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Full text of "Poésies rouergates de Claude Peyrot, prieur de Pradinas : suivies d'un choix de ses poésies françaises : édition critique"

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Œuvre?  de  Glaude  peyrot 


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in  2011  witii  funding  from 

University  of  Toronto 


littp://www.arcliive.org/details/posiesrouergatOOpeyr 


Monument   CLAUDE   PEYROT,    par  J.  MALET 

(Vue  d'ensemble) 


Monument  CLAUDE   PEYROT,   par  J.  MALET 

(Buste  et  Médaillons) 


POÉSIES  ROUERGATES 


Claude  Peypot 

prieur  de  pradipas, 

SUIVIES  D'UN  CHOIX  DE  SES  POÉSIES  FRANÇAISES, 

Edition  critique  avec  introduction  et  glossaire 


Léopold     CONSTANS, 

Majorai  du  Fclibrige, 
Professeur    à    l'Unluersité     d'Air-Marseille, 

précédée  d'une  notice  biographique  et  littéraire 

PAR 

Jules     ARTIÈRES. 


MILLAU 

ARTIÈRES    &    J.    MAURY 
boulevard  de  l'Ayrolle. 


AVIGNON 

Veuve     ROUMANILLE 
»7,  rue  Sl-Agricol 


1909 


Jniversitas" 
BIBL10THECA 

Oftaviensis 


PC 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE  ET  LITTÉRAIRE 


INTRODUCTION 


fiOWlCE 

BIOGRAPHIQUE    ET    LITTÉRAIRE 

SUR 

CLAUDE     PEYROT 


Les  précédents  éditeurs  des  œuores  de  Claude  Peyrot 
n'ont  donné  sur  la  uie  et  l'œuore  de  notre  poète  rouer- 
gat  que  des  renseignements  tout  a  fait  incomplets.  Aussi, 
nous  a-t-il  paru  que  ce  serait  faire  œuure  utile  d'étudier 
la  uie,  si  peu  connue,  de  notre  poète  et  de  rechercher  les 
diuers  jugements  qui  ont  été  portés  sur  son  œuore.  Le 
succès  a  couronné  nos  recherches  et  il  ua  nous  être  possible 
de  faire  reuiure  sous  des  traits  exacts  et  asse^  complets 
la  sympathique  figure,  pleine  de  finesse,  de  simplicité  et  de 
bonhomie,  du  poète  qui  a  si  bien  incarné  et  traduit  le 
caractère  rouergat  ;  qui  a  décrit  av>ec  tant  de  uérité  les 
durs  traoaux  et  les  délassements  des  habitants  de  nos  cam- 
pagnes ;  qui  a  enfin  le  mérite,  la  gloire  même  «  d'aooir 
«  depuis  longtemps  occupé  les  veillées  des  fermes  et  des 
«  chaumières  et  amusé  plusieurs  générations  d'âmes  simples, 
«  sans  en  corrompre  jamais  aucune,   m  Çi) 


,*, 


fi)  Discours  de  M.  le  Président  de  la  Société  des  Lettres,  septembre  igoS. 


—  II 


AVANT    LES    GEORGIQUES 

Peyrot  Jean-Claude,  fils  de  Claude  Peyrot  «  bourgeois  u, 
et  de  Claudine  Matheron  (i),  naquit  à  Millau  le  3  septem- 
bre 1709  et  fut  baptisé  le  28  du  même  mois  ;  Pierre  Ga- 
libert,   <t  travailleur  u,   fut  son  parrain. 

Les  Peyrot,  auteurs  de  notre  poète  patois,  étaient  ori- 
ginaires du  Gév»audan  (2).  Au  commencement  du  xvii* 
siècle  (3),  ils  oinrent  se  fixer  à  Millau  où  ils  furent  long- 
temps marchands.  Ils  ne  tardèrent  pas  à  acquérir  une 
grande  notoriété  dans  notre  uille.  En  effet,  entre  1662  et 
1757,  c'est-à-dire  dans  l'espace  d'un  siècle,  ils  occupèrent 
2g  fois  la  charge  consulaire  à  Millau. 

La  famille  Peyrot  (4)  se  subdivisa  en  plusieurs  branches  : 
Peyrot-Matheron,  la  famille  de  notre  poète  (5)  ;  Peyrot- 
Canron  ;  Peyrot-Restaurand  ;  Peyrot-Courtines  ;  Peyrot 
de  Gou50unès  et  Peyrot  de  Vailhau^y  :  ces  derniers  étaient 
seigneurs  de  Lugagnac. 

Dans  ses  Documents  historiques   et   généalogiques  sur  les 


1.  Les  noms  dt  Peyrot  et  dt  Matheron  sont  très  anciens  à  Millau.  Sur  un 
Rôle  d'imposition  de  iSog  figure  un  Peyrot,  qui  ererçait  la  profession  de 
sabatia,  cordonnier.  Quant  aui  Matheron,  ils  habitaient,  au  xv«  siècle,  la  rue 
Neuue-Haute,  qui  porta  pendant  plus  de  deux  cents  ans  le  nom  de  Hue  des 
Malterons. 

2.  Hist.  de  JV.-D.  de  l'Espinasse,  281. 

3.  Aucun  Peyrot  ne  figure  sur  le  cadastre  de  la  commune  de  Millau  en 
i632  ;    mais  plusieurs  figurent  sur  les  suioants  :   i653,  1662,   i668,  etc. 

4.  Jean  Peyrot  fut  curé  de  Millau  de  171 5  à  1726  ;  Antoine  Peyrot,  de  la 
branche  des  Restaurand,  après  avoir  été  prieur  de  Peyre,  fut  aussi  curé  de 
Millau  de  1746  à  1757. 

Les  Peyrot  possédèrent  plusieurs  domaines  dans  la  Commune  de  Millau. 

5.  Une  note  insérée  sur  un  ancien  compois  de  la  commune  de  Millau  nous 
apprend  que  le  mariage  de  Claude  Peyrot  auec  M"'  Matheron  eut  lieu,  «ers 
la  fin  de  1708,  à  Nant,  contrat  reçu  par  M»»  Bertays  et  Bruguière. 


familles  du  "Rouergue,  de  Barrau  dit  :  «  Il  existe  à  Nant 
des  rejetons  de   la  famille   Peyrot  m. 

Ces  rejetons  étaient  :  Jean-Alexandre  Peyrot,  marié  auec 
Françoise  Agussol,  décédé  en  1859,  à  l'âge  de  96  ans, 
laissant  pour  enfants  :  1°  Alexandre,  instituteur  ;  2°  Justin, 
professeur  de  musique  à  Belmont  ;  3°  Marie,  institutrice  ; 
4°  Antoine-Félix,  receveur  particulier  des  Contributions 
Indirectes  à  Angoulême,   décédé  en  mai   1896. 

Ce  dernier  n'a  laissé  qu'un  fils,  Inspecteur  des  Contri- 
butions Indirectes  de  la  H**-Vienne,  de  qui  nous  tenons 
les  détails  qui  précèdent  et  qui  paraît  être  aujourd'hui  le 
seul  rejeton  de  la  famille  autrefois  si  nombreuse  des  Peyrot. 
Il  a  une  fille  mariée  au  capitaine  Létourmy,  professeur  à 
l'Ecole  d'Artillerie  et  du  Génie  à  Fontainebleau. 

La  mère  de  Claude  Peyrot,  étant  d'une  constitution  déli- 
cate, fut  obligée  de  recourir  à  une  nourrice,  et  le  hasard 
voulut  que  la  femme  choisie  pour  cette  fonction  possédât 
un  caractère  des  plus  enjoués,  ce  qui  a  fait  supposer  que 
le  jeune  enfant  tenait  de  celle-ci  la  uerue  de  gaîté  et  de 
bonne  humeur  à  laquelle  il  dut  presque  tous  les  beaux 
vers  qu'il  composa.  Chanson,  imprimeur  à  Millau,  auteur 
d'un  "Eloge  historique,  civil  et  littéraire  de  notre  poète 
(1812),  rapporte  que  la  nourrice  n'avait,  lorsqu'elle  voulait 
tarir  les  pleurs  et  calmer  l'irritation  de  son  nourrisson, 
qu'à  moduler  un  air  quelconque,  et,  à  l'instant,  les  larmes 
cessaient  de  couler  et  les  gémissements  étaient  suspendus. 
Chanson  conclut  de  ce  fait  que  l'instinct  de  la  musique, 
pour  laquelle  Peyrot  fut  toujours  passionné,  s'était  déve- 
loppé en  lui  dès  la  plus  tendre  enfance  (i)- 

Chanson  rapporte  encore  ,  sur  la  jeunesse  de  Claude 
Peyrot,  le  trait  suivant  : 

Jeune  encore,  il  rencontra  un  jour  une  pauvre  femme, 
portant  un  enfant  sur  ses  bras  et  qui  demandait  l'aumône. 
Emu  de  pitié,   notre    jeune    homme    tira    de    sa    poche    une 


1.   H.  Affre,  Biographie  ^veyronnaise. 


pièce  de  «  six  sous  u,  qu'un  de  ses  oncles  lui  auait  donnée 
la  ueille,  et  la  remit  à  la  malheureuse. 

Cet  acte  de  charité,  qui  peignait  déjà  le  caractère  de 
Peyrot,  fit  verser  de  douces  larmes  à  l'auteur  de  ses  jours. 
Celui-ci  l'embrassa  tendrement  et  lui  dit,  en  le  serrant  dans 
ses  bras  :  «  Je  te  sais  bon  gré,  mon  fils,  d'aooir  fait  de 
«  ton  peu  d'argent  un  usage  aussi  noble.  Souuiens-toi 
«  qu'un  bienfait  n'est  jamais  perdu.  Tu  oiens  de  disposer 
«  de  tes  six  sous  en  faisant  une  bonne  œuore  ;  je  t'en 
«  rends  uingt-quatre  et  je  ne  crois  pas  encore  asse^  payer 
«  ton  5èle  pour  l'humanité  souffrante  w. 

Après  de  bonnes  études  commencées  à  Millau,  che^  les 
Carmes,  et  continuées  à  Toulouse,  che^;  les  Jésuites,  Claude 
Peyrot  étudia  le  droit,  qu'il  poussa  jusqu'à  la  licence.  Ce  ne 
fut,  paraît-il,  qu'après  auoir  obtenu  ce  grade,  qu'il  entra 
au  séminaire  de  Toulouse.  Le  titre  clérical  lui  fut  constitué 
par  son  père  le  14  mai  1735  (i).  Il  fut  ordonné  prêtre  le 
22  décembre   1736  (2). 

Son  amour  pour  la  poésie  et  pour  l'agriculture  se  réoéla 
de  bonne  heure  en  lui.  S'entretenant  un  jour  des  charmes 
de  la  oie  champêtre  aoec  son  professeur  de  rhétorique, 
celui-ci  lui  dit  :  «  Je  v)ous  conseille  de  méditer  au  plus 
«  tôt  les  œuores  d'Hésiode  :  peut-être  deoiendre^-uous, 
«  dans  la  suite,  le  chantre  du  peuple  pasteur  ».  Cette  pré- 
diction deoait  s'accomplir  (3). 

Quelque  temps  après  que  Claude  Peyrot  eut  fini  son 
séminaire  et  célébré  sa  première  messe,  il  fut  nommé  pré- 
bendier  dans  l'abbaye  de  Saint-Sernin,  à  Toulouse,  où  il 
demeura  près  de  20  ans.  Cette  uille  fut  de  tout  temps 
célèbre  par  son  amour  pour  les  beaux-arts.  Doué  de  dis- 
positions naturelles  pour  la  poésie  et  la  musique,  Peyrot 
s'y  adonna  aAJec  ardeur  (3).  Quatre  sonnets  en  l'honneur 
de  la  Vierge  obtinrent  deux    prix    à    l'Académie    des    Jeux 


I.  H.  Affre,  Biographie  A veyronnaise. 
i.   Archives   départementales,    G.    zyl. 
3.  De  Gaujal.  —  E/o^.  hist. 


Floraux  de  Toulouse.  Cette  même  Société  littéraire  cou- 
ronna plusieurs  autres  pièces  de  notre  auteur,  telles  que  : 
le  Combat  pastoral,  sur  ces  paroles  :  Instruire  et  Amuser, 
un  poème  sur  le  Commerce  et  une  églogue  ayant  pour 
titre  :  l'Esprit  de  contradiction.  Le  Combat  pastoral  fut 
aussi  honoré  d'un  second  prix,  en  1752,  par  les  Jeux 
Floraux  établis  à  Rode^  Çt). 

Le  24  août  1748,  Jean-Claude  Peyrot  fut  nommé  prieur 
de  Pradinas  (2),  en  remplacement  de  Jean  Peyrot  de  Cour- 
tines,  son  oncle,   qui  résigna  ce  bénéfice  en  sa  faueur  (3). 

Ce  fut  dans  cette  humble  retraite  champêtre,  que,  jouis- 
sant du  calme  de  la  nature,  loin  des  tourbillons  du  monde, 
il  se  liora,  plus  que  jamais,  aux  charmes  de  la  poésie  et 
de  la  musique. 

«  Relégué  au  uillage  par  ses  fonctions  ecclésiastiques,  dit 
JH,  de  Gaujal,  obligé  de  parler  aux  paysans  leur  idiome,  il 
se  mit  à  s'exercer  en  oers  dans  cette  langue  uulgaire  ;  et, 
soit  que  l'aspect  et  le  séjour  des  champs  l'inspirassent  plus 
heureusement  à  Pradinas,  soit  qu'il  maniât  plus  facilement 
le  roman,  moins  rebelle  à  la  poésie  que  le  français,  soit 
enfin  que  son  heure  fijt  venue,   il  se  trouva  poète. 

«  La  musique,  qui  est  une  autre  poésie,  occupait  aussi 
ses  loisirs,  et  il  ne  se  bornait  pas  à  la  cultiver  par  lui- 
même  :  de  ses  villageois  il  fit  des  musiciens.  Ses  amis  qui 


I.    H.   Affrc.  Biographies  .3veyronnaises. 

1.  Chef-lieu  de  commune  du  canton  de  Sauueterre,  arrondissement  de 
Rodej.  Cette  paroisse  était,  paraît-il,  fort  pauure.  Voici  la  réponse  que 
faisait,  en  1771,  le  prieur  Alexandre  Peyrot  au  questionnaire  adressé  par 
l'Evêque  de  Rode:;  à  tous  ses  curés  et  prieurs  : 

"  Les  pauures,  qui  sont  quasi  en  aussi  grand  nombre  que  les  habitants,  n'ont 
d'autre  soulagement  qui  celui  que  leur  donne  le  seigneur  de  la  paroisse  et  le 
prieur.  .  .  Peu  de  pauures  invalides  qui  n'aient  quelque  petite  ressource  ;  mais 
la  moitié  des  paroissiens  auraient  besoin  d'être  soulagés  pour  viure...  Le 
plus  riche  paysan  de  Pradinas  recueille  à  peine  une  fois  dans  les  10  ans 
l'entière  provision  du  blé  qu'il  lui  faut..  .  Il  serait  à  souhaiter  qu'on  semât  du 
sparse/ qui  fait  un  très  bon  fourrage,  mais  qu'on  ne  connaît  guère  encore  que 
du  côté  de  Millau  jj. 

3.    Arch.  dép.  G.  277.   — ■  Bénéfices  du  Kouergue. 


allaient  le  uisiter  s'émeroeillaient  de  son  succès.  Il  donnait 
aux  cérémonies  religieuses,  dans  son  prieuré  rural,  beau- 
coup d'éclat  et  de  solennité,  et  l'éuêque  de  Rode5,  Charles 
de  Grimaldi,  dans  l'une  de  ses  tournées  pastorales,  ne  re- 
venait pas  de  sa  surprise  de  trouoer,  dans  une  église  de 
uillage,   des  messes  en  musique  et  des  motets. 

«  En  échange  des  leçons  de  chant  qu'il  donnait  aux  pay- 
sans de  Pradinas,  leur  prieur  apprenait  d'eux  tout  ce  qu'ils 
pouvaient  lui  enseigner  d'agriculture  :  il  y  joignait  ses 
observations,  et  c'était  là  encore  une  de  ses  occupations 
favorites  Çi)  "• 

Après  avoir  passé  dix-sept  ans  à  Pradinas,  Peyrot  rési- 
gna ses  fonctions  en  faveur  de  son  frère  Alexandre,  le  2.2 
décembre   1765  (2). 

Il  se  retira  alors  à  Millau  où  il  fut  admis  dans  la  com- 
munauté des  prêtres  obituaires  de  Notre-Dame  (12  avril 
1766)  (3),   dont  il  fit  partie  jusqu'à  la  Révolution. 

Depuis  1726,  Claude  Peyrot  était  titulaire  de  la  chapel- 
lenie  Saint-Nicolas,  bénéfice  n'obligeant  pas  à  la  résidence, 
et  jouissait  à  ce  titre  d'un  pré  situé  au  bout  du  Pont 
Vieux. 


LES    GEORGIQUES 


Les  goûts  littéraires    et    agricoles    de    l'ancien    Prieur  de 
Pradinas  établirent  bientôt  une  vive  sympathie  entre  lui  et 


1.  De  Gaujal.  —  Eloge  hislorique. 

2.  Archives  départementales,  G  283.  —  Bénéfices  du  "Rouergue. 

3.  Collation  d'une  des  places  autrefois   monacales  de  JV.-D.  de  l'Espinasse  à  M*- 
J.-C.  Peyrol-Mathcron.  —  Archives  départementales.  G.  284. 


M.  Despradels  (0,  «  Pour  ce  dernier  surtout,  si  jaloux  de 
faire  chérir  l'agriculture,  dont  il  faisait  ses  délices,  c'était, 
dit  M.  de  Gaujal,  la  plus  heureuse  rencontre  que  celle  d'un 
poète  qui  pouuait  chanter,  dans  la  langue  maternelle  des 
agriculteurs,  leurs  travaux  et  leurs  délassements,  leurs 
mœurs  et  leurs  plaisirs.  Saint-Lambert  auait  lutté  contre 
Thomson,  en  1769,  et  s'était  montré  poète  ;  Delille,  par  sa 
Traduction  des  Géorgiques,  qui  parut  la  même  année,  aoait 
acquis  le  nom  de  Virgile  français.  Despradels  sollicita  vive- 
ment son  ami  de  chanter,  a  son  tour,  les  Saisons  et  les 
Géorgiques  en  patois. 

«  Cette  invitation  produisit  d'abord  un  seul  chant,  Lo 
Primo  (Le  Printemps),  lequel  naturellement  fut  adressé  à 
N.  Despradels,  ami  de  l'agriculture,  et  qui  commence  par 
reconnaître  que  c'est  lui  qui  avait  donné  à  l'auteur  l'idée 
de  chanter  les  saisons.  Mais  Peyrot,  regardant  cette  entre- 
prise comme  au-dessus  de  ses  forces,  s'était  borné  au  Prin- 
temps. Cependant  l'évêque  de  Rode5,  (Jérôme  Champion  de 
Cicé),  étant  venu  à  Millau,  l'accueillit  de  la  manière  la  plus 
flatteuse,  l'engagea  à  compléter  son  ouvrage  et  en  agréa  la 


I.  Despradels  d'AUaret  (Jean),  était  né  à  Millau  en  1728,  Doué  d'un  goût 
très  prononcé  pour  l'agriculture,  il  s'adonna  à  l'étude  de  cette  science,  s'ins- 
truisit sur  beaucoup  de  points  pratiques  auprès  des  fermiers,  ses  «oisins,  et 
s'efforça  ensuite  d'appliquer  les  connaissances  acquises  sur  son  domaine  de 
la  Hode,  près  Millau.  C'est  à  lui  que  le  pays  fut  redevable  de  l'introduction 
du  sainfoin.  Il  fut  aussi  le  premier  à  essayer  la  culture  du  trèfle  sur  une 
propriété  qu'il  possédait  à  St-Jean-du-Bruel  ;  il  en  avait  fait  venir  la  graine 
d'Alsace.  Enfin,  la  culture  de  la  pomme  de  terre,  encore  si  peu  connue,  prit 
de  l'extension  grâce  à  lui,  et  il  n'épargna  rien  pour  faire  tomber  le  préjugé 
qui  s'opposait  à  l'usage  de  ce  précieux  tubercule  pour  l'alimentation  du  peuple. 

L'expédient  qu'il  imagina  fut  de  donner  aux  principaux  habitants  de  Millau 
un  repas  somptueux,  où  il  annonça  ijru'on  mangerait  de  la  pomme  de  terre.  On 
en  servit  effectivement  de  plusieurs  sortes  ;  et,  grâce  à  l'habileté  des  cuisi- 
niers, il  fut  décidé  que  c'était  un  mets  friand.  Cette  décision  eut  du  retentis- 
sement ;  elle  fut  proclamée  dans  les  campagnes  environnantes  ;  les  paysans 
et  les  valets  de  ferme  eurent  honte  d'être  plus  difficiles  que  les  Lucullus  de  la 
ville  et,  bien  que  la  pomme  de  terre  ne  reçijt  pas  pour  eux  le  même  apprêt 
que  dans  un  festin,  ils  s'accoutumèrent  à  la  trouver  bonne  ou,  du  moins,  à 
s'en  contenter.  De  Gaujal,  iv.  —  H.  A.,  Biographies  .^uey rennaises. 


—    VIII    — 

dédicace.  C'est  a  ces  encouragements  que  l'on  doit  les 
Géorgiques  patoises,  qui  sans  cette  circonstance,  n'auraient 
peut-être   pas  été  achetées  ». 

Les  Géorgiques  patoises  parurent  en  1781  et  obtinrent 
plus  d'attention  qu'elles  ne  semblaient  deooir  en  attirer.  Le 
Mercure  de  France  ne  dédaigna  pas  de  s'en  occuper.  Tou- 
tefois, en  sa  qualité  de  bel  esprit  parisien,  dit  L.  de  Santi  (1), 
le  critique  du  Kcrcure  ne  crut  pas  deuoir  laisser  passer 
l'occasion  de  donner  une  petite  leçon  de  bon  goût  à  un 
curé  de  province,  et  c'est  d'une  plume  légèrement  dédai- 
gneuse qu'il  laissa  tomber,  dans  le  numéro  du  9  juin  1782, 
l'admonestation  suivante  : 

«  Le  défaut  de  M.  de  Pradinas  est  de  s'appesantir  un 
peu  trop  sur  les  petits  objets  et  de  trop  développer  ce  qui 
ne  doit  être  qu'indiqué.  Ce  défaut  est  celui  des  Allemands 
et  des  Anglais...  ».  Mais,  plus  bas,  il  ajoute  :  «  Les  se- 
mailles, la  taille  des  arbres,  leurs  maladies,  les  vendanges, 
la  moisson,  tout  cela  y  est  dépeint  avec  une  vérité,  un 
naturel,  une  naïveté  même  qui  ne  peut  appartenir  qu'à  un 
homme  qui  est,  comme  lui,  sur  les  Heur,  et  qui  calque, 
pour  ainsi  dire,  à  la  vitre  les  grâces  de  son  modèle.  Il  y 
a  surtout,  dans  son  quatrième  chant,  une  description  de 
l'hiver  pleine  d'imagination  et  que  nous  citerions  en  entier 
si  le  poème  n'était  pas  écrit  dans  une  langue  inintelligible 
à  la  plus  grande  partie  de  nos  lecteurs  (i)  ». 

—  n  Eh  bien,  oui,  répondrons-nous  avec  L.  de  Santi  : 
ce  qui  fait  le  charme  exquis  de  la  poésie  de  Peyrot,  c'est 
sa  grâce  et  sa  naïveté  d'homme  des  champs  ;  s'il  a  calqué 
à  la  vitre  —  ce  qui  n'est  assurément  pas  aussi  facile  que 
semblait  le  croire  le  Mercure,  —  il  l'a  fait  avec  un  senti- 
ment délicieux  de  son  sujet,  avec  une  élégance  suprême  de 
son  crayon,  avec  une  richesse  et  un  bonheur  prodigieux 
d'expression  ». 


1.   Etude  sur  Peyrot. 

1.   Ces    éloges  et    ces  critiques    inspirèrent    à  Peyrot  une  pièce  française, 
écrite  sur  un  ton  badin,  que  nous  publions  dans  la  présente  édition. 


—    IX    — 

«  On  s'occupa  des  Géorgiques  patoises  a  Versailles  com- 
me à  Paris.  Le  Cheualier  de  Rebourguil  Çi)  adressa  à  Peyrot 
une  épître  charmante  imprimée  en  tête  du  poème.  M.onsieur, 
depuis  Louis  xviii,  ayant  appris  l'existence  de  ce  poème 
par  son  ancien  sous-précepteur,  qui  était  des  enuirons  de 
Millau  (i),  se  le  fit  expliquer  et  l'apprécia.  D'un  autre  côté, 
le  capucin  Venance  (3),  connu  par  sa  Quête  du  blé,  écrite 
en  prose  et  en  uers,  en  1786,  célébra  le  mérite  des  Géor- 
giques patoises  dans  une  autre  épître  adressée  a  leur  auteur. 
Elles  ont  eu  les  honneurs  d'une  traduction  en  v>ers  français 
et  en  uers  latins.  Mais  le  succès  le  plus  populaire  et  le  plus 
flatteur  peut-être  est  celui  que  Peyrot  a  obtenu  dans  son 
pays,  où  il  n'est  pas  un  seul  propriétaire-cultivateur  ayant 
quelques  moments  à  donner  à  la  lecture,  qui  ne  le  cite,  qui 
n'en  sache  quelques  morceaux  par  cœur. 

«  Ainsi,  ajoute  de  Gaujal,  étudié  par  un  prince  destiné  à 
régner,  chanté  par  des  poètes,  loué  par  le  journal  le  plus 
répandu  de  cette  époque,  réimprimé  tous  les  dix  ans,  ap- 
pris par  cœur  par  ses  compatriotes  et  traduit  dans  la  lan- 
gue littéraire  de  l'Europe,  aucun  succès,  aucun  hommage 
ne  lui  a  manqué  :  le  succès  fut  même  d'autant  plus  éton- 
nant que  c'est  à  l'âge  de  yo  ans  que  l'auteur  achevait  son 
poème. 


1.  Mestre  dz.  camp  de  Cavalerie  et  lieutenant  dts  Gardes  du  Corps  du 
Comte  d'Artois.  --  Le  Cheualier  Falgayrettes  de  Rebourguil  était  né  à  Millau 
en  1740.  Il  entra  fort  jeuni  aux  Mousquetaires  et  se  distingua  parmi  ses  ca- 
marades par  sa  conversation  brillante,  ses  manières  aimables  et  une  foule  de 
poésies  fugitives  recueillies  dans  les  publications  périodiques  de  l'époque. 
Emigré  pendant  la  Révolution,  il  rentra  en  France  en  1814,  servit  comme 
commandant  d'escadron  des  Gardes  du  Corps  et  se  retira  lieutenant-général 
et  Grand  Croix  de  l'ordre  de  Saint-Louis.  H.  A.,   Bio^.  Aveyr. 

"  Le  Chevalier  de  Rebourguil,  dit  L.  de  Santi,  était  un  bel  esprit  dans  le 
goût  du  jour.  Retenu  par  les  devoirs  de  sa  charge  auprès  du  comte  d'Artois, 
à  Paris,  fréquentant  les  poètes  à  la  mode  et  se  piquant  lui-même  de  poésie, 
il  ne  dédaignait  pas  de  correspondre  avec  le  curé  de  Pradinas  u. 

2.  L'abbé  de  Mostuéjouls,  alors  premier  Aumônier  de  Madame. 

3.  Il  était  de  Carcassonne  et  s'appelait  Dougados.  Nous  donnerons  plus 
loin  sur  lui  quelques  détails  biographiques. 


«  Sans  doute,  fait  remarquer  le  même  auteur,  à  force  de 
naïueté,  Peyrot  est  quelquefois  trioial  ;  il  y  a  che5  lui  des 
fautes  de  goût  à  reprendre  ;  il  n'a  pas  su  se  débarrasser 
de  ce  cortège  mythologique,  consacré,  il  est  urai,  par  les 
anciens  dans  leurs  poésies,  mais  doublement  déplacé,  ridi- 
cule même,  dans  un  poème  didactique  écrit  en  patois.  Mais 
l'expression  du  chantre  patois  des  Géorgiques  est  habituel- 
lement pittoresque  ;  son  style  est  constamment  énergique  ; 
ses  uers  pleins  d'harmonie  et  souvent  d'harmonie  imitatioe  ; 
ses  tableaux,  tantôt  frais  et  gracieux,  tantôt  sombres  et 
terribles  comme  les  objets  qu'ils  représentent,  mais  toujours 
d'une  uérité  frappante  ;  enfin,  ses  préceptes,  fondés  sur 
l'expérience  et  une  théorie  éclairée,  sont  d'une  évidente 
utilité.  Ce  sont  ces  divers  genres  de  mérite  qui  portèrent 
bientôt  ce  poème  hors  des  limites  de  l'idiome  dans  lequel 
il  était  écrit  (i)  »• 

Dans  ses  Lettres  sur  la  poésie  patoise,  Al.  Daudé  de 
Laualette  émet  un  jugement  identique   : 

«  Le  chantre  des  Quatre  Saisons,  dit-il,  fait  un  grand 
usage  de  la  mythologie  païenne.  C'est  là  un  défaut  dans 
l'ceuure  de  Peyrot.  Il  est  orai  qu'alors  on  n'auait  pas  en- 
core protesté,  au  nom  du  génie  du  christianisme,  contre 
cette  bigarre  alliance  de  la  théogonie  païenne  et  de  la  lit- 
térature des  peuples  chrétiens.  Dans  ses  innovations  my- 
thologiques, Peyrot  ne  faisait  que  payer  un  tribut  aux 
habitudes  littéraires  de  son  siècle. 

«  Le  mérite  des  Saisons  paloises  est  dans  une  foule  de 
petits  détails  d'une  simplicité  charmante,  dans  ces  petits 
tableaux  où  l'expression  relèue.  par  son  harmonie  où  sa 
poétique  naïoeté,  les  objets  les  plus  vulgaires  ;  il  est  par- 
tout où  ne  sont  pas  les  personnifications  et  les  divinités 
mythologiques  u, 

«   On  doit,   dit  de  son  côté  notre  compatriote  A.  Caban- 


Dc  Gaujal. 


—    XI    — 

tous,  axjocat  (0,  ramener  à  trois  qualités  éminentes  ce  qui 
distingue  le  poème  des  Quatre  Saisons  ;  originalité  dans  la 
peinture  des  mœurs  et  des  usages  du  Rouergue,  élégance 
et  précision  dans  la  forme.  La  versification  en  est  pure  ; 
elle  annonce  que  l'auteur  possédait,  à  un  haut  degré,  le 
don  de  l'harmonie.  L'expression  des  sentiments  s'y  dégage 
auec  tout  le  mouvement  de  la  uerwe  et  se  reuêt  parfois  de 
beaucoup  d'éclat  et  de  coloris.  Ce  genre  étant  essentielle- 
ment descriptif  entraînerait  bientôt  une  froide  monotonie  ; 
aussi  l'auteur  a  su  rompre  et  briser  à  propos  son  sujet  par 
des  épisodes  remplis  d'enjouement  et  toujours  ménagés  avec 
art 

«  Le  Printemps  arrioe  le  premier  et  le  chant  qui  l'em- 
brasse est  sans  contredit  le  plus  riche.  L'auteur  a  uoulu 
expliquer  plus  loin  que  le  droit  d'aînesse  aurait  appartenu 
à  l'automne,  d'après  les  traditions  bibliques  ;  mais  il  a 
débuté  par  la  saison  des  fleurs,  dont  un  usage  plus  logique 

a  de  tout   temps  fait    précéder   les   autres (2).    Parmi 

les  descriptions  et  les  images  présentées  auec  tant  de  bon- 
heur, à  l'aide  de  ces  diminutifs  qui  rendent  notre  idiome 
si  souple  et  si  harmonieux,  on  peut  citer  dans  ce  chant  les 
deux  passages  consacrés  aux  caues  de  Roquefort  et,  surtout, 
aux  Cascades  de  Creissels.  On  y  remarque  aussi  quelques 
oers  sur  la  bregouso  Cngleterro,  tout  chauds  d'un  patrio- 
tisme qui  reoient  clôturer  le  poème. 

L'Eté  s'ouure,  auec  le  deuxième  chant,  par  des  tirades 
vraiment  olympiennes  ;  et  pourtant  ce  chant  n'est  pas  aussi 
soutenu  que  celui  qui  précède.  On  peut  dire  qu'il  est  moins 
l'exposé  des  travaux  rustiques,  alors  si  multipliés,  qu'une 
sorte  de  cadre  où  viennent  se  grouper  asse5  brusquement 
des  éloges  prodigués  à  plusieurs  magistrats.  Celui  du  ver- 
tueux Louis  XVI  est  à  la  tête  ;  sa  place  était  naturellement 
marquée  par  la  protection    qu'il    accordait    à    l'agriculture. 


1.  Echo  delà  Hourbie,  1841. 

2.  La    petite  flatterie^décernee  à  Voltaire    dés  les  premiers  uers  n'est  qu'un 
hommage  alors  obligé  ;   du  reste  il  est  restreint  à  Voltaire  poète. 


Cependant  on  retrouve  dans  ce  chant  quelques  tableaux  de 
bonheur  champêtre  :  le  repas  des  faneurs,  la  sieste  méri- 
dienne, les  joies  du  grenier  qui  s'affaisse,  enfin  la  fête 
de  la  moisson,  lo  soulenco,  que  le  poète  compare  aux  anti- 
ques fêtes  de  Cérès. 

«  Le  troisième  chant,  VAulomne,  offre  à  cette  reuue  de 
l'économie  rurale  le  tableau  animé  des  uendanges,  et  la 
charmante  naïoeté  p-^toise  éclate  ici  oiuement  dans  quelques 
anecdotes  pleines  d'esprit.  Tout  cela  se  trouoe  accompagné 
de  préceptes  d'une  douce  morale  :  la  charité  est  recom- 
mandée aux  riches  et  la  foi  résignée  aux  pauures.  La  uieille 
assimilation  de  la  vie  de  l'homme  auec  les  quatre  saisons 
s'y  retrouve  dans  un  passage  tout  empreint  d'une  suave 
mélancolie. 

«  Le  quatrième  chant  offre  une  magnifique  description 
du  palais  de  VHiver.  On  ne  peint  pas  avzc  plus  d'imagina- 
tion. La  saison  des  frimas  est  le  beau  moment  des  conteurs 
accroupis  sous  l'âtre  domestique  ;  aussi  l'on  voit  se  dérou- 
ler ici,  sous  d'ingénieux  épisodes,  tout  le  bagage  ordinaire 
du  merveilleux,  tels  que  revenants,  voisins  ou  voisines  plus 
ou  moins  sorciers.  .  .  ;  puis  surviennent  les  folies  du  carna- 
val, la  promesse  de  mariage,  la  paille  rompue,  les  noces 
bruyantes.  Ce  chant  fournit  des  détails  sur  la  cueillette  des 
amandes,  sur  la  chasse,  sur  les  petits  travaux  qu'on  peut 
faire  dans  les  temps  les  plus  rigoureux,   etc. 

«  En  résumé,  les  Géorgiques  paloises,  dédiées  par  l'auteur 
aux  amis  de  l'agriculture,  ont  bien  mérité  de  cet  art  indis- 
pensable, en  mettant  son  enseignement  à  la  portée  des 
habitants  des  campagnes.  A  un  point  de  vue  plus  élevé,  ce 
livre  est  précieux  comme  un  des  derniers  hommages  poéti- 
ques rendus  a  l'idiome  que  nos  pères  ont  officiellement  parlé 
pendant  plus  de  cinq  siècles,  et  dont  les  monuments  qui  en 
ont  consacré  la  richesse  sont  recherchés  et  propagés  de 
nos  jours  avec  une  émulation  si  digne  d'éloges.  A  tous  ces 
titres,  la  ville  de  Millau  doit  honneur  et  reconnaissance  à 
la  mémoire  d'ui  de  ses  fils  qui  a  si  bien  chante  son  noble 
pays   1   u. 


—    XIII    — 


III. 


APRES    LES    GEORGIQUES 

On  sait  que  les  idées  nouvelles  de  1789,  qui  ne  permet- 
taient point  de  préooir  encore  les  excès  de  1793,  furent 
généreusement  acceptées,  à  Millau  comme  ailleurs,  —  peut- 
être  même  plus  qu'ailleurs,  (i)  —  aoec  enthousiasme  et 
confiance.  On  peut  lire,  dans  les  registres  des  Délibérations 
Communales  (2),  de  nombreux  et  Intéressants  détails  relatifs 
au  mouoement  de  1789  à  Millau,  mouvement  auquel  furent 
spécialement  mêlés  MM.  de  Bonald,  maire  de  Millau  ;  de 
Grandsaigne,  ancien  mousquetaire  ;  l'abbé  Duchêne,  condu- 
cher  de  Notre-Dame  ;  Richard,  procureur  du  Roi  au  Bail- 
liage ;  Dufour,  lieutenant  du  Maire  ;  Descuret,  auocat,  t^"" 
consul  ;  Despradels  d'Allaret  ;  Lafajolle  de  Combettes  ; 
d'Artis   ;   de  Bour5ès   ;   de  Sambucy   ;   Bonhomme  ;   etc. 

«  C'est,  —  dit  l'auteur  de  Débuts  de  la  'Révolulion  dans 
le  Uouergue,  —  c'est  dans  ce  milieu  éclairé  et  libéral,  dont 
son  caractère  religieux,  son  talent  poétique  et  sa  philosophie 
jooiale  lui  auaient  ouvert  les  portes,  que  uécut  le  Prieur 
de  Pradinas. 

11  se  lia  particulièrement  auec  M.  de  Bonald,  auquel  il 
adressa  deux  jolis  compliments  en  vers,  l'un  en  1789  pour 
le  féliciter  de  sa  gestion  administrative,  l'autre  en  1790, 
lo  colo  des  irobolhodous,  pour  le  prier  de  conserver  le 
chaperon  ;  car,  lui  dit-il, 

Sobèn   prou 
Que,  s'estimàs  l'ounèste  ome  senhou, 
Mespresàs  pas  noun  plus  lou  brabe  ome  que  lauro. 


1.  "  Le  Rouerguc  fut  à  l'auant-garde  du  mouvement  de  1789.  Toute  une 
noblesse  jeune,  vaillante,  enthousiaste,  amie  des  lettres  et  des  arts,  mêlant 
à  ses  plaisirs  des  rêves  de  fraternité  et  des  projets  de  réformes  sociales,  s'y 
agitait  et  remuait  imprudemment  le  levain  des  libertés  populaires,  dans  les- 
quelles elle  devait  sombrer  ;j.  (L.  de  S.,  Débuts  de  la  Hévol.  dans  le  T^ouergue). 

2,  Nous  avons  rapporté  ces  détails  tout  au  long  dans  les  JJnnales  de  Millau. 


«  Mais  c'est  surtout  dans  les  familles  de  Gualy  et  de 
Sambucy  qu'il  trouva  l'accueil  le  plus  cordial.  Aussi  sa 
reconnaissance  enuers  ses  généreux  amis  se  traduisit-elle 
maintes  fois  par  de  gracieux  enuois  poétiques. 

«  Tantôt  c'est  un  compliment  de  jour  de  l'an  à  M.  de 
Gualy  ;  tantôt  une  louange  délicate  à  M.""-  de  Gualy,  qui 
uient  d'être  nommée  à  l'abbaye  royale  du  Monastier,  entre 
Mende  et  Rode^,  Coumplimen  del  bossibib  de  los  Oumièiros 
0  modamo  de  Golï  ;  tantôt  un  épithalame  à  l'occasion  du 
mariage  de  M.,  de  St-Rome,  Predicciùs  de  lo  muso  del 
Segolà  sul  moriache  de  Moussu  de  Soni-'Roumo,  fil  de 
Moussu  de  Golï  ;  tantôt  enfin  un  dialogue  entre  la  muse  du 
Rouergue  et  le  poète  sur  le  mariage  de  M.  de  Sambucy 
de  Sorgues  aoec  M"^  de  Vailhausy  (i).  Diologue  entre  lo 
muso  rouërgasso  el  soun  mèstre,  sul  moriache  de  Moussu 
de  Sorgos. 

«  De  cette  société  aimable,  mais  un  peu  frondeuse,  Peyrot 
prit  les  goûts,   les  tendances  et  les  idées  à  la  mode. 

«  Saluant  comme  une  heure  bénie  l'aurore  de  la  liberté, 
il  s'écrie   : 

Aro  dounc  te  tenèn,   oimaplo  Libèrtat 
Que  to  souben,  en  grond'poumpo  onounsado, 
Noun  poressiôs  que  de  glissado. 

Solut,  aubre  puissent,   dount  los  bèlos  rocinos 

Del  lac  de  Coroun  sou  besinos. 
Et  dount  lou  bounet  rouje  es  presque  de  nibèl 
Ombé  los  plonetos  del  Cèl  ! 

E  milo  gorgolhols  fôu  sons  cèsso  en  corus, 
Del  fomus  Ça  ira  rounflà  lous  iatus. 

(Coumplimen  d'un  fronc  potriolo  o  l'aubre  de  lo  Libèrlat). 

«  Peyrot,   d'ailleurs,   ne  puisa  pas    uniquement  ses  inspi- 


1.  Fille  de  Jean-François  Peyrot  de  Vailhaujy.  baron  de  Brousse,  seigneur 
de  Vailhau3y  et  de  Lugagnac. 


rations  dans  le  cercle  aristocratique  du  Rouergue.  Il  était 
lui-même  de  race  gauloise,  ne  dédaignant  pas  la  grosse  gaîté 
de  la  table,  les  joyeux  propos  de  bons  compagnons  et  même 
ces  grasses  plaisanteries  dont,  depuis  Rabelais  jusqu'aux 
contes  de  Lafontaine,  les  moines  et  les  capucins  ont  défrayé 
la  poésie  légère. 

«  Ses  amis  Molinier  (i)  et  Pages,  son  frère,  son  cousin 
le  curé  de  Millau,  prébendier  de  l'église  Saint-Sernin,  et 
quelques  aimables  Bénédictins  formaient  auec  lui  un  cénacle 
dans  lequel  semble  auoir  fleuri  la  sisetle,  ce  jeu  aimé  de  nos 
aïeux,  et  où  Bacchus,  Comus  et  Momus  étaient  également 
honorés. 

ff  C'est  de  ce  cénacle  que  sortirent  les  poésies  légères  de 
Peyrot,  son  Homicide  Imaginaire,  poème  tragi-comique  à 
l'imitation  du  Lutrin,  qu'il  composa  à  la  prière  de  ses  amis 
les  Bénédictins  et  qui  respire  autant  de  gaieté  que  d'élé- 
gance, son  Compliment  de  condoléance  au  Curé  de  Millau 
condamné  à  la  diète  par  son  médecin,  sa  "Requête  de  la 
sisette  à  Comus,  qu'il  dédia  au  docteur  Molinier,  sa  Mort 
de  Froncesou,  et  enfin  certains  badinages  assej  irrévéren- 
cieux, comme  le  JSouveau  Basson  et   la  vraie  Hippocrène. 

«  De  ces  deux  pièces,  la  matière  est  délicate,  surtout  me- 
nant d'un  prêtre.  Mais  nos  aïeux  n'auaient  pas  nos  scru- 
pules en  matière  de  gaîté,  et  le  Prieur  de  Pradinas  a  traité 
ces  sujets  scabreux  d'une  plume  assej  légère  pour  qu'on  lui 
pardonne  ces  infractions  à  l'austérité  professionnelle  w. 

Peyrot,  toutefois,  n'employa  pas  uniquement  ses  loisirs 
à  écrire  des  pièces  légères  et  n'eut  pas  seulement  pour  amis 


t.  Le  docteur  Molinier-Sapientis  fut  une  des  victimes  de  la  Révolution  à 
Millau.  Le  17  août  1792,  vers  9  h.  du  soir,  ainsi  que  nous  l'avons  rapporté 
dans  les  Annales  de  Millau,  une  foule  de  séditieux  se  portent  à  la  maison  de 
campagne  de  l'estimable  médecin,  sise  à  Montplaisir  ;  ils  demandent  à  grands 
cris  qu'on  leur  ouvre  pour  pouvoir  se  saisir  de  prêtres  réfractaires  qui  s'y 
étaient,  disait-on,  cachés.  M.  Molinier  se  présente  et  essaie  de  calmer  l'ef- 
fervescence de  cette  foule  en  délire  ;  mais  on  se  saisit  aussitôt  de  lui  et  on 
l'entraîne  hors  de  la  maison  où  le  malheureux  docteur  tombe  sous  les  coups 
de  ces  forcenés. 


de  joyeux  compagnons.  Je  relè\5e,  —  ajoute  L.  de  Santi,  — 
dans  la  liste  de  ses  correspondants  les  noms  du  capucin 
Dougados.  natif  de  Carcassonne,  plus  connu  dans  les  lettres 
sous  le  nom  de  P.  Venance  Çi)  ;  d'un  saoant  botaniste, 
ancien  apothicaire  du  Roi  d'Angleterre,  Puech  d'Albis  (2)  ; 
de  l'imprimeur  Védeilhé,  de  Villefranche,  auquel  il  dédia 
l'épître  liminaire  de  ses  œuvires,  et  du  cheualier  de  Rebour- 
guil,  qui  s'était  constitué  à  Paris  le  vulgarisateur  des  poésies 
du  curé  rouergat. 

Parmi  les  pièces  fugitives  françaises  (3)  de  Claude  Peyrot, 
une  des  plus  intéressantes  est  Le  Chevalier  de  la  Gragnotte, 
légère  et  moqueuse  satire,   pleine  d'esprit  et  de  bon  goût. 
•  «  Le  Chevalier  de  la  Gragnotte,  —  dit  encore  L.  de  Santi, 


1.  "  Le.  P.  Venance  Dougados,  capucin  de  N.-D,  d'Orient,  près  St-Sernin, 
bien  connu  par  sa  Quête  du  Blé,  était  un  ami  de  Peyrot,  un  ami  datant  de  la 
prébende  de  St-Sernin.  En  1786,  il  célébra  le  mérite  des  Géorgiques  paloises 
par  une  épître  en  vers  au  Prieur  de  Pradinas  ;  celui-ci  répondit  en  patois  ; 
le  capucin  riposta  ;  ce  fut  un  véritable  tournoi  dans  lequel  il  serait  difficile 
de  désigner  le  vainqueur,  mais  où  Peyrot  l'emporte  du  moins  par  le  mérite 
de  l'originalité,  Il  ne  perd  pas  du  reste  l'occasion  de  railler  un  brin  le  froc. 
Et  le  capucin  de  répondre  par  un  madrigal  que  l'on  croirait  volé  à  l'Almanach 

des  Muses  : 

Gracieux  peintre  des  Saisons ,  etc, 

"  Hélas  !  le  Capucin  devait  mordre  aussi  au  fruit  dangereux  de  liberté.  Le 
froc,  que  Peyrot  raillait  en  lui,  pesait  à  ses  ailes  de  poète  et,  quand  sonna 
le  tocsin  de  la  Révolution,  il  se  hâta  de  le  jeter  aux  orties.  Devenu  adjudant- 
général  à  l'armée  des  Pyrénées-Orientales,  il  n'y  déploya  pas  les  mêmes 
talents  qu'en  littérature,  se  compromit  avec  quelques  fédéralistes,  fut  destitué, 
traduit  à  Paris  devant  le  Tribunal  révolutionnaire,  condamné  à  mort  comme 
conspirateur  et  exécuté  le  24  nivôse  an  11  fi3  janvier  1794). 

2.  Puech  d'Albis  était  un  modeste  savant  qui,  après  avoir  longtemps  vécu 
en  Angleterre,  s'adonna  à  l'horticulture.  Au  milieu  de  ses  jacinthes  et  de  ses 
plantes  potagères,  il  aimait  à  deviser  en  philosophe  des  événements  politiques, 
et  Peyrot,  qui  a  fait  de  son  jardin,  L'Ort  sons  porèl,  une  description  enthou- 
siaste, le  qualifie  de  sage  persiflant  les  sottises  de  son  siècle  : 

.  .  .    Persiflas  los  errous,  los  sout'isos  del  siècle  ; 
.  .  .    Mes  un  sache  otobé  que  parlo  sons  possiù. 

3.  Les  pièces  fugitives  françaises  de  Claude  Peyrot  sont  au  nombre  de  47. 
Nous  les  mentionnerons  toutes' dans  notre  nouvelle  édition  ;  mais,  comme 
les  éditeurs  précédents,  nous  ne  publierons  que  les  meilleures. 


—  deoint  le  Marseillais  de  l'e'poque,  le  type  légendaire  du 
Gascon  baoard,  hâbleur  et  sot.  Il  n'a  pas  v)ieilli.  A  sa  lec- 
ture, le  même  rire  qui  a  secoué  nos  pères  nous  prend  en- 
core, parce  qu'à  distance  nous  y  reconnaissons  des  ridicules 
soulignés  par  une  observation  narquoise  qui  est  bien  dans 
le  caractère  français  m. 

Quant  aux  pièces  fugitives  patoises,  elles  sont  au  nom- 
bre de  trente-cinq.  Ecrites  dans  un  style  pittoresque  et 
original,  elles  peignent  aoec  la  plus  grande  fidélité  les 
mœurs  et  les  usages  des  habitants  des  campagnes  au  milieu 
desquels  l'auteur  a  si  longtemps  v)écu,  qu'il  a  tant  aimés 
et  dont  il  a,  dans  toutes  ses  poésies,  si  énergiquement 
défendu  les  intérêts.  Nous  en  auons  déjà  mentionné  quel- 
ques-unes ;  les  événements  dont  il  était  le  témoin  en 
inspirèrent  d'autres  à  Claude  Peyrot. 

La  sagesse  de  M.  de  Bonald  dans  les  temps  si  mouve- 
mentés de  1789,  ses  généreuses  conceptions  et  principale- 
ment son  projet  de  confédération  d'honneur  de  toutes  les 
Municipalités  de  France  pour  le  maintien  de  l'ordre  et  de 
la  tranquillité  publique,  que  l'Assemblée  Nationale  avait 
couvert  d'applaudissements  et  envoyé  dans  toutes  les  pro- 
vinces comme  un  modèle  de  patriotisme  à  imiter,  avaient 
illustré  la  commune  de  Millau.  Un  instant,  elle  porta  au 
front  une  auréole  de  gloire  qui  la  fit  distinguer  entre 
toutes  les  Municipalités  du  Royaume.  Notre  commune  — 
chose  malheureusement  trop  rare  à  constater  dans  les  an- 
nales des  villes  —  ne  fut  pas  ingrate.  Fière  de  son  Maire 
et  désireuse  de  reconnaître  l'intelligence  et  le  dévouement 
qu'il  avait  mis  si  généreusement  au  service  de  son  pays, 
la  Commune  de  Millau  donna  à  son  premier  Magistrat  un 
témoignage  éclatant  de  son  estime,  de  son  affection  et  de 
sa  reconnaissance  en  lui  décernant,  le  3  septembre  1789, 
une  couronne  civique  Çi). 

Peyrot  s'était  fait  l'interprète  du  sentiment  public  en 
rendant  hommage  à  M.  de  Bonald  par  les  pièces  suivantes  : 


1.  Annales  de  Millau, 


—    XVIII    — 

Coumplimen  o  Moussu  de  Bounal,  mairo  de  Millau  ;  lo 
colo  des  Trobolhodous  o  Moussu  de  Bounal,  et  Dialogue 
entre  Miquèl  de  Milhau  et  Jonou  de  lo  Bloquièiro.  Dans 
cette  dernière  pièce,  l'un  des  interlocuteurs  fait  l'éloge  de 
l'administration  si  prévoyante  et  si  sage  de  M.  de  Bonald, 
fr  mairo  fort  obillé  »,   qui,   dit-il, 

cado  jour  nous  estouno  ; 

Tout  so  que  fo,   que  dis,   merito  uno  courouno. 

Il  y  a,  dans  ce  dialogue  imaginaire,  plusieurs  traits  forts 
piquants   : 

A  propos  des  revenus  du  Domaine  royal,  le  poète  fait 
dire  à  ses  deui  interlocuteurs   : 

...   Coumo  lour  biondo  èro  fort  dispèrsado, 
Coliô,   pèr  forso  mas,   que  fouguèsso  omossado  ; 

E,   pormi  tontes  d'emplegats. 
Se  n'  troubabo  qu'obiôu  lous  dets  fort  empegats. 

Puis,   plus  loin   : 

Oh   !   penjou  be  souben  lo  bouluro  rocalho, 
iHès  jomai  lous  grosses  filous, 
Que  fou   lugî  de  pigolhous. 

Pèr  ci-dobont,   lo  relho  èro  fort  mespresado, 
Oquelos  grosses  gens,   qu'oun  fou  d'autre  mestiô 
Que  de  se  diberti,   monjà,   biùre,  se  jaire. 

Nous  counsiderabou   pas  gaire. 
Sons  nautres,   sopenden,  de  fon  tout  peririô. 

Comme  on  voit,  la  note  est  bien  dans  le  goût  de  l'épo- 
que. On  la  trouve  d'ailleurs  dans  plusieurs  passages  des 
Quatre  Saisons,   qui  avaient  paru   huit  ans  auparavant. 

Si  Peyrot  a  stigmatisé  avec  juste  raison  les  abus  du 
régime,  il  ne  faudrait  pas  en  conclure  qu'il  fût  un  révolté. 
Certes  non.  L'imprimeur  Millavois  Chanson  rapporte,  dans 
son  Eloge  historique,  civil  et  littéraire,  que  M.  Labro, 
ancien  curé  de  Millau,  disait  un  jour,  en  présence  de  beau- 
coup d'ecclésiastiques,  dans  la    sacristie    de  l'église  parois- 


sîale  Notre-Dame  de  Millau,  «  que  quelque  part  où  il  se  fût 
«  trouué,  il  n'avait  jamais  eu  le  bonheur  de  rencontrer  un 
n  prêtre  aussi  religieux,  aussi  fidèle  a  ses  deooirs,  aussi 
n  charitable  et  aussi  bon  ami  que  le  Prieur  de  Pradinas  m. 
«  D'ailleurs,  fait  remarquer  h  ce  sujet  L.  de  Santi,  à 
l'occasion  de  la  maladie  de  Louis  xv,  en  1744,  Peyrot  auait 
composé  une  ode  enthousiaste  sur  lou  "Rei  recoumbolil  de 
lo  molbutiè  qu'ojèt  0  Metz,  en  foguen  lo  guerre.  Tout  y 
respire  l'admiration  et  la  fidélité  d'un  bon  sujet  ;  il  y  parle 
même  des  exploits  et  de  la  oaillance  du  Roi...  Plus  tard 
encore,  à  l'occasion  du  débordement  du  Rhône  et  de  la 
naissance  du  Comte  de  Prouence,  en  1755,  il  composa  un 
poème  en  français,  les  dons  du  Ciel  el  ses  disgrâces  sur  la 
Provence,  où  le  futur  Louis  xviii, 

Un  tendre  rejeton  de  la  tige  des  lis. 

Ramène  les  beaux  jours  du  siècle  d'innocence. 

«  Mais,  —  ajoute  l'auteur  de  Débuts  de  la  "Révolution  en 
"Rouergue,  —  de  quelle  tristesse  ne  dut  pas  se  sentir  enoahi 
ce  pauore  pasteur  patriote,  quand  il  vit  ses  beaux  rêoes 
s'effondrer,  ses  amis  proscrits  et  la  guillotine  s'éleoer  à  la 
place  de   l'arbre  de  la  Liberté  !   w 

«  Tous  les  bons  citoyens,  ceux-là  même  qui  avaient 
pris  la  plus  large  part  au  mouvement  libéral  de  1789, 
furent  traités  d'aristocrates,  de  contre- révolutionnaires, 
dénoncés  et  arrêtés. 

«  Les  principaux  amis  de  Peyrot,  M.  de  Gualy  et  ses 
deux  fils,  M.  et  M""^  de  Ve5ins,  M.  de  Sambucy-Miers  et 
M.  de  Sambucy  de  Sorgues,  le  beau-père  de  celui-ci,  Peyrot 
de  Vailhausy,  conseiller  à  la  Cour  de  Toulouse,  son  collè- 
gue de  Julien,  marquis  de  Pégayrolles,  avocat  général  à  la 
même  Cour,  Çi)  et  ses  deux  fils,  le  conseiller  de  Carbon 
et  son  fils,  enfin  M.  de  Mostuéjouls,   jugèrent  la  situation 


I.  Dans  le  deuiièmi  chant  des  Géorgiques  paioises,  Peyrot  fait  un  uif  éloge 
de  M.,  de  Pégayrolles. 


dangereuse  et  se  résolurent  à  rejoindre,  en  mars  1792, 
leurs  parents  et  leurs  amis  déjà  émigrés... 

«  Sambucy,  Gualy  et  Vejins,  dénoncés  par  la  Société  des 
Amis  de  la  Constitution  de  Millau,  furent  arrêtés  au  Puy  ; 
cependant  les  fugitifs  furent  remis  en  liberté,  à  la  condi- 
tion de  retourner  à  Millau.  Ils  y  retinrent,  mais  mal  leur 
aduint.  M.  de  Sambucy-Miers,  pour  échapper  aux  tracas- 
series, se  réfugia  à  Toulouse,  où  il  ne  tarda  pas  à  être 
emprisonné  aux  Carmélites  ;  MM.  de  Sorgues,  de  Gualy 
et  de  Venins  échappèrent  aux  recherches  ;  mais  les  con- 
seillers de  Carbon  et  Peyrot  de  Vailhau5y  n'eurent  pas  le 
même  bonheur. 

«  Arrêtés  et  conduits  à  Paris  comme  membres  du  Par- 
lement qui  auait  protesté  contre  les  décrets  de  l'Assemblée 
Nationale,  ils  furent  traduits  deoant  le  Tribunal  réoolu- 
tionnaire,  condamnés  et  exécutés  le  18  messidor  an  11  (6 
juillet  1794).  — Enfin,  le  malheureux  auocat-général  Etien- 
ne-Hippolyte  de  Julien,  marquis  de  Pégayrolles,  alors  âgé 
de  73  ans,  traduit  également  à  Paris  comme  ses  collègues, 
y  arrioa  tellement  épuisé  de  fatigues  et  de  privations  qu'il 
dut  être  transporté  à  l'Hôtel-Dieu,  où  il  mourut  de  misère, 
le  28  octobre   1794. 

«  On  juge  si  ces  exécutions  et  ces  persécutions  durent 
retentir  douloureusement  dans  le  cœur  de  Peyrot  (1). 

«  Il  chanta  cependant  encore,  car,  comme  il  le  dit  dans 
une  curieuse  épître  rimée  au  procureur-syndic  de  la  Répu- 
blique pour  lui  recommander  un  certain  Bertrand,  l'un  de 
ses  compagnons  de  musique,  il  rime  et  il  chante  à  80  ans 
passés.  Mais  on  sent  que  la  conuiction  n'y  est  plus  :  sa 
foi  en  la  liberté  est  morte,  et  ce  n'est  pas  sans  une  certaine 
mélancolie  qu'il  en   parle  maintenant. 

«  Ainsi,  dès  le  milieu  de  1793,  à  propos  de  l'érection 
d'un  n  arbre  de  la  Fraternité  w  dans  la  commune  de  Pailhas, 
il  s'écrie   : 


I.   L.  de  Santi.  Débuis  de  /a  Hévolulion  dans  le  Houcrgue, 


Aubre  de   lo  Frotèrnitat, 
Que  ses  bengut  dins  oqueste  bilache 
Pèr  i  mentene  l'ordre  e  lo  tronquillitat, 
Solut,   ounour,  joio  e  sontat   ! 

«  Mais  il  recommande  aussi  à  l'arbre  de  ne  point  faire 
parade  de  son  éléuation  et  de  sa  noblesse,  car, 

...oquel  titre  (de  senhour),  autres  cots  ounouraple. 
Es  bengut  tout  d'un  cop  to  lourt,  to  mespresaple. 
Qu'es  defendut  même  de  lou   pourta. 

«  Et,  en  terminant,  il  prie  le  Ciel  de  préserver  cet  em- 
blème des  orages  qui  ont  déjà  abattu  tant  d'autres  grandes 
choses. 

«  Plus  significatif  encore  est  le  dernier  de  ses  dialogues 
politiques.  Ce  sont  deux  femmes  qu'il  fait  parler.  Jeannette 
et  Martrou.    Celle-ci    en    gardant    son    troupeau,    a   fait  la 

rencontre  d'un  patriote, 

...    un  gros  oumenàs 
Que  pourtabo  sul  col  uno  grondo  pigasso, 

et  qui  l'a  interrogée  sur  ses  sentiments  démocratiques.  La 
pauure  fille  s'est  enfuie,  interdite,  et  Jeannette,  qui  est  de 
bon  conseil,  estime  qu'elle  fera  bien  de  ne  pas  trop  parler 
de  cette  awenture   : 

Pèr  obeire  boulgut  un  pauc  trop  libromen 
Sus  oquestes  trimais  dire  soun  sentimen, 
M.ai  d'uno  es  estado  fretado. 

«  Aussi  le  pauure  Peyrot  conclut-il,  auec  une  résignation 
qui  recèle   bien  d'amères  méditations  : 

.  .  .    nous  bal  be  mai  cola, 
Que  de  nous  faire  escopoulà. 

«  Ce  furent  d'ailleurs  les  seules  flèches  qu'il  lança  d'une 
plume  discrète  au  nouveau  régime  de  liberté  u.  (i) 


I.   L.  de  Santi.   Débuts  de  la  "Rcvolulion  en  Tioucrgue. 


—    XXII    — 


C'est  en  1790  que  Claude  Peyrot  se  retira  à  Pailhas. 
En  uertu  de  la  Constitution  ciuile  du  clergé,  on  lui  av»ait 
demandé  le  serment  qu'on  exigeait  alors  de  tous  les  ecclé- 
siastiques. Fidèle  à  son  deooir,  Peyrot  refusa  ce  serment 
et  c'est  alors  que,  pour  éuiter  les  dangers  auxquels  sa 
fidélité  l'aurait  exposé,  il  se  retira  a  Pailhas,  che5  son  ami, 
François  Hugla.  L'ancien  Prieur  de  Pradinas  habita  dans 
cette  maison  jusqu'à  l'époque  de  sa  mort,  qui  arriva  cinq 
ans  après. 

Il  semble  que  Peyrot  avait  très  bien  choisi  le  lieu  de  sa 
retraite  pour  se  mettre  à  l'abri  des  périls  qui  menaçaient 
alors  tous  les  prêtres  non  assermentés.  Le  petit  village  de 
Pailhas  était  alors  beaucoup  plus  isolé  qu'il  ne  l'est  au- 
jourd'hui. La  route  départementale  qui  le  traverse  n'existait 
pas  encore  et  le  seul  chemin  d'accès  était  un  étroit  sentier 
qui  longeait  les  bords  du  Tarn.  La  famille  Hugla  dans 
laquelle  il  s'était  retiré  lui  était  d'ailleurs  bien  dévouée. 
Grâce  à  ces  diverses  circonstances,  Peyrot  passa  tranquil- 
ment  à  Pailhas  cette  sombre  époque  de  la  Terreur  et  les 
dernières  années  de  sa  vie. 

La  tradition  rapporte  cependant  qu'un  jour  deux  délé- 
gués du  Comité  révolutionnaire  de  Millau  vinrent  à  Pailhas 
le  sommer  de  prêter  le  serment  schismatique.  Le  bon  vieil- 
lard, qui  avait  connu  tout  enfants  ces  deux  délégués,  les 
reçut  en  souriant.  Il  écouta  leurs  sommations  et  répondit 
en  patois,  avec  sa  bonhomie  habituelle  :  «  Besès.  mous 
efonlous,  sabe  pas  soulomen  ce  que  me  boules  dire.  Arc, 
iii  sou  trop  bièl  pèr  oprene  un  aulre  Cotechirme  »  {\).  Les 
délégués  furent  désarmés  par  cette  réponse  et  n'insistèrent 
pas  davantage.   Ils  l'engagèrent    même   à  rentrer  à  Millau, 


1.  Fait  et  propos  rapportés  par  un  petit  ncueu  du  Prieur  de  Pradinas, 
professeur  de  musique  au  petit  Séminaire  de  Belmont.  —  Notes  de  M.  l'abbé 
Mouriès,  curé  de  Pailhas. 


—    XXIII    — 

l'assurant  qu'il  n'y  serait  nullement  inquiété.  Mais  Peyrot 
n'accepta  point,  bien  que  la  Municipalité  lui  eût  déjà  fait 
cette  offre  gracieuse  Çi). 

«  Le  8  germinal  de  l'an  m  républicain  ai,  c'est-à-dire 
six  jours  auant  sa  mort,  Peyrot  fit  son  testament,  qui  fut 
reçu  par  M^  Fabre,  notaire  à  Aguessac  (2).  Ses  disposi- 
tions nous  montrent  que  la  poésie  ne  l'auait  guère  enrichi. 
Voici  en  effet  en  quoi  consistait  le  sixième  de  ses  biens, 
qu'il  donna  à  sa  domestique,   Catherine  Lauabre   : 

«  Un  seau  sive  ferrât,  un  petit  chaudron  cuiure,  ensem- 
ble tous  les  effets  comestibles,  une  paire  linseuls  toille  de 
maison  bons,  une  nape,  six  serviettes  de  bonne  qualitté  et 
bones,  plus  une  autre  nape,  une  couverture  de  lit  couton, 
une  vieille  soutane,  une  seringue,  six  bonnes  chemises  et 
générallement  tous  les  petits  meubles  ustencilliers  qu'il  peut 
avoir  dans  sa  chambre,  deux  sacs  à  tenir  le  blé,  une  lam- 
pe, de  même  que  tous  ses  vieux  habits  et  guenilles  qu'il 
peut  avoir,  déclarant  que  le  lit  dont  elle  se  sert  appartient 
à  son  entier  à  ladite  Lavabre,  de  même  que  la  poêle  à 
frire.   Et  tel  est  son  testament...    m 

Claude  Peyrot  mourut  le  14  germinal  an  m  C3  avril  1795), 
à  3  heures  de  l'après-midi.  Il  était  âgé  de  86  ans.  Le  bon 
vieillard  conserva  jusqu'au  dernier  soupir  ses  facultés  intel- 
lectuelles et  sa  bonne  humeur.  On  rapporte  en  effet  que, 
le  jour  de  sa  mort,  des  femmes  étant  pour  lui  un  sujet  de 
fatigue  par  leurs  chuchotements  auprès  de  son  lit,  il  dit  à 
sa  garde  malade  :  «  Prie3;  ces  femmes  de  se  taire,  si  tou- 
«  tefois,  ajouta-t-il  d'une  voix  mourante,  des  femmes  peu- 
«  vent  se  taire  m.  Cinq  minutes  après,  il  avait  cessé  de 
vivre  (3). 

Après  sa  mort,  le  corps  de  Peyrot  fut  revêtu  des  orne- 
ments sacerdotaux,  dont  il  se  servait  pour  dire  la  messe 
dans  sa    chambre    et    il    fut    inhumé    dans    le    cimetière    du 


I.  H.  Affre.  Biographie  Aveyronnaise. 
1.   Anciennes  Minutes  de  M'  Unal. 
3.   H.   Affre.  Biographie    JJveyronnaise. 


—    XXIV    — 

uillage,  qui  se  trouvait  alors  dans  la  uieille  église.  Ce 
cimetière  a  été  désaffecté  en  1825,  lors  de  la  construction 
de  la  route,  et  transformé  en  place  publique.  Pour  cela  on 
opéra  un  profond  défonçage  du  sol  ;  on  en  tira  tous  les 
ossements  et  on  les  transporta  dans  le  nouveau  cimetière, 
situé  à  5oo  mètres  du  uillage.  On  reconnut  très  facilement 
le  corps  de  l'ancien  Prieur  de  Pradinas,  grâce  aui  galons 
métalliques  qui  ornaient  la  chasuble  dont  on  l'auait  revêtu 
et  qui  étaient  encore  intacts.  Malheureusement  on  jeta  le 
tout  pêle-mêle  dans  la  fosse  commune,  de  sorte  qu'on  ne 
peut  même  plus  déterminer  exactement  le  lieu  de  sépulture 
du  bon  Prieur  (i). 


En  élevant  un  monument  à  Claude  Peyrot,  le  Comité  qui 
a  pris  l'initiative  de  cette  œuvre  a  répondu  à  un  véritable 
sentiment   public. 

Déjà  en  1841  un  vœu  dans  ce  sens  avait  été  émis.  Il  fut 
question  d'ériger  une  statue  au  poète,  avec  une  fontaine 
monumentale,   sur  la   place  du  Mandarous. 

M.  Daudé  de  Lavalette,  avocat  à  la  Cour  d'Appel  de 
Montpellier,  avait  même  proposé  l'inscription  suivante,  que 
nous  donnons  à  titre  de  curiosité   : 

A    PEYROT,    PRIEUR    DE    PRADINAS, 

LA    VILLE    DE    MILLAU    ET    LE    CONSEIL    GÉNÉRAL    DE    l'AVEYRON 

ONT    ÉLEVÉ    CE    MONUMENT 

AU    NOM    DES    CULTIVATEURS    DE    l'aNCIEN    ROUERGUE 

DONT    IL    A    CHANTÉ    LES    TRAVAUX    ET    EMBELLI    LE    LANGAGE 

DANS    DES    VERS    AUSSI    COULANTS    ET    AUSSI    PURS 

QUE    LES    EAUX    DE    CETTE    FONTAINE. 


Ce   projet  ne  fut  pas  suivi  d'exécution. 


I,   Notes  de  l'abbé  Mouriés,  curé  de  Pailhas. 


—    XXV    — 

L'année  suivante,  M.  Argeliej,  de  Riuière,  membre  de 
la  Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  l'Aueyron, 
écriuait  dans  son  travail  historique  sur  la  uallée  du  Tarn, 
publié  dans  VEcho  de  la  Bourbie,   les  lignes  suivantes  : 

«  Et  vous,  aimables  habitants  de  la  Cité  de  Millau, 
n'oublie^  pas  qu'il  manque  à  l'ornement  de  votre  ville  deux 
monuments  consacrés  à  la  gloire  et  au  génie  :  l'un  au 
Newton  de  la  science  politique  (0  (de  Bonald)  ;  l'autre  au 
rival  de  Goudouli  (Claude  Peyrot)  m. 

Un  autre  membre  de  la  Société  des  Lettres,  Sciences  et 
Arts  de  l'Aveyron,  M.  Advielle,  avait  formé  un  projet 
semblable.  Il  s'était  mis  en  correspondance  avec  M.,  l'abbé 
Alouriès,  curé  de  Pailhas,  (village  où  est  mort  Claude 
Peyrot),  et  lui  avait  promis  de  faire  élever,  soit  à  ses  frais 
personnels,  soit  avec  les  fonds  provenant  d'une  souscrip- 
tion, un  modeste  monument.  D'un  commun  accord,  on  avait 
décidé  de  le  placer  à  côté  de  la  route,  sur  l'emplacement 
de  l'ancien  cimetière  où  fut  inhumé  Claude  Peyrot.  Mal- 
heureusement la  mort  de  M.  Advielle  est  venue  naguère 
anéantir  ce  projet,  au  grand  regret  des  habitants  de  Pailhas. 

Lors  de  l'organisation  de  l'excursion  de  la  Société  des 
Lettres  à  Millau  (septembre  içoS),  notre  distingué  collègue 
M.  Emile  Cartaillac,  correspondant  de  l'Institut,  nous  fit 
part  du  projet  qu'il  caressait  depuis  de  longues  années  de 
rendre  un  hommage  public  à  la  mémoire  de  Claude  Peyrot, 
soit  par  l'érection  d'un  monument,  soit  du  moins  par  la 
pose  d'une  plaque  de  marbre  rappelant  la  naissance  et  le 
décès  du   poète  millavois. 

Enfin,  lors  de  cette  même  excursion,  M.  Léopold  Constans. 
dont  on  connaît  la  compétence  et  le  goût  pour  tout  ce  qui 
touche  à  la  linguistique  et  aux  études  romanes,  proposa 
la  constitution,  à  Millau,  d'une  section  du  Félibrige  pour 
la  conservation  du  rouergat  et,   après  avoir    rappelé   la  po- 


1.   C'est  le  titre  qu'un  illustre    étranger,   le    prince   Elim    Mestchewski,    dé- 
cernait à  M.  de  Bonald. 


—    XXVI    — 

pularité  de  Claude  Peyrot,  proposa  de  célébrer  solennelle- 
ment, en  1909,  le  deuxième  centenaire  de  sa  naissance,  par 
des  fêtes  félibréennes  et  par  l'érection  d'un  monument  en 
son  honneur.  Ces  propositions  furent  adoptées  aoec  en- 
thousiasme et  il  fut  décidé  que  le  groupe  M.illaï)ois  de  la 
Société  des  Lettres,  constitué  en  Comité  local,  s'occuperait 
de  ces  questions.  Telle  est  l'origine  de  VÂssociation  féli- 
bréenne  Claude  Peyrot  et  du   Comité  Claude  Peyrot. 

En  éleoant  un  monument  au  poète  rouergat,  le  Comité 
a  répondu,  on  le  uoit,  à  un  viéritable  uœu  populaire.  C'est 
aussi  pour  répondre  au  même  sentiment  public  qu'est  pu- 
bliée la  présente  édition  des  œuures  de  Claude  Peyrot, 
ancien  prieur  de  Pradinas. 

Millau,  le  3  septembre   1909. 

J.  Artières. 


^Jl-lO, 


IN^RODUGT^ION 


E  insUnto  de  natura 
L'amor  del  patrio  nido. 

(AlÉTASTASEJ. 


Un  des  plus  intéressants  parmi  les  précurseurs  des  Féli- 
bres,  celui  peut-être  qui  répond  le  mieux,  sans  en  excepter 
Jasmin  qui  se  déclare  son  humble  disciple,  à  l'idée  que 
l'on  se  fait  d'un  poète  de  la  terre,  c'est  assurément  Claude 
Peyrot,  plus  connu  dans  le  peuple  sous  le  nom  du  prieur 
de  Pradinas.  Goudouli  lui-même,  le  célèbre  auteur  du  Ka- 
melet  Moundi,  que  Peyrot  Çi)  et  Jasmin  reconnaissent  éga- 
lement comme  leur  maître,  lui  est  inférieur  pour  l'amour 
du  sol  natal  et  surtout  pour  la  sensibilité  et  la  compatis- 
sance  aux  misères  du  paysan. 


L'œuure  principale  de  Claude  Peyrot,  celle  qui  l'a  rendu 
justement  populaire  et  lui  assure  une  place  au  premier  rang 
des  précurseurs  des  Félibres,  ce  sont  Les  Quatre  Saisons 
ou  Les    Géorgiques    patoises,    poème    de    2,176    oers,    qu'il 


I,   Voye5  "Recul,  Ep.  69-72  et  Bèrscs  0  l'culur  de  los  Geourgicos  potuèsos,  3-4. 


publia  en  1781  (0-  L^s  Géorgiques  auaient  été  précédées 
de  lo  Primo  "Rouërgasso  (le  printemps  rouergat),  ébauche  du 
premier  chant  des  Quatre  Saisons  {1),  qu'il  aoait  écrite  à 
l'instigation  de  son  ami  Despradels  d'Allaret,  agriculteur 
distingué,  qui  eut  l'honneur  d'introduire  en  Rouergue  le 
trèfle  et  le  sainfoin  et  fit  beaucoup  pour  l'adoption  de  la 
pomme  de  terre  dans  les  campagnes.  C'est  sur  les  instan- 
ces de  Mgr  Jérôme-Marie-Champion  de  Cicé,  é\3êque  et 
comte  de  Rode^;,  président  des  États  de  la  Haute-Guienne, 
qu'il  se  décida  à  compléter  l'œuure  que,  par  modestie,  il 
Ajoulait  laisser  dans  son  état  primitif,  et  qu'il  dédia  à  ce 
prélat  ami  des  lettres. 

Mais  il  eut  le  tort  de  se  laisser  influencer  par  les  récla- 
mations des  personnes  auxquelles  l'idiome  du  Rouergue 
était  peu  familier,  et  de  rapprocher,  autant  que  possible, 
comme  il  le  dit  dans  un  /l^'S  au  lecteur  (3),    sa    langue 


1.  Les  Q.  s.  ou  les  G.  p  ,  poème  par  M.  P.  A,  P.  D.  P.  ("M.  Peyrot,  ancien 
prieur  de  PradinasJ,  bénéficier  à  AVillau,  auteur  du  Recueil  des  poésies 
patoises  et  françaises  imprimé  en  1774.  —  Ces  deux  ouorages  se  trouvent  : 
à  Villefranche,  che3  Védeilhié,  imprimeur  du  roi;  à  Figeac.  ehe^  Champollion, 
libraire  ;  à  Rodej,  che5  M"'  Védeilhié,  libraire  ;  à  Millau,  chej  les  D"«* 
Rainaldis,  MDCC.LXXXI.  --  En  tête  du  terte  du  poème  Cp.  11),  on  lit  ce 
titre  :  Las  Quatre  Sasous  ou  les  Géorgiques  patoises.  Pour  la  graphie  qui 
y  est  adoptée,  uoye^  ci-après. 

2.  Publiée  en  tête  de  son  recueil  intitulé  :  Poésies  diverses,  patoises  et  fran- 
çaises, P.  M.  P**  A.  P.  D.  P.  En  Rouergue,  1774  et  précédée  d'une  délicieuse 
épitre  en  »ers  à  son  imprimeur  Védeilhié,  à  Villefranche,  signée  Estèbe,  pastre 
del  Segolà.  Le  Segolà  (pays  du  seigle)  est  situé  à  l'ouest  de  la  région  comprise 
entre  l'Aueyron  et  le  Tarn. 

3.  Voici  cet  Avis  :  "  Malgré  les  soins  qu'a  pris  l'Auteur  pour  se  rendre 
n  plus  intelligible  dans  cet  Ouvrage,  qu'il  ne  l'a  été  dans  son  Hecueil  de 
"  Poésies  Patoises  et  Françaises  imprimé  en  1774,  en  rapprochant,  tant  qu'il  a 
"  pu,  l'idiome  du  Rouergue  des  différents  dialectes  de  nos  Provinces  méri- 
"  dionales  {'),  il  ne  se  dissimule  pas  qu'on  y  trouvera  encore  bien  des  mots 
n  qu'il  serait  difficile  de  comprendre,  s'il  n'en  donnait  l'explication  :  c'est  ce 
"  qu'il  a  fait,  par  lettre  alphabétique,  à  la  fin  du  Poème.  Ce  petit  vocabulaire 
"  servira  aussi  de  supplément  aux  notes  qui  se  trouvent  à  la  fin  des  pages 
"  dudit  Recueil,  qui  ont  paru  insuffisantes  aux  Lecteurs  peu  accoutumés  au 
"   patois. 

(*)  En    réalité,    le   bon   Prieur,  sous  la    pression    de    gens  qui  n'entendaient 


(ou  plutôt  sa  graphie)  rr  des  différents  dialectes  de  nos  prO" 
vinces  méridionales  )).  Alors  que  sa  Primo  donnait  une 
graphie  rationnelle  et  presque  entièrement  phonétique,  ses 
Géorgiques  offrent  un  mélange  barbare  de  formes  françai- 
ses, languedociennes  et  rouergates,  où  surnagent  cependant 
un  assej  grand  nombre  de  mots  écrits  correctement  et  re- 
présentant la    prononciation    réelle    de    l'auteur,  comme    on 


que  médiocrement  la  langue  uulgairc  ou  qui  la  jugeaient  trop  grossière,  a 
fortement  francisé  sa  langue,  ainsi  qu'il  est  facile  de  s'en  convaincre  en 
comparant  la  Primo  de  1774  auec  le  Printems  de  1781,  qui  la  développe  et  trop 
souvient  ta  gâte,  dans  les  parties  conservées,  en  substituant  à  des  mots 
pittoresques,  mais  qu'on  jugeait  insuffisamment  nobles,  des  mots  plus  rap- 
prochés du  français,  ou  même  purement  français.  Pour  qu'on  se  rende  bien 
compte  de  la  différence  des  deux  graphies,  nous  allons  donner,  d'après  les 
deur  éditions,  un  passage  où  le  fond  est  sensiblement  le  même.  (Le  texte  de 
l'édition  de  J77^,  v.   3 1-45  est  en  italiques)  : 

Lou  coucut  o  contât.  L'Hiber  bo  trescoula  ; 

Lou  coucut  a  cantat  ;  l'Hyver  va  trescoula  ; 

Lo  biso  sul  "Rouergue  0  cessât  de  siffla  : 

Lo  biso  sul  Rouergue  es  lasso  de  siffla  : 

Bo  pourta  sous  buffals  dins  lou  pays  de  l'ourso. 

Va  pourta  sous  buffals  dins  lou  pays  de  l'Ourso  ; 

Lo  Primo  se  delargo,  é  coumenço  so  courso. 

Lou  Printems  se  preparo  à  coumença  sa  courso. 
5  Trop  long-tems  omogat,  lou  grand  astre  del  Cel, 

Trop  long-temps  amagat,  lou  grand  astre  del  Cel, 

Mostro  déjà  lou  mourre,  é  quitlo  soun  montel  ; 

Quitto  sa  capo  soumbro  è  son  nègre  mantel  ; 

'El  del  caudet  zephir  déjà  lo  douço  holeno. 

Et  del  tiède  jephir  déjà  la  douce  haleno 

De/s  rious  emprisounats  o  foundut  lo  codeno. 

Des  rious  emprisounats  a  foundut  la  cadeno. 

Lous  gels  qu'ol  cap  des  puechs  semblabou  de  pendens, 

De  lo  cimo  des  rocs,  à  touto  houro,  en  detal, 
10   Se  destacou  dels  rocs,  é  formou  de  tourrens 

On  uei  se  destaca  de  pendens  de  cristal  ; 

Que  qu'auqués  cops  des  camps  besis  de  los  ribieyros, 

Et  la  neou  que  se  fond,  en  laven  las   carrieros 

Boau,  jusquos  ol  clobenc  boloja  los  corrieyros  ; 

Va  jusques  dins  lour  leit  "treboula   las  riuieiros. 

E  sans  creigne  del  frech  lou  funeste  retour. 

Sons  cregne  de  l'hyuer  lou  funeste  retour, 

L'omelliè  se  desplego  o  l'esclal  d'un  bel  jour. 

L'amelliè  se  desplego  à  l'esclat  d'un  bel  jour, 
i3  L'imprudent  l  n'o  pas  pau  de  Joseph  lou  trinquairé! 

L'imprudent  !  n'a  pas  poou  de  Joseph  lou  trinquairé  ; 


—    XXX    — 

peut  en  juger  d'un  côté  par  la  comparaison  auec  la  pro- 
nonciation moderne,  de  l'autre  par  le  rapprochement  auec 
la  Primo,  dont  un  très  grand  nombre  de  uers  sont  repro- 
duits, le  poète  s'étant  contenté  d'y  apporter  quelques  mo- 
difications et  d'y  ajouter  un  certain  nombre  de  uers  (120). 
Le  premier  chant  des  Géorgiques  paloises,  naturellement 
consacré  au  Printemps,  est  le  mieux  wenu  et  aussi  le  plus 
riche.  Il  abonde  en  descriptions  à  la  fois  exactes  et  poéti- 
ques, comme  celle  de  la  fabrication  du  fromage  de  Roque- 
fort et  celle  des  cascades  de  Creissels  (1).  On  peut  y  lire 
un  épisode  tout  à  fait  charmant,  dont  on  ne  saurait  nier 
la  simplicité  non  exempte  de  grâce   : 

Aro,   entre  se  lebà,   lo  besiado  Liseto 

De  Mars,  en  foulotren,  bo  culi  lo  floureto,  etc.  (2). 

Les  préceptes  donnés  aux  agriculteurs  sont  d'une  rare 
précision  :  on  uoit  que  Peyrot  ne  parle  que  de  ce  qu'il  a 
\)u  ;  on  v>oît  aussi  qu'il  s'intéresse  aux  trauaui  des  champs 
et  à  la  ï)ie  si  pénible  des  paysans,  à  qui  il  cherche  à  ren- 
dre agréables  leurs  occupations.  Voye^  ce  qu'il  dit  de  la 
traite  des  brebis  : 

Cont  de  lo  basso-cour  lou  chantre  se  rebelho, 
Lo  lochièiro  se  lèbo  e   part  ombé  lo  selho. 
Bo  quichà  lou  soumés,  e,  se  rajo  trop  prin, 
En  lou  soubotegen  lou  met  en  pus  bel  trin. 

Quatre  oers,  ou  plutôt  deux  uers  lui  suffisent  pour 
décrire  la  fabrication  du  roquefort  : 

Cont  es  prou  sec,   d'obort  se  despacho  un  messache 
Que  porto  o  Rocofort  lo  fourmo  de  froumache  : 


1.  Charmant  village  situe  à  2  kilomètres  ouest  de  Millau,  sur  le  Tarn. 

2.  I,    121.  —  Peyrot  s'emble  s'être  ici  souvenu  de  ces  vers  de  Boileau  (^rt 
poétique,  II,   1   ss.)  : 

Telle  qu'une  bergère,  aui  plus  beaux  jours  de  fête. 

De  superbes  rubis  ne  charge  point  sa  tête, 

Et,  sans  mêler  à  l'or  l'éclat  des  diamants. 

Cueille  en  un  champ  voisin  ses  plus  beaux  ornements. 


—    XXXI    — 


Oquî  gem\s  hune  tens  joui  tranchant  del  coutèl 
E,  pèr  combla  de  noun,   comblo  tint  cols  de  pèl. 

Et  comme  son  esprit  jouial  ne  l'abandonne  jamais,  il 
ajoute,   pour  expliquer  la  fabrication  de  la  rebarbe  : 

Se  fo  pèi  calco  drogo,   ombé  lo  roscloduro, 
Que  s'espondis  sul  pa  coumo  lo  counfituro  ; 
Mes  oco's  to  pebrat  que   ne  cal  pauc  serbi, 
Se  l'on  bol  espornhà  lo  micho  omai  lou  bi. 

L'Été  offrait  moins  de  ressources.  Peyrot  comble  les  oides 
par  un  éloge  de  Louis  XVI,  et  surtout  de  Damon  (M.  de 
PégayroUes),  agriculteur  distingué,  plein  de  bonté  pour  ses 
paysans.  Il  termine  par  une  description  de  la  fête  de  l'aire 
(lo  soulenco),  où  les  moeurs  patriarcales  de  son  temps  sont 
décrites  a\3ec  exactitude  et  sympathie. 

L'Automne  lui  donne  l'occasion  de  décrire  les  plaisirs 
qui  attendent  aux  champs  les  citadins  en  vacances,  en  par- 
ticulier la  pêche  et  la  chasse,  au  fusil  ou  aux  pièges  ;  et 
le  tableau  des  vendanges  est  relevé  par  de  gais  épisodes. 

Enfin  le  dernier  chant,  qui  débute  par  une  pompeuse 
description  du  palais  de  VHiver,  où  l'auteur  a  un  peu  trop 
sacrifié  au  goût  du  jour  Çi),  est  précieux  pour  l'étude  des 
mœurs  des  paysans  rouergats  au  xviii'^  siècle  :  histoires 
de  revenants  ou  de  sorciers  contées  à  la  veillée,  folies  de 
carnaval,  fiançailles  et  mariage  fournissent  matière  à  des 
développements  pleins  d'intérêt. 

L'originalité  de  Peyrot  est  incontestable.  Avant  lui,  il 
est  vrai,  le  cardinal  de  Bernis  (2),  Saint-Lambert,  Léonard, 
avaient  chanté  les  Saisons  (3),  mais  le  point  de  vue  où  ils 


t.  Ce  morceau  obtint  les  suffrages  du  Mercure  de  France,  qui,  en  reuanche, 
reprocha  à  l'auteur  tf  de  s'appesantir  un  peu  trop  sur  les  petits  objets  et  de 
trop  développer  ce  qui  ne  doit  être  qu'indiqué  u.  Inutile  d'ajouter  que  nous 
ne  partageons  pas  cette  manière  de  uoir. 

2.  Ministre  des  affaires  étrangères  par  la  grâce  de  M">'  de  Pompadour- 
Ses  poésies  sont  l'œuvre  de  sa  jeunesse,   1715-1794. 

3.  Nous  ne  parlons  pas  de  Thomson,  que  Peyrot  n'a  certainement  pas  connu . 


s'étaient  places  était  complètement  différent  de  celui  de 
Peyrot.  Ils  voyaient  la  campagne  de  la  uille  et  rapportaient 
tout  aui  citadins,  pour  qui  ils  écrivaient  :  le  paysan  leur 
reste  lointain.  Peyrot,  au  contraire,  ne  décrivait  que  ce 
qu'il  voyait  de  près.  Il  ne  se  préoccupait  guère  que  des 
villageois,  dont  il  connaissait  les  besoins  et  les  misères. 
On  pourrait  même  dire  qu'il  écrivait  surtout  pour  eui  : 
l'idiome  employé  et  la  simplicité  du  style,  sauf  dans  quel- 
ques passages  d'apparat,  en  sont  la  preuve.  Il  a,  de  plus, 
l'avantage  d'une  sensibilité  réelle  sur  ses  prédécesseurs,  qui 
montrent  plutôt  de  la  sensiblerie,  lorsqu'ils  déplorent  les 
misères  des  paysans. 

Déjà  La  Bruyère  s'était  ému  du  triste  sort  de  ces  ani- 
maux farouches  courbés  vers  la  terre  qui,  quand  ils  se 
lèvent  sur  leurs  pieds,  montrent  une  face  humaine.  Bernis 
reproche  aux  nobles  leur  indifférence  à  l'égard  des  pauvres 
villageois  : 

A  la  clarté  de  cent  flambeaux  (des  villes) 
On  ne  voit  point,   dans  nos  hameaux, 
La  pauvreté  disputer  l'herbe 
Aux   plus  féroces  animaux. 

Ils  voudraient  que  les  riches  leur  laissassent  une  partie 
des  biens  que  produisent  leurs  sueurs.  Mais  bientôt  les 
préjugés  héréditaires  reprennent  le  dessus  et  il  affirme  de 
bonne  foi  que   les  paysans  sont  d'anciens  esclaves  : 

Le  cours  de   nos  destins  prospères 
Sauverait  la  vie  et  l'honneur 
Aux  esclaves  involontaires 
Que  le  fer  sanglant  du  vainqueur 
Ou  que   la  bassesse  du  cœur 
Rendit  jadis  nos  tributaires. 

Saint-Lambert,  plus  sensible  que  Bernis,  nous  émeut  en 
racontant  la  mort  d'un  enfant  que  sa  mère  a  dû  abandon- 
ner a  l'orée  d'un  bois  pour  exécuter  les  durs  travaux  de  la 
corvée  sous  l'ordre  d'un  surveillant  implacable.  Il  voudrait 


XXXIII 


les  nobles  plus  compatissants  et  le  paysan  moins  pressuré  : 

Ah  !  s'il  n'a   pas  à  craindre   une   injuste   puissance, 
Un  tyran  subalterne  ou  l'aoide  finance   ; 
Si  la  loi  le  protège,   il  est  heureux  sans  frais   ; 
Auprès  de  la  nature,   il  sent  tous  ses  bienfaits, 

Mais  il  n'est  pas  entré,  tant  s'en  faut,  aussi  loin  que 
Peyrot  dans  les  confidences  du  laboureur  opprimé  ;  il 
soupçonne  ses  misères  plus  qu'il  ne  les  connaît.  Il  n'a  pas 
v»u,  comme  notre  bon  prieur,  le  garnisaire  s'implanter  dans 
la  pauure  cabane  du  paysan  en  retard  pour  le  paiement 
des   impôts  qui  l'accablent  : 

Toujours  siôs  miseraple,   omai  toujours  estât, 
Souben,   las  del  trimai  de  touto  lo  journado, 
Creses  d'onà  monjà  to  soupo  mitounado, 
E  trobos  un  fourrou  qu'es  mèstre  o  toun  oustal. 

(Geourg.  II,   92-5  ;  cf,   I,  2i3-6),  (ij 

«  D'oquî, 

(dit  le  paysan  à  son  seigneur), 

cont  soun  degut  lou  dème  ôurô  tirât 
((   E  que  de  bostres  drechs  enbèrs  bous  serai  quite, 
«  Lou   pauc  que  serô  miù  me  coldrô  bendre  bite 
w  Pèr  lebà  lo  coustrencho  e  poga  lous  fourrous, 
«  Qu'aimou  tont  moun  oustal  que  loi  fou  corrèirous. 
«  Cont  ôurai  fach  crousà  lou  bintième  e  lo  talho, 
«  Ocô  serô  lou  tout  s'ai  de  quite  lo   palho. 

Cil,   188  ss,j 

Et  il  se  plaint  de  tremper  souuent  sans  sel  son  eau  bouillie. 


I,  Faurc  même,  le  fameux  prieur-curé  de  Celleneuve,  qui  ressemble  par 
tant  de  côtés  à  Peyrot,  semble  moins  que  lui  l'ami  du  paysan.  Ainsi,  dans 
sorf  joli  conte  de  Jan  l'an  près,  il  fait  dire  au  Seigneur,  qui  uient  d'auoir  une 
conuersation  auec  le  drôle,  qu'il  a  été  scandalisé  d'entendre  chanter  en  reve- 
nant d'enterrer  sa  femme  :  "  Je  t'ai  pourtant  obligation  de  m'auoir  éclairé 
en  bien  des  choses  sur  le  caractère  et  les  mœurs  des  paysans.  Les  malotrus  ! 
Qui  dirait  que,  sous  les  dehors  de  la  simplicité  la  moins  suspecte,  ils  fussent 
capables  de  la  malice  la  plus  réfléchie  et  la  plus  profonde  ]  jj 


—    XXXIV    — 

Av>ec  quelle  mélancolie  Peyrot  constate  que  ce  n'est  pas 
pour  lui  que  le  paysan  élèoe  ses  poulets  ! 

Car,  de  tout  tens,   l'usache  es  qu'oquel  que  trobalho 
Es,  countro  lo  rosou,  lou  que  monjo  le  palho, 
E  que,  tout  ol  rebèrs,   lou  que  monjo  lou  fe 
Es,   seloun  lou   proubèrbe,   oquel  que  noun  fo  re  ; 

(I,  421   ss,) 

ou  nous  peint  le  désespoir,  puis  la  pieuse  résignation  du 
paysan  dont  un  orage  a  emporté  les  récoltes  et  raoagé  la 
terre  ! 

Soun  esprit  s'obondouno  o  milo  pessomens. 
Ccussi  poga  lo  talho  e  nourri  lo  fomilho  ? 
De  que  forô  d'orgen  pèr  croumpà  cauco  ourdilho  ] 
«  i^oun  Diù  u,  crido  el  olaro  en  regorden  lou  Cèl, 
«  En  me  neguen  lou  blat,   me  doustàs  lou  contel. 
«  Que  bostro  boulountat  siasco  dounc  ocoumplido  ! 

(IV,  68  ssj. 

Peyrot  sent  son  coeur  se  fondre  en  songeant  aui  misères 
qu'amène  avec  lui  un  hioer  prolongé   : 

Que  te  plonhe,  pogés,   se  duro  gaire  mai  ! 

Il  ne  peut  pas  même  uoir  sans  émotion  les  petits  oiseaux 
souffrir  de  la  faim  en  temps  de  neige  et  il  leur  distribue 
du  grain   : 

Que  rigou  de  moun  feple  :  iù  nou  me  n'  chau  pas  gaire. 

Cependant  il  n'a  garde  d'exciter  les  malheureux  à  la 
réuolte  :  s'il  prêche  aux  riches  la  charité  et  l'aumône,  qui 
enrichit  celui  qui  donne,  il  prêche  aux  pauores  la  résigna- 
tion, la  foi  en  la  Providence.  Il  a  d'ailleurs  confiance  dans 
les  bonnes  intentions  du  Roi  et  lui  demande  seulement  de 
weiller  à  ce  que  l'argent  des  impôts,  qui  coûte  tant  de  peine 
au  paysan,  ne  reste  pas  en  grande  partie  aux  mains  des 
collecteurs  et  des  financiers,  sans  d'ailleurs  être  bien  siir 
que  ses  vœux  soient  jamais  exaucés  (1)  ! 


I.   Voye3  le  Biologue  entre  Miqucl  de  Milhau  e  Jonou  de  lo  Bhquièiro. 


—    XXXV    — 

Le  style  des  Géorgiques  est  généralement  simple,  le  uers 
coulant,  la  langue  correcte  et  souvient  pittoresque.  Les  gal- 
licismes y  sont  asse^  rares,  sauf  dans  les  morceaux  d'ap- 
parat, comme  dans  la  description  du  palais  de  l'Hioer, 
dont  nous  avons  déjà  parlé,  ou  dans  cette  invocation  au 
soleil,  au  début  du  chant  second,  dont  on  ne  saurait  d'ail- 
leurs contester  la  sobre  élégance  : 

Brilhent  astre  del  Cèl,   dount  lo  marcho  ropido 
Del  tens  que  nous  escapo  es  lo  rèclo  e  lou   guido  ; 
Tu  que  de  lo  noturo  onimos  lous  ressorts, 
Soulel,   de  moun  esprit  redouplo  lous  trosports. 
Qu'o  toun  gront  fougoirou  mo  Muso  rescolfado, 
Posco  counduire  o  bout  l'obro  qu'ai  coumensado  ! 

Certains  passages,  de  ton  moins  éleué,  mais  cependant 
de  forme  élégante,  échappent  à  ce  reproche,  par  exemple, 
celui-ci   : 

Cont  onfi  de  lo  nuèch  lou  colel  orgentat 
Coumenso  de  brilhà  d'uno  dousso  clortat, 
E  qu'oquel  triste  ôusel  que  n'i  bei   pas  qu'o  l'oumbro 
Se  delargo  en  miôulen  de  so  cobèrno  soumbro, 
Toutes  plègou  poniôs,  countens  de  lour  journal, 
E  de  moust  bouchordats  cominou  dôu  l'oustal. 

(III.  41 1   ss.). 

Ou  encore,  au  chant  III,  ii3  ss.,  le  fidèle  et  pittoresque 
portrait  du  chien  du  berger  Çi). 

Les  expressions  frappantes,  les  images  neuves,  les  pro- 
verbes concis,   les  pensées  fortes  ne  manquent  pas  : 

Tar  possabo  joui  pont  :  aro  passo  dessus  (iv,  5i). 
Oici   l'omello  ris  en   regonhen  los  dens  (m,  48). 


I.  Du  reste,  il  n'y  a  qu'à  lire  (p.  86-8J  VOberlissomen  à  la  t""*  édition  du 
Printemps  (lo  Primo)  pour  être  bien  convaincu  qu'il  tenait  à  ce  qu'on  ne  le 
confondît  pas  a»ec  les  sectateurs  de  l'abbé  Delille.  S'il  a  cru  deuoir  sacrifier  à 
la  mode  en  ne  bannissant  pas  complètement  le  fatras  mythologique  de  son 
poème,  il  a  soigneusement  éuité  la  périphrase  et  recherché  avant  tout  la 
précision  et  la  propriété  des  termes. 


—    XXXVI    — 

Lo  lato  fo  lo  guèrro  o  lo  nouse  testudo  (m,    i85). 
Un  ôubéspic,   bodau,   pot  fà  que  d'onsonèlos  Çi,   342). 
N'es  de  même  de  l'ome  :  uèi  flouris,  demà  passo  (m,  538). 

Les  traits  d'esprit  exempts  de  préciosité,  produits  natu- 
rels d'une  gaieté  saine  et  sans  amertume,  ne  sont  pas  rares 
non  plus.  Quand  on  ueut  affubler  d'une  cuirasse  Toni  del 
Alas  Jounquet,   nouvellement  enrôlé,   il  s'écrie   : 

«  Pèr  que  cal   robolà  jj,   dis  Toni,   «  oquel  fotràs, 

«  Senti  que  fugirai   :   metès-lou   me  detràs.   m  Ci,   475). 

Et  après  aooir  déploré  les  abus  de  la  coroée,  qui  v>ient 
d'être  abolie,   il  apporte  à  ses  plaintes  cette  correction   : 

Otobé,   cal  tout  dire,   ou   preniàs  de  lôugiè. 
Oqueles  pèrpôu^ats,   ombé  lour  roujo  trounho, 
Obiôu  bel  bous  cridà  de  despochà  besounho. 
En  meten  de  trobcrs  lou  copèl  bourdat  d'or  : 
Degus  de  lo  sutà  (presser)  noun  se  sentio  lou  cor. 

Les  Géorgiques,  malgré  l'infériorité  où  les  plaçait  l'idio- 
me peu  connu  des  lettrés  dans  lequel  elles  étaient  écrites, 
furent  généralement  bien  accueillies. 

Le  chevalier  de  Rebourguil,  lieutenant  des  gardes  du 
corps  de  lAgr  le  comte  d'Artois,  compatriote  de  Peyrot, 
loue  l'auteur  de  sa  sincère  naïoeté  : 

Saint-Lambert  en  a  fait  des  sages  (des  paysans), 
Fontenelle  des  beaux  esprits   ; 
Mais  je  ne  oois  qu'en  tes  écrits 
Le  ton  naïf  des  premiers  âges. 

Le  capucin  Venance  (i)  lui  adresse  une  épître  élogieuse. 


I.  Le  Père  Venance,  qui  était  alors  au  Couuent  de  Notre-Dame  d'Orient, 
près  Saint-Sernin  fAoeyronj,  s'appelait  Dougados  et  était  né  à  Carcassonne. 
Engagé  dans  l'armée  des  Pyrénées,  en  1791,  il  deuint  adjudant  général  et 
périt  sur  l'échafaud,  le  17  janvier  1794,  pour  avoir  voulu  favoriser  la  fuite  du 
girondin  Biroteau.  Il  est  surtout  connu  par  sa  Quête  du  blé,  ouvrage  mêlé  de 
prose  et  de  vers,  qui  parut  en  1786.  Ses  Poésies  légères  furent  publiées  en  1806 
et  ses  Œuvres  complètes  en  1810. 


à  laquelle  le  bon  prieur  répond  malicieusement  en  s'éton- 
nant  qu'un  homme  aussi  intelligent  soit  entré  dans  un  ordre 
où  la  règle  défend  de  cultiuer  les  muses.  Un  anonyme  le 
met  au-dessus  de  Gautier  (i)  (ce  qui  n'est  pas  beaucoup 
dire),  et  même  de  Goudouli.  Le  Mercure  de  France  du  8 
juin  1782,  tout  en  faisant  quelques  réserues,  lui  reconnaît, 
dans  la  peinture  des  travaux  champêtres,  «  une  v)érité,  un 
naturel,  une  naïueté  même  qui  ne  peut  appartenir  qu'à  un 
homme  qui  est,  comme  lui,  sur  les  lieux  et  qui  calque, 
pour  ainsi  dire,  à  la  uitre  les  grâces  de  son  modèle  w. 

Un  peu  plus  tard,  Louis  xviii  se  faisait  expliquer  le 
poème  par  son  ancien  sous-précepteur,  premier  aumônier 
de  Madame,  l'abbé  de  Mostuéjouls  Çi)  et  s'en  déclarait 
satisfait.  En  i832,  un  Limousin,  M.  Bouriaud,  le  traduisait 
en  oers  français,  et  plus  tard,  M.  Nuuit,  professeur  au 
collège  d'Aubenas,  le  traduisait  à  son  tour  en  uers  latins  : 
nous  ne  croyons  pas  que  cette  traduction  ait  été  publiée. 
Enfin,  en  1862,  M.  A.  Peyramale  en  publiait  une  nouvelle 
et  remarquable  traduction  française. 

Dans  la  seconde  moitié  du  xix^  siècle,  La  Fare-Alais 
considère  les  Géorgiques  comme  un  tour  de  force  didacti- 
que. Aluernhe  (3)  invoquant  la  muse  du  Ségala,  la  prie  de 
l'inspirer  comme  elle  a  fait  de  Peyrot. 

«  L'as  guidât  coumo  cal  e  soun  oubrache  duro  : 
«  Peyrot  demourorô  chantre  de  lo  Noturo  ». 

L'anonyme  qui  a  écrit  l'article  du  dictionnaire  de  La- 
rousse y  reconnaît  un  style  facile,  plein  de  ueroe  et  souuent 
pittoresque.  «  L'auteur  »,  dit-il,  «  excelle  surtout  dans  les 
petits  tableaux,  pleins  de  fraîcheur  ;  il  a  l'art  de  décrire 
les  moeurs  et  les  habitudes  locales    av>ec  une  grande  uérité 


1.  Gautier,  ni  à  Lombej  (Gers),  mort  à  Toulouse,  où  il  s'était  fixé  dès  sa 
jeunesse,  vivait  encore  en  1770.  Il  a  surtout  célébré  le  jus  de  la  treille.  La 
plupart  de  ses  oeuvres  sont  en  dialecte  toulousain. 

2.  Le  château  de  Mostuéjouls  est  situé  à  trois  lieues  au  nord  de  Millau. 

3.  Los  flous  de  lo  Mounlogno  (Rode5,    1880). 


et  de  rendre  piquants  et  poétiques  les  objets  les  plus 
uulgaires   w. 

«  Claude  Peyrot,  »  dit  à  son  tour  le  D""  Noulet  (i), 
«  c'est  la  bonhomie  unie  au  bon  sens,  sous  le  couvert  d'une 
pointe  de  grosse  jouialité,  mais  qui  ne  laisse  jamais  aper- 
cevoir que  des  intentions  honnêtes  u  ...  Son  procédé 
«  consiste  à  tracer  au  orai  le  tableau  des  pratiques  cham- 
pêtres, qui  lui  étaient  familières,  dans  un  langage  aisé, 
sans  ambition,  uulgaire  même,  mais  sans  une  trop  forte 
pointe  de  cette  trivialité  qui  déshonore  tant  de  productions 
patoises  w. 

Enfin,  de  Gaujal  (2),  tout  en  regrettant  que  Peyrot  n'ait 
pas  eu  le  courage  de  renoncer  au  fatras  mythologique  à  la 
mode,  reconnaît  pleinement  son  rriérite  :  «  L'expression  du 
chantre  patois  des  Géorgiques,  m  dit-il,  «  est  habituelle- 
ment pittoresque  ;  son  style  est  constamment  énergique  ; 
ses  vers  pleins  d'harmonie  et  souvent  d'harmonie  imitative  ; 
ses  tableaux  tantôt  frais  et  gracieux,  tantôt  sombres  et 
terribles,  comme  les  objets  qu'ils  représentent  (3)  ;  enfin, 
ses  préceptes,  fondés  sur  l'expérience  et  une  théorie  éclai- 
rée, sont  d'une  évidente  utilité  ». 


II 


Nous  dirons  peu  de  chose  des  autres  œuvres  patoises  de 
Claude  Peyrot.  Les  plus  intéressantes  et  les  meilleures  sont 
assurément  VOurigino  de  lo  forondolo,  et  surtout  Predicciùs 
de  lo  Muso  del  Segolà  sul  moriache  de  Moussu  de  Sent- 
"Roumo,  fil  de  Moussu  de  Coll.  Dans  la  première  pièce,  il 
faut  louer  surtout  le  trait  final    où   il  émet   le   vœu  que  le 


I.    Hevue  des  langues  romanes,  t.  VI,  p.   208  ss. 
z.  Eludes  hisloriques  sur  le  'Rouerguc,  t.  IV,  p.  240. 

3.  Voye3  en  particulier  la  description  de  l'orage  (II,  275J  et  celle  du  Palais 
de  l'Hiuer,  au  début  du  chant  IV. 


—    XXXIX    — 

diable,  toujours  a  l'affût,  n'ait  rien  à  gagner  à  ce  ff  diver- 
sement, fort  honnête  en  soi  m.  La  seconde  est  une  char- 
mante pastorale,  où  il  enuoie  sa  Muse,  sous  les  traits 
d'une  naïue  bergère  du  Ségala,  offrir  ses  vœux  personnels 
à  M.  de  Saint-Rome,  qui  uient  de  se  marier.  Le  tableau 
de  l'entrée  de  la  bergère  dans  le  salon  des  nouueaui  époux 
est  un  modèle  de  naïueté  spirituelle   : 

D'obort  tout  doussomen  tustoràs  ol   pourtal,  etc. 

(u\3.  44  ss.j. 

