  et ,  dans  une 
couronne  de  feuilles,  les  fleurs  de  lys  avec  les  mots  :  La  Loi  et  le 
Roi,  Assemblée  Nationale.  Sous  le  cartouche  :  Gaucher  delin. 
et  inc,  1790  ;  in-4  en  largeur. 

256.  Imprimé  pour  lettre  de  change.  —  En  haut ,  Neptune  et  Vulcain; 

au  bas,  Cérès  et  Mercure,  près  d'un  ballot  marqué  G.  P.  F.  Aux 
angles ,  une  ancre  ,  un  anneau  sur  lequel  on  lit  :  L'impôt  est  le 
seul  moyen  de  protection ,  etc.  Sous  le  trait  carré  :  C-  S-  Gau- 
cher inc;  in-4  en  largeur. 

257.  Prospectus.  —  Manufacture  en  fers  ouvrés  pour  le  service  de  la 

marine.  On  retrouve  encore  sur  cette  pièce  les  initiales  G.  P.  F. 
et  la  devise  Le  Trident  de  Neptune,  etc.  de  la  pièce  précédente  ; 
in-4  en  largeur. 

258.  En-tête  du  Diplôme  de  Membre  de  la   Société  d'Agriculture  , 

Sciences  et  Arts  du  Département  de  Seine-et-Marne. —  Médaille 
représentant  Apollon  et  Cérès,  d'après  Monnet  ;  in-8  rond. 
État  d'essai  à  l'eau-forle  pure. 

259.  En-tête  du  Diplôme  de  Membre  de.  la  Société  Philotechnique  de 

Paris.  —  Médaille  représentant  un  Génie  qui  tient  un  rouleau 
sur  lequel  est  écrit  :  Société  Philotechnique  ,  et  s'appuie  sur  un 
autel  où  on  lit  ;  A  l'Amitié.  —  D'après  Le  Barbier  ;  in-8  rond. 
État  d'essai  à  l'eau-forte  pure. 

260-263.  Une  petite  pièce  ovale  en  largeur,  représentant  une  fonderie; 
au  premier  plan  ,  des  canons  et  des  boulets.  —  Un  petit  Génie 
touchant  un  arbre  d'une  baguette.  —  Les  Muses  écrivant  sur 
le  Parnasse  l'oraison  funèbre  de  Stanislas.  —  L'Amour  enchaî- 
nant Minerve.  —  L'Amour  poursuivant  Minerve  et  l'embrassant 
—  Supplice  d'Ixion  dans  les  enfers.  —  Supplice  de  Sisyphe  ;  1 
pièces  non  signées. 

264.  Navire  entrant  dans  un  port ,  très-petite  pièce. 

265.  Amour  peignant  un  tableau.  —  Amour  faisant  tourner  un  treuil  ; 

2  petites  pièces  à  claire- voie,  d'après  Quéverdo. 
La  première  de  ces  pièces  est  l'adresse  de  Bauzil ,  peintre  en  miniature.  — 
Vendue  100  fr.,  1880. 


GAUCHER.  294 

266.  Vœ  qui  strenui  sunt  adpotandavina;  vir  fortis  ad  miscenda 
pocula  ebrietatis.  Isaïas  ,  v.  22.  —  Petite  pièce  carrée  ,  repré- 
sentant une  table  chargée  de  divers  objets  ,  tonneaux  ,  etc.;  sur 
le  mur  du  fond  ,  les  armes  d'Angleterre  et  des  caractères  hébreux. 
Trois  personnages. 

261.  Six  petites  pièces,  gravées  par  Gaucher,  d'après  Moreau  ,  sur  une 
seule  feuille,  1788.  —  Les  trois  pièces  supérieures  sont  exacte- 
ment semblables  entre  elles  et  représentent  la  Renommée.  Les 
trois  pièces  inférieures  représentent  :  l'Abondance  ;  un  dauphin 
nageant  sur  la  mer  ;  une  escarcelle. 

268-2'74.  Uns  femme  assise  tenant  des  couronnes  ;  derrière  elle,  un  coq 
et  un  faisceau  ,  petite  pièce  ronde.  —  Une  femme ,  coiffée  d'un 
bonnet  phrygien  et  tenant  une  pique  de  la  main  droite,  couronne 
de  la  main  gauche  VHistoire  naturelle  de  Buffon  ,  cul-de-lampe 
d'après  Quéverdo.  —  Femme  coiffée  d'un  casque ,  tenant  un 
bonnet  phrygien  au  bout  d'une  pique  et  appuyée  sur  un  faisceau, 
très-petite  pièce  à  claire-voie,  signée.  —  Un  Commissaire  de  la 
Convention  (?)  se  tient  debout  près  d'un  autel  ;  à  gauche,  des 
femmes  et  des  enfants  ;  au  fond,  des  soldats  ;  in-12. —  Les  enfants 
de  la  République  chantent  des  hymnes  à  l'Eternel  ;  in-12 , 
d'après  Quéverdo. —  Apollon  couronné  par  une  femme  qui  tient 
une  pique  surmontée  d'un  bonnet  phrygien;  in-12,  d'après 
Quéverdo.  —  Un  homme ,  coiffé  d'un  tricorne  avec  cocarde,  fait 
la  lecture  à  des  femmes  et  à  des  enfants.  Légende  :  Aristide 
expliquant  les  principes  de  la  morale  ;  in-32,  d'après  Quéverdo. 

2'75.  Un  aigle  planant  sur  une  sphère.  —  Très-petite  pièce  à  claire-voie, 

d'après  La  Perche.  (Voyez  n°  18T.) 
276.  Petite  pièce  aux  armes  de  Séguier,  avec  la  devise  :  Per  indolem 
bonus.  —  C.  Gaucher  del.  et  sculp. 
M.  Poulet-Malassis,  dans  son  intéressante  monographie  dos  Ex-libris  français 
(Paris,  Rouquette,  18X) ,  donne  cette  pièce  comme  un  ex-libris. 

2T7.  Danseuse  d'opéra  (?)  tenant  à  la  main  un  petit  cor.  Costume  du 
temps  du  Directoire  ;  in-8,  sans  signature. 

278.  Divers  camées  d'après  l'antique  (de  la  Galerie  de  Florence) ,  3  p. 

—  Une  planche  de  médailles  grecques  ;  in-8,  d'après  Le  Barbier. 

—  Deux  planches  de  médailles  grecques ,  au  trait ,  signées  : 
C.  S.  Gaucher  inc.  —  Sceaux  des  archevêques  d'Arles,  5  p.— 
Une  planche  d'anatomie.  —  Bombardement  du  port  et  de  la  ville 
d'Ancône. 


GAUTIER. 


Deux  charmantes  pièces  d'après  A.  de  Saint- Aubin, 
gravées  au  pointillé  de  couleur,  sont  signées  Gaultier. 
Sous  le  titre  de  V Hommage  réciproque ,  elles  nous 
montrent  les  portraits  du  jeune  et  amoureux  dessina- 
teur et  de  la  jolie  Madame  Saint-Aubin. —  Deux  autres 
pièces  d'après  Saint -Aubin ,  VHeui^eux  m,ènage  et 
V Heureusemère  sont  signées  GautierVainé etSergetit. 

Différentes  pièces  allégoriques  et  politiques  gravées 
pendant  la  Révolution  portent  la  signature  Gautier, 
ou  Gauthier  :  Il  ôte  aux  Nations  le  bandeau  de  Ver- 
7^eur,  d'après  Bélanger. —  Les  Douceurs  de  la  Frater- 
nité, d'après  Vangorp. —  La  Loi,  l'Héroïsme  français, 
la  Philosophie  découvrant  la  Vérité ,  d'après  Boizot. 
Le  nom  de  B.  Gautier  se  retrouve  aussi  sur  des  por- 
traits de  la  collection  de  Bonneville. 

Chez  Gauthier  se  vendaient  des  images  populaires  : 
la  Prise  de  la  Bastille,  Aventure  tragique  arrivée  au 
Bastringue  du  port  au  bled ,  Grand  combat  entre 
W^  Fanchon  la  Bouquetière  et  Manon  fAr souille. 

Jourdan  ,  d'après  Hilaire  Ledru.  —  Desseaux,  chi- 
rurgien en  chef  deTHôtel-Dieu,  etForlanz,  chirurgien 
oculiste,  2  p.  in-4 ,  Gautier  sculp. 


GÉRARD    (Marguerite). 


n62-'i825? 


Les  tableaux  comme  les  dessins  de  vignettes  de  la 
belle-sœur  de  Fragonard  sont  d'une  grande  froideur, 
et  si  elle  a  signé  quelques  planches  assez  spirituelles , 
Fragonard,  sans  nul  doute,  les  a  retouchées.  Nous 
n'en  voulons  pour  preuve  que  la  première  planche  de 
Monsieur  Fanfan  jouant  avec  M^  Polichinelle ,  sur 
laquelle  l'éditeur  Naudet  a  fini  par  restituer  le  nom  de 
Fragonard.  Il  existe  du  reste  une  seconde  planche, 
celle-là  est  bien  la  copie  de  M*'"^  Gérard. 

L'Enfant  et  le  chat  emmaillottè,  VEnfant  et  le 
boule-dogue  sont,  comme  ilf  Fanfan,  les  portraits  des 
enfants  de  Fragonard  dans  des  scènes  familières. 

L'allégorie  Au  génie  de  Franklin ,  d'après  un 
autre  dessin  du  peintre  ,  est  une  composition  lourde 
et  théâtrale  au-dessous  de  laquelle  on  lit  :  Hommage 
à  mon  maître  et  bon  ami  Frago. 

H.  Gérard  ,  son  frère ,  exposait  en  1790  et  1793  ,  le 
Sacrifice  de  la  rose  et  VAri  d'aitner,  d'après  Frago- 
nard. Il  a  gravé,  d'après  sa  sœur,  t Indécision  et  Dors 
mon  enfant. 

Portraits  de  Marat  et  de  Lebrun. 


GERMAIN   (Louis 


1733- 


Louis  Germain,  dessinateur  et  graveur  à  l'eau-forte, 
né  à  Paris  en  1733,  a  gravé  : 

Quelques  planches  pour  le  Cabinet  Choiseul,  d'après 
Breughel,  Berghem,  1771,  et  pour  le  Voyage  àNaples 
de  l'abbé  de  Saint-Non. 

Paysages  avec  ruines  et  animaux ,  3  pièces  in-fol. 
d'après  B.  Breemberg. 

Cahier  de  divers  petits  paysages  d'après  Sarazin, 
4  p.  in-4  en  largeur. 

Cahier  de  petits  paysages,  spirituellement  gravés 
d'après  Weirotter,  in-4  en  largeur. 

Les  Balanceuses,  jeux  d'enfants ,  le  Marchand  de 
rogome  ,2  p.  petit  in-fol.  d'après  Schenau. 

Deux  très-jolies  estampes  in-4 ,  la  Cruche  cassée  et 
V Escarpolette ,  L.  Moreaupinx.,  Germain  aq.,  Patas 
sculp. 

Une  estampe  in-4  en  largeur,  oîi  l'on  voit  une  foule 
de  petits  personnages  sur  une  sorte  de  pont  de  bois 
jeté  sur  une  rivière,  1774. 

Projet  d'un  Pont  monumental  à  la  gloire  immor- 
tel (sic)  de  Louis  XVI,  d'après  Daubenton ,  in-fol.  en 
largeur.  1775. 


GESSNER   (Salomon 

1730-1787. 


Salomon  Gessner  est  venu  à  son  heure  ;  à  ce  mo- 
ment où  l'on  ne  rêvait  que  bergères  et  bergeries  ,  où 
la  note  élégiaque  et  idyllique  était  assurée  de  plaire. 
Aussi  ses  poèmes  en  prose  ont-ils  eu  un  succès  pro- 
digieux dont  ont  profité  ses  travaux  artistiques 
plus  discutables.  Pourtant  Gessner  aimait  vérita- 
blement la  nature.  Ses  consciencieux  paysages  à 
l'eau-forte  méritent  réellement  qu'on  ne  les  passe  pas 
sous  silence  et  sont  très  supérieurs  aux  figures  dont  il 
les  animait  et  qui  témoignent  trop  d'une  absence 
d'études  premières  que  rien  ne  peut  remplacer,  pas 
même  l'inspiration  d'un  poète. 

Sa  première  gravure,  le  Printemps  (Der  Frûhling), 
est  datée  de  Zurich  ,  1753.  Une  suite  de  10  Paysages, 
in-4  (1764),  est  dédiée  par  Gessuer  à  son  ami  Watelet, 
qui  lui  a  rendu  sa  politesse  en  traitant ,  dans  son 
Dictionnaire  des  arts ,  sa  pointe  de  «  spiritueUe  , 
badine  et  ragoûtante  ». 

Une  autre  suite  de  12  Paysages  (1767) ,  in-4  en  lar- 
geur, se  trouvait  à  Zurich  chez  son  père  D.  Gessner, 
libraire.  Il  faut  signaler  encore  une  suite  de  12  Pay- 
sages {i76S),  plus  petits  cette  fois.  Dans  le  même  genre 


296  LES   GRAVEURS   DU    XVI1I«  SIECLE. 

Gessner  a  encore  gravé ,  d'après  Hess  ,  une  série  de 
54  petites  Vues  de  Suisse  très  finement  exécutées. 

Une  idée  originale  ,  dont  on  n'a  que  peu  d'exemples  , 
par  suite  de  la  réunion  nécessaire  de  deux  talents  bien 
rares  à  rencontrer  chez  une  même  personne  ,  fut  mise 
à  exécution  par  Gessner,  celle  de  couvrir  d'illustrations 
ses  propres  ouvrages  ,  d'interpréter  sur  le  cuivre  les 
poëmes  éclos  de  son  génie.  De  plus,  la  belle  édition 
contenant  ces  vignettes  fut  imprimée  par  l'auteur  lui- 
même,  ou  tout  au  moins  sous  ses  yeux  par  ses  presses. 
Voilà  certes  un  livre  curieux ,  et  cependant  il  n'est  que 
médiocrement  recherché.  C'est  que  la  plupart  des 
grandes  planches  qui  ornent  les  Contes  moraux  et 
nouvelles  Idylles  (Zurich,  chez  l'auteur,  1773),  et  son 
volume  à'Œuvres  (1777)  manquent  de  cette  aisance 
et  de  cet  esprit  indispensables  dans  l'illustration.  Les 
figures  sont  lourdes ,  mal  gravées  et  sans  grâce ,  et 
le  graveur-poète  ne  se  relève  que  dans  les  fonds  de 
paysage  ou  dans  les  culs-de-lampe,  presque  tous  ingé- 
nieusement traités  et  où  la  figure  humaine  plus  petite 
disparaît  dans  l'ornementation  de  l'entourage. 

il  faut  toujours  en  revenir  au  paysage  si  l'on  veut 
louer  Gessner,  le  fouillis  mystérieux  de  ses  feuillages 
et  son  étude  attentive  de  la  nature.  Dans  une  Lettre 
sur  le  paysage  adressée  à  Fueshn  ,   il  a  pris  soin  de 

nous  apprendre  quels  furent  ses  modèles  :  « Je 

»  m'accoutumai  à  dessiner  ou  plutôt  à  disposer  les 
»  arbres  par  masses  en  choisissant  Waterloo  pour 
»  modèle.  Ce  fut  donc  à  lui  que  je  dus  enfin  la  facilité 
»  de  rendre  mes  propres  pensées  :  mais  c'était  en 
»  empruntant  son  style.  Alors  pour  éviter  ce  qu'on 
»  nomme  manière,  je  hasardai  de  mettre  plus  de  variété 


GESSNER.  297 

»  dans  mes  études  et  d'associer  à  mon  premier  maître 
»  des  artistes  dont  le  goût  différent  du  sien  avaient  ce- 
»  pendant  comme  lui  le  naturel  et  la  vérité  pour  objet. 
»  Swanevelt  et  Berghem  présidèrent  tour  à  tour  mes 
»  travaux  ;  semblable  à  l'abeille,  je  cherchai  du  miel 
»  sur  plusieurs  fleurs  ;  je  consultai ,  j'imitai  et  reve- 
»  nant  à  la  nature  partout  oii  je  trouvai  un  arbre  ,  un 
»  tronc,  un  feuillage  qui  attirait  mon  regard, j'en 
»  faisais  des  esquisses  plus  ou  moins  terminées.  Par 
»  ce  procédé,  je  joignis  à  la  facilité,  l'idée  du  caractère 
»  et  je  me  formais  une  manière  qui  me  devenait  plus 
»  personnelle.  Il  est  vrai  qu'un  premier  penchant  me 
»  ramenait  souvent  à  mon  premier  guide  :  je  retournais 
»  à  Waterloo  lorsqu'il  s'agissait  de  la  disposition  des 
»  arbres  ,  mais  Berghem  et  Salvator  Rosa  obtenaient 
»  la  préférence ,  lorsqu'il  s'agissait  de  disposer  des 
»  terrasses  et  de  caractériser  des  roches  et  Le  Lorrain 
»  m'instruisait  du  beau  choix  des  sites  et  du  bel  accord 
»  des  fonds.  J'appris  en  l'étudiant  à  imiter  les  cam- 
»  pagnes  verdoyantes,  les  doux  lointains  et  ces  dégra- 
»  dations  admirables  par  l'artifice  caché  de  leurs 
»  nuances.  Enfin  j'eus  recours  à  Wouvermans  pour 
»  ces  fuyans  légers  et  suaves  éclairés  par  une  lumière 
»  modérée  et  revêtus  d'un  tendre  gazon » 

IS Œuvre  complet  de  Salomon  Gessner  a  été  réuni 
en  338  pièces  (Zurich ,  1802) ,  2  volumes  in-folio. 

Guil.  Kolbe  a  gravé  en  25  planches  gr.  in-fol.  une 
Collection  des  Tableaux  ou  gouaches  et  des  dessins 
de  S.  Gessner,  Zurich,  à  la  librairie  de  Gessner,  1811. 

L'auteur  du  Manuel  des  curieux,  Huber,  que  nous 
aimons  à  citer  souvent,  fut  particulièrement  lié  avec 
Gessner  ;  aussi ,   emporté   par  le  souvenir  de  cette 


298         LES   GRAVEURS    DU    XVII1«  SIÈCLE. 

amitié,  se  livre-t-il  à  un  éloge  singulièrement  chaleu- 
reux :  «  Gessner,  dit-il ,  simple  amateur,  n'a  dû  ses 
»  talents  pittoresques  qu'à  son  génie  ,  n'y  ayant  em- 
»  ployé  que  ses  heures  de  loisir.  Cependant  on  trouve 
»  dans  ses  paysages  la  perfection  d'un  maître  exercé, 
»  soit  pour  le  goût  dans  le  maniement  de  son  outil , 
»  soit  pour  l'inteUigence  dans  la  composition  de  ses 
»  sujets.  Dans  sa  Lettre  sur  le  paysage  il  nous  trace 
»  la  marche  de  ses  études...  les  jeunes  artistes  ne 
»  sauraient  trop  méditer  ses  préceptes ,  ne  sauraient 
»  trop  suivre  ses  conseils....  Rien  de  plus  ingénieu- 
»  sèment  pensé  ,  rien  de  plus  ingénieusement  touché 
»  que  les  grands  et  les  petits  sujets  dont  il  a  décoré 
»  ses  Idylles. 

»  Envisagé  comme  artiste ,  Gessner  a  été  des  plus 
»  laborieux  ;  ses  peintures  à  la  gouache  sont  très 
»  recherchées  des  connaisseurs,  mais  Gessner  n'a  pas 
»  moins  brillé  dans  le  monde  par  ses  vertus  sociales 
»  que  par  son  génie  dans  les  lettres  et  les  arts....  » 

EtHuber,  sentant  que  cette  admiration  sans  réserve, 
que  ce  débordement  d'enthousiasme  est  au  fond  bien 
loin  d'être  justifié,  s'empresse  d'ajouter  :  «  ....  Mais 
»  je  m'aperçois  qu'entraîné  par  la  nature  de  mon 
»  sujet  cette  notice  tient  déjà  plus  de  l'éloge  que  de 

»  l'exposé  historique L'on    me    pardonnera   cet 

»  écart  en  faveur  de  mes  liaisons  avec  l'artiste  et  de 
»  l'amitié  dont  il  me  comblait.  Ses  amis  savent  de  quel 
»  prix  elle  était ,  cette  amitié  dont  le  souvenir  m'est 
»  encore  si  doux.  » 


GEYSER    (Ghristian-Gottlieb). 

1742-1803. 


Christian  Geyser,  né  à  Goerlitz  en  Lusace,  en  1742, 
commença  par  étudier  le  droit,  qu'il  abandonna  ensuite 
pour  la  gravure. 

Il  a  reproduit  plusieurs  tableaux  de  Wouvermans  , 
de  Bray,  Ferg  ,  Diétrich ,  les  Enfants  de  Netscher, 
d'après  ce  peintre  ;  des  Paysages  de  Pynacker  ;  la 
Statue  équestre  de  Pierre  le  Grand  d'après  Falco- 
net  ;  la  Statue  de  V électeur  Frédéinc  Auguste ,  à 
Leipsick  ;  la  Toile  de  la  salle  de  spectacle  de  Leipsick, 
d'après  son  beau-père  Œser,  travail  fait ,  dit  Huber, 
«  con  amore  »,  et  V  Amour  vendu  à  V  encan. 

Illustrations  pour  le  Virgile  de  Heyne  (Leipsik , 
1800) ,  pour  V Histoire  de  Var^t  chez  les  anciens.,  de 
Winckelmann ,  traduite  par  Huber  (1802)  ;  des  alma- 
nachs  ;  enfin  un  nombre  considérable  de  copies  de 
suites  de  vignettes  de  Chodowiecki ,  dont  Geyser 
s'était  parfaitement  approprié  la  manière,  etc. 

Comme  portraits  :  Daniel  Chodowiecki,  d'après 
Zingg ,  in-8.  —  Michel  Ruber,  d'après  Graff,  in-8.  — 
Ch.  Gott.  Heyne,  d'après  Tischbein ,  in-8.  —  Raphaël 
Mengs,  d'après  lui-même,  in-8.  —  Gellert.  Wieland , 
Klopstock,  Riehter,  le  T^rince  He7iri de  Prusse,  Gœthe. 


GHENDT    (Emmanuel  De). 

174.-1815. 


Emmanuel  De  Ghendt  est  par  excellence  le  type  du 
graveur  de  vignettes.  Pendant  sa  longue  et  laborieuse 
carrière  ,  c'est-à-dire  pendant  cinquante  ans,  de  1765 
époque  à  laquelle  il  commence  à  produire,  jusqu'en 
1815,  il  s'est  consacré  tout  entier  à  ces  petites  pièces 
qu'il  gravait  avec  une  légèreté  et  un  éclat  extraor- 
dinaires. 

De  Ghendt ,  dont  le  talent  est  si  français,  est  né  à 
Gand ,  en  1749,  selon  Basan.  Mais  cette  date  est  peut- 
être  inexacte ,  cai^  De  Ghendt  signait  déjà  de  bonnes 
pièces  en  1766  et  il  devait  avoir  plus  de  dix-sept  ans. 
Quoiqu'il  en  soit ,  c'est  sous  la  direction  d'Aliamet 
qu'il  vint  se  former  à  Paris,  et  ses  progrès  furent 
rapides  ;  il  est  bien  probable  même  que ,  parmi  les 
vignettes  et  culs -de -lampe  signés  d'Aliamet.  bon 
nombre  sont  de  la  main  de  son  élève ,  au  moins  pour 
l'eau-forte.  Dans  la  suite  de  figures  pour  Pyginalion  , 
d'après  Eisen,  on  retrouve  même  à  la  fois  la  signature 
de  Ghendt  et  l'indication  Aliamet  direxit. 

De  Ghendt  jugea  qu'avec  la  vignette  il  avait  trouvé 
sa  voie  ;  il  s'y  adonna ,  et  ce  fut  définitivement.  Une 
seule  fois,  il  se  haussa  jusqu'à   l'estampe   dans  une 


GHENDT   (De).  304 

suite  des  Quatre  pay^ties  du  Jour,  d'après  Baudouin. 

C'est  d'abord  ^eM«/m.  Une  jeune  femme  est  endor- 
mie profondément  les  bras  passés  au-dessus  de  sa  tête; 
cette  belle  dormeuse  est  à  peu  près  nue,  et  un  jeune 
garçon  qui  est  là ,  tout  curieux  ,  voudrait  bien  la  con- 
templer ,  mais  un  abbé  cherche  à  lui  cacher  ce  spec- 
tacle avec  le  pan  de  son  manteau. 

Le  Midi  nous  montre  la  dormeuse  du  matin ,  encore 
assoupie ,  mais  cette  fois-ci  dans  un  jardin  ,  une  main 
égarée  sous  sa  robe;  elle  est  à  demi-pâmée,  une  jambe 
en  l'air,  son  pied  balançant  son  petit  soulier. 

Est-ce  encore  ,  dans  le  Soir,  la  sempiternelle  dor- 
meuse? Toujours  est-il  qu'elle  va  se  mettre  au  lit,  et 
l'estampe  nous  la  montre  précisément  à  l'instant  où 
elle  est  nue ,  juste  à  point  un  indiscret  entr'ouvre  la 
porte  pour  regarder,  et  c'est  à  peine  si  la  servante  a 
le  temps  de  cacher  sa  maîtresse  avec  l'étoôé  de  la 
portière. 

Enfin  la  Nuit.  Cette  fois  ,  notre  jeune  femme 
n'est  pas  couchée  ;  elle  est  dans  un  pai^c,  assise  sur  le 
gazon,  au  clair  de  lune,  et  peu  disposée,  croyons-nous, 
à  dormir.  Son  amant  lui  entoure  la  taille  de  ses  deux 
mains...  Voilà  décidément  des  personnages  qui  s'en- 
tendent à  employer  les  quatre  parties  du  jour...  et  de 
la  nuit.  Mais  ne  sont-ils  pas  un  peu  gascons,  et  ne  se 
vantent-ils  pas  ? 

A  part  cette  suite,  De  Ghendt ,  disons-nous,  se  can- 
tonna exclusivement  dans  la  gravure  des  illustrations, 
tentant  à  peine  l'ex-libris  et  n'essayant  pas  même  un 
seul  portrait.  Il  débuta  à  l'époque  où  les  petits  poèmes, 
les  épitres  en  vers ,  les  héroïdes  faisaient  rage.  Pour 
faire  avaler  ces  pulibcations  insipides ,  on  les  accom- 


302         LES   GRAVEURS    DU   XVIIF  SIECLE. 

pagnait  d'une  sauce  composée  habituellement  d'un 
frontispice .  d'un  petit  sujet  formant  en-tête  de  page , 
pour  solliciter  l'indulgence  du  lecteur,  et  d'un  cul- 
de-lampe  ,  apparemment  pour  fléchir  sa  colère.  Dorât 
était  le  grand  fabricant  de  ces  opuscules ,  Eisen  et 
Marinier  les  illustraient ,  De  Ghendt  fut  un  des 
graveurs  qu'ils  employèrent  le  plus  souvent.  Il  faut 
croire  qu'on  fut  fort  satisfait  de  lui ,  car  lorsque  Dorât 
publia  ses  deux  volumes  de  Fables ,  pour  lesquels 
Marinier  composa  une  illustration  qui  est  un  délicieux 
chef-d'œuvre  d'esprit  et  de  goût,  De  Ghendt  reçut 
mission  de  graver  un  grand  nombre  de  sujets,  et  les 
deux  titres. 