Il  nous  reste  à  dire  un  mot  du  mélange  de  patois  et  de 
français  dans  la  bouche  d'une  même  personne,  où  le  xix^ 
siècle,  après  le  xviii^  (i),  a  trouué  une  source  abondante, 
et,  av)ouons-le,  un  peu  monotone,  de  comique.  Peyrot  en 
a  usé  incidemment  dans  le  JSouveau  Basson,  dans  le  "Dia- 
logue entre  Miquèl  de  Milhau  e  Jonou  de  lo  Bloquièiro  et 
dans  Lo  besprado  sbubèrtouso,  où  il  attribue  à  un  person- 
nage prétentieux  un  français  mélangé  de  mots  et  de  formes 
rouergates  ou  prononcé  à  la  rouergate.  Mais  c'est  sur- 
tout dans  Le  Chevalier  de  la  Gragnotle,  seigneur  des  Bas- 
Fonds,  pièce  française,  en  prose  mêlée  de  vsers,  qu'il  a 
montré  ce  qu'il  sauait  faire  en  matière  de  burlesque  à 
l'aide  de  ce  procédé  (2).  Son  originalité  consiste  à  faire  pro- 
noncer le  français  comme  le  rouergat  :  le  cheualier,  qui 
s'exprime  en  uers  tandis  que  le  récit  est  en  prose,  rem- 
place, par  exemple,  \'e  semi-muet  par  \'e  fermé,  et  eu  par 
u,  et  prononce  le  v  comme  un  b  (parfois  aussi  le  b  comme 
un  v).  Voici  quelques  oers  à  titre  d'échantillon  :  c'est  le 
compliment  qu'il  dit  av»oir  adressé  à  sa  fiancée   : 


i.  Voyej,  z.n  particulier,  Lou  Sermoun  de  Moussu  Sistre,  de  l'âbbc  Faure,  où 
le  procédé,  qui  consiste  à  faire  alterner  un  ou  deux  vers  languedociens  auec 
un  ou  deux  viers  français,  nous  semble  un  peu  maniéré. 

2.  Les  pièces  exclusivement  françaises  intitulées  :  'Requête  de  la  Sisette  à 
Cornus,  Le  JSouveau  Basson,  La  Vraie  Hippocrène  ou  Le  Fessier  du  Père  Paul, 
ne  manquent  pas  non  plus  de  gaieté  :  les  deux  dernières  sont  d'une  bouffon- 
nerie Rabelaisienne  légèrement  outrée.  Quant  à  VHomicide  Imaginaire,  en 
quatre  chants,  il  semble  avoir  été  inspiré  par  Le  Lutrin  de  Boilcau  et  pécher 
un  peu  par  défaut  d'originalité. 


—    XL    — 

Lé  boici  ;  silence  un  moument  ! 

«  Une  v)ête,   Mademoiselle, 

«  Qui  berrait  machinalement 

((  De  botre  œil  droit  lé  manquement 

«  Dirait  que  bous  n'êtes  pas  uelle, 

«  Par  défaut  dé  discernement   ; 

«  Car  du  dit  œil  l'abuglément 

«  N'est  au  fond  qu'une  vagatelle, 

«  Lorsque  l'autre  y  boit  clairement,  etc. 

D'ailleurs,  tout  ce  que  dit  le  Cheualier,  que  son  inter- 
locuteur provoque  habilement  à  raconter  sa  Y>ie  et  son 
séjour  à  Paris,  est  pétillant  d'esprit  et  peint  auec  un  relief 
saisissant  le  fantoche  ridicule  que  la  Gascogne  a  envoyé 
dans  la  Capitale  pour  y  chercher  fortune. 

Cette  pièce  semble  auoir  eu,  à  son  apparition,  un  succès 
qui  s'est  maintenu  jusqu'à  ce  jour.  Il  y  est  fait  allusion 
dans  VEpîire  des  enfants  de  M.  de  ;V***  en  réponse  à 
l'envoi  que  leur  avait  fait  l'Auteur  ÇPeyrot),  de  la  des- 
cription de  son  voyage  de  Vab .  .  .  (Vabre),  qui  a  été  insé- 
rée dans  les  Œuvres  diverses  en  vers  et  en  prose  par  H. 
l'abbé  Peyrot,  ancien  prieur  de  Pradinas  et  Chanoine  de 
Millau.  A  Villefranche  de  Haute-Garonne,  de  l'imprimerie 
de  Vedeilhié,  imprimeur  du  Roi,  en  octobre  mdcclxxxviii, 
av>ec  Permission]   : 

Quelle  façon  de  petit-maître 

Dans  nos  cantons  s'est  fait  connaître  ! 

Nouveau  débarqué  de  Paris, 

Il  en  rapporte  la  science, 

L'enjoûment,   les  jeux  et  les  ris, 

Et  la  parfaite  connaissance 

Des  Arts,   dit-il,   qu'il  a  chéris. 

A  ce  début,   à  ce   langage. 

Qui  ne  connaît  le   personnage  (i)  • 

C'est  toi,   burlesque  Chevalier  (2). 


1.  Gentilhomme  Gascon,   second  tome  de  celui  de  Molière. 

2.  De  La  Gragnotte. 


—    XLI    — 

Ton  équipage  singulier, 
Ton  jargon,  ton  goût,  tes  prouesses. 
Tes  beaux  dictons,  tes  gentillesses. 
Ton  air  grotesque  et  familier 
Et  ta  façon  hétéroclite 
Dérideraient  même  Heraclite   : 
Aucun  sujet  aussi  fallot 
Jadis  ne  fut  peint  par  Callot. 


III 


Il  nous  reste  a  dire  quelques  mots  de  la  façon  dont 
nous  av>ons  établi  notre  édition,  qui,  uenant  après  tant 
d'autres  qui  ne  sont  que  des  réimpressions  plus  ou  moins 
fautiues,  n'aurait  pas  de  raison  d'être,  si  elle  n'y  apportait 
pas  de  sérieuses  améliorations. 

Pour  les  pièces  françaises,  afin  de  ne  pas  grossir  déme- 
surément le  uolume,  nous  aoons  dii  faire  un  choix,  repro- 
duisant de  préférence  les  meilleures  et  celles  qui  permettent 
le  mieux  de  se  rendre  compte  du  talent  uarié  de  l'auteur, 
nous  contentant,  pour  les  autres,  de  donner  le  titre  et 
parfois  un  court  résumé. 

Quant  aux  pièces  en  rouergat,  qui  constituent,  incontes- 
tablement, la  partie  la  plus  originale  de  l'œuore  de  Peyrot, 
nous  n  en  aoons  omis  aucune,  et  nous  avions  essayé  de  les 
présenter  dans  l'ordre  chronologique,  autant  que  le  per- 
mettent les  renseignements  qu'elles  fournissent,  et  en 
donnant  toutefois,  en  raison  de  leur  importance,  la  pre- 
mière place  aux  Géorgiques  patoises,  bien  qu'elles  ne 
datent  que  de   1781. 

Et  tout  d'abord,  constatons  que  ce  n'est  guère  qu'à  Pra- 
dinas,  où  il  séjourna  comme  prieur  de  1748  à  1765,  que 
Peyrot  commença  sérieusement  à  uersifier  dans  son  idiome 


maternel,  qu'il  préférait  incontestablement  au  français  (0. 
Il  y  composa,  par  exemple,  le  Coumplimen  sus  lo  noubèlo 
onnado  des  musiciens  de  Frodinàs  o  M.  Lobèrnho,  coun- 
selhè  de  Bilofranco.  Je  dis  «  commença  sérieusement  u, 
car  la  pièce  qui  célèbre  le  rétablissement  du  roi  Louis  XV, 
Lou  "Rei  recoumholit  de  lo  molbutiè  qu'ogèt  o  Metz  en 
foguen  lo  guerro,  ne  saurait  être  postérieure  à  1744.  Il 
n'avait  pas,  du  reste,  renoncé  à  cultioer  la  muse  française, 
puisqu'il  obtenait,  en  1752,  quatre  ans  après  son  arrivée 
à  Pradinas,  un  second  prix  aux  Jeux  floraux  de  Rode^, 
avec  son  Combat  pastoral  sur  ces  paroles  :  Instruire  et 
AMUSER,  et  qu'il  écrivait,  trois  ans  après,  un  court  poème 
intitulé  :  Les  dons  du  ciel  et  ses  disgrâces  sur  la  Provence 
ou  La  naissance  de  Mgr  le  Comte  de  Provence  et  le 
débordement  du  Phône  (2). 

Revenu  à  Millau,  son  pays  natal,  Claude  Peyrot.  malgré 
sa  crainte  insurmontable  de  l'opinion  publique,  peu  favo- 
rable aux  idiomes  vulgaires,  s'adonna  à  peu  près  exclusi- 
vement à  la  poésie  rouergate  et  ne  traita  plus  en  français 
que  des  facéties,  où  se  complaisait  son  humeur  joviale  et 
légèrement  rabelaisienne,  encouragé  d'ailleurs  à  cultiver  ce 
genre  par  la  société  polie  qu'il  fréquentait.  Il  avait,  en 
effet,  trouvé  un  excellent  accueil  dans  la  noblesse  libérale 
et  la  haute  bourgeoisie,  qui  faisaient  grand  cas  de  son 
talent  poétique  et  savaient  apprécier  la  philosophie  souriante 
et  l'honnête  franchise  de  l'ancien  Prieur  de  Pradinas  (3). 


I.  Au  sujet  de  l'amour  de  Peyrot  pour  son  parler  natal  et  de  ses  plaintes 
sur  le  mépris  qu'on  en  faisait  déjà  de  son  temps,  voyej  VEpUro  en  respounso 
o-n-oquelo  que  M.  de  ***  obû  escrich  o  l'cuiur,  v.  29  ss.  et  le  Diologue  entre  lo 
Muso  Houërgasso  e  soun  mèstre  sut  moriache  de  Moussu  de  Sorgos,   v.  43  ss. 

1.  Je  n'ai  en  vue  que  les  pièces  qui  se  laissent  dater,  car  il  y  a  incertitude 
pour  la  plus  grande  partie  des  pièces  Rouergates  et  pour  les  pièces  Françaises 
qui  figurent  dans  le  Recueil  publié  par  Cl.  Peyrot  lui-même,  en  1774,  par 
eremple  pour  celles  qui  s'intitulent  :  Le  Commerce  et  l'Esprit  de  Contradiction 
et  qu'il  nous  dit  avoir  été  couronnées  (sans  doute  à  Rode^). 

3.  Voyej,  en  téfe  du  volume,  la  précieuse  J^otice  biographique  de  M.  J. 
Artières. 


—    XLIII    — 


Il  se  lia  surtout  aiaec  les  familles  de  Gualy  et  de  Sam- 
bucy,  auxquelles  il  adressa  plusieurs  pièces  en  rouergat 
à  l'occasion  d'heureux  événements,  et  aoec  le  grand 
philosophe  M.  de  Bonald,  maire  de  Millau  en  1789  et 
1790,  dont  il  fit  a  plusieurs  reprises  un  grand  éloge, 
comme  administrateur  et  patriote,  en  particulier  dans  son 
"Diologue  entre  Miquèl  de  Milhau  e  Jonou  de  lo  Bloquièiro. 
où  l'on  trouue  une  admiration  sincère  pour  les  réformes 
opérées  par  l'Assemblée  nationale  et  où  l'on  sent  le  sincère 
attachement  de  l'Auteur  pour  les  idées  sagement  libérales  (3), 

A  la  suite  des  Géorgiques,  nous  donnons  le  Recul  de 
Pouesios  "Rouërgassos,  publié  par  Peyrot  lui-même,  en  1774, 
sept  ans  auant  l'apparition  de  son  grand  poème,  en  suioant 
l'ordre  de  cette  première  édition.  Les  pièces  de  ce  recueil 
se  terminent  à  la  page   188. 

Pour  toutes  les  pièces  en  rouergat,  nous  avons  tenu, 
non  seulement  à  donner  une  édition  vraiment  critique, 
mais  encore  à  employer  une  graphie  qui  permît  de  se 
rendre  compte  de  la  prononciation  de  l'auteur  et  des  formes 
qu'il  employait^  Cette  graphie,  essentiellement  phonétique, 
est  exactement  celle  de  notre  Ormonac  "Rouërgas  (1907-1909). 
En   voici  les  traits  principaux   : 

Les  diphtongues  au,  eu,  eu,  bu,  ùi,  se  prononcent  en 
appuyant  sur  la  première  voyelle  et  affaiblissant  Vu  Ç=  fr.  ou)  ; 
au  contraire,  dans  iù,  la  voyelle  accentuée  est  ù  (prononcé 
ou),  et  cette  voyelle  a  un  son  prolongé,  de  sorte  que  le 
rouergat  iù  ne  se  confond  nullement  avec  le  provençal  ieu  ; 
—  ue,  uè,  ub,  se  prononcent  oue,  ouè,  oub.  —  Nous  écrivons 
Ih,  nh,  pour  rendre  1'/  et  \'n  mouillées  ;  —  n  finale  au  lieu 
de  ni,  dans  les  mots  où  le  t  ne  se  fait  pas  sentir  devant 
un  mot  commençant    par  une   voyelle    et    dans  les  adjectifs 


3.  Encore,  en  /793,  il  n'est  pas  dégoûte  de  la  liberté  qu'il  chantait  auec  un 
si  bel  enthousiasme  et.  à  l'occasion  de  l'érection  à  Pailhas,  où  il  s'était  retiré, 
d'un  arbre  de  la  Fraternité,  il  salue  dignement  cet  arbre,  gage  de  l'ordre  et 
de  la  tranquillité,  et  prie  le  Ciel,  non  sans  quelque  mélancolie,  d'écarter  de  lui 
les  orages  qui  ont  déjà  emporté  tant  de  grandes  choses. 


où  le  féminin  est  en  nto,  ndo  {lihromen,  mongen,  mais 
dounl,  bolhenl,  gronl)  ;  mais,  au  pluriel,  toujours  ns  ; 
—  ts,  prononcé  Ich,  au  pHiriel  des  noms  et  adjectifs  en  l 
précédé  d'une  \3oyelle,  des  participes  passés  en  al,  it,  ut, 
et  des  adjectifs  à  forme  de  participe  passé,  et  de  plus,  au 
pluriel  des  noms  terminés  en  c  ou  p,  précédés  d'une  uoyelle, 
comme  pits  (pluriel  de  pic),  cuols  (pluriel  de  cuop),  etc. 

On  remarque  dans  la  langue  de  Peyrot,  telle  que  l'éta- 
blissent les  rimes,  quelque  hésitation,  qui  tient  à  ce  que, 
originaire  de  Millau  et  y  ayant  passé  le  dernier  tiers  de 
sa  uie,  il  a  séjourné  une  trentaine  d'années  à  Toulouse 
d'abord,  puis  à  Pradinas,  dont  la  langue  présente  certaines 
particularités,  principalement,  iè  (=  arium,  erium)  au  lieu 
de  ib  {premiè,  mestiè,  Icugiè)  et  la  non  diphtonguaison  de 
e  bref,  o  bref  {pèi  pour  pièi,  lèn  pour  luèn,  plèjo  pour 
pluèjo,  etc.  Le  nombre  des  rimes  probantes  étant  nécessai- 
rement très  restreint,  nous  auons  dû  faire,  sur  ce  point, 
exclusivement  état  de  la  graphie  du  Recul  publié  par  l'au- 
teur lui-même,  en  1774  :  celle  des  Géorgiques  (1781)  "^ 
pouuait  guère, en  effet,  nous  être  de  grande  utilité,  étant 
donné  l'aueu  dénué  d'artifice  de  Peyrot  (1).  Nous  auons 
donc  écrit  partout  iè,  considérant  les  rimes  golhordib  : 
espuisorib  I,  159-60,  Cobolorib  :  souhendrib  (Primo  427), 
C.  :  popib  Kesp.  25-26),  popib  :  escribib  Gol)  20-21,  comme 
des  licences.  Au  contraire,  nous  n'avons  admis  lèn,  plèjo, 
fèlbo,  que  dans  le  "Recul  et  dans  les  Geourgicos  (2),  et  nous 
auons  proscrit  complètement  pèi  comme  suspect  d'auoir  été 
introduit  par  l'imprimeur  de  Villefranche. 

Notons,  enfin,  les  rimes  porlon  :  brilhon  (p.  pr.  adj.) 
III,  456,  où  brilhon  (pour  brilhen)  a  été  influencé  par  le 
français  brillant,  et  platos~bandos  :  grandos  Ort,  35-6,  où 
il  vaudrait  peut-être  mieux  écrire  :  platos-bondos  :  grondos, 


1.  Voir   son  ^cis  au  lecteur,  p.  xxviii. 

2.  Il  faut  noter  cependant  pluèjo  Kesp.  35,  et  luèn  :  suèn  Berl.  ij.  ce  qui 
semblerait  justifier  l'emploi  exclusif  des  formes  diphtonguées  de  Millau  ;  mais 
on  doit  tenir  compte  des   rimes  Bilcn  :  lèn  iv,  3o3  et  fèlho  :  bèlho  iv,  345. 


et,  dans  un  ordre  d'idées  un  peu  différent,  dinlrà  :  fora 
(pour  forb,  Z^  personne  du  futur,)  I,  96,  qui  est  une  pure 
licence,  et  la  rime  de  la  i""^  personne  du  singulier  de  l'im- 
parfait, GoU,  22  et  29  av»ec  la  3^,  25-6,  rime  qui  n'a  rien 
que  d'ordinaire  à  cette  époque. 

4 
Millau,  3  septembre   1909. 


^g^ 


ÉDIT^IONS 
DES    ŒUVRES    DE    CLAUDE    PEYROT 


I.  Poésies  diverses,  patolçc?  et  françaises,  par  M. 
P.  A.  P.  D.  P.  En  "Rouer gue  1J'J4.  —  Cette  première 
édition  est  très  incomplète,  puisque  l'auteur  n'aoait  pas 
encore  composé  ses  poèmes  rustiques. 

II.  Les  quatre  Saison?»  1781.  "Vilie franche,  Vedeilhié, 
imprimeur  du  "Roi. 

III.  Œuvres  diverses,  1788,  nouvelle  édition.  'Ville- 
franche,  Vedeilhié,  imprimeur. 

IV.  Œuvres  patoises  et  françaises,  3^  édition  (1810). 
Millau,   de  l'imprimerie  de  Chanson. 

V.  Œuvre?  patoiçes  Gorpplètes ,  4^  édition  (1823). 
Millau,  y.   Carrère,  jeune,   imprimeur-libraire. 

VI.  Œuvres  patoises  Gornpiètes,  5^  édition,  (i855). 
Millau,   Carrère,  jeune. 

VII.  Œuvres  patoises  GOrnpIètes,  Millau,  Artières  et 
J.  Maury  (1886). 

VIII.  Les  Quatre  Saisons,  "Rodez,   Carrère  (1906). 

IX.  L'édition  présente,  éditée  en  1909,  à  l'occasion  du  bi- 
centenaire de  la  naissance  de  Claude  Peyrot.  En  publiant 
cette  édition,  nous  essayons  de  remplir  le  viœu  suiuant  de 
L.  de  Santi  :  «  Il  serait  à  désirer  qu'un  éditeur  soucieux 
de  notre  littérature  romane  donnât  une  nouvelle  et  défini- 
tive édition  de  Claude  Peyrot  w. 


TRADUCTIONS   FRANÇAISES 


I.  Les  Quatre  Saisons  ont  été  traduites  en  uers  français 
en  i832.  Cette  traduction,  faite  dans  le  département  de  la 
Haute-Vienne  fut  publiée  sous  le  titre  asse5  bijarre  de 
Géorgiques  Omnibus.  Le  traducteur  voulait  exprimer  par 
là  qu'il  rendait  commun  à  toute  la  France  un  ouurage  qui 
n'avjait  été  écrit  que  pour  une  localité. 

II.  Les  Saisons,  poème  patois  de  Claude  Peyrot,  traduit 
en  vers  français  par  A.  Peyramale.  —  Paris,  A.  Sorbet, 
libraire,  Palais-Poyal  (1862). 


"^r 


Los  Gatre  Sosous 


ou  los 


GeoUFgiGOS  potuosos 

pouèroe 


A  MONSEIGNEUR 
JÉROME-MARIE-CHAMPION    DE   CICÉ 

ÉVÊQUE     ET    COMTE    DE    RODEZ 
PRÉSIDENT    DES    ÉTATS    DE    LA    HAUTE-GUIENNE 


MOJ^SEIGJSEVR. 


Ma  Muse  est  d'une  hardiesse  inconcevable ,  depuis  qu'elle 
vous  a  vu  sourire  à  ses  rustiques  accents. 

"Rien  ne  lui  paraît  au-dessus  de  ses  forces  :  elle  est  si 
présomptueuse  qu'elle  ose  s'égaler  aux  Nuses  du  premier 
rang.  Ses  folles  prétentions  éclatèrent  surtout  lorsque  le 
Monarque,  qui  n'aspire  qu'au  soulagement  de  ses  Sujets, 
ordonna  dans  la  "Haute-Guienne  une  nouvelle  forme  d'ad- 
ministration dont  il  vous  établit   le  chef. 

Oui,  Monseigneur,  cette  téméraire  paysanne,  quittant 
alors  la  houlette  et  le  chalumeau,  essaya  d'élever  son  style 
jusqu'à  la  sublimité  de  l'Cde,  pour  chanter  la  vaste  éten- 
due de  vos  lumières,  et  la  supériorité  de  vos  talents,  que 
Sa  Majesté  trouva  dignes  de  seconder  ses  projets  de  bien- 
faisance sur  cette  Province. 

Mais  quel  fut  le  succès  de  son  aveugle  ambition  ?  "Hélas  ! 
à  peine  eut-elle  saisi  la  lyre,  qu'effrayée  de  la  grandeur 
de  l'entreprise,   elle  la   laissa   tomber  des    mains  ;    //    fallut 


—  4  — 

céder  à  la  force  de  ce  naturel  opiniâtre  qui  triomphe 
toujours  des  efforts  que  nous  faisons  pour  le  repousser.  Ce 
despote  impérieux  vint  bientôt  réclamer  ses  droits,  et  la 
ramener  à  ses  humbles  pipeaux. 

Elle  les  embouche  aujourd'hui,  Monseigneur,  pour  vous 
retracer,  à  sa  manière,  les  mœurs  innocentes  et  les  utiles 
travaux  des  Cultivateurs  de  nos  montagnes,  cette  précieuse 
portion  de  votre  Troupeau,  qui,  quoique  cachée  au  sein  des 
rochers,   ne  vous  en  est  ni  moins  connue  ni  moins  chère. 

Daignez ,  Monseigneur  ,  recevoir  l'hommage  de  celte 
dernière  production  avec  la  même  bonté  dont  vous  avez 
honoré  les  précédentes,  et  agréer  le  profond  respect  avec 
lequel  je   suis. 

Monseigneur, 

De  Votre  Grandeur, 

Le   très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

PEYROT, 

ancien   Prieur  de  Pradinas. 


^f^ 


EPITRE    A    M.    LE    PRIEUR    DE    PRADINAS 

SUR    SES    GÉORGIQUES    PATOISES 

PAR     M.     DE     ReBOURGUIL, 

Mesire  de  Camp  de   Cavalerie 
et  Lieutenant  des  Gardes  du  Corps  de  M.   le  Comte  d'Artois. 


La  nature  fut  ton  modèle  : 
En  la  peignant  tu   l'embellis. 
Sous  le  plus  brillant  coloris 
Son  tableau   n'est  pas  moins  fidèle. 
5  Tu   peins  sur  des  pipeaur  légers 
Des  Saisons  la  marche  éternelle, 
Nos  champs,    nos  uignes,    nos  uergers  ; 
Et  dans  leur  langue   maternelle 
Tu  parles  auec  nos  bergers. 

10  Saint-Lambert  en  a  fait  des  sages, 
Fontenelle   de  beaux  esprits  ; 
Mais  je   ne  uois  qu'en  tes  écrits 
Le  ton  naïf  des  premiers  âges. 
De   Paies  chantre   ingénieux, 

i5  De  ses  mœurs  et  de  ses  usages 
Législateur  harmonieux, 
C'est  dans  tes  chants  mélodieux 
Que   le  patois  de  nos  oillages 
Devient  le  langage  des  dieux. 

20  La  nature,   à  ton  art  docile, 

Ramène  encor  dans  nos  hameaux 
La  Muse  riante  et  facile 
Qui  d'Hésiode  et  de  Virgile 
Jadis  enflait  les  chalumeaux. 


—  6  — 

25  Pourrions-nous  la  méconnaître, 

Quand  tu   la  conduis  dans  nos  champs  î 
Sa  grâce   n'est  pas  moins  champêtre, 
Et  ses  accords  sont  plus  touchants. 
Tu   nous  raois,  tu   nous  entraînes  ; 

3o  Tes  uers  sont  des  lois  souveraines 
Que  suivra  le   peuple  pasteur  : 
Tu  le  consoles  dans  ses  peines, 
Tu   l'avertis  de  son  bonheur  ; 
Tu   lui  fais  aimer  ses  retraites, 

35  Ses  durs  travaux,   ses  doux  loisirs. 
Aux  airs  charmants  que  tu  répètes. 
Depuis  qu'au  gré  de  ses  désirs 
Il   peut  accorder  ses  musettes, 
Tous  ses  travaux  sont  des  plaisirs 

40  Et  tous  ses  loisirs  sont  des  fêtes. 
Jouis  du   plus  doux  des  succès  ; 
Sois  le  bienfaiteur  des  campagnes  ; 
Dans  nos  vallons,   sur  nos  montagnes. 
Viens  voir  les  heureux  que  tu  fais. 

45  Le  bruit  y  court  que  ce  Poème, 
De  tant  d'agréments  embelli, 
Fut  inspiré   par  Triptolème 
Et  fut  écrit   par  Goudouli. 


LETRO  O  MOUSSU  DESPRODELS 
Cmic  de  l'Ogriculturo. 


Mo  Muso,   cher  omic,   lounc-tens  persecutado, 
Anfi  bo  rimolhà   los  Sosous  de   l'onnado. 
Li  me  fas  entreprene  un  ennuious  trobal 
Dount  cregne,   ombé   rosou,   que   nou   s'oquite   mal. 
5  Lo  couneisse   be  trop  :   outre   qu'es  poressouso, 

Jomai   miolo  d'Oubèrnho  oun  fousquèt  tont  quintouso. 
Omai  n'as  obusat   :   ombè  to  permissiù, 
Debios  de  so  feplesso  obeire  coumpossiù. 
Soun  pincèl  es  trop  flac  per  te  fa  lo  pinturo 

lo  De  tout  so  que  dins  l'on  trofico  lo  noturo, 

Siô  lo  Primo  ou   l'Estiù,   siô  l'Ôutouno  ou  l'Ibèr  ; 
Car  caduno,  o  soun  tour,  se   maino  del  goubèr. 
T'ou  dise  encaro  un  cop,   molgrè  tout  soun  courache, 
Ai  pla  pou  qu'en  mièch  aste  oun  plonte  oqui  l'oubrache, 

i5  Ou  qu'oun  lou  fasco  pas  o  toun  countentomen. 
Un  orticle  sur-tout  me  fo  gront  pessomen   : 
Es  que  de  so  besounho  ogère   un  jour  l'ôudasso 
O  nostre  Mojoural  d'oufrî  lo  dedicasso. 
De  qu'un   uèl   lo  bo  beire,   el   qu'o  lou   goust  tont  fi  ! 

2û  Mes  que  faire  ?  Es  tirât,   nous  cal  biùre  lou  bi. 
O  mo  muso,   d'olhurs,   oquel  Prélat  oimaple, 
Cont  benguèt  o  Milhau,   se  moustrèt  fort  ofaple  : 


D'un  sourire   hounourèt  sos  rusticos  consous  ; 
Belèu  boudro  b'encaro  cscoutà  sos  Sosous. 
25  E  tu  que,  jous  los  flous  d'uno  omistat  flotouso, 
Li  cachos  lous  dongès  d'uno  courso  espinouso, 
Guido-lo,   Desprodels,   ten-lo  toujours  pèl  bras 
Se  lo  quito3,  s'egaro,   ou  toumbo  o  cado  pas. 


^^ 


LOS  CATRE  SOSOUS 


ou    LOS 


GEOURGICOS    POTUOSOS 


LOU      PRI^ITE^(S 


CONT  PREMIE 


lu    m'osarde    o   birà    l'escobèl    de    l'onnado, 
Qu'en    catre    tens    égals    es   to    pla    portochado 
Que   soun    cours    noun    finis   que    cont   cado    sosou 
Sul    même    toroboul    o   fach    soun   escôutou. 
5  Dirai    dounc    del    Printens    los   flours    e    lo    bèrduro, 
De    l'Estiù    los   colous    è    lo    richo    posturo, 
Lou   dous  jus  de  l'Outouno   e   sous   autres   prcscns  ; 
Anfi   del    pigre    Ibèr    pintrorai   lou    mal    tcns. 
Mes    ol    Sire    OpouUoun    e    touto    so    rossado 

\o  Fosquen,    coumo    se    diù,    pulèu    lo    copelado  : 

Lou   bèrs,    sons    soun    ojudo,    oun   n'o    ni    suc    ni    mue. 
Gront  Diù.    que   ses  toujours   ou  quilhat  sus   un  truc, 
Ou    que    rondoulejàs    dins    lous   sobens    trobèrses, 
Prestàs-me,  se   bous   plai.    lou   molle   des   bous    bèrses. 

i5  AVusos,    de    bostro    foun    lochàs    lou    roubinet   : 


Bostro    aigo    es    préférable    ol    boun    bi    fronc    e    net. 
Mo   Muso   es    ol    jour    d'uèi    talomen    oiterado 
Que    n'endobolorio,    crese,    uno    semolado. 
Dounas-li'n,  per  pietat,  bou'n  prègue,  un  mièch  goubèl. 

20  Nuople   e   sobent    Roussi,    tu    qu'èros    tont    monèl 
Jous    lo    ma    de    Birgilo    e   del    Tasso    e    d'Oumèro, 
Tu    que    bas  ol   golop    cont   correjos    Boultèro, 
Soubent   siôs    pus  compis    qu'un    ase    del   Mounnà. 
Pégase,    oqueste   cop    m'ones    pas   reguinnà. 

25  Anfi,    tontes    que   ses,    Diùs   mascles   e   femèlos. 
Que  trebàs   sus   un   puèch    besi    de    los   estèlos, 
Quitàs    bostre    pusaut,    coures,    despochàs-bous, 
Benès    persègre    omb'iù    lou   trin    de    los   sosous. 
Courache  !    oquel    isson   ben   fenspirà    lo    rimo  : 

3o  Muso,    omb'un    tal    secours,    pos    essojà    lo    Primo. 

Lou  Coucut  o  contât   ;   l'Ibèr  bo  trescoulà   ; 

Lo  biso  sul  Rouèrgue  es  lasso  de  siflà  : 

Bo  pourtà  sous  bufals  dins  lou   pois  de  l'Ourso. 

Lou  Printens  se   preparo  o  coumensà  so  course. 
35  Trop  lounc-tens  omogat,   lou  gront   astre  del  Cèl, 

Quito  so  capo  soumbro  e  soun  nègre  montèl   ; 

E  del  tiède  5efir  déjà  lo  dousso  oleno 

Des  riùs   emprisounats  o  foundut  lo  codeno. 

De  lo  cime  des  rocs,  o  toute  euro,   en  detal, 
40  On  bei  se  destocà  de  pendens  de  cristal   ; 

E  le  nèu  que  se  fount,   en  loben  les  cerrièiros, 

Bo  juscos  dins  leur  lièch  treboulà  los  ribièires. 

Sons  cregne  de  l'Ibèr  lou  funeste  retour, 

L'omelliè  se  despiège  e  l'esclat  d'un  bel  jour. 
45  L'emprudent   !   n'o  pas  pou  de  Josèp  lou  trincaire  : 

Soun  terriple  mortel  de  sous  efons,   pecaire  ! 

O   pourtant,   dins  leur  brès.   soubent  coupât  lou  col  ; 


V.   23.   Hameau  de    la   commune    de    Millau,   où  ces  animaux   abondent. 
3i.    Approches  du    Printemps.  38.     Fonte   des  glaces  et   des    neiges. 

44.    L  amandier   déploie   ses  fleurs. 


Presque  cado  très  ons  li'n  fo  pourtà   lou  dol. 
Lo  figuièiro,   pus  sacho  e  pus   precôuciounado, 

5j  De  pou  que  noun  surbengue   un  retal  de  jolado. 
De   poussa  sous  gourraus  n'auso  pas  osordà. 
Cap  d'autre  aubre  noun  plus,  de  pou  de  s'escôudà, 
De  soli  sous  bourjous  encaro  fo  pas  mino  : 
Lou  mendre  rebiral  côu5oriô  so  ruino, 

55  Car,  seloun  lou   prouberbe,   on  n'es  pas  ibernat 
Que  lo  luno  d'obriol  oun  n'ajo  trolucat. 

Lou  Pastre  sopendent,  en  sourten  de  lo  jasso, 
O  lo  pouncho  del  jour  dôu  pertout  se  regasso  : 
Bei  déjà  lou  pclenc,   qu'èro  obont  ièr  tont  sec, 

60  Brilhà  d'un   bèrt  surtout  que  l'endimerguo  o   plec. 
«  Tont  o  lèu,   w  se  dis-el,   «  entre  èstre  foro  cledos, 
Eici  bau  fa  corrà  mous  moutous  e  mos  fedos, 
Ecceptat  que  de   mèstre  iù   noun  combie  6  mièch  mai.  m 
Oquel  espuôr  lou  flato  e  li  tei  lou  cor  gai. 

65  Lou   Bouriaire  engourdit  noun  quitabo  so  caso 
Qu'un   pauc  sul  subrejour  per  faire  cauco  raso  : 
Aro,   ol  premiè  sisclal  del  motinous  ôusèl, 
Sauto  coumo  un  cobrit  del  lièch  sons  cubrecèl. 
Sos  calcios  dejoul  bras,  courris  o  lo  fenèstro  ; 

jo  Sono  borlet,  chombrièiro,  efons,  filhos  e  mèstro. 
Soun  cais  se  barro  pas  qu'oun  bejo  pauc  o  pauc 
Sos  gens  derebeillats   c  solits  de   lour  trauc. 

Cont  soun  mounde  es  lebat,  tal  qu'un  mèstre  d'ormado. 
D'un  moût  el  douno  l'ordre  o  touto  l'oustolado  : 

75  «   Oncn,  couratche,  efons,   aro  es  ouro    d'i  fa, 

«  Noun   pas  om  lou  mal  tems,   que  se  coliô  côufà.   m 
Tout  s'onimo  o  so  buos  e  sounjo  o  soun  ofaire. 
Jan  margo  l'oissodou,   Pèire  oplecho  l'oraire  ^ 


V,  48.  Qui  casse  les  amandes.  C'est  ordinairement  uers  la  saint  Joseph 
que  le  froid  en  fait  périr  la  fleur.  Cette  récolte  ne  réussit  jamais  ici  trois 
ans  de  suite.  --  60.  La  verdure  renaît.  —  63.  On  loue  les  domestiques  le 
17  mai.  —  67.  Le  fermier  s'éveille  au  premier  chant  du  co^.  pour  éveiller 
toute   sa  maison.     -   75.    Il   assigne   à   chacun  sa   tâche. 


Ondriù   penso  sous  biôus.   Estèbc  sous  mulets  : 

80  Tont  l'eiemple  del  mèstre  entoncho  lous  borlets  ! 
O  sutà  lo  besounho  el  tout   premiè  coumenso  : 
O  déjà  dins  un  sac   preporat  lo  semenso. 
Monjou  catre  côulets  e  bôu  toutes   essens 
Sus  un  rôstoul   birat  semenà   lous  morsens. 

85  Sou   pas  pulèu   portits  que   lo  maire  e  los  filhos 
O  Tort  qu'ôu  fousegut  bôu  fa  los  semenilhos. 
Sul   bèspre  tout   s'ocompo,   e  fou   lou  despèrti   : 
E  sobès  se   pores  qu'obiôu  dinat  mot»  ! 
Juscos  o  jour  folit   pèi  s'en  bôu  fa   lous  crèsses... 

90       Mes  o   porà  lous  prats  seriô   tens    que  soungèsses. 
Escortas-ne,  coûtais,   tout   lou  bestial  menut  : 
L'èrbo  nais,  e  sons  fauto  oquel   pople  lonut 
De  so  goulaudo  dent  ne  couporiô  lo  pouncho, 
Se,   cont  bous  ofonàs  cl  comp  o  fa  lo  jouncho, 

95   Lou   pastre  de  rescos  H  bous  fosiô    dintrà. 
Belhàs-lou,  cresès-me  ;  car,  se  pot,  ou  fora. 
Fosès-ne  tene  lèn  otobé  lo  bouïno  ; 
N'i  loissés  pas  noun   plus  paisse   lo  cobolino, 
E  pèr  ofi  que   l'aigo  orrose  bostre  prat, 
100  Tenès  lo  routo  libro  e   lou   besal  curât. 

Emplostras-lou  surtout  d'oquelo  limpo  grasso 
Que  lo  plèjo  en  Ibèr  dins  lo  sompo  romasso  ; 
E  se  de  los  porets  es  toumbat  cauque    pas, 
De  lou  tourna  remetre  ol   pulèu   monqués  pas... 
io5  Lo  mèstro  aro  longuis  lo  fobourablo  estèlo 
Per  poudc  semenà  lo  grono  de  lo  tclo. 


V.  80.  Il  est  le  premier  au  travail.  —  82.  On  va  semer  les  blés  de  mars. 
—  85.  Semailles  du  jardin.  —  87.  L'heure  de  goûter.  —  8g.  On  va  fouir 
avec  la  pioche  aux  endroits  où  la  charrue  n'a  pu  passer.  —  qu.  A  la 
mi-mars,  on  écarte  tout  le  bétail  des  prés.  —  95.  Les  bergers,  malgré  la 
défense,  y  font  paître  furtivement.  —  q<).  Il  faut  nettoyer  les  rigoles,  afin 
que  l'eau  coule  librement,  et  y  répandre  le  limon  que  les  pluies  d'hiver 
ont  ramassé  dans  la  mare.  Il  faut  aussi  en  réparer  les  murailles.  — 
io5.    Préparation   des  chenevières. 


—   i3  — 

Lo  conobièiro  es   presto,   ornai   lou  conobou   ; 

Lo  terrado  es  coufido  omb'un   pauc  de   migou. 

Que  sousque  encaro  un  briù  de   p6u  de  desfourtuno, 

MO  Qu'otende   que   de  Mars  siasco  roundo  lo  Luno. 
Que  semene  so  grono  olaro  un   pauc  espés, 
En  cossen  lous  ôusèls  qu'oun   n'i   loissoriôu   res. 
Qu'o  lo  cimo  d'un  pal,   calque  bièlho  roupilho 
Boultige  ol  grat  des  bents   ;   oc6  lous  escompilho. 

»i5       Mes  lou  salse  es  en  sabo  e   pousso  sous  cotous   ; 
Lou  rousiè,   lou   lillà  se  cargou  de   boutous    ; 
Déjà  tout  es  jouial,   tout  ris  dins  lo  noturo   ; 
Lo  terro  o  recoubrat  so  premièiro   poruro, 
E  lous  gais  ôuselets,  jous  de  tendres  romèls, 

120  Preparou   lours  gousiès  o  de  councèrts  noubèls. 
Aro  entre  se   lebà,   lo   besiado  Liseto 
De  Mars,   en  foulotren,   bo  culi   lo  floureto 
Pèr  faire  uno  guirlando  o  soun  cher  onilou, 
Dount  lo  raubo  o  lo  nèu  disputo  lo  bloncou. 

125   Semblo   lou   Printens  même,   oquelo  postourèlo, 
Cont,   en  mièch  des  porfuns  de  lo  sosou   noubèlo , 
Souleto  ombe  soun  chi  fodejo  dins  lou   prat. 
Cun  uèl  to  petilhent  !   Cun  minois  to  flourat   ! 
Qmb'un  despièch  jolous,   los  filhos  del  bilache 

i3o  Regardou   lo  frescou   d'oquel  poulit  bisache   : 

Noun   pas  qu'opsoulumen   lou  trobou  sons  défaut. 
Mes,   molgrè  lour  critico,   encaro  es  trop  fricaut. 
So  que  surtout  los  facho,   es  cont  un  jour  de  fèsto, 
Ombe   lou  soûl  riban  que   H  sarro  lo  tèsto, 

i35  Qmbe  so  cofo  unido  e  soun  blonc  dobontal. 
Lise  esfasso  l'esclat  de  tout   lour  otiral. 
Tondis  que  dins  los   flours,   ornai  dins  lo  berduro, 
Besèn  déjà   lugi   l'espuor  de   lo  posturo, 
Dins  l'aire  e  sus  lo  tèrro  un  penchent   gênerai 

140  Q  cercà  soun   poriù   pousso  cado  onimal    ; 


V.    m3.   Epouvantai!     à    cheneuière.     qu'on   met   au   haut   dune   perche. 
Il  5.    Le   saule   est   le   premier  arbre  qui   pousse  des  chatons. 


—   14  — 

Ou^èn  dins  lou   boloun  gémi   lo  tourtourèlo, 
OItour  del   golotàs  bresilhà   l'iroundèlo  ; 
Gosoulho  de   plosé  d'obé  troubat   l'oiral 
Ount  èro  ontan  soun  niù,   que   n'es  pus  qu'un  cosal 

145  O  lou  tourna  bostî  besès  coussi  trobalho  ! 

Per  loucha,  cont  bendrô,  so  pichoto  mormalho, 
Cèrco  lous  moterials  tout  diguen  so  consou  ; 
Soun  bec  es  tout-ol-cop  lo  tiplo  e   lou   mossou. 
Déjà  lou   posserat  bisito  lo  toupino  ; 

i5o  Om  de  borgun,   de   palho  e  calco  plumo  fino 
Bo  gorn'i  soun   liéchet  d'un  moufle   motolàs, 
Qu'o  sous  pichous  noissens  serô  d'un  gront  soulàs. 

Filhos,   de  l'omouriè  lou  brcutou  s'esporpilho, 
Metès  bite  o  couà   lous  ious  de   lo  conilho, 

i55  Que   pendent  quatre  cops  cal  que  mude  de   pèl 
Obont  de  s'entorrà  dins  soun  riche  toumbèl. 

De  l'aubre,  jordiniès,  sounjàs  o  fa  lo  talho  ; 
Cont  l'ôurés  pla  purgat  de  touto  bourdufalho, 
Costiàs  on   lou   poudet  soun  trop  de  golhordiô   : 

160  Pèl  luxe  de  sous  jets  lou  trounc  s'espuisoriô. 
Loisàs  H  soulomen  calcos  broncos  fruchièiros  ; 
Lias  ombé   de   bins  los  que  sou  trop  lebrièiros   ; 
E  tout  so  que  beirés  de  lo  règlo  escortât, 
01  tronchant  del  coutèl   libras-ou  sons  pietat. 

165       L'aubre  tout  coumo  l'ome  es  suchèt  o  rompogno 
Pla  soubent  lo  bcrmino  ou   lo  rounho  lou  gogno. 
Se  d'oquel   mal   hountous  lou  ferre  oun  lou  guéris, 
Lou   longuimen  lou  mino,   ansi  seco  e   péris. 
Cal  dounc  cossà  lou   mal  obont  que  nous  ocaple   : 

170  Metès  aro  en   protico  oquel  art  odmiraple 

Qu'en  un  aùbre  ofronquit  tronsformo  un  soubochou, 
Disou   que   per  osart,   autres  cots,   un  postrou 
Fiquèt,   en   petossen  so  pichoto  chôumièiro, 
Un   broutou  destocat  d'uno  bronco  fruchièiro 


V.   i53.  On  couue  la  graine  des  vers  à  soie.   —    172.  Selon  Pline. 


i 


—    i5   — 

175  Dins  lou  trounc  d'un  bouissou   noubèlomen  rcssat. 
E  qu'oquel  suchèt  fronc,   pèr  lo  sabo  poussât, 
Dins  lo  fendo  del  souc   prcnguèt  uno  autro  bido. 
Lo  monièiro  d'ontà  d'oqui  dounc  es  solido. 
On  onto,  ocô  se  sap,   de  mai  d'uno  foissou  : 

180  Entr'autros  en  troumpeto,   en  fendo,   en  escussou. 
Côu;5;issès,   e   molgrè  lo  cresenso  coumuno, 
Gordàs-bous,  cont  ontas,   dé  counsultà  lo  Luno. 
D'oquelo  bielho  errou  bous  entestés  pas  pus  : 
Un  orne  qu'o  boun  cap  n'o  descubert  l'obus. 

185  Que  siasco  bièlho  ou  joube,   omogado  ou  solhento, 
O  touto  obro  lo  Luno  es  fort  endiferento   : 
Oubserbàs  soulomen  que   pèr  oquel  trobal 
Un  tems  dous  et  tronquille  es  tout  so  que  bous  cal. 
Pren  courache,   poge's,   tous  blats  6u  bouno  caro  ; 

190  Déjà  de   lo  seguiol   l'espigo  se  declaro   ; 
Mes,   se   n'i   pensos  pas,   un  orre   mesclodis 
Omb'un  aire  insoulent  sus  tous  comps  s'espondis. 
Jous  lo  plonto  estrongièiro,   elas  !   mièjo  estoufado, 
Lo  filho  de  l'oustal  d'olimens  es  pribado. 

195  L'ofrount  es  trop  songlont  pèr  que   reste   impunit    : 
D'un  coutèl  recourbât  pren-me   un  bostou  gornit, 
E  de  l'escourniflaire,   o  cots  d'oqu'elo  eigino, 
Bai  fa  sôutà  los  dens  jusquos  o  lo  rocino. 
Encaro  ouras  prou   peno   ;   ôuras  bel   lo  sôuclà, 

zoo    Que  dise  ?  6uriôs-be   bel  lo  poultri,   lo  choplà, 

Que  toujours  dins  tous  comps  d'oquelo  bilèno  èrbo 
Lou  lebon  molurous,   molgrè   tus,   se  counsèrbo. 
Lou  soûl  remèdi  olaro  es,   cont  moustro  lou   nas, 
De   lou   li  tourna  torse,   ofi  qu'oun  grone   pas. 

2o5        Qu'es  oqueste   bobau,   qu'o  lous  uèls  jous  de  cutos  ? 
Que   rondoulejo  tont  ol  tour  d'oquelos  hulos  1 
Noun  seriô  pas  eisô  calque  furgo-bournhou  ? 


V.    184.    M.  di  la    Quintinii  et    autres.      -     196.    Le  sarcloir.  206.   On 

châtre  les  ruches.     Hulos  est  un   pur  gallicisme  . 


-    i6   — 

Ai  !   qu'es  cmpoquetat  !    Saique   o   pou   del  fissou. 

N'es  un,   me  troumpe   pas.   Oquel  lait  cap  de  selho 
21J  Omb'un  brondou  fumous  o  delouchat  l'obelho. 

Lo  pauro  repoutègo  en  bechen  lou  brutal 

Que   gasto  so  besounho  et  li  euro  l'oustal. 

Otal,   sauf  lou   respec,  cont  l'emplegat  de  talhos, 

Dins  uno  pogesiè  dintro   per  fa  bistalhos, 
2i5   E  qu'emporto  cremal,   forrat,   oulo,    poirol, 

Lo   mèstro,   se   poudiô,   li  tourseriô  lou  col. 

L'obelho,   urousomen,   pot  repora  so  pèrto   : 

De  milo  e  milo  flours  lo  companho  es  coubèrto  ; 

Ne   poumporô  lou  suc  dins  lous  comps,  dins  lous  prats, 
2.20  E  surtout  dins  lous  orts,   que  ne  sou  bigorrats. 

D'oquelos  del  ginèst  lo  coumbo  es  topissado  ; 

D'oquelos  del  bouissou   lo  plono  es  perfumado. 

Sus  los  costos,  sus  puèchs  los  besèn  espeli   : 

Pouden   pas  mètre  en  loc  lou   pè  sons  n'estroli. 
225  Cun  baume   per  lou   nas  !   Cun  régal   per  lo  bisto  ! 

De  tous  bijous,   Printems.   cal   pourriô  fa  lo  listo  1 

Salut,  jouino  sosou,   maire  de  tont  de  flours  ; 

Per  lou   plosé  des  uèls  diùriôs  dura  toujours. 

Mes  que   me  bontou   pas  oquelos  d'un   porterro 
23o  Que   pousso  obont   lou  ten5  lou  fournèl  de   lo  scrro. 

Del  simple  noturèl   qu'un  sot  Cresus  lossat 

Exige  de   lo  terro  un  serbice  foursat   ; 

Que   pèr  el   lou   rousiè  se  desplègue   obont  ouro  ; 

Sùi   pas  brico  embejous  del   plose'  que  sobouro, 
235   ûuont  bei  sus  de  grodins  cent  bases  olondats 

O  forso  de  trobal  de  flours  toutes  bondats. 

Que  se  pâme  en  bejen  uno  oundo  emprisounado 

Per  de  ressorts  secrets  jusqu'ol  cèl  elonsado   ; 

Per  iù,   certo,  aime  mai  beire   l'aigo  d'un  riù. 
240  Que  fo  soun  cours  sons  gèino  e  sons  ofectociù  ; 

Aime   mai,   sus  soun  bort,   bcirc,   ombc   lo  biùlcto. 


V.  137.    Les  jets  d'eau. 


—   '7  — 

Lo  jounquilho  dôurado  e  lo  morgorideto 
Flouri  dins  lour  sosou,   pelle  e  mèlle,   o  l'osart, 
Que   lou   lucce  d'un  ort  que  flairo  tont  o  l'art. 

245       Des  tournais  de  Creissels  cont  bese  los  coscados, 
Oun  trèpou   libromen  los  foulatros  Noiados, 
De  gauch,  coum'un  ôusèl,   oquî  semble  embescat. 
O  l'oumbro  d'un  poumiè,  sus  moun  couide  oclencat, 
Oquî  de   lo   noturo   iù  countemple   l'oubrache, 

2.50  Tondis  que  sus  mo  tèsto  entendi  lou   romache 
D'un  gai   roussinhoulet  que  conto  sos  omours. 
Moun  uèl   mirobilhat  odmiro  lous  destours 
D'un  rojol   qu'oun  couneis  d'autro  lei  que  so  pento 
Tantôt  ol  tour  d'un   roc  besiadomen  serpento, 

255  Tantôt  en   murmuren   quito  soun   lièch   notai, 
S'elonso  e  s'espondis  en   napo  de  cristal 
Qu'os  roiouns  del  soulel  laisso  un  libre   possache. 
Olaro  en  formo  d'arc   bese  foundre  un   nuache 
Ount  brilho  lou  sofir,   lo  pèrlo,   lou   rubis 

260  E  los  autros  coulous  de   lo  raubo  d'Iris. 

De   lo  coscado  onfi  que  m'o  chormat  lo  bisto 
S'encaro  un  bricou  mai  bole  sègre  lo   pisto, 
Bese  que  fièromen  bo  pèr  sauts  e   pèr  bouns 
Ficsà  dins  très  moulis  sous  escarts  bogobouns. 

265  Oquî  dono  lou   branle  o  lo  lourde  mochino 
Que  del  gro  qu'escrucis  fo  rojà  lo  forino, 
E  pièi  dins  bint  besals,   de  soun   pur  moubemen, 
Per  orrousà  lous  prats  bo  coula   lentomen. 

Tondis  qu'o-s-uèls  besens  se  fleuris  lo  pelouso, 

270  Lou  berdiè   nous  onounso  uno  onnado  oboundouso. 
Cado  aubre  ôugan  proumet  soun  tribut  ol  groniè   : 
Be   pourren,   s'o  Diùs  plai,  fa  troutà  lou   poniè. 
Mes  cun  councèrt  to  bel  se  fo  dins  lou  bouscache  ! 


V.  245.  Lieu  uoisin  de  Millau,  où  l'on  uoit  des  cascades  naturelles,  qui 
font  tourner  plusieurs  meules,  où  les  taillandiers  «ont  eguiser  (sic)  leurs 
outils  :  de  là  vient  le  nom  de  tournais.  —  269.  Les  fleurs  des  \3ergers 
annoncent    l'abondance    du    fruit. 


—   i8  — 

D'un  regimen  d'ôusèls  entendren  lou  romache  : 
275  Oqui   lou   repetit,    l'ôuriol,   lou   roussinhol, 

Jous  un   noissen  fulhache   uflou   lou   gorgolhol. 

Lou  mèrlhe,   lou   pinsart,   lo  gribo,   lo  fôubeto, 

Lou  gach  que  bol   porlà,   l'ogasso  que  coqueto   ; 

Tout  musicien  olat  fredouno  o  so  foissou 
280  O  l'ounou  del  Printens  so  pichoto  consou. 

Loissen-lous  s'egoià,   qu'o  lour  aise  consounou  ; 

Onen  beire,   pogés,  tous  gorrics  que  broutounou. 

Cont  lous  glons  sul  gosoun  de  l'aubre   toumborôu, 

Coussi  tous  pourcelets  se  n'orrigoulorôu   ! 
285  Pièi,  cont  foras  mosèl,   beiràs  cune  solache  ! 

Lo  car  serô  pus  fèrmo  e  forô  mai  d'usache. 
Onfi  del  mes  de  Mai  lusissou  lous  bèls  jours  ; 

Lo  companho  o  corgat  sous  pus  riches  otours. 

Ocô's  fach   :  fi  de   nèu,   de  gibre  e  de  jolado. 
290   Lo  combeto  del  blat  de  dous  pans  s'es  ôusado, 

Mes  soun  cap,   de   lo  rajo  un  bricou  trop  sutat, 

Auriô  déjà  besoun  d'estrc   un  pauc  umectat. 

Astre,   dount  l'uèl  perçant  bei  touto   lo  noturo, 

Tu  dount  cado  créât  oten  so  nourriture, 
295  De  lo  crùèlo  fom  se   nous  bos  gorontî, 

Ajo  pietat  del  blat,   que  coumenso  o  poti. 

L'espigo  se  blonchis  sus  so  tijo  olterado  : 

Fal  qu'i  toumbe  dessus  uno  dousso  rousado    .  . 

Onon  èstre  exôusats   ;   oquel  obille  oubriè 
3ùo  Bo  faire  dobolà  d'un   nuache  lôugiè 

Sus  blats,   que  lo  set  brullo,   uno  plejeto  fino. 

Que  lous  obiùrorô  juscos  o  lo  rocino. 

Ai   !  coussi   plôu  déjà   !   Cuno  benedicciù   ! 

Cuno  ôubeno  surtout  pèr  lou   morsenc  tordiù  ! 
3o5  Sourtès  toutes,   benès  sul   lundà  de  lo  porto   : 

Besès  conto  ne  toumbo,  ornai   n'es  pas  trop  forte. 


V.   i85.    La  chair  du  cochon  nourri    de    gland    est    la    meilleure.     —    3o3. j 
Rosée  de  Alai. 


—   19  — 

Soulel,   pèr  emoussà  de  tous  darts   lou  fissou, 
Otal  de  tens  en  tens  fai  jougà   l'esporsou. 

Muso,   quiten   lo  plono,   e   mounten  o  \o  binho. 

3 10  D'èstre  to  pousodis  lou  fousèire  s'endrinho   ; 

Longuîs  despièi  lounc-tens  de  foire  ou  de  bina   ; 
N'o  rosou   :  de  soun  bras  espèro  lou  dinà. 
Onen  dounc,  journoliès,   metès-bous  o  l'oubrache   : 
Lou  repaus  o  lo  souco  aro  foriè  soufrache. 

3i5  Se  bous  sobès  entendre  en  fosquen  lou  mercat, 
Del  bigôs  tirorés  de  liardos  un  socat. 
Cune   boulegodis   !   Tout,  jusc'ol   mendre   drilho, 
Cargo  biasso,   borral,   bigôs  sus  so  roupilho. 
Del  cric-crac  dels  esclots  lo   plasso  retentis   ; 

32Ù  Bref,   lou  mercat  se  sarro  e   lo  colo  portîs. 
Pièi   pendent  lou  trobal  cal  ôu5i  lo  godasso   : 
Se  cridou  milo  cots  :  «  Gront  bien,  en  prou  bous  fasso  !  u 
Desempèi  lou  din'a  juscos  ol  despèrti, 
Cont  n'ogassou  côucun,   ah   !   be  lou  fou   pofi. 

325  Pèr  rire  e  s'egoià,   pulèu  que   pèr  molisso, 

Li  reprochou  sons  cèsso  ocô  que  mai  lou  fisso   ; 
E  cal  pas  fa  semblon  oqui  de  se  picà   : 
On  n'es  que  mai  brondit,  s'on  au5o  replicà. 
Un  cop,   s'èro  fourrât  dins  lo  colo  un   noubice 

33o  Pus  obille  o  monjà  qu'o  tout  autre  exercice. 

«  Goujat,    w  sou   li  fosquèt  un   bièl  tout  grupelous, 
«  De  toun   paire  sios  fil  del  cap  jusc'os  tolous. 
«  Coum'el,   as  ol  repais  lo  dent  prou  degochado, 
«  E  lou  bras  enrelhat  cont  cal  fa   lo  combado.   w 

335   L'ouncle,   que  del   nebout   bol   prene   lou   portit. 

Dis   :   «  Es  bertat,   moun  fraire  èro  un  bostou  bestit. 
«  Diù  l'ajo  perdounat   !   Prou  dégourdit  o  taulo, 
«  Ero   lent  ol  journal  coum'uno  cogoraulo   : 
«   Otobé  soun  escais  èro  lou  pè  pesuc. 


V.   32  1.      Ils     sont     sans    cesse    à     s'agacer    les    uns    les    autres,      et     les 
absents  ne   sont   pas   plus   épargnés  :  cela  les  fait   rire  et   passer   le   temps. 


340  "   Mes  iù  crese  o  l'efon  un   pauc  mai  d'obeluc. 

«  Boun,  «  respont  lou  cirous  en  freten  sos  porpèlos, 
«  Un  aubespic,   bodaut,   pot  fa  que  d'onsonèlos.   » 
Cont  ou   prou   degoisat  e  sul  tiers  e  sul   quart, 
Parlou  de  tout  ocô  que   lour  ben   per  osart, 

345  De  guèrro,   de   poulisso,   e  de   pèrto  e  de  lucre, 

Lou  tout,   coumo  s'enten,   pla  saupoudrât  de  sucre. 
Tout  lou  manne  del  jour  contunho  oquel   boral   : 
Otal  charmou   lo  peno  estocado  ol  trobal. 
Aro  es  tems  de  porlà  de   pastres  e  de  fedos, 

35û  D'onhèls  e  de  moutous,   de  pargues  e  de  cledos. 
De  lono,   de  froumache  e  de  burre  e  de  lach. 
Coumencen   per  oquel   :   uèi   ne  rajo  un  bel  trach. 
Aies  cal  que  Pan  préside  o  nostro  counferenso  ; 
Touto  oquesto  motièro  es  de  so  coumpetenso. 

355  O  tus  qu'as  suèn  del   pastre  e  del  bestial  menut, 
Fringaire  de  Sirini,   floùtaire  cournut   ; 
Tu  dount  lou   pè,   tolhat  coum'oquel  de   lo  cabro, 
Sus  lo  cimo  des  rocs  Icstomen  s'escolabro   ; 
Tu  qu'as  bostit  ol   pastre  un  costelou   moubent 

36o  Que   lou  met  o  l'obric  de  lo  plèjo  e  del  bent   ; 
Tu  qu'as  moustrat  onfi  l'art  de  fa  de  borrièiros 
Pèr  sôubà   lou  troupèl  de   los  dens  cornossièiros  ; 
Diù   mièch  ome  e   mièch  bouc,   fort  jonti  soquelà, 
Porto  eici  tous  regarts   :   toun   nectar  bo  coula.... 

365       Cont  de  lo  basso-cour  lou  chantre  se  rebelho, 
Lo  lochièiro  se   lèbo  e   part  ombé   lo  selho. 
Bo  quichà  lou  soumés,  e  se  rajo  trop  prin, 
En  lou  soubotegen  lou  met  en   pus  bel  trin. 
Sus  un  fioc  tomperat,   obont  fa  lo  colhado, 


V.  353.  Pan  curai  oves,  oviumque  magistros.  fVirg.j.  —  359,  La  cabane  du 
berger.  —  36i.  Le  parc  à  brebis.  —  363.  On  sait  que  Pan,  amoureux  de  la 
Nymphe  Syrinr,  en  fut  dédaigné  à  cause  de  son  extrême  laideur.  Il  auait  les 
pieds  de  la  chèure,  la  barbe  et  les  cornes  du  bouc.  —  367.  La  laitière  ou 
fromagère  donne  des  claques  aux  tetins  des  brebis  pour  en  faire  couler  le  lait 
plus    abondamment. 


—    21     

Zjo  Lou   lach  ris  un  moumen,   e   \o  crèmo  es  triado 
Tout  de  suito  es  getat  dins  un  gront  coulodou, 
E  pèr  lou  faire  prene  on  i  trai  lou   presou, 
Seloun  lo  contitat  pleno  ou  mièjo  culièiro. 
N'es  pas  pulèu  colhat,   que   nostro  cobonièiro 

375  I  met  per  l'ocolà  sous  brasses  retroussats   ; 

E,   pèr  tont  qu'o  l'oustal   lous  ofàs  siôu   pressais, 
D'oqui   boucho   pas  mai   que  s'èro  estobonido   : 
Souben  sul  coulodou   l'ôu  troubado  endourmido. 
Dins  lo  foisèlo  oprès  estourro  l'oncolat 

38o  E  lou  met  o  secà  luèn  de   l'arpo  del  cat. 

Cont  es  prou  sec,   d'obort  se  despacho  un  messache 
Que   porto  o  Rocofort  lo  fourmo  de  froumache. 
Oqui  gémis  lounc-tens  joui  tronchant  del   coutèl    ; 
E,   pèr  combià  de   noun,  combiô  bint  cots  de  pèl. 

385  Se  fo  pièi  cauco  drogo  ombé  lo  roscloduro 
Que  s'espondîs  sul  pa  coumo  lo  counfituro. 
Mes  ocô's  to  pebrat  que  ne  cal  pauc  serbî. 
Se  l'on  bol  espornhà  lo  micho  ornai  lou  bi. 
Coumo  de  dessul   lach   lo  crèmo  s'es  tirado, 

390  Sus  lo  gaspo,   o  pu   près,   lo  recuècho  es  lebado   ; 
Onfi,   dins  lous  founsils  fou   bouli  de   croustous 
Que   sou   pèr  l'oustolado  un   bouci   rogoustous. 
Cal  gordà  susquetout  lous  colibots   pèl   pastre   ; 


V.  370.  On  lèwe  la  crème  qui  se  ramasse  sur  le  lait  lorsqu'il  commence 
à  rire.  —  ijz.  On  met  dans  le  lait  la  présure  nécessaire.  —  378.  Elle 
s'endort  presque  toujours  en  pressant  le  lait.  —  37g.  Le  pelit-lait 
s'écoule  par  les  trous  du  chasseret.  —  38i.  Les  caves  de  Roquefort,  à 
deur  lieues  de  Millau,  sont  taillées  dans  le  roc  ;  elles  sont  glaciales.  C'est 
là  qu'on  porte,  de  toute  la  contrée,  le  fromage  sec,  sans  autre  préparation. 
On  prétend  que  c'est  principalement  à  force  de  le  racler,  et  d'en  diminuer 
par  conséquent  le  volume,  qu'on  lui  donne,  par  degrés,  cette  bonté  qui  fait  sa 
grande  réputation.  Il  y  a  cependant  apparence  qu'il  érige  bien  d'autres  soins. 
—  385.  On  fait  avec  les  pelures  du  fromage  qu'on  pétrit,  et  qu'on  épice 
beaucoup,  une  composition  qu'on  appelle  rebarbe.  —  3qo.  La  recuite  est 
une  espèce  de  crème  qui  se  lève  sur  le  petit  lait.  Ce  n'est,  en  tout  cas,  qu'une 
seconde  crème  bien  faible  obtenue  par  une  seconde  cuisson  du  lait  déjà 
écrémé.   —  393.   Brins  de  caillé  qui  restent  dans  le  petit  lait. 


01  troupèl  autromen  orriboriô  desastre. 

395  Es   pla  juste,   en  efèt,    pèr  qu'el   n'o   lou   soucî, 

Que  del    prouduit,   ôumens,   H  n'   rebengue   un  bouci. 

Tondis  qu'o  soun  trofic  baco   lo  cobonièiro, 
De  soun  coustat,   lo  mèstro,   en  bouno  moinochièiro, 
Sounjo  o  renoubelà   lou   founs  del   pouloliè. 

400  Entre  toutes  lous  iôus  que  trobo  ol   nisoliè, 
Coulis,  e  joui  dubet  d'uno  clouco  escôufado, 
N'omago  en   noumbre  empèr  uno  bouno  escouade. 
Lou  germe  es  onimat  pèr  oquelo  colou, 
E  dins   bint  e  dous  jours  del  clos  sort  lou   poulou. 

4û5  L'oinat  n'es  pas  noscut  que  lous  cotèts  en  foulo 
Cridou  déjà  più-più  joui  bentre  de  lo  poulo. 
Olaro  de  soun  lièch  se  lèbo  lo  josen 
E  dobont  sous  efons  comino  en  cloussiguen. 
Maire  tendro,   o  tont  suon  de  so  prougenituro 

41Û  Que   per  l'oposturà  neglijo  so   posturo   : 

Li  coupo  ombé  soun  bec  lous  pus  tendres  boucis  ; 
Per  oquelo  mormalho  es  toujours  en  soucis. 
Eh   !  cun  n'es  pas  l'esfrai  de  lo  pauro  golino, 
Cont  bei   plonà  dins  l'aire  un  ousel  de  ropino  ? 

415   Se   tourmento,   s'erisso  e  d'un  crit  sôubèrtous, 
Jous  l'obric  de  soun  alo  ossemblo  sous  pichous. 
Cont  lous  pouls  soun  grondets,  lo  mèstro  lous  copouno 
Lo  biondo  ol  cornobal  n'es  pus  grasso  e  milhouno. 
IA.cs  lo  tostorés  pas,  sons  doute,   pauros  gens  : 

420  Oimorés  mai  lo  bendre  ou  ne  fa  de   presens  ; 

Car,   de  tout  tens,   l'usache  es  qu'oquel  que  trobalho 
Es,  countro  lo  rosou,   lou  que  monjo  lo  palho, 
E   que,   tout  ol   rebèrs,    lou   que   monjo  lou  fe 
Es,   seloun   lou   proubèrbe,   oquel  que   noun  fo  re. 

425  Que  d'autres  pus  letruts,   de  tont  de  diferenso, 
Que   pormi  sous  efons  o  mes  lo  Proubidenso, 


V.   397.   La    maitresse  de  la  ferme    entretient    le    poulailler.au    moyen    des 
couvées. 


23 


Se  cussounou  lou  cap   per  sercà  lo  rosou   ; 

Per  iù,  noun  ai  qu'un  moût  :  «  Diùs  ou  bol,  oco's  prou,  m 
Mes  qu'ôu^issèn  ?    Toujours  lo  bregouso    Ongleterro 
43o  Forô,  sons  dire  garo,  o  lo  Franso  lo  guerro  ? 

Sons  doute  o  fontosiè  de  se  faire  estrelhà. 

Que   bengue    !   Obèn   prou  gens  que  sabou  ferrolhà   : 

D'Orbilliers  e   d'Estaing,   o  qui   lo   recoumonde. 

Ou  seriô  tont  missonto,  ou  coldro  que  se  ronde. 
435  Se  lo  loissabou  fa,  se  dounoriô  lous  èrs, 

Suibant  soun  grais  de  cap,   de  reclà  l'unibèrs. 

Ah   !   forô,    per   lou  cop,   d'espèrros   inutilos  ; 

Déjà  SOS   prétendus  ou   reboultat  los  Ilos. 

Uèi  soun  toun  mogistral   pot  perdre  soun   poïs. 
440  Trobo,   disou,    mèubès  que   de   nostre   Louis 

Lous  boissèls  sus  lo  mar  onou  tenta  fourtuno   : 

Qu'es  plosento   !  Eh  !   sap  pas  que  lo  mar  es  coumuno  ? 

En  tout  cas,  cal  qu'où  sache,   ornai  sons  gaire  esta   : 

Risco  fort  autromen  de  se  faire  fréta. 
445  Louis  bol  e   preten,  sons  que  degus  mestreje, 

Que  sus  l'oiral  morin  tout  boissèl  se  posseje    ; 

E  se  Moussu  l'Onglés  n'enten  pas  lo  rosou, 

Del  conou  de  lo  Franso  oprendrè  so  leisou. 

Lous  paures,  sopenden,   soufrèn  de  so  molisso   : 
450  Es  causo  que  déjà  troumpetou  lo  milisso. 

Lo  pèsto,   lou  molur  !   Eiso  nous  ben  be  mal. 

Se  toutes  cal  morchà,   cal  forô  lou  trobal  1 

Coumissaris,   oumens  espornhàs  lo  componho   ; 

Sous   paures  obitans,   que  déjà   lo  pou  gonho, 
455  Pèl  mestiè  de  lo  guerro  ou  to  pauc  d'obeluc 

Qu'aimou   mai  bousigà  sus  lo  cimo  d'un  truc. 

Prou  de  truco-touliès  trouborés  dins  los  bilos, 

Persounos  ol  public   pèr  lou  mens  inutilos   ; 

Sus  oqueles  fenhans  bous  cal  rette*clopà, 
460  E  loissà  de  repaus  lous  que  gonhou  lou   pa. 


V.  438  L'Amérique.         45o.    Publication  de  la  milice. 


—    24    — 

Cont  entendriôu  sounà  lou  tombour,    \o  troumpeto, 
Cun  regret  n'ouriôu   pas  o  lo  dousso  museto 
Qu'onimèt  to  souben  lour  danso  ol  coumunal, 
Cont  obiôu  de  boun'ouro  ocobat  lou  journal   ! 

465  Pastre,   te  soubendriôs,   oltour  de  lo  gomèlo, 
Qu'obiôs  de  colibots  to  coumoulo  escudèlo   ; 
Ornai  belèu  diriôs,   en  corguen  lou  mousquet. 
So  que  diguèt  ontan  Toni  del  Mas  Jounquet. 
Ero  toumbat  ol  sort   ;   descompo,   lou  bôu  quèrre, 

470  Li   bardou   lou  dobont  d'uno  placo  de  ferre. 

«  Que   me  corgàs  ?  w  dis-el  ;   «  qu'es  oqueste  otiral  1  » 
«  Ocô's,   w  respount  l'orchè,   «  lo  gardo  del   peitral. 
«  Se  sobios  qu'es  utille   oquel  moble  en  botalho, 
«  Cont  lou  brutal  murmuro,  e  que  plou  de  mitralho  ! 

475   —  «   Pèr  que  cal  robolà,   u  dis  Toni,   «  oquel  fotràs, 
«  Senti  que  fugirai,   metès-lou  me  detràs  u. 
Cun  bounhur  !   Diù  merci,   l'arpo  del  sort  boulache 
N'o  pas  sosit  un  soûl   que   pousquès  fa  soufrache. 
Moussu  lou  Coumissari  o  sochut  rosounà   : 

480  Begen  que  tont  o  lèu   nous  coliô  meissounà, 
El  o  fach  reflecciù  qu'ol  trofic  de  lo  tèrro 
Èren  milhou  dressats  qu'ol  trimai  de  lo  guèrro. 
Obèn  un  autre   biais,   en  efèt,   o  lôurà 
Qu'o  tene  lou  fusil  ou   lou  sabre  o  lo  ma. 

485  Sourten   pas  de   Testât  oun   lou   penchen   nous  pousso  ; 
Lo   pèiro  boulegado  o   peno  o  mètre   mousso. 
Lou   proubèrbe  o  rosou,   que   dis  qu'un   boun  oubriè 
Per  gonhà  de   que   biùre  o   prou   de  soun   mestiè. 

Mes,   doun  mens  i   penson,  lou  Printens  nous  escapo  : 

490  D'Erigono  déjà  lo  conhoto  li  japo. 

Obont  d'entemenà  lou  trintran  de   l'Estiù, 
Muso,   iù  sùi  d'obis  que   nous  pôu^en  un  briù. 
O  conta  lou   Printens  te  sios  mièch  enroucado  : 
Omai  n'as  pas  seguit  tout-o-fèt  so  durado. 

495  Eh   !   be,   que  s'ocoumode    :   o  so  que   moncoro 
Sabe  que  trouboren  côuc'un  que  supleuro. 
E   cal  encaro  ]  Un  sach:,   omant  de   lo  noturo, 


Z5 


Lou  curiùs  Desprodèls,   que  de  l'ogriculturo 
Ocô  de  Pèire-Jan  bo  prene  de  leisous. 

5oo  Cent  cots  sus  l'orchibanc,  tout  monjen  sons  foisous 
Uno  Usco  de  tourte  ocotado  de  crèmo, 
Ensemble  ou  disputât  sus  l'art  de  Triptoulèmo. 
Bejo  oqui  mo  couciù.   Belèu  doutoràs  pas 
Que  tout  noun  siô  pla   fach,   s'el   i  bouto  lou   nas. 

5q5  Oui,   moun  cher  Desprodèls,   aro  oco's  toun  ofaire. 
Bai-te  n",   ocoumponhat  d'oquel  brabe  bouriaire, 
Obont  que  del   Soulel   lous  fiocs  siôu  trop  ordens, 
Odmirà  lo  bèutat  de  l'oimaple   Printens. 
Bai  courre  de   Mountels  los  coumbos  e  los  plonos, 

5\o  Cont  serés  orribats  ol  dejous  de  Soulonos, 
Ossetats  sul  gosou  o  l'oumbro  d'un   nouiè, 
Colculàs  lou   prouduit  d'un  journal  de  bouiè   ; 
Regarde  dôu   pèrtout,   bejo  lo  coutrilhado 
De  fedos,   de  moutous  sul  debés  delorgado. 

5i5  Ou5\s  lou  mojoural,   qu'en  mièch  de  soun  troupèl, 
Sus  un  tertre  elebat  jogo  del  coromèl. 
Dins  lo  coumbo  besino  ogacho  lo  postreto 
Bestido  soulomen  d'uno  comisouleto. 
Qu'en  gorden  lous  onhèls  fo  tournejà  soun  fus   ; 

520  Es.  cont  lous  bei  boundi,   pus  fièro  que  degus. 

Te   lasses  pas  de  courre   :  entre   l'oumbro  èstre  basso 
Bai  te  quilha  sul  truc  ount  se  targo  to  jasso. 
Oqui  fai-te  tout  uèls   :    pertout  beiràs  de  blats 
Déjà  to  rousselets  que   poressou  dôurats. 

525  Bejo  de  lo  seguiol  coussi   lo  longo  espigo 
Trop  couflado  de  gro  se  courbo  de   fotigo   ; 
Bejo  coussi,   sons  cèsso  ogitado  pèl  ben, 
Oundejo  dins  lo  plono  uno  mar  de  froumen. 
Porto  oprès  tous  regarts  sus  los  costos  binousos 

53û  Que  Bocchus  o  coubert  de  sos  grapos  ôudousos   ; 


V.  499.  Fermier  fort  expérimenté  dans  l'Agriculture.  —  5oi.  Tartine 
ou  ramequin.  —  5o6.  Tableau  de  la  campagne  aux  approches  de  l'Eté.  — 
5o9-5to.   Métairies  contiguës. 


—    26   — 

Beiràs  couflà  lou  grup  d'oquel  sont  olimen 
Que  lou  joube  e   lou  bièl  sablou  jouiousomen. 
Cont  de  fes  bas  cridà   :   «  Mèstre  de  lo  noturo, 
«   De  tos  obros,   gront  Diù,  cal  pot  fa  lo  pinturo  !   » 

535  N'as  pas  tout  bist  encaro  :  ogacho  l'esporset, 
Lo  trèflo,   lo  lusèrno  emolhà  lou   prodet. 
Bai  beire  fresqueja  sus  coustals,   sus  trobèrses, 
Los  gièisos,   lous  becuts,   los  entillos,   lous  èrses, 
Los  fabos,   lous  moungils  e  tout  l'autre  legun, 

540  Sons  countà   lou  mendit,   que   n'es  lou   rofotun. 

01  suchèt  des  mendits,   per  qu'ocô  se   présente, 
Te   bole  faire   part  d'uno  ouresou   plosento 
Qu'un  cop  fosquèt  un  pastre  opelat  Loiroulet. 
Obio  souben   pestât  e  jurât  tout  soulet 

545  Countro  lou  goust  fodiol  d'oquelo  pauro  grono, 
Que  lou  teniô  couflat  sèt  jours  de  lo  semmono  ; 
Mes  un  ser  que  fosio  paisse   luèn  sous  moutous, 
S'i  troubèt  ossiejat   pèr  un  ourache  ofrous. 
Un  crespe  gênerai  ocotabo  lo  tèrro  ; 

55ù  Lous  liùses  e  lous  trons,   imaches  de   lo  guèrro, 
Lou  siflomen  des  bents  dins  lous  èrs  debondats, 
Lo  pluèjo  que  del  Cèl  toumbabo  o  forrodats, 
(E,   pèr  molur,  de  grèlo  èro  un  bricou  mesclado), 
Tout   pourtabo  l'esfrai  dins  soun  amo  trouplado. 

555  E  se  metèt  olaro  en  grondo  debouciù 

O   pregà  Nostre-Senhe,   en  li  diguen   :   «  Moun  Diù, 
n  Counserbàs,   se  bous  plai,  lou  froumen,   lo  poumoulo 
«   Counserbàs  lou   legun  qu'es  de  boun  coire  o  l'oulo 
«  Counserbàs  lo  moussolo,   ornai  lou  côusegol   ; 

560  «  Soubàs  l'ordi,   lou  mil,   lo  mesclo,   lo  seguiol   ; 
«   Preserbàs-lous  surtout  des  trucs  de   pèîro  frejo. 
«   Se  de  ne  fa  toumbà   pourtant  obès  embejo, 
«  En  fosquen  grasso  os  blats  sus  lo  borio  espondits. 


V.    539.     Edit.  de  lySi.    mongels,    édit.  de    iSio,  mongils.    —     56i.  C'est  le 
nom  que  les  paysans  donnent  à  la  grêle. 


—    27    — 

«  Delorgàs-ne  sons  ploncho,   e  tustals  sus  mendits.   w 
565        Lo  scèno  bo  chonjà   :    de   lo  flour  printonièiro 

Besèn  déjà  soli  l'obouribo  cerièiro   ; 

Oquel  fruit  sobourous,    qu'es  de  toutes  l'oinat 

E  qu'éblouis  lous  uèls  de  soun  rouge  encornât, 

Ben  gorni  lous  desserts  ombe  lo  frèso  ôudouso 
570  E  lo  frombuoso  ombrado  e  lo  grousèlho  isprouso, 

Lou   perou  muscodèl,   l'oùbricot  ogrelet, 

E  lo  poumo  jonenco  e  lou   prunèl  biùlet. 

Oco's  fach   :   lou  Printens  sounjo  o  plegà  bogache   ; 

De  sos  flous   pauc-o-pauc   disporés  l'estoUache. 
575  L'Estiù  sur  soun  corriol  orribo  ol  gront  golop, 

E  lo  sur  de   Prougnè  conto  pèl  dorniè  cop. 


■<^ 


564.  On  a  substitué  le  mot  iustah  à  l'erpression  du  berger,  qui  était  plus 
énergique,  mais  plus  grossière.  Le  mot  auquel  fait  allusion  l'auteur  (feutrais) 
a   beaucoup   perdu  de  sa  force  expressive  . 


L'ESTIU 


CONT    SEGOUN 


Brilhent  astre  del  Cèl,   dount  lo  marcho  ropido 
Del  tens  que  nous  escapo  es  lo  reclo  e  lou  guido   ; 
Tu  que  de   lo  noturo  onimos  lous  ressorts, 
Soulel,   de   moun  esprit  redouplo  lous  trosports. 
5  Qu'o  toun  gront  fougoirou  mo  Muso  rescôufado, 
Posco  counduire  o  bout  l'obro  qu'o  coumensado. 
Cont  tous   premiès  regarts,   ol  retour  des  bèls  jours, 
Mirgolhabou  lous  comps  de  bèrduro  e  de  flours, 
Cal  ôuriô  debinhat  qu'oquelo  bigorruro 

\o  Seriô  lou   mogosin  de  nostro  nourriture  ? 
Omb'oquel  del  bestial,  joui  go^ou   rescoundut, 
Nostre  cher  olimen  se   besiô  counfoundut. 
Cun  chonjomen  !   01  se  de   lo  tèrro  fecoundo, 
Aro   nourrit  d'un  suc   que  to  colou   fecoundo, 

i5  De  soun   umblo  coumpanho  o  quitat   lou   nibèl   ; 
Aro  besèn  so  tèsto  ol  cap  d'un   long  tutèl 
S'elebà  fièromen  de   lach  touto  couflado. 
Noun  demondo  res  mai  que  d'èstre  destetado. 
Ocabo  toun  oubrache.  o  puissent  Diù  del  jour   ! 

20  Ron  lou  dorriè   serbice  ol  fruit  de  toun  omour  : 


—    29    — 

Que   lou   mage  fissou  de  to  regordoduro 

Toumbe  o   ploun  sur  l'espigo,   e  lo  beiren  moduro.  .  , 

Nostre  bot  es  ou^it,   onon  èstre  exôusats  ; 
Phebus  sus  nostres  comps  d'espigos  erissats 

25  Dardo  toutes  lous  trachs  de  se  fasso  embrosado. 
De  noubèls  obitens   lo  tèrro  es  ccotado   : 
Per  trôuca  lour  estuch,   mouscos  e   mouscolhous 
Dins  un  triste  silenso  otendiôu  los  colous. 
Aro  tout  se  delargo   ;   entendèn  dins  lous  aîres 

3o  Murmura  boundoulaus.  e  cousis,   e  ressaires. 
Amo  de  l'unibèrs,   o  l'ordou  de  toun  lun, 
Jusc'ol  founs  des  estons  s'onimo  lou  grouun. 
Tout  ben  moulje   lou  se  de   lo  maire  coumuno. 
Tout  generalomen,   hors  l'engenso  impourtuno 

35  Que  de  rousigà   l'home  èurô  lo  focultat, 
Sons  cap  de  distencciù  de  sècce  ni  d'estat. 

Obont  que  sul  troupèl  trop  de  eau  bengo  foundre, 
Lou  bouriaire  obisat  monco  pas  de  lou  toundre. 
Cont  lou  bestial  sodoul    reben  del  postural, 

40  Lo  mèstro,   lo  sirbento,  ombé  lou  mojoural, 
Toutes  très  ossetats  sul  lundà  de  lo  jasso, 
Tondis  que  lou  mostis  es  enlai  que  s'ojasso, 
Sus  lo  fedo  e  l'oret  fou  lôurà  lou  cisèu. 
Orribo  caucos  fes,   pèr  boulé  fa  trop  lèu, 

45  Que  sul  cuèr  del   potien  s'emprimo  uno  5ic5ago  ; 
Mes  lou  corbou   brisât  fèrmo  o   l'insten   lo   plago. 
Otal,   paure  moutou.  cal,   pèr  nous  obilhà. 
De   toun  bestit  lonut  que  t'onen  despoulhà   ; 
Otal,   tendre  onilou,  sons  te   plonhe,  soufrisses 

5o  Pèr  nous  fa  de  copèls  que  coupen  tous  onisses. 
Cont  o  quitat  soun  aus,   en  mièch  d'un  ribotèl, 
Pèr  lou   loba  del  surge  on   plounjo  lou  troupèl   ; 
En  forme  de  monchoun  pièi  lo  lono  plegado 
Es,  juscos  o  lo  bento,   ol  groniè  despôu^ado. 


V.    i6.   Naissance  des  insectes.  —  37.  Tonte  des  bêtes  à    laine. 


3o 


55       Autre  tens.   autre  suon   :   aro  cal  fenejà. 

Cont  l'èrbo  dins  lou   prat  coumenso  o  blonquejà, 

L'en  cal  traire,   autromen  lo  mitât  se   n'  estralho  : 

Onen  dounc,  coumponhous,   bite,   otropàs  lo  dalho, 

Oquî  n'i  o  prou  de  dich.   Pèr  lou  mèstre  onimats, 
60  Lous  borlets  en  comiso  e  d'oquel  ferre  ormats 

Fou  sôuta,   sons  pietat,   l'ournomen  de  lo  prado   : 

Tout  toumbo  jous  l'eigino  o  l'ocout  osugado. 

Pièi  pèr  birà  lous  rencs  ben  de  mounde  un  troupèl   ; 

Olaro  on  bei  jougà  lo  fourco  e  lou  rostèl. 
65  Tondis  que  l'un  fourquejo  e  que  l'autre  rostèlo, 

Lous  dolhaires  o  l'oumbro  ounchou  lo  gorgomèlo. 

Cont  del  fe  prou  secat  lou  ser  fôu  lous  moulous, 

De  tout  lou  besinat  benou  lous  efontous, 

Juscos  cl  cachoniôu  que  sort  de  lo  bressolo, 
70  Escolà  sus  lo  pilo  e  fa  lo  cobrïolo   ; 

S'i  plasou  talomen  que  quitou   pas  lou   prat 

Que  cont  dins  lo  fenial  besou   lou  fe  dintrat. 
Couro  pourras,  pogés,  rejounhe  otal  lo  garbo  ? 

Lo  solibo,   de  gauch,   te  rajo  sus  lo  barbo, 
75  Cont  beses  tont  o  lèu  béni  l'urous  moumen 

Que  diù  de  tont  de  suons  te  pogà  larjomeYi. 

Encaro  cauques  jours,   e  lo  recolto  es  presto   ; 

Ah  !   que  bengo,   moun  Diù,   que  bengo,   oquelo  festo  ! 

Lou   pôuret  ofomat  de  pa  se  couflorô, 
80  E  lou   palle  usuriè  de  despièch  creborô. 

Gracios  o  tous  efons,   preciùso  ogriculturo, 

Onon  dins  pauc   de  tens  regourjà  de  posture. 

Serion   lèu  morts  de  fom,  se  nous  disiôu  de  nou   ; 

Coussi  dounc  lour  estât  es  tont  pauc  en  ounou  ? 
85  Lou  riche   poressous,   que  noun  fo  que  se  jaire, 

T'ogacho  ombé  mesprès,   peniple  cultibalre. 

Eh   !  sent  pas,   lou  sodoul,   qu'enduroriô  tolen, 

Se  n'obiè  que  soun  or  o   mètre  jous  lo  den  ! 

Lous  sobens  cauques  cots  ou  counsocrat  lurs  bèlhos 


V.   55.   La  fenaison.    —  67,  Jeur  des  petits  enfants  sur  le  foin. 


3i 


çû  O  conta  de  toun  art  los  utillos  merbèlhos, 
Sons  rëussî  pourtant  o  chonjà  toun  estât  : 
Toujours  sios  miseraple,   ornai  toujours  estât. 
Souben,   las  del  trimai  de  touto  lo  journado, 
Creses  d'ona  monja  to  soupo  mitounado, 
95  E  trobos  un  fourrou  qu'es  mèstre  o  toun  oustal. 
Un  brabe  orne   que  t'aimo  e  preso  toun  trobal 
Me  disiô  dobont  ièr  que  dins  oquelo  bilo 
En  gens  de  gront  renoun  de  tout  tens  to  fertilo, 
Que  dins  Roumo,   en  un  moût,  s'èro  souben  troubat 
»ûû  Que  de  bolhens  guerriès,  en  sourten  del  coumbat, 
Penjabou  bite  ol  croc  lous  ôutisses  de  guèrro, 
Per  se  sosi  d'oquel  que  rebiro  lo  tèrro. 
Me  countabo  otobé  qu'un  prince  obiô  quitat, 
Pèr  plontà  de  côulets,   lo  courouno  e   l'Estat. 
io5  Sus  d'exemples  porèils  juchas  se  lou  bouriaire 
Olaro  èro  ourgulhous  de  fa  bolé  l'oraire, 
E  se   pèr  lou  trobal  se  sentiô  d'ofecciù, 
Cont  besiô  de  tal  mounde   oimà  so  bocociù. 
Mes,   pocienso  !  oquel  tens  pourriô  renaisse  encaro. 
\\o  Disou   qu'o  nuostre  Rei   l'ogriculturo  es  caro   ; 

E  qu'omb'   un  gront  ministre  ol  quai  se   pot  fisà, 
S'ocupo  des  mouièns  de  lo  fobourisa. 
Déjà   pèr  un  Edit  suprimo  lo  courbado. 
Que  l'o  de  sous  trobals  to  souben  desturbado. 
ii5  Sensiple  o  bostres  mais,   paures  cultibotous, 

El  bol  que  d'aro  en  lai  bostre  fais  siô  pus  dous, 
E  qu'oqueles  richarts,   que  de  lour  courpulenso 
Dins  de  corriols  dôurats  permenou  l'indoulenso, 
Coumo  fôu  des  comis  mai  que  bous  aus  estral, 
120  Cont  lous  petossorés,   bous  pagou  lou  journal. 
Ero  triste,  en  efèt,  ombé  de  combos  flacos, 
De  troutà  nuèch  e  jour  pèr  rompli  bostros  tacos, 
E  de   noun  gonhà   res  per  forcî   lou  gresiè. 


V.   96.   L'agriculture  était  en  honneur  che^  les  Romains.  —  io3.  Dioclétien. 
-   ii3.   Suppression  de  la  coruée.   —   116.    Motifs  de  l'Edit. 


—     32    — 

Otobé,   cal   tout  dire,   ou   preniàs  de  lougiè. 

125  Oqueles  perpôu^ats,   ombé   lour  roujo  trounho, 
Obiôu  bel  bous  cridà  de  despochà  besounho, 
En  meten  de  trobèrs   lou  copèl  bourdat  d'or  : 
Degus  de  lo  sutà  noun  se  sentiô  lou  cor. 
Onsi   l'ogriculturo  es  solido  d'entrabos, 

i3o  Journoliès,   d'un   picur  serés  pas  pus  esclabos. 
E  bous  aus  que  grujàs,   lèn  de   bostres  bossais, 
De  grosses  rebenguts  souben  lous  copitals, 
Boldriô  pas  mai,   Senhous,   onà  dins  bostros  tèrros 
D'uno  foulo  d'oubriès  onimà  los  espèros  ? 

1 35  Lou   poijon,   opuiat  de  bostro  proutecciù, 
Sentirio  pel  mestiè  creisse  soun  ofecciù. 
Un  cop  d'uèl,   un  sourire,   uno  poraulo  ofaplo, 
Un  res  lour  fo  troubà   lo   peno  supourtaplo. 

01   pè  d'uno  mountonho,   oun   l'aire  toujours  biù 

140  Bal  mai  que   lou   bentour  ol   pus  fuort  de  l'estiù. 
En  linge  blonc  se  targo  uno  demoro  ontico, 
Dount  l'art  o  rojunit  lo  fossado  goutico. 
Oqui  Domoun  s'oparo  o  l'ordento  sosou. 
Tondis  que   lou   boloun   nado  dins  lo  susou. 

145  Oquel  sache,   autres  cots,   pèr  so  grondo  elouquenso. 
Se  fosquèt  odmirà  d'uno  agusto  ôudïenso   ; 
Tout  cop  que   pèr  porlà  se   Icbabo  ol   Porquet, 
De   pou  de   perdre   un  moût  de  soun  soben  coquet, 
Presidens,  cousselhès,   oboucats,   percuraires, 

i5o  Toutes  teniôu   l'olé  coumo  de  cobussàires. 
Onf»  dins  lou  Porquet  cont  ojèt   prou   brilhat, 
Que  fo  ?   Cargo  un  corpan  d'ouripèl   mirgolhat, 
Uno   pelisso  roujo  e  d'ermino  fourrado, 
E  s'ossèto  pus  naut  sus  lo  bonco  embluado. 


V.  i3i.  La  résidence  des  bons  seigneurs  dans  leurs  terres  rend  ordinai- 
rement les  vassaux  plus  laborieux.  —  iSg.  Le  Château  de  Castelnau  de 
Pégayrolles  est  situe  au  pied  de  la  montagne  du  Leuejou  ;  il  y  fait  toujours 
un  air  »if.  —  143.  M.  le  Président  de  Pégayrolles.  —  146.  Il  était  alors 
Avocat  Général  du  Parlement  de  Toulouse.  —  i5o.  Retenaient  la  respiration 
comme  les  plongeurs.   L'auteur  en  fut  témoin. 


—  33  — 

i55  Sons  doute  ère  noscut  pèr  pourta  lou  mourtiè   ; 
Car  sons  opendrissache  enlebèt  lou   mestiè. 
01  dire  gênerai  de  toutes  sous  counfraires, 
D'un  cop  d'uèl  soun  esprit  sosissiô  lous  ofaires  ; 
Otobé  se   n'  fosquèt  talomen  odmirà 
i6o  Que,   cont  oprès  un  tens  se  boulguèt  retira, 

N'ôu^ias  qu'oqueste  crit  :  «  Ai  !  moun  Diù,  cun  doumache 
Qu'un  tal  uome  nous  quite  o  lo  flour  de  soun  ache  ! 

Aro  que  del  Polais  s'es  deliùrat  Domoun, 
Cad'on  d'oqueste  tens  mounto  perqui-n-omoun   : 
165  Oquî,   lèn  del  rombal  de  lo  Mogistroturo 
Noun  se  lasso  jomai  d'estudià  lo  noturo. 
Pèr  ne  sègre  lo  marcho  ofrounto  lous  rojals, 
Dobalo  dins  lo  plono,  escalo  sus  çoustals, 
Cren  pas  même  d'onà   pèr  de  détours  conisses 
\yo  Descubri  sous  secrets  ol  founs  des  precipisses. 
Oquel   n'o  pas  lou  mal  de  tont  de  mièch-sobens 
Que  fou,   del   lièch  estent,   lo  plèjo  e   lou  bel  tens, 
Ou  que  del  cobinet,  sons  couneisse  l'oraire. 
Se  mainou  de  dounà  de   loisous  ol  bouriaire. 
175  Soun  tic  es  diferent   :   el   n'o  pas  soun  mièch  lec, 
Cont  otaco  un  suchèt,  se   noun   lou   pousso  o  p'ec. 
Souben  on  sous  bossais  aimo  de  fa  lo  ralho  ; 
Cont  ne  trobo  côuc'un  ou   que  sèguo  ou  que  dalho, 
Que  lauro  ou  que  s'ocupo  o  cauc'autre  trobal, 
180  L'enterrojo  sus  tout,  jusc'ol  mendre  detal. 

Un  ser  que  possejabo  (èro  del  tens  de  sègos), 
Troubèt  ol  prat  Guilhèn  que  gordabo  los  ègos  : 
n  Eh  be  !   w  diguèt  Domoun,   «  seren  riches  ôugan  ?  ». 
«  Pas  oumens  iij,   Moussu,   respoundèt  lou   poi5an   : 
185  «  Noun  pas  qu'oun  m'i  siô  près  de  toutes  los  monièiros, 
«  Mes  iù  bese  o-pu-près  que  cinc  ou  sièis  bolsièiros 
«   Serou  de  mos  susous  lou  fruit  tont  désirât. 
«   D'oqui,   cont  soun  degut  lou  dème  ôurô  tirât, 
«  E  que  de   bostres  drechs  embèrs  bous  serai  quite, 
190   «  Lou   pauc    que  serô  meu  me  coldro  bendre  bite 
«  Pèr  lebà  lo  coustrencho  e   pogà  lous  fourrous, 

3 


-   34  - 

«  Qu'aimou  tont  moun  oustal  que   loi  fou  corrèirous. 

«  Cent  ôurai  fach  crousà  lou  bintième  e  lo  talho, 

«  Ocô  serô  lou  tout  s'ai  de  quite  lo  palho. 

195  «  Se  cal  pourtant  nourri,   lo  fenno   e  lous  efons  ; 

«  Cal  pas  èstre  espelhats  coumo  de  beligons. 

«  Cont  lou  bentre  es  deju,   lou  bras  noun  jogo  gaire  ; 

«  Pièi  moun  troupèl   péris,  fauto  de  sal,   pecaire   1 

«  De  lèn  en  lèn  ôumens  li   n'  boudriô  fa  tostà   ; 

200  «  Mes  ol   près  qu'es,   Moussu,  toutes  nou  n'  cal  esta. 

«  Pla  souben  escullon  sons  sal  l'aigo  boulido. 

«  Ah   !   se  lou  Rei  sobio  coussi  posson   lo  bido, 

«  Nous  plognirio  sons  doute  :  es,  sou  disou,  tont  bou  !  u 

—  «  N'ou   pot  pas  èstre  mai,   w  li  diguèt  lou  senhou  ; 
2o5  n  Car  imogino-te  qu'el  souspiro  e  sousqueno, 

«  Desempièi  qu'es  enstruit  que  soun   pople  es  en  peno  ; 

«  E  de  lou  soulochà  to  forto  es  so  possiù 

«  Que  del  bostou  rouial  entre  èstre  en  poussessiù 

«  01  simple  necessari  el  boulguèt  se  restrenhe   ; 

210  «  O  soun  sacre  otobé  jurèt  o  Nuostre-Senhe 

«  De  trobolhà  sons  cèsso  ol  be  de  sous  suchèts  : 

«  Oco's  oqui  lou  but  de  toutes  sous  proujèts  u. 

—  «  Serô  dounc,  w  dis  Guilhèn,  «  coumo  oquel  que  dins 
«  Bouliô  que  cado  jour  cadun  metès  so  poulo  ?       l'oulo 

21 5  «  Certo  oco  seriô  trop  :   baste  qu'ojcn  de  pà  !   u 

—  «  Coussi,  u  respount  Domoun,  «  crenhe  de  ne  moncà, 
«  Tondis  qu'ôuren  pèr  mèstre  un  segount  Honric  catre  ? 
«  D'oquel  Prince  ocoumplit,   dount  tout  èro  idoulatre, 
n  Louis  es   lo  coupio   ;   o  fach  dornièiromen 

220  «  Entr'autres  un  bel  trach  que   mostro  claromen 

«  Que  d'oquel  gront  moudèlo  o  déjà  los  entralhos. 

«  Escouto   :   El   permenabo  o  l'entour  de  Bersalhos, 

«  Sons  estre  oquelo  fes  de  gardos  entourât   ; 

«  (E  !   qu'oprehendo  un  rei  de  soun   pople  odourat  1) 

225  M  Dous  pôurets.  d'un  toun  triste,  omb'uno  mino  muorno, 

«  Lous  uèls  bonhats  de  plours  li  demondou  l'ôumuorno  ; 


V.   121.  Trait  admirable  qu'ont  annoncé  en  son  temps  les  papiers  publics. 


35 


«  Louis  d'obuort  sonsiple  o  lour  situociù, 

«  Pèr  lo  couneisse  o  founs  lour  fo  cauco  questiù. 

«  Moussu,   M  li  dis  l'oinat,   «  fosèn  dol  de   lo  maire, 

2.Z0  «  E  soulet  sons  secours  obèn   loissat  lou   paire 
«  Engrepesit  de  frech,   tout  ocoplat  de  mal   : 
«  N'es  belèu  d'oquesto  ouro  o  soun  dorniè  bodal. 
«  Sons  crenhe  d'oboissà  l'ounou  del  diodème, 
«  Lou  Rei  dins  lour  taudis  se  fo  counduire  el  même. 

235  «  I  dintro   :  cun  oubjèt   !   Bei  lou   molaut  tout  soûl 
«  Presque  muort  estendut  sus  un  lièch  de  rostoul. 
«  Oquel  estât  l'oflijo,  e  ne  douno  lo  probo 
«  En  tiren  del  bourset  tout  l'orgen  que  s'i  trobo. 
«  Mes  encaro  pus  lèn  porto  lo  coumpossiù, 

240  «  Car  bol  qu'o   sous  despens,   outre  l'educociù, 
«  Oqueles  efontets  ajou   penden  lour  bido 
«  Taulo,  coubert,   bestit,  omai  bourso  gornido  w. 

—  «  Ai  !  cun  cor!  »  dis  Guilhèn,  «  cun  Rei  to  pietodous  ! 
«  Jogue  que  joui  Soulel  se  n'  troubèsso  pas  dous. 

245  «  Coussi  nous  bon  corrà  tont  qu'ôuren  un  tal  paire   ! 
<':  Porlen  aro,   Moussu,   del  gront  Countorroullaire  : 
«  Disou  que  fo  so  cargo  ombé  tont  d'ofccciù 
«  Que  se  cruso  lou  cap  o  cerca  l'embenciù 
«  De  faire  sus  suchèts  refourfà  l'oboundonso, 

25o  «  E  creisse  en  même  tens  del  mèstre  lo  finonso. 
«  A   !  Diù  bolgo.   Moussu,   que  trobe  oquel  estèc   ! 
«  Mes  trombli  que  quicon  noun  lou  ronde  bufèc. 
«  lù  tene  de  moun  gran,  (en   pas  siô  soun  ormeto), 
«  Que  lou  Rei  noun  pot  mètre  un  sôu  dins  so  cosseto 

255  «  Qu'oun  siasco  potejat  dins  catre  ou  cinc  tripots, 
«  E  que  d'oqui  beniô  lou  surfai  des  impots. 
«  Saique,  coumo  so  biondo  es  tont  escompilhado, 
«  Pèr  uno  soulo  ma  pot  pas  èstre  omossado, 
«  Li  cal  pèr  lo  rejounhe  un  escach  d'emplegats, 

260  «  E  se   n'   pot  be   troubà  qu'où   lous  dets  empegats. 
«  S'essojabo  de  tene  un  pauc  mens  d'omossaires  ?  » 

—  «  Bous  aus,  u  diguèt  Domoun.  «  noun  ses  que  de  bor- 
«  Se  sobiàs  qu'es  ocô  que  lo  cargo  d'un  rei,       [jaires. 


36 


«  Diriàs   :   «  Bal  mai  serbî  que  de  dounà  lo  leî. 

265  «  Lou  gouber  d'un  rouiaume  es  talomen   peniple 

«  Qu'oquel  que  lou   poussèdo  o  bel  fa  l'impoussiple, 
«  Pot  pas  toujours  porà  certèns  empachomens 
«  Que  benou  tout  d'un  cop  de  sous  orrenjomens 
«  Coupa,  coumo  se  dis,   lou  cap  e  lo  centeno. 

2.J0  «  Lou  que  ten,  en  un  moût,   lo  co  de  lo  podeno 
«  Es  toujours  de  l'oustal  lou  pus  emborrossat  u. 
Guilhèn  de  questiouna  se  seriô  pas  lossat, 
S'uno  sourdo  brusou,   prélude  de   l'ôurache, 
N'obio  foursat  Domoun  de  gonhà  lou  bilache. 

275       01  costèl,   en  efèt,   o  peno  s'es  rondut 

Qu'un  torriple  coumbat  dins  l'aire  es  entendut. 
Toutes  lous  elemens  se  declàrou  lo  guèrro  ; 
Lou  Ciel  semblo  s'ormà   pèr  escrosà  lo  tèrro. 
Per  mourgà  lou  Soulel,   de  lour   ouire  escopats, 

280   Lous  bens  lous  pus  mutins  semblou  s'èstre  otroupats. 
De  soufre,   de  bitume  e  de  nitro  empestados, 
Pèr  lour  soufle  brutal  los  nibouls  ossemblados 
Elèbou  dins  lous  èrs  un  r^doutaple  fuort 
Que  cacho  dins  sous  flancs  l'espoubento  e  lo  muort. 

285  L'astre  del  jour,  coubèrt  d'oquelo  capo  escuro, 
Semblo  pourtà  lou  dol  de  touto  lo  noturo. 
Jous  oquel  fais  lugubre,   estoufat  de  colou, 
Lou  mounde  e  lou  bestial  oten  dins  lo  froiou. 
Déjà  de  lèn  s'enten    lou  sinhal  del  robache   : 

290  L'èr  siflo.   lou   liùs  brilho,   embraso  lou   nuache. 
Lou  tron  groundo,  s'obonso,  e  sous  retes  esclats 
De  boloun  en  boloun  sons  cèsso  redouplats 
Sou   precedats  de  luns  dount  lo  clortat  subito 
De   l'uèl   lou   pus  ordit  ebranlo  lo  guérite, 

295  Tout  tromblo,  tout  frémis.   Estounats  d'oquel  bruch, 
Lous  paures  ôuselets  bôu  troubà  lour  estuch. 
Lou  gourpàs,   dount  lou  cont  onounso  lo  tempèsto. 


1 


V.   275   Description  d'un  orage  dangereux  aux  approches  de   la  récolte. 


-  ^7  - 

Es  lou  soûl  que  dins  l'èr  de   plonà  se  fo  fèsto, 
Chèro  recolto,   helas  !  fruit  de  tont  de  trobals, 

Zoo  Bas  sons  doute  essugà  de  rettes  petossals. 

Cuno  desoulociù   !   Sul   pount  d'èstre  omossado, 
Belèu  dins  un  moumen   nous  seras  enlebado. 
Dins  lous  aires  olaro,   ol  dire  deis  oncièns, 
Sus  un  carri  brullent  roullou  de  mogicièns 

3o5  Talomen  deboulits  que,   seloun  lour  embejo, 

Podou  faire  oun  lour  plai  toumbà  lo  pèiro  frejo. 
Mes  disou,   per  bounur,   qu'oquel  orre  cobal 
S'embauro  ol  mendre  bruch  que  se  fo  ensobal. 
Sus  oquelo  cresenso,   ou  l'espuor  del  solari. 

3io  D'obor  mounto  ol  clouquiè  lou  sounur  mercenari 
Oqui  del  bon  del  bras,  cont  coumenso  o  trouna, 
Enquiè  qu'ajo  cessât,   quito  pas  de  souna. 
El  sap  que  lo  porroquio  es  pla  persùodado 
Qu'ombc  soun  corrilhoun  biro  lo  niboulado. 

3i5  En  plèjo  sopenden  lous  nuaches  founduts 

Delargou  tout  d'un  cop  de  tourrens  suspenduts 
Qu'en  se   precipiten  del   naut  de  los  mountonhos 
Brisou  digos,   porets,   robachou  los  companhos. 
Diriàs  que  de  lo  mar  l'obime  es  deboundat    : 

Zzo  On  bei  dins  un  moumen  lou  boloun  inoundat. 
Del   pus  naut  tèrrodou  lo  graisso  es  entrenado   ; 
Per  lou  flus  e   reflus  lo  robino  ogitado, 
Correjo  sur  lous  comps  un  limou  grobelous 
Que  saplo  lo  recolto  e  nègo  lous  silhous. 

325  De  tens  en  tens  lo  grèlo  ôumento  lou   robache   ; 
Lou   tron  pus  onimat  s'escapo  del  nuache, 
Esclato,  serpentejo  e  toumbo  sus  clouquiès. 


V.  3o3.  On  croyait  autrefois  que  c'étaient  des  Sorciers  qui  faisaient  tout 
ce  train  dans  les  nuages,  et  qu'à  leur  tour  ils  étaient  effrayés  du  bruit  qu'on 
faisait  ici-bas.  Le  peuple  le  croit  encore.  —  3o6.  La  grêle.  —  3t3.  Cette 
dangereuse  pratique,  qui  subsiste  encore  dans  certaines  de  nos  campagnes, 
fut  prohibée  par  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  du  14  juillet  1786. 
Voir  .Innales  de  Millau,  p.    228. 


—  38  — 

Olaro  on  lours  ritous  toutes  lous  porrouquiès, 

Dins  lo  glèi^o  ossemblats  coumo  lous  jours  de  fèsto, 
33o  De  boun  cor  pregou  Diù  d'escortà  lo  tompèsto. 

Pèr   lo   pregario  onsi   lou   Cèl  es  desormat   : 

L'ourisoun  s'esclorcls,   l'aire  es  oposimat  ; 

Lo  biso  d'un  bufal  o  dissipât  l'ôurache. 

Lo  grèlo  urousomen  n'o  pas  fach  gront  doumache  ; 
335  Lo  plèjo  o  de  sous  cots  omourtit  lou  fissou   : 

Sons  oquel  mesclodis  aurion  fach  lo  meissou. 
D'oquel  mal  gorontit,   gracios  o  Nostre-Senhe, 

Lou  blat  encaro  risco   ;   encaro  obèn  o  crenhe 

Que  lo  roulho  l'otrape  ou  l'orre  corbounat, 
340  Ou  que  d'un  cop  de  bent  toumbe  o  tèrro  engrunat. 

Cont  l'espigo  surtout  de  so  grono  es  namplido, 

Risco  mai  que  jomès  d'èstre  desoborido. 

01  fort  de   los  colous  orribo  pèr  osart 

Que  sul  blat  mièch  modur  toumbo  un  pichot  broulhart 
345  S'un  5ephir  omistous  sus  l'espigo  umectado 

Noun  ben   pèr  l'essugà  jeta  cauc'  olenado, 

Oco's  fach   :   lou  Soulel  cop  sur  cop  reporés 

E  lo  susso  o  tal   poun  que   n'i  demoro  res. 

Pèr  lo  mètre   o  l'obric  d'une  talo  ruino, 
35ù  Omb'uno  longo  cordo  on  brondis  lo  bruino. 

Aies  lou   milhou  secret  countro  tont  de   molurs, 

Es  de  segà  lous  blats  entre  que  sou  modurs 
Longuigos  pas,   pogès,   seras  lèu  foro   peno. 

Del  blat   preste  o  coupa  lo  boufo  es  aro  pleno 
355  Déjà  de  soun  cric-cric  lou  gril   issourdo  prou, 

E  lo  fournise  obaro  ol  comp  fo  corrièirou. 

Sus  l'espigo,   en  conten,   lo  cigalo  olotejo  ; 

Sul   prat  noubèl  toundut   lo  longousto  trepejo, 

E  lou   bobau   lusent,   ol  copèl  estocat, 
36o  Lo  nuèch  fo  lo  founciù  d'un  colel  olucat. 


V.  349.  La  pratique  de  ce  remède  est  si  difficile  que  peu  de  gens  le  mettent 
en  usage.  —  355.  Auant-coureurs  de  la  récolte.  —  36o.  Les  enfants  atta- 
chent les  uers   luisants    au  chapeau. 