De  Ghendt  excellait  d'ailleurs  à  graver  les  titres , 
et  ceux  qu'il  nous  a  laissés  sont  généralement  des 
pièces  élégantes ,  comme  ceux  de  Mes  Nowi^eaux 
Torts,  des  Idylles  de  Saint-Cyr,  des  Mélanges  de 
Dorât.  Nous  savons  bien  qu'à  travers  le  travail  du 
graveur  c'est  le  dessinateur  que  nous  jugeons,  car 
assurément  l'élégance  de  ces  petites  compositions 
tient  au  dessinateur,  à  Marillier,  mais  c'est  un  grand 
mérite  au  graveur  de  ne  pas  avoir  dénaturé,  appesanti 
l'original  en  l'interprétant ,  et  nous  ne  devons  pas  le 
méconnaître. 

La  grêle  des  pubhcations  illustrées  continue.  Après 
Dorât ,  c'est  Du  Rozoi  qui  se  met  de  la  partie.  Son 
poëme  des  Sens  contient,  outre  les  vignettes,  un  très 
beau  titre  de  Marillier  gravé  par  De  Ghendt.  «  C'est 
»  un  terrible  poëte  que  M.  Du  Rozoi,  écrit  Grimm, 
»  son  poëme  est  imprimé  avec  un  faste,  une  élégance, 
»  des  estampes,  des  vignettes,  mais  voilà  tout  ce  qu'on 
»  y  trouve  de  bon.   M.   Dorât  dit  plaisamment  :  De 


GHENDT   (De).  303 

»  quoi  se  mêle  ce  faquin  d'imiter  notre  luxe  ?  »  La 
seule  vue  d'une  vignette,  d'ailleurs,  suffit  pour  exas- 
pérer Grimm  ,  et  nous  serions  tentés  ,  forgeant  tout 
exprès  pour  lui  un  mot  barbare,  de  le  qualifier  d'ico- 
nophobe. 

Puis  vient  Baculard  d'Arnaud  avec  ses  filandreuses 
Epreuves  da  sentiment  :  «  D'Arnaud ,  écrit  encore 
»  Grimm ,  est  devenu  un  des  plus  grands  prédica- 
»  teurs  de  vertu  par  la  voie  des  romans  à  grands  sen- 
»  timents  et  à  estampes  ;  il  a  beaucoup  de  vogue 
»  parmi  les  couturières  et  les  marchandes  de  modes  , 
»  et  s'il  peut  mettre  les  femmes  de  chambre  dans  son 
»  parti ,  je  ne  désespère  pas  de  sa  fortune.  »  Mais  ici 
les  vignettes ,  quelque  gracieuses  qu'elles  soient ,  ne 
peuvent  racheter  la  lourdeur  de  ce  texte  compacte , 
il  y  en  a  trop  peu  ,  l'illustration  est  trop  raréfiée  ;  les 
ouvrages  de  d'Arnaud  appartiennent  à  une  catégorie 
malheureuse  qu'on  pourrait  appeler  les  livres  à  figures 
sans  figures. 

Ce  n'est  pas  tout ,  voici  encore  Malfilâtre  avec  son 
Narcisse  dans  Vile  de  Vénus ,  le  marquis  de  Pezay 
avec  ses  Tableaux ,  Léonard  avec  ses  Poésies  pasto- 
rales, Mercier  avec  ses  drames  ,  Jenneval ,  le  Faux 
ami ,  le  Déserteur,  Deslbntaines  avec  ses  Bains  de 
Diane,  et  tant  d'autres.  Et  Eisen  et  Marillier  dessinent 
toujours,  et  De  Ghendt  grave  toujours  ! 

Plus  il  va ,  plus  il  s'attache  particuhèrement  à 
Marillier,  c'est  ainsi  que  nous  allons  le  retrouver  dans 
presque  toutes  les  illustrations  exécutées  par  ce  des- 
sinateur :  Œuvres  de  Rousseau  édition  de  Cazin, 
Idylles  de  Berquin,  Tangu  et  Félime,  V Iliade,  le 
Théâtre    du   Monde ,  les    Voyages    imaginaires  , 


304         LES   GRAVEURS    DU    XYIIF  SIECLE. 

le  Cabinet  des  Fées ,  les  Œuvres  de  Tressan , 
les  Œuvres  badines  du  Comte  de  Caylus ,  YAlma- 
nach  des  Grâces ,  Télémaque ,  et  enfin  la  Bible  pour 
laquelle  De  Ghendt  a  exécuté  à  lui  seul  plus  de  qua- 
rante pièces. 

Si  De  Ghendt  est  le  graveur  de  Marillier,  comme 
Longueil  est  celui  d'Eisen,  il  eut  peu  de  relations  avec 
Moreau,  et  l'on  ne  voit  pas  son  nom  dans  les  belles 
suites  publiées  par  ce  dessinateur  dans  la  plus  heureuse 
période  de  son  talent.  Il  ne  signe  que  deux  pièces  du 
Molière  de  Bret ,  et  ce  n'est  que  plus  tard  que  De 
Ghendt  grave  d'après  Moreau  pour  les  suites  publiées 
par  Renouard  ,  pour  Gessner,  Voltaire  ,  Dejnoustier, 
Hamilton,  Werther,  Gresset.  Télémaqice,  Molière. 
On  peut  remarquer,  dans  deux  vignettes  pour  Racine, 
celles  des  Plaideurs  et  d'Esther,  que  le  vieux  graveur 
est  toujours  vadlant,  et  qu'il  est  toujours  un  excellent 
préparateur  à  l'eau-lbrte. 

De  Ghendt  est  mort  en  1815,  et  pour  ainsi  dire 
le  burin  à  la  main ,  car  on  le  trouve  encore  dans  le 
La  Fontaine  de  Moreau  publié  en  1814. 

De  Ghendt  a  laissé  quatre  cents  pièces,  et  il  n'est 
pas  de  graveur  d'illustrations  dans  l'œuvre  duquel 
on  puisse  trouver  plus  facilement  les  éléments  d'un 
choix  heureux  de  jolis  sujets,  dignes  de  figurer  dans 
une  collection  d'estampes ,  bien  que  destinés  dans 
l'origine  à  des  livres.  Nous  signalerons  plus  particu- 
lièrement ici  : 

D'après  Eisen ,  la  suite  de  Pygmalion  et  celle  de 
la  Décla^nation  théâtrale ,  le  titre  de  Narcisse  dans 
Vile  de  Vénus,  les  vignettes  des  ikfomormewrs,  le  titre 
des  Tableaux ,   ainsi  qu'un    ravissant   cul-de-Iampe 


GHENDT    (De).  305 

qu'on  pourrait  appeler  rHeureucc  Berger  ;  un  jeune 
berger  est  étendu  au  pied  d'un  arbre,  une  jolie  bergère 
s'avance,  tenant  des  fleurs  dans  son  tablier,  elle  en 
répand  sur  les  habits  du  jeune  homme  :  ce  petit  fleuron 
de  quatre  centimètres  de  haut  est  une  délicieuse 
estampe. 

D'après  Marilher,  les  titres  exécutés  pour  les  œuvres 
de  Dorât  [Idylles  de  Saint~C>jr,  Mélanges,  Fables) , 
pour  les  Sens  et  les  Bains  de  Diane ,  et  plus  tard 
pour  Éînile  et  la  Nouvelle  Héloïse,  dans  le  Rousseau 
de  Poinçot.  Sur  ces  derniers  titres ,  le  dessinateur  a 
reproduit  les  principales  scèoes  de  l'ouvrage  dans  une 
quantité  de  petits  médaillons  ;  Marillier  affectionnait 
ce  genre  de  composition ,  il  s'en  est  largement  servi 
dans  une  suite  d'estampes  dont  nous  parlerons  au 
chapitre  du  graveur  Ponce. 

Toujours  d'après  Marilher,  un  très  joh  titre,  infini- 
ment petit ,  pour  les  Noëls  bourguignons  ;  une  des 
vignettes  pour  le  Rousseau  de  Cazin ,  le  Premier 
baiser  de  l'amour,  sujet  charmant ,  qui  a  été  traité 
par  Gravelot,  par  Marillier,  parMoreau,  par  Monsiau, 
par  Prudhon  !  Et  les  fleurons  des  Fables  de  Dorai  ! 
Et  le  délicieux  en-tête  pour  les  Œuvres  de  d'Arnaud 
qui  représente  une  Bouquetière  !  Et  cette  petite  pièce 
qui  est  peut-être  la  merveille  de  l'œuvre  de  DeGhendt, 
ce  Pygmalion  aux  genoux  de  Galathée ,  qui  est  tout 
simplement  un  fleuron  pour  un  Recueil  de  Contes  en 
vers. 

De  Ghendt  gravait  lui-même  les  eaux-fortes  de  ses 
planches ,  avec  un  éclat  et  un  brillant  qui  les  rendent 
comparables  à  celles  de  Le  Mire.  Il  les  faisait  même 
si   bien   qu'on  lui   confiait    quelquefois    le    soin  de 

II.  20 


306         LES   GRAVEURS   DU   XVIII«   SIECLE. 

commencer  ainsi  des  vignettes  qui  devaient  être  ter- 
minées par  d'autres,  Le  Veau,  Longueil,  etc.  Les  eaux- 
fortes  de  De  Ghendt  sont  fort  rares  ,  mais  le  Cabinet 
des  Estampes  a  eu  la  bonne  fortune  de  trouver,  dans 
le  portefeuille  même  du  graveur,  à  peu  près  toutes 
celles  de  ses  vignettes ,  ce  qui  a  constitué  un  œuvre 
des  plus  complets  et  des  plus  intéressants. 

ESTAMPES. 

1.  LE  MATIN,—  LE  MIDI,  —  LE  SOIR,  -  LA  NUIT,  4p. 

petit  in-fol.  d'après  Baudouin. 

La  série  des  quatre  eaux-fortes,  passée  en  vente  en  1881,  a  été  payée  3,200  fr. 

1^''  état  :  Avant  la  lettre,  tablette  blanche,  705  fr.  vente  Béhague. 

Les  épreuves  avant  la  lettre  du  Matin  sont  découvertes.  Dans  l'eau-forte  du 
Soir,  la  femme  qui  va  se  couclier  a  sur  la  tête  un  bonnet,  qu'on  a  supprimé 
ensuite. 

2.  L'Amour  asiatique,  d'après  Eisen  ;  in-fol. 

3.  Planches  pour  la  Galerie  de  Le  Brun. 


EX-LIBRIS. 

4.  Ex-LiBRIS  DE   M.\ILLY  Ch.VTE  VUR EN AUD.  Écusson  d'armoi- 

ries entre  des  roseaux ,  avec  deux  cygnes.  Au-dessous,  dans  des 
nuages ,  l'inscription  :  De  la  bibliothèque  de  M.  de  Mailly  Cha- 
teaurenaud-  —  Eisen  del.,  de  Ghendt  se. 

5.  Ex-libris  Antonii-Odomari  Talon.  —  Cartouche  d'armoiries  entre 

deux  licornes.  Au-dessus,  un  faisceau  avec  une  hache. 

6.  Autre.  Cartouche  d'armoiries ,  avec  la  balance  de  la  justice  tenue 

par  un  bras,  et  un  lion. 

"7.   Autre.  Deux  cartouches  d'armoiries  accolés. 

8.  Ex-libris  Van  Hulthem.  Omnes  artes  quœ  ad  humanitatem  perti- 
nent habent  commune  quoddam  vinculum. —  Duvivier  Brugensis 
del.  1806  ;  in-8. 


GHENDT    (De).  307 

9.  Cartouche  pour  adresse.  —  Dans  le  haut ,  un  casque  et  deux  trom- 
pettes ;  dans  le  bas ,  divers  instruments  de  musique  ;  iD-8  en 
largeur.  (Cabinet  des  Estampes.) 


VIGNETTES. 


I.     D  APRES    EISEN. 

10.  Vignette  et  cul-de-lampe  pour  Lettre  de  Jean  Calas  à  sa  femme  et 

à  ses  enfants,  par  Blin  de  Sainmore,  1166,  in-8. 

11.  Sapho  jouant  de  la  lyre  ,  en-tête  pour  Lettre  de  Sapho  à  Phaon  , 

par  Blin  de  Sainmore,  n67,  in-8. 

12.  Titre  pour  NARCISSE   DANS   L'ÎLE   DE  VÉNUS,  de  Malfilâtre, 

1769,  in-8. 

Trois  petits  médaillons  retracent  des  épisodes  du  poëme.  Au  bas  du  titre , 
Narcisse,  dans  une  grotte,  contemple  son  image. 

13.  Deux  vignettes  pour  LES  MOISSONNEURS,  comédie  de  Favart, 

1768,  in-8. 

14.  Apollon  gardant  des  troupeaux  chez  Admète.  — 

Orythie  enlevée  par  Borée.  —  Hercule  enchaîne  Cerbère.  — 
Bacchus  et  Silène.  —  Apollon  et  Midas.  (  Les  Métamorijhoses 
d'Ovide,  1769-71). 

In.  Titre  pour  la  Thériacade,  poëme  héroï-comique,  1769,  in-8. 

16.  La  Diabotanogamie,  vignette  in-8. 

17.  Titre,   en-tête  et  cul-de-lampe  pour  V Heureux  Jour,  épître  du 

marquis  de  Pezay,  1768,  in-8. 

18.  Les  Tableaux,  opuscule  du  marquis  de  Pezay,  1771,  in-8. 

Joli  titre  représentant,  de  chaque  côté,  des  arbres;  sur  le  premier  plan  ,  un 
panier  de  fleurs ,  une  palette  sur  un  tabouret;  à  gauche,  un  tableau  sur  un 
chevalet.  —  Uu  cul-de-larape. 

19.  Titre.   Des  deux  côtés  de  la  composition  ,  des  arbres  ;   au  milieu 

du  bas,  un  petit  autel  circulaire  sur  lequel  on  lit  le  monogramme 
D.  G.  (DeGhendt?);  in-8. 

■?0.  Vignettes  et  fleurons  pour  LES    ÉPREUVES    DU    SENTIMENT, 
de  Baculard  d'A.rnaud,  1767-79,  in-8. 


308  LES    GRAVEURS    DU    XVI1I«   SIÈCLE. 

21.  Les  Jeux  de  la  petite  Thalie ,  petits  drames  dialogues  pour  les 

enfants  et  les  jeunes  personnes  ,  par  de  Moissy.   neu  ,  in-8.   — 
Frontispice. 

22.  L.V  DECL.\iM.VTION  THÉ.\TR.\LE,  poëme  didactique  par  Dorat, 

n66.  in-8. 

Un  joli  titre  et  quatre  figures,  y  compris  celle  de  la  Danse. 
La  suite  complète  des  eaux-fortes  dans  l'œuvre  de  De  Ghendt  au  Cabinet  des 
Es  lampes. 

23.  Théagène,  tragédie  de  Dorat,  frontispice  in-8,  1766. 

24.  Selim  et  Selitna  ,  poëme  par  Dorat  ;  vignette  in-8,  lIQd. 

25.  Mes  Fantaisies,  par  Dorat,  116S,  in-8.  —  Quatre  fleurons. 

26.  Deux  têtes  de  page  pour  l'Isle   MERVEILLEUSE,  de  Dorat , 

n68,  in-8. 

1.  Deux  petits  enfants  nus,  couchés  sous  le  feuillage. —  2.  Deux  amours  ailés, 
l'un  porte  un  carquois. 

27.  Tète  de  page  pour  un  in-4  ,  avec  un  petit  portrait  de  Louis  XV; 

au-dessous  on  voit  de  petits  enfants  qui  semblent  disséquer  un 
cadavre. 

28.  BERGÈRE  LAISSANT  TOMBER  DES  FLEURS  SUR  UN 

BERGER.    Petit  médaillon  ovale,   reposant  sur  un  socle;  des 
deux  côtés,  des  arbres  et  des  plantes. 
Ce  petit  fleuron  est  d'une  finesse  merveilleuse. 

29.  Fleurons  pour  les  Poésies  pastorales  de  Léonard ,  1771. 

30.  Frontispice  pour  l'Histoire  des  Ordres  de  Notre-Dame  de  Mont- 

Carmel  et  de  Saint-Lazare  de  Jérusalem  ■_  par  Gautier  dé  Sibert, 
1772  ,  in-4. 

31.  Vignettes  pour  l'Arioste  de  Baskerville. 

32.  PYGMALION,  suite  de  six  vignettes  in-8. 

Très  belles  illustrations.  On  ne  sait  à  quelle  édition  elles  étaient  destinées, 
toujours  est-il  qu'elles  n'ont  point  paru  avec  un  texte. 

Les  épreuves  sur  papier  vergé  sont  lares.  Quelques-unes  sont  signées  Aliamel 
direxit  (nous  avons  dit  que  De  Ghendt  était  élève  d'Aliamet).  Il  y  a  des  épreuves 
modernes  sur  un  mauvais  papier  vélin. 

La  suite  des  eaux-fortes  au  Cabinet  des  Estampes. 

II  existe  une  septième  pièce  que  nous  ne  connaissons  que  par  deux  épreuves 
d'eau-forte  pure  (Cabinet  des  Estampes  et  collection  E.  Paillet). 


GHENDT    (De).  30!» 

33.  Eaux-fortes  des  vignettes  des  Sens,  poëme  de  Du  Rozoy,  et  d'une 

suite  de  quatre  estampes,  scènes  de  la  Vie  champêtre,  terminées 
par  Longueil  (voyez  ce  nom). 

II.  d'après  gravelot. 

34.  Vignettes  pour  la  Pharsale  de  Lucain  ,  1166  ,  in-8. 

35.  L'Enfant  prodigue,  très  belle  vignette  pour  les  Œuvres  de 

Voltaire ,  in-4 . 

36.  Illustrations  pour  les  Aimanachs  iconologiques  et  \  Iconologie  ; 

in-12. 

III.    d'après   marillier. 

ST.  LA  BOUQUETIÈRE,  vignette  formant  tête  de  page  pour  l'anec- 
dote d'Henriette  et  Chariot ,  dans  les  Épreuves  du  Sentiment  de 
Baculard  d'Arnaud.  —  Cul-de-lampe  pour  la  même  anecdote,  etc. 

38.  Titre  pour  LES   SENS,  poëme  de  Du  Rosoi ,  iu-8. 

Cadre  simulant  une  tonnelle.  Cinq  amours  y  symbolisent  les  sens  :  l'un  goûte 
du  raisin ,  l'autre  sent  une  fleur,  etc. 

39.  Titre  pour  LES  BAINS   DE   DIANE,  de  Desfontaines,    1170, 

in-8. 

Encadrement  de  colonnes  torses  et  de  feuillages.  Dans  le  haut,  des  colombes  ; 
dans  le  bas,  une  tète  de  cerf  et  un  jet  d'eau  retombant  en  cascade,  etc. 

40.  Frontispice  pour  les  Poésies  pastorales  de  Léonard,  1*771 ,  in-8. 

41.  Titre  pour  les  IDYLLES   DE   SAINT-CYR  ,  de  Dorât,   1771, 

in-8. 
L'eau-forte  pure  a  déjà  l'indication  du  titre. 

42.  Vignette  pour    LES   S. \ ORIFICES  DE    l'AMOUR,    par   Dorât, 

1771  ,  in-8. 

43.  Titre  pour  les  MÉLANGES  ,  de  Dorai ,  in-8. 

L'eau-forte  a  déjà  la  légende. 

44.  Ma  Philosophie  ,  par  Dorât    1771  ,  in-8. 

Figure,  en-tête  et  cul-de-lampe. 


310         LES   GRAVEURS    DU    XYIII"  SIÈCLE. 

45.  Titres  et  fleurons  pour  les  FABLES  DE  DORAT. 

De  Ghendt  a  gravé  pour  cette  illustration  les  deux  titres  et  trente-quatre 
fleurons.  Le  titre  du  second  volume  est  extrêmement  élégant.  Parmi  les  plus 
jolis  fleurons  têtes  de  page,  U  faut  citer  la  Fable  et  la  Vérité,  l'Abeille  et  le  Papillon, 
rOr  et  le  Fer  qui  représente  une  petite  Danaé,  le  Lustre  et  la  Lampe  (le  cul-de- 
lampe  de  cette  fable  est  un  petit  portrait  de  Corneille),  l'Abeille,  le  Faune  trompé 
le  cul-de-larape  de  cette  même  fable ,  qui  sert  de  fin  au  premier  volume,  est 
aussi  fort  riche) ,  la  Poule  aveugle  (un  petit  intérieur  de  ferme) ,  les  Trois  Pommes 
(le  Jugement  de  Paris) ,  le  Sceptre  et  l'Éventail,  etc.  Il  faudrait  tout  citer,  teUe- 
inent  l'illustration  de  ce  livre  a  été  bien  comprise  ;  tout  y  est  joli  et  spirituel. 

46.  Frontispice  pour  Mes  Nouveaux  Torts,  par  Dorât,  1768, 

in-8. 

Encadrement  de  feuillages ,  etc.  Dans  le  haut ,  un  petit  médaiUon  rond ,  avec 
une  femme  qui  joue  de  la  guitare  ;  dans  le  bas,  un  autel  sur  lequel  sont  sculptées 
trois  Grâces  nues  se  donnant  la  main. 

4*7.  Épître  à  l'ombre  d'un  ami,  par  Dorât ,  IITI,  in-8.  —  Une  figure. 

48.  Deux  très  jolies  figures  pour  les  CoNTES   MOR.\UX  de  Mercier, 

n69,  in-8. 
Les  deux  autres  figures  par  N.  de  Launay. 

49.  Jenneval,  drame  de  Mercier,  1769;  une  figure  in-8. 

50.  Le   DÉSKRTEUR,  drame  de  Mercier,  1770;  une  figure  in-8. 

51.  Le   Faux  Ami,  drame  de  Mercier,  1772;  une  jolie  vignette  in-8. 

52.  L'An  deux  mille  quatre  cent  quarante,  rêve  s'il  en 

fut  jamais,  par  Mercier,  1786;  3  figures  in-8. 

53.  NOËLS  bourguignons,  petit  titre  in-18. 

54.  PVGMALION  AUX  GENOUX  DE   GALATHÉE.  Auprès  de 

lui  la  statue  de  l'Amour,  debout  sur  un  socle.  —  Tête  de  page 
pour  un  Recueil  des  meilleurs  Contes  en  vers  ,  Delalain  ,  1774  , 
in-8. 

Une  épreuve  hors  texte  de  cette  jolie  pièce ,  une  des  perles  de  l'œuvre  du 
graveur,  a  dépassé  le  prix  de  200  fr.  à  une  vente  faite  en  11Î76. 

55.  Fleuron  de  titre,  2  en-tête  et  2  culs-de-lampe  gravés  par  De  Ghendt. 

56.  Ô  Sagesse,  ô  Ântisthène,  où  étiez-vous  alors?  vignette  in-8. 

57.  Servante  et  son  Maître  à  la  cave,  vignette  in-12. 


GHENDT    (Dej.  311 

58.  L'Oiseau,  —  LES  Grâces,  —  le  Panieb,  —  les  Petits 

Enfants,  —  LA  Promesse  trop  bien  gardée,  —  les 
Bergères  au  bain,  ravissantes  vignettes  pour  les  Idylles 
de  Berquin,  ms,  in-12. 

59.  LE   PREMIER   BAISER   DE    L'AMOUR,  —  le  Devin  de 

village,  et  trois  autres  vignettes  pour  la  suite  des  Œuvres  de 
J.-J.  Rousseau  ,  édition  Cazin  ,  in-18. 
Dans  leur  genre ,  ces  illustrations  sont  des  chefs-d'œuvre. 

60.  Illustrations  pour  le  Théâtre  du  monde  de  Richer,  ms,  in-8. 

61.  Figure  pour  Mélanges  de  Poésies  fugitives ,  par  la  comtesse  de 

Beauharnais  (Zulménie  et  Valsidor),  1776,  in-8. 

62.  Vignettes  pour  les  Œuvres  de  Gessner,  édition  Cazin  ,  in-18. 

63.  Vignette  pour  Tangu  et  Félime,  1780. 

64.  Vignettes  à  mi-page  pour  Y  Abrégé  de  l'Histoire  universelle  ,  de 

Marinier  et  Monnet ,   1785. 

Quelques-une.s  de  ces  vignettes,  comme  Adam  et  Eve,  par  exemple,  sont  1res 
fines. 

65.  Vignettes  pour  r///a(?e ,   1786. 

66.  Nombreuses  illustrations  pour  le  Cabinet  des  Fées,  — les  Voyages 

imaginaires,  —  les  Œuvres  de  Tressan  ,  —  les  Œuvres  badines 
du  Comte  de  Cayliis,  in-8. 

67.  Titres  pour    Émile    et    LA  NOUVELLE   HÉLOÏSE,    dans  le 

Rousseau  de  Poinçot ,  in-8. 

Sur  ces  titres,  on  voit  une  quantité  de  petits  médaillons  où  sont  retracées  les 
principales  scènes  des  deux  ouvrages. 

68.  LOTH  ET  SES   FILLES.  —  ÉlIÉZER  ET  RÉBECC A.  —  JACOB 

LEVANT  LA  PIERRE  DU  PUITS.  —  FÊTE  DES  TABER- 
NACLES.—La  Fille  de  Jephté.  —  Ruth  et  Booz.— 
David  et  Bethsabée.  —  L'Époux  et  l'Épouse  {Can- 
tique des  Cantiques). —  Suzanne  et  les  Vieillards,  etc. 

Ces  vignettes  sont  les  plus  belles  que  contienne  la  Sainte  Bible ,  édition  de 
Defer  de  Maisonneuve,  n89-an  XII ,  12  vol.  in-4,  300  flg.  de  Marillier  et  Monsiau. 

De  Ghendt  est  le  graveur  qui  a  le  plus  travaiUé  à  cette  importante  suite,  près 
de  50  pièces  sont  de  sa  main  ;  outre  celles  que  nous  venons  d'indiquer,  on 
remarque  encore  :  Eve  donne  la  pomme  à  Adam,  Caïn  tue  son  frère ,  Abraham 
abandonne  son  pays,  Moïse  sauvé  des  eaux,  Passage  de  la  mer  Rouge,  Mort  d'A  aron, 
Anesse  de  Balaam,  David  danse  devant  l'arche,  Salomon  dans  l'idolâtrie,  Job,  etc. 


312         LES   GRAVEURS   DU    XYIIF    SIÈCLE. 

69.  AlmANACH  littéraire  ou  Étrennes  d'Apollon ,  par  d'Aquin 
de  Château-LyoQ ,  l'789-90-91-92;  jolis  frontispices  in-12. 

10.  Almanach  des  Grâces  ,  1791.  Hommage  de  l'Amour  aux  Grâces  , 
frontispice. 

T 1 .  Almanach  des  Grâces ,  étrennes  erotiques   chantantes   dédiées  à 
M '"^  d'Artois,  pour  l'année  1792  ;  in-12. 

Ti.  Almanach  des  Grâces,  l'793.   —  Les  Grâces  oSrent  l'Amour  à  la 
Liberté,  frontispice. 

73.  Figure  pour  la  suite  du  Télémaque  in-8. 

74.  Figui-e  pour  les  Œuvres  de  Madame  Deshoulières ,  Didot ,    1795  , 

in-18. 

IV.     d'après    MONNET. 

75.  Figures  pour  l'Arioste  de  Baskerville. 

76.  Mars   et  Vénus,  etc.,  vignettes  pour  le  Xwcrèce  de  Lagrange. 

De  Ghendt  a  encore  gravé  le  titre  et  une  figure  pour  cet  ouvrage. 

77.  Almanach  des  Grâces,  frontispices. 

1.  Les  Grâces,  nues,  sont  surprises  dans  un  bois  par  des  amours.  —  2.  Les 
Grâces  traînent  l'Ajnour  devant  un  juge. 

78.  Titres  pour  le  Rousseau  de  Poinçol. 

V.  d'après    MONSIAU. 

79.  Le   Lévite  d'Ephraïm,  —  le   Devin  de  village,  — 

le  Tombeau  de  Rousseau  ;  figui'es  in-4  pour  le  Rousseau  de  Defer 
de  Maisonneuve. 

80.  Figures  pour  ta  Bible,  Faublas^  VOvide  de  Villenave. 

VI.  d'après  moreau. 

81.  Eau-forte  du  frontispice  des  Jncas-,  terminé  par  Le  Veau. 

82.  Les  Fâcheux,  —  Psyché  (Molière  de  Bret);  in-8. 

83.  Frappe,  frappe  Gérard!  vignette  pour  Gérard  de  Nevers,  in-12. 


GHENDT   (De).  313 

84.  Adonis  rencontré  par  Vénus  [Psyché et  Adonis,  de  Didot,  in-4). 

85.  Vignettes  pour  les  Œuvres  de  Ge.ssner,  in-12. 

Huit  pièces  pour  Daphnis,  les  Idylles  do  la  Cruche  cassée  et  la  Ferme  Résolution, 

la  Mort  d'Abel  et  la  Lettre  sur  le  paysage .  Cette  dernière,  Si  canimus  sylvas 

est  d'un  plus  grand  format  que  les  autres. 

86.  Illustrations  pour  les  Œuvres  de  Voltaire,  suite  de  Renouard,  in-8. 

Samson.  —  Les  Scythes.  —  Ce  qui  plaît  aux  dames.  —  La  Pucelle,  eh.  XIX. 
—  Candide.  —L'Ingénu.  —  Jenny.  —  Zadig.  —  Charles  XII.  —  La  Mort  de 
Tiirenne. 

8T.  Deux  vignettes  pour  le  Comte  de  Valmont,  in-8.  —  La  Mélancolie, 
vignette  in-12  pour  le  Mérite  des  femmes. 

88.  VÉNUS  ET  Adonis.—  Mort  d'Adonis.—  Céphale et  Procris.— 

Querculane. —  Pan  et  Syrinx. —  Narcisse  {Lettres  à  Emilie,  in-8). 

89.  Fleur  d'Epine,  Zénéyde,  les  Quatre  Facardins  [Contes  de  Hamil- 

ton ,  iu-8  ).  —  Vignette  pour  Werther,  in-8.  —  Vignette  pour 
le  Parrain  magnifique  [Œuvres  de  Gresset,  in-8). 

90.  Vignettes  pour  les  suites  publiées  par  Renouard  :  le  Lutrin  ,   1  p. 

—  Télémaque,  1  p. —  Racine,  Esther  et  les  Plaideurs.  —  Molière, 
Mélicerte ,  terminé  par  Delvaux.  —  La  Fontaine,  le  Lion  et  le 
Moucheron,  l'Avare  qui  a  perdu  son  trésor,  les  Deux  Pigeons. 

91.  Un  grand  fleuron  pour  le  Musée  Rohillard. 

92.  Garçon  et  fille  hermaphrodites,  brochure  in-8,  texte  gravé,  2  fig. 

non  signées,  attribuées  à  Moreau  pour  le  dessin,  et  pour  la  gra- 
vure à  De  Ghendt. 

VII.  d'après  divers. 

93.  Figures,  d'après  Loutherbourg  ,  pour  le  poëme  de  C  Agriculture; 

—  d'après  Regnault  poui-  le  Temple  de  Gnide  ;  —  d'après  Chaudet 
pour  les  Œuvres  de  Montesquieu  ;  —  d'après  Perrin  pour  la 
Pharsale  ;  —  d'après  Guérin  pour  le  Mérite  des  femmes.  — 
Erigone,  figure  d'après  Le  Barbier  pour  le  Panthéon  de  Sylvain 
Maréchal.  —  Illustrations  pour  le  Berquin  de  Renouard  ;  — 
d'après  Le  Barbier  pour  la  Jérusalem  délivrée.  —  Rousseau  aux 
pieds  de  Madame  d'Houdetot ,  d'après  Le  Barbier,  in-8.  —  Nom- 
breuses vignettes  ,  d'après  Myris ,  pour  V Histoire  romaine.  — 
Planches  pour  le  Voyage  à  Naples  de  Saint-Non. 


GIBELIN    (Esprit-Antoine 


1739-1814. 


Né  à  Aix  en  1739 ,  Gibelin  passa  dix  ans  à  étudier 
la  peinture  en  Italie  ;  en  1768 ,  il  remporta  un  prix 
à  l'Académie  de  Parme.  En  1771 ,  il  vint  à  Paris  où 
on  lui  commanda ,  entre  autres  travaux ,  la  grande 
fresque  de  Tamphithéâtre  de  l'École  de  Chirurgie,  qu'il 
exécuta  en  1773.  11  mourut  à  Aix  en  1814. 

Son  œuvre  se  compose,  suivant  Baudicour,  des 
pièces  suivantes  : 

Arrivée  de  Jacob  en  Egypte,  l'Ange  Gardien  ;  petites  pièces.  —  Cor- 
nélie  ;  in-4  ,  au  lavis.  —  La  Fidélité  récompensée.  —  L'Amour  trans- 
percé. —  La  Muse.  —  Le  Temps  destructeur  des  choses;  in-8.  — 
Frontispice  de  la  Description  des  écoles  de  Chirurgie  par  Gondoin  , 
in-fol.,  manière  de  crayon  ;  dédié  A  Vimmortelle  mémoire  de  rhuma- 
nilé  de  Louis  XV  et  de  la  bienfaisance  de  Louis  XVI.  —  Le  Cheval 
dompté,  très  petite  pièce.  —  Allégorie  sur  le  nom  de  Madame  Gibelin, 
née  Campane.  —  Le  Trait  inévitable  ,  petite  pièce  d'après  Madame 
Gibelin.  —  Groupe  antique  de  deux  enfants.  —  Têtes  de  fantaisie.  — 
L'Accouchement ,  tableau  de  l'Ecole  de  Chirurgie,  dédié  à  M.  Joseph 
David  ;  eau-forte  in-fol.  en  largeur.  —  La  Saignée,  pièce  ronde  ;  in-4. 
—  Esculape  et  la  Nature. —  La  Coalition  contre  la  République,  pièce 
ronde  ;  in-8.  —  L'Unisson  ,  ou  l'Union  des  républiques  ,  pendant.  — 
La  Restauration. 


GILLOT   (Claude). 


1673 -4 722. 


Le  maître  de  Watteau  ,  —  un  élève  qui  a  totalement 
éclipsé  son  maître  resté  dès  lors  dans  la  pénombre.  — 
Claude  Gillot ,  est  un  graveur  humoriste.  Il  a  profité 
en  dernier  lieu  du  regain  de  faveur  qui  a  englobé  tout 
le  XVIIP  siècle ,  et  mérite  malgré  ses  imperfections 
qu'on  jette  encore  un  regard  d'intérêt  sur  ses  travaux. 

Il  était  né  à  Langres  en  1673 ,  avait  reçu  de  son 
père  les  premières  leçons  de  peinture,  et  avait  été 
envoyé  ensuite  à  Paris  se  perfectionner  chez  J.-B. 
Corneille.  Mais  son  goût  ne  le  portait  pas  à  se  con- 
former aux  règles  sévères  de  son  art  ;  il  se  fit  une 
manière  à  lui,  et  c'est  sur  les  tréteaux  des  farceurs 
italiens  et  français  qu'il  étudia  la  nature. 

«  Ses  tableaux  sont  complètement  délaissés,  écrivait 
»  d'Argenville  au  milieu  du  siècle  dernier,  mais  on 
»  recherche  encore  ses  dessins  et  ses  eaux-fortes  où 
»  l'on  trouve  de  l'esprit  et  de  la  facilité  ,  quaUtés  qui 
»  font  passer  sur  leur  incorrection.  » 

Ce  jugement  est  toujours  vrai.  La  suite  de  la  Vie  de 
N.-S.  Jésus-Christ  inventée  et  dessinée  par  Gillot 
peintre  de  V Académie  Royalle ,  laisse  apercevoir  de 
la  facihté  jointe  à  beaucoup  d'incorrection.   Ces  60 


31G  LES    GRAVEURS   DU    XVIIF    SIECLE. 

planches  (  et  non  64  comme  l'écrit  à  tort  Le  Blanc  ) , 
traitées  à  l'eau-forte.  sont  d'une  manière  extrêmement 
sommaire  et  lâchée.  Il  n'en  est  pas  de  même  pom^tant 
de  ses  petites  vignettes  carrées  faites  pour  l'édition  de 
1719  des  Fables  de  Houdart  de  la  Motle,  qui  sont  très 
supérieures.  Gillot  a  laissé  graver  pour  ce  livre  ,  dont 
il  a  dessiné  presque  toutes  les  compositions  ,  quelques 
pièces  par  Cochin  père  ,  Nicolas  Edelinck  ,  Tardieu  et 
Simonneau.  mais  il  en  a  exécuté  le  plus  grand  nombre 
avec  cet  esprit ,  ce  croustillant ,  cette  désinvolture 
qu'on  se  plaît  à  lui  reconnaître.  Notons  parmi  les 
plus  jolies ,  le  Médecin  astrologue ,  la  Ronce  et  le 
Jardinier,  les  Singes ,  l" Enfant  et  les  Noisettes  . 
l'Huître ,  les  Grillons ,  les  Lunettes ,  les  Chiens ,  le 
Portrait,  le  Pêcher  et  le  Mûrier,  Apollon  et  Minerve, 
le  Chien  et  le  Chat,  où  se  mêle  à  l'expression  la  plus 
fine  la  plus  agréable. fantaisie. 

Ces  petites  compositions  et  aussi  les  Bacchanales 
que  «  menait  si  joyeusement  ce  dernier  païen  de  la 
»  Renaissance»,  datent  du  moment  où  Gillot  se  sépara 
de  son  élève  Watteau.  C'est  du  moins  le  comte  de 
Caylus  qui  l'affirme  :  «  Soit  que  Gillot  en  eut  agi  par 
»  le  motif  d'une  jalousie  que  bien  des  gens  lui  ont 
»  attribuée  ,  soit  qu'à  la  fin  il  se  rendit  justice  et  con- 
»  vint  que  son  élève  l'avait  surpassé,  il  quitta  la  pein- 
»  ture  et  se  livra  au  dessin  et  à  la  gravure  à  l'eau-forte 
»  dans  laquelle  il  sera  à  jamais  célèbre,  par  l'intel- 
»  ligence  et  l'agrément  de  la  composition  avec  les- 
»  quelles  il  a  représenté  la  plus  grande  partie  des 
»  Fables  de  la  Motte.  » 

Plusieurs  des  Bacchanales  les  plus  échevelées  in- 
ventées par  l'imagination  déréglée  de  Gillot  ont  été 


GILLOT.  3n 

gravées  par  lui-même  avec  entrain.  Telles  sont  :  la 
Fête  de  Diane  troublée  par  des  Satyres ,  la,  Fête  de 
Bacchus  célébrée  par  des  Satyres  et  des  Bacchantes, 
la  Fête  du  Dieu  Pan  célébrée  par  des  Sylvains  et 
des  Nymphes  et  la  Fête  de  Faune  Dieu  des  Forêts , 
cette  dernière  inventée,  peinte  et  gravée  par  G.  Gillot. 

Citons  encore  deux  assez  jolis  Dessus  de  clavecin  , 
aux  personnages  entremêlés  de  singes  faisant  de  la 
musique,  gravés  à  l'eau -forte  par  Gillot  et  retouchés 
au  burin  par  L.  Crépy  le  fils. 

On  a  beaucoup  gravé  d'après  Gillot ,  Huquier  ses 
Scènes  de  la  comédie  italienne  ,  Joullain  ses  Habits  à 
l'usage  des  Ballets  et  Opéras ,  G.  Scotin  ses  Scènes 
tragiques  et  Gaylus  quelques-uns  de  ses  dessins  les 
plus  humoristiques. 

Gillot  avait  été  reçu  de  l'Académie  en  1715.  11  fuL 
un  des  lavorisés  de  la  banque  de  Law.  Cette  fortune 
subite  dura  peu  ;  mais  redevenu  pauvre,  la  santé  per- 
due par  l'abus  des  plaisirs  ,  il  n'en  conserva  pas  moins 
une  exubérante  gaieté  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  4  mai 
1722. 


GIRARD   (Romain). 


4754 


Cet  artiste  peu  connu .  qui  apprit  la  gravure  au 
pointillé  pendant  son  séjour  en  Angleterre ,  doit  à 
ses  compositions  tirées  des  Liaisons  dangey^euses  de 
figurer  ici.  Lavreince  avait  mis  en  action  dans  ses 
gouaches  les  sensibles  héros  de  Choderlos  de  Laclos, 
alors  dans  tout  le  feu  de  leur  succès.  C'est  en  1785 
que  furent  publiées  les  deux  pièces,  Valmont  and 
Présid'^  de  Tourvel  et  M"'^  de  Merteuil  and  miss 
Cecille  Volange  ;  ces  deux  pièces  in-fol.  ovales  au 
pointillé,  sont  sans  grande  valeur  artistique  et  moins 
bonnes  que  Valmont  and  Emilie  ,  pièce  plus  soignée 
parue  en  1788.  Romain  Girard  demeurait  alors  Rue 
de  Savoy e  derrière  le  quay  de  la  Vallée  n'*  21. 

Ces  trois  pièces  se  vendaient  chez  Fauteur  4  livres 
en  noir  et  9  livres  en  couleur. 

La  Mort  de  Didon ,  copiée  sur  une  estampe  de 
Bartolozzi. 

Deux  pièces,  d'après  Mallet,  au  pointillé  de  couleur  : 
les  Deux  amies  à  V étude  et  Je  m,' occupais  en  atten- 
dant ,  in-fol. 


GIRARDET   (Abraham). 

1763-1823. 


Girardet,  né  à  Neuchâtel  en  1763,  apprit  la  gravure 
sous  la  direction  de  Nicollet ,  et  aussi ,  supposons- 
nous,  sous  celle  de  Gaucher,  de  qui  il  semble  tenir 
sa  manière  à  la  fois  très  finie  et  très  froide. 

11  était  bon  dessinateur,  et  au  début  de  la  Révo- 
lution il  publia  quelques  estampes  de  sa  façon  sur  les 
événements  les  plus  saillants  :  Siège  de  la  Bastille , 
py'ise  en  deux  heures  èdemi  de  temps ,  dessiné 
d'après  nature  et  gravé  par  G.  ;  —  Travaux  du 
Champ  de  Mars  pour  la  fête  de  la  Fédération , 
pièce  très  soignée  ;  —  Pacte  fédératifde  la  Bastille  le 
14  juillet  1790;  —  Vue  du  Champ  de  Mars  le  14 
juillet  1790  ;  —  Se?'vice  funèbre  fait  au  champ  de 
la  Fédé?'ation  pour  les  patriotes  morts  à  Nancy 
le  31  août  1790  ;  —  Les  Premiers  jours  de  May  à 
Paris  en  1791 ,  ou  la  Liberté  des  entrées ,  vue  de  la 
Barrière  de  la  Conférence.  Cette  estampe  curieuse , 
beaucoup  plus  finie  que  ne  le  furent  la  plupart  des 
pièces  politiques ,  gravées  généralement  à  la  hâte , 
nous  donne  l'adresse  du  graveur,  rue  St-Louis  au 
Palais,  n«  73. 

Girardet  s'en  tint  là  pour  cette  série  ;  par  quel  motif, 


320         LES    GRAVEURS   DU    XVIII^^  SIECLE. 

nous  l'ignorons,  ce  n'est  point  toujours  faute  de  sujets, 
car  les  journées  fameuses  se  multipliaient.  Mais, 
un  peu  plus  tard ,  lorsqu'on  publia  les  Tableaux  de 
la  Révolution,  il  se  trouva  naturellement  indiqué 
pour  être  un  des  collaborateurs  les  plus  actifs  de  cet 
important  ouvrage  :  il  y  a  dessiné  ou  gravé  un  grand 
nombre  de  pièces  ,  à  côté  des  Prieur  et  des  Duplessi- 
Bertaux  :  Lit  de  Justice  tenu  à  Versailles  le  6  août 
1787;  —  Séance  extraordinaire  tenue  par  Louis 
XVI  au  Palais:  —  Arrestation  de  d'Épréménil;  — 
Incendie  du  Corps  de  garde  du  Pont-Neuf;  —  Ras- 
semblement sur  le  Pont-Neuf;  —  Apothéose  de 
Rousseau  ;  —  Départ  de  Billaud,  Collot  et  Barrère 
pour  la  déportation  ;  —  Jugement  de  Fouquier- 
Tinville  ;  —  Attaque  du  faubourg  St- Antoine  ;  —  Le 
13  Vendémiaire;  —  Exécution  de  Charette;  — 
Attaque  du  Camp  de  Grenelle  ;  —  Mort  de  Marceau  ; 
—  Journée  du  18  Fructidor  ;  —  Fête  donnée  à 
Bonaparte  au  Luxeïnbourg  ;  —  Entrée  des  Français 
à  Rome ,  etc. 

Portrait  de  VAbbé  Fauchet ,  d'après  Bonneville, 
petit  in-fol. 

Cérétnonie  funèbre  en  V honneur  du  général  Hoche, 
Girardet  del.  et  aq.  f.;  in-fol.  en  largeui\ 

Girardet  avait  fait  un  voj^age  en  Italie.  En  1794  et 
1795 ,  il  date  de  Rome  deux  estampes  fort  médiocres 
Semira  e  Semino  et   la   Morte  di  Virginia .  Ab. 
Girardet  invent,  ed  inc.  in  Roma. 

Deux  estampes  gravées  d'après  Le  Bel.  et  qui  visent 
à  la  grivoiserie,  le  Coup  de  Vent  et  son  pendant  la 
Souris  indiscrète,  sont  aussi  très  ordinaires  d'exécu- 
tion. 


GIRARDET.  32! 

Girardet  a  gravé  une  certaine  quantité  d'illustrations 
de  livres  ;  on  trouve  son  nom  dans  V Histoire  de  France 
de  Moreau  ,  et  aussi  sur  une  vignette  ,  la  Première 
enfance  ,  d'après  Moreau  ,  dans  cette  petite  édition  de 
Paul  et  Virginie  de  1789,  pour  laquelle  les  bibliophiles 
font  aujourd'hui  des  folies.  (La  suite  incomplète  des 
eaux-fortes  ,  c'est-à-dire  trois  pièces  sur  quatre,  a  été 
vendue  plus  de  2000  fr.  en  1879). 

Didot  employa  Girardet  à  la  gravure  des  dessins  de 
Percier  en  forme  de  têtes  de  page,  pour  les  Œuvres 
d'Horace,  an  VIll ,  les  Fables  de  La  Fontaine,  an  X , 
et  les  Œuvres  de  Boileau.  Froid  dessinateur  et  gra- 
veur plus  froid  encore,  dira-t-on.  Assurément,  on  ne 
peut  pourtant  méconnaître ,  une  fois  admis  le  goût  du 
temps  pour  le  style  néo-grec ,  que  Percier  n'ait  fait 
montre  dans  ces  illustrations  d'un  réel  talent.  Un  reçu 
que  nous  avons  sous  les  yeux  nous  apprend  que  quatre 
des  vignettes  à^Horace  furent  payées  à  Girardet  700 
francs  ,  en  dix  à-compte. 

On  retrouve  Girardet  dans  le  grand  Racine  de 
Didot.  Une  très  belle  vignette  est  celle  de  Régulus, 
qu'il  grava  d'après  Moreau ,  pour  les  Œuvres  de 
Montesquieu,  de  Plassan,  1796,  in-4.  Enfin  Renouard 
lui  fit  graver  quelques  sujets  d'après  Moreau,  pour  ses 
illustrations  de  Gessner,  de  Voltaire ,  de  Télémaque 
et  de  Molière. 

Les  préparations  des  vignettes  de  Girardet  sont 
curieuses  et  ne  ressemblent  en  rien  aux  eaux-fortes 
de  ses  habiles  confrères.  Ce  sont  des  esquisses  au 
trait ,  sur  lesquelles  quelques  accessoires  seuls  sont 
travaillés  au  hasard  et  sans  ensemble.  Cette  manière 
de  graver  est  parfaitement  illogique,  du  reste 

U.  21 


322  LES   GRAVEURS   DU    XVIIF   SIECLE 

Girardet  a  travaillé  pour  le  grand  ouvrage  de  la 
Description  de  V Egypte. 

Sous  l'Empire,  il  fut  «  un  des  plus  fermes  graveurs 
»  du  Musée  Rohillard  et  Laurent,  tant  pour  les  statues 
»  et  camées  que  pour  les  tableaux  des  grands  maîtres.  » 
le  Centaure  et  le  Gladiateur ,  d'après  l'antique , 
r Apothéose  d'Auguste,  d'après  le  camée  de  la  S^®-Gha- 
pelle  ;  la  Transfiguration,  d'après  Raphaël  ;  r  Enlève- 
ment des  Sabines ,  d'après  N.  Poussin.  Son  chef- 
d'œuvre  est  assurément  la  Cène  ,  d'après  Philippe  de 
Champagne ,  estampe  d'un  burin  très  serré  ,  et  dont 
l'exécution  a  été  excessivement  soignée. 

On  doit  encore  à  Girardet  une  vue  de  la  cérémonie 
du  Champ  de  Mai.  11  termine  son  œuvre  sous  la  Restau- 
ration en  gravant ,  sur  ses  propres  dessins  ,  de  petites 
vignettes  assez  fines,  la  Rosière  et  autres,  et  sur  ceux 
de  Desenne  une  petite  suite  pour  Racine  ;  un  cartouche 
pour  Brevet  d'officier  de  la  garde  nationale  ;  enfin , 
il  commença  une  estampe  de  la  Mort  du  Duc  de 
Berry  qui  fut  achevée  par  Pigeot. 

Ce  graveur  si  froid  devait  être  d'un  caractère  fort 
jovial ,  s'il  faut  en  croire  ces  vers  qui  accompagnent 
un  petit  portrait  de  Girardet ,  dessiné  par  lui-même , 
et  gravé  par  Adam ,  et  où  notre  graveur  a  pourtant 
la  mine  fort  allongée,  avec  ses  énormes  lunettes  : 

De  la  Grèce  et  de  V Italie 
Il  sçut  multiplier  les  sublimes  trésors, 

Et  descendit  aux  sombres  bords 
Couronné  par  les  Arts,  Bacchus  et  la  Folie. 


Les   GIRAUD. 


Le  Manuel  d'Huber  et  celui  de  Le  Blanc  ont  passé 
sous  silence  le  nom  des  frères  Giraud, 

Nous  n'en  serons  point  étonnés  en  ce  qui  concerne 
E.  A.  GiRADD  l'aîné,  car  il  a  très  peu  produit.  Il  fut 
l'un  de  ces  «  graveurs  les  moins  chers  »  que  Restif  se 
faisait  gloire  d'employer  exclusivement  pour  l'illustra- 
tion de  ses  romans  ;  sa  signature  se  trouve  ,  dans  les 
Contemporaines ,  sur  les  figures  des  Petites  i7iar- 
chandes  du  boulevard ,  de  la  Belle  imagère,  de  la 
Maréchale  et  de  la  Gouverneuse  ;  —  dans  la  Dernière 
Aventu7'e  d'un  homme  de  quarante-cinq  ans,  sur  un 
des  deux  frontispices  ;  —  dans  les  Françaises  enfin 
sur  deux  vignettes,  la  Mère  d'une  famille  nombreuse 
et  la  Mère  aux  méchants  enfants.  Mais  presque 
toutes  les  illustrations  des  Contanpoi^aines  et  des 
Françaises  sont  anonymes,  et  il  est  permis  de  supposer 
que  Giraud  l'aîné  a  gravé  d'autres  pièces  que  celles 
que  nous  indiquons  ici. 

Puisque  nous  parlons  de  Restif ,  rappelons  à  titre 
de  curiosité  le  mouvement  bibliographique  auquel  les 
œuvres  de  ce  romancier  étrange  donnèrent  lieu  il  y  a 
quelques  années.   Le  livre  de  M.  Charles  Monselet 


324         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP   SIÈCLE. 

avait  commencé  à  appeler  sur  elles  l'attention  des 
collectionneurs  ;  un  des  libraires  les  plus  considérables 
de  Paris  pressentit  la  vogue  qu'elles  allaient  avoir  : 
bien  mieux  il  la  créa  pour  ainsi  dire  de  toutes  pièces  , 
en  pourchassant,  en  «  soutenant»  dans  les  ventes  tous 
les  exemplaires  qui  venaient  à  se  présenter  ;  ces  exem- 
plaires étaient  soigneusement  accumulés  dans  les 
caves  de  sa  librairie.  Survint ,  en  1875 ,  la  publication 
de  l'importante  Bibliographie  et  Iconographie  de 
tous  les  ouvrages  de  Restif  de  la  Bretonne,  par  le 
bibliophile  Jacob.  En  style  de  librairie,  cela  s'appelait 
«  mettre  le  feu  aux  Restif  ».  On  commença  à  s'arracher 
les  productions  de  l'auteur  des  Idées  singulières,  les 
pires  comme  les  passables  :  alors  on  vit  sur  les  cata- 
logues les  Œuvres  de  Nicolas-Edme  Restif  de  la 
Bretonne,  212  parties  en  154  volumes,  cotées  20,000 
francs  en  reliure  pleine,  ou  simplement  10,000  francs 
en  demi- reliure.  Les  ouvrages  séparés  étaient  à 
l'avenant.  Il  n'est  pas  un  bibliophile  qui  ne  s'en  sou- 
vienne encore. 

Une  fois  cette  frénésie  passée ,  les  «  Restif  »  cessè- 
rent d'être  soutenus  dans  les  ventes,  et  commencèrent 
à  «  baisser  »  fortement  :  il  n'est  guère  permis  de 
supposer  qu'ils  reprennent  jamais  une  valeur  qu'ils 
n'ont  due  qu'à  la  spéculation  et  à  l'engouement.  On 
recherchera  encore  comme  spécimen ,  comme  singu- 
larité, un  bel  exemplaire  du  Pai/san  et  de  la  Paysanne 
pervertie,  ou  des  Nuits  de  Paris,  ou  peut-être  même 
des  Contemporaines,  des  Françaises ,  de  Monsieur 
Nicolas ,  à' Ingénue  Saxancour  ;  mais  qui  voudra 
s'affubler  à  l'avenir  de  deux  cents  volumes  imprimés 
avec  des  têtes  de  clous  sur  du  papier  à  chandelle, 


GIRAUi>.  325 

de  la  Famille  vertueuse,  du  Pied  de  Fanchette, 
du  Nouvel  Abailard ,  du  Pornographe ,  du  Mimo- 
graghe  ,  du  Gynographe ,  de  V Andrographe ,  du 
Tlies'inographe,  etc.,  etc.? 