-  39  - 

Olèrto,   oici  Sent  Jan  qu'onounso  lo  recolto   : 
Dins  pauc,  del  blat  noubèl   pouiren  faire  uno  molto. 
Segaires,   ocoulats,   osugàs  lou  boulon   : 
Qu'o  lo  pouncho  del  jour  demà  tout  prengo  bon. 

365  Tout  escàs  de  brilhà  cèsso  lo  poulsinièiro 
E  coumenso  o  lusi   l'estclo   motinièiro, 
Qu'on  bei  lou  pogès  courre  on  so  colo  ol  trobal, 
E  tout  premièiromen  toumbà  sus  l'ordical. 
Lo  coupo  d'oquel  blat  qu'es  lo  pus  obouribo 

370  Li  dono  lou  mouièn  d'otendre  lo  tordibo, 

Parso  qu'o  sous  oubriès,   toutes  tontes  que  sou. 
Ten  lou  pa  sufisent  jusc'oprès  lo  meissou. 
L'ordi  n'es  pas  ol  sol  qu'ol  ferre  obondounado, 
De  lo  fièro  seguiol  lo  tijo  es  ronbèrsado. 

3/5  Onfi  sons  esta  gaire  orribo  lou  moumen 

De   possà  lo  fôucilho  o  bel  tal  sul  froumen   : 
D'oquelo  eigino  olaro  es  lo  pus  forto  bogo. 
Pus  moti   que  jomai  tout  courrîs  o  lo   logo. 
01  lièch  obont  lou  jour  trouborias  pas  un  cat   : 

38o   Semblo   qu'en  oquel  tens  de  dourmi  siô  pecat. 
Ecceptat   lou   moinache  encaro  o  lo  bressolo, 
Que,   tout  lou  jour  soulet,   se  plouro,   se  desolo, 
Tout  lou   mounde  es  os  comps  :   lous  oustals  sou  desèrs. 
Otal,   cont  del  tombour  lou  soun  frapo  lous  èrs 

385  E  que  d'uno  botalho  onounso  los  olarmos, 
Cadun  quito  so  caso  e   bo   prene  los  armos  : 
Lous  grons  e   lous  pichous  courrou  sus  l'enemic  ; 
Lou   pus  poultroun  s'oprèsto  o  li  socà  soun  pic. 
De   mêmes  ol  trobal   lou  mens  bolhent  s'escrimo  ; 

390   Del  bras  e  de  lo  buos  lou  pogès  lous  onimo. 
L'ôu^issès,   cont  càucun   s'au:;o  un  bricou   pôu5à, 
Cridà  coumo  un  obucle   :   «  lu  bese  cal  i  fa.   w 
Soun  uèl  de  cap  o  founs  persèc  toujours  lo  colo  ; 


V.  368.  Coupe  de  l'orge  d'hiver.  —  373,  Coupe  du  seigle.  —  375.  Re'colte 
du  ble-froment.  —  3q2.  Cri  ordinaire  du  maître,  lorsqu'il  s'aperçoit  que 
l'ardeur  des   moissonneurs   ralentit. 


—  40   — 

E  de  tontes  de  suons  l'espuor  soûl   lou  counsolo  ; 
395  Sap  qu'ôuro  lèu  pèr  biùre  e  de   micho  e  d'orgen. 

Del  dina  sopendent  orribo  lou  moumen  : 

O  l'oumbro  d'un  gorric  lo  troupo  es  ossemblado   ; 

Cadun  de  soupo  o  l'ai   monjo  une  escudelado, 

Pièi  toco  lou  fricot  e  lou  bi   del  pegal   ; 
400  Un  coupet  d'aigo  fresco  olaro  es  un  régal. 

Ou  mièjo  oureto  oprès  pèr  faire  lo  dourmido  ; 

Mes  o  peno  6u  cutat  que  l'ocoulat  lour  crido   : 

n  Olèrto,   olèrto,   efons,   lou  Soulel  fo  com'i   ; 

«  Lo  nuèch,   noun  pas  lou  jour,   es  facho  pèr  dourmi  ». 
405  Sul  ser,   tont  que  se  pot,   lo  gobèlo  liado 

Es,   de  pou  de   mal  tens,   en  pilos  orengado, 

Pièi,   dins  l'airo  ol  pulèu   pourtado  pel  bouiè, 

Formo  uno  piromido  opelado  gorbiè. 

Mes  qu'es  oisô  1  gront  Diù  !  Crese  que  plôu  de  flamo. 
410  Lou  brondou  del  Soulel  nous  coi  juscos  o  l'amo. 

Sous  fougouses  chobals,   de  fotigo  olterats, 

Bubou  l'imou  des  comps,   poumpou  lou  suc  des   prats. 

Los  flours  penchou  lou  col  sus  lour  combo  secado  ; 

Del  riù  lou  pus  ordit  lo  courso  es  orrestado, 
4i5  E  de  l'astre  brullent  l'insupourtaplo  ordou 

Dins  soun  umide  obric  bo  grilhà  lou  peissou. 

Oun  se  tene  ?  Soun  fioc  oluco  lo  noturo. 

Obèn  bel  de  lo  nuèch  implourà   lo  frescuro  : 

Se  mostro  pas  pulèu  qu'o  despochat  soun   tour. 
420  Soun  crespe,   entre  porestre,   es  persat  pèr  lou  jour. 

Sus  soun  corriol  d'orgen  e  trempe  de  rousado, 

Lo  moulhé  de  Titoun,   cont  fosio  so  tournado. 


V.  396.  Dîner  des  moissonneurs.  —  400.  On  ne  leur  donne  pas  du  vin 
dans  ce  pays.  —  401.  La  demi-heure  du  repos.  —  4o3.  On  ne  persuadera 
jamais  au  paysan  que  la  terre  tourne  autour  du  soleil.  —  4o5.  On  lie  la 
javelle,  on  la  range  en  piles  dans  les  champs  ;  on  la  transporte  ensuite  à  l'aire, 
où  on  la  met  en  gerbes.  —  409.  Jours  caniculaires.  —  414.  Extrême  séche- 
resse. —  418.  Les  nuits  sont  trop  courtes  pour  pouvoir  rafraîchir  le  temps. 
—  421.   L'aurore  ne  répand  plus  de   larmes  sur  son  passage. 


—  41   — 

De  larmos,  ol  printens,   orrousabo  los  flours   : 

Uèi  passo  coumo  un  liùs  sons  respendre  de   plours. 

425  Del  lun  de  l'unibers  l'orribado  trop  prounto 

Lo  susprent  talomen  que,  siô  despièch,  siô  ounto, 
Entre  obère  onounsat  lo  bengudo  del  jour, 
S'estrèmo,   e  lou  Soulel  es  d'obor  de  retour. 
O  peno  sous  roiouns  des  puèchs  daurou   lo  cimo, 

43o  Que  lou  fioc  de  lo  bèlho  o  l'insten  se  ronimo. 
L'aire,   mièjo  ouro  oprès,   es  preste  o  s'enflomà. 
Olaro  lou  troupèl,   qu'es  prou   las  de  choumà, 
Quito  lou   postural  e  se  n'  torno  o  lo  jasso   : 
Del  gront  caut  jous  sous  pès  lo  tèrro  se  crevasse. 

435  Olaro  on  noun  bei  pus  un  ôuselou  boula   ; 
Cadun  jous  un  fulhache  es  iopit  sons  piùlà. 
Urous  que  dias  un  bosc,  sus  un  topis  de  mousso. 
Pot  aro  del  ^ephir  huma  l'oleno  dousso. 
Ou  que,   pèr  omourti  lou  brosiè  de  l'estiù, 

440  Se  plounjo  jusc'ol  col  dins  lou  cristal  d'un  riù. 
Molgrc   lou  colimas  que  nous  fo  tont  de  peno, 
De  mounde  e  de  bestial  l'airo  n'es  pas  mens  pleno. 
Jous  effors  redouplats  d'un  pougnet  bigourous 
Ou  déjà  sucoumbat  del  gorbiè  lous  crestous. 

445  Sus  un  sol  mosticat  d'orgiolo  pla  botudo. 

Os  regarts  del  Soulel  lo  garbo  es  estendudo. 
Lo  colcado  coumenso,   e  déjà  lous  flojèls 
Del  fabre,   sus  l'enclume,   imitou   lous  mortels, 
En  boten  lo  seguiol,   qu'es  de  duro  dessarro, 

450  Tondis  que  sul  froumen  des  miols  troto  lo  garro. 
Lou   mèstre,   qu'es  en  mièch  omb'un  fouet  o  la  ma, 
Tout  lou  jour  oltour  d'el   lous  ouplijo  o  roudà. 
O  forso  de  tustals  cont  lo  grono  es  solido, 
Lo  palho  dins  lo  granjo  ombé  suon  es  cobido. 


V.  4i<).  Les  feur  de  la  «cille  se  rallument.  —  432.  Inaction  des  troupeaux. 
—  435.  Silence  des  oiseaur.  —  441.  Travaux  de  l'aire.  —  447.  On  bat  ici 
la  gerbe  du  seigle  aoec  des  fléaux  ;  celle  des  autres  ble's  est  foulée  aux  pieds 
des  cheuaux  ou  des  mulets.  —   453.  On  serre  la  paille  qui  doit  seruir  de  pâture. 


—  4i  — 

455  E  lou  gro,   que  demoro  en  so  boufo  mesclat, 
Es  ombé  lou  rostèl  en  molo  ocoumoulat. 
Oquel   poussiè  se  lèbo  en  l'aire  o  cots  de  palos, 
Ofi  que   lou  5ephir  lou  bente  de  sos  aies. 
Lo  boufo  en  se  trïen  toumbo  desà  delà   : 

460  On   lo  bei  jusc'ol  ciel  en  tourbilhouns  boula. 
Cont  lou   bent  o  cossat  oquelos  pompolhetos 
Que  teniôu  en   prisou   los  utillos  gronetos, 
Obont  sourtî  de   l'airo,   ofi  que  siô   prou  bel, 
Cal  que   lou  gro  s'espure  encaro  ol  gront  curbèl. 

465  Pendent  que  dins  l'eriè   lou  mèstre  lou  trobalho, 
Omb'un   pichot  romèl  lo  sirbento  buailho  ; 
Onfi,   net  e  morchant,   dins  un  sac  bolouniè 
Se  boujo  e  pel  borlet  se  cbrrejo  ol  groniè. 
Lou  fais  es  to  pesuc  que  soun  col  se  n'  oclenco. 

470       Mes  oici  lou  gront  jour,   lou  jour  de  lo  soulenco. 
Déjà  dins  lo  couireto  estoundejo  lou   ris, 
E  dins  l'oulo  soupièiro  uno  garcho  boulis. 
Oquel  jour  pèr  l'oustal  es  une  majo  fèsto, 
O   lo  colre  otobé  tout  lou  mounde  s'oprèsto. 

475  Mèstre,   mèstro,   goujats,  chombrièiro  e  mojoural 
Sou  déjà  rebestits  de  l'ornes  dimergal. 
Lo  filho  del   pogès,   mièjo  doumoiT;eleto, 
O  corgat  sous  ribans  e  so  fino  joqueto. 
Lo  postroto  o  plegat  soun  rigot  en  tourtèl. 

480  Lo  gran,   mêmes  lo  gran,   pus  seco  qu'un  rostèl, 
De   lo  caisso  o  solit  toutos  sos  onticalhos 
E  de  soun  coutilhou   resoun5at  los  bombualhos. 
Lou   poges  ol  celiè  bo  romplî  lou   polhou   ; 
So  fenno  sus  lo  taulo  esten  lou  tougolhou. 

485  O  lo  clortat  d'un  lun   penjat  o  lo  trobado, 

Sul  bonc  qu'es  o  l'entour  s'ossèto  l'oustolado. 
Lou   mèstre,   que  se   pimpo  ol  cap  de  l'orchibanc. 


V.  457.  On  uanne  le  blé.  —  463.  On  passe  le  blé  vanné  par  un  grand 
crible.  —  470-  Fête  champêtre  à  la  fin  de  la  moisson.  —  475.  Tous  se  parent 
comme  les  jours  de  Dimanche. 


-  43  - 

Fourbio  en  orrè  lo  floto  e  coupo  lou   pa  blonc   : 
Ne  tromet  uno  pèsso  o  cadun  de  lo  troupo, 

490  Que,   d'un  trobèrs  de  det,   l'oplecho  pèr  so  soupo. 
Sul  trepiè  l'oulo  orribo,   e  d'obort  s'escolcîs. 
Lo  fourcheto  d'Odam   porto  ol  cais  lous  boucis. 
Dins  l'estoumac  lo  soupo  o  peno  es  dobolado, 
Que  toutes  ou  de  ris  uno  bouno  sietado, 

495  Mes  de   ris  to  pebrat  qu'oluco   lou  gousiè. 
Ou   pièi,   pèr  ocobà  de  forci  lou  gresiè, 
De  lo  garcho  boulido  uno  pleno  escudèlo 
E  d'oli  de  sirmen  pèr  ounchà   lo  corrèlo. 
Toujours  pur  s'endobalo,  e  lou  tossou  coumoul. 

5oo  Onfi  cont  ou  begut  e  trincat  lour  sodoul, 

E  qu'oun  resto  pus  res  o  mètre  dins  lo  panso, 
Se  n'  bôu  ol  coumunal  fa  catre  tours  de  danso. 
D'espigos  pèr  bouquet  cadun  porto  un  romèl. 
Ondriù  tiro  lou  branle  ol  soun  del  coromèl. 

5o5  Leur  joio  es  respendudo  o  l'entour  del  bilache, 
E  lours  cons  entenduts  de  tout  lou  besinache. 
Saiquc,   oprès  lo  meissou,   d'oquel  biais  o-pu-près, 
Se  fosio  d'autre  tens  lo  fèsto  de  Cerès. 


^^ 


V.  488.  Comme  le   ciseau  ne  passe  jamais  sur  les  cheveur  des  paysans,  ils 

sont  si  longs  qu'ils  leur  couvirent  la  moitié  du  visage  ;  c'est  ce  qui  les  oblige 

à    les    rejeter  à    tout  moment  derrière    l'oreille    auec  le  pouce,  pour  n'en    pas 

être  offusques.    —    494.    Le  ris  bien  épicé  ne  manque    jamais  à    pareille  fête. 

-  498.  On  entend  par  l'huile  de  sarment  pa'-ler  du  vin. 


L'OUTOUNO 


CONT    TRUOSIEME 


De  sous  riches  trésors  l'espigo  es  despoulhado   ; 
Le  garbo  o  rondut  gorjo,   e  l'airo  es  bolojado. 
De  blat  ou  de  legun  lous  groniès  sou  romplits, 
E  de   palho  ou  de  fe  lous  polies  sou  coufits. 
5  Ah   !   que  de   l'unibèrs  lou   Mèstre   es  coritaple   ! 
Tèrro,   qu'o  tous  besouns  se  mostro  fobouraple   ! 
Sus  Tome  e  su!  bestial  obaisso  sous  regars   : 
De  sous  suons  lous  efèts  brilhpu  de  toutos  parts, 
Odouren  en  tout  tens  lo  sacho  Proubidenso   ; 

\o  AVès  pèr  nous  aus  surtout  cont  fo  tont  de  despenso, 
Redouplen  nostro  omour  en  conten  so  bountat 
E  sien  recouneissens  cadun  dins  nostre  estât. 
Riche,   so  qu'as  de  trop  dono  ol   paure,   toun  fraire   : 
Talc  es  lo  boulountat  de  nostre  coumun  Paire  ; 

i5  E  tu  que   pèr  poti  semblos  èstre  noscut, 

Noun  murmures  jomai,   paure   :  seras  poscut. 


V.  5.  Soins  de  la  Prooidzncc  envers  les  créatures.  —  g.  Plus  on  reçoit 
de  biens,  plus  on  doit  être  reconnaissant.  —  1 3.  Le  superflu  du  riche  appar- 
tient au    pauvre. 


-  45  - 

Lou  riche  o  t'ossistà  trobo  trop  d'obontache   : 
Sap  que  de  romourniè  lou  Cèl  es  lou   portache, 
E  que,   bien  lèn  de  perdre,   en  dounen  s'enrichîs. 

20       Mes,   miracle  !   Odejà  lou  bortàs  fo  louchis. 
Cal  risco  arometiù  de  moncà  de   posturo  ? 
L'ogrunèl  es  tout  nègre,   e  l'omouro  es  moduro. 
Sus  l'onsonèlo  esclato  un  rouje   pus  founsat, 
E  del  dur  grato-quioul  lou  cuèr  s'es  odoussat. 

25  De  frucho  tont  o  lèu  lo  tèrro  es  ocotado   ; 

Coumo  dins  lou  bèrdiè  ,   brilho  ol  comp,   sus  lo  prado, 
Lo  binho  se  comaio,   e  lou  sont  oliment 
Se  preparo  o  rojà  pel  conal  del  sirmen. 
Qu'orribos  o  pèrpaus,   sosouneto  fruchièiro   ! 

3o  Tu  siôs,   ne  douti  pas,   en  dato,   lo  premièiro, 
E  de  t'ou  disputa  tos  surs  ôuriôu   pla  tort, 
Car  n'es  pas  dich  qu'Odam  troubèsso  dins  soun  ort, 
Cont  l'ogèt  bisitat  del  founs  jusc'o  lo  cimo. 
Ni  lou  gro  de   l'Estiù,   ni  lo  flour  de   lo  Primo, 

35  Encaro  mens  lo  nèu  de  l'Ibèr  frejoulut. 
Se  seriô  be  jolat,   lou   paùre  :  èro  tout  nut. 
Qu'i  troubèt  dounc  ?  De  frucho,  e  de  frucho  d'ôutouno. 
Mes  pèr  molur,   helas  !  touto  fousqùet  pas  bouno. 
D'un  aubre  defendut  soliguèt  un  gront  mal   : 

40  De  soun  fruit  nostre  paire  engoulèt  un  retal 

Que  sousquèt  lou  lebon  de  tont  e  tont  de  moncos, 

Que  toutes  desempièi  ne  robolon  los  oncos. 

O  part  oquel  desastre,  es  sons  dificultat 

Qu'as  sus  los  autros  très  lou  drech  d'ontiquitat. 

45  Outouno,  orribos  dounc   !   Siagos   lo  bien  bengudo   ! 
Noun  riscoràs  jomai  d'èstre  mal  ressôupudo. 
Liberalo  sosou,   nous  coumblos  de   presens. 


V.  18.  L'aumône  fraie  le  chemin  du  Ciel.  —  22.  Les  fruits  des  haies  an- 
noncent l'arrivée  de  l'automne.  —  27.  Le  raisin  commence  à  tourner.  — 
3o  Le  fruit  défendu  à  Adam  dans  le  Paradis  Terrestre  semble  autoriser  le 
droit  d'antiquité  qu'on  donne  ici  à  l'Automne  sur  les  autres  saisons.  —  3g. 
Désobéissance  d'Adam,  source  de  tous  nos  mdui. 


-  46   - 

Oici  l'omello  ris  en  regonhen  los  dens  ; 

Olai  brilho  l'ôubèrjo  e   lo  pruno  flourado   ; 
5o  Pus  lèn  penjo  soun  col  lo  figo  bisoillado, 

E  de  soun   pèl  foulet  lou  coudoun  despoulhat, 

Mostro  so  panso  d'or  o  l'uèl  mirobilhat   ; 

Oici  toumbo  lo  pero,   olai   lo  sorbo  isprouso  : 

En  fruits  de  touto  espèsso  onfi  siôs  oboundouso. 
55       Onen,   filhos,   efons,  jous  lous  aubres  fruchiès, 

Benés  toutes  rompli  los  descos,   lous  poniès. 

Obotès  pèl  tessou  los  poumos  moliconos   ; 

Omossàs  pèr  bous  aus  los  froncos  e  los  sonos  ; 

Los  que  serôu   pel  sol  coupàs-los  o  tolhous  ; 
6û  Tiras  on  lou  coutèl    tout  so  qu'es  bermenous. 

Posés  lo  mémo  cau^o  o  los  peros  toumbados  : 

Culissès  dousomen  los  que  sou   pas  torados. 

Gordàs  la  perbesiù   per  faire  lou   perat  ; 

Secàs  lou  resto  ol  four,  cont  lou   pa  n'es  tirât  ; 
65  E  pièi,  cont  de  tolen  dôu  Jonbiè  tout  jongolo, 

Ne  métrés  un  chunchat  o  coire  o  lo  poirolo  ; 

Sul  fioc   pendent  cauco  ouro  ou  forés  gourgoutà 

Sus  bostro  taulo  oprès  ou  pourrés  présenta. 

Oc6  pèr  tout  l'oustal  serbiro  de   pitonso  : 
yo  Es  bou  d'i   perbesi  dins  lou  tens  d'oboundonso. 

De  prunos  otobé  secàs  un  brabe  escach   ; 

Tout  es  bou  dins  l'Ibèr  per  rompli   lou   pifach. 
N'es  pas  lou  tout,   pogés,   de   tene  lo  recolto  : 

Lou  comp  arometiù  te  demondo  uno  bolto. 
75  Se  bos  que  te  roporte  o  toun  countentomen, 

Lou  cal  bien  boulegà   :  coumo  se  fo,  se   pren. 

Pèr  l'onnado  que  be  s'oun   pensabos  d'obonso, 

Riscoriôs  de  monjà  sons  micho  lo  pitonso. 

Curo  otobé   l'estaple  e  correjo  lou  fens. 


V.  48.  Maturité  des  fruits  de  l'Automne.  —  5<).  Tranches  de  pomme  ou 
de  poire  sèches,  provision  d'hiuer  pour  le  paysan.  —  71.  Prunes  sèches, 
autre  provision.  —  74.  On  commence  à  préparer  la  terre  à  recevoir  la  semence. 
—  79.  On  amende   les  champs  en  y  portant  du  fumier. 


—  47  — 

8o  N'esparnhes  pas  tous  biôus    :    aro,  coumo  ol   Printens, 
L'èrbo  creis  sul  debés,  oboundo  dins  lo  prado   : 
S'i  pourrôu   pla  corrà  touto  lo  motinado, 
De  tout  lou  bon  del  cais  i   paisse,   i  rumina   ; 
Mes  pièi  sul  subre-jour  lous  podes  pounchounà .  .  . 

85  Que  très  ou  catre  fes,   obont  los  semenalhos, 
Lo  relho  de  lo  terro  esquinse  los  entralhos. 
01  terren,  sopendent,   que  très  ons  o  pourtat 
Dono  un  on  de  repaus,   l'o  be   prou  méritât   ; 
Es  las  ombé  rosou  d'èstre  estripat,   pecaire   ! 

90  Un  cop  tont  soulomen  fai-li  senti  l'oraire   : 
Dins  mens  de  qu\n5e  jours  lou  beiràs  rebèrdi   ; 
L'onilou  sus  soun  èrbo  onorô  lèu  boundî. 
01  biôu  même,   ol  mulet,  soun  utillo  bèrduro, 
Dins  lous  mages  trobals  fournirô  de   posturo. 

95  Lou  comp  d'oquel  repaus  serô  tout  recréât, 
E  pièi  te  reforô  pèr  lou  douple  de   blat. 

01  rèsto,   ol  fumerie  que  se  fo  dins  l'estaple 
Lou  que  prouduis  lou   pargue  encaro  es  preferaple. 
Otobé,  tont  que   pot,   lou  bouriaire  suonhous 
100  Fo  compà  soun  bestial  jusc'ol  tens  rigourous. 
Lou   pargue,   enbirounat  de  cledos  soustengudos 
Pèr  de  polsous  fourcuts  que  s'opèlou  de  gudos, 
Rebèrto  oquel  porquet  oun,   dins  lous  Porlomens, 
Pèr  dire  lours  résous  del  Rei  sièjou   los  gens. 
io5  Oquî  touto  lo  nuèch  chourro  lo  troupelado, 

E  lacho  soun  migou  dount  lo  plasso  es  fumado. 
Cont  dins  un  même  oiral  lou  pargue  o  prou  restât, 
Sus  oquel  que  seguîs  de  suito  es  trospourtat   : 
Otal,   de  cap  o  founs  pauc  o  pauc  respendudo, 

iio  De  tout  lou  comp  lo  frendo  engraisso  l'estendudo. 
Dins  un  côstrou  de  cluèch  que  semblo  un  costelet. 


V.  87.  On  laisse  de  trois  en  trois  ans  en  jachère  les  terres  qui  ne  sont  pas 
assej  fortes  pour  porter  sans  relâche.  —  97.  Le  fumier  du  parc  à  brebis  est 
le  meilleur  de  tous.  • —  toi.  Description  du  parc.  —  107.  On  le  transporte 
d'une  place  à  l'autre.  —   111.  La  cabane  du  berger. 


-  4»  - 

01  ras  d'oquel  enclaus  jai   lou   pastre  soulet. 

Un  mostis  fier,   ordit,  toujours  en  sontinèlo, 

Del  pastre  e  del  troupel  es  lo  gardo  fidèlo. 
ii5  Oquel  chi,   de  bouno  ouro  ol  monèche  dressât, 

E  munit  d'un  coular  de  pounchcs  erissat, 

Toujours  lou  nas  ol  bent  e  l'ôurelho  quilhado, 

Del   loup  e  del  boulur  decèlo  l'orribado. 

Lou  ser,  cont  lou  bestial  o  forso  de  brouta 
120  S'es  pla  forcit  lou  bentre  e  qu'es  las  de  troutà, 

Lou   pastre  en  l'essorren  lou    conto  e  mouls  los  fedos  ; 

Tourne  borrà   lou   pargue  en  ne  jounhen  los  cledos  ; 

Pièi  fo  soun  souporèl  o  lo  borio  oprestat. 

Dobont  el,   lou   mostis  sus  soun  onco  ossetat 
125  Fo  milo  countoursiùs   :   pes  pots   passo  lo  lengo, 

Jappo,   gémis,   fretilho  enquiè  que  so  part  bengo. 

De  soun  mèstre  entôulat,   que  fo  crocà   los  dents, 

Marco  des  uèls,   del  nas,   toutes  lous  moubements. 

Entre  obeire  soupat,  obont  de  s'onà  jaire, 
i3û  Sus  lou  serre  besi  lou  mojoural   pren  l'aire. 

O  lo  clartat  des  luns  que  brilhou  dins  lou  Cèl, 

Sus  lo  fresco  pelouso  uflo  lou  coromèl. 

Sos  consous,   que  redis  l'ecô  del  besinache, 

Sus  l'alo  des  ^ephirs  bolou  jusc'ol  bilache. 
i35       Bouriaire,   aro  qu'ol  comp  as  dounat  prou  foisous 

E  que   l'as  enrichit  d'un  engrais  solutous, 

Ombe  grondo  otenciù  prépare  lo  semenso  : 

Oquel  suon  te  regardo  e  tiro  o  counsequenso. 

Tu   mêmes  ol  gronié  c6u5is  sus  tout  lou  blat 
140  Lou   pus  bel,   lou   pus  gros,   lou  milhou  curbelat. 

Fai   que,    neto  de  juèl,   d'onièlo,   de   reboulo, 

Del   pa  dins  tous  silhous  lo  grono  toumbe  soulo  ; 


i 


V.  II 3.  Le  mâtin,  ou  chien  de  bergerie.  —  119.  Le  berger  compte  ses 
brebis  avant  de  les  traire  et  de  les  enfermer.  Il  fait  ensuite  son  petit  souper 
apporté  de  la  maison.  —  124.  Attitudes  du  chien  pendant  le  repas  du  berger. 
- —  12g.  Auant  de  se  coucher,  le  berger  va  prendre  le  frais  en  jouant  quelques 
airs  de  son  chalumeau.  —   i35.   Choir  et  pre'paration  de  la  semence. 


—  49  — 

E   pèr  te  gorontî  del  traite  corbounat. 

N'i  jètes  pas  un  gro  que   noun  siô  colcinat. 
145  Sons  prene  oqueles  suons,   trimo  touto  l'onnado  : 

Sons  fauto  o  lo  recolto  ouràs  de  gorgolhado  ; 

Mes  oprès  lou   molur  que  t'orribèt  onton, 

Seras  pus  obisat  e  pus  prudent  ôugon 

•    Lou  que  bol  o  pèrpaus  emplegà   lo  semenso 
i5o  Un   pauc  dobont  Touchons  o  lo  jeta  coumenso  ; 

Car  lou  boun  semenà  (lou  prouberbe  es  esprès) 

Es  quinze  jours  obont  e  quin5e  jours  oprès. 

N'es  pas  qu'oquel  trobal  souben  oun  s'endorraire   : 

Toujours  ol  terrodou  n'es  pas  propre  l'oraire   ; 
i55  Cauques  cots  es  trop  mol,   e  cauques  cots  trop  sec; 

Mes  pièi,  cont  lou  tens  prèsso,  on  ne  despacho  o  plec. 

0  lo  buos  del  bouiè,   d'un  pas  lent  e  tronquille, 

01  joue  benou   lous  biôus  oufri  lur  col  doucille. 
Coumponhous  del  trobal  marchou  de  dous  o  dous. 

i6ù  Lou  mèstre  omb'un  porel  bo  trossà    lous  silhous   ; 

Car,   pèr  poude  o  proufit  emmersà  lo  semenso, 

Cal  d'uno  rego  o  l'autro  oupserbà  lo  distenso. 

Se  molurousomen  un  drolle,   un  codolard, 

Sons  lo  sègre  de  l'uèl  l'escompilho  o  l'osard, 
165  Oicî,  cont  es  noscudo,   obès  uno  esclorcido, 

Ount  creis,   en  loc  de  blat,   lo  rounso  e  lo  colcido  ; 

Olaî  ne  nais  un  tros  semenat  trop  espés. 

Que  prouduirè  forso  èrbo,  e  de  gro  presque  ges. 

Lou  bouriaire  endustrit  e  qu'o  cerbèlo  en  closco 
\jo  L'osardo  pas  otal   :  sap  trop  que  ne  bal  l'osco. 

D'obort  omb'otenciù  li  mesuro  lou  jas  ; 

Lo  jèto,   oprès  ocô,   de  tout  lou  bon  del  bras. 

Lo  relho  en  même  tens,   dount  el  guido  lo  routo. 


V.  143.  On  prétend  que  la  chaux  vioc  préserve  le  blé  de  la  carie  et  du 
charbon.  L'alun  dissous  dans  une  forte  saumure  est  encore  un  bon  remède, 
selon  M.  Bredly.  On  y  fait  tremper  pendant  deux  jours  le  blé  qu'on  veut 
semer.  —  184.  Temps  propre  pour  les  semailles.  —  i63.  Il  ne  faut  semer  ni 
trop  clair  ni  trop  épais. 


5o 


Fent  lou  se  de   lo  terro  e  soullèbo  lo  mouto, 

175   Qu'en   retoumben  en   pousso  ensebelis   lou   blat, 
ûu'o  lo  premièiro  imou  serô  rebiscoulat. 
Pel  dorniè  cop  onfi  lo  glebo  rebirado, 
Cacho  dins  lous  silhous  l'espuor  de  l'autre  onnado. 
Entre  obeire  boujat  lou  sac  semenodou, 

180  On  espoutis  lo  mouto  o  grons  cots  d'oissodou. 
Cont  tout  es  oplotit,   lo  lèsto  bergeireto, 
Que  seguissiô  l'oraire  en  remenen  so  cueto, 
Se  mudo  e  bo  grujà  joust  un  autre  bouiè. 

Mes  cunhes  tustossals  tombou  sus  lou  nouiè   ! 

185  Lo  lato  fo  lo  guèrro  o  lo  nouse  testudo, 

Que  de  forso  ou  de  grat  cal  que  sièsque  obotudo. 
Dins  soun  tens  s'omossèt  tout  lou  fruit  obouriù  : 
Aro  cadun  s'ofono  o  culi  lou  tordiù. 

Tondis  que  de  l'Outouno  odmiron  los  lorgessos, 

190  E  qu'i  fosèn  ornas  de  tontos  de   richessos, 
Que  fosès  dins  lo  Bilo,   escouliès,   oboucats, 
Sus  libres,   sus  popiès  nuèch  e  jour  oboucats  1 
Quitas-lo,   cresès-me   ;   benès  o  lo  companho, 
Lous  plosés  inoucens  bous  i  tendrôu  coumpanho. 

195  Tout  i  ris,  tout  i  plai,  n'i  serés  pas  pulèu, 
Qu'ouplidorès  Cujas,   Bortolo  e  lou  borrèu. 
Lou  Soulel,   que  déjà  dintro  dins  lo  Bolonso, 
O  mouderat  l'ordou  des  roiouns  que  nous  lonso. 
Lo  frescuro  de  l'aire  un  bricou  niboulous 

200  O  costiat  pauc  o  pauc  de  l'Estiù  los  colous. 

Juches,   pendent  tout  l'on  lo  chicono  rusado, 
En  bous  estourdiguen  de  so  buos  enrôucado, 
Pèr  bous  dounà  d'entrigo  emplègo  milo  tours  : 
Cont  un   li   russis  pas,   o  cauc'autre  o  recours  ; 

205  Toujours  per  retorda  trobo  cauquo  onicrocho  ; 
Del  molurous  ploijaire  otal  euro  lo  pocho. 


V.  179.  On  ameublit  la  terre  avec  la  herse  ou  casse-motte.  -  i8i.  La 
hochequeue  suit  la  charrue.  —  184.  Cueillette  des  noix.  —  201.  Les  vacations 
des  gens  d'affaires. 


—   5l    — 

Oui,   d'un  grato-popiè   lou   monèche   crûèl, 
Rondriô,   se   lou  cresiàs,   un   proucès  éternel. 
Oicî  degus  noun  plaijo,  oicî  tout  es  tronquille, 

210  E   lou  mens  entendut  cren  pas  lou   pus  obille. 
Oici,  cont  l'interès  ben  broulhà  lous  esprits, 
L'oncien  lou  pus  letrut  opai:;©  lèu  sous  crits  ; 
Drèsso  soun  tribunal  sus  un  bonc  de  bèrduro  : 
Soun  Code  es  lou  boun  sens,   so  rèclo  es  lo  noturo. 

2i5  Oquî  soûl,   sons  uchiès,  sons  fraisses,  sons  roport, 
El  juche,  e  d'un  soûl  mot  met  soun  mounde  d'ocord. 
Otal,  sons  s'escrosà  l'on  plaijo  o  lo  componho  ; 
Lo  Justisso  ol  Polais  es  Modamo  Loungonho. 
Benès  oicî,  Jùinesso,   aro,   pièique  bocàs   ; 

220  De  l'escolo  es  be  tens  que  fugés  lou  trocàs. 
Beirés  pas  d'un  regen  lo  mino  refrounhado. 
Ni  d'un  bil  courrectou   lo  ma  toujours  ormado. 
N'oÙ5irés  pas  noun   plus  lou  sinhal   issourdous 
Que  trouplo  lou  repaus,   oquel  repaus  tont  dous, 

225  Oquel  pigre  moumen,   que  l'escouliè  sobouro, 
De  quità  lous  lensols  cont  enten  sounà  l'ouro. 
Oicî   pourrés  ol   lièch   rouncà  tout  lou   motî, 
Lou  jour  foulotrejà,   sôuta,   bous  dibèrtî. 
Cont  lou  tens  serô  soumbre,   ossetats  sur  l'erbeto, 

23o  01  bord  d'un  pichot  gourp  jetorés  lo  ligneto  ; 
Pèr  to  pauc  que  trémousse,   oussorés  l'omessou 
E  beirés  ol  crouquet  pindoulà  lou   peissou. 
01  timide  obiton  de   l'aire  ou  de  lo  tèrro, 
Bostre  fusil  sul  col,   onorés  fa  lo  guèrro. 

235  Tantôt  en  sontinèlo,   o  lo   pouncho  del  jour, 
Del  lopin  boultijaire  otendrés  lou  retour   ; 
Tantôt  en  orpenten  lous  trucs  e  los  mountonhos 
Toumborés  lo  perdise  en  mièch  de  sos  coumponhos. 
Se  bous  pren  fontosiè  de   prene   l'ousel  biù. 


V,   2ig.   Les  vacances  des  Ecoliers.  zxj.  Amusements  de  la  campagne. 

—  219.    Pêche  à  la  ligne.  —  233.   Chasse  au   fusil.  —  235.  Chasse   à  l'affût  ; 
en  patois,  0  l'espèro.   —  239.   Chasse  à  la  glu. 


—   5i   — 

240  Obès   plusiurs  mouièns   :   oqueste  es   pèr  l'estiù. 
01  bord  d'un  ribotèl,  sus  un  pount  de   peiretos, 
Ounchados  on  de  besc  on  met  caucos  polhetos   ; 
De  set  mièch  ogonit,   entre  se  dejoucà, 
L'ôusèl  bel  l'aigo,   i  bolo  e  se  ben  embescà. 

245  Se  boules  de  cordis  romplî  bostro  boulièiro, 
Obont  lous  prumiès  frets  de  lo  sosou  dorièiro, 
Onàs  de  boun  moti  dins  un  comp  ôubièirat  ; 
Côu5issès  un  cordus  de  bouquets  entourât  ; 
Que  dos  plumos  en  crous,   del  dubet  despoulhados 

25o  E  pegousos  de  besc   pèr  dessus  sian  quilhados. 
Bous  cal  un  mascle  bièl,   que  sacho  ropelà, 
Car  lo  fenno,   ol  besoun,   tout  escàs  sap  piùlà. 
Desempegàs  lous  dets  on  d'aigo  ou  d'escoupino  ; 
Omogàs   pla  lo  gabio  ount  conto  lo  cordino. 

255  Dorrè  lou  trounc  d'un  aubre  onàs  bous  pièi  poustà 
Ne  possorô  pas  cap  qu'oun  bolgo  ripoustà 
01  troumpaire  coubit  de  bostre  ropelaire, 
E  de  s'empetegà  noun  tordorô  pas  gaire. 
Pèr  se  deborrossà  boudrô  prene   lou  bol   : 

260  Mes  l'alo  ounchado,   odiù,   lo  cordino  es  ol  sol. 
Benès,   encaro  un  cop,  obont  que  lo  frescuro 
De  lo  tèrro  endursido  orrèste  lo  culture   ; 
Benès-i,   mogistrats,   oboucats,  escouliès, 
De  l'art  lou  pus  utille  odmirà  lous  oubriès. 

265       E  tu  qu'as  rebelhat  moun  penchon  pèr  lo  rimo, 
Que  m'as  fach  exersa  sus  los  flous  de  lo  Primo, 
E  conta  de   l'Estiù  lous  fiocs  e  lous  presens, 
Desprodèls,   mounto  oicî   :   nous  cal  toutes  essens 
Escolà  sus  coûtais  que   lou   pampre  courouno, 

270  Pèr  countemplà   lou  doun   lou   pus  bel  de   l'Outouno. 
Onen  croucà   l'ulhat,   e  preferaplomen 


V.  245.  On  met  ces  gluaui  sur  les  crochets  du  chardon  en  forme  de  croix. 
—  258.  Les  ailes  sont  accrochées  par  les  gluaux  :  alors  le  chardonneret,  ne 
pouvant  plus  voler,  tombe  sous  le  chardon.  —  271.  L'oeillat  à  queue  rouge  est 
le  meilleur  raisin  du  pays. 


53 


Oquel  qu'o  lo  cuô  roujo  e  craco  jous  lo  den. 
Mes  d'un  fulhache  espés  lo  nuisiplo  poruro 
Lou  cacho  ol  fougoirou   que  caufo  lo  noturo   : 

275  Cont  èro  encaro  efon,   o  soun  tomperomen 
Ero  prou  counbenaple  un  porèil  ournomen   ; 
01  jour  d'uèi  que  se  sent  dins  lo  bigou   de   l'ache, 
Bol  ficsà  del  Soulel   lous  regards  sons  oumbrache   : 
N'e  besoun,   en  efèt,   pèr  èstre  omodurat. 

zSo  Del   pompre  trop  toufut  cont  serô  deliùrat, 
D'uno  forto  colou  lo  grapo  penetrado 
Dins  mens  de  quin;5;e  jours  serô  touto  boirado. 
On  euro  en  otenden  tinos  e  boulidous   : 
Lo  draco  que  se  n'  tiro  es  bouno  pes  tessous. 

285  Pèrque  l'escomporiàs  ?  Cal  que  tout  s'oproufite. 
Se  cauque  boisèl  put,   que  se  repare  bite   : 
Sent  cauques  cots  lou  buos,  cauques  cots  lou   mousit 
Onfî,  cun  mal  que  sio,   del  moust  es  lèu  sosit. 
Lo  fuèlho  del   figuiè   pot  guerî   lo  boissèlo, 

icfo  Pourbu   que  lo  mesclés  omb'oquelo  mouissèlo 
Que  l'ordou  del  soulel  n'o  pouscut  romoulî. 
Un   poniè   posturenc   ne  cal  faire   bouli   ; 
Touto  boulhento  oprès  dins  lo   pèsso  obourrido 
Pèr  lou  trauc  del  boundou   lo  drocado  es  cobido. 

295  Souben  on  de  binagre,   ou  d'olun,   ou  de  sal, 
Se  fo  cauque  engredièn  que  reparo  lou  mal. 
S'obès  cap  de   borrico  ou  semai  dessouclado, 
Jous  lo  gafo  d'Ormand   qu'ol   pulèu  sio  possado. 
Lou  rosin  obèrtis  que  lou  cal  ocompà. 

3ûo  Cont  moustejo,   es  modur   :   on  s'i   pot  pas  troumpà. 
Déjà  soun  jus  ogrado  o  lo  goulardo  gribo   ; 
Per  se   n'  ossodoulà   lou   mountonhol  orribo. 


V.  273.  On  ipampre  la  vigne.  —  283.  Préparatifs  des  vendanges.  —  284, 
Remèdes  pour  la  vaisselle  qui  sent  :  le  sel,  l'alun,  le  vinaigre  chassent  aussi 
les  mauvaises  odeurs  que  la  vaisselle  a  contractées.  —  298.  Armand  est  le- 
nom  d'un  bon  tonnelier  de  Millau.  --  299.  Signes  de  la  maturité  du  raisin.  — 
3oi.    La  grive  aime  fort  le  raisin. 


-   54  - 

D'oqucl  que  lo  secado  ou  lo  plèjo  o  gostat 
S'es  fach    lou  couchùirèl  d'oquesto  ouro  tostat. 

3o5  De  moust  lou  tourdre  ebrièic  jous  lo  souco  trontolo, 
Ou  lo  pelousso  ol  bec  de  bronco  en  bronco  bolo. 
D'oquel  ôusèl  finet  lous  cossaires  gourmans 
Sou  tout  lou  lonc  del  jour  dins  los  binhos  errans. 
Lou  mèstre  mesfisent,  topit  dins  lo  cosèlo, 

3iû  Pèr  sôubà  so  bendemio  o  bel  fa  sontinèlo, 
Jous  soun  nas  un  cotèt,  de  gorjo  rebelhat, 
Casso,   en  loc  d'un  ôusèl,   uno  ôuberjo,   un  ulhat. 

Lo  bendemio  es  onfi  pel  Cossoul  onounsado, 
E  touto  lo  mountonho  es  déjà  dobolado. 

3i5  De  milo  esclots  forrats  lou  frocàs  motinous 

Fo  pesta  dins  soun  lièch  lou  bourgés  endrinhous. 
On  soun  poniè  joui  bras,   cont  o  monjat  lo  soupo, 
Cadun  cour  o  lo  binho,  e  lous  rosins  que  coupo, 
Boujats  de  soun  poniè  dedins  un  semolou, 

32Û  Sou   pèr  un  gros  toulhau   pourtats  ol  corgodou. 
Oqui  dins  los  semais  del   pounhet  lous  escraso   ; 
Pièi  ben  un  gros  golhard  qu'o  d'un  Bochus  lo  fraso. 
Soun  miol,   que  del  pus  lèn  issourdo  on  soun  peitral, 
Obertis  qu'es  menât  per  un   mèstre  coûtai. 

325  Cal  beire  oquel  oubriè  cont  dintro  dins  lo  binho  : 
O  l'un  dis  uno  bourdo,   o  l'autre  del  det  guinho  ; 
Meno  un  tal  bolojun  que  dôu  pèrtout  s'ôu5is  ; 
Cargo,  claco  del  fuet,   ne  dis  uno  e  portis. 
Diù  sap  se  pel  comi  so  gourjasso  n'engruno  ; 

33û  Roncuontro  pas  un  cat  qu'oun  li  n'  digo  caucuno. 
Dobont  lou  tinièirol  o  peno  es  oplonat, 
Oue   l'on  bei  lous  efons  de  tout  lou    besinat 
Oltour  de  los  semais  presque  descoubèrtados 


V.   3og.   La  chasse    aux  grives  sert  de  prétexte  aux  gourmands  du  fruit  de  ■ 
la  viigae.   —   3i3.   Publication    du    ban  des   vendanges.   —  izo.   Il  faut  que  1*1 
faiseur  des  charges  soit    un  garçon  robuste,    ayant   à    charrier    sans   cesse  le 
raisin  au    lieu  où  se  font  les  charges.  —  323.  Train  qui  fait  le  muletier  avec 
ses  mulets  charges  de  sonnettes  en  arrivant  à  la  vigne. 


—   55   — 

Pèr  croucà  des  rosins  los  grapos   mièch  foulados. 

335  Dins  lo  foulièiro  onfi  cont  bùido  lo  semai, 
Es  un  charme  de  beire,   o  trobèrs  Tespiral 
Ou  lo  penche  en  cinc  parts  egalomen  fendudo, 
Lo  crèmo  del  rosin  rojà  dins  lo  cournudo. 
Exalo  un  to  boun  fun,   que  s'oun  n'es  destournat, 

340  Lou  foulaire,   o  rescots,   ne  biro  un  tossounat. 
Cont  o  colcat  un  briù,   lo  bendemio  espoutido 

Es  dins  lou  boulidou   pèr  lo  trapo  cobido 

lA'zs  tournen  o  lo  binho   :   ôujiren   lou  boral 
Que  meno  en  trobolhen  tout  un  pople  jouial. 

345  Sons  jomai  se  p6u5a,  coupaires  e  coupairos. 
Los  dornièiros  sur-tout  encaro  pus  borjairos, 
Countunhou   lou  bobil  tout  lou   manne  del  jour. 
Se  s'i  trobo  un  nigau,   H  jogou  cauque  tour   : 
Pèr  rire  e  bodinà,   noun  pèr  li  faire  enjuro, 

35o  Omb'un  plen  poun  de  gruts  li   labou  lo  figuro. 
Lou  paure  sobounat,  enterdit  e  counfus, 
Beu  doussomen  l'ofrount  sons  se  n'   prene  o  degus, 
Car  bei  be  dins  lou  founs  qu'oco's  un  bodinache. 
Mes  garo,   cont  s'ogîs  de  probo  de  courache   : 

355  Olaro  un  simple  moût,"  lochat  sons  otenciù, 
D'essojà  lous  pounhets  pot   mena  l'oucosiù   : 
Temuon  so  qu'orribèt  ol  fosèire  de  cargos, 
Pierràs,   qu'es  dégourdit  coumo  un   porel  de  bargos. 
Boulguèt  faire  o  lo  lucho  ombe  Jan  lou  coûtai. 

36o  Oqueste,   qu'es  prou  fier  e  même  un  pauc  brutal, 

Li  dis   :   «  Béni,   bodau,   que  trouboràs  toun  mèstre.   m 
—  «  Tu,  moun  mèstre,  folourd  :  beiren  cal  ou  pot  èstre. 
«  Porloriôs  pas  to  naut,  se  couneissiôs  Pierràs. 
«  Ogacho  que  belèu  noun  te  saque  sul  nas.   m 

365  Jan  n'i  fo  pas  o  dous   ;  sus  oquelo  poraulo, 

Lou   pren,   lou  fiplo  ol  sol,  coumo  on  fiplo  uno  gaulo  ; 


V.  335.  La  mère-goutte.  —  348.  Amusements  des  xjendangeurs.  —  354. 
Badinageplus  serieur,  ou  qui  le  devilent  souvent,  quand  ils  essayent  leur  force 
et  leur  adresse. 


—  56   — 

E  tout  lou   mounde  o  rire,   iù  bous  laisse  o  pensa. 

Doun  mai  Pierràs  cercabo  o  se  deborrossà, 

Doun  mai  Jan  del  ginoul  sus  soun  bentre  opuiabo. 

Zjo  Pierràs,   ountous  e  fol,   de  racho  orticulabo 
Oquel  mot  to  gronat  que  dis  lou  morechal, 
Cont  s'escaudo  o  lo  forgo  ou  qu'otrapo  un  mochal, 
Mot  qu'entre  se  fissà   prounounso  un  croco-pruno 
E  que  n'ocobèt  pas  l'escrupulous  Neptuno. 

3/5  Olaro,   en  li  tiren  uno  floto  de  piol. 

Jan  li  dis  :   «  Cal  es  mèstre  ?  u   e  bo  corgà  soun  miol. 
Pierràs,  en  releben  lo  floto  que  li  penjo, 
Li  crido:  «  Oh  !  noun  pas  tus.  Bouto!  ôurai  mo  rebenjo  w. 
Se  lèbo  en  même  tens  pèr  courre  sul  bencur, 

38û  Mes  un  obit  l'entrabo  e  toumbo,   pèr  molur. 
Teniô  tout  oloungat  un  cart  de  sesteirado  ; 
So  que  mai  lou  piquet  d'oquelo  dobolado, 
N'èro  pas  lou  tustal  qu'en  toumben  se  fiquèt, 
Mes  l'ensultont  ounou  que  cadun   li  fosquèt, 

385  En  benguen  tour  o  tour  omb'uno  gront  godasso 
De  l'alo  del  copèl  li  boloja  lo  plasso. 
Oqueles  jocs  pourtant  qu'omusou   lous  oubriès, 

Fou  fa,  cont  durou  trop,   longo  pauso  os  poniès 

Penden  que  de  soun  fruit  lo  souco  es  descorgado, 

390  Lou   mèstre  sus  sos  gens  ten  lo  bisto  ficsado  : 
De  monjà  de  rosins  noun   pas  pèr  lous  pribà, 
Mes  de   pou  qu'un   coubés,   coumo  pot  orribà, 
D'un  moulounet  d'ulhats,   dount  o  fach  lo  trialho, 
Dins  uno  cabo  d'aubre  one  fa  rescoundalho. 

395  Cont  del  mèstre  es  belhat,   lou  droUe  n'au^o  pas. 
Cal  qu'i  siasque  otobé   pèr  traire  del  bortàs, 


V.  373  On  appelle  les  tailleurs  croque-prunes,  parce  qu'ils  croquent  ce 
fruit  sans  cesser  de  tirer  l'aiguille.  —  374.  Quos  ego...  ced  molos  prccsiai  com- 
penere  {Inclus  (Virgile,  En.  i,  139).  —  384.  Lorsque  quelqu'un  est  tombé, 
tous  courent  balayer  la  place  où  il  a  fait  la  chute,  avec  l'aile  du  chapeau.  — 
389.  L'œil  du  maître  doit  éclairer  la  manoeuvre  des  ucndangeurs.  On  en  a 
«us  qui   faisaient  provision  de  raisin  dans  des  cachettes. 


-   57   - 

Oumens  lou  dorniè  jour,   lo  sorbo  tart  bengudo, 
Lou  coudoun  poressous  e  lo  nèsplo  borbudo. 
S'espèro  ol  lendemà,  cal  pas  que  siô  susprés, 

400  Cont  ou  bendrô  culi,  de  n'i  troubà  pas  res. 

Sap  be  prou  qu'uno  binho,  entr'èstre  bendemiado, 
De  lo  mouisselejairo  es  d'obort  besitado. 
Obont  que  del  Soulel  lous  roussis   fotigats 
Siau  ol  se  de  Thetis  tout-o-fèt  omogats   ; 

405  Tondis  que  lou  coûtai  part  pèr  lou  dorniè   biache, 
De  toutes  l'ofecciù  redouplo  pèr  l'oubrache. 
Sabou  que  de  lo  binho,   obont  que  de   porti, 
Cal  rompli  los  semais  pel  lendemà  moti, 
E  que,   pèr  ocô  fa,   n'ôu   pas  de  tens  de  rèstos  ; 

410  Otobé  sutoun  rette  e  los  cargos  sou   prèstos. 
Cont  onfi  de  lo  nuèch  lou  colel  orgentat 
Coumenso  de  brilha  d'une  dousso  clortat, 
E  qu'oquel  triste  ôusel  que  n'i  bei   pas  qu'o  l'oumbro 
Se  delargo  en  miôulen  de  so  cobèrno  soumbro, 

415  Toutes  plègou   poniès,   countens  de  lour  journal, 
E  de  moust  bouchordats  cominou  dôu  l'oustal. 
D'obor  de  côulets  brus  lo  soupo  es  escuUado. 
Lou  mèstre,   oprès  soupà,   lour  pago  lo  journado, 
Pièi  dobalo  ol  tinal  omb'un  lun  o  lo  ma  : 

420  Ogacho  d'un  cop  d'uèl  se  tout  s'i  passo  pla   ; 
Exomino  sur-tout  se  lou  pè  del  foulaire 
O  to  pla  segoundat  lo  ma  del  bendemiaire 
Que  cap  de  grup  entiè  noun  nade  ol  boulidou, 
E  lou  tapo  en  loissen  mièch  dubèrt   lou  boundou   ; 

42.5  Car  lo  forso  del  moust,   que  boulis  ombe  fougo, 
Pourrie  be,   fauto  d'èr,   n'espetà  cauco  dougo. 
Sentiriô  lèu  so  cabo  inoundado  de  moust. 
Mes  se  n'aimo  lou  fun,   n'aimo  be   mai  lou  goust   ; 


V.  397.  Fruits  tardifs.  —  401.  A  peine  une  uigne  est  uendangée,  que  les 
grappilleuses  y  courent.  —  407.  L'usage  est  de  préparer  les  charges  pour 
être  emportées  le  lendemain  à  l'aurore.  —  417.  Souper  et  payement  des 
vendangeurs.  —    418.    Le    maître  uisite  le    cellier  avant  d'aller  au  lit. 


—   58   — 

Otobé,  cont  o  bist  une  trasso  imourouso, 

43o  Pren  de  l'ounc  pla  botut  lo  rocino  pegouso, 
Lo  cunho  dins  lo  fendo  oun  tronspiro  lou  bi, 
E  lou   laisso  cuba  juscos  o  Sont-Morti. 

L'interès  ben,   pogés,  t'oufri  d'autros  fotigos. 
Pos  creisse  toun  doumaine  en  fosquen  de  bousigos. 

435  Cont  o  forso  de  bras  un  pelenc  escourgat 
De  touto  bourdufalho  es  onfi  descorgat, 
Omb'oquelo  brondilho  on  fo  lo  fournelado   ; 
On  espondîs  oprès  lo  mouto  colsinado. 
Penden  dech  ou  douche  ons  sons  pau50  semenat, 

44Ù  Oquel  torren  tout  nou   porto  uno  mar  de  blat. 
Obon  que  d'Oquiloun  l'olenado  funèsto 
Sus  l'aubre  encaro  bèrt  bengo  souflà  lo  pèsto, 
Lou   mèstre  e  lous  borlets,   lo  pigasso  o  lo  ma, 
Pèr  l'omour  del  bestial  se  n'  bôu  lou  derromà. 

445  Cauques  cots,   de  l'Ibèr  lo  molisso  oustinado 

Ten  un  mes  jous  lo  nèu   lo  companho  omogado  : 
Dins  un  to  missent  tens,  sons  oquel  obotîs, 
Coussî  tonquà  lo  fom  del  troupèl  que  potîs  ? 
lAïs  cun   pintre  noubèl  embelis  lo  Noturo  ! 

45ù  Lo  tèrro  o  bisto  d'uèl   pren  uno  autro  figuro. 
D'oquel  arc  que   pores  dins  l'aire  niboulous 
Lo  fèlho  tout  d'un  cop  o  corgat  los  coulous. 
Ai   pou  qu'oquel  esclat  sero  pas  de  durado  : 
Sons  doute,   ourô  lou  sort  de  lo  fenno  fordado. 

455  Besès  coussi   poUejo,   o  l'ouro  que   porlon, 

Oquel  bèrt  to  founsat,  oquel  pourpre  brilhon   ! 
D'oquel  jaune  dourat  coussi   l'email  s'esfasso  ! 
N'es  de  même  de   l'orne   :  uèi  flouris,   demà  passo. 
Proubidenso  odouraplo,  otal  de   nostres  jours, 


V.  429.  On  bouche  auec  de  l'étoupe  ou  de  la  racine  d'ormeau  réduite  en 
pâte,  la  fente  d'où  suinte  le  moiJt.  —  434,  Défrichements  ou  essarts.  —  441. 
On  ébranche  les  arbres,  dont  les  débris  seruent  de  pâture  au  troupeau,  lors- 
que le  mauvais  temps  le  tient  enfermé  dans  la  bergerie.  —  449.  Variations  de 
la   feuille  des   arbres. 


-    59    - 

Coumo  de  los  sosous,   as  mesurât  lou  cours 

460  Cont  lou  broulhart  coumenso  o  coubrî  los  mountonhos, 
Que  lo  plèjo  e  lous  bens  obatou  los  costonhos, 
On  bo  jous  costoniès  ocompà  lous  pelous, 
E,  de  pou  de  jolado,   on  ne  fo  de   moulous. 

465  D'oquel  fruit  nourrissent  lo  perbisiù  secado 
Fo  lo  founcciù  del   pa  lo  mitât  de  l'onnado. 

Onfi  tout  es  rejounch   :  aro  obèn,   Diù  merci, 
Blats,   costonhos,   leguns,  fes,   palhos,   frucho  e  bi. 
Beiren  benî  l'Ibèr Mes  déjà  nous  tolouno   ; 

470  Ben  même  obont  lou  tens  despoussedà  l'Outouno. 
Lous  ôuscls,   qu'où  sentit  lou  retour  des  frimats, 
Bou  cercà  lèn  d'oicî  de   pus  dousses  climats. 
Portés  dounc,   escouliès,   oboucats,   ploidejaires, 
ûu'obès  dounat  relacho  ol  trintran  des  ofaires  ; 

475  Désertas  lo  companho   :  aro  lou  tens  ou  dis. 
Lo  bilo  bous  opèlo  ol  même  picodis, 

Muso,  siôs  del  mestiè,   noun  sons  cau50,   loiado  ; 
O  forso  de  rima  to  beno  es  essugado. 
Sente  que  del  trobal  toun  esprit  obôu^at, 
480  Pot  pas  poussa  pus  lèn  sons  s'èstre  repôu^at. 
Eh  be   !   respiro  un   pauc,    sejourno  to  floquièiro, 
Obont  d'oubri  lou  cours  de  lo  sosou  dornièiro  ; 
Mes  n'essouplides  pas  qu'oprès  un  court  repaus, 
Sul  trofic  de  l'Ibèr  dubèn  tene  un  perpaus. 


^f^ 


V.  460.  Récolte  des  châtaignes.  —  471.  Dipart  des  oiseaux  passagers  aux 
approches  de  l'hiuer,  —  473.  Les  écoliers  et  les  gens  d'affaires  uont  repren- 
dre leurs  fonctions  suspendues  pendant  les  vacances. 


LMBER 


CONT  COTRIEME 


Sus  un  roc  tout  pelât  ol  founs  de  la  Citio   ; 

Oun  souflo  nuèch  e  jour  lou  morit  d'Oritio, 

S'elèbo  en  pa  de  sucre  un  ontique  costèl 

Embegurat  de  gibre  e  mosticat  de  gel. 
5  Oltour  d'oquelo  masso  on  bei  quatre  gueritos 

Que  lous  bens  lous   pus  fols  ou  cousit  pèr  lours  gitos. 

Disou  qu'os  uèls  d'Eolo.   un  jour  lous  celerats 

Fourcèrou   lo  cobèrno  oun  lous  teniô  sorrats, 

E  que,   pèr  esquibà  de  soun  Diùs  lo  bengenso, 
lo  Oqui  benguèt  d'un  bol  se  claure  oquelo  engenso. 

De  bopours  treboulat,   lou  gront  astre  del  jour 

Ogacho  de  trobèrs  oquel  nègre  séjour. 

De  cent  couchos  de  nèu,   dempièi  milo  ons  blonchido, 

Dins  un  triste  repaus  lo  terre  es  ocroupido. 
i5  L'aire  que   l'enbirouno  es  trop  lourt,   trop  groussiè 

Pèr  poude  pénétra  sos  entralhos  d'ociè. 

Otobé  de  tout  tens  es  biù;;o  de  bèrduro   : 


V.    1.    Description  du  Château  de  l'Hiver. 


6i 


Un  fôudal  de  berglàs  fo  touto  so  poruro. 
D'oquel  se  de  moirastro  oun  solissou  jomai 

lo  Los  flouretos  qu'olhurs  parou   lou   mes  de  Mai. 
Oqui  noun  conto  pas  lo  douso   Filoumèlo   ; 
Oqui  ben  pas  gemî  lo  tendro  tourtourèlo   ; 
L'ecô  tont  soulomen  des  noucturnes  hibous 
I  repèto  o  regret  los  funèbros  consous. 

25  So  qu'ôumento  l'ourroù  de  l'ofrouso  demoro, 
Es  un  cofre  porèl  ol  bahul  de  Pondoro, 
Oun  s'eierso  en  secret  de  mais  uno  legiù 
O  béni  nous  dounà  tour-o-tour  lo  questiù  : 
Lou  rôumàs  impourtun,   lo  gripo  fotiguento, 

Zo  Lou  cotarri   boufit,   l'ongeluro   prusento, 
Lo  punhastro  flucciù,   lo  rôufelouso  tous, 
E  milo  autres  rombals  qu'inhorou   lous  Douttous. 
Fier  coumo  un  popogai  dins  so  raubo  fourrado, 
Oqui  chourro  l'Ibèr  lous  très  carts  de  l'onnado. 

35  Que  noun  pot  l'orre   mal  l'i   retene  toujour  ? 

Mes  cad'on,   lou  cruel,   nous  mestrejo  o  soun  tour. 
Helas   !   oici  l'obèn  oquel  moustre   borbaro  : 
Omb'un  ceptre  de  ferre  o  renhà  se   prépare. 
Déjà  lou  jour  pollis.   Toutes  lous  elemens 

40  Onounsou  soun  retour  pèr  lours  fremissemens. 

Lous  bens,  que  del  brutal  sou  los  troupos  loùgièiros, 
Déjà  des  bostimens  destacou   los  goutièiros. 
L'ôuto  desourdounat,   de  sous  rettes  bufals, 
Despouncho  lous   clouquiès,   ebranlo  lous  oustals  ; 

45  Dins  l'aire  tourmentât  ossemblo  de   nuaches, 

Dount  s'escapo  un  tourrent  qu'entraino  lous  ribaches 
Briso  dins  so  furou   poissièiros  e  moulis, 
Inoundo  prats,   berdiès,  comps,   binhos  e  tolhis. 
Jomai  n'obion  obut  uno  to  forto  olèrto  : 

5o  Lou  boloun  es  negat  e  lo  plono  es  coubèrto  ; 


V.  i5.   La   boîte  de  Pandore,  où  étaient  renfermés  tous  les    maux.     —    5o. 
Tel  fut  le  débordement  du  Tarn  en  Nouembre  1766. 


62 


Tar  possabo  joui   pont,   aro  passo  dessus  ; 

L'ournomen  de  sous  bords  noun   pores  presque  plus. 

Des  pibouls  lous  pus  nauts  los  cimos  ogitados 

S'elebou  tout  escàs  sus  los  oundos  enflados.... 
55       Mes  acô's  trop  biùlen  pèr  poude  mai  dura  ; 

Lou  nuache  o  lo  fi  coumenso  o  s'estourrà. 

Lo  tempèsto  s'oflaco   :   o-n-oquel  trin  ourriple 

Succèdo  pauc  o  pauc  un  tens  dous  e   posiple. 

Croutat  jusqu'o  lo  cinglo,   olaro  lou   pogés 
60  Bo  beire  soun  doumaine  e  noun  ne  trobo  ges. 

Ombé  los  des  besis  mesclados,  counfoundudos, 

Sos  pèssos  tout  d'un  cop  li  sou  mescounescudos. 

O  forso  de  cercà,   roncontro  onfi  soun  prat 

Crusat  per  la  robino  e  joui  saple  entorrat. 
65  Pus   lèn  bei,   pèr  l'esfort  de  l'oundo  mutinado. 

De  l'onnado  que  be  l'esperonso  empourtado. 

Cun  es  soun  desespuor  dins  lous  premiès  moumens  ! 

Soun  esprit  s'obondouno  o  milo  pessomens. 

Coussi  pogà  lo  talho  e  nourri  lo  fomilho  ? 
70  De  que  forô  d'orgen   pèr  croumpà  cauco  ourdilho  ? 

«  Moun  Diù  u,  crido  el  olaro  en  regorden  lou  Cèl, 

«  En  me  negucn  lou  blat,  me  doustàs  lou  contèl. 

«  Que  bostro  boulountat  siasco  dounc  ocoumplido  ! 

«  Nourrisses  lous  ousèls  :   pendrés  suon  de  mo  bido.  m 
75       Lou  cor  tout  pénétrât  d'oqueles  sontimens, 

Lou  paure  se  counsolo  e  bo,  sons  perdre  tens. 

Traire  de   Tort  nobets,   entrefegos,   rocinos. 

O  boun  nas  :  o  sentit  los  jolados  besinos. 

Tras  l'ôurelho,  en  efèt,   lou  cat  s'es  penchenat  : 
80  Sinhe  qu'o  l'oquilou   l'aire  es  obondounat. 

Des  puèchs  déjà  dobalo  uno  bopou  groussièiro 

Que  remplis  lou  boloun  de  broulharts  et  d'ôubièiro. 


i 

I 


V.  5i.  Les  vagues  surpassaient  le  pont.  —  5g.  Le  limon  que  les  ra\5ines 
avaient  entraîné  couvrait  toutes  les  possessions.  —  73.  Résignation  chrétienne 
à  la  volonté  de  Dieu.  —  79.   Pronostic  de  mauvais  temps,  selon  le  peuple. 


63 


L'olé,   cont  respîron,   fumo  coumo  un  fournèl. 
Mes  que  besèn  ?  Lo  lono  aro  toumbo  del  Cèl. 
85  Del  nuache  espessit  lous  trochèls  que  dobalou 
En  dubet  orgentat  sus  lo  terro  s'ocalou. 
Sons  oquel  blonc  surtout,   lou  blat,   prou  mal  bestit, 
Seriô  belèu  crebat  del  frech  qu'ôurio  sentit. 
Aro  noun  risco  res  joust  oquelo  flessado. 
90  Lo  nèu  bal  o  lo  tèrro  encaro  uno  fumado. 
Otal  de  rUnibèrs  lou  Mèstre  pietodous 
Fo  plôure  d'un   nuache  un  engrais  oboundous. 

Olèrto,  efons,  onen   :   que  lo  mouto  orroundido 
Sul  coupet  des  possans  bole  e  siasco  oplotido  ; 
95  Que  pièi  bengo  de  boulo  un  boulet  de  conou, 
Qu'en  roudelen  onfî  groussigue  de  foisou 
Que  pousqués  oplechà  dessus  so  masso  enormo 
D'un  fontome  esfroient  lo  figuro  disformo. 
Se  li  fourgàs  un  cap,   de  brasses  e  de   pès, 

loû  Degus  noun  ôu5oro  beire  ocô  de  trop  près, 
Jusc'o  so  que,   réduit  en  aigo  treboulouso, 
Lou  spectre  pretendut  orrose  lo  pelouso. 
Tont  que  duro  lo  nèu,   sul  gibiè  frejoulut 
Lou  mendre  escoulièirot   tiro  coumo  un  perdut. 

io5  Del   ploun  qu'es  councentrat  dins  lo  traito  escoupeto, 
Lo  fuorso  en  fenden  l'èr  bo  tûà  l'olôu^eto. 
Pèr  fugî  l'enemic  que   ne  bol  o  sous  jours, 
Lo  lèbre  espôurugado  o  bel  fa  de  destours, 
De  sous  pès  sus  lo  nèu  lo  trasso  descoubèrto 

110  Guido  lou  trèt  fotal  que  bo  côu^a  so  pèrto. 
Pèr  otropà  d'ôusèls  contes  d'autres  trimais   ! 
Lous  uns  bôu   de  lour  crin  despoulha  lous  chobals 
E  ne  fou  de  lossets  ount  se   penjo  lo  gribo   ; 


V,  84.  Neige.  —  88.  La  neige  rechauffe  les  ble's  et  engraisse  la  terre.  — 
93.  Jeuï  des  enfants  aoec  les  boules  de  neige.  —  96.  Colosse  qu'ils  bâtissent 
d'une  boule  de  neige  qui  grossit  toujours  en  roulant.  —  io3.  Chasse  aux 
oisillons  dans  le  temps  de  la  neige.  —  107.  Chasse  à  la  piste.  —  ii3,  Chasse 
aux  lacets. 


-  64  - 

Lous  autres  pèr  groupa  lo  perdise  craintive, 
ii5  Dins  un  comp  ount  lo  nèu  soulelhado  o  coulât, 

Metou  joust  uno  teulo  un  plen  pounhat  de  blat. 

Lo  pauro,   qu'o  tolen,   bei  lo  grono,   lo  croco, 

E  péris  joui  plofount  qu'oppuiabo  uno  broco.    . 

Cun   bent  tiède  se  lèbo   !   Eh   !   lou  tens  s'odoucis  ! 
xzo  Besèn  déjà   lo  nèu  se  foundre  o  bèls   boucis. 

De  soun  blonc  coutilhou  lasso  d'èstre  ornescado, 

Lo  terro  arometiù  d'un  bèrt  serô  porado. 
Mes  del  testut  Ibèr  crenhen  lou  rebiral   : 

Encaro    n'es    pas   dich  qu'oun  noun  balhe    un   frétai.. 
125   Saique  ôurai  debinat  :   lo  poulo  s'espegoulho, 

Lo  rito  dins  l'estonc  fourfoulho  e  refourfoulho, 

Lou  chi,   que  se  replègo  en  formo  de  monchou, 

Biro  pèr  lou  côufa  soun  raple  ol  fougoirou  ; 

Lo  belugo  petilho,   e  lo  flomo  que  craco 
i3o  Silhouno  lou  cremal,   serpento  sus  lo  placo. 

Sons  doute  de  l'Ibèr  oicî  lou  mage  esfort. 

Lou  frech  lo  nuèch  possado  o  déjà  flombat  Tort. 

Los  fèlhos  des  côulets,   de  lo  biso  toucados, 

Os  colosses  jôunits  penjou  robostinados. 
i35   D'un  gibre  debourent  lous  aubres  sou   poudrats  ; 

D'un  pobat  de  cristal  lous  comis  sou  forrats. 

Lou   mal  tens  o  de  l'^igo  endurcit  lo  surfasse   ; 

Un  filet,  tout  escàs,   ne  coulo  jous  lo  glasso. 

Que  toun  sort  aro  es  triste,   enfortunat  peissou   ! 
140   Crenhes  pas,   es  bèrtat,   lou  croc  de  l'omessou, 

Ni  del  traite  fiolat  los  funestos  entrabos  : 

D'oco  siôs  o  l'obric,   rescoundut  dins  tos  cabos  ; 

Mes  engourdit  de  frech,   e  faute  d'olimen, 

Jous  lo  bouto  del  gèl   périsses  lentomen. 
145  Couro  cèssos,   Ibèr,   d'otristà   lo  noturo  ? 

Helas   !   tout  es  perdut  se  to  molisso  duro. 


V.  117.  Chasse  au  trébuchet  ou  à  la  fossette.  —  119.  Le  temps  deuient 
un  peu  plus  doux.  —  i25.  Autres  prétendus  pronostics  de  mauvais  temps.  — 
i32.   Glaces.    —    139.   Triste  situation  du  poisson. 


I 


—   65   — 

Lo  posturo  s'ocabo,   e  lous  paures  troupèls, 
Dins  lo  jasso  enfermats.   bictimos  de  tous  gels, 
N'ôu   pas  res  o  brouta  que  cauco  fuèlho  seco 

i5o  Qu'en  loc  de  lous  nourri,   lous  mogris,   lous  endeco. 
Pèr  se  mètre  o  coubèrt  d'un  tens  to  rigourous, 
Juscos  dins  lous  oustals  benou  lous  ôuselous. 
Que  rigou  de  moun  feple,   iù  noun  me  n'  chaute  gaire  : 
Cont  lous  bese  ofomats  e  morts  de  frech,   pecaire   ! 

i55  Lour  jète,  sons  reproche,   un  pounhat  de  froumen 

Qu'o  mous  uèls,  lous  pôurous,  benou  prene  en  tromblen. 
Qlaro  oquel  bestial,   pôuruc  de  so  noturo, 
Qfrounto  tout  dongiè  pèr  quistà  de  posturo. 
E  baste  fousquès  soûl  o  faire  oquel  mestiè   ! 

160  Mes  sèn  suchèts  encaro  ol  quistou  cornossiè. 

Pastre,  touto  lo  nuèch  as  bel  cridà   :   «  Souirasso   !   m 
Pos  pas  porà  lou  loup  de  l'entour  de  lo  jasso. 
Toun  mostîs  japo  prou  ;   mes  molgrè  soun  coula, 
Cont  lou  sent  trop  ordit,  rau5o  pas  ocoulà. 

165  To  souben  es  bengut  on  d'urlomens  sôubaches, 
Qquel  bilèn  cobal,  juscos  dins  lous  bilaches, 
Debourà  lou  bestial  que  toumbo  jous  so  den  ! 
Caucos  fes,   lou  goulut,  jusc'o  l'ome  se  n'   pren. 
Dins  un  tens  to  sorrat,   molur  os  bouiochaires, 

170  Se  roncountrou  lo  nuèch  de  tais  ocoumponhaires, 
Que  rodou  lous  comîs  toujours  o  bes  porels, 
En  regossen  lous  uèls  que  semblou  de  colels. 
Olaro  un  coboliè  n'es  pas  exent  d'olarmos, 
Cont,  coumo  un  miquelet,  seriô  tout  clôufit  d'armos   : 

175  Se  molurousomen  toumbabo  de  chobal. 


V.  147.  Les  troupeaux  enfermes  dans  les  bergeries  n'ont  que  de  la  feuille 
sèche  pour  apaiser  la  faim.  —  i5i.  Les  petits  oiseaux  se  réfugient  dans  les 
maisons,  ne  trouvant  rien  à  manger  dehors.  —  iSg.  Les  loups  sont  alors 
fort  à  craindre  à  ta  campagne.  —  161.  Cri  des  bergers  lorsqu'ils  aperçoivent 
le  loup,  —  168.  Ce  n'est  pas  sans  exemple.  —  169.  Les  loups  accompagnent 
les  passants  qu'ils  rencontrent  pendant  la  nuit,  et  sauteraient,  dit-on,  sur  un 
cavalier  qui  tomberait  de  cheval. 


66 


lù  serîô  pas  côuciù  qu'oun  li  n'  onesso  mal. 
Jaques  lou  menestriè  beniô  de  majo  fèsto  : 
Pèr  orribà  ches  el  obiô  de  jour  de  resto, 
Mes,  tout  preste  o   porti,   l'oste,   pie  d'otenciùs, 

i8ù  Lo  boutelho  o  lo  ma  li  ben  fa  sous  odiùs. 

Jaques,  on  oquel  clas,   fo  pas  lo  sourdo  ôurelho  ; 
S'ossèto,  e  brabomen  s'ofrairo  on  lo  boutelho. 
Onfi  part,  cont  es  bouido,  e  lo  nuèch  lou  suspren. 
Un  gros  loup  o  sous  uèls  pores  dins  lou  moumen. 

i85  Lous  pèlses,  dins  d'obort,  sus  soun  cap  se  dressèrou  ; 
Pèr  onà   pus  obont  los  combos  li  monquèrou. 
Crei  beire  l'onimal  preste  o  lou  debourà, 
E  n'o  que  soun  hautbois  pèr  se  poude  oporà, 
Pauc  o  pauc,  en  efèt,  lou  loup  dôus  el  s'oprocho, 

190  Ben  ombé  soun  musèl  li  soulfinà  lo  pocho, 
Marco  qu'o  pla  tolen  e  que  cèrco  o  fripa. 
Jaques,   qu'èro  munit  d'un  contelet  de  pà. 
D'un  quinhou  de  froumache  e  d'un  tros  de  fougasso, 
Trai  tout  premièiromen  lo  micho  o  lo  souirasso, 

195  Que  l'ojèt  engoulado  en  dous  ou  très  mochals, 
E  pièi,  pèr  omusà  sous  robustes  coissals, 
Li  jèto  lo  fougasse,  ornai  pièi  lou  froumache  : 
Res  noun  pot  rossosià  soun  coumponhou  de  biache. 
«  Oco's  dounc  fach,   w  dis  cl,   «  mo  bido  es  ois  abois! 

200  «  Tiren,   pel  dorniè  cop,   un  aire  de  Vhautbois.   u 
Moulho  l'enche,  lou  plasso,  e  d'uno  ma  tromblonto, 
Jogo,  ol  milhou  que  pot,   l'aire  de  lo  couronto. 
Urouso  descoubèrto   !   Entr'entendre  oquel  bruch, 
Lou  loup  espoubentat  descompo  :  encaro  fuch. 

2o5  Jaques,  que  bei  de  lèn  so  bilèno  coumpanho 
O  passes  redoublats  orpentà  lo  companho, 
Li  crido  d'un  toun  rauc  :  «  Adiù,  tros  de  goulard  ! 


V.  177,  Histoire  »3critable  d'un  joueur  de  hautbois,  qui  rencontra  un  loup, 
en  revenant  d'une  fête  wotiue  où  il  auait  été  appelé.  —  i85.  Frayeurs  du 
ménétrier.  —  2o3.  Pouvoir  singulier  de  la  musique.  —  207.  Lorsque  quel- 
qu'un est  enroué,  on  dit  ordinairement  qu'il  a  vu  le  loup. 


-  67  - 

K  Cont  t'ai  to  pla  serbit,  sobiô  pas  que  moun  art 
«  Ogèsso   lo  bertut  de  te  dounà  lo  casso   : 

zxo  «  Que  t'ôuriô  be  gordat  lo  micho  e  lo  fougasso  !   m 
Pièique  sus  Menestriès  es  toumbat  lou   pèrpaus, 
Counbenguen,   Desprodèls,   que  toutes  sou   pas  baus. 
Lou  Fabre,   que  serbîs  ol  noutari  de  clèrgue, 
E  qu'es  be  to  soben  coumo  cap  del   Rouërgue, 

2i5  Countabo  qu'autros  fes  un  certèn  Orioun, 
Musiquiè  coumo  un  autre  opelat  Omphioun, 
01  mouièn  de  soun  art  s'èro  tirât  d'ofaires. 
Ero  dins  un  boissèl   ombe  cauques  coumpaires 
Dount  lo  mino  onounsabo  un  prou   michon  boulé. 

220  Orioun  ol  bourset  pourtabo  d'or  tout  plé   : 
Obiô  de  sos  consous  tirât  un  gront  solari, 
E  l'obiô  counserbat,  cas  estraourdinari. 
Oqueles  orpolhans,   que  sentou   lou  trésor, 
Sons  fa  semblon  de  res,   per  jouï  d'oquel  or, 

225  Coumplotou  de  negà  lou   mèstre  de  lo  bourso. 
De  cont  de  cruôutat  l'oborisso  es  lo  sourso   ! 
To  lèu  dich,   to  lèu  fach.   Sosit  pèr  un  maraut, 
Lou  chantre  de  Lesbos  bo  fa  lou  dorniè  saut. 
Lou   paure  infourtunat,   qu'es  oqui  sons  defenso, 

23o  Bol  ôumens  de  soun  art  esproubà  lo  puissenso  : 
«  Permet,   w  dis  ol  bourrèu  que  lou  ten  suspendut, 
«  Qu'encaro  obont  mourî  fasco  tindà  moun  lut.  m 
Phebus  ront  talomen  so  pregario  eficasso 
Que  de  soun  ossossin  ouptcn  oquelo  grasso. 

235  Jouguèt  olaro  un  aire  e  to  tendre  e  to  dous 
Que,  toucat  de  so  peno,   un  dôufî  pietodous, 
Coumo  onabo  toumba  dins  lo  plono  solado, 
Lou  recossèt  en  l'èr  sus  so  croupo  escolhado. 
Mes  qu'es  oisô  1  L'Ibèr  noun  finirô  jomai  1 

240  Que  te  plonhe,   pogés,  se  duro  gaire  mai   ! 


V.  22i.  Les  joueurs  d'instruments  ne  sont  pas  ordinairement  soigneur  de 
conserver  l'argent  qu'ils  gagnent.  —  226.  Quid  non  morialia  pectora  cogis,  auri 
sacra  famés  1  Virgile,  Enéide,  ni,  57.  —  235.  Voyea;  la  fable  d'Arion. 


—  68  — 

Cado  jour,   cun  regret   !   To  journado  es  pèrdudo. 

Lou  gèl  de  toun  doumaine  ocupo  l'estendudo, 

E  \o  tèrro  gemîs  jous  un  fais  de  bèrglas  ; 

Coussi  lo  trobolha  1  Tondis  qu'o  cado  pas 
2.45  Tous  biôus  sus  lou  grésil  foriôu  l'escorlimpado, 

Tu  quitoriôs,   de  guerp,   l'estebo  e  lo  gulhado. 

Ah   !   nou,  crei-me   :   l'oraire  es  aro  hors  de  perpaus 

Cauque  jour^   s'o  Diù  plai,   cessorô  toun  repaus. 
Que  dise  ?  Cont  lou  tens  es  to  dur,   to  sôubache, 
2.50  Sons  se  trop  escorta  l'on  trobo  prou  d'oubrache. 

Pos,   pèr  sôubà  toun  ort  del  musèl  del  tessou, 

I  faire  uno  poret  to  pla  coumo  un  mossou. 

Otrapo  lo  destral,   pren  lous  cuns  e  lo  masso  : 

D'un  aubre  qu'o  périt  bai  fendre  l'escobasso. 
255  Cèrto  del  longuimen  lou  que  se  bol  desfà, 

Même  ol  fort  de  l'Ibèr,  trobo  quicon  o  fà. 

Aro  ol  copusodou,   lou   prudent  oplechaire 

Repasso  ombe  otenciù  tout  l'ornés  de   l'oraire. 

O  de  suèns  diferens  s'ocupou  lous  boilets  : 
260  Jan  penso  pèr  sous  biôus,   Pèire  pèr  sous  mulets  ; 

L'un  petasso  d'esclots,   l'autre  orrengo  d'esquilos.  .  . 
Ocô  bous  fo  pietat,   gens  qu'obitàs  los  biles  ? 

Bous  cal   penden  l'ibèr  toujour  joc,  taulo  ou  bal  ? 

Nautres,   pecaire   !   oicî  penon,   e  be  bou'n  bal. 
265  Eh  !  que  foriô  sons  pa  touto  bostro  richesso  ? 

Qu'ouriàs  l'estoumac  flac,  se  bibiàs  de  nouplesso  ! 

Pèr  nostre  estât,   Messius,   ouriàs  mens  de  mesprès. 

De  so  que  bous  reben  se  couneissiàs  lou   près. 
N'es  pas  que  pèr  ocô  lous  dimenges,  los  festos, 
270  Cont  oprès  lou  serbice  obèn  de  tens  de  rèstos, 

Noun   prenguen  caucos  fes  de   plosés  inoucens  : 

Jous  l'orme  de  lo  plasso  onon  toutes  essens  ; 

Jougon  cauco  boutelho  ol  briscon,   o  los  quilhos  ; 


V,  247.  Suspension  des  travaux  champêtres,  —  248.  Petites  occupations 
auxquelles  on  peut  vaquer  dans  le  temps  le  plus  rigoureux,  —  269.  Amuse- 
ments innocents  des  paysans  aux  jours  de  fête. 


-  69  - 

Tondis  qu'un  pauc  pus  lèn  porlufejou  los  filhos, 

275  Soulos,  car  des  gorsous  se  se  triabou  pas, 
Lou  Ritou   lour  foriô  del  mesclodîs  un  cas  ; 
Ornai  crenhou  d'olhurs  que  lo  maire,   obertido, 
Entr'estre  dins  l'oustal   lour  baile  lo  brondido. 

Cont  lo  nuèch  jous  so  capo  o  rescoundut  lou  jour, 

280  E  que  del   postural  lou  pastre  es  de  retour, 
Monjon  nostro  soupeto  ossetats  sus  lo  bonco, 
Pas  coumo  lous  Moussus,   mes  soulomen  d'uno  onco. 
Nostro  pitonso  ensuito  es  un  boucî  de  lart. 
Cont  cadun  dins  lou  bentre  o  rejoungut  so  part, 

285  Que  l'oulo  es  despochado  e  l'escudèlo  neto, 
Donson  uno  sôutairo  ol  soun  de   lo  museto   ; 
E  pièi  penden  mièjo  ouro,  en   rount  ol  tour  del  foc, 
De  cabro,   sios-tu   cabro  1  onon  faire  lou  joc. 
Des  dimenges  otal  se  passo  lo  belhado, 

290  Es  lous  jours  de  trobal  autromen  emplegado. 
L'un  bostîs  de  poniès,   l'autre  de  polhossous. 
Los   filhos,  tout  fiolen,   fou   petà  de  consous   ; 
De  soun  tens  lou  bièl  gran  nous  counto  los  gonduosos  : 
Lo  mèstro,  en  petossen,   nous  debito  sos  pruosos. 

295  Nous  fosquèt  creire  un  ser  qu'obiè  troubat  lou  Drac 
Déguisât  en  chobal  que  fosiô  pototrac, 
E  qu'un  jour  li  monquen  cauco  ôuberjo  o  lo  binho, 
Per  descubrî  lou  laire  onèt  o  lo  debinho. 
Lo  masco,   en  mormouten,   l'emmeno  ol  golotàs   : 

Zoo  Dis  très  mots,   e  très  cots  fo  roudà  lou  sedàs. 
Tout  escàs  o  finit  lo  truosièmo  represo, 
Que  li  te  dis  lou  noun  d'oquel  qu'o  fach  lo  preso. 
Lous  sourciès  fou,  sons  doute,  un  patte  on  lou  Bilèn 
Pèr  n'ouptene  lou  doun  d'i  beire  de  tont  lèn. 


V.  282.  On  ne  «oit    presque   jamais  les  paysans  entièrement  assis  à   table. 

—  287.  Veillées  des  dimanches  et  fêtes.  —   290.  Veillées  des  jours  ouvriers. 

—  293.  Sornettes  ou  contes  de  «eille.  —  295.  Le  Lutin.  —  298.  La  devi- 
neresse, —  3o3.  Un  paysan  timoré  croirait  jurer  s'il  prononçait  le  mot  Diable  ; 
il   lui  substitue  celui   de  Vilain,  qui  lui  paraît  moins  effrayant. 


—   70  — 

3o5  Lo  moirino,   ol  contou,   des  pichous  entourado, 
Oquesto  nous  boilèt,   en  biren  so  fusado  : 
«  lù  sùi,  coumo  sobès,   beuso  dempièi  trente  ons. 
n  Lou  nostre,   en  trespossen,   me  loissèt  cinc  efons. 
«  Tout  cop  que  me  n'  recorde,  o  l'uèl  me  ben  lo  larmo. 

3io  «  Lou   paure  !   en  se  muden  (dobont  Diù  siô  soun  armo) 
«  O  l'entour  de  soun  lièch  nous  fosquèt  romossà   ; 
ïf  E  nous  diguèt,   belèu  mièjo  ouro  obont  posaà   : 
«  «  Ou5ès  :  bous  recoumonde,  en  pleguen  mos  côuquilhos, 
«  «  De  traire  pas  trop  lèu  de  Trou5sit  los  entilhos  ; 

3i5  «  «  Ougon  ou  réussit  :   n'ôurés  mai  d'un  plen  sac. 
«  «  Que   pèr  denontourà  los  gièisos  del  Lorjac 
«  «  Lo  crento  de  lo  grèlo  oun  siô  pas  un   pretèste  : 
«  «  Lou  boulon  ol   legun  encaro  es  pus  funeste  ; 
"  «  E  que   l'ase  surtout  se  sone  ol  mes  de  mai  m. 

3io  «  Cuto  oprès  oquel  moût  pèr  toujours  e  jomai. 

«  Mes  un  ser,  coumo  ol  lièch  iù  benio  de  me  mètre, 
«  Soun  armo  ol  foun  des  pès  me  benguèt  oporetre. 
«  De  froioù  joui  lensol  iù  fourrère  lou  cap, 
«  Car  saique   un  gro  de  mil  m'ôuriô  serbit  de  tap. 

325  «  L'armo  olaro  me  crido  :   «  Escouto,   Cotorino, 
«  V  N'ai  pas  restituât  un  bouissèl  de  forino 
«  «   Que  se  mesclèt  onton  on  lo  miùno  ol  moulî   : 
«  «  Bai   lo  rondre,   e  sul  cop  de   peno  iù  bau  soli  u. 
«  Iù,   pèr  lou  sotisfà  sul  cas  que  me  perpau^o, 

33o  «   Li  dise   :   «  Onàs  en   pas,   pèrque  ses  bouno  causo, 
n  «  Pierres  ;  segàs  tronquille   :   ocô  sero  rondut   ; 
«  «  Déjà  même  ou  seriô,   s'ères  pus  lèu  bengut. 
«  «  Sons  fauto  o  bel  demà  beirai  lo  moulinièiro.   m 
«  L'armo  olaro  en  sourten  per  lou  trauc  de  l'oguièiro, 

335  «  Pèr  me  fa  sous  odiùs  crido  très  cots  :    «  Roucou.   » 
«  Sons  doute  èro  bengut  en  formo  de   pijou.   m 
Otal  porlèt  lo  bièlho.  Ouriàs  bist  l'ossemblado 


V,  3io.  Testament  d'un  nommé  le  Moreau,  en  trois  articles.  —  3i4-3i6. 
Troussit,  Larijac  :  terroirs  où  il  aoait  semé  ces  légumes.  —  32i.  Conte  d'un 
revenant   sous  la  forme  d'un  pigeon. 


—  71   — 

O  soun  triste   récit  immoubilo,  estounado, 
E  de  froioù  tronsits,   très  paures  ongelous 

340  De  lour  maire,   en   plouren,  tene  lous  coutilhous. 

«  Un  ser,  u  dis  lou  coûtai,   «  ol  bel  clar  de  lo  luno, 
«  Mo  gran,   que  prou  souben  ne  debito  côucuno, 
«  Begèt  lou  gron  sourciè  que  trebabo  ol  Costèl 
«  Pèr  se   rondre  ol  sobat  soli  per  lou  fournèl  u. 

345  Lou  councièrge  ojustèt  que  l'obiô  bist  lo  bèlho, 

Cont  s'ounchabo  de  grais,  en  diguen  :  «  Pet  de  fèlho.  u 
—   «  Pèr  iù,   u  dis  lou  bouiè,   que  porlèt  o  soun  tour, 
«  Uno  nuèch  d'un  dimenge,   escuro  coumo  un  four, 
n  Del  prat,   ombé   mous  biôus,  coumo  me  retirabo, 

35o  «  Te  bese  un  loup-gorou  que  dôus  iù  cominabo   : 
«  Sobès  se  me  triguèt  d'èstre  bite  o  l'oustal   ! 
w  Sons  doute  dins  so  bido  obiô  fach  forso  mal, 
«  E  jous  lo  pèl  d'un  loup  ne  beniô  pourtà   peno   : 
«  Otobé  robolabo  uno  retto  codeno.   » 

355       Cont  lo  belhado  cèsso  ou  qu'es  presto  o  fini, 
Sèn  souben  regolats  d'un  tossounat  de  bi. 
Cont  onfi  del  colel  lo  flomo  trombloutejo, 
E  qu'en  biren  soun  fus  lo  chombrièiro  copejo, 
Onon  fa  lo  pregario  e  nous  joucon  ol   lièch   : 

36o  Tronquilles,  sons  remorts,   oqui   posson  lo  nuèch. 
Talo  es  coumunomen  tout  l'Ibèr  nostro  bido   : 
Mes  nous  cal  beire  fa  cont  côucun  se  morido   ; 
Olaro  tral  coupet  trosèn  lous  pessomens  ; 
Fosèn  troutà  lo  garro  è  penchenà  los  dens. 

365       Guiral  e  Fronceseto  onton  se  boulountabou   : 
En  tout  be,  c'est-à-dire  en  tout  ounou  s'oimabou. 


V.  341.  Conte  du  sorcier.  —  346.  Il  est  reçu  che;  tous  les  paysans  que  les 
sorciers  prononcent  ces  mots  après  s'être  oints  de  graisse,  en  passant  par 
le  tuyau  de  la  cheminée  pour  aller  au  sabbat.  —  347.  Conte  du  Loup-Garou. 
—  352.  Les  gens  de  la  campagne  sont  fermement  persuades  que  les  loups- 
garous  sont  des  hommes  qui,  ayant  mené  une  vie  fort  criminelle,  reviennent 
de  l'autre  monde  pour  faire  pénitence,  en  traînant,  sous  la  peau  d'un  loup, 
une  grosse  chaîne.   —  365.    Projet   de  mariage  entre  Guiral  et  Françoise. 


—  72  — 

Toutes  dous  de  même  ache  e  mémo  coundiciù, 

Entr'eles  de  se   prene  èro  déjà  questiù, 

Talomen  que  lou  bruch  courrissiô  pel  bilache 
Zjo  Que  dins  lou  cornobal  se  foriô  lour  moriache  : 

Ero  mêmes  ol  grat  de  forso  brabos  gens, 

Mes  moncabo  un  sinhet  de  lo  part  des  porens, 

Lou   paire  de  l'efon  troubabo  lo  berquièiro 

Que  pourtabo  lo  filho  un  bricou  trop  lôugièiro. 
3/5  Lou   paire  de  lo  filho  ol  countrari  disiô 

Que  suiban  soun  estât  trop  d'odot  H  fosiô  ; 

Ôutont  ne  disiô  l'ouncle  e  lo  tanto  e  l'ôujolo. 

Fronsoun,   que  pel  coquet  bal  un  mèstre  d'escolo, 

Cont  sentis  oprouchà  lo  fi  del  cornobal, 
38o  Omb'un  aire  picat  se  n'bo  troubà  Guiral   : 

«  De  bous,   »  sou   li  fosquèt,   »  iù  sùi  desobusado  ; 

«  Bese  que  ses  un  traite  e  que  m'obès  troumpado. 

«  Ogochàs  pèr  oc6  se  cal  estre  couquî   ; 

«  Se  bonto  de  me  prene,  e  pièi  me   plonto  oquî.   »    — 
385  «  Que  bos]  »  respoun  Guiral  1  «  te  n'cal  prene  o  moun  paire  : 

«  Trobo  que  n'as  pas  prou   ;   mes  bouto,   laisso  faire. 

«  El  boudriô  que   prenguèsse  Isobèls  de  Boulsons, 

«  Pèr  ofi  qu'es  lou  dich  que  li  fou  milo  frons. 

«  Mes  que  lous  garde  !  Ai  !  Ai  !  semble  pas  qu'uno  engrolo. 
390  «   Pièi  l'uèl  botoul,   pel  mens,   li  n'  garo  uno  pistolo. 

«  Qu'el  lo  prengo,  se  bol,   pèr  iù  noun  n'ai  que  fa. 

—  «  Sopendent,  m  dis  Fronsoun,  «  lou  cornobal  se  n'  ba. 

—  «  Eh  bé  !  M  respoun  Guiral,   «  ajo  pocienso  encaro  ; 
«  Foren  ombé  lou  tens  so  que  fosèn  pas  aro  m.   — 

395  «  Ai   pla  pôu,  u  dis  Fronsoun,  «  que  bous  fosès  lou  fi  : 
«  Mes  iù,   sons  esta  mai,   boli  faire  uno  fi. 
«  Coupen   palhos,   onen   :    cresès  qu'on  se  n'  soucite  ? 
«   Pèr  bous  oporomen  n'obèn  pas  prou  mérite  ! 
«  Lo  borlho,   qu'es   pus  richo,   es  ocô  que  bous  cal   !   m 


V,  373.  Le  père  de  Guiral  ne  trouve  pas  la  dot  de  Françoise  assej  consi- 
dérable. —  378.  Adresse  de  Françoise  pour  engager  Guiral  à  exécuter 
promptement  sa  promesse. 


-  73  - 

400  —  «  Jomai  tourne  monjà,   »  dis  olaro  Guiral, 

«  Se  pèr  autro  que  tu  moun  cor  jomai  souspiro  ! 
«  Que  que  digo  moun  paire,  iù  sabe  de  que  biro. 
«  Qu'iù  quitèsso  Fronsoun  pèr  lo  borlho  Isobèls  ! 
«  Oh   !   nou   :   lo  que  prendrai,   bole  qu'ajo  dous  uèls. 

405  «  E  lous  tiùs,   Fronsouneto.  .  .    01  rèsto,   lo  bossibo. 
«  Que  besion  ièr  de  là  boundî  sus  lo  frochibo. 
«  Met-lo  dins  toun  troupèl   pèr  gâche  de  mo  fe, 
«  E  remetèn  l'ofaire  ol  cornobal  que  be.   m 
Fronsoun,   en  otenden  l'efèt  de  lo  proumesso, 

410  Bo  quèrre  lo  bossibo,   e  caimo  so  tendresso. 
L'autre  onnado  coumenso  ombé   lou  cornobal, 
E  res  nou   pot  fléchi  lou   paire  de  Guiral. 
Onfi  ben  pèr  bounur  un  murmur  de  milisso 
Que  lou  fo  counsentl  molgrè  soun  oborisso. 

415  Lo  porentat  s'ossemblo,  e  tout  es  orrestat  ; 
Tout  l'orgen  de  lo  dot  sus  lo  taulo  es  countat. 
Lou  noutari  grifouno  uno  longo  escrituro. 
Cadun,  seloun  l'usache,  estreno  lo  futuro  : 
D'un  cofre  lou   poirî  li  fosquèt  un  presen, 

420  E  lo  gran  proumetèt  que  cont  seriô  josen, 
Li  trometriô  lou  brès  ombé  los  menudalhos 
Que  gordobo  ol  pusaut  dempièi  sos  ocouchalhos. 
Tout  onfi  pèr  lo  nosso  es  déjà  preporat   ; 
Très  semmonos  oprès  ben  lou  jour  désirât. 

425  Paires,   maires,   porens,   omits  on  lo  liùrèio. 
Toutes  ocoumponhon  lous  nobis  o  lo  glèio. 
Guiral  obiô  soun  pèl  toursegut  en  trenèls, 
Fronceseto  sous  dets  toutes  bondats  d'onèls  : 
Nautres.  sons  bontociù,  tenion  prou  bouno  mino. 


V.  400.  Terrible  serment  que  fait  Guiral  à  Françoise.  —  4o5.  Présent  que 
fait  Guiral  à  Françoise  pour  gage  de  sa  foi.  —  41 3.  Le  père  de  Guiral,  crai- 
gnant que  le  sort  de  la  milice  ne  tombe  sur  son  fils,  sacrifie  ses  intérêts  et 
consent  au  mariage.  —  415.  On  passe  le  contrat.  —  418.  Présents  des  noces. 
—  4i4'  ^^  jour  des  épousailles.  —  425.  Cortège  joycur  et  bruyant  qui 
accompagne  les  fiancés  à  l'église,  où  ils  «ont  recevoir  la  bénédiction  nuptiale. 


-   74  — 

43o  Lou  tombour  o  lo  tèsto  ombé  lo  cholomino, 
Fosion,  tout  cominen,   petà  lou   pistoulet, 
E  d'un   polhou   ponsut  flutaben  ol  golet. 
Toujours  en  même  trin  e  mémo  simfounio, 
Tournon  birà  cosaco  oprès  lo  cermounio. 

435  Déjà  flairo  de  lèn  lou  fun  d'un  gront  régal   : 
Dins  un  toupl  coufis  lo  clouco  ombé  lou  gai   ; 
Dins  lo  couireto  coi  lo  mitât  d'uno  fedo, 
Lo  tufo  e  lous  gorrous  de  l'obilhat  de  sedo, 
Un   petossal  de  leùno,   un  cun  de  combojou   ; 

440  O  l'aste  se  tournejo  un  cortiè  de  moutou   ; 
E  de  ris  sofronat  l'oulo  es  touto  romplido. 
Juchas  on  tout  ocô  se  fosquèren  lo  bido. 
N'obèn  pas  tont  lou  sièis,  ni  lou  premiè  de  l'on, 
Cont  mèstres  e  boilets  pèr  tour  nous  regolon. 

445  Eren  dèch  coumponhous  coubidats  o  lo  fèsto 
Que  ne  toumbèren  be  catre  conous  pèr   tèsto. 
Los  filhos,  cal  tout  dire,  ou  preniôu  pus  d'o  pas, 
Mes  pèr  ocô,  besès,  cap  l'escupissiô  pas. 
Entre  obeire  remplit  jusc'ol  gousiè  lo  panso, 

450  Per  fini  los  ounous  nous  metèren  en  danso. 
Cont  se  fosquèt  tordet,  cadun  se  retirèt, 
E  soulo  ombé  Guiral  Fronceso  demourèt. 

Bouno  siè  l'ouro   !   Onfî  l'olé  de  l'âuro  rousso 
O  dounat  o  lo  glasso  uno  retto  secousse. 

455  L'Ibèr  fo  sous  odiùs.   Noissès  aro,   onilous  ; 
Benès  pèr  ronfoursà  lou  troupèl  des  m.outous. 
Mes  cun  destin  cruel  pèr  baùtres  se  prépare  ! 
O   peno  ses  noscuts  que,   d'uno  ma  borbaro. 
L'orne,   obide  de  lach,   bous  tire  del  soumés  ; 

460  Perdes  souben  lo  bido  obont  d'obure  un  mes. 
Toumbàs  en  polpiten  joui  coutèl  escourgaire. 


V.  435.  Grand  festin  au  retour  de  la  cérémonie.  —  443.  Le  premier  jour 
de  l'an,  le  maître  rcgale  les  domestiques,  et  ceui-ci  régalent  le  maître  le 
jour  des  Rois.  —  446.  On  appelle  ici  "  canon  »  la  mesure  du  uin.  -- 
455.  Naissance  des  agneaux. 


75 


Tondis  qu'ol  postural  bostro  doulento  maire 
Debinho  bostro  pèrto,  e,   pèr  sous  bialomens, 
Sus  bostre  triste  sort  marco  sous  pessomens. 

465       Aro  es  lou  cop,   pogés,   de  reprene  l'estebo, 
Aro  n'ajos  pas  pou  de  mourfoundre  lo  glebo  : 
Lo  pos  birà  sons  crento.   E  bautres,   binheirous, 
Osugàs  ol   pus  lèu   lous  coutèls  poudodous   : 
Es  tens  o  lur  tronchant  d'obondounà  lo  souco, 

470  Que  se  bol  descorgà  d'un  tais  que  lo  sufouco. 
Des  sirmens  obotuts  obont  fa  de  gobèls, 
Pèr  fa  de  cobussats  coulisses  lous  pus  bèls. 
Que  l'obit,  de  soun  lounc  couchât  dins   uno   ournièiro, 
One  soli  lou  nas  pèr  uno  cotounièiro. 

475  Oqui  creis,   met  de  barbo,   e  cont  es  fier,   golhart, 
Demescouneis  so  maire,  e  fo  fomilho  o  part. 
Otal,  cont  de  bielhesso  ou  de  frech  es  crebado, 
Pèr  sous  joubes  efons  lo  souco  es  romplossado. 
Ouriàs  bel  sopendent  faire  de  cobussats, 

480  Se  de  nourri  lous  jets  lous  soucs  erou  lossats, 
Beiriàs  o  cado  pas  un  bùide,   uno  escloirido. 
Cont  o  forso  de  tens  lo  binho  es  obourrido, 
Lou  pus  court  es,   per-moi,   de  lo  faire  sôutà   ; 
E,  cont  s'es  prou  pôu5ado,   on  lo  torno  plontà. 

485  Tout  coumo  d'èstre  endrés  cont  lous  oustals  sou  lasses, 
Bal  mai  lous  rebosti  qu'i  mètre  de  pétasses. 
Cont  un  binhople  en  pauso  o  restât  très  printens, 
De  trouplà  soun  repaus,   binheirous,  es  pla  tens. 
Prenès  dounc  lou  bigôs   pèr  ne  doundà  lo  tèrro, 

490  Jusc'o  tont  que  siô  souplo  onàs  li  fa  lo  guèrro   ; 
Trosès-ne  sons  pietat  aubres  grons  e  pichous  ; 
Pièi,   pèr  guida  lous  rens,   trossàs-i  de  silhous. 


V.  465.  Ouverture  des  trauaur  champêtres.  —  467.  Taille  de  la  vigne.  — 
471.  Provins.  —  481.  On  doit  arracher  la  vigne  lorsqu'elle  est  trop  vieille. 
—  487.  Après  trois  ans  de  repos,  la  vigne  peut  être  replantée.  —  49'.  Tous 
'es  arbres  doivent  en  être  arrachés. 


-  76  - 

E  loissàs  os  molhols,   qu'aimou  fort  lour  oi^enso, 

De  l'un  o  l'autre  ou  mens  catre  pans  de  distenso. 
495  Cont  de  l'ôubret  binons  ôurés  crusat   lou  jas, 

Couchàs-l'i  de  foisoù  qu'oun  mostre  que  lou  nas. 

Otal,   dempièi  lou  founs  juscol  cap  de  lo  binho, 

Renjorés  bostre  plant  toujours  en  drecho  linho  ; 

E  n'essouplidés  pas  qu'obès  un  jouine  efon 
5oo  Qu'o  besoun  de  cultiù  très  ou  catre  cots  l'on. 

N'ojés  pas  pessomen  que  d'oquelo  culturo 

Pièi  dins  Tache  modur,  noun  bous  pague  omb'usuro. 

Aro  o  cots  de  destral  récuras  l'omelliè   ; 

Flourîs,   coumo  sobès,   en  despièch  de  febriè. 
5o5  Souben  un  poredou  jous  lou  torren  sucoumbo  : 

Cont  o  prou   ponsejat,  se  fendilho,   onfi  toumbo. 

Descorgàs-lou  del  fais,  se  lou  boules  sôubà  : 

Tout-o-fèt,  aùtromen,  lou  codriô  relebà  ; 

Sons  doute  pèr  ocô  se  fôu  los  torrejados, 
5 10  Ou  pus  lèu   pèr  côusà  los  soucos  descornados. 

D'oquel  biais  s'oplonis  lou  torren  ofoisat, 

E  pèr  lou   plus  puissent  lou  feple  es  ronfoursat. 

Prenès  gardo  otobé  que,   sons  uno  borrièiro. 

Pot  sôutà  dins  lo  binho  uno  cabro  lebrièiro  : 
5i5  Lo  dent  d'oquel  bestial  es  mourtalo  os  bourjous. 

Que  s'embouisoune  ou  mens  oprès  los  fousesous. 

En  otenden,   sus  borts  d'uno  pèiro  trôucado, 

Dins  cado  oustal  l'omello  ou  lo  nouse  es  trincado. 

Per  pogà  lous  impôts  l'omellou  se  bendrô, 
520  E  l'oli  pèr  lou  lun  del  nougal  rojorô. 

D'otristà  lo  noturo  onfi  t'Ibèr  se  lasso  : 


V.  493.  Manière  de  distribuer  le  nouveau  plant.  —  490.  Culture  qu'érige  le 
jeune  plant.  —  5t)3,  On  élague  de  bonne  heure  l'amandier,  étant  le  premier 
arbre  qui  fleurit.  —  5o5.  On  allège  un  mur  de  soutènement,  trop  surchargé,  en 
faisant  des  levées  de  terre.  —  5i3.  Hallier  ou  haie  de  buissons  pour  défendre 
au  bétail  l'entrée  de  la  uigne.  —  Sig  Le  produit  des  amandes  paye  une  grande 
partie  des  impôts,  lorsque  la  récolte  en  est  abondante,  ce  qui  est  fort  rare.  — 
521.  Fin  de  l'hiver. 


—  71  — 

Floro  dins  pauc  de  tens  bendrô  prene  so  plasso 
Lo  nuèch  s'es  rocoursido,  e  lou  jour  o  crescut  ; 
O  soli  de  soun  trauc  s'oprèsto  lou  coucut. 


525  Otal  mo  Muso  Rouërgasso 

O  l'illustre  CicÉ  contabo  los  Sosous, 

Tondis  qu'o  l'Onglés  ourgulhous 
Un  brabe  Rouërgas  bolhabo  lo  repasso. 


^fx 


V.  528.  La  maison  de  Al.  le  Comte  d'Estaing  est  originaire  du  Rouergue. 
Cet  ouvrage  s'acheuait  dans  le  temps  que  ce  héros  faisait  la  conquête  de  la 
Grenade. 