Pour  en  revenir  à  Giraud  l'aîné ,  disons  qu'on  le 
retrouve  encore  pour  quelques  rares  figures  dans 
l'illustration  des  Œuvres  badines  du  Comte  de  Caylus, 
d'après  Marillier,  des  Romans  et  Contes  de  La  Place, 
d'après  Borel,  des  Nouvelles  françaises  de  d'Ussieux , 
dans  les  Égarements  d'un  philosophe  ou  la  vie  du 
chevalier  de  Saint-Albin,  par  Saint-Clair,  1789  ;  dans 
le  Rousseau  de  Poinçot,  les  Voyages  imaginaires,  la 
Bible  de  Marillier,  les  Mémoires  de  Frédéric  de 
Trenck ,  et  dans  Faublas. 

Antoine-Cosme  Giraud  le  jeune  ,  né  à  Paris  en 
1760  ,  et  que  Basan  nous  dit  être  élève  de  Lingée  , 
est  un  graveur  d'une  certaine  importance  ,  et  qui  sut 
se  faire  une  spécialité  très  marquée  comme  prépa- 
rateur à  l'eau-forte. 

De  même  que  son  frère  il  travailla  pour  Restif ,  et 
signa  plusieurs  des  figures  de  la  Paysanne  pervertie 
[Ursule  reçue  par  sa  mÀre  ,  Vr^sule  cédant  son  fils  , 
la  Négresse  et  V Italien ,  Ursule  et  Edmond  escrocs 
escroqués) ,  et  des  étranges  illustrations  des  Conte'tn- 
poraines  [la  Courtisane  vertueuse ,  les  Trois  jolies 
Bâtardes  ,  la  Belle  bourgeoise  et  la  jolie  servante ,  la 
Fille  entretenue  et  la  fille  de  joie). 

Mais,  répétons-le,  terminer  les  gravures  n'était  point 
le  fait  de  Giraud  le  jeune,  il  excellait  au  contraire  à  les 
commencer  à  l'eau-forte,  d'une  pointe  claire  et  précise 
qui  rappelle  le  faire  de  Pauquet.  La  rareté  des  épreuves 


326         LES   GRAVEURS    DU    XYIII*   SIECLE. 

d'eau-forte  pure  ne  permet  pas  d'énumérer  d'une  façon 
précise  tous  les  ouvrages  auxquels  Giraud  le  jeune  a 
collaboré,  mais  il  est  hors  de  doute  que  le  nombre  en 
est  considérable. 

C'est  ainsi  qu'on  a  eu  recours  à  lui  pour  la  Galerie 
du  Palais-Royal ,  le  Gessner  in-4  de  Le  Barbier  et  le 
Gessner  in-8  de  Monnet,  pour  la  Religieuse  de  Le 
Barbier,  pour  le  Rousseau  publié  par  Poinçot ,  les 
Après-Soupers  de  société,  ouvrage  de  Billardon  de 
Sauvigny,  les  Romans  de  La  Place  de  Borel,  la 
Bible  de  Marillier,  le  Virgile  de  Zocchi ,  le  Nouveau 
Testament ,  les  Satires  de  Juvènal ,  les  Entretiens 
de  Phocion ,  la  Vie  d'Antonin  et  les  Géorgiques  de 
Moreau,  ainsi  que  pour  le  ^etit  Précis  de  la  Révolution 
de  Rabaud-Saint-E tienne.  Giraud  le  jeune  a  exécuté 
aussi  pour  une  Histoire  des  religions  de  Stanislas  de 
Laulnaye,  ouvrage  resté  inachevé,  de  grandes  planches 
assez  curieuses ,  la  Procession  en  Vhonneur  de  la 
déesse  Isis ,  et  une  autre  Procession  égyptienne. 
«  Une  Isis,  aux  mamelles  gonflées  ,  assise  sur  un  char 
»  massif  sous  un  dais  tendu  par  un  sphynx  colossal , 
»  s'avance ,  escortée  par  une  multitude  guerrière  et 
»  idolâtre,  au  milieu  d'un  paysage  très  accidenté.  Le 
»  mouvement  savant ,  les  attributs  bariolés ,  les  ex- 
»  pressions  étudiées  dans  toute  cette  multitude  ont  un 
■»  effet  théâtral,  et  le  dessinateur  ne  fait  que  reproduire 
»  sous  cet  appareil  les  Fêtes  nationales  de  l'an  II.  » 

C'est  Renouvier  qui  écrit  ces  lignes.  Ce  que  c'est 
pourtant  que  la  passion  politique  !  Renouvier  d'ordi- 
naire si  sensé ,  si  mesuré  dans  ses  jugements ,  croit 
entrevoir  dans  une  Procession  dPsis  une  allusion  aux 
fêtes  républicaines  ;  il  n'en  est  pas  autrement  sûr, 


GIRAUD.  327 

n'importe  ;  aussitôt  cette  estampe  devient  pour  lui 
l'allégorie  «  la  plus  grandiose  »  qu'ait  faite  Moreau. 
«  Et  encore,  dit-il ,  je  ne  sais  quel  dessinateur  aurait 
»  été  assez  grand  pour  traiter  ce  sujet ,  il  suffira  de 
»  l'indiquer  pour  qu'on  devine  combien  Moreau  était 
»  insuffisant.  »  Insuffisant  pour  traiter  une  Procession 
d'isis,  le  dessinateur  du  Sacre,  du  Feu  d'artifice,  de 
la  Plaine  des  Sablons  ! 

Moreau  commença  une  série  de  planches  pour  un 
Anacharsis  qui  ne  parut  point.  Giraud  le  jeune  en 
grava  les  eaux-fortes  et  elles  ne  furent  point  terminées. 
Cette  série  comprend  quatre  pièces  en  largeur  et 
deux  en  hauteur,  in-4.  Enfin  on  retrouve  Giraud  le 
jeune  au  commencement  du  XIX®  siècle  dans  YOvide 
de  Villenave. 

Le  14  Juillet  1790  ,  Fédération  des  Français , 
estampe  in-fol.  carré,  exécutée  sous  la  direction  de 
Ponce. 

Dans  la  collection  Béhague  se  trouvaient  deux 
estampes  in-fol.  faisant  pendant ,  préparées  à  Teau- 
forte,  et  qui  sont  les  pièces  les  plus  intéressantes  de 
l'œuvre  de  Giraud  le  jeune.  Le  catalogue  les  décrit 
ainsi  :  1.  Dans  un  riche  intérieur  deux  jeunes  femmes 
sont  couchées  sur  un  lit ,  l'une  d'elle  fouette  l'autre 
avec  des  roses  ;  Borel  inv.  et  del.,  A.  Giraud  le 
jeune  aqua-forti.  —  2.  Dans  un  riche  intérieur,  une 
jeune  femme  en  chemise  prend  un  bain  de  pieds  ;  elle 
est  surprise  par  une  autre  jeune  femme  qui,  déguisée 
sous  des  habits  d'homme  lui  apporte  une  lettre  ;  Borel 
invenit  et  delineavit ,  A.  C.  Giraud  le  jeune  aqua- 
forti ,  1789.  Ces  deux  pièces  ont  été  vendues  1,260  fr. 
en  1877  et  910  fr.  seulement  en  1881. 


GODEFROY   (François; 

4743- 


Le  16  octobre  1773,  Louis  XV  chassait  dans  la  forêt 
de  Fontainebleau.  Un  cerf  vivement  poursuivi  se 
précipita  sur  un  paysan  qui  se  trouva  sur  son  passage 
et  le  blessa  grièvement,  La  femme  de  ce  paysan  ,  aus- 
sitôt prévenue ,  accourut  et  donna  les  marques  d'un 
profond  désespoir.  Cette  scène  émut  tous  les  assistants. 
Sur  ces  entrefaites  arrivent  des  valets  qui  annoncent 
que  la  vie  du  blessé  n'est  pas  en  danger.  La  Dauphine, 
qui  assistait  à  la  chasse  avec  Madame  de  Beaumont 
et  la  vicomtesse  de  Ghoiseul ,  s'élance  de  sa  calèche , 
suivie  du  Dauphin,  et  à  travers  les  vignes,  vole  rejoindre 
la  malheureuse  femme,  la  calme,  lui  donne  le  contenu 
de  sa  bourse ,  la  fait  monter  dans  sa  propre  voiture 
avec  son  fils,  sa  sœur  et  sa  cousine  :  «  Un  mot  de  la 
»  princesse  de  Beauvau  peint  à  merveille  la  part 
»  principale  et  décisive  prise  par  la  Dauphine  à  cette 
»  scène  de  douleur  et  de  bienfaisance ,  et  cet  enthou- 
»  siasme  de  charité  avec  lequel  elle  courait  en  plein 
»  soleil  dans  les  vignes,  suivie  lentement  d'un  époux 
»  aussi  bon  mais  bien  moins  vif  qu'elle  :  Madame  la 
»  Dauphine,  dit-elle  ,  suivait  la  nature  ,  M.  le  Dauphin 
»  suivait  Madame  la  Dauphine.  »  (M.  de  Lescure). 


GODEFROY   (François).  329 

Ce  trait  de  charité  de  Marie -Antoinette ,  au  fond 
bien  simple  et  bien  naturel ,  fit  une  vive  impression  ; 
la  gravure  se  chargea  de  le  célébrer,  et  Moreau  le 
jeune  en  fit  le  sujet  d'une  délicieuse  petite  estampe , 
V Exemple  dliumanitè  donné  par  Madame  la  Dau- 
phine,  qui  a  été  gravée  par  Fi-ançois  Godefroy  ^ ,  élève 
de  Descamps  puis  de  Le  Bas. 

A  vrai  dire ,  le  mérite  n'en  revient  pas  à  ce  graveur 
seul ,  car  l'eau-forte  de  cette  remarquable  pièce  est 
signée  de  Martini. 

De  même  que  Godefroy  se  recommande  aux  ama- 
teurs d'estampes  -çb-Y  Y  Exemple  d'huTnayiiiè,  de  même 
il  se  recommande  aux  bibliophiles  par  la  gravure  des 
illustrations  de  Lefèvre  pour  trois  des  ouvrages  de  la 
collection  Bleuet,  Primerose,  Zélomir,  et  Ollivier. 
Mais  là  encore  ,  on  ne  peut  admettre  que  ce  soit  lui 
qui  ait  entièrement  gravé  ces  petites  figures,  et  il  est 
bien  difficile  de  ne  pas  reconnaître  dans  les  eaux-fortes 
la  main  de  Coiny. 

Quoi  qu'il  fasse ,  Godefroy  se  borne  à  terminer  : 
«  Reçu  du  citoyen  Didot  la  somme  de  sept  cents 
»  livres  pour  avoir  fini  une  estampe  représentant  le 
»  Songe  d'Énée.  A  Paris  le  25juillet  1793. — Godefroy  » 
—  «  Reçu  du  citoyen  Didot  la  somme  de  sept  cents 
»  livres  pour  avoir  fini  une  estampe  représentant  la 
»  septième  églogue  de  Virgile,  à  Paris  le  quart idi  4 
»  Fructidor  l'an  deux  delà  république.  —  Godefroy.  » 

L'œuvre  de  Godefroy  est ,  en  somme,  peu  saillant  ; 
il  comprend  un  certain  nombre  de  pièces  éparpillées 
dans  divers  ouvrages  et  n'offre  aucune  homogénéité. 

1  Moreau  en  a  fait  aussi  le  sujet  d'une  vignette.  Voyez  catalogue  de 
Duclos. 


330         LES   GRAVEURS   DU    XVIII«  SIECLE. 

Godefroy  (de  Goyfor)  était  de  ce  voyage  au  Havre 
dont  nous  avons  parlé  dans  l'article  Gaucher.  Il 
mourut  le  28  avril  1819. 11  était  président  de  l'Athénée 
des  arts ,  membre  correspondant  de  l'Académie  de 
Rouen  et  de  la  Société  d'Émulation  de  la  même  ville. 
Un  nombre  considérable  d'amis,  presque  tous  artistes, 
suivit  le  convoi  de  cet  homme  de  bien.  Ponce  au  nom 
de  l'Athénée,  et  de  Sève,  président  de  la  Société  des 
arts  graphiques ,  prononcèrent  des  discours  sur  sa 
tombe. 

L'éloge  de  François  Godefro}^  fut  prononcé  par  Le 
Carpentier  à  la  séance  publique  de  la  Société  d'Emu- 
lation de  Rouen  tenue  le  9  juin  1819.  On  ne  peut  rien 
imaginer  de  plus  franchement  burlesque  que  cet  éloge, 
dont  M.  Hédou  a  bien  voulu  nous  communiquer  le  texte  ; 
c'est  boursouflé  et  naïf.  Voici  le  début  :  «  M.  François 
»  Godefroy  reçut  le  jour  en  l'année  1743 ,  dans  la 
»  commune  de  Boiguillaume.  Issu  d'une  ancienne 
»  famille  de  cultivateurs ,  le  jeune  Godefroy  parut 
»  être  destiné  par  la  nature  à  parcourir  une  toute 
»  autre  carrière  que  celle  de  ses  ancêtres,  et  il  se  livra 
»  à  l'étude  du  dessin...  ».  On  confie  à  Godefroy  la 
gravure  d'un  grand  tableau  de  Le  Prince,  les  Nappes 
d'eau,  et  bientôt  «  l'on  voit  paraître  une  eau-forte 
»  pleine  de  finesse  et  d'esprit,  dans  laquelle  le  graveur 
»  semble  s'être  identifié  avec  la  manière  large  et 
»  agréable  du  peintre ,  et  il  produit  une  gravure  ter- 
»  minée ,  je  dirais  presqu'un  second  tableau  qui  ne 
»  le  cède  en  rien  à  celui  qu'il  a  traduit.  » 

Le  Carpentier  nous  déclare  ensuite  qu'il  va  nous 
faire,  «  avec  le  flambeau  de  la  vérité  »  ,  le  portrait  de 
son   ami.    Il  nous  montre  Godefroy,  aimable ,  doux, 


GODEFROY    (François).  331 

bienveillant ,  passionné  pour  son  art  et  pour  Têtude , 
utilisant  ses  loisirs  à  suivre  les  cours  publics  «  des 
»  plus  célèbres  professeurs  de  la  capitale  »,  causeur 
agréable,  homme  d'esprit.  Et  le  bon  Le  Carpentier 
reprend  de  plus  belle  :  «  Son  attachement  pour  son 
»  art  qui  lui  laissait  peu  de  loisir  à  s'occuper  de  ses 
»  affaires,  joint  à  un  penchant  naturel  à  se  procurer 
»  une  société ,  l'engagea  dans  les  liens  du  mariage  ; 
»  il  eut  le  bon  esprit  de  faire  choix  d'une  épouse  qui 
»  a  fait  son  bonheur,  et  qui ,  par  ses  soins  multipliés 
»  a  su  prolonger  son  existence  frêle  et  délicate 
»  jusqu'au  moment  terrible  où  elle  a  eu  la  douleur  de 
»  s'en  séparer  pour  jamais  !  ï- 

Le  fils  de  François  Godefroy ,  Baptiste,  dit  Adrien 
Godefroy,  né  en  1777,  fut  son  élève  et  exerça  aussi 
la  profession  de  graveur.  Il  s'adonna  avec  succès , 
sous  la  Restauration  ,  à  la  confection  des  caricatures. 


ESTAMPES. 

1.  EXEMPLE     D'HUMANITÉ     DONNÉ     PAR     MADAME     LA 

DAUPHINE    le   16  8bre  ms,  d'après  Moreau;   m-4  eu  largeur. 

Vous  n'oubliez  pas  qui  nous  sommes 
Princesse,  et  l'infortune  est  sacrée  à  vos  yeux; 
Conservez  ce  respect ,  il  vous  est  glorieux  : 

C'est  en  s'abaiisanl  jusqu'aux  hommes 

Que  les  rois  s'approchent  des  dieux. 

Marmontbl. 

L'eau-forte  pure  de  cette  charmante  estampe  est  de  Martini.  240  fr.  1881. 
200  fr.,  avant  la  lettre,  vente  Béhague. 

Deux  autres  pièces  forment  pendant  à  celle-ci,  le  Retour  de  chasse,  dessiné  et 
gravé  par  Duclos,  et  la  Poule  au  pot ,  par  Dugoure,  gravé  par  David. 

2.  Annette  \  l'âge  de  quinze  ans,  —  Annettk  a  l'âge 

DE  VINGT  ANS,  2  p.  d'après  Fragonard  ;  in-4  eu  largeur,  sur 
fond  de  paysage. 


332         LES   GRAVEURS   DU   XVIIP  SIECLE. 

3 .  Le  Temple  des  Amours ,  —  la  Tour  des  deux  Amans ,  paysages 

d'après  Lantara;  in-fol.  en  largeur. 

4 .  Deux  paysages,  avec  éclipses  de  soleil  et  de  lune,  d'après  Lantara  ; 

in-4  en  largeur. 

5.  L'Orphée  rustique,  paysage  avec  bergeries  ,  d'après  Casanova  ;  in- 

fol.  en  largeur. 

6.  Les  Géorgiennes  au  bain  ,  d'après  La  Hyre  ;  in-fol.  en  largeur. 

7.  Les  Nappes  d'eau ,  d'après  Le  Prince  ;  in-fol.  en  largeur. 

8.  Le  Retour  au  hameau  ,  d'après  Pillement  ;  in-fol. 

9.  Le    Serpent    sous    les    fleurs,    d'après  Huet  ;    in-4  en 

largeur. 

10.  Aux  mânes  de  Rousseau.  Tombeau  de  J.  J.  dans  l'île  des  Peupliers 

à  Ermenonville,  aux  âmes  sensibles  ;   1781 ,  in-fol. 

11.  Expérience  de  Charles  et  Robert  aux  Tuileries,  le  l'''"  décembre  1783. 

12.  Les  Poules  aux  Guinées  ,  emblème  sur  la  guerre  d'Amérique  ,  — 

Monument  d'allégresse  pour  les  Américains  ,  2  p.  petit  in-fol.  — 
Godefroy  del.  et  sculp. 

13.  Allégorie  pour  servir  de  frontispice  au  Compte  rendu  au  Roi  par 

M.  Necker.  —  Godefroy  del.  et  sculp.;  petit  in-fol. 

14.  L'Assemblée  Nationale,  législature  de  1789  à  1790,  liste  ornée. 

Au  bas,  la  vue  d'une  séance  de  l'Assemblée;  grand  in-fol.  en 
largeur. 

15.  Héroïsme  du  jeune  Desilles,  d'après  Girardet  ;  in-8. 

16.  Le  Vaisseau  la  Liberté  des  mers  et  la  République  française  une  et 

indivisible.  —  Dalb. .  . .  inv.;  ovale  in- 12  en  largeur. 

17.  En-tête  et  cul-de-lampe  allégoriques  aux  victoires  d  un  général 

républicain ,  d'après  Ghalliot. 

18.  Solde  de  retraite  du  ministère  de  la  guerre,  tête  de  lettre  historiée 

d'une  Liberté,  d'une  Égalité  et  de  soldats,  d'après  Challiot,  ingé- 
nieur; in-fol. 


GODEFROY   ^François).  333 

19.  Congé  absolu  délivré  au  Cen....  Trois  figures  sur  un  pié- 
destal ,  accosté  d'un  fantassin  et  d'un  cavalier,  d'après  Carie 
Vernet. 

«  L'auteur  de  la  gravure ,  —  expliquait  Godefroy  qui  exposa  cette  pièoo  on 
0  l'an  VI ,  —  oppose  à  ce  sujet  l'esprit  du  Gouvernement  actuel  à  celui  du 
»  Gouvernement  précédent,  en  remarquant  que  ci-devant  la  parcimonie  la  plus 
»  rigoureuse  présidait  à  tout  ce  qui  concernait  le  soldat ,  tandis  que  dans  les 
■>  voyages  de  la  Cour,  on  gravait  avec  luxe  les  affiches  de  spectacle  adressées 
»  au  domicile  des  courtisans ,  et  que  les  militaires  en  sous-ordre  étaient  même 
»  exclus  des  jnrdins  publics.  » 


PORTRAITS. 

20.  Côme  (Frère) ,  inventeur  de  la  taille  périnéale. 

21.  Dussek. 

22.  Laya  (Jean-Louis) ,  d'après  Landry;  in-8,  avec  ces  vers 

Royalistes  tyrans ,  tyrans  républicains 
Tombez  (levant  les  lois,  voilà  vos  souverains  ! 

23.  Louis  XVI  et  Marie-Antoinette,  petite  allégorie. 


VIGNETTES. 

24.  OLLIVIER,  poëme  en  prose  par  Gazette  ,  Paris  ,  Didot  ,   \198  , 

2  vol.  in-12. 
12  figures  de  Lefèvre,  gravées  par  Godefroy. 

25.  PRIMEROSE,  par  Morel  de  Vindé,  Paris,  Didot  l'aîné    n9T, 

in-18. 

1  frontispice  et  5  figures  de  Lefèvre,  gravées  par  Godefroy. 

26.  ZÉLOMIR  ,  par  Morel  de  Vindé,  Paris,  Didot,  1801  ,  in-18. 

6  figures  par  Lefèvre,  gravées  par  Godefroy. 

Les  eaux-fortes  de  ces  trois  ouvrages  sont-elles  de  Godefroy  ?  Il  est  permis 
d'en  douter.  Plusieurs  d'entre  elles  doivent  être  de  Goiny. 

'il.  Planches  pour  Recueil  d'Estampes  repre'sentant  les  différents 
événements  de  la  guerre  qui  a  procuré  l'indépendance  aux 
Etats-Unis.  Paris,  chez  Ponce;  in-4  en  largeur. 


334         LES   GRAVEURS   DU    XYIII»  SIECLE. 

28.  Spectacle   historique,  divisé  par  Périodes  de  vingt-cinq 

ans.  Chaque  estampe  représentant  les  événements  les  plus  remar- 
quables d'une  Période  et  les  portraits  des  souverains. . .  gravés 
d'après  des  médailles. . .  par  Godefroj,  de  l'Acad.  imp.  et  r.  de 
Vienne  et  de  celle  d'Angleterre  ,  etc. .  . .  dédiées  à  L.  A.  S.  le 
Comte  de  Beaujolais  et  Madame.  A  Paris  chez  l'auteur  près  le 
Théâtre-Français  ,  rue  des  Francs-Bourgeois  vis  à  vis  la  rue  de 
Vaugirard  n°  127.   12  %  chaque  livraison  ,  comprenant  un  siècle. 

Ce  titre  est  gravé  par  Godefroy  d'après  Monnet. 

Les  planches,  au  nombre  de  huit,  pour  le  XVI®  et  le  XVII*  siècle,  com- 
prennent dans  le  haut  une  composition  de  Marillier,  dans  le  bas  un  cul-de- 
lampe  de  Monnet. 

29.  Vignettes  pour  divers  ouvrages  :  Voltaire ,  d'après  Gravelot.  — 

Jam  Cytherea  choros  ducit. . .  d'après  Gravelot,  in-4°.  —  Icono- 
logie.  —  Fables  de  Dorât,  Œuvres  de  Pope,  d'après  Marillier.  — 
Gessner,  d'après  Le  Barbier.  —  Baculard  d'Arnaud ,  le  De'ca- 
méron  français  de  d'Ussieux,  Mélanges  de  poésies  fugitives  de  la 
Comtesse  de  Beauharnais  ,  le  Cabinet  des  Fées  ,  les  Liaisons 
dangereuses.  —  Gil  Blas,  d'après  Monnet.  —  Don  Quichotte, 
d'après  Lefèvre. —  Le  Nouveau  Testament,  les  Êtrennes  lyriques, 
le  Voltaire  de  Renouard ,  d'après  Moreau.  —  Le  Daphnis  et 
Chloé  et  le  Virgile  de  Didot ,  Faublas  ,  etc.  —  Planches  pour  le 
Cabinet  Poullain  et  la  Galerie  du  Palais-Royal. 


GODEFROY  (Jean). 


1771-1839. 


Jean  Godefroy,  fils  de  Louis  Godefroy,  deLanquetot 
près  Bolbec ,  naquit  à  Londres  le  21  juillet  1771,  pen- 
dant un  voyage  que  ses  parents  firent  en  Angleterre. 
11  passa  ses  premières  années  à  Bolbec  ou  à  Lillebonne 
et  montra  de  bonne  heure  des  dispositions  pour  le 
dessin.  Il  avait  dix  ans  quand  sa  famille  alla  se  fixer 
à  Londres.  Un  ami  de  son  père ,  nommé  Martel ,  se 
chargea  de  l'éducation  artistique  de  l'enfant  et  le  fit 
entrer  dans  une  espèce  d'atelier  où  quelques  jeunes 
gens  s'exerçaient  sous  ses  yeux  à  peindre  et  à  graver. 

Godefroy  entra  ensuite  dans  l'atelier  de  Simon, 
graveur  français  établi  à  Londres.  11  en  sortit  en  1788. 
Il  était  fort  habile  et  exécuta  quelques  estampes  à  l'eau- 
forte  et  au  burin  ,  connues  surtout  en  Angleterre.  On 
doit  aussi  à  J.  Godefroy  des  portraits  :  Louis  XVI \ 
Georges ,  prince  de  Galles  ;  Caroline ,  princesse  de 
Galles;  la  cânisArice Morichelli;  le  chanteur  Morelli: 
Charette  ;  Thomas  Erskine  ;  Thomson  ;  tniss  Farren  ; 
la  signora  Storace.  II  écrivit  à  la  même  époque  des 
notes  intéressantes  sur  les  procédés  qu'il  employait 
pour  ses  gravures,  mélanges  de  tous  les  procédés 
connus  et  où  dominait  le  pointillé. 


336         LES   GRAVEURS   DU   XYIII^  SIECLE. 

En  1797,  Godefroy  résolut  de  mettre  à  exécution  le 
projet  qu'il  avait  conçu  depuis  longtemps  de  revenir 
en  France.  Il  partit  avec  sa  femme  et  ses  deux  enfants. 
Il  fit  d'abord  un  séijour  en  Hollande  ,  où  il  grava  un 
portrait  du  général  Bonaparte ,  d'après  Fossi  ;  le 
général  était  représenté  avec  des  cheveux  ébouriffés, 
de  grandes  moustaches  et  un  air  féroce.  «  Godefroy 
»  émit  quelques  doutes  sur  sa  ressemblance ,  mais 
»  l'éditeur  lui  ferma  la  bouche  en  lui  disant  que  c'était 
»  précisément  la /eroaïe  de  ce  portrait  qui  en  assurait 
»  la  vente.  »  Godefroy  s'arrêta  encore  à  Bruxelles, 
puis  arriva  enfin  à  Paris.  Il  fut  mis  en  relations  avec 
Gamble ,  éditeur  qui  le  chargea  de  graver  un  magni- 
fique éventail  que  la  ville  de  Paris  avait  fait  exécutei' 
d'après  les  dessins  allégoriques  de  Chaudet ,  Percier 
et  Fontaine,  pour  l'offrir  à  Madame  Bonaparte.  Ce 
travail  lui  fut  payé  800  francs.  11  grava  aussi  une  des 
vignettes  de  Prud'hon  pour  la  Tribu  indienne,  roman 
de  Lucien  Bonaparte. 

La  réputation  du  graveur  s'étendit,  le  peintre  Gérard 
vint  le  trouver  pour  lui  faire  reproduire  un  petit  portrait 
de  Madame  Walbonne,  cantatrice  du  théâtre  italien  ; 
cette  reproduction  fut  exposée  en  1799  et  Godefroy 
remporta  le  premier  prix  de  gravure  (3000  fr.) 

Nous  ne  suivrons  pas  Godefroy  dans  les  travaux 
qu'il  a  exécutés  au  XIX®  siècle,  nous  nous  bornerons  à 
citer  Psyché  et  r Amour,  d'après  le  tableau  de  Gérard, 
estampe  qui  mit  le  nom  du  graveur  en  célébrité ,  le 
Songe  d' Ossian,  et  toujours  d'après  Gérard,  la  grande 
estampe  de  la  bataille  à'Ausierliiz. 

Jean  Godefroy  mourut  en  1839. 


GOIS   (Étienne-Pierre-Adrien). 

1731-1823. 


Gois,  artiste  distingué,  né  à  Paris  en  1731,  étudia 
d'abord  la  peinture  dans  l'atelier  de  Jeaurat,  puis  la 
sculpture  sous  la  direction  de  M.  A.  Slodtz.  En  1759 
il  remporta  le  grand  prix  de  Rome  ;  en  1770  il  fut  reçu 
à  l'Académie  sur  la  présentation  delà  siaiued' Aréthée 
pleurant  ses  abeilles  ;  en  1776  on  le  nomma  profes- 
seur, position  qu'il  occupa  jusqu'à  sa  mort ,  sauf  une 
interruption  en  1793. 

Baudicour  a  décrit  16  eaux-fortes  de  la  main  de 
Gois  ;  ces  pièces,  très  raires,  sont  remarquables,  dit-il, 
tant  pour  la  grande  ordonnance  de  composition  que 
sous  le  rapport  du  style  et  de  l'exécution. 

Moïse  sauvé  des  eaux,  —  la  Fille  de  Jephié,  — 
Retour  de  Tohie  chez  son  père,  —  Tobie  rend  la  vue 
à  son  père,  —  Moïse  frappant  le  rocher,  —  le  Veau 
d'or  renversé,  —  Pînse  de  Jérusalem  par  Nabucho- 
donosor,  —  Arrêt  rendu  par  Cambyse  ,  —  VAvat^e 
pensif,  —  Serment  des  nobles  devant  la  Chambre 
des  Comptes,  Gois  sculp.  anno  1788,  in-fol.  en  largeur. 

Allégorie,  la  Vérité,  la  Justice,  l'Innocence 

Monument  à  la  gloire  de  Louis  XVI,  en  4  planches. 

n.  22 


GONORD    (François). 


De  François  Gonord,  né  à  Saint-Germain,  on  connaît 
trois  Académies  de  Femmes  dessinées  par  Gochin  et 
gravées  «  par  Gonord,  par  le  nouvel  art  du  S""  Magny  », 
au  lavis ,  et  un  portrait  de  Jean-Denis  Lempereur, 
ancien  échevin  de  la  ville  de  Paris ,  graveur  amateur 
duquel  on  a  diverses  eâux-fortes.  Ce  portrait  est 
encore  «  rendu  d'après  le  nouvel  art  du  S""  Magny, 
1761  ». 

Gonord  publia  en  l'an  VII  une  collection  des  por- 
traits des  membres  du  Corps  législatif,  petits  médail- 
lons encadrés ,  au  nombre  de  quarante  par  feuille. 
«  L'exécution  ne  manque  pas  de  relief,  mais  le  prin- 
»  cipal  mérite  de  cette  collection  consiste  dans  la 
»  rareté  des  portraits  qu'elle  renferme  ;  le  succès  dut 
»  en  être  nul,  et  l'édition  mise  au  pilon.  » 


GOUPY    (Joseph). 

4729- 


Goupy,  né  à  Nevers  en  1729,  se  fixa  à  Londres ,  où 
il  publia  un  certain  nombre  d'estampes. 

Il  a  gravé  d'après  Salvator  Rosa ,  les  Devins ,  les 
Voleurs,  Tobie ,  le  Songe  de  Jacob ,  le  Samaritain , 
Jésus  dans  le  désert,  St  Jean-Baptiste  prêchant  dans 
le  désert ,  le  Baptême  de  V Eunuque  du  roi  de 
Candace,  Glaucus  et  Se  y  lia ,  etc. 

D'après  Rubens,  Diane  et  ses  nymphes  à  la  chasse. 

D'après  N.  Poussin,  un  Paysage  où  l'on  voit  Pyrame 
et  Thisbé. 

D'après  Soliméne ,  Zeuxis  peignant  Hélène  pour 
les  Agrigentins. 

On  cite  de  lui  une  caricature  au  sujet  du  penchant 
qu'avait  pour  la  boisson  le  fameux  Haëndel ,  dont 
Goupy  était  l'ennemi. 


GOYA   (Frangisgo-José 


1746-1828. 


Gomme  Velasquez,  Goya  est  un  ai'tiste  espagnol  par 
excellence.  Il  n'a  pas  seulement ,  comme  le  favori 
de  Philippe  III ,  peint  les  princes  et  la  cour,  mais  il  a 
aussi  pris  ses  modèles  sur  le  peuple  et  représenté  la 
nation  entière  dans  ses  plaisirs,  ses  misères,  ses  dou- 
leurs ,  ses  mœurs  enfin.  C'était  un  observateur,  et 
sous  le  fantastique  voulu  de  ses  créations,  il  aiguisait 
les  épigrammes  les  plus  acérées ,  les  satires  les  plus 
sanglantes,  et  cela  sans  épargner  personne,  contre  les 
faiblesses  et  les  vices  de  son  temps. 

«  J'ai  eu  trois  maîtres,  disait  souvent  Goya ,  la  na- 
»  ture,  Velasquez  et  Rembrandt ,  »  et  ses  œuvres  ne 
démentent  pas  son  dire,  car  cet  artiste  a  toujours 
puisé  dans  la  nature  ses  conceptions  si  originales , 
et  parfois  si  violentes  ;  par  ses  effets  heurtés  de  clair 
et  d'ombre,  il  offre  une  certaine  parenté  avec  Rem- 
brandt ;  enfin  la  magnifique  série  d'eaux-fortes  qu'il 
a  gravées  d'après  les  principales  œuvres  de  Velasquez, 
est  là  pour  témoigner  de  l'admiration  qu'il  professait 
pour  celui  qui  a  été  son  vrai  maître. 

Nul  n'était  plus  apte  d'ailleurs  à  comprendre  Velas- 
quez et  à  le  graver.  C'est  à  l'âge  de  trente-deux  ans , 


GOYA.  341 

en  1778 ,  à  son  retour  de  Rome  .  que  Goya  entreprit 
pour  la  chalcographie  royale  la  belle  série  d'eaux- 
fortes  des  portraits  équestres  dite  des  Chevaux.  Ces 
grandes  planches  in-folio,  Felipe  III,  rey  deEspana, 
et  Margarita  de  Auslria  reyna ,  Felipe  /F  et  Ysabel 
de  Borbon,  le  Comte  d'Olivarès,  et  les  infants,  surtout 
Don  Balthazar  sur  son  genêt  d'Espagne ,  sont  inter- 
prétés avec  une  simplicité  de  manière  et  une  sûreté 
de  main  qui  font  présager  le  graveur  si  énergique  de 
la  Tauromachie.  11  ne  faut  pas  oublier  les  Nains  du 
roi  et  les  planches  de  Ménippe  et  à' Ésope  qui  leur 
font  suite. 

Puis  vient  pour  Goya  son  temps  de  grande  produc- 
tion ,  alors  que  recherché  partout,  il  trouve  encore  le 
temps  de  peindre  pour  la  cour  et  la  ville,  pour  le 
roi  Charles  IV  comme  pour  les  Benavente  ou  les 
d'Ossuna.  Ce  n'est  que  plus  tard,  vers  la  fin  du  siècle, 
que  Goya  entreprend  la  série  des  Caprichos ,  son 
œuvre  la  plus  connue  et  la  plus  importante  en  fait  de 
gravure. 

C'est  en  1793  que  l'artiste  conçut  l'idée  de  cette 
satire  en  80  planches,  à  l'eau-forte  mélangée  de  lavis, 
et  qu'il  exécuta  successivement  jusqu'en  1798.  Le  gra- 
veur niait  bien  la  réalité  des  interprétations  malignes 
auxquelles  elles  donnaient  lieu,  mais  les  intentions 
étaient  si  visibles ,  et  les  portraits  tracés  avec  une  si 
sanglante  ironie  qu'il  s'éleva  une  protestation  unanime. 
Nul  n'était  épargné;  le  roi,  la  reine  Maria-Luisa, 
le  favori  Godoï  prince  de  la  Paix,  la  duchesse  de 
Benavente  sa  protectrice,  les  ministres,  tous  y  rece- 
vaient un  trait  cruel.  Le  bon  Charles  IV,  que  Goya 
amusait,  malgré  des  allusions  qui  sautaient  aux  yeux 


342         LES   GRAVEURS    DU    XVIII"  SIECLE. 

et  n'étaient  rien  moins  que  respectueuses,  ne  voulut 
pas  y  entendre  malice ,  et  protégeant  son  peintre 
contre  les  menaces  du  tribunal  de  l'Inquisition  ,  il  fit , 
pour  arrêter  les  poursuites  ,  l'acquisition  de  toutes  les 
planches  et  des  exemplaires  qui  restaient  à  l'artiste. 

Goya  n'a  pas  laissé  la  clef  de  son  ouvrage  et  pour 
un  grand  nombre  de  ses  planches  on  en  est  réduit  aux 
suppositions,  beaucoup  d'entre  elles  peuvent  s'appli- 
quer d'ailleurs  à  l'humanité  toute  entière.  La  satire 
pour  être  générale  n'en  est  pas  moins  piquante,  et 
l'album  des  «  Caprices  »  restera  pour  les  amateurs 
de  tous  les  pays  comme  un  des  monuments  les  plus 
curieux  de  l'art. 

Une  autre  série  d'eaux-fortes ,  conceptions  d'une 
extrême  énergie,  fut  inspirée  à  Goya  dans  les  premières 
années  du  XIX''  siècle ,  à  la  vue  des  excès  commis 
pendant  l'occupation  de  l'Espagne  par  l'armée  fran- 
çaise. 

«  Madrid ,  a  écrit  M.  Yriarte,  était  plein  de  déta- 
»  chements  français  ,  les  alliés  d'hier  devenaient  les 
»  ennemis,  et  le  peintre  dont  on  connaît  la  violence 
»  ne  savait  pas  garder  son  sang-froid  et  passer  devant 
»  les  étrangers  sans  manifester  sa  haine  ;  Goya  eut 
»  maille  à  partir  avec  les  officiers  de  Murât,  et,  forcé 
»  de  subir  un  joug  détesté ,  se  vengea  par  la  pubhca- 
»  tion  occulte  d'abord,  et  plus  tard  effectuée  au  grand 
»  jour,  des  Désastres  de  la  Guerre.  Ces  80  planches , 
»  moins  célèbres  que  les  «  Caprices  »,  les  surpassent 
»  de  beaucoup  au  point  de  vue  artistique  par  l'im- 
»  pression  de  terreur  et  de  pitié  qu'elles  font  naître, 
»  surtout  par  la  perfection  vraiment  inouïe  du  dessin 
»  et  furent  exécutées  au  jour  le  jour,   en  lisant  les 


GOYA.  343 

»  bulletins  de  la  guerre  de  l'indépendance,  ou  au  retour 
»  des  promenades  dans  les  environs  de  Madrid.  » 

M.  Yriarte  croit  pourtant  qu'il  ne  faut  pas  tant  y 
voir  des  scènes  de  l'invasion  française  en  Espagne  que 
le  tableau  des  horreurs  de  la  guerre  en  général ,  car 
on  ne  peut  identifier  aucun  événement  connu  avec 
certitude  ni  rapporter  exactement  les  costumes  à  telle 
arme  et  à  tel  corps.  Pourtant  ce  sont  certainement  les 
événements  dont  l'Espagne  fut  le  théâtre  pendant  le 
règne  éphémère  du  roi  Joseph ,  qui  les  ont  inspirées. 
Goya,  dans  cette  extraordinaire  série  d'eaux-fortes,  a 
laissé  bien  loin  derrière  lui  tout  ce  que  Gallot  avait 
pu  imaginer  sur  le  même  sujet  et  il  faut  oublier  com- 
bien il  s'y  trouve  de  parti-pris,  d'exagération  et  de 
haine  pour  en  juger  avec  sang-froid  l'incontestable 
côté  artistique.  Ce  point  admis  on  ne  peut,  au  milieu 
de  ces  égorgements  ,  de  ces  monceaux  de  cadavres 
convulsés ,  de  ces  pendaisons  ,  de  ces  fusillades ,  de 
cette  orgie  de  sang,  méconnaître  combien  l'artiste 
donne  toujours  le  mouvement  juste ,  l'effet  le  plus 
dramatique  et  quel  accent  de  vérité  il  répand  sur  ces 
incroyables  scènes  de  carnage.  Ces  80  planches  que 
les  sujets  datent  assez,  ne  furent  pas  pubhées  du  vivant 
de  Goya  qui  n'osa  pas  les  faire  paraître.  Oubliées 
après  sa  mort ,  ce  n'est  qu'en  1863  que  l'Académie  de 
San  Fernando  à  Madrid  en  fit  l'acquisition  sur  l'ini- 
tiative de  quelques  artistes  et  les  publia. 

La  Tauromachie ,  suite  de  33  planches,  est  l'œuvre 
d'un  véritable  <-<-  aficionado  »  :  on  sait  que  Goya  dans 
sa  jeunesse,  passionné  pour  tous  les  exercices  violents 
et  en  particulier  pour  le  plaisir  national  des  courses 
de    taureaux ,    s'était    engagé    dans    une    cuadrilla 


344         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP   SIECLE. 

nomade  pour  gagner  de  quoi  subvenir  à  son  voyage  à 
Rome.  11  put  donc  alors  jouer  son  rôle  dans  ces  com- 
bats et  l'on  conviendra  que  personne  n'était  plus  à 
même  que  lui  d'en  graver  les  principaux  épisodes. 
Pour  leur  donner  plus  d'intérêt  encore,  il  a  cherché 
à  représenter  des  scènes  célèbres,  telles  que  Charles- 
Quint  et  le  Cid  en  picadors  irritant  un  taureau ,  et 
les  Martincho ,  Mariano  Geballos ,  Romero  et  autres 
fameuses  «  espadas  »  exécutant  les  prouesses  les  plus 
remarquables  de  leur  art.  Cette  série,  dont  on  ne 
trouve  guère  que  des  tirages  modernes,  se  distingue 
par  une  observation  juste  des  acteurs  de  ces  combats 
et  une  vérité  de  mouvements  tout  à  fait  remarquables 
pour  quiconque  y  a  assisté. 

Quelques  pièces  d'une  fantaisie  bien  étonnante  font 
partie  d'une  série  de  18  planches  connue  sous  le  titre 
de  Proverbes  ou  encore  de  Suenos.  Sous  la  divagation 
apparente  de  l'artiste  se  cache  toujours  une  pensée 
philosophique  et  critique.  Les  premiers  tirages  faits 
par  Goya  sont  très  supérieurs  à  ceux  qu'on  exécute 
encore  maintenant.  N'oublions  pas  enfin  parmi  les 
pièces  isolées  «  Obras  sueltas  »,  celles  qui  représentent 
des  Prisonniers,  la  planche  des  Majas,  la  Balançoire 
et  la  célèbre  planche  du  Garrot,  exécutée  directement 
sur  le  cuivre ,  au  rebord  d'une  fenêtre  et  d'après 
nature  à  Séville,  et  surtout  le  Géant,  sorte  de  créateur 
rêvant  assis  sur  les  mondes ,  vision  étonnante  de 
l'étrange  et  grand  artiste. 


GRATELOUP   (Jean-Baptiste  de 


1735-1817. 


Les  portraits-miniatures  de  Grateloup  sont  une  des 
curiosités  de  la  gravure  au  XVIH''  siècle.  Mais  on  doit 
se  garder  d'avoir  pour  eux  l'admiration  excessive 
qu'ils  excitent  chez  quelques  amateurs.  Si  l'on  nous 
les  présente  comme  des  chefs-d'œuvre  dignes  d'être 
placés  à  côté  de  ceux  signés  par  Ficquet,  nous  sommes 
fort  tentés  de  protester ,  mais  si  l'on  nous  les  recom- 
mande seulement  comme  un  travail  intéressant 
d'amateur,  comme  le  résultat  d'un  procédé  curieux . 
auquel  le  mystère  môme  dont  il  est  entouré  donne 
un  attrait  de  plus,  alors  nous  sommes  tout  prêts  à 
acquiescer  et  à  constater  que  ces  petites  estampes 
sont  étonnantes  de  finesse ,  surtout  le  Bossuct  qui 
est  un  véritable  tour  de  force. 

Le  travail  très  complet  que  M.  Faucheux  a  publié 
sur  Grateloup ,  travail  dont  il  tenait  les  éléments  du 
neveu  du  graveur,  le  docteur  de  Grateloup ,  facilite 
singulièrement  notre  tâche  et  nous  n'avons  qu'à  le 
résumer. 

Jean-Baptiste  de  Grateloup  naquit  à  Dax  le  25 
février  1735.  et  montra  de  très  bonne  heure  une  grande 
aptitude  pour  les  sciences  et  surtout  pour  les  beaux- 


340         LES  GRAVEURS   DU    XVIIF    SIECLE. 

arts.  Après  avoir  fait  ses  études  dans  sa  ville  natale, 
il  vint  à  Bordeaux  en  1757  et  après  quelques  années 
de  séjour,  se  rendit  à  Paris  en  1762.  Il  était  alors  âgé 
de  vingt-huit  ans.  11  y  fréquenta  les  artistes,  s'occupa 
de  peinture,  de  sculpture  et  surtout  de  gravure.  C'est 
alors  qu'il  inventa  son  procédé  particulier  qui  tient  de 
l'aqua-tinte,  de  la  manière  noire  et  de  la  pointe  sèche. 
Il  était  en  même  temps  à  la  tête  d'un  commerce  de 
pierres  précieuses,  dessinait  lui-même  les  parures  qui 
lui  étaient  commandées  et  les  faisait  exécuter  par  des 
joailliers.  Il  avait  gagné  à  cette  profession  une  grande 
finesse  de  dessin  et  beaucoup  de  patience.  De  plus  sa 
myopie  lui  donnait ,  comme  à  Ficquet ,  la  faculté  de 
s'appliquer  à  des  travaux  extrêmement  fins.  Malheu- 
reusement il  fut ,  vers  l'âge  de  trente-cinq  ans,  atteint 
de  la  cataracte  qui  lui  fit  perdre  un  œil  et  renoncer  à 
la  gravure.  Son  premier  portrait  datant  de  1765  envi- 
ron ,  c'est  donc  dans  un  espace  de  cinq  à  six  ans  au 
plus  qu'il  exécuta  les  neuf  pièces  qui  composent  son 
œuvre.  Il  paraît  que  la  gravure  n'était  d'aiUeurs  pour 
lui  qu'un  délassement,  et  c'était  seulement  le  dimanche 
et  pendant  quelques  heures  qu'il  pouvait  s'y  livrer. 

C'est  le  30  avril  1765  qu'il  commença  le  portrait  du 
Cardinal  Melchior  de  PoUgnac ,  d'après  la  peinture 
de  Rigaud  ou  plus  probablement  d'après  le  bon  por- 
trait gravé  qu'en  a  fait  Daullé.  Il  le  dédia  au  Maréchal 
de  camp  comte  de  Pohgnac,  avec  lequel  il  était  en  rela- 
tions. Pour  une  première  tentative  l'efibrt  est  curieux 
et  le  procédé  s'y  montre  dans  toute  sa  finesse,  mais  le 
modelé  en  est  dur,  l'arête  du  nez  trop  sèche  et  le  pas- 
sage des  ombres  aux  clairs  trop  heurté.  Grateloup  ne 
considérait  d'ailleurs  cette  planche  que  comme  un  essai. 


GRATELOUP.  347 

Celui  qui  vient  ensuite  par  ordre  de  date ,  est  le 
Dryden ,  d'après  Kneller,  commencé  en  août  de  la 
même  année,  dans  lequel  on  remarque  toujours  un 
peu  de  maigreur  et  de  sécheresse. 

Le  Jean-Baptiste  Rousseau ,  commencé  en  mars 
1766,  marque  un  progrès  sur  les  deux  premiers,  mais 
le  résultat  obtenu  est  toujours  mou.  C'est  la  même 
réflexion  qu'inspire  le  portrait  de  Fènélon  d'après 
Vivien  (mai  1767),  gravé  pourtant  avec  une  étonnante 
minutie.  L'effet  produit  par  ces  portraits  est  de  paraître 
gravés  à  la  manière  noire.  Était-ce  la  peine  alors  d'in- 
venter un  procédé  spécial  ? 

Le  portrait  à' Advienne  Lecouvreur  (Cornélie  por- 
tant l'urne  qui  renferme  les  cendres  de  Pompée)  gravé 
d'après  l'estampe  de  Pierre-Imbert  Drevet ,  est  une 
miniature  très  réussie.  Il  fut  commencé  en  1767  et 
achevé  en  1768.  Le  médaillon  de  Montesquieu  qui  date 
de  juillet  1768  et  le  portrait  de  Descartes ,  commencé 
en  mars  1769,  sont  fort  inférieurs  au  précédent. 

Voici  enfin  les  deux  portraits  de  Bossuet.  De  l'un  , 
en  buste ,  commencé  à  la  fin  de  1769  et  terminé  en 
1770,  nous  dirons  peu  de  chose,  car  si  la  main  est  bien 
traitée,  la  figure  manque  d'harmonie  et  les  étofies 
d'ampleur.  L'autre,  en  revanche,  Bossuet  vu  jusqu'aux 
genoux,  est  le  chef-d'œuvre  du  graveur.  Ce  que  nous 
apprend  M.  Faucheux  que  c'était  le  seul  dont  Grateloup 
fût  complètement  satisfait  et  qu'il  regardait  les  huit 
premiers  comme  des  essais  dont  il  voulait  détruire  les 
planches  ,  nous  réconcilie  avec  notre  artiste  et  nous 
prouve  son  goût.  L'exécution  a  beaucoup  plus  de 
largeur  en  efiét  dans  cette  curieuse  estampe ,  les  traits 
sont  adoucis,  les  travaux  des  dentelles  d'une  extrême 


348         LES    GRAVEURS    DU    XVIIP    SIECLE. 

préciosité.  Enfin  l'on  a  l'illusion  en  rétréci  du  fameux 
portrait  de  Drevet ,  d'après  lequel  celui-ci  fut  gravé. 
Commencé  au  mois  de  février  1771,  leBossiœt  fut  ter- 
miné en  septembre  de  la  même  année.  Au  moment  où 
il  atteignait  le  résultat  cherché,  Grateloup  était  forcé, 
par  une  maladie  d'yeux  ,  de  renoncer  à  la  gravure  ! 

On  n'a  jamais  absolument  connu  le  procédé  employé 
par  Grateloup,  qui  tint  à  le  garder  secret  et  le  com- 
muniqua seulement  à  son  neveu  le  docteur  J.  P.  S. 
de  Grateloup  *,  en  lui  faisant  promettre  de  ne  pas  le 
révéler.  D'après  ce  qu'on  en  voit  ou  ce  qu'on  en  sait , 
les  planches  étaient  d'acier,  et  gravées  par  un  mélange 
de  manière  nobe  et  de  pointe  sèche.  La  gravure  étant 
légère  et  le  métal  à  peine  entamé  ,  il  faut  des  précau- 
tions spéciales  pour  arriver  à  avoir  de  bonnes  épreuves 
au  tirage,  travail  que  l'auteur  faisait  lui-même. 

Grateloup  ,  a  très-bien  dit  M''  Duplessis  qui  tranche 
en  même  temps  la  question  sur  le  procédé  secret ,  à 
force  de  vouloir  graver  trop  finement,  a  gravé  quelque- 
fois très  sèchement  et  donné  alors  à  ses  estampes  une 
extrême  mollesse.  Il  est  arrivé  avec  la  pointe  sèche 
au  même  résultat  que  les  graveurs  en  manière  noire 
avec  le  berceau ,  et  on  se  demande  quel  avantage  il 
pouvait  trouver  à  ne  pas  se  servir  de  ce  moyen 
mécanique. 

*  Le  docteur  Jean-Pierre-Silvestre  de  Grateloup,  naquit  à  Dax  le  31 
décembre  n82.  Il  fut  initié,  vers  1806  ou  1808,  aux  procédés  de  gra- 
vure de  son  oncle,  après  qu'il  eut  fait  ses  études  de  médecine  à  Mont- 
pellier. Il  fit  un  second  tirage  des  portraits  de  J.-B.  Grateloup  de  1808 
à  1810,  et  un  troisième  de  ISH  à  1818.  On  lui  doit  quelques  jolies 
pièces  ,  la  Jeune  Espagnole  ,  d'après  Grimou  ,  une  copie  du  Dryden  , 
iowis  XF,  une  tête  de  Napoléon ,  et  le  portrait  de  son  pbre  ,  Jean- 
Joseph  Grateloup.  11  mourut  à  Bordeaux  ,  le  25  août  1862. 


GRATELOUP.  349 

Grateloup  était  un  chercheur  ;  son  biographe  nous 
apprend  qu'en  l'an  XI,  quand  il  était  déjà  sexagénaire, 
il  obtint  le  maximum  des  récompenses  nationales, 
6,000  fr. ,  pour  avoir  inventé  une  nouvelle  manière  de 
coller  les  objectifs  des  lunettes  achromatiques. 

1.  BOSSUET,  en  pied,  d'après  Rigaud  ;  in-8. 

lef  état  :  Avant  la  lettre. 

2.  BossUET,  en  buste,  d'après  Rigaud  ;  in-12. 

1"  état  :  Avant  la  lettre. 

3.  Descartes,  d'après  Hais  ;  in-12. 

1"''  état  :  Avant  la  lettre. 

4.  Dryden,  d'après  Kneller  ;  in-8. 

pr  état  :  Avant  la  lettre. 

5.  Fénélon  ,  d'après  Vivien  ;  in-12. 

1»''  état  :  Avant  la  lettre.  —  2«  état  :  Avec  la  lettre  grise.  —  3«  état  :  Avec  la 
lettre  noire. 

6.  LECO UVR EUR  (Adrienne),  d'après  Coypel;  in-8. 

!«''  état  :  Avant  la  lettre. 

1 .   Montesquieu  ,  d'après  Dassier. 
1*''  état  :  Avant  la  lettre. 

8.  PoLlGNAC  (  le  Cardinal  de ) ,  d'après  Rigaud. 

Les  premières  épreuves  ont  la  lettre  N  du  mot  Poligncic  gravée  àl'envers  (m|. 

9.  Rousseau  (J.-B.),  d'après Aved. 

En  1808,  les  neuf  portraits  ont  été  vendus  80  fr.  à  la  vente  d'Augustin  de 
Saint-Aubin. 

Dans  ces  dernières  années ,  plusieurs  collections  des  neuf  portraits  de  Grate- 
loup, chaque  série  comprenant  quelques  épreuves  avant  la  lettre,  ont  été 
vendues  aux  enchères  de  1,000  à  1,200  fr. 