ï^ecul 


de 


pouesios  Rouërgasços 


^f** 


RECUL 


POUESIOS    ROUERGASSOS 


EpiTRO 


EMPRIMUR    O 


Uno  Muso  del   Rouërgue, 
Que  tout  escas  o  bist  lou  jour, 
Cher    ■"  ',   bous  ben  faire  so  cour  : 
01  noun  de  Diù,   li  sias  par  reguèrgue. 
5  Bous  aimo  tont  e  mai   :   pogas-lo  de   retour. 
Pot  pas  jomai  tori  sus  los  omistoulensos 
Que  li  fosiàs  ol  Segolà, 
Cont  en  public,   molgrè  bostros  instensos, 
Escassomen  bouliô  porlà. 
10  Bous  recourdàs  be   prou  qu'olaro  èro  estourdido, 
Soto,  inoucento  e  talomen  timido 


t.  Le  recueil,  qui  contient  des  pièces  en  français  à  la  suite  des  pièces  en 
rouergat,  est  intitulé  :  Poésies  diverses  Paloises  et  Françaises  p.  n.  p  *  a.  p.  d.  p. 
En  Rouërgue,  1774.  Il  est  probable  qu'il  est,  comme  l'édition  des  Quatre 
Saisons  de  1781,  l'ceuvre  de  Vedeilhié,  imprimeur  du  Roi  à  Villefranche  :  du 
moins,  je  n«  vois  pas  de  différence  dans  les  caractères  . 


6 


82 


Qu'ol  mendre  bruch  s'embôurabo  d'obort   : 
Mes  certes  uèi  be  s'es  plo  degourdido. 
Onàs  jucha  se  cal  que  siago  ordido. 
i5  Bol  o  tout  perdre  (oisô  trouborés  fort). 

Bol,   ois  èls  del  public  espondi  so  rimalho, 
Qu'oicî  siô  dich,   n'es  que  de  rofotalho. 
E  sopenden  lou  mounde  n'es  curious  : 
Ocô  lo  flato,  ocô  fo  que  trobalho 
2ù  Sus  de  suchèts  de  pauro  ôumalho. 

Onfi,  coumo  jomai  noun  fo  res  de  serious, 
O  ton  de  gens  qu'aimou  quicon  de  droite 
Cal  to  souben  qu'où  baile  pèr  escrich 
Que   lo  pigro  me  ten  de  dich 
25  Qu'es  obenado  d'oquel  rolle. 

Encaro  n'i  ses  pas  :  mesclô  dins  soun  pèrpaus 
Que  bous  poudès,  Moussu,  pèrcurà  soun  repaus 

En  jeten  so  bermino  ol  molle. 
N'o  pas  trop  mal  guinhat,  car,   pèr  oquel  estèc, 
3ù  Bous  foriàs  be  lo  barbo  ol  pus  obille  Grec. 
Tout  ocô  qu'emprimàs  se   legis  sons  lunetos   : 
S'entent,  cont  los  uèchos  soun  netos. 
De  cauque  biais  ou  sobès  oplechà 
Que  semblo  fach  pèr  ogochà. 
35  Mes  s'ogis  pas  d'oco  :  s'ogis,  cont  ôurés  lèse, 
De  li  me  faire  oquel  trobal   : 
Serô  pèr  elo  un  tal  régal 
Que  se  n'  coufloro  coumo  un  rese. 
Mes  me  dires  (que  m'es  obist  qu'où  bese)  : 
40  «  Oquelo  Muso  es  un  ouriginal   : 

«  De  bôugièiro  cal  que  sio  pleno 
«   Pèr  6u5à  moustrà  soun  bel  nas. 
«  Ornai  qu'es  de  to  bouno  meno  ! 
«  Soun  recul  noun  es  qu'un  fotràs 
45  «  D'un  trasso  de  jorgou   postràs 

«  Que  de  legi  bal  pas  lo  peno. 
«  Per  iù,  noun  bole  pas  estrolhà  moun  mestiè  : 
«   Ocà  serio  degolhk  de  popiè, 


—  83  —  ,.      . 

«  Que  d'emprimà  lous  prouduits  de  so  beno. 
5o  «  Un  tal  escrich  nou  serbiriô 

«  Que   pèr  plcgà  de   pebre  ou  fréta  lo  podeno. 
«  E  sobès  pièi  qu'orriboriô  1 
«  D'elo  e  d'iù  tout  se  truforio.   m.  .  . 
lù   pense  coumo  bous   :   mo  Aluso  es  un   pau  fado, 
55  E  sus  SOS  pretenciùs  l'ai  souben  brobejado   ; 

Mes  n'obonce  pas  res  :   m'escouto  e   pièi  se  n'  ris. 
Pèr  so  respounso  6u5ès  so  que  me  dis   : 
«  Se  se  trufou,   que  se  trufou   ! 
«  Se   me  bufou,   que  me  bufou   ! 
6û  n  AVe  n'  chautc  pas  :   lou  mete  o  faire   pis  : 

«  Se  sou  trufats  de  tont  d'autres, 
«  Que  boliôu  be  mai  que   nautres  !   u 
Es  pla  bertat,   moun  cher,   e  bous  ne  coumbendrés 
O  tout  ôutur  uèi   bol  cercà  querèlo 
65  Lo  filousoufio  noubèlo, 

01  sobent  coumo  ol  mal-oprés   : 
Siô  proufane  ou  socrat,  ocô  n'i  fo  pas  res  ; 

Tout  es  suchèt  o  so  racho  cruèlo. 
Me  troumpe,   pcr  oco   :  cresi  que  jusc'oici 
jo  Soun  fuct  n'o  pas  clopat  sul  Goscou  Goudouli, 
Saique  morcés  o  soun  lengache   : 
L'ourgul  filousoufal  ne  mespreso  l'usache. 
Mes,   ecceptat  oquel,  tout  ou   passo  ol  curbèl   : 
Lou  Turc  e  lou  Crestiô  met  ol  même   nibèl   ; 
75  Trato  lou  fat  coumo  lou  sache. 

Ocô  n'es  pas  lou   tout   :  o  lou  feple  courache 
De  se  cobra  countro  lou  Cèl   : 
Me  semblo  beire  un  joubencèl 
Ombe  un  joian  faire  o  lo  lucho. 
8j  Uèi  lou  mendrc  cscouliè,   lou  pus  sot  mormousèl, 
Qu'o  legit  dins  un  libre  emberenat  de   fèl, 
Au:5;o  se  n'   prene  o  Diùs,   bol  soundà  so  counducho 
E  lo  soumetre  os  trats  de  soun  pincèl. 
Mes  fo   pietat,   del  biais  que   l'espelucho  ; 
S5  O  so  que   li  desplai  saco  un  cop  de  coutèl   ; 


-  *4   - 

O  so  que  coumpren  pas  respoun,   d'un  toun  gonèl. 
De  grons  termes  tescuts  de  cauco  fonforlucho 

Que  fo  bodà  cauque  comèl  ; 
O  de  pauros  rosous  cargo  un  riche  montèl. 
90  Mes,  cont  finalomen  cauco  bouno  copucho 
Li  rebiro  un  pauc  soun  clobèl, 
Opp'olaro  s'i  fo  !  Pèsto  coumo  un  ôusèl 
Que  bei  que  lou  senîs  li  ben  monjà  so  frucho  ;. 
S'erisso,  bat  de  l'alo,  enracho  dins  lo  pèl, 
95  Fo  jougà  lou  renée,  o  recours  o  l'enjuro. 
Ornai,  s'es  de  besoun,  s'ojudo  de  l'ourduro. 
£  digàs  que  siô  pas  bertat  ! 
I  lAcs  que  fau  ?  perde  lo  cerbèlo  ? 

De  moun  suchèt  me  siù  rette  escortât 
100  En  porten  d'oquelo  doun^èlo 

To  fièro  de  so  libertat 
Qu'oun  pot  soufri  ni  bast,  ni  sèlo. 
Tournen  bite  o  nostres  moutous. 
Nou,  dins  lou  Lengodoc,  en  Rouërgue,  en  Goscounho, 
io5  Se  bei  pas  d'emprimur  pus  industrit  que  bous  : 
Que  diriô  lou  countrari,   iù   li  foriô  lo  mounho. 
Bejàs  dounc  arô,  o  part  toutos  foisous. 
Se  pourrés  faire  sons  bergounho 
Oquelo  trasso  de  besounho. 
xiû  E  cerqués  pas  d'autros  rosous, 

Cont  porloriàs  milhou  que  toutes  lous  Douctous. 
Mo  Muso,  se  sobiàs,  es  une  pelerino 

Que  bous  foriô  missonto  mino. 
Se  li  disiàs  encaro  un  cop 
ii5  Que  de  so  trasso  de  bèrmino 

Forôu  lou  cas  qu'on  fo  d'un  bièl  csclop. 
Que  risco  dins  lou  founs  ?   D'estre  un  pauc  criticado  7 
E  be  !  qu'où  siô,  ni  tout  de  bou 
Li  benguèsso  uno  romossado 


V,    iiS.     Editions  de  1774    et  de   i8iu  :    so  pauro  bèrmino.   Nous  suivons  la 
leçon  de  4'cdition  de   1814,  i^ui  rétablit  la  mesure  du  vers  . 


—  85   — 

iio  Que  H  lobcsso  1o  bugado   ! 

Mes  noun  serô  res,  cresès-ou   : 
Li  foriôu  pas  oquel  ounou. 
Onfi,  bous  ses  prudent  e  sache  : 
Juchas  bous  même  oquel  oubrache, 
tî5  Testas  s'i  monco  pebre  ou  sal. 

Per  iù,   que  sabe  o  pu   près  so  que  bal, 
Me  gordorai  de  dounà  moun  sufrache, 
Quoique  becho,  oprès  tout,   qu'ocô's  un  bodtnache 
Que  pot  pas  autromen  o  res  pourtà  doumache. 
i3o  E  que,   se  fo  pas  be,   foro  pas  un  gront  mal. 
Sus  oquelo  rosou  (car  oisô's  oict  l'ai), 
Se  bous  déterminas  o  ne  fa  cauque  usache 
E  que  de  l'emprimà  bous  sentes  lou  courache, 
Me  mondorés  [dej   que  bous  cal, 
t35  Boli  dire  cont  de  mitralho, 

Per  claure  dins  un  libre  oquelo  bourdufalho  ; 
Car  belèu  sérias  pas  prou  fat, 
Per  tont  qu'oici  bous  donc  d'ences, 
Per  ou  faire  o  bostres  despenses  : 
t4o  Belèu  [ij  sérias  otropat. 

Ornai  bous  obertisse,  iù  siù  pas  to  pressât 
Pèr  que,  s'ères  trop  car,   nou  me  sache  desdire   : 
Que  mo  Muso  bresene  o  soun  aise,   iù  me  n'  bire  î 
M'entendès-be  ?  Saique  aro  oqui  n'o  prou   : 
145  Siù  toujour  bostre  omic  e  bostre  serbidou, 

EsTÈBE,  paslre  del  Segolà, 


^JiLiiv 


V.   134.     La  correction  de  que,    qui    rétabli!     la    mesure,    est     dans  l'édition 
de  t8î4  . 


OBERTISSOAIEN 


Presque  toujour  un  outur, 
Per  omiedà  lou   Lectur 
E  de  sufraches  fa  recolto, 
En  debuten  pren  cauco  birobolto  : 
5  Fort  moudèste  d'obort,   pièi  se  bonto  o  rob», 
En  mespresen  lou   plat  qu'es  chormat  de  sèrbl. 
Aies  o  bel  faire  le  grimasse  : 
L'uèl  del  Lectur.   que  se   regasso, 
Distingo  lèu  l'aigo  del  bi. 
lo  Car,  coumo  dis  Boileau.  «  dins  uno  umblo  Prefasso, 
Un  ôutur  o  ginouls  o  bel  demondà  grasso, 
Se  soun  oubrachc  engendro  longuimen, 
N'es  pas  mens  regetat,   molgrè  soun  coumplimen.   m 
Per  iù,   bende   pas  cat  en   pocho  : 
t5  O  los  gens  trofegats  lo  counsencio  reproche. 
Sons  tontes  de  bistours.   sons  tout  oquel  trofic, 
Desplègue  simplomen   me  drogo 
Toute  nudo  ois  uèls  del  Public. 
Se  l'espelucho  rie  o  rie, 
20  Sabe  be  prou  que   n'ôuro  pas  gront  bego  ; 

Mes  me  counsole,   oce's  moun  tic. 
Per  mous  omits  golois,   qu'aimou   los  bôugièirados, 

Ai  fach  oquelos  rimolhados. 
N'ou  rist  ou  fach  semblon   :  aro  bole  osordà 
25  O  d'autres  brabos  gens  de  los  faire  ogroda. 
Se  côuc'un  los  legis,   l'obèrtisse  d'obenso 
Qu'i  trouborè  belèu   lo  rimo  e  lo  codense, 


-  87  - 

Mes  pèr  de  pouesio,  ho  !  H  n'  responde  pas  : 
Cap  de  pensado  nobo  oun  i  mostro  lou  nas. 
3o  Encaro  mens  qu'i  cèrque  de  poruro  : 

N'i  trouborô  que  lo  simple  noturo. 
Eh  !  coldrio  b'èstre  pla  comèl 
De  corgà  sous  escrits  d'un  peniple  ôuripèl, 
Oprès  ocô  qu'orribo  ol  paure  obat  Delilo  ! 
35  Obio  susat  o  plec  per  rebesti  Birgilo 

D'un  riche  obilhomen  tolhat  sul  goust  froncés  ; 
De  soun  esclat  tout  lou  mounde  susprés, 
Tont  o  lo  Cour  qu'o  lo  Bilo, 
Cridabo  :   «  Ay  !   lou   bel  ruse  !   qu'es  leste  !   qu'es  pla 
40  Cent  tout  d'un  cop  sus  lo  sèno  pores         près  !  » 

Un  onticaire  uflat  de  billo, 
Que  dis  que  lou  tolhur  es  un  gront  mal-oprés, 
Qu'o  fach,   pel  mens,   de  besounho  inutillo, 
E  qu'oquel  sartre  de  Fourés 
4S  Debiô  loissà  Birgilo  ount  es, 

Sons  lou  tira  de  so  couquilho 
Per  l'ofuplà  d'une  pauro  montilho, 
E  que  so  coupo  noun  bal  res. 
Li  reproche  que,  cont  trobalho. 
5û  O  pôu^à  lou  goloun,   l'estralho, 

Que   ne  met  trop  ount  ne  coldrio  pas  ges 
E  trop  pauc  ount  lou  cal  espés  ; 
Onfi  qu'oquel  pourpoint,   pus  flac  que  de  tripalho 
Ou  de  tofetas  d'Obinhoun, 
55  Del  Geourgicaire  o  desoundrat  lo  talho 

E  qu'o  fach  d'un  sobent  un  Norcisso,   un  minhoun. 
Sabe  pas  trop  se  so  critico 
Es  toujours  juste  e  sons  repliée  : 
Mes  oquel  pencheniè   me  semble  be   prou  roun. 
60  Que  que  ne   sic,   me  Muse  es  trop  oi^ado 

Pèr  mountà  jomai  sus  un  toun 


V,  44.   Sartre.   Rapiéceur,    du    pays   de    Forés.    —    47.   Edition    de    1774 
mondillo.  —   5i.  Pas  ges,  point  ;  l'employé  mal-  a-propos. 


—  88  — 

Que  U  pèrcure  uno  talo  brobado. 
O  de  pichots  suchèts  s'es  toujour  omusado  : 
Se  ten  luènho  del  bel,  de   pou  de  lou  solli    ; 
65  E  cont  fo  tont  que  de  faire  espeli 

Cauco  belugo  de  pensado, 
Se  gardo  be  de  lo  gaire  embeli, 
Pèr  so  que  s'es  persuodado 
Que,   pourbu   qu'une  fraso  un  pauc  engôu^ilhado 
jo  Escloirigo  lou  frount  d'un  mourre  regonhat 
Juscos  o  lou  coustrenhe  o  fa  lo  poscolado, 
Ombe  oco  soûl  o  prou  gonhat 
E  que  so  peno  es  pla  pogado. 
D'olhurs,  cal  rosounà   :   pot-on  finalomen 
75  Eiijà  qu'une  postroto. 

Que  pèr  countentà  so  moroto 
En  longache  poiral  rimo  tont  soulomen, 

Place  fort  juste  un  ournomen 
Del  goust  pincat,  qu'ol  jour  d'uèi  Aroto 
8û  Inhoro  trop  porfètomen 

Lou   precious  rofinomen  1 
Coumbenès  dounc  que  seriô  mai  que  soto 
De  se  dounà  d'inutille  turmen. 
Oprès  oquel  obist,  se  lou  Lectur  s'otrapo, 
85  Per  moi   !  tont  pis  per  el   :   iù   ne  rirai  jous  capo. 
Mes  lou  remèdi  es  prount   :  se   l'essach  li  desplai, 
Que  plonte  oqui  lou   libre,   ou  que   lou  saque  olai. 


x/JlXV 


V.  79,  Au  lieu  de  Aroto,  il  faut  peut-être  lire  lo  pôurolo,  ce  qui  rétablirait 
le  sens  et  la  mesure  :  la  note  de  Peyrot  (du  goût  pincé,  épuré)  est  muette 
sur  Arolo  . 


LO    PRIAIO    ROUERGASSO 

en  formo  de  geoupgicos 

POUÈME 

0  Moussu  "Desprodèls,  omic  de  l'Ogriculturo 


Dins  lou  cap,  Desprodèls,  m'obiôs  mes  lo  pensado 
De  descriùre  en  potuôs  los  sosous  de  l'onnado   : 
Toutes  catre  o  derec  los  coliô  repossà. 
D'un  torriple  trigôs  m'onabc  emborrossà   : 
5  S'ogissio  pas  de  mens  que  de  fa  lo  pinturo 
De  tout  so  que  dins  l'on  nous  oufris  lo  Noturo, 
Siô  lo  Primo  ou  l'Estiù,  siô  l'Outouno  ou  l'Ibèr  ; 
Car  caduno,  o  soun  tour,  de  l'on  o  lou  goubèr. 
Coumo  ocô  lou   trobal  jomai  noun  los  ofaisso   : 
to  Entre  uno  lo  quità,   l'autro  pren  lo  modaisso   ; 
E  l'on  noun  es  finit  que  cent  cado  sosou 
Sul  même  toroboul  o  fach  soun  escôutou. 
Dins  lo  Primo  es  questiù  de  flours  e  de  bèrduro, 
Dins  l'Estiù  de  meissous,  de  lono,   de   posturo, 


V.  7-8.    Cf.  la    lettre  dédicace  de    Los  calre  sosous   au  même,  v.    11-12,  où, 
au  lieu  de  :  de  l'on  0  lou  goubèr.  on  lit  :  se  maino  del  g.  . 


—  go  — 

i5  Dins  rÔutouno  de  frucho,   e  surtout  de  rosins, 
E  ribèr  deboutis  so  qu'on  o  mes  dedins. 
Ogacho  que  de  suèn  dounabos  o  mo  beno  ! 
Jomai  me   n'  série  bist,   per  tont  qu'ogès  près  peno. 
Pièi,   pigre  coumo  sou,   que  que  sio  me  ront  las. 

20  Essogère  pourtant,   pèr  te  dédire  pas  : 

IA.C  metère  d'obort  o  l'oubrache  ombe  fresso  ; 
Mes,  entre  débuta,   modamo  lo  Poresso 
Ben  d'un  aire  loiat,  d'un  pas  ogroumoulit  ; 
lAc  tiro  per  lou  bras  e  me  dis  :   «  Estourdit, 

25  "   De  que  te  siôs  corgat   !   Sabes  so  que  bas  faire  ? 
«   Bejo  qu'oquel  trimai  t'ouro  lo  pcl,   pecaire   ! 
«  O  moun  ribal,   ingrat,   me  bas  socrificà   î 
«  Bal   pas  mai  dins  toun  lièch  jusc'o  mièch  jour  rouncà 
«   Que  d'onà  fa,   nigaut,   sus  los  sosous  de  tèmes  ] 

3o  «  Sôurôu   pas  prou  sons  tu  se  coundure    elos  mêmes  ? 
«   Omai   pièi   per  rima  siôs  un  obille  Grec   !   u 
Oquel   pèrpaus  pèr  iù  fouguèt  un  bado-bèc, 
E  mo  dibinitat  se  n'  tournèt  sons  respounso. 
Mo  muso  sopenden,   reben  o  lo  semounso  : 

35  n  Coussi   !   que  tendriôs  pas  poraulo  o  Desprodèls  ! 
«  Pèr  lou   pus  gront  bobart  possorios  o  sous  èls. 
«  Se  los  catre  sosous  te  costou  trop  d'escrimo. 
n  Fai  toun  poussiple  ou  mens  per  li  conta  lo  primo.  » 
Onf'i  l'o  t'ai  rimado  en  gros,  coussi-coussi. 

40  Legis-lo  talo  qu'es,   moun  cher  :  bejo  l'eici. 


^JlXV. 


V.  23.  Logal,  de.  l'édition,  est  une  faute  d'impression  pour  loyat  :  il  ne 
faut  pas  songer  au  languedocien  laguiat,  loguiat.  —  Ogroumouldil  est  encore 
une  faute  d'impression,   pour   ogroumculit  . 


LO     PRl^lO 


lù  conte  lo  sosou  que   ront  o  lo  noturo, 
Oprès  lou  triste  Ibèr,   so  premièiro  poruro. 
Noun  que  bolgo  pintrà  sous  charmes  en  detal, 
Desprodèls  :  soulomen  n'ôuràs  cauque  retal. 
5  Mes  ol  siro  Opoulloun  e  touto  so  rossado 
Foguen,  coumo  se  diù,   pulèu   lo  copelado   : 
Lous  bèrses,  sons  ocô,   noun  ou   ni  suc  ni  mue. 
Gront  Diù,   que  ses  toujours  ou  quilhat  sus  un  truc, 
Ou  que  rondoulejàs  dins  lo  double  coulino, 

\o  Fosès  me  trobolhà  de  possaplo  bèrmino. 
Musos,  de  bostro  foun  lochàs  lou  roubinet   : 
Uèi  préfère  bostro  aigo  ol  boun  bi  fronc  e  net. 
Ai   !  se  sobias  coussi  mo  beno  es  ossorgado   î 
Lin'  me  n'  coldriô,   per  moi,   mai  d'uno  semolado   : 

i5  Dounàs  lin',  pèr  pietat,  ôumens  un  plen  goubèl. 
Noble  e  sobent  roussi,  tu  qu'èros  to  monèl 
Jous  lo  ma  de  Birgilo  e  del  Tasso  e  d'Oumèro, 
E  que  bas  ol  golop  cont  correjos  Boultèro, 
Souben  sios  pus  compis  qu'un  ase  del  Mounnà, 

2.0  Pegaso,  se  te  plai,   n'ones  pas  reguinna. 

Onti,  tontes  que  ses,   Diùs  mascles  e  femèlos. 
Que  trebàs  sus  un  puèch  besî  de  los  estèlos, 


V.  7.  Synonymes  populaires  qui  expriment  la  non-valeur  d'une  chose,  — 
18.  Quand  (graphie  constante)  .  —  19.  Lou  Mounnà.  Lieu  proche  de  Millau, 
où  il  y  a  grande  quantité  d  ânes. 


—    C}1    ( 

Ojudàs-me,   bou'n'  prègue  en  grondo  debouciù. 

Se   ne-s-ouplide  cap,   countro  moun  entenciù, 
25  Bous  demonde   pèrdou,   trop  respettaplo  engenso  : 

Un  trasso  de  rimaire  o  besoun  d'endulgenso. 

Dobolàs  dounc  d'omoun  ;  benès  sons  perdre  tens 

Soustene   moun  olé  per  conta   lou   Printens. 

Courache  !   Oqucl  isson  quito  lo  doublo  cimo  : 
3o  Bç-n  pcr  nous  cspirà.   Muso,   oplcchen  lo  Primo. 

Lou  coucut  o  contât   :   l'Ibèr  bo  trescoulà. 

Lo  biso  sul  Rouërgue  o  cessât  de  siflà  : 

Bo  pourtâ  sous  bufals  dins  lou  poïs  de  l'Ourso. 

Lo  Primo  se  delargo  e  coumenso  so  courso. 
35  Trop  lounc  tens  omogat.  lou  gront  astre  del  Cèl 

Mostro  déjà  lou  mourre  e  quito  soun  montèl   ; 

E  del  côudet  5efir  déjà  lo  dousso  oleno 

Dels  riùs  emprisounats  o  foundut  lo  codeno. 

Lous  gels,  qu'ol  cap  des  puèchs  semblabou  de  pendens, 
40  Se  destacou  dels  rocs  e  formou  de  tourrens, 

Que  cauques  cots  des  comps  besîs  de  los  ribièiros 

Bôu  juscos  ol  clobenc  bolojà  los  corrièiros  ; 

E,  sons  crenhe  del  frech  lou  funeste  retour, 

L'omelliè  se  desplego  o  l'esclat  d'un  bel  jour. 
45  L'emprudent   !  N'o  pas  pou  de  Josèp  lou  trincaire   ! 

Se  diùriô  soubeni  qu'o  sous  efons,   pecaire   ! 

Pla  souben  dins  lou  brès  o  toursegut  lou  col, 

Pièi  que   mêmes  onton  li  n'  foguèt  pourtà  dol. 

Lo  feguièiro,  pus  sacho  e   pus  precôuciounado, 
5o  Encaro  boucho  pas   :  cren  cauco  rebirado. 

Cap  d'autre  aubre  noun  plus,    de   pou  de  s'escôudà. 

De  se  dounà  lou  bon  n'au:;o  pas  osordà. 

Enquiô  que  del  Soulel  lo  colou  bibo  e  puro 

Ajo  rebiscoulat  tout-o-fèt  lo  Noturo. 


V.   45.    Lou   trincaire.   Qui  casse  les  amandes     :     c'est  vers    la  Saint  Joseph 
qu'elles  périssent  ordinairement     par  suite  des  gelées  tardives  . 


-  93  - 

53  Car,  suibent  lou   proubèrbi,   on   n'es   pas  ibèrnat 
Que  del  gisclous  Obriol  lo  luno  oun  n'ajo  onat. 

Lou  pastre  sopendent,   qu'en  sourten  de   lo  jasso 
O  lo  pouncho  del  jour  dôu   pèrtout  se  regasso, 
Bei  déjà  sut   pelenc,   qu'èro  obont  ièr  tout  sec, 

6j  O  so  sotisfocciù,   pounchejà  l'èrbo  o  plec   : 

«  Oici,   w  sou  se  dis  el,   «  entre  èstre  foro  cledos, 
«  Bendrai  faire  corrà  mous  bossiùs  e  mos  fedos, 
«  Ecceptat  que  de  mèstre  oun  combièsso  o  mièch  Mai.  » 
Oquel  espuor  lou  flato  e  li  ten  lou  cor  gai. 

65  Lou  bouriaire  opigrit,    qu'oun  quitabo  lo  caso 
Qu'otal,  sul  subrejour,  pèr  faire  cauco  raso, 
Aro,   ol  pus  premiè  cont  del  motinous  ôusèl, 
Sauto  sons  esità  del  lièch  sons  cubrecèl. 
Los  calcios  o  lo  ma  courris  o  lo  fenèstro   ; 

■jo  Sono  boilet,   chombrièiro,   efons,  filhos  e   mèstro   : 
N'o  ni  pau^o  ni  fi  qu'oun  bejo  pauc  o  pauc 
Sos  gens  foro  lo  palho  e  solits  de  lour  trauc. 
Cont  soun  mounde  es  en  drés,  tal  qu'un  copiol  d'ormado, 
Se  targo  e  dono  l'ordre  o  touto  l'oustolado   : 

75  n  Onen,   m  sou  dis,   «  efons,   aro  es  ouro  d'i  fa, 
«  Noun  pas  ol  fougueirou  cont  se  coliô  côufà .  .  .    » 
O  so  buôs  tout  s'onimo,  ornai  sons  esta  gaire. 
Juôn  margo  l'oissodou,   Pèire  oplecho  l'oraire, 
Ondriù   penso  lous  biôus,   Estèbe   lous  mulets  : 

80  Tont    l'exemple  del  mèstre  entoncho  lous  boilets. 
Es  otobé  pèrtout  lou   premiè  que  coumenso   : 
O  déjà  dins  un  sac  obormit  lo  semenso. 
Monjou  quatre  côulets,   pièi  bôu  toutes  essens 
Sus  un  rostoul  birat  semenà  lous  morsens. 

85  D'eles  mêmes  lous  biôus  benou  d'un   pas  tronquille 
Jous  los  cinglos  del  joue  courba  lour  col  doucille. 
Ondriù  lous  met  d'obont  jounches  de  dous  o  dous. 


V.  66.    Que  otal 


—  94  - 

Lou  mèstre  ombe   un   porel   bo  trossà  lous  silhous  ; 
Car,   pèr  poude  o  proufit  emmersà  lo  semenso, 

90  Cal  d'uno  rego  o  l'autro  oupserba  lo  distenso. 
Se  molurousomen  un  noubice,   un   plonsart, 
Sons  lo  sègre  de  l'uèl  l'escompilho  o  l'osart, 
Oici,  cont  es  noscudo,   obès  uno  escloirido 
Ount  creis,   en  loc  del  blat,     lo  rounso  ou  lo  colcido 

95  Olai  besès  un  floc  semenat  trop  espés, 

Que  prouduiro  prou  palho  e  de  gro   presque  ges. 
Lou  bouriaire  endustrit  e  qu'o  cerbèlo  en  closco 
Lo  perdrô  pas  otal  :  sap  trop  que  ne  bal  l'osco. 
El  même  o  bisto  d'uèl  li  mesuro  lou  jas, 
too  Lo  jèto  oprès  ocô  de  tout  lou  bon  del  bras  ; 
Lo  relho  d'aussitôt,  dount  el  guido  lo  routo, 
S'espinto  dins  lo  terro  e  soullèbo  lo  mouto, 
Qu'en  retoumben  en  pousso  ensebelîs  lou  gro, 
Qu'o  lo  premièiro  imour  se  rebiscoulorô. 

io5     Tout  escàs  sou   portits,   que  lo  maire  e   los  filhos 

Otricou  déjà  Tort  pcr  fa  los  semenilhos, 

Tout  s'ocompo  sul  ser  pèr  fa  lou  despèrti. 

Cuno  tolen  !   Diù  sap,  obiôu  dinat  moti. 

Juscos  o  jour  folit  aro  bôu  fa  lous  crèsses. 
\\o  Mes  o  porà  lous  prats  seriô  tems  que  soungèsses, 

Coûtais  :  escortàs-ne  tout  lou  menut  bestial   ; 

Dubrissès  lo  rigolo  e  curas  lou   besal. 

L'èrbo  nais  :   ogochas  qu'oun  li  coupou   lo  pouncho. 

Lou   pastre,   dins  lou  tens  que  fosès  une  jouncho, 
ii5  Pourriô  be  d'escopado  i  mena  lous  moutous  : 

Lou  pendart,  se  poudiô,   n'i  foriô  pas  o  dous. 

Mèstro,   aro  longuissès  que  l'estèlo  siô  bèlo 
Per  poude  semenà  lo  grono  de   lo  tèlo  : 
Lo  conobièiro  es  presto,   omai  lou  conobou   ; 


V.  104.    Humour  .  —  109.  Bôu  fa  lous  crèsses.  On  \>a  fouir  autour  d'un  arbre 
ou  d'un  roc  où  la  charrue  n'a  pu  passer. 


-  95  ~ 

1ZJ  Lo  tcrrado  es  coufido  omb'   un   pauc  de  migou. 
Soucàs,  se  me  cresès,   de  pou  de  desfourtuno, 
Jusc'o  tont  que  de  Mars  tenguen  lo  pleno  luno. 
Semenàs  bostro  grono  olaro  un  pauc  espés, 
E  cossàs  lous  ôusèls,   que   n'i  loissoriôu  res. 

125  Plontàs  ol  cap  d'un  pal  uno  bièlho  roupilho 
Que  boultige  sons  cèsso   :  ocô  lous  escompilho. 

Mes  lou  salse  es  en  sabo  e   pousso  sous  cotous  ; 
Lou  lillà,   lou  rousiè  sou  corgats  de  boutous. 
Déjà  dins  lou  boloun  gémis  lo  tourtourèlo. 

i3o  O  l'entour  des  pusauts  ben  roudà  l'iroundèlo  : 
Gosoulho  de  plosé,  cont  recouneis  l'oiral 
Ount  èro  onton  soun  niù,   qu'uèi  n'es  pas  qu'un  cosal. 
O  lou  tourna  bosti  besès  coussi  s'ofano  : 
Coumo  lou  quiù  d'un  lun   pèr  fourmà  so  cobano, 

i35  Correjô  lou  cimen  en  diguen  so  consou   ; 

Soun  bèc  es  tout  ol  cop  lo  tiplo  e  lou  mossou. 
Déjà  lou  posserat  besito  so  toupino  : 
De  palho,  de  borgun,   de  cauco  plumo  fino, 
'  Bo  gorni  soun  lichet  d'un  moufle  motolàs 

140  Qu'o  lo  frucho  o  béni  serô  d'un  gront  sôulas. 

Filhos,  de  l'omouriè   lou  broutou  s'esporpilho  : 
Metès  bite  o  couà  lous  iôus  de  lo  conilho, 
Que  pcnden  catre  cots  cal  que  mudc  de   pèl 
Obont  de  s'entorra  dins  un  riche  toumbèl. 
145  De  moumen  en  moumen  disporés  lo  frescuro  ; 
Lo  terro  se  cubris  d'un  topis  de  bèrduro. 
Déjà  lous  ôuselous,  sus  de  tendres  romèls, 
Ossajou  lours  gousiès  o  de  councèrts  noubèls.  .  . 

Mes  qu'es  oquel  bobau   mountat  sus  de  floùtos, 
i5o  Qu'o  lou  cap  dins  un  sac  e   lous  uèls  jous  de  cutos  1 
Noun  seriô  pas  oiso  cauque  furgo-bournhou   ? 


V.    141.    Bouto,  faute    d'impression  .    —    i5o.     Ceux    qui  tirent  le  miel  des 
ruches  se  couvrent  le  visage  de  peur  de  l'aiguillon. 


-  96  - 

Qu'es  empopoulhounat  !  Saique  o  pou  del  fissou  !  .  .  . 
N'es  un,  me  troumpe  pas.  Oh  !  d'oquel  cap  de  selho  ! 
Omb'un  brondou  fumous  n'o  poun  cossat  l'obelho  ] 

i55  Lo  pauro  repoutègo  en  bejen  lou  brutal 
Que  gasto  so  besounho  e  li  euro  l'oustal. 
Otal.  sauf  lou  respèc,   cont  l'emplegat  de  talho 
Dins  uno  pogesiô  bo  fairo  lo  bistalho 
E  qu'emporto  cremal,  forrat,   oulo,   poirol, 

i6o  Lo  mèstro,   se  poudiô,   li  tourserio  lou  col. 
L'obelho,  urosomen,  pot  reporà  so  pèrto. 
De  milo  e  milo  flours  lo  companho  es  coubèrto  : 
Ne  poumporô  lou   suc  dins  lous  comps,  dins  lous  prats, 
Surtout  dins  lous  jordins,  que  ne  sou  bigorrats. 

i65  D'oquelos  del  bouissou   lo  rondo  es  courounado  ; 
D'oquelos  del  ginèst  lo  coumbo  es  ocotado. 
Sus  lo  plono,   sus  puèchs  los  besèn  espeli   : 
Poudèn  pas  faire  un  pas  aro  sons  n'estroli. 
Ai  I  cun  baume  pel  nas  !  cun  charme  pèr  lo  bisto  ! 

\yo  Cal  s'6u5ori6  bontà  de   ne  faire  lo  listo  1 
Pèr  iù,  de  los  countà  me  foriô  pessomen   : 
De  miliouns  o  mous  pès  ne  nais  o  tout  moumen  ! 
Que  nou  me   parlou   pas  de   los  flours  des  portèrros. 
Que   pousso  obont  lou  tems  lou   fcurnèl    de   los  sèrros. 

175  Del  simple  noturèl  qu'un  sot  Cresus  lossat 
Exige  de   lo  terro  un  oumache  foursat   ; 
Que   per  el  lou  rousiè  se  flourigue  obont  l'ouro, 
E  que  joungo  o  soun  aise,  ol  plosé  que  sobouro 
Cont  bei  sus  de  grodins  sous  bases  obondats 

180  E  de  nenes  estrons  de  grons  teatres  boundats, 
L'espettacle  chormant  d'uno  aigo  emprisounado 
O  forso  de  destours  jusc'ol  cèl  elonsado  : 
Pèr  iù,  certo,  aime  mai  beire  l'aigo  d'un  riù. 
Que  serpento  sons  gèino  e  sons  ofectociù   ; 

185  Aime  mai  sus  sous  borts  beire,   ombé   lo  biùleto, 


V.    134.   On  fait  aussi  de  la  fumée  pour  écarter  les  abeilles. 


—  97  — 

Lou  simple   boutou  d'or  e   lo  morgorideto 
Naisse  dins  lour  sosou   pelle  e   mèlle  o  l'osart, 
Que  lou  lucce  d'un  ort  que  flouro  tont  o  l'art.  .  . 

Pendent  que  tont  de  flours  brilhou  sus  lo  pelouso. 

190  Lou  berdiè  nous  onounso  uno  onnado  oboundouso. 
Cado  aubre  nous  proumet  de  frucho  un  plen  groniè 
Mos,   pourren  oqueste  on  fa  troutà  lou   poniè... 
Mes  cun   poulit  councèrt  se  fo  dins  lou  bouscache   ! 
D'un  frami  d'ôuselets  entende  lou   romache   : 

195  Oqui  lou   repetit,   l'ouriol,   lou   roussinhol, 

Jous  un  noisent  fulhache  uflou  lou  gorgolhol. 
Lou  mèrlhe,   lou   pinsart,   lo  gribo,   lo  fôubeto, 
Lou  gach  que  bol  porlà,   l'ogasso  que  coqueto, 
Lous  menestriès  de  l'èr,   toutes,  grons  e  pichous, 

100  En  conten  lours  omours,   bolou  de  dous  o  dous. 
Loissen  lous  egoià   :   qu'o  lour  plosé  fredounou. 
Onen  beire,   pogés,  tous  roubes  que   broutounou   : 
Que  de  socats  d'oglon  jous  aubres  toumborôu 
E  coussi  lous  tessous  se  n'  orrigoulorôu   ! 

205  Pièi,  con  foras  mosèl,   beiràs  conhe  solache   : 

Lo  car  serô  pus  fèrmo  e  d'un  milhour  usache .    . 
Onfi  l'astre  brilhent,   que  countunho  soun   cours, 
Sus  l'alo  dels  5efirs  o  menât  lous  bèls  jours. 
Oco's  fach   :   pus  de  nèu,   de  gibre,   de  jolado. 

210  L'obouribo  seguiol  es  gairebé  'spigado. 
Tont  o  lèu   l'ordical,   que   benèn  de  sôuclà, 
Pressât  per  lo  colou.   coumenso  de  s'usclà. 
E  tu,   paire  del  jour,   amo  de  lo  Noturo, 
Que  nous  dounos  l'espuor  d'oboundà  de  posturo, 

it5  Soulel,   de  tous  befachs  t'ones  pas  repenti   : 
Ajos  pietat  del  blat,   que  coumenso  o  poti   ! 
O  l'ordou  de  tous  fiocs  so  combo  es  mièch  secado  : 
Fai  qu'i  tombe  dessus  uno  dousso  rousado   ! 
Pogés,   siôs  erôusat.   Oquel  obille  oubriè 

220  Bo  faire  dobolà  d'un  nuache  lougiè 

Sus  tous  comps  olterats  uno  pluejeto  fmo. 


9» 


Qu'obiùrorù  tous  blats  juscos  o  lo  rocino. 
Ai   !   mos,   toumbo  déjà   !   Cuno  benedicciù   ! 
Cuno  ôubeno  surtout  per  lou  morsenc  tordiù   ! 
225  Sourtès  toutes,   sourtès  sul  lundà  de  lo  porto  : 
Besès  coussi  lo  boujo,   omai  n'es  pas  trop  forto. 
Soulel,    te  remerciôn  d'uno  talo  fobou   : 
Otal,   de  tens  en  tens,   moudèro  toun  ordou, 

Aro  que   lous  efons  ocompou   los  bouchingos  ; 
zZo  Sus  trucs  l'opouticaire  omasso  sos  poutingos  : 
N'esprimorô  lou  suc  o  forso  de  trobal, 
Que,  dounat  o  prepaus,  guerirô  de  tout  mal. 

Aluso,   quiten  lo  plono  e  mounten  o  lo  binho. 

D'èstre  to  pôu^odis  lou  fousèire  s'endrinho  : 
235  N'o  rosou   ;   lou  repaus  dono  pas  o  dinà. 

Benès  dounc,   brabes  gens,  courache   !   onen  bina, 

Lo  maire  del  rosin  de  bourres  es  cubèrto  ; 

Lou  bel  tens  bous  coubido  e  lo  logo  es  dubèrto. 

Se  bous  sobès  entendre  en  foguen  lou  mercat, 
240  Lou  bigôs  gonhorô  de  liardos   un  socat. 

Cune  boulegodis  !   Tout  sort  de  so  côuquilho  : 

Cargo  biasso,  borral,  bigôs  sus  so  roupilho. 

Del  cric-crac  dels  esclots  lo  plasso  retentis  ; 

Bref,  lou  mercat  se  sarro  e  lo  colo  port'is. 
245  Ah  !  mes  sul  subrejour  cal  ôu^i  lo  godasso  ! 

Cont  de  cots  bôu  cridà   :    «  Gront  bien,   en  prou  bouj 

Entre  obère  dinat,   ou  fach  lou  desporti.  [fasso  ! 

Pièi  s'otacou  côuc'un,  ah   !   be,   lou  fou   poti   ! 

Li  retrassou  sons  cèsso  ocô  que  mai   lou  fisso   ; 
25û  Souben  lou   pus  golous  es  lou  que  mai  s'otisso. 

Cont  ou  de  ma  de   mèstre  estrelhat   lous  presens, 


V,  zi5.  Edition  de  1774.  l'undo,  édition  de  1781,  lunda  .  —  219.  Bouchin- 
gos, plante  laiteuse  qui  croît  dans  les  prés  au  Printemps  et  que  les  enfants 
mangent.  —  233.  Mounten.  Presque  toutes  nos  vignes  sont  plantées  sur  des 
hauteurs.  —  240.  Liardos.  La  manière  de  calculer  leur  gain  est  de  compter 
par  pièces  de  deux  liards. 


—  99  —     • 

lù  bous  donc  o  pensa  se  tocou   lous  obsens  ! 
Tout  dins  un  gront  detal  es  possat  en  rebuo  : 
Res  noun  es  espornhat  del  cap  jusc'o  lo  eue. 

255  Toujour  me  soubendrai  c'un  biache,  o  Coùssibols, 
Entre  eles  pèr  osard  se   porlabo  de  bols  : 
n  Oquel  ponèt  oiso,   l'autre  ponèt  lou  rèsto   ; 
«  Un  tal  uno  cosaco,   un  tal  autre  uno  besto.   » 
E  lou   noun  de  cadun  escullat  sons  foisous. 

260  Olaro  se  quilhèt  un  bièl  tout  grupelous  : 

«  Bautres  porlàs  oquî  de  bols,   de  bourdufalho  : 
«  lù  bou'n  bau  dire,   efons,   un  que  n'es  pas  de    palho. 
«  Lo  pèsto   !  Es  estât  fach   per  un  riche  boulur.   w 
Tout  de  suito  lou  conto,   e  noummo  lou  Moussur. 

265  De  rire,   en  roÙ5iguen,   touto  lo  colo  esclato  : 

«  Soun  paire,   m  diguèt  un,   «  en  jouguen  de  lo  pato, 

«  Diù  l'aje  pèrdounat  !  foguèt  un  boun  oustal   ; 

«  Mes  lou  fil,   per  mo  fu6,   lou  cresi  pas  otal. 

—  Boun,  «  respount  lou  cirous  en  frètent  sos  porpèlos, 

270  «   Un  ôubespic,   tobô,   pot  fa  que  d'onsonèlos.   m 
Pièi,   cont  6u   prou  medich  e  del  tiers  e  del  cart, 
Parlou  de  tout  oc6  que  lour  ben  pèr  osart. 
De  poulisso,   d'impôts,   e  de  pèrto,  e  de  lucre   : 
Lou  tout,  coumo  s'entent,   pla  soupoudrat  de  sucre. 

275  Tout  lou  manne  del  jour  countunho  oquel  boral   : 
Otal  charmou  lo  peno  estocado  ol  trobal. 

Fennos,   rebelhàs-bous   :   lo  combe  se  fo  nauto  ; 
De  tèlo  un  plen  oustal  countàs  qu'ôurés  sons  fauto. 
Se  pot,  sons  desobièn,   beire  los  borgosous. 
280  Efons,   l'èrbo  se  seco   :  oicî   los  fenosous. 
Es  ouro  aro-metèu  de  fa  jougà  lo  dalho. 
Car  del  fe  trop  modur  lo  mitât  se  n'  estralho. 
Filhos,   per  lou  brondi   prenès  fourco  e  rostèl  ; 
Pièi,  cont  l'ôuren  birat,  toucoren   lou  contèl. 


V.  268.     Edition  de   1774,  foï  .  —  170.  Oubespic.  Buisson  dont  on   forme  les 
haies,  qui  porte  un  petit  fruit  rouge  que  mangent  les  cochons. 


'Oniver>  . 

BIBLIOTHtCA    J 


285       Coidriô  b'  aro   porlà  de   pastres  e  de  fedos, 
D'onhèls  e  de  moutous,   de   pargues  e  de  cledos, 
De  toundesous,  de  lono,   e  sus  que  tout   de   lach. 
Tonquen-nous  sus  oquel   :   uèi  ne   rajo  un  bel  trach. 

0  lo  pouncho  del  jour,   cont  tout  se  derebelho. 
290  Lo  cobonièiro  ol   pargue  orribo  ombé   lo  selho. 

S'espeltiro  ol  soumés  per  lou  faire  rojà, 
E,  se  rajo  trop  prim,   lou  sap  soubotejà. 
Cal  que  sus  un  fioc  clar,   obont  d'èstre  en  colhado, 
Lou  lach  rigo  un  moumen   ;   e  lo  crèmo  es  triado. 
295  Oprès,   lou  cal  jeta  dins  un  gront  coulodou 
E,  tout  lou   remenen,   i  traire  lou  presou. 
N'es  pas  pus  lèu  colhat  qu'un  petossal  de  filho, 
Que  n'o  d'autre  souci  qu'oquel  de  lo  mongilho, 

1  bo  plontà  dedins  sous  brasses  retroussats  ; 
3ùû  E,   pèr  tont  qu'o  l'oustal  lous  ofàs  siau   pressats, 

D'oqui  boucho  pas  mai  que  s'èro  estobonido   : 
Souben  sul  coulodou  l'ôu  troubado  endourmido. 
De  lo  foisèlo  onfi  cont  es  trach  l'encolat, 
Bo  secà  lentomen.   luèn  de   l'arpo  del  cat. 

3û5  Quont  es  sec  o  prepaus,  se  despacho  un  messache, 
Que  porto  o  Rocofort  lo  fourmo  de  froumache. 
Oqui,   dejous  un  roc,  diù  gémi  joui  coutèl 
E,   pèr  combià  de  noun,  combià  bint  cots  de  pèl. 
Pièi  se  fo  cauco  drogo,   ombé  lo  roscloduro, 

3jo  Que  s'espondis  sul   pa  coumo  de  counfituro. 

Mes  d'oquel  coumponache  oun  cal  gaire  serbi   : 
Fo  bourra  trop  de  micho  e   pintà  trop  de  bi. 
Coumo  de  dessul  lach   lo  crèmo  s'es  tirado, 
Sus  lo  gaspo,   o  pu   près,   lo  recuècho  es  lebado   ; 

3«5  E  pièi,   dins  lous  founsils  fou   bouli  de  croustous, 
Que  sou,   pèr  l'oustolado,   un  bouci  rogoustous. 


V.  306-7.  On  le  porte  à  Roquefort,  dans  des  cabanes  (sic)  taillées  dans  le 
roc  ;  c'est  là  qu'on  l'apprête  en  le  raclant  beaucoup.  —  309-10.  Des  raclures. 
on  fait  ensuite  une  pâte  fortement  épicée.  qui  sert  de  pitance. 


I 


Mes  qu'oÙ5issèn  ?    Gront  Diù.  cuno  tristo  noubèlo   ! 

Coùc'un  o  nostre  Rei  boudriô  cercà  querèlo  î 

Sap  pas  dounc  qu'o  prou  gens  pèr  défendre  l'Estat, 
320  Ah   !   que  bengo,   parbiù   !   serô  pas  mal  frétât. 

Quioppé   !   Mes  pèr  ocô  disou  que  lo  Justisso 

O  déjà  ressôugut  l'ordre  de   lo  milisso. 

Lo  pèsto  lou  molur   !   Sèn  be   mal  o  chobal. 

Cado  on,   d'oqueste  tens,   obèn  oquel  rombal   ! 
325  Coumissàris,   oumens  esporgnàs  lo  componho. 

De   pastres.   de  boilets,   que  déjà  lo   pou  gonho, 

Boules  que  de   lo  guèrro  opréngou  lou   mestiè 

E  qu'ajou   prou  de  cor  per  tùà  sons  cortiè  ? 

De  missons  gornimens  monco   pas  dins  los  bilos, 
33o  Persounos  ol   public,   per  lou   mens,   inutilos   : 

Sus  oqueles  fenians,   Messiùs,   bous  cal  clopà 

E  loissà  de  repaus  lous  que  gonhou   lou   pa. 

Helas  !  cont  entendriôu   lou  tombour.   lo  troumpeto, 

Coussi  regrètoriôu   lo  posiblo  museto 
335  Qu'onimèt  font  de  cots  lour  donso  ol  coumunal, 

Cont  obiôu  de  bouno  ouro  ocobat  lou  journal   ! 

Pastre,   te  soubendriôs,   ol  tour  de  lo  gomèlo, 

Qu'obiôs  de  colibots  to  coumoulo  escudèlo. 

Ornai  belèu  diriôs,   en  corguen  lou   mousquet, 
340  So  que  diguèt  un  cop  Togne  del  mas  Rouquet. 

Ero  toumbat  ol  sort   :   se  n'  fugis.   lou  bôu  quèrre    ; 

Lou   bardou   per  dobon  d'uno  placo  de  ferre   : 

«  Que  me  corgàs,   »  dis  el,   «   qu'es  oquel  otiral  ? 

—  T'essage,   w  dis  l'orquiè,   «   lo  gardo  del  peitral. 
345  «  Se  sobios  que  fo  gauch  dins  un  jour  de  botalho, 

«  Cont  lou  solpètro  groundo  e  que  ploù  de  mitralho  ! 

—  Pièi  que  cal  robolà,   m  dis  Togne,   «  oquel  fotràs. 
n  Sente  que  fugirai   :    socàs   lou  me  detràs.   m 

Mes  boun   !   Tout  o  tirât  sons  que   lou  sort  boulache 


V.  340.  Edition  de  1774,  'Rauquet.  Il  faut  certainement  lire  Houquet  (nom 
d  une  ferme,  près  Millau).  La  2«  rédaction  donne  :  Toni  del  mal  Jcnquet, 
faute  d'impression  pour  mas  Jonqucl  . 


102 


35o  Siô  toumbat,   Diù  morcés,  sus  degus  del  bilache. 
Moussur  lou  coumissàri  o  fach  tout  coumo  cal. 
Embliden  oquel  laï  e  tournen  ol  trobal. 

Jous  lo  bobou  de  l'aus  lou  bestial  se  bo  foundre  : 
Pren  los  toulouiros,  Juon  ;   bejo  que   lou  cal  toundre. 

355  Obèn  besoun  de  lono,   onen  lou  descorgà   : 
Beiren   pas  tont  o  lèu  que  nous  codrô  segà. 
Déjà  sul   prat  toundut  lo  longousto  sôutilho, 
Lou   riquet  fo   :  cric   !   cric   !   lo  cigalo  bresilho, 
E  lou   bobau  lusent,   ol  copèl  estocat, 

36o  Lo  nuèch,   fo  lo  founcciù  d'un  colel  olucat. 

Olèrto  !   Eicî  Sent  Jan  qu'onounso  lo  recolto  : 
De  forino  otobé  n'obion  pas  qu'une  molto. 
Aro  es  ouro   :  ocoulats,   osugàs  lou  boulon. 
N'ôuren  pas  prou  groniès  per  lo   claure  oqueste  on. 

365  Lou  gro  se  descufèlo,   e  lo  fournise  obaro 
O  fa  sas  perbesiùs  odejà  se  preparo. 
Pogés,   as  pla  trimât   ;   mes  aro  t'es  be  dous 
De  tene  jous  to  ma  lou  fruit  de  tos  susous. 
Lou  gro  tont  désirât  uèi  fo  to  recoumpenso. 

370  Ah   !   qu'entre  gens  e  gens  métro  de  diferenso  ! 
Del  paure  rossosiat  lo  joio  esclotoro, 
E  lou   riche   usuriè  belèu  se  n'   penjorô. 


Mes,  mo  Muso,  oun  penson  ?  Sons  sourti  de  lo  Primo, 

Sus  ofàs  de  l'Estiù  fosèn  troutà  lo  rimô  ? 
375  Oh   !   laisso-lou  m'   olai   :   serion  hz   prou  countens, 

S'obion   pla  descutit  oqueles  del  Printens. 

Mes  n'i   pode   pas  mai   :   n'ai  dich  tout  so  que  sabe   ; 

E,   s'oco  sufis  pas,   que  côucun  mai   l'ocabe... 

Que  côucun  mai   l'ocabe   ?  Eh   !  cal  seriô  prou  fat 
38o  Pèr  reprene  lou  fiol  d'un  oubrachc  moncat  ? 

Cal  ?..    lou  tenèn.   Un  sache  omant  de  lo  Noturo, 

Lou  curiùs  Desprodcls,   que  de   l'ogriculturo 


—   io3  — 

Ocb  de  Pèire-Jan  bo  prene  de   leisous, 

E  que  sus  l'orchibonc,  tout  monjen  sons  foisous 
385  Uno  lisco  de  tourto  ocotado  de  crèmo, 

Li  fo  milo  questiùs  sus  l'art  de  Triptoulèmo. 

Oquel  l'ocoborô,   ne  siù  be  pla  segur  ; 

Car  el  se  preso  pas,  suibont  qu'es  un  Moussur,  .  . 

Oui,   moun  cher  Desprodèls,   aro  ocô's  toun  ofaire. 
390  Bai  te   n'  ocoumponhat  d'oquel  brabe  bouriaire  : 

De  l'oimaple   Printens  que  t'ai   prou   mal  contât, 

Gountemplo  de  tous  uèls  lou  charme  e  lo  bèutat. 

Bai  courre  de   Mountels  los  coumbos  e  los  plonos  ; 

E  cont  seras  mountat  jusc'ol   plo  de  Soulonos, 
395  Sus  un  bonc  de  gosou,   o  l'oumbro  d'un  nouiè, 

Colculo  lou   prouduit  d'un  journal  de  bouiè. 

Regasso-te   partout   :   bejo  lo  coutrilhado 

De  fedos,   de  moutous,  sul  debés  delorgado. 

Ôu^îs  lou  mojoural,   qu'en  mièch  de  soun  troupèl 
400  Fo,   dejoust  un  sourbiè,   petà  lou  coromèl. 

Dins  lo  coumbo  besino  ogacho  lo  postreto, 

Bestido  soulomen  d'uno  comisouleto. 

Que  gardo  sous  onhèls,   en  tournejen  lou  fus  : 

Es,  cont  lous  bei  boundi,   pus  fièro  que  degus. 
405   Te  lasses  pas  de  beire   :  entre  l'oumbro  èstre  basso, 

Bai  te  quilhà  sul  tertre  ount  se  targo  to  jasso. 

Oquj  fai-te  tout  uèls  :   pèrtout  beiràs  de  blats 

Odejà  to  roussèls  que  semblou  de  ducats  ; 

Bejo  de  lo  seguiol  coussi  lo  longo  espigo, 
410  Trop  couflado  de  gro,   se  courbo  de  fotigo  ; 

Bejo  coussi  sons  cèsso,   ogitado  pel  ben, 

Oundejo  dins  lo  plono  uno  mar  de  froumen. 

Ai  !  coussi  bas  trouba  qu'uèi  lo  Noturo  es  bèlo  ! 


V.  383.  Pierre-Jean.  Fermier  fort  expert  dans  son  art.  —  393.  Mounlels. 
Grand  domaine,  appartenant  à  M.  de  Carbon,  conseiller  au  Parlement.  — 
394.  Souîonos.  Autre  domaine  contigu,  appartenant  à  M.  Peyrot,  conseiller  à 
la  Chambre  des  Comptes  de  Montpellier.  —  406.  M.  Despradels  a  dans  son 
doniaine  un  monticule  en  pain  de  sucre,  où  il  a  fait  bâtir  une  bergerie, 


—   to4  — 

Laisse  toujours  tous  ucls  courre  lo  potontèlo  : 

415  Ogacho  lo  lusèrno,   ogacho  l'esporcet. 
Pèr  te  fotigà   pas,   pièi  monto  d'oposset, 
E  beiràs  fresquejà  sus  coustals,   sus  trobèrses, 
Los  gièisos,   lous  fobous,   los  entilhos,   lous  èrses, 
Lous  pesés,   lous  becuts.   onfi  tout  lou   legun, 

4io  Sons  countà  lous  mendits,   que  sou   lou  rofotun. 
De  lo  bigno  o  bèls  pans  beiràs  creisse  lou  bourre 
E  déjà  del  rosin  se  desplegà  lou  mourre   : 
Lous  celiès  serôu   pies  d'oquel  sent  olimen 
Que  lo  pauro  Aloruoto  oimabo  unicomen. 

425  Pèr  fini  moun  prepaus,   s'ai   prou  bouno  memorio, 
01  suchèt  des  mendits,   te  bau  counta  l'istorio 
D'un  certèn  Loiroulet  de  lo  Coboloriô   : 
En  tout  cas,   Restôurant,   segur.   se  n'  soubendriô. 
Oquel   pastre,   sodoul  d'oquelo  pauro  grono, 

4^0  Que  lou  teniô  couflat  set  jours  de   lo  semmono. 

Un  ser  que  dins  lo  jasso  obiô  claus  sous  moutous, 
S'i  troubèt  retengut  pèr  un  ôurache  ofrous. 
Toutes  lous  elemens  entre  elses  obiôu  guerro  ; 
Lous  liùses  e   lous  trons  fosiôu  tromblà  lo  terro. 

435  Lo  tempèsto,   lous  bens  dins  lous  èrs  debondats, 
Lo  pluèjo  que  del  cèl  toumbabo  o  forrodats, 
E  lo  grèlo  surtout  que  déjà  s'i  mesclabo, 
Pièi  l'ourrour  de   lo  nuèch   :  tout  ocô  l'esfroiabo. 
El  se  metèt  olaro,   en  grondo  debouciù, 

440  O  pregà  Nostre-Senhe   ;   e   li  disiô  :   «  Aloun  Diù, 
«  Counsèrbàs,   se   bous   plai,  lou  froumen,  lo  pôumoulo 
«  D'ordi,   de  blat  groussiè  que   l'airo  siô  coumoulo   : 
«  Counsèrbàs  lou   legun,   lo  mesclo,   lo  seguiol   ; 
"   De  cibado  otobè   qu'oun  se   perde   pa'n  piol  : 


V.  428.  "Restôurant.  M.  Peyrot-Rcstaurant  raconte  cette  histoire  avec  tous 
ses  agréments,  sans  omettre  une  syllabe,  de  la  prière  du  berger.  —  429-30. 
Son  maître  était  un  avare,  qui  lui  faisait  manger  continuellement  de  ce 
légume,  qui  gonfle  l'estomae. 


—    io5   — 

445  «  Gordàs-ou  tout  de  mal.  surtout  de  pèiro  frejo. 
«  Mes  de  ne  fa  toumbà,   moun  Diù.   s'obès  ebejo, 
«  Que  fourbie  ou  mens  lous  blats  sus  lo  borio  espondits  : 
«  Pièi,   que  tombe  o  soun  aise,  e  tustals  sus  mendits...  m 
Tustals  !  Lou  terme  es  flac  e  disounro  lo  fraso  : 

450  Lou  qu'i  metiô  lou   pastre  o  bel  cop  mai  d'omfaso  ; 
Es  pus  fier,   pus  rounflant,  oco's  be  pla  segur, 
Mes  me  semblo  o  l'ôurelho  uno  menrobriô  dur. 

Finiguen   :  otobé   lo  Primo  o  fach  so  courso  : 
D'Erigono  déjà  lou  chi  brullent  l'ocourso. 
455  Obèn  fach  prou  besounho   :   es  tens  de  se  poÙ5à. 
Siù  countent,   Desprodèls,   se  te   pot  omusà. 


^JllLV 


V.  445.  Pèiro  frejo.  C'est  ainsi  que  les  paysans  appellent  la  grêle.  —  448. 
Grands  coups.  Le  mot  du  berger  était  plus  tranchant,  mais  plus  grossier. 
Il  s'agit  du  mot  fouirais,  qui  est  devenu  depuis,  sinon  moins  grossier,  du 
moins  tellement    usité  qu'on  n'en  est  nulleitient  choqué 


LOU   REI   REGOUAIBOLIT 


DE    LO    MOLOUTIE    QU  OJET    O    METZ,     EN    FOGUEN    LO    GUERRO 


ODO 


Qu'es  tout  oquel  troutachc 
Que  pel  poïs  ôu5issèn  1 
Cado  jour  to  cauque  ôurache   : 
Oquo  n'onat.   pcrissèn. 
5  Lous  fiots  del  Cèl  se  destacou   : 
Tout  tromblo  des  pets  que  sacou. 
Lou  tron  broun:5;is  o  soun  tour. 
Sai   pas  iù  que  bolou  faire   ! 
Jomai  s'es  bist  tont  d'esclaire   : 
lo  Lo  nuèch  rebèrto  lou  jour. 

Ah   !   boun   !   aro  descoubrisse 
Qu'es  causo  de  tont  de  bruch   : 
Lous  Bibe  le  "Roi  !  qu'ôu^isse 
Me  n'  disou  prou  ;  mo  pou  fuch. 

i5  Louis  benquis  tont  d'oustacles  : 
Fo  talomen  de  miracles, 
Tont  en  gucrro  coumo  en   pas, 
Que,  de  temounhà  so  joio, 
Lou  Froncés  de   bouno  boio 

20  Saiqu'oun  se  lossoro  pas. 


—    \0J    — 

Otobé  cal   pourrie  creire, 
01  mens  d'èstre  o  sous  coustats, 
L'ogofetat  qu'el  fo  beire 
Pèr  lou  be  de  sous  Estats  ! 

25  Coumo  lou  milhou  des  paires, 
El  counduis  nostres  ofaires, 
El  bei  tout  e  tout  ou  sap. 
Juchas  be  que  cap  noun  baisso, 
Cont  d'uno  talo  modaisso 

3o  Un  tal  mèstre  tei  lou  cap. 

Desempièi  qu'es  o  lo  guèrro, 

Oh   !  tout  ou  fo  benî  fol. 

Dins  touto  l'estronjo  tèrro, 

Noun  s'entent  que  brons  de  dol. 
35  Cap  de  bilo  ni  de  plasso 

Noun  tendre  :  tout  ou  frocasso. 

Eh   !   que  bol  que  ne  foguen  1 

Parbluro  !   mes  qu'oisô  dure, 

Crese  pas  iù,  jomai  jure. 
4û  Qu'oun  lei  nous  espondiguen  ! 

Colen-siau.   Que  sobcn  nautres  1 

Louis  fo  tout  coumo  cal. 

Aro  ne  bol  cobi  d'autres 

Sons  nous  bercà  nostre  oiral. 
45  Car,  pèr  el,  noun  se'n  chaut  gaire 

De  be,   pèr  el,   n'o  que  faire   : 

Es  un  prou  riche  pogés. 

Mes  s'olongo  l'estrebièiro, 

Oco's  pèr  fa  lo  berquièiro 
5o  0-n-oqueles  que  n'ou  ges. 

Ou^ès  dounc,   gens  de  remarco, 
Que  ses  joust  so  proutecciù, 
Loissàs-li  mena  lo  barco, 
Pièi  qu'el  es  bostro  couciù. 


—    io8  — 

55  El  soûl,  cont  touto  lo  tèrro 
Bous  declororiô  lo  guèrro, 
Bous  sôurô  mètre  o  l'obric   ; 
Mes  qu'el  bous  faguo  esquinetos, 
Coumo  un  ordal  d'olôu^etos, 

60  Beirés  fugi  l'enemic. 

Mes  d'oquel  mal  qu'empoungono 

Louis  es  opoussesit  : 

Mogronage  lo  morrono 

Que  l'o  tout  debolou^iit  ! 
65  Lo  traito,   que  tout  degalho, 

Lèbo  pour»  déjà  lo  dalho  î... 

Tonco-te  !   pas  tônt  de  bon  ! 

Saique  cresiôs,   perfochièiro, 

Coumo  un   plen   poun  de  folguièiro, 
jo  De  nous  lou  mètre  dobon  ] 

Pèrmoi   !    pèr  oqueste  biatge, 
Oubrièiro,   n'ôuràs  mentit   ; 
Car  Louis  repren  courache   : 
De  tos  arpos  es  grontit. 

75  Be  nous  as  dounat  lo  gèrdo   ! 
Mais  onfi,  fosiôs  to  pèrdo  ; 
Car,   se  tu  countabos  pla, 
Beirios  qu'esporgnen  so  tèsto, 
N'ouras  de  miliouns  de  rèsto 

80  Qu'el  te  forô   'scopoulà. 


Qu'es  ocô,  Comardo  1  Plouros, 
Cont  te  doustou   lou  bouci  ? 
Bai-me  toumbà  sus  Pondouros. 
E  tei-te  luènho  d'oici, 
85  Lourdasso,  ornai  to  figuro  ! 
Coucî.   que  pèr  to  posture. 
Lour  cuèr  n'es  pas  prou   louial  1 
Saique,   tros  de  dolicado. 


—   109  — 

Pèr  èstre  desossorgado, 
90  Te  colio  de  sonc  rouial  ? 

Se  n'as  pas  d'autre  poutache, 
Pos  mètre  lo  lengo  ol  croc. 
Louis,   mes  que  se  moinache, 
Tendrô  ferme  coumo  un  roc. 

95  Lo  bèrtat  es  que  s'espauso 
E  que  n'o  ni  fi  ni   pau50 
Que  noun  se  trobe  pèrtout. 
lù  li  diriô  be,  s'ôu;5;abo, 
Que  soun  espaso  es  trop  brabo 

100  E  que  de  glorio  es  trop  glout. 

Ochilo,   pie  de  courache, 

Soi  bouliô  pourtant  dura   ; 

Cont  coliô  courre  ol  topache, 

Se   loissabo  espeltirà. 
io5  Sobio  qu'uno  falso  lamo 

Poudiô  delorgà  soun  amo 

En  li  trôuquen  lou  tolou. 

Qu'oun  fago  otal  nostre  mèstre  ! 

Mes,  obus  î  toujour  bol  èstre 
MO  01   pus  fort  de  lo  colou. 

Quicon  encaro  remeno  : 
Se  me  cresès,  fourbiàs-bous. 
Jo-pardi   !   se  noun  bous  meno 
Coumo  un  troupèl  de  moutous, 
m5  Enemics,   bostre  pus  quite 
Serô  de  requiùlà  bite, 
E  tout  court  de  bou'n'  tourna. 


V.  101-7.  Achille  ctait  inuulnérable  par  tout  son  corps,  excepté  au  talon, 
par  où  le  tenait  sa  mère  Thctis  en  le  plongeant  dans  le  Styr,  pour  le  rendre 
tel  ;  et  comme  l'oracle  auait  prédit  qu'il  périrait  à  la  guerre  de  Troye,  il  n'y 
fut  pas  sans  craindre  pour  son  talon. 


S'encaro  li  cercàs  brego, 
Beirés  dins  conho  petego 
120  Bous  onorés  enfourna   ! 

Cresès-me,  fugès  l'ôurache. 

Se  seguissès  moun  counsel, 

Recercorés  l'obontache 

De  bous  faire  omic  omb'el. 
i35  En  luoc  de  trouplà  lo  Franso, 

Fosès  omb'elo  olianso  : 

Que  lo  fo,   se   n'  trobo  pla  ; 

Mes  que   l'otiro  o  sos  troussos, 

Es  brondit  coumo  los  poussos 
»3o  Qu'en   l'èr  lou  ben  fo  boula. 

Gront  Rei,  s'oun  n'au5e  entreprene 

De  countunhà  to  lôu^ou, 

Oco's  per  so  que  counprene 

Que  te  fau   pas  lo  rosou. 
i35  Pèr  escriùre  tos  merbèlhos, 

Tos  bolentiôs  sons  porèlhos, 

N'ôuriô  pas  prou  de  popiè   : 

Uno  de  tos  motinados 

Emplegoriô  los  onnados 
140  Del   pus  obille  grefiè. 


^^^ 


COUlAfhllAEfi 


DEL    BOSSIBIO    DE    LOS    OUMIEIROS    O    MODAMO    DE    GOLl, 

DESPIÈI    PAUC    NOUMMADO 

O     l'oBODIÔ     ROUIALO     DEL     MOUNOSTÈRI,       JOUST     ROUDÉS 


Miquèl,   que  gardo  o  los  Ôumièiros, 
Porlen   pèr  respèc,   lous  bossiùs 
Omoun  en  mièch  de  los  folguièiros, 
Modamo,   emblido  sos  founcciùs, 
5  Cont  el  sounjo  dins  so  memorio 

O  lo  gront  biondo,   o  lo  gront  glorio, 
Que  bous  orrapou  pel  coulet, 
Tout  diguen  bostre  chopelet  ; 
E  s'ôu^abo,  coumo  tont  d'autres, 

10  Bou'n'  fa  soun  coumplimen  sut  nas, 
Pel  segur  n'i  moncoriô  pas. 
Mes  seriô  trop  d'ounou  per  nautres  : 
Sèn  pas  fâches  que  pèr  fa  chut. 
Pèr  ocô,  mos,  ai  tout  sochut, 

i5  Pèr  uno  droUo  d'obonturo 

Dount  pourrés  faire  lo  lecturo. 
Lou  fil  del   Mèstre  es  un  oubriè 
Que,  se  sobiàs,  bal  un  greffiè 
Pèr  saupre  orrenga  l'escrituro  : 


V.   i.  Los  Oumièiros.  Domaine  de  M.  de  Gali.  frère  de  M""  l'Abbesse. 


zo  Oquel  ou  m'o  mes  sul   popiô  ; 

lù   li  dictabe.   el  escribiô.  .  . 
D'obont-ièrc  iù  te  delorgabo 

Mous  bossiùs,  joui  roc  de  Goli   : 

Lo  rajo  beniô  d'espeli   ; 
25  Déjà  l'oigonhal  s'estourrabo, 

Tout  moun  bestial  s'oposturgabo, 

Que  t'èro  uno  benedicciù. 

Lou  codèl  se  josiô  près  d'iù   ; 

De  moun  lounc  iù   m'espotorrabo, 
3ù  Ou,  se  boules,   fosiô  de  cuèrs, 

Coumo  fo  Jocou  de  Lounguèrs. 

Douncos  doun  milhou  me  boulcabo, 

Que  de  tout  biais  me  rebirabo. 

En  troguen  los  combos  bol  Cèl, 
35  E  que  risiô  coumo  un  bedèl, 

Mos,  te  bail  beire  dous  cossaires 

01  dorrè  d'un  paure  lopin, 

Que  fosiô  troutà  l'escorpin 

E  qu'èro  mal  dins  sous  ofaires  : 
40  De  courre  èro  talomen  las 

Que  s'omourrabo  o  cado  pas. 

Lous  cos  ne  seguissiôu  lo  pisto, 

Cont  iù   lou   perdère  de  bisto   ; 

Mes  pèr  ocô  l'ogèrou  pas. 
45  L'ogen  pecat,   mos  gens  benguèrou 

0-s-iù  tout  drech,    e  me  diguèrou   : 

«   Que  tu  fais-là  ?  digues,  couquin, 

«  Ount  il  est  tiré  lou  lopin  ?   — 

«  Je  sais  poun,   messieurs,  ount  il  être,   u 
5û  Lour  diguère  tout  tremoulon, 

«  L'ai  bis  trescoulà  bas  obon. 

«  Des  Oumieyros  je  suis  le  petre, 

«  Que  moussu  de  Goli  n'est  maître.    — 


V.  3i.  Jocou  de  Lounguèrs.  Berger  d'un  domaine  voisin. 


—   ii3  — 

f(   Qu'est-ce  çà   ?  a   diguèt  lou   pus  gront 
55  «  Calo   :   toun  parlement  me  fiche, 

«  E  doune  bitomen  la  miche,   a 

Lo  lour  balhe  sons  pus  porlà   : 

Lo  prenou   ;   mes,   ormîs  d'où   beire. 

Modamo,   ouriàs  peno  d'où  creire   : 
60  Lo  me  pellebèrou  to  pla 

Que  cujèrou  s'estrongoulà. 

Pièi  s'ossètou,   parlou  de  casso, 

E  de  bous  e  de  bostro  rasso, 

E  ne   porlabou   pas  en  mal   : 
65  De   lo  Franso  lou  Mojoural 

Bous  o,  sou  disiôu,   pla  poussado, 

Que  de  biondo  ses  orrosado   ; 

Qu'ôuriàs  toujours  lou  folset  pie. 

Ob'ocô,  jurabou  lo  fé 
jo  Que   bous  obio  fach  ebesquesso, 

Qu'ôuriàs  lo  crous  d'or  sul  peitral 

E  qu'o  Pascos  contoriàs  messo   ; 

Que  sérias  dins  un  bel  oiral   ; 

Qu'o  lo  glèio  ôuriàs  los  ourguinos  ; 
75  (Q  Millau   ne  boudriou  be   prou   : 

Mes,  sons  dessorrà  lou   pôutou, 

Qn  n'o  pas  d'oquelos  èiginos)  ; 

Onfi,   pèr  guimpos  e  beguinos 

E  tene  lou  gresiô  sodoul, 
8û  Qu'ôures  d'escuts  un  sac  coumoul. 
Otal  disiôu   ;  certo,   Modamo, 

Ocô  me  cousserguejo  l'amo, 

E  coldriô  be  èstre   pla  brutal 


V.  76.  Lou  pcutou.  La  main.  L'auteur  faisait  alors  la  quête  pour  Torgus 
de  la  Paroisse,  et  voulait  engager  indirectement  Madame  l'Abbesse  à  contri- 
buer à  cette  oeuvre,  qui  fut  heureusement  conduite  à  sa  perfection.  Ceci 
nous  donne  la  date  approximative  (avant  1774)  de  l'installation  des  orgues  à 
l'église  Notre-Dame  de  l'Espinasse,  à  Millau  . 


M4 


Pèr  n'èstrc   pas  couflat  de  joio 
85  Del  be   que   lou   Cèl   bous  emboio   ; 

Eh   !  siù   pas  iù  bostre   bossai  1 

Serbisse   pas  iù   pèr  l'oustal 

Que  bous  bechèt  o  lo  bressolo, 

Cont  semblabes  pas  qu'uno  ongrolo  ? 
90  Dounas-me  dounc  lo  permissiù 

De  bous  dire  so  que  sentisse   : 

D'aro  en  lai,  touto  mo  possiù 

Es  que  jouïgués  un  bel  briù 

Del  riche  e  poulit  bénéfice 
95  Dount  onàs  prene   poussessiù. 

Countabes  be,   cont  ses  bengudo, 

Qu'ôuriàs  de   poulits  coumplimens 

De  lo  part  de  los  grosses  gens. 

Qu'où  lo  lengo  to  pla  pendudo   : 
\oo  E  Diù  sap  se  bou'n'  ou  socat 

Del  larg.  del  lounc  e  del  lecat, 

Coumo  sabou  que  ses  letrudo   ! 

Mes,   bous  seriàs-bous  otendudo 

O  tont  de  marcos  d'ofecciù 
io5  D'un  goujat  de  mo  bocociù  ? 

Ocô's  ordit,   iù  ne  coumbene   ; 

Mes,   pèr  moi   !   n'ai   pas  pouscut  tene. 

Se  ne  ses  fochado,   pèrdou   : 

Siù  bostre  paure  serbidou. 

MlQUÈL, 

Bossibiè  de  los  Oumièiros. 


^Ji-U-V 


—    it5 


EPITRO 


EN    RESPOUNSO    0-N-OQUELO    QUE    M.     DE  OBIO    ESCRICH 

O    l'oUTUR,    Qu'oBIO    OBUT    UNO    PICHOTO    FOCHORIÔ. 


Bous  siù  fort  oublijat  de  bostre  soubenl. 

Lo  bèrtat  es  oquelo   :   ai  cujat  ogoni. 

Gairebé  de  fiolà  Lochesîs  olossado 

O  so  sorre  Otropos  lochabo  lo  fusado. 
5  Porlen  un  pauc  pus  clar  ;   n'èro  pas  godolous  ; 

Tout  lou  cors  me  prusiô  coumo  oquel  d'un  golous. 

Eolo  en  discreciù  louchabo  dins  moun  bentre  ; 

Des  bens  moun  estoumac  semblabo  èstre  lou  centre 

Coumo  de  brais  lutins  i  teniou   lou  sobat. 
10  De  lour  empertinensô  ocô  que  m'o  sôubat, 

Es  lo  grono  d'onis  e   l'estrèt  de  genèbre. 

Mes  ocô  n'es  pas  tout  :   pièi   modamo  lo  fièbre 

E  soun  triste  morit,   moussu  lou  mal  de  cap, 

M'orrapou   pel  coulet,   m'ôurejou,   Diùs  ou  sap. 
i5  Ombe  uno  medecino  e  cauques  bouillous  d'erbos, 

Me  n'  siù  pourtant  solit  om  lo  pel  e  los  quèrbos. 

Me  soubeniô  pas  gaire  olaro  d'OpouUoun, 

Ni  del  sobent  roussi,   ni  del  douple  boloun. 

Un  esprit  treboulat  pèr  oquelo  rocalho 
20  N'es  pas  gaire  deglende  ol  joc  de  lo  rimalho. 

Ai   moncat,   ne  counbene,   o  bou'n'   escriùre   un  moût 

Mes  n'obiô  pas  lou  bon,   qu'autromen   ne  siù  glout. 

Ornai  cal  que  sochés  que  mo  muso  es  compisso  : 


—   ii6  — 

Cônt  H  ben  pas  de  biais,  es  talomen  conisso 
25  Qu'a  forso  de  susà,   noun  ai  pas  piol  essuch 

Pèr  lo  fa  courre  oprès  uno  rimo  que  fuch   ; 

E  pièi,   pèr  tout  régal,  cent  lou  fissou  lo  burgo, 

Mai  que  mai  lo  pinhastro  ocoucho  d'uno  murgo. 

Onfi,  diguen-5-ou  tout  :   nostre  môudit  potuès 
3o  Es  talomen  groussiè,   qu'uèi   lou   pus  sot  motuès, 

Cont  lou  m'entent  porlà,   se  sougonho  e  me  bufo   ; 

Lo  chombrièiro  ne  ris,   e  lou  locai  se  n'  trufo. 

Lou  bouiè,   dins  un  grach,   en  trocen  sous  silhous, 

Se   pico  de   porlà  lo  lengo  des  douttous. 
35  Tout  se  pousso  ol  froncés,   en  un  mot,  tout  s'escrimo, 

E  déjà  lou   pogés  sap  oplechà  lo  rimo. 

Jan,   quilhat  sus  un  truc,   en  gorden  soun  troupèl, 

De  tene   un  olfobèt  se  couflo  dins  lo  pèl. 

Tout  lou   mounde  es  letrut,   o  lo  glorio  del  siècle   : 
40  Dintràs  dins  un  estaple,   i  trouborés  l'Espiècle. 

O  coustat  de  l'estrelho,  ombe  Richart-sons-Pur, 

Beirés  un  olmonac,   Cortoucho  lou  boulur, 

Lo  bèlo  Mogolouno  e  Pèire  de  Proubanso.  • 

Tout,  jusqu'ol  mormitou,   cont  o  remplit  lo  panso, 
45  Sus  un  libre  sobent  bo  fa  lo  digestiù. 

Lous  pastres  autres  cots  porlabou  tout  coumo  iù   ; 

Los  Nimfos,  ombé  Pan,  s'omusabou  pes  chèstres  ; 

M.ès  uèi,   que   lous  esprits  se  sou  fach  pichot-mèstres, 

Lou  lengache  postrenc  es  pas  pus  counescut   ; 
5ù  Es  mort,   tont  ou  bal  dire   :   o  so  plasso  es  noscut 


V.  40.  L'Espiècle.  L'Espiègle.  C'est  le  nom  (entré  depuis  dans  la  langue) 
sous  lequel  a  été  traduit  plusieurs  fois  en  français,  dès  le  xvi*  siècle,  le 
recueil  de  contes  et  facéties,  en  bas-allemand  du  xiv'  siècle,  intitulé  Eulens- 
piegel  (miroir  des  chouettesj,  dont  le  héros,  Tyll  Eulenspiegel,  semble  bien 
avoir  existé  réellement.  —  41.  Hichart-sons-Pur.  Richard-sans-Peur.  Le 
poème  sur  ce  prince  (3»  duc  de  Normandie),  mis  en  prose  au  xv»  siècle  et 
imprimé  sous  une  forme  rajeunie,  était  devenu  très  populaire  au  xviii'  siècle, 
grâce  à  la  Bibliothèque  bleue.  —  43.  Pierre  de  Provence  el  la  belle  Maguelone. 
Roman  en  prose  du  XV  siècle,  fort  intéressant,  qui  faisait  aussi  partie  de  la 
Bibliothèque    bleue. 


—  \\J  — 

Un  borroguèn  colhol   :   n'es  ni  moussu,   ni   pastre. 

L'uèl  biù  de  Morgoutou,   te  dirôu  qu'es  un  astre   ; 

Qu'Isobèl  lo  roussèlo  o  lou  rigot  dôurat  ; 

Que  lou  mourre  d'Onneto  es  uno  flour  de   prat   ; 
55  Onfi,  dins  cado  fon,   uno  filho  es  negado   ; 

Joust  cado  rusco  d'aubre   uno  autro  es  omogado. 

Besou  pas  cap  d'obenc  oun  noun  trèbe  quicon 

Qu'o  de  combos  de  bouc   :   me  fôu  béni   lou  son. 

Un  riù  n'es  pas  un  riù,   mes  un  cristal,   un  beire. 
60  Oisô's  be  pus  coirat  ;   me   boudriôu   poun  fa  creire 

Que  joust  un  pissollièch  un  ome  es  rescoundut, 

Qu'uno  baujo  se  pion  dins  un  roc  tout  toundut  ? 

E  se  bole  coupa  de  brouts  d'uno  lôurièiro, 

Me  disou  que  derrabe  un  tros  de   lo  crinièiro 
65  D'uno  que  boulountabo  un  certèn  Opoulloun. 

Del  bi  même,   ogochàs,  corobirou   lou  noun   ; 

Lou  botejou  nectar   :  conho  droUo  de  pruoso   ! 

Per  iù,  son  trop  m'otendre  o  lour  folo  gonduoso, 

Cont  ai  lou  goubèl  pie  d'oquel  sont  olimen, 
jo  Trobe  qu'es  de  binet  qu'obale  brabomen. 

Otalos,   ou  fosiô  lo  pauro  R ; 

Otalos,   otobé,   fo  Mortrou,   lo  cutairo, 

Douncos,   pèr  rebeni  sus  moun  premiè   prepaus, 

Iù  seriô  be  comèl  de  troubla  moun  repaus, 
75  Pèr  me  forci  lou  cap  de  sobentos  fodesos  ! 

Iù  disi  un  cat  un  cat,   sons  me  fa  de  belesos   ; 

Car  iù  sabe,   oprès  tout,   coumo  sabe  lo  Cruos, 

Qu'un  riù  noun  es  que  d'aigo,    un  aubre  que  de  buos. 

Moun  lengache,   es  bertat,   serô  pas  o  lo  modo   ; 
80  Mes  serô  prou   poulit,   se   pot  plaire  o   .  .  .  . 

El  sap  dempièi   lounc-tens  que  res  noun  m'es  ton  dous 

Que  de  me  poudre  dire  un  de  sous  serbidous. 


V.  77,  'Lo  Cruos.   L'alphabet  des  enfants. 


u8 


GOUA^PLI^IEJ^ 

SUS  LO  NOUBÈLO   ONNADO, 

DES    MUSICIENS    DE    PRODINAS 

O    M.     LOBÈRNHO,    COUNSILHÉ    DE    BILOFRONCO, 

QU'OBIÔ  BOTUT  LO  MESURO  LOU  JOUR  DE  S*-OMANS,   LOUR  POTROU 

E    QU'OBIÔ    ESCRICH    O    l'ÔUTUR 

QU'ÈRO    ESTAT    MIROBILHAT    DE    LOUR    SAUPRE-FA. 


Lo  musico  del  Segolà, 
Lou   premiè  jour  d'oquesto  onnado 
Bouliô  be   prou   bous  regolà, 
Moussu  lou  Mèstre,   d'uno  ôubado, 
5  Seguido  d'un  bel  coumplimen. 
En  formo  de  remerciomen, 
De  bostro   bouno  soubenenso  ; 
Car  lou  nostre   Priù,   qu'oimàs  prou, 
(Ornai,   per  moi   !   n'obès  rosou, 

to  Pièi  qu'o  bous  nuèch  e  jour  el  pense), 
Nous  o  fach  beire   per  escrich 
Tout  so  qu'obès  pensât  et  dich 
De  coumplosent  e  d'ogreaple 
Sus  nostre  pichot  saupre-fa 

i5  En  fèt  d'ut,   ré,   mi,  fa,   sol,   la. 
Mes  degus  noun  fouguèt  copaple 
Tout  d'obort  d'où  fa  dinhomen. 
Nous  dounèren   be   prou  tourmen   ; 


119 


Onèren  o  lo  cominado   ; 

20  Oqui  tenguèren  l'ossemblado, 
En  presenço  de  nostre  Priii, 
Que  louèt  fort  nostro  ombiciù. 
Jocàs,   lou  cap  de  lo  modaisso, 
Bouno  suco,  e  milhouno  maisso, 

z5  Se  lèbo  e  dis  tout  automen  : 
«  O  notre  mèstre  de  musico, 
«  Qu'o  porlat  tont  ounestomen 
n  De  l'ounour  de  nostro  protico, 
«  Nautres  debèn  be  pauromen 

3o  «  i^orcà  nostre   ressentimen. 
«  S'ogis  de  ne  fa  lo  percuro 
«  O   lou  qu'o  lou  mai  de  lecture  ; 
«   Nou'n"  sourtirion  pas  autromen. 
«  Onen,   moustren  quai  s'obonturo  ?  u 

35  Oqui  foguèt  lou  pessomen. 

Tout  fouguèt  mut  coumo  uno  sardo. 
Lous  pus  letruts  de   Prodinàs 
Obiôu   pôu  de  toumbà  de  nas. 
«  Obèn   lou  molur  sus  lo  fardo,   » 

40  Crido  olaro  lou  gront  copàs. 

n  Couci,    que  degus  noun  s'osardo  ?  u 
Mes  o  bel  mena  de  trocàs  : 
Se   propou^a  degus  noun  au;50. 
Dins  lou  chogrin  que  nous  obau^o   ; 

45  Onon  toutes  pregà  lou  Priù, 
Que  se  côufabo  o  lo  cousino. 
De  nous  faire  un  pauc  de  bèrmino 
Pèr  segoundà  nostro  entenciù. 
N'ogèren  pas  sotisfocciù   : 

5o  Nous  respoundèt,   pèr  desencuso, 
Qu'èro  broulhat  ombé  so  Muso. 
Cadun  dounc  se   n'   tournabo  otal, 
Triste,  counfus,   o  soun  oustal, 
Cont  tout  d'un  cop,    pèr  obonturo, 

55  Se  presento   un  oncièn   recors, 


—     120    — 

Forcit  d'esprit,   puissant  de  cors. 
Surtout  sobent  o  l'escrituro  : 
01   rèsto,   gront  home  de  Diù 
Fousquèt  toujours,   omai   li  duro. 

60  Cont  bènio  de  qualco  founcciù 
Un  pauc  fochouso  o  los  esquinos, 
Se  counsoulabo  om  los  Motinos, 
Qu'entreteniôu  so  debouciù. 
Obiô  otobé  tont  de  cerbèlo 

65  Que,   pèr  pauc  qu'uno  coumissiù 
Fouguèsso  suchèto  o  couciù, 
Pèr  ebità  touto  querèlo, 
D'obort  ousabo  lo  semèlo  : 
N'oimabo  pas  lo  discussiù. 

70  Dounc,   oquel  brabe  persounache, 
Que  de  lo  plumo  obiô  l'usache, 
Moussu,   pren  lo  resouluciù 
De  bous  morcà,   dins  un  oubrache, 
Lo  recouneissenso  e  l'oumache 

75  Que  bous  debèn  dempièi  bel  briù, 
Pèr  lo  bountat  qu'obès  obudo 
De  faire  o  nautres  otenciù. 
Es  bèrtat  qu'es  un   pauc  tordiù   ; 
lAcs  n'es  pas  tart  cont  Diùs  ojudo. 

80  Certo,   ou  cal  dire   tout  de   bou  : 

Lou  jour  qu'obion  mes  tout  en  banco 

Pèr  sègre  de  nostre   milhou 

Lo  musico  de  Bilofranco, 

E  que  rondèren  tont  d'ounou, 

85  Oprès  Diùs,   o  nostre  potrou, 
Couneguèren  o  bostro  mino 
Qu'obiàs  l'ourelho  rette  fino. 
Cont  dounabes  lou   bon  ol  bras, 
Se  nous  escortaben  d'un  pas. 


V.  62.    Motinos.    Livre  des  Heures  Canonicales.     -       88.     Conl  dounabes  lou 
bon  ol  bras.  Quand  »ous  battie'5  la  mesure. 


9û  D'un  cop  d'èl  nous  escoumenjabes  ; 
E  se  lèu  nous  remetion  pas, 
Gens  de  Diùs  !   déjà  renegabes. 
Entendes  bien  oquel  mestiè   ; 
Pèr  ocô  bous  gostàs  pas  gaire   : 
95  N'ou   bèses  poun  tout  sul   popiè  1 
Nautres,   miseraples,   pecaire  ! 
Noun  obèn  pas  de  to  boun  fa, 
Car  noun  poudèn  saupre  cap  d'aire, 
Qu'o  forso  de  l'ôu^î  conta. 

loû  Belèu  dires,  bal  mai  n'esta  : 

Ocô,   Moussu,   bous  fo  boun  dire. 
Nostre  Priù,  couci  que  tout  bire, 
Bol  qu'entounen  ré,   mi,  fa,  sol, 
Mal  ou  be   :  semblo,   autromen,  fol. 

io5  E  boules  que  l'onen  dédire  ? 
Ah   !  se  besiàs  conte  trobal, 
Cont  orribo  un  gront  festenal  ! 
Ouriàs,   per  moi   !   peno  0-5-ou  creire 
Mais  noun  ou   pousquères  poun  beire. 

110  Pèr  célébra  nostre   potrou, 

Nous  foguèt  be  jongoulà  prou. 
Ombe  lo  corno  e  lo  troumpeto 
Fosion  musico,   fals-bourdou. 
Diù  morcés,   b'èren  pla  de  beto, 

ii5  Coumo  èro  juste,   ou  jomai  nou. 
Es  bèrtat  que  nous  ojudères 
Om  lous  très  que  fosiôu  ^in-^oun 
Sus  lo  basso  e  sus  lou  biùloun. 
Mes  pièi,  sons  bontociù,   diguères 

120  Que  bous  sérias  pas  otendut 
Ûu'ogèssen  obut  lo   protico, 
Sons  couneissse  un  moût  de   musico. 
De  fa  sourti  de  nostre  embut 


V.    lîi.     Edition  Po/riquo' 


Vt,   re,   mi,   fa,   sol,   la,   si,   ul  ; 

125  E  jurabes  coumo  un   perdut, 
Qu'ocô  sentissiô  lo  mogio. 
«   Dounc,   cauc'un  ne  serô  pendut,   » 
Dision  toutes,   «  oco's  toundut. 
«  Baste  qu'oun  siô  qu'en  efigio  !   u 

i3ù  Pèr  bostro  letro,   oben  oprés, 
Que  ne  debion  pas  crenhe  res, 
Qu'ol  countrari  nous  odmirabes, 
E  qu'o  touto  ouro  nous  prounabes. 
Bous  obèn  forso  oubligociù   : 

i35  Codriô  obure  un  cor  de  Jusiù, 
Ou  de  Judas  lo  bilèno  amo, 
Per  n'èstre  pas  tout  fioc  e  flamo 
O  l'egart  d'un  mèstre  to  bou, 
Que  nous  coumblo  de  so  fobou. 

140  Otobé  fosèn  lo  proumesso 
Que  tolèu  que  coumondorés, 
Toujours  prestes  nous  trouborès 
O  bous  conta  Bespros  e  Messo   ; 
E  que,  siô  de  jour,   siô  de  nuech, 

145  Per  bous  plogniren  pas  lous  passes. 
Que  calgo  trouta  pèr  bortasses, 
Pèr  coumbo,   pèr  plono,   pèr  puèch, 
De  bous  sèrbi  seren  pas  lasses. 
Countunhas-nous  bostro  omistat 

i5o  Pèr  oqueste  on  e  pèr  lous  autres, 
E  bejàs  so  que  poudèn  nautres  : 
Foren  tout  de   nostre  coustat. 
Onfi,   bous  suèton  longo  bido, 
Ombe  sontat  fresco  e  flourido, 

t55  Toujour  joio  e  jomai  souci, 
E   que  tournés  cad'ons  eici. 


Jl^ 


—   iz3 


O    AlOUSSU     DE    GOLil, 

sus  LO  NOUBÈLO  ONNADO. 


Lou  toroboul  de  l'on  que  ben  d'èstre  escôutat 
Pèr  lo  gracio  de  Diùs,  godolouses  nous  laisso. 
Otal  pousquen  birà,  cadun  de  soun  coustat, 
Sons  nous  c  sons  romboul,   lo  noubèlo  modaisso 


>/Jiiv 


124 


PREDIGGlUS 

DE  LO  MUSO  DEL  SEGOLA 

SUL    MÛRIACHE    DE    MOUSSU    DE    SONT-ROUMO,     FIL    DE    MOUSSU 
DE     GOLÎ. 


Muso,   despacho-te   ;   bai  quità  le  sorguino   ; 
Pren  lo  joqueto  nobo,   uno  comiso  fine, 
Lous  sobotous  roussèls  e   lou   poulit  foudal 
Que  cargos  d'ourdinari  cl  pus  gront  festenal   ; 
5  Dins  lou   prodèl  besi  bai  culi  lo  biùleto, 
Lou  souci,   lo  jounquilho  e  lo  morgorideto. 
Beiràs  dejoust  tous  pès  espeli  milo  flours 
Que  se  prèssou  de   naisse  ol  retour  des  bèls  jours. 
Aro  que  lou  ^efir  o  cossat  lo  frescuro, 

lo  Que  fosio  pourtà  dol  o  touto  lo  Noturo, 

Floro  fo  pounchejà  sous  douns  o-:5-uèls-besens. 
Enrôu5èlo  tour»  se  de  sous  douces  presens  ; 
Estaco-ne  ol  rigot  om  lou  riban  ceriso 
Qu'ogèros  per  liùrèio  o  les  nossos  de  Liso. 

i5  Courbo-te  ol  bort  del  riù,   regardo  d'un  cop  d'uèl 
Se  tout  es  orrengat,  sons  corgà  trop  d'ourguèl. 
Car  s'ogis  pas  oici  de  faire  trop  lo  fado, 
Mes  milhou  que  jomai  te  cal  estre  ornescado, 
Proupreto,   blonco,   neto  e  sons  ofectociù, 

2û  Mètre  oco  de   pus  bel,   suibant  to  coundiciù. 

Mes  bejo,   encaro  un  cop,   pren  gardo  o  lo  bôugièiro 
Soubengo-te  toujour  que  noun  siôs  que  bergièiro. 


—    125    — 

Se  me  dises  :   «  Per  que  me  tont  endimergà, 

«  E  joust  tont  d'otifets  mo  pôurièiro  omogà  ?  » 
25  Te  dirai  qu'o  Milhau  s'es  fach  un  gront  moriache, 

E  qu'es  de  toun  deber  que   lèi  fagos  un  biache. 

Couneisses-be  lou  fil  del  generous  Licas, 

Que  de  nous  fa  de  be  jomai  se   lasso   pas. 

Oquel  golhart  moussu,   que  semblo  fach   per  plaire, 
3ù  Rebèrto  Cupidoun,   n'o  l'embounpoun  e  l'aire. 

Benus  mêmes,   un  jour,  sou  disou,   s'i   pequèt   ; 

Lou  sounèt   :   «  Moun  efon   !   u  enquiè  que  remorquèt 

Que  n'obiô  pas,   coumo  el,   detràs,   lo  traito  eigino 

Que  del  corps  lou   pus  fier  ronfèrmo  lo  rouïno. 
35  Bejo  oquî  lou  morit  de  lo  joube  Philîs 

Sacho  coumo  Pollas,   bèlo  coumo  Cipris. 

Bai  dounc,   pèrdos   pas  tens,   qu'es  déjà  motinado   : 

Lo  moulhè  de  Titoun  s'es  déjà  delorgado, 

E  l'ôusèl  rebestit  d'un  plumache  colhol 
40  O  déjà  per  très  cots  uflat  lou  gorgolhol. 

O  fa  toun  coumplimen  seras  pas  lo  premièiro. 
Oquel  jonti  porel  locho  o  lo  Gront'Corrièiro  : 

Oqui  lou  trouboràs  dins  un  poulit  oustal. 

D'obort.  tout  doussomen,   tustoràs  ol  pourtal   ; 
45  Cont  lou  t'ôurôu  dubert,   demondoràs  ôudiencio  ; 

Foras  o  lo  coumpanho  uno  gront'  reberencio  ; 

Olaro,   tout  d'un  cop,   de  toun  fron  lo  roujou 

De  toun  amo  sons  fart  moustrorô  lo  condou. 

Côucun  dirô  belèu   :   «  Bouillasso   !   qu'es  comèlo   ! 
5ù  «  Dobalo  del  Lor5ac,   oquelo  postourèlo   !   w 

Qu'ocô  t'estoune  pas  ;   respoun  sons  te  troubla   : 

«  Perdounàs-me,   moussu,   que  sùi  del  Segolà   ; 

«  Mais  oco's  be  toutù   ;    sùi  pas  ocoustumado 


V.  1-j.  Licas.  M.  de  Gali  :  l'Auteur  en  auait  reçu  plusieurs  seruices.  — 
33.  Le  carquois  rempli  de  flèches.  —  39.  Le  coq,  dont  le  plumage  est 
bigarré.  —  42,  0  lo  Gront'Corrièiro,  à  la  rue  Droite.  —  5o.  "Del  Lorzac.  Le 
Lar^ac  est  une  étendue  de  terrain  (sic)  sauuage  et  inculte,  bon  seulement 
pour  le  pâturage. 


—    126    — 

«   O  me   beire   en  bel  mièch  d'uno  talo  ossemblado   : 

55   «  Besèn   pas  en-omoun,   en  gorden  lou  troupèl, 
«   Que  folguièiro  ou  ginèst  e  cauque   postourèl. 
«  N'6u5èn  pas,  coumo  eici,  lous  biùlouns,  los  troumpetos  ; 
«  Dejoust  un  tech  dôurat   lèi  tenen  pas  lou  bal, 

6ù  «   Coumo  bautres  fosès,   mes  dins  lou  coumunal. 
«  Tout  ocô  m'estourdis,   que  sabe   pas  que  dire,   m 
De  to  simplicitat  tout  lou  mounde  bo  rire   ; 
Mes  Licas,   que  d'obort  beirô  toun  emborras, 
Bendrô  pèr  te  n'  soli   ;  te  prendre  per  lou  bras, 

65  E  t'onorô  plontà,  noun  pas  sus  uno  sèlo. 

Mes  sus  un  bel  fôutur,  coumo  uno  doumoi5èlo  ; 
Omai,  se  cal  ou  fa.  te  dirô  de  doussous. 
Olaro,   pren  courache  e  d'un  aire  jouious, 
Os  joubes  moridats  dis-me  oquesto  oroscopo  : 

•jo  «  Tal  es  bostre  destin,   que  lou  tems,   que  golopo, 
«   Pèr  bautres  onoro  lou   pas  tont  soulomen, 
w  Pèr  faire  mai  dura  bostre  countentomen. 
«  Biùrés  un  siècle  ensemble,    e  bostre  dous  coumèrce 
«  Jomai  serô  suchèt  o  res  que  lou  trobèrse. 

75  «  Lo  Parco,  ocoustumado  o  fa  de  bilèns  tours, 
«   Ombé  de  sedo  e  d'or,  fiolorô  bostres  jours. 
«  En  mens  d'un  on,   Filis,   qu'o  lo  talho  to  fino, 
«   Bendrô  coumo  estroupico  e  sounoro  Lucino. 
«   Lo  deèsso.  bendrô  lèu  fini  sous  tourmens  ; 

80  «  Li  rondrô  so  bèutat  e  sous  ogreomens. 
«  Elo  olaro,   de  gauch  d'èstre  bengudo  maire, 
«  Poutountounejorô  lou  fil  semblable  ol   paire,   w 
Cont  ocô  serô  dich,   oufrîs-lour.   sons  foisous, 
Lou   prcsen  del  legun  que  creis  o  Riùpèirous. 

85  Mes  s'oprès  l'oroscopo  ou   lo  bouno  obonturo, 
Côucun  te  dis  sul  nas  que  siôs  uno  menturo. 


V.  78.  'Lucino.  Déesse  qui  préside  aur  accouchements.  --  82.  Poutountounejorô. 
Baisera,  caressera,  fera  sauter  son  petit  entre  ses  bras.  Peyrot  mêle  à  tort  le 
sens  de  poutounejà  avec  celui  du  verbe  dérivé  de  poulounto  "  poupée  u,  qui 
vient  d'ailleurs  de  poutou. 


—   127  — 

Diras  :   «  Escusàs-me,   qu'où  tene  del  mièch-drac, 
«  Que  fosiô  lou  chobal,   un  ser,   chès  Proudejac. 
«  Dis  lo  bertat.   boutas  ;  car  es  un  debinhaire. 
90  «  Touto  oquesto  possado,   ah   !  se  l'obiàs  bist  faire   ! 
«  Chormat  de  bostre  imèn,   ne   pot  pas  prou   porlà   ; 
«  N'issourdo  lous  echôs  de  tout  lou  Segolà. 
«  O  tort  ne  doutoriàs,   pièi  que  esprès  sèi  m'emboio 
«  Per  bous  ossegurà  que  ne  nado  de  joio.   » 


^JiXV 


V.  87-8.  On  dit  que  le  Lutin  aime  les  chevaux  :  on  a  fait  mille  contes 
là-dessus.  L'Auteur  en  faisait  un,  un  soir,  che?  M.  de  Prodejac,  Commis- 
saire des  guerres,  où  il  fallait  imiter    le  galop  du  cheual. 


—     128 


LOS     BERTÈLOS, 

ESTRENO    DEL    PRUMIÈ    DE    L'ON 

O    MOUSSU    LOU    RITOU    DE    MILHAU,    GERMÔ    DE    l'ÔUTUR, 
QUE    DEMOURABO    OLARO    O    TOULOUSO,    PREBENDIÔ  O  SONT-SORNÎJ 


Tout  escàs  l'on   possat  beniô  de  trescoulà, 
Que  d'un  pichot  presen  bous  bouliô  regolà. 
M'onère  soubeni  de  bous  obe  ôu^it  dire 
Que,   d'èstre   pla  brogat,   es  un  plosé  de  sire. 
5  lù  coumbene  otobé  qu'ocô  tei  lor  cor  gai. 
M'imoginère  dounc  que  bous  oimoriàs  mai 
(Poraulos  pudou   pas)  un   porel  de  bertèlos 
Que  crestos  e  truquets,   que  ribans  e  dontèlos. 
Qnfi,  courre  os  Tournurs,   los  croumpe  ;  e  mes,  couss 

10  Los  bous  faire  trometre  1  Qcô's  tout  moun  souci. 
Dins  oquel  emborras,   se  troubèt,   pèr  fourtuno, 
Que,   l'endemà-moti,   lou  fraire  de  lo  Luno, 
Un  rette   poustilhoun  que  sap  toutis  comîs, 
Debiô,   comi  foguen,   beire  bostre   pois. 

i5  Douncos,   pèr  proufità  d'oquel  coumessiounari, 
Solisse  dobont  jour,  sons  crenhe   lou  cotarri 
Que  l'ôubièiro  e  lou  gèl  semblablou  m'onounsà, 
Sons  obé  soulomen   pou  de   m'enrôumossa. 
En  l'esperen,   pourtan,   lou  frech  mé  jongibrabo   : 

20  Mes,  onfi,   pauc-o-pauc  l'aubo  se  declorabo. 

Toutes  lous  luns  del  Cèl  èrou   presque  escontits, 
Lou  corriol  otolat,   lous  roussis  obormits. 


—  129  — 

Ornai  forrats  de  fresc,   pèr  poudé  milhou  courre. 

Dins  noun  res  espelis  lou  Diùs  o  double  mourre, 
25  Uno  cosaco  d'or,  lusent  coumo  un  mirai, 

Que  s'i  quilho  dessus  e  repren  soun  trimai. 

Be  me  digàs  coussi  lou  golhart  se  corrabo  ! 

Mes  entre  obeire  bist  que  l'esperou  jougabo, 

Solisse  lou  presen  que  bous  bouliô  monda, 
3o  E  d'un  cop  de  coirèl  lou   H  bouliô  getà, 

Cont  cauco  malo  bosso,  ombe  un  coutilhou  nègre, 

Lou  me  benguèt  coubrî   :  juchas  s'iù  fosiô  pebre  ! 

Cridère  d'aussitôt  o  plec  de  gorgomèl   : 

«  Horro  causo,   locai,   poquet,   porto  montèl, 
35  «Quequesiàs,fourbiàs-bous!...  Oilconhomalboulencio!  i> 

Mes  saique  oco's  quicon  qu'oun  n'o  ges  de  counsencio  : 

M'escoutèt  coumo  'n  co  que  roundino  de  luèn. 

Al'o  colgut  sopenden  tourna  prene  lou  suèn 

De  faire  desempièi  de  recèrcos  noubèlos 
40  Pèr  bous  fa  pèr  côuc'autre  otenhe  los  bertèlos. 

Mes  oun  los  tenès  poun  ?  Ombe  ocô  fisàs-bous 
.  Que  noun  ôurés  jomai  los  bragos  sus  tolous. 

lù  suote  que  cent  ons  los  bous  tengou  rejounchos 

E  que,  tout  oquel  tens,  ogés   los  maissos  ounchos. 


^X^v 


i3o   — 


GOUAIPLIAIEN    DE    GOUNDOUliEENSO 

L'ONNADO  D'OPRÈS 

OL    MÊME    RITOU,    SUS    LO    DEBOLÔUZIDO    Qu'o'BUT,    QUE    d'ARO- 
EN-LAI    LI    DÛSTO    LOU    SOUPA    PÈR    ORDRE    DEL    MEDECi. 


Pèr  un  boucî  d'endigestiù. 

Que  bous  tourmentèt  cauque  briù, 

Bous,  bous  bermoriàs  lo  pitanso  ! 

Metriàs  lou  cais  en  desoubranso  ! 
5  O  bostre  aise   :  foriô  pas  iù   ; 

Prendriô  pas  tont  de  precôuciù. 

Es  pla  gordat  so  que  Diù  garde. 

Coumensàs  dounc,  ol  noum  de  Diù, 

De  romplî  d'un  frami  de  fardo 
\o  E  soutano  e  subrepelis, 

Pèr  rebertà   pas  uno  sardo  ; 

Car,   pel  segur,   serès  pla  lis. 

Beirés  lèu  boissà  lo  coudeno, 

Cont  tendres  pas  lo  panso  pleno  ; 
t5  Ornai   pièi,  s'ou  fosès  otal, 

Jomai  n'ôurés  cap  de  besito  : 

Bous  coldrô,  coumo  un  paure  ermito, 

Biùre  soulet  dins  bostre  oustal. 

Eh  !  cal  boules  que   lèi   bous  bengo, 
20  Se  nous  ôusàs  lou  rosteliè, 

Se  clobàs  oufice  e  celiè  î 


i3i 


Noun  pas  Jan-Glaudes,  Diù  me  prengo  ! 

Moun  bentre  n'es  pas  un  polie 

Que  rejoungo  de  biondo  o  faisses, 
25  Mes  li  cal  pèr  jour  dous  repaisses  : 

Pèr  to  pla  qu'el  ajo  dinat, 

Cont  l'oumbro  ben  cossà  l'esclaire 

E  que  cadun,  de  pôu  de  laire, 

Met  tras  so  porto  un  codenat, 
3o  Be  me  digàs  coussi  roundino  ! 

Oun  que  me  trobe,   ocô  n'onat   : 

D'aussitôt  cal  birà  l'esquino 

Pèr  onà  jounhe  lo  cousino. 