Le  plus  bel  œuvre  de  Grateloup  qui  ait  été  formé  appartenait  à  M.  Lecauchois- 
Féraud ,  intendant  miUtaire,  qui  a  si  malheureusement  péri  dans  le  naufrage  du 
paquebot  le  Général  Abbatucci.  Il  le  tenait  de  la  famille  même  du  graveur.  Cet 
œuvre,  comprenant  les  neuf  portraits  en  vingt  états,  plus  trois  pièces  du  D''  de 
Grateloup,  fut  vendu  en  1869  et  adjugé  5,200  fr.  au  libraire  Fontaine,  qui  l'inséra 
dans  un  exemplaire  des  Œuvres  de  Voltaire ,  coté  au  catalogue  de  sa  librairie 
35,000  fr.,  et  qui  appartient  aujourd'hui  à  M.  le  Prince  Alexandre  Bibesco. 


GRAYELOT   (Hubert-François). 

1699-1773. 


Hubert  Bourguignon,  dit  Gravelot,  est  né  à  Paris  le 
25  mars  1699.  11  était  le  fils  d'un  tailleur  et  le  frère 
cadet  du  géographe  d'Anville.  Il  reçut  une  bonne 
éducation.  Le  goût  des  voyages  et  des  aventures  l'en- 
traîna sur  sa  vingtième  année  à  Saint-Domingue. 
Quand  il  revint  il  avait  trente  ans  et  se  mit  sérieuse- 
ment au  travail  pour  rattraper  le  temps  perdu  et  pro- 
fiter des  excellents  conseils  de  Restout  et  de  Boucher. 
En  1732,  il  passa  en  Angleterre  où  le  graveur  Dubosc 
appelait  beaucoup  déjeunes  artistes  pour  l'aider  dans 
la  gravure  des  Cérémonies  religieuses  de  tous  les 
peuples ,  qu'il  avait  entreprise  d'après  les  dessins  de 
B.  Picart.  L'adresse  de  Gravelot  à  Londres  était  King 
slreet  Covent  garden,  ai  gold  cup. 

Dès  son  arrivée,  il  fut  occupé  de  nombreux  travaux 
d'illustration ,  mais  nous  ne  nous  occuperons  ici  que 
de  ses  pièces  gravées.  Encore  sommes-nous  bien  loin 
de  connaître  tout  ce  qu'il  a  dû  faire  pendant  un  séjour 
de  quinze  ans  en  Angleterre.  Ses  douze  vignettes  in-12 
pour  une  nouvelle  édition  de  l'Asirèe  d'Honoré  d'Urfé 
(1733)  sont  médiocres.  Douze  autres  vignettes  de  même 
format ,  pour  une  collection  de  Romans  anglais,  sont 


GRAVELOT.  35i 

très  supérieures  aux  premières,  trèsjolies  et  paraissent 
dater  de  l'époque  où  il  illustra  Tora-Jones.  —  Trois  en- 
tête de  pages  pour  une  Histoire  Romaine,  dont  la  Mort 
de  César  et  la  Mort  de  Cicéron.  —  Face  et  revers  de 
deux  Médailles  frappées  à  Voccasion  du  mariage 
du  Prince  de  Galles  et  de  la  Princesse  Augusta. 
H.  Gravelot  inv.  et  sculp. —  Face  et  revers  d'une  autre 
médaille ,  représentant  d'un  côté  une  adoration  des 
mages  et  de  l'autre  une  bibliothèque  (1737). —  Curieuse 
pièce  de  Griffonms,  où  l'on  voit  sur  une  même  planche 
un  joli  Étui  rocaille ,  un  chasseur  mettant  en  joue, 
un  fond  de  boîtier  de  montre  ,  des  têtes  d'hommes ,  de 
femmes  et  de  chiens.  —  Dédicace  avec  armoiries , 
aux  Trois  Lions....  et  la  devise:  Je  Servirai.  — 
Encadrement,  d'après  C.  PYederick.  — Lettres  ornées 
pour  un  ouvrage.  —  Gul-de-lampe  semblant  repré- 
senter Ps^c/ie  e^  r  Amour.  —  Jeunes  gens  et  Jeunes 
filles  dans  un  atelier  de  peintre ,  petite  pièce  carrée 
fort  jolie ,  reproduite  par  M.  Duplessis  dans  son 
Histoire  de  la  Gravure. 

Enfin  le  travail  le  plus  important  de  gravure  que 
Gravelot  ait  fait  est  une  illustration  toute  entière  des 
Shakespeare  Plays  ,  gravée  avec  beaucoup  d'expres- 
sion dans  les  physionomies  ,  d'après  les  compositions 
de  Hayman. 

Ce  n'est  certainement  pas  tout  ce  que  l'aimable 
artiste  a  gravé.  Nous  laissons  à  M.  Emmanuel  Bocher 
le  soin  de  compléter  cette  liste  dans  le  catalogue  rai- 
sonné qu'il  prépare  de  l'œuvre  de  Gravelot. 

De  retour  à  Paris,  Gravelot  se  consacra  à  l'illustra- 
tion des  livres  ,  et  l'on  sait  avec  quel  talent.  Il  faisait 
aussi  de  petits  vers  et  donnait  des  leçons  de  dessin. 


GREEN    (Valentin). 

1739-1843. 


Valentin  Green ,  célèbre  graveur  en  manière  noire, 
né  dans  le  Warwicksliire  en  1739 ,  partage  avec 
Earlom  et  Mac-Ardell  l'honneur  d'avoir  donné  plus 
de  variété  et  de  souplesse  au  procédé  du  mezzo-tinto. 
Ses  deux  pièces  du  Départ  de  Régulus  et  du  Serment 
d'Annibal  Xi7Qi-73),  d'après  B.  West,  sont  célèbres 
en  Angleterre,  ainsi  que  sa  Descente  de  croix  d'après 
le  tableau  de  Rubens  (1790) ,  et  le  Monument  élevé  à 
William  Pitt  à  Westminster  (1784). 

Nous  considérons  ses  portraits  comme  supérieurs  à 
ses  autres  travaux.  Green  a  réellement  rendu  avec 
une  grande  adresse  la  majestueuse  noblesse  des  per- 
sonnages peints  par  Van  Dyck ,  la  diaplianéité  des 
ladies  ,  au  teint  pétri  de  lait  et  de  roses  par  Angelica 
Kauflïuann  et  Reynolds. 

Voici  ses  principaux  portraits  :  le  sien  d'abord , 
Valentin  Green  d'après  Abbott. 

Henry  d'Anvers  Comte  de  Danhy,  George  Gordon 
Marquis  de  Huntly,  Sir  Thomas  Warthon,  tous  trois 
d'après  Van  Dyck. 

Green  a  beaucoup  gravé  d'après  Reynolds  et  il  le 
dispute  pour  l'habileté  à  une  foule  d'artistes  en  manière 


GREEN.  3o3 

noire  qui  arrivent  tous  à  un  résultat  satisfaisant ,  ce 
qui  prouve  la  facilité  du  procédé  :  Corbutt ,  Dun- 
karton ,  Faber,  Fislier,  Houston ,  Dickinson ,  Mac- 
Ardell ,  John  Jones  ,  Purcell ,  Spooner ,  Spilsbury  , 
Smith ,  Ward ,  Watson,  etc. . . 

Green  a  donc  gravé  d'après  Reynolds ,  Sa  Grâce 
le  Duc  de  Bedford,  ses  frères  John  et  Willimn 
Russel  et  leur  sœur  miss  Vernon ,  jolie  réunion 
d'adolescents.  —  Lady  Caroline  Hoicard.  —  Sir 
WiUia'tn  Chambers ,  trésorier  de  l'Académie  royale. 

—  La  Comtesse  d'Aylesford.  —  Miss  Campbell.  — 
Lady  E.  Compton.  —  Lord  Balkeith.  — Lady  Delme. 

—  La  Duchesse  de  Devonshire.  —  Lady  Halliday. 

—  La  Comtesse  de  Harrington.  —  Lady  Manners. 

—  La  Duchesse  de  Ruiland.  —  La  Comtesse  de 
Salishury.  —  Georgina  Spencer.  —  Lady  Talbot.  — 
La  Vicomtesse  de  Townshend.  —  Les  Trois  filles  du 
Comte  de  Waldgrave. 

D'après  Benjamin  West ,  le  portrait  de  West  lui- 
même  avec  son  fils.  —  Sir  Joshua  Reynolds.  —  La 
Reine  Charlotte.  —  Le  Prince  Williaîn  -  Henry 
d'Angleterre.  —  Les  Princes  et  Princesses  de  la 
Fa^nille  royale  d'Angleterre.  —  Robert  et  Thomas 
Drum,mond.  —  Le  Prince  de  Galles  et  son  frère. 

Garrick  et  m^iss  Pritchard ,  d'après  Zofîani.  — 
Ga?'rick  embrassant  le  buste  de  Shakespeare,  d'après 
Gainsborough. 

Plus  de  nombreux  portraits  d'après  Gosway  , 
Romney ,   P.  Falconnet ,  Galze  ,  etc 

Green  fut  nommé  en  1774  l'un  des  six  associés  gra- 
veurs de  l'Académie  royale  d'Angleterre.  Il  mourut 
en  1813. 

u.  23 


GREUZE    (Jean-Baptiste 


i 725 -1805. 


Une  seule  pièce  peut  être  attribuée  avec  certitude 
à  Greuze,  la  Jeune  Savoyarde.  Elle  est  signée  d'un 
G  et  on  en  connaît  des  épreuves  avec  sa  signature 
autographe.  La  Tète  de  jeune  femme  vue  de  trois- 
quarts,  placée  au  début  de  son  œuvre  au  Cabinet  des 
Estampes,  ne  lui  est  qu'attribuée.  On  prétend  aussi 
que  le  premier  travail  d'un  Vieillard  au  bonnet 
fourré ,  imité  de  Rembrandt .  serait  de  Greuze ,  et 
que  de  Marcenay  qui  l'a  signé  .  le  fit  disparaître  en  le 
terminant. 

La  collaboration  du  grand  artiste  est  peut-être 
moins  douteuse  en  ce  qui  touche  les  fameuses  estampes 
qui  se  gravaient  sous  sa  direction  d'après  ses  tableaux 
les  plus  importants.  Les  critiques  du  temps  nous 
apprennent  d'ailleurs  que  Greuze  retouchait  quand  il 
le  jugeait  bon.,  le  travail  des  Flipart,  des  GaiUard  ,  des 
Le  Vasseur  et  des  Massard  ,  ses  associés  ;  et  de  fait , 
quand  on  examine  l'estampe  de  V Accordée  de  Village 
par  exemple,  l'on  croit  apercevoir  distinctement  dans 
les  têtes,  nous  l'avons  dit  à  propos  de  Flipart,  les 
accents  de  pointe  sèche  du  maître.  Mais  cela  n'est 
qu'une  hypothèse. 


GRIGNION    (Charles 


1712- 


Chaiies  Grignion  est  un  graveur  d'origine  française. 
Le  Manuel  de  Le  Blanc  le  fait  naître  en  1712  k 
Londres,  où  il  a  travaillé  jusqu'en  1777.  On  a  de  lui 
entre  autres  pièces  : 

Garrick  dans  le  y^ùle  de  Richard  III ,  gravé  avec 
Hogarth ,  1745.  —  h' Election  d'un  membre  du  Par- 
lement, quatre  feuilles  d'après  Hogarth,  par  Grignion, 
La  Cave  et  Aveline  ,  1755-58 ,  etc.,  etc. 

Suite  de  douze  figures  dans  le  costume  anglais , 
d'après  Gravelot ,  gravées  avec  Major  et  Truchy  ;  et 
de  nombreuses  vignettes  ou  frontispices  pour  des 
ouvrages  anglais,  tels  que  Poetical  works  of  Milton , 
Edimbourg,  1777,  in-18.  —  Poetical  works  ofPrior, 
1777,  in-18.  ~  Shakespeare,  Londres,  1783,  in-12.  — 
Shenstone,  Edimbourg,  1778,  in-18. —  Spenser,  1778, 
in-18.  —  Poetical  works  of  Swift,  1778.  —  Thomson, 
1777.  —  Trials  for  adultery ,  histoire  des  divorces, 
formant  un  choix  de  procès  en  adultère,  fornication, 
cruauté,  impuissance,  depuis  1760  jusqu'au  temps 
présent,  Londres,  1781,  7  vol.  in-8.  —  Horace,  Bir- 
mingham, 1762,  in-12. —  Virgile.  Londres,  1750,  in-8. 
—  Young,  Edimbourg ,  1777. 


GUCHT    (Jean  Van  Der). 


1697- 


Ce  dessinateur  et  graveur  au  burin  est  né  à  Londres 
en  1697.  Il  apprit  le  dessin  de  Louis  Ghéron ,  et  la 
gravure  de  son  père  Michel  Van  der  Gucht. 

Nous  le  citons  ici  parce  qu'on  lui  doit,  ainsi  qu'à 
son  père  et  à  son  frère  Gérard  ,  une  certaine  quantité 
de  frontispices ,  vignettes  et  ornements  de  livres , 
notamment  : 

The  Dramatick  loot^ks  of  John  Dryden ,  Londres, 
1762,  6  vol.  in-12.  Portrait  et  28  figures  d'après 
Gravelot. 

Don  Sébastian ,  tragédie .  Londres ,  in-12.  Fron- 
tispice d'après  Gravelot. 

The  loorhs  of  Shahespeaf^e ,  Londres  ,  Hitcli,  1762, 
8  vol.  in-12.  Portrait  dessiné  par  Van  der  Gucht ,  et 
36  figures  de  Gravelot  gravées  par  Van  der  Gucht, 
etc.,  etc. 


GUERIN    (Christophe). 

1758 


Christophe  Guérin ,  professeur  de  dessin  et  conser- 
vateur du  musée  à  Strasbourg  ^  gravait  avec  un  cer- 
tain talent  mais  d'une  manière  un  peu  sèche. 

Le  Comte  de  Caglïostro,  d'après  nature,  1781 ,  in-4 
ovale. —  Mon  père,  dédié  à  ses  amis,  in-4. — François- 
Xavier  Richter,  maître  de  chapelle,  entouré  d'enfants 
de  chœur,  jolie  pièce  publiée  en  1785,  à  Strasbourg, 
chez  l'auteur,  à  la  Monnaie.  —  Herculi  Colmariensi, 
portrait  de  Stockmayer,  bateher  et  officier  municipal. 

—  Dumas ,  Hérault ,  Foissey ,  commissaires  du  roi 
dans  les  départements  du  Rhin ,  médaillon  rond.  — 
Liberté-Egalité ,  Guérin  fecit,  in-fol.  —  Mothier  de 
la  Fayette.  —  Custine,  général  français ,  1793,  in-4. 

—  Luckner,  ovale  in-8.  /  —  Treilhard ,  Bonnier, 
Roberjeot,  plénipotentiaires  au  congrès  de  Rastadt. 

Guérin  a  composé  et  gravé  une  suite  de  quatre  jolies 
figures  pour  l'Homme  des  champs  ou  les  Géorgiques 
françaises,  de  Delille,  Râle,  1800 ,  in-12  ,  reproduites 
in-8  dans  l'édition  de  Strasbourg ,  1802. 

1  II  ne  faut  pas  le  confondre  avec  Jean-Urbain  Guérin ,  peintre , 
également  de  Strasbourg  ,  et  dont  les  miniatures  ont  été  gravées  par 
Fiesinger,  Elisabeth  Herhan  ,  etc. 


Les    GUTTENBERG. 


1744- 1790. 


Garl  Guttenberg  .  né  en  1744 ,  est  un  excellent 
artiste  venu  tout  exprès  de  Nuremberg  à  Paris  pour 
profiter  des  excellentes  leçons  du  «  papa  Wille  »  dont 
il  devint  l'ami.  Celui-ci  l'employait  dans  le  principe  ,  à 
cause  de  son  beau  coup  de  burin ,  à  graver  la  lettre 
au  bas  de  ses  estampes.  «  J'ai  fait  graver,  dit-il  en 
»  1774  ,  la  lettre  au  bas  de  ma  nouvelle  planche 
»  (  la  Sœur  de  la  bonne  femme  de  Normandie  ) ,  par 
»  M""  Guttenberg  mon  graveur  de  lettre  ordinaire 
»  quoiqu'il  n'en  fasse  pas  profession.  » 

Wille  lui  procure  aussi  quelques  travaux  ;  il  lui  fait 
terminer  en  1770  les  3^  et  4"  Vues  du  Mein ,  com- 
mencées à  l'eau-forte  par  Dunker,  et  le  recommande 
à  Basan  qui  l'emploie  à  la  gravure  de  sa  (r«/er/e  rfe 
Choiseul.  Puis  c'est  le  Petit  boudeur  d'après  Greuze, 
et  l'Écrivain  public  d'après  Wille  fils. 

En  juin  1772,  tenté  comme  beaucoup  d'au  très  jeunes 
graveurs  par  les  brillantes  propositions  de  Christian 
de  Méchel  ,  nous  le  voyons  partir  pour  Bâle.  Un  an 
après,  fatigué  de  la  Galerie  de  Dusseldorf  et  de  son 
éditeur.  Cari  Guttenberg  revient  à  Paris ,  fort  mécon- 
tent. Heureusement,  il  y  trouve  quelques  bons  travaux. 


GUTTENBERG.  350 

Voici  venir  le  moment  oîi  il  va  être  chargé  de  colla- 
borer avec  son  frère  au  Monument  du  Costume , 
recueil  pour  lequel  il  a  gravé  le  Rendez-vous  pour 
Marly,  d'après  Moreau.  Avec  de  très  bons  yeux ,  on 
peut  aussi  déchiffrer  la  signature  de  C.  Guttenberg 
sur  la  planche  de  N'ayez  pas  peur  ma  tonne  arnie , 
dans  la  suite  réduite  in-12. 

Vues  des  environs  de  Florence,  d'après  Wagner. 

Vues  des  environs  de  Munich,  d'après  Kobell. 

Planches  pour  les  Figures  de  l'Histoire  de  France, 
d'après  Moreau ,  etc. 

L'Invocation  à  l'A^nour,  Théolon  pinx.;  in-fol. 

L'Écrivain  public,  d'après  Wille  fils. 

Monument  érigé  à  Genève  à  J.-J.  Rousseau  ;  in-fol. 

Guillaume  Tell,  d'après  Fuessli. 

La  Troupe  ambulante,  J.-F.  Meyer  pinx. 

La  Mort  du  général  Wol/f,  d'après  B.  West. 

Cari  Guttenberg  est  activement  employé,  ainsi  que 
sou  frère ,  à  la  gravure  des  planches  du  Voyage  à 
Naples  de  Saint  -  Non ,  où  il  termine  souvent  des 
planches  commencées  à  l'eau-forte  par  Duplessi-Ber- 
iaux.  Le  travail  des  deux  frères,  très  semblable,  se 
confond  volontiers ,  et  l'on  ne  sait  souvent  auquel 
attribuer  les  planches  signées  Guttenberg  tout  court. 

Cari  et  Henri  ont  été  fort  employés  aussi  à  travailler 
à  la  Galerie  du  Palais-Royal.  Enfin  Cari  Guttenberg 
a  gravé  une  bonne  partie  des  vignettes  de  Freudeberg 
pour  l'Heptaméron ,  et  d'Eisen  pour  les  Époux  mal- 
heureux de  Baculard  d'Arnaud. 

Guttenberg  est  l'un  des  assidus  compagnons  de 
Wille  dans  ses  promenades.  En  1784  ,  il  assiste  avec 
sa  femme ,  son  frère  et  son  maître ,  à  la  tentative 


360         LES    GRAVEURS    DU    XVIIie   SIECLE. 

manquée  d'aérostation  de  Janinet.  Quand  il  s'agit 
d'aller  dessiner  du  côté  de  Palaiseau ,  il  est  toujours 
prêt  et  part  en  avant  avec  Freudeberg  ou  Baader. 
Wille  a  raconté  avec  assez  d'agrément ,  malgré  sa 
lourdeur  native ,  ces  promenades  pleines  d'incidents 
comiques.  Nous  détachons  quelques  passages  du  récit 
d'une  de  ces  excursions,  faite  en  août  1784  : 

«  Ayant  résolu  ,  car  il  faisait  assez  beau  ,  de  partir 
»  pour  Montcerf,  pour  y  dessiner  les  ruines  du  château 
»  de  Becoiseau  qu'on  m'avait  vanté  ,  je  partis  effecti- 
»  vement  avec  les  voitures  publiques  et  très  commodes 
»  de  Corbeil,  ayant  avec  moi  M. M.  Guttenberg.  Klau- 
»  ber  et  Preisler.  Arrivés  dans  cette  ville ,  nous  y 
»  trouvâmes  mon  neveu  de  Villepesle,  qui  voulut  nous 
»  envoyer,  en  partant  à  cheval  avant  nous,  son  cabrio- 
»  let  pour  nous  mener  chez  lui  ;  mais  nous  aimâmes 
»  mieux  y  aller  à  pied.  Ensuite  étant  arrivés ,  mon 
»  neveu  nous  donna  un  dîner  splendide  ,  nous  obligea 
»  de  rester  à  souper  de  même  et  coucher  dans  sa 
»  maison.  Le  lendemain  de  bon  matin  ,  son  cabriolet 
»  avec  deux  chevaux  étant  prêt ,  nous  partîmes  fort 
»  satisfaits  de  sa  réception  pour  Montcerf.  Nous  avions 
»  sept  bonnes  lieues  à  faire.  Nous  passâmes  une  partie 
»  de  la  forêt  de  Gressy  et  arrivâmes  près  de  Montcerf 
»  vers  les  onze  heures.  Becoiseau  se  trouva  à  notre 
»  droite ,  et  sans  songer  que  nous  avions  faim ,  nous 
»  descendîmes  et  parcourûmes  ses  ruines  de  toutes 
»  parts ,  qui  sont  excellentes  à  faire  nombre  de  des- 
»  seins.  Après  cela  nous  entrâmes  dans  Montcerf  situé 
»  sur  la  hauteur  et  le  traversâmes  à  pied.  Gomme  les 
»  voyageurs  se  montrent  rarement  dans  ce  pays ,  qui 
»  est  une  espèce  de  sauvagerie  sans  aucune  grande 


GUTTENBERG.  361 

»  route,  les  habitants  accoururent ,  moitié  consternés, 
»  moi  fié  admirant  notre  accoutrement  parisien  qui  les 
»  frappa.  Nous  allâmes  loger  à  la  Chasse  Royale,  seul 
»  cabaret  de  l'endroit  :  il  y  avait ,  chose  remarquable  , 
»  des  lits  dans  deux  chambres,  mais  faits  de  joncs  de 
»  marais ,  et  des  oreillers  remplis  de  sable  et  de 
»  coquilles  d'œufs.  Les  vitres  aux  croisées  manquaient 
»  en  grande  partie ,  mais  notre  hôte  qui  portait  une 
»  culotte  plus  fendue  par  derrière  que  par  devant ,  y 
»  colla  du  papier  brouillard  avec  de  la  fiente  de  vache 
»  nouvellement  pondue  ,  ce  qui  était  aussi  utile  qu'a- 
»  gréable  à  la  vue ...» 

Wille  raconte  ensuite  que  la  cuisine  est  tellement 
primitive  en  cet  endroit  qu'ils  sont  obligés  de  «  mettre 
»  la  main  à  la  pâte  :  M""  Klauber  allait  traire  les  vaches 
»  pour  une  soupe  au  lait.  M''  Preisler  avait  le  départe- 
»  ment  des  pommes  de  terre .  qu'il  avait  proprement 
»  réduites  en  marmelade  ,  y  compris  leur  enveloppe. 
»  Pour  moi  je  m'étais  chargé  de  faire  bouillir  les  hari- 
»  cots  dans  un  chaudron  qu'un  Auvergnat  raccommoda 
>■>  préalablement  en  ma  présence  ;  mais  les  haricots 
»  sur  un  feu  trop  violent  et  n'ayant  pas  assez  d'eau 
>  s'attachèrent  au  fond  si  bien  que ,  craignant  pour 
»  mon  honneur  en  fait  de  cuisine  ,  je  courus  de  tous 
^>  côtés  et  ne  trouvai  pour  les  détacher  qu'une  espèce 
^>  de  pelle  de  bois  destinée  à  charger  du  fumier  dans 
»  l'occasion.  Et  pendant  tout  ce  temps  où  chacun  devait 
»  avoir  son  occupation,  M""  Guttenberg  fumait  sa  pipe. 

»  Tout  bien  considéré ,  pendant  les  huit  jours  que 
»  nous  passâmes  à  Montcerf ,  il  ne  nous  manqua  rien 
»  excepté  ce  que  nous  désirions. . .  » 

Wille  trace  le  portrait  de  ses  hôtes  et  décrit  le 


362  LES    GRAVEURS    DU    XVIIP   SIECLE. 

retour  à  Paris  en  charrette ,  avec  la  petite  note  senti- 
mentale qui  ne  manque  jamais  : 

«  Tout  ce  qui  me  fît  plaisir  était  que  ma  femme 
»  n'était  pas  encore  couchée ,  car  comme  c'était  la 
»  veille  de  la  Saint  Louis ,  sa  fête ,  elle  avait  eu  du 
»  monde  à  souper.  Elle  fût  surprise  et  encliantée  de 
»  me  revoir  ;  nous  nous  embrassâmes  tendrement. 
»  Heureusement  pour  gens  pas  mal  affamés ,  nous 
»  trouvâmes  encore  quelques  restes  du  repas  que  nos 
»  deux  pensionnaires,  M. M.  Klauber  et  Preisler,  man- 
»  gèrent  avec  moi  avec  bien  du  plaisir.  M''  Guttenberg 
»  nous  avait  quittés  à  la  porte  pour  coucher  chez  lui 
»  avec  sa  femme,  comme  de  raison.  » 

C'est  à  Wille  que  G.  Guttenberg  dut  la  commande 
du  portrait  de  H.  de  Nicolay.  Il  est  bien  probable  que 
la  commande  du  portrait  en  buste  de  Catherine  II  lui 
vint  de  la  même  manière. 

G.  Guttenberg  a  aussi  gravé  un  portrait  de  Paul 
Jones,  d'après  Notté.  Le  graveur  demeurait  alors  rue 
iS'*  Hyacinthe ,  la  2^  porte  après  la  Place  S^-Michel. 
G'est  sans  doute  dans  ce  logement  qu'il  lui  arriva  le 
désagrément  d'être  dévalisé ,  ainsi  que  le  rapporte 
Wille  à  la  date  du  16  mai  1785  :  «  Ayant  su  que  M'^  et 
»  M*"  Guttenberg  avaient  été  volés  le  jour  précédent 
»  qui  étoit  le  1^'' jour  de  la  Pentecôte  ,  je  courus  chez 
»  eux  pour  les  consoler  efficacement.  L'argent  comp- 
»  tant ,  une  épée  en  argent ,  un  gobelet ,  des  bas  de 
»  soye  ,  tout  était  emporté  et  l'avait  été  en  plein  jour 
»  pendant  qu'ils  étaient  à  la  promenade.  Une  médaille 
»  d'argent  que  j'avais  prêtée  à  M'  Guttenberg  fut  éga- 
»  lement  volée.  Quel  coquin  de  voleur!  » 

Garl  Guttenberg  a  mis  son  nom  au  bas  de  quelques 


GUTTENBERG.  363 

pièces  de  circonstance  :  Allégorie  fiur  le  comple- 
y^endu  de  Necker  ;  Révolte  excitée  par  l'impôt  du 
thé  en  Amérique  :  les  épreuves  avec  le  coq  sont  plus 
rares ,  parce  que  le  graveui'  fut  forcé  de  supprimer 
cet  emblème  ;  mais  la  pièce  la  plus  curieuse  est  la 
Suppression  des  ordres  m,onastiques  dans  toutes 
les  villes  de  la  domination  de  l'Empereur,  d'après 
C,  de  France,  grand  in-folio. 

Notre  graveur,  fatigué  par  le  travail .  éprouva  le 
besoin  de  se  distraire  ;  il  alla  à  Londres.  «  Ces  jours- 
»  ci ,  écrit  Wille  en  mai  1787,  M""  Guttenberg  est  parti 
»  pour  l'Angleterre.  Depuis  longtemps  il  avoit  envie 
»  de  voir  Londres.  Je  lui  ai  donné  une  lettre  de 
»  recommandation  pour  M""  Byrne.  M''  Guttenberg  est 
»  plus  heureux  que  moi  de  pouvoir  s'absenter  ainsi. 
»  Depuis  nombre  d'années  j'ai  désiré  faire  cette 
»  excursion  sans  pouvoir  l'effectuer.  » 

Puis  arrive  la  maladie,  dont  son  vieux  maître  suit 
avec  anxiété  les  progrès.  En  avril  1788 ,  il  relate  que 
Guttenberg  souffre  horriblement  aux  mâchoires  vers 
les  deux  oreilles.  La  souffrance  augmente  au  com- 
mencement de  1789  et  Wille  envoie  souvent  savoir  de 
ses  nouvelles  :  «  1''  avril.  J'apprends  aujourd'hui  que 
»  M""  C.  Guttenberg  va  un  peu  mieux.  Sa  maladie  étoit 
»  des  plus  terribles.  J'ayété  le  voir  plusieurs  fois  avec 
»  mon  fils  et  nous  désespérions  presque  de  lui.  » 

Il  semble  se  remettre  en  effet,  et  ils  peuvent  encore 
aller  ensemble  visiter  la  démolition  de  la  Bastille  qui 
marche  grand  train;  mais  l'artiste  est  condamné,  car 
bientôt  nous  lisons  la  note  suivante  dans  \eJow7ial  de 
Wille  :  «  20  may  1790  :  mourut  M""  Garl  Guttenberg,  bon 
»  graveur  et  beaucoup  de  mes  amis  ;  je  fus  sa  première 


364         LES    GRAVEURS   DU    XYIII^   SIÈCLE. 

»  connaissance  lorsqu'il  arriva  à  Paris.  Il  étoit  natit 
»  de  Nuremberg.  11  avoit  de  l'esprit ,  étoit  instruit ,  et 
»  son  caractère  étoit  ferme  et  décidé.  Si  je  ne  me 
»  trompe  il  avoit  49  ans.  Il  laisse  une  veuve  très  bonne 
»  femme.  Gomme  il  étoit  protestant ,  il  fut  enterré  le 
»  21  dans  leur  cimetière  et  nombre  d'artistes  furent  à 
»  son  enterrement.  M'Gams,  aumônier  de  l'ambassade 
»  de  Suède ,  prononça  l'oraison  funèbre  en  françois , 
»  car  le  nombre  des  assistants  françois  étoit  plus  grand 
^>  que  celui  des  allemands.  L'ouvrage  le  plus  considé- 
»  rable  qu'il  a  fait  est  la  Suppression  des  couvents 
»  par  Joseph  II.  Je  le  regretterai  toujours ,  car  il 
»  m'étoit  fort  attaché.  » 

La  veuve  de  Guttenberg  se  remaria  avec  le  graveur 
Klauber. 

Henri  Guttenberg,  frère  cadet  du  précédent,  né  en 
1745,  vint  à  Paris  appelé  par  son  frère  ,  et  guidé  par 
lui  et  vraisemblablement  aussi  par  Wille ,  arriva  à 
graver  avec  beaucoup  de  correction  et  de  netteté. 

Il  a  exécuté,  pour  la  suite  du  Monument  duCostmne, 
deux  pièces  d'après  Moreau  le  jeune,  la  Rencontre  au 
Bois  de  Boulogne  et  la  Course  des  chenaux. 

Aglaê  saur^èe,  Nanette  effrayée,  d'après  Vernet. 

Une  estampe  gravée  d'après  Lavreince,  le  Mercure 
de  France ,'  in-fol.  en  largeur,  représente  Beaumar- 
chais lisant  dans  le  Mercure  l'extrait  de  Figaro,  1784. 

Une  pièce  d'après  Baudouin  :  Perrette  [Voilà  la 
petite  laitière) ,  in-8. 

Jeune  Bacchante  jouant  des  cymbales,  très  jolie 
pièce  in-8,  d'après  une  gouache  de  M"'''  Le  Sueur. 

Rendez-vous  de  chasse  de  Henri  IV,  d'après  Borel. 


GUTTENBERG.  365 

Henri  Guttenberg  a  collaboré  au  Voyage  à  Naples 
de  Saint-Non ,  à  la  Galerie  du  Palais-Royal  (  notam- 
ment pour  la  dédicace,  d'après  Ghoffard) ,  à  la  Galerie 
de  Florence ,  à  la  Galerie  de  Lebrun ,  au  Musée 
Français  de  Laurent ,  à  la  Description  de  la  Suisse 
de  La  Borde  et  Zurlauben. 

Une  des  bonnes  planches  de  Henri  Guttenberg  est 
son  estampe  des  Dernières  paroles  de  Jean-Jacques 
Rousseau ,  d'après  le  dessin  de  Moreau  le  jeune. 
C'est  le  2  juillet  1778  que  Tauteur  des  Confessions , 
se  sentant  mourir,  disait  en  s'adressant  à  Thérèse  : 
«  Ma  chère  femme,  rendez-moi  le  service  d'ouvrb  la 
»  fenêtre  afin  que  j'aie  le  bonheur  de  voir  encore  une 
»  fois  la  verdure.  Comme  elle  est  belle  !  que  ce  jour 
»  est  pur  et  serein. . .  »  etc. 

Henri  Guttenberg  était  à  Rome  à  l'époque  de  la 
mort  de  son  frère  ;  mais  il  se  trouvait  à  Paris  au  plus 
mauvais  moment  de  la  Révolution,  et  le  18  février 
1793,  il  écrivait  à  son  compatriote  Frauenholz,  à 
Nuremberg  :  «  Le  papier  que  vous  me  demandez  est 
»  présentement  fort  difficile  à  se  procurer,  la  cause 
»  en  est  que  la  Nation  fait  un  grand  emploi  de  ce 
»  papier  pour  l'impression  des  assignats  ainsi  que 
»  d'une  masse  de  journaux  qui  paraissent  ici ,  mais 
»je  ferai  mon  possible  pour  vous  en  envoyer  200 
»  feuilles  par  la  dihgence  prochaine.  J'aurais  bien 
»  voulu  résister  à  la  crise  le  plus  possible  ;  les  troubles 
»  et  les  agitations  me  rendent  la  tête  froide.  Si  cela 
»  continue  ,  je  m'en  irai  bientôt  par  Bâle  et  Munich  à 
»  Nuremberg  où  j'aurai  le  plaisir  de  vous  voir.  Je  vous 
»  prie  de  n'en  parler  à  personne. . .  Guttenberg.  >^ 

Henri  Guttenberg  mourut  à  Nuremberg. 


GUYOT    (Laurent). 


1756- 


Guyot ,  s'il  ne  fut  pas  un  artiste  de  premier  ordre  , 
ne  mérite  nullement  l'oubli  complet  dans  lequel  l'a 
laissé  le  Manuel,  comme  le  prouvera  le  catalogue  que 
nous  donnons  plus  loin.  Né  à  Paris  en  1756  .  Laurent 
Guyot  avait  commencé  par  apprendre ,  sous  la  direc- 
tion de  Legrand  et  de  Tilliard  ,  la  gravure  au  burin  ; 
mais  il  n'y  avait  pas  grande  disposition  et  il  n'a  rien 
laissé  que  de  très  faible  en  ce  genre ,  à  part  une  assez 
jolie  petite  pièce  d'après  Moreau  le  jeune,  en  forme  de 
dessus  de  boîte ,  représentant  une  scène  des  Trois 
Sultanes  de  Favai^t. 

Il  se  toui'na  vers  un  auti'e  genre,  la  gravure  au  lavis 
et  en  couleur.  Assurément .  il  fut  loin  d'égaler  Janinet 
et  Debucoui^t ,  et  ne  se  sentit  jamais  de  taille  à  entre- 
prendre une  grande  estampe  ;  son  effort  le  plus  consi- 
dérable consiste  en  reproductions  de  sujets  galants  de 
Fragonard  ,  V Armoire,  le  Verrou ,  la  Gimblette ,  qui 
ne  dépassent  pas  le  format  in-4  ;  il  se  sentit  plus  à 
l'aise  en  se  cantonnant  dans  la  fabrication ,  pour  sa 
boutique  de  la  rue  St-Jacques,  au  Grand-Gessner,  de 
petites  pièces  d'après  Dutailly  et  autres ,  de  sujets 
galants  en  dessus  de  tabatière ,  de  paysages ,  d'ara- 


GUYOT.  367 

besques.  Il  afi'ectionnait  la  forme  ronde  ou  ovale  ;  les 
bibliophiles  connaissent  ses  suites  de  Paul  et  Virginie 
in-8  et  in-12  rond  ;  les  médaillons  ovales  sur  les  évé- 
nements de  la  Révolution  française  comptent  au 
nombre  des  meilleures  productions  de  ce  graveur 
fécond;  ses  Cris  et  Costumes  de  Paris ,  d'après  les 
dessins  de  Watteau  de  Lille  ,  sont  «  le  plus  charmant 
»  souvenir  qu'ait  pu  garder  la  gravure  du  peintre  des 
»  habillements  galants  de  la  veille  de  la  Révolution.  » 
Guyot  eut  quelquefois  l'idée  malencontreuse  de 
reprendre  le  burin  et  de  graver  ainsi  des  vignettes 
qui  sont  pitoyables.  Il  termina  assez  misérablement  sa 
carrière  par  une  grande  quantité  de  planches  au  trait, 
notamment  pour  le  Musée  des  Monuments  français 
de  Lenoir  et  Percier. 


PIEGES   AU   LAVIS   ET   EN   COULEUR. 


1.  L'Abmoire  ,  d'après  Fragonard  ;  réduction  iu-4  au  lavis.  —  Chez 

les  Campion  et  chez  Guyot. 

2.  Le  Verrou,  d'après  Fragonard  ;  in-4. 

3.  La  Gimblettk  ,  d'après  Fragonard  ;  in-4  ovale  en  largeur. 

L'épreuve  du  Cabinet  des  Estampes  est  un  es.sai  au  trait,  avec  application 
partielle  des  couleurs. 

4.  L'Illusion,  ou  le  Rêve  agréable,  et  son  pendant;  2  p.  in-4  en 

largeur. 

5.  La   Sonnette   ou    le    Déjeune   interrompu  ,    d'après 

Mallet  ;  in-fol.  en  largeur. 

6.  Le  Compliment ,   ou  la  Matinée  du  jour  de  l'an,   curieuse  petite 

réduction  de  l'estampe  de  Debucourt  ;  in-32  rond. 


368  LES    GRAVEURS    DU    XVIII''    SIECLE 

I.  Le  Colin-Maillard,  —  Le  Concert,  2  jolies  petites  pièces 

ovales,  d'après  Dutailly  ;  in-8  en  largeur. 

8.  OlFRANDE   A  PAN  ,    —   SACRIFICE   A   L'AmOUR,    2  p.  d'après 

Dutailly  ;  in-8  rond. 

9.  L\  Sentinelle  vigilant,  —  N'ai  pas  peur  ma  bonne 

AMIE  (sic)  ,  2  p.  d'après  Dutailly;  in-12rond. 

10.  L'IsLE   DU  Rendez-vous,  —  L'Arrosoir,   2  p.  d'après 

Dutailly  ;  in-8  en  largeur. 

II.  La  Bascule  à  la  Barcelonnette ,  —  le  Cours  à  l'espagnole,   2  p. 

d'après  Opse  ;  in-8  ovale  en  largeur. 

12.  Le  Bon  Exemple,  —  Le  Doux  Sommeil,  2p.  in-8  rond. 

La  première  pièce  est  imitée  d'un  fleuron  de  Choffard  pour  te  Jugement  de 
Paris,  la  seconde  d'un  fleuron  de  titre  gravé  par  Le  Veau  d'après  Moreau. 

13.  L  Amour  désarmé,  —  L'Amour  vengé    2  p.  in-32  rond. 

14.  Les  Soins  maternelle  ,  —  la  Lecture  interrompu  (sic) ,  2  p.  d'après 

Vangophe;  in-8  rond. 

15.  L'Union  sincère,  d'après  Picard  ;   in-8  rond. 

16.  Paul   et  VirGIMK,   14  p.  in-8  rond. 

11.  Paul  et  Virginie,  8  p.  iu-18  rond. 

18.  Feuille  de  Paysages  et  Camées,  d'après  Pernet. 

19.  Billet  de  visite  :  A  ce  symbole  fidèle  qui  ne  connaît  l'Amitié?  — 

Sergent  del.;  in-12. 

20.  Petits  jeux  d'enfants,  pièces  en  ferme  de  boutons. 

21.  Le  Matin  ,  —  le  Soir,  2  p.  ovales  en  largeur,  d'après  Robert. 

22.  Les  Quatre  Heures  du  jour,  feuille  contenant  cinq  petits 

sujets  ronds. 

23.  Les   Quatre    Éléments,   jolie  feuille  de  cinq  petits  sujets 

ronds,  d'après  Sergent. 


GUYOT.  369 

24.  Les  Saisons  suite  de  quatre  frises  d'après  Larue,  au  lavis. —  Guyot 

direxit. 

25.  Sacrifice  en  l'honneur  de  Jupiter,  —  Vénus  et  les  Grâces  chez 

Vulcain ,  —  le  Triomphe  de  Bacchus  et  d'Ariadne,  —  le  Triomphe 
de  Zéphire  et  Flore,  —  la  Sagesse  dirige  les  Muses,  bas-reliefs 
d'après  Moitte,  au  lavis  rouge. 

26.  Combat  sur  mère  (sic)  et  sur  terre,  —  Combat  sur  terre  et  sur  mer; 

pièces  grivoises  d'après  Vangophe  ;  in-4  en  largeur. 

2*7.  Estampes  diverses  :  Adam  et  Eve  ,  d'après  Bounieu.  — David  et 
Goliath.  —  Sainte-Famille  ,  d'après  Rembrandt.  —  Fuite  en 
Egypte,  esquisse.  —  Jésus  et  Madeleine,  etc. 

Le  Cabinet  des  Estampes  possède  beaucoup  de  pièces  de  Guyot  en  trois  états, 
au  trait  seulement ,  puis  tirées  en  bistre,  et  enfin  en  couleur. 

Un  certain  nombre  d'estampes  n'existe  même  dans  l'œuvre  de  Guynt  qu'à 
l'état  de  préparation  au  trait.  Cette  gravure  au  trait  est-elle  de  Guyot,  ou  bien 
ces  planches  lui  étaient-elles  livrées  ainsi  par  d'autres  artistes,  Sergent  par 
exemple ,  pour  être  tirées  en  couleur  ?  Nous  ne  savons. 

C'est  ainsi  qu'on  voit  : 

Un  Charlatan  en  costume  turc,  in-8  ; 

Un  Buste  de  femme,  in-8  ; 

Frise  avec  amours  se  balançant  sur  une  guirlande  de  fleurs,  in-8; 

Le  Baiser,  —  Bertrand  et  Raton ,  médaillons  ronds  ; 

Vues  de  Paris  ; 

Une  curieuse  estampe ,  préparée  au  trait ,  et  signée  de  Sergent ,  représentant 
une  foule  d'acheteurs  qui  se  pressent  sur  une  place ,  autour  d'un  marchand  de 
marrons.  Au-dessus  du  vaste  parapluie  qui  sert  d'auvent  à  ce  marchand  ,  est  un 
petit  écriteau  sur  lequel  on  lit  :  Benoît ,  marronnier  privilégié  de  S.  A.  S.  Monsei- 
gneur le  Duc  d'Orléans.  L'estampe  est  de  format  in-4  ; 

Etc.,  etc. 


28.  Quatre  vues  d'Athènes,  d'après  Pernet. 

29.  Vues  des  monuments  et  hôtels  de  Paris ,   d'après  les  dessins  de 

Sergent. 

30.  F"  et  2"""  Vues  des  environs  de  Rome,  d'après  Pernet,  par  Guyot, 

membre  de  la  commune  des  arts  ;  2  p.  en  largeur. 

.  Ruine  de  la  partie  intérieure  d'une  basilique  de  Rome ,  —  Ruine 
l  'une  galerie  antique  de  Rome,  2  p.  d'après  H.  Robert  ;  iu-fol. 
II.  24 


370         LES   GRAVEURS    DU    XVIIP  SIÈCLE. 

32.  l""^  et  2®  Vues  du  golfe  de  Veoise,  d'après  Vernet  ;  2  p.  in-4  colo- 

riées, publiées  en  Angleterre. 

33.  Le  Temple  de  Mars  ,  —  le  Temple  de  la  Philosophie  ,  2  p.  in-4 , 

d'après  Pernet. 

34.  Vues  des  parcs  de  Londres  et  diverses  vues  d'Angleterre  ,  d'après 

Bélanger  le  Romain  ,  série  de  pièces  in-4. 

35.  Autres  vues  d'Angleterre,  d'après  le  même  ;  in-8  rona. 

36.  Vues  d'Angleterre  ,  d'après  Mérigot  et  autres. 

37.  Vues  d'Italie,  d'après  Pérignon  ,  gravées  en  HST  ;  in-4  en  largeur. 

38.  Vue  de  Trianon  ,  du  côté  du  canal ,  d'après  Sergent. 


39.  Uniformes  des  régiments  de  l'infanterie  royale  française ,  d'après 

Berthelemie.  —  Guyot  direxit  ;  in-8. 

40.  Cahier  d'animaux,  sur  papier  bleu  ;  in-4. 

41.  Douze  Cahiers  d'Arabesques,  propres  à  la  décoration  des 

appartements  ;  in-4  au  lavis. 

l^'' cahier,  titre  par  Moreau ,  arabesques  par  Lavallée-Pousin.  —  2^,  d'après 
LavaUée-Pousin.  —  3*,  d'après  Watteau.  —  4^  5^,  6^,  d'après  Lavallée-Pousin. 
—  '^,  d"après  Voisin. —  8*,  d'après  Leclerc. —  9^,  d'après  Berthelot. —  10*,  d'après 
Leclerc. — 11*,  d'après  Berthelot. —  12^,  décorations  intérieures  d'après  Janneret. 

42.  Cris  et  Costumes  de  Paris  ,   curieux  recueil  d'après  les 

dessins  de  "Watteau  ,  de  Lille. 

43.  Chapeaux  et  bonnets  ,  gravures  de  modes.  —  Chez  les  Campion  et 

chez  Gujot. 


44.  Action  coiirageuse  qui  a  méritée  (sic)  le  prix  à  l'Académie  d'Amiens 

en   1786  ,  d'après  Texier.  —  Action  de  Joseph  Chrétien ,  qui  a 
remporté  le  prix  à  l'Académie  française  ,2  p.  in-4  en  largeur. 

45.  Clémence  de  Henri  IV,  d'après  Delarive,  de  Lille,  1787  ;  in-4.  — 

Humanité  et  bienfaisance  de  Louis  XVI ,  d'après  Debucourt  (?)  ; 
in-4  en  largeur. 


GUYOT.  371 

46.  Traits  de  dévouement  de  Mgr.  le  duc  d'Orléans  ;  novembre  1*787, 

2  petites  pièces  rondes. 

47.  L'Œil  du  génie,    ou  les   armes  de   M.  Necker,  allégorie  in-fol. 

d'après  M.  A.  Croisier. 

48.  Etats- GÉNÉRAUX  ,  4  mai  89;  deux  médailles  avec  leur  revers 

sur  une  seule  feuille  :   1.  Louis  XVI  sur  son  trône  ,  un  coq.  — 
2.  Apollon  ,  l'autel  de  la  Concorde. 

49.  Liberté,  —  Égalité,  2  p.  d'après  Quéverdo  ;  in-8  rond. 

50.  Événements  de  la  Révolution,  jolies  pièces  in-4  ovale 

en  largeur. 

Le  12  Juillet  le  Jardin  des  Thuilleries  est  souillé  de  l'odieuse  présence  du 
Prince  de  Lambesc,  lequel  n'écoutant  qu'une  aveugle  fureur,  ose  frapper  do  son 
cimeterre  la  respectable  et  débille  vieillesse. 

Offrande  des  dames  artistes  et  des  citoyennes  sur  l'autel  de  la  patrie. 

Les  Ghanoinesses  de  Maubeuge  offrent  un  contrat  de  147,000  livres  sur  le  Roi. 

Pmage  des  armes  de  l'hôtel  des  Invalides. 

Vue  de  la  Bastille  prise  des  fossés  St-Antoine. 

V^  attaque  du  pont-levis  de  la  Bastille. 

Vue  prise  du  second  pont-levis  de  la  Bastille. 

De  Launay,  gouverneur  de  la  BastiUe,  pris  et  conduit  à  l'Hôtel-de- Ville. 

Mort  de  FlesseUes. 

Vue  du  jardin  de  la  Bastille  ou  se  promenaits  (sic)  quelques  prisonniers. . . 

Démolition  de  la  BastiUe ,  gravée  d'après  nature ,  par  permission  de  la  ville. 

Arrivée  des  femmes  à  Versailles,  le  5  octobre  1789. 

Arrivée  du  Roy  à  Paris  le  6  octobre  1789. 

51.  Deux  vues  de  la  Bastille,  et  une  vue  de  sa  démolition,  plus  grandes 

que  celles  citées  plus  haut. 

52.  Bas-relief  de  l'autel  de  la  Patrie  pour  la  Fédération,  d'après  Le  Seur  ; 

in-4  en  largeur,  au  lavis. 

53.  La  Fuite  à  dessein  ou  le  Parjure  Louis  XVL  —  Chez  Guyot. 

54.  La  Tour  du  Temple;  in-4  ,  au  lavis. 

55.  Vendémiaire,  d'après  Lagrenée  jeune,  pointillé  de  couleur. —  Guyot 

direxit  ;  in-8  ovale. 

56.  Translation  de  Michel  Le  Pelletier  au  Panthéon ,  —  Translation  de 

Voltaire  au  Panthéon,  bas-reliefs  d'après  Dutailly;  in-fol. 

57.  Le  Thermomètre  du  sans-culotte,  d'après  Caraffe, 

in-fol.  bistre.  Guyot  exe. 


372         LES   GRAVEURS   DU   XYIIF  SIÈCLE. 
58.  Coronamento  de  Carlos  IV,  médaillon  ovale ,  et  son  revers. 


59.  Clairval ,  rôle  de  Blondel  dans  Richard  Cœur-de-Lion  [Annales 

des  Théâtres  de  Paris,. 

60.  Delille,  debout  dans  un  paysage.  — Fauveldel.;  in-8. 

61.  Eosciusko;  médaillon  in-12. 

62.  Rousseau  ( J.-J.  ) ,  fait  d'après  nature  à  Ermenonville  ;  in-8. 

A  l'aspect  de  ces  fleurs,  des  souvenirs  touchants 
Ont  réveillé  son  âme  et  rajeuni  ses  sens. 
Tout  rappelle  à  son  cœur  les  traits  de  sa  Julie 
Et  les  jours  fortunés  du  printemps  de  la  vie. 

63 .  Yo  L  T  A 1 R  E  ,  en  buste,  dédié  aux  hommes  libres ,  in-8  orné,  au  lavis. 


PIEGES  EN  NOIR. 

64.  Portrait  de  Lantara  ,  d'après  Watteau  fils,  m6  ;  in-4. 

65.  Vien;  in-8. 

66.  Les  Trois  Sultanes.   Roxelane  dansant  devant  le  Sultan, 

tandis  qu'une  de  ses  rivales  joue  de  la  harpe  et  que  la  troisième 
chante  ;  in-8  en  largeur,  forme  de  dessus  de  boîte.  —  D'après 
Moreau. 

6'7.  Vignettes  diverses. 

Les  vignettes  gravées  au  burin  par  Guyot  sont  généralement  détestables.  — 
L'ouvrage  le  plus  sérieux  auquel  notre  graveur  ait  collaboré  est  l'Histoire  de 
France  de  Moreau . 

68.  Planches  au  trait  pour  le  Muse'e  des  Monuments  français ,  par 

Lenoir  et  Percier. 

69.  Armes  des  Grecs  et  des  Romains,  planches  au  trait. 


Les  HACKERT. 


Les  frères  Hackert,  tous  trois  peintres,  dessinateurs 
et  graveurs  de  paysages,  sont  nés  à  Prentzlau  ,  dans 
le  Brandebourg. 

Jacques-Philippe  Hackert,  né  en  1734 ,  élève  de 
N.  B.  Le  Sueur  de  Berlin  ,  voyagea  dans  les  pays  du 
Nord  et  grava  à  l'eau-forte  des  suites  de  Vues  de 
Pomêranie  et  de  Vile  de  Rugen  (1763-64) ,  in-4  en 
largeur.  —  Six  Vues  de  Suède,  in-4. 

En  1765 ,  il  se  rendit  à  Paris  où  il  travailla.  On  a 
de  lui  à  cette  époque  six  Vu£S  de  Normandie.  Puis  , 
en  1766 ,  il  partit  pour  l'Italie  avec  un  de  ses  frères  , 
Jean-Gottlieb ,  qu'il  eut  le  chagrin  de  perdre  à  Rome. 
La  grandeur  et  la  beauté  des  sites  de  la  campagne 
romaine  élargirent  sa  manière.  Installé  à  Tivoli ,  où 
il  avait  une  villa ,  il  produisit  beaucoup  de  tableaux , 
et  en  fait  de  gravures  quatre  Vues  dit  Royaume  de 
Naples ,  gravées  à  Rome  en  1779,  grand  in-fol. 

n  avait  à  peindre  pour  l'impératrice  de  Russie  la 
destruction  de  la  flotte  turque ,  et  l'on  raconte  que , 
pour  lui  donner  l'idée  exacte  de  l'explosion  d'un 
vaisseau ,  le  comte  Orloff  lui  offrit  ce  spectacle  à 
Livourne. 


374         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP  SIÈCLE. 

En  1786,  il  fut  appelé  à  Naples  où  il  devint  peintre 
de  paysages  et  de  marines  de  la  cour. 

Charles  Hackert,  né  vers  1740,  voyagea  en  France, 
en  Italie  et  en  Suisse  où  il  se  fixa.  Il  séjournait  d'habi- 
tude à  Lausanne  ou  à  Genève.  Il  a  gravé  des  paysages 
dans  le  goût  d' Aberli  :  deux  Vues  prises  à  Evian  ;  — 
deux  Vues  de  la  Vallée  de  Chamouny  et  de  la  Mer 
de  glace  ;  —  deux  Vues  de  la  ville  de  Genève  ;  — 
deux  Vues  de  Nyon  et  de  la  Source  de  VArveyron. 