Oqui  l'opitarre,  Diù  sap  ! 
35  Dempièi  lou  founs  juscos  ol  cap  : 

Otal  opai^e  soun  murmure. 

Pèr  ocô,  fosen  joc  que  dure. 

Disou  que,   pèr  dourmi  segur, 

N'i  o  res  de  tal  qu'un  bentre  dur  : 
40  Noun  pas  pèr  espetà  los  tripos, 

(Seriôu  be  pièi  de  pauros  nipos), 

Mes  toujours  li  fau  lo  rosou, 

E  pièi  li  dise   :   «  Oquî  n'o  prou.   » 
Otal,  cousi.  debès,  bous,  faire, 
45  Se  sèi  boules  demourà  gaire  ; 

E  boulèn  que  sèi  demourés 

Enquiô  que  bous  cussounorés. 

Douncos,  per  pla  possà  l'onnado, 

Qu'obèn  despièi  pauc  coumensado. 
5o  Cresès-me,   bubès  de  boun  bi, 

Tenès  couflado  lo  bedeno, 

Metès  en  bon  aste  e  podeno 

E  trufàs-bous  del  medeci  : 

Lo  cibado  fo  lou  roussi. 


V.   îi,  Jan-Glaudes.  Nom  de  baptême  de  l'Auteur. 


l32 


LO  JAORT  DE   FRONGESOU 


ODO 


Soulel,   cstobonîs  ;   Luno,   combio  de  caro  ; 
Terro,  cargo  lou  dol   :   Froncesou  biù  pas  pus  ! 
Sons  cap  de  coumpossiù,  lo  dolhairo  borbaro 
4  Lou  tei  joust  un  tolus. 

Oqui,   brutalomen,   oqui  lou  chicounejo  ; 
Li  gourgoulho  lou  cuèr,   lou  cussouno  o  bel  tal   : 
Dins  pauc,   noun  restorô  de  so  corcasso  frejo 
8  Pas  lou  mendre  retal. 

'Rossonno  !  Otal  toun  cais,   pus  rette  qu'une  limo, 
Mochugo  empunomen  lou   lugar  de  Lunsou   ! 
Choumarro,   poudiôs  pas  c6u5i  'n'autro  bictimo, 
\z  E  loisà  Froncesou  ? 


V.  i.  Mendiant  imbécile,  dont  tout  le  monde  aimait  à  imiter  la  voii  et  les 
manières  singulières  ;  il  était  bien  reçu  et  fêté  partout.  —  5.  Chicounejo.  Tous 
les  mots  soulignés  sont  autant  de  ses  termes,  qu'on  a  affecté  d'employer. 
Par  celui-ci,  il  entendait  "  caresser  quelqu'un  tt.  ^C'est  plutôt  "  déchiqueter  u. 
V.  Mistral,  Trésor  du  Félibrige,  s.  v.  chicoutà,  auquel  renvoie  cbicounejà.  — 
9.  Hosionno  !  Il  faut  peut-être  lire  :  Houssono  !  Ce  serait  alors  un  augmentatif  de 
rosso.]  —  10.  Lunsou.  Lieu  de  sa  naissance,  à  deux  lieues  de  Millau.  Sans  doute 
corruption  de  Lusonsou,  fr.  Luzençon,  commune  de  St-Georges-de-Lu;ençon, 
canton  de  Millau.   —  11.  Choumarro    "  brutale  u,  au  sens  propre  "  jumart  tt  . 


i33 


Qu'èro  soun  crime  ]  Elas  !   tout  tenguen  lo  folquièiro 
E  toujours  d'uno  ma  lous  dets  espotorrats, 
El  troutabo,   en  riguen,   de  corrièiro  en  corrièiro 
i6  O  passes  mesurats. 

Demondabo  de  micho  ombe   un   pauc  de  pitanso  ; 
El  contabo,  el  donsabo,   el  èro  debouciùs  ; 
Conhe  tolen  qu'ogèsso,   obont  d'uflà  lo  panso, 
20  Disiô  lo  "Verbom  Diùs. 

Dunses  cots.  es  bèrtat.  cont  quicon  lou  fissabo, 
Cont  cauque  oste   impourtun,   pèr  trop  de  coubesio, 
De  so  pèl  fosiô  estral,   lou  paure  se  grotabo, 
24  Morcé  que  se  prusiô   : 

Mes  autromen,  jomai  noun  ogèt  de  molisso  ; 
Jomai  el  noun  foguèt  cap  d'esquièrs  o  degus  ; 
Jomai  noun  s'osôubrèt  ol  peitral  d'un  Ulisso, 
28  Coumo  foguèt  Irus. 

Gregori,  ount  ères,  bous,  cont  o  birat  los  batos  1 
Elas  !  ères  tibat  ;  onsi  n'obès  pas  tort  : 
Sons  doute  qu'autromen  l'auriàs  trach  de  los  patos 
32  De  lo  crùèlo  Mort. 

Lo  Falso  l'o  groupât  ol   pus  bel  de  so  bido. 
El  poudiô  libromen  trebà   dins  cado  oustal   : 
Troubabo  taulo  meso  e  lo  soupo  escolsido, 
36  Omai  lou  soboural. 


V.  i3.  Tenant  d'une  main  la  ceinture  des  culottes.  —  20.  Prière  rimce 
qu'il  disait  toujours  en  demandant  l'aumône.  Corruption  de  Verbum  Dei. 
—  28.  Irus.  Voye;  l'Odyssée,  j  Irus,  mendiant  glouton  et  violent,  qui  voulut 
empêcher  Ulysse  d'entrer  dans  son  palais,  à  Ithaque.  Ulysse  le  tua  d'un 
coup  de  poing  .  —  29.  Gregori.  Autre  mendiant  uieur,  qui  s'était  constitué 
le  mentor  de   Francésou,  et  qui  faisait  ses  chour  gras  en  cette  qualité. 


i34 


Jomai  ne  solissio  qu'om  lo  barbo  bouchardo. 
Onfi,  tout  n'èro  fol   :   lou  se  coliô   ponà. 
Ah   !  qu'èro,   el,   récurât,   cont  oquelo  comardo 
40  L'es  bengut  esconà   ! 

Lous  ecôs  de  Lunsou  n'ôu  gémit  dins  lours  baumos 
Toutes  lous  combirous  robalou  l'ofUcciù   ; 
E  lo  Nimfo  del  Tarn  ront  pas  pus  que  de  flaumos 
44  Dins  se  desoulociù. 

Mes  o  tu,  sus  que  tout,  Froncesou  fo  sufrache. 
Milhau  :  cont  tu  l'obiôs,  de  joio  èros  forcit. 
Aro,  triste,  estounat,  semblos  pas  qu'un   bilache  : 
48  Toun  lun  s'es  omourcit. 


,/JlXV 


t35   — 


RESPOUNSO 


OL    COUMPLIMEN    DE    MOUSSU    FOJOU, 

QU'OBIÔ    FELICITAT    l'ÔUTUR    DES     PRÈSES    QU'OBIÔ    ROMPOURTATS 

o   l'ocodemio   de   TOULOUSO. 


Bous,  bous  plonhès,  Fojou,   que  lo  fon  d'Ipoucrèno 
Rajo  pas  o  mièch  lèc,  e  que  del  douple  puèch 
Uèi  lous  ofàs  bôu  din,   don,   don,   don,   don,   don  dèno. 
Ocô  m'o  fach   possà  lo  pus  crûèlo  nuèch. 
5  En  iù  mêmes  disiô  :   «  Febus,   nostre  boun  mèstre, 
«  Se  seriô  despitat  ?  Mes  ocô  pot  pas  èstrc   : 
«  Eh  !  cal  ôuriô  pouscut  li  faire  oquel  despièch  ]  m 
Otal  iù  rosounabe,  oloungat  dins  moun  lièch, 
Cont,  tout  d'un   cop,   pèr  un  trauc  de  lo  bitro, 
\o  Bese  lou  jour.   Reprene  bostro  epitro, 

Qu'obiô  legit  bint  cots,  sons  jomai  me  lossà. 
Que  de  bèrses,  gront  Diù  !  cuno  soxobelado  ! 

Certo,  mos  bous  foriàs  ôusà. 
De  m'obure  dounat  uno  talo  birado  : 
i5  O  bous  ôu^i,  tout  semblabo  perdut, 

Bostro  ploncho  déjà  m'obio  tout  mourfoundut. 
Eh  !  digas-me,  conhe  lutin  bous  meno  ? 
Que  roundinàs  ]  Dises  que  bostro  beno 


V.    i3.     Ed.   m'o  bous 


—   i36  — 

N'o  pas  troubat,   per  se  desossorgà, 
20  Ges  d'aigo  dins  lo  fon  de  lo  douplo  mountonho  ? 
Tont  se  seriô   !   Colas   :   Pegaso  se  regonho. 
Cont,   tout  bostre  sodoul,   bous  i  laisso  engourga, 
Petounejàs  !   Lou  boules  dounc  mourgà   ! 
D'un  cop  de  pè  bous  pourriô  be  corgà. 
25  Mes  nou,   d'oquel  roussi  crenhès  pas  lo  ruado  : 
Sobès  be  que  bous  aimo  trop 
Pèr  bous  faire  cap  d'encortado, 
E  que,  cont  lou  mountàs,  de  gauch  prent  lou  golop, 
Surtout  cont  o  monjat  so  rociù  de  cibado   ! 
3o  Dise  pas  res  qu'oun  siô  bertat. 

Sobèn  pièi,  d'un  autre  coustat, 
Que  d'OpouUoun  bous  ses  l'efon  gostat. 
Eh   !   bous  coumbé  de  li  faire  lo  mino, 
Cont  bous  dicto,  Moussu,  de  poulido  bermino, 
35  Cont  foscs  dins  so  cour  lo  pluèjo  e  lou  bel  tens  ! 
Meritoriàs  que  bous  moustrès  los  dens. 
Mes  bous  fisàs  que  los  sorres  sobentos 
O  bous  serbi  toujours  fort  bigilentos, 
S'en  cas  metiô  lou  bounet  de  trobèrs, 
40  Bous  sôuriôu  mètre  o  l'obric  del  rebèrs, 

Ornai  foriôu  touto  lo  coutrilhado. 

Bous   oimèt  entre  èstre  noscut, 
E  juroriô  qu'ol  brès  bous  o  poscut 
Om  de  poulses  ou  de  ponado  ; 
45  Car,   pèr  de  lach,  jomai  n'o   porescut 

Que  cap  n'ogès  de  touto  lo  rossado. 
De  lour  fobour  otobé  bous  fenhès   : 
Ses  urous,   ornai  bous  plonhès. 
Un  autre  cop,  segàs  pus  sache, 
5o  Car  coumbenès  qu'oqueste  biache 

Bous  fochàs  sons  cap  de   rosou. 


V.   ai.   TEd.  laisse.  —    29.    Ce  vers,   qui    manque   à    l'édition  de     1774.   se 
trouve  dans  celles  de  1824,  de  i83S  et  de  1886.  —  33.  Ed.  couhe  , 


-   i37  - 

M'obès  mondât  un  fort  poulit  oubrache, 
Tout  petilhent  d'esprit  e  de  gai  bodinache. 
Cado  moût  porto  so  frejou. 
55  M'o  cujat  fa  crebà  de  rire   : 

Tonto  de  sal  metès  o  so  que  boules  dire  ! 
Coumpaire,  o  so  que  me   pores, 
Loua  bèrses  noun  bous  coustou  res  : 
Crese  que  lous  getàs  ol  molle. 
60  Certo  ocô  seriô  be  trop  droUe. 

S'es  bèrtat,  tenès  bous  jouious  ; 
Mes  n'i  foren  pas  ombé  bous. 
Permoi  !  nous  pourriàs  be  fa  lego  ! 
Nautres  serion  dins  lo  petego, 
65  E  i^oussu   pla  se  corroriô   ! 

Pèr  bou'n  tene,   be  ne  coldriô  ! 
Crese  pas  iù  de  boulèga  lo  brego. 
Otobé,  cont  ai  bist  qu'o  bostre  coumplimen 
Pèr  forso  me  coliô  respoundre, 
70  Me  siù  cujat  onà  rescoundre. 

Oprès  ocô,  finalomen. 
Ai  pressât  mo  Muso  de  poundre, 
Pèr  bous  fa  moun  remerciomen. 
Coussi-coussi,  s'es  be  ocouchado, 
75  Mes  ôuriô  mai  bolgut  que  se  fougues  pôu^ado, 
Que  de  me  fa  de  to  paure  moinat. 
Que,  coumo  lou  Rebecinat, 
O  mestiô,   pèr  morchà,   d'un  porel  de  bequilhos, 
Cont  lous  bostres.  Moussu,  sou  drechs  coumo  de  quilhos. 
80  Pèr  iù,   permoi  !  coumprene  pas 

Coussî  pourrôu  moustrà  lou   nas, 
Dobont  bostro  letrudo  suco, 
Mos  rimos  de  truco-peluco. 
Dires  be  qu'oco's  un  fotràs   ! 


V.  77,  Lou  Hebecinai.  Carillonneur  boîteur. 


—   i38  — 

85  Otobé  n'ai  pas  lou  courache 

De  remercia  nostro  cour, 
De  lo  part  que  dises  que  prent  o  l'obontache 
Que  me  siù  pèrcurat  de  croucà  cauco  flour. 

Boulgàs  dounc  èstre  moun  messache  : 
Digàs-li,  sons  cap  de  destour, 
Que  moun  trioumfe  es  soun  oubrache, 
E  que  so  qu'ai  gonhat,  ou  dube  o  sos  leisous. 

Aro  bous  quite  sons  foisous, 
De  lo  cour,  coumo  cal,  counduisès  lous  ofaires 
95  E  soufres  que  delargue  oisô  per  lous  coufraires 
Qs  efons  d'QpouUoun,  solut,  joio  e  sontat. 
Rentre  toujours  forcit,  gorjo  de  bat  en  bat  ! 


^JlU-V 


V.  86.  J^oslro  cour.  C'était  une    Société  musicale   et  littéraire  que  plusieurs 
jeunes  gens  avaient  formée  et  dont   l'Auteur  avait  l'honneur  d'être  niembre. 


139  - 


L'ORÏÏ^    SONS    PORÈL 

CULTIBAT    PÈR    M.    PUÈCH    d'alBIS, 
ONCIÈN     OPOUTICAIRE     DEL     REI      d'oNGLETÈRRO. 


En  bèrmino  potuoso  au5e  conta  toun  ort, 
D'Albis  :  tout  i  russls,  tout  i  ben  o  boun  port. 
Sus  que   tout  so  que  nais  de  lo  semenso   ongleso  : 
Diriàs  qu'es  escopat  de  lo  Terro  Proumeso. 
5  On  i  bei  d'ortichaus  grosses  coumo  lou  cap, 
Qu'ol  pus  gront  boulidou   pourriôu  serbi  de  tap. 
Pèr  fa  coire  un  côulet,  te  cal  uno  peirolo, 
E  pièi,  pèr  l'odoubun,  cal  sap  so  que  te  n'  colo  î 
Tous  porres  sou  trop  forts  pèr  de  suspousitous. 

10  Tos  sebos  e  tous  als  rebèrtou  tous  melous  : 

Sou  douces  talomen  que  semblo,  Diù  me  prengo  ! 
Qu'ogés,  cont  lous  monjàs,  de  sucre  sus  lo  lengo. 
Res  noun  fresquejo  tont  coumo  tous  espinars  ; 
Tous  plonsous,  en  tout  tens,  sou  rettomen  golhars  : 

i5  Dins  ribèr,  jous  l'obric  d'uno  bouno  flessado, 
Pounchejo,  creis,  blonchis  lo  cardo  e  l'ensolado  ; 
L'ogreto,   lou  cressou,   lou  cerful,   lou  jôubèrt, 
Mostrou,  molgrè  lo  biso,  un  mourre  toujours  bèrt. 
Es  be  mai  :  cont  lo  nèu  des  trucs  poudro  lo  cimo, 

2o  Toun  ort  es  to  poumpous  coumo  èro  dins  lo  Primo. 


V.  3.  Semenso  ongleso.     M.  d'Albis  avait  porté  bien  des  graines  de  Londres, 
qui  lui  réussirent  beaucoup  mieux  que  celles  du  pays. 


140 


Nou,  jomai  noun  s'es  bist  res  de  to  bèrturious  ; 

Fo  de  rafés  to  bèls  que  semblou  cobirous. 

Pèr  un  fiol  i  besès  penjà  lo  goujo  fronco   ; 

Lo  baujo,  un  pas  pus  luèn,  s'ojasso  sus  uno  onco. 
25  S'iù  bouliô  pèr  escrich  mensounà  tout  so  qu'i  ô, 

Me  coldriô,   pèr  ou  dire,   un  frami  de  popiô  : 

Corroto,   bledo-rabo,   e  tont  d'autros  rocinos, 

E  de  boncals  entiès  semenats  d'èrbos  finos  ; 

De  fabos,  de  becuts,  as  uno  boulisou  ; 
3o  Forso  pesés,   surtout,   de  bouno  cousesou. 

Tout  i  creis  o  bès  pans  sons  te  douna  gront'peno. 

De  coucoumbre  un  soûl  pè  te  n'  porto  une  centeno  ; 

Pièi  d'aubres  tont  e  plus,  jusc'  os  ogrimouUès, 

De  frucho  trop  corgats,  courbou  lous  espoliès. 
35       Benguen  aro  o  los  flours   :   dedins  los  platos-bandos 

Be  n'as  un  brabe  escach,  de  menudos  e  grandes. 

L'uèl  es  mirobilhat  de  lour  richo  coulou, 

E  lou  nas  embôumat  de  lour  bouno  sentou. 

Cal  los  pourrie  countà  ?  Morgorido,   biùleto, 
40  Pobot,   roso,   biùliè,  tulipo,   cossouleto, 

Tebruso,   boutou  d'or,   girouflado,  souci. 

Be   ne   pos  oplechà  de  bouquets,   Diù  merci   ! 

Car  sons  countà  muguet,   renounculo,   omoranto, 

Encaro  brabomen  n'i  n'  trouborion  cincanto. 
45  Que  dise  ?  mai  de  cent  :   entr'autros,  moun  cher  Puèch, 

Lou  lire,   l'onemono  e   lo  bèlo  de   nuèch, 

Lou  lillà,   lo  minhardo  e   lo  qu'es  renoummado 

Del  fat  que  se  neguèt   per  faire  uno  brossado. 

E  pièi  conhe  plose,   coumo  ol  mes  de  julhet, 
5o  De  culî.   pèr  Nodal,   lo  jounquilho  e  l'ulhet   ! 
Mes  loissen  aro  Tort  ;   porlen  de  lo  cosèlo   ; 

Es,  s'ou  cal  dire  tout,   pus  coumodo  que  bèlo. 

Oqui,   luèn  del  boral,  on  pot  porlufejà, 

Dourmi,  fuma,  legi,  rire,  biùre,  monjà. 


V.  23.  Goujo  fronco.    La  citrouille  longue  et  blanche  :  la  uerte  est  toujours 
couchée.   --  48.  Narcisse. 


—   141   — 

55  Saique  ombé  Scipioun,  cont  dintràs  sus  lo  bruno, 
Se  ses  de  bouno  umou,   ne  dises  be  côuc'uno  ? 
Cont  noummc  Scipioun,   parle  pas  del  brutal 
Qu'estèrminabo  tout  :  lou  tiù  fo  pas  otal. 
L'autre  obimèt  l'Ofrico  om  lou  sabre  e  lo  dago  ; 

60  Pla  différent  d'oquel,   lou  tiù  semeno,   osago, 
Plonto,  en  lioc  de  destruire,  oplono  lous  comis, 
Mesclejo  lo  terrado  e  lo  passo  ol  tomîs. 
Tu  sabes,  en  un  mot,   qu'oun  cèrco  qu'o  te  plaire   : 
Otobé  bous  trotàs  coumo  de  fraire  o  fraire. 

65  Dounc,  ombe  oquel  omic,  cont  as  lou   bentre  pie. 
Bai  fa  lo  digestiù,  car  ocô  s'enten  be. 
Pièi  trobolhàs  un  briù  ;  cadun  fo  so  pèrcuro  : 
L'un  coutralho  un  ôubret,  e  l'autre  uno  bourduro. 
Mes  cont,  sul  mièch  del  jour,   lo  rajo  fisso  trop, 

yo  D'obort  o  l'oustolou,  courrès  ol  gront  golop   ; 
Otropàs,  en  dintren,  cadun  uno  codièiro   ; 
Oquî  ne  deguosàs  de  lo  bouno  monièiro. 
Ombé  lo  libertat  que  se  douno  l'Onglcs, 
Possàs  tout  en  rebùo  e   n'espornhàs  pas  res. 

75  Persiflas  los  errous,   los  soutisos  del  siècle   ; 
Cap  noun  pot  escopà,  car  tu  siôs  un  espiècle. 
Mes  un  sache  otobe,  que  parlo  sons  possiù. 
Toujours  en  gênerai,  sons  fa  d'oplicociù. 
Pièi,  sul  bèspre,   onàs  beire  ocô  que  coi  dins  l'oulo. 

80  Otal  bous  omusàs,  otal  lou  jour  s'escoulo. 

Ah  !  dins  oquelo  uniù   pousqués  dura  lounc-tens, 
E,  sons  cap  de  souci,  fa  penchenà  los  dens  ! 


^^Xv 


V.  55.  Scipioun.  Ami  inséparable  de  M.  d'Albis. 


142 


COT^RIN   EH  BOUTS  mjAJkWS 


COUNTRO    UN    RIMUR    QU  OBIO    LOU    MAL    DE    lU 


Toujours  tu  romporàs  coumo  uno  ....     cogoraulo  : 
De  tous  bèrses  sons  suc  tout  lou  mounde  es...  sodoul. 

Del  groniè  d'Opoulloun  pos  boissà  lo codaulo  ; 

Mes  trouboràs,  Rimur,  tras  lo  porto  un...     bourroul. 


^JlXV 


,43 


SOUNET^  EN   BOUTAS   RI^IAT^S 

SUL  DESPART  DE  CREISSEL 

PÈSSO    Qu'l    O    LOUNC-TENS    QUE    n'eS    PAS    PUS    DE    MODO 


Onfi,  louât  siô  Diùs  !  birado  es  lo.  .  .  .      modaisso  ; 

Déjà  lou  longuimen  m'orropabo  ol peitral. 

Eh  !  que  faire  o  Creissel,  cont  lou  frech  bous     ocaisso, 
E  que  l'Ibèr  bous  suto  ombé  soun meneiral  1 

5       «  Besès  u,  dire  côuc'un,  «  se  pion  de  trop  de  graisso.  u 

«  Los  Musos,  cado  jour,  oici  tenou fièiral.  m 

Obbé  ;  mes  lour  trigôs  d'o  begados m'ofaisso. 

Se  sobiàs  qu'es  conîs  !  Mos  tourne  o  moun...     oiral. 

Oqui,  tont  que  des  riùs  l'aigo  pourtorô  .  .     crousto, 

10  Enquiô  que  de  sôuta  coumenso  lo longousto, 

Me  tendrai  près  del  fioc,  ferme  coumo  un  . . .     tôuliè. 

Oqul  me  birorai  de  lo  micho  o  lo gourdo, 

Pèr  m'oporà,  se  pode,  o  lo  bilèno Lourdo  ; 

Que  dalho  bèrt  e  sec  pèr  rompli  soun polie. 


O'JlXV 


—   144  — 


AUïï^RE  SOUJ^ET^ 


SUR    LOS    MEMOS    RIMOS, 


ROMPLIT  PER  MOUSSU  DE    GOLl    O    L  OUCOSIU  DEL  PRUMIE  DE  L  ON. 


lù  me  semble  que  l'on  finis  lèu  so modaiso 

Lou  tens  fo  soun  comi  sons  singlo  ni peitral 

D'oun  pus  bite  courris,  d'oun  milhou  nous...   ocaiso 
Ne  bo  coumo  un  bourdet  que  fouito  un    .  .     meneirai 

5       Cado  jour,  sons  pietat,   nous  pialo,  nous.,    degraisoj 

O  peno  sei  poudèn  beire  cauque ficirall 

Cont  i  sounjon  lou   mens,   lo  mochino s'ofaiso 

E  cal,   pèr  un  jomai,   que  quiten  nostre ôira^ 

Ornai  l'ome,  en  susen,  oici  gonhe  so croustoj 

10  E  siago  pas  souben  pus  gras  qu'uno longoustoj 

Sèi  bouldriô  demoura  ferme  coumo  un tôulii 

Que  forio  ?  De  boun  bi  s'obiô  so  pleno.  .  .      gourd( 

Uno  fenno  o  l'oustal  que  fouguèsso  pas lourde 

E  se   poudiô  .toujours  monjà  coumo  un polie 


—   145 


LO  J^IAIPO   DEL   SEGOIiA 


ELEGIO    SUS    LOU     DESPART    DE    MODAMO    DE 


Temuons  de  mous  regrets,   mos  fidèlos  coumponhos, 

Echos,   plouràs  omb'iù  sus  oquestos  mountonhos. 

Lo  bergièiro  Filis  o  mudat  sous  cotous 

01   poïs  des  ulhats,   de  mo  glorio  jolous. 
5  Tont  qu'elo  sèi  trebèt,   mo  cour  èro  goloio  ; 

Despièi  qu'o  fach  un  sièis,   oco's  fach   :  fi  de  joio. 

01  rosteliè  penjats,   lous  tristes  coromèls 

Noun  fotigou   pas  pus  l'olé  des  postourèls. 

D'un  rette  longuimen  los  postouros  côuflidos, 
\o  Coumo  de  bièls  porgans  ou   los  gautos  rofidos. 

Lou  fioc  des  coumponhous  es  gaire  be  escontit  ; 

Lou  pus  ressôusilhat  semblo  un   bostou  bestit. 

Dejoust  l'èrbo  des  prats  mièjo  robostinado, 

Lo  timido  biùleto  es  toujours  omogado. 
i5  Sus  aubres  lous  ôusels,   toutes  engrepesits, 

Rondou,  en  rôufelejen,   de  souns  embèrbesits. 

Lo  biso  bufo  frech  de  soun  oleno  brusco   ; 

Des  costonhès  jolats  estelhouno  lo  rusco. 

Dins  un  trauc  de  poret,  coumo  lou  posserat, 
10  Lou  repetit  tronsit  es  rejounch  coum'un  rat. 


V.  4.  Vlhats.  Le  raisin  qu'on  appelle  à  Millau  Œillat  est  d'un  goût  exquis. 
—  6.  Lespièi  qu'o  fach  un  sièis.  Depuis  qu'elle  est  partie  .  Cette  expression 
signifie  ordinairement  "  partir  sans  dire  adieu  u. 

10 


—   146  — 

Lous  riùs,   empetegats  en  bel  mièch  de   lour  courso, 

Ou  lou  cuèr  endurcit  coum'os  climats  de  l'Ourso   ; 

Lo  glebo,  deis  onhels  escorraunho  los  dens  ; 

Lo  fedo,   lou  moutou,  se  seco  o-s-uèls  besens. 
25  Onfî,   tout  o  cbrgat  uno  mino  estequido, 

Tout  péris,   desempièi  que  Filis  es  portido. 

Ah   !  tournas  ensomoun,  ournomen  de  mo  cour  ! 

Trop  oimaplo  Filîs,   sutàs  bostre   retour  ! 

Benès  un   pauc  sonci  lo  burèlo  bruièiro, 
3o  E  faire  quatre  sauts  sus  lo  bèrdo  folguièiro. 

Cont,  dins  lou  coumunal,   forés   petà  cauque  èr, 

D'obort  lou   roussinhol  se    mctrô  del  councèrt 

Fugissès,  cresès-me,   lou  trimai  de  lo  bilo  ; 

Pes  chèstres,   pes  coudèrcs,   serés  be   pus  tronquillo. 
35  Olaro  tournorôu   lusî  nostres  bèls  jours  ; 

Tout  se  rossemblorb  pèr  reprene  soun  cours. 

Olaro,   de   plosé,   lo  bedèlo  besado 

Forô,  dins  lou   prodet,   mai  d'uno  coumpissado  ; 

E  l'oret  ourgulhous,   corgat  d'un  lusent  aus, 
40  De  trop  de  golhordiô  forô  cent  milo  sauts. 

L'Ibèr  serô  to  dous  que  semblorô  lo  Primo  ; 

Un  ben  tebés  des  trucs  foro  flouri  lo  cimo. 

Obb'olaro  ôuren  gauch  d'onà  floirà  bostre  ort  ! 

Que  de  flours.   gens  de   Diùs  !   i   noisserôu  d'obort  ! 
45   Oqui  s'ossemblorè  mo  cour  desonisado   : 

Dempièi  lou  jour  fotal  que  l'obès  desèrtado, 

Noun   n'o  ni   suc   ni   mue.   Ou  tourne   mensounà   : 

Qu'ocô  siago  prou  dich,   sounjàs  o  sèi  tourna. 

Omai  même  esperon  que   noun  bendrés  pas  soulo. 
50  Oicî  se  dis,   pèr   moi  !   que  ses  mai  que  sodoulo, 

Que  debès  faire   un   nene  :   oi   !   que  serô  poulit  ! 

Nous  trigo  rettomen  de   lou  beire  espelit, 

Diù  bolgo  qu'oquel  fil  semble  soun  brabe  paire, 

E  qu'ajo  los  bèrtuts  de  soun  oimaplo  maire   ! 


V,  39,  '^Edition  :  ourgouilhus  c.  d'un    luisent  aous. 
sodoulo.  On  parle  ici  de  votre  grossesse. 


—  5o.     Que    ses  mai  qi 


147  — 


ROAÎBOI   DEL   PARASOL 

PERDUT  E  TROUBAT. 


O    MOUSSU     DE 


Lou  Parasol  pèrdut  s'es  troubat  pèr  tolastre  ; 

Se  se  fougues  morrit,   moun  Diù,  conhe  desastre   ! 

Lo  rajo  ôuriô  be  usclat  de  trop  fricaus  musèls. 

Déjà,   pèr  lou  cercà,  cincanto  gorgomèls 
5  Fosiôu  dins  lou  pois  uno  retto  fonfaro, 

En  cridén  l'estrumen  que  counsèrbo  lo  caro. 

Mes  se  calque  boulur  l'obiô  mes  o  l'obric, 

Seriô  'stat  brobejat  e  frétât  o  l'omic   : 

Aurio  obut,   pel  segur,   los  esquinos  ounchados, 
10  Noun  pas  de  grais  d'orquet,   mes  de  grais  de  gulhados. 

Onfi,   lou  bous  enboie,   oquel   paro-soulel   ; 

N'i  o  pas,   iù  ne  counbene,   un  moble  coum'oquel. 

Bous  cal  pas,   pèr  ocô,   mespresà  lo  bertèlo, 

Pèr  que,   sons  bous  fochà,   ni   bous  cercà  querèlo, 
i5  Coumo  lou  parasol  elo  fo  so  founcciù   : 

Se  l'un  rejoun  lou   nas,   l'autre  omago  lou  quiù. 

Begen  que  ne  dirô  lo  jontio  doumoijèlo 

Que  demà,  sou  dises,   met  lou  siù  sus  lo  sèlo  : 

Que  s'esplique,   c  d'obort  finira  lou  débat, 
xo  Cun  de  dous  aimo  mai  loissà  de   bat  en  bat  ? 


V.  i3.  Pour  engager  l'Auteur  à  lui  envoyer,  à  l'occasion  du  parasol, 
quelque  badinage  patois,  M*'**  lui  rappelloit,  dans  sa  lettre,  celui  des 
Bretelles.     Voy.  p.   128.^   —   18.    M"*  sa  soeur  devait  partir  le  lendemain. 


—    148  — 


RESPOUNSO  O  A^IOUSSU   FAîJOS 


Escuso,  nostre  omic,  s'ai  tordat  o  respoundre, 
Mes  mo  Muso  n'es  pas  toujour  d'umou  de   poundre 
De  rimos  e  de  pès  lou  lengache  erissat 
Li  put  mai,  cauques  cots,   que  lo  ramo  ol  foursat. 
5  lù  counbene  otobé  que  souben,  cont  breseno, 
N'o  pas  tout-o-fèt  tort.  Lou  mestiè  douno  peno  ; 
Lo  cal  loissà  coumo  es.   As-tu  bist,   per  osart. 
Un  pastre,   ombe  so  micho  e  soun  bouci  de  lart, 
Cont,   quilhat  sus  un  truc,  tout  lou  lounc  de  lo  maisso| 

\o  Pus  ofomat  qu'un  loup,   fo  dobolà  lo  graisso  ? 
As  bist  cont  un  efon,  ol  tour  del  sesteiral, 
Fo  roudà  soun  bourdet  o  cots  de  meneiral  ? 
As  bist  de  conhe   bon,   cont  biro  de  cerièiros. 
Une  fenno  de  Paulhe  orpento  los  corrièiros  ? 

i5  As  ôu5it  mensounà  lo  fièrtat  d'Ortoban  1 

E  pos  obeire  bist  soun  segount,   qu'es  Moldan  ? 
Cont  onèt  ol  Bobrés   pèr  cercà  lo  musico, 
Dinèt  très  cops  obont  d'orribà  o  Sent-Ofrico   ; 
E  pièi,  cont  lo  menèt,  tont  en  magre  qu'en  gras, 

20  Pus  glout  qu'un  coumissari,    ou  metiô  tout  o  bas. 


V.  14.  Paulhe.  Lieu  fertile  en  cerises.  On  connoit,  à  l'air  gai  des  femmes 
qui  les  portent  à  Milhau,  que  la  récolte  est  bonne.  —  i5.  Fier  coumo  Ortoban 
est  un  proverbe  encore  en  usage,  qui  montre  quelle  popularité  ont  eu  les 
romans  de  cheualerie  .  —  i6.  Controlleur  des  Actes  qui,  député  pour  aller 
inuiter  les  musiciens  de  Vabre  dans  une  occasion  brillante,  fit  une  dépense 
exorbitante  pendant  ce  court  voyage. 


I 


—   149  — 

As  bist  un  ocoulat  que   lou  trobal  ofaiso  ? 
Conhe   plosé  n'o  pas,   cont  lou  soulel  s'obaisso  ! 
As  bist  coussi  se  carro  uno  cabro  dins  Tort  ? 
Coussi  ris  un  piloto  orribat  o  boun   port  ? 

25  As  bist  cont  un  bilhet  douno  bocanso  os  Carmes. 
Lous  sauts  deis  escouliés   1  as  ausit  lours  bocarmes  î 
As  bist  cont  un  fousèire  o  finit  soun  journal  1 
Oqui  prou  de  pourtrèts   ;   cèrquen  l'ouriginal. 
Un  home  del  Alounnà,   que  ben  de  lo  fourniiho, 

3û  Cau^o  pas  tont  de  joio  o  so  pauro  fomilho, 
Cont  oluco  lo  teso,   e  qu'en  despièch  del  fun, 
Fo  lusi'n  floc  de  tourto  e  mièch-cart  de  ronsun. 
Nou,  tout  ocô  n'es  res  près  de  so  qu'iù  sentisse, 
Cont  milo  e  milo  cots  legisse  e  relegisse 

35  To  letro,   que   me  dis  que  debridos  to  pla 

Que  res  dins  toun  gousiè   noun  se   pot  orrestà. 
Ocô  me  surpren   pas   :   sabe  qu'uno  ostodeto 
De  cinc  ou  sièis  pijouns  te  toco  pas  l'uëto. 
Fais-ou  toujours  otal   ;   forcis  pla  lou  gresiè, 

40  E  d'un  bi   petilhent  destrempo  lou   mourtiè. 
Gardo-te,   sus  que  tout,   de  faire  lo  foulio 
De  corgà  lou  tesic  de   lo  meloncouliô. 
T'ones  pas  noun  plus  mètre  ol  cap  lou   pessomen. 
Que  d'un  diùte  jomai  noun  fo  lou  pogomen. 

45       Aro  te  bole  dire  uno  drollo  noubèlo  : 

Lo  semmono  possado,   un  morchant  de  cerbèlo, 
Pichot-mestre  élégant  (ocô  bol  dire  un  fat), 
Tirât  o  quatre  piols,   o   lo  grèco  couifat, 
E  golounat  surtout  en   morquis  de   Goscounho, 

5o  Se  troubèt  borboulhat  d'uno  lourdo  besounho  : 
Te  bau  countà  lou  fèt.   D'el-mème  fort  counten. 


V.  26.  Les  Grands  Carmes  ont  à  Millau  le  Collège  royal  :  le  Maire  ou  les 
Echevins  leur  font  donner  vacances  quelquefois.  —  ig.  Edit.  fourmilla  : 
faute  corrigée  dans  l'édition  de  1810  .  —  T)el  Mounnà.  Lieu  qui  n'a  d'autre 
ressource  pour  viure  que  de  charrier,  avec  des  ânes,  des  buis  et  d'autres 
broussailles,  uniquement  bonnes  à  chauffer  le  four.   —  32.     Edit.  htsi  un. 


—    i5o   — 

Quoique  fougues  belèu  prou  desonat  d'orgen, 

Oquel  leste  Morquis  troutabo  los  corrièiros    ; 

Beniô  de  dou  lou  Pont,   dintrabo  o  Peiroulièiros   ; 
55  E  coumo  se  roncountro  ol   pas  lou   pus  destrech, 

Orribo  uno  correto  olaro  ol  même  endrech  : 

Oqu'èro  des  colhets  lo  pudento  buoturo, 

Que  de  cauque  pribat  correjabo    l'ourduro. 

El  s'orruquèt  be  prou,   pèr  lo  loissà  possà   ; 
6û  Mes,   molgrè  tout  ocô,   pèr  moi   !    colguèt  solsà. 

Tout  d'un  cop,   del  corriol  se  destacou  dos  posses, 

Que  laissou  deboundà  cauco  biondo  sons   osses, 

Qu'emplastro  del  Morquis  lo  figuro  e   lou  ruse. 

Oh  !  cèrto  d'oqui  en   lai  sentissiô  pas  lou  musc. 
65  Un  frotèr  ouficious,   que  béjèt  so  fotigo, 

Ben,   lou  pren  pèr  lou  bras,   lou  meno  o  so  boutigo, 

E  se  met  en  deber  de  lou  desobilhà. 

Lou  Morquis,  que  crenhiô  de  se  despèitrolhà, 

(Omai  n'obiô  rosou,   sobiô  de  que  birabo), 
jo  Pèr  se  desempeitra,  poulimen  remèrciabo. 

Mes  lou  frotèr,   que  crei  qu'oco's  un  coumplimen. 

Rite  ol   paure  mèrdous  dosto  l'obilhomen. 

Conhe  moumen  cruel   !   obbé  oquesto,   qu'es  griso  ! 

L'home  tont  golounat  se  troubo  sons  comiso  ! 
75  Soulomen  cstocat  ombé  quatre   boutous, 

De  lo  mancho  penjabo  un  porel  de   morgous. 
Coumo  èro  es,   autromen,   lo  bilo  de  Toulouse  : 

Prou  seco  dins  l'estiù,   dins  l'ibèr  pla  fongouso. 

Adiù,  cher  Goujouli,   debes  cstre  segur 
80  Qu'oun  cessorai  jomai  d'èstre  toun  serbitur. 


V.  54.  Rue  des  Chaudronniers.  Aujourd'hui  rue  Peyrollerie  .  —  79. 
Goujouli.  Corruption  de  Goudouli.  nom  du  fameui  poète  Toulousain  (iS/g- 
1649),  dont  les  œuures  ont  été  traduites  en  italien  et  en  espagnol  et  mises 
en  latin  par  le  P.  Vaniére.  Sa  ville  natale  lui  a  élevé,  l'année  dernière,  un 
magnifique  monument. 


i 


—    i5t    — 


LOU    PROUBÈRBE    BERTODIÈ 


O     MOUSSU      R    ■  ",      O     UIOUN. 


Noun  jurés  pas  jomai  de  res, 
Car  sobès  pas  so  que  forés. 
Pla  bertodièiro  es  lo  sentenso   : 
Richart  n'o  fach   l'eiperïenso. 
5  Forcit  d'esprit,   orrosat  de  tokns, 

De  toutes  lous  défunts  que  fouguèrou  sobens 
Cultibabo  lo  couneisenso. 
Sons  cèsso  offomat  de  scïenso, 
Ornai  n'ojèsso  soun  sodoul, 
10  01  cobinet,  ferme  coum'un  pecoul, 

Fosiô  so  majo  residenso. 
Es  bèrtat  que,   sul  ser,   pèr  li  tene  soûlas, 

Cont  de  trobal  e  d'estudie  èro  las, 
Beniô  d'omics  triats  uno  bouno  troupeto. 
i5  Oqui,   pèr  s'omusà,   possabou  pel  curbèl 

Tout  so  que,   cado  mes,   de  rare  e  de   noubèl 
Porto  ol   public  l'ombulanto  gojeto   ; 
Omai,   pèr  moi   !   de  lo  floureto 
Sobiôu  lèu  distingà  lou  soulide  e   lou  bel. 
lo  Omb'oquelo  bando  côu:5ido, 

Richart,   sons  trop  de  pessomens, 
Possabo  doussomen  so  bido. 
Estimât  e  chérit  de  los  hounèstos  gens. 
Ocô  soûl   que   lou   chifounabo, 
25  Ero  cont  des  porens  l'omistat  lou   pressabo 


t52   — 


De  countroctà  certèns  engochomens 
Countro  lous  cals  soun  goust  se  reboultabo 
El  respoundio  qu'encaro  oun  se  n'  chôutabo, 
Que  seriô  be  toujours  o  tens 
3o  O  se  pèrcurà  de  tourmens 

Dins  un  boulountari  esclobache   ; 
Que  rimèn  èro  un  estourdit   ; 
Que,   pèr  mal  colculà  lous  detals  d'un  meinache, 
Ne  fo  souben  de  mal  ourdit   ; 
35  Mes  que,   pèr  el.   n'èro  pas  prou  ordit, 

Sons  i   pensa  lounc-temps,   d'osordà  l'obonturo, 
Pèr  so  qu'o  l'esfournà  se   n'  fo  l'emboioduro. 

D'oqui   lou   poudion  pas  tira. 
L'Imèn  el-mème,   un  jour,   boulguèt  s'obonturà 
40  De  li  faire  cauque  coussèrgue   : 

O  sous  désirs  lou  troubèt  tont  reguèrgue 
Que,   de  despièch,  se  n'  metèt  o  pleura. 
Onfi,   quoique  foguès  toujours  mémo  respounso, 
O  tout  moumen  rebeniô  lo  semounso   ; 
45  Talomen   pla,   que,   loiat  d'oquel  trin, 

Per  tronchà  court  e  ficsà  soun  destin, 
Cujèt  fa  tout  d'un  cop  lou  sermen  temerari 
De  jomai  noun  respoundre   :  Amen 
O  cap  de  poncarto  d'Imèn 
5o  Escricho  de  ma  de  noutari. 

Encaro  n'obiô   pas  oprés 
Qu'oun  cal  jomai  jura  de   res. 
Sopenden  soun  ouro  oprouchabo  ; 
Quicon  trebabo  ol  couben   naut, 
55  Que  sourdomen   lou   menossabo 

De  lou  réduire  o  fa  lou  saut  : 
L'Imèn,    picat  de  tont  de   resistenso, 
Noun   pot  pas  supourtà  l'oufenso. 
Portis  coumo  un  furiùs   e  bo  troubà  l'Omour  : 
60         «  Bene,   m  lis  dis.   «  implourà  to  puissenso 

«  Countro  un   mourtèl  qu'o  l'insoulenso 
«  De  se  trufà  del  joue  que  l'on   porto  o  mo  cour. 


153 


«  Sons  doute  qu'o  legit  lo  letro  sotirico 
«   Qu'o  fourjado  countr'  iù  lou  Jubenal  froncés. 
65  «   Mes  qu'es  ocô  ?  Bei  be,   lou  mal  oprés, 

«  Qu'obèn,   molgrè  Boileau,   Diù   merci,   prou   protico 
«  E  pourtant  o  lou  torse  ai   perdut  moun  loti   : 
«  Toujours  es  preste  o  lo  replico. 
"  Ogacho  tu  de  me   lou  coumbèrti   ; 
70  «  Car  o  tal   poun  uèi  soun  refus  me  pico 
«  Que  cal  qu'iù  crèbe,   ou  qu'el  fago  uno  fi. 
—  Praire,   m  li  dis  l'Omour,   «  te  boutes  pas  en  peno 
«  Laisso-me  fa,   seras  benjat   : 
«  Dins  mens  d'un  mes,  joust  to  codeno, 
75  «  Beiràs  lou   rebelle  renjat.  m 

Cont  oco's  dich,   l'efon,   que  n'es  pas  gruo, 
Monto  ol  couben  per  i  faire  recruo   ; 

Ojèt  lèu  guinhat  lou  sujet 
Oue  li  coliô  pèr  romplî  soun  proujèt. 
So  Debinhèt  même  o  l'aire,  oquel  pichot  espiècle, 
Qu'ôuriô  mai  d'obeluc  pèr  lou  trimai  del  siècle 
Que  pèr  lou  repaus  del  couben   : 
E  lou  rusât  s'i  troumpo  pas  souben. 
Oprès  ocô,   fisàs-bous  o  lo  Faplo. 
85  Que  sousten  que  toujours  soun  uèl 

S'ocutourbo  joust  un  bendèl   ! 
Sus  oquel  fèt,   pèr  moi   !   n'es  pas  cresaplo. 
Mes  que  te  fo  pièi   lou   pendart  ] 
Pus  fi,   pus  traite  qu'uno  cato, 
90  Que,   pèr  bous  osorpà,   bous  flato, 

01  porluor,  coumo  pèr  osart. 
Tout  d'un  cop  fo  troubà  Richart  : 
Oqui   lou  bouliô  lou  coumpaire, 
Pèr  benjà  l'ounou  de  soun  fraire. 
95  Cèl  !  cun  oubjèt  s'oufris  o  soun   premiè   regart   ! 
Que  bo  debenî  nostre  sache  ? 
O  déjà  bist,   o  trobèrs  un  grilhache, 
Coumo  un  espèsso  de   lugart 
Beluguejà  sus  un  bisache 


154 


loo  To  fricaut  e  to  rebelhat 

Que  soun  uèl  n'es  mirobilhat. 
Mos,   serô  près  oqueste  biache, 
Coum'un  ôusèl  ol  trebuchet, 
Ou  coumo  l'onguilo  ol   crouchet. 
iû5  Trop  sotisfach  de   lo  figuro, 

Nostre  home  de  l'esprit  bol  soundà  lo  tournure  : 

Car  oquel   pount   pèr  el  es  impourtent. 
Oh   !   cèrto,   bèromen,   be  ne  fouguèt  countent. 
Onf»,   Richart  o  Lobideto 
tio  (Car  arc  es  tens  de   lo  noummà) 

Foguèt  senti  cauquo  floureto 
Qu'endebenguèt  o  lo  chormà. 
Lou  Diù   nenou,   que  lou   pèrt  pas  de  bisto, 
Dis  en  el-mème,   en  lous  regorden  fa  : 
ii5  «  Courache,   Imèn,   bas  trioumfà. 

«  Te  fau  bou  de  dous  cors  que  groussirôu  to    listo.   m 
L'Orquïè  menut  coulis  olaro  un  dart 
Dins  oquelo  diantro  d'oigino 
Que   porto  toujours  tras  l'esquino, 
120  E  lous  trauco  de   part  o  part. 

w  Lou  cop  es  fach,   »  dis  olaro  lou  drilho  : 
«   O  tu  lo  balo,   fraire   !   Onen,   béni  dounc  lèu 
«  Pèr  lous  possà  joust  toun  dropèu.   i> 
L'Imen,   ol  grat  de  lo  fomilho, 
ii5  Orribo,   oluco  soun  flombèu. 

Lou  noutari  fo  so  pèrcuro. 
Lou  tombour  bat,   lou  solpètro  broun^is. 
Lou  nobi,  sons  autre  sursis, 
O  l'outèl  counduis  lo  future. 
i3ù  Lou  cepelô  lous  benesis. 

Penden  touto  lo  cèrmounio, 
D'equel  jonti  porel  une  dousso  ormounio 
Exalte  leu  bounur  e   lou  ceuntentomen. 
Lou   pus  tendre   robissomen 
1 35  Sosiguèt  lo  noumbrouso  e  brilhonte  ossemblade, 
Cent  bejèt  l'ocoumplissomen 


155 


D'oquelo  uniù  to  desirado. 
Dins  l'ecstaso  d'oquel  moumen, 
Besiàs  de  gauch   plourà  lou   pèro  ; 
140  Tont  ne  fosiôu   lo  sur,   lou  frèro, 

Car  s'aimou  be  to  tendromen 
Qu'oun  n'ôu  qu'un  même  sentimen. 
Que  diren  de   lo  bouno  chèro 
Que  desempièi  troto  tont  o  l'oustal 
145  Que  semblo  lou  louchis  del  goulaut  cornobal  ? 
T'ai  pas  tout  dich  encaro,   espèro  : 
Pièi   lous  fiocs  d'ortifice  e  lou  joc  e   lou   bal, 
E  tont  de  pople,   onfi,   que  courris  o  lo  fèsto, 
Coumo  los  fedos  o  lo  sal. 
i5o  Ocô's  be,   me  dires,   un  torriple  boral. 

Un  trigôs  issourdous,    un   rette  casso-tèsto   : 
Es  pla  bèrtat,   mes  toujours  rèsto 
Que,   dins  un  porèl  festenal, 
D'ocô,   de   l'autre,   ou  cal  be  faire  otal. 
t55  Onfi,   Richart  embèrs  l'Imèn  es  quite   : 

Omb'el   lounc-tems  obiô  founhat, 
Aies  obio  be  rosou  de  fa  lou  regonhat, 

Pèr  qu'en  l'escouten  pas  to  bite. 
En  luoc  de  perdre  o  bel  cop  mai  gonhat   : 
160  O  près  uno  moulhé  romplido  de  mérite. 
De  gront  cor  iù   l'en  félicite. 
Ocô's  aro  qu'o  pla   coumprés 
Que  toujours,   couci  que  tout  bire, 
Lou  proubèrbe  es  en  drech  de  dire 
165  Qu'oun  cal  jomai  jura  de  res. 


^,:iXv 


156 


EpiTRO    O    AIOUN    0^lIG 


Lou   que  fo  porlà   lo  mochino 
Qu'en   potuôs  opelon  l'ourguino, 
Lou  brabe  Ogar,   bostre  omic  e   lou    miù, 
M'es  bengut  dire,   moun  cher  Priù, 
5  Qu'en  benguen  de  Roudés,   obiô  fach  un  possache 
O  bostre  oustal,   Qunt  bous  troubèt  pla  biù, 

Omb'un   pan  de  flour  sul  bisache. 
Sons  bous  senti  del  tesicun  de  Tache. 
Ah   !   posco  ocô  dura  boun  briù   I 
\o    Que  dise  1  encaro  obès,   sou   m'o  dich,   lou  ccurache 
De  bou'  n'  onà,   tout  soulet,   cado  jour, 
Bous  possejà  deforo  lou  bilache 
E  pèr  lous  mases  d'olentour, 
Souben  même  ol  delà  de  bostre  besinache. 
i5  Ocô  me  fo  forso  plosé    : 

Sons  m'ou  fa  renegà,  sons  doute,   ou  creirés-be   : 
De  menti  siù  pas  dins  l'usache. 
Couserbàs-bous,   ol  noun  de  Diù, 
Pèr  bous  d'obort,   e   pièi   pèr  iù  ; 
2o  S'onabes  en  obal,   trop  me  foriàs  soufrache. 
Item,    m'o  dich  que  bostres  cats, 
Qu'obès  talomen  educats 
Qu'oun  lour  monco  que   lo  poraulo, 
Dobalou  pas  jomai  de  taulo 
25   Que  cont,  coum'un  mirai,   ou  fach   lugi  lous  plats. 
M'o  dich,   onfi,   qu'obiàs  lo  coumplesenso 
De   me  gordà  toujours  dins  bostro  soubenenso. 


-    157   - 

Counfourmomen  o  nostro  coumbenciù. 
Otal  bous  die   :  countàs  sur  mo  recouneisenso. 
3o  Aro,   ombé  bostro  permissiù, 

Bau  dire  un  moût  sus  mo  sitùotiù. 
Ai  lous  ginouls  nousats,   los  combos  enrelhados, 
Lous  pès  enredenats,   los  solos  enclobados. 
Dins  lo  combro,  tout  soûl   pode   pas  faire   un  pas, 
35  Sons  riscà  de  toumbà  de  nas   ; 

E  cont  marche  dins  lo  corrièiro, 
Cal  toujours,  coum'un  efontou. 
Que  me   menou   pèr  lo  brossièiro  ; 
Autromen,   del  bras  drech  me  tene  sul  bostou, 
40  E  del  gauche  m'orrape  ol  bras  de  lo  chombrièiro. 
Omb'ocô,   l'estoumac  es  bou   : 
N'es  pas  pigre,   digèro  prou. 
E  mes  dens,   cont  fou  l'exercice, 
S'oquitou   pas  mal  del  sèrbice   : 
45  Encaro  torsou  lou  croustou. 

Mes  bous  pode   pas  onà  beire   : 
M'es  pla  de  fèr,   ou   poudès  creire. 
Ogochàs  de  sèi  dobolà, 
Bous  qu'encaro  o  chobal.   sou  disou,   mountàs  pla, 

Ai   !  cun  jour  de   rejouissenso 
Per  iù  qu'ai  to  lounc-tens  potit  de   bostro  opsenso   ! 

Un  soûl  moumen  que   boralhe  ombé  bous 
M'opetissorô  mai  qu'un   plat  de  postissous. 
Qu'aurai  plosé  de  bous  entendre  dire 
55  Oqueles  colombours  que  font  noïbomen 
EscuUàs,   o  cado  moumen, 
Omb'un  seriùs  que  fo  crebà  de   rire   ! 
Benès  dounc,  cher  omic,   benès  sons  tordà  mai. 
Toutes  dous  nous  fosèn  en-lai   : 
6ù  N'espérés  pas  qu'oquelo  Comordasso, 

Dount  lou  noun  soûl  romplis  d'esfrai, 
E  que  despièi  lounc-tens  bèlho  nostro  corcasso. 
Nous  fago  dire  odiù   pèr  toujours  e  jomai. 


—    i58  — 

DIOLOGUE 
ENTRE  LO  MUSO  ROUÈRGASSO  E  SOUN  MÈSTRE 

SUL    MORIACHE    DE    MOUSSU    DE    SORGOS. 


LOU    MESTRE 


Dins  lou  tens  que  tout  Milhau  crido  : 

«  Bibo  SoRGOs  e  soun  imèn   !   u 

Que  fas,  tu,   Muso  embèrbesido  ? 

Diùriôs  ou  mens  respoundre   :   «  Amen,   u 
5  As  pôu  de  t'espounhe,   pecaire   ! 

Se  te  colio  mena  l'oraire, 

Ocô  seriô  be  quicon  mai. 

Onen,   olèrto   !   se  te  plai. 

Oplecho  uno  douplo  guirlande 
\o  Pèr  oqueles  saches  ornons   : 

Belèu  de   fa  porèlho  oufrando 

Serô  pas  lou  cas  de  dech  ons. 

LO    MUSO 

Boules  fa  fi  de  mo  cèrbèlo  ] 
Cercàs  toujours  noubèl  trobal   ! 
i5  Pèr  moi   !  ses  un  ouriginal. 

Couneisès  pas  lo  doumei5èlo 
Que  SoRGOS  meno  o  soun  oustal  ? 
Pintràs  bous-mème  oquelo  bèlo. 

LOU     MÈSTRE 

Nou   :   n'ouriô  pas   prou   boun   pincèl   ; 
20  M.CS  pode  dire  que  lou   Cèl 


i59 


L'o  facho  csprès  pèr  lo  fomilho 
Ount  de  tout  tens  lo  bèrtut  brilho  ; 
E  qu'i  bo  pourtà  de  so  sur 
E  lo  bèlo  amo  e  lou  boun  cur, 
25  Omb'un  brabe  escach  de  romilho. 

LO    MUSO 

Oh   !  sons  ocô  laissou   lo  fillo  ? 

LOU     MÈSTRE 

Fi  dounc   !   Oquel  proubèrbe  es  bas. 
De  lo  berquièiro  on  fo  pas  cas 
Dins  un  oustal  que  d'or  fourmilho, 

3o  SoRGOs  cercabo  uno  mitât 

D'obort  romplido  de  pietat, 
E  pièi  mens  richo  qu'oimopleto   ; 
E  bèrtut,   richesso,   bèutat, 
Tout  ou  roncountro  en  so  beleto. 

35  Qu'o  pla  fach  de  l'onà  côuji 

01  nis  que  troubèt  Bolhôu5i   ! 

LO    MUSO 

Guinhèt  pas  mal,   l'en  félicite. 

LOU    MÈSTRE 

Mes  dema  ben  de   Mounpelic   : 
Se  debèn  conta  soun  mérite, 
40  Courriguen  bite  o  l'otelié. 

LO    MUSO 

Alèstre,   tont  bal  que  bous  ou  digo 
Ocô's  pèr  iù  trop  de  fotigo. 
Pièi,   bostrc   potuos  rouërgàs, 
Qu'o  cauques-us  tont  desogrado 
45  Qu'ofectou  de  l'entendre  pas, 

M'o  rettomen  descourochado  ! 
Pèr  qu'oun  opreniàs  lou  froncés  ? 
Dins  bostre  jouben,   Diù   morcés, 


\6o 


Bous  tenguèrou  be  prou  de  mèstres  ; 
5o  Aies  saique  oimabes  mai,   pes  chèstres, 

Del  bouriaire  ôu^i  los  leisous 
Ou  del  mojoural  los  consous. 
Bous,   cresès  pas  qu'où  sachou  dire  1 

LOU     MÈSTRE 

Eh  be   !   pièi,  cresès  qu'iù   me  n'  bire  1 
55  Eles  sabou  pas  mos  rosous. 

O  mous  bèrses  ai  bist  sourire 
Lous  Golis  e  lous  Rebourguils  : 
Lour  sufrache  me  diù  sufire 
E  m'ormà  countro  lous  bobils. 
6o  Courache  dounc,  béni,  mo  Muso  ; 

Cèrques  pas  pus  de  desencuso, 
Oisô  serô  pel  dorniè  cop. 
Béni,  te  retendrai   pas  trop  ; 
Segoundo  l'ordou   que  m'onimo. 


65  Fort  pla.   De  bielhun  trontoulàs, 

E  boudriàs  courre  oprès  lo  rimo, 
Coumo  fosiàs  dins  bostro  primo  ? 
Colàs-siau,   besès  que  rebàs   ! 

LOU     MÈSTRE 

Calo-te,   tu,  tros  de  bobardo   ! 

70  01  nas  me   mounto  lo  moustardo, 

Cont  me   parlos  to  sotomen. 
Se  m'escoutos  grociÙ5omen, 
Coumprendràs  qu'esten  de   lo  bilo, 
Poudèn  pas  gaire,   bounomen, 

75  Tene   nostro  lengo  immoubilo 

Dins  uno  tont  bèlo  oucosiù. 
Oprès  ocô,   te  siù  côuciù, 
Ou   pos  creire  sus  mo  poraulo. 
Que  jomai   noun  t'emplègue   pus   : 

80  Del  mestiè  couneise  l'obus. 


—   i6i   - 


Seriô  pla  tens,   bièlho  codaulo, 
Qu'obondounèsses  un  trimai 
Que  bous  seco  coum'un  cremal. 
Aies  lou  mendre  efon  bous  enjaulo  ; 
85  N'obès  pas  cap  de  tenesou   : 

Toujours  rimorés  pauc  ou  prou. 

LOU     MÈSTRE 

Qu'as  pla  lou  doun  de  me  desplaire  ! 

Ou   mens,   se  bos  pas  res  pus  faire, 

Bai   lour  dire  oiso  simplomen   : 
90  «  Joubes  chormans,   esprèssomen 

«  Oici  moun  bièl  Mèstre  m'emboio, 

«   Per  bous  faire   part  de  lo  joio 

«  Qu'o  de  bostre  countentomen. 

«  Bibès  d'ocordi  loungomen   ; 
95  «  Que  de  bostro  dousso  codeno 

«   Res  n'enromboulhe  lo  centeno   ! 

ff    Que  lo  tramo  de  bostres  jours 

«  Siago  fiolado  peis  Qmours  ! 

«  E  que  lo  traito  que  nous  trousso 
ICO  «  Ne  benguo  pas  troubla  lour  courso 

ff  Enquiô  qu'ojés  mièch  pan  de   mousso   !   » 


^JiXv 


M 


102     — 


EPITRO  OL   PÈRO    BENANSO, 


COPUCHIN    O    NOSTRO-DAMO    D  OURIENT,    PRES    SENT-SORNl. 


i5 


Omic,   o  lo  focillitat 
Ombé  loqualo  fa3  tous  bèrses, 
On  bei  quz  siôs  l'efon  gostat 
Del  Mèstre  des  sobens  trobèrses. 
Que  bei  suossanto-seche  ibèrs, 
Noun  pot  se  flotà  de  H  plaire   : 
E,   pèr  molur,  ocô's  moun  cas. 
Escuso  dounc  se  pode   pas 
Te  faire  uno  longo  rimalho, 
Pèr  respoundre  o  toun  coumplimen, 
Que  pel  segur  n'es  pas  de   palho. 

Pèr  qu'i  sèn,   un   pauc  coqueten 
Sus  un  suchèt  que  mz  trobalho  : 
Digos-me,   noun  coumprene  pas 
Coucî,  tont  joube,  tont  oimaple, 
Pouguèros,  gront  tolibournàs, 
Sons  beire   pus  luèn  que  lou   nas, 
Te  coubri  d'un  copouchounàs, 
D'uno  cordo,   d'un  bolondràs 
E  de  tont  d'autres  orïàs 
Que,   pèr  mo  fe,   fou   pou  ol  diaple. 
Porlen   pauc  e  que  siago  bou   : 
Que  dises,  cont  contos  Motinos  î 
Nojilhos  coum'un  loup-gorou   ; 


—  i63  — 

25  Pièi  creses  de  faire  milhou 

En  te  grotilhen  los  esquinos 
Ombé  cauque  tros  de   bùisou   ! 
lù  crese  que  fas  doussomen. 
Ouriô  de  tu   pla  pauro  idèio 

3o  Se  disiôs  que,   pèr  cnà  '1  Cèl, 

Se  cal  mètre  coum'un  curbèl, 
Ou  nègre  coumo  chiminèio. 
Omic,   fiso-te   [n']  o  bièl  cat  : 
Fai  cauque  cop,   dedins  l'olcobo, 

35  Cauque   poulit  bèrs  d'omogat. 

Se  jomai  lou  gordien  lous  trobo, 
Digos-i,   d'un  toun  de   pietat   : 
«   Pèro  gordien,  Âve  Maria   !  u 
El  boudrô  pas  [cap]  d'autro  probo 

40  Car  iù  sabe  que,   chez  bous  aus. 

Un  pichot  aire  d'ipoucrite. 
Un  uèl  boisât,   un  dous  pèrpaus, 
Ten  lioc  de  tout  autre  mérite. 
Lou  tens  me  coupo  lou  siflet. 

45  Ouriô  boulgut  pèr  te  respoundre, 

Te  fa  quicon  de  poulidet, 
E  pièi  l'ôuriôs  pouscut  refoundre, 
E  ou  conta  sul   flojoulet   : 
Mes,   pèr  molur,   l'ache  m'empacho. 

5o  Tu  portos  pas  lou   piol-foulet, 

E  iù   porte  griso  moustacho. 
Escuso  dounc,   se,  simplomen, 
E  tout  pie  de  recouneisenso. 
Te  déclare  sincèromen 

55  Que  siù  fier  de  to  couneisenso. 


^Ji^cv^ 


164  — 


RÉPONSE  DU  PÈRE  VENANTE 


i5 


Gracieux   peintre  des  Saisons, 

Heureux  émule  de  Virgile, 

O  toi,   dont  la  Muse  facile 

Chanta  les  oergers,   les  moissons. 
Sois  mon  guide,   Peyrot,  et  ma  Muse  animée, 
En  t'imitant,   pourra  célébrer  les  Troupeaux, 
Les  amours  des  Bergers,   leurs  combats,  leurs  traoaui. 

Et  le  partage  de  l'année   ; 
Peut-être  alors,  fameux  dans  les  hameaux. 

J'égalerai  ta  renommée. 

Tel  on  voit  un  cep  tortueux 

Languissamment  ramper  sur  l'herbe   ; 
Mais,   appuyé  sur  un  tilleul  superbe. 
Le  cep  et  le  tilleul  s'élèvent  jusqu'aux  Cieux. 

Docile  aux  lois  de   l'austère  sagesse, 
C'est  d'elle  que  tu  tiens  ta  lyre  et  ton  pinceau. 

Au  ton  badin  de  Ducerceau, 

Tu  joins  la  force,  la  noblesse 

De  Despréaux  et  de  Rousseau. 
Dans  leurs  écrits,  tu   puises  l'élégance, 
Les  deDoirs  du  Poète,   et  ceux  du  Citoyen, 

L'amour  du  v»rai  et  la  décence. 
Ils  furent  ton  modèle,  et  tu  seras  le  mien. 


^Jjîiilv 


i65    — 


COUjA-pLlfAEJi  O  AlOUSSU  DE  BOUNALi, 


MAIRE    DE     MILHAU 


Bous  que  del  Mèstre  Copeirou 

Fosès  lou   pus  louaple   usache, 

Oicî  sèn,   Miquèl  e  Jonou, 
Pèr  bous  pregà  de  soufrî   nostre  oumache   : 

Boulgàs  nous  faire  oquel  ounou. 

Sèn  de  lo  classo  lo  pus  pauro, 

Oco's  bèrtat  ;   mes  sobèn   prou 
Que,   s'estimàs  l'ounèste  orne  senhou, 
Mespresàs  pas  noun  plus  lou  brabe  orne  que  lauro. 


^JiXv 


—   i66 


OURIGIJ^O   DE   LO   fORONDOLO 


i5 


25 


Olèrto,   olèrto,   coumponhous   ! 

Cal  dégourdi  lous  combojous  ; 

Lo  forondolo  onuèch  se  donso. 

E  bautros,  filhos,   otobé , 

Ornescàs-bous  coumo  coumbé   ; 

Cal,   dins  uno  ouro,  èstre  en  codonso. 

E  bous  obèrtisse  d'obonso 

Que   lou  sol  es  rette  fongous   '• 

Se  fourbiabes  pas  lous  tôutasses, 

Degolhoriàs  lous  sobotous, 

Omai  croutoriàs  lous  debasses. 

Mes,   me  dires  :   «  Es  pla  fochous 

«  Qu'onuèch  fago  pas  ges  de   luno  ! 

«  Cal   nous  beiro,   cont  donsoren  ? 
"  E  se  nous  besou   pas,  cun  suc  i  trouboren  ?  m 
Oh   !  tronquilisàs-bous,   onàs-lèi  sons  roncuno   ; 

Car  bous  proumete  que  cadun 
Metrô,   pel  mens,  o  so  fenèstro  un  lun, 
Pèr  poude  distingà  lo  bloundo  de  lo  bruno. 

Onen  dounc   !   quitàs  lou  mirai, 

Onàs  ronfoursà  lou  boral 

Que  se   meno  ol  tour  de  lo  plasso. 

Déjà  pleno  coum'un  fièiral. 
Ocô  n'es  pas  so  que   bous  emborrasso  : 

Ses  prou  fachos  o  lo  godasso. 

Aies  o  pèrpaus,   cont  n'es  questiù, 


—   107  — 

Disou  qu'un  certèn  mèstre  Ondriù, 
Qu'oimabo  rette  \o  boumbanso, 
E  qu'èro  lent  o  fa  lo  digestiù 
3o  Cont  obiô  trop  forcit  lo  panso, 

Imoginèt  oquelo  poucessiù, 
Que  d'un  pigre  estoumac  précipite  l'occiù. 
En  efèt,   oquel  exercice 
D'une  purjo  pot  fa  l'oufice, 
35  Pèr  deborrossà  lou  tripou. 

Cont  serîô  pie  coum'un  bournhou. 
Que  l'istuoro  siô  falso,   ou  que  siô  bertodièiro, 
Oco's  égal  :  es  ou  mens  pla  bèrtat 
Que  de  lo  debouciù   lebrièiro 
40  Lo  junesso  de  tout  estât 

Es  toujours  presto  o  sègre  lo  bonièiro. 
Entr'ôu5l  batre  lou  tombour, 
Siago  de  nuèch,   siago  de  jour, 
Un  moinache,   un  filhou  que  sort  de  lo  bressolo, 
45     Un  nossou  retroussât,   un  robossou  de  drollo, 
En  courset  blonc,   en  jupoun  court, 
S'ofrairo  d'un  cotèt,   siago  poulit  ou  lourt, 
Qu'ombé  lou   moucodou,   que  serbis  de   brossièiro, 
Lo  trigosso  en  souten  de  corrièiro  en  corrièiro, 
5û     Enquiô  que  de  sôuta  siô  trempo  coum'un  gourp. 
Ou  que  de  se  roussà  l'un  e   l'autre  siau  lasses. 
Lou   molur  es  que,   dins  lou  tens 
Que  brondissou  lours  pessomens 
En  tournen  cent  cots  sus  lours  passes, 
55  Lou  bilèn,   oquel  fi  cotas 

Que  bol  pèrtout  mètre  lou   nas, 
Pèr  poude  fa  sous  côulets  grasses, 
De  lous  sègre  n'es  jomai  las. 
Mes,   luèn  d'oici,   bièl  goulordàs   ! 
60  Sèi  foras  trop  magre  poutache  ; 

Car  tout  lou   mounde  serô  sache, 
E  degus  t'escoutorô  pas. 
Otal  siô. 


—   i68  — 


DIOLOGUE 


ENTRE    MIQUEL,    DE    MILHAU,    E    JONOU,    DE    LO    BLOQUIEIRO, 
ONCIÈNS    COMORADOS    DE    BOUTELHO. 


MIQUEL 

Ai  !  Jonou,  siôs  oici  ?.  .  .    Bounjour   ! 

JONOU 


Adiù,   Miquèl. 


MIQUEL 


Coussi  te  n'  bo  ? 

JONOU 

Fau  prou  jougà  le  maiso. 
E  tu  que  fas  1 

MIQUÈL 

Croustilhe   lou  contèl, 
Surtout  cent  es  ounchat  omb'un  bricou  de  graisso. 

JONOU 

5  E  n'as  pas  ouplidat  d'estourrà  lou  goubèl  ? 

MIOUÈL 

Pèr  n'i  lôisà  pas  res,  ause   lou  cap  bol  Cèl, 

JONOU 

Otal  te  dich   ;    mes  me   n'  boutou   pas  gaire   : 


—   169  — 

Cal  se  n'  pot  uèi  sorrà  d'oquel  sont  olimen   ? 
Pèr  n'obeire  un  conou  cal  un  plen  poun  d'orgen, 
tù  Fouche   !  ocô  del  Jolous  pèr  pauc  qu'iù  m'endorraire 
(Car  d'usses  cots  on  es  pus  olterat). 
Me  n'  tourne  o  lo  Bloquièiro  om  lou  folset  curât. 

MIÛUÈL 

Lou   paure  tens  pèr  un   pintaire   ! 

JONOU 

Surtout  pèr  tu  que  siôs   pas  botejaire. 

MIQUÈL 

i5  Ni  tu  noun   plus,   siôs  pas  ôigossejaire. 

JONOU 

Pas  malomen. 

MIQUÈL 

Cun  ben  soi  t'o  poussât   ? 

JONOU 

Encaro  qu'ojen  fort  o  faire, 
Coussi  quicon  me  siù  deborrossat, 
Pèr  béni  fa  colsà   los  ègos, 
io  Qu'èrou  pè-nudos  dempièi  sègos. 

MIQUÈL 

Ocô's  pia  fach.  Que  loi  se  dis  de  nôu  ? 

JONOU 

Te  dirai  pas  d'autro  noubèlo, 
Souncos  que  dobont-ièrc  loi   tromblaben   de   pou. 
Oh   !   pèr  mo  fc  l'ojèren  bèlo   : 
i5  lù  t'ère  ol  comp  ombé   lou   mojoural, 

Pèr  mudà  lou   pargue  d'oiral   ; 
Obont  que  de  claure  los  fedos, 
Coumo  correjaben   los  cledos, 
Pus  pallo  que  lo  mort,   lo  fenno  loi  benguèt  : 


\J0 


3o  «  Sèn   perduts,  Jan,  sou  me  diguct  ; 

«  De  beligons  uno  bando  crûèlo 

«  Es  oici  pèr  nous  ossoumà.   — 
«  Calo,   baujo,   »  iù   li  dise,   «  as  perdut  lo  cerbèlo.   m 
Quite  pourtant  lou  ccmp,   pèr  milhou  m'infourmà   : 
35  Troube,   en  efet,   lous  uns  que   noun  fôu  que  bromà, 
D'autres  que  courrou  s'estrema 
Dins  cauco  baumo  ou  dins  cauco  cosèlo. 
S'oqui   n'obiô,   Miquèl,    pèr  s'olormà   ! 
Bautres  oici   n'ojères  pas  l'olèrto  ] 


40  L'ojèren  pas  ?  oh  !  si  fait,  certo   ; 

Ornai  soun  boun  sodoul  que  cadun  ne  teniô, 
Cont  dôu   pertout  nous  rebeniô 
Qu'oquel  desterminat  courtèche, 
Que  metiô  tout  o  sonc,   o  fioc, 
45  Tout  coumo  l'orro  causo  obiô  lou  pribilèche 
De  se  troubà  pèrtout  sons  se  fa  beire  en  Hoc. 
Se  pot  ocô.   digos,  sons  sourtilèche  1 
Que  que  ne  siague,   oquel  toundut  monèche 
Al'esfroièt  talomen,   que,   porlen  pèr  respèt, 
5o  (Entre  n'autres  siô  dich)  lo  fùiro  m'otropèt. 
Morcès  os  suèns  d'un  maire  fort  obille, 
Dins  un  biral  de  ma  Milhau  fouguèt  tronquille. 


Loi  menas,   pèr  ocô,   me  semblo,   un  gront  boral   ; 
Cado  jour  ôu^èn  dire   :   «  Ou  courounat  Bounal.   w 
55  Couci  tontos  d'ounours  o  lo  mémo  persouno  1 
Digos-me,   se  te   plai,   qu'es  tout  oquel  trobal  ? 


Parso  qu'oquel  crestio  cado  jour  nous  estouno  : 
Tout  so  que  fo,   que  dis,   merito  uno  courouno. 

JONOU 

De  deque  los  li  fai    ?  Saique  d'or  ou  d'orgen  7 


—  17'   — 

MICUÈL 

60  Quioppé   !   H  n'  tcndridu   pas,   ne  gonho  trop  souben. 

JONOU 

De  dcque  dounc  ? 

MIQUÈL 

De  brabes  brouts  de  roube   ; 
Escobosson  pèr  el  lou   bièl  ornai   lou  joube. 

JONOU 

Oh   !   bai,   folourt  !   certo,   lou  bel  presen   ! 

MICUÈL 

Creis-ou,   me  trufe  pas   :  suiban  lo  modo  ontico, 
65  Se  diù  fa  d'oquel  buôs  lo  guirlande  cibico, 
Qu'otal  s'opèlo. 

JONOU 

Ai   !   mous  paures  gorrits  ! 
Oqueste  rebiral  be   lour  sacou  de  pits  ! 

MIQUÈL 

Lo  pigasso  sul  col,   onon  toutes  pes  bosses, 
E  flic  et  flac,   lous  piolon  toutes  jusc'os  osses. 
yo  N'obèn  pas  sounco  pou  qu'o  forso  de  tustals, 
De  SOS  ounours  cont  foren  lo  soulenco, 
Noun  loi  trouben  que  de  mojenco. 
Mes,  en  tout  cas,   pèr  li  fa  de  rodais, 
Ouren  de  faises  de  secals. 
75  Jomai  pèr  oquel  orne  on  ne  sôuriô  trop  faire, 
Pièi  qu'en  tout  e  pèrtout  se   mostro  nostre   paire, 
E  que  belho  sons  cèsso  ol  bounur  del  public. 
Saique  tout  autre  qu'el   ne  debendriô  tisic. 
Es  bèrtat.  cal  tout  dire,   o  de  bouns  odujaires  ; 
80  Mes  d'oquelo  modaisso  el  tei  toujour  lou  cap. 

JONOU 

Cal   pourtant  qu'oquel  ome  ajo  uno  retto  suco. 


\^^ 


MIQUEL 

Suiban  qu'es  joubenàs  (car  porto  pas  porruco), 
Te  cal   imoginà  que  sap  e  reire  sap. 
Belèu   pla  luèn  d'oici  se   n'  trouboriô  pas  cap 
85   Qu'oun  s'estimèsso  urous  d'opèrtegà  ses  sobres. 

JONOU 

Counto-me  dounc  côucuno  de  sois  obros. 

MIQUÈL 

Ombé   plosé   ;   mes,   digos.   n'as  pas  set  ? 

JONOU 

Nou,   qu'entr'èstre  orribat  n'ai  begut  un  coupet. 

MIOUÈL 

Toun  set  es  obouriù,  Jonou   ;   touto  to  bido, 
90  As  crenhegut  rettomen  lo  pipido. 


Nous  reprouchen  pas  res   ;   pèr  fet  d'oquel  regart, 
Sobèn  be  que  jomai  siôs  pas  gaire  en  retart. 


Loissen  ocô  ;   tournen  sus  oquel  jour  d'olarmos 
Ount,  tout  embobouchit,  cadun   preniô  pèr  armes 
95  Tout  so  que  li  beniô  dobon   : 

Lou  sabre,   lou  fusil,   le  dalho,   lou   boulon, 
Lo  destral,   lou  biges,   e  l'aste,   e   lo  ficheuire. 
Que  diriôs  qu'erribèt  dins  oquelo  bouldouiro  ? 
Morchaben  deus  o  dous,   lou   nople  om  lou  bourgés, 
100  L'ortisan  ombé   lous  pogés, 

Sens  distincciù,  sens  preferenso, 
Cont,   tout  d'un  cep,  sus  un  mal-entendut 
De  beuco  en  bouce  respendut, 
Nous  ben  cauque  soupsoun,   dintron  en  mesfisenso  : 
io5  Bai-te  fa  querre,   oco  cujèt 

DeboHsà   toute  lo  troupe 


-   t73  - 

E  nous  faire  toumba  l'un  l'autre  sus  lo  croupo. 
Mes  que  te   fo  Bounal,  cont  opren  lou  suchèt 
Que  fosiô  murmura  touto  lo  poupulasso  ] 
MO  Se   bo  quilhà  sus  lo  crous  de   lo  plasso  : 

Sul  bûunur  de  lo  pas  oqui  to  pla   porlèt 

Que,   dins  d'obort,  tout  lou  bruch  s'ocolèt. 
Bejo,   Jonou,  de  cuno  counsequenso 
Es  d'obeire   pèr  maire  un  orne  de  prudenso   : 
ii5  Sons  el,   belèu,   sus  lous  dits  et  redits 

Que  nous  escôufabou  lo  bilo, 
01  lioc  de  courrî  sus  bondits, 
Onaben  embrondà  lo  bilo. 

JONOU 

Ero  prou  dongièirous. 

MIQUÈL 

Escouto  oqueste  trèt, 
12.Û  Que  gostorô  pas  lou   pourtrèt. 

Ecceptat  peis  impots  dount  l'ôu  subrecorgado, 
Jusqu'oici  nostro  bilo  èro  fort  inhourado   : 
Lo  preniôu   presque   pèr  un  mas, 
Parso  que  lo  counèisiôu   pas. 
125  Mes  cèrtos  uèi  b'es  to  pla  renoummado  : 

Bounal,   del  crus  de  soun  cerbèl, 
Ben  de  faire  espeli  cauque  oubrache   noubèl 
Qu'o  fach   rodmirociù  de   lo  grondo  ossemblado 
Deis  ofàs  del  rouiaume  o  Poris  ocupado. 
i3o  Cal  be,   finalomen,   que  l'aje  troubat  bel, 

Pèr  que  bol  que  pèrtout  serbigo  de  moudèle 
D'un  juchomen  modur,   de   prudenso  e  de  5èle. 

JONOU 

Ocô's  be  fort   !  cal  ou  t'o  dich  î 

MIOUÈL 

Te  n'  bende   pas   :   lo  cau50  es  pla  seguro. 
i35  Pardiù   !   l'Ebesque  ou   marco  pèr  escrich   ; 


-    ^74  — 

Lou  Rei  mêmes,   lou  Rei.   que  n'o  fach   lo  lecturo, 
N'es  estât  to  counten  qu'où   mondo  pèr  esprès. 
Cal  ôu5orô  de  Alilhau  fa  mesprès, 
Oprès  uno  talo  obonturo, 
140  Dount  cado  citouièn  sentis  l'escloboussuro  î 


Me  n'  dises  prou,   Miquèl...   En  roullen  lou  poïs, 
Se  côucun  me  disiô  :   c  Dont  tu  biens,   camarade  ?  >i 
Coussi  U  respoundriô,   lo  tèsto  pla  lebado  : 
((  Dont  je  biens,  mé  dis-toi...  î  Dé  Millau,  que  j'en  sis.  — 
145   rr   Dé  Millau,   qu'il  est-il   1  un   trace  dé  bilage.   — 

ff   Trace  toi-même,   mal  appris  ! 
«  Il  est  bile  d'hounur,  qu'on  lé  dit  à  Paris. 

((   Qu'est-ce  ça...   ton  ficut  parlage...  ? 

((  Passe  ton  chemin,  je  té  dis. 
i5o  ff  Si  tu   contugnes  dabantage, 

((  Je  té  descare  lé  bisage.   w 

MIQUÈL 

Fort  bien   !  s'uèi  sèn  pas  fiers,   n'ou  seren  pas  jomai. 

JONOU 

Ah   !   qu'où  serion  be'ncaro  mai, 
S'èro  bèrtat  ocô  que  me  sou   loisat  dire. 

MIQUÈL 

i55  Eh   !   que  t'ôu  dich,   moustrou  1 

JONOU 

Sons  doute  bouliôu  rire. 
M'ôu  dich  que  d'aro  en  lai  pogon  pas  ges  d'impôt. 

MIQUÈL 

Pèr  ou  creire,  Jonou,   saique  siôs  pas  prou  sot. 
Tout  pes  boilets,   e  res  pel  mèstre  1 
Beses  be   prou  qu'ocô  noun  pot  pas  èstre. 
j6o  Te  bau  dire  so  qu'es  bèrtat   : 

Lou  Rei,  toujours  pie  de  bountat, 


-   175    - 

Bol   pas  nous  impôu^a  cap  de   noubèlo  cargo   ; 
Mes  lous  cncièns  impots,   lous  li  pogorion  pas  ? 
N'escoutes   pas  oquel  mounde   que  bargo. 
i65  Lou  Rei  se  trouboriô  dins  un  gront  emborràs, 
S'èro  pribat  d'uno  talo  ressourso   : 
Uèi  cal  que  pague  de  so  bourso 
Lous  diùtes  de  sous  dobonsiès... 

JONOU 

Èrou  dounc  de  grons  despensiès  ? 

MIQUÈL 

\jo  Ornai,  coumo  lour  biondo  èro  fort  dispèrsado, 
Coliô,   pèr  forso  mas,   que  fouguèsso  omossado  ; 

E,   pormi  tontes  d'emplegats, 
Se  n'  troubabo  qu'cbiôu  lous  dets  fort  empegats. 

JONOU 

E  lo  penjabou   pas,   oquelo  bregondalho  ? 

MIQUÈL 

175  Oh   !   penjou  be  souben  lo  bouluro  rocalho, 
Mes  jomai  lous  grosses  filous. 
Que  fou   lug'i  de   pigolhous. 

JONOU 

Digos  aro  que  fo  lo  Combro  nociùnalo  ] 

MIQUÈL 

Bol  que  toutes  lous  bes,  sons  n'ecceptà  pas  un, 
180  Pagou  lo  talho  generalo   ; 

Ocô  rondrô  d'orgen  un  fun. 
E  d'un  autre  coustat,   lous  copelès,   lous  noples, 
Pèr  ojudà  lou   Rei,   bendou  jusc'o  lours  moples. 
Tont  d'autres,   otobé,   sons  counta  lour  degut, 
185  Oufrissou  de   lours  founs  lou  cart  del  rebengut. 
Talomen  que,   belèu,   possat  oquesto  onnado, 

Nostro  tacso  sero  bèrmado. 

Se  sabes  qu'i  sèn  en  fobou   ! 


—   \j6  — 

JONOU 

Baste,  Miquèl  !  Res  de  tont  bou  ! 

MIQUÈL 

190  Pèr  ci-dobont,   lo  relho  èro  fort  mespresado, 

Oquelos  grosses  gens,   qu'oun  fou  d'autre  rnestiô 
Que  de  se  diberti,   monjà,   biùre,  se  jaire, 

Nous  counsiderabou   pas  gaire. 
Sons  nautres,  sopenden,   de  fon  tout  peririô. 


195  Es  be  segur,  to  mal  lour  onoriô  ! 

Nostre  ritou,   l'autre  jour,   me  disiô 
Que  lou  Rei  d'un  pois  que  s'opèlo  lo  Chino 
Estimo  talomen  del  lôuraire  l'ôigino, 
Qu'el  mêmes  pren  l'estebo  e  n'es  pas  bergounjous 

2.00  De  rebirà  lo  tèrro  e  trossà  de  silhous. 


Aro,  se  bos,  bau  reprene  l'istuoro 
De  nostre  Millobés  que  s'es  coubèrt  de  gluoro. 

JONOU 

Pas  d'aro.   un  autre  cop   :  es  tart,   me   n'  cal  ona. 
Déjà  lo  rajo  es  trescoulado  ; 
2o5  Serô  be  jour  folit,   obont  que  d'oplonà. 
Se  tordabe  trop  o  tourna. 
Me  foriô  brobejà  de  touto  l'oustolado. 
Mes  so  que  me   n'  as  dich  lou  me  fo  tont  oimà 
Que,   pèr  n'oprene  mai,  soi  tourne  oprès-demà. 


210  E  be   !   t'espère   ;   ôuren  uno  lebado. 

Que  del  milhou  cal  que  siague  orrousado   ; 
E  se  lo  fenno.  o  soun  ocoustumado, 


V.   it)5.   Ophnà,  arriver  au  plateau,  sur  le    Lar^ac.  cù  est  situé   le  hameau 
de  La  Blaquière,  qu'habitait  Jonou  . 


—   177  — 

Nous  crido   :   «   01  diaple  lous  gourmans, 
«  Que  sou  toujours  ôicî  seans  !   w 
21 5  N'esculloren  uno  grondo  rosado, 

E  li  diren   :   «  Santé,    pauro  descobestr'^-'ri   ! 

w  N'escouton  pas  d'uno  saumo  lous  brons   : 

M  Oici  sèn  dous  brabes  efons 
M  Que   nous  trufon  de   lo  mal  moridado.   m 


220  Boun   !   Se   los  boulion  escoutà, 

Tout  escàs  l'ôujorion  tostà   ; 
Lo  nostro  oqui  dessus  èro  desourdounado  : 
Gracio  o  cauques  tustals,  aro  s'es  osegado. 

MIQUÈL 

Tont  pis   !  cal  rire  e   noun   pas  lo  tustà. 
225  Mes  sons  trincà,   Jonou,   possà  mièjo-journado   ! 
Ocô's  ountous  !   ou   mens  te   n'  ones  pas   bontà. 

JONOU 

Bouto  !   nous  reforen,  omai  sons  gaire  esta. 


^XXv 


li 


,7»  - 


GOU^IPLIA^EN 


D  UN    FRONC    POTRIOTO    O    L  AUBRE    DE    LO    LIBERTAT 


Aro  dounc  te  tencn,  oimaplo  Libèrtat, 

Que  to  souben,   en  grond'poumpo  onounsado, 
Noun  poressiôs  que  de  glissado, 
Parso  que,  sus  toun  drech  {quoique  pla  décrétât), 
5  Entre  moustra  lou  nas,   èros  countroriado. 
Oqueste  cop,   onfi,   belèu  serô  bèrtat 

Que   pèr  toujours  ôicî  t'ôuren  ficsado, 
E  que,  dins  tous  trobals,  seras  pas  pus  joinado. 
D'oquelo  qu'odouron  l'ogusto  mojestat 
lo  Ben  d'estopli  soun  trône  ol  bel  mièch  de   la  plasso, 
Dount  beirô  d'aut  en  bas  tout  ocô  que  se  passo   : 
Sons  cesso  te  tendre  toujours  o  soun  coustat, 
Ofi  d'èstre  tout  preste  o  bolhà  lo  repasso 
01  premiô  qu'ôu5ori6  soulomen  essojà 
i5  De  te  benî  trocossejà. 

Solut,   aubre  puissent,   dount  los  bèlos  rocinos 

Del  lac  de  Coroun  sou  besinos, 
E  dount  lou  bounet  rouje   es  presque  de  nibèl 
Ombé   los  plonetos  del  Cel   ! 
zù  Sèn  toutes  bien  chormats  de  to  grondo  prestenso. 
Déjà  tout  es  en  moubomen, 
Pèr  te  morcà  so  joio  e  soun  countentomen. 
Déjà  lo  forondolo  o  toun  ounou  se  donso  : 
Cadun,   pèr  fa  lo  roio,   o  douplat  so  pitonso. 


—   179  -^ 

i5  E  milo  gorgolhols  fou  sons  cèsso  en  corus, 
Del  fomus  Ça  ira  rounflà  lous  iatus. 
Que  benès  o   pèrpaus  orrestà  lo  licenso 
ûu'o.  joui   noum  de  to  filho,   ougut  l'impèrtinenso 
De  faire  impunomen  sous  criminels  trofics  ! 
3o  Aro  es  tens,   ou  jomai,   que  ne  tires  benjenso  : 
Fico-li  me  de  brabes  pits. 
D'un  bosc  socrat,   autres  cots,   lous  gorrits 
De  Jupiter  rondèrou   lous  ouracles. 
Tu  foras  uèi  lou  pus  gront  des  miracles, 
35  Se,  sonsiple  os  malurs  que  desolou  l'Estat, 
Sabes  troubà  lou  biais  d'escortà  lous  oustacles 
Qu'empachou   lou   retour  de  so  tronquillitat. 
Te  suète,   en  otenden,  joio  e   prousperitat. 


>/JlXV 


-   i8û 


LO   GOLO   DES  TROBOLHODOUS 


O    MOUSSU    BOUNAL    (l) 


Saique  cresiàs,  Moussu  lou  Mèstre, 
D'aro  en  lai,  sons  soucî,  de  bous  golominà  î 
Toncàs-bous   :  ol  goubèr  bous  obèn  bist  trop  dèstre, 

Pèr  qu'otal  bous  loissen  onà. 
Boudriàs  trop  lèu  bous  descopèirounà. 

N'ojc's  pas  de  talos  pensados. 
Car,   pèr  lou  mens,   encaro  dos  onnados, 
01  même   picodîs,   per  moi   !   bous  cal  tourna   ; 

E  s'omb'ocô  ne  ses  pas  quite, 

Prenès-bou'n'om  bostre  mérite. 


^jiX\^ 


(0  Cette  pièce  est    de   lygu,  ce  qui  explique  la  suppression  de    la  particut 
devant  le  nom  de  AV.  de  Bonald,  alors  maire  de  Millau. 


i8i   — 


GOUMPliI^lEJ^ 

FACH  O  L'AUBRE  DE  LO  FROTÈRNITAT. 

PÈR    LO    COUMUNO    DE    POLHAS,     LOU    29    DE    JUIN     1793. 


Aubre  de   \o  Frotèrnitat. 
Que  ses  bengut  dins  oqueste  bilache 
Pèr  i  mentene  l'ordre  e  lo  tronquillitat, 
Solut,  ounour,  joio  e  sontat  ! 
5  Toutes,  tontes  que  sèn,  de  tout  piol,   de  tout  ache, 
En   porfèto  councordo  e  bouno  boulountat, 
Bous  benèn  oufrî  nostre  oumache 
E  dep6u5à,  joust  bostre  oumbrache, 
Tout  lebon  de  roncuno  e  d'onimousitat   ; 
\o  Morcés  que,   sons  lo  coritat, 

Que  del  solut  es  lou   pus  ferme  gâche, 
01  dire  del  douctou  de   lo  jontillitat, 

Cont,  coumo  nostre  sent  Potrou, 
\5  De  los  flamos  sul  gril  endurorion  l'ordou, 
Jomai  noun  ôurion  part  ol  céleste  eritache. 
Nople  gean,   bous  demondon  pèrdou, 

Se,   molgrè  bostre  gront  coursache 
Nous  sentèn  pas  sopenden  lou  courache 
20  De  bous  trotà  d'aut  e   puissent  senhou. 

Oquelo  colitat  suplimo, 
E  dount  lou  nople  es  to  jolous, 
Quai   lo  meritoriô,   bel  aubre,   mai  que  bous. 


l82 


Pèrqué  de  Soulo-Croup  onàs  touca  lo  cimo, 
25  E  que   n'obès  qu'o  faire  un  jet  de  plus 

Pèr  èstre  de  nibèl  om  lou  roc  de  Quèilus  ? 

Mes  oquel  titre,   autres  cots  ounouraple, 
Es  bengut  tout  d'un  cop  to  lourt.  to  mespresaple, 
Qu'es  defendut  même  de  lou  pourtà. 
3o  Bous  serô  pus  glourious  de  bous  poudé  bontà 
D'èstre  lou  proutectou  d'oquesto  poupulasso, 
Que  crido  o  bostre  entour,  o  plec  de  gorgomel  : 
n  Gront  Diù   !   bous  que  del   naut  del  Cèl 
«  Besès  tout  so  qu'oici  se  passo, 
35  «  Prenès  suèn,   se  bous  plai,   del  Citouièn  noubèl 
«  Que  presido  lo  pas,  quoique  mut,  sus  lo  Plasso. 
«  Que  los  arnos,  jomai,  noun  traucou  lou  bounet 
«  Que  li  coubris  soun  blount  toupet, 
«  E  que,   de  cent  ons,   lo  pigasso 
40  «  Noun  li  toumbe  sus  lo  corcasso  ! 

«  Otal,   belèu,   tont  que  biùrô, 
«  Da  so  missiù  l'oubrache  durorô. 
«  Otal  sio.  w 


>/JlXV 


i83  — 


LO  BESpRADO  SOUBÈRT^OUSO 


DIOLOGUE      ENTRE      JONETO      E      MORTROU,      DE      POLHAS. 


JONETO 

D'oun  loi   bcnes,   Mortrou   1  Siôs  touto  esfolenado. 

MORTROU 

Nou,  jomai   pus,  Joneto,   uno  talo  birado. 
Met-me  \o  ma  sul  cur  ;   bejô  coussî  me  bat. 

JONETO 

Ai   !  semble  un  botorèl.   De  que  t'es  orribat  ? 
5  Cauco  fedo  t'es  estoufado, 

Ou  lou  loup  lo  t'o  correjado   ? 

MORTROU 

Nou,   mo  chèro,   oco's  quicon  mai. 
Que  m'o  côu5at  un  tal  esfrai 
Que  ne  siù  pas  encaro  romoi^ado. 

JONETO 

10  Digos  dounc  qu'es  oco  ;  me  fagos  pas   poti. 

MORTROU 

Osseten-nous  joust  oquesto  bolsièiro  ; 
T'ou  bau  countà  de   post  o  fi. 
Obal,   ol  bort  de  lo  rebièiro, 
Ossetado  sus  l'èrbo,  en  gorden  moun  troupcl, 


-   )84  — 

i5  Que  se  corrabo  o  plec  en  mièch  d'uno  rostoulho, 
lù  coumensabe  o  gorni  mo  counoulho  ; 
N'obiô  pas  ocobat  d'espesî  lou  trochèl, 
Que,   de  detràs  uno  bicasso, 
Te  solis  un  gros  oumenàs 
2û  Que   pourtabo  sul  col  uno  grondo  pigasso, 

E  que,   d'un  toun  brutal,   me  ben  dire  joui  nas  : 

f   Que  tu  fais  là,  digo,  droullolo  1  — 
«  Fau   paisse  moun  bestial,  coumo  besès,  moussUr. 
ff  "Et  n'es-tu  bouno  patriote  7  — 
2.5  «  Obbé  pla  bouno,   pel  segur.   — 

ff  Et,   toute  seulo  oyci,   tu  n'as  pas  pur  ?  — 

«  De  qu'ôuriô  pou  ]  siô  poun  moucrato  ?  - 
«  Brabb  !  brabb  !  Se  n'êtiés  istoucrato, 
((  Tarlasamblu  !  cette  destral 
3o  ff   Té  saquerait  la  tête  à  bal.  .  .    m 

Certo  olaro  lo  pou  m'o  talomen  sosido 
Que,   sons  respoundre  mot,   me  n'  siù  bite  enfugido. 
En  ogochen  toujours  se  me  beniô  detràs. 
Urousomen  m'o   pas  seguido. 
35  Se  l'obiôs  bist,   oquel  lourdàs, 

Saique  séries  estobonido   : 
Obiô  lo  caro  d'un  Judas. 


As  be   pla  fach  de  li  replicà   pas   : 
Ôuriôs  riscat  d'èstre  ôurejado. 
40  Cal  tene  lou  bec  claus,   oquesto  rebirado  : 
Pèr  obeire  boulgut  un  pauc  trop  libromen 
Sus  oquestes  trimais  dire  soun  sentimen, 
Mai  d'uno  es  estado  fretado, 

MORTROU 

Boulhasso   !  eh   !   que  foren,  se  poudèn   pas  porlà  ? 
45  Uno  filho,  gront  Diù   !  coundonnado  ol  silenso  !.., 
Cun  juche  o  pouscut  rendre  uno  talo  sentenso  ? 

Oqui  n'o  pèr  se  desoulà. 
Coussi  que,   cont  lou   loup  bendrô  fintà  lo  jasso, 


i85 


Nous  serô  pas  permés  de   H  crida   :   Sùirasso  ! 
5o  Nous  mentissio  dounc,   Bourtoumiù, 

Cont  nous  disiô  que,   dins  lou  libre 

Qu'opèlou  lo  Countestociù, 

Obiô  legit  qu'arometiù, 
De  dire  so  c'on  bol  cadun  seriô  pla  libre. 

JONETO 

55  Forso  autres  ou  m'ôu  dich   :  cal  be  que  siô  bèrtat. 

MORTROU 

E  couro  diù   porestre  oquelo  libertat, 

Dempièi  tont  lounc-tens  onounsado  ? 


Que  dises  ?  l'ou   poun   puplicado  î 
Te  souben  pas  qu'onton  un  mai  fousquèt  plontat 
60  O  l'ounour  de  soun  orribado  1 

E  que,  tont  de  nuèch  que  de  jour, 
01  soun  del   pifre  e  del  tombour, 
Lo  sautairo  fouguèt  donsado  1 


Aro  lou  me  ropèle,   oquel  jour   pus  jouial 
65  Qu'un  dorriô  jour  de  cornobal. 

Lôudat  siô  Diùs   !   mo  lengo  es  recreado. 
Ai   !   que   bo  mena  de  boral   ! 


Ogacho  pèr  ocô  de  ne  pas  faire  estral. 

Coumben  toujour  que  siago  mouderado   : 
jo  Pot  côu^a  de  molurs,   cont  es  descobestrado. 
Porlen  deis  ofàs  de  l'oustal   ; 
Porlen  de  pargues  e  de  cledos, 
De  bacos  e  de  biôus,   de  moutous  e  de  fedos  ; 
O  lo  bouno  ouro,   oquî  n'o  pas  de  mal. 
75  Mes  jomai  noun  porlen,   ou   porlen  coumo  cal, 
De  tout  so  que  se  fo  dins  lo  grondo  ossemblado 


i86 


Del  sort  de  lo  potrio  o   Poris  ocupado 
Que  que  nou'  n'  coste,   onfi,   nous  bal  be  mai  cola, 
Que  de   nous  faire  escopoulà. 

MORTROU 

80  Pardi   !   lou  crese...    Ai   !  biro-te,  Joneto  : 

Me  troumpe   pas,   oiso's  be  mo  Muceto  ? 
Lo  pauro  !   Lasso  de   biolà, 
Pèr  me  cèrca  sul  serre  es  bengudo  escolà. 
Béni  me  faire  un  poutounet,   menudo. 
85  Pecaire   !  as  obut  pou  de   m'obeire  perdudo  ? 
Pèr  pago  de  toun  ofecciù. 
Te  bau  faire  un  couliè  roiat  o  lo  nociù... 
Mes,  Joneto,   en  porlen,   me  siù  fort  retordado  ; 
Es  ouro  de  nous  seporà   : 
90  Dempièi  lounc-tens,   lo  rajo  es  trescoulado, 

Moun  bestial  es  sodoul   -,   adiù,   lou   bau  sorrà. 


E  be  !  boun  suer,  Mortrou,  pèr  que  mal  noun  te  bengo, 
Douno,   tont  que  pourras,   de  relâche  o  lo  lengo. 


^,:::-i:-v 


.87   - 


G  O  U  Al  p  li  I  Al  E  N 


O    UN    PRIU,    OUTUR. 


Pèr  un  autre  que  bous  se  rojabo  Ipoucreno, 

Essojoriô  de  tira  de  mo  beno 
Un  coumpUmen  pèr  bous,   moussu  lou   Priù. 

Ôuriô  bel  fa,   iù  seriô  toujours  iù. 
5  Me  cal  dounc  countentà,  sons  perdre  tont  de  peno, 
De  me  dire  unimen  bostre  umble  serbitou. 


>/JlXV 


«88 


BÈRSES 


O    l'ÔUTUR    de    LOS    GEOURGICCS    POTUÈSOS    (t) 


Jonti  Peirot,   que  toun  lengache 
Es  élégant,   dous  e  bodin   ! 
Jomai  Gôutiè  ni  Goudoulin 
N'egolèrou  toun  bodînache. 
Un  bièlhart  qu'opèlou  lou  Tens, 
Pauc-o-pauc  dalho  om  so  ropièiro 
Lou  gront  renoun  d'oqueles  gens  : 
Oquel  gourmant,   o  cots  de  dens, 
Rousigo  lour  bèutat  premièiro. 
Cont  o  lo  tiùno,   durorô 
Tont  quel  poi:5;an  cultiborô. 


^f^ 


(t)   L'auteur  de  ces  ucrs  est   inconnu. 


poésies  françaiçes 


f* 


191   - 


LE  CHEVALIER   DE  LA  GRAG^OT^TE 


SEIGNEUR    DES    BAS-FONDS 


Nous  soupions  che^  M.  l'Archidiacre  de  N...,  lorsque 
cet  inconnu  entra  subitement  dans  le  salon,  sans  s'être 
fait  annoneer.  Nous  fûmes  d'abord  frappés  de  son  accou- 
trement gothique  et  de  la  façon  singulière  dont  il  se 
présenta.   Feu  Molière  en  aurait  tiré  bon  parti. 

Il  était  si  mal  fagotté 
Du  talon  jusqu'à  la  crinière   ; 
11  laissait  pendre  a  son  côté 
Une  si  traînante  rapière, 
Qu'il  ne  lui  manquait  presque  rien 
Pour  figurer  monsieur  Viuien 
De  la  Chaponardière. 

Il  acheva  de  lui  ressembler  par  les  expressions  risibles 
avec  lesquelles  il  expliqua  le  motif  qui  l'avait  amené  : 

Boici,   Messiurs,   un  von  bibant, 
Qui  donne  vien  un  coup  dé  dent. 
Le  Chibalier  de   la  Gragnotte, 
Pardon  dé  mon  empressement 
Dont  j'entre  sans  quitter  la  votte. 
Dieu  mé  gagne   !   on  m'a  dit  qu'ici 
La  casserole  aujourd'hui  trotte   ; 
Et  moi  que  j'ai  von  ne^  aussi, 
Je   biens  mé   mettre  a  table-d'hôte. 


—   19*   — 

Après  ce  début,  qui  nous  annonça  une  scène  amusante, 
il  alla  saluer  tous  les  conuiAjes  l'un  après  l'autre,  av>ec  des 
contorsions  si  grotesques,  que  nous  le  prîmes  pour  un  fou 
qui  courait  le  pays.  Cependant  M.  l'Archidiacre  lui  répon- 
dit qu'il  lui  faisait  beaucoup  d'honneur  et  qu'il  souhaiterait 
aooir  de  quoi  le  régaler.  Il  continuait  à  lui  dire  des  poli- 
tesses, quand  notre  homme  s'asseyant  brusquement  à  table, 
lui  dit  d'un  ton  le  plus  caualier   : 

Tranchons  bite  les  complimens  ; 
Ça  né  fait  que  tarder  la  chose. 
Dé  bien  manger  je   mé  perpose 
Et  languis  dé  jouer  des  dents. 

Effectivement,  il  en  joua  si  bien,  qu'il  ne  faisait  que 
tordre  et  aualer  ;  au  point  qu'un  morceau  peu  mâché, 
s'étant  embarrassé  dans  son  gosier,  faillit  l'étrangler.  Alors, 
se  tournant  du  côté  d'un  jeune  garçon  qui  servait,  il  lui 
demanda  à  boire  en  criant  : 

Aïe   !   Aïe   !    lé  morceau  m'estrangole   ; 
Porte-moi  dé  bin,   petit  drôle   ! 

Ce   petit  accident  donna  lieu  à  M.   de  N...    de  le  railleri 
un   peu  sur  sa  voracité.   «  Mâche^,   mâche5  bien,  lui  dit-il, 
monsieur  le  chevalier   ;    rien  ne  vous  presse,   la  table   n'est  j 
pas    louée,   m    Le    goinfre,    qui    crut     qu'on     le    pressait    de 
manger,   répondit  la  bouche   pleine   : 

Comment   !   que  je  né   mange   pas  ? 
Eh   !  j'ai   pur  dé  manger  l'assiette   ; 
Regarde^   :   elle  est  toujours  nette. 
Quand  je   rencontre   un  von  repas. 
Je   fais  hounur  à  tous  les  plats. 

Tout  le  monde  riait  sous  la  serviette  de  la  façon  dont 
il  se  servait  de  la  fourchette.  Il  coupait  d'abord  la  viande 
avec  le  couteau,  de  la  main  droite,  la  prenait  de  la 
gauche,  l'enfourchait,  l'apportait  ensuite  à  la  bouche  avec 
toutes  les  deui,    et    la  poussait  de  l'index  jusqu'au  gosier. 


-  193  - 

Mais  nous  ne  pûmes  plus  nous  empêcher  d'éclater,  lors- 
qu'il se  mit  à  rire  lui-même  de  toutes  ses  forces,  croyant 
que  l'air  enjoué  qu'il  remarqua  sur  tous  les  uisages  pro- 
venait du  plaisir  qu'il  faisait  à  toute  la  compagnie,  ce  qui 
lui  fit  dire  d'un  ton   niais  et  satisfait   : 

Bibe  d'être  un   peu  dégordi   ! 
iHessiurs,  je  lé  bois  bien,   pardi, 
Vous  rise5  dé  ma  uonne  grâce. 
Dé  ça  n'en  soye5  point  surpris  : 
J'ai  resté  six  mois  à  Paris, 
Et,  dans  cette  grande  billasse 
Quand,   comme   moi,   l'on  s'est  appris, 
Parblure   !   il  faut  bien  qu'on  se  fasse. 

Pour  faire  durer  cette  plaisante  conuersation ,  M.  de 
N...  lui  fit  les  questions  suivantes  :  M.  de  la  Gragnotte 
arrive  donc  de  Paris  ?  Trouvait-il  ce  séjour  agréable  ?  S'y 
plaisait-il  î 

Perqué   !  fort  ce   pays  est  veau, 

Toujours  s'y  fait  réjouissance   ; 

Et  puis  après,   pour  la  mangeance, 

Dé  buf,   dé  mouton,   dé  védeau. 

On  fait  plus  meilleure   bonvance, 

Cadédis   !   qu'à  notre   château. 

Ah   !  c'est,   ma  foi  !   sans  comparence. 

Et  dans  quel  quartier  était  logé   monsieur  le  Chevalier  î 

Tout  dé  contre  la  velle   place. 

Où  boulie5-bous  dounc  que  lougeasse 

Un  houmé  dé  coundition  1 

Coume  ma  grande   passion 

Sont   les  chibaux,  sauf  votre  grâce, 

Proche  eux  j'étais  en  pension, 

A  plein  pied  d'une  salle  basse. 

Où  l'on  tenait   lur  ration 

Et  d'où  l'on  boit  tout  ce  qui   passe. 

Je  bis  un  jour  Sire  lé  Roi 

t3 


194 


Qui  marchait  dédans  sa  carosse 

Dé   huit  chibaui,   qu'aucun,   ma  foi  ! 

Né  paraissait  pas  être  rosse. 

Comment  wous  amusie5-v)ous   à    Paris  ?    Voyie^-oous    di 
monde  ?  Vous  n'étiej  pas  tout  le  jour  seul  auec  les  cheoaui 

Pardi  non  !  que  j'auais  l'hounur 
D'auoir  toujours  pour  compagnie 
Lé  maître-d'hôtel  d'écurie. 
Quand   il  était  dé  uoune  humur, 
Il  caquetait  comme  une   pie   ; 
Il  abait  tant  lu  dans  sa  bie, 
Qu'il  sabait  l'almanach  par  cur, 
Jean-dé-Paris,   Richard-sans-Pur, 
Et  d'autres  libres  dé  science, 
Dont  j'écoutais  la  piendisance. 
Ça  m'a  donné  l'élèbement 
Et  la  tournure  d'élégance 
Que  se  montrent  présentement 
En  face  dé  botre  présence. 

Il  me  paraît,   Monsieur  le  Cheoalier,  que  oous  aoej  biei 
profité  à  cette  école   ;   mais  uous  ne  vous  bornie5  pas,  sani 
doute,   à  la  société  des  cheoaux  et  de  leur  maître-d'hôtel 
v)ous  fîtes  bien  d'autres  connaissances,   et  un  grand  nombr^ 
d'amis  ? 

Des  counaissances  1  des  amis  ? 

Moi  ?  J'en  abais  tant  que,  sandis  ! 

Je  né  sabais  pas  où  mé  mettre, 

Que  je  n'en  bisse   nuf  ou  dix. 

Quand  je  coumençais  à   paraître. 

Notre  boisin  le  sabétier, 

Aussi  quatre  garçons  du  maître, 

Criaient  à  force  dé  gosier  : 

n   Boici  Monsiur  lé  Chibalier   !   u 

Dès  aussitôt,   pour  mé  counaître. 

Bous  entendiez  tout  lé  quartier 

Dire,   en  sourtant  à   la  fenêtre   : 


—  195  — 

«  Béne5  boir  la  oelle  façoun 

«  Dé  ce  gentilhoumé  gascoun   !   u 

Et  tous  les  passants  dé   la  rue, 

En  entendant  noummer  mon  noum, 

Dé  moi  bénaient  aboir  la  bue. 

Cela  n'est  pas  surprenant,  Monsieur  le  Cheoalier  :  oous 
étie5,  sans  doute,  magnifique  en  habits,  en  équipages  ; 
vous  uous  faisie5,  d'ailleurs,  remarquer  par  votre  figure 
intéressante  et  votre  air  noble  1 

Perqué   !  j'abais  l'habillement 

Que  fit  moun   père  au   régiment. 

Aussi  sa  beste  galounée 

Que  lé  tailleur  m'abait  tournée. 

Mais,   pour  dé  boiture,   néant  : 

Ça  mène  un  bruit  trop  turbulent. 

J'ai  ma  jambe  asse^  dénouée  ; 

Quant  à  ma  figure,   braiment, 

Elle  n'est  pas  mal  façounée   ; 

Je  crois  même  qu'en  ce  moument, 

Elle  est  asse^  illuminée. 

Ça  né  serait  pas  surprenant  : 

J'ai  pinte  coume  un  Allemand. 

M.   votre   père  a  servi,   dites-vous.    Peut-on  vous  deman- 
der, sans  être  curieux,   en  quelle  qualité  ? 
Il  était  un  chibal-léger 
Dessus  les  baisseaux  dé  la  mer, 
Dans  une   guerre  dé  vataille, 
Qu'il  y  risquait  un  grand  danger  ; 
Car  il  n'abait  d'autre  bitaille 
Que  quelque   biscuit  pour  manger. 
Ils  étaient  après  si  méchants. 
Tous  ces  bipères  d'Allemands, 
Qu'ils  tuaient  tout   par  grand'malice   ; 
Mais  moun  père  qui  eut  von  sens, 
Détrompa  toute  leur  caprice 
En  faisant  coume  l'écrébisse. 


I 

aurau 


—   196  — 

Quel  cœur  devait  avoir  M.   votre  père  !   On  ne  lui 
pas  fait  impunément  la  moustache  ? 

Fourqué   !  s'il  en  abait  dé  cur  ! 

Un  soldat,   pour  lui  faire  pur, 

Lui  vailla  par  trop  d'imprudence, 

Un  soufflet  même  en  sa  présence. 

D'abord,   mon  père,   enbénimé. 

Sort  son  épée  en  diligence, 

En  lui  disant  :  «  Bilaine  engeance, 

«  A  présent  que  je  suis  armé, 

«  Rébiens  mé  faire  l'insoulence   ; 

«  Je  té   larderai  d'importance,   u 

Quand   il  lé  bit  tant  animé, 

Lé  drôle  fuit  tout  alarmé   ; 

Il  counut  bien  la  counséquence, 

Voyant  qu'il  né  faisait  pas  von 

Abec  un  tel  cur  dé  lion. 

Qui   lui  boulait  trouer  la  panse. 

Quelles  étaient  les  occupations  de  M.  le  Chevalier,  à 
Paris  ?  Il  y  faisait  apparemment  les  exercices  qui 
conviennent  aux   personnes  de  sa  qualité  ? 

Pour  se  bien  dégager  les  vras, 

Aussi  les  pieds,   rien  que  la  danse, 

Je  té  sabais  faire  ces  pas 

Dé  bourraye  et  dé  contre-chats. 

Et  toute  l'autre  manigance, 

Que  j'aurais  pu  tenir  lé  val. 

Je  jouais  aussi  du  chibal, 

Et  dé  l'épée  à  l'admirance. 

M.  le  Chevalier,  vous  ne  nous  dites  rien  de  la  musique 
de  Paris  ;  on  dit  qu'elle  est  si  belle  :  raimie5-vous  î 
l'avej-vous  apprise  ? 

Ah   !  j'aimais  fort  lé  bioulon. 
Quand   il  sounait  du  faux-bourdon   ; 
Aussi  l'instrument  dé  guitarre, 


—  '97  — 

Celui-là  qui  fait  drin,   dran,   dron, 
Entre  les  wouches  du   menton  ; 
Je  sabais  tout  l'air  dé  fanfare 
Dé  mirontaine,   mironton. 

C'est  la  romance  de  Malborough  dont  uous  uoule5 
parler.  Employâtes-uous  bien  du  temps  à  l'apprendre  ? 
Vous  eûtes  sans  doute  un  bon  maître  :  il  n'en  manque 
pas  à  Paris,  mais  ils  sont  chers.  Combien  v>ous  en 
coûtait-il  î 

Rien   ;  je  né  suis  pas  dans  l'usage 

Dé  payer  pour  un  uadinage. 

Je  mé  l'appris   d'un  uon  garçon, 

Qui  se  gagnait  un  joli  gage 

Chej  un  monsiur  du  boisinage, 

Rien  que  pour  tenir  un  cordon 

Par  derrière  son  équipage   ; 

Son  nom  s'appelait  Picardon. 

Comme  il  jouait  dans  un  uouchon, 

Abec  d'autres  faisant  la  bie, 

Moi,  j'entre  dédans  sans  façon, 

Et  mé   mis  a  lur  coumpagnie. 

Picardon,   qui  bit  mon  enbie. 

D'entre  dents  sortit  la  chanson   ; 

D'aussitôt  je  sus  ma  leçon, 

Il  faut  awoir  les  dispositions  que  oous  aue^;.  Monsieur 
le  Chevalier,  pour  auoir  appris  tant  de  choses  en  si  peu 
de  temps.  Que  de  talents  ne  réunisse5-ïious  pas  !  Vous 
êtes  à  la  fois  bon  danseur,  habile  écuyer,  grand  escrimeur, 
excellent  musicien,  et  par-dessus  tout,  poète  admirable  ! 
Depuis  que  oous  êtes  entré  ici,  v>ous  ne  nous  av>e5  parlé 
qu'en  wers,  sur-le-o-hamp  et  sans  préparation  :  il  paraît 
qu'ils  ne  vous  coûtent  guère  ] 

Oh  I   pour  ça,  je   les  fais,   les  bers, 
Coume  un  foundur  fait  les  cuillers. 
Cadédis   !  je  sabais  les  faire 
Dépuis  lé  bentre  dé  ma  mère. 


—   198 


Quel  dommage  que  uous  aye^  resté    si   peu    de    temps 
Paris  !   Auec  tant  de  génie,   vous  aurie5  fait  des  miracles 
mais  peut-être  commencie^-uous  à  uous  y  ennuyer  ? 

Non,   que  j'y  serais  plus  resté  ; 
Mais  n'en  coûtait  trop  dé  dépense  : 
Dix  sols  par  jour   !  en  bérité, 
C'était  trop  fort  pour  la  mangeance. 
Je  mé  plure,   quand  je  m'y  pense   ! 
Ah   !  si  je  n'abais  pas  quitté, 
Mon  père  dit  en  ma  présence, 
Que,   dans  un  an,  j'aurais  été 
Un  grand   prodige  dé  science. 

Voilà    pourquoi    il    eut    grand    tort    de    v»ous    en     retir« 
sitôt,    voyant    les    progrès    étonnants    que    oous    y    faisiez 
Ce  n'était  pas  le  cas   de    regretter    la    dépense,    surtout 
v)ous  êtes  fils  unique.   L'êtes-Y)ous,   en  effet  1 

Je  lé  serais  sans  une  sur 

Qui  se  rencontre  par  maihur 

Natioe  dé  notre  famille. 

Elle  est  sujette  à  la  bapur 

Dé   né  bouloir  pas  rester  fille. 

Nous  la  tenons  dans  un  coubent 

Pour  la  pousser  réligiuse   : 

Elle  né  coûterait  pas  tant 

Et  serait  cent  fois  plus  huruse. 

C'est  ce  que  ma   mère  lui  dit 

Pour  son  salut  et  mon  profit. 

Mais  elle  est  si  capriciuse, 

Dé  sa  tête  et  dé  son  esprit, 

Qu'elle  persiste  à  bouloir  faire 

La  même  fin  qu'a  fait  ma  mère. 

11  faut  espérer  cependant  qu'elle  deviendra  plus  raison- 
nable :  elle  aurait  trop  mauvaise  grâce  de  ne  pas  se 
prêter  aux  arrangements  de  la  famille.  Mais  peut-être 
a-t-elle  quelque  inclination  :  il  faudrait  tâcher  de  la 
découvrir,   pour  y  mettre  obstacle. 


—   »99  — 

Je  sais.  .  .    Non,  je  né  lé  sais  pas  ; 

J'ai   scupçon   dé    quelque   tendresse. 

Boilà  pourtant  un  enuarras 
Pour  une  affaire  qui  mé   presse. 

Cette  obstination  est  fâcheuse.  Vous  songe^  sans  doute 
à  faire  un  établissement  uous-même  ;  et,  pour  le  faire 
plus  aoantageur,  uous  uoudrie5  auparauant  déblayer  un 
peu  la  maison,  n'est-ce  pas  ? 

Justement.   Entre  nous,   démain. 
Je  m'en  bais  renoourser  chemin, 
Pour  épouser  en  mariage 
Dé  notre  endroit   un  uon  parti. 
Qui  se  troube  dans  lé  bubage 
Par  lé  décès  dé   son  mari. 

Oh  !  ceci  s'éclaircit  ;  je  m'en  doutais  bien.  Aue^-vious 
déjà  passé  le  contrat  de  mariage  î 

Nous  n'abons  que  pouliçonné   ; 
Mais  c'est  coume  la  même  chose, 
Car  dans  la   poulice  on   perpose 
Que  lé  countrat  sera  sinné   : 
Je  m'y  fis  mettre  cette  clause  ; 
Et,   si  Dieu  but,  judi   prochain, 
Monsiur  lé  curé,   uon  matin, 
Complettéra    notre    entreprise. 
Jugej,   dans  lé  château,   quel  train   ! 
En  nous  rétournant  dé  l'église. 
Nous  trubérons  la  nappe  mise  ; 
Pleine  dé  chair  et  force  bin. 
Dont  ma  «elle  sera  surprise. 

Nous  sommes  très  persuadés,  Monsieur  le  Cheualier, 
que  rien  ne  manquera  à  uotre  noce.  Mais  uotre  future 
est-elle  bien  faite,   riche,  jeune  ? 

Elle  est  un   pu  uorgne  d'un  œil   ; 
Mais  que  ça  fait  1  l'autre  y  boit  sul. 
Je  mé   la  prends  par  fantaisie 


—    200    — 


Sur  la  suie  physionomie. 
Elle  a  d'adot  dii  mille  francs 
Et  dit  aboir  trente-six  ans. 
Moun  père  dit  qu'il  faut  cet  âge 
Pour  countraindre  les  junes  gens 
Qui  sont  d'un  naturel  boulage. 
Boule^-bous  boir  lé  coumpliment 
Que  je  l'y  fis  dé   ma  cerbelle, 
Débant  sa  face,   en  l'auourdant, 
Pour  mé  faire  counaitre  d'elle  ? 

Très-vjolontiers  :  si  oous  av)e5  la  complaisance  de  nous  le] 
dire,   nous  l'entendrons  auec  grand   plaisir. 

Lé  boici.   Silence  un  moument. 

Une  uête,   Mademoiselle, 
Qui  berrait  machinalement 
Dé  botre  œil  droit  lé  manquement, 
Dirait  que  bous  n'êtes  pas  uelle. 
Par  défaut  dé  discernement   ; 
Mais  moi,   que  j'ai  du  jugement, 
Je  maintiens  que  oous  êtes  telle 
Du  soumet  jusqu'au  foundément   ; 
Car  dudit  œil   l'abugtément 
N'est  au  fond  qu'une  wagatelle. 
Lorsque  l'autre  y  boit  clairement. 
Aïe  !  Aïe  !  lé  drôle,  en  ce  moument, 
Dé  l'arsenal  dé  sa   prunelle, 
Dans  moun  cur  lance  une  étincelle 
Qui  lui  cause  un  embrasement. 
Je   puis  donc  dire   hardiment 
Que  lé  souleil,   aussi  la   lune, 
Ni  que  des  étoiles  aucune. 
Né  dardent  pas  tant  dé  clarté 
Qu'en  erhale   botre   ueauté. 
Lé  grand   point  est,   charrnante  brune. 
Que  bous  boulie;;  bouloir  dé   moi   : 
Si  bous  dites  oui  sans  rancune. 


Sans  tourtillage  et  sans  remboi, 
Je  bous  lâche  à  l'instant  ma  foi, 
Moun  sort,   ma  bie  et  ma  fortune. 
Et  oien,   Messiurs,   c'est-ii  uien  dit  ? 
C'est  à  Paris  qu'on   prend  d'esprit. 

Il  faut  avouer,  Monsieur  le  Cheualier,  que  oous  y  en 
av>e5  fait  une  bonne  prooision,  ou  plutôt  que  v»ous  av)e5  si 
bien  cultioé  celui  que  uous  y  apportâtes,  que  peu  de 
personnes  acquerraient,  dans  dix  ans,  les  connaissances 
que  vous  y  av)e5  acquises  dans  six  mois.  En  uérité,  uous 
êtes  un  phénomène.  On  est  surtout  stupéfait  de 
l'étonnante  facilité  auec  laquelle  uous  faites  les  uers  :  on 
dirait  que  uous  tene^  à  uos  gages  le  maître  du  Parnasse, 
et  qu'il  n'attend  que  uotre  commandement  pour  v)ous 
inspirer.  Certes,  vous  ne  deoej  pas  regretter  ce  qu'il 
wous  en  a  coûté  pour  apprendre  un  métier  où  tant 
d'apprentis  échouent. 

Que  dites  bous  ?  Quoi  !  ça  s'apprend  ] 
Je   n'ai  jamais  eu   point  dé  maître   : 
Ça  mé  bient  naturélément   ; 
Et  bous  poube^  uien   lé  counaître, 
C'est  un  doun  du  tempérament. 

Heureux  tempérament  !  don  précieux  que  la  nature  ne 
fait  qu'à  ses  plus  chers  fauoris  !  Nous  ne  nous  lasserions 
jamais  de  dous  entendre.  Monsieur  de  la  Gragnotte  ; 
mais  il  est  déjà  tard,  et  oous  deï»e5  vous  lever  matin 
pour  voler  à  l'objet  qui  vous  a  charmé.  Alle^  prendre  un 
peu  de  repos  :  nous  vous  souhaitons  l'accomplissement  de 
tous  vos  désirs. 

Cet  original  se  leva  aussitôt,  prit  un  verre  de  Malaga, 
but  à  la  santé  de  tous  les  convives,  l'un  après  l'autre,  et 
alla  se  coucher.  Nous  apprîmes  de  l'aubergiste  que  notre 
homme  était  parti  au  lever  de  l'aurore,  monté  sur  un 
descendant  du  fameux  Rossinante. 


ELEGIE  GROTESQUE 


GHEYAlilER   DE   LA   GRAG^OTTE 


A    M"*    DU    CENDRON 


Fourmilière  d'amours,   de  grâces  et  de  ris, 
Jardin  resplendissant  de  roses  et  de  lys, 
Magasin  de  beauté,   pépinière  de  charmes. 
Ne  seras-tu   pour  moi  qu'un  réseruoir  de  larmes  1 
Oteras-tu  toujours  à  ma  fidèle  ardeur 
L'espoir  d'escalader  les  remparts  de  ton  cœur  ? 
En  uain  mes  soupiraur,   dans  l'accès  qui  m'oppresse, 
Pour  toi  laissent  couler  des  :5;éphirs  de  tendresse   ; 
Qu'ils  sortent  en  cachette,   ou   bien  avec  fracas, 
Insensible   Philis,   tu  n'en  fais  aucun  cas  ! 
Ah  !   puisque  mes  tourments  sont  sans  espoir  de  trèoc. 
Que  tout  sache  du  moins  le  dépit  qui  me  crèue   ! 
Ours,  lions,  sangliers,  arbres,  rochers  massifs. 
Déserts  inhabités,   et  uous,   antres  oisifs 
Qui  ne  bouge5  jamais  de  la  place  ou  oous  êtes  ; 
Forêts  qui  renferme^  toutes  sortes  de  bêtes, 
Chantres  mélodieux  aux  gosiers  emplumés 
Qui  chante^  ou  siffle:;;  sans  en  être  enrhumés. 
Collines  et  wallons,   marche-pieds  des  montagnes. 
Près,  uignes,  champs,  guérets,  coteaux,  plates  campagnes, 
Ruisseaux  qui  murmure^  sous  un  uert  falbala. 
Que  tout  se  taise,  enfin   :  allons,   silence   là   ! 

Or,   aux  quatre  quartiers  du   monde  sublunaire, 
A  tout  être  existant  et  même  imaginaire. 


—  zo3   — 

A  tout  mâle  et  femelle  il  est  fait  à  savoir 
Que,  si  je  suis  en  pleurs  et  dans  le  désespoir, 
C'est  que  j'ai  des  raisons  qui  m'empêchent  de  rire. 
Et  l'on  en  contiendra  si  l'on  me   laisse  dire. 

Un  jour  de  l'an   passé,   dans  l'un  des  dou^e  mois, 
De  Philis  à  mes  yeux  uint  s'offrir  le  minois. 
Et  uoilà  que   mon  cœur  en  deuient   idolâtre   : 
Il  bat  à  triple  croche,   il  fait  le  diable  à  quatre. 
Ce  n'est  pas  surprenant,  cette  rare  beauté 
Semble  un   phosphore,   un  astre,    une  divinité   : 
Son  oisage,  son  teint  de  couleur  de  noisette, 
L'ébène  de  ses  dents  en  forme  d'épinette. 
Sa  peau  de  maroquin,   sa  taille  de  fuseau. 
Son  oeil  bordé  d'anchois  et  v'xf  comme  un  pruneau. 
Son  œil,   dis-je,   saillant  dans  un  lointain  d'optique. 
De  ses  cheueui  gluants  le  blond  odorifique. 
De  son  front  rétréci  l'éclat  majestueux, 
De  ses  ongles  crochus  les  appas  dangereux, 
Sa  bouche  de  cristal  qui  s'unit  aux  oreilles. 
De  son  ne^  aplati  les  grâces  sans  pareilles. 
Tout  en  elle  conspire  a  subjuguer  un  cœur. 
Le  mien  s'y  laissa  prendre,  hélas  !   pour  son  malheur  ! 
Philis,   qui  fut  toujours  une  de  ces  rusées 
Dont  le  ne^  est  entré  dans  le  cul  des  pensées. 
Quand   les  autres  à   peine  en   ont  vu  le  museau. 
Comprit  que  dans  ses  lacs  elle   prendrait   l'oiseau. 
Pour  peu  qu'elle  feignit  de  devjenir  sensible   : 
On  sent  que  le  succès  n'était  que  trop  possible. 
La  perfide,   en  effet,   pour  commencer  son  jeu. 
Darde,   à  brûle  pourpoint,   de  sa  prunelle   un  feu 
Qui   pénètre  à  l'instant  les  replis  de  mon  âme. 
J'ai  beau  crier   :   a  l'eau   !   pour  éteindre   la    flamme  : 
L'incendie  a  gagné.   Mon  cœur,   déjà  rôti. 
Ne  sachant  plus  que  faire,   enfin,   prend   le  parti 
D'être   mis  en   hachis,  en  sauce,    en  marmelade. 
Au  beurre  blanc  ou  noir,  en  friture,  en  grillade, 
A  la  pistache,  à  l'ail,  au   persil,  à  l'oignon. 


—    204    — 

Pourvu  que  ma  bergère  ouore  son  bec  mignon, 
Pour  dire  en  ma  faveur  un  seul  mot  de  tendresse. 
Elle   le  dit,  ce  mot  !   O  torrent  d'allégresse   ! 
Quel  scribe,   dans  mille  ans,   en  eût-il  le  loisir, 
Pourrait  sur  le  papier  retracer  mon  plaisir  ! 
De  ma  rate  aussitôt  tous  les  battants  s'ouvrirent. 
De  joyeui  sifflements  mes  boyaux  retentirent  ; 
En   un   mot,   dans  mon  cœur,   s'il  eût  été  fendu. 
On  eût  vu  le   plaisir  à  foison  répandu. 

Mais,   ô  revers   !  ô  crime   !   ô  fortune  cruelle   ! 
De  la  perfide,   hélas   !    l'inconstante  cervelle 
Tourne  et  me  plante-là  comme  l'as  de  carreau   ! 
Ma  bile  ne  peut  plus  tenir  dans  son  fourreau   ; 
Et  d'en  mourir  peut-être  il    m'aurait    pris   envie. 
Si  les  morts  en  mourant  ne  perdaient  pas  la  vie. 
Mais  aussi  l'appelai-je  au  fort  de  ma  douleur, 
Cœur  de  roche,  serpent,   crocodile  trompeur. 
Inutile  clameurs   !   Dès  ce  jour,   la  tigresse 
Fait,  sans  aucun  remords,  faux  bond  à  ma  tendresse  ! 
Serments,   larmes,  soupirs,   rien  ne   peut  la  toucher, 
Que  le  soleil  se  lève,   ou   qu'il  s'aille  coucher, 
Que  la  lune  soit   vieille,    ou    qu'elle    rajeunisse. 
Vers  elle  tous  mes  pas  sont  des  pas  d'écrevisse. 
Ah   !   puisqu'à  ces  excès  mes  maux  sont  parvenus, 
Sorte5  de  mon  cerveau,   torrents  trop  retenus. 
Pour  noyer,   s'il  se   peut,   l'ingrate  avec  sa  ruse   ! 
Débonde5-vous,   mes  pleurs,   et  forcej  votre  écluse. 
Que  bientôt  une   mer.  .  .    Mais,   non   :   reste^  dedans. 
Loin  de  nous  chagriner,   rions  à  ses  dépens. 
Quoi  !  la  barbare  ainsi  jouirait  de  ma  peine  ! 
Ah  !  bravons-la  plutôt  en  sortant  de  sa  chaîne  ! 
De  tes  attraits,   Philis,   si  je  fus  chatouillé. 
J'en  fais  cas  aujourd'hui  comme  d'un  clou  rouillé. 
N'attends  pas  qu'à  tes  pieds  jamais  je  me  ravale   : 
J'aimerais  mieux  cent  fois  être  en   proie  à  la  gale. 
De  tes  fausses  douceurs  je   reconnais  l'abus. 
Adieu,   Philis,  adieu   ;   le  temps  passé  n'est  plus. 


2û5 


LE    NOUVEAU    BASSOJ^ 


Le  frère  de  l'Auteur  venant  d'essuyer  la  petite  «érole,  fut  uisite  par  un  demi- 
bourgeois,  qui.  après  lui  avoir  fait  compliment  sur  sa  convalescence,  fit 
un  tour  dans  la  chambre,  remarqua  quelques  instruments  et  quelques 
papiers  de  musique  sur  la  table,  et  au-dessous,  il  aperçut  une  seringue  qui 
venait  fraîchement  de  servir.  Il  crut  d'abord  que  c'était  un  nouvel  instru- 
ment que  l'Auteur  avait  acheté  ;  il  le  saisit,  le  mania  longtemps.  Le 
convalescent  et  un  domestique  qui  était  auprès  de  son  lit,  faisaient 
beaucoup  d'efforts  pour  s'empêcher  de  rire  ;  mais  voyant,  enfin,  qu'il 
le  portait  sur  ses  lèvres,  ils  ne  purent  plus  tenir  :  ils  éclatèrent  ;  ce  qui 
fit  apercevoir  au  visiteur  que  ce  n'était  pas  un  instrument  à  vent.  L'auteur 
traita  ce  quiproquo  de  la  manière  suivante  : 

Le  Lundi-Saint  précisément, 
Nous  répétions  tranquillement, 
Pour  Pâques,   certaine  musique. 
Quand  tout  d'un  coup  notre  Serpent 
Fut  attaqué  de  la  colique. 
Effet  du  maigre  apparemment. 
Quoi  qu'il  en  fût,   un   lauement 
De  cette  subite  disgrâce 
Le   déliera  bénignement. 
Au  bruit  de  cet  éuénement, 
Arriue  une  antique   tignace  (i) 
Un  magister,  auec  la  face, 
L'encolure  et   l'accoutrement 


(0  Vieille   perruque. 


—    2ù6    — 

D'un   précurseur  d'enterrement   :  {i) 

«   Qu'est  tout  ceci  1  u  dit-il   ;   «   peut-être 

«  Le  drôle  aura  pris  trop  de  bin  ? 

«  Pour  la  vouteille,  c'est  un  maître. 

—  Vous  pourrie^  bien  être  devin, 

«  Lui  dit-on   ;   lorsqu'il  est  en  train, 

rt  II  s'en  donne,   à  ce  qu'on   publie. 

«  Mais  ce  n'est  rien   :   un  anodin 

«  A  calmé  l'ardeur  de  la  lie 

((  Qui  lui   picotait  le  boudin.   — 

—  Tant  mieux,   dit-il   ;   oh    !   la  poutinguc 
«  Dont  vadinent  les  innorans, 

«  Fait  des  miracles  surprenants,   u 

Voyant  ensuite  une  seringue 

Qui,   venant  depuis  un  moment. 

De  fouiller  dans  le  fondement, 

Ne  sentait  pas  le  Saint-Domingue. 

Ni  le  Clérac  certainement  : 

«  Oh   !   oh   !   dit-il,   noubelle  emplette   ! 

«   Quel  est  ce  noubel  instrument  ? 

«  Le  sounera-t-on  à  la  fête  1 

«   Ceci  m'a  l'air  d'être  un  vasson  ; 

«   Boyons   :   estuflons  quelque  son.   » 

En  disant  ces  mots,   la  ma5ette 

Vous  l'embouche  fort  proprement. 

Mais  quel   est  son   étonnement   ! 

Soudain,   de   la  canule  humide 

L'orifice,  encore  fumant. 

Exhale   une  vapeur  perfide 

Qui   l'excite  au  vomissement  : 

«  Ouf  !   dit-il,   quel  soullèbement  ! 

«   Cette  anche   pue  d'étrange  sorte   ! 

w   Le  joueur  de  cet  instrument 

«   Doit  avoir  l'haleine   bien  forte   !   w 


(2J   II  était  v)êtu   grotesquement. 


—   i-o-j 


LE    PRIEUR    DE    PRADI^AS 

AU  PROCUREUR  SYNDIC  DE  MILLAU 


Supplément   proso-poétique. 
A   la  trop  succintc   supplique 
Que  j'adressai  directement 
Au   Syndic  de  la  République, 
Comme  je  le  fais  maintenant, 
Pour   mon  cher  et   féal   Bertrand. 

Monsieur,  votre  crédit  est  grand 
Ce  premier  point  est  sans  réplique. 
Si  le  second   l'était  autant, 
Je  ne  viendrais  pas  si  souvent 
Vous  offrir  indiscrètement 
Une  requête   pathétique 
En  faveur  du  susdit  client. 
Mais,  je  l'avoue  ingénument. 
Ce  dernier  est  un  peu  critique. 
Non  que  je  craigne   aucunement 
D'être  éconduit  honnêtement 
Par  quelque  raison  sophistique   : 
Oh   !   non   ;   vous  êtes  trop  galant 
Pour  faire  une  réponse  oblique. 
Comme  le  ferait  un  Normand. 
Permette5  donc  que  je  m'explique. 
Je  voudrais,  pour  cet  aspirant, 
Obtenir  un  emploi  décent. 


—    208 


Plus  lucratif  qu'honorifique. 
Mais,  s'il  n'en  est  point  de   oacant, 
Adieu   l'espoir  du   postulant  î 
Car  peut-on  raisonnablement 
Présumer,   en  bonne   logique, 
Qu'un  possesseur,   encor  uioant, 
Pour  calmer  l'ardeur  famélique 
D'un  trop  empressé  prétendant. 
Voudra  descendre  au  monument  ? 
Ce  dénouement  serait  comique, 
Et  uoilà  l'inconoénient 
Que  je  redoute  uniquement. 
Je  vais  oous  dire,  en  attendant, 
En  style  caractéristique, 
Ce  que  c'est  que  le  sieur  Bertrand. 
Ce  sujet  que  je  uous  indique 
Peut  s'employer  utilement. 

C'est  un  jeune   homme   intéressant. 
Bon  à  tout,   pour  peu  qu'il  s'applique 
Je   puis  en   parler  saoamment, 
Connaissant  son  fonds  de  boutique. 
Il  est  adroit,   intelligent  : 
Je  oous  le  dis  sincèrement, 
Et  le   redis  plus  amplement. 
Du  pôle  arctique  a  l'antarctique, 
Il  n'est  pas  de  meilleur  enfant. 
Il  a  du  goût,   du  jugement, 
De  l'esprit,   du   discernement. 
Et  connaît   plus  d'une  rubrique. 
Toujours  gai  naturellement. 
Et,   lorsqu'il   le  faut,   flegmatique. 
Il  regarde  d'un  œil   stoïque, 
Le  plus  funeste  événement. 
Il  fait  des  v>ers  facilement, 
Même  dans  le  genre   héroïque   ; 
Mais,   comme   il  est  bon   catholique, 
Et  qu'il  se   règle  sagement. 


—  log  — 

Il  s'abstient  scrupuleusement 
Du  trop  commun  genre  lubrique, 
De  l'impie  et  du  satirique, 
Dont  les  produits  impunément, 
Sous  un   privilège  authentique. 
Nous  inondent  comme  un  torrent 
Auec  une  audace  cynique. 
Il  parle  aussi  chrétiennement 
Le  langage  philosophique   ; 
D'écrire  sans  faute  il  se  pique. 
Orthographie  exactement, 
Et  ponctue  admirablement. 
Il  sait  grammaire,   rhétorique. 
Géographie,   arithmétique. 
Déjà  même  assej  de  tactique 
Pour  manoeuvrer  passablement  ; 
En  un  mot,   en  tout  art  en  ique 
Soit  libéral,  soit  mécanique, 
Il  est  instruit  suffisamment. 
Il  faut  l'auouer  cependant, 
Mon  factotum  de  l'hydraulique 
Ne  connut  jamais  la  pratique  : 
C'est  qu'il  redoute  extrêmement 
L'usage  du  fade  élément 
Qui  tend   la   peau  de  l'hydropique. 
Il  a,   d'ailleurs,   le  cœur  si  grand. 
Si  noble,   si  patriotique. 
Qu'il  irait,   en  mineur  ardent. 
S'il  le   pouvait  légalement. 
Dans  les  carrières  du  Mexique, 
Se  saisir  de  l'or  suffisant 
Pour  payer  la  dette   publique, 
Qui  ua  faire  notre  tourment 
Jusques  au  jour  du  jugement. 
Si  Dieu,   miraculeusement. 
Ne  nous  envoie  un  spécifique 
Pour  guérir  radicalement 


H 


—    Hù 


L'État  du   mal  épidémique 
Qui  s'accroît  à  chaque  moment. 
Mais  retenons  de  l'Amérique. 
Enfin,   quoique  l'ami  Bertrand 
Soit  digne  d'un  panégyrique, 
De  défauts  il  n'est  point  exempt. 
Pour  être  en  tout  point  uéridique. 
J'en  oais  citer  un,  en  passant. 
Qui,   peut-être,   n'est  pas  l'unique 
Il  a  du  goût  pour  la  musique, 
Qui  lui  sert  de  délassement 
Après  un  trauail  accablant. 
Qui  le  rendrait  mélancolique. 
Jusque-là  c'est  bien  canonique  ; 
Alais,  hélas  !  malheureusement 
Il  chante  aussi  déootemcnt 
L'ariette  que  le  cantique. 
Ce  qui  n'est  pas  édifiant. 
A  cela  près,  fort  sagement 
Et  sans  profaner  son  talent. 
Dans  la  marche  grave  et  lyrique 
De  notre  légion  cioique, 
Il  fait  raisonner  le  serpent  ; 
Mais  de  ce  terrible  instrument. 
Capable  de  rendre  asthmatique 
Le  poumon  le  plus  excellent. 
Qui  donne  accès  à  la  barrique. 
On  ne  tire  qu'un  son  étique, 
Sans  quelque  peu  de  revenant  : 
C'est  ce  qu'éprouve  bien  souvent, 
Celui  dont  je  parle  à  présent. 
Pour  corriger  le  sort  inique 
Qui  le  traite  trop  durement. 
Veuille^;  le  camper   promptement 
Sur  quelque  escabeau  permanent 
De  nationale  fabrique   ; 
Car  il  est  las,  finalement, 


De  n'être  qu'un  clerc  ambulant. 
Au  reste,   il   n'est  pas  exigeant  : 
L'émolument  le  plus  modique, 
Dans  son  ménage  domestique, 
Peut  faire  un  heureux  changement. 
Enfin,  Monsieur,   probablement. 
De  sa  besogne  méthodique 
Vous  aurej  lieu  d'être  content. 
Voilà  ce  que  uous  pronostique. 
Sans  aooir  le  don  prophétique, 
Peyrot,  votre  humble  suppliant. 
Qui  porte  sur  sa  croupe  antique 
Le  poids  de  quatre-uingt-un  ans. 
Sans  compter  trois  mois  d'excédent. 


^JiXV 


A    L'HONNEUR    DE    LA    VIERGE 


PREMIER    SONNET    QUI    REMPORTA    LE    PRIX 


Descende^  du  séjour  de  l'immortalité. 
Anges  ;  wenej  orner  le  char  de  uotre  reine. 
Marie  expire.  Enfin  son  âme  en  liberté 
Vole  à  l'objet  dioin  où  son  penchant  l'entraîne. 

Ton  amour  pour  un  Dieu  que  tes  flancs  ont  porté, 
Plutôt  que  le  trépas,   Vierge,   a  rompu  ta  chaîne. 
Hâte-toi,   dans  le  sein  de  la  Diuinité, 
D'un  exil  rigoureux  ua  terminer  ta  peine. 

Mais,  que  dis-je  ?  déjà  le  monarque  des  cieui 
Te  reçoit  dans  ses  bras  ;  il  étale  à  tes  yeux 
Les  plus  riches  trésors  de  sa  magnificence. 

Rien  ne  s'oppose   plus  à  tes  chastes  désirs  : 
Tu  bois  dans  le  torrent  des  célestes  plaisirs. 
Telle  est  de  tes  uertus  la  digne  récompense. 


Fortis  est  ut  mors  dilectio. 


(Cant.   Cant.   8) 


—  2l3  — 


DEUXIEME  SONNET  QUI  REMPORTA  LE  PRIX 


iHère  de  l'Éternel  et  uierge  toujours  pure, 
Astre  dont  la  splendeur  ne  s'obscurcit  jamais, 
Chef-d'oeuvjre  qu'ont  formé   la  grâce  et  la   nature   ! 
Que  tout  ce  qui  respire  eialte  tes  bienfaits  ! 

De  l'Ange  séducteur  la  jalouse  imposture 
Et  du  fruit  défendu  les  funestes  attraits 
Sur  nos  premiers  parents  et  leur  race  future. 
De  la  réuolte,   hélas   !   imprimèrent  les  traits. 

Enfants  infortunés,  héritiers  de  leur  crime, 
Pour  apaiser  du  Ciel  le  courroux  légitime, 
D'holocaustes  en  vain  nous  chargeons  les  autels  ; 

Notre  perte,   Marie,   était  irréparable. 

Si  ton  sein  n'eût  porté  la  oictime  adorable 

Dont  le  sang  a  fourni  la  rançon  des  mortels. 

llla  percussil,   ista  sanavil. 

(S.   Aug.) 


—    214    — 


TROISIEME    SONNET 


Esclaoes  malheureux  d'un  tyran  détestable, 
Sorte3,   il  en  est  temps,   de  la  captivité   ; 
Par  uos  chants  célèbre^  le  moment  faoorable, 
Où  le  Ciel  contre  oous  cesse  d'être  irrité. 

Enfin  il  a  paru,  cet  enfant  adorable, 
Qui  doit  porter  le  poids  de  notre  iniquité. 
Bénis  soient  à  jamais,  ô  Fille  incomparable, 
Tes  flancs  qui   l'ont  conçu  dans  ta  virginité. 

Alais,  tendre  mère,  hélas  !  un  étrange  spectacle. 
Bientôt  d'un  saint  uieillard  (i)  vérifiant  l'oracle, 
Va  réduire  ton  âme  aux  plus  tristes  abois  : 

Tu  verras  ce  cher  fils,   meurtri,   chargé  de  chaînes. 

Pour  sauver  l'univers,   répandre  sur  la  Croix 

Tout  le  sang  que  ta  chair  a  transmis  dans  ses  veinesj 

Tuam  ipsius  animam  perlransibil  gladius. 

(Luc.  î.J 


(i)  Siméon. 


it5 


QUATRIEME    SONNET 


N'espérej  plus,   mortels,   que  le  Ciel  s'attendrisse. 
Vous  deoe^  tous  périr,   l'arrêt  en  est  porté. 
En  v»ain  uous  égorge^  le  bouc  et  la  génisse   : 
De  quel  prix  est  l'encens  qu'offre  l'iniquité  ? 

Hâte-toi  donc,   Seigneur  ;  achève  leur  supplice... 
Mais,   non,  suspends  ta  foudre,   ô  terrible  Equité  ! 
D'un  Être  souverain  bientôt  le  sacrifice 
Expiera  le  forfait  dont  ils  ont  hérité. 

L'esprit-saint,  dans  les  flancs  de  l'heureuse  mortelle 
Que  la  grâce  à  tes  yeux  rend  si  pure  et  si  belle, 
A  préparé  le  sang  qui  doit  couler  pour  nous. 

C'en  est  fait,   elle  est  mère,   et  tu  v»ois  ta  victime. 
Arme-toi,   Dieu  vengeur,   frappe,   confonds  le  crime   : 
Le  seul  fils  de  Marie  est  digne  de  tes  coups. 

"Holocauslum  et  pro  peccato  non  postulasti,   lune  dixi  : 
Ecce  venio. 

(Ps.  39.) 


^j:-^:x. 


—    2X6   — 


COfABJk^    PASTORAL 

QUI    REMPORTA    LE    PRIX 

Sur  ces  paroles  :  INSTRUIRE  ET  AMUSER 


Sur  ces  bords,   où  Syrînx,   en  roseau  transformée, 
Trompa  du  Dieu  des  bois  la  poursuite  enflammée, 
Corydon  et  Tityre,  au  retour  des  jéphirs. 
De  la  jeune  saison  goûtaient  les  doux  plaisirs. 
Déjà  d'un  trop  long  deuil  délivrant  la  nature, 
Phébus  auait  aux  champs  redonné  leur  parure. 
Déjà  les  papillons  sur  les  fleurs  voltigeaient. 
De  rameaux  renaissants  les  arbres  se  chargeaient. 
Et  les  chantres  de  l'air,   sur  de  nouveaux  feuillages. 
Faisaient  de  leurs  amours  retentir  Us  bocages. 
Daphnis  n'était  pas  loin  :  au  son  du  chalumeau. 
Sur  leurs  pas  ce  berger  conduisait  son  troupeau. 
Il  les  rencontre  assis  sur  un   lit  de  verdure. 
Et  s'arrête  avec  eux  au  bord   d'une  onde  pure. 
«   Que  CCS  lieux  ont  d'attrait   !   dit  Tityre  enchanté 
«  C'est  ici  que  Lycas  et   Mirtil  ont  chanté, 
n  Avec  moi,   Corydon,   à  l'ombre  de  ces  hêtres, 
«  Où  luttèrent  cent  fois  ces  deux  habiles  maîtres, 
«   A  de  pareils  combats  voudrait-il  s'amuser  î 
«  Je  sens  tout  le  péril  où  j'ose  m'exposer. 
«  Au   rapport  des  pasteurs  de  toute   l'Arcadie, 
«  De  vos  chants,  autrefois,   la  douce  mélodie 


—  217  — 

«  Attendrit  les  rochers,  entraîna  les  forêts  ; 

«  Fit,   au  temps  des  frimas  reverdir  nos  guérets, 

«  Arrêta  les  torrents  dans  leurs  courses  rapides, 

K  Rendit  les  cerfs  hardis  et  les  lions  timides. 

n  On  dit  même  qu'un  jour,   leur  charme  fut  si  fort, 

n  Qu'ils  se  firent  entendre  au  séjour  de   la  mort, 

w  Et  rendirent,   enfin,   Palémcn  "a   la  oie. 

«  N'importe,   uos  succès  irritent  mon  env>ie  ; 

n  Passons  donc  à  chanter  les  moments  du  repos 

«  Que,  dans  la  plaine  unis,  nous  laissent  nos  troupeaux. 

—  Berger,   m  dit  Corydon  awec  un  doux  sourire, 

n  Pourrais-je  me  flatter  de  surpasser  Tityre  1 

«  Du  Lycée  au  Ménale  {x)  il  n'est  pas  de  pasteur 

«  Qui  puisse  se  uanter  d'être  ootre  vainqueur. 

«  Je  sais  qu'on  uous  compare  au  cygne  de  la  Thrace.  (2) 

<t  Ce  défi  cependant  excite   mon  audace   : 

«  Je  l'accepte.   Daphnis,   de  grâce,  juge^-nous. 

«  Si  Tityre  y  consent,   le  choix  tombe  sur  vous.   — 

«  Je  le  ueur,  »  dit  Daphnis  ;   «  mais  il  faudrait  d'a\3ance 

«  Du   plus  heureux  rival  fixer  la  récompense,    m 

A  l'instant  un  bélier  de  festons  couronné. 

Est,  d'un  commun  accord,   au  vainqueur  destiné. 

Muse,   raconte-moi  quels  ravissants  ramages 
Charmèrent  les  échos  de  ces  heureux  rivages, 

Tityre,   le  premier,  fait  entendre  sa  voix  : 
Il  chante  la  fraîcheur,   le  silence  des  bois, 
Le  murmure  des  eaux,   les  doux  présents  de  Flore, 
L'émail  des  prés,   formé  des  larmes  de  l'Aurore, 
De  la  robe  d'Iris  les  diverses  couleurs   ; 
Il  dit  enfin.   Écho,   le  sujet  de  tes  pleurs. 

Après  lui,   Corydon,   qu'une  savante  fée 
Instruisit  autrefois  des  plus  beaux  sons  d'Orphée, 
Sur  un  ton  élevé,   mais  d'un  air  gracieux. 


fi)  Montagne  d'Arcadie. 
(2)  Orphée. 


2l8 


Chanta  d'abord   le  Dieu  qu'on  adore  en  ces  lieui  ; 

Il  dit  les  tendres  soins  qu'il  prend  de  la  houlette,  (i) 

Ensuite  il  exalta  les  doux  parfums  d'Hymette. 

Sur  ce  fertile  mont,   de  rosée  et  de  thym 

L'abeille,   au   point  du  jour,   fait  un  riche  butin. 

Il  dit  l'art  que  Cérès  apprit  à  Triptolème   ; 

D'Hécate   il  célébra  la  puissance  suprême   ; 

Il  décrivit  son  cours,   ses  phases  et  ses  feux. 

Et  toi,   père  du  jour,   dont  le  char  lumineux, 

Dans  un  cercle  embrasé,   sortant  du  sein  de  l'onde, 

Vient  apporter  la  oie  et  la  lumière  au  monde. 

Tu  fus  aussi  chanté  :  tes  fécondes  chaleurs, 

Ame  de  l'Unioers,  font  éclore  tes  fleurs. 

Chers  présages  des  fruits  que  la  riche  Pomone, 

A   l'aide  de  tes  feux,   nous  prodigue  en  Automne. 

«  C'est  asse5,  w  dit  Daphnis  ;  «  bergers,  uos  doux  accents, 

«  D'un  charme  inexprimable  ont  pénétré  nies  sens. 

«  Je  dois,  jeune  Tityre,   un  éloge  à  ta  i^use   : 

n  Elle  est  tendre  et  naïv»e,   elle  plaît,   elle  amuse   ; 

«  Mais  ton  riual  l'emporte   ;  en  plaisant  il  instruit   ; 

«  Il  unit  les  deux  points  où  tout  l'art  se  réduit. 

«  C'est  trop  peu  d'amuser,   il  faut  encore  instruire   ; 

«  Sans  cet  accord   parfait,   l'un  et  l'autre   peut  nuire. 

«   A  tes  uers,  cependant,  j'adjuge  le   bélier. 

«  Jeune  berger,   un  jour,   tu  sauras  allier 

«  L'utile  à  l'amusant,  les  ris  à  la  sagesse  : 

«  Le  goût  doit  te  conduire  à  cette  heureuse  adresse. 

«  Pour  toi,   chantre  dioin,   dit-il  à  Corydon, 

«   Quitte,   dès  ce  moment,   les  rives  de  Ladon   ;  (2) 

«  Vole  vers  ces  climats  où  des  juges  séuères, 

«  Qu'Appollon  associe  à  ses  plus  hauts  mystères, 

«  Exempts  de  préjugés,   la  balance  à  la  main, 

«   Des  ouvrages  d'esprit  décident  le  destin. 


(i)  Pan  curât  oves  oviumque  magisiros.  Virg.  Egl. 

CiJ  Fleuue  au  bord  duquel  la  nymphe  Syrint  fut  métamorphosée. 


—  219  — 

«  Va  receuoir,  berger,   la  digne  récompense 

«  Que  ce  fameux  Parnasse  au  mérite  dispense. 

«  Dédaigneux  ennemi  des  friooles  chansons, 

«  Il  ueut  qu'en  amusant  on  donne  des  leçons  : 

«  Qui  remplit  son  objet  à  ses  dons  peut  prétendre,   a 

C'est  là  que  le  berger  alla  se  faire  entendre. 
Des  charmes  de  sa  voix  ces  sages  sont  épris  : 
Un  oeillet  immortel  de  ses  chants  fut  le  prix,   (i) 

Omne  tulit  punctum  qui  miscuil  utile  dulci, 
"Lectorem  delectando,  pariierque  monendo. 

(Hor.) 


^JiXv 


(i)  Prii  de  l'Académie  de  Rode^. 


—    220 


LES    DO^IS    DU    GIEL 

ET    SES    DISGRACES    SUR   LA    PROVENCE, 

ou  LA  NAISSANCE    DE    MONSEIGNEUR    LE    COMTE    DE   PROVENCE   {\] 
ET    LE    DÉBORDEMENT    DU    RHÔNE    EN     l 755 


Du  père  des  saisons,   au   retour  de  Borée, 
Le  char  plus  tempéré  brillait  sur  la  contrée 
D'où  le  Rhône  rapide  entraîne,   aoec  ses  eaux, 
La  Durance  et  l'Isère  au  sein  des  uastes  flots. 
Sous  ce  riche  climat,   une   moisson  fertile 
Aux  tranquilles  plaisirs  offrait  un  doux   asile. 
«  Lieux  chéris,   »  dit  le  dieu   qui   répand   la  clarté, 
«  L'unioers  envùera  uotre  félicité, 
n   Oui,   d'un  astre   nouveau   la  Provence  éclairée, 
«   Verra  le  règne  heureux  de  Saturne  et  de  Rhée. 
«    Puisse-t-elle,   en  goûtant  cette   insigne  faveur, 
«   De  l'époux  d'Amphitrite  ignorer  la  rigueur  1   » 
Il  dit,   et  ses  coursiers  poursuivant  leur  carrière, 
Dans  le  sein  de  Thétis  vont  plonger  la  lumière. 


(ij  Louis  XVIII. 


221 


Des  riues   de  la  Seine  aussitôt  mille  ooix 
Font  entendre  en  tous  lieux  que  du  sang  de  nos  rois 
Jupiter  a  fait  naître  un  Comte  à  la  Prouence. 
Soudain  la  joie  éclate  aoec  magnificence   ; 
Le  salpêtre  s'enflamme  et  sillonne  les  airs   ; 
Chaque  instant  offre  aux  yeux  des  spectacles   dioers  : 
Les  fifres,   les  tambours,   les  hautbois,   les  trompettes. 
Et  les  clairons  guerriers,   et  les  tendres  musettes. 
Exaltent  a  l'enoi  cet  enfant  précieux, 
Qu'aux  \3Œux  les  plus  ardents  ont  accordé  les  Cieui. 

Tandis  qu'à  témoigner  la  plus  oioe  allégresse. 
Par  mille  jeux  brillants,   la  Provence  s'empresse, 
Le  Rhône,   de  la  joie  admirant   les  transports, 
Et  frappé  d'un  éclat  inconnu  sur  ses  bords, 
Oublie  en  ce  moment  que  le  destin  séuère 
Du  monarque  des  mers  le  rendit  tributaire. 
Il  hésite,   il  serpente,   il  ralentit  son  cours  ; 
Il  semble  de  Dédale  imiter  les  détours. 
La  Discorde  l'obseroe,   et  médite  sa  perte, 
n  Enfin  à  ma  «engeance  une   uoie  est  ouverte, 
«  Dit  ce  monstre  cent  fois  enchaîné   par  Louis. 
«  Quoi   !   uerrai-je  toujours  tous  les  yeux  éblouis 
«  De  la  prospérité  d'un  roi  qui  me  déteste   ! 
«  La  tige  des  Bourbons,   à  ma  gloire  funeste, 
«  De  ses  rameaux  nombreux  couvrant  tous  les  Etats, 
«  Rendra  donc  toujours  vains  mes  plus  fiers  attentats  ! 
«  Aujourd'hui  même  encore,  au  bord  de  la  Tamise, 
ff  Par  mes  conseils,   l'orgueil,   la  fraude,   la  surprise, 
«  Contre  les  lys  tramaient  les  plus  hardis  complots. 
«  Mais  à  peine  Albion,  sur  l'empire  des  flots, 
«  Etale  les  projets  de  sa  haine   implacable, 
«  Qu'aussitôt  Richelieu,   d'une  ardeur  indomptable, 
«  Gravissant  au  travers  des  rochers  escarpés, 
ff  S'empare  de  ses  ports  sur  l'Ibère   usurpés.   CO 


i)  Mahon. 


«  Ne  puis-je  renoerser  ce  trône  inébranlable  ? 

«  Ah  !  que  du  moins  le  Rhône,  à  mes  yeux  trop  coupable, 

«   Ressente  les  effets  de  mon  dépit  jaloux   ! 

w  Contre  lui  de  Neptune  excitons  le  courroux.   » 

En  prononçant  ces  mots,   la  furie  infernale 
Fait  briller  dans  ses  mains  cette  torche  fatale 
Qui  des  murs  d'Ilion  fit  un  triste  bûcher  ; 
Et  grimpant  au  sommet  d'un  aride  rocher. 
Elle  appelle  à  grands  cris  le  souverain  de  l'onde   : 
n   Quel  sommeil  te  retient  dans  ta  grotte  profonde  ? 
«  Dit-elle   ;   éueille-toi,   Dieu  du  frêle  élément  ! 
«   Un  fleuve  audacieux  te  braue  impunément,   u 

—  Achète,  M  dit  le  Dieu  ;   «  nomme-moi  ma  uictime.  » 
• —  Le  Rhône   :   il  te  refuse  un  tribut  légitime.   i> 

—  Le  Rhône   !  juste  ciel   !   Tai-je  bien  entendu  1 

«  Quoi  !  l'ingrat  porte  ailleurs  l'hommage  qui  m'est  dCi  ! 

«  Un  déluge  nouveau   punira  cette  offense. 

«  Autans,  déchaînej-uous,  uolej  à  ma  vengeance  ; 

«  Sur  ce  fleuve  rebelle  épuise^;  vos  fureurs   ; 

«  Du  siècle  de  Pyrrha  retrace:^  les   horreurs,   a 

A  cet  ordre  soumis,   les  fiers  sujets  d'Éole 
Volent  comme  un  éclair  de  l'un  a  l'autre  pôle   ; 
Des  plus  noires  vapeurs  leur  souffle  impétueux 
Forme  au  milieu  des  airs  un  amas  monstrueux. 
Le  soleil  éclipsé  sous  ce  voile  funèbre, 
Annonce  à  l'Univers  un  désastre  célèbre. 
La  Discorde  applaudit  au  présage  fatal. 
Mais  à  peine  Neptune  a  donné  le  signal, 
Que,   des  flancs  ténébreux  de  la  nue  homicide. 
Sur  les  champs  provençaux  tombe  une  onde  perfide. 
Qui  submerge  à  la  fois  et  jardins,   et  vergers, 
Et  plaines,   et  vallons,   et  troupeaux,  et  bergers. 
Du  plus  faible  roseau  suivant  la  destinée, 
Le  chêne  est  entraîné  par  l'onde   mutinée. 
Ainsi  que  les  hameaux,  les  superbes  cités 
Sont  les  tristes  jouets  des  torrents  irrités. 
On  voit  flotter,   au  gré  de  leurs  efforts  rapides, 


—    223    — 

L'olioe  de  Mineroe  et  l'or  des  Hespérides.  (i) 

Fuyant  sur  les  coteaux,   le  pâle  laboureur 

Voit  la  uague  emporter  les  fruits  de  sa  sueur. 

Aux  flots  impétueux,   enfin,   le  Dieu  du  Rhône 

Est  contraint  de  céder  et  sa  couche  et  son  trône. 

Leur  fureur  rompt  ses  ponts,  ses  digues,  ses  remparts. 

On  en  voit  les  débris  flotter  de  toutes  parts. 

Le  Rhône  de  ses  bords  ua  pleurer  l'infortune. 

«  Dieu  du  trident,   u  dit-il,   embrassant  ses  genoux, 

«  Que  la  pitié  t'engage  à  retenir  tes  coups   ! 

«  Auant  que  d'assouuir  la  haine  qui  t'anime, 

«  Daigne  entendre  du  moins  ce  qui  causa  mon   crime. 

«  Sur  ces  champs  fortunés  que  ta  rage  a  flétris, 

«  Un  tendre  rejeton  de  la  tige  des  lys 

«  Ramenait  les  beaux  jours  du  siècle  d'innocence   : 

«  Tout  respirait  la  joie  et  la   reconnaissance   ; 

«  Des  feux  purs  et  brillants  s'élevaient  dans  les  airs  ; 

«  Jusqu'au  séjour  des  Dieux  de  ravissants  concerts 

«  Portaient  l'auguste  sang  du  plus  grand  roi  du  monde. 

«  Te  l'auouerai-je  enfin,   puissant  maître  de  l'onde   ! 

«  De  mes  eaux  cette  pompe  a  suspendu  le  cours. 

«  Si  c'est  un  crime,  hélas  !...  w  Neptune,  à  ce  discours. 

Dans  son  cœur  apaisé  sent  expirer  la  rage, 

Et,   loin  de  condamner  ce  qu'il  crut  un  outrage. 

De  son  courroux  aueugle   il  blâme  les  accès   ; 

Et,   pour  en  réparer  les  funestes  effets, 

A  jamais  loin  du  Rhône  il  bannit  les  tempêtes. 

La  Prouence  aussitôt  recommence  ses  fêtes. 


^Jiicv^ 


(0  La  Prouencc  produit  quantité  d'oUuiers  et  d'orangers. 


224 


LE     GOAIAIERGE, 


POEME      QUI      REMPORTA      LE      PRIX 


Les  mortels  dans  les  bras  de  l'oisioe  mollesse, 
Lâchement  sous  leurs  toits  renfermaient  leur  adresse  ; 
Contents  de  se  nourrir  des  plus  sauuages  fruits, 
Tant  de  leurs  propres  biens  ils  ignoraient  le  prix. 
Le  Souverain  des  Dieux,   du   haut  de  l'Empirée 
Voit  la  triste  indolence  où  la  terre  est  liorée   ; 
Il  appelle  Mercure,   et  lui  tient  ce  discours  : 
n  Les  besoins  des  humains  demandent  ton  secours. 
«  Descends  chej  eux,  mon  fils  ;  leur  profonde  ignorance 
«  Leur  cache  les  trésors  que  ma  main  leur  dispense. 
«  Apprends-leur  qu'ils  ont  droit  à  tous  les  biens  dioers 
«  Dont  ma  magnificence  a  rempli  l'Unioers. 
n  Trace-leur,  je  le  ueux,   le  chemin  des  richesses  ; 
w  Que  pour  eux  le  Commerce  assemble  mes  largesses  ; 
«  Et  qu'un  échange  heureux  des  plus  lointains  climats, 
«  Leur  procure  des  biens  qu'ils  ne  connaissaient  pas.  a 
Il  dit.   Du  Tout-Puissant  le  ministre  fidèle, 
A  la  uoix  de  son  père  obéit  plein  de  5èle, 
Quitte  le  haut  Olympe,    et,   plus  prompt  que  l'éclair. 
Le  caducée  en  main  fend   les  plaines  de   l'air. 
Déjà  le  messager  du  maître  du  tonnerre 
Voit  le  calme  honteux  qui  règne  sur  la  terre. 
Et  les  mortels  en  proie  à  de  pressants  besoins  ; 
A   les  en  délivrer  il  applique  ses  soins. 


—    225     — 

«  Accours,  s*écria-t-il,   père  de  l'abondance   ; 

Commerce  industrieux,   viens  chasser  l'indigence  ; 

D'un  trop  profond  sommeil  romps  le  charme  fatal 

Et  wenge  l'Unioers  d'un   partage  inégal. 

Il  paraît  :  ô  prodige  !  à  l'instant  tout  s'anime  ; 

Tout  s'eicite  au  travail   :   le  repos  est  un  crime. 

Chacun  auec  ardeur  se  range  sous  les  lois 

Du  Commerce  honoré  des  Sages  et  des  Rois. 

De  la  faveur  des  Dieux  dans  ce  nouvel  ouvrage. 

Dit  le  fils  de  Maïa,  reconnaisse5  le  gage  ; 

Mortels,   à  leur  désir  ne  vous  refuse^  pas, 

Le  bonheur  vous  appelle   ;   il   germe  sous  vos  pas  : 

Hâte5-vous  d'en  jouir...   Au  reste,   un  nouveau  monde 

Vous  offre  de  trésors  une  source  féconde  ; 

Si  vous  ose^,   bravant  mille  périls  divers, 

Vous  frayer  un  passage  au  sein  des  vastes  mers. 

De  vos  biens  superflus  le  précieux   échange 

Fera  couler  che5  vous  le  Pactole  et  le  Gange. 

Il  est  temps.   Commencej  vos  utiles  travaux   : 

Je  veux  être  témoin  de  vos  serments  nouveaux. 

Peuples,   que  cette  foi  si  saintement  jurée, 

Che5  vous,  chej  l'étranger  vous  soit  toujours  sacrée  ; 

Et  que  jamais  l'appas  d'un  bonheur  criminel 

Ne  puisse  rompre  un  nœud   qui  doit  être  éternel. 

C'est  la  fidélité,   mère  de  l'assurance. 

Qui  doit  faire  régner  l'aimable  confiance. 

D'elle  seule,  ô  mortels,   dépendent  vos  succès  : 

Qu'elle  soit  désormais  l'âme  de  vos  projets   ; 

Tandis  que  vous  fuire^  la  fraude  et  l'artifice, 

A  vos  justes  desseins  le  Ciel  sera  propice,   m 

En  achevant  ces  mots,   l'interprète  des  Dieux 

Se  couvre  d'un  nuage  et  vole  dans  les   Cieui. 

Cependant  du  bonheur  la  flatteuse  espérance 

Redouble  dans  les  cœurs  l'active  diligence. 

Déjà  le  vaste  sein  des  célèbres  cités 

Regorge  de  marchands  venus  de  tous  côtés. 

Commerce  glorieux,  digne  du  rang  suprême, 


15 


—    220    — 


^ 


Tyr  ooit  sur  tes  enfants  briller  le  diadème  !  Çi) 

Poursuis.   Du  monde  entier  fais  mouooir  les  ressorts 

Ciel   !   quels  bras  oigoureur  font,  par  d'heureui  efforts, 

Rouler  avec  fracas  des  montagnes  chenues  1 

Les  cèdres  orgueilleux,   les  pins  uoisins  des  nues. 

L'art  en  construit  des  nefs  ;  c'est  sous  ces  toits  flottants. 

Destinés  à  brauer  la  fureur  des  autans, 

Qu'à  de  nouvelles  lois  asseroissant  Neptune, 

D'intrépides  mortels  uont  chercher  la  fortune. 

Déjà  pour  conquérir  une  riche  toison, 

Aux  riues  de  Colchos  descend   le  fils  d'Eson   ;  (2) 

Et  par  l'essor  hardi  de  son  vaisseau  rapide, 

Colomb  est  transporté  loin  des  bornes  d'Alcide. 

En  uain  le  Dieu  des  mers,  jaloux  de  ses  succès, 

A  tenté  d'enchaîner  ses  glorieux  progrès  : 

D'autres  «ont  parcourant  les  plus  lointaines  plages, 

Des  tristes  habitants  de  ces  climats  sauoages, 

Où  règne  l'ignorance  et  la  férocité. 

Former  un  peuple  utile  à  la  société. 

Intrépides  nochers,   rien  ne  les  intimide   : 

Ils  voient  à  leur  gré  sur  l'élément  perfide, 

Du   rivage  de   l'Inde  aux  bords   Américains, 

Des  champs  glacés  de  l'ourse  aux  sables  Africains. 

Chère  patrie  enfin,   quand  ta  voix  les  rappelle. 

Tu  revois  tes  enfants,   pour  toi  brûlants  de  jèle. 

Au  travers  des  écueils  conduire  dans  tes  ports 

De  la  terre  et  des  mers  les  plus  rares  trésors. 


>/X^v 


(1)   Cujus  J^egocialores  Principes,  Institores  ejus  inclyli  Terra:.   Isaïe. 
(1)  Jason. 


227 


L'ESPRIT^    DE    GONïï^RADIGT^IOJ^ 


EGLOGUE    COURONNEE 


Est-ce  toi,  cher  Licas  ?  Dieux,  quel  est  mon  transport  ! 
Mille  songes  affreux  m'alarmaient  sur  ton  sort, 
Trois  fois  des  aquilons  écartant  la  froidure, 
Zéphire  a  sur  nos  champs  ramené  la  oerdure, 
Depuis  que  de  Licas  le  tendre  chalumeau 
Ne  se  fait  plus  entendre  a  l'entour  du  hameau. 
Quelle  joie  en  ces  lieux  v>a  causer  ta  présence   ! 
Mais  dis-moi  le  sujet  d'une  si   longue  absence. 


Le  soin  de  mon  repos,   Rappelle-toi,   Tircis, 
Qu'un  soir  sur  la  bruyère  ensemble  étant  assis. 
Je  te  fis  entrevoir  le   projet  de  ma  fuite. 
J'ai,  te  dis-je,  Damon  toujours  à  ma  poursuite   ; 
Auec  cet  importun  on  ne   peut  uiure  en   paix   : 
Je  oais  quitter  ces  lieux  pour  ne  les  ooir  jamais. 


Tu  m'en  fais  souvenir.   Il  est  orai  qu'auec  peine 
Tu  souffrais  son  humeur  pointilleuse  et  hautaine   ; 
Te  plaignant   qu'aoec  lui  le   plus  court  entretien 
Faisait  naître,   à  coup  sûr,   des  débats  sur  un  rien. 
Mais,   berger,   tu  oeux  rire   !    Un  sujet  si  friwole 
T'aurait  déterminé  ! . . . 


—    228    — 


Crois-m'en  sur  ma  parole, 
Lassé  depuis  longtemps  de  tes  fâcheux  propos, 
Je  fus  chercher  ailleurs  le  calme  et  le  repos. 

TIRCIS 

Abandonner  ainsi  ces  campagnes  charmantes. 
Ces  wallons,  ces  coteaux,  et  ces  plaines  riantes  ! 
Quoi  !  Nos  prés,  nos  gajons... 

LICAS 

Ne  t'en  étonne  pas. 
Ce  séjour  a  pour  moi  perdu  tous  ses  appas, 
Depuis  que  de  Damon  la  fatale  présence 
En  a  banni  les  jeux,   la  paix  et  l'innocence  ; 
Depuis  que  cet  esprit  inquiet,   chicaneur. 
D'y  désapprou\3er  tout  se  fait  un  point  d'honneur. 

TIRCIS 

Il  est  orai  que  Damon  se   plait  à  contredire   ; 
Je   lui  connus  ce  goût  aux  noces  de  Thémire, 
Quand,   même  de  l'aueu  de  ses  rioaux  surpris, 
Licidas  à  la  course   y  remporta   le   prix. 
De  ce  jeune  berger  dont  nous  chantions  la  gloire, 
Damon,   le  seul  Damon,  contestait  la  victoire. 
Mais  enfin 


Quel  fléau  pour  la  société 
Qu'un   esprit  faux,   chagrin,  turbulent,   entêté, 
Et,  sur  la  moindre  chose,   ardent  à  la  dispute   ! 
Ecoute   un   peu  ce  trait.   Un  jour  que  sur  la  flûte 
En  gardant  mes  agneaux  à  l'ombre  d'un  buisson. 
Je  disais  à  l'écho  cette  belle  chanson 
Que  Pan  même,   dit-on,   apprit  à  Galatée, 
Et  que  tous  nos  pasteurs  ont  tant  de  fois  uantée. 
Cet  indiscret  m'aborde,   et  d'un  ton  dédaigneux. 
Cesse,   dit-il,   cet  air  :   Ciel,   qu'il  est  ennuyeux  ! 


—    22-9    — 

Il  anime  pourtant  nos  bergers  a  la  danse, 

Lui  dis-je.   Eh   !    sauent-ils  ce  que  c'est  que  cadence   ! 

Ils  ont,   ajouta-t-il,   le  goût  trop   dépraué. 


Je  crois  que  de  sa  v>ie   il   n'a  rien  approuvé   ; 
En  toute  occasion  son  naturel  se  montre. 


Voici  ce  qu'il  me  fit  dans  une  autre  rencontre, 
Sur  un  tertre  embaumé  de  lauande  et  de  thym. 
Nous  étions  a  goûter  la  fraîcheur  du   matin. 
D'un  rossignol  caché  sous  un  épais  feuillage. 
Jusqu'à  nous  les  ^éphirs  portaient  le  doux  ramage. 
Ah  !  quels  sons,  m'écriai-je  ;  ils  charment  tous  mes  sens. 
Je  gage   néanmoins,   dit-il,   qu'à  ces  accents 
D'autres  préféreraient  ceux  de  la  tourterelle. 
Moi  qui  le  ois  en  train  de  me  chercher  querelle, 
Je  ne  répliquai  plus  de   peur  d'autres  défis. 

TIRCIS 

En  mille  occasions  j'ai  fait  ce  que  tu  fis. 

LICAS 

Cependant,  ce  mortel  bigarre,   acariâtre. 
De  ses  faux  jugements  toujours  plus  idolâtre, 
Partout  impunément  pourra  donner  le  ton. 
Soumettre  à  son  caprice  et  bon  sens  et  raison   ! 
Quel  changement  de  mœurs   !   rioes  infortunées. 
Faut-il  qu'à  tant  de  maux  v)ous  soye5  condamnées  ! 

TIRCIS 

Ne  t'abandonne  pas  à  de  uaines  terreurs  : 
L'exemple  de  Damon  ne  peut  rien  sur  nos  mœurs. 

LICAS 

Quoi   !   Tircis 

TIRCIS 

Je  t'entends   :   il  est  orai,   ces  contrées 


—    23û    — 

A  la  séduction  s'étaient  un  peu  livrées, 
Lorsque  cet  étranger  sous  l'habit  de   pasteur, 
De  la  Ville  y  porta  le  langage  imposteur. 
Bientôt  par  ses  conseils  nos  bergers,   nos  bergères 
Parurent  négliger  nos  bois  et  nos  fougères. 
On  uit  dans  leurs  discours,   autrefois  ingénus, 
Se  mêler  certains  mots  jusqu'alors  inconnus. 
On  \)it  même,   au  mépris   de  la  simple  nature, 
Quelquefois  éclater  les  soins  de  la   parure. 


Ajoute  que  l'esprit  de  contradiction 
Y  fit  régner  le  trouble  et  la  dissension   ; 
Qu'aux  paisibles  transports  qu'excitait  sous  les  hêtres 
L'adresse  des  vainqueurs  dans  les  combats  champêtres,! 
Succédèrent  des  bruits,   des  cris  tumultueux. 

TIRCIS 

Perdons  le  souvenir  de  ces  temps  malheureux, 
Le  calme  est  rétabli  dans  ces  belles  retraites   ; 
Nous  y  coulons  nos  jours  dans  des  douceurs  parfaites. 
C'est  trop  longtemps  les  fuir  :   reviens-y,  cher  Licas. 
Ne  crains  rien  ;  de  Damon  on  n'y  fait  plus  de  cas  ; 
Et  même  d'y  primer  perdant  toute  espérance. 
Il  va,   dit-on,   revoir  les  lieux  de  sa  naissance. 
Reviens,  encore  un  coup,   reviens,  charmant  berger. 


Non,   mon  dessein  est   pris,   rien  ne  peut  le  changer. 

Je  regretterais  trop  ma  chère  solitude 

Où  je  vis  à  l'abri  de  toute  inquiétude. 

Je  l'ai  quittée  exprès,  cher  Tircis,   pour  te  voir  ; 

Mes  vœux  sont  accomplis.   Je  repars  dès  ce  soir. 

TIRCIS 

Ah  !  c'est  trop  de   rigueur,  et  j'ai  lieu  de  m'en  plaindre. 


23  1 


LICAS 

Tes  efforts  seraient  uains  ;  cesse  de  me  contraindre. 
Adieu.   Le  soleil  baisse   ;   et  déjà  les  troupeaux, 
D'un  pas  lent  et  tardif  regagnent  les  hameaux. 
Puisse  le  Dieu  qui  ueille  au  soin  des  bergeries 
Défendre  tes  brebis,  dans  ces  vastes  prairies. 
Du  charme,   du   poison,   des  serpents  et  des  loups. 
Et  t'épargner  l'ennui  de  tout  censeur  jaloux. 


Que  Paies  (puisque  enfin  tu  quittes  nos  rivages), 
Conduise  ton  troupeau  dans  ces  gras  pâturages. 
Où  d'un  fils  d'Apollon,   les  bienfaits  enchanteurs, 
A  de  doctes  combats  animent  les  Pasteurs  ! 

Fcenum  hahel  in  cornu,   longe  fuge.  Hor. 


^:il^V 


—  23z  — 


LE    TAHH    DOAIPTÉ 

PAR    M.    l'abbé    LACOSTE,    (l)    CHAPELAIN    ET    ÉCONOME 

DE  l'hôpital  général  DE  MILLAU  (sous  le  îiom  de  DamonJ. 


Depuis  la  fameuse  sentence 
Rendue  en  sa  faoeur  par  un  Juge  Royal  (2), 
Le  Tarn  uoulant  jouir  en  Prince  Oriental 

D'une  absolue  indépendance, 


(i)  Il  s'agit  de  la  construction  d'une  chaussée  en  face  l'hospice,  par  M. 
l'abbé  Lacoste.  —  "  Plusieurs  fois,  dit  à  ce  sujet  M.  de  Tauriac,  le  Tarn  et 
la  Dourbie  se  sont  creusé  de  nouveaux  lits,  ont  formé  des  îles  et  dentelé  les 
rivages.  Le  génie  d'un  humble  prêtre  a  su  diminuer,  annuler  même  leur 
colère.  Aidé  seulement  de  quelques  enfants  adoptifs  de  Saint-Vincent-de- 
Paul,  il  construisit,  en  1782,  une  digue  d'un  kilomètre  de  développement. 
Emportée  deui  fois  par  les  flots  indomptés,  cette  chaussée  fut  reprise  avec 
une  patience  admirable  ;  malgré  les  sarcasmes  ironiques  de  l'ignorance,  elle 
obtint  un  succès  durable.  Ces  travaur  eurent  pour  résultat  de  forcer  le  Tarn 
à  couler  de  nouveau  sous  six  arches  du  pont  vieux,  restées  à  sec  du  côté  du 
faubourg,  de  sauver  de  la  destruction  des  champs  où  le  pauvre  trouvait  le  blé 
nécessaire  à  sa  subsistance,  et  la  ferme  entière  de  la  Maladrerie,  où  nos 
pères  séquestraient  les  infortunés  lépreux.  Ils  donnèrent  naissance  à  une 
belle  forêt  de  peupliers,  créée  au  profit  de  l'hospice  de  la  cité.  Cette  conquête 
paisible,  qui  se  change  peu  à  peu  en  prairie,  reste  le  seul  asile  où  l'on  puisse 
respirer  le  calme  et  la  solitude,  au  milieu  du  bruit  et  des  tracas  des  affaires. 
On  l'appelle  encore  de  nos  jours  U  rivage  de  l'abbé  Lacoste.  »(i844). 

(i)  Elle  fut,  dit-on,  rendue  par  un  Juge  de  Compeyre  qui  donna  à  la 
Rivière  ample  liberté  de  passer  partout  où  elle  voudrait.  On  ne  manqua  pas 
de  citer  cette  plaisanterie,  pour  tourner  en  ridicule  l'entreprise  de  ce  digne 
Ecclésiastique. 


233 


Résolut  de  franchir  son  antique  canal, 

Enflé  d'orgueil  aussitôt  le  brutal 
Se  débordant,  mine,  ébrèche,  raoage 
Les  vignes,   les  guérets  de  tout  le  voisinage. 
Il  ose,   qui   pis  est,   en  despote  infernal. 
Entamer  ceux  de  l'Hôpital. 
Daman  avec  douleur  voit  sa  rage  inhumaine 
Des  pauvres,  ses  enfants,  dévaster  le  domaine, 

«  Eh  quoi   !   »  s'écria-t-il  avec  un  saint  dépit, 
«  Impunément  ce  fleuve  sacrilège 
ff   De  dépouiller  le  pauvre  aurait  le  privilège   ! 

«  Non  je   le  forcerai  de  rentrer  dans  son  lit   : 
«  De   l'hospice  de  l'indigence 
«  Il  sortira  des  bras  plus  nerveux  qu'il   ne   pense... 
De  son  projet  partout  on  rit, 
Bien  loin  d'admirer  son  courage   : 
«  Nous  allons  voir,  m  disait-on  en  raillant, 
«  Un  nain  lutter  contre  un  géant.   » 
Peu  frappé  de  ce  verbiage, 
Damon  met  la  main  a  l'ouvrage   : 
Et  déjà  du  fracas  que  fait  le  lourd   mouton 
En  tombant  sur  les  pieux  retentit  le  vallon. 
Bientôt  s'élève  une  énorme  chaussée. 
Qui,   repoussant  les  torrents  destructeurs. 
Réprime  les  accès  de  l'onde  courroucée   ; 

Le  Chapelain  triomphe  et  rit  de  ses  rieurs,  (i) 
Sage  Économe,  ainsi  ta  confiance   héroïque, 

Bravant  les  traits  de  l'aveugle  critique, 
A  sauvé  des  fureurs  d'un  fleuve  audacieux 
Les  biens  qu'à  l'indigence  ont  laissé  nos  aïeux. 
En  rappelant  son  onde  errante  et  fugitive 
Et  la  reconduisant  dans  son  humble   berceau, 
Quel  bien  n'as-tu  pas  fait,  cher  Damon,  à  Millau  ! 


fi)  Ils  furent  déconcertés  en  voyant  le  succès  complet  d'une  opération  si 
étonnante,  exécutée  avec  les  seules  ressources  du  génie  de  l'Entrepreneur 
et  de  la  manoeuure  des  pauvres. 


-  234  - 

Dans  les  moulins  la  meule  oisioe 
Depuis  trente  ans  ne  broyait  plus  le  grain  : 
A   la  remettre  en  jeu  l'art  travaillait  en  uain. 

Tu  dis   :   «  Je  ueux  la  rendre  actiwe.   » 
Le  Tarn,   docile  à  ta  uoir,   vint  soudain        ^ 
T'amener  de  ses  eaui  le  secours  salutaire, 

Et  la  meule  reprit  son  train. 
Quel  heureux  changement   I    Ce  fleuve,   qui  naguère 
Par  ses  fougueux  et  nuisibles  écarts 

Eut  le  malheur  de  te  déplaire, 
Semble  vouloir  aujourd'hui  te  refaire, 
En  t'apportant  de  toutes  parts 
Tout  le  bois  qui  t'est  nécessaire 
Pour  réchauffer  les  débiles  vieillards 
Et  les  enfants  des  pères  anonymes. 
D'un  amour  criminel  innocentes  victimes.  Çi) 
Il  fait  bien  plus  encor,   ce  Fleuve  officieux  : 

Il  enrichit  des  pauvres  l'héritage 
En  charriant  sans  cesse  un   limon  précieux 
Créateur  et  soutien  de  ce  riant  bocage. 

Qui  domine  sur  son  rivage. 
Je  le  vis  l'autre  jour  avec  ravissement, 
Ce  lieu  délicieux,   ce  bocage  charmant 
Dont  le  site,   l'aspect,   le  silence  et  l'ombrage 
Des  bosquets  de  Tempe  me  retraçaient  l'image  : 
Je  vis  tes  peupliers  recourbés  en  berceaux, 
Que  le  Tarn  plus  tranquille  abreuve  de  ses  eaux  ; 
Je  goCitai  la  fraîcheur  de  leur  épais  feuillage. 
Sous  lequel  rassemblés  des  millions  d'oiseaux 
Faisaient  retentir  l'air  de   leur  tendre  ramage. 

Tandis  que   Pan,   au  son  du  chalumeau. 
Sur  le  ga5on  fleuri  d'un  fécond   pâturage  (i) 


fi)  Tout  le  bois  que  le  Tarn  entraîne  au  temps  des  inondations,  s'arrête 
à  la  chaussée  ;  et  c'est  au  profit  de  l'Hôpital. 

{i)  Sous  les  arbres  de  ce  bois,  qui,  comme  par  un  enchantement,  se  sont 
éleuès  tout  d'un  coup  à  haute-futaie,  les  troupeaux  de  l'Hôpital  trouvaient 
un  pacage  immense. 


—   235  — 

Voyait  bondir  et  paître  son  troupeau, 
Et  que  les  Faunes,   les  Driades, 
Sur  les  bords  émaillés  d'un  limpide  ruisseau. 
Folâtraient  aoec   les  Naiades. 
Pour  le  chanter,   cet  aimable  se'jour, 
J'allais  saisir  mon  luth,  hélas  !  octogénaire  ; 
Lorsque  Pan  me  cria   :   «  Fuis,   vieillard  téméraire   : 
«  Tes  accords  glaceraient  les  Nymphes  de  ma  Cour.u 
C'est,   cher  "Daman,   dans  ce  bois  solitaire 
Que  tu  uoles  au  point  du  jour. 
Souvient  même  auant  que  l'aurore 
De  l'astre  radieux  que   l'Indien  adore 
A  rUniv»ers  annonce  le  retour  ; 
C'est  là  qu'assis  sur  un  lit  de  verdure, 
En  bénissant  l'Auteur  de  la  Nature, 
Tu  contemples  le  fruit  de  tes  heureux  travaux. 
Qui,  de  l'aveu  de  tes  rivaux. 
Ont  mérité  la  couronne  civique. 
Mais  ton  ^èle   patriotique. 
Qui  n'aspira  jamais  aux  honneurs  d'ici-bas, 
De  cette  pompe  chimérique 
Sans  doute  eut  fait  trop  peu  de  cas   ; 
Tu  sais  qu'une  palme  immortelle 
Est  promise  aux  tendres  élans 
De  la  charité  fraternelle. 
Et  c'est  d'en  haut  que  tu  l'attends. 


J^L^ 


—  236  — 


éUGE^EfiW' 


PORTÉ  PAR  "  LE  MERCURE  DE  FRANCE  " 
SUR  LES  QUATRE  SAISONS  OU  GÉORGIQUES  PATOISES  {\) 


EPITRE  A  MA  MUSE 


Quitte  les  bois,   Muse  champêtre, 
Viens  te  produire  au   plus  grand  jqur. 
Désormais  tu  pourras  paraître 
A  la  v)ille  et  même  à  la  cour, 
On  t'annonce  dans  le  Mercure. 
Du   périodique  Journal 
Le  Rédacteur  impartial 
D'abord,  (et  c'est  de  bon  augure). 
En  a  dit  quelque  peu  de  mal. 
Parmi  les  défauts  qu'y  remarque 
Ce  judicieux  Aristarque, 
Voici  quel  est  le  principal   : 
«  De  ce  Poème  Géorgique 
«  L'Auteur  pèse,  m  dit  ce  critique, 
«  Sur  des  détails  minutieux   : 
(f  Jaloux  de  faire  la  peinture 
«  De  tout  ce  qui  s'offre  à  ses  yeux, 
«  Il  est  prolixe  outre  mesure, 
«  Et  prend  trop  de  soin  d'expliquer 
«  Ce  qu'il  ne  faudrait  qu'indiquer. 


(i)   L'Auteur  rapporte  ce  Jugement  presque  mot  pour   mot. 


—  zij  — 

n  En  cela  suioant  la  manière 

«  Des  Anglais  et  des  Allemands 

«  Qui  chargent  de  trop  d'ornements 

«  La  moins  importante  matière  : 

«  Comme  eux  il  laisse  son  pinceau 

«  S'appesantir  sur  le  tableau 

«  D'un  caillou,   d'une  fleur  obscure, 

«  D'un  vermisseau,   d'une  masure, 

«  D'un  brin  d'herbe,   d'un  moucheron, 

n  Défaut  ordinaire  à  Thompson. 

«  A  cela  près,   dans  son  Poème,   m 

Dit  le  Juge  changeant  de  ton, 

«  On  trouve  de   l'inuention, 

«  Du  naturel,  du  naïf  même. 

«  On  aime  sa  description 

«  De  l'Hiuer  à  la  face  blême, 

«  Couché  dans  son  lit  de  glaçons  ;  ■ 

«  Et  l'on  doit  dire  à  sa  louange 

«  Qu'on  prend   plaisir  à  ses  chansons, 

«  Lorsqu'il  célèbre  la  vandange, 

«  Les  semailles  et  les  moissons  ; 

«  Qu'il  chante  bien  cet  art  utile 

«  Dont  un  berger  fut  l'inventeur, 

«  Art  si  cher  au  cultivateur, 

«  Qui  fait  d'un  sauvageon  stérile 

«   Un  arbre  franc,   en  fruits  fertile   ! 

«  Enfin,   w  ajoute  le  Censeur, 

«  Cet  amant  de   l'agriculture 

«  Peint  si  bien  la  simple  nature 

«  Telle  qu'à  ses  yeux  enchantés 

«  Elle  s'offrit  loin  des  cités, 

«  Qu'il  semble  calquer  à  la  vitre 

«  De  son  modèle  les  beautés,   w 

Du  sort  de  mes  Saisons  l'arbitre 

Renvoie  ensuite  le  lecteur, 

A  qui  ton  patois  ferait  peur, 

A  cette  gracieuse  Epitre 


—  238  — 

Qui  du  Poème  et  de  l'Auteur 

Fait  un  éloge  trop  flatteur. 

Muse,  ce  début  magnifique, 

Fait  de   la  main  de  la  critique. 

Sans  doute  a  de  quoi  t'enchanter  ; 

Certe,   on  n'y  peut  rien  ajouter  ; 

Mais  n'en  prends  pas  trop  d'auantage, 

De  la  sentence  entends  la  fin. 

Qui  t'annonce  un  triste  destin   : 

tt  Nous  donnerions,  selon  l'usage, 

«  Dit-on,   quelque  extrait  de  l'ouorage, 

«  S'il  ne  se  trouvait  pas  écrit 

«  Dans  un  idiome  sauoage 

«  De  la  société  proscrit.  .  . 

Le  sens-tu,   Muse  incorrigible, 

De  ce  censeur  le  coup  terrible. 

Qui  met  au  néant  ton  patois  ? 

Hélas   !  je  te  l'ai  dit  cent  fois. 

Parle  un  langage  intelligible   ; 

Laisse-là  ton  uilain  jargon 

Qu'on  ne  peut  entendre  ni  lire   : 

Aujourd'hui  c'est  de  mauoais  ton, 

De  le  parler  ou  de  l'écrire. 

Tu  riais  et  me  laissais  dire   ; 

Et  bien  loin  de  le  rejeter. 

Tu  faisais  son  apologie  ; 

Tu  ne  cessais  de  me  uanter 

Son  ton  naïf,  son  énergie. 

Et  d'autres  prétendus  attraits 

Qu'à  la  oille  on  n'y  wit  jamais. 

Tu  le  \3ois  enfin,   misérable. 

Tout  le  monde  est  las  comme  moi 

De  ton  baragouin  détestable. 

D'être  plus  longtemps  sous  ta  loi 

Je  serais  trop  inexcusable. 

Adieu   1  Va  rapporter  aux  champs 

L'ennui  de  tes  rustiques  chants. 


i 


—  239  — 


EpITRE 


DES  ENFANTS  DE  M.  DE  N... 

EN  RÉPONSE  A  l'eNVOI,  QUE  LEUR  AVAIT  FAIT  l'auTEUR, 

DE  LA  DESCRIPTION  DE  SON  VOYAGE  DE  VABRES 


Dans  cette  Epitre  gracieuse 

Où  votre  Aluse  ingénieuse, 

Semant  des  fleurs  à   pleine  main, 

En  embellit  uotre  chemin, 

Où  par  l'aimable  Poésie 

Elle  nous  peint,   elle  v»arie 

Les  ornements  de  ce  wallon, 

Par  les  jeux  de  la  fiction 

Le  moindre  objet  s'y  multiplie 

Et  s'agrandit  par  la  magie 

Du   microscope  d'Apollon. 

Dans  cette  Epitre  si  jolie 

Nous  retrouvions,  charmant  Prieur, 

Les  sentiments  de  uotre  cœur. 

Vous  uoulej,   par  ce  badinage, 

Ouurage  du  goût  et  de  l'art. 

Dissiper  le  sombre   nuage 

Qui  uint  obscurcir  ce  riuage 

Au  moment  de  ootre  départ. 

Et  c'est  ainsi  qu'en  uotre  absence 

En  égayant  tous  nos  moments, 


240  — 


Vous  nous  rende5  les  agréments 

Qui  font  chérir  ootre   présence   ; 

Auec  nos  coeurs  d'intelligence 

Vous  uoule^  encore  une  fois, 

Ami,   sur  la  reconnaissance 

Vous  acquérir  de  nouveaux  droits 

Par  un  excès  de  complaisance. 

Pour  v)ous  prodigue  de  ses  dons, 

De  Phébus  la  Cour  immortelle, 

Au  lieu  du  pinceau  de  Chapelle, 

Vous  prêta  ses  légers  crayons. 

Oh   !  si,   pour  nous  aussi   propices. 

Les  Dieux  des  Vers  formaient  nos  sons. 

Bientôt  oous  aurie:;  les  prémices 

Et  le  tribut  de  nos  chansons. 

Moins  animés  par  la  manie 

De  converser  auec  esprit 

Que  guidés  par  la  douce  enoie 

De  wous  parler  dans  cet  écrit, 

Nous  peindrions  la  ueroe  brillante 

Qui,   s'exerçant  sur  mille  objets. 

Ici  sublime,   là  riante, 

Se  montre  sur  divers  sujets 

Sous  une  forme  différente. 

Tantôt  de  la  Reine  des  Cieui 

On  lui  vit  célébrer  la  gloire 

Par  des  Sonnets  harmonieux 

Qui  mériteront  la  victoire   ; 

Du  Commerçant  industrieux, 

Tantôt  nous  traçant  la  richesse, 

Elle  répand  avec  adresse 

Des  trésors  bien   plus  précieux. 

Marqués  au  coin  du  vrai  génie. 

Ainsi  ses  écrits  enchanteurs 

Se  virent  à  l'Académie 

Couronnés  de   lauriers  flatteurs. 

Dans  le  commerce  de  la  vie 


—    241    — 

Combien  de  fois  son  enjouement 
Unit  aui  traits  de  la  saillie 
Le  ton  naïf  du  sentiment  ! 

Ici,  cherchant  leur  origine, 
Sur  des  bonnets  elle  badine,  (i) 
Quand  d'un  bonnet  à  maint  contour 
Elle  peint  l'épaisseur  bénigne, 
Les  ris  voltigent  a  l'entour. 
Rien  ne  plaît  tant  que  cet  insigne, 
Contre  la  bise  nuit  et  jour. 
Quand   il  coiffe  le  cher  L.  .  . 

Que  dirons-nous  de  ton  destin. 
Perruque  antique  et  vénérable. 
Qui  couorait  le  chef  respectable 
D'un  très-habile  Médecin  ?  (2) 
La  Muse  sage,   uiue,   aimable 
Qui  te  chanta  d'un  ton  badin 
Rend  ton  sort  cent  fois  préférable 
A  celui  de  ces  blonds  cheueui, 
Cheveux  jadis  de  Bérénice, 
Qui  depuis,   astre  radieux. 
Par  la  faueur  d'un  Dieu   propice 
Brillent  aujourd'hui  dans  les  Cieui. 

Quelle  façon  de  petit-maître  (3) 
Dans  nos  cantons  s'est  fait  connaître  1 
Nouveau  débarqué  de  Paris, 
Il  en  rapporte  la  science. 
L'enjouement,   les  jeux  et  les  ris, 
Et  la  parfaite  connaissance 
Des  Arts,  dit-il,   qu'il  a  chéris. 

A  ce  début,  à  ce  langage, 
Qui  ne  connaît  le  personnage  ? 
C'est  toi,   burlesque  Chevalier  ;  (4) 


(0  Epitre  à  M.  L...,  grand  bonnctiste. 

(2)  Epitre  à  M.  D.  .  .,  docteur  en  médecine,  sur  sa  perruque  de  voyage. 

(3)  Gentilhomme  gascon,  second  tome  de  celui  de  Molière 

(4)  De  la  Gragnotte. 

t6 


—    242    — 

Ton  équipage  singulier, 
Ton  jargon,  ton  goût,   tes  prouesses. 
Tes  beaux  dictons,   tes  gentillesses, 
Ton  air  grotesque  et  familier, 
Et  ta  façon  hétéroclite. 
Dérideraient  même  Heraclite  ; 
Aucun  sujet  aussi  fallot 
Jadis  ne  fut  peint  par  Callot. 

Un  autre  plaisant  phénomène 
Vient  se  produire  sur  la  scène   ; 
Francésou  !   quel  nom,  Francésou  !  (i) 
L'art  qui  fait  priser  tes  paroles 
Et  recueillir  tes  fariboles 
Te  rend   la  gloire  de  Lunsou   ;  (i) 
Ton  buste  faisant  la  pagode. 
De  tes  bons  mots  le  fameux  code, 
Auront  toujours  cet  amusant 
Dont  souoent  manque  une  belle  Ode 
Qui  fait  bâiller  en  la  lisant. 

Qui  ne  rappelle  les  Bretelles  (3) 
De  v)os  soins  gages  précieux. 
Et  les  courriers  prompts  et  fidèles 
Qui  les  portèrent  en  ces  lieux  ? 
Sans  ce  secours  officieux. 
Un  tendre  ami  portant  calotte. 
Eût  cent  fois  perdu  sa  culotte, 
Et  du  public  eût  craint  les  yeux. 

Prieur  aimable,  votre  Muse, 
Par  un  effort  ingénieux. 
Après  un  trauail  sérieux. 
Ainsi  sur  des  riens  rit,  s'amuse. 
Et  des  cercles,   par  mainte  ruse. 
Bannit  les  propos  ennuyeux. 


(i)  Mendiant  original  qui  amusait  par  ses  manières  et  ses  dictons  singuliers. 

(z)  Lieu  de  sa  naissance. 

(3J   Epitre  à  feu  M.  le  Curé  de  A\  .  .  . ,  cousin-germain  de  l'Auteur. 


—    24^    — 

Oui,  ce  Protée  industrieux 

Que  l'on  nous  v»ante  dans  la  Fable, 

Dont  l'esprit  rare  et  si  fameux 

Amusait  tant  les  curieux. 

Est  le  symbole  véritable 

De  uotre  génie  agréable 

Qu'on  Doit  plier  à  tous  les  jeux. 

Mais  peu  facile  à  l'exercice, 
Que  prétends-tu.  Muse  novice  ? 
Crois-tu  pour  les  Vers  du   Prieur 
Ce  mince  éloge  bien  flatteur  ] 
Pour  bien  louer  la  poétique. 
L'art  chéri,   l'esprit  de  l'Auteur, 
Il  faut  un  peu  de  sel  attique 
Dont  che5  lui  seul  on  tient  boutique. 
Taisons-nous  donc  sur  ce  sujet. 
Et  reprenons  un  autre  objet. 

Dans  votre  éternel  Presbytère, 
(Soit  dit.   Prieur,  sans  vous  déplaire) 

Pourquoi  sitôt  allie3-vous  fuir. 

Et  vous  susciter  une  affaire 

En  nous  privant  d'un  doux  plaisir  ? 

A  nos  désirs  qui  se  refuse 

Ne  mérita  jamais  d'excuse... 

Parle5  donc,  songez-vous  à  nous 

Dans  votre  chère  solitude  ? 

Dans  nos  jeux  et  dans  notre  étude 

Nos  instants  pour  nous  les  plus  doux 

Sont  de  songer  souvent  à  vous. 

Dans  une  douce  rêverie. 

Chacun  ici  fait  la  partie 

De  venir  dans  votre  séjour 

Vous  apparaître  au  premier  jour. 

Portés  sur  l'aile  des  zéphirs. 
Que  n'avons-nous  tous  l'avantage 
De  voir  au  gré  de  nos  désirs. 


—   i44  — 

Très-cher  Prieur,  ootre  ermitage, 
Nous  y  «errions,   dit-on,   un  sage 
Qui,   v)ariant  ses  doui  loisirs. 
Sait  à  propos  mettre  en  usage 
Les  arts,   les  uertus,  les  plaisirs. 
Amateur  de  la  mélodie, 
A  l'agréable  symphonie 
Il  fait  mêler  l'accord  des  ooir   ; 
Il  fait  admirer  dans  les  bois 
Les  sons  parfaits  de  l'harmonie. 
Plus  adroit  qu'on  n'a  feint  jamais 
Ces  doctes  et  fameuses  fées. 
Des  rustres  il  fait  des  Orphées  ; 
D'un  désert,   un  lieu   plein  d'attraits. 
C'est  ce  qu'apprend   la  renommée  : 
Mais,   quel  que  soit  ce  beau  récit, 
A  coup  sûr  notre  âme  charmée 
En  verrait  plus  qu'elle  n'en  dit. 
Tels  sont  les  châteaux  en  Espagne 
Que  forme  ici  chacun  de  nous  ; 
Si  notre  esprit  bat  la  campagne 
C'est  pour  woler  toujours  oers  ajous. 
Plût  au  Ciel  que  dans  uotre  asile 
Vous  fissie5  souoent  les  souhaits 
De  v)ous  fixer  dans  une  Ville 
Où  uous  laissâtes  des  regrets. 
C'est  là  le  v)ceu  de  la  famille  : 
Papa,  maman,  garçon  et  fille. 
Tous  comptent  déjà  les  moments  : 
La  candeur  qui  fait  leur  mérite 
Vous  répond  de  leurs  sentiments. 
C'est  le  cœur  seul  qui  v>ous  inoite   : 
Le  ferie5-v)0us  languir  longtemps  î 
Si  uotre  humeur  peu  complaisante 
Se  refusait  à  leur  attente, 
Soye^  sûr  que  d'un  tel  défaut 
(Ceci  soit  dit  sans  oouloir  rire) 


—  245  — 

Les  traits  mordants  d'une  satire 
Sauraient  nous  uenger  comme  il  faut. 
Ainsi,   Prieur,   de  bonne  grâce 
Parc^  le  coup  qui  uous  menace, 
Et  sur  nos  bords  uenej  bientôt. 

Le  Ciel  oous  garde  et  uous  conserue 
Toujours  bien  frais  et  toujours  uert, 
Et  qu'à  jamais  il  uous  préseroe 
De  la  lancette  de  Robert. 
Notre  cœur  n'est  pas  las  d'écrire, 
Votre  esprit  l'est  de  s'ennuyer  ; 
Car  le  moyen  de  très  bien  dire 
Et  de   pouooir  se  faire   lire, 
Quand  on  ne  sait  que  bégayer  ! 


J^L^ 


—  246  — 


ÉPIT^RE 


A    MONSEIGNEUR    DE    CICÉ,    ARCHEVÊQUE    DE    BORDEAUX. 


Monseigneur,  ma  Muse  rustique, 

Qui  sut  par  une  humble  Supplique 

Vous  mettre  dans  ses  intérêts, 

De  son  Poème  Géorgique  (i) 

Vient  uous  apprendre  les  succès. 

D'abord  la  langue  satirique 

D'un  Zoïle  ardent  et  caustique  {1) 

Voulut  lui  lancer  quelques  traits  ; 

Mais  mon  Ouurage  Bucolique 

Muni  du  suffrage  authentique 

Dont  l'honora  votre  Grandeur, 

Des  Sauants  obtînt  la  faveur  ; 

Et  chassa  la  terreur  panique 

Dont  le  frappa  ce  Détracteur. 

Le  seul  point  qui  manque  à  la  gloire 

De  ma  littéraire  victoire, 

Et  qui  trouble  un  peu  mon  bonheur, 

Il  faut  l'avouer,  Monseigneur, 

C'est  le  débit  des  exemplaires 

Dont  l'humiliante  lenteur 


Cl)   Sa  Grandeur  avait  daigné  en  accepter  la  Dédicace. 

(2)  Un  Anonyme  entreprit  d'en  faire  la  critique  ;  mais  voyant  que  le  Poème 
avA't  pris  faveur,   il  se  hâta  de  changer  la  Palinodie. 


—  247  — 

Met  pour  cause  en  mau\5aise  humeur 

Et  l'Imprimeur  et  les  Libraires, 

Et  parmi  quelques  adversaires 

Jaloux  des  succès  de  l'Auteur, 

Excite  aussi  quelque   rumeur. 

Se   peut-il,   dit-on,   qu'un   Poème 

Qui  du  Mercure  obtint  l'aoeu, 

Et  qu'aime  à  lire  Monsieur  même  Çi), 

A  son  Auteur  uaille  si   peu  ? 

Serait-ce  a  cause  de  l'usage 

Qu'il  a  fait  d'un  jargon  sauuage 

Que  presque   personne  n'entend   ? 

C'est  cela  même   :  oui,   l'on  peut  dire 

Que  ce  langage  est  révoltant  ; 

Mais  les  connaisseurs  l'ont  su  lire. 

Et  c'était  l'article  important   : 

Si  la  foule  en  eût  fait  autant 

L'Edition  n'eût  pu  suffire. 

Quoi  qu'il  en  soit,  je  suis  content. 

A  CicÉ  mes  vers  ont  su  plaire  : 

Je  n'aspirais  qu'à  ce  salaire. 

A  l'obtenir  j'ai  réussi   : 

Le  reste  est  un  petit  souci. 


^jii-V 


(i)  Frère  du  Roi. 


248  — 


REQUÊTE  DE  LA  SISETTE  A  GOAlUS 


A  v)ous,  très  haute,  très  puissante  et  très  ragoûtante 
Diuinité,  Comus,  dieu  des  festins,  banquets,  pique-niques  et 
ramelets  ;  roi  de  la  table,  prince  de  la  bonne  chère,  chef 
du  carnawal,  duc  des  entremets,  entrées,  hors-d'œuures, 
ragoiîts  et  desserts;  comte  des  saucisses,  andouilles,  jambons 
et  langues-fourrées  ;  marquis  des  hautes  et  basses  pâtis- 
series, intendant  des  grillades,  fritures,  marinades  et 
fricandeaux  ;  baron  des  potages,  garbures,  bisques,  bouillis, 
farcis,  rôtis,  pots-pourris,  salmis,  hachis  et  margouillis  ; 
souverain  des  quadrupèdes  et  wolatiles  ;  maître  absolu  des 
habitants  des  mers,  des  riuières,  des  étangs,  des  ruisseaux 
et  des  marais  ;  président  des  casseroles,  marmites,  grils, 
broches,  brochettes,  poêles,  poêlons,  chaudrons,  tourtières, 
lardoires  et  lèchefrites  ;  maître  absolu  des  boucheries, 
poulaillers,  halles,  wolières,  garennes  et  colombiers  ; 
seigneur  des  salions  h  manger,  hôtelleries,  auberges, 
guinguettes,  gargotes,  buffets,  cuisines,  caues,  celliers, 
taoernes,  oide-bouteilles,  bouchons  et  autres  places  ; 

Supplient  humblement  uos  fidèles  et  affamés  sujets,  Jérôme 
Pansard,  Etienne  Gorgibus,  Barthélemi  Grand-Gosier, 
Catherine  Gueule-Fraîche,  Jeanne  Fripparde  et  Françoise 
Ventrue  ;  disant  qu'il  se  serait  écoulé  près  d'un  lustre 
depuis  qu'ils  ont  gagné  loyalement  a  la  sisette,  jeu  conforme 
aux  règlements  de  la  plus  exacte  police,  à  Maître  Gabriel 
Molinier,  docteur  en  médecine,  habitant  de  la  présente  uille 
de  Millau,  y  résidant,  lorsqu'il  n'est  point  en  campagne,  une 


—  249  — 

tourte  aui  amandes,  auec  tous  ses  assaisonnements,  appar- 
tenances et  dépendances  ;  que  cependant  ledit  M'  Molinier, 
quoique  dûment  averti  par  sa  propre  conscience  de  la  légiti- 
mité de  la  demande  des  suppliants,  persuadé  même  de  leur 
extrême  impatience,  par  les  sommations  réitérées  qu'ils  lui 
en  ont  faites  uerbalement,  aurait  cependant  éludé  jusqu'ici 
le  paiement  d'une  dette  si  juste  et  si  bien  établie,  tantôt 
sur  le  friuole  prétexte  de  ses  uisites  médicinales,  tantôt  sous 
la  spécieuse  apparence  d'un  oubli  dont  la  continuité  paraît 
trop  volontaire  pour  ne  pas  équipoller  a  un  refus  formel  ; 

Mais  d'autant  que  ces  subterfuges  et  éternels  échappatoires 
sont  illusoires,  irrisoires  et  notoirement  attentoircs  aux 
droits  sacrés  des  mâchoires  et  aoaloires  des  suppliants  ;  même 
blasphématoires,  dérogatoires  et  péremptoires  des  lois,  us 
et  coutumes  de  votre  succulente  cour  ;  que,  d'ailleurs,  le 
débiteur  ne  semble  avoir  d'autre  but  que  de  détourner  vos 
vassaux  trop  bien  intentionnés,  de  l'hommage  qu'ils  brûlent 
de  vous  rendre  avec  toute  l'activité  de  leurs  dents,  et  d'élever, 
sur  les  débris  de  vos  autels,  le  trône  d'Esculape,  ce  redoutable 
empoisonneur  du  genre  humain,  et  partant  de  substituer  à 
vos  coulis  appétissants,  les  révoltantes  infusions  de  la  rhu- 
barbe et  du  séné  ;  les  vins  émétiques  aux  Champenois  et 
aux  Bourguignons  ;  le  coquemar  à  la  marmite  ;  la  seringue 
au  rouloir  ;  la  lancette  à  la  lardoire  ;  en  un  mot,  de  renverser 
les  sages  et  attrayants  instituts  de  la  cuisine,  pour  faire 
régner  à  leur  place  les  terribles  ordonnances  de  la  pharmacie  ; 

A  CES  CAUSES,  plaira  à  vos  grâces,  divin  protecteur  des 
enfants  de  bon  appétit,  disant  droit  sur  la  requête  des 
suppliants,  ordonner  qu'incontinent  et  sans  délai,  ledit  M" 
Molinier  sera  tenu  de  faire  construire  par  le  sieur  Osil,  ou 
autre  officier  de  votre  cour  qu'il  avisera,  une  tourte  bien  et 
dûment  conditionnée,  sucrée  et  entrelardée  d'écorce  et  de 
citron,  dont  la  circonférence  ait  à  peu  près  deux  pieds  de 
diamètre,  et  dont  l'épaisseur  puisse  servir  de  bâillon  à  la 
gueule  du  pays  la  mieux  fendue  ;  avec  inhibition  audit  M^ 
Molinier,  de  faire  entrer,  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit, 
dans  ladite  tourte,  aucune  drogue  qui  soit  du   ressort  de  sa 


—   25o   — 

profession,  nommément  la  coloquinte  et  la  racine  d'arum 
ou  pied  de  oeau,  plantes  destructives  de  l'appétit  le  plus 
décidé  et  souoerainement  détestées  de  l'organe  qui  uous 
est  spécialement  consacré  ;  enjoindre,  en  outre,  audit  M'= 
Molinier  de  faire  transporter,  intacte  et  immune  de  tous 
droits  et  péages,  ladite  tourte,  av»ec  toutes  ses  appartenances, 
suites  et  dépendances,  à  ses  périls  et  risques,  a  l'hôtel 
Mont-Plaisir,  pour  y  être  par  les  suppliants  V)ue,  examinée, 
vérifiée,  lacérée,  partagée,  mangée  et  copieusement  arrosée  ; 
et  ce,  nonobstant  toutes  oppositions  ou  appellations  quel- 
conques ;   et  fere^  bien. 

Soit  fait  comme  il  est   requis,  ce  8  février   1772,  Jacques 
Boudin,  M.artin  Cervelat,  Bertrand  Jambon,  délibéré. 

Contrôlé  ledit  jour  :  Gigot. 

Signé  le  même  jour,    par  Fricassou, 
huissier  immatriculé  en  ladite  Cour. 


M'-  Molinier  obéit  au  commandement  dès  le  lendemain 
de  la  signification  et,  en  purgeant  la  demeure,  il  paya 
grassement  et  splendidement  les  arrérages. 


>/i-i.v 


25 1    — 


LA    VRAIE    HIPPOGRÈNE 


ou    LE    FESSIER    DU    P.    PAUL 


ODE  PARFUMEE 


Argument.  —  Le  gros  et  dodu  Père  Paul,  capucin,  tour- 
menté des  hémorroïdes,  après  auoir  fait  inutilement  plusieurs 
remèdes  pour  en  guérir,  en  fit  un  en  dernier  lieu,  qu'on 
lui  donna  pour  un  topique  infaillible  :  il  consistait  sim- 
plement à  humer  la  fumée  de  toiles  d'araignée  par  la  fon- 
dement. Charmé  de  la  recette,  il  alla  tout  de  suite  chercher 
de  ces  toiles,  et  les  ayant  mises  sur  un  réchaud  plein  de 
braise,  après  awoir  déooilé  sa  mappe-monde,  il  se  mit  en 
posture  de  la  parfumer  ;  mais,  soit  que  la  rotondité  de  sa 
bedaine,  n'ayant  pu  se  plier  à  cet  exercice,  le  fit  choir  sur 
les  charbons  ardents  ;  soit  qu'un  ^éphir  indiscret,  partant 
des  pays-bas,  eiit  fait  la  fonction  du  soufflet  et  enflammé 
les  dites  toiles,  le  bon  Père  fut  enoeloppé  dans  un  furieux 
incendie,  qui  fit  un  autre  Ilion  du  postérieur  de  Sa  Révé- 
rence. Cette  auenture,  publiée  par  un  chirurgien  qui  ne 
crut  pas  deooir  tenir  le  secret,  donna  lieu  à  bien  des  cou- 
plets de  chanson,  qui,  à  la  vérité,  méritaient  peu  d'être 
écoutés  ;  mais  comme  les  poissardes  et  les  polissons  les 
chantaient  sans  cesse  à  la  barbe  du  R.  Père,  il  en  fut 
enfin  si  lassé  qu'il  y  répondit  par  une  invitation  à  La 
Vraie  Hippocrène,   «  Ode  parfumée  m.  Çi) 

Après  cette  réponse,  le  R.  P.  n'entendit  plus  chanter 
les  couplets  qui  l'avaient  si  fort  ennuyé  et  mis  de 
mauvaise   humeur. 


(i)  Le  texte  de  cette  Ode  a  été  publié  dans  quelques  éditions. 