Georges  Hackert  ,  dessinateur  et  graveur  à  l'eau- 
forte,  né  en  1744,  s'établit  à  Naples,  comme  marchand 
d'estampes,  en  1786.  Il  a  surtout  gravé  d'après  son 
frère  Jacques-Philippe  avec  lequel  il  habitait. —  Vues 
de  Carpentras  et  Ruines  de  V Aqueduc  de  Fréjus  ; 

—  deux  Vues  des  Ruines  de  Narni  ;  —  deux  Vues 
du  Temple  de  la  Sybille  et  du  Tombeau  de  Plautius  ; 

—  Vue  de  Caserte  et  Vue  de  Rome,  prise  du  Monte- 
Mario  ,  très  grand  in-fol.  en  largeur  ;  —  Vue  de 
Caslellamare  et  Vue  de  la  rade  de  Naples  ;  —  onze 
Vues  de  la  Sabine  pour  lesquelles  il  s'est  fait  aider 
de  Dunker,  Eichler  et  Lorieux. 


HAGEDORN    (Christian-Louis  de). 


1717-'!  780. 


Louis  de  Hagedorn,  écrivain  d'art  et  graveur  à 
l'eau-forte,  frère  du  poète  Frédéric  de  Hagedorn  ,  est 
né  à  Hambourg  le  14  février  1713.  Tout  en  suivant  la 
carrière  de  la  diplomatie,  il  se  délassa  de  ses  travaux, 
dans  les  diverses  capitales  oii  il  résida,  par  l'étude  et 
la  culture  des  arts,  et  le  commerce  des  artistes.  Ses 
Réflexions  sur  la  Peinture  passent  en  Allemagne 
pour  un  chef-d'œuvre,  et  Winckelraann  a  écrit  que  la 
Saxe  ne  pourra  assez  reconnaître  ce  qu'il  a  fait  pour 
les  arts  pendant  qu'il  occupait  le  poste  de  Directeur 
de  l'Académie  des  Beaux-Arts  de  Dresde. 

Hagedorn  a  été  surnommé  le  Gaylus  allemand.  Ses 
petits  paysages  sont  gravés  d'une  pointe  très  fine  et 
dans  un  joli  sentiment  de  la  nature.  Il  est  mort  à 
Dresde  le  24  janvier  1780. 

1.  24  feuilles  de  Paysages,  datés  de  n43-45  ;  in-12  en  largeur. 

2.  12  feuilles  de  Paysages  plus  grands  (n44)  ;  in-8  en  largeur. 

3.  6  feuilles  de  têtes  de  caractère  et  charge,  en  tout  1  pièces  in-12. 

sous  le  titre  d'Essais  (1744). 

4.  6  feuilles  d'Études  et  télés  de  caractère  (1744)  ;  in-12. 
^.  6  feuilles  de  Nouveaux  Paysages  (1765)  ;  in-12  et  in-8. 


HALBOU   (Louis-MiGHELj. 
nso-is... 


Louis-Michel  HaLbou  .  né  en  1730,  élève  de  Dupuis, 
a  gravé  quelques  bonnes  estampes  ;  il  fait  aussi  partie 
de  la  vaillante  phalange  des  graveurs  de  vignettes  ;  à 
ce  double  titre  ,  il  mérite  quelque  attention.  Nous  ne 
détaillerons  pas  ici  son  œuvre  ,  dont  le  catalogue  qui 
va  suivre  donnera  une  idée  suffisamment  exacte,  nous 
dirons  seulement  que  pour  juger  Halbou  sur  ses  meil- 
leures pièces ,  il  faut  avoir  sous  les  yeux  le  Lever, 
d'après  Moreau,  estampe  qui  inaugure  dans  le  Monw- 
tneni  du  Costume  la  série  dite  «  du  petit-maître  »  ou 
mieux  encore  V Inspiration  favorable  d'après  Frago- 
nard,  et  son  pendant  le  Message?^  fidèle  d'après  Lallie, 
le  Gascon  puni  d'après  Fragonard ,  pour  les  Contes 
de  La  Fontaine  in-4  de  Didot ,  et  les  figures  et  fleu- 
rons de  Marillier  pour  les  Épreuves  du  sentiment 
de  Baculard  d'Arnaud ,  qui  supportent  sans  faiblir  la 
comparaison  avec  les  vignettes  gravées  par  les  maîtres 
du  genre,  les  De  Ghendt  et  les  De  Longueil. 

Halbou  était  de  son  temps  un  graveur  estimé ,  la 
preuve  en  est  dans  le  prix  qu'on  lui  payait  ses  travaux. 
Une  quittance  que  nous  avons  retrouvée  et  qui  est 
datée  du  19  mai  1792 ,  nous  apprend  qu'une  planche 


HALBOU.  377 

du  Musée  français,  la  Madeleine  dans  la  retraite,  de 
Van  de  Vers  ,  lui  fut  payée  par  Laurent  1600  livres  , 
somme  considérable  pour  l'époque. 

L'adresse  de  notre  graveur  est  chez  Halbou  mar- 
chand de  Paî'asol  (sic)  rue  de  la  Comédie-française 
au  Soleil  d'or,  et  rue  du  Fouarre ,  maison  de 
M.  Maillard ,  procureur  au  Parlement. 


ESTAMPES. 

1 .  Les  Enfants  du  fermier,  d'après  Boucher  ;  in-fol.  en  largeur. 

2.  Le  Sultan,  —  la  Sultane  ;  2  p.  in-4  d'après  Colson. 

3.  Le  Galant  boulanger,  —  la  Jeune  aubergiste;  2  p.  in-4  d'après 

Coquelet. 

4.  L'Amour  en  ribotte  ,  —  les  Dragons  de  Vénus  ;   2  p.  in-fol.  d'après 

F.  Eisen. 

5.  L'Attente  du  moment,   —  le  Plaisir  malin;   2  p.  in-fol.  d'après 

F.  Eisen. 

6.  L'Appât  trompeur,  —  l'Ingratitude;  2  p.  in-fol.  d'après  F.  Eisen. 

T.  Le  Beau  Commiss.mre  ,  —  la  Jolie  Charlatane;  2  p. 

iu-fol.  d'après  F.  Eisen. 

8.  L'INSPIRATION    FAVORABLE,    d'après  Fragonard ,    —    LE 

MESSAGER    FIDÈLE,  d'après   Lallie  ;  2  p.  in-fol.;  portraits 
de  femmes  dans  des  encadrements  ornés,  formant  pendant. 

9.  Le  Sultan  galant,  —  la  Sultane  fvvorite,    1763; 

2  p.  in-fol.  d'après  Jeaurat ,  dédiées  à  M.  Rigoley  de  Juvigny. 

10.  LE    LEVER,  d'après  Moreau  ;  in-fol.  [Monument  du  Costume). 

11.  L'Aventure  fréquente,  d'après  Schenau ,  —  lk  Temps 

perdt  ,  d'après  P.-A.  Wille  ;  2  p.  in-fol.  formant  pendant. 


378         LES   GRAVEURS    DU    XYIIF   SIECLE. 

12.  LA    CRÉDULITÉ    SANS    RÉFLEXION,    mo ,    —    LES 

INTRIGUES   AMOUREUSES,    mi  ;    2  p.  in-fol.   d'après 
Schenau. 

13.  La  Musicienne  des  Alpes,  d'après  Schenau  ;  in-4. 

Soit  que  je  joue  ou  que  je  chante 
Rien  ne  me  plaît  sann  mon  amant , 
Mais  près  de  lui  je  suis  contente 
Quand  il  touche  mon  instrument. 

14.  Le  Flûteur  champêtre  ,  d'après  Grimoux  ;    pendant  de  la  pièce 

précédente. 

Dans  ma  rustique  mélodie 
Je  yoûte  un  plaisir  bien  flatlemr, 
Puisque  j'entends  dire  à  Silvie 
Que  ma  flûte  va  droit  au  cœur. 


Quelque?  autres  pièces  :  la  Cuisinière  amoureuse  de  Moni,  et  le  Buveur  trop 
grave  d'après  F.  Mieris  ;  la  Toilette  du  Savoyard  d'après  Morillos;  planches  pour 
le  Cabinet  Poullain ,  la  Galerie  d'Orléans ,  le  Musée  français. 


VIGNETTES. 

15.  Vignettes  d'après  Cochin  pour  VIconologie,  Emile  (eaux-fortes  par 

Duclos),  et  le  Rousseau  de  Defer  de  Maisonneuve. 

16.  LE    GASCON    PUNI,    d'après  Fragonard  ;  in-4  {Contes  de  La 

Fontaine). 

n.  Vignettes  d'après  Freudeberg  pour  l'Heptame'ron;  35  p.  in-8. 

18.  Illustrations  d'après  Le  Barbier  pour  les  Œuvres  de  J.-J.  Rousseau, 

in-4  ;  —  les  Œuvres  de  Gessner  ;  —  les  Idylles  de  Berquin  ;  — 
Xe'nophon  ;  —  les  Liaisons  dangereuses  in- 12  ;  —  les  Nouvelles 
historiques  de  B.  d'Arnaud  ;  —  Racine  ;  —  les  Lettres  d'une 
Péruvienne  ;  —  les  Idylles  de  The'ocrite  ;  —  Don  Quichotte  :  — 
la  Jérusalem  délivrée. 

19.  Incendie  de  New-York, —  La  Balle  a  frappé  son  amante  ;  2  p.  in-8 

d'après  Le  Barbier. 

20.  Républicains  français,  voilà  votre  modèle  l  vignette  in-8  d'après 

Le  Barbier. 


HALBOU.  379 

21.  Jeune  Dame  à  sa  toilette  ,  vignette  in-8  d'après  Le  Clerc,  pour  les 

Quatre  Heures  de  la  toilette  des  dames. 

22.  Ah  l  que  c'est  bête  I  par  M.  Timbré  (le  marquis  de  Saint-Chamond)  ; 

Berne,  de  l'imprimerie  des  frères  Galembourdiers,  1766,  in-8.  — 
Frontispice  d'après  Marillier. 

23.  Vignettes  et  fleurons  pour  les  ÉPREUVES   DU   SENTIMENT  de 

Baculard  d'Arnaud  ;  in-8,  d'après  Marillier. 

Erraance,  —  Germeuil,  —  Makin,  —  Daminville,  —  Henriette  et  Chariot. — 
Ce  sont  de  très  bonnes  pièces,  les  fleurons  surtout. 

24.  Illustrations  d'après  Marillier  pour  :  Œuvres  de  Poullain  de  Saint- 

Foix  ;  —  Œuvres  de  Pope  ;  —  VOracle  ;  —  les  Preneurs^  par 
Dorât  ;  —  Tangu  et  Félime  ;  —  Œuvres  de  Le  Sage  ;  —  Œuvres 
de  l'abbé  Prévost  ;  —  Cabinet  des  Fées  ;  —  la  Bible. 

25.  Illustrations  d'après  Moreau  pour  le  Voltaire  de  Kehl  ;  —  le  Plu- 

tarque  de  Cussac  ;  —  V Histoire  de  France  ;  —  Paul  et  Virginie  ; 

—  Jehan  de  Saintré;  —  le  Précis  de  la  Révolution  (  Prise  de  la 
Bastille);  —  Regnard;  —  Psyché,  in-4 ,  deDidot;  —  Lettres 
d'Héloïse  et  d'Abailard  ;  —  Gessner  ;  —  le  Voltaire  de  Renouard. 

26.  Nombreuses  figures  pour  le  Nouveau  Testament ,  d'après  Moreau. 

27.  Figures  d'après  Saint-Quentin  pour  la  Folle  Journée  \  —  d'après 

Borel  pour  Regnard  et  les  Idylles  de  Berquin  ;  —  d'après  Perrin 
pour  la  Pharsale  ;  —  d'après  Garnier  pour  Racine  ;  —  d'après 
Regnault  pour  le  Temple  de  Gnide  ;  —  d'après  Zocchi  poui-  Vir- 
gile ;  —  d'après  M^Ue  Gérard  et  Demarne  pour  Faublas  ;  —  d'après 
Monsiau  pour  le  Rousseau  de  Defer  de  Maisonneuve  ;  —  etc. 

28.  Fleuron  pour  les  certificats  délivrés  par  Maillet  de  Clairon  ,  commis- 

saire chargé  des  affaires  de  la  marine  et  du  commerce  de  France 
en  Hollande. 

29.  Jeune  mère  allaitant  son  enfant ,  un  jeune  homme  lui  baise  la  main  ; 

—  Un  jeune  homme  surpris  aux  genoux  d'une  jeune  femme  ; 
2  jolies  vignettes  in-12  ,  signées  L.  H. 

Dans  l'oeuvre  du  Cabinet  des  Estampes,  on  trouve,  signées  Balbou,  plusieurs 
pièces  de  la  suite  du  Télémaque  de  Monnet  et  Tilliard. 

En  fait  de  portraits,  Halbou  n'en  a  gravé  que  quelques-uns  suns  importance; 
Couturier  de  Pournoire,  J.-F.  de  Troy,  le  médecin  Astruc,  Démosthène,  frontispice 
d'après  Monnet. 


HALLE    (Noël). 


1711-1781. 


Noël  Halle,  peintre  et  graveur,  né  à  Paris  le  2  sep- 
tembre 1711,  était  le  fils  du  peintre  de  sujets  religieux 
Claude  Halle.  Il  fut  envoyé  à  Rome  comme  pension- 
naire du  roi  et  c'est  pendant  son  séjour  qu'il  grava 
les  deux  eaux -fortes  suivantes  :  Antiochus  pansé 
après  sa  chute ,  1738 ,  et  Antiochus  tombant  de  son 
char,  1739,  in-8  en  largeur. 

A  trente-deux  ans  de  distance,  Halle  produisit  encore 
une  autre  estampe ,  V Adoration  des  Bergers ,  très 
grand  in-fol.  Halle  inv.  pinxit  et  sculpsit  1771.  C'est 
une  belle  eau-forte  du  peintre  ,  qui  conservait  pour  lui 
et  ses  amis  le  souvenir  du  tableau  destiné  à  l'église  de 
Roye  en  Picardie. 

Baudicour  catalogue  encore  la  Vierge; — le  Martyre 
de  St  Hippolyte  ;  —  deux  charmantes  pièces  faisant 
pendant ,  VÈtè  et  l'Hiver  ;  —  le  Bon  ménage  et  la 
Leçon  de  lecture. 

Le  Blanc  cite  une  Femme  assise  dans  un  jardin , 
le  Savoyard  et  la  Savoyarde. 

Halle  retourna  plus  tard  à  Rome,  mais  en  qualité  de 
directeur  de  l'Académie  de  France.  11  est  mort  à  Paris 
le  5  juin  1781. 


HAUSSARD    (Jean 


4696- 


Jean  Haussard,  né  à  Paris  vers  1696,  et  qui  demeu- 
rait rue  St-Jacques  au  coin  de  la  rue  de  la  Parche- 
minerie,  puis  rue  du  Piastre,  a  exécuté  pour  le  recueil 
de  Grozat  :  Jupiter  etSémélé,  la  Création  d'Eve, 
d'après  Jules  Romain  ;  Jésus  chassant  les  vendeurs 
du  Temple,  d'après  Manfredi  ;  Assemblée  de  buveurs, 
d'après  le  même  ;  le  Frappement  du  rocher,  d'après 
Romanelli  ;  le  Mauvais  riche ,  d'après  D.  Feti  ;  la 
Vertu ,  sujet  allégorique  d'après  Girolamo  Siciolante  ; 
la  Vierge  et  V enfant  Jésus ,  d'après  G.  de  La  Fosse  ; 
Pan  et  Syrinx ,  d'après  Gourtin. 

Nous  relevons  encore  dans  l'œuvre  de  Jean  Haussard 
des  estampes  dans  le  goût  du  siècle  :  les  Amusements 
champêtres,  d'après  La  Hyre,  2  pièces  ;  — le  Bain  de 
pieds  et  la  Pêche ,  sujets  en  hauteur  d'après  Jacques 
Gourtin ,  et ,  d'après  le  même,  les  Deux  galants  et  la 
Musique,  pièces  en  largeur. 

Le  Manuel  cite  à  l'article  de  Haussard  :  une  Vieille 
femme  comptant  son  argent  et  un  Vieillard  se 
reposant  sur  un  fauteuil ,  d'après  Téniers  ;  Jupiter 
cède  Thétis  à  Pelée ,  d'après  Sophie  Ghéron  ;  la 
Résurrection,  d'après  J.  Andray;  des  planches  pour 


382         LES   GRAVEURS   DU    XVIIF   SIÈCLE. 

le  Sacre  de  Louis  XV  \  enfin,  d'après  Charles  Goypel, 
Don  Quichotte  prend  une  paysanne  pour  Dulcinée. 

Elisabeth  Hatjssard  ,  vraisemblablement  la  fille  de 
Jean,  eut  la  spécialité  de  graver,  dans  la  seconde  moitié 
du  siècle ,  ces  cartouches  historiés  dans  lesquels  on 
inscrivait  les  titres  des  cartes  géographiques  ;  beaucoup 
de  ces  ornements  étaient  fort  élégants ,  et  on  recon- 
naîtra avec  nous  qu'ils  donnaient  fort  bon  air  aux 
atlas  de  cette  époque.  On  sait  que  Ghoffard  en  a  com- 
posé beaucoup,  et  d'assez  fière  allure  ;  le  graveur 
Arrivet  en  a  dessiné  et  gravé  de  très  jolis  pour  les 
cartes  du  S''  Bonne  ;  quant  à  Elisabeth  Haussard  ,  on 
lui  doit  presque  tous  les  cartels  de  V Atlas  de  Robert 
de  Vaugondy ,  dont  beaucoup  sont  de  Chofiard  pour 
le  dessin  ,  et  bon  nombre  de  ceux  de  Y  Hydrographie 
française  de  Bellin. 

Elisabeth  Haussard  a  gravé  des  planches  d'oiseaux 
d'après  de  Sève  pour  YHisioire  naturelle  de  Buffon. 

De  Catherine  Haussard  ,  nous  connaissons  un  por- 
trait de  Jacques  Tillot ,  in-fol.  d'après  Du  Four,  et  des 
planches  d'oiseaux  d'après  de  Sève. 


HEINEGKEN  (Charles-Henri  de). 


'•706-'n92. 


Charles-Henri  de  Heinecken  naquit  à  Lûbeck  en 
1706 ,  et  de  bonne  heure  eut  un  goût  prononcé  pour 
l'étude,  à  ce  point  que  ses  parents  avaient  beaucoup 
de  peine  à  l'empêcher  de  travailler  la  nuit.  Il  était 
le  frère  aîné  d'un  enfant  prodige  qui  avait  su  parler 
en  naissant  et  qui  mourut  à  cinq  ans ,  connaissant 
outre  sa  langue  maternelle ,  le  latin ,  le  français , 
l'histoire ,  la  Bible.  L'alchimiste  Schôneich ,  ami  de 
la  maison ,  s'occupait  beaucoup  de  ce  dernier  et 
ne  pouvait  souffrir  le  frère  aîné ,  qui  de  son  côté , 
rapporte  la  Biographie  universelle .  voyant  tous  les 
écus  de  son  père  passer  dans  le  creuset ,  avait  conçu 
pour  Schôneich  la  même  antipathie ,  et  par  ses 
espiègleries  lui  fit  manquer  plusieurs  expériences 
chimiques. 

«  Forcé  par  son  père  de  passer  toute  une  nuit  auprès 
»  d'une  retorte  jusqu'à  ce  que  la  matière  qu'elle  conte- 
»  nait  se  teignît  en  noir,  Heinecken  voulut  accélérer 
»  ce  bienlieureux  moment  ;  en  conséquence  il  vida 
»  son  encrier  dans  la  retorte  et  appela  ensuite  son 
»  père  et  Schôneich.  La  joie  des  deux  alchimistes  le 
»  réjouit  d'abord  beaucoup  ,  mais  bientôt  la  ruse  fut 


384         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF    SIECLE. 

»  découverte ,  le  jeune  profane  fut  puni  sévèrement 
»  et  pour  toujours  exilé  du  laboratoire.  » 

Heinecken  étudia  le  droit  à  Leipsick ,  poursuivit  ses 
études  à  Dresde  et  fut  ensuite  attaché  en  qualité  de 
secrétaire  de  confiance  au  comte  de  Briihl ,  premier 
ministre  d'Auguste  III ,  roi  de  Pologne  et  grand  ama- 
teur et  collectionneur  de  tableaux. 

Il  reçut  aussi  des  lettres  de  noblesse  de  l'Electeur 
de  Pologne  et  de  Saxe  et  fut  chargé  de  difiérentes 
missions  diplomatiques.  Heinecken  s'occupa  de  faire 
graver  la  Galerie  de  tableaux  du  comte  de  Brûhl 
son  protecteur  (1754) ,  et  fit  placer  en  tête  de  cet 
ouvi'age  le  portrait  du  comte  par  Balechou.  Ce  travail 
servit ,  comme  il  le  dit ,  de  pierre  de  touche  pour 
éprouver  les  talents  des  graveurs  avant  de  les  em- 
ployer à  l'entreprise  de  la  Galette  de  Dresde. 

En  1746,  Heinecken  avait  été  chargé  par  Auguste  III 
de  la  direction  du  salon  d'estampes  et  des  galeries  de 
peinture  de  Dresde,  qu'il  conserva  pendant  dix-sept 
ans.  C'est  alors  que ,  encouragé  par  son  souverain 
et  par  le  comte  de  Briihl ,  il  entreprit  à  ses  frais  le 
magnifique  recueil  d'estampes  gravé  d'après  les  plus 
beaux  tableaux  de  la  Galerie  de  Dresde.  Il  fit  appel 
aux  meilleurs  graveurs  de  l'époque ,  allemands , 
hollandais ,  italiens  et  surtout  français ,  fit  venir  les 
uns  à  Dresde,  envoya  aux  autres  des  dessins  exécutés 
avec  soin  d'après  les  peintures  et  arriva  à  faire  de 
ce  magnifique  ouvrage  l'un  des  plus  beaux  monuments 
qu'on  ait  élevés  aux  arts  réunis  de  la  gravure  et  de 
la  peinture.  Une  pareille  entreprise  n'avait  pas  été 
sans  occasionner  de  grandes  dépenses ,  qui  auraient 
entraîné  la  ruine  complète  de  Hemecken ,  si  le  roi 


HEINECKEN.  38o 

n'était  venu  à  son  secours ,  malgré  le  désordre  de 
ses  finances  ,  en  rachetant  les  planches  gravées  de  la 
Galerie  et  sa  collection  particulière  d'objets  d'art  et 
d'estampes  qui  allèrent  se  fondre  dans  le  musée  de 
Dresde. 

C'est  cette  réunion  d'estampes  formée  sous  sa 
direction ,  qu'Heinecken  essaya  de  décrire  dans  son 
livre  bien  connu,  orné  de  reproductions  de  pièces 
rares,  Vidée  générale  d'une  collection  complette  d'Es- 
tampes, avec  une  dissertation  sur  l'origine  de  la  gra- 
vure ,  Leipsick  et  Vienne  (1771) ,  in-8.  Auparavant 
Heinecken  était  venu  à  Paris  avec  sa  femme  et  son 
fils  et  avait  passé  une  partie  des  années  1769-70  à  faire 
des  recherches  au  Cabinet  des  Estampes. 

Il  est  fort  regrettable  que  les  circonstances  aient 
arrêté  la  publication  du  Dictionnaire  des  artistes- 
graveurs,  presque  à  son  début.  Passant  en  revue 
dans  la  préface  les  iconographes  qui  l'ont  précédé,  à 
commencer  par  l'abbé  de  MaroUes,  Heinecken  ajoute  : 
«  Qu'il  me  soit  permis  de  me  mettre  aussi  dans  cette 
»  liste  !  Ayant  formé  la  belle  collection  de  feu  S.  M. 
»  le  Roi  de  Pologne  Electeur  de  Saxe  qui  se  trouve 
»  à  Dresde ,  ayant  vu  dans  mes  voyages  plusieurs 
»  cabinets  et  nombre  de  recueils  d'estampes ,  ayant 
»  eu  le  bonheur  de  profiter  des  lumières  du  célèbre 
»  Mariette ,  du  savant  comte  Zanetti  et  de  l'illustre 
»  prélat  Bottari ,  tous  trois  décédés  depuis  quelque 
»  temps  et  regrettés  par  tous  les  amateurs ,  ayant 
»  été  guidé  et  aidé  à  Paris  dans  mes  recherches  par 
»  M""  Cochin  et  principalement  par  M*"  Joly  de  l'amitié 
»  duquel  je  ne  puis  assez  me  louer,  ayant  joui  du 
»  cabinet  de  M''  Richter  à  Leipsig ,  pouvant  compter 
n.  25 


386         LES   GRAVEURS   DU    XVIII«   SIECLE. 

ï>  sur  les  conseils  de  M''  Winckler  de  la  même  ville, 
»  de  M''  Grusius  à  Dresde  et  sur  quantité  d'autres 
»  amis  dans  différents  endroits  de  l'Europe ,  je  me 
»  flatte  d'être  en  état  de  contenter,  ne  fut-ce  qu'en 
»  partie,  les  curieux  d'estampes  par  le  présent  ouvrage, 
»  dans  lequel  j'ai  ramassé  tout  ce  que  j'ai  pu  déterrer 
»  dans  ce  genre.  » 

Heinecken,  après  avoir  vendu  sa  collection,  se  retira 
dans  sa  terre  d'Atldôbern  en  Basse-Lusace ,  que  lui 
avait  donné  le  comte  de  Briilil  et  où  il  mourut  le  5 
décembre  1792.  Son  caractère  était  remai'quable  par 
une  grande  simplicité.  Il  était  peu  communicatif  mais 
toujours  prêt  à  rendre  service. 

Son  fils  Charles-Frédéric  ,  prit ,  pendant  le  séjour 
de  son  père  à  Paris,  des  leçons  de  gravure  d'Augustin 
de  Saint-Aubin.  Quelques-uns  de  ces  essais  ont  sur- 
vécu ,  comme  une  frise  représentant  des  Amours 
qui  pèchent  (1770) ,  une  Bergère  (1773) ,  un  Paysage 
d'après  Dietrich  (1773) ,  mais  surtout  deux  portraits, 
gravés  d'après  les  dessins  d'A.  de  Saint- Aubin  en  1770. 
Le  sien  d'abord,  C.  F.  de  Heinecken,  tout  jeune,  avec 
ses  yeux  à  fleur  de  tête  et  son  nez  retroussé  ,  et  celui 
de  sa  mère  M'"^  de  Heinecken  [dulcissimœ  Tnatris 
imaginem  filius  ohsequens  aqua-forii  expy^essil) , 
in-4 ,  de  profil.  Il  faut  reconnaître ,  à  notre  avis ,  dans 
ces  deux  pièces,  sinon  la  touche,  du  moins  la  retouche 
de  Saint-Aubin. 


LILLE.  IMPRIMERIE    L.     DANEL. 


NE  Portails,   Roger 

95  Les  graveurs  du  dix-hultlème 

P6  siècle 

t. 2 

ptie.l 


PLEASE  DO  NOT  REMOVE 
CARDS  OR  SLIPS  FROM  THIS  POCKET 


UNIVERSITY  OF  TORONTO  LIBRARY