—    252    — 


L'HOAllGIDE    lAlAGlNAIRE 


ou     LE    DECES     ECUIVOQUE 


POÈME    TRAGI-COMIQUE 


Argument.  —  Un  saint  et  bon  religieux,  qui  n'était  rien 
moins  que  sorcier,  faisant  l'enlèuement  du  corps  de  son 
oncle,  qui  lui  avait  résigné  la  dignité  de  Sacristain,  fut 
asse^  crédule  pour  imaginer  que  l'oeil  du  cadaure  à  demi- 
ouoert  (parce  qu'on  ne  l'auait  pas  bien  fermé)  était  un 
urai  signe  de  oie  ;  et,  malgré  cette  persuasion,  capable 
d'arrêter  l'enterreur  le  plus  déterminé,  il  ne  laissa  pas  de 
poursuivre  la  cérémonie  jusqu'à  la  sépulture  inclusivement, 
parce  qu'il  n'eût  pas  été  décent,  disait-il,  de  la  suspendre, 
le  Chapitre  présent,  lui-même  revêtu  de  la  chappe,  ayant 
déjà  jeté  l'eau  bénite,  le  convoi  étant  assemblé,  les  cloches 
ayant  sonné  et  tout  le  monde  étant  dans  l'attente  :  c'est 
cette  double  bévue  qui  fait  le  fond  de  ce  poème  en  quatre 
chants. 


Jl^ 


i53   — 


AUTRES  PIÈGES  FRANÇAISES 

qui  ont  paru   sur   les   éditions    de    1774    et    1788. 


EDITION  DE   1774 


Epître  à  M.  Bissez,  docteur  en  médecine,  de  Villefranche  en  Rouergue,  en 
lui  envoyant  la  perruque  de  voyage  qu'il  auait  oubliée  à  P.,  où  il  était  uenu 
voir  ma   mère  malade. 

L'origine  des  bonnets,  a  M.  Lobinhes,  de  Villefranche,  jélé  bonnettiste. 

Brevet  de  professeur  d'astrologie  dans  le  Régiment  de  la  Calotte,  en  faveur 
du  chevalier  L 

Requête  en  plainte  pour  MM.  les  prébendiers  de  Saint-Sernin  contre  le 
Ponctuaire    du    même  chapitre. 

Les  étrennes  du  jour  de  l'an.  A  Al.  Peyrot  de  Gou5ounès,  avocat  au  Parlement. 

"Requête  à  Mgr  de  Grimaldy  d'.3niibes,  évêque  et  comte  de  Rode;,  par 
l'auteur,  lorsqu'il  quêtait  pour  la  construction  de  l'orgue  de  I  église  parois- 
siale. (Peyrot  demandait  à  l'Evêque  le  loyer  d'un  an  de  la  maison  des  Jésuites, 
qui  lui  avait  été  adjugée,  par  arrêt  du  Conseil.  —  La  Requête,  lisons-nous 
dans  l'édition  de  1774,  fut  appointée  au  gré  de  l'auteur). 

Harangue  au  même  prélat,  qui  avait  demandé  à  l'auteur  son  presbytère  pour 
y  confirmer  plusieurs  paroisses  voisines.  Peyrot  s'eicuse  de  ne  pouvoir  lui 
offrir  : 

"  qu'une  triste  masure, 

ff  D'antique  et  barroque  structure 
ft   Ouverte  aui  aquilons  plus  souvent  qu'aux  jéphyrs  ». 

Au  même  prélat  sur  un  Impromptu  qu'on  exigeait  de  l'auteur  à  Rieupeyroux 
pendant  le  dîner,  et  dont  il  s'excusa,  disant  qu'à  table  il  ne  s'escrimait  qu'à 
bien  manger  et  boire  et  que  sa  muse  d'ailleurs  refusait  d'obéir. 

Au  même  prélat  sur  sa  guérison  de  la  jaunisse,  qui  l'avait  mis  souvent  de 
mauvaise  humeur. 

Compliment  au  même  prélat  sur  sa  convalescence,  après  la  maladie  dange- 
reuse qu'il  essuya  à  Millau,  dans  son  cours  de  visite. 


-  i54  - 

Les  Compiles  de  Sl-Pierrc.  A  M.  de.     *    ,  de  Millau,  \c  6  juillet   1773. 

Héponse  aux  Compiles  de  Saint-Pierre. 

Complainte  à  une  dame,  sur  la  naissance  d'une  septième  fille. 

La  chasse  au  furet.  L'auteur  de  ces  deux  pièces  est  M.  de  Galy,  de  Millau, 
commissaire  des  guerres. 

"Requête  à  Jupiter. 

EDITION  de   1788 

Voyage  pittoresque   de  P.  à  Vabres. 

Epître  en  réponse  à  celle  des  enfants  de  M.  de  N.  . . 

Traduction  du  commencement  du  second  livre  du  Prœdium  rusticum. 

Mistigris,  chat  de  M"*  de  M...,  poème  héroï-comique  en  deux  chants. 

Epître  en  réponse  à  celle  de  M"'  de  N...,  qui  m'auait  envoyé  des  vers  faits 
à   l'honneur  de  M.   l'Evêque  de  Vabres. 

Epître  à  M.  l'abbé  de  L...  qui  dit  avoir  été  chargé,  de  la  part  de  M.  Lefranc 
de  Pompignan,  de  traiter  l'auteur  de  paresseux,  en  ce  qu'il  ne  travaillait  qu'à 
des  sonnets. 

Epître  à  M.  de  L...,  Conseiller  au  Présidial  de  Ville  Franche,  fort  enclin  à 
la  poésie   erotique. 

Epître  à  M'^'-  la  Marquise  de  T...,  qui  avait  sommé  l'auteur  de  lui  porter  un 
bouquet  et  des  vers,  le  jour  de  sa  fête. 

"Vers  pour  l'inauguration  de  la  salle  du  Concert  à  Millau,  mis  en  musique  par 
l'auteur. 

La  conquête  de  l'Isle  Minorque. 

Supplique  de  MM.  les  .avocats  de  Millau  à  Mgr  de  Colbert,  évêque  et  comte 
de  Rodej. 

Eloge  funèbre  de  très-antique  et  très-célèbre  symphoniste  Guillaume 
Bartot,  prononcé  dans  la  salle  des  exercices  de  la  Société  musicale  et  litté- 
raire de  la  ville  de    Millau. 

La  mort  de  Léopold,  duc  de  Brunswick,  poème  par  M,  Cardaillac  de  Sallèles, 
avocat  au  Parlement  de  Paris,  mon  intime  ami. 


Jl^ 


255 


TABLEAU    GOAIPARAT^IF 

DE  LA  Vrimo  'Rouergasso  Çi)  et  du  Vrinlems  Çii) 
(Chant  }   des  géorgiques  patoisesj  ^ 


5-6 
7 
8 

9-10 

11 

12-5 

167 

18 

19 

20 

21  2 

29-30 

31 

32 

33 

34 

35 

36-7 

38 

39  43 

44  5 

46-8 


II 

9-10 
11 
12 
13-4 

15 

16-19 
20-1 

22 

23 

24 
25-6 
29-30 

31 

32 

33 

34 

35 

36- 

38 
39-43 
445 
46-8 


—     56-7 


I 

49 
50 
512 
53-6   — 
57-8    — 
59  77    — 
78     — 
79-83   — 
84     — 
105  9    — 
110     — 
111  6   — 
117     — 
118-20  — 
121-6 
127 
128 
129-35 
136-7 
138 
139 
140 


II 

—  49 

—  50 
intervertis 

—  53-6 

—  57  8 

—  59-77 

—  78 

—  79-83 

—  84 

—  85-9 

—  90 

—  91-6 

—  105 
1068 

—  109  14 

—  115 

—  116 

—  141  7 

—  148  9 

—  150 

—  151 

—  152 


I 

141 

142-3 

144 

145  8 

14750 

151 

152-4 

1557 

158 

15963 

164-74 

175 

176-87 

188 

189 

190 

191-4 

195-8. 

199204 

205 

206 

207-85 


II 

153 
154-5 
156 
117-20 
205  6 
207 
208-10 
211  3 
214 
215-9 
220  30 
231 

23243 

244 

269 

270 

271-4 

2758 

279-84 

285 

286 

287-95 


(i)  Nous  imprimons  en  italiques  les  chiffres  des   viers    de   la    2«    rédaction 
qui  offrent  des  variantes. 


256 


1 

210 

217 

218 

219 

220 

221  3 

2245 

226-8 

233-4 

235-41 

242  4 

245-50 

268 

269 

270  1 

272 

273 

2746 

285 

286 

287-8 

289-99 

300  2 

3035 


II 

296 

597 

298 

299 

300 
301  3 
304-5 
306-8 
30910 
3i1-7 
318-20 
3^1-6 

340 

341 
342-3 

344 

345 
3468 

349 

350 
351-2 
365-75 
376-8 
379-81 


I 

306 

307 

308 

309-12 

3134 

315 

316 

31720 

321-4 

325 

326  9 

330 

331 

332 

333  5 

336  9 

3406 

347-8 

34952 

381-2 

383 

384 

385 

386-8 


H 

382 

383 

384 
385  8 
389  90 

391 

392 
429  33 
449-52 

453 
454-7 

458 

459 

460 
461  3 
464  7 
468-74 
4756 
477-80 
497-8 

499- 

500 

501 
502  4 


389  90  - 

-  505  6 

391-2  - 

-  507-8 

393  - 

-     509 

394-7  - 

-  510  3 

398-9  - 

-   514  5 

400  - 

-  516 

401-2  - 

-   517  8 

403  - 

-  519 

404  - 

-     520 

405-0  - 

-  521-2 

407  - 

-  523 

408  - 

-  524 

409-12  - 

-  525  8 

413-4  - 

-  533  4 

415  20  - 

-  535-40 

421  4  - 

-  529  32 

425  35  - 

-  541-51 

436  - 

-     552 

437-8  - 

-  553  4 

439  - 

-    555 

440  - 

-  556 

441   - 

-     557 

442  8  - 

-  558  64 

449-56  s 

néciaux 

-ï^ 


ABRÉVIATIONS 

DU    GLOSSAIRE 


Titres  des  pièces  : 

I,  II,  III,  IV  désignent  les  quatre  chants  des  Geourgicos 
potiiosos.  —  L.oD.  =  Letro  o  Moussu  Desprodèls  —  Re- 
cul Ep.  =  Recul  de  Pouesios  Rouërgassos,  Epitro.  —  Pr. 
=  Lo  Primo  Rouërgasso  en  formo  de  Geourgicos.  —  Odo 
=  Lou  Rei  recoumbolit  de  lo  moloutiè,  etc.  —  Goli  = 
Coumplimen  del  bossibiô  de  los  Oumièiros  o  Modamo  de 
Goli  —  Ep.  II  ^^  Epitro  en  respounso,  etc.  —  Coiimpl.  = 
Coumplimen  sus  lo  noubèlo  onnado  des  musiciens  de 
Prodinàs,  etc.  —  Goli  II  =  O  Moussu  de  Goli  sus  lo  nou- 
bèlo onnado.  —  Pred.  —  Predicciùs  de  lo  Muso  del  Segolà 
sul  moriache  de  Moussu  de  Sont-Roumo.  —  Bèrt.  =  Los 
Bertèlos,  estreno  del  prumiè  de  l'on.  —  Cound.  —  Coumpli- 
men de  coundouleenso.  —  Fr.  =  Lo  mort  de  Froncesou.  — 
Resp.  =  Respounso  ol  coumplimen  de  Moussu  Fojou,  etc. 

—  Ort  —  L'Ort  sons  porèl,  etc.  —  Sounet  =  Sounet  en 
bouts  rimats.  —  Sounet  de  Goli  =  Autre  sounet  sus  los 
mémos  rimos.  —  El.  =  Lo  Nimto  del  Segolà,  Elegio  sus 
lou  despart  de  Modamo  de*** —  Par.  =  Romboi  del  Parasol 
perdut  e  troubat.  —  Resp.  II  =  Respounso  o  Moussu  Fajos. 

—  Proub.  =  Lou  Proubèrbe  bèrtodiè.  — Ep .  III  =  Epitro 
o  moun  omic.  —  Diol.  =  Diologue  entre  lo  Muso  Rouër- 
gasso e  soun  mèstre  sul  moriache  de   Moussu  de   Sorgos, 

'7 


258 


—  Ben.  =  F.pitro  ol  Pèro  Benanso.  — Boxinal  =  Coumpli- 
men  o  Moussu  de  Bounal.  —  For.  =  Ourigino  de  lo  Fo- 
rondolo.  —  Diol .  II  =  Diologue  entre  Miquèl,  de  Milhau, 
et  Jonou,  de  lo  Bloquièiro.  —  Lib.  =  Coumplimen  d'un 
fronc  potrioto  o  l'aubre  de  lo  Libèrtat.  —  Boiinal  II 
=  Lo  Colo  des  trobolhodous  o  Moussu  Bounal.  —  Frot. 
=  Coumplimen  fach  o  l'aubre  de  lo  Frotèrnitat.  —  Bespr. 
=  Lo  bèsprado  sôubèrtouso.  —  O  Peirot  =Bèrses  o  l'ou- 
tur  de  los  Geourgicos  potuosos. 


Autres  abréviations  : 

adj.  =  adjectif;  —  adv.  =  adverbe  ou  adverbiale  ;  —  cd, 
=  conditionnel;  —  cf.  =  comparez  o»  par  exemple;  — 
conj.  =  conjonction  ou  conjonctive  ;  —  f.  =  féminin,  —  ft. 
=  futur;  —  impér.  =  impératif;  —  impers.  =  impersonnel; 

—  intr.  =  intransitif;  —  ipf.  =  imparfait;  —  loc.  =  locution; 

—  m.  =  masculin  ;  —  n.  =  nom  ;  —  p.  pr.  =  p^articipe  présent  ; 

—  p.  p.  =  participe  passé  ;  —  pi.  =  pluriel  ;  —  pr.  =  indicatif 
présent  ou  pronom  ;  —  prép.  =  préposition  ou  prépositive;  — 
réfl.  =  réfléchi  ;  —  sbj .  =  subjonctif  présent  ;  —  sg.  =  sin- 
gulier; —  tr.  =  transitif;  —  v.  =  verbe  ou  voyez;  —  i,  2, 
3  =  i",  2«  3^  personnes  du  sing.  ;  —  4,  5,  6  =  ir«,  2»,  3<^ 
personnes  du  pluriel. 


GLOSSAIRE 


B,  en  rouergat,  remplace  ré- 
gulièrement V  du  français 
et  du  provençal. 

Ba,  bai,  bas,  bau,  v.  onà. 

Bat  en  bat  {gorjo  de)  Resp.  97, 
bouche  largement  ouverte 
(bon  appétit);  laissa  de  bat 
en  bat  Par.  20,  laisser  en 
plan. 

Bato,  n.  f.  (propr  :  corne  du 
pied),  pied  :  bivà  los  batos 
Fr.  29,  mourir. 

Bauch,  f.  banjo  Ep.  II,  62,  Diol. 
II,  33,  adj.  et  nom,  fou. 

Bautr-es,  f.  -os,  vous  autres, 
vous. 

Be,  n.  m.,  bien;  —  adv.  (avec 
élision   6'),    bien,   beaucoup. 

Becut,  n.  m.,  pois  chiche. 

Bedèl  Goli,  35,  n.   m.,  veau. 

Bedèlo,  n.  f.,  génisse. 

Begados  {d'o)  Sonnet,  7,  loc. 
adv.,   quelquefois,  parfois. 

Bel  (exprimant  l'idée  d'exacti- 
tude, de  plénitude,  de  perfec- 
tion) :  0  bel  demà  IV,  333  ;  0/ 
bel  clar  de  lo  luno  IV,  341. 

Beleso  Ep.  II,  76,  n.  f.,  illu- 
sion. 


Beleto  {so)  Diol.  34,  n.  f.,  sa 
toute-belle. 

Belèu,  adv.,  peut-être. 

Belhà,  v.  tr.,  surveiller  I,  96, 
guetter  Ep.  III,  62. 

Beligont,  pi.  -ans  II,  196; 
Dial.  II,  3i,  va  nu-pieds, 
vagabond,  brigand. 

Belugo,  n.  f.,  étincelle. 

Beluguejà,    v.  intr.,  scintiller. 

Bencre,  v.  tr.,  vaincre.  —  Pr. 
3  benqtiis  Odo,  1 5 . 

Bendèl,  n.  m.,  bandeau. 

Bendemio,  n.  f.,  vendange. 

Bengudo,  n.  f.,  venue. 

Béni,  v.  intr.,  venir.  —  Pr. 
bene,  3  ben,  be  (dans  Vonnado 
que  be  III,  77;  IV,  66,  etc.), 
6  benou;  ipf.  3  benib;  pf.  3 
bengiièt,  6  benguèrou  Goli ,  43  ; 
ft.  3  bendro;  sbj.  3  bengiie 
1,432,  bengo  III,  37,  78,  etc.; 
Pr.  320;  ipf.  3  benguèsso 
Rec.  Ep.  119;  impér.  5  6e- 
nès;  p.  pr.  bengiten;  p.  p. 
bengtit,  f.  -iido. 

Bentour  II,  140,  n.  m.,  éven- 
tail. 

Bèrcà,v.  tr.,  ébrécher. 


—    200    — 


BÈKDiÈ,  n.  m.,  verger. 
Bèrgeireto,  n.f., bergeronnette. 
Bèrgounjous     Diol.      II,     199, 
adj.j   honteux  {n'es  pas  b.  de, 
n'a  pas  honte  de). 
BÈRMÀ,  V.  tr.,  diminuer. 
Bèrmenols,  adj.,  véreux. 
BÈRMiNo  I,  166;  Rec.  Ep.  ii5, 

etc.,  n.  f.,  vers,  poésies. 
Beromen,  adv.,  vraiement. 
Bèrquièiro,  n.  f. ,  dot. 
Bèrs,  pi.  bèrses,  n.  m.,  vers. 
Bèrtat,  n.  f.,  vérité  :  es  b.  Rec. 
Ep.  97;  Coinnpl.  116,  etc.;  es 
pla  b.  Rec.  Ep.  63,  c'est  bien 
vrai. 
Bèrtèlos,  n.  f.,  bretelles. 
Bèrtodiè,   f.  -ieiro,  adj.,   vrai, 

conforme  à  la  vérité. 
Bèrturious   Ort,    21,    adj.,  vi- 
goureux. 
Bès,  pi.  de   bel  avec  0  :  o  bès 
porels  IV,    171,  par  couple; 
o  bès   pans  Ort,    3i,  à  belle 
mesure. 
Besal,  n.  m.,  rigole  principale 

pour  l'arrosage  des  près, 
Besat,  {.-ado  El.  3y,  adj.,  qui 
aime  à  folâtrer,  à  gambader. 
Besc,  n.  m.,  glu. 
Besi,  f.  -ino,  adj.,  voisin. 
Besiadomen    I,    254,    adv.,    de 

charmante  façon. 
[Besiat],  f.  -iado   I,  121',   adj., 

mignon. 
Besinache  et  Besinat,  n.    m.  , 

voisinage. 
Besiô,  v.  beire. 

Besounho,  n.  f.,  besogne;  ma- 
tière Resp.  II,  5o. 
Bèsprado  Bespr.,  titre  et  bèspre 
1,  87,  les  dernières  heures  de 
l'après-midi. 
Besti,  v.  tr.,  vêtir,  habiller. — 
P.  p.    bestit  I,   336;    El.    12   ' 


[bostoti  b.,  empoté),  f.   besti- 
do  l,    5 18;  pris  subst.,  bestit 
II,  48,  242,  vêtement. 
Bèstio,  n.  f.,  béte. 
Beto    {èstre  de)   Coumpl.  ,114, 
être  en  veine,  en  bonnes  dis- 
positions. 
Beure,    v.    tr.,  boire.  —  Pr.    3 
beu  III,  i52,  6  bubou  II,  412  ; 
impér.  5  bubès  Cotind.  5o;  p. 
p.  begut  Dial.  II,  88. 
Bi,  n.  m.,  vin. 

Biache,  n.,  voyage;  fois  :  un  b. 
Pr.  255;  oqueste  b.  Odo,  71; 
Proub.  102. 
BiAiSi  n.  m.,  façon;   bonne  fa- 
çon, habileté  I,  483. 
BiALOMEN,  n.  m.,  bêlement. 
BiAsso,  n.  f. ,  musette,  bissac. 
BiELHLN,  n.  m.,  vieillesse. 
BiGÔs,    n.    m.,   pioche,  houe  à 

deux  dents. 
BiLÈN   [loii)  For.  55,  n.  m.,  le 

Diable. 
BiN  I,  162,  n.  m.,  brin  d'osier. 
BiNÀ,  V.  intr.,  donner  une  secon- 
de façon  à  la  vigne. 
BiNHEiRou,  n.  m.,  vigneron. 
BioNDO  I,  418  ;  II,  257,  etc.,  n. 
f.,  viande  ;  biens  Goli  6:  Diol. 
II,  199. 
BioLÀ,  V.  intr.,  bêler. 
Biôu,  n.  m.,  bœuf. 
BiRÀ,  V.  tr.,  tourner,  faire  tour- 
ner I,  I  ;  IV,  3o6,  écarter  II, 
314,  retourner  (le  sol)  I,  84; 
—  V.  réfl.,  se  b.  de  Rec.  Ep. 
143,   se  soucier  de;   —  im- 
pers., cont  biro  de  cerièiros, 
quand  il   y  a    une  bonne  ré- 
colte de  cerises. 
BiRÀ  [se),  V.  réfl.,  se  soucier. 
BiRAL,  n.  m.,  tour  :  dins  un  bi- 
rai    de  ma   Diol.  III,  52.  en 
un  tour  de  main. 


J 


—    201    — 


BiROBOLTO  Rec.  Ob.  4,  n.  f., 
détour. 

[BisoLHATj,  f.  -ado  [figo  b.)  III, 
5o,  p.  p,  -adj.,  gercé. 

BisT,  V.    b'eire. 

BisTALHOs  [fa]  I,  624,  perqui- 
sitionner en  vue  d'une  saisie 
de  mobilier  ou  de  récoltes, 

Bisïo,  n.  f.,  vue. 

Biù',  adj.,  vif,  alerte. 

Biù^,  v.  biitre. 

BiÙLET,  adj.,   violet. 

BiÙLETO,  n.  f.,  violette. 

BiÙLiÈ,  n.  m.,  violier. 

BiÙRE  I,  488;  II,  SgS,  etc.,  v. 
intr.,  vivre.  — Pr.  3  biU  Fr. 
2  ;  ipf.  5  bibiàs  IV,  266  ;  ft.  5 
biiirés  Pred.  j3  ;  imper.  5 
bibès  Diol.  94. 

BiùzE,  f.-o,  adj.,  veuf;  —  privé 
(de)  IV,  17. 

Blat,  n.  m.,  blé. 

Bledo-rabo,   n.    f. ,   betterave. 

Blo.vquejà,  v.  intr.,    blanchir. 

Bo,  bon,  V.  onà. 

Bobau,  n.  m.,  ver-luisant  II, 
359  et  Pr.  359  (6.  lusent), 
personne  au  masque  effrayant 

I,  205. 

BoBou,  Pr.  353,   n.  f.,  vapeur. 
Bocociù  II,  108;    Goli    io5,  n. 

f. ,  profession,  métier. 
BoDÀ,  V.  intr.,  rester  bouche  bée 

(d'admiration). 
BoDAL,  n.  m.  :  soun    dorniè  b. 

II,  232,  son  dernier  soupir. 
BoiLÀ,  V.  tr.,  donner, appliquer. 

—  Pf.  ZboilètlW,  3o6-,  sbj.  3 
baile  Rec.  Ep.,  23. 

BoiLET,  n.   m.  valet  de  ferme. 

Boio  {de  bono)  Odo,  9,  de  bonne 
humeur. 

BoiRÀ  lat.  variare),  v.  intr., 
tourner  (en  parlant  du  rai- 
sin), changer  d'aspect. 


BoisÈL,  n.  m.,  vaisseau  IV,  218; 

vaisseau  vinaire  (passim). 
Bol,  v.  bos. 
BoLENTiôs  O(^o,  i36,  n.  f.  pi., 

qualités. 
BolhÀjV.  tr.,  donner,  appliquer, 

flanquer.  —  Pr.   i  balhe. 
Bolojà,  v.   tr.,  balayer. 
BoLOJUN,  n.  m.,  tapage. 
BoLONDRÀs  S^n.  19,  n.  m.,  froc, 

robe  de  moine. 
BoLSiÈiRO    II,  186;   Bespr.    11, 

n.  f.,  meule  en  rectangle. 
BoLTO  III,  74,  n.  f.,  labour  (ac- 
tion de  retourner  la  terre). 
BoLOUNiÈ  [sac)    II,  467,  grand 
sac,  sac  propre   à    faire  une 
balle. 
BoMBUALHOs,  n.    f.    pi.,    bords 
(d'un  jupon)  frangés  par  l'u- 
sure. 
Bon  h,  3 II,  364,   n.  m.,   élan. 
BoNCAL,  n.  m,  planche  ou  car- 
reau de  terrain   dans  un  jar- 
din, 
BoNco  IV,  281,   n.  f.,  banc  qui 

sert  de  coffre. 
BoNDAT  I,  236;  IV,  428,  p.    p. 
-adj.,   saturé,    plein,   chargé, 
(ordinairement  :  ivre). 
BoNTOciù  IV,  429,  n.  f.,  vantar- 
dise. 
BoRAL,  n.  m.,  tapage. 
BoRGUN  I,  i5o,  n.  m.,  débris  de 
tiges  de  chanvre    ou    de  lin 
maqué. 
BoRio,  n.  f. ,  ferme. 
BoRjAiRE,   f.-o,    adj.,    bavard. 
BoRLET  I,  70,  n.  m.,   valet  de 

ferme. 
BoROLHÀ,  v.  intr.,  bavarder.  — 

Sbj.  I  boralhe  Ep.  III,  52. 
BoRRÀ  (se),  V.   réfl.,  se  fermer. 

—  Pr.  3  barro  I,  71. 
BoRRAL,  n.  m.,  barillet  pour  le 


—    202   — 


vin   qu'on     suspend     à    Té] 

paule. 
BoRRÈu,  n.  m.,  barreau. 
BoRTÀs,  pi.  bortasses  Coumpl. 

146,  n.  m.,   buissons;  arbre 

III,  396. 

Bos,  prèp.  vers  :  bos  obon  Goli 
5i,  en  avant,  devant  nous  ; 
bol  (=  bos  lou)  Goli,  34  ;  Diol. 
//,  6. 

BossiBiô  Goli  (titre)  et  bossibiè 
(signature),  n.  m.,  pâtre. 

Bossiù  (n.  m.)  Pr.  62,  etc., 
f.  -ibo  IV,  405, 410,  etc.,  mou- 
ton ou  brebis  de  deux  ans. 

BosTOu,  n.  m.,  bâton. 

BosTOU  ROuiAL  II,  2o8,  sccptre. 

BoTEJAiRE,  adj.,  qui  baptise; 
sios  pa'  b.  Diol.  II,  14,  tu  n'ai- 
mes pas  à  baptiser  (à  trem- 
per) le  vin. 

Bôu,  V.  onà. 

BoucHART,  f.  -ardo,  adj.,  bar- 
bouillé, graisseux. 

BoucHiNGO  Pr.  329,  n.  f.,  salsi- 
fis des  près. 

Boucl,  n.  m.,  morceau. 

BouFO,  n.  f. ,  balle. 

BouGiÈiRADO  Rec.  Ob.  22,  n. 
f.,  folie. 

BouiÈ,  n.  m.,  bouvier, 

BouïNO  (/o)  I,  97,  n.  f.  collectif, 
les  animaux  de  l'espèce  bo- 
vine. 

BoujÀ,  tr.,  verser;  verser  le 
contenu  de  III,  179. 

BouLCÀ  {se)  Goli,  32,  v.  réfl.,  se 
rouler. 

BouLDouiRo  Diol.  II,  98,  trou- 
ble. 

Boulé,  v.  tr.,  vouloir;  —  subst. 

IV,  219.  —  Pr.  I  bole  1,262. 
642,  etc.,  boli  IV,  396,  2  bos 
I,  295;  IV,  385,  etc.,  3  bol  IV, 
391,  etc.,  6  bolou  Odo,  8;ipf. 


3  boiilib,  6  boulibu;  pf.  3 boni- 

guet;  cd.   3  boudrià,  6  -iôm; 

sbj.  I  et  3  bolgo  II,  25 1;  III, 

256;  El.  53,  5  boulgàs  Resp. 

89;    Bounal,  5;  p.  p.  boulgut 

Ben.  45;  Bespr.  41. 
BouLEGÀ,  V.  intr.  et  tr. ,  bouger, 

remuer. 
BouLEGODis,  n.  m.,  remue-mé- 
nage. 
BovLHASso  Bespr.  44,  n.  f.,  ni- 
gaude. 
BouLHASSo  !  Pred.  49  ;  Bespr. 

44,  interj.    marquant  l'éton- 

nemeni,  grand  Dieu! 
Bouù,  V.  intr.,  bouillir.  —   P. 

p.  boiilit,  f.  -ido. 
BouLiDOLi,  n.  m.,    cuve  où  l'on 

fait  fermenter  le  vin. 
BouLisou,  n.  f., grande  quantité. 
Boulon,  n.  m.,   faucille. 
BouLOUNTÀ  {se),  V.  réciproque, 

se    vouloir  du  bien,  s'aimer. 

—  Ipf.   6    boulountabou    \\\ 

365. 
BouLTiJAiRE,  n.  m.,  vagabond, 
Bou.NDOu,  n.  m.,  bonde. 
BouNDOULAU,  n.    m.,  bourdon. 
BouRDET    Sonnet  de    Goli,   4; 

Resp.  II,  12,    n.  m.,   toupie. 
BouRDUFALHO   I,  1 58  ;  111,  436, 

n.  f.,  broutilles,  menu   bois; 

Pr.  261;  —  au  fig.  Rec.  Ep. 

i36,  vétille. 
BouRiAiRB  I,  65,   5o6;  !I,  io5, 

etc.,  n.  m.,  fermier. 
BoLRJOu  I,  53,  n.  m.,  bourgeon, 
BouRNHOu,  n.  m.,  ruche. 
Bourra    Pr.    3 12,    v.    tr.,    se 

bourrer  de. 
Bourre,  n.  m.,  bourgeon. 
Bourroul,  n,  m.,  verrou, 
BouscACHE,  n.  m.,  bocage. 
BousiGÀ  I,  456,  V.  intr.,écobuer, 

travailler  une  terre  en  friche. 


—  263  — 


BousiGos,    n.    f.,    terre    qu'on 

défriche. 
BouTÀ,  V.  tr.,  mettre. 
BouTou,  n.  m.,  bouton. 
Brabe,  adj.,  bon,  honnête;  con- 
sidérable   III,     71;    Ort    36, 
etc. 
Brabomen,     adv. ,     bravement, 
beaucoup,  certainement  Ort, 
44. 
Bragos,  n.  f.  pi.,  braies,  chaus- 
ses, culotte. 
Brai,  adj.,  vrai. 
Bras,  pi.  brasses,  n.  m. 
Brego,  n.  f. ,  querelle,  noise. 
Bregondalho,  n.    collectif    f., 

troupe  de  brigands. 
[Bregous],  f.  -ouso  I,  429,  adj., 

querelleur. 
Brès,  n.  m.,  berceau. 
Bresenà,  V.  intr.,  murmurer. 
Bresilhà  Pr.  358,  v.  intr.,  faire 
un  bruit    de   friture  (en  par- 
lant de  la  cigale). 
Bressolo,  n.  f.,  berceau. 
Bricou  {un)   I,    262,  291,    etc., 

un  petit  peu. 
Briscon  IV,  273,  n.  m.,  jeu  du 
bâtonnet  (?).  V.  Mistral,  Tré- 
sor, s.  V.  brisque. 
Briù    {un)    I,     109;     III,     341, 
etc.,  un  peu  de   temps  ;  cau- 
que    briù  Cound.    2,   quelque 
temps. 
Brobado    Rec.  Ob.    62,    n.    f. , 

gronderie,  critique. 
Brobejà,  Rec.   Ep.  55,  etc.,  v. 

tr.,  gronder. 
Broco,  n.  m.,  baguette. 
Brogat  Bert.  4,  culotté. 
Bron  Odo,   34;  Diol.  II,   217, 

n.  m.,  cri,  criailleries. 
Brondi,  v.  tr.,  secouer. 
Brondido    {boilà    lo)   IV,    278, 
secouer  fortement,  battre. 


Brondilho,  n.  f.,  brindilles,  ra- 
milles. 

Brondou,  n.  m.,  torche  en- 
flammée, flambeau. 

Brounzi,  v.  intr.,  gronder,  re- 
tentir sourdement. 

Brout,  n.  m.,  rameau. 

Broutou  I,  i5,  n.  m.,  bour- 
geon. 

Bruch,  n.  m.,  bruit. 

Brullà,  v.  intr.,  brûler.  —  P. 
pr.-adj.  brullent,  brûlant. 

Brusou  II,  273,  n.  m.,  bruit 
sourd. 

Bufà,  v.  tr.,  dédaigner. 

BuFAL,  n.  m.,  souffle. 

BuFÈc  II,  252,  adj.,  inutile, 
sans  effet. 

BuGADo,  n.  f. ,  lessive. 

BùiDA,  V.  tr.,  vider. 

BùiDE  IV,  48i,f.-o,n.  m., vide. 

Bùiochaire,   n.    m.,  voyageur. 

BùissÈL,  n.  m.,  boisseau. 

Bùissou,  n.  m.,  buisson. 

BùoLHÀ,  V.  intr.,  balayer  la 
balle  des  céréales.  —  Pr.  3 
bilalho  11,466. 

Burèl,  adj.,  marron  foncé. 

BuRGÀ,  V.  tr.,  fouiller. 

Cabro,  n.  f. ,  chèvre.  Cabro, 
siàs-tu  cabro'i  sorte  de  jeu, 
que  mentionne  le  poète  pro- 
vençal, Brueys  d'Aix  (1570- 
i636). 

Cachoniù  II,  69,  n.  m.,  dernier 
né,  tout  petit  enfant. 

Cado,  adj.  indéf.  invar.,  cha- 
que; c.  très  ons  I,  48,  tous 
les  trois  ans. 

Cadun,  f.  -uno,  pr.  indéf.,  cha- 
cun. 

Gais,  n.  m.,  mâchoire. 

Cal',  pr.  interr.,  qui  ? 

Gal%  v.  caldre. 


—  264  — 


Calcios  I.  69,  n.  f.  pi.,  chaus- 
ses, culotte. 

Caldre,  V.  impers.,  falloir.  — 
Pr.  3  cal  ;  ipf.  3  colià;  pf.  3  col- 
guét  Resp,  II,  59;  ft.  3  col- 
dro  I,  434;  II,  190,  etc.,  co- 
drà  Pr.  336  ;  cd.3  coldrià  IV, 
5o8;  Rec.  Ob.  32,  etc.,  co- 
drib  Coumpl.  i35  ;  sbj.  3  cal- 
go  Coumpl.  146. 

Cap,  n.  m.,  tête;  cap  de  (dans 
une  prop.  nég.  ou  indéter- 
minée), aucun  ;  —  avec  el- 
lipse  de  de  IV,  448. 

Capo,  n.  f. ,  manteau. 

Caro,  n.  f., visage  Par.6,Bespr. 
37,  mine,  aspect  I,  189. 

Cas  IV,  276,329,  n.  m.,  cas  de 
conscience  ;  s'en  cas  Resp.  39, 
si  par  cas,  si  par  hasard. 

Caso,  n.  f.,  chaumière. 

Catre,  désignant  un  petit  nom- 
bre :  c.  càulets  I,  83. 

Cauque,  f.  cauco,  adj.,  quelque. 

Centeno  II,  269  ;  D/o/.  96  (éd. 
cenqueno),  n.  f.,  brin  qui  réu- 
nit les  fils  d'un  écheveau  ; 
coupa  lou  cap  et  lo  c,  bou- 
leverser  tout. 

Cercà,  v.  tr.,  chercher. 

Cerièiro,  n.  f.,  cerise. 

Cermounio  IV,  434  ;  Proub.  1 3  r , 
n.  f.,  cérémonie. 

Cèrto  Coumpl.  80.  adv.,  cer- 
tes. 

Chaute,  v.  chbutà. 

Chèstre  Ep.  II,  47;  El.  34  ; 
Diol.  5o,  n.  m.  ,  monticule, 
pente gazonnée. 

Cm,  n.  m.,  chien. 

Chicounejà,  v.  tr.,  déchique- 
ter. —  Pr.  3  chicounejo  Er.  5 
(voy.   la  note). 

Cholomi.no  IV,  43o,  n.  f.,  cha- 
lumeau. 


Chombrièiro,  n.  f.,  fille  de 
ferme,  servante. 

Choplà,  v.  tr.,  mettre  en  mor- 
ceaux. 

Choumarro,  Fr.  ii,n.f.,  bru- 
tale (litt.  :  jument). 

Chourrà,  v.  intr.  ,  rêvasser, 
rester  immobile. 

CnôuTÀ  (se),  V.  réfl. ,  se  sou- 
cier. —  Pr.  i  chaute  IV,  1 53. 

Chunchat  III,  66,  n.  m.,  con- 
tenu des  deux  mains  jointes. 

CiBADo,  n.  f.  avoine. 

CiNGLO,  n.  f.,  ceinture,  sangle; 
courroie  du  joug  Pr.  86. 

CiROus  I,  341;  Pr.  269,  adj. 
prissubst.,  chassieux. 

Clas  IV,  181,  n.  m.,  son  de 
cloche. 

Claure,  v.  tr.,  enfermer;  — se 
cl.,  V.  réfl.,  s'enf,  —  P.  p. 
claus  Bespr.  40. 

Cledo,  n.  f.,  claie,  barrière  à 
claire-voie. 

Clobà,  v.  tr.,  mettre  sous  clé. 

Clobenc  Pr.42,  n.  m.,  cailloux 
agglomérés  qui  forment  le 
fond  des  chemins. 

Clopà,  v.  intr.,    frapper. 

Clos  I,  404,  n.  m.,  coquille  de 
l'œuf. 

Closco,  n.  f.,  tête. 

Clouco  IV,  436,  n.  f.,  poule 
couveuse.! 

CloussI,  v.  intr.,  glousser.  — 
P.  pr.  cloussiguen  I,  408. 

Cluèch,    n.  m.,    chaume. 

Co,  n.  f.  ,  queue. 

Cobal  h,  307;  IV,  166,  n.  m., 
engence. 

CoBi  Odo,  43,v.  tr.,  caser,  loger. 

CoBiRou,  n.  m.,  chevron. 

CoBOLiNo  (/o),  n.  f.  collectif, 
les  chevaux. 

CoBONiÉiRo,  n.  f.,  fille  de  ferme 


265 


chargée  de  la  préparation  du 
fromage. 

CoBRiT,  n.  m.,  cabri,  chevreau. 

CoBussAiRE,  n.  m.,  plongeur. 

CoBussAT  IV,  472,  n.  m.,  provin. 

CocHÀ,  V.  tr.,  cacher.  —  Pr.  2 
cachos  L.  0  D.  26. 

CoDAULo,  n.  f.,  clinche,  loquet  ; 
bièlho  c.  Diol.  81,  vieille  tou- 
pie (injure). 

CoDÈL  Go//,  28,  n.  m.,  chien. 

CoDENO,  n.   f.,  chaîne. 

CoDOLART,  n.  m.,  garçon,  va- 
let sans  souci  (sens  péjoratif). 

CoDRÔ,  codrià,  v.  caldre. 

CoFO,  n.  f.,  coiffe. 

CoGORAULo,  n.  f.,  escargot. 

CoiRAT  Ep.  II,  60,  p.  p.  -adj., 
(litf   :  carré),    fort,   étrange. 

CoiRF,  V.  intr.,  cuire.  —  Pr.  3 
coi  IV,  487. 

CoÎRÈL,  n.  m.,  espèce  de  fronde. 

CoiSAL,  n.  m.,  molaire. 

CoLÀ,  V.  intr.,  et  se  cola,  v. 
réfl.,  se  taire.  —  Impér. 
2  calo  Goli,  55;  Diol.  6g,  4 
colen  (v.  siait),  5  colas  Resp. 
21;  Diol.  68. 

CoLCÀ,  V.  tr.,  fouler. 

CoLCADO,  n.  f.,  foulage. 

CoLciDO,  n.  f.,  chardon. 

CoLCiNÀ,  V.  tr.,  passer  à  la 
chaux. 

CoLDRiô,  colgiièt,  colid,v. caldre. 

CoLEL,  n.  m.,  petite  lampe  à 
queue. 

CoLHADo,  n.  f.,  caillé,  lait  caillé. 

ÇoLHET,  n.  m.  ,  vidangeur. 

CoLHOL,  adj.,  bigarré. 

CoLiBOTS  I,  3g4  ;  Pr.  338,  n.  m. 
pi.,  débris  de  caillé,  caillots. 

CoLiMÀs,n.  m.,  chaleur  lourde. 

CoLO,  n.  f.,  groupe,  d'ouvriers 
agricoles  travaillant  ensem- 
ble. 


CoLÔs,  pi.  colosses  IV,  134,  n. 
m. ,  trognon  (de  chou). 

Coi.RE  II,  474,  v.  tr.,  célébrer 
(une  fête). 

CoLSÀ  Diol.  II,  19  (litt.  :  chaus- 
ser), ferrer. 

CoMBADo  I,  334,  n.  f., enjambée, 
espace  à  piocher  entre  deux 
rangées  de  vignes. 

CoMBiÀ,  V.  tr.,  changer.  —  Pr. 
3  combio  I,  384;  sbj.  i  com- 
bie  I,  63;  ipf.  i  combièsse 
Pr.  63. 

CoMBiRous  {Ions)  Pr.  42,  n.  m., 
les  environs. 

COMBO   et    Co.MBETO,  H.    f.,     tigC, 

CoMBO,  n.  f.,  jambe. 

CoMBOJOu,  n.  m.,  jambon  ; 
(familièrement)  jambe  For.  2. 

GoMÈL,   n.  m.,  imbécile. 

CoMiNÀ,  V.  intr.,  cheminer. 

CoMiNADO,    n.  f.  ,     presbytère. 

CoMiso  {en)  II,  60,  en  bras  de 
chemise. 

CoMisouLETo  I,  5i8,  n.  f.  ,  ca- 
misole. 

CoMoiÀ  (se),  V.  réfl.,  se  colorer. 

CoMPis  I,  23,  t.  -isso  Ep.  II,  23, 
adj.,  rétif. 

CoMPONHO  I,  453,  n.  f.  ,  cam- 
pagne. 

CoNHE,  pl.es,  f.  -0  Odo,  119; 
Ep.  II,  67,  etc.,  adj.  interro- 
gatif  et  admiratif,  quel,  quel 
grand. 

CoNHOTo  I,  490,  n.  f. ,  petite 
chienne. 

CoNiLHO  I,  i54,  n.  f. ,  chenille 
du  ver  à  soie. 

CoNis,  pi.  -isses,  adj.,  difficile, 
rude. 

CoNOBiÈiRO,  n.  t.,  chenevière. 

CoNOBOu,  n.  m.,  chénevis. 

CoNou,  n.  m.,  litre  (de  vin). 

Conte,  f.  conto  I,  3o6,  etc.,  adj. 


—  266 


admiratif,  combien  grand; 
au  pi.,  contes,  f.  -os,  com- 
bien nombreux,  combien  de. 

CoNTÈL,  n.  m.,  pain  (iitt'.  : 
chanteau  de  pain);/o«  c.  Pr. 
284.,  la   miche. 

CoNTELET,  diminutif  de  contèl. 

CoNTUGNES  Diol.  II,  i5o  (mot 
francisé  =  countunhos),  2«  p. 
sg.  prés,  de  countunhà,  con- 
tinuer. 

Cop,  pi. co/5 (prononcez  :  cotcli), 
n.  m.,  coup,  fois  ;  tout-ol-cop 
I,  148,  tout  à  la  fois;  pèr  loti 
cop  I,  437,  pour  cette  fois, 
sûrement. 

CopÀs  Coitmpl.  40,  n.  m.,  aug- 
mentatif de  cap. 

CoPEiROu,  n.  m.  ,  chaperon; 
lou  mèstre  c,  Boiinal,  la 
charge  de  maire. 

CoPEJÀ,  V.  intr.,  laisser  tomber 
la  tête  quand  on  est  pris  de 
sommeil. 

CoPÈL,  n.  m.  ,  chapeau. 

CoPELADO  [fa  lo)  0  I,  10,  tirer 
le  chapeau  à,  saluer. 

CoPELÔ,  n.    m.,  prêtre. 

CopiOL  Pr.  73,  n.  m.  ,  capi- 
taine, chef. 

CopouNÀ,  V.  tr.,  chaponner, 
châtrer. 

CoPucHO,  n.  f.,  tête^  intelli- 
gence ;  cauco  bouno  c.  Rec. 
Ep.  go,  une  bonne  tête. 

CoPUCHOUN.Vs  Ben.  18,  n.  m., 
grand  capuchon. 

CopusoDOu,  n.  m.,  billot  ou 
établi  pour  travailler  le  bois. 

CoRBOUNAT,  n.  m.,  charbon, 
carie  des   blés. 

CoRDi,  n.  m.  et  Cordino,  n.  f. , 
chardonneret. 

CoRDUs,  n.  m.  ,  chardon. 

CoRCÀ,  V.  tr.  ,  prendre  et  don- 


ner à   porter)  I,  467;  II,i32, 
etc.,    V.     réfl.,     se     charger 

—  Pr.    3    cargo;  p.  pr.  cor- 
giien. 

CoRGODou,  n.  m.,  lieu  où  l'on 
charge  les  raisins. 

CoROMÈL,  n.  m.,  chalumeau, 
musette. 

CoRPAN  II,  i52,  n.  m.,  toque. 

CoRRÀ  {se),  V.  réfl.,  se  carrer,  se 
mettre  à  l'aise; /a  c.  I,  62. 

CoRREiRou,  n.  m.,  sentier;  loi 
fou  correirous  H,  192,7  sont 
sans  cesse. 

CoRREJÀ,v.  tr.,  charrier,  trans- 
porter  sur  le  dos  11,  468. 

CoRRiÈiRo,  n.  f. ,  rue. 

CoRRioL,  n.  m.,  chariot. 

CossouL  [lou),  n.  m.,  le  pre- 
mier consul  de  la  ville. 

CossouLETO,  n.  f.,  cassolette 
(fleur). 

CosTELET,  n.  m.,  châtelet  : 
trois  châtaignes  ou  noix  ou 
noyaux  surmontés  d'un  qua- 
trième, qu'on  cherche  à  enle- 
ver avec  un  projectile  de 
même    espèce. 

CosTiÀ  (dissyllabe)  I,  iSg,  v. 
tr.,  châtier,  corriger;  modé- 
rer III,  200. 

CosTONHÈ,  n.    m.,  chàtaigner. 

CosTONHO,  n.  f.,  châtaigne. 

CosTROu,  n.  m.,  cabane. 

CoTÀs  For.  55,  gros  roué. 

CoTÈT  For.  47,  n.  m.,  cadet, 
petit  jeune  homme. 

CoTOu,   n.     m.,    jeune    chat; 

—  mudà  sous  cotous  El.  3, 
changer  de  résidence. 

CoTOU,  n.  m.,  chaton. 
CouÀ,  V.  intr.,  couver. 
CouBÉs,  adj.,  avide. 
CouBESiô  Fr.  22,  n.  f.,  avidité. 
CouBiT,  n.  m.,  invitation. 


267  — 


CoucHÙiRÈL,    n.     m.,  vin    fait 
avant   la    vendange    avec  les 
raisins   avariés    ou    mal    ve- 
nus. 
Côuciù,  n.   f.,  caution. 
CôucuN,    pi.    cauqiies  -us  Diol. 
44,    pr.   indéfini,   quelqu'un. 
CoucuT,  n.  m.,  coucou. 
CouDÈRc  El.   34,    n.  m.,   petit 

pré  voisin  de   l'habitation. 
CôuDET    Pr.    37,  adj.,  un   peu 

chaud,  tiède. 
CouDOUN,  n.  m.,  coing. 
CouETO,n.  f. ,  petite  queue. 
CôuFÀ  [se],  V.   réfi.,  se  chauf- 
fer. 
CouFi,   v.  tr.   108,  préparer  (la 
terre)  (litt'  :  confire);  v.  intr., 
cuire  lentement.  —  Pr.  3  con- 
fis IV,  436;  p.  p.  f.  coujido  1, 
108. 
CouFL.\,  V.  tr.  et  intr.,  gonfler. 
CouFLÀ  [se),  V.  réfl.,  se  gonfler, 
s'enfler   d'orgueil;  —    p.    p. 
confiât,  f.  -ado,  enflé,  gonflé. 
CouflitIII,  4;  IV,  174,   f.    pi. 
-idos  El, g,  p.  p.  -adj.,  bondé. 
CouLÀ,  V.  tr.,  coûter.  —  Pr.  3 

colo  Ort  8. 
CouLÀ,  n.  m.,  collier, 
CôuLET,  n.  m.,  chou. 
CouLODOu   I,    371,   378,  n.  m., 
chaudron  où  Ton    fait  cailler 
le  lait. 
CouMBENi,  V.    impers.,    conve- 
nir. —  Pr.  3  coiimbe  For.  5. 
CouMBo  1,  221,  509,  etc.,  n.  f., 

dépression  de  terrain. 
CouMOUL,  adj.,  comble,   plein. 
CouMPissADo  El.  38,  n.  f.,  flux 

d'urine. 
CouMPONACHE    Pr.  3ii,n.  m., 
ce  qu'on  mange  avec  le  pain, 
pitance. 
CouMPOSsiù,  n.  f.,  compassion. 


CouNDUCHo,  n.  f.,  conduite. 

CouNDURE,  V.  tr.,  conduire;  — 
v.  réfl.  Pr.  Emboi,  3o,  se  con- 
duire. 

CouNEissE,  V.  tr.,  connaître.  — 
Pr.  I  coiineisse  L.  o  D.  5, 
3  couneis  I,  2  33;  ipf.  2  cou- 
neissiàs;  III,  363;  6-iouDiol. 
II,  124;  pf.  4.  coimegtièren 
Coumpl.  86;  p.  p.  couneisent 
Ep.  II,  49. 

CouNSENCiô  Bèrt.  36,  n.  f., 
conscience. 

CouNTESTOCiù  (/o)  Bcspr.  52, 
n.  f.,la  Constitution  (mot  es- 
tropié). 

CouNTUNHÀ  Odo,  l32,  V.  tr., 
continuer.  —  Impér.  5  coun- 
titnhàs  Coumpl.  149. 

CouPET,  n.  m.,  nuque. 

CouQui  IV,   383,  adj.,  coquin. 

CouQuiLHO  Pr.  241,  n.  f.,  de- 
meure (coquille). 

Coures,  v.  courre. 

CouRNUDO,  synonyme  de  semai. 

CouRO,  conj.,  quand. 

Courre  Bèrt.  23,  etc.,  etcouRR'i, 
V.  intr.,  courir.  — Pr.  3  coitr- 
ris  I,  69,  cour  III,  3  1 8,  6  cour- 
rou  II,  387;  impér.  4  cour- 
riguen,  5  coures  I,  27. 

CôusÀ,  V.  tr.,  chausser  (des 
souches). 

CôusEGOL,   n.  m.,  méteil. 

Cousesou,  n.  f.,  cuisson. 

CousiNO,  n.  f . ,  cuisine. 

CoussÈRGUEjÀ,  V.  tr. ,  chatouil- 
ler. 

Couss'i,  comment,  comme; 
coussi  quicon  Diol.  II,  18, 
tant  bien  que  mal. 
CousTAL  I,  537,  pi.  coustals 
III,  269  (imprimé  à  tort  coû- 
tais), n.  m.,  coteau. 
GousTRENHE,v.  ti., Contraindre. 


—  268  — 


COUSTRENCHO       II,      191,      n.     f . , 

contrainte,  saisie. 
CouTAL,  n.  m.,  muletier,  char- 
retier. 
CoijTRiLHADO,     n.     f.,     troupc 
Resp.    41,    grande     quantité 
I,   i53. 
CouTROLHÀ,    V.    tr.,  tailler.    — 

Pr.  3.  coutralho  Ort,  68. 
CôuzÀ,  V.  tr.,  causer.  —  Cd.  3 

càu^orià  I,  54. 
Côuzi,  V.  tr.,  choisir.  —  Impér. 
5  coulissés   I,  181  ;  IV,    472, 
etc. 
Créât  I,  294,  p.  p.  pris  subst», 

créature. 
Creire,  V.  tr.,  croire.  —  Pr.  i 
crese,    cresi   Rec.    Ep.    69; 
Pr.  268,  2  creses,  5  cresès  ; 
ft.  5   creirès;  impér.    2    aei 
IV,  247,  5  cresès  1, 96  ;  El.  33 . 
Creisse,  V.  intr.,  croître. —  Pr. 
3  creis  III,  81;  IV,  475,  etc.; 
p.  p.  crescut  IV,  52  3. 
Cremal,  n.  f.,  crémaillère. 
Crenhe,  V.  tr.,  craindre.  —  Pr.  i 
crenhe    L.  0.  D.  4,   2  -es  IV, 
140,  3    cren  II,  169,  5    cren- 
liès  Resp.    25,   6  crenhou  IV, 
277;  ipf.  3   crenhià  Resp.  II, 
68  ;  impér. 4  crenhen  IV,  i23  ; 
p.  p.   crenhegut  Diol.  Il,  go. 
Crès,  pi.    crèsses  I,  89,  n.  m., 
terrain  maigre  où  affleure  le 
calcaire  ;  —  fà  lous  c,  piocher 
les  terrains   maigres   qui   ne 
sont  pas  labourables. 
Crese,  -eses,  -esès,  -esi,v.  creire. 
Cresenso,  n,    f.,  croyance. 
Crespe   1,  549;  II,    420,  n.  m., 

crêpe,  voile  sombre. 
Crestiô,  n.  m.,   chrétien  ;  per- 
sonne D/o/.  //,  57. 
CRESTOu,n.  m.,  crête,  sommet. 
Cridà,  V.  intr.,  crier. 


Croco-pruno,  n.  m.,  taillewr. 

Croumpà,  V.  tr.,  acheter. 

Crouqiiet,  n.  m.,  crochet. 

Crolstilhà,  V.  tr.,  croquer. 

CrusÀjV.  tr.,  creuser. 

Clbrecèl,  n.  m.,  ciel-de-lit, 
rideaux  de  lit. 

Clèr,  n.  m.,  peau  II,  45;  Odo, 
87,  etc. 

CùiDE,  n.  m.,  coude. 

CùiRETO  IV,  417,  marmite  de 
cuivre. 

CujÀ,  V.  tr.,  penser;  manquer, 
faillir  (infin.). 

CuLi,  V.  tr.,  cueillir. 

Cultibaire  II,  86  (r.)  et  culti- 
botou  II,  ti5  (r.),  n.  m., 
cultivateur. 

CuLTiù  IV,  5oo,  n.f.,  culture. 

Cun',  n.  m.,  coin,  quartier. 

CuN  %  cune  I,  285,  317,  pi.  cu- 
nes,  cunhes{éd.  qu'unis)  III, 
186,  f.  cutio,  adj.  interroga- 
tif  et  admiratif,  quel,  quel 
grand.  Cf.  conhe. 

CuNHÀ,  V.    tr.,  enfoncer. 

CuRÀ,  V.  tr.,  nettoyer  I,  100; 
II,  283,  vider  I,  212;  III,  206, 
etc. 

CuRBÉL,  n.    m.,  crible. 

Cussou.NÀ,    V.    tr.,    cribler   de 
trous  de    vers  Fr.  6;  —    v. 
réfl.    intr.      Cound,    47,     se 
vermouler,       devenir       ver- 
moulu; v.  réfl.  tr.,  se  c.  lou 
cap.  I,  427,  se  creuser  la  tête. 
CuTÀ,  V.  intr.,  fermer  les  yeux. 
CuTAiRO   Ep.    II,   72,      n.    f., 
femme  qui  cligne    fréquem- 
ment les  yeux. 
CuTos    I,  2o5,   n.    f. ,    œillères 
(propr'.   :  antoqucs,  lunettes 
pour  chevaux). 

Dalho",  n.  f.,   faux. 


26g 


Dalho',  V.  dolJià. 

Daurou,  V.  dburà. 

De  dans  une  prop.  admira- 
tlve  :  oh  I  d'oquelcap  de  sellio 
Pr.  i53. 

Debàs,  pi.  debasses,  n.  m.,  bas. 

Debés  I,  5i4,  n.  m.,  devois, 
pâturage  pour  les  brebis. 

Debinhà,  V.  tr.,  deviner. 

Debinhaire,  n.  m.,  devin. 

Debinho,  n.  f.,  divination  ;  onà 
0  lo  d.  IV,  298,  aller  consul- 
ter la  devineresse. 

Debiô,  os,  etc.,  v.  deiive. 

Debolisà  Diol.  II,  106,  disper- 
ser. 

Debolôuzido  Cottnd.  {titre),  n. 
f.,  coup  d'assommoir,  acci- 
dent fâcheux. 

Débondât  Pr.  435,  p.  p.  -adj., 
déchaîné. 

Débrida,  v.  intr.,  avoir  bon  ap- 
pétit. 

Debouciùs,    adj.,  dévot. 

Deboulic,  pi.  -its  (pron.  -itch) 
II,  3o5j  adj.,  endiablé,  malin. 

Debouri  v.  tr.,  dévorer,  con- 
somner.  —  Pr.  3  debouns 
Pr.  Emboi,  16. 

Dèch,  adj.   num.,  dix. 

Deglende  Ep.  II,  20,  alerte, 
bien  disposé. 

Degolhà,  v.  tr.,  gâter,  perdre 
sans  profit. 

Degochat,  f.  (Jtfo  1,  333,  p.  p.- 
adj.,  dégagé,   agile. 

Degus  I,  520,  pr.  indéf. ,  per- 
sonne. 

Degut  II,  188,  n.  m.,  dû. 
Deis,  v.  des. 

Dejoucà  {se),  v.  réfl.,   se  déju- 
cher, descendre  de   sa  bran- 
che. 
Dejous,  adv.  et  prép.,  dessous; 
old.  de,  au-dessous  de. 


Deju  II,  197,  adj.,  à  jeun. 

Delorgà,  v.  tr.,  laisser  aller, 
lâcher  (le  bétail)  I,  514  ;  Pr. 
3g8,  etc.,  faire  sortir  du  corps 
(l'âme)  0^0,  206;  —  v.  réfl., 
sortir,  se  donner  de  lair, 
s'élargir;  prendre  son  essor. 

Deliùrà  {se),v.  rétî.,  se  déli- 
vrer. 

Demà,  adv.,  demain. 

Dème  II,  188,  dîme. 

Demescouneisse,  v.  tr.,  mécon- 
naître, ne  pas  reconnaître. 
—  Pr.  3  demescotineis  IV, 
476. 

DEMPiÈr,  adv.  et  prép.,  depuis- 

Denontourà  IV,  3i6,  v.  tr., 
cueillir  avant  le  temps. 

Deque  {de)  Diol,  II,  59,61,  de 
quoi. 

Derec  (0)  Pr.  Emboi,  3,  succes- 
sivement. 

Derebelhà,  v.  tr.,  éveiller. 

Derrobà,  v.  tr.,  arracher.  — 
Pr.  I    derrabe  Ep.  II,  64. 

Derrom.\,  v.  tr.,  ébrancher, 
émonder. 

Des  (  =  de  lous)  devant  cons., 
deis  El.  2  3  ;  Resp.  II,  26 
devant  voyelle,  art.  contracté. 

Desco,  n.  f.,  corbeille. 

Descobestrat,  f.  -ado  Diol.  II, 
216,  éccrvelé,  -ée. 

[Descobestrat],  f.  -^^0,  déliée, 
sans  frein  Bespr.  70,  toquée 
Diol.  //,  216. 

Descopeirounà  {se)Bounai  5,  v. 
réfl.,  renoncer  au  chaperon, 
aux  fonctions  de  maire. 

Descorà,  v.  tr.,  défigurer,  dé- 
molir (le  visage).  —  Pr.  i  des- 
care  Diol.  II,  i5i  (mol  fran- 
cisé). 

Descorgà,    v.    tr.,    décharger. 

Descornat,  p.    p.  ;  souco  des- 


—    270 


cornadolV,  5io.  souche  dé- 
chaussée. 

Descoubèrtat,  p.  p.  -ad).,  dé- 
couvert. 

Descubr'i,  V.  tr.,  découvrir.  — 
Pr.  I  descubrisse  Odo,i  i. 

Descuti  Pr.  376,  v.  tr.,  discu- 
ter, exposer. 

Desempegà,  V.  tr.,  dégluer. 

Desempeitrà  (se),  v.  réfl.,  se  dé- 
pêtrer. 

Desempièi,   adv.,  depuis. 

Desen-cuso  Coumpl.  5oj  Diol. 
6i,  n.  f.,  cause. 

Desfourtuno  I,  109,  n.  f., 
malheur,  mauvais  temps. 

Desobièn  Pr.  279,  n.  m.,  acci- 
dent fâcheux. 

Desoborit,  f .  -idoU,  342,  gâté. 

Desogrodà,  v.  intr.,  déplaire. 
—  Pr.  3  desogrado  Diol.   44. 

Desonat  Resp.  II,  5i,  adj.,  dé- 
pourvu. 

Desonisat,  f.  -ado  El.  45,  p.  p.- 
adj.,  déniché,  sans  gîte. 

Desossorgà  (5e)  v.  réfl.,  se  dé- 
saltérer. —  P.  p.  f.  desossor- 
gado  Odo,  Sg,  p.p.,  désaltérée. 

Desoubronso  Cound.  4,  n.  f. , 
désœuvrement. 

DeSOUNDRÀ      et       DiSOU.NDRÀ,    V. 

tr,.  gâter,  enlaidir  (litt'.  :  dés- 
honorer). —  Pr.  3  disottnro 
Pr.  449. 

DESPÈiTROi.H.\(se)iîes/i.//,  68,v. 
réfl., se  découvrir  la  poitrine. 

Despens,  pi.  -enses  Rec.  Ep. 
139,  n.  m.,  dépens. 

Despèrti  I,  87,  32  3,  n.  m., 
goûter,  repas  du  milieu  de 
la  journée. 

Despièch  I,   129;    II,    80,    426, 

^  etc.,  n.  m.,  dépit  ; /iJire  oijue/ 
d.  Kesp.  7,  Ctre  cause  de  ce 
dépit. 


Desplegà  (se),  v.  réfl.,  se  déplo- 
yer,   déployer  ses  fleurs.  — 
Pr.   I  desplègiie,  Rec.  Ob.i-j, 
3  -ègo  I,  44;  sbj.  3  desplègiie 
I,  233. 
Despochà,  v.  tr.,  presser,  faire 
hâtivement   III.  i56;  videra 
la  hâte  IV,  285;  —  se  d.,  v. 
réfl.,  se  hâter. 
Despolliià,  v.  tr.,  dépouiller. 
Despounchà,  v.   tr.,  épointer. 
Dessarro  (n.  verbal  de  desser- 
ra) ;  la  seguiol,  qu'es  de  dure 
dessarro   II,  44g,    le   seigle, 
dont  il  est  difficile  de  déta- 
cher le    grain    (par  le   bat- 
tage). 
Dessôuclat,  f.  -ado,  qui  a  per- 
du ses  cercles. 
Dessul  =  dessus  lou. 
Destèrminat  Diol.  II,  43,  p.p. - 

adj.,  déterminé,  terrible. • 
Destetà,  v.  tr.,  sevrer.  —  P.  p. 

f.  destetado  II,  18. 
Destocà  (se),  v.  réfl.,  se  déta- 
cher. —  Pr.  6  destacou   Pr. 
40  ;  Resp.  II,  61. 
Destral,  n.  f.,  cognée. 
Dèstre  Bounal  11,3,  adj.,  ha- 
bile. 
Destrech,  adj.,  étroit. 
Desturbà,  v.  tr.,  déranger,  dé- 
tourner. 
Di:t,  n.    m.,  doigt. 
Detal  I,  39,  n.  m.,  détail. 
Detràs,  adv.,   derrière. 
Deure,  v.  tr.,  devoir  ;  —  impers, 
réfl . ,  se  diit,  on  doit.  —  Pr.  i 
debe   Resp.   92,  3  diii   Diol. 
58, etc.;  5  debès El.  5i;  11,65; 
cd.    2  diitribs;  p.  p.   degut; 
pris  subs'  Diol.  II,  184,  dû, 
part  des  impôts  ordinaire. 
Dimenge  IV,  269,  289,  n.  m., 
dimanche. 


—    271 


DiMERGAL  II,  476,  adj.,  de  di- 
manche. 

DiNS,  prép.,  dans;  d.  d'obort 
IV,  i85,  tout  d'abord. 

DiNTRÀ,  V.  intr.,  entrer;  v.  tr. 
II,  72,  rentrer. 

Dire,  v.  tr.  ;  d.  de  non  11,83, 
dire  non,  refuser.  —  Pr.  i 
dicli  Diol.  H,  7,  2  dises,  3 
dis,  5  dises,  6  disait;  ipf.  3 
disià,  4  dision,  6  disiou;  pf. 
3  digiièt  I,  468;  Pr.  266, 
5  digiières  Coiimpl.  119,  6 
diguèrou  Goli  46  ;  sbj.  i 
digo  Diol.  41;  impér.  2  di- 
gues Goli,  47,  digos  Ben. 
37;  Diol.  II,  .se,  87,  178;  4 
diguen  Ep.  II,  2g,  5  digàs 
Bert.  27  ;  p.  pr.  diguen  I, 
147,  p.  p.  dicli  ;  pris  subst', 
es  lou  dicli  que,  on  dit  que. 

Diù',  n.  m.,  Dieu. 

Diù',  diùrios,  v.  Deuie. 

DoBOLÀ,  V,   intr.,  descendre. 

DoBON  et  DoBONT,  ady.  et  prép., 
devant  ;  mètre  dobon  Odo,  70, 
emporter,  ravir  ;  pèr  ci  d. 
Diol.  II,  190,  jusqu'ici. 

DoBONTAL,   n.    m.,  tablier. 

DoLHÀ,  V.  intr.,  faucher.  —  Pr. 
3  dalho  II,  178;  O  Peirot,  6. 

DoLHAiRE,  n.  m.,  faucheur. 

DoLHAiRO  (/o)  jFV.  3,  la  Fau- 
cheuse (la  Mort). 

DoRNiÈ,  f.   -ièiro,  adj.  dernier. 

DoRNiÈiROMEN,  adv.jréce.Timent. 

DoRRÈ,  prép.,  derrière. 

DouGO,  n.   f.,  douve. 

DOUMEIZÈLO    et    DOUMOIZÈLO,  n. 

f. ,  demoiselle. 

DouNcos,  adv.,  donc. 

DouNDÀ,  V.  tr.,  dompter. 

DouNT,  pr.  relatif  et  adv., 
dont,  d'autant;  dount  mens 
i penson  I,  489,  au  moment 


où  nous  y  pensons  le  moins; 
dount  milhou  me  boulcabo 
Goli,  32,  au  moment  où  je 
me  roulais  le  mieux. 

DôuRÀ,  V.  tr.,  dorer.  —  Pr.  6 
dauroii  II,  42g. 

DôuRAT,  f.  -ado,  p.  p.  -adj., 
doré. 

Dôus,  don  devant  cons.,  prép., 
du  côté  de,  de,  vers  ;  dou 
partout  I,  58,  5i3,  de  tous 
côtés. 

DousTÀ,  V.  tr.,  ôter.  —  Pr.  3 
dosto  Cound.  [titre),  5  dous- 
tàs  IV,  72. 

Draco,  n.  f.,  marc  de  rai- 
sin. 

Dres  (de  dressa)  ;  èstre  en  d. 
Pr.  73,  être  debout. 

Drjlho,  n.  m.,  goujat,  jeune 
ouvrier  ;  tout,  jusc'ol  mendre 
d.  I,  317. 

Drocado  III,  294  (ord'.  :  masse 
du  marc),  bouillie  pour  répa- 
rer les  cuves  gâtées. 

Drollo,  n.  f.,  petite-fille. 

Droulloto,  n.  f.,  jeune  fille. 

Dubrî,v.  tr.,  ouvrir.  —  Impér.  5 
dubrissès  Pr.  112;  p.  p.  du- 
bèrt,    f.  -èrto  Pr.  2  38. 

Dunses  (=  dee\.unses,Y>\.àc  un), 
adj.  et  pr.  indéfini,  quelques, 
certains  ;  dunses  coîs  Fr. 
21,  quelquefois. 

Ebejo,  Pr.  446,  n.  f. ,  envie. 

Ebrièu,  adj.,  ivre. 

Efont,   pi.  -ons,  n.  m.,  enfant  ; 

fils  I,  240  ;   au    pi.,      jeunes 

gens  I,  75,  petits  (de  la  poule) 

I,  408. 
Efontet    et   Efontou,    n.  m., 

petit  enfant. 
Ègo,  n.  f.,  jument. 
EiGiNo  I,  197;  II,   62,   etc.,   et 


—    272    


oigino    Pronb.     u8,    n.    f., 
outil,  instrument. 
El,  pi.  elses  Pr.  433,  pr.  pers. 

de  la  3"  pers. ,  il,  ils  ;  eux. 
Embegurat,  p.  p.  -adj.,  imbibé, 

pénétré. 
Embejo  I,  502,  n.  f.,  envie. 
Embèrbesit  £/.  16,  f.-ziio,  p.  p.- 

adj.,  affaibli,  languissant. 
Emberenat,  p.    p.-  adj.,    enve- 
nimé. 
Embescà  (s'),  V.  réfl.,  s'engluer. 
Embëscat,  p.  p.  -adj.,  englué. 
Emblidà,  V.  tr.,  oublier. 
Embluado  [bonco)  II,  i54,  banc 

tapissé  de  bleu. 
Embobouchit,p.  p.  -adj.,  effaré, 

éperdu. 
Emboioduro   Proub.    37,   n.   f., 

baisure  du  pain  au  four. 
Embôurà  (5'),  V.  réfl.,  s'effarou- 
cher.   —    Pr.     3     embaiiro; 
ipf.  3  embourabo. 
Embrondà,    n.     tr.,    incendier. 
Embùisoun.a    (s')   IV,    5 16,  être 

protégé  de  buissons. 

Embut     Coumpl.     123,   n.    m., 

(litl'.  :    entonnoir),    bouche. 

Emmersà  Pr.  89,  V.  tr.,  enfouir. 

Empegat,    p.    p.  -adj.,   poissé, 

poisseux. 
Empetegà  (s'),  V.  réfl.  s'engluer. 
Empetegat    El.    21,    empêtré, 

embarrassé. 
Emplegà,  V.  tr,,    employer.  — 
P.    p.    pris  subst',  cmplegat, 
employé. 
Emplostrà  I,  loi,  V.  tr.,  revêtir 

d'une  matière  molle. 
Empoch.X,  V.   tr.,    empêcher.  — 

Pr.  3  empacho  Ben .  49. 

Empopoulhounat  (au  Glossaire 

de  l'édition,  à  tort,  empapillou- 

H^f)  Pr.  i52,p.  p.,embéguiné. 

E.mpoungon.\,  V.  tr.,  suffoquer. 


—  Pr.  3  empoungono  Odo,  61. 
Emprimà,  v.  tr.,  imprimer. 
Emprimur,  n.    m.,  imprimeur. 
Ences,   Rec.   Ep.    i38,   n.    m. 
•    pi.,  encens. 
Enche,  n.  m.,  anche. 
Englobât,  f.  -ado  (litt*  :  cloué), 
p.  p.   -adj.;  los  solos  encloba- 
dos  Ep.  III,  33. 
Encolat  I,  379,  n.  m.,  froma- 
ge frais. 
Enfugî  (5'),  V.  réfl.,  s'enfuir.  — 
P.  p.  f.,  enfugido  Bespr.  32. 
Endimergà,    V.     tr.,    endiman- 
cher  ;  v.  réfl.    Proub.  2  3.— 
Pr.  3  endimèrgo  I,  60. 
Endobolà,  v.  tr.,  avaler. 
Endorroirà    (*'),     V.    réfl.,   se 
retarder.  —  Sbj.  3  endorraire 
III,  i53. 
Endrech,  n.  m.,  endroit. 
Endrinhà  [s'),  v.  réfl.,  s'irriter. 
Endrinhous,  adj.,  grognon. 
Endustrit,    adj.,    industrieux, 

intelligent. 
Engenso,   n.   f. ,  engence,  race 

Pr.  25. 
Engoulà,  v.  tr.,  engloutir,  ava- 
ler. —    Pf.     3    engoulèt   III, 
40;  p.  p.  f. ,  engoulado    IV, 
195. 
Engourgà    (s')    Resp.    22,     se 

plonger. 
Engôuzilhado  ifraso)  Rec.  Ob. 
6g,  p.  p.  -adj.,  gaie  (phrase). 
E.ngrepesit  II,  231  ;  El.  i5,  p. 

p.-  adj.,  engourdi. 
Engrolo  IV,  389  ;  Goli  89,  n.  f., 

lézard  gris. 
Engrun.à,  v.  tr.,  égrapper;  ava- 
ler (du  raisin). 
Enjôula,  v.   tr.,  enjôler.  —  Pr. 

3  enjaulo  Diol.  84. 
E!n'lai    II,    42,    adv.,    là    (avec 
idée    d'éloignement),  à  quel- 


—  2-3 


que  distance  ;  en  parlant  du 
temps.  D'aro  en  lai  II,  ii6  ; 
Diol.  II,  i56,  d'ici  à  peu  de 
temps;  yioiis  fosèn  en  lai Ep. 
III,  59,  nous  nous  faisons 
vieux. 

Enquiè  que  II,  3 12;  III,  126; 
Pred.  32,  enqiiio  que  Cound. 
47  ;  Sounet,  1  o  ;  Diol.  i  o  i  ; 
Foi-.  5o,  loc.  conj.,  jusqu'à  ce 
que,    jusqu'au    moment   où. 

Enredenat,  ï.-ado,  p.  p.-  adj., 
raide. 

Enrelhat  I,  334,  p.  p.-  adj., 
raide  (comme  un  soc  de 
charrue). 

Enromboulhà,  V.  tr.,  embrouil- 
ler. 

Enroùca(s'),  V.  réfl.,  s'enrouer. 

Enrôumossà  (5"),  V.  rétl.,  s'en- 
rhumer. 

Enrôuzelà,  V.  tr.,  parer. 

Ensobal,  adv.,  ici-bas. 

Entemenà,  V.  tr.,  entamer. 

Entendre,  V.  tr.  —  Pr.  i  entendi 
I,  25o;  "ienlen;  coiimo  s'en- 
ten  I,  346,  on  le    comprend. 

Entestà  {s')  de,  v.>réfl.,  senté- 
ter  à,  persister  dans.  —  Im- 
per. 5  entestés  I,  i83. 

Entilho  IV,  3 14,  n.  f.,  lentille. 

Entonchà,  V.  tr.,  faire  avancer 
dans  son  travail,  presser. 

Entôulat,  p.  p.,  attablé. 

Entre,  prép.  avec  rintinitif, 
aussitôt  :  e.  èstre  I,  61, 
dès  que  je  serai;  e.  se  lebà  I, 
121,  dès  qu'elle  se  lève  (cf. 
11,208;  III,  12g,  373,  etc.)  ; 
e.  l'oumbro  èstre  basse  I,  52  i. 
Entre  que  II,  352,  aussitôt 
que. 

Entrefegos,  n.  f.  pi.,  pom- 
mes  déterre. 

Entrigo,  n.  f.,  agacement   des 


dents;    donna    d'e.    lll,  2o3, 
agacer,  ennuyer. 

Eriè  II,   465,  n.  m.,  van. 

Erissà  (5'),  V.  réfl.,  se  hérisser. 

ÈRs,  pi.  èrses  I,  538,  n.  m.,  pois 
des  pigeons,  orobe  des  bouti- 
ques (espèce  de  lentille). 

Escach,  n.  m.,  grand  nombre, 
grande  quantité. 

EscAis  I,  33g,    n.  m.,  surnom. 

EscÀs,  {tout],  adv.,  à  peine, 
tout  juste. 

EscAssoMEN  Rec.  Ep.g,-ddv.,  tant 
soit  peu. 

EscLAiRE,  n.  m.,  éclair  Odo,  g, 
clarté  Cound.  27. 

EscLoiRi  V.  tr.,  éclaircîr.  — 
Sbj.  3  escloirigo  Rec.  06.  70. 

EscLOiRiDO,  n.  f.,  éclaircie, 

EscLOP,  pi.-  ots  (pron.  -otcli),  n. 
m.,  sabot. 

EscoBASSo,  n.  f.,  arbre  ébran- 
ché,  étété. 

EscoBÈL  I,  I,  n.  m.,  dévidoir. 

EscoBOSsÀ,  V.  tr.,  ébrancher. 

EscoLÀ,  V.  intr.,  grimper. 

EscoLci  lo  soupo,  V.  tr.,  trem- 
per la  soupe,  verser  le  bouil- 
lon sur  le  pain. 

EscoLOBRA  (5')  I,  358,  V.  réfl., 
grimper. 

EscoMPÀ,  V.  tr.,  jeter. 

EscoMPiLHÀ,   V.    tr.,  éparpiller. 

Escont'i,  V.  tr.,  éteindre. 

EscopÀ,  V.  intr.,  échapper.  — 
Pr.  3  escapo  II,  2. 

EscoPADO  [d')  Pr.  II 5,  d'une 
échappée  (profitant  d'un  mo- 
ment:. 

EscopouL.\,  V.  tr.,  couper,  cou- 
per le  cou  Bespr.  7g. 

EscoRLiMPADO,  11.    f.,   glissadc. 

EscôuF.X,  V.  tr.,  échauffer. 

Escoulièirot,  n,  m.,  jeune 
écolier. 

18 


274 


EscôuDÀ  {s),  V.  réfl.,  se  brûler; 
être  surpris  par  les  froids 
tardifs  I,  52;  Pr.  5i . 

EscouMENJÀ,  V.  tr.,  excommu- 
nier. 

Escoupi,  V.  tr.,  cracher.  —  Ipf. 
3  escoiipissià  IV,  448. 

EscoupiNo,  n.   f.,  salive, 

EscouRGÀ,  V.  tr.,  écorcher  ;  — 
p.  p.-  adj.  III,  435,  pelé. 

EscouRGAiRE,  adj.,  qui  sert  à 
écorcher  :  coutèl  e.    IV,  461. 

EscouRNiFLAiRE,  u.  m.,  écomi- 
fleur,  parasite. 

EscôuTÀ  Goli  II,  [,v.  tr.,  met- 
tre en  pelote. 

EscôuTOU  I,  4  ;  Pr.  12,  n.  m., 
écheveau. 

EscRicH,  n.  m.,  écrit. 

EscRosÀ,  V.  tr.,  écraser. 

EscRuci,  V.  tr.,  écraser.  —  Pr. 
3  escrucïs  I,  266. 

EscuDELADo,  u.  f.,  pleine 
écuelle. 

EscuDÈLO,  n.   f.,  écuelle; 

EscuLLÀ,  V.  tr.,  tremper  (la 
soupe);  étaler  (des  secrets) 
Pr.  25-9  ;  verser  (une  rasade) 
Diol.II,  21 5. 

Escussou  I,  180,  n.  m.,  écus- 
son. 

[Esfolenat],  {.-ado  Bespr.  i, 
part.-  adj.,  effaré. 

EsFossÀ  (s'),  V.  réfl.,  s'effacer.  — 
Sbj.  3  esfasso. 

EsFRAi,  n.  m.,  effroi. 

EsPEGOULHÀ  (*'),  V.  réfl.,  sc- 
pouiller. 

EsPELHAT  II,  196,  adj.,  en  hail- 
lons. 

EspelI,  V.  intr.,  éclore. 

EspÈLTiR.^  Odo,  104,  V.  tr.,  ti- 
railler;—  V.  réfl.,  sV.  ol  sou- 
més  Pr.  291,  tirailler  le  pis 
(de  la  brebis). 


EsPELuciiÀ,    V.   tr.,  éplucher. 

EspÈROS  11,  i34,  n.  f.  pi.,  es- 
pérances. 

EspÈRROs,  n.  f.  p].,  mouve- 
ments désordonnés  qu'on 
fait  en  se  débattant  I,  437. 

EspÉs,  adj.,  épais  ;  —  adv.  I, 
III. 

EsPESi  Bespr.  17,  v.  tr.,  étirer 
(de  la  laine). 

EsPETÀ  Cound.  40,  V.  tr.,  faire 
éclater. 

EspÏAT,  f.  -ado.  p.  p,  -adj.,  épié, 
qui  porte  son  épi. 

EspiGO,  n.  f.,  épi. 

EspiNTÀ  (s'),  v.  réfl.,  s'enfon- 
cer. 

EspiRAL,  n.  m.,  soupirail. 

EspONDi,  v.  tr.,  étendre;  s'e., 
v.  réfl.,  s'étendre. 

EspoRPii.H.\  (s'),  v.  réfl.,  s'épar- 
piller. 

EspoRSET,  n.  m.,  sainfoin. 

EspoRsou,    n.     m.,    aspersoir. 

EspoTORRA  [s],  v.  réfl.,  se  vau- 
trer. 

EsPOTORRAT  Fr.  12,  p.  p. -adj., 
étendu,  allongé. 

EspouBENTo,  n.   f. ,   épouvante. 

EspouNHE  (s')  Diol.  5,  V.  réfl., 
se  fouler  un  membre. 

EspÙLRUGAT,p.  p.- adj.,  épeuré. 

EspouTi,  V.   tr.,  écraser. 

EspuRÀ  (s'),    V.    réfl.,  s'épurer. 

EsQuiÈR  Fr.  26,  n.  m.,  mo- 
querie, acte  malicieux. 

EsQuiLo,   n.   f.,    sounette. 

EsQUiNETOS  (/j)  Odo,  58,  faire 
la  courte-échelle. 

EsQLiNO,  n.  f.,  échine, 

EsQUiNSÀ,  V.  tr.,  déchiren 

EssACH  Rec.  Ob.  86,  n.  m., 
essai. 

EssENS,  aJv.,  ensemble. 

Hssoj.'x,  V.  tr.,  essayer. 


27D 


EssoRRÀ,v.  tr.,  serrer^  enfermer. 

EssucH,  Ep.   II,    23,  adj.,  sac. 

EssuGÀ,  V.  tr.,  essuyer,  subir  ; 
épuiser  III,  478. 

EssouPLiDÀ,  V.  tr,,  oublier. 

Esta,  V.  intr.,  rester,  tarder; 
n'esta  Coumpl.  100,  en  rester 
là,  s'abstenir;  —  v.  rért.,  s'esta 
deW,  200,  se  passer  de.  —  P. 
pr.  estent  II,  172. 

EsTAPLE,  n.  m.,  écurie. 

EsTÈBE,  n.  m.,  Etienne. 

EsTEBo  IV,  465,  n.  f.,  manche- 
ron de  la  charrue. 

EsTÈc,    n.  m.,  moyen    habile. 

EsTELHOUNÀ  El.  18,  V.  tr.,  fai- 
re voler  en  éclats. 

ESTEQUIT,   f.-   ido  El.    20,    p.  p.- 

adj.,  rétréci,  étique. 
EsTÎu,  n.  f. ,  Eté. 
Estobon'i,  V.  intr.,    s'évanouir. 
—  Impér.  2  estobonïs.  Fr.   i; 
p.  p.  estobonit,  f.  -ido,  évanoui. 
EsTOc.X,  v.  tr.,  attacher. 
EsTouNAT    Ff.    47,  p.  p.-   adj., 

stupéfait. 
EsTOUNDEJÀ,  V.  intr.,  bouillir  à 

gros  bouillons. 
EsTouRRÀ,  V.  tr.,  boire  jusqu'à 
la  dernière  goutte;  égoutter, 
faire  égoutter  I,  .^79;  v.    réfl. 
IV,  56  ;  GoH,  25,  s'assécher. 
EsTRAi-,  n.    m.,,   action   de  dé- 
grader,   usure  II,   iig;  faire 
e.   de  Bespr.  68,  abuser;  de 
so  pel  fosià  estral  Fr.  2'i,  lui 
travaillait  la  peau. 
EsTRE,  v.  substantif,  être;  siù, 
sià,    soit,   soit;  tout  se  serià 
Resp.    21,   encore    si   c'était 
vrai  !   —  Pr.   i  siti,     2  sios  I, 
23,  332;  II,  92,  etc.,  sén  IV, 
356,  55é5l,  12  ;  11,262,  etc. ,6 
sou  I,  392,  soun  I,  417;  ipf.   I 
ère,  3  èro  Ep,  II,  5,  2  èros,  4 


éren,  5  ères;  pf.  3  fousquèt  L. 
0  D.K);  [II,  38,  41,  etc., /ou- 
guèt  Coumpl.  35,  36  ;  Proub. 
108;  Diol.  II,  52,  6  fouguè- 
rou  Proub.  6;  ft.  2  seras,  3 
sera,  4  seren,  6  seràu;  cd.  3 
serià,  4  serion  ;  sbj.  3  siasco  I, 
i85;  II,  255  ;  IV,  73,    94,  sià 

I,  504,  siasque  III,  186,  396, 
siago  Rec.  Ep.i^;  Ep.  48;  Fr. 
43,  si.igue  Diol,  II,  48  Bespr. 

II,  1 16,  i85,  etc.,  5  segàs  IV, 
33 1,  sias  Rec.Ep.^,siàs  Bèrt, 
35,  6siaul,  376,  507  ;  111,404; 
ipf.  3  fousquès  IV,  i59,/oî<5- 
quèsso  Coumpl.  66,  fougues 
Resp.  -jb  ;  Par.  2  ;  Resp.  II, 
5  i ,  fouguèsso  Sounet  de  Goli, 
i3;  impér.  2  siagos  III,  45, 
sien  III,  12,5  segàs  Resp.  49; 
p.  p.  estât  (siàs  e.,  avec  el- 
lipse de  siàs,  déjà  exprimé, 
II,    92). 

EsTREBiÈiRO,    n.     f. ,  étrivière, 

courroie  de   Fétrier. 
EsTRELHÀ,  v.  tr.,  étriller. 
EsTRELHo,  n.  f.,  étrille. 
EsTREMÀ  [s'),  v.  réfl.,  se  cacher. 

—  Pr.  3  estrèmo  II,  428. 
EsTRENÀ,    v.    tr.,      donner    l'é- 

trenne  à,  faire  un   cadeau  à. 

EsTRipÀ,  v.  tr.,  déchirer. 

EsTROLHÀ,  V.  tr.,  briser,  dé- 
chirer, gâter  ;  v.  réfl.    II,  57. 

—  Pr.  3  estralho  II,  57. 
Estrol'i    I,  224,  V.    tr.,  fouler, 

écraser. 

EsTRON  Pr.   80,   adj.,  étranger. 

EsTROUPico  Pred.  78,  adj.,  hy- 
dropique. 

EsTucH,  n.  m.,  étui,  enveloppe 
de  la  chrysalide,  refuge  de 
l'oiseau. 

I    Fa,  faire    Resp.    33  ;  El.   3o; 


—    27t» 


Diol.   II,  107,    V.    tr.,  faire; 
dire    I,    33i;    IV,  38i,    etc.; 
forià  pas   iii  Connd.  5,  je  ne 
le  ferais  pas  ;  fa  I,   75,    tra- 
vailler   ferme  ;   ornai  foriùu 
i?es/. 41,  feraient  de  même;  — 
Pr.  I  fau,  2  fas,  3  fo,  et  fa 
II,  392  (poui^à  :),  4.fosên  IV, 
394,  5  fosès  IV,    395  ;  Boii- 
nal,   2,  /ai  Diol.   II,  ibg,  6 
/oit  ;  ipf.  3  fosio,   5  fosiàs,  6 
fosiàu;  pf.  3  foguèt  Coiimpl. 
1 1 1  ;  Fy.  26;  fosquèt  I,  33  i, 
543;  II,  146,  159,  etc.,  4 /o5- 
qiièren  IV,  442  ;  ft.  2  foras,  3 
fora  I,  286,  437,  etc., /orà  I, 
96    {dintrà    :  ),   4  foren    IV, 
394,  5  forés;  cd.  3  /o;-JÔ  108  ; 
Z)/o/.   //,    52;    sbj.    fasso  I, 
3  2 1  ,fago  Odo,  38, 1 08  ;  Protib. 
yi  ;  Ep.    III,   63,    3  fasco  L. 
o    D.   i5,  4  foguen  Odo,  3-j; 
ipf.     3    foguès    Proiib.    43; 
Z)zo/.  98  ;  Diol.  II,  5o  ;  Bé'Sf  ;\ 
55  et  36  ;  impér.  2fai,^fos- 
qiien     I,    10;  fosèn    Coiind. 
37,    5  /osés     I,    97;    p.    pr. 
fosquen  I,    3i3;    p.    p.   fach, 
pi.  fâches   Coumpl.    i3. 
F.\is,  pi.  faises  Diol.  II,   74,  n. 

m.,  charge. 
Fardo,  n.  f.,  croupe,  dos  [obèn 
loii  mollir  sus  lo  f.  Coumpl. 
3g,  le  malheur  nous  accable}; 
chair,  embonpoint  Cound.  9. 
Fat  Pr.  379,  f.  fado  Rec.  Ep. 

54,  adj.,  fou. 
Fe,  n.  m.,  foin. 
Fedo,  n.  f.,  brebis. 
Feguièiro  Pr.  49  et  Figuikiro, 

I,  49,  n.  f.,  figuier. 
Fèl,  n.  m.,  fiel. 
Fèlho,  n.  f.,  feuille. 
Fenejà,     V.     intr.,     faire     les 
foins. 


Fendo  I,   177,  180;  m,  43i,  n. 

f.,  tente. 
Fenhe   {se)  de,   réfl.,  être   fier 

de.  —  Pr.    5  fenhès  Resp.  47. 
Fenial  JI,    72,  n.  m.,  grenier 

à  foin. 
Fenno,  n.   f.,    femme  ;  femelle 

III,  252. 

Fens,  n.  m.,  fumier. 

Feple,    adj.,   faible;  —   subst' 

IV,  i53,  faiblesse. 
Feplesso,  n.  f.,  faiblesse. 
Fèr,    adj.,    sauvage,    terrible; 

m'es  pla    de  fèr  Ep.  III,  47, 
cela  m'est  bien  pénible. 

Fes,  n.  f.,  fois.  Cf.  cop. 

FicÀ,  V,    tr.,    ficher,  enfoncer. 
—  Pf.  3fiqiièt\,  173. 

FicHÙiRo,  n.  f.,  trident,  fourche 
à  piquer  le  poisson. 

FicuT  Diol.  II,  448,  fichu  (ter- 
me de  mépris). 

FiÈiRAL  Sonnet  6,  n.  m.,  foire, 
assemblée. 

FiLHou  For.  44,    n.    f, ,  toute 
jeune  fille. 

Fini,  v.  tr.,  finir.  —  Impér.  4 
finiguen  Pr.  453. 

FiNTÀ,  V.  tr.,  guetter. 

Fioc,  p\.  fiots  (pron.  fiotch],  n. 
m.,  feu. 

FioLÀ,  V.  intr.,  filer.    —  P.  pr. 
fïolcn  IV,  292. 

Fioi.AT,  n.  m.,  filet. 

Fii'LÀ,  V.   tr.,  plier. 

FisÀ  (se),v.  réfl.,  se  fier. 

Fiss.\,  V.  tr.,  piquer  ;  —  v.  réfl., 

se  piquer. 
Fissou,  n.  m.,  aiguillon. 
Flac  L.  0  D.  9;  IV,  266,  etc., 
adj.,  faible,  mou.   Rec.   Ob. 

Flaumo  Fr.  43,  n.  f.,  pituite. 
Flessado,   n.    f.,   (ordir»  :  cou- 
verture de  laine),  couche  de 


277  — 


paille  pour  abriter  les  légu- 
mes. 

Floc,    n.    m.,    gros    morceau. 

Floirà,  V.  tr.,  riairer  ;  —  v. 
intr.  :  /.  o  l'art  I,  244,  sentir 
l'art.  —  Pr.  3  flairo  I,  244  ; 
Pr.   188. 

Flojèl,  n.  m.,  fléau. 

Floquiètro,  n.  f.,  faiblesse. 

Floto,  n.  f. ,  mèche  de  cheveux. 

Floùtaire  I,  356,  flûtiste, joueur 
de  flijte. 

Flut.\,  V.  intr.,  boire. 

Fobou  Pr.  418,  n.  m.,  petit- 
haricot  blanc,  haricot-riz. 

FoDEJÀ,  V.  intr.,  folâtrer. 

FoDiOL  I,  545,  adj.,   fadasse. 

Foire  I,  3ii,  v.  intr.,  fouir, 
piocher.  —  P.  p.  foiisegiit  I, 
84. 

FoisÈLO,  n.  f.,  faisselle,  forme 
percée  de  trous  où  l'on  met 
le  fromage  frais  et  où  il  s'é- 
goutte. 

Foisou,   n.  f.,  façon. 

FoLGUiÈiRO  Fr.  \,  3,  n.  f.,  cein- 
ture de  culotte. 

FoLGuiÈiRou,  n.  f. ,  fougère. 

FoLi,  V.  intr.,  manquer;  jour 
folit  I,  86;  Diol.  II,  2o5,  Hn  du 
jour,  crépuscule. 

FoLSET  Goli,  68;  Diol.  II,  12, 
n.  m.,  gousset. 

FoN,  n.  f.,  faim. 

FoNGous,  adj.,    fangeux. 

FoRO,   prép.,  hors   de. 

FoRRAT,  n.  m.,  seau  en  dou- 
ves cerclées  de  fer. 

FoRRODAT,  n.  m.,  plein  seau; 
0  forrodats  I,  552. 

FoRSo,  n.  f.  pris  comme  adj.  in- 
défini :  f.  autres  Bespr.  53, 
beaucoup     d'autres. 

FosÈiRE,  n.  m.,  faiseur. 

FôuBETo,  n.  f ,  fauvette. 


FoucHE  !  Diol.  II,  10,  atténua- 
tion du  juron  fotitrel 

FôuDAL,  n.  m.,  tablier. 

FouGUEiRou  Pr.  76,  n.  m.,  fo- 
yer. 

FouiRo.n.  f.,  foire,  dévoiement. 

FouLiKiRO,n.  f.,  cuve  à  fouler 
le  raisin. 

FouLOTREJÀ,  V.  intr.,  folâtrer, 
s'amuser. 

FouN  I,  i5,  n.  f.,  fontaine, 
source. 

FouNDRE,  V.  tr.,  fondre;  se  /. 
I,  4r,  V.  réfl.,  se  fondre.  — 
Pr.  'ifoitnt  ;  p.  p.fomtdut. 

FouNHÀ  Proub.  i36,  v.  intr., 
bouder. 

FouNsiLS  I,  391;  Pr.  3i5,  n. 
m.  pi.,  résidu  que  dépose  le 
petit-lait  après  le  prélève- 
ment de  la  recuite. 

FouRBiÀ,  V.  tr.,  détourner,  re- 
jeter, éviter  Pr.  447  ;  For.  9; 
—  V.  réfl.  Odo,  1 12  ;  Bèrt.  35, 
s'écarter. 

FouRFouLHÀ,  V.  tr.,  fouillei'. 

FouRGÀ,  V.  tr.,  façonner. 

FouRNÈL,  n.    m.,  fourneau. 

FouRNELADO,  u.  f.,  tas  de  brin- 
dilles ou  d'herbe  qu'on  brûle 
pour  fumer  les  terres. 

FouRNiLHo  Resp.  II,  29,  n.  f., 
menu  bois  pour  chauffer  le 
four. 

FouRNisE,  n.  f.,    fourmi. 

FouRQUEJÀ,  V.  intr.,  manier  la 
fourche. 

FouRROu  II,  95,  191,  n.  m., 
huissier,  recors. 

FousEGUT,    V.  joire. 

FousÈiRE,  n.  m.,  celui  qui  bê- 
che, qui  fouit. 

FousEsous  (/05)  IV,  5 16,  n.  f., 
l'époque  où  l'on  pioche  les 
visnes. 


FousQuÈs,  -esso,  -et,  voy.  èstre. 

FôuTUR,   n.  m.,  fauteuil. 

Frami,  n.  m.,  grand  nombre, 
Pr.  194,  grande  quantité 
Couud.  9  ;  Oit,  26,  etc. 

F'raisses  III,  21 5,  n.  m.  pi., 
frais. 

FRECH,n.   m.,   froid. 

Frejou,  n.  f.,  fraîcheur;  cado 
mont  porto  so  f.  Resp.  34,  à 
chaque  mot  il  y  a  une  saillie. 

Frejoulut,  adj.,  frileux. 

Frendo   III,  iio,  n.  f.,  crottin. 

Frescuro,  n.  f.,  fraîcheur. 

Fresque,  f.  -co,  adj.,  frais. 

Fresquejà,  V.  intr.,  être  frais, 
se  montrer  dans  sa  fraîcheur. 

Fresso  Pr.  Emboi,  21,  n.  f. , 
ardeur. 

Fréta,  v.  tr.,  frotter. 

Fretal,  n.   m.,  frottée,  raclée. 

Fricaut  I,  i32;  Proiib.  100, 
adj.,  charmant. 

Fringaire,  n.  m.,  amoureux, 
qui  fait  la  cour  à. 

Fripa,  v.  tr.,  manger. 

Frochibo  IV, 406,  n.  f.,  jachère. 

Froncés,  n.  m.,  français. 

Fruchiè,  f.  -ièiro,  adj.,  (bran- 
che) à  fruit  I,  161,  (saison) 
des  fruits  III,  29. 

Frucho,  n.  m.,  collectif,  fruits; 
nichée  Pr.   140. 

Fruit  II,  187,  n.  m. 

FuGi,  V.  tr.,  fuir.  —  Pr.  3  ftich 
IV,  204;  Ep.  II  26;  sbj.  5 
ftigés  III,  220;  impér.  5  fiigès 
Odo,  121,  fugissès  El.  33. 

Fumerie,  n.  m.,  fumier. 

FuN,  n.  m.,  fumée;  fumet  III, 
339. 

FuRGO-BOURNHous,  H.  m.,  (Hti'.  : 
fouilleur  de  ruches),  celui 
qui  fait  la  récolte  du  miel. 

Fus,  n.  m.,  fuseau. 


FusADo  IV,  3oG,  n.  f.,  fuseau 
chargé  de  fil. 

Gabio,  n.  f. ,  cage. 

Gach,  n.  m.,  geai. 

Gafo,  n.   f.,  davier. 

Gaire,  adv.,  guère. 

Gairebe,  adv.,  presque,  peu 
s'en  faut. 

Garbo,  n.   f.,  gerbe. 

Garcho,  n.  f.,  vieille  brebis 
qui  ne  peut  plus  porter. 

Garro,  n.  f.,  jambe. 

Gaspo,  n.  f.,  petit  lait. 

Gauch,  n.  m.,  joie;  fa  g.  Pr. 
345,    faire  plaisir. 

Gèino  I,  240,  n.  f.,  gêne. 

Genèbre  Ep.  II,  II,  n.  m.,  ge- 
nièvre. 

Gens,  n.  f.  pi.  :  les  mots  qui 
s'y  rapportent,  s'ils  sont  pla- 
cés après,  sont  mis  au  mas- 
culin par  syllepse  ;  I,  72,  sas 
g.  derebelhats  e  solits  de 
lotir  traiic:  Rec.  Ob.  i5,  0  las 
g.    trofegats. 

Gens  de  Diùs  Coumpl.  92  ;  El. 
44,  juron  qui  dissimule  ges 
de  Diiis,  «  pas  de  Dieu  ».  Gens 
(lat.  getnis)  est  d'ailleurs  la 
forme  primitive  de  ges. 

Gèrdo  [donna  lo)  Odo.,  75,  n.  f., 
donner  l'alarme. 

Ges  (avec  négation),  (ne)...  pas 
du  tout. 

Gibre,  n.  m.,  gelée  blanche. 

GiÈiso,  n.  f.,  gesse,  pois  carré. 

GiNÈsT,  n.  m.  et  ginèsto,  n.   f., 

genêt. 
GivGOULÀ  Coumpl.  I  1 1,  V.  intr., 

crier,   beugler. 
GiNouL,  n.  m.,  genou. 
GiscLous  (éd.  giscous)  Pr.    56, 
adj .,  où  il  y    a  des  giboulées 
[gisclados). 


—    2/9 


Glaudes    Coiind.  22,    Claude. 

Glon  I  283,  n.  m.,  gland. 

Glout,  adj.,  avide  Odo  100;  Ep. 
II,  22;  insolent  Resp.  II,  20. 

GoBÈL,  n.   m.,  fagot. 

GoBÈLO,  n.  f.,  gerbe. 

GoDASso  I,  32  1  ;  m,  385,  etc., 
n.  f. ,  joie  bruyante,  cris 
joyeux. 

GoDOLous  Ep.  II,  3,  pi.  -ouses 
Gol't  II,  2,  adj.,  gaillard,  dis- 
pos. 

GoLET  (0/)  IV,  432,  n.  m.,  à  la 
régalade. 

GoLHORDiô,  n.  f.,  gaillardise, 
humeur  folâtre  El.  40,  végé- 
tation luxuriante  I,  85g. 

GoLiNo,  n.  f. ,  poule. 

GoLOi,  adj., gai,  qui  aime  àrire. 

GoLOMiNÀ  (5e)  Bounal  II,  2,  v, 
réfl.,  se  donner  du  bon  temps. 

GoLOTÀs  I,  142:  IV,  299,  n.  m., 
galetas. 

GoLous,   adj.,  galeux. 

GoNDuoso  IV,  293;  Ep.  II,  68, 
n.  f.,  sornette,  conte  de  veil- 
lée. 

GoNÈL,  adj.,  moqueur. 

GoRÀ,  V.  tr.,    ôter    :  //  n"  garo 
utto  pistolo  IV,   390,  ôte  à  sa 
valeur  une  pistole. 
GoRBiÈ,  n.  m.,  gerbier. 

GORGOMÈL  et  GORGOMÈLO,    n.  f .  , 

gosier. 

GoRGOLHADO,  n.  f . ,  blé  de  re- 
but, mauvais  blé. 

GoRGOLHOL,  n,  m.,  gosier. 

GoRNiMEiN  {missont)  Pr.  329, 
mauvais  garnement. 

GoRRic,  pi. -!<5  (pron.  gorritch 
Lib.  32,  n.  m.,  chêne. 

GouBÈL  I,  19  ;  Ep.  II,  6g;  Diol . 
II,  5,  n.  m.,  gobelet,  tasse. 

GouBÈR,  n.  m.,  gouvernement, 
direction. 


Goujat,  n.  m.,  valet  de  ferme. 
GouLART,  f.,  -ardo,  adj.,   gour- 
mand. 
Goulaut,  f.   -audo,  adj.,  gour- 
mand. 
GouLORDÀs  For.  5g,  augmenta- 
tif de  goulart. 
GouLUT,  adj.,  glouton. 
GouRGOUTÀ,  V.   intr.,  bouillir  à 

gros  bouillons. 
GouRJASso,  n.  f.,  grande  bou- 
che, bouche  goulue   III,  329. 
GouRP,    n.     m.,     trou    d'eau  : 
trenipo  coum'  un  g.  For.  5o. 
GouRPÀs,  n.  m.,   corbeau. 
GouRRAU  I,  5i,    n.    m.,    bour- 
geon. 
GRACH,Ep.  II,  33,  n.  m.,  guéret. 
Gracio,  n.  f.,  grâce. 
Grais,  n.  m.,  graisse;  grais  de 
cap  I,  436,   caprice,    volonté 
déraisonnable. 
Graiso   II,   32  1,    n.    f.,    bonne 

terre. 
Gran   IV,   293,    n.   m.,    grand- 
père;  fém.,  grand'mère. 
Grato-quioul,   n.    m.,   gratte- 
cul  (fruit  de  l'églantier). 
Gresiè     II,    123,    496,   n.    m., 

(litt'  :  gésier),  estomac. 
Gro,  n.  m.,  grain. 
Grobelous,      adj.,    graveleux, 

charge  de  gravier. 
Gronat,  p.  pr.-adj.,  grenu. 
Grono,  n.  f.,  graine- 
Grontî,  V.  tr.,  garantir. 
Grotilhà,  V.   tr.,    chatouiller. 
Groupa  Fr.  33,  v.  tr.,  saisir. 
Grouss'i,   v.    intr.,   grossir.    — 

Sbj.  3  groHSsigue. 
GrouunII,  32,  n.   m.,  frai. 
Grujà,  v.  tr.,  manger,  dévorer. 
Grup  I,   53 1,  pi.   gruts   (pron. 
grutch),  n.  ni.,  grain  de  rai- 
sin. 


—    2«0    — 


Grupelous  I,  33 1,  adj.,  chas- 
sieux. 

GuDO  III,  102,  n.  t.,  pieu  four- 
chu qui  soutient  les  claies 
d'un  parc  à  brebis. 

GuiNH.\,v.  intr.,  viser,  montrer 
(du  doigt). 

GuLHADO,  n.  m.,  aiguillon. 

Ibèr,  n.    m.,  hiver. 

Ibèrn.à.,  V.  intr.,  passer  l'hiver  : 
estre  ibernat  I,  55,  avoir  fini 
Ihiver. 

1ER  DE  L.\  I\',  406,  loc.  adver- 
biale, avant-hier. 

Imou,  n.  f.,  humidité. 

Imourous,  adj.,   humide. 

I.NDusTRiT  i?^c.  Ep.  io5,  adj., 
habile. 

Inutile,  f.  pi.  -ilos  I,  437  (rime), 
458  (r.).  Cf.  titilie. 

lôu,  n.  m.,  œuf. 

IsPROUs,  f.  -oiiso,  adj.,  acide. 

IssoN,  n.  m.,  essaim,  troupe 
nombreuse  I,  2g;  Pr.  29. 

IssouRDÀ,  v.  intr.,  assourdir. 

IssouRDOus,  adj.,  assourdissant. 

IsToucRATO  Bespr.  28,  m.  et  f., 

■  aristocrate. 

lù,  pr.  pers.  sujet  et  rég.  de 
prép.,  et  aussi  rég.  emphati- 
que (après  le  verbe)  ;  avant 
!e  verbe,  on  emploie  me 
(avec  élision  m'). 

Jaire  {se),  V.  réfl.,  se  coucher. 
—  Pr.  jai. 

Jas,  n.  m.,  place. 

Jasso  I,  522,  n.  f. ,  bergerie. 

JoiNAT,  f.  -ado  Lib.  8,  p.  p. 
-adj.,  gêné. 

JoLADO,  n.  f.,  gelée. 

JoNBNc,  f.  -eiico,  adj.  :  poumo  j. 
I  572,  pomme  de  la  Saint- 
Jean,  hâtive. 


JoNGiBRÀ  Bèrt.  19,  V.  tr.,  cou- 
vrir de  givre,  glacer. 

JoNGOUL.A,  V.  intr.,  crier,  se 
plaindre. 

Jo-PARDi!  Odo,  ii3,  interj., 
parbleu  ! 

JosEN,  n.  f.,  femme  en  couches 
IV,  420,  poule  qui  vient 
d'achever  de  couver  I,  407. 

JouBE,  adj.,  jeune;  —  subst^., 
nouveau  marié,  nouvelle  ma- 
riée. 

JoLBENÀs  Diol.  II,  82,  très 
jeune. 

JouBENT,n.  m.,  jeunesse. 

JoucÀ  (sej,  v.  réfl.,  se  jucher; 
sej.ol  lièch  IV,  359,  se  met- 
tre  au  lit. 

JouGÀ,  V.    intr.,  jouer. 

JouiAL  1,1 17;  III,  3  14,  etc.,  adj. 
joyeux,  gai,  riant. 

JouL,  V.  jous. 

JoLNCHO  I,  94,  n.  f.,  tâche  de 
laboureur,  séance  de  labou- 
rage que  Ton  fait  sans  déta- 
cher les  bœufs. 

JouNHE,  V.  tr.,  joindre  ;  re- 
joindre Cound.  33.  —  Sbj.  3 
joimgo  Pr.  178;  p.  pr.  jou- 
nlien  ;  p.  p.  joinich,  pi.  joiin- 
ches  Pr.  87. 

Journal,  n.  m.,  journée  de  tra- 
vail; tâche  de  la  journée  I, 
33S;  Resp.  II,  27. 

Jous,  prép.,  sous  ;  joui  =  jous 
lou  ;  jous  =  joiês  lous. 

JuÈL,  n.  m.,  ivraie. 

JùiNE,  f. -0,  adj.,  jeune. 

Lach,  n.  m.,  lait. 
Laire,  n.  m.,  larron,  voleur. 
Lato,  n.  f.,  gaule. 
I.EBÀ  [se],  v.  réfl.,  se  lever. 
Lebado    Diol.  II,  210:   Ep.  II, 
39,  etc.,  n.  ['.,  fressure. 


—   281    — 


Lebat,  n.  m.,  levain. 
Lebrièiro  IV,  5i4,  adj.,  broiico 

I.  I,  162,  branche  coureuse 
(qui  s'étend  trop);  debonciii  l. 
For.  3g,  passion  de  la  danse. 

Lèc,  n.  verbal  de  lecà  :rajopas 
mièch  lèc  Resp.  2,  ne  coule 
pas  la  moitié  de  ce  qu'il  Fau- 
faudrait;  no  pas  soun  miècli 
lèc  II,  175,  n'est  pas  satisfait. 

Lecat  Goli,  loi,  adj.,  raffiné 
(litf  :  léché). 

Legi,  V.  tr.,  lire.  —  Pr.  i  le- 
gisse  Resp.  II,  34,  3  legis  Rec 
Ep.  3i  -yRec.  Ob.  26;  p.p.  le- 
git   Proiib.  63. 

Lego  (fa)  Resp.  63,  exciter 
l'envie. 

Legun,  n.  m.,  légume. 

Léi  (se  rapportant  à  un  mo- 
qui  suit),  adv.,  là,  avec  mou- 
vement. Cf.  lai. 

Leisou,  n.  f.,   leçon. 

Lèn  I,  97,  38o,  etc.,  luèn  Diol. 

II,  83,  adv.,  loin. 
Lensol,  n.  m.,  drap  de  lit. 
Lèse  Rec.  Ep.  35,  n.  m.,  loisir. 
[Letrut],    f.    -udo   Goli,    102, 

adj.,  lettré,  savant. 
LÈu,  adv.,  bientôt. 
Lèuno  IV,  439,  n.  f.,  la  moitié 

du  lard  d'un  porc,  bacon. 
Li,  v.  lou. 
LichetI,  i5i;   Pr.  iSg,    n.   m., 

petit   lit. 
LiÈCH,  n.  m.,  lit. 
LiMPO  I,  10 1,  n.  f.,  vase, 
Lioc,  n.   m.,  lieu. 
Lire,  n.    m.,  lys. 
Lisco  I,  5oi,  n.  f.,  tranche. 
Liùrèio,   n.  f. ,  livrée. 
LocHiÈiRO,  n.  f.,  laitière. 
Logo  II,  678,  n.  f.,  endroit  où 

on     loue    les     ouvriers      des 

champs. 


LniAT,f. -ado  111,  477,  p.  p. -adj.» 
ennuyé. 

LoisÀ,  v.  tr.,  laisser.  — 
Impér.  2  laiso. 

Liùs,  pi.  liiisesï,  55o,  n.  m., 
éclair. 

Longousto,  n.  f.,  sauterelle. 

LoNGui,  V.  intr.,  s'impatien- 
ter. —  Sbj.  -impér,  2  lon- 
guigos  II,  333. 

L0NGUIMEN,  n.  m.,  langueur, 
ennui. 

LoNUT,  adj.,   laineux;  pople   L 

I,  92,   bêtes  à  laine. 
LoLCH.\,  V.  tr.,  loger. 
LoucHis  III,  20,  logis. 
LôuDÀ,   V.    tr.,  louer.  —    P.  p. 

lôudat  Bespr.  66. 
LouNGONHO   m,    218,  n.    f.,  la 

lenteur   personnifiée. 
LouR,    adj.  possessif,  leur. 
LôuRÀ,  V.  intr.,  labourer;  fa  l. 

II,  43,    promener.  —    Pr.  3 
lauro  II,    178. 

L0URAIRE,  n.  m.,  laboureur. 
LouRD.Xs,    f.    -asso,    adj.,    très 

laid. 
LoÙRiEiRO,  n.  f. ,   laurier. 
Loùzou     Odo,       i32,     n.      f. , 

louange,  éloge. 
LuÈN,  V.  lèn. 
LuGAR  Pr.  10  et  lugart  Proub. 

98,  astre  brillant,    flambeau 

(au    fig.). 
LuGi,  V.  lus'i. 
LuN,  n.    m.,  lumière,    lampe; 

lou  liin  de  Vunibèrs   II,   425, 

le   soleil. 
Lt'NDÀ  I,  3o5  ;  II,  40  ;  Pr.    2  2  5, 

n.  m.,   seuil. 
Llr,  pr.  personnel,  leur. 
Lusi,  et  Lug'i  Ep.  III,  25;  Diol. 

Il,  177,  V.  intr.,   luire.—  Pr. 

6  lusissoti  I,  287  ;  p.  pr.  -adj., 

liisent  El.  39. 


282 


Mage  (lat.  major)  II,  21;  III, 
94  ;  IV,  i3i,  f.  majo  II,  478  ; 
IV,  177;  Proiib  .  II,  adj. 
comparatif,  plus  grand. 

Mai,  adv.,  davantage,  plus. 

Maiso,  n.  f.,  mâchoire. 

Mal.    f.    malo,  adj.,   mauvais. 

Malboui.encio,  n.  f.,  malveil- 
lance. 

Malomen  [pas)  Diol.  Il,  16,  pas 

trop. 

Manne  :  usité  seulement  dans 
tout  lou  m.  deljour  (ef.  I,  347  ; 
III,  347;  Pr.  275),  tout  le  long 
du  jour. 

Mas,  pi.  mases  Ep.  III,  i3,  n. 
m.,   ferme,  domaine  rural. 

Mascle,  n.  m.,  mâle. 

Masco,  n.  f.,  sorcière,  devine- 
resse. 

Meisou,    n.  f.,  moisson. 

Mkisounà,  V.  intr.,  moisson- 
ner. 

Mendit  {mendie  (=  lat.  mendi- 
cus)  serait  plus  correct)  1, 840, 
pi.  -its  (pron. -!c//)  I,  564,  n. 
m.,  vesce  cultivée. 

Mendre  (/o«)I,  54,  3 17,  super- 
latif relatif,  le  moindre. 

Meneiral  Sonnet,  4;  Sonnet  de 
Goli,  4;  Resp.  II,  12,  n.  m., 
(litf.  :  fouet  pour  faire  tour- 
ner la  toupie),  fouet. 

Meno  Rec.  Ep.  43,  n.  f. ,  es- 
pèce. 

Menrobriô  (trisyllabe)  (1010)  Pr. 
462,  tant  soit  peu. 

Mens,  adv.,  moins  ;ol  m.  d'ès- 
tre  Odo,  22,   à  moins  d'être. 

Mensounà,  V.    tr.,  mentionner. 

Mentene,  y.  tr.,  maintenir. 

Menut,  adj.,  menu,  petit. 

Mèrlhk,  n.  m.,  merle. 

Mes,  conj.,  mais;  mes  que,  loc. 
conj.,  pourvu  que. 


Mesclà,  V.  tr.,  mêler.  —  Sbj.  5 
mescles  III,  290. 

Mesclodis,  n.  m.,  mélange. 

Mescouneisse.  V.  tr.,  ne  pas  re- 
connaître.—  P.  p.  f.  p\.mes- 
counescudos  IV,  62, 

Mesfisenso,  n.  f.,  méfiance. 

Mesprès,!!.  m.,  mépris. 

Mespresà,  V.  tr.,  mépriser. 

Mestrej.à,  v.  intr.,  être  le  maî- 
tre, dominer;  —  v.  tr.,  maî- 
triser, dominer.  —  Subj.  3. 
mestreje  I,  442. 

Mèstro,  n.  f.,  maîtresse  de  mai- 
son. 

Mètre,    v.  tr.,    mettre  ;  v.  réfl. 

I,  555.  —  Pr.  3  met,  6  metou; 
pf.  3  metèt;  sbj.  ipf.  3  metès 

II,  214;  impér.  5  metès;  p.p. 
mes,  f.   meso. 

Meu,  adj.  poss.,  mien. 

MicHO  [de)  Fr.  17,  du  pain. 

MiÈcH,  f.  mièjo,  adj.,  mi,  de- 
mi ;  mièjo  journado,  une  demi- 
journée  Diol.  II,  225;  à 
demi  I,  190,  363,  etc.  ;  en 
m.  de  I,  5iD,  au  milieu  de. 

MiÈcH-DRAC  Pred.  87,  n.  m., 
demi-sorcier. 

MiGOu,  n .  m . ,  crottes  de  brebis. 

MiLHOu,  f.  -ouno  I,  418; 
Coumpl.  24,  comparatif  de 
bon,  meilleur;  adv.,  mieux. 

Minhardo,  n.  f.,  espèced'œillet. 

MioL,  n.  m.,  mulet. 

MioLO,  n.  f.,  mule. 

MiRGOLiiÀ,  v.  tr.,  émailler, 
(avec  une  idée  de  variété). 

M;robilhà  {se),  v.  réfl.,  s'é- 
merveiller. —  P.  p.  miro- 
bilhatHl,  52;  Coumpl.,  titre, 
émerveillé. 

MissoNT,   adj.,  méchant. 

MiTAT,  n.  f.,  moitié. 

MociiAL,  n.  m.,  pinçon. 


283 


MocHAL  IV,  195,  n.  m.,  action 
de  mâcher. 

MoDAiso,  n.  f.,  écheveau. 

MoDUR,  adj.,  mûr. 

MoGRONACHE  lo  moiTono,  Odo, 
63,  peste  soit  de  la  fièvre. 

Moi,  V.  pèr  et  cf.  mos. 

MoiNÀ  {se)  de,  v.  réfl.,  se  mêler 
de.  —  Pr.  3  maino. 

MoiNACHE,  n.  m.,  tout  petit  en- 
fant. 

MoiNAT,  n.  m.,  jeune   enfant. 

MoiRiNO  IV,  3o5,  n.  f.  ,grand'- 
mère. 

MojENco  Z)/o/.  //,  72,  n.  f.,  bran- 
ches principales,  rameaux 
ébranchés. 

MojouRAL,  n.  m.,  maître,  maî- 
tre pâtre  I,  5  i5  ;  Diol.  bi . 

MojouRAL  {nostre)  L.  0  D.  18, 
Mgr  rÉvêque. 

MoLAUT  II,  235,  adj.  prissubst', 
malade. 

MoLicoNo  [poumo)  III,  Sj,  adj., 
pommes  âpres. 

Molle  I,  14,  n.  m.,  moule; 
jeta  ol  m.  Rec.  Ep.  28,  im- 
primer. 

MoLHOL,  n.  m.,  maillole,  bou- 
ture de  vigne. 

MoLÔuTiÈ  Odo,  titre,  n.  f. ,  ma- 
ladie. 

Molto,  n.  f.,  mouture  (ce  qu'il 
faut  de  blé  pour  une  mou- 
ture). 

Monco,  n.  f.,  faute. 

MoNÈL  I,  20,  adj.,  maniable, 
dou.x . 

Mongilho  Pr.  298,  n.  f.,  man- 
geaille. 

MoRcÉ  que    Fr.   24,  parce  que. 

Morcés  o  Rec.  Ep.  7 1  ;  Diol.  II, 
5i,  grâce  à;  Diii  m.  Pr.  35o  ; 
Coumpl.  114;  D/o/.,  48,  Dieu 
merci. 


MoRGÀ,  V.  tr.,  emmancher.  — 
Pr.  3  marge  I,  78. 

MoRGOU  Resp.  II,  76,  n.  m., 
manchette,  bout  de  manche. 

Mormousèl  Rec.  Ep.  80,  n.  m., 
marmouset. 

Morr'i  (se)  Par.  2,  v.  rétl.,  se 
gâter. 

Morrono,  n.  f.,  fièvre  maligne. 
Voy.  mogrouaclie. 

Morsenc  I,  304;  Pr.  224,  pi. 
-eus  I,  84,  adj.  pris  subst.,  blé 
de  mars. 

Mos  Pr.  192,  223;  GoU,  14,  36; 
Resp.  18;  Sounet,  %;  Proub. 
102,  adv.,  certes,  certaine- 
ment. 

MosÈL  (/a)  I,  285,  tuer  le  porc. 

MosTi,  n.  m.,  mâtin,  chien  de 
berger. 

Moterl\ls  I,  147,  n.  m.  pi.,  ma- 
tériaux. 

MoTi,  malin,  de  bon  matin  I, 
88. 

MoTiNADO  [es)Pred.  33,1a  ma- 
tinée est  déjà  commencée  (le 
soleil  est  levé). 

MoTUÈs  Ep.  II,  3o  (mot  fran- 
çais), n.  m.,  matois,  malin 
(par  ironie). 

MôuBÈs,  adj.,  mauvais. 

MoucRATO  Bespr.  27,  m.  et  f. , 
démocrate,   bon  républicain. 

Moufle  I,  i5i,  adj.,  mollet. 

MouisÈLO,  n.  f.,  petite  grappe. 

M0UISELEJAIR0,  n.  f.,  celle  qui 
cueille  les  grappes  laissées 
par  les  vendangeurs. 

MouLHÈ  Proub.  160,  n.  f., 
épouse. 

MouLOu,  n.  m.,  petite  meule, 
tas. 

MouLouNET,  n.  m.,  petit  tas. 

MouLZE,  V.  tr.,  traire.  —  Pr,  3 
mouls  III,  121, 


—  284  — 


MouNGiL  I,  539,  n.  m.,  hari- 
cot rond. 

MouNHo  {fa  lo)  Rec.  Ep.  106, 
faire  la  moue. 

MouNTONHOL,  n.  m.,  monta- 
gnard. 

MouRFOUNDRE,  V.  tr.,  refroidir 
(la  glèbe). 

MouRGÀ,  V.  tr.,  narguer. 

MouRRE,  n.  m.,  museau, visage. 

MouRTiÈ  II,  i55,  n.  m.,  toque 
de  président  de  Parlement. 

MouscoLHou,  n.  m.,  moucheron. 

Mousit(/oi<},  p.  p.  pris  subs',  le 
moisi. 

MoussoLo,  n.  f.,  espèce  de  tou- 
selle. 

MousT,  n.  m.,  moût. 

MousTEj.\,v.intr.,  laisser  échap- 
per du  jus  (en  parlant  du  rai- 
sin). 

MpusTRÀ,  V.  tr.,  montrer. — 
Pr.6  mostrou  Ori  18;  sbj.  ipf. 
3  monstres  Resp.  36. 

Mue  (lat.  mucus)  dans  l'expres- 
sion :  noun  ou  ni  suc  ni  mue 
Pr.  7  (cf.  El.  47). 

MuDÀ,  V.  tr.et  lntr.,muer,  chan- 
ger; —  V.  réfl.,  déménager, 
mourir  IV,  3io. 

MuRGO,  n.  f.,  souris. 

MiscoDÈL,  adj.,  musqué. 

MusÈL,  n.  m.,  museau. 

MusiQUiÈ  IV,  216,  n.  m.,  musi- 
cien. 

.Naisse,  V.  intr.,  naître. —  P.  pr. 

-adj.  noissen  I,  i52,   276,  qui 

vient  de  naître;  p.  p.  noscut . 
Naut,  adj.,  haut  ;  pris  subsi'.  II, 

3.7. 
NALTREs,pr.  pers.,nous  autres, 

quant  à  nous. 
Ne'  (avec  élision  n),  pr.  pers., 

en  ;  —  appuyé  à  un  pron.,  n  : 


li  )?'  (=  li  ne)  I,  19,    48;  II, 
199,  etc.  ;  me  n"  =  me  ne  IV, 
i53;  se  n'  {=  se  ne)  I,  89;  II, 
260,  etc.  ;  nou'  n'  (=  nous  ne) 
II,  200;  bou'   n' {=^  bous  ne) 
I,  19;  IV,  264;  Pr.  23,  etc. 
Ne%  adv.  de  négation,  employé 
seulement     ici     devant     une 
voyelle  '«'). 
Nebol't,  n.  m.,  neveu. 
Negat,  f.  -ado  Ep.  II,  55,  p.  p., 

noyé. 
Nègre,  adj.,  noir. 
Nene,   n.    m.,    poupon  El.  5i, 

arbre  nain  P?-.   180. 
Nenou   {lou  Diii)   Proub.     11 3, 

l'Amour. 
Nèu,  n.  f.,  neige. 
Ni,  conj.,  ni  ;  —  dans  Rec.  Ep., 
V.    118,   ni  tout  [éd.  tant I  de 
bou  li  benguèsso  uno  romos- 
sado,  il  semble  que  ni  ait  le 
sens  de  e,  qu'il  avait  souvent 
en  ancien  provençal  ;  ou  peut- 
être  faut-il  corriger  ;ji  en  e. 
Niboulado,  n.  f.,  nuée. 
Niboulous,  adj.,  nébuleux. 
Nisoliè  I,  400,  n.    m.,   endroit 

où  pondent  les  poules. 
Niù  I,   144,  n.  m.,  nid. 
NoBis  IV,  426,  n.  m.   pi.,    nou- 
veaux mariés. 
Nod"^,  v.  intr.,  nager.  —  Pr.  3 

nado  II,   144. 
NoissEN,  -ens,  v.  naisse. 
NoPLE,  adj.,  noble. 
Nossou    Eor.  45,    n.  m.,    petit 

nez. 
Nostre-Senhe  I,  556,  Notre-Sei- 

gneur,  Dieu. 
Nou'  n",  v.  ne'. 

NouGAL  IV,  520,  n.  m.,   l'inté- 
rieur d'une  noix  (opposé  à  la 
coque). 
Noun("0(/  IV,  4 12),  adv.  de  nég.. 


—  283  — 


non,  ne...  pas;  noun...  que  \, 
3,  65-6;  II,  85,  etc.,  ne... 
que;  —  avec  que  et  le  subj., 

I,  63,  ne. 

NousAT,  p.  p.-adj.,  noué  (en 

parlant  des  genoux). 
NousE,  n.  f. ,  noix. 

Ob',  V.  ombé. 

Obatre  IV,  tr.,   abattre.  —  hn- 

pér.  5  obotès  III,  bj. 
OBBÉ,Sounet,  7;  El.  43;  Resp. 

II,  73,  Bespr.  25,  adv.,  oui 
certes.  Cf.  oppé. 

Obeire  L.  o  D.  8;  II,  427;  III, 
12g,  etc.,  obère  Pr.  247;  3, 
obéi,  143;  Bèrt.  18.  —  Pr.  i 
ai,  2  as,  3  o,  4  obèn,  5  obès, 
6  oii  ;  ipf.  3  obio,  4  obion,  6 
obioii;  pf.  I  ogère  L.  o  D.  17, 
2    ogèros    Pred.    14,    3   og-è/ 

III,  33;  IV,  195,  4  ogèren 
Coiimpl.  49;  Z)/o/.  //,  40,  3 
ogèies  Diol.  II,  39,  etc.,  6 
ogèroit  Goli,  44;  ft.i  durai,  2 
-^s,  3  -0,  4  -t7!,  5  -es;  cd.  i 
àurià,  2  ouriàs,  3  ùuriù,  5 
ôuriàs,  6  ouriàu;  sbj.  3  a_/o  I, 
337,  5  og-e*  O/-^  12  ;  ipf.  3 
ogèsso  IV,  209,  ogès  Resp.  46; 
Proub.  2,  4  ogèssen  Coumpl. 
12;  impér.  2  a/o  I,  296;  Pr . 
216;  p.  pr.  ogen  Goli  45, 
p.  p.  obut,  ougutLib.  28. 

Obeluc,  n.  m.,  ardeur  I  455, 
ardeur  au  travail  I,  340,  dis- 
positions Proub.  81. 

Obenat,  p.  p.  -adj.,  fatigue, 
dégoûté. 

OaKHC  Ep.  II,  57,  n.  m.,  grotte. 

Obèrti,  V.  tr.-,  avertir.  —  Pr.  i 
obèrtisse  Rec.  Ob.  26. 

Obille,  adj.,  habile. 

Obist  Rec.  Ep.  39;  Rec.  Ob., 
n.  m.,  avis. 


Obit  IV,  473,  n.  m.,  provin. 

Obit,  n.   m.,  sarment. 

Obiùrà,  V.  tr.,  abreuver.  —  Ft. 
3  obiitrorà    I,  3o2 . 

Obont,  adv.  et  prép.,  avant; 
o.  fa  I,  369,  avant  de    faire. 

Obormi,  Pr.  82,  V.  tr,,  prépa- 
rer. —  P.  p.  obormit,  préparé, 
prêt. 

Oboucat,  n.  m.,  penché. 

Oboundous,    adj.,  qui  abonde. 

Obourrit,  p.  p.  -adj.,  abâtar- 
di, dégénéré. 

Obouriù,  f.  -ibo  I,  566,  adj., 
précoce. 

Obôuzà,  V.  tr.,  accabler.  —  Pr. 
3  obau^o  Coumpl.  44;  p.  p. 
obàu^at  III,  479. 

Obriol,  n.  m.,  avril. 

Obucle,  adj.,  aveugle. 

Obus,  n.  m.,  abus;  —  interj., 
Odo,  109,  malheur! 

Oclencà  {s'),  V.  réfl.,  secourber, 
s'affaisser. 

OcLENCLAT,  p.  p.  -adj.,  incHné. 

Ocô,  pron.  démonstratif,  ce, 
cela  ;  ocà's,  c'est  ;  ocà  de  I, 
49g;  Diol.  II,  10,  loc.  prép., 
chez. 

OcoBÀ,  v.  tr.,  achever.  —  Pr. 
3  ocabo  ;  pf.  3  ocobèt. 

OcoisÀ,  v.  tr.,  mordre.  —  Pr. 
3  ocaiso  Sounet,  3. 

OcoLÀ  I,  375,  V.  tr.,  presser 
(le  caillé); —  v.  réH.,5'0.  IV, 
86,  se  presser. 

OcoLÀ  (s'),  V.  réfl.,  s'apaiser, 
se  taire. 

OcoMPÀ,  V.  tr.,  amasser. 

OcoMPÀ  {s'),  V.  réû.,  se  ramas- 
ser, se  réunir.  —  Pr.  3  ocom- 
po. 
Ocordi,  n.  m.,  accord. 
OcoTÀ,    V.  tr.,    couvrir,  recou- 
vrir. 


—  286  — 


OCOUCHALHOS  IV,  422,  II.    f.    pi.. 

couches. 

OcouLÀ,  V.  tr.,  prendre  à  la 
gorge. 

OcouLAT,  p.  p.  pris  subsl', 
faneur  ou  moissonneur  de 
louage  Resp.  II,  21,  chef 
d'une  compagnie  de  mois- 
sonneurs ou  de  faucheurs  II, 
363,  402  (voy.  colo). 

OcouMPONHAiRE,  u.  m.,  accom- 
pagnateur. 

OcouRsÀ,  V.    tr.,   poursuivre. 

OcousTu-MADO,  n.  f. ,  coutume. 

OcouT  II,  62,  n.  f.,  queue,  affi- 
loir. 

OcLTouRB.V  is')  Proiib.  80,  V. 
réfl.,  se  cacher. 

Odejà,  adv.,  déjà. 

Odot  IV,  376,  n.  f.,  dot. 

Odoubu.n  Ort,  8,  n.  m.,  ce  qui 
sert  à  préparer  les  aliments. 

Odujaire,   n.  m.,  aide. 

Ofaple  L.  0  D.  22,  adj.,  affa- 
ble. 

Ofi  que,  Ioc.  conj.,  afin  que; 
pèr  ofi  que  l,  99  (sbj.),  m.  s.; 
(indic.)  IV,  328,  parce  que. 

Ofloc.à.  [s'),  V.  réfl.,  s'affaiblir. 

Ofoisà,  V.  tr.,  affaisser.  —  Pr. 
3  ofaiso  Resp.  II,  21. 

Ofonà  {s'),  V.  réfl.,  se  fatiguer. 
—  Pr.  3  o/ano  Pr.  i33. 

Ofroirà  (s"),  V.  réfl.,  fraterniser 
avec  ;  s'o.  de,  For.  47,  s'aparier 
avec.  —  Pr.  3  ofrairo  IV,  182. 

Ofro.nql'it  [aubre)  l,  171,  (ar- 
bre) rendu  franc  (par  le  gref- 
fage). 

Ogasso,  n.  f.,  pie. 

Ogochà,  y.  tr.,  regarder.  —  Pr. 
3  ogaclio  II,  86;  impér.  2 
ogacho  I,  517;  p.  pr.  ogoclien 
Bespr.  33. 

Ogofetat  Odo,    23,  n.  f.,  zèle. 


Ogoni  Ep.  II,  2,  V.  intr.,  mou- 
rir; de  set  mièch  ogoni t  III, 
243,  à  demi  mort  de  soif. 

Ogreto,  n.   f.,  oseille. 

Ogrimouliè  Ort,  33,  n.  m.,  gro- 
seillier épineux,  arbuste  qui 
produit  la  groseille  à  maque- 
reau. 

Ogrodà,  V.  intr.,  plaire. 

Ogroumoulit  Pr.  Emboi,  23, 
p.  p.  -adj.,  engourdi. 

Ogrunèl,  n.   m.,  prunelle. 

Oguièiro  IV,  333,  n.   f.,  évier. 

Oici  I,  62,    364,  etc.,   adv.,  ici. 

OiGONHAL  Goli,  25,  n.  m.,  ro- 
sée. 

OiGossEJAiRE  Diol.  II,  i5,qui 
aime  à  mettre  de  l'eau  dans 
le  vin. 

OiMÀ,  v.  tr.,  aimer;  v.  réci- 
proque IV,  356.  —  Pr.  3 
aima;  ipf.  6  oimahou. 

OiNAT,  adj.,  aîné. 

OiRAL  I,  143  ;  III,  107,  etc.,  n. 
m.,  lieu  [l'o.  morin  I,  446, 
la  mer);  place  Sonnet,  8  ; 
Sounet  de  Goli,  8  ;  territoire 
Odo  44. 

Oisô  I,  207,  45 1,  etc.,  pron., 
dém.,  ceci. 

OisoDou,  n.    m.,  bêche. 

OizENso  IV,  493,  n.  f.,  aisance, 
aise. 

Ojossà  (*'),  V.  réfl.,  se  coucher. 
—  Pr.  3  ojasso  H,  42. 

Ojudà,  v.  tr.,  aider.  —  Pf.  5 
ojudères  Coumpl.  116. 

Ojudo,  n.  f.,  aide. 

Olai,  adv.,  là. 

Olaro,  adv.,  alors. 

Ole,  n.  m.,  haleine. 

OuE.SADO,  n.  f. ,    léger  souffle, 

Oi.i,  n.  m.,  huile  ;o/j  de sirmen 
II,  498,  (huile  de  sarment), 
vin. 


28/   — 


Olondats  (imprimé  à  tort  obon- 
dats)  Pr.  179,  p.  p.  -adj.,  éta- 
lés. 

Olossat,  p.    p.    -adj.,  fatigué. 

Olotejà,  V.  intr.,  agiter  rapide- 
ment les  ailes. 

Olucà,  V.  tr.,  allumer. 

Olôuzeto,  n.  f.,  alouette. 

Oltour  de,  loc.  prép.,  autour 
de. 

Om  (devant  cens.),  prép.,  avec. 

Omai,  adv.,  et  aussi,  et  même  ; 
aussi  L.o  D.  7;  0.  que. .A  Rec. 
Ep.  43,  avec  cela  que...! 

Ombé  (avec  élision  om6',  par  ex- 
ception ob'  Goli,  69),  prép., 
avec. 

O.MELi.iÈ,  n.  m.,  amandier. 

Omello  et  omellou  (opposé  à 
la  coque),  n.  f.,  amande. 

0.\iic,  pi.  its  (pron.  -itcli),  n. 
m.,  ami. 

O.MiEDÀ  Rec.  Ob.  2,  V.  tr.,  ama- 
douer. 

O.MISTOULENSOS  Rec.  Ep.  6, 
marques  d'amitié. 

Omodur.4,  V.  tr.  et  intr.,  mûrir. 

Omogà,  V.  tr.,  cacher.  — Pr.  3 
omago  I,  402;  p.  p.  omogat 
I,  35,  caché  ;  d'omogat  Ben. 
35,  en  cachette. 

O.MOSSAIRE  II,  261,  n.  m., 
amasseur,  collecteur  d'im- 
pôts. 

O.MOUN,  adv.,  là-haut. 
Omourcï  (5'),  v.  rétl.,  s'éteindre. 

Omouriè,  n.  m.,  mûrier. 
Ojiourniè     III,    18,    adj.    pris 

subst',  qui  fait  l'aumône. 
Omouro,  n.  f. ,  mûre. 
Omourrà   (5)  Goli,  41,  v.  réd., 

piquer  du  nez. 
Onà,  v.  intr.,  aller.  —  Cuuci  te 
n'bo  Diol.  II,  2,  comment  vas- 
tu  ?    to  mal   lui-  onoriô  Diol. 


II,  195,  ils  s'en  trouveraient 
fort  mal.  —  Pr.  i  bail  I,  62  ; 
Diol.    II,    201,   2    bas    I,  22, 

3  bo  [ba  IV,  392);  4  onon  II, 
231,  ^2,b  onàs  Rec.Ep.  i^,bai 
Oit,  66,  6  bon  I,  83;  pf.  4 
onèren  Coitmpl.  19;  ft.  o«oraj, 
etc.;  impér.  2  bai  [bai  te  fa 
qiièrre  Diol.  II,  io5,  va  te 
promener);  sbj .  2  ones  I,  24, 

4  oneii  11,48,6  OHOM  1,441; 
ipf.  3  onèsso  IV,  176,  2  bai 
(bai  te  n'  I,  5o6,  va-t-en),  im- 
pér. 4  o>ie}2  I,  75,  282  ;  II,  58, 
etc.,  5  onàs  III,  247;  p.  p. 
onat  ocàn'  o'  nat  Odo,  4,  c'en 
est  fait). 

Onco,  n.  f.,  hanche,  cuisse. 

Oncolat  (éd.  encolat)  I,  379, 
Pr.  3o3,  n.  m.,  fromage  frais. 

Onfi,  adv.,  enfin. 

Onhèl,  n.  m.,  agneau. 

Onièlo,  n.  f.,  nielle. 

Onilou,  n.  m.  agnelet. 

Onimà,  v.  tr.,  animer,  exciter. 
—  P.  p. -adj.  onimat  U,  326, 
violent. 

Onisses  II,  5o,  n.  m.  pi.,  laine 
d'agneau. 

ÛNsoNiiLo  I,  342;  III,  23;  Pr. 
270,  senelle,  fruit  de  l'aubé- 
pine. 

Ontà,  v.  tr.,  enter. 

Onton,  adv.,   l'année  dernière. 

Onuèch  Eoi-.  3,  i3,  adv.,  ce 
soir. 

Opendrissache,  n.  rn.,  appren- 
tissage. 

Oi'ÈRTEGÀ  Diol.  II,  85,  v.  tr., 
utiliser. 

OpetissÀjV.  tr.,  mettre  en  appé- 
tit. 

Opigrit  Pr.  55,  p.  p.  -adj.,  ha- 
bitué à  ne  rien  faire. 

Opitorrà,  v.  tr.,  empiffrer,  ras- 


288  — 


sasier.     —     Pr.     i    opitarre 
Cound.  34. 
Oplechaire,    n.    m.,   celui  qui 

arrange   ou  répare. 
Oplechà,  V.  tr.,  arranger,  pré- 
parer. 

Oplonà  Diol.  II,  2o5,  v.  intr., 
arriver  à  un  endroit  plan,  ces- 
ser de  monter  (voy.  la  note); 
—  oploiiatïll,  33  i,p.  p.,  i  rrivé 
en  plaine,  à  la  place  qui  s'é- 
tend devant  le  cellier. 

Opoizà,  V.  tr.,  apaiser. 

Oporà  (s'),  V.  rétl.,  se  défendre  ; 
s'o.  o,  se  garantir  de.  —  Pr. 
3  oparo. 

Oporestre  (oporetre  IV,  322), 
V.  intr.,  apparaître. 

Oposimà,  V.  tr.,  apaiser. 

Oposset  (<i')  Pr.  416,  loc.  adv., 
à  petits  pas. 

Oposturà,  v.  tr.,  donner  la 
nourriture  à. 

Oposturgà  (s')  Goli  26,  pren- 
dre sa  nourriture,  paître. 

Oppé,  adv.  d'affirmation  :  opp'o- 
laro  s'i  fo  Rec.  Ep.  92. 

Oprene,  v.  tr.,  apprendre.  — 
Ipf.  5  opreniàs  Diol.  4-]. 

Oproufità  (5'),  se  profiter,  être 
mis  à  profit  III,  283. 

Oqui,  adv.,  là. 

Orciiibonc  1,  5oo;  II,  487,  n. 
m.,  coffre  long  servant  de 
siège   à  table. 

Oret,  n.  m.,  bélier. 

Orrè   (en)  II,    488,  en  arrière. 

Orre,  f.  -0,  adj.,  laid,  horrible, 
méchant. 

Ormeto  {soun)  II,  233,  n.  f., 
sa  chère  âme. 

Ordical,  n.  m.,    orge  d'hiver. 

Ordi,  n.   m.,  orge. 

Orquiè  I,  472;  Pr.  344,  n.  m., 
archer. 


Oraire,  n.  m.,  araire,  charrue 
sans  roue  et  sans  avant-train. 

Ordal  Odo,  5g,  n.  m.,  troupe, 
vol  (d'oiseaux). 

Orgiolo  II,   445,   n.  f.,  argile. 

Orme  IV,  272,  n.  m.,  ormeau, 
orme. 

OrnescÀjV.  tr.,  harnacher,  revê- 
tir; —  v.  réH.,  s'habiller,  se 
parer.  —  P.  p.  ornescado 
Pied.  18. 

Orpolhon  III,  223,  n.  m., 
truand,  brigand. 

Orrengà,  v.  tr.,  arranger. 

Orribado,  n.  f.,  arrivée. 

Orrigoulà  (5"),  v.  réfl.,  se  ras- 
sasier, se  régaler.  —  Ft.  6 
orrigouloràit  I,  284. 

Orropà,  v.  tr.,  attraper,  saisir; 
—  V.  réH.,  s'accrocher. 

Orros\,  V.  tr.,  combler.  —  P. 
p.  orrosat,  f.  orrosado  Goli, 
67. 

Orrousà,  v.  tr.,  arroser.  —  Sbj. 
3  orrose  I,   99. 

Orrucà  (s'),  v.  réfl.,  se  serrer 
contre  le  mur.  —  Pf.  3  oiru- 
qiièt  Resp.  II,  59. 

Ort,  n.  m.,  jardin   à  légumes. 

Osco,  n.  f.,  entaille,  cran  fait 
sur  une  baguette  qui  sert  à 
compter;  au  fig.  :  sap  trop 
que  ne  bal  t'osco  III,  170,  il 
sait  trop  ce  qu'en  vaut  l'aune 
(l'importance  que  cela  a). 

Osegà  {s'),  v.  réfl.,  se  ranger, 
s'améliorer. 

OsoGÀ,  V.  tr.,  arroser.  —  Pr. 
osago  Ort,  60. 

OsoRDÀ  de,  V.  intr.,  risquer 
de,  se  hasarder  à. 

OsoRPÀ,   V.  tr.,  griffer. 

OsouBRÀ  {s'),  V.  réfl.,  se  dres- 
ser, sauter  sur.  —  Pf.  osbubrèt 
Fr.  27. 


—   2§9  — 


OssETÀ  (5'},  V.  réri.,  s'asseoir. 
—  P.p.  ossetat,  assis. 

OssoDOULÀ  (s'),  y.  réfl.,  se  ras- 
sasier. 

OssoRGAT,  f.  -ado  Pr.  i3,p. 
p.  -adj.,  desséché. 

OsTODETO,  n.  f.,  brochette. 

OsuG.X,  V.  tr.,    aiguiser. 

Otal  et  OTOLOs,  adv.,  ainsi. 

Otexdre,  V.  ir.,  attendre.  —  Pr. 
3  oten  I,  294;  ipf.  6  otendiùu; 
p.  p.  otendut. 

Otenhe,  V.  tr.,  atteindre  ;  fa  0. 
Bèrt.^o,  faire  tenir,  envoyer. 

Otifets  Pved.  24,  n.  m.  pi., 
affiquets. 

Otiral   I,  471,  n.  m.,  attirail. 

Otissà  [s'),  V.  réfl.,  s'acharner. 

Otobé,  ad\\,  aussi,  c'est  pour- 
quoi. 

Otricà  Pr.  106,  ameublir  'la 
terrej. 

'Ou,  V.  obeire. 

Ov,  pr.  pers.  neutre,    le,    cela. 

"Olberjo,  n.  f.,  pêche. 

'OuBESPic,  n.  m.,  aubépine. 

'OuBiÈiRAT  III,  247,  p.  p.  -adj., 
recouvert  de  gelée   blanche. 

'OuBiÈiRO,  n.  f.,  gelée  blanche. 

'Oubret,  n.  m.,  arbuste. 

'OuBRicoT,n.  m.,  abricot. 

'OuDASSO,  n.   f.,  audace. 

'OÙDÏENSo,n.  f.,  audience,  audi- 
toire II,  146. 

"OuDous,  f. .o«so,  adj.,  odorant. 

Oufr'i,  V.  tr.,  offrir. 

OuGON,  adv.,  cette  année. 

"OujOLo  IV,  377,  n.  f.,  grand"- 
mère. 

OuLo,  n.  f.,  marmite  ;  oiilo  sou- 
pièiro  II,  472,  marmite  pour 
la  soupe. 
OuMALHO  [de  pattre)  Rec.  Ep. 
20,  n.  f.,  de  chétive  espèce, de 
pauvre  sorte. 


OuMENÀs  Bespr.  19,  n.  m.,  gros 
homme. 

'Oumièiros  (Los)  Gol'i,  02  {=z 
lat.  tilmerias),  f.  pi.,  nom  de 
ferme,  près  Millau. 

"OuMuoRNo,  n.  f.,  aumône. 

OuNC,  n.  m.,  ormeau. 

OuNCHÀ,  V.  tr.,  oindre. 

OuNCHE,  adj.,    oint,   graisseux, 

OuNDEjÀ,  V.  intr.,  ondoyer. 

OuN  (  ^=  lat.  unq>2am, \ieux  fran- 
çais onc),  d'abord  joint  à  ?ie 
(plus  rarement  a  pas  L.  0  D. 
1 5  ;  I  204,  ou  ajomai  L.  0  D. 
6  ;  IV,  19),  puis  employé  seul 
sans  perdre  sa  valeur  négati- 
ve [Cl.  Rec.  Oh.  29;  Pi\  3 II). 
Presque  toujours  employé 
après  que  conjonction  (rare- 
ment pronom);  cf.  I,  14,  71; 
III,  i53,  256,  33o;  IV,  176; 
Pr.  63,71,  etc. 

OupLiDÀ,   v.  tr.,  oublier. 

Ourdi,  v.  tr.,  ourdir.  —  P.  p. 
ourdit  (mal)  Proub.  34,  mal 
combiné. 

'OuREj.\  £ji.  //,  14,  V.  tr.,  tirer 
les  oreilles  à. 

OuNT,  adv.,  où. 

OuRDiLHO  VI,  70,  n.  f.,  gue- 
nille. 

OuRGuÈL  Pred.  16,  n.  m.,  or- 
gueil. 

OuRGuiNo  Ep.  III,  2,   n.  f.,  or 
gue. 

"OuRiOL,  n.   m.,  loriot. 

"OuRiPÈL  II,  i52,  tissu  d'or,  ori- 
peau  Rec.  Ob.  33. 

OusÀ,  V.  tr.,  hausser;  secouer 
Resp.  1 3  ;  —  s'ditsà,  v,  réfl.,  se 
hausser,  grandir.  —  Ipf.  3, 
àiisabo  Coumpl.  68;  p.  p.  f. 
busado  I,  290. 

'OusÈL,n.  m.,  oiseau. 
OusELET  n.  m.,  oiselet. 


iq 


—  290  — 


OusTAL,  n.  m.,  maison. 
"OuTis,  pl.-ïsses,  n.  m.,  outil. 
OusTOLADO,  n.  f.,   maisonnée. 
"OuTÔ,  n.  m.,  autan. 
'OuTouNo,  n.  m.,  automne. 
"OuzÀ,  V.  tr.,oser.  —  Pr.  i  au^e 

Oit.  I,  3  au^^ol,  5o,  328;  II, 

391,  etc. 
'Ouzi,  V.  tr.,  entendre.  —  Pr.  i 

ôitpsse    Odo   i3,   3    ôwfis,    4 

àu:[èn     \,     141,     Pred.     Sy  ; 

Diol.  II,  54,  ou^issèn  I,  429  ; 

Pr.  317,   etc.,   5  oii^issès  II, 

391;    ipf.    5    àu^iàs   II,    161; 

impér.  5  àu^^èslV,  3i3  ;  Rec. 

Ep.  57  ;  Odo,  5i,  p.  p.  àiqit. 

Paisse  I,  98,547;    p.   p.    posait 
III,   16;  Resp.    43,    V.    intr., 
paître. 
Pal  I,  1 13,  n.  m.,  pieu. 
Palho,  n.  f.,  paille  ;  coiipen  pa- 

Ihos  IV,  397,  rompons. 
Palle,  adj.,  pâle. 
Pan,  n.   m.,  mesure,  le   quart 

d'un  mètre. 
Pargue,  n.    m.,  parc  à  brebis. 
Parlage  Diol .  II ,1 48 — porlaclie 
(mot  francisé),  n.  m.,  parole, 
langage 
Pas,   n.    m.,  pas;   partie,  mor- 
ceau I,  io3. 
Pauc,  adv.,   peu;  p.  o  p.,  peu  à 

peu. 
Pakre,  adj.,  pauvre. 
PÈ,  n.  m.,  pied. 
Pebre,    n.    m.,   poivre;  fa    p. 

Bèrt.  32,  rager. 
Pecà,  V.  tr.,  manquer;  —  se  p. 
Pred.  3i,  V.  réH.,se  tromper. 
Pecaire!  interj.,    hélas!  (litt'  : 
pauvre /'É'c/jeM^  que  je  suis,  tu 
es,   etc.)   Proub.    28  (cf.    53, 
etc.). 
Pegal,  n.  m.,  cruche. 


Pegocs,  adj.,  poisseux. 
Peireto,  n.    f.,  petite   pierre. 
Peiro-frejo,  n.  f.,  grêle. 
Peisou,  n.  m.,  poisson. 
Peitral,    n.     m.,     poitrinière 

ornée  de  sonnettes. 
Pèl,  n.  f.,  peau. 
Pel  =  pèr  loti. 
Pelât,  p.  p. -adj.,  pelé. 
Pellebà,  V.  tr.,  enlever,  avaler. 

—  Pf.  6 pellebèrou   Goli,  60. 
Pelenc  I,  59,  n.  m.,  lande,  ter- 
rain revêtu  d'herbe  rare  (pelé). 

Pelerino  {es  iino)  que  Rec.  Ep. 

112,    c'est  une  gaillarde  qui. 
Peloufo,  n.  f.,  peau  de  raisin. 
Pelous,  n.  m.,  bogue. 
Pèlses  IV,  i85,    pi.   de  pèl,  n. 

m.,  cheveux. 
Penche,  n.  f. ,  peigne. 
Penchenà,   v.  intr.   (litl^  :   pei- 
gner) ;  fa   p.    los  dens,   faire 

travailler  les  dents. 
Pencheniè  Rec.  Ob.  59,   n.  m., 

critique   (litt':   peigneur). 
Pendent,  pi.  -ens  I,  40^  n.  m., 

pendant,    pendeloque. 
Penjà,  V.  intr.,    pendre. 
Pensa,  v.  tr.,  panser. 
Pèr,  prép.,  par,   pour  ;   —  pel 

=  pèr  lou  ;  pels  ^  pèr  lotis  ; 

—  pèr  oco  IV,  448,  pourtant. 
Pèr  moi  !  IV,  483  ;  Rec.  Ob.  85  ; 

Pr.  14;  Odo,  71  ;   Goli,  107  ; 

Resp.      11,     60;     Diol.     i5; 

Coumpl.  9,  108  ;  Resp.  63,  80  ; 

adv.  d'affirmation,  certes.  Cf. 

mos. 
Perat   III,    63,   n.    m.,    résiné 

(fait  surtout  avec  des  poires). 
PÈRBEsi,  v.  intr.,  pourvoir. 
Pèrbesiù,  n.  f.,  provision. 
Përcur.\,v.  tr.,  procurer,  causer. 
Pèrcuraire,  n.  m.,  procureur. 
Pèrcuro,  n.  m., charge,  travail. 


—  2gi 


Pèrdo  Odo,  76,  n.  f.,  perte. 
Pèrfochièiro,   n.    f.,    entrepre- 
neuse ;  appliqué  à  la  Mort  Odo 
68,  audacieux. 
Péri,   v.  intr.,   périr.  —  Pr.    4 

perissèn  Odo,  4. 
Pero,  n.  f.,  poire. 
Pérou,  n.  m.,  petite  poire. 
Pèrpaus,  n.  m.,  propos. 
Pèrpousa  (se)    Coumpl.  43,    v. 

réfl.,  se   proposer. 
PiiRPÔuzAT,  n.  m.,  préposé,  sur- 
veillant. 
Pèrqui-n-omoun  (pour  pèr  oqiii 
en  omoiin)  II,  i6^;Pred.  by; 
Diol.Il,  54,  adv.,  par  là-haut. 
Pêrsègre  I,  28,  V.  tr.,  poursui- 
vre. —  Pr.  3  persèc  II,  SgS. 
Pes  =  per  lotis. 
Pesé,  n.  m.,  pois. 
Pessomen,   n.  m.,    souci. 
Pèsto  (lo)  lou  molur  !  I,  45 1  ; 
Py,  323  (éd.  jjrésfo),  peste  soit 
du  malheur  (qui  nous  arrive)! 
Pesuc,  adj.,   pesant,  lourd. 
Petà,  v.  intr.,    éclater.   —  Fa 
petà  de  cotisons  IV,   292  (cf. 
El.  3i). 
Petàs,  pi.  pétasses  IV,  486,  n. 

m.,  pièce. 
Petego   Odo,     119;    Resp.   64, 

n.  f.,  embarras. 

Petossà,    v.  tr.,   racommoder. 

Petossal,  n.m.,     grand   coup, 

horion  II,  3oo,  gros  morceau 

IV,   439;    un  p.    de  fillio  Pr. 

297,  une  grosse  fille. 

Petounejà,  v.  intr.   murmurer, 

bougonner. 
PiBouL,  n.  m.,  peuplier. 
Pic,    pi.  pits  (pron.  pitcli),    n. 

m.,  coup. 
PicoDis,  n.  m.,  train  de  vie. 
PicHOT,  adj.,  petit. 
PiCHou,  adj.   pris   subst',  petit, 


PiKi,  adv.,  puis,  ensuite;  —  pièi 
que  III,  219;  Pred.  93;  Diol. 
Il,  76,  puisque. 

PiETODOus,  adj.,  compatissant. 

PiFACH,  n.  m.,  panse,  estomac. 

PiGASso,  n.  f.,  hache. 

PiGOLHOu  Diol.  Il,  177,  n.  m., 
pièce  de  monnaie. 

PiGosso  Bespr.  20,  n.  f.,  co- 
gnée. 

PiGRE,  adj.,  paresseux. 

PiMPÀ  [se],  y.  réH.,  se  dresser 
fièrement. 

PiNCAT,  p.  p.  -adj.,  guilloché  : 
del  goiist.  p.  Rec.  Ob.  79, 
raffiné. 

PiNCÈL,  n.  m.,  pinceau. 

PiNDOULÀ,  V.  intr.,  pendre. 

PiNUASTRE,  adj.,  opiniâtre, 
entêté. 

PiNSART,  n.  m.,  pinson. 

PiNTÀPr.  3i2,  V.   tr.,  boire. 

PiNTAiRE,  n.  m.,  buveur. 

PiNTRÀ,  V.  tr.,  peindre.  —  Ft. 
I .  pintrorai  I,  8. 

PiN'TRE,  n.  m.,  peintre. 

PiNTURO,  n.f. ,  peinture. 

PioL,  n.   m.,  cheveu. 

PioLÀ,  V.  tr.,  peler.  —  Pr.  3 
pialo  Sonnet  de  GoU,  5. 

PipiDo,  n.  f.,  pépie. 

Pis,  pire;  lous  mete  0  faire  pis 
(locution  française)  iîec.  Ep. 
60,  je  leur  permets  de  faire 
contre  moi  tout  ce  qu'ils  peu- 
vent faire. 

PissoLLiÈcH,    n.    m.,    pissen- 
lit. 
Pitre  Bespr.  62,  n.  m.,   fifre. 
PiÙLÀ,  v.  intr.,  piauler,  pépier. 
Pla,    adv.,  bien,    beaucoup. 
Plaire,  v.  intr.  ;  se  p.,  v.  réfl.  — 

Pr.    3plai,6  plasou. 
Ple  (mais    devant  le  nom,  s'il 
commence  par  uneconsonne, 


—  292  — 


plen  III,  35o;    Pr.  i5,  etc.); 
adj.,  plein. 

Plec  (o),  à  souhait  (litt.  :  à  beau 
pli)  I,  60,  comme  il  faut,  à 
fond  II,  176;  Pr.  60,  etc., 
beaucoup  III,  i56:  Rec.  Ob. 
35,  etc.  ;  o  plec  de  gorgomèl 
Bert.  33,  à  plein  gosier. 

Plegà,  V.  tr.,  plier. 

Plejeto,   n.  f.,  petite  pluie. 

Plèjo  et  pluèjo  Pr.  436,  n.  f. , 
pluie. 

Plo  Pr.  394,  n,    m.,    plateau. 

Ploijà,  V.  intr. ,  plaider.  —  Pr. 
.3  plaijo. 

Ploijaire,  n.  m.,  plaideur. 

Plonche  {sousj  1,  564,  (litt'  : 
sans  plainte),   en  abondance. 

Ploncho,  n.  f.,  plainte. 

Plonhe  (5e)  II,  49,  V.  réfl.,  se 
plaindre.  —  Pr.  i  plonhe  IV, 
240, 3  plou  Sonnet,  5  -es  Resp. 
II.,  43;  cd.  3  plonhirià  II,  2o3. 

Plonsart,  Pr.  91,  n.  m.,  blanc- 
bec. 

Plonsou  Ort,  14,   n.  m.,  plant. 

Plosé,  n.  m.,  plaisir. 

Plour.à.  (se),   V.  réfl.,  pleurer. 

Plôure,  V.  impers.,  pleuvoir. 
—  Pr.  3  plan. 

PoDENO,  n.  f. ,  poêle  à  frire. 

PoGÀ,  V.  tr.,  payer.  —  Pr.  3 
pago  ;  sbj.  3  pague. 

PoGÉs,  n.  m.,  paysan  proprié- 
taire, celui  qui  fait  valoir 
une  ferme. 

PoGESiÈ,  n.  f. ,    ferme,   e.xploi- 

tation  rurale. 
PoiRAL  {longache)  Rec.  Ob.  77, 
adj.,  langue  de  ses  pères,  de 
ses  ancêtres. 
PoiROL,  n.  m.,  grand  chaudron. 
PoiROLO,  n.  f.,  chaudron. 
PoisiÈiRo,    n.   f.,     chaussée   de 

moulin. 


PoLHOu  II,  483  ;  IV,  432,  n.  m., 
grande    bouteille   garnie    de 
paille  tressée. 
PoLiÈ,  n.  m.,  pailler. 
PoLLEJÀ,  V.  intr.,  pâlir. 
PoLsou,  n.  m.,  pieu. 
PoMPOLUETO  II,  461,  n.  f.,  pail- 
lette, balle  du  grain. 
PoNÀ,    V.    tr.,   voler,    dérober. 
PoNSEJÀ  IV,  5o6,  V.  intr.,  faire 

bosse,  se  bomber. 
PopoGAi,  n.  m.,  perroquet. 
PoRÀ,v.  tr.,  préserver  I,  90, écar- 
ter IV,  162. 
PoREDOf  IV,  5o5,  ,n.  m.,  petit 

mur. 
POREL    III,  368;  IV,   171;    Ort 

[titre],  n.  m.,  paire. 
PoRÈL,  II,  io5;  IV,  26,  adj.  pa- 
reil. 
PoRESTRE,  V.  intr.   et  impers., 
paraître.  —  Pr.  3  pores  I,  88. 
PoRET,  n.  f.,  paroi,  mur. 
PoRGAN  £■/.  10,  n.  m.,  parche- 
min. 
PoRLÀ,  V.  intr.,  parler.  —  Pr.  2 

parlas  Diol.  71. 
PoRLLFEJÀ  Ort,  53,  V.  intr.,  co- 
queter.    —    Pr.   6  porliifejoii 
IV,  274. 
PoRPÈi-O,  n.  f.,  paupière. 
PoRRE,  n.  m.,  porreau. 
PoRROQuio,  n.  f.,  paroisse. 
PoRTi,  V.  intr.,  partir.  —  Pr.  3 

parti.  366;  IV,  i83. 
PoscoLADO,n.  f. ,  éclat  de  rire. 
PossÀ,  V.  intr.,  passer.  —  Pr.  3 

passa  IV,  289. 
P0S.SAD0  (oquesto),  ces  derniers 

temps. 
PossEjÀ,  V.  intr.,  se  promener. 
PossERAT,    n.    m.,     passereau, 

moineau. 
PosT   [de]  o  fi    Bespr.    12,  du 
commencement  à  la  fin. 


—  293  — 


PosTRÀs  Rec.  Ep.  45,  nom  pris 
comme  adjectif  et  péjoratif, 
qui  convient  à  un  pâtre  gros- 
sier. 

PosTRENc  Ep.  II,  49,  adj.,  de 
pâtre. 

PosTROTo,  n.  f.,  pastourelle. 

PosTROu,  n.  m.,  pastoureau. 

PosTLRAL,  n.  m.,  pâturage. 

PosTURENC  [groniè)  III,  292, 
adj.,  grand  grenier  pour  le 
fourrage. 

PosTURO,  n.  f.,  pâture,  nourri- 
ture. 

P0TE.TÀ,  V.  tr.,  tripoter,  manier. 

PoTONTÈLO  [courre  lojPr.  414, 
courir  la  prétentaine,  errer. 

PoTOTRAC  {fà)  IV,  296,  plonger. 

Pots  III,  i25,  n.  m.  pi.,  babi- 
nes, lèvres. 

Pou,  n.  t.,  peur. 

PoucEssiù,   n.  f.,  procession. 

PouDÉ  I,  106;  III,  161;  IV,  16, 
etc.,  V.  tr.,    pouvoir.  —  Pr.  i 
pode,  2  pos,    podes   III,    84, 
3  pot,   4  poudèn,  5   poudès  ; 
ipf.  3  potidio,  4-1071,  5  -iàs  ;  pf. 
2    poiigitèros     Ben.     i-j  ;  ft. 
pourrai,    etc.,    4  poiirren   II, 
362);  cd.   pourrie,  etc.  ;  sbj. 
SposcoU,  6,  4  pousquenGolï, 
II,  3,  5-és  Ort,  8;  ipf.  3  pous- 
quès    I,  478  ;  p.    p.     pouscut 
Bespr.  46. 
PouDET  I,  ibg,  n.  m.,  serpette. 
PouDODOu  [coutel]  IV,  468,  cou- 
teau à  tailler  la    vigne,    ser- 
pette. 
PouL  et  PouLou,  n.  m.,  poulet. 
PouLiDET   Ben.  46,  adj.,  joliet. 
PouLSEs  Resp.    44,  n.    m.   pi., 
bouillie. 

PouLSiNiÈiRO  (/o)  II,  365,  n.  f., 
la  Poussiniére,  constellation 
des  Pléiades. 


PouLTRi  I,  200,  V.  tr.,  écraser. 
PôuMouLO,  n.  f. ,  paumelle. 
PouMPOUs  Ort,  20,   adj.,    bril- 
lant, en  bon  état. 

PouN,  n.  m.,  point  ;  particule 
augmentative  :  lèbo  p.  déjà 
so  dallio  Odo,  66,  n'ose-t-elle 
pas  lever  sa  faux  !  Cf.  Ep.  II, 
60  ;  Bespr.  58. 

PouNCHEJÀ    Pred.    II,  v.    intr., 

pointer,  sortir  de  terre. 
PouNCHOUNÀ,  v.  tr.,  piquer    de 
l'aiguillon. 

PouNHAT,  n.  m.,  poignée. 

PôuRET  II,  79,  diminutif  de 
paure. 

PouNCHO,  n.  f.,  pointe. 

PôuRou,  diminutif   de    paure. 

PôuRuc,  adj.,  peureux. 

PouTiNGO,  n.  f.,  drogue,  re- 
mède fabriqué  par  les  phar- 
maciens. 

PôuTou  Golï,  76,  n.  m.,  poche, 
bourse. 

PouTOUNTOuNEjÀ,  v.  tr.,  dorlo- 
ter,  faire  sauter  sur  ses 
genoux. 

PôuzoDis,  adj.,  qui  se  repose, 
inoccupé. 

PôuzÀ,  V.  tr.,  poser  ;  v.  réfl., 
se  reposer.  —  Sbj.  4  pbu^en 
I,  492. 

Prado,  n.  f.,  prairie. 

Precôuciounat,  f.  -ado  I,  49, 
prudent. 

Preg.\,  v.  tr.,  prier.  —  Pr.  i 
prègiie  1,19;  Pr.  23. 

Pregario,  n.  f.,  prière. 

Prene,v.  tr.,  prendre;  v.  ré- 
cipr.,  s'épouser  IV,  368;  se 
n'  p.  0  IV,  385,  s'en  prendre 
à  ;  —  Ipf.  6  preniàu  Dicl.  II, 
123;  pf.  3  prenguèt  I,  177; 
sbj.  3  prengo  II,  364  ;  IV, 
391,  etc.    [Diii   me  prengo  ! 


—  294 


juron),  4  f  ^"g'"^"   1^,271; 

ipf.    I    prenguèsse  IV,    387  ; 

impér.  2  pren. 
Prepaus,  n.  m.,   propos  ;  0  p. 

Pr.  3o5,  comme  il  faut. 
Près,  pi.  prèses  Bespr.  {titre), 

prix. 
Preso  IV,  3o2,  n.  f.,  prise,  vol. 
Presou,  n.  m.,  présure. 
Preste,  adj.,  prêt. 
Primo,  n.  f. ,  printemps. 
Prin,   adj.,    mince  ;  adv.,  fine- 
ment. 
Priù,  n.  m.,  prieur. 
Prou,  n.  m.,   profit  [en  p.  bous 

fasso  I,  322,  bonne  chance!)  ; 

—  adv.,  assez. 
Prunèl,    n.    m.,   petite  prune. 
Pruoso  IV,  294,  n..  f.,  conte. 
Pruse   [se),    V.  réfl.,  avoir  des 

démangeaisons.     —    Ipf.     3 

prusid  Fr.  24. 
Prusent,    adj.,   qui   démange. 
PuÈCH  1,  26  ;   Coumpl.  147,  pi. 

puèchs  IV,    8r,  n.    m.,  émi- 

nence. 
PuDRE   et  jp»rfi,  V.  intr.,   puer, 

répugner.  — Pr.  3  putResp. 

Il,  4;  p.  pr. ptident,  f.-oResp. 

II,  57. 
PuossE,  n.  f.,  planche, 
PuRGÀ,  V.  tr.,  purger,   nettoyer 

I,  i58. 
Pus  (et  f  M  dev.cons.;, adv.,  plus. 
PusAUT,  n.  m.,  galetas  (le  plus 

haut    étage   de    la    maison), 

demeure    élevée    des    dieux 

(parodie)  I,  27;  IV,  422. 
Pus  LÈu  txpulèu,  compar.  adv., 

plus  tôt,  plutôt. 

Que,  conj.,  pourquoi  ;  qu'ouii 
fago  otal  nostre  mèstre  Odo, 
108,  pourquoi  notre  maître 
ne  fcrait-il  pas  ainsi. 


Quel  (=  que  loti)  O  Peirot   1 1 . 
QuÈRBO,    n.    f.,    anse  ;  om  lo 

pèl  e  los  quèrbos  Ep.  //,   16, 

avec  la  peau  et  les  os. 
QuESTiù,  n.  f.,  question. 
QuicHÀ,  V.  tr., presser. 
QuicoN,  pron.  indéf.,  quelque, 

chose. 
QuiLHÀ,  V.  tr.,  dresser  ;  5e  q., 

V.  réfl.,  se  dresser,  se  percher. 

—  P.  p.  quilhat  I,  12. 
QuiNHou,      n.     m.,     quartier, 

morceau. 

QuioppÉ,  adv.,  assurément  Py. 
321,  vraiement!  (ironique- 
ment) Diol.  II,  60. 

QuiSTOu  IV,  160,  quêteur,  qui 
est  en  quête  (de  nourriture). 

QuiTÀ,  V.  tr.,  laisser;  v.  intr., 
q.  de  II,  3 12,  cesser. 

Quiù,  n.  m.,  cul. 

Rafe,  n.  m.,  radis. 

Rajo,  rayons  ardents  du  soleil  ; 
clarté  du  soleil  ;  soleil  Goli, 
24;  Diol.  II,  2o5  ;  Bespr.  90. 

Ralho  [fa  lo)  11,177,  plaisanter. 

R\so  I,  66,  n.  f.,  haie  (?). 

Raubo,    n.  f. ,  robe,  toison    II 

125. 

Rebecinat  {loti)  Resp.  77  (sur- 
nom) le  Retroussé,  le  Tortu. 

Rebelhat,  p.  p.  -adj.,  éveillé  ; 
r.  de  gorjo  III,  3i  i. 

Rebenm,  v.  intr.,  revenir.  —  Pr. 
3  reben  II,  39;  IV,  268; 
Sbj.  3  rebengue  I,  396. 

Rebi^rs  (o/)I,  423,  au  contraire. 

Rebêrtà,  v.  tr.,  ressemblera. 

—  Pr.  3  reberto  Odo  10,  etc. 
Rebirà,  v.    tr.,  retourner. 
RT;BiRADo,n.  f.,  retour  du  froid. 

Pr.  5o,  oquesto  r.  Bespr.  40, 
par  ce  temps,  au  temps  où 
nous  sommes. 


2q5  — 


Rebiral,  n.  m.,  changement 
de  temps,  retour  du  froid  I, 
54;  IV,  123  ;  bouleversement 
Diol.  77,67. 

RebiscoulÀjV.  tr.,  faire  revivre. 

Reboulo,  n.  f.,  grateron. 

Recèrcà,  n.  f.,  recherche. 

Recossà,  V.  tr.,  saisir  ou  re- 
cueillir au  passage  quelque 
chose  (ici,  quelqu'un)  qui 
tombe. 

Recoumbolit  {Odo  titre),  p.  p., 
rétabli,  guéri. 

Recourd.\  [se),  V.  réfl.,  se  sou- 
venir. —  Pr.  3  recorde  IV, 
309. 

Recuècho  L  390,  n.  f.,  recuite, 
produit  d'une  seconde  cuis- 
son du  lait  déjà  écrémé. 

Recul,  n.  m.,  recueil. 

Recurà,  V.  tr.,  émonder,  p.  p.- 
adj.,  récurât  Fr.    39,  gentil. 

Refourfoulhà,v.  intr.,  refouil- 
ler, 

Refourfà,  V.  intr.,  regorger. 

Refrounhat,  f.  -ado,  p.  p.  -adj., 
renfrogné. 

Regonhà  [los  dens)  III,  48, 
montrer  les  dents,  bailler,  en- 
tr'ouvrir  son  écorce  (en  par- 
lant de  l'amande)  ;  —  v.  réfl. 
Resp.  21,  faire  la  grimace. 

Regossà,  V.  tr.,  écarquiller;  se 
r.,  V.  réfl.,  regarder  en  écar- 
quillant  les  yeux. 

Reguèrgue  Recul,  Ep.  4,  etc., 
adj.,revôche. 

Reguinnà,  V.  intr.,  regimber, 
ruer. 

Reire,  particule  indiquant  la 
répétition,  sap  e  reire  sap 
Diol.  II,  83,  il  sait  et  re- 
sait. 

Rejounch  III,  467;  El.  20  (f.  pi. 
rejounchos  Bèrt.  4  3)et  rejoun- 


gutW,   284;  p.  p.  -adj.    (de 
ré'jotnî/ie), ramassé,  pelotonné. 

Rejounhe  II,  73,  V.  tr.,  rentrer; 
faire  rentrer  (les  impôts)  , 
absorber  (  des  aliments  ) 
Cound.  24. 

Relegi,  V.  tr.,  relire.  —  Pr,  i 
relegisse    Resp.  II,  34. 

Relho,  n.  f.,soc.,  charrue. 

Remenà,  V.  tr.,  remuer. 

Remetre,  V.  tr.,  remettre,  ren- 
voyer. —  Impér.  4  remeten 
IV,  408. 

Renaisse,  v.  intr.,    renaître. 

Renc,  pi.  rensW,  492,  n.  m., 
rang. 

Renèc,  n.  m.,  juron. 

Renegà,  v.  intr.,  dire  des  ju- 
rons; —  V.  tr.  Ep.  III,  16. 
jurer  une  chose. 

Repasso  [bolhà  la)  o  IV,  528, 
donner   une    frottée,  battre, 

Repaus,  n.  m.,  repos. 

Repetit,  n.  m.,  roitelet  ou  tro- 
glodyte. 

Repoutegà,  v.  intr.,  protester, 
maugréer. 

Reprene  El.  36,  v.  tr.,  repren- 
dre. 

Requiùlà,  v.    intr.,  reculer. 

Res,  pr.  indéfini,  rien. 

Rescondre,  v.  tr.,  cacher.  — 
P.  p.  rescoundut,  II,  11  ;  IV, 
279. 

Rescôufà,  v.  tr.,  réchauffer.  — 
P.  p.  f.  rescàufado  II,  5. 

Rescoundalho,  n.    f.,  cachette, 

Rese  Rec.  Ep.  38,  n.  m.,  tique. 

Resounzà,  v,  tr.,  rogner  (les 
bords  frangés  d'un  jupon). 

Respendre,  V,  tr.,  répandre.— 
P.  p.  respendut,  f.  -udo. 

Ressà,  v.  tr.,  scier. 

Ressaire  II,  3o  (litt  t  :  scieur  de 
long),  n.  m.,  moucheron  dont 


—  296  — 


les    mouvements    alternatifs 
ont     quelque     ressemblance 
avec  ceux   des  scieurs. 
Ressaupre,  V.  tr.,  recevoir.   — 
P.  p.ressôupttt,  ressougut.  Pr. 

?22. 

Ressentimf.n  Coitmpl.  3o,  n. 
m.,  reconnaissance. 

RessôusilhatE'/.  I  2,  p.  p. -adj., 
gaillard. 

Restrenhe  [se)  II,  20g,  v.  réfl., 
se  restreindre. 

Retal^  n.  m.,  relief,  supplé- 
ment I,  5o,  morceau  III,  40; 
Pr.  4,  etc. 

Rette,  adj.,  raide,  dur,  fort;  — 
adv.  I,  459;  III,  410,  etc. 

Rettomen,  adv.,  durement,  for- 
tement. 

RiBAN,  n.  m.,  ruban. 

RiGOT,  n.  m.,  chevelure  ;  plegà 
soiin  r.  en  tourtèl  II,  479,  rou- 
ler ses  cheveux  autour  d'un 
peigne. 

RiMALHo  5e«.  9,n.  f.,  pièce  de 
vers. 

RiQUET  Pr.  338,  n.  m.,  grillon. 

Rire,  v.  intr.  —  P.  pr.  riguen 
Fr.   i5;  rist  Rec.Ob.  24. 

RiTO,  n.  f.,  cane. 

RiTOu,  n.  m.,  recteur  de  pa- 
roisse, curé. 

Riù,  n.  m.,  ruisseau. 

RoBiNo  II,  322  ;  IV,  64,  n.  f., 
ravine,  eau  torrentueuse. 

RoBOLÀ,v.  tr.,  traîner. 

RoBossou  For.  45,  n.  m.  {litt.  : 
petit  blaireau;  xin  r.  de 
drollo,  un  avorton  de  fille. 

RoBOSTiNAT,  f.  -ado  El.  i3,  rôti, 
brûlé  par  le  froid. 

RoBosTiNÀ,  V.  tr.,  rôtir  (en  par- 
lant de  la  gelée. 

Roc,  pi.  rots  (pron.  rotdi]  I, 
358,  n.  m. 


RociNo,  n.  f.,  carotte, 

RoDAL  Diol.  Il,  73,  n.  m  .,  feu 
de  joie. 

RoFiT,  f.  pi.  -idos  El.  10,  p. 
p.  -adj.,  ridé. 

RoFOTALHO,  n.  f.,  rebut. 

RoFOTUN  I,  540.  —  Pr.  420,  n. 
m.,  rebut;  l'espèce  la  plus 
vile. 

RoGousTOus,    adj.,    ragoûtant. 

Roio  [fa  là)  Lib.  24,  faire  la 
fête. 

RoiAT,  p.  p.,  rayé  :  r.  0  lo  nociii 
Bespr.  87,  rayé  aux  trois  cou- 
leurs nationales. 

RojÀ,  V.  intr.,  couler.  —  Pr.  3 
rajo. 

RojALS  II,  167,  n.  m.  pi., 
rayons  ardents  du  soleil. 

RojoL  I,  253,  filet  d'eau,  petit 
ruisseau. 

RoMBAL,  n.  m.,  embarras. 

RoMBoi,  n.  m.,  renvoi. 

Ro.MBouL,  n.  m.,  embrouille- 
ment (d'un  fil). 

RoMiLHO  Diol.  25,  n.  f.,  for- 
tune, argent. 

RoMossADO /?ec.  Ep.  119,  n.  f., 
averse  (au  fig-)- 

RoMPONHo  I,  i53,  n.  f.,  malaise 
maladie. 

Rondo  Pr.  i65,  n.  f.,  haie 
vive. 

RoNDouLEjÀ,  v.  intr..  rôder. 

Rondre,  v.  tr., rendre. —  Impér. 
2  ron  H,  20. 

RoNsuN,  n.  m.,  lard  rance. 

RoPELAiRE,  n.  m.,  appeau. 

RoscLODURo,  n.  f. ,  raclure. 

RossADo,  n.  f.,  race,  lignée. 

RossENO  Fr.    9,  voy.  la  note. 

RosTÈL,  n.m.,  râteau. 

RosTEi,.\,v.  intr.,  râteler. 

RosTOUL,  n.  m.,  chaume,  pail- 
le courte  II,  2  3G;  Bespr.    i5, 


—  297  — 


champ  où  se  trouve  encore 
le  chaume  I,  84. 

RouBE  Pr.  202,  n.    m.,   chêne. 

RouDÀ,  V.  intr.,  tourner  IV,  3o, 

RôuFELEJÀ  El.  16,  rendre  des 
sons  rauques,  chanter  d'une 
voix  rauque. 

RàuFELOuso(?oz/5),  ad).,  rauque 
(toux). 

RôuMAS,  n.  m.,  rhume. 

RouNCÀ,  V.  irtr.,  ronfler. 

RouNDiNÀ,  V.  intr.,  grogner. 

RouNHO,  n.  t.,  maladie. 

RouN  Rec.  Ob.  5g,  adj.,  brus- 
que, sévère. 

RoupiLHo,  n.  f.,  veste  ou  man- 
teau usé. 

RousiGÀ,  V.  tr.,  ronger. 

RousiGÀ,  V.  tr.,  ronger.  —  Pr. 
3  rousigo  O  Peirot,  9. 

RoussÀ  (se),v.  réfl.,se  harasser. 

Roussi,  n.   m.,  cheval. 

Ruse  Rec.Ob.  39,(litii  :écorce), 
habit. 

Russi,  v.  intr.,  réussir. — Pr.  3 
russ'is  Ort,  2. 

Sabo,  n.  f.,  sève, 

Saco,  V.  socà. 

Saique  (de  sai,  !«'«  pers.  ar- 
chaïque du  présent  àe  saiipre 
et  que),  adv.,  sans  doute. 

Salze,  n.  m.,  saule. 

Santé!  Diol.  Il,  216  (mot  fran- 
çais), à  votre  santé  ! 

Saple  IV,  64,  n.  m.,  sable. 

Saquerai,  v.  socà. 

Sardo  Coiimpl.  3G,  n.f.,  sar- 
dine. 

Sartre  i?ec.  06.  44,  n.  m.,  tail- 
leur. 

Saumo,  n.  f.,  ànesse. 

Saupre,  v.  tr.,  savoir;  saupre- 
fa  Coiimpl.  titre  et  14,  sa- 
voir-faire  beaucoup.   Pr.    i. 


sabe,  3  sap,  sai  Odo  8,   5  so- 

bès  ;  ipf.  5  sobiàs;  ft.  3  sourd; 

cd.  3  sùurià,  6  sùiiriou  ;  Sbj. 

5  saches. 
Se,   n.  m.,  sein. 
Sebo,  n.  f.,  oignon. 
Seca,  v.  tr.,  sécher. 
Secal,  n.  m.,  branche  sèche. 
Sedàs  I\',   3oo,  n.  m.,    tamis. 
Segà,  v.  tr.,  moissonner.  — Pr. 

3  sègo  II,  178. 
SÈGos  II,  181  ;Diol.  II,  20,  n.  f. 

pi.,  moisson. 
SÈGRE,  v.    tr.,   suivre.  —  Ipf.  6 

segûissiàu  Goli,  42  ;  p.  p.  se- 

guit  1,494,  f.  -Jdo  Coumpl.D. 
Segaire,  n.  m.,  moissonneur. 
Segur,  adj.,   s,ùv  ;  pel   s.,  pour 

sûr. 
Segolà,  région  du  seigle  dans 

l'Aveyron. 
Segi'iol,  n.  f.,  seigle. 
SkiPred.g3;   Cound.    46,   46, 

etc.,  et  soi  Ep.  III,  48,   adv., 

ici. 
Sejourn.à,    v.     tr.,   donner    du 

reposa,  faire  reposer. 
Sèlo  Pred.  65,  n.  f.,  escabeau. 
Selho,  n.  f.,  seau;  cap  de  s.  I, 

209,  grosse  tête,  tête  affreuse. 
Semal,  n.f.,  tine  à  deux  anses, 

qui  servent  à  la  porter  à  l'aide 

de  deux  bâtons. 
Semenà,  V.  tr.,  semer. 
Semenilhos  I,  86,  n.  f.  pi.,    se- 
mailles. 
Semenodou,  adj.,    qui   contient 

la  semence. 
Semmono,  n.  f.,  semaine. 
Semolado,    n.    t.,    le     contenu 

d'une  semai. 
Semolou,  diminutif  de  semal. 
Sen'is    (éd.  senil)Rec.    Ep.  93, 

n.  m.,  martinet. 
Sen't'i,  v.  tr.,  sentir,  comprcn- 


—  298 


dre.  —  Pr.  3  sent  II,  87;  III, 
277,287,  etc.,  sentis  lY,  379, 
sentes  Rec.Ep.  i33,  6  sentoti 

IV,  223. 

Ser  II,  67,  181,  405,  etc.,  n. 
m.,  soir. 

Sèrbî,  V.  intr.,  servir.  —  Sbj. 
3  sèrbigoDiol.  II,  i3i. 

SÈRBiDou  et  Sèrbitur  Resp.  II, 
n.  m.,   serviteur. 

Serpentejà,  V.  intr.,  serpenter. 

SERRE,  n.  m.,  tertre,  éminence, 

Sesteirado,  n.  f. ,  sétérée  (l'es- 
pace nécessaire  pour  semer 
un  setier  de  blé). 

Sesteiral  Resp.  II,  11,  n.  m., 
pierre  creusée  pour  mesurer 
les  grains. 

Set,  n.  f. ,  soif. 

SiKSCO,  sidsqiie,\ .  èstre. 

SiAU,  adj.,  tranquillement;  ca- 
len  s.  Odo,  41,  tenons-nous 
tranquilles  ;  colas  siaii  Diol.68. 

SiETADo,  n.   f.,  pleine    assiette. 

SiÈTo,  n.  f.,  assiette. 

SiÈis  {fa  lin)  El.  6,  déménager, 
disparaître. 

S1RBENT0,  n.  f.,  servante. 

SiRMEN,  n.  m.,  sarment. 

SiscLAL  I,  67,  n.  m.,  cri  aigu, 
chant  du  coq. 

Sobent,  pi.  -ens  I,  i3,  adj.,  sa- 
vant. 

SoBOTOu,  n.  m.,  soulier  mince. 

SoBOL'RAL  Fr.  36,  n.  m.,  mor- 
ceau de  lard  ou  de  jambon 
qu'on  met  à  la  soupe  pour 
lui  donner  du  goût. 

SoBRos  Diol.  II.  85,  n.  f,  pi., 
restes. 

SocÀ,  V.  tr.,  donner,  appliquer 
(un  coup),  jeter  Rec.  Ob.  87. 
—  Pr.  3  saco;  cd.  3  saquerai, 
(mot  francisé);  sbj.  i  et  3  sa- 
que. 


SocAT  I,  3i6;  Pr.  2o3,  n.  m., 
plein  sac. 

SocsoBELADO  Resp.  12,  n.  f., 
longue  suite. 

SoDouL,  adj.,  rassasié;  pris 
subst'  :  lour  s.  II,  5oo,  tout 
leur  soûl  :  tout  bostre  s.  Resp. 
22,  tout  votre  soûl  ;  soun  boun 
s.  Diol.  II,  41 . 

SoLAGHE  I,  285,  n.  m.,  salaison. 

SoLi  I,  53,  566,  etc.,  v.  intr.. 
sortir;  v.  tr.,  faire  sortir, 
pousser  (des  bourgeons).  — 
Pr.  I  solisse  Bèrt.  2g,  3  solis 
Bespr.  i9;ipf.  3  solissid  Fr. 
3j;  pf.  3  soliguèt  III,  39;  p. 
p.  pi;  solits  I,  72,  f.  -ido  I, 
178;  II,  453,  etc. 

SoLLi,  V.  tr.,  salir. 

SoLs.\,v.  intr.,  saucer,  se  saucer. 

SoMPO  I,  102,  n.  f.,  creux  où 
l'eau  stationne. 

SoNÀ,  V.  tr.,  châtier.  —  Sbj.  3 
sone  IV,  319. 

SoNcî,  V.  tr.,  fouler  aux  pieds. 

SoPENDENT,  adv.,  Cependant. 

SopL.X,  V.  tr.,  sabler.  —  Pr.  3  sa- 
plo  II,  324. 

SoQUEL.\  I,  363,  adv.,  d'ailleurs. 

SoRGuiNO  Pred.  i,  n.  f.,  sarrau 
pour  traire  les  brebis. 

SoRR.X,  v.  tr.,  serrer  ;  enfermer 
sous  clef  Bespr,  91;  —  v.  réfl.; 
loti  mercat  se  sarro  I,  320,  le 
marché  se  conclut.  —  Pf.  3 
sarro  I,  i  34.  320. 

Sosi,  v.  tr.,  saisir.  —  Pf.  3  sosi- 
guèt  Proub.  i35. 

SoTisFACH,  p.  p.  -adj.,  satis- 
fait. 

Sou  dans  sou  dis,  sou  disou, 
sou  diguèt,  sou  fai  (cf.  sou  li 
fosquèt  I,  33 1  ;  IV,  384),  sem- 
ble une  altération  de  50,  cela, 
amenée  par  l'emploi  comme 


299  — 


proclitique;  cf.  sou  se  dis  el 
Pr.  6i. 

SôuBACHE,  adj.,  sauvage, 

SouBENi,  V.  impers.,  souvent.  — 
Subj.  3    soubengo  Pred.    22. 

SoÙBÉRTOUs,  adj.;  crit s.,  cri  d'a- 
larme ;  besprado  soubèrtouso 
Bespr.  [titre],  après-midi  d'é- 
pouvante. 

SôuBocHou,  n.  m.,   sauvageon. 

SoL'BOTEJÀ,  V.  tr.,  battre  le  pis 
pour  lui  faire  rendre  plus  de 
lait. 

Souc,  n.  m.,  tronc  d'arbre. 

SouciTÀ  {se),  V.  réfl.,  se  sou- 
cier. 

SôucLÀ,  V,  tr.,  sarcler. 

SouFRACHE  et  sufrache  Fr.  45, 
n.  m.,  privation,  perte;  fa  s., 
faire  du  tort  I,  314;  Fr.  45, 
causer  des  regrets  par  son 
absence  I,  478  ;  Ep.  III,  20. 

SouFRi,  V.  tr.,  souffrir.  —  Impér. 
5  soufrés  Resp.  gb. 

SouFR~i,  V.  intr.  et  tr.  —  Pr.  2 
soufrisses  11,49,  4  soufrèn  I, 
449. 

SouGONHÀ  [se),  V.  réfl.,  narguer, 
se  moquer. 

SoLLÀs  I,  i52,  n.  m.,  soulage- 
ment, commodité. 

SouLEL,  n.   m.,  soleil. 

SouLENCo,  n.  f.,  (proprement  : 
repas  pour  la  clôture  d'un 
travail),  fête  des  moissons  II, 
470,  fête  collective  (pour 
divers  motifs  accumulés)  D/o/. 
//,7i. 

SouLFiNÀ  IV,  190,  V.  tr.,  flairer. 

SouLLEBÀ,  V.  tr,,  soulever. 

SouMÉs  I,  367;  IV,  459,  n.  m., 
pis, 

SoupiÈiRo,  adj,  f.  de  soupiè  ; 
oulo  s.,  V.  oulo. 

SoupoRÈL,  n.  m.,  petit  souper. 


SOUN,     pi.    sous,    f.     SO,  pi.    505. 

adj.  poss.,  son. 
SouNÀ,  V.  tr.,  appeler, 
SouNCO  Diol.  II,  70  et 
SouNcos  Diol.  II,  22, seulement, 

si  ce  n'est. 
SoupoRÈL  III,  123,  n.  m.,  petit 

souper, 
SouRTi,v,  intr.,  sortir.  —  Pr.  3 

sort  1,404;  II,  69,  etc.;  impér. 

4  sourten  \,  485,  5  sourtès  I, 

3o3;    Pr.    225,   etc,  ;   p.    pr, 

sourten  I,  b-j. 
SouscÀ,  v,  intr,,  attendre,  patien- 
ter. —  Sbj.  3  sousque  I,  109; 

impér.  5  souscàs  Pr.  121. 
SousQUENÀ,    v,    intr.,    sanglot- 

ter. 
SousTENE,    v.    tr.,  soutenir.   — 

p.  p.  f.  pi.  soustengudos. 
SôuTÀ,  v.  intr.^  sauter.  —  Pr.  3 

sauto  I,  68. 
SôuTAiRo   IV,  286;  Bespr.  63, 

n.  f.,  danse  sautée. 
SuBRECORGÀ,    V.    tr.,    surchar- 

ger. 
SuBREJOUR  I,  66;  III,  84,  n.  m., 

milieu  du  jour. 
SuBREPELÎs,   n.   m.,  surplis, 
SucHf:T,  adj.,  sujet. 
Suco,  n.  f.,  tète,  intelligence. 
SuiBAN,  prép.,  suivant,  selon, 
SùiRASso  (augmentatif  de  S7/îro 

=  lat.  sucra,  chair  de  porc), 

nom    injurieux   du  loup   IV, 

194  ;    cri  d'alarme   à    la  vue 

d'un  loup  II,  iÇ)i;  Bespr.  19. 
SuL  =  sus  lou. 
SuoN    II,   35,  76,    etc.,  n.  m., 

soin. 
SupLEÀ,  V.   n.,   suppléer  —  Ft. 

3  supleurà  I,  496  (pour  suple'o- 

rb). 
SuRBENi,  V.    intr.,   survenir.  — 

Sbj.  3  surbengue  I,  5o. 


—  3oo  — 


Surfais  II,  236,  n.  m.,  poids 
excessif. 

Slrge  II,  52,  suint. 

Sus  =  sus  lous. 

SusÀ,  V.  intr.,  suer. 

Susou,  n.  f.,  sueur. 

SuspousiTou  Ort.  g,  n.  m.,  sup- 
positoire. 

SuspRENDRE,  V.  tr.,  Surprendre. 
—  Pr.  3  suspren  IV,  i83;  p. 
p.  susprés. 

SusQUETouT  I,  SgS  ;  Pr.  287, 
etc.,  adv.,  surtout. 

SuTÀ,  V.  tr.,  hâter,  presser;  v. 
intr.,  se  hâter. 

Tal,  n.  m.,  action  de  tailler; 
o  bel  tal  II,  376,  largement, 
franchement. 

Tap,  n.  m.,  bouchon. 

Teatre  (dissyllabe)  Pr.  180, 
n.  m.,  estrade. 

Tebruso,  n.   f. ,  tubéreuse. 

Tech  Pred.  Sg,  n.  m.,  toît. 

Teisse,  V.  tr.,  tisser.  —  P-  P- 
tescut  Rec.  Ep.  87. 

Tene  I,  97,  484,  etc.,  V.  tr.,  te- 
nir. —  Pr.  3  tel  L.  0  D.  27; 
Odo,  3o,  84;  Bèrt.  5i  ;  Fr.  4, 
et  ten  1,64;  Rec.  Ob.  64,  etc., 
4  tenèn  Pred.  Sp;  Lib.  I ;  pf. 

4  tenguèren  Cournpl.  II,  20, 

5  -èroii  Diol.  49  ;  sbj.  6  tengoit 
Bèrt.  43  ;  impér.  2  ten  L.  o  D. 
22,  5  tenès  I,  100;  p.  pr.  ien- 
guen  Fr.  i3. 

Tenesou  Dzo/.  85,  n.  f.,  consis- 
tance, fermeté. 

Terrado,  n.  f.,  terrain. 

Terrodou,  n.  m.,  terrain. 

Tesic  Resp.  II,  42,  n.  m.,  tic, 
manie.  Cf.  tisic. 

Tesicun  Ep.  III,  8,  n.  m.,  fai- 
blesse, infirmités. 

Teso,  n.  f.,  torche  de  résine. 


Tessou,  n.  m.,  porc. 

TiBÀ,  V.  intr.,    mourir. 

Tinal,  n.  m.,  cuve  où  l'on 
fait  bouillir  le  moût. 

TiNDÀ,  V.  intr.,  retentir. 

TiNiÈiROL,  n.  m.,  cellier. 

TiNo,  n.  f. ,  cuve  pour  fouler 
le  raisin. 

TipLo,  n.  f.,  truelle. 

Tira,  V.  tr.,  retirer,  ôter. 

Tiù,  f.  tiiino,  pron.  possessif, 
tien,  tienne. 

Tisic  Diol.  II,  78,  adj.,  phtisi- 
que. 

ToBÔ  Pr.  270  (f.  tobono),  adj., 
nigaud. 

Tolastre  [pér]  {=tal  astre)  Par. 
I,  par  un  heureux  hasard. 

ToLEN,  n.  m.,  faim. 

ToLHOu,  n.  m.,  morceau. 

ToLîBOURN.\s  Ben.  16,  n.  m., 
nigaud. 

ToNC.\  [se)  Pr.  288;  Odo  67,  v. 
réfl.,  s'arrêter,  se    retenir. 

ToNCÀ,  V.   tr.,  rapaiser. 

ToNTetTo  (proclitique,  devant 
consonne  II,  207;  III,  23i, 
447,  etc.;  au  contraire,  I,  20, 
tout),  adv.,  tant,  si;  pèr 
to  paiic  que,  pour  si  peu 
que. 

ToNT  o  LEÙ  I,  61  ;  II,  75,  etc., 
tantôt,  bientôt,  tout  à  l'heure. 

ToNT  employé  comme  adj.  se 
construit  avec  de  et  s'accorde 
avec  le  nom  qui  suit,  s'il  est 
au  pi.  {tontes,  tontos)  :  tontos 
de  richessos  III,  190,  tant  de 
richesses;  sons  tontes  de  bis- 
tours  Rec.  Ob.  16,  sans  tant 
de  détours  (cf.  Resp.  56);  pris 
absolument,  I,  25,  On//,  tontes 
que  ses.  Diiis  mascles  e  femè- 
los,  enfin,  tous  tant  que  vous 
ôtes,  Dieux  maies  et  femelles; 


—  3oi 


toutes,  tontes  que  sou  ïl.Syi. 

ToRDiù,    f.    -ibo   II,   370,    adj., 

tardif. 
ToRGÀ  (se),  V.  rétl.,  se  dresser, 
se  redresser  fièrement  Pr.  74. 
—  Pr.    3    targo    I,    522;  Pr. 
74,  406. 
ToROBouL  I,  4;  Pr.  Emboi,  12, 

n.   m. ,  dévidoir. 
ToRREjADo  IV,  5o9,n.  f.,  trans- 
port de  terre. 
ToRREN,  n.  m.,  terrain. 
Torse,  v.  tr.,  tordre.  —  Pr.    G 
torsou  Ep.  III,  45;  cd.  3  tour- 
serio  I,  216  ;  Pr.   160  ;  p.  p. 
toursegut  IV, 427;  Pr.^y,  etc. 

TossouNAT,  n.  m.,  pleine  tasse. 

TosTÀ,  V.   intr.,  goûter. 

ToucÀ,  V.  t.,  toucher.  —  Pj\  3 
toco  II,  399. 

TouGOLHou,  n.  m.,  petite 
nappe. 

TouLHAU,  n.  m.,  gros  goujat, 
gros  pataud. 

TôuLiÈ  Sounet  II,  Sounet  de 
Goli,  II,  n.  m.,  siège  en  pier- 
re à  coté  de  la  porte  d'une 
maison,  ou  table  de  pierre 
devant  une  boutique  pour 
l'étalage. 

TouLouiRos  Pr.  354,  n.  f.,  for- 
ces, grands  ciseaux  pour 
tondre  les  brebis. 

TouMBÀ,  V.  tr.,  abattre  III,  238. 

TouNDESOU  Pr.  287,  n.  fr., 
tonte. 

Toupî,  n,  m.,  pol. 

Tourna,  v.  intr.  et  réfl.,  reve- 
nir, s'en  retourner;  —  avec 
l'inf. ,  ajoute  au  verbe  le  sens 
de  recommencement  :  t.  re- 
metre  I,  1 04,  réparer  ;  t.  bosti 
I,  145,  rebâtir,  etc. 

TouRNADo,  n.  f. ,  tournée. 

TouRNAL  I,  245,  n.  m.,  moulin. 


TouRNEJÀ,   V.   intr.,  tournoyer, 

tourner. 
TouRTÈL,  n.  m.,  cercle  ;  v.  rigol. 
Tout,  pi.  toutes  I,  83,  236,  etc., 
adj.   indéf. ;   —  neutre  :  tout 
monjeii  I,  5oo,  tout  en  man- 
geant ;  cf.  Pr.  296. 
TôuT.îs,  pi.  -asses  Eor.   g,   n. 

m.,  flaques  de  boue. 
TouTÙ   (=  tout   un)  Pred.    53, 

une  seule  et  même  chose. 
Trach,  n.  m.,  trait;  traite  (de 
lait)  I,  352. 

Traire,  v.  tr.,  tirer;  récolter 
IV,  3  14,  geter  I,  372  ;  IV,  194, 
etc.  —  Pr.  3  trai,  4  trosèn 
IV,  363;  p.  pr.  troguen  Goli 
34;  p.  p.  tradi  Er.  3i. 

Traite,  f.  traito  Diol.  99,  n. 
m.,  traître. 

Tras,  prép.,    derrière. 

Trasso,  n.  f.,  construit  avec 
de  qx.  un  nom,  indique  que 
la  personne  a  peu  de  valeur 
morale,  et  la  chose  peu  de 
valeur  matérielle  :  un  tr.  de 
jorgou  Rec.  Ep.  45,  un  mau- 
vais jargon  ;  oquelo  tr.  de 
besounlio  Rec.  Ep.  109  ;  so 
tr.  de  bennino  Rec.  Ep. ii5, 
ses  mauvais  vers.  Cl.  Pr.  26 
et  voy.  tros. 

Trauc,  n.    m.,  trou. 

Trebà,  v.  intr.,  aller  et  venir, 
fréquenter,  habiter  d'ordi- 
naire. 

Treboulà,  v.  tr.,  troubler. 

Treboulous,  adj.,    trouble. 

Tremoulà,  v.  intr.,  trembler. 

Trempe  II,  421.  f.  -0  For.  5o, 
adj.,  trempé,  mouillé. 

Trenèl  IV,  427,  n.  m.,  tresse 
de  cheveux. 

Trepà,  s'ébattre,  folâtrer. 

Trepej.^,  v.  intr.,  sautiller. 


—    302    — 


Trescoulà,  V.  intr.,  passer. 
Tria  {se),  v.  réfl.,    se  tenir   sé- 
paré. —  ]p{.6  triabouW,  275. 
Trialho,  n.  f.,  triage. 
TrjgaEI.  52, V.  impers.,  tarder. 
—  Pr.  3  trigiièt  IV,  35 1. 

Trigôs  Pr,  {Enboi),  4  ;  Proiib. 
i5i. 

Trigoussà,  V.  tr.,  tirailler.  — 
Pr.   3  irigosso  For .  45. 

Trimal,  n.  m.,  travail  pénible, 
événements  graves. 

Trin,  n.  m.,  train,  marche  ré- 
gulière. 

Trincà,  V.  intr.,  boire  à  la 
santé. 

Trincaire  I,  45,  n.  m.,  casseur 
(qui  casse  les  amandes  dans 
leur  fleur). 

Trintran  I,  491,  n.  m.,  train- 
train,  suite  ordinaire. 

Tripou  i^or.  35,  n.  m.,  intestin. 

Trobado  II,  48g,  n.  f. ,  poutre 
principale. 

Trobèrs,  pi.  -èrses  I,  i3,  n. 
m.,  pente  raide. 

Trochèl,  n.  m.,  gros  flocon  de 
laine  (ou  de  neige). 

Trolucà,  V.  intr.,  commencer 
à  décliner  (en  parlant  de  la 
lune). 

Trometre,  V.  tr.,  faire  passer, 
remettre.  —  Pr.  3  tromet  II, 
489;  cd.  3  trometrià  IV, 
421. 

Tron,  n.  m.,  tonnerre. 

Trontoulà,  V.  intr.,  tituber. 

Tros,  n.  m.,  gros  morceau;  t. 
de  goulart  IV,  237,  gros 
gourmand  (cf.  Odo,  88). 

Trôucà,  V    tr.  trouer. 

Trounà  ,v.  impers.,  tonner.         ' 


Troupelado,  n.  f.,  grand  trou- 
peau. 

Troutache  Odo,  I,  n.  m.,  re- 
mue-ménage. 

Truc,  n.  m.,  pic,  élévation  I, 
522,  choc  I,  56i . 

Truco-peluco  [rimos  de)  Resp. 
83,  sans  valeur  réelle. 

Truco-tôuliè  I,  457,  n.  m., 
désœuvré. 

Trufà  {se),v.  réfl.,  se  moquer. 

Truquet  Bèrt.  8,  n.  m.,  arti- 
cle de  toilette  difficile  à  dé- 
terminer. 

Tufo  IV,  438,  n.  m.,  tête  du 
porc. 

Tustà,  y.   intr.  et  tr.,  frapper. 

Tustal,   n.    m.,    grand  coup; 

tustals  sus  mendits!  I,  564; 

Pr.  448,  449,  tapez   fort  sur 

les  vesccs  ! 

TusTossAL,  n.  m.,  grand  coup. 

TuTÈL,  n.  m.,  tuyau. 

UcHiÈ,  n.  m.,  huissier. 
Uèchos,  n.  f.  pi., pupilles, yeux. 
Uèi,  adv.,  aujourd'hui. 
Uèl,  n.  m.,  œil;  o-s-uèls-besens 

I,  2,  à  vue  d'œil. 

UëTO  Resp.  II,  38,  n.  f.,  luette. 

Ufl.à,  V.  tr.,  enfler. 

'Uire,  n.  m.,  outre. 

Ulhat,  n.  m.,  œillat,  espèce 
de  raisin  de  table  ;  lou  pois 
des  iilhats  El.  4,  Millau. 

UscLÀ,  V.  tr.,  hâter  Par.  3  ;  — 
V.  réfl.  Pr.  212,  se  dessécher. 

UssES  (d'),  pi.  de  un,  art.  indé- 
fini, des  :  d'usses  cots  Diol. 

II,  1 1,  parfois. 

Utille  I,  473,  f.  -os  II,  90, 
adj.,  utile. 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS  " 


Page  6,  V.  2,  lise^  :  Onfi  —  4  crenhe.. .  noun  —  7  ombé 

—  16  surtout  —  19  cun  —  21  Muso  —  22  ofaple  —  23 
ounourèt  —  27  pel  —  Geourgicos,  1,  6,  e  lo  —  8,  25  etc., 
Onf'i  —  16  preferaplo  —  19  Dounàs-li  n'  per  p.  bou  n'  — 
20  Nople  —  43  crenhe  {de  même  partout  nh  au  lieu  de  gn) 

—  5i  auzo  —  53  proubèrbe...  ibèrnat  —  58  pèrtout  —  60 
l'endimèrgo  —  62  Oicî  (de  même  364,  etc.)  —  89  se  n'  —  91 
Escortàs-ne  —  gSrescos  —  loi  Emplostràs-lou  —  io5 
fobouraplo  —  106  Pèr  (de  même  partout)  —  ii3  et  i5o 
cauco  — 114  bens — 117  Noturo  (de  même  partout) — 121  vir- 
gule après  Aro  —  128  petilhen  —  iS^.  et  i35  Ombé  —  137 
Tondis...  bèrduro  —  i5i  lichet —  i55  catre  cots  —  159  om 

—  160  Pel  lucce  —  161  caucos  —  i63  rèclo  —  168  et  II,  129 
onsl  —  171  aubre  o.  trosformo  —  179  et  279  foisou  — 
182  de  —  i83  bièlho  —   184  descubèrt  —   187  Oupsèrbàs 

—  188  tens  —  198  juscos  —  204  ofi  —  207  oiso  cauque  — 
211  bejen  —  2i3  respèc  et  supprime^  la  virg.  à  lajîn  —  222 
buisson  —  223  Poudèn  —  226  Printens  —  227  Solut,  jùino 

—  235  Cont  —  238  jusc'ol  —  246  Creissel  —  247  et  II,  139 
Ount  —  257  Soulel  — ■  292  'Ourio  —  3 10  pôuzodis  —  323 
Desempièi  —  332  Edition,  paire  es  lou  fil  —  336  bèrtat  — 
342  ôubespic  —  349  tens  —  355  et  358  rots  —  3jo point  à 
la  fin  —  376  siau  —  38o  lùn  —  384  combio  —  402  impèr  — 


I .  La  plupart  de  ces  corrections  sont  destinées  à  uniformiser  la 
graphie  et  à  la  rendre  conforme  aux  règles  posées  dans  Vlntvo- 
ditction . 


—  3o4  — 


414  ôusèl  —  424  Ed.  fa  re  —  42G  pormî  —  427  cercà  — 45 1 
oisô  (efface^  la  virgule  après  pèsto)  —  455  Pel  —  472  l'or- 
quiè  —  477  merci  —  489  dount  —  496  et  II,  178  côucun  — 
booetW,  487rorchibonc  —  5o7fiots  siau  —  522quilhà  — 527 
r^^l  —  535  l'esporcet  —  547  lèn  —  II,  82  estoncs  —  69  cacho- 
niù  —  78  fèsto  —  89  lours  —  io5  porèls  —  116  enlai  —  1 19 


comis  —  140  et  439   TEstiù  —  161    N'ouziàs 


-4  lei- 


sous —  178  sègo  —  200  nou'  n'  —  210  Nostre  —  2i5  oco 

—  256  surfais  —  278  Cèl  —  283  fort  —  284  mort  —  828 
et  367  om  —  33o   tempèsto  —  346   jeta  —  36o  founcciù 

—  372  et  5o7  meisou  —  416  peisou  —  481  preste  —  459 
dessà  —  466  blialho  —  483  pogés  —  III,  4  cùuflits  —  7 
regarts  —  36  paure  —  41  fousquèt  —  5o  bisolhado  —  ?G 
Benès  —  60  et  259  om  —  Gi  Fosès  —  62  doussomen  —  127 
dens  —  128  moubemens  —  i63  codolart  —  164  l'osart  — 
186  siasque  —  212  L'oncièn  —  246  frecho.. .  dorrièiro  — 
266  exersà  —  269  coustals  —  272  lo  co  —  277  regorts  — 
290  mùisèlo  -r  3o6  peloufo  —  "iij et  323  Om  —  346  surtout 

—  388  pauzo  —  412  brilhà  —  463  pèrbesiù  —  476  virg.  à 
la  fin  —  IV,  37  et  146  Elas  !  —  46  tourren  —  52  presque  — 
54  S'elèbou  —  69   nourri  —  100  èuzoro  —  118  qu'opuiabo 

—  i39  enfourtunat  peisou  —  142  D'oco  —  161  Sùirasso  — 
i65,  3o3,  327,  425  et  442  om  —  164  coùflit  —  181  o-n-oquel 

—  194  sùirasso  —  207  goulart  —  263  l'Ibèr  toujours  —  3i5 
ougon  —  326  bùisel  —  390  batoul  —  408  remeten  —  487  cùi- 
reto  —  457  bautres  —  460  obeire  —  469  lour  —  488  pèr 
moi  !  —  496foisou  —  467  jusc'ol  —  5 16  s'embùisoune  —  528 
Rouërgàs  —  P^^ge  81,  v.  2  escàs  —  3  et  /3  Cher  —  4  sïas  pas 

—  5  pogàs-lo  —  10  Edition  alero  —  p.  82,  v.  1 3  cèrtos  —  26 
mesclo  —  27  pèrcurà  —  3i  legis  —  38  couflorô  —  83,  v.  60 
lous  —  68  cruëlo  —  69  jusc'oici  — p.  84,  v.  117  D'estre  — 
p.  86,  V.  26  coucun  —  p.  88,  v.  87  oqui  — p.  89,  titre,  emboi 

—  p.  90,  V.  16  desbouris  —  35  Coussi  —  40  Toici  —  Primo, 
14  pèr  moi  !  —  i5  li  n'  —  3o  enspirà  —  38  Des  —  1 13  ogo- 
chàs  —  i65  bùisou  —  176  olondats  —  188  flairo  —  20- alle^ 
à  la  ligne  —  216  Ajo  —  217  fiots  —  218  toumbe  —221 
plejeto  —  248  et  3i8  côucun  —  255  Toujours  —  238  bèsto 

—  264  counto  —  267  l'ajo  —  281  aromeiiù  —  3o5  Cont  — 
354  toulièiros  —  Pl■^ge  106,  v.  4n'o'nat  —  11  descubrisse  — 
p.  107,  V.  45  se  n'  —  p.  108,  V.  (J3  Mogronache  —  71  Pèr 
moi  !  —  86  Coussi  —  p.   109,  v.  y5  que  s'espauzo  —  p.  110, 


—  3o5  — 

V.  i35  1ioc — p.ii2,v.  22  Dobont-ièrc — p.  ii3,v. /SMi- 
Ihau  —  79  gresiè  —  80  Qu'ôurés  —  p.  1 14,  v.  87  Sèrbisse  — 
p.  ii5,  V.  16  pèl  — p.  ri6,  V.  3o  Edition  matois  —  48 
pichots-mèstres  —  p.  121,  v.  gS  besès  —  98  efface:^  la  vir- 
gule —  112  Ombé  — p.  122,  V.  126  côucun  —  i35  obeire  — 
141  to  lèu —  143  Bèspros  —  146  trouta  —  141  Countunhàs- 
nous  —  1 54  Ombé  —  i55  Toujours  —  p.  124,  v.  18  èstre  — p. 
125,  V.  34  cors  —  49  Boulbasso!  —  p.  126,  v.  Sg,  tenèn  — 
63  emborràs  —  70  tens  —  jô  supprime^  la  virgule  —  p.  1 27, 
V.  89  bèrtat  —  p.  128,  v.  11   emborràs  —  18   m'enrôumossà 

—  p.  41»,  V.  42  meloncoulio  —  46  cèrbèlo  —  p.  159,  v.  26 
filho  —  p.  166,  V.   22  efface^  le  point  —  p.  167,  v.   59  d'oicî 

—  p.  170,  V.  33  cèrbèlo  —  52  Morcés  —  53  menas  — p.  172, 
V.  97  bigôs  — p.  175,  V.  187  serô  — /;.  176,  v.  2o3  cal  —  p. 
178,  V.  2  gront  —  12  cèsso  —  /?.  179,  v.  2  5  vtr^.  après  cèsso 

—  j?.  186,  V.  92  Eh  be! 


BIBUOTH€CA 
Ottaviensis 


TABLE     DES    MATIÈRES 


Notice  biographie) ue i 

Introduction * xxvn 

Los  Catre  Sosous-  ou  los  Geourgicos  potuosos I 

A  Monseigneur  de  Cicé  (Dédicace) 3 

Epitre  à  M.  le  Prieur  de  Pradinàs  par  M.  de  Rebourguil. .  .  5 

Letro  o  Moussu  Desprodèls,  omic  de  l'ogriculturo 7 

Los  Catre  Sosous.  —     l.  Lou  Printens 9 

—  II.  L'Estiù 28 

—  III.  L'Outouno 46 

—  IV.  L'Ibèr 60 

Recul  de  Pouesios  RouëRGASsos . .  -. 79 

Epitro  o***,  imprimur  o**".- v 8r 

Obértissomen 86 

Lo  PrUIO    RouëRGASSO    EN    FORMO    DE    GeOURGICOS 

O  Moussu  Desprodèls  (Emboi) 8g 

Lo  Primo 91 

Lou  Rei  recoumbolit  de  lo  moiôutiè  qu'ogèt  o  Metz 106 

Coumplimen  del  bossibiô  de  los  "Oumièiros  o  Modamo  de 

Golî III 

Epitro  en  respounôo,  etc 1 1 5 

Coumplimen  sus  lo  noubèlo  onnado  des  musiciens  de  Pro- 

dinàs ■ 118 

O  Moussu  dé  Gbli  sus  lo  noubèlo  onnado i23 

Predicciùs  dé  lo  Muso  del  Segolà  sul  moriache  de  Moussu 

de  Sdnt-Roumo;,  fil  de  Moussu  de  Goli 124 

Los  Bèrtèlos,  estreno  del  prumiè  de  Ton 128 

Coumplimen  de  coundouleenso i3o 

Lo  Mort  de  Froncesou  (Odo) 1 32 

Respoùnso  ol  coumplimen  de  Moussu  Fojou 1 35 

L'Ort  sons  porèl i39 

Cotrin  en  bouts  rimats 142 

Sounet  en  bouts  rimats 14!* 


3o8 


Autre  sounet  sus  los  mémos  rimos  (M.  de  Golî) 144 

Lo  Nimfo  del  Segolà  (Elegio) 143 

Romboi  del  parasol  perdut  e  troubat 147 

Respounso  o  Moussu  Fajos 148 

Lou  Proubèrbe  bèrtodiè 1 5 1 

Epitro  o  moun  omic i56 

Diologue  entre  lo  Muso  Rouërgasso  e  soun  mèstre  sul  mo- 

riache  de  Moussu  de   Sorgos 1 38 

Epitro  ol  Pèro  Benanso 162 

Réponse  du  Père  Venance 164 

Coumplimen  o  Moussu  de  Bounal,  maire  de  Milhau i65 

Ourigino  de  lo  forondolo 166 

Diologue  entre  Miquèl,  de  Milhau,  e  Jonou,  de  lo  Bloquièiro.  168 

Coumplimen  d'un  fronc  potrioto  o  l'aubre  de  lo  Libertat...  178 

Lo  colo  des  trobolhodous  o  Moussu  Bounal 180 

Coumplimen  fach  o  l'aubre  de  lo  Frotèrnitat 181 

Lo  besprado  sôubèrtouso i83 

Coumplimen  o  un  priù,  ôutur 187 

Bèrses  o  l'ôutur  de  los  Geourgicos  potuèsos 188 

Poésies  françaises , , 1 89 

Le  chevalier  de  la  Gragnotte,  seigneur  des  Bas-Fonds 191 

Elégie   grotesque    du   chevalier  de   la  Gragnotte  à  M"*   du 

Cendron 202 

Le  nouveau  basson 2o5 

Le  prieur  de  Pradinas  au  procureur  syndic  de  Millau 207 

Sonnets  à  l'honneur  de  la  Vierge 212 

Combat  pastoral 216 

Les  dons  du  Ciel  et  ses  disgrâces  sur  la  Provence 220 

Le  Commerce 224 

L'Esprit  de  contradiction  (Eglogue) 227 

Le  Tarn  dompté 232 

Jugement  porté   par   le  Mercure  de   France  sur  les  Quatre 

Saisons  ou  Géorgiques  patoises * 2  36 

Epître  des  enfants  de  M.  de  N...  à  Peyrot 239 

Epître  à  Monseigneur  de  Cicé 246 

Requête  de  la  Sisette  à  Comus 248 

La  vraie  Hippocrène  ou  le  Fessier  du  P.  Paul 25 1 

L'Homicide  imaginaire a52 

Autres  pièces  françaises  des  éditions  de  1 774  et  1 788  (Titres).  253 

Tableau  comparatif  de  la  Rimo  Rouërgasso  et  du  Printems.  255 

Abréviations  du  Glossaire 257 

Glossaire 259 

Additions  et  Corrections 3o3 


IMPRIMEKILl-I.IBRAIRIE   ARTIERES  &  J.    MAURV. 


La  Bibliothèque 
Université  d'Ottawa 

Echéance 

Celui  qui  rapporte  un  volume 
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I 


a39003 


CE  PC   3A93 
.R6eePA  1909 
CCO   PEYRCT, 
ACC#  1191297 


JEAK  POESIES  RCUE 


COLL  ROW  MODULE  SHELF  BOX  POS  C 
333  07   05    02   05  01  